.GRAND
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
DU XIXe SIÈCLE
Tout exemplaire non revêtu dé ma griffe sera réputé contrefait et poursuivi suivant
toute la rigueur des lois.
Paris. — fmp. V" t\ Larousse et C'«, rue Montparnasse, 19.
PIERRE LAROUSSE
D'après un buste de PEKUAUD
GRAND
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
DU XIX' SIECLE
FRANÇAIS, HISTORIQUE, GÉOGRAPHIQUE, MYTHOLOGIQUE, BIBLIOGRAPHIQUE
LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE, ETC., ETC.
comprenant :
LA LANGUE FRANÇAISE; LA PRONONCIATION; LES ÉTYMOLOGIES; LA CONJUGAISON DE TOUS LES VERBES IRRÉGULIERS;
LES RÈGLES DE GRAMMAIRE; LES INNOMBRABLES ACCEPTIONS ET LES LOCUTIONS FAMILIÈRES ET PROVERBIALES; L'HISTOIRE;
LA GÉOGRAPHIE; LA SOLUTION DES PROBLÈMES HISTORIQUES; LA BIOGRAPHIE DE TOUS LES HOMMES REMARQUABLES, MORTS OU VIVANTS;
LA. MYTHOLOGIE; LES SCIENCES PHYSIQUES, MATHÉMATIQUES ET NATURELLES; LES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES;
LES PSEUDO-SCIENCES; LES INVENTIONS ET DÉCOUVERTES; ETC., ETC., ETC.
PARTIES NEUVES :
LES TYPES ET LES PERSONNAGES LITTÉRAIRES; LES HÉROS D'ÉPOPÉES- ET DE ROMANS; LES CARICATURES
POLITIQUES ET SOCIALES ,' LA BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE; UNE ANTHOLOGIE DES ALLUSIONS FRANÇAISES, ÉTRANGÈRES, LATINES
ET MYTHOLOGIQUES ; LES BEAUX-ARTS ET L'ANALYSE DE TOUTES LES ŒUVRES D'ART;
PAR PIERRE LAROUSSE
• Le dictionnaire est à la littérature d'une nation ce que le fondement,
avec ses fortes assises, est à l'édifice. » Dupanloup.
« Fais ce que dois, advienne que pourra. » Devise française.
■ La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. » DROir criminel.
■ Cecy est un livre de bonne foy, ■ Montaione.
• Voilà l'os de mes os et la chair de ma cuair. • Adam.
TOME PREMIER
PARIS • -
ADMINISTRATION DU GRAND DICTIONNAIRE UNIVERSEL
19, BUE MONTPARNASSE, 19
1866
PRÉFACE
Trois préfaces célèbres ont marqué jusqu'ici dans l'histoire littéraire de notre pays : celle de la grande Encyclopédie du
xv m a siècle , par d'Alembert; celle qui figure en tête de la 6e édition du Dictionnaire de l'Académie, due à la plume si
attique et si compétente de M. Villemain, et enfin celle qui fut pour le romantisme ce que la Déclaration des droits de l'homme
est à la Révolution, nous voulons dire la préface du drame de Cromwell, de M. Victor Hugo. Nous n'avons certes pas la
naïve prétention d'associer celle que nous écrivons ici à cette glorieuse trinité. Sans parler de notre impuissance, il y a dans
ce nombre trois une magie, un charme qu'il serait presque impie de chercher à rompre. Loin de nous ces intentions profanes !
notre rôle sera beaucoup plus modeste, car il va consister surtout à exposer le plan, la marche et les idées qui ont présidé
à la composition du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.
Et d'abord, à quel mobile avons-nous cédé en ajoutant un ouvrage aussi volumineux à ceux qui font déjà ployer les rayons
de nos bibliothèques? Était-il donc besoin d'une nouvelle encyclopédie, dans un siècle qui en a déjà tant vu éclore qu'on
pourrait le surnommer le siècle des dictionnaires^ Nous répondons hardiment oui, et, pour justifier notre affirmation, nous
allons procéder comme le législateur, qui, en promulguant une nouvelle loi, est tenu de prouver que cette loi remplit une
lacune dans le code en vigueur. Voilà la marche que nous allons suivre, c'est-à-dire que nous allons passer rapidement en
revue tous ceux qui nous ont précédé dans la carrière,lexicographique et encyclopédique.
Pour retracer ici un historique aussi complet que possible, commençons par nous adresser cette question : Les anciens
avaient-ils des dictionnaires? connaissaient-ils les encyclopédies? En termes plus précis, Cicéron mettait-il un dictionnaire
latin entre les mains de ce fils dont il faisait avec tant de soin l'éducation? Alcibiade cachait-il un lexique grec sous sa robe
de pourpre, quand il allait écouter les leçons de la belle et savante Aspasie? Question curieuse, mais à peu près insoluble.
Les mots lexique et glossaire ont été créés, il est vrai, par les grammairiens grecs; mais, par ce mot grammairien {grammatikos)
ils entendaient érudit, savant, et non pas seulement professeur de grammaire ; pour désigner celui-ci, ils disaient gram-
matiste , professeur de grammatistique ; mais ces mots n'impliquent en aucune manière l'existence de dictionnaires grecs.
Les plus anciennes compilations auxquelles on puisse donner le hom.de dictionnaires ne paraissent pas remonter au delà du
règne d'Auguste. « Il et aitnaturel, dit la revue anglaise The Quarterly Beview, que le premier lexique grec que nous connais-
sons ne fût compilé qu'à une époque où le langage avait commencé, depuis plus d'une génération, à déchoir de sa pureté
primitive. On ne pense à faire des dictionnairesque lorsque la langue sur laquelle on travaille est devenue un objet d'étude,
et cela n'arrive ordinairement que lorsque son âge d'or est passé, quand la phraséologie des bons auteurs a vieilli, et que
le caprice ou l'ignorance des écrivains subséquents a corrompu les formes et changé le sens des mots. Une seconde
circonstance qui, chez les Grecs, retarda la confection d'un lexique fut la difficulté qu'on éprouvait à rassembler un nombre
de bons livres suffisant pour devenir la base d'un pareil travail. Sous ce rapport, les savants d'Alexandrie eurent un grand
avantage sur leurs confrères, qui habitaient des villes dépourvues de bibliothèques. »
La revue anglaise a mis le doigt sur le nœud de la difficulté. Un dictionnaire, dans l'antiquité, était chose à peu près
impossible. Pour accomplir un tel travail, deux conditions sont absolument indispensables :.il faut d'abord que la langue
soit arrivée à une période de décadence, ou, tout au moins, à son apogée : un code est nécessairement postérieur à
l'établissement de la propriété; en outre, pour formuler un dictionnaire, il faudrait avoir sous les yeux tous les ouvrages
contemporains et antérieurs, et, à l'époque dont nous parlons, personne n'était assez riche pour posséder cette opulente
collection. Ort ces deux conditions pouvaient se trouver remplies chez les Alexandrins; encore les dictionnaires ne revêtirent-
VI PRÉFACE.
ils pas alors ce caractère de généralité qu'on peut leur donner aujourd'hui. On en jugera par rémunération suivante :
Lexique homérique, c'est-à-dire recueil des mots employés par Homère, œuvre d'Apollonius le sophiste, qui parut à
Alexandrie au temps d'Auguste, et dont la première édition, par Villoison, fut publiée à Paris en* 1773, 2 vol. in-4°;
Recueil des mots qui se trouvent dans Hippocrate, ouvrage d'Érotianus, dédié à Andromachus, médecin de Néron, et rédigé
alphabétiquement, bien que cet ordre ne soit pas toujours rigoureusement observé;
Lexique des mots qui se trouvent dans Hérodote, par un auteur resté inconnu, publié par Henri Estienne, Paris, 1563;
Lexique sur Platon, de Timée le sophiste, publié par D. Ruhnken, Leyde, 1754.;
Onomastique {!'), véritable encyclopédie méthodique, distribuée en neuf livres, mais non par ordre alphabétique; ouvrage
de Julius Pollux, mort sous le règne de Commode; compilation précieuse pour la connaissance de la langue grecque et des
antiquités, publiée par Aide l'Ancien, Venise, 1502, in-folio;
Lexique des dix orateurs attiques, ouvrage composé par Harpocration d'Alexandrie, précepteur présumé de L. Vérus,
publié par Aide l'Ancien, Venise, 1503; i
Dictionnaire étymologique d'Orion, lexicographe du ive sièqj.e, publié par G. Sturz, Leipzig, 1820;
Lexique d'Helladius, grammairien qui vivait vers 408, ouvrage aujourd'hui perdu, qui, au témoignage de Photius, se
composait de cinq volumes et était rédigé d'après l'ordre alphabétique;
Lexique d'Ammonius, intitulé Des locutions semblables et différentes, ouvrage précieux, qui fut écrit au ve siècle de notre
ère, et.que Henri Estienne a injustement déprécié, après en avoir tiré parti pour son Thésaurus. L'auteur a rangé ses mots
dans l'ordre alphabétique, et son but est d'indiquer la signification originaire d'un mot en l'opposant au sens figuré et
au sens propre;
Glossaire d'Hésychius d'Alexandrie, probablement l'abrégé d'un travail plus considérable; ouvrage très-important pour
la connaissance de la langue grecque, et qui nous a conservé un grand nombre de passages de livres aujourd'hui perdus;
lre édit., Aide l'Ancien, Venise, 1514;
Glossaire de Flavius Philoxénus, consul d'Orient en 525, dictionnaire latin-grec, dont les mots Iatms, rangés dans
l'ordre alphabétique, sont expliqués par des mots grecs; lre édit., H. Estienne, 1573;
Lexique technologique de Philémon, auteur du ve siècle; ouvrage à. la fois alphabétique et méthodique, qui se divisait
en huit sections, d'après les huit parties du discours ; il ne reste que la première de ces sections et une partie de la
deuxième; édit.. Osann, Berlin, 1821;
Glossaire de Photius, patriarche de Constantinople; lexique dont il existe' plusieurs copies très-différentes entre elles;
édit. de Porson, Londres, 1822, 2 vol.;
Glossaire de Suidas, le plus célèbre des dictionnaires grecs , mais fortement altéré par un grand nombre d'interpo-
lations. C'est une compilation d'extraits des anciens grammairiens , scoliastes et lexicographes. Outre la partie philologique,
c'est-à-dire l'explication des mots de la langue, il comprend une partie nouvelle, un dictionnaire historique renfermant
des notices sur les auteurs les plus célèbres et des extraits de leurs ouvrages; travail défectueux comme composition
littéraire, mais répertoire de la plus haute importance pour le philologue et l'historien; lre édit., Milan,. 1499; la meilleure,
Cambridge, 1705, 3 vol. in-folio;
Etymologicum magnum, glossaire grec anonyme, probablement postérieur à celui de Suidas., Cet ouvrage n'est pas,
comme le titre l'annonce, purement étymologique; on y trouve beaucoup d'observations grammaticales, tirées des autorités
les plus célèbres, une multitude de passages ou variantes d'auteurs, ainsi qu'une foule de notions mythologiques et
historiques. Les manuscrits de ce glossaire varient tellement, qu'on est tenté de les prendre pour des ouvrages différents;
édit., Venise, 1499;-Gœttingue, 1765.
Tous ces glossaires, on a pu s'en convaincre, ne sont que des essais très-imparfaits; c'est de la peinture faite au charbon
sur une muraille; le visage projette une ombre dont lé crayon dessine les contours, mais l'expression de la physionomie,
mais le feu du regard manquent absolument à ce profil informe.
Ce n'est qu'au ixe siècle qu'on trouve l'essai sérieux d'un dictionnaire; il est d'un certain Papia, surnommé le Lombard,
qui lui donna le titre de Elementarmm. C'est un vocabulaire latin dans lequel l'auteur a fait entrer, comme exemples, des
vers et des- passages grecs. Au xv8 siècle, Jean Crestone, carme de Plaisance, traducteur de la grammaire grecque de Jean
Lascaris, rédigea un dictionnaire grec-latin : à cette époque (1476), un tel travail présentait de grandes difficultés; il fut
accueilli avec reconnaissance. Au xvie siècle, Guarino de Tavera composa un lexique grec intitulé Magnum ac perutile
Dictionarium, compulsé d'Hésychius, Suidas, Phrynicus et autres lexicographes cités plus haut. C'était un livre fort utile pour
le temps, encore précieux à consulter aujourd'hui, qui fut publié à Rome en 1523. Dans le même siècle, Henri Estienne,
continuant les travaux de son père, mit au jour son fameux Thésaurus linguœ grœcœ (1572, 5 vol. in-folio). C'est, en effet,
un trésor d'érudition hellénique. Puis on vit paraître le premier dictionnaire où les mots français aient été rangés par ordre
PREFACE. VII
alphabétique, celui de Nicot, publié après la mort de l'auteur parle libraire Jacques Dupuys. Ce dictionnaire eut de
nombreuses éditions, et la préface de celle qui parut en 1584 porte qu'on l'a augmenté d'infinies dictions françoises, afin de
porter l'ouvrage à son comble et à régal des' grecs et latins dictionnaires, ■ •
Nous en passons, et... des plus mauvais, car nous sommes à une époque de labeur, d'enfantement et de transition.
Arrivons donc au dictionnaire de l'Académie, et peut-être ne serons-nous pas tout à fait de l'avis de Piron, lorsqu'il disait,
en montrant du doigt le palais Mazarin : « Ils sont là quarante, qui ont de l'esprit comme quatre. »
Pour concilier, dans cette revue générale des, dictionnaires, l'ordre analogique avec l'ordre chronologique, nous les
diviserons en trois grandes catégories : ouvrages lexicographiques, ouvrages encyclopédiques, ouvrages biographiques.
OUVRAGES LEXICOGRAPHIQUES
. Ici, nous allons faire une légère infidélité à la-chronologie, en donnant le pas au Dictionnaire de ï Académie française :
ab Jove principium . , '
Avant d'entrer dans l'analyse du Dictionnaire de l'Académie, une^ petite digression -est nécessaire pour montrer l'état de
la langue quand Richelieu entreprit de la réglementer, et comment le besoin d'un code était senti de tous les écrivains au
commencement du xvue siècle; nous allons emprunter cet exposé curieux à l'excellente Histoire de la littérature française
de M. A. Sayous : « Lorsque Richelieu, en fondant l'Académie, voulut fixer la langue française, trop mobile et trop
incertaine pour assurer une clarté durable aux productions de l'esprit; lorsqu'il imagina de la soumettre à une commune
législation et de la perpétuer par l'obéissance, il eut une pensée qui n'appartient pas seulement à son génie créateur. Cette
idée ne date point de 1635; depuis le commencement du siècle elle était la préoccupation et presque la manie de tous les
esprits cultivés : c'était celle de Malherbe^ celle de Guillaume du Vair; ce fut celle de l'hôtel de Rambouillet et de ses
hôtes, de Balzac, de Chapelain, et de tous les membres de cette réunion familière d'auteurs, qui fut l'origine et le noyau
de l'Académie française. Le soin de l'expression, l'ambition de n'employer que le bon langage, étaient les grandes affaires
d'un écrivain à cette époque. Un empressement si général ne saurait être attribué à quelque mode littéraire; il indique bien
plutôt un caractère de nécessité. A ce moment où, après avoir servi à de grandes luttes religieuses et politiques, les lettres
commençaient de toutes parts à rentrer dans leur lit, si l'on peut ainsi parler; quand la société se mettait à chercher aussi
ses plaisirs dans la bienséance, dans un ordre élégant et le pacifique intérêt de la conversation, ifétait naturel que le langage,
obéissant à cette révolution, entrât à son tour dans cette recherche universelle de la règle et de la convenance. Quelque
passion que l'on eût de se renfermer dans le bon langage, cela n'était facile à personne, car on ne pouvait dire précisément
où il était et où il n'était pas. On avait besoin d'être fixé là-dessus, et de telles lois- étaient moins difficiles encore à imposer
que délicates à choisir. Si la voie était manquée, à quels désastreux errements était condamnée la langue française! Entre la
pédanterie et la licence; toutes deux également à craindre, l'idiome qui allait servir d'organe à tant de chefs-d'œuvre
courait de réels dangers. Il fallait lui assurer tout à la fois la liberté de ses mouvements naturels et les avantages de la
discipline. Vaugelas convenait bien à une pareille tâche, par sa qualité de gentilhomme et d'homme du monde, par son
origine aussi qui le rendait indépendant des habitudes et des préjugés provinciaux, et le portait à approfondir l'idiome avec
soin, avec étude, comme on le ferait d'une langue savante. Vaugelas n'a point créé la langue française, assurément; elle ne
lui doit aucun développement particulier, aucune beauté nouvelle; il n'est ni un Calvin, ni un Montaigne, ni même un
Amyot; il n'a pas, comme ces écrivains, révélé par ses écrits le génie de l'idiome et le caractère de ses richesses; il est
moins à la fois et plus que ses contemporains Malherbe et Balzac. Ceux-ci ont mis en circulation un choix restreint de
bonnes locutions et de procédés bien français; lui, il a fait l'inventaire du trésor, en indiquant à quelle marque on pouvait
reconnaître le bon et le mauvais or dans le pêle-mêle du vocabulaire usuel de toutes les provinces du royaume. »
C'est en 1694 que l'Académie française publia pour la première fois son dictionnaire, avec une préface de Charpentier.
Elle ne crut pas alors devoir suivre absolument l'ordre alphabétique; elle ne rangea dans cet ordre que les mots. qu'elle
appelait chefs de famille , et chacun de ceux-ci amenait à sa suite les termes dérivés ou composés auxquels il donnait
naissance.
La seconde édition, à laquelle l'abbé Régnier- Desmarais eut beaucoup de part, fut publiée en 1718, avec une.épitre
dédicatoire composée par l'abbé Massieu. C'est dans cette édition, et surtout dans la troisième (1740), que les mots furent
rangés dans un ordre nouveau. « La quatrième édition (1762) est, dit M. Villemain, la seule importante pour l'histoire de
notre idiome, qu'elle reprend à un siècle de distance dés premières créations du génie classique, et qu'elle suit dans une
époque de créations nouvelles; en général, elle a été retouchée avec soin, et, dans une grande partie, par la main habile de
VIII PRÉFACE.
Duclos. » On y admit en plus grand nombre les termes scientifiques ; on modifia beaucoup de définitions pour les rendre
plus précises ; aux phrases d'exemple choisies dans le langage le plus familier on en ajouta d'autres propres à la langue des
livres, et l'œuvre parut plus digne du premier corps littéraire du monde entier. Cependant l'Académie ne se crut pas pour cela
déchargée de la tâche qui lui avait été imposée par le cardinal de Richelieu, son fondateur, et, comme Sisyphe, elle se remit
au travail aussitôt pour remonter le rocher qui roulait au bas de la montagne dès qu'il en avait atteint le sommet. Son secré-
taire perpétuel, d'Alembert, et, après lui, Marmontel, se mirent dès lors, et sans interruption, à préparer une nouvelle édition,
en faisant," sur les marges et dans les interlignes d'un exemplaire de 1762 , les additions et les corrections que l'observation
des faits leur faisait juger nécessaires. Mais bientôt la Révolution survint, l'Académie fut dissoute, et, d'après une loi du
6 thermidor an II , l'exemplaire annoté devint propriété nationale. L'année suivante , un décret de la Convention ordonna
que V exemplaire chargé de notes marginales et inter linéaires serait remis aux libraires Smith, Maradan et compagnie, pour être
par eux rendu public après son entier achèvement, et enjoignit auxdits libraires de prendre avec des. gens de lettres de leur choix
les arrangements nécessaires pour que ce travail fût continué et achevé sans délai. La Convention avait parlé, il fallait obéir; les
libraires n'eurent pas de peine à trouver des littérateurs qui se chargèrent d'achever l'œuvre commencée par d'Alembert et
Marmontel; mais ce que l'Académie aurait fait en un demi-siècle, peut-êtce, fut bâclé en quatre ans, et le nouveau Diction^
naire fut imprimé en l'an VII (1798). On conçoit aisément que l'Académie française, lorsqu'elle fut reconstituée, n'ait
pas voulu reconnaître un travail auquel elle avait eu si peu de part : il ne faut donc tenir aucun compte de cette édition de
1798, et c'est en 1835 seulement que parut celle qui est réellement la sixième, et qui doit être regardée comme succé-
dant directement au dictionnaire de 1762.
Quand on songe à la multitude et à l'importance des événements politiques qui se sont accomplis en France pendant
cette période de soixante-treize ans, aux immenses progrès réalisés en même temps dans les sciences, dans les arts, dans
les mœurs, dans les idées, et surtout dans la langue politique, on se rend compte aisément de l'intérêt qui dut s'attacher
à cette publication nouvelle. Les Français sont naturellement railleurs ; ils ont vu tomber tant de rois que la couronne
et le trône eux-mêmes n'ont plus la puissance de comprimer le rire quand il vient sur leurs lèvres; il n'est donc pas étonnant
que les académiciens aient été souvent l'objet de nos plaisanteries et de nos critiques, surtout quand il est évident à tous
les yeux que les choix de la docte assemblée n'ont pas toujours été dictés par le vrai mérite. Cependant, au milieu de nos
sarcasmes, il y a toujours, même à notre insu, un certain respect pour le titre d'académicien, et nous sentons qu'il y a un
honneur véritable attaché au droit de s'asseoir sur l'un des quarante fauteuils. Nous savons qu'il y a des grâces d'état; c'est la
sagesse des nations qui a proclamé cet axiome, dont personne ne conteste la vérité : un juge, assis sur son tribunal, nous
inspire du respect, même quand nous le savons indigne de juger ses semblables, parce que notre connaissance du cœur
humain nous persuade qu'il y a dans ses fonctions mêmes quelque chose qui doit réveiller en lui le sentiment de la justice ; de
même un littérateur médiocre, admis parmi les juges de la langue, nous inspire dès lors plus de confiance; nous sentons que
sa position seule doit le rendre plus attentif, plus circonspect, et ces qualités peuvent, jusqu'à un certain point, tenir
lieu des lumières qui lui manquent 11 a d'ailleurs des collègues plus éclairés, il n'est pas assez dépourvu de connaissances
pour ne point sentir son infériorité, et tout nous autorise à penser qu'il ralliera son opinion à celle des plus habiles. Bien
plus, lors même que quelques articles du dictionnaire, les moins importants nécessairement, auraient été composés, comme
cela est assez probable, par des hommes étrangers à l'Académie et salariés par elle, nous sentons qu'ils ont dû faire ce
travail commandé avec plus de soin qu'un travail ordinaire : il y a dans les choses une force réelle dont l'action ne pour-
rait être neutralisée que par une force contraire. Ainsi, les décisions consignées dans le Dictionnaire de l'Académie peuvent
être l'objet de nos critiques ; mais cela n'empêche pas les plus rebelles, quand ils ont des doutes sur une question de gram-
maire ou de lexicographie, d'être les premiers à consulter l'Académie et d'éprouver une réelle satisfaction quand l'avis pour
lequel ils inclinent y trouve sa confirmation. Mais ce n'est pas seulement pour la France que la publication de 1835 fut un
véritable événement littéraire; notre langue est étudiée partout, les chefs-d'œuvre de nos écrivains sont lus en tous lieux,
et notre Académie française jouit à l'étranger d'une estime et d'une autorité bien moins contestées encore que chez nous :
son dictionnaire ne pouvait donc manquer d'exciter partout un grand mouvement de curiosité ; il était depuis longtemps
attendu, et il restera comme le vrai code de la langue française jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un autre code, émané
de la même autorité. On lut avec un vif intérêt la préface de M. Villemain , placée en tête du dictionnaire et dont nous
avons déjà parlé ; on la trouva digne de son auteur, et digne de l'Académie elle-même ; l'admiration générale dont elle
fut l'objet était bien faite pour augmenter encore le sentiment de respectueuse déférence avec lequel fut accueillie l'œuvre
collective de. nos académiciens.
En 1835, non plus qu'en 1694 et en 1762, l'Académie française n'a point eu la prétention de faire un dictionnaire
universel, c'est-à-dire un dictionnaire contenant tous les mots qui peuvent être employés dans toutes les circonstances pos-
sibles et par tous les Français, quelles que soient d'ailleurs leur position sociale et la nature ordinaire de leurs occupations;
PRÉFACÉ. - IX
elle n'a jamais eu l'idée de composer une encyclopédie , ni de mêler à la langue de tout le monde celle qui ne se parle
que dans certains métiers, dans certaines carrières ayant un caractère tout spécial ; elle n'a admis d'exception à cette règle
générale que pour les termes "visiblement français dans leur origine même , quand ceux-ci lui ont paru assez imposants
pour ne pas être omis. Son but paraît avoir été celui-ci : faire connaître tous les mots dont peuvent se servir les littéra-
teurs, les publicistes, les orateurs, les professeurs, les gens du monde, le peuple en général quand il a la volonté de
parler réellement français et non patois. Les termes de guerre , de marine , d'économie politique , sont admis en assez grand
nombre pour qu'il soit possible à quiconque les connaît de . comprendre tout ce qui s'écrit pour le public sur ces matières.
En géométrie, et en général dans les sciences mathématiques, aucun des mots que lés jeunes gens doivent rencontrer dans
les études des collèges et des lycées n'est omis : rkombe, parai lé lipipède, asymptote, monôme, binôme, etc., sont expliqués pour
cette raison , quoique par leur forme savante ils semblent se confondre avec les termes spéciaux adoptés par une classe
particulière de savants. Quant aux termes de blason, de chasse, de jeux divers, l'Académie en admet encore un grand
nombre, bien qu'elle ait cru devoir en supprimer plusieurs, et ici elle a eu un motif très-différent : elle a cru devoir les
conserver parce qu'ils sont pour la plupart puisés à une source toute nationale, et que, sous ce rapport, ils peuvent être
considérés comme de précieux vestiges laissés au milieu de nous par notre vieux langage. Il en est tout autrement de cette
foule de mots forgés par les chimistes, par les géologues, par les physiciens, et surtout par les botanistes; d'abord,
ils n'appartiennent point au langage de tout le monde, et, de plus, ils ont une physionomie tellement étrangère, disons le mot,
tellement barbare , que ceux qui désirent la conservation de notre langue ne doivent pas même souhaiter qu'ils soient
trop connus. Il est difficile de nier la sagesse de vues que ce cadre suppose , et tout homme de bonne foi conviendra
que l'Académie a fait réellement ce qu'elle devait faire, sauf les imperfections inhérentes à tout travail humain. Si elle s'est
plu à enrichir ses colonnes d'un très-grand nombre de proverbes vulgaires, comme plusieurs le lui ont reproché, c'est
encore parce qu'elle aime tout ce qui est essentiellement français par son origine, et c'est en effet dans les proverbes que
nous pouvons le mieux retrouver ce genre d'esprit, naïf et malin tout ensemble, qui caractérisait nos ancêtres, puisque
nous ne lisons plus leurs livres, quoique souvent nous y pussions trouver des idées tout aussi ingénieuses, et plus sensées
quelquefois, que dans nos écrivains modernes.
Pour définir les mots exprimant des idées générales, l'Académie n'a presque jamais eu recours au procédé qu'on pourrait
appeler philosophique, et elle a bien fait, car, outre qu'elle n'eût été comprise que par le petit nombre, elle se serait
exposée à voir contester l'exactitude de presque toutes ses définitions, tant il y a peu d'accord parmi les philosophes.
Elle a mieux aimé appeler à son aide les synonymes et expliquer la plupart de ces mots les uns par les autres. On n'a pas
manqué- de faire remarquer qu'elle enferme ainsi très -souvent son lecteur dans un cercle d'où il ne peut -sortir : ainsi,
surprise veut dire êtonnement, et ètonnement signifie surprise; économie se définit par épargné, et épargne par économie; être,
pris absolument, se traduit par exister, et exister veut dire être. Au premier coup d'œil, il semble que cette manière de définir
les mots soit complètement illogique; mais, quand on y réfléchit mieux, on reconnaît bientôt que c'est encore la meilleure,
et qu'elle suffit presque toujours aux besoins de ceux qui cherchent les mots dans un dictionnaire. En effet, on ne doit pas
supposer qu'ils ignorent complètement la langue; s'il en était ainsi, il faudrait leur donner un professeur, et non pas un
dictionnaire; mais ils ne connaissent point tous les mots de la langue et ils ouvrent le dictionnaire pour y chercher ceux
qu'ils ignorent. Or, il n'y a rien d'absurde à supposer que celui qui cherche surprise connaît ètonnement , de même que
celui qui cherche êtonnement peut très-bien connaître surprise; il est même permis de supposer que, dans certains cas, une
personne qui ignore à la fois les deux mots, ou qui, du moins, les connaît mal, pourra s'en faire une idée assez exacte dès
qu'elle aura appris qu'ils signifient à peu près la même chose; les notions confuses qu'éveille en elle chacun de ces mots
s'éclaireront suffisamment les unes par les autres.
Toutefois, le plaidoyer auquel nous venons de nous livrer pourrait être accusé de partialité en faveur du Dictionnaire de
F Académie, et ici notre contradicteur, nous devons le reconnaître, n'aurait pas tout à fait tort. Quelles sont, en effet, les
conditions d'une définition complète? Il faut que cette définition détermine le terme qui en est l'objet, de telle manière qu'on
ne puisse le confondre avec un autre terme congénère. Or, et c'est Marmontel qui l'a dit excellemment, deux mots d'une langue
nesauraient exprimer dans tous les cas une seule et même idée, et pouvoir, en toute occasion, être indifféremment substitués l'un
à l'autre, ce qui revient à dire qu'il n'y a pas de mots qui soient parfaitement et toujours synonymes. Cette considération
suffit donc seule à faire condamner, jusqu'à un certain point, la méthode d'équivalence employée trop souvent par l'Aca-
démie. Prenons un exemple : sans doute un âne est un baudet; mais ouvrons La Fontaine, et nous trouverons certains vers
où le premier de ces mots ferait une assez triste figure, et réciproquement. Pour le fabuliste, si versé dans les finesses de notre
langue, l'âne, c'est le quadrupède pris dans un sens général; c'est l'animal utile, sobre, patient, sot, stupide si l'on veut;
en un mot, c'est la bête de somme. S'il nous le montre en butte à la brutalité de son maître ou à la méchanceté des enfants,
c'est une victime, cest'Yâne. Citons quelques exemples :
■ ' b
X / PREFACE.
II se faut entr'aider, c'est la loi do nature.
L'âne un jour pourtant s'en moqua,
Et ne sais comme il y manqua, -
Car il est bonne créature.
— Un meunier et son fils. ...
Allaient vendre leur âne un certain jour de foire.
— Le plus âne des trois n'est pas- celui qu'on pense.
— L'ânier qui tous les jours traversait ce gué-là,
Sur l'âne à l'éponge monta.
Dans ces divers cas, Y âne a simplement son caractère d'animal, de bête de somme. Au contraire, La Fontaine veut-il mettre
en relief une circonstance comique , un côté ridicule, c'est le mot baudet qu'il a toujours soin d'employer :
Ayant au dos sa rhétorique '
Et les oreilles d'un baudet.
.Pendant ce beau discours,
Seigneur loup étrangla le baudet sans remède.
Un baudet chargé de reliques
S'imagina qu'on l'adorait :
Dans ce penser il se carrait.
Maître baudet, ôtez-vous de l'esprit
Une vanité si folle.
Ici le mot âne ôterait à l'idée toute sa finesse et tout son relief, ce qui n'empêche pas l'Académie de mettre au mot Baudet :
'"synonyme de âne. Évidemment, si notre La Fontaine avait assisté à la séance où cette difficulté a été si lestement tranchée,
il n'eût pas signé le procès-verbal sans clameur de haro.
Deux reproches plus sérieux ont été adressés à nos académiciens; c'est d'abord de n'avoir jamais indiqué l'étymologie; ensuite
de n'avoir cité, comme exemples de l'emploi des mots, que des phrases faites exprès par eux et dont la plupart n'expriment que
des pensées fort insignifiantes. Est-ce la science qui a manqué aux académiciens de notre temps pour donner l'étymologie
des mots? Nous n'oserions pas le dire, et nous inclinerions plutôt à penser que, trouvant la plus grande partie du travail faite
par leurs prédécesseurs à une époque où la science étymologique n'existait pas encore, ils ont reculé devant la pensée de tout
recommencer et de retarder ainsi indéfiniment l'apparition de leur dictionnaire. Quant aux phrases d'exemples, on pourrait
croire qu'ils ont fait acte de modestie en refusant de se citer eux-mêmes, puisque leurs ouvrages se trouvaient nécessairement
au nombre de ceux où ils auraient dû, dans un autre système, puiser la plupart de leurs citations. Quoi qu'il en soit, il nous
semble évident que le travail serait plus complet s'il faisait connaître l'origine et l'histoire des mots; qu'il se lirait avec plus
de plaisir si l'on y rencontrait à chaque pas quelques-unes des belles pensées exprimées par Pascal, Bossuet, Bourdaloue,
Fénelon, Voltaire, J.-J. Bousseau, Montesquieu, Buffon, et par nos littérateurs modernes; si l'oreille était de temps en temps
charmée par l'harmonie des vers de nos grands poètes. Les lecteurs du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle verront que,
venu après le Dictionnaire de l'Académie , nous n'avons pas voulu qu'on pût nous faire les mêmes reproches : il fallait de
longues et pénibles recherches pour remonter à l'origine première de tous les mots; pour pouvoir donner des phrases
d'auteurs comme exemples sur toutes les acceptions, il fallait consacrer un temps considérable à lire les principaux chefs-
d'œuvre de notre littérature, depuis le xve siècle jusqu'au xixe : nous n'avons pas reculé devant la difficulté de la tâche.
Voltaire, avant nous, avait- eu la même idée, c'est M. Villemain lui-même qui le constate dans la préface du dictionnaire :
« Quand Voltaire vint à Paris, en i 778, pour donner encore une tragédie au public, voir le siècle qu'il avait fait et mourir,
son infatigable activité d'esprit le fit songer même au Dictionnaire de l'Académie , et il entreprit de le recommencer sur le plan
philologique qui convient aux langues vieillies. Il voulait recueillir, pour chaque mot, l'étymologie reconnue ou probable,
les acceptions diverses, avec des exemples tirés des auteurs les plus approuvés, et faire revivre toutes les expressions pitto-
resques et énergiques de Montaigne, d'Amyot, de Charron, qu'a perdues notre langue. Voltaire arrêta lui-même le projet,
se chargea de la lettre A, et avait hâte de mettre toute l'Académie à l'ouvrage. Mais cette dernière volonté de son testament
littéraire se perdit après lui, et* la révision du travail de i 762 fut continuée dans la même forme. »
Il est encore un autre point sur lequel nous avons cru pouvoir taire mieux, ou tout au moins autrement que l'Académie :
notre langue renferme un grand nombre de mots dont la prononciation est douteuse, même pour les Français; et pour les
étrangers, on peut dire qu'une foule de mots offrent, sous ce rapport, des difficultés presque insurmontables; or, l'Académie
ne les résout que pour un très-petit nombre de cas. Fallait— ii, pour être plus complet, essayer de ramener notre pronon-
ciation à des règles générales? Si cela eût été possible, l'Académie l'aurait fait certainement; nous avons tenté nous-même
PRÉFACE. XI
ce travail, et nous avons reconnu que, presque partout, les règles qu'on aurait pu poser auraient dû être suivies d'exceptions
si nombreuses qu'on ne pourrait plus distinguer les unes des autres. Nous en avons conclu qu'il fallait s'en tenir à l'usage
comme règle unique, et nous avons constaté cet usage en indiquant la prononciation de chaque mot, isolément, au moyen
des lettres mêmes de notre alphabet, considérées comme représentant partout les mêmes sons et les mêmes articulations,
c'est-à-dire qu'après avoir donné l'orthographe usuelle de chaque mot, nous l'avons mis sous les yeux de nos lecteurs tel
qu'il devrait être écrit si l'orthographe était toujours la peinture fidèle de la prononciation.
Nous avons dit que le travail de l'Académie, indépendamment des critiques que nous venons de faire relativement au plan
qu'elle s'est tracé, présentait des imperfections dans l'exécution. Nous allons en signaler quelques-unes. Parmi les mots qu'on
regrette de ne pas trouver dans son dictionnaire, il en est plusieurs qui méritaient à tous égards d'y occuper leur place; tels
sont: achalandage, capitaliser, coloration, confortable, dècigramme, diorama, éditer, incorrectement, moralisation, démoralisation,
démoraliser, etc« 11 est vrai que, dans les explications qu'elle donne, aux articles où elle .traite des particules de, in, sous, re,
elje dit formellement que l'usage permet d'employer ces particules pour former un grand nombre de mots composés qu'il
serait inutile de réunir dans un dictionnaire. Elle aurait pu dire la même chose des finales âge, able, ible, ment, des initiales
contre, dêci, centi, entre, etc. , et, par là, elle se serait excusée de la plupart des omissions qu'on lui reproche ; mais elle ne l'a pas
fait, et tout ce que peuvent dire ses défenseurs, c'est qu'elle l'a laissé entendre. Cela suffit-il quand on a reçu la mission spéciale
de résoudre toutes les difficultés de la langue? Il est permis d'en douter, surtout quand il est évident qu'une vingtaine de
pages ajoutées à chacun des deux volumes auraient suffi pour donner place à tous les mots dont l'absence est vraiment
regrettable; car, encore une fois, personne ne songe à exiger que le Dictionnaire de l'Académie soit un dictionnaire universel.
Outre l'orthographe et la signification des mots, le dictionnaire de la langue doit encore donner la solution des principales
difficultés grammaticales. L'Académie l'a bien compris, et elle résout en effet les plus graves, quelquefois, mais rarement, en
posant une règle générale, le plus souvent en donnant simplement un ou deux exemples où le cas douteux se trouve appliqué
comme il doit l'être. Certains grammairiens auraient voulu que l'Académie motivât ses décisions: elle en a jugé autrement,
et elle a bien fait peut-être au point de vue de son autorité; car si elle avait raisonné ses opinions, on aurait pu vouloir les
discuter avec elle, et chacun sait combien il est difficile de mettre d'accord les grammairiens quand ils entrent une fois dans
la voie dés controverses. Toutefois, il est regrettable que l'Académie ait laissé sans réponse beaucoup de questions, surtout
quand elle a répondu à d'autres tout à fait analogues : ainsi, puisqu'elle indique les formes plurielles de beaucoup.de mots en
al ou de noms composés, pourquoi ne le fait-elle pas pour une foule d'autres? Ici encore, nous ayons cru devoir suivre une
autre marche qu'elle, et nous avons fait en sorte que notre dictionnaire fournît immédiatement la réponse à toutes les ques-
tions de grammaire qui peuvent embarrasser les étrangers, et quelquefois les Français eux-mêmes. Mais quand l'Académie a
^ prononcé, nous respectons presque toujours son arrêt, et nous nous efforçons de le respecter, même dans les cas particuliers
qu'elle laisse indécis, prenant pour guide l'analogie et cherchant à deviner, d'après ses principes avoués, comment elle aurait
résolu les difficultés si elle avait jugé convenable de les aborder. Pourtant, nous nous sommes permis, sur un. très-petit nombre
de points, d'adopter une opinion différente delà sienne : nous allons citer deux cas seulement, afin que nos lecteurs jugent
si nous avons eu de bonnes raisons pour décliner ainsi l'autorité du savant aréopage. Quand un nom d'homme ou de ville se
compose d'un article et d'un substantif, l'Académie ne met la majuscule qu'au substantif; elle écrit la Fontaine, la Bruyère,
du Bellay, et nous croyons devoir écrire La Fontaine, La Bruyère, Du Bellay; nous ne connaissons point, parmi les illus-
trations de notre patrie, d'hommes qui se soient nommés Fontaine, Bruyère, Bellay; ceux que nous connaissons avaient des
noms qui commençaient par La, Du; nous ne croyons pas pouvoir nous dispenser de différencier parla majuscule cette pre-
mière partie qui nous paraît tout aussi nécessaire que la seconde. A l'article consacré au mot plus, l'Académie donne cet
exemple : L'astronomie est une des sciences qui fait le plus ou qui font le plus d'honneur à l'esprit humain, et elle ajoute cette
remarque, que le dernier est plus usité. Nous nous prononçons d'une manière beaucoup plus absolue,et nous disons que, de ces
deux façons de parler, la dernière seule est correcte. Nous reconnaissons, il est vrai, que la première peut être appuyée sur
d'illustres exemples; mais nous ne craignons pas de dire que les plus grands génies peuvent.se tromper, surtout quand la
langue n'est pas encore faite, et nous croyons qu'ils se sont trompés quand.ils ont écrit des phrases de cette nature; la logique
le prouve, et l'usage actuel des bons écrivains vient à l'appui de la logique. -
On le voit donc^ le culte que nous avons voué à l'Académie n'est pas une idolâtrie; nous mettons- la raison au-dessus d'elle,
mais nous reconnaissons que, dans l'ensemble de son travail, elle n'a pas eu elle-même d'autre guide que la raison. Les cri-
tiques que nous nous sommes permises notent rien au respect que ce corps illustre nous inspire et qu'il nous a toujours inspiré*
Pour le prouver, nous allons, en terminant cette partie de notre revue lexicologique, rappeler ce que nous écrivions, il y a plus
de dix ans, dans la préface d'un dictionnaire destiné surtout aux jeunes gens des écoles : « Depuis les factums de Furetière et
_ les boutades de Chamfort, il est devenu en quelque sorte à la mode, parmi nos grammatistes modernes, de débuter dans la
carrière par une critique à l'adresse du Dictionnaire ae V Académie^ et ces critiques sont d'une extrême vivacité, comme tout
£*I " PRÉFACE.
ce qui est produit par l'ardeur bouillante et l'inexpérience de la jeunesse. Après avoir rompu cette lance, on est de droit gram-
mairien, comme autrefois on était armé chevalier après une action d'éclat. Tous ces critiques n'ont jugé le travail de l'Académie
que sur la lecture de quelques articles isolés, et non d'après une étude attentive et surtout suivie; ils n'en ont pas suffisam-
ment saisi le plan et la méthode. L'Académie avait à s'occuper avant tout du sens des mots, de leurs acceptions propres et
métaphoriques, de nos locutions proverbiales; en un mot, elle avait à fixer cette langue qui, à une clarté admirable, ajoute
la pureté, la vivacité, la noblesse, l'harmonie, la force et l'élégance. C'était là son programme, et elle l'a consciencieusement
rempli, en faisant de ses colonnes le dépôt des locutions, des constructions, des tours puisés dans nos meilleurs écrivains, et qui
forment le fond même de la langue; de sorte que, si un nouveau vandalisme littéraire venait à détruire tous nos chefs-d'œuvre,
le Dictionnaire de l'Académie seul survivant, il suffirait à reconstituer notre belle langue française, et à en faire retrouver
toutes les ressources et toutes les richesses aux successeurs des Corneille, des Racine, des Molière, des Buffon, qui y puiseraient
les matériaux nécessaires pour enfanter de nouvelles merveilles, comme les petits-fils des anciens preux n'auraient qu'à pénétrer
dans un musée, à détacher les vieilles armures et à s'en revêtir, pour ajouter de nouveaux exploits à la gloire de leurs aïeux. »
Passons maintenant au dictionnaire de Furetière, et disons quelques mots de cette fameuse querelle qui fit tant de bruit à
cette époque. Depuis 1637, l'Académie française travaillait à son dictionnaire, qui devait former comme le bilan littéraire de
tous les mots alors en usage chez les écrivains et dans la bonne compagnie. Elle avait obtenu un privilège exorbitant, le droit
exclusif de publier un dictionnaire, avec défense à tous de lui faire concurrence jusque par delà vingt ans après la publication
du sien. Lorsqu'en 1662, Furetière fut admis dans la savante compagnie, on travaillait donc depuis vingt-cinq ans à ce fameux
dictionnaire
Qui,toujours Irès-bien fait, "restait toujours à faire-
Une fois élu, Furetière prouva sa vocation par son assiduité au travail du dictionnaire, et Charpentier raconte à ce sujet
une anecdote qui, pour être bien comprise, demanderait une certaine connaissance des règlements académiques. A la fin de
chaque séance, Furetière avait soin d'écrire son nom en tête d'une feuille, pour s'assurer d'être le premier inscrit sur la liste
de présence à la séance suivante, et — c'est Furetière qui raconte lui-même, dans son deuxième factum , les bruits qui cou-
rurent alors à ce sujet — il avait soin d'arriver une demi-heure avant tout le monde, pour se donner le temps de copier le
travail de la séance précédente. Le Dictionnaire de ï Académie presque achevé (1672), une partie du manuscrit fut confiée
à un sieur Petit, imprimeur de l'Académie. L'impression alla jusqu'à la lettre M; c'est alors que Mézeray rédigea un
mémoire par articles, aux termes duquel tout ce qu'il y avait alors d'imprimé du dictionnaire devait être détruit et recom-
mencé, comme entaché de fautes et d'ignorances grossières, trop nombreuses pour être rectifiées par des errata ou par des
cartons. Ces conclusions, sévères déplurent à l'Académie, qui, cependant, quelques années plus tard, suivait le conseil de
Mézeray. Toutes les pages tirées, au nombre de 1,200, rentrèrent dans le giron de l'illustre compagnie. Mézeray étant mort
sur ces entrefaites, et un exemplaire étant demeuré en sa possession, ainsi que le manuscrit du reste jusqu'à la lettre P, un des*
académiciens fut chargé d'aller réclamer le tout aux héritiers, et cette mission échut précisément à Furetière. Si l'on en croit
Charpentier, « Furetière rapporta fidèlement tout ce qui se trouvait de ridicule à l'inventaire de son ami Mézeray, et garda
avec soin tout ce qu'il aurait dû rapporter à l'Académie. » Et il ajoute : « Le fidèle député vola l'exemplaire imprimé en cahiers.
Le Yoilà riche en un jour, et son dictionnaire achevé. Il copie avec diligence, change quelques mots au commencement, et
songe à avoir un privilège. » Cependant le dictionnaire que Furetière tenait en préparation, et dont il venait de lancer un
extrait, faisait du bruit; l'Académie s'en émut et le chassa de son sein (1685). De là les factums de Furetière et ses apologies,
où il assure que son dictionnaire lui a coûté quarante années de travail; qu'il y a employé jusqu'à seize heures par j our . Il affirme,
à la date de janvier 1686, qu'il a fait voir, il y a trois ans, ï ouvrage tout achevé; que le manuscrit remplissait quinze caisses,
où, ^depuis trois ans, plus de deux mille personnes l'ont vu; que des libraires ont enchéri, pour l'avoir, jusqu'au prix de dix
mille écus; il expose enfin que la révision de l'ouvrage prendrait plus de trois années à quelqu'un qui y donnerait tout son temps)
qu'on ne saurait le lire en un an ni le recopier en deux, et qu'il faudrait au moins trois. ans pour l'imprimer à deux presses. La
mêlée fut des plus vives; on traitait attiquement Furetière de belitre, maraud, fripon, fourbe, buscon, saltimbanque, infâme,
fils de laquais , impie, sacrilège, voleur, subornateur de faux témoins, faux monnoyeur, banqueroutier frauduleux , faussaire, ven-
deur de justice, etc. On pense bien que Furetière n'était pas en reste; ses épigrammes tombaient comme grêle sur les immor-
tels j en voici un exemple :
François, admirez mon malheur,
'"""-" • Voyant ces deux dictionnaires ;
- - J'ay procès avec, mes confrères
Quand le mien efface le leur;
- . , • J'a\ois un moyen infaillible
De nourrir avec eux la paix : _
J'en devois faire un plus mauvais; _ ■ ' '...'.
'■ ' Mais la chose étoit impossible.
PRÉFACE. . XIII
Le bon La Fontaine lui-même se fourvoya dans cette bagarre. 11 en voulait à Furetière pour deux raisons : celui-ci l'avait
appelé jetonnier, et lui avait reproché de ne pas savoir distinguer le bois en grume du bois marmenteau, lui qui avait été officier
des eaux et forêts. Notre fabuliste laissa pour un instant se débattre ensemble les rats et les belettes, et décocha contre Fure-
tière la flèche suivante :
Toy, qui de tout as connoissance entière,
• ., Escoute, ami Furetière : ■
Lorsque certaines gens,
Pour se venger de tes dits outrageants,
Frappoient sur toy comme sur une enclume,
. Avec un bois porté sous 4e manteau^
Dis-moy si c'étoit bois en grume,
Ou si c'étoit bois marmenteau.
L'épigramme était plaisante, mais le bonhomme la paya cher :
Ça, disons-nous tous deux nos méritez :
Il est du bois de plus d'une manière;
, Je n'ay jamais senti celuy que vous citez;
Notre ressemblance est entière,
Car vous ne sentez point celuy que vous portez.
Dictionnaire étymologique, ou Origines de la langue françoise, par Ménage; 1650, in-4°; 1694, in-f6. Cet ouvrage,
qui jouit d'une grande réputation du vivant et même longtemps après ia mort de l'auteuf , est aujourd'hui de moins en moins
consulté par les savants. Ménage avait plus d'esprit que de jugement. Comme tous les étymologistes qui l'avaient précédé,
il partait de cette idée fort juste que la fantaisie n'a pas présidé à la formation dès mots, et, comme il possédait parfaitement
le latin, le grec, l'italien, l'espagnol et le français, il s'obstinait à trouver dans ces seules sources la raison pour ainsi dire
mathématique de tous les termes de notre langue, laissant décote le celtique et, à plus forte- raison, le sanscrit, duquel, à
l'époque où il vivait, on ignorait jusqu'à l'existence. Aussi, parmi ses étymologies, en ' compte-t-on un grand nombre
qui ne sont que des suppositions plus ou moins ingénieuses, où la science étymologique n'a presque rien à voir. Un mot
étant donné à Ménage, il le passait*à son laminoir en disant :
Et si vous n'en sortez, vous devez en sortir.
On comprend qu'une telle méthode devait amener des épigrammes dans le genre de celle-ci du chevalier de Caiily :
Alfana vient d'<?çMiw,sans doute;
Mais il faut avouer aussi
Qu'en venant de là jusqu'ici,
Il a bien changé sur la route.
Dictionnaire français, contenant les mots et les choses, des remarques sur la langue et les termes des arts et des sciences, par
Richelet, Genève, 1680.' Ce livre est un des plus anciens monuments élevés en l'honneur de la langue française. Acette époque
où notre idiome, après un laborieux enfantement de dix siècles, venait de briser le rude cocon qui l'enveloppait, un grand
nombre d'esprits éclairés ne dédaignaient pas de concentrer toute leur activité'sur de simples questions.de philologie. Richelet
était précisément une nature de cette trempe : savant grammairien, chercheur infatigable, habile dans la langue française, 1 s
langues anciennes, l'espagnol et l'italien. Son esprit, porté à la satire et au genre burlesque, se trouvait à l'aise dans la com-
position d'un ouvrage qui devait passer en revue tous les mots de la langue. Son dictionnaire est rempli de gaillardises, d'ex-
pressions triviales, de traits* satiriques et même d'obscénités. Son humeur caustique lui avait créé beaucoup d'ennemis; son
dictionnaire lui procura les moyens de s'en venger. Les plus maltraités sont Amelot delà Houssaye, Furetière et Varillas. Comme
il avait été chassé de Grenoble à coups de bâton, à la suite d'un repas chez le président de Boissieu, où il s'était moqué de
tous les convives, il écrivit dans son dictionnaire : « Les Normands seraient les plus méchantes gens du monde s'il n'y avait pas
de Dauphinois. » Quand on parcourt les colonnes de ce lexique, il semble que l'on assiste à un repas auquel l'amphitryon
a convié tous ses ennemis pour les empoisonner et s'en débarrasser d'un seul coup. C'est dire que le dictionnaire de Richelet
était une sorte de curiosité, de friandise très-recherchée.
L'imprimeur genevois Widerhold en avait fait transporter secrètement quinze cents exemplaires à Villejuif , et il avait confié
ce secret à Simon Bénard, libraire à Paris, rue Saint-Jacques. Celui-ci s'empressa d'en informer le syndic, qui fit saisir et
brûler tous les exemplaires. Widerhold en mourut de chagrin trois jours après; mais le lendemain, en sortant de l'église
Saint-Benoît, Bénard était poignardé par un inconnu qui s'échappa dans la foule.
Aujourd'hui les dictionnaires n'ont plus le privilège de passionner à ce point les esprits; c'est un honneur réservé à nos
XIV . PRÉFACE.
comédies et à nos romans. L'ouvrage de Richelet est tombé dans le plus profond oubli, et il n'est plus apprécié
que par nos savants bibliophiles et nos fins amateurs, qui en payent un exemplaire jusqu'à 100 fr. dans nos ventes pu-
bliques. Cet ouvrage a eu de nombreuses éditions expurgées; mais le rara avis est toujours l'édition de Genève.
Dictionnaire de Trévoux, ainsi nommé de la ville d'où sortit la première édition; 1704, 3 vol. in-folio, réimprimé pour
la cinquième et dernière fois en 1771, 8 vol. in-folio. >
On sait que Trévoux était autrefois le siège d'une célèbre Académie de pères jésuites. Là se trouvaient les pères Buffier,
Bougeant, Castel, Ducerceau, Tournemine,'. etc. On connaît les épigrammes de Boileau contre les savants religieux, qui
l'avaient attaqué au sujet de ses nombreuses imitations des poètes anciens. Scarron leur rendit justice à sa manière dans
son Virgile travesti :
A Rome, au pays de Cocagne.
Je veux dire dans le Pérou,
Ou dans la ville de Trévou,
Ville à présent de conséquence,
L'un des bureaux de la science, . '
Une boutique à beaux écrits,
Le réservoir des beaux esprits, -
Et la célèbre Académie ^
Des sciences rimant en ?m'e;
Enfin, l'Athènes de nos jours.
Mais retournons à mon discours.
C'est de cet asile studieux que sont sortis les Mémoires dits de Trévoux. Mais ce qui a surtout illustré la petite ville du
département de l'Ain, c'est le dictionnaire qui. porte. son nom. Cet ouvrage était dédié par les jésuites au duc du Maine,
prince souverain de Dombes* qui avait mis au service des révérends pères son imprimerie de Trévoux. Ce dictionnaire a
joui d'un grand crédit auprès des lexicographes français et étrangers; on peut blâmer l'inexactitude des définitions, le choix
peu judicieux des" exemples; mais il n'en reste pas moins vrai que tous les auteurs de dictionnaires et d'encyclopédies ont
puisé à pleines mains dans cet immense arsenal. Dans la préface de la quatrième édition, les auteurs disaient, en parlant
de leur ouvrage : « Les amateurs du vieux style peuvent y satisfaire leur curiosité sur la plus grande partie des mots hors
d'usage qui se lisent dans les auteurs anciens, et qui ont souvent plus de force et d'énergie que ceux qu'on leur a substitués.
On n'y a pas oublié les mots de conversation; ceux qui ne sont en usage que parmi le peuple ou dans les provinces, et qu'on
ne trouve pas ordinairement dans les autres dictionnaires. » Outre Furetière, Basnage, Richelet et l'Académie, les auteurs
ont appelé à leur aide Ménage, Du Cange, Saumaise, Vossius, Ferrari, Caseneuve, Guichard, le père Thomassin , Pasquier,
H. Estienne, et autres lexicographes et grammairiens. Une grande partie des articles de botanique fut revue par le pro-
fesseur Jussieu,. de l'Académie des sciences.
Lex Dictionnaire de Trévoux n'est-il, -comme on l'a dit, qu'une réimpression du dictionnaire de Furetière, refondu par
Basnage de Beauval? Presque toutes les biographies l'assurent, et ce témoignage s'appuie sur l'affirmation singulièrement
hasardée du père Niceron, qui dit dans ses Mémoires : « Tout y est semblable, méthode, orthographe, exemples...; on y a
laissé jusqu'aux fautes d'impression; il y a, à la vérité, quelques additions, dont la -plupart sont entièrement étrangères au
dictionnaire. » Ce reproche pouvait être fondé .quant à la première édition; mais la cinquième n'offre aucun rapport
avec le lexique de Furetière revu par Basnage : c'est un édifice entièrement nouveau, élevé sur l'ancien plan. Sans doute, le
Dictionnaire de Trévoux a considérablement vieilli; mais il serait injuste de contester les services qu'il a rendus à la langue et
aux écrivains. ' .
Dictionnaire universel de la langue française, par Boistef., 18ÔÔ, nr-4°. Ce dictionnaire, dont l'auteur a voulu faire une
espèce d'encyclopédie philologique, est tout à la fois un traité de grammaire et d'orthographe, un manuel de vieux langage et de
néologie. Il est suivi d'un dictionnaire des synonymes, d'un dictionnaire des difficultés de la langue française, d'un traité des
tropes, d'un traité de la ponctuation, d'un essai sur l'usage des lettres capitales, d'une table des conjugaisons, d'un traité de
la versification française, d'un dictionnaire des rimes, d'observations sur la prononciation, d'un, dictionnaire des homonymes
et des paronymes, d'un vocabulaire de mythologie, d'histoire et de géographie; enfin, d'une nomenclature des termes d'bis- 1
toire. naturelle et de médecine. C'est un travail très-estimable, dont la nomenclature est beaucoup plus complète et beaucoup f
plus riche que celle de l'Académie. Mais cet ouvrage ne saurait faire autorité; ;1 donne une foule de mots qui ne sont ni de l
la langue ni de l'usage; ses étymologies, dont aucune n'est raisonnée, ne sauraient avoir la moindre valeur; ses définitions,
toujours extrêmement courtes, éclairent peu la signification des mots; il laisse trop à deviner; les diverses figures qu'il em-
PRÉFACE. • XY
ploie, ainsi que les abréviations qu'il accumule, sont un véritable grimoire pour celui qui cherche les différentes accep-
tions. Boiste a fait une sorte d'anatomie lexicographique; son squelette est complet, il n'y manque ni un nerf, ni un tendon,
iii une articulation; mais la moelle, le sang, la chair, la vie enfin, y font complètement défaut.
Boiste était un esprit frondeur et parfois gaulois; beaucoup de ses exemples lui appartiennent ; ils sont courts, nets, incisifs,
et ont toutes les qualités du miilta paucis . Ajoutons que le lexicographe nourrissait au fond du cœur un vieux levain de libé-
ralisme qui en faisait un des boudeurs et des idéologues de l'empire, et cela, joint à l'abus des signes quasi hiéroglyphiques qui
entrent dans son système d'abréviations, lui causa un jour un désagrément qui ne saurait mieux trouver sa place que dans
une préface de dictionnaire, chose peu réjouissante par elle-même.
Un matin de l'année 1805, un agent de police se présente chez Boiste, et lui exhibe un mandat d'amener qu'il était chargé
d'exécuter. La résistance n'était pas possible; Boiste s'habille en toute hâte et se met à la disposition de l'agent, qui le fait
monter dans un fiacre et le conduit à l'hôtel de Fouché, chef delà police impériale. Lorsque Boiste fut introduit, le ministre
était dans un grand état d'exaspération, et il adressa au lexicographe les plus violentes apostrophes, l'accusant d'avoir outragé
l'Empereur. Boiste, stupéfait, ne sait d'abord que répondre; cependant, il se rassure un peu et fait observer au terrible mi-
nistre qu'il n'est qu'un pauvre grammairien et qu'il ne s'est jamais occupé de politique. Le ministre s'irrite, et, pour con-
fondre Boiste, il lui fait lire dans son propre dictionnaire :
SPOLIATEUR, qui dépouille, -qui vole — trice : loi — Bonaparte^
Tel était l'article qui outrageait la majesté impériale. On avait persuadé à Fouché que les qualifications injurieuses qui'
accompagnent le moi spoliateur s'appliquaient au nom de Bonaparte, tandis que l'auteur voulait simplement indiquer queBona-
parte avait consacré l'expression de spoliateur ■, et surtout celle du féminin, dans un discours public.
Quand il comprit la portée de l'accusation, le pauvre lexicographe demeura si atterré qu'il ne put rien répondre. Il fut
alors emmené et écroué à la Conciergerie par ordre du ministre. En vain plusieurs amis de Boiste se présentèrent chez Fouché
pour lui soumettre des observations : il resta inflexible. Mais deux membres de l'Institut s'adressèrent directement à l'Empe-
reur, qui accueillit sesconfrères avec bonté et dépêcha aussitôt à la Conciergerie un aide de camp, avec ordre de faire mettre
immédiatement le prisonnier en liberté. Fouché, averti par un de ses agents du contre-ordre impérial, relut l'article in-
cendiaire avec plus d'attention et reconnut immédiatement sa méprise. Il eût bien voulu conserver secret ce petit incident,
mais Napoléon n'était pas homme à manquer une si belle occasion de s'égayer un peu aux dépens d'un ministre dont il utili-
sait les services, mais qu'il méprisait au fond du cœur, et, le soir, il eut soin de le féliciter publiquement, au milieu d'une
réunion officielle, sur son zèle éclairé. L'anecdote fit pendant quelques jours les frais des petites conversations à la cour et
à la ville, et elle amusa tout le monde, y compris Boiste lui-même, qui la racontait très-plaisamment.
Dictionnaire universel de la langue française, avec la prononciation figurée; 1813, 2 vol. grand in-8°, par Gattel. Cet
ouvrage fut très-favorablement accueilli dès son apparition; il rectifiait, sur un grand nombre de points, celui de l'Académie,
qui s'obstinait à ne rien publier dans son majestueux silence, et qui devait encore apporter un délai déplus de vingt années à
faire paraître son édition de 1835, si impatiemment attendue, et dont la lente élaboration rappelait trop souvent l'épigramme
de Boisrobert :
, . . Tous ensemble ils né font rien qui -vaille,
vDepuis dix ans dessus l'F on travaille, . ' '
Et le destin m'auroit fort obligé
S'il m'avoit dit : Tu vivras jusqu'au G.
Tandis que les quarante immortels sommeillaient paisiblement dans leurs fauteuils, de laborieux lexicographes se mettaient
courageusement à l'œuvre, et Gattel doit être rangé parmi ces consciencieux travailleurs.
Nouveau Dictionnaire" de la langue française, où l'on trouve tous les mots de la tangue usuelle, les étymologies,
l'explication détaillée des synonymes, etc., par Laveaux; 1820, 2 vol. in-4°. Laveaux était un philologue érudit, un savant
lexicographe. Ses définitions sont claires, succinctes; sa nomenclature est plus considérable que celle de l'Académie; toutefois
les détails qui concernent les animaux et les plantes n'appartiennent guère qu'à l'histoire naturelle pure, et ont une étendue
qui est en disproportion avec la partie linguistique proprement dite; ses exemples sont très-multipliés; mais ce qui distingue
particulièrement cet ouvrage, c'est un tact grammatical remarquable. Le même grammairien a composé un Dictionnaire des
difficultés de la langue française, dont la librairie Hachette a donné, en 1847, une nouvelle édition revue avec un grand soin
par M- Marty-Laveaux , son petit-fils. Aujourd'hui encore, ce dernier ouvrage, qui n'a pas vieilli, est un des meil-
leurs traités qui aient élé"composés sur les nombreuses anomalies de notre idiome national. Laveaux était un travailleur
XVI • PRÉFACE.
infatigable, comme le sont presque tous les grammairiens, et le Grand Dictionnaire aime à rendre cet hommage à un mérite
modeste et incontestable.
Dictionnaire étymologique de la langue française, par . Roquefort ; 1829,. 2 vol. in-8°. Cet ouvrage contient les mots du
Dictionnaire de l'Académie française, avec les principaux termes d'arts, de sciences et de métiers. Il est précédé d'une excel-
lente dissertation sur l'étymologie, par Champollion-Figeac, éditeur de l'ouvrage. Le dictionnaire de Roquefort aune valeur
incontestable, soit au point de vue philologique, soit comme histoire d'un grand nombre de mots de la langue française. Au
reste, les travaux de ce savant ont donné une grande impulsion à cette branche de l'érudition.
Nouveau Dictionnaire de la- langue française, contenant la définition de tous les mots en usage, leur ètymologie, leur emploi
par époques, leur classification par radicaux et dérivés, les modifications qu'ils ont subies, les idiotismes expliqués, développés et
rangés par ordre chronologique, de nombreux exemples choisis dans les auteurs anciens et modernes et disposés de manière à offrir
l'histoire complètedu mot auquel ils se rattachent, par Louis Dochez; Paris, 1860, un vol. in-4°, avec un discours préliminaire
par M. Paulin Paris. C'est un ouvrage très-estimable, que l'auteur a composé seul, en y sacrifiant dix années de sa vie, la plus
grande partie de sa fortune et son existence même, car il mourut au moment où l'on tirait les dernières feuilles, et n'eut
même pas, comme Moïse, la consolation de contempler, au moins du regard, le fruit de ses longs et pénibles travaux. Comme
on Ta vu par le titre, on trouve dans cet ouvrage « l'état civil delà langue reproduit aux principales époques de son histoire,
avec les adjonctions nécessitées par les actes de naissance des nouveaux membres de la grande famille..» L'auteur à dépouillé
lui-même tous ceux de nos chefs-d'œuvre qui devaient lui fournir des exemples pour appuyer ses acceptions, et, dans cette
galerie, le xixe siècle n'a pas été oublié : on y trouve les noms de P.-L. Courier, Chateaubriand, Joubert, Ozanam, Guizot,
Thiers, Cousin, Lamartine, V. Hugo, Alexandre Soumet, Hég. Moreau, A. de Musset, Lamennais, Ravignan, Lacordaire,
Gratry, Dupanloup, Proudhon, Sainte-Beuve, Phil. Chasles, Scribe, Hon. de Balzac, G. Sand, Th. Gautier, etc. Ces noms
sont une preuve des soins que l'auteur a apportés à la composition de son dictionnaire. Il donne, comme M. Littré, et par
ordre chronologique, une série d'exemples qui montrent les différentes physionomies que nos vocables ont revêtues aux
périodes successives de notre histoire littéraire, et le dictionnaire Dochez a précédé de plusieurs années le dictionnaire Littré.
Est-ce à dire que ce dernier s'est inspiré du plan de son devancier? Nous ne le pensons pas. Les études de M. Littré à ce sujet
révèlent trop de savoir et de compétence pour qu'on admette un seul instant cette supposition. L'idée est née dans l'esprit des
deux lexicographes, comme celle du calcul différentiel s'était simultanément éveillée dans le cerveau puissant de Leibnitz et
dans celui de Newton.
Dictionnaire de la langue française, par M. Littré, de l'Institut. Commençons d'abord par proclamer que M. Littré est
un de nos linguistes les plus distingués, un libre penseur, un esprit éminemment philosophique. Après cette déclaration,
nous nous sentons plus à notre aise pour exprimer franchement notre opinion sur son dictionnaire, dont la publication, bien
qu'inachevée encore, est cependant assez avancée pour qu'on puisse juger l'œuvre dès aujourd'hui. Ces précautions oratoires
n'étaient pas inutiles : c'est ainsi qu'après avoir rendu justice à l'amabilité d'une femme, on éprouve moins d'embarras pour
faire ressortir les imperfections de son visage.
Le dictionnaire de M. Littré donne, ou, pour mieux dire, a la prétention de 'donner la nomenclature complète des mots
français, les idiotismes, des remarques critiques sur les irrégularités et les difficultés de la langue; les diverses acceptions des
mots rangées dans un ordre logique; la prononciation, l'étymologie, et un historique de tous les termes delà langue française,
dans leur ordre chronologique, depuis son origine jusqu'au xvie siècle. Voilà le cadre; voyons comment il a été rempli. L'his-
torique des mots est parfaitement exposé; on y. voit les formes successives de nos vocables déterminées au moyen de phrases
puisées dans Grégoire de Tours, Froissart, le Roman de la Rose, les fabliaux, les poésies des trouvères, Villon, Ronsard,
Rabelais, Montaigne, etc. Ces études rétrospectives, cette sorte de philologie archéologique peut plaire aux savants et aux
linguistes ; mais elle n'offre qu'un médiocre intérêt pour les gens du monde, qui veulent connaître avant tout la langue telle qu'elle
existe aujourd'hui. Et cependant, ce n'est qu'en cela que consiste, à vrai dire, l'originalité du travail, de M. Littré. Les autres
parties, qui ne sont qu'une reproduction des dictionnaires antérieurs, laissent singulièrement à désirer. Ainsi, les acceptions
sont presque toujours confondues ; à chaque ligne, le sens propre se fourvoie au milieu du sens figuré, et réciproquement. Tel
mot, qui présente huit et même dix acceptions marquées par des rapports d'analogie, d'extension, de comparaison, est résumé
tout entier en deux ou trois groupes. Ce que l'auteur appelle nomenclature des termes usuels des sciences, des arts, des métiers et
de la vie pratique, est rempli de lacunes, et souvent entre deux mots qui se suivent, chez M. Littré, pourraient s'en glisser une
vingtaine d'autres, qui, sans être usuels, devraient occuper une place dans un dictionnaire aussi volumineux.
La prononciation laisse peu de prise à la critique, M. Littré a l'oreille délicate, éminemment française; on s'aperçoit
PRÉFACE. XVII
-souvent qu'il s'est mis en rapport avec les personnes les plus compétentes, et que sa place doit être marquée aux fauteuils
de notre Théâtre-Français. Certaines définitions, scabreuses au point de vue philosophique et religieux, ont été formulées
avec toute la science qui le distingue, et, dans une verte semonce, le très-orthodoxe évêque d'Oriéans a pris la peine de
lui en dire quelque chose. Ici, nous ne défendrons ni ne désapprouverons l'honorable M. Littré. Il ne met pas le même
zèle que M. Bouillet à solliciter les éloges de la Congrégation de l'Index, cela le regarde. Mais où nous serons plus sévère,
c'est sur la question desétymologies. Cette partie a été traitée par le savant linguiste avec une sorte de prédilection; il s'y
complaît, et, à première vue, il semble qu'il soit là dans son élément naturel; mais on ne tarde pas à revenir de cette opinion,
en passant ses articles au tamis de la critique lexicologique. En effet, les étymologies qu'il indique sont loin de satisfaire les
esprits curieux. Tout est emprunté à la langue latine ou à la langue grecque. Avare vient du latin amms; autruche vient du
grec strouthiôn, et l'auteur croit compléter tous ces détails en donnant l'équivalent en patois, en provençal, en italien, en
espagnol, en portugais, en wallon, etc. En un mot, M. Littré refait à nouveau le travail si incomplet de Ménage, A peine
parle-t-il du celtique. Quant au sanscrit, il n'en est nullement question; les Védas, le Zend-Avesta, le Ramayana et autres
ouvrages persans et indiens semblent ne pas exister pour lui. Dans une partie aussi importante, on avait le droit d'exiger da-
vantage de sa compétence incontestée.
Cette critique est sérieuse, et pour luiôter tout caractère de malignité, nous tenons à montrer qu'elle est fondée. Pour cela,
nous allons mettre en comparaison l'étymologie du mot avare, telle que la donne M. Littré, avec celle du même mot donnée
parle Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, et nous pourrions, au même titre, en citer une foule d'autres :
Dictionnaire Littbé : avare, étym. Picard, aver; provenç. avar; espag. et ital. avaro ; de avarus, de avère, désirer.
Grand Dictionnaire universel : avare... du lat. avarus, même sens, formé directement du verbe avère, désirer avec ardeur. A ce verbe
se rattache toute une famille de mots qui reconnaissent pour chef de Ole la racine indo-européenne av, garder, désirer, couvrir. M. De-
lâtre groupe autour de ce radical les mots avide, avoine (av-ena, la plante avide, qui s'empare de toute la place); Avignon, Àv-enio, la ville
à l'avoine ; Avella, ville du royaume de Naples, qui fournissait beaucoup d'avoine ; aveline, sorte de noisette qu'on tirait primitivement
d'Avella, etc. Benfey, dans son Dictionnaire des racines grecques, pense qu'il- faut classer dans la même série audeo; ausus, d'où le français
oser, audace, termes qui, dans l'origine, ne signifiaient que rechercher, s'efforcer d'acquérir. Pour justifier cette assimilation, Benfey,. s'ap-
puyant sur l'exemple analogue de gaudeo, gavisus, suppose une forme similaire intermédiaire avisus, avi-sus, dérivée d'audeo.
Reste une question de forme, de simple détail. — Mais c'est ici surtout que l'on peut dire avec Voltaire : \
Le superflu, chose si nécessaire;
nous voulons parler delà disposition typographique. Nous en sommes encore à nous demander comment un homme tel que
M. Littré, et comment surtout une maison aussi habile que celle dont le nom figure au bas du titre, ont pu condamner le
lecteur à un tel imbroglio et négliger à ce point un accessoire si essentiel dans un livre de recherches : presque point d'alinéas ;
certains paragraphes ont jusqu'à deux, trois, quatre et même cinq cents lignes; les exemples n'ont rien qui les dis-
tingue du texte de la définition; les vers revêtent la forme et le caractère de la prose. N'est-ce pas ici le cas de s'écrier avec
Chicaneau : -
Si j'en connais pas un, je veux être étranglé!
■ Les remarques critiques que nous venons de faire ne nous empêchent nullement de reconnaître dans l'œuvre de M. Littré
un incontestable mérite. 11 serait tout aussi injuste de la confondre avec les insignifiantes productions que l'on publie de-
puis vingt ans, que de confondre le Tibre avec le Simoïs. Mais, nous le répétons en terminant, c'est un ouvrage qui convient
aux lettrés, à nos bibliothèques publiques, et non à cette classe innombrable de lecteurs qui a plus d'esprit que Voltaire,
et qui s'appelle tout le monde.
Parlerons-nous maintenant de cette foule de dictionnaires qui, depuis vingt ans, se sont échappés de nos grandes boutiques
de librairie, pour s'abattre comme des nuées de sauterelles dans nos bibliothèques et dans nos écoles : Wailly, Chapsal,
Napoléon Landais, Bescherelle, La Châtre, Poitevin, etc., etc.? Sauf ce dernier, où l'on rencontre des phrases empruntées
aux écrivains de notre époque, on les dirait tous sortis du même moule. Ce sont de pures spéculations de librairie, où la
langue et la littérature n'ont absolument rien à voir. Mais, .
Comme de son prochain il ne faut point médire,
On y trouve du bon, du mauvais et du pire.
XVIII L ***- PRÉFACE.
OUVRAGES ENCYCLOPÉDIQUES
Dictionnaire historique et critique de Bayle, œuvre de génie qui a marqué dans l'histoire de l'esprit humain et qui a
exercé une immense influence sur la direction des idées au xvme siècle. La Réforme avait ouvert la porte au libre exa-
men; Bayle fît aboutir logiquement cette liberté au doute, qu'il érigea en système, et qui devint entre ses mains une arme
redoutable avec laquelle il battit en brèche toutes les croyances plus ou moins surannées. V Encyclopédie de Diderot était en
germe dans ce travail prodigieux, que l'auteur trop modeste appelait une « compilation informe de passages cousus à la queue
les uns des autres. » On y trouve une foule d'articles où le sens, le raisonnement, la critique, se montrent dans toute leur
puissance, et où se déploie une érudition qui eût suffi à dix bénédictins. Bayle, ne recherchant qu'un texte, disons mieux,
un prétexte pour développer ses idées, n'a introduit aucune méthode régulière dans son livre; pourvu qu'un nom se rattache
d'une manière quelconque à un système , à une théorie, cela lui suffit pour asseoir une série de raisonnements qui conduisent
tous au même terme, le doute.
Bayle fut le Montaigne du xvme siècle, le véritable précurseur de Voltaire et de Hume; en toutes choses il vit la néga-
tion et l'affirmation, le pour et le contre; il défendit toutes les erreurs et soutint toutes les vérités, montra le faible de
tous les systèmes philosophiques, de toutes les religions, et se plut à railler l'histoire; il établit souverainement les droits
de la raison en déclarant que la philosophie est la reine et que la théologie n'est que la servante ; il eut, enfin, un mérite bien
rare et qui montre toute l'indépendance de son esprit, c'est d'avoir remonté le courant des opinions vulgaires et des jugements
tout faits, pour y opposer hardiment son scepticisme. C'est là, dans un siècle où l'erreur domine partout, le cachet des hommes
vraiment supérieurs. Sans être un de ces génies qui jettent à profusion dans le monde des idées nouvelles, il eut du moins
la gloire de stimuler vivement l'opinion publique.
Dans son dictionnaire, Bayle suit une méthode à lui : il considère les articles en eux-mêmes comme un sommaire, un argu^
ment de chapitre; pour lui, l'important est d'écrire en commentaire courant de nombreuses notes, souvent étendues, le long
desquelles se déroule une marge de citations et de renvois. C'est là que Bayle met à l'aise son immense érudition, et qu'il
déploie les ressources de sa dialectique sur une multitude de points de théologie, de philosophie, d'histoire, etc.
On pouvait craindre, cependant, qu'une compilation à l'allemande, comme Bayle appelle lui-même son dictionnaire, ne
blessât le goût français. De plus, Bayle, afin de ne pas se rencontrer avec les autres dictionnaires, a été obligé de préférer
souvent, pour développer ses doctrines, des noms' presque inconnus aux noms célèbres qui doivent nécessairement dé-
frayer ces sortes de compilations : « Nécessité regrettable et pénible, dit Basnage; car il est bien difficile de composer
un article qui mérite d'être lu, lorsqu'on s'attache à des sujets qui ont été négligés par d'autres auteurs, ou à cause de
leur obscurité, ou à cause de leur stérilité. » Toutefois, ce regret ne doit pas se tourner en censure. Bayle n'a pas eu l'in-
tention de composer une encyclopédie; il a voulu seulement écrire sur un certain nombre de sujets à sa convenance. Il
ressemble à un homme disert qui, entrant dans un salon avec l'intention bien arrêtée de diriger l'entretien vers un point
déterminé, sur lequel il croit avoir d'excellentes choses à dire, fait tous ses efforts pour amener la conversation à son thème
favori. Et s'il arrive à intéresser, à plaire, à captiver,-les esprits les plus exigeants lui pardonnent volontiers les petits moyens
dont il s'est adroitement servi. r
Jamais , d'ailleurs , le scepticisme n'avait revêtu une forme plus saisissante. Cette intelligence lumineuse et profonde,
révoltée contre les contradictions qui jaillissent constamment du contact de la raison avec les dogmes religieux, avec les
doctrines philosophiques de tous les temps et de tous les pays , les a cités successivement au tribunal de sa critique froide
et railleuse, les a mis aux prises avec sa dialectique impitoyable et les a ébranlés jusque dans leurs fondements. De
là l'importance, exagérée aux yeux des lecteurs superficiels, accordée aux papes, aux théologiens et aux chefs de sectes, qui,
à eux seuls , forment un tiers de l'ouvrage. Il est bien évident que leurs doctrines et leurs écrits pouvaient seuls lui fournir
matière à discussion. Peu importait à Bayle qu'Alexandre eût vaincu les Perses à Arbelles et que la bataille d'Actium eût été
gagnée par Octave; il s'était moins donné pour mission de discuter les faits et gestes des conquérants que les systèmes
philosophiques et religieux. Il a saisi ceux-ci corps à corps , et , singularité curieuse, non pour les renverser , mais pour
les ébranler. On eût dit qu'il prenait un malin plaisir à les faire chanceler sur leurs bases, avec la seule intention d'en dé-
montrer la faiblesse. C'est que le but de Bayle n'est pas d'établir l'incrédulité, mais le doute. Il est vrai que l'un mène tout
droit à l'autre, et c'est ce que va prouver clairement M. de Barante : « D'ordinaire, les écrivains se servent du doute pour
détruire ce gui existe afin d'y substituer leurs opinions; c'est une arme qu'ils emploient pour conquérir. Chez Bayle, le
doute est un but, et non pas un moyen. C'est un équilibre parfait entre toutes les opinions. Rien ne fait neacherla balance.
• ' PRÉFACE. XIX
L esprit de parti, les préjugés, l'influence de l'éloquence, les séductions de l'imagination, rien ne touche Bayle, rien
ne peut le'déierminer. Toutes les opinions lui semblent probables ; quand il en trouve de mal défendues, il s'en empare
et vient à leur appui pour qu'elles ne perdent pas leur cause. Chose étrange ! il semble se complaire dans cette incertitude ;
son âme n'est point oppressée et déchirée par cette ignorance des questions qui importent le plus à l'homme. Il les aborde,
et se réjouit de ne lés pouvoir résoudre. Ce qui a fait le supplice de tant de grands esprits, de tant d'âmes élevées, est une
sorte de jeu pour lui. »
Il n'est pas difficile, ajouterons-nous, de comprendre cette recherche de l'incertitude qui fait l'originalité de Bayle. Le
doute, pour lui, c'est une arme défensive contre les menaces et les agressions de la foi, c'est la fin des guerres de croyances,
c'est l'opinion qui se substitue au dogme , c'est la négation de toute infaillibilité , de. toute autorité doctrinale, c'est le grand
chemin de la tolérance. « Relaps aux yeux des catholiques, soupçonné de catholicisme chez les protestants, Bayle, dit Y Ency-
clopédie nouvelle, commence par vouloir faire entendre raison aux deux partis. Il publie sa Réfutation de Maimbourg, le
bourreau la brûle à Paris; il écrit son Commentaire en faveur de la tolérance, et voilà Jurieu qui se met en fureur. Alors
il prend une autre route; il laisse Jurieu fulminer contre Louis XIV, et Louis XIV achever ses dragonnades. Il appelle à son
secours sa dialectique, cette arme qu'il avait forgée toute sa vie; il se place avec elle en embuscade contre tous les dogmes au
nom desquels on se persécute, au nom desquels on s'égorge. Y a-t-il quelque théologien qui se croie assez sûr de posséder
la vérité pour sanctionner l'intolérance, l'inquisition romaine ou celle de Genève? Voilà Bayle, le .douteur, qui se propose
d'examiner la certitude des dogmes de ce théologien : tel est le défi qu'il fait, pour ainsi dire, passer dans les deux camps. »
Basnage à son tour, le continuateur des Nouvelles de la République des Lettres, rend fort bien raison de ce doute métho-
dique : «La plupart des théologiens semblaient à Bayle trop décisifs, et il -aurait souhaité qu'on ne parlât que douteuse-
ment des choses douteuses. Dans cet esprit, il se faisait un plaisir malicieux d'ébranler leur assurance, et de leur montrer que
certaines vérités , qu'ils regardent comme évidentes , sont environnées et obscurcies de tant de difficultés, qu'ils feraient
quelquefois plus prudemment de suspendre leurs décisions. Il avait aussi discuté tant de faits qui ne sont point révoqués en
doute par le commun des savants, et qu'il avait reconnus évidemment faux, qu'il se défiait de tout, et n'ajoutait foi aux
historiens que par provision, et en attendant une plus ample instruction. »
Mais le doute de Bayle n'est pas absolu; il ne se prononce point catégoriquement. L'auteur du Dictionnaire historique
et critique ne fait que douter pour apprendre à douter; son scepticisme part de la raison , pour se maintenir dans la
tolérance, la réserve et l'impartialité ; on pourrait comparer le doute de Bayle à une colonne qui oscille sur sa base , mais
sans dépasser la limite fixée à sa stabilité. Sa manière de procéder n'est pas moins remarquable; il semble, abonder
d'abord dans une opinion , même quand il veut la combattre ; puis , par ,une transition habile, par un incroyable artifice
de raisonnement, il mène doucement le lecteur de l'assentiment à la contradiction ; on nage en plein doute avant qu'on s'en
soit aperçu. Sa dialectique:ménage toujours ces surprises; il commence par dire oui, mais il finira par conclure non. D'autres
fois, retournant son procédé, il arrivera à partager une opinion qu'il aura semblé combattre d'abord. Mais, en général, Bayle
est plus apte à critiquer les divers systèmes de philosophie qu'à les perfectionner; il aime mieux, en métaphysique, douter
et hésiter que croire et professer. Voilà pourquoi le Dictionnaire historique et critique ne laisse qu'une incertitude universelle
dans l'esprit du savant, du penseur, du philosophe, du théologien. Et néanmoins on ne pourrait aisément refaire cet immense
ouvrage, dont on a dit si justement, que c'était un « savant chaos, sillonné de mille éclairs qui rendentles ténèbres plus noires,
arsenal du doute, où se mêlent toutes les vérités et toutes les erreurs qui ont eu cours parmi les hommes. »
On peut se figurer l'influence que dut exercer un tel ouvrage sur les esprits de l'époque, bien plus portés aux discussions phi-
losophiques et religieuses qu'on ne l'est de nos jours. Même après le rôle immense qu'a joué Voltaire, celui de Bayle ne nous,
semble pas amoindri. Voltaire a détruit, sapé; mais c'est Bayle qui a déblayé, éclairci la voie. Sa sagesse expectante, flottant
entre le dogmatisme théologique et le scepticisme philosophique, cherche à faire naître des scrupules sur toutes les questions
soulevées par là science ou par la conscience; mais l'écrivain ne fait que proposer, il n'impose jamais ses croyances. . « Le
doute de Bayle, dit M. Nisard, ne régente personne, il honore dans les opinions la liberté delà pensée, dans les erreurs le
droit de chercher la vérité, ne blâme que les persécuteurs, et prend plaisir à tout. L'examen de toutes ces croyances
exclusives , qui ne se ressemblent que par l'oppression commune de leurs contradicteurs , est pour lui comme un festin
délicat auquel il convie les gens d'esprit, attirés tout à la fois par la variété des mets et la tempérance de leur hôte.
Plusieurs, parmi les meilleurs chrétiens, se laissèrent prendre aux aimables avances de son doute... Il leur plaisait jusqu'à
leur faire lire, sans défiance, des explications atténuantes de toutes les incrédulités, y compris l'athéisme. En cherchant
l'instruction sur les pas d'un homme qui savait la rendre si agréable, on s'aventurait dans ces questions où la curiosité
n'est le plus souvent qu'une première tentation du doute, et l'on tombait dans les pièges d'une dialectique qui, au lieu
d'attaquer le lecteur, l'enveloppe insensiblement, et, sans lui demander le sacrifice de ses croyances , luienôtepeû à peu
quelque chose. Ajoutez à cette séduction du tour d'esprit de l'homme le charme de ce langage sain, naturel, aisé plutôt
XX PRÉFACE.
que négligé, mais assez négligé pour qu'on ne se sentît pas pris dans un filet en apparence si lâche, et vous vous figurerez
les ravages que dut faire ce doute, plus semblable à une volupté de l'esprit qu'à une opinion. »
Ce parfait équilibre entre toutes les opinions que Bayle s'applique à maintenir n'est peut-être pas aussi dangereux qu'il
le paraît au premier abord. Douter ainsi, c'est douter en connaissance de cause. Bayle raille bien plus l'incrédulité frivole que
la foi aveugle; sa plaisanterie est presque toujours spirituelle et amusante. A ce propos, Voltaire l'accuse de s'abandonner
quelquefois à une familiarité qui tombe souvent dans la bassesse; on lui a même reproché d'avoir semé dans son dictionnaire
les gravelures les plus cyniques; c'est à ce sujet que Voltaire a dit encore :
Le matin rigoriste, et le soir libertin,
L'écrivain qui d'Éphèse excusa la matrone,
Renchérit tantôt sur Pétrone,
Et tantôt sur saint Augustin.
Un critique applaudit à ces vers en ajoutant : « Bayle a bien plus souvent le langage de l'auteur du Satyricon que celui
de l'auteur de la Cité de Dieu. » Cependant, et c'est Basnage qui nous l'apprend, « Bayle avait des mœurs si pures, qu'il
évitait même jusqu'aux occasions de tentation, et, à part Un soupçon, vraisemblablement peu fondé, au sujet de ses rela-
tions avec madame Jurieu, ses ennemis les plus éveillés ne purent jamais trouver à mordre sur sa conduite. » Il est vrai que
Basnage ajoute : « Il y a eu plusieurs exemples de ce libertinage d'imagination avec des mœurs honnêtes ; mais l'auteur qui
s'abandonne à ces impuretés d'expressions n'en est pas moins dangereux et blâmable. » Il y a des réserves à faire ici, et nous
ne saurions souscrire, sans établir une distinction, à un si grave reproche, auquel, du reste, Bayle se montrait très-sensible :
certainement, l'écrivain qui, sans nécessité, de gaieté de cœur et de parti pris , introduit des obscénités dans son livre
comme surcroît d'intérêt pour certains lecteurs, est justiciable de tous les gens de goût. Heureusement, il n'en est pas
ainsi de Bayle, et l'on ne saurait, sans injustice, l'accuser d'avoir cherché à égayer la sécheresse de certains articles par des
gravelures destinées à leur servir de passe-port auprès de ceux qui cherchent moins à s'éclairer qu'à se divertir. Ceux qui
se livrent à ces accusations ne connaissent pas les difficultés d'un travail encyclopédique rédigé par un homme consciencieux
qui veut remplir sa tâche jusqu'au bout. Les critiques qui ont adressé à Bayle ce reproche de licence et qui l'ont formulé si
âprement ont évidemment dépassé le but ; nous parlons de ces critiques de l'école d'Arsinoé :
Elle fait des tableaux couvrir les nudités,
Mais elle a de l'amour pour les réalités ;
de ces critiques qui poussent les hauts cris au nom de la morale pour une expression' hasardée, et qui jettent un voile
discret sur les turpitudes complaisamment étalées dans les élucubrations des casuistes, sous prétexte de théologie.et de cas de
conscience. Il y a certains articles qui, par leur nature même, appellent la liberté, nous dirions volontiers la crudité de l'ex-
pression, sous peine, pour l'écrivain, de rester obscur et inintelligible; dans une foule de cas, il faudrait briser sa plume, si
l'on devait abriter un détail nécessaire derrière la pruderie ou plutôt derrière l'hypocrisie des termes. Tant pis pour les
lecteurs frivoles qui cherchent un aliment malsain à leur curiosité dans l'austère mais libre langage de la science; tant
pis pour ceux qui s'imaginent qu'un livre grave et sérieux, écrit en dehors des préoccupations d'une pudeur intempestive,
doit être rédigé de manière à former le cœur et l'esprit des pensionnaires du Sacré-Cœur. La science a ses privilèges, ses
immunités, dont il serait puéril et ridicule' de vouloir la dépouiller, et nous, qui passons à notre tour par le rude chemin
que Bayle a si courageusement suivi, nous sommes presque tenté de lui reprocher d'avoir, dans la préface de sa première
édition, excusé les hardiesses de son style, sans songer à s'attribuer le bénéfice des Circonstances atténuantes : « Toute
l'affaire, dit-il, se réduit à ces deux points : 1° si, parce que je n'ai pas assez voilé sous des périphrases ambiguës lès faits
impurs que l'histoire m'a fournis, j'ai mérité quelque blâme; 2° si, parce que je n'ai point supprimé entièrement ces sortes de
faits, j'ai mérité quelque censure. La première de ces deux questions n'est, à proprement parler, que du ressort des grammai-
riens : les mœurs n'y ont aucun intérêt; le tribunal du préteur ou de l'intendant de la police n'a que faire là : Nihilhœc ad
edictum prœtoris . Les moralistes ou les casuistes n'y ont rien. à voir non plus : toute l'action qu'on pourrait permettre contre
moi, serait une action d'impolitesse de style, sur quoi je demanderais d'être renvoyé à l'Académie française, le juge naturel et
compétent de ces sortes de procès; et je suis bien sûr qu'elle ne me condamnerait pas, car elle se condamnerait elle-même,
puisque tous les termes dont je me suis servi se trouvent dans son dictionnaire sans aucune note de déshonneur. »
Bayle n'avait pas besoin de recourir à de tels subterfuges pour se disculper; son excuse, son droit était tout entier dans la
nature des sujets qu'il traitait. Et d'ici nous entendons quelques lecteurs nous accuser de partialité et nous dire : On voit
trop que vous êtes juge dans votre propre cause. Notre réponse sera facile : C'est parce que nous connaissons, par expé-
rience, «les difficultés et surtout les nécessités que présentent ces sortes d'entreprises, que nous n'hésitons pas à nous
ranger du parti de Bayle contre ses détracteurs, dont les critiques prennent trop souvent leur source dans l'hypocrisie.
PRÉFACE. XXI
Comme nous l'avons montré, Bayle s'attira tout à la fois les colères des protestants et des catholiques. Au commencement
de 1698, le consistoire de Rotterdam anathématisa le Dictionnaire historique et critique, dans lequel il signalait : 1° les
obscénités qui sont répandues à pleines mains dans ce dictionnaire ; 2° la satire injuste qu'il fait de toutes les actions du roi
David; 3° les raisons qu'il fournit au manichéisme et au pyrrhonisme, ces hérésies dont l'une est la destruction de la
Providence, et l'autre l'extinction de toutes les religions; 4° les louange^s outrées qu'il donne aux athées et aux épicuriens,
affaiblissant partout la nécessité de croire un Dieu, une providence et même une vie à venir, par rapport à l'avantage delà
société civile et à la réformatron des mœurs; 5° les allusions indignes qu'il fait à plusieurs expressions de l'Écriture sainte, en
parlant de choses obscènes ; 6° l'affectation marquée de donner un air de supériorité à toutes les objections des impies et des
hérétiques sur les raisons de ceux qui les ont réfutées.
Les catholiques ne fulminèrent pas avec moins de violence contre l'ouvrage de Bayle, que le jésuite Le Fèvre appelait Dic-
tionnaire historique et romanesque, critique et anti-chrétien. Chargé de faire un rapport pour savoir si l'on pouvait autoriser
l'entrée du Dictionnaire critique en France, l'abbé Renaudot se. prononça nettement pour l'exclusion, et il en donnait pour
raison qu'on ne trouve dans cet ouvrage aucun système de religion, que l'auteur n'y cite les Pères que pour les tourner en
ridicule, qu'il établit partout le paganisme et le pyrrhonisme, et qu'il fait partout, des ministres calvinistes, des éloges pleins
de fausseté.
Bayle, qui avait voulu penser par lui-même, sans accepter le patronage d'aucune secte, d'aucun parti, payait ainsi de mille
persécutions la fière» indépendance de son esprit. Mais des suffrages flatteurs venaient parfois le consoler des haines qu'il
soulevait autour de lui. Il apprit un jour, et il en éprouva un vif sentiment de joie, que Boileau jugeait très-favorablement
son travail : « On m'écrit, dit-il avec une sincérité modeste, que M. Despréaux goûte mon ouvrage. J'en suis surpris et
flatté. Mon dictionnaire me paraît, à son égard, un vrai voyage de caravane, où l'on fait vingt ou trente lieues sans ren-
contrer un arbre fruitier ou une fontaine. » Leibnitz , de son côté, trouvait merveilleux le Dictionnaire critique, et il nous
semble avoir nettement apprécié Bayle dans ces quelques mots : « Il passait aisément du bleu au noir , non pas dans une
mauvaise intention ou contre sa conscience , mais parce qu'il n'y avait encore rien d'arrêté dans son esprit sur la question
dont il s'agissait. 11 s'accommodait de ce qui lui convenait pour faire voir la faiblesse de notre raison. » M. de Maistre
lui-même lui rend assez bien justice : « Bayle, le père de l'incrédulité moderne, ne .ressemble point à ses successeurs. Dans
ses écarts les plus condamnables, on ne lui trouve point une grande envie de persuader, encore moins le ton de l'irritation ou
de l'esprit de parti;, il nie moins qu'il ne doute, il dit le pour et le contre; souvent même il est plus disert pour la bonne
cause que pour la mauvaise. »
La bonne foi de l'illustre philosophe nous paraît donc hors de doute. Au fond, c'est un incertain plutôt qu'un sceptique.
« Dans tout ce qu'il dit sur les difficultés qui entourent les questions de Dieu, de la création, de la providence, du mal, de
l'immortalité, de la liberté, et de la réalité du monde extérieur, il cherche plutôt à multiplier qu'à lever nos doutes, lors même
qu'au fond il a une conviction arrêtée, comme sur l'existence de Dieu et l'immortalité de l'être pensant. Convaincu que, si
la raison est assez forte pour faire reconnaître l'erreur, elle est trop faible pour trouver la vérité, il semble vouloir, sur toutes
les matières, nous faire entrer en défiance de toutes nos lumières. Quelquefois, heureusement, c'est pour nous renvoyer à, la
source de toute science. » (Fréd. Godefroy.) Comme Arcésilas, le fondateur de la nouvelle Académie, qui, « fort opposé aux
dogmatiques, n'affirmait rien, doutait de tout, discourait du pour et du contre et suspendait son jugement, » Bayle se plaît
surtout à chercher le côté faible de chaque système pour le battre en brèche; il cherche à prouver que, dans toutes les écoles
et dans toutes les sectes, l'absurdité et la contradiction usurpent le nom et l'autorité de la vérité. Voilà pourquoi Voltaire, qui
l'ajugé si sévèrement comme écrivain, le défend si chaudement comme philosophe :
' J'abandonne Platon, je rejette Épicure.
Bayle en sait plus qu'eux tous;, je vais le consulter:
La balance à la main, Bayle enseigne à douter; ' *
Assez sage, assez grand pour être sans système, •
Il les a tous détruits et se combat lui-môme;
Semblable à cet aveugle en butte aux Philistins,
Qui tomba s'ous les murs abattus par ses mains.
La comparaison est frappante de justesse, si l'on n'envisage que le résultat; mais il faut bien reconnaître que Bayle cédait à
un mobile plus élevé que ne le faisait l'Hercule hébreu. Il est vrai que l'arme redoutable qu'il maniait si habilement pouvait
se retourner contre lui; mais qu'importait à Bayle, puisque le but qu'il poursuivait était le doute? Il ne se fait pas un instant
illusion là-dessus. Écoutons-le: « On peut comparer la philosophie à ces poudres si corrosives qu'après avoir consumé les
chairs mortes d'une plaie, elles rongeraient la chair vive, carieraient les os et perceraient jusqu'aux moelles. La philosophie
réfute d'abord les erreurs; mais si on ne l'arrête point là, elle attaque les vérités, et, quand on la laisse faire à sa fantaisie,
XXII PRÉFACE.
elle va si loin qu'elle ne sait plus où elle est, ni ne trouve plus où s'asseoir. » C'est là-, certes, un aveu dépouillé d'artifice,
et s'il fallait le prendre au pied delà lettre, on n'en aurait jamais fait un plus écrasant pour la philosophie. Forte pour dé-
truire, impuissante pour édifier; voilà, en dernière analyse, ce qu'elle devient entre les mains de Bayle, voilà à quel rôle l'il-
lustre réfugié la fait descendre dans son Dictionnaire historique et critique. Mais prenons ici la défense de Bayle contre lui-
même: il vivait à une époque d'ébranlement, et son dictionnaire est un des plus glorieux précurseurs de 89, qui devait
déblayer le sol de ruines accumulées, pour y jeter, en ciment indestructible, en béton plus dur que le diamant, les fondations
d'un édifice dont les assises s'élèvent chaque jour, et qui n'attend plus que le dernier étage dont aucune force ne saurait
arrêter le couronnement.
Un ouvrage qui a été traduit dans presque toutes les langues de l'Europe et qui tient une si large place dans l'histoire de la
critique philosophique a dû nécessairement être apprécié par un grand nombre d'écrivains d'élite. Mentionnons pour
mémoire le chapitre du Lycée de La Harpe, T étude écrite sur Bayle par M. Sainte-Beuve [Revue des Deux-Mondes, *1836),
celle de M. Damiron (3fém. de l'Acad. des se. m. et p.), et enfin celle de M. Lenient (Paris, 1855, un vol.), A l'article Pyrrhon
de l'Encyclopédie, Diderot parle de son devancier en ces termes : « Bayle eut peu d'égaux clans l'art de raisonner, peut-être
point de supérieur. Personne.ne sut saisir plus subtilement le faible d'un système; personne n'en sut faire valoir plus fortement
les avantages; redoutable quand il prouve, plus redoutable encore quand il objecte; doué d'une imagination gaie et féconde,
en même temps qu'il prouve, il amuse, il peint, il séduit. Quoiqu'il entasse doute sur doute, il marche toujours avec ordre :
c'est un polype vivant qui se divise en autant de polypes qui vivent tous; il les engendre les uns des autres. Quelle que soit la
thèse qu'il ait à prouver, tout vient à son secours, l'histoire, l'érudition, la. philosophie. S'il a la vérité pour lui, on ne lui
résiste pas ; s'il parle en faveur du mensonge, celui-ci prend sous sa plume toutes les couleurs de la vérité : impartial ou
.non, il le paraît toujours; on ne voit jamais l'auteur, mais la chose. » Palissot, ennemi déclaré des philosophes duxvm" siècle,
cherche à faire sortir Bayle de leurs rangs. « Non, dit-il, ce grand homme n'est pas un de leurs coryphées. Le doute mé-
thodique de Bayle fait sentir la nécessité d'une révélation, nécessité qu'il établit partout sur l'insuffisance et l'incertitude de
nos lumières naturelles. » Bayle presque transformé en Père de l'Église! voilà, certes, une canonisation à laquelle il ne
s'attendait guère, a Nos. moyens de connaissance sont insuffisants, dit Bayle; donc nous ne pouvons croire à rien d'une
manière, absolue. » Pour Palissot, la conséquence rigoureuse de ce raisonnement est-celle-ci : Nos moyens de connaissance
sont insuffisants; donc nous devons croire à ce que nous ne pouvons ni connaître ni comprendre. Il y a des gens qui ont le
talent de prendre toujours les choses par leur beau côté, Cela nous rappelle cet homme que son voisin. accablait d'injures,
l'appelant voleur, usurier, fripon, et qui lui répondait tort tranquillement : « Vous avez toujours le petit mot pour rire. »
Revenons au sérieux : M. Victor Leclerc nous y ramène par cette page excellente sur Bayle : « L'auteur du Dictionnaire > critique
suit presque la même marche que Montaigne : il prend une opinion , et, la montrant sous toutes ses faces, il la détruit; il élève
tour à tour objections contre objections, doutes contre doutes; ici, il discute avec la véhémence et la solidité des meilleurs
dialecticiens; là, des anecdotes plaisantes ou malignes viennent égayer ou "appuyer ses preuves : quand il vous a enveloppé
d'incertitudes, tirez-vous de ce labyrinthe, il vous y laisse. Comme Montaigne, il se rit de l'homme présomptueux qui veut
tout savoir, et lui apprend qu'il faut douter. Il a sa pénétration, son jugement, son adresse. Quelquefois il paraît aussi con-
verser avec son lecteur; il ne dédaigne pas ces petits détails qui nous plaisent toujours, parce qu'ils nous font connaître
l'homme ; il se familiarise,' il badine; mais c'est ici qu'on remarque son infériorité. Son style, quoique libre et spirituel, n'a
pas la légèreté, la concision, ni surtout l'énergie 'de celui des Essais. »
En terminant cette étude, citons encore une fois Voltaire, dans sa Lettre sur le Temple du Goût; il revient ici d'autant plus à
propos qu'il nous fournit une conclusion un peu sévère, mais fort spirituelle : « M. de. . . me disait que c'était dommage que
Bayle eût enflé son dictionnaire de plus de deux cents articles de ministres et de professeurs luthériens et calvinistes; qu'en
cherchant l'article César, il n'avait rencontré que celui de Jean Cêsarius, professeur à Cologne; et qu'au lieu de Scipion, il
avait trouvé six grandes pages sur Gérard Scioppus. De là on concluait, à la pluralité des voix, à réduire Bayle en un seul
tome dans la bibliothèque du Temple du Goût. »
Le Dictionnaire historique et critique a été réimprimé un grand nombre de fois. La première édition parut en 1696, en
deux volumes in-folio. Celle que l'on aime surtout à consulter est due à M. Beuchot et' comprend seize volumes in-octavo
(1820-1824). Non-seulement elle a un format plus commode que les précédentes, mais elle renferme d'importantes additions.
Nous avons donné à cette étude une étendue qui paraîtra peut-être trop considérable; mais on nous le pardonnera, si l'on
considère que le Grand Dictionnaire universel du XIX siècle regarde le Dictionnaire historique et critique comme un de ses
plus glorieux ancêtres. C'est ainsi que, dans un autre ordre d'idées, personne n'a songé à reprocher au géant de Sainte-Hélène
d'avoir parlé longuement, dans son Mémorial, de César, d'Annibal et d'Alexandre.
Nous avons aussi appuyé à dessein sur le reproche d'obscénité et de crudité dans les expressions, formulé contre Bayle : c'est
PRÉFACE. XXIII
que le Grand Dictionnaire, placé dans les mêmes nécessités, pourrait, dans sa périlleuse carrière, soulever la même accusation
de la part de certains lecteurs superficiels. Mais, comme nous l'avons déjà insinué, le Dictionnaire du XIX" siècle a été fait si
volumineux, qu'aucun lecteur ne sera tenté de le prendre pour un livre de messe.
Encyclopédie du xvm8 siècle,, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par Diderot et d'Alembert,
plus généralement désignée par le simple titre d'Encyclopédie, comme, Rome se nommait la Ville, Urbs; comme la révolution
de 1789 se nomme la Révolution.
Salut à cette œuvre immortelle; découvrons-nous, inclinons-nous devant ce monument de l'esprit humain, comme nous le ,
ferions au parvis du Parthénon, de Saint-Pierre de Rome ou de Notre-Dame de Paris, que nous contemplerions pour la
première fois. Qu'on nous pardonne ce naïf élan du cœur ; mais, génie à part, notre infime personnalité va se reeonnaître à
chaque ligne, se retrouver dans chaque épisode de cet enfantement laborieux qu'on nommé X Encyclopédie duxxm* siècle. La
mythologie rapporte qu'Hercule grandit au milieu des serpents qui se dressaient et sifflaient autour de son berceau ; Diderot à
été l'Alcide de l'idée au xvme siècle, et l'on sait quels furent les reptiles qu'il dut étouffer dans ses bras vigoureux pendant la
carrière de près de trente années qu'il parcourut pour achever l'Encyclopédie. Cette entreprise littéraire, la plus vaste qui ait
été formée depuis l'invention de l'imprimerie, fut la première pierre d'un édifice que le temps pourra modifier ou perfec-
tionner sans cesse, mais qui sera toujours pour son fondateur un titre incontestable à la reconnaissance de la postérité. Ce
fut certainement une belle et grande idée que celle de réunir dans un seul livre toutes les notions acquises jusqu'alors sur les
sciences et les arts, d'en faire l'arche du savoir, le dépôt des connaissances humaines.
Vers 1748, l'encyclopédie anglaise de Chambers, compilation imparfaite, extraite en grande partie de livres français,
venait d'être traduite en italien et avait du retentissement dans notre pays. Un libraire, un de ces libraires qui flairent le succès,
sans doute de" la famille de celui qui disait à un auteur hollandais : Faites-moi des Lettres persanes, faites-moi des Contes
moraux de Marmontel, vint proposer à Diderot de traduire l'encyclopédie anglaise. Diderot se mit aussitôt à l'œuvre; mais
le philosophe comprit bientôt l'insuffisance de ce travail, et le projet d'une œuvre plus complète ne tarda pas à germer, à
bouillonner dans ce cerveau, nous pourrions dire dans ce volcan. Du premier coup, il imagina de dresser un inventaire des
connaissances humaines, de rassembler, de classer dans un immense dépôt tout' le savoir humain, tous les résultats du progrès
et de la civilisation. Mais, quels que fussent son courage et sa prodigieuse facilité, il comprit qu'il devait être secondé dans un
travail de cette importance, et il s'en ouvrit à d'Alembert, son ami, qui était l'homme le plus propre à soutenir dignement
l'écrasant fardeau d'une aussi prodigieuse entreprise. Insensiblement l'idée grandit dans la tête des deux associés. Diderot
rédigea tout d'abord le prospectus (novembre 1750), ainsi que \eTableau des connaissances humaines. Ce prospectus, où il
. expose son plan, est une page magnifique écrite à la glorification des arts et métiers, du travail manuel. Par un instinct pro-
phétique, il faisait entendre les paroles les plus nobles à cette industrie qui était à la veille d'entrer dans une carrière de pro-
diges jusque-là sans exemple.- « Ici, dit M. Henri Martin, Diderot, si souvent exagéré, si souvent emphatique, est simple
parce qu'il est vraiment grand. Il sent la haute moralité d'une œuvre qui est la réhabilitation du travail manuel, du travail
qu'on avait appelé jusque-là servile ; il se fait l'historien, autant qu'on peut l'être, de cette longue suite de générations
sacrifiées qui n'avaient jamais eu d'histoire, et auxquelles cependant la civilisation doit son bien-être, et l'intelligence ses
indispensables instruments ; il annonce aux classes ouvrières qu'il, va leur élever un monument par l'exposé de la science
des métiers, legs admirable des génies anonymes de ces classes humiliées. »
En même temps, d'Alembert prenait la plume pour écrire cette préface immortelle, ce fameux Discours préliminaire , ma-
jestueux portique d'un prodigieux édifice, et dont Voltaire écrivait : « J'ose dire que ce discours, applaudi de toute l'Europe;
est supérieur à la Méthode de Descartes et égal à tout ce que l'illustre chancelier Bacon a écrit de mieux. » Aucun genre de
gïoire ne manqua à ce morceau : Palissot, ce détracteur acharné des philosophes, comprenant qu'il ne pouvait pas y morr
dre, l'attribua à un certain abbé Canaye. — Ce nom était on ne peut mieux choisi. — Les deux auteurs associèrent. à leur
œuvre tout ce que la France comptait alors de savants, d'hommes de lettres et de philosophes. Diderot se chargea de la partie
importante des arts et métiers, de l'histoire de la philosophie ancienne et de la coordination générale de tous les matériaux*
qui devaient être apportés au réservoir commun; travail immense, dont celui qui trace ces lignes connaît tout le poids, bien
qu'il n'ait entrepris la publication du Grand Dictionnaire qu'après y avoir travaillé seul pendant vingt années, chaque jour,
chaque heure qui s'écoulait venant toujours apporter sa pierre à ce monument qui, lui aussi, restera imparfait D'Alembert,
le plus savant mathématicien de son siècle, se chargea des sciences mathématiques. Voltaire, qui s'enrôlait avec passion sous le
drapeau des nobles idées, parla de Y Encyclopédie avec cet enthousiasme qu'il savait, si bien rendre contagieux. Alors, tout ce
qu'il y avait en France de libres penseurs accourut se ranger sous la bannière de Y Encyclopédie. Rousseau se chargea de la
musique; Daubenton, de l'histoire naturelle; l'abbéMallet, delà théologie; l'abbé Yvon, de la métaphysique, de la logique et de
• la morale; l'avocat Toussaint, de la jurisprudence; Eidous, du blason ; l'abbé La Chapelle, des sciences élémentaires ; Le Blond,
XXIV PRÉFACE.
des fortifications et de la tactique; Gaussier, de la coupe des pierres; d' Argenville , du jardinage et de l'hydraulique ;
l'ingénieur Bellin, de la marine; le docteur Tarin, del'anatomie et de la psychologie ; le célèbre Louis, de la chirurgie;
Malouin, de la chimie; Blondel, de l'architecture; J.-B. Leroy, de l'horlogerie et de la description des instruments astro-
nomiques; de Vandenessé, de la médecine pure; Landois, des articles de peinture, de sculpture et de gravure. A cette
liste, il faut ajouter Cahusac, Lemonnier, Falconnet, d'Hérouville, Morand, de Prades, Deslandes, Le Romain, Venelle,
Rogeau, Prévost, Buisson, La Brassée, Donet, Borrat, Pichard, Bonnet, Laurent, Papillon, Fournier, Miel, Charpentier,
Favre, Mabelle, Devienne, etc. , qui, pour des travaux de moindre importance, devaient apporter à l'œuvre commune le
• concours de leurs lumières et de leur talent. La grammaire et la philologie étaient confiées à Dumarsais, ce savant célèbre
qui avait adressé cette question à un grand seigneur qui lui proposait l'éducation de ses enfants : « Dans quelle religion
faudra-t-il que je les élève? » Voilà les hommes dont Diderot s'était entouré pour édifier l'Encyclopédie. Il nous semble,
à un demi-siècle de distance et dans un autre ordre d'idées , assister à l'épopée impériale, et voir la grande figure de
Napoléon en compagnie de Kléber, Desaix, Masséna, Lannes, Ney, Murât, Berthier, Augereau, Moncey, Davoust, le prince
Eugène, Soult, Bernadotte. Seulement, ici, la force s'appelle le canon; là, c'était l'artillerie autrement irrésistible de
la pensée.
Parlons encore un peu de Diderot, avant de montrer ce géant dans l'accomplissement de ses immortels travaux. C'était
une tête vraiment extraordinaire que celle de ce puissant penseur. Dans un jour de découragement et d'orgueil, J.-J. Rous-
seau s'écria que la nature avait brisé le moule dans lequel elle l'avait fait. Ce mot s'appliquerait plus justement encore à
Diderot. Il ne ressemblait à aucun autre, et aucun autre peut-être ne lui ressemblera. Lui seul, dans son siècle, avait une
trempe d 'âme et de génie assez forte pour ne pas succomber sous le poids d'une tâche aussi pesante, et qui l'occupa sans
l'absorber pendant près de trente années. Initié à toutes les sciences de son temps, doué d'une incroyable puissance d'in-
tuition qui lui permettait d'apprendre avec rapidité ce qu'il ignorait, possédant une facilité merveilleuse de parole et de style,
une fécondité et une facilité presque sans exemple, il n'était étranger à aucune des idées que peuvent embrasser les connais-
sances humaines. Mécanique, géométrie, mathématiques, philosophie, théologie, morale, recherches d'érudition, arts,
musique, poésie, théâtre, métaphysique, philologie, tout était de son domaine. Les contemporains ne pouvaient se lasser
d'admirer la puissance de ce cerveau toujours en travail de conception et d'enfantement. « C'était, dit Grimm, la tête la
plus naturellement encyclopédique qui ait peut-être jamais existé. Métaphysique subtile, calcul profond, recherches d'éru-
dition, conception poétique, goût des arts et de l'antiquité; quelque divers que fussent tous ces objets, son attention s'y
attachait avec la même énergie, avec le même intérêt, avec la même facilité. » De son côté, Voltaire écrivait à Thiriot
(19 nov. 1760) : « Tout est dans la sphère d'activité de son génie; il passe des hauteurs de la métaphysique au métier d'un
tisserand, et de là il va au théâtre. » On connaît aussi ce beau mot des Confessions, nobles paroles d'un ennemi resté im-
partial : « A la distance de quelques siècles du moment où il a vécu, Diderot paraîtra un homme prodigieux ; on regardera
de loin cette tête universelle comme nous considérons aujourd'hui la tête des Platon et des Aristote. » Avec un tel génie, il
lui fallut encore une persévérance et un courage inébranlables pour diriger et mener à bien une aussi vaste et aussi dif-
ficile entreprise, braver les clameurs, les injures, les menaces, les dénonciations, et risquer vingt fois la perte de sa liberté
et peut-être même de sa vie.
Outre ses talents incomparables et son énergie morale, Diderot se recommandait encore par la noblesse du caractère :
bon, sensible, généreux, passionné pour sa famille et ses amis ; accueillant, consolant et assistant de sa plume ou de sa
bourse tous les malheureux, connus ou inconnus, qui se présentaient à lui ; pleurant à la vue ou au récit d'une belle
action, à la lecture d'une belle page; lame ouverte à tous les enthousiasmes et à toutes les nobles pensées; simple dans
ses mœurs', pauvre et content de sa pauvreté, sans ambition, sans envie, et réalisant dans une certaine mesure l'idéal du
philosophe et de l'homme de bien. Dans le commerce de la vie, il se faisait aimer par toutes les qualités qui le distinguaient
comme écrivain : un abandon plein de charme, la naïveté, la bonhomie, la sincérité des sentiments, l'élan, l'enthou-
siasme, la spontanéité, la verve inépuisable, l'originalité et l'éloquence. J.-J. Rousseau ne pouvait s'en détacher ; Diderot
exerçait sur lui, comme Rousseau l'a écrit lui-même, une sorte de fascination. Leur amitié dura près de trente ans, et
l'ours de Genève ne se sépara de Diderot qu'après avoir rompu en visière avec tout le genre humain.
La facilité plus que généreuse avec laquelle Diderot mettait sa plume, son génie et son temps au service de tous ceux qui
venaient le solliciter est demeurée célèbre, et l'histoire de la littérature n'en offre pas un pareil exemple. Morceaux de
critique, de philosophie, sermons, dissertations de peinture, de sculpture, de musique; discours, épîtres dédicatoires : on
obtenait tout de son infatigable complaisance. Souvent victime d'intrigants, de fripons et même d'espions, il ne se lassa
jamais de rendre service au premier venu qui l'implorait ou qui l'exploitait. On sait aujourd'hui qu'il écrivit pour son ami
Raynal une bonne partie de X Histoire philosophique des Indes. Effrayé lui-même des traits brûlants qu'il répandait dans
cet ouvrage : « Qui osera signer cela? disait— il à Raynal. — Moi, moi, répondait l'abbé; et allez toujours. » Grimm,. qui
. PRÉFACE. XXV
empruntait tout à ses amis, lui ayant demandé, pour sa correspondance d'Allemagne, un compte rendu de l'exposition de
peinture, n'attendait qu'une simple lettre. Diderot prit, suivant sa pittoresque expression, le tablier delà boutique, et rédigea
en quelques jours un volume plein d'idées neuves, originales, et pétillant d'une verve qui n'était qu'à lui. Il continua ce
travail pendant plusieurs années, et ces feuillets, jetés comme au hasard et en se jouant au milieu d'une correspondance,
devinrent ces Salons qui sont restés le modèle de tous ceux qu'on a faits depuis, et probablement de tous ceux qu'on
fera dans la suite. Il serait impossible d'énumérer tous les services de cette espèce qu'il rendit à une infinité de per-
sonnes : littérateurs, musiciens, peintres, architectes; jusqu'à des leçons de clavecin, qu'il composa pour lancer un musicien
pauvre, de ses amis; jusqu'à des projets d'architecture, jusqu'à des pétitions,* qu'on venait implorer de son étonnante faci-
lité et de son incroyable bonhomie ; enfin, jusqu'à des sermons, qu'il composait pour un abbé prédicateur qui avait
plus de faconde que de style. Ainsi, il était la ressource de tous les gens embarrassés. Nul n'a jamais prodigué avec une
plus royale insouciance les trésors de son intarissable esprit. Il était si universellement connu sous ce rapport, qu'il vit un
jour arriver chez lui un homme qui le pria de lui rédiger un avis pompeux au public, pour annoncer une pommade
qui faisait croître les cheveux. « Mon père, dit à ce sujet Mme de Vandeul, en rit du meilleur cœur, mais il rédigea
l'avis. »
Non-seulement la plume de Diderot était au service du premier venant, mais ses conversations, sa parole, son éloquence,
qu'il semait à tous les vents, et que chacun recueillait comme une manne précieuse. Chaque soir, après un travail de ga-
lérien, il s'en allait passer quelques heures au café Procope, ce cénacle, ou plutôt ce pandémonium de l'intelligence; il
s'asseyait sur un banc, au fond delà salle du rez-de-chaussée, toujours à la même place. Tous ses amis l'attendaient et
accueillaient, avec une sorte d'épanouissement, cette large, bonne, franche et intelligente figure. A peine assis, Diderot
s'emparait de la conversation, qui devenait sienne, mais simplement, tout uniment, sans orgueil, sans forfanterie, sans osten-
tation; les idées rayonnaient de ce foyer toujours enflammé; tous. les esprits étaient tendus, toutes les oreilles attentives.
Quelques-uns prenaient des notes, saisissaient au passage un canevas, un plan, une idée, et, le lendemain, Diderot ne paraissait
nullement surpris et encore moins froissé délire, dans toutes les feuilles publiques, des pensées, des articles tout entiers qui
n'étaient pas signés de son nom, et en lisant ces petits larcins littéraires, saisis au vol, l'excellent homme souriait; c'était là
toute sa vengeance. Il nommait plaisamment ce mouvement de satisfaction ses droits d'auteur. On peut tirer une conclusion
physiologique de ces anecdotes, qui ne sont futiles qu'en apparence : le chêne est dans le gland, et à vingt ans de distance, l'é-
tonnant vulgarisateur du café Procope était le même que le fils du coutelier de Langres, qui composait les devoirs de ses
jeunes condisciples du collège des jésuites, et qui applaudissait de tout son cœur aux prix que sa complaisance leur avait valus.
Enfin Y Encyclopédie marchait; on était en 1751, et le premier volume était sur le point de paraître. Les plus hauts
encouragements affluaient de tous les points de l'Europe; mais déjà de sourdes rumeurs grondaient autour de l'œuvre. En
face du camp de la penséelibre s'était formé un parti soi-disant religieux. « Sous les yeux de l'Europe attentive, dit M. Génin,
la lutte se trouva ouverte entre l'esprit de progrès et l'esprit de résistance; l'un avait pour soi la force du talent, l'autre la force .
du pouvoir. » Les jésuites, qui cherchent à se glisser partout où ils prévoient la puissance, et qui, avec l'instinct qui les ca-
ractérise, pressentaient les futures destinées de l'œuvre nouvelle, avaient cherché à s'introduire au sein de Y Encyclopédie ;
ils savaient qu'une forteresse est à moitié rendue quand l'ennemi a des intelligences dans la place; ils avaient donc demandé
à travailler pour la partie théologique ; leur concours avait été repoussé. Les jansénistes vinrent à leur tour; ils n'eurent pas
plus de succès. Une personnalité comme celle de Diderot ne pouvait permettre aucune immixtion dans une œuvre qui devait
refléter son être tout entier. Alors commencèrent les persécutions : jésuites et jansénistes se rangèrent pour la première fois
sous le même drapeau, et leur cri de ralliement fut impiété et irréligion. De là cette lutte homérique que Diderot seul devait
soutenir jusqu'au bout, et qui l'a fait comparer à Ajax se tenant ferme sur son rocher, malgré les assauts des vagues en furie.
La cabale n'attendit même pas l'apparition du premier volume pour commencer l'attaque : un certain Cnaumeix, ancien
convulsionnàire de Saint-Médard, fit paraître ses Préjugés légitimes contre l'Encyclopédie; vint ensuite la Religion vengée ou
Réfutation des auteurs impies , en 20 vol., par un récollet nommé Hayer. Le jésuite Chapelain, prêchant, devant Louis XV,
fulmina contre l'œuvre des philosophes; lethéatin Boyer, ancien évêquede Mirepoix et inventeur des billets de confession,
se mit aussi de la partie; ce ne furent bientôt plus que clameurs, dénonciations calomnieuses, persécutions de toute espèce,
pamphlets injurieux dans lesquels Diderot était désigné comme l'Antéchrist, et Y Encyclopédie comme la bête de l'Apocalypse; .
enfin, la lumière dut s'éclipser momentanément devant les ténèbres, et, le 7 février 1752, un arrêt du Conseil du roi supprima
les deux volumes publiés, comme renfermant des maximes tendantes à détruire l'autorité royale, à établir l 'esprit d'indépen-'
danceetde révolte, et, sous des termes obscurs et équivoques, à relever les fondements de l'erreur, de la corruption des mœurs, de
l'irréligion et de l'incrédulité. L'impression resta suspendue pendant près de dix-huit mois. Cependant l'indomptable activité,
de Diderot reprit bientôt le dessus et parvint à aplanir tous les obstacles. Enfin, cinq nouveaux volumes avaient paru et sept
étaient en vente, lorsqu'un second arrêt du 8 mars 1759 révoqua tout à coup, le privilège. ;
a
XXYI
PREFACE.
Mais laissons Voltaire nous raconter ces vicissitudes. « Plusieurs volumes avaient déjà paru, à la satisfaction du public. Les
articles composés par ceux qui présidaient à l'ouvrage avaient surtout l'approbation universelle. Le livre était muni de toutes
les formalités qui en assuraient le débit. Les souscripteurs de tous les pays de l'Europe, qui avaient avancé leur argent, le
croyaient en sûreté sous la sauvegarde du sceau du roi, et se flattaient de recevoir sans difficulté le prix de leurs avances;
car si, de la part des auteurs, cet ouvrage était un service gratuit rendu à l'esprit humain, ce service était, entre les sous-
cripteurs et les libraires, une convention d'intérêt à laquelle on ne' pouvait manquer. L'envie se déchaîna et arma bientôt
le fanatisme. Ces deux ennemis de la raison et des talents dénoncèrent au Parlement de Paris un dictionnaire qui ne sem-
blait pas devoir être l'objet d'un procès, et qui, d'ailleurs, étant revêtu du sceau de l'approbation royale, paraissait devoir être
hors de toute atteinte. Les jésuites furent les premiers à poursuivre, autant qu'ils le purent, ce grand ouvrage, parce qu'ayant
demandé à faire les articles de théologie, ils avaient été refusés. Les jésuites ne se doutaient pas alors qu'ils seraient bientôt
proscrits par ces mêmes parlements qu'ils voulaient engager sous main à s'armer contre Y Encyclopédie . Les jansénistes
firent ce que les jésuites avaient voulu faire; ils s'aperçurent que tous ceux qui voulaient bien consacrer leurs travaux à ce
dictionnaire, regardant l'impartialité comme leur première loi, n'étaient ni pour les jésuites ni pour les jansénistes, et que,
s'étant dévoués uniquement à la recherche de la vérité, ils excitaient l'horreur contre le fanatisme. Ainsi deux partis acharnés
l'un contre l'autre se réunirent, à peu près, si on peut le dire, comme des voleurs suspendent leurs querelles pour ravir les dé-
pouilles. Ils prirent le masque ordinaire de la piété; ils dénoncèrent plusieurs passages; et, par un raffinement de méchanceté
dont il n'y avait point eu d'exemples dans les controverses les plus furieuses, n'osant reprendre dans le dictionnaire àeY En-
cyclopédie certains articles qui les effarouchaient, ils accusèrent les auteurs, non pas de ce qu'ils avaient dit, mais de ce
qu'ils diraient un jour; ils prétendirent que les renvois d'une matière aune autre étaient mis à dessein de répandre, dans les
derniers tomes, le poison qu'on ne pouvait trouver dans les premiers. Ils s'élevèrent ainsi contre des articles de la
théologie la plus orthodoxe, les croyant composés par ceux qu'ils voulaient perdre. Comment le Parlement pouvait-il
juger sept volumes in-folio déjà imprimés et préjuger ceux qui ne l'étaient pas? Les accusateurs remirent leur mémoire
entre les mains d'un avocat général (Orner Joly de Fleury), qui avait encore moins le temps d'examiner ce pro-
digieux détail d'arts et de sciences que nul homme ne peut embrasser. Ce magistrat eut le malheur d'en croire les mémoires *
calomnieux qu'il avait reçus, et de former sur eux son réquisitoire. Ces mémoires attaquaient surtout l'article Ame , que
l'on croyait composé par des philosophes que l'on voulait rendre suspects. L'article fut dénoncé comme établissant le maté-
rialisme; il se trouva qu'il était d'un licencié de Sorbonne reconnu pour très-orthodoxe, et que, loin de favoriser le maté-
rialisme, il le combattait jusqu'à s'élever contre le sentiment de Locke, avec plus de piété que de philosophie. Cette méprise
singulière fut bientôt reconnue du public; mais ce ne fut qu'après l'arrêt du Parlement qui établit des commissaires pour
rectifier l'ouvrage, et qui cependant en défendit le débit. Le public n'en espéra pas moins qu'il jouirait enfin d'un ouvrage
d'autant plus attendu qu'il était persécuté. »
En même temps, Pompignan attaquait les philosophes jusqu'au sein de l'Académie. Fréron, dans Y Année littéraire; Y avo-
cat Moreau, dans ses Cacouacs; Palissot, dans ses Petites Lettres, ne cessaient de les harceler et d'appeler sur eux les rigueurs
du pouvoir. Fort de la protection deMn,e de Robecq, et par conséquent de M. de Choiseul, Palissot osa produire, en plein
théâtre, une satire impudente et scandaleuse, où iljouait les philosophes en général, et particulièrement Diderot, dont le nom
était à peine déguisé en celui de Dortidius. Comme toujours, dans le danger, les soi-disant amis se cachaient, les tièdes blâ-
maient, les timides se taisaient; seule, la voix éloquente et généreuse de Voltaire se fit encore entendre en faveur de Y Encyclo-
pédie, àa.m ses correspondances privées et dans ses œuvres publiques. Le. 25 avril 1760, il écrivait à Mme d'Épinay :
« Les serpents 'appelés jésuites et les tigres appelés convulsionnaires se réunissent tous contre la raison, et ne se battent que
pour partager entre eux ses dépouilles. » Il adjurait ensuite Diderot d'abandonner une patrie ingrate, d'accepter les offres
de l'impératrice de Russie et d'aller finir dans ce pays, à peine sorti des langes delà barbarie, le monument de civilisation que
repoussait cette France, pour laquelle il avait été édifié. Il envoya même un mémoire anonyme à Diderot, dans lequel il lui
faisait entrevoir le bûcher du chevalier Labarre, brûlé à dix-huit ans pour avoir chanté une chanson de corps de garde et
s'être refusé à saluer une procession de capucins. A ces exhortations, le courageux philosophe, qui avait reconnu la plume
brûlante de son ami, répondit par cette admirable lettre que nous voudrions citer en entier, dans laquelle il lui disait : « Je
sais bien que, quand une bête féroce a trempé sa langue dans le sang humain, elle ne peut plus s'en passer; je sais bien que
cette bête manque d'aliments, et qu'elle va se jeter sur les philosophes; je sais bien qu'elle a jeté les yeux sur moi, et que
Je serai peut-être le premier qu'elle dévorera; je sais bien qu'un d'entre eux a l'atrocité de dire qu'on n'avancera rien tant
qu'on ne brûlera que des livres; je sais bien qu'il peut arriver, avant la fin de l'année, que je me rappelle vos conseils
et que je m'écrie : 0 Solon! Solon!... Et que voulez-vous que je fasse de l'existence, si je ne puis la conserver qu'en
renonçant à tout ce qui me la rend chère? Et puis, je me lève tous les matins avec l'espérance que les méchants se sont
amendés et qu'il n'y a plus de fanatiques. Si, connaissant toute la férocité de la bête, nous balançons à nous en éloigner, c'est
PRÉFACE. ' XXVII
par des. considérations dont le prestige est d'autant plus fort qu'on a l 'âme plus honnête et plus sensible. Nos entours sont si
doux (il parlait de sa famille, dont il était adoré), et c'est une perte si difficile à réparer! » Ces mots rappellent le cri sublime de
Danton, avec lequel, du reste, Diderot offre plus d'un rapport : « Est-ce qu'on emporte sa patrie à la semelle de ses souliers! »
C'est ici le lieu de rapporter une anecdote, racontée par Voltaire en 1774, et qui indique quelle fut,dans les hautes régions
de la société, l'impression produite par la brutale suppression de l'Encyclopédie:
« Un domestique de Louis XV me contait qu'un jour, le roi, son maître, soupant à Trianon en petite compagnie, la con-
versation roula d'abord sur la chasse, ensuite sur la poudre à tirer. Quelqu'un dit que la meilleure poudre se faisait avec
des parties égales.de salpêtre, de soufre, de fer et de charbon. Le duc deLaVallière, mieux instruit, soutint que, pour faire
de bonne poudre à canon, il fallait une seule partie de soufre et une de charbon sur cinq parties de salpêtre bien filtré,
bien évaporé, bien cristallisé. '
« — Il est plaisant, dit M. le duc de Nivernais, que nous nous amusions tous les jours à tuer des perdrix dans le parc de
Versailles,* et quelquefois à tuer des hommes et à nous faire tuer sur la frontière, sans savoir précisément avec quoi l'on tue.
• «• — Hélas! nous en sommes réduits là sur toutes les choses de ce monde, répondit Mme de Pompadour; je ne sais de quoi
est composé le rouge que je mets sur mes joues, et on m'embarrasserait fort si on me demandait comment on fait les bas de
soie dont je suis chaussée. . . '
« — - C'est dommage, dit alors le duc de La Vallière, que Sa Majesté ait confisqué notre Dictionnaire encyclopédique, qui
nous a coûté à chacun cent pistoles; nous y trouverions bientôt la décision de toutes nos questions.
« Le roi chercha à justifier sa confiscation en lui donnant le caractère d'une suspension : il avait été averti que ces gros
volumes in-folio, qu'on trouvait sur la toilette de toutes les dames, étaient la chose du monde la plus dangereuse pour
le royaume de France, et il avait voulu savoir par lui-même si le fait était vrai, avant de permettre qu'on lût ce livre. Il
envoya, sur la fin du souper, chercher un exemplaire par trois garçons de la chambre, qui l'apportèrent avec bien de la
peine. On vit à l'article Poudre que le duc de La Vallière avait raison; et bientôt Mrae de Pompadour apprit la différence
entre l'ancien rouge d'Espagne dont les dames de Madrid coloraient leurs joues, et le rouge des dames de Paris. Elle sut
que les dames grecques et romaines étaient peintes avec de la poudre qui sortait du murex, et que, par conséquent, notre
écarlate était la pourpre des anciens; qu'il entrait plus de safran dans le rouge d'Espagne et plus de cochenille dans celui
de France. Elle vit comment on lui faisait ses bas au métier, et la machine de cette manœuvre la saisit d'étonnement.
. « — Ah ! le beau livre ! s'écria-t-elle. Sire, vous avez donc confisqué ce magasin de toutes les choses utiles, pour le posséder
seul et pour être le seul savant de votre royaume.
« Chacun se jetait sur les volumes, comme les filles de Lycomède sur les bijoux d'Ulysse; chacun y trouvait à l'instant tout
ce qu'il cherchait. Ceux qui avaient des procès étaient surpris d'y trouver la décision de leurs affaires. Le roi y lut tous les
droits de la couronne.
« — Mais vraiment, dit-il, je ne sais pourquoi on m'avait dit tant de mal de ce livre!
« — Eh! ne voyez-vous pas, Sire, lui dit le duc de Nivernais, que c'est parce qu'il est fort bon? On ne se déchaîne contre
le médiocre et le plat en aucun genre. Si les femmes cherchent à donner du ridicule à une nouvelle venue, il est sûr qu'elle
est plus jolie qu'elles.
' « Pendant ce temps, on feuilletait, et le comte de Coigny dit tout haut :
« — Sire, vous êtes trop heureux qu'il se soit trouvé sous votre règne des hommes capables de connaître tous les arts et de
les transmettre à la postérité. Tout est ici : depuis la manière de faire une épingle jusqu'à celle de fondre et de pointer vos
canons; depuis l'infiniment petit jusqu'à l'infihiment grand. Remerciez Dieu d'avoir fait naître dans votre royaume ceux
qui ont servi ainsi l'univers entier. Il faut que les autres peuples achètent V Encyclopédie ou qu'ils la contrefassent. Prenez
tout mon bien, si vous voulez, mais rendez-moi mon Encyclopédie.
« — On dit pourtant, repartit le roi, qu'il y a bien des fautes dans cet ouvrage si nécessaire et si admirable.
« — Sire, reprit le comte de Coigny, il y avait à votre souper deux ragoûts manques; nous n'en avons pas mangé, et nous
avons fait très-bonne chère. Auriez-vous voulu qu'on jetât tout le souper par la fenêtre, à cause de ces deux ragoûts?
« Le roi sentit toute la force de cet argument; chacun reprit son livre. Ce fut un beau jour.
« L'envie et l'ignorance ne se tinrent pas pour battues. Ces deux sœurs immortelles continuèrent leurs cris, leurs cabales,
leurs persécutions; l'ignorance en cela est très-savante. Qu'arriva-t-il? Les étrangers firent quatre éditions de cet ouvrage
français, proscrit en France, et gagnèrent environ dix-huit cent mille écus. » ' * .
C'est alors qu'au milieu de ces contrariétés, quand sept volumes avaient paru (1758), d'Alembert,. moins fortement trempé
que son infatigable collaborateur, se retira, « excédé des avanies et des vexations, » comme il le dit lui-même, laissant Diderot
faire seul face à l'orage. La fille de ce dernier. Mme de Vandeul, attribue la retraite de d'Alembert à la cupidité; mais*
• outre que rien ne justifie cette assertion, un tel procédé, qui eût été aussi lâche qu'odieux, n'eût pas trouvé insensible
XXVI M ' PRÉFACE.
Diderot, qui s'était brouillé avec Rousseau pour bien moins, et on ne concevrait pas ce qu'ajoute madame deVandeul elle-
même : « Cet événement ne diminua pas l'estime de mon père pour M. d'Alembert. » Le collaborateur de Diderot a donné
trop de marques éclatantes de son désintéressement, pour que l'on puisse supposer qu'il aurait trahi son meilleur ami et
vendu son honneur pour quelques écus.
Mais revenons à Diderot, auquel on conseillait un exil volontaire. Un motif de probité le retenait aussi; il ne voulait pas
compromettre les intérêts de Le Breton, imprimeur de V Encyclopédie, que son départ eût ruiné. Il allait en être bien mal
récompensé.- Un jour, feuilletant un des volumes imprimés, il reconnut une falsification, puis deux, puis trois, et s'assura
finalement que toute sa besogne avait été dépecée, mutilée, rognée , recousue , refaite par une main indigne. Ce même
imprimeur, pour lequel il exposait sa liberté et peut-être sa vie, le trahissait indignement. Effrayé de la hardiesse toujours
croissante des articles, épouvanté du bruit et des menaces, il avait fait clandestinement altérer les épreuves après le bon à tirer,
sans prévenir de rien le directeur de Y Encyclopédie. Diderot lui écrivit une longue et véhémente lettre, dans laquelle il
exhalait la colère et l'indignation que lui avait fait éprouver un si inqualifiable procédé :
« Vous m'avez lâchement trompé deux ans de suite : vous avez massacré ou fait massacrer par une bête brute le travail
de vingt honnêtes gens qui vous ont consacré leur temps, leurs talents et leurs veilles gratuitement, par amour du bien
et de la vérité, et sur le seul espoir de voir paraître leurs idées et d'en recueillir quelque considération, qu'ils ont bien méritée et
dont votre injustice et votre ingratitude les auront privés. Mais songez bien à ce que je vous prédis : à peine votre, livre
paraîtra- t-il, qu'ils iront aux articles de leur composition et que, voyant de leurs propres yeux l'injure que vous leur avez
faite, ils ne se contiendront pas, ils jetteront les hauts cris. Les cris de Diderot, de Saint-Lambert, Turgot, d'Holbach, de
Jaucourt et autres, tous si respectables et si peu respectés par vous, seront répétés par la multitude. Vos souscripteurs diront
qu'ils ont souscrit pour mon ouvrage et que c'est presque le vôtre que vous leur donnez. Amis, ennemis, associés, élèveront
leur voix contre vous. On fera passer le livre pour une plate rapsodie. Voltaire, qui nous cherchera et ne nous trouvera point;
les journalistes et tous les écrivains périodiques, qui ne demandent pas mieux que de nous décrier, répandront dans la
ville, dans la province, en pays étranger, que cette volumineuse compilation, qui doit coûter encore tant d'argent au public,
n'est qu'un ramas d'insipides rognures. Une petite partie de votre édition se distribuera lentement, et le reste pourra vous
demeurer en maculatures. Ne vous y trompez pas : le dommage ne sera pas en exacte proportion avec les suppressions que
vous vous êtes permises : quelque importantes et considérables qu'elles soient, il sera infiniment plus grand qu'elles. Peut-
être alors serai-je forcé moi-même d'écarter le soupçon d'avoir connivé à cet indigne procédé, et je n'y manquerai pas.
Alors on apprendra une atrocité dont il n'y a pas d'exemple depuis l'origine de la librairie. En effet, a-t-on jamais ouï
parler de dix volumes in-folio clandestinement mutilés, tronqués, hachés, déshonorés par un imprimeur? On n'ignorera pas
que vous avez manqué avec moi à tout égard, à toute honnêteté et à toute promesse. A votre ruine et à celle de vos associés,
que l'on plaindra, se joindra, mais pour vous seul, une infamie dont vous ne vous laverez jamais. Vous serez traîné dans la
boue avec votre livre, et l'on vous citera dans l'avenir comme un homme capable d'une infidélité et d'une hardiesse auxquelles
on n'en trouvera point à comparer. C'est alors que vous jugerez sainement de vos terreurs paniques, et des fâcheux conseils
des barbares ostrogoths et des stupides vandales qui vous ont secondé dans le ravage que vous avez fait. Pour moi, quoi qu'il
arrive, je serai à couvert. On n'ignorera pas qu'il n'a été en mon pouvoir ni de pressentir ni d'empêcher le mal; on n'igno-
rera pas que j'ai menacé, crié, réclamé. Si, en dépit de vos efforts pour perdre l'ouvrage, il se soutient, comme je le souhaite
bien plus que je ne l'espère, vous n'en retirerez pas plus d'honneur, et vous n'en aurez pas fait une action moins perfide et
moins basse; s'il tombe, au contraire, vous serez l'objet des reproches de vos associés et de l'indignation du public, auquel
vous avez manqué bien plus qu'à moi
« J'en ai perdu le boire, le manger et le sommeil. J'en ai pleuré de rage en votre présence ; j'en ai pleuré de douleur chez
moi, devant votre associé et devant ma femme, mon enfant et mon domestique. Vous m'aurez pu traiter avec une indignité
qui ne se conçoit pas; mais, en revanche, vous risquez d'en être sévèrement puni; vous avez oublié que ce n'est pas aux
choses courantes et communes que vous deviez vos premiers succès ; qu'il n'y a peut-être pas deux hommes dans le
monde qui se soient donné la peine de lire une ligne d'histoire , de géographie , de mathématiques et même d'arts/ et que
ce qu'on y a recherché et ce qu'on y recherchera, c'est la philosophie ferme et hardie de quelques-uns de vos travailleurs.
Vous l'avez châtrée, dépecée, mutilée, mise en lambeaux, sans jugement, sans ménagement et sans goût. Vous nous avez
rendus insipides et plats. Vous" avez banni de votre livre ce qui en a fait, ce qui en aurait fait encore l'attrait, le piquant,
l'intéressant et la nouveauté. Vous en serez châtié par la perte pécuniaire et par le déshonneur : c'est votre affaire. Vous en
étiez à savoir combien il est rare de commettre impunément une vilaine action; vous l'apprendrez par le fracas et le désastre
que je prévois. Je me connais : dans cet instant, mais pas plus tôt, le ressentiment de l'injure et de la trahison que vous m'avez
faite sortira de mon cœur, et j'aurai la bêtise de m'affliger d'une disgrâce que vous aurez vous-même attirée sur vous.
PRÉFACE. \ XXIX
Puissé-je être un mauvais prophète ! mais je ne le crois pas : il n'y aura que du plus ou du moins; et, avec la nuée de mal-
veillants dont nous sommes entourés et qui nous observent, le plus est tout autrement vraisemblable que le moins. Ne vous
donnez pas la peine de me répondre; je ne vous regarderai jamais sans sentir mes sens se retirer, et je ne vous lirai pas sans
horreur.
« Voilà donc ce qui résulte de vingt-cinq ans de travaux, de peines, de dépenses, de dangers, de mortifications de toute
espèce! Un inepte, un ostrogoth détruit tout en un moment; je parle de votre boucher de celui à qui vous avez remis le
soin de nous démembrer. Il se trouve à la fin que le plus grand dommage que nous ayons souffert, que le mépris, la honte,
le discrédit, la ruine, la risée, nous viennent du principal propriétaire de la chose ! Quand on est sans énergie, sans vertu,
sans courage, il faut se rendre justice et laisser à d'autres les entreprises périlleuses. Votre femme entend mieux vos intérêts
que vous; elle sait mieux ce que nous devons au public; elle n'eût jamais fait comme vous.
«Adieu, monsieur Le Breton : c'est à un an d'ici que je vous attends, lorsque vos travailleurs connaîtront par eux-mêmes
la digne reconnaissance qu'ils ont obtenue de vous. On serait persuadé que votre cognée ne serait tombée que sur moi, que
cela suffirait pour vous nuire infiniment; mais, Dieu merci! elle n'a épargné personne. Comme le baron d'Holbach vous
enverrait paître, vous et vos planches, si je lui- disais un mot! Je finis tout à l'heure, et en voilà beaucoup; mais c'est pour
n'y revenir de ma vie. Il faut que je prenne date avec vous; il faut qu'on voie, quand il en sera temps, que j'ai senti comme
je devais votre odieux procédé, et que j'en ai prévu toutes les suites. Jusqu'à ce moment vous n'entendrez plus parler de
moi; j'irai chez vous sans vous apercevoir; vous m'obligerez de-ne me pas apercevoir davantage. Je désire que tout ait l'issue
heureuse et paisible dont vous vous bercez, je ne m'y opposerai d'aucune manière; mais si, par malheur pour vous, je suis
dans le cas de publier mon apologie, elle sera bientôt faite. Je n'aurai qu'à raconter nûment et simplement les faits comme
ils se sont passés, à prendre du moment où, de votre autorité privée et dans le secret de votre petit comité gothique, vous
fîtes main-basse sur l'articlelNTENDANT,et sur quelques autres dont j'ai les épreuves.
Je fais si peu de cas de mon exemplaire, que, sans une infinité de notes marginales dont il est chargé, je ne balancerais pas à
vous le faire jeter au milieu de votre boutique. Encore s'il était possible d'obtenir de vous les épreuves, afin de transcrire à la
main les morceaux que vous avez supprimés ! La demande est juste , mais je ne la fais pas. Quand on a été capable d'abuser
de la confiance au point où vous avez abusé de la mienne, on est capable de tout. C'est mon bien pourtant, c'est le, bien de vos
auteurs que vous retenez. Je ne vous le donne pas, mais vous, vous le retiendrez, quelque serment que je fasse de rie l'em-
ployer à aucun usage qui vous soit le plus légèreriient préjudiciable. Je n'insiste pas sur cette,restitution, qui est de droit : je
n'attends rien de juste ni d'honnête de vous.
« P. -S. — Vous exigez que j'aille chez vous, comme auparavant, revoir les épreuves; votre associé le demande aussi. Vous
ne savez.pas ce que vous voulez ni l'un ni l'autre; vous ne savez pas combien de mépris vous aurez à digérer de ma part : je suis
blessé pour jusqu'au tombeau. J'oubliais de vous avertir que je vais rendre la parole à ceux à qui j'avais demandé et qui
m'avaient promis des secours, et restituer à d'autres les articles qu'ils m'avaient déjà fournis, et que je ne veux pas livrer à
votre despotisme. C'est assez des tracasseries auxquelles je serai bientôt exposé, sans encore les multiplier de propos délibéré.
Allez demander à votre associé ce qu'il pense dé votre position et de la mienne, et vous verrez ce qu'il vous en dira. »
{Celui qui trace ici ces lignes savait par cœur cette triste odyssée du grand encyclopédiste; aussi n'a-t-il hasardé le pre-
mier pas dans cette périlleuse carrière qu'après s'être prémuni à l'avance contre toutes les vicissitudes qui peuvent surgir
sur sa route. Mais, ces précautions prises, il n'a pas hésité à assumer sur sa tête la plus lourde responsabilité qu'éditeur ait
jamais affrontée, et cela avec la seule ambition de remplir ce qu'il appelle son devoir, et de faire ici-bas le peu de bien auquel
doit aspirer une conscience honnête et convaincue. Au reste, que les souscripteurs du Grand Dictionnaire se rassurent, ils
n'ont pas à craindre de pareilles profanations. L'auteur a prudemment jugé à propos d'être son propre imprimeur. Les
caractères sont sa propriété; l'atelier lui appartient; il fait lui-même, chaque semaine, la banque à ses ouvriers typo-
graphes, et quand il a parafé le bon à tirer, personne n'oserait, nous ne disons pas mutiler un passage, mais transposer une
virgule.)
Eh bien ! croirait-on qu'il s'est trouvé des écrivains chez lesquels l'esprit de parti a oblitéré le sens moral, au point de leur
faire absoudre complètement le libraire falsificateur! On lit cette ligne dans la Biographie Michaud : « Qui était le plus blâ-
mable ici, de Diderot ou de l'imprimeur? »
- On parvint néanmoins à calmer Diderot;. mais son âme resta abreuvée de dégoûts. Toutefois, il parut oublier tous ses légi-
times griefs : le ressentiment ne pouvait pousser de profondes racines dans cette nature généreuse, et les allusions qu'il faisait
à ce douloureux souvenir se déguisaient toujours sous un trait où se mêlait la mélancolie. C'est ainsi qu'un jour, se trouvant
chez Panckoucke, le célèbre imprimeur del' Encyclopédie méthodique, qui souffrait d'un rhumatisme, il l'aida à passer son
habit, et comme Panckoucke s'excusait de voir l'illustre philosophe lui servir de valet de chambre: «Laissez, laissez, fit Diderot;
vous n'êtes pas le premier libraire que j'habille. ».
XXX PRÉFACE.
Ainsi, l'Encyclopédie du XVIIIe siècle, telle qu'elle nous est parvenue après avoir subi les coups de ciseaux de l'imprimeur
LeBreton, n'est qu'une pâle copie de l'œuvre primitive. Les passages les plus hardis, les plus saillants, ont été supprimés ou
falsifiés par un inepte ostroyoth, pseudonyme trivial, mais énergique, sous lequel se cache sans doute quelque membre de la
compagnie de Jésus. Et cependant, toute mutilée qu'elle est, Y Encyclopédie est encore la plus fidèle expression de l'esprit et •
des idées philosophiques auxvm0 siècle. Que serait-ce donc si nous avions entendu le monstre lui-même!
Au reste, si Y Encyclopédie avait ses ennemis nombreux et acharnés, elle comptait, en revanche, trois puissants protecteurs :
Mme de Pompadour, M. de Malesherbes et M. de Choiseul. La royale courtisane, qui semblait avoir hérité du zèle phi-
losophique d'Aspasie, haïssait franchement les jésuites; malheureusement, elle mourut au plus fort de la persécution.
« Comptez, écrivait Voltaire à Damilaville, que les vrais gens de lettres, les -vrais, philosophes, doivent regretter Mme de
Pompadour. Elle pensait comme il faut; personne ne le sait mieux que moi. On a fait, en vérité, une grande perte. » Il est
vrai que, par compensation, les jésuites furent chassés quelque temps après.
Sans le secours efficace de M. de Choiseul, les dix derniers volumes de Y Encyclopédie n'eussent jamais paru. Pour M. de
Malesherbes, sa position de directeur de la librairie, qui parfois le gênait, lui fournissait aussi les moyens de rendre aux gens
de lettres de signalés services. Un jour, il fait prévenir Diderot que le lendemain il donnera l'ordre d'enlever ses papiers et ses
cartons. Diderot, bouleversé, court chez lui : « Ce que vous m'annoncez là me chagrine horriblement. Comment, en vingt-
quatre heures, déménager tous mes manuscrits?' Et surtout où trouver des gens qui veuillent s'en charger, et le puissent avec
sûreté? — Envoyez-les tous chez. moi, répond M. de Malesherbes; on ne viendra pas les y chercher. » Cela fut exécuté et réussit
parfaitement.
Enfin le dernier volume del 'Encyclopédie, qui en comptait vingt-huit in-folio, fut publié en ,1765. Le supplément parut en
six volumes in-folio, à Amsterdam, 17.76-1777. «Pendant trente ans qu'il travailla à Y Encyclopédie, dit M. Génin, Diderot ne
connut pas un jour de repos ni de sécurité. Lui seul probablement, de tout son siècle, avait reçu de la nature une trempe assez
énergique pour résister et porter glorieusement le fardeau jusqu'au bout. Diderot n'eût-il pas fait autre chose, la célébrité de
son nom serait justifiée et il conserverait des droits éternels à la reconnaissance de la philosophie. »
Nous avons déjà dit que, dans cette œuvre monumentale, Diderot s'était chargé des arts mécaniques. Il en avait étudié,
non-seulement la théorie, mais la pratique. «M. Diderot, dit d'Alembert, s'est donné la peine de puiser les connaissances
•nécessaires à son travail chez les ouvriers ou sur des métiers qu'il a examinés lui-même, et dont quelquefois il a fait
construire des modèles pour les étudier plus à son aise. » Il passait des journées entières dans les ateliers : il examinait d'a-
bord une machine avec attention, se la faisait expliquer, démonter, remonter; ensuite l'ouvrier travaillait devant lui ; enfin
Diderot ; Tenait la place de l'artisan, qu'il étonnait souvent par son adresse et sa pénétration. 11 se rendit ainsi familières les
machines les plus compliquées, telles que le métier à bas et le métier à fabriquer les velours ciselés. Il finit par posséder
très-bien l'art des tissus de toile, de soie et de coton, et les descriptions qu'il en a données sont le résultat de son expé-
rience.
«U Encyclopédie, a dit M. Villemain,. caractérise le xvme siècle en ce qu'elle atteste. le progrès des connaissances et le
désir de les faire servir au bien de l'espèce humaine. Nul doute que Diderot ne soit un homme rare par le mouvement
de l'esprit, par l'abondance des idées, par une sorte d'émotion électrique dans le langage; moins de doute encore que d'Alem-
bert, esprit géométrique et esprit fin, n'ait embrassé une grande variété de connaissances, et porté la lumière sur toutes les
choses qui tenaient à l'ordre matériel. » La réunion de ces deux esprits promettait un grand ouvrage, et cependant ils sont
morts avec la conviction d'être restés bien loin de la perfection qu'ils avaient rêvée, de n'avoir produit qu'un «chef-d'œuvre
avorté, » selon l'expression de Jules Janin, un monstre sans proportions, alternativement nain et géant, colosse et pygmée, en un
mot, une Babel. « Babel, soit, répondra M. H. Martin, mais Babel construite avec des matériaux précieux. Il y eut autre chose
qu'un orgueil impie dans-cette espèce d'apothéose de l'esprit humain : il y eut l'amour sincère de l'humanité, cette religion
terrestre qui survit à la religion de l'idéal et de l'éternel, et qui permet d'en espérer le retour, tant qu'elle n'est pas elle-même
étouffée sous l'égoïste scepticisme et le matérialisme pratique. Les auteurs avaient prévu et espéré que leur œuvre serait
dépassée par le progrès des sciences : le cercle des connaissances, s'étendant indéfiniment, on peut dire que Y Encyclopédie
doit être à refaire de siècle en siècle; il n'y a donc point à reprocher à celle du dix-huitième d'être incomplète; l'esprit de
critique négative qui domine dans une grande partie des articles et le manque d'unité morale dans l'ensemble sont des repro-
ches mieux fondés. » Aucun esprit sérieux n'osera contredire ce jugement, plus juste que celui qu'à exprimé M. de Barante :
« Les obstacles mis à la publication du livre nuisirent à son exécution autant qu'à sa direction. S'il eût été publié avec tran-
quillité, il aurait atteint, en grande partie, sa vraie destination; il aurait été un monument de l'état des sciences à cette époque,
et par là serait devenu utile... Au lieu de produire un semblable effet, Y Encyclopédie se changea sur-le-champ en une affaire
de parti. Il devint plus important, pour ceux qui l'avaient conçue, de la faire paraître au jour que de l'en rendre digne; et,
comme ils avaient été constitués en hostilité avec l'ordre établi, leur orgueil s'attacha à répandre dans Y Encyclopédie ce qu'ils
PRÉFACE. XXXI
appelaient des idées neuves et audacieuses; ainsi elle demeura une œuvre incomplète et peu utile. Celle qui a été entreprise
depuis est, sans nul doute, conçue d'après un plan beaucoup meilleur, plus riche en science, et plus conforme à son véri-
table but. . . Il Encyclopédie , qui fut orgueilleusement conçue pour donner aux siècles à venir une haute idée des progrès im-
menses que l'on croyait apercevoir dans les connaissances humaines, les envisagea sous un point de vue nouveau et dans uu
( esprit qui fit changer de caractère à presque toutes les sciences. En effet, on avait cru découvrir un nouveau cours à leur
. source commune; on avait tracé la marche des opérations de l'àme humaine sur une route nouvellement adoptée. »
! « Quoi qu'il en soit, dit M. David dans sa notice sur l'Encyclopédie, cette colossale entreprise, qui n'a jamais été. égalée,
bien qu'elle ait vieilli en beaucoup d'endroits, restera comme un événement unique dans l'histoire littéraire de notre pays. Elle
auraété plus que le réveil d'une nation endormie et opprimée : en elle se trouvent, à l'état latent, toutes les conquêtes de la civi-
lisation moderne, elle a enfanté cette vaillante armée de penseurs qui surgissent, à l'heure voulue, pourrevendiquer les libertés
dont les peuples ne sauraient pas plus se passer que du pain de chaque jour. »
Nous nous associons à toutes les réserves, à toutes les critiques que les auteurs que nous venons de citer adressent à
l'Encyclopédie, et cela nous coûte d'autant moins que c'était aussi l'opinion des auteurs eux-mêmes. Voici ce qu'ils n'ont
pas hésité à écrire de l'œuvre sortie de leurs mains : « Ici noussommes boursouflés et d'un volume exorbitant; là, maigres,
petits, mesquins, secs et décharnés. Dans un endroit, nous ressemblons à des squelettes; dans un autre, nous avons un
air hydropique. Nous sommes alternativement nains et géants, colosses et pygmées; droits, bien faits et proportionnés;
bossus, boiteux et contrefaits. Ajoutez à ces bizarreries celle d'un discours tantôt abstrait, obscur ou recherché, plus sou-
vent négligé, traînant et lâche; et vous comparerez l'ouvrage entier au monstre de Y Art poétique et à quelque chose de
plus hideux. » (Article Encyclopédie.) • • .
Le plus grand ennemi de l'Encyclopédie et de Diderot fut La Harpe. Sa diatribe n'a pas moins de 46 pages in-8°; en
voici un échantillon': « Les convenances et les bienséances de toute espèce n'y sont pas mieux gardées que les mesures na-
turelles des objets. L'article Fanatisme n'est qu'un cri fanatique contre la. religion et ses ministres; l'article Unitaires n'est
qu'un tissu de sophismes contre toute religion ; cent autres ne sont qu'un extrait et un résumé de toutes les idées irréligieu-
ses semées dans une foule de livres... Le scepticisme, le matérialisme, l'athéisme, s'y montrent partout sans pudeur et
sans retenue, et c'était bien l'intention des fondateurs ; mais s'ils voulaient que leur dictionnaire fût impie, ils ne voulaient
pas qu'il fût ridicule; et, pour ne citer en ce genre que ce qui en est peut-être le chef-d'œuvre, lisez seulement l'article
Femme (de Desmahis), qui sûrement ne devait être là que de la main d'un moraliste; vous n'y trouverez qu'une conver-
sation de boudoir, et tout le jargon précieux des comédies de Marivaux et des romans de Crébilion; et comme si ce n'était
pas assez qu'une pareille caricature eût place dans Y Encyclopédie , elle y est insérée avec éloge... Tout doit être faux dans
des hommes qui font un métier de mensonge, tel que celui de ces sophistes, lis croyaient avoir de la dignité* et n'avaient'
que de la morgue. Tout ce que des hommes ivres d'amour-propre peuvent concevoir de rage quand ils sont offensés parut
alors à découvert, et cette hypocrite philosophie, jetant bas ses livrées de vertu et de modération, fut mise à nu, bien plus
par la fureur de ses ressentiments que par la main de ses adversaires. Elle vomit à flots tous les poisons delà calomnie la
plus effrontée, et le peu d'art qu'elle mit dans ses libelles atteste encore, ainsi que cent autres exemples semblables, qu'elle
n'avait pas plus de principes de goût que de principes de morale. » Voilà un jugement, nous pourrions dire un pamphlet,
dans les règles. Répondons-y en faisant connaître le juge :
Voici d'abord l'opinion de Grimm, qui le connaissait à fond : « M. de La Harpe a beaucoup plus d'esprit que de con-
naissances, beaucoup moins d'esprit que de talent, et beaucoup moins dégoût que d'imagination... Il est malheureux que
les circonstances l'aient obligé à perdre tant de temps à dire du mal des autres, et à se défendre ensuite contre les enne-
mis qu'il se faisait tous les jours en exerçant un si triste métier. » Il est encore plus malheureux qu'après avoir bassement
encensé les hommes de la Terreur, s'être coiffé du bonnet rouge et avoir écrit des strophes dévergondées, dans le genre de
la suivante, pour répondre au manifeste du duc de Brunswick :
Le fer ! amis, le fer ! il presse le carnage ;
C'est l'arme des Français, c'est l'arme du courage,
L'arme delà victoire, et l'arbitre du sort.
Le fer!... il boit le sang ; le sang nourrit la rage, - '
1 Et la rage donne la mort ;
il est encore plus malheureux, disons-nous, que, dès qu'il crut n'avoir plus rien à craindre, il ait traîné dans la boue
ces mêmes hommes devant lesquels il avait rampé, et auxquels ses platitudes avaient soulevé le cœur de pitié et de dégoût.
Ces quelques détails biographiques expliquent assez clairement la raison des colères de. l'auteur du Lycée; voilà l'homme
jugé en prose ; montrons-ïe maintenant marqué par les vers de Gilbert et de Lebrun :
XXXII PRÉFACE. ■_
Si j'évoque jamais du fond de son journal
Des sophistes du temps l'adulateur banal ;
Lorsque son nom suffit pour exciter le rire,
Dois-je, au lieu de La Harpe, obscurément écrire;
« C'est ce petit rimeur de tant de prix enflé,
Qui, sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé,
> Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique,
Tomba de chute en chute au trône académique?
/ De La Harpe, a-t-on dit, l'impertinent visage
Appelle le soufflet. Ce mot n'est qu'un outrage,
Je veux qu'un trait plus doux, léger, inattendu,
Frappe l'orgueil d'un fat plaisamment confondu.
Dites : Ce froid rimeur se caresse lui-même ;
Au défaut du public, il est juste qu'il s'aime;
Il s'est signé grand homme, il se dit immortel
Au Mercure! — Ces mots n'ont rien qui soit cruel.
Jadis il me louait dans sa prose enfantine;
Mais dix fois repoussé du trône de Racine,
Il boude; et son dépit m'a, dit-on, harcelé.
c L'ingrat! J'étais le seul qui ne l'eût pas sifflé.
Ce petit homme à son petit compas '
Veut sans pudeur asservir le génie;
Au bas du Pinde il trotte à petits pas,
Et croit franchir les sommets d'Aonie.
Au grand Corneille il a fait avanie;
Mais, à vrai dire, on riait aux éclats
De voir ce nain mesurer un Atlas,
Et redoublant ses efforts de> pygmée,
Burlesquement roidir ses petits bras
Pour étouffer si haute renommée.
Nous nous en tiendrons à la diatribe de La Harpe, qui renferme le plus bel éloge adressé à l'immortelle Encyclopédie de
Diderot.
Outre l'e'dition de Paris, nous citerons les éditions de Genève, 39 vol. in-4° (3 de planches);, 1777; Lausanne, 86 vol.
gr. in-8" (et 3 vol. in-4° de pi.), 1778; Yverdun, 58 vol. in-4° (10 de planches), 1778-1780; Lucques, 28 vol. in-folio,
avec notes de Diodati, 1758-1771 ; Livourne, 33 vol. in-folio, 1770.
Il a été publié une table analytique et raisonnée de l'Encyclopédie, par.Mouchon; Paris, 1780, 2 vol. in-folio. Cette
table se rapporte à l'édition de Paris.
V Encyclopédie n'avait pas enrichi Diderot, dont on connaît, du reste, le singulier désintéressement ; il reçut à peine
deux mille livres pour chaque volume, cent fois moins que certaines méchantes pièces de théâtre ne rapportent aujour-
d'hui à leurs auteurs ; aussi Diderot, resta-t-il pauvre toute sa vie. En 1765, au moment des plus âpres persécutions, et pour
constituer une dot à sa fille, il avait mis en vente sa bibliothèque, dernière richesse d'un homme de lettres. L'impératrice
Catherine II, qui cherchait à illustrer son règne par la protection éclairée qu'elle accordait aux philosophes et aux savants,
ayant appris cet état de détresse par Galitzin, son ambassadeur à Paris, informa Diderot qu'elle achetait sa bibliothèque
moyennant quinze mille livres, à la condition qu'il la garderait jusqu'à sa mort et qu'il consentirait à en être le bibliothé-
caire, avec un traitement annuel de mille livres.
Voilà, assurément, une pauvreté dûment constatée ; eh bien, il en sera toujours ainsi pour ceux qui n'hésitent pas à se
lancer dans une aussi vaste entreprise, avec la résolution bien arrêtée de ne faire aucune concession aux préjugés de leur
époque et de ne jamais sacrifier les droits de la vérité.
Encyclopédie méthodique, éditée par Panckoucke et Agasse; 1782-1832, 201 vol. in-4°, dont 47 avec planches. Cette
encyclopédie, à laquelle celle de Diderot servit de base, en diffère moins par le fond que par le plan, en ce que les articles
y sont classés par ordre de matières, et forment de cette sorte une série de dictionnaires particuliers des diverses sciences.
\2 Encyclopédie méthodique a remédié à l'incohérence de sa sœur aînée : elle donne mieux le tableau de chaque science en
particulier, et, dans les recherches qu'on y fait, la somme compacte des documents d'un même ordre aide beaucoup au
travail de i'érudit. Par malheur, elle, est vraiment trop volumineuse, et ne peut entrer que dans quelques bibliothèques.
i V Encyclopédie méthodique renferme 48 dictionnaires spéciaux. Les matières sont classées dans l'ordre suivant : agri-
culture, amusements des sciences, antiquités et mythologie, arbres et arbustes, architecture, art aratoire et jardinage,
art militaire, artillerie, arts et métiers, assemblée nationale, beaux-arts, botanique, chasse, chimie et métallurgie, cbi-.
PRÉFACE: XXXIII
rurgie, commerce, économie politique,' encyclopédiana, équitation, escrime, danse, finances, forêts et bois, géographie
ancienne, géographie moderne, géographie physique, grammaire et littérature, histoire, histoire naturelle, jeux mathématiques
et jeux de société, jurisprudence, logique, manufactures, marine, mathématiques, médecine, musique, natation, pêche,
philosophie, physique, système anatomique, théologie, etc.
Ceux de ces dictionnaires qui ont encore conservé quelque valeur sont les suivants : Antiquités, par Mangez ; Architec-
ture, par Quatremère de Quincy ; Artillerie, par Gotty ; Musique, par Ginguené et Framery ; Théologie, par Bergier ; Histoire
naturelle des vers, commencée par Lamarck et Brugnière, continuée par Deshayes, et surtout Grammaire et Littérature, par
Dumarsais, Marmontel et Beauzée. Cette collection est précédée d'un vocabulaire universel, qui sert de table pour tout l'ou-
vrage, car la table spéciale, annoncée d'abord par les éditeurs, n'a point été publiée.
« Il y a trente-trois ans à peine, dit.M. Brunet dans son Manuel du libraire, que l'on a terminé cet ouvrage, dont la con-
fection a demandé tout juste un demi-siècïe. C'est, à coup sûr, la collection la plus vaste qu'ait jamais produite la librairie
française, et nous pouvons même ajouter celle d'aucun pays; mais, pendant le long espace de temps qui s'est écoulé de 1782
à 1832 (et de cette dernière époque jusqu'à nos jours), toutes les sciences ont l'ait d'immenses progrès, et il résulte de là que
plusieurs des parties importantes de cette encyclopédie, commencées depuis longtemps, sont aujourd'hui fort arriérées, bien
qu'on y ait ajouté des suppléments, tandis que d'autres parties, plus nouvellement composées, sont jusqu'ici les meilleurs
dictionnaires qui aient paru dans les sciences dont ils traitent. » L'ouvrage entier a coûté 3,000 francs aux premiers sous-
cripteurs.
Dictionnaire philosophique de Voltaire, publié en 1764. — Les premiers articles de ce dictionnaire furent écrits vers
1752. Le plan de cet ouvrage fut conçu à Potsdam, à ce qu'assure Collini. « Chaque soir, dit-il, j'étais dans l'usage délire à
Voltaire, lorsqu'il était dans son lit, quelques morceaux de l'Arioste ou de Boccace; je remplissais avec plaisir mes fonctions
de lecteur, parce qu'elles me mettaient à même de recueillir d'excellentes observations, et me fournissaient une occasion fa-
vorable de m'entretenïr avec lui sur divers sujets. Le 28 septembre, il se mit au Ht fort préoccupé : il m'apprit qu'au souper
dû roi, il s'était amusé de l'idée d'un dictionnaire philosophique, que cette idée s'était convertie en un projet sérieusement
adopté, que les gens de lettres du roi et le roi lui-même devaient y travailler de concert, et que l'on en distribuerait les ar-
ticles, tels que Adam, Abraham, etc. Je crus d'abord que ce projet n'était qu'un badinage ingénieux, inventé pour égayer le
souper; mais Voltaire, vif et ardent au travail, commença dès le lendemain. »
Les éditeurs de Kehl ont agrandi le dictionnaire philosophique en refondant, dans un seul tout, plusieurs ouvrages de Vol-
taire, dont l'analogie porte sur la forme et sur le fond. Ce sont : 1° les Ques(io?is sur l'Encyclopédie; 2° les articles insérés
dans Y Encyclopédie ; 3° plusieurs articles destinés par l'auteur au Dictionnaire de l'Académie ; 4° un grand nombre de mor-
ceaux publiés depuis plus où moins longtemps, et où n'avaient rien à voir les gens de lettres de S. M. prussienne. Tels
sont les éléments du Dictionnaire philosophique que l'on connaît.
On a comparé avec raison le Dictionnaire philosophique de Voltaire à sa correspondance. Voltaire s'y montre, en effet,
comme dans sa correspondance, un causeur vif et étincelant et un causeur universel ; il parle tour à tour de théologie.et de
grammaire, de physique et de littérature; il discute tantôt des points d'antiquité, tantôt des questions de politique, de légis-
lation, de droit public, et cela sans jamais prendre letton dogmatique du professeur, sans jamais quitter le ton dégagé de
l'homme du monde. Ne lui demandez pas la méthode et la langue de la philosophie et des sciences ; il n'entend pas prendre
le long chemin ni se présenter avec le lourd appareil d'un enseignement d'école. Il va, bride abattue, jetant les éclairs de sa
raison sur les divers sujets qui s'offrent à lui, déchirant tous les voiles,. faisant fuir tous les fantômes graves et mystérieux.
Le respect du bon sens le rend quelquefois superficiel; le respect du bon goût lui ôte constamment l'envie de paraître savant
et profond. Ouvrez le Dictionnaire philosophique au mot Abc ou Alphabet, et voyez comment Voltaire y parle de la langue
primitive. « Que diriez-vous d'un homme qui voudrait rechercher quel a été le cri primitif de tous les animaux, et comment
il est arrivé que, dans une multitude de siècles, les moutons se soient mis à bêler, les chats à miauler, les pigeons à roucouler,
les linottes à siffler?.. Chaque espèce a sa langue. Celle des Esquimaux et des Algonquins ne fut point celle du Pérou. Il n'y
a pas eu plus de langue primitive et d'alphabet primitif que de chênes primitifs, et que d'herbe primitive. » Voilà une ques-
tion lestement tranchée. Cette facile solution ne saurait évidemment nous dispenser de consulter les Max Muller et les Renan
sur la filiation des langues et l'origine du langage. Un physicien de nos jours sourirait en lisant l'article Air : mais que dites-
vous de ce trait qui termine l'article : « On nous parle d'un éther, d'un fluide secret; mais je n'en ai que faire; je ne l'ai vu
ni manié, je n'en ai jamais senti, je le renvoie à l'esprit recteur de Paracelse. Mon esprit recteur est le doute, et je suis de
l'avis de saint Thomas Didyme,qui voulait mettre le doigt dessus et dedans. » N'est-ce pas là le positivisme d'Auguste Comte,
moins la forme pédantesque ?
Malgré ce positivisme, l'auteur du Dictionnaire philosophique est déiste; il s'arrête dans cette région moyenne qui lui paraît
XXXIV PRÉFACE.
la plus claire; il est déiste, parce qu'il voit de F harmonie, des lois dans le monde.; il est déiste, parce qu'un rêmunérateur-
vengeur lui paraît une base nécessaire de l'ordre social ; il est déiste, parce qu'il est newtonien en physique, qu'il repousse la
matière infiniment étendue des cartésiens, qu'il admet l'attraction à distance, les atomes et le vide. D'ailleurs le matérialisme
et l'athéisme choquent son goût; et, d'autre part, il aime trop les contours bien arrêtés et bien éclairés, il est trop éloigné du
rêve, il voit trop dans la nature, surtout dans la nature humaine, la disproportion, la laideur et le mal, pour sacrifier au pan-
théisme. Cette plume de guerre n'est pas faite pour célébrer le grand Tout, le divin 1 out. Rien de plus éloigné de l'optimisme
que ce rire; de l'admiration universelle,que cette abondante ironie; de la résignation à la divine fatalité.que cette révolte de la
raison contre tous les préjugés, toutes les erreurs, toutes les superstitions, toutes les injustices. Victor Hugo a dit quelque part
que l'on reconnaît les souverains génies à la quantité d'infini qu'ils ont en eux. A ce compte, Voltaire n'est pas un souverain
génie; son esprit, amoureux de la mesure et delà justesse, repousse Y immense, Y énorme, Y infini Pour lui, l'infini, c'est
l'ombre et le mystère; il n'est pas tourmenté de savoir le fond, le dessous des choses; rarement il hasarde le pied sur le terrain
des questions qui sont obscures par elles-mêmes; il aurait peur sans doute de ne plus comprendre ses propres paroles; il se
contente de regarder les réalités terrestres et tangibles, ce qui est à ses pieds, ce que le soleil lui permet de bien voir, ce qu'il
peut mesurer.°Je lis l'article Ineini. et je reconnais Voltaire. « Qui me donnera une idée nette de l'infini? Je n'en ai jamais eu
qu'une idée très-confuse. Qu'est-ce que marcher toujours sans avancer jamais, compter toujours sans faire son compte, di-
viser toujours pour ne jamais trouver la dernière partie. Il semble que la notion de l'infini soit dans le fond du tonneau des
Danaïdes. Cependant, il est impossible qu'il n'y ait pas un infini. Commencement de l'être est absurde, carie rien ne peut
commencer une chose. Dès qu'un atome existe, il faut reconnaître qu'il y a quelque être de toute éternité. . . Voilà déjà un
infini de trouvé, sans pouvoir pourtant nous en former une notion claire. On nous présente un infini en espace. Qu'entendez-
vous par espace ? Est-ce un être? Est-ce rien? Si c'est un être, de quelle espèce est-il? Vous ne pouvez me le dire. Si c'est
rien, ce rien n'a aucune propriété, et vous dites qu'il est pénétrable, immense ! Je suis si embarrassé que je ne puis ni l'ap-
peler néant, ni l'appeler quelque chose... 77 vaut mieux sans doute penser à sa santé qu'à l'espace infini. Mais nous sommes
curieux, et il y a un espace. Notre esprit ne peut trouver ni la nature de cet espace, ni s'a fin. Nous l'appelons immense, parce
que nous ne pouvons le mesurer. Que résulte-t-il de tout cela? que nous avons prononcé des mots Nous avons beau dési-
gner l'infini arithmétique par des lacs d'amour en cette façon oo, nous n'aurons pas une idée plus claire de cet infini numé-
rique. . . De même que nous ne pouvons nous former aucune idée positive de l'infini en durée, en nombre, en étendue, nous
ne pouvons nous en former une en puissance physique, ni en perfection morale. . . Rien ne peut borner la puissance de l'être
qui existe nécessairement par lui-même : d'accord, il ne peut avoir d'antagoniste qui l'arrête; mais comment me prouverez-
vous qu'il ne peut être circonscrit par sa propre nature? Tout ce qu'on a dit sur ce grand objet est-il bien prouvé? Nous par-
lons de ses attributs moraux, mais nous ne les avons jamais imaginés que sur le modèle des nôtres, et il nous est impossible de
faire autrement. Nous ne lui avons attribué la justice, la bonté, etc., que d'après les idées du peu de justice et de bonté que
nous apercevons autour de nous. »
La manière dont le Dictionnaire philosophique envisage les questions historiques fait un curieux contraste avec la philoso-
phie de l'histoire que le panthéisme hégélien, le doctrinarisme, le saint-simonisme et même le positivisme ont mise à la mode
au dix-neuvième siècle. Ce n'est pas Voltaire qui ferait du consentement général un critérium de vérité, ni de la durée
d'une institution, d'une croyance, une preuve de sa valeur absolue ou de son utilité transitoire; ce n'est pas lui qui mettrait
au compte de la Providence des moyens de progrès tels que l'Empire romain, l'invasion des Barbares, la féodalité, la
royauté, etc., et qui reconnaîtrait des mandataires de cette Providence dans les César, les Constantin, les Charlemagne, etc.
Lisez l'article Auguste, et vous verrez ce qu'il pense de la mission providentielle du vainqueur d'Actium. Ce n'est pas lui qui
proclamerait l'infaillibilité de l'humanité et la légitimité de tous les moments de son évolution. L'histoire lui apparaît comme
le résultat des facultés, des passions, des activités humaines, résultat le plus souvent ridicule pour la raison, odieux et dou-
loureux pour la conscience; il n'a garde de faire descendre le ciel sur ce petit tas de boue qui s'appelle la terre, et de le faire
intervenir dans les vaines disputes de la fourmilière humaine. On sent qu'il ne veut d'incarnation ni d'adoration d'aucune
sorte, que tout mysticisme répugne à cet esprit bien équilibré, que ces yeux perçants regardent les grands hommes en face, et
que cette main libre est constamment prête à jeter bas les idoles, à arracher les masques et à souffleter l'orgueil humain.
Voltaire, notons-le, traite l'histoire de l'intelligence humaine et de ses produits, non en naturaliste, comme on fait
volontiers de nos jours, mais en moraliste, en homme qui accorde un sens absolu aux mots bien et mal, erreur et vérité. Ne lui
parlez pas de vérité relative, d'illusion féconde ; ne lui demandez pas de voir autre chose qu'imposture et sotte crédulité dans
ce qu'il appelle superstition et fanatisme. Toute erreur, à ses yeux, a sa source dans le mensonge, implique ces deux termes :
fripon et dupe, quelqu'un qui trompe et quelqu'un qui est trompé. Il semble ignorer que chaque homme porte avec lui-même,
dans son imagination et dans ses passions (peurs, espérances, amours, admirations, enthousiasmes), une source permanente
de fausses croyances. Transportant aux époques primitives la pensée réfléchie et maîtresse d'elle-même, telle que l'analyse et
PRÉFACE. XXXV
la culture l'ont faite au xvme siècle, il ne comprend rien à l'essor spontané, naïf, et, chez les premiers peuples, illimité des
sentiments qui ont engendré les mythologies en même temps que les langues. Ne lui demandez pas surtout de la justice, de
l'impartialité pour le christianisme, pour tout ce qui touche de près ou de loin à l' Écriture et à l'Église. En face du christianisme,
Voltaire cesse d'être un critique, un philosophe, il cesse même d'être un artiste; il est un homme d'action, un homme de
guerre, un pamphlétaire; tout devient arme entre ses mains; chaque mot fait sa blessure. En cela, il encourt le reproche,
qu'on peut faire à toute polémique, de s'inquiéter plutôt du succès des arguments que de leur valeur, de poursuivre plutôt
la victoire que la vérité.
France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des lit-
térateurs étrangers qui ont écrit en français . plus 'particulièrement pendant les xyme et xixe siècles, par M. Quérard. Paris,'
Didot, 1826-1842, 10 vol. in-8°, à- 2 col., augmentée de deux.vol. par MM. Çh. Louandre et Félix Bourquelot. Cet ouvrage
est un véritable travail de bénédictin. L'idée appartient à l'Allemagne. Elle consistait à refaire, à corriger et à compléter
jusqu'à nos jours les ouvrages des abbés de Laporte et d'Hébrail, et celui d'Ersch, connu sous le nom de France littéraire
(1797-1806, 5 vol. in-86). Le plan de M. Quérard était immense; deux tables devaient le terminer : l'une, des ouvrages
anonymes, plus ample pour la partie française que l'ouvrage de Barbier traitant de cette branche bibliographique; l'autre,
analytique, présentant tous les noms de lieux, d'hommes, de faits et de choses, autant de bibliographies particulières. Livré
à ses seules forces, l'infatigable bibliographe n'a trouvé des encouragements qu'auprès de M. Guizot, ministre au lendemain
de 1830, et auprès d'un bibliophile russe, M. Poltoratzki. Le gouvernement de Charles X n'avait pas donné son concours, et
l'administration de la Bibliothèque royale, dont le catalogue est un problème d'histoire, repoussa à diverses reprises un
homme dont la collaboration eût servi si utilement les intérêts du public.
De 1845 à 1856, M. Quérard a donné à sa France littéraire un supplément des plus intéressants, 5 vol. sous le titre de
Supercheries littéraires dévoilées, galerie des auteurs apocryphes, supposés, déguisés, plagiaires, pendant les quatre derniers
siècles. Ce recueil est une mine de faits curieux, de traits comiques et d'anecdotes dont le premier mérite est d'être authentiques.
L'article relatif à M. Alexandre Dumas père servira à l'amusement et à l'instruction de la postérité. Ce dernier ouvrage de
M. Quérard était une publication compromise, si la libéralité intelligente de M. Poltoratzki n'avait permis de faire face aux
frais onéreux de l'entreprise. Ainsi, c'est à la générosité d'un étranger, d'un sujet russe, que la France doit l'achèvement
d'un travail qu'on peut appeler les archives de sa littérature.
; Les immenses travaux de cet homme laborieux, aussi savant que modeste, étaient restés sans encouragements efficaces
de la part du gouvernement, depuis M. Guizot. L'honorable M, Duruy, ministre de l'Instruction publique, meilleur appré-
ciateur que ses prédécesseurs des travaux du genre de ceux de M. Quérard, a réparé le regrettable oubli dans lequel avait
été laissé cet infatigable travailleur, en doublant l'indemnité littéraire que notre bibliographe avait obtenue en 1830, en
souscrivant pour un certain nombre d'exemplaires à la deuxième édition de ses piquantes Supercheries littéraires dévoilées
(juillet 1865), et en le faisant nommer chevalier de la Légion d'honneur (15 août 1865), en récompense de quarante années
de travaux aussi persévérants que désintéressés,
Au moment où nous corrigeons les épreuves de cette page, nous apprenons la mort de Quérard, notre ami, notre
collaborateur et notre voisin; car c'est presque toujours dans ce vieux quartier des écoles que vivent, travaillent,
souffrent et meurent les pionniers de la science philologique et biologique. Il y a quinze jours à peine, il nous communiquait
une note extrêmement intéressante sur les encyclopédistes, l'opinion de Robespierre; remercions-l'en ici publiquement; car
Quérard, qui était avare de ses trésors bibliographiques comme un Turc de son odalisque préférée, avait fait une exception
pour le Grand Dictionnaire; il lui est arrivé plusieurs fois de nous laisser seul au milieu de son harem, où tout est aujourd'hui
rangé, étiqueté d'une façon qui saura tenter, nous l'espérons bien, un de nos intelligents éditeurs. Si, en ce moment, nous
n'étions pas nous-même écrasé par un fardeau qui courbe un homme jusqu'à terre, c'est un honneur que nous ne laisserions
à aucun autre.
Encyclopédie des gens du monde, répertoire universel des sciences, des lettres et des arts, avec des notices historiques sur les
personnages célèbres morts et vivants, par une société desavants, de littérateurs et d'artistes français et étrangers (Paris, Treuttel
et Wûrtz, 1831-1844, 22 vol. in-8°). Cette encyclopédie, dont l'apparition ne précéda que de quelques mois celle du Dic-
tionnaire de la conversation, est moins complète, mais généralement plus estimée que ce dernier ouvrage. On y remarque plus
d'unité dans les principes, dans les idées qui ont présidé à la rédaction. « Nous éviterons deux écueils, est-il dit dans le Dis-
cours préliminaire : l'hésitation et l'inconstance dans les vues d'un côté, et de l'autre le dogmatisme ou des opinions exclu-
sives. Notre tâche, à nous, c'est d'exposer les questions plutôt que de les trancher; nous rapporterons les idées produites à
différentes époques plutôt que nous n'établirons les nôtres; nous constaterons ce qui aura été fait et écrit, sans décider ce
XXXVI PRÉFACE.
qu'il faudrait écrire et faire encore, et sans condamner le passé d'après des idées qui n'appartiendraient qu'au temps où nous
vivons. Les hypothèses nous sont interdites; nous nous mettrons en garde contre les idées que l'on appelle neuves et dont le
principal mérite est d'être hardies; car nous prenons la science et la vie comme elles sont, et nous avons aussi peu pour objet
de réformer celle-ci que d'avancer celle-là autrement qu'en la propageant. » Une encyclopédie qui se trace, en tête de son
premier volume, un tel programme, est jugée d'avance. Impossible de se suicider avec plus de dextérité, et de tomber avec
plus de grâce. Uns Encyclopédie des gens du monde, qui paraît en plein xixe siècle; qui, après s'être engagée par son titre à
tout dire, à tout révéler à ses lecteurs, et qui débute par un pareil prospectus, ne ressemble-t-elîe pas à ce bon père qui, re-
venant de la foire, apporte un tambour à son fils, et lui dit : « Tiens, mon enfant, amuse-toi bien, mais ne fais pas de
bruit. »
Les collaborateurs principaux de Y 'Encyclopédie, des gensdumonde étaient MM. Andral, Artaud, Berzelius, Blanquiaîné,
Cabanis, Phil. Chasles, Daunou, Depping, Fétis, Guillemin, Jomard, Jouffroy, de Jouy, Klaproth, Lafargue,' Lebrun, Matter,
Naudet,- Orfila, Valentin Parisot, Poncelet, de Pontécoulant, Rinn, Taillandier, Tissot, Henri de Viel-Castel, Vieillard,
Villenàve, baron de Walckenaer, Worms, Young.
L 'Encyclopédie des gens du monde laisse surtout à désirer sous le rapport des sciences physiques et naturelles, qui ont mar-
ché à pas de géant depuis ces cinquante dernières années, et surtout depuis que cette publication est terminée. Nous admettons
que les ouvrages de ce genre sont, avant tout, le produit de la compilation ; mais ce que le lecteur a droit d'exiger, c'est que ces
travaux ne soient pas confectionnés avec des encyclopédies surannées, et qu'on ait consulté les traités spéciaux les plus récents.
En outre, c'est un devoir élémentaire pour l'éditeur de faire, à chaque tirage, subir à ses clichés les changements indispen-
sables. En agissant autrement, en ne consultant que les intérêts actuels de la caisse et non ceux du livre, on s'expose aux bévues
du genre de celle-ci, que nous trouvons dans un dictionnaire bien connu, tiré en 1853 :
Ham, ch.-lieu de cant. du départem. de la Somme...., célèbre château fort qui sert de prison d'État, où est détenu en ce moment
(1853 !!!) le prince Louis-Napoléon. »
Encyclopédie moderne, dictionnaire abrè :g é des sciences , des lettres, des arts, de l'industrie, de l'agriculture et du commerce,
publiée par l'éditeur Mongieaîné, sous la direction de M. Courtin; 24 vol. in-8° et 2 de planches, Paris, 1824-1832; réim-
primée avec de nombreuses additions, par MM. Firmin Didot, sous la direction successive de MM. Léon Renier, Noël des Ver-
gers et Edouard Carteron, 1844-1 863, 27 vol. in-8°, 3 de planches et 12 de Complément. C'est peut-être la plus considérable
et, en somme, la meilleure de toutes les encyclopédies de notre époque. On donne aux mots qui y sont traités toute l'étendue
que comporte un article complet. Cette opinion est aussi celle des derniers éditeurs qui, dans un avertissement dû à la plume
si compétente de notre savant épigraphiste, M. Léon Renier, s'expriment ainsi : « Cet ouvrage est-il le meilleur de ceux du
même genre qui ont paru en France depuis le commencement de ce siècle? Quand les deux éditions qui en ont été publiées
et épuisées ne répondraient pas affirmativement à.cette question, les nouveaux éditeurs pourraient alléguer, pour justifier leur
choix, un suffrage qui en vaut bien d'autres. On sait comment, après la bataille de Salamine, le prix de la valeur fut
décerué à Thémistocle : les chefs des Grecs étant assemblés à Corinthe pour donner leurs suffrages, chacun, accorda au
général athénien le second rang et garda pour lui le premier. Si l'on veut prendre la peine de lire les préfaces des prin-
cipales encyclopédies françaises du xix^ siècle, on en tirera, en faveur du livre de M. Courtin, une conclusion analogue
à celle que l'assemblée des Grecs tira, en faveur de Thémistocle, des suffrages de ses collègues. »
Tout cela est vrai, quoique un peu fièrement dit. Mais ce qui, selon nous, jette quelques bâtons dans les roues du
char de ce triomphe, c'est le Complément. Que doit être un complément, dans un ouvrage dont l'élaboration a
demandé dix, quinze bu vingt années, surtout quand cet ouvrage n'est que la refonte d'une œuvre presque contemporaine?
11 doit se composer d'abord des légers oublis que les plus minutieux peuvent commettre dans des travaux de cette
mportance; puis, comme tout a continué à marcher pendant que la machine fonctionnait, il consignera cette avance
que les sciences, l'industrie et l'histoire ont acquise sur lui. En dehors de cela, un complément ne peut avoir de
raison d'être, à moins qu'il ne soit réclamé par un vice radical dans le plan primitif. C'est précisément le cas dont il
s'agit ici : dans les deux cents premières pages de ce complément, qui en compte près de dix mille, nous trouvons,
entre autres, les mots suivants, oubliés dans le corps de l'ouvrage : Achetons, Actium, Adonis, Affranchi, Affranchissement,
Aioubites, Albuminurie, Allopathie, Amphitryon, Anachronisme, Annonce, Août, Apis, Apollon, Aquarelle, Arabesque,
etc. Ah çà, qui trèmpe-t-on ici? De tels oublis peuvent-ils être rangés parmi les légères omissions dont nous venons
de parler? Assurément non. Est-ce que les mots affranchissement, anachronisme, annonce, août, aquarelle, arabesque,
auraient été inconnus avant 1832? Est-ce que Adonis, Apis, Apollon, devraient être comptés au nombre de nos plus jeu-
nes contemporains? S'il en est ainsi, M. Vapereau a eu de singulières absence*. Est-ce que la bataille d'Actium serait un
PRÉFACE. XXXVII
épisode de la guerre de Crimée? M. de Bazancourt ne paraît pas s'en être douté. Que penserait-on d'un architecte qui, après
avoir planté le drapeau traditionnel sur les combles de l'édifice qu'il vient d'achever, s'apercevrait seulement alors qu'il a ou-
blié de creuser les caves, de disposer les cheminées et de percer les fenêtres? Nous en restons sur cette interrogation.
Les principaux rédacteurs de Y Encyclopédie moderne furent : MM. Arnault, Bory de Saint-Vincent, Bouillet, Achille
Comte, Damiron, Dumersan, Dupaty, Duponchel, Eyriès, Francœur, Hoefer, Eloi Johanneau, Kératry, Lalanne, Lenor-
mand, Letronne, Alfred Maury, Mérimée, de Mirbel,Valentin Parisot, Amédée Tardieu, de Watteville, etc., etc.
Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture, inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous,
par une société de savants et de gens de lettres, sous la direction de M. Duckett. Cet ouvrage, qui est une sorte de frère jumeau
du précédent, vint au monde quelques mois après lui, et, par conséquent, on peut dire qu'il ne répondait à aucun besoin
nouveau. Nous voilà bien loin de Bayle et de Diderot. C'est encore dans l'avis placé en tête de la première édition, que nous
allons puiser le motif de nos appréciations : « Peut-être fera-t-on à notre Dictionnaire le reproche d'offrir des contra-
dictions dans l'exposition des sciences morales et politiques : c'est le seul que nous redoutions et le seul que nous ne puis-
sions pas entièrement éviter. Cependant, pour n'être pas systématiques, nous ne serons pas confus; car une pensée éle-
vée dominera dans tout le cours de l'ouvrage, et lui imprimera ce cachet d'unité nécessaire à tout recueil d'enseignements
qu'on veut rendre vraiment utiles: ce sera le plus religieux respect pour toutes les opinions généreuses, et le soin scrupuleux
de toujours confier la rédaction d'un mot représentant un principe à un écrivain qui ait foi en ce principe. Si du choc d'opinions
inévitablement divergentes ne jaillit pas la vérité, il en résultera du moins, pour le lecteur, l'avantage de pouvoir étudier le
procès, peser le faible et le fort de chaque plaidoyer, et décider ensuite en toute connaissance de cause. Nous avons, par
l'adoption de ce plan, singulièrement agrandi le cadre des ouvrages allemands et anglais, qui nous servaient de modèle. Ce
plan large et vraiment libéral, dont l'exécution prouvera qu'aujourd'hui il n'est plus, en bonne littérature, de noms
ennemis, nous impose, dès à présent, le devoir de faire une déclaration que nous prierons nos lecteurs de ne jamais perdre de
vue. Chacun des honorables publicistes, savants et gens de lettres qui veulent bien concourir au succès de notre Dictionnaire,
n'entend accepter la responsabilité que des articles qu'il aura personnellement signés. La responsabilité des articles ano-
nymes est prise par la direction de la rédaction, qui, de son côté et par les mêmes motifs, décline la solidarité des articles
signés. C'est pour le public une garantie déplus de l'indépendance personnelle que les auteurs devaient conserver, et dont la
direction n'a pas eu un seul instant la pensée de leur demander le sacrifice. » »
Pour nous édifier sur ce cachet d'unité qui doit régner dans l'ensemble de l'ouvrage, le Dictionnaire de la Conversation nous
donne la liste de ses principaux collaborateurs. Ce sont : MM. Aimé Martin, Fr. Arago, Arnault, d'Audiffret, Marie Aycard,
Azaïs, Ballanche, Balzac, Barbier, Odilon Barrot, Hector Berlioz, Berryer, Boissy d'Anglas, Boitard, Em. de Bonnechose,
Bordas-Dumoulin, Bory de Saint- Vincent, Bouillet, Boussingault, Briffaut, Burette, Capefigue, de Carné, Castil-Blaze, Chaix
d'Est-Ange, Champollion jeune, Champollion-Figeac, Philarète Chasles, Chateaubriand, Choron, Cormenin, G. Cuvier,
Denne-Baron, Despretz, Duffey (de l'Yonne), Dulaure, Dumas (de l'Institut), Dupin aîné, Du Bozoir, Etienne, Fresse-Montval,
Joseph Garnier, Géruzez, Granier de Cassagnac, Guéroult, Guizot, J. Janin, Jay, Jubinal, Kératry, Ed. Laboulaye, Lacretelle,
Paul Lacroix, Lamartine, Lamennais, Larrey, Laurentie, Le Bas, John Lemoine, Lémontey, Charles Lenormant, Leroux de
Lincy, Leverrier, Malte -Brun, Armand Marrast, Henri Martin, Alfred Mâury, Michelet, comte Mole, Désiré Nisard,
Ch. Nodier, Norvins, Paulin Paris, Passy, Patin, pelouze père, Amédée Pichot, Gustave Planche, Pongerville, Poujoulat,
Louis Reybaud, H. Rigault, Saint-Marc Girardin, Salvandy, J. Sandeau, Sarrans jeune, Philippe de Ségur, Sicard, Silvestre
de Sacy, Em. Souvestre, Thiers, Tissot, Achille de Vaulabelle, Velpeau, Veuillot, Viennet, Auguste Vivien, etc., etc.
Cette liste suggère de singulières réflexions.
Pour que V étincelle de vérité dont on a parlé plus haut jaillît de ce chaos, il faudrait qu'on pût lire le même article traité
simultanément par des penseurs d'opinions diverses; par exemple,par MM. Guizot, Proudhon et Dupanloup; on aurait véri-
tablement un choc d'où jaillirait la lumière; le lecteur, pris pour arbitre, pourrait en tirer son credo. Mais supposons, et le
plan nous y autorise, que M. Guizot traite le mot Dieu, M. Proudhon le mot Ame, et monseigneur d'Orléans le mot Confession;
il en résultera inévitablement un cliquetis de la plus effroyable dissonance, un habit d'arlequin comme on n'en a jamais vu sur
aucun théâtre, un salmigondis comme il n'en fut jamais servi sur les tables boiteuses du Lapin blanc. Non, des opinions si
disparates ne doivent pas convenir à l'édification d'une œuvre aussi importante que l'est une encyclopédie. L'unité, qui fait
souvent la seule valeur d'une œuvre d'art, doit surtout se retrouver dans celles qui sont tout à la fois littéraires, scienti-
fiques, politiques, historiques, philosophiques et religieuses. Or, le lecteur ne saurait accepter, sous quelque forme que ce
soit, un démenti donné, au verso, à ce qu'il vient de lire au recto. Cette qualité dans l'ensemble est ce qui constitue surtout
la méthode, et toute œuvre qui en est dépourvue est condamnée par cela même à un succès éphémère, quel que soit, d'ail-
leurs, le mérite intrinsèque des articles.
XXXVIII PREFACE.
Et ici, qu'on ne prête pas à notre critique des intentions qu'elle ne saurait avoir. Tous les noms cités plus haut sont des
noms honorables; plusieurs même sont illustres; chacun de ces écrivains répond_de l'article qu'il signe, mais il ne saurait être
responsable de la cacophonie qui règne nécessairement dans l'ensemble. Cette responsabilité retombe tout entière sur la
. direction.
Nous adresserons encore à la direction une autre critique, une simple critique de forme, mais qui n'en a pas moins son
importance. La collection (deuxième édition) comprend seize volumes; le dernier tome embrasse à lui seul les lettres S, T,
U, V, W, X, Y, Z, qui, dans l'économie de tous les dictionnaires, forment le sixième du cycle alphabétique. Le lecteur tirera
lui-même la conclusion, en disant avec le poète :
Desinit in piscem millier formosa superne.
Le directeur, M. Duckett, adonné, en 1842, dix vol. in-12, sous le titre de Dictionnaire de la conversation à t usage des
dames et des jeunes personnes, un abrégé du grand ouvrage , d'où l'on a supprimé les articles qui ne pouvaient avoir d'intérêt
pour ce public spécial, et d'autres qui ne présentaient pas un caractère de moralité sévère.
Encyclopédie nouvelle, dictionnaire philosophique , scientifique, littéraire et industriel, offrant le tableau des connaissances
humaines au xixe siècle, publiée sous la direction de MM. Pierre Leroux et Jean Reynaud (1834 et années suivantes). Cet
ouvrage qui, malheureusement, n'a pas été achevé et qui présente des lacunes considérables, doit être distingué de toutes les
autres œuvres encyclopédiques de notre époque. Les articles qu'il contient sont en général des études sérieuses et intéressantes,
assez souvent remarquables par l'originalité de la pensée et la beauté de l'expression. Les questions y sont envisagées sous des
aspects nouveaux. Il y règne un esprit de jeunesse et de sincérité qui ne craint pas d'agiter les problèmes dangereux et de
chercher au delà de l'histoire convenue et de la science officielle. Nous signalerons d'une manière spéciale les articles Animal,
Ariànisme, Aristocratie, Aristote, Saint Augustin, Babeuf, Bacon, Bayle, Bossuet, Buffon, Calvin, Canonisation, Caste,
Célibat, Christianisme, Ciel, Cloots, Concile, Concurrence, Condillac, Confession, Conscience, Consommation, Crédit, Culte,
Cuvier, Déluge, Démocrite, Descartes, Domestication, Échange, Éclectisme, Économie politique, Écriture, Egalité, En-
cyclopédie,Enfer, Eucharistie, Famille, Fatalisme, Femme, Force, Organogénie, Panthéisme, Papauté, Philosophie, S colas tique,
Sensation, Smith {Adam), Sommeil, Technologie, Tératologie, Théocratie, Théologie, Végétal, Zoologie. Parmi les colla-
borateurs on remarque les noms de MM. Bibron, Carnot, Ed. Charton, Decaisne, Doyère, Dussieux, Ch. Emmanuel.
H. Fortoul, Franqueville, Geoffroy Saint-Hilaire. Hauréau, Husson, Lamé, L.-Lalanne, Le Play, Ch. Martins, V. Meunier,
J. Mongin, L. Pereire, Ans. Petetin, de Pontécoulant, Renouvier, Requin, Pauline Roland, Serres, Thoré, Tissot, Transon,
L. Viardot, Yo'ung, etc. , >
L' Encyclopédie nouvelle, nous le répétons, ne doit pas être confondue avec les divers dictionnaires et encyclopédies que
le xixe siècle a vus naître. Toutefois ce n'est pas encore là, suivant nous, qu'il faut chercher l'esprit philosophique de notre
époque. Ce n'est pas là que le Gi%and Dictionnaire reconnaît ses ancêtres. L'œuvre de MM. Pierre Leroux et J. Reynaud est
saint-simonienne; elle présente dans une certaine mesure les divers caractères du saint-simonisme : religiosité et mysti-
cisme, tendance à l'organisation et non à l'affranchissement, doctrine de la nécessité et du déterminisme en histoire, néga-
tion du libéralisme politique et économique, réaction contre le xvme siècle, réhabilitation du moyen âge. Elle ne s'enferme pas,
il est vrai, dans l'orthodoxie ancienne, scientifique, politique, philosophique, religieuse; mais prenez garde, ellemarche aune
orthodoxie nouvelle; elle considère d'un œil optimiste les erreurs, les superstitions et les fanatismes du passé; elle leur
trouve un rôle, une valeur, une mission providentielle; dans ce que le xviuc siècle regardait comme des chaînes honteuses,
elle voit les organes du progrès humain destinés non à être supprimés, mais transformés ou remplacés. Qu'aurait dit Voltaire
de cette règle de critique applicable, dit l'auteur de l'article Astrologie, à l'histoire de la science comme à l'histoire de la
politique et de la religion : Toute opinion qui a été universellement dominante, quand même elle nous paraîtrait absurde et ridi-
cule, représente nécessairement quelque grande vérité qui aura été déguisée ou altérée.
La théorie des hommes providentiels, récemment exposée dans un livre célèbre et vivement critiquée par la presse libérale,
a inspiré les auteurs de presque tous les articles historiques. « Tous les hagiographes qui ont écrit sur saint Augustin , dit
M. Pierre Leroux, s'étonnent que Dieu ait permis qu'un si grand saint eût été neuf ans manichéen, et ne voient à admirer
en cela que la grandeur des jugements de Dieu. Élevons-nous plus haut, et nous comprendrons pourquoi saint Augustin a
été manichéen si longtemps; Saint Augustin a été neuf ans manichéen parce qu'il devait développer le côté manichéen du
Christianisme. »
Entendez ce devait : à l'œuvre de saint Augustin était lié, suivant l'auteur, le développement de la vie monastique, de la
hiérarchie de l'Église et de la puissance papale. Cette œuvre manquée, le moyen âge était manqué : voyez combien le senti-
PRÉFACE. XXXIX
ment, l'esprit manichéen qui l'a faite, était important dans le plan de la Providence ! On lit à l'article Alexandre : « Reste
maintenant à faire hommage à la Providence de cet éternel à-propos des hommes et des faits, que l'histoire nous pi-ésente.
Ce n'est certainement point le hasard qui, dans les circonstances les plus favorables à la conquête de l'Asie, place l'homme
le mieux fait pour l'accomplir. La conscience d'Alexandre ne ment point lorsqu'elle lui dit que c'est là la raison de son exis-
tence. Sa vingt-deuxième année coïncide avec l'époque où la Grèce n'a plus rien à faire, si ce n'est de l'accompagner. » Ainsi,
voilà qui est clair: nulle place, dans l'histoire, pour le hasard, pour la liberté et la responsabilité des individus, pour les
passions et les ambitions coupables. Démosthène est un fou qui ne veut pas comprendre la raison de l'existence d'Alexan-
dre et qui, en défendant la liberté hellénique, lutte contre la Providence. Périssent Clitus, Callisthène, et l'esprit grec,
qui ne veut pas s'absorber dans l'Orient ! — Lisez l'article Auguste. . . : « Il nous a paru peu philosophique, dit l'auteur de cet
article, de présenter ici le tableau des proscriptions des triumvirs. Qui ignore aujourd'hui que, pour enfanter l'époque actuelle
(l'auteur écrivait en 1840), l'humanité a beaucoup souffert? Mais ce que les douleurs du passé nous demandent, ce n'est
point de nous attendrir sur un peu de sang qui ondoyait l'année d'après en joyeuses moissons , c'est de pousser à leur but
des révolutions qui ont tant coûté. » Ainsi Y Encyclopédie nouvelle compare les crimes de l'ambition - aux douleurs de
l'enfantement; ces douleurs étaient nécessaires pour produire Tépoque où nous sommes! Elle va jusqu'à nous interdire
la pitié pour les victimes ! Ce que les douleurs du passé demandent à l'histoire, dirons-nous à l'auteur des incroyables lignes
que nous venons de citer, c'est d'avoir une conscience, c'est de condamner les impunis, c'est de faire justice aux vaincus,
c'est de garder comme un dépôt sacré l'honneur de ceux qui n'ont pas réussi, c'est de ne pas confondre, comme égale-
ment nécessaires et légitimes, les révolutions qui fondent le règne de la justice et de la liberté, et celles qui élèvent des
trônes sur les débris des lois.
Encyclopédie catholique,. répertoire universel et raisonné des sciences, des lettres, des arts et des métiers, avec la biographie
deshommes célèbres, etc., publiée sous la direction de M. l'abbé Glaire, de M. le vicomte Walsh, et d'un comité d'orthodoxie;
Paris, 1838-1849, dix-huit volumes in-4°. Le titre seul de cette collection, et les noms des collaborateurs, suffisent à indiquer
l'esprit qui y préside. C'est une compilation sans aucune valeur scientifique ou littéraire. La partie biographique est em-
pruntée presque entièrement à Feller; la partie scientifique est nulle; toutes les découvertes qui se mettent en contradiction
avec les axiomes de la Bible sont considérées comme non avenues. La partie philosophique est une contre-épreuve des cours
de séminaires; la partie historique est arriérée à tous les points de vue et besognée avec la platitude qui distingue les travaux
des scribes de sacristie.
11 nous suffira de citer un seul exemple de sa haute impartialité. Pour Y Encyclopédie catholique, Diderot n'était qu'une sorte
d'épileptique, dont « la prétendue sensibilité ne s'exprimait que par des hurlements et des convulsions. » Suivant la charitable
dame, cet échappé des Petites- Maisons « fit le voyage de Saint-Pétersbourg à Paris en robe de chambre et en bonnet de nuit,
et se promenait en cet équipage dans les villes les plus fréquentées; les curieux ne tardaient pas à demander quel était cet
homme extraordinaire, et son domestique répondait : Cest le célèbre M. Diderot. » Enfin, le philosophe « mourut après avoir
bien dîné. » Ce dernier trait, qui a la prétention d'être bien méchant, n'est que ridicule, car la sobriété de Diderot est aussi
proverbiale que son désintéressement. On voit que nous sommes ici en face d'un écrivain de l'école de Basile : Calomniez,
calomniez....
Cependant l'article Diderot n'était pas de nature à embarrasser Messieurs de Y Encyclopédie catholique; il leur suffisait de
Y habiller à la manière de M. Veuillot, et le tour était joué. Mais, dans une biographie universelle, on se trouve quelquefois en
face de personnages qu'il n'est pas si facile de déguiser; et c'est ce qui arriva à la pieuse dame quand elle en fut à l'article
Galilée. Ici, ne pouvant défigurer, elle eut recours à l'escamotage, et Galilée brille par son absence dans les dix-huit
gros volumes de Y Encyclopédie catholique. C'est plus que caractéristique, c'est piquant*. Cela paraîtra sans doute inouï à nos
lecteurs; mais nous les invitons à s'en assurer de visu. Vraiment, ,1* Encyclopédie était bien naïve; que ne recourait-elle à la
plume d'un Feller quelconque? Celui-ci aurait prouvé aux lecteurs orthodoxes que l'illustre astronome n'eut qu'à se louer
des procédés de l'inquisition, et que « sa prison était un château délicieux, où il respirait un air pur auprès de sa chère patrie. »
Néanmoins, nous reconnaissons que l'on trouve dans cette Encyclopédie d'assez judicieuses appréciations sur tous les sujets
qui ne s'écartent pas de l'orthodoxie catholique; mais, partout ailleurs, le parti pris de la rédaction éclate à chaque ligne.
Avec un esprit aussi exclusif, on comprend dans quel sens doivent être composés les articles relatifs à la Révolution et aux
idées nouvelles. Telle qu'elle est cependant, cette œuvre mérite d'être consultée, bien que le progrès des sciences n'y soit que
légèrement indiqué et que l'on y cherche en vain ce qui est le dernier mot de chaque branche des connaissances humaines.
Ajoutons que, terminée depuis dix ans , elle a besoin d'être revue et considérablement augmentée. Il s'y trouve déjà de
regrettables lacunes.
Ce n'est pas sans surprise que l'on rencontre ces trois initiales au bas de quelques articles : P. J. P. , que l'on sait ap-
XL PRÉFACE.
par tenir à Pierre-Joseph Proudhon. Mais la direction avait soin de ne confier au hardi penseur que des mots de grammaire
générale, où il eût été difficile de faire de l'hétérodoxie. C'est égal, c'était le loup dans la bergerie.
Dictionnaire des arts et manufactures, de l'agriculture, des mines, etc., description des procédés de F industrie fran-
çaise et étrangère, par M. Charles Laboulaye, en collaboration avec MM. Alcan, professeur au Conservatoire des arts et
métiers; Barrai, ingénieur; A. Barrault, ingénieur civil; Baude, ingénieur des ponts et chaussées; Bréguet, du bureau des
longitudes; Ebelmen, directeur de la manufacture de Sèvres; Faure, professeur à l'école centrale; Magne, directeur de
l'école d'Alfort; Mallet, chimiste; Rouget de Lisle, ingénieur manufacturier, etc., etc. Cet ouvrage important, commencé
il y a plus de vingt années, en est aujourd'hui à sa troisième édition. C'est une sorte d'encyclopédie technologique, des-
tinée à fournir des renseignements précieux aux industriels, aux mécaniciens, aux manufacturiers, aux agronomes, aux*
physiciens, aux chimistes, et, en général, à tous ceux qui s'occupent de sciences pratiques, c'est-à-dire appliquées. Le
Dictionnaire des arts et manufactures répond complètement à son titre; il forme trois forts volumes à deux colonnes, illustrés
de cinq mille gravures sur bois, renfermant les machines et les appareils employés dans l'industrie, ainsi que les chefs-
d'œuvre de l'art industriel. Une table des matières, par ordre logique, termine cette publication. C'est, dans le domaine des
sciences appliquées, l'ouvrage le plus important et le plus habilement disposé que possède notre pays. Mais nous avons un
grave reproche à lui adresser; le défaut que nous allons signaler serait peut-être considéré comme une qualité, si le
livré avait été édité à Edimbourg ou à Francfort; mais chez les compatriotes de celui qui ne craignait pas de mettre les
Éléments de Newton à la portée de tout le monde, ce défaut est capital : nous voulons parler de la forme, de la clarté et
surtout du style. Ce dernier est presque aussi lourd, aussi embarrassé, aussi compliqué que les machines qu'il se propose
de décrire. Certainement le lecteur français n'exige pas un style piquant quand on parle des acides, poli quand il est ques-
tion des aciers, élevé quand il s'agit des aérostats, éclatant quand on décrit des armes à feu, harmonieux quand on traite
des instruments de musique... non, certes, son exigence ne va pas jusque-là. Mais la clarté et une élégance relative appar-
tiennent à tous les. genres, et ces qualités ne sont pas déplacées dans le domaine de Minerve. On rapporte que la statue de
cette déesse se voyait autrefois à l'entrée du temple de Cos ; l'artiste l'avait sculptée avec un art si merveilleux, que son
visage, sévère et triste pour tous ceux qui entraient dans le temple, paraissait souriant et divin à ceux qui en sortaient : c'est
une figure, sans doute, pour montrer que la route desjsciences est aride, et que c'est seulement au terme que le charme s'en
fait sentir. Eh bien, il n'en est pas ainsi du Dictionnaire des arts et manufactures : les derniers chapitres de l'ouvrage
semblent encore aussi secs et aussi rebutants que tous ceux qu'on a parcourus pour y arriver. C'est un désert sans oasis,
où l'on est rassasié de science, mais où l'on soupire inutilement après un peu d'ombre et de fraîcheur.
Dictionnaire universel d'histoire naturelle, ouvrage utile aux médecins, aux pharmaciens, aux agriculteurs, aux in-
dustriels, et généralement à tous les hommes désireux de s'initier aux merveilles de la nature, par M. Charles d'Orbigny, avec
la collaboration de MM. Arago, Bazin, Becquerel, Boitard, Brongniart, Broussais, Decaisne, Delafosse, Dujardin, Dumas,
Duponchel, Duvernoy, Milne-Edwards, Élie de Beaumont, Flourens, Geoffroy Saint-Hilaire, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire,
de Humboldt, de Jussieu, Pelouze, de Quatrefages, Richard, Valenciennes, etc.; 13 vol. de texte et 3 de planches gravées
sur acier ; Paris, 1841-49.
Cet ouvrage est, sans contredit, un des recueils les plus complets qui aient été publiés jusqu'à ce jour sur l'histoire na-
turelle. Ce n'était pas une tâche facile que de présenter, sous la modeste forme de dictionnaire, un résumé à la fois
substantiel et succinct de l'état des connaissances humaines en zoologie, anatomie, physiologie, tératologie, anthropologie,
botanique, géologie, minéralogie, chimie, physique et astronomie. Maintes tentatives avaient déjà été faites en ce sens par
des savants qui n'avaient rien négligé pour mettre leur œuvre au niveau des connaissances, à T époque où ils écrivaient.
Pour ne parler que de la France, nous avions le Dictionnaire d'histoire naturelle de Valmont de Bomare, publié à Lyon
en 1791 , 8 vol. in-4° ; le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, publié à Paris en 1816, 36 vol. in-8° ; enfin le Diction-
naire des sciences naturelles rédigé par Frédéric Cuvier et une société de professeurs, Paris et Strasbourg, 1816-1830,
60 vol. in-8°. Notons aussi l'Encyclopédie d'histoire naturelle du docteur Chenu, 1855-58, 44 vol. in-8°. Nous ne men-
tionnerons pas plusieurs autres ouvrages du même genre, mais beaucoup moins importants. Utiles au moment de leur
publication, ces dictionnaires cessaient, après quelques années, de se trouver à la hauteur de la science. Dans l'espace
d'un demi-siècle, en effet, l'histoire naturelle avait fait des progrès immenses; ses divers éléments, auparavant dispersés,
avaient été groupés dans un ordre logique; on avait établi des nomenclatures nouvelles, redressé de vieilles erreurs; et,
plus sûrs de leur point de départ, les savants pouvaient s'élancer avec confiance vers de nouvelles découvertes. C'est alors
que parut le Dictionnaire universel d'histoire naturelle. A cette époque, les connaissances déjà acquises étaient si considéra-
bles, qu'elles permettaient d'entreprendre une œuvre durable. C'est là surtout ce qui a fait la valeur du dictionnaire de
PREFACE. XLT
M. d'Orbigny ; après plus de quinze ans, on le consulte encore, et l'on peut dire que, si d'autres ouvrages aspirent un jour
à le remplacer, aucun d'eux n'aura le privilège de le faire oublier.
Sans doute, malgré les soins de l'habile directeur, malgré la science et les talents de ses collaborateurs, de graves
omissions existent, certaines fautes ont été commises. Par exemple, aux articles sur les oiseaux, on voudrait plus de pré-
cision dans la distinction des caractères et dans la classification des genres. Mais ces défauts, qui nuisent à la perfection
de l'ouvrage, ne doivent pas empêcher d'en reconnaître les qualités. D'ailleurs, ces imperfections sont largement com-
pensées par une foule d'articles excellents, dans tous les genres. Quant au style, il est ce qu'il devait être, simple et
correct, unissant la clarté à la concision, et une exactitude rigoureuse dans la pensée à une remarquable précision des *
termes.
Le Discours préliminaire, qui sert pour ainsi dire d'introduction à l'ouvrage, est dû à la plume de M. d'Orbigny. C'est
un tableau vif et animé de l'histoire des sciences naturelles et de leur développement à travers les âges. Après avoir jeté
un coup d'œil général sur l'ensemble de ce vaste panorama, l'auteur divise son exposé des sciences naturelles et des sciences
physiques qui s'y rattachent en trois époques : l'antiquité, le moyen âge et les temps modernes. Pour lui, l'antiquité s'étend .
depuis les âges historiques jusqu'au septième siècle de notre ère. Pendant cette longue période, l'Orient reste le berceau
des sciences, comme il était celui de la civilisation; les Chinois, les Indiens, les Assyriens, les Babyloniens, les Égyp-
tiens, etc., furent les premiers inventeurs des arts et les premiers observateurs de la nature. Ce fut par eux que la lumière
se répandit en Occident, chez les Grecs et chez les Romains en premier lieu, puis chez les Barbares, qui leur succédèrent.
L'histoire des sciences, à cette époque, se réduit à un petit nombre de faits qui n'exigent pas dé longs développements;
il en fut de même au moyen âge. L'isolement des différents peuples, leurs guerres continuelles, et surtout le despotisme
des rois, la tyrannie des prêtres, faillirent étouffer les sciences dans leur berceau. Elles survécurent cependant, et la Réforme
inaugura une ère d'émancipation que 89 devait couronner. A partir du commencement du xixe siècle, elles descendirent
des hauteurs des théories philosophiques, pour devenir pratiques et se mêler aux détails les plus humbles de la vie.
Alors le savant ne dédaigna pas de devenir tour à tour agriculteur, mineur, distillateur, chaufournier, tanneur , tein-
turier, etc. Tous les arts, toutes les industries, tous les métiers sont venus lui demander des lumières, et il a répondu à
tous. Depuis que la science, est entrée dans cette noble voie, les intelligences se sont agrandies, les préjugés ont, sinon com-
plètement disparu, du moins diminué, et la civilisation a marché à grands pas. Depuis .ce moment, les conquêtes de l'esprit
humain ne sont plus livrées au bon vouloir d'un aréopage scientifique et subordonnées à l'existence incertaine d'une na-
tion. Tous les peuples en sont solidairement les dépositaires, et quand les rivalités qui les séparent et les arment les uns
contre les autres auront à jamais cessé, quand tous les hommes, jouissant des bienfaits des lumières, marcheront d'un pas
égal dans les voies de la science, alors seulement on connaîtra les limites de l'esprit humain. La science, quelque in-
complète qu'elle nous paraisse aujourd'hui, n'en est pas moins l'ancre de salut de l'humanité : la science pratique, expé-
rimentale, c'est là que repose la vérité; tandis qu'en dehors il ne peut y avoir qu'incertitude, erreur ou mensonge.
Tel est, en résumé, le Discours préliminaire qui précède le Dictionnaire universel d histoire naturelle, et qui n'a pas moins
de 232 pages.
Toutefois, cette œuvre toute française jouit aujourd'hui chez nous de peu de considération; dans ces dernières années,
son succès est allé chaque jour en s'affaiblissant, et l'œuvre de M. d'Orbigny ne compte plus guère de lecteurs qu'en
Angleterre, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Le savant auteur a été la victime de cet adage,vieux comme le monde ,
Nul n'est prophète dam son pays.
Dictionnaire des sciences philosophiques , par une société de professeurs et de philosophes , sous la direction de
M. Franck, un des disciples aimés de M. Cousin et vice-président du consistoire Israélite; 6 vol. in-8°, Paris, 1844-1852.
La préface débute par cette réflexion qui ne serait déplacée en tête d'aucun dictionnaire : « Lorsque, après bien des
tâtonnements et des vicissitudes, à force de luttes, de conquêtes et de préjugés vaincus, une science est enfin parvenue
à se constituer, alors commence pour elle une autre tâche, plus facile et plus modeste, mais non moins ulile peut-être
que la première : il faut qu'elle fasse en quelque sorte son inventaire, en indiquant avec la plus sévère exactitude les
propriétés douteuses, les valeurs contestées, c'est-à-dire les hypothèses et les simples espérances, et ce qui .lui est acquis
d'une manière. irrévocable, ce qu'elle possède sans condition et sans réserve; il faut que, substituant à l'enchaînement
systématique des idées un ordre d'exposition plus facile et plus libre, elle étale aux yeux de tous la variété de ses
richesses, et invite chacun, savant ou homme du monde, à y venir puiser sans* effort, selon les besoins et même selou
les caprices du moment. Tel nous paraît être en général le but des encyclopédies et des dictionnaires. » La philosophie
et les sciences spéculatives ou expérimentales qui dépendent de cet ordre de connaissances manquaient de cel inventaire
reconnu indispensable. Ce recueil, néanmoins, n'était pas sans antécédents dans l'histoire de la philosophie. Deux essais
XLIÏ PRÉFACE.
de ce genre, simples vocabulaires de la langue philosophique de Platon, ont paru dans l'antiquité ; on cite même un
travail semblable sur la langue philosophique d'Aristote. La Somme de saint Thomas d'Aquin n'est pas un dictionnaire;
mais cet ouvrage peut être considéré comme l'encyclopédie philosophique et théologique du moyen âge, non-seulement
chez les chrétiens, mais aussi chez les Arabes et chez les juifs. Le premier dictionnaire consacré spécialement à la phi-
losophie parut après la déchéance de la scolastique, en 1582 (Venise) ; c'est le Lexique en trois parties {Lexicon triplex)
, de Bernardini, qui traite à la fois de la philosophie platonicienne, péripatéticienne et stoïcienne. Un ouvrage plus régu-
lier, le Répertoire philosophique de N. Burchard, fut imprimé à Leipzig, en 1610. Vinrent à la suite le Lexique philo-
sophique de Goclenius, publié en -1633, expliquant avec justesse et netteté tous les termes de philosophie en usage chez
les anciens; le Lexique de P. Godart (Paris, 1666), œuvre péripatéticienne; celui d'Allsted (Herborn, 1626); celui de
Chauvin, œuvre cartésienne et scolastique (Berlin, 1692); celui de Walch, représentant l'école de Leibnitz et de Wolf,
ouvrage supérieur à tous les précédents par son esprit philosophique (Leipzig, 1726). Si Ton met à part le Dictionnaire
historique de Bayle et Y Encyclopédie de Diderot, le seul répertoire moderne de la science métaphysique est un ouvrage
allemand, le Lexique ou Encyclopédie philosophique de Krug (5 vol., 1838), recueil auquel on reproche de manquer de
plan, de méthode et même de gravité,et qui traite plutôt de l'histoire de la philosophie que de la philosophie proprement dite.
Le Dictionnaire des sciences philosophiques embrasse dans son cadre: 1° la philosophie proprement dite; 2° l'histoire de la
philosophie accompagnée de l'appréciatiou et de la critique de toutes les opinions et de tous les systèmes dont elle offre le ta-
bleau; 3° la biographie de tous les philosophes de quelque importance, renfermée dans les limites où elle peut être utile à la
connaissance de leurs doctrines ; 4° la bibliographie philosophique disposée de manière à donner, à la suite de chaque article, une
liste de tous les ouvrages qui se rapportent à cet article ou de tous les écrits du philosophe dont on vient de faire connaître la
vie; 5° la définition de tous les termes philosophiques, à quelque système qu'ils appartiennent, qu'ils aient été ou non con-
servés par l'usage. Une table synthétique des matières contenues dans les six volumes termine l'ouvrage et permet de saisir
d'un coup d'œil les rapports naturels qui rattachent les matières dispersées par la série alphabétique. Parmi les collabora-
teurs nous citerons MM. Barni, Barthélémy Saint-Hilaire, Baudrillart, Bersot, Bouillier, Charma, Cournot, Damiron, Egger,
Hauréau, Jacques, Janet, de Rémusat, Renan, Saisset, J. Simon, Tissot, Vacherot.
Au point de vue du style comme à celui de la science et de l'impartialité historiques nous ne pouvons avoir que des éloges
pour le travail de M. Franck et de ses collaborateurs, mais nous devons faire des réserves sur l'esprit dans lequel la plupart des
articles ont été composés. « C'est un trait caractéristique du vrai philosophe, a dit Feuerbach, de ne pas être professeur de phi-
losophie. » C'est que la pleine liberté de l'esprit qui doit caractériser le vrai philosophe ne saurait guère s'accommoder des
habitudes et des exigences pédagogiques; c'est que l'enseignement public, officiel, delà philosophie, relève forcément, surtout
en France, delà politique, de l'opinion, des convenances, c'est-à-dire d'influences contraires à la recherche désintéressée de
la vérité ; c'est qu'un professeur de philosophie, organe de l'État dont il engage la responsabilité, est nécessairement tenu à des
ménagements pour tous les autres organes de l'État; que sa fonction renferme sa pensée dans des limites que le véritable esprit
philosophique ne saurait accepter ; que cette pensée n'habite pas les hauteurs, templaserena, et que, s'abaissant aux transactions,
elle ne connaît pas véritablement \&pureté, la sincérité philosophique. Les honorables professeurs auxquels nous devons le Dic-
tionnaire des sciences philosophiques nous avertissent dans une préface que leur ouvrage n'a rien de commun, pour l'esprit et le
but, avec Y Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert; nous nous en serions douté. Ils sont d'un autre tempérament que les
encyclopédistes ; ils n'ont pas la jeunesse, la passion, la chaleur, la furia francese intellectuelle ; ils sont d'une circonspection,
d'une modération qui repousse toute extrémité; ils se tiennent à distance de la haute critique, se traînant dans les arguments
classiques et les lieux communs oratoires. Ce n'est pas chez eux qu'il faut chercher les ambitions et les audaces de l'Alle-
magne philosophique ; leur pied discret, ne voulant troubler aucun sommeil, se heurter à aucune autorité, ne s'aventure ni sur
le terrain des sciences physiques et biologiques, ni sur celui des sciences sociales, ni surtout du côté de la théologie. S'ils of-
fensent les âmes pieuses, c'est qu'en vérité les âmes pieuses sont bien difficiles. « Gardant au fond de nos cœurs, nous di-
sent-ils avec onction, un respect inviolable pour cette puissance tutélaire qui accompagne l'homme depuis le berceau jus-
qu'à la tombe, toujours en lui parlant de Dieu et en lui montrant le ciel comme sa vraie patrie, nous croyons cependant
(quelle intrépidité de foi philosophique dans ce cependant !) que la philosophie et la religion sont deux choses tout à fait dis-
tinctes (en êtes-vous bien sûrs?), dont l'une ne saurait remplacer l'autre, et qui sont nécessaires toutes deux à la satisfaction
de l'âme et à la dignité de notre espèce. » C'est pitié vraiment de voir la philosophie française au xixe siècle, après Voltaire,
Rousseau, les encyclopédistes, après Kant et ses successeurs, après la Révolution, renoncer à la domination universelle,
demander humblement sa place au soleil à côté de la théologie , et revenir à l'espèce de pacte établi par les penseurs
du xvne siècle entre la foi catholique et la libre pensée, entre le rationalisme et là révélation.
Les auteurs du Dictionnaire des sciences philosophiques déclarent qu'ils adoptent la méthode de Descartes, et qu'ils profes-
sent le dualisme de Descartes. Ils ne considèrent pas que, depuis les travaux de Leibnitz et de Kant, quiconque est capable
PRÉFACE. XLIII
de philosopher ne saurait s'arrêter à ce point de vue, que le spiritualisme classique et le matérialisme classique sont également
rétrogrades, que d'ailleurs le dualisme cartésien était lié à une physique et à une physiologie aujourd'hui condamnées. Ces
cartésiens du xix" siècle en sont-ils aussi à la physique et à la physiologie mécaniques de Descartes? Une philosophie qui
n'a pas de racines dans les sciences, qui n'en forme pas la synthèse, le couronnement, qui est réduite à butiner dans les di-
verses doctrines antérieures, qui voit dans toute erreur une vérité incomplète, qui, d'après cette vue, marque sa place et fait
sa part dans l'esprit humain à chacun des grands systèmes que l'histoire nous montre se disputant l'empire des intelligences,'
une telle philosophie manque nécessairement d'originalité et de profondeur ; elle est condamnée à l'inconsistance, à l'im-
puissance; à l'infécondité; elle ne vit pas. Malheureusement, c'est celte philosophie éclectique qui a inspiré M. Franck, et ses
collaborateurs.
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, comprenant Fhistoire proprement dite, la biographie univer-
selle, la mythologie, la géographie ancienne et moderne, par M. N. Bouillet, inspecteur général de l'instruction publique.'
— Aucun livre, peut-être, n'a obtenu le succès de celui-ci ; c'est au point que le nom de l'auteur a passé dans la langue,
et que l'on donne aujourd'hui le nom de Bouillet à tout dictionnaire d'histoire et de géographie. L'heureux biographe a pu
dire : « Le succès de ce livre a dépassé mes espérances. » En effet, apprécié d'une manière très-favorable, dès son appa-
rition, par les organes de la presse, autorisé par l'Université pour l'usage des écoles de tous les degrés : lycées, collèges,
écoles normales, écoles supérieures ; recommandé par le ministre de l'instruction publique pour être placé dans toutes
les salles d'études, envoyé aux bibliothèques, bien accueilli du public, cet ouvrage a eu vingt éditions successives en moins
d'un quart de siècle. Mais aujourd'hui ce succès commence singulièrement à décroître; le livre se meurt!... Voyons
donc s'il méritait véritablement ce succès, et jugeons-le d'après la règle posée par Voltaire : on ne doit aux morts que
la vérité.
Il n'y a point d'effet sans cause. Le succès du dictionnaire Bouillet s'explique par les cinq raisons suivantes : 1° il est
venu le premier dans la carrière, car les gros in-4° de Moréri, de Bayle, de Trévoux, etc., ne convenaient qu'à des bi-
bliothèques riches et privilégiées ; 2° le style est simple, clair, méthodique ; toutes les parties y ont une importance re-
lative, l'auteur a su y appuyer le crayon également partout, qualité très-rare, préconisée par Buffon dans son célèbre
discours sur le style; 3° M. 'Bouillet était un membre actif, intelligent, et très-influent de l'Université; 4° les premières
éditions du livre furent mises à l'index, « comme entachées d'inexactitudes, d'omissions, d'expressions impropres et sus-
ceptibles d'être mal interprétées, d'appréciations contestables, » censure qui lui valut la sympathie des esprits indépen-
dants ; 5° il fut ensuite chaudement approuvé et recommandé par la congrégation de l'Index, après de profondes
modifications signalées et opérées par la sainte congrégation elle-même, ce qui lui ouvrit naturellement à deux battants
les portes de tous les établissements religieux, particulièrement des séminaires.
Voilà, certes, de l'habileté, s'il en fut jamais; Talleyrand et Metternich n'auraient rien trouvé de mieux au fond de
leur sac. Aux libres penseurs, le dictionnaire Bouillet dit d'abord -:
Je suis oiseau, voyez mes ailes ! '
Puis aux orthodoxes :
Je suis souris, vivent les rats;
Jupiter confonde les chats !
Si nous nous reportons aux premières éditions, nous trouvons tout à fait inexplicables les saintes colères de la célèbre
congrégation : cet ouvrage est écrit dans un esprit timide et rétrograde ; on n'aurait pas jugé autrement , aux plus beaux
jours du moyen âge. Un dictionnaire historique qui se publie en plein xixe siècle est tenu de partager les idées éman-
cipatrices de son époque. L'histoire est souvent difficile à raconter, nous * en convenons ; mais l'intérêt de la vérité
l'emportera toujours sur tout autre. Pour savoir si un, fait doit être rapporté ou passé sous silence, il ne faut pas se
demander s'il est de nature à nuire ou à servir au succès de l'ouvrage; il faut se poser cette question : Le fait est-il histo-
rique? et si la réponse est affirmative, on écrit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Croirait-on, par exemple, que
les mots A uto-da-fé, Terreur, Massacres de' septembre, occupent à peine un maigre alinéa dans le dictionnaire histo-
rique de M. Bouillet? Aucune opinion personnelle n'est exprimée sur le mot Inquisition; à l'article Bastille, on apprend
en quatre lignes que c'était un château fort construit sous Charles VI, et situé sur la place qui sépare la rue Saint-
Antoine du faubourg. Le lecteur, alléché par le titre de l'ouvrage, cherche quelques détails sur la prise de cette forte-
resse, qui inaugura la plus grande révolution qui fut jamais ; il ne trouve pas un mot qui puisse satisfaire sa légitime
curiosité. Ateliers nationaux, Journées d'avril, Journée du 10 août, rappellent des événements qui tiennent la plus grande
place dans notre histoire; ils sont passés prudemment sous silence dans le dictionnaire historique de monsieur l'inspec-
teur général de l'Université, et il en est ainsi de tous les faits qui foreent l'historien indépendant à se prononcer. Si,
XLIV PRÉFACE.
par hasard, il se présente un cas qui exige trop impérieusement une opinion de la part de l'écrivain, il le fait en un seul
mot, et ce mot est une solution. C'est ainsi que sont traités les plus redoutables problèmes qui puissent s'offrir aux recherches
et aux méditations des Michelet, des Thiers et des H. Martin. Et voilà justement comme on écrit V histoire.... quand on veut
qu'un ouvrage franchisse la grille des couvents. Sur une des façades de son château de Meudon, le plus spirituel vaude-
villiste qu'ait eu la France avait fait représenter une plume avec ces mots pour légende : Inde fortuna. Pour être dans le
vrai, M. Bouillet, sans rien changer à la légende, aurait pu, à la première page de son ouvrage, remplacer la plume par
le symbole de la prudence. Mais, diront les partisans du Dictionnaire Bouillet, les intentions de l'auteur étaient que son
ouvrage pénétrât dans les écoles. — Eh bien, tant pis ! répondrons-nous ; car le mal nous semble encore plus grand. On
fait sagement en mêlant d'eau le vin trop généreux que l'on donne aux enfants ; il ne saurait en être ainsi de l'histoire. Sans
doute, certaines vérités historiques seraient une nourriture trop forte pour le jeune âge. Alors on peut attendre, mais on ne
doit rien défigurer, et quand l'heure virile a sonné, il faut que cette mâle nourriture soit distribuée pure de tout mélange. Le
Dictionnaire historique n'est pas un de ces livres à la première page desquels on pourrait mettre cette profession de foi ei?
épigraphe. 11 est difficile de se faire une idée de la prudence et de la timidité qui ont présidé à sa rédaction. Tout est pesé,
châtié, émondé; et, au lieu d'un portrait en pied, on n'a sous les yeux qu'un moignon ou bien une caricature.
Au reste, c'est ainsi que cet ouvrage célèbre commence déjà à être apprécié. Dans Y Amateur d'autographes, du 1er février
dernier, nous trouvons les lignes suivantes, signées Jacob Freinshemius : « Le Bouillet est un des préjugés naïfs de notre
époque; il est en général fort plat, fourmille d'erreurs, d'omissions, de non-sens, de contre-sens, d'absurdités de tout genre,
et il a dû, en grande partie, son immense succès à la position de son père putatif dans l'Université. »
Parlerons-nous maintenant du Dictionnaire des sciences, des lettres et des arts du. même auteur? Toutes les hautes ques-
tions dont l'élucidation fait le tourment et fera la gloire du xfx8 siècle n'y sont qu'effleurées. Les articles religieux ne sont
guère qu'une paraphrase du catéchisme ; tout ce qui concerne l'économie politique et sociale y est à peine l'objet d'une simple
définition, qui, bien entendu, ne définit rien. On peut voir à ce propos les mots Ame, Ange, Dieu, Apprentissage, Association,
Assurance, etc., etc. En un mot, ce second travail de M. Bouillet est encore inférieur au premier, auquel l'auteur donnait du
moins l'autorité de sa compétence d'historien laborieux et de professeur distingué.
Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie, de géographie ancienne et moderne, etc., par Ch.
Dezobry et Th. Bachelet; deux beaux volumes de chacun i 500 pages. — Ce dictionnaire, composé sur le même plan que celui
de Bouillet, lui est incontestablement supérieur. Il renferme un grand nombre d'articles parfaitement rédigés, et qui sont
dignes des savauts professeurs qui y ont collaboré. Quant à l'esprit qui a présidé à la rédaction, il est on ne peut mieux
caractérisé dans l'article suivant de M. Freinshemius, que nous avons déjà mentionné plus haut : « Si les lecteurs indépen-
dants le préfèrent au dictionnaire Bouillet, ce n'est certes pas pour son impartialité. 11 n'a pas été soumis à la censure de
Rome, je le veux bien, mais c'est par la raison fort simple qu'il n'en était nul besoin. Le Bouillet avait eu des écarts de jeu-
nesse ; il avait été d'abord mis à l'index, et il ne rentra en grâce qu'après une expurgation spéciale. Le Dezobry, mieux avisé,
ne s'exposa pas à l'onéreux danger d'avoir à refondre ses clichés. Il fut, dès son premier tirage, orthodoxe, officiel, acadé-
mique, classique, universitaire, et tout cela avec un zèle tellement excessif, qu'il est douteux que la sacrée congré-
gation de l'Index,' et toutes les autorités chargées de discipliner le monde, se fussent montrées aussi sévères, tranchons le
mot, aussi aveuglément hostiles, spécialement envers tout ce qui concerne les protestants et le protestantisme, envers les phi-
losophes, les penseurs, les hommes et les principes de la Révolution, etc. »
Nous n'avons presque rien à ajouter à ce jugement. Nul ne peut servir deux maîtres à la fois; quand on se fait l'apôtre
des idées vermoulues, et qu'on n'a pas pour l'odieux régime du passé une de ces haines vigoureuses dont parle le poëte,
on ne saurait marcher avec la Révolution et le progrès.
Suivant jusqu'au bout la marche de son prédécesseur, M. Dezobry a aussi publié un dictionnaire scientifique, dû à la col-
laboration de MM. Focillon et Deschanel, et auquel on reproche avec raison de n'être qu'une photographie très-pâle et très-
incomplète de l'état actuel des sciences. Quand on traite des matières dont le domaine s'agrandit chaque jour, on est tenu
de présenter la science à son maximum de progrès, trop^certain encore qu'on ne tardera pas à être dépassé par l'activité
constante et presque fébrile du siècle.
Enfin, les deux auteurs du Dictionnaire historique ont complété cet ensemble par un Dictionnaire des lettrés, beaux-arts,
sciences morales et politiques. Ici, sauf les questions d'économie sociale, qui sont traitées avec une extrême réserve, et où,
dans cette partie si neuve et si vaste, aucune idée ne fait saillie, nous n'avons qu'à applaudir au plan de l'ouvrage et à la sa-
vante exécution de la plupart des articles. On voit que les auteurs, débarrassés des préoccupations relatives à l'orthodoxie,
étaient tout à fait à leur aise; ils savaient bien qu'ils pouvaient tout au plus commettre quelques hérésies grammaticales ou
littéraires, toutes choses qune causent aucun ombrage à la sainte congrégation de l'Index,
PRÉFACE. XLV
Dictionnaire français illustré et encyclopédie universelle, publié par M. Bertet Dupiney de Vorepierre. Cet ou-
vrage, commencé en 1847 et interrompu par la révolution de 1848, fut repris en 1855 et achevé en 1863. Destiné, dans la
pensée de l'auteur, «à tenir lieu de tous les vocabulaires et de toutes les encyclopédies,» ce livre contient deux parties
très-distinctes, la partie lexicologique et la partie encyclopédique, la première ressemblant aux dictionnaires ordinaires de la
langue, la seconde donnant des notions sur les diverses branches des connaissances humaines. Cette division, que nous avons
adoptée à l'exemple de M. Dupiney, offre l'avantage de séparer, par la différence des caractères typographiques, deux ordres
très-différents de recherches. On peut, en effet, consulter un dictionnaire tel que celui dont nous parlons, soit pour lui de-
mander la définition claire et précise de tel ou tel mot, soit pour obtenir des renseignements plus ou moins étendus sur, telle
du telle question. A ne s'en tenir qu'au titre de l'ouvrage, M. Dupiney semble avoir compris que son livre devait satisfaire à
ces deux besoins. Examinons comment il y satisfait.
" Un simple coup d'œil jeté sur la partie lexicologique montre combien l'auteur est loin, dans cette partie, de remplir le
programme qu'il s'est tracé. A la place de cet idéal, un livre tenant lieu de toits les vocabulaires , nous avons la plus maigre
des réalités, un lexique incomplet et insuffisant à tous les points de vue. Cherchez les mots usuels de la langue, vous y trou-
verez rarement toutes les acceptions dans lesquelles on les emploie; rien ne vous indiquera le passage de l'une à l'autre; la
détermination de celles que l'on ne peut vraiment se dispenser de donner n'est pas toujours heureuse, et, comme si elle crai-
gnait le contrôle, elle n'invoque que l'autorité anonyme de l'usage, au lieu de s'appuyer sur des citations empruntées aux
auteurs. M. Vapereau a noté avant nous cette incroyable lacune : « Dans cette partie consacrée à la langue, dit-il, on de-
vrait trouver, à propos de chaque acception d'un mot, des citations de nos bons auteurs, comme exemples et pour
sanction. »
J'ouvre le Dictionnaire de M. Dupiney de Vorepierre au mot Art ; je dois m'attendre à y trouver au moins les quatre sens
principaux de ce mot : 1° ['art conçu comme application de la science humaine à la réalisation d'une conception quelconque
(en ce sens il est opposé à science théorique et h pratique spontanée ou routinière) ; 2° Y art conçu comme objeA de l'esthétique (en
ce sens il est opposé à science et à industrie)) 3° l'art conçu comme effort, travail de l'homme, par opposition à nature; A" Y art
considéré comme synonyme d'apprêt, de recherche, d'affectation. Eh bien, le second de ces sens brille par son absence.
Quant aux deux derniers, M. Dupiney les estime assez voisins l'un de l'autre pour ne pas les distinguer. M. Dupiney se
soucie peu des nuances. Pascal distingue quelque part l'esprit fin et l'esprit géométrique : c'est sans doute l'esprit géomé-
trique qui caractérise M. Dupiney.
Si des mots de la langue générale, de la langue, littéraire, nous passons à ceux des langues scientifiques, des nomencla-
tures, nous trouvons matière à des critiques d'un autre genre. La grande préoccupation de M. Dupiney paraît être de faire en
sorte que la partie lexicologique ne fasse pas double emploi avec la partie encyclopédique. Il abuse vraiment du renvoi. Nous
comprenons les renvois dans la partie encyclopédique, pourvu cependant qu'on s'impose certaines limites, et qu'on ne réu-
' nisse pas les notions qu'offre cette partie dans un petit nombre d'articles devenus de véritables traités ; mais ce que nous ne
comprenons pas du tout, c'est que le vocabulaire pour les mots scientifiques et techniques nous renvoie constamment à
l'encyclopédie. Un dictionnaire qui, pour me donner la définition d'un mot, me contraint d'étudier une question n'est plus
un dictionnaire. Je cherche le sens du mot Artérite : M. Dupiney aurait pu me le donner en une ligne ; il me condamne à lire
d'un bout à l'autre l'article encyclopédique qu'il consacre au mot Artère. Je veux savoir ce que mon médecin entend par Ar-
tèriotomie .-j'ouvre l'ouvrage de M. Dupiney, à ce mot; j'apprends qa'artéiiotomie est un substantif du genre féminin, venant
de deux mots "grecs, ap-mpia et-repa, et que c'est un terme de chirurgie; M. Dupiney ne veut pas, en cet endroit, m'en dire
davantage; il me renvoie, si je pousse plus loin la curiosité, au mot Saignée, c'est-à-dire au second tome de son immense
répertoire; il a vraiment l'air de me dire facétieusement : Cherchez, et si vous trouvez, ce ne sera pas sans peine.
Si la partie lexicologique du livre de M . Dupiney fait assez pauvre figure à côté des dictionnaires qu'elle affiche la prétention
de remplacer (à côté du dictionnaire Poitevin et du dictionnaire Dochez , par exemple), en revanche la partie encyclopédique
est assez riche; elle ne se contente même pas d'être riche, elle frappe l'œil par le luxe qu'elle étale : des gravures! des gra-
vures!.— Était-il bien nécessaire, dira-t-on, de nous offrir Yimage d'un âne, à l'article âne. — On pouvait peut-être s'en
passer, répondrons-nous ; mais, après tout, si cela n'apprend rien, cela peut amuser les enfants de voir au milieu de ce texte
ces oreilles si connues. Et vraiment il suffit de lire quelques articles encyclopédiques de M. Dupiney, pour voir que Y Illustra-
tion convient au public auquel il s'adresse; sauf peut-être dans les articles d'économie politique, il ne peut satisfaire que
des intelligences encore sur les bancs; il. n'entend pas dépasser la sphère de l'enseignement officiel ; aucun bruit des idées
nouvelles, des théories nouvelles, des sciences nouvelles, ne pénètre dans ce temple. Ce n'est pas là que vous trouverez l'ex-
position impartiale des travaux et des vues philosophiques de Lamarck, d'E. Geoffroy Saint-Hilaire et de Blainville en histoire
naturelle, ceux de Gerhardt et de Williamson en chimie, de Grove en physique, de Cl. Bernard en physiologie; ce n'est pas
à que vous apprendrez à connaître et à juger les grandes constructions philosophiques de l'Allemagne; à discerner ce qu'il
XLVI PRÉFACE.
y a de chimérique et ce qu'il y a de raisonnable dans les efforts et les espérances du socialisme français ; ce n'est pas là que
vous pourrez prendre quelque teinture des progrès faits à notre époque par l'archéologie, la linguistique, la mythologie com-
parée ; ce n'est pas là, enfin, que vous vous initierez à ces grands travaux d'une théologie libre, qui disputent au surnaturel
et s'efforcent de rendre à l'histoire les origines du christianisme. En matière de théologie, M. Dupiney ne dépasse pas le
point de vue de Bossuet; en matière de philosophie, celui de Descartes; en matière d'histoire naturelle et d'anthropologie,
celui de Cuvier et de M. Flourens. Le livre de M. Dupiney appartient, par l'esprit, au xvne siècle; l'Église n'en interdira pas
h lecture à ses fils. Lisez l'article Ange : vous y apprenez que « la croyance aux anges est du nombre de celles qui se retrou-
vent chez presque tous les peuples, à toutes les périodes de leur histoire, témoignage irrécusable de la légitimité de cette
croyance. » Allez plus loin, vous rencontrez les mots Antéchrist, Apocalypse, Apôtre, Ascension, Assomption, tous traités d'une
façon également édifiante. L'orthodoxie sereine de M. Dupiney a fermé la porte à l'esprit du xixe siècle; elle répète les
vieilles formules sans paraître même soupçonner la nécessité de les défendre, et d'essayer contre le flot montant de la cri-
tique et de la science un combat inégal.
Au moment où nous écrivons , l'auteur donne un complément à ce premier ouvrage ; ce complément est intitulé : Dic-
tionnaire des noms propres ou Encyclopédie illustrée de biographie-, de géographie, d'histoire et de mythologie. Comme cette pu-
blication ne compte encore que quelques mois d'existence, il nous serait difficile de la juger; mais l'auteur n'est pas homme
à démentir ses principes, et l'on peut affirmer dès aujourd'hui que le Dictionnaire des noms propres sera rédigé dans le même
esprit d'indépendance et avec la même hauteur de vues que son frère aîné.
Dictionnaire général de la politique, par M. Maurice Block, avec la collaboration d'hommes d'État, de publicistes et
d'écrivains de tous les pays, 2 forts vol. in-8° (1864). Nous n'avons pas besoin de dire l'intérêt qui s'attache naturelle-
ment, sous notre régime de suffrage universel, à un ouvrage qui offre, sur toutes les matières politiques, des renseignements
exacts et précis, et des opinions signées de noms autorisés. Comme la politique touche à tout : morale, philosophie, religion,
géographie, art, industrie, économie politique, droit, histoire, étymologie; comme tout ce qui se rapporte à la société rentre
par quelque côté dans la politique, il y avait dans l'exécution du dictionnaire de M. Block une première difficulté, c'était d'en
déterminer la matière, d'en circonscrire le cadre, de manière à ne rien omettre de ce qui est essentiel, à écarter ce qui est
accessoire, et surtout à ne pas sacrifier l'essentiel à l'accessoire. On doit reconnaître que le choix des matières à traiter a été
fait très-judicieusement; des renseignements ou des faits qu'on peut être tenté de demander à cet ouvrage, il en est peu qu'en
y cherche tout à fait en vain. Nous y signalerons cependant une lacune, à notre avis regrettable : c'est l'absence de biblio-
graphie politique.
Une seconde difficulté que présentait l'entreprise de M. Block, c'était de maintenir entre les divers articles qui devaient
composer son livre une certaine communauté de tendance, un certain degré d'unité. Comment M. Block a-t-il compris, sous
ce rapport, la tâche qu'il s'était imposée? Laissons-le parler lui-même : « Il est, dit-il, un fonds de vérités communes à toute
notre génération et que les esprits les plus extrêmes peuvent seuls méconnaître... Ces principes, nous ne pouvions pas hésiter
à les distinguer ; ce sont ceux qui ont été acceptés par les esprits les plus divers, et auxquels doivent rendre un hommage
hypocrite ceux-là mêmes qui se croient intéressés à en saper les fondements. Combien peu, en effet, osent de nos jours nier
l'efficacité de la liberté, la nécessité d'étendre le champ de l'initiative individuelle, l'action bienfaisante des progrès moraux
et matériels, l'erreur manifeste des opinions extrêmes! Or, ce sont ces principes qu'il s'est agi de développer et d'appliquer
toutes les idées, à tous les faits qui se rapportent à la science du gouvernement... C'est sous l'inspiration de la modération,
de la liberté et du progrès que nous avons commencé et achevé le Dictionnaire général de [apolitique, et c'est sous les auspices
de ce que nous voudrions pouvoir appeler les trois vertus cardinales de la vie civile que nous le présentons au lecteur. » Ainsi,
r aversion pour les opinions extrêmes] la modération, ï efficacité de la liberté et de V initiative individuelle, ï action bienfaisante
des progrès moraux et matériels ; tels sont les principes que M. Block a inscrits sur son drapeau, tel est le lien qui réunit ses
collaborateurs, telle est la couleur générale qu'il a voulu donner à son œuvre. Qu'on nous permette de dire que ces prin-
cipes manquent de relief et de précision, que ce lien est trop lâche, cette couleur trop effacée, et que sous ce drapeau on peut
venir se ranger de points trop différents.
Ouvrez le Dictionnaire général de la politique au mot Censure; vous y trouvez un article très-honnête et très-modéré qui peut
servir à juger du ton général du livre. « L'article de la charte de 1 830, nous dit M. Dréolle, porte ces mots lisiblement écrits :
La censure ne sera jamais rétablie ï Les historiens qui écrivent le règne- de Louis-Philippe demanderont compte, sans doute,
de cette promesse solennellement faite. Nous ne ferons, nous, aucun procès à ce règne éteint. La censure fut réglementée et,
pour ainsi dire, échelonnée sur les livres, les images et les œuvres dramatiques. La révolution de 1848 brisa les échelons, et
le second empire les rétablit dans la proportion qui lui parut nécessaire après une appréciation personnelle du trouble des es-
prits, de l'agitation des intelligences et du désordre des partis La question est, nous ne l'ignorons pas, fort controversée.
PRÉFACE. XLVII
Les partisans de la liberté absolue trouvent des adversaires qui rempliraient un volume de preuves à l'appui de leur thèse.
Ce volume, beaucoup l'ont déjà écrit. Mais que n'écrirait-on pas aussi à l'appui de la thèse contraire?... Nous n'entendons pas
que le pouvoir se dessaisisse de ses droits et qu'il abandonne ses devoirs; il a besoin de protéger et de se protéger lui-même.
Mais à quoi doivent tendre ses efforts? A donner de plus en plus à la société la conscience de ses propres dangers et la force
de les prévenir. II. faut habituer peu à peu l'enfant à marcher seul. »
Sur certaines questions qui lui paraissent diviser encore les esprits modérés, M. Block n'hésite pas à donner la parole ici à
M. Pour, plus loin à M. Contre. C'est ainsi que l'auteur de rarticleCoNCORDAT,M. Gaston de Bourges se prononce contre
la séparation de l'Église et de l'État, « idéal qui ne serait, suivant lui , susceptible d'être atteint que si la religion
pouvait se restreindre dans le domaine purement spirituel, si le culte ne s'exerçait que dans le for intérieur, par des aspira-
tions intimes et solitaires ; si, en un mot, il n'existait pas de matières mixtes; » tandis que l'auteur de l'article Culte,
M. Michel Nicolas, nous représente le régime des concordats comme « entretenant une lutte continuelle entre les deux parties
contractantes, lutte qui épuise sans utilité les forces de chacune d'elles et empêche l'État de se consacrer tout entier à sa
mission, qui est de travailler à l'accroissement de la fortune publique, en l'occupant sans cesse des questions qui n'y ont pas
de rapport, et l'Église de remplir en paix son œuvre, qui est de consoler, d'édifier et de spirituaîiser, en détournant son atten-
tion vers des projets de pouvoir terrestre. »
L'orthodoxie économique du Dictionnaire général de la politique est sévère; le libre échange y règne sans partage; on n'a
pas permis à la Protection de s'y faire entendre comme on avait fait au Régime des concordats; vous y chercheriez vainement
les arguments par lesquels des hommes tels que Frédéric List, Carey, Proudhon, ont combattu la liberté absolue du commerce
international. Quant aux systèmes socialistes, si vous tenez à les juger en connaissance de cause, vous ne vous contenterez
pas délire les articles Association et Socialisme.
Dans la liste que M. Block adonnée de ses collaborateurs, nous remarquons les noms de MM. Barthélémy Saint-Hilaire,
Batbie, Baudrillart, Michel Chevalier, Ambroise Clément, Augustin Cochin, Ch. Dollfus, Dupont-White, Dupuit, Duver-
gierdeHauranne,Floquet, Franck, J. Garnier, Guizot, Horn, Janet, E. Laboulaye, L. de Lavergne, Montégut, F. Morin,
Nefftzer, deParieu, H. Passy, Ch. de Rémusat, L. Reybaud, H. de Riancey, Saint-Marc Girardin, Jules Simon, Suin, Wo-
lowski.
OUVRAGES BIOGRAPHIQUES
Dictionnaire historique de Moréri. La première édition, intitulée Grand Dictionnaire historique, ou Mélange curieux de
r Histoire sacrée et profane, parut à Lyon en 1674. C'est une œuvre incomplète, sans doute, mais qui n'en doit pas moins
être rangée parmi les publications les plus utiles du xvue siècle, car elle a ouvert la voie aux encyclopédies qui parurent
depuis et qui s'inspirèrent de son plan. On avait bien déjà l'ouvrage de Juigné, publié en 1644 , mais il était loin de présenter
un cadre aussi étendu, et, relativement, aussi bien rempli que celui de Moréri. Ce dernier, dans son imperfection même,
a donc mérité de servir de type aux œuvres de ce genre, et c'est pour combler les lacunes qu'il présente, que Bayle a entre-
pris son fameux Dictionnaire critique, qui devait se transformer sous sa plume en une œuvre éminemment originale. Voici le
jugement que le célèbre philosophe portait sur son devancier :
« J'entre dans les sentiments d'Horace à l'égard de ceux qui nous montrent le chemin. Les premiers auteurs de diction-
naires ont fait bien des fautes, mais ils ont mérité une gloire dont leurs successeurs ne doivent jamais les frustrer. Moréri a pris
une grande peine, qui a servi de quelque chose à tout le monde, et qui a donné des instructions suffisantes à beaucoup de
gens. Elle a répandu la lumière dans des lieux où d'autres livres ne l'auraient jamais portée. »
On a reproché vivement â Moréri d'avoir mêlé mal à propos, dans sa nomenclature, la mythologie à l'histoire; ce reproche
n'est nullement fondé. Outre qu'il devient parfois très-difficile de tracer une ligne de démarcation entre un personnage his-
torique et un personnage mythologique, l'ordre alphabétique est toujours le plus clair s'il n'est pas le plus logique. Qu'im-
porte de rencontrer Bacchus à côté de Bachaumont? Est-ce que la même anomalie apparente ne se produit pas constamment
sur les rayons de nos bibliothèques ? Le Contrat social et les billevesées du P. Hardouin reposent côte à côte. Il en est des
livres comme des pièces d'un jeu d'échecs, qui, après avoir combattu les unes contre les autres sur l'échiquier, dorment pai-
siblement ensemble dans la boîte commune.
Doué d'une vaste érudition, Moréri laisse peut-être beaucoup à désirer sous le rapport du goût et de la critique; mais on
XLVlIi PRÉFACE.
comprend ce défaut chez un homme que l'excès du travail épuisa prématurément, et que la mort emporta à 37 ans, sans lui
laisser le temps de soumettre son œuvre à une révision sévère. Cette tâche échut à ses successeurs, qui transformèrent
tellement le Dictionnaire historique, qu'il n'appartient pour ainsi dire plus à son premier auteur; ce qui a fait dire à Voltaire
que c'était « une ville nouvelle bâtie sur l'ancien plan. »
Le Dictionnaire de Moréri a obtenu les honneurs d'un grand nombre d'éditions, dont la meilleure est celle qui fut publiée
à Paris en 1759, 10 vol. in-fol. C'est la vingtième et la dernière. Les étrangers ont plusieurs fois imité ce savant ouvrage, qui
a été traduit en allemand, en anglais, en espagnol et en italien. Aujourd'hui encore, c'est une mine où les encyclopédistes
puisent chaque jour à pleines mains; la source est véritablement inépuisable, et le placer est si riche qu'on y. trouve à chaque
pas des pépites précieuses qui n'avaient pas encore été remarquées. On peut, sans exagération, comparer le Dictionnaire de
Moréri à ces monuments, de l'antiquité dont les ruines ont enrichi tous les musées, et où, cependant, les derniers venus trouvent
toujours quelque, débris de chef-d'œuvre à emporter.
Dictionnaire historique portatif, par dom Chaudon, bénédictin, en collaboration avec Delandine; 1766, 4 Vol. in-8°;
1804, 13 vol. in-8°; réédité, avec augmentation, par Prudhomme, 1810-12, 21 vol. in-8°. C'est le dictionnaire que Feiler,
mécontent de la modération dont s'honorait dom Chaudon, n'eut pas honte de s'approprier, pour le défigurer par un grand
nombre d'articles qui respirent la haine que ce plagiaire émérite avait conçue pour les principes du xvm8 siècle.
Dictionnaire historique, parle P. Feiler. Comme nous venons de le dire, ce dictionnaire n'est qu'un plagiat de celui du
bénédictin Chaudon. Écrivant dans le pays des libraires contrefacteurs, Feiler alla plus loin qu'eux, et vola des ouvrages fran-
çais qu'il donna sous son nom. C'est ainsi qu'en 1 788 il s'appropria le Dictionnaire géographique de Ladvocat, que celui-ci avait
publié sous le nom de Vosgien, comme traduit de l'anglais, et dans lequel les articles sur la Hongrie sont presque les seuls
qu'il ait refondus. Mais le vol le plus large et le plus audacieux fut celui du Dictionnaire historique de Chaudon. Sous prétexte
qu'il le trouvait trop philosophique, il le reprit en sous-œuvre : il ne changea rien à une foule d'articles, soit anciens, soit
modernes, où l'esprit de parti n'a rien à démêler; mais il arrangea à sa manière tous les personnages dignes d'encourir le
blâme ou l'éloge, la haine ou l'affection des membres delà compagnie de Jésus. La première édition de ce plagiat effronté et
de cette transformation parut en 1 781 , 6 vol. in-8°. Dans la préface, Feiler a soin de décrier tous les dictionnaires antérieurs :
celui de Moréri n'est qu'une masse; celui de Ladvocat porte Y empreinte de la passion et dupréjiigé; celui de Barrai "a été écrit
par une société de convulsionnaires ; celui du bénédictin, qu'il s'approprie pour le gâter, est entaché des défauts les plus graves,
et n'a été accueilli que faute de mieux. Il trouve partout des marques insignes de mauvaise foi; les rédacteurs ne sont que des
compilateurs, des calomniateurs, etc.; enfin, le dictionnaire de Chaudon est monstrueux, et il faut lui attribuer « une très-
ci grande part de la révolution qui se fait dans les idées humaines. » Dom Chaudon répondit, en publiant sa cinquième édi-
tion (1783) : « On ne se contente pas aujourd'hui de s'emparer d'un ouvrage; on le remplit de fautes en annonçant des cor-
rections, on le défigure,... et d'une production impartiale et équitable on fait un livre rempli de déclamations et de faux
jugements. » Le bénédictin, volé et injurié, se montrait modéré ; le jésuite voleur et injuriant était furieux; mais il avait alors,
comme aujourd'hui encore, ses partisans dans cette classe de gens qui ont pour axiome que la fin justifie les moyens, et en
multipliant ses éditions, il attaquait toujours les chaudonistes .
La Biographie universelle se> montre très-indulgente envers Feiler; elle justifie presque ses violences en les attribuant à son
zèle pour la religion. Dans le domaine de l'histoire, ce zèle même est coupable, et, à ce point de vue, il n'est permis d'en
montrer que pour le triomphe de la vérité. La partialité de Feiler pour la religion lui fait transformer souvent en génies su-
périeurs des personnages qui n'avaient eu d'autre mérite que celui de porter une robe de jésuite, tandis qu'il métamorphose
en pygmées des hommes d'un incontestable talent, pour peu qu'ils aient été entachés de jansénisme, ou qu'ils aient partagé
les idées philosophiques du dix-huitième siècle. Quant aux grands hommes qui ont vécu avant le christianisme, leur nom
seul fait frémir d'indignation la plume du jésuite pseudo-biographe. Il est avéré à ses yeux que l'ère païenne n'a pas vu
éclore une seule vertu. Il met la continence de Scipion bien au-dessous de celle du dernier, soldat chrétien ; il fait de So-
crate un hypocrite, un orgueilleux, un ivrogne et un libertin; Marc-Aurèle était faux, altier, égoïste, corrompu par sys-
tème, tyran crapuleux, récompensant ceux qui s'accommodaient des amours de sa femme, et se couvrant lâchement d'une
honte qu'un sauvage même n'aurait pu supporter... Quant aux païens qui appartiennent au christianisme, tels que Voltaire,
Diderot, d'Alembert, Rousseau, etc., il est impossible à notre plume de reproduire toutes les aménités qu'il leur prodigue.
Biographie universelle ancienne et moderne, publiée par Michaud, avec la collaboration de plus, de 3.00 savants et
littérateurs français ou étrangers; Pans, 1810-1828, 52 vol in-8°, plus un supplément en 32 vol. Une deuxième édition in-4°,
commencée en 1843, édition refondue, revisée et augmentée d'un grand- nombre d'articles, est aujourd'hui terminée.
PRÉFACE. XLIX
Cette -vaste publication, il est presque superflu de le rappeler, est une des plus importantes de la première moitié de ce
siècle. C'est un monument auquel ont coopéré la plupart dés illustrations scientifiques et littéraires de cette période. On y re-
marque principalement les travaux de géographie, de découvertes et de voyages, par Walckenaër, Malte-Brun et Eyriès; — -'
d'histoire et de langues anciennes, par Clavier, Daunou, Boissonade, Amar, Noël; — d'histoire, de littérature et de langues
orientales, .par Silvestre de Sacy, Abel Rémusat, Klaproth; — de littérature et d'histoire d'Italie, par Ginguené et Sismondi ;
— de littérature et d'histoire de la France, par Fiévée,Villemain, de Barante, Du . Rozoir , Monmerqué; — d'histoire, de litté-
rature d'Allemagne et du nord de l'Europe, par Stapfer, Guizot, Depping et Schoell; — d'histoire et de littérature anglaises,
par Suard, Lally-Tollendal et de Sevelinges. Ajoutons, pour les sciences, la philosophie, les arts, etc., les noms de Émeric
David, Quatremère de Quincy, Cuvier, Du Petit-Thouars, Visconti, Millin, Sicard, Chaumeton, Chaussier, Desgenettes,
Percy, Richerand, Gence, Beuchot, Pillet, Weiss, Michelet, Cousin, Fourier, de Bonald, Chateaubriand, Humboldt, Biot,
de Gérando, Raoul-Rochette, et bien d'autres noms éclatants, dont presque tous faisaient l'orgueil de l'Institut et des pre-
miers corps savants de l'Europe. On reconnaîtra qu'il est difficile, et surtout dans la préface d'un travail comme celui-ci,
de parler, avec indépendance d'une œuvre qui s'abrite sous l'autorité de si hautes renommées. Dans la crainte d'être taxé
de présomption, on serait tenté de passer silencieusement, et en s'inclinant, devant cette armée de princes de l'intelligence
et du savoir. Et cependant, pourquoi renoncerait-on ici à la pratique du libre examen, qui est la vie de la science et l'auxi-
liaire de tout progrès? Ne peut-on, sans manquer de respect aux maîtres, exprimer une opinion sincère sur l'œuvre qu'ils
nous ont laissée? Et si tout ne nous semble pas admirable, n'aurions-nous pas le droit de le dire? Nous pensons,
au contraire, que nous avons ce droit et que, dans notre situation, c'est pour nous un devoir de l'exercer. Quand on
prend la plume, moins pour rechercher des succès littéraires que pour propager des connaissances, en même temps que des
principes et des idées, il n'est pas permis de se dérobera l'obligation de défendre ce qu'on croit être la vérité. Nous émettrons
donc quelques critiques sur la Biographie universelle, avec l'espoir que notre bonne foi nous préservera de toute accusation
de dénigrement. . . * ■
L'homme éminent qui fut la cheville ouvrière de ce grand ouvragé, M. Michaud jeune, y a consacré, pour ainsi dire, sa vie
entière; il s'y est absorbé pendant plus de trente années, à la fois comme éditeur et comme auteur d'articles nombreux. Cette
persévérance énergique suffirait déjà seule à faire vivre son nom, indépendamment du mérite intrinsèque de l'œuvre. On sait
qu'il a posé les premières assises de son édifice en 1810: or, si l'on réfléchit un instant à cette date, on ne pourra non plus
refuser son admiration à une initiative aussi hardie, qui, à tous les points de vue, était une vraie témérité; car, il faut bien le
reconnaître, ce temps n'était rien moins que favorable, non-seulement à l'indépendance de la pensée, mais encore à l'exécu-
tion d'une entreprise littéraire de cette importance. Un succès aussi légitime qu'éclatant a récompensé la constance de ce mâle
ouvrier, qui a su mener son labeur à bonne fin, et même tracer le plan de la seconde édition, lui donner l'impulsion et en
diriger les parties principales.
Envisagée au point de vue purement littéraire, la Biographie universelle nous apparaît avec les qualités et les défauts de
l'école académique et universitaire del'Empire, qui a prolongé son existencejusque sous la Restauration. Les articles sontgéné-
ralement rédigés avec sobriété et correction, mais sans grand éclat, nous dirons même sans originalité. En un mot, la lecture en
est plus instructive qu'elle n'est attachante, et on les parcourt moins pour y trouver du charme que pour y chercher des rensei-
gnements. Sans doute, le genre de la biographie ne comporte pas toujours les grands effets de style, qui même seraient déplacés
dans une multitude d'articles courts et purement spéciaux ou techniques ; mais, après tout, la banalité n'est pas moins à
craindre que l'affectation, et la sobriété n'est une qualité réelle qu'à la condition de ne pas dégénérer en sécheresse. C'est ce
qui arrive parfois à quelques-uns des collaborateurs de la Biographie universelle. Les plus renommés mêmes s'élèvent rarement ;
ils semblent subir l'influence du milieu et s'attacher à ne pas dépasser un certain niveau moyen, qui est la limite communeV
On dirait qu'ils se refusent à employer toutes leurs forces, pour ne pas nuire à l'ensemble, et qu'ils trouvent suffisant pour
leur réputation de ne pas tomber dans le médiocre pur. On trouverait difficilement , parmi ces milliers d'articles, quel-
ques-uns de ces morceaux d'éclat tels qu'on serait en droit d'en attendre des écrivains qui les ont signés.
La partie bibliographique es.t généralement traitée avec soin. Les recherches, quelquefois insuffisantes, sont le plus souvent
exactes. Néanmoins, malgré les remaniements, les rajeunissements et les retouches, cet ouvrage, si remarquable à tant d'é-
gards, a conservé une physionomie un peu surannée. Un grand nombre de progrès ont été accomplis .dans les sciences histo-
riques, dans la critique religieuse , dans la littérature, la philosophie, etc. , dont les rédacteurs et les reviseurs n'ont' pas
suffisamment tenu compte. Bien des points de l'histoire ancienne et de notre histoire nationale ont été traités à peu près
exclusivement dans la manière de l'ancienne école historique, et sont demeurés ainsi même dans la nouvelle édition.
Sous le rapport philosophique et politique, la Biographie universelle porte l'empreinte d'un esprit de parti dont l'ai-
greur a été un peu adoucie dans la réimpression, mais non pas d'une manière très-sensible. Il y a même eu aggravation
en certaines parties. Ainsi Vilïenave a ajouté des notes à beaucoup d'articles consacrés à des hommes de la Révolution,
L PRÉFACE.
notes où il semble avoir déversé toutes ses vieilles rancunes et qui renchérissent sur les malveillances et les appréciations
haineuses des articles primitifs. Cependant lui-même avait été mêlé aux événements de la Révolution, et il avait joué un
rôle actif, soit comme meneur des sociétés populaires de Nantes, soit comme substitut de l'accusateur public du tribunal
révolutionnaire de cette ville. Mais il était de mode alors d'affecter un zèle excessif pour les idées monarchiques et
religieuses. La réaction aveugle contre le xvme siècle et la Révolution n'avait fait naturellement que s'accroître sous
la Restauration, et les savants collaborateurs de Michaud, outre qu'ils subissaient dans une certaine mesure son
énergique impulsion, étaient pour la plupart infectés de ce détestable esprit ; ils avaient perdu la tradition nationale, et
ce n'est pas dans les bureaux de la Biographie qu'ils la pouvaient retrouver.
Tout ce qui concerne la Révolution est dans le sentiment qui dominait à cette époque : négation du droit, altération des
faits, diffamation des hommes. Toute la philosophie de cette grande histoire se résumait alors, comme on le sait, dans
cette théorie étrange qui faisait considérer l'ensemble de ces événements prodigieux comme une longue saturnale, une
série de brigandages, et les.acteurs comme de purs scélérats. Cette appréciation, qui nous semble si naïvement absurde
aujourd'hui, était alors la doctrine officielle. C'est celle- qui a généralement inspiré les rédacteurs de la Biographie dans
leurs travaux, et c'est ce qui fait que leur œuvre a vieilli si vite. Ce n'est pas impunément qu'on peut mentir à l'histoire
et outrager la vérité. Parmi cette génération de grands esprits, les uns avaient été égarés dans cette voie par des traditions
de famille, par la fatalité des circonstances ; d'autres, par des calculs d'ambition] d'autres encore, dont le talent avait
grandi au milieu des événements, pendant que leur caractère s'abaissait, répudiaient naturellement les passions et les
idées de leur jeunesse, qui condamnaient les calculs de leur âge mûr. Mais tout ce qu'ils ont écrit contre la Révolution l'a
été sur le sable, et cette partie de leur œuvre nous apparaît déjà comme de vaines imprécations contre la civilisation et
la liberté. .
Terminons par une révélation assez piquante : la vie de Michaud aîné, l'acrimonieux historien des croisades, est écrite
dans un esprit à demi hostile et empreinte même, vers la fin, d'une, singulière aigreur. Cet article, qui a paru dans le
Supplément, est de M. Parisot; et s'il n'a pas été inspiré par Michaud jeune, il n'a pas été non plus amendé par lui.
Cependant, il ne se gênait, nullement pour arranger et quelquefois pour mutiler le travail de ses collaborateurs, sans
révérence pour leur célébrité. Cela est bien connu, et les auteurs n'étaient souvent prévenus des changements que par
la réception du volume imprimé. Nous avons sous les yeux une lettre de Suard, appartenant au cabinet de M. Gabriel
Charavay, où le célèbre académicien se plaint très-amèrement des mutilations que Michaud fait subir à ses articles.
« Je ne suis point, dit-il, habitué à ces légèretés-là; mais la sottise est faite, il faut la boire. » La sottise est faite, cela
signifiait qu'elle était imprimée.
Biographie universelle et portative des contemporains , ou Dictionnaire historique des hommes vivants, par Rabbe,
Vieilh de Boisjolinet Sainte-Preuve; 5 vol. in-8°, à 2 col., Paris, 1834. — Entreprise en 1827 par Em. Babeuf, fils du
fameux Caïus Gracchus, .tribun du peuple, elle fut dirigée jusqu'à la lettre C par Boquillon, qui dut ensuite céder la
rédaction en chef à Rabbe. Par son talent et par son expérience, Rabbe était capable de diriger une opération littéraire;
mais la nature de son esprit, que dominait une vive imagination, le rendait médiocrement apte à gouverner une entreprise
pleine de périls et d'embarras. Aussi, dès la dix-septième livraison, ï'imprimeur-éditeur se. crut-il obligé de décharger
Rabbe de ce lourd fardeau, pour le confier à Vieilh de Boisjolin, qui déjà soutenait la publication par ses propres travaux.
Le supplément, qui est compris dans le 5e volume, fut publié sous ses auspices.
La Biographie de Rabbe et Boisjolin est sans contredit le plus- vaste et le plus utile des dictionnaires historiques
contemporains qui ont paru depuis la Révolution; il est écrit dans l'esprit libéral et un peu chauvin de la Restauration.
Le publiciste, l'historien, le biographe chercheraient vainement ailleurs les notes précises, les informations sûres, les
aperçus judicieux, les innombrables articles que contiennent ces dix mille colonnes de texte serré. Tous les personnages
marquants, français et étrangers, de 1788 à 1834, y figurent dans une mesure généralement proportionnée à leur mérite
ou au rôle qu'ils ont joué. Quelques-uns, cependant, n'avaient pas des titres assez incontestables pour être admis dans ce
vaste musée. Tous ces hommes furent les héros, les martyrs, les victimes, les défenseurs, les adversaires, les apostats
ou les continuateurs de la Révolution. Beaucoup existent encore. Dans quel esprit, à quel point de vue ont-ils été jugés
Les directeurs de la Biographie nous paraissent les avoir appréciés, soit avec la sympathie, soit avec la réserve d'écrivains
libéraux inclinant aux théories républicaines, et cette tendance n'est point ici une partialité systématique. Pour caracté-
riser équitablement les hommes de la Révolution, le seul moyen était de demander à la vie de ces hommes dans quelle
mesure et dans quel sens ils avaient servi, détourné ou combattu les principes et les conséquences de ce grand phé-
nomène politique et social.
Ce dictionnaire est redevable à Rabbe d'un grand nombre d'excellents articles , entre autres ceux du ministre Canning,
PRÉFACÉ. Lï
de Benjamin Constant, de Catherine II, et plus particulièrement encore celui du fameux peintre David. Les généraux et
les géomètres y forment le domaine de Boisjolin; parmi ses articles, on distingue les suivants : Appert, Au'bert de Vi-
try, Dampierre, Darmagnac, Decaen, Dejean, Didot, Duroc, Fourier, Fox, Jourdan, Lassus, Méchain, Montucla, Mo-
ratin, Prony, etc. On doit vérifier avec soin certaines dates et se mettre en garde contre certaines opinions, par suite des
difficultés que les auteurs ont éprouvées pour obtenir des renseignements à la fois complets et exacts sur la vie des
hommes remarquables de leur époque.
Nouvelle Biographie générale, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nosjours, publiée par MM. Firmin Didot, sous la di-
rection de M. le docteur Hoèfer. Cet ouvrage, qui touche aujourd'hui à la fin dé sa publication, avait pris d'abord le titre
de Nouvelle Biographie universelle, qu'il dut quitter par décision judiciaire. Il y eut même, si nos souvenirs sont exacts, une
condamnation à l'amende pour de larges emprunts faits à la Biographie Michaud. Cette collection, estimable sous quelques
rapports, nous paraît cependant, prisé dans sa généralité, moins une œuvre de science et de littérature qu'une entreprise de
librairie. Un certain nombre d'articles sont excellents, d'autres sont consciencieux; mais beaucoup sont purement et sim-
plement compilés. Presque toutes les biographies de Y Encyclopédie des gens du monde 6ht passé, par un simple coup de ci-
seaux, dans la Biographie générale, allégées souvent du nom de leur auteur et saupoudrées de maigres additions. Le savant
historien de la chimie, chargé de la direction de cet ouvrage, a peut-être un peu trop apporté dans cette mission ses
habitudes germaniques. Il en résulte souvent un étalage d'érudition, très-sérieuse dans ses propres articles, quoiqu'un peu
pesante et confuse, mais indigeste et de mauvais aloi chez beaucoup de ses collaborateurs.
Les titres des ouvrages sont tous cités dans la langue originale, et le plus souvent sans traduction entre parenthèses; en sorte
qu'il faudrait que les lecteurs fussent tous des polyglottes. Il est encore un autre défaut qui nous a souvent choqué, et qui a
certainement produit la même impression sur une foule de lecteurs. Divers articles d'une importance très-secondaire, sur-
tout la biographie des personnages espagnols, portugais et brésiliens, sont l'objet de développements tout à fait inattendus, jîarce
qu'ils se rattachent à des noms obscurs, autour desquels ne s'est' produit qu'un retentissement passager et local. On croirait
volontiers d'abord que la biographie Didot vient combler des lacunes, réparer des injustices, exhumer de l'oubli des noms
qui avaient les droits les plus incontestables à l'immortalité, et l'on reconnaît, en fin de compte, qu'on est en face de personna-
lités médiocres, qu'un rédacteur a mises sur le piédestal dans un but trop transparent pour que nous ayons à l'expliquer.
Nous ne voyons pas ici un tableau rempli de figures vraiment historiques/mais un ouvrage dénué de toute proportion, avec
la tête d'un géant sur les épaules d'un nain. Évidemment, ces articles ont été rédigés par des hommes trop versés dans l'his-
toire castillane, inconvénient ordinaire des spécialités dans ces sortes d'ouvrages:
Dictionnaire universel des contemporains, publié en 1858, par M. Vapereau, et dont la 3e édition vient de paraître,
La biographie contemporaine n'est pas nouvelle clans notre pays; contentons-nous de citer Rabbe et Germain Sarrut, les
modèles du genre, ainsi que les petits in-18 de MM. de Loménie, Eugène de Mirecourt et Hip. Castille; mais cette litté-
rature a trop souvent servi à la satisfaction des rancunes ou des sympathies personnelles- Toutefois, entre l'éloge aveugle
et le dénigrement à outrance, il y a l'indépendance, qui prend pour drapeau la vérité.
Quel est le mobile qui a dû 'diriger ceux qui ont confié la rédaction de ce travail à M. Vapereau? Évidemment ils ont fait
miroiter à ses yeux cette épigraphe empruntée au fabuliste : Contenter tout le monde et son père. Si l'on en croit La Fontaine,
cet accord est impossible, mais on sait que le bonhomme était naïf, et qu'il n'y avait chez lui aucune des qualités de l'édi-
teur. Donc, M. Vapereau est hors de cause. C'est un écrivain distingué: sa plume a de la ressource; elle est diserte, habile,
rhétoricienne, et, dans une question de bienveillance, aucune situation embarrassante ne l'embarrasse. Comme homme,
cette bienveillance systématique est la plus précieuse des qualités; comme historien, c'est peut-être le plus' fâcheux des
défauts. On devine donc l'esprit dans lequel est rédigé le Dictionnaire des contemporains. M. Vapereau ne clit son fait à per-
sonne. Son livre est un almanach qui n'enregistre que le beau temps, afin que madame la Lune n'ait pas à s'en fâcher. Avec
ce prudent dictionnaire on peut être apostat, voire même renégat en religion, en politique, en philosophie, et dormir sur
ses deux oreilles sans craindre les insomnies. Il enregistre vos noms et prénoms,' ainsi que votre âge, question qui n'est
délicate qu'à l'égard des dames; il dit si vous avez été préfet ou sous-préfet, vainqueur à Sébastopol ou vaincu à Castelfidardo,
membre d'un congrès ou fondateur d'une société de tempérance, orthodoxe ou rationaliste, protectionniste ou libre-échan-
giste; mais tout cela prudemment et discrètement. --■--•
Ces sortes de biographies, on le comprend, servent peu à la critique, et encoremoins à la philosophie de l'histoire contem-
poraine. Cette bienveillance systématique, répétons le mot, ne saurait entrer dans'le plan du Grand Dictionnaire, qui appelle
un chat un chat, et qui sait distinguer Cartouche de Montyon. Avec cette méthode on se fait des ennemis; nous en savons déjà
quelque chose, sed magis arnica veritas; et cette compensation est de nature à consoler des attaques de la vanité froissée.
LH PRÉFACE.
Comme tout ce qui sort de la plume de M. Vapereau, le Dictionnaire des contemporains est très-bien écrit; on y retrouve à
chaque ligne le normalien qui s'est nourri de la moelle des génies de l'antiquité.
Cependant cette critique manquerait encore de justice si nous n'ajoutions pas que le Dictionnaire des contemporains est un
des livres qui nous ont le plus aidé dans notre travail. Il nous a épargné une correspondance pénible et fastidieuse. La bio-
graphie contemporaine est un champ que M. Vapereau a péniblement défriché à notre profit, et s'il ne l'a semé que de gui-
mauves, s'il n'a pas jugé à propos de rompre un peu la monotonie du coup d'œil en rémaillant de quelques bouquets de ces
plantes aromatiques que l'art culinaire appelle assaisonnements, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître que le Dic-
tionnaire des contemporains est une œuvre éminemment utile, où l'on trouve une foule de renseignements précieux et pres-
que toujours exacts.
OUVRAGES LEXICOGRAPHIQUES, ENCYCLOPÉDIQUES, BIOGRAPHIQUES
CHEZ LES NATIONS ÉTRANGÈRES
Il nous reste à jeter un coup d'œil sur les travaux encyclopédiques qui ont été entrepris chez les différents peuples du
globe : les Anglais, les Allemands, les italiens, les Espagnols, les Arabes, etc. Ici, nous avons un choix à faire, car les maté- .
riaux sont considérables. Dans cette course rapide, nous ne pouvons guère que mentionner sommairement ; toutefois ,
nous nous arrêterons plus longuement sur le Dictionnaire anglais de Johnson, et sur celui de la Crusca, qui jouissent d'une
réputation européenne méritée.
Encyclopédie (the Cyclopedia), par Chambers, publiée en 1728, en 2 volumes in-folio. C'est le premier dictionnaire ou
répertoire encyclopédique qui ait paru dans la Grande-Bretagne. L'auteur, qui avait exercé dans sa jeunesse la profession de
fabricant de globes, était un homme laborieux et fort honnête; mais ce n'était pas un savant. Quoi qu'il en soit, l'idée qu'il
avait conçue et qu'il mit courageusement à exécution était féconde, et il lui reste l'honneur d'avoir mis, le premier, la pioche
dans un champ vaste et jusqu'à lui inexploré. Son plan fut celui-ci : considérer les diverses matières, non-seulement en
elles-mêmes, mais analogiquement, dans leurs rapports avec les autres branches. Pour atteindre ce résultat, il imagina un
système fort ingénieux de renvois, au moyen duquel les détails accessoires se trouvaient rattachés aux parties principales. Son
ouvrage eut cinq éditions en moins de dix-huit années. L'auteur étant mort en 17 40, X Encyclopédie fut revue et augmentée.
Le dernier remaniement a été opéré sous la direction du savant docteur Abraham Rees, qui en a publié une édition en 45 vol.
in-4°, à laquelle les plus grands écrivains de l'Angleterre se sont empressés d'offrir leur collaboration. Aujourd'hui, en An-
gleterre, l'Encyclopédie de Chambers est dépassée de bien loin, et son plus beau fleuron est d'avoir suggéré à Diderot l'idée
de X Encyclopédie du xvme siècle. C'est ici le cas dédire, en retournant le beau vers d'Hippolyte :
Et moi, père inconnu d'un si glorieux fils.
Dictionnaire de la langue anglaise, par Samuel Johnson, regardé comme le meilleur, peut-être, qui existe dans aucune
langue. En 1740, deux libraires de Londres s'associèrent pour l'entreprise d'un dictionnaire qui répondît plus complètement
aux besoins de la langue que les ouvrages qui existaient déjà en ce genre, et, sur la recommandation de Warburton, ils char-
gèrent Johnson de la rédaction de ce vaste travail, qui fut publié en 1755. C'est une œuvre d'un mérite incontestable, et l'on
. a droit de s'étonner qu'elle, soit celle- d'un seul homme, quand on pense que, pour l'accomplir, il fallait d'abord se livrer à
tant d'études, de lectures, de recherches et de réflexions. Johnson excelle dans l'art si difficile de fixer le sens d'une
expression; ses définitions, nettes, précises, exactes, portent le cachet d'un sens droit, d'une grande sagacité et d'une clarté
lumineuse. On admire aussi l'heureux choix de ses exemples, tous empruntés aux poètes, aux écrivains, aux philosophes et
aux théologiens les plus éminents de l'Angleterre. Lui-même avait eu le soin de les choisir et de les souligner dans ces divers
auteurs, où ses copistes les transcrivaient ensuite. Tous ces fragments, détachés du corps qui leur donnait le mouvement et
la vie, sont néanmoins choisis avec un tel art, un tel goût, que la lecture en est encore attrayante , au point que l'historien
Robertson assure qu'il a lu le dictionnaire de Johnson d'un bout à l'autre. Souvent le lexicographe anglais allie Y humour à la
gravité de ses définitions, et on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il le fait avec un rare bonheur. Johnson qui, en sa
qualité de tory, détestait Walpole et l'acte de V excise, dû aux wighs, définit ainsi ce mot : « Excise, taxe odieuse levée sur
notre bien-être et décidée, non par les juges naturels de la propriété, mais par des misérables aux gages de ceux à qui elle doit
PRÉFACE. LUI
être payée. » Pour lui, une pension est une « redevance payée à qui l'on ne. doit rien; » Y avoine est « une graine qui sert à
nourrir les chevaux en Angleterre, et les hommes en Ecosse. » Beaucoup d'autres définitions sont empreintes de cet .esprit
satirique si original chez les Anglais, que Swift et Sterne ont porté à sa dernière perfection. Nous n'en blâmons certes pas
Johnson; il en a usé d'une manière discrète et spirituelle; mais nous devons faire observer que ces excentricités sont dan-
gereuses à imiter. Quand on se permet d'introduire la plaisanterie dans un sujet sérieux, on est tenu de le faire avec réserve
et surtout avec esprit. Malheureusement, il s'est trouvé parmi les lexicographes français des imitateurs maladroits, qui ont
justifié une fois de plus l'exclamation d'Horace : .0 imitatores, servum pecus l Nous regrettons de rencontrer M, La Châtre
au nombre de ceux qui ont voulu marcher sur les traces de l'auteur anglais; ils croient rire et ils font la grimace. On les a
comparés très-justement à des éléphants qui essayeraient de danser sur la corde. Nous préférons de beaucoup à toutes ces
rapsodies les Pensées d'an emballeur, du Tintamarre.
Une juste place, une place largement méritée, accordée à l'éloge, il nous reste à faire la part de la critique. Le côté faible
du dictionnaire de Johnson est la pauvreté des recherches et des études sur la question des étymologies. On reproche avec
raison à l'auteur son entière ignorance de la langue anglo-saxonne et des idiomes teutoniques collatéraux. Ne pouvant puiser
dans son propre fonds, Johnson en a été réduit à copier dans Skinner et Junius tout ce qui touche à l'origine et à la filiation
des mots; la science philologique fait complètement défaut à son ouvrage. On remarque aussi des erreurs dans la manière
dont il a tracé les significations successives de certains mots, et l'on constate l'absence perpétuelle de méthode et de vues
philosophiques. Sous ce dernier rapport, M. Todd n'a pas enrichi le dictionnaire de Johnson, bien qu'il l'ait grossi d'addi-
tions utiles, jusqu'à en former six volumes m-¥. Le docteur Latham, philologue exercé, a donné une édition plus correcte et
plus riche de l'ouvrage du célèbre lexicographe anglais.
Un travail si remarquable et si éminemment utile ne fit pas la fortune de Johnson. Les libraires s'étaient engagés à lui
payer une somme de treize cent soixante-quinze livres sterling, sur laquelle il devait indemniser ses collaborateurs; mais
Johnson, qui s'était flatté d'avoir terminé son dictionnaire à la fin de 1750, fut débordé par sa tâche, et ce n'est qu'en 1 755,
comme nous l'avons dit, qu'il put livrer son travail à l'imprimeur, de sorte qu'il n'en recueillit aucun bénéfice matériel.
Mais il en fut amplement dédommagé par la plus flatteuse récompense que puisse ambitionner le véritable homme de let-
tres, l'illustration et la popularité qui s'attachèrent à son nom. Il put alors, sans être taxé d'orgueil, exprimer les sentiments
de légitime fierté qu'il avait dans le cœur, en dépit de ses dehors communs, pour ne pas dire plus, et donner une leçon de
dignité à l'un des plus nobles personnages de son temps. Il avait annoncé, dans leprospectus de son dictionnaire, que son œuvre
allait paraître sous le patronage de lord Chesterfield, qu'il avait invoqué, mais qui. lui fut ensuite poliment refusé. Lorsque
Johnson eut attiré sur son ouvrage les regards de toute l'Angleterre, lord Chesterfield voulut revendiquer un honneur qu'il
avait dédaigné, et il écrivit lui-même dans un journal anglais (le Monde) plusieurs articles excessivement élogieux sur le dic-
tionnaire de Johnson. L'auteur y répondit poliment, mais sur le ton de la dignité blessée : « Milord , j'ai lu dernière-
ment dans le Monde deux articles qui recommandent mon dictionnaire au public, et qui sont l'ouvrage de Votre Seigneurie.
Très-peu accoutumé aux faveurs des grands, je ne sais ni comment recevoir, ni de quelle manière reconnaître une si hono-
rable distinction. Lorsque de faibles encouragements me décidèrent à aller rendre visite à Votre Seigneurie, je fus maî-
trisé, comme tous ceux qui ont l'honneur de vous approcher, par le charme de vos discours. Je conçus, malgré moi, le désir
présomptueux de pouvoir -me nommer le vainqueur des vainqueurs de la terre. J'espérais obtenir de vous cet intérêt dont je
voyais le monde jaloux ; mais mes avances furent accueillies d'une manière si glaciale, que ni la fierté ni la modestie ne me
permirent de les continuer. L'attention que vous avez la bonté d'accorder maintenant à mes travaux, si elle avait été moins
tardive, m'eût touché comme une preuve de sympathie; mais vous avez trop attendu. Sept ans se sont écoulés, milord, de-
puis le jour où j'ai été repoussé de votre porte; durant cet intervalle, j'ai poursuivi mon travail à travers des difficultés dont
il est superflu de me plaindre, et je l'ai conduit enfin jusqu'à son achèvement sans qu'un seul témoignage de bienveillance
ou un sourire de faveur soit venu m'encourager...
« Ce n'est pas un protecteur, milord, celui qui voit avec insouciance un homme se débattre dans les flots, en danger de
perdre la vie, et qui, lorsqu'il a atteint le rivage, l'embarrasse d'un secours inutile. . . J'espère qu'il n'y a point une cynique
ingratitude à ne pas reconnaître l'obligation quand on n'a pas reçu le bienfait, ou à ne pas vouloir que le public me consi-
dère comme redevable à un protecteur de ce que la Providence m'a rendu capable de faire moi-même. »
Cette lettre était fière et digne, et lord Chesterfield crut rendre malice pour malice à son protégé, en traçant de lui le por- '
trait suivant, qui n'est peut-être pas tout à fait imaginaire, Car Johnson, comme beaucoup de savants, d'ailleurs très-estima-
bles, négligeait trop les bienséances sociales, et, par ses manières gauches et maladroites, donnait trop de prise sur lui chez
une nation où la respectability joue un rôle si éminent : « Il est un homme, écrit le noble lord, dont je reconnais, j'estime et
j'admire le caractère moral, les profondes connaissances et le talent supérieur; mais il m'est si impossible de l'aimer, que j'ai
presque la fièvre quand je le rencontre dans une société. Sa figure, sans être difforme, semble faite pour jeter de la disgrâce
LfV ' PRÉFACE. *
et du ridicule sur la forme humaine. Sans égard à aucune des bienséances de la vie sociale, il prend tout, il fait tout à contre-
temps. Il dispute avec chaleur, sans aucune considération pour le rang; l'état et le caractère de ceux avec qui il dispute.
Ignorant absolument toutes les nuances du respect et de la familiarité, il a le même ton et les mêmes manières avec ses su-
périeurs, ses égaux et ses inférieurs; et il est, par conséquent, absurde avec au moins deux de ces trois classes de personnes.
Serait-il possible d'aimer un tel homme? Non; tout ce que je puis faire est de le regarder comme un respectable Hottentot, »
Dans sa biographie de Johnson, Macaulay nous dévoile le secret de la conduite de Ghesterfield, si vanté néanmoins pour
la politesse de ses manières, à l'égard de l'Aristarque de la langue anglaise. Chesterfield n'eût pas demandé mieux que de re-
cevoir, en patron généreux et délicat, l'auteur de ce dictionnaire que sa plume habile fit mousser en termes irréprochables
dans deux articles consécutifs... « Mais, c'était lui ouvrir à deux battants les portes de son hôtel, et il ne se souciait pas de
voir tous ses tapis souillés de la crotte de Londres, ni ses potages et ses vins répandus à droite et à gauche sur les robes des
belles dames et les gilets'des Jbeaux messieurs, ses convives, par un savant gauche et distrait, qui avait d'étranges soubresauts
et poussait de singuliers grognements, par un malotru qui s'habillait comme ces mannequins destinés à effrayer les cor-
beaux, par un glouton qui mangeait comme un cormoran. » Ainsi l'humoriste populaire, ce pauvre auteur qui avait
dépensé en frais de copistes toutes les guinées octroyées par les libraires, ce dictateur littéraire, que son ami Robertson avait
tiré deux fois de la prison pour dettes, ne pouvait être admis dans les salons aristocratiques d'un patron libéral! Si l'Angle-
terre meurt un jour de quelque excès, ne suecombera-t-elle pas par l'abus du cant et de la respectabilité?
Le dictionnaire de Johnson avait paru sans dédicace, mais avec une préface où l'auteur déclare franchement qu'il ne doit
rien aux grands; il y raconte les difficultés contre lesquelles on l'avait laissé lutter seul, en termes si nobles et si touchants
à la fois, que le plus habile et le plus malveillant des ennemis de sa renommée, Horne.Tooke, ne pouvait jamais lire ce
morceau sans verser des larmes. « En cette occasion, dit Macaulay, le public rendit pleine justice à Johnson, et quelque
chose de plus que la justice. Le meilleur lexicographe peut s'estimer heureux lorsque ses travaux sont accueillis avec une
froide estime ; mais le dictionnaire de Johnson fut salué avec un enthousiasme comme jamais pareil ouvrage n'en a excité.
C'était, il est vrai, le premier dictionnaire qu'on pût lire avec plaisir. » Les défauts, les travers personnels de l'homme sont
passés, il y a longtemps qu'on n'y songe plus; mais son œuvre n'a pas cessé d'être le meilleur code de la langue anglaise.
Johnson était d'une excessive modestie, et il ne faisait nulle difficulté d'avouer qu'un lexicographe ne peut pas tout sa-
voir, et que, sur bien, des points, iLest obligé de s'en rapporter à des autorités qu'il- croit dignes de toute confiance, mais
qui, comme lui, ne sont pas infaillibles. Une dame lui demandait un jour, sans doute à propos d'un détail de pot-au-feu,
comment il avait pu donner une définition des plus erronées : « Par pure ignorance, madame, par pure ignorance. » A notre
avis, il n'y a que les hommes supérieurs qui soient capables d'un aveu empreint d'une semblable franchise.
Nouveau Dictionnaire universel des arts et des sciences, de Barrow. Cet ouvrage, publié de 1751 à 1754, simultané-
ment avec la grande Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, fut mis largement à contribution par les encyclopédistes fran-
çais. C'est égal; c'était la mise en pratique du vieux proverbe retourné : le riche empruntait au pauvre.
Encyclopédie britannique, publiée à Edimbourg, en 1771, par William Smellie, 4 vol. in-4\ L'imprimeur-éditeur,
homme très-habile et très-lettré, annonçait dans son prospectus que les arts et les différentes sciences seraient exposés dans
des traités particuliers. Cette idée n'était pas nouvelle, car elle avait déjà été mise en pratique par Coetlogon. C'était l'idée mère
de UnmiUion de faits qï de Patria, venus soixante-dix ans après, mais bien inférieurs à leur modèle. On dit que les Français
inventent et que les Anglais perfectionnent. Ici, malheureusement, nous n'avons été ni inventeurs ni perfectionneurs , caries
deux avortons dont nous venons de parler n'ont aucune valeur scientifique. La seconde édition de Y Encyclopédie britannique,
commencée en 1776, fut augmentée de 10 vol., et l'on y fit entrer la biographie et l'histoire. La troisième édition, terminée en
1797, compta 18 vol. enrichis de traités spéciaux de grammaire et de métaphysique dus au révérend docteur Gleig, ainsi que
d'importants articles sur la mythologie, les mystères et la philologie, par le docteur Doig, et sur les sciences physiques, par le
savant professeur Robison. Cependant, grâce à la faveur méritée dont jouissait cette encyclopédie, une quatrième édition,
jugée nécessaire, fut publiée sous la direction du docteur James Miller (1810). Cette dernière édition contenait d'admirables
traités scientifiques dus à la plume savante du professeur Wallace. Enfin, le libraire Constable conçut l'idée d'un important
supplément, dont il confia l'exécution au professeur Macvey Napier. Les" hommes les plus éminents de France et d'Angle-
terre contribuèrent à ce supplément, parmi lesquels nous mentionnerons : Dugald-Stewart, Playfair, Jameson, Leslie,
Mackintosh, le docteur Thomas Thompson, Walter Scott, Jeffrey, Ricardo, Malthus, Mîll, Wallace, Thomas Young, Biot,
Arago, etc. Ce supplément, comprenant 6 forts vol., fut complété en 1824. Six années plus tard, la propriété de l'Encyclo-
pédie ayant passé aux mains de MM. Adam et Charles Black, une refonte générale de l'ouvrage fut décidée, dans laquelle
devaient entrer les articles du supplément et les principaux traités de la dernière édition, revus, corrigés et mis au courant
PRÉFACE. LV
de la science. M. Napier, choisi pour diriger cette nouvelle édition, s'adjoignit dans ce travail le docteur James Browne
et de nombreux et importants articles furent demandés à des savants tels que sir David Brewster, M. Galloway, le docteur
Traill, le docteur Roget, le docteur John Thomson, M. Tytler, le professeur Spalding, M. Moir, etc. Cette œuvre nationale,
comme on l'a justement surnommée, fut complétée en 1842. Elle comptait alors 21 vol. En 1859, une dernière édition à
été entreprise sous la direction du professeur Traill; elle est aujourd'hui achevée et renferme des articles fort remarquables,
sortis de la plume des premiers écrivains anglais, entre autres deMacaulay et de M. de Quincey. L'ordre alphabétique a été
adopté dans cette édition, qui, on le comprend, n'a plus aucun rapport avécl' Encyclopédie de Smellie. Elle ressemble au
couteau de saint Hubert, aux pantoufles d'Abou-Cassem et au fameux navire Argo. Saint Hubert, Cassem, Jason et Smellie
reviendraient en ce monde, qu'ils ne reconnaîtraient certainement plus leur propriété. En sera-t-il ainsi du Grand Diction-
naire en l'an 2000, quand il sera allé où va toute chose, '
Où va la feuille de rose .
Et la feuille de laurier? ■• ■ -
Nouveau dictionnaire universel des arts et des sciences, dirigé par Rees; 45 vol. in-4°, dont 6 de planches, 1802-1819.'
Cet ouvrage est surtout remarquable par son exécution typographique. Rees avait achevé Y Encyclopédie de. Chambers de 1743
à 1825 ; cet apprentissage lui fut d'un grand secours dans sa nouvelle entreprise.
Encyclopédie métropolitaine, publiée à Londres de 1815 à 1846. Cet ouvrage, qui fut annoncé comme édifié sur un plan
nouveau, embrasse le cercle entier des connaissances humaines, et allie très-h'eureusemënt l'ordre philosophique au classe-
ment alphabétique. Il comprend cinq divisions: 1° sciences pures; 2° sciences mixtes et appliquées; 3° biographie et his-j
toire; 4° lexicographie; 5° articles divers. Coleridge a enrichi cet ouvrage d'ingénieux articles philologiques, et Arnold^e,
recherches historiques remarquables.
Dictionnaire de la langue anglaise de Webster. Entrepris en 1807, cet ouvrage ne fut livré à l'impression qu'en 1828.
C'est un travail considérable, où l'on trouve quarante-deux mille mots environ, qui manquent aux autres dictionnaires anglais.
L'édition de Londres, 1830-1832, reçut de notables améliorations. On peut faire au dictionnaire de Webster le même reproche
qu'au lexique de Johnson : exact pour l'explication des mots, il laisse beaucoup à désirer pour la partie étymologique.
Encyclopédie d'Edimbourg, publiée par sir David Brewster et terminée en 1830. Elle. comprend 18 vol in-4°, et contient
des articles très-remarquables. Elle a obtenu un grand succès, grâce à l'intelligente activité de son savant éditeur.
Encyclopédie de Lardner, en 132 vol. in-8°, publiée à- Londres de 1829 à 1846. C'est une collection de soixante-deux ou-
vrages divers sur la physiologie, les arts et manufactures, la philosophie, la biographie, l'histoire, rédigés parles écrivains et
les savants les plus illustres de l'époque. Chaque sujet spécial est traité en un ou plusieurs volumes. Cette encyclopédie est une
bibliothèque, mais non un dictionnaire. Les parties les plus remarquées sont : V Histoire populaire d 'Angleterre par sir James
Mackintosh, l'Histoire d'Ecosse et [d 'Irlande par Walter Scott et Moore, et celle des Républiques italiennes par Sismondi. Sir
John Herschell a rédigé pour cette Encyclopédie un discours sur la physiologie et un traité d'astronomie, et sir David Brewster
une histoire de l'optique. Quelques parties des sciences naturelles sont bien traitées , mais l'ensemble de cette science est assez
défectueux et dépare l'ouvragé.
Enfin, nous ne devons pas oublier, malgré ses modestes prétentions, te Penny Cyçlopedia (Encyclopédie à deux sous), ainsi
nommée parce que chaque livraison se vend un penny, ce qui a permis à cette publication estimable de pénétrer jusqu'au sein
des classes les moins favorisées et d'y répandre l'instruction et la moralisation. Les publicistes anglais l'ont, nommée la meil-
leure des sociétés de tempérance. En effet, l'homme qui cherche à s'élever au-dessus de sa condition par le travail intellectuel
n'a pas besoin de prédicateur ; la misère ne saurait l'atteindre, et souvent il arrive à la fortune. Pourra-t-on en dire autant
de cette publication de pacotille que l'on voit s'étaler en ce moment, chez nous, à la devanture de tous les petits libraires
interlopes, publication à 10 centimes où pullulent à chaque page les erreurs les plus grossières, où les fils naissent avant leurs
pères, où certains personnages sont nommés sénateurs cinq ans après leur mort, et où le style, les caractères, les vignettes
et le papier le disputent aux magnificences typographiques du Messager boiteux de Strasbourg? A cette question» Jean Journet
eût pu répondre hardiment : Non, sans craindre cette fois de passer pour faux prophète.
En Allemagne, nous ne trouvons pas de dictionnaire purement lexicographique qui fasse véritablement autorité, qui se
soit élevé à la hauteur d'une œuvre nationale, comme le Dictionnaire de V Académie en France, celui de la Crusca en Italie,
celui de Johnson en Angleterre. On croirait volontiers que le génie allemand se serait senti mal à l'aise dans un genre de
LVI PRÉFACE.
travail où il faut avant tout' de l'ordre, de la méthode, de la clarté et de la précision; mais, en revanche, le pays où les phi-
losophes et les érudits semblent pousser en plein vent a donné naissance à une foule d'ouvrages encyclopédiques. Là, l'écri-
vain a les allures plus franches; il peut donner plus facilement carrière à sa plume, et se lancer avec plus d'assurance dans
la théorie et les systèmes si chers à la savante Allemagne; mais il y a place pour tout dans les encyclopédies d'outre-Rhin,
et à côté du développement des idées spéculatives, se déroule une immense série de. connaissances usuelles et positives, dont,
l'exposition est parfaitement adaptée aux besoins des lecteurs auxquels chaque ouvrage s'adresse plus spécialement.
La première encyclopédie allemande remonte au milieu du dix-huitième siècle. De 1732 à 1750, Zedler publia d'abord à
Halle, puis à Leipzig, un Lexicon en 64 volumes, intitulé Grosses vollstândiges universal Lexicon aller Wissenschaflen und
Kunste {Grand Dictionnaire universel et complet de toutes les sciences et de tous les arts). Un supplément de 4 volumes parut
de 1751 à 1 754. Au reste, ce travail n'avait qu'une valeur médiocre, excepté toutefois ce qui se rapporte à la partie généalo-
gique, que l'on peut encore aujourd'hui consulter avec fruit.
Ce premier essai ne tarda pas à être suivi de plusieurs autres ouvrages du même genre, auxquels il servit de modèle, mais
qui n'occupent qu'un rang très-secondaire dans l'histoire de la littérature allemande. Nous citerons, entre autres. YAllge-
meines Leœicon der Kunste und Wissenschaflen (Lexique universel des arts et des sciences) de Jablonsky, qui fut terminé
à Kœnigsberg, en 1767, par Schwabe, qui y introduisit un grand nombre de changements; YŒkonomisch und technologische
Encyklopàdie {Encyclopédie économique et technologique) de Kriinitz, Berlin, 1773, travail qui fut achevé par Fréd. Jack et
Gast. Flôrke, et, enfin, l'ouvrage de Kôster, dont 23 volumes seulement parurent sous ce titre : Deutsche Encyklopàdie oder
allgemeines Wôrterbuch aller Kunste und Wissenschaflen (Encyclopédie allemande ou Dictionnaire universel des arts et des
sciences), Francfort, 1778-1804. Hiibner avait également fait paraître un Zeitungs und Conversations Lexicon, ouvrage qui
paraît avoir assez bien répondu aux principaux besoins de l'époque, mais ce n'est qu'en 1796 que le docteur Lœbel comprit
qu'une foule de détails appartenant aux différentes sciences étaient passés dans le domaine public et devaient être résumés
de manière à satisfaire la tendance universelle des esprits; le goût de la conversation s'était propagé partout, et la femme
comme l'homme, l'ignorant comme le savant, voulaient prendre leur part au banquet intellectuel et demandaient des matières
générales sur tous les sujets. Hiibner rédigea donc sur un plan entièrement nouveau son lexicon, qu'il intitula : Conversations-
Lexiconmit vorzùglicher Rùcksicht aufdie Gegenwârtigen (Dictionnaire de la conversation, approprié au temps présent). L'auteur
choisit, parmi toutes les connaissances d'alors, celles qui présentaient un intérêt général et 'qui paraissaient suffire aux
besoins ordinaires de la conversation. Un tel plan était encore bien restreint, et le niveau des esprits, qui s'élevait chaque
jour, ne tarda pas à en faire ressortir l'insuffisance; les appétits intellectuels ne trouvèrent plus des aliments assez abon-
dants dans l'œuvre de Hiibner. C'est alors, en 1818, que le libraire Enoch Richter à Leipzig, et les professeurs Ersch et
Gruber à Halle, entreprirent la première grande encyclopédie allemande, en 38 volumes; leur exemple fut bientôt suivi,1
et l'éditeur Brockhaus publia la première édition de ses Conversations-Lexicon. Citons encore le grand et magnifique ouvrage
de Hegel : Encyclopédie des sciences philosophiques, et le travail de Kaltschmidt : Dictionnaire étymologique et synonymique
. de la langue allemande et des mots étrangers qu'elle contient. Le titre seul de ces deux ouvrages en indique suffisamment la
nature.
De nos jours, une encyclopédie fort en vogue est celle de Pierer, publiée à Altenburg. Elle est entièrement achevée, et se
distingue surtout parla partie scientifique, qui a été traitée avec beaucoup de soin. Celle deMeyer, qui est encours de publication
à Hildburghausen, ne manifeste aucune tendance particulière, ne porte aucun cachet d'originalité; c'est une pure entreprise
commerciale. Elle cherche, du reste, à être aussi complète que possible, et s'assimile toutes les parties dominantes des œuvres n
•antérieures; elle est arrivée aujourd'hui à la lettre M. Nous mentionnerons enfin, pour mémoire, un ouvrage encyclopédique
publié en ce moment à Ratisbonne par une société de savants; il n'en a paru que quelques livraisons, qui laissent entrevoir
une tendance catholique très-accusée.
Dans cette revue à vol d'oiseau des œuvres enfantées par la docte et laborieuse Allemagne, il en est deux surtout qui
méritent de fixer l'attention. Nous n'avons fait que les signaler en passant, pour ne point interrompre l'ordre chronolo-
gique; mais nous allons revenir un instant sur nos pas, pour leur accorder un examen plus proportionné à leur impor-
tance; nous voulons parler de l'encyclopédie de Ersch et de Gruber, et du Conversations-Lexicon de Brockhaus.
Encyclopédie universelle des sciences et des arts {Allgemeine Encyklopàdie der Wissenschaflen und Kunste),
commencée par Ersch et continuée par Gruber (Leipzig, 1818, in-4°). Cette encyclopédie, dont les 38 volumes sont accom-
pagnés de planches explicatives, est l'œuvre la plus considérable en ce genre qui ait vu le jour en Allemagne. Respirant
enfin après les longues guerres qui ensanglantèrent la fiu du xvine et le commencement du xixe siècle, la patrie
de tant d'hommes dont la mémoire est chère aux amis des arts et des sciences voulut utiliser noblement les loisirs
de la paix continentale pour produire un ouvrage analogue au travail de d'Alembert et de Diderot en France, aux
' " PRÉFACE. LVII
compilations de Chambers et de Rees en Angleterre, émulation généreuse dont n'eurent qu'à se glorifier la civilisation
et le progrès. Embrasser dans un vaste ensemble 1 'immense domaine de nos connaissances, en coordonner les diverses
parties, les distribuer suivant l'ordre alphabétique et dans leur état actuel, confier chaque branche à des écrivains d'une
compétence incontestée, donner plus de développement à la partie biographique, et surtout se placer à un point de vue
élevé et indépendant qui dominât tout l'ouvrage : telle fut la tâche difficile que s'imposèrent les éditeurs. Le diction-
uaire de Zedler avait vieilli, et son cadre, restreint à un choix d'articles de pur amusement et de distraction, était loin
de répondre aux exigences d'une véritable encyclopédie. Ensuite était venue la guerre, qui avait empêché les savants
allemands de se recueillir et de mettre en commun leurs patientes investigations.
L'Encyclopédie de Ersch et de Gruber devait renfermer tous les objets de nos connaissances, tous les sujets sur les-
quels s'exerce l'intelligence humaine ; elle devait expliquer sommairement les termes techniques, traiter à fond, et dans
une mesure satisfaisante, tous les points importants, et au besoin, renvoyer aux sources pour une plus ample information.
Conformément à un vœu unanime, la place réservée aux sciences spéculatives se rétrécit, afin de laisser une' marge plus
étendue aux sciences et aux arts susceptibles d'une étude plus générale et plus fréquente, parce qu'ils présentent une
utilité plus incontestable, et qu'ils ont dans le cours de la vie une plus grande portée pratique. Les directeurs de Y Ency-
clopédie accordèrent une place d'honneur aux articles d'histoire pour cette raison, que l'histoire intéresse et instruit par
elle-même, et qu'elle éclaire souvent le domaine des sciences spéculatives. Ils s'attachèrent, eux et leurs auxiliaires, à traiter
succinctement la matière de leur travail, en prenant pour base les principes et les éléments de chaque ordre de connaissances.
Toutefois, il faut bien reconnaître que leur zèle a été maintes fois trahi en fait de clarté, et personne ne s'étonnera,
en France, si des érudits et des philosophes allemands sont restés obscurs et énigmatiques. Si le sphinx de la Fable se cache
encore aujourd'hui quelque part, c'est bien dans cette détestable phraséologie que le/îat lux de la Genèse suffirait à peine
à illuminer.
Pour les sciences naturelles, les auteurs de Y Encyclopédie ont adopté la classification de Linné, mais en se limitant
aux espèces les plus remarquables. Quant aux sciences spéculatives, dont le terrain mouvant prêtait à une grande diver-
gence de vues, on a conjuré le danger, autant que possible, en les traitant de préférence au point de vue historique. Sans
cette précaution, l'encyclopédie allemande n'était qu'un chaos.
Le discours préliminaire, qui ouvre le deuxième volume, est dû à la plume de M. Gruber. C'est une introduction savante,
présentant un tableau synthétique et historique des connaissances humaines, et qui forme le fronton imposant d'un ma-
jestueux édifice. Aujourd'hui Y Encyclopédie de Ersch et de Gruber présente un défaut capital, c'est de n'être plus à la
hauteur de la science actuelle.
Dictionnaire de la Conversation {Conversations-Lexikon),de Brockhaus. Cet ouvrage, dont la onzième édition, récem-
ment publiée, comprend quinze volumes, est devenu le type de tous les répertoires des connaissances humaines, catalo-
guées et exposées par ordre alphabétique. On l'a reproduit ou contrefait aux États-Unis; en France, on l'a imité, en lui
empruntant jusqu'à son titre. Le Dictionnaire de la Conversation, de Brockhaus, occupe incontestablement la première
place parmi les recueils élémentaires et substantiels qui ont pour but la diffusion des connaissances usuelles et leur
. application, dans une sphère plus étendue, à tous les états et à toutes les classes de la société. Ce grand ouvrage, quoique
imparfait encore, a acquis une haute valeur dans la littérature allemande, parce que chaque génération l'a rajeuni, et que
des éditions successives l'ont mis au niveau du progrès historique et du développement scientifique du . siècle.
Cette méthode, qui est la seule rationnelle, a permis d'ajouter correction sur correction, sans préjudice des change-
ments importants qu'imposent et la marche du temps et le besoin d'une culture intellectuelle plus élevée. Toute ency-
clopédie doit compter avec deux ordres d'éléments qu'elle s'assimile : le fait accompli et le fait en évolution, la notion
acquise et la conjecture. Quand l'avenir est devenu le passé ou le présent, et que l'hypothèse et même le paradoxe sont
. inscrits au compte Courant des vérités réelles, la perspective se prolonge, l'horizon s'agrandit, et la tâche est à recom-
mencer. D'ailleurs, une génération nouvelle est là, qu'il faut satisfaire.
C'est ce qu'a parfaitement compris le savant et judicieux éditeur allemand, en faisant subir à son immense travail une
transformation conforme aux besoins actuels de la science, qui tend à se démocratiser, ou, pour mieux dire, à se généraliser.
- Chacun des départements scientifiques constituant l'enseignement positif et réel y est traité avec l'attention qu'il
réclame ; tout cet ensemble a reçu des améliorations notables portant sur chaque branche. La partie qui embrasse le
terrain de la vie idéale, c'est-à-dire la religion, la théologie, le culte, les sciences philosophiques, les beaux-arts, la littéra-
ture, y forme un domaine des plus riches. Les écrivains les plus remarquables ont payé leur tribut à l'exécution de ce travail,
et la direction a exercé un contrôle sévère tant sur l'admission des articles nouveaux que sur le complément des anciens.
Le Lexique de la Conversation se trouve répandu à près de 250,000 exemplaires, tant en Allemagne, que dans les autres
LVIII PREFACE.
contrées de l'Europe et du reste du monde. Un succès de cette importance, sans égal dans les fastes de la littérature,
est un témoignage irrécusable en faveur du mérite intrinsèque de l'œuvre, comme aussi en faveur de la civilisation.
Les imitateurs étrangers qui ont cherché à substituer à cette encyclopédie des plagiats patents ou dissimulés, auraient dû
comprendre que le moyen de la supplanter n'était autre que celui de la surpasser. Le plus juste éloge que l'on puisse faire
du Lexique de la Conversation, c'est de l'appeler la Bibliothèque de la famille et le Trésor littéraire des gens du monde.
Malheureusement la langue allemande n'est pas un idiome universel.
Ici se termine notre revue des travaux encyclopédiques de l'Allemagne; nous regrettons vivement de ne pas consacrer plus de
lignes à cette laborieuse et studieuse Allemagne, où les idées théologico-philosophiques poussent comme l'herbe sur un sol
généreux; malheureusement il n'en est pas ainsi pour la spécialité qui nous occupe; nos investigations restent sans objet,
Et le combat finit faute de combattants.
Cependant, nous éprouvons le besoin de revenir un peu sur nos pas. Au début de cette revue germanique, nous avons dé-
ploré l'absence d'un dictionnaire de la langue, d'un dictionnaire vraiment national. Eh bien, une'œuvre de ce genre est en train
de naître à Leipzig, c'est le dictionnaire des frères Grimm, commencé en 1850, continué parles docteurs Rudolf Hildebrand
et Cari Weigand, et dont le cinquième volume est aujourd'hui en cours de publication. Ces savants laborieux ont voulu cou-
ronner leur carrière par un grand travail lexicographique, et doter leur patrie d'un dictionnaire qui fût, en quelque sorte, le
résumé des recherchés de leur vie entière. Dans un pays comme l'Allemagne, où pas une académie, quels que soient ses titres,
n'a pu imposer ses décisions au langage ; où personne ne veut se soumettre, nous ne dirons pas au joug, mais à la direction d'un
corps savant, quelque illustre qu'il puisse être ; où aucune règle générale ne peut prévaloir sur la forme individuelle que cha-
cun veut donner à sa pensée; où, en matière de style et de littérature, le seul mérite personnel des écrivains réussit à cons-
tituer une autorité; où Leipzig ne le cède pas volontiers à Francfort, Francfort à Heidelberg; Heidelberg à Iéna, ïéna à Ber-
lin, etc. ; il n'y avait peut-être qu'un seul moyen de composer un dictionnaire dans le sens rigoureux de ce mot, un Thésaurus
linguœ germanicœ , c'était d'invoquer, à l'appui de chaque mot, de chaque expression, tous les écrivains connus, acceptés, in-
contestés, à partir du moment où la langue se trouve définitivement fixée, c'est-à-dire depuis la Réforme. En.effet, c'est à
Luther, c'est à sa traduction de la Bible que revient l'honneur d'avoir fixé une langue jusque-là flottante, incertaine, divisée de
province à province. C'est lui qui a commencé à la régulariser, en donnant une prééminence manifeste au dialecte qu'il avait
choisi, et qu'il devait élever à un degré de pureté inconnu jusqu'à lui. Luther a créé ainsi le haut allemand, qui est resté la lan-
gue littéraire, la langue des auteurs; c'est Luther qui se place à la tête de cette longue suite d'écrivains en tout genre, théolo-
giens, poètes, philosophes, naturalistes, historiens, romanciers, dont les œuvres demandaientà être fouillées pour fournir les
matériaux propres à l'édification d'un dictionnaire national allemand. C'est ce qu'ont entrepris les frères Grimm, avec le con-
cours empressé et unanime de leurs nombreux amis. Dans cet ouvrage, Je xvie, le xvne, le xvnie et le xixe siècle sont également
mis à contribution. Chaque mot est présenté sous ses diverses acceptions et ses différentes formes, depuis l'époque
où il a été introduit dans la langue écrite jusqu'à nos jours. Chacune de ces acceptions est déterminée par la synonymie
et par le terme correspondant de la langue latine, ou même, au besoin, de tout autre idiome plus propre à préciser
exactement la nuance; à la suite viennent, par ordre chronologique, les nombreux exemples, en vers ou en prose, qui établissent
et justifient cette acception. Les patois, ou pour mieux dire les dialectes provinciaux, sont également cités, lorsqu'ils ont
été introduits dans la langue littéraire par un poëte, comme Uhland, ou élucidés par un travail philologique, comme le Diction-
naire bavarois de Schmeller. Exécuté à ce point de vue, avec le soin scrupuleux qu'y apportent les auteurs, et qui, dans une
pareille œuvre, est la qualité supérieure, essentielle, un semblable dictionnaire est appelé à réunir tous les avantages des dic-
tionnaires renommés de la Crusca, de l'Académie française et de l'Académie royale de Madrid.
C'est beaucoup déjà que de donner un dictionnaire complet.de cette langue allemande, si riche en mots composés, et que sa
constitution même entraîne incessamment à la création de termes nouveaux. La justification de chacune des expressions,
comme nous venons de le dire, par des citations empruntées aux meilleurs écrivains depuis le xvie siècle, atteste une
immense lecture, une prodigieuse érudition; et cependant, ces parties si remarquables du travail des frères Grimm n'en sont
pas les plus intéressantes. Ce qui est incontestablement plus neuf et plus curieux, au point de vue philologique, c'est d'abord la
comparaison de tous les mots, soit radicaux, soit composés anciens, avec les formes qu'ils ont revêtues dans les divers idiomes
germaniques et Scandinaves, le gothique, l'ancien et le moyen haut allemand, l'anglo-saxon, le hollandais, le flamand, le
frison, le danois, le suédois, l'islandais, etc. Parfois même les radicaux sont ramenés à un type primitif, le sanscrit, ou com-
parés à leurs analogues dans la famille slave, qui se rapproche plus des idiomes germaniques que de la branche celtique. En
second lieu, c'est la recherche des analogies d'idées, qui, chez les peuples de la race indo-germanique ou plutôt indo-euro-
péenne, ont créé des expressions semblables dans les idiomes différents ; recherche qui, en montrant la marche de l'esprit
bumain dans la formation des langues, éclaire une des phases les plus curieuses de l'histoire du langage. Nous pouvons
PRÉFACE. LIX
en citer ici un exemple assez frappant. En recherchant l'origine du mot bei (apud), MM. Grimm ont été amenés à un radi-
cal qui doit être bau, représentant l'idée de culture et d'habitation. Ce mot bei a pour équivalent dans les langues Scandi-
naves le mot hos, dérivé de haus, maison, et, en français, le mot chez, dérivé de casa. Nous pouvons justifier cette assertion en
ajoutant que, dans la plus grande partie du Poitou, on désigne les fermes, les métairies, et en général les habitations isolées ,
par le mot chais, auquel on ajoute le nom du propriétaire primitif, le chais Pierre, etc. Ce fait se reproduit aussi en Bretagne et
dans le Bordelais, où cemot chais exprime l'idée d'un bâtiment en général. — En résumé, si le dictionnaire des frères Grimm
est un ouvrage indispensable aux Allemands, il est en outre destiné à rendre un immense service aux philologues qui étudient
les origines germaniques delà langue française. Jusqu'à ce jour, en effet, ils sont allés puiser leurs étymologies dans les glos-
saires surannés de Wachter, Schiller, Haltaiis, Scherz, etc., ouvrages arriérés qui fourmillent d'erreurs et ne sont guère plus
estimés à l'étranger que celui de Bulle*, en France, pour les origines celtiques. Le nouveau dictionnaire leur fournira un
guide sûr pour ces recherches délicates où il est d'autant plus facile de faire fausse route, que souvent une ressemblance
de sons tout à fait trompeuse conduit à une étymologie erronée et fait rejeter la véritable. Ce ne sera pas là un des moindres
services rendus par les frères Grimm à la philologie comparée, qui leur est déjà redevable de tant de travaux justement estimés.
Ces réflexions sont en partie empruntées à un article de M. Michelant, publié en 1854 dans une revue alsacienne. Aujour-
d'hui (1865), le Dictionnaire de la langue allemande en est arrivé à la première moitié de la lettre K; ainsi, voilà un diction-
naire qui ne présente aucune des nombreuses parties neuves qui se trouvent dans le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle,
et trente années suffiront à peine à sa complète édification. N'y a-t-il pas là de quoi donner à réfléchir aux impatients qui
nous harcèlent de leurs réclamations, et qui, trop pressés de jouir, ressemblent à cet enfant qui tirait chaque matin le brin
d'herbe croissant trop lentement à son gré? Laissons à la jeune plante le temps de grandir, si nous voulons la contempler
plus tard dans toute sa vigueur et toute sa beauté.
Disons en terminant que le Dictionnaire de la langue allemande offre une innovation des plus heureuses : le caractère go-
thique bâtard, qui présentait une si singulière anomalie au xixe siècle, est remplacé, pour la première fois, par le
caractère romain, presque universellement usité aujourd'hui. C'est un acheminement vers cette langue universelle, que rêvent,
à notre époque, toutes les intelligences élevées, tous les esprits généreux.
Vocabulaire de la Crusca, publié à Florence en 1612. Plusieurs essais de lexicographie avaient précédé, en Italie, cette
remarquable publication : en 1536, le Napolitain F. Luna avait donné le Vocabulaire de cinq mille mots toscans, tirés de Pé-
trarque, Dante, Boccace et du Roland furieux; mais les définitions étaient si étranges, qu'un autre vocabulaire n'eût pas été
inutile pour les expliquer. En 1543, Albert Accarisio fit oublier cette ébauche informe par un lexique qui ne tarda pas à être
effacé à son tour par le grammairien ferrarais Alunno, qui publia son Dictionnaire des Richesses de la langue vulgaire. En \ 549,
Corso fit paraître ses Fondements de la langue toscane, ouvrage tout théorique, il est vrai, mais le meilleur qui eût paru jus-
qu'alors. Enfin, Pergamini de Fossombrone composa son Mémorial de la langue italienne. Mais un véritable dictionnaire de
la langue vulgaire manquait encore, et ce qui le fit naître ne fut ni un besoin d'unité politique^ m une nécessité littéraire,
mais une rivalité municipale et l'esprit de parti qui divisait les diverses provinces italiennes. Le sentiment de beaucoup de
Florentins était qu'on ne pouvait ni parler ni écrire la langue italienne avec élégance, à moins d'être né en Toscane, où les
abeilles portaient le miel sur les lèvres des enfants comme jadis sur celles de Platon. A cette époque, on déterra par hasard
dans une bibliothèque de Padoue le livre de Dante sur Y Éloquence vulgaire. La découverte de ce livre, où Dante paraissait
soutenir que l'italien pur était commun à toutes les parties de la Péninsule, raviva cette ancienne question : si, en dehors de
l'idiome toscan, n'avait pas existé une langue dont cet idiome avait seul conservé la bonne tradition, et que Dante distinguait
de la langue populaire, affirmant que cette ancienne langue appartenait à toutes les cités et qu'elle n'était le privilège exclusif
d'aucune. Les Toscans soutinrent avec ardeur l'hypothèse "favorable à leurs prétentions, et, pour légitimer leur dictature, l'Aca-
démie de la Crusca, de Florence, conçut le dessein de publier un dictionnaire. Fondée à Florence en 1582, cette Académie
avait pris son nom du mot italien crusca, son, partie grossière du grain qui reste sur le tamis quand la farine est blutée; sa
devise était un blutoir surmonté de ces mots :Il più belfior ne coglie (H en recueille la plus fine fleur). On ne pouvait indiquer
plus clairement la fin qu'on se proposait : épurer la langue toscane, en séparer la fleur du son. Les académiciens saisirent
aux cheveux l'occasion que leur présentaient ces rivalités municipales; le dictionnaire fut entrepris, et la première édition
parut en 1612. Mais une œuvre exécutée au milieu de telles luttes devait soulever contre elle beaucoup de mécontentements.
Les académiciens de la Crusca avaient prétendu rédiger le code de la langue italienne ; les mots accueillis par eux devaient
être les seuls légitimes ; ceux qu'ils n'avaient point admis devaient être proscrits. En conséquence, un grand nombre d'esprits
jaloux et scrutateurs s'étudièrent à éplucher le nouveau vocabulaire : on nota les définitions peu exactes, on découvrit des
«erreurs, on remarqua des omissions; enfin, on avait à cœur de donner un démenti à la devise ambitieuse : II en recueille la plus
fine fleur. Parmi les mécontents figurèrent Cittadini, Fioretti, j.-B. Doni, Jules Ottonelli et Alexandre Tassoni. Mais le plus
LX PRÉFACE.
violent fut Paul Bem, qui publia Y Antï- Crusca. C'était le romantique de cette époque, et il cherchait à démontrer que le
Dictionnaire de la Crusca dédaignait de s'approprier les richesses de la langue italienne du xvie siècle. Les académiciens ne
répondirent ostensiblement à aucune critique. Ils firent mieux : ils profitèrent de toutes et entreprirent une seconde édition,
qui parut en 1623. Une nouvelle statistique de leurs erreurs fut immédiatement dressée; les courageux bluteurs reprirent
leur toile de Pénélope, et une troisième édition, beaucoup plus complète, fut publiée en 1691, cette fois en 3 vol. au lieu
d'un tome unique. C'est seulement dans cette troisième édition que le Dictionnaire de la Crusca admit, pour la première
fois, au nombre des auteurs classiques italiens le Tasse, dont la Jérusalem délivrée avait été qualifiée par lui de lourde et
froide compilation, écrite d'un style inégal et barbare, et ne rachetant par aucune beauté ses innombrables défauts. Ajou-
tons, pour expliquer cette sentence presque sacrilège, que le Tasse était napolitain, et qu'il avait passé la. plus grande partie
de sa vie à Ferrare.
De nouvelles critiques surgirent, et il en naquit une quatrième édition en 6 vol., qui parut de 1729 à 1738. Cependant
l'œuvre restait encore imparfaite : il y avait des erreurs; des vocables exprimant soit des idées nouvelles^ soit des décou-
vertes de la science, n'y figuraient pas, et le Dictionnaire de la Crusca n'était point encore ce répertoire de toutes les ri-
chesses de la langue italienne, que les savants académiciens avaient eu la prétention de léguer à leur pays. Toutes ces lacunes
furent courageusement signalées par l'illustre poète Monti, qui, avec son gendre, Perticari de Pesaro, composa un ouvrage
intitulé : Projet de diverses corrections et additions au Vocabulaire de la Crusca, livre qui dénote de profondes connaissances
en philologie et en grammaire.. Dans une lettre au marquis Trivuîzio, qui sert d'introduction au Projet , Monti relève les
nombreux défauts du dictionnaire et montre la nécessité de le corriger d'une foule d'erreurs, de l'enrichir d'un grand
nombre de mots et d'en faire disparaître une multitude d'idiotismes, de proverbes vulgaires et de termes altérés. 11 expose
ses principes sur la nécessité d'un langage commun à tous les peuples de l'Italie, et sur une distinction nette à établir entre
la langue parlée et la langue écrite. Monti base ses arguments sur l'ouvrage de son gendre Perticari, intitulé : Des Écrivains
du xiv* siècle, où l'auteur cherche à concilier les deux écoles, celle des libertini et celle des pur isti, qui divisaient l'Italie
littéraire au commencement de ce siècle. La dernière édition du dictionnaire des académiciens délia Crusca a été publiée à
Venise en 1763.
Quoi qu'il en soit de ces querelles, le mérite le plus remarquable du Dictionnaire de la' Crusca, c'est sa grande richesse en
exemples choisis avec une rare sagacité et puisés aux sources les pluspures ; et, aujourd'hui encore, ce lexique jouit de la ré-
putation méritée d'être le répertoire par excellence de la langue italienne. Malgré ce succès, quelques provinciaux endurcis
— il en est aussi en Italie — reprochent au Dictionnaire de la Crusca ce qu'ils appellent son péché originel, l'omission de
cette foule de mots lombards, romagnoîs, vénitiens, piémontais, napolitains, siciliens, etc., qui font retentir les échos des
innombrables vallées formées par l'Apennin. Autant vaudrait reprocher au Dictionnaire de l'Académie française de nous
avoir privés du charabia de Saint-Flour et du celto-breton de Quimper-Corentin.
L'extrait suivant de la préface d'une des bonnes éditions de ce célèbre dictionnaire donnera une idée de la méthode suivant
laquelle il a été rédigé : « Après la définition ou explication du mot, nous avons ajouté les expressions équivalentes en grec
et en latin. Outre les corrections jugées utiles, nous avons fait dans cette édition de nombreuses additions que rendait néces-
saire la trop grande réserve de nos prédécesseurs relativement aux néologismes. Et ce n'est pas seulement aux mots primitifs
que nous avons accolé leurs équivalents grecs et latins, mais encore aux expressions et locutions proverbiales, autant que leur
nature le comportait. Il en est, en effet, qui n'ont pas d'équivalent dans les langues anciennes, ce qui vient de ce que les auteurs
grecs ou latins, à cause de la différence des temps, des mœurs, des coutumes, etc., ne peuvent, dans certains cas, avoir des
expressions qui correspondent parfaitement à celles qui représentent aujourd'hui des choses dont ils ne pouvaient avoir
l'idée. Aussi, lorsque nous n'avons pas pu prendre des équivalents dans les belles époques littéraires de l'antiquité, nous
n'avons pas craint de recourir à la basse latinité et même aux auteurs qui ont écrit après l'entière disparition de la, langue
latine (auquel cas nous avons nommé nos sources et marqué le mot d'un astérisque). C'est ce qui est le plus souvent arrivé
pour les expressions théologiques et scientifiques, philosophiques, géométriques, etc. Cependant certains mots, certains tours,
qui sont tout à fait italiens et qui appartiennent en propre à nos usages ou à notre vie domestique, ont dû rester sans équiva-
lents grecs ou latins, parce que, même en épluchant les glossaires de basse latinité et de grec moderne, il eût été impos-
sible de les trouver, et qu'il eût fallu les remplacer par une périphrase, ce qui eût été un pire moyen que de les laisser sans
équivalents; tels sont les mots affettatore, AFFRicoGNO,elc.Nousdevonsaussiaverlirlelecteur que, pour les mots qui ont des
synonymes, lorsque nous avons omis le correspondant grec ou latin, c'est qu'il se trouvait déjà à ce synonyme, et que nous
avons jugé superflu de le répéter; tels sont les mots arrangolare, bieta, etc. »
Sur plusieurs points, nous ne partageons pas' le sentiment de la savante Académie. A quoi peuvent servir, dans un dic-
tionnaire italien, les équivalents grecs et latins? A égarer les esprits. Quand une langue. est parvenue à un certain degré de
maturité, on peut dire qu'elle est émancipée et qu'elle n'a plus d'ancêtres; les transformations successives que ses vocables
PRÉFACE. LXI
ont subies sont si complètes, qu'elles semblent nées de sa propre essence; c'est un tronc vigoureux qui se soutient de lui-
même par son propre poids, et qui s'est complètement détaché de ses racines. Remonter à son principe, c'est s'exposer
sciemment à une foule d'erreurs : une langue morte, c'est la statue immobilisée, pétrifiée ; Une langue parlée, c'est le corps
vivant dans lequel vibrent les nerfs, battent les artères, circule le sang; le mouvement est partout, la transformation est in-
cessante; la moelle devient os, l'os devient chair, bientôt la chair n'est plus qu'épiderme, et autant en emporte le ventre
mais la moelle, les os, la chair et la peau sont aussitôt remplacés qu'anéantis. La métamorphose est de tous les instants et
elle n'a point de sommeil ; ce qui était vieux redevient jeune, jusqu'à ce que sonne l'heure de la décadence et de la cadu-
cité. Par exemple, demandez à. Ménage ce que c'est qu'Un homme insolent, il vous répondra : « Un homme insolent, c'est
l'abbé X..., qui, soupant hier chez madame Cornuel, attacha sa serviette à un bouton de sa soutane au lieu de la déployer
sur ses genoux, demanda de la soupe au lieu de potage, du bouilli au lieu de bœuf, coupa son pain en menus morceaux au
lieu de le rompre comme tout le monde, versa son café dans la soucoupe au lieu de le boire dans la tasse, etc., etc. » En
effet, suivant Ménage, insolent {d&insolem, non habituel, contraire à l'usage) était la seule signification qui pouvait s'appli-
quer au pauvre abbé.
Nous adressions un jour la question suivante à un très-savant professeur de rhétorique : « Qu'est-ce qu'un mélodrame? «
Il nous répondit sans broncher : « C'est une action mêlée de chants. » Notre homme, qui savait par cœur les racines de Lan-
celot, fut très-étonné et presque scandalisé quand nous lui apprîmes qu'un mélodrame est un drame très-noir, très-lugubre,
dont tous les personnages disparaissent par le poison, par le poignard, dans des chausse -trapes, des souterrains, des puits
sans fond, tous, jusqu'au souffleur. Conclusion : il faut surtout étudier une langue en elle-même. Des génies comme Dante,
Pétrarque, Boccace, l'Arioste, avaient trouvé des mots pour exprimer toutes leurs idées, ainsi que leurs nuances les plus dé-
licates, et ce vocabulaire aurait dû suffire aux académiciens de la Crusca.
Pour mitiger par quelques lignes d'éloge cette critique d'un livre justement célèbre, nous allons donner le jugement, que
Ginguené a formulé sur le Dictionnaire de la Crusca. Toutefois, cet éloge nous paraît-empreint de quelque exagération; Dans
son Histoire littéraire de l'Italie, Ginguené s'est peut-être montré trop italien ; il à cédé à cet entraînement qui fait que tout
historien s'enthousiasme pour le sujet qu'il traite! Et cela est si vrai, que l'esprit si net et si juste de Voltaire n'a pu s'affran-
chir entièrement de ce défaut : dans son Histoire de Charles XII, le vainqueur de Narva est bien supérieur à Pierre le Grand
et c'est le contraire qui a lieu dans l'histoire du vainqueur de Pultawa. Suivant Ginguené, le Dictionnaire de la Crusca est un
code d'une autorité irréfragable, à laquelle, depuis qu'il a paru, tous les écrivains se sont soumis ; une barrière forte et solide
contre laquelle se sont heureusement brisés tous les efforts du néologisme moderne; modèle enfin si parfait de ce que doit
être un ouvrage de cette nature, qu'il a fallu que toutes les nations lettrées qui ont voulu avoir des dictionnaires de leur
propre langue se réglassent sur celui de l'Académie de là Crusca,' ou se condamnassent elles-mêmes à une inévitable infé-
riorité.
Dictionnaire de la langue castillane, par l'Académie royale espagnole; 6 vol. in-fol., Madrid, 1726-39. Ce diction-
naire est très-recherché. On trouve, au commencement du premier volume, une préface relative à la composition de ce
grand ouvrage, ainsi que trois discours sur l'origine delà langue castillane, sur les étymologies et sur l'orthographe, avec
une liste des auteurs choisis par l'Académie pour servir d'autorité à ses décisions. L'édition donnée à Madrid, en 1770,
6 *vol. in-fol. , contient des augmentations et des corrections qui doivent la faire préférer à la première. L'Académie
espagnole publia un abrégé de son dictionnaire en 1780. Ce vocabulaire, assez considérable comme volume, a été souvent
réimprimé, même en France; il est très-répandu et supplée en quelque sorte au grand dictionnaire dont il est extrait.
Dans la 5e édition, 1817, l'Académie espagnole admit des changements si considérables pour l'orthographe des mots,
que son dictionnaire ne s'accorde plus avec les livres espagnols imprimés antérieurement à cette réforme.
Encyclopédies* biographies et dictionnaires hollandais. — La Hollande ne nous apparaît que derrière un vaste comp-
toir, où, courbée sur un grand livre, elle établit perpétuellement la balance de ses profits et pertes. Au delà des grands
souvenirs de son histoire maritime, de son commerce immense, des hardies explorations de ses navigateurs, nous ne voyons
plus rien, nous ne découvrons plus rien ; là se borne pour nous son horizon ; à peine daignons-nous nous rappeler qu'elle
a produit d'inimitables artistes qui lui assurent une des places les plus brillantes dans le domaine de l'intelligence et de
l'imagination. C'est une erreur et une injustice ;.la Hollande est aussi la patrie de littérateurs distingués, de philosophes
profonds, d'érudits qui ont fouillé avec succès tous les recoins de la science historique. Les auteurs hollandais se sont
exercés dans toutes les branches de la littérature et y ont excellé : romans, contes, poésies, voyages, théâtres, ils ont
abordé tous les genres et les ont traités supérieurement ; la patrie des Grotius, des Heinsius, des Boerhaave, des Swam-
merdam, a été aussi celle des romanciers et des poètes, comme elle a été celle des hommes d'État les plus illustres. Il est
LXII PRÉFACE.
cependant un côté de la richesse littéraire que les Hollandais semblent avoir sciemment délaissé, soit qu'il répugne à la
nature de leur génie tour à tour positif et rêveur, comme on le remarque si souvent chez les peuples du Nord, soit qu'ils n'en
aient pas compris l'utilité pratique, soit encore qu'ils dédaignent tout ce qui ne porte pas un sévère cachet d'originalité ;
nous voulons dire les œuvres encyclopédiques, celles que nous passons en revue en ce moment. La littérature hollandaise est
très-pauvre en ouvrages de ce genre. Bien loin de nous offrir un trésor comparable àl1 'Encyclopédie du dix-huitième siècle elle
ne pourrait pas même, du moins sous le rapport de l'universalité, fournir un travail qu'on pût mettre en parallèle avec notre
Encyclopédie des gens dumonde ou X Encyclopédie moderne. Elle ne possède aucun répertoire général des connaissances usuelles ;
son inventaire, en un mot, reste encore à établir. Toutefois, sans posséder d'œuvre encyclopédique, à proprement dire, elle
compte néanmoins au nombre de ses productions littéraires les plus estimées certains ouvrages qui, en se restreignant, il est vrai, à
une branche spéciale, affectent la forme de nos encyclopédies et de nos dictionnaires. La plupart ont trait à l'histoire nationale;
mais ceux de cette catégorie, malgré le mérite incontestable qu'on a dû leur reconnaître autrefois, paraissent aujourd'hui suran-
nés ; car, remontant au dix-septième ou au dix-huitième siècle, ils ont été bien dépassés depuis par les travaux de Ja science
moderne. Nous citerons entre autres : Hetgroot Tooncel der Nederlanden (Grd.ndThéà.tre des Pays-Bas), par François Halma,
deux forts volumes in-folio à deux colonnes avec planches, portraits et cartes, édités à Leeuwrde vers la fin du dix-hui-
tième siècle ; et le Algemeen Vaderlansch Woordenboek (Dictionnaire universel de l'histoire de la patrie), 35 volumes in-8°
avec planches, cartes et portraits, par Jacobus Kolt, édité à Amsterdam par Johannes Allart ; le dernier volume a paru
en 1 795. Une publication qui se rapproche beaucoup plus de nos encyclopédies est le Algemeen Woordenboek der Kunster en
'Welenschappen (Dictionnaire universel des sciences et des arts), par Nieuwenhuis; mais cet ouvrage date du premier quart de
ce siècle, et, après avoir joui, lors de son apparition, d'une réputation méritée, il a cessé depuis longtemps de répondre aux
exigences toujours croissantes de la science. La Hollande possède également une foule d'ouvrages rédigés en forme de dic-
tionnaires ou de lexiques ; tel est le Handboek voor Ingénieurs (Manuel des Ingénieurs), par D.-J. Pasteur, Devender,
3 volumes grand in -8°. Nous pourrions.en citer plusieurs autres de ce genre ; mais, comme nous l'avons dit, ils n'embrassent
qu'un étroit secteur du cercle des connaissances humaines.
Un ouvrage, dans lequel l'auteur s'est plus particulièrement astreint à la forme du dictionnaire, c'est-à-dire
à l'ordre alphabétique, mérite une mention spéciale; il est intitulé -.DeLevens enWerkenderHollandscheenYlaamscheKunts-
childers, ■ Beeldhomvers, Graveurs en Bouwmeesters , van den vroegsten tôt oponzen tyd. Met Portretten en de voornaams te
monogrammen, (Biographies et OEuvres des peintres, sculpteurs, graveurs et architectes hollandais et flamands, depuis les
temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Avec portraits et monogrammes), par Immerzeel; 3 volumes grand in -8°. Ce travail
estimable vient d'être refondu et complété par M. Christian Kramm, amateur et artiste distingué, qui, pendant sa longue
carrière, avait amassé une multitude de riches matériaux; 6 volumes grand in-8° et un volume de supplément,
édités en 1865 par MM. Diederichs frères, à Amsterdam. Cet ouvrage est indispensable à tout amateur éclairé des
beaux-arts qui veut avoir un guide sûr dans cette partie si attrayante, où l'on est continuellement exposé à se four-
voyer quand on n'a pas à son service une grande finesse de goût développée par l'étude ou par le talent. C'est aux mêmes
éditeurs que la littérature hollandaise doit encore la publication du seul ouvrage que l'on puisse, peut-être, considérer dans
les Pays-Bas comme une encyclopédie; c'est le Algemeen noodwendig Woordenboek der Zamenleving Bekelzende beknopt en
zakelgk : al het Wetenswaardige vit geschiedenis en ieder vak van menschelgke kennis ; de juiste beteekenis der Kumtbena-
mingen in aile wetenuhappen, beroepen en handwerken-, opgane der nivindingen en ontdekkingen ; plaatsclyke en histœische
byzonderheden; zeden, genroonlen en gebruiken van aile volken der aarde ; vermaarde personen, en. (Dictionnaire universel de
la conversation, contenant succinctement : les faits les plus importants de l'histoire et de toutes les branches des sciences,
la terminologie des sciences, arts et métiers, les découvertes et inventions, détails historiques, mœurs et coutumes de tous
les peuples du monde, la biographie des personnages célèbres, les événements remarquables, etc.); 6 volumes in-folio à
deux colonnes.
' On doit enfin aux mêmes éditeurs : Nederlandsch Handelsmagazyn of algemeen Woordenboek voor Handel en Nyverheid
(Magasin général du commerce, ou Dictionnaire universel du commerce et de l'industrie, etc.), deux volumes in-folio de
1440 pages; et un ouvrage périodique intitulé: Onze Tyd. Merlewaardise gebeurtenistenonzer dagen, etc. (Notre temps. Événe-
ments remarquables de nos jours sur le terrain de la politique, de l'histoire, de la géographie, de l'ethnographie, des sciences,
des arts, de l'industrie, etc., ainsi que les biographies et caractères des contemporains célèbres). Le 36e volume de
cette grande publication a paru le 1er janvier 1866; chaque volume est orné de trois à six portraits, et il en paraît deux
chaque année»
Nous avons épuisé la liste des ouvrages hollandais qui se rapprochent plus ou moins de la forme encyclopédique. Comme
on a pu s'en convaincre, la littérature des Pays-Bas est loin d'offrir, sous ce rapport, les mêmes richesses que la France,
l'Angleterre et l'Allemagne. Mais avec les excellents modèles que lui fournissent les nations voisines, et les éléments précieux
PRÉFACE. LXIII
qu'elle peut puiser dans son propre fonds , il est impossible que Ta Hollande reste longtemps étrangère au grand mou-
vement qui pousse de toutes parts à la vulgarisation de la science.
Dictionnaire chinois paï-wen-yun-fou (le). Les missionnaires de Pékin, dans leurs mémoires concernant les Chinois,
ont signalé ce précieux monument de linguistique, et cependant les sinologues européens semblent presque en ignorer
l'existence. Cet oubli tient d'abord à la difficulté qu'éprouveraient à étudier ce dictionnaire, à juste titre nommé le Robert
Estienne chinois, les personnes qui ne sont pas profondément versées dans la langue et la littérature de ce peuple ; ensuite
à la rareté de cet ouvrage, qui fut imprimé aux frais de l'État et distribué gratis à quelques savants, sans entrer dans le
domaine de la librairie.
Toutefois, à une époque d'études philologiques et historiques comme la nôtre, au moment où la civilisation européenne
tend à se mettre en contact avec celle de ce peuple jusqu'ici presque inconnu, il n'est pas sans intérêt d'étudier ce vaste
répertoire de ses connaissances. Dans cet ouvrage, en effet, on trouve non-seulement la langue et l'écriture des Chinois,
mais encore leur histoire, la description de leur pays, leurs mœurs, leurs croyances philosophiques et religieuses, leurs
sciences, leurs arts, leur industrie ; en un mot, tout ce quUes concerne dans l'ordre physique et moral.
C'est à Khangh-hi, le plus grand .des empereurs et peut-être des savants que la Chine ait possédés, que l'on doit la
publication dé cet immense recueil. Frappé de l'utilité qui résulterait, pour la philologie chinoise, d'un monument qui con-
înt toutes les richesses de cette langue dont il faisait ses délices, et dans laquelle il a écrit des ouvrages remarquables, il
conçut le projet de remplir ce vide et d'illustrer ainsi son règne. A cet effet, il convoqua dans son palais tous les savants
-distingués de l'empire, et, ayant mis à leur disposition tous les ouvrages anciens et modernes que l'on put découvrir, il les
chargea de recueillir avec soin tous les mots, toutes les locutions, les allusions, les figures dont la langue chinoise peut
fournir des exemples dans les différents styles ; de classer les articles principaux d'après la prononciation des mots ; de
consacrer un paragraphe distinct à chaque locution spéciale, et d'appuyer chaque paragraphe de plusieurs citations tirées
des auteurs originaux. Soixante-seize lettrés se réunirent à Pékin, et, grâce à la collaboration et à la correspondance active
des docteurs répandus dans toutes les provinces, l'ouvrage fut terminé au bout de huit ans (1711) et imprimé aux frais
de l'État, en 127 gros volumes dont l'empereur revit tous les matériaux. Lui-même composa la préface de cette vaste
encyclopédie; et nous croyons intéresser nos lecteurs en mettant sous leurs yeux la traduction d'un passage extrait de ce
morceau, où l'on observera une simplicité vraiment remarquable chez un écrivain oriental :
« Ceci m'a inspiré le désir de former un dictionnaire- universel qui embrassât tous les ouvrages existants et ne présen-
tât aucune erreur grave. A cette fin, ayant réuni dans le palais Han-lin tous les docteurs de l'Académie, je me suis livré
avec eux à un examen profond des divers dictionnaires; nous avons corrigé les fautes qu'on y avait commises, et y avons
ajouté ce qu'on avait oublié. S'il y avait, dans tel ou tel livre classique ou historique, un caractère ou un fait que l'on
n'eût pas relaté, j'étais toujours là pour le faire ajouter. Peu à peu on a fait un volume; mais comme il n'était pas encore
bien certain que notre travail fût complet, j'ai donné de nouveaux ordres aux grands mandarins de l'empire, afin que l'on
multipliât les recherches et que l'on ne laissât plus rien à ajouter ni à retrancher. Quand on eut rassemblé les additions
faites dans la capitale et celles que l'on nous avait envoyées des provinces, on en forma un tout qui fut appelé Paï-wen-
yun-fou.
» Dans la quarante-troisième année de mon règne, à la douzième lune, j'ai fait ouvrir le palais U-im, et j'y ai réuni
les docteurs de l'Académie pour entreprendre avec eux la révision de tout l'ouvrage. Ce que l'on faisait chaque jour
m'était d'abord soumis, et était ensuite confié aux graveurs; enfin, dans la cinquantième année de mon règne, à la dixième
lune, l'ouvrage fut entièrement terminé, et se composa de 106 livres, contenant en tout 18,000 et quelques feuilles. Il
embrasse tout ce que les anciens et les modernes ont écrit,- soit grand, soit petit ; de telle sorte que de tous les diction-
naires, même les plus étendus, il n'en est aucun qui puisse égaler celui-ci.
» Quand l'ouvrage fut terminé, tout le corps des docteurs est venu me prier d'en écrire la préface. » •-
C'est donc, d'après l'empereur Khang lui-même, le dictionnaire le plus complet qui existe dans la littérature chinoise.
On est étonné, en effet, d'y trouver dans un même article trois cents, quatre cents, souvent même jusqu'à six cents
combinaisons différentes du mot principal, combinaisons qui toutes modifient plus ou moins le sens de celui-ci, et qui,
avec les exemples inscrits à la suite de chacune, forment, pour ainsi dire, la monographie complète du sujet.
En vérité, le 'Grand Dictionnaire ne s'attendait pas à trouver un tel concurrent dans l'empire du Milieu, et surtout
composé par un fils du ciel. Mais ce qui .est de nature à nous consoler, c'est que probablement le Paï-wen-yun-fon ne
donne pas, comme nous, à ses lecteurs chinois une traduction de toutes les locutions latines, empruntées à Horace et
à Virgile.
Aujourd'hui, ce dictionnaire est devenu très-rare, même en Chine, et l'on n'en connaît que deux ou trois exemplaires
LXIV PRÉFACE.
en Europe. Le seul que possède la France a figuré au catalogue des livres vendus en octobre 1860 par H. Labitte, et il n'a
pu trouver d'acquéreur.
Nous venons d'établir le bilan des richesses amassées par nos devanciers ; dans cette analyse rapide des œuvres qu'ils
nous ont léguées, nous croyons avoir accordé une juste place au blâme et à l'éloge, en les mesurant sur une apprécia-
tion faite consciencieusement. Pourquoi eussions-nous appelé à notre aide l'amertume de la critique ou un esprit de
dénigrement systématique? Nous n'en avions pas besoin. Aux yeux de tout lecteur impartial, leurs qualités et leurs dé-
fauts s'affirment avec une irrécusable évidence. Nous le répétons, deux de ces monuments du génie de l'homme s'imposent
surtout à notre admiration, le Dictionnaire historique et critique de Bayle et Y Encyclopédie de Diderot, parce que ces. deux
œuvres immortelles, même dans leur actuelle insuffisance, sont sorties d'une inspiration dégagée de toute préoccupation
mercantile, et ont assis pour jamais, sinon inauguré, le principe d'où devait jaillir l'ère des sociétés modernes. Mais ces
travaux d'Hercule du monde delà pensée suffisent-ils aujourd'hui aux aspirations de notre siècle? Personne n'oserait le
souteoir. Ce ne sont plus que des édifices majestueux, mais incomplets, des troncs vénérables que le voyageur, nous vou-
lons dire l'homme d'étude, salue encore avec respect, mais chez lesquels toute trace de végétation active a presque disparu.
Quant à la plupart des autres encyclopédies, M. Victor Hugo les a nettement caractérisées « spéculations de librairie, » c'est-
à-dire publications entreprises en vue d'exploiter tel besoin, telle tendance de l'époque ; nul cachet de généralité et surtout
d'originalité; aucune idée élevée, franchement accusée, qui s'en dégage; tout au plus des prétentions mal justifiées ou un
esprit étroit qui étend chaque article sur le lit de Procuste dressé par une coterie. Et puis, ces ouvrages eussent-ils même,
à l'époque de leur apparition, rempli consciencieusement un large programme, qu'aujourd'hui encore ils laisseraient un
vide immense dans le cadre général qu'ils devaient embrasser. Les sciences, les arts, l'industrie, luttent de vitesse avec les
locomotives de nos chemins de fer, avec le télégraphe électrique lui-même; il faut les suivre dans cette course rapide,
les devancer même quelquefois, si l'on veut arriver à temps; il faut surtout faire dominer cette vaste exposition de nos
connaissances actuelles par un principe large, fécond, qui repousse loyalement toute suggestion, toute exigence de parti,
pour ne sacrifier qu'aux droits imprescriptibles de la justice et de la vérité, sans se laisser détourner de sa voie ni par des
atténuations intempestives des fausses doctrines, ni par la perspective des périls que l'on court quelquefois lorsqu'on
prend courageusement les droits de la pensée comme devise de son drapeau.
Aurons-nous échappé aux défauts que nous avons signalés dans les travaux de nos devanciers ? Nous avons du moins la
conviction de n'avoir rien négligé pouy cela. On pourra critiquer l'exécution de l'œuvre immense que nous avons entreprise,
mais on n'en attaquera pas l'esprit sans blesser l'équité. Nous avons pu nous tromper sur des questions de détail; nous croyons
fermement n'avoir point erré quant à l'idée générale. Notre foi est celle de la France, qui revient, après plus d'un demi-
siècle de tâtonnements, à sa vraie tradition politique et philosophique, aux idées qui ont vivifié la grande âme de nos pères.
Nous vivons à une époque où la fiévreuse activité des intelligences, détournée violemment des spéculations politiques,
semble s'être repliée un instant sur elle-même pour se lancer ensuite, avec un élan irrésistible, dans la carrière où les
sciences et les arts lui ouvrent" un horizon sans bornes. Jamais la soif d'apprendre, de savoir, de juger, ne s'était emparée
plus impérieusement des esprits; jamais la pensée, surexcitée sans cesse par de nouvelles découvertes, n'avait abordé un
ensemble plus étendu de questions et de problèmes hardis, mais d'une solution féconde; jamais la raison ne s'était sentie
plus affranchie des errements des siècles passés, et n'avait interrogé les mystères de toute science avec une plus indépen-
dante curiosité. Nos savants produisent tous les jours d'excellents ouvrages, et ceux qui peuvent se les procurer et qui ont
le temps de les lire, se trouvent ainsi en mesure de satisfaire à tous ces immenses appétits de l'esprit; mais l'ensemble de ces
ouvrages forme une véritable bibliothèque, et il n'est pas donné à tout le monde d'acheter une bibliothèque entière, tout le
monde surtout n'a pas le temps qu'il faudrait pour la lire. C'est un livre unique, contenant toutes choses, qui pourrait seul
mettre toutes les connaissances à la portée du grand nombre, et que possédons-nous en ce genre ? Encore une fois, des
ouvrages surannés au point de vue philosophique et critique, arriérés de vingt ou trente ans au moins sous le rapport scientifique,
n'embrassant que quelques spécialités traitées comme les moines de Clairvaux l'eussent fait sous l'œil de saint Bernard, avec
une timidité qui laisse le moins de prise possible aux points d'interrogation toujours menaçants du pouvoir où de l'in-
dex. Le Grand Dictionnaire universel vient donc à son jour, à son heure; il vient, ce qui sera désormais une nécessité séculaire,
dresser la véritable statistique, offrir l'inventaire de la science moderne; il vient satisfaire des impatiences généreuses, des avidités
desavoir légitimes; il apporte au savant, au littérateur, à l'historien, au philosophe, à l'industriel, au commerçant, à l'artiste,
à l'ouvrier, à tout ce qui imagine, à tout ce qui exécute, un inépuisable approvisionnement, un arsenal formidable où sont
rassemblés, classés, étiquetés, tous les moyens, toutes les ressources, toutes les forces, toutes les armes que le génie, la
patience, les recherches, la science, les méditations des grands hommes, ont mis au service de l'intelligence. Jamais, nous
le disons sans être arrêté par une feinte modestie, jamais un si vaste amas de matériaux précieux, de renseignements utiles ou
PRÉFACE. - LXY
indispensables, n avait été accumulé dans un répertoire aussi universel. L'Encijclopêdie de Diderot, élevée pour ainsi dire
sur les débris d'un monde dont elle a fait crouler les derniers appuis, apparaissant au seuil d'un monde nouveau dont elle
jetait les gigantesques assises, Y Encyclopédie de Diderot a largement rempli la tâche qu'elle s'était attribuée, disons mieux,
qu'imposaient à ses vaillants auteurs les idées profondes et hardies dont ils s'étaient constitués les apôtres, dont ils furent
presque les martyrs. Mais à un autre siècle une autre œuvre; l'histoire de l'esprit humain est une immense toile de Pénélope que
le temps défait sans cesse et qui est toujours à recommencer. Voilà pourquoi nous avons repris en sous-œuvre l'immortel travail
des encyclopédistes, non pas, certes, avec la prétention de remuer le monde à leur exemple en y jetant des idées nouvelles,
mais avec celle de résumer toutes les connaissances humaines, en les faisant entrer dans un vaste cadre où l'homme studieux
puisse, malgré son étendue, les embrasser d'un seul coup 'd'oeil. Ah! c'est une redoutable tâche que nous avons entreprise,
lorsque nous avons résolu d'élever ce monument au génie de l'homme; c'est un lourd fardeau que celui que nous portons
depuis vingt ans, suivant chaque découverte, notant chaque progrès, analysant chaque idée, appréciant chaque système/
épiant, pour ainsi dire^ chaque moment où un germe nouveau allait éclore au monde de la pensée. Aujourd'hui que nos
recherches sont arrivées à leur terme, que nos matériaux sont complets, nous mettons la main à l'œuvre, et nous allons presser
les travaux pour que l'édifice soit bientôt achevé. Et ici s'offre naturellement l'occasion d'expliquer à nos lecteurs le plan de
notre ouvrage, et de leur faire connaître nettement quel esprit a présidé à la rédaction de nos articles.
Nous l'avons déjà dit, tout le monde, à notre époque, veut apprendre, connaître, savoir, juger, se rendre compte; on
n'accepte plus les opinions toutes faites, qui se transmettaient autrefois, comme un héritage, d'une génération ou d'une
classe d'individus à l'autre; les préjugés ont cédé la place au raisonnement et à la critique, et, en toute chose, chacun veut
exercer son propre contrôle, guidé par l'étude directe des faits et des doctrines. Les temps de foi aveugle sont passés sans
retour; on ne croit plus que sous bénéfice d'inventaire. Mais comment se diriger dans cet effroyable dédale de toutes les con-
naissances humaines ? Quelle lumière appeler à son aide? A quelle source puiser les renseignements dont le besoin se renouvelle
à chaque instant? Quel livre interroger? Quel ouvrage consulter? C'est ici que commencent les véritables difficultés. Eût-on
à sa disposition la Bibliothèque impériale et les prodigieuses richesses qu'elle renferme, que l'on serait encore embarrassé,
qu'on le serait même davantage. Et puis, où trouver un fil d'Ariane pour se diriger à travers tous les détours de ce' formi-
dable amas des trésors de l'esprit? L'impuissance du chercheur naîtrait de cette abondance même. Quant aux bibliothèques
particulières, en est-il beaucoup qui puissent suffire aux recherches auxquelles est condamné celui qui veut éclaircir un point
douteux ou se renseigner sur un événement? Quelle collection de traités ou de dictionnaires ne devront-elles pas réunir sur les
diverses branches de nos connaissances : linguistique, lexicographie, grammaire, rhétorique, philosophie, logique, morale,
ontologie, métaphysique, psychologie, théologie, mythologie, histoire, géographie, arithmétique, algèbre, géométrie, trigonomé-
trie, hautes mathématiques, mécanique, astronomie, physique, chimie, sciences naturelles, botanique, zoologie, géologie,
ornithologie, ichthyologie, entomologie, erpétologie, médecine, chirurgie, pathologie, thérapeutique, physiologie, pharmacie,
art vétérinaire* archéologie, paléontologie, technologie, arts et métiers, beaux-arts, littérature, bibliographie, économie
politique, agronomie, horticulture, viticulture, sylviculture, commerce, industrie, marine, navigation, art militaire,
artillerie, génie, statistique, droit, législation, administration, finances, cultes, instruction publique, eaux et forêts,
inventions et découvertes, magie, alchimie, astrologie, blason, jeux, numismatique, termes de chasse, de pêche, de bourse
de turf, etc., etc., etc. Voilà à quelle multitude de livres il faudrait avoir recours pour éclairer ses doutes ou son ignorance,
et cela quand on est pressé de trouver et de savoir. Dans les ouvrages spéciaux, il faut, pour arriver à la formule d'un principe,
à la constatation d'un phénomène, suivre une série de raisonnements et de déductions, qui se succèdent quelquefois à travers
la moitié d'un volume; tandis que, le plus souvent, on cherche l'expression nette et concise d'une vérité, sans égard aux
rapports qui l'enchaînent à un certain ordre d'idées. Un dictionnaire universel, qui renferme tout ce qui a été dit, fait, écrit,
imaginé, découvert, inventé, est donc une œuvre éminemment utile, destinée à satisfaire d'immenses besoins; car un tel
dictionnaire met, pour ainsi dire, sous la main de tout le monde, l'objet précis de toutes les recherches qu'on peut avoir
besoin de faire.
Traçons maintenant un sommaire rapide de chacune des parties qui composent notre ouvrage.
Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle étant, avant tout, le dictionnaire de la langue, la partie lexicographique a reçu
des développements qu'on chercherait vainement ailleurs, et qui se suivent dans un ordre logique, clair, méthodique, que
tous les dictionnaires avaient trop dédaigné jusqu'à présent : sens propres, sens par extension, par analogie ou par compa-
raison, sens figurés purs, sont nettement déterminés par des exemples qui font rigoureusement ressortir les nuances et les
délicatesses des diverses acceptions; chaque mot trouve son historique tout tracé par son étymologie, sa formation, et les
vicissitudes de sens qu'il a subies pour arriver jusqu'à nous, vicissitudes rendues sensibles par des exemples empruntés
à nos vieux chroniqueurs, aux fabliaux, aux trouvères, aux auteurs du xvie siècle, à ceux du xvne et du xvine, et enfin, et
surtout, aux "écrivains de notre temps. Un dictionnaire du xixe siècle ne doit-il pas s'attacher de préférence à reproduire la
LXVI PRÉFACE.
physionomie de la langue au moment actuel ? Les immortels écrivains du xvn' siècle ont fixé notre idiome, lui ont donné sa
forme nationale; mais ceux de notre époque l'ont assoupli, étendu, plié aux innombrables besoins de l'esprit et de la pensée,'
et il n'est peut-être pas d'expression qui n'ait revêtu sous leur plume une forme neuve, qui n'ait été enrichie de quelque
acception aussi juste que pittoresque. Pourquoi donc, comme presque tous nos devanciers l'ont fait, bannir ces écrivains d'un
domaine qu'ils ont si heureusement contribué à cultiver et à fertiliser? Nous leur avons, au contraire, réservé une large place,1
convaincu que les V. Hugo, les Lamartine, les Alfred de Musset, les Th. Gautier, les Villemain, les Sainte-Beuve, les G. Sand,
les Balzac, les Alex. Dumas, les Proudhon, les Henri Martin, les V. Cousin, et tant d'autres que nous pourrions citer, valent
bien la plupart de ces fades et insipides auteurs du xvme siècle et du commencement du xix6, qui partageaient avec Corneille,'
Racine, Bossuet, Fénelon, La Bruyère, Boileau, La Fontaine, Molière, etc., le monopole des exemples à fournir pour asseoir
les différents sens des mots. Tout écrivain de talent, à quelque temps, à quelque opinion et à quelque spécialité qu'il appartienne,
a payé son tribut à nos colonnes. Par elle-même, la langue n'a point de doctrine fixe, puisqu'elle doit servir d'instrument
à l'athée comme au dévot le plus fanatique, au révolutionnaire le plus exalté comme au partisan de l'immobilisme, et une
sorte d'éclectisme est le seul système qui puisse lui convenir.
Parlons maintenant de la partie étymologique, à laquelle le Grand Dictionnaire a voulu donner de très-amples déve-
loppements. Parmi les sciences nouvelles auxquelles le xixe siècle s'honore avec raison d'avoir donné naissance ,'
il en est une qui attire tout d'abord l'attention par la rapidité avec laquelle elle s'est créée et par la fécondité des résul-
tats auxquels elle a conduit ; nous voulons parler de la philologie comparée, qui ne date que d'hier et qui , cependant,
a pris rang immédiatement à côté de l'histoire, de l'anthropologie, de l'ethnographie, de la mythologie, ponr lesquelles elle
est désormais un auxiliaire indispensable. Comme toute science, la philologie comparée, la linguistique, a passé par des
phases transitoires avant d'arriver à l'état de science constituée. Mais aucune, peut-être, n'a franchi en moins de temps ces
périodes, qui sont les âges du savoir humain, les étapes de l'intelligence. On peut dire sans exagération que tous les
progrès- sérieux, positifs, qu'a faits la linguistique, se sont accomplis dans l'espace de cinquante années, comprises entre
l'apparition de la Grammaire comparée de Bopp (16 mai 1816) et nos jours.
Ce n'est pas à dire, cependant, que le langage n'ait jamais préoccupé l'attention des hommes avant celte époque. Au con-
traire, nous retrouvons des traces extrêmement anciennes de ces préoccupations. Mais, de même que la chimie n'a commencé
à exister qu'à partir du moment où elle s'est dégagée des théories sans fondement et des notions empiriques de l'alchimie,
de même la linguistique ne s'est fondée que lors de l'introduction de la méthode scientifique dans ce terrain où s'étaient
perdus auparavant tant de rêveurs. Comme nous venons de le dire, la linguistique date de la publication de la Grammaire
de Bopp, qui gardera l'éternel honneur5 d'avoir posé cette science sur une base solide, et d'avoir ensuite pris une part des
plus actives à son développement^
Les peuples anciens se préoccupèrent, à leur manière, de ce phénomène merveilleux, la parole ; les brahmanes indiens,
par exemple, dans les hymnes des Vêdas, élevèrent, nous apprend M. Max Miiller, la parole au rang d'une divinité. Dans les
Brahmanas, la parole est appelée la vache, le souffle est appelé le taureau, et l'esprit humain est présenté comme leur
progéniture. Mais un peu plus tard on abandonna ces idées mystiques, et l'étude de la grammaire fut instituée par les brah-
manes d'une façon qui n'a jamais été surpassée, du moins sous le rapport de la minutie. «L'idée, dit M. Max Miiller, de
réduire une langue tout entière à un petit nombre de racines , qu'en Europe , au xvie siècle , Henri Estienne tenta de
réaliser le premier, était parfaitement familière aux brahmanes, au moins cinq cents ans avant Jésus-Christ.» Les grammai-
riens grecs, représentés par les deux écoles d'Alexandrie etdePergame, ont exécuté des travaux grammaticaux qui, aujour-
d'hui encore, ne sont pas sans valeur. Chez les Romains, ces études furent également cultivées avec grand succès ; il nous
suffira de rappeler les noms de Varron, de Lucilius, de Festus, de Quintilien, de Priscien, etc. Si maintenant nous sortons
de l'antiquité, nous retrouvons' toujours* la méthode empirique en vigueur, mais successivement transformée par les no-
tions, de plus en plus étendues, acquises par la connaissance des nouvelles langues. Il faudrait plusieurs volumes pour faire
l'histoire de la linguistique avant le xixe siècle : nous nous bornerons à nommer Vossius, les Estienne, Pasquier, Bochart,
Ménage, Huet, de Brosses, Court de Gébelin, Fabre d'Olivet, Larcher, Turgot, etc., qui, même de nos jours, ont encore,
hélas ! des disciples obstinés qui refusent de se rendre à l'évidence.
De très-bonne heure, ces précurseurs de la linguistique voulurent chercher un lien de parenté entre les différentes lan-
gues qui leur étaient accessibles. Ces préoccupations donnèrent naissance aux systèmes les plus fantastiques et les plus in-
conciliables. Mais ces tendances latentes dénotaient déjà un véritable progrès ; ces aspirations intuitives furent satisfaites
par une découverte inespérée, celle de la langue sanscrite, dont la connaissance positive ne date chez les Européens que
de la fondation de la Société asiatique de Calcutta, en 1784. Dès lors le rôle des précurseurs est fini; celui des initiateurs
commence : William Jones, Carey, Wilkins, Forster, Colebrooke, etc. , sont les glorieux promoteurs du mouvement.
L'étude du sanscrit démontra immédiatement sa parenté étroite avec la plupart des idiomes de l'Europe (postérieurement
PRÉFACE. LXVII
appelés indo-européens) et plusieurs de l'Asie. Puis arrivent les admirables travaux de Bopp, de Schlegel, deHumboldt, de
Pott, de Grimm, de Rask, de Weber, de Max Millier, qui achèvent la révolution ébauchée par leurs prédécesseurs. ,
Sans anticiper ici sur l'article étendu que nous consacrerons dans cet ouvrage à la langue sanscrite, nous ferons remar-
quer que e sanscrit n'est pas, xomme on le croit trop généralement, la souche des langues indo-européennes ; c'est tout au
plus une branche collatérale (pour la période védique). Dans nombre de cas, le sanscrit classique trahit même, par des symp-
tômes non équivoques, son âge moins avancé par rapport au latin, au zend, etc. Nous signalerons, par exemple, la substitution
des palatales aux gutturales dans les racines. L'importance du sanscrit ne consiste donc pas, comme on pourrait le supposer,
dans son antiquité, mais bien plutôt dans son intégrité, dans l'état de conservation de ses nombreux monuments littéraires.
Il nous a ainsi fourni des éléments de comparaison d'une valeur inappréciable, pour grouper tous les idiomes congénères,
combler les lacunes qui les séparent, et renouer des liens rompus par des accidents inconnus.
Ces quelques considérations suffiront, nous l'espérons, pour faire comprendre à nos lecteurs l'importance de la science
nouvelle, et leur expliqueront pourquoi nous avons cru devoir lui consacrer une aussi large place dans le Dictionnaire du
XIX siècle.
M. Max Millier range parmi les sciences naturelles la linguistique, qu'on avait à tort, suivant lui, classée jusqu'ici parmi
les sciences historiques. Nous reconnaissons volontiers que l'application de la méthode des sciences naturelles à la lin-
guistique a produit,entre les mains de M. Max Mûller et des savants allemands, de merveilleux résultats ; mais nous croyons
cependant que les considérations historiques sont d'une importance extrême dans la linguistique, et. que la science du lan-
gage est mixte, qu'elle touche à la fois au domaine naturel et au domaine historique. Cette restriction faite, nous reconnais-
sons sans difficulté le côté ingénieux et neuf de la théorie de M. Max Muller. Rien, en effet, ne ressemble plus à un anatomiste
armé du scalpel et fouillant un cadavre pour lui arracher les secrets de la vie organique, qu'un linguiste analysant, dissé-
quant un mot, dégageant au milieu des affixes et des suffixes, etdes différentes modifications phonétiques internes, une racine
primitive. Des deux côtés il faut la même habileté de praticien, la même sûreté de main, la même intelligence, la même
sagacité. Le linguiste a,lui aussi/ses œuvres merveilleuses de restitution inductive ; sur un fragment de livre, sur une phrase,
sur un mot, il reconstruit une langue tout entière avec la même infaillibilité que le paléontologiste restitue, sur une vertèbre,
sur une dent, un animal, un monde entier. Nous pouvons même dire que, dans certains cas, les résultats obtenus par la lin-
guistique semblent- encore plus étonnants que ceux qui le sont par la paléontologie. Les lignes suivantes, empruntées à
M. J. Perrot,' feront parfaitement comprendre ce fait aux lecteurs :
«Bien mieux que l'enquête archéologique, si brillamment inaugurée, il y a une trentaine d'années, dit M. J. Perrot, par
les savants du nord de l'Europe, l'étude des langues et de leurs formes les plus anciennes nous permet de remonter
dans ce vague et obscur passé, où se dérobent les premiers vagissements et les premiers pas de l'humanité, bien au delà du
point où s'arrêtent la légende et la tradition même la plus incertaine. Ni ces grands amas de coquilles, si patiemment remués
et examinés par les antiquaires norwégiens ; ni ces lacs italiens et suisses, dontM. Troyon et ses émules explorent les rivages et
interrogent du regard et de la sonde les eaux transparentes ; ni les cavernes fouillées par M. Lartet; ni ces antiques sépul-
tures d'un peuple sans nom, qui se retrouvent des plateaux de l'Atlas aux terres basses du Danemark, ne nous livrent d'aussi
curieux secrets que ces riches et profondes couches du langage, où se sont déposées, et comme pétrifiées, les premières con-
ceptions de l'homme naissant à la pensée, les premières émotions qu'il ait éprouvées en face de la naturelles premiers
sentiments qm aient fait battre son cœur. Reste des grossiers festins de nos sauvages ancêtres, débris de leurs légères de-
meures suspendues au-dessus de ces eaux qui les protégeaient et les nourrissaient tout à la fois, monuments authentiques de
leur ingénieuse et opiniâtre industrie, faibles instruments qui les aidaient dans leurs premières luttes contre la nature ar-
mes fragiles et émoussées qui leur servaient à se défendre contre les bêtes fauves , étranges bijoux, gauches et naïves parures
ou se révèlent des instincts de coquetterie contemporains, chez l'un et chez l'autre sexe, des premiers rudiments de la vie
sociale, tout cela n'est ni aussi instructif, ni aussi clair et aussi précis, tout cela ne nous en apprend pas autant sur ces longs
siècles d'enfance et de lente croissance, que l'analyse même des mots, que l'explication de toutes ces métaphores hardies dont
nous avons hérité et que nous employons encore tous les jours sans plus les comprendre, que l'examen de tous ces termes
figurés, qm, même dans les plus raffinés et les plus philosophiques de nos idiomes modernes, subsistent toujours comme
les vivants témoins d'un inoubliable passé, et semblent protester, par le rôle qu'ils continuent à jouer dans la langue contre
les victoires et les conquêtes de l'abstraction. » .
M. Max Muller embrasse sous le nom de science du langage les différentes études successivement appelées philologie
comparée, etymologie scientifique, phonologie, glossologie, linguistique, etc., appellations dont il blâme l'impropriété. Il est
évident que, comme terme générique, science du langage est un mot très-heureux, très-large, qui permet dégrouper en un
seul faisceau lés différentes sciences auxquelles l'étude du langage sert de base. Ces différentes sciences, qui relèvent immé-
diatement de la science du langage, et dont elles ne sont, en quelque sorte, que les annexes, sont les suivantes :
LX-VIII PRÉFACE.
D'abord l'étymologie, ou l'histoire des origines individuelles des mots, la généalogie des termes d'une langue. Les lecteurs
verront comment nous avons traité cette partie, qui, dans un dictionnaire français, doit être considérée comme une des plus
importantes, au point de vue de la connaissance exacte des mots. Le Dictionnaire du XIXe siècle est le premier jusqu'ici,
nous pouvons le dire sans vanité, qui ait inauguré en France ce progrès capital. Jusqu'iciJ'on se bornait, même dans les"
dictionnaires les plus récents et les mieux faits (nous citerons pour exemple celui de M. Littré, auquel d'ailleurs nous avons
rendu toute justice), à donner l'étymologie latine ou grecque la plus voisine du mot français, sans remonter au delà. Quel-
quefois on allait jusqu'à rapprocher les termes congénères, tels que nous les .présentent les langues néo-latines ou romanes.
Nous avons procédé tout autrement: non content de donner les étymologies immédiates d'un mot, nous avons, avec Pictet,
Pott, Benfey, Kuhn, Weber et tant d'autres savants, franchi ces colonnes d'Hercule delà philologie classique. Nous nous
sommes attaché à faire l'histoire complète d'un radical, à suivre les transformations multiples qu'il a subies en passant en
français, en latin, en grec, en sanscrit, et dans les autres idiomes collatéraux : persan, zend, langues germaniques, slaves, etc.,
en un mot, dans toute la grande famille indo-européenne. Nous croyons avoir- ainsi rendu un véritable service à nos lec-
teurs, en élevant l'étymologie, ce procédé auparavant si restreint et, pour ainsi dire, si mécanique, à la hauteur d'un enseigne-
ment philosophique et historique.
Une autre science dérivée de la linguistique, c'est la mythologie comparée, à peine connue en France, et cependant si pro-
digieuse dans ses applications. Nous ne pouvons pas donner ici la définition complète de cette science, ;qu'on trouvera traitée
à son ordre alphabétique. Nous ferons seulement remarquer que si, comme le dit spirituellement Max Millier, la mythologie
est une maladie du langage, il existe contre cette maladie un remède spécifique dont les effets, quoique rétrospectifs, n'en
sont pas moins certains : c'est la linguistique, la linguistique seule, qui peut guider l'historien dans ce dédale des mythes pri-
mitifs, sans cesse transformés, fondus, défigurés, intervertis, substitués. Le lecteur verra ce que cette science peut produire,
en parcourant les principaux articles que nous' avons consacrés aux. mythes, aux légendes, aux personnages fabuleux, de
l'Inde, de la Grèce, du Latium, de la Perse, etc.
La linguistique proprement dite, qui rentre également dans la science du langage et en constitue un des éléments les plus
personnels, a été de notre part l'objet d'une grande attention. Toutes les langues importantes ont été étudiées indivi-
duellement dans le Dictionnaire, au point de vue grammatical et au point de vue littéraire. Cette tâche était des plus ardues,
parce qu'il n'existe pas un corps d'ouvrage renfermant tous les documents nécessaires pour l'accomplir. Nous eussions pu ,
il est' vrai, à l'instar de nos devanciers, puiser sans scrupule dans certains ouvrages incomplets, mais commodes. Mais
nous nous sommes imposé l'obligation de recourir toujours, sur chaque langue, aux travaux spéciaux dont elle a été l'ob-
jet. Nous avons fouillé quelquefois , pour un dialecte d'une importance médiocre, plusieurs grammaires écrites en diffé-
rentes langues européennes; nous avons mis à contribution les relations de voyages, les revues linguistiques, les vocabu-
laires, de volumineux recueils publiés par des Allemands , des Anglais, des Italiens, des Espagnols, des Russes, etc. ,
en nous tenant au courant de tous les ouvrages nouveaux. Souvent même nous avons eu, grâce à la complaisance de quelques,
savants, des renseignements complètement inédits.
La grammaire comparée, une des plus belles conquêtes de la science du langage, a été traitée avec tous les développe^-
ments qu'elle mérite. Comme pour la partie étymologique, nous avons exclusivement employé la méthode scientifique,
telle qu'elle. est aujourd'hui constituée et appliquée en Allemagne et en Angleterre. Là encore, nous sommes sorti de l'or-
nière classique et nous avons singulièrement agrandi le champ de notre sujet. Le rôle des particules, des prépositions, des
conjonctions, les lois phonétiques auxquelles obéissent les langues, le mécanisme physique et intellectuel de la pensée, tout a
été scrupuleusement étudié et exposé d'après les données les plus récentes.
Enfin, comme corollaire du système que nous avons suivi à l'égard de l'ensemble des connaissances constituant la science
du langage, nous avons cru devoir, pour être complet, donner une place convenable aux principaux monuments des littéra-
tures orientales, si peu ou si mal appréciées encore en France. Ces monuments sont la base même des investigations de la
science du langage, et en dehors de leur valeur purement littéraire, que nous avons également mise en relief, ils possèdent,
aux yeux du linguiste, un prix inestimable. Les grandes épopées, les traditions religieuses et philosophiques, les travaux
scientifiques et historiques de l'Inde, de la Perse, des races indo-européennes ou aryennes, de l'Egypte, du Japon, de la
Chine, de l'Arabie, et même des peuples secondaires ou presque inconnus, Turcs, Tartares, Mexicains, Finnois, nations de
l'Afrique, de l'Amérique et de l'Océanie, ont été, lorsqu'ils en étaient dignes, mentionnés à leur ordre alphabétique et
analysés en raison de leur importance.
Une des parties les plus importantes traitées dans le Grand Dictionnaire , c'est l'histoire. Nous l'avons traitée avec l'impar-
tialité la plus complète, en dehors de toute opinion préconçue, nous affranchissant, autant qu'il a été en notre pouvoir, de cet
esprit systématique, ou de parti, qui dicte si souvent les jugements de l'historien; nous n'avons pas cherché à plier les faits
aux exigences de telle ou telle opinion, nous les avons présentés sous leur véritable jour, sans ménagement comme sans fai-
PRÉFACE. LXIX
blesse, et nous en avons tiré les conséquences qui découlaient naturellement de cette exposition impartiale. N'ayant pris
pour guide que les inspirations de notre conscience, nous n'avons pas falsifié l'histoire, nous l'avons racontée, sans nous in-
quiéter de savoir si un fait demeurait à la charge ou était acquis au bénéfice d'un parti. Vitam impendere vero, telle pourrait
être la devise du Grand Dictionnaire universel, si l'immortel auteur du Contrat social ne s'en était pas créé une propriété pour
ainsi dire inaliénable, dont il serait prétentieux de revendiquer l'héritage.
Quant aux questions douteuses, à celles qu'on pourrait appeler des problèmes historiques, le Grand Dictionnaire universel
les a étudiées avec une attention toute particulière, et toujours en s'affranchissant complètement dés hypothèses et des pré-
jugés. Sa profession de foi est tout entière contenue dans cette devise : Recherche de la vérité, toujours et quand même. Ni
crédulité banale, ni scepticisme systématique, ni parti pris, ni opinions préconçues. Quand nos laborieuses investigations ne
nous livreront pas une solution définitive, nous donnerons au moins le résultat des travaux les plus récents de l'érudition
historique, en même temps que celui de -nos propres recherches et des documents que nous possédons ou que nous aurons
découverts.
Nous n'avons pas abordé avec une moindre indépendance d'esprit la biographie, répertoire universel où doivent entrer .tous
ces personnages divers qui ont mérité ou dérobé une part quelconque de célébrité, bonne ou mauvaise; tous les acteurs qui
ont paru un instant sur la scène du monde, tous les figurants de cette danse macabre qui défile à travers les siècles; les pe-
tits comme les grands ; les morts et les vivants, depuis Adam, Sésostris et Manou, jusqu'à Mourawieff, Abd-el-Kader et Jua-
rez. Nous avons donné à chaque article une étendue proportionnée à la valeur ^réelle du personnage, mais en nous renfer-
mant, à l'égard des contemporains, dans les limites d'une appréciation courtoise, qui ne va jamais jusqu'à une complaisance
calculée, et à travers laquelle, néanmoins, perce toujours et facilement notre opinion. La vérité ne gagne rien à être for-
mulée brutalement, et il y a des susceptibilités qu'il serait injuste et quelquefois cruel de froisser, en invoquant le prétexte de
l'impartialité, a On doit des égards aux vivants, a dit si justement Voltaire; on ne doit aux morts que.la vérité. » C'est sur ce
principe que nous avons réglé nos jugements. Les personnages morts appartiennent, eux, complètement àl'histoire, et, pour
un grand nombre de ces individualités qui ont laissé une trace éclatante, nous avons mis à contribution une-foule de docu-
ments inédits, curieux, intéressants, qui jettent un jour nouveau et complet sur beaucoup d!événements restés obscurs et
inexpliqués. Ici, nous n'avons obéi qu'à la sévère équité de l'histoire, sans admettre ces ménagements intempestifs ou ces
atténuations complaisantes qui se produisent banalement dans presque tous les livres, et que personne ne prend plus au sé-
rieux depuis longtemps. Nous écrivons pour les hommes qui veulent se renseigner et s'instruire, nous ne publions pas un
Grand Dictionnaire universel du XIX siècle — ad usum Delphini.
Nous avons accordé à la géographie toute l'extension possible, en mettant à profit les auteurs les plus compétents, et surtout
les relations modernes qui ont jeté une si vive lumière sur un grand nombre de difficultés restées jusqu'ici non résolues. %
Les excursions hardies des voyageurs contemporains, et, pour certaines contrées du globe encore peu connues , les plus
récentes expéditions nous ont fourni des renseignements précieux et nous ont mis à même de rectifier des erreurs' capitales,
introduites dans cette science si importante par des récits exagérés ou incomplets, par des observations superficielles, par la
difficulté d'étudier certaines régions, et, disons-le franchement, par la fantaisie des explorateurs. Sur les mœurs de tous
les peuples , sur l'état de la civilisation , la force , les ressources et la population de chaque pays , sur les productions de
chaque climat, sur le commerce et l'industrie de chaque État; en un mot, sur tous les points qui se rattachent à la géographie
physique ou politique, le Grand Dictionnaire universel présentera un ensemble de notions aussi neuf, aussi utile, aussi ins-
tructif et aussi complet qu'on puisse le désirer.
Quant aux sciences basées sur le calcul ou l'observation, telles que les mathématiques en général, la physique, la chimie,
l'astronomie, la médecine, l'art vétérinaire, les sciences naturelles, chaque partie, chaque article comporte des développe-
ments qui suffisent à élucider toutes les questions, à éclaircir tous les doutes, dans la mesure, bien entendu, du degré de
perfection auquel sont arrivées ces diverses branches de nos connaissances. Là où le génie de l'homme n'a pu encore réussir à
sonder tous les mystères, nous n'avons pu que constater des résultats incomplets; mais partout, du moins, nous avons signalé
le point extrême qui marque la limite où le connu s'arrête, pour faire place aux hypothèses plus ou moins plausibles; en sorte
que le lecteur est certain d'avoir une statistique exacte, rigoureuse, de l'état actuel de la science. Parfois il ne trouvera qu'une
ébauche, un dessin dont les formes ne sont pas encore accusées; mais la "reproduction en sera du moins fidèle et complète.
Un ordre d'idées naît, un principe est en travail d'enfantement mous ne pouvons que faire pressentir des conséquences, pré-
juger des résultats ou indiquer, d'une manière hypothétique, le rôle futur d'un système ou d'une découverte dont on est en-
core à étudier la valeur et l'importance; trancher péremptoirement des questions aussi délicates nous paraît contraire à
la tâche que nous nous sommes attribuée, comme au-dessus de la portée de notre esprit.
C'est pour nous conformer à cette règle que, tout en faisant l'usage le plus libre de notre faculté de juger, nous nous
sommes attaché à présenter au lecteur les doctrines philosophiques, religieuses, politiques et économiques, même les plus
LXX PRÉFACE.
controversées et les plus controversables, sans parti pris polémique, et en leur conservant leur véritable physionomie. Maté-
rialisme, spiritualisme, animisme, sensualisme, idéalisme, mysticisme, éclectisme, positivisme, saint-simonisme, fourié-
risme, etc., sont entendus et viennent tous à égal titre plaider leurs causes, respectives dans nos colonnes. Nous donnons
tour à tour la parole au socialisme et au libéralisme économique; à la protection et au libre échange; à la centralisation et
à l'affranchissement de la commune "et de la province; au principe des nationalités et au droit international fondé sur les
traités ; à la morale dite indépendante, et à celle qui invoque des principes et des sanctions métaphysiques ; à la critique ra-
tionaliste des religions et à l'apologétique chrétienne. Nous ne voulons blesser aucune conscience, mais nous voulons allu-
mer tous les flambeaux; tant pis pour qui se plaît à la nuit et au sommeil ! Le temps des dogmes et des infaillibilités est
passé; il n'y a plus aujourd'hui que des faits scientifiques et des opinions. Or, il est grand temps, ce nous semble, de laisser
à la lutte des dogmes et des infaillibilités les moyens purement utilitaires, les armes souvent déloyales des vieilles polémi-
ques, et d'introduire sérieusement dans la. lutte des opinions le sentiment de l'honneur et l'idée du droit. L'unité des esprits
doit naître désormais d'un libre, universel et incessant examen, et non d'une autorité intellectuelle. Saint Augustin disait :
In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas. Nous appliquons à la lutte des opinions cet aphorisme célèbre, en
Je modifiant de la manière suivante : In omnibus liber tas et caritas, ut in necessariis fiât unitas.
Nous ne sommes pas, nous n'entendons pas être une école, une secte, un parti, une autorité; nous ne dogmatisons
pas, nous n'excommunions pas. Nous repoussons cet exclusivisme étroit qui s'enferme dans un système, s'y cantonne, s'y dé-
clare satisfait, et ferme l'oreille à toutes les voix du dehors. Nous repoussons ces condamnations tranchantes, fondées sur les
conséquences dangereuses qu'on prête à telles ou telles idées, et qui arrêtent le mouvement et le progrès de la science. Nous
sommes ennemi du préjugé (prœ judicatum), de l'opinion préconçue, de la foi passive, du discipulat. Aucun paradoxe ne sau-
rait nous émouvoir : nous croyons plus funestes les lâchetés que ies audaces de l'esprit. Aucune doctrine, si surannée qu'elle .
soit, ne nous trouve disposé à l'écarter comme indigne de notre attention : nous professons que,pour avoir raison des fan-
tômes, le meilleur moyen est de les regarder en face. Du reste, en toute erreur, ancienne ou nouvelle, nous respectons, nous
voulons respecter un effort sincère de l'esprit humain versle vrai; le doute provisoire, appliquée. toute matière, nous apparaît .
comme une sorte de purification mentale nécessaire à qui veut penser et croire par lui-même et pour lui-même, et nous avons
la plus entière confiance dans l'efficacité de l'examen sans cesse provoqué etprêt à reviser les résultats d'un premier travail.
Pénétrer dans chaque doctrine et faire ressortir l'idée 'qui en forme le centre et pour ainsi dire le noyau solide, tel est le but
principal que nous nous proposons. Si nos opinions personnelles se laissent voir plutôt qu'elles ne s'accusent, si généralement
nous ne formulons des conclusions qu'avec réserve et sobriété, c'est que nous voulons amener le lecteur, non à accepter un
jugement tout fait, mais à prononcer lui-même en connaissance de cause; c'est que nous nous fions à la lumière qui jaillira
pour lui du choc des opinions contraires, et qui mettra également en évidence les côtés faibles des systèmes et leur véritable
force.
Pour les diverses parties que nous venons de passer en revue, nous n'avions pas à innover; nous ne pouvions qu'améliorer.
Le fond nous était fourni, la forme elle-même nous était tracée par nos devanciers; nous n'avions qu'à tenir compte des pro-
grès de la science actuelle, et à introduire dans notre ouvrage l'ordre sévère, logique, et le principe élevé dont l'absence se
fait trop souvent sentir dans les encyclopédies du siècle. Mais ce qui constitue le côté véritablement neuf, original, du Grand
Dictionnaire, ce qui lui imprime un cachet tout particulier d'intérêt et d'utilité,' ce sont les innombrables articles de littéra-
ture et d'art dont nous allons donner un rapide aperçu, articles que le lecteur n'a jamais trouvés réunis dans un même ou-
vrage, et que nous ne sommes parvenu à élaborer qu'au moyen de recherches et d'études dont il serait difficile de se faire
une juste idée. Si quelques omissions ont échappéà notre attention, tenue constamment en éveil sur tant d'objets à la fois, que
; l'indulgence de nos lecteurs nous le pardonne; nous nous lançons les premiers, sans précédents, sans guides, dans cette
carrière, dont l'horizon se reculait sans cesse devant nos regards, et nous avons dû nous armer d'une constance à toute
épreuve pour la parcourir, avec la seule ressource d'un travail incessant et de notre volonté.
Il y a tout un monde qui, pour n'avoir jamais joui que d'une existence fictive, ne s'en impose pas moins à nos souvenirs, et
dont la vie imaginaire a laissé des traces ineffaçables dans notre .histoire littéraire. Il n'est pas plus permis d'ignorer les ac-
tions et le caractère de ces personnages enfantés par le génie, que les faits et gestes des hommes célèbres dont la mémoire est
restée populaire : Alexandre, Annibal, César, Charlemagne, Henri IV ou Napoléon. Nous voulons parler des héros de romans,
de poëmes Ou de théâtre, qu'anime une individualité bien autrement puissante que le prestige éteint d'une foule de noms qu'on
trouve obscurément enfouis au fond de toutes les biographies. Est-ce que don Quichotte, Gil Blas, Agramant, Amadis de Gaule,
Armide, Asmodée, Astrée, Céladon, Clarisse Harlowe, Lovelace, Pantagruel, Vautrin; est-ce que Agnès, Alceste, Arlequin,
Banco, Bartholo, Basile, Brid'oison, Cassandre, Célimène, Chicaneau, Chrysale, Colombine, Desdémone, don Juan, Falstaff,
Faust, Figaro, Georges Dandin, Géronte, Hamlet, Léandre, M. Dimanche, M. Josse, M. Jourdain, Othello, Patelin, San-
grado,Shylock,Turcaret; est-ce que, même, Bertrand, Bilboquet, Chauvin, Mayeux, M, Prudhomme, Robert Macaire; est-ce
PRÉFACE: LX-XI-
que tous ces personnages si vivants, si-originaux, dont le caractère se dessine avec une netteté si pittoresque, n'animent pas
l'histoire littéraire d'un souffle plus puissant et surtout plus poétique que la biographie de tel ou tel général, préfet ou sé-
nateur ne donne de piquant et de relief au cadre des existences réelles? Ces personnalités sont entrées dans le domaine de la
littérature, par le droit de conquête et par le droit du génie qui les a créées ; on cite leurs actions, leurs maximes ; on rappelle
leur caractère, leurs habitudes; on invoque leur opinion sur une question douteuse ou débattue; en un mot, on les assimile
d'une manière complète aux réalités Je l'histoire. Comment se fait-il donc qu'on n'ait jamais songé à tracer leur monogra-
phie, à faire, pour ces illustrations du monde de la poésie, de l'imagination et de l'idée, ce que le moindre principicule a .
obtenu de nos biographes complaisants? C'est cet inexplicable oubli que nous venons réparer. Ces individualités si originales,
si brillantes et souvent si populaires, jouiront-' désormais du droit de bourgeoisie dans toute encyclopédie bien conçue, et
nous croyons pouvoir affirmer que ce ne sont pas ces noms-là qu'on cherchera le moins souvent. Au reste, pour une foule
d'anciens personnages dont la vie et les exploits sont semi-historiques et semi-fabuleux, on ne pourra trouver que dans les
nouveaux articles que nous leur consacrons les détails propres à éclaircir ou à rectifier les idées quelquefois vagues, obscures
ou fausses qu'on s'en est formées ; la notice purement biographique ne suffira jamais à satisfaire la curiosité. Achille, Aga-
memnon, Ulysse, Nestor, Diomède, Ajax, Priam, Hector, Andromaque, Énée, Didon, Anchise, Turnus, Lavinie, doivent
bien plus leur existence à Homère et à Virgile qu'à Hérodote ou à Tite-Live, et c'est leur arracher tout à fait ï'auréole poé-
tique qui les entoure, que de ramener ces grandes figures aux mesquines proportions que leur prête la plume des historiens.
Il est un autre domaine, infiniment plus étendu, neuf, encore inculte, mais qui est appelé à produire des fruits magnifi-
ques, et dont nous avons entrepris la difficile exploitation. C'est peut-être la plus lourde partie de notre tâche, et nous avons
dû nous en représenter sans cesse l'immense utilité pour ne pas être tenté cent fois de l'abandonner; nous vouions parler de
la bibliographie complète de tous les temps et de tous les pays. Au nom même d'un auteur, dans un dictionnaire historique,
on trouve quelquefois uue appréciation superficielle, maigre et sèche de ses œuvres; quant aux critiques faites largement,
aux analyses consciencieuses, rédigées en pleine connaissance de cause , il faut les chercher dans une foule d'ouvrages
dont on ignore le plus souvent l'existence. Comment faire son profit de ces renseignements dispersés de" toutes parts et
qu'on ne sait où aller puiser? A- quel auteur s'adresser, par exemple, pour obtenir des notions suffisantes sur tel ouvrage
d'un érudit allemand, d'un savant anglais, d'un écrivain français? Où trouver, quand on n'a pas Une riche bibliothèr-
que sous sa main, le compte rendu d'une pièce de théâtre, d'un roman, d'un poème, surtout si l'œuvre qu'on veut con-
naître est celle d'un contemporain? Il faudra alors fouiller plusieurs collections de journaux ou de revues, et encore, bien
souvent en sera-t-on pour sa peine et son temps perdu. Eh bien, nous avons recueilli tous ces documents épars; nous
avons étudié, analysé toutes ces œuvres, toutes ces productions de l'esprit humain; nous en avons constitué un ensemble
formidable, où chacune d'elles a trouvé une place proportionnée à sa valeur, à l'importance du rôle qu'elle a joué et de l'in-
fluence qu'elle a exercée dans le monde sans limites de la pensée.' Toutes ces créations du talent, de l'imagination, de la fan-
taisie et du génie, tenues jusqu'ici à l'écart de la masse des lecteurs par la spécialité même des idées qu'elles développent,
mais que, dans une circonstance donnée, ou ne fût-ce que pour contenter les exigences d'une curiosité légitime, on peut
avoir besoin de connaître et d'apprécier, nous les avons tirées de leur obscurité relative et mises au grand jour dans notre
ouvrage, où chacun les trouvera à l'ordre alphabétique de leurs titres, avec une analyse détaillée qui en fait ressortir rigou-
reusement le plan, les qualités, les défauts, la pensée quia présidé à leur rédaction, les doctrines et les systèmes qu'elles met-
tent en saillie; en un mot, les vices de forme ou de fond qui les ont condamnées en naissant à l'indifférence et à l'oubli, les côtés
brillants qui leur ont attiré ou leur promettent une vogue passagère, ou les idées fécondes qui leur assurent une éternelle vi-
talité. C'est ainsi que nous avons évoqué au tribunal d'une critique impartiale : poëmes, romans, contes, tragédies, comé-
dies, drames, vaudevilles, pamphlets, histoires, mémoires, ouvrages de sciences, de linguistique, d'érudition, de philosophie, '
de théologie, lettres ou correspondances des hommes célèbres, jusqu'aux journaux et aux revues des temps modernes et
anciens, jusqu'aux chansons populaires qui ont bercé notre enfance et égayé quelquefois notre maturité. Nous adressant aux
lecteurs de toutes les classes, quels que Soient leur âge et leurs goûts, nous n'avons rien dédaigné, et nous avons voulu que
le savant et l'ignorant, l'homme sérieux et l'homme frivole, le vieillard et l'enfant, pussent prendre . chacun leur part
à l'immense banquet qui est dressé pour tous dans le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.
Des deux parties que nous venons d'examiner découle, pour la langue littéraire, une autre source de richesses, et ce n'est
pas la moins féconde, alimentée qu'elle est encore par lé concours que lui apportent l'histoire, la mythologie et les langues
mortes ou vivantes. Les héros littéraires, historiques ou mythologiques, ont accompli des actions célèbres ou fait entendre des
paroles remarquables, auxquelles les écrivains font des allusions répétées; les livres, les pièces de théâtre ont formulé des
maximes piquantes, résumé des situations dramatiques, par un mot, une phrase qui a fait fortune et a passé ensuite dans la
langue littéraire, et celle-ci s'est ainsi trouvée enrichie d'une multitude de locutions originales, pittoresques, dans lesquelles
les personnes peu instruites ne découvrent aucun rapport apparent avec l'idée que l'auteur a voulu exprimer, et qui lui com-
LXXI1 PRÉFACE,
muniquent cependant une grâce, une force, une vivacité incontestables. Qu'un écrivain, un critique, pour mieux faire res-
sortir le décousu et l'obscurité d'un raisonnement, en termine le résumé par cette phrase si comique : « Et voilà justement
pourquoi vôtre fille est muette, » une foule de lecteurs ouvriront de grands yeux et ne s'expliqueront pas le moins du monde
comment une fille muette vient se fourvoyer au beau milieu de l'exposé d'un système scientifique ou philosophique. Quel
est le lecteur dans l'esprit duquel ne s'est pas ouverte une solution de continuité pénible lorsque, voulant suivre le dévelop-
pementd'un principe ou d'une situation, il se heurtait contre une sorte de phrase cabalistique qui venait brusquement dérouter
son intelligence? Qui ne s'est pas, suivant la spirituelle expression de M. Jules Janin, piqué le nez contre un chardon surgissant
sous la forme d'un aphorisme grec, latin, aDglais, italien ou même français, que tout le monde est censé comprendre aux yeux de
l'écrivain, mais dont un nombre très-minime de lecteurspeut faire son profit? J'ouvre un livre, un journal, j'assiste à une con-
versation de gens instruits, et, à chaque instant, à propos de tout, je lis ou j'entends des allusions dans le genre de celles-ci :
« L'abîme de Pascal. — Le bon billet qu'aLa Châtre. — Le nœud gordien. — L'âne de Buridan. — La biche de Sertorius.— Les
cailloux de Démosthène. —La béquille de Sixte-Quint. — Le chapeau deGessler. — La queue du chien d'Alcibiade. —
Mon siège est fait. — Nous dansons sur un volcan. — L'ordre règne à Varsovie. — Le talon d'Achille. — L'antre de Tropho-
nius. — Le fil d'Ariane. — La boîte de Pandore. — Là lettre de Bellérophon. — Le cygne de Léda. — Le tonneau des Da-
naïdes. — La pluie d'or. — Les chênes de Dodone. — Rodrigue, as-tu du cœur? — Moi, moi, dis-je, et c'est assez. —
Qu'allait-il faire dans cette galère? — Attacher le grelot. — C'est toi qui l'as nommé. — Devine si tu peux, et choisis si tu
l'oses. — Comment peut-on être Persan? — Le festin de Trinialcion. — Les dés du juge de Rabelais. — L'abbaye de Thé-
lème. — Les beaux yeux de ma cassette ! — Ab uno disce omnes. — Arcades ambo. — Deus ex machina. — Donec eris felix. . .
— Facit indignatio versum. — Invita Minerva. — Justum actenacem. — Mens agitât molem. — Parturiunt montes. — Pro
aris et focis. — Eurêka. — E pur si muove. — Anch'io son pittorq. — Traduttorè, traditore. — Lasciate ogni speranza. . . —
Godsave the queen. — Time is money. — That is the question. — To be, or not tv be, » etc. , etc. ; avec une somme même
considérable de connaissances historiques, mythologiques ou littéraires, il est évident qu'on doit se trouver quelquefois em-
barrassé en présence de quelques-unes de ces allusions qui se reproduisent si souvent dans les écrits contemporains. Beau-
coup alors ont besoin d'apprendre, mais beaucoup aussi aiment à sentir se réveiller en eux des souvenirs effacés,
îndocit distant et ament meminisse pmti.
Le Grand Dictionnaire universel expliquera l'origine de toutes ces locutions, en rendra intelligibles pour tout le monde les
applications nombreuses qu'on en fait aujourd'hui, et cela au moyen ' d'exemples choisis dans nos meilleurs écrivains,
précédés d'explications qui feront nettement ressortir les faits et les situations, et ne laisseront aucune obscurité dans
l'esprit. ' '""'' ; - ;
L'immense panorama que nous venons de dérouler n'est pas encore complet ; il manquerait quelque chose aux gigan-
tesques proportions du monument que nous Voulons édifier, si nous avions laissé ouverte une lacune dans l'exposition'
des œuvres de l'esprit humain, en ne mettant pas en lumière la partie la plus attrayante peut-être, une des plus instruc-
tives et des plus riches, et celle qui, pour arriver jusqu'à l'âme, commence par frapper les sens. C'est, d'ailleurs, une des
formes les plus fécondes et les plus magnifiques sous lesquelles s'est traduite l'activité des plus' belles intelligences, et nous
lui avons réservé une large place. Dorénavant, On n'aura plus besoin de recourir à des auteur^ spéciaux, tels ' que Winckel-
mann ou Vasari , pour connaître et apprécier les ' créations des plus 'illustres artistes ; dépuis' Apelle et Phidias jusqu'à
MM. Ingres et Courbet,1 Etex et Jouffroy'; depuis • l'architecte' inconnu' qui- a '.dressé la grande1 pyramide' de' Ghéops* jusqu'à
M. Baltard, auquel nous devons les Halles centrales de Paris. Quelque immense que soit cette nouvelle 'carrière, nous
nous y sommes engagé courageusement, les yeux a' demi fermés; car; autrement, peut-être eussions-nous hésité à nous
y lancer, quand un horizon si vaste s'ouvrait" devant nous. J:
Le goût des arts, qui semblait être autrefois le privilège de quelques riches Mécènes, s'est répandu, depuis le com-
mencement de ce siècle et particulièrement pendant ' ces' dernières années, dans toutes les classes de la société. Aussi
n'est-il pas d'étude qui ait plus progressé que celle de l'art, dé ses principes, de ses applications," de son histoire. Le
Dictionnaire universels, cru devoir accorder une place d'autant plus large aux sujets que cette étude embrasse, qu'ils n'ont
'guère été traités jusqu'ici que dans des monographies spéciales, accessibles seulement à un petit nombre dé lecteurs. Il
n'existe pas de dictionnaire complet de l'art : saris avoir eu la prétention de combler entièrement cette lacune, nous avons
voulu, du moins, que notre encyclopédie offrît des réponses succinctes à la plupart des questions qui pourraient être posées
sur la matière.
Dans l'exposé des différentes théories auxquelles donne lieu l'étude de l'art envisagé dans son essence, nous n'avons
apporté aucun parti pris; c'est avec là même indépendance d'idées que nous avons examiné et apprécié les doctrines des
PRÉFACE. LXXIII
classiques et celles des romantiques, des réalistes et des idéalistes. En esthétique, comme dans toutes les autres parties
de la philosophie, le Grand Dictionnaire ne s'est mis à la remorque d'aucun système :
1 Nullivsaddiclusjurareinverbamagistri. t
Nous avons donné à l'histoire de l'art des développements aussi étendus que possible. Au nom des principaux peuples
de l'antiquité et des temps modernes, on trouvera le récit des alternatives de progrès et de décadence par lesquelles l'art
a passé, depuis les origines les plus reculées jusqu'à l'époque contemporaine. Des articles spéciaux sont consacrés à l'his-
torique des diverses branches de l'art et des genres qui en forment les subdivisions. •
Pour la biographie des artistes, nous n'avons jamais négligé de recourir aux sources originales, et. nous avons mis lar-
gement à profit les beaux travaux qui ont été publiés, depuis quelques années, tant en France qu'à l'étranger. C'est ainsi
que nous avons pu rectifier l'orthographe de bien des noms, redresser une foule de dates, refaire même presque com-
plètement, à l'aide de documents nouveaux, la vie de certains maîtres. Nous avons écrit avec un soin tout particulier la
biographie des artistes contemporains : il nous a semblé qu'il ne suffisait pas de dresser le catalogue de leurs œuvres et
de mentionner les succès officiels qu'ils ont obtenus ; nous avons tenu à exprimer sincèrement notre opinion sur le carac-
tère particulier de leur talent, mais sans nous écarter jamais des bornes d'une critique bienveillante.
Les chefs-d'œuvre de l'art, comme les chefs-d'œuvre de la littérature, ont une sorte de personnalité : on les cite a
chaque instant, sans prendre la peine de rappeler quels en sont les auteurs. Et vraiment est-il- besoin de nommer Raphaël,
Paul Véronèse, le Corrége, Michel-Ange, Puget, Rembrandt, Rubens, Le Sueur, Le Brun, Greuze, David, Gros, Ingres,
Delacroix, Decamps, lorsqu'on cite la Belle Jardinière, les Noces de Cana, YAntiope, les Fresques de la chapelle Sixtine, le
Milon de Crolone. la Leçon d'anatomie, la Descente de croix, la Vie de saint Bruno, les Batailles d'Alexandre, Y Accordée de
village, Y Enlèvement des Sabines, les Pestiférés de Jaffa, Y Apothéose d'Homère, le Massacre de Scio, la Ronde de Smyrnel
Certains chefs-d'œuvre même ne sauraient être désignés autrement que par leur titre, les auteurs nous étant inconnus :
telles sont les immortelles figures que nous a léguées l'antiquité, comme Y Apollon du Belvédère, la Vénus de Médicis, la
Vénus de Milo, Niobè ei ses enfants; tels sont la plupart des édifices des temps anciens et du. moyen âge. Le Grand Diction-
naire a consacré des articles spéciaux à la description de toutes ces merveilles de l'art. C'est là encore une partie entière-
ment neuve. Indépendamment de l'intérêt qu'elle présente au point de vue artistique, elle a pour mérite d'ajouter des
renseignements précieux aux définitions et aux notions générales contenues dans la partie purement encyclopédique.
C'est ainsi que rien ne saurait mieux faire connaître ce qu'est Yatelier d'un grand peintre que la description des peintures
dans lesquelles Miéris, Ostade, Craesbeke, Horace Vernet, ont représenté leur propre atelier. Et, d'un autre côté, n'estTil
pas intéressant de rapprocher du récit historique de telle ou telle bataille le tableau que cette même bataille a inspiré à
l'un de nos grands maîtres? . '. .
Ce que nous avons fait pour les tableaux, pour les statues, pour les bas-reliefs célèbres, nous l'avons fait aussi pour les
chefs-d'œuvre de l'architecture. Nous avons décrit les plus fameux, le Parthénon, le Colisëe, les Pyramides, le Louvre,
les Tuileries, le Panthéon, Y Arc de l'Étoile, celui du Carrousel, etc., sous leur titre particulier; les autres, aux noms des
villes qui les possèdent. Nous ne craignons pas de dire que, pour cette partie comme pour toutes celles qui se rattachent à
l'étude de l'art général, le Dictionnaire universel est infiniment plus complet que tous les dictionnaires spéciaux;
Dans cette revue générale de tout ce qui se rapporte aux beaux-arts, nous ne pouvions oublier celui qui est pour nous
la source des jouissances et des émotions les plus variées : la musique. Ce que nous avons fait pour la peinture, la sculp-
ture et l'architecture , nous l'avons fait de même pour l'art des Palestrina ,. des Pergolèse, des Allegri ,,des Mozart, des
Beethoven, des Haydn, des Lulli, des Rameau, des Gluck, des Grétry, des Picçinni,des Meyerbeer , des Rossini , des
Donizetti, des Auber, des Goun'od, etc., et il n'est pas une de leurs immortelles créations que nous n'ayons analysée.
Ainsi, nous avons entièrement parcouru le vaste cercle des connaissances humaines; pour chaque branche, nous avons
établi une statistique précise, qui embrasse tous les progrès des lettres, des arts et des sciences, jusqu'au moment où nous
écrivons ; en sorte que le Grand Dictionnaire universel est l'image vivante, la photographie exacte, une sorte de grand-livre
où se trouve consigné, énuméré et expliqué tout ce qui est sorti des inspirations du génie, de l'intelligence, des études,
de l'expérience et de la patience de l'homme.
Après cet exposé du cadre immense que nous nous sommes tracé, et que, Dieu aidant, nous espérons remplir, est-il
besoin d'indiquer l'esprit qui nous a constamment dirigé et soutenu dans l'exécution de notre œuvre, où l'on reconnaîtra,
sinon le fruit du talent, du moins le résultat d'un infatigable dévouement à la science et au progrès? Cet esprit se dévoile
à chaque page, à chaque ligne ; nous n'avons pas cherché à abriter derrière des réticences obscures ou des euphémismes
pusillanimes la pensée qui a présidé à la rédaction de tous nos articles, parce qu'elle est honnête, loyale et impartiale, et
J
LXXIV PRÉFACE.
que nous la croyons en harmonie avec la tendance et les aspirations du siècle. Nous sommes de ceux qui ont les regards
fixés sur l'avenir, qui savent rendre justice au passé, mais qui n'en regrettent rien, et qui, surtout, ne voudraient en voir
relever les ruines par quelque expédient que ce soit. Nous le savons, nous le voyons tous les jours, on "s'ingénie à étayer
les vieux appuis qui en soutiennent encore quelques parties; on met tout en usage pour prolonger de quelques moments
l'existence d'un monde qui croule de toutes parts ; on s'épuise en efforts impuissants pour galvaniser un cadavre ; mais les
temps approchent où un âge nouveau, complètement affranchi des langes du passé, verra s'inaugurer l'ère d'une transfoiv
mation totale des sociétés. Le germe enfanté par 89 est impérissable ; il serait déjà arraché, s'il avait pu l'être; mais, sem-
blable à ces ressorts ingénieux dont une extrémité se relève quand on presse sur l'autre , il ne paraît étouffé parfois que
pour regagner en quelques jours plusieurs années perdues, sous l'influence d'une végétation mystérieuse, puissante et
irrésistible. Le soleil a ses éclipses, la liberté peut avoir aussi les siennes, jusqu'au jour où, dégagée irrévocablement de
toute entrave, la grande exilée ne se vengera qu'en versant des torrents de lumière sur ses obscurs blasphèmaieiiir.
Nous venons de parler longuement de l'œuvre, disons quelques mots de l'humble ouvrier; aussi bien ce ne sera pas un
sentiment de vanité qui guidera notre plume. Notre prétention va se borner à prouver que l'édification du Grand Dictionnaire
n'est pas une œuvre d'industrialisme, et à rassurer ceux de nos souscripteurs dans l'esprit desquels la confiance a pu être un
instant ébranlée. Nos lois, nos mœurs — et que Dieu en soit béni ! — onttoujours accordé les plus grandes immùnitésà l'homme
injustement attaqué et qui se défend. C'est de cette liberté trois ibis sainte que nous réclamons ici le bénéfice. Notre désin-
téressement a été suspecté. Dans cette atmosphère de mercantilisme qui infecte aujourd'hui toutes les rues delà grande cité;
par' ce temps de publications mercenaires et malsaines où la moralité n'est rien, où le charlatanisme est tout, on n'a pas voulu
croire qu'il pût exister, au xixe siècle, un homme assez sot pour sacrifier sa vie, sa fortune, sa santé, à l'accomplissement
d'une œuvre honnête et convaincue. Ne pouvant se résoudre à voir en lui un Gaton, on a cherché à en faire une sorte de
Barnum littéraire fondant sa cuisine sur la crédulité publique.
Voilà ce qui nous pèse lourdement sur le cœur, et ce qui, nous l'espérons, justifiera aux yeux des plus délicats les détails intimes
vians lesquels notre dignité blessée nous oblige à entrer. Au premier jour de son apparition , alors que l'embryon était encore
,-eufermé dans l'œuf, le Grand Dictionnaire a soulevé contre lui les défiances les plus vives. Malgré l'intention que nous en •
avions d'abord, nous ne donnerons pas ici un échantillon des aménités qui nous ont été prodiguées par des plumes qui con-
fiaient bravement à la poste ce virus anonyme; mais l'auteur du Grand Dictionnaire va mettre à nu sa propre personnalité,
établir le bilan de ses travaux et de ses ressources, montrer enfin à ses souscripteurs qu'il est de la famille dé ce Romain
qui désirait que sa maison fût de verre et établie au beau milieu du Forum. Ces détails, nous le savons, sont inusités et pa-
raîtront peut-être insolites à certains esprits susceptibles. Mais l'œuvre dont nous écrivons ici la préface, et qui est avant tout
un livre de conscience et de bonne foi, ne se pique pas de suivre les voies battues ; elle est éminemment originale dans la pen-
sée, dans la conception , elle doit l'être aussi dans ses moyens de défense. Nous sommes donc heureux de pouvoir emprunter
au journal l' Yonne la notice biographique suivante, publiée par M. Lobet, rédacteur en chef de cette feuille estimable :
«M. Pierre Larousse est né vers la fin de 1817, àTouçy, petit canton de la basse Bourgogne, d'un père et d'une mère qui se
préparent à célébrer dans quelques mois leur cinquantaine. Cette rareté sans doute ne constitue pas au rejeton un brevet de cen-
tenaire; elle est cependant de nature à rassurer les passagers qui pouvaient craindre que Jason ne les laissât en route à la merci
des flots. Son enfance a été des plus laborieuses; à peine a-t-il entrevu les jeux et les plaisirs du jeune âge. A quinze ans,
toutes les idées recueillies dans les ouvrages de Voltaire, Rousseau, Diderot, d'Alembert, Montesquieu, fermentaient pêle-mêle
dans sa tête , et déjà il entrevoyait confusément le plan de son travail encyclopédique. Jean-Jacques rapporte dans ses Confes-
sions qu'il lisait Plutarque après souper, en compagnie de son père : «Bientôt, dit-il, l'intérêt devint si vif que nous lisions
tour à tour sans relâche et passions les nuits à cette occupation. Nous ne pouvions jamais quitter qu'à la fin du volume.
Quelquefois mon père, entendant le matin les hirondelles, disait tout honteux : Allons nous coucher, je suis plus enfant que
toi. » C'était le chant matinal de l'alouette qui forçait le futur auteur du Grand Dictionnaire à éteindre sa lampe, car c'est
à la campagne que son enfance s'est écoulée. A vingt ans, après des études sérieuses terminées à Versailles, il fondait une insti-
tution dans son pays natal. Mais son imagination ardente subissait la fascination que Paris exerce irrésistiblement sur tous les
esprits avides de s'instruire. A vingt-deux ans, il arrivait dans la capitale, muni de quelques billets de mille francs seulement,
et, dès lors, les cours de la Sorbonne, du Collège de France, de l'Observatoire, du Muséum et du Conservatoire des arts et
métiers n'eurent pas d'auditeur plus assidu. Tout était avidement recueilli, et chaque soir, à la bibliothèque Sainte-Geneviève
(ce qui l'avait fait surnommer le bibliothécaire par ses compagnons d'hôtel), le fervent adepte des Nisard, des Saint-Marc
Girardin, des Michelet, des Quinet, des Cousin, des Arago, des Flourens, etc., classait, mettait en ordre son butin et
digérait laborieusement cette forte nourriture hâtivement amassée durant le jour.
« Risquons ici quelques détails intimes sur cette vie du jeune travailleur , si rude , si difficile pour celui qui ne doit compter
que sur Im'-mùmc. et qui, une fois jeté, en quelque sorte perdu, au milieu de cette multitude indifférente, dans les mille
PRÉFACE. LXXV
rues delà capitale, se trouve plus isolé dans sa mansarde du cinquième étage que Robinson dans son île. Nous avons dit que
le futur auteur du Grand Dictionnaire s'en était venu à Paris, riche de quelques billets de mille francs. Or, c'est ce mince
viatique qui devait suffire à alimenter dix années d'étude et de travail intellectuel, et à rassembler péniblement les matériaux
destinés à former plus tard les colonnes du Grand Dictionnaire. Onconnâîtl'histoired'Amyotdans une semblable circonstance :
chaque semaine, la vieille mère du futur traducteur de Plutarque envoyait à son fils par les bateliers de la Seine, un de ces
pains robustes comme on en fait encore dans nos campagnes. Ici, c'était un pot de beurre fondu que la mère du jeune Bour-
guignon expédiait tous les mois à son fils.
«Or, on ne se figure pas tous les prodiges d'économie que peut opérer, même à Paris, en plein quartier latin, un estomac
jeune et vigoureux, avec un pot de beurre fondu, un quarteron d'oignons superbes et force pains de quatre livres, surtout
quand ce menu Spartiate est assaisonné de courage, de patience et d'une forte dose de ce piment qui s'appelle la volonté
d'arriver. Telle était l'ambition de notre bibliothécaire. Chaque soir, à minuit, alors que tous les commensaux de l'hôtel se
livraient à des rêves dorés, et qu'aucun nerf olfactif ne pouvait plus être affecté par un parfum révélateur, —car l'oignon,-
surtout quand il frit, a des élans communicatifs auxquels il est impossible de dire : Vous n'irez pas plus loin! — à minuit,
l'indiscret ou le somnambule qui aurait plongé ses regards à travers la serrure de la porte n° 45 aurait assisté à un singulier
spectacle : le Bourguignon, transformé en alchimiste culinaire, ouvrait silencieusement une malle aux vastes flancs, d'où il
tirait, en lançant autour de lui des regards inquiets, fourneau, charbon, soufflet, et le pot de beurre servait alors d'utile
auxiliaire à une de ces soupes copieuses qui auraient figuré avec honneur sur la table patriarcale de Jacob' et de ses douze
fils. Un pain de quatre livres, discrètement acheté chez un boulanger éloigné, était monté, tous les deux jours, habilement
dissimulé sous un ample manteau, à travers les trous duquel Socrate aurait pu voir tout autre chose que ce qu'il reprochait
àAntisthène. Un soir, tout cet échafaudage de discrétion faillit s'écrouler en un instant. Notre jeune Bourguignon escaladait
furtivement ses cinq étages.; la loge du concierge était bruyante; toutes les têtes folles de la maison semblaient y tenir conseil.
Le pain de quatre livres avait déjà franchi sans encombre les deuxpremiers étages, quand tout à coup il se dérobe au coude qui
le pressait fiévreusement et roule avec un fracas épouvantable, menaçant d'aller heurter la porte du cerbère. Le propriétaire
du fuyard se précipita pour arrêter cette course vagabonde*; mais la fatalité s'en mêlait ; la traîtresse miche faisait des bonds à
couper la corde à Gladiateur, et notre Bourguignon se hâta de regagner sa mansarde. Ce soir-là, le fourneau fut bien étonné
de cette inactivité de service, car il n'y eut pas de soupe à l'oignon, et l'alchimiste se coucha sans souper, deux heures plus
tôt. qu'à l'ordinaire. Le lendemain matin, il aperçut le coupable s' étalant fièrement à la fenêtre du concierge, flanqué d'un
écriteau sur lequel un étudiant facétieux avait tracé ces trois mots : Pain sans maître. Matin et soir, pendant plusieurs jours,
notre pauvre Bourguignon eut à subir la vue du réfractaire,,qui, dans la barbe qui commençait à lui pousser, semblait faire à
son propriétaire des grimaces fantastiques. Celui-ci perdait soixante centimes, mais l'honneur était sauf.
« Huit années de cette vie laborieuse s'étaient écoulées avec une rapidité que l'on regrette, hélas! même quand on est passé
à l'état de millionnaire. Les billets de mille francs n'existaient plus qu'à titre de joyeux souvenir au fond du vieux portefeuille.
Mais la tête était meublée, les cartons remplis de .notes, et l'aurore au- Grand Dictionnaire se levait, déjà, à l'horizon.
Toutefois, ce n'était pas encore même là un commencement d'exécution : la plupart des matériaux existaient, il restait à les
mettre en œuvre, et, pour cela, l'auteur ne voulait recourir qu'à lui, être à lui-même son propre éditeur et son propre
imprimeur, car il connaissait déjà.par cœur la triste odyssée dé l'Encyclopédie du xvme siècle.. Une nouvelle vie allait donc .
commencer,, vie de travail encore, mais, cette fois, d'un travail fructueux. ....
« Depuis longtemps, le futur encyclopédiste avait été frappé des lacunes qui existaient dans notre déplorable système d'ensei-
gnement, etpette simple remarque fut pour lui la première révélation du riche placer qui devait plus tard lui fournir les
moyens d'édifier l'œuvre qu'il rêvait depuis si longtemps. A des méthodes routinières, reposant sur de purs mécanismes
de mémoire qui faisaient de l'enfant un simple, automate, il substitua un. mode d'enseignement.où, la mémoire était reléguée .
au. second plan et remplacée par l'intelligence et le raisonnement. C'est alors que parurent successivement cette foule de livres
classiques dont plusieurs se vendent annuellement à plus de cent mille exemplaires, et qui forment aujourd'hui sous le nom
de Méthode lexicologique , la base de l'enseignement grammatical et littéraire en France, en Suisse et en Belgique. Dé 1848
à 1 860, la rosée du ciel tomba abondamment sur ce champ nouveau, si péniblement et si courageusement défriché. Le succès
avait pleinement répondu aux espérances du modeste,mais laborieux grammairien. Comme il lui eût été facile alors de se
retirer dans un paisible Tusculum et de jouir de Yotium cum dignitate dont parle l'Orateur romain! Mais non, il ne pouvait,
faillir un seul instant à sa première ambition, et le voilà aujourd'hui, non pas édifiant, mais démolissant une fortune aussi
honnêtement que rapidement acquise. Du reste, que la sollicitude de ses nombreux amis se rassure : le succès n'a pas fait dé-
faut au Grand Dictionnaire, et les explications dans lesquelles nous venons d'entrer prouvent que ce succès même ne lui
était pas indispensable : l'auteur pouvait achever le couronnement de son édifice sans le concours d'aucune souscription.
De plus, pour conserver toute la plénitude de son indépendance, il ne sollicite aucun de ces encouragements qui pourraient
LXXVI
PRÉFACE.
le faire dévier de la ligne qu'il s'est tracée, ou l'amener à affaiblir la libre expression de ce qu'il croit être la vérité. C'est
aux journaux, c'est aux feuilles publiques qu'incombe la tâche de faire connaître l'œuvre qui s'élabore péniblement autour
d'eux. Un ancien disait excellemment : « Si mon ami me trompe, tant pis pour lui. » Le journalisme a pour mission d'en-
courager les efforts des travailleurs qui consument leur vie à faire fructifier le champ de l'idée. S'il faillit à ce devoir , disons
comme l'ancien : « Tant pis pour lui ! »
Un mot encore, mais un mot très-important. Ce qui, dans le Dictionnaire, frappe surtout les esprits sérieux, et par ce mot
nous entendons ceux qui sont accoutumés à déguster ce qu'ils lisent, ceux qui ne jugent de l'amande qu'après avoir cassé le
noyau, c'est qu'il règne dans les diverses parties de cet ouvrage une même idée, une idée personnelle. L'économie politique
ne fait pas disparate avec la philosophie de l'histoire, et les sciences donnent fraternellement la main à la littérature comme
aux beaux-arts. Cette unité, non plus que dans l'harmonie des mondes matériels, n'est pas l'œuvre du hasard : voilà la part
que nous nous réservons, sans parler des nombreuses parties neuves qui distinguent le Grand Dictionnaire de toutes les œuvres
de même nature, et dont l'auteur s'attribue la paternité exclusive; et les détails dans lesquels nous sommes entré prouvent
que cette prétention n'est pas sans fondement.
Mais parce qu'un général a pris toutes ses dispositions pour le combat, parce qu'il a soigneusement visité ses avant-postes
avant la bataille et qu'il a mangé à la gamelle du soldat, il n'en résulte pas que lui seul ait remporté la victoire, et, dans le
bulletin du lendemain, les noms des capitaines et des lieutenants doivent figurer à côté du sien. Il serait aussi impossible à un
seul homme d'édifier le Grand Dictionnaire, déparier tour à tour et sciemment histoire, philosophie, politique, science,
beaux-arts, philologie, littérature, etc., qu'il l'eût été à Napoléon de gagner seul la bataille d'Austerlitz. Il est vrai que, dans le
cas contraire, c'est lui seul qui l'aurait perdue, mais la réciproque n'est pas rigoureuse.
C'est donc dans un bulletin de cette nature que vont figurer ici les noms de nos laborieux et savants collaborateurs. Toute-
fois comme, à l'heure où nous écrivons, la victoire est loin d'être remportée, et que nous ne sommes encore qu'à la première
heure de cette chaude journée, nous allons nous borner à une simple et sèche énumération. Au dernier volume, quand
l'ennemi sera en fuite, c'est-à-dire quand tous les obstacles auront été vaincus, nous nous réservons — et c'est un devoir qui
sera pour nous un plaisir — de restituer à chacun la part qui lui reviendra dans l'œuvre accomplie. En cela, c'est encore
Diderot que nous prendrons pour modèle : nous sommes bien loin de son génie, mais nous rougirions de lui céder en justice
et en désintéressement.
Mes collaborateurs dans le travail du Grand Dictionnaire ont été, jusqu'à ce jour, MM. :
ABRANT (J. Alex.), mon secrétaire et celui de
la rédaction ;
ACCOYER-SPOLL, homme de lettres ;
BOISSIÉRE, auteur du Dictionnaire analogique ;
BONASS1ES, docteur en médecine;
CAIGNARD, conservateur du musée à l'Hôtel dès
Monnaies de Paris ; -
CATALAN, professeur d'analyse mathématique à
l'Université de Liège ;
CHAUMEL1N (Mamus), collaborateur à YHisloire
des peintres ;
CHÉSUROLLES, lexicographe ;
COMBES (Louis), auteur d'une' Histoire de la Grèce;
COSSE (Victor), homme de lettres ;
DEBERLE (Alfhed), membre de la Société des'
gens de lettres;
'DUPUIS, ancien professeur d'histoire naturelle à
l'Institut agronomique de Grignon ;
DURAND (Chaiu.es), rédacteur de Y Illustration ;
FÉLIX CLÉMENT, compositeur de musique ;
.FILET, médecin vétérinaire ;
GANNBAU (Chaules), orientaliste ;
GEORGES, .géographe;
GOTTARD, économiste;
GOLRDON DE GENOUILLAC, directeur du jour-
nal le Monde artiste;
HUMBERT, lexicographe ;
LE MANSOIS DUPREZ, professeur de littérature ;
MAXIMILIEN MARIE, répétiteur de mathéma-
tiques à l'École Polytechnique ;
NICOLLE (Théod.), ancien professeur au lycée
Louis-le-Grand ;
P1LLON (Fhançois), docteur en médecine;
POURRET, lexicographe;
PR0DH0MME, lexicographe;
SCHNERB, homme de lettres.
Mais nous devons une mention toute particulière à M. François Pillon, notre compatriote et notre ami, dont la collaboration nous
a été précieuse surtout pour les sciences philosophiques et sociales.
Ici, que notre plume s'entoure d'un crêpe de deuil, car la faux aveugle a déjà frappé parmi nous ; oh t bien aveugle 1 puisque la tête
qui a été abattue dans nos rangs dominait toutes les autres de cent coudées. Le plus hardi et le plus profond penseur du xixe siècle,
Pierre-Joseph PROUDHON, par une lettre que nous avons rendue publique, nous annonçait en ces termes qu'il collaborerait au
Grand Dictionnaire ; « Je suis satisfait de votre mot Anarchie... Lorsque vous en serez aux articles Dieu et Propriété, prévenez-moi .-
Vous verrez par quelques mots d'explication qu'il y a autre chose que des paradoxes dans ces propositions : Dieu, c'est le mal, et la
Propriété c'est le vol, propositions dont je maintiens le sens littéral, sans que pour cela je songe à faire un crime de la foi en Dieu,
pas plus qu'à abolir la propriété. » Ce vœu, en quelque sorte testamentaire., sera religieusement accompli. Oui, illustre philosophe, quand
nous en serons à ces deux phrases si perfidement incomprises, et qui Qût soulevé tant d'ennemis contre ta mémoire, toutes les ténèbres
hypocritement accumulées tomberont.
20 Décembre i30S.
Pierre LAROUSSE,
PRINCIPALES ABRÉVIATIONS
EMPLOYÉES DANS CET OUVRAGE
A , Actif — Austral.
Abl. . .■ Ablatit.
Abréo Abréviation.
Absol Absolu, absolument.
Aùusiv Abusivement.
Accus Accusatif.
Acoust Acoustique.
Activ Activement,
Adj. : . . Adjectif, adjective.
Adj . dém — : démonstratif.
Adj, déterm. . . . .' — déterminatif.
Adj. indéf. — indéfini.
Adj. num — numéral.
Adj. poss — ' possessif.
Adjectiv • . . . . Adjectivement.
Adm. et admin Administration.
Adv. Adverbe, adverbial ou adverbiale-
Affl Affluent.
Aorte Agriculture, agricole,
Alchirn. ............. Alchimie.
'Alijèb Algèbre.
Allém. ..'.-........... Allemand.
AUus. hist Allusion historique.
Allus.littér — • littéraire. '- •'
Allia, myth — ' mythologique.
Anal . . , Analytique — Analogie.
Anat . .' Anatomie.
Ane Ancien, ancienne.
Ane. chim — chimie.
Ane. coût — coutume.
Ane. dr — • droit.
Anc.jurispr — jurisprudence.' •
Ancienn Anciennement.
Angl Anglais.
Annél. .'....■....'.... . Annélides. " ■
Ant. et antiq Antiquités.
Antiq. égypt . .- — * égyptiennes. •
Antiq, gr . . . — grecques.
Antiq. hébr . , ' . , — hébraïques.,,
Antiq. mexic. . . .' — mexicaines.
Antiq. orient ' — orientales. ,,,
Antiq, rom " — romaines.'
Aph, . Aphorisme.
Ar t Arabe.
Araclm Arachnid.es.
Arborie Arboriculture.
Archéol Archéologie.
Archit Architecture.
Archit.. hydraul — hydraulique.
Archit. nav — navale.
Arith Arithmétique.
Armur Armurerie.
Arqueb Arquebuserte. ,
Arrond . Arrondissement.
Art . . . ' Article.
Art culin Art culinaire.
Art divin Art divinatoire.
Art dramat Art dramatique. -
Artill Artillerie.
Art milit. Art militaire.
Art vét .' Art vétérinaire.
Ascét Ascétique.
Astron Astronomie.
Astrol ' Astrologie.
Astral, jud — judiciaire.
Augment Augmentatif, augmentative.
Auj Aujourd'hui.
Aupr. et au fig Au propre et au figuré.
Autref Autrefois.
Auxil. Auxiliaire.
Banq Banque.
B. Boréal.
B.-arts Beaux-arts.
Bibliogr Bibliographie.
Bijout Bijouterie.
Bios Blason.
Bonnet . Bonneterie.
Bot Botanique.
C Code.
.Canot Canotage.
Cant Canton.
Cap. . '. . . . Capitale.
C. civ Code civil.
C. de comm . . — de commerce.
C. de procéd. civ — de procédure civile.
C. de procéd. crim — de procédure criminelle.
C. Nap — Napoléon.
Celt Celtique.
Cent Centimes.
C. forest Code forestier.
Chamois Cbamoiserie.
Chaneell Chancellerie.
Chapell Chapellerie.
Charcut Charcuterie,
Charpent Charpenterie.
Charronn Charronnage.
Chats Chasse.
Chcm. de far Chemins de fer.
Cheval Chevalerie.
Chim Chimie.
Chir Chirurgie.
Ch.-l Chef-lieu.
Chorégr Chorégraphie. • •
Chronol Chronologie.
Civ Civil'.
Collectio Collectivement.
Comm, Commerce — Commune. •
Compar Comparatif.
Comptât Comptabilité.
Conchyl . ............ Conchyliologie.
Cond Conditionnel.
Conj' Conjonction, conjonctive.
Conjug Conjugaison.
Conslr Construction.
Contract . Contraction.
Corroier. Corroierie.
Cormpt ..'.... Corruption.
Cost : . . . . Costume.
Coût.. .' Coutume, coutumier.
C. pénal. . . Code pénal.
Crim. ;...,..,,,.,..,. Criminel, criminelle, '. • • '
Cristall.. ............ Cristallographie. • ■' • •
Crust Crustacés. ...
Cuis. Cuisine. • ...
Bat •'. . . Datif.
Béf. Défectif.
Dénigr ' Dénigrement.
Dép Département.
Bess Dessin. ....
Dialect Dialectique.
Didact -. . Didactique. •
Dimin Diminutif.
Diplom . . . ,r Diplomatie. . . ' '
Bogmat.'. .'.''.'. . . •. Dogmatique.
Dom Domestique. À
Bout ' Douteux, douteuse. '
Bramât ' Dramatique.
Br. . :<< ■; . . .Droit. .
Br. canon — canon.
Br. coût. :........... — coutumier.
Br. crim — criminel.
Br, ecctés — ecclésiastique,
Br. féod — féodal.
Dr. rom. : — . romain. •
Dynam Dynamique.
E Est.
Eaux et for Eaux et forêts.
Ebénist Ebénistcrie.
Ecelés. : Ecclésiastique.
Echin Echinodermes.
Econ. dom Economie domestique.
Econ. polit. . ■. ' — politique.
Econ. rur: , — rurale.
Ecrit, sainte Ecriture sainte.
Egypt Egyptien, égyptienne.
Ellipt. Elliptique, elliptiquement.
Encyd Encyclopédie.
En mauo. part.- En mauvaise part.
Entom Entomologie.
Equit Equitation.
Erpél Erpétologie.
Escr Escrime.
E.-N.-E Est-nord-est.
E.-S.-E Est-sud-est.
Esp. ou Espagn Espagnol.
Esthct Esthétique.
Ethnogr Ethnographie.
Etym. . Etymologie.
Ex Exemple.
Explët Explétif, explétive.
F. ou Fém Féminin.
Fabr Fabrique.
Fam Familier, familièrement.
Fauconn Fauconnerie.
Féod Féodal, féodalité.
Fig Figuré, figureraient.
Fin Finances.
FI. . . .' Fleuve.
Forest Forestier.
Fortif. Fortifications.
Foss Fossiles.
Fr Français — Francs.
Fréquent Fréquentatif, fréquentative.
Fr. maçonn Franc-raaçonnerie.
Fut , Futur.
G Genre. •
Génial Généalogie.
Génit Génitif.
Géod Géodésie.
Géogn Géognosie.
Geogr Géographie.
GéoL. .'. Géologie.
Géom Géométrie.
Géom. anal — analytique.
Géom, prat — pratique.
Gn mouillé.
Gnomonique.
Gnomon
Gr. Grec, grecque — Grand.
Grammaire.
Gravure.
Grao
Gymn , Gymnastique.'
H. ou Hab "Habitants.
Hébr. . . .
Hébreu , hébraïque.
ffelminth.
Helminthologie.
Hippiatr. .
Hippiatrique.
Hist
Histoire.
Hist. ecclés
— ■ ecclésiastique.
Hist. nat.- .
— naturelle. ' ' '
Hist. relig.
— • religieuse. ' *
Horlog. . .
Horlogerie.
Horticulture.
Hydraul. .
Hydraulique.
"yg
Hygiène.
Ichthyol. .
Ichtliyologie'. • ■ ■ ■ *
Iconologie.
Id
Idem. • ....••
fmp
Imparfait./ ••••"" •
Impërat. .
Impératif. ' ' ' '
Impers, . .
Impersonnel, mrpersdnnellemont»
hT.'. '. '. '.
Imprimerie.
Indicatif.
Indéf. . . .
Indéfini.
fnfu's. . . .
Infusoires:
Interj. , . .
Interjection-, interjeetive.
Inlerjectiv.
Interjectivement. ■ • • •
Intr
Intransitif, intransitive.- -
Inlransitiv.
Intransitivement. • •
Inusité.
Invariable.
Iran, ou ironin
Ital. ......
Ironiquement,
Italien.
Jard Jardinage.
J.-C ' Jésus-Christ.
Jurispr Jurisprudence.
Jurispr. marit — maritime.
K. ou kil Kilomètres.
Kilo Kilogrammes.
Lat Latin, latine— Latitude.
Législ Législation.
LAbr Librairie.
Ling . . Lingerie.
Linguist Linguistique.
Littér Littérature, littéraire.
Littéral Littéralement.
Liturg. LitUTgie.
Llmll Ll mouillés.
Loe Locution. 4
Loc. abs — absolue.
Loc. adj. — adjective.
Loc. ad» — • adverbiale.
Loc. conj , — conjonctive.
Loc. fam. . . .' — familière.
Loc. impers — impersonnelle.
Loe. interj — interjective.
Loc. prép — prépositive.
Loc. prov — proverbiale.
Log Logique — Logarithmes.
Loire-Inf. Loire-Inférieure.
Long. . Longitude.
M. . . . 1 Masculin — Monsieur.
Afme Madame.
Maconn Maçonnerie.
Ma'gnét. Magnétisme.
Marnm, Mammologie.
Manég Manège.
Manuf. . , Manufactures.
Mar. Marine.
Maréch Maréehalerie.
Mec. ou mëcan Mécanique.
Méd Médecine. .
Méd.lég — légale.
Méd. vét — vétérinaire.
Mégiss Mégisserie.
Menuis Menuiserie.
Mëtall. .:........;.. Métallurgie:
Métr Métrologie.
Métriq. Métrique.
Milit. . Militaire.
Min Mines.
Miner. . .■ Minéralogie.
MU Mouillé.
Moll Mollusques.
Moral Moralement.
Mus Musique.
Myth Mythologie, mythologique.
iV. ...c>... Koia — Noid — Neutre.
Ifavig Navigation.
Navig. fl — fluviale
N. B Nota bene.
ff.-D Notre-Dame.
N.-E Nord-est.
Wo' Néologisme.
Neutral. ouiittransitiv. . . . NeutrulemenlOLiintransitiveme
N.-N.-E Nord-nord-est.
N.-N.-O Nord-nord-oucst.
iV.-O Nord-ouest.
JVo Numéro.
N.pr Nom propre.
Numism Numismatique.
O Ouest.
Observ Observation.
Oisell Oisellerie.
O.-N.-O Ouest-nord-ouest
Opt. Optique.
~*iOr[âo Orfèvrerie.
Ornith Ornithologie.
O.-S.-O Ouest-sud-ouest.
Pal Palais.
Paléogr Paléographie.
Paléont., Paléontologie.
Papet Papeterie.
Par anal Par analogie.
Par exagér Par exagération.
Par ext Par extension.
Parf. Parfait.
Par iron Par ironie.
Pars Parse.
Part Participe.
Partie Particule.
Particulière™.. Particulièrement.
Part, pass Participe passé.
Part, prés Participe présent.
fiMfc. Passé. * P
™*0/ Pathologie.
££'" Pâtisserie.
£**• Pêche.
y'!"- ; Peinture.
ifjorat Péjoratif, péjorative.
£«| Pénal.
■Te,'s Persan — Personne, personnel.
Perspect Perspective.
Pet Petit.
P. et eh Ponts et chaussées.
Peu us Peu usité.
Pharm Pharmacie.
Phitol. Philologie.
Philos '. Philosophie.
Photogr Photographie.
Phrén. ou phrénol Phrénologie.
Phys Physique.
Physial Physiologie.
PI Pluriel.
Plaisam Plaisamment.
Poétiq Poétique, poétiquemeni .
. Polit Politique.
Polyp Polypes.
Pop Populaire , populairement — Po
pulatton.
Pop. aggl. Population agglomérée.
Pop. lot — totale.
Portug Portugais.
Poss Possessif.
Pr Prononciation — Propre — Pro
nom, pronominal.
Prat. et praiiij Pratique.
Pr. dém Pronom démonstratif.
Pr. ind — indéfini.
Pr. pers — personnel.
Pr. poss — possessif.
Pr. rel — relatif.
Prem Premièrement.
Prép, et préposit Préposition, prépositif et préposi-
Prés Présent.
Priv Privatif— Privative.
Procéd. Procédure.
Pron Pronom, pronominal.
Propr Proprement.
Prosod Prosodie.
Prov Proverbe, proverbial, proverbia-
lement — Province.
Prov. hist Proverbe historique.
Prov. litt. . , — littéraire.
Psyekol Psychologie.
Pyrotechn Pyrotechnie.
Rad Radical.
Récipr Réciproque, réciproquement
Réfl Réfléchi.
Relat Relation.
Relig Religion.
Relig. eatkol Religion catholique.
Item Remarque.
Rhét Rhétorique.
Riv Rivière.
Rom Romain, romaine.
Roy Royaume.
Rur Rural, rurale.
S Singulier — Substantif— Sud.
Salin Salines,
Sanscr. . Sanscrit.
Se Science,
Se. occ Sciences occultes.
Scolast Scolastique.
Seulpt Sculpture.
S. des 2 g Substantif des deux genres.
S.-E Sud-est.
S'empl S'emploie.
Serrur. Serrurerie.
S. f. Substantif féminin.
S. f. pi — féminin pluriel.
S. m — masculin.
S. m. pi — masculin pluriel.
Signif. Signifie, signifiant.
Sing Singulier.
S.-O Sud-ouest.
S.-S.-E. . . ■ Sud-sud-est.
S.-S.-O. . . i Sud-sud-ouest.
St Saint.
Ste Sainte.
Subj Subjonctif.
Substantiv Substantivement.
Symb Symbolique.
Syn Synonyme.
Syr Syrien, syrienne, syriaque.
T. Terme.
Tactiq Tactique.
Tact, milit Tactique militaire.
Tann Tannerie.
Techn Technologie.
Teint Teinturerie.
Tératol Tératologie.
Théâtr Théâtre.
Tkéol Théologie.
Toxxe Toxicologie.
Trigon Trigonométrie.
Triv Trivial, trivialement.
Typogr Typographie.
V Verbe — Voyez — Ville — Vieux.
V. a. tu /c — actif ou transitif,
V. impers — impersonnel.
V. n. ou inlr — neutre ou intransitif.
V. pr ; — pronominal.
V. récipr .'....■. — réciproque.
Véner Vénerie.
Vétér Vétérinaire.
V. mot Vieux mot.
Vulg Vulgaire, vulgairement.
Zool Zoologie.
Zooph Zoophytes.
Zoo techn Zootechnie.
LISTE DES PRINCIPAUX AUTEURS CITÉS DANS CET OUVRAGE
Ablancourt (d").
About (Edmond).
ACADÉMIE (L*).
Achabd (Amédée).
AGOUL* (Mme d').
AGUKSSEAU (D').
Aîssé (Mlle i)').
Alaux.
Alembërt (d').
Alhoy (Maurice).
Al.IBBRT.
Ampère.
Andral.
Andrieux.
Anquetil.
Araoo (François).
Arago (Jacques).
Arago (Etienne).
Araoo (Emmanuel).
Argëns (te marquis d").
Arnauld.
Arnault.
Arnoult (Gatien),
AUBIONK (D').
Augier (Emile).
Auriac (d').
Autran.
Azaïs,
Babinet.
Bachelet,
Bachelier* (M>ne).
BAfF.
Bailly.
Ballanche.
Balzac (l'ancien).
Bal2ac (le moderne).
Banville (Théodore de}.
Baour-Lormian.
.Barante (du).
Barbey-d Aurevilly.
Barbier (Auguste).
Bardin (général).
Barnave.
Barthélémy.
Barthet (Armand).
Bastiat.
Batteux (Le).
Bausset (cardinal de).
Bautain (abbé).
Beauchêne.
BeAUDKLAIRE.
Beaumarchais.
Beauzée.
Bkdolliére (Emile de la).
Bellay (du).
• Belloy (de).
Benserade,
Berchoux.
Bernard (Charles de).
Bernardin de Saint-Pierre,
Bernis (cardinal de).
Berquin.
Berrykr,
Bersot (Emile).
Berthet (Elie).
Beylis (Henri).
Biéville (de).
Bignon.
Biot.
Blainvillë (de).
Blanc (Louis).
Blakqui.
Blaze (Elzéar).
Blkssington (Mm0 de).
boetib (la).
Boileau.
Bois-Robert.
Boiste.
BOITARD.
Bonald (de).
Bonaparte (Louis-Napoléon).
BoNIFACE.
Bonjour (Casimir).
Bonnekoux (de).
BoïWIN.
BoSSUET.
BoUKfLERS.
BOUHOURS.
BOUILHET (LOUIS).
BoHILLET.
Bot'RDALOUE,
BoURDIN.
BoURSAULT.
Bridaine.
Briffaut.
Brillât-Savarin.
Broglie (duc de),
Brongniart.
Brun et.
Bûchez.
Bvippon.
Bussy-Rabotin.
Cabanis,
Calvin.
Camp (Maxime du).
Campa* (M>ko).
Càmpenon.
Campistron.
Carné (db).
Caro (Emile).
Carrel (Armand).
Castil-Blaze.
Castille (Hippolvte).
Caylus (M«ie de) .
Césena (Amédée de).
Chamfoht.
Champflkbry.
Chapelain.
Cbaptal.
ClIAPUlS MONTLAVILLË.
Charivari (le).
Charma.
Charron.
Chartier (Alain).
Chaslks (Philarète).
Chateaubriand.
Châtelet (M»î du).
Chaulieu.
Chaussard.
Chènedollé.
Chénier (André).
Chénier (Marie-Joseph).
Chéruel.
Chesnel (de).
Chevalier (Michel).
Choisy (abbé de).
Christine de Pisan.
Christine de Suéde.
Cloquet.
colardeau.
Colins.
Collet (Louise).
Collin-d'Harle ville,
Comettant (Oscar).
commerson.
commines.
Condillac.
Conscience (Henri).
Constant (Benjamin).
Constitutionnel (le).
CORBON.
CORMENIN.
Corneille (Pierre).
Corneille (Thomas).
Cotin (l'abbé).
Cottin (Mme).
Coulanges (Mme DB).
Courier (Paul-Louis).
Cousin (Victor).
Crébillon.
Ckuveilhiek.
Custinb.
CUVIER.
Cxjvillier-Fleury.
Dacier.
Dalloz.
Damas-Hinard.
DaMIRON.
Dancourt, •
Dangeau.
Danton.
Darbois (monseigneur).
Daubenton.
Débats (les);
Deffant (Mme Du).
Dblafosse.
Delà vigne (Casimir).
Delessert (Benjamin).
Delille.
Dglord (Taxilc).
DEMOGEOT.
Hksbqrdes-Valmore,
DcSCARTES.
Iihschaubl.
'.'•WSHOUI.1ERËS (Mme).
liKSMAlUS.
Dhsmoulins (Camille).
i'KSNOYKRS (LOUIS).
Desperriers.
Destouches.
Destutt de Tracy.
r>KzbiiRY.
Dictionnaire du commerce.
Dictionnaire pd la conver-
Dictionnaire de Trévoux.
Diderot.
Oolli'us.
Dombasle (Mathieu de).
Domergub.
Dorât.
Droz,
IJubartas.
(Sanial).
DUMÉHIL.
DuPANLOUP.
Dupont (Pierre).
Depuis.
Dureau de la Malle.
Durier.
Duval (Alexandre).
Edwards (Milne).
Empis.
Enault (Louis). *
Encyclopédie (l').
Enfantin (le père).
Ennery (d^).
Epinay (Mme i>').
ESMÉNARD.
ESPINASSE tM"° DK L').
Esquiuos (Alphonse).
Estienne (Henri).
Etienne.
Evangile (l').
Falloux (de).
Faucher (Léon).
Favard.
Favre (Jules),
Fée (A.).
Féletz (de).
Félix (le Père)»
Fénelon.
Feuillet (Octave.)
Fbval (ljaul).
Feydeau (Ernest).
Figuier (Louis).
Florian.
Flourens.
Focillon.
Fontanks (db).
Fontenelle.
FoURCROY.
Fourikr.
Fournel (Victor).
Fournier (Marc).
Fournier (Edouard).
Francœur.
Franklin.
Frayssinous.
Fréuon.
Frévillb.
Froissart,
furetiére.
Gamani (l'abbé),
Galland.
Garnier.
Geoffrin (Mbic),
Geoffroy St-Hilaire (Isid.).
gérando (de).
"~ Nerval.
!;ucis.
Duclos.
Dufresny.
DimaRsais.
Humas père (Alexandre).
Dumas fils (Alexandre).
Gilbert.
Girard.
Girardin (Emile de).
Girarwn (Mme Emile de).
Gondrecoukt (Frères du).
Gousset (cardinal).
Gozlan.
Gratry (le Père).
Gresset.
Grimm.
Grimoo de la Reynie.
Guérin (Maurice de,-.
GUÉROULT.
Guiraud (Alexandre).
Guizot.
Guizot (M>nc).
Guyton de Morviïau.
Heine (Henri).
Helvètius.
Hénault (président).
Hbnnequin.
Holbach (i>').
houdard de la motte.
Houdetot (d').
Houssaye (Arsène).
Hugo (Victor).
HUMUOLDT (pe).
Illustration (!').
J allais (Amédée).
Janet (Paul).
Janin (Jules).
Jasmin. »
Joinville.
JOUBERT.
Jouffroy.
JOURDAN (LOUIS).
Journal.
Jouvin.
JOUY (DE).
Karr (Alphonse).
KÉRATRY.
Labbé.
Laboulaye (Edouard).
La Bruyère.
Lacépéde.
Lachambeaudie.
La Chaussée.
Laoorhaire.
Lacrktelï.u.
Lacroix (Paul).
Lafaye.
La Fayette (Mm« de).
La FoNTAtKE.
La Harpe.
Lamartine.
Lambert (Mme i>E).
Lamennais.
Lamoignon. .
Lamothe-le-Vayer.
Lamotte,
Laplace.
La Rochefoucauld.
La Rochkfoucauld-Doudbau
ville.
Laténa.
Latouche (de).
Laurentie.
Laveaux.
Lavergnk (Alexandre de).
Lavergne (Léonce de).
Lavoisier,
Laya.
Lebrun.
Leclercq (Tiiéodore).
Lëcomtb (Jules),
Ledru-Rollin.
Lefranc de Pompignan.
Legoarant.
Legouvé.
Leibnitz.
Lélut.
Lemercier (Népomucène).
Lemierre.
Lemoine (John).
Lèmontey.
Lenormand,
LÉONARD.
Le Play.
Leroux (Pierre).
Le Sage.
Lévis.
Ligne (le prince de).
Liouviilb.
Littré.
Lorédan Larcher.
Lucas (Hippolyte).
Luce de Lancival.
Macé (Jean).
Maine »e Biran.
Maintenon (Mm« de).
Maistre (Joseph de).
Maistre (Xavier de).
M^alebr anche.
Malesheubes.
Mai.filXtre.
Malherbe.
Malte-Brun.
Maquet (Auguste).
Marchangy.
Marguerite de Navarre.
Marie.
Marivaux.
Marmier (Xavier).
Marmontel.
Marolles (abbé de).
Marot (Clément).
Martin (Henri).
Martin (Aimé).
Mascaron.
Mfcssos (Michel).
Maury (lo cardinal).
Maury (Alfred).
Ménage.
Mercier.
Mérimée.
Merlin (comtesse).
Mesnard.
Mézeray.
MiCHAUD.
MlCHELET.
Mignet.
Millevotb.
MlLUN.
MiLLOT(abbô).
Mirabeau.
Mirbel.
Moigno (abbé).
Mole (comte). '
Molière.
Mollevaut.
Monselet.
Montaigne.
Montalembert (de).
Montêpin (Xavier de).
Montesquieu.
Moreau (Hcgésippe).
MORELLET.
Morjn (Frédéric).
Mornand (Félix).
MOTTEVILI.E (Mme DE).
Murgeu (Henri).
Musset (Alfred de).
Nadaud.
Naigeon.
Napoléon 1er.
Napoléon III.
National (le).
Necker (Mme).
Nei'Ttzer,
NkufchÂtbau (François vu}.
Nicole.
Nisard.
noailles (de).
Nodier (Charles).
NoiÎL.
Nourrisson.
Nysten.
Olivet (d').
Opinion nationale (1').
Onnirwy (d').
Oxenstiehn.
OZANAM.
Palaprat.
Panard.
PXrceval-Grandmaison.
Paré (Ambroise).
Paris (Paulin).
Parisot.
Parny.
Pascal.
Pasquier.
Pastoret.
Patin.
Patrib (la).
Péclet.
Peignot.
Puisse.
Pelletan (Eugène).
Pèrèfixe.
Perrault.
Petit-Senn.
Peyrat.
Picard.
Pichat (Laurent).
Pichot (Amédée).
PlCTET.
PiERRON(Alexis).
Pigaclt-Lebrun.
PUS (DE).
Pinel (Louis),
PlORRY.
PlRON.
Planche (Gustave).
Plée (Léon).
Plouvier (Edouard).
Pluche.
Ponoervillb (db).
Pons de Verdun.
Pontmartw (Armand de).
Portalis.
port-rotal.
poujoulat.
Presse (la).
Prévost (l'abbé).
Prévost-Paradol,
Provdhof.
QUATREFAGES (d«),
quatremere de quincy.
Quérard.
QUINAULT.
Quiset (Edgar).
QUITAUD.
Rabelais.
Racan.
Racine (Jean).
Racine (Louis).
Rancé.
Raspail.
RAVIGNAtt (DE).
Raymond.
Raynal.
Raynouard.
RÉcAMiEU (.M^e).
Regnard.
Régnier-Besmarets.
Rrmusat (de).
rémusat (m"'» de).
Renan.
Renier.
Rétif de la Bretonne.
Retz (de).
Revue des Deux-Mondes.
Revue germanique.
Reybaud (Louis).
Richard.
RlCHELET.
Rigault (Hippolyte.)
RlON.
RlVAROL.
Robert (Clémence).
robuspierhe.
Roger de Beauvoir.
Roland (Mme),
Rollin.
Ro.MIEU (Mme).
Ronsard.
Rosset.
Rostan. t
ROTROU,
Roubaud.
Roucher.
Rousseau {Jean-BaptisteX
Rousseau (Jean- Jacques).
Royer-Collard.
Sacy (db).
Saint-Aulairb.
Saint-Evrkmont.
Saint-Lambert.
Saint-Marc-Girardin.
Saint-Pierre (l'abbc de).
Saint-Réal.
Saint-Simon.
Saint-Simon (le duc de).
Saint-Victor (Paul de).
Sainte-Beuve.
Saeîtk-Fov.
Saintinë.
Sallentin.
Salvandy.
Salverte.
Sand (George).
Sandeau (Jules).
Saulcy (de).
Saurin.
Sauvestre (Charles).
Say (Jean-Baptiste).
SCARRON.
Scherer (Edmond).
Scribe.
Scudéry. *
Second (Albério).
Sedaine.
Ségalas (Anaïs).
SÈGUR (DE).
Senancourt.
Sénecé,
Serres (Olivier de),
Sévigné (M'a» de).
Siècle (le).
Sieyés. •
Simon (Jules).
Soulié (Frédéric).
Soumet (Alexandre),
Souvestre (Emile).
Staël (M»« de).
Sully.
Swëtciune (Mme),
Taise (Hippolyte).
Tallemant des Réaux,
Tastu (Mme Amable).
Texier (Edmond).
Thierry (Amédée).
Thierry (Augustin).
Tiiikrs.
Thomas.
Toussenel.
Tremblay (du).
Trousseau.
Turgot.
Vacherot,
Vacqukrik.
Vaîsse.
Vapereau.
Vatout.
Vaugelas.
Vaulabellb.
Vauven argues.
Ventura (le Père).
Vergniaud.
Vertot.
Veuillot (Louis).
VunDOT (Louis).
Viaud (Théophilo de
Vicq d'Azir.
Vidal.
Viennet.
Vioée.
Vigny (Alfred db).
VlLATTE.
VlLLEHARDOUIN.
VlLLEMAIN.
VlLLEMESSANT.
Villon.
Viollet- Leduc.
VlREY.
VtTKT.
voisenon.
Voiture.
Volney.
voltairb.
Walkknaek.
Wuiss.
Wey (Francis).
WlNCKKLMANN,.
- Tiré d'un manuscrit de la Bib<iu« royale de Munich. — Xil« siècle.
- Alphabet lapidaire de Turin. — XV<= siècle.
- Tiré du missel du cardinal' Cornélius. — XVIIe siècle.
- Tiré d'un manuscrit du XVIe siècle.
- Lettros bullatiques d'Italie.— XVIe siècle.
- Tiré d'un manuscrit de Venise. — XVe siècle.
7 — Tire d'in.'cript'.ons sépulcrales de Vienne (Autriche). — XIVe siècle.
8 — _Tiré d'Un ôvangéliaire de la Bibi™ royale de Munich. — XIe siècle.
9 — Écriture d'église du XIV» siècle. '
•10 — Tire d'inscriptions sépulcrales lapidaires de Naples. — XIIIe aècle.
11 — Tiré de la Bible du îurintendant Fouquét. — X IIIe siècle.
1 12 — Alphabet vénitien du XVIIe siècle
A s. m. première lettre et première voyelle
de notre alphabet et des alphabets de toutes
les langues de l'Europe moderne. Il se re-
trouve au même rang et. avec une valeur
analogue dans YAleph des Hébreux et l'Alpha
des Grecs d'où les Latins, qui nous lont
"s directement, l'avaient sans doute
L'A peut être envisagé sous deux aspects
différents : comme simple son, simplo voyelle,
ou comme signe graphique.
Considéré comme voyelle, A est l'expression
du son le plus naturel à la voix humaine,-
du son qui demande si peu d'effort aux or-
ganes de la parole, qu'un savant a été jus-
qu'à soutenir qu'il pourrait être parfaitement
prononcé par quelqu'un qui n'auraitni langue,
ni dents, ni lèvres. C'est, du reste, le premier
son qui sort de la bouche des enfants , et le
premier aussi qui échappe à tous les hommes
dans les mouvements soudains do la douleur,
de la joie, de la surprise, de l'admiration.
Los linguistes qui reconnaissent la source di-
vine des langues, mais qui pensent avec une
grande apparence de raison qu'il a été donne
a l'homme de former lui-même sa parole à
l'imitation des bruits dont il était frappé, et
qu'il a l'admirable faculté d'imiter sans ex-
ception, ont remarqué qu'il n'y a point de
voix naturelle plus commune et plus géné-
rale. ■ La voix A, dit le président De Brosses,
a dû précéder toutes les autres dans la com-
position de l'alphabet, puisqu'elle est la pre-
mière dan? l'ordre de la nature. »
On a remarqué, en outre, que, dans toutes
les langues, la lettre A' forme les premiers
mots du vocabulaire de* l'enfance, et qu'elle
se trouve a la tête de la, liste des interjec-
tions. , ' ' '•
Elie'se fait entendre, en effet, dans tous les
bruits élémentaires : dans les vagues, dans les
orages, dans les cascades", dans les cataractes,
dans les éclats de la foudre, dans le fracas des
tempêtes, dans le feuillage des bois agités par
le vent, dans la plainte éternelle d'un grand
lac, dans le gazouillement, -dans'-ïe ramage
d'un oiseau, dnffs.le^glapissemohts, dans les
croassements dos bêtès de proïc, dans les cla-
meurs, dans les hourras, dans le brouhaha de
la multitude, dans le vagissement dé l'enfant
qui vient de naître, etc. «'La première voyelle
de l'alphabet, dit un écrivain, se trouve dans
presque tous les mots qui peignent lés scènes'
de la campagne , comme charrue, vache, che-
val, labourage, vallée, montagne, arbre, pâtu-
rage, laitage, etc., et dans toutes les épi-
thetes qui ordinairement accompagnent ces
noms : laborieux , gras , agreste , aimable, etc.
La lettre A ayant été découverte la première,
comme étant la première émission naturelle
de la voix, les. hommes, alors pasteurs, l'ont
employée dans les mots qui composaient le
simple dictionnaire de leur vie. L'égalité do
leurs mœurs et le peu de variété de leurs
idées, nécessairement teintes des images dos
champs, devaient aussi amener le retour des
mêmes sons dans le langage. Le son de l'A
'convient au calmé d'un cœur champêtre et à
la paix des tableaux rustiques. L'accent d'une
àme passionnée est aigu, sifflant, précipité;
l'A est trop long poupelle'; il faut une bouche
par.torale qui puisse 0/0^,31^ le temnâ de le
prononcer avec lenteur! .Toutetois\...'cé son
.entrefpj-t bien encorés^ans les" lanientatioffs,
dans lés larmes amoureuses et dàns; les naïfs'
•hé\as d'un chevrier. Enfin, Ja naturè,fait"£nv
tendrefccette' lettre riïrale dans ses bfui£s">:)'efr
une oreille attcntivé'peut la reconnaître, di-
versement accentuée, dans, les murrt\ures de
certains ombrages , comme celui du tremble.
et du Uégc,"dans le bêlement dcs.troupeaux,
et, ta;nuit,"dahs1los aboiements du.chien rus-
tique. »' '/■ • -,' /''. *, '\.'l
. — On- dit : la lottro Aflè son,A', la voix ou
la voyelle A,QÙ totit simplement l'A : La voix a
se formé en.ouvraut fort la bouche: a. — a, a;
oui! (Mol.) La lettre a, chez presque toutes les
nations, devint une lettre sacrée , parce qu'elle
était la première. (Volt.) La, voyelle que les
enfants articulent le plus aisément est l'A,
parce qu'il ne faut pour cela qu'ouvrir les
lèvres et pousser-un son. (Buff.)
A l'aspect du Très-Haut sitôt qu'Adam parla,
Ce fut apparemment l'a qu'il articula. Pus.
■ — Dans quelque acception que ce soit , l'A
ne prend jamais la lettre s au pluriel. Oh dit :
De grands a, de petits a, des a longs, des a
brefs. La manière la plus sûre de distinguer
l'édition originale de Doccace de 1527 de celle
qui est contrefaite, c'est de prendre garde aujx
a, qui ont la tète en pointe dans la première.
(Cailleau.l Homère ne s'assujettit pas à cette:
règle de l harmonie qui recette le concours des
voyelles, et surtout des a. (Volt.)
— Cette lettre, a donné lieu à quelques opi-
nions bizarres, qïte, la plupart des Encyclopé-
dies ont recûeilfi'eà avec soin, et que nous ne
reproduisons ïei que pour montrer les écarts
.."U'inlaginàtidn auxquels les savants mêmes
peuyen.t*iO iïvlrec.\ '
.r. L'opinion la plusétrango est celle de l'es-
paguol^CovarYtivias, qui prétend qu'en nais-
sant les gargoris font entendre le son A, parce
que c'est l'initiale du nom d'ADAM, et les filles
le son È , parce que c'est l'initiale du nom
d'ÈvE.
Un hébraïsant moderne, Kabre d'Olivet,
nous apprend que la lettre A est le signe do
la puissance et de la stabilité; qu'elle renferme
les idées do l'unité et du principe qui la dé-
termine. Court de Gôbolin va plus loin en-
core ; il dit que le son A désigne l'état dont
est affecté ce qui nous est propre, par consé-
quent ce qu'on possède, ce dont on jouit, de
même que la domination et la priorité. Ce
profond crudit ne s'arrête pas en si beau che-
min ; i! ajoute que le son A fut placé à la tête
do l'alphabet comme le plus haut des sons et
comme désignant l'homme, chef dk tout. Se-
lon lui encore, l'A est l'un des sons les plus
éclatants, celui- que l'on entend do la plus
grande distance. \
Quelques savants ont cherché dans la forme
de la lettre A la figure de la disposition des
organes vocaux dans l'éinission de cotte lettre.
Le Hollandais Van-'H'olmorit s'est imaginé
trouver cette, représentation exacte dans la
forme de VAleph hébraïque, et l'abbé Mous-
saud prétend la reconnaître dans l'A majus-
cule latin : suivant" lui, l'A est l'angle formé
1
par l'écartement des lèvres vues de profil >,
et a l'ouverture de la bouche vue de face.
Cette explication peut paraître bizarre, mais
elle vaut bien , ce nous semble, celle de l'au-
teur de la Némésis, qui, dans un petit poème
sur l'orthographe, a dit :
L'A, qui de l'Angle aigu porte la ressemblance,
Ainsi qu'un chevAtet sur ses pieds Be balance.
Bartheleuy.
Lemare, voulant apprendre à un jeune en-
fant le nom et la forme de la lettre A, lui tient
ce raisonnement ; « Un homme se heurte la
tête contre un tronc d'arbre incliné, et une
branche horizontale située à la hauteur du
ventre lui fait une profonde blessure; la dou-
leur lui arrache ce cri, A, et le dessin de cette
lettre est le calque exact de l'homme, du
tronc et de la branche ; » et le savant gram-
mairien ne parait pas éloigné de croire que
c'est à un accident de cette nature que la
lettre A doit son nom et sa forme. Puis,
comme lorsqu'on prend du galon , on n'en
saurait trop prendre, Lemare appliquait aux
figures de toutes les autres leures ce genre
d'explication.
Plutarque dit que la première lettre des
Egyptiens représentait un ibis. Quelques-uns
représenté portant le bec à ses jambes, ce
qui aurait, en effet, figuré une sorte de trian-
gle, ont voulu y voir l'erigine de l'A majus-
cule, tout en admettant pour le minuscule
l'origine phénicienne.
Chez les Grecs , le son de la lettre A , pro-
féré par les prêtres pendant le sacrifice, était
regardé comme de funeste présage, parce que
c'était par cette lettre, initiale a ara (ma-
lédiction), que commençaient les formules
imprécatives.
— On a calculé que le douzième des mots
français commence par A. Cette lettre est
une- des finales les plus communes dans les
idiomes du midi de l'Europe, l'italien et l'es-
pagnol , par exemple , et aussi dans le russo
et dans le sanscrit. Elle forme en quelquo
sorte le fond du patois auvergnat. Quand on a
voulu désigner les habitants et le langage de
cette province par un mot bien significatif, on
a dit : Ce sont des chKrkbi\s ; c'est du chArAbik.
— Prononciation de l'A. Si nous n'avons
plus les croyances superstitieuses qui attri-
buaient à' la manière seule de prononcer une
lettre des effets plus ou moins merveilleux
nous sommes encore dans un temps où il est
nécessaire de donner à la lettre A , comme à
toute autre voyelle, l'intonation qui lui est
propre. On évitera ainsi la confusion du genre
de celle dont il est question dans l'anecdote
suivante, que nous empruntons à un de nos
critiques : • Un bon bourgeois campagnard ,
devenu vieux , invité à aller rendre visite à
un nouveau voisin assez éloigné , répondit :
Je marche difficilement, mais mon àne me
conduira. — Monsieur, j'ai un cheval à votre
service. — Mais, monsieur, c'est de ma fllle
que je parle. — Pardon, monsieur, j'ignorais
que mademoiselle votre fille portât le nom...
d'Anne. ■ Si le bon bourgeois avait bien pro-
noncé le son A, il eût épargné une méprise à
son interlocuteur. En effet considéré sous le
rapport de son intonation, l'A ne représente
pas un son constamment identique II a, dans'
notre langue, deux sons parfaitement dis-
tincts , que l'on trouve l'un et l'autre dans le
mot aihas. Le premier est aigu; le second est
L'A aiou , tel que celui qui se trouve dans
les mots acacia, oal, falbala, Canada, nectar,
abattre, rat, fat, plat, patte, escadre, etc.,
communique une grande douceur au langage ;
aussi voit-on qu'il peut être reproduit jusqi-'"
ae cette répétition.
L'A grave se remarque dans les mots pas,
mât, diable, sable, fable, plâtre, bas. gras,
Lucas, sabre, cadre, etc. Trop multiplié, cet
faut donc qu'il soit ménagé avec art, et alors
il rompt l'uniformité de l'A aigu, et contri-
bue ainsi à la variété des sons.
— Il est impossible d'établir des règles gé-
nérales pour fixer la prononciation de l'A;
c'est l'usage seul qui peut apprendre exacte-
ment ces différences ; toutefois les deux règles
suivantes ont peu d exceptions :
1« L'a marqué de l'accent grave a toujours
le son aigu ; a, là, çà, déjà, holà, etc.
2o L'A surmonté de l'accent circonflexe a
"presque toujours le son grave : bât, pâte, âme,
etc. Il faut excepter les formes verbales ana-
logues à celles-ci ; qu'il allit , nous alllmes.
vous allktes, etc., où l'A, quoique surmonte
de l'accent circonflexe, n'est que faiblement
grave.
— Des combinaisons de la lettre A. L'A
conserve l'intonation qui lui est propre par-
tout où il -n'est pas combiné , soit avec les
voyelles i; o, d, soit avec les consonnes na-
sales m, n, soit avec l'y. Nous allons le mon-
trer, du reste, dans toutes ses combinaisons.
— AA. Lorsque deux A sont placés de suite
au commencement d'un mot, on n'en fait en-
tendre qu'un, ainsi que cela a lieu dans Aalen,
Aar, Aarau, Aarbourg, Aarrhus, etc., qui se
prononcent comme s'il y avait alen, ar, arau,
arbourg, arrhus. U en est de même KAaron
en poésie ; mais en prose les deux A se font
légèrement sentir. Au milieu d'un mot, les
deux A forment deux syllabes distinctes :
Baal, Isaac; prononcez Da-al, Isa-ac.
— JE. Placé devant la lettre E, à laquelle il
s'incorporait sous la forme d'un signe parti-
culier, JE, l'A ne représentait plus alors que
le son pur de l'E. L M s'est longtemps con-
servé dans les mots tirés du grec et du latin,
qui nous l'avaient donné; mais depuis plu-
sieurs années, les dictionnaires remplacent
M par E, excepté dans quelques noms scien-
tifiques, et dans plusieurs noms d'hommes ou
do lieux. Cependant lorsque l'A est détaché
de l'E et ne figure pas avec lui un signe uni-
que, chacune de ces voyelles appartient à une
syllabe différente, comme dans Israël, Ra-
phaël, aérien, aérolithe, aëronaute, etc. Il n'y
a d'exceptés que les mots Caen et Staël, qui
se prononcent Can, Stal, parce que le pre-
mier de ces mots vient de Cadomus ou Ca-
domum , qui a un O étymologique et non pas
un E, et parce que la dernière syllabe du se-
cond mot est brève et non accentuée dans
la langue à laquelle il appartient.
— A, joint à i forme ordinairement la
voyelle ou fausse diphthongue ai , qui équi-
vaut tour à tour à ris ouvert, comme dans
plaine , plaisir, j'aimais , etc., et à l'É fermé ,
comme dans jirai, j'allai, j'aimai, quai,
geai, etc. Sa prononciation est donc très-va-
riable, et l'usage seul peut l'enseigner. L'i
est nul dans douairière, et Ta peut ne pas se
faire sentir dans daine.
Mais toutes les fois que l'A est suivi d'un i
surmonté d'un tréma , a et » se prononcent
séparément, comme dans Achale, Adélaïde,
Aaonaï, aïe, aïeul, archaïsme, biscaïen, caïma-
can caïman, Caln, camaïeu, Caraïbe, Danaïdes,
Ephraïm, faïence, g aïac , glaïeul , haïr, hé-
braïque, Isaîe, judaïque, laïc, Laïs, Laïus,
maïs, mosaïque, naïade, naïf , païen, phari-
saïque , prosaïque , Sinaï, Tanaïs, Thëbaïde,
Zaïm, Zaïre, Zoraîde, etc.
— AO. A, suivi de O, conserve presque tou-
jours l'intonation qui lui est propre, et Yo s'en
détache pour former une autre syllabe : Ca-
cao, chaos, Pharaon, Laodicée, Laocoon, etc. ;
prononcez caca-o, cha-o, Phara-on, La-odicée,
La-ocoon. Mais l'O est nul dans faon, faonner,
Laon, paon, paonne, paonneau, Craon, que
l'on prononce fan, fanner, Lan, pan, été. Au
contraire, c'est l'A qui est nul dans taon,
saint Laon, août, aoûteron, Saône, curaçao,
qui se prononcent ton , Lon , etc. Néanmoins
1 A se fait sentir dans aoûter, aoûté, et l'usage
est partagé quant à la prononciation du mot
aoriste, que les uns prononcent oriste, et les
autres a-o-riste.
— AU. Devant U surmonté du tréma , l'A
conserve son intonation propre, comme dans
Archélaûs, Capharnaûm, Danaùs, EsaU, Saùl,
Emmaùs, etc., qui se prononcent Archéla-ùs,
capharna-ûm, Dana-us, Esa-ù, Sa-ùl, Emma-
ûs, etc. Partout ailleurs au ou eau forme une
fausse diphthongue qui équivaut tout à fait
à o, et prend deux inflexions différentes, l'une
forte, comme dans aune, élau, berceau, jaune,
haut, heaume, paume, peau, pause, sceau, saule,
saut, etc. ; l'autre douce, comme dans aurore,
automne, j'aurai, taureau, laurier, etc.
— De l'A nasal. L'A subit souvent une
transformation plus considérable devant les
consonnes m et n. U s'incorpore avec elles et
devient un nouveau son simple que notre al-
fihabet ne peut représenter autrement. Il
orme alors ce qu'on appelle une voyelle na-
sale, parce que le son qu'il produit passe un
peu par le nez.
La voyelle AM ou AN est nasale toutes
les fois que la consonne finale qui concourt à
la former est suivie d'une consonne de na-
ture différente, comme dans pancarte; elle
se décompose, au contraire, toutes les fois
que cette consonne est suivie d'une voyelle ,
comme dans panier, ou qu'elle est doublée ,
comme dans panneau. A la fin des mots, les
exceptions sont rares ; elles ont lieu dans
quelques noms propres de personnes ou de
lieux. En effet, dans les mots Jéroboam,
Siam, etc., les deux lettres finales ont cha-
cune leur valeur distincte. Hors de là, à la
fin des mots, c'est toujours la voyelle nasale
AN qui se fait entendre, comme dans un
camp , des camps , un franc , cent francs , etc.
Mais si le M ou le N sont suivis d'une voyelle,
l'A redevient ouvert, parce que le N et le M
ne sont plus de la même syllabe : pané, ma-
noir, trame, famé, etc. La même prononcia-
tion a lieu si la consonne nasale a été doublée
par une règle de grammaire : paysan , pay-
sanne, prononcez pai-i-sane.
— AIM, AIN, forment la voyelle nasale in,
qui est indifféremment représentée dans l'é-
criture par im, ein, hein ou en. Mais ils se
décomposent, et ai prend le son do l'É ouvert,
quand ils sont suivis de voyelles, comme dans
certaine, j'aime, etc.
— Combiné avec 1"Y, l'A se prononce géné-
ralement comme un É, ainsi qu'on peut le re-
marquer dans balayer, payeur, layette, etc. ,
que 1 on prononce baléyer ,péyeur , léyette, etc.
Cependant dans quelques noms propres , tels
que Bayeux, Bayonne, l'A conserve le son qui
lui est naturel.
— L'Académie prétend à tort que l'A de
ouate doit se prononcer comme É ouvert dans
ouate, et comme un É fermé dans ouater .Toutes
les personnes qui parlent bien font sentir l'A
dans ces mots. Aussi un poëte a-t-il eu rai-
son de faire rimer ouate avec agate :
La blanche porcelaine est d'un blanc bien moins pur
Que son col transparent et ses tempes i'aijate;
On dirait de la lune en sa robe d'oua<e.
Th. Gautier.
— Cependant, dans les mots où les anglo-
manes affectent d'adopter l'orthographe et la
prononciation anglaises , si antipathiques au
génie de notre langue, l'A a la valeur de l'u,
comme lady, milady, que l'on prononce lédy,
milédy, etc.
— Considéré comme signe graphique , l'A
prend différentes formes, soit dans l'écriture,'
soit dans l'impression : on distingue l'A ma-
juscule et l'a minuscule. En outre, dans l'é-
criture et dans l'impression, il subit de nom-
breuses modifications suivant que le caractère
est de l'anglaise, de la ronde, de la bâtarde,
de la coulée, ou du romain, de l'italique, de
la normande, de l'égyptienne, etc.
— A s'écrit de trois manières : 1° sans ac-
cent ; 2o avec l'accent grave ; 30 avec l'accent
circonflexe.
Il s'écrit ordinairement sans accent , qu'il
soit employé comme lettre initiale, médiale
ou finale : Analogue, tabac, abattre, marasme,
Galba, quinquina, etc.
Il est surmonté de l'accent grave, signe
purement spécifique, dans les mots çà, là,
deçà, holà, voilà, etc.
Il est surmonté de l'accent circonflexe
pour indiquer la suppression d'une voyelle ,
comme dans âge, bâiller, qu'on écrivait au-
trefois aage, baailler, on la suppression du S,
comme dans âne, appât ; bât, dégât, mât,
crâne, âpre, etc., qui s'écrivaient autrefois
asne, appast, bast, aspre, etc.
— A , simple mimologisme du son naturel
qui représente le cri le plus propre à l'homme,
s est pris comme exclamation des les premiers
temps de la langue , mais il n'a pas tardé à
recevoir une autre orthographe. V. Ah.
— L'A sert aussi à cataloguer des livres,
des tableaux : Le Salon est classé par ordre
alphabétique; Va et le z sont placés à l'Ouest
dans les deux salles du fond, et les autres let-
tres se développent vers les salles de l'Est.
(Didier de Mondiaux.)
— A désigne quelquefois, dans un diction-
naire, la série, l'ensemble des mots commen-
çant par cette lettre : Venons d'abord , mon-
sieur, à ce dictionnaire que l'Académie va faire
imprimer. Vous aurez votre r dans un mois
ou six semaines. Vous n'attendez pas après le
t quand vous êtes à l'a.. (Volt.)
— Parfois la lettre A se dit de la pre-
mière personne venue, que son nom com-
mence par A ou par Z : Que la qualité des
parties ne vous impose pas; juges entre le
prince et le lord comme vous jugeriez entre a
et b. (L. Gozlan.) Ces lettres sont employées
ici par réminiscence de l'algèbre et de la
géométrie.
' — Quelquefois l'A s'emploie, par plaisante-
rie, comme point de comparaison, pour ex-
primer l'extrême grosseur d'un objet : Son
— Prov. : Depuis a. jusqu'à z, pour Du com-
mencement à la fin , sans omettre aucun dé-
tail: Vous ne lui ferez rien comprendre, si
vous ne lui expliquez depuis a jusqu'à z.
(Acad.)
— Par ext., cette même locution signifie
aussi Depuis les pieds jusqu'à la tête , du tout
au tout, complètement : Il faudrait vous
reprendre et vous changer depuis a jusqu'à z,
pour vous amener à me comprendre. (G. Sand.)
— On s'est aussi servi d'une locution ana-
logue pour désigner les dictionnaires en gé-
néral : Il y a des livres qui commencent par a
et qui finissent par z. (La Bruy.)
— Prov. : Ne savoir ni a ni s, Ignorer les pre-
miers éléments de l'instruction commune; se
dit d'une personne qui ne sait pas même lire,
et, par extens., qui ignore les premiers élé-
ments d'une science, d'un art, d'une chose
quelconque, qui ne sait absolument rien, qui
est ignorante en toutes choses : Puisque tu
ne sais ni a ni b, comment enseignerais- tu les
autres et moi? (Raynouard.) On compte à
Home une douzaine de savants illustres, et
cent mille ignorants qui ne savent ni a ni b.
(About.)
La Fontaine.
Ci-dessous glt monsieur'l'abbé
Qui ne savait ni a ni b. Méhaqe.
ni b, n'en déplaise & madame ;
un mot, docteur que pour sa femm
ussi dans le même sens, N'y et
' b, N'y rien comprendre :
ITye,
le bon abbé
Du Bel
— Prov. C'est un homme marqué à I'a, Se dit
d'un individu d'une probité de bon aloi, d'un
noble caractère, d'une intelligence distinguée.
Ce proverbe est emprunté des monnaies fabri-
quées à Paris , et qui sont marquées do la
lettre a : Il est des bons, il est marqué a l'a.
(H. Estienne.)
— Prov. : Démontrer, prouver une chose par
a plus b, c'est-à-dire la Démontrer, la prouver
avec toute l'évidence d'une démonstration
mathématique : Le prix fut adjugé à un sa-
vant du Nord, qui démontra par a plus b,
moins c, divisé par z, que- le mouton devait
être rouge et mourir de la claveléc. (Volt.)
Cette allusion aux formules de l'algèbre a
été quelquefois exprimée par nos écrivains
en signes algébriques, comme suit-: Démon-
trer, prouver une chose par a + b. I{meparait
abs-trde de faire dépendre l'existence de Dieu
d'k 4- b divisé par z. (Volt.)
Cette orthographe, si l'on peut appeler
ainsi l'usage extensif de certains signes de
convention, qui n'ont d'ailleurs aucun rapport
avec notre langue, est à sa place dans un livre
de science; mais il est mieux d'écrire, en
toutes lettres , par a plus b, au lieu de par
a + b, dans les ouvrages ordinaires qui ne
sont pas composés expret-sôment pour les sa-
vants. Et puis, il n'est peut-être pas bien
établi , comme le fait observer un critique,
?ue cette locution proverbiale soit emprun-
ée à l'algèbre , dont l'intelligence est si peu
répandue, plutôt qu'à l'alphabet lui-même,
dont l'intelligence est si vulgaire.
Cette locution, dans sa forme algébrique,
peut aussi s'employer substantivement, ainsi
que le prouve suffisamment le passage sui-
vant : Une de nos méthodes ordinaires, lorsque
nous saisissons quelque effet dans la nature,
c'est de nous y arrêter d'-abord par faiblesse,
d'en tirer ensuite par vanité un principe uni-
versel. Si, après cela, on trouve le moyen , qui
n'est pas difficile, de lui appliquer un théorème
de géométrie, un triangle, une équation, seule-
•ment un a + b, en voilà assez pour le rendre à
jamais vénérable. (B. de St-P.)
Il arrive très-souvent qu'on emploie A et B
sans v joindre le mot plus ou sans le signe + •
Il obéit à une loi secrète dont la démonstra-
tion mathématique sera peut-être donnée par
un de vos chimistes , et que le siècle suivant
trouvera dans une formule pleine d'x, û"a et de
b entremêlés de petites fantaisies algébriques,
de barres, de signes et de lignes qui me donnent
la colique. (Balz.)
— Une panse o"a. C'est ainsi qu'on appelle
la. première partie du corps d'un petit a dans
l'écriture ordinaire. On dit figurém. : Faire une
panse d'à , pour Faire une petite partie d'un
travail quelconque, y mettre la main :
Cette locut. prov. se prend le plus souvent
dans le sens négatif, et alors n'écrire, ne faire
une panse d'à , signifie Ne rieil faire du
tout, ne pas toucher à un travail quelconque,
ne pas s'en occuper : // a peut-être écrit de-
puis?— Pas seulement une pansbd'a. (Mme de
Genlis.) Si je voulais recevoir tous les ans vos'
quatre mille livres, sans faire une pànsk d'à
ni œuvre quelconque de mes mains pour votre
service, vous seriez l'homme le plus propre à
me laisser faire. (Voiture.)
On dit aussi Ne savoir panse a" a , et cela
signifie Ne savoir rien du tout, être d'une
ignorance crasse :
Un Belge très-Épais de sens et de structure,
Ne sachant panse a"a, franc âne de nature.
Pas une panse d'A signifie Aussi, par extens.,
Pas la moindre partie : Ces deux soucis terri-
bles qui feraient pâlir bien des gens, ne nous
enlèveraient pas un iota, pas une panse d'à de
notre gaieté. (Legendre.)
Aucun caractère n'a servi à former un plus
grand nombre d'abréviations. Nous n'indi-
querons ici que les principales:
Dans les assurances do la propriété , de la
navigation, A est l'abréviation du mot assuré.
En parlant des princes, A se met pour
Altesse. Ainsi S. A., V. A. signifient Son
Altesse, Votre Altesse.
En style de commerce, A est pour accepté:
A. C. pour année courante; A. P. pour année
passée ou à protester.
Sur les monnaies de France , A désigne la
ville de Paris, considérée comme la première
fabrique de l'État.
Dans les formules chimiques, AG veut dire
argent; KL, alumine; AR, arsenic; AU, or;
kZ,- azote.
En chimie et en médecine , la lettre A est
souvent employée comme signe indicatif. Chez
les chimistes, A, AA ou AAAj signifie amal-
gamer ou amalgame. En médecine, A ou AA,
se met par abréviation dans les ordonnances
pour ana, mot grec qui signifie de chaque.
Ainsi A ou AA ou encore ANA signifient,
dans les ordonnances ou prescriptions , qu'il
faut mettre des parties égales de chaque in-
grédient.
Ces mêmes signes sont employés par les in-
génieurs dans les nivellements de terrain, et
indiquent une coupe, une démolition et un
nivellement projetés, quand ils sont barrés à
leur pointe droite ou gauche.
En algèbre , A et les premières lettres de
l'alphabet désignent ordinairement des quan-
tités connues, comme les dernières lettres X
Y, Z, désignent des quantités inconnues.
En géométrie, A indique l'une des parties
d'une' figure qui sert à quelque démonstra-
tion : l'angle A, l'angle B d'un triangle, etc.
Dans l'ancien calendrier des Romains, A
était la première des huit lettres nundinalei
S ni servaient à désigner les jours de marché,
après un usage analogue , cette lettre est
devenue, depuis, la première des sept lettres
dominicales, et elle sert à désigner les diman-
ches, dans les années qui commencent par ce
jour do la, semaine.
Dans la philosophie scolastique, la lettre A
indiquait une proposition générale affirma-
tive.
* Dans la philosophie allemande, A s'emploie
Four désigner l'absolu. La formule A=A est
expression de l'identité absolue.
Comme note de musique , A servit à dési-
gner . et il désigne encore aujourd'hui, pour
les Allemands et les Anglais, le sixième ton
de la gamme diatonique naturelle, auquel Gui
d'Arezzo a donné le nom de la. ii Ecrit sur
une partition, il indique l'alto.
voi aux notes placées au bas des pages
la fin du volume. Aujourd'hui, pour indiquer
la première feuille d un volume , on préfère
employer le chiffre 1.
En astronomie , A sert à désigner la prin-
cipale étoile d'une constellation.
Sur les anciennes gravures, A. P. D. R.
signifient avec privilège du roi.
Dans l'antiquité, quand un juge romain
voulait se prononcer pour l'acquittement d'un
accusé, il traçait sur une petite tablette de
buis enduite de cire la lettre A , initiale de
son vote (Absolvo, j'absous).
A privatif. Préfixe qu'à l'imitation des
Grecs, nous employons dans la composition
do certains mots français pour marquer ab-
sence. Il répond, en général, à. la propos.
sans, ou à uno négation , comme dans Ace-
phale, qui veut dire sans tète; kchromatique,
qui signifie sans couleur; ncaule, sans tige, etc.
A augmentatif. Préfixe qui s'emploie dans
la composition de plusieurs mots français, où
il marque augmentation, continuité, progres-
sion : kbétir (rad. bête), rendre plus bête;
kdoucir (rad. doux), rendre plus doux; /.gran-
dir (rad. grand), rendre plus grand; Alourdir
(rad. lourd), rendre plus lourd, etc., etc.
Quand nous avons emprunté des mots au
latin, nous leur avons ordinairement fait
subir des modifications. Ainsi ; par exemple,
la lettre A a subi les permutations suivantes :
A devenu e : Amarus, amer ; balare, be'lcr ;
Claromontium, Clermont; carus, cher; clavis,
clef; faba, fève; (rater, frère; gratum, gre ;
latus, le ; mare, mer ; mortalis, mortel ; mater,
mère ; nasus, nez ; pratum, pre ; peccatum, pé-
ché; pater, père; pala, pelle; qualis, quel;
sal, sel; talis, tel; sacramentum, sacrement.
Adevenu ai: Acutus, aigu ; ala, aile: amare,
aimer ; axilla, aisselle ; aranea, araignée ; caro,
chair ; clarus, clair ; dama, daim ; famés, faim ;
facere, faire; granum, grain; macer, mai-
gre ; manus, main ; nanus, nain ; panis, pain ;
sanus, sain-, satarium, salaire; vanus, vain.
A devenu e muet:" Caballus, cheval; capil-
lus, cheveu; capreolus, chevreau ; granatum,
grenade; granarium, grenier; jactare, jeter;
alga, algue; ansa, anse; arca, arche; barba,
barbe; causa, cause; forma,- forme; gloria,
gloire; luna, lune; musca, mouche; pluma,
plume; rosa, rose; vena, veine.
Adevenu au: Alba,aubo- aller, autre; cal-
vus, chauve ; faix, {aux ; falsus, taux ; Gallia,
Gaula ; maloa, mauve ; psalmus, psaume ; salix,
saule ; salvare, sauver ; salmo, saumon ; saltus,
saut; talpa, taupe.
A devenu o : Damnagium, dommage; Arau-
sio, Orange; phiala, fiole; articulus, orteil.
A devenu oi : Madidus, moite ; armarium,
armoire ; dolabra, doloire.
A devenu t : Àvellana, aveline ; cerasum,
cerise ; jacens, gisant.
A devenu ie : Canis, chien; gravis, grief.
A devenu u : Saccharum, sucre.
A devenu ou : Aperire, ouvrir.
Dans la dérivation, a est quelquefois ajouté
au commencement de quelques mots : Vioula,
avives; tragacanthum, adragant.
A (sans accent), 3" personne du présent de
l'indicatif du verbe avoir. Cette forme ver-
bale n'est jamais marquée de l'accent grave,
qui sert à distinguer la prép. A. Elle vient du
lat. habet ou de l'ilal. ha, et ce qui le prouve,
c'est qu'anciennement on écrivait il ha : Notre
langue ha cette façon. (Marot.)
— L'idée que ce mot exprime est celle do
possession : Il a des richesses. (La Bruy.) Cha-
que homme a son génie. (Volt.) Un sot n'A que
de sots amis. (Helvét.J Qui A Paris règne, qui
a Paris a la France. (Cormenin.) Tout ce qui
a une loi a un but. (J. Simon.)
— Par in vers., le complément, qui le suit
presque toujours, peut se placer avant lui:
Qui terre A guerre A. (Prov.)
— U se joint souvent aux participes passés,
et alors il est verbe auxiliaire : Il y a un Pieu :
dmc il a créé l'homme. (Boss.) La terre a été
donnée à tous, le fruit du travail est donné d
chacun. (A. Martin.)
— Souvent aussi il accompagne son propre
participe : II a eu beaucoup d'ennemis.
— Il est verbe impersonnel dans les locutions
Il y a, il n'y a pas, il n'y a point, il y a eu, qui
sont autant de gallicismes assez difficiles à
expliquer : Il y a le peuple qui est opposé aux
grattas, c'est la populace et la multitude; il y
a le peuple qui est opposé aux sages, ce- sont
les grands comme les petits. (La Bruy.) Il y a
des conjonctures où l'on sent bien que l'on ne
saurait trop attenter contre le peuple; il y en
a d'autres où il est clair qu'on ne saurait trop
le ménager. (La Bruy.) Partout où il y a des
mœurs, il y a du bonheur. (J. Simon.)
— Il y a, il est. Le verbe avoir se confond
très-souvent dans notre langue avec l'auxi-
liaire être, et ce qui le prouve jusqu'à l'évi-
dence, c'est qu'if n'est point OU qu't7 n'y apoint
de différence dans le sens entre ces deux locu-
tions. On dit très-bien il est ou il y a des
circonstances; il est ou il y a des hommes
qui... Voy. avoir.
À prép. (du lat. ad, à). Vers, du côté de, etc.
L'usage primitif et presque général de cette
préposition , qui joue un si grand rôle dans
notre langue, est de marquer un rapport à un
terme, la relation d'un objet à un autre, et
elle exprime le plus souvent ce que les Latins
rendaient par leur datif, ou par leur accusatif
avec ad. Cette dernière origine paraît avec
évidence dans les anciens monuments de notre
vieille langue : Ardent désir ad ce mon cœur
allume, (xue siècle.) Nous qui gardions le
poncet ad ceçnie les Turcs ne passassent. (Join-
ville, xnio siècle.)
— Pour prévenir toute confusion de l'A
préposition avec la lettre a ou avec a verbe,
il faut toujours que le premier soit surmonte
de l'accent grave, excepté quand il est con-
tracté avec l'article le, les, pour former les
composés au, aux, qui ne prennent jamais
l'accent.
— au est pour à le, et ne s'emploie qu'au
singulier masculin : Le naufragé s attache au
mât du navire et tend les bras vers le rivage.
(Ste-Beuve.) •
Au travers des périls un grand cœur se fait jour.
Le remords se réveille au cri de.la nature.
Du Bellot.
— aux est pour à les, et se met devant tous
les noms pluriels : La mort est le remède aux
maux que vous vous faites. (J.-J. Rouss.)
La moitié des humains vit aux dépens de l'autre.
Destouciies.
— Dans sa contraction avec l'article, À n'en
reste pas moins toujours une préposition, il
prépos. i.
— Cette contraction n'était pas connue au-
trefois. On disait : Al temps d Innocent, pour
Au temps d'Innocent; l'apostoile manda al
prodome, pour Le pape manda au prud'homme.
— Construction de la prép. A. L'antécé-
dent de cette prépos. peut être représenté
par un verbe : Il vaut mieux s'exposer à
l'ingratitude que de manquer aux misérables.
(La Bruy.)
— Par un adjectif : Quelle autre créature
fut jamais plus propre a être l'idole dumonde.'
(Boss.) Il faut être utile aux hommes pour
être grand dans l'opinion des hommes. (Mass.)
Le plus lent À promettre est toujours le plus
fidèle  tenir. (J.-J. Rouss.) Le domicile de
l'écureuil est propre, chaud, et ■«""■"«--
k la pluie. (Buff.)
Pardonnez-moi ce mot, il est fâcheux à dire.
— A peut de même se construire avec un
participe présent ou un adjectif verbal : En
sacrifiant tout a son devoir, on est sûr d'arr
river au bonheur. (Florian.) Les peintres nous
représentent les Muses présidant X la nais-
sance d'Homère, de Virgile, etc. (Acad.)
Pleurante à mon départ, que Philis était belle !
...... La terre abonde
De ces gens brillant au caquet.
Le Noble.
— a se place également après un participe
passé : Le parlement était oppose A la cour/
(Volt.) Je me sens obligée à votre honnêteté.
(Rognard.) La brebis perdue était préférée
par le bon pasteur A tout le troupeau. (Boss.)
La méfiance poussée A l'extrême est toujours
la preuve d'un cœur sec et d'un esprit étroit.
(Lévis.)
La chemin est toujours ouvert au repentir.
[mondes.]
Les tombeaux sont placés aux confins des deux
— On trouve très-souvent A placé après un
substantif : Cef homme passe les jours et les
nuits dans la rage, pour quelque offense ima-
ginaire À son honneur. (Pascal.) Toute justice
(La Bruy.) Un honnête homme se paye par ses
mains de ('application à son devoir. (La Bruy.)
Sou zèle et son attachement A ses intérêts.
(Fén.) C'est en vain, â homme, que vouscher-
chez dans vous-même le remède à vos misères.
(Pasc.) Mon premier hommage A la divinité
bienfaisante. (J.-J. Rouss.)
— Il peut se mettre également après ua
adverbe : Toutes les natures ont été bénies en
lui conformément à la promesse faite à Abra-
relativement à son intérêt. (J.-J. Rouss.)
il se loge, il s'habille convenablement aux
saisons. (Buff.)
— Peut enfin se trouver placé à la suite
d'une locution prépositive : ./Vous sommes asses
vains pour vouloir décider ce qu'est ce tout en
lui-même, et ce que nous sommes par rapport
A lui. (J.-J. Rouss.) Voilà mon premier doute,
qu'il m'est, quant â présent; impossible de
résoudre. (J.-J. Rouss.)
Et quant à cet amour qui nou,s a séparés...
— A peut précéder la préposition de lorsque
cotte préposition est employée pour désigner
une quantité vague, un nombre indéterminé :
Prudemment on ne doit point s'adresser A des
personnes trop puissantes, de, peur de succom-
ber sous leur crédit. (St-Evrem.)
A de plus hauts partis Rodrigue peut prétendre.
Le bonheur nous expose à des dehors trompeurs.
— Par inversion, en poésie surtout, la prép.
A se met souvent avant le verbe, l'adjectif ou
le participe qui la régit : A qui sait vivre de
peu les richesses sont inutiles. A de tels hommes
rien ne saurait être impossible. (Acad.)
1 vous faire périr sa cruauté s'attache. Racine.
t quels discours matins le mariage expose!
3e langage â comprendre est assez difficile.
Mais d revoir Paris je ne dois plus prétendre.
Mais si
ji dit ce prince, d Home o<
heureux la plainte est importune.
Cbênier.
enfant, d tes ordres docile,
uoii cire a iea uesseins un instrument utile.
— Fonctions de A. La principale destination
de la prépos. A est de marquer un rapport de
tendance ou de direction vers un lieu , un
terme ou un objet quelconque ; en un mot, un
rapport d'attribution, et partout où on l'em-
ploie, elle tient toujours à. cotte idée primitive
par une analogie plus ou moins directe , plus
ou moins sensible: Je voudrais aller à Paris.
(Mme deSévig.) Télêmaque court A la torte
par où Mentor était sorti. (Fén.) Je résolus de
ME RENDRE A MADRID Comme AU CENTRE des
beaux esprits, pour y former mon goût. (Le
Sage.) Les grands hommes du dix -septième
siècle allaient au cabaret (Chamfort.)
l'on m'appelle.
Boileau.
. Aucun chemin de fleurs ne conduit d la gloire. .
La Fontaine.
Je retourne d mon poste où sans doute on m'attend.
C. DELAVIONS.
Le théâtre avili marche d sa décadence. ■
C. Dglavignb.
On peut aller à la célébrité
Par mille routes différentes.
— Par extons., A s'emploie pour marquer
le terme, ou le but, la fin d'une action quel-
conque, et se place :
1» ^Devant les substantifs : L'humanité n'a
permis en aucun temps d'atteindre A une per-
fection absolue. (Fén.) Monseigneur, nous
allons tous boire A la santé de votre grandeur.
(Mol.) Parler aux rois avec liberté. (Fléch.)
Celui qui obéit A la raison obéit A dieu. (La
Harpe.) Un des premiers liens de la société
est tobêissance au magistrat. (Regnard.) Les
traités entre les touverains ne sont souvetit
qu'une soumission A la nécessité. (Volt.) Ren-
voyer A des années de langueur et d'infirmités
l'affaire du salut, c'est la manquer. (Mass.) Le
vieillard, qui tirait À sa fin, n'eut pas sitôt vu
son cher fils qu'il expira. (Le Sage.)
Nous demandons au ciel ce qu'il nous fnut le moins.
Boileau.
20 Devant les infinitifs : Tous demandent A
voir la maison. (La Bruy.) Quel empressement
A le servir 1 (Acad.) L'équité nous oblige A
restituer ce qui ne nous appartient pas.
(Acad.) Toute la doctrine des mœurs tend
uniquement A nous rendre heureux. (Boss.)
La chèvre aime A grimper sur les lieux es-
carpés. (Buff.) L'homme aspire À commander,
à être le premier partout el toujours. (La-
mennais.) Il faut quelquefois que la vérité
s'abaisse A confondre même les mensonges
des hommes méprisables. (Volt.) Ils s'accor-
daient tous A demander l'expulsion de Ma-
zarin. (Volt)
Le cheval aime l'homme, il aspire d lui plaire.
Rosset.
— S'emploie surtout devant la complém.
indirect des verbes transitifs pour marquer
le tenue de l'action exprimée par le verbe :
Il donne tout son bien aux pauvres. (Acad.)
L'adulateur prête aux Grands les vertus qui
leur manquent. (Mass.) Je me suis appliqué
"■ .)Nov.
— A s'emploie aussi, dit l'Académie, avec
dos verbes qui semblent désigner un rapport
tout opposé à celui de tendance, de direction
vers un but, et qui expriment, au contraire,
extraction, séparation; éloignement. U paraît
en effet qu'on avait fait , très-anciennement ,
de la préposition latine a une préposition
française correspondante. Cela est suffisam-
ment démontré par les exemples suivants,
empruntés aux sermons français der saint
Bernard : Apprenez A mi (de moi, par moi),
ke je suys humble de cuer (cœur) ensi ke nos
mansuetume et humiliteit ajprengniens A nostre
signor (que nous apprenions ainsi de Notre
Seigneur mansuétude et humilité). Commeon
le voit, c'est ici absolument l'ablatif latin. Cet
emploi se retrouve dans les phrases suivantes :
Arracher une dent A quelqu'un. Oter A quel-
qu'un ses vêtements. Se soustraire au dangbr,
au châtiment. (Acad.) // s'est soustrait A ma
domination. (Pascal.) Que l'ancienne Borne ne
vante plus ses dictateurs pris k la charrue,
qui ne quittaient leur commandement que pour
retourner d leur labourage. (Boss.) Il enleva
trois drapeaux A l'ennemi. (Fléch.) Las Qoths
inondèrent l'Europe, et l'arrachèrent A l'em-
pire romain. (Volt.) 2"ous les soirs on ôte aux
chameaux leur charge, et on les laisse paitre
en liberté. (Buff.)
fninl l'unit a votre frère,
d son père. Racine.
— La prépos. A est encore susceptible de
beaucoup d'autres emplois. Nous allons ex-
poser les plus remarquables, en prenant pour
guido le travail de l'Académie, qui, plus
préoccupée de montrer les divers usages qu'on
peut faire de cette préposition que d'en re-
chercher et d'en suivre la théorie analytique,
a, dans uno trentaine do petits groupes fort
clairs et très-intelligibles pour tous, embrassé
presque tous les cas où la prépos. A peut ôtro
employée.
— i" groupe. A marquant la distance, l'in-
tervalle : De Paris A Genève il y a tant de
lieues. Etre vêtu de noir de la tête aux pieds.
Travailler du matin au soir. Ce changement
s'opéra du jour au lendemain. (Acad.) Dire
combien il y a de postes de Paris A Besançon,
ou A Philipsbourg. (La Bruy.)
De l'aurore au couchant portait ses espérances...
:ionS de U
argent et e,
pour
:. (Barthél.)
ix il faut que je m'adre
Racine.
Que les R
is pressés de I
— 2>nc groupe. A marquant la relation qui
existe entre les personnes ou les choses : De
marchand A marchand il n'y a que la main. De
vous A moi. De nation A nation. Un est A deux
comme deux est A quatre. Du tout au tout.
Vivre de pair A compagnon. Traiter quelqu'un
de Turc A More. (Acad.) Le droit des gens
varie et doit varier de nation A natibn. (J.-J.
Rouss.) D'Homère A Théocrite, d'Eschyle A
Ménandre, quelle puissance diverse d'inventiont
(Villem.)
Disons-nous nos secrets de compère d compère.
— 3™c groupe. A marquant le lieu, l'endroit,
la situation , etc. : Sa maison est au faubourg
St-Gcrmain. Nous étions A la portée du canon.
Se tenir A l'entrée du bois, au bord de la rivière.
Etre A sa place. Demeurer A Paris. Vivre au
fond des forêts. Manger A l'auberge. Etre j> u
bal, au jeu, A la parade. (Acad.) Au milieu du
camp est un vaste cirque environné de nom-
breux gradins. (Fén.) Ilier matin, comme j'étais
au lit, j'entendis frapper rudement kmaportc.
(Montésq.)
La patrie est aux lieux où l'ame est enchaînée.
Voltaire.
La vie est un combat dont la palme est atu; cieux.
C. Delavione.
Ta place est d l'autel, et non auprès du trône.
Raynouaed.
— *mc groupe. A servant à indiquer qu'une
action se passe dans un certain lieu : Prendre
un bain A la rivière. Elle a passé la matinée A
l'église. Sentir une douleur au côté. Avoir une
blessure A l'épaule, A la cuisse. Marquer au
front, A chaque arbre il cueillait un fruit. Se
prendre au piège. S'arrêter À chaque pas.
(Acad.) Le vin salière aux caves, et la chair
de venaison change d'état aux saloirs. (Mon-
taigne.) A la cour, A la ville, mêmes passions,
■mêmes faiblesses. (La Bruy.) Ils arrivaient à
cheval, pistolets aux arçons, couteau au coté.
(Chateaub.) Elle me regardait d'un air atten-
dri , et presque la larme A l'œil. (Mariv.) A
chaque détour de rocher, k chaque sommet de
colline où le sentier vous porte, vous trouve:
un horizon nouveau. (Lamart.)
Est-ce donc pour veiller qu'on se couche d Paris f
L'herbe y lasse la faux,
x vallons humides.
lu'rf la cour, de même qu'rî la ville,
est philosophe autant que votre bile.
— 5mc groupe. A marquant le temps, l'é-
poque, etc. : 5e lever A six heures. Déjeuner
A midi. Hentrcr A une heure indue. Nous arri-
vâmes A la même heure. Je l'attends A tout
moment. Il fut tué au siège de telle place. Je
ik FONTAINE.
le ferai X mon premier loisir. On l'accueillit
fort bien k son arrivée, (Acad.) X la veille
d'un si grand. jour, et dès la première bataille,
il est tranquille. (Boss.) Le reste de la Flandre
pouvait être envaki au printemps proc/iain,
(Volt.) J'allais tous les jours dîner chez lui A
trois heures. (Chateaub.) Les écureuils met-
tent bas au mois de mai ou au commencement
de juin; ils muent au sortir de V hiver. (Buff.)
Il se levait A deux heures après midi. (Ars.
Houss.) Rivarol n'avait de l'esprit qu'k cer-
taines heures. (Ars. Houss.)
Je J'ai, «ans le quitter, à toute heure suivi.
Voub pouvez, d loisir, faire des vœux pour elle.
A l'heure dite, il courut au logi
— enc groupe, À marquant une circonstance,
un événement, etc. : A ma mort il héritera de
cette maison, au premier coup de canon, la ville
capitula. A la dernière sommation, ils se reti-
rèrent. Partir au premier signal. On accourut
A ses cris, au moindre geste, vous êtes mort.
(Acad.) A l'arrivée de la reine, la persécution
se ralentit. (Boss.) Presi/ue À son entrée dans
le monde, Rivarol se mit À étudier et A traduire
le Dante. (Ars. Houss.) A ce discours, le peuple
est accouru de toutes parts. (Chateauo.) Le
cortège s'ébranla aux roulements des tambours
et aux sons d'une musique lugubre. (Lamart.)
Au seul son de sa voix, la mer fuit, le ciel tremble.
Racine.
Aux accents d'Amphion les pierres se mouvaient.
BOILEAU.
— 7me groupe. A marquant un espace do
temps, une durée : Payer au mois. Louer A
l'année. Travailler A la journée. Pension À vie.
Jlente A perpétuité. A la vie et A la mort. A la
l'homme et l'abrutit A la longue. (J.-J. Kouss.)
Le czar s'avançait A grandes journées avec une
armée de quarante mille Jlusses. (Volt.) Nous
n'allons qu'k petites journées , de peur de nous
fatiguer. (Le Sage.)
Il n'est encore au plus que sept heures du soir.
Il devait, au bout de dix ans,
Mettre son âne sur les bancs. La Fontaine.
Oui, vous irez un jour, vrai partage du diable,
Molière.
— gme groupe. A marquant appartenance,
possession : Ce livre est A ma sœur. Avoir une
maison A soi. Rendez A César ce qui est A César.
II a un style, une manière A lui. C'est un homme
de mérite, un ami A mot. (Acad.) Ménippe est
l'oiseau paré de divers ..plumages qui ne sont
pas A lui. (La Bruy.) Ayez soin tous deux de
marcher immédiatement sur mes pas, afin qu'on
oie bien que vous êtes A moi. (Molière.) Il n'i
mière est tellement A lui, que ^
village qui n'est pas loin d'ici. (Marm.)
Ils eurent pouvoir de lever une bannière A eux.
(Barantc.) Laissez-moi monter le premier, c'est
A moi l'échelle. (V. Hugo.)
le la Prusse est au roi.
Tout ai
— Quelquefois il forme avec son complé-
ment une sorte de pléonasme qui marque
- encore plus énergiquement l'idée d'apparte-
nance : C'est mon opinion, A moi. Sa mania, A
lui, c'est de... Votre devoir, A tous, est de
lui obéir. (Acad.) Ma folie, A moi, est d'être
laboureur et architecte. (Volt.) Où commence
sa puissance, A cet homme, et où finit-elle?
(Rom. Texier.) ■
— ome groupe. A marquant l'espèce, la
qualité, etc. : Canne A sucre. Vache À lait.
Pays kpâturages. Homme A systèmes, kprojets.
Femme A vapeurs. Glace A la vanille. (Acad.)
Les fraudes A bonne intention ne manquent
pas d'approbateurs. (Port-Royal.) Toutes les
femmes A grands talents n'en imposent jamais
qu'aux sots: (J.-J. Rouss.) Quiconque blâme
la satire est un sot A prétentions. (Gilbert.)
C'est la bohémienne A 7a chèvre. (V. Hugo.)
Les gens A châteaux ne viennent pas chez les
préfets. (Balz.)
Sous l'arbre d soie et l'ornnaer
Dansaient les brunes Andalbuses. V. Huno.
— îomc groupe. A marquant la forme, la
structure : Clou A crochet. Table À tiroir. Ut
k colonnes. Couteau A ressort. Bague À dia-
mants. Canne k épée. Chandelier A branches.
Chapeau A grands bords. Jioite À double fond.
Chaise A bras. Instrument k cordes. Montre A
répétition. Les animaux k quatre pieds. (Acad.)
Le lieu d'assemblée est une salle A l'antique,
avec une cheminée où l'on fait bon feu. (J.-J.
Rouss.) Un pot À fleurs renversé. (Th, Gant.)
Ceux qui n avaient pas d'échelle avaient des
cordes A nœuds. (V. Hugo.) Dans un angle,
une grande horloge A gaine et A poids dit gra-
vement l'heure. (V. Hugo.) Un crucifix A beni-
semblable à l'entrée de l'Averne. Dans ce Par-
te A lanternes, Rivarol fut bientôt le plu:
dé. (Ars. Houss.)
ruelle av. large ventre est vide en un instant.
Regnard.
Sur l'ane à l'éponge monta,
L'animal ri longue «"chine
En ferait, je m'imagine.
De grandes destructions.
Une levrette blanche, au museau de gazelle,
A l'œil profond et doux comme un regard humain...
Lamartine.
— lime groupe. A marquant la destination,
l'usage : Terre À blé. Marché A la volaille.
Moulin A farine. Cuiller k pot, A soupe, A
café. Pot k l'eau. Bouteille A l'encre. Boite k
thé. Sac A ouvrage. Plat A barbe. Pierre k
fusil. (Acad.) Apportez la bouteille A l'eau-
de-vie. (Dider.) Il a un château , il reçoit du
monde, il a une meute, ses écuries, ses chasses
au cerf. -(Si-Mare. Girardin.)
Le récit en farce en fut fait :
On l'appela le Pot au lait. La Fontaine.
— 12'nc groupe. A marquant la possibilité,
la convenance, etc. : Fille A marier. Maître A
danser, A chanter. Bois A brûler. Tabac A fumer.
Maison A vendre, A louer. Verre À boire. Table
k jouer. Chambre k coucher. Fer A repasser.
Pierre k aiguiser. (Acad.)
11 nous servit de guide ri passer les déserte.
Racine.
— I3me groupe. A indiquant ce qui sert
spécialement, ce qui est nécessaire à l'emploi
d'une machine, d'un instrument : Arme A feu.
Fusil A vent. Bateau, machine A vapeur. Moulin
A eau. A vent. Chaise A porteurs. Instrument A
vent. (Acad.) lise battait, comme Don Quichotte,
contre des moulins À vent. (Volt.) Des fenêtres
du château, on apercevait un moulin A eau.
(Chateaub.) Mais, monsieur, prenez-y garde;
ce sont des moulins A vent, et ce qui vous semble
des- bras n'est autre chose que leurs ailes.
(Florian.)
— urne groupe. A indiquant la manière
d'agir, la manière d'être, etc.: Rire A gorge
déployée. Crier A tue-tête. Parler A haute et
intelligible voix. S'habiller A la française.
S'enfuir À toutes jambes. S'avancer k grands
pas. Voyager A pied et A cheval. Galoper ventre
À terre. Fouler aux pieds. (Acad.) Votre pro-
cureur s'entendra avec votre partie, et vous
vendra A beaux deniers comptants. (Molière.)
Qui mérite mieux d'être traité A toute rigueur
que celui qui a été dur et impitoyable? (Boss.)
On boit A discrétion. (J.-J. Rouss.) Le taureau
s'irrite, les poursuit de près et frappe la terre
A coups redoublés. (Florian). L'écureuil a un
murmure A bouche fermée, un petit grognement
de mécontentement qu'il fait entendre toutes
lés fois qu'on l'irrite. (Bufî.) L'armée vivait
au moyen de contributions de guerre. (Thiers.)
L'être qui pense a dû naturellement tomber A
genoux devant la plus haute de ses pensées.
(Rivarol.) La bohémienne dansait: elle faisait
tourner un tambourin A la peinte de son doigt.
(V. Hugo.)
Mais, malgré ces défauts, je vous aime d la rage.
Destouches.
Il l'admire <i to
à tous propos.
— 15"10 groupe. A marquant l'instrument
dont on se sert pour faire quelque chose :
Pêcher k la ligne. Jouer k la balle. Se battre
A l'épée, au pistolet. Mesurer au mètre. Des-
siner A la plume. Tracer au crayon. Travailler
A l'aiguille. (Acad.) On ne s'aborde qu'k l'arme
blanche. (Lamart.) Des portraits exécutés À la
sanguine, k la pierre noire et au crayon blanc.
(Ste-Beuve.) Il lui envoya un cartel bien en
règle, l'appelant au combat à mort, A l'épée et
au poignard. (Mérim.)
— I6mû groupe. A marquant la mesure, le
poids, la quantité : Vendre A la livre. Acheter
au cent, A la douzaine. Donner k brassées, k
pleines mains. (Acad.) Les pilotis sont au
nombre de six. (Chateaub.)
— IT»C groupe. A marquant le prix, "la
valeur : Dîner A trois francs par tète. Em-
prunter A gros intérêts. Placer ses fonds k cinq
pour cent. Les places sont A six francs. Louer
un cabriolet A douze francs par jour. Vendre
A bon compte. Donner une marchandise k vil
prix. Vivre k peu de frais. (Acad.) Les avocats
u conseil ne sont pas k bo '■-' — '- '
ui court. (Volt.)
.u Havre, à ce prix-la, j'aur
Au cabaret où feu mon pauvre pore
A juste prix faisait noce et festin. Ciiénier.
. — 18"1» groupe. A marquant la disposition
morale, l'intention : Prendre une affaire k
cœur. Faire une chose À plaisir, A regret, k
dessein, k cœur ouvert, A contre-cœur. Prendre
une chose A bonne, A mauvaise intention. (Acad.)
Un hypocrite ne donne l'aumône qu'k regret.
(St-Evrem.) f avais A cœur la publication de
mon dernier et meilleur ouvrage. (J.-J. Rouss.)
...Tout homme à son gré peut gouverner le sort.
corps défend
Molière.
— isme groupe. A marquant la cause : Se
ruiner au jeu, k jouer. Se tuer k travailler.
Mourir A la peine. Bâiller k la lecture d'un
veiller au bruit de la tempête. Frémir k l'aspect
du danger. On ne devient guère si riche A être
honnêtes gens. (Mol.) Il est vieux et usé, dit
un grand ; il s'est crevé A me suivre : qu'en
faire? (La Bruy.) L'homme passe sa vie A
raisonner sur le passé, A se plaindre du pré-
sent, A trembler pour l'avenir. (Rivarol.) Il
semblait suffoqué A ne pouvoir plus parler.
(V. Hugo.)
Il se tue à rimer : que n'écrit-il en prose?
Cet homme-lit, ma sœur, t'aime ri perdre l'esprit.
— 2om° groupe. À marquant l'effet, le ré-
sultat : Vendre A perte. Blesser À mort. Courir
À perdre haleine. Danser A ravir. Cela eut lieu
aux applaudissements de tous, au péril de sa
vie. au risque de tout perdre. (Acad.) On peut
vivre longtemps en peu d'années, et acquérir
une .grande expérience A ses dépens. (J.-J.
Rouss.)
Ces brillants parasites
r> »_v, Sl >. ..- nter des rienSi
— sime groupe. A marquant succession, gra-
dation, etc. : Goutte A goutte. Un k un. Brin
A brin. Feuille A feuille. Démonter une pendule
pièce A pièce. Compter sou k sou. Augmenter
peu kpeu. Se placer deux A deux, trois k trois,
quatre A quatre. (Acad.) Ils venaient en robes
rouges, deux A deux, par la grande porte de la
cour. (6t-Simon.) Il me vend pièce k pièce tout
ce qui est dans le logis. (Molière.) Nous sui-
vons son-mal jour À jour. (M'»e de Sév.) L'élé-
phant choisit les fleurs, les cueille une À une et
en fait des bouquets. (Buff.) Le corps meurt
peu k peu et par parties. (Buff.) Il faut l'ha-
biller le malin et la déshabiller le soir épin-
gle A épingle. (Bcaumarch.) // perdait une A
une les illusions que ses amis caressaient.
(Balz.) Une génération s'effeuille pour ainsi
dire devant nous, et tombe, homme À homme,
dans l'oubli ou dans l'immortalité. (Lamart.)
La versification française, avec ses alexandrins
La-dcssus de la pièce il m'a fait un sommaire,
Seine ci scène. Molière.
L'hirondelle lui dit : Arrachez brin d brin
Ce qu'a produit ce maudit grain.
La Fontaine.
A moins de démolir le château pierre d pierre,
D'assassiner le maître, on n'aura rien. V. Huoo.
Pièce à pièce par lui quand son or est compté.
Il rêve en le prêtant aux sueurs qu'il lui coûte;
Et c'est son propre sang qu'il verse "outte d goutte.
C. Dei.avione.
— 22inc groupe. A marquant correspondance
exacte : Traduire mot À mot. Suivre quelqu'un
pas a pas. Jouer but A but. (Acad.)
Rendez-vous le sens? — Mot d mot. Saurin.
J'arrive pas ri pas au terme désiré. Racine.
Nezti
it pas d pas,
La Fontaine.
— 23™e groupe. A marquant jonction, proxi-
mité : Face k face. Nez À nez. Bec k bec. Corps
A corps. Seul A seul. Vis-k-vis. Bout A bout.
Dos A dos. Cote A cote. Pied A pied. Tête k
tête. (Acad.) Chaque combat fut un combat corps
A corps. (Lamart.)
it toujours prête.
Molière.
— 24mc groupe. A'marquant conformité, con-
•venance : A sa fantaisie, A sa convenance, A sa
manière, A mon choix, A votre avis. Chapeau k
la mode. Habit A ma taille. Parler A son tour.
Marcher A son rang. Boire A sa soif. Manger
A sa faim. (Acad.) Le bien qu'il vient de faire
est un peu moins su, À la vérité, mais il fait ce
bien, que voudi-ait-il davantage? (La Bruy.)
Rivarol n'a été qu'un homme de transition;
mais, A ce titre, il a une grande valeur. (Ste-
Bcuve.) L'empereur Julien essaya, A {'•■■"'"•»
Corneille est o la mode; il succède a Garnier.
V. Huoo.
— 25""= groupe. A marquant ce qui fournit
une induction, une conjecture, etc.: A l'œuvre
on connaît l'ouvrier. A ses manières on recon-
naît un homme du monde. Je vis, A sa conte-
nance, qu'il était peu rasswé. A son air triste
nous pressentîmes le malheur qui lui était ar-
rivé. (Acad.) A une grande vanité près, les hé-
ros sont faits comme les autres hommes. (La
Rochef.) Plusieurs personnes le devinèrent k
que des expressions. (Chamfort.)
Voltaire.
— 2cme groupe. A marquantune sorte de ri-
valité, de concurrence:/^ dansaient A qui mietu;
mieux. C'est k qui ne partira point. Tirons A
qui fera, A qui jouera le.premier. Ils s'empres-
saient A qui tut plairait le plus. Disputes
A qui obtiendra une faveur. (Acad.) C'est A qui
l'aimera. (La Font.) C'était A Qui aurait Riva-
rol à sa table, c'était A qui t'emmènerait à sa
campagne. (Ars. Houss.)
C'est d qui de nous deux vous chérira.te plus.
Etienne.
le tout le m
— 27mc groupe. A, suivi d'un infinitif, équi-
vaut très-souvent au participe présent du
même verbe précédé de en : A le voir on juge
de son état. A ne considérer que telle chose...
A le bien prendre. A uoir les choses de sang-
froid, k partir de telle époque. A l'en croire.
À dire la vérité. A vrai dire. A ne rien dissi-
muler. A parler franchement, (Acad.) L'espé-
rance dont le mondeparle n'est autre chose, k
le bienprendre, qu'une illusion agréable. (Boss.)
Le sol et l'atmosphère signalent leur empire
sur toutes les productions de la nature, A com-
mencer par l'homme et A finir par les champi-
gnons. (Volt.)
Ils me soupçonneraient d me voir plus paisible.
On risque d trop parler ce qu'on gagne d se taire.
Ni mon grenier, ni mon armoire
Ne se remplit d babiller. La Fontaine.
— On trouve A suivi de l'infinitif, avoc la
valeur d'une proposition circonstancielle :
II faut avec vigueur ranger les jeunes gens,
Et nous faisons contre eux d leur itre indulgents.
C'est pour : quand nous leur sommes indul-
gents. Cette construction, qui parait avoir
vieilli, a été cependant imitée par quelques-
uns de nos écrivains contemporains, qui n'ont
pas craint qu'on leur fit le reproche de viser
un peu trop à l'archaïsme :
Il est bon, il me traite avec grande douceur.
et u , , ,_-
ce qu'il est nécessaire ou convenable de faire:
C'est un ouvrage k recommencer. C'est un avis
A suivre. C'est une partie A remettre. C'est une
affaire k accommoder. C'est une occasion k ne
pas laisser échapper. C'est un homme A récom-
penser. (Acad.) Je me sens un cœur qui est de
force A aimer toute la terre (Molière.) Les car-
rasses faisaient des sauts À rompre tous les
ressorts. (.Mme de Maintenon.) Rivarol n'a pas
' ' ' reprocher d'avoir jamais écrit autre chose
royaume, ont encore bien des crimes A faire
avant d'égaler les sottises de la cour. (Rivarol.)
Une telle paresse est A déplorer. (Ars. Houss.)
Rousseau, le citoyen de Genève, avait de l'or-
gueil A défrayer une aristocratie (Balzac.) Tant
d'attention k plaire annonce plus de vanité que
de vertu. (Joubert.)
Le corps, cette guenille, est-il d'une importance,
D'un prix à mériter seulement qu'on y pense?
Je n'y puis plus tenir, e
Ne m'offrent rien ou'ob
Mon cousin de Sylva, o'est une félonie
A faire du blason rayer la baronnie. V. Huoo.
— 29me groupe. A, construit de même, dé-
signe aussi ce qui peut être i'effet ou la suite
d'un événement, etc. : C'est une affaire À vous
perdre. C'est un procès A ne jamais finir. C'est
une entreprise k vous faire honneur. C'est un
conte k dormir debout. Il est homme k se fâ-
cher. (Acad.)
— 30™e groupe. A, placé après un verbe et
devant un infinitif, peut s'expliquer par un
mot sous-entendu et signifie de quoi : Verser
A boire. Il n'y a pas k manger. Il ne trouve
pas k s'occuper. J'ai A vous entretenir. Il y
aurait k craindre. Trouver A redire. H n'y c
pas A balancer. (Acad.) J'ai eu faim, et vous
m'avez donné k manger; j'ai eu soif, et vous
m'aoez donné k boire. (Kvang.) Rivarol n'eut
plus k s'inquiéter de sa cuisine. (Ars. Houss.)
Si nous trouvions A redire d ce langage, ce
serait plutôt à l'ironie du ton et à cet accent
de dédain envers ceux mêmes qu'on défend.
(Ste-Beuve.)
Si dans son composé quelq l'un trouve ri redire,
Il peut le déclarer sans peur. La Fontaine.
— A et ses équivai.knts. La préposition à,
qui peut marquer un grand nombre de rap-
ports, trouve des équivalents dans beau-
coup de mots à sens plus déterminé.
Comme le fait observer l'Académie, elle pa-
raîtra presque toujours plus vive, plus élé-
gante, 'plus françaiso, mais moins rigoureuse
et moins positive que ses équivalents. On
peut remarquer que ce qu'elle offre de favo-
rable à la rapidité .du tour lui a valu généra-
lement la préférence des poètes. Nous allons
passer en revue ces équivalents, en les accom-
pagnant de nombreux exemples.
— ]o A équivalant à après: Cet autre, dont
vous voyez limage, augmente d'année k autre
de réputation. (La Bruy.) Il cueille les herbes
et les fleurs, choisissant une A une. (Buff.) On
les faisait sortir un A un d'une enceinte où
ils étaient renfermés.(\o\t.)
Si l'on voulait ri chaque pas
Arrêter un conteur d'histoire...
La Fontaine.
Les oiseaux, deux d deux errants dans les bocages,
Remplissaient de chants gais les voûtes des ombrages.
Saint-Lambert.
— 20 A équival. à d'après, à cause, à raison
de, etc. : A cette RAISON, tes droits les plus
sacrés s'évanouissent. (Mass.) aux yeux étin-
celants et inquiets du tigre, on distingue sa
férocité et sa perfidie. (B. de St-P.) À mon
serment l'on peut m'en croire. (Mol.)
A l'œuvre on connaît l'artisan.
La Fontaine.
Vous pourra coûter cher, aux se
— 30 À équival. à auprès de :
Votre amour contre nous allume trop de haini
Retournez, retournez d la fille d'Hélène.
— 40 A équival. à avec : Fermer sa porte
A la clef, au verrou. Le mystère du Rédemp-
teur qui a retiré les hommes de la corruption
du péché, pour les réconcilier A dieu en sa
personne divine... (Pascal.) Fais -moi parler
k «•: jeune homme que tu dis qui est son fils.
(La Font.) Je mets sous ses yeux un instrument
k cordes. (J.-J. Rouss.) Il n'hésita pas à favo-
riser son évasion, au risque de se faire un
dangereux ennemi. (J.-J. Rouss.) Parlons A
cœur ouvert. (Régnard.) Tout le siècle ayant
tourné à la littérature. 011 se louait, on se cri-
tiquait k outrance. (Stc-Bcuve.) C'était une
grande maison nouvellement bâtie sur une por-
tion de la cour d'un vieil hôtel k jardin. (Balz.)
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux.
Que l'on tire au billet ceux que l'on doit élire.
Lui.n
dhaute voix viendra la den
Je voulais v<
Je fais dpetit bruit mon chemin en douceur.
REONARtl.
Je m'en serais à bon droit défié. Lafosse.
— 5" A équival. à chez, parmi : A quelques-
uns l'arrogance tient lieu de grandeur. (La
Bruy.) La dévotion vient A quelques-uns, et
surtout aux femmes, comme une -passion. (La
Bruy.)
— fit» A équival. à comme : Si je me trompe,
c'est de bonne foi; cela suffit pour que mon er-
reur ne soit pas imputée k crime. (J.-J. Rouss.)
Je tiens son alliance d singulier honneur.
Molière.
Et de ma mort enfin le prenant ri partie.
— 7" A équival. à. contre : A bon chat, bon
rat. A bon jeu, bon argent. À trompeur, trom-
peur et demi. A cette partie de trictrac, nous
étions six trous A douze. (Aead.)
t l'humble toit devient temple, et
— 8" A équival. à dans, en : Cet ouvrage a été
fait A deux fois. (Boss.) L'homme ne sait A
quel rang se mettre. (Pascal.) C'est son visage
que l'on voit aux almanaciis représenter le
peuple. (La Bruy.) Il y a quelque chose de
doux et d'aimable A cette solitude, A ce pro-
fond SILENCE, A CETTE LIBERTE. (M»'« deSév.)
Dieu mil A ses actions la moralité qui les
ennoblit. (J.-J. Rouss.) Quand vous vous trom-
periez de même, il y aurait peu de mal A cela.
(J.-J .Rouss.) Le diable lui enfonce ses griffes au
cœur. (Balz.) Cet accent de dédain qui est trop
naturel A Rivarol, nous le retrouvons plus tard
\ Chateaubriand. (Ste-Beuve.) Panckoucke
lui vint offrir 50 écuspour écrire au Mercure.
(Ars. Houss.)
N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde.
Rome entière noyée au sang de ses enfants.
Son bonheur consistait aux beautés d'un jardin.
Mais je m'assure encore aux bontés de ton frûre.
Mais ma force est nu Dieu dont l'intérêt me guidi
Au choix de vos amis soyez lent et sévère;
Examinez longtemps, la méprise est amère.
is cependant U
■s plus i
La Fontaine.
Le ciel s'est fait sans doute une joie inhumaine
A rassembler sur moi tous les traits de sa haine.
Cet emploi do À a un peu vieilli.
— 10» A équival. à devant : C'est une autre
qui, par mignardise, pâlit k la vue d'une sou-
ris, ou qui veut aimer les violettes et ,"
aux tubéreuses. (La Bruy.)
Verra-t-il ri ses yeux son amante immolée
Et faisons en ces lieux
Justice à tout le monde, ri la face des dieux.
Couneill
La Fontaine.
J.-B. Rousseau.
— lio A équival. à a
Un fine, pour lé moins, in:
— 120 a équival. à entre : Nous n'avons bu
qu'environ vingt-cinq bouteilles de vin A qua-
tre. (J.-B. Rouss.)
Car ri cinq chevaliers, en nous cotisant tous,
Et ramassant écus, livres, deniers, oboles,
Nous n'avons encor pu faire que deux pistolcs.
Reunard.
— 130 A équival. à envers, à l'égard de: Qu'il
se trouve des hommes indifférents A la perte
de leur être, et au péril d'une éternité de mi-
sère, cela n'est point naturel. (Pascal.) Il faut
qu'elle nous rende raison de l'opposition que
nou3 avons A dieu et A notre propre rien.
(Pascal.) Il est sévère et inexorable k celui qui
n'a pas encore fait sa fortune. (La Bruy.) Il
envoie s'excuser A ses amis. (La Bruy.) Jamais
peuple n'a été plus constant, plus sincère, plus
commode aux étrangers. (Fen.) Net'avisepas
d'être complaisant A ceux qui parlent mal du
prochain. (Fléch.)
Je fus sourd à la brigue et crus la renommée.
Je me sens obligée ri t!0<rc honnêteté.
— 14" A équival. a.par: Il le fit dépouiller
et saisir k ses bourreaux. (Montaigne.) Ne
nous laissons pas éblouir À L éclat des choses
qui réussissent. (J.-L. Balz.) J'ai ouï condamner
cette comédie A certaines gens. (Molière.)
Vous vous laissez vaincre A votre malheur.
(FÔn.) On l'attire, On la leurre aisément par
des appâts; on la tue A milliers. (Buff.)
Tout cœur se laisse ri ce clmrrne amollir.
...Ne vous laissez pas séduire ri nos bontés.
Molière.
Je me laissai conduire ri eet aimable guide.
Prends, mon (Ils; laisse-toi fléchir ri ma prière.
Ne vous montrez d moi que sa tête à le
— 150 A équival. à pour : Considérez, ô
homme, quel paradoxe vous êtes A vous-même.
(Pasc.) Certains philosophes ont pris A tâche
d'élever l'homme. (Pasc.) Que mon mariage est
une leçon bien parlante A tous tes paysans qui
veulent s'élever au-dessus de leur condition.
(Mol.) Je considère quelle peine ont les per-
sonnes de mérite A approcher des grands.
( La Bruy. ) Ces deux hommes si vénérables
furent un spectacle touchant A tant de peu-
ples assemblés. (Fén.) Je marque de l'empres-
sement A l'entendre. (J.-J. Rouss.) On n'en
serait que plus embarrassé À imaginer la pre-
mière cause de tout mouvement. (J.-J. Rouss.)
Ce n'était pas assez au roi d'avoir la préfec-
ture des dix villes libres de l'Alsace, au même
titre que l'avaient eue les empereurs. (Volt.)
Nous n'avions qu'une pipe A nous deux, et
nous buvions dans la même coupe. (Xav. do
Maist.) Il faut convenir qu'il est bien gai A UN
jeune gentilhomme de mystifier, pour son
début, deux grandes villes comme Paris et
Berlin. (Chamfort.) Quelle tache A Alexandre
s'il avait fait pendre Aristoteles! (V, Hugo.)
Ce sont des bûchers tout préparés pour l'in-
cendie et qu'une allumette suffit À enflammer.
(Th. Gaut.)
Les affronts ri l'honneur ne se réparent poinl
Tout est aux écoliers ce
La Fontaine.
Que désormais le ciel, les enfants et la terre.
Unissent leurs fureurs ri nous faire la guerre!
Corneille.
Ce n'est que pour toi seul qu'elle est (1ère et chagrine ;
Aux autres elle est douce, agréable, badine.
Boileau.
C'est le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu'un cheval au galop met toujours en courant
Cent ans d sortir de son ombre!
V. Huao.
— 16° A équival. à selon , suivant : C'est un
homme k la mode. La terre augmente sa Fé-
condité À proportion du nombre de ses ha-
bitants. (Fén.) S'il a le visage plus ouvert, s'il
me fait moins attendre dans son antichambre
qu'k l'ordinaire... (La Bruy.) A la première
inspection, nous ne découvrons en tout cela au-
cune régularité, aucun ordre. (Buff.) L'assenti-
ment intérieur s'y prêtait ou s'y refusait A
différentes mesures. (J.-J. Rouss.) Non,
Dieu de mon âme, je ne te reprocherai jamais
de l'avoir faite A ton image. (J.-J. Rouss.)
On est sûr de manger k sa faim. (Florian.)
Et je peux de mon sort disposer ri mon choix.
Racine.
Thésée, à. tes fureurs, connaîtra t#s bontés.
Racine.
Reonard.
Qu'on me laisse d mon gré n'aspirer qu'a la gloire.
Celle que je prendrais voudrait qu'à sa façon
— 17" A ôq uival. ta sur :Ilyn une chassepubli-
que... le voilà A cheval. (La Bruy.) Un homme
que l'on eroirait A terre du moindre souffle.
(La Bruy.) Les uns ont fait naufrage au pro-
montoire de Capharée. (Fén.) // croyait pou-
voir dominer aux flots de la mer. (Boss.) Est-
il monté sur la croix? Est-il mort A ce bois
infâme? (Boss.) Le capitaine enivré colla ses
lèvres ardentes À ces belles épaules africaines.
(V. Hugo.)
Au cabaret? C'est la mourir au champ d'honneur.
HEONAItli.
Mais, Zaïre, je puis l'attendre ri son passaije.
L'Arabe qui se penche au co\i des dromadaires.
: de ceux qu'un vain luxe environne,
i vend ce qu'on croit qu'elle donne.
— 18° A équival. à sous : Un vrai chrétien
foule aux pieds les vanités de ce monde. (Acad.)
Enfin, après seize mois de siège, Ferdinand III
se rendu maitre de Séville, la plus opulente
ville des Maures, qui ne retourna plus A leur
domination. (Volt.)
oitps redoublés 1
-19» À
du monde, ils se laissèrent emporter À toutes
sortes de désordres. (Pascal.) Quelles gran-
des démarches ne fait-on pas au despotique
par cette indulgence? (La Bruy.)
Ne peut-il d l'autel marcher que sur vos pas?
Racine.
Je méditais ma fuite aux rives étrangères.
Racine.
Sa douleur l'entraînait axur noires solitudes.
Seorais.
Voyageurs d'un moment aux rives étrangères,
— 20» A équival. à afin de : Pourquoi se tour-
menter A éclaircir ces questions, qui ne mènent
à rien d'utile pour la pratique? (J.-J. Rouss.)
A quelque temps de là
■ — 240 A équival. à au point de, de manière à,
etc. : Alors nous nous saisîmes l un l'autre;
7tous nous serrâmes A perdre la respiration.
(Fén.)
Cet homme-la, ma sœur, t'aime ri perdre l'esprit.
Ma m
uriosité qi
Reon
st bien forte.
Molière.
— 21» A équival. à à l'âge de : M. de Ifom-
berq avait une saur qui fut mariée A huit ans,
et mère A neuf. (Fonton.)
— 22" A équival. b. à la distance de : Les
deux jeunes bergères assises voyaient À dix
pas d'elles cinq ou six chèvres. (La Font.) On
l'admire, on l'envie; A quatre lieues de là
il fait pitié. (La Bruy.) Sa vue était si courte
qu'il ne voyait pas À dix pas, (Fonton.) Les
Gaulois n'étaient déjà plus qu'k trois jour-
nées de Rome. (Michelet.)
Danser la sarabande à deux pieds des pavés.
Reonard.
— 23» A équival. à à l'intervalle de : Il si
— 250 A équival. à en vertu de : Jean fui
régent de Bourgogne aux droits de sa femme,
ainsi qu'il le déclara authentiquement. (Ba-
rante.)
— 26» A équival. à. lors de, à llheure de, an
moment de : Philosophe en tout, À sa mort
comme dans sa vie. (Volt.) N'espérez pas me
chasser encore, comme vous fites À mon exil.
{3.-3. Rouss.)
— 270 x équival. à relativement à : La super-
stition est A la religion ce que l'astrologie est
A l'astronomie la fille Ires-folle d'une mère
très-sage. (Volt.) Le goût est au jugement ce
que l'honneur est A la probité. (Rivar.) .Le
paco est au lama ce que l'âne est au cheval.
(Raynal.) Le cerveau est aux nerfs ce que la
terre est aux plantes. (Buff.) La bonne grâce
est au corps ce que le bon sens est k l'esprit.
(La Roohcf.) Il parait bien que Ilivarol était
noble, malgré toutes les plaisanteries et les
quolibets qu'il eut à essuyer A ce sujet. (Stc-
Bouvc.)
— 28° A équival. à vis-à-vis de, en faveur de:
Juif aux Juifs, Gentil aux Gentils, tout A
tous, dit l'apôtre saint Paul, afin de les ga-
gner tous. (Boss.)
— De tout ce qui précède, il ne faut pas con-;'
clurc que à puisse se mettre indifféremment
pour telle ou telle préposition. Chacun de' ces
mots a sa valeur propre, et bien qu'on puis: e
dire <i ou de, à ou sur, à ou par, etc., dans
des phrases analogues, l'emploi do l'une ou
de l'autre de ces prépositions tient souvent à
des distinctions, à des nuances qu'il est impor-
tant de connaître. Nous allons faire voir quel
est le juste emploi do à comparé à d'autres
prépositions.
— A et dans, à no signifie pas dans, parco
que les locutions jeter A l'eau, A (a rivière;
blessure A l'épaule, A la cuisse; être À son
rang, A sa place, no sont pas équivalentes do
celles-ci : Jeter dans Veau, dans la rivière.;
blessure dans l'épaule, dans la cuisse; être
vans son rang, dans sa place. Les premièics
locutions désignent une idée d'aboutisse-
ment, et les secondes, uno idée de capa-
cité ou de compréhension. Cette différence
rêsulto du caractère distinctif des prépori-
tions à et dans, d'où l'on verra qu'il y a des
locutions avec à qu'on ne peut substituer à
celles qui veulent la prépos. dans. En effet,
si l'épaule et la cuisse sont regardées comno
des termes auxquels se rapporte une sonsa*-
tion , abstraction ' faite de la profondour du
mal, on dit : J'ai une douleur a l'épaule, uro
blessure à la cuisso; mais s'il est question t'o
la profondour du mal, l'êpaulo et la cuisse
deviennent des capacités, et l'on éprouve uno
douleur vive dans l'épaule ou dans la cuisse :
on a pu recevoir une balle dans l'épaule et
dans la cuisse. Se jeter A l'eau, A la rivière,
n'est point la mémo chose que se jeter dans
l'eau, dans lariviére. Plusieurs lexicographes
ont pensé que, dans l'espèce, à .pouvait se
mettre pour dans, parce qu'un nom do lieu
peut devenir le complément de la prépos. A :
Je suis A Paris est, disent-ils, pour je suis
dans Paris ; d'où ils concluent que à exprimo
un rapport de compréhension. Cotte idée de
compréhension ne se déduit point do celle de
ri dans la locution je suis à Paris; mais bien
de celle de Paris ; on fait, au. contraire, con-
sidérer Paris comme un termo d'aboutisse-
ment, un point pris dans l'espace avec des
tenants et des aboutissants, un terme auquel
on rapporte uno situation, et non pas un lieu-
de telle ou telle étendue, et dans lequel on
soit contenu ; c'est ce qui fait précisément la
différence des locutions ri Paris et dans Paris.
Cela devient évident quand on veut substi-
tuer une do ces locutions à l'autre, dans le
cas où leur non-svnonymie est frappante. En
effet, pourquoi scrait-U absurde de dire d'un
homme qu il demeure dans le coin d'une rue,
pour Au coin d'une rue? parce que le coin
n'est pas regardé comme occupe par la per-
sonno dont on parle, mais bien comme un
terme auquel on rapporte la situation do sa
maison.
A s'emploie pour désigner uno demeure
fixe ou passagère : Il est à Paris, il réside à
Paris, il passera quelques jours ri Paris, etc.
Hors de là on peut employer dans : 11 y a
plus do quinze cent mille habitants dans Paris.
— A et de. Un verre à bordeaux, un verre
de bordeaux, expressions qui n'ont pas le
même sens. Un verre à signifio un verre
spécialement destiné à mettre, à contenir
i.s antécédent. Jusqu'ici, on l'a v
prépos. A est toujours placée entre deux ter-
mes, dont l'un s'appelle {'antécédent et l'autre
le conséquent. Ces deux termes, nécessaires à
l'intégrité de la pensée, peuvent quelquefois
se sous-entendre l'un ou l'antre, surtout le
premier; c'est-à-dire {'antécédent. Kn effet, il
y a une foule de eus où, pour donner plus
de rapidité à l'expression, on se contente de
n'exprimer que 1 idée principale, en suppri-
mant des idées accessoires que l'esprit peut
facilement suppléer. Citons les principaux
cas où cette suppression a lieu.
— L'antécédent de A se supprime surtout
nprès les interrogations : A qui devons-nous
l'usage du sucre, du chocolat, etc.? A des In-
diens tout nus. (B. de St-P.)
Où le conduisez-vi
-dlatr.
— Dans un danger ou un intérêt pressant, À
s'emploie également sans antécédent : A moi!
au feu /au voleur ! A l'assassin ! au secours ! aux
armes t
L'enfant lui crie : Au secours ! je péris.
La Fontaine.
Charte «veillé. Charte bouillant d'ardeur,
Ne lui répond qu'en s'écriant : Aux armes!
— On a dit de même, par imitation -de cette
tournure vive et rapide : J'entends déjà sonner
le beffroi des villes et crier A l'alarme. (La
Bruy.) Les ennemis des jésuites crièrent A
l'auianisme. (D'Alemb.)
— L'ellipse de l'antécédent de A est surtout
d'usage dans les inscriptions ayant pour objet
une consécration quelconque : aux grands
hommes lapatrie reconnaissante. (Acad.) Ayant
regardé en passant les statues de vos dieux,
j'ai trouvé un autel sur lequel il est écrit ; au
dieu inconnu. (Actes des Apôtres.)
— L'antécédent de A se supprime générale-
ment dans les dédicaces, les suppliques, les
suscriptions de lettres : A trbs-illustre
prince et réoérendissime monseigneur Odet,
cardinal de Chastillon. (Rabelais.) J'ai plu-
sieurs lettres que je suis chargé de remettre
à leurs adresses... Voyons celle-ci: « À M. Bre-
douillet, avocat au Parlement, rue des Mau-
vaises-Paroles...* Ce n'est point encore cela;
passons à l'autre: t A M. (Jourmandin, cha-
noine de... • Ouais.' je ne trouverai point celle
que je cherche?.. > A M. Oronte... » (Le Sage.)
Il débute par une épitre dédicatoire À M. de
Cailiiava de Lcstandoux, président du grand
musée de Paris. (Ars. Houss.)
— Cette ellipse est d'un fréquent usage,
surtout en poésie et dans laprose élevée, toutes
les fois qu on fait un souhait, un vœu favo-
rable ou défavorable, une menace, une im-
précation, un appel, un avertissement : Hon-
neur aux braves 1 Gloire À Dieu! Paix aux
hommes de bonne volonté! Honte A la bassesse
et A i.a lâcheté! (Acad.) Malheur A ceux qui
remuent le fond d une nation! (Rivar.) Il y a
aujourd'hui quinze siècles que ce cri, À i.a ville
des Césars, s'est fait entendre pour la pre-
mière fois. (Ain. Thierry.)
a moi! comte, deux mots. Cohsmii-LE.
d son vengeur, m
C. DELA
La loi de l'univers, c'est : Malheur aux vaincus!
Eh ! malheur dons à Rome! .... Sauiun.
— Dans les santés, les toasts, on se con-
tente de faire suivre A du nom de la personne
à la santé de laquelle on boit, etc. : A votre
santé! A votre heureux voyage! A ton retour!
A votre succès!
a gloire civile ! -
471 pays! — Dans
lu peuple! -Au ministère!
n toast, chacun son caracten
C. Délavions.
— L'ellipse est également d'usage pour dé-
signer par l'enseigne une hôtellerie, une au-
berge, un magasin, etc. : au Cheval-Blanc.
au Veau-qui-tette. À la Boule-d'Or. A V Y grec.
au Gagne-petit. (Acad.)
Aux Quatre-Nations; l'auberge est assez vaste.
— Par une ellipse plus forte encore : Nous
sommes fiche à, dix à, douze à, etc., se dit au
jeu, pour Nous sommes fiche à fiche, dix à
dix, douze à douze points ; nous avons chacun
une fiche, dix points, douze points.
— On dit elliptiq. A demain, à ce soir, etc. :
Vers l'étoile du soir elle a levé la main,
Et s'est évanouie en disant : A demain!
C. Delavione.
— La prép. à se supprime aujourd'hui dans
un très-grand nombre de cas où on l'expri-
mait autrefois; c'est ainsi qu'on ne dirait
plus : Encore à ce matin; il faut dire encore
— Prov. et elliptiq. : A la vie et à la mort,
Se dit pour exprimer qu'une chose, un senti-
ment, etc., doit durer toute la vie : Ah! mi-
gnonne, s'écria le soldat, c'est entre nous main-
tenant À LA VIE ET À LA MORT. (Balz.)
— Molière a fait un singulier usage de cotte
locution : Pis à ce Turc que je ne lui donne
ces cinq cents écus ni A la mort m À la vie.
— A et au servent à former, lorsqu'ils sont
joints à d'autres mots, des expressions adver-
biales, prépositives ou conjonctives, dont
nous n'indiquerons ici que les principales, les
unes comme les autres devant être expliquées
à la suite des mots .gui entrent dans leur com-
position.
— t» A placé devant un substantif: Il faut
que la véritable religion connaisse à fond notre
nature. (Pasc.) Les gens moins heureux ne
rient qu'k propos. (La Bruy.) Ils vivent A l'a-
venture, poussés et entraînés par le vent de
la faveur. (La Bruy.) Il fait déplier sa robe et
la mettre A l'air. (La Bruy.) Muni de pouvoirs
particuliers qu'Une découvre qu"k ''«""r- - -
Nous aimonsmieux nous déterminer
(J.-J. Rouss.) Les diverses opinions qui m'a-
Vbir deux objets A la fois, ce n'est pas voir
leurs rapports, ni juger de leurs différences.
(J.-J. Rouss.)
Racine.
Vous pouvez, d loisir, faire des vosux pour elle.
L'amour enfin qui prit à cœur l'affaire.
LaFon
Ayan
La Fontaine.
— 2o A placé devant un adjectif employé
substantiv. : Il se tourne A droite, où il y a un
grand monde, et A gauche, où il n'y a per-
sonne. (La Bruy.) Supposons un progrès de
causes A l'infini, c'est n'en point supposer du
tout. (J.-J. Rouss.)
La mort de Séleucus m'a vengée à demi.
COKNEtLLE.
II vous donne d présent sujet de le haïr.
Corneille.
Le dieu, le secouant, jeta les œufs à bas.
La Fontaine.
— 3" A placé devant un adverbe : Ma fille
A jamais abusée. (Rac.)
Soyons-nous donc «M moins fidèles l'un à l'autre.
Racine.
Il n'est encore au plus que sept heures du soir.
— A et au se mettent aussi après les prép.
sauf, quant, par rapport, attenant, jusque :
Sauf A recommencer. (Acad.) Voilà mon pre-
mier doute, qu'il m'est, quant À présent, im-
possible de résoudre. (J.-J. Rouss.)
— Gramm. L'usage de la préposition A peut
donner lieu à une foule de locutions vicieuses :
— La prépos. A, dit l'Académie, exprimait
autrefois, comme la prépos. db, avec une
énergie qui rie s'est conservée que dans le
langage familier et populaire, un rapport de
possession, et, par extension, de parenté. De
(à des manières de parler familières et pro-
verbiales, telles que : La barque A Caron, la
vache A Colas, la boite A Perrette, etc.
Cette forme irrégulière, mais que l'usage a
.... .._ . . cinquante mille francs de
rentes, et m'a déjà été proposée. (Balz.) On
dit aussi : C'est un frère À moi, nour C'est un
de mes frères.. Dans tous les autres cas, on
doit faire usage de la préposition de.
— Mettre de l'eau A chauffer, du linge À
sécher, des pois A tremper, etc. Provençalismes
oui sont h éviter. 11 faut dire : Mettre chauffer
de l'eau, mettre sécher du linge, mettre tremper
des pois, etc., sans préposition, et en faisant
suivre immédiatement les deux verbes : J'ai
mis chauffer de l'eau, mettez sécher le linge, etc.
' — Je suis aîné À vous et cadet A monsieur;
je suis l'ainé À mon frère ; je suis cousin A voire
notaire, ce sont là autant de solécismes; il
faut dire : Je suis votre aîné et le cadet de
monsieur ; je suis l'aîné de mon frère; je suis
cousin de votre notaire.
— Faire une partie aux cartes, une partie
aux boules, une partie au piquet, etc. Ces
expressions ne sont pas correctes, il faut dire :
Faire une partie de cartes, une partie de boules,
une partie de piquet.
— Dans plusieurs provinces, on emploie à
pour de, en disant : Je viendrai à bonne heure,
il s'est levé à bonne heure; il faut dire : Je
viendrai de bonne heure, il s'est levé de bonne
heure. De bonne heure est l'expression con-
sacrée pour désigner le temps considéré au
point de vue de la diligence qui fait faire les
choses plutôt avant qu'après le moment con-
venable.
— J'ai ouï dire A votre frère que... Cette
phrase peut; à la rigueur, être regardée comme
amphibologique, car elle peut signifier j'ai ouï
dire par votre frère, ou j'ai oui dire à votre
frère par quelqu'un; cependant l'Académie la
donne comme correcte et lui fait toujours si-
gnifier j'ai oui dire par votre frère. C'est en
effet le sens qui parait le plus naturel, et dès
lors on peut dire qu'il n'y aurait vraiment
amphibologie que si l'on voulait lui faire ex-
primer l'autre sens. En général, il serait bon
d'éviter toutes les tournures analogues qui
peuvent être comprises dans le sens actif ou
passif; Je lui ai vu faire une aumône, je lui ai
vu donner un soufflet, je lui ai entendu dire, etc.
Est-ce lui qui faisait l'aumône , qui donnait le
soufflet, qui disait ; ou bien est-ce à lui qu'on
faisait une aumône, qu'on donnait le soufflet
qu'on disait? Rien dans la construction même
de ces phrases ne peut donner la solution de
cette alternative. Il est vrai que presque tou-
jours les circonstances suffisent pour indi-
quer le vrai sens, et par conséquent il serait
bien rigoureux de proscrire absolument ces
façons de parler. Cependant, si elles peuvent
être tolérées dans la conversation, dans une
lettre familière, on doit s'en abstenir quand on
écrit pour le public ; elles ne sont pas préci-
sément des fautes, mais ce sont au moins des
taches qui nuisent ù la clarté du style.
étions, pas un ne refit
■ -domWnxrl'A
dire : sur e
Sept ât
irase d'exemple <
e qui n'est fr~
e par l'Aca-
-+•■ • il faut
locution v
de dix, reste à trois, est une
e ; il faut dire Sept ôtés de dix?
reste ■ trois ; l'emploi de la prépos. À est ici
tout à fait vicieux.
— J'ai vu monsieur A la rue St-Louis, il faut
dans la rue. On n'emploie ainsi la prép. à
que quand le mot rue est pris dans un sens
général, comme : Cet enfant est toujours à la
rue; il ne se plaît qu'à la rue; nous voilà.
i la r
est-il un peu vulgt
— Mettez cela A la poche, expression dou-
blement fautive ; il faut dire Mettez cela dans
votre poche, car en disant à la poche, on ne sait
de quelle poche il est question.
— // marchait A pieds nus ; il va, il est tou-
jours A tête nue. Cette manière de s'exprimer
est incorrecte; il faut simplement: Il marchait
pieds nus; il va toujours tète nue. On dit bien
aller à pied, mais cela ne se dit que pour indi-
Suer qu'on n'est point à cheval, en voiture, etc.
'ai été obligé de faire une partie du chemin à
— Prendre quelqu'un A grippe est un solé-
cisme. On dit prendre quelqu un en grippe.
— Couper À morceaux , couper À tranches ,
est un provençalisme qu'il faut éviter ; car de
même qu'on dit Couper en deux , couper en
trois, on doit dire Couper en morceaux, couper
en tranches.
— Cet enfant sent À la rose, ce ragoût sent
au brûlé. Provençalisme et solécisme tout à
la fois. Il ne faut pas de prép. Sentir est
toujours actif, et, quelle que soit sa signifi-'
cation, on doit toujours dire, Sentir quelque
chose, et jamais Sentir n quelque chose. On dira
donc : // sent la rose, il sent le brûlé.
— Avoir quelqu'un À la dent, provençalisme
qu'on emploie pour signifier avoir de l'ani-
mosité contre quelqu'un. On dit correctement:
Avoir une dent contre quelqu'un, avoir une
dont de lait contre quelqu un.
— Nous avons vu jusqu'ici les emplois vi-
cieux qu'on peut faire de la prépos. à, mon-
trons maintenant qu'il est des cas où l'on
supprime à tort cette même préposition. On
entend dire quelquefois : Il ressemble son père;
elle ressemble sa mère, au lieu de II ressemble
à son père, elle ressemble à sa'mère.
— A et en. Devant les noms de villes ou de
villages, c'est toujours à qu'on emploie : Aller
à Paris, résider à Paris, à Meudon, à Saint-
Cloud, à Rouen, à Bordeaux, etc. !! On se sert
de en devant les noms de continents, de pays,
de provinces, lorsqu'ils sont féminins : Aller,
voyager en France, en Afrique, en Algérie;
résider , voyager en Angleterre, en Norman-
die, etc. Il Si les noms de lieux sont mascu-
lins , on met à : Aller , résider au Japon , au
Mexique , au Canada , au Perche , au Maine.
Il y a quelques exceptions à cette règle. En
effet, on dit avec en : Aller en Portugal, en
Danemark, en Béarn, etc., bien que ces noms
soient masculins. !l Autrefois cette distinction
entre à et en n'existait pas, et l'on employait
à où l'usage actuel veut que l'on mette en :
L'un des trois jouvenceaux
Se noya dés le port, allant à l'Amérique
La Fontaine.
I! On dit encore à la Chine, mais mieux en
Chine.
- — A LA CAMPAGNE, EN CAMPAGNE. Il faut
bien se garder de confondre ces deux expres-
sions, car l'usage a donné à chacune d elles
une signification différente. Voy. campagne.
— A et sur peuvent s'employer dans des
cas à peu près analogues ; mais à marque une
habitude générale, et se dit d'une chose qui se
presque toujours de la même manière.
isi qu'on dit : Aller À tied. Aller A
cheval. Transporter des bagages A Âne, A nos
d'âne. Monter A CHEVAL/ioiir partir, pour s'en-
fuir, pour se promener. Un chien fait A pied le
voyage que son maître fait A cheval ou en voi-
ture. Mais on emploie sur lorsqu'il s'agit d'une
action qui n'est pas habituelle, d'une chose
qui se fait parfois et momentanément : Aller
sur un âne. Etre monté sur un âne. Des ba-
teleurs qui marchent sur leurs mains. Des
soldats qui transportent SUR leurs bras leurs
blessés. Monter —
pratique pi
larades
coutume un chien à march
de derrière.
— A et tar expriment
former une induction; ni
préférence quand il s agi
■ir. On
apparents, et dont la seule inspection suffit
pour en faire comprendre le sens. On juge, ou
plutôt on voit à l'air d'un homme, à sa conte-
nance, à sa voix, à sa démarche, à ses ma-
nières , qu'il est en colère. Mais c'est par qu'il
faut employer quand les signes sont parti-
culiers, accidentels, et que leur interprétation
n'est pas aussi facile. On peut donc également
juger qu'un homme est en colère par une con-
traction instantanée de sa physionomie, par
un mot qui lui échappe en passant : Un magis-
trat habile sait découvrir, par les réponses
embarrassées d'un accusé, qu'il est coupable.
(Lafaye.)
A l'œuvre on connaît l'artisan. La Fontaine.
Si l'on en peut juger
Elle se plait ici bien i
dique plus particulièrement l'instrument dont
on fait habituellement usage. C'est ainsi qu'on
dit pêcher à la ligne , mesurer à l'aune, se
battre à l'épée, aupistolct. Lorsque l'instrument
dont on se sert n'est pas celui qu'on emploie
généralement en pareil cas, il faut prélérer
avec; on dira donc mesurer avec une canne , se
battre avec une fourche, etc. Il Cette distinction
a également lieu quand à et avec indiquent la
manière dont on fait une chose, ou la matière
que l'on emploie. On dit : Charger un fusil à
balles, un canon à mitraille; mais on doit
dire : Charger un fusil avec des pois, avec du
son, avec des lingots; charger un canon avec
des pierres. Il faut donc préférer avec toutes
les fois que l'instrument et la matière ne sont
pas généralement employés a l'usage auquel
on les fait servir , et que des raisons parti-
culières ou extraqrdinaires ont dû présider à
ce choix, et encore quand on veut spécifier
le_ genre d'instrument ou la matière qu'on a
dû choisir de préférence. On dira donc : Com-
battre avec des pistolets à piston; se battre
avec l'épée de son frère; pêcher avec une plus
longue ligne; charger des fusils avec des balles
de fer; il chargea son fus* avec la dernière
balle gui lui restait, etc. il A et avec s
aussi à marquer une certaine convi
entre les personnes ou les choses; mais il y
a cette différence entre à et avec, que à
exprime une convenance générale, et avec une
convenance particulière, spéciale. C'est ainsi
qu'on dit: Avoir affaire à un ministre puissant ;
cette garniture va^bien à votre robe ; on s'ac-
coutuine au travail; on accommode ses paroles
à la circonstance ; on allie l'argent au cuivre;
ce qui a rapport à nous ; comparer Achille à
un lion , etc. Mais on dit , au contraire , en
faisant usage de la prép. avec : Avoir affaire
avec un associé, avec des usuriers; ces deux
choses vont bien l'une avec l'autre; on s'ac-
coutume avec un maître impatient; allier sa
famille avec une autre par un mariage ; ce sont
des vérités abstraites, et qui n'ont aucun
rapport avec nous; comparer Corneille avec
Racine, etc.
différence de signification entre ces deux ex-
pressions; il ne faut donc pas les confondre.
Voy. PEINE.
— A et pour sont synonymes en tant qu'ils
marquent tous deux la destination, l'usage
des choses; mais à exprime une destination
naturelle ou habituelle : Bois à brûler, table à
jouer, etc. ; pour indique une destination tout
accidentelle et soumise à des circonstances
passagères : Faire avec des bancs, avec des
tables, des chaises, etc., du bois pour brûler;
faire avec des planches , etc., des tables pour
jouer. Il Ces deux prép. sont également sy-
nonymes quand il s agit de marquer la fin, 'le
but qu'on cherche à atteindre ; mais à s'em-
ploie dans les phrases où le sens est général :
Hercule cherchait des monstres à combattre;
et pour dans les phrases où le sens est par-
ticulier : Hercule cherchait le lion de Némée
pour te combattre. Il On dit de même Avoir
attention à et avoir attention pour. Le premier
s'emploie quand on ne veut exprimer qu'une
attention ordinaire, ou même une attention su-
perficielle, médiocre : Avoir attention à ce qu'on
fait, à ce qu'on dit; c'est un homme qui n'a
attention à rien. Mais pour doit être préféré,
toutes les fois qu'il s'agit d'une attention par-
ticulière , sérieuse ou constante : On découvre
dans les abeilles la olus soigneuse attention
pour les plaisirs de leur reine. (Buff.) Cette
connaissance engage à avoir plus d'attention
pour vos auteurs. (Pascal.) Il II en est de
même d'une foule d autres expressions. On
dit : Avoir de la fermeté à faire quelque chose,
et avoir de la fermeté vour faire une chose ;
mais fermeté à est l'expression courante ou
communément usitée : Une autre qualité ca-
ractérisait encore davantage Fabius, c'était
une fermeté A se tenir au varti qu il avait
pris. (Rollin.) La fermeté de' Votre Majesté A
réprimer l'hérésie, A exterminer l'erreur, A
abolir le schisme. ■■ (Bourdal.) ; tandis que fer-
meté pour, s'emploie quand il s'agit d'une_ fer-
meté pour quelque chose de particulier: Notre
roi s'est acquis beaucoup d'estime par sa fer-
meté pour régler les finances, pour disci-
pliner les troupes, pour réprimer les abus,
(Fén.)
— On assez grand nombre de verbes suivis
d'un infinitif se construisent tantôt avec la
prépos. -À , tantôt avec la prépos. de ; tels
sont : Commencer, contraindre, convier, de-
mander, différer, hésiter, échapper, s'efforcer,
s'empresser, s'ennuyer, essayer, forcer, man-
quer, obliger, s'occuper, prier, servir, solli-
citer, tâcher, tarder, etc. Voy. chacun de ces
mots à son ordre alphabétique.
— Répétition ou suppression de k. Quand il
y a plusieurs compléments dans une phrase,
Ta prépos. À se répète ordinairement devant
chacun d'eux : L éloquence est un art très-
, destiné À instruire, À réprimer les
■ lois , À diriger les délibérations publiqi ,
rendre les hommes bons et heureux. (Fén.) Je
trouve plus de plaisir k labourer, À semer, k
planter, k recueillir, qu'k faire des tragédies.
(Volt.) k la fierté, au courage, À la force, le
lion joit^t la noblesse, la clémence. (Buff.)
Mais ne crois pas non plus que le mien s'avilisse
A souffrir des rigueurs, <i gémir d'un caprice,
A donner, à reprendre, à redonner ma i'6i.
Voltaire.
L'exactitude grammaticale exigeait, dit La
Harpe, la répétition de k devant mettre, dans
les vers suivants :
Quel fruit revient aux plus rares esprits
A rejeter les beautés hors de place,
Mettre d'accord la force avec la grâce ?
J.-B. Rousseau.
— Cependant, lorsque les deux compléments
présentent à peu près la même signification,
on peut supprimer la prépos. À devant le der-
nier : La France alors, décidée comme aujour-
d'hui k conserver et MAiNTEmR tous les grands
résultats de sa révolution, refusait de remonter
vers son passé. (Mole.) Cette répétition n'est
pas non plus nécessaire entre plusieurs noms
de nombre , comme : Il aura terminé d'ici k
cinq ou six jours.
— L'Académie dit dans son nouveau dic-
tionnaire historique : Lorsque À régit plusieurs
verbes, on peut se contenter de l'exprimer
devant le premier, et le sous-entcndre devant
les autres, et elle cite ces exemples : Comme
si j'étais femme k violer la foi que j'ai donnée
à un mari , et m'éloigneh jamais de la vertu
que mesparcnts m'ont enseignée! (Mol.) Toutes
les facultés de l'dme se réduisent À sentir et
penser, nos plaisirs consistent k aimer et
CONNAÎTRE. (DuCloS.)
L'Académie pense que cette ellipse de k est
moins ordinaire, lorsque ce n'est pas un verbe
que régit la préposition.
Et sans parler du reste, on sait bien que Célie
A causé des désirs à Léandre et Lclie.
Molière.
— En poésie, on peut supprimer À devant le
dernier complément, quand la mesure du vers
en fait une nécessite :
... On voit partout que l'art des courtisans
Ne tend qu'a profiter des' faiblesses des grands,
A nourrir leurs erreurs, et jamais dans leur âme
A'e porter les avis des choses qu'on y blâme.
— Lorsque deux noms forment le titre d'un
ouvrage, d'un roman, d'une tragédie, etc., la
prépos. À ne doit pas se répéter devant le
dernier nom : Crébillon doit sa renommée À
Rhadamiste et Zénobie. Entre les romans
anciens, c'est k Théagéne et Chariclée que
ie donne la préférence. (Domergue.)
— À, dit un lexicographe, ne doit pas s'em-
ployer devant un inlinitirpris substantivement,
it de même qu'on dit au lever , au coucher du
soleil, <
qu'on dit au lever , a
Les constructions suivantes lui paraissent donc
inexactes. Nous échangeâmes un k revoir, et
nous nous séparâmes. (A. Jal.)
A revoir dans le ciel, mon vieux compasnon d'armes !
C. Dëlavigne.
On a dit autrefois ad revenir : Ma chère
dame , à Dieu vous recommande , jusques au
revenir, (Froissart.)
— i et au. Entre deux adjectifs de nombre
qui se suivent dans l'ordre numérique, et lors-
qu'on parle d'une chose qui est susceptible de
division, on emploie k : Travailler huit k neuf
■h
— On peut aussi employer ou dans le
cas : Gnmm m'écrit , de Berlin , qu'il ne un
reste plus que cinq ou six cents lieues à faire.
(Diderot.)
— Mais c'est ou et non À qu'il faut employer
quand les adjectifs numéraux se suivent im-
médiatement et qu'ils se rapportent a un nom
qui ne peut se diviser en parties fraction-
naires : l'rois ou quatre soldats. Cinq ou six
personnes. Deux ou trois amis. Cinq ou six
fois. Quatre ou cinq entretiens. Je suis étonné
de voir jusques à sept ou huit personnes se
rassembler sous un même toit. (La Bruy.)
J'ai trois ou quatre mots encore à faire écrire.
— Cependant', s'il existe entre les deux ad-
jectifs un nombre intermédiaire, c'est-à-dire
si, croyant pouvoir se dispenser d'un calcul
rigoureux, on permet de choisir, entre un
ternie et un autre, un terme approximatif et
vague , on peut se servir de la prépos. A :
Sept k huit cents hommes. Cinq k six mille
étoiles. Trois À quatre ans. Il est demeuré, de
part et d'autre, neuf k dix mille chats sur la
place. (La Bruy.)
— Ces règles, dit l'Académie , ont été long-
temps à s'établir, et, jusque dans le xvme
AA
siècle, de bons écrivains ne se sont pas fait
scrupule de se servir de la p!«épos. À, dans des
cas où la conjonction alternative ou serait au-
jourd'hui seule admise : Cela est admirable :
on ne veut pas que j'honore un homme vêtu de
brocatelle, et suivi de sept k huit laquais.
(Pasc.) Elle me mena dans un appartement
composé de cinq k six pièces de plain-pied.
(Le Sage.)
— Fruit à noyau ou à noyaux. Lorsque deux
noms sont réunis par la propos, à, on est sou-
vent embarrassé pour savoir à quel nombre
on doit mettre le dernier. Cette difficulté so
réduit à quatre cas : 10 On met au singulier
le nom qui suit 1? préposition à toutes les fois
que ce nom n'est pas susceptible de pluralité, •
comme dans : One pomme à cidre, des pommes
à cidre; mouche à miel, mouches à miel; ma-
chine à vapeur, machines à vapeur; arme à
feu, armes à feu; un moulin à eau, des mou-
lins à eau, etc. il 2° Le second nom se met au
pluriel quand le sens exige la pluralité, même
pour un seul des êtres désignés par le pre-
mier, comme dans- Une bête à cornes, des bêtes
à cornes; un serpent à sonnettes, des serpents
à sonnettes ; un homme à préjugés, des hommes
à préjugés , etc. Il 3<> Si a chaque unité dési-
gnable par le premier nom correspond une
seule unité désignable par le second , celui-ci
se met au singulier quand le premier est à ce
nombre; mais si le premier est au pluriel, le
second peut se mettre au singulier ou au plu-
riel. On dit : Une comète est un astre à queue,
parce qu'une comète n'a qu'une queue ; on peut
dire : Les comètes sont des astres à queue,
parce que chaque comète a sa queue ; mais on
dit également bien : Les comètes sont des
astres à queues, en considérant qu'il y a autant
de queues que de comètes. On dit, par la même
raison : Manchette à dentelle , manchettes à
dentelle ou à dentelles ; couteau à ressort ,
couteaux à ressort ou k ressorts ; cuiller à pot,
cuillers à pot ou à pots. L'usage le plus ordi-
naire est de mettre le singulier; cependant,
ainsi qu'on le voit, le pluriel peut se justifier, n
4° Le second substantif peut être considéré
comme un nom collectif, et dans ce cas on peut
mettre le singulier ou le pluriel, que le premier
nom ou l'antécédent soit au singulier ou au
pluriel. On dit donc : Un arbre à fruit ou à
fruits, des arbres à fruit ou à fruits. Hors de
là, c'est-à-dire toutes les fois que le second
nom ne peut pas se prendre au sens collectif,
il faut toujours le mettre au pluriel. C'est ainsi
qu'on dira Fleur à pistils, et non pas Fleur d
pistil, à moins toutefois que la fleur n'ait qu'un
— C'est à moi À, c'est à moi de. Après c'est
à vous, à lui, à moi, la prépos. à exprime une
idée de succession, dé tour : C'est À vous à
jouer; tandis que la prépos. de éveille une
idée de droit, de devoir : C'est à lui de donner
l'exemple; c'est k moi de jouer le premier.
— De l'a entre deux voyelles. L'a doit
être évité quand il y a rencontre de deux
voyelles. Les phrases suivantes pèchent donc
sous ce rapport : La plupart des hommes ne
sont ni À aimer, ni À haïr, mais à supporter.
(Cité par Boiste.) La prépos. k a pu même
devenir l'équivalent de contre. (Acad.) Voilà
tout ce qu'il a k dire, tout ce qu'il y a k faire.
— Il faut éviter, dit Voltaire, le concours
de denx a, comme dans II va à Paris. Trois
et quatre À de suite sont insupportables : Il
va À Amiens, et de là à Arques. La délicatesse
française proscrit ce heurtement de voyelles.
Quand ces dissonances sont inévitables, le
peuple trouve toujours le moyen de tourner
la difficulté; c'est ainsi que l'on a bien vite
reconnu un Picard par cette phrase : Je vais
Amiens, pour : Je vais k' Amiens.
— La répétition de Ta est surtout insuppor-
table lorsqu'il s'y présente sous des acceptions
différentes , comme dans cette phrase : C'est
raisonner étrangement que de dire k un homme
qu'il h'a dû sa célébrité qu'k sa méchanceté ; et
de l'inviter À renoncer k la seule chose qui l\
rendu célèbre, (La Harpe.)
AA. Numism. Marque des monnaies frap-
pées à Metz.
AA. Méd. Signe dont on se sert dans les
ordonnances des médecins, pour indiquer qu'il
faut une quantité égale de deux ou plusieurs
des ingrédients prescrits à la suite l'un de
AA ou AAA. Chim. Signe dont on se servait
dans l'ancienne chimie pour dire amalgame,
amalgamez.
AA, eau; AAR, cours d'eau, dénominations
celtiques qui sont restées comme noms in-
dividuels a un grand nombre de rivières
de France, de Suisse, d'Allemagne, de Cour-
lande etc.
AA, riv. de France (Pas-de-Calais), passe
k Saint-Omer et se jette dans la nier du Nord,
aptes un cours de 84 kil.
AA, riv. de Suisse, cant. de Lucerne, affl.
AA, riv. de Suisse, cant. d'Underwald, se
jette dans le lac des Quatre-Cantons.
AA, fi. de Russie, se jette dans le golfe de
Riga, après un cours de 230 kil.
AA, riv. de Hollande, affl. de la Dommel.
aabam s. m. (a-a-bamm). Nom sous le-
quel les alchimistes désignaient le plomb.
AiKDÉ s. f. (a-é-dé). Myth. Une des trois
Muses, suivant le système mythologique de
Pausanias et de Varroh. Les deux autres
étaient Mnémé et Mélcté.
ABA
AAL s. m. (a-al). Bot. Arbre de la famille
des térébinthacées. Il est originaire do l'île
d'Amboine; son écorce sort à aromatiser le
vin et les aliments.
AALBOHG (âl-bor), ville de Danemark ; 12.000
hab. Evèché ; port sur le grand canal .du
Nord ; école de navigation; pêche du hareng;
commerce de grains. Le diocèse d'Aalborg a
7,230 kil. carrés et près de 150,000 hab.
Aalclim ou aalklim s. m. (a-al-klime).
Bot. Espèce de baubinie de l'Inde, famille
des légumineuses.
AALEN (a-lè-ne), pet. v. du Wurtemberg;
2,755 h.; forges et tanneries; autr. ville im-
périale libre.
AAM s. m. (âme). Métr. Mesure de capa-
cité pour les liquides, usitée en Hollande et
dans quelques parties de la Belgique. Sa con-
tenance est, pour les vins et eaux-de-vie, de
155 litres 224 ; pour l'huile, de 145 litres 5225.
PI. des aams.
aantgich s. m. (a-an-tjik — mot russe.)
Ornith. Espèce de canard à queue longue et
fourchue, qui habite le nord do la Russie.
AAR (âr), gr. riv. de Suisse, prend sa source
au Finster-aar-Horn, traverse les lacs de
Bricntz et de Thun, passe à Berne, Soleure,
Aarau, et se jette dans le Rhin. Cours, 292
kil. Principaux affl., la Reuss et la Limniat.
L'Aar verse dans le Rhin les eaux des trois
quarts de la superficie de la Suisse ; i! roule
des paillettes d'or. Le 17 août 1799, le général
Ney empêcha le prince Charles d'effectuer le
passage de cette rivière.
AARAU (â-ro), ville suisse, sur l'Aar, chef-
lieu du canton d'Argovie; 4,000 hab. Fonderie
ndustrie active.
AARliOURG (ar-bour),
(Argovie), sur f"Aar; , ,
sur un rocher; manufactures et forges.
AARHUS (à-russ), ville du Danemark, sur
la côte E. du Jutland; 7,500 hab. Bon port,
commerce actif, siège d'un évêché. Cathé-
drale gothique, la plus belle du royaume.
AARON (â-ron), frère de Moïse, et pre-
mier grand prêtre des Juifs; né en Egypte
vers 1574 av. J.-C. Choisi par Dieu pour
seconder Moïse dans sa mission, il prêta à
celui-ci le secours de son éloquence, soit de-
vant le Pharaon, soit devant les Hébreux. Ce
fut lui qui changea la verge en serpent. Pen-
dant le séjour de Moïse sur le Sinaï, il eut la
faiblesse de céder aux clameurs des Juifs,
incertains encore dans leur foi, et qui deman-
daient une idole, et il leur éleva le Veau d'or.
Sa douceur et sa soumission lui méritèrent
son pardon.. Mais il mourut sur la montagne
de Hor, avant d'entrer dans la terre promise,
en punition de ce qu'il avait douté un moment
de la puissance de Dieu. Il avait vécu 123 ans.
AAROJf, médecin et philosophe, qui florissait
à Alexandrie au commencement du septième
siècle, sous le règne de l'empereur Héraclius.
Il est le premier oui ait parlé de la petite
vérole, et qui ait lait connaître aux Arabes
les ouvrages des médecins grecs.
AARSEN (François Van), diplomate hollan-
dais, né en 1572, m. en 1641. Nommé ambas-
sadeur en France, il prit part aux négocia-
tions qui amenèrent la trêve de 12 ans entre
l'Espagne et les Provinces - Unies , seconda
plus tard les projets de Maurice de Nassau
et contribua à la perte de l'illustre Barnevelt.
Richelieu le tenait en haute estime comme
politique et comme négociateur. Il a laissé
d'intéressants mémoires.
AARONIQUB adj. (â-ro-ni-ke). D'Aaron,
qui appartient à Aaron : Le sacerdoce aaro-
nique. (Proudhon.)
AAVORA s. m. (a-a-vo-ra — nom donné
par les naturels). Bot. Espèce de palmier
épineux et très-elové, originaire de Guinée,
et cultivé jusqu'en Amérique. On retire de
ses fruits une huile, et de ses graines une
sorte de bourre, qui sont importés et connus
en Europe sous les noms A! huile de palme et
de beurre de Galam. Qn écrit aussi avoira et
ab s. ni. Le cinquième mois de l'année
ecclésiastique des Hébreux, et le onzième de
leur année civile. 11 avait trente jours , et
correspondait à la fin de notre mois de juillet
et au commencement d'août.
AB (mot lat. qui signif. de, par), particule
initiale qui marque toujours, comme l'ablatif
latin, un rapport d'éloignement; d'extraction,
de séparation. Il entre dans la composition
de certains mots français dérivés du latin et
se joint avec eux d'une manière inséparable,
ainsi que cela a lieu dans absoudre (ab-sol vere) ,
délier; abjurer (ab-jurare), renoncer à ; absent
(ab-esse), être éloigné de; abdiquer (ab-dicare),
rejeter loin de soi, etc.
Quelques mots dans lesquels ce préfixe
figure n'ont pas de simple en notre langue ;
tels sont : aberration, absent , absoudre, abu-
sif, etc.
— Prôposit. lat., qui fait partie de certaines
locutions ou phrases latines fréquemment em-
ployées dans notre langue, telles que ab
ubsuvdo; ab irato , etc.
aba s. m. (a-ba). Costume oriental en drap
grossier, porté , en Turquie , par les soldats,
les matelots et les indigents : Marseille expé-
diait autrefois une grande quantité d'ABAS aux
Antillespour l'habillement des nègres. (Bachel.)
ABA 7
ABA s. m. (a-ba). Manteau que portent
les Bédouins. Il est de laine grossière, rayé
ordinairement do blSu et de brun : Un aba.
Des abas. Z/aba est principalement d'usage en
Arabie et en Perse. (Encycl.) Il Le mémo vête-
ment s'appelle quelquefois burnous.
ABA s, m. (a-ba). Ce mot qui, en syriaque
et en éthiopien, signifie père, est le titre que
les églises syriennes, cophtes et éthiopiennes
donnent à leurs évoques. On dit aussi abba,
par l'empereur Henri III. Son compétiteur
Pierre l'Allemand , qu'il avait lui-même dé-
possédé, lui fit trancher la tète.
abab s. m. (a-babb). Mar. Nom que porte,
dans l'empire ottoman, chaquo matelot qu'on
lève quand les esclaves manquent pour lo
ABABAS adj. et s. (a-ba-bâss). Géogr. Na-
tion sauvage qui vit dans la partie septen-
trionale du Brésil.
ABABAYB s. m. (a-ba-ba-ïe). Bot. Nom
ABABDÉH s. m. (a-babb-dé). Géogr. Peuple
nomade d'Afrique, qui habite la partio de la
Nubie située à 1 E. du Nil : Les abaiidéhs
vivent de leurs troupeaux, recueillent aussi
le séné dans le désert, et le vendent dans les
villes. (Depping.)
ABABOUINÉ adj. (a-ba-bou-i-né). Mar.
Se dit d'un navire qui est pris de calme, c'est-
à-dire dont la marche est arrêtée faute de
vent : Navire ai
ABABOUY s, ni. (a-ba-bou-i). Bot. Espèce
d'oranger épineux, qui habite les Antilles.
On le cultive en serre chaude sous nos cli-
mats ; mais ses fruits n'y mûrissent pas.
AB ABRUPTO loc. adv. (a-ba-bru-pto). Brus-
quement, sans préparation. V. ex abrupto.
AB ARSURDO loc. adv. (a-ba-bsur-do).Par,
d'après l'absurde : Baisonner ab absuruo. Les
hypothèses ab ABSURDOsonr à la fois amusantes
et utiles. (B. de St-P.)
Lorsque , pour démontrer une vérité , on
commence par supposer un principe contraire
a celui qu'on se propose, et qu'en raisonnant
d'après cette supposition, on aboutit à une con-
séquence que la raison ne peut admettre, on
démontre d'après la méthode ab absurdo. Ainsi
je veux démontrer l'existence de Dieu par le '
spectacle de l'univers. Je suppose qua Dieu
n existe pas ; par conséquent , le monde est
l'œuvre du hasard. Or, il règne dans le méca-
nisme de l'univers une harmonie plus parfaite
que dans les œuvres les plus parfaites de
1 homme, que dans une montre, par exemple.
parfaite, doit à elle-même son existence : con-
séquence évidemment absurde.
ABACA s. m. (a-ba-ka — en lat. musa texti-
lis). Bot. Nom donné aux fibres d'une espèce
de bananier, qui sont employées à la fabri-
cation des paillassons, des cordons de son-
nette, etc. L'abaca est vulgairement appelé
chanvre de Manille.
abaoate s. des s g. Géogr. Peuple du
■Brésil, dans la province de Mato-Grosso.
— S'empl. aussi adjectiv. : La population '
abacate.
ABACATUIA s. m. (a-ba-ka- tou - ia).
Ichthyol. Poisson que Cuvier a nommé vomer
de Brown, et qu'on a confondu avec l'argy-
réiose vomer.
ABACÈTE«s. m. (a-ba-sè-te). Entom.
Genre de coléoptères pentamères, famille
des carabiquos, tribu des féroniens ; il a
pour type Vabacète gayate, qui se trouve
en Guinée et au Sénégal. Cet inesete est
d'un noir brillant en dessus, et ressemble
un peu, pour la forme et la taille, à la jéronie
abaxoîde.
ABACO s. m. (a-ba-ko ~ du lat. abacus,
tableau). Se disait autrefois d'un tableau où
étaient écrits dos chiffres etgroupés des nom-
bres, pour enseigner ou apprendre à calculer.
V. abaque.
ABACOT s. m. (a-ba-ko — rad, abaque).
Double couronne sans ornements, que por-
taient autrefois les rois d'Angleterre.
ABACIJC ou HABACUC (a-ba-kuk), l'un des
douze petits prophètes, mort vers 536 av.
J.-C. V Hauacuc.
ABACUS s. m. (a-ba-kuss). Bâton de com-
mandement des templiers, à forme plate, sur
laquelle était gravée la croix de l'ordre.
— Abacus de Pythagore. Machine ou table
d'arithmétique qu'on présume être notre table
de multiplication, qui porto -encore aujour-
d'hui le nom de ce philosophe mathématicien.
dites, régna de 1015 à lÔJl. Il descendait
d'une riche famille syrienne. Devenu un des
musulmans les plus puissants de Séville, il
fut reconnu pour souverain, et ne tarda pas
à ajouter à son royaume celui de Cordoue,
dont il fit périr le roi. I! gouverna avec habi-
leté, sut tempérer la sévérité par la douceur,
et fut un des plus grands monarques de son
temps. Il mourut après 26 ans d'un régne
heureux et paisible.
ABA» II, roi maure de Séville, (ils du précé-
dent, né en 1002, mort en 1069. Il continua les
guerres entreprises par son père contre les
souverains de Grenade et de Malaga, et agran-
dit considérablement ses Etats. L'histoire le
représente comme un prince tout à la fois
magnifique et ambitieux , timide et supersti-
tieux, voluptueux et cruel.
ABAD III , fils du précédent, auquel il suc-
céda en 1069, mort en 1075. Il soutint de san-
glantes guerres contre les chrétiens et devint
le plus puissant des princes maures de l'Espa-
gne ; ceux-ci se liguèrent à la fin contre lui et
le détrônèrent, pour le punir d'avoir marié une
de ses filles au roi de Castille , Alphonse VI.
Il fut relégué en Afrique, où il mourut. Il cul-
tivait la poésie.
ABADA s. m. (a-ba-da — mot indien).
Main m. Nom d'un animal sur lequel on a
débite beaucoup de contes, et qui parait n'être
autre chose que le rhinocéros, l.cs nègres
regardent sa corne comme un antidote, puis-
ABADDON (a-badd-don — de l'hébr. abad,
faire périr). L'ange de l'abîme, dans l'Apoca-
lypse. Les démonographes le considèrent
tomme le chef des démons do la 7" hiérarchie.
AIUblOTIÏS ou AHIMOTlîS, pâtres c,t agri-
culteurs qui habitent, au nombre de 4,000, une
vingtaine de villages dans l'île de Candie. Issus
des Arabes et des Sarrasins, ils envahirent
l'ile en 825.
ABADIR s. m. (a-ba-dir). Divinité phéni-
cienne.
— Pierre dévorée par Saturne ;ela place de
ABADIS s. f. (a-ba-diss). Argot, Terme em-
ployé pour désigner une grande foule, une
multitude, un rassemblement.
ABADITE adj. et s. des ï g. (a-ba-di-tc).
Secte musulmane de l'Arabie : Un musulman
abadite. Les AUAD1TES sont principalement ré-
pandus dans l'Oman. (Encycl.)
— Hist. Nom d'uno dynastie maure fondée
par Abad l", et qui occupa pendant quelque
temps le trône de Sévillo et de l'Andalousie,
au xi« siècle.
abadiva s. m. (a-ba-di-va). Ichthyol. Pois-
son,du genre gade, qui habite les mers du-
Nord , et que l'on connaît en France sous le
abadzas s. m. pi. (a-badd-zàss). Géogr.
Peuple qui habite le Caucase.
ADAl'I'l I -r (Michel), prince de Transyl-
vanie, è'.u en 1661 , se maintint habilement
entre i.iniluenee turque et celle de l'empire, et
malgré l'appui qu'il prêta aTékéli contre l'Au-
triche (1632), il put transmettre son autorité à
son fils Abafft II (1C90). Celui-ci en fut dé-
pouillé par 1 empereur Ferdinand III, et mourut
h Vienne en 1713.
abagi s. m. (a-ba-ji). Monnaie d'argent de
l'erse, valant. 1 fr, 50 c.
ABAÏ s. m. (a-ba-ï — nom japonais). Dot.
Nom vulgaire du calycanlhe précoce. V. ce
— Vêtement on usage chez les Syriens.
— Nom du mois d'août dans le calendrier
ABAILARD ou ABl'ïl.ARI) (Pierre), philo-
sophe et théologien scolastique, né en 1070,
près de Nantes, au bourg du Pallet, dont son
père Bérenger était seigneur ; mort près de
Chalon-sur-Saône , en 1142. Destiné a la car-
rière des armes , mais entraîné par la passion
de l'étude , il renonça à son héritage et à son
droitdc primogéniture, cultiva toutes les scien-
ces connues de son temps, et vint se formera
la philosophie scolastique dans l'école de Paris,
sous Guillaume de Chumpeaux, dont il devint
bientôt le rival dans ces thèses publiques si
chères aux subtils dialecticiens du moyen âge.
A 22 ans, il ouvrit lui-même une école et pro-
fessa avec un éclat extraordinaire, d'abord à
Melun , puis à Corbeil , enfin a Paris , sur la
montagne Sainte-Geneviève. Entre les deux
grandes doctrines qui divisaientles écoles, celle
des nominalistes et celle des réalistes, il établit
une sorte de système mixte connu sous le nom
de conceptualtsme. Il était à l'apogée de sa
gloire, et les disciples affluaient autour de sa
chaire de toutes les parties de l'Europe, lors-
qu'il s'éprit d'une passion funeste peur la jeune
et studieuse Hélûïse, nièce du chanoine Ful-
bert, et dont il était le précepteur. On connaît
le résultat de cette liaison célèbre, dont le sou-
venir est resté dans la mémoire des peuples
comme la plus touchante et la plus tragique
des légendes de l'amour. Héloïse devint mère,
et Abailard s'unit à elle par un mariage secret.
Fulbert, irrité , soudoya des misérables qui fi-
rent subir au grand docteur la plus infâme des
mutilations. Abailard se retira à l'abbaye de St-
Denis, pendant que son épouse prenait le voile
au monastère d'Argenteuil. Bientôt cependant,
il l'appel de ses disciples , il reprit ses leçons
publiques, se laissa entraîner à sonder de re-
doutables mystères, fut accusé d'avoir émis
d îs opinions hétérodoxes sur la Sainte-Trinité,
et eut la douleur de voir le concile de Sois-
sons (1122) condamner aux flammes son Intro-
duction à la théologie. Il se retira alors en
Champagne, dans un ermitage, auquel il donna
le nom de Paraclet (consolateur). Mais sa
renommée ne lui permettait pas la solitude et
l'oubli. De nombreux disciples vinrent encore
se ranger autour de lui, et il fut atteint par de
nouvelles persécutions, suscitées peut-être au-
ABA
tant par l'envie que par la hardiesse avec la-
quelle il appliquait la méthode philosophique à
la théologie, et la dialectique à la pénétration
des saints mystères. Sa retraite dans le mo-
nastère de St-Guildas, sur les côtes solitaires
du Morbihan, n'apaisa point ses ennemis, et
saint Bernard obtint contre lui, au concile de
Sens (1140), une nouvelle condamnation, dont
il appela vainement à Rome. Pierre le Véné-
rable le recueillit dans son abbave de Cluny et
le fit rentrer en grâce auprès du St-siége. Il
alla passer ses derniers jours au prieuré de
St-Marcel, non loin de la Saône. C'est laque s'é-
teignit, dans le silence et la solitude, l'homme
qui avait rempli le monde et son siècle du bruit
de sa parole, et qui est considéré comme le
principal fondateur de la philosophie du moyen
âge. Ses écrits ont été publiés plusieurs fois :
En 1S45, par M. de Rémusat (V. l'article ci-
dessous) ; en 1850, par M. Cousin. — La meil-
leure trad. franc, des Lettres d'Héloïse et
d'Abailard est celle de Mme Guizot, 1S37.
Abailnrd , SA VIE , SA PHILOSOPHIK ET SA
théologie, ouvrage publié par M. Charles de
Rémusat en 1845. L'auteur raconte, dans une
préface , qu'il avait composé d'abord sous le
même titre, un roman dramatique où se trou-
vait représentée dans le cadre des mœurs gros-
sières du xii» siècle la lutte violente des
croyances, des idées et des passions; une
composition d'un genre plus sévère sur le
même sujet devait opposer l'histoire au roman,
et lui servir, en quelque sorte, de compensa-
tion. Le roman ne parut pas -, l'œuvre histo-
rique fut seule livrée à la publicité. Elle se
divise en trois parties, formant trois livres : le
premier, qui contient la vie d'Abailard ; le se-
cond, qui traite de sa philosophie, et le troi-
sième, qui fait connaître sa théologie et sa
morale. — Dans le premier livre, nous suivons
les diverses phases d'une vie à laquelle s'at-
tache un intérêt romanesque ; nous voyons les
succès d'Abailard dans l'enseignement , sa
royauté intellectuelle à Paris , l'amour qui a
fait sa destinée si tragique et sa gloire si po-
pulaire, ses hardiesses d'idées, ses luttes avec
saint Bernard, et les persécutions auxquelles
il fut en butte. Ce premier livre se termine
par un jugement remarquable sur Abailard.
« Chargé des préjugés de son temps, com-
primé par l'autorité, inquiet, soumis, persé-
cuté, Abailard est un des nobles ancêtres des
libérateurs de l'esprit humain. Ce ne fut pour-
tant pas un grand homme... Parmi les élus de
l'histoire et de l'humanité, il n'égale pas, tant
s'en faut, celle que désola et immortalisa son
amour... Les infirmités de son aine se firent
sentir dans toute sa conduite, même dans ses
doctrines, même dans sa passion. Cherchez
en lui le chrétien, le penseur, le novateur,
l'amant enfin, vous trouverez toujours qu'il
lui manque une grande chose, la fermeté du
dévouement. » — Dans le second livre, M. Char-
les de Rémusat commence par exposer, avec
autant de clarté que le sujet le comporte, une
philosophie dont la méthode et la nomencla-
ture sont aujourd'hui tout à fait étrangères à
nos habitudes intellectuelles , la philosophie
scolastique. 11 nous montre dans la question
des universaux, le problème fondamental de
cette philosophie, et nous initie k la mémora-
ble controverse suscitée par cette question.
Puis il passe aux doctrines mêmes d'Abailard,
et, prenant l'un après l'autre ses plus impor-
tants ouvrages, la Dialectique, le Traité sur
tes Idées (de Intellectibus) , le Traité sur tes
Genres et les Espèces, qui contiennent: le pre-
mier, la logique d'Abailard ; le second, sa psy-
chologie, et le troisième, sa métaphysique, il les
fait connaître tantôt par des extraits, tantôt
par des résumés, ici par une traduction litté-
rale, plus loin par une déduction critiqne. Lu
conclusion de M. de Rémusat est que le nomi-
nalisme ou le cor.ceptualisme que l'on impute
à Abailard annonce, devance, promet l'esprit
moderne. « C'est, dit-il, l'esprit moderne lui-
même a son origine; la lumière qui blanchit au
matin l'horizon est déjà celle de l'astre encore
invisible qui doit éclairer le monde. • — Le troi-
sième livre nous offre l'analyse des écrits théo-
logiques d'Abailard ; du Sic et Non, recueil
de textes des Ecritures et des Pères, réunis
sacrée; de l'Introduction d la théologie, qui
avait pour objet d'approfondir la connaissance
de la Divinité en éelaircissant tous les points
difficiles par les raisons les plus vraisembla-
bles, et qui, déférée au synode de Soissons, y
fut condamnée et brûlée ; de la Théologie chré-
tienne, qui truite a peu près les mêmes sujets
que \' Introduction, mais avec une ordonnance
meilleure et une diction plus travaillée ; du
Commentaire sur saint Paul, de V Ethique ou
Connais-loi toi-même (scito te ipsum), qui con-
tient la inorale d'Abailard. M. de Rémusat nous
y apprend qu'avant Malebranche et Leibnitz,
Abailard professa ces deux principes de l'opti-
misme : llieu ne faisant que ce quil doit faire,
il faut qu'il fasse ce qu'il fait; tout ce que Dieu'
fait est aussi bien que possible; qu'avant Féne-
lon, il fit de l'amour de" Dieu, pur de toute
crainte et de tout intérêt, de tout souci de la
damnation et du salut, l'unique source de la
moralité religieuse; qu'il s'efforçait d'intro-
duire dans l'enseignement des dogmes et des
mystères un rationalisme suspect a l'autorité
religieuse; qu'en discutant dialecliquementtes
choses du royaume de Dieu, il tendait à en
élaguer le merveilleux ; qu'au grand scandale
de saint Bernard, il réduisait les mystères de
ABA
l'incarnation et de la rédemption h. une grande
et divine manifestation de la loi morale sur la
terre ; qu'il faisait consister le mérite et le dé-
mérite uniquement dans l'intention, et dans
l'intention relative a Dieu, et toute la vertu
des œuvres satisfactoires dans le sentiment
avec lequel elles sont accomplies.
— Llttér. Le nom d'Abailard a passé dans la
langue, comme syn. d'amant célèbre. On fait
aussi, en littérature, de fréquentes allusions
à sa mutilation : Le mari, en cet état (privé de
certaines qualités civiles), n'est plus apte à
remplir sa mission de père et d'époux, c'est une
sorte d'ABAiLARD civil, qu'on est en droit de
répudier. (Dupin aîné.)
ABAISSABLE adj . (a-bè-sa-ble — rad. abais-
ser). Qui peut, qui doit être abaissé.
Fig. Humiliant, dégradant : Aclei
sant. Proposition abaissante. Conduite abais-
sante, langage abaissant. Cela serait abais-
sant. (Littré.) Jamais la politique du gouver-
nement n'a été plus abaissante pour la France.
(G. de Bcaumont.)
ABAISSANT (a-bè-san) part. prés, de
Abaisser : Les grands , placés si haut par la
nature, ne sauraient plus trouver de gloire
qu'en s'abaissant. (Mass.) O majesté des rois,
combien tu t'élèves , en Rabaissant devant la
vertu! (La Harpe.) Le soleil s'abaissant der-
rière les grands bois... (E. Sue.) Le soleil, en
s'abaissant derrière le vieux château... (G.
Sand.)
Des aigles abaissant leur vol audacieux.
ABAISSE s. f. (a-bè-se — rad. abaisser).
Pàtiss. Morceau de pâte qui a été abaissé,
c'est-à-dire sur lequel on a passé le rouleau
pour en diminuer l'épaisseur. L'abaisse forme
la croûte de dessous d'un grand nombre do
pâtisseries, et s'emploie encore de diverses
manières.
ABAISSÉ , ÉE (a-bè-sé) part. pass. du v.
Abaisser. Qui a été baissé, descendu, rendu
moins haut, etc. : Terrain abaissé. Mur
abaissé, abaissé d'un mètre. Store abaissé.
Paupière abaissée. Il va les épaules serrées ,
le chapeau abaissé sur les yeux, pour ne point
être vu. (La Bruy.) La tète est abaissée en
avant, dans l'humilité, la honte, la tristesse.
(Buff.) Dans la tristesse, la paupière est abais-
sée à demi. (Bufi.)
Alors son œil divin vers la terre abaissé. Delii.le.
— Fig. Déprimé, humilié, ravalé : Qui-
conque s'élève sera abaissé, et quiconque s'a-
baisse sera élevé. (Evangile.) Un Dieu abaissé
jusqu'à nous. (Bourdal.) Comme l'âme élève le
corps a elle en In gouvernant, elle est abaissée
au-dessous de lui par les choses qu'elle en
souffre. (Boss.) Il est juste que le pécheur su-
perbe soit abaissé. (Boss.) On aime à voir la
puissance abaissée par la grandeur d'âme.
(Volt.)
Cette flerlC si haute est enfin abaissée. Racine.
Ils vi
it par ce coup Ici
— Saint abaissé dans lui-même. S'cmpl. dans
le style ascétique pour exprimer une grande
humilité.
ABAISSÉ. Blas. Se dit dos pièces qui sont
au-dessous de leur position ordinaire. Ainsi,
la fasco est abaissée quand elle est plus
basque le tiers du milieu de l'ccu. Le ihcf
place sous un autre chef est également
abaissé, (I Se dit aussi des oiseaux dont les
ailes sont pendantes de manière que les poin-
tes tendent vers le bas de l'écu. u Se dit en-
core des armoiries qui renferment quelque
figure destinée à perpétuer le souvenir d'une
faute ou d'un crime. Dans ce cas , Abaissé est
synonyme de Diffamé et de Déchargé.
— Bot. Se dit de la lèvre inférieure d'une
corolle labiée, quand elle forme un angle
presque droit avec le tube.
ABAISSE-LANGUE s. m. (a-bè-se-kn-gue
— de abaisser et langue). Instrument de chi-
rurgie qu'on emploie pour abaisser la langue :
Un abaisse - langue. Des abaisse - langue.
V. Abai'sseur.
abaissement s. m. (a-bè-se-man — rad.
abaisser). Action d'abaisser; étal de ce qui est
abaissé ; diminution de hauteur : .L'abaisse-
ment d'un mur. 'L'abaissement des eaux. L'a-
baissement du mercure dans le baromètre.
(Acad.) L'abaissement de ce mur, qui otait la
vue à cette maison, l'a bien égayée. (Furetière.)
L'élévation et /'abaissement journaliers des
eaux de l'Océan. (J.-J. Rouss.)
— Par extens. Amoindrissement : Abaisse-
ment des salaires, du cens électoral, des taxes.
La concurrence produit Rabaissement des prix
et celui des salaires. (Blanqui.)
— Diminution de force, d'intensité, d'éten-
due : L'abaissement de la voix, du ton. L'o-
reille étai accoutumée à sentir la différence
des longue- et des brèves, comme aussi de l'élé-
vation et de Rabaissement de la voix. (Rollin.)
Fig. Etal de déchéance, affaiblissement
de pouvoir, d'autorité, etc. : Louis Xr tra-
vailla beaucoup à Rabaissement de la maison
de Bourgogne. (Acad.) Le grand dessein de
Richelieu a été d'affermir l'autorité du prince
par Rabaissement des grands. (La Bruy.) L'a-
baissement des Etals dépend de la faiblesse
d'esprit de ceux qui les gouvernent. (Napol. 1".)
ABA
Un abaissement moral est le symptôme et le
prélude d'un abaissement pulitique. (De Bro-
glie.) Dans son abaissement comme dans ses
gloires, la France est toujours la reine du
monde. (Proudh.) Le duc de Choiseul, indigné
de Rabaissement de la France, préparait sour-
dement la guerre contre la Prusse el l'Angle-
a de Rabaissement pour une nation d'être d
minée par une femme. (Bautain.) La véritable
qrandeur est celle qui n'a pas besoin de Rabais-
sement des autres. (Daru.)
r r ■ . Brébeuf. '
— Dégradation morale, état do servitude :
L'abaissement des ilotes. L'abaissement des
hommes sous te joug de la féodalité. (Guiz>t.)
Il y a dans la domesticité une sorte d abaisse-
ment dont on ne se relève jamais. (De Théis.)
L'abaissement de la femme est un indice pré-
curseur de Rabaissement des nations. (M"i« Ro-
mieu.) Il Etat d'humiliation forcée ou volon-
taire Rabaissement du parfait chrétien. Les
Juifs charnels n'entendaient ni la grandeur ni
/'abaissement du Messie. (Pascal.) Psyché se
jeta à leurs pieds pour toute réponse, el les baisu;
cet abaissement excessif leur causa beaucoup
de confusion el de pitié. (La Fontaine.) Pieu a
voulu naître dans ta faiblesse et /'abaissement.
(Bourdal.) // «'«//Mwd'ABAissiuiKNT que l'am-
bition ne subisse dans l'espoir de dominer.
(J. Simon.)
LONOEPlEH.EE.
Contemplez de Bayard l'abaissement oujrusie.
pas leur
abaissement. (Alph. Ésquiros.) Un tel régime
conduit à Rabaissement de la pensée publique.
(J. Favre.)
— Fig. et absol. Etat opposé à celui de
puissance r de prospérité : lYaitre, vivre dans
/'abaissement. (Acad.) Le pécheur est souvent
élevé aux honneurs, tandis que l'homme de bien
vit dans Rabaissement. (Mass.) ■
Dans quel alaisseme
a gloi.
si perdue!
— Se dit au pluriel : Il avait des faiblesses
qui n'édifiaient pas trop son peuple, et des
abaissements qui le rendaient presque mépri-
sable. (Flôch.) // y a de la grandeur dans cer-
tains abaissements. (Balz.)
— Particitlièrcm. Se dit do l'humilité chré-
tienne et des sacrifices qu'elle inspire : Son
honnêteté la sollicite à venir prendre part aux
de la vie religieuse. (Bossunt.)
■e de n
dans l'autre.
(Bourdal.)
— Abaissement légal de la femme chez les
Domains, Etat d'humiliation infligé à la
femme romaine, qui était privée de toute es-
pèce de droit.
— Abaissement de classe, Peine administra-
tive infligée à un fonctionnaire qui a com-
mis quelque faute, et. que l'on fait descendre
d'un degré dans l'échelle administrative.
— Jurispr. Abaissement d'un degré dans la
peine, Application de la peine immédiatement
inférieure à celle qui aurait été appliquée si
la loi n'avait pas été adoucie, grâce a l'ad-
, ■ 'ancesattcmiantes. il Abais-
pcine.
— Algèb. Abaissement d'une équation, Ré-
duction d'uno équation à un degré moindre.
— Géom. Abaissement d'une perpendicu-
laire, Action de mener une perpendiculaire à
une ligne d'un point pris hors do cetto ligne.
— Astron. Abaissement d'un astre, du pôle,
Quantité dont ils semblent s'être abaissés par
rapport à l'horizon.
— Chir. Abaissement de la cataracte, Opé-
ration qui consiste à faire descendre au-des-
sous du niveau de la pupille le cristallin de-
venu opaque : II fut guéri par un abaissement
de la cataracte, que la nature seule opéra.
(Fontenelle.)
Pathol. Abaissement de la matrice, Des-
cente de la matrice dans lo vagin.
— Blas. Modification apportée à des armoi-
ries pour conserver lé souvenir d'une action
déshonorante. Les abaissements sont très-
rares; la plupart dos héraldistes en nient
même l'existence. En voici cependant un cas
rapporté par Môzerav. Lo fils aîné de Mar-
guerite, comtesse de Flandre, et de Bouchard
d'Avesnes, ayant outragé sa mère en présence
de saint Louis, ce prince ordonna qu'on puni-
tion de son crime, il retranchât la langue
et les griffes du lion de sable qu'il portait en
champ d'or, pour signifier, dit l'historien,
« qu'il ne devoit avoir ni paroles, ni armes
contre sa mère. »
— Syn. Abaissement, nhjeetion, liasacue.
Ces trois mots forment gradation : abaissement
est moins fort que bassesse, bassesse moins fort
qu'abjection. Vabaissement est le résultatd'une
action, d'un accident; la bassesse est quelque
chose d'essentiel, de permanent. L'abaisse-
ment est relatif à un état précédent ; il s'ap-
ABA
plique a plusieurs choses différentes, l'esprit,
le caractère, le goût, la condition, la fortune ;
il exprime un changement; il peut se prendre
en bonne part ; ainsi il y a des abaissements
volontaires que peut rechercher l'humilité chré-
tienne. La bassesse exprime toujours, d'une
façon générale et absolue, un état d'infériorité
oui exclut la considération , soit que cet état
d'infériorité puisse être imputé au vice , soit
qu'on l'attache à la naissance et à la condi-
tion. Quant à \'abjectiont elle appelle le mépris,
et suppose presque toujours 1 immoralité.
ABAISSER v. a. ou tr. (a-bè-sé — de a, qui
marque tendance, et baisser). Rendre plus
bas, diminuer la hauteur d'une chose : Abais-
_. . m terrain. Abaisser le
tablier d'un pont, u Faire aller en bas, porter
plus en bas, faire descendre : Abaisser un
store. J'encourageai les matelots effrayés, je
leur fis abaisser leurs voiles. (Fén.) Les eaux
fortement agitées soulèvent et abaissent alter-
nativement les flots. (Buff.) Vous le voyez
abaisser son chapeau sur ses yeux, pour ne
voir personne, (La Bruy.) Ils abaissèrent le
màt, et s'abandonnèrent à la mer. (Le Maist.
de Sacy.) La veuve abaissa brutalement les
deux mains de la jeune fille, qui cachait son
visage baigné de larmes. (E. Sue.) Elle abaissa
son voile sur son visa/fe, de peur d'être recon-
nue. (Lamart.)
Ni la main du sommeil n'abaissa leurs paupières.
La Fontaine.
Que la froide Allemagne et que ses noirs orages.
Tristement sur ma tetc abaissent leurs nuages!
G. Delavignk.
Il Plier, courber : La branche souple se relève
sans cesse d'elle-même , quelque effort qu'on
fasse pour /'abaisser. (Fen.) il Incliner, pen-
cher : Les oiseaux qui ont les jambes longues
ont aussi te cou à proportion, pour pouvoir
abaisser leur bec jusqu'à terre et y prendre
leurs aliments. (Fén.)
— Fig. Abaisser la tête, Se résigner, s'hu-
milier : Certes, Jean Lyon abaissa la tète bien
bas; mais il fait tout par sens et par malice.
(Froissart.) Comme elle abaisse cette tête au-
guste devant laquelle s'incline l'univers! (BûSS.)
Il Abaisser les yeux, le regard, Observer,
étudier : Partout où l'homme abaisse un re-
gard religieux, il reconnaît que la nature est
le corps dont Dieu est l'âme. (Custine. ) Il
Abaisser les yeux sur, Accorder de l'atten-
tion, avoir égard à; compatir; protéger:
L'autre, tout occupée à discourir des cieux ,
Sur un simple mortel daigne abaisser les yeux.
St-Evremont.
Disposez de sa main, et, pour première loi,
Madame, ordonnez-lui Rabaisser l'oeil sur moi.
Corneille.
— Dans un sens poétique, on dit abaisser
la hauteur : Le ciel est toujours le ciel, et
rien n'en peut abaisser la hauteur. (Ste-
Beuve.)
Lève ton bras, lance ta flamme ;
Abaisse la hauteur des cieux. J.-B. Rousseau;
_ — Par ext. Diminuer, rendre moins élevé,
réduire : Abaisser le prix du pain. Abaisser
les salaires, les octrois, les impôts. La banque
a abaissé son escompte à trois et demi pour
cent (Journ.) Ils sont gens à préjérer une loi
qui abaisse le prix du pain à une loi qui
abaisse le cens électoral. (St-Marc Girard.)
Les bains chauds abaissent la vitalité des gens
bien portants. (Maquct.) il Prendre, soit en
chantant, soit en parlant, une intonation
moins élevée : Abaisser la voix, le ton. Le
meilleur récitatif doit rouler entre de fort
petits intervalles, n'élever ni «'abaisser beau-
coup la voix. (J.-J. Rouss.)
— Fig. Modérer, adoucir, tempérer :
De moment en moment, son âme plus humaine
Corneille.
Moi, je veux abaisser ce ton impératif;
Itvous sied mal. Je veux vous rendre honnête, affable.
Boursault.'
— Abaisser les barrières de douanes. Dimi-
nuer les droits de douanes, ou les abolir com-
plètement : Partout, en Europe, tes peuples
abaissent maintenant les barrières qu'ils s ap-
pliquaient autrefois à rendre infranchissables.
(E. de Girard.) Dans un temps donné, les che-
mins de fer abaisseront les lignes de douanes.
(Mien. Chev.)
— Rendre moins puissant , faire tomber
d'un rang élevé, affaiblir l'autorité, le crédit,
l'influence, etc. : C'est le gouvernement qui
change les mœurs, et qui élève ou abaisse les
nations. (Volt.) Servius Tu lit us étendit les pri-
vilèges du peuple pour abaisser le sénat. (Mon-
tesq.) J'admirais les coups de la fortune, qui re-
lève tout à coup ceux quelle a le plus abaissés.
(Fén.) il Ravaler, dégrader, avilir, humilier :
La religion élève le peuple à l'intérieur, et
abaisse les superbes à l extérieur. (Pascal.) Les
grands noms abaissent, au lieu d'élever, ceux
qui ne savent pas les soutenir. (La Rochef.)
Nous élevons la gloire des uns pour abaisser
celle des autres. (La Rochef.) L'esprit départi
abaisse les plus grands hommes jusqu'aux pe-
titesses du peuple. (La Bruy.) La superstition
abaisse l'esprii autant que la religion l'élève.
ABA
(Montesq.) N'est-il plus, on exagère son mé-
rite, pour abaisser ceux qui vivent. (Volt.)
Les hommes se révoltent contre ce qui les
abaisse. (Mme de Lambert.) La servitude
abaisse les hommes jusqu'à s'en faire aimer.
(Vauven.) L'homme ne saurait abaisser les
femmes sans tomber dans la dégradation.
(A. Martin.) Napoléon croyait être d'autant
plus grand qu'il abaissait davantage Jes
autres. (Chatcaub.) L'extase, loin d'élever
l'homme jusqu'à Dieu, J'abaisse au-dessous de
l'homme. (V. Cousin.)
Pensez-vous abaisser les rois dans leurs ministres?
Voltaire.
Et nul en TheSBalie
n'abaissa son courage à demander la vie.
Voltaire.
Il Rendre humble, modeste : Un prince
n'est jamais plus grand que lorsque cest la
bonté qui V abaisse. (Mass.) On le voyait abais-
ser aux pieds des pauvres la majesté royale.
(Mass.). il En style religieux, Inspirer des sen-
timents d'humilité, faire agir par humilité :
L'humilité de Jésus-Christ l\ abaissé jusqu'à
l'anéantissement. (Fléch.) Il abaissa sa gran-
deur royale sous l'humilité chrétienne, (Fléch.)
— Absol. : C'est Dieu qui élève, c'est lui qui
abaisse. (Bossuet.) Il y a dans le monde une
puissance supérieure à celle des hommes, qui
élève ou cm abaisse. (Bourdal.) Il y a une
fausse grandeur qui abaisse. (La Bruy.)
— Arithm. Abaisser un chiffre, Écrire un
chiffre faisant partie d'un dividende, ou d'une
puissance, au-dessous de la place qu'il y oc-
cupait, à côté du restebbtenu antérieurement
dans la division ou l'extraction de racine,'
— Algèb. Abaisser une équation, Réduire
à. un moindre degré une équation d'un degré
supérieur.
— Gêom. Abaisser uneperpendiculaire, Tirer
une perpendiculaire à une ligne, d'un point
pris hors de cette ligne.
— Chirurg, Abaisser la cataracte, Déplacer
le cristallin a l'aide'd'une aiguille introduite
à travers la sclérotique, et le faire descendre
dans la partie inférieure du corps vitré, de
manière qu'il ne puisse gêner la vision.
— Fauconn. Abaisser l'oiseau, Diminuer sa
nourriture habituelle, afin de le rendre plus
léger au vol et plus avide à la proie.
— Hortic. Abaisser une branche d'arbre, La
raccourcir, la couper près du tronc.
— Pàtiss. Abaisser la pâte, L'amincir en
l'étendant avec le rouleau.
S'abaisser, v. pr. Devenir plus bas, moins
élevé, perdre de sa hauteur : Tous les fleuves
diminuent de jour en jour, parce que tous les
jours les montagnes s'abaissent. (Buff.) Le
terrain s'abaisse et ouvre un abîme. (Fén.) Les
nuages s'abaissent vers la terre.
Tel s'élève et s'abaisse, au gré de l'atmosphère,
Le liquide métal balancé sous le verre.
il Pouvoir être abaissé, descendu: Ce store
s'abaisse difficilement. Coiffure qui s'abaisse
à volonté, il S incliner, se courber, se baisser, se
pencher vers: Les deux combattants s' allongent,
se replient, s'abaissent, se relèvent tout à
coup, et enfin se saisissent. (Fén.) Ce n'est pas
sans émotion que l'œil s'abaisse sur le bord
de l'abime. (L.-J. Larcher.) Quand on charge
le chameau, il s'abaisse sur le ventre. (Buff.)
Leurs dos voûtés s'élevaient, s'abaissaient.
Aux longs élans des soupirs qu'ils poussaient.
Il S'étendre, descendre :
Sa robe en plis flottants jusqu'à ses pieds s'abaisse.
Il Se dissiper, s'évanouir : La poussière s'a-
baisse et tombe. (Thomas.)
— Par ext. Perdre de son intensité, de sa
force, de son volume, de son étendue; di-
minuer de valeur : Sa voix commence à s'a-
baisser. Le bruit du vent s'abaisse. Les capi-
talistes voient s'abaisser l'intérêt de leur ar-
gent. Le prix de ce produit s'est abaissé par
suite de la diminution des droits, il Être dimi-
nué, atténué : La peine s'abaissera si le
coupable s'est livré lui-même à la justice, ou
si, dès les premiers interrogatoires, il avoue
sincèrement soncrime. (Code de Bavière.)
— Fig. S'amoindrir intellectuellement, mo-
ralement, devenir moralement inférieur :
Sans liberté, l'opinion de la presse s'abaisse,
et l'opinion publique s'abaisse en même temps.
(J. Favre.) L'art contemporain n'a que trop de
disposition à s'abaisser. (A. de La Forge.) Le
niveau de l'inspiration s'abaisse quelquefois.
(Nogent de St-Laurent) n Recourir a, des-
cendre à : Gardez-vous de croire que je m'a-
baisse aux misérables inquiétudes de la vanité.
(Bridaine.) Faui-il quune personne comme
vous s'abaisse à parler de la sorte. (Molière.)
Est-ce que vous voudriez qu'elle s'abais""- j
ces sortes de bagatelles? (Dancourt.) Je
suis pas abaissée à pleurer comme une r.
(Balz.)
Dieu qui s'abaisse jusqu'à se faire homme
étonne et confond la raison. (Mass.) La répu-
blique de Gênes s'abaisse encore plus devant
Louis XIV que celle d'Alger. (Volt.) Dès que
Charles XII fut auprès de Dender, on lui con-
seilla d'écrire au vizir, selon l'usage, et il crut
que ce serait trop s'abaisser. (Volt.) L'esclave
sent que son maître a une àme qui peut s'a-
grandir, et que la sienne est contrainte de s'a-
baisser sans cesse. (Montesq.)
Vous voulez que le roi s^abaissc et s'humilie!
lis croiraient l'abaisser dans leurs vers monstrueu
S'ils pensaient ce qu'un autre a pu penser comme eu
Boileau.
Morbleu! c'est une chose indigne, lâche, infâme,
De s'abaisser ainsi jusqu'à trahir son âme!
de quelqu'un plus faible : Les enfants sont la
portion la plus pure de votre troupeau; n'ayez
pas honte ae vous kBMSSEnjusqu'à eux. (Mass.)
Le prince s'est abaissé jusquà moi, en pre-
nant soin de ma fortune. (Mme fo La Fayette.)
La grandeur de Votre Majesté consiste à s'a-
baisser jusqu'à ses sujets. (Palissot.)
Que suis-je , Seigneur? et pourquoi
Le Souverain de la nature
S'abaisse-t-il jusques à moi ?
J.-B. Rousseau.
Il Témoigner de la modestie, de l'humi-
lité : Sans se hausser pour paraître grand ,
sans s'abaisser pour être civil et obligeant.
(Boss.) Il est quelquefois dangereux de s'a-
baisser ; car on prend au mot notre humilité,
et l'on nous méprise sur notre parole. (Girard.)
Il Avoir de l'humilité, faire acte d'humi-
lité : Nous le verrons s'abaisser profondément
au nom de Jésus... Abaissons-nous e« esprit.
,d — ^ 0n [a vit souvenl s'ABAiSSER et -- ->-■
si haut que lorsqu'ils i
s'ab'aisse pour s'élever. (La Rochef.)
tianisme a dit à l'homme : Abaisse-toi. humi-
lie-toi, obéis, sois le dernier. (Lamenn.)
Devant l'Être éternel tous les peuples s'abaissait.
L. Racine.
Qui s'élève est un fat, qui s'abaisse est un sot.
Favart.
Les humbles et tes justes
Dont le cœur devant toi s'abaisse avec respect.
J.-B. Rousseau.
Et je vous apprendrai qu'on peut, sans s'avi
S'abaisser s<— - '-- J:— - ' =--'-'- -' '--
baisser sous les diei
bs honteux je se
que je m'ab
Voltai
'abaisse.
Peut-elle s'abaisser à des c
La Fontaine.
il S'humilier, se dégrader, s'avilir : Un
n Déchoir, décliner : Des compagnies s'é-
lèvent, d'autres s'abaissent, et enfin s'éva-
nouissent. Il en est de même de toutes les di-
gnités. (Volt.)
— Syn. Abaisser, baisser. Baisser se dit
des choses qu'on veut placer plus bas : Bais-
ser la tête, baisser les yeux, baisser un mur,
baisser les voiles d'un navire. Abaisser se dit
des choses faites pour en couvrir d'autres, et
qui, étant relevées, les laissent à découvert :
Abaisser les paupières, abaisser le couvercle
d'un coffre. L'opposé de baisser est exhaus-
ser; celui d'abaisser est relever. Au fig., dans
le sens d'humilier, on fait toujours usage
d'abaisser. V. le groupe de synonymes ci-
dessous.
— Abaisser, avilir, humilier, rabaisser,
rabattre, ravaler. Abaisser convient surtout
pour désigner un .médiocre abaissement ou
même un abaissement volontaire : Les grands
noms abaissent, au lieu d'élever, ceux qui ne
savent pas les soutenir. (La Rochef.) La bonté
de Dieu s'abaisse jusqu'à nous. — Rabaisser
se dit de ce qui est élevé, noble, et que l'on
cherche à déprécier : L'envie, ne pouvant s'é-
lever jusqu'au mérite, tâche de le rabaisser.
(Boil.) — Rabattre, c est rabaisser d'une ma-
nière plus vive, plus prompte, en s'attaquant
à un vice et surtout à un ridicule : Rabattre
le ton, la fierté, la hauteur, le caquet, etc. —
Itavaler implique l'idée d'un contraste entre
une situation élevée que l'on occupait d'abord,
et l'abaissement dans lequel on tombe : Sa
conduite le ravale au-dessous de la brute. —
Humilier, c'est mortifier, donner de la con-
fusion. Avilir emporte l'idée de honte, d'igno-
minie. Nous pouvons être humilié par quel-
que chose qui est en dehors de nous, et nous
ne pouvons être avili que par nous-même : La
plaisanterie française veut toujours humilier
par les ridicules, (Mme de Staël.) Qu'est-ce
que la noblesse, si l'on peut s'avilir sans la
perdre? (J.-J. Rouss.)
— Antonym. Elever, hausser, exhausser, sur-
élever (sens prop.). \\ Elever, relever, vanter,
exalter, ennoblir; glorifier, chanter, célébrer,
déifier, honorer, immortaliser, diviniser, illus-
trer, préconiser (sens fig.).
ABAISSEDR adj, m. (a-bè-seur — rad.
abaisser). Anat. Se dit des différents muscles
dont la fonction est d'abaisser les parties
auxquelles ils sont attachés : Les muscles
abaisseurs ont pour antagonistes les éléva-
teurs. Un des quatre muscles de l'œil a pour
office^ d'abaisser le regard vers la terre, et on
l'a distingué des autres muscles abaisseurs en
l'appelant le muscle humble. (Acad.)
— Substantiv. : Z'w5aisskuu de l'œil, des
paupières. Z'abaisseur des sourcils empêche
les ordures d'entrer dans l'œil, et lui fournit
une défense contre l'impression d'une lumière
ABA 9
trop vive. (Encycl.) 11 Abaisseur de l'aile du
nez, Muscle qui abaisse l'aile du nez et re-
tient la narine. On le nomme aussi myrti-
forme, à cause do sa ressemblance avec une
fouille de myrte. Il Abaisseur de l'angle des
lèvres, Muscle naissant de la face externe do
la mâchoire inférieure et s'étendant jusqu'au
coin de la bouche, où il se termine en pointe.
Ce muscle, qui a la forme d'un triangle, s'ap-
pelle aussi triangulaire des lèvres, il Abaisseur
de la lèvre inférieure, ou carré du menton,
Petit muscle mince et quadrilatèro qui s'at-
tache à la ligne oblique externe de l'os maxil-
laire inférieur, et monte dans la lèvre in-
férieure, où il se confond avec le muscle
orbiculaire. Il Abaisseur de la mâchoire infé-
rieure, Nom donné à la plupart des mus-
cles des régions sus et sous-hyoïdiennes do
la mâchoire inférieure. Il Abaisseur de l'œil,
Le muscle droit inférieur de l'œil, il Abaisseur
de la paupière inférieure, Petitfaisceau charnu
qui fait partie du muscle palpébral.
— Chir. Abaisseur de la langue, Instrument
qui sert à abaisser la langue et à la maintenir
comprimée, pour mettre à découvert le fond
de la cavité buccale. On dit aussi abaisse-
langue et glossocatoche. V. ces mots. Il Abais-
seur de la paupière, Instrument qui sert à
abaisser la paupière.
abait s. m. (a-bè — du bas lat. abettum,
même sens). Pêch. Appât. S'écrivait autref.
abet.
— Ce vieux mot s'est pris fig. dans le sens
de ruse : Car la vieille sait trop cJ'abait.
(Renart, xme siècle.)
ABAITER v. a. ou tr. (a-bè-té — rad. abait).
Appâter, mettre un appât à l'hameçon.
ABAJOUE s. f. (a-ba-ioû — contraction do
à bas joue, au bas de la joue). Poche que cer-
tains genres de quadrumanes, de chéiroptères
et de rongeurs portent dans l'épaisseur des
joues de chaque côté de la bouche. Chez la
plupart des singes de l'ancien continent, les
abajoues s'ouvrent à l'intérieur do la cavité
buccale. Chez certains rongeurs de l'Améri-
que, elles s'ouvrent à l'extérieur, co qui a fait
donner à ces animaux le nom de diplostomes
(double bouche). Les abajoues sont des rés'or-
voirs dans lesquels l'animal peut garder quel-
que temps et transporter à une certaine dis-
tance les aliments qu'il no veut pas consommer
immédiatement. Dans les chauves-souris du
genre nyetère, elles servent à diminuer le
poids spécifique du corps, et facilitent le vol
en permettant l'introduction de l'air dans le
tissu cellulaire sous-cutané : Les guenons ont
des abajoues, c'est-à-dire des poches au bas
des joues, où elles peuvent garder leurs ali-
ments. (Bulf.) Le hamster et d'autres espèces
de rats ont des abajoues. (Cuvier.) Les chau-
ves-souris ont des abajoues et de longues
oreilles. (Bouillet.)
— Par ext. et plaisamment, Joues volumi-
neuses et pendantes,
— Parties latérales du groin du cochon et
de la tète de veau, lorsqu'elles sont détachées
do l'animal.
ABAKANSK, ville forte de Sibérie, fondée
par Pierre le Grand en 1707. Dans les envi-
rons , tombeaux et curieuses antiquités d'una
civilisation primitive.
ABAKUR s. m. Un des chevaux de Sunna,
déesse du Soleil, dans la Mythologie des peu-
ples du Nord.
abales s. m, pi. (a-ba-le). Géogr. Nom
d'un ancien peuple de l'Inde.
ABALIÉNATION s. f. (a-ba-li-ê-na-si-on —
lat. ab et aliénation). Droit rom. Cession alié-
nation par laquelle les bestiaux, les esclaves,
les terres et autres possessions, dans l'en-
ceinte du territoire de l'Italie, étaient trans-
férés à des personnes en droit de les acquérir.
ABALIÉNÉ , ÉE (a-ba-li-é-né — lat. ab et
aliéné) part. pass. du v. Abaliéner. Terres:
— Fig. : Impôts abaliénés, Impôts détournés.
— Pathol. Membres abaliénés, Paralysés.
ABALIÉNER v. a. ou tr. (a-ba-li-é-né —
lat. ab, et aliéner). Consentir uneabaliénation.
S'abaliéner, v. pron. Être abaliéné : Pro-
priétés qui peuvent s'abaliéner,
ABALOURDI, IE (a-ba-lour-di) part. pass.
du v. Abalourdir. Rendu stupide: Des enfants
AiiALOURDis. On est abalourdi par une suite
de mauvais traitements. (Laveaux.)
ABALOURDIR v. a. ou tr. (a-ba-lour-dir—
rad. balourd). Rendro lourd, stupide, à force
de mauvais traitements : abalourdir un en-
fant. Pop.
S'abalourdir, v. pron. Devenir lourd, stu-
pide : Les enfants s'abalourdissent par les
mauvais traitements.
ABALOLiRDiSSANT, ante adj. (a-ba-loùr-
di-san, an-te— rad. abalourdir). Qui est propre
à abalourdir, qui imprime une crainte stu-
pide : Z>*abalourdissantes menaces. Une ré-
primande ABALOURDISSANTE.
ABALODRDISSEMENT s. m. (a-ba-lour-
di-se-man — rad. abalourdir). Action d'aba-
lourdir; état d'une personno abalourdie : £'a-
ABAMA s. m. (a-ba-ma). Bot. Genre de
plantes de la famille des liliacéos. On l'ap-
pelle aussi nurthecie (narthecium).
abamêes s. f. pi. (a-ba-mé — rad. abama).
Bot. Groupe de la famille des liliacéos, qui u
pour type le genre abama.
ABAN s. m, (a-ban). Le mois d'octobro,
chez les Syro - Macédoniens, il Le huitième
mois de l'année persane. Il Le dixième jour
du mois solaire, chez les Persans.
ABANÇAY, ville du Pérou, sur une rivière
du même nom. 2,500 hab.
tantes.
la guerre sous Louis XVI, le 20 juin 1792. Mis
en accusation après le 10 août, il périt à Ver-
sailles dans le massacre du 9 septembre -1792.
ABANCOURT (François-Jean "Willemain d').
V. WlI.LEMAIN.
ABANDON s. m. (a-ban-don — de a prép.,
et du vieux mot bandon, qui signifiait l'autori-
sation, la permission par ban, la liberté, lo
pouvoir de faire une chose. A bandon signifiait
a discrétion , à volonté ; mettre quelque chose
à. bandon voulait dire Livrer quelque choso
à discrétion, à l'abandon ; être À bandon, êtro
à discrétion, être à l'abandon. En ne faisant
qu'un seul mot de la prépos. à et du subst.
bandon, on a formé le mot abandon, qui nous
a fourni le dérivé abandonner. Ce mot est
d'origine germanique.) Action d'abandonner
quelqu'un , de le délaisser : Dieu doit à sa
justice /'abandon du pécheur. (Mass.) L'oubli
et /'abandon d'un seul de vos malades est une
inhumanité qui révolte. (Mass.) Celait un vice
bien odieux que cet abandon des vieillards.
(Marmontel.) Craignez -vous d'avoir à vous
reprocher un jour le malheur et /'abandon de
cet enfant de mes entrailles? (G. Sand.)
— Par anal. Action d'abandonner une
chose qu'on pourrait garder pour soi : Il
consent à /'abandon de ses droits. (Acad.)
La question du maintien ou de /'abandon des
douanes fut soulevée par la première assem-
blée des notables. (Mignet.)
— Par ext. Congé , permission : // sem-
blait qu'il eût droit d'en user de la sorte, par
/'abandon et la permission du roi. (St-Simon.)
Ce sons a vieilli.
— Abandon de soi. Renoncement, résigna-
tion, négligenco de ses intérêts, do ses de-
voirs envers soi-mêmo : // faut vivre dans un
plein abandon de soi-même à tontes les vo-
lontés de Dieu. (Bourdal.) 77 y aurait un lâche
abandon de moi-même à souffrir qu'on me
déshonore. (Volt.) Avec moins d'indolence et
moins (/'abandon de lui-rnème, il eût été ca-
pable de remplir les plus grands emplois.
(Marmontel.)
— État do celui qui est abandonné , dé-
laissé ; ^'abandon de ses amis l'a consterné.
(Acad.) Un malade peut juger de son état par
/'abandon des médecins. (Buff.) La chute de
saint Pierre n'arriva pas tant par sa néqli-
gence que par /'abandon de Dieu. (Pascal.)
"— Observ. On voit, par les exemples cités
plus haut, que le mot abandon, suivi do la
prépos. de, marque, par rapport au com-
plément, tantôt le sons actif, tantôt le sens
passif; c'est ainsi quo ces mots: L'abandon
de Thésée, signifient que ce héros abandonna
Ariane; tandis que cette autre phrase, en
tout semblable : L'abandon d'Ariane, signifio
qu'Ariane fut abandonnée ; et comme cette
double acception peut donner lieu à équi-
voque, il faut chercher une autre tournure
toutes les fois qu'il pourrait y avoir douto
sur le sens.
— Absol. État d'une personne délaissée :
2/abandon dans la vieillesse est le sort de
l'égoïste. (Boss.) Le Camoëns n'eut d'autre
ressource qu'un hôpital; ce fut là qu'il passa
te reste de sa vie, et qu'il mourut dans un
abandon général. (Volt.) Ceux qui ne vivent
que pour eux tombent dans le mépris et dans
/'abandon. (Mme de Lambert.) ^'abandon est
le partage des malheureux; il ne devrait être
que celui des méchants. (S. Dubay.)
— S'est dit en parlant d'un lieu devenu
désert : Ce fleuve sest peut-être réjoui dans
son abandon, d'entendre retentir autour de ses
rives les pas d'un étranger. (Chateaub.)
— Confiance entière : L'onction de /'abandon
donne une certaine vigueur dans toutes les ac-
tions et épanche la joie du Saint-Esprit jusque
sur le visage et dans les paroles... Ailes donc
à Dieu en abandon. (Boss.) Si quelque chose
est capable de mettre un cœur au large et en
liberté, c'est cet abandon à la Providence.
(Fén.) 11 Absence d'apprêt, d'effort, de calcul ;
négligence aimable , où l'on cesse en quoique
sorte de s'observer, de se contraindre, où
l'esprit se laisse aller à l'impulsion naturelle
do ses idées et de ses sentiments, do son
caractère; laisser-aller gracieux dans les ma-
nières : Cette femme a dans ses manières un
abandon séduisant. (Acad.) Il trouvait en elle
trop de hauteur et pas assez de complaisance
et d' abandon. (Marmontel.) Ces filles alliêres
n'ont ni la souplesse ni /'abandon des femmes
que la nature a destinées à la maternité, (Balz.)
^'abandon est mie qualité qui ne s'acquiert
pas. (La Rochef. Doud.) L'enfance jouit de la
vie avec abandon et avec une sécurité admi-
rable. (P. Janet.)
Joignait des m
-agile don,
le facile abandon.
le fàci!
ABA
— A bandon de cœur, Ouverture d'àme, fran-
chise, expansion: Elle s'était montrée, par
son imprévoyance et son abandon de cœur,
la digne fille d'Antoine. (G. Sand.) // n'y eut
pas un seul moment ci' abandon de cœur dans
toute la vie de madame de Maintenon (Sainte-
Beuve.)
— Jurispr. Cession, renonciation, délaisse-
ment : Il a fait abandon à ses créanciers de
tous ses biens meubles et immeubles, il L'a-
bandon de biens est fait par un débiteur
malheureux et de bonne toi, qui délaisse
tous ses biens à ses créanciers pour éviter
leurs poursuites et l'effet de la contrainte par
corps; cet acte est plus connu sous le nom de
cession de biens. 11 L'expression abandon de
biens s'entend plus spécialement d'un partage
de biens anticipé, fait par un père entre
ses enfants, dans la vue d'éviter les difficul-
tés auxquelles ce partage pourrait donner
lieu après sa mort, n L abandon que, dans
certaines circonstances, un tiers détenteur
est autorisé à faire d'un objet déterminé,
s'appelle délaissement. 11 Abandon s'emploie
encore dans le sens de délaissement en ma-
tière d'hypothèque, de bail, il Suivant les
règles du droit romain, le propriétaire do
l'animal par lequel un dommage avait été
— Abandon d'action, Acte par lequel la
partie lésée, qui a pris d'abord la voie soit
criminelle, soit civile, l'abandonne pour por-
ter son action devant une autre juridiction.
Il Abandon -d'époux, Acte par lequel un des
deux conjoints quitte l'autre, il Abandon mal-
veillant. Absence d'un conjoint, en Hollande,
pendant cinq ans du domicile conjugal, et re-
fus d'y rentrer. Cet abandon donne lieu au
divorce par contumace. H Abandon maritime.
On appelle ainsi l'abandon du navire et du
fret, fait par l'armateur, pour se décharger
de la responsabilité des faits du capitaine.
11 Ce mot est aussi synonyme de délaisse-
ment, en parlant de l'assurance maritime.
— Bourse. Acte ^iar lequel l'acheteur re-
nonce à un marche conclu en consentant à
payer la prime.
— Législ. milit. Crime dont se rend cou-
pable un soldat en quittant son poste ou son
drapeau.
— Escr. Abandon de l'épée, Mouvement par
lequel on quitte le fer, soit en marchant, soit
en prenant le plus long pour aller aux parades.
— A l'abandon, loc. adv. Sans secours, sans
protection , etc. : Laisser ses enfants À l'a-
bandon. 11 Dans le désordre, dans la confusion :
Tu laisses aller tes affaires À l'abandon. (Mol.)
Tout l'Occident est À l'abandon. (Boss.) Les
lois étaient en oubli, les finances au pillage, la
discipline militaire À l'abandon. (Marmontel.)
. . . Mon château, ma famille,
1, tout est pillé ; tout est d l'abandon.
Voltaire.
— Dans une douce familiarité, sans réservo :
Ilien n'est plus doux que d'être À l'abandon
avec ses amis. (Duc du Maine.)
— Épithètes. Pénible , triste , douloureux,
navrant, cruel, criminel, lâche, infâme, hon-
teux, humiliant; absolu, entier, total, forcé,
volontaire; sincère, généreux, magnanime,
ABANDONNABLE adj. (a-ban-do-na-ble —
rad. abandon). Qui peut, qui doit être aban-*
donné : C'est un projet abandonnable de sa
nature. Très-peu usité.
ABANDONNANT (a- ban-do-nan) part,
prés, du v. Abandonner.: En abandon-
nant noblement ce qui nous' quitte, on se fait
voir noblement au-dessus de ce qu'on perd.
(M""* de Staël.) Vous ne pouvez répondre aux
desseins de Dieu qu'en vous abandonnant à
lui. (Bos?.) Elle fut heureuse de concilier la
voix de son cœur et celle du devoir, en «'aban-
donnant à une inclination conçue dès son en-
fance. (Balz.)
^l'abandonnant & la tristesse,
Sans espérance, sans désirs,
Dont la douceur enchanta ma jeunesse.
adj. (a...... ..
, ..__ __ rad- abandon). Plein d'aban-
don : Une abandonnante légèreté. Très-peu
au profit de qui est fait un abandon de'biei
par un créancier.
ABANDONNATES, TRICE S. (a-ban-do-
na-teur tri-se — rad. abandon). Jurispr.
Celui, celle qui fait abandon. Se dit par oppo-
sition à abandonnataire. Voy. ce mot.
ABANDONNÉ, ÉE (a-ban-do-né) part. pass.
du v. Abandonner. Quitté , délaissé entière-
ment : L'amitié généreuse court aux per-
sonnes AHANDONNÉESjpoiir essuyer leurs larmes.
(Pascal.) Jl semble que. l'être qui pense soit
abandonné et solitaire au milieu de l'univers
physique, et la pensée a besoin du commerce de
la pensée. (Thomas.) Nos pères avaient dit :
Il y a des enfants abandonnés, donc il faut
les recueillir. (Gerbet.)
— Il est souvent suivi d'un complément,
régi par la prép. de ou par : Il se vit tout à
coup abandonné des deux partis. (Fléch.)
L'homme fortuné fut abandonne de la fortune.
(Pén.) Le malheureux Arbogaste, abandonné
ve Dieu et des hommes... (Fléch.) Gratien, aban-
donné de ses troupes... (Boss.) Le peuple ro-
main, presque toujours abandonné de ses
souverains... (Montesq.) Les terres étaient
abandonnées par les laboureurs. (Volt.) Les
molécules d'eau abandonnées par l'air perdent
l'état élastique. Ariane, désolée dans les dé-
serts, abandonnée par un ingrat, ne se repen-
tait point de l'avoir suivi. (Montesq.)
De l'univers entier je meurs abandonné.
L'horreur de voir à tort ma vertu soupçonnée,
D'être par un époux trahie, abandonnée.
— Laissé , livré : Croyez-vous que votre vie
soit abandonnée aux vents et aux flots? (Fén.)
Je méritais d'être privé de voire secours et
d'être abandonné ' à moi-même. (Fén.) Les
viandes furent abandonnées aux pauvres.
(Volt.) L'imbécile Claude, espèce de femme,
abandonné à des femmes perdues, est un prince
détestable. (Roubaud.)
âme est tout abandonnée.
Moliêi
S-obstinTà
MlCIlAUD.
x pleurs abandonnée,
sureuse journée.
C. Delavigne.
Il Cédé : Marchandise abandonnée pour tel
prix. 11 Peu fréquenté, désert : Le lieu est char-
mant,maisagreste et abandonné. (J.-J.Rouss.)
On croit errer dans les parcs abandonnés de
Versailles. (Chateaub.) Les endroits les plus
abandonnés devenaient pour moi des lieuxpré-
férés. (Chateaub.) 11 Négligé, peu cultivé:
Deux simples aventuriers , dont l'éducation
avait été si abandonnée, qu'ils ne savaient ni
lire ni écrire. (Volt.) Quand un commerce de
détail ne permet pas à une marchande d'être
bien vêtue, il est abandonné. (J.-B. Say.)
Hélas! j'ai vu nos dieux abandon»
Il Impudent, licencieux, dépravé: Il faut
que vous passiez pour les plus abandonnés ca-
lomniateurs qui furent jamais. (Pascal.) Le
pécheur le plus dissolu , le plus faible , le plus
abandonné. (Mass.) Adieu, famille abandon-
née, maison sans mœurs. (Beaumarch.)
— Prov. Il faut être abandonné de Dieu et
des hommes pour agir ainsi. Se dit d'uno per-
sonne qui agit de la manière la plus contrairo
à son honneur et à ses intérêts.
— Jurispr. Choses abandonnées, Choses dont
le propriétaire ne veut plus, il Biens aban-
donnés, Héritage qui n'a plus ni propriétaire
ni possesseur. 11 Terres abandonnées, Terres
que la mer a laissées à sec. 11 Animaux, pâtu-
rages abandonnés^ Laissés sans garde, délais-
sés soit pour toujours, soit momentanément,
mais sans renonciation au droit de propriété.
Chass. Chien abandonné, Chien courant
tien : Vous voudriez donner tout . £
vous, jusqu'à votre sang, pour soulager les
pauvres et les abandonnes. (G. Sand.) 11 On
comprend sous le nom à'abandonnés tous
ceux qui, nés de père et mère inconnus, en
ont été délaissés; on les appelait autrefois
enfants trouvés; on les nomme aujourd'hui
enfants assistés.
— Fig. Celui , celle qui mène une conduite
déréglée : C'est une infâme qui va courir le
pays avec eux, et qu'ils ne sauraient regarder
que comme une abandonnée. (Boil.)
J'aime fort la beauté qui n'est pas profanée,
Et ne veux point brûler pour une abandonnée.
Molière.
ABANDONNÉS s. m. pi. (a-ban-do-nô). Ti-
tre d'une confrérie en Espagne.
— Nom des membres d'une académie de
Bologne.
ABANDONNEMENT s. m. (a-ban-do-ne-
man — rad. abandon). Action d'abandonner,
de délaisser, de renoncer à : Cet abandonne-
ment de sa propre cause, et par conséquent de
la vie... (Bourdal.) La reine avait aimé la
duchesse de Marlborough avec une tendresse
qui allait jusqu'à la soumission et à /'aban-
donnemënt de toute volonté. (Volt.) 11 Ces-
sion ; Faire à des créanciers /'abandonnaient
de ses biens. Il a fait un abandonnèrent
de tous ses biens. (Acad.) // s'y dispose par
un abandonnemënt actuel des biens qu'il
possède. (Fléch.) 11 Dans ce sens, le mot
abandon est beaucoup plus usité aujourd'hui.
U Etat d'une personne abandonnée, dé-
ABA
laissée : Vivre dans un complet abandonne-
mënt. Dites quels furent, dans ce triste aban-
donnemënt, les sentiments de son âme. (Mass.)
// se plaint d'être abandonné; mais an milieu
de ses plaintes il est contraint de confesser que
"' est équitable. ("
tion : Tout en eli
. . 'abandonnument et l'oubli de
soi-même. (Crébill.)
Je vois couler tes pleurs ; tant de soins, tant de flamme.
Tant d'abandonnement, ont pénétré mon âme.
Voltaire.
Il Confiance entière; ouverture d'âme, fran-
chise : Je lui soumets tout avec un entier aban-
donnemënt. (Boss.) 11 Action de se laisser
aller, de se laisser dominer : La tyrannie de
Louis XIV et son abandonnemënt aux jésui-
tes eurent des suites cruelles. (St-Simon.) C'est
/'abandonnemënt au plaisir qui nous jette loin
des voies du satut. (Mass.) Peut-on dire que ce
soit l'esprit de débauche , de licence , c/.aban-
donnement à leurs passions, qui les réunit?
(Volt.) Les stoïciens dédaignaient et mépri-
saient /'abandonnemënt à la mollesse et aux
plaisirs. (J. Simon.)
— Absol. Inconduite , dérèglement : Vivre
dans /'abandonnemënt. (Acad]) // s'agit de ré-
parer une vie entière de corruption et (/'aban-
donnemënt. (Mass.) Un abandonnemënt qui
ne cannait plus ni règle , ni pudeur, ni bien-
séance. (Mass.)
— Abandonnemënt au bras séculier, Acte par
lequel une personne condamnée par les juges
ecclésiastiques était livrée aux juges laïques.
Il Abandonnemënt de bénéfice. Il se faisait
d'une manière expresse ou tacite. La pre-
mière avait lieu lorsqu'on résignait un béné-
fice , qu'on se mariait , ou qu'on prenait un
bénéfice incompatible ; la seconde, lorsqu'on
changeait d'habit, qu'on manquait à la rési-
dence , qu'on ne desservait pas le bénéfice.
— Jurispr. Abandonnemënt était, dans l'an-
cien droit, synonyme de cession de biens. Au-
jourd'hui il exprime l'attribution que les no--
taircs, chargés d'un partage, font à chacun
des copartageants. Pour exprimer cette idée,
le Code Napoléon se sert du mot fournisse-
ment, u Contrat par lequel on abandonne , au
profit des assureurs , des marchandises ava-
riées, chargées sur un vaisseau, u Lorsque les
compagnies n'étaient pas encore au compte
du roi, on appelait abandonnemënt, dans l'an-
cienne législation militaire , la banqueroute
que faisait un capitaine, quand il laissait,
par départ ou par décès, la compagnie mal
équipée et hors d'état de tenir campagne.
abandonnemënt adv. (a-ban-do-né-man
— rad. abandon). Vieux mot qui s'est employé
dans le sens de Hardiment, librement, réso-
lument, patiemment, libéralement, à l'aban-
don, etc. : Le marquis voulut savoir quel était
celui qui si abandonnemënt demandait qu'on
ouvrit la porte. (Guill. de Tyr.) Ils entrèrent
abandonnemënt dans les fossés. (Froissart.) Il
a mis en elle ses dons abandonnemënt. (Charles
d'Orléans.) // leur était trop indignement et
abandonnemënt vendu pour être plaint de per-
sonne. (St-Simon.)
abandonner v. a. ou tr. (a-ban -do-né
— rad. abandon). Délaisser entièrement, ne
plus prendre soin do , laisser sans secours :
Le naturel du Français est de «'abandonner
jamais son prince. (Du Bellay.) Dieu permet
qu'on nous abandonne comme nous avons aban-
donné les autres. (Bourdal.) L'univers entier,
ayant souffert ce monstre pendant quator
Quels amis me plaindront quand vo
Ma mère m'abandonne, et je suis
M'ai
Il Quitter, se retirer de: Ses disciples en
sont surpris, et /'abandonnent. (Fléch.)- Que
j'ai de douleur de voir que Dieu vous aban-
donne jusqu'à vous /aire réussir si heureuse-
ment dans une affaire si malheureuse! (Pasc.)
Je ne puis ni vous abandonner, m vous suivre.
(Fén.) Cette reine ambitieuse, comptant peu
sur le cœur d'un époux qui /'avait déjà aban-
donnée , l'empoisonna et plaça Séleucus , son
fils aine, sur le trône. (Ségur.')
Ne m'abandonne point pour l'horreur de mon crin
Au nom
de cet a
mour, ne m'abandonnez pas.
Corneille, .
Prince,
dans son
malheur ne Vabandomiez pas.
Il est
Que je>
ousZdô
que l'honneur me l'ordonne,
— Par ext. Se dit aussi des choses : La vie
'avait abandonné. Un malheureux que la rai-
on a abandonné. La vie a abandonné le cer-
•eau. Les troupes de Phalante succombait , le
ABA
courage les abandonne. (Fén.) Mon cœur se
trouble, ma confiance «^abandonne. (Fén.) La
gaieté vous abandonne. (J.-J. Rouss.) L'amour
est privé de son plus grand charme, quand
l'honnêteté t 'abandonne. (3.-3. Rouss.) Le beau
temps, qui avait si agréablement accompagné
notre voyage, nous abandonna sur les confins
de la Provence.-(Ua.vmoutel.) Bien ne remplace
les biens et les avantages qui abandonnent une
femme avec ses belles ansrfes. (M'uc de Rémusat.)
La grâce des mouvements et le piquant de l'es-
prit //abandonnent jamais les femmes fran-
çaises. (Ségur.)
Je no me soutiens plus ; ma force m'abandonne.
Ainsi, de toutes paris, les plaisirs et la joie
n'abandonnent Racine.
— Négliger, interrompre ses relations avec
quelqu'un, cesser do le voir, de le fréquenter :
M. de Chaulnes m'écrit de Rome une grande
lettre d'amitié, et se plaint que je /'abandonne
bien dans sa solitude. (M'"' de Sév.) Je vis
hier madame de Nevers tout le malin , et puis
je retournai chex elle le soir. C'est pour vous
dire que je ne f ht point abandonnée. (Coulang.)
Toi qui ne l'as jamais abandonné d'un pas.
... Qui depuis, «garée en ce funeste Heu,
Pour un maître barbare abandonna sort Dieu.
Voltaire.
Il Quitter un lieu , s'en éloigner : /'ai aban-
donné Ithaque pour chercher mon père. (Fén.)
Vous ne considérez point ce que c'est que d'k-
bandonner sa patrie. (Prévost.) Nos conqué-
rants abandonnèrent leurs retranchements.
(Volt.) La pie «'abandonne, jamais la tige des
arbres. (Buff.) Ne pense point que, pour te
suivre, /abandonne jamais la maison pater-
nelle. (J.-J. Rouss.) C'était une règle inviola-
ble des premiers Romains, que quiconque avait
abandonné son poste ou laissé ses armes dans
le combat, était puni de mort. (Montesq.) Dès
le commencement de la guerre, Pompée fut
obligé ^abandonner l'Italie (Montesq.)
Avons-nous sans votre ordre abandonné Myccne?
Il Accorder, concéder : Soit, je t
ensemble : Les cendres traitées par l'eau
donnent tapotasse. Il Se retirer, en pariant
de la mer : La mer a abandonne une partie
de cette côte. (Acad.) il Laisser échapper, no
plus retenir, lâcher : Abandonner les rênes
d'un cheval. Abandonner les étriers. (Acad.)
S'il échappe à quelqu'un de dire: Je m'en vais,
il se met à le suivre, et il ne J'abandonne pas
qu'il ne l'ait remis jusque dans'sa maison. JLa
Bruy.) Le père abbé tâcha, par les exhortations
les plus tendres et les plus chrétiennes , de me
faire abandonner ce corps , que je tenais étroi-
tement embrassé. (Mme de Tencin.) Elle adan-
donne aux vents des monosyllabes prophé-
tiques. (Chateaub.) La femme «'abandonne
point une pensée qu'elle ne l'ait réalisée. (Bau-
— Fig. N'abandonnez pas les étriers. Main-
tenez vos avantages, tene-z ferme.
— Renoncer, laisser de côté, laisser perdre ;
se désister de :. Abandonner un projet, un
dessein, une entreprise. Abandonner ses pré-
tentions , ses droits. Abandonner la poursuite
d'une affaire. (Acad.) On a entièrement aban-
donné l'ordre gothique, que la barbarie avait
introduit pour les palais et pour tes temples.
(La Bruy.) Depuis l'invention de la boussole,
on a change de manière, on a abandonné les
' rames. (Montesq.) Un autre à sa place au-
rait abandonné la partie ; mais il ne se rebuta
point. (Le Sage.) Christine abandonna le
trône pour les beaux-arts. (Volt.) Il mourut à
cet âge où la raison fait abandonner la via
sans 'regret. (Prévost.) Il m'avait cependant
point abandonné l'étude. (Fontanes.) Son père
lui ayant laissé une succession fort embrouillée,
il aima mieux, quoique Normand, abandonner
le tout que de plaider. (D'Olivet.)
Un auteur, quelquefois, trop plein 'de son objet,
Jamais sans l'épuiser n'n£inj<domic un sujet.
Boilead.
Abandonnez ce penser inutile,
Dit le vieillard, je vous parle en ami.
La Fontaine,
— S'emploie absol. dans le même sens : La
légèreté fait que l'on entreprend sans sujet
et que l'on abandonne de même. (Montesq.)
— Laisser momentanément, interrompre
ce que l'on avait commencé : Je vais me re-
mettre aux choses que pour t'écrire /avais
abandonnées. (Cl. Marot.) Il en fut si charmé,
que, pour peu de chose, il eût abandonné ses
noces, pour se jeter à corps perdu dans la con-
quête de cette charmante inconnue. (Scarron.)
P Céder unt-. chose à quelqu'un, lui en lais-
ser l'entière disposition ; Il abandonna les
détroits des montagnes à Théodose. (Fléeh.)
sans nous, exposer à leurs incursions. (Fén.)
Pour leurs mines , ils n'auront aucune peine à
nous les abandonner', elles leur sont inutiles.
(Fén.) Nos maisons n'étaient plus à nous, il
avait fallu les abandonner aux c ' '
(Le Sage.)
Il demande ma tête, et je te l'abandonne.
Il Livrer en proie, exposer, mettre à la merci
de : Abandonner une ville au pillage. (Acad.)
Dieu u'a pas abandonné ses élus aux caprices
du hasard. (Pasc.)
J'abandonne ce traître à toute ta colère.
S Confier, remettre: Il abandonna aux
femmes le soin de l'éducation de ses enfants.
(Rollin.) Les professeurs abandonnent tout le
soin de la discipline aux maîtres d'étude. (Du-
panl.)
— Abandonner son cœur, S'épancher libre-
ment, parler sans contrainte : Dans les plai-
sirs, on abandonne son cœur et son esprit, on
se découvre tout entier. (Mme de La Fayette.)
Il Abandonner la ■nlnna " ^.oint,',rn t ,iî t.AAai.
se retirer devanl
Il Abandonner un écolier, Ne plus vouloir se
charger de son instruction. U Abandonner son
drapeau, Déserter. \\ Abandonner un malade,
Cesser de rendre visite à un malade, ne plus
lui donner de soins, ou parce qu'on désespère
desaguérison,ouparce qu'on ne reçoit point
d'honoraires. Se dit en parlant du médecin.
Il Abandonner quelqu'un à la nature; Remettre
à la nature le soin de .sa guérison :
Nature, agis sans moi; mon art te Vabandonne.
I! Abandonner au bras séculier, Livrer un
individu , préalablement condamné par une
juridiction ecclésiastique, au juge laïque pour
le faire punir selon les lois. Se disait surtout
du tribunal de l'inquisition à l'égard des héré-
tiques, et équivalait à une sentence do mort,
puisque la loi d'alors portait cette peine contre
les individus reconnus coupables de lèse-
catholicisme.
— Jurispr. Faire un abandonneront , un
abandon, une cession.
— Mar. Abandonner le service, Déserter, il
Abandonner son bâtiment, En faire l'abandon-
nement, en sauvant l'équipage, il Abandonner
la chasse, Cesser do poursuivre un bâtiment.
Il Abandonner une ancre, La laisser au fond de
l'eau, après avoir coupé la chaîne ou le câble
qui la joignait au navire.
— Fauconn. Abandonner l'oiseau, Lâcher
— Chass. Abandonner la voie, En parlant
des chiens, prendre le change.
S'abandonner, v. pr. Se livrer, se laisser
aller sans réserve à : Il s'abandonna au som-
meil aussitôt qu'il fut couché. (La Font.) Com-
ment, pendard, c'est toi qui t'abandonnes à
ces coupables extrémités! (Mol.) Mon cœur
s'abandonne à celle espérance. (M"" de Sév.)
Il s'abandonna à la plus honteuse ivrogne-
rie. (Volt.) Tous les Cupriens qui étaient dans
le vaisseau s'abandonnèrent à une folle joie.
(Fén.) Je m'assis sur le tronc d'une colonne, et
là je m'abandonnai à une rêverie profonde.
(Volney.) Paul s'abandonnait à une tristesse
ie vertu qui t'abandonne ai
Il Se confier entièrement, s'en remettre à,
se reposer sur : S'abandonner à la Provi-
dence, à la fortune. (Acad.) Pygmalion se défie
des gens de bien , et s'abandonne à des scélé-
rats. (Fén.) Chaque état a ses contraintes : le
tout est de savoir s'abandonner à Dieu. (Boss.)
Il est plus sûr de s'arrêter à l'autorité de l'E-
glise, que de s'abandonner aux faibles efforts
de notre misérable raison. (Nicole.)
S'niiandonncr aux mers sur la foi de leurs voiles.
Fais ce que tu voudras, je m'abandonne a toi :
Dans lé trouble où je suis, je ne puis rien pour moi.
Il Manquer de force, perdre courage, se dé-
sespérer : Vous êtes perdu, si vous vous
abandonnez. (Acad.) Il n'est pas d'une âme
forte de s'abandonner,, (Diderot.) Un peuple
qui ne s'abandonne pas finit toujours par
être maître de son sort. (E. Laboulaye.) Dieu
abandonne qui s'abandonne lui-même. (Alex,
Dumas.) Il Se négliger dans son maintien,
dans son habillement : /' ne faut pas s'a-
bandonner ainsi lorsqu'on veut plaire. (Acad.)
il Avoir de l'abandon , du laisser-aller : La
véritable grandeur est libre, douce, familière,
chier possèdi
de l'éloquence qu'il n'en a le génie; il
s'abandonni jamais. (Thomas.) On a tou-
jours plus d'esprit et d'agrément quand on s'a-
bandonne dans la conversation. (M">e Necker.)
— Fig. Ouvrir son cœur, parier sans con-
trainte : Il n'y a ici que vous et moi ; voilà
justement ce qui /ait que je m'abandonne.
(Batz.) J'ai le cœur si plein, l'imagination si
inquiète, qu'il faut que je cherche quelque con-
solation à tout cela , en m' abandonnant avec
vous. (G. Sand.) il Avoir des mouvements na-
turels : Ne vous raidisse: pas, abandonnez-
vous, u Se laisser emporter, dominer : Artiste
dans l'improvisation.
— S'abandonner à soi-même, Ne suivre que
ses propres inspirations ; n'écouter que ses
passions ; se livrer tout entier à ses-rôflexions :
Dieu exerça sur nous sa justice, pour nous
être abandonnés à nous-mêmes. (Bourdal.)
Qu'un moment d moi-même en paix je m'abandonne.
— Se livrer sans résistance : En voyant
Brutus, César s'abandonna aux assassins, il Se
prostituer : Les mauvais exemples d'une mère
portent quelquefois une fille à s'abandonner.
(Acad.) Semblable à ces malheureuses, qui
pouvaient s'abandonner publiquement avec tm-
punité. (St-Réal.) Cette fille , d'un enjouement
et d'une liberté qui promettaient tout, eut
pourtant l'adresse de ne sk vas abandonner
entièrement. (Volt.) La Fortune est une fille de
condition qui s'abandonne <i des valets. (Le
Sage.)
Sachant bien que Fortune est ainsi qu'une louve, •
Qui sans choix s'abandonne au plus laid qu'elle trouve.
RÉONJER.
C'est Vénus
Toute femme qui s'abandonne
La reconnaît pour patronne. Scarron.
— S'abandonner à, suivi d'un infinitif, a le
sens de Se permettre de , prendre la liberté,
la licence de : Il ne faut pas s'abandonner
témérairement k punir les coupables. (Boss.)
Ellepeut s'abandonner a vous aimer. (Pascal.)
Voilà jusqu'où va l'égarement de l'esprit hu-
main, quand on s'abandonne A le suivre.
(Bourdal.) Le moindre défaut des femmes qui
de faire l'amour. (La Rochef.)
La nature en fureur t'abandonne à tout faire.
Corneille.-
— Dans le sens réciproque, S'abandonner
une chose l'un à. l'autre , La laisser à la libre
disposition de chacun :
Nous avons pris chacun une haine mortelle
>rès de soi, ne plus faire usage"; et "quand
l'abandon porte sur des personnes , il s'y joint
une idée de souffrance et de besoin pour ces
personnes , de négligence , de froideur pour
celui qui abandonne. Délaisser veut dire se
retirer de celui près duquel on a longtemps
vécu, le laisser dans l'isolement. Quitter se
rapproche beaucoup de abandonner, mais il
exprime la séparation de la manière la plus
simple, sans y ajouter rien de fâcheux. Enfin
renoncer présente l'action comme un sacrifice,
comme le résultatd'une sorte de violence qu'on
se fait h soi-même , ou comme ayant un cer-
tain caractère de publicité. On quitte une reli-
gion quand on cesse de la professer par un
motif quelconque; on l'abandonne quand on
manque du zèle nécessaire pour la pratiquer ;
on y renonce quand on l'abjure.
abanet s. m. (a-ba-nè). Ceinture dont se
servaient les prêtres juifs dans l'exercice de
leur culte.
ABANGA S.
espèce de pain ..,.. _.
lequel les nègres font une liqueur fermentée.
ABANNATION s. f. (a-bann-
ABANO (Pierre d') , médecin et alchimiste
italien, né à Abano en 1246, niort vers 1320.
Il mêlait à de profondes connaissances en mé-
decine les rêveries de l'astrologie judiciaire,
ce qui le fit accuser de magie devant l'inqui-
sition. Il mourut pendant l'instruction de son
procès, et sa servante ayant soustrait son
cadavre à la condamnation qui l'avait frappé,
les inquisiteurs ne purent que faire brûler son
portrait par le bourreau. Abano composa de
savants et nombreux ouvrages. Un siècle
après sa mort, ses concitoyens lui rendirent
un hommage tardif, en plaçant son buste sur
l'une des portes du palais public, à côté de
celui de Tite-Live.
ABANO, ville de laVénétie. Eaux thermales
célèbres que l'on emploie contre les maladies
de la peau, les affections goutteuses et syphi-
litiques. Elle dispute a Padoue l'honneur d'avoir
donDé le jour à Tite-Live. 3,000 h.
ABANTIADE adj. et s. (a-ban-si-a-de —
rad. abas). Hist. anc. Membre de la dynastie
argienne issue d'Abas.
ABANT1DAS (dàss), tyran qui usurpa le
pouvoir à Sicyone, après avoir fait massacrer
Chinias, père d'Aratus (2G7 av. J.-C). Il fut
tué lui-même peu après par les philosophes
Dinias et Aristote le Dialecticien.
ABAORTES s. m. pi. (a-ba-or-te). Géog.
Peuple de l'Inde, établi sut les bords de
l'Inclus.
ABAPUS s. m. (a-ba-puss). Bot. Genre de
plantes exotiques, appartenant à la famille
des amaryllidees, tribu des narcissecs.
ABAQUE s. m. (a-ba-ko — du lat. abacus,
qui lui-même vient du gr. abax, table, ta-
blette, buffet). Arcliit. Partie supérieure du
chapiteau d'une colonno sur laquelle porte
l'architrave.
— Math. Machine à calculer d'origine étrus-
que, employée par les Romains dans toutes
leurs opérations arithmétiques.
— Par extens., Abaque est appliqué à la
table de multiplication qu'on appelle encore
Table de Pythagore : Le nombre dénaire con-
tient , selon lui , tous les rapports numériques
et harmoniques, et forme ou plutôt termine son
abaque ou sa table. (Diderot.) il A été appliqué
aussi à dos tableaux dresses pour effectuer
une multitude de calculs : multiplication et
division, élévation au carré et au cube, ex-
traction des racines carrées et cubiques, éva-
luation des superficies et des volumes, etc.
Ces tableaux ont été publiés sous le titre
à' Abaque ou Compteur universel. Il Abaque est
devenu chez tous les peuples de race latino
synonyme d'Arithmétique, et on le retrouve
encore avec cette acception dans plusieurs
ouvrages du xvi« siècle. V. Abaco.
— Couvercle carré d'une corbeille de fleurs.
Il Tablette carrée placée sur un corps rond.
Il Plaque de bronze, de verre ou de touto
autre matière, qu'on incrustait dans les lam-
bris dos édifices ou des palais, il Buffet destiné
à placer les vases en usage dans les repas, et
dont se servirent dans la suite les gens ri-
ches pour étaler leur vaisselle la plus pré-
— Abaque à jouer, Sorte d'échiquier ou de
damier, il Abaque de lecture. Tableau sur le-
quel on traçait les lettres pour apprendre à
lire aux enfants.
— Abaque des équivalents chimiques, Ta-
bleau qui donne à vue les résultats numôri-
ques'de toutes les combinaisons et réactions
mutuelles des corps simples et dos corps com-
posés, en proportions définies.
— Miner. Sorte d'auge dans laquelle on
lave les métaux, et principalement l'or.
Encycl. Archit. Primitivement l'abaque con-
stituait le chapiteau tout entier. Dans les or-
dres dorique, toscan, ionique, il rappelle assez
bien, par la simplicité de sa forme carrée et
êlate, la signification grecque de son nom.
'ans l'ordre corinthien et dans le composite, il
s'éloigne de cette forme, se revêt d'ornements,
s'enrichit de moulures. Echancré sur ses faces
... tailloir. Revenu à son état primitif pendant
la période gallo-romaine , il présente généra-
lement pendant la période ogivale la forme
d'un octogone. Dans l'ordre corinthien, l'aba-
que ne constitue que la septième partie du
chapiteau. Dans l'ordre toscan, il porto aussi
le nom de plinthe, parce qu'il ressemble a la
plinthe de la base.
— Math. L'abaque' que les Romains em-
ployaient dans leurs opérations arithmétiques
n'était autre chose qu'une table divisée en un
certain nombre de colonnes parallèles, dont la
première était affectée aux unités, tandis que
les suivantes étaient affectées aux dizaines,
centaines, etc. On y effectuait les calculs
tantôt avec de petites pierres qui indiquaient
des unités d'ordre plus ou moins élevé, selon
la colonne où elles étaient placées, tantôt a
l'aide de sable dont on couvrait l'abaqua et
sur lequel on traçait des caractères. Dans les
abaques perfectionnés , les petites pierres
étaient remplacées, par des boutons qu on fai-
sait glisser dans une rainure. Plusieurs exem-
plaires de l'abaque romain nous sont parvenus.
Il en existe un au cabinet des antiques de la
Bibliothèque impériale. Depuis un temps im-
mémorial, les Chinois et les Tartares possèdent
. . _..__... ^ e l'a-
Russie vers la fin du moyen âge par les con-
quérants mongols, et importée en 1812 dans
notre pays, où elle est employée dans les salles
d'asile , sous le nom de boulier , pour ensei-
gner aux enfants les premiers éléments do
l'arithmétique. Alexandre de Humboldt fait
remarquer avec raison que l'intérêt de l'aba-
que, au point de vue de 1 histoire de l'arithmé-
tique, est dans le principe de la valeur do
position des signes numériques sur lequel re-
pose cet instrument, otqui est devenu celui de
notre numération écrite.
ABAI1CA (don Joaquin), évêque de Léon, né
dans l'Aragon en 1780, mort en 1844, fut l'un
des chefs du parti de don Carlos en Espagne.
Banni en 1839, il alla mourir dans un couvent
près de Turin.
ABARIDE s. m. (a-ba-ri-de— du gr. abords,
léger). Entom. Genre de coléoptères penta-
mores, famille des carabiques, tribu des féro-
niens, qui a pour type et unique espèce Vaba-
rique œnea, trouve dans les environs do Car-
thagène, en Amérique. I
ABARIGA s. m. (a-ba-ri-ga). Bot. Palmier
dé l'ilc St-Thomas, l'une des Antilles. Son
fruit est nommé abanga par les nègres.
AlUltlM (a-ba-ri-me) , chaîne de montagnes
à l'orient de la mer Morte et du Jourdain. Le
Nôbo, sur lequel mourut Moïse, en fait partie-
ABARIQUE adj. (a-barri-ke — rad. Abaris).
AIIARIS (a-ba-riss). Magicien scythe au-
quel Apollon donna une (lèche sur laquelle
il avait la faculté de traverser les airs.
ABARMON s. m. (a-bar-mon). Ichthyol.
Poisson très-fécond, qu'on suppose être une
espèce de squale. On prétend que l'abarmon
ne pond qu'après s'être frotté lo ventre sur le
sable, et qu'il fait rentrer ses petits dans son
ventre au moment où la mer est agitée par
la tempête.
ABARNAHAS s. m. (a-bar-na-hass). Alchim.
Nom que les alchimistes donnaient à la ma-
gnésie.
ABARTAMEN s. m. (a-bar-ta-mènn). Al-
chim. Nom que les alchimistes donnaient au
plomb.
ABARTHROSE s. f. (a-bar-trô-ze — du lat.
ab, et du gr. arthron, articulation). Articula-
tion qui permet des mouvements en tous
sens. Synon. peu usité de Diarthrose. V. ce
ABARTICULATION s. f. (a-bar-ti-ku-la-
si-on— lat. ab, et fr. articulation). Synon.
d'Abarthrose.
ABAS s. m. (a-bâss). Métrol. Poids de
Perso qui sert à peser les perles et qui vaut
0 gramme 1458. il Monnaie du même pays
valant environ 2 fr. 30 c.
— Météor. V. Abat.
ADASCAL (don José Fernando), général
espagnol, vice-roi du Pérou en 1804 , né à
Oviedo en 1743, mort à Madrid en 1821. En
1808, il sut conserver à l'Espagne, pour quel-
ques années encore, tes colonies du Pérou,
qui s'étaient soulevées contre la mère patrie
* la nouvelle de l'invasion de Naçoléc
qui:
ï 181G
par Ferdinand
ABASCANTES adj. et s. m. pi. (a-bass-kan-
te). On appelait ainsi des caractères magi-
ques auxquels on attribuait certaines vertus
lorsqu'on les portait sur soi : Des caractères
ABASE adj. des 2 g. (a-ba-ze). Qui appar-
tient, qui est propre à l'Abasic ou à ses habi-
tants : Les femmes abases sont fort belles, et
plus d'une est vendue dans les harems turcs
comme Circassicnne. (Univ. pitt.) La langue
adase a plusieurs mots communs avec la cir-
cassienne, dont elle suit les règles syntaxiques.
(Balbi.)
— Subst. pi. Nom d'un ancien peuple de
l'Asie, au bas du Caucase et sur les bords du
Pont-Euxin; aujourd'hui, c'est celui d'une
peuplade caucasique qui habite les rives su-
péneuresdu Kouban : Les auasks ou abkiiases,
acimîi et abasci des anciens, se livrent à l'a-
griculture et principalement au soin de leurs
nombreux et magnifiques troupeaux de chèvres,
de moutons et de gros bétail. (Béraud.)
ABASECH s. m. (a-ba-zèk). Géogr. Tribu
circassicnne qui vit à l'O. do Laba, jusqu'au
Subdja : Les Abasechs sont maintenant la
horde la plus nombreuse de la Circassie. Ils
sont presque tous sans religion, et grands vo-
leurs. (Univ. pitt.)
ABASICARPE s. m. (a-ba-zi-kar-pe — du
gr. a priv.; basis, base; karpos, fruit). Bot.
Genre ou sous-genre de plantes appartenant
à la famille des crucifères.
ADAS1E, grande contrée de la Russie asia-
tique, vers la mer Noire, qui se divise en petite
et en grande Abasie ; environ 150,000hab. Pays
qui n est guère soumis que nominalement à la
Russie. Les habitants, chrétiens au ivc siècle,
adoptèrent l'islamisme lorsqu'ils furent soumis
aux Persans, aux Géorgiens et aux Turcs.
A BAS LE FEU I V. Bas LÉ FEU.
A BAS LE MONDE ! loc. interj. Mar. Com-
mandement aux hommes qui peuvent se
trouver dans la mâture, dans le gréement, sur
les bastingages, etc., de descendre sur le
pont.
ABASOLOA s. m. (a-ba-zo-lo-a). Bot. Sorte
do plantes appartenant à la famille des com-
posées, dont on ne connaît qu'une espèce,
originaire du Mexique : Z'abasoloa est une
plante qui présente des dents de distance en
distance. (D'Orbigny.)
abasourdi, IE (a-ba-zour-di) part. pass.
du v. Abasourdir. Etourdi, assourdi : Je fus
un moment abasourdi par le tapage infernal
de l'orchestre. (E. Sue.)
— Fig. Très -étonné, stupéfait : 77 a été
abasourdi de sa disgrâce, de la perte de son
procès. (Acad. ) Je suis tout abasourdie,
je ne sais où j'en suis. (Mme du Dcffand.) Je
les ai trouvés l'un et l'autre atterrés, aba-
sourdis, ne répondant pas «« moi. (J.-J. Rouss.)
// est tout abasourdi de la prise de Pôndi-
chéry, qui lui coûte juste le quart de son bien.
(Volt.) D'Artagnan, à moitié abasourdi, se
leva .loue, et, poussé par l'hôte, commença de
descendre. (Alex. Dumas.) Il semblait d'abovd
tout abasourdi du poids de cette impitoyable
logique. (Alex. Dumas.) Il fut abasourdi par
cette révélation. (Balz.) Georges, abasourdi,
le regardait sans pouvoir prononcer une pa-
role. (E. Sue.) il Ennuyé, excédé, assommé :
ÂBA
Tai enfin quitté P'aris, abasourdi de prose
et de vers, de scènes et d'articles, de critiques
et de compliments. (Diderot.)
ABASOURDIR v. a. ou tr. (a-ba-zour-dir —
rad. sourd). Etourdir, assourdir : Ce coup de
tonnerre /'a abasourdi. (Acad.)
— Fig. et fam. Jeter dans la stupeur, con-
sterner, accabler : Cette réponse abasourdit
le pauvre. homme. (F. Soulié.)
— Syn. Abasourdi, ébniii, ébaul>i, ettipé-
faîi. Celui qui est abasourdi est consterné ,
confondu : A cette audace si inattendue dans
un homme ordinairement si craintif, je les vis
l'un et l'autre atterrés, abasourdis. (J.-J.
Rouss.) Celui qui est stupéfait est mis dans
un état d'insensibilité, d'immobilité : Sitôt que
je fus introduit, j'ôte mon masque et je me
nomme. Le sénateur pâlit et reste stupéfait.
(J.-J. Rouss.) Ebahi et èbaubi expriment la
niaiserie d'un homme qui aperçoit mie chose
il laquelle il a peine k croire; mais ébahi se
dit plutôt de celui qui a la bouche béante :
Les badauds sont toujours ébahis d'admira-
tion; et ébaubi de celui qui reste les yeux
grands ouverts devant l'objet de son admi-
ration : Les sauvages s'offrent à mes yeux
ébaubis. (Chateaub.)
abasourdissant (a-ba-zour-di-san)
part. prés, du v. Abasourdir. Inv. Etour-
dissant : Ce tapage nous abasourdissant...
ABASOURDISSANT, ANTE adj. (a-ba-ZOur-
di-san). Qui est propre à abasourdir, à étour-
dir : Un bruit abasourdissant. Il Stupéfiant :
Une menace abasourdissant!-:. Un événement
abasourdissant. Des nouvelles abasourdis-
santes. Tout était nouveau, étrange, aba-
— Fig. Ennuyeux, fatigant, assommant:
C'est un homme abasourdissant.
ABASOURDISSEMENT s. m. (a-ba-zour-
di-sc-man — rad. abasourdir). Stupéfaction,
consternation, stupeur: Cette nouvelle l'a jeté
dans une espèce a" abasourdissement dont il a
peine à se remettre. Cette violation de l'éti-
quette laissa les valets du vieux due dans un
abasourdissement complet. (P. Féval.)
ABASSI s. m. (a-ba-si). Métrol. Nom d'un
poids et d'une monnaie de l'Orient.
ABAT s. m. (a-ba — rad. abattre). Action
d'abattre, de
de tuer : L'ai
— Se dit aussi, en parlant des
abattus, des parties qui no peuvent se vendre
comme viande, telles que les cornes, les
boyaux, etc. : 5» le producteur veut que des
animaux soient abattus pour son compte, il
vend le suif, la peau, les abats au cours,
comme tout le vionde. (V. Borie.') Dans ce
cas , s'emploie presque toujours au pluriel. On
dit plus souvent abatis. n Se dit encore des
marchandises de qualité inférieure vendues
par les tripiers, comme pieds de mouton,
foie, mou de bœuf, gras-double, etc.
— Case d'abat, chacune des cases dans les-
quelles on introduit les animaux à abattre.
ABAT ou ABAS s. m. (a-ba— de à et battre).
Averse, pluie abondante , qui survient, qui
tombe, qui s'abat tout à coup : L'accmfiulation
des neiges , les pluies et les orages y détermi-
nent des avalanches et des abats de boues et
de pierres, qui descendent dans les vallées.
(Burat.)
ABATAGE S. m. V. ABATTAGE.
ABÂTARDI, IE (a-bà-tar-di) part. pass. du
v. Abâtardir. Dégénéré, corrompu : Race abâ-
tardie. Ces animaux sont abâtardis. Tous ces
plants sont abâtardis. (Acad.-) Celaprouve l'ir-
réeusable puissance du pur sang comme moyen
régénérateur des races abâtardies. (E. Sue.)
Pair une loi naturelle, les différentes variétés
d'une famille se conservent et se reproduisent
toujours pures et pareilles lorsqu'elles ne sont
pas abâtardies par des croisements. (E. Sue.)
— Fig. Se dit des personnes et des. choses
qui, par des affaiblissements successifs, ont
perdu de leur valeur, de leur prix, de leur
mérite , etc. : Peuple abâtardi par un long
esclavage. Jamais on n'a vu votre empire si
tâche, si efféminé, si abâtardi. (Fén.)
ABÂTARDIR v. a. ou tr. (a-bâ-tar-dir —
rad. bâtard). Faire dégénérer, corrompre,
altérer le type primitif: Tous nos soins à bien
traiter et nourrir les animaux n'aboutissent le
plus souvent qu'à les abâtardir. (J.-J. Rouss.)
La mauvaise culture abâtardit les plantes,
(Littré.) De là vient une faiblesse qui abâ-
tardit l'homme et lui communique je ne sais
quoi d'esclave. (Balz.) Ohl c'est que sur. ta
terre l'oisiveté, l'envie, la richesse, la misère
abâtardissent si vite une espèce/ (E. Sue.)
L'éducation , au xve siècle , était pleine de
puérilités laborieuses et compliquées, qui sem-
blaient faites exprès pour abâtardir tes bons
et nobles esprits. (Stt-Bcuve.)
— Fig. Par ext. Se dit des choses : Une
longue servitude abâtardit le courage. (Acad.)
La pureté de la doctrine était abâtardie par
les Vaudois. (Boss.) Les grains, les fleurs, les
— •'- - dégénèrent, ou plutôt prennent une si
ABA
forte teinture du climat, que la matière do-
mine sur la forme, et semble {'abâtardir.
(Buff.) La mollesse abâtardit tout. (Do Ra-
vignan.)
S'abâtardir, v. pr. Dégénérer, se corrom-
pre, s'altérer, perdre de ses qualités pri-
mitives. Se dit des personnes et des cho-
ses : Les plantes de l'Asie souvent s'abâ-
tardissent en Europe. (Féraud.) On ne peut
nier que la race normande n'ait été et ne soit
encore une des plus belles de notre pays, et si
elle perd chaque jour, si elle s'abâtardit,
surtout dans les villes, ce n'est pas au cidre
qu'elle le doit, c'est a l'eau-de-vie. (A. Le
Pileur.) Les plus heureux naturels s'abâtar-
dissent dans l'oisiveté. (Acad.) Les talents
s'abâtardissent. (Balz.)
A son fermier, un jour, Roch vantait sa noblesse;
Le manant, tris-sensé, sur-le-champ repartit:
Tant pis pour vous, monsieur, car, je vous le confesse,
Graine si vieille enfin s'abâtardit.
(de n
se).
— Syn.
(*'), dégénérer. S'abd-
ou laisser affaiblir des
qualités dues a l'origine, a la naissance : Ces
animaux se sont abâtardis en changeant de
climat ; dégénérer, c'est recevoir de nouveaux
attributs, ou inférieurs ou pires : Au bout de
quelques générations, les races périssent ou dé-
génèrent, il faut les renouveler. (J.-J. Rouss.)
ABÂTARDISSANT (a-bà-tar-di-san) part,
prés, du v. Abâtardir: Leur savoir n'étoit que
besterie, et leur sapience n'étoit que morgue,
abâtardissant les bons et nobles esprits, et
corrompant toute fleur de jeunesse. (Rabelais.)
ABÂTARDISSANT, ANTE adj. (a-bà-tar-
di-san, an-te). Qui est propre à abâtardir :
Politique abâtardissante. Principes abâtar-
dissants.
ABÂTARDISSEMENT s. m. (a-bâ-tar-di-se-
man — rad. abâtardir). Dégénération, cor-
ruption, altération du naturel ou du type
primitif dans les races : /.'abâtardissement
d'une race d'animaux, /.'abâtardissement de
certains végétaux. Il me semble voir dans le
singe un animal à beaucoup d'égards conformé
comme l'homme, dont il retient avec altération
et par une sorte «/'abâtardissement les prin-
cipaux traits. (Geoffroy St-Hil.) L'homme re-
deviendra ce qu'il était avant son abâtardis-
sement. (Balz.) La statistique est muette sur
le nombre effrayant d'ouvriers de vingt ans qui
épousent des cuisinières de quarante à cinquante
ans, enrichies par le vol. On frémit en pensant
aux suites d'unions pareilles, au triple point de
vue de la criminalité, de /'abâtardissement
de la race et des mauvais ménages. (Balz.)
— Fig. Abrutissement, dégradation : /'abâ-
tardissement des esprits, du courage. Tomber
dans /'abâtardissement. (Nicole.^ La divisi-
bilité territoriale poussée à l'infini doit engen-
drer /'abâtardissement de la nation , la mort
des arts et celle des sciences. (Balz.) La chaleur
méphitique qu'y produit une réunion d'hommes
n'est pas une des moindres raisons de /'abâtar-
dissement progressif des intelligences. (Balz.)
— Esthét. : Lorsque la détérioration du goût
est arrivée à son dernier période , il y a dans
toutes les productions de l'art un abâtardis-
sement général. La prodigalité de l'ornemen-
tation dans l'architecture romaine depuis Dio-
clétien, et le mélange des styles et des divers
ordres , amenèrent le plus complet abâtar-
dissement. (Diet. dos arts.)
ABAT-CHAUVÉE s. f. (a-ba-cho-vé — de
abattre et chaux). Comm. Sorte de laine de
qualité inférieure, que l'on détache au moyen
de chaux. PI. Des abat-chauvées.
ABATÉE. S. f. V. ABATTÉE.
abatellemENt s. m. (a-ba-tè-le-man).
Terme usité parmi les Français, dans les
Echelles du Levant. C'était une sentence
du consul , interdisant le commerce avec les
négociants d'une nation qui désavouaient
leurs marchés ou qui refusaient de payer leurs
dettes. Cette législation exceptionnelle avait
été établie pour maintenir le crédit du com-
merce français au Levant. On se relevait do
Fabatcllemcnt en payant ses dettes.
ABAT-FAIM s. m. (a-ba-fain — coritract.
de qui abat la faim). Fam. Pièce de résis-
tance qu'on sert d'abord pour apaiser, abattre
la première faim des convives : L'aloyau rôti
ou braisé est un abat-faim. On nous servit un
fort abat-faim. (Legoarant.) PI. Des abat-
abat-foin s. m. (contr. de qui abat, ra-
bat le foin). Econ. rurale. Ouverture prati-
quée dans un grenier au-dessus de l'écurie
ou de l'étable, et par laquelle on jette le foin
ou la paille : Un abat-foin. Des abat-foin.
— Par ext. Il désigne aussi la partie du
fenil la plus rapprochée de l'ouverture : J'ai
là-haut datis l abat-foin un homme qui vous
dira ça. (G. Sand.)
ABATIS s. m. V. abattis.
ABAT-JOUE s. m. (a-ba-joû — de abat et
joue). Néol. Ce qui sert à couvrir les joues :
Un ne: de carton avec des abat-joues d'un
rouge pourpre formait le masque sous lequel
il se croyait méconnaissable. (Rog. de Beauv.)
ABAT -JOUR s. m. (a-ba-jour — de abattre
et jour). Sorte de fenêtre pratiquée oblique-
ment dans le sens de la hauteur, de manière
que le jour arrive presque verticalement: Les
soupiraux de cave sont généralement taillés en
abat-jour. Dans les prisons, presque toutes
les fenêtres sont des abat-jour. Il Cadre ou ré-
flecteur en métal ou en papier adapté à une
lampe pour en rabattre la lu m'"™ - " ■•>>-•-
i, et devant une table dont la superficie était
inondée de la lumière que concentrait un vaste
abat-jour, il aperçut l'abbé. (Alex. Dumas.)
fl Volet plein ou à claire -voie, que l'on
place devant les ouvertures des habitations
pour arrêter les rayons solaires et les in-
sectes. Il Appareil en planches appliqué aux fe-
nêtres des prisons pour empêcher les prison-
niers de voir au dehors et de correspondre
avec l'extérieur.
— Par anal. Epèce de visière, ordinai-
rement en taffetas vert, qui sert à garantir
les yeux d'une trop vive lumière : Une cas-
quette et un abat-jour en taffetas vert à fil
d'archal tout crasseux annonçaient soit dés
précautions pour se déguiser', soit une fai-
blesse d'yeux assez concevable chez un vieil-
lard. (Balz.)
— Abat-jour diorama. Abat-jour présen-
tant des effets semblables à ceux du dio-
rama. il Abat-jour ballon, Abat-jour en Tonne
de ballon, il Abat-jour demi -globe, Abat-
jour en forme de demi -globe. Il Des abat-
jour en lithophanies, Des abat -jour avec
dessins transparents, comme les peintures
appelées lithophanies.
— Persiennes en abat-jour, Persiennes en
forme d'abat-jour.
— Bot. Ouverture placée sur le chapiteau de
quelques espèces de pavots, et par laquelle
s'échappent les graines.
ABATON s. m. (a-ba-ton — du gr. abatos,
inaccessible). Archéol. Nom donne, chez les
anciens, à certains endroits des temples in-
terdits aux profanes : Il y avait un abaton
célèbre dans le temple de lthodes.
ABATOS s. m. (a-ba-toss). Myth. Un des
chevaux de Pluton.
ABAT-SON s. m. (a-ba-son — contract.
de qui abat, rabat les sons). Archit. Se dit
des lames de bois recouvertes de plomb ou
d'ardoises qui garantissent les beffrois de la
pluie et renvoient le son vers le sol : Un
ABAT-SON. DCS AUAT-SOXS.
ABATTABLE adj. 2 g. (a-ba-ta-ble — rad.
abattre). Qui est susceptible d'être abattu,
qu'on peut, qu'on doit abattre : Ces arbres,
i. (a-ba-ta-je — ' rad. abat-
tre). Action d'abattre les arbres qui sont sur
pied : /'abattage des bois, des arbres,
— Absol. : Il importe de procéder à î'abat-
tace par un temps froid et sec. (Encycl.) On
ne doit commencer l abattage que vers ta fin
du mois de novembre. (L.-J. Larcher.)
— Action d'abattre, de tuer les bestiaux
destinés à la nourriture de l'homme, ou de
détruire, d'abattre les chevaux ainsi que.
les animaux qui sont errants, nuisibles ou'
malades : Z'abattage des chevaux se faisait
primitivement dans les deux abattoirs consa-
crés à l'espèce bovine. (L. Figuier.) Deux abat-
toirs spéciaux ont été'con.itruits à Paris pour
/'abattage des porcs. (Encycl.) A l'approche
des grandes chaleurs, la police ordonne quel-
quefois un abattage général des chiens er-
rants. (Encycl.) il Les frais d'abattage, soit en
parlant du bois, soit en parlant des ani-
maux: /.'abattage est à la charge de l'ache-
teur, à moins de convention contraire. (Encycl.)
— Fig. etpop.AwH>de/'a&aMa0<?,Ètred'une
haute stature, être fort, vigoureux, taillé en
Hercule.
— Art vét. Action d'abattre, de coucher
et de maintenir sur la paille les grands ani-
maux domestiques,, afin de leur fairo subir
quelque opération.
— Mar. Action d'abattre un navire, do le
coucher sur le côté, afin d'amener au-dessus
de l'eau la moitié de sa carène ou une partie
de cette moitié : Z'abattage a lieu pour
les opérations qui deviennent nécessaires. (De
Chesnel.) On dit aussi abatture.
— Typogr. Abattage de la frisquette. Se
dit du mouvement donné par l'imprimeur à
la frisquette pour la ramener sur le tympan.
— Arniur. Action que le grand ressort du
fusil détermine quand le chien fait basculer
la platine dans les armes à silex, ou quand il
tombe sur la capsule, dans les armes à per-
cussion.
— Maçonn. Action d'abattre l'excédant
d'une pierre formant saillie.
— Techn. Une des manœuvres du fabri-
cant de bas. Double pièce du métier à bas
qui fait descendre les platines à plomb, il
Chez les tailleurs , longueur d'un vêtement :
Cette basque de redingote contient trente centi-
mètres ^'abattage, ii Châssis mobile d'une de-
vanture de boutique, s'ouvrant de bas en haut
et s'attachant au plancher.
abattant (a-ba-tan) part, prés du v.
Abattre :
LA. les vautours et les corbeaux,
Abaltcint leurs noires -volées,
Couvrent seuls les sombres créneau*. Lamartine.
ABATTANTS, ni. (a-ba-tan — rad. abattre).
Dessus de table; partie du comptoir d'un
marchand, qui s'élève et qui s'abat à vo-
lonté : Un abattant. Des abattants.
abatTée ou ABATÉE s. f. (a-ba-té — rad.
abattre). Mar.. Mouvement par lequel un na-
vire, obéissant au vent, à la lamo ou à la
ABA
marée, tourne sur une verticale qui passerait
par son centre de gravité , et écarte la proue
«e la ligne du vont: Navire qui fuit des abat-
tues, /..'abattée a lieu lors de l'appareillage
ou quand le navire est en panne ou à la cape.
(Bouillet.) Vantés, quoiqu'il fût à peu près
certain de laroute que suivait le bâtiment, l'ac-
compagna des yeux avec une certaine anxiété
jusqu'au moment où il lui vit faire son abattée
et revenir à lui. (Alex. Dum.)
— Se dit aussi do l'espace parcouru par le
navire pendant le mouvement de l'abattéo.
ABATTEMENT s. m. (a-ba-te-man — rad.
abattre). Action d'abattre ; état de ce qui est
abattu : //abattement des arbres. Abatte-
ment d'un grand nombre de pièces de gibier.
Dans ce sens, »n dit plutôt abattage.
— Fig. Affaiblissement des forces morales ;
découragement, anxiété extrême, tristesse
profonde : Sans cette espérance, je tomberais
dans /'abattement. (Bourdal.) Dans Rabatte-
ment, l'àme se relève aux pieds de la croix.
(Imit. de J.-C.) Tous ses discours, toutes ses
actions faisaient paraître de Rabattement.
(La Rochef.) Au milieu de la tristesse et de
Rabattement de la cour, la sérénité seule de
son auguste front rassurait les frayeurs pu-
bliques, (Mass.) Jamais Alexandre n'était si
rjsolu que dans Rabattement des troupes.
(St-Evrcm.) Ne cherches pas 'à me tirer de
/'abattement où je suis tombé. (J.-J. Rouss.) '
Un homme véritablement courageux est à l'abri
de l'ivresse de la prospérité et dû Rabatte-
ment du malheur. (De Ségur.)
La colère est superbe, et veut des mots altiers;
lj'ubutlcmcnt s'exprime en des termes moins (1ers.
— Diminution considérable des forces phy-
siques; prostration : Le jeûne fait sur votre
corps des impressions de langueur et (Rabatte-
ment. (Mass.) Les chaleurs m'ont jeté dans de
grands abattements. (Boileau.) Il avait les
mouvements tristes, la voix faible, Rabatte-
ment d'un convalescent. (Balz.)
vous reconnaître.
Il Se dit aussi de l'expression particulière
que donnent aux traits, au visage, à tout le
corps, une tristesse profonde, le décourage-
ment, etc. : Autrefois les tyrans ne reconnais-
saient les chrétiens qu'à Rabattement de leur
visage. (Mass.) Elle n'avait plus cette expres-
sion (Rabattement que donne l'esclavage. (G.
Sand.)
L'abattement se peint dans ses traits douloureux.
llAOUR-LORMIAN.
— S'empl. quelquefois au pluriel : Cette
idée les jette dans des abattements d'esprit.
(Bourdal.) Ces langueurs, ces abattements
que Tertitllien a si' bien appelés des parures
de mort. (Mass.)
— Ane. jurispr. Prise de possession d'un
héritage sur lequel on avait un titre appa-
rent de propriété, lorsqu'on s'y introduisait
sans violence, aussitôt après la mort du
possesseur et avant que son héritier l'eût,
occupé.
— Cliass. Action de Bécoupler les chiens.
Épithétes. Naturel, passager, court, long,
profond, lourd, pesant, total, complet, triste,
douloureux, morne, sombre, mortel, lâche.
liKM.niLiiÉ, pi'osii-iitio». Rabattement est une
langueur que l'âme éprouve à la suite d'un
mal qui lui arrive; il peut n'être que momen-
tané , et quand il se prolonge , il conduit a
Y accablement . Celui-ci se dit du corps et de
l'âme ; le corps est accablé par suite de fatigue
"l de maladie ; l'esprit est accablé quand il est
•"<■ de succomber sous le poids de ses peines.
nantissement est l'état d'une âme qui a
L'
bolique, le mot ne diffère guère du précédent
quant au sens réel. La prostration est un acca-
blement complet de l'âme et du corps tout en-
semble.
ABATTEUR s. m. (a-ba-teur— rad. abattre).
Celui qui abat dos arbres, etc. : Ce bûcheron
est un grand abatteur de bois. (Acad.)
— Fig. Sert à exprimer énergiquement
une idée de destruction , et se prend
bonne ou en mauvaise part, suivant la
ture du complément : L'herbe serrée, reprend
Alaric, Z'abatteur d'hommes, se fauche mieux.
(Chateaub.) Des ruines, c'est tout ce qu'ont
laissé sur leur passage ces grands abatteurs
de lois, de têtes et de monuments. (J. de Maist.)
Le dix -huitième siècle, ce grand abatteur
de préjugés, attaque cette opinion. (Rog. de
Beauv.)
— Fam. Homme qui fait beaucoup d'ou-
vrage : Un grand abatteur de besogne. C'était
un bon garçon et un rude abatteur d'ouvrage,
au dire de tous ses compagnons. (G. Sand.) il
Grand abatteur de bois, Vert galant : Henri I V
a eu une quantité étrange de maîtresses; il
n'était pourtant pas grand abatteur de bois.
(Tallem. des Réaux.)
Et chacun dit Ù haute voix :
0 le grand abatteur de bois! Scarron.
— Abatteur se dit aussi d'un homme très-
adroit au jeu do quilles : C'est un grand abat-
teur de quilles.
Mais cetto dernière expression s'emploie le
plus souvent fam. pour désigner un homme
qui a fait des choses difficiles, extraordinaires,
Cette rue est bouchée par un abattis de, mai-
sons. (Acad.) il Coupe faite dans un bois, dans
une forêt : On a fait un grand abattis de
chênes dans cette forêt. f^Acad.) Cette vaste
terre n'est donc qu'une foret dans laquelle des
sauvages ont fait quelques clairières et de pe-
tits abattis pour s'y domicilier. (Buff.) Z'a-
eattis d'arbres qui le blessait si vivement avait
été fait sur le oord de la petite rivière. (G.
Sand.)
Le Scythe retourné dans sa triste demeure, [heure,]
ieille i
s, prescrit à ses ar
t taille
— Fig. Grande suppression, retranchement
excessif, etc. : La Chambre était en train de
retrancher sur le budget; c'était un abattis
de millions. (Marrast.) La fameuse nuit du
4 août fit un grand abattis dans la forêt des
abus. (Siècle.) n Un philosophe du siècle der-
nier disait à une femme d'esprit : «Avouez,
madame, que nous avons fait un terrible
abattis dans la forêt des préjugés? — Oui,
répondit-elle, c'est pour cela que vous avez
débité tant do fagots. » il Amas de choses
confuses, sans ordre, et prises comme au ha-
sard : La vraisemblance, la sincérité du, per-
sonnage devenaient ce qu'elles pouvaient sous
cet abattis de rimes sonores.
— Argot. Se dit du pied et de la main d'une
personne : Il répliquait en allongeant ses
abattis. (Cabassol.) Des pieds qu'on nomme
abattis. (Balz.) n Par ext. et fam. Se dit des
pieds et des mains d'une forte dimension.
— Masse de pierre que détache le carrier
avant de la débiter.
— Chass. Se dit du gibier que l'on tue :
Faire un abattis, un grand abattis de lièvres.
(Acad.) J'en connais plus de vingt nichées :
nous avons de quoi faire un bon abattis, je
vous en réponds. (Vitet.) Il Se dit en général
de tous les animaux que l'on tue, que l'on
détruit: On tuaitpour tuer; car comment pro-
fiter de ces abattis de colosses dont un seul
a tant d'huile et tant de sang? (Michelet.)
— Petit chemin que se fontlcs jeunes loups
auprès et autour du lieu où ils sont nourris.
— Art culin. Les pattes, la tête, le cou et
les ailerons d'une volaille : -Abattis d'oie, de
dindon, il On dit aussi absol. : Un abattis en
ragoût. Servir des abattis aux navets. || Peau,
graisse et tripes de bêtes tuées par le bou-
cher.
— Art milit. Espèce de barricade ou de re-
tranchement fait a la hâte avec des branches
d'arbres: Cefut par des absttis que Miltiade,
dans les plaines de Marathon, arrêta ta cava-
lerie des Perses et neutralisa leur supériorité
numérique. (Bachelct.)
ABATTOIR s. m. (a-ba-toir— rad. abattre).
"Etablissement dans lequel les bouchers sont
tenus de faire abattre et préparer les ani-
"maux destinés à la consommation : Les abat-
toirs ont fait disparaître ces tueries infectes
gui compromettaient la santé des grandes villes.
(Bouillet.) Jamais le boucher ne marqua avec
plus d'autorité le bétail qu'il fait conduire à
R abattoir. (F. Soulié.) il Se dit aussi des éta-
blissements où se fait l'abattage des chevaux,
ânes, chiens, etc. : Les abattoirs de chevaux
> de s
'. les
mpluçant les
équarrissages qui ensanglantaient et infectaient
la capitale. (Bouillet.) Je me servirai si bien
du palefroi, qu'il aura à peine la force, lors-
que je le rendrai, d'aller des écuries de mon-
sieur le comte à Rabattoir. (G. Sand.)
— Droit d'abattoir. Droit que l'on paye pour
les animaux tués dans un abattoir.
— Fig. S'est dit d'un champ de bataille et
de tout pays ensanglanté par les luttes poli-
tiques: Le champ de bataille était un véritable
abattoir de chair humaine. La Pologne est
■ un abattoir où les soldats russes font l'office de
bouchers. (Edm. Texier.) Aujourd'hui la bar-
barie russe tend à transformer la patrie de Kos-
ciusko enun abattoir humain. (A. de La Forge.)
— Cellule de la Conciergerie, à Paris, qui
reçoit plus particulièrement les accusés de
crimes pouvant entraîner la peine de mort.
Il On s'est servi également de ce mot en
parlant do certaines autres prisons : Une
noble femme, accourue des extrémités de la
France sur la grève de Belle-Ile, pour y em-
brasser son mari, frappa en vain pendant six
mois aux portes de cet abattoir politique.
(Sarrans.)
— Par ext. La guillotino :
i, maigri! G
Encycl. Avant la création des abattoirs, les
bestiaux étaient tués dans l'intérieur des villes
où les bouchers possédaient des tueries ou des
écorcheries particulières. On conçoit les graves
inconvénients que devait présenter un tel
usage dans une ville comme Paris. Au danger
de voir les animaux s'échapper furieux, après
un coup mal assuré, se joignait celui des ni:--~
; putrides qui s'exhalaient
ABA
bouchers, et du sang des victimes coulant au
milieu de la fange des ruisseaux. Les abattoirs
offrent des avantages immenses pour la sûreté
et la salubrité des villes. La surveillance facile
qu'y exerce l'autorité ne permet pas d'y abattre
et de livrer à la consommation des bestiaux
malades ou malsains. On peut, en outre, se
demander avec Jean Reynaud, si les mœurs
publiques n'ont point à gagner quelque dou-
ceur a être ainsi rendues complètement étran-
gères aux pernicieux exemples de ces scènes
cruelles : « Sans doute, dit-il, c'est une impé-
rieuse condition de notre nature qui nous force
a égorger les animaux pour entretenir notre
chair avec la leur, mais il est humain et profi-
table de laisser tomber un voile sur le tableau
des meurtres, il faut qu'ils demeurent -relé-
gués dans le silence de l'enceinte où l'utilité
publique le commande. » Ajoutons enfin que
les abattoirs permettent de recueillir et d'uti-
liser diverses substances animales telles que
les os, les cornes, les sabots, le sang, qui se
perdaient presque toujours dans les tueries
particulières, et de faire une économie no-
table sur le travail d'abattage en le concen-
trant en un seul lieu.
La ville de Paris possède cinq abattoirs, trois
sur la rive droite de la Seine : celui de Mont-
martre près de la barrière Rochechouart, celui
du Roule près de l'ancien parc Monceaux, et
celui de Ménilmontant près de la barrière des
Amandiers ; doux sur la rive gauche : l'abattoir
de Villejuif près de la barrière d'Italie, et celui
de Grenelle près de la barrière des Paillassons.
Chaque abattoir, outre les cases destinées à
l'abattage et construites de telle façon que la
viande puisse s'y conserver fraîche , et qu'il
soit facile d'y recueillir le sang, contient des
écuries, un abreuvoir, une cour dallée, dite
voirie, où l'on jette les matières tirées de l'es-
tomac et des intestins, des fonderies de suif,
des échaudoirs où sont lavées à l'eau chaude
et préparées les issues destinées aux tripiers.
La construction des abattoirs de Paris est
très-récente ; elle fut ordonnée sous le premier
empire par le décret du 10 novembre 1807;
mais elle ne fut exécutée que longtemps après
ce décret, et c'est seulement en 1818 quelle
fut terminée. Aujourd'hui, il est question de dé-
molir les abattoirs pour les rejeter hors de l'en-
ceinte de Paris. Beaucoup de villes de pro-
vince possèdent aussi des abattoirs. — Par
une ordonnance du 15 avril 1838, les abattoirs
sont rangés dans la première classe des éta-
blissements dangereux, insalubres ou incom-
modes. Toute demande en création d'abattoir
est soumise aux formalités d'affiches et d'en-
quête de commodo et incommoda. Faite par dé-
libération du conseil municipal, elle doit être
transmise par le préfet au ministre de l'agri-
culture, du commerce et des travaux publics,
où on l'examine au point de vue de l'emplace-
ment et des dispositions projetées; elle passe
ensuite au ministère de l'intérieur pour la
question des voies et moyens et revient r--
premier ministère, qui donne l'autorisation.'
ABATTRE v. a. ou tr. (a-ba-tre — de à et
bas). Jeter bas, jeter à terre, dé nolir, renver-
ser, faire tomber : Abattre dn maisons, des
murailles, des arbres. La maiton est à nous ;
on ne peut rien en faire ; un jour je Rabattrai.
(Grcsset.) Il s'amuse à faire abaitre de grands
arbres. (Mma de Sév.) J'attendais que nous
allassions ensemble abattre des pommes. (Ma-
rivaux.)
Du lutrin, disent-ils, abattons ia machine.
Boileau.
J'abats ce qui me nuit partout où je le trouve.
il Renverser , vaincre , en parlant des hom-
mes : /«Rabattit sous lui. Trois fois je Rabat-
tis, trois fois il se releva. (Fén.) La jeune fille
répondit à l'abbé que David avait abattu Go-
liath. (Balz.) Les chevaliers pansaient souvent
eux-mêmes les plaies de l'ennemi qu'ils avaient
abattu. (Cbateaub.)
— Fig. et fam. Abattre du bois, abaitre de
la besogne, Faire beaucoup d'ouvrage.
— Abaisser, annihiler, détruire : Abattre
d'un même coup l'ouvrage de tant d'années.
(Boss.) Nul ne peut abattre ce que Dieu,
élève, nul ne peut relever ce que Dieu abat.
(Boss.) Courier a beaucoup cité, et toujours
avec un sens, une force, une sûreté d'application
accablante pour les puissances qu'il voulait
' ' rm. Carrel.) Abattre un homme
Et rouru uo
is éclat, s
as pudique, austère
— Absol. : Celui qui a en sa main la vie et la
mort, qui, abat et qui redresse, est avec nous.
(Boss.) Pour changer les nations, il ne suffit
pas (Rabattre, il faut reconstruire. (Thomas.)
— Assommer, tuer, égorger : Abattre un
bœuf, abattre un cheval, abattre des chiens.
Il allait d'un bout de la terre d l'autre abattre
les monstres. (Fén.) La manière (Rabattre les
oiseaux-mouches est de les tirer avec du sable
ou à la sarbacane. (Buff.) Le penchant de
l'homme le porte à s'apprnprier le poisson qu'il
a péché ou l'oiseau qu'il a abattu. (Thiers.)
Les égorgeurs abattent sans distinction le
ABA 13
père et le fils, la mare et la fille, dès l'âge le
plus tendre. (Edm. Texier.)
Qu'au fort de la bataille A me* yeux il se montre.
0. Délavions.
— Absol. : On «'abat pas à Paris ailleurs
qu'aux abattoirs. (Encycl.)
— Couper, trancher : Il lui abattit le bras
d'un coup de sabre. (Acad.) Le bourreau lui
abattit la tête. (Le Sago.) il Moissonner: Ces
jour. (Raym.) n Faire retomber : Le soleil
abat la poussière, il Laisser retomber, abais-
ser : Abattre sa toge. Abattre sa robe. Un
paysan de Lucano, en traversant la forêt pour
s'en retourner chez lui, aperçut par hasard la
trappe de notre souterrain, que tu n'avais pas
abattue. (Le Sage.) il Affaiblir, diminuer les
forces physiques : Cette maladie a bien abattu
ses forces. (Acad.)
— Absol. : m en h'abat comme une longue
souffrance, qui n'a de terme que la mort. (La
Harpe.)
— Fig. Décourager : Tant de tristesse abat-
tait son esprit. (Fou.) Un jeûne seul vous abat
et vous rebute. (Mass.) JV« les maux qu'elle a
prévus, ni ceux qui l'ont surprise n'ont abattu
sou courage. (Boss.) Une vertu que les mau-
vais succès même ne peuvent abattre. (Fén.)
Le moindre obstacle vous abat. (C. Dclav.) Ses
yeux brillants jetaient ce courage et ce feu que
l'âge h'abat point. (Balz.)
LAches, où fuyez-vous? quelle peur voua abat ?
Boilkau.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté.
Racine. _
— Absol. : Le sénat romain ne se laissait
jamais abattre. (Boss.) Le vrai courage ne se
laisse jamais abattre. (Fén.) L'orgueil en-
tête, la timidité abat. (Boursault.)
— Apaiser, diminuer, faire cesser: Cette
pluie abattra le vent. Comme le dernier rayon ■
du jour abat les vents. (Chatcaub.)
— Fig. : Un regard, une larme suffit pour
abattre cette colère menaçante.
— S'est dit pour Rabattre : Abattre le ca*
— Abattra ta tente, La plier. Il Abattre les
araignées. Expression populaire employée
dans certaines parties do la Normandie, dans
le sens de Lever la main pour attester la
vérité d'un fait, it Abattre les mariages, dans
les fabriques de soie, Remédier aux défauts
d'une étoffe do soie où so trouvent dos fils
rompus et rejoints.
— Abattre son jeu. Se dit, à certains jeux
do cartes, pour annoncer qu'on n'a point 1 in-
tention de jouer le coup, ou qu'on a évidem-
ment gagné. Il Au jeu de trictrac, ' A battre
du bois, Abattre beaucoup de dames de dessus
le premier tas pour faire facilement ses cases
dans la suite. Il Aux quilles, Faire tomber un
certain nombre de quilles.
— Mar. Abattre un navire, Le mettre sur
le coté pour le réparer; c'est ce qu'on appelle
aussi abattre en carène. Il Abats le feu, Com-
mandement pour Taire cesser do tirer; c'est
l'impératif du v. abattre. '
— Ane. jurispr. Abolir : Abattre nrii? cou-
— Chir. Abaisser : Abattre la cataracte.
— Artvétôr. Abattre un cheval, Le coucher, ■
le maintenir sur un lit de paille, dans une .
position favorable pour une opération.
— Maréch. Abattre le pied, abattra ta corne,
Enlever une partie do ■ corne qui est sur la
face inférieure du sabot: C'est avec le rogne-
pied ou le boutoir que le maréchal abat du
— Impr. Abattre la frisquette et le tympan,
Les abaisser rapidement, quand la fouille (ic
papier à imprimer a été placée sur le tym-
pan. C'est ce que les imprimeurs appellent
aussi faire le moulinet.
— Bonnet. Abattre t'ouvragel Fairo des-
cendre, sous les aiguilles du métier, les an-
ciennes boucles qui ont passé par-dessus lours
becs.
— Corroier. Abattre le cuir, Dépouiller les
animaux tués.
— Chamois. Abattre lespaux, Les pénétrer
— Chapcll. Abattre un chapeau, En aplatir
les bords et le dessus.
— Chcm. do fer. Abattre une locomotive,
un wagon, etc., Les descendre de leur position
pour les incliner et les coucher par terre, afin
do les visiter et de les réparer.
— Fauconn. Abattre l'oiseaux Le tenir serré
entre les doux mains pour lui faire prendre
quelque médicament.
— Prov. Petite pluie abat grand vent. Au
propre, Quand il viont à pleuvoir le vent s'a-
paise; au fig., Souvent peu do chose suffit
pour calmer une grande colère.
Abattre, v. n. ou intr. Mar. Se dit d'un bâ-
timent qui tourne sur lui-mêmo autour de
son axe vertical : Le navire abat, il S'écarter
du rumb que l'on doit suivre pour obéir au
— Abattre à la côte, Affaler, i Abattre du
mauvais bord, Tourner dans lo sens qu'on
voulait éviter, par l'effet do la lame, des
courants, ou d'autres causes accidentelles, u
iMisser abattre , faire abattre, Favoriser une
abattée, ou manœuvrer pour la diriger dans
un sens ou dans un autre.
14
ABA
S'abattre, v. pr. Être renversé, démoli ;
crouler : Le comble s'est abattu sur les mu-
railles; le mât s'abattit avec fracas, il Tomber,
en parlant d'un cheval à qui les pieds man-
quent : Ilippomaque pressant ses chevaux, le
plus vigoureux s'abattit. (Fén.) L'excellence
des chevaux barbes consiste à ne s'abattre
jamais. (Buff.)
Un limonier t'abat, l'autre se cabre. Piron.
Il Se couper, se trancher un membre , etc. :
Il saisit une hache et s'abattit le poignet.
(Diderot.) J'avais toujours peur qu'il ne s'a-
battît un bras ou une jambe en croyant frap-
per sur une solive. (G. Sand.) il Tomber, fon-
dre, se précipiter sur : La main du maitre
s'abattit de nouveau sur son épaule. Le bâton
s'abattit sur le dos du passant. Le sabre s'a-
battit sur la tête du cavalier. L'épervier
s'abattit sur sa proie. (Acad.) Les oiseaux de
mer s'abattaient par milliers autour de nous
en remplissant l'air de leurs cris plaintifs.
(G. Sand.) Les pigeons abandonnèrent le toit
du colombier et s'abattirent sur le sable en
roucoulant. (E. Sue.) Un orage terrible va s'a-
battre sur nous. (Acad.)
— Fig. et dans le mémo sens : La mort
s'abattit sur cette maison. (Acad.)
— Par anal., se dit des personnes et signi-
fie Paire irruption : Les /aiseurs de livres fa-
ciles ne se sont pas encore abattus sur cette
poétique province.fha Pr<ssse.)Lorsque le crédit
d'une personne est tant soit peu ébranle, les
créanciers s'abattent sur elle. (Gaz. des Tr.)
Des intrigants SE SONT abattus sur l'ouvrier
qui venait de passer à une si brillante situa-
tion de fortune. (J. Pavre.) il S'apaiser, se cal-
mer : Peu à peu le. vent s'abattit. (Alex.
Dumas.)
— Fig. S'apaiser : Dès les premiers mots sa
colère s'abattit, il Se décourager, perdre toute
énergie , no savoir point résister à un mal-
heur : Dites à nos femmes qu'elles ne s'abat-
tent point. _(M'»e de Sov.j Perdre te repos,
la raison , s'abattre, se désoler. (Mass.) il Se
dit aussi des choses : Les Bourguignons ont
une persévérance obstinée et une constance qui
ne s abat pas facilement. (V. Hugo.)
Faut-il sous la douleur qu'un si grand cœur s'abatte f
Lagrànge.
— Mar. S'affaler, tomber sous le vent, en
parlant d'un navire, il Etre renversé sur le
côté pour être réparé : Un navire peut s'a-
battre en carène dans cette ile.
. récipr. Se vaincre, s'écraser mutuel-
t : Les Romains et l "
chèrent longtemps à s'i
'.hagim
— Syn. Abattre, rabattre. Abattre exprime
simplement l'idée de rabaisser la fierté, l'or-
gueil, l'arrogance : Ses malheurs n'avaient
point abattu sa fierté. (Rac.) Il Rabattre, c'est
abattre avec force : L'arrogance des prince*
est fortement rabattue par le spectacle de la
chute des empires. (Boss.)
», jet
... . .jnnriir, ruiner. On abat
ui est élevé : Je couperai cet arbre par la
ne, je /'abattrai d'un seul coup. (Boss.) On
erse ce qui était sur pied : Les torrents
Renversèrent tout ce qui se trouva sur leur
passage. (Buff.) On démolit ce qui est bâti :
Les places qu'il avait dessein de démolir.
(Fléch.) On ruine ce qui se divise et se dé-
grade : Une longue négligence avait laissé
ruiner toutes tes défenses de la ville. (Boss.)
On détruit en dissipant entièrement l'ordre et
jusqu'à l'apparence des choses : Brenmis s'é-
tanl emparé de la ville de Rome la détruisit.
(Volt.) On jette à bas au moyen de violence
et d'efforts : Les Romains n'ont pu
arthaginoise qu'e,
Ire elle toutes leu
rotdissant contre elle toutes leurs forces. (Gui-
zot.) On met à bas sans effort : Pour mettre
à bas qui lui résiste, Dieu n'a qu'à vouloir.
(Guizot.)
— Allus. hist. Tarquin abattant les tjttcs
de pavot». Allusion au conseil muet, mais si-
gnificatif, que Tarquin donna un jour à son
fils Sextus. V. Pavot.
ABATTU, UE (a-ba-tu) part. pass. du v.
Abattre. Renversé, jeté à bas : Les statues
de Néron furent abattues par l'ordre du sé-
nat. Les bois abattus font place aux champs,
aux pâturages, aux hameaux. (Boss.)
L'Espagne pleurera ses châteaux abattus.
Ilélas! ces bois sacrés, ces bosquets ne sont plus-
Sous le fer destructeur je les vis abattus. '
- Tué : Perdrix abattue d'un coup de fusil.
. Jet blessés!
— Coupé : Ma barbe fut abattue. (Am. de
Bast.)
— Par ext. Vaincu, détruit : La république
devait nécessairement périr, il n'était plus
question que de savoir comment et par qui elle
serait abattue. (Montoijq.) Sous un si grand
capitaine, les Thébains sont victorieux et la
vuissanec de Lacédémone est abattue. (Boss.)
Il faut que je le voie à mes pieds abattu.
Le fanatisme même à mes pieds abattu,
Ainsi <iue mon courage atteste ma vertu.
(Satiriques.)
Chérubins, séraphins, troncs, princes, vertus,
Roulent confusément l'un sur l'autre abattus.
ABA
— Accablé par la souffrance physique ou
morale, découragé, anéanti : L'orgueil de Na-
buchodonosor, quoique abattu par la main de
Dieu, ne laisse pas de revivre dans ses succes-
m" " 3.) // est abattu par la fièvre. Vous
par l'adversité. (Fléch.) Le courage des troupes
est abattu par la douleur' et ranimé par la
vengeance. (Fléch.)' Phalante demeura épuisé
Rabattu d'un excès de douleur. (Fén.) Quand
je vois mon semblable languissant, abattu, je
lui tends lamain. (Marmontel.) Les forces sont
abattues par un long travail. (D'Aguess.)
Le voici... Que son front marque une âme abattue!
La Harpe.
Le faible est soulagé, l'orgueilleux abattu.
— Qui exprime l'abattement : Il avait les
yeux abattus, le teint plombé, le visage dé-
fait. (Marmontel.) Il se calma sur-le-champ,
son expression devint soumise, humble et abat-
tue. (Barante.)
Thamiseî et d'où te vient ce visage abattu 7
Corneille.
— Aller, courir à bride abattue, Au grand
alop, à toute vitesse. Se dit indistinctement
u cheval et du cavalier.
Cette expression vient de ce qu'on lâche
la bride au cheval, de ce qu'on la laisse retom-
ber, s'abattre.
ABATTU s. m. (a-ba-tu — rad. abattre). État
du chien d'un fusil à percussion, lorsqu'il est
renversé sur la cheminée : L'abattu d'une
arme, il S'emploie avec le. même sens dans la
loc. adv. A l'abattu : Mettre le chien a l'a-
battu. Lorsqu'on a mis la capsule sur la che-
minée du fusil, on dégage avec le pouce le
chien du cran de repos, on presse légèrement
la détente avec le premier doigt , puis on con-
duit le chien k l'abattu, en le soutenant avec
le pouce. (Ordonn. du 31 mars 1842.)
abattue s. f. (a-ba-tû — rad. abattre).
Archit. Terme remplacé aujourd'hui par le
mot retombée. V. ce mot.
— Salines. Travail d'une chaudière remplie
d'eau salée, depuis le moment où on la met
sur le feu jusqu'à celui où on la laisse re-
ABATTURE s. f. (a-ba-ture — rad. abattre).
Vcner. Traces, foulures que laisse une bête
fauve en passant sur l'herbe, dans les brous-
sailles ou dans les taillis : Le cerf se recon-
naît à ses abattures.
— T. forest. Action d'abattre les fruits des
arbres, principalement les glands.
— Mar. Syn. d'abattage.
A BATTUTAloc. adv. (a-batt-tou-ta). Mus.
Mots italiens qui signifient en mesure, et qu'on
employait autrefois dans les récitatifs obligés
de musique, au lieu de a tempo, dont on se
sert aujourd'hui.
ABAT-VENT s. m. (qui abat, rabat le vent).
Appentis placé au-dessus des ouvertures des
habitations, pour les abriter contre le vent
et la pluie : Quelquefois, le soir, elle entendait
une voix, cachée sous les abat- vent du clocher,
chanter comme pour l'endormir une chanson
triste et bizarre. (V. Hugo.)
— Par ext. Ce qui a la forme ou ce qui
fait l'office d'un abat-vent : Il dérobait ses
oreilles sous deux abat- vent de cheveux plats.
(V. Hugo.)
— Hortic, Paillasson que l'on étend sur les
plantes pour les préserver du vent.
— Tcehn. Espèce d'appentis qui, dans les
sucreries, couvre chaque fourneau des ate-
ABAT-VOIX s. m. (a-ba-voua — ce qui abat,
rabat la voix). Archit. Le dessus, le couron-
nement d'une chaire à prêcher, lequel sert à
rabattre vers l'auditoire la voix du prédica-
teur : Un abat-voix conique. Un abat-voix
richement sculpté, il PI. des abat-voix.
ABAUBI.IE (a-bc-bi) part. pass. du v.Abau-
bir : Personne abaubie.
ABAUBIR v. à. ou tr. (a-bô-bir — du celt.
site et remplacé par ébaubi.
ABAUZ1T (Firmin), savant français, né à
Uzès en 1679, d'une famille protestante, mort
en 1767 à Genève , où il remplissait les fonc-
tions de bibliothécaire, était versé dans presque
toutes les sciences cultivées de son temps. Il
fut lié avec les savants les plus illustres : Bayle,
Basnage, Jurieu, Newton, et la ville de Ge-
nève , où il avait achevé son éducation après
la révocation de l'édit de- Nantes , lui conféra
le titre dé citoyen, comme un hommage à ses
talents autant qu'à ses vertus. Il a laissé
plusieurs ouvrages , dans lesquels Rousseau
semble avoir trouvé l'inspiration de sa Profes-
sion de foi du Vicaire savoyard , ainsi que
d'excellentes remarques sur ia musique des
anciens. La meilleure édition de ses œuvres
est celle de 1773. Abauzit était surtout re-
ABB
nommé par une patience et une bonté h. toute
épreuve. Une anecdote que tout le monde
connaît a popularisé cette qualité du vertueux
ABAVl ou abavo s. m. (a-ba-vi). Bot. Un
des noms du baobab.
ABAX s. m. (a-ba-kse — du gr. abax, table).
Entom. Genre d'insectes coléoptères carnas-
siers, voisins des féronies. Il renferme un
petit nombre d'espèces, qui habitent pour la
Slupart les régions centrales et méridionales
e l'Europe. Les abax ont en général des
couleurs noires ou brunes ; ils vivent sous les
pierres, dans les lieux sombres, courent très-
vite et font la chasse aux petits insectes.
ABAXOÏDE adj. (a-ba-kso-i-de — de abax,
et du gr. eidos, forme). Qui ressemble à un
abax : La féronie abaxoïde.
abayance s. f. ( a-bè-ian-se — i'abayer,
anc. mot signif. aboyer). Ane. jurispr. Etat
d'une terre que personne ne possédait, et
qui était en dépôt entre les mains du roi.
Un bien était dit être en abayance , lorsque
ceux qui y prétendaient et qui no pouvaient
en obtenir la jouissance étaient, en quelque
sorte, réduits à aboyer avant d'en jouir. Cette
expression était surtout en usage en Nor-
mandie.
ABAYANT s. m. (a-bè-ian — de abayer pour
aboyer). Ane. jurispr. Celui qui prétendait à
un bien sans pouvoir en jouir, faute de titres
suffisants pour établir ses droits.
ABAYER v. n. ou int. (a-bè-ié). T, de l'anc.
jurispr. mis pour aboyer, et qui signifiait
Désirer, poursuivre avec avidité :
Ma basse fortune
Qui n'abaye et n'aspire, ainsi que la commune,
Après l'or du Pérou. Réonier.
ABAZABSs. m. pi. (a-ba-zab). Géogr. Tribu
bédouine établie sur la rive droite du Nil,
près de Mansourah.
ABAZÉES s. f. pi. (a-ba-zé — du gr. a priv.,
et bazein, parler). Antiq.gr. Fêtes ainsi appe-
lées parce qu'on les célébrait dans un profond
silence.
ABBACOMITAT s. m. (ab-ba-ko-mi-ta —
rad. abbacomite). Hist. Etat, qualité d'abbaco-
Abbacomite adj. et s. m. (ab-ba-ko-mi-
te — du gr. abbas, abbé, et du lat. cornes,
comitis, comte). Hist. Se disait des seigneurs
laïques qui possédaient des abbayes à titre de
commendataires. Il y eut beaucoup d'abba-
comites sous Charles-Martel, Charlemagne, et
jusque sous les rois de la 3e race.
— Abbé qui avait la qualité de comte.
ABBADESQUE adj. (a-ba-dèss-ke — du
lat. abbas, abbé). Qui appartient à l'abbé,
qui en dépend qui le caractérise. Vieux mot,
employé dans le style burlesque.
ABBADIE (Jacques), célèbre théologien pro-
testant, né à Nay (Béarn), de 1654 a 1658, mort
à Londres en 1727, reçut à Sedan le grade de
docteur en théologie, se rendit ensuite à Ber-
lin, où il fut nommé pasteur de l'église fran-
çaise, puis à Londres, où il devint en 1690
ministre de l'église de Savoie. Ses principaux
ouvrages sont un Traité de la vérité de la
religion chrétienne (Rotterdam, 1684), et le
Traité de la divinité de Jésus-Christ, qui fut
accueilli avec un égal enthousiasme par les
catholiques et les protestants, et obtint un
grand nombre d'éditions en Angleterre , eu
France et en Allemagne.
ABBADINI s. m. (a-ba-di-ni). Miner. Nom
donné en Italie aux ardoises destinées à la
couverture des maisons : Les abbadini sont
exploités dans les carrières de Gènes. (Landrin.)
ABBADON (mot hébr. qui signif. perdi-
tion, ruine, mort). C'est,' dans l'Apocalypse,
l'ange de l'abîme , le chef de cette armée do
sauterelles , dépeinte avec de si effrayantes
couleurs par l'inspiré de Patmos. Ce mot,
d'après le Lexicon hébraïque , est plus régu-
lièrement écrit abaddon.
— On le trouve écrit Abbadonna dans la
Messiade de Klopstock : C'est ta voix d'un
ange fidèle de Milton, égaré parmi les démons,
et dont la harpe résonne au milieu des hurle-
ments du pandémonium. C'est f abbadonna de
Klopstock , quand il eut pénétré avec horreur
les mystères de Satan. (Ch. Nodier.)
ABBARETZ , commune du dép. de la Loire-
Inf. . arrond. de Châteaubriant; pop. aggl.,
257 h. — pop. tôt., 2,493 h.
ABBAS (ab-bâss), oncle paternel de Maho-
met, mort l'an 32 de l'hégire (653), fit d'abord
la guerre à son neveu, l'accusant d'imposture
et d'ambition, tomba en son pouvoir au célèbre
combat de Bedr, et le servit depuis avec un
inaltérable dévouement. Sa mémoire est véné-
rée parmi les musulmans. Son arrière-petit-
fils fut le chef de la dynastie des Abbassides ,
la plus illustre qui ait régné sur les Arabes.
ABBAS 1er, le Grand, schah de Perse (15S9-
1628). Sa vie fut souillée de meurtres, mais
l'éclat de ses conquêtes sur les Tartares et sur
les Turcs l'a fait considérer parles Persans
comme le plus grand de leurs princes. Ce fut
lui qui fit d'Ispàhan la capitale de la Perse.
ABBAS II, schah de Perse de 1642 à 1666.
Il reconquit le Candahar sur les Mogols et
accueillit k sa cour les voyageurs Tavernier
et Chardin , qui nous ont transmis de curieux
détails sur sa personne, ses cruautés, ses dé-
bauches et les mœurs de la Perse à cette
époque.
ABB
ABBAS -M1RZA, prince royal de Perse,
mort en 1833. Il se rendit célèbre par ses
talents militaires et ses succès dans les guer-
res que son père Feth-Ali eut à soutenir con-
tre les Russes jusqu'en 1814, et contre lesTurcs
jusqu'en 1823.
ABBASSIDES, 2me dynastie des califes ara-
bes successeurs de Mahomet. Elle fut fondée
vers 750, par Aboul-Abbas, descendant ù'Ab-
bas, oncle du prophète, et compta 37 califes
jusqu'en 1258, époque où un petit-fils de Gcngis-
Khan, Houlagou, se rendit maître de Bagdad.
Quelques rejetons de cette famille vivaient
encore en Egypte dans le xvie siècle.
ABBAT s. m. (a-ba — de l'ital. abbate). S'est
dit pour abbé. V. ce mot.
— Abbat laïc. Féod. Laïc qui possédait les
dîmes d'un village, et qui présentait le can-
didat à la cure.
ABBATIAL, ALE adj. (a-ba-si-al — du lst.
abbas, abbatis, abbél. Qui appartient, qui est
propre à l'abbé, à l'abbesse ou à l'abbaye :
Palais abbatial. Dignité abbatiale. Droits
abbatiaux. Cependant il fit grande chère des
écus abbatiaux. (Despériers.) J'ai aussi fort
accommodé la maison abbatiale. (Marolles.)
Henri IV fit dans l'église abbatiale de St-
Denis son abjuration publique, le dimanche
25 juillet 1593. (St-Simon.) Les élections dans
les églises cathédrales et abbatiales sont réta-
blies. (Volt.) Si l'on eût réprimé dès te com-
mencement ces coupables excès de l'esprit anar-
chique... ah! que tout irait bien! Vous auriez
part encore à la mense abbatiale et au revenu
des pauvres. (P.-L. Cour.) Cet établissement
célèbre consistait en deux salles disposées en
équerre, et meublées de tables venues de quelque
réfectoire abbatial. (Baiz.)
— Par ext. Qui ressemble à un abbé : Sa
figure tout abbatiale tenait à la fois du bourg-
mestre hollandais et du paysan breton. (Balz.)
ABBATIAL s. m. (a-ba-si-al — du lat. abbas,
abbé). Le palais abbatial, l'abbaye :.Je vou-
drais voir revivre la congrégation deSt-Maur
et de St- Vannes, dans /'abbatial de St-Denis,
à l'ombre de l'église de Dagobert. (Chateaub.)
L'antique abbatial n'est éclairé que d'une
lampe. (Chateaub.)
ABBATIALE s. f. (a-ba-si-a-le — du lat.
abbas, abbé). S'est dit souvent pour La mai-
son abbatiale, c'est-à-dire la demeure, la
maison de l'abbé ou do l'abbesse : L'avant-
cour de /'abbatiale est et demeure portion de
ta mense totale de l'abbaye. (Archiv. lôgisl. de
Reims.) //abbatiale était devenue le réduit
de ces scènes nocturnes. (Diderot.)
abbatis s. m. pi. (ab-ba-ti). Hist. relig.
Hérétiques vaudois de la fin du xive siècle.
abbatounas s. m. (ab-ba-tou-nass).
Géogr. Peuplade de la Cafrerie propre, dans
l'Afrique méridionale.
ABBATUCCI — a-ba-toutt-chi — (Jacques-
Pierre), général français, né en Corse en 1726,
m. en 1812, défendit son pays contre les Gé-
nois, puis contre la France, reçut de Louis XV
les épaulettes de lieutenant-colonel, et de
Louis XVI la croix de Saint- Louis et le titre de
maréchal de camp; il, servit ensuite sous la
République, accompagna en Italie le général.
Bonaparte, qui avait de son compatriote une ni
mauvaise opinion, qu'il écrivit au Directoire :
• Abbatucci n'est pas bon à. commander cin-
quante hommes. > Trois de ses fils sont morts
au service de la France.
ABBATUCCI (Charles), général français, le
plus célèbre des fils du précédent, né en Corse
en 1771, m. en 1796. Lieutenant -colonel à
22 ans, aide de camp de Pichegru en 1790, ils
fit la campagne de Hollande, et fut tué devant
Huningue, dans une sortie contre les Autri-
chiens. La ville d'Ajaccio lui a élevé une
statue en bronze en 1854.
ABBATUCCt (Jacques-Pierre-Charles), ne-
veu du précédent, né en Corse en 1791, m. en
1857, fut député de la Corse en 1830, président
de chambre à la cour royale d'Orléans ;iprès
la révolution de Juillet, combattit le ministère
Guizot avec une persévérance infatigable, pré-
sida le banquet réformiste d'Orléans, en 1847,
remplit plusieurs fonctions dans la magistra-
ture après 1848 , fut- envoyé par le Loiret à
l'Assemblée constituante, et reçut en 1S52 le
titre de sénateur et le portefeuille de la justice.
ABBAYE s. f. (a-bè-î — du lat. abbas, abbé).
Monastère d'hommes ou de femmes, dont les
revenus constituaient un bénéfice au profit
de l'abbé ou de l'abbesse qui le dirigeait:
L' abbaye de Port-Royal était une des plus an-
ciennes abbayes de l'ordre de Citeaux. (Acad.)
Il faudrait établir sur diuers points de la
France et dans les villages pauvres trente ab-
bayes pour les vieilles filles. (Beyle.) En gé-
nérât , les abbayes de filles étaient en France
plus peuplées que les abbayes d'hommes.
(Ait. Maury.)
— Se prend pour le bénéfice même , et le
revenu dont jouissait l'abbé : Ce garçon si
frais, si fleuri et d'une si belle santé, est pourvu
d'une abbaye. (La Bruy.) Sully, tout huguenot
qu'il était, avait des abbayes, (Balz.) Il était ■
doté de revenus ecclésiastiques et ^'abbayes qui
élevaient sa fortune au niveau des fortunes
royales. (Lamart.)
— Les bâtiments de la communauté, du
monastère : V abbaye, considérée comme bâti-
ment religieux, ne se distinguait par aucun ca-
ractère tranchant, d'un monastère quelconque,
et son église d'une église, ou mime d'une ca-
thédrale. (Alf. Maury.)
ABB
— Abbaye en règle, Celle à laquelle on ne
pouvait nommer pour abbé qu'un religieux.
El Abbaye en commende, Celle à laquelle on
pouvait nommer un ecclésiastique séculier.
0 Abbaye royale, Celle qui était fondée ou do-
tée par un roi. il Abbaye mire, Abbaye qui
avait donné naissance à plusieurs monastères
du même ordre. On l'appelait aussi abbaye
chef d'ordre. Il Abbaye élective, Abbaye qui
avait le droit de nommer son supérieur.
— Fig. Séjour où l'on jouit d'un doux repos
au soin d'une société choisie : Je devais bien cet
adieu à la belle Diane et à l'aimable abbaye.
(M'ncdeSév.) J'ai été bien consolé quand vous
m'avez appris que vous viendriez passer quel-
que temps dans votre ancien ermitage, et accep-
ter une cellule dans J'àbbaye de Ferney. (Volt.)
— Etre de l'abbaye de quelqu'un, Etre de sa
société, il Souliers de cuir d'abbaye, Souliers
très-doux.
— Prov. Pour un moine l'abbaye ne faut ,
ne chôme, ne manque pas, L'absence d'une
personne ne doit pas empêcher une affaire do
se conclure, une partie do plaisir d'avoir lieu.
— Abbaye de Monte-à-reyret. Argot. Jadis
la potence, aujourd'hui la guillotine. Il serait
superflu d'expliquer les mots monte à regret.
Le mot abbaye vient de ce qu'un ou plu-
sieurs prêtres accompagnent toujours le con-
damné. Une des rues de la ville de Sens, qui
conduit à la place où se font les exécutions
capitales, s'appelait dernièrement encore rue
de Monte-a-Regret. u Autrefois , le mot ab-
baye entrait aussi dans une périphrase facé-
tieuse du vocabulaire de nos pères : une
femme de mœurs faciles était dite de l'abbaye
de S' offre-à-tous.
— Littérat. Abbaye do Thélàrae. Endroit
où tout est en abondance , et où la vie est
remplie de toutes les jouissances matérielles :
La Touraine est la véritable abbaye de Thé-
lème, si vantée daris le livre de Gargantua.
(Balz.) il C'est une allusion à l'une des plus
charmantes créations de Rabelais. V. Thé-
LKME.
— Encycl. Hist. C'est en Orient qu'est née la
vie monastique ; elle ne s'introduisit en Occi-
dent que vers le commencement du v» siècle.
Dans l'origine, moines et abbés étaient laïques ;
plus tard ils appartinrent au clergé. U faut
distinguer les abbayes des simples monastères.
Lorsque le goût de la vie monastique eut
donne naissance a des ordres nombreux , le
nom d'abbé, d'abord réservé au supérieur de
chaque monastère, fut appliqué tantôt au gé-
néral, tantôt au chef des fractions importantes
de l'ordre, et le nom d'abbaye désigna les mo-
nastères les plus riches et les plus importants.
Au commencement les abbés étaient élus dans
toutes les abbayes par les moines assemblés
en chapitre; plus tard, les rois eurent le droit
de nomination dans un grand nombre d'ab-
bayes : de là la distinction des abbayei en règle
et des abbayes en commende. Les premières
étaient celles qui avaient conservé leur droit
d'élection, les secondes celles où le roi confé-
rait avec le titre d'abbé les privilèges attachés
à ce titre. Les abbés réguliers, tous prêtres,
étaient à la tète du temporel comme du spiri-
tuel des couvents. Les abbés eommendataires
étaient des laïques tonsurés, qui devaient re-
cevoir les ordres dans l'année. Comme cette
clause n'était jamais exécutée, ils n'exerçaient
pas le pouvoir spirituel, lequel était délégué
a un religieux appelé Prieur claustral. On
comprend que les abbayes en commende of-
fraient aux rois une source de revenus dont'
ils pouvaient disposer, dont ils disposèrent
le plus souvent soit comme récompense, soit
comme faveur. Des personnages de la plus
haute naissance étaient abbés eommenda-
taires, et la plus haute noblesse de France
sollicita souvent des abbayes en commende
pour ses cadets. L'Eglise condamnait les
abbayes en commende ; mais le pouvoir tem-
porel l'emporta en France, et, en isio, le
concordat entre Léon X et François 1er ac_
corda au roi la nomination h toutes les abbayes
françaises , sauf à celles de Cltiny, Citeaux ,
Prémontré , et quelques autres. (C'est princi-
palement à ces abbés de commende que se rap-
portent toutes ces anecdotes grivoises qui
émaillent les ana du xvme siècle.)
Parmi les abbayes qui occupent, un rang
dans l'histoire , il convient de citer celles de
Cluny, de Citeaux et de Prémontré en France,
de Fulde et de Corvey en Allemagne, de
St-Gall en Suisse, du Mont-Cassin en Italie, et
de Westminster en Angleterre. La plus an-
cienne abbaye de femmes en France était celle
de Ste-Radegonde, à Poitiers , fondée en 507.
Les abbayes ont rendu de grands services
à l'agriculture , aux sciences et aux lettres.
On doit constater et admirer avec M. de Mon-
talembert • la mise en culture par leurs mains
de tant de déserts et de tant de forets, la trans-
cription et la conservation de tant do monu-
ments historiques. » Celles des bénédictins
surtout furent de grands foyers littéraires. V.
BÉNÉDICTINS,
— Syn. Ai.bnyo , couvent, monastère. L'ab-
baye ou le monastère est une communauté
plus riche et d'un ordre plus élevé que le cou-
vent; le nombre des religieux y est bien plus
considérable. Abbaye diffère de monastère,
surtout parce qu'il fait penser au titre d'abbé
ou d'abbesse donné au chef de l'établissement,
et comme ce titre est le plus élevé de tous
dans la hiérarchie monastique, Vabbaye a sou-
vent plus d'importance encore que le monas-
ABB
tère. Un couvent est dirigé par un supérieur
ou un prieur ; un couvent de femmes par une
supérieure ou une prieure. Dans le langage
ordinaire, couvent se dit de toutes les com-
munautés en général, surtout des communau-
tés de femmes.
Abbaye - on - Dois ( i.' ) , communauté reli-
gieuse de femmes , située à Paris , rue de
Sèvres, à l'angle de la rue de la Chaise. Elle
servit de maison d'arrêt pendant la Révolu-
tion ; rendue plus tard à sa destination pre-
mière, elle offrit, en dehors du cloitre réservé
aux religieuses , un asile paisible à des dames
du grand monde, qui se retiraient là pour goû-
ter les douceurs de la solitude, sans renoncer
toutefois à celles de la société. C'est à l'Ab-
baye-au-Bois que M>»« Récamier vint s'établir
au commencement de la Restauration , après
la ruine de son mari et la mort de Mme de
Staël, son amie, et c'est de ce séjour que l'Ab-
baye tire en partie sa célébrité. Toutes les illus-
trations de 1 époque briguaient la faveur d'être
reçues dans les salons de Mme Récamier, où
Chateaubriand régnait en souverain. Il se ren-
dait régulièrement à l' Abbaye tous les jours à
trois heures , et pendant la première heure de
ses entretiens avec Mme Récamier, il ne souf-
frait pas de tiers ; mais , cette première heure
écoulée , on ouvrait la porte du salon , et les
rs), Alex, de Humboldt, Augustin
queville, etc. Béranger y vint une seule fois,
et le prince Louis Bonaparte; aujourd'hui Na-
poléon III , s'y présenta aussi à son retour en
France, en 1848. C'est à l'Abbaye que Lamar-
tine lut ses premières Méditations, que Victor
Hugo, à peine sorti des bancs de l'école, fut
sacré poëte de génie par les mains de Chateau-
briand lui-même, et que toutes les grandes
renommées naissantes reçurent leur baptême
et leur consécration. Si l'on fait abstraction
de la politique, c'était une sorte d'hôtel de
Rambouillet du xrx= siècle, dont la belle et spi-
rituelle M'ne Récamier était la Julie.
Abbaye (Prison de l'). Elle fut construite
à Paris en 1522 pour servir de prison seigneu-
riale à l'abbaye de St-Germain-des-Pres , et
convertie dans la suite en maison de détention
ilitaire. Les gardes françaises qui avaient
refusé de tirer sur le peuple, le 23 il
y furent renfermés, mais bientôt déli
la foule. Depuis, cette maison fut affectée
prisonniers politiques. De là ce cri qui a sou-
vent retenti dans nos clubs révolutionnaires :
A l'Abbaye! C'est là que commencèrent les
massacres de sept. L'Abbaye, redevenue une
prison militaire, a été démolie en 1854.
ABBÉ s. m. (a-bé — du lat. abbas, dérivé du
syriaq. abba} père). Chef d'un monastère
d hommes qui a le titre d'abbaye : Un abbé
de l'ordre de Saint-Benoit. Le titre d'ABBÉ,
qui signifie père,ji' 'appartenait qu'aux chefs de
monastères. (Volt. ) Les anciens moines don-
nèrent ce nom au. supérieur qu'ils élisaient.
i'ABBÉ était leur père spirituel. (Volt.) Ni les
abbés ni les moines ne furent prêtres dans les
premiers siècles. (Volt.) Messieurs, dit le bon
père, soyez les bienvenus; notre révérend abbé
sera bien content quand il saura que vous êtes
arrivés. (Brill.-Sav.)
— Par ext. Tout homme qui porto l'habit
ecclésiastique: Un jeune abbé. Il pleut des
... , 'appelle monsieur /'abbé. (Richelet.)
Théonas , abbé depuis trente ans , se lassait de
l'être. (La Bruy.) Si vous n'êtes monsieur
f abbé que pour avoir été tonsuré, pour porter
un petit collet , un, manteau court , et pour at-
tendre un bénéfice simple , vous ne méritez pas
le nom <£'abbé. (Volt.) Quoi! tu donnes dans
les abbés, ma bonne, toi qui ne pouvais les
souffrir! (Dancourt.)
C'est un homme qui porte un fort petit collet,
Avec un habit noir; enfin, c'est, ce me semble,
MONTFLEURT.
— Abbé régulier, Supérieur de religieux,
nui était régulier lui-même, et portait l'habit
de son ordre. — On l'appelait aussi abbé titu-
laire. Il Abbé chef d'ordre, ou simplement chef
d'ordre, Supérieur d'une abbaye chef d'rrdre,
comme à Cluny , Citeaux , etc. Il Abbé perpé-
tuel, Abbé nommé à vie. il Abbé particulier,
Celui qui n'a aucune abbaye inférieure su-
bordonnée àlasienne. Il Abbéensecond, Prieur
d'un monastère. Il Abbé commendataire, Laï-
que qui tenait une abbaye en commande.— On
le désignait aussi sous le nom d'abbé laïque.
il Abbé putatif, Celui qui portait le titre d'une
abbaye sans en toucher le revenu, u Abbé in
partibus, Celui dont le monastère avait été
détruit ou était occupé par les infidèles, n
Abbé de régime, Prieur claustral ou sous-su-
péi'icur, dans certaines congrégations. Il Abbé
mitre, Abbé qui avait le droit de porter la
mitre. Il Abbé crosse, Abbé qui avait le droit
do porter la crosse. Il Abbé crosse et mitrél Ce-
lui qui- avait une autorité pleinement cpisco-
pale , et qui , comme les évoques , portait la
crosse et la mitre. — On les appelait, en An-
gleterre, abbés souverains, abbés généraux , et
ilsétaient membres du parlement, u Abbé des
abbés, Titre qu'on donnait à l'abbé du Mqnt-
Cassin , parce que tous les moines de l'Occi-
dent avaient reçu leur règle de cette abbaye.
ABB
— Le supérieur de l'abbaye- de Marmoutier
portait aussi le même titre. H Abbé cardinal,
Titre honorifique accordé par le pape. — Il se
disait particulièrement des abbés en chef,
lorsque des abbayes qui avaient été réunies
venaient à être séparées. — L'abbé de Cluny
prit aussi ce titre, en plein concile, à Rome.
Il Abbé-chevalier, Abbé chargé de défendre
une abbaye. —On donnait aussi ce nom à ce-
lui qui réunissait le titre de chevalier à celui
d'abbé. wAbbé coadjuteur, Celui qui était ad-
joint à un abbé pour l'aider à remplir ses
fonctions , et qui lui succédait ordinairement
après sa mort. Il Abbé de cour, abbé courtisan,
Abbé qui fréquentait plutôt la cour que l'é-
glise, il Abbé de fortune, Abbé de basse nais-
sance. Il Abbé de l'oratoire du palais ou du
sacré palais, Un des titres que portait l'arehi-
chapélain de la cour, sous nos anciens rois, u
Abbé de ruelle, abbé de salon, abbé petit-
maitre, Ces abbés , qui n'étaient pas même
dans les ordres , so faisaient remarquer par
leur conduite légère. — Il en était do même des
abbés galants du xvmc siôclo, tels que l'abbé
de Chauiieu. u Abbé de Sainte-Elpide ou de
Sainte-Espérance, Se disait proverbialement
d'un homme qui prenait la qualité d'abbé,
sans en avoir le titre. Il Abbé in minoribus,
Abbé qui n'est encoro que dans les ordres
mineurs, il Abbé œcuménique ou universel. Ti-
tre que plusieurs moines grecs ont pris, a l'i-
mitation du patriarche do Constantinople. u
Abbê-évêque, Abbé qui est en même temps
évoque. Il Abbé exempt, Abbé qui ne relevait
que du sainWége. il Abbé général, Ce titre a
été porté par le supérieur dos Mékitaristos et
par ceux de Citeaux et de Cluny. — C'est
aussi le nom que l'on donnait, en Angleterre,
aux abbés mitres et crosses.
— Hist. Abbé du peuple, Magistrat populaire
qui fut'eréé à Gènes en 1270, et auquel on
accorda toutes sortes d'honneurs, sans lui dé-
férer de pouvoir. Cette dignité fut abolie en
1339 , et remplacée par le dogat. il Abbé de
Liesse, Chef d'une confrérie établie à Lille.
Nommé par les juges, les magistrats et le
icuplo , il recevait une crosse d'argent doré,
lu poids de quatre onces, qu'il portait sus-
tel et d'un héraut ; on portait devant .lui un
étendard de soie rouge, et il présidait aux
jeux qui se célébraient à Arras et dans les
villes voisines à l'époque du carnaval. (Ché-
ruel.) il A bbé des béjaunes. Chef de la confrérie
des étudiants novices : Les jeunes gens, nou-
vellement arrivés dans V U université de Paris
formaient une confrérie particulière, et avaient
pour chef ^'abbé des béjaunes. (Chéruel.) Le
jour des Innocents, 2' abbé des béjaunes, monté
sur un âne, conduisait sa confrérie par toute
la ville. (Chéruel.)
— Loc. prov. Pas d'abbé, Allure grave, il
Table d'abbé, Table somptueuse, il Faced'abbé,
Visage rubicond.
— Abbé. Jeu dans lequel celui qui le conduit,
appelé abbé, est imité, dans chacun de ses ac-
tes , par les autres joueurs qui l'ont nommé.
— S'empl. adjectiv. : Père abbé.
— Fig. Nous sommes ici trois ou quatre étran-
gers comme des moines dans nne abbaye. Dieu
veuille que le père abbé se contente de se mo-
quer de nous! (Volt.)
— Prov. et fig. Pour un moine, on ne laisse
pas de faire un abbé, Si un homme manque à
une assemblée , à une partie de plaisir où il
devait se trouver, on ne laisse pas de délibé-
rer, de s'amuser sans lui , de faire , on son
absence, ce qu'on avait résolu, il A'ous l'atten-
drons comme les moines font l'abbé, S'il n'arrive
pas à l'heure de dîner , nous nous mettrons à
table sans lui. il Le moine répond comme l'abbé
chante, Les inférieurs ont l'habitude do pren-
dre le ton et les habitudes de leur supé-
rieur, il Se promettre la vigne de l'abbé, So di-
sait proverbialement pour Se promettre une
vie de délices, parce que les meilleurs crus
étaient devenus partout la propriété des mo-
nastères. Il Etre comme l'abbé Rognonet, qui
de sa soutane ne put faire un bonnet, Ne savoir
tirer aucun parti d'une position avantageuse,
et gâter la meilleure affaire- par sa mala-
dresse. — On dit de mémo': Tailler sa besogne
sur le patron de Rognonet. Il II n'y a point de
plus sage abbé que celui gui a été moine.
L'homme qui a obéi est celui qui sait le mieux
commander, il Monsieur l'abbé, vous faites l'en-
fant. Locution proverbiale qui s applique,
dans le langago familier ^ à ceux qui se font
prier pour faire ce qu'on leur demande. — Ce
proverbe doit sa naissance au bourreau qui
exécuta l'abbé PUeur, condamné à être pendu
comme contrefacteur de billots de loterie; le
patient ayant peine à se déterminer à gravir
l'échelle, l'exécuteur se permit de lui dire :
Allons donc, monsieur l'abbé, vous faites l'en-
fant.
— Le titré d'abbé se trouve souvent joint
d'une manière accidentelle à un grand nom-
bre de dénominations. En voici des exemples :
Abbé gentilhomme. Abbé ingénieur. Abbé jour-
naliste. Abbé médecin. Abbé mousquetaire.
Abbé poète. Abbé traducteur. Raynat, cet
abbé philosophe.
— Encycl. Hist. On a vu qu'outre les abbés
réguliers et eommendataires (V. Abbaye) , il y
avait encore des abbés mitres, c'est-à-dire qui
possédaient le privilège de porter la mitre;
d'autres portaient la crosse ou bâton pastoral
et s'appelaient abbés crosses. Ainsi , grâce à
ABB
15
leur richesse et à leur puissance , certain!
abbés en étaient venus à marcher de pair avec
les évèques ; ils avaient le droit de suffrage
dans les conciles, conféraient la tonsure et les
ordres mineurs, etc. Avant la révolution de
1789 , on donnait le nom de petits abbés ou
d'abbés au petit collet à une foule de'gens qui
n'avaient d'ecclésiastique que l'extérieur. C é-
taient le plus souvent des cadets de familles
nobles et pauvres, quelquefois aussi de riches
roturiers, aspirant les uns et les autres au titre
lucratif d'abbés eommendataires. Aujourd'hui,
le titre d'abbé se donne à tout ecclésiastique.
Les abbés et abbesscs, supérieurs et supé-
rieures de monastères, formaient un tribunal
de première instance. Ils pouvaient imposer
des pénitences à ceux de leurs religieux ou à
celles de leurs religieuses qui venaient à man-
quer à la discipline claustrale. Toutefois leur
juridiction ne s'étendait pas aux délits ou
scandales commis hors du cloître.
— Anecdotes. Un abbé de qualité, disant la
messe -i- c'était peut-être le fameux évêque
de Noyon — , entendit parler derrière lui.
L'abbé se retournant ; « En vérité, messieurs,
dit-il, quand ce, serait un laquais qui officie-
rait, vous n'auriez pas moins de respect. »
Le célèbre abbé Prévost, auteur de Manon
Lescaut, fut nommé aumônier du prince de
Condé. « Monsieur l'abbé, lui dit le prince,
vous voulez être mon aumônier, mais je n'en-
A la représentation d'une tragédie, un abbé
avait pris une place aux premiers rangs. La
parterre, de mauvaiso humeur, cria : A bas
M. l'abbé! Celui-ci, sans se déconcerter, se
leva, et s'adressant au parterre : «Messieurs,
dit-il, depuis qu'on m'a volé une montre d'or
envotre compagnie, j'aime mieux qu'il m'en
coûte une place aux loges que de risquer en-
core ma tabatière, » On applaudit et on la
laissa tranquille.
L'abbé de Voiscnon disait exactement son
bréviaire , dont il marquait les renvois avec
des couplets de chansons.
abbé se déguisa" le soir et s'en ano. uU um.
Grand scandale parmi les chanoines , qui déli-
bérèrent sur la peine qu'il fallait infliger au
coupable. Après de longs débats, on s'en remit
à la décision du doyen. • Messieurs, dit celui-
ci, passons-lui ses petites escapades; il s'en
lassera tout comme nous. »
A la première représentation du Brutus de
Voltaire, un abbé, placé sur le devant d'une
loge, se vit apostrophé par le parterre qui
criait : A bas la calotte! L'abbé, impatienté
de ces clameurs, prit sa calotte et dit , en la
jetant : « Tiens , parterre , la voilà, tu la mé-
rites bien. »
Abbé (l'), roman de Walter-Scott, dont le
sujet est l'évasion de Marie Stuart du château
de Lochleven. L'abbé Ambroise, qui donne son
nom au roman, ne joue qu'un rôle secondaire
dans l'action ; le véritabio héros est Roland
Grceme, orphelin recueilli et élevé par la reine
d'Ecosse. L'auteur revient ici à 1 histoire de
ce pays vers la fin du xvie siècle. Il repré-
sente non plus la lutte politique de deux races
rivales et hostiles, mais le choc non moins
opiniâtre de deux croyances religieuses , ani-
mées du même fanatisme, tour à tour persé-
cutées et intolérantes. Il décrit la réaction
presbytérienne contre le catholicisme sous' la
minorité orageuse de Jacques I", et il a tiré
un merveilleux parti de toutes les ressources
que lui offrait un pareil sujet, quoiqu'il ne se
pique pas d'une grande exactitude historique,
et qu'il subordonne ordinairement la réalité à
l'effet dramatique de ses tableaux. Mais le ro-
mancier a su reproduire avec beaucoup d'ha-
bileté le mélange de courage et de faiblesse,
de fierté et de coquetterie, et surtout cet in-
corrigible penchant à l'épigramme, qui for-
ment un des traits saillants du caractère de
Marie Stuart. Nulle part aussi l'abaissement
où était tombé le clergé catholique n'a été
retracé avec plus de vigueur et d'énergie.
Parmi les scènes principales du roman , nous
citerons surtout 1 abdication de Marie Stuart,
la tentative infructueuse d'évasion, le délire
soudain de la reine , sa fuite du château de
Lochleven et la description de la bataille de
Langside. Toutefois , les caractères , excepté
celui de la reine, sont moins habilement tracés
que dans quelques autres productions de l'au-
teur; le héros, quoique naturellement impé-
tueux, est un jeune homme faible, irrésolu
et capricieux. De plus, le dénouement est im-
parfait, ou plutôt, il n'y a point de dénouement.
La fuite de Marie Stuart en Angleterre, après
la déroute de son armée et la ruine de sou
parti, ne termine rien , et laisse dans Sa même
Eerplexité sur le sort des autres personnages.
'Abbé parait, en définitive, une Brillante es-
quisse du genre épisodiquo plutôt qu'un beau
Abbé <lo l'Épée (!.'), comédie historique , en
cinq actes, par J.-N. Bouilly, représentée au
Théâtre-Français, le 14 décembre 17<J0. Le
fameux procès du comte de S'olar, dans les
16
ABB
u jeune
Causes célèbres, a servi de première base a
l'auteur. L'abbé de l'Epée, fondateur de l'in-
stitution des sourds-muets, trouve un jour
sous des haillons un jeune sourd-muet de nuit
ou neuf ans, et le recueille. Bientôt il dé-
couvre que son élève doit le jour à un membre
de la haute magistrature d'une des principales
villes de France. L'oncle maternel du jeun
sourd-muet, à qui la tutelle en avait
fiée, voulant s'assurer d'une fortune
que la mort du comte d'Arancour (r
stitué par égard au véritable) laissait à son
fils unique, avait égaré son pupille dans les
rue3 de Paris, sur que l'infirmité de celui-ci
lui ôterait tout moyen de réclamation. De
plus, il suborna des témoins, et un faux ex-
trait mortuaire constata la mort du jeune
comte. Mais il avait des complices que le re-
mords poursuivit, et de plus un fils .vertueux,
à qui jadis le jeune sourd-muet avait sauvé
la vie au prix d'une grave blessure reçue au
bras droit, blessure dont la cicatrice n'avait
pas disparu. Il en résulte .que l'abbé de l'Epée
peut accabler l'usurpateur de preuves con-
vaincantes, et obtenir pour son élève la res-
titution de son nom et de ses biens.
La pièce, d'une couleur un peu trop pasto-
rale, n'en obtint pas moins un grand succès.
Monvel jouait en perfection le rôle de l'abbé
de l'Epée. La pièce est restée au répertoire.
ABBE3SE s. f. (a-bè-se — rad. abbé). Supé-
rieure d'un monastère do- filles ayant titre
d'abbaye : On la fit abbesse , sans que, dans
un âge si tendre , elle sût ce Qu'elle faisait.
(Boss.) Le corps d'Abailard fut porté au Pa-
raclet, dont JJéloîse était abbbSsE. (Hénault.)
Pour moi, je mettrais la petite avec sa tante;
elle serait abbesse quelque jour; cette place
est toute propre aux vocations un peu équi-
voques : on accorde ta gloire et les plaisirs.
{îM'oo de Sév.) Nous vîmes entrer majestueuse-
ment r abbesse à cheveux gris, armée de sa
crosse. (De Broglîe.)
— Abbesse perpétuelle, Celle qui était nom-
mée à vie. Il Abbesse générale, Abbesse dont
l'autorité s'étendait sur plusieurs abbayes.
— Le nom d'abbesso se donnait aussi à*la
supérieure d'un chapitre de dames, et lui
conférait, à défaut d'une autorité réello , une
haute considération dans lo monde ot un
rang très-élevé.
— Par antiphrase ot triv., Femme qui tient
une maison de prostitution, que l'on appelle
autrefois élues par leurs communautés ; on les
choisissait parmi les plus anciennes et les plus
capables de gouverner. Les abbayes de filles
conservèrent longtemps en France ce droit
d'élection, parce qu'elles n'avaient pas été
comprises dans le Concordat entre Léon X et
François I« (V. abbaye). Les abbesses n'a-
vaient que l'administration du temporel de
leurs couvents; pour le spirituel, elles rele-
vaient de l'èvêque diocésain. Un décret du
leur donnaient
„ très-élevé dans le inonde, et des familles
puissantes, et même souveraines, se montrè-
rent souvent jalouses d'obtenir ce titre pour
une fUle de leur maison.
ABBBVILI.E, chef-lieu d'arrond. (Somme),
à 45 kil. d'Amiens et à 157 de Paris. Pop.
aggl. 18,626 h. — pop. tôt. 80,058 h., autrefois
capitale du Ponthieu. L'arrondissement a 11
cant., 171 comm. et 140,738 h. Place de guerre ;
port sur la Somme. Nombreuses manufactures
de draps, moquettes et tapis. Commerce con-
sidérable de céréales, de graines oléagineuses,
d'ardoises, de bois de construction, etc. L'é-
glise de Str-Vulfran, qui date du xvie siècle,
est un morceau magnifique. Musée communal
renfermant de nombreuses collections d'his-
toire naturelle et de curieuses antiquités, entre
autres une pirogue celtique , de belles am-
phores et des armes romaines. Patrie du poste
élégiaque Millevoye, du musicien Lesueur et
abbevilloise.
— Adj. Qui est propre à Abbeville o
habitants : Les mœurs, ' ------
VJLLOISES.
futti
abbitibe s. des 2 g. (ab-bi-ti-be). Géogr,
Peuple de l'Amérique du Nord.
— P'empl. aussi adjectiv. ; Le peuple abbi-
tibe. La population abbitibe,
ABBON, surnommé le Courbe, moine de St-
Germain-des-Prés , mort en 923. Il écrivit en
vers latins la relation du siège de Paris par les
Normands. 11 a laissé la réputation d'un mau-
vais poète, mais d'un historien exact. M. Gui-
zot a donné 1». traduction française du Siège
de Paris.
vants religieux de son temps et remplit quel-
ques missions diplomatiques auprès du saint-
siége. Son Abrégé des vies de 91 papes (publ.
à Mayence, en 1602) est encore estimé.
ABC
ABBOT (Georges) , archevêque de Cantor-
béry, théologien anglican , né eu 15C2 , mort
en 1G33. Ses écrits les plus importants sont
une Description de l'univers et une L/isioire
des massacres de la Valteline.
ABBOTSFORD (pr. angl. a-beut-sfeurd), ma-
gnifique manoir, construit et décoré par W.
Scott, â qui il a servi de résidence, et qui l'a
rendu à jamais célèbre. Il est situé près des
abbayes de Melrose et de Jedburgh , dans le
comté de Roxburgh, en Ecosse, sur la rive mé-
ridionale de la Tweed, à 45 kil. S.-E. d'Edim-
bourg. L'entrée d'Abbotsford est une imitation
de celledu palais de Linlithgow (Ecosse), où na-
quit Marie Stuart. Sous la voûte d'un vestibule
ouvert, orné de cornes de cerf pétrifiées, une
porte a deux battants donne accès dans une
grande salle ornée de vitraux, et pavée en
marbre blanc et noir des Hébrides; les murs
sont couverts de riches boiseries de chêne
sculpté, où l'on voit représentées les armoiries
des plus puissantes familles de l'Ecosse. Cette
salle communique, à droite, avec le cabinet
de travail de \V. Scott , éclairé par une seule
fenêtre, garni des livres dont ce grand écri-
vain se servait le plus souvent. e.t orné de
deux portraits de Claverhouse et de Rob-Roy.
Du cabinet de travail on passe dans la biblio-
thèque , tout en chêne, qui renferme, outre
20,000 volumes et des manuscrits précieux,
un buste de W. Scott, par Ghantrey, avec un
autographe, la canne de Swift et un sarco-
phage d'argent , trouvé au Pirée et offert au
romancier par Byron. Le salon, décoré d'une
tenture chinoise envoyée à W. Scott par le
Sape, renferme encore un beau portrait de
ryden, et une urne d'argent remplie d'os-
sements du Pirée, autre présent de Byron
à son ami. La salle à manger, en chêne,
sculpté d'après les plus curieux modèles de
Melrose, renferme la remarquable collection
des portraits authentiques de lord Essex et
du duc de Montmouth, par Leslie jd'Hogarth,
par lui-même; d'Olivier Cromwell, de Char-
les II d'Angleterre, de Charles XII de Suède,
de Prior, de Gay, de la duchesse de Buccleugh
et enfin celui de Marie Stuart, peinte par Amias
Canrood , le lendemain de son exécution , et
donné à \V. Scott par un noble prussien. L'ï
une salle basse , éclairée seulement par
fenêtres, qui s'ouvrent en face l'une de l'a „.
Il est rempli d'armes de toutes les époques et
de tous les pays , et de têtes d'animaux. On y
remarque surtout : le fusil de Rob-Roy , les
pistolets de Claverhouse, une épée donnée par
Charles 1" à Montrose, et les pistolets que
portait Napoléon à Waterloo. Abbotsford ap-
partient aujourd'hui à sir Hope, époux de la
petite-fille de Vf. Scott.
ABBT (Thomas) , littérateur allemand, né à
Ulm en 1738, mort en 1766, Ses écrits ont
contribué à la renaissance de la littérature
allemande. On cite surtout son traité Du Mé-
rite, trad. en fr. par Dubois (1767). Par son
ouvrage De la Mort pour la patrie (17G1), il
avait contribué à relever le courage de ses
concitoyens pendant la guerre de Sept-Ans.
ABC s. m. (mot formé des trois premières
lettres de l'alphabet). Livre dans lequel les
enfants apprennent les lettres et les pre-
miers éléments de la lecture : Les abc ne
sont point rares, les bons ne sont pas communs,
et les meilleurs ne sont pas sans défauts.
(Beauzée.)
A ces vieux rudiments, fléaux du premier âge,
Même à cet antique Abtt,
Dont l'esprit fut vexé,
lejjne suis opposé, non sans quelque courage.
Fr. de Neufciiateau.
— Alphabet : Quand nous avons dit que tes
marchands de Tyr enseignaient leur abc aux
Grecs, nous n'avons pas prétendu qu'ils eussent
appris aux Grecs à parler. (Volt.)
— Fig. Les principes , les éléments d'un
art, d'une science quelconque : L'\bc de la phi-
losophie, de la politique, de l'astronomie, etc.
C'est le fondement et J'abc de toute notre rno- '
raie. (Pasc.) De pareils exercices ne sont que
I'abc de l'école des filous. (Le Sage.) Notre
siècle peut-il prononcer sur une science dont il
ne connaît pas même {'abc? (Eourier.)
— Par ext. Nom donné à quelques ou-
vrages scientifiques élémentaires : Abc du
dessin. Abc musical. Abc du pianiste. £'abc du
«Vit.
— N'en être qu'à l'abc d'une science , d'un
art, d'un métier, N'en avoir que les premières
notions, il Renvoyer quelqu'un à l'abc, Le trai-
ter d'ignorant, il Par abc. Par toutes les let-
tres de l'alphabet. Il II l'a maudit par abc, Il
lui a donné toutes les malédictions possibles :
Et l'on voit le marchand, à bon droit courroucé,
Maudissant mille fois l'auteur par abc.
Chez l'épicier du coin envoyer le libelle.
(Satiriques du xvuio siècle.)
— On dit aussi, mais plus rarement, abcd,
dans les mêmes sens : Savant jusqu'à /'abcd.
(J.-B. Rouss.) Nous voilà tous ignorant Tabou
de la langue et de la poésie. (Le Brun.) Il va
trouver le premier archevêque venu et lui de-
Ïnde sa bénédiction pour un abcd religieux.
Soulié.)
RECÉDANT (ab-sé-dan) part. prés, du v.
céder : Cette tumeur abcédant, le malade
sera soulagé.
ABCÉDÉ , ée (ab-sé-dé) part. pass. du v.
Abcéder: Tumeur abcédée. G landes abcédées.
ABD
— Prend être pour exprimer l'état, ot
avoir pour exprimer l'action : Lorsque les
amygdales sont abcédées, on doit attendre,
pour les ouvrir, que te foyer soit bien formé.
Cette tumeur a abcédé. Ces glandes ont
abcéder v. n. ou intr. (ab-sé-dé — du
lat. abscedere, s'écarter; \'é fermé du rad. se
change en è ouvert devant une syllabe muette :
il abcède; excepté au futur et au conditionnel :
abeédera, abeéderait). Dégénérer en abcès, se
transformer en abcès : Cette tumeur abcédera
bientôt. (Acad.)
S'abcéder, v. pr. Se terminer en abcès : La
tumeur s'abcédera.
abcès s. m. (ab-sè — du lat. absessus, di-
vision, séparation). Méd. Amas de pus formé
dans une cavité accidentelle ou naturelle du
corps : Racine mourut, d'un abcès au foie. Plu-
sieurs sont proches de mourir, qui ne sentent pas
la fièvre prochaine ou {'abcès prêt à se former.
(Pasc.) /{ avait dans la poitrine un abcès qui
s'est crevé tout d'un coup et t'a étouffé. (Mme
de Sév.) /{ lui perça une espèce «{'abcès à ta
---■■-- du foie. (L.' Racine.) Il y avait long-
Terce Vabcès qui
miSïsfmalgTéhfi
flanc pour abrégt
— Encycl. Les abcès sont toujours la con-
séquence d'une inflammation. Si cette inflam-
mation est franche, aigus et à marche rapide,
l'abcès est dit chaud, aigu ou phlegmoneux ;
si au contraire elle se développe lentement et
presque sans causer de douleur, l'abcès prend
le nom de froid ou de chronique. Lorsque Se
pus formé dans un point subit une sorte de
migration, s'accumule dans un tissu primiti-
vement sain, il forme un abcès par congestion ;
lorsque l'abcès constitue à lui seul toute la
maladie, on l'appelle idiopathique ; lorsqu'il se
trouve lié à la présence d'une affection mor-
bide dont il est une manifestation, il se nomme
stitutionnelle ; mêtastatique, s'il se produit par
une sorte de transport subit du pus, dans un
point éloigné d'une partie qui est en état de
suppuration. — Le signe le plus positif d'un
abcès est une tumeur a laquelle on peut com-
muniquer un mouvement de fluctuation. L'ab-
cès diffère de Yépanchement purulent en ce que,
dans ce dernier, le pus est accumulé dans une
cavité naturelle ; de l'infiltration purulente, en
ce que dans l'infiltration, le pus n'est pas sé-
pare des tissus par une membrane de nouvelle
formation; du kyste purulent, en ce que la
membrane du kyste est plus épaisse, — Un
abcès qui ne se cicatrise pas devient un ul-
cère. — La gravité des abcès varie avec leur
cause, leur nature , leur siège, leur étendue.
Le traitement consiste à débarrasser la partie
du pus qu'elle contrent et à favoriser le rap-
prochement et l'adhérence des parois de la
poche. On peut hâter ou différer l'ouverture
d'un abcès aigu , en raison de circonstances
diverses. Pour ouvrir un abcès froid, on attend
généralement que la tumeur devienne gênante.
Quant aux abcès par congestion, ils exigent la
plus grande prudence et ne' doivent être ou-
verts que lorsqu'ils ont acquis une étendue
considérable. L instrument tranchant convient
pour l'ouverture des abcès chauds; l'emploi
d'un caustique pour celle des abcès froids et
des abcès par congestion.— On donne souvent,
par extension, le nom d'abcès à des amas d'u-
rine, de matières stercorales, été., qui se trou-
vent hors des voies qui leur sont destinées :
de là les abcès urineux, stercoraux, etc. Le
mot dépôt est plus convpnable s'il ne s'y
trouve pas de pus.
ABCHASE OU ABCHASIEN S. et adj. (ab-
ka-se, ab-ka-si-in). Géogr. Peuple du Cau-
case.
ABCISSE s. f. V. ABSCISSE.
ABD, mot arabe qui entre dans un grand
nombre de noms propres orientaux, et qui
signifie serviteur : Aid- Allah, serviteur de
Dieu ; Abd-el-Kader, serviteur du Dieu puis-
sant, etc.
ABDALLAH s. m. (de l'ar. abd, servi-
teur ; Allah, Dieu). Religieux solitaire, chez
les Persans. Il est connu, en Turquie, sous le
nom de derviche. — On dit aussi abdal et
ABDALAS.
ABDALLAH, père de- Mahomet, né à la
Mecque, vers 545, mort en 570. Il fut, dit-on,
conducteur de chameaux, et, d'après les lé-
gendes arabes, recherché en mariage par une
reine de Syrie. On ne sait d'ailleurs rien de
certain sur- sa vie. *
ABDALLAH, oncle d'Aboul-Abbas, le pre-
mier calife abbasside, à l'élévation duquel il
contribua par le massacre des princes oni-
miades. A la mort de son neveu, il revendiqua
le califat et fut tué en 755.
ABDALLAH-BEN-ZOBAÏR (bène), calife de
la Mecque, fut élu l'an 680 par les habitants
de la Mecque et de Médine, qui voulaient se
rendre indépendants de Yesid, calife de Syrie.
Il régnait depuis douzeans, lorsqu'il fut assiégé
dans sa capitale par Abd-el-Mélek ; il périt
après une résistance désespérée.
ABDALLATIF, historien et médecin arabe,
Sacy a donné une traduction fran-
çaise (Paris, 1810) de sa Relation de l'Egypte,
ouvrage important pour l'histoire et les anti-
quités de cette contrée.
l'Afghanistan ; c'est la plus puissante, la plus
nombreuse, la plus civilisée : Achmed-Shah, de
la race des abdallihs, profita des troubles que
la mort de Nadir-Shah amena en Perse, en 1 74 7 ,
pour affranchir les Afghans de la domination
persane, se constituer souverain d'un empire,
afghan indépendant, et fonder la dynastie des
Douranhis ou des abdallihs. (Encycl.)
ABDALLITE s. m. (ab-dal-li-te — de l'ar.
abd, serviteur; Allah, Dieu). Membre d'un
ordre de derviches voyageurs.
ABDELAVI s. m. (ab-dèl-a-vi), Espèco de
melon ou de concombre qui croît en Egypte
et en Arabie. Les Orientaux mangent ses
fruits crus ou cuits, et les regardent comme
un aliment +-'"- °—~ *—- -"- -*•* "
boisson d'une saveur agréable et rafraîchit
santé.
ABDEL-HAM1D, sultan des Turcs (1774-
1789). Sous son faible gouvernement, la Rus-
sie s'empara des provinces au sud du Danube,
ainsi que de la Crimée.
ABD-EL-KADER (Sidi-el-Hadji-Ouled-Ma-
hiddin), célèbre chef arabe, né vers 1807, sur
le territoire des Hachems, aux environs do
Mascara, fils du marabout Sidi-el-Mahiddin.
En 1832, il commença à prêcher la guerre
sainte, et, à la tête de 10,000 cavaliers, il vint
assiéger Oran'; mais le général Boyer, qui
commandait nos troupes, le força à battre en
retraite. En 1834, il conclut avec le général
Desmichels un traité qui lui constituait un vé-
ritable royaume limite par le Chélif, et dont
Mascara était le chef-lieu. Plus tard il rem-
porta contre le général Trézel un avantage
qui redoubla le fanatisme des Arabes. Le ma-
réchal Clauzel, le général Bugeaud, le duc
d'Orléans avec le maréchal Valée, luttèrent
encore avec énergie contre cet ennemi sou-
vent vaincu, mais toujours infatigable et ja-
mais abattu. Sa puissance n'avait fait que
s'augmenter par suite des conditions avanta-
geuses que lui avait faites le général Bugeaud,
par le traité de la Tafna (3 mai 1837). La prise
de la Smala, par les chasseurs du duc d Au-
male, en 1842, le força à se réfugier dans le
Maroc, dont l'empereur Abd-er-Rahman se
décida, en 1844, à attaquer les positions fran-
çaises. La victoire d'Isly, remportée par le
maréchal Bugeaud, força Abd-er-Rahman à
cesser de soutenir la cause d'Abd-el-Kader;
mais celui-ci trouva dans l'énergie de son ca-
ractère la force de lutter encore, soit contre
le Maroc, soit contre les Français jusqu'en 1847.
Après avoir vu périr dans une dernière affaire
ses plus dévoués partisans, il se rendit au gé-
néral Lamoricière, demandant à être mené a
Saint-Jean-d Acre ou à Alexandrie. Mais on le
fit embarquer pour la France avec sa famille,
et il fut détenu successivement au fort la
Malgue, au château de Pau et à celui d'Am-
boise. Napoléon III lui rendit la liberté à l'oc-
casion de la proclamation de l'empire. Alors il
se retira a Brousse, avec toute sa suite , où
il vécut dans la retraite jusqu'au tremble-
ment de terre qui détruisit cette ville en 1855.
De là il se rendit à Damas, où le massacre des
Maronites servit à faire éclater sa grandeur
d'àme, en lui fournissant l'occasion de protéger
les chrétiens au péril même de sa vie. Au-
jourd'hui il habite la Mecque, lieu de sépul-
ture du Prophète. Abd-el-Kader est actuelle-
ment âgé de 56 ans; son visage est pâle et
d'une beauté régulière, pleine de gravité et de
mélancolie. Le tour de ses paupières, peint en
noir, donne à ses yeux une grande expression
de fatigue et de souffrance. De petites mous-
taches , peu fournies , et une Ijarbe noire ;
ornent sa figure. Son langage est riche en
expressions métaphoriques, et les images gra-
cieuses, qui sont un des caractères de la poésie
orientale , abondent dans sa conversation :
« Vous devez avoir froid, lui disait le préfet
de Toulon, charge de le recevoir. — Oh ! non,
répondit-il, la chaleur de votre amitié fait
fondre pour moi la glace de l'air. »
Le nom d'Abd-el-Kader est acquis à l'his-
toire , où il occupe une place glorieuse à côté
des Judas Machabée, des Witikind, des Bo-
livar et de tous ceux qui ontlutté vaillamment
pour l'indépendance de leur pays.
ABDEL-MÉLEK, calife de Damas (683-705).
Il conquit l'Irak puis la Mecque, et s'avança en
Afrique jusqu'à. Carthage. II passe pour avoir
le premier fait frapper de la monnaie arabe.
ABDEL-MOUMEN (mou-mè-ne), calife almo-
hade d'Afrique (1130-1163), était fils d'un po-
tier. Il conquit le Maroc et le sud de l'Espagne.
ABDÉNAGO, nom chaldéen û'Azarias, un
des jeunes Hébreux, compagnons de Daniel,
qui fureut jetés dans la fournaise ardente. V.
ABDÉRAME ( Abd-el-Rahman), septième
émir ou vice -roi d'Espagne, sous le calife
Yesid, ne fut pas plus tôt maitre des forces mu-
sulmanes de la péninsule, qu'il mit à exécution
le projet qu'il nourrissait depuis longtemps
d'envahir la France. Il pénétra en Aquitaine
à la tête d'une armée formidable, ravageant
tout sur son passage, et s'avança triomphant
jusque vers la Loire, entre Tours et Poitiers.
ABD
Mais la, il fut arrêté et écrasé par Charles-
Martel, qui, dans cette journée mémorable,
sauva la France et peut-être l'Europe du
joug des Musulmans. Abdérame périt lui-
même dans la mêlée (732). Cet événement
marqua l'époque de la décadence. des Arabes
en Europe.
ABDÉRAME l", le Juste, premier
.._ ,-a--, ' '1 avait un parti parmi
,.i tribus arabes et syriennes qui se dispu-
taient 'e pays, prit Séville, Cordoue, com-
mença ia splemiide mosquée de cette ville et
ruina dans la péninsule la puissance des Abbas-
sides. C'est Sous son règne que Charlemagne
s'avança en Espagne jusqu'à VËbre.
ABDÉRAME II. le Victorieux, roi de Cor-
doue (822-35!). Son règne fut constamment
troublé par des guerres et des révoltes, et par
les conquêtes des princes chrétiens en Ara-
gon, dan3 la Navarre et dans les Asturies. Sa
cour était une des plus brillantes de l'Iïurope.
ABDÉRAMfi III, roi de Cordoue, le premier
qui prit le titra de calife en Espagne (912-OGl).
Il eut continuellement à lutter contre les prin-
ces chrétiens, qui gagnèrent sur lui la bataille
de Simancas (938), fit d'importantes conquêtes
en Afrique, ei fonda à Cordoue la première
école de médecine qu'il y ait eu en Europe.
ABDÈRE s. m. (ab-dc-r'e — de Abdère, nom
pr. de ville). Kntom. Genre d'insectes coléop-
tères, section des hétéromères, c— :
ferme que quelques espèces inc'-~1-
lo type est Vabdera bifasciata.
' ABDÈnE, »ec. ville de Thrace, patrie de
Démocrite, d'Anaxarque etdeProtagoras. La
stupidité des Abdéritains avait passé en pro-
verbe, et ils étaient de la part des anciens
l'objet d'interminables plaisanteries. Ayant
acheté une Vénus en ivoire de grandeur na-
turelle, ils la trouvèrent si belle que, pour la
mpossible à l'iril de l'apercevoir. V. la fable
de La Fontaine: Démocrite et Ici Abdéritains,
qui a trait a un« anecdote ancienne sur ce phi-
losophe et le peuple d'Abdère, qui le croyait
ABDÉRITAIN, AINE s. (ab- dé -ri -tain ,
è-ne). Géogr. Habitant d'Abdère : Les Abdé-
ritains aimaient beaucoup la musique et la
poésie; Sepcndant ils passaient pour stupides.
(Bouillct.)
— Adj. Qui a rapport à Abdère ou à ses
habitants : Mœurs, coutumes abdéritainës.
On dit aussi adokritb.
ABDEST s. m. (ab-dèstt — du pers. ab, eau ;
dest, main). Purification légale dos Persans
et dos Turcs : /,'abdkst consiste à se laver les
pieds et la tête avant les cérémonies religieu-
ses. (Encycl.)
— Eau qui sert à cette purification.
— En Perse, le mot abdest est pris au pied
de la lettre, car les Persans no mouillent que
leur main et se contentent de la passer, ainsi
mouillée, sur leur tête et sur leurs pieds ;
mais ce mot reçoit plus d'extension chez les
Turcs, qui versent également de l'eau sur
leur tète et se lavent les pieds trois fois.
V abdest était en usage chez les descendants
do Mahomet, qui ne fit que le remettre en
vigueur, et qui régla jusqu'à la quantité
d'eau que Von doit employer.
ABD-HOUTS (ab-doutt) s. m. pi. Fakirs
indiens qui-sont mariés. C'est à eux que s'a-
dressent les femmes "stériles qui veulent
avoir des enfants.
ABDIAS (ab-di-âss), un des douze petits
prophètes ; vivait au temps de la captivité.
ABDICABLE adj. (abTdi-ka-ble — rad. ab-
diquer), Q\\\ peut, qui doit être abdiqué:
Dignité aiii»u:able.
ABDICATEUR s. m. (ab-di-ka-teur — rad.
abdication). Celui qui abdique.
abdication s. f. (ab-di-ka-si-on — du lat.
abdicatio, même sens). Renonciation à une
charge, k une qualité, à un, titre, et particu-
lièrement à l'autorité souveraine.
— Il se construit avec la préposition de :
10 Pour indiquer le sujet de l'abdication :
//AfiniCATION d'un prince, /-.'abdication de Na-
poléon, de Charles X. /.'abdication, du pape
Célestin V fut toute volontaire. (Beugnot.) Il
y en a qui disent sentir l'immensité de /'abdi-
cation de Napoléon en voyant la misérable
table sur laquelle ellea étésignée. (F. Souliê.)
/.'abdication de Dioctétien eut lieu dans une
plaine qu'inondait la foule des grands , du
peuple et des soldats. (Chateaub.)
2" Pour spécifier l'abdication, pour en ex-
primer l'objet : L'abdication d'un empire est
quelquefois suioie de regretê. (Acad.) Chris-
tine étonna l'Europe par /'abdication de sa
couronne. (Volt.) * .
3» Quelquefois pour désigner le lion do
l'abdication : /.'abdication de Fontainebleau;
c'est-à-dire l'abdication de Napoléon à Fon-
tainebleau.
— Absol. : Les abdications produites par
l'ennui, des grandeurs ne sont jamais irrévo-
cables. (Beugnot.)
— - Abdication absolue, Abdication complète
de tous les droits du pouvoir, il Abdication
conditionnelle, Subordonnée à la réalisation
jsconditions. |] Abdication partielle,
Renoncement à, une certaine partie du 'pou-
voir. Il Abdication de patrie, Acte par leçuçl
un homme renonce à sa patrie et en choisit
une autre.
consulat. Abdication de la dictature.
— Ane. jurispr. Acte par lequel un père
privait son fils des droits que celui-ci avait à
sa succession. Kilo différait do l'exhércdation,
qui n'avait lieu qu'en vertu d'un testament,
après la mort du père. H Acte par lequel un
homme renonçait à sa liberté, et se rendait
esclave ou se soumettait à la servitude de la
glèbe.
— Se dit de l'abandon do toute espece-d'au-
torité que peut avoir un simple particulier :
Abdication de l'autorité maritale. Abdication,
par mariage^ de la nationalité de la femme, il
Se dit aussi du renoncement à des droits:.
Abdication volontaire des garanties données
au mandataire.
_ — Abandonnement de biens.
— Fig. Renoncement à, dépouillement vo-
lonlaircdcce qui tient à unodignilé: Pierre
le Grand rapporta avec lui la science de la.
construction des vaisseaux, achetée courageuse-
ment par une espèce ^'abdication de la dignité
royale. (Fontcnclle.) A la procession des Etats
généraux, Philippe d'Orléans laissa vide sa
place parmi les princes , et marcha parmi les
députés. Cette abdication de sa dignité près
du trône, pour se parer de sd dignité de ci-
toyen, lui valut les applaudissements de la na-
tion. (Lamart.) il Renoncement à la pensée, à
la conscience, à la personnalité : L'indifférence
est /'abdication de la conscience. (De Vallée.)
— Abdication morale, Se dit d'un acte dont
les conséquences doivent annuler moralement
le pouvoir, l'institution, le parti qui l'accom-
plit : Le concordat napolitain est l'acte c/'ab-
dication morale signé par la royauté des
Deux-Siciles.
— Fig. Retraite, renonciation à sa part
d'influence et d'action : Ces paroles, par les-
quelles te côté droit se refusait désormais à
concourir aux actes de l'Assemblée nationale,
étuient /'abdication de tout un parti. (La-
mart.) L'invasion occidentale est évident, et
/'abdication orientale devient chaque jour plus
manifeste. (De Laborde.) il S'est aussi appli-
qué, dans ce sens, à un changement de con-
duite : jl/'n" de Longueville et de Chevreuse
ont couronné une existence d'intrigues et de
volupté par /'abdication de leurs amours.
il Se dit également des choses : Le projet
reproche au législateur de 1810 d'avoir, dans
l'art. 463, énerve la loi par une sorte ^'abdi-
cation volontaire et de renoncement d'elle-
même. (Le Siècle.)
— Faire abdication, Abdiquer,
mettre de côté : Charles-Quint fi
à Bruxelles. (Acad.) Je ne saurais accepter
sans paire abdication de toute dignité. (Mole.)
— Syn. Alxlirmion, démi»ion. On fait une
abdication de sa dignité et de 'son pouvoir, et
l'on donne sa démission de ses charges, em-
plois et bénéfices. L'abdication ne s'applique
qu'à des postes considérables, et la démission
qu'a des places inférieures ou moyennes.
— Encycl. Hist. Le caractère essentiel de
l'abdication est d'être volontaire; mais il est
bien rare qu'elle le soit complètement. Le plus
souvent l'abdication est l'abandon d'un pou-
voir que les circonstances ne permettent plus
de conserver. Quand on accepte la théorie du
droit divin des rois, on est logiquement con-
duit a contester aux princes le droit d'abdi-
roi
Dieu seul. A ce point de rue, abdicatit ,
désertion. Si, au contraire, on voit dans le
pouvoir un mandat social, on comprend les
raisons qui peuvent donner le droit et même
le devoir de renoncer à ce mandat.
Les plus célèbres abdications sont celles du
dictateur Sylla (79 av. JT-C), des empereurs
Dioctétien et Maximien (305 de l'ère chré-
tienne),, de Charles Quint (155c), de Christine,
reine d'e Suède (IG54), des rois d'Espagne
Philippe V (1724) et Charles IV (1808), des
rois de Sardaigne Victor-Amédée (1750), Vic-
tor-Emmanuel (1821) et Charles-Albert (1849),
de l'empereur Napoléon I" (1814 et 1815), des
rois de France Charles X (1B30) et Louis-
Philippe I" (1848). Ces quatre dernières abdi-
cations se sont produites sons l'empire de
circonstances impérieuses qui leur enlèvent
tout caractère de spontanéité.
— Allus. hist. Abdication de Sylla, allusion h.
un des traits les plus singuliers, les plus'extra-
ordinaires dont l'histoire fournisse l'exemple,
— Sylla abdiquant à l'apogée de sa puis-
sance — et auquel on compare quelquefois
une résolution spontanée, à laquelle on ne s'at-
tendait pas :
> En toute chose il faut écrire à temps le
mot finis, il faut se contenir, quand cela de-
vient urgent, tirer le verrou sur son appétit,
mettre au violon sa fantaisie et se mener soi-
même au poste. Je vous recommande donc la
modération de vos désirs. Heureux celui qui,
lorsque l'heure a sonné, prend un parti hé-
roïque, et abdique comme Sylla! »
-V. Huco, les Misérables.
«Je te plains, c'est vrai, dit Pierre; mais
enfin, tu as, j'imagine, de quoi vivre grasse-
ABD
ment, même k Paris : pourquoi continuer? qui
t'y contraint? et si cela t'agace tant de ga-
gner des millions, fais comme l'antique Sylla
de l'histoire, abdique au milieu de la pourpre. »
Amédiïe Aciiaro, Afisères d'un
millionnaire.
■ Le maître d'école remit à chacun de ses
élèves, comme gage de son abdication, deux
gros sous pour aller jouer au boucjjon sur la
place, où plus tard on le vit tranquillement se
promener au milieu d'eux, comme Sylla dans
les rues de Rome, après qu'il eut déposé les
insignes de la dictature. •
Jules Sandeau, Catherine.
ABDIOTE s. et adj. Géogr. V. Abadiote.
AÈDIQUANT (ab-di-kan), part. prés, du
v. Abdiquer : Ami de tous les partis, fidèle
à aucun, souvent dépouillé de ses Etats, et
tantôt les abdiquant, puis les reprenant... etc.
(St-Simon.) Le cardinal de Bouillon attente à
la majesté de son souverain en abdiquant sa
qualité innée de sujet. (St-Simon.)
ABDIQUANT, ANTE s. (ab-di-kan, an-te—
rad. abdiquer). Celui, celle qui abdique, oui a
fait abdication : Si celui en faveur duquel t'ab-
diection a été faite vient à mourir, ou s'il n'ac-
cepte pas l'abdication, les droits de /'ahiii-
quant restent entiers. (Beugnot.)
— S'empl. adjectiv. : Prince abdiquant,
princesse abdiquante.
ABDIQUÉ, ÉE (ab-di-kê), part. pass. du
v. Abdiquer. Quitté, abandonné : Abdication
se dit de celui qui abdique et delà chose abdi-
quée. (Acad.) Nous possédons une puissance
qui ne saurait être abdiqué!-;, sous peine de ne
plus être hommes. (Balz.) Borne, au xvme siè-
cle, n'était plus que la ville de la religion et
de la science; son pouvoir politique semblait
abdiqué par elle. (Villcmain.)
abdiquer v.a. ou tr. (ab-di-ké — du lat.
abdicare, même sens). Renoncer à de hautes
fonctions, et particulièrement à l'autorité sou-
veraine : Amurat abdiqua deux fois la cou-
ronne. (Thomas.) Quand Lycurgue donna des
lois à sa patrie? il commença par abdiquer la
royauté. (J.-J. Rouss,) Brutiis, me dira-t-on,
devait abdiquer le consulat plutôt que de faire
périr ses enfants. (J.-J. Rouss.) L'intervention
du pouvoir politique n'empêcha pas saint Gré-
goire, fatigué, «/abdiquer son siège et d'aller
mourir dans la retraite. (Chateaub.) ./'abdi-
querais volontiers tous les sceptres, toutes les
palmes du monde , pour faire de toi mon éter-
nelle pensée. (Balz.)
— Par ext. Renoncer à un emploi , à une
place, à une charge : Tout magistrat qui aban-
donne le soin de la patrie et abdique la ma-
gistrature est un traître qui mérite la mort.
(J.-J. Rouss.) // me répugnait de penser qu'on
pût croire que j'abdiquais une fonction gra-
tuite , pour conserver une fonction salariée.
(Cormenin.)
— Abdiquer la crosse et la mitre, Renoncer
à. la dignité d'abbé crosse et mitre.
— L'église ne permet pas d'abdiquer lo
cardinalat.
— : Se dit quelquefois, en parjant do l'aban-
don d'une espèce de royauté intellectuelle :
List; a abdiqué le sceptre du piano pour se
faire chef d'école. Il Mettre do coté, oublier :
Et tout d'abord, sire, nous commencerons ici
par abdiquer votre puissance de roi. (Maurol
Dupcys.)
— Fig. Renoncer à; quitter, abandonner:
Abdiquer ses devoirs; abdiquer sa liberté, ses
biens. (Acad.) Sans abdiquer Paris ni la cour.
(St-Simon.) Ils abdiquaient aux autels les
passions du monde. (Chateaub.) La langue
française abdiqua dès lors sa belle et sonore
gravité; elle sacrifia son énergie à la grâce.
(Ch. Nodier.) Bacine abdique son génie, se
met à rimer des psaumes. (Proudhon.) La po-
pularité ne permet pas qu'on /'abdique ; elle
soulève ou elle engloutit. (Lamart.) //abdiqua
une "?e de bien-être et de luxe pour se confiner
dans ces montagnes. (Lo Siècle.) En 1763, J.-J.
Jlousseau abdiqua solennellement son droit de
bourgeoisie, et renonça au titre de citoyen de
Et de vi
— Renoncer à des prétentions, à dos droits :
Abdiquer la qualité de caution pour devenir
débiteur principal. Abdiquer la mitoyenneté.
Trompée par sonmari, la princesse abdiqua, par
scrupule religieux, ses droits de représailles.
H Peut avoir pour sujet un nom de chose :
L'hiver m'abdique pas ses droits. La société
m'abdiquera plus la surveillance. Son regard
modeste -et doux semblait vouloir abdiquer
tous les droits du génie et tous les rêves de la
gloire. (G. Sand.) // serai"/ déplorable qu'une
grande puissance comme l'Angleterre abdi-
quât, dans une circonstance- aussi grave, tous
ses devoirs' envers elle-même, envers l'Italie,
envers l'Europe, envers ta civilisation. (Journ.)
La loi ne saurait abdiquer sa tutelle bienfai-
sante sur les actions des hommes. (Hennequin.)
— S'empl. absol. , au propre et au fig., et
se dit des personnes et des choses p J)e
toutes les tyrannies, la plus odieuse est celle
qui ôte perpétuellement à l'âme le mérite de
ses actions et de ses pensées : on abdique sans
avoir régné. (Balz.) Tout parti qui s'abstient
pour laisser la place à des hommes
:x. (Lamart.) Une . femme qui a vos
charmes ne doit jamais abdiquer (T1l Lc-
clcrcq.) Conseiller, empêcher, demander, ob-
tenir, voilà le rôle de la femme; agir, pour
elle, c'est abdiquer. (M""! E. do Gir.J Les
principes fléchissent quelquefois, ils n abdi-
quent jamais. (Le Siècle.) Je suis de ceux qui
pensent, comme liayle, que l'esprit humain ne
peut abdiquer. Les partis qui s'isolent et qui
abdiquent s'amoindrissent. Ce n'est pas une
raison pour que la pensée abdique. (Illustrât.)
J'ai gouverne1 sans peur, et j'abdique suris crainte.
Un inconstant vieillard, lassd du diadème,
Abdique imprudemment et s'en repent de même.
S'abdiquer, v. pr. Etre abdiqué : Un trôné
ne s'abdique jamais sans regret. Le nom ne
s'abdique pas.
— Fig. Renoncer à sa propre dignité, rési-
gner son pouvoir, se désister do ses droits :
Le clergé et l'aristocratie venaient alors s'ab-
diquer entre les mains du peuple. (Lamar-
tine.) Le gouvernement s'abdiquerait liti-
.meme , s'il abandonnait sa position de gouver-
nement. (Mole.) Un jour, la France, fatiguée
de s'abdiquer, voulut rentrer en possession de
ses prérogatives et ressaisir les attributs de sa
puissance. (Journ.)
— Syn. Abdiquer, se détordre, rraigiier.
Un prince souverain abdique, un fonction-
naire se démet de ses fonctions, un dignitaire
résigne sa dignité. Sous un autre point de vue,
abdiquer exprime un acte brusque s'achevant
en un seul coup, et se démettre indique quel-
que chose de successif, qui peut ne pas aboutir
à une renonciation : Dioctétien abdiqua solen-
nellement l'empire, comme fit depuis Charles-
Quint. (Volt.) Dans cette scène immortelle,
Auguste délibère s'il se démettra de l'empire.
(Volt.)
abditolarve adj. ( ab-di-to-lar-vo —
du lai. abditus, caché; larva; larve). Entom.
Qui se développe dans le tissu des plantes
vivantes : Insecte abditolarve.
— s. m. pi. Famille d'insectes hyménop-
tères, dont les larves naissent dans ie tissu
de certains végétaux, ou elles ont été primi-
tivement déposées à l'état d'œufs.
ABDOLONYME, descendant des rois de Si-
don, était réduit par la pauvreté n cultiver un
jardin, lorsque Alexandre le Grand, voulant
placer sur le trône do Sidon un roi qui lui fût
attaché, le tira de son obscurité pour lui donner
ABDOMEN s. m. ( ab-do-mè-ne — étym.
dout. ; !» Du lat. omen, mot qui, primitive-
ment, a signifié ventre, et do abdo, je ca-
che; l'abdomen est, en effet, la partie du
ventre que l'on cache, 2» Suivant Lunier, du
lat. omen tum, coi fi"e, tunique grasse qui en-
veloppe les intestins, et de abdo, je cache.
3» Scion quelques autres, mais avec moins de
probabilité, de omen, présage , parce que les
augures consultaient les entrailles des vic-
times pour connaître l'avenir, qui, selon eux,
y était cache). Anat. Le bas-ventre, et parti-
cul, cette partie du bas-ventre qui renferme
les intestins : Chez la femme, /'abdomen a
capacité plus grandeque chez l'homme. [En-
lune ,sont petits
comme des enfants de six ans, leur voix pat t
de /'abdomen, et ils rampent. (Balz.) u S'empl:
pour Ventre, gros ventre, dans un scnsNégi-
rement ironique : // suffisait da voir ses yeux
un peu bridés, son vaste abdoïIen, sonnez lui-
sant. (G.- Sand.) // laissait pendre sur son ab-
domen une grosse chaîne d'or terminée par un
paquet de breloques hétéroclites. (Balz.)
— Encycl. Le tronc de l'homme et des mam-
mifères se divise en deux parties, la poitrine
ou thorax et Vabdomen , séparées par le dia-
phragme. L'abdomen est borné inférieurement
par le bassin, en arrière par les vertèbres
lombaires, sur les cotés et en avant par des
aponévroses et des muscles. Il est tapissé inté-
rieurement d'une membrane unie et mince,
appelée péritoine, qui enveloppe tous les vis-
cères dont elle permet et limite les mouve-
ments. L abdomen se divise en trois régions
médianes, qui sont en allant de haut on.bjis :
Yépigastre, la région ombilicale et Yhypogmtàfe,
six latérales qui sont les hypocondres, les 'ffajiqi
et les fosses iliaques, il contient l'estomac, ïtii
intestins , la rate, le foie , le pancréas , les
reins. La ligne médiane de la face antérieure
de l'abdomen est formée par l'entre-croise-
ment de libres aponévrotiques, et portn le nom
ède ligne blanche. L'abdomen prédomine chez
'l'enfant; il est plus volumineux chez la femmo
que chez l'homme. La séparation entre 1 abdo-
men et la poitrine n'existe pas chez les rep-
tiles. Chez les poissons, qui n'ont pas de cavité
Soctorale, l'abdomen est la partie inférieure
u corps qui renferme les organes de la di-
gestion et de la génération. Dans les insectes,
"les crustacés, les arachnides, c'est la partie
postérieure du corps que l'on désigne sous le
nom d'abdomen. Les rayonnes n'ont pas d'ab-
domen proprement dit.
ABDOMINAL, ALE adj. (ab-do-mi-nal, a-le
— rad. abdomen). Qui appartient, qui se rap-
porte à l'abdomen : Organe abdominal. Vis-
cères abdominaux. Parois abdominales. La
cavité AimoMi.VAi.K_ est tapissée par une mem-
brane séreuse gui revêt, totalement ou en par-
18
ABD
tie, les organes abdominaux. {A. Lo Fileur.)
Les muscles aûo.omin'âux sont très-puissants.
(Laccp.) il Où prédomine l'abdomen : La vie so-
ciale, gui va réduisant sans cesse l'emploi des
forces physiques, tend étendre l'homme de plus
en plus ABDOMINAL.
— Côté abdominal, Celui qui, chez la plu-
part des animaux, est tourné vers le sol ou
repose dessus, il Membres abdominaux, Ceux
qui tiennent au bassin, chez les animaux
vertébrés. Il Nageoires abdominales , Celles
qui, chez les poissons, représentent les mem-
bres abdominaux des autres vertébrés, il Plu-
mes abdominales, Celles qui garnissent le ven-
tre des oiseaux, u Segments abirrrànaux, Ceux
qui, par leur réunion, forment l'abdomen,
dans les animaux articulés.
abdominaux s. m. pi. (ab-do-mi-nô).
ïchthyol. Poissons malacoptérygiens, chez les-
quels les nageoires ventrales sont suspendues
sous l'abdomen, derrière les pectorales. Cet
ordre comprend la plus grande partie des
poissons 'd'eau douce.
— Entom. Insectes coléoptères pentamères,
famille des carabiques, distingués par la pré-
dominance de l'abdomen sur le thorax.
ABDOMINO-CORACO-HUMÉRAL adj. et S.
m. (ab-do-mi-no-ko-ra-ko-u-mé-ral — du
lat. abdomen, bas- ventre; corax, corbeau, et
humérus, épaule). Anat. Se dit d'un des
muscles de la salamandre , qui s'étend do
l'humérus à l'abdomen , et qui ressemble au
bec d'un corbeau.
ABDOMINO-GUTTURAL, ALE adj. (ab-do-
mi-no-gut-tu-ral). Anat. Se dit d'un des
muscles de l'abdomen de la grenouille.
S'empl. aussi comme subst. niasc. : Z-'abdo-
MINO-GUTTURAL.
ABDOMINO-HUMÉRAL adj. et s. m. (ab-
do-ini-no-u-mô-ral — du lat. abdomen et hu-
mérus). Anat. Se dit d'un des muscles de la
grenouille, qui s'étend de l'abdomen à l'hu-
ABDOMINOSCOPIE s. f. (ab-do-mi-no-sec-
pi — du lat. abdomen , et du gr. skopein , exa-
miner). Méd. Exploration de l'abdomen par
la palpation et la percussion.
abdomino-THORACIQUE adj. (ab-do-mi-
no-to-ra-si-ke — rad. abdomen et thorax). Qui
a rapport à l'abdomcn.ot au thorax.
ABDOMINO-UTÉROTOMIE S. f. (ab-do-mi-
no-u-té-ro-to-mi — du lat. abdomen, ventre ;
utérus, matrice, et du gr. tome, section, cou-
pure.) Chirurg. Incision pratiquée sur les
parois.de l'abdomen et de l'utérus pour en
extraire le fœtus. V. Opération césarienne.
ABDUCTEUR adj. et s. m. (ab-duk-teur —
du lat. abduelor, formé de ab, hors, et du-
cere, conduire). Anat. Sedit do tout muscle qui
produit le mouvement d'abduction : Muscle
abducteur, L' abducteur de l'œil. Les constric-
teurs des paupières sont renforces dans les or-
gueilleux, et les abducteurs dans les ivrognes
et dans les spéculateurs, qui ont le mouvement
de l'ait grave et constant. (L.-J. Larcher.)
— Los différents muscles qui portent le
nom d'abducteurs sont : L'abducteur du petit
doigt, l'abducteur de l'œil, l'abducteur de la
cuisse, l'abducteur de l'oreille, l'abducteur du
gros orteil, l'abducteur du petit orteil, l'abduc-
teur court du pouce , l'abducteur long de la
main et l'abducteur transverse du ,gros orteil.
ABDUCTION s, f. (ab-duk-si-on — du lat.
abductio ; V. Abducteur). Anat. Mouvement
qui écarte un membre, une partie quelcon-
que du plan médiap, que l'on suppose divi-
ser le corps en deux moitiés symétriques.
Il On donne également ce nom au mouve-
ment par lequel les doigts do la main ou du
pied s écartent de celui du milieu : //abduc-
tion des doigts du pouce. (Paré.)
— Art milit. Action do faire passer, dans
une marche, une file ou plusieurs files en
arrière : Dans le récit de la retraite de Xéno-
phon, ce général mentionne clairement des ab-
ductions auxquelles U avait recours pour le
passage des défilés. (Gén. Bardin.)
— Log. Argumentation où le grand terme
est contenu dans le- moyen terme, mais où
celui-ci n'est pas intimement lié avec le petit
terme.
— Philos. Elimination d'une ou de plusieurs
propositions considérées comme désormais
mutiles à la démonstration qu'on cherche à
simplifier.
ABDUL-MEDJID, sultan de Turquie, né en
1823, m. en 1801 , succéda à son père Mah-*
moud, en 1839, huit jours après la bataille de
Nézib gagnée par Ibrahim-Pacha, c'est-à-dire
"" " -ii- -1-- critique rie la lutte entre
îople , et deux traités garantirent
jeune roi l'intégrité de l'empire ottoman, et lui
permirent de continuer les réformes commen-
cées par son père. Sous son règne, le sort des
chrétiens a été considérablement amélioré, par
lé hatti-schérif de Culkhajxé, 3 nov. 1839; par
le halli-houmaioum, 18 fév. 1S5G, et enfin la
création du Tanzimat, qui confirmait et garan-
tissait toutes les réformes. Il eut à réprimer de
nombreuses insurrections en Albanie, en Syrie,
en Bosnie et dans lo Monténégro. Menace par
la Russie en 1853, il fut soutenu l'année sui-
ÀBE
vante par la France et l'Angleterre , et la
guerre d'Orient eut pour résultat de faire
entrer la Turquie , par le traité de Paris ,
30 mars 1856, dans le concert européen.
ABEAUSI, IE (a-bo-zi) part. pass. -du v.
Abeausir : Temps abeausi.
ABEAUSIR v. n. ou intr. (a-bo-zir — rad.
beau). Mar. Devenir beau : Le temps
temps s'abkausit.
abécé s. m. (a-bé-sé— réunion des lettres
a, b, c, avec une prononciation figurée). Livre
pour apprendre a lire aux enfants : Un abécé.
Des abécés. Apprendre son abécé. Le peuple
dit chez nous: Û enfant étudie 2'abécé. (Volney.)
— Clef d'un chiffre, d'un alphabet de con-
vention : On trouva bientôt les abkcés de ces
lettres, et on put facilement les lire. (Hist. de
Charles VIU.J
l'abécé, qui a rapport à l'alphabet: Livre,
ouvrage abécédaire.
— Elémentaire, et. par ext., Médiocre, mal
fait:
Qu'un homme sai
11 peut impunéme
livre abécédaire,
Guïetand.
— Fig. Qui est à l'abécé, aux études de l'en-
fance : Le précepteur sera tenu d'instruire, tant
par lui-même que par ses préposés , les jeunes
enfants abécédaires de la ville de Montpellier
et de ieur apprendre à lire et à écrire. (Arrêt
du gr. Conseil.)
— Par ext. Qui n'a fait aucune étude, qui
est d'une ignorance complète : C'est un doc-
teur abécédaire. Rien déplus honteux et de
plus ridicule qu'un vieillard abécédaire. (La
Grange.) il Se dit des choses, dans le même
sens: Ignorance abécédaire, ignorance' com-
plète. Il y a une ignorance abécédaire qui va
devant la science, une autre doctorale qui vient
après. (Montaigne.) Il Se dit des poèmes dans
lesquels les premières lettres de chaque
strophe ou versftt suivent l'ordre alphabéti-
que : Poème abécédaire. Psaume abécédaire.
Hymne abécédaire, h Conforme à la classifi-
cation de l'alphabet : Ordre abécédaire.
abécédaire s. m. (a-bé-sé-dè-rc — rad.
abécé). Livre où l'on apprend l'alphabet, les
principes de la lecture : Il faut donner an
abécédaire à cet enfant. Il n'existe pas encore
de bons abécédaires. Il aidait beaucoup plus
les enfants à faire de petits bateaux et des
cocottes avec leurs abécédaires , qu'il ne leur
apprenait à lire. (Balz.)X'ABÉcÉDAiREoù Gœlhe
apprit à lire n'a point été un livre inutile.
(Renan.)
— Fig. Eléments d'une science , d'un art
quelconque : Abécédaire d'archéologie. Abé-
cédaire de musique. Abécédaire du natura-
liste. Abécédaire de l'histoire de France.
— Un homme ignorant : C'est un abécé-
daire, ii A désigné autrefois un maître d'école..
— Abécédaire vocal, Ouvrage destiné à pré-
parer les élèves au chant,
— Bibliogr. Abécédaire de la nature, Nom
donné par Bacon à un traité spécial, dans le-
quel ildevait indiquer l'ordre dans lequel il
fallait distribuer les divers objets d'étude
pour en rendre la connaissance plus facile,
— s. m. ul. Hist. relig. Anabaptistes qui
prétendaient que, pour être sauvé, il fallait
ne pas savoir même l'alphabet.
abécédaire s. f. (a-bé-sé-dè-rc — rad.
abécé). Bot. Plante de l'Inde qui passe pour
avoir la propriété de délier la langue des en-
fants auxquels on la fait mâcher, ce qui lui
valut son nom. On l'appelle aussi Cresson de
Para.
abécÉdairement adv. (a-bé-sé-dè-re-
man — rad. abécédaire). D'une manière abé-
cédaire, élémentaire.
ABÉCÉDARIEN s. m. (a-bé-sé-da-ri-ain —
rad. abécédaire). Hist. relig. Sectaire ana-
baptiste, appelé aussi abécédaire.
ABÉCÉDÉ s. m. (a-bé-cé-dé — réunion des
quatre premières lettres de -l'alphabet avec
leur prononciation). Alphabet, petit livre de
lecture : Un abécédé. Des abécedés. Acheter
— Par ext. et fig. Se dit d'un livre mal
fait, d'un journal mal écrit : Plats abécedés,
plats journaux! (La Bruy.)
ABECQUANT (a-bè-kan) part. prés, du v.
Abecquor.
ABECQUÉ, ÉE (a-bé-ké) part. pass. du v.
Abecquer : Ces oiseaux ont été abëcqués. Des
oiseaux abëcqués par leur mère. (Littrô.) Il On
écrit aussi abéque.
ABECQUEMENT s. m. (a-bè-ke-man — rad.
abecquer). Action de donner la becquée:
Z'abecquemENT d'un oiseau.
ABECQUER v. a. ou tr. (a-bé-kô — rad.
bec). Donner la becquée : Abecquer un oiseau.
Et, par ext. : Abecquer un enfant.
— Fauconn. : Abecquer l'oiseau, Lui donner
une partie du pât pour le mettre en appétit.
— Fig. Allécher, affriander.
S'abecquer, v. pr. Se donner la becquée, en
parlant des petits oiseaux, n On écrit aussi
ABÉQUER.
ABE
ABÉE s. f. (a-bé — du vieux mot bée, ou-
verture, auj. baie. La lettre a. est duc à une
transposition dont notre langueoffre un grand
nombre d'exemples. On disait autref-, en dis-
tinguant l'article du substantif, la bée : Pier-
rot Vellier entra de nuit au dit liostel du dit
Pierre par la bée d'une feneslre (1389). La
bée est devenue l'abée, et enfin, sans article,
abée). Ouverture par laquelle coule l'eau qui
fait aller un moulin ; ouverture par laquelle
l'eau a son cours quand les moulins ne tour-
nent pas.
ABÉIDIDE s. m. (a-bé-i-di-de). Nom d'une
dynastie de princes mahométans.
ABEILLAGE s. m. (a-bé-iage— rad. abeille).
Se disait autrefois pour désigner un essaim
d'abeilles.
— Droit en vertu duquel un seigneur pou-
vait prendre une certaine quantité d'abeilles,
de cire ou de miel, sur les ruches de ses
vassaux, il Droit en vertu duquel les essai
d'abeilles non poursuivis appartenaient
seigneur justicier.
ABEILLAUD s. m. (a-bc-io — diminut. d'a-
beille). Bourdon, frelon : Touchant les bour-
dons ou frelons, qu'en plusieurs endroits de
Languedoc l'on appelle abeillauds, c'est une
espèce d'abeilles naissant avec les bonnes. Vir-
gile les appelle ignavum pecus. (Olivier de
Serres.)
abeille s. f. (a-bè-lle; U mouillées. Notre
alphabet n'a pas de signe pour rendre nette-
ment ce son — du lat. apis ou apes, diminut.
apicula, par la substitution de la labiale b à
la labiale p, et par des transformations sue-
le la finale, dont notre langu
. j. 1- «- J - ivo ceper
donne pas d'exemple. On trouve cependant
avette : Déjà la diligente avette boit la mar-
jolaine et le thym). Mouche à miel : L'esprit
plait à voltiger de cà et de là, .... ...
fleurs, comme les abeilles. (D'Ablaneourt.)
Les abeilles vont recueillir avec soin le sue
des fleurs odoriférantes pour en composer leur
miel, (Fén.) La première cellule d'une abeille
ressemble à la dernière. (Buff.) Ils revenaient
dans leur ville, comme un essaim ^'abeilles à
la ruche après le butin. (Marmontol.) Avant-
garde des laboureurs, les abeilles sont le sym-
bole de l'industrie et de la civilisation, qu'elles
annoncent. (Chateaub.) L'instinct physique éloi-
gne /'abeille de la fleur qui lui est mortelle.
(E. Sue.)
L'hymen est inconnu de la pudique abeille.
Delille.
"b'oileau.
Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile,
Aller piller le miel que l'abeille distille.
Boileau.
.Y-..11- -„ ..„:< „.. printemps la diligente abeille
-a . k..K„». i- — -bénie.
attique. (Acad.) Itollin a, par s
/'Esprit des Lois, j'entends quelques frelons
qui bourdonnent autour de moi; mais si les
abeilles y recueillent un peu de miel, cela me
suffit. (Montesq.) C'est contre le bourdonne-
ment de ces frelons que je vous demande votre
secours, ma gentille abeille du Parnasse.
(Volt.) Il récoltait la science en véritable et in-
fatigable abeille politique. (Balz.) Les e'eri-
vains sont des abeilles dont les naturalistes
ont oublié la classification. (Balz.) Un excessif
bon marché, une cherté excessive, voilà Paris,
où toute abeille. trouve son alvéole, où toute
âme s'assimile ce qui lui est propre. (Balz.)
Sn bouche étroite est si vermeille!
Son visage a tant de fraîcheur!
Hélas! qui ne serait abeille
Auprès d'une si belle fleur!
Cité par Sai,entin (de l'Oise).
—Se prend quelquefois'par opposition à fre-
lons, pour indiquer la peine sans le profit et
le profit sans la peine : Les profits ont été
pour les frelons de la ruche et non pas pour
les industrieuses abeilles, h' C'est dans ce sens
que Virgile a dit :
Sic vos non vobis mcllifieatis, apes.
(Et le miel de l'abeille est formé pour autrui.)
— Pas de l'abeille, En Egypte , Sorte de
danse lascive.
— Abeille d'or, Récompense accordée par
quelques sociétés savantes.
— Le manteau impérial de Napoléon I"
était semé d'abeilles d'or. Aussi on a dit quel-
quefois figurém. les abeilles, pour l'Empire.
— Titre de plusieurs recueils périodiques
et de plusieurs ouvrages : Abeille médicale.
Abeille du Nord. Abeille poétique. Abeille
du Parnasse.
— Astron. Constellation méridionale, ap-
pelée aussi Mouche indienne.
— Encycl. Zool. Les abeilles appartiennent
à l'ordre des hyménoptères, sous-ordre des
aiguillonnés, famille des apiaires. Ces insectes
ont six à huit lignes de longueur, le corps velu
et d'un brun fauve, six pattes et quatre ailes
membraneuses. Ils sont armés d'un aiguillon
caché,, mobile , très-acéré," qui se trouve h
l'extrémité d* l'abdomen, et qui est le conduc-
ABE
teur d'un venin sécrété dans deux vésicules
placées sur les côtes du canal intestinal. Leur
bouche est munie d'une trompe avec laquelle
ils puisent, dans les nectaires des fleurs, la li-
queur sucrée dont ils font le miel. On dis-
tingue dans les abeilles trois sortes d'individus :
des mâles , des femelles et des neutres ou ou-
vrières; ces dernières ne sont, du reste, que
des femelles dont les organes reproducteurs
sont demeurés à l'état rudimen taire ; elles sont
donc impropres à la reproduction, .et leur mis-
sion spéciale est de donner des soins à la pos-
térité des reines ou femelles fécondes. Les
abeilles mâles, que l'on nomme faux bourdons
ou improprement bourdons , frelons , sont un
peu plus grosses que les travailleuses; elles
se distinguent par leur corps plus velu, leurs
t l'absence d'aiguillon. Les
. ,-- „ , elos
mâles ; elles ont la tète triangulaire et 1 abdo-
men beaucoup plus allongé. Les sociétés que
forment les abeilles sont fort nombreuses. Cha-
cune d'elles se compose ordinairement d'en-
viron quinze a vingt mille individus rassembles
dans une sorte d'habitation appelée ruche. Les
mâles n'y comptent guère que pour un vingt-
cinquième , et dans la même ruche on ne
seule reine ou femelle féconde.
e et le miel, et con
corolle des fl
dont elles forment la cirt .,_.....
struisent avec la cire les cellules destinées h.
recevoir et a loger les œufs : ce sont les ci-
rières; les autres, appelées nourrices, parais-
sent avoir pour fonction spéciale de n~ '— '-
. 'est-à-dire les lai
œufs. Les mâles sont destinés à fécond*
et, leur mission remplie, sont tués pr
la
les ouvrières. La reine est 1 âme de la r
sans elle pas de travail; nourrir et élever
la jeune famille d'une abeille féconde, est
le mobile nécessaire de l'activité des travail-
Une seule reine peut pondre jusqu'à 30,000
œufs ; ainsi son rôle est d'être littéralement la
mère de son peuple. De ces œufs les uns doi-
vent produire des femelles semblables à elle;
les autres des maies ; les autres, en plus grand
nombre, des ouvrières sans sexe. L'œuf dé-
posé dans chaque cellule y éclôt par la seule
chaleur de la ruche : c'est d'abord un petit
ver blanc, auquel plusieurs fois par jour une
ouvrière vient apporter à manger : puis ce ver
file une coque soyeuse dans laquelle il subit la
transformation en chrysalide; enfin, parvenu
à l'état d'abeille, il perce sa prison et apporte
son concours à la communauté. Notons que la
grandeur et la forme des cellules varient selon
qu'elles doivent servir de berceaux à des
neutres, h. des mâles ou à des femelles. L'ex-
trême fécondité de la reine ne tarde pas à
amener, avec l'excès de population, la néces-
sité des émigrations'. Lorsque l'espace manque
à la communauté, une partie des habitants de
la ruche va s'établir ailleure. Cette colonie
errante porte le nom d'essaim. S'il se trouve
deux reines dans un même essaim, il y a entre
ces rivales un combat à outrance, dont les
ouvrières demeurent toujours simples specta-
trices, et qui finit par la mort de l'une des
combattantes. Parmi les nombreuses espèces
d'abeilles que l'on connait, les unes vivent en
société, les autres sont solitaires. Chez les
abeilles qui vivent réunies, on appelle villa-
geoises celles qui ne sont pas sous la dépen-
dance de i'homme, et domestiques celles qu'on
élève pour en recueillir le miel et la cire.
— Hist. Si l'on en croit les Grecs, ce serait
Aristée, roi d'Arcadie, qui aurait inventé l'art
d'élever les abeilles ; selon d'autres auteurs, il
faudrait rapporter à. Gorgoris, roi d'un peuple
d'Espagne, l'usage du miel comme aliment et
comme médicament (1520 av. J.-C). Les an-
ciens avaient sur les abeilles un grand nombre
d'idées fausses. Ils croyaient que ces insectes
venaient de la putréfaction. Dans le quatrième
livre des Céorgiques, Virgile nous enseigne
que, pour reproduire les abeilles, il faut tuer
un jeune taureau, l'enfermer dans une cabane
et l'y laisser se corrompre : ■ Au printemps
suivant on voit, dit-il, naître de cette corrup-
tion des vers qui ne tardent pas à devenir des
abeilles. «
Pour les anciens, la reine était un roi, et ce
roi n'avait pas d'aiguillon. Plusieurs devises
ont été faites sur ce roi sans aiguillon. Louis XII
entrant dans Gênes parut en habit blanc semé
d'abeilles d'or avec ces mots : Hex non utitur
aculeo (le roi n'a pas d'aiguillon). Le pape
Urbain VIII portait des abeilles dans ses
armes ; on mit au - dessous ce vers latin :
Gallis mella dabunt, Ilispanis spicula figent
(le miel pour la France, 1 aiguillon pour l'Es-
pagne). Un Espagnol répondit : Spicula si
figent, emorientur apes (quand l'abeille pique,
elle laisse dans la blessure et son dard et sa
vie ). Le pape fit répondre par ce distique :
Cunctis mélla dabunt, nulli sua spicula figent,
Spiatta liant princeps figere nescit amtrn.
( Elles auront ' du miel pour tous et des bles-
sures pour personne, car le roi des abeilles n'a
pas d'aiguillon.)
— Méd. La piqûre des abeilles produit une
assez vive douleur, ordinairement suivie d'une
petite tumeur ronde, dure et circonscrite, et
de rougeur érysipélateuse. Il faut d'abord ex-
traire l'aiguillon, qui demeure souvent dans
la plaie, puis' faire sur celle-ci des fomenta-
tions avec de l'extrait de saturne ou de l'am-
moniaque liquide. A défaut d'a".tre substance,
on emploie l'eau salée.
ABE
— Jurispr. Les abeilles qui habitent-les bois
ou s'attachent aux arbres clans les champs
sans avoir été recueillies par personne appar-
tiennent au premier occupant. Placées dans
des ruches, elles sont la propriété légitime de
celui qui les a en son pouvoir. Le propriétaire
d'un essaim a le droit de le réclamer et de s'en
ressaisir tant qu'il n'a pas cessé de le suivre;
autrement l'essaim appartient au propriétaire
du fond sur lequel il s est fixé. L'autorité ad-
ministrative permet ou défend le placement
des ruches, notamment dans les villes.
— Épithètea. Bourdonnante, légère, errante,
vagabonde, diligente, active, empressée, in-
dustrieuse, laborieuse, sage, prudente, Pré-
voyante, économe, ménagère, du mont Hybla,
du mont Hymète.
— Allus. hist. Le» nbelllc» do l'Hjmùlc,
allusion aux abeilles qui butinaient sur cette
montagne, et qui sontrestéeshistoriques, parce
qu'elles produisaient le meilleur miel de toute
1 Attique. Au rapport de Pausanias, les herbes
du mont Hymète ont une telle douceur, que
les reptiles qui l'habitent cessent d'avoir du
venin. Les abeilles de l'Hymète ont donné
naissance à de poétiques légendes, et se re-
trouvent souvent sous la plume des enfants
d'Apollon :
« Je n'avais vu autour de' la maison rustique
et nue de monpcro,rii les orangers à pommes
d'or, ni les clairs ruisseaux , ni les abeilles de
l'Hymète bourdonnant parmi les cytises jaunes
et les lauriers-roses. » Lamartine.
Te souviens-tu du temps où tes Guipes caustique»,
Abeilles bien plutôt des collines ultiques,
De l'Hymète embaumé venaient chaque saison
Pétrir d'un sue d'esprit le miel de In raison?
Lamartine, A Alph. Karr.
En vain faut-il qu'on me traduise Homère,
Oui, je fus Grec; Pythagore a raison.
Sous Périclès, j'eus Athènes pour mère ;
Je visitai Socrate en sa prison.
De Phidias j'encensai les merveilles;
De l'Ilissus j'ai vu les bords fleurir,
J'ai sur l'Hymète éveille les abeilles :
C'est la, c'est la que je voudrais mourir.
BÉRANOER.
comique qui se produisit, dit-on, k la repré-
sentation de sa tragédie de Coriolan (d'autres
disent à'Argélie). L'un des personnages, après
Ma foi, s'il m'en souvient, il ne m'en souvient guère.
Mais il convient de dire que le vers qui fait
le fond de cette anecdote ne se trouve ni
dans Coriolan ni dans Argélic. Cela n'empê-
cha pas un poète du Midi de faire, sur l'abbé
Abeille, cette épitaphe, qui ne manque pas de
sel :
Ci-glt U!
Et quand Abeille on nommera,
ABEILLE, ÉE adj. (a-bé-ié — rad. abeille).
Sur quoi l'on a représenté des abeilles : Ve-
Icnrs cramoisi abeille d'e-
ABEILLER, ÈRE adj. (a-bé-ié. iè-re— rad.
abeille). Qui s'occupe des abeilles : Société,
industrie abeillére.
— Société abeillére, Etablie pour l'élève et
l'exploitation en grand des abeilles.
. ABEILL1ER s. m. (a-bé-ié — rad. abeille).
Le rucher, espèce de petite construction lé-
gère qui contient les ruches.
ABEILLON s. m. (a-bé-ion — rad. à'a-
beille ). Vieux mot. Essaim d'abeilles : Si
aucun trouve un abeillon en son héritage, il
est tenu de le révéler au seigneur justicier.
(Coutumier général.)
ABEL , deuxième fils d'Adam , était pasteur ,
et fut tué par son frère Caïn, qui était jaloux
de ses vertus. Ce tragique épisode des pre-
miers âges de l'humanité a inspiré dans tous
les siècles la poésie et la peinture. On connaît
surtout dans les temps modernes le poème de
Gessner et la tragédie de Lcgouvé.
ABEL, roi de Danemark, parvint au trône
par le meurtre de son frère Eric II (1250), et
périt lui-même deux ans plus tard dans une
révolte des Frisons.
ABEL (Charles-Frédéric), musicien alle-
mand , né en 1725 , m. à Londres en 1787. Il
était élève de Sébastien Bach et devint le vir-
tuose le plus accompli de son temps. Après
être resté attaché près de dix ans à la troupe
du roi de Pologne, a Dresde, il passa en An-
gleterre, où il fut nommé directeur de la cha-
pelle de la cour. Il mourut aprèsTme léthargie
de trois jours, suite de son intempérance.
ABEL (Nicolas-Henri), mathématicien sué-
dois, né en 1802, m. en 1S29. Dans cette courte
existence, il montra une aptitude extraordi-
naire pour les sciences, et mourut, méconnu
de sa patrie, dans un état voisin de la misère.
Réveillé par le cri d'admiration de toute l'Eu-
rope, le gouvernement suédois se décida enfin
ABE
à publier en un corps d'ouvrage tous les tra-
vaux du grand géomètre.
ABEL DE PUJOL (Alexandre-Denis), peintre
français , né à Valenciennes en 1785 , m. en
1831. Il fut élève de David, et remporta le pre-
mier grand prix au concours de 1811. Il a peint
les belles grisailles de la Bourse, qui imitent à
s'y méprendre le relief de la sculpture ; Il a
exécuté les peintures à fresque k la cha-
pelle St-Roch de l'église St-Sulpice et fait
plusieurs tableaux remarquables pour le musée
de Versailles, entre autres la Clémence de César
et Achille de Jlarlay devant les Ligueurs, Son
œuvre la plus estimée est Saint h tienne pré-
chant l'Evangile, actuellement à l'église Saint-
Etienne-du-Mont.
Abcl (la mort d'), opéra en trois actes, mu-
sique de Rodolphe Kreutzer , poème d'Hoff-
mann, représenté à Paris le 23 mars 1810. Cet
ouvrage , ,qui a obtenu a son apparition un
beau succès, n'a pas été repris. Il renferme
cependant des mélodies pathétiques et vérita-
blement inspirées. Ces sortes de compositions,
à vrai dire, tiennent plus du genre de l'orato-
rio que de celui de l'opéra.
ABÉLARD. V. Abailasd.
ABÈLE s. m. (a-bè-le). Bot. Nom vulgaire
du peuplier blanchâtre.
ABÉLIE s. f. (a-bé-li — à'Abel Clarke,
voyageur). Bot. Genre de plantes de la fa-
mille des caprifoliacées , tribu des lonicérées ,
dont on connaît trois espèces, une de la Chine,
les deux autres de l'Himalaya^ On les cultive
dans les jardins , à cause de la beauté et de
l'odeur suave de leurs fleurs blanches ou ■
rosées. ' *
ABÉLIENS, ABÉLONIENS, ABÉLONITES
ou ABÉLITES s. m. pi. Hist. relig. Hérétiques
d'Afrique, au temps de saint Augustin, ils se
mariaient, mais n'avaient aucun commerce
avec leurs femmes se fondant sur l'exemple
d'Abel , qui , selon eux , avait été marié sans
jamais avoir connu sa femme, s'appuyant sur
un texte de saint Paul. Ces hérétiques sont de-
venus fameux surtout par .les discussions aux-
quelles ont donné lieu , entre les savants , le
principe dont ils s'autorisaient , et la raison
de leur dénomination. Cette secte finit sous
le règne de Théodose le Jeune.
. ABEL1N (Jean-Philippe), historien connu
aussi sous le pseudonyme de Louis Gottfricd,
né à Strasbourg, m. vers 1646. Il a travaillé
à d'importantes compilations historiques en
allemand ou en latin : le Théâtre Européen ,
le Mercurius Gallo-Bclgicus , l'Histoire des
Indes orientales, etc.
ABÉLITES. V. Abéhens.
ABELLA, auj. Avella, anc. ville de la Cam-
panie. Ses environs abondent en fruits, et sur-
tout en cette espèce de grosses noisettes ap-
pelées de son nom avelines.
ABELLY (Louis), théologien, adversaire pas-
sionné des jansénistes, ne en 1G03 , peut-être
dans le Vexin, m. à Paris en 1091. Il fut curé
à Paris, puis évêque de Rodez. Sa Vie de saint
Vincent de Paul (1004) a été dépassée par le
travail de Collet, et l'on n'a conservé le sou-
venir de sa Moelle théologique (1660) que par
l'allusion ironique de Boileau.
ABEL-MELUCH OU ABEL-MOLUCH (a-bèl-
mc-Iuk ou mo-luk). s. m. Plante de Mauri-
tanie , dont les semences sont un purgatif
violent.
abel-jwosch s. m. (a-bèl-mosk — mot
arabe). Bot. Genre do plantes de la famille
dos malvacéos, propre aux régions équato-
riales : Les graines de TABiiL-MoscH sont em-
ployées en parfumerie sous le nom d'ambrelte.
(D'Orbigny.)
ABÉLONITES. V. ABÉLIENS.
ABEN (a-bènn). Mot commun aux langues
sémitiques et qui, comme Ben, Ebn, Ibn, si-
gnifie fils.
ABÉNAQUI s. m. (a-bé-na-ki). Ling. Dia-
lecte parlé par les Abénaquis, peuple indigène
de l'Amérique du Nord : Les principaux dia-
lectes des idiomes américains sont l'algonquin,
le lénàpé ou delawave , Z'abénaqui , le mohi-
can, etc. (L. Yaïsse.)
ABÉNAQUIS, ISE s. (a-bé-na-ki, i-zc). Nom
d'un peuple de l'Amérique du Nord.
— Adj. Qui appartient à co pays ou à ses
habitants : Les Souriquois, nommés plus tard
Micmacs , et confondus dans la grande confé-
dération comme longtemps sous le nom de na-
tions abénaquises , avaient déjà quelques in-
stitutions qui dénotaient un certain- degré de
civilisation. (Fr. Lacroix.)
avec celle des Zégris hâtèrent la chute du
royaume de Grenade Ii480-1492). L'amour
d'un Abencérage pour la sœur ou la femme
du souverain Boabdil, amena le massacre des
principaux membres de cette famille, dans
les cours ou dans une des salles de l'Alham-
bra. D'ailleurs, les poétiques épisodes popu-
larisés parmi nous par M'ic de Scudôry, Mlle
de La Fayette, Florian et Chateaubriand,
n'ont aucun fondement historique.
— Le mot Abencérage a passé dans la lan-
gue et se dit pour Galant chevalier : Il s'est
promené pendant toute une nuit avec moi sous
les tilleuls au fond de notre jardin , et il n'a
.pas eu dans l'àme l'ombre même d'un doute...
ABE
Oh! il est bien Espagnol, bien àben'cérage. i
(Balz.)
Abcnecrnge» (AVENTURES DU DERNIER DES),
nouvelle du genre chevaleresque, par Chateau-
briand. Les Abencérages étaient une puissante
tribu maure du royaume de Grenade, dont
Boabdil, dernier roi, massacra, dit-on, trente-
six membres dans l'Alhambra. C'était vers
l'an 1485. Boabdil agit à l'instigation des Zé-
gris , tribu rivale , qui accusait l' Abencérage
Abcn-Hamad d'adultère avec la reine Daxara.
C'est cette fable, non admise par les historiens,
oui a inspiré Chateaubriand. Ce livre a paru
dans l'édition des œuvres complètes de 1827.
Abencérages (les) i, opéra en trois actes,
paroles de Jouy, musique de Chérubini, repré-
senté le 6 avril 1813. Quoique cet ouvrage ne
soit point resté au répertoire , des fragments
ont obtenu un succès durable. L'ouverture, la
belle scène d'Almanzor : Suspendez à ces murs ;■
les deux airs : Enfin, j'ai vu naître l'aurore, et
Poursuis tes belles destinées , sont au nombre
des œuvres musicales classiques.
abénévis s. m. (de l'anc. expression ad-
verbiale à benevis, à volonté ; formée do bene,
bien ; vis, tu veux). Contrat peur jouir tant
qu'il plaira.
— Dans le Lyonnais et les pays voisins, ce
mot désignait^ en général, toute concession
faite par un seigneur sous quelque redevance,
mais particulièrement une concession d'eau
pour faire tourner des moulins ou pour arro-
ser les prés.
— Abénévis d'un emplacement, Concession
d'un emplacement moyennant redevance, il
Abénévis perpétuel, Concession perpétuelle.
ABÉNÉVISÉ, ÉE (a-bé-né-vi-zé) part. pass.
du v. Abénéviser : Terrain abénévisé.
ABÉNÉVISER v. a. ou tr. (a-bé-né-vi-zc—
rad. abénévis). Anc. jurispr. Fixer, aborner,
concéder : Abénéviskr une dime. Abénbvisku
ABEN-EZRA (a-bèn-èz-rà) , savant rabbin
espagnol, né à Tolède vers 11 19, m, a Rhodes
en 1174. Il cultiva toutes tes sciences et plus
particulièrement l'astronomie. Ses commen-
taires sur l'Ancien Testament se faisaient re-
marquer par une grande hardiesse d'opinions.
Aben-Ezra a donné son nom à. une étoile.
ABENSBEUG (a-bainss-bèr-gue), petite ville
de Bavière; 1,300 h. Les Français y battirent
les Autrichiens le 20 avril 1809.
' ABÉQUÉ, ÉE (a-bé-ké) part. pass. du v.
Abcquer. V. Abecqué.
abèquement s. m. (a-bè-ke-man — rad.
abéquer). V. Adecquement.
ABÉQUER v. a. (a-bé-ké — rad. bec). V.
Abecquer.
aber s. m. (a-bèr). Moll. Petite espèce de
coquille bivalve, appartenant au genre jam-
bonneau. Elle se trouve auSénégal. Ses belles
couleurs la font rechercher dans les collcc-
ABEK s. m. (a-bèr.) Mar. Mot celtique, sorte
de crique ou d'anse servant de relâche aux
pêcheurs et aux petits caboteurs bretons.
— Embouchure d'un petit fleuve.
ABÉRAS s. m. (a-bé-ra). Bot. Un des noms
de l'ananas.
ABERCONWAY ou CONWAV (abèr-konn-
ouc), petite ville maritime du pays de Galles,
en Angleterre; 1,230 h. Belle église gothique.
La ville fut prise par Cromwell en 1S45.
ABEUCROMBV (sir Ralph), général anglais,
né en 1738, dirigea l'expédition anglaise contre
les Français en Egypte et s'empara du fort
d'Aboukir. Blessé mortellement devantÀlexan-
drie (1S01), il mourut sept jours après, sur un
vaisseau qu'il conduisait a Malte.
ABERDEEN s. m. (a-bèr-dine). Nom donné
à une race bovine des environs d'Aberdccn :
Les aberdeens forment une des races les plus
estimées de l'Ecosse.
ABERDEEN ( George Hamilton - Gordon ,
comte d'), célèbre homme d'Etat et pair d'An^
gleterre, né en 1784 à Edimbourg, m. en 1860.
En 1813, nommé par lord Castlercaah ambas-
sadeur à Vienne, il détacha l'Autriche de l'al-
liance française et la fit. entrer dans la coali-
tion formée contre Napoléon. Il courut ensuite
à Naples , décida le faible Murât h tourner
sas armes contre la France, signa le traité
de paix du 1" juin 1814 avec Louis XVIII,
Euis fut élevé à 'la pairie héréditaire. Il com-
attit vivement, a la Chambre haute , la poli-
tique de lord Canning, devint ministre des
affaires étrangères dans le cabinet du duc de
Wellington , fut ministre des colonies dans le
premier ministère Peel , et des affaires étran-
gères dans le second. En 1852, il composa lui-
même nn cabinet dont il fut le chef et dont
l'acte le plus important fut l'alliance offensive
et défensive conclue avec la France. H se re-
tira des affaires en 1855 et fut remplacé par
lord Palmerston.
ABERDEEN (a-bèr-di-ne) , ville d'Ecosse,
port de mer sur la Dee, a 160 k. d'Edimbourg;
88,189 h.; l'une des villes les plus commer-
çantes de l'Ecosse ; fabriques de cotonnades,
toiles, lainages, papiers, etc. ; importante con-
struction de navires; université célèbre; ob-
servatoire. On y remarque : la célèbre cathé-
drale St-Machar, bâtie au xive siècle, et dont
il ne reste qu'une partie de la nef et deux
flèches de 100 pieds de hauteur ; la nef a été
ABE
19
réparée -et sert aujourd'hui d'église parois-
siale, et tel qu'il est encore maintenant, ce
vieil édifice est une des gloires de l'Ecosse; le
Collège du Roi, fondé en 1494, imposant édi-
fice , orné d'une tour carrée de 53 mètres de
hauteur , que surmonte un dôme à jour ligu-
rant une couronne impériale ; il a été réparé
il y a peu d'années et renferme une magnifi-
que bibliothèque, une chapelle, une grande
salle et un muséum. On montre dans la cha-
premier principal.
aberhavre s. m. (a-bèr-â-vre). Mar.
Port formé par l'embouchure d'un fleuve,
aberranne s. f. (a-bor-ra-ne). Bot. Sorte
d'amande : Parmi les amandes à coque ten-
dre, on distingue, par ordre de mérite, les
princesses , les à la dame et les aberranîhES.
(Belèze.)
qui dévie.
aberration s. f. (a-ber-ra-si-on ^- lat.
aberratio, même sens). Action d'orror çà et
là : Suivant les uns, cette vengeance, déjà com-
mencée par les longues aberrations dit navire
ihessahen, s'achève par un naufrage au- cap
Malée. (Val. Parisot.)
— Fig. Écart d'imagination , erreur do
■jugement : Aberrations de l'esprit humain,
Barthélémy.
— Méd. Dérangement, anomalie dans la
situation, dans la conformation des organes
ou dans l'exercice de leurs fonctions : La
présence de l'écume datis les bronches est elle-
même occasionnée par une cause intérieure, par
un trouble de la sécrétion du poumon, et cette
aberration de sécrétion ne peut d son tour
trouver sa raison d'être que dans un trouble
de l'innervation. (Racle.)
— Astron. Phénomène qui consiste a nous
faire voir les corps célestes dans un lieu diffé-
rent do celui qu ils occupent réellement.
— Phys. Dispersion des rayons lumineux
qui traversent des corps diaphanes, comme lo
— Encycl. Astron. Le phénomène astrono-
mique de {'aberration résulte du mouvement
annuel de la terre combiné avec le mouve-
ment de la lumière. Lorsque nous voyons un
objet quelconque, c'est que les rayons lumi-
neux qui en émanent viennent frapper notre
œil, et, guidés par l'expérience, nous avons
coutume de chercher la place de l'objet dans
la direction de ces rayons. Nous faisons de
même par rapport aux étoiles, sans nous occu-
per du mouvement qui nous emporte avec
notre planète. Comme lé lieu où se trouve
l'observateur n'est pas immobile et que le mou-
vement de la lumière n'est pas instantané, le
rayon qui vient frapper notre œil suit une di-
rection déterminée par le mouvement réel do la
lumière et par son mouvement apparent, lequel
provient de la révolution de la terre autour du
soleil. Herschell, dans son Traité d'astrono-
mie, explique par une comparaison frappante
la cause de l'aberration. « Supposons, dit-il,
qu'une ondée de pluie tombe perpendiculaire-
ment par un temps bien calme : une personne
exposée à la pluie, qui se tient debout et immo-
bile, recevra la pluie sur son chapeau et s'en
trouvera garantie ; mais si elle se met h. courir
dans une direction quelconque, elle recevra la
pluie au visage, de la même manière que si
elle restait en repos et qu'un vent vint a s'é-
lever animé de la même vitesse que cette per-
sonne lorsqu'elle se met à courir. » La théorie
de l'aberration s'explique par le parallélo-
gramme des forces. (V. Parallélogramme des
forces.) C'est à l'astronome anglais Bradley
(1727) qu'on doit la découverte et l'explication
de ce phénomène, qui est devenu une dé-
monstration nouvelle, soit du mouvement da
la terre, soit de la propagation successive de
la lumière. Le maximum de l'aberration des
étoiles est de 20" 25.
— Phys. IÎ y a deux causes de l'aberration :
la première est la sphéricité des verres ou dés
miroirs : d'où le nom d1 'aberration de sphé-
ricité; la seconde est l'inégale réfrangibilité
des rayons colorés dont la lumière blanche est
posée : d'où le nom A'aberration de réfran-
fitd. La première de ces causes vient de ce
qu un verre circulaire ne peut faire converger
en un seul point tous les ravons de lumière
qui le'traversent. L'image mu se produit alors
est confuse, parce qu'elle n est pas unique. La
seconde vient de la décomposition d'un rayon
de lumière qui, en traversant un milieu dia-
phane, tel qu'un verre de lunette, se divise
en différentes couleurs : on observe alors des
teintes irisées sur les bords de l'image. On
obvie a l'aberration de sp/téricité, en ramenant
le faisceau de rayons en un même point par la
multiplicité des lentilles qui compensent leurs
différences de pouvoir réfringent, et en di-
minuant le diamètre des ouvertures (V. Lu-
nettes) ; à l'aberration de réfrangiblité , en s?
Tifiïé
20 ABH
servant de verres achromatiques, qui ont la
propriété de dévier les rayons, tout en donnant
a leur foyer des images incolores. V. AciiRO-
ABERRER v. n. ou intr. (a-bèr-rê — du
lat. ab, loin do, et de errer). Néol. Errer loin
de, s'éloigner, s'écarter de, dévier,
ABESSI s. m. (a-bèss-si). Matière stcrcoralo.
Il Espèce de burnous.
ABET s. m. (a-bô — du lat. abies, sapin).
Cot. Nom vulgaire du sapin commun.
. ABÊTI, IE (a-bô-ti) part. pass. du v. Abê-
tir. Rendu stupido : Un enfant abêti par les
mauvais traitements. Etre abêti par les su-
perstitions. Il semblait que les ennemis du roi
fussent aveuglés et abêtis. (Commines.) Com-
bien ai-je vu , de mon temps, d'hommes abêtis
par téméraire avidité de science .'{Montaigne.)
Elle était si vulgaire d'esprit, si froide d'imagi-
nation et si dominée par sa mère, qu'elle en
était abêtie. (G. Sand.) Cela fera bientôt de
celte nation une nation abêtie. (Proudhon.)
• abêtir v. a. ou tr. (a-bô-tir — rad. bêle).
Fam. Rendre béte, stupide : Vous abêtirez
cet enfant. Trop de jeunesse et trop de vieil-
lesse empêchent l'esprit; trop et trop peu d'in-
struction /'abêtissent. (Pasc.) Ils n'ont songé,
s'écria le duc de lierry, qu'à «i'abètir et à
étouffer tout ce que je pouvais être. (St-Simon.)
Cette Ci'rcé abêtit la race humaine. (Virey.)
Tout ce qui raoale les facultés élevées, tout ce
qui abêtit l'humanité. (Virey.)
— Absol. : Le tabac énerve, a/faiblit, abêtit.
La paresse d'esprit abêtit. (Boiste.)
— Ncutr.il. ou intransitiv. Devenir stupide:
Il abêtit tous les jours. (Acad.)
S'abêtir, v. pr. Devenir stupide : Il s'abêtit
déplus en plus, il Se dit aussi des choses :
L'esprit s'abêtit dans l'oisiveté complète. (Lit-.
tré.) La nation française s'abêtit dans son
industrialisme. (Proudhon.)
t — Syn. Aiiêiir, rnix'cir. Un maître abêtit
l'un font qui lui est confie , quand il laisse ses
facultés se développer sans direction ; il le ra-
' bèlil si, toutes les fois que la raison de l'en-
fant fait quelques progrès, il en comprime , il
en interrompt l'exercice naturel. On abêtit peu
à peu, lentement ■ Je fus novice, on m 'abêtit
pendant deux ans. (Volt.) On rabëiit, quand lo
développement des facultés intellectuelles est
combattu chaque fois qu'il se manifeste : A
gui conperai-je nies faiblesses plutôt qu'à mon
doyen , s'il daignait m encourager, au lieu de
me rabêtir, comme il fait toujours? (Volt.)
ABÊTISSANT (a-bê-ti-san) part. prés, du
v. Abêtir : Ils reçoivent, approuvent tout ce
qui se présente et tout ce qui est en vogue ,
s'abêtissant et dégradant de cette façon.
(Charron.)
abêtissant , ante adj. (a-bô-ti-san, an-to
— rad. abêtir). Propre a abêtir; qui peut
rendre stupide : Rien n'est plus abêtissant
qu'un pareil travail. Il y a des opinions abê-
tissantes , entre autres les opinions supersti-
tieuses. (Ch. Nodier.)
ABÊTISSEMENT s. m. (a-bé-ti-se-man —
rad. abêtir). Action d'abêtir, et résul'tat de
cette action : /.'abêtissement de cet enfant
est dû aux mauvais traitements de ses parents.
— Par ext. Se dit de l'esprit, etc. : £' abê-
tissement de l'esprit, de la raison,
— Absol. : Le grand précepte de /'abêtisse-
ment est le dernier mot de la guerre de Pas-
cal contre la raison. (Le Siècle.)
ABÉVACUATION s. f. (a-bô-va-ku-a-si-on
— du iat. ab, prép. privât., et evacuatio, éva-
cuation). Méd. Evacuation partielle , incom-
plète.
ABlîZAN, juge d'Israël, succéda à Jephté et
gouverna le peuple de 1237 à 1230 av. J.-C.
AI1GAR, nom commun à plusieurs rois armé-
niens d'Edesse en Mésopotamie. Le plus connu'
vivait fiu temps de J.-C; il adressa, dit-on ,
une lettre au Sauveur pu.ir le prjer de le gué-
rir d'une lèpre dont il était affligé. Jésus lui
aurait envoyé une réponse accompagnée de
son portrait, et le disciple Thadée serait allé ,
après l'ascension de son maitro , baptiser eu
roi arménien. Ces faits, rapportés par Eusc.bc,
sont généralement considérés comme apo-
cryphes.
ABHrCHÉKA s. m. (a-bi-chc-ka). Cérémo-
nie religieuse des Hindous, qui consiste à ar-
roser quelqu'un avec l'eau du Gange. Il Of-
frande do fruits, de pierres précieuses, etc.,
accompagnée d'eau ou d'un autre liquide.
ABHIDGIT s. ni. (a-bid-ji). Sacrifice ex-
piatqire, chez les Indous.
ABHIDHARMA s. m. (a-bi-dar-ina). La mé-
taphysique bouddhiste.
AB HOC et AB hac (a-boké-ta-bak — du
lat. ab hoc, de celui-ci; ab bac, do celle-là).
Fam. Expression pittoresque, imitativo, qui
est une onomatopée et qui signifio Confusé-
ment, sans ordre, sans raison, au hasard, à
tort et à travers : Les gens de justice pren-
nent au hoc et ab hac, à droite et à gauchi-.
hac sur mon existence. (Pontenelle.) Je^inc
suis hâté de vous faire AB hoc et ab iiac mes
petites observa lions , dans lu crainte de les
rendre plus tardive.-.. (J.-J. Rouss.)
— Parler ab hoc et ab bac, Parler sans
ABH
ordre, sans raison, avoir une conversation dé-
cousue, incohérente :
Il se pendrait plutôt que de ne parier pas,
Tu
Un concert m'attend,
Je n'y reste qu'un instant.
Où, sur là guerre,
Buvant du scubac,
Prenant du tabac.
Je parle ab hoc et ab hac.
DÉSAUClEttS.
Sans honte, dis la vérité.
Ouvriras-tu chaque semaine
Le temple si peu respecté
De Thalie ou de Melpomcn
lrat par penchant, sot par n
Qui, parlant ni hoc et ab ht
•Uure,
d'un jabot et d'un frac?
Abhorrant le péché, tu chéris la justice.
Désespéré, proscrit, abhorrant la lumière,
ABHORRANT s. m. (a-bor-ran). Hist, Nom
donné en Angleterre aux royalistes, sous
CharLcs M.
ABHORRÉ, ÉE (a-bor-ré) part. pass. du v.
Abhorrer : Des rois, des princes aiihoriîÊs. Cet
homme est méprisé, abhorré de tout ce qui
l'environne. (Bourdal.) Néron, abhorré de ses
sujets, succomba sous l'indignation générale.
(Littré.)
Ces fureurs. ... '.
Etaient pourtant toujours de l'Eglise abhorrées.
Paies tyra
ilheur
Que ne puis-je plonger
espéré ?
— Gramni. Est suivi tantôt de la prép. de,
tantôt de la prép. par. V. Par.
abhorrent , ente adj . (a-bor-ran , an-to
— du lat. abhorrere , avoir horreur). Qui fait
horreur, qu'on doit abhorrer. Vieux mot:
Chose griêve, abiiorrentb et dénaturée, est
périr en mer. (Rabelais.) Les sacrifices dont
tes Gaulois usaient ëtoient peut - être trop
cruels et abhorrents d'une commune humanité.
(Pasquicr.)
ABHORRER v. a. ou tr. (a-bor-ré — du lat.
abhorrere, fait de hnrrere ab , SO hérisser à
cause de). Avoir en horreur, exécrer, détes-
ter : Les honnêtes gens abhorrent les fripons.
(Acad.) Peut-on trop abhorrer et trop mépriser
des hommes qui ont tellement oublié l'huma-
'nilé! (Fén.) Tel que vous me voyez, /abhorre
et Philippe et son ministre et son secrétaire
d'Etal. (Népom. Leinercicr.)
Trouverai-je partout un rival que yabhorre ?
Sauvez-mot du tourment d'être à ce que l'abhorre.
MOUÉR.K.
On aime un bon plaisant, on abhorre un caustique.
n Se dit aussi avec un compl. de chose, et
marque alors une profonde antipathie, une
répugnance excessive : Les animaux nés libres
abhorrent la captivité et se brisent la tête
contre les barreaux de leur prison. Un pays
^«•/abhorrerais .vt vous ne l'habitiez point.
(M'uedcSév.) Un grand aime la Champagne,
AUHOKRK la lirie. (La Bru y.) Que je vais
/'abhorrer, cette fatale intempérance. ! (J.-J.
Rouss.)
Ce qu'un jour il abhorre, en l'autre il Je souhaite.
BOUKSAUI.T.
Il Dans le même sens, il peut avoir un nom
de chose pour sujet: Toutes les expériences
leur avaient toujours fait remarquer que la na-
ture abhorrait le vida. (Pasc.) Le préjugé
populaire AnnoRRE , dans la petite vérole, la
saignée et les médecines. (Volt.)
Pour un de ces tyrans que notre culte abhorre.
Il Est quelqticf. suivi d'un infinitif régi par
la prép. de : Tout homme abhorre d'être pris
pour dupe. (Bayle.)
s'abhorrer, v. pr. Avoir horreur de soi-
même : Je m'abhorre et ne puis me supporter.
(l'on.)
Je liais le monde entier, je m'abhorre moi-même.
I Avec un nom de chose pour sujet : L'ir
ABI
religion non-seulement se contredit, mais s'a-
biiorke elle-même. (Bourdal.) n Réciproq. Se
détester l'un l'autre : Les différentes sectes
s'abhorrent et se condamnent mutuellement.
(Claude.)
— Syn. Abhorrer, riclcslcr, cicrrcr, h'nïr.
Haïr ne fait supposer aucun motif particulier :
Les hommes haïssent ceux qui les ont obligés,
et cessent de haïr ceux qui leur ont fait des
outrages. (La Rochef.) Détester marque une ré-
pulsion raisonnée : L'ingratitude de cet homme
fait qu'on le déteste. (Acad.) Abhorrer ex-
prime un sentiment d'aversion, souvent le ré-
sultat d'une antipathie instinctive , mais très-
prononcée , ou un sentiment de dégoût et de
répugnance insurmontable : Je nie trouve pres-
que semblable aux méchants , je me fais mon
procès, je m 'abhorre,/? ne puis me supporter.
(Fén.) Exécrer se dit de quelqu'un qui met le
comble à nos maux par ses injustices et sa
dureté :• Vous le files exécrer et maudire par
les enfants en leurs prières. (Sat. Ménippée.)
ABU, roi impie de Juda (958-55 av. J.-C).
Son règne fut rempli par des guerres contre
Jéroboam, qu'il vainquit dans une grande
bataille.
ABIATIIAR, grand prêtre des Juifs, exilé
par Salomon pour avoir favorisé , après la
mort de David, les prétentions d'Adonias au
ABIB s. m. (a-bib). Le premier mois de
l'année sacrée chez les Hébreux.
abichiras s. m. pi. (a-bi-chi-rass). Peu-
plade indienne de l'Amérique méridionale,
dans la Colombie : Les abichiras vivent le
long du haut Napo. (Encycl.)
abida s. m, (a-bi-da). Une des principales
divinités des Kalmouks.
ABIE s. f. (a-bi — du gr. abios, doux, frêle).
Entom. Genre d'insectes hyménoptères, fa-
mille dys tenthrôdines.
ABIEN, ienne adj. (a-bi-ain, ai-ne —
rad. Abiens). Gcogr. anc. Qui concer.no les
Abiens, qui a rapport aux Abiens : La popu-
lation abienne. Les mmurs abiennes.
ABIENNeur s. m. (a-bi-ônn-neur). Mot do
l'anc. jurispr., tiré du celtique, et par lequel
on désignait le dépositaire d'un bien saisi.
abiens s. m. pi. (a-bi-ain — du lat. abii).
Gôogr. anc. Peuple nomade de la Scythie,
qui habitait sur les bords de l'Iaxarto, au
N.-E. de la Sogdiane.
abies. s. f. (a-hi-cs — du lat. abies, sapin).
Bot. Nom scientifique du sapin.
ABIÉTATE s. m. (a-bi-é-ta-tc — du lat.
abies, abietis, sapin). Chim. Nom générique
des sels formés par la combinaison des di-
verses bases avec l'acide abiétique.
ABIÉTIN, INE adj. (a-bi-é-tain , ine — du
lat. abies, abietis, sapin). Qui se rapporte au
AB1ÉTINE s. f. (a-bi-é-ti-ne — du lat. abies,
abietis, sapin). Chim. Nom donné par Caillot à
une substance qu'il a trouvée dans les térében-
thines de Strasbourg, du Canada et des Vos-
ges , et qui cristallise en forme d'aiguilles, do
pyramides plus ou moins allongées, oui se
groupent en rosaces, en étoiles, etc. Labié-
ti ne est sans odeur ni saveur, insoluble dans
l'eau, soluble dans l'alcool, surtout bouillant,
dans l'acide acétique concentré et dans l'éther.
ABIétinées s. f. pi. (a-bi-c-ti-né — du lat.
abies, abietis, sapin). Bot. Tribu de plantes éta-
blie dans la famille des conifères. Le
les pins, les épicéas, les mélèzes, les cèdres,
les araucarias, etc.
ABIÉTIQUE adj.' (a-bi-é-ti-kc — du lat.
abies, abietis , sapin). Chim. Se dit d'un acide
qui est une résine solublo, et qui se trouve
dans les térébenthines.
ABIGAIL, épouse du riche Nabal, qui avait
repoussé David fugitif. Elle calma les ressen-
timents du roi, qui l'épousa après la mort de
Nabiil (10C0 av. J.-C).
ABIGÉAT s. m. (a-bi-jô-a — du lat. abi-
grre, chassfr devant soi). Anc. dr. crim.
Délit de celui, qui .détourne les troupeaux
d'autrui pour se les approprier. Enlever un
animal do menu bétail était un vol simple ;
mais enlever un cheval ou un bœuf, qu'on ne
peut porter, mais qu'il faut faire marcher
devant soi, était un abigéat. Cette distinc-
tion n'était admise que dans le droit romain.
ABIGOTI, IE adj. (a-bi-go-li — rad. iïgot).
Devenu bigot, rendu bigot : Ce moine ayant
de cet esprit abicoti, il reçut su lettre étant à
la chaise percée. (D'Aubigné.) Vieux mot.
ABIJIRAS s. m", ni. (a-bi-ji-ra), Géogr.
Peuple indigène de l'Amérique méridionale,
voisin du Meuve des Amazones.
A lîl l.lMi.VA (Nicolas -Abraham), peintre
danois, né à. Copenhague, en 1774, m.en 1S09.
tiïUCjCll t. M, III, eu lùU'J.
. é le Raphaël dn Nord. On
marque parmi sesjableaitx : Philoctètc blessé
'incendie du palais de Christianbourg, en 1701.
— Un célèbre naturaliste danois du xvmc siècle
ABILDGAARD s. m. (a-bild-ga-nr — du nom
d'un naturaliste danois), Ichthyol. Nom donné
à un poisson d'Amérique,
ABI
abil'dgaardie s. f. (a-bild-ga-ar-di — d'A-
bildgaard, n. pr.). Bot. Genre de plantes de la
famille des cypéracées ; toutes les espèces sont
exotiques, et habitent, pour la plupart, les •
régions tropicales.
ABILLOT s. m. (a-bi-io). Navig. Bûche
d'environ huit pouces de tour, dont on se sert
pour rassembler les coupons des trains do
ABIMALIC s. m. (a-bi-ma-lik — nom do
l'auteur d'une grammaire de cette langue).
Langue des Berbères.
ABÎMANT (a-bi-man) part. prés, du v.
Abîmer : L'orateur sacré leur montra Dieu
abîmant Sodome et Gomorrhe. Une personne
s'abïmakt dans sa douleur.
ABÎME s. ni. (a-bî-me — du gr. o priv.,
sans ; bussos, fond. On a écrit autref. abysme,
puis abyme, et cet emploi de l'y grec était, plus
conforme à l'étymologie; mais cette simpli-
asilk, qui est dans le même cas). Gouflre ex-
cessivement profond : Le terrain s'abaisse et
ouvre un abîme. (Fén.)
Montagnes, couvrez-moi; terre, ouvre tes abîmes.
Il Particulière»!. Le fond do la mer : La mer
semblait se dérober sous le navire et nous préci-
piter dans V abîme, (l'en.) Divisantles eaux de
la mer Rouge, pour les faire passer au milieu
des abîmes où leurs ennemis devaient être sub-
mergés... (Bourdal.) Prends en pitié les mal-
heureux épars sur cette rive; ne te suffit-il pas
de leur avoir montré le fond des abîmes? (Di-
derot.) Il y a des abîmes sous l'eau qui dort.
(G. Sand.)
Quoi ! pour noyer les Grecs et leurs mille vaisseaui,
Mer, tu n'ouvriras pas des abimus nom-eaux!
Chantons les vastes dots! leur abime sonore
Retient captifs tous ses échos. A. Barbier.
Il Par ext. Mrsse d'une étendue immense,
infinie: Nous vivons plongés dans des abîmes
d'air, comme les poissons dans des abîmes d'eau.
(Fén.) n L'enfer, dans le langage de la Biblc-ou
de la mythologie : Les anges rebelles ont été
précipités dans /'abîme. (Acad.) Il s'élèvera
autour de vous comme un cri lamentable des
peuples précipités dans /'abîme. (Boss.) SVétes-
vous pas effrayés en vous représentant les abîmes
éternels ouverts sous vos pieds? (Mass.) Ce qui
consterna davantage Télémaque, ce fut de voir
dans cet abîme de ténèbres et de maux un grand
nombre de rois. (Fén.)
Ton œit, comme Satan, a mesuré Vabtme.
0 mon fils, vous voyez les portes de Vabtme
Creusé par la justice, habité par le crime.
Voltaire.
Il Le chaos primitif, la confusion qui pré-
céda la création du monde : L'esprit de Dieu
était porté sur /'abîme, ii Les immenses pro-
fondeurs do la terre où. suivant la Bible,
Dieu rassembla les eaux, lo troisième jour do
la création, il La vaste étendue d'eau que
Dieu, suivant la Bible, précipita du firnia-
mcnl'où elle était amassée, et qui engloutit
le genre humain.
— Fig. Profondeur sans limites; ce qui
est porté à un degré extrême : Chers frè-
res, en quel abîme d'erreurs tombez-vous!
(Boss.) Mon àme se flétrit et se resserre, en
envisageant cet affreux abîme de l'oubli, oïl
tout va si rapidement s'engloutir. (D'Alcmb.)
Dans i'ABÎME de son ignorance et de sa misera,
cette nation dédaignait tout commerce avec les
étrangers. (Volt.) En vain, prêtant une oreille
attentive, je cherche à saisir quelques sons pour
me diriger à travers set abîme de silence.
(Chatoaub.) Vous vous rappelez de quelle hau-
teur la France tomba dans î'abïmk de Février.
--■■■■ du
r. (Michelet.) La vanité de la femme est un
abime où l'oit se perd. (Mme ue Girardiu.)
Les jugements de Dieu sont des abîmes.(A<-;iiI.)
Elle prend l'essor et va Atr perdre dans l',\-
ni.ME des grondeurs et des perfections de Diou.
(Flécli.) L'infini est /'abîme (/-i raisonnement.
(Girard) Nous avons vu cet abîme où la raison
s,: perd. (Laurcntie.)
Tous les cœurs sont cachés, tout homme est un abîme.
hose mal-
s de mal-
heurs, de misère. (Acad.) // fut plongé tout à
coup dans un abîme d'amertume. (Boss.) C'est
toi qui m'as tirée d'une douce et profonde paix,
pour me précipiter dans un abîme de malheurs.
(Fén.) Dans T'abîme de maux où je suis sub-
mergé. (J.-J. Rouss.) il Dangers, périls; ce
qui peut entraîner notre ruine, notre perte :
L'impiété se creuse elle-même un abîme sans
/Vjnrfr{Fén.) Chaque chute a-euse sous vos pas
de nouveaux abîmes. (Boss.) On tombe ûTabîmk
en abîme. (Volt.)
Tu vois dans quel abime il s'est précipité.
Il faut couvrir de fleurs Vabtme où je l'entraîne.
Il Le temps, parce que lo temps est comme
un gouffre où tout s'engloutit, où tout
tombe, d'où rien ne sort : Les jours, les mois,
les années s'enfoncent et se perdent sans re-
tour dani /'abîme des temps. (La Bruy.) Une
rapidité , que rien n'arrête, entraine tout dans
tes abîmes de l'éternité. (Mass.) Ils trouvaietu
ABI
beau de se perdre dans un abîme infini de
temps gui les rapprochait de l'iternité. (Boss.)
Il Distance infinie, intervalle immense: <Le
christianisme met un abîme entre l'Ame et le
corps, un abîme entre l'homme et Dieu. (V.
Hugo.)
Il Différence énorme entre une chose et
une autre : Ces deux mots sont séparés par un
abîme. Il y a un abîme entre ces deux faits.
(Choix d'Est-Ange.) Entre la conscience et le
fait, il y a un abîme de raisons déterminantes
qui condamnent ou légitiment un fait. (Balz.)
— C'est un abime de science, C'est un homme
extrêmement instruit .- Jules Scaliger était
vn abîme d'érudition.
— Se dit aussi des affaires, des entreprises,
où l'on dépense beaucoup d'argent, où l'argent
se perd comme dans un gouffre : Le jeu, les
procès, les bâtiments f sont des abîmés. (Acad.)
Le palais de Versailles fut pour Louis XIV
un abîme de dépenses. (Volt.) Tout cela lui
coûte un argçnt' infini ; eest un abîme où il se
argent *in fit
™„d. (MarTv.)
— Se prend quelquefois en bonne part pour
exprimer l'immensité d'une perfection, d'un
bonheur, d'une jouissance, etc. : L'âme va se
perdre dans le vaste abîme de ses perfections.
(Boss.) Cette lumière, cette gloire céleste fait
naître en eux une source intarissable de paix
et de joie; ils sont plongés dans cet abîme de
délices comme les poissons dans la mer, (Cha-
teaub.) Heprésentez-vous toutes les amitiés de
abîme de sentiments, ainsi que des gouttes d'eau
dans la mer. (Chateaub.)
— Être sur le bord de F abime, Être près de
sa ruine, de sa perte, il Creuser un abime sous
les pas de quelqu'un, Travailler à le perdre.
Il L'abîme du jpassé , Le passé considéré
comme engloutissant tout : Il faut que tout
le monde s'amuse, et, comme tes autres, cette
soirée se précipitera dans J'abîme du passé.
(Brill.-Sav.) Souvent j'ai accompli de délicieux
voyages,'cmbarqué sur un mot dans les abîmes
ou passé. (Balz.)
— Techn. Vaisseau contenant lesuif fondu,
et dans lequel on trempe la mèche pour faire
ia chandelle.
— Blas. Point central ou milieu de l'écu :
on l'appelle aussi cœur, il En
famille Le Goux porte : d'argent à trois
telles d'éperon de gueules , une iêté de More
• tortillée du champ en abîme.
— Gramm. Abime t qui est aujourd'hui
masculin , était autrefois du féminin : Mers
et abîmes lointaines. (Monnet.) Certainement
il entendait combien était grande i'ABÎME de
nos péchés. (Calvin.)
I.i de la terre et là de l'onde
Sont les racines jusqu'au fond
De l'abîme la plus profonde. Ronsard.
Il Abime sans fond. Peut très-bien se dire,
malgré le pléonasme que nous révèlo l'cty-
mologic. Bossuct a employé abime sans fond
dans SOS Elévations sur les mystères. En gé-
néral, un pléonasme que l'étymologio seule
indique est insensible et peut'ôtro considéré
comme nul. C'est ainsi qu'on dit se suicider,
— Encycl. Géol. On donne le nom d'abîmes
à des cavités naturelles généralement ver-
ticales, dont l'ouverture est à la surface du
sol et dont le fond n'est pas connu. Ils peuvent
être formés par le redressement des couches
de l'écorce terrestre, par l'extinction de cra-
tères, par le dessèchement de lacs. On ap-
pelle encore abime une bouche de laquelle
sortent des torrents d'eau froide ou bouillante,
chargée ou non de substances minérales. Au
reste, le mot abime n'a pas encore reçu, dans
la. nomenclature géologique, une acception
précise ; il est à peine scientifique.
— Syn. Aiiiui«, gouffre, |>rc«i|ilco. Le pré-
cipice représente un lieu où l'on tombe de
haut en bas : Lorsqu'un aveugle en conduit un
mitre, ils tombent tous deux dans le rnÉciPici:.
(Matebr.) Le gouffre est une ouverture qui ab-
sorbe ou engloutit .• Plusieurs des assiégeants
tombaient des rochers dans la rivière , qui les
engloutissait dans ses gouffres. (Rull.) L'a-
bîme est quelque chose nui n'a pas de fond :
Ces vallées de la mer semblent être des abîmes
de profondeur. (ButF.) On tombe dans le pré-
cipice: on est englouti dans le gouffre; on se
perd dans V abime.
— Éplthètes. Large, immense, profond, sans
fond, affreux, effrayant, effroyable , terrible,
épouvantable, horrible, obscur, ténébreux,
noir, impénétrable, entr'ouvert, ouvert, béant,
dévorant, brûlant, enriammé, infernal, éternel.
■ — PrOV. Htt. L abîme appelle l'abîme, Ex-
pression figurée qui signifie qu'un malheur en
appelle Un antre, qu'une faute conduit a uno
autre faire. V. Anvssus ab'yssum invocat.
— Allus. hist. L'abîme de Pascal. V. PASCAL.
abîmé, ÉE (a-bi-mé) part. pass. du v. Abî-
mer. Jeté dans un abîme ; Un navire aiiîmé
dans les flots. (Acad.) Nos villes abîmées et
réduites en cendres. (Mass.) Tous ceux qui s'é-
îer dans sa fuite une rivière, y fut
r le poids de l'or çv'il jio-/«''.(Volt.)
ABÎ
La Grèce ayant été abîmée par un déluge, de
nouveaux habitants vinrent la peupler. (Mon-
tesquieu.)
Sous Pélion Mimas fut abtmé. J.-B. Rousseau.
— Par anal. Gâté, couvert, criblé, etc.:
Ce meuble est abîmé de taches. (Acad.) Pison
était abîmé de dettes. (Vertot.) Tous les jours
elle fait du feu pour empêcher ses meubles d'être
abîmés par l'humidité. (E. Sue.)
— Fig. Plongé, absorbé : Etre abîmé dans
le vice. Jesuis abîmé dans la tristesse. (Boss.)
J'étais abîmé dans la plus amère douleur.
(Fcn.) Corbinelli est toujours abîmé dans- sa
philosophie christianisée. (M""* de Sév.) Je
pense que le pauvre chevalier de Grignan était
bien abîmé de douleur à la mort de M. de Tu-
renne. (M"»e de Sév.) Les âmes saintes sont
abîmées dans le ciel. (Boss.) Elle passe le
jour et la nuit abîmée dans sa triste pensée.
(Mme de Tencin.) Ces nations sont abîmées
dans l'idolâtrie. (Chateaub.) Son esprit est
abîmé dans la contemplation. (Lamart. ) il
Inondé , noyé dans : L'expression du visage
de la reine ne s'effacera jamais de mon sou-
venir; ses yeux étaient abîmés de pleurs.
(M«"> de Staël.)
A ces mots, d'un torrent de larmes,
Ressource des cœurs opprimés,
I.b douleur inonda ses charmes.
Et ses yeux furent abîmes. Hahilton.
— Absol. Anéanti, détruit, ruine, perdu de
réputation : Madame Scarron ne la voit plus,
ni tout l'hôtel de Itichelieu : voilà une femme
bien abîmée. (Mme de Sév.) Ces cheveux gris
ne vous avertissent que trop qu'une grande
partie de notre être est déjà abîmée et en-
gloutie. (Boss.) Je suis sec, abîmé, ruine.
(Dancnurl.) Elle est abîmée et ne reviendra,
dit-on, jamais sur l'eau. (Le Sage.)
— Attaqué, critiqué amèrement, écrasé :
Il a paru deux nouveaux articles où mon
pauvre Wenceslas est abîmé ; je les ai tus, je
les lui cache, car il se découragerait tout à
fait. (Balz.)
ABIMÉLECH (lèk), roi philistin, enleva Sara,-
fenune d'Abraham , que ce patriarche faisait
passer pour sa sœur, et la lui rendit avec de
riches présents lorsqu'il .eut reconnu son er-
ABIMÉI.ECH, juge d'Israël, fils de Gédéon,
s'assura le pouvoir par le meurtre de ses
soixante-dix frères, et souleva les Sichémites
par sa tyrannie. Il fut tué au siège de Thèbes,
près de Sichem, en Palestine, par un éclat de
meule de moulin que lui lança une femme
(1235 av. J.-C.) ".
ABÎMER v. a. ou tr. (a-bi-mè — rad. abime).
Jeter dans un abîme : Si nous ne pouvons
abîmer Télémaque dans les flots de la mer.
(Fén.) Il parait une seconde fois, les espé-
rances se relèvent, lorsqu'un flot survient et
J'abîme. (La Bruy.) -Une secousse violente
abîma celte montagne. (Volt.)
Dieu résolut enfin, terrible en sa vengeance,
Boileau.
—Par ext. et fam. Culbuter, ron verser, met-
tre en déroute : Les cuirassiers abîment un
régiment d'infanterie espagnole et sabrent les
canonniers sur leurs pièces, il Gàlcr, salir, en-
dommager : La poussière ahîme les bas. (Brill.-
Sav.) Et c'est pour cela que, depuis ce matin,
■vous avez tout bouleversé dans mon parc, que
vous avez abîmé mes plantes, mes arbustes, mes
camélias, des fleurs sur lesquelles je comptais
pour nie parer! (Scribe.) Il s'est permis «'abî-
mer la peinture de cette porte avec ces indé-
cents barbouillages. (E. Suc.)
— Fig. Plonger, enfoncer, absorber :
...... En quel gouffre d'horreur
Il Anéantir, saccager, détruire, ruiner: Des
dépenses excessives /'ont abîmé. (Acad.) Flat-
ter la jeunesse, /'abîmer par les dépenses et les
dettes. (Fén.) Cet Alexandre qui est venu de
bien loin, de je ne sais où , pour abîmer tout,
pour engloutir tout. (Fonlenollc.)
Abime tout plutôt : c'est' l'esprit de ïliïlise. '
BoiLEAU.
Il Par ext. et fam. Maltraiter en paroles ou
dans un écrit : Abîmer son aduersaire. Il m\
abîmé dans sa brochure. On voit en tous ces
endroits comme il les abîme. (Boss.)
— Neutral. ou intrans. Tomber en ruine:
Cette _ maison abîma tout à coup, il Ce sens a
S'abîmer, v. pr. Tomber dans un abîme ,
s'engloutir, s'enfoncer : Cette montagne s'est
abîmée tout à coup. (Acad.)
— Par exagérât. Tomber en ruine : Châ-
teau, chapelle, donjon, tout s'en va, tout s'a-
bîme. (P.-L. Cour.)
— Fam. et par ext. Se dêtériorer,"s'endom-
mager, en parlant des choses : S'il pleut, votre
chapeau s'abîmera. Celte robe s'abîme à la
poussière. (Acad.) Il y avait des femmes jus-
que sur l'escalier, les toilettes s'abîment Hor-
riblement, la mienne est perdue. (Balz..) || Avec
un nom de personne, Se salir : Vous avez un
habit vropre, n'allez 'vas vous abîmer. (Acad.)
Il S'exténuer,, se harasser de fatigue : Et
ABI
dans quel étal il est! S'abîmer, se fatitjucr
ainsi! Comme il a chaud! (Scribe.) Il Altérer,
détériorer : S'abîmer la santé. Sa femme
s'est abîmé la santé en le soignant. (15. Suo.)
— Fig. S'abandonner à une chose, s'y livrer
ABJ
21
tout entier, s'y enfoncer, s'y plonger
mer dans ses pensées, dans l étude ,
douleur, djins les plaisirs. Dans le temps qu'
dans la
• liait à Fontainebleau pour s'abîmer dans la
joie, voilà M. de Turenne tué. (M">c de Sév.)
Elle s'abîma dans la contemplation de son im-
mensité et de sa gloire. (Fléch.) L'abbé prit sa
tète entre ses mains et s'abîma dans ses ré-
flexions. (J. Sandeau.) J'essayais de la consoler,
et l'instant d'après, je m'abîmais dans des dés-
espoirs inexplicables. (Chateaub.) Laissez-moi
m abîmer dans mon admiration. (Castille.)
Toi donc qui vois les maux où ma muse s'abîme.
Bon. EAU.
Et sachant dans quels maux mon cœur s'est abfnié.
Il Se ruiner, se perdre : S'abîmer par le luxe.
(Acad.)
— S'abîmer en Dieu, Perdre le sentiment
dans le Seigneur, me perdre et m'abîmer
en lui, en sorte que je ne pense, je n'agisse et
ne veuille vivre quen Dieu. (Saint Basile.)
La dame continue d'avoir l'air de s'abîmer en
Dieu. (Adr. Paul.) il S'abimer devant Dieu,
Etre plongé dans la contemplation de ses
perfections infinies, et s'humilier profondé-
ment devant lui : L'ascétisme oblige ses sec-
tateurs à s'abîmer devant Dieu dans la con-
templation perpétuelle de l'image qu'ils s'en
AB 1.110 PECT011E (a-bi-mo-pèk-to-ré).
Mots latins qui signifient Du fond du cœur.
Cette locution se trouve souvent dans Vir-
gile, pour exprimer l'extrême douleur, qui
semble tirer ses larmes, ses gémissements, ses
paroles, du plus profond du cœur.^
On dit aussi', en retranchant la préposition,
AB1NGD0N (a-bain-gdone) , ville d'Angle-
terre, sur la Tamise, à 80 kii. de Londres.
Marche considérable de grains. 5,700 hab.
AB INTESTAT, loc. adv. (a-bain-tèss-ta —
du lat. ab, de, par ; ïntestato, qui n'a pas testé).
Par suite de l'absence de testament : Héritier
ab intestat. Succession ab intestat. Géronte
meurt de caducité, et sans avoir fait ce testa-
ment qu'il projetait depuis trente aimées : dix
tètes viennent ab intestat partager ta succes-
sion. (La Bruy.) Les lois restreignirent le nom-
bre de ceux qui pouvaient succéder ab intestat.
(Montesq.) La Constituante décida l'égalité des
partages, dans les successions ab intestat,
entre les héritiers de même degré, sans dis-
tinction d'âge et de sexe. (J. Simon.)
— Par ext. Se dit aussi de celui qui meurt
sans avoir fait de testament : Il est mort ab
intestat. Autrefois on'privait de la sépulture
ceuxqui étaient décèdes ab intestat. (Encycl.)
La duchesse de Su/folk s'empara des biens de
son fils, fondant ses prétentions sur cette loi de
Henri XIII, qui porte que si quelqu'un meurt
sans enfants et ab intestat, la propriété de ses
biens passe à son plus proche parent. (Sterne.)
J'apprends soudain qu'un oncle trépassé,
Vieux janséniste et docteur de Navarre,
— Encycl. Jurispr. On dit de quelqu'un quïl
est mort ab intestat quand il n'a pas laissé de
testament; alors l'héritier que la loi appelle à
succéder est dit héritier ab intestat, et la sue-
cession est dite ouverte ab intestat. A Rome,
c'était un déshonneur de mourir ai intestat, et
tout citoyen ayant droit de tester no manquait
pas d'instituer, par acte solennel, l'héritier qui
devait après sa mort continuer sa personne.
Notre Code civil restreint le droit de testament
pour en empocher les abus; ainsi, il réserve
une part déterminée aux enfants du testateur
et à ses ascendants dans certains cas. Lorsque
le défunt est mort ab intestat, la succession est
déférée aux descendants; a défaut d'enfants,
aux frères , sœurs ou à leurs descendants.
Depuis la promulgation du Code civil, les suc-
cessions ab intestat sont les plus communes.
abipon, onne adj. ( a-bi-pon , o-ne).
Linguist. Se dit de l'un des principaux idiomes
de la langue péruvienne, parlé dans le Para-
guay et par les Abipons do Rio-de-la-Plata,
peuple qui a presque disparu aujourd'hui : La
langue abiponne. L'idiome abipoh est harmo-
nieux. (Balbi.)
ABIPONS s. m. pi. (a-bt-pon). Géogr. Na-
tion autrefois guerrière et nombreuse, qui
habitait dans le Chaco , et qui vh mainte-
nant dans le Paraguay, à l'E. de Parana. On
voit parmi les Abipons des hommes d'une
taille presque gigantesque.
. AB 1HATO loc. adv. (a-bi-ra-to — du lat. ab,
de, irato, sous-entendu hominc, un homme
irrité). Qui est d'une personne en colère.
— Cette locution s'applique aux actes dont
la colère et. la haine ont été le principe et la
cause. Elle modifie généralemeiît un verbe, un
participe ou un adjectif: Un discours prononcé
ab irato. Une satire^ écrite An irato. Agir,
parler ab irato. (Aca'd.) Il semble que le tes-
tament politique du cardinal Albéroni ait été
fait au iratO ; cela seul suffirait pour l'inva-
lider. (Volt.) La Savoie nous a été retranchée,
iriïx
sorte ab irato, après le 20 novembre
.5. (Journ.)
— S'empl. elliptiq. et se place après nn nom :
Testament ab irato. Mesure, discours, satire
ab irato. La loi casse les testaments \B irato.
(Mirab.) La légitimité est fatalement condamnée
d'avance, quoi qu'elle fasse, à une politique de
contre-pied, à une politique ab irato qui hu-
milie au lieu de rallier^ qui blesse au lien de
guérir. (E. Pelletan.) Arrivé au comble de la
souffrance et touchant au terme de sa vie, Mo-
lière sentit s'exaspérer son ressentiment contre
la médecine, et sa dernière comédie, te Malade
imaginaire, fut comme un testament ab irato
contre une science qui ne pouvait ni soulager
ses maux, ni prolonger son existence. (Auger.)
— Encycl. Jurispr. L'action ab irato, admiso
dans le dernier état du droit romain, était la
demande, faite par l'héritier légitime du testa-
teur, de la nullité du testament. Ainsi, quand
il était prouvé que le testateur avait été in-
fluencé par un sentiment de haine ou de colère,
les enfants avaient l'action ab irato. La loi
française actuelle ne consacre pas d'une ma-
nière spéciale l'action ab irato, mais elle permet
de provoquer l'annulation du testament, par le
motif qu'il a été fait dans un moment où le
testateur n'était pas sain d'esprit.
AOIRON. V. CORÉ.
abirritant (a-bir-ri-tan) part. prés, du
v. Abirriter.
ABIRRITANT "ante adj. v. (a-bir-ri-tan,
an-te,— rad. abirriter). Méd. Qui est propro
à diminuer l'irritation ; itemède abirritant.
Médicaments abirkitants.
— S'empl. substantiv. : Abirritant méca-
nique. Abirritant chimique. Abirritant spé-
ABIRIUTATIF, IVE adj. (a-bir-ri-ta-tif,
i-ve— rad. abirriter). Méd. Qui aie caractère
do l'abirritation.
ABIRRITATION s. f. (a-bir-ri-ta-si-on — -
du lat. ab, partie, priv. sans; et du fr. irrita-
'■in). Méd. Absence, défaut d'irritation. Ce
s. du
outr. (a-bir-ri-té— dulat.
ai, part, privât., et tri-Mare, irriter). Méd.
Diminuer la sensibilité dans, uno partie du
ABis s. m. (a-biss). Eclat. Prêtre tartare
mahométan.
-- géné-
raux les plus dévoués, se couvrit de gloire aux
combats de Gabaon, de Medalla , dans tes
guerres contre les Philistins, et sauva la vie
au roi en tuant le géant Jesbibenob au moment
où il allait le frapper. 11 était d'un caractère
cruel et contribua au meurtre d'Abner.
i-ma'l — râd.
eussent été ensevelis. (Ste-Palaye.)
ABISSIQUE adj. dos i g. (a-bi-si-ke — du
lat. abyssus, abîme). Qui appartient à l'a-
bîme, a la mer primitive, il On écrit aussi
Abyssiquk.
ABIT s. m. (a-bi). Ane. cuira. Le carbonate
de plomb.
ABITIBË s. m. (a-bi-ti-bo). Géogr. Nom
d'une peuplade indienne : Les Abitibes habi-
tent les bords de l'Abilibis, lac de. l'Amérique
septentrionale, dans le haut Canada. (Encycl.)
ABITIGA3 s. m. pi. ( a-bi-ti-ga J. Géogr.
Nation nombreuse et guerrièro du Pérou.
ABIU, fils tl'Aaron , périt dans les flammes
avec son frère Nadab, pour avoir mis du feu
profane dans son encensoir.
ABJECT, ECTE adj. (du lat. ab ject us, ]ci&
hors — pr. ab-jok, ck-te, on faisant entendro
le k dans les deux genres. M. Littré pense que
l'on ne doit pas faire sonner le c et qu'il faut
prononcer rtft/d.Nous sommes d'un avis opposé
Autrefois, il est vrai, on no prononçait pas le
c, niais par cetto raison bien simplo qu'il no
figurait pas dans le corps du mot, en dépit
de l'ôtymologie. C'est ainsi, objet, qu'on le
trouve dans les lexiques do Monct, Danot et
Furetièro, ainsi que dans los poètes :
Dis tout, Araspe, dis que le nom de sujet
Réduit toute leur gloire en un nui;; trop nbjet.
CORNEII-UJ.
Et dans les plus bas rangs, les noms les plus objets
Ont vuulu B'ennoblir par de si hauts projuls.
Cinntt, acte IV, scène iv.
C'était là une bonne fortune pour la poésie,
car les mots qui se prononcent è/c, èkte sont
assez rares dans notre langue. Mais déjà, en
1743, Trévoux constate qu'il vaut mieux dire
abject; cette orthographe ne tarda pas en
efi'et à se généraliser, ce qui n'empêcha pas
la poésie, tout en subissant le c, do conserver
prononciation.
au rang des phts'nfj/'i'rts :
is plus
1JAI
22
ABJ
ABJ
jetti aux mêmes exigences, suivît cet exem-
ple? évidemment non; pas plus que nous ne
prononçons volontière^ monsieure , parce que
La Fontaine a fait rimer le premier avec
fiers et le second avec flatteur. De là, nous
concluons qu'il faut faire sonner le c dans
abject). Qui est rejeté et digne de l'être, et,
par conséquent, qui est bas, vil, méprisable :
C'est un abject mercenaire. (Mass.) L'homme
est grand et incompréhensible, ou il est abject
et vil. (Pasc.) Je ne chert .'te point un homme
parfait , mais je méprise un homme abject.
(J.-J. Rouss.) Abjects en toutes chout et bas-
sement méchants, ils sont vains, fripons ci faux,
(J.-J. Rouss.) Il a vécu cinq ans, fort et pa-
tient parmi à" abjects compagnons. (G. Sand.)
Au contraire, cet autre, abject en son langage,
Fait parler les bergers comme on parle ao village.
Boileau.
— En parlant des choses et des sentiments :
Vil , trivial , ignoble : Tout est merveilleux
dans le corps humain, jusqu'aux organes mêmes
des fonetio?is les plus viles et les plus abjectes.
(Fôn.) Le mot esclave ne se présente à notre
esprit qu'avec des idées abjectes. (Diderot.)
Son frère, en l'écoutant , lui trouvait l'âme
abjecte. (Marmohtel.)
Je ne veus pa3 d'un sang abject comme le tien.
Corneille.
Frémis, Dieu te rejette aux rangs les plus abjects.
Parseval Grandmaison.
— Syn. Abject, bu, vil. Ce qui est bas man-
que d'élévation ou de noblesse : Des railleries
basses et indignes de la vérité. (Pasc.) Ce qui
est abject ravale l'homme au-dessous de lui-
même : Ame abjecte î c'est la triste philoso-
phie qui te rend semblable aux bêtes. (J.-J.
Rouss.) Ce qui est vil est méprisé : Leurs
viles passions ne savent qu'obéir. (Corn.)
ABJECTEMENT adv. (ab-.jèk-te-man — rad.
abject). D'Tino manière abjecte.
ABJECTION s. f. (ab-jèk-si-on — lat. ab-
iectio, même sens). Etat abject, avilissant,
dernier degré d'abaissement : Vivre dans l'.\u-
/ection. (Aead.) //abjection et la détresse où
Hfmv de Alaintenon avait si longtemps été ré-
duite lui avaient rétréci l'esprit et avili le
cœur et les sentiments. (SX-Simon.) Il Bassesse,
en parlant du caractère , des sentiments :
L'homme vil et corrompu, étranger à toutes les
idées élevées, se venge de son abjection passée
et présente, e» contemplant avec cette volupté
ineffable, qui n'est connue que de la bassesse,
le spectacle de la grandeur humiliée. (J. de
Maistre.) On ne remarque chez cette nation
aucun de ces airs serviles, aucun de ces tours
de phrase, qui annoncent f abjection des pen-
sées et la dégradation de l'âme. (Chatcaub.)
il Humiliation profondo devant Dieu : La re-
ligion chrétienne rend respectable ^'abjection
et la pauvreté. (Mass.)
— 'En style relig. Rebut: Jésus fut l'op-
probre des hommes et ^'abjection du peuple.
(Le Maistre de Sacy.)
— Peut s'employer au pluriel : Voulez-vous
savoir, Philothéc, quelles sont les meilleures
abjections ? (S. Franc, de Sales.). Souvenez-
vous que les abjections et les opprobres sont le
caractère des enfants de Dieu. (Mass.)
AB JOVE PRINCIPIUM loc. adv. (ub-jo-vé-
prain-si-pi-omm — du lat. ab, de; Jove, Jupi-
ter; principium, principe). Commençons par
Jupiter, c'est-à-dire Commençons par la chose
principale , le personnage principal ; ce pro-
verbe répond à celui-ci : A tout seigneur, tout
honneur. Il est très-usité dans notre langue :
« Le sénat romain avait pour le Dieu su-
prême et pour les dieux secondaires un aussi
profond respect que nous pour nos saints : Ab
Jove principium était la formule ordinaire. »
Voltaire.
« J'entre en matière par un long morceau
sur Descartes : ab Jove principium ; c'était mon
premier hommage àrendre,mapremière étude,
mon premier soin. » Damiron.
« En toutes choses, Dieu apparaît; son nom,
sa splendeur, éclatent de toutes parts, et il faut
redire avec le poète pnïen : Ab Jove princi-
pium. ■ Dupanloup.
» Dans la plupart deîi banquets où se per-
pétue la coutume des toasts , il est d'usage de
porter la santé du roi : Ab Jove principium! »
Ch. de Bernard.
• Il y a aux colonies trois classes distinctes,
mais qui se rapprochent parfois sous bien des
rapports : ce sont les blancs, les gens de cou-
leur libres , et les noirs esclaves. Chacune de
ces classes doit être séparément examinée.
Commençons par les blancs : Ab Jove princi-
pium. » V. ClIARLIER.
Abjurable adj. (iib-ju-ra-ble — radt ab-
jurer). Qu'on peut, qu'on doit abjurer,
ABJURANT (ab-ju-ran) part. prés, du v.
Abjurer. : Sans parler du crime religiev
que les Grecs auraient commis
mettre au Coran. ( îhateaub.)
il désormais j'j
[n'abjurant la satire,
Boileau.
abjuration s. f. (ab-ju-ra-sion— du lat.
abjuratio, déniement, parjure). Acte public et
solennel par lequel on renonce à uno religion
que l'on avait professée. On attache ordinai-
rement à ce mot un sens favorable, l'idée de
passago d'une croyance religieuse fausse à
une croyance vraie : Louis XI V voulait ra-
cheter les longues souillures de sa vie par V ab-
juration des hérétiques. (Dict. politiq.) IU
sacrifiaient leur conscience à leurs biens et à
leur repos, et les achetaient par des abjura-
tions simulées. (St-jSimon.) Saurin fit son ab-
juration entre les mains du vainqueur. (Boss.)
La guerre civile et religieuse de la Ligue se
terminapar l'abjurationde Henri IV. (Lamart.)
Il S'emploie avec un complément indiquant
la chose que l'on abjure: Pour les contraindre
à /'abjuration de leur foi, les païens brûlaient
tes chrétiens. (Dict. polit.) C'est à la lueur des
bûchers que les Espagnols conviaient à /'abju-
ration de leur culte les malheureux Améri-
cains. (Dict. polit.) Elle fit avant son mariage
abjuration de la religion calviniste. (Volt.)
— Par ext. Action de renoncer «à une chose :
Faire abjuration de ses erreurs. Cette abju-
ration de ses anciens principes lui a fait beau-
coup d'ennemis. (Acad.) Il fit abjuration de
l'ancienne philosophie. (Fontenellc.)
— Serment par lequel un criminel anglais,
réfugié dans un asile, s'engageait à sortir du
royaume pour toujours, n Serment par lequel
on jurait, en Angleterre, de ne reconnaître
aucune autorité royale au Prétendant.
— Abjuration de parenté, Coutume intro-
duite en Gaule par les Francs, et consistant
à renoncer à ses parents, dans le but de se
rédimer de l'obligation de prendre part aux
guerres privées qui avaient lieu entre deux
familles, lorsque quelqu'un de l'une de ces
familles avait commis soit un homicido ou
tout autre^crime, soit un délit envers quel-
qu'un de l'autre famille. Il fallait que les sol-
dats romains, pour être incorpores dans la
milice, fissent une espèce d'abjuration de père
et de mère.
— Fig. et absol. Faire abjuration signifie
quelquefois Se relâcher de la rigueur de ses
principes, de sa sévérité, etc. : On a aban-
donné la morale; elle-même a fait abjura-
tion, en souscrivant à de nouvelles doctrines
qui prêchent le trafic, l'astuce, etc. (Fourier.)
— Hist. L'histoire offre des exemples cé-
lèbres d'abjurations : Celle de Henri IV à
Saint-Denis en 1593; colle de Christine, reine
de Suède, à Inspruck en 1G55; celle de Tu-
renne en 1688; celle d'Auguste H, électeur de
Saxo, puis roi de Pologne, en 1706; celle de
Bcrnadotte, devenu prince royal de Suède,
en îsio.
ABJURATOIRE adj. (ab-ju-ra-toi-re— rad.
abjurer). Qui concerne l'abjuration : Acte,
formule abjuratoire.
ABJURÉ, ÉE (ab-ju-ré) part. pass. du v.
Abjurer. Qu'on a répudié, rejeté • Des opi-
nions, des erreurs abjurées. Des principes, des
sentiments abjurés. Le calvinisme a été solen-
nellement abjuré par Henri IV. (Volt.) Ces
erreurs, ces opinions ont été solennellement
abjurées par les hérétiques. (Volt.) Qui sait,
pensai-je, si ses préjugés sont à jamais abju-
rés 1 (G. Sand.)
ABJUREMENT s. m. (ab-ju-re-man — rad.
abjurer). Synonyme inusité d'abjuration.
V. ce mot.
ABJURER v. a. ou tr. (ab-ju-rô — du lat.
abjurare, dénier avec serment). Renoncer
publiquement à une croyance, à une reli-
gion : Henri IV abjura le calvinisme. Ils
abjurèrent publiquement leur hérésie. (Flôch.)
Ils abjuraient le christianisme au Japon.
(Volt.)
— Absol. Prononcer son abjuration: C'était
par milliers qu'on comptait ceux qui avaient
abjuré et communié. (St-Simon.) On a appris
aussi qu'à Grenoble tous les Huguenots avaient
abjuré. (Dangcau.) On prit en province beau-
" coup d'enfants pour les faire abjurer. (Volt.)
Henri IV abjure : il ne pouvait faire autre-
ment pour régner. (Chateaub.)
— Renoncer à une opinion , à un engage-
ment, à une doctrine, etc. : C'.est ce qui a
donné lieu au bruit gui se répandit que M. Pas-
cal avait abjuré le jansénisme. (Racine.)
M, d'Ablancourt retourna à ses anciennes er-
reurs, qu'il avait si solennellement abjurées.
(Patru.)
Oui, j'y cours abjurer un serment que j'abhorre.
Voltaire.
— Elliptiq. , Cesser do suivre', de res-
pecter uno doctrine , un système : Abjurer
Aristote, Descartes, etc., c est-à-dire ne plus
être de leur école, ne plus partager leurs
— Renoncer à une conduite antérieure, à
certaines pensées, à certains sentiments : On
n'entrait alors dans l'Eglise qu'après avoir
abjuré sa vie passée. (Pasc.) Elle a abjuré
tout sentiment de pudeur et de vertu. (Pasc.)
Don Juan abjure tous les devoirs qui le lient
au reste des hommes. (Beyle.) AuttAis-fu donc
abjuré ta sublime sagesse pour quelque pas-
sion de la terre,? (G. Sand.) Son cœur sensible
et bon abjura sincèrement toute rancune. (G.
Sand.) Une nation qui revêt la livrée intel-
lectuelle d'une autre abjure toute liberté de
pensée. (Ph. Chasles.)
Abjurez, il est temps, des ci
ij'aume par un port déterminé, après s'être
réfugié dans une église et avoir avoué le
crime dont on s'était rendu coupable.
S'abjurer, v. pr. Être abjuré : Les erreurs
qui portent profit ne s'abjurent jamais.
(Laveaux.)
— Syn. Abjurer, renier. Abjurer veut dire
renoncer publiquement, solennellement à une
croyance, à des maximes dont on faisait pro-
fession et qu'à tort ou à raison on a reconnues
fausses. lîenierse prend toujours en mauvaise
part, c'est abandonner par faiblesse, par lâ-
cheté ou par intérêt ce qu'on respecte au fond
de sa conscience, ce à quoi l'on devrait res-
ter fidèlement attaché. On abjure l'erreur;
Henri IV abjura le calvinisme. Saint Pierre
renia son maître par trois fois. (Acad.)
ABKAZOS s. m. pi. (ab-ka-zoss). Géogr.
Peuple le plus ancien du Caucase : Les ab-
kazos occupent la plus grande partie de l'A-
ABLABÈRE s. m. (a-bla-bè-ro — du gr.
ablabès^ innocent). Entom. Genre d'insectes
coléoptères pentamères, famille des lamelli-
cornes, ne renfermant que des espèces du cap
de Bonne - Espérance , à l'exception d'une
seule, Vablaberamyrmidon, qui est du Sénégal.
ablactation s. f. (ab-lak-ta-si-on — du
lat. ab, qui exprime séparation, et lac, lactis,
lait). Cessation do l'allaitement, n Ce mot
s'applique à la mèro, et celui do sevrage plus
particulièrement à l'enfant.
— Hortic. Dans les anciens auteurs, ce
terme désigne la greffe en écusson, à œil dor-
mant, faite al'
ABLAMELLAIRES s. f. pi. (a-bla-mèl-lè-ro
— rad. lamelle). Bot. Nom donné à un groupe
do plantes caractérisées par l'ccartement des
laiïiolles.
ABLANCOURT (Nicolas Perrot d'), traduc-
teur, né à Chàlons-sur-Marne en 1006, mort
en 1C64. Il entra à l'Académie française, en
1G37, et Colbert le proposa comme histo-
riographe à Louis XIV, qui le refusa parce
qu'il avait embrassé le protestantisme. Ses
traductions des classiques grecs et latins eu-
rent une vogue brillante, due aux agréments
de son style, mais leur inexactitude Tes avait
déjà fait" nommer par les contemporains les
belles 'infidèles. Elles sont entièrement ou-
bliées aujourd'hui.
ABLANIE s. m. (a-bla-ni). Bot. Genre do
plantes, de la famille dos liliacôes, mais qui
est peut-être plus voisin des bixacôcs; il n'est
fondé que sur uno seule espèce , indigène de
la Guyane : //adlanie est un arbre atteignant
environ 50 pieds de hauteur, remarquable par
son bois de couleur rouge , tandis que l'aubier
en est blanc. (D'Orbigny.)
ABLAQUE s. m. (a-bla-ke). Nom vulgaire
de la soie que fournit le byssus des pinnes.
marines, et qui a été employée, dans l'anti-
quité et au moyen âge, à la plupart des usa-
ges de la soie ordinaire.
— Espèce de soie de Perse, do très-belle
qualité.
ablaquÉation s. f. (a-bla-ku-ô-a-si-on
— lat. ablaqueaiio, même sens) . Hortic. Action
de creuser tout autour du pied d'un arbre,
pour retenir l'eau que l'on y verse ou celle
qui provient de la pluie.
ABLATEUR s. m. (a-bla-teu'r — du lat.
ablator, qui enlève). Art vét. Instrument ser-
vant à abattre la queue des brebis.
— Ablateur vulcanique, Le fer rouge dont
on se sert pour la castration:
ABLATIF s. m. (a-bla-tif — du lat. abla-
tivus; formé de ab, hors de; latus, porté).
Gramm. Un des six cas de la déclinaison la-
tine, appelé par Varron cas latin, parce qu'il
est particulier à cette langue. Les principaux
rapportsqu'il exprime sont ceux de départ,
de séparation, d'origine ou de matière, pré-
cédés généralement des' mots de, par, avec,
dont, etc. : Veuire ex urbe, Discedere a mœ-
nibus, Vas ex auro. Il sert souvent aussi à
exprimer le complément d'un verbe passif :
Amor a Deo, mœrore conficior. L'ablatif sert
encore à caractériser le lieu par où l'on passe,
la partie de l'homme ou-do l'animal à laquelle
se rapporte une. action ou un état, la distance,
l'étendue, etc. — On appelle ablatif absolu une
proposition qui , ne renfermant qu'un parti-
cipe, a pour sujet un nom ou un pronom qui
ne représente ni le sujet, ni aucun des com-
pléments de la proposition principale : Par-
tibus factis, sic locutus est leo.
— Quoique beaucoup de langues modernes
soient privées de cas, l'habitude d'étudier les
langues à déclinaisons a fait admettre sans
motif un ablatif dans ces langues. Cette er-
reur n'est pas encore complètement aban-
donnée par les grammairiens. On peut aussi
leur reprocher d'avoir dit que l'ablatif est le
sixième cas des noms, car celan'existe qu'en
latin. Plusieurs langues à déclinaisons sont
déclinaison, une autre place que la sixième.
— Nos anciens grammairiens français ap-
pelaient ablatif absolu un complément cir-
constanciel, formé ordinairement de propo-
sitions au participe. Ces locutions absqlues
sont elliptiques, ot ne se rattachent au reste
de la phrase par aucune règle do syntaxe.
Eux venus, le lion sur ses ongles compta.
Huit ans déjà passés, une impie étranzftre
Uac
un plai!
De pouvoir, moi vivant, dans peu les désoler.
Boileau.
— Quand cette construction n'est employée
qu'une fois, elle produit un ofibt agréablo;
mais si plusieurs de ces compléments sont
accumules, la phrase devient lourde et traî-
nante : La face des choses change en quel-
ques mofs,'i.A sécurité succédant à un trou-
ble PROFOND, UNE VICTOIRE INOUÏE REPLAÇANT
la France à la tète des puissances de l'Europe,
LA CERTITUDE D'UNE PAIX PlftlCHAINE FAISANT
cesser les anxiétés d'une guerre générale, la
prospérité enfin s'annonçant déjà de toutes
parts, comment de si grands résultats, sitôt
réalisés, n'auraient-ils pas transporté les es-
prits! (Thiers.)
— Dans chaque branche des connaissances
humaine3, il y a des points saillants impor-
tants, qui peuvent en quelque sorte se sépa-
rer dos autres parties pour former un tout et
auxquels on fait quelquefois allusion dans lo
langage familier : tels sont la matière incrééo
et la grâce efficiente en religion; le moi. en
philosophie, le cïtrô de l'hypoténuso en
géométrie, etc. Il en est ainsi du que retran-
ché et surtout de l'ablatif absolu dans la lan-
gue latine.
ABLATIF, IVE adj. (a-bla-tif, i-vc). Qui
appartient au cas des Latins nommé ablatif;
qui on a le caractère, la valeur; qui marque,
qui régit l'ablatif : Locution ablative. Pré-
position ablative.
ABLATION s. f. (a-bla-si-on — du lat. ab,
hors de ; latio. action de porter). Chir. Re-
tranchement d une partie malade, d'un mem-
bre, d'une tumeur, etc.: //ablation des pau-
pières entraîne l'insomnie. (Richerand.)
— En T. de gramm., il so prend quelque-
fois comme synonyme d'aphérèse, pour mar-
quer un retranchement de lettres au com-
mencement des mots, comme quand on dit :
las pour hélas; Mélie pour Amélie; Fa.nik
pour Stéphanie ;Toixette pour Antoinette, etc.
ABLATIVO loc adv. (a-bla-ti-vo). Pop.
Avec confusion et désordre : Tout, dans cette
maison, était aijlativo. Il a mis cela adlativo
tout en un tas. Ce mot latin est peu usité.
ABLE (a-b!e — du celt. able, capable; du
lat. habiiis, apte à, où il a passé dans une
foule de mots, sous la forme de abilis, et avec
la.môme signification). Suffixo qui a doux si-
gnifications : l'une passive, l'autre active. Il
est passif, quand il indique ce qui est propre
à recevoir faction exprimée par lo radical ;
c'est ainsi que d'aimer on a fait aimable, pour
dire Qui peut, qui doit être aimé. Il est ac-
tif, quand au contraire il peut produire l'ac-
tion exprimée par le radical : do faveur, se-
cours, on a fait favorable, secourablc, pour
dire Qui donne, qui procure faveur, se-
On peut poser comme règle générale qu'un
adjectif terminé en able et dérivé d'un verbe,
peut qualifier tout substantif que ce verbe
est susceptible de prendre pour complément
Ainsi, l'on dira très-bien : Une faute par-
donnable, un fait contestable, parce que l'on
dit : Pardonner une faute, contester un fait;
mais c'est mal s'exprimer que de dire : Mon
ami, vous n'êtes point pardonnable, ou : Vous
êtes impardonnable, parce que l'on no par-
donne pas quelqu'un, mais à quelqu'un. — Ce-
pendant on ne dit guère jusqu'ici : Douleur,
affliction consolable, bien qu'on puisse dire :
Consoler la douleur, l'affliction de quelqu'un ;
et, d'autre part, quoiqu'on ne dise pas : Dé-
plorer une personne , Corneille a dit : Des
vaincus la déplorable sœur; et Racine après
lui : Vous voyez devant vous un prince déplo-
rable; et beaucoup d'autres poètes ont imité
Corneille et Racine.
ABLE s. m. (a-ble — albus, blanc). Ichthyol.
Genre de poissons voisins des cyprins, et dont
l'espèce la plus comme est 1 ablette. V. ce
mot. 'il On a donné aussi ce nom à une espèce
de saumon {salmo albula), qui vit dans les lacs
de la Suède et en Allemagne.
ablectes s. m. pi. (ab-lèk-to — du lat.
ab", de; lectus , choisi). Ant. Soldats d'élite
chez les Romains ; ils formaient la garde des
consuls en temps de guerre.
ABLÉGAT s. m. (ab-lé-ga — du lat. able-
gatus , formé de ab, hors de ; legatus, envoyé).
Vicaire d'un légat, commissaire spécial
chargé par la cour de Rome de porter la bar-
rette et le petit bonnet carré a un cardinal
nouvellement promu : Les fonctions de *'ablè-
gat cessent dès que le cardinal a reçu les insi-
gnes de sa dignité. (Artaud.}
ABLÉGATION s. f. (ab-lc-ga-si-on — rad.
ablégat). Dignité, fonction do i'ablégat.
ABLEGMINA s. m. pi. (ab-lèg-mi-na — du
lat. ab, do, et légère, ramasser, cueillir). Ant.
ABL
Partie des entrailles des -victimes qu'on offrait
aux dieux.
ABLENNE s. m. (a-blè-ne — du gr. a priv. ;
hlennu, mucus). Ichtliyol. Un des synonymes
do orphie. V. ce mot.
ABLÉPHAHE s. m. (a-blé-fa-re — du gr.
ablepharos, sans paupières). Erpét. Genre do
reptiles appartenant à la première division
de la famille des scincoïdiens , celle des
ophiophthalmes. Il ne se compose que de
trois espèces, dont une se trouve en Hon-
grie, en Morée, et les autres habitent, outre
ces deux pays , l'île de France, Java et pres-
que toute l'Océanie : Les abléphares sont de
font petits sauriens, qui vivent à la manière de
vos lézards communs. (D'Orbigny.)
ABLÉPHARON s. m. (a-blé-fa-ron — du
gr. a priv.; blëpharon, paupière). Anat. Ab-
sence de paupières.
ABLEPSIE s. f. (a-blèp-si — du gr. a priv.;
blepsis, vue). Pathol. Cécité.
AELERET s. m. (a-blc-rè — rad. able).
Pôch. Filet carré, attaché au bout d'une per-
che, avec lequel on pêche les ables et autres
menus poissons.
ABLÈRETTE s. f. (a-blo-rè-te — rad. able).-
Pôch. Nom que les pêcheurs donnent à une
petite senne dont les mailles sont serrées et
lo fil délié, et qui sert principalement à la
poche des ables.
ABLET s. m. (a-blè). Diminutif d'able. V. ce
mot.
ABLETTE S. f. (a-blè-te — rad. able).
Ichtliyol. Petit poisson d'eau douce, commun
surtout dans la Seine, et remarquable par la
couleur argentée de ses écailles : L'éperlan
argenté .et Tablette, dont les écailles servent
à faire de fausses perles, se jouent sur les grè-
ves de la Seine. (13. de St-P.) Des myriades
^'ablettes argentées s'ébattaient au soleil
dans les petits lacs creuses sur le sable de la
rive par le pied des bœufs. (G. Sand.)
— On donne quelquefois ce nom à une es-
pèce de saumon (salmo albula de Linné).
— Fig. Se dit, par comparaison, des per-
sonnes faibles, sans défense, qui se laissent
• facilement maîtriser ou duper, et surtout dos
femmes : Nous allons toujours à être mangées,
pauvres ablettes, par les gros poissons qui
nous font la chasse. (G. Sand.)
— Ablette de mer. Nom vulgaire donné dans
quelques localités à une espèce de perche
(perça alburnus de Linné).
— Encycl. Ce petit poisson, peu estimé des
pêcheurs, est très-intéressant pour le natura-
liste et même pour l'industriel. Sa couleur
blanche argentine, qui lui a valu son nom, lo-
fait aisément reconnaître ; eHb est due à une
matière nacrée qui recouvre la base des
écailles, et se trouve aussi chez d'autres pois-
sons, mais bien moins développée. Cette ma-
tière se rencontre également jusque dans l'inté-
rieur de la poitrine et du ventre; elle est assez
marquée sur le péritoine; l'estomac et les in-
testins en sont comme tapissés.
L'ablette est commune dans plusieurs cours
d'eau do France, d'Angleterre, d'Allemagne
et d'Italie. Quelques auteurs assurent même
qu'on la trouve dans la mer Caspienne ; mais
il est probable qu'ils ont voulu parler de l'a-
blette de mer.
Ce poisson parait préférer les endroits où
le courant est le plus fort. Il se réunit par-
. t'ois en grandes troupes, et multiplie beau-
coup. On le pêche toute l'année, mais surtout
au printemps, soit à l'hameçon, soit avec des
filets de diverses sortes.
La cliair est molle et généralement peu
estimée. Toutefois, dans certains cours d'eau,
comme la Seine et surtout la Meuse, elle est
d'assez bonne Qualité. Elle a été autrefois
employée en médecine. Mais ce ,quï a particu-
lièrement contribué si donner à Vablette une
certaine célébrité, c'est la matière argentéo
qui recouvre ses écailles et qu'on emploie
pour la fabrication des perlas fausses, bran-
che d'industrie assez répandue et trèSTperfec-
tionnéë de nos jours. On donne à cette ma-
tière le nom d'essence d'Orient.
ABLIER s. m. (a-blié — rad. able). Pêch.
Filet employé surtout pour la pèche dos
ablettes.
ABLOC s. m. (a-blok — rad. bloc). Bloc ou
pilier sur lequel on soutient un édifice.
ABLOTI, IE adj. (a-blo-ti— rad.,Moc). Mis
en bloc : Les frais de l'instance ont été ablotis
et supportés partie par l'administration, partie
par les contrevenants.
abluant (ab-lu-ani pan. prés, du v.
Abluer : Les faussaires cherchent, en abluant
le papier, à enlever les vestiges de l'écriture.
ABLUANT, ANTE adj. (ab-lu-an, an-te —
rad. abluer). Chir. Se dit des médicaments
propres à enlever les matières visqueuses et
putrides des ulcères, etc.
— S'emploie substantiv. au masc. : Un
ABLUANT;
abluÉ, ÉE (ab-lu-é) part. pass. du v.
Abluer : Papier ablué.
ABLUER v. a. ou tr. (ab-lu-é — lat.
âbluere; formé de ab, hors de; lucre, laver).
Enlever les taches, les souillures, et particu-
lièrom., Faire revivre, au moyen d'un agent
chimique, les écritures effacées par le temps :
Adlukr un livre, vn manuscrit.
S' abluer, v. pr. Etre ablué.
ABN
ABLUTION s. f. (ab-lu-si-on — du lat. ablu-
tio, action de laver). Pratique religieuse qui
consiste à se laver diverses parties du corps :
Les musulmans font plusieurs ablutions par
jour. Les Hindous font leurs ablutions dans
le Gange. (Acad.) Les ablutions furent tou-
jours recommandées dans l'Orient, comme un
symbole de la pureté de l'âme. (Volt.) Plu-
sieurs auteurs ont donné à l'éléphant une reli-
gion naturelle : l'adoration du soleil, et l'usage
de J'ablution avant l'adoration. (Buff.)
— Dans la relig. cathol.j Action du prêtre
qui, après avoir communie, se fait verser sur
les doigts et dans le calice, du vin, puis do
l'eau et du vin, qu'il boit ensuite.
— Les ablutions, La partie de la messe où
se fait cette cérémonie : La messe est aux der-
nières ablutions, il Le vin et l'eau qui servent
à cette cérémonie : M. de Metz, ayant pris la
première ablution et voyant au volume des
petites burettes qu'il restait peu de vin pour la
seconde , en demanda davantage. • (St-Simon.)
I! Lo vin et l'eau que le prêtre donnait autre-
fois aux communiants après l'hostie, il Action
dja laver dans trois eaux différentes les linges
qui ont touché à l'hostie et au vin consacrés
Ecndant la messo. il Action de laver les habits
lancs, dans certains ordres religieux.
— S'empl. famil. et abusivem. pour expri-
mer l'action de se laver: Autrefois, on se
lavait les mains avant de se mettre à table; et
lorsqu'on s'en retirait, on allait recommencer
celte ablution dans une salle voisine. (De
Cussy.) L'eau du ruisseau où la bergère venait
de faire son ablution du soir avait donné un
lustre d'ébène à ses sabots noircis. (E. Sue.)
d'un
D'après la loi de Manou, l'ablution chez les
Hindous doit ouvrir chaque journée, précéder
la prière et le repas, et c'est surtout l'eau sa-
crée du Gange qu'ils font servir à cet usage.
La loi do Moïse consacrait aussi Vablution
chez les Hébreux. Ils devaiept surtout s'y
assujettir avant de pénétrer dans le temple, et
lorsqu'ils avaient touché ou mangé quelque
animal impur, ou bien encore communiqué
avec des hommes frappés de la lèpre et au-
tres infirmités corporelles.
Les ablutions étaient également prescrites
chez les Grecs et chez les Romains. L'asper-
sion d'eau lustrale, qu'ils faisaient dans les
temples sur les assistants, ressemble assez
bien à celle de l'eau bénite qui se pratique de
nos jours dans les églises catholiques.
Les ablutions tiennent une grande place
dans les prescriptions de l'islamisme. Elles
sont de deux-espèces : la grande. ablution, qui
est le bain ou l'immersion du corps, et' qui se
nomme ghoust ; la petite ablution, appelée
abdest, dxins laquelle on se lave seulement les
mains, les pieds et le visage. Faute d'eau, on
simule l'opération avec de la terre ou du sa-
ble ; c'est l'ablution dite sablonneuse ou ter-
reuse. Dans le catholicisme, le baptême, l'as-
persion de l'eau bénite, le lavement des pieds
et celui des autels dans la semaine sainte sont
autant d'ablutions. Parmi les cérémonies da la
messe, il y a'troîs ablutions, l'une après l'of-
fertoire, appelée le lavabo , et les deux autres
après la communion.
Le but primitif des ablutions était d'entre-
tenir la propreté indispensable dans les pays
chauds et de prévenir le développement et la
propagation des maladies contagieuses qui s'y
rencontrent fréquemment. A une époque ou
politique, économie sociale, législation, fai-
saient partie de la religion, on comprend que
l'hygiène y ait été'également comprise. Plus
tard, l'analogie s'établit entre la pureté de
l'âme et la propreté du corps, et l'ablution
devint symbolique.
ABLUTIONNER v. a. ou tr. (a-blu-si-o-né
— rad. ablution). Laver, faire une ablution.
S'ablutionner, v. pr. Se faire une ablution.
ABMATRIMONIUM s. m. (ab-ma-tri-mo-
ni-ommo). Ane. jurispr. Syn. de Formariage.
V. .ce mot.
ABNÉGANTISME s. m. (ab-né-gan-tiss-me
— du lat. abnegare, nier). Néol. Esprit d'ab-
négation : Les moralistes font de /'abnégan-
tisme une des principales vertus qu'ils re-
commandent sans cesse, mais qu'ils ne prati-
quent guère. (Journ.)
ABNEGATION s. f. (ab-né-ga-si-on — du
lat. abnegatio, action de nier). Détachement
dp tout ce qui n'a point rapport à Dieu ; re-
noncement, sacrifice : Faire abnégation de
son intérêt, de sa volonté. (Acad.) La prière, la
fuite du monde, ^'abnégation de soi-même, fu-
rent les' règles constantes de ses mœurs. (Mass.)
La première et la plus rare des qualités socia-
les est /'abnégation de soi-même. (Boiste.)Z,es
natures qui se consacrent à la vie âpre du sa-
cerdoce sont destinées à l'obéissance, au recueil-
lement, à /'abnégation des choses terrestres
pour les choses célestes. (Lamart.)
— Absol. Oubli de ses affaires, de ses inté-
rêts : La loi de Jésus-Christ est une loi d'^a-
négation et de travail. (Boss.) On sait combien
le fanatisme de la science peut vous inspirer
^'abnégation. (E. Sue.) /.'abnégation con-
stante est de l'Iiéroïsme en détail. (Mme C.
■Bachi.)
ARNER (ab-nèr), général de Saiil, puis d'Is-
boseth, enfin de David, qu'il fit reconnaître par
plusieurs tribus encore dissidentes. Il fut as-
ABO
sassiné par Joab, envieux de la faveur qu'il
avait acquise.
AB.NEU, confident de Joad dans la tragédie
à'Athalic, de Racine. C'est à ce personnage
que le grand prêtre adresse ces deux vers si
souvent rappelés :
Soumis avec respect a sa volonté sainte,
Je crains Dieu,cherÀbner,etn'aipointd'autre crainte.
V. Craindre. , 4
ABNET s. m. (ab-nè). Ceinture en ouvrage
de broderie de différentes couleurs, quo por-
taient les prêtres hébreux. Sa largeur était
do trois ou quatre doigts. Sa longueur, sui-
vant les rabbins, était de 32 coudées, et elle
entourait le corps deux ou trois fois. Les
bouts, formant un nœud sur le devant, dos-
daient jusqu'aux
bouts sur l'épauli
des sacrifices. On dit aussi auaisiï-i-.
ABNOUS s. m. (ab-nouss). Ichthyol. Pois-
son qui chasse le poisson-volant.
ABO, ville de la Russie d'Europe, anc. capi-
tale de la Finlande, à 460 kilom. de St-Péters-
bourg; port sur la mer Baltique; archevê-
ché luthérien ; 17,300 h. Souvent ravagée par
les incendies. En 1743, paix entre la Suède et
la Russie.
' ABO (gouvernement d'), subdivision admi-
nistrative de la Russie en Finlande j ch.-l.
Abo ; pop. 400,000 h. Sol fertile entrecoupé de
lacs et de nombreux cours d'eau ; climat ri-
goureux en hiver, humide en été. Forêts très-
etendues, riches mines de fer et commerce
actif de fourrures.
ABOI s. m. (a-boi — rad. aboyer). Cri pro-
pre au chien domestique : L'aboi est moins le
cri naturel du chien qu'une sorte de langage
acquis. (D'Orbigny.)
Les chiens qui dans les airs poussent de vains abois.
Déjà dé ses limiers il entend les abois.
. . . Los chiens qui de leurs longs abois
Font éclater les monts, les rochers et les bois.
Pu. DEsroirrcs.
. . . Trois pasteurs, enfants de cette terre.
— Fig. S'est dit pour exprimer les exigen-
ces d'un besoin : Les abois de l'estomac. (Ra-
belais.) Il Attaques'ou poursuites importunes:
Mépriser les abois de l'ignorance populaire.
(A, de Musset.) Nous ne concevons guère à
quoi tendent toutes ces criailleries, à quoi bon
toutes ces colères et tous ces abois. (Th. Gaut.)"
Il Agonie, grand danger, situation déses-
pérée, embarras, peines, difficultés extrê-
mes : Il était fort mmaae et presque aux
abois. (Chapelle). Philippe Vaux abois allait
abandonner le trône. (St-Simon.) Cette idée
est capable de me réduire aux abois. (Mol.) La
France, qu'une défaite entière eût mise aux
derniers abois... (Volt.) En 1842, la filaturp
était aux abois ; elle étouffait, les magasins
crevaient, nul écoulement. (Micholet.)
il Etat où se trouve une chose qui tire à
sa fin, qui menace ruine, otci : L'idolâtrie
semblait être aux abois. (Boss.) Philisbourg
est aux abois en dix jours, malgré l'hiver qui
approche. (Boss.) Une littérature aux abois.
(Balz.)
Leur espérance aux niais.
J.-B. Rousseau.
— Fam. Ma bourse est aux abois, Elle' est
vide, elle est à sec. il Tenir quelqu'un en aboi,
Lo repaître de vaines espérances.
— Chasse. Extrémité où se trouve réduite
une bête sauvage, lorsqu'elle .est poursuivie
par les ,chiens : Les piqueurs remettent les
chiens sur la voie du cerf, qui bientôt est aux
abois. (Buff.)
Et le cerf aux aboi» en pleura de douleur,
• La biche aux abois.
— Le cerf tient, les abois, lorsqu'il regarde
derrière lui si les chiens sont toujours à ses
trousses, il Le cerf tient les derniers abois, lors-
qu'il tombe entouré par les chiens.
— Syn. Aboi, aboiement, jappement. Aboi
est le cri particulier du chien domestique, et
aboiement, lo cri générique de l'espèce canine.
Jappement est le cri du petit chien ; un gros
chien exprime quelquefois sa joie par des jap-
pements.
ABOIEMENT OU ABOÎMENT S. m. (a-boî-
man — rad. aboyer). Faculté, action d'aboyer;
aboi, cri du chien : Le perroquet imite tous les
bruits qu'il entend, le miaulement du chat,
/'aboiement du chien. (Buff.) Le chien donne
l'alarme par des aboiements réitérés. (Buff.)
On entendit de nouveau les aboiements furieux
des chiens. (E. Suc.)
La cloche en garnissant le pleura dans les airs;
Et, mêlant à ses glas des abotments funèbres.
Son chien, qui l'appelait, hurla dans les ISncbres.
— Se dit aussi du cri de quelques autres
animaux : Z'aboiement d'un élan , d'un cerf
moucheté. L'antilope poussait un aboiement
grave, signal d'alarme pour le troupeau
- Se dit quelqucf, de certains sons que
ro l'homme par suite de maladie :
entre. Les abûibments du
larynx.
— Par ext. Le bruit des flots : Peut-être
entendez-vous les derniers soupirs de l'ouragan,
dans cet aboiement continuel des flots qui se
brisent à In plage? (T. Page.)
— Fig. Cris importuns , poursuites réité-
rées et fatigantes : Les aboiements de la cri-
tique , de Henvie, de la calomnie. Les injures
imprimées allaient leur train. Ce concours
^'aboiements avait quelque chose de sinistre.
(J.-J. Rouss.) Les aboiements perpétuels de la
critique assourdissent l'inspiration. (Th. Gaut.)
Doux bruit que Vaboiment de trois cents créanciers»-
— Syn. Aboiement, uboi, jnpnemenl. V.
ABOLBODA s. m. (a-bol-bo-da — nom in-
dien). Bot. Genre de plantes do la famille dos
xyridacées : Les adolboda sont des plantes
herbacées, vivaces, qui se plaisent dans les ma-
rais montagneux de l'Amérique tropicale.
(D'Orbigny :) s
ABOLI, IE (a-bo-li) part. pass. du v. Abo-
lir. Anéanti , annulé , supprimé : En haine de
Tarquin le Superbe, la royauté fut abolie.
(Boss.) Les histoires seront abolies avec les
empires. (Boss.) L'arrêt fut aboli. (Mass.) Les
superstitions furent abolies. (Volt.) Les lois
de circonstance sont abolies par de nouvelles
(Boiste.)
iréjugd l'empire est aboli.
L. Racine.
le extravagance une autre est abolie.
Par
— Crime aboli, Crime couvert par la pros-
cription, et autrefois crime dont le souverain
avait interdit la poursuite.
ABOLIR v, a. ou tr. (a-bç-lir — lat. abo-
lere , mémo sens). Anéantir, annuler, sup-
primer : Les Athéniens abolirent la royauté.
(Boss.) C'est la religion chrétienne qui a aboli
l'esclavage dans la plus grande partie de l'Eu-
rope. (B. do St-P.) Je résolus rf'Anoi.iR en
bain VIII abolit les jésuites. (Volt.) Il a
jours été plus aisé, dans tous les pays, <i'abolir
des coutumes invétérées que de les restreindre.
(Volt.) Le peuple romain se gardera bien d'\-
bolir la papauté, qui fait toute son importance.
(Proudhon.)
avid Fhérit
r détes
Abolir tes honneurs, profaner tes autels.
Racine.
— Ane. droit crim. Abolir un crime, En in-
terdire la poursuite.
Mes services [sants.
Pour le faire abolir (mon crime) sont plus que suffi-
Corneille.
S'abolir, v. pr. Etre aboli, s'effacer, tom-
ber en désuétude : Quelques façons de parler
pourront s'établir ou s'abolir selon la bizar-
rerie de l'usage. (Bouhours.) Les lois absurdes
s'abolissent d'elles-mêmes. (D'Agucss.) Depuis
huit ans, son souvenir s'était aboli dans la.
ville d'Arcis. (Balz.)
— Ne pouvoir plus êtro poursuivi : Tout
crime s'abolit au bout d'un certain nombre
d'années.
•olir,
„ -. Abolir et abroger expri-
ment une idée commune, et signifient généra-
lement mettre hors d'usage, avec cette dif-
férence qu'abroger a un sens beaucoup plus
restreint; il ne s'emploio qu'en parlant des
lois , dés édits , des ordonnances , été. ; abolir
se rapporte plutôt à ce qui tient aux mœurs,
aux usages , aux religions , aux institutions.
Révoquer signifie revenir sur ce que l'on a
accordé ou sur ce qui a été accordé par un
prédécesseur : Galérius révoqua ses édits,
(Boss.) Casser s'emploie pour détruire ce
qu'une autre autorité avait établi, comme fait
la cour de cassation à' l'égard de-.; autres tri-
bunaux : La cour de cassation est établie pour
casser les jugements ou les arrêts qui sont
contraires aux lois ou qui ont mal appliqué
les lois. Dans un autre ordre d'idées, se dit
aussi des personnes que l'on prive d'un grade,
que l'on raye des cadres, etc. Infirmer se dit
des cours d appel qui réforment les jugements
des tribunaux inférieurs, ou enlèvent h quel-
que chose la force et l'autorité qu'elle devait
jugement,
c'en est assez pour ^'annuler. (J.-J. Rouss.)
— Syn. Abolir, iu.cn.nir, détruire, «ler-
niiner. Détruire, c'est ôtor violemment l'exis-
tence à quelque chose : Les rois de Perse
avaient détruit les temples des Grecs,
Alexandre les rétablit. (Barthélémy.) Exter-
miner, faire périr des hommes ou des animaux :
Marins extermina les Cimbres. (Volt.) Abolir,
24
ABO
corps. Anéantir, c'est faire disparaître la ma-
tière même des choses • On ne saurait imagi-
ner que Dieu anéantisse toutes les montagnes
de la terre, et que, nonobstant ce'a, il y laisse
toutes les vallées. (Dçsc.)
ABOLISSABLE adj. (a-bo-li-sa-ble — rad.
abolir). Qui peut ou doit être aboli : Loi, cou-
tume auolissable. Fête cruelle , fête abolis-
sable à jamais. (Volt.)
abolissant (a-bo-li-san) part. prés, du
v. Abolir : Pour qu'une partie se nourrisse, il
faut qu'elle jouisse de la sensibilité et du mou-
vement : la ligature de ses artères et de ses
nerfs, en abolissant l'une et l'autre de ces fa-
cultés, l'empêche de se nourrir et de vivre.
(Ricberand.)
ABOLISSEMENT s. m. {a-bo-li-se-man —
rad. abolir). Action d'abolir; suppression ,
anéantissement : //abolissement des abus,
des privilèges, des monopoles. //abolissement
du ciel et de la terre. (Calvin.) Personne ne
pourra avoir ni faire aucun pont au travers des
courants ordinaires, à peine de trois livres d'a-
mende, tf'ABOLISSEMKNT du pont, etc. (Coutu-
mier général.) Ce qui contribua le plus à
/'abolissement du duel, ce fut la nouvelle ma-
nière de faire combattre les armées. (Volt.)
//abolissement du droit barbare de main-
morte serait encore plus nécessaire que /'abo-
lissement des jésuites. (Volt.)
ABOLISSEUR s. m. (a-bo - li -seur — rad.
abolir). Celui qui abolit. Vieux. mot.
ABOLITIF, IVE adj. (a-bo-li-tif, i-ve — rad.
abolir). Qui a pour objet d'abolir : Loi aboli-
tive. Décret adolitif. Mesure abolitive.
abolition s. f. (a-bo-li-si-on — lat.
abolitio, même sens). — Action d'abolir, sup-
pression, anéantissement : Abolition de l'es-
clavage , du duel , de la peine de mort , de la
dime. Abolition de, l'ordre des Templiers.
L'établissement de la religion chrétienne est
/'abolition du judaïsme. (Pasc.) //abolition
des tournois est de l'année 1560. (Volt.) //abo-
lition des spectacles serait une idée plus digne
du siècle d'Attila que du siècle de Louis X/V.
(Volt.) /.'abolition des corvées est surtout un
bienfait que la ■France n'oubliera jamais. (Volt.)
La pâleur du visage, le froid du corps, (a rai-
deur des extrémités, la cessation des mouve-
ments, et /'abolition des sens externes, sont
des signes très-équivoques d'une mort certaine.
(Bull'.) Certaines facultés donnent te pouvoir
de franchir l'espace avec une telle vitesse que
leurs effets équivalent à son abolition. (Balz.)
— Droit anc. Pardon que le prince accor-
dait de sa propre autorité pour un crime :
Abolition d une peine. Obtenir une abolition.
— Dans un sens religieux, Effacement, re-
mise : L'absolution équivaut à V
fautes, des péchés.
iu d'étein-
, et de soustraire le coupable à
la peine portée par la loi. L'abolition diA'ère
de la grâce en ce que celle-ci n'intervient
qu'après la sentence prononcée , tandis que
1 abolition n'attend pas la condamnation du
coupable, mais le soustrait aux poursuites, et
les anéantit si elles sont déjà commencées. Le
droit d'abolition n'existe plus dans notre légis-
lation, qui n'accorde au chef de l'Etat que le
■ droit de grâce et de commutation de peine.
Les constitutions des Pays-Bas, du Wurtem-
berg et de la Bavière ont conservé le droit
d'abolition. On donnait le nom de lettres d'a-
bolition a l'acte par lequel le souverain exer-
çait le droit d'abolition , et celui de porteur
d'abolition à celui qui avait obtenu des lettres
d'abolition. On nommait lettres d'abolition gé-
nérale celles que le roi accordait quelquefois
contre l'autorité royale. Kn i'ggo , des lettres
d'abolition furent accordées en faveur de Louis
de Bourbon , prince de Condé , et de ceux qui
avaient suivi son parti. — En droit romain
Yabolition était l'annulation d'une procédure.
Elle différait de l'amnistie en ce que, malgré
iino précédente abolition, une açcusatipn pou-
vait toujours être reprise, tandis qu'une am-
nistie en détruisait le corps même à jamais.
— Syn. Al&lilion, nbKolnlian , grâce , par-
don, rcmiisian. Le pardon s'applique il un-
offenseur : La morale des philosophes avait
mis le pardon des offenses au nombre des ver-
tus (Mass.) ; l'absolution , à un accusé : Il au-
rait fallu vous disposer par l'amendement à
/'absolution de vos crimes. (Mass.) La grâce
est un acte de clémence du souverain : La
grâce est un bien auquel celui qui le reçoit
n'avait aucun droit. (Duel.) L'abolition est un
acte de clémence absolu qui ne laisse aucun
vestige du crime. La rémission est un acte
de clémence partielle : Quelles précautions
M. te Tellier n'avait-il pas accoutumé de
prendre dans les rémissions et les grâces qu'il
accordait! (Fléch.)
ABOLITIONNISME OU ABOLITIONISME
s. ni. (a-bo-li-si-o-niss-me — rad. abolition).
Neol. Système, doctrine, principes des abo-
litionnistcs : //abolitionnisme , né en Angle-
terre, où il eut pour apôtres au xvne siècle
W. Penn, et au xvmo Wilberforce, a fini par
triompher presque partout. (Bouitlct.)
ABOLITIONNISTE OU ABOLITIONISTE S.
m. (a-bo-li-si-o-niss-te — rad. abolition). Ncol.
• Partisan de l'abolition de la traite et de l'es-
clavage dos noirs : Il n'y a plus guère </'abo-
ABO
litionnistes qu'aux Etats-Unis, dans les Etats
du midi, dont la prospérité semble liée à la
conservation de l'esclavage. (Bouillet.) N'au-
rais-je point sujet à mon tour d'accuser de fé-
lonie les abolitionnistes anglophiles? (Prou-
dhon.)
— On donne aussi ce nom aux adversaires
des douanes , des tarifs , et plus particuliè-
rement aux adversaires de la prohibition des
marchandises étrangères , ou de droits trop
élevés établis sur ces marchandises.
— Adjcctiv. Qui se rapporte à l'abolition-
nisme : Ces paroles ont calmé subitement parmi
nous l'enthousiasme abolitionniste. (Prou-
dhon.) Au bruit de l'agitation anglaise, les
feuilles démocratiques de France ont générale-
nistk du président' ht une véritable épée de
Damoclès pour les Etats rebelles. (Le Siècle.)
ABOLITOIRE adj. des 2 g. (a-bo-li-toi-re —
rad. abolition). Qui abolit, qui a la puissance
d'abolir : Sentence abolitoibe. Co mot est
vieux et inusité. V. Abolitif.
ABOLLE OU ABOLLA S. f. (a-bo-le, la).
Espèce de manteau de parade que portaient
les anciens.
ABOMA s. m. (a-bo-ma — nom donné' par
les naturels). Erpét. Nom vulgaire d'une
espèce de boa, qui vit dans l'Inde, à Su-
rinam, etc.
ABOMASUM s. m. (a-bo-ma-zomm — du
lat. ab, et omasum, panse). Anat. Quatrième
estomac des ruminants. C'est dans l'aboma-
sum des veaux et des agneaux que se trouve
la présure dont on se sert pour faire cailler
le lait, ce qui a fait donner a cet estomac le
nom' vulgaire de caillette.
ABOMEY, ville d'Afrique, dans la Guinée
septentrionale, cap. du roy. de Dahomey;
24,000 h. Poires importantes, où l'on vend des
esclaves, de la poudre d'or, et les riches pro-
duits do l'intérieur de l'Afrique.
ABOMINABLE adj. (a-bo-mi-na-ble — lat.
abomintibilis ; de ab , marquant l'origine, et
omen, présage. Omen a signifié d'abord en
latin ventre. Comme on consultait les en-
trailles des animaux pour y lire l'avenir,
on exprima le mot présage par le mot omen :
de là se forma ominosus, de mauvais augure,
puis abominabilis , avec le sens qu'exprime
notre mot abominable). Exécrable^ qui mérite
l'abomination ; qui est en horreur : Action
abominable. Calomnie abominable. Le parri-
cide est -un crime abominable. (Trévoux.) Né-
ron fut un monstre abominable. (Trévoux.)
Eh.' qu'y a-t-it de plus abominable au monde
que de metlrcCinjustice et la violence en sys-
ième? (J.-J. Rouss.) Tacite s'épuise à Touer les"
barbares Germains, qui pillaient les Gaules et
qui immolaient des hommes à leurs abomina-
bles dieux. (Volt.) Q&ant au pouvoir de l'In-
quisition, je le liens abominable devant Dieu.
(St-Simon.)
Quel crime abominable ensanglante vos mains!
M.-J. Chémer.
— Famil. Mauvais en son genre, qui déplaît
a"ux sens et à l'esprit: Voilà le plus abomit
Nable sabbat dont en ait jamais ouï parler.
(La Bruy.) Ah! quel abominable maître je
suis obligé de servir! (Mol.) Plombières est un
vilain trou; le séjour est abominable, mais il
sera pour moi le jardin d'Armide. (Volt.) Otez
aux tableaux flamands et hollandais la magie
de l'art , et ce seront des croûtes abominables.
(Diderot.) On nous donne des tragédies, des
romans abominables, et qui ne laissent pas
d'avoir des admirateurs; le goût est perdu.
(M'ne du Deff.)
Je m'en vais le griser â'abominable sorte. -
E. Auoier.
, Ah! malheureuse engeance, apanaçe du diable,
C'est toi qui m'as joué ce tour abominable.
J'allai chez
tes les femmes abo-
. des revendeuses de
chansons. (P. Soulic.)
— Substantiv. Personne abominable : Con-
stantin Copronyme, fils de Léon l'isaurien, dé-
testait tellement les moines qu'il ne les appelait
jamais que les abominables. (Bayle.)
— L'abominable, s. m. Ce qui est abomina-
ble : La fortune peut jeter cent et cent inci-
dents dans une a/faire de cette nature, qui cou-
ronnent l'abominable par le ridicule , quand
elle ne réussit pas. (De Retz.)
— Syn. Abominable, .léteslnblc, exécrable.
Ce qui est détestable excite l'animadversion
et le mépris : La forme de l'injustice la plus
odieuse et la plus détestable est la fraude et
la perfidie. . (Roll.) Ce qui est abominable doit
être haï comme contraire à la religion et à la
hommes. (La Harpe.) Ce qui est exécrable _..
cite l'indignation et l'horreur : Que tous les
maux horribles de la guerre retombent sur la
tète parjure et exécrable de l'ambitieux qui
foulera aux pieds les droits sacrés de cette
alliance! (Fén.) Ces adjectifs sont souvent
employés dans un sens moins rigoureux ; ainsi
détestable est, pour ainsi dire, le superlatif de
mauvais : Je trouve que le style de La Calpre-
nède est détestable. (Mme de Sév.); abomina-
ble, celui de détestable : Cette comédie est
abominable (Acad.); exécrable, celui d'abomi-
nable: Cela est d'un style et d'un goût exécra-
bles. (D'Aleinb.)
ABO
— Allus. Httér. Vnll» , Je von» l'avoue , un
abominable uominc t Exclamation que fait en-
tendre Orgon dans Tartuffe, acte V, scène vi,
quand il sort de dessous la table , convaincu
enfin de la profonde perversité de l'hypocrite.
Dans l'application, ce vers est le cri qu'arrache
un sentiment de colère et d'indignation à la
vue d'une action infâme :
« Nous ne ferons pas à nos lecteurs l'injure
de réfuter de pareilles tirades ; en les lisant
leur bile s'émeut, ils disent comme Orgon :
Voilà, je vous l'avoue, un abominable homme, »
C-. Desmoulins.
— AIIUS. l'ittér. Quel crime abominable I
Allusion à un hémistiche de la fable les Ani-
maux malades de la peste. V. Animal.
abominablement adv. (a-bo-mi-na-blc-
nian — rad. abominable). D'une manière abo-
minable : SeconduireABOMMiiBLEMiïXT. Pourvu
qu'il trouve une cadence pour ttn de ces adver-
bes : HORRIBLEMENT, ABOMINABLEMENT, EXÉ-
chablement, il se décharge la bile et s'épa-
nouit la rate. (Th. de Viaud.)
— Fam. Fort mal : Lire, chanter abomina-
blement. [[ Dans ce dernier sens, il se con-
struit même avec un autre adverbe, et alors
il est augmentatif : // chante abominable-
ment mal. il Par exagér. Beaucoup, excessive-
ment : Une princesse abominablement laide .
(Voisonon.) // mangea si nonchalamment son
potage, qu'il se brûla abominablement. (F.
Soulié.) Vous me ferez grâce, s'il vous plait,
(G. Sand.) il Ironique
: , je s
■■ ~- -evoaei
volé sur son grain.
et par antiphrase :
ménage.
abominant (a-bo-mi-nan) part. prés.
du v. Abominer : Les juifs s'abstiennent de
manger du lièvre, le haïssant et abominant
comme une béte impure et pollue. (Amyot.)
Chacun retourne, triste, abominant l'oracle
Du prophète Calchas, et son sanglant spectacle.
Robert Garnier.
abomination s. f. (a-bo-mi-na-si-on —
lat. abominatio, même sens). Ce mot, dans son
origine, a signifié Nausée, envie de vomir:
La menthe conforte l'estomac et donne appétit
de manger et ote abomination. (Joinville.)
il Depuis, on s'en est servi pour Aversion,
détestation, horreur, exécration.
— Etre en abomination, Etre un objet d'hor-
reur, d'aversion, d'exécration : // est en abo-
tous les gens de bien. (Acad.) On
n Se dit aussi de ce qui est l'objet de l'abo-
mination : Cet homme est l'abomination de
tout le monde. (Acad.) il Auoir en abomination,
Exécrer, avoir en horrour, maudire : Ce sa-
(p" ÇUe tS ACRAILNT
— Fam. et par exagér. : Dans noire pays
il faut à midi allumer des flambeaux de cire,
qu'on avait EN abomination dans les premiers
temps. (Volt.) Il s'est souvenu que vous aviez
peur des muletiers, et que, dqns votre pays, on
les avait en abomination. (G. Sand.)
— Débauche : C'était un lupanar éhonté, un
endroit privilégié pour commettre impunément
l'adultère et d'autres abominations. (Dufour.)
Je regarde avec horreur les désordres crimi-
nels de la vie que j'ai menée; j'en repasse dans
mon esprit toutes les abominations. (Mol.)
Les deux auteurs de /'abomination seront éga-
lement mis à mort , lapidés ou brûlés, l'homme
et la béte , la bâte et la femme , le mâle et son
complice mâle. (De Sacy.) il Dans la langue do
l'Ecriture, Crime affreux, action horrible:
Jérusalem , les abominations où tu es tombée
n'ont été punies que par cinquante années de
captivité. (Boss.) Lorsque les abominations, de
Sodome furent montées à leur comble. (Mass.)
— Famil. et par exagér. Ce qui est dans un
état d'imperfection; chose simplement mau-
vaise, choquante, désagréable : Voilà un mois
que vous ne m'avez écrit .-c'est une abomina-
tion. Im pièce est d'un bouta l'autre pleine
^'abominations, et l'on n'y trouve rien qui ne
mérite le feu. (Mol.) Je ma donnerai bien de la
--'■-- -• pendant ce temps-là, l'ouvrage pa-
tume national pour les robes à manches à la
gigot ci autres abominations pareilles. (Th.
— Par allus. Se dit pour marquer une
époque où tout est renversé, confondu, dé-
truit, etc. : Le barreau, de tous cotés, échappe
aux avocats. Pour eux, les jours de l'abo-
mination se sont levés. Hélas! hélas! les dieux,
tes rois et les procès s'en vont! (Cormenin.)
— Plus particulière!!!., Se dit du culte des
idolâtres, tics erreurs de l'idolâtrie : Au temps
d'Isaac et de Jacob , /'abomination s'était ré-
pandue sur toute la terre. (Pasc.) L'ancienne
société est fondée sur deux abominations : le
polythéisme et l'esclavage. ( Cbateaub. ) Le
christianisme eut d'abord à déblayer les absur-
dités et les abominations dont l'idolâtrie et
l'esclavage avaient encombré le genre humain.
(Chaloaub.)
— L'abomination de la désolation, La comble
de l'impiété et do la profanation ; cette expres-
sion est tirée jtfejVjËCriture sainte : L'abus des
biens ecc/ésiasTKfe&lait , si j'ose parler
/'abomination -- - ■
iésÔlation dans les lieux
ABO
saints. (Bourdal.) n Presque toujours plai-'
samment, Toute espèce de profanation : Une
petite secte de barbares veut qu'on ne fasse plus
désormais de tragédies qu'en prose; c'est /'a-
bomination de la désolation dans le temple
des Muses. (Volt.) Le fils de notre avare allait
une fois tous les huit jours au café : c'était
pour le père /'abomination de la désolation.
li Cette expression, modèle du comique dans
l'exagération, est devenue pour ainsi dire
proverbiale.
— Abomination I Espèce de jurement, ex-
clamation qu'emploient fréquemment les écri-
vains contemporains : Abomination I des éco-
liers qui parlent de la sorte à un bourgeois:
(V,Hugo.)-
abominé, ée (a-bo-mi-né) part. pass. du
v. Abominer.
abominer v. a. ou tr. (a-bo-mi-né — du
lat. abominare. V. Abominable). Avoir en
horreur, en exécration: // faut abominer ces
paroles tyranniques et barbares qui dispen-
sent les souverains de toutes lois, raison,
équité. (Charron.) // faut bénir la mémoire de
Trajan et abominer celle de Néron. (Montaig.)
— Les écrivains modernes n'ont pas hésité
,à ressusciter ce mot, après une éclipse de
plus de deux siècles: On abomine ces passe-
temps, ainsi que ceux qui les mettent en pra-
tique. (Bril!.-Sav.) Tout ce que la Révolution
exècre et abomine. (Protidhon.) u Piaisamm.,
dans le sens de Haïr, exécrer: Je /'abomine. .
Les collégiens abominent les haricots, qu'ils
regretteront plus tard. (H. Murger.)
S'abominer, v. rêcipr. Se haïr, se détester
réciproquement : Ils s'abominent cordiale-
À-BON-COMPTE s. m. (a-bon-con-te).
Comptab. milit. Se dit d'un à-compte fait à
l'avance et destiné à subvenir à une partie
d'un payement dont l'allocation est autorisée,
et dont le montant n'est pas encore déter-
miné : Militairement parlant, les acquits pro-
visoires et le payement des feuilles de prêt sont
des à-bon-compte. (Bardin.)
ABONDAMMENT adv. (a-bon-da-man —
rad. abondance). Avec abondance, en grande
abondance; Parler, boire, manger abo:
ment. Ses larmes coulèrent alors
damment. (Rollin.) // répandit abonda
' ' ' de misérables tes i
noire, subsistance. (Buff.) Quand
l'acheteur se présente sur le marché , il désire
le trouver abondamment pourvu. (Fr. Bastiat.)
I! Amplement, pleinement: Ses vœux sont
abondamment satisfaits. (Acad.) Dieu a ses ser-
viteurs choisis, à qui il communique plus abon-
damment sa sagesse et sa puissance. (Fléch.)
C'est Eschyle surtout dont tes pièces sont le
plus abondamment remplies de chœurs et de
récits. (La Harpe.) Le genre oratoire est celui
où les richesses de la pensée et du style peuvent
serépandre leplus \BOiSD.\MMiiXT.{Ma,rmontc\.)
Joseph était abondamment pourvu du néces-
saire. (Chateaub.)
— Fig. et par exagér. Bien , excessive-
ment : Après avoir été abondamment fustigé.
(Boiloau.) ■
plemeut, beaucoup, bien, eoiiftldérablcuicnl,
coup a rapport h la quantité : il pleut beau-
coup, quand il tombe beaucoup d'eau. Fort
exprime l'intensité, l'énergie : il pleut fort,
quand l'action de pleuvoir se fait sentir avec
force. Bien a pour idée accessoire un senti-
ment d'approbation , d'admiration ou de sur-
prise : voici une nouvelle qui vous surprendra .
bien. Considérablement annonce une grande
quantité en choses de conséquence : ce travail
est considérablement avancé. Abondamment
exprime une quantité relative, excédant celle
que réclame l'usage des choses. En abon-
dance exprime le superflu. Copieusement a
rapport à la consommation , et s emploie sou-
libéralité : être traité L,
A foison suppose une multitude de petites
choses de la même espèce qui semblent four-
miller. Amplement fait penser à l'application
ou à l'usage des choses et exprime qu'il en
reste : satisfaire amplement quelqu'un.
abondance s. f. ( a-bon-dan-se — lat.
abundanlia , mémo sens). Grande quantité ,
profusion : //abondance de ses aumônes a
répondu à la tendresse de son cœur. (Fléch.)
Malheur à vous qui vivez à Sion dans I'a-
bondance de toutes choses! (Le Maist. de
Sacy.) //abondance du gibier tentera les chas-
seurs. (J.-J. Rouss.) La richesse des hommes,
c'est /'abondance des choses. (Fr. Bastiat.)
— Etat où l'on jouit de tout ce qui est né-
cessaire à la vie, biens, richesses, etc. : L'\-
BONrANCE a remplacé la disette (Acad.) Combien
manquent de tout, pendant que le riche est dans
/'abondance, dans te luxe , dans les délices !
(Bourdal.) L'ambitieux ne jouit point de sa
prospérité, il sèche et dépérit au milieu de son
abondance. (Mass.) Du pain, pour celui qui a
faim, est /'abondance. (Mirab.)
Faites régner sur nous l'abondance et la paix.
J.-B. Rousseau.
seule entretient Vabondance.
...La liber
Pour elles.
VOLTATl
i na porte éleva
AJ30
Il Fertilité, fécondité : Un pays </'abon-
dance. Répandre dans les diverses contrées la
fertilité et /'abondance. '(La Bruy.) Un fleuve
majestueux et bienfaisant porte paisiblement
dans la ville /'abondance qu'il a répandue dans
les campagnes. (Mass.)
Réprimez, d'une main avare et difficile.
De ce terrain fécond l'abondance inutile.
Voltaire.
— Grenier d'abondance. Magasin trèfr-vaste
et rempli do grains, que l'on tient en réserve
pour les années de disette ou par précaution
administrative.
— Grande quantité de mets, bonne ehère :
Je m'accommode également du grand monde et
de la retraite, de {'abondance et de la fruga-
lité. (Lo Sage'.)
— Se dit, dans les collèges^ du Vin mêlé de
beaucoup d'eau, que l'on sert a table aux pen-
sionnaires : Nous ne sommes plus ici au collège
et vous n'êtes plus maître d étude : en avant,
marche! j'ai faim et j'ai hâte d'oublier /'abon-
dance. (L. Ulbach.)
— Fig. Abondance de cœur, Plénitude de
sentiment, épancheraient affectueux : Il fau-
drait que sa couche parlât selon /'abondance
du cœur, c'est-à-dire qu'elle répandit sur le
peuple la plénitude de' la science évangélique
et les sentiments affectueux du prédicateur.
(Fén.) Ils ont quelquefois des moments où la
vérité leur échappe (/'abondance de cœur.
(Mass.) L'abondance de cœur rend tout sup-
portable. (Dufresny.) i! Parler d'abondance,
Parler sans préparation , improviser Je tes
habituerais plusieurs (ois la semaine à parler,
d'abondance sur un sujet donné. (La Harpe.)
En Italie, les prédicateurs parlent assez
communément, d'abondance. (Marmontel.) Il
n'y a que les sujets pathétiques sur lesquels il
soit possible de parler d'abondance. (Mar-
montel.)
— Littér. Affluence de mots et de tours
heureux pour exprimer les nuances des idées,
des sentiments et des images; facilité d'élo-
cution, richesse d'expressions : jC'abondance
n'est pas toujours la marque de la perfection
des langues. (Bouhours.) Il y a dans le style
— * m fait la richesse et '-
suppose
(Marmontel.) C'est un ouvrage qui, par la soli-
dité et /'abondance de l'instruction, se fait par-
donner sans peine. (Fontenelle.) Les termes de
ma langue ne venaiint plus se présenter à mon
imagination avec la même abondance qu'au-
paravant. (Volt.)
Souvent trop A'abondance appauvrit la matière.
Boileau.
Kuyei de ces auteurs Vabondancc stérile.
Boileau.
— Myth-Corne d'abondance, Corne remplie
de fleurs et de fruits, qui est le symbole qu'on
donne pour attribut à diverses divinités my-
thologiques, telles que Cybèle, Cérès, etc.,
auxquelles l'antiguité païenne attribuait la
production des biens de la terre.
— Ces mots, corne d'abondance, font souvent
ja matière d'une épigramme d'assez mauvais
goût, que l'on dirige contro les maris trom-
Et chacun dit qu'en la prer.
Il a trouvé la corne d'abondance.
Cité par Salehtin (de l'Oise).
— Prov. Abondance de biens ne nuit pas,
On accepte encore, par mesure de prévoyance,
une chose dont on a déjà une suffisante quan-
tité.
— D'abondance, loc. adv. De plus, en outre:
Ajoutes d'abondance que, parmi les artistes,
je trouvais des hommes instruits. (Marmontel.)
Remarquons d'abondance que la comtesse se
plait avec mon maître. (Marivaux.) t! Cette lo-
cution estfamil. ettrôs-pcu usitée aujourd'hui.
— En abondance, loc. adv. Abondamment,
en grande quantité : Le bananier ne peut
croître, même dans son climat, lorsqu'il n'a pas
d'eau en abondance. (B. de St-P.)
— Syn. : Abondance (Parler d'). Abon-
dance (Parler avec). Le premier signifie im-
proviser, parler sans préparation ; le second
signifie parler avec facilité, en donnant à ses
idées tous les développements convenables.
— Sya. Abondance, aiannee, opulence,
richesse. Les richesses sont les ressources
qu'on a à sa disposition : On estimerait peu
les richesses, si elles ne donnaient à la vanité .
le plaisir d'avoir ce que les autres n'ont pas.
(Stanislas.) Uaboiidance résulte de l'affluence
de toute sorte de biens : Ensuite Mentor me
faisait remarquer la joie et /'abondance ré-
pandue dans toute lacampagncd'Egypte. (Vèa.)
L'aisance permet de se procurer les commo-
dités de la vie : A Genève , /'aisance du plus
grand nombre vient d'un travail assidu, d éco-
nomie et de modération , plutôt que dune ri-
chesse positive. (3.-J. Rouss.) L'opulence con-
siste dans une grande et brillante fortune:
Crassus balançait le crédit de Pompée par une
opulence énorme. (Roll.)
— Syn. Abondance (En), abondamment,
amplement, etc. V. ABONDAMMENT.
— .Antonymes. Défaut, dénùment, détresse,
disette, famine, indigence, insuffisance, man-
que, misère, pauvreté, pénurie, rareté.
— Eplthètes. Honnête, heureuse, agréable ,
joyeuse , précieuse , grande , ample , riche,
fastueuse, superflue, importune, stérile.
ABONDANCB, divinité romaine souvent re-
présentée sur les médailles , tenant a la main
une corne renversée. On la confond quelque-
fois avec Cérès.
ABONDANCB, ch.-lieu de cant. (Haute-
Savoie), arrond de Thonon; pop. aggl. 126 h.
— Pop. tôt. 1,446 h.
ABONDANT (a-bon-dan) part. prés. du'v.
Abonder : La France abondant en richesses
territoriales, en vin, en blé, en huile, en four-
rage , n'a rien à envier aux autres nations.
(Journ.)
ABONDANT, ANTE adj. (a-bon-dah, an-te—
rad. abonder). Qui renferme avec abondance:
Une campagne abondante en pâturages, (Fén.)
Les pays du Nord sont les plus abondants en
mines de fer. (BufT.) Le Languedoc et la Pro-
vence sont deux pays abondants en herbes
odoriférantes. (A. Martin.) Il Fertile, qui pro-
duit en abondance : Un pays abondant. Une
terre,- une mine abondante. C'est le Seigneur
qui me nourrit ; rien ne me manquera, il m'a
établi dans un abondant pâturage. (Cha-
tcatib.) il Qui est en grande quantité : Les
fruits des arbres, les légumes de la terre, le
lait des troupeaux, sont des richesses abon-
dantes. (Fén.) Un enfant qui vient de s'é-
battre, et dont le corps croit, a besoin d'une
nourriture abondante. (J.-J. Rouss.) La fe-
melle du chameau produit un lait abondant.
(Buff.)
— Fig. Riche en idées, fécond en expres-
sions ; Style, orateur abondant. Les esprits
abondants voient tout ce qui est à l'entour
de leur objet. (Nicole.) Le sujet est abondant,
mais je serai succinct. (La Harpe.) Saint Am-
broise est le Fénelon des Pères de l'Eglise la-
tine; il est fleuri, doux, abondant. (Chatcaub.)
— Arithm. Nombre abondant, Celui dont
les parties aliquot'es prises ensemble forment
un tout plus grand que ce nombre; ainsi 12
est un nombre abondant , parce que ses par-
ties aliquotes 6, 4, 3, 2, 1, donnent 16.
Et d'abondant, la vache de ma femme
Nous a promis qu'elle ferait un veau.
La Fontaine.
ABONDE s. f. (a-bon-de — de abonder). La
principale des fées bienfaisantes, qui, suivant
nos ancêtres, venaient la nuit dans les mai-
sons et y apportaient toutes sortes de biens.
ABONDÉ, ÉE (a-bon-dé) part. pass. du v.
Abonder. Accompagné de rauxiliairo être,
s'cmpl. en parlant d'une somme accessoire
ajoutée à une autre : Le tout sera abondé des
trois pour cent pour la caisse des invalides. La
solde des ouvriers est abondée de suppléments
déterminés par arrêtés.
abondeiuent s. m, (a-bon-dc-man — rad.
abonder ). Suraddition : Abondement des
sommes payées à titre de frais de conduite et
de rapatriement.
ABONDER v. n. ou intr. (a-bon -dé —
lat. abundare; formé de ab, de; unda, ondo;
ce qui marque proprom. affluence d'eau, et,
par ext., abondance de toutes choses). Affiuor,
arriver en grande quantité : Les eaux de
vingt rivières abondent dans ce fleuve. Chaque
matin, les produits des pays environnants abon-
dent à la halle de Paris. Chamillard passait
deux mois à Courcelles , où toute la province
abondait. (St-Simon.) Tyr semble être la
reine.de toutes lesmers,les marchands y abon-
dent de toutes les parties du monde. (Fén.) Je
fus honoré dans cette maison distinguée, où toute
la noblesse du pays abondait. (Marmontel.)
!l Produire, posséder en grande quantité;
être fertile en : Cette rivière abonde en pois-
son. Cette province abonde en blés, en vins, en
soldats, en gens d'esprit. (Acad.) Avant que
Socrate eût toué la vertu , la Grèce abondait
en hommes vertueux. (J.-J. Rouss.)
Chacun pour l'exalter en paroles abonde.
En beaux raisonnements vous abonda toujours.
Il Se trouver en grand nombre, en grande
quantité : Le bien abonde en cette maison.
(Acad.) Seigneur, que vos faveurs abondent
où vos châtiments avaient abondé 1 (Mass.) La
grâce abonde où le péché avait abondé. (Mass.)
Tout abondait dans son camp. (Volt.) Les
poètes de la nouvelle école abondent en une
espèce de vers dont Rotrou a comme donné le
type. (Ste-Beuve.)
Depuis que la richesse entre ses murs abonde.
Corneille.
Où le délit abonde, abonde le remède.
J.-B. Rousseau.
Et malheureusement ce qui vicie abonde.
— Se construit quelquefois avec de : Les
hommes abondent de biens. (La Bruy.)
.D'ignorance et d'erreur toute la terre abonde.
Bertaut.
Dans les faux biens dont sa misère abonde.
J.-B. Rousseau.
La terre abonde
De ces gens brillant au caquet.
Lu Noble.
— Abonder dans le sens de quelqu'un, So
ranger à son opinion, être de son avis : Vous
avez si bien parlé que /abonde entièrement
dans votre sens. L'homme véritablement élo-
quent sait faire abonder dans son sens tous
" '— ' " A*""ijier dans son sens,
s que
ÀBO
l'on a toujours raison ; ne point céder à
l'opinion des autres : Dans la véritable rai-
son, personne «'abonde en son sens, chacun
fait taire sa propre raison. (Fén.) Je ne sais
si. tout ce que je vous dis vaut la peine que
vous le lisiez : je suis loin (/'abonder dans
mon sens. (Mme de Sév.) Toute tête abonde en
son sens. (Lamotte.) C est le défaut de la plu-
part des hommes, et de ceux qui se piquent
d'être spirituels , ^'abonder dans leur sens.
(Flécli.) // dépend de moi de ne point abonder
dans mon sens , de ne point croire être plus
sage que tout le monde. (J.-J, Rouss.) C'est tou-
jours le plus inepte qui abonde le plus dans
son sens. (Marmontel.) Il Malgré la multipli-
cité des exemples, ce sens a vieilli, et paraît
être particulier au xvn<= et au xvjii» siècle.
— Jurispr. Ce qui abonde ne vicie pas ou ne
nuit pas, Ce qui est de trop n'empêche pas la
validité d'un acte, d'une procédure.
■—.v. a. ou tr. Augmenter, excéder, dé-
passer • Abonder la somme de trois pour cent
pour la caisse des invalides.
— Ane. législ. Abonder plus grande somme,
Fxagérer le prix d'un héritage, pour en tirer
frauduleusement une somme plus forte.
•abonnable adj. (a-bo- na -ble — rad.
abonner). Qui peut s'abonner, qui "est sus-
ceptible do s'abonner. En style do journaux,
on appelle matière abonnable les abonnés en
expectative.
ABONNAGE S. m. (a-bo-na-je — rad. abon-
ner). Ane. jurispr. Convention par laquelle
on rachetait à un prix déterminé une rede-
vance incertaine, il Droit qui se payait en
vertu d'un abonnage.
ABONNANT (a-bo-nan) part. prés, du v.
Abonner : Des personnes s'abonnant à un
journal.
ABONNATAIRE adj. (a-bo-na-tè-re —
rad. abonner). Qui est concédé par abonne-
mont : La gestion abonnataire a d'ailleurs
l'immense avantage d'intéresser le gérant à
la bonne exécution du service. (Journ.) L'é-
cueil de la gestion abonnataire est dans le
mode de transformation que subit te blé pour
devenir panifiabte. (Journ.)
ABONNÉ, ÉE (a-bo-né) part. pass. du v.
Abonner : A frais communs, et à peu de frais,
nous étions abonnés pour nos lectures avec un
vieux libraire.' (Marmontel.) Vous 'aimez la
musique? — Si je l'aime? Malepeste! je suis
abonné à l'Opéra. (Le Sage.) L'armature solide
du corps de noire ami lui fait souvent du tort
près des dames abonnées aux journaux de
modes. (Gér. de Nerval.) // était abonné au
Conservatoire de musique. (G. Sand.)
— Subst. Celui, celle qui a pris un abonne-
ment : Un émissaire de l'enfer a trouvé l'inven-
tion de distribuer, chaque matin,àvingt ou trente
mille abonnés, une feuille où se lit tout ce que
le monde dit et pense. (P.-L. Cour.) Ces feuilles
n'ont été ni brûlées ni dispersées; les abonnés
prenaient la peine de les recueillir, (Mme de
Genlis.) Ces Circassiens parlaient comme des
abonnés du Constitutionnel et du Journal des
Débals. (Th. Gaut.) Quel est ce monsieur? —
C'est un abonné de l'Opéra-Comique. (Scribe.)
Après cette observation, Luizsi se posa com-
modément dans son fauteuil, comme un abonné
• de cabinet de lecture à qui ion a envoyé la
nouvelle, le conte' ou te roman à la mode. (Fr.
Soulié.) Ah çà! les abonnés n'ont pas l'air
d'arriver en colonne serrée, je vais quitter le
poste. (Balz.)
Je vous trouvais le front d'un pâle journaliste
Qui de ses abonnes voit décrol*" "~ " *
A.BO
25
— Féod. Serf qui, par privilège ou par
achat, avait obtenu que ses prestations, tailles
et servitudes fussent modérées, et souvent
même changées en une somme fixe d'argent,
ABONNEMENT s. m. (a-bo-ne-man - rad.
abonner). Convention, marché qui se fait à
prix fixe, ou moyennant une souscription gé-
néralement payée d'avance, pour recevoir un
journal, assister à des spectacles, à des
fêtes , etc. • Prendre , faire un abonnement,
des abonnements. Refuser, payer, continuer,
cesser, renouveler un abonnement. Payer
par abonnement. Les comédiens de Gre-
nade m'écrivirent pour me proposer d'entrer
dans leur troupe, et pour me faire connaître
que la proposition notait pas à rejeter, ils
m'envoyèrent un état de leurs frais journaliers
et de leurs abonnements. (Le Sage.) Nous
avons dix-sept abonnements à différents jour-
naux, (Balz.) il Convention a prix fixe pour
l'acquittement d'une taxe, d'une redevance.
Il Marché à forfait do quelques industriels
avec certaines administrations de chemins
de fer pour les transports qu'ils auront à
opérer sur leurs lignes.
— Féod. Convention d'un seigneur avec un
serf, par suite de laquelle ce dernier cessait
d'être taillable et corvéable à merci.
— Fig. Convention temporaire : L'aumône
persistante ne fait pas de ses dons un abonnk-
meno1 avec le malheur, mais une dette toujours
acquittée et toujours renaissante. (Villem.)
— Antonyme. Désabonnement.
— Encycl. Fin. Le gouvernement prélève
les contributions par abonnement lorsqu'il sub-
ments : Yabonnemcnt individuel, pris par un
seul débitant; Yabônnement par corporation,
qui engage solidairement tous les débitants
d'une commune, et Yabônnement général, dont
se charge la commune tout entière. L'abon-
nement est autorisé en France pour la vente
en détail des vins, cidres, poirés et hydromels,
pour la fabrication des bières dans les villes
de 30,000 âmes au moins, pour l'entrée sur les
vendanges dans les communes vignobles, pour
les voitures publiques de terre et d'eau a ser-
vice régulier, pour la navigation intérieure,
les bacs et les passages d eau, pour le sel
marin et la redevance des mines, pour les frais
de casernement et de lits militaires à la chargo
des communes ; enfin en matière de timbre poul-
ies départements, communes ou établissements
publics qui émettent des actions, et pour les
sociétés ou compagnies d'assurances qui font
des polices.
On donne aussi le nom d'abonnement à une
allocation fixe du gouvernement aux préfets
et sous-préfets pour frais de bureau et d'ad-,
ministration.
ABONNER v. a. ou tr. (a-bo-nô— du verbe
•simple bonner , ou, directement do bonne,
forme ancienne de borne. Abonner. a. d'abord
signifié au sens propre borner, limiter; il
s'est dit ensuite au fig. pour fixer à un cer-
tain taux, évaluer ; établir la limite de cer-
taines conventions ; traiter à un prix convenu
d'une redevance, d'un impôt; vendre ou ache-
ter, pour une somme déterminée , un droit
sujet à variation par sa nature. De là au sens
général actuel du mot abonner, acheter un
droit, une jouissance, moyennant une somme,
va \itïx A' abonnement fixé, la. transaction était
facile et naturelle). Prendre un abonnement
pour un autre, au nom d'un autre : Abonnez-
moi à ce journal. Je vous ai abonné « cette
Revue.
— On a dit d'une manière analogue : Abon-
ner une province à cent mille écus, c'est-a-diro
percevoir sur elle cent mille écus pour ses
impositions, ses taxes, ses redevances.
— Féod. Abonner une rente, L'aliéner, h
Abonner un hommage, Le changer en quoique
autre devoir.
S'abonner, v. pr. Prendre un abonnement
pour son propre^compte : Cet employé s'abon-
nait hardiment'à une feuille de l'opposition.
(Balz.) Le public qui s'abonne à un journal ou
qui l'achète a droit à tous les genres d'infor-
mation que la loi autorise et que l'usage con-
sacre. (G. de Cassag.) Ceux-là s'abonnaient
au spectacle et lorgnaient les femmes du monde.
(F. Soulié.)
— Fig. et fam. Hanter, fréquenter, habi-
tuellement :
Vive notre tuteur! Sa maison est très-bonne ;
A sa table, à ses vins, volontiers je m'abonne.
— Convenir de payer une somme fixe pour
une taxe, une redevance annuelle.
— Fig. S'attacher à, suivre les opinions de ;
se faire, devenir le partisan de : S abonner a
quelques rédacteurs est bien plus utile que s'a-
bonner à quelques journaux. (Journ.) il S'assu-
jettir, se soumettre à : Ainsi l'on s'abonne A
vivre pendant dix ans avec un homme av
dant tout ce temps, sera privé des attribi
lesquels on a prétendu ou'il ne pouvait pas rem-
plir sa mission de mari. (Dupin aîné.)
... Je m'adonne a centeoups d'âtrivière,
À me jeter la tftte en bas dans la rivière,
Si jamais je souscris à cette indignité.
ClUBANOH.
— Antonymes. Désabonner,' se désabonner.
ABONNI, IE (a-bo-ni), part. pass. du v.
Abonnir : Vin abonni, abonni dans une cave.
Enfant abonni par une sage éducation.
ABONNIR v. a. ou tr. (a-bo-nir — rad. bon),
Rendre bon, -rendre meilleur : Les caves
fraîches abonnissent le vin. (Acad.)
— Poterie. Faire sécher la terre à demi.
— Neutralem. Devenir bon, devenir meil-
leur: Le vin abonnit dans la cave. (Acad.) H
Se dit aussi des personnes : C'est un vieux pé-
cheur, il n'iBOiwn point en vieillissant. (Acad.)
S'abonnir, v. pr. Devenir bon, devenir
meilleur : Les fruits s'abonnissent en mûris-
sant. (Acad.) Le vin du pays est blanc, fort
agréable; il s'abonnit d chaque vendange. Cet
homme s'abonnît tous les jours depuis qu'il
hante les honnêtes gens. (Danet.) Nous allons
avoir une furieuse querelle à soutenir en arri-
. vant chez nous ; il n'y faut arriver que demain.. . .
les affaires criminelles s'abonnissent en vieil-
lissant. (Dancourt.)
ABONNISSANT (a-bo-ni-san) part. prés,
du v. Abonnir : Le bien est comme Veau de
senteur, qui dans un vaisseau n
longtemps, abonnissant tovjour
un vase souillé se corrompt et se perd aussitôt.
(Chapelain.)
ABONNISSEMENT s. m. (a-bo-ni-se-man —
rad. abonnir): Action d'abonnir, de s'abonnir;
état de ce qui s'est abonni. Vieux mot. On dit
plutôt aujourd'hui bonificationouamélioration.
ABOR s. m. (a-bor). Géogr. Peuple do
l'Inde, qui vit dans les hautes vallées do l'Inde
anglaise.
ABORD s. m. (a-bor— de d et bord). Mar.
Action d'aborder, de prendre bord sur uno
côte, dans un port: Nous avons tenté /'abord
inutilement. (Acad.) A notre abord dans Vite,
nous fûmes attaqués. (Trév.) £'ap"""' «''"■''
26 . ABO
aisé; il n'y avait de l'autre côté de l'eau que
quatre ou cinq cavaliers. (Volt.) Il Arrivée
dans un lieu quelconque ;
C'est tout ci: que j'ai vu dans Rome a mon abord.
Déjà àe leur abord la nouvelle est semée.
dangereux. (Trév.) Elle te préfè
ment du château, pour s'attirer plus de monde
par la commodité de /'abord. (S (.-Simon.)
— Par ext. Les alentours d'une ville, d'une
maison, d'un jardin, etc. : Les abords de la
capitale. Elle craignait d'être aperçue et recon-
nue aux abords du parc. (G. Sand.) Dès cet
instant les abords de sa demeure sont devenus
sacrés pour-moi. (G. Sand.) Cette bourgade est
fameuse à dix lieues à la ronde pour la diffi-
culté de ses abords. (G. Sand.) Il Dans ce sens,
il s'emploie toujours au pluriel.
— Attaque, soit par terre, soit par nier :
£'abord des Français est à craindre; on ne
peut soutenir leur premier abord. (Trév.)
Il Action des personnes qui en abordent, qui
en visitent d'autres; manière, façon d'ac-
cueillir, ou dont on est accueilli : Cette per-
sonne a /'abord facile, gracieux, ou /'abord
rude, fâcheux. (Acad.) Votre abord est si tendre
et si persuasif! (Regnard.) lia les dents noires,
rongées, et telles que son abord ne se peut souf-
frir. (La Bruy.) Préparez-vous à soutenir avec
fermeté /'abord de votre père. (Molière.) Son
premier abord annonçait un ami à l'inconnu
qui lui parlait. (Marmontel.) il No s'emploie
pas au pluriel- dans cette acception. Ainsi,
pour exprimer que l'on a été accueilli suc-
cessivement de manières, diverses par plu-
sieurs personnes , on no pourrait pas dire :
Les abords de ces personnes n'ont pas été les
mêmes; il faudrait dire, ou X'abord n'a pas
été le même, ou. L'abord a été ôteij diffèrent de
la part de ces personnes, ou Leur abord a été
bien différent.
— Affluence : La ville devait à son temple
/'abord des étrangers dont elle était enrichie.
(Boss.) Le grand abord des négociants ne ren-
dait pas la ville plus difficile à surprendre.
(St-Réal.) il Cette acception a vieilli.
— Mari Mettre une chose en abord, La placer
le plus près possible de la face intérieure de
la muraille d'un bâtiment.
—Le substantif abord entre dans un grand
nombre de loc. adverbiales ou conjonctives;
voici les principales :
— Au premier abord, loc. adv. A première
vue : A la démarche facile et assurée de cet
abbé, à la façon libre et fière dont il portait
sa tête , on devinait au premier abord qu'il
avait vécu ailleurs qu'au séminaire. (E. Sue.)
Son visage ressemblait au premier abord à
celui des chanoines chantés par Boïlcau. (Balz.)
— De prime abord , loc. adv. Au premier
instant, à première vue : De prime abord, je
le pris pour un autre. (Acad.) Le capitaine avait
l'air, de prime abord, d'un homme insouciant
et frivole. (Ars. Houss.)
— Dès l'abord, loc. adv. Dès le commence-
ment: Cela pourrait faire naître, dés l'abord,
des préventions contre nous. (G. Sand.)
Dès l'abord leur doyen, personne fort prudente,
Opina qu'il fallait, et plus tflt que plus tard.
Attacher un grelot au cou de Rodilard.
La Fontaine.
— D'abord, loc. adv. Premièrement, dès le
premier instant : Prêtiez d'abord les voies de
la douceur. (Acad.) Il faut d'abord s'attacher
à un petit nombre d'époques. (Boss.) D'abord.
j'eus horreur de ce que je voyais, mais insen-
siblement, je commençai à m'y accoutumer.
(Fén.) Son naturel lui fit d'abord aimer les
étrangers, avant qu'il sût à quel point ils pou-
vaient lut être utiles. (Volt.)
— Sur-le-champ , aussitôt, tout de. suite :
Télémaque le reconnut d'abord. (Fén.)
A son auguste ni
— D'abord que , loc. conj. Aussitôt que ,
des que : D'abord Qu'il fut débarqué, le comte
et lut s'abouchèrent ensemble. (Le Sage.)
— Tout d'abord , loc. adv. et fam. Sur-le-
champ : S'ils ne viennent pas tout d'abord,
ils viennent avec le temps. (Fontenclle.)
Si quelqu'un
Je l'étn
— A l'abord, loc. adv. D'abord,
cernent : // commença bientôt à voir clair dans
ce qu'il avait pris k l'abord pour le haut d'une
tête de femme. (G. Sand.)
Il m'a fait d Vabord cent questions frivoles.
— D'abord après, loc. adv. Aussitôt après:
Pour vous voir retomber d'abord après avec
plus de honte et de faiblesse. (Mass.)
— Dans l'abord , loc. adv. Au
lient :
Dana Vabord il se met au large.
DOl,
e crois, dit un m
ot dans Vabord.
La Fontain
. Dm
s l'abord agisson
doucement.
Elle m'a dans Vabord servi de bonne sorte.
Molière.
Ces trois dernières locutions sont fort peu
— Épithètes. Facile, aisé, affable, doux,
aimable, gracieux, obligeant, engageant, sé-
duisant, libre, ouvert, grave, difficile, dan-
gereux, sévère, mystérieux, froid, glacé,
dur, désagréable, rebutant, repoussant, dé-
daigneux, brusque, cruel, sinistre, farouche,
effroyable.
ABORDABLE adj. (a-bor-da-ble — rad.
abord). Qu'on peut aborder : Cette côte n'est
pas abordable d eaitse des écueils. (Acad.)
Les barques ont peu de ressources, entre deux
rives également escarpées, qui n'offrent que
deux points abordables. (Raymond.)
— Fig. Se dit aussi des choses que tout le
monde peut acheter, dont tout le monde peut
approcher : Tapisseries abordables pour les
fortunes privées. Un cahier des charges abor-
dable à tons les concurrents sérieux. Cette
marchandise est d'un prix /ràs-ABORDABLE. Il
En parlant des personnes, Qui est d'un abord
facile : Cet homme est abordable, n'est pas
abordable. Cet homme est si glorieux, qu'il
est abordable à peu de personnes. (Trèv.) Le
voilà raisonnable , abordable : on lui parle,
il écoute à présent, et de tous c'est lui qui fait
la meilleure contenance. (P.-L. Cour.) Il -est
d'une humeur! il n'est pas abordable depuis
quelques jours. (Scribe?) Les femmes qui ont
de pareils désirs et qui les contentent d'une
façon si dégagée, ne sont pas abordables pour
tout le monde. (G. Sand.) Napoléon faisait
grand cas d'un savant , mais if n'aimait pas
qu'il se renfermât toujours en lui-même et ne
fût abordable qu'aux initiés. (L. Napol.)
— Mar. Vaisseau abordable, Se dit d'un
vaisseau dont la construction rend l'accès fa-
cile à celui qui veut l'accrocher pour l'atta-
quer corps à corps.
ABORDAGE s. m. (a-bor-da-jo — rad.
aborder). Mar. Action par laquelle un vais-
seau en aborde un autre pour l'attaquer :
Monter, sauter à /'abordage. Le capitaine,
effrayé du danger de /'abordage, allait se
livrer au pirate. (Marmontel.) Les combats à
/'abordage conviennent surtout aux peuples
d'une valeur brillante. (Bouillct.) Un combat
naval ou un abordage offre à l'œil le plus
saisissant tableau qu'on puisse imaginer. (F,
Sue.) il Choc accidentel de deux bâtiments :
Les vaisseaux portent des feux la nuit pour
éviter les abordages. (Acad.) Dans les tem-
pêtes , il n'y a rien de plus à craindre que
les abordages. (Acad.) il Manœuvre par la-
quelle un canot peut se rendre à bord d'un
navire et l'accoster sans secousses.
— Avoir un abordage, Se dit des navires
■voisins les uns des autres, qui peuvent éprou-
ver un choc par suite du gonflement de la
mer. si Abordage d'une côte, d'un rocher, Choc
d'un navire contre une côte, un rocher.
— A l'abordage. Cri de manœuvre, par
suite duquel un équipage s'élance sur le pont
'd'un vaisseau ennemi.
— Les marins d'un navire de guerre sont
partagés en premier abordage et deuxième
'abordage.
— Par ext. Action de se heurter contre un
objet, ou d'être heurté d'une manière quel-
conque, il Fig. et fam. Se dit d'une attaque de
paroles, d'injures, etc. : Bon, je risque I'a-
bordage; faites le guet. (Dufresny.) Je ne vais
qu'avec crainte à /abordage; elle me parait
fille réservée. (Le Sage.)
Monsieur Géronte approche.
Regnàro.
il Prendre quelqu'un à l'abordage, Lui de-
mander une chose à l'improviste , sans lui
donner le temps de réfléchir : C'est pour cela
que j'ai l'honneur de vous demander votre main
pour mon fils. — Oh! mais vous me prenez
À l'abordage, je voudrais le temps de réfléchir
avant de répondre. (Hip. Langlois.)
— Encycl. Mar. Dans les combats de mer,
pour exécuter Yabordage, on jette sur le vais-
seau ennemi de forts crochets en fer attachés
k des chaînes et appelés grappins; puis les
assaillants se précipitent armés de sabres, de
pistolets et de haches. On peut opérer l'abor-
dage de franc étable, c'est-à-dire de manière
a atteindre le bâtiment ennemi par le devant,
ou bien l'exécuter en belle, c est-à-dire en
enfonçant l'éperon de son navire dans le flanc
du navire abordé. Les peuples renommés pour
leur valeur brillante , comme les Français , et
plus braves qu'habiles à la manœuvre, ont
toujours cherché dans l'abordage le moyen de
compenser l'infériorité du nombre ou celle de
l'art et de l'expérience. La marine française
se glorifie à juste titre de ses succès fréquents
à 1 Yabordage. Les Romains triomphèrent de
l'habileté carthaginoise du moment où, avec
leurs corbeaux, ils purent accrocher les vais-
seaux ennemis.
— Jurispr. Dans Yabordage ou choc invo-
lontaire et accidentel de deux vaisseaux non
ennemis, il se produit le plus souvent de graves
avaries. Le Code de commerce établit par qui
elles doivent être supportées. Si Yabordage
est le résultat d'un cas fortuit, il n'entraîne
aucun droit de répétition pour le navire qui
l'a éprouvé ; s'il a lieu par la faute d'un des
capitaines, la réparation du dommage incombe
à ce dernier ; s il y a incertitude sur la cause
de Yabordage , le dommage est réparé à. frais
communs et par égale portion par les deux
ABORDANT (a-bor-dan) part. prés, du v.
Aborder : Je suis persuadé, lui dis-je en Z'a-
bordant , que ce qui vient de se passer n'est
qu'une plaisanterie. (M^e de Tencin.)
', frégate abordante.
— S'eropl. substantiv. en parlant d'un na-
vire ou d'une frégate qui fait l'abordage :
L'abordant, /'abordante.
ABORDÉ, ÉE (a-bor-dé), part. pass. du v.
Aborder. Qui est arrivé au port, qui a pris
terre :
Eh quoi! deux malheureux, en ces lieux abordés,
D'un œil si soupçonneux seraient-ils regardés?
Abordé près du port, avant tout il partage
Sa troupe en deux
La Fontaine.
Il Heurté : Le navire la Marie -Louise fut
abordé avec tant de violence par le navire le
Jeune-Tobie, qu'il fut hors d'état de tenir la
mer après le choc. (Mcrl.) Son embarcation a
été abordée et brisée par un vapeur. (Journ.)
— Par anal. Accosté : Armand était encore
assez éloigné de la porte cochère , lorsqu'il fut
abordé par une femme qui l'appela par son
nom. (Fr. Soulié.)
— On dit substantiv. : L'abordé, l'abordée,
pour désigner le navire ou la frégate qui re-
çoit l'abordage.
— Fig. Examiné, traité, discuté, agité, etc.:
La grande question de la liberté de l'ensei-
gnement n'est point abordée dans ce chapitre.
(Say.)
abordée s. f. (a-bor-dé— rad. AordJ.Vieux
mot qui signifiait Abord, début.
— D'abordée, loc. adv. Tout d'abord : d'a-
bordée nous emportâmes le faubourg et les
barricades. (Montluc.) il On disait aussi À l'a-
bordée.
ABORDER v. n. ou intr. (a-bor-dé — rad.
bord). Arriver au bord; au rivage; venir à
bord ; prendre terre : Aborder à la côte, au
rivage. D'où vous vient cette témérité (/'abor-
der dans mon île? (Fén.) Nous fîmes les der-
niers efforts pour aborder à force de rames sur,
la côte voisine. (Fén.) Sept sauvages abordent
en Normandie dans un vaisseau d'osier et d'é-
corces d'arbres. (Boss.) Dantès avait parfaite-
j le gjsemen{ de ia eôte, et au lieu
aborda en Afrique s
(L.-J. Larcher.) .
Je me sauve à la nage, et yaborde où je puis.
Boileau.
Ils abordent ensemble a ce rivage heureux.
— Absol. : Le vent était si fort que nous ne
pûmes aborder. (Acad.) Ils veulent aborder,
qu'ils abordent. (Marmontel.)
Enfin l'esquif aborde. On l'inviteà descendre.
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendei
Et courent se livrer aux mains qui les attendent
Corneille.
Ici viennent mourir les derniers bruits du mond
Nautoniers sans étoile, abordez ! c'est le port.
Lamartine.
— Arriver, venir: Les parents
chez moi de toutes parts. (D Ablanc.) Les
chauds y abordent de toutes les parties du
monde. (Fén.) Le peuple abordait en foule.
(Barthél.) Le peuple abordait de toutes parts
sur la place publique. (Littré.)
— S'approcher : Ils ne peuvent
trône de Dieu. (Boss.) Dieu ne a™ ^,^.^-
tra pas d'en aborder. (Boss.) La ville était
battue des flots de tous cotés, et le mur empê-
chait qu'on ne pût en aborder. (Vaugclas.) De-
puis trois semaines qu'elle est dans ce village,
je n'ai pas osé en aborder. (Dancourt.) Cet
emploi a vieilli.
— Fig. Parvenir, arriver à se procurer •
L'homme a besoin d'un exercice continuel de sa
raison, afin de pouvoir aborder à la masse des
jouissances. (Fourier.)
— Mar. Aborder à un navire, Diriger une
embarcation de façon qu'elle puisse arriver à
toucher un bâtiment sans le heurter, il Abor-
der de franc étable, Se dit de deux navires
qui se choquent par les étraves. il Aborder de
long en long, Joindre un vaisseau côte à côte.
Il Aborder par l'avant, par lahanche,par l'ar-
rière, etc., Heurter un vaisseau par l'a-
vant, etc. Il Aborder en travers, Couler un
vaisseau à fond en l'abordant, il Aborder sous
le vent, Se placer au vent de son adversaire
pour l'aborder, il Aborder par le vent, Se pla-
cer par derrière et sous le vent de son ad-
versaire pour aborder de long en long, il
Aborder à l'ancre. Mouiller une ancre avant
d'accrocher le navire ennemi.
— Comme v. n., aborder prend l'auxiliaire
ÀBO
avoir ou l'auxiliaire être. Il a abordé marque
l'action ; il est abordé marque l'état : Ils ont
abordé et aussitôt marché vers la ville. (Lit-
tré.) Ils sont abordés' depuis quelques heures.
Le prince d'Orange est aborde.
— v. actif ou trans. Prendre bord, s'appro-
cher : Aborder un rivage, une cote. Aborder
une ville. Ses cheveux se dressent sur sa tête
quand il aborde le noir séjour de l'impitoya-
ble Pluton. (Fén.) Une solitude qu'onne pou-
vait aborder sans péril d'exil, et quelquefois
de prison... (St-Simon.)
Je chante les combats et cet homme pieux
Qui, des bores phrygiens conduit dans l'Ausonie,
Le premier aborda les champs de Lavinie.
Boileau.
Us abordèrent un rivage
Où la fille du dieu du jour,
Circé, tenait alors sa cour.
La Fontaine.
— S'approcher de quelqu'un pour lui par-
ler; le joindre, l'accoster : J'ai vu madame de
Luàre; elle vint i/i'aborder avec une surabon-
dance d'amitié qui me parut suspecte. (Mme do
Sôv. ) '77 m'ABORDA avec amitié. (Fcn.^ Un
homme fier et superbe n'écoute pas celui qui-
/'aborde dans la place pour lui parler de quel-
que affaire. (La Bruy.) // h'a tantôt abordé
mon hôte que pour lui tirer les vers du nez.
(Le Sage.) Les anciens sont des vieillards;
on ne tes aborde qu'avec révérence et lenteur.
(Ste-Beuve.)
Ce tigre que jamais je n'abordai sans crainte.
Mais hier il m'aoorde, et me serrant la main...
Boileau.
De quel front aborder la mère de mon maître!
Voltaire.
Quand on veut épouser une femme, l'usage
N'est pas de Vaborder avec un dur visage.
Ponsard.
— Mar. Approcherd'un vaisseau ; se heurter
accidentellement contre; l'atteindre, le join-
dre pour le combattre : La chaloupe ne put
aborder notre vaisseau. (Acad.) Un navire
aborda malheureusenxent la frégate qui l'escor-
tait. (Acad.) Leurs voiles étaient meilleures que
les nôtres; le vent les favorisait ; ils nous abor-
dent, nous prennent et nous emmenait en
Egypte. (Fén.) Il y eut un brûlot oui nous
aborda à la faveur du canon de l'amiral.
(Journ.) il Approcher hardiment de l'ennemi
pour l'attaquer, le combattre, en parlant des
armées do terre : Le bataillon aborda l'ennemi
avec une contenance ferme. (Trév.)
— Fig. En venir à un sujet, à une ques-
tion ; l'agiter, l'examiner, la discuter, la ré-
soudre, etc. : J'ai à vous parler d'une affaire
importante , que j'aborderai sans préambule.
(Scribe.) Enfin que voulez-vous savoir? Abor-
dons un sujet qui résoudra tout. (L. Gozlan.)
Elle abordait avec hardiesse les questions les
plus ardues. (Balz.)
J'entends: vous abordez enfin la question.
Etienne.
— On dit d'un sujet, d'un point qui est dô--
licat, Ce sujet est difficile à aborder. Je n'ose
aborder ce point. (Acad.)
— Fig. Se lancer dans ; s'exposer à; affron-
ter : Peut-être aucun homme n'est-il capable ■
(/'aborder le crime sans subterfuge. (M»'« de
Staël.) Bonaparte a vu des souffrances dont on
ne peut aborder la pensée. (M'"« de Staël.) Le
même homme, soulevé par l'instabilité du flot
populaire, aborde tour à tour les situations
les plus diverses, les emplois les plus opposés.
(Lamart.) // «'aborda jamais aucun journal,
ne publia rien. (G. Sand.)
— Fauconn. Aborder la remise, S'appro-
cher du refuge de la perdrix.
s'aborder, v. pr. S'accoster, s'approcher
l'un de l'autre pour se parler : Aous nous
sommes abordés dans la rue. (Acad.) Tout le
monde s'abordait, s'interrogeait dans les égli-
ses, sans se connaître. (Volt.) Dans toute la
ville, deux heures après, chacun s'abordait ai
se disant : M™e du Guénic est sortie aujour-
d'hui, l'avez-vous vue? (Balz.) Ils s'abordè-
rent cordialement. (G. Sand.) Il Se heurter,
s'entrechoquer; se joindre pour se combattre :
Dans l'obscurité, les deux vaisseaux s'abordè-
rent. (Acad.) Les deux vaisseaux se sont
abordés avec furie.
On aborde les personnes à qui on veut parler :
Il faut étudier les moments favorables pour
aborder les grands. (Mass.) On a accès la où
l'on ne trouve pas la porte fermée : II faut
être bon pour avoir accès auprès de lui.
(Mass.) On approche quelqu'un quand on lo
voit habituellement : L'enfant s'aime d'abord,
puis il aime ceux qui /'approchent, sa nour-
rice, sa gouvernante. (J.-J. Rouss.)
— Syn. Aborder, nccontr, joindre. On
joint une personne en allant la trouver : Un
enfant qui s'ennuie loin de ses parents retourne
les joindre pour vivre avec eux. (J.-J. Rouss.)
On aborde, dans un salon, dans une assemblée,
un grand, une personne distinguée, le maître
de la maison : Les gens m'ABORDERAiENT sans
doute si j'étais ministre (La Bruy.) On nccosïe,
sur le chemin, dans la rue, un voyageur} un
passant : Voilà notre nouveau débarqué; il
faut que je /'accoste. (Regnard.)
ABORDEUR s. m. (a-bor-deur — rad. abor-
der). Le bâtiment qui fait un abordage : L'a-
liOKDECR triompha. Il Nom donné aux marin*
ABO
composant le détachement qui doit toujours
être le premier à l'abordage.
— S'cmpl. aussi adjectiv.! Navire abor-
deur. Marin abordeur.
ABORIGÈNE adj. (a-bo-ri-jè-ne — du l'at.
ab, de; orùjo, originis, origine). Qui a habité
le premier un pays. : Des tribus aborigènes.
Les Japonais ne paraissent pas être un mé-
lange de différents peuples, comme les Anglais
et presque toutes les nations; ils semblent être
aborigènes. (Volt.) Les premiers peuples de
l'Italie doivent avotr été aborigènes. (Micho ■
tet.) Au milieu des pâtres des Abruzzes, il
n'aperçoit bien distinctement que les compa-
gnons d'Evandre et tes tribus aborigènes. (St-
Priest.)
.— En parlant des animaux : Il arrive sou-
vent qu'un animal n'est point aborigène du
pays d'où on le tire, surtout d'un pays tel que
le cap de Bonne-Espérance, où abordent des
vaisseaux de toutes les parties du monde'. (Buff.)
Il Se dit aussi des plantes: Plante abori-
gène, ii On dit mieux indigène. V. ce mot.
— Encycl. On donne le nom d'Aborigènes
aux premiers habitants d'un pays, c'est-à-
dire à ceux qui l'occupaient au moment où il
est entré dans l'histoire, et dont l'origine est
inconnue. Le mot tiré du latin aborigines et le
mot tiré du grec autochthones (nés du sol qu'ils
habitent) servaient a. établir une distinction
nette entre les peuples primitifs et les colons
venus dans un pays après avoir quitté leurs
premières habitations. Les Indiens sont pour
nous des aborigènes, parce qu'ils habitaient le
nouveau monde à l'époque de sa découverte,
et qu'ils ne paraissaient pas y avoir été précé-
dés par une autre race humaine. Le mot abo-
rigène n'a d'ailleurs jusqu'ici qu'un sens rela-
tif, l'anthropologie n'ayant pas encore établi
l'existence de plusieurs centres de création
pour les races humaines ; dans les religions
qui se rattachent à la Bible, il signifie tout
simplement les premiers arrivés.
Le terme à'aborigène s'applique d'une façon
plus scientifique aux animaux et aux végé-
taux; mais alors celui à'indigène est préfé-
— Syn. simples. Aborigène , autochthone,
indigène, naturel.
— Antonymes. Aubain, étranger, exotique.
ABORNAGE s. m. (a-bor-na-je — rad.
borne). Action d'aborner ; résultat de cette
action. Vieux mot. V. Abornement.
ABORNANT (a-bor-nan) part. près, du
v. Aborner: Des pièces de terre abornant un
champ.
ABORNÉ, ÉE (a-bor-né) part. pass. du
v. Aborner. Borne, limité : Propriétés abor-
nées. Et furent ainsi divisés, départis et
abornés les deux royaumes. (Froissart.)
ABORNEMENT s. m. (a-bor-ne-man — rad.
aborner). Action d'aborner, de mettre des
bornes à un terrain. Co mot est usité en
parlant de l'opération qui a pour objet de
marquer les limites entre la surface occupée
par un chemin de fer et les propriétés voi-
ABORNER v. a. ou tr. (a-bor-né — rad.
borne). Borncrt mettre des bornes à un ter-
rain, pour le distinguer des propriétés voisi-
nes : Faire aborner son champ.
ABORTIF, IVE adj. (a-bor-tif, ive — du
lat. abortivus ; formé de ab, de; ortus, né).
Prématuré, qui se produit avant le temps;
qui n'a pas reçu son entier développement;
qui avorte : Accouchement abortif. Travail
ABORTIF. FœtUS ABORTIP.
— Fig. : Le Lutrin est le Saturne de cette
génération abortive depoêmes badins. (Balz.)
— Substantiv. Enfant né avant terme : ■
Gisant nu, sans tombeau, je dis que Vabortif
Est cent fois plus heureux que ce pauvre ch<!tif
Qui nait en vanité et retourne en tdnijbres.
— Bot, Se dit d'une plante ou d'un organe
qui n'a pas reçu son entier développement, il
Fleur abortive, Fleur qui tombe sans donner
do signe de fécondation, il Fruit abortif, Fruit
qui no parvient pas à maturité ou dont les
graines sont infécondes, il Graine abortive,
Graine qui ne contient pas d'embryon, il Eta-
mine abortive, Etamine dont le filet ne porte
pas d'anthère. Il Pistil abortif, Pistil qui reste
imparfait, rudimentaire. il Plantes abortives,
Plantes dont les fleurs deviennent impropres
à la reproduction.
— Môd. Propre à provoquer l'avortement :
Substances abortives. Peut s'employer sub-
stantiv. : Ce charlatan prescrivit des abortifs
qui causèrent la mort de la femme. (Littré.)
— Encycl. Méd. Les substances abortives
sont des emménagogues, c'est-à-dire agissent
spécialement sur l'utérus. Les plus renommées
sont la sabine, la rue fétide et le seigle ergoté.
La médecine les emploie pour combattre l'a-
ménorrhée et la dysménorrhée, et pour hâter
la délivrance .dans le cas d'accouchements la-
ABO
che au paturon pour retenir les chevaux
quand ils sont au pâturage.
ABOU-BEKR (bè-kre), le premier des califes
arabes, beau-père et successeur de Mahomet,
né vers 573,mortàMédine en 634; il porta d'a-
bord le nom d'Abd-el-Caaba, et s'appela ensuite
Abou-Bekr (père de la Vierge), lorsque le pro-
nhète eut épousé sa fille Aïcha, Il exerçait à la
[ecque les fonctions déjuge criminel, et s'était
j jj^
phète eut épousé sa fille Aïcha. Il exerçait à la
Mecque les fonctions déjuge criminel, et s'était
acquis une grande considération par son esprit
de justice et la douceur de son caractère. Elu
calife (632) après la mort du Prophète, dont il
avait été l'un des premiers disciples, et qui,
avant de mourir, • l'avait désigné lui-même
comme son successeur, il dompta plusieurs ré-
voltes, tandis qu'un de ses lieutenants disper-
sait l'armée du faux prophète Mocaylama, et
travailla activement à la propagation de l'isla-
misme. Ce fut lui qui rassembla les révélations
de Mahomet, éparses jusqu'alors, pour en -for-
mer le Coran, en les faisant transcrire sur des
feuilles de palmier et des peaux de brebis.
C'est ce recueil qui devint le texte authenti-
que du code religieux des Arabes.
ABOUCHANT (a-bou-chan), part. prés, du
v. Aboucher : En les abouchant ensemble, on
arrivera à quelque résultat.
— S'emploie aussi pronominalem. : Elle
alors s'abouchant à mon oreille ; Je ne le vous
permets pas seulement, me dit-elle, mais...
(D'Urfé.)
ABOUCHÉ, ÉE (a-bou-ché) part. pass. du
v. Aboucher. Uni, joint : Deux tuyaux, deux
vaisseaux parfaitement abouchés.
— Mis en face pour conférer : Deux per-
sonnes abouchées ensemble. Une fois abouchés,
ils n'eurent pas de peine à trouver un moyen
pour sortir d'embarras. Dès que les deux fem-
mes furent abouchées, elles se réconcilièrent.
— S'empl. aussi pronominalem. : Ils se sont
abouchés pour s'entendre.
abouchement s. m. (a-bou-che-man —
rad. aboucher). Action d'aboucher, de mettre
bout à bout : //'abouchement de dfiux tubes,
de deux tuyaux, etc.
— Fig. Action de s'aboucher; conférence,
entretien entre deux ou plusieurs personnes :
C'est une cérémonie ordinaire aux abouche-
ments de tels princes, que le plus grand soit
avant les autres au lieu assigné. (Montaigne.)
Ménager un abouchement entre deux per-
sonnes. (Trév:) L' abouchement des deux prin-
ces n'a pas eu te succès qu'on en espérait. (Trév.)
— Anat. Union, jonction de deux vaisseaux,
synon. vulg. à'anastomose.
ABOUCHER v. a. ou tr. (a-bou-ché — rad.
bouche). Mettre bouche à bouche, bout à bout ;
joindre ensemble deux tubes, deux tuyaux,
deux vaisseaux, etc.; les faire entrer l'un dans
l'autre pour qu'ils communiquent : Il faut
aboucher ces deux tuyaux.
— Fig. Procurer à quelqu'un une entrevue,
une conférence avec une autre personne : On
doit aujourd'hui ^'aboucher avec vous dans
une maison empruntée. (Mol.) Ne pourrions-
nous point les aboucher avec leurs bei'gères?
(Dancourt.) Il fit aboucher les deux évèques
en sa présence. (St-Simon.) Il me proposa le
voyage de Grenoble pour «/aboucher avec le-
dit théuenin. (J.-J. Rouss.) J'abouche ce gen-
tilhomme avec les parents de Séraphine. (Le
Sage.)
, v. pr. S
r : Ces d,
iuniquer : Ces deux tubes ne pourront
jamais s'aboucher. Le canal thoracique s'a-
bouche dans la veine sous-clavière. (Littré.)
— Fig. Avoir une conférence, un entretien,
une entrevue avec quelqu'un . entrer en pour-
parler avec lui dans le but d arriver à un ac-
commodement à un arrangement : // ne s'agit
Que de faire quils s'abouchent, qu'ils se par-
lent. (La Bruy.) D'abord que le nouveau vice-
roi fut débarqué, le comte et lui s'abouchèrent
ensemble. (Le Sage.) Il s'abouche, pour réus-
sir, avec des gens placés en sous-ordre, (Balz.)
Et chacun d'eux brûle de s'aboucher.
— Fig. et fam. Appliquer sa bouche à un
vase, boire à môme : Donne, donne, ma fille!
s'écria Canlin ; et, s'abouchant à l'amphore, il
la pompa d'un trait, puis la jeta vidé à ses
pieds. (E. Sue.) Il y avait quinze jours que je
n'avais envisagé face humaine, et que j'étais là
à m'abrutir en m'abouchant avec des bou-
teilles. (Alex. Dumas.)
ABOUCHOUCHOU s. m. (a-bou-chou-chou).
Comm. Sorte de drap qui se fabrique dans le
midi de la France, pour être expédié dans le
Levant.
ABOU-DJAFAR, surnommé l'Invincible,
deuxième calife abbasside, régna de 754 à 775.
Il succéda à son frère Aboul - Abbas , fit la
conquête de l'Arménie, de la Cilicie, de la
Cappadoce et, en 762, fonda Bagdad, dont il fit
la capitale de l'empire musuli n_v:i-
, Haroun-àl-Raschid et
Al-Mamoun.
ABOUEMENT OU ABOOMENT (a-bOU-man —
rad. bout). Tcchn. Jonction de deux pièces de
bois, qui affleurent si exactement, qu'il est
impossible de sentir le point d'assemblage.
ABOUGRI, 1E (a-bou-gri) part. pass. du v.
ABO
Abougrir. Mal venu, mal conformé. V. Rabou-
gri, qui est plus usité.
ABOUGRIR v. n. ou intr. (a-bou-grir). Mal
venir, être endommagé dans sa première
croissance, en parlant d'un bois. Vieux mot.
On dit mieux Rabougrir.
ABOUGRISSEMENT s. m. (a-bou-gri-se-
man — rad. abougrir). Arboric. Etat d'un
arbre tjut a subi quelque dommage dans sa
première croissance. On dit mieux rabougris-
SEMENT.
ABOU-1IAN1PAH, chef des hanéfites, l'une
des quatre sectes musulmanes orthodoxes, né
à Koufah en 699, empoisonné en 767, par les
ordres du calife Abdallah II, dont il avait com-
battu le projet de mettre à mort les habitants
de Mossoul. Il fut un des grands docteurs de
l'islamisme.
ABOU-HANNÈS s. m. (a-bou-ann-nèss —
mot égypt. qui signifie Père Jean). Expres-
sion que l'on emploie quelquefois pour dési-
gner l'ibis, parce que cet oiseau se montre en
Egypte vers la St-Jean : Les momies d'oiseaux
qui sont exhumées si fréquemment des tombeaux
des anciens Eqyptiens sont précisément des
abou-hannès. (Encycl.)
ABOU-KHARN s. m. (a-bou-karnn). Mamm.
Rhinocéros du Ouàday, qui paraît être la li-
corne des anciens.
ABO
20 k. (
Nelson y détruisit la flotte française
dée par Brueys ; en 1799, victoire de Bonaparte
sur les Turcs (V. l'article suivant) ; mais le
25 mars 1801, Abercromby y battit le généra!
Menou et enleva Aboukir aux Français.
ABOUK1R (batailles d'). Nom donné à deux
batailles auxquelles se rattachent pour nous
des souvenirs bien différents; elles furent li-
vrées par les Français pendant l'expédition
d'Egypte, la première sur mer contre les An-
glais, la seconde sur terre contre les Turcs.
Pendant que Bonaparte s'occupait d'orga-
niser sa nouvelle conquête, la fortune lui pré-
parait le plus redoutable de tous les revers.
En quittant Alexandrie pour se porter vers le
Caire, il avait fortement recommandé à l'a-
Brueys , chef de la flotte qui l'avait
é en Egypte^ de ne point rester dans la
rade d'Aboukir, ou les Anglais auraient tant
d'avantage à le combattre. Brueys se décida
alors à partir pour Corfou ; mais il perdit un
temps précieux à attendre des nouvelles du
Caire, et ce retard amena un des plus fu-
nestes événements de la Révolution, un de
ceux qui, à cette époque, ont le plus influé
sur les destinées du monde.
Instruit du départ des Français du port de
Toulon, mais ignorant le but de l'expédition,
Nelson, après les avoir vainement cherchés
dans l'Archipel, dans l'Adriatique, h. Naples,
en Sicile, avait enfin acquis la certitude de
leur débarquement en Egypte. Il fit voile
aussitôt pour Alexandrie, atm de joindre leur
escadre et de la combattre. II la trouva dans
la rade d'Aboukir {1er août 1798), et résolut
de l'attaquer immédiatement, quoiqu'il fût près
de six heures du soir. L'amiral Brueys s'était
embossé dans la rade, qui forme un demi-
cercle très-régulier, et avait rangé ses treize
vaisseaux sur une ligne courbe, parallèle au ri-
vage, qu'il appuyait sur sa gauche à une petite
île qu'on appelle l'îlot d'Aboukir. Jugeant im-
Sossible qu'un vaisseau pût passer entre cet
ot et sa ligne pour la prendre par derrière, il
s'était contente d'y établir une batterie de
douze, et se croyait tellement inattaquable de
ce côté, qu'il y avait placé ses plus mauvais
vaisseaux. Mais devant un adversaire tel que
Nelson, plus redoutable encore par l'audace
de ses manœuvres que par les conceptions de
son eénie, ces précautions ordinaires de la
allaient être déjouées. Le nombre
aux'était égal des deux côtés. L'a-
iglais s'avança intrépidement entre le
rivage et notre ligne d'embossage. Le premier
de ses vaisseaux, le Culloden, échoua sur un
bas-fond; mais le Goliath, le Zélé, VAuda-
cieux,\e Thésée et YOrion réussirent à exécuter
leur mouvement. Ils arrivèrent jusqu'au Ton-
nant, qui était le huitième de la ligne française,
et engagèrent ainsi notre centre et notre gau-
che. Leurs autres vaisseaux s'avancèrent par
le dehors de la ligne et la mirent alors entre
deux feux. Le combat fut terrible, surtout au
centre, où se trouvait l'Orient, vaisseau amiral
français. Le Bellérophon, l'un des principaux
vaisseaux de Nelson, fut dégréé, démâté et
obligé d'amener ; d'autres vaisseaux anglais,
horriblement maltraités, durent s'éloigner du
champ de bataille. Malgré le succès de la ma-
nœuvre de Nelson, Brueys pouvait encore
espérer la victoire si les ordres qu'il donnait
en ce moment à sa droite étaient exécutés ;
mais le contre-amiral Villeneuve, qui la com-
mandait, n'aperçut point les signaux, et il resta
immobile au lieu de se rabattre sur les vais-
seaux anglais qui canonnaient notre ligne par
le dehors, et de les prendre eux-mêmes entre
deux feux. C'était ce que redoutait Nelson.
Mais le futur vaincu de Trafalgar manquait de
cette résolution instinctive qui, dans des cir-
constances semblables, porte un lieutenant à
voler de lui-même au secours de son chef;
comme plus tard Grouchy à "Waterloo, il en-
tendit le canon qui foudroyait nos vaisseaux
sans oser venir prendre part à la lutte, et,
tandis que l'amiral et ses capitaines soutenaient
par des prodiges de bravoure l'honneur du
pavillon, il s'échappait avec quatre navires
qu'il croyait enlever à la destruction et qu'il
arrachait à la gloire. L'infortuné Brueys,
blessé, ne voulut point quitter le pont de son
vaisseau. < Un amiral, dit-il, doit mourir en
donnant des ordres. » Un boulet le tua sur son
banc de quart. L'intrépide capitaine Dupetit-
Thouars avait deux membres emportés ; il se
fit donner du tabac, refusa, à l'exemple da son
chef, d'abandonner son poste, et comme lui
fut frappé par un boulet. D'autres actes d'hé-
roïsme vengèrent encore l'honneur du dra-
peau, mais ne purent qu'illustrer notre désas-
tre. Vers onze heures, le magnifique vaisseau
l'Orient sauta en l'air avec une épouvantable
explosion. Tous les autres furent détruits j
Nelson lui-même avait reçu des atteintes si
terribles, qu'il n'osa poursuivre les vaisseaux
emmenés par Villeneuve.
Telle fut cette célèbre bataille d'Aboukir, la
plus désastreuse que la marine française eût
encore perdue, et celte dont, les conséquences
militaires devaient être si fatales. Elle en-
fermait les Français en Egypte et les y aban-
donnait à eux-mêmes; elle dépouillait la
France, au profit de l'Angleterre, de tout son
ascendant en Orient, et, ce qui était plus triste
peut-être, elle jetait dans l'esprit d un grand
nombre de nos marins ce déplorable sentiment
d'infériorité dont Nelson devait encore 're-
cueillir les fruits à Trafalgar.
barquement, dans fa rade d'Aboukir, d'une
armée turque de 18,000 soldats d'infanterie,
s'avança aussitôt pour la combattre, à la tête
de' 6,000 hommes seulement." Cette armée ,
composée de janissaires, avait une artillerie
nombreuse et bien servie, et était commandée
par des officiers anglais. Fortement retranchée
dans le village d'Aboukir, elle pouvait opposer
une résistance meurtrière. Mais, à la voix de
Bonaparte, les généraux Destaing, Lannes et
Murât s'élancent avec intrépidité .contre les
retranchements, et, après un combat acharné
de quelques heures, les Turcs sont précipités
dans la mer. Plus de 12,000 cadavres flot-
tèrent bientôt dans cette rade d'Aboukir, qui
naguère avait été couverte des corps de nos
marins ; les autres avaient péri par le fer ou
par le feu. Pour la première fois peut-être,
dans l'histoire de la guerre, on avait vu une
armée détruite tout entière. C'est dons cette
occasion que Kléber, arrivant à la fin du jour,
enleva Bonaparte dans ses bras en s'écriant :
« Général, vous êtes grand comme le monde 1 »
La Bataille d'Aboukir, qui fit sensation dans
le monde artistique, parut au salon de 1806.
Contrairement à l'habitude qu'ont les peintres
de batailles, Gros n'a pas peint un épisode,
mais un combat tout entier. « La Bataille
d'Aboukir, dit B. Delestre, n'est pas une "im-
provisation, comme on pourrait le croire en ne
considérant que la facilité d'un travail rapide
et conduit dans toutes ses phases avec le
même esprit et le même enthousiasme. Gros
n'a pas reproduit au hasard les musses qui
forment les divers épisodes de sa composition;
il a procédé tout autrement : c'est sur le plan
des lieux, mis en perspective, et du point de
vue déterminé par l'aspect le plus favorable a
son but, que lartiste a établi ses lignes, et
c'est dans l'exposé des faits qu'il a puisé ses
poétiques conceptions. Six mois à peine lui
furent nécessaires pour l'exécution de ce ta-
bleau, où tout ce qui tient k la vérité des inci-
dents et des costumes est strictement observé.»
La Bataille d'Aboukir fut rachetée du roi de
Naples, en 1825, par Gros et M. Chaptal (ils,
pour la somme de 15,000 fr., et c'est de leurs
mains qu'elle est passée dans la collection de
la liste civile.
ABOUL-ABBAS (ab-bàss), premier calife da
la dynastie des Aobassides. Sa domination s'é-
tablit par le meurtre de presque tous les Om-
niades (750).
ABOULAZA s. m. (a-bou-la-za). Bot. Arbre
de Madagascar, employé par les naturels do
cette île contre les maladies du cœur.
ABOULER v. a. ou tr. (a-bou-lé — rad.
boule). Triv. et pop. Apporter sans délai;
donner tout de suite, sans remise, sans répit,
à toute force : AnouLK-moi le reste de ce flacon
de tafia. (Dumanoir.) Si elle pouvait abouler
du quibus en attendant les restes de Maupin.
( Lauzanne. ) Si vous avez deux billets de
mille francs, passes à votre caisse et aboulez
les noyaux. (E. Sue.)
— On l'emploie aussi absol. : Aboule, c'est-
à-dire, Donne, apporte.
— Signifie encoro Arriver : Maintenant
Poupardin et sa fille peuvent àboui.kr quand
bon leur semblera. (Labiche.) Il Co mot ap-
partient à l'ancien argot, et s'emploie encore
dans la langue du peuple de Paris. Il tire son
étymologie do boute, parce qu'en effet abouler
c'est rouler comme une bouto.
ABOULFARADJE (Gregorius Abulfaragius),
célèbre historien et médecin de la secte des
chrétiens jacobites, né à Malatia en 1226, mort
en 1286, étudia d'abord la médecine, puis les
langues arabe et syriaque, la philosophie, l'his-
toire naturelle et la théologie. Il devint suc-
cessivement évêque de Gquba, d'AIep, et
primat des jacobites d'Orient. Il a composé
deux Chroniques ou Histoires universelles.
28
ÂBO
écrites l'une en arabe, l'autre en syriaque, et
renfermant des détails peu connus sur les
guerres des Mogols et des Tartares. La Chro-
nique arabe a été traduite en allemand par
Bauer, Leyde, 1783-85.
ADOUI.FAZL, grand vizir et historiographe
du grand mogol Akbar, mort assassiné en 1608
par des émissaires de Sélim, fils d'Akbar, ja-
loux de la faveur dont il jouissait auprès de
-son père. Il est auteur d'une histoire intitulée
Akbar-Nameh (livre d'Akbar), qui renferme
l'histoire de ce prince, un tableau généra! dj*
la maison des empereurs indiens, des ressour-
ces du pays et clés événements nui s'y sont
passés, ainsi qu'un exposé de la religion, de la
littérature et des sciences des Hindous. La par-
tie Ayeen A/cberi.
ABOULFÉDA, historien et géographe arabe,
né à Damas en 1273, de la race illustre des
Ayoubi tes, morten 1 33 1 . Dès l'âge de douze ans,
il prit part aux guerres qui eurent pour résultat
la ruine des colonies chrétiennes fondées par
les croisés, et fut investi en 1310, par le sultan
d'Egypte, "de la principauté de H ara ah. Son
Histoire abrégée du genre humain, extrême-
ment importante surtout pour l'histoire de l'is-
lamisme, et sa Vraie situation des pays, l'ont
placé au premier rang des écrivains arabes.
ADOUMANA, village de la haute Egypte,
dans la province de Girgeh, sur la rive droite
du Nil. Le n février 1799, victoire remportée
sur les Arabes du shérif Yambo par le général
français Priant.
ABOUNA s. m. (a-bou-na — littéral. 710/re
père). Titre que les chrétiens d'Ethiopie don-
nent à leur métropolitain : //abouna ou père,
chef suprême des églises abyssiniennes , est
nomme par le patriarche cophte. d'Alexandrie.
(Encycl.) il On dit aussi abuna : Z'abuna reçoit
son investiture du patriarche cophte du Caire.
(Encycl.)
ABOUNDA s. m. (a-bou-nda), Linguist.
Langue parlée au Congo.
ABOUQUANT (a-bou-kan) part. prés, du v.
Abonquer.
abouquÉ, ée (a-bou-ké) part. pass. duv.
Abouquer : Set abouqué.
abouquement s. m. (a-bou-ke-man —
rad. abouquer). Salin. Addition de nouveau
sel sur un meulon : L'ordonnance défend l\-
bouquement, si ce n'est en présence des offi-
ciers royaux. (Trév.)
ABOUQUER v. a. ou tr. (a-bou-ké). Salin.
Ajouter du sel nouveau sur un monceau de
vieux sel : ÀnoucjuEn du sel.
très-fréquentée parles caravanes. 10
ABOUT s. m. (a-bou— do à et bout). Extré-
mité d'une pièce de charpente ou de menui-
serie coupée à requerra et façonnée en talus,
afin de pouvoir être ajoutée à une autre
„:a™> ' ' '"~ut des tenons. Avoir de bons, de
— Techn. La dépose des lattes et ardoises
d'une couverture, et la repose de ces mêmes
matériaux, il Le bout par lequel une tringle
ou tirant do fer se joint, se fixe à quelque
chose. Il Chez les paveurs, La dépose du pavé
et la repose sur une forme neuve. 11 Char-
pent. Mettre en about , c'est poser une pièce
de bois à embrèvement et d'onglet. 11 Papct.
Base du cylindre qui broie les chiffons des-
tinés à la fabrication du papier.
— Archit. nav. Bout de planche qui se joint
le plus exactement possible à l'extrémité d'un
bordage ou d'une autre planche trop courte.
Il Par ext. Petite fraction de la longueur
d'une pièce de bois, mesurée à partir de l'une
de ses extrémités : La pourriture de ce bor-
dage ne se trouve que dans un about d'un à
deux mètres.
— Ourispr. About spécial , Assignat parti-
culier donné à une rente sur un héritage. 11
Mettre le demandeur eu son about, Le mettre
en possession d'un héritage sur lequel une
rente lui est assignée.
ABOUT (Edmond-François- Valentin) , écri-
vain français, né à Dieuze (Meurthe) en 1828.
En 1848, il remporta le prix d'honneur de phi-
losophie , entra à l'Ecole normale, et fut en-
voyé en 1851 a l'Ecole française d'Athènes, A
son retour , il publia la Grèce contemporaine ,
où le peuple hellénique était traité avec beau-
coup de sévérité. Le roman de Tolla, qui pa-
rut ensuite dans la Itevue des Deux-Mondes ,
souleva une polémique des plus vives , dans
laquelle on reprocha à l'auteur de s'être ap-
proprié un sujet et des idées qui ne lui appar-
tenaient pas. Une comédie en trois actes,
Cuillery, d'un tissu fort léger, fut représentée
peu de temps après au Théâtre-Français et
n'eut aucun succès. Gaétana, jouée plus tard
à l'Odéon, souleva contre le jeune écrivain des
haines violentes, dont l'explosion alla jusqu'au
désordre. Le peu de succès de ces deux tenta-
tives dut convaincre M. About que, s'il est un
styliste de grand talent, la nature toute parti-
culière de son esprit s'accommode peu aux
exigences du théâtre actuei, où il ne faut que
de l'action et une forte charpente.
Aujourd'hui le bagage littéraire de cet écri-
volumes ou dans les revues , les Mariages de
Paris , — Voyage à travers l'Exposition des
Beaux-Arts , — le Roi des Montagnes, — Ger-
maine, — les Echasses de Maître Pierre, — le
Salon de 1857, — l'Homme à l'Oreille cassée,
une de ses plus faibles productions, — Made-
lon, œuvre pleine d'esprit, mais où l'immoralité
le dispute à l'invraisemblance, etc. Mais celui
de ses ouvrages qui lui créa les plus puissants
ennemis est la Question romaine, livre qu'il pu-
blia après un séjour de quelques mois dans la
capitale du monde chrétien, et où il fait res-
sortir avec beaucoup de malice et de vivacité
les vices du pouvoir temporel.
Ce qui distingue le style de M. About, c'est
l'esprit, la clarté, l'art de bien dire, et surtout
une connaissance profonde et un grand res-
pect de la langue, qui sont un heureux reflet
des brillantes études du lauréat de 1848. Ce
sont ces qualités, sans doute, qui ont fait dire
à ses partisans, et il en a beaucoup, qu'il était
une doublure de Voltaire. C'est déjà très-flat-
teur t> assurément , et nous ne contestons pas
ce côté de son talent; nous ajouterons seu-
lement que, s'il est la doublure de Voltaire, il
n'en a et n'en aura jamais l'étoffe.
Du reste, la place qu'occupe le nom de Vol-
taire dans les régions du génie est telle , qu'il
peut y en avoir au-dessous de très-éminentes.
Nous espérons donc que cette restriction ne
blessera pas les susceptibilités du jeune et spi-
rituel écrivain. S'il devait en être autrement,
l'expression serait allée au delà de la pensée.
ABOUTAGE s. m. (a-bou-ta-je — rad. abou-
ter). Mar. L'action do réunir par un nœud les
bouts de doux cordages.
A BOUT DE BORD loc. adv. Mar. : Attein-
dre un objet à bout de bord, Y parvenir, lors-
qu'on est au plus près du vent, sans être
obligé de courir d'autres bordées. Etre à bout
de bord, Etre forcé de virer de bord, pour ne
pas se heurter à un danger que l'on a devant
— Fig., dans le langage ordinaire, Etre
à la fin de ses expédients, de ses ressources :
// ne sait que devenir, il est À bout dk borb. 11
Se trouver dans un état de maladie déses-
péré : // ne vivra pas vingt-quatre heures: il
ABOUTÉ, ÉE (a-bou-té) part. pass. du v.
Abouter. Mis bout à bout : Pièces de bois
ABOUTÉES.
— Blas. Sp dit; 10 des pièces plus ou moins
allongées qui se touchent par leurs extrémi-
tés supérieures et inférieures, famille de
Jio/ian : do gueules, à neuf macles, d'or ac-
colées et aboittées 3 à 3 en trois fasces-, 2° de
quatre hermines ou do quatre otelles dont
les bouts correspondent et se joignent en
croix. — Famille de Hurlcston : d'argent à
quatre hermines en croix aboutées en cœur ;
3" des cœurs et autres pièces qui se touchent
par leur partie intérieure, pointue ou non
pointue. — Famille de Savourdin d'Aiglun :
d'azur à trois cœurs aboutés d'or.
ABOUTEMENT s. m. (a-bou-te-man — rad.
bout). Techn. L'action d'abouter ; état de deux
choses aboutées.
— Mar. Point de jonction de deux pièces
de bois assemblées par leurs extrémités.
ABOUTER v. a. ou tr. (a-bou-té — rad.
bout). Techn. Joindre par les bouts, mettre
bout à bout. Se dit de deux pièces de bois que
l'on assemble par leurs extrémités.
La Fontaine.
— Fig. Qui a pour résultat : De grands
desseins aboutis à peu de chose. (Littré.)
— Méd. Qui a suppuré ; Une tumeur abou
tie. (Littré.)
— Hortic. Couvert de boutons : Nos pêchers
sont bien aboutis. (Trév.)
ABOUTIR v. n. ou intr. (a-bou-tir — rad.-
bout). Toucher, confiner par une extrémité,
par un bout, se terminer dans : Ce pré abou-
tit à la forêt. (Acad.) Tous les rayons d'un
cercle aboutissant à son centre. (Trév.) Les
nerfs, qui sont les organes du sentiment, abou-
tissent tous à la cervelle. (Buff.) Du portique
royal partent deux rues qui aboutissent « la
place publique. (Barthél.) Dans les châteaux
gothiques, un souterrain creusé sous les tours
aboutissait dans la campagne. (Chatoaub.)
Vous avez de grandes routes qui aboutissent
d'une ville à une autre. (Guizot.) il Finir, se
terminer : Cette pyramide aboutit en pointe.
(Vaugclas.) Cet arbre aboutit en pyramide.
il Ce sens a vieilli.
— Par ext. Converger, se diriger vers .-
Selon son dessein, tout doit aboutir à St-Pé-
tersbourg , qui , par sa situation , serait un en-
trepôt du monde. (Fontenelle.) Il Parvenir, ar-
river à : On s'aperçut que la salle n'avait pas
d'issue et qu'on avait abouti à une sorte de
ca-cum. (Th. Gant.) Il Etre en rapport, en com-
munication avec: Ces ouvriers correspondent à
des facteurs, lesquels aboutissent à un spécu-
lateur appelé fabricant. (Balz.}
— Fig. Avoir pour objet, pour fin, pour ré-
■""*■ '"■-'■- --' qu'à le perdre. (Acaà.)
sultat: Cela»'
ABO
Cette vie aboutit à grossir des trésors inutiles.
(Fléch.) En matière de dépense et de profu-
sion, rien n'est blâmable, selon le monde, que
ce qui peut aboutir à déranger la fortune.
(Mass.) Vous verrez où aboutit enfin te monde
avec tous ses plaisirs et toute sa gloire. (Mass.)
Si le principe est faux, on aboutit nécessaire-
ment à une absurdité. (Diderot.) Toutes les
sciences ont des relations avec la morale, puis-
qu'elles aboutissent aussi toutes à l'homme.
(B. de St-P.)
A quoi tous ces propos peuvent-ils aboutir ?
t donc aboutir un pareil
Où vi
— Absol. : Les négociations pour la compo-
sition d'un nouveau cabinet n'ont pas encore
abouti. (Journ.) Cette affaire «'aboutit pas.
Quand aboutiront tous vos projets?
— Faire aboutir, Donner pour fin, pour but,
pour terme : Virgile fait aboutir son poème
à la louange d'Auguste et de sa famille. (Fén.)
C'est au cœur que la nature fait aboutir à la
fois tous les sens de notre corps et toutes les lu-
mières de notre esprit. (B. de St-P.)
— Chir. Venir, arriver à suppuration :
Faire aboutir un abcès, un clou. Cette tumeur
ABOUTIRA.
— Hortic. Boutonner, pousser des boutons.
— v. a. ou tr. Archit. et plomb. Revêtir
de feuilles minces de plomb un ornement
d'architecture ou de sculpture.
— Hydraul. Raccorder un gros tuyau sur
un petit au moyen de plomb.
S'aboutir , v. pr. Hortic. Boutonner : Les
poiriers s'aboutirent très-bien l'année passée.
(Trév.)
ABOUTISSANT (a-bou-ti-san) part. prés,
du v. Aboutir : Certaines méduses ont plu-
sieurs bouches aboutissant toutes à vn seul
estomac. (Encycl.) La flamme, après avoir cir-
cule, est enfin emportée rapidement par d'au-
tres tuyaux d'aspiration aboutissant à une
grande et haute cheminée. (Buff.)
ABOUTISSANT, ANTE adj. (a-bou-ti-san,
an-te). Touchant par une extrémité, par un
bout; se dit surtout en parlant do terrains .-
Pièce de pré aboutissante à la forêt. (Trév.)
Un arpent aboutissant à la forêt. (Acad.)
Une pièce de terre aboutissante à... (Acad.)
Par une porte aboutissante aux champs
Allait, - " ' "f
Fontaine.
— Rem. Dans les exemples de l'Académie,
de Trévoux et de La Fontaine , le mot abou-
tissant exprime évidemment une action ; il
devrait donc être invariable suivant les règles
de notre svntaxe, puisqu'il exprime un des
accidents du verbe d'action aboutir; mais ce
mots est un des termes techniques du'langage
de la jurisprudence, et, à ce titre, il n'a rien
appris, rien oublient il obéit encore aux lois
grammaticales du xvie siècle qui comman-
daient la variabilité de tous les participes pré-
sents. Il en est de mêmedeaj/an/s cause, ayants
droit, autres débris de la vieille langue.
ABOUTISSANTS s. m. pi. (a-bou- ti-san
— rad. bout). Limites d'un héritage, d'une
terre , dans le sens de la longueur , par oppo-
sition aux tenants, mot auquel le premier est
joint ordinairement, et qui désigne les li-
mites dans le sens de la largeur : Une de-
mande en désistement d'héritage doit indiquer
les tenants et aboutissants des terres en
question-. (Merlin.) Un plan figuré du local,
avec indication des dimensions ~* J
ET ABOUTISSANTS. (Balz.) Il S0
par ext., des propriétaires eux-mêmes : Dans
les contrats de vente, on ne manque jamais de
mentionner les aboutissants et les tenants.
(Encycl.) 11 Peut s'employer seul, en parlant
do tout ce qui aboutit à un lieu : Les rues et
les aboutissants du débarcadère étaient en-
combrés de monde. (Journ.)
— Fig. Se dit de tout ce qui se rattache à
une chose et qui sert à la compléter : Ecrire
l'histoire d'une seule nation, c'est œuvre incom-
plète, sans tenants et sans aboutissants.
(V. Hugo.) 11 Les détails d'une affaire, les re-
lations d'une personne, son entourage : M. de
Lamoignon vous en pgurra dire mieux que moi
tOUS LES TENANTS ET ABOUTISSANTS. (DC COU-
langes.) Ce sont des émissaires admirables;
ces gens-là savetit tous les'
sants des familles, et m
services. (Dancourt.)
ABOUTISSEMENT S. 1
— rad. bout). Résultat
eu aucun aboutissement. .. _. __ _
dit aussi d'an événement qui est la
qiience nécessaire de beaucoup d'autres qui
1 ont précédé : La révolution de 1848 n'est en
réalité que /'aboutissement des aspirations,
des instincts. traditionnels de la France. (Sar-
— Pièce d'étoffe que l'on coud à une autre
pour l'allonger : Cette pièce est trop courte, il
faut y mettre un aboutissement. (Trév.)
— Chir. Commencement de suppuration :
t, d'un abcès.
1. (a-bou-ti-se-man
Nos efforts n'ont
Il Dans
ABOUTOIRS s. m. pi. (a-bou-toir). Techn.
Œillères grossières des chevaux de charrette.
il On dit aussi aboutoires, mais alors il est
féminin.
ABOVILLE (François-Marie , comte i>'), gé-
néral d'artillerie, né à Brest en 1730, mort en
1817. Il fit, en qualité de colonel, la guerre dé
ABO
l'indépendance américaine sous les ordres do
Rochambeau , fut nommé général de brigade
en 1789, commanda ensuite comme général de
division, en 1792, les armées du" Nord et des
Ardennes, et se prononça énergiquement con-
tre la trahison de Dumouriez. Successivement
nommé, après le 18 brumaire, premier inspec-
teur général d'artillerie, sénateur, grand of-
ficier de la Légion d'honneur, il fut appelé à
Brest en 1809, avec le titre de gouverneur.
Ayant adhéré au rétablissement des Bourbons,
il entra à la Chambre des pairs en 1814, con-
serva-cette dignité pendant les Cent-Jours et
la vit confirmée par Louis XVIII. Entre autres
perfectionnements dans son arme, on lui doit
les roues à voussoir, à moyeux en métal. Il a
laissé deux fils ': Augustin-Gabriel, né en 1773,
mort en 1820, qui devint après la Restaura-
tion commissaire du roi près l'administration
des poudres et salpêtres; — Augustin-Marie,
né en 1776, qui fut nommé général de brigade
après la bataille de W'agram, où il perdit un
bras, et appelé ensuite au commandement de
l'Ecole d'artillerie de La Fère. Tous deux fu-
rent pairs de France.
AD OVO, loc. adv1. (a-bo-vo — du lut. ab,
dès, depuis; ovum, abl. ovo, l'œuf). Dès le
principe, dès l'origine, depuis le commencu -
ment, La vulgarisation de cette locution re-
monte à Horace, qui loue Homère d'avoir su
tirer toute V Iliade d'une seule scène, d'un seul
événement du siège de Troie (la colère d'A-
chille), sans avoir eu besoin, pour grossir son
poème, de remonter jusqu'à la naissance d'Hé-
lène , cause de la guerre, et qui, suivant la
mythologie, était née de l'œuf de Léda :
Neo gemino hélium Trojanum orditur ab 000.
usque aâ mala, depuis l'œuf jnsqu'ai
mes, était un proverbe né des habitudes de
table chez les Romains. Le repas commençait
presque toujours, par des oîufs et se terminait
par des fruits. Horace lui-même dit, en par-
lant du chanteur Tigellius • Il aurait chanté
depuis t œuf jusqu'aux pommes, c'est-a-diro
pendant toute la durée du repas.
Ces mots sont souvent cités par nos écri-
« Le feuilleton ne s'est pas cru obligé à
suivre pas à pas ces drames échevelés qui
commençaient à six heures du soir pour finir
après minuit. Personne n'est plus assez fort
pour entreprendre ab ovo un pareil récit. »
■ Je suis fort aise d'avoir entamé mon his-
toire par la relation de mes faits et gestes,
comme dit Horace , ab ovo, depuis l'œuf où
j'ai commencé a végéter. » Sterne.
Et d'abord, sauvez-vous par une fuite prompte
Dont l'ennui consciencieux,
De quelque omission pour réparer la honte.
Malgré vous ab ovo recommence son conte.
Deulle.
-;- S'emploie quelquefois elliptiq. après un
■ L'antiquité avait posé dans ses mythes la
question de l'origine du mal; elle l'avait ré-
solue par un autre mythe , en affirmant sans
hésiter la criminalité ab ovo de notre espèce. •
Proudhon.
aboyant (a-boi-ian) part.' prés, du v.
Aboyer : Les chiens en aboyant ont fait fuir
les voleurs. Un moment après, Fidèle était à
leurs pieds , aboyant , gémissant et les acca-
blant de caresses. (B. de St-P.)
aboyant, ante adj. (a-boi-ian, an-te —
rad. aboyer). Qui aboie continuellement, par
suite du naturel : Des chiens aboyants. Une
meute aboyante. Toutes ces vagues me fai-
saient l'effet d'une horrible populace, non
d'hommes, mais de chiens aboyants. (Michelet.)
Arrivés aux portes, les chiens nous qtiittèrent,
j'avoue que, pour mon compte, je ne- fus point
fâché d'être débarrassé de V aboyante escorte.
(Alex. Dumas.)
— Par anal. Se dit des flots qui se brisent
contre les rochers, et qui font entendre des
bruits semblables aux aboiements :
De l'horrible Scylln les meutes aboyantes...
— Substantiv. et fig., en parlant des per-
sonnes, Celui, colle qui postule, qui ambi-
tionne : Cette abbaye causa tant denvie que
tes aboyants, outrés de la voir donner ainsi, se
mirent à chercher ce que c'était que cet abbé
de Chavigny. (St-Sim.)
ABOYÉ, ÉE (a-boi-ié) part. pass. du v.
Aboyer. Poursuivi par des cris , des abois :
Un cerf, un sanglier, un loup aboyé par les
— Fig. Poursuivi par des critiques, des in-
jures, dos créanciers, etc. : Après quatre l'ours
de chemin , toujours aboyés île quelques enne-
mis, ils arrivèrent enfin au fort de fletorton.
(Mézeray.) Le prince de Conti faisait un triste
et humiliant personnage, accueilli de personne,
aboyé de tous. (St-Simon.) J'attendrais long-
temps un régiment vacant , ABOYÉ des familles
et des officiers. (St-Sim.)
•ABO
ABOYER v. n. ou int. (a-boi-ié — rad. baier,
mot de l'ancien français ; dans plusieurs do
nos patois on dit encore aboyer. Du lat. bau-
bari, aboyer. Ce mot doit être considéré
comme une onomatopée." — Change l'y du
rad. en t devant un e muet; II aboie, il
aboiera; prend un « et un i do suite aux deux
., aboyioi ,
s aboyions, que vous aboyit r. _ .__, _
parlant du chien et de quelques autres ani-
maux du même genre : Ouais/ il me semble que
j'entends un chien qui aboie. (Mol.) Il faut at-
tendre, pour faire le compliment d'entrée, que.
les petits chiens aient aboyé. (La Brhy.) Le
renard glapit, aboie, et pousse un son triste.
(Bufn Les loups hurlent et »j'aboient point.
(ïîuff,) A ce moment les chiens de garde aboyè-
kkot avec force. (E. Sue.) n Poursuivre, me-
nacer par des cris, des aboiements. Se cons-
truit alors avec les prépositions à, après,
contre : Ce chien aboyait contre tous ceux qui
l'approchaient. (Buff.) Le chien du garde aboie
au voleur, après le voleur, contre le voleur.
(Littré.)
— S'empl. activ. dans le même sens : Moi,
ie ne tue point un chien qui m'ABOra. (Dider.)
La plupart des chtens se contentent J'aboyer
Ih hérisson , et ne se soucient pas de le suivre.
(Buff.)_
— Véner. On dit que les chiens crient quand
ils chassent. Ils n'aboient que lorsque la bête
est forcée.
— Par anal. Se dit de certains bruits im-
portuns : Les roues, les scies, les chaudières,
les machines grincent, r aient, reni fient, aboient,
glapissent, déchirent le bronze, tordent le fer.
mâchent le granit. (V. Hugo.) il On l'a dit aussi
des instruments de musique : L'organiste dé-
chaînait sa meute de gros tuyauxqui aboyaient
en cadence. (Le Siècle.) Il On !'a appliqué éga-
lement aux crieurs qui appellent les gens
pour les engager à entrer aux spectacles fo-
rains: Entrez, entrez, messieurs et mesdames,
prenez vos places, aboyaient le pitre et le
paillasse.
— Fig. Clabauder, crier contre quelqu'un ;
l'attaquer de paroles; le presser avec impor-
tunée, avec acharnement : Tous les critiques
aboient après cet auteur. (Acad.) Dès le soir,
le fidèle Achate se mit à aboyer contre Bran-
cas sur le jansénisme. (M'"o de Sév.) Mais
l'argent nous. presse, et nous avons de tous
cotés des gens qui aboient après nous. (Mol.)
Un milicien de Paris se hasarda à passer der-
rière les gardes du corps; là voyant la grille
fermée, il aboyait après le factionnaire placé
au dedans et lemenaçait de sa baïonnette. (Mi-
chelet.) 11 Dans ce sens, il s'emploie souvent
transitiv. : C'est un médisant qui aboie tout le
monde. (D'Ablanc.) Pourquoi m'xsoiKS-tu? —
Parce que je vois un voleur. (D'Ablanc.) J'ai
laissé dix mois entiers les gazetiers me cons-
puer, iîi'aboyer, sans seulement y faire atten-
tion. (P.-L. Cour.)
— Absol. :
ABU
29
ie déplaît
isjan
■tout, ce
ie blesse les yeux;
ssitfttje
t'aboie.
— Fig. Aboyer après une chose, La désirer,
y aspirer, la poursuivre ardemment : Aboykr
aprèsxune succession, après un emploi. Ils sont
. trois ou quatre qui aboient après cette charqe.
(Acad.)
— Fig. et activ. Aboyer 'des injures; Vomir
des injures ■: Eh bien! qu'avez-vous vu dans
cette fameuse maçonnerie contre laquelle il
aboya tant > d'injures? (Proudhon.) Il Aboyer
une chose, La crier sur les toits : Du temps
de Guy-Patin , il existait des praticiens en
vogue offrant au public 'des remèdes faciles
et trompeurs; le vieux médecin appelait cela
lécher les malades et aboyer la science.
— Prov. Aboyer à la lune, Clabauder, vo-
ciférer sans résultat, comparaison et mé-
taphore prises des chiens qui, d'après une
opinion populaire, aboient contre la lune.
Cette opinion et le proverbe auquel elle a
donné naissance existaient déjà chez les Ro-
mains : Quo plus lucet luna, magis latrat mo-
losxus(Plusfln. lune brille, plus le matin aboie) :
Malheureusement pour lui il ne sut par où me
prendre. Il eut recours à de misérables géné-
ralités, et à aboyer À la lune. (St-Simon.)
Le natif de Saint-Malo ne partit point pour
la lune, comme il le croyait; il se contenta d'y
aboyer. (Volt.)
« fâcheux qui, contre la fortune,
Aboie
npuderument ce
n chiei
— On dit aussi dans le même sens, Aboyer
la lune, aboyer contre la lune, aboyer après la
lune : Ne sachant plus, dans la rage qui me
tenait toujours, après qui ni quoi aboyer, je me
mis à aboyer après la lune. (Piron.) n On a
dit, dans le même sens, Aboyer aux nues : Le
cœur me disait que je n' aboyais pas aux nues.
(Larivey.)
— Fam. Aboyer au scandale, Crier au scan-
dale, s'époumoner pour dénoncer un scandale
imaginaire :
lujou
Effi"
— Prov. Tous les chiens qui aboient ne mor-
dent pas, Los personnes qui crient et font do
grandes menaces ne sont pas toujours les
plus à craindre. Il Jamais bon chien n'aboie à
faux, Un homme sage ne fait jamais de vaines
menaces ; un habile homme ne manque ja-
S'aboyer, v. pr. Se dit des chiens qui
aboient l'un après l'autre : Deux chiens qui
s'aboient, qui s'affrontent. (La Bruy.)
— Syn. Aboyer, japper. Aboyer se dit du
cri des gros chiens ; japper, de celui des petits.
aboyeur, EUSE adj, et s. (a-boi-ieur;
eu-zo — rad. aboyer). Qui aboie : Ce chien
est bien aboyeur , c'est un grand aboyeur ,
un aboyeur continuel. Il Qui a un cri analogue
à celui du chien : Il faut que le cri de cet oi-
seau ressemble à un aboiement, puisqu'il a
pris chez les Anglais le nom <2'aboyeur. (Buff.)
La barge aboyeusë habite les marécages des
côtes maritimes de l'Europe, tant de l'Océan
que de la Méditerranée. (Bufl.)
— Véner. Sorte de chiens qui aboient de-
vant .les bêtes sauvages sans en approcher,
o.t qui donnent ainsi l'éveil aux chasseurs.*
— Fam. et par anal. Crieur qui se tient à
la porte des théâtres pour appeler les voi-
tures : Ce n'était que bruit et tumulte sous le
vestibule illuminé, où retentissait par inter-
valles la voix enrouée de f aboyeur. (Rog. de
Beauv.)
— Se disait aussi des vendeurs de billets
qui , à la porte des petits théâtres, annonçaient
à haute voix aux passants l'heure et la com-
position du spectacle : Le théâtre de Lazary
est, avec le théâtre des ombres chinoises de
M. Séraphin, le dernier théâtre de Paris qui
ait conservé un aboyeur. (T. de Banville.) 11 Se
dit encore des charlatans, des saltimbanques,
dos mauvais chanteurs, etc. : /./aboyeur ne
vous admettait jamais seul, ni jamais plus
de deux. (Balz.) Les chanteurs et chanteuses
ambulants, ràcleurs de harpe ou de violon,
aboyeurs de romances stridentes en idiomes
impossibles, sont disséminés chaque soir dans
les cajés-concerts. (Edm. Robert.) il Celui ou
celle qui vend dans les rues des complaintes,
des nouvelles, etc. 11 Celui qui, dans une pri-
son , est chargé d'appeler les prisonniers de-
mandés au parloir.
— Fig. Celui qui poursuit ardemment une
chose : Un aboyeur d'emplois, de bénéfices, de
— Fam. Celui, celle qui crie contre quel-
qu'un, qui le poursuit avec importunite ou
en l'accablant d'injures: Ce critiquen'est qu'un
aboyeur. (Acad.) Ce créancier est un dange-
reux aboyeur. // o bien des aboyeurs à ses
côtés. (Noël.)
— Fig. Se dit des orateurs de tribune , do
clubs, etc. : Les aboyeurs,' dans toutes les ré-
volutions, sont des esprits exaltés , des gueules
fortes que les chefs de parti mettent en avant,
pour exciter le peuple à l'insurrection , à la
révolte. (Fourier.) Le général Mina a fait voir,
avec une poignée de miquclets, ce qu'aurait pu
l'Espagne si elle eût été gouvernée par des
hommes et non par des aboyeurs. (Fourier.)
— Gager des aboyeurs, Des partisans qui
prônent celui qui les paye.
— Pathol. Délire des aboyeurs, Névrose
caractérisée par des cris perçants, convul-
sifs, etc. : Beaucoup étaient frappés d'épilepsic
et aboyaient comme des chiens. La seule petite
ville d'Acq comptait jusqu'à quarante de ces
malheureux aboyeurs. (Michelot.)
— Encycl. Méd. Le délire des aboyeurs a
quelquefois régné d'une manière épidémique ;
on l'observait alors surtout chez les femmes
qui s]appelaient aboyeuses. A l'époque où l'on
croyait à la sorcellerie , on l'attribuait h la
possession du démon, et les exorcismes étaient
traitement auquel on avait recours. Au-
1 chorée des muscles expirateurs et laryn-
Ofr. 1
ABRABANEL, rabbin juif, né à Lisbonne en
M37, m. en 1508. Ministre d'Alphonse V de
Portugal , puis de Ferdinand le Catholique , il
se retira en Italie lorsque les Juifs furent ex-
pulsés de la Péninsule. Ses commentaires sur
l'Ancien Testament ont été estimés.
ABRACADABRA s. m. (a-bra-ka-da-bra —
paraît venir à'abraxas). Mot barbare et ma-
gique auquel l'antiquité superstitieuse attri-
buait la propriété, de guérir certaines mala-
dies; amulette où ce mot était écrit: Que
vous m'avez obligé de m'apprendre cette pro-
priété occulte d'ABRACADABRA ! (COStar.)
De vos mains grossières,
Abracadabra! V. Ruao.
— On a appliqué, par extension, le mot
abracadabra à diverses croyances supersti-
tieuses : Nous rions aujourd'hui de la simpli-
cité de nos pères , de cette momerie du moyen
âge, et cependant, que c('abracai»abras ne dé-
bitc-t-on pas tous les jours, auxquels, dans
leur simplicité , tes bonnes femmes attribuent
u>ie vertu vraiment abracadabrante.' ("')
— Mot de ralliement de plusieurs sociétés
secrètes.
— Encycl. Le mot magique abracadabra
servait à guérir la lièvre quarte et l'hémitritée
(demi-tierce). D'après Serenus Sammonicus,
médecin du u« siècle, les lettres de ce mot,
pour avoir cette vertu , devaient être écrites
C A D A B
Ou bien :
B R
D A B R A
ABRACADABR
BRACADAB
R A C A D A
ACAD
Une fois écrit de l'i
1 de papier ca
uanière à cacher
! ces façons sur 11:
fallait plier celui-c
et le piquer e:
uf jours. Au bout de ce temps, it devait
. ,, détacher
de papier et le jeter
derrière soi sans l'ouvrir.
ABRACADABRANT, ANTE adj, (a-bra-ka-
da-bran, an-te— rad. abracadabra). Néol. Mot
burlesque qu'on emploie pour désigner quel-
que chose d'extraordinaire , de merveilleux,
de stupéfiant, en un mot quelque chose
d'aussi mirifique que l'abracadabra : Coque-
cigrue... tel est le titre d'une gentille pièce...
■c'est une spirituelle paysannerie qui ne deman-
dait pas un titre si pantagruélique et si abra-
cadabrant. (Th. Gautier.) Tout a été dit sur
cette danse moderne et abracadabrante. (F,
Mornand.) Nous avons donné ces jours derniers
de curieux extraits de style abracadabrant.
(Journ.)
— S'empl. substantiv, dans le même sens :
Je ne crois pas que l'art de la disparate, de
l'incompatibilité , du coquecigrue et de 2'abra-
cadabrant ait jamais été poussé si loin.
(L. Desnoyers.)
ABRACADABRESQUE adj. (a-bra-ka-da-
brèss-ke — rad. abracadabra). Néoi. Syno-
nyme d'abracadabrant, mais il est moins
usité : Une foule d'ombres abracadaqresques
et chinoises. (Th. Gautier,)
ABRACALAN s. m. (a-bra-ka-lan). Terme
cabalistique auquel les Juifs attribuaient la
môme vertu qu'a Y abracadabra.
ABRACHIE s. f. (a-bra-ki — du gr. a priv. j
brachiân, bras). Anat. Etat d'un fœtus qui
manque de bras.
ABRACHIOCÉPHALIE s. f. (a-bra-ki-o-sé-
fa-li — du gr. a priv. ; brachiân, bras ; képhalè,
tête). Tératol. Monstruosité embryonnaire ou
fœtale caractérisée par l'absence de la tête et
d'une partie du cou, ainsi que le manque de
bras. ,
ABRAHAM, patriarche hébreu, père de la
nation juive , né à Ur en Chaldée vers l'an
2000 ans av. J.-C, descendait de Sem, fils
aîné de Noé, à la 8"* génération. Il sut se
préserver de l'idolâtrie qui régnait dans la
maison de son père Tharé, où il passa ses pre-
mières années. Obéissant aux ordres de Dieu ,
il alla d'abord s'établir en Mésopotamie , puis
vint se fixer dans le pays de Chanaan, que
Dieu lui avait promis, et où il lui annonça qu'il
serait le père d'un grand peuple. La famine
l'ayant obligé de passer en Egypte, il se rendit
ensuite a Béthel et se retira dans la vallée de
Mambré, pendant que Loth, son neveu, allait
se fixer h Sodome. Dieu apparut alors à Abra-
ham, lui promit qu'il aurait un fils de sa femme
Sara, alors âgée de près de 90 ans, et lui or-
donna de se circoncire, ainsi que toute sa pos-
térité, en signe de TaUiance qu'il contractait
'avec lui. Lorsque son fils Isaac eut 25 ans,
Dieu lui en demanda le sacrifice : il voulait
éprouver ainsi la foi du patriarche, qui allait
obéir, lorsqu'un ange arrêta son bras. (V. Sa-
crifice d'Abraham.) Avant la naissance de ce
fils, Abraham avait eu d'Agar, sa servante,
Ismalil, qui fut le père des Ismaélites ; après la
mort de Sara, il épousa Céthura, en eut six
(ils, mourut à. l'âge de 175 ans, et fut enterré
à Ilébron. Abraham est une des plus grandes
figures de l'Ancien Testament; il est le point
de départ de l'histoire du peuple d'Israël , et
c'est avec lui que commence l'alliance conclue
entre Dieu et cette nation privilégiée. Son
nom est resté célèbre dans tout l'Orient : les
Juifs l'appellent le premier des fidèles, le doc-
teur de la sagesse et l'ami de Dieu ; les Arabes
ne l'ont pas en moins grande vénération , et
quelques-uns de leurs écrivains vont jusqu'à
prétendre que c'est lui qui a construit la
Kaaba, à la Mecque.
ABRAHAM DE SAINTE-CLAIRE, célèbre
prédicateur allemand et moine augustin dont
le vrai nom était Ulrich Megerle, né en
Souabe en 1642 , m. en 1709 , prêcha pendant
plusieurs années à la cour de Vienne. Doué
d'un esprit original et observateur, il composa
des sermons dont la singularité va quelquefois
jusqu'au burlesque-, mais qui dénotent une
grande connaissance du cœur humain.
ABRAHAM (Saint-), nom donné a une hau-
teur qui domine la ville de Québec, dans l'Amé-
rique du Nord. Elle est célèbre par la san-
glante bataille qui v fut livrée en 1759 , entre
les Anglais et les Français. L'acharnement fut
égal des deux côtés ; mais la victoire resta aux
Anglais, qui occupèrent Québec quelques jours
après. Les deux armées perdirent leur général
en chef. Le général Wolff, percé d'une balle en
pleine poitrine, eut les honneurs de West-
minster. Le brave marquis de Montcalm, qui
ne le cédait pas en courage au'héros anglais,
eut une sépulture moins royale, mais plus glo-
rieuse et surtout plus militaire : un trou, creusé
par une bombe dans une église de Québec, fut
son tombeau.
ABRAHAMide adj. (a-bra-a-mi-do— rad.
Abraliam). D'Abraham, qui appartient, qui a
rapport à Abraham.
ABRAHÀMIEN OU ABRAHAMITE S. m. (a-
bra-a-mi-ain — rad. Abraham). Hist. relig.
Nom do sectaires du ix« siècle , dont les doc-
trines.sont à peu prés celles des paulianistes.
Il On a donné le même nom à des paysans
de Bohême, qui, comme Abraham avant la
circoncision , n'admettaient d'autre dogmo
que l'unité de Dieu ; leur seule prière était
1 Oraison dominicale.
ABRAHAMIQUE adj. (a-bra-a-mi
rad. Abraham). Néol. D Abraham, <
partient, qui a rapport à Abraham : .
une barbe abrahamique. (Méry.)
ABRAHAMITE. V. ABRAHAMIEN.
-ko-
pl. (a-bran-cho — du gr.
franchies), Entom. Ordre
a priv.; branchia, branchies), L
d'annélides renfermant des espèces sans bran-
chies apparentos, qui semblent respirer par
la surface du corps, telles quo les sangsues.
ABRANIDE s. f. (a-bra-ni-de). Antiq.Sorto
de vêtement de couleur jaune que portaient
les femmes grecques.
ABRANTÈS (duc d'). V. Junot.
ABRANTÈS (St-MartinPermon, duchesse d'),
épouse de Junot, duc d'Abrantès, née à Mont-
pellier en 1785, m. en 1838. Elle était issue
d'une famille qui prétendait descendre des
Comnène. La mort de son époux, la chute
de l'empire, peut-être aussi ses prodigalités,
la firent tomber du rang le plus élevé dans
un état voisin de la misère. Ce fut alors
qu'elle chercha des ressources dans la littéra-
ture. Ses Mémoires sur la Révolution, l'Em-
pire et la Restauration, où se trouvent de
curieuses anecdotes et des portraits piquants,
eurent un succès on partie, mérité ; mais les
nombreux romans sortis de sa plume , malgré
la vogue qu'obtinrent quelques-uns , sont tom-
bés dans un oubli mérité. La duchesse d'A-
brantès mourut dans le plus triste dénùment.
ABRANTÈS, ville de Portugal, a 110 k. de
Lisbonne, sur le Tage ; 5,000 hab. Elle fut prise
en 1808 par le général Junot, qui reçut de la.
le titre de duc d'Abrantès.
ABRAQOÉ, ÉE (a-bra-ké) part. pass. du
v. Abraquer. Roidir : Les cordages bien abra-
qués donnaient au brick ce vernis de fus/non
nautique, privilège exclusif d'ordinaire des bâ-
timents de l'Etat. (P. Féval.)
— Fig. Fini, achevé : C'est autant (£'aura-
qué, c'est autant de fait,
ABRAQUER OU EMBRAQUER V. a. OU tr.
(a-bva-kô — du gr. brachunà, je rends court).
Mar. Tirer, tendre, en parlant d'un cordage.
S'abraquer, v. pr. Etre abraqué. ■
abras s. m. (a-bra — rad. bras). Techn.
Garniture de for qui entoure le manche d'un
marteau do forge.
ABRASION s. f. (ab-ra-zi-on — du lat. abra-
dere, abrasum , racler). Méd. Ulcération su-
perficielle des parties membraneuses avec dé-
perdition de substance par petits fragments.
Ce mot s'applique particulièrement à la mu-
queuse intestinale lorsqu'elle est ulcéréo et
qu'il s'en détache de petites parties expulsées
avec les excréments et appelées vulgairement
raclures de boyaux.
— Action do gratter certaines parties , ou
de les enlever par lamelles : Abrasion des
os cariés. Abrasion du tartre des dents. Abra-
sion de la cornée. Z/abrasion du prépuce.
A BRAS-LE-CORPS loc. àdv. (a-bra-le-kor).
Par le milieu du corps, en passant les bras
autour du corps: Prendre, saisir, porter quel-
qu'un à bras -i.u -corps. Messire Guillaume
Martel s'approcha par derrière, et prit le roi
A bras-le-corps. (Barante.) 11 On dit abu-
sivement A brasse corps.
ABRAXASs. m, (a-bra-ksass). Antiq. Pierres
gravées qui contenaient les symboles du culte
de certaines sectes gnostiques et qui sont ainsi
nommées du mot abraxas, qu'on lit sur la
plupart d'entre elles ; Span décrit une espèce
(/'abraxas eu revers duquel on voit les sept
voyelles combinées de sept façons différentes.
(Barthôl.) Sur plusieurs abraxas se trouvent
des figures égyptiennes. (Barthcl.) // est infini-
ment probable que les abraxas ont servi d'a-
mulettes ou de talismans comme tes cylindres
persépolitains. (A. Maury.)
— S'empl. adjectiv. : Parmi ces composi- ■
tions , on distingue les pierres abraxas , à
Alexandrie, monument de la religion panthéiste
— Encycl. Les pierres à'abraxas se nomment
aussi pierres basitidiennes , parce que ht secte
gnostioue des basilidiens paraît surtout en
avoir fait usage. On a donné du mot abraxas
plusi"urs explications; on le fait venir du per-
san , de l'hébreu , du grec , du cophte. Dos au-
teurs n'y ont vu qu'une réunion de lettres nu-
mériques donnant le nombre 3G5, nombre sacré
pour les gnostiques, auxquels il rappelait l'en-
semble des manifestations émanées du Dieu
suprême. Les pierres d'abraxas portent, outre
le mot abraxas , diverses figures Fantastiques,
têtes de lion, de coq, d'éléphant, de ser-
pent, etc. Quelques-unes présentent les deux
lettres a et o, ou le mot iau, qui désigne la
divinité. Les pierres d'abraxas sont nom-
breuses dans les cabinets d'antiques en Eu-
rope ; elles proviennent, dit-on, de la Syrie, de
l'Egypte et de l'Espagne. Il est probable qu'un
grand nombre de ces pierres furent fabriquées
au moyen âge pour servir de talismans ou pour
être employées dans les opérations de magie
eWalchïmie.
abraxoÏDE adj. (a-brak-so-i-de — do
abraxas, et du gr. eidos, forme). So dit des
pierres d'abraxas : Pierre abraxoïde.
ABRAZITE s. f. (a-bra-zi-te — do l'alle-
mand abrazit), Miner. Substance pierreuse,
blanche, composée de silice, d'alumine et de
chaux. Elle cristallise en prismes droits rec-
tangulaires, donne de l'eau par la calcination,
se fond avec boursouflement au feu en ven-e
bulleux, estsoluble dans les acides et raye dif-
ficilement le verre-. On trouve ce minéral près
de Giossen, dans la Hesse-Darmstadt; à
Dumbarton, en Ecosse, et dans les laves an-
ciennes , à Capo-di-Bone , en Italie. On l'ap-
pelle aussi gismondine.
ABRE s. m. (a-bre — du gr. abros, tondre,
mou). Bot. Traduction française du mot abrus.
V. ce mot.
ABRÉE s. m. (a-bré — du gr. abros, élé-
gant). Entom. Genre d'insectes coléoptères
Eentamêres, famille des clavicornes, tribu des
ystérides. Il a pour type Vhyster globosus,
qui se trouve aux environs do Paris.
abrégé, ÉE (a-bré-jé) part. pass. du v.
Abréger. Diminué i réduit à une moindre
étendue, à une moindre durée: Un discours
abrégé. Une histoire abrégée. L'exempte, vous
le savez, est la soie abrégée; de la persuasion.
(Mass.) Le long chemin pouvait être abrégé et
facilité. (Fén.) Je ne vous ai donné qu'un plan
très-ABREQÉ de mon poème. (Volt.) Combien
nos jours ne sont-ils pas abrèges par les excès.'
(L.-J. Larcher.)
■ abrégé s. m. (a-bré-jô). Ecrit, discours
dans lequel on expose d'une manière succincte
ce qui a été ou pourrait être dit avec plus do
détails : Tout abrégé d'un bon livre est un sot
. .. , . . . ,. . !. Rouss.) L'ouvrage de Pa-
erculus est le modèle des abrégés^ (Beauzée.)
— Mot dont on a retranché quelques let-
tres , pour que l'écriture soit plus rapide
et occupe moins d'espace : // est malaisé de
déchiffrer les abrégés oui sont dans les bulles
et les signatures de la cour de Home.
— Par anal. Réduction, raccourci : L'homme
est un abrégé des merveilles de l'univers.
(Acad.) Z'abrégé de la loi, c'est la charité.
(Boss.) L'amour est la plénitude et J'abrège de
toute la loi. (Port-Royal.) Nos jardins sont
/'abrégé de la campagne. (Marmontel.) Par-
donnes-moi, madame, repartit-elle effronté-
ment : c'est un. sujet accompli , un abrégé de
toutes les vertus. (Le Sage.)
— Mus. Mécanisme qui, dans l'orgue, trans-
met aux soupapes des sommiers respectifs le
mouvement des touches du clavier,
— En abrégé , loc. adv. En peu de mots :
Contez-moi ta chose en abrégé. (Acad.) Je ne
dis ces choses çu'en abrégé : elles sont assez
expliquées ailleurs. (Boss.) Je ne vous dis ceci
tfu'EN abrégé. (Patru.)
— Fig. : Si vous vouliez bien quereller en
abrégé, mon petit mari, je vous en aurais bien
de l'obligation. (Danc.) il Sommairement : On
ne doit et l'on ne peut traiter l'histoire gé-
nérale qtt'stt abrège. (Girard.) Il Par abrévia-
tion , avec des signes abréviatifs : Ecrire un
— Fig. En petit, en i
est tout un monde en petit, l'univers UN abrégé.
(V. Cousin.) Toutes ces petites choses de fei
' ' " » faites oisiver,—' ~ '- ' -
, (Michelet.)
— Syn. Abrégé , analyse , extrait, piécis ,
raccourci, résumé, sommnire. L'abrégé est un
livre qui en reproduit un autre dans de moin-
dres dimensions. Le sommaire est l'indication
p'oliminaire des principales choses contenues
clans un livre , dans un chapitre, à la tête du-
quel il se place. Le précis est un abrégé dans
lequel on ne trouve rien de superflu. Le résumé
est un abrégé mis à la fin d'un ouvrage en
forme de conclusion. Le raccourci est l'imita-
tion ou la réduction d'un ouvrage plus étendu :
L'Iliade et l'Odyssée sont deux grands ta-
bleaux, dont l'Enéide est le raccourci. (Roll.)
"L'extrait est ou un morceau détaché , ou un
recueil de morceaux détachés. L'analyse est
une exposition raisonnée du but, du plan, de
l'ordonnance et de la méthode d'un ouvrage.
Abrégé ta l'histoire romaine, OU Epi-
tome, est l'ouvrage le plus remarquable que
nous aient laissé les écrivains latins de second
ordre, et a placé Florus au rang des historiens
distingués. Moins pur sous te rapport du style
que les ouvrages du siècle d'Auguste, il rachète
ce défaut par la netteté des appréciations, la
richesse des détails et surtout la rapidité de la
narration ; c'est ainsi que la conjuration de Ca-
tilina est racontée en deux pages sans qu'au-
cun fait essentiel scit oublié. Le sujet du livre
est l'histoire de la formation de 1 empire ro-
ABR
main. Considérant le peuple romain comme un
individu , il le conduit depuis l'enfance jusqu'à
l'âge mûr, et nous montre, à l'époque même
de sa plus grande force, les causes et les pre-
miers symptômes de sa décadence : il s'arrête
au moment où Auguste ferme le temple de
Certains critiques ont prétendu que le style
de Florus dégénère en puérilité : c'est une ac-
cusation portée trop légèrement. Des savants
modernes ont montré plus d'indulgence. Voici
comment l'un d'eux s'est exprimé : « Il est dif-
ficile de lire quelque chose de plus agréable
que ce charmant ouvrage. Tout y est d'une
élégance admirable. Je m'étonne d'y rencon-
trer autant de finesse et de concision, et j'ad-
mire comment, dans un cadre aussi étroit, le
plus grand intérêt se trouve toujours uni à la
plus grande variété. •
La première édition de cet ouvrage fut im-
primée à Paris vers 1470 ou 1471. Les meil-
leures sont celles d'Eizévir (1688, in-12); de
Grœvius, cum notis varioi'um (1702, 2 tomes en
un vol. in-8°); et de Mme Dacier, ad usum
Delphini (1674 , in-4°). Lamothe Le Vayer fils
l'a traduit en français spus le nom de Monsieur,
frère de Louis XIV (en 1656, in-4o, et en 1C70,
in-so).
ABRÉGEANT (a-bré-jan) part. prés, du v.
Abréger : On croit qu'il expose les troupes;
il les ménage en abrégeant le temps des pé-
rils par la vigueur des attaques. (Boss.)
Puisse une prompte mort, abrégeant ma misère,
Delii-le.
ABRÈGEMENT s. m. (a-bré-je-man — rad.
abréger). Action d'abréger; résultat de cette
action : La correction et V abrègement de cet
ouvrage ont demandé plus de temps que sa
composition. Le bon chevalier le pria de vou-
loir bien pour un peu le laisser penser à sa
conscience, car de Voter de là ne seroit que
/'abrègement de sa vie. (Le Loyal Serviteur,
xvic siècle.) Le plus grand abrègement que
l'on puisse trouver dans l'enseignement des
sciences est de ne s'appliquer jamais à la re-
cherche de tout ce qui est au-dessus de nous.
(Port-Royal.)
— Se dit, en versification, do l'action de
rendre brève une syllabe longue : C'est ainsi
queRÔu: ne pourra rimer avec FOLLE, à moins
d'un abrègement, qui aura lieu en prononçant
roule. (Ackermann.)
ABRÈGEMENT adv. (a-bré-jé-man — rad.
abréger). D'une manière abrégée. Vieux mot.
ABRÉGER v. a. ou tr. (a-bré-jô — du lat.
abreviare ; rad. brevis, bref; ancienn., on
disait abrévier. — Co verbe conserve l'e fermé
dans toute sa conjugaison ; le g doit être
suivi d'un e muet devant a ou o : Nous abré-
geons, il abrégeait, il abrégea, etc.). Rendre
plus court, diminuer. S'applique au temps et
a l'espace : Abréger les délais. La vupeur
abrège les distances. Cette traverse abrège le
chemin. (Trév.) Ak! quel tourment, quel sup-
plice que l'incertitude! Chaque instant d'attente
abrège ma vie. (Scribe.) Dieu n' abrège les
jours de la vertu sur la terre que pour les al-
longer dans le ciel. (Chateaub.)
Cours par un prompt trépas abréger ton supplice.
Si l'af
er tes tristes jours,
COLLIN D'HakleVILI
— S'applique aux discours, aux ouvrages
dont on réduit la longueur, l'étendue : Tacite
abrégeait tout, parce gu'il voyait tout. (Mon-
tesq.)
— Fig. Faire paraître moins long : Le
plaisir abrège les heures; l'ennui les compte.
(Saurin.) Ils chantent, et pais, le chant ils
abrègent les heures trop lentes. (Gresset.)
Suis-je seul, elle accourt; suis-jc un peu las, ea main,
M'offrant un doux appui, m'abrège le chemin.
C. DelaVigne.
— Absol. : Prenez ce chemin^ il abrège.
iAcad.) Vous êtes trop long, abrégez. (Trév.)
"abrège, de peur d'ennuyer. (Chaban.)
— Pour abréger, pour couper court, pour
n'en pas dire davantage : Pour abréger, elle
arrive saine < t sauve au delà du labyrinthe.
(La Font.) Voilà, pour abréger, le dénoûment
de cette première intrigue. ( Hamilt. ) Pour
abréger, je passe sous silence les autres usages
et les superstitions des Groenlandais. (Bufl'.}
Pour abréger, la chose s'exécute
Comme Richard s'était imaginé.
La Fontaine.
— Jurispr. féod. Abréger un fief, Le dé-
membrer, en amortir une partie.
S'abréger, v. pr. Etre abrégé, devenir plus
court; diminuer : La vie, déjà raccourcie,
s'abrège encore par les violences qui s'intro-
duisent dans le genre humain. (Boss.) Bientôt
les querelles sont vives et fréquentes, les
brouilleries longues, les raccommodements
froids, les rendez-vous s'éloignent, les tète-à-
tète s'abrègent ; toutes les larmes sont amères.
(Desmahis.)
ABR
ment parlant, il n'appartiendrait qu'à l'auteur
lui-même de s'abréger. (Encycl.)
Raccourcir, c'est accourcir trop, jusqu'à ren-
dre la chose incomplète. Accourcir, c'est en
diminuer la longueur. Abréger, c'est la res-
serrer davantage.
— Antonymes. Agrandir, ajouter à, allon-
ger, amplifier, augmenter, compléter, déve-
lopper, étendre, paraphraser, prolonger.
ABRÉGEUR s. m. (a-bré-jeur — rad. abré-
ger). Celui qui abrège : Quel expéditeur de
causes, quel abrégeur de procès! (Rabelais.)
I) Vieux mot, qu'abréviateur ne saurait rem-
ABRENUNTIO (a-bré-non-si-o). Mot. lat.
qui signifie Je renonce, ou plutôt J'y renonce.
S'empl. fam. pour faire entendre qu'on déses-
père de pouvoir faire une chose : Essayez de
déchiffrer ce griffonnage ; quant à moi, abre-
ABREUVAGE s. m. (a-breu-va-je — rad.
abreuver). Action d'abreuver : A ce que des-
sus, pour tes prairies cî'abreuvage, ne sera
autre chose ajoutée que l'eau , etc. (Olivier de
Serres.) £'abrëuvagë de ces chevaux deman-
dera beaucoup d'eau. (Legoarant.)
Abreuvant (a-breu-van) part prés, du v.
Abreuver : Rebecca, abreuvant les chameaux
d'Abraham, devint épouse de son fils. (S. Fran-
çois de Sales.) Les sommets des hautes monta-
gnes ont en tout temps des glaces et des neiges
qui sont la source des rivières, et qui, abreu-
vant les pâturages, les rendent plus fertiles.
(Fén.)
— S'empl. aussi pronominalem. : Quoi de
plus simple que des vaches s'abreuvant à une
mare? (Th. Gaut.)
ABREUVÉ, ÉE (a-breu-vé) part. pass. du
v. Abreuver : Il faut que les chevaux soient
abreuvés plusieurs fois par jour. (Bu£f.)
— Par ext. Humecté , arrosé, imprégné :
Les cèdres du Liban que vous avez plantés se-
ront abreuvés de la rosée du ciel. (Mass.) En
Egypte, où il ne pleut presque jamais, la terre
est abreuvée par les débordements du Nil.
(B. de St-P.) L'ouvrier y plonge avec les
mains un ou plusieurs écheveaux abreuvés
d'eau, c'est-à-dire totalement imprégnés de ce
liquide. (J. Girardin.)
— Très-souvent, il s'empl. par plaisanterie
pour Enivré: Vous serez bien payés, encore
mieux abreuvés. (La Chaussée.) // venait sou-
per chez moi tous les soirs quelques-uns des
principaux commis des bureaux du ministre...
Je leur faisais très-bonne chère, et les renvoyais
toujours bien abreuvés. (Le Sage.) il So dit
aussi de l'estomac : Comment s'étonner si,
après de pareils écots, se sentant l'estomac mal
abreuvé et mal rassasié, les écoliers couraient
à la taverne et y passaient leurs journées de
vacances, s'y grisant pour toute la semaine?
(Francisque Michel.)
— Fig. Accablé, chargé : Etre abreuvé de
dégoûts'. Le meilleur des rois, la plus vertueuse
des reines étaient abreuvés de calomnies vo-
mies par le parti philosophique , en langage
des halles! (E. Sue.) I! Imprégné, rempli : Sa
langue abreuvée de fiel et de vinaigre. (Boss.)
La France est par leurs mainB de son sang abreuvée.
Monstre ;
La Harpe.
ri de eang, cœur abreuvé de fiel.
J.-B. Rousseau.
ang l'offense était toujours lavée.
Bientôt la te
— Pathol. On dit d'une plaie molle et hu-
mide qu'Elle est abreuvée de pus.
ABREUVEMENT s. m. (a-breu-ve-man —
rad. abreuver). Action d'abreuver les animaux
domestiques : Z'abreuvement des chevaux.
On risque de causer des ruptures ou la pousse,
si l'on fait courir l'animal aussitôt après I'a-
abreuver v. a. ou tr. (a-breu-vé — bas-
lat. abeverare; formé de ad, à; bibere, boire).
Faire boire les animaux domestiques, les me-
ner à l'abreuvoir . Elle est active , adroite,
vigoureuse, conduit les chevaux, les panse,
abreuve, étrille. (Volt.) Là les jeunes filles ve-
naient chercher de l'eau pour le ménage, et les
jeunes gens venaient abreuver leurs troupeaux.
(J.-J. Rouss.) Dans les pays secs, il fallut creu-
ser des puits et ouvrir des canauxpour abreu-
ver le bétail. (J.-J. Rouss.) Un autre muletier
voulut aussi abreuver ses mulets. (Florian.)
Avec un nom de chose pour sujet, Four-
cités, abreuvent tous les animaux, toutes les
plantes. (Michaud.)
Un torrent salutaire abreuve le Romain.
L. Racine.
— Par ext. Faire boire les personnes : Les
puits qu'ils avaient creusés dans ces pays secs
pour abreuver leur famille et leurs troupeaux.
( Boss. ) Mon vin , qui n'est pas malfaisant ,
abreuve mes domestiques. (Volt.) Lhàte se
lassa (/'abreuver tant de gosiers altérés. (Le
Sage.) J'ordonnai qu'on apportât du vin pour
abreuver la brigade. (Le Sage.) Il Arroser :
Les prés ont besoin qu'on les abreuve. La pluie
a tien abreuvé les terres. (Acad.)
— Fig. Humecter, mouiller profondément :
La nuit, seul dans sa couche nuptiale, il
abreuvait son chevet de ses pleurs. (J.-J.
Rouss.) Le moins blessé des deux comerits
soutenait son camarade, qui- abreuvait le ter-
rain de son sang. (Balz.)
Et, de l'autre, a longs trait?, m'r1- J — -
1! Inonder, pénétrer ; Les plantes, sortant de
leur sommeil, élancent leurs tiges nouvelles
vers l'astre bienfaisant qui les abreuve de ses
rayons.(Làmenn.) Il Remplir, accabler le cœur,
l'âme : Abreuver quelqu'un d'outrages. Ve-
nez-vous encore m' abreuver de fiel et d'ab-
sinthe? (Mass.) L'Espérance suspend l'homme
à sa mamelle et J'abreuve d'un tait intaris-
sable. (Chabeaub.)
L'infortune, en sa coupe amère,
Vabreuve d'affronts et de pleurs.
J.-B. Rousseau.
— Dans cette dernière acception, les poètes
l'ont quelquefois employé en bonne part :
... Dans la douce allégresse
Nous puiserons la sagesse
J.-B. Rousseau.
Quand le plaisir, à grands cou
H Dans certains arts, Etendre sur un fond po-
reux un corps gras quelconque pour en rendre
la surface unie.
— Maçonn. Répandre de l'eau avec la truelle
ou avec une brosse sur un vieux mur dégarni
de son enduit, pour y attacher un nouvel en-
duit, ou sur l'aire d'un plancher qu'on a haché
Îiour que le plâtre du nouveau carrelage fasse
iaison avec cette aire.
— Agric. Abreuver les terres, Les arroser au
moyen de fossés, de rigoles, de saignées qui y
distribuent l'eau d'une manièro égale'; ou les
couvrir d'eau qu'on y laisse séjourner. Se dit
particulièrement des prairies.
— Techn. Abreuver des tonneaux, des cuves,
Les remplir d'eau, et, par ce moyen, Taire
gonfler le bois, a Abreuver un navire, Le rem-
plir d'eau, lorsqu'il est construit, pour s'assu-
rer qu'il n'existe pas de voies d'eau. Cette -mé-
thode est auj. abandonnée. Il On abreuve aussi
une pompe pour faciliter son jeu quand on va
s'en servir.
S'abreuver, v. pr. Boire, se désaltérer, en
parlant des animaux domestiques : Cest dans
cette mare que les bestiaux du village s'abreu-
vent. (Acad.) Une vase desséchée et brûlante
garde l'empreinte des pieds des cJiameaux et
des chèvres qui s'y sont les derniers abreuvés.
(Lamart.) Le chamois peut rester plusieurs
jours sans s'abreuver;
Alors, près d'un canal, le pasteur vigilant,
Amène le troupeau qui s'abreuve en hélant.
— Boire beaucoup, en parlant des per-
sonnes : Il s'abreuve d'excellent vin. (Acad.)
Allons, monsieur, abreuvons-nous de cette
liqueur bienfaisante. (Le Sage.) Ce sont de
bonnes filles qui se nourrissent d'échaudés et
s'abreuvent de bière. (Th. Gaut.)
— Fig. : J'ai laissé mon cœur s'abreuver de
délices. (Mass.) Souvenez-vous de ces riches
sources, de ces sources immortelles, où vous
vous êtes autrefois abreuvé des saintes eaux
de la sagesse. (Patru.) Je m'abreuvais, pour
ainsi dire, de la douceur de leurs regards.
(Marmontel.) Je ne l'ai pas assez regardée hier, ■
je ne me suis pas abreuvé de sa vue. (A. Karr.)
Il Poétîq. :
Le prêtre qui s'abreuve au flot de l'Evangile
Doit consoler notre ême en sa prison d'argile.
De Banville.
L'âme, heureusement captive,
Sous ton joug trouve la paix,
Qui ne s'épuise jamais. J.-B. Rousseau.
— Fig. S'abreuver de larmes, En verser
beaucoup : Bans sa tristesse profonde, il s'a-
breuve de ses larmes, il En faire couler beau-
coup : Il aime à punir, il aime à s'abreuver
de larmes. (Marmontel.) il S'abreuver de fiel,
Nourrir des sentiments haineux. (I S'abreuver
de sang , En répandre beaucoup : Les Màncs
sont des dieux paisibles qui ne s'abreuvent
pas de sang. (Ch. Nodier.) Les tyrans aiment à
s'abreuver du sang* de leurs sujets. (L.-J.
Larcher.)
— Etre abreuvé :
S'abreuvait a regret de leur sang malheureux.
ABREUVOIR s. m. (a-breu-voir — rad.abrcu-
ver). Lieu où l'on mène boire et se baigner
les bestiaux et particulièrem. les chevaux :
J'oublie de mener nos chevaux à /'abreuvoir.
(Diderot.) Les barbares surtout qui vivent de
leurs troupeaux ont besoin «/'abreuvoirs com-
muns. (J.-J. Rouss.)
— Par ext. Petit godet, verre, etc., où l'on
met de l'eau pour les oiseaux renfermés dans
des cages : Il regardait Edouard qui versait
de l'encre dans /'abreuvoir des oiseaux. (Alex.
Dumas.)
— Par anal. Cabaret :
De boire un coup il eerait bon besoin.
— Eh! morbleu! détalez, l'B&reuuoir n'est pas loin.
MoNTFLEURY.
— Prov. et popul. : Abreuvoir à mouches,
Balafre, large plaie à la tête ou au visage : Il
lui a fait un abreuvoir A mouches avec son
sabre. (Acad.)
Quand Hercule, après maintes touches,
Lui lit un nftreiiuoî'r à mouches. Scariwn
Sur-le-champ il grippa Lycas
— Agric. Plaie profonde des arbres, cau-
sée par l'altération des fibres ligneuses, et où
l'eau s'amasse : La blessure ne se cicatrise ja-
mais parfaitement, et souvent elle produit des
ABKEUvoms au pied de l'arbre. (Buff.)
— • Chass. Endroit où les oiseaux se rendent
pour se désaltérer, et près duquel les oi-
soleurs disposent des pièges et surtout des
gluaux : Chasser à ^'abreuvoir. Prendre des
oiseaux à f abreuvoir. Les loriots ne sont point
faciles à élever ni à apprivoiser; on les prend à
la pipée, à ^'abreuvoir, et avec différentes
sortes de filets. (Buff.)
— Maçonn. Intervalle laissé par les maçons
entre les pierres, pour y faire entrer du plâtre
ou du mortier.
— Encycl. Les règles à suivre pour la pu-
reté des abreuvoirs sont de la plus haute im-
portance. Il faut avoir soin de les curer fré-
quemment, de ne pas souffrir qu'on y lave du
linge, des laines, et surtout qu'on y mette rouir
du chanvre, de n'y point laisser entrer les
canards, les oies, les cochons, d'en détourner
les ruisseaux qui pourraient y conduire les
eaux sales, les immondices liquides des mai-
sons voisines, les eaux de fumier, etc. On
comprend que la présence de matières ani-
males et végétales, surtout dans une eau dor-
mante, est nécessairement nuisible à la santé
des animaux qui viennent s'y désaltérer.
Abreuvoir (l'), tableau de H. Berghem,
musée du Louvre, n" 20. Une paysanne debout,
tenant une quenouille et un fuseau, fait désal-
térer son troupeau dans une mare. Dans le
fond, un pont d'une seule arche réunit deux
masses de rochers, et, plus loin, au dernier
plan, «ne chaîne de montagnes va se perdre
dans les brumes transparentes du matin. Ce
tableau, un des plus célèbres de Berghem et
des plus fréquemment cités, provient de l'anr
cienne collection. Il a été gravé par Daudet
dans le Musée royal et par 1< ilhol.
ABRÉVIATEUR, TKICE adj. (a-bré-vi-
a-teur, tri -se — rad. aàrcvier, abréger).
Qui abrège : Qu'y a-t-il de plus prompt , de
plus imprévu, de plus abrÉviatëur de l espace
et du temps, que l'échéance d'une obligation?
(Proudhon.)
ABRÉVIATEUR s. m. (a-bré-vi-a-teur —
rad. abrcvier). Celui qui abrège l'ouvrage d'un
autre : Justin est ^'abréviateur de Troguc-
Pompie. (Acad.) Il faut du goût et de V intel-
ligence pour être un excellent abréviateur.
(Acad.) J'ai pris, comme vous voyez, l'emploi
de votre abréviateur, tandis que je vous laisse
celui de tuteur de la Henriade.{\oSx.) M. Baour-
Lormian, comme abréviateur, a fait preuve
de goût et de sagesse. (Boissonadc.)
— Officiers de la chancellerie romaine qui
dressent les minutes et les bréviatures des
lettres apostoliques. On les appelle abrévia-
teurs, parce que leurs minutes sont remplies
d'abréviations.
abréviatif, ive adj . (a-bré-vi-a-tif, i-ve—
rad. abréviateur). Qui abrège, qui indique une
abréviation : Signe abréviatif. Caractères
abréviatifs. Lettres abréviatives. Formule
abréviation s. f. (a-bré-vi-a-si-on —
lat. abbreviatio, même sens, formé de brevis,
bref). Action d'abréger: Une maladie grave et
longue a interrompu pendant près de deux ans
le cours dentés travaux; cette abréviation de
ma vie, déjà fort avancée, en produit une dans
mes ouvrages. (Buff.)
— Retranchement de lettres ou de syllabes
pour écrire certains mots plus rapidement ;
se dit aussi des lettres initiales qui servent à
représenter un mot tout entier : Les yeux
du jtégent ne pouvaient lire ma petite écriture
courante et pleine ^'abréviations, quoique fort
peu sujette aux ratures et aux renvois. (St-
Simon.) La date du pape ne se met jamais que
de la main du dataire ou sous-dalaire tout du
long, sans abréviation. (Pellisson.) il Se dit
également des signes ou caractères d'impri-
merie qu'on a inventés pour suppléer à cer-
taines syllabes, et mémo a certains mots : Il a
changé dans plusieurs imprimeries les anciens
caractères, trop barbares et presque indéchiffra-
bles à cause des fréquentes abréviations. (Fon-
tcn.) il II se dit enfin de certains signes qui ser-
vent à représenter des mots. Ainsi lit, IV, V,
VI, etc. , en tête d'un paragraphe ou d'un
alinéa, sont les abréviations de troisième, qua-
trième, cinquième, sixième, etc. ; de même, 1»,
2°, 3°, etc., sont les abréviations de premiè-
rement ou primo, secondement ou secundo,
troisièmement ou tertio, etc.
— T.» de chancell. Notes ou caractères qui
suppléent la lettre que l'on retranche pour
abroger, dans le style des expéditions de la
chancellerie romaine. Ces expéditions sont
écrites sans /& et sans œ, sans points o't sans
virgules. Les,pièces écrites autrement sont
évidemment suspectes.
— Par abréviation . loc. adv. D'une ma-
nière abréviative ; abréviativement : Fléri-
bart, comte de, Vcrmandois, que le commun de
nos annales appelle, par abréviation, Hébert...
(Est. Pasquier.) Cicéron avait distribué dans
le sénat des copistes qu'il exerçait à écrire
l'Ail abréviation presque aussi vite que la pa-
role. {La Harpe.)
ABR
— Encycl. Le besoin d'une écriture plus
rapide et qui se renfermât dans un espace
Elus étroit fit inventer les abréviations. Do la
is sigles, les ligatures, les monogrammes, les
notes tyroniennes. (V. ces mots.) Disons seu-
lement quelques mots des abréviations propre-
ment dites. Elles étaient fort en usage chez
les Grecs et chez les Romains. Elles consis-
taient dans l'omission d'une partie des lettres
qui composaient les mots. Tantôt on ne lais-
sait subsister que la première lettre du mot,
tantôt on n'en retranchait que le£ derniè-
res, tantôt on supprimait celles du milieu. En-
suite on imagina certains signes abréviatifs
pour remplacer des syllabes, des consonnes
doubles, des diphthongues. Les abréviations
étaient employées dans les inscriptions, les
manuscrits , le^ lettres et même dans les lois
et les décrets. Leur emploi donna lieu à tant
d'abus, que l'empereur Justinien se vit obligé
de les proscrire. — En France , les abrévia-
tions, crabord rares sous les rois de la première
race, et même sous ceux de la seconde, se mul-
tiplièrent tellement sous les Capétiens, que
des notaires et surtout des actes juridiques,
toutes les abréviations exposant ces actes a
être falsifiés ou mal entendus ; l'abus n'en per-
sista pas moins dans les deux siècles suivants,
et l'on vit même les abréviations pa'sser des
manuscrits dans les premiers livres imprimés.
L'étude des abréviations employées dans les
anciens manuscrits est une partie importante
de la paléographie.
Citons les abréviations qui sont aujourd'hui
le plus généralement employées :
Ant., antienne (dans les livres d'église). —
A. M., assurance mutuelle. — A. T., An-
cien Testament. — Bon, baron ; Bonne, ba-
ronne. — C.-à-d., c'est-à-dtre. — Ch. ou
Chap., chapitre. — Chev. , chevalier. — C'a,
comte ; Cesse, comtesse. — D. dom (en par-
lant d'un bénédictin ou d'un seigneur portu-
gais); don (en parlant d'un noble espagnol).
— Do, dito (ce qui a été dit). — Xbre, dé-
cembre. — «E. ou Em., Eminence (en parlant
d'un cardinal). — Etc., et-cœtera (et le reste).
Exe, Excellence. — For, février. — Fo,
folio. — F', frère. — Id., idem (le même).
— Ibid., ibidem (le même, dans le même en-
droit). — J", janvier. — J.-C., Jésus-Christ.
— L. c. ou loe. cit., loco citato (à l'endroit
cité).— LL. AA., Leurs Altesses. — LL. AA.
II. , Leurs Altesses Impériales. — LL. AA.
RR. , Leurs Altesses Royales. — LL. MM.,
Leurs Majestés. — M., monsieur. — MM., mes-
sieurs. — Md. , marchand. — M", maître (en
parlant des avocats). — Mgr, monseigneur. —
Ms™, messeigneurs. — M'», marquis; M'>«,
marquise. — W1^ , mademoiselle. — Mlles (
mesdemoiselles. — Mme ou Mad., madame. —
Mmca ou Mesd., mesdames. — N. , nom (se
met au lieu du nom quand on ne le connaît pas).
— N« , nota (remarque). — N. B., nota bene
(notez bien). — N.-D. , Notre-Dame (en par-
lant de la Vierge). — N» , numéro. — 9brc,
novembre. — N.-S., Notre-Seigneur (en par-
lant de J.-C). — s NN. SS., nos seigneurs. —
N.S.-P., Notre Saint-Père ( le pape f.— N. T.,
Nouveau Testament. — Nt, négociant. — N.
T. C. F. , notre très-cher frère. — NN. TT.
CC. FF., nos très-chers frères. — sbre. octo-
bre.— P.oupag.,page. — P. ex., par exemple.
— Pass., passim (en divers endroits). — P.,
père (titre-de certains religieux, d'un abbé).
— P. ou pi., planche. — P.-S.,post-scriptum.
— Préc. , précédent. — Ro, recto. — fj., ré-
pons (dans les livres d'église), — S., signé. —
7bre, septembre. — Sect., section. — S. ou St,
saint; Ste, sainte; SS., saints. — S. P., Saint-
Père (lo pape). — PP. ou SS. PP., saints
Pères (Pères de l'Eglise). —S. A., Son Al-
tesse (en parlant d'un prince). — S. A. S.,.
Son Altesse Seronissime ( en parlant d'un
grand-duc). — S. Ein., Son Eminence (en par-
lant d'un cardinal). — S. Exe, Son Excellence
(en parlant d'un ministre). — S. G., Sa Grâce
(en parlant d'un duc). — S. G., Sa Grandeur
(en parlant d'un évoque ou du chancelier de
France). — S. H., Sa Hautesse (en parlant de
l'empereur de Turquie). —S. M., SaMajesté.
— S. M. A., Sa Majesté Aulique (l'empereur
d'Autriche). — S. M. B., Sa Majesté Britan-
nique (le roi ou la reine d'Angleterre). — S.
M. C. , Sa Majesté Catholique (le roi ou la
reine d'Espagne). — S. M. L, Sa Majesté Im-
périale. — S. M. I. et R., Sa Majesté Impé-
riale et Royale. — S. M. T.-C, Sa Majesté
Très-Chrétienne (le roi de France). — S. M.
T.-F.. Sa Majesté Très-Fidèle (le roi de Por-
tugal).—S. S., Sa Sainteté (te pape). — S.S.,
Sa Seigneurie (en parlant d'un lord anglais).
— S. S., Saint Sacrement. — T.-S. S., Très-
Saint Sacrement. — Suiv., suivant. — T. ou
tit., titre. — T. ou tom., tome. — T. S. V. P.,
tournez, s'il vous plaît. — f., verset (dans les
livres d'église). — Ve ou vve, veuve. — V»,
verso. — Vol., volume. — . V. A. , Votre Al-
tesse. — V. E., Votre Eminence. — V. Exe,
Votre Excellence. — V.G., Votre Grâce, Votre
Grandeur. — V. S., Votre Seigneurie. — V",
.vicomte ; V««se, vicomtesse.
— Astronomie :
A., -austral. — B., boréal. — AM., avant le
passage au méridien. — PM., après, le passage
au méridien. — Asc. dr, ascension droite. —
Déclin, ou D., déclinaison. — Long. , longitude.
— Latit., latitude.
— Chimie :
Ag, argent. — Al, aluminium. — As, arse-
ABR
nie — Au (aurum), or. — Az ou N, azote ou
nitrogène. — Ba, baryum. — Bi , bismuth. —
Bo, bore. — Br, brome. — C, carbone. — Ca,
calcium. — Cd, cadmium. — Ce, cerium. — Cl,
chlore. — Co, cobalt. — Cr, chrome. — Cu,
cuivre.-— Di, didyme— Er, erbium.— Fe,fer.
— FI, fluor. — Gl, gluetnium.— H, hydrogène.
— Hg (hydrargyrum), mercure. — II, ilme-
nium. — lo, iode. — Ir, iridium. — K (kali),
potassium. — La, lanthane. Li, lithium.
— Mg, magnésium. — Mn, manganèse. — Mo,
molybdène. — Na (natron), sodium. — Nb,
niobium. — Ni, Nickel. — O, oxygène. — Os,
osmium. — Pb , plomb. — Pd , palladium. —
Pe, pelapium.— Ph, phospore. — Pt , pla-
tine. — Rh, rhodium. — Ru, ruthénium. — S,
soufre. — Sb (stibium), antimoine. — Se, sélé-
nium. — Si, silicium. — Sn (stannum), étain.
— Sr, strontium.— Ta, tantale. —Te, tellure.
— Tg, tungstène, — Th, thorium. — Ti, titane.
— Tr, terbîum. — U, uranium. — Vd, vanadium.
— Y, yttrium. — Zn , zinc. — Zr, zirconium.
— Comptabilité et commerce :
A., .accepté (sur une lettre de change). —
A. P., à protester. — A. S. P., accepté sous
protêt. — A. S. P. P. C, accepté sous protêt
pour compte. — B. P. F. , bon pour francs
(sur les billets à ordre). — C. 0., compte ou-
vert. — P., protêt. — R., reçu. — S/C, son
compte. — V/C, votre compte.
— Géographie :
N., Nord. — S., Sud, — O., Ouest. — E.,
Est. — N.-E. , Nord-Est. — N.-O. , Nord-
Ouest. — N.-N.-E. , Nord-Nord-Est. — N.-
N.-O. , Nord-Nord-Ouest. — E.-N.-E., Est-
Nord-Est. — O.-N.-O., Ouest-Nord-Ouest.—
S.-S.-E., Sud-Sud-Est. — S.-S.-O., Sud-Sud-
Ouest. - E.-S.-E., Est-Sud-Est. — O.-S.-O.,
Ouest-Sud-Ouest.
— Mathématiques :
Cosec , cosécante, — Cos , cosinus. — Cot,
cotangente. — C. q. f. d., ce qu'il fallait dé-
montrer. — Logj logarithme. — Q. e. d. (quod
erat demonstrandum),'ce qui était à démon-
trer. — Sec, sécante. — Sin, sinus. — Tang,
tangente.
— Médecine :,
A ou AA, ana, de chaque — Add. adde,
ajoutez. — B. A., balneum arenœ, bain de
sable. — B. M., bain-marie. — B. V., bain de
uuii. — Dr, docteur. — D. M., docteur-méde-
cin. — D. M, P., docteur-médecin de la Fa-
culté de Paris. — F. S. A., fac secundum aricm,'
faites selon l'art. — Gutt. ou G', gutta, goutte.
— Inf. , infunâalnr , qu'on fasse infuser. —
M., misce, mêlez. — Man., manipulus, poignée.
— P. M. ou P. E., partes œquales, parties
égales. — Pug., pugillus , pincée. — Q. P.,
quantum placet, à volonté. — Q. S., quantum
satis, quantité suffisante. — R., recipe, prenez
(au commencement d'une formule). — S. A.,
secundum artem, selon. Vart.
— Musique :
A., alto. — A. T., a tempo. — Al S., al segno.
— AU., allegro. — Arp., arpeggio. — B., basse
— B. C, basso continuo. — C. B., contrabasso.
— C. C, col canto. — Cal., calando.— Ctar,,
clarinetto. — CR. ou Crese, crescendo. — D. C,
da capo (à recommencer). — D. ou Dest.,
destra. — Dal S., dal segno. — Decr. ou de-
crese, decrescendo. — Dim. , diminuendo. —
Dol., dolce. — F., forte. — FF., fortissimo. —
PP., forte-piano. — P., piano. — PP., pianis-
simo. — Perd., perdendosi.— Pizz., pizzicato.
— RF. ou Rinf,,rinforzando. — S. ou Sin., si-
nistra (main gauche). — S. T., senza tempo.
— SF. ou Sforz., sforzando. — Scherz., seher-
zando. — Smorz., smorzando. — Ten., tenuto.
— Unis., Unisono. — V., violino. — V. S.,volti
subito (tournez vite). — VV., violini.
— Abréviations anglaises :
C'est une habitude, dans toutes les classes
de la société anglaise, d'abréger les noms do
baptême. Voici les principales de ces abrévia-
tions pour les noms de femmes :
Annie, Anna, Anne. — Becky, Rebecea. —
Bella, Isabelle. — Bethsy, Elisabeth. — Brid-
gett, Brigitte. — Cary, Caroline. — Em, Emma.
— Fan, Fanny. — Harriett, Harriatt, Hen-
riette. — Kate, Katty, Catherine. — Lotty,
Charlotte. — Magy, Marguerite. — Nell ou
Nelly, Hélène. — Pat , Marthe. — Polly,
Molly, Marie ou Maria. — Suky, Suzanne.
Pour les n
Willy, William.
Ajoutons que quelques-uns de ces noms ne
sont autre chose que des équivalents.
— Anecdotes. Les abréviations dans le ma-
nuscrit produisent parfois des absurdités. L'au-
teur écrit : J'ai qq. amis , on imprime : Jai
90 amii.-Tr. (transfiguration) de N.-S. J.-C.
devient Trinité de Notre-Seigneur Jésus -
Christ.
d'opér
de lui
qui avait composé un prologue
■a, le remit au célèbre Lulli, en le priant
en dire son avis. A quelques jours de là,
l'auteur vint réclamer soit manuscrit, en de-
mandant à Lulli s'il avait eu le temps de le
parcourir. «Certainement, répondit celui-ci;
j'y ai même fuit une petite abréviation. « Le
.enchanté, ouvre son cahier, et au
lieu de ces mots : Fin du prologue, il lit ; « Fi
du prologue! »
Pierre Pontac, premier président dw Bor-
deaux, avait fait placer au-dessus de la porta
de son cabinet quatre P signifiant : Pierre
Pontac , Premier président. Surprenant un
jour, les yeux fixés sur ces quatre P, un plai-
deur qui attendait depuis deux ou trois heures
dans son antichambre : « Eh bien , mon ami,
lui dit-îl, que penses-tu que veulent dire ces
quatre lettres? — Monsieur, ré ponrlit.lo pay-
san, elles signifient sans doute : Pauvre Plai-
deur, Prends Patience. »
Au temps de Voltaire, les billets du Théâtre-
Français portaient ces lettres O. T. P. Q. M.
V. D., initiales des mots de ce vers d'Horace :
Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.
(La perfection , c'est de joindre l'utile à l'agréable.)
A la première représentation d'Oreste, un
plaisant interpréta ainsi ces abréviations :
« Oreste Tragédie Pitoyable Que Monsieur
Voltaire Donne. >
Un soldat brosseur, chargé de distribuer les
cartes de son capitaine, futfort intrigué de voir
placardé dans tous les vestibules administra-
tifs, cet avis au public : Tournez le bouton
S. V. P. 11 interrogea à ce sujet deux cama-
rades de chambrée, qui ne purent tomber d'ac-
cord : l'un lisait Sans vous presser, et l'autre,
Si vous pouvez.
On sait que les lettres J. N. R. I. sont le
monogramme de Jésus-Christ [Jésus Nasa-
renus Jlex Judœorum).
Un ignorant possédait un superbe tableau
de Notre-Seigneur sur la croix. Quelqu'un lui
demanda de qui était ce chef-d'œuvre. • A
moins d'être aveugle, répondit le propriétaire,
on voit qu'il est d \ Inri. »
On sait que la frégate la Belle- Poule, qui
alla chercher les cendres de Napoléon à Sainte-
Hélène, était commandée par le prince de Join-
ville. Le 15 septembre 1840, le Moniteur, an-
nonçant que la frégate venait de mettro à lu
voile , disait : « La Belle-Poule est partie ce
matin, poussée par un joli vent de S.-E. » Un
monsieur , peu familiarisé avec les abrévia-
tions, lut avec un magnifique sang-froid : > La
Belle-Poule est partie, poussée par un joli vent
de Son Excellence. »
ABRÉVIATIVEMENT adv. (a-brê-vi-a-ti-ve-
man— rad. abréviatif). D'une manière abrogée;
par abréviation : On peut écrire ce mot abré-
viativement, plus abréviativement. Lepoint
se met après tout mot écrit ou indiqué abré-
viativement par ses premières lettres, comme
c.-A.-D. pour c'est-à-dire ; M. pour monsieur ;
A. M. pour assurance mutuelle, etc.
ABRÉviature s. f. (a-bré-vi-a-tu-rc— rad.
abréviatif). Signe qui représente un mot
abrégé, ou une partie abrégéo d'un mot;
abréviation : Le livre V contient ce qu'il a pu
ramasser des abréviatures , tant communes
qu'extraordinaires. (Lo Clerc.) il Vieux mot.
ABRÉVIÉ, ÉE (a-bré-vi-é)-part. pass. du
v. Abrévier. Il est vieux, mais encore em-
ployé, dans le sens d'Abrégé : Toutes ces en-
seignes sont écrites en caractères auréviés,
avec des lettres entrelacées les unes dans les
autres, qui en rendent d'abord l'intelligence
difficile aux étrangers, grands lecteurs d'ensei-
gnes, s'il en fut. (Th. Gautier.)
ABRÉVIER v. a. ou tr. (a-brô-vi-é — du
lat. brevis, bref). Rendre plus bref. Cette
forme primitive d'abréger a été employée
par plusieurs écrivains du xvme siècle : La
première difficulté qui se présente regarde les
prénoms, et vient de la manière dont les Ro-
mains avaient coutume de les abrévier, car il
ne leur arrivait guère de les. écrire tout au
long. (Boindin.)
— On le trouve même encore dans les écri-
vains contemporains : Le Petit-Champ-des-
Morts, que, pour abtiévikr ou éviter une idée
mélancolique, on appelle d'ordinaire le Petit-
Champ... (Th. Gautier.)
S'abrévier, v. pr. Etre abrégé : Le nom de
Marcus s'abrëviait toujours par un M seul.
(Boindin.)
abrÉyer v. a. outr. (a-bré-iô — rad. abri.
Conserve Vy dans toute sa conj. et ajoute un i
aux deux prom. pers. pi. de l'imp. de I'ind.
et du prés, du subj.). Mar. Mémo sens que
Abrier. V. ce mot.
abri s. m. (a-bri — du lat. arbor, arbre.
Il y a peu d'étymologies sur lesquelles on
ait plus varié que sur celle de ce mot.
L'Académie, dans son Dictionnaire histo-
rique, M. Littré, et un grand nombre d'ô-
tymologistes , tirent abri du lat. apricus,
exposé au soleil. Si l'on ne s'en rappor-
tait qu'à la simple conformité des lettres,
il n'y aurait aucune objection h faire contre
cette êtymologie; personne, en effet, n'i-
gnore que les labiales p et b se substituent
souvent l'une à l'antre. Mais il n'en resterait
pas moins un contre-sens choquant entre la
signification de abri, lieu couvert, et apricus,
lieu découvert. Nous croyons donc rationne!
de. faire dériver abri do arbor, arbre D'abord,
32
ABR
ces deux mots ont entre eux une parfaite
connexité de sens. Il ne reste donc plus à
-expliquer que la transposition do la lettre r.
Or, rien n'est plus commun dans l'histoire de
la formation des langues néo-latines que le
déplacement de cette linguale : Turbidulus a
donné (rouble; paupertas, pauvreté; turbo,
trombe; pro est devenu pour; tuber, truffe ;
vervex, brebis. Tous les jours nous entendons,
dans le langage populaire, des transpositions
semblables : brelue pour berlue , berloque
pour breloque, ferlaté pour frelaté, fcrlu-
quet pour freluquet, pertaniaine pour pré-
tantaine , pimpernelle pour pimprenelle.
Ajoutons, pour dernière preuve, qu'on a pri-
mitivement écrit arbri pour abri, et qu'on a
même dit abre pour arbre, ce qui confirme
doublement l'étymologie que nous propo-
sons). Lieu qui n'est pas exposé aux injures
An l'nii. . Tin h™ .not rt,™„h
neiges. (B. de St-P.) Le sauvage qui courba des
branches pour se faire un abri ne fui point un
architecte. (Rivarol.) Les premières sociétés hu-
maines, avant d'élever des temples, durent
songer à s'assurer un abri contre les intempé-
ries des saisons. (Batissicr.)
— Par ext. Se dit de tout ce qui garantit
des injures du temps : N'ayant pour tout abri
gue les ailes très-molles d'une espèce de cha-
peau. (Piron.) Il y a sur l'Adriatique des pé-
cheurs nui ne connaissent pas même é'adri d'un
toit. (G. Sand.)
Je veux une coiffure, en dépit de la mode,
Sous qui toute mu tele ait un abri commode.
Molière.
— Par anal. Retraite, endroit caché :
Et des antres riants l'aorï voluptueux...
Deulle.
— Fig. Refuge, protection , tout ce qui pré-
serve de quelque mal, de quelque danger, etc. :
La solitude est un abri contre tes embarras du
monde. (Acad.) La pauvreté volontaire est un
abri contre la cupidité. (Acad.)
Sous le puissant abri de son bras despotique.
On est sûr de Vabri qu'on cherche dans ses bras.
C. Delavigne.
Je demande un abri pour reposer ma tête.
Etienne.
~ Agric. et hortic. Ce qui sert à abriter les
végétaux artificiellement ou naturellement :
Vous n'aurez de bonnes pêches qu'avec fe abris
et un sol convenable. (Volt.) Les bois, les mon-
tagnes, forment de puissants abris pour les
champs qui les environnent. ( Baudrillart. )
V. plus loin Eucycl.
— Bot. Se dit aussi, en parlant des bour-
geons, des bulbes, etc., de tout ce qui peut
leur servir d'abri contre le froid.
~ Art milit. Tout co qui sert à garantir
une troupe, une armée en campagne, contre
les projectiles de l'ennemi : A Vattaque d'une
place forte, le génie creuse des tranchées pour
y ménager aux troupes un abri. (Gén. Bardin.)
— Mar. Terre , rocher, navire, voile, etc.,
qui, en interceptant le vent, en paralyse
la force, ou ne le laisse parvenir que tres-
affaibli aux objet? situés derrière, il Cette
racle, celle plage est an bon abri, Les vaisseaux
y sont en sûreté contre la tempête, u Etre à
l'abri sous le vent d'une ile, Etre à l'ancre dans
le voisinage d'une île. Il Etre à l'abri d'une
terre, Se trouver, en parlant des vaisseaux,
dans le voisinage d'une terre qui les protège
contre la violence du vent. -
— Navig. fluv. AAn ô bateau, Hangar con-
struit sur un lac ou un étang, pour y mettre
à couvert les bateaux de pèche et les barques
ou canots de promenade.
— Prov. L'homme sans abri est un oiseau
■ nid. C'est-à-dire n'a pas do domicile, erre
à l'a
Sur
— A l'abri, loe. adv. A couvert, en sûreté :
Cette vigne est À l'abri. Le vent les fit entrer
dans une rade où- ils se trouvèrent À /'abri.
(Fén.) Ce n'était gue là qu'il se trouvait À
l'abri et à son aise. (St-Simon.) Elle s'arrête,
(n saisit, l'emporte pour le mettre À J'abri.
(Buff.)
— Mettre quelqu'un à l'abri, Le mettre à
couvert, et, familièrem., en prison.
— A l'abri de, loc. prép. Hors d'atteinte de :
Se mettre h I'abui du mauvais temps. (Acad.)
Les montagnes mettent cette cote À I'ubri des
vents brûlants du Midi. (Fén). Pauvre petite
tourterelle des bois, je te bâtirai un nid où
tu dormiras À l'abri du froid et de l'orage.
(f.amenn.)
Tel en un secret vallon.
— Signifie aussi A couvert sous, derrière :
Etre à l'abri D'un bois, d'une muraiUe.(Aca.<\.)
Les Troyens se sauvaient à l'abri de leurs tours.
Eucor si vous naissiez <i l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage.
La Fontaine.
Ses soldats, a ses pieds étendus ut mourants,
Le mettaient d l'abri de leurs corps expirants.
Racine.
— Fig. Etre à l'abri de,- N'être pas exposa
ABR
à ; être garanti contre : Etre A l'abri du dan-
ger, de la persécution. (Acad.) Le vrai sage
n'est pas plus qu'un autre À l'abri des passions.
(J.-J. Rouss.) Il leur faisait apprendre un mé-
tier utile et solide, qui put tes mettre À l'abri
de l'indigence. (D'Alemb.) Il était À l'abri de
toute destitution par l'inamovibilité judiciaire.
lettons-no
u» d l'abri des injures du temps.
Boue
ous somm
es, dans ces lieux, d l'abri des vi
A l'abri du danger, son ame e
Veut jouir de ces lieux et de son épouvante,
Il Grâce à, à la faveur de, par le moyen de :
Ils vivent en paix , À l'abri de ces lois simples
et claires. (Fén.)
Vous dormes d l'abri du ces noms révérés.
Boileau.
. . . Un çatant de qui tout le métier
Est d'aller, a l'abri d'une perruque blonde.
De ses froides douceurs fatiguer tout Je monde.
BOILEAU.
L'un et l'autre dès lors vécut à l'aventure,
Des présents qu'd l'abri de la magistrature
Le mari quelquefois des plaideurs extorquait.
BOILEAtJ.
— Encyel. Agric. On appelle airt's, en agri-
culture et en horticulture , tout ce qui a pour
objet de protéger les végétaux contre l'action
du froid, de la chaleur, d'une humidité ex-
trême ou contre les effets d'une évaporation
excessive. Les abris se divisent en naturels et
en artificiels. Les montagnes, collines, forêts,
constituent des abris naturels. Les clôtures,
murailles, haies sèches , haies vives , palis-
sades, les serres , bâches , châssis , oloches,
couvertures, paillassons, sont des abris arti-
ficiels. Les abris artificiels contre le froid ont
pour objet, les uns, tels que les serres, clo-
ches, etc., de s'opposer aux effets de l'abais-
sement général de la température atmosphé-
rique ; les autres, tels que les bâches, les
paillassons, etc., d'empêcher les effets' du
rayonnement nocturne. Les abris artificiels
permettent aux horticulteurs d'acclimater des
végétaux étrangers, d'obtenir des productions
précoces ou tardives, d'améliorer la qualité
et d'augmenter le volume des fruits.
dans une maison'. Des assiégés sont à l'abri
du canon derrière les murs de la place , et à
couvert des obnsicrsdans les casemates. Quand
on est à l'abri, on a devant ou derrière soi un
rempart; quand on est à couvert, on a sur soi
une couverture , un toit ou un vêtement qui
enveloppe. Vous vous mettez « l'abri contre ce
qui vient de côté, à couvert contre ce qui
tombe; à l'abri du vent, d'une inondation, des
boulets ; à couvert de la pluie, de la grêle, des
bombes. Les vaisseaux sont à l'abri dans une
rade, les poussins sont à couvert sous l'aile de
leur mère.
ABRIAL (André-Joseph, comte), magistrat
et jurisconsulte, né à Annonay, en 1750, mort
à Paris en 1828. Commissaire de la république
près le tribunal de cassation, chargé en 1739
ae l'organisation de la république parthéno-
péenne, il entra au ministère de la justice
après le 18 brumaire, prit part à la rédaction ,
du Code civil et fut comblé d'honneurs par
Napoléon. Il n'en fut pas moins un des pre-
miers à voter, comme sénateur, pour la dé-
chéance, et fut nommé pair de France par
Louis XVIII.
abricot s. m. (a-bri-ko — étym, douteuse :
quelques-uns font venir ce mot de l'espagnol
albaricoque, ou du portugais albricoque, dé-
rivés de l'arabe al birlcouïc. Celui-ci vient du
bas grec, lequel est tiré du lat. prœcoquum,
nom que les Romains donnaient a l'abricot à
cause de sa précocité (prœcox, précoce). John-
son et le P. Labbe le font dériver directement
du mot abri, parce que l'abricotier doit être
placé à l'abri du vent, contre des murs exposés
au midi). Fruit de l'abricotier : Abricot d'es-
palier, de plein vent. Abricots confits au sucre.
Abricots à l'eau-de-vie. L'abricot est un des
fruits les plus agréables qu'on serve sur nos
tables. (Er.cycl.) L'abricot n'est qu'une espèce
de prune. (J.-J. Rouss.) Les abricots dorés, les
pèches veloutées et les coings cotonneux exha-
laient les plus doux parfums. (B. de St-P.)
Les abricots « l'eau-de-vie constituent un ar-
ticle important pour l'industrie française. (Ar-
thur Mangin.)
L'a&ricol parfumé sortit de l'Arménie.
L'a6rico( dont l'Euphrate enrichit nos climats.
Miciiaud.
Le prunier de Damas, l'aoricol d'Arménie.
Deulle.
— Employé comme coniplém., il se mot or-
dinairement au pluriel : Compote <2' abricots.
Marmelade d' abricots. Confiture ^'abricots.
Conserve ^'abricots. Beignets ^'abricots.
Pâte <f abricots. Crème ^'abricots. Clermont-
Ferrand est renommé pour ses pâtes rf'ABRi-
cots. (Encyel.) Des noyaux (/'abricots. (Be-
lèze.)
— Se prend adjectiv., en parlant d'une cou-
leur tirant sur le jaune; dans ce cas, il est
invariable : Une robe , un ruban, une écharpe
abricot. (Acad.) Sa culotte en casimir de cou-
leur abricot, sans aucune fraîcheur, annonçait
un long usage. (Balz.) Il l'a habillé avec une
toque noire, une collerette et une jaquette abri-
cot. (Balz.)
ABRICOT-ALBERGE s. m. (a-bri-ko-al-bèr-
je — de abricot et albergé). Variété d'abricot :
La chair de Z'abricot-alberge est d'un goût
vineux, légèrement amer. (Encyel.) Les aman-
des des abricots -alberges sont grosses et
amères. (Encyel.)
— Se dit aussi quelquefois de l'arbre qui
porte ce fruit.
ABRICOTÉ, ÉE (a-bri-ko-té) part. pass. du
v. Abricoler.
— Prune abricotée , Variété de prune qui
ressemble à la reine-cla,ude, mais qui est plus
grosse et plus allongée; sa peau est d'un vert
blanchâtre, tachée de rouge du côté du soleil.
Il S'ompl. substantiv. : L'abriCotée est une
variété de prune à gros fruit dont la chair est
ferme musquée,, excellente. (Encyel.) « C'est
aussi le nom d'une variété de pêche : L'abri-
cotée a un peu le goût de l'abricot. (Encyel.)
ABRICOTÉ s. m. (a-bri-ko-té — rad. abri-
cot). Bonbon fait d'un morceau d'abricot en-
touré do sucre.
ABRICOTER v. a. ou tr. (a-bri-ko-té— rad.
abricot). Hortic. Greffer un abricotier sur un
autre arbre : Abricoter un prunier.
ABRICOTIER s. m. (a-bri-ko-tié — rad.
abricot). Arbre fruitier du genre prunier, de
la famille des rosacées : L'abricotier est un
des premiers arbres .qui fleurissent dans un
jardin, dont il fait l'ornement par la beauté de
ses fleurs et de ses fruits. (Encyel.) Un petit
espatier couvert de cinq abricotiers et de dix
pêchers fait tout mon fruitier. (Rollin.) Je suis
bien fâché que vous ne soyez point encore ha-
bitue à Auteuil , où mes abricotiers vous
appellent. (Boil.)
De ses toits teints de pourpre, il touche en souriant
Le frôle abricotier, l'amandier qui sommeille,
Le pêcher frissonnant sous sa robe vermeille.
De Latouche.
— Hortic. Abricotier -alberge . Arbre qui
produit les abricots-albergos. n Abricotier de
Sibérie, Arbuste haut d'environ 2 mètres, à
jolies fleurs rouges-. Il est commun sur les
pentes escarpées du versant méridional des
montagnes de la Daouric, et on le cultive
dans les jardins d'agrément, à cause de la
beauté de ses fleurs, il Abricotier de St-Domin-
gue; Un des noms vulgaires de la inanimée
américaine, grand arbre qui croît aux An-
tilles, d'où il a été transporté et naturalisé à
Caycnne. Son bois, blanchâtre, mou et filan-
dreux, est peu estimé. On retire de ses fleurs
par la distillation, une liqueur assez renom-
mée, appelée la créole. Son fruit, nui ne res-
semble guère à l'abricot que par la couleur
de sa chair, est très-recherche des naturels
et des colons, qui le mangent de différentes
manières.
— Encyel. On pense que cet arbre est ori-
ginaire de l'Arménie, comme semble l'indiquer
son nom latin armeniaca. Il croit naturelle-
ment en Perse et dans les régions voisines,
s'est introduit h Rome, de là dans le midi de
la France, et plus tard dans le nord.
L'abricotier est un arbre peu élevé, à. ra-
meaux étalés ou redressés, couverts de feuilles
ovales, arrondies, un peu cordiformes; ses
Heurs, blanches et assez grandes, paraissent de
bonne heure et avant les feuilles. Son fruit est
gros, jaune rougeâtre, à chair sucrée et aroma-
Cultivé quelquefois comme arbre d'orne-
ment, l'abricotier est surtout recherché pour
ses fruits, qu'on mangecrus, ou dont on fait
des confitures et des pâtes très-estimées. On
le cultive en grand dans plusieurs localités ,
notamment aux environs de Paris , de Cler-
mont-Ferrand, d'Agen et des principales villes
du midi de la France. Il a produit un grand
nombre de variétés; Yabricot-pêche est celui
que l'on estime le plus pour être mangé cru ;
les abricots gros commun et royal sont, au
contraire, les plus recherchés pour la confec-
tion des pâtes, conserves et confitures.
On cultive l'abricotier de deux manières : en
plein vent, dans le centre et le midi de la
France ; en espalier , au nord de Paris. Ce
n'est pas qu'à des latitudes plus septentrionales
ses fruits ne puissent mûrir; mais les fleurs,
qui sont très-précoces, sont fréquemment dé-
truites par les gelées printanières. La culture
de l'abricotier cesse alors d'être avantageuse ;
car, en espalier, il donne des fruits moins sa-
voureux qu'en plein vent. Comme la plupart
des arbres fruitiers, l'abricotier peut étro
à basse tige ou à haute tige. .
L'abricotier préfère les terrains calcaires
de consistance moyenne. On propage ses di-
verses variétés par la greffe, soit sur la va-
riété commune, soit sur le prunier ou l'aman-
dier. Plusieurs se multiplient aussi par semis,
principalement l'abricotier et l'abricot-péche ;
les sujets francs de pied sont plus vigoureux
et vivent plus longtemps que les sujets
greffés. Le bois de l'abricotier n'est pas sus-
ceptible d'un assez beau poli pour être em-
ployé en ébénisterie ; on ne l'utilise guère que
pour les ouvrages de tour.
ABRICOTIN, INE adj. (a-bri-ko-tain, ti-ne
— diminut. d'aèn'coO- Au féminin, il se dit
d'une variété de prune qui ressemble à l'abri-
cot: Prune abricotine. Il On dit aussi substan-
tivement Tabricotink.
— Au masculin, il ne s'cmpl. que substamiv.
et sert à désigner une espèce d'abricot ; il se
ABR
dit aussi de l'arbre qui porte co fruit : L'abri-
cotin ou abricot précoce vient sous le climat de
Paris. (Belcze.)
ABRICOTIS s. m. (a-bri-ko-ti — rad. abri-
cot). Nom donné par les confiseurs à une pré-
paration de l'abricot.
ABRICOT-PÊCHE s. m. (a-bri-kc-pè-chc).
Espèce d'abricot qui se rapproche de la pê-
che : L'abricot - pèche est le plus gros des
abricots. (Encyel.) On peut cultiuer dans tes
jardins de Pétersbourg des cerises, des abri-
cots, des abricots-pechus. (B. île St-P.) Il
Se dit aussi de l'arbre qui porte ce fruit:
L'abricot-pèchb est préféré à tous les autres
pour l'espalier. (Belcze.)
ABRIER v. a. ou tr. (a-bri-é — rad. abri.
Mettre à l'abri du vent. Prend deux i de suite
aux doux prem. pers: pi. de l'imp. de l'ind. et
du prés, du subj.). Mar. Mettre à l'abri du
vent : Un rocher élevé, un bloc de glace, un
ilôt , peuvent abrier un bâtiment. (Baron de
Bonnefoux.)
— S'cmpl. aussi pronominal. : Les voiles des
divers mâts d'un bâtiment s'abrient entre elles,
en partie ou en totalité, quand on court grand
largue^ ou vent arrière, ou qu'on est masqué.
(Baron de Bonnefoux.)
— Hortic. Protéger contre le vent, n On dit
mieux
AUIUL (Pierre-Simon), grammairien espa-
gnol, né vers 1530 près de Tolède, professa pen-
dant 24 ans les humanités et la philosophie à
l'Université de Saragosse, et contribua beau-
coup à répandre en Espagne le goût des lan-
gues anciennes. Ses principaux ouvrages sont:
Latini idiomatis docendi ac discendt Metho-
dus ; De Lingua latina vel de Arte grammatica
libri IV; une Grammaire. grecque; des tra-
ductions espagnoles delà Politique d'Aristote,
des Fables d'Esope, des Comédies de Térence,
des Lettres familières de Cicéron, du premier
Discours de Cicéron contre Verres, etc.
ABRITANT (a-bri-tan) part, prés, du v.
Abriter : Une montagne abritant une maison.
."Ces
navires sont parfaitement abrités. Le germe du
plus haut palmier est d'abord abrite par l'A-
rabe sous un vase d'argile. (Chateaub.) //
avisa au loin un homme et une femme qui s'avan-
çaient, abrités par un parapluie. (E. Sue.) Les
soldats, abrités par de bons retranchements ,
étaient dans une position difficile à forcer.
(Thiers.) Il Dérendu , protégé contre : Sous ces
arcades de feuillage, nous étions abrités de la
chaleur durant tout le jour. (B. de Sl-P.)
fis descendirent dans un petit vallon abrite
des vents. (B. de St-P.) Me voici à Cannes, sur
ce riant rivage si doucement abrité du vent du
nord. (Em. Durier.)
— Fig. : En Angleterre, la vieprioée est plus
close, plus abritée , mieux encadrée dans son
ensemble. (Ste-Beuve.) La femme doit vivre
retirée, cachée, abriter. (J. Simon.)
ABRI-TENTE s, m. (a-bri-tan-te — de abri
et. tonte). Nouvelle espèce de tente en usage
dans les camps français : Un abri-tente, il
PL des abris-tentes.
ABRITER v. a. ou tr. (a-bri-té— rad. abri).
Mettre à l'abri : Cette montagne nous abrite.
r dus petit végétal abrite ces amants. (B. de
St-P.)
Les chênes r
Quelque portail d'église abritera ma tête.
C. Dei-avione.
— Par ext. Couvrir, recouvrir : La nat/ure
a pris soin des animaux; elle les a remparés de
cuirs épais, de longs poils, de plumages qui les
abritent contre les atteintes du dehors. (B. de
St-P.) Ce rocher abritera mes os. (G. Sand.)
— Fig. Confier, mettre sous la protection de :
J'y v
ongesd
Abrit
repos obscur.
Il Renfermer, donner i
ints asiles
i futur;
.. __, ï les couvents
peuvent abriter des mysticismes sincères, ils
peuvent cacher des fanatism « s atroces. (G. Sand.)
S'abriter, v. pr. Se mettre à l'abri : Beau-
coup de vos frères manquent de pain pour sou-
tenir leur vie, de vêtements pour couvrir leurs
membres nus, d'un toit povr s'abriter. (La-
mennais.) Hier tu dormais dans sa chaumière,
aujourd'hui tu t'abrites sous la voûte du cou-
vent. (G. Sand.) il Se dit aussi en parlant des
choses, des animaux, des plantes : La grande
aigrette se tient habituellement sur les eaux
stagnantes et sur les rivières, où elle s'abrite
dans les joncs. (Buff.) La fleur du pissenlit a
un moyen bien particulier de s'abriter de la
chaleur. (B. de St-P.)
— Fig. Chercher un refuge, une défense,
une proteciion contre : L'anarchie survient, et
force le peuple à s'abriter dans la domination
d'un seul. (Chateaub.) Le présent ne peut s'a-
briter sous aucun temple. (G. Sand.)
— Uôinproq. Se secourir: Unissez-vous les
uns aux autres; appuyez-vous et abritez- vous
mutuellement. (Lamenn.)
ABR1VENT s. m. (a-bri-van — de abri et
veut). Tout ce qui sert à mettre à l'abri du
— Hortic. Paillasson qui protège les plantes
contre le vent.
— Art milit. Appentis que les soldats
fabriquent en claies ou en paille, pour se
/'âge de campagne et les matériaux propres à
lu construction J'abbivents: (Gén. Bardin.)
On fut obligé de prendre la paille des paillasses
pour faire des abrivents aux soldats qui n'é-
taient jamais relevés du chemin couvert. (De
J''euquières.) *
AB RIVER v. n. ou intr. (a-bri-vé — du lat.
ab, de ; ripa, rive) . Aborder, venir sur la rive,
approcher de la rive. Inusité.
abrogatif, IVE adj. (a.bro-ga-tir, i-ve —
du lat. abrogatus, abrogé). Qui a pour objet
d'abroger : Projet abrogatie. Loi, disposition
àbrôgativb. Testament abrogatif.
abrogation s. f. (a-bro-ga-si-oh — lat.
. _ te, etc. : '//abrogation d'une loi fondamen-
tale est souvent la cause de la ruine du prince
nu du peuple, et quelquefois de tous les deux.
(Juizot.)
— Absol. : /.'abrogation est t à proprement
parler, la mort de la loi. Une loi cesse en partie
par la dérogation ; elle cesse entièrement par
/'abrogation. (Gousset.) Le droit naturel ne
forme pas un corps de lois que /'abrogation ou
la dérogation puisse atteindre. ( Portalis.)
Il Peut s'employer au pluriel : // serait
important de diminuer la masse énorme de nos
lois par des abrogations formelles.
— Par ext. Suppression, abolition d'une
coutume, d'un usage, etc. : // n'y a point de
toi qui contienne une abrogation expresse des
privilèges et des honneurs que les liomains
avaient accordés aux mariages et au nombre des
enfants. (Montesq.) V abrogation du népo-
tisme, dont vous me parlez, serait d'une grande
édification pour l'Eglise. (De Rancé.) La re-
traite sur le mont Sacré, /'abrogation des
dettes, l'établissement du tribunal... (Vertot.)
//abrogation de ces droits locaux est l'objet
des premiers articles du décret de l'Assemblée
nationale du 5 novembre 1790. (H. Say.)
— Encycl. Jurispr. Vabrogation est expresse
ou tacite : expresse, si la loi déclare d'une ma-
nière formelle et positive que la loi antérieure
est abolie; tacite, si la loi nouvelle, sans dé-
clarer expressément que la précédente est
abolie , contient un ensemble de dispositions
contraires aux anciennes. Dans les gouverne-
ments représentatifs, le concours des Chambres
et du monarque est nécessaire à l'abrogation
d'une loi.
ABROGATOIRE adj. f a-bro-ga-toi-re —
du lat. abrogalus, abroge). Qui a pour but
d'abroger: Clause abrogatoire.
ABROGÉ, ÉE (a-bro-jc) part. pass. du v.
Abroger ; Une loi est abrogek quand elle cesse
de commander l'obéissance. Cette disposition
est trop fondée en raison pour avoir pu être
abrogée par le temps. (Balz.) La pragmatique
sanction a été abrogée par le concordat.
(Guizot.) Ces traités entre les trois puissances
n'ont pas été abrogés par une entente.cordiate.
(De la Bédollièro.)
ABROGEABLE adj. (a-bro-ja-ble — rad.
abroger). Qui peut ou doit être abrogé :
Toute loi est abrogeable par les pouvoirs qui
l'ont rendue. (Legoarant.)
ABROGEANT (a-bro-jan) part. prés, du v.
Abroger : Les législateurs, en abrogeant for-
mellement certaines lois tombées en désuétude,
rendent un immense service au pat/s.
abroger v. a. ou tf. (a-bro-jé — lat.
abrogare, même sens. — Prend ï'e muet après
le g, devant les voyelles a, o : Nous abro-
geâmes, il abrogea, nous abrogeons, etc.).
Supprimer, annuler, abolir; se dit surtout des
lois, édits, décrets, arrêts, ordonnances, etc. :
Abroger une toi. Dans un Etat libr.e, il ne faut
jamais souffrir qu'aucune loi tombe en désué-
tude, il faut /'abroger formellement ou la
maintenir en vigueur. (J.-J. Rouss.)
— Par ext. Se dit des coutumes , des usa-
ges, etc. : Aucun législateur de l'antiquité n'a
tenté (/'abroger la servitude. (Volt.) C'est là
le droit de la nature, que rien ne peut
elles ri
. . ons qui
restaient à cet égard. (Montesq.) Du même
droit que le peuple aurait proclamé l'hérédité,
il pourrait, à son gré, /'abroger. (E. de Gir.)
!l Effacer, rayer, faire disparaître, sup-
primer : Le plus grand avantage de mon sys-
tème de notation était «/'abroger les transpo-
sitions et les clefs. (J.-J. Rouss.)
[phrase.
Monseigneur — Tout d'abord j'inter:
• Le mot de monseigneur demande trop d'biiij...in,o
Pour gens faits comme moi : je Vabroge. . . .
Boursault.
— Fig. Anéantir, détruire entièrement:
Le travail, en ^organisant, a pour mission
(/'abroger le gouvernement. (Proudhon.)
S'abroger, v'. pr. Etre abrogé, cesser d'être
en vigueur: Cette coutume s'est abrogée d'elle-
même par désuétude. (Acad.) Les
-' t d'elles-mêmes. (Boiste.)
, abolir, nnnului ,
r, V. Abolir.
ABROHANi s. m. (a-bro-a-ni). Comm. Es-
ABR
pèce de mousseline blanche qui vient des
Indes orientales.
ABROK s. m. (a-brok). Grande ftmvcrture
bleue et blanche dont se dr.apent les femmes
manresques : De temps en temps elle ouvrait
soyi abrok pour nous montrer une tête char-
mante. (Alex. Dum.)
ABROMA s. m. (a-bro-ma — du gr. a priv.;
brorna, nourriture). Bot. Genre de plantes
qui ne renferme que trois espèces indi-
gènes des régions intertropicales de l'anc.
continent : L'écorce des abromas est filan-
dreuse, et sert dans l'Inde à faire des cordages.
(D'Orbigny.)
ABRONIA s. f. (a-bro-ni-a — du gr. abros,
délicat, élégant). Bot. Genre de plantes de la
famille des nyetaginées , dont on ne connaît
bien qu'une seule espèce, l'abronia umbëllata :
Les abronias sont des plantes herbacées, viva-
ces, indigènes de la Californie. (D'Orbigny.)
— Encycl. L'abronia à ombelles est une
plante vivace, à tiges grêles, rampantes ou
grimpantes. Ses fleurs, d'un beau rose lilacé,
se succèdent depuis juillet jusqu'en novembre ;
" ît un peu celles de la valériane
îe odeur de vanille. Cette plante
croit dans les sables meubles de la Californie,
et on la cultive comme annuelle dans nos jar-
dins, à cause de la beauté de ses fleurs. Elle
vient dans tous les sols et se propage facile-
ment de graines semées en pleine terre, au
mois de mai.
ABROSTOLE s. m. (a-bros-to-le — du gr.
abros, élégant; stolê, vêtement J. Entom.
Genre d'insectes lépidoptères, famille des noc-
turnes, tribu des plusides. V. Plusie,
— Encycl. Le genre abrostole renferme
trois espèces d'Europe. La plus commune est
l'abrostole triplasie, dont les ailes sont d'un
brun luisant, à reflets violacés. Elle se montre
en été. Sa chenille vit sur la grande ortie.
abrotanelle s. f. (a-bro-ta-nè-le — du
gr. abrotonon, aurone). Bot. Genre de plantes
de la famille des composées, qui habite les îles
Malouines-.
ABROTANOÏDE s. f. (a-bro-ta-no-i-de — du
gr. abrotonon, aurone). Polyp. Espèce de ma-
drépore qui ressemble à l'aurone, et qui vit
sur les rochers, au fond de la mer.
abrotanum (a-bro-ta-nome). Bot. Nom
latin de l'aurone.
ABROTONE s. f. (a-bro-to-ne — du gr. abro-
tonon, aurone). Bot. Nom donné vulgairement
1 , Jtàquelq '■"' : ' ": —
semblent, comme li
lines, etc.
ABROTONOÏDE adj. (a-bro-to-no-i-de —
d'abrotone, et du gr. eidos, forme). Bot. Qui
ressemble à l'abrotone.
ABROU s. in. (a-brou). Bot. Petit haricot
délicat cultivé dans la Papouasie.
abrouti, IE adj. (a-brou-ti — de a priv.,
et fr. brottt). Ebourgeonné et mal venu. Se
dit des bois dont les premières pousses ont
été mangées, broutées par le bétail : Il faut
receper ce bois, ce bourgeon, parce qu'il a été
abrouti. (Baudrill.)
ABROUTISSEMENT s. m. ( a-brou-ti-se-
inan — rad. abrouti). Etat d'un bois qui aété
brouté par les bestiaux ou le gibier : Ces ar-
bres, souvent gâtés par /'ahroutissement du
bétail, ne s'élèvent pas. (Buff.) Les arbres qui
ont éprouvé deux ou trois fois /'abroutisse-
ment ne peuvent que périr. (Baudrill.) Le délit
ï/'abroutissement est prévu par la loi. (Bau-
drill.)
ABROXYDE adj. (a-bro-ksi-de — du gr.
abroxos, qui est a sec). Néol. Qui est inal-
térable à l'eau et à la transpiration ; imper-
méable : Chapeau abroxyde.
ABRUPT, UPTE adj. (a-bru-pte, aux deux
genres — lat. abruptus, même sens).. Se dit
d'un terrain, d'un rocher à pente rapide et
comme rompu : Le flanc abrupt de la vallée.
(Saulcy.) La cime en était grise, fendue de
■ toutes parts, abrupte, inabordable. (Balz.) Ils
se trouvèrent au milieu d'une grotte assez spa-
cieuse, creusée naturellement au milieu des
roches dont la partie supérieure s'élevait en
masses abruptes au milieu du taillis. (E. Sue.)
Nous arrivâmes par un chemin en zigzag très-
roide et /rès-ABiiUPT, au pont d'Akantara. (Th.
Gaut.)
— Fig. Rude; qui n'a pas été adouci par
l'instruction, l'éducation, en parlant du ca-
ractère , des manières, des habitudes, etc. :
C'était un homme d'une nature vierge et
abrupte, avec des sens neufs et purs. (E. Sue.)
Il Se dit aussi des personnes : L'un de ces
deux personnages, abrupt, énergique, à ma-
nières larges et saccadées, à parole brève et
rude, représentait bien la république. (Balz.)
— Qui est sans suite, sans liaison; heurté,
coupé, haché, en parlant du style : Un style
abrupt. On a trouvé le style de la Vie de Sé-
nèque haché, abrupt , incorrect. (Diderot.) Ce
discours d'un Otaïtien me parait véhément;
mais, à travers je ne sais quoi (/'abrupt et de
sauvage , il me semble y retrouver des idées et
des tournures européennes. (Diderot.) L'effet
du style de Vergniaud résulte d'un clique-
tis brillant de figures abruptes et serrées.
(Ch. Nodier.) il Se dit enfin de tout ce qui se
produit brusquement et sans préparation ,
sans ménagement, etc. : La satire contempo-
raine est pour les vérités abruptes et inopinées
ABR
ce qu'est le jonc pour la tempête. Il joue , i7
murmure et siffle quand elle vient; il se courbe
ou se brise quand elle passe. (Ch. Nodier.)
— Gramm. Quelques écrivains , consultant
plutôt la prononciation que l'orthographe, n'ad-
mettent qu'une seule forme , abrupte , pour le
masculin comme pour le féminin : Ils montaient
un sentier abrupte dans les vignes. (H. de La-
cretelle.) Des rochers abruptes. (V. Hugo.)
Ses flancs abruptes, creusés de vallons, de ra-
vines, de lits de torrents ; sont revêtus du haut
en bas de châtaigniers dun vert sombre. (La-
martine.) L'analogie exige qu'on écrive abrupt
au masculin. N'écrit-on pas exact^ suspect, cir-
conspect , direct , etc.? L'Académie , du reste ,
n'autorise que cette forme.
— Synonymes simples. Agreste, êpre, in-
culte, raboteux, revêche, rude, rustique, sau-
vage.
— Antonymes. Douce (pente), insensible
(pente), plat, uni. — Affable, aimable, bien-'
veillant, «vil, complaisant, cordial, courtois,
éduqué, gracieux, poli, riant, sociable.
abruptement adv. (a-brup-tc-man —
rad. abrupt). D'une manière abrupte; bizar-
rement, inégalement, irrégulièrement: La
Suisse y forme comme le faite d'une immense
terrasse dominée par le M ont- Blanc, point cul-
minant dej Europe , et dont les pattes s'abais-
sent graduellement vers les plaines, et abrupte-
ment vers celles de la Lombardie. (A. Guibert.)
— Fig. Inopinément, sans préparation, sans
ménagement; seditdu style, du discours, etc.:
Elle commença à lui dire abruptement ; O
délayait (Theod. Valentinian.) Les autres pe-
tits poèmes veulent être abruptement commen-
cés, comme des odes lyriques, etc. (Ronsard.)
ABRUPTION s. f. ( ab-rup-si-on — rad.
abrupt). Chir. Fracture transversale d'un os,
avec surfaces inégales et rugueuses.
— Rhét. Figure qui consiste à supprimer
les transitions , pour donner au style plus de
vivacité, plus d'animation.
ABRUPTIPENNB, ÉE adj. (a-brup-ti-pénn-
né). Bot. Se dit d'une feuille pennée qui n'a
pas de foliole impairo terminale, et dont le
pétiole commun n'est pas terminé par une
vrille : Feuille abruptipennék.
ABRUPTO. V. Ex abrupto.
ABRUS s. m. (a-bruss — du gr. abros, élé-
gant). Bot. Genre de plantes de la famil-le des
légumineuses , sous-ordre des papilionacées ,
tribu des phasoolées. Il est propre à la zone
équatorialei et On en connaît aujourd'hui
cinq espèces.. Les racines de ces plantes
ont une saveur douceâtre et les mêmes pro-
priétés que les racines de réglisse; aussi l'es-
pçce la plus commune, l'abrus precatorius,
est-elle connue aux Antilles sous le nom de
i.iank A réglisse : Les graines des abrus ser*
vent à faire des colliers, des chapelets, etc., et
sont en général d'un beau rouge de corail.
(D'Orbigny.) il On dit aussi quelquefois abre.
ABRUTI, IE (a-bru-ti) part. pass. du v.
Abrutir. Rendu semblable a une bête brute ;
devenu stupide : Une populace de gueux abru-
tis. (Volt.) Claude était comme abruti. (Di-
derot.) Les généraux russes traitent leurs sol-
dats comme des serfs abrutis. (Cormenin.)
— Fig. Entièrement plongé dans, dégradé :
Le genre humain abruti «e pouvait plus s'éle-
ver aux choses intellectuelles. (Boss.) Venceslas,
abruti par les débauches de la table , laissait
l'empire dans l'anarchie. (Volt.) Qu'est-ce qu'un
pays où les nobles sont sans discipline, le roi un
zéro, le peuple abruti par l'esclavage? (Volt.).
Il Se dit aussi des choses dans le même sens :
Un cœur abruti dans les plus honteuses délices.
(Mass.)
— Stupéfait, abasourdi, hébété : C'est vrai,
je suis tout abruti de ce qui vient de se passer.
(G. Sand.)
— Substantiv. Se dit des personnes qui sont
devenues stupides , des hébétés : C'est un
abruti. Ce sont des abrutis. En bas , c'est-
à-dire au parterre, que trouve-t-on? Des
abrutis qui vous glacent. (G. Sand.)
ABRUTIR v. a. ou tr. (a-bru-tir — rad.
brute). Rendre semblable à la brute; rendre
inepte , stupide ; abêtir : La religion musul-
mane a tous les moyens (/'abrutir les peuples.
(Dider.) L'excès du vin dégrade l'homme , et
/'abrutit à la longue. (J.-J. Roitss.) Le gou-
vernement turc a déprimé les Grecs et abruti
les Egyptiens. (Volt.) C'est ainsi q
parmi nous les enfants. (B. de St-P.) C'était
pauvre sire, un homme déconsidéré que la »;
sére avait avili, et que l'oisiveté abrutissa.i.
(G. Sand.) n Affaiblir^ dégrader, en parlant de
l'esprit et des facultés morales : La solitude
abrutit les esprits faibles. (Acad.) Ils au-
raient abruti l'esprit de monseigneur. (Volt.)
Ces exercices, en fortifiant le corps, n abru-
tissent point l'esprit. (J.-J. Rouss.) // vint à
bout c/'abrutir mon caractère aimant et vif.
(J.-J. Rouss.) il Pervertir : Dieu n'a donné à
personne le droit de faire du travail un joug
dégradant et oppresseur, un moyen d'affamer
l'âme et (/'abrutir la conscience. (Montalemb.)
— Par ext. Confondre quelqu'un, le mettre
hors de lui , l'étourdir , l'abasourdir : Mais
vous /'abrutissez par votre vivacité. (E. Sue.)
ABS
33
S'abrutir, v. pr. Devenir comme une bête
brute ; devenir stupide : Cet homme s'abrutit.
(Acad.) A mesure qu'il s'est abruti, il a tâché
de se persuader que l'homme était semblable à
la bête. (Mass.) L'homme aime mieux s'abru-
tir à bon marché , que de s'ennoblir à grands
frais. (G. Sand.) L'ouvrier nourri de laitage
et de farineux s'énerve et s'abrutit. (About.)
il En parlant des cho>.cs de l'esprit, de l'ame,
des facultés intellectuelles et morales, S'alté-
rer, s'affaiblir, se dégrader : Les esprits faibles
s'abrutissent dans la solitude* (Danet.)
Car par l'oisiveté l'innocence se mine
Notre âme s'abrutit, notre corps s'efléminc
Dui>aktas.
— Se laisser abrutir, Permettre, souffrir
que l'on soit abruti : Les hommes sont libres,
et ne doivent pas se laisser abrutir par les
préjugés. (E. Sue.)
— Syn. Abrutir, iiéi.iier. Hèbêterx c'est
ôter à l'esprit tout aiguillon : L'oisiveté hebéte.
Abrutir, c'est rendre incapable de rien com-
prendre et de rien sentir : L'ivrognerie finit
par abrutir.
ABRUTISSANT (a-bru-ti-san) part. prés,
du v. Abrutir : Des préjugés abrutissant le
peuple. Une méthode abrutissant les esprits.
Les débauches corrompent le corps en abrutis-
sant l'esprit. (Fén.)
ABRUTISSANT, ANTE adj. v. (a-bru-ti-san,
an-te — rad. abrutir). Qui est propre à abru-
tir, qui abrutit; et, parextens., Qui énerve
l'esprit , qui l'appesantit : Un genre de vie
abrutissant. Un travail abrutissant. Une
occupation 'abrutissante. (Acad.l Les plaisirs
abrutissants de la table. (Mass.) Qu'on ne se
fasse point illusion sur les conséquences néces-
sairement abrutissantes du travail corporel
et de la fatigue. (Sismondi.) // sortit par mi-
racle de /'abrutissante apathie où l'esclavage
plonge ordinairement la créature. (E. Sue.)
ABRUTISSEMENT s. m. (a-bru-ti-se-man
— rad. abrutir). Etat d'une personne abrutie;
altération de l'intelligence ; dégradation : L'\-
brutiSsembnt est le résultat de l'abus des
forces physiques. (Sismondi.) // est un degré
«/'abrutissement qui ôte la vie à l'àme.
(J.-J. Rouss.) Qu'on lui fasse un tableau frap-
pant et vrai des horreurs de la débauche, de
son stupide abrutissement. (J.-J. Rouss.)
-//abrutissement du' mari justifie l'audace de
la femme. (Volt.) Ces cruels Spartiates tes te-
naient sous /'abrutissement de ta superstition.
(Diderot.) On était déjà loin du cynisme et de
/'abrutisse^nt d'idées de l'empire. (Lamart.)
Les guerres du xvme siècle ont empêché /'abru-
tissement du paysan italien. (Beyte.) // s'en
fallait de beaucoup que leurs jours s'écoulassent
dans /'abrutissement, leurs nuits dans l'orgie.
(G. Sand.) t] Stupeur : Sa mort m'a laissé dans
un désespoir qui va jusqu'à /'abrutissement.
(Volt.)
— S'emploie au pluriel : Ma mère n'était
pas dévote dans le mauvais sens du mot; elle
n'avait aucune de ces terreurs, de ces puérilités,
s de l'a,
», de ci
tissements de la pensée qui composent la dé-
votion chez quelques femmes. (Lamart.)
abrutisseur s. m. (a-bru-ti-scur — rad._
abrutir). Celui qui abrutit : Les abrutisseurs '
des peuples. (Volt.) '
— S'emuloie comme adjectif et est syno-
nyme d'Abrutissant : Joug abrutisseur. Je
voudrais nue les Turcs fussent chassés du pays
des Périclès et des Platon ; il est vrai qu'ils ne
seurs. (Vol.)
ABKUZ7.ES (les), contrée do l'Italie méri-
dionale baignées par l'Adriatique. C'est là que
les Apennins présentent leurs plus hauts som-
mets. 1,000,000 hab. Les Abruzzes se divisenten
Abruzze citérieure et Abruzze ultérieure. Cette
dernière se subdivise elle-même en Abruzze
ultérieure l'e et Abruzze ultérieure se. Les
Abruzzes sont comme le rempart du royaume
de Naples, et, pendant les guerres de la Répu-
blique, nos armées y furent souvent maltrai-
tées. En 1798, le brave général Milarion y fut
tué ; mais il fut vengé l'année suivante par lo
général Duhesme, qui vainquit les peuples
soulevés des Abruzzes à San-Severo, où pé-
rirent plus de 3,000 rebelles.
ABS prép. lat. marquant séparation, ex-
traction, et qui entre comme préfixe dans un
certain nombre de mots français auxquels cllo
communique son sens primitif. Ex. : s'abste-
nir, de abs et tenir, latin abs, tenere, se tenir
loin, éloigné de ; abstraire, de abs et traire, la-
tin abs, trahere, séparer de. Quelques-uns do
ces mots ne s'emploient pas dans leur forme
simple; tels sont ubsterger, abstrus, absti-
nence, etc. En effet, terger, trus, tenence, ne se
disent pas.
ABSAl.ON , fils de David. « Il n'y avait pas,
dit l'Ecriture, entre tous les enfants d'Israël,
un homme aussi beau qu'Absulon : depuis la
plante des pieds jusqu'à la tête, il était sans
défaut. » Mais l'orgueil ne tarda pas ii l'eni-
vrer ; il afficha un luxe royal, gagnu l'affec-
tion du peuple, assassina sou frère Aiiinon et
conspira contre son père, qui fut obligé de s'en-
fuir ù pied de Jérusalem. L'urmée du jeune
princeetcelle de David, commandée par Jonb,
se rencontrèrent dans lo boi* d'Ephraîin. Los
rebelles fumit taillés en pièces, et vingt mille
hommes restèrent sur le champ de bataille.
Absalon, monté sur une mule, chercha son
salut dans la fuite ; mais en passant sous un
chêne touffu, son éuormt) chevelure s'erabar-
34
ABS
rassa dans les branches , et il resta suspendu
entre le ciel et la terre. Joab, sans tenir compte
des ordres de David , qui lui avait commandé
d'épargner son fils , saisit trois javelots et lui
en perça le cœur.
— Littér. En littérature , on fait souvent
allusion à la fin tragique d'Absalon et surtout
à sa longue chevelure :
• Dans ces interminables sentiers de tra-
verse , resserrés par une double haie d'aubé-
pine, tantôt je me sentais arrêté par les
basques de mon habit, tantôt mon chapeau
roulait loin de moi ; et lorsque je me baissais
pour le ramasser, une hamadryade, cachée
dans les branches , me saisissait par les che-
veux, au risque de faire de moi un autre Absa-
lon , ou lançait malicieusement mon cigare à
dix pas de là. » Saintine.
• • Dans sa course enragée , notre bucéphale
vint a passer sous une enseigne ; je profitai de
l'occasion : je lâchai bride et bâton ; je saisis
de mes deux mains la branche de fer , et , me
laissant tirer du cabriolet comme une lame de
son fourreau, je restai suspendu ainsi qu'Ab-
salon; seulement, comme ce n'était point par
les cheveux , je n'eus qu'à lâcher prise pour
me retrouver immédiatement sur la terre. •
Alex. Dumas.
AUSALON ou AXEL , archevêque de Lund ,
primat de Danemark , Suède et Norvège , mi-
nistre de Waldemar I" et de Canut VI, né en
1128, dans l'ile de Seeland, m. en 1201. Il eut
une part considérable aux affaires de son
temps, délivra le Danemark des pirates Wen-
des, dompta des révoltes, lutta contre l'empe-
reur d'Allemagne, conquit le MecUlembourg et
l'Esthonie, et fut tout à la fois prélat, général,
homme d'Etat et législateur.
ABSALONIEN, IENNE adj. (ab-sa-lo-ni-
ain, è-ne — rad. Absalon). Qui ressemble à
Absalon, qui se rapporte a Absalon, et parti-
culièrement à sa longue chevelure : Sob-ate
était chauve comme un melon de l'Attigue ;
Louis XIV se courbait sous le faix d'une per-
ruque ABSALONIENNE. (EnCVCl.)
ABSCISSE s.' f. (ab-si-se — du lat. abscissus,
coupé). Géom. Distance d'un point cris dans
un plan à un des deux axes fixes qui se cou-
pent perpendiculairement dans ce plan : Sa-
voir nue dans une parabole la sousrtangente est
double de /'abscisse correspondante , c'est une
connaissance fort stérile par elle-même. (Fon-
tenelle.) Ils ont ensuite considéré les courbes
géométriques relativement au plus grand expo-
sant de l abscisse ou de l'ordonnée. (Diderot.)
— Encycl. Pour déterminer la position d'un
point dans un plan, on trace dans ce plan deux
droites qui se coupent a angle droit. Cette po-
sition est donnée par la mesure et la direc-
tion des distances de ce point à chacune de
ces deux droites. Ces distances sont les coor-
données (V. ce mot) du point; l'une en est
Vabstisse , l'autre l'ordonnée. Les deux droites
fixes auxquelles on les rapporte sont les axes
des coordonnées, et comme on peut compter
sur l'un de ces axes la distance à l'autre . on
nomme axe des abscisses celui sur lequel on
compte les abscisses, et axe des ordonnées ce-
lui sur lequel on compte les ordonnées. Ainsi
Yabscisse est la distance du point à l'axe des'
ordonnées, .et l'ordonnée la distance de ce même
point à l'axe des abscisses. On nomme encore
axe des x l'axe des abscisses , et axe des y
l'axe des ordonnées , parce qu'on a l'habitude
de donner le nom de a: à l'abscisse et le nom
de y à l'ordonnée. Le point de rencontre des
axes est le point de rencontre des coordonnées.
ABSCISSION s. f. (ab-siss-si-on — du lat.
abscissio, coupure). Chir. Action de couper, de
retrancher une partie du corps, et surtout
une partie molle : Z'abscission d'une loupe,
d'une partie gangrenée.
— Dans le langage ordinaire, Enlèvement,
retranchement, etc. : Z'abscission d'une pre-
mière tranche ne déshonorerait pas le restant
de la pièce. (Brill.-SaT.)
absconse s. f. (abss-kon-se — du lat. ab-
sconsus, caché). Lanterne sourde dans laquelle
on plaçait une bougie pour lire au chœur les
absolutions et les bénédictions à maiines , le
capitule et l'oraison des laudes dans les offices
célébrés la nuit.
ABSENCE s. f. (ab-san-se — lat. absentia,
même sons). Etat de celui qui n'est pas pré-
sont, qui est éloigné; défaut de présence :
Une absence imprévue, prolongée ; une absence
très-courte. /.'absence du chef est toujours dan-
gereuse aux affaires.ÇVolt.) Dans votre absence,
j'aurai soin de votre mère comme de la mienne.
(B. de SVP.) Que leur dirai-je quand je les ver-
rai pleurer votre absence? (Chateaub.) On re-
procha à Abailard de ne pouvoir supporter
Absence de celle qu'il avait trop aimée.
(Ch. de Kémusat.) Andréa et sa femme me re-
virent avec amitié, et me comblèrent de repro-
ches tendres sur mon absence si prolongée.
(Lamart.)
Votre absence en ces lieux suspend toute la joie.
Ne donnez dote sur votis mille prise tuix méchants.
l''niiviu.K.
Gresset.
— Jurispr. Incertitude sur l'existence d'une
personne qui a disparu.
— Absol. Eloignement des personnes qui
nous sont chères, qui sont l'objet de notre
affection : Les peines de V absence. Z'absence
ralentit les liaisons les plus vives. (Mass.)
//'absence diminue les passions médiocres et
augmente les grandes. (La Rochef.) L' absence
jette toujours une certaine amertume qui serre
le cœur. (Mme de Sév.) Un des . chagrins de
/'absenciî, c'est qu'elle noircit toute chose.
(Mme de Staël.) // en est de /'absence en
amour comme de certaines liqueurs propres à
fortifier l'estomac : quelques gouttes font un
effet admirable, la quantité tue. (De Prémon-
tral.)
L'absence est le plus grand des maux.
L'absence si
La Fontaine.
I beaucoup de pouvoir,
c-i i i>u ceâ&e u uiuier quand on cesse oe voir.
Th. Corneille.
j'absence est à Pnenour ce qu'est au feu le vent;
1 éteint le petit, il allume le grand.
Bussy-Rabutin.
Restons pour être aimés, et pour
Que nous sommes au monde ; il n'i
Contre une longue absence.
Ta. Gautier.
— Fig. Manque , défaut , privation : Il y a
dans cet ouvrage une absence totale d'esprit,
de goût. (Acad.) V absence de toute vertu fait
plus mépriser que la présence de quelques vices.
(Boiste.) Ce besoin dévorant, cette absence
d'un bien inconnu.l'empêchaient d'être heureux.
(L'abbé Prévost.) Nous sommes bien autrement
sensibles à /'absence de la santé qu'à celle de
la vertu. (S. Dubay.) Absence de justice, c'est
absence de liberté. (Barantc.) La bêtise est
f absence de l'esprit , mais la sottise est l'ab-
sence du jugement. (Bonnin.) Il Absence de
soi-même, Etat moral de celui qui songe à
tout autre chose qu'à son âme, qui ne descend
jamais dans sa conscience : Toute votre vie est
une absence continuelle de vous-même. (Mass.)
— S'emploie au pluriel .dans le sens de
Distractions, oublis, omissions involontaires :
Etre sujet à des absences d'esprit , à des ab-
sences. Le cœur a ses absences , plus fatales
que celles de l'esprit. (Boiste.) Vous m'écoutes
aoec des absences d'esprit qui me font soup-
çonner que vous avez quelques secrets déplai-
sirs. (Mlle de Scudéry.) Dans les meilleurs
poètes, le goût le plus sûr peut bien encore avoir
««absences. (Lamotte.) Les hommes les moins
préoccupés peuvent avoir des absences. (La
Harpe.) (I Peut cependant s'employer au sin-
gulier dans le même sens : C'est une absence
d'esprit qui n'est pas excusable. (Acad.)
— On s'en est servi, par ext., pour carac-
tériser la mort, cette éternelle absence :
Consolait le
d'Alcid
— En votre absence, en ton absence, etc.,
Pendant votre absence, pendant ton absence :
Personne ne parle de nous en notre absence
comme il en parle en notre présence. (Pasc.) En
leur absence, on a soin de leurs femmes et de
leurs enfants. (Fén.)
Qu'elle eût en son absence
La fortune jalouse
N'a pas en votre absence épargné votre épouse.
— Encycl. Dans le sens juridique , l'absence
est une disparition, non un simple eloignement, .
du domicile ; l'absent est celui dont on n'a pas
de nouvelles, et qui, par cela même, laisse des
doutes sur son existence. On comprend que ce
cas nécessite des mesures légales, soit dans
l'intérêt de l'absent, soit dans celui des, tiers;
aussi a-t-il attiré l'attention du législateur, qui
a pris diverses précautions en rapport avec les
ditférents degrés d'incertitude de la vie ou de
la mort de l'absent. Le Code civil français ad-
met plusieurs degrés dans l'absence. Pendant
quatre ans l'absence ne peut être- que présumée.
Après ce laps de temps, les parties intéressées
peuvent se pourvoir devant le tribunal de pre-
mière instance, afin que l'absence soit déclarée.
La déclaration à' absence ne peut avoir lieu
qu'après une enquête contradictoire, à l'effet
de constater l'absence, et, un an après, le juge-
ment qui a ordonné cette enquête. L'absence
cesse par la réapparition de l'absent , par la
certitude acquise de son existence, par la
preuve de son décès. Tant que l'absence n'est
que présumée, le ministère public est spéciale-
ment chargé de veiller aux intérêts de 1 absent.
Lorsqu'elle est déclarée, les héritiers présomp-
tifs de l'absent entrent en possession de ses
biens provisoirement et sous caution ; c'est ce
qu'on appelle l'envoi en possesssion provisoire.
Après trente ans depuis la déclaration d'ab-
sence, ou cent ans depuis la naissance de l'ab-
sent, il y a présomption de mort , les cautions
sont déchargées et l'envoi en possession défini-
tive peut être prononcé. L'absence de l'un des
époux, quelque longue qu'elle soit.ne peut sup-
fléer a la preuve du décès et ne donne point à
autre la capacité de contracter un nouveau
mariage. Cependant l'absent seul serait rece-
vable a attaquer ce nouveau mariage.
On donne encore le nom d'absence h la non-
comparution d'un accusé dans un procès cri-
minel, d'une des parties dans un procès civil.
V. Défaut et Contumace.
— Épithètes. Longue, prolongée, éternelle,
imprévue, soudaine, lointaine, ennuyeuse, pé-
nible , fâcheuse , triste , cruelle , douloureuse ,
insupportable, fatale, heureuse, désirée, sou-
haitée, courte, calculée, feinte, déguisée, dis-
simulée.
absent, ente adj. (ab-san, an-te — lat.
absens, même sens). Qui n'est point présent,
qui est éloigné de sa demeure ordinaire ; qui
ne se trouve point où il pourrait, où il devrait
être : Absent par congé. Absent à ïappel. Je
suis allé chez lui, il était absent. (Acad.) Ab-
sent comme présent , il voyait le fond des
cœurs. (Bourc?.)
C'est donc ainsi qu'absent vous m'avez obéi?
Molière.
Oui, je sais qu'il peut tout quand Tancrède est absent.
Présente, j
— S'empl. avec la prép. de et même la
prép. à, suivies d'un nom de chose : Etre ab-
sent de Paris. Il était absent de chez lui. Je
vis dans un climat barbare, présent à tout ce
qui m'importune, absent de tout ce qui m'in-
téresse. (Montesq.)
Et personne d'absent au banquet de famille.
C. DELAVIONS.
Absente de la cour, je n'ai pas dû penser.
Seigneur, qu'en l'art de feindre il fallût m'exercer.
— Avec la prép. de, suivie d'un nom de
personne : Absent de vous, je vous vois, vous
entends. (Fontenelle.) Lorsque j'ai été absent
de Camille, je veux lui rendre compte de ce
que j'ai pu voir ou entendre. (Montesq.)
J'étais absent de vous, inquiet, désolé. .
Cahpistron.
— Il s'applique aux choses : Cette lumière
est empruntée du soleil, quoique absent. (Fén.)
Le sentiment de la fausseté des plaisirs pré-
sents et l'ignorance de la vanité des plaisirs
absents causent l'inconstance. (Pasc.)
Absent. ' La Fontaine.
— Absol. Se dit des lieux, des personnes
dont on e.st éloigné :
Et si loin que tu sois, pense au foyer absent.
— Pris dans le sens de Qui manque, qui a
disparu, il s'emploie quelquefois d'une ma-
nière elliptique : C'est un gâteau que mon
père voudrait servir à son dîner. Mais il a
beau chercher... absent! (Scribe.)
— Fig. Distrait, inattentif : Son esprit est
quelquefois absent. (Acad.) Etre présent à la
messe de corps, quoiqu'on suit absent d'esprit.
(Pasc.)
— Substantiv. : Un absent. Une absente.
Défendre, attaquer les absents. Ils frappent
sur tout ce qui se trouve sous leur langue, sur
les présents, sur les absents. (La Bruy.) On
oublie bien vile les absents. (Bussy-Rab.) La
justice y plaidait toujours la cause de «'ab-
sent. (D'Aguess. ) -//absente revenait bien
vite. (J.-J. Rouss.) L'absent, mon fils, est bien
vite un étranger. (E. Souvestre.) Le'
malheureux sont en peu de temps
' du monde. (Esprit.)
ABRE D'EOLANTINE. f
La solitude pèse aux femmes, et l'absent.
Quelques pleurs qu'on lui donne, a vite un remplaçant.
POMSAttD.
— Prov. Les absents ont toujours tort, On
sacrifie toujours les intérêts, les droits de
ceux qui ne sont pas là pour se défendre.
C'est en amour surtout que les absents ont tort.
— Ne pas porter des absents, ne pas dire de
mal des absents, S'abstenir de parler de quel-
qu'un en son absence, et surtout d'en dire du
mal : Un jeune fat, bien connu par sa poltron*-
nerie, vantait beaucoup, dans une compagnie,
sa bravoure, son intrépidité et ses exploits.
Une dame lui dit en souriant : « Ignorez-vous
donc, monsieur, qu'on ne uoit jamais parler
DES ABSENTS?»
— Jurispr! Celui qui a disparu de son. do-
micile sans donner de ses nouvelles, et sans
faire connaître sa résidence actuelle, n Celui
qui n'habite point le ressort de la cour impé-
riale dans lequel un héritage est situé : La
prescription immobilière est de dix ans entre
présents et de vingt ans entre absents. (Acad.)
ABSENTANT (ab-san-tan) part. prés, du
v. S'absenter : En s'absentant- de leurs postes
sans la permission de leurs chefs, les soldats
courent risque d'être punis.
absentéisme s. m. (ab-san-té-iss-me —
rad. absent.) Néol. Habitude qu'ont les classes
riches, chez certains peuples, de passer une
partie de leur vie hors de leurpaysj habitude
ABS
particulière surtout à l'aristocratie anglaise :
/.'absentéisme est une plaie que l'on cache
parfois sous te nom de tourisme. (Encycl.)
— Par ext. Se dit de l'habitude de s'absen-
ter, du parti pris de s'absenter, de faire dé-
faut; de ne prendre aucune part à une élec-
tion, etc. : On dit que la société orléanaise est
dans ce moment en train de villégiature : on
espère que, la glace une fois rompue, cet ab-
sentéisme disparaîtra peu à peu. (Journ.) H
Dans le sens relatif à une élection, on dit
— Encycl. Les résultats économiques d
l'absentéisme sont faciles à apprécier. Con-
sommer ses revenus dans un pays étranger,
c'est priver de ses éléments de production',
pour les porter ailleurs, le pays qui les a four-
nis, et qui devrait naturellement en profiter.
L'absentéisme tend à diminuer la production et
la population sur un point, et k l'augmenter
sur un autre. Au point de vue moral, l'absen-
téisme est funeste en ce qu'il nie le lien de la
solidarité qui unit le riche propriétaire aux
habitants d'une localité déterminée et qui l'in-
téresse aux progrès de tout Ce qui l'entoure.
On attribue une partie des misères de l'Irlande
à l'absentéisme.
absentÉiste s. m. (ab-san-té-iss-te) —
rad. absentéisme). Néol. Grand propriétaire
qui est habituellement absent de son pays :
L'Angleterre est un pays <f absentéistes.
— Adjectiv. Se dit d'un parti politique qui
soutient l'absentéisme : Le parti, la secte ab-
SËNTÉtSTB.
ABSENTER (S') v. pr. (ab-san-té (s') — du
lat. absentare, éloigner). S'éloigner de sa rési-
dence ordinaire, du pays que l'on habite, du
lieu où l'on exerce sa profession, etc. : S'ab-
senter de son pays. S'absenter de chez soi.
Elle ne s'absente de son nid que pour aller à
la provision. (Bu£f.) J'ai besoin de m'ausenter
de Londres pour une grande affaire. (L.
Gozlan.)-
— S'empl. aussi absol. : Solon partit, après
avoir demandé la permission de s'absenter
pendant dix ans. (Barthél.) Le père, attentif à
ce qui se passe dans sa maison, apprend que son
fils s'absente toutes les nuits. (Dider.) //s'ab-
senta pendant quelques instants pour aller
commander un repas chez le meilleur restau-
rateur de l'endroit. (Balz.)
C'est le présent d'adieu d'un ami qui s'absente.
C. DELAVIGNE.
— Dans le sens judiciaire ou parlementaire,
il signifie S'abstenir, se dispenser de, refuser
de prendre part à : Des deux rapporteurs qui
instruisirent le procès, l'un sollicitait des grâ-
ces, l'autre ne voulut jamais consentir à la
mort. Cinq juges s'absentèrent; quelques-
uns opinèrent pour le seul bannissement. (Volt.)
Le jour que Dubois vint prendre séance, le duc
de Noailles, les maréchaux de Villeroi et de
Villers sortirait . le chancelier d'Aguesseau
s'absenta. (Volt.) h Dans le même sens, il
peut avoir un complément : Les curés qui
s'absentent habituellement de la conférence
de leur canton seront d'abord avertis. (St-Sim.)
Nestor , inconsolable d'avoir perdu son fils ,
s'absente de l'assemblée des chefs. (Fén.) //
ne 'servit .de rien à ceux qui avaient voulu de-
meurer neutres de s'absenter de l'élection.
(Volt.)
Du sénat, par mon ordre, il s'absente aujourd'hui.
M.-J. Chénier.
— Fig. Disparaître, s'échapper: en ce sens,
il se dit en parlant des choses : L âme ne s'ab-
sente lorsqu'un meurt qu'à cause que la cha-
leur naturelle cesse. (Descartes.)
Le soleil, qui l'absente, nu matin nous revient.
RÉGNIER.
Etjan
ABSIDAL , ALE adj. (ab-si-dal, a-le — rad.
abside). Qui ceint l'abside principale : On voit
poindre les chapelles absidales dans les grands
édifices appartenant au style del'Ile-de-Irance,
à Chartres et à Bourges. (Viollet-le-Duc.)
ABSIDE s. f. (ab-si-de — du gr. apsis, jante
de roue, arceau de voûte). Archit. Le sanc-
tuaire d'une église, le rond-point : Générale-
ment, les absides sont les parties les plus an-
ciennes des édifices religieux. (Viollet-le-Duc.)
Les prêtres, assis à sa droite et à sa gauche,
remplissent le demi-cercle de /'abside. (Cha-
teaub.)
— Chapelle latérale en voûte et en forni<
de croix.
— Coffre où l'on mettait les reliques dos
saints, et. qui affectait la forme d'une voûte.
C'est ce que l'on nomme aujourd'hui châsse.
— Encycl. On emploie le mot abside pour
désigner la partie des anciennes basiliques
chrétiennes où l'autel se trouve situé. Cette
partie qui termine l'édifice est arrondie en
hémicycle et forme supérieurement une demi-
voûte. Au milieu de l'hémicycle se trouve le
trône de l'évèque , et l'autel s'élève au centre
du diamètre, vis-à-vis la nef, dont il est séparé
par une balustrade ouverte ou par une grille.
L'abside est ordinairement située à l'orient.
Le nombre des absides est variable. La basi-
lique de St-Pierre à Rome contient deux ab-
sides placées sur des axes parallèles. Les
cathédrales de Pise et de Bonn présentent des
absides secondaires situées aux extrémités du
transept. On a appliqué le nom A'abside au
trône de revenue , aii dais ou baldaquin placé
au-dessus de 1 auteL etc.
ABS
ABSIDIOLE s. f. (ab-si-di-o-lc — rad. ab-
side). Chapelle secondaire bâtie en forme
d'abside autour du sanctuaire et des nefs des
églises.
absin MENU s. m. (ab-sain-me-nu — rad.
absinthe). Bot. Un des noms vulgaires de l'ab-
sinthe.
ABSINTHATE s. m. (ab-sain-ta-tc r- rad.
absinthe). Chim. Sel produit par la combinai-
son de l'acide absinthique avec une base sa-
lifiable.
ABSINTHE s. f. (ab-sain-te — lat. ab-
sinthium, même sens, lequel dérive lui-même
du gr. a priv., sans; psintos, douceur ■ selon
d'autres, du gr. apsinthion, qu'il est impos-
sible de boire; forme de a priv. et de pinô,
boire). Plante d'une odeur forte et aroma-
tique, qui doit son nom à son extrême amer-
tume : Les initiés aux mystères d'Isis portaient
des rameaux ^'absinthe. (Eneycl.) Du côté du
fleuve on voit, sur son sable jaune", un gazon
fui mêlé d'un peu de trèfle, et çà et là quelques
touffes ({'absinthe manne. (B. de St-P.)
Ainsi qu'une abeille au matin
Va sucer les pleurs de l'aurore
Ou 6ur l'absinthe ou sur le thym.
the : Prendre un verre d' absinthe. De {'ab-
sinthe suisse.
— Par ext. Verre do cette liqueur : Boire
des absinthes qui me cassent la poitrine, et
nous jouons au sempiternel domino qui m'a-
brutit. (A. Daudet.)
— Absinthe panachée. Mélangée avec une
autre liqueur telle que l'anisetto, la menthe,
le sirop do gomme, etc. On lui donne ce nom
par analogie avec un panache , qui est ordi-
nairement de différentes couleurs. Toutefois,
le mot panaché n'a été appliqué aux liqueurs
mélangées qu'après avoir été dit des glaces,
où l'analogie est beaucoup plus frappante,
puisqu'elles ont à la fois les couleurs variées
et la forme du panache.
— Fig. Déplaisir amer, chagrin cuisant,
amertume de cœur, peines morales : La vie
est cruellement mêlée <2'absinthe. (M'a» de
Sév.) Je ne regrette point Pascal; ses lumières
étaient aussi étendues que sa société était
triste : c'était de {'absinthe qu'il répandait
dans ses communications. (Mme de Créquy.)
Zadig éprouva que le premier mois du mariage,
comme il est écrit dans le livre du Zend, est
la lune du miel, et que le second est la lune de
{'absinthe. (Volt.) Elle lui répandit tout dou-
cettement mille gouttes «{'absinthe sur le miel
de ses premiers mois de mariage. (Balz.) L'exis-
tence de l'homme détrompé est un long sup-
plice... Il se nourrit o"absinthe et de fiel.
(Ch. Nodier.)
Sa main mystérieuse et sainte
Sait cacher le miel dans l'absinthe
Et la cendre dans les fruits d'or.
........ de
t. (Vacquerie.)
— Bois d'absinthe. Méd. Bois jaune et dur,
de saveur très-amère. produit par une es-
pèce de carissa. Il croit a l'ilc de la Réunion.
On l'appelle aussi bois amer de Bourbon. Il est
employé en médecine.
— Absinthe maritime ou absinthe de mer.
Bot. C'est l'artemisia maritima de Linné. Elle
possède des propriétés analogues à celles des
autres absinthes, il Absinthe poutique ou pe-
tite absinthe (artemisia poutica de Linné).
Plante vivace qui ressemble à la grande ab-
sinthe j elle est plus aromatique , moins
amère, et possède des propriétés analogues,
quoique un peu plus faibles. Quelques prati-
ciens la préfèrent. Elle est néanmoins d'un
usage moins répandu.
— Eneycl. L'absinthe {artemisia absinthium
de Linné) est une planté vivace, dont toutes
les parties possèdent une odeur forte, aroma-
tique, et une saveur amère. Elle habite les con-
trées centrales et méridionales de l'Europe, et
se trouve surtout dans les lieux incultes et
arides. On la cultive dans les jardins potagers,
surtout au voisinage des grands centres de
population. On emploie en médecine ses feuilles
et ses sommités fleuries ; pour cela, on les ré-
colte à. l'époque de la floraison , qui a lieu en
juillet et août, et on les fait sécher à l'ombre.
Une huile essentielle verte très-odorante, et
deux matières amères, l'une azotée, l'autre
résineuse , tels sont les principes actifs de
l'absinthe. La plante, bien desséchée, conserve
toutes les qualités qu'elle avait à l'état frais,
et son amertume est même un peu augmentée.
L'absinthe est usitée en médecine comme
stomachique, tonique, antiacide, antiputride,
fébrifuge, vermifuge, emménagogue et stimu-
lante. On l'emploie en décoction ; on en fait
aussi un extrait, une eau distillée, des tein-
tures vineuses et alcooliques, etc.
Cette dernière préparation , ou la liqueur
d'absinthe, qui lui ressemble beaucoup, est d'un
usage très-répandu pour exciter lés organes
de la digestion et de la circulation. On la prend
avant le repas pour réveiller l'appétit; on l'a
même préconisée contre la chlorose. Mais si
l'usage modéré de l'absinthe produit de bons
ABS
résultats, l'abus qu'on en fait trop souvent en-
traîne les plus grands inconvénients. Ceux qui
en boivent outre mesure et sans la mitiger
avec de l'eau, sont sujets aux céphalalgies, aux
étourdissements , aux vertiges, à l'affaiblisse-
ment de la vue, etc.
L'absinthe doit être entièrement proscrite
pour les tempéraments doués d'une sensibilité
ou d'une irritabilité très-grande , et dans les
cas où l'on peut soupçonner ou craindre l'in-
flammation de quelque organe.
Les feuilles d'absinthe sont encore employées
à l'extérieur, sous forme de cataplasmes réso-
lutifs.
taux la broutent quelquefois, et leur
, .que leur chair, en contracte une
saveur amère et désagréable. On l'emploie
cependant en médecine vétérinaire, contre la
pourriture ou les vers intestinaux.
Dans quelques localités , on a l'habitude de
mettre dé l'absinthe dans les vins faibles, afin
de leur donner plus de saveur et d'assurer leur
conservation. Dans le nord de l'Europe , on
s'en sert pour remplacer le houblon dans la
fabrication de la bière, qui devient alors, a ce
qu'il paraît, plus enivrante.
L'absinthe suisse, la plus renommée, est
faite, non pas avec la plante dont nous venons
de parler, mais avec quelques espèces voi-
sines, qui sont confondues sous la dénomina-
tion collective de génépi. V. ce mot.
ABSINTHE, ÉE (ab-sain-té) part. pass. du
v. Absinthcr. Mélangé d'absinthe : Liqueur
absinthée. Potion arsinthée. Sirop de gomme
absinthe. Anisette absinthée.
'— Fig. Se dit des tristes effets que produit
la liqueur d'absinthe sur toute l'organisation :
Je me rends presque toujours à mon étude la
bouche pâteuse et l'œil absinthe; ces petites
débauches sont d'un salutaire effet pour la dis-
cipline. (A. Daudet.)
ABSINTHER v. a. ou tr. (ab-sain-té — rad .
absinthe). Néol. Mêler de 1 absinthe à quel-
S'absinther, v. pr. Fam. et triv. Boire de
l'absinthe, se gorger d'absinthe : /{ s'absinthk
dès qu'il est levé. Ils vont tous venir ici s'ab-
rons quelque part, et nous dînerons n'importe
où. (P. Cairaud.) Dans le doute, absinthe-toi.
(Aphor. de brasserie.)
ABSINTHEim s. m. (ab-sain-teur — rad.
absinthe). Néol. Celui qui a pris l'habitude de
boire de l'absinthe en grande quantité et qui
s'est fait un besoin des surexcitations factices
que procure ce liquide : Ce jeune absinthkur
"■- ■---- ' -'- -'■'-'--lie état, :: .
n.)
ABSINTHIER s. m. (ab-sain-tié — rad. ab-
sinthe). Néol. Synonyme d'absintheur : Tel
qu'il est cet étudiant est peut-être de tous le
plus heureux; ce n'est pas un pilier d'esta-
minet, un culotteur de pipes, un absinthier, un
coureur de filles. (Edm. Robert.)
ABSINTHINE s. f. (ab-sain-ti-ne — rad. ab-
sinthe). Chim. Principe amer de l'absinthe.
L'absinthine a une légère odeur d'absinthe
et une saveur extrêmement amère : elle est
fort peu soluble dans l'eau , très-soluble dans
l'alcool ; elle se dissout aussi dans l'éther et
dans l'acide acétique concentré; elle a une
réaction acide assez tranchée.
ABSINTHIQUE adj. (ab-sain-ti-ke — rad.
absinthe). Chim. Se dit d'un acide particu-
lier qui a été trouvé dans l'absinthe : L'acide
absinthique se trouve, d'après Braconnot, com-
biné à la potasse, dans les tiges d'absinthe.
(Orfila.)
ABSNE s. m. (abss-né). Linguist. Idiome
parlé par les Abases : L absné est un idiome
particulier, différent des autres langues du
Caucase. (Béraud.)
ABSOLU, UEadj. (ab-so-lu— lat. absolutus,
même sens; formé de ab, ic;solutus, dégage).
Indépendant de tout être, de tout accident
qui subsiste par lui-même. Dans ce sens, il
ne .peut se dire que de la Divinité et de ses
attributs : Dieu seul est absolu.
O Dieu 1 maître absolu de la terre et des deux...
Racine.
[tout.]
Les chrétiens n'ont qu'un Dieu, maître absolu de
Corneille.
— Qui n*a ni contrôle, ni limites, en par-
lant d'un souverain et de son autorité : Pou-
voir absolu. Puissance absolue. Autorité
absolue. Gouvernement absolu. Monarchie
;. Souvenez-vous que les pays où la <lo-
esl plus absolue sont
sont moins puissants.
(Fén.) Son pouvoir absolu fait autant d'es-
claves que de sujets. (Fén.) Le pouvoir absolu
n'est que la conquête de l'intérieur. (Villcm.)
Le pouvoir absolu fut le premier en date des
gouvernements. (Lerminicr.) On conçoit que,
dans un gouvernement absolu , l'inamovibilité
soit une garantie. (Lerminier.)
Mais songez que les rois veulent être absolus.
ABS
— Par anal. Celui qui a un pouvoir entier,
complet, sans limites : Un père de famille
absolu chez lui. Il craignait d'avoir un rival
qui , tout éloigné qu'il eût été, eût pu l'empê-
cher d'être heureux, même dans un pays où il
était absolu. (Scarr.) Les femmes ont un em-
pire absolu sur les hommes. (Pasc.) Vous êtes
le maître absolu de sa destinée. (Fonten.) Le
pouvoir paternel est le seul pouvoir absolu qui
offre peu de danger. (Ségur.)
— Qui est considéré en soi-même,. dégagé
de toute relation, en parlant des choses : Par
toujours j'entends un très-long temps, et non pas
une éternité absolue. (Buff.) En toute espèce
de projet, il y a deux choses à considérer .-pre-
mièrement, la bonté absolue du projet; en
second lieu, la facilité de l'exécution. (J.-J.
Rouss.) Il y a dans tous les arts un beau ab-
solu et un beau de convention. (D'Alemb.)
Il Entier, complet, sans restriction, sans ex-
ception, sans condition : Une nécessité ab-
solue. Un droit absolu. Nous ne savons ce
que c'est que bonheur ou malheur absolu ; tout
est mêlé dans cette vie. (J.-J. Rouss.) Ma con-
fiance en lui était absolue. (Volt.) La solitude
absoluEj le spectacle de la nature, me plon-
gèrent bientôt dans un état presque impossible
à décrire. (Chatcaub.) Personne sur la terre
n'est douéd une perfection absolue. (G. Sand.)
Nous ne pouvons pas directevient faire entrer
dans les rapports sociaux la vérité absolue.
(Vinet.) L'esprit critique ne peut admettre un
jugement absolu. (Renan.) H Exclusif, qui ne
concède rien : Homme absolu dans ses idées,
dans ses opinions, li Impérieux, tranchant :
Vous le prenez là d'un ton bien absolu (Mol.)
/{ m'en coûte plus que je ne puis dire, de vous
parler d'un ton si absolu. (Marmontel.) La
signora lui parlait d'un ton animé, tantôt riant,
tantôt prenant un air absolu. (G. Sand.)
Molière.
Je hais
Ssdep,
Et vous quittez ainsi la puiss
De l'absolu pouvoir vous igm
Je suis dans ma maison plus
— Ordre absolu, Ordre qui ne souffre ni ré-
plique, ni retard : Antiope pleura, ne voulant
point y aller, mais il fallut exécuter l'ordre ab-
solu de son père. (Fén.) il Sens absolu, Sans
aucune restriction : Vous prenez ce que je dis
dans un sens trop absolu. (Acad.)
— Substantiv. Se dit d'un homme impé-
rieux : Personne ne l'aime, il est grondeur, il
fait trop {'absolu. (Balz.)
— Gramm. Il se dit, en général , par oppo-
sition à relatif : Homme est un terme absolu,
père est un terme relatif. (Acad.) 11 Mode,
temps absolu, Celui qui ne dépend d'aucun
autre, il Proposition absolue, Celle qui par elle-
même énonce un sens complet: Dieu est juste,
voilà une proposition absolue. Il Nom , ad-
jectif , verbe pris dans un sens absolu, Employés
sans complem., et exprimant un sens complet
par eux-mêmes.
— Algèb. Nombre absolu, Le nombre connu
qui contient l'un des termes d'une équation.
— Chim. Se dit d'une substance qui est
parfaitement pure : Huile absolue. Alcool
— Philos. Se dit par opposition à contin-
gent, à conditionnol : Vérités absolues, Vé-
rités immuables qui ne dépendent d'aucun
temps, d'aucun lieu, d'aucune circonstance.
— Théol. Qui s'étend à tous
L'absolution du prêtre est absolue.
Jeudi absolu, Le jeudi saint, parce qu autre-
fois la cérémonie de l'absoute se faisait ce
— Syn. Absolu , Impérieux. Celui qui est
impérieux exige qu'on lui cède * C'est par im-
puissance que les êtres faibles sont impérieux ;
voyez les femmes et tes enfants. (De Lévis.)
Celui qui est absolu veut être obéi avec exac-
titude : Son père était fort sévère et fort ab-
solu. (Fontenelle.) Aisofuappartientau carac-
tère j impérieux qualifie surtout le ton , les
manières. Un caractère absolu peut être poli
et même doux dans la forme ; un homme im-
> les péchés :
m. (Trév.) «
périeux _ _.k t _ _ .
tuelle. Celui-ci n'exige que de la déférence ,
celui-là veut de la soumission. On n'est im-
périeux que par moments, un caractère absolu
se fait sentir sans interruption. A un mari
impérieux il faut une femme douce ; à un mari
absolu, il faut une femme docile : Lesdiguières
était absolu dans sa famille: il voulut si fer-
mement ce mariage, qu'il fallut bien que Cré-
quy y consentit. ( St- Simon. ) Les Bomains
avaient une politique bien impérieuse à l'égard
des rois qui leur résistaient. (St-Réal.)
— Antonymes. Relatif (terme), constitu-
tionnel (roi).
ABSOLU s. m. (ab-so-lu — lat. absolutus ,
même sens). Philos. Ce qui existe indépen-
damment de toute condition; l'idée ou la
vérité première sur laquelle reposent toutes
les autres : /.'absolu, c'est Dieu. //absolu, de
quelque genre qu'il soit , n'est ni du ressort de
la nature, ni de celui de l'esprit humain. (Buff.)
L'heure peut sonner où tout esprit aura soif et
faim de {'absolu. (G. Sand.) /Absolu nous est
complètement inaccessible , nous ne le connais-
sons que par ses termes opposés, qui seuls tom-
bent sous notre empirisme. (Proudhon.)
— S'emploie au pluriel dans ce sens : Le
progrès de notre savoir et de notre bien-être
consiste à découvrir sans cesse de nouveaux ab-
solus. (Proudhon.)
— Alchim. Ce que les anciens appelaient la
pierre philosophale : Sa physionomie , 'forte-
ment contractée, ressemblait à celle d'un vieux
— Eneycl. Phil. Absolu veut dire, d'après
son étymologie (absolutus, solutus ab omni ré),
dégagé de tout lien, indépendant. Il s'applique
à ce qui ne porte aucun lien, a la chose qui
enveloppe toutes les choses et .qui n'est elle-
même la conséquence de nulle autre, h'absolu,
c'est ce qui n'est limité par rien, conditionné,
causé par rien, soutenu par rien, dérivé de
rien. Pour les philosophes théistes, l'absolu
c'est Dieu, l'Etre parfait, l'Etfe premier, l'Etre
infini, qui existe par lui-même et qui ne peut
pas ne pas exister. Dans le système de Spi-
nosa, l'absolu. c'est la substance unique dont
tous les êtres ne sont que des modes. Dans la
philosophie allemande, absolu est synonyme
d'indéterminé, c'est l'être pur, identique au
néant, abstraction vide que Hegel place à
l'origine de toutes choses. Pour Tes philoso-
phes allemands, qui dit détermination dit limite,
et qui dit réalité dit détermination. On ne peut
penser l'absolu, parce qu'on ne peut penser que
ce qui est déterminé; la condition de toute
pensée et de toute connaissance, c'est la. rela-
tion ; le devenir seul est l'objet de la science et
de la philosophie.
ABSOLUITÉ s. f. (ab-so-lu-i-té — rad. ab-
solu). Néol. Qualité do ce qui est absolu : Les
caractères de l'idée sont l'unipersalité, {'abSo-
luité, l'immutabilité. (Bautam.)
ABSOLUMENT adv. (ab-so-lu-man — rad.
absolu). D'une manière absolue, avec une au-
torité absolue : Cléopâtre crut régner plus ab-
solument sous ses enfants que sous son marù
(Boss.) /f s'imaginait gouverner absolument
après la mort de PhUoclès. (Fén.) La gloire de
gouverner la France presque absolument ne
lui suffisait point. (Fontenelle.) Eutrope était
un favori totU-puissant auprès de l'empereur
Arcade, et qui gouvernait absolument l'esprit
de son maître. (Chateaub.) Il Entièrement,
tout à fait, complètement; Tout le monde
absolument fut de cet avis. (Acad.) /{ est
rare qu'un livre dicté par la bienveillance soit
ABSfiLUMKNT mauvais. (Boiste.) Mon maître est
absolument décidé à l'épouser. (Regnard.)
Quant à la langue grecque, nous conviendrons
qu'il l'ignorait absolument. (D'Alemb.) L'éco-
nomie politique n'est plus quune impertinente
rapsodie, dés qu'elle affirme comme absolu-
ment valables les faits collectionnés par Adam
Smith et J.-B. Say. (Proudhon.) 11 Impérieu-
sement ; Jusqu'ici il avait dit : 'Je prie; il
change de langage et il dit plus absolument :
Je veux! (Boss.) Il m'ordonna « absolument
de manger quelque chose, que je le fis par res-
pect pour ses ordres, {Labbé Prévost.) 11 In-
dispensablement, forcement, nécessairement :
/{ faut absolument que vous partiez. (Acad.)
La nature n'est pas absolument ennemie de
l'art et des règles. (Boil.) Nous ne l'avons pas
cru absolument ; nous le connaissons pour un
fieffé conteur d'histoires. (G. Sand.)
Dites absolument que je ne suis qu'un sot.
Molière.
— S'empl. quelquefois avec ellipse du verbe,
ot pela a heu surtout après les interrogations :
Si' vous ne voyez dans les actions des hommes
que les mouvements extérieurs et purement
physiques, qu'apprenez-vous dans l histoire?
— Absolument rien. (J.-J. Rouss.) Et il
ignore toujours la part que monseigneur a dans
tout ceci? — Absolument. (E. Sue.)
— Déterminément , malgré toute opposi-
tion et toute remontrance ; il se joint alors
avec le verbe vouloir; mais, dans certains
cas , vouloir absolument n'exprime qu'uno in-
sistance obligeante : Le roi de Prusse est réel-
lement indigné des persécutions que j'essuie; il
veut absolument m'établir à Berlin. (Volt.)
Matta voulut absolument que le chevalier de
Grammont vint s'établir chez lui. (Hamilton.)
— Dans les phrases négatives, il sert à
donner plus d'énergie à l'expression : /{ ne
fait absolument rien. (Acad.) C'est un jeune
homme d'un rare mérite, et qui n'a absolument
que ce mérite pour toute fortune. (Volt.) /{ est
notoire que dans le travail, l'offre, la demande,
la division, la qualité, les proportions, le prix
et la garantie, rien, absolument rien n'est ré-
gularisé. (Proudhon.)
— Prier absolument, exprime tantôt l'ac-
tion d'une volonté qui n'a pas besoin de com-
mander pour se faire obéir, tantôt l'autorité
morale de l'amitié. Mm do Sévigné à em-
ployé cette heureuse alliance de motSjSur
laquelle elle a appelé elle-même l'attention :
Toutes les dames s'en retournent; on épargne
une partie du chemin à la maréchale , en la
priant absolument de demeurer à Poitiers,
où elle avait été prise. (Mme de Sév.) Vous me
caressez en me priant absolument de vous
donner cette écritoire. Je ne crois pas que ces
deux mafs - là se soient jamais trouvés en-
semble.Ju™ de Sév.)
— Philos. Dans le langage philosophique, il
signifie En soi, dans son essence, dans sa na-
ture, etc., toute idée de relation écartée : On
ne doit rien aimer que Dieu, absolument et sans
rapport. (Malebr.) L'animal croissant, encore
absolument faible, devient fort par relation.
(J.-J. Rouss.) Le lieu ne doit jamais être con-
sidéré absolument. (Condill.) /{ n'y a rien
d'absolu, rien de parfait dans ta nature, et de
même rien «"absolument grand, rien {{'abso-
lument pffi!/. (Buff.)
— En gramm. Dans un sens absolu : Pren-
dre, employer un mot absolument.
36
ABS
— Absolument parlant, loc. adv. En géné-
ral; indépendamment de toute relation, do
tout rapport : Il y a des beautés dans cet ou-
vrage; mais, absolument parlant, il n'est pas
bon. (Acad.) H est même possible, absolument
parlant. qu'Eusèbe ait voulu mentir pour fa-
voriser les ariens. (Port-Royal.) Il est vrai
qu'absolument parlant, il valait mieux en
exclure les démons. (Fonten.)
ABSOLUTION s. f. (ab-so-lu-si-On — du lat.
absolutio, acquittement). Action d'absoudre
juridiquement un accusé: Les juges balan-
cèrent entre /'absolution et la condamnation.
(Acad.) Il y a deux moyens pour lui de me tirer
d'affaire : l'évasion mystérieuse à prix d'or, et
la main forcée aux juges pour obtenir /'absolu-
tion. (Alex. Dum.) il Dans ce sens on dit plus
ordinairement acquittement.
— Par anal., dans le langage usuel, Grâce,
pardon, rémission : Si vous êtes coupable,
avouez-le-moi, et je vous donnerai /'absolution.
(Volt.) En exigeant cette mollesse de conscience
chez tout le monde, certaines gens se ménagent
/'absolution de leurs traitrises, de leurs chan-
gements départi. (Balz.) le n'avais pas songé à
acheter d'avance mon absolution. (G. Sand.)
La mort du. mari est une absolution pour la
femme qui lui survit. (Ars. Houss.)
•— Relig. cathol. Action d'absoudre le pé-
cheur au tribunal de la pénitence : Donner,
recevoir /'absolution. Croyez -vous qu'il soit
permis de donner /'absolution indifféremment
à tous ceux qui la demandent? (Pasc.) Le but
de ce livre était de combattre les absolutions
précipitées qu'on ne donne aue trop souvent à
des pécheurs envieillis dans le crime. (Racine.)
Croyez-vous qu'une vie entière de volupté sera
purifiée par /'absolution du prêtre, trop fai-
blement accordée? (Mass.) Il fallut ensuite
aller à l'inquisition recevoir /'absolution dit
crime d'hérésie. (J.-J. Rouss.) il Sentence par
laquelle un juge ecclésiastique délie et re-
lève une personne des censures qu'elle avait
encourues. ■
— Liturg. Courte prière que récite l'offi-
ciant à chaque nocturne des matines.
— Encycl. Jurisp. Le Code d'instruction éta-
blit une distinction entre absolution et acquit-
tement. Un accusé ne peut être acquitte que
lorsqu'il a été déclaré non coupable; il esiai-
sous lorsque le fait dont il a été déclaré con-
vaincu ne donne lieu à l'application d'aucune
— Théol. L' absolution } dans l'enseignement
de l'Eglise catholique, fait partie du sacrement
de pénitence. C'est un acte par lequel le prêtre,
en qualité de juge et comme représentant de
Jésus-Christ, remet les péchés a celui qui les
a confessés avec contrition. Ce droit d'absolu-
tion conféré au prêtre est fondé sur cette dé-
claration de Jésus-Christ : Tout ce que vous
lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout
ce que vous délierez sur la terre sera délié dans
le ciel. — Ceux dont vous aurez remis les pé-
chés, les péchés leur seront remis. La formule
sacramentelle de l'absolution est celle-ci : Ego
te absolvo apeccalis tuis, in nomiue Patris, et
Filii jet Sjnritus Sancti, précédée des mots :
Jésus Christus te absolvat, que l'Eglise d'Orient
regarde comme fondamentaux, contrairement
à Pavis du concile de Trente. Pour tes protes-
tants, l'absolution est simplement déclara-
toire ; elle n'influe en rien sur la rémission des
péchés, laquelle est acquise à la foi et au re-
pentir par le fait seul de la mort expiatoire du
Christ, mais ne dépend aucunement de l'inter-
vention du ministre-
Le droit canonique distingue quatre sortes
d'absolutions : l<> l'absolution des censures, acte
par lequel un juge ecclésiastique remet en pos-
n des biens spirituels celui qui
ô privé par l'excommunication, la
jspens
interdit; 2» l'absolution à cautèle {ad l
Iclam) , acte par lequel on est délié des cen-
sures encourues sans le savoir; 3° l'absolution
avec rechute (cum reincidentia), qui délie des
censures, mais avec modification ou limitation ;
i° enfin , l'absolution a sacris, qui est la levée
d'une irrégularité qu'un ecclésiastique a com-
mise en assistant à une exécution Capitale.
— Syn. Absolution , abolition, gricc, par-
don, réimmiion. V. ABOLITION.
absolutisme s. m. (ab-so-lu-tiss-me —
rad. absolu). Néol. Système de gouvernement
où le pouvoir est absolu : L'absolutisme est
l'ccueil du pouvoir. (Boiste.) Ce fut contre
/'absolutisme que-fut précitée la croisade po-
pulaire ; c'est avec ce mot qu'on réveilla toutes
les préventions de l'ancien tiers état et toutes
tes passions du peuple. (Encycl.)
— Encycl. Polit. L'absolutisme est le sys-
tème de gouvernement ou l'autorité du chei de
l'Etat n'est pas limitée par des institutions
constitutionnelles, ou le pouvoir législatif, aussi
bien que le pouvoir exécutif, se trouve con-
centré entre les mains d'un seul homme affran-
chi de tout contrôle, et responsable seulement
devant sa conscience et devant l'histoire. Le
droit divin est la théorie sur laquelle s'appuie
l'absolutisme. Suivant cette théorie, le prince
reçoit directement de Dieu le pouvoir et n'en
doit compte qu'à Dieu ; ses sujets, quels qu'ils
soient, ne peuvent avoir que voix consultative
sur les mesures qu'il a mission de prendre pour
assurer leur bonheur. Accepter des limites a
ses droits de souveraineté, se laisser, en quel-
que sorte, lier les mains par un pacte avec la
nation qu'il gouverne, ce serait méconnaître le
mandat divin qui lui a imposé les devoirs de la
ABS
royauté. Sans se servir du mot absolutisme, qui
date seulement de la Restauration , Bossuet
distingue le pouvoir absolu du pouvoir arbi-
traire ; mais de l'un à l'autre la pente est si
facile, qu'on n'a peut-être jamais vu un pou-
voir absolu, c'est-à-dire affranchi de toute loi
positive, ne pas se montrer arbitraire, c'est-
à-dire affranchi de la raison etde la conscience.
L'absolutisme tend à disparaître du monde
ABSOLUTISTE adj. (ab-so-lu- tiss-te —
rad, absolu). Qui appartient, qui a rapport
à l'absolutisme; qui en professe les prin-
cipes : Le parti absolutiste. Un gouvernement
absolutiste. Des tendances absolutistes. Les
journaux, les feuilles absolutistes. La crainte
de l'esprit révolutionnaire fit former, en 1815,
par les cabinets absolutistes, la sainte al-
liance. (Encycl.) La discussion de la loi sur
— -'--n publique a donné lieu à de ••-'*
écrivain absolutiste, comme nous dirions,
et il faut bien se garder de le classer comme
tel. (Ste-Bcuve.)
— Par ext. Qui a des principes absolus dont
il ne veut pas se départir, dont il ne veut rien
céder : Tout grand talent est absolutiste.
(Balz.)
— Substantiv. Partisan de l'absolutisme ;
partisan d'un roi, d'un gouvernement absolu :
des révolutions. (Encycl.)
absolutoire adj. (ab-so -lu-_toi-ro —
rad. absolution). Qui porte absolution : Dref
ausolutoire. Sentence absolutoirb. Juge-
ment absolutoire.
absolvant (ab-sol-van) part. prés, du
v. Absoudre : Que risquent les juges en absol-
vant un coupable?
ABSOLVO s. m. (ab-sol-vo — mot lat. qui
signifie j'absous). Mot qui fait partie de la
formule d'absolution que prononce le prêtre,
et qui se dit quelquefois pour l'absolution
même : // s'agit tout au plus ici d'un cas de
conscience que le moindre absolvo du curé de
notre village réglerait à l'amiable. (Ch. No-
dier.) a On dit aussi dans le même sens un ab-
solvo te : A moi, monsieur Michel de Cernay,
mon aumônier, vilement un absolvo te pour
acquit de mes péchés. (P. Lacroix.)
ABSORBABLE adj. ( ab-sor-ha-ble — rad.
absorber). Chim. et mcd. Qui peut-être ab-
sorbé : Sans ta production et la transformation
du chyme, les matières albuminoldes cesseraient
d'être absokbabi.es et assimilables. (Dict. des
se. médic.)
ABSORBANT (ab-sor-ban) part. prés, du
v. Absorber : La charité consume les bienheu-
reux esprits dans cette unité sainte qui, les
absorbant en Dieu, les met en possession des
biens de toute la cité céleste. (Boss.) Dans les
cités antiques, l'Etat était comme un être col-
lectif, absorbant toutes les existences privées.
(DeBarante.)
ABSORBANT, ANTE adj. (ah-sor-ban,
an-te— rad. absorber). Qui a la propriété d'ab-
sorber, qui pompe, qui attiro : Médicament
absorbant. Terre, poudre absorbante. Les
miasmes pénètrent dans l'économie par la voie
des vaisseaux absorbants. (Chomel.l L'épi-
derme est un obstacle que 'la nature s est mé-
nagé pour limiter l'action absorbante de la
peau. (Adelon.)
— Pig. Qui occupe fortement l'attention,
l'esprit, etc. : Elle était tombée dans une con-
templation aussi absorbante que l'étaient les
méditations de son mari. (Balz.) Jacques Collin,
tout à ses pensées absorbantes, ne soupçonnait
" le piège qu'on lui tendait. (Balz.) Le travail
saisit, captive : Son âme exaltée
pouvait se passer d'un amour exclusif et ab-
sorbant. (G. Sand.) La politique est une pas-
sion absorbante et dominatrice. (G. Sand.) Si
la ville est tellement absorbante, il ne faut
pas l'en accuser , ce semble. (Michelet.) il Do-
minateur; gui rapporte tout à soi, qui veut
que tout lui soit soumis : Chez l'homme pri-
mitif, la dignité est brutale et la personna-
lité absorbante. (Proudhon.) Toute volonté
doit se soumettre à cette autorité absorbante.
(Proudhon.)
— Par dénigrem. Soporifique, ennuyeux,
t de
queset absorbantes. (Ch. Nodier.)
— Physiol. Se dit dos vaisseaux lymphati-
ques et des vaisseaux chyiifères dont l'en-
semble constitue ce que l'on a appelé le f—
— Ghir. Se dit des substances sèches,
molles et spongieuses qui servent à déterger
les ulcères, en s'imbibant des liquides épan-
chés : tels sont la charpie, l'amadou, etc.
— Méd. Se dit des médicaments que. l'on
croit propres à absorber les acides qui se dé-
veloppent dans les voies digestives : tels sont
les carbonates calcaires, la magnésie, etc.
ABSORBANT s. m. Toute substance qui a
la propriété d'absorber : On a beau couper le
luit de mille manières, user de mille absor-
bants, quiconque mange du lait digère du
fromage. (J.-J . Rouss.) Il y a des tempéra-
ments auxquels le lait ne convient point, et
ABS
alors nul absorbant ne le leur rend suppor-
table. (J.-J. Rouss.) La médecine n'a pas en-
core trouvé-les absorbants naturels de lapeste,
de la rage, de la goutte. (Fourier.)
— Physiol. s. m. pi. Se dit pour Vaisseaux
absorbants.
absorbanter v. a. ou tr. (ab-sor-ban-té
— rad. absorbant). Méd. Faire usage de re-
mèdes absorbants. Très-peu usité.
ABSORBÉ, ÉE (ab-sor-bé) part. pass. du
"v. Absorber. Pompé : La terre, est tellement
sèche que l'eau est déjà absorbée. Les eaux
sont absorbées par les terres sèchçs et légères.
(Acad.) Le gaz oxygène est absorbé par les
feuilles pendant la nuit. (Chaptal.) L'eau est
entièrement absorbée par les plantes. fLibes.l
L'air est absorbé dans la végétation. (Libes.)
La chair de la baleine nourrit ces affamés.
L'huile, absorbée À flots, les réchauffa. (Mi-
chelet.)
— Par. ext. Englouti, fondu dans, anéanti:
En peu de temps toute cette fortune a été ab-
sorbée par le jeu. La France se vit à deux
doigts dêtre absokbée par l'Espagne et dé-
membrée. (Ste-Beuve.) Le culte de Mithra
disparut avec le polythéisme, dans lequel il
avait été absorbé. (A. Maury.)
— Fig. Entièrement occupé, captivé, do-
miné par; plongé, perdu dans : // est tout
absorbé en Dieu. (Acad.) Je considère là petite
durée de ma vie absorbée dans l'éternité.
(Pasc.) Absorbé dans ses spéculations, Newton
devait naturellement être indifférent pour les
affaires, et incapable de les traiter. (Fonten.)
Elle était absorbée par l'examen de ses tra-
vaux d'horticulture. (G. Sand.) Nul homme
■fortement occupé d'une idée, absorbé par la
réflexion, ne peut en être distrait, quelque
moyen qu'on emploie. (Richerand.) n Est queU
quefois suivi de l'expression tout c»i/ier,-qiii
en augmente la signification : Avec ce petit
train de vie, je fis si bien, en très-peu de temps,
qu'absorbé tout entier par la musique, je
me trouvai hors d'état de penser à autre chose.
(J.-J Rouss.) n S'emploie absol. dans le mémo
sens, et signifie Méditatif, rêveur : // marche
lentement et d'un air absorbé. (Bcaumarch.)
Son air inquiet et absorbé n'avait pas échappé
à la portière. (E. Sue.) A partir de ce mo-
ment, elle eut un air penseur et absorbé qui
fut visible pour tout le monde. (Balz.) Elle
s'agenouilla par terre contre son lit, cacha sa
figure dans ses mains, et resta absorbée. (G.
Sand.)
ABSORBER v. a. ou tr. (ab-sor-bé — lat.
absorbere, même sens). Faire pénétrer en soi,
pomper, s'imbiber de : Les terres sèches et
légères absorbent les eaux et la pluie. (Acad.)
Le Mon, à la fin de son cours, se perd dans
des'sabtes qui /absorbent. (Acad.) Les plantes
absorbent l'eau par toutes leurs parties. (Du-
méril.) Le charbon -absorbe presque tous les
gaz. (Pelletan.) On a reconnu qu'un hectare
absorbait tous les ans les fumiers d'une vache
et de six à sept moutons. (About.) il User de,
consommer : L'un fumait, l'autre prisait, et its
disputaient sans cesse à qui pratiquait le meil-
leur mode c/'absorber le tabac. (Balz.)
— Par ext. Engloutir : L'Euripe, si fameux
par la mort d'Aristote, absorbe et rejette al-
ternativement les eaux. (Buff.)
— Fam. Boire, manger : Cet homme est
de force à absorber quatre litres de vin à son
repas. Il se fait fort «/'absorber un gigot à
— Par anal. Affaiblir , neutraliser, faire
disparaître : Le noir absorbe la lumière. Le
goût de l'ail absorbe celui des autres assai-
sonnements. Le bruit de l'orchestre absorbe la
voix de ce chanteur. (Acad.) L'odeur de la tu-
béreuse absorbe l'odeur de la plupart des au-
tres fleurs. (Laveaux.) Les sciences abstraites
absorbent l'imagination d'un enfant. (B. de
St-P.) il Consumer entièrement, détruire, dis-
siper complètement : Les procès ont absorbé
tout son bien. (Acad.) Le jeu absorbe les plus
grandes fortunes. (Trév.) Vous n'auriez pu
avoir équipage : les habits et la nourriture av-
r.uent tout absorbé. (Racine.) Paris absorbe
et les biens et les hommes. (Marmontel.) Le
torrent des temps amène, entraine, absorbe
tous les individus de l'univers. (Barthél.)
Il n'est rien que le temps n'absorbe et ne dévore,
— Fig. Attirer à soi , s'emparer de : Cette
scène absorbe tout l'intérêt de la pièce. (Acad.)
L'objet d'une grande passion absorbe celuiqu'il
attire. (Boiste.) L'avarice finit par absorber
l'âme tout entière. (Laténa.) L'amour absorbe
toute autre pensée. (G. Sand.) L'arabe «'ab-
sorba que les dialectes qui lui étaient congé-
nères. (Renan.) Napoléon les avait éblouis de
ses victoires et comme absorbés dans sa force.
(Cormenin.)
Comme une goutte d'eau dans l'Océan versée,
L'infini dans son sein absorbe ma pensée.
Il Occuper fortement, occuper à chaque in-
stant, préoccuper constamment: Cette étude,
cette affaire, cette passion /'absorbe. Ses nou-
velles fonctions /'absorbent tou( entier. (Acad.)
La politique les absorbait. (Gùizot.)
Les affaires du temps absorbent ma pensée.
Etienne.
—Absol. et dans le môme sens : Tant que les
luttes durent, lapassion absorbe. (Ch. Rcmus.)
S'absorber, v. pr. Etre absorbé, pompé :
Les pluies s'absorbent dans les sables. (Acad.)
ABS
Les boissons s'absorbent dans l'économie ani-
male avec une extrême facilité. (Brill.-Sav.)
— Fig. S'attacher exclusivement à : Je
pense à trop de choses pour m'absorbër dans
la jouissance d'une seule. (G. Sand.) Il Se plon-
ger, se perdre, s'abîmer : Tout passe et s'ab-
pour jamais dans l'éternité de Dieu.
'absorber dans la méditation. (Buff.) Son
esprit, engourdi par une longue inaction, s'ab-
sorbera dans la matière. (J.-J. Rouss.)
— Gramm. Est quelquefois suivi de la
prép. à : Que d'ardents sentiments se sont com-
muniqués sans la froide entremise de la parole/
Insensiblement Julie s'est laissé absorber a
celui qui dominait tous les autres. (J .-J . Rouss.)
— Syn. Aiiaorber, engloutir. Absorber, c'est
avaler, pomper successivement : Toutes ces
nations absorbèrent peu à peu les richesses
des Domains. (Montosq.) Engloutir, c'est faire
disparaître tout d'un coup : // arrive des dé-
bordements d'eaux qui noient des provinces en-
tières, et des tremblements de terre qui les
engloutissant. (Malebr.)
ABSORPTIF, IVE adj. (ab-sor-ptif, i-ve). Se
dit, en chimie, des substances qui ont la fa-
culté d'absorber.
ABSORPTION s. f. (ab-sor-psi-on — lat.
absorptio, même sens). Action par laquelle
pénètre dans un corps tel ou tel fluide : U ab-
sorption est la source de la nutrition. (Cu-
vior.) il Action d'absorber des liquides, des
mots, de boire, de manger : // huma encore
petit verre, quoique déjà s,
.acée par la digestion du déjeu..^. ... f~ _.
notable absorption de liquides. (Balz.) Le s>
de
ience avait été occupé par Z'absorp
quelques biscuits légèrement arrosés de punch.
(Fr. Soulié.)
— Fig. Action do s'emparer de, do s'assi- "
milor une chose : De même que dans un Etat
un parti avait absorbé la nation, puis une fa-
mille le parti, puis un individu la famille, il
s'établit d'Etat à Etat un mouvement (/'ab-
sorption. (Volney.) /.'absorption des idées
par la lecture était devenue chez lui un phéno-
mène curieux. (Balz.) u Annulation , destruc-
tion par l'action d'attirer à soi, de s'emparer
de : Ce que nous devons craindre , en effet ,
c'est /'absorption des forces individuelles par
le pouvoir. (L.- Napol.) La division de la con-
sommation par le moyen de l'échange est l'ins-
trument (/'absorption le plus énergique des
valeurs. (Proudhon.) ii-ContempIation, préoc-
cupation , rôverio profonde : Une irritation
fébrile, une absorption constante le rendaient
hébété. (Balz.) A quoi songez-vous? demanda
l'abbé en souriant , et prenant /'absorption de
Dantès pour une admiration portée au plus
haut degré. (Alex. Dum.) // était tombé dans
une de ces absorptions profondes eu tout l'es-
prit se concentre, et qui emprisonnent même le
regard. (V. Hugo.)
— Particulicrem. Nom sous lequel on dé-
signe une cérémonie annuelle qui a lieu parmi
les élèves de l'Ecole polytechnique, et qui a
été imaginée pour dépayser les nouveaux, les
iqtic offert a
nouvelle promotion. " *
—Encycl. On appelle absorption, en chimie, la
pénétration intime et successive d'une vapeur,
d'un gaz dans une matière inorganique. Ainsi,
l'oxygène, le chlore, l'hydrogène et beaucoup
d'autres gaz sont absorbés par les métaux,
par le charbon, par la pierre ponce, par l'é-
ponge de platine, etc. Pour les métaux, cette
absorption est une véritable combinaison chi-
mique , tandis que pour le charbon et la pierre
ponce, c'est une condensation des gaz dans les
interstices d'une substance poreuse, conden-
sation qui se produit par l'adhésion des molé-
cules gazeuses a celles des corps absorbants.
La propriété dont jouit le charbon d'absorber
les gaz l'a fait utiliser pour désinfecter les ma-
tières putrides et les lieux dont l'air est vicié.
Les quantités de gaz absorbées par le charbon
dépendent: 1<> de la nature du gaz; 2° de la
nature du charbon ; 3" de la pression exté-
rieure; 4" de la température; 5° du mélange
d'autres gaz; 6° de la présence do matières
non gazeuses dans le charbon. La vapeur
d'eau répandue dans l'air est absorbée par
tous tés corps solides : plus J'air est chargé
d'humidité, plus cette absorption est considé-
rable. La construction des hygromètres est
fondée sur les modifications de forme qui ré-
sultent v<3ur certains corps de l'absorption de
la vapeur d'eau. Les liquides pissèdent,
commo les solides, la faculté d'absorber les
gaz. Mise en contact avec un gaz, l'eau n'en
absorbe qu'une portion déterminée ; arrivée à
ce qu'on appelle. son point de saturation, elle
n'en absorbe plus. La quantité de gaz que l'eau
absorbe dépend : îo de la nature du gaz ; 2° de
la pression extérieure ; 3° de la température ;
4° de la présence d'autres espèces de gaz.
L'eau peut absorber simultanément de plu-
sieurs gaz différents, mais dans des proportions
elle. Davv et Faraday ont démontré que les
gaz sont d'autant plus "faciles h absorber qu'ils
sont plus faciles à liquéfier. Ainsi, l'acide car-
bonique, qui peut être facilement réduit à l'é-
tat liquide, est absorbé en bien plus grande
ABS
quantité que l'hydrogène ou 1 azote. L'éléva-
tion de température oui se produit au moment
de l'absorption, ni la densité du composé, qui se
trouve toujours au - dessous de la densité
moyenne du liquide et du gaz, semblent dé-
montrer que l'absorption des gaz par les liqui-
des ne saurait être considérée comme une ac-
tion purement mécanique.
— Physiol. On appelle absorption, en phy-
siologie, l'action moléculaire en vertu de la-
quelle tout tissu vivant s'approprie les maté-
riaux mis en contact avec lui. Considérée de
cette façon générale, l'absorption est une pro-
priété appartenant à tous les tissus, mais plus
ou moins développée dans chacun d'eux. On
a longtemps cru qu'elle s'effectuait par des
orifices qu on appelait bouches absorbantes;
l'observation est venue donner un démenti à
cette hypothèse, en montrant que les liquides
doivent toujours passer à travers des mem-
branes. Ces membranes sont, il est vrai, per-
méables et, mises en contact avec un liquide,
ont la propriété de s'en imbiber. Mais 1 imbi-
bition qui prépare l'absorption ne suffit pas
pour l'expliquer, pour rendre compte du cou-
rant qui s'établit entre le milieu et l'orga-
nisme. L'absorption est produite par une force
particulière, purement physique, que Dutro-
chet a le premier fait connaître sous le nom
d'endosmose (V. ce rr.ot), et en vertu de la-
quelle deux liquides de nature différente, sé-
parés par une membrane végétale ou animale,
ou mcrtie par un corps brut très-finement
poreux (une lame d'ardoise, par exemple),
tendent a se mélanger à travers cette mem-
brane, s'attirent mutuellement, mais inégale-
ment, et de telle façon que le courant prédo-
minant marche presque toujours du liquide le
moins dense vers le plus dense. Deux gaz sé-
parés par une membrane présentent ces mê-
mes phénomènes d'endosmose qui expliquent,
comme on le voit, Vabsorption respiratoire ou
aérienne, aussi bien que l'absorption digestive
ou alimentaire. Quand on considère l'absorption
comme une propriété "des tissus, on compte,
dans les animaux supérieurs, quatre espèces
principales d'absorptions , qui entrent dans
le jeu normal et régulier de la vie : 10 absorp-
tion digestive ou alimentaire ; 2° absorption
aérienne; 3° absorption assimilatrice ; tu ab-
sorption désassimilairice.
•ption aérienne v ,
l'acte par lequel
chaque élément anatomique , chaque tissu ,
chaque organe, puise dans le sang les éléments
aptes à le réparer. L'absorption désassimila-
trice, appelée par Hunter interstitielle, est
l'acte par lequel les matériaux des tissus, dé-
gagés des combinaisons organiques, repassent
dans le sang pour être éliminés. On distingue
ordinairement l'absorption de l'assimilation;
on peut alors définir la première l'acte par le-
quel un organisme donne entrée dans l'inté-
rieur de ses tissus à des matières étrangères.
Dans ce sens restreint, il n'y a que deux espè-
ces d'absorptions : l'absorption aérienne et
l'absorption digestive, ou absorption propre-
ment dite, lesquelles constituent deux fonc-
tions. L'absorption proprement dite a pour
agents, chez l'homme et les vertébrés, les vei-
nes et les vaisseaux lymphatiques. On a cru
longtemps qu'elle était exclusivement dévolue
à ces derniers. 11 a fallu des expériences nom-
breuses et variées pour prouver que certaines
- substances passent immédiatement dans le
sang sans parcourir le système lymphatique.
Du reste, l'absorption par les lymphatiques
diffère de l'absorption par les veines ; d'abord,
celle-ci est beaucoup plus rapide; en outre,
les lymphatiques ne paraissent pas, comme les
veines, absorber indifféremment toutes les
substances qui se trouvent à l'état de dissolu-
tion ; enfin, ils font subir à celles qu'ils ont
absorbées une élaboration particulière qu'on
n'observe pas dans l'absorption veineuse. —
Dans les végétaux, c'est aux racines qu'ap-
partient la fonction de l'absorption propre-
ment dite : elle s'exerce par leurs extrémités,
par leurs dernières ramifications ou radicelles,
c'est-a-dire par les cellules qui présentent les
conditions les plus favorables à l'endosmose.
L'absorption , considérée comme propriété ,
appartient à tous les tissus végétaux. — Dans
tous les êtres vivants, les éléments que la' vie
demande au milien, doivent, pour être absor-
bés, revêtir une forme qui leur permette de
passer molécule a molécul<
■ é!
sont pas seulement en contact, mais liées
unes aux autres, doit être, on le comprend
sans peine, un obstacle k l'absorption.
-lat.
. .- -, -, r-ir
et solvere , délier : J'absous , tu absous, il
sont , nous absolvons, vous absolvez, ils absol-
vent. J'absolvais , nous absolvions. Point de
passé défini. J'absoudrai , nous absoudrons,
j'absoudrais , nous absoudrions. Absous, ab-
solvons, absolvez. Que j'absolve, que nous ab-
solvions. Point d'imparfait du subj. Absol-
vant; absous, absoute). Droit crim. Renvoyer
quelqu'un d'une accusation; le déclarer in-
nocent : Le juge Vk absous de ce crime. Il y
a eu cinq voix pour condamner l'accusé et sept
pour ^'absoudre. (Aead.) Il s'est fait absoudre
j.. ......... ,. . m paccusaji (a cad.) Absoudre
eHî.K
t gazeux pour c
ABS
chose pour sujet et peut s'employer absol. :
La loi romaine absolvait dans le cas où la loi
grecque condamnait, et condamnait dans le cas
où l'autre absolvait. (Montosq.) Si le tribunal
humain absolvait quelquefois ceux qui ont
failli, comme les cours d'assises absolvent
quelquefois ceux qui ont tué, peut-être y aurait-
il moins de femmes perdues. (Fr. Soulié.)
Anagni
sujets du serment de fidélité. (Volt.)
— Remettre les péchés au pénitent qui se
confesse; lui en donner l'absolution : Le mi-
nistre qui vous absout témérairement ne vous
d'ailleurs, dès que j'ai r ,
j'oublie son crime. (A. Houss.)
Adieu donc, meurtrier, je ne saurais Vabsoudre.
C. Delaviune.
— Par ext. Excuser, pardonner, disculper :
Dieu connaît mes intentions ; il sait si elles ont
été pures, loyales, désintéressées ;!7to'absoudra
si je me suis trompé dans le bien que j'ai voulu
faire. (E. Sue.) Jrai à expier le passé: l'avenir
m'absoudra (É. Sue.) Cet aveu, voyez-vous,
dans un moment comme celui-ci, vous absou-
drait de toutes vos fautes. (E. Sue.) Je ne suis
pas de ceux qui pensent qu'un duel absout un
homme de ses torts. (Fr. Soulié.) Il faut lais-
n de n,
ist nécessaire.
ahsoudre de nos travers et d'apprécier
qualités. (G. Sand.) Que Dieu les absolve aes
moyens qu'ils sont réduits à employer! (G.
Sand.)
L'injustice du prince absout le gentilhomme.
C. Delavigse.
— Fig. et par antiphrase :
De tes grandeurs tu sus te faire absoudre,
France, et ton nom triomphe des revers.
S'absoudre, v. pr. Quand il se dit des cho-
ses, Etre absous : Crime qui s'absout diffici-
lement.
RÉGNIER.1"'
Il Quand il se dit des personnes , Se regarder
comme innocent , se pardonner : Nous tolé-
rons difficilement les autres , quand il y a au
fond de nos pensées quelque chose dont nous ne
pouvons nous absoudre nous-mêmes. (G. Sand.)
On condamne les premiers, ils s'absolvent; on
absout les seconds, ils se condamnent. (E. Sue.)
Jamais le criminel ne s'absout de son crime.
Racine.
Je m'absous du forfait et non pas du supplice.
Ponsard.
— Antonyme. Condamner.
ABSOUS , OUTE (ab-sou) part. pass. du v.
Absoudre. Acquitté ; déclare , reconnu inno-
cent : Tels arrêts nous renvoient absous, qui
sont infirmés par la voix publique. (La Bruy.)
Sa principale confidente ayant subi un juge-
ment fut renvoyée absoute. (Gédoyn.) Lors-
qu'on menait un coupable au supplice, il était
absous si une vestalevenaitàpasser.(B. de S-P.)
Il parle, il eBt absous d'
Oc est bientôt absous qi
H Qui a reçu l'absolution : Vous sortez du tri-
bunal de la pénitence absous, mois en sortez-
vous justifié? (Mass.) L'empereur, n'ayant pas
été absous par le pape, restait toujours excom-
munié. (Volt.)
Il faut, pour être absous d'un crime confesse,
Boileau.
— Fig. Affranchi de; dans ce sens, il est
toujours suivi de la prép. de : Ce héros, placé
dans le ciel, est désormais absous des rudes
travaux de la terre. (Muie do Staël.)
ABSOUTE s.'f. (ab-sou-te — rad. absoudre).
Liturg. Cérémonie publique qui se pratique
dans l'Eglise catholique le jeudi saint avant
la messe, et dans laquelle le célébrantj après'
avoir récité les sept psaumes do la pénitence,
prononce sur les fidèles assemblés les formules
misereatur et indulgnntiam. L'absoute du jeudi
saint, à Rome, est une cérémonie tellement
imposante, qu un lord fameux, qui y avait
assisté, en parlait souvent aux protestants de
sa nation, et, chaque fois, terminait son récit
par ces mots : J'étais catholique céjour-là. n
Cérémonie qui se fait autour du' cercueil ,
dans l'office des morts : Sortir de V enlise après
/'absoute. Après /'absoute, qui a été faite par
l'archevêque de Paris , une salve d'artillerie a
annoncé que le corps allait quitter l'hôtel des
Invalides. (Journ.)
ABSTÈME adj. (ab-stô-me— lat. abstetnius;
formé de aispriv., sans; temetum, vin). Qui
s'abstient entièrement de boire du vin, soit
par régime, soit par aversion pour cette li-
queur : Chez les premiers Domains , toutes tes
femmes devaient être abstèmes. (Bouill.) Nous
serions tous abstèmes, « l'on ne nous eût donné
du vin dans nos jeunes ans. (J.-J. Rouss.) Les
musulmans sont abstèmes ou doivent litre.
(Gr. vocab.)
— Substantiv. Celui ou celle qui ne peut
boire du vin : On a vu un célèbre abstème dans
ABS
— Encycl. Le mot abstème paraît n'avoir
été primitivement d'usage que dans la langue
de 1 Eglise , et s'être particulièrement appli-
qué aux prêtres qu'une aversion naturelle pour
le vin empêchait d'en faire usage dans la célé-
bration du sacrifice de la messe, et qui étaient
dispensés de la participation au calice. C'est
dans cette acception spéciale que le mot abs-
tème a servi de texte à de grandes contro-
verses entre les deux branches de l'Eglise ré-
formée. Les calvinistes permettent aux per-
qui ont une aversion naturelle pour le
ABS
3?
nde
C le paii
it en n
n véritable abstème. (Trév.)
faisant que toucher la coupe des lèv
luthériens regardent au contraire cette prati-
que comme une profanation.
ABSTEM1US (Laurent), en italien Abstemio.
Littérateur et savant critique du xvio siècle,
bibliothécaire et professeur a Urbin. II a laissé,
entre autres ouvrages un recueil de fables
(Becato'mythium) , les unes traduites du grec ;
les autres tirées de son propre fonds. La Fon-
taine lui a, dit-on, emprunte quelques traits.
ABSTENANT (ab-ste-nan) part. prés, du
v. S'abstenir : Et comment réparerez-vous les
plaisirs illicites , qu'en vous abstenant de ceux
que vous vous croyez encore permis? (Mass.)
On confondait les chrétiens avec les juifs, parce
■qu'ils étaient leurs compatriotes, parlant la
même langue, s'abstenant comme eux des ali-
ments défendus par la toi mosaïque. (Volt.)
abstenant, ante s. (ab-ste-nan, an-te).
Celui, celle qui s'abstient, surtout qui s'abs-
tient de prendre part aux élections, de pa-
raître à une assemblée : Dans ce vole le nombre
des abstenants fut considérable. (Lcgoarant.)
abstenir (s') v. pr. (ab-ste-nir (s') — lat.
abstinerc, formé de abs, hors ; tenere, tenir. — Je
m'abstiens, tu t'abstiens, il s'abstient, nous nous
abstenons, vous vous abstenez, ils s'abstiennent.
Je m'abstenais, nous nous abstenions. Je m'abs-
tins, tu t'abstins, il s'abstint, nous nous abs-
tînmes, vous vous abstîntes, ils s'abstinrent. Je
m'abstiendrai, nous nous abstiendrons. Je m'abs-
tiendrais ,nous nous abstiendrions. Abstiens-toi,
abstenons-nous , abstenez-vous. Que je m'abs-
tienne, que nous nous abstenions. Que je m'abs-
tinsse, que tu t'abstinsses, qu'il s'abstint, que
nous nous abstinssions , que vous vous abstins-
siez , qu'ils s'abstinssent. S'abstenant, S'étant
abstenu, abstenue). Se priver de l'usage d'une
chose, se la refuser : Content du sien, ne peut-
on pas s'abstenir du bien de ses voisins? (La
Bruy.) Il s'abstient des honneurs par l'ambi-
tion des richesses. (Didor.) Il s'abstint de toute
hostilité pendant une année entière. (Volt.) Si
nous détestions le vice autant que nous aimons
la vie, nous nous abstiendrions aussi aisément
d'un crime agréable que d'un poison mortel
dans un mets délicieux. (J.-J. Rouss.) il Peut
être suivi d'un nom de personne : Je n'ai
trouvé qu'une chose digne de moi dans l'histoire
de ta vie, c'est de t'ktrb abstenu de la femme
He Darius. (Pcrrot d'Ablanc.)7,es condors ont
le bec si fort qu'ils percent la peau d'une vache;'
deux de ces oiseaux en peuvent tuer et manger
une, et même ils ne s'abstiennent pas des hom-
mes. (Buff.) il S'empêcher de faire une chose ;
dans ce cas, il se construit toujours avoc'la
prép. de stiivio d'un infinitif : S'abstenir de
jouer, de jurer. (Acad.) /e m'abstiens même de
lire. (Sacy.) C'est une question sur laquelle nous
nous abstiendrons de prononcer. (D'Alemb.)
Tu me demandes pourquoi Pythagore s'abste-
nait de manger de la chair des bêtes. (J.-J.
Rouss.)
Voila par quel motif, injurieux peut-être.
Je me suis devant elle abstenu de paraître.
— Absol. Se priver : Il est deux choses qu'il
ne faut pas pousser à l'extrême : user et
s'abstenir. (Rivarol.) Souvent on voudrait
s'abstenir, et l'on mange contre sa conscience.
(Mass.) S'abstenir pour jouir, c'est la philoso-
phie du sage. (J.-J. Rouss.) Je me suis fait une
règle de conduite basée sur le proverbe qui dit:
Dans le doute, abstiens-toi. (Th. Leclercq.)
Quand il est incertain si ce qu'on te propose est
juste ou injuste, abstiens-toi. (Prov. persan.)
Je m'abstir.ns et je considère. Molière.
— Se dit aussi des juges qui se récusent,
des citoyens qui ne veulent pas prendre part
à un vote : L affaire était tellement scabreuse
que plusieurs juges se sont abstenus. Aux der-
nières élections, on a remarqué avec peine
qu'un grand nombre d'électeurs inscrits s'étaient
ABSTENUS.
— Le pronom personnel est quelquefois
sous-entendu, et alors faire abstenir quelqu'un
d'une chose , c'est fairo qu'il s'en abstienne :
Il faut paire ABSTENIR le malade de manger.
' (Monet.) La crainte des châtiments et des ré-
compenses sert à i'aire abstenir les hommes
du mal. (Leibnitz.)
— Ane. jurispr. S'abstenir d'une succession,
Ne point faire acte d'héritier, y renoncer,
— Syn. S'abstenir, no prhfcr. On petit s'abs-
tenir d'une chose indifférente : Tu me demandes
pourquoi Pythagore s'abstenait de manger de
la chair des betes? (J.-J. Rouss.) On ne so
prive que d'une jouissance : Vous vous êtes
privés vous-mêmes du plaisir de manger des
melons] exquis. (J.-J. Rouss.)
— Antonymes. Mêler à (se), participer,
prendre part.
— Prov. littér. Sotiffro ci ab»ticn»-iol, De-
vise des stoïciens. V. Sustinb ET abstine.
abstention s, f. (ab-stan-si-on,— lat.
abstentio). Action do s'abstenir : La wêrnc
abstention de toute violence est imposée à
tous. (Villem.) Peu usité on ce sens.
— Acte par lequel un juge se récuse lui-
même : Le prononcé du jugement a été remis A
huitaine, par suite de l abstention d'un juge.
— Particulièrem. Action de s'abstenir do
prendre part à un voto, à une discussion, à
une délibération, etc. : Il sent bien que son
abstention «e serait pus un obstacle à la con-
clusion de ces affaires. (Journ.) Le roi emploie
les plus grands efforts pour obtenir, soit un
vote favorable, soit au moins f abstention des
députés contraires à ce projet de loi. (Journ.)
La Prusse et ses soieries ne sont pas seules en
cause; partout il y a eu des abstentions, et
pour tous les produits. (L. Rcybaud.)
— - Absol. : ^'abstention , méconnue par les
partisans du suffrage universel, est une fa-
culté essentielle de l électeur ; elle fait partie
du droit électoral. (Proudhon.)
— Encycl. Jurispr. On appelle en droit ro-
main bénéfice d'abstention, la faveur que la lé-
gislation prétorienne avait accordée aux héri-
tiers siens et nécessaires du défunt père de'
famille, de reuoncer à l'hérédité pour ne pas
en supporter les charges et les dettes. Dans
l'origine , ce droit n'appartenait qu'à l'héritier
étranger à la famille.
On appelle en droit criminel abstention de
lieu, la mesure de police qui interdit à un con-
damné le séjour de certaines localités. Aujour-
d'hui cette mesure ne peut plus être ordonnée,
si elle n'est formellement autorisée par une
disposition législative.
— Polit. En politique, le mot abstention est
employé d'une laçon spéciale pour exprimer
la renonciation dès électeurs a l'exercice du
droit de suffrage, dans une société où ce droit
est la base soit générale, soit partielle des in-
stitutions. L'abstention peut avoir pour unique
cause la négligence, l'indifférence; elle peut
constituer un mode de protestation contre l'o-
rigine et l'existence du gouvernement établi ;
enfin elle peut alléguer soit l'insuffisance des
formes, conditions et garanties du suffrage,
soit l'incertitude de la conscience placée entre
deux alternatives qu'elle repousse également.
— L'abstention qui a pour cause la négligence,
l'indifférence, doit être condamnée d'une façon
absolue commo un égoïste oubli des devoirs
envers la société. Dans les cités antiques où
l'Etat absorbait l'individu , où la vie privéo
était sacrifiée à la vie publique, l'abstention
était considérée comme une désertion. On con-
naît cette loi de Solon qui ne permettait a au-
cun citoyen de rester neutre dans les luttes
qui divisaient la république. — L'abstention
pratiquée dans le but de protester contre un
gouvernement dont on ne reconnaît pas la lé-
gitimité peut être inspirée par de nobles sen-
timents ; mais l'expérience montre qu'elle est
toujours stérile. Un parti qui s'y réfugie s'abs-
trait de la vie nationale, s'arrête, s'efface, se
fait oublier, commet un véritable suicide poli-
tique. En se retirant sous sa tente, il ne fait
que s'immobiliser dans un rigorisme inerte qui
ressemble fort au découragement et à l'im-
ce ; il devient le passé et cesse d'être
; En principe, d'ailleurs, l'abstention de
EË
irincipe, à
e la lidéli
parti implique la hdélité absolue à une forme
politique déterminée; or, le rationalisme poli-
tique repousse cette fidélité légitimiste et no
reconnaît le droit divin d'aucun gouvernement.
— Quant à la troisième espèce d'abstention,
elle a en sa faveur l'autorité de M. Proudhon,
qui la déclare non-seulement permise , mais
obligatoire , et qui en fait une des facultés les
plus importantes et les plus efficaces.de l'élec-
teur. « L'abstention , dit-il , est toujours facul-
tative au député qui ne se juge pas suffisam-
ment instruit, ou a qui les divers partis qui lui
sont proposés déplaisent également. -Elle de-
vient obligatoire , elle est le premier et le plus
saint des devoirs, lorsque la question soumise
au vote est équivoque, insidieuse, inopportune,
illégale, ou qu'elle sort de sa compétence ; lors-
,que la tyrannie s'introduit dans le temple de la
loi ; lorsque l'émeute grondant à. la porte , ou
l'éclair des baïonnettes fermant la discussion,
font violence à la liberté du législateur... Or,
.je soutiens que ce qui est de règle pour le dé-
puté l'est également pour l'électeur, b Sans
blâmer l'abstention dans tous les cas, on doit
reconnaître qu'il y a une grande différence
entre l'abstention du député, sur le sens de la-
quelle il est impossible do se méprendre, et
1 abstention populaire, qui peut si difficilement
recevoir un sens précis et devenir un acte
positif.
ABSTENTIONISTE OU ABSTENTIONNISTE
s. m. (ab-stan-sio-rnisR-to — rad. abstention).
Néol. Celui qui s'abstient de voter dans les
élections : Il parait que la liste des démocrates
eût passé tout entière, s'il n'y rivait pas eu quel-
ques abstentionistks. (Journ.) ,
— S'emploie adjectiv. : Plus le nombre des
abstinents augmentera , plus il est clair que ta
pensée abstentionistb acquerra de puissance.
(Proudhon.)
abstenu, UE (ab-ste-n-u) part. pass. du
v. S'abstenir : Il s'est abstenu. Elle iesi abs-
tenue. Nous nous sommes abstenus. Dans les
dernières années de sa vie, il s'était constam-
ment abstenu de l'usage des viandes. (Volt.)
ABSTERGÉ, ÉE (ab-stèr-jé) part. pass. du
ABS
ABSTEBGEANT {ab-stèr-jan) part. prés.
-1- v. Abs-^rger : On guérit quelquefois une
ABSTERGENT, ENTE adj. (ab-stèr-jan,
an-te — rad. absterger). Méd. Qui est propre
à nettoyer les plaies dont la suppuration est
de mauvaise nature : Remèdes abstergents.
— s. m. Se dit des remèdes eux-memes:
Les abstergents s'emploient pour éviter ta
putréfaction. L'eau simple et l'eau végéto-miné-
rale sont les meilleurs abstergents. (Lav.) n
On dit mieux Détëksif.
ABSTERGER v. a. ou tr. {ab - stèr -je —
lat. abstergere; formé àeabs, hors; tergere,
essuyer). Méd. Nettoyer une plaie dont la
suppuration est mauvaise, dangereuse : Mé-
dicament propre à absterger.
S'absterger, v. pr. Etre abstergé, nettoyé,
lavé, purifié : Les plaies peuvent s'absterger
de différentes manières.
ABSTERSIP, IVE adj. ( ab-stèr-sif, i-ve —
rad. absterger). Qui est propre à absterger, à
nettoyer.
abstersion s. f. (ab-stèr-si-on — lat.
abstersio, même sens). Ohir. Action, effet dos
remèdes abstergents : Z'abstersion d'une
— Fig. Se dit aussi do l'action de s'abster-
ger, de se purifier : Le baptême, l'immersion
dans l'eau, Z'abstersion , la purification par
l'eau est de la plus haute antiquité. (Volt.)
abstinence s. f. ( ab - sti - nan - se — lat.
abstinentia, même sens). Action de s'abstenir,
de se priver de l'usage de certaines .choses :
Abstinence du vin, des plaisirs, etc. Ï'absti-
nencb des viandes est un des moyens les plus
efficaces pour avancer notre sanctification.
(Boss.) Z abstinence entière de la chair ne
peut qu'affaiblir la nature. (Buff.) L'absti-
nence du vin est un bon précepte de religion
dans l'Arabie. (Volt.) Les athlètes, pour se
rendre plus robustes, vivaient dans une absti-
nence générale de tous Jes plaisirs. (Dacier.)
Je vous dirai donc confidentiellement que /'abs-
tinence des plaisirs me parait un grand pé-
ché. (St-Evrem.) Le journal de Verdun fait
mention d'un religieux qui, pendant plus de
vingt ans, passa chaque carême dans une absti-
nence absolue du boire et du manger. (Improv.
franc.)
Du vin l'on doit surtout faire abstinence.
Reonabd.
H Peut, dans ce sens, être suivi d'un nom de
personne : L'Eglise catholique enjoint Z'absti-
nence des femmes aux prêtres. (Acad.)
— Absol. Jeûne plus ou moins complet-
privation plus ou moins totale d'aliments et
de boissons : La pratique, les rigueurs de
/'abstinence, /,'abstinence est utile au corps
et à l'âme. (Acad.) Leur abstinence ridicule
allait jusqu'à faire un crime de manger des
animaux. (Boss.) Il choisit deux ou trots jours
dans l'année, où, à propos de rien, il jeûne ou
fait abstinence. (La Bruy.) Silius Italiens a
fini ses jours par une abstinence volontaire.
(Sacy.) L' abstinence, dans l'état de maladie,
est un des moyens les plus importants de la
thérapeutique. (Chomel.) Autrefois, en Polo-
gne, on arrachait les dents à Quiconque était
convaincu d'avoir enfreint les lois de /'absti-
nence. (Ess. his't. sur Paris.)
Le seul chanoine Evrard, à'abatinenc<i incapable,
Ose encor proposer qu'on apporta la table. .
Boileau.
Par ma foi, la science
Ne s'acquiert pas du tout à force d'abstinence.
Reonahd.
— Se dit aussi en parlant des animaux :
Des chiens adultes ont vécu trois, quatre, cinq
semaines et au delà dans /'abstinence la plus
complète. Quoique très-vorace, le vautour peut
supporter /'abstinence pendant guatorzejours.
(Buff.)
— Privation de l'usage de la viande, pres-
crite par l'Eglise à certains jours : Observer
Z'adstinencb. Etre exténué (f'ABSTlNENCES.
L'abbé de St-Cyran avait écrit un peu libre-
ment sur /'abstinence de la viande pendant le
carême. (Rac.) Les abstinences dont l'Eglise
nous fait une loi sont presque toujours violées.
(Mass.)
Un dévot aux yeux creux, et d'abstinence blême,
S'il n'a point le cœur juste, est affreux devant Dieu.
— Jours d'abstinence, Jours où la viande est
défendue par l'Eglise : // n'est pas jeûne au-
jourd'hui , il n'est que jour à" abstinence.
(Acad.) Pour de l'argent, quelques-uns obtien-
nent le droit d'user , dans les jours (/'absti-
nence, de quelques nourritures prohibées.
(Raynal.)
Ciel! un jour d'abstinence.
Prendre du chocolat sans ma permission!
DEMOUSTIER.
— Par ext. Eloignement des plaisirs mon-
dains : Je suis enfin dans le repos de mes bois,
et dans cette abstinence et ce silence que j'ai
tant souhaités! (Mme de Sév.)
— Se dit aussi de la privation des plaisirs
do l'amour : Ce caractère fait que /'absti-
nence et la jouissance, le plaisir et la sayesse,
m'ont également échappé. (J.-J. Rouss.)
— Peut s'appliquer aux choses : Quelle
abstinence de paroles! (Mariv.)
— Encycl. Physiol. On donne le nom d'absti-
ABS
nence à la privation d'aliments et de boissons.
L'abstinence prolongée amène nécessairement
la mort. Les effets les plus constants de l'absti-
nence sont, d'abord la sensation douloureuse
de la faim ei de la soif, une grande sécheresse
de la bouche , des tiraillements à l'épigastre,
Euis l'abattement et l'affaiblissement muscu-
ùre, le ralentissement de la respiration, la
diminution de la chaleur animale , enfin des
phénomènes nerveux , exaltation , délire, fu-
reur, lesquels sont suivis d'une atonie com-
plète, nui se termine par la mort. Pendant la
durée de l'abstinence, l'oxygène continue d'être
absorbé par la respiration, et les combustions
qui constituent la vie font perdre peu à peu
au corps le carbone et l'hydrogène de ses
tissus. Cette perte, que les aliments ne viennent
point réparer, porte d'abord sur la graisse,
puis sur les muscles , et enfin sur le système
L'abstinence se prolonge d'autant moins
avant d'amener la mort que l'individu est
moins chargé de graisse, qu'il fait plus de
mouvement et d'exercice , que la température
est plus basse. Plus on se rapproche des pre-
miers mois de la vie , moins 1 abstinence peut
être supportée : l'histoire d'TJgolin survivant
à ses enfants, dont le plus jeune meurt le pre-
mier, est un fait vraisemblable. — L'abstinence
joue un grand rôle dans la thérapeutique. Les
médecins en retirent de précieux avantages,
surtout dans le traitement des maladies aiguës.
V. Diète.
— Théol. Presque toutes les religions ont
prescrit l'abstinence, soit comme moyen hygié-
nique, soit comme moyen de mortifier les sens
et de dompter les passions. La loi de Moïse
défendait aux Juifs la chair des animaux im-
purs; elle ne permettait pas aux prêtres l'u-
sage du vin pendant tout le temps qu'ils étaient
occupés au service du temple. Dans le culte
catholique, Yabstinence se distingue du jeûne.
Elle consiste dans la privation d'aliments gras
à certains jours , les vendredis et samedis, la
veille des fêtes solennelles et pendant le ca-
rême. Elle est formellement prescrite par le
sixième commandement.
— Synonymes simples. Continence , diète,
jeûne, privations.
ABSTINENT, ENTE adj. (ab-sti-nan, an-te
— du lat. abstinens, qui s'abstient). Qui ob-
Chrisl était leplus austère et le plus abstinent
des hommes. Les peuples du Midi sont plus ab-
stinents que ceux du Septentrion. (Fureticrc.)
Il Se dit particulièrem. de ceux qui obser-
vent rigoureusement le jeûne et les autres
prescriptions diététiques de l'Eglise : Valen-
linien devint si abstinent qu'il jeûnait très-
souvent et mangeait fort peu , même dans les
festins magnifiques qu'il donnait à ses courti-
sans. (Fléch.)
— Substantiv. Celui qui s'abstient de voter
,dans les élections : Plus le nombre des absti-
nents augmentera, plus il est clair que la
pensée abstentioniste acquerra de puissance.
(Proudhon.)
ABSTINENTS s. m. pi. (ab-sti-nan). Hist.
rclig. Hérétiques du m= siècle qui, sans adop-
ter toutes les idées de Manès , lui emprun-
taient seulement l'horreur du mariage et de
l'usage de la chair. '
ABSTRACTEUR adj. (ab-strak-teur — V.
Abstraire). Qui a la propriété d'abstraire, de
séparer : La plus petite portion de leur nour-
riture leur offrait une si pure image du Verbe
créateur et du Verbe abStracteUR, qu'il était
bien simple d'appliquer ce système à la créa-
tion du monde. (Balz.)
— s7 m. Celui qui aime les abstractions :
Aujourd'hui le règne des abstracteurs e*'
qui scinde l'homme en deux entités impossibles :
un abstracteur et un automate. (Proudhon.)
ABSTRACTIF, IVE adj. (ab-strak-tif, i-ve
— V. Abstraire). Qui sert à exprimer des
idées abstraites, ou qui est formé par ab-
straction : Termes abstractifs.
— Se dit quelquefois pour Abstrait : Pour
notis, l'égalité malheureusement n'existe qu'à
l'état abstractip. (Journ.)
— Ane. chim. Se disait des produits retirés
des plantes par la distillation.
ABSTRACTION s. f. (ab-strak-si-on — V.
Abstraire!. Faculté, opération par laquelle
l'esprit, séparant ce qui est naturellement
uni, considère les qualités indépendamment
des substances dans lesquelles elles résident :
L'attention et Z'abstr action sont les vérita-
bles puissances de l'homme penseur. (M">e do
Staël. ) Sieyès avait mené jusqu'à quarante
ans une vie solitaire, réfléchissant sur tes ques-
tions politiques, et portant une grande force
(/'abstraction dans cette étude. (M'"« de Staël.)
Les langues primitives, ignorant presque en-
tièrement /'abstraction , donnèrent une forme
éminemment concrète à l'expression de la pensée.
(Maury.) L' abstraction est inconnue à l homme
primitif. (Renan.)
— Résultai de l'opération de l'esprit par
laquelle on a isolé metaphysiquement les dif-
férents caractères des choses, pour les consi-
dérer à part et chacun en lui-même; idées
abstraites : Une page éloquente de liossuetsur
la morale est plus utile et plus difficile à écrire
qu'un volume (/'abstractions philosophiques.
(Chateaub.) // n'y a point de science plus cer-
ABS
taine ni plus claire que la géométrie. On y a
cependant mêlé certaines abstractions méta-
physiques qui font que les géomètres tombent
dans l'erreur comme les autres. (Girard.) Il
était réservé à la puissance du génie d'Aristote,
abstractions et ce monde des réalités
rielles qui renferme d'intarissables sources de
mouvement et dévie. (Humboldt.) Homère des-
sinait nettement des traits caractéristiques , au
lieu de les effacer par des abstractions. (Pon-
sard.) En un sens, ce sont des abstractions
qui mènent le monde. (Renan.) Le grand abus
des abstractions est de prendre, en métaphy-
sique, les êtres de raison , tels que la pensée,
pour des êtres réels. (Joubert.)
— Peut être suivi d'un adjectif ou d'un
complément qui indique par quoi s'opère
l'abstraction : L'opération de l'esprit qui tire
l'idée de son sujet s appelle précision ou abstrac-
tion mentale. (Boss. ) C'est par une simple
abstraction de l'esprit que le géomètre envi-
sage les lignes comme sans largeur et les sur-
faces comme sans profondeur. ( D'Alemb. )
Parler, c'est abstraire, et /'abstraction du
langage n'est pas moins naturelle que celle de
l'esprit et des sens. (Laromtg.)
— On dit aussi bien des idées d'abstraction
que des abstractions d'idées, pour désigner
des idées abstraites , des idées produites par
abstraction : Les idées que nous avons commu-
nément du simple ou du composésont des idées
d'abstraction. (Buff.) On n y trouve aucune de
ces abstractions d'idées pour lesquelles on
est obligé de se créer un langage inintelligible
au commun des hommes. (Chateaub.)
— Se dit par anal., et dans une acception
défavorable , des idées trop métaphysiques,
des théories trop générales, trop vagues, qui
ne peuvent recevoir d'application : C'est un
esprit chimérique, qui se perd dans les abstrac-
tions. (Acad.) On sacrifiait à des abstractions
et à de vaines espérances le bien des généra-
tions futures. (Napol. I«.) Il faut aux peuples
des vérités usuelles et non des abstractions.
(Rivarol.) Gardez-vous de tomber dans des
abstractions métaphysiques : il faut au peuple
des dehors qui frappent les sens. (Vergniaud.)
// avait plus vécu dans les abstractions que
dans les réalités. (Mignet.)
— Absences d'esprit ; distractions causées
par la tension de l'esprit , occupé d'idées abs-
traites ou de fortes spéculations : Les per-
sonnes qui font de profondes études, et celles
qui ont de grandes affaires ou de fortes pas-
sions, sont plus sujettes que' les autres à avoir
des abstractions. (Girard.) Une religieuse
s'accusait d'avoir eu des abstractions. » Dites
des distractions, ma sœur, repartit le confes-
seur; c'est déjà assez pour une religieuse.*
(Improv. franc.)
— Faire abstraction de. Mettre de côté,
.écarter , ne pas s'occuper de : Pour juger sai-
nement , je ferai "abstraction de haine et
d'amour. (MU« de Lespinasse.) Faites pour
un moment abstraction des vérités révélées.
(Montesq.) A qui servirait notre hauteur de
pensée, si elle ne nous permettait pas de faire
abstraction des petites cérémonies dans les-
quelles les lois entortillent les sentiments?
(Balz.)
— Abstraction faite, En laissant de côté, en
n'ayant pas égard : Abstraction faite du
style, qui est faible, cet ouvrage a quelque
mérite. (Acad.) // faut louer une bonne action,
abstraction faite des motifs. (Boiste.)
— Par abstraction, loc. adv. D'une manière
abstraite : L'idée dont on s'occupe par abs-
traction est tirée, pour ainsi dire, des autres
idées qui ont rapport à celle-là. (Dumarsais.) //
me semble que Vévidence ne peut jamais être
dans les lots naturelles et politiques qu'en les
considérant par abstraction. (J.-J. Rouss.)
— Encycl. Philos. L'abstraction est une opé-
ration par laquelle notre esprit, après avoir
distingué les différents caractères d'un objet,
sépare des autres l'un de ces caractères et le
considère isolément comme une chose ; ainsi,
quand je considère la couleur d'un lis sans en
considérer la forme, le parfum, etc., mon
esprit fait une abstraction. On donne aussi le
nom d'abstraction à la qualité, au caractère
que l'es „*...-
dire réalisé ; ainsi, la couleur est
lion. On voit qu'abstraction, on ce dernier sens,
est une expression corrélative du mot ensem-
ble, puisque l'idée qu'elle exprime a rapport à
une chose séparée d'un ensemble, d'un tout.
En faisant des abstractions, nous découvrons
les rapports de ressemblance qui existent entre
les objets, nous nous élevons a la notion de ce
qui leur est commun : de là les idées géné-
rales. Toute la connaissance humaine a pour
fondement l'abstraction. Le plus simple raison-
nement, la logique tout entière, les langues,
toutes nos sciences enfin, n'existent que par
cette faculté de notre esprit. Chaque science
a ses abstractions. ■ Un fait, dit M. Chevreul,
est une abstraction précise. En effet , dans
les sciences, les faits que l'on étudie ne sent
nue des propriétés, des qualités, des attributs,
des manières d'être, qui ne sont évidemment
que des abstractions. L'histoire des corps
vivants ,■ comme celle des corps bruts , est
le recueil de ces abstractions. » On a distin-
gué deux espèces principales d'abstractions,
celles des sens et -celles de l'esprit. Les premiè-
res sont les propriétés de la matière ; l'analyse
ABS
des phénomènes intellectuels et moraux fournit
les secondes. Avec la capacité d'abstraire, s'é-
lève la culture de l'esprit. L'humanité, comme
l'homme, s'éloigne d'autant plus de l'état d'en-
fance, que Vabstraction joue un plus grand
rôle dans ses idées et dans son langage. Disons
aussi que l'imagination fait de l'abstraction
une cause d'erreur, parce qu'elle tend à prêter
une existence réelle aux conceptions abstraites
de notre esprit; c'est„ainsi que la poésie per-
sonnifie l'amour, la beauté , la sagesse. Con-
dillac s'est élevé contre l'abus des abstrac-
tions, et nous a appris à décomposer les idées
abstraites.
— Syn. Abstraction (faire), abstraire. On
abstrait une chose en la séparant de tout le
reste, pour s'en occuper exclusivement : Pour
bien connaître un sujet, il [aut en abstraire
successivement les qualités et les considérer
chacune séparément. (Lav.) On fait abstrac-
tion d'une chose en la laissant de côté sans la
considérer : En faisant abstraction de ses '
livres, on aimait Helvétius tel qu'il était.
(Marmontel.)
ABSTRACTIVEMENT adv. ( ab-strak-ti-ve-
man — V. Abstraire). Par abstraction : On
peut considérer abstractivement les qualités
des corps. (Acad.) Dites à l'artiste de peindre
la lumière abstractivement , il confessera
l'impuissance de son art. (Cliabanon.) Cette ana-
lyse nous fera connaître que le mot sensation,
pris abstractivement, n exprime proprement
aucune idée, et que ce mot n'est qu'une ex-
expression commune à toutes les idées que nous
recevons par les sens. (D'Alemb.) La question
n'a été traitée ou'abstractivement dans le
premier article. (Fourier.)
— Indépendamment de. Dans ce sens, il est
toujours suivi d'un complém. marqué par la
prépos. de : Considéré abstractivement des
institutions qui en font un être tout artificiel,
l'homme abandonné à lui seul ne serait qu'une
créature naturelle. (Encycl.) Cette épreuve
a donné à mes sentiments la forme invariable
qu'ils ont toujours observée abstractivement
de toute réflexion. (J.-J. Rouss.)
— Idéalement, en idée : II ne sentait plus
l'aiguillon de la gloire; il avait en quelque
sorte abstractivement joui de la renommée.
(Balz.)
— Abstractivement parlant, loc. absol. En
faisant abstraction de telle ou telle circon-
stance particulière : Abstractivement par-
lant, un reproche général peut être bien fondé
contre telle manière d'exister d'un corps, sans
qu'on entende en faire d'application personnelle
à aucun de ses membres actuels. (Beaumarch.)
— Au lieu de abstractivement parlant, on
dit quelquefois tout simplement abstracti-
vement : De toutes les bévues de notre siècle,
il n'en est pas de plus funeste que l'esprit de
liberté, bon et très-louable abstractivement,
mais si mal dirigé en application. (Fourier.)
— Syn. Abstractivement, alislmitcmc.il.
Abstraitement, d'une manière abstraite : Aime-
rait-on la substance de l'âme d'une personne
abstraitement, et quelques qualités qui y
fussent? (Pasc.) Abstractivement, d'une ma-
nière abstractive, par abstraction : Abstrac-
tivement parlant, un reproche général peut
être bien fondé. (Beaumarch.) On peut dire que
le premier exprime une action et le second un
état.
ABSTRACTIVITÉ s. f. (ab-strak-ti-vi-té
— V. Abstraire). Néol. Faculté d'abstrairo,
de faire des abstractions : II est des individus
chez lesquels l'instinctivité se mêle à Z'abstrac-
tivité dans des proportions infinies. (Balz.)
abstraire v. a. ou tr. (ab-strè-re — du
lat. abs, qui indique séparation, et trahere,
tirer. En effet , abstraire, c'est séparer, au
moyen de l'esprit, une qualité, une propriété
d'avec le sujet auquel elle est inhérente.
— J'abstrais, tu abstrais, il abstrait, nous
abstrayons, vous abstrayez, ils abstraient.
J'abstrayais, nous abstrayions. J'abstrairai,
j'abstrairais. Abstrais, qu'il abstraie, abs-
trayons, abstrayez. Que j abstraie, que tu abs-
traies, qu'il abstraie, que nous abstrayions, que
vous abstrayiez, qu'ils abstraient. Abstrayant.
Abstrait, te. Le passé défini et l'imp. du subj.
manquent). Faire une abstraction, ne consi-
dérer qu'un attribut ou une propriété de
quelque être, sans faire attention aux autres
qualités ou attributs : Pour bien connaître un
sujet, il faut en abstraire succcssiuemenf les
qualités, et les considérer chacune séparément,
(Laycatix.)
— Absol. : L'imagination des premiers hom-
mes fut d'autant plus féconde en symboles poé-
tiques, qu'ils étaient plus jeunes, plus grossiers,
plus incapables (/'abstraire. (Michèle!.)
— Par ext. Abstraire son esprit de, Détourner
son attention de tous les autres objets pour
la porter sur un seul : fai été forcé (/'abs-
traire mon esprit dix, douze et quinze heures
par jour, de ce qui se passait autour de moi,
pour me livrer à la composition d'un ouvrage
dont personne ne parcourra une ligne. (Cha-
teaub.)
S'abstraire, v. pr. Etre entièrement absorbé
dans, occupé de -, s'isoler complètement des
choses environnantes : Les barbouilleurs de
papier ont surtout cette faculté de s'abstraire
dans leur manie pendant les plus grands évé-
nements. (Chateaub.) Je suis donc forcé de
m'abstraire de tout concours à la politique.
(G. Sand.) La politique, en effet, ne se lance à
travers les déclamations de ta chicane que là
ABS .
où, 'maintenue à l'état théorique, elle s'abs-
trait de l'application. (Courr. franc.)
— Par anal. S'abstraire de, S'écarter, se
tenir éloigné de : Pour s'adstraikk à ce point
du milieu où l'on vit, il faut une idiosyncrasie
des plus rares. (Th. Gaut.) Il Dans ce sens, so
prend généralement en mauvaise part et
comme exprimant une idée d'égalsme.
abstrait, AITB adj. (ab-strè, è-te — lat.
abstractus, même sens. V. Abstraire). Sé-
paré, qui est le résultat de l'abstraction • qui
est considéré comme une propriété isojce de
l'ensemble des propriétés : Idées abstraites,
notions abstraites. Les notions les plus abs-
traites sont souvent celles gui portent avec
elles une plus grande lumière. (D Alemb.) La
vérité générale et abstraite est le plus pré-
cieux de tous les biens; sans elle l'homme est
aveugle; elle est l'œil de la raison. (J.-J.
Rouss.) Si les sciences abstraites absorbent
l'imagination d'un enfant, les arts d'imagina-
tion exaltent trop son jugement. (B. de St-P.)
Condillae a fait un traité spécial contre les
systèmes abstraits , c'est-à-dire contre la
synthèse. (V. Cousin.) Soutenue par la raison,
la philosophie s'élève des vérités communes aux
vérités nouvelles, et parvient aux notions pu-
rement abstraites. (Deleuze.) A la fin du
xvme siècle, les études abstraites étaient rares
en France. (Villem.)
— Par ext. et souvent en mauvaise part,
Qui est trop métaphysique, trop subtil, trop
éloigné des idées communes; qui est vague,
obscur : Un discours abstrait. Des questions
abstraites. L'homme n'est pas fait par la na-
ture pour la contemplation des choses abs-
traites. (Buff.)
Ce dÎEcourB, quoique abstrait, me paraît assez bon.
Reunaud.
Il Se dit aussi des personnes : Uq écrivain
abstrait. L'auteur est ét^s-abstrait. Com-
bien de gens se font abstraits pour paraître
profonds! C'est une suite de lemmes et de tltéo-
rèmesqui répandent quelquefois plus d'obscu-
rité que de lumière. (Volt.) La plupart des
termes abstraits sont des ombres qui cachent
des vides. (Joubert.) ■
— Par anal. Se dit de tout ce qui tient à la
vie contemplative, de ce qui n'a point d'ap-
plication pratique : Le christianisme, toujours
d'accord avec les cœurs, ne commande point des
vertus abstraites et solitaires, mais des vertus
tirées de nos besoins et utilesàtous. (Chateaub.)
— Se dit très-souvent d'un être ou d'un fait
qui n'existo point, mais dont on admet la
supposition par un artifice de l'esprit : On est
obligé de faire des suppositions toujours con-
traires à la nature, de dépouiller le sujet de la
plupart de ses qualités, d'en faire un être abs-
trait qui ne ressemble plus à l'être réel. (Buff.)
// faut généraliser nos vues, et considérer dans
notre élève l'homme abstrait, l'homme exposé
à tous les accidents de la vie. (J.-J. Rouss.) Il
connaît l'étendue abstraite à l'aide des figures
de la géométrie ; il commit laquan tilé abstraite
à l'aide des signes de l'algèbre. (J.-J. Rouss.)
— Par ext. en. parlant des personnes, Qui
est préoccupé, distrait par l'effet de la médi-
tation et de la rêverie : Phédon est abstrait,
rêveur, et il a, avec de l'esprit, l'air d'un stu-
pide. (La Bruy.) Un esprit abstrait nous jette
loin du sujet de la conversation. (La Bruy.) On
est abstrait, lorsqu'on ne pense à aucun objet
présent, ni à rien de ce qu'on dit. (Girard.) Les
gens abstraits se soucient peu de la conversa-
tion. (Girard.) '
— Gramm. Noms abstraits, Noms qui ser-
vent à désigner des qualités, des caractères,
séparés des objets par notre esprit, considérés
isolément et pour ainsi dire réalisés, par op-
position aux noms ou substantifs concrets, qui
ne s'appliquent qu'aux objets, aux êtres réels
que nous observons dans la nature.
mais- seulement des points de
considérations de l'esprit. Les termes abs-
traits, une fois trouvés, reçoivent naturelle-
ment des applications .particulières par imi-
tation de 1 usage que nous faisons des mots
qui expriment des objets réels. Ainsi nous
disons : la bonté, la sagesse de Pierre, comme
nous disons : la maison, le jardin de Pierre.
t abstrait en logique est l'opposé de
ardin agréable.
— Mathém. Nombre abstrait, Conçu comme
séparé des objets auxquels il est lié. Le nom-
bre concret est l'opposé du nombre abstrait.
On a remarqué avec raison que le nombre
concret a nécessairement précédé dans l'esprit
humain le nombre abstrait , et que c'est en
passant du concret à l'abstrait que l'idée de
nombre a donné naissance à l'arithmétique.
— L'abstrait, s. m. Ce qui est abstrait ; l'idée
abstraite; l'abstraetion : Je lui apprendrai,
dit le docteur, ce que c'est que la substance et
l'accident, l'abstrait et le concret. (Volt.)
Nous prenons partout l'abstrait pour le sim-
ple, et le réel pour le composée Vans la nature,
au contraire, l'abstrait n'existe point; rien
n'est simple et tout e«£ composé. (Buff.)
Qui, le dilemme en main, prétendent de l'abstrait
Catégoriquement diviser la concret.
ABS
— Syn. Abstrait, dtsirnlt. Nous sommes
abstraits lorsque nos propres idées nous em-
pochent d'être attentifs à ce qui se dit ou se fait
autour de nous : Quelquefois un esprit abstrait,
nous jetant loin de la conversation, nous fait
%faire ou de mauvaises demandes ou de sottes
réponses. (La Bruy.) Nous sommes distraits,
lorsqu'un nouvel objet détourne notre atten-
tion de celui à qui nous l'avons d'abord donnée
ou à qui nous devons la donner : Je n'ai pas
été fâché de passer pour distrait ; cela m'a fait
hasarder bien des négligences qui m'auraient
embarrassé. (Montesq.)
— Antonyme. Concret.
abstraitement adv. (ab-strè-te-man —
V. Abstrait). Par abstraction : Les deux
sœurs ne connurent donc la fraternité qu'abs-
traitement. (Baïz.) On s'égare toujours lorsque
l'on s'efforce de considérer les richesses abs-
traitement. (Sismondi.)
Abstraitement parlant, loc. absol. En par-
lant d'une manière abstraite, dans un sens
abstrait : D'abord abstraitement parlant,
dit Royer-Collard , la question peut
la critique de la raison pure. (Balz.)
— Syn. Abstraitement , Abttraciivement.
V. Abstractivement.
dent aux abzugs dans l'opération de la cou-
pellation.
ABSTRUS, USE adj. (ab-stru, u-ze— du lat.
abstrusus, caché). Profond, abstrait, qui exige
une grande contention d'esprit: Raisonnement
abstrus. Question abstruse. Sens abstrus.
Ce moyen est d'une recherche si abstruse et
si embarrassante que les simples n'y connais-
sent rien. (Boss.) Il pénétrait déjà dans la
géométrie la plus abstruse. (Fonten.) Il y a
des choses beaucoup plus hardies ; à peine s'en
est-on aperçu, parce que l'ouvrage est long et
abstrus. (Volt.) D'autres argumentatcurs
viennent à la traverse et s'écrient : A quoi bon
ces recherches abstruses? (Proudhon).
— Se dit aussi des personnes et signifie
Obscur, impénétrable, inintelligible : C'est
im écrivain abstrus. Ce philosophe m'a paru
fort abstrus. (Acad.)
— L'abstrus, s. m. Ce qui est obscur, ce qui
SO conçoit difficilement : Il affecte d'être pro-
fond, et il tombe dans l'abstrus. (Acad.)
ABSURDE adj. (ab-sur-de — lat. absur-
&is,même sens ; formé de laprép. abetsurdus,
sourd ; la surdité pouvant, en effet, occasion-
ner un quiproquo, une chose absurde. M. Littré
donne la préférence à absonus, qui sonne mal,
et il a recours aurad. sanscrit sur, sonner, avec
expliquer la présence dés
Déraisonnable, sot, con-
Une idée absurde. Cette tentative
fut regardée d Londres comme absurde. (Volt.)
L'impossibilité d'admettre tant de décisions
absurdes me détachait de celles qui ne l'étaient
pas. (J.-J. Rouss.) // y a peu de phrases qu'on
ne puisse rendre absurdes en les isolant. (J.-J.
Rouss. ) La logique du cœur est absurde.
(Mlle de Lespinasse.) J'écoutais ces contes ab-
svRDE&.avec la crédulité d'un enfant. (G. Sand.)
Ily a toujours les trois quarts ci' absurde dans
tout ce que nous disons. (Ste-Beuve.)
traire au s
Une merveille absurde est pour moi sans appas ;
L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas.
— Se dit aussi des personnes, et signifie
Qui n'a ni sens ni raison, qui ne dit que des
absurdités : Il n'y a pas d'homme plus absurde
au monde. (Acad.) L'esprit de parti rend ab-:
surde. (Boiste.) Je déclare infâme et absurde
tout jeune homme gui pourra prendre au sé-
rieux l'étude de la chicane. (G. Sand.) J'étais
frappé de sa pénétration et du profond savoir
qu'elle déployait dans les grandes nect '
" ' dans les petites. (Bab.)
Ce dogme absurde à croire, absurde à pratiquer.
— Impersonnellem. : Il est absurde de, il est
absurde que.C'est une chose absurde que. N'est-
il pas absurde que la France ait dépensé tant
d'argent en Amérique, pour y être la dernière
des nations de l' Europe? (Volt.) Il me parait
toujours absurde de faire dépendre l'existence
de Dieu d'x plus u divisé par z. (Volt.) Il eût
été absurde qu'un simple usufruitier eût dis-
posé de la propriété de la chose. (Montesq.) Il
est absurde de dire que le Créateur, sans ces
règles, pourrait gouverner lemonde. (Montesq.)
Il est absurde et immoral de prétendre qu'un
homme ail le droit d'abuser de tout un peuple
indéfiniment. (Guéroult.)
— L'absurde, s. m. Ce qui est absurde ; ab-
surdité : Le puéril ne doit pas être cité, et
l'absurde ne peut être cru. (Volt.) L'absurde,
audacieusement offert, et sans détour, a parfois
une étrange puissance. (Gratry.)
Quand Vabsurde est outré, on lui fait trop d'honneur
De vouloir par raison combattre son erreur.
La Fontaine.
— Tomber, se jeter dans l'absurde. Faire un
mauvais raisonnement, dire des absurdités.
Il Réduire quelqu'un à l'absurde, le jeter dans
l'absurde , Le forcer, dans une discussion ,
à déraisonner : Cette raison est invincible et
réduit à l'absurde celui à qui elle s'adresse.
ABS
(Dacier.) On doit éviter avec soin de soutenir
des thèses tellement improbables qu'on soit
bientôt réduit a l'absurde. (Barthél.)
— On dit de môme, Réduire un raisonne-
ment, une opinion à l'absurde, c'est-à-dire Prou-
ver que le principe est faux ou la consé-
quence mal déduite, pou fondée, peu logique.
Il On dit aussi Réduction à l'absurde, Ac-
tion do réduire à l'absurde : La théorie de
Malthus est une réduction à l'absurde de
toute l'économie politique. (Proudhon.)
— PrOV. littér. L'homme ub«urrie e.t celui
qui ne cuange jamais, Allusion à un vers cé-
lèbre du poète Barthélémy, qui a voulu ainsi
justifier les palinodies, surtout en politique.
On n'a pas encore oublié l'immense retentis-
sement qu'obtinrent les satires de M. Barthé-
lémy; jamais tant de verve, d'ironie, de poé-
tique indignation, n'avait poursuivi en France
les gouvernants et les ministres, n'avait frappé
de traits plus acérés tous ceux qui doivent des
comptes a l'opinion publique. Tout à. coup,
brusquement, sans transition, le poëte passa
avec armes et bagages dans le camp de ceux
qu'il avait toujours combattus. Adorant ce
qu'elle avait brûlé, sa muse quitta le ton de la
satire pour entonner une palinodie dithyram-
bique; et, comme pour rendre ce scandale plus
éclatant, M. .Barthélémy arbora son nouveau
drapeau en 1832, a propos de l'état de siège,
que venait de flétrir un arrêt de la Cour de
cassation elle-même. L'étonnement fut grand ;
l'opinion publique se montra sévère envers le
poète, et il faut bien reconnaître qu'elle en
avait le droit, après avoir accueilli ses pre-
mières productions avec tant d'enthousiasme.
Un revirement si inattendu souleva contre lui'
.une indignation générale. C'est alors qu'en
essayant de se justifier et de prouver que le
changement est une loi de la nature , la
>es aveugles assis sur le bord du chemin ;
j& crime d'aujourd'hui sera vertu demain,
'ai pitié de celui qui, fier de son système,
e suis ce que je fus, j'aime ce que j'aimais. •
Jhomme absurde est celui qui ne change, jamais ;
je coupable est celui qui varie à toute heure,
St trahit, en changeant, sa voix intérieure.
« Quand tout se transforme autour de nous,
quand les luttes, changent d'objet ou de carac-
tère, quand les intérêts des partis se déplacent,
quand les principes opposés, mais également
nécessaires, de l'ordre et de la liberté, sont
tour à tour compromis, l'immutabilité est im-
possible, et c'est le cas de dire :
L'homme absurde est celui qui ne change jantais. *
Vapereau, l'Année littéraire.
« Il existe une disposition secrète à refuser
au prêtre cette liberté de conscience qu'on
réclame et qu'on proclame pour tout le monde.
Permis au laïque de réviser et de changer ses
premières croyances ; mais on veut que le
prêtre, bon gré mal gré, reste prêtre. Et tan-
dis qu'on admet souvent avec une scandaleuse
facilité que
L'homme absurde est celui qui ne change jamais,
on ressent une défiance involontaire contre le
prêtre dont le temps, la réflexion et l'expé-
rience ont détruit ou transformé la foi. ■
Revue de l'Instruction publique.
ABSURDEMENT adv. (ab:sur-de-man —
rad. absurde). D'une manière'absurde : Par-
ler, raisonner absurdement. Les anciens phi-
losophes ont raisonné fort absurdement sur la
physique. (Richelet.) Il répandit sur son pro-
pre'compte les légendes les plus absurdement
allemandes. (H. de Villemessant.) ' ■
ABSURDITÉ s. f. (ab-sur-di-té — lat. ab-
surditas; formé de abs, do ; surditas, surdité.
Pour l'explication de cette étymol., V. Ab-
surde). Défaut d'une chose contraire à la
raison, au sens commun : //absurdité d'un
raisonnement, d'un discours. Il découvrit, à
travers /'absurdité de l'ouvrage, la sublimité
cachée du sujet. (Volt.) //absurdité dans le
but est le signe de la folie. (Rivarol.) //'absur-
dité de vos soupçons remonte jusqu'à moi.
(Balz.) A'absurdité de ses idées était évi-
dente. (Mignet.) il Se dit aussi en parlant des
personnes : Cet homme est d'une absurdité
rare. (Acad.) Je ne sais si /'absurdité de ces
yens-ld doit me faire pou/fer de rire ou d'indi-
gnation. (Volt.)
— Absol, : Avec ces faibles essais, toutes les
écoles restaient dans /'absurdité, ou le monde
dans l'ignorance. (Volt.) Ceci est la cause du
boit sens contre /'absurdité. (Volt.)
— Se dit aussi de la chose même qui est
absurde, d'une proposition absurde; d'une
extravagance, d'une sottise, d'une folie : //
n'y' a point d' absurdité gui n'ait été soute-
ABU
39
nue par quelque philosophe. (Cicéron.) Quelle
plus grande absurdité qu'une fatalité aveugle
gui aurait produit des êtres intelligents t
(Montesq.) Voyez, mon fils, à quelle Absur-
dité mènent lovgueil et l'intolérance. (J.-J.
Rouss.) Ily a telle absurdité qui suppose une
assemblée de quatre-vingt mille âmes et qui ne
peut être dite qu'à Paris. (Grimm.)
— Dans ce dernier sons, peut s'empl. au plur. :
Que sert de réfuter ces absurdités? (Boss.)
Le fanatisme a produit bien des absurdités.
(Marraontel.) J'ai dit assez («'absurdités dans
ma vie pour m'y connaître. (Dider.) Les Juifs
s'abandonnèrent à toutes les absurdités de
l'idolâtrie. (Pastoret.)
— Anecdotes. Quelqu'un disait à une dame
qui n'avait point d'enfants : • Votre mère en
a-t-elleeuî.
Un prédicateur disait : « Admirez, mes très-
chers frères, la force de Samson ; avec une
mâchoire d'âne, il passa mille Philistins au fil
de l'épée. »
On vint dire a une jeune fille qu'un poète
déjà célèbre, qui lui faisait la cour, se propo-
sait de l'immortaliser. « M'iminortaliser! s'é-
cria-t-elle en colère. Ahl qu'il y vienne; il
sera bien recul ■
Un jeune homme — sans doute celui dont
Rivarol disait : Il abuse de la permission que
la nature donne à l'homme d'être absurde —
auquel on demandait quel âge avait son frère,
dont il était l'aîné : « Dans deux ans, répon-
dit-il, nous serons du même âge. »
Un homme fort gros, étant sur le point do
faire un voyage, envoya son domestique lui
retenir deux places à la diligence : > Comme
cela, lui dit-il, je pourrai respirer plus à mon
aise. » Le domestique revint avec les deux
billets : il avait pris une place à l'impériale et
l'autre dans le coupé.
Trois marchands s'en allaient à la foire de ■
Beaucaire. Comme ils approchaient d'un vil-
lage où ils devaient passer la nuit, l'un d'eux
Frit les devants pour retenir trois lits dans
unique auberge du lieu. Mais il arrivait trop
tard ; il ne restait plus qu'une chambre à deux
lits, dont l'un était déjà occupé par un nègre.
Le marchand retint pour lui le lit vacant, et
ses deux compagnons s'en allèrent dormir au
grenier, après avoir promis à leur camarade
de le réveiller de grand matin. Comme ils lui
gardaient rancune de son égoTsme, ils se levè-
rent au milieu de la nuit, pénétrèrent douce-
ment dans sa chambre et lui appliquèrent sur
la ligure une magnifique couche de cirage.
Deux heures après, des coups redoublés re-
tentissaient a la porte du dormeur, qui se lève
brusquement, s'habille à la hâte et va donner
un coup d'œil au miroir. Mais, a la vue de son
visage noirci : « Les imbéciles ! s'écrio-t-il ,
ils ont réveillé le nègre! » Et, sur cette ré-
flexion judicieuse, il se recoucha,
ABSIJRDO. V. ab absurdo.
ABSUS s. m. (ab-suss). Bot. Espèce de casse
d'Egypte dont les "graines pulvérisées sont
employées en Orient contre l'ophthalmie en-
démique. ■
ABfrv-NTHIENS s. m. pi. (ab-sain-ti-ain).
Géog. i. Peuple de Thrace, près du Pont-
Euxin. , On écrit aussi Absintiiiens.
ABSYRTE, frère de Médée, qui le mit en
pièces et dispersa ses membres sur la route ,
afin d'arrêter ceux qui la poursuivaient dans
sa fuite avec Jason.
ABUB s. m. (a-bubb). Antiq. Instrument de
musique des Hébreux, espèce de llùto dont
les lévites "jouaient dans les sacrifices.
ABUCCO s. m. (a-bu-ko). Métrol. Poids usité
à Rangoun , dans les Indes orientales , et qui
est égal à 0,20695 kilog.
abudad s. m. (a-bu-dadd). Myth.pers.
Nom de la grande pierre primitive créée par
Ormutz, pour y déposer le premier germe
do toute la création, germe qui devait ne se
'développer que successivement.
Ahufnr, ou la Famille arabe, tragédie de
Ducis , en quatre actes et en vers. Cette pièce
est toute de l'imagination de l'auteur , qui , en
dehors de cette œuvre , n'a guère fait que des
imitations ; elle offre une peinture fidèle des
mœurs patriarcales des familles arabes ; c'est
le tableau d'un amour chaste et qui semble in-
cestueux. L'expression des sentiments, sans
avoir rien de sombre, porte une teinte de mé-
lancolie qui enchante et en même temps affecte'
Abufar est le chef respecté de la famille ; il
a un fils et une fille , Faran et Odéide. Faran
aime passionnément la belle Saléma, qu'il croit
sa sœur, parce qu' Abufar, qui l'a reçue dans le
désert des flancs d'une mère mourante, l'a éle-
vée comme sa fille pour ne pas exciter la ja-
lousie de ses autres enfants ; d'autre part ,
Odéide est aimée de Pharasmin, jeune Persan,
et l'un des serviteurs d'Abufar. Ces deux
amours sont le pivot do toute la pièce. Pour
ne point céder à une passion qu'il croit inces-
tueuse j Faran s'enfuit dans le désert , puis
il rentra sous la tente... Le critique Geoffroy,
qui s'est toujours montré très-sévère pour
40
ABU
Ducis , accuse cette tragédie de respirer 1 in-
ceste à chaque vers. Voici comment M. Hip-
polyte Lucas a répondu à cette accusation
passionnée :
i Geoffroy, qui n'a jamais regardé le théâtre
comme une école de mœurs, aurait- çu se
montrer moins sévère ai sa plume n avait
poursuivi avant tout la résistance de Ducis au
gouvernement impérial. Cette tragédie ne res-
pire en rien l'inceste , puisque Saléma n'est
point la sœur de Faran , et que le spectateur
te moins intelligent a deviné cela dès le com-
mencement. Fussent-ils frère et soeur , depuis
quand est-H défendu de mettre des passions
coupables sur la scène . lorsque ces passions
sont combattues par le devoir, par la religion,
• L'immoralité n'est jamais dans la passion
qui se combat , se déteste , et ne cède qu'avec
honte et douleur a ses emportements ; l'immo-
ralité est dans le paradoxe et dans l'effronterie
du vice qui s'approuve et se défend ; les doc-
teurs en guerre' ouverte avec la société, et qui,
après avoir étouffé le remords dans leur con-
science, se croient tout permis pour satisfaire
leurs désirs; ces'subtils esprits qu'aucun frein
ne retient quand il s'agit de conquérir les jouis-
sances de la vie; les femmes qui, privées du
sentiment de la pudeur, s'abandonnent sans
remords à des penchants déréglé0, tous ces
caractères sont d'un pernicieux exemple au
théâtre, et produisent 1 imitation ; mais ia lutte
du bien et du mal est toujours favorable , en
ce qu'elle force les hommes a faire un retour
sur eux-mêmes et à se rendre compte des in-
stincts de leur conscience. »
Talma, qui croyait être d'origine arabe,
joua le rôle passionné de Faran avec une éner-
gie , une profondeur , une exaltation qu'il n'a-
vait pas encor». déployées jusque-là..
ABUHA.SSIENS s. m. pi. (a-bou-a-si-ain).
Hist. Nom d'une dynastie de princes du Maroc.
abulie s. f. (a-bu-H — gr. a priv,: bou-
leuein, vouloir). Pathol. Absence de volonté,
espèce de folie où ce symptôme est dominant.
ABONAs. ip. (Httér. notre pare). V.Abovn\.
AB UNO D1SCE OMKES (a-bu-no-diss-sé-
omm-nèss). Mots latins qui signifient Qu'un
seul voua apprenne à les connaître tous.
Enée, réfugié à la cour de Didon, commence
le long récit des perfidies des Grecs ; il va par-.
1er de Sinon, dont les mensonges décidèrent
les Troyens a faire entrer dans leurs murs le
fameux cheval de bois; le héros dit à la reine :
Aooipe mine Danaûm insidiat
etc
imine ah uno
Entendez de ce
Et qu'un teul v
nus apprenne
(ides mensonges,
à les connnaitre tous.
is traits de perfidie ou de méchanceté qui
suffit pour faire juger un homme tout entier.
Dans un sens plus étendu, il se dit de tout trait
distinctif qui sert à caractériser une classe
d'individus, etc. Il s'emploie généralement
dans un sens défavorable :
• En racontant comment se préparent, com-
ment s'accomplissent et comment finissent
toutes les révolutions, je me suis proposé pour
but de montrer sur quelle pente rapide on
glisse pour arriver bientôt aux premiers tu-
multes de l'insurrection , et pour tomber en-
suite dans tous les abîmes de l'anarchie et de
la démagogie. Ne pouvons-nous pas dire de
tous ces mouvements désordonnés et convul-
sifs des peuples après en avoir tant vu : Ab
uno disce omnes? » L. VÉron.
« Par le spectacle des ambitions et des souf-
frances d'un bonnetier, on s'initiera au secret
de mille autres existences : Ab uno disce
Omnes. ■ L. Reybaud.
« Dans une commune qui compte au plus six
cents âmes, le conseil vote 13,000 fr. pour uno
maison curiale; cependant le maître d'école
reçoit à peine 400 fr., tant de la commune que
de l'Etat. Voilà un exemple du zèle éclairé de
nos administrations municipales : Ab uno disse
omnes. » P.-J. Proudhon.
ABUS s. m. (a-bu— lat. abusus, mémo
sens j formé de ab , indiquant séparation , et
usus, usage). Mauvais usage, mauvais emploi
d'une chose : Abus du pouvoir, de la puissance.
/.'abus qu'il avait fait de sa faveur. (Mass.) la
despotisme est Tauus de la royauté, comme l'a-
narchie est /'abus de la république. (Volt.)
J'aime encore mieux /'abus qu'on fait de la li-
berté d'imprimer ses pensées , que cet esclavage
dans lequel on veut chez vous mettre l'espri'
ABU
presque toute la terre. (Volt.) Babouc conclut
qu'il y avait souvent de très-bonnes choses dans
les auus. (Volt.) Permettez de violer la règle,
lorsque la règle est devenue un abus ; souffrez
/'abus, lorsqu'il rentre dans la règle. (Mon-
tesq.) Quand les abus sont accueillis par la
soumission, bientôt la puissance usurpatrice les
érige en lois. (Malesherbes.) Un vieillard pré-
fère un abus ancien à une nouveauté utile. (B.
de St-P.) Les abus -ne se corrigent que quand
ils sont outrés. (Ste-Beuve.) Les abus naissent
et se multiplient au milieu du désordre, comme
certains insectes au sein de la corruption. (S.
Dubay.)
Rien n'est si bon que quelque abus n'en
kumain. (Volt.) Les sociétés policées dépendent
de l'usage et quelquefois de /'abus que l'homme
a fait de sa raison. (Buff.) L'éléphant est d'un
IAIS.
On ne répare p
ît des abus par des crim
losophie, et dans son style abus de rhétorique.
(La Harpe.)
— Excès , surabondance , etc. : La couleur,
quoique agréable et vraie, manque peut-être un
peu d'épaisseur, et il y a dans le feuillage des
arbres abus de tons bleuâtres. (Th. Gaut.)
— - Absol. Ce qui est contraire aux bons
usages, aux lois; mauvais usage; coutume
pernicieuse : Les abus servent de lois dans
C'est du fond des castels, de l'ombre des Cglises, ■
— Erreur, illusion, mécompte: Voilà un
étrange abusI (Acad.) Le monde n'est qu'kBvs
et vanité. (Prov.)
Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.
— Elliptiq. Abus.' Se dit pour C'est un
abus, c'est s'abuser, commettre un abus:
Vous comptez sur la justice des hommes, abus !
(Acad.) En tout ce que je lis, dites-vous, il ne
.s'agit que d'un amour honnête : abus! (Bourd.)
Car de croire.que votre conduite leur soit in-
connue et qu'elle demeure secrète pour eux :
abusI chrétiens. (Bourd.) il Abus que tout cela!
même locution, mais complétée et fortifiée :
Abus que tout cela ! cette amitié prétendue
qu'on fait parade de substituer à l'amour n'est
qu'un masque honnête pour cacher le dégoût,
pour déguiser l'inconstance. (Destouches.)
— Abus des mots, Sens détourné, sens forcé
qu'on donne aux mots : I'abus uns mots con-
fond les idées, fausse l'intelligence , vicie le
jugement.
Vabus des mots mène à beaucoup d'afcaj.
C. Delavione.
il Abus de mots, Jeu de mots, amusement
de l'esprit qui joue en quelque sorte avec les
mots pour leur donner en plaisantant une
signification autre que celle qu'ils ont réelle-
ment dans la phrase. L'abus de mots'est pro-
che parent de co qu'on appelle vulgairement
le calembour, et il serait assez difficile d'éta-
blir entre eux une véritable distinction.
(Pour les anecdotes sur les abus de mots,
V. à la fin de l'article.)
— Jurispr. A bus de blanc seing, Se dit quand
la personne à laquelle un blanc seing a été
confié, inscrit frauduleusement au-dessus de
la signature quelque chose do préjudiciable au
signataire, il Le mot abus entre encore dans
plusieurs locutions appartenant à la langue
judiciaire ou administrative, comme abus de
confiance, appel comme d'abus, abus d'autorité.
V. plus loin la partie encyclop. de cot article.
— Encycl. Jurispr. Abus d'autorité , Acte
d'un fonctionnaire qui méconnaît, qui ou-
trepasse son pouvoir. Aux termes du Code
pénal , les abus d'autorité se divisent en deux
classes : abus d'autorité contre les particuliers,
abus d'autorité contre la chose publique. Il y
a abus de l'autorité contre les personnes:
10 quand un fonctionnaire s'introduit dans le
domicile d'un citoyen, hors les cas prévus par
la loi et sans les formalités qu'elle a prescrites ;
20 quand it refuse de rendre lajustice ; 30 quand,
sans motifs légitimes, il use de violence envers
les personnes dans l'exercice de ses fonctions ;
•4° quand il commet ou facilite la suppression
ou l'ouverture de lettres confiées à la poste.
11 y a abus d'autorité contre la chose publique,
quand un fonctionnaire public requiert ou or-
donne , fait requérir ou ordonner l'emploi de
la force publique contre l'exécution d'une loi,
d'une ordonnance ou mandat de justice, ou de
tout autre ordre émané de l'autorité légitime.
Abus de confiance. Aux termes du Code
pénal, on se rend coupable à' abus de con-
fiance: 1» lorsqu'on abuse des besoins, des
faiblesses ou des passions d'un mineur pour
lui faire souscrire des obligations, quittances ,
décharges à son préjudice; 2° lorsqu'on abuse
d'un blanc seing; 3" lorsqu'on détourne, au
préjudice du propriétaire, des effets, deniers,
marchandises reçus à titre de dépôt; 49 lors-
qu'on soustrait quelque titre , pièce ou mé-
moire, dans une contestation judiciaire. Des
peines graduées sont appliquées à chacun de
ces délits. Ces mots, nh"° ''" ""'""" r,a"-
confié, c'est un véritable
CONFIANCE.
Abus {Appel comme d'). Le mot abus a long-
temps servi à désigner, d'une façon spéciale,
les entreprises des ecclésiastiques contre la
juridiction et les droits des laïciues. On don-
nait !e nom d'appel comme d'abus au recours
à l'autorité séculière contre ces entreprises.
L'appel comme d'abus fut, surtout en France,
la formule de la résistance de l'autorité laïque
aux empiétements de la puissance ecclésiasti-
que. D'abord on imagina d'appeler du saint-
siège au saint-siège apostolique, c'est-à-dire,
au pape vraiment inspiré de l'esprit et de la
ABU
tradition des apôtres, puis on appela au futur
concile; puis à ces appels au futur concile on
joignit la déclaration de poursuivre au conseil
du roi ou dans son parlement la cassation des _
actes qu'on prétendait abusifs. L'appel comme,
d'abus commença à être en usage au xiv<= siè-
cle, et c'est derrière ce rempart que s éleva
et grandit, avec le temps, ce qu'on nommait
les droits, franchises, libertés et privilèges de
l'Eglise gallicane.
Aujourd'hui, la loi du 18 germinal an X dé-
signe comme abus commis par des ecclésiasti-
ques : 10 l'usurpation ou excès de pouvoir;
2" ia contravention aux lois et règlements de
l'Etat; 3û l'infraction des. règles consacrées
par les canons reçus en France, l'attentat aux
libertés, franchises et coutumes de l'Eglise
gallicane ; 4^ toute entreprise ou tout procédé
qui, dans l'exercice du culte , peut compro-
mettre l'honneur des citoyens, troubler arbi-
trairement leur conscience, dégénérer contre
eux en oppression , en injure ou en scandale
public. La voie d'appel est ouverte à toute
partie intéressée ; à son défautj c'est le préfet
ou le ministre qui poursuit d office. L appel
comme d'abus se porte devant le Conseil d'Etat.
Dans ses arrêts, le Conseil d'Etat se borne à
déclarer qu'il y a abus, mais sans ajouter au-
cune sanction pénale.— Ajoutons que l'atteinte
portée par un fonctionnaire laïque à l'exercice
public d'un culte, et à la liberté que les lois et
règlements garantissent à ses ministres, donne
également heu à l'appel comme d'abus.
Cette locution toute judiciaire, s'emploie
quelquefois dans le style badin, pour marquer
plaisamment l'action de protester, de s'opposer,
de réclamer, de contredire : Et moi, morbleu.'
je me moque des jugements du parterre , j'en
appelle comme d'abus , j'en appelle au bon
sens; j'en appelle à la postérité. (Regnard.)
Il vous épousera, ne vous alarmeî plus.
— Ma foi ! j'en interjette appel comme d'abus.
— Épitbètes. Répréhensible , pernicieux,
coupable, condamnable, fol, inconcevable,
honteux, triste, épouvantable, horrible, af-
freux, criant, révoltant, criminel, sacrilège,
— Anecdotes (abus de mots). A l'époque de
la Révolution, Pie VII ayant succédé a Pie VI,
une dame d'esprit dit : • La religion va de pie
Un marquis, possesseur d'une immense for-
tune , disait : • On en veut toujours à nous
autres pauvres rickes. «
Quelle est, demandaitron à un savant musi-
cien, la note la moins agréable? « C'est la note
d'un fournisseur, » répondit-il.
Un facteur de la poste et un cocher de fiacre
se disputaient : ■ Comment 1 s'écriait le pre-
mier, vous osez insulter un homme de lettres.'
— Et vous, répondit l'autre, vous osez outra-
ger un homme en place! »
Sur la fin du règne de Louis XIV, le grand
dauphin paraissait surpris de la détresse où se
trouvait l'Etat : « Mon fils , dit le roi , nous
maintiendrons notre couronne. — Sire, repartit
le dauphin, maintenons-la. » (Maintenon fa.)
Un historien avait écrit sans succès un com-
mentaire sur la coutume du Maine. Lorsqu'on
voulait le railler, on disait de lui : « S'il fait
bien, ce n'est pas sa coutume; •
Un chapelier présentait sa requête îi un duc
et pair pour être payé de ses fournitures :
« Estrce que vous n'avez encore rien reçu,
mon ami? — Je vous demande pardon , mon-
seigneur, j'ai reru un soufflet de M. votre
liuinpagnie. Ne pouvant finir son a -,
quelqu'un assis à côté d'elle : < Je vais le
prendre en »ii. — Non pas , madame, restez-
z mal vêtu disait en parlant
/oix , dont quelqu'un le félicitait : = Il
1 que j'en fais ce que je veux. — Ma foi,
jr, lui dit une dame, vous devriez bien
vous en faire une culotte. •
Un médecin, ayant écrit une ordonnance, la
donna au malade, en disant f « Voilà ce que
vous avalerez demain matin. > Le malade prit
la phrase du médecin au pied de la lettre, avala
l'ordonnance et... guérit.
Un maquignon, vendant un cheval, dit à
l'acheteur : « Faites-le voir, je vous le garantis
sans défaut. ■ Or, le cheval était aveugle.
L'acquéreur,' s'en étant aperçu, voulait obliger
le marchand à le reprendre. « Mais , répliqua
celui-ci, ne vous ai-je pas dit : Faites-le voir...
je vous le garantis sans défaut? »
jeux de mots. Un jour, M. Pétou, députe de la
Côte-d'Or, monta trois fois a la tribune dans la
même séance. « Ah çàl dit M. de Puymaurm,
il faut donc toujours que M. Pétou parle? •
A l'époque du blocus continental, Napoléon,
traversant un village, entra chez le curé, qu'il
trouva brûlant du café : « Comment, dit 1 em-
pereur, vous faites usage d'une marchandise
prohibée/— Aussi vous voyez, sire, que je la
brûle, » repartit le curé.
Un marchand d'étoffes pour doublure était
en quête d'une enseigne ; il s'adresse à un de
nos écrivains , faiseur de calembours bien
connu. . Eh bien, mettez : Au cap de Donne-
Espérance; c'est bien ce que l'on double le plus
souvent. •
Un général, un peu brusque dans sa façon
d'agir, prenait souvent la licence de Battre sa
femme. Un de ses'aides de camp dit à un autre
officier : « Je croyais servir sous un général,
et pas du tout, je suis aide de camp d'un tam-
bour. — Que veux-tu dire? répliqua l'ami.
— Eh ! oui ; tous les jours il bat la générale. »
Après la mort de Paulmy, M. d'Aguesseaii,
petit-fils du célèbre chancelier, fut reçu a.
l'Académie française. Beauzée, auteur d une
excellente grammaire, dit au récipiendaire:
• Monsieur, vous devez l'honneur du fauteuil
à. votre grand-père, comme je le dois moi-
même à ma grammaire. •
Un phraseur cherchait, par de belles paroles,
à faire prendre le temps en patience a son
propriétaire, qu'il ne pouvait payer. « Dites
tout ce qu'il vous plaira, lui répondit 1 autre ;
mais les plus beaux termes pour moi sont ceux
où je reçois de l'argent. ■
Une actrice aux formes athlétiques voyant
Mlle Jenny Vertpré. qui était petite et toute
mignonne, dit assez haut pour être entendue :
« Mais, c'est à peine si elle a quatre pieds.
— C'est vrai, mademoiselle, répondit la spiri-
tuelle comédienne, mais vous en avez un qui
en vaut quatre. 1
Après la mort de'Lekain, Larive fut choisi
pour le remplacer dans les grands rôles. L'en-
vie de critiquer, celle peut-être de dire un bon
mot, fit passer de bouche en bouche cette es-
pèce de lazzi : « Le Kain en passant le lleuve
du Styx n'a pas laissé son esprit à ia rive. •
Lé duc de Beaufort s'était sauvé seul du
donjon do Vincennes, où il se trouvait prison-
nier, pendant les troubles de la Fronde, avec
les princes de Condé et de Conti. Ce dernier
dît à un gentilhomme qui venait le voir : > Je
vous prie de me procurer l'Imitation deJesus-
Christ. — Et à moi Y Imitation de Beaufort, »
ajouta le prince de Condé.
Deux amis entrent dans un restaurant ; ils
continuent une conversation commencée qui
semble les intéresser beaucoup; le garçon
s'approche et demande ce qu'il faut leur servir :
« Mon Dieu , dit l'un' d'eux, donnez-nous un
peu de répit. ■ Le garçon s'éloigne, et, reve-
nant presque aussitôt, répond sans sourciller :
« Messieurs, du répit, il n'en reste plus 1 »
Diderot, étant allé un jour chez Panckoucke,
pour corriger des épreuves de \' Encyclopédie,
trouva ce libraire occupé à s'habiller; comme
il allait fort lentement à cause de son grand
â"e Diderot prit l'habit, et l'aida à le mettre.
Panckoucke s en défendait. < Laissez faire, lui
dit le philosophe, je ne suis pas le premier au-
teur qui ait habillé un libraire. •
Un fanfaron qui n'était rien moins que brave
reçut des coups de bâton, et lessouffrit patiem-
ment. A quelques jours de là, se prenant de
querelle avec un médecin, il le menaça de lui
donner cent coups de bâton. Le médecin lui
répondit sans emportement : « Parbleu I il vous
est bien facile de les donner, car il y a a peine
quatre jours que vous les avez reçus. • .
Un médecin qui demeurait dans le quartier
du Palais -Royal disait un jour : « Je suis
harassé ; je viens de voir un malade au bout
du faubourg Saint-Antoine , un autre près de
Vaugirard, et un troisième à la barrière du
Roule. — Mais, docteur, lui répondit-on, à
voir comme vous parcourez Paris, tous vos
malades sont donc à l'extrémité? ■
Mme la princesse de Guéménée, qui avaft
de grandes prétentions à l'esprit, prit un pro-
fesseur d'hébreu, alors qu'elle frisait la qua-
rantaine. Or, le compatriote de Moïse , qui
était un savant au grand complet, portait des
habits crasseux et tout déchirés. M. de Gué-
ménée, voyant chaque matin entrer chez sa
femme un homme qu'il ne connaissait pas, de-
manda à la princesse ce qu'il venait faire ; « Il
ma montre l'hébreu, lui dit-elle. — Ma foi, ma-
dame, reprit M. de Guéménée, il vous mon-
trera bientôt le derrière. »
ABU
On donnait un jour au théâtre de la Répu-
blique une pièce où jouait la famille Baptiste.
Un provincial s'informait des noms des ac-
teurs : « Quel est celui-là î — Baptiste aîné, lui
répondit-on. — Et celui-ci? — Baptiste cadet.
— Et cet autre? — Baptiste jeune. — Et cette
actrice?— Madame Baptiste mère. —Et celle-
ci? — Madame Baptiste bru. — Ah! mon Dieu I
Une jeune dame désirait ardemment avoir
une petite fille. Dans sa première grossesse,
elle se crut tellement assurée que ses désirs
étaient réalisés, qu'elle fit tout préparer pour
l'enfant qu'elle attendait , layette , béguins
ornés de faveurs roses, etc. Le nom même
était trouvé ; la petite fille devait s'appeler
Zoé. La dame accouche, et les cris d'un gros
garçon trompent tous les calculs, déjouent
toutes les combinaisons. «Ah! s'écrie la ma-
man désolée, que va devenir mon joli nom de
Zoé? Encore si l'on pouvait donner ce nom à
ce marmot? — N'est-ce que cela qui te cha-
grine? dit un bon oncle appelé pour être par-
rain. Va, va, je l'ai cru comme toi , et nous
allons l'appeler Robinson ; alors ce sera Ro-
binson cru Zoé. ■
Quand on pense à la mort, on est sûr de bien faire,
Disait toujours madame Claire.
Hier en y pensant, elle est morte en effet :
Pons de Verdun.
ABUSANT (a-bu-zan) part. prés, du v.
Abuser : Les jeunes getis se détruisent dans la
vigueur de l'âoe en abusant de leurs propres
forces. {B. de St-P.)
Des ennemis de Dieu la coupable insolence,
Abusant contre lui de ce profond silence,
Accuse trop longtemps ses promesses d'erreur.
ABUSÉ, ÉE (a-bu-zé) part. pass. du v.
• Abuser. Trompe, séduit par des illusions:
Nous étions bien abusés ; je ne suis détrompe'
que d'hier. (Pasc.) Imagine-toi la meilleure et
la plus abusée des mères. (,T.-J. Rouss.) Les
hommes, abusés par de fausses apparences,
peuvent prendre l'imposture pour l'évidence, et
l'erreur pour la vérité. (J.-J, Rouss.) On me
voit ici avec des yeux abusés par la tendresse.
(G. Sand.)
Et d'un crédule es
L'homme abusé longtemps d'une erreur générale.
— Se dit en parlant d'une femme séduite
et déshonorée : L'amour fait retentir ce tri-
bunal, on n'y entend parler que de pères irrités,
de filles abusées, d'amants infidèles et de maris
chagrins. (Montesq.) il y a dans le Deutéro-
nome une loi par laquelle une fille abusée était
punie avec le séducteur. {J.-J. Rouss.)
abuser v. n. ou intr. (a-bu-zé — lat.
abusus, abus). Faire mauvais usage, user
avec excès : Ces hommes avaient abuse de la
vertu même. (Fén.) Elle abusa longtemps de
son autorité. (Volt,) .T'abuse depuis longtemps
de l'indulgence des lecteurs. (J.-J. Rouss.) Il
abuse également et des animaux et des hommes.
(Buff.)
La fortune a
Le prodigue comme l'avare
Abuse de ses biens, et s'en fait de vrais maux.
Le Noble,
ii Prodiguer, faire un usage excessif. Se dit
"k gramm. et en littérat. de l'emploi trop
fréquent de toute forme qui n'est pa
tement régulière, ou qui, lorsqu'elle i esi, csi
de nature a attirer et fatiguer l'attention du
vains de ce siècle à abuser ainsi des rappro-
chements verbaux, qui, au fond, n'ont pas te
sens commun. (B. Jullien.)
— Abuser d'une expression, La détourner de
sa véritable signification : Vous abusez mal-
heureusement de quelques paroles qui sont dans
leurs lettres. (Pasc.) On pourrait abuser des
divers sens qui se rencontrent dans les termes.
(Pasc.) Il Abuser de quelqu'un , User sans dis-
crétion de sa bonne volonté, de sa com-
plaisance ; le traiter avec trop de sans-façon,
trop de sans -gêne : Adieu, ma très- chère,
embrassez toujours la belle Pauline pour, l'a-
mour de moi: voyez comme /abuse de vous,
de vous demander des choses si difficiles!
(Mme <je Coulanges.) Ma fille, /abuse de
vous, voyez quels fagots je vous conte! (Mme de
Sév.) Ne craignez pas cï'abuser de moi; 7e
n'agis que par amitié, par devoir. (G. Sand.)
— Par ext. Faire abus de la crédulité, de la
simplicité de quelqu'un, tromper : Vous abu-
sez d'une infinité de personnes, en leur faisant
accroire que les points sur lesquels vous essayez
d'exciter un si grand orage sont essentiels à la
foi. (Pasc.) :
Ne crains pas qu'un vain songe abuse ici do toi.
— Abuser d'une femme, La posséder, en
;ouir au moyen de promesses trompeuses, en
abusant de sa confiance et de son laisser-
aller : Il faut être bien malhonnête homme
pour abuser de la femme de son ami. (Trév.)
Il y eut même quelques pays où l'on faisait
brûler les filles dont un juif avait abusé. (Volt.)
Il S'est pris quelquefois aussi dans une ac-
ABU
ception plus odieuse : Il se trouve divers his-
toriens qui disent que Néron avait abusé plu-
sieurs fois de Britannicus. (Perrot d'Ablan-
court.) Plusieurs d'entre eux ont abusé de
quelques beaux garçons. (Volt.)
— Absol, Faire un usage mauvais : La
propriété consiste dans le droit d'user et d'uïv-
ser. (Acad.) Usez, h'abusez point. (Volt.)
User fait le bonheur; abuser le détruit.
— Activcm. ou transitivem. Tromper, faire
abus de la confiance, de la bonne foi, de la
simplicité de quelqu'un : Abuser les esprits
faibles. (Acad.)
Il va chercher ailleurs quelque fat qu'il abuse.
Boileau.
Je respecte César, mais souvent on Vabuse.
Je me sens assez grand pour ne pas l'abuser.
— Se dit dans le même sens, avec un nom
de chose pour sujet : Si tout meurt avec nous,
les doux noms d'enfant, de père, d'ami, d'é-
poux, sont de vains titres qui nous abusent.
(Mass.) Notre imagination nous abuse encore.
(Boss.) Une image trompeuse ne vient-elle pas
abuser mes yeux? (Fén.)
On ne m'abuse point par des promesses vï
Eac
Par de feintes raisons je m'en vais l'abusi
Vous Î'avez abusée, et
encore son innocence. (Marmontel.)
S'abuser, v. pr. Se tromper, se faire illu-
sion, être dans l'erreur : Veut-on que tout un
public s'abuse sur ces sortes de choses? (Mol.)
J'avais promis ; mais tu t'abuses, si tu comptes
sur nos discours. (Gresset.) Vous vous abusez
complètement. (Alex. Dum.) Je me pris à rire
en voyant combien l'on s'abuse sur tes grâces de
sa jeunesse quand on avance en âge. (G. Sand.)
L'emportement d'un cœur qui peut s'être abusé
A de quoi ramener une âme qui l'offense.
— S'abuser à, jusqu'à, Se tromper au point
de : // n'est pas possible de s'abuser à prendre
un homme pour un ressuscité. (Pasc.) Nul ne
s'abuse jusqu'à croire qu'il méritera le bon-
heur des saints. (Mass.) Il Se laisser abuser, Se
laisser tromper, égarer, séduire : Auec la plus
profonde connaissance des hommes,il se laisse
abuser quelquefois, et n'en revient pas. (J.-J,
Rouss.) Cessez de vous latsser abuser par
des chimères dont votre excellent cœur n'est pas
même la dupe. (Alex. Dum.) Il Dans ce sens,
peut être suivi de la prép. à : Par conséquent,
chrétiens, ne nous laissons point abuser à
ces belles conversions des mourants. (Boss.)
Aucun des assistants ne s'y laisse abuser.
La Fontaine.
— Syn. Abuser, méstiscr. On mésuse de la
chose qu'on emploie mal : Il a MÉspsÉ de vos
bienfaits. (Acad.) On abuse de la chose qu'on
emploie à faire du mal : Les jeunes gens se dé-
truisent dans la vigueur de l'âge en ">""•"
de leurs propres forces. (B. de St-P.)
— Syn. Abuser, amuser, m
tromper. Tromper est le terme générique dont
on se sert pour signifier Induire en erreur :
On TROMPE difficilement une nation libre sur
ses vrais intérêts. (Volt.) Abuser, c'est trompai-
en tirant avantage de la faiblesse ou de la
crédulité d'autrui : Epicure a blâmé les super-
stitions dont on abuse le peuple. (Fén.) Déce-
' voir, c'est tromper par quelque chose de spé-
cieux et d'engageant : Ces propositions ne
tendent qu'à vous décevoir. (Acad.) En
ser , c'est tromper ™
n'êtes pas la même qu auparavant ; vous men-
ions rien me dire, par l'air avec lequel
croyez to'en imposer. (J.-J. Rouss.) Leur-
c'est tromper pour faire tomber dans un
a : C'était l'appât ordinaire dont les tri-
les plus séditieux leurraient le peuple.
déce
':%
(Roll.) Surprendre, c'est tromper tout à coup
-' ' —'- -- -'y attend pas : Lorsque le vice
— l'admiration, il agit
celui qui n
la vertu. (Vauven.) Amuser, c'est tromper
faisant perdre le temps : Malgré les mena
du pape, Charles le Chauve s'empara de la
Lorraine, et renvoya lès légats, après les avoir
amusés de belles promesses. {Mass.) Donner le
change, c'est tromper en faisant prendre une
chose pour une autre : La perfidie est un men-
songe de toute la personne, c'est dans une
femme l'art de placer un mot ou une action qui
donne le change. (La Bruy.) Attraper, c'est
tromper par un moyen piquant etrisible plutôt
que nuisible et préjudiciable : Le charlatan
«'attrape que l'ignorance ou la sottise. (Mon-
tesq.) Duper, c'est tromper en causant une
perte ou un dommage : Quel est te. plus blâ-
mable d'un bourgeois sans esprit et vain gui
fait sottement le gentilhomme, ou du gentil-
homme fripon qui le dupe? (Mol.) Enjdler,
c'est tromper une femme en cherchant h la
séduire par des cajoleries, par des douceurs :
Félicia me dit que si les femmes savaient l'art
d'entêter les hommes^ en récompense les hommes
n'ignoraient pas celui <f enjôler les femmes.
(Le Sage.) Embabouiner, c'est tromper quel-
qu'un qui a la niaiserie et la crédulité d'un en-
ABU-
faut : Mes envieux, La Feuillade et La Roche-
foucauld, EMBABOUiNÈRENT ce pauvre duc de
Sully. (St-Sim.)
— PrOV. hiat. Jonque» à quand... abuserna-
tu Vie noire patience? Allusion à l'apostrophe
célèbre de Cicéron à Catilina. V. quousque
ABUSEUR s. m. (a-bu-zeur — rad. abuser).
Fam. Celui qui abusé, qui fait abus de cer-
taines choses : Croyez-vous que, moi, f abuseur
de tout par excellence, j'aie eu ce trésor de vie
entre les mains sans en abuser? (Alex. Dum.)
— Celui qui trompe, qui séduit : C'est un
grand abuseur. (Acad.) Ce mot, que les dic-
tionnaires en général disent vieilli et fami-
lier, a été admis dans le style soutenu jusqu'au
temps de Bossuot et de Corneille : Les héré-
siarques ont été les abuseurs des peuples.
(Richelet.) D'un petit nombre ^'abuseurs sont
sorties plusieurs sectes comme un menu fretin.
(Calvin.) Venez donc, abuseurs publics, lâches
et misérables captifs de ceux que. vous voulez
captiver. (Boss.)
... Comme un abuseur qui séduit ce qu'il loue.
Corneille.
Il Séducteur : Il y a des jeunes gens qui font
vanité d'être abuseurs de filles. (Furetiôre,)
ABUSIF, IVE adj. (a-bu-zif, i-ve — lat.
abusivus, même sens). Trompeur : Un être bon
en soi ne peut être abusif. (Boiste.) Tout ce que
les hommes apprennent de Dieu par les images
est frivole et même abusif. (Calvin.) La mé-
thode que tu donnes à ces apprentis est abu-
sive , les met en erreur, les abuse. (Monet.) il
Excessif, qui est contraire à la raison, à
l'ordre, a la règle; à la loi : Un droit abusif.
Une prérogative abusive. C'est un grand
exemple du pouvoir abusif que les- moines
avaient alors en France. (Volt.) Les plus abu-
sives des lois sont celtes qui donnent prise sur
les biens. (Marmontel.) Les possesseurs de pri-
vilèges étaient les premiers à s'excuser des
avantages abusifs dont ils jouissaient. (M"1» de
Staël.)
Déclarons abusif et sujet à rupture
Subit ou subira la moindre violence.
La Chaussée.
— Gramm. Où il y a impropriété, exten-
sion vicieuse de signification, altération du
véritable sens : Ce mot est tellement devenu
abusif qu'on ne sait plus ce qu'il signifie. (La
Harpe.)
ABUSIVEMENT adv. (a-bu-zi-ve-man —
rad. abusif). D'une manière abusive ; avec
abus d'autorité ; par mauvaise application des
lois : Cet homme a clé abusivement empri-
sonné. (Acad.) Tous tes juges, d'une voix una-
nime, déclarèrent la famille innocente, tor-
tionnairement et abusivement jugée par le
parlement de Toulouse. (Volt.)
— Gramm. Improprement, dans un sens
abusif: Le mot de comédie est pris abusive-
ment pour toutes les espèces du genre drama-
tique. (La Font.) Le mot particule est un terme
vague, assez abusivement employé dans les
grammaires. (Duclos.)
ABUSSEAU s. m. (a-bu-sau — diminut. et
corrupt. d'abbé). Ichthyol. Nom vulgaire d'une .
espèce particulière d'athorino, commune sur
les côtes de La Rochelle et dans les îles du
golfe de Gascogne. Ce mot rappelle la déno-
mination de presfre.s,'sous laquelle on désigne
les athôrines et autres petits poissons à raies
argentées sur les flancs, que les pécheurs ont
comparées à l'étole d'un prêtre : £'abusseau
de La Rochelle est estimé. A Lorient, on le
compare à l'éperlan pour le goût. (D'Orbigny.)
ABUSUS NON TOLL1T "uSUM (a-bu-zuss-
nonn-tol-litt-u-zomm) , mots latins que l'on
cite proverbialement, et qui signifient ; l'a-
bus n'empêche pas l'usage; c'est- a-dire que
si quelques-uns abusent d'une chose bonne en
soi et s'en trouvent mal, ce n'est pas une rai- ,
son pour que d'autres s abstiennent de cette
chose. Cela peut se dire, au physique, dés li-
queurs, du vin, etc., et, au moral, de la bonté,
de la liberté, etc. :
0 L'abbé Bautain nous conseille d'écrire no-
tre journal; mais ne craint-il pas qu'au lieu de
ne parler que de soi on ne s'amuse bientôt à
ne parler que des autres? Ne crajnt-il pas que
cet innocent journal ne devienne la' soupape
par où s'échappera la malice intérieure? tant
il est vrai qu'on abuse de tout, même des
meilleures choses. Mais, selon le proverbe
abusus non tollit usum, adoptons le projet du
journal intime, sous la* condition d'avoir de la
candeur et de ne pas y écrire les mémoires de
nos amis. « H. Rigault.
ABUTA, OU ABUTUA, OU même BUTUA
s. m. (a-bu-ta — nom usité en Cochinchinc).
Bot. On appelle ainsi plusieurs arbustes do la
famille des ménispermées, qui croissent en
Cochinchine, à Cuba, à Haïti, a la Guyane, etc.
Leur suc est astringent. Leur amande four-
nit de la fécule et do l'huile. Les créoles em-
ploient les jeunes rameaux contrôles fièvres,
, les obstructions de foie et autres maladies.
. abuter v. a. ou tr. (a-bu-té — rad, but).
Tendre à un but, viser à une chose : Abuter
une place, un emploi. Vieux mot.
— Mar. Placer contre un arrêt une pièce
de bois qu'on veut travailler, pour qu'elle ne
puisse pas reculer ou se dérober à 1 effort de
ABY
41
l'outil. 11 Se dit de deux pièces de bois q-,ii se
touchent, qui se servent d'appui par leurs
extrémités.
— Arqueb. Diriger une arme à tir vers le but.
— Intrans. Terme de jeu. Jeter des quilles,
des palets ou tout autre objet vers un but,
pour savoir qui jouera le_ premier.
S'abuter, v. pr. S'est employé figurém.
dans le sens de S'arrêter, se fixer à un objet
qui sert comme de but : Il semble que l'âme
ébranlée et ennuyée se perde en soi-même, si on
ne lui donne prise : il faut toujours lui fournir
un objet où elle .s'abute et agisse. (Montaig.)
ABUTILOÏDE s. f. (a-bu-ti-lo-ide — rad.
abutilon, et du gr. eidos. formai. Bot. Genre
de plantes exotiques, de la famille des malva-
cées. V. Abutilon. —
ABUTILON s. m. (a-bu-ti-lon). Bot. Genre
de plantes de la famille des malvacées , tribu
des sidas : La plupart des abutilons croissent
dans la zone équaloriale. (D'Orbigny.)
— Encycl. Ce genre renferme un grand
nombre d'espèces , disséminées dans les ré-
gions chaudes et tempérées des deux conti-
nents. On le partage en plusieurs sous-genres
ou sections , les abutilons proprement dits , les
sidas, les napées, etc. Les tiges de toutes les
espèces renferment, surtout dans l'écofce, des
fibres textiles , qui peuvent être employées à
des usages économiques. La médecine emploie
leurs feuilles comme humectantes et émol-
lientes ; leurs graines , comme apéritives et
'diurétiques. La plupart constituent d'assez jo-
lies plantes d'ornement.
L'abutilon commun croît dans les marais du
midi de l'Europe. Toutes ses parties sont mu-
cilagineuses. La filasse qu'on retire de sa tige
est inférieure à celle du chanvre, mais on en
fait de3 cordes qui sont assez recherchées, a
cause de leur prix peu élevé. Iln'en est pas de
même de celle que fournissent l'ubutilon a
feuilles de tilleul, cultivé en Chine, et la napéo :
grande finesse.
Ce n'est pas le seul avantage que présente
cette dernière plante; cultivée quelquefois dans .
nos jardins. La racine est mucilagineuse , et,
employée en médecine comme émolliente. Dans
plusieurs pays, on mange ses feuilles cuites,
en guise d'épinards; comme on fait, dans
l'Inde, de celles de l'abutilon à feuilles rhom-
boïdes, et au Brésil, des fleurs de l'abutilon
comestible.
Aux Canaries , on emploie , en guise de thé,
les feuilles d'une espèce qui porte le nom de
ces îles. D'autres abutilons sont estimés , dans
l'Inde, comme fébrifuges.v
ABYDÉNIEN, ENNE s. (a-bi-dé-ni-ain ,
è-ne). Géogr. Habitant d'Abydos : L'es Aby-
— Adjectiv. D'Abydos ; qui appartient, qui
est propre à cette ville ou à ses habitants :
Unie
™sr.
des courtisanes
idormirent au son des
fiâtes. (Dufour.)
AllYDOS (a-bi-dôss),anc. ville de l'Asie Mi-
neure, située sur la partie la plus resserrée de
l'Hellespont, rivage opposé à Sestos ; célèbro
par les amours et la mort de Héro et de
Lèandre. C'est là que Xerxès passa le détroit
sur un pont de bateaux. Les habitants d'Abv-
dos avaient la réputation d'être mous et eflé-
minés, ce qui avait donné lieu chez les anciens
à ce proverbe : N'abordez pas sans précaution
àAbydos.
ABYDOS, anc. ville considérable de la haute
Egypte, sur la! rive gauche du Nil, au sud de
ville de l'Egypte ; mais déjà, du temps de Stra-
bon , ce n'était plus qu'une bourgade. De nos
jours, elle ne présente qu'un amas de ruines..
C'est là que fut trouvée , gravée sur le mur
d'un petit temple , une inscription hiérogly-
phique bien connue des savants sous le nom
de Table d'Abydos. Elle contient en ving<>six
bandes verticales une table généalogique des
rois antérieurs à Sésostris, prince' a qui ce
temple était dédié. Cette table fameuse, dé-
couverte par Bankes en 1817, fut détachée du
mur par Mimaut, consul de France à Alexan-
drie, et acquise ensuite par le Rristish-Mu-
seum. En mars 1845, le Journal des Savants
en a donné une copie très-exacte.
. Al) YLA , montagne d'Afrique,' formait avec
le mont Calpé, situé en Europe, les colonnes
d'Hercule. — Ville d'Afrique, auj. Ceufa.
abyssin, INE adj. (a-biss-sain). Géogr. Qui
appartient, qui a rapport à l'Abyssinie ou à
ses habitants : Syllabaire abyssin. L'éthiopien
ou idiome de l'ancien empire abyssin d'Axum
n'est plus qu'une langue morte. (Eneycl.) En
outre, sur le littoral abyssin, dans les cantons
méridionaux et chez les Gallas, on parle d'au-
tres idiomes peu. connus. (Béraud.) Les moines
abyssins n'ont pas la faculté de mendier.
(Bouillet.)
— Substantiv. Habitant de l'Abyssinie : Les
Abyssins, moitié juifs, moitié chrétiens, re-
connaissent pour leur patriarche l'archevêque
squi réside dans les ruines d'Alexandrie. (Volt.)
Les Abyssins appartiennent à la race éthio-
pienne. (Béraud.) 11 On dit aussi Abyssinien.
V. ce mot.
42
ABY
ABYSSINICO-ÉTHIOPIEN , ENNE adj, (a-
biss-si-ni-ko-é-ti-o-pi-ain, è-ne — rad. Abys-
sinie et Ethiopie). Qui appartient, qui a rap-
port aux Abyssiniens et aux Ethiopiens : Cette
inscription contient , outre la généalogie de
Ptolémée Evergête , une seconde partie écrite
en langue d'Axum, dialecte abyssinico-éthio-
pien, et qui est une liste de noms de peuples
qu'un roi se vante d'avoir soumis. (Encycl.) "
On dit aus«i ■-■—•— — ™
ABVSS1NIE, vaste contrée de l'Afrique
orientale, l'Ethiopie des anciens ; pays mon-
tagneux et pittoresque, mais très-fertile, ar-
rosé par plusieurs affluents du Nil; climat
tempéré et salubrej env. 4,000,000 h. Mines
d'or et d'argent; animaux féroces, tels que le
lion, le tigre, le léopard, la panthère, l'hyène,
le crocodile ; on y trouve 'aussi la girafe. Au-
trefois toute cette contrée formait un vaste
empire soumis à un seul prince ; il a été depuis
divisé en plusieurs Etats indépendants. Les
principaux sont : le Tigré, cap. Antalo ;
l'Ambara, cap. Gondar, résidence du souve-
rain, et le Choa, cap. Ankober. La plupart des
Abyssins ■ suivent la religion chrétienne. Le
commerce, très -peu important, se borne a
l'exportation de la poudre d'or et de l'ivoire.
ABYSSINIEN, ENNE s. (a-biss-si-ni-ain ,
è-no). Géogr. Habitant de l'Abyssinie : Les
ethnographes croient généralement que les
Abyssiniens descendent d'une race aborigène
d'Afrique et de colons venus de la haute Egypte.
(Encycl.) La couleur de leur peau est plus ou
moins bronzée. Elle est plus claire si ta mère
est une Abyssinienne, et plus foncée si c'est
une négresse. (Encycl.) Les Abyssiniens ont
oeine à s'acclimater en Egypte. (J.-J. Marcel.)
Les Turcs recherchent passionnément les Abys-
siniennes, à cause de leur beauté et de leur
aimable caractère. (J.-J. Marcel.)
— Adj. Qui appartient à l'Abyssinie , qui a
rapport à ce royaume ou à ses habitants :
La nation abyssinienne. Un roi abyssinien.
Les églises abyssiniennes. Les langues abys-
siniennes. Les annales abyssiniennes ne don-
nent aucun détail sur te règne des onze usur-
pateurs qui occupèrent successivement le trône.
(Encycl.)
— s. m. Idiome parlé par les habitants de
l'Abyssinie. il Dans ces différentes acceptions,
on dit indifféremment Abyssinien ou Abys-
sin. V. ce dernier mot.
abyssinique adj. (a-biss-si-ni-ke).Géogr.
De l'Abyssinie ; qui appartient, qui a rapport
à l'Abyssinie : Les langues abyssiniques. L'i-
diome abyssinique. Balbi parle de la branche
abyssinique dans la famille des langues sémi-
tiques. (Legoarant.) il Pour cette forme ~J
:„„<:.,„ „_ au ...„,;, ABYSS1N et -
ABYSSINO - ÉTHIOPIEN , ENNE adj. (a-
biss-si-no-é-ti-o-pi-ain, è-ne -— rad. Abyssinie
et Ethiopie). Géogr. Qui appartient à l'Abys-
sinie et à l'Ethiopie : La langue d'Axum est
un dialecte abyssino-éthiopien. (Encycl.) V.
Abyssinico-étiîiopien. - ■
ABYSS1QUE adj. (a-biss-si-ke — du gr. a
priv., et bussos, fond). Géol. Se dit pour dési-
gner les dépôts qui auraient été formés, par
ta voie aqueuso, dans le sein de la première
mer ou 1 abîme : Terrains adyssiques. il Ce
mot est la forme adjective de abime.
ABYSi
gnifient
plication, cette belL __„
Bible signifie qu'un malheur en appelle un
autre, mais surtout qu'une faute conduit fa-
talement à. une autre faute : une fois sur la
pente du mal, l'homme ne peut plus s'arrêter
qu'au fond de l'abîme. C'est de cette expres-
sion biblique qu'est né notre proverbe français :
Un malheur ne vient jamais seul.
- « Je vous dirai qu'un soir Carlostadt et moi
avions faim, mais une faim de moines qui n'ont
pas mangé depuis vingt-quatre heures. Nous
jeûnions depuis ce temps -là : nous aurions
mangé une cathédrale. Où aller, sans argent,
dans la ville éternelle, qui ne nous avait ja-
mais semblé si éternelle? Il était tard; les
couvents étaient fermés. Point de ressources.
Carlostadt bâillait de faim et de sommeil ; moi,
de sommeil et de faim. Passe un abbé. Les
solitudes s'attirent, a dit l'Écriture : Abyssus
evocat abyssum. Le vide de l'abbé heurta le
nôtre ; son estomac cria : J'ai faim, et le nôtre
répondit : Je n'ai pas soupe. ■
Léon Gozlan.
« Il y avait quelque chose de touchant dans
cette heureuse et laborieuse médiocrité. En se
sentant aimée par Minard, Zélie l'aima sincè-
rement , l'amour attire l'amour , c'est Y abyssus
abyssum de la Bible. • Balzac.
» Un grand penchant nous entraîne vers les
ouvrages mystiques : A byssus abyssum invocat;
notre esprit est un abime qui se plaît dans les
abîmes t Enfants, hommes, vieillards, nous
sommes toujours friands de mystères, sous
quelque forme qu'ils se présentent. »
Balzac.
ABZUG s. m. (ab-zugg). Chim. Poussière
noirâtre d'acide de plomb mélangé de ma-
tières- étrangères qui se forme à la surface
du bain de plomb en fusion, au début de la
coupellation.
AC, préfixe, remplaçant la préposition ad,
dans les mots soit latins, soit dérivés du latin
où cette préposition se rencontre avec un mot
commençant par un e ou par un g : Tels sont
accoster, accéder, accolade, accord, accrocher,
acclimater, etc., mis pour adeoster, adeéder,
adcolade, adeord, aderocher, adelimater, etc.
ACABIT s. m. (a-ka-bi — bas lat. accapi-
tum, formé de ad et capere, prise daf posses-
sion, achat. Avant de rovêtir son sens ac-
tuel, de bon acabit a d'abord signifié de bonne
prise', de bonne possession). Qualité bonne ou
mauvaise d'une chose : Ces poires sont d'un
bon acabit. Ce drap est d'un mauvais acabit.
— Fig. et fam. en parlant des personnes ,
Caractère, habitude, manière d'être bonne ou
mauvaise : Vous me demandez ce que je pense
de vos cousins. Je les trouve, si l'on peut s'ex-
primer ainsi, de même acabit que vous, et cet
acabit n'est pas le plus commun. (Mme de
Maintenon.) Elle imposait beaucoup, car elle
s'était entourée de quelques vieilles dévotes de
son acabit, qui la soutenaient à charge de re-
vanche. (Balz.) Mon fils ne voit avec quelque
intimité que des ecclésiastiques ou de jeunes
savants de même acabit. (H. Beyle.) Elle ne
connaissait, en fait de femmes, que sa mère et
quelques volumineuses matrones du même aca-
bit. (G. Sand.)
.... Ta plume baptise
De noms trop doux gens de tel acabit.
J.-B. Rousseau.
— Dans le même sens, se dit aussi des
Choses : Il est veuf, il a des enfants, c'est vrai;'
mais il sera pair de France, et par le temps
qui court, trouvez donc des mariages de cet
acabit. (Balz.)
acacahc-ACTLI s. m. (a-ka-ka-o-ak-tli
— nom formé par onomatopée). Ornith. Espèce
d'alcyon ou de martin-pêcheur qui habite le
Mexique ; il ne se trouve que dans les marais,
où il niche au milieu -des joncs, et fait en-
tendre un cri très-rauque : La taille de /'aca-
cahoactli est un peu moindre que celle du ca-
nard sauvage. (Buff.) On peut apprivoiser Z'aca-
cahoactli en le nourrissant de poisson et même,
de chair. (Buff.)
acacia s. m. (a-ka-sia — étym. douteuse :
du gr. akê, pointe, en raison des épines de
l'acacia, ou de akakia, a privatif; kakos, mau-
vais, qui est sans malice, parce que la piqûre
de ses épines n'est suivie d'aucun mauvais
effet). Bot. Nom d'un genre d'arbres de la
famille des légumineuses : La plupart des aca-
cias croissent soit dans la zone équatoriale,
soit dans les contrées extra-tropicales de la
Nouvelle-Hollande. (D'Orbigny.) Leur odorat,
jeune encore, se souvenait de la senteur embau-
mée des acacias et des pommes roses. (R. de
Beauv.) Quelques acacias en fleur, des épines
roses, desplantes grimpantes s élevaient autour
de la maison. (Balz.)
— On connaît une grande variété d'acacias :
Acacia i trois épines. V. Fèvier. il Acacia de
Sibérie. V. Caragan. Il Acacia pudique. V. Sen-
— Faux acacia. Cet arbre à belles fleurs
blanches, très-répandu dans les jardins et
les promenades, ou il est connu sous le nom
vulgaire, mais impropre, d'acacia, est un
robinier. V. Robinier. ,
— Numism. Espèce de sachet long et étroit
que l'on remarque à la main des consuls et
des empereurs grecs, dans les médailles de-
puis le vie siècle.
— Poétiq. En vers, le mot acacia n'a ordi-
nairement, comme dans la prononciation or-
dinaire, que trois syllabes : a-ca-cia.
Sousl
acacia léger j'aurais placé Dclilîe.
Sesga
â'acacia qu'éparpillen
t les vents. '
BÉRANBER..
— Cependant rien n'empêche, en poésie, de
le faire de quatre syllabes r
Le pâle acacia, le pudique oranger.
— Encycl. Le genre acacia renferme envi-
ron trois cents espèces, la plupart croissant
dans la zone équatoriale ou dans les régions
intertropicales de l'Australie. Ce sont des ar-
bres ou des arbrisseaux, ordinairement épi-
neux, à feuilles ailées, souvent réduites au pé-
tiole élargi et aplati. Plusieurs d'entre eux se
font remarquer par leur bois dur, mais rare-
ment droit, et peu susceptible d'être employé
dans l'industrie , ou par les produits qu ils
fournissent à la médecine et aux arts : tannin,
cachou, gommes, sucs divers, fruits, matières
colorantes, etc.
La propriété astringente est celle qui domine
dans le bois et l'écorce de plusieurs espèces ;
elle est due -à la quantité considérable de tan-
nin que renferment ces organes. Aussi em-
ploie-t-on pour le tannage l'acacia d'Arabie et
celui d'Adanson. Dans d'autres cas, l'astrin-
gence est assez forte pour les faire employer
comme fébrifuges; tels sont l'acacia voya-
geur, l'acacia ferrugineux et l'acacia à fleurs
blanches. Enfin le cachou, substance éminem-
ment astringente, est fourni par l'acacia cate-
chu et par quelques autres végétaux de divers
genres. V. Cachou.
et l'intérieur de l'Afrique, laisse exsuder de
son tronc la gomme du Sénégal, qu'on emploie
en médecine comme adoucissant. Les acacias
vrai, du Nil, gommifère et d'Arabie, donnent la
gomme arabique, employée aux mêmes usages,
et plus connue que la précédente.
Lés feuilles de l'acacia Lebbek servent de
savon aux habitants des îles Maurice et de la
Les fruits d'un grand nombre d'espèces sont
utilisés en économie domestique, en médecine
ou dans les arts. Au Mexique, on mange ceux
de l'acacia comestible ou guaxe. Les gousses
de l'acacia grimpant,ou liane à bœuf, atteignent
souvent la longueur d'un mètre et renferment
des graines plates, arrondies et larges comme
la main. Leur saveur un peu amère n'empêche
pas les Américains de les manger crues ou
cuites dans la cendre, et de les donner aussi à
leurs bêtes à cornes, qui aiment beaucoup cette
nourriture.
En faisant bouillir les gousses de l'acacia
d'Arabie, cueillies avant leur maturité, on en
obtient un extrait solide, brun rougeàtre, d'une
saveur astringente et styptique, qu'on ém-
ut beaucoup autrefois "" "■»■»■"•*"
ployait
de si
a médecine, s
Les fruits de l'acacia catechu fournissent du
cachou, et on peut les employer pour le tan-
nage, ainsi que les bablan, fruits de l'acacia
cendré et de quelques autres espèces, qui sont
aussi riches en tannin.
Un grand nombre d'acacias sont cultivés
dans les jardins d'agrément. L'un des plus re-
marquables est l'acacia julibrissin ou arbre de
soie, originaire de l'Orient, et que l'on cultive
en plein air jusque sous le climat de Paris, de
même que l'acacia à panaches. D'autres es-
pèces, telles que l'acacia floribunda, deman-
dent à être abritées l'hiver en orangerie, et il
en est même, comme l'acacia de Farnèse, vul-
gairement appelé cacie, l'acacia du Nil, etc.,
qui ne peuvent être
. f. (a-ka-si). Hortic. Nom s
acaciens s. m. pi. (a-ka-si-ain). Hist.
relig. Sectes d'Ariens au ive siècle. Ils avaient
pour chef Acacius de Césarée.
ACADÉMICIEN s. m. (a-ka-dé-mi-si-ain —
rad. académie). Chez les anciens, Celui qui
professait les opinions de la secte philoso-
phique grecque appelée "Académie : Cicéron
était très-attaché à la secte des académiciens.
(Volt.) Il Se dit aujourd'hui d'un écrivain, d'un
artiste, d'un savant, qui fait partie d'une aca-
démie et particulièrement de l'Académie
française : En qualité d'académicien, je con-
damnerais d'autorité. (Pasc.) Académicien,
sénateur et pair de France, Berthollet n'existe
que pour méditer et découvrir. (Cuvier.) Aux
académiciens étaient octroyés de brillants pri-
vilèges. (Balz.) Ce monsieur est un académi-
cien. (Alex. Dumas.)
— Par est. et plus souvent par plaisante-
rie, Celui qui fait partie d'une société, d'une
réunion quelconque : Avant peu d'années, la
gastronomie aura ses académiciens, ses cours,
ses professeurs et ses propositions de prix.
(Brill.-Sav.)
— Adject. Qui a rapport, qui est propre à
l'Académie ou aux académiciens : On compte
Ta léthargique (leur n'est bonne
Un front académicien. Naudet.
— En poésie, le mot académicien est géné-
ralement de six syllabes (a-ca-dé-mi-ci-en),
comme on le voit dans les vers suivants :
Enfin, par son sublime organe,
Les animaux parlent si bien.
Que dans Houdard souvent un âne
Est un académicien.
J.-B. Rousseau.
— Proy. littér. :
Cigit Piron, qui ne fut rien.
Pas même académicien.
Trait satirique de Piron, dont voici l'histoire :
Piron, poëte de second ordre, mais immortel
auteur de In-Métromanie, avait un grand talent
pour la saillie et l'épigramme, et ne laissait
passer aucune occasion de lancer des brocards
contre l'Académie française : « Ils sont là
quarante, disait-il, qui ont de l'esprit comme
quatre. » Un jour qu'il s'efforçait de percer la
loule pour assister à une séance publique, il
s'écria : « Il est plus difficile d'entrer ici que
d'y être reçu. » Cependant, en 1750, il se mit
sur les rangs pour la place laissée vacante par
la mort de l'abbé Terrasson, et ne fut point
nommé. Trois ans après, il obtint les suffrages
de l'assemblée , mais Louis XV refusa" son
agrément à cette élection, et donna au poëte,
pour dédommagement, une pension de mille
livres. Ce 'fut peu de temps après que Piron
envoya à l'Académie son testament avec cette
épigramme :
Ci-glt Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.
Toute l'Académie française avait été invitée
à l'enterrement de Piron ; elle pouvait sans
doute se dispenser d'y assister en corps, mais
on n'y vit pas un seul de ses membres. Il y
avait dans un pareil procédé plus qu'une in-
- ACA
On fit circuler à ce sujet ce
quatrain :
Des quarante, priés en vain à ton convoi,
• Cette fidélité à la mauvaise fortune de la
démocratie fut récompensée par la perte de sa
place de professeur à l'Université de Munich
et de toutes ses distinctions honorifiques. Il ne
sauva de la débâcle que son titre de membre
de l'Académie des sciences , en sorte qu'on
peut retourner pour lui le mot de Piron, et dire
de Fallmerayer qu't'i ne fut rien,
Hélas ! qu'académicien !
Revue de l'Instruction publique.
« Béranger n'est pas de l'Académie française,
il s'est dit qu'il ne fallait pas en être. C'est une
singularité dont il se flatte, et dont il se vante-
rait presque, si tout le monde ne savait pas
qu'il ne tient qu'à lui d'être un des premiers
des quarante. Mais il ne veut pas qu'on puisse
« accoler jamais d'autre titre à son nom que
« celui de chansonnier. • Il ne fut rien, pas
même académicien, c'est une épitaphe qu'il s'est
appliquée à l'avance, i
Sainte-Beuve, Causeries du lundi.
Quelquefois la tournure, le sens, la marche
de la phrase amène, dans la citation, un autre
mot eue académicien. Cette substitution a lieu
quand on passe du général au particulier,
comme dans l'exemple suivant :
« Le roi ouvrit ses bras au vicomte de Mont-
flanquîn et le tint longtemps sur son cœur. Je
n'ai pas besoin d'ajouter que ses yeux étaient
mouillés de larmes. — Nous ne ferons rien
pour vous, lui dit-il enfin avec bonté ; puisque
vous l'exigez, vous ne serez rien, pas même
pair de France. Seulement, quoi que vous
demandiez, soit pour vos proches, soit pour
vos amis, vous l'obtiendrez, noble jeune
homme, de notre royale gratitude. »
Jules Sandeau, Sacs et Parchemins.
ACADÉMICIENNE s. f. (a-ka-dé-mi-si-èno
— rad. académie). Ce féminin a été fait pour
Mme Deshoulières, à qui l'Académie d'Arles
avait envoyé dos lettres d'académicienne :
Il y a en Italie des académiciennes. (Acad.)
L'académie de peinture a nommé quelques
femmes académiciennes. Une femme ne doit
être académicienne qu'en épousant un académi-
cien. (M">eE.deGir.)
ACADÉMICITÉ s. f. (a-ka-dé-mi-si-té —
rad. académie). Titre, qualité d'académicien.
Mot burlesque qu'a employé Galiani : Pré-
sentez, écrit-il, mes félicitations à l'abbé Arnaud
ACADÉMIE. Nom donné par les Athéniens
à une promenade plantée de platanes et d'o-
liviers, qui avait été d'abord un gymnase, et
dont l'emplacement avait été légué à la ré-
publique par un contemporain de Thésée,
nommé Académus. Elle était située sur les
bords du Céphise, aux portes d'Athènes.
Platon, qui possédait une maison de campa-
gne dans les environs, y venait chaque jour
expliquer sa doctrino a ses disciples. De là le
nom d'Académie donné à son école et à sa
doctrine, et dans la suite à toute société or-
ganisée de savants, de poètes ou d'artistes.
Les variations que subit la doctrine platoni-
cienne ont fait distinguer l'ancienne académie,
où Speusippe, Xénocrate et Polêmon conti-
nuèrent renseignement de Platon, de la
moyenne, dont Arçésilas fut le fondateur, et
de la nouvelle, fondée par Carnéade. De nos
jours un Athénien, propriétaire d'un empla-
cement qu'il prétendait être celui de l'Aca-
démie, l'a mis en loterie sous le nom pompeu.v
littéraire ou artistique, et particulièrement
l'Académie française : Les académies sont des
sociétés comiques où l'on garde le sérieux.
(Mme de Linange.) Je veux établir chez vous
une académie de beaux esprits. (Mol.) De
toutes les académies du royaume et du monde,
c'est assurément /'Académie de musique qui
fait le plus de bruit. (J.-J. Rouss.) Je postu-
lerai fort et ferme une place dans votre aca-
démie. (Volt.) L'établissement de /'Académie
française suffirait seule pour immortaliser le
nom de Richelieu. (Parny.) La dissertation sur
le Cid, quoique injuste dans plusieurs parties,
commença dignement la carrière de /'Académie.
(A. Guiraud.) L'Académie des sciences morales
et politiques est le lieu de déportation pour les~
esprits gruvs; une fois là ils se tiennent tran-
quilles. (Balz.J Jl est d'usage de vivre long-
temps à f Académie. <Ste-Beuve.) Etienne eut
cela de piquant dans sC vie d'être reçu deux
fois à /'Académie française. (Ste-Beuve.)
— Division de l'Université de France, diri-
gée par un recteur : Il y a aujourd'hui vingt-
six académies universitaires. Les académies
de Rouen, de Bordeaux, de Strasbourg. Un
officier, un membre, un inspecteur de /'Acadé-
mie de Paris,
— Ecole publique de dessin, d'architecture,
de peinture : Dans les académies, il y a un
professeur d'anatomie et an professeur de per-
spective; on y joint encore un professeur d'ar-
chitecture. Ces professeurs doivent enseigner
aux élèves, non-seulement tes règles de lart,
mais aussi la partie pratique. (Millin.)
— Dessin et peint. Figure entière, peinte
ou dessinée d'après un modèle nu, et qui ne
doit pas entrer dans la composition d'un ta-
bleau. Ce mot est plus particulièrement em-
ployé dans le dessin : Cet élève en est aux
académies; il dessine urte~ACADÉMiE,
— Se disait autrefois du lieu où l'on appre-
nait l'équitation, 'l'escrime et autres exercices
corporels : Quoiqu'il eût médiocrement réussi
à l' académie, il avait, dans le geste et dans
"toutes tes manières, une grâce ir./inie. fSt^Sim.)
— Collectif. Ceux qui fréquentent d'ordi-
naire une académie : Ce jour-là tel écuyer fit
monter à cheval son académie.
— Faire son académie, ses académies, Suivre
l'académie, apprendre les armes et, en général,
tous les exercices du corps qu'on y enseignait :
Sans avoir fait son académie, un voyageur
monte à cheval. (J.-J. Rouss.) Les élégants,
les oisifs faisaient leurs académies, elles étaient
encore exigées dv jeune homme qui devait se
marier. L'art de la natation, de l'equitation, de
ACA-
la danse, du tir à l'epée, au pistolet, entrait,
alors dans l'édueation des gentilshommes. (R. de
Beauv.) Quelques-uns ne faisaient leurs aca-
démies que pour plaire à leur famille. (R. de
Beauv,) it Tenir académie, Enseigner l'es-
crime, la natation et tous les exercices du
corps.
— Signifiait aussi fam. Tripot, maison de
jeu : II aperda son argent dans une académie.
Les académies de jeux sont souvent des coupe-
gorges. Le titre «('académie a tellement été
prodigué en France, qu'on l'a donné pendant
quelques années à des assemblées de joueurs
qu'on appelait autrefois, des tripots : on disait
des académies de jeu. (Volt.) Ma maison n'est
point une académie. (Picard.)
— Par ext. Académie des jeux, Livre où l'on
donne les règles de tous les jeux de cartes.
ACADÉMIES EN FRANCE. V Ecole palatine,
sous Charlemagne, était déjà une sorte d'aca-
démie dans l'acception générale que les mo-
dernes donnent à ce nom. Dès les premiers
temps de la littérature romane, les pays de
la langue d'oc eurent leurs Collèges de la
Gaie science, leurs Jeux Floraux, sociétés qui
avaient pour but la culture de la poésie et de
l'élégante littérature des troubadours. La
France septentrionale eut, dès le xii" siècle,.
ACA
43
ses Puys,' réunions littéraires destinées sur-
tout à couronner les plus belles poésies sur la
sainte Vierge. En 1570, il s'établit à Parts une
tait encore en 1584.
Mais les véritables académies ne datent, en
France, que du xviie siècle.
ACADÉMIE FRANÇAISE. Cette société cé-
lèbre doit son origine au cardinal de Riche-
lieu. 11 entrait dans la pensée de ce grand po-
litique d'asseoir le crédit de la France près
des autres nations, non - seulement par la
puissance de ses armes et de son unité, mais
aussi par l'influence de sa langue et de sa lit-
térature. En ce temps, quelques gens de let-
tres, a l'imitation de ce qui se faisait déjà du
temps de Ronsard, avaient coutume de se réu-
nir périodiquement chez l'un d'entre eux, Va-
lentin Conrart, pour y converser sur les su-
jets littéraires; le ministre conçut le projet de
donner une existence légale à cette associa-
tion. Le 2 janvier 1635, l'Académie française
reçut ses lettres patentes , signées du roi
Louis XIII. Le Parlement, jaloux de sentir
l'autorité des lettres se constituer ainsi dans
l'Etat à côté de la sienne, refusa pendant deux
ans de les enregistrer. Le premier but assigné
aux travaux de l'Académie française était
d'épurer et de fixer la langue. A 1 époque de
la Révolution, soupçonnée de sentiments mo-
narchiques, et accusée de constituer une aris-
tocratie intellectuelle, elle fut supprimée, le
8 août 1793, par un décret de la Convention, et
incorporée, en 1795, dans l'Institut national,
sous le nom de classo de la langue et de la
littérature françaises. La Restauration lui ren-
dit l'organisation qu'elle avait eue dans l'ori-
gine. La Révolution de Juillet, celle de Fé-
vrier et le second Empire n'y ont introduit
aucun changement. La première édition du
dictionnaire de l'Académie parut en lG94,et la
sixième, qui est la dernière, en 1835. Le dis-
cours préliminaire, morceau remarquable à
plusieurs titres, est de M. Villemain. L'Acadé-
mie française se compose de quarante mem-
bres , appelés les quarante Immortels. Ils
sont nommés par voie d'élection, et les candi-
dats ne peuvent arriver au fauteuil qu'après
avoir eux-mêmes sollicité cet honneur ; de
plus, leur nomination est soumise à l'agrément
au souverain. L'opinion publique s est plu
quelquefois à donner à l'Académie françaiso
le nom d'ffàtel des Invalides de la littérature^
parce qu'on l'a vue souvent se recruter parmi
les gens de lettres dont la carrière était ter-
minée. {Y.. ** Supplément.)
HISTORIQUE DBS QUARANTE FAUTEUILS
DEPUIS 1634 JUSQU'EN 1869.
L
1634 P. Bardin.
1637 Nicolas Bourdon.
1044 Salomon.
1670 Ph. Quinault.
1689 Fr. de Caillèrea.
1711 Card. de Fleury.
1743 Card. de Luynes.
1783 Florian.
1793 Volncy.
1841 Comte de Saint-Aulaire.
1855 Duc de BrogLie.
H.
1634 P.Haydu _
1637 Pcrrot d'Ablancourt.
1664 Bussy-Rabutin. '
1693 Paul Bignon.
1743 Jérôme Bignon.
1772 Q.-P. de Bréquigny.
1796 Ecouchard Lebrun.
1807 F.-J.-M. Raynouard.
1836 Mignet.
III.
1634 Ph. Hubert.
1B37 S. Esprit.
1678 J.-N. Colbert, archev.
1707 Fraguier.
1728 Abbé Rothelin.
1744 G. Girard.
1748 Paulmy d'Argenson.
1787 J.-B. d'Aguesscau.
1826 Brifaut.
1838 J. Sandeau.
1730 La Paye.
1731 Crébilloo.
1762 Voisenon.
1776 Boisgelin, archev.
1803 Dureau de la Malle.
1807 Picard.
1839 Arnault.
1635 Auger de Mauléon.
1639 Daniel de Priézac.
1C02 Michel Le Clerc.
1693 J. deTourreil.
1714 J. Roland Malet.
1736 Boyer, éveq.
1856 De Fallou
1634 Arbaud de Porchères
1640 Olivier Patru.
1681 N. Potier de Novlon
1693 P. Goibau Du Bois.
1694 Ch. Boileau.
1704 Gaspard Abeille.
1718 N.-H. Montgault.
1747 Ch. Duclos.
1772 N. Beauzée.
1789 J.-J. Barthélémy.
1795 Cambacérès.
1816 De Bonald.
1841 Ancelot.
1854 E. Legouvé.
1808 Destutt de Tracy.
VIII.
I6J6 P. du'Ryer.
1715 Marée. d'Estrcës.
1738 La Trémouille.
1741 Card. de Rohan-Soubisi
1757 Montant, archev.
1788 Boufilers.
1815 Baour-Lormian.
1647 P. Corneille.
168S Th. Corneille.
1710 Boudard de la :
1731 Bussy-Kabutin,
1737 Fonecmagne.
1795 Naigeon.
1810 Nép. Lemercier.
1841 Victor Hugo.
1048 J. Ballesdens.
1675 Cordemoy.
1695 C. de Saint-Pierre.
1743 Maupertuis.
1634 Cauvigny-Colomby.
S!Bi
1655 La Mesnardière.
1665 De Saint-Aignan. (F.)
1687 F.-T. de Choisy.
1823 Duc de Montmorei
1649 Mézerny.
1683 Barbier d'Ancour
1694 Clermont-Tomien
1701 N. Malézicu.
1727 3. Bouhier.
1747 Voltaire.
1779 J.-F. Ducis.
XIII.
Sirmond.
de Montreuil.
1634 Vaugelas.
1649 Scudéry.
1668 P. Dangeau.
1720 Maréch. de Richelieu.
1789 D'Harcourt.
1793 Lacuée de Cessac.
1841 De Tocqueville.
1634 B. Baro.
16S0 J. Doujat.
1689 E. Renaudot.
1720 E. de Roquette.
1725 Gondrin d'Antin, .
1733 Dupré de Saint-M;
1774 Malesherbes.
1795 Rœdcrer.
1816 Duc de Lévis.
1830 Ph. de Ségur. '
XVII.
1634 Cl. l'Etoile. -
1652 A. Coislin.
1704 P. Coislin.
1710 H.-C. Coislin, évéq.
1733 Surian, éveq.
1754 D'Alembcrt.
1784 Choiseul-Gouffler.
1803 Portalis.
1807 Laujon.
1817 Laya.
1833 Ch. Nodier.
1844 Mérimée.
1771 Du ]
1775 De Duras.
1795 Abbé Villar.
1826 Féletz.
1850/ Nisard,
XIX. •
1634 Balzac.
1654 H.-P.deBeaumont,arch.
1671 Fr. de Harlay, archev.
1695 André Dacier.
1722 Card. Dubois.
1724 HénauU,
1771 De Ueauvau.
1810 Saint-Ange-
1811 • Parseval-Grandmaison.
1835 Salvandy.
1857 E. Augier.
1634 Laugicr-Porchcrcs.
1654 De-Chaumont.
1697 Cousin.
1707 Valon de Mimeure,
1719 N. Gédoyn.
1744 Card. de Bernis.
1797 F. de Neufchâteau.
1828 P.-A. Lebrun.
XXI. ■
1634 Germain Habert
1655 Cotin.
1682- L. Dangeau.
1811 Ch. Lacretelle
1856 J.-B. Biot.
1863 De Carné.
XXII.
1634 Servien.
1659 Villayer.
1691 Fontenelle.
1757 A.-L. Séguiçr
1814 1
1824 !
1071 Ch, Perraul
1704 Card. de Ro
1749 Vauréal.
1760 La Condamine.
1774 J. Delille.
1813 Campenon.
1844 Saint-Marc Girardi
(A.-G
XXIV.
1634 Saint-Amant.
1661 J.-C. Cassagne.
1679 DeCrecy.
1710 Ant. de Mesmes.
1723 J. Alary.
1868 Claude Bernard.
1683 La Chapelle.
1723 D'Olivet.
1768 Condillac.
1780 Tressan.
1784 Bailly.
1822 Frayssinous, é'
1842 Pasquier,
1662 Segrais.
1701 Campistron.
1723 Destouches.
1754 Boissy.
1788 Sainte-Palaye.
1795 M.-J. Chénier.
1811 Chateaubriand.
1849 De Nouilles.
XXVII.
1634 Bautru de Séran.
1665 J.Teslu.
1700 M. de Saiut-Aulaire.
1743 Mairan.
1771 François Arnaud.
XXVIII.
1634 Louis Giry.
1665 Cl. Boyer.
1698 Cl. Gencst.
1720 Abbé Dubos.
1742 Du Rewel.
1761 Saurin.
' 1796 Legouvé. '
1812 Alex. Duval.
1842 Ballanche.
1818 Vatout.
1849 De Saint-Friest.
1852 P.-A. Berryer.
1869 De Champaeny.
1785 Morellet.
1810 Lémontey.
1826 Fourier.
1830 Cousin.
1867 Jules Favre.
XXX.
1634 J. de Silhon.
1660 J.-B. Colbert.
1684 La Fontaine.
1695 Clairembault.
1714 Cl. Massieu.
1723 C.-F. Houteville.
1743 Marivaux.
1763 Radonvilliers.
1798 Arnault.
1810 De Richelieu.
1822 B.-J. Dacier.
1833 Tissot.
1854 Dupanloup, évêq.
XXXI.
1635 M.-C. de la Chambre.
1670 Régnier Desmarais.
1713 La Monnoyo.
1727 La Rivière.
1730 Hardion.
1766 Thomas.
1766 Guilbcrt.
1795 Fortunes.
1634 Racan.
1670 P.-C. de la Chambre.
1693 La Bruyère.
1720 J
1736 Scguy.
1761 Rohan-Gt
1793 Target.
1806 Card. Maury.
1815 F.-X. Montesquioi
1832 Jay.
1854 S. de Sacy.
XXXIII.
163S D. Hay du Chastelet.
1671 Bossuet.
1704 Card. de Polignac.
1742 Giry de Saint-Cyr.
1761 Batteux.
1780 Lemicrre.
1803 Lucien Bonuparte.
XXXIV.
1634 Godeau.
1673 Fléchier
1803 Maret.
1816 Laine.
1836 E. Dupaty.
1034 De Bourzcys.
1673 Gallois.
1708 Mongin.
1721
t. Boivi
. ._! P.-H. Saint-Aignnn.
1776 Colardeau.
1776 La Harpe.
1803 Lacretelte fttné.
' 1824 Droz.
1851 Montalembert.
XXXVII.
1634 Chapelain.
1674 Benscrade.
1091 E. Pavillon.
1705 Sillery.
1726 Mirabaud.
1761 Watelet.
1786 Sednine.
1803 Devaines,
1803 Parny.
1815 De Jouy.
1847' Empis.
1S09 Barbier.
1675 Rose.
1701 Louis de Sacy.
1728 Montesquieu.
1756 Chateaubrun.
1776 Chastellux, '
1789 Nicolal.
1803 De Ségur.
1830 Viennet.
1863 D'HaussonvilIe.
1676 J. de Mesmes.
1688 Mauroy.
1706 Abbé do Louvois.
1719 Massiîlon.
1743 De Nivernois.
1803 RegnaultS,-J.-d'Angely
1816 Laplace.
1827 Royer-Collard.
1847 Rémusat.
■ 1679 Lavau .
1771 Boqtielaun
L'esprit français s'est souvent égayé aux
dépens des académies et de l'Académie fran-
çaise en particulier. Voici quelques-unes de
ces spirituelles boutades :
— Anecdotes. Un jour que l'on ne s'enten-
dait pas dans une dispute à l'Académie, M. de
Mairan dit : ■ Messieurs, si nous ne parlions
que quatre à la fois ?.•
L'abbé Trublet faisait solliciter le fauteuil
académique, et alléguait qu'il était malade de
chagrin de n'y point arriver. « L'Académie, dit
Duclos, n'a point été établie pour les incu-
V Académie française est l'objet secret des
vœux des gens de lettres. C'est une maîtresse
contre laquelle ils font des chansons et des
èpigrammes jusqu'à ce qu'ils aient obtenu ses
fuveurs, et qu'ils négligent dès qu'ils en ont la
possession. (Voltaire.)
Un membre de V Académie de Châlons énu-
mérant un jour toutes les prérogatives de cette
académie, finit par dire qu'elle était la fille de
l'Académie française. Voltaire, qui l'écoutait,
répliqua . «Assurément; et c'est une bonne
fille qui n'a jamais fait parler d'elle. ' .
On discutait un jour, chez M. Guizot, les
titres d'un candidat à l'Académie, Quelques-
uns voulaient voter pour, d'autres voulaient
voter contre lui. « Pour moi, dit le célèbre
ministre, je lui donne ma voix ; car enfin, on a
beau dire, je lui trouve les qualités d'un véri-
table académicien. D'abord, il se présente bien,
il est très-poli, il est décoré, il n'est d'aucune
opinion ; je sais bien qu'il a ses ouvrages, mais,
Un auteur de quelques vaudevilles aujour-
d'hui oubliés, mais spirituels d'ailleurs, venait
d'obtenir un fauteuil vacant à V Académie
française : « Tiens l dit, en apprenant son élec-
tion, un de ses concurrents désappointé, je
croyais qu'on arrivait a l'Institut par le pont
des Arts ; mais il parait que c'est par le Pont-
Neuf. » Pour l'intelligence de ce mot, il est
nécessaire de savoir que le pont des Arts est
en face du palais de l'Institut, où siège l'Aca-
démie, et que pont-neuf était autrefois le nom
de chansons vulgaires qui se débitaient sur le
Pont-Neuf, à Paris.
M. Ferret était un habile mécanicien, parti-
culièrement adonné à l'horlogerie, mais aussi
prolixe qu'ennuyeux dans ses dissertations.
Un jour qu'il lisait k l'Académie de Marseille,
dont il était membre^ un long traité sur l'é-
chappement, un de ses confrères écrivit sur
un morceau de papier les quatre vers suivants :
Ferret, quand de l'échappement
Il remet ce billet à son voisin et sort. L'écrit
passe de main en main ; chacun le lit à son
tour, rit et s'en va. Le dernier enfin jette le
billet sur la table, suit l'exemple des autres, et
M. Ferret reste seul entre le président et le
, font pas faute de partager l'hi
larité générale.
Le docteur Hill, piqué contre la Société
royale de Londres, qui avait refusé de l'ad-
mettre au nombre de ses membres, s'en vengea
de la manière suivante. Il imagina d'adresser
au secrétaire de cette académie, sous le nom
supposé d'un médecin de province, le récit
d'une cure récente dont il se disait l'auteur :
« Un matelot,-écrivait-il, s'était cassé la jambe.
J'ai eu l'idée de rapprocher les deux parties,
et de les arroser d eau de goudron, après tes
avoir assujetties avec une ficelle. En très-peu
de temps, le malade a senti l'efficacité du
remède, et il n'a point tardé à se servir de sa
jambe comme auparavant. ■ Ce récit produisit
d'autant plus d'impression, qu'un fameux doc-
teur venait de faire paraître son livre sur les
vertus de l'eau de goudron. La relation du
prétendu médecin de province fut donc lue et
écoutée sérieusement dans la séance publique
de la Société royale , et l'on y disputa de la
meilleure foi du monde sur cette cure mer-
veilleuse. Les savants académiciens se divi-
sèrent, et beaucoup finirent par trouver dans
l'eau de goudron des propriétés qui expli-
quaient parfaitement le phénomène. On allait
imprimer pour et contre, lorsque la Société
royale reçut une seconde lettre du médecin
de province, qui écrivait au secrétaire : « Dans
ma dernière, j ai omis de vous dire que la jambe
cassée du matelot était une jambe de bois. »
La plaisanterie ne tarda pas a se répandre, et
divertit beaucoup les oisifs de Londres, aux
dépens de la Société royale.
Quand L. B. se présente,
Pourquoi donc tant crier haro?
Pour faire un chiffre de quarante,
Ne fallait-il pas un zéro?
ACA
...Toul ensemble ils ne font rien qui vai
Voila six ans que sur l'P on travaille,
Et le destin m'aurait fort obligé.
S'il m'avait dit : Tu vivras jusqu'au G.
L'abbé de Bois-Roheb
En France on fait, par un plaisant moyen,
Taire un auteur quand d'écrits il assomme;
Dans un fauteuil d'académicien.
Lui quarantième, on fait asseoir notre homme :
Lors il s'endort et ne fait plus qu'un somme;
Au bel esprit ce fauteuil est, en somme,
ACADÉMIE FRANÇAISE {ï-li QUARANTE ET
unième fauteuil de l'). Nom sous lequel on
désigne un fauteuil imaginaire, qui est censé
avoir été occupé, depuis la fondation de l'A-
cadémie française, par des écrivains célèbres
quo l'illustre compagnie n'a point admis dans
son sein. Le nombre en est grand, et il nous
faudra citer seulement les plus connus, en
procédant par ordre chronologique.
Descartes. C'est de lui que date, en France,
la vraie liberté de l'esprit. Aussi grand écri-
vain que profond penseur, l'autour du Discours
sur la Méthode réunissait tous les titres pour
taire partie dés quarante élus de Richelieu,
mais on oublia celui dont la modeste devise
était : Qui bene latuit bene vixit.
Scarron. On ne prit jamais au sérieux l'au-
teur du Jioman comique et du Virgile travesti,
ce Rabelais cul-de-jatte, aussi railleur que
Voltaire, et que l'on surnommait le Vulcain de
l'Olympe de Louis XIV. Il était pauvre ; il ne
fut rien.
Pascal. Ktrange contraste! Au rieur ob-
stiné, bouffon, succède l'austère figure de
Pascal. Qu'était-ce qu'un titre pour celui
qu^effrayait l'infini , et qui s'écriait : « Que
suis-je? • Il avait écrit les Provinciales et
élevé le style , dans ces pages éloquentes , à
sa plus,haute perfection; il négligea de ras-
sembler les feuillets épars de ses Pensées et
ne songea point à l'Académie.
Molière. L'auteur de tant de chefs-d'œu-
vre immortels fut le philosophe de la raison
comme Pascal avait été celui de la foi; le
premier et le dernier mot de la comédie fran-
çaise, celui dont on a pu dire que le passé tuait
l'avenir. Molière était comédien, et le préjugé,
alors dans sa foie.:, ne permit pas k l'auteur
du Misanthrope d'entrer à l'Académie. Mais,
après sa mort, son buste fut placé dans la
salle des séances, et Saurin lui ht ce vers :
Eien ne manque & sa gloire, il manquait à la nôtre.
La Rochefoucauld. L'auteur des Maximes,
celui qui fit la guerre aux rois et l'aurait faite
aux dieux, refusa de se présentera l'Académie,
« parce que, disait-il, il m'est impossible de
prononcer une harangue 'de quelques lignes. »
Arnauld d'Andilly. Il préféra vivre pi
pour
D d Andilly. Il pi
e libre. L'Acade
ouvrit spontanément ses portes, mais ce grand
esprit repondit en souriant : • N'avons-nous
pas une académie à Port-Royal? ■ C'est de-
puis ce refus irrévérencieux que l'Académie
modifia son règlement, et qu'elle obligea tout
candidat aux visites aujourd'hui en usage.
Bayle. L'auteur du Dictionnaire historique
et critique fut à lui seul une académie. Celui
dont on a dit : « Tout est dans Bayle , mais il
faut l'y trouver « , travaillait quatorze heures
par jour ; aussi mourutril sans avoir trouvé le
temps de se présenter.
Regnard. Le continuateur de Molière ai-
mait trop les aventures pour se soucier beau-
coup dé ses rimes ; plus désireux de sabler le
Champagne que jaloux de sa renommée lit-
téraire, il oublia l'Académie et mourut dans
l'impénitence finale.
Le premier de nos lyriques
eût sans doute occupé le fauteuil académique,
bien que fils d'un cordonnier ; mais l'auteur de
l'Ode à la Fortune mourut en exil pour d'in-
fâmes couplets qu'il n'avait peut-être point
composés.
Vauvenakgues, Le doux Vauvenargues ,
comme on l'a appelé , est tout entier dans ces
mots : « Les grandes pensées viennent du cosur. »
Il ne sut écrire que parce qu'il savait penser.
Son existence maladive , sa mort précoce, ne
laissèrent point à l'Académie le temps d'élire
le jeune ami de Voltaire.
Le Saoe. L'impitoyable auteur de Twcaret
et de Gil Bios épousa la fille d'un menuisier.
Hautain avec les grands et les financiers,
pauvre et orgueilleux, il fut dédaigné par l'A-
cadémie pour n'avoir point écrit de tragédies.
É Prévost. C'est à lui qi
is devons
charmante qui s appelle Manon
Lescaut, et qui dispute à Gil Bios la première
place dans le genre du roman.
ACA
. PreoN. Il se-présenta aux quarante comme
auteur de la Métromanie; tout le monde con-
vint qu'il avait mérité le ^fauteuil , mais on
lui opposait certaine ode, chef-d'oeuvre de liber-
tinages La séance où l'on discuta sa candi-
dature fut très-animée. Fontenelle, que son
grand âge avait rendu presque sourd, y assis-
tait. Voyant tout ce mouvement, il demanda à
son voisin ; ■ De quoi s'agit-il? — De Piron,
qui voudrait être de l'Académie. — Eh bien?
— On croît qu'il a fait la fameuse ode que
vous savez. — Oui, oui ; s'il l'a faite, il faudra
bien le sermonner; mais s'il ne l'a pas faite, il
ne faut pas le recevoir. • Piron fut enfin élu,
mais Louis XV refusa de ratifier son élection.
rancune à l'Académie
pigrammes. La dernière fut sa propre épitaphe :
Ci-g!t Piron, qui ne fut r;
Pas même académicien.
J.-J. Rousseau. « Ce génie aux larmes
amères » succéda au joyeux Bourguignon dans
le quarante et unième fauteuil ; on ne voulut pas
a l'Académie de ce farouche humanitaire, dont
Boufflers avait dit, en le comparant à La Fon-
taine pour sa gaucherie et ses distractions:
« C'est le bonhomme méchant, »
DipKROT. Ce soleil de toute une époque s'est
élevé un temple immortel, quoique déjà ruiné,
Y Encyclopédie, d'où la révolution est sortie
tout armée. Il était de ceux qui croient que les
esprits libres vivent d'espace comme les aigles :
aussi n/a-t-il jamais pensé à l'Académie, qui
Mably. Le savant publiciste qui niait la
famille et la propriété répondit à ceux qui
l'engageaient a se présenter : « Si j'étais de
l'Académie, on dirait peut-être : Pourquoi en
est-il ? J'aimo mieux entendre dire : Pourquoi
n'en est-il pas? •
André Chémer. La faux révolutionnaire
s'est trompée le jour où elle a moissonné le
dernier poëte grec et J'amant de la liberté ; ses
plus beaux vers sont le chant du cygne ; il est
J~ l'Académie du génie. «L'art ne fait que des
rs, le cœur seul est poëte. «
Beaumarchais. Le ûesgri,
Chamfort et Rivarol. Ils remplacent Beau-
marchais. C'était l'esprit succédant à l'es-
prit, le dernier éclair de la gaieté française, la
dernière -fusée de cet éblouissant feu d^artifice
du xvino siècle.
P.-L. Courier. Ce délicat, cet Athénien du
siècle d'Isocrate, cachait sous le harnais de
l'artilleur et sous la blouse du vigneron des
trésors d'espritet d'érudition ; il vint apprendre
à la France, après un long interrègne, que la
langue avait encore des amants passionnés.
La grâce d'Amyot revécut dans les pamphlets
du malin Tourangeau, qui, repoussé de l'In-
stitut, n'alla point frapper une seconde fois
aux portes du palais Mazarin.
Balzac. Etrange créateur, puissante indivi-
dualité, il ne fut jamais un écrivain dans la
véritable acception du mot ; l'Académie a pro-
testé de son respect pour la forme en lui pré-
férant M. Mérimée.
Lamennais. Ce philosophe farouche , qui
« passa de l'infaillibilité du pape a l'infaillibi-
lité du peuple, » et de saint Bernard à Jean-
Jacques , préféra le fauteuil solitaire des
penseurs.
Gérard de Nerval. L'auteur charmant du
Voyage en Orient, le poète doublé d'un philo-
sophe, eût fini peut-être par s'asseoir sous la
coupole académique ; mais l'amour et l'amitié
firent défaut à cet enfant rêveur, que tua le
dégoût.
BÉRANGER. Pour lui, dérogeant il sa dignité,
l'Académie fit les avances, mais le Tyrtée mo-
derne refusa par une chanson, et, comme au
temps d 'Arnauld, l'éminente assemblée jura,
mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Tant de grands nojns, nous en passons, et
des meilleurs, justifieraient-ils Voltaire d'avoir
défini l'Académie, « un corps où l'on reçoit des
fens titrés, des hommes en jilace, des prélats,
es gens de robe, des médecins, des géomètres,
et même des gens de lettres? ■ C'est une ques-
tion à laquelle il serait imprudent de répondre.
ACA
Si, a ce quarante et unième fauteuil, destiné
au sexe fort, il était permis d'en ajouter pour le
sexe faible, pour la femme, voici les académi-
ciennes que l'on pourrait y faire asseoir :
M>nes Scudéry, Sèvigné, Deshoulières, de La
Fayette, Dacier, Cotin, de Staël, de Girardin,
Desbordes- Valmore, et, par dessus tout,
Mat George Saud.
Académie de» Sciences. Elle fut fondée en
16S0, par Colbert, et ne reçut l'approbation de
Louis XIV qu'en 1039. Elle ne contenait d'a-
bord que les sections de géométrie, d'astrono-
mie, de mécanique, d'anatomie, de chimie et
de botanique, vers la fin du xvme siècle, le
progrés général des connaissances et le dé-
veloppement considérable qu'avaient pris cer-
taines branches d'abord peu importantes ren-
dirent nécessaire la création de places nou-
velles pour la minéralogie, l'histoire natu-
relle, l'agriculture et la physique. A la Révo-
lution française, l'Académie des Sciences de-
vint la première classe de l'Institut. La
Restauration rétablit l'Académie des Sciences
sur une base analogue à celle qu'elle avait an-
ciennement. On peut la regarder —
Elle publie des mémoires sur toutes les parties
des sciences naturelles, physiques et mathé-
matiques. Elle se compose de soixante-cinq
membres titulaires, partagés en onze sec-
tions : l° géométrie; 2U mécanique; 3" astro-
nomie ; 4° géographie et navigation ; &o phy-
sique générale ; 6» chimie ; 7" minéralogie ;
S» botanique; Oo économie rurale; 10» anato-
mie et zoologie; 11° médecine et chirurgie.
Chaque section compte six membres, sauf la
quatrième, qui n'en a que trois. Il y a de plus
deux secrétaires perpétuels, qui sont aussi
membres titulaires, mais sans faire partie
d'aucune section; dix membres libres; huit
associés étrangers, et un grand nombre de
membres correspondants français ou ètran-
Acndcraie de* Inscription* el Belles- I.ct-
ire». Elle se composait originairement (16G3)
de quatre membres choisis par le ministre
Colbert parmi ceux de l'Académie française ;
ils se réunissaient dans un salon du Louvre, et
avaient pour mission de composer les inscrip-
tions des monuments élevés par Louis XIV et
des médailles frappées en son honneur : d'où
le nom primitif d'Académie des Inscriptions
et Médailles, et celui de Petite Académie. Ce
fut en 1701 seulement qu'elle reçut Son pre-
mier règlement, qui lui donnait le nom d'Aca-
démie des Inscriptions et Belles-Lettres. En
1712, son établissement fut confirmé par des
lettres patentes de Louis XIV ; et enfin, sous
la Régence, elle reçut encore quelques perfec-
tionnements et joignit a son titre de Belles-
Lettres celui d'Inscriptions. A la Révolution,
elle perdit son nom et devint la troisième classe
de 1 Institut, ou la classe d'histoire et de litté-
rature ancienne, nom qu'elle garda jusqu'à la
Restauration. Elle est aujourd'hui l'arbitre de
la critique et de l'érudition appliquées à l'his-
toire et à l'archéologie. Depuis 1717, elle pu-
blie de précieux mémoires, et s'est en outre
donné pour mission de continuer les travaux
historiques des bénédictins.' Elle a quarante
membres, et, de plus, dix membres libres.
que». Elle fut fondée par la Révolution fran-
çaise en 1795, lors de la création de l'Institut,
dont elle était la quatrième classe. Supprimée
par Napoléon en 1803, elle fut rétablie par le
gouvernement de Louis-Philippe, le 27 octobre
1S32, sur le rapport de M. Guizot, alors nii-
nistre de l'instruction publique. Ses membres
Sont au nombre de cinquante, nommés au
scrutin secret par chacune des académies. Elle
a cinq associes étrangers et des correspon-
dants dont le nombre ne peut pas dépasser
quarante. Elle se divise en cinq sections :
lo philosophie; 2» morale; 3° législation, droit
public et jurisprudence ; 4° économie politique
et statistique ; 5° histoire générale et philoso-
phie. Elle publie des mémoires et décerne des
prix.
Académie de* Beanx-An*. Elle est, h pro-
prement parler, la plus ancienne de nos aca-
démies ; car on trouve déjà des traces d'une .
association parmi les peintres dès le xive siècle.
Cen'estqu'en l648quellereçutuneautorisation
royale sous le nom d'Académie de peinture et
de sculpture. Elle fut définitivement constituée
en 1055 par le cardinal Mazarin. En 1071, Col-
bert créa une Académie d'architecture oui vé-
cut à côté de la première jusqu'à la Révolution.
A cette époque, ces deux institutions furent
incorporées dans la quatrième classe de l'Ins-
titut, qui reçut en 1819 une organisation défi-
nitive sous le nom d'Académie des Beaux-Arts.
Composée de quarante membres , l'Académie
des Beaux-Arts est divisée en cinq sections :
peinture, sculpture, architecture, gravure, mu-
sique. Elle dirige les concours, distribue les
grands prix de Rome, présente les candidats
pour les places de professeurs aux écoles des
Beaux-Arts, etc.
— Ces cinq académies : l'Académie fran-
çaise, l'Académie des Sciences, l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie
des Sciences morales et politiques, l'Académie
des Beaux-Arts, siègent au palais Mazarin, a
Paris, et sont désignées sous le nom collectif
d'Institut.
Frases à Home. Ecole de
ACA
beaux-arts, fondée à Rome par Colbert, en
1666, et où sont envoyés chaque année, aux
trais de l'Etat, tes jeunes artistes, peintres,
sculpteurs, architectes, graveurs, musiciens,
riui ont obtenu les grands prix, au jugement de
1 Académie des Beaux-Arts de Paris.
Académie de M«*lque. V. OPÉRA.
Académie de Médecine, fondée en 1820,
avec la mission d'éclairer le gouvernement
sur toutes les questions d'hygiène publique
et de continuer les travaux de la Société
de médecine et de Y Académie de chirurgie, dis-
soutes en 1793. Elle publie des Mémoires. Elle
a quarante membres titulaires, plus des asso-
ciés libres, français et étrangers. Elle se divise
en onze sections : 1» anatomie et physiologie;
2" pathologie médicale; 3° pathologie chirur-
gicale; 40 thérapeutique et histoire naturelle
médicale ; 5°.médecine opératoire ; 6° anatomie
pathologique: T> accouchements; 8» hygiène
publique, médecine légale et police médicale ;
9° médecine vétérinaire; îoo physique et chi-
mie médicales; 11» pharmacie.
et la littérature italiennes. Son nom même était
un symbole. En effet, Crusca signifie en italien
le sou qui reste quand la farine est blutée. La
société indiquait ainsi qu'elle voulait en quelque
sorte bluter la langue pour en séparer le pur
froment du son. Ses armes étaient un blutoir
avec cette légende : II piû bel fior ne cogli
(elle en. recueille la plus fine fleur). Son voca-
bulaire de la langue italienne, dont la première
édition est de 1612, est resté le modèle des ou-
vrages de ce genre.
Académie de». Arcudes (ou plus correcte-
ment des Arcadiens) , établie à Rome en 1600,
par le jurisconsulte G ravina. Chaque membre
était inscrit sous le nom d'un berger à'Arcadie.
La société publie un recueil mensuel où se
trouvent souvent de précieuses dissertations
d'archéologie et d'histoire.
Académie dei Cimento, fondée à Florence,
en 1G5T sous la protection du prince Léopold,
depuis cardinal deMédicis. On-y vit siéger tes
hommes du plus grand mérite : Borelli. Vivani,
Magalotti, etc. Elle s'occupait spécialement
des sciences physiques ; ses expériences sur le
son, sur la lumière, sur la comprcssibilité de
l'eau, etc., marquent les premiers pas de la
méthode expérimentale.
Académie des Curieux de la nature , fondée
en Bavière, vers 1652, par le médecin Bausch,
et qui reçut depuis le nom de Léopoldine.
Académie dei Science» de Berlin, fondée
par Frédéric 1er en 1700, jeta un vif éclat sous
le grand Frédéric. Ses mémoires étaient alors
écrits en français.
Académie de» Sciences de Salnt-Péter»-
bourg. Pierre le Grand en donna le plan, Cathe-
rine Ire l'organisa. Elle publie des mémoires
depuis 1728.
Académie OU Société royale de Londre»,
fondée en 1645 ; elle siégea dans l'origine à
Oxford. Elle publie, sous le nom de Transac-
tions philosophiques, un recueil scientifique de
la plus haute valeur.
On distingue encore la Société royale d'E-
dimbourg, fondée en 1731 ; l'Académie d'Upsal,
instituée en 1710; l'Académie des Sciences de
Stockholm, établie en 1739 ; X Académie royale
de Madrid, fondée en 1713; Y Académie des
Sciences de Turin; Y Académie des Sciences de
Boston, etc.
A côté des académies scientifiques et sé-
rieuses, nous avons eu, surtout eu France, les
académies plaisantes, dont les portes s ou-
vraient devant quiconque avait de l'originalité
ou de l'esprit. Telle était, à l'époque de la Ré-
volution, Y Académie des Anes. Chaque membre
avait nom membrane, et s'obligeait à prendre,
en entrant dans la joyeuse compagnie, un
nom tiré du genre d'études qu'il avait cultivées,
et où le mot àne, patron de l'académie, devait
flamboyer dans toute la splendeur de ses trois
lettres. Gaspard Monge, fondateur do l'Ecole
polytechnique, et dont la femme s'appelait
Lise, avait pris pour nom Analyse. On y
voyait également un latiniste célèbre, un mé-
decin, un homme d'église, un industriel, qui se
nommaient anathème, anapeste, anabaptiste,
anagramme. La difficulté de trouver un nom
qui remplit ces conditions, écarta même de la
célèbre académie des ânes un grand nombre de
candidats.
Ces sortes de réunions sont très-nombreuses
en Angleterre. V. Club,
Académie Française (LETTRE A l'), par
Fénelon. Cet ouvrage fut le dernier écrit de
l'illustre auteur du Télémaque ; il le com-
posa pour répondre au désir de l'Académie,
oui l'avait consulté sur les travaux qu'elle
devait achever ou entreprendre. Il y traite
successivement du dictionnaire, de projets
de grammaire, d'enrichissement de la lan-
gue , d'une rhétorique , d'une poétique , de
trois traités distincts sur la tragédie, sur la
comédie et sur l'histoire. Il répond à une ob-
jection qu'on pouvait opposer à ces divers
projets, et termine par des considérations sur
les anciens et sur les modernes.
« On trouve partout dans cet ouvrage, dit
M. Villemain, cette autorité douce et persua-
sive d'un homme de génie vieillissant qui dis-
riche et plus heui
pies. Féneton les cite avec éloquence, parce
qu'ils sortent de son âme plus que de sa mé-
moire; on voit que l'antiquité lui échappe de
toutes parts. Mais, parmi tant de beautés, il
revient à celles qui sont les plus douces, les
plus naturelles, les plus naïves, et alors, pour
exprimer ce qu'il éprouve, il a des paroles
d'une grâce inimitable. •
La Lettre à l'Académie française, qui révèle,
chez l'illustro archevêque de Cambrai, le cri-
tique supérieur, l'artiste aussi enthousiaste que
délicat , le disciple passionné de l'antiquité , où
il cueille (ce sont ses paroles) la fleur la plus
pure, afin d'associer les grâces d'Athènes et de
Rome à celles du' christianisme, parut en 1718,
en un volume in-12.
ACADÉMIFIÉ, ÉE (a-ka-dé-mi-fi-é) part.
pass. du v. Aeadémifler. Ironiq. Fait acadé-
micien : J'ai dans mon cabinet vingt diplômes
gui m'assurent le litre ^'académicien ; aussi
j'ai eu l'honneur d'être acadbmifie autant qu'on
peut l'être, et n'en suis pas plus fier. (Linguet.)
ACADÉMIFIER v. a. ou tr. (a-ka-dé-mi-fi-ô).
Ironiq. Faire académicien, nommer quelqu'un
membre d'une académie, il Ce mot a été créé
par Linguet.
ACADÉMIQUE adj. (a-ka-dô-mi-ke — rad.
académie). Qui appartient à la doctrine de
Platon : La philosophie académique.
— Qui appartient, gui convient à une aca-
démie, à des académiciens : Questions acadé-
miques. Séances académiques. Il faut avouer
pourtant que c'est un sujet académique. (Volt.)
Les formes académiques s'opposent à ce qu'on
donne un démenti aux sciences en crédit. (Fou-
rier.) Du creuset académique est sortie noble,
pure, harmonieuse, autant qu'une langue peut
l'être, la langue de Pascal, de Racine et de
Bernardin de Saint-Pierre. (Mary Lafon.) n
Plus particulièrem. Qui appartient à l'Aca-
démie française : Discours académique. Fau-
teuil académique.
— Distribué par l'Académie : Les dons aca-
démiques s'élèvent à plus de douze cent mille
francs. (H. Rigault.)
— Election académique, Qui a pour but de
nommer un académicien : J'étais chez la
femme du vice-président à attendre le résultat
de l'élection académique. (Scribe.) il Style aca-
démique, Style apprêté, trop étudié' : Là tout
(Didor.*)",ne' COmpaSSe' ACADaMIWE e pa .
Libre à voua de parler un style académique.
De sucrer de bon ton In tiède polémique.
Barthélémy.
Il Palmes académiques, Les honneurs do l'Aca-
démie, la qualité d'académicien : Aspirer aux
palmes académiques.
— Qui a rapport à une académie d'armes :
Jarente avait, comme duelliste, une réputation
méritée; il passait pour un tireur peut-être
plus dangereuxgu'ACADÈMUiVK. (A. de Gondre-
court.)
— Beaux-arts. Qui a rapport au dessin,
aux académies ou études d'après nature : Fi-
gure académique, Figure d'étude, nue, traitée
sans égard à 1 ensemble d'un tableau, n Figure
de proportion académique, c'est-à-dire un peu
au-dessous de demi-nature, toile qu'on la des-
sine ordinairement dans les concours d'élèves.
Il Dans ce sens, on a dit aussi Manière acadé-
mique, Manière de faire, de dessiner, qui se
rapproche des modèles donnés : je désire que
les peintres s'écartent des manières acadé-
miques qui les lient. (B. de SUP.)
ACADÉmiquement adv. (a-ka-dé-mi-ke-
man — rad. académique). D'une manière cica-
démique, d'après les usages, les traditions de
l'Académie : Il a traité son sujet académique-
ment. (Laveaux.)
— En mauvaise part. D'une manière guin-
dée, peu naturelle, emphatique : Il ne saurait
en être de même de ces bourdonnants discoureurs
gui parlent toujours pour ne rien dire, qui s'é-
tudient à polir académiquement de pompeuses
et insignifiantes périodes, et restent toujours
en dehors de la question. (Champagnac.) Plu-
sieurs membres de la gauche prononcèrent des
discours qui furent autant de commentaires
énergiques des phrases académiquement révo-
lutionnaires de l'adresse. (Dict. de la Conv.)
ACADÉMIQUES (les), traité philosophique
de Cicéron. Il ne reste de cet ouvrage que le
deuxième livre et une faible partie du pre-
mier. Dans le premier livre, Cicéron présente
le tableau des doctrines que les- deux écoles
platonicienne et péripatéticienne professaient
en physique, en- morale. et en logique. Après
quelques mots consacrés à Arcésilas, chef de
la seconde ou moyenne académie, et au mo-
ment où Cicéron commence à parler de Car-
néade, fondateur de la troisième académie, ce
texte est subitement interrompu. Il est pro-
bable qu'on y parlait ensuite des principes de
Philon, qui forma une quatrième secte, et que
Varron terminait le livre par le système d'An-
tiochus, véritable stoïcien, fondateur d'une
cinquième secte. Le second livre a pour titre :
Lucullus. Il montre les disputes stériles aux-
quelles fut condamnée l'Académie depuis Ar-
césilas jusqu'à Antiochus, par suite de son en-
traînement vers Zenon, loin des larges voies
du platonisme.
Parmi les meilleures traductions, citons,
outre celle de M. Victor Leclerc, celle de
ACA
M. Delcasso, qui se trouve dans la Biblio-
thèque latine-française de Panckoucke.
ACADÉMISÉ, ÉE (a-ka-dô-mi-zé) part. pass.
du v. Académiser : Figure académisée.
ACADÉM1SER v, a. ou tr. (a-ka-dé-mi-zé
— rad. académie). Donner aux figures, soit en
peinture, soit en sculpturo: les poses de con-
vention que l'on donne aux' modèles dans les
académies; se prend toujours en mauvaise
part : Si vous perdes le sentiment de l'homme
qui se présente en compagnie et de l'homme in-
téressé qui agit, de l'homme qui est seul et de
■l'homme qu'on regarde, jetez vos pinceaux au
feu : vous académiserkz , vous redresserez,
vous guinderez toutes vos figures. (Dider.)
ACADÉMISTÉ s. m. (a-ka-dé-mi-ste — rad.
académie). Celui qui suit l'académie, qui y
fait ses exercices d'escrime, de danse , etc. :
Il était aussi parfaitement et aussi ouvertement
débauché quun jeune académiste. (St-Sim.)
Il se tenait droit sur son chenal, en tendant le
jarret comme un académistk qu'il était. (Le
Sage.) D'autres avaient une vocation décidée
pour le râle <f académiste, ils s'y livraient de
dessein formé et ne quittaient pas le manège
ou la salle d'armes. (Rog. de Beauv.)
— Celui qui dirige une académie : C'est un
des premiers académistes de Paris pour l'es-
crime, pour l'équitation. (Acad.)
— Ce mot était autrefois synonyme d'aca-
démicien, et on le trouve encore aujourd'hui
employé dans ce sens : Le programme qui
suffisait aux savants académistes de 1635 ne
suffit plus aux modestes écrivains de nos jours
qui poursuivent leur tâche. (Mary Lafon.)
ACADÉMCS, citoyen d'Athènes, contempo-
rain de Thésée, légua a la république un ter-
rain dont Cimon fit plus tard une promenade
plantée d'arbres. Platon y réunissait ses dis-
ciples. V. Académie.
ACADIALITE s. f. (a-ka-di-a-li-te — rad.
Acadie). Miner. Nom donné à un cristal de la
Nouvelle-Ecosse. C'est une variété de chalasio.
ACADIE, prov. de l'Amérique septentrio-
nale. V. Ecosse (Nouvelle-).
ACADIEN, ENNE adj. (a-ka-di-ain, 'è-ne —
rad. Acadie). Géogr. Qui se rapporte à .l'A-
cadie ou à" ses habitants : Mœurs acadienjîes.
— Subst. Celui, celle qui est do l'Acadie,
qui habite ce pays : Américains loyalistes,
Acadiens français, émigrants anglais, on trouve
de tout parmi les cultivateurs établis dans Vile
du Prince-Edouard. (F. Lacroix.)
ACAD1ÈRE s. f. (a-ka-di-ère — rad. Ca-
dière). Nom que l'on a donné, par corruption,
aux avelines de la Cadière, près do Toulon.
On les connaît aussi, dans lo commerce, sous
le nom de cadiérb.
ACJENA s. f. (a-sé-na — du gr. akaina,
pointe). Bot. Genre do plantes de la famille
des rosacées. Ce sont des herbes vivaces ou
ACTTNITE s. m. (a-sé-ni-te — du gr. akaina,
pointe). Entom. Nom d'une tribu d'insectes
qui a pour type le genre acène.
acagnardÉ, ÉE (a-ka-gnar-dé, gn mouill.)
part. pass. du v. Acagnardor : Il était aca-
gnardÉ par la fainéantise. Vous avez secouru
des personnes qui étaient dans les rues ou aca-
gnardées près du feu. (Henri IV.)
ACAGNARDER v. a. ou tr. (a-ka-gnar-dé,
on mouill. — rad. cagnard). Rendre mou,
lâche, indifférent : Les mauvaises compagnies
l'ont ACAGNARDÉ. (TrÔV.)
S'acagnarder, v. pr. Mener une vie obscure
et fainéante : S'acagnarder au coin du feu,
dans un fauteuil. Auprès de vous il s'aca-
gnarde. (Scarr.)
Il s'acagnarde au cabaret
Entre le blanc et le clairet. MiTNARn.
il Ce verbe est très-familier, et ne s'emploie
guère que dans le stylo comique.
ACAHÉ s. m. (a-ka-è). Ornith. Espèce do
pie particulière au Paraguay.
ACAIRE (saint), en latin Acarius, un des
premiers évoques de Noyon. Suivant la lé-
gende, il avait, après sa mort, la vertu de
guérir l'humeur des personnes aigres et que-
relleuses que l'on menait en pèlerinage à sa
chapelle. On trouve dans un de nos plus an-
ciens postes :
Tu serais plus hors de sens
De là ces locutions devenues proverbiales :
Avoir le mal de saint Acaire, Avoir le carac-
tère bizarre, mal fait; Envoyer quelqu'un à
saint Acaire, Lui reprocher son originalité, ses
caprices. Ces différentes façons de parler, qui
n'ont aucun fondement authentique, parais-
sent venir de la ressemblance qui existe entre
les mots Acaire et acariâtre. Notre langue offre
un grand nombre de ces abus de mots.
acajou s. m. (a- ka-jou— du brésilien
acajaibo; ou corruption des mots malais caju
et cazout désignant le bois de tout arbre em-
. ployé soit à la charpente, soit à la menuise-
rie).Bot.Grand arbre originaire de l'Amérique
méridionale, très-employé dans l'ébénisterie.
Il PL acajous.
— Se dit pour Bois d'acajou : Sur une large
peau d'ours, étendue aux pieds des lions cise-
lés dans I'acajou du lit, brillaient deux sou-
liers de satin blanc. {Balz.) Des flacons de
ACA
45
cristal remplis d'un pur et précieux vin dt
Bordeaux circulèrent entre les convives sur
J'acajou poli de la table. (Balz.) /,'acajoc
d'une table anglaise préparée pour te thé du
matin est moins net à coup sûr que te pont du
navire. (Th. Gaut.)
— Se dit encore de la couleur de l'acajou,
couleur d'un rouge brun, entremêlé do veines
claires ot foncées qui ressortent parfaite-
ment : En face de la cheminée, il y avait un
mauvais buffet peint en acajou, celui de tous '
tes bois qu'on réussit le moins à simuler. (Balz.)
— Acajou à pommes; Noix d'acajou. V-.
— Encycl. Hist. natur. Le bois d'acajou est
produit par le swietenia mahogoni de Linné.
Cet arbre habite l'Asie et l'Amérique du Sud.
' Le bois est très-dur, assez léger, d'un grain
fin, susceptible de recevoir un beau poli.
Quand il est frais, il a une couleur jaunâtro ou
rougeâtre, qui devient plus foncée avec le
temps ; aussil'acajou le plus vieux est-il gé-
néralement le plus estimé. Il est peu ou point
attaqué par les insectes.
L'acajou moucheté est celui que l'on re-
cherche le plus, surtout quand il présente dos
nœuds fins et réguliers, appelés tourbillons.
Ce bois, qui nous arrive en madriers de 4 mè-
tres de longueur, sur l ou 2 mètres de lar-
geur, est très-employé pour l'ébénisterie, la
menuiserie, la marqueterie et les ouvrages de
tour; mais, comme son prix est assez élevé,
on fait rarement des meubles en acajou massif.
Le plus souvent, on débite ce bois en lames
très-minces, qu'on applique sur les planches de
sapin qui forment la carcasse desmeubles.
Les racines de l'acajou , lorsqu'elles ont
une certaine grosseur, sont plus foncées, plus
veinées que le bois de la tige, et très-recher-
chées pour les ouvrages de marqueterie,
L'écorce du swietenia maliogoni et des espè-
ces voisines est employée en médecine comme
fébrifuge.
Le bois appelé acajou à planches, acajou
femelle, acajou bâtard, est produit par un cé-
dréla. V. ce mot.
Quant aux pommes ou aux noix a'acajou,
• elles sont les fruits d'un arbre tout différent,
et dont le bois est d'une qualité inférieure.
V. NOIX.
ACALANTHE s. m. (a-ka-lan-tè — du gr.
akalanthos, chardonneret). Ornith. Nomscien-
tifique donné au tarin et au chardonneret.
ACALÈPHES s. m. pi. (a-ka-lè-fe — du gr.
okalèphè, ortie de mer)- Zool. Classo d'ani-
maux rayonnes, à laquelle appartiennent les
méduses, les rbizostomos, les physalios, les
vélclles, etc., qui ont la propriété do causer
une sensation de brûlure analogue à celle que
produit l'ortie, quand on les met en contact
avec la peau, u S'empl. aussi au singut.en par-
lant d'un seul individu do cotte classe : J'avais
d'abord pris cet animal pour u
— Encycl. Les acalèplies sont des a
mous, d'une consistance gélatineuse, aune
structure très-simple, d'une forme en général
circulaire, d'une grosseur variable, et qui flot-
tent et nagent continuellement dans l'eau delà
mer. Chezle plus grand nombre, !l> corps n'offre
qu'une seule espèce d'ouverture, cumulant les
fonctions de la bouche et de l'anus. Leur esto-
mac se prolonge sous forme de canaux'rayon-
nants qui se rendent dans les diverses parties
du corps, et qui s'y ramifient souvent de façon
à donner naissance à une sorte de système
vasculaire. Les acalèphes ont été divisés par
Cuvier en acalèphes simples et en acalèphes
hydrostatiques.
Les acalèphes simples se meuvent dans l'eau
de la mer par l'action de leur corps qui se con-
tracte et se dilate alternativement. Los deux
principaux genres que comprend cet ordre
sont les méduses et les rhizosiomes. Les aca-
lèphes hydrostatiques sont ainsi nommés à
cause de la vessie aérienne dont ils sont
pourvus et qui leur permet de se tenir sus-
pendus dans les eaux; ils vivent communé-
menten colonies flottantes. Les genresp/ij/sa/i'e
et piiyssophore appartiennent a "ordre des aca-
lèphes hydrostatiques. Cuvier faisait des aca-
lèphes et des polypes deux classes distinctes
de l'embranchement des zoophytes ou rayon-
nes. MM. Paul Gervais et Van Beneden ne
croient pas devoir conserver cette distinction.
• Des observations déjà nombreuses, disent-ils,
ont appris que certains polypes engendrent des
méduses, et qu'il y a des méduses, c'est-a-dire
des acalèphes, qui sont à peine différentes de
polypes ordinaires par les principaux traits de
leur anatomie et de leur physiologie : telles
sont en particulier les hydres qui, étudiées avec
plus de soin, sont évidemment comparables aux
véritables méduses sous beaucoup de rap-
ports. » Selon ces zoologistes, les acalèphes de
Cuvier font en général partie de la classe des
discophores ou polypo-méduses, les acalèphes
simples sont compris dans l'ordre des médu-
saires, les acalèphes hydrostatiques répondent
à celui des siphonophores.
ACALÉPHOLOGIE s. f. (a-ka-lé-fo-lo-ji —
du gr. akaléphê, ortie; logos, discours). Bran-
che de la zoologie qui traite des acalèphes.
ACALICAL, E adj. (a-ka-li-kai — du gr. a
priv.; kalux, calice). Bot. Se dit dos étamincs
qui parlent du réceptacle, sans adhérer au
ACAUCIN, E adj. {a-ka-li-sain, i-no — du
ACALICULÉ, ÉE adj. ( a-ka-li-ku-lé — du
gr. a priv. ; kalux, calice). Bot. Se dit d'une
plante dont les fleurs ne présentent pas do
calicule.
ACALIFOORCHûnné , ÊE (a-ka-li-four-
cho-né) part. pass. du v. Acalifourchonner :
Un homme acalifourchonné sur un cheval.
Fam.
ACALIFOURCHONNER v. a. ou tr. (a-ka-
li-four-cho-né — rad. califourchon). Mettre à
ealifourebon. Fam.
S'acaJifourchonner. v. pr. Se mettre à cali-
fourchon : Le rustre s'était acalifourchonné
sur mon cheval. {Cyr. de Berg.) Peu usité.
ACALOT s. m. (a-ka-lo — nom mexicain).
Ornith. Espèce de courlis, appelé aussi cor-
beau aquatique, à cause de la couleur sombre
de son plumage, seul trait de ressemblance
que cet oiseau ait avec le corbeau. 11 habite le
Mexique, où il vit et niche sur les bords des
lacs. Les naturels mangent sa chair, bien
qu'elle soit huileuse et qu'elle ait une forte
odeur de poisson. C'est le tantalus -'--
de Linné.
e-ne — du gr. a priv., et calvitie). Qui a la
propriété de préserver de la calvitie : Pom-
made ACALvrriENNB. il Très-peu usité.
acalyphe s. f. (a-ka-li-fe ~ du gr. akalu-
pha, corruption à'akalèphè, ortie de mer).
Bot. Genre d'euphorbiacécs comprenant des
arbrisseaux et des herbes qui habitent les
régions chaudes des deux continents. L'aca-
lypbe de l'Inde croît, dans ce pays, sur les
fumiers. On le fait infuser dans l'huile, qu'on
emploie en frictions contre la goutte et les
affections syphilitiques.
ACALYPHE, ÉE adj. (a-ka-li-fé — .rad.
acalyphe). Bot. Qui ressemble à une acalyphe.
— s. f. pi. Tribu de la famille des euphor-
biacées, ayant pour type le genre acalyphe.
ACALYPTE s. m. (a-ka-Iip-te — du gr. a
priv., et kaluptos, couvert). Erpét. Genre do
serpents venimeux, de la famille des vipéri-
dés et de la tribu des hydrophis , qui ont la
peau molle, nue, et se plaisent dans les lieux
marécageux.
ACAMACU s. m. (a-ka-ma-ku). Ornitb.
Espèce de moucherollo qui habite le Séné-
gal, le cap de Bonne-Espérance et l'île de Ma-
dagascar.
ACAMANTIDE s. f. (a-ka-man-tvde —
rad. Acamas. n. pr.). Hist. âne. L'une des
tribus d'Athènes, du nom d'Acamas, fils de
Thésée.
acamarchis s. m. pi, (a-ka-mar-kiss —
de Acamarchis, une des Ocôanides). Genre de
polypiers, caractérisés par des ramifications
toujours dichotomes et par des cellules unies
entre elles, alternes, terminées par une ou
deux pointes latérales, avec un corps vésicu-
laire en, forme de casque, situé à 1 ouverture
même de la cellule. Les acamarchis s'atta-
chent aux rochers, et vivent dans les mers
chaudes et tempérées.
ACAMARCHIS, nymphe, fille de l'Océan.
ACAMAS (a-ka-mâss), nom de plu
un des princes grecs qui allèrent au siège de
Troie. Député avec Diomède, pour aller rede-
mander Hélène, il se fit aimer de Laodice,
une des tilles de Priara. Il était au nombre des
fuerriers qui s'enfermèrent dans le cheval de
ois. Virgile le nomme Athamas.
ACAMPSIE s. f. { a-kan - psi — du gr.
akampsiat inflexibilité). Pathol. Soudure
d'une articulation; ankylose.
aCampte adj. (a-kan -pte — du gr. a
priv. ; kamptâ, fléchir). Physiq. Qui ne réflé-
chit pas la lumière.
ACAMPTOSOMES s. m. pi. (a-kan-pto-
zô-me — du gr. a priv. : kamptos, qui fléchit,
.et sema, corps). Crust. Famille d'animaux
cirripèdes , ainsi appelée parce que les espè-
ces qui la composent ont le corps entièrement
enveloppé de pièces calcaires, qui rendent
toute flexion impossible, il S'empl. aussi au
singulier et adjectiv. "- - "-
"* animal
ACANACÉES s. f. pi. (a-ka-na-sé — du gr.
akanos, tête épineuse). Bot. Nom donné quel-
quefois à la famille des chicoracées. il Peut
s employer au singulier et adjectiv., et, dans
ce dernier cas, se dit de toute chose qui est
garnie de piquants comme un chardon.
ACANGA s. m. (a-kan-ga). Ornith. Nom
donné par quelques voyageurs à la pintade.
V. ce mot. a On dit aussi acanqub s. f.
— Anat. Plusieurs anatomistes appellent
ainsi l'épine du dos.
ACANIENS s. m. pi. (a-ka-ni-ain). Géogr.
Nom d'une peuplade de la Guinée, n On dit
aussi Acanes.
ACANITE s. m. (a-ka-ni-te — du gr. aka-
nos, tête épineuse). Entom. Genre d'insectes
hyménoptères, famille des pupivores.
ACANNER v. a. ou tr. V. Accagner.
ACANQUE s. f. (a-kan-ke). Ornith.
V. Acanga.
ACANTHACÉES s. f. pi. ( a-kan- ta-sé —
rad. acanthe). Bot. Famille de plantes dicoty-
lédones, monopétales, dont l'acanthe est le
genre principal, n S'empl. adjectiv. et signifie
Qui ressemble à l'acanthe.
— Encycl. Les plantes qui composent la
famille des acanthacées sont des herbes ou des
sous-arbrisseaux h feuilles opposées, à fleurs
groupées en épis,etle plus souvent renfermées
dans de grandes bractées. Elles appartiennent
à la huitième classe de Jussieu (hypocorollie).
Voici leurs principaux caractères botaniques :
calice monosépale à quatre ou cinq divisions ;
corolle monopétale, irrégulière, ordinairement
bilabiée ; étarnines au nombre de deux ou de
quatre , et didynames dans 'ce dernier cas ;
pistil à ovaire biloculaire, à style simple, à
stigmate bilobé ; fruit capsulaire à déhiscence
loculicide; graines portées sur un long po-
dosperme crochu ; embryon dépourvu d al-
bumen. On a divisé les acanthacées en deux
tribus, suivant que les fleurs présentent deux
ou quatre étarnines. Une autre division est
basée surtout sur la forme du podosperme qui
supporte les graines. Les acanthacées sont
très-communes dans les régions intertropi-
cales ; le genre acanthe qui a donné son nom
à la famille et dont une espèce, l'acanthe,
pourpre, a fourni le type du chapiteau corin-
thien, se trouve assez répandu en Grèce. Un
certain nombre d'espèces d' acanthacées, acan-
the justieie, etc., sont cultivées comme plantes
d'ornement; les jardiniers les propagent gé-
néralement au moyen de boutures. L'acanthe
pourpre et la justteie biflore sont émollientes ;
la justieie pectorale, bouillie dans du sucre ,
donne un sirop stomachique; la justieie pani-
culée fournit un remède connu sous le nom de
drogue arrière, vanté pour ses propriétés toni-
ques, et employé dans l'Inde pour combattre le
rhumatisme chronique.
ACANTHE s. f. (a-kan-te — du gr. akantha,
épine). Bot. Genre de plantes de la famille
des acanthacées , remarquable par la beauté
de ses feuilles. L'espèce principale est appelée
aussi branc-ursine , à cause d'une prétendue
ressemblance qu'aurait sa feuille avec une
patte d'ours : Certains flots de verdure où
s'ébattent des chèvres, qui broutent /'acanthe
suspendue aux rochers. (Gér. de Nerval.)
— Les poètes ont fait ce mot quelquefois
masculin :
Le NU du vert acanthe admire le feuillage.
— Acanthe sauvage, Nom vulgaire de l'ono-
— Archit. Imitations plus ou moins capri-
cieuses que l'on fait de la plante qui porte ce
nom, pour les ornements usuels, et principale-
ment pour la décoration du chapiteau corin-
thien ■ et autres ornements d'architecture :
Une espèce de petit diable blond, à jolie et
maligne figure, était accroché aux acanthes
_d'un chapiteau. (V. Hugo.) il L'acanthe est un
des ornements les plus gracieux du chapiteau
corinthien. On en doit l'invention à 1 archi-
tecte Callimaque. V. ce nom.
— Encycl. Le genre acanthe renferme
d'assez nombreuses espèces. Quelques-unes
seulement sont assez répandues dans nos jar-
dins ; ce sont l'acanthe épineuse , l'acanthe
molle et l'acanthe lusitanique. Ce sont des
plantes à feuilles très-grandes, élégamment
découpées et d'un beau vert; aussi les recber-
ehe-t-on pour les plantations d'agrément, mal-
fré l'odeur forte et peu agréable de leurs
eurs. Elles se plaisent dans'les sols humides
et pierreux, et on les multiplie facilement par
graines ou par œilletons.
Les racines , les feuilles et les fleurs de l'a-
canthe sont employées en médecine. Elles
sont essentiellement mucilagineuses. Les ra-
cines sont en outre riches en tannin ; on les
récolte à l'automne ou au printemps ; on les
lave , on les coupe en tronçons et on les fait
sécher. Elles sont administrées, en décoction,
contre l'hémoptysie et la ménorrhagie. Les
feuilles sont émollientes, et on les utilise comme
telles, à l'intérieur ou à l'extérieur, dans toutes
les maladies où il y a irritation. On a attri-
bué à tort aux jeunes pousses la propriété de
guérir la morsure des serpents venimeux.
ACANTHE , ville de l'ancienne Epire, au N.
du mont Athos, sur les bords de la mer. — Ville
d'Egypte, sur le Nil, au S. de Memçhis. —
Ville de Carie, dans la presqu'île de Cnide.
casion de la naissance du duc de Bourgogne ;
musique de Rameau , paroles de Marmontel ,
représentée par l'Académie royale de Musique
le 19 novembre 1751, Le chanteur Jélyotte,
qu'on connaît surtout par les Mémoires de ma-
dame d'Epinay, joua le rôle d'Acanthe, tandis
que Vestris et sa fille figurèrent dans les diver-
tissements.
ACANTHÉES s. f. pi. (a-kan-té — rad. acan-
the). Bot. Nom d'une tribu de la famille des
acanthacées, ayant pour typele genre acanthe.
ACANTHÉPHIPPIE s. f. (a-kan-té-fl-pi —
dugr. akantha épine; ephippios, selle). Bot.
Genre de la famille des orchidées, remarqua-
ble, comme la plupart de ceux de cette famille,
par la beauté et la forme bizarre de ses fleurs.
On en cultive plusieurs espèces dans les serres
chaudes des horticulteurs et des amateurs.
ACANTHIAS s. m. (a-kan-ti-àss — du gr.
ACA .
akanthias, poisson à épines). Ichthyol. Nom
spécifique donné à deux espèces bien diffé-
rentes de poissons, appartenant, l'uno au
genre squale, l'autre au genre épinoche. V. ces
deux mots.
ACANTHICONE OU AKANTICONE S. m.
(a-kan-ti-ko-ne). Minéral d'Arendal, en Nor-
vège. Il est vert noirâtre, et, trituré ou ra-
clé, donne une poussière jaune serin. C'est
une espèce voisine de l'épidote.
ACANTHIDES s. m. pi. (a-kan-ti-do — rad.
acanthie). Entom. Nom d'une tribu d'insectes
qui a pour type le genre acanthie.
ACANTHIE s. f. (a-kan-tî — du gr. akantha,
épine). Entom. Genre d'insectes de l'ordre des
hémiptères, sous-ordre des hétéroptères, et
dont l'espèce la plus connue est la punaise des
lits. V. Punaise.
ACANTHIEN, ENNE adj. et S. (a-kan-ti-ain,
è-ne). Géogr. anc. Habitant d'Acanthe; qui
concerne cette ville ou ses habitants.
ACANTHINION s. m. ( a-kan- ti-ni-on —
du gr. akantha, épine ; inion, nuque). Ichthyol.
Genre de poissons voisin des chétodons, qui
se trouve dans la mer Rouge et dans les mers
d'Amérique. Quelques voyageurs assurent que
la chair de l'acanthinion-est très -bonne à
manger. V. Chétodon.
ACANTHIODONTES s. m. pi. (a-Kan-ti-o-
don-te — du gr. akanthias, poisson à épines ;
odous, odontos, dent) .Dents fossiles qu'on croit
appartenir au squale acanthias.
ACANTHION s. m. ( a-kan-ti-on — du gr.
akantha, épine). Zool. Nom donné à un genre
de mammifères épineux tels que le hérisson.
Il comprend plusieurs espèces.
— Bot. Un des noms scientif. de l'artichaut.
ACANTHIURE adj. (a-kan-ti-u-re — du gr.
akantha, épine; oura, queue). Qui a la queue
chargée d'épines.
— Ichthyol. Synonyme à'acanthure. V. ce
ACANTHOEOLE OU ACANTHABOLE S. m.
(a-kan-to-bol — dugr. akantha, épine; ballô,
je jette dehors). Chirurg. Instrument qui sert
n AnbvAr Iûc ^cmiillAC rt'nc Ias rnrnK A+.r.J>Tie'erK
ACANTHOBOTHRIE s. m. (a-kan-to-bo-trî
— du gr. akantha, épine, et bothros, trou).
Zool. Genre de vers cestoïdes, qui porte sur
chaque suçoir deux crochets unis à la base et
bifurques au sommet.
ACANTHOCARPE adj. (a-kan-to-kar-pe—
du gr. akantha, épine; karpos, fruit). Bot. Se
dit des plantes dont les fruits sont couverts
d'épines.
ACANTHOCÉPHALES s. m. pi. (a-kan-to-
sé-fa-le— du gr. akantha, épine, et képhalèx
tête). Zool. Genre de vers intestinaux, ainsi
nommés parce qu'ils ont la tête armée d'ai-
guillons recourbés ou de crochets cornés
il S'empl. aussi au singulier : Un acanthocé-
phale. il Le mot acantnocéphale est aussi adj,
et se dit do tout animal dont la tête est armée
d'aiguillons : Un vers acantocéphale. ■
ACANTHOCLADE adj. (a-kan-to-cla-de -
gr. akantha, épine; ktados, rameau). Bot
dit des plantes à rameaux épineux.
ACANTHODACTYLE s. m. (a-kan-to-dak-ti-
le — du gr. akantha, épine; daktulos, doigt).
Erpét. Genre de reptiles sauriens, caracté-
rise par des doigts dentelés latéralement;
il renferme six espècp-s. L'Europe n'en pos-
sède qu'une seule, qui habite les régions mé-
ridionales; c'est l'acanthodactyle commun,
qui ressemble par sa taille au lézard des
murailles.
acanthoïde adj. (a-kan-to-i-de — du gr.
akantha, épine ; eidos, aspect). Bot. Qui res-
semble a l'acanthe.
— Miner. Nom donné à un métal lancé par
„ .. jne éruotior J --1
était formé d'aij
châtres.
ACANTHOMÈTRE s. m. (a-kan-to-mè-tre
— du gr. akantha, épine, et metron, mesure).
Zool. Animaux microscopiques de la classe
des rhizopodes et de l'ordre des radiolaires.
Les acanthomètres sont dépourvus de test,
mais présentent des piquants étoiles ordinai-
rement au nombre de vingt.
ACANTHONYX s. m. (a-kan-to-ni-kse — du
gr. akantha. épine; onux, ongle). Crust. Genre
de crustacés décapodes, caractérisé par ses
pattes, dont l'avant-dernier article est élargi
en dessous dans les quatre dernières paires.
ACANTHOPE adj. (a-kan-to-pe — du gr.
akantha, épine ; ôps, œil). Entom. Qui a le
pourtour de l'œil garni de piquants, n II est
aussi substantif et synonyme d'acanthops.
V. ce mot.
ACANTHOPHAGE adj. et s. (a-kan- to-fa-je
— du gr. akantha, épine ; phagô , je mange).
Zool. Se dit des animaux qui se nourrissent
de chardons : Un animal acanthofhage. L'âne
acanthophile adj. (a-kan-to-fi-le — du
gr. akantha, épine; philos, ami). Entom. Se
dit des insectes qui se plaisent sur les plantes
épineuses.
ACANTHOPHIS s. m. (a-kan-to-fiss — du
gr. akantha, épine; ophis, serpent). Erpét.
Genre de reptiles ophidiens caractérisé par
une tête recouverte de grandes plaques dans
sa moitié antérieure, et des écailles épineuses
ACA
sous la queue, qui se termine par un aiguillon
recourbe. Il ne renferme qu'une espèce (acan-
thophis cerastinus), qui habite la Nouvelle-
Hollande.
— s. f. Bot. Genre d'algues de l'ordre des
floridées, renfermant des espèces à tubercules
épineux , épars sur les tiges et les rameaux,
et semblables à des poils rudes ou à de petites
épines. Leur couleur est verdâtre , et prend
par la dessiccation do légères teintes de jaune
ou de rouge. Elles habitent les mers équato-
ACANTHOPHORE adj. (a-kan-to-for — du
gr. akantha, épine; phoros, qui porte). Hist.
nat. Qui est hérissé d'épines ou de piquants.
ACANTHOPODE s. m. (a-kan- to-po-de— du
gr. akanthos, épineux; pous, podos , pied). ,
Ichthyol. Genre de poissons, qui présente
deux piquants à la place des nageoires thora-
ciques; il renferme deux espèces, qui habi-
tent la mer des Indes : Les rivières occiden-
tales ont fourni de curieux aCanthopodes, des
gymnarques, des sciène's , quelques poissons qui ,
vivent dans la vase, et beaucoup d'autres encore
mal connus. (Davezac.)
ACANTHOPOMES s. m. pi. (a-kan-to-po-
me — du gr. akantha, épine ; pâma, opercule).
Ichthyol. Famille de poissons, caractérisée par
des opercules garnis d'épines ou de dentelures.
ACANTHOPS s. m. (a-kan-tops — du gr.
akantha, épine ; ôps, œil , aspect). Ichthyol.
Nom d'un poisson qui a le pourtour de 1 œil
garni de piquants. On dit aussi Acanthopsis.
ACANTHOPTÈRE s. m. (a-kan-to-ptè-re —
du gr, akantha, épine; pteron, aile). Conchyl.
Nom donné à des coquilles dont le bord dilaté
ou aile est garni d'appendices terminés en
pointe.
ACANTHOPTÉRYGIENS S. m. pi. (a-kan-
top-té-ri-ji-ain — dugr. akantha, épine ;ptéru-
gion, nageoire). Ichthyol. Ordre de poissons,
caractérisé par les rayons durs et épineux de
la nageoire dorsale, et renfermant environ les
trois quarts des espèces connues. Ex. : la
perche, le rouget, le maquereau, le thon, etc.
— Encycl. Le nom à! acanthoptérygiens a
été donné par Ciivier au premier orïre de sa
grande classe des poissons osseux. Las acan-
thoptérygiens se reconnaissent aux épines ou
os pointus dont ils sont armés, et qui soutien-
nent la première portion de leur nageoire dor-
sale quand ils n'en ont qu'une, leur première
nageoire dorsale quand ils en ont deux. Chez
les malacoptérygiens, au contraire (V. Mala-
coptérygiens), les rayons, au lieu d'être osseux,
sont cartilagineux , articulés vers le bout, et,
en général , divisés en plusieurs brandies.
L'ordre des acanthoptérygiens a été divisé
Ear Cuvier en quinze familles ; tes percoïdes,
îs joues cuirassées, les scîénoïdes, les spa-
roïdes, les ménides, les squammipennes , les
scombéroïdes les tœnioïdes, les teuthyes, les
pharyngiens tabyrint hi formes , les mugitoîdes,
les gobioïdes, les pectorales pédiculées, les la-
broïdes et les bouches-en-flûte ou aulostomss.
ACANTHORINES s. f. pi. (a-kan-to-ri-ne —
du gr. akantha, épine ; rhin, nez). Ichthyol.
Famille de poissons , qui présente entre les
yeux un appendice charnu, muni d'aiguillons.
ACANTHURE s. m. (a-kan-tur — du gr.
akantha, épine; oura, queue). Ichthyol. Genre
de poissons de la famille des teuthyes, ordre
des acanthoptérygiens. Les acanthures ont
de chaque côté de la queue une forte épine
mobile, tranchante comme une lancette, au
moyen de laquelle ils font de fortes blessures
aux personnes qui les prennent sans précau-
tion. L'espèce la plus remarquable est l'a-
canthure chirurgien , qui habite la mer dos
Antilles, et dont la chair est excellente et
très-recherchée. L'acanthure zèbre est ainsi
appelé k cause des bandes noirâtres dont il
est marqué ; il habite les mers du Sud.
acap s. m. (a-kapl. Bois des îles avec
lequel on fait de belles boiseries : De longues
caisses de bois rf'ACAP, rouge et poli, conte-
naient des camélias. (E. Sue). Le maintien du
mulâtre était à la, fois tranquille et fier; ses
formes , aussi parfaites que celles d un vrai
lutteur phrygien, se dessinaient en relief sur le
cèdre et sur /'acap qui boisaient la salle.
(R. de Beauv.)
A CAPELLA loc. adv. (a-ka-pèl-la — /mots
ital. à chapelle). Mus. Il signifie que les in-
struments doivent marcher à l'unisson avec
les voix. Ce terme n'est d'usage que pour la
musique d'église.
ACAPIT s. m. (a-ka-pitt — du bas lat.
acapitum, achat). Sous le régime féodal,
Droit qui se payait au seigneur direct, pour
chaque mutation occasionnée, soit par la mort
du vassal, soit par vente, échange. Il Trans-
port fait par bail emphytéotique d'un bien
noble, à une personne non noble.
A CAPRICIO loc. adv. (a-ka-pri-teni-o, pr.
ital.). Expression italienne qui signifie A vo-
lonté , et qui équivaut à la locution latine ad
libitum. Mise dans un morceau de musique,
elle indique que l'exécutant peut donner car-
rière à son inspiration, quant au mouve-
ment, à la mesure et aux ornements.
ACAPDLCO , ville du Mexique , a 280 k. de
Mexico ; port magnifique sur l'océan Pacifique;
4,000 hab. Climat très-malsain. C'est d'Aca-
pulco que partait autrefois pour l'Espagne le
galion chargé des riches tributs des posses-
ACA
sions amérk aines. L'exportation consiste en
cochenille, indigo, cacao, laine et peaux.
acara s. m. (a-ka-ra — nom brésilien).
Ichthyol. Nom collectif, servant à désigner
certains poissons du Brésil, h'acara-pinirna
est le spare rayé ; Vacara-pitamba, une espèce
de dorade, etc.
ACARDE s. f. (a-kar-do — du gr. a priv., et
du lat. cardo, charnière). Moll. Nom donné
par quelques auteurs à un genre de mollus-
ques gastéropodes, plus connu sous le nom
a' ombrelle. V. ce mot.
— Moll. Se dit adjectiv. d'une coquille qui
n'offre aucune traco de charnière.
ACARDE adj. (a-kar-de — du gr. a priv. ;
kardia, cœur). Qui est privé de coeur.
ACARDIÉ s. f. (a-kar-dî — du gr. a priv. ;
kardia, eœur). Med. Absence de cœur. L'ab-
sence congénitale du cœur chez un sujet d'ail-
leurs bien conformé paraitchose inadmissible.
acare s. m. Zool. V. Acarides.
ACARIASIS s. f. (a-ka-ri-a-ziss — du gr.
akari, petit insecte). Pathol. Nom scienti-
fique de la gale ou des maladies analogues,
occasionnées par la présence d'acarus.
acariâtre adj. (a-ka-ri-à-tre — du gr.
a priv., et charis, grâce. La finale âtre, tou-
jours prise en un sens défavorable, ne fait
qu'ajouter à l'énergie du mot, qui aurait sans
elle le même sens. Il se rattache au mot aca-
riâtre une tradition anecdotique que nous
donnons pour ce qu'elle vaut. Saint Acaire,
évêque de Noyon, appelé en latin Acarius, pas-
sait autrefois pour avoir la puissance de guérir
l'humeur des personnes aigres et querelleuses
qu'on menait en pèlerinage à sa chapelle ,
témoin ces vers d'un ancien poëte :
Tu serais plus hors de sens
On a induit de là que le mot acariâtre pour-
rait bien venir du nom de saint Acaire.
M. Littré tire le mot acariâtre de l'ancien
français acarier^ confronter, qui viendrait lui-
même' de l'ancien mot care, face, visage).
Qui a l'humeur querelleuse, morose ; qui aime
à crier, à contrarier, à disputer : Il ressem-
blait à ces femmes acariâtres, qui , n'ayant pas
d'autre vrtu que leur laideur, sont très-dispo-
sées à faire oon marché de leurs principes.
(E. Sue.) Il était assez adroit pour régner au
moins sur son argent sans trop irriter une
femme acariâtre. (G. Sand.) La femme d'Al-
bert Durer n'était sans doute pas encore cette
mégère acariâtre dont le grand peintre eut
tant à souffrir. (Th. Gaut,) Malheur à l'homme
condamné à passer sa vie. avec une femme aca-
heâtre! (Boitard.)
— S'empl. subst. : Ne m'en parlez pas, c'est
un acariâtre premier numéro; il est grognon,
maussade, jaloux, sournois. (Labiche.)
ACARIÂTRETÉ s. f. (a-Ota-ri-â-tre-té). Hu-
meur acariâtre : Z'acariàtreté de son carac-
tère le rend insupportable. Peu usité.
— Antonymes. Aménité, douceur, mansué-
tude, sociabilité, tolérance.
acarides s. m. pi. (a-ka-n-do — du gr.
akari f mite, et eidos , forme). Zool. Nom
donné à un ordro d'arachnides trachéennes,
connus vulgairement sous le nom de mites.
dont le corps est généralement disco'ide et
globuleux, et ne présente pas une distinction
bien précise de 1 abdomen d'avec le céphalo-
thorax, il S'emploie aussi au singulier, h Le
mot acarides a pour synonymes : acares, aca-
ridiens, acaridies, acariens, acarins, acarus :
Les acariens sont, à notra sens, le dernier
groupe et par conséquent le terme extrême de
la série complexe des entojnozoaires pourvus de
pieds articulés. (Walcken.)
— Encycl. Les acarides ont un corps mou
et sans croûte écailleuse. Ils respirent, comme
les insectes, par des trachées, présentent huit
pattes à l'état adulte, mais n en ont que trois
a la naissance. Ces petits arachnides sont ex-
trêmement répandus dans la nature ; quelques-
uns sontaquatiaues ; les autres, plus nombreux,
vivent à la surface du sol dans des conditions
diverses; un grand nombre attaquent les sub-
stances alimentaires, telles que la farine, le fro-
mage, etc.; d'autres sont parasites des vé-
gétaux et dès animaux. On trouve de ces
dernières espèces sur les animaux de toutes
les classes du règne animal, depuis les mam-
mifères jusqu'aux polypes. «Parmi les acarides
parasites, disent MM. Paul Gervais et Van
Beneden , il en est qui ne vivent fixés sur les
autres corps vivants que pendant leur premier
âge ; quelques-uns, au contraire, ont déjà subi
leur métamorphose lorsqu'ils deviennent para-
sites , et il en est aussi qui restent pendant,
toute leur vie dans cette dernière condition. »
— Les principaux genres de l'ordre des aca-
rides sont le genre lepte, dont une espèce, vul-
gairement désignée par le nom de rouget, et
très-commune en automne dans certaines lo-
calités, envahit les ïambes des personnes qui
vont se promener à la campagne , et cause de
vives démangeaisons ; le genre gamase, qui se
rencontre souvent à terre, dans les celliers ou
les caves ; le genre argas , qui montre pour le
ing des animaux le même goût que les pu-
le genre tyroglyphe, auquel o .
vent en propre les noms à'acarus, de n
ciron , et qui renferme deux espèces princi-
pales, Yacarus des fromages de Gruyère et de
Hollande ou acarus- domestique, et 1 acarus de
la farine ; le genre psoropte, qui vit sur le corps
de différents animaux et y détermine la gale ;
enfin le genre sarcopte, auquel'appartient V aca-
rus de la gale humaine ou sarcopte proprement
dit. V. Gale.
ACARIMA s. m. (a-ka-ri-ma). Zool. Espèce
de singe, voisin des sagouins, qui habite la
Guyane, où on l'appelle vulgairement singe-
lion. C'est le marikina de Buffon.
ACARNA s. m. (a-kar-na — du gr. akarna,
chardon bénit). Bot. Genre de plantes, de la
famille des composées et de la tribu des car-
duacées; les espèces qui le composent res-
semblent à nos chardons, mais elles sont
toutes exotiques.
ACARNANE s. (a-kar-na-ne). Géogr. Habi-
tant de l'Acarnanie : Roger, roi de Sicile, s'ins-
tituait prince des acarnanes et des Etoliens.
(Am. Tardieu.) il On dit aussi acarnanien.
ACARNAN1E, prov. de la Grèce ancienne.
Les habitants étaient d'habiles frondeurs, sou-
vent en guerre avec les Etoliens. Soumise à la
Macédoine l'an 225 av. J.-C., comprise dans
la province d'Achaïe l'an 146, et annexée à la
Roumélia par les Turcs. Les chevaux de cette
acarnanien, enne s. etadj. (a-kar-na-ni-
ain, è-ne). Géogr. Qui habite l'Acarnanie, qui
est propre à ce pays ou à ses habitants : Les
acarnaniens ne jouèrent jamais un râle impor-
tant dans les affaires de la Grèce, quoiqu'ils y
fussent toujours mêlés. (Am. Tardieu.)
, , ). Ichthyol.
vulgaire du spare pagel. V. ce mot.
ACARON s. m. (a-ka-ron). Bot. Espèce de
myrte sauvage.
ACj
karpo., ..
de fruit.
ACARPELLÉ, ÉE adj. (a-kar-pèl-lé — de a
priv., et carpelle). Bot. Se dit des fleurs pri-
vées de carpelles.
ACARUS s. m. (a-ka-russ — du gr, akari,
petit insecte). Zool. Nom réservé quelquefois
a un genre de l'ordre des acarides, mais qui
s'applique ordinairement, d'une façon gé-
nérale, à tous les animaux de cet ordre.
V. Acarides.
- .n. (a-ka-ze-man — rad.
ucuser). Action d'acaser, de donner en fief.
ACASER v. a. ou tr. (a-ka-zé — du lat. casa,
cabane). Ane. jurispr. Donner en fief, donner
à rente.
ACASTE s. m. (a-kas-te— de Acaste,H. pr.),
Zool. Genre de crustacés cirrhopodes, voisin"
des balanes ou glands de mer. Les acastes ont
une coquille conique à six valves, surmontée
d'un opercule à quatre valves. Ces crustacés
habitent les mers des pays chauds et se logent
dans les éponges.
ACASTE, filsde Pélias, futun des Argonautes.
Ses sœurs, d'après le conseil de Médée, ayant
tué leur père et fait bouillir ses membres dans
l'espoir de le rajeunir, Acaste lui rendit les
derniers devoirs et chassa Jason et Médée.
acastide s. m. (a-kass-ti-de). Descendant
d'Acaste, roi de Thessalie, et l'un des Argo-
ACATALECTE adj. (a-ka-ta-lèk-te — du gr.
a. priv. ; kalalcktikos, qui termine). Prosod,
anc. Se dit d'un vers qui n'est pas tronqué au
bout, qui n'a pas une syllabe de moins comme
le vers catalecte : Dans toutes les strophes et
les antistrophes, on trouve un vers technique tri-
mètre complet ou acatalëcte. (Vauvil.) il On
dit aussi acatalectique.
ACATALEPSIE s. f. (a-ka-ta-lèjwiî — du gr.
a priv. ; katalèpsis, compréhension). Anc. phi-
los. Impossibilité de comprendre, doute, né-
gation de toute certitude. Les anciens don-
naient ce nom au scepticisme universel, dont
la secte des pyrrhoniens faisait profession.
Ces philosophes prétendaient que nos sens
nous trompent nécessairement sur la véri-
table nature des choses. Arcésilas est, dit-
on, le premier qui soutint l'acatalepsie. ■
— Pathol. Affection cérébrale qui 6te la fa-
culté de concevoir, qui ne permet pasdesuivre
un raisonnement, de mettre de la suita dans
ses idées.
ACATALEPTIQUE adf. (a-ka-ta-lèp-ti-ke —
rad . acatalepsie). Partisan du doute philosophi-
que, sceptique: Les principes acataleptiques.
— Méd. Atteint de la maladie appelée aca-
talepsie.
ACATAPOSE s. m. (a-ka-ta-po-ze — du gr.
a priv.; kataposis, action d'avaler). Méd. Diffi-
culté, impossibilité d'avaler.
acatastatique adj. (a-ka-tas-ta-ti-ke
-— du gr. a priv. ; katastatikos, stable). Méd.
S'appliquait autrefois aux fièvres dont les pé-
riodes n'offrent rien de régulier. H se disait
aussi des urines qui changent à chaque instant
d'aspect..
ACATÉCHILI s. m. (a-ka-té-chi-li). Ornith.
Oiseau du Mexique, semblable au tarin.
V. Achatechitli.
ACC
ACATHISTE s. m. (a-ka-tiss-te — du gr. o
Îiriv. ; kathistèmi, je me tiens debout). Li-
urg. Fête que l'Eglise grecque célébrait le
samedi de la quatrième .semaine de carême,
en l'honneur de la Vierge , et dont l'office de
la nuit se récitait tout entier debout, u Hymne
que l'on chantait à cette fçte.
ACATHOLIQUE adj . (a-ka-to-li-ko — du gr. a
priv.; katholikos, catholique, universel). Nôol.
Se dit de ceux qui, reconnaissant la divinité
de Jésus-Christ, repoussent l'autorité du pape
et la suprématie de l'Eglise romaine.
ACATIA s. 1. (a-ka-si-a — du gr. akation ,
nacelle pointue). Antiq. gr. Chaussure que
portaient les femmes, amsi nommée à cause
de sa forme.
ACATIUM s. m. (a-ka-si-omm; mot lat.)
Antiq. rom. Petit bâtiment qui allait à la
rame et à la voile.
acatonis s. m. (a-ka-to-niss). Géogr. Nom
d'une peuplade de la Nouvelle-Angleterre.
ACATYRES s. m. pi. (a-ka-tir). Géogr.
Nom d'une horde de barbares qui, avec Tes
Huns, envahirent l'empire romain.
ACAULE adj. (a-ko-le — du gr, a priv.;
kaulos, tige). Bot. Se dit des plantes qui n'ont
pas de tige apparente, comme le silène acaule,
la centaurée acaule.
. — Encycl. Il est assez rare que des plantes
annuelles soient acaules ; la tige est alors ré-
duite au collet, ou à une sorte de plateau sur
lequel les feuilles sont rapprochées en rosette.
Les plantes vivaces, dites acaules, ont géné-
ralement «ne tige souterraine ou rhizome qui
émet des pédoncules ou des pédicelles que l'on
appelle improprement radicaux, parce que l'on
confondait autrefois les rhizomes avec les ra-
cines. Il arrive fréquemment, dans les plantes
dites acaules, que la tige aérienne, presque
nulle chez certains échantillons, atteint une
certaine hauteur chez d'autres. Un grand
nombre de plantes bulbeuses sont considérées
comme acaules, leurs tiges florifères, qui ne
présentent en général d'autres feuilles que les
feuilles florales ou bractées, étant regardées
comme' des pédonculeSj et la tige se trouvant
réduite au plateau qui donne insertion aux
écailles du bulbe. D'autres plantes bulbeuses
émettent de véritables tiges feuillées, comme
le lis blanc, la couronne impériale, etc.
ACAVE s. m. (a-ka-ve). Moll. Sous-gcnre
établi dans le grand genre hélice ou escargot,
et dont le type est l'hélice chagrinée (hélix
aspersa), commune dans les jardins et les
vignes. Il renferme les espèces dont la coquille
est globuleuse et ombiliquée. V. Hélice.
ACCABLANT (a-kâ-blan) part. prés, du
v. Accabler.
Ma rivale, accablant mon amant de bienfaits,
Opposait un empire a mes faibles attraits.
ACCABLANT^ ANTE adj. (a-kà-blan, an- te).
Qui accable, qui fait ployer sous le poids : A
ces mots, Idoménée parut comme un homme qu'on
soulage d'un fardeau accablant. (Fén.)
— Par exag. Extrême : Quand il arriva, la
chaleur était accablante. (Rog. de Beauv.) H
Climat accablant, Climat où règne une chaleur
ACG
47
accablante : Ses membres
nonçaient une vigueur peu
climat accablant. (E. Sue.)
— Fig. Qui jette dans l'âme la tristesse,
l'effroi, le désespoir : Une idée accablante et
terrible s'offre à moi. (La Harpe.) Un criminel
à qui on lit la sentence n'a jamais été plus saisi
et plus troublé que je le fus à cette nouvelle
accablante. (Le Sage.) Les joies du monde sont
insensées, parce qu'elles s'élèvent sur le néant ;
ses douleurs sont accablantes, parce qu'elles
sont inconsolables et désespérées. (Lamenn.) Foi
céleste , tu soulèves tes poids accablants qui
pèsent sur le cœur de l'hùmme. (Chateaub.)
Ah! penser accablant où mon cœur s'abandonne!
— Par anal. Qui énerve les facultés intel-
lectuelles, qui abrutit : Il s'agissait d'éman-
ciper la jeunesse , de l'a/franchir des méthodes
serviles et accablantes, et de ramener les es-
prits aux voies naturelles. (Ste-Beuve.) n Qui
fatigue, qui surcharge : Le nombre des maté-
riaux nécessaires devient toujours plus acca-
le géographe. (Fonten.) il Incom-
que tous ces petits-maîtres. (Col.
d'Harlev.) il Mortifiant, écrasant : On l'a laissé
sortir, mais il est resté dans la pièce voisine
pour m'écouler, afin de se ménager une rentrée
accablante pour mon amour-propre. (G. Sand.)
Elle m'a traité avec un mépris accablant.
(G. Sand.) n Qui rend toute excuse, toutejus-
lification impossible : Les remarques sont ju-
gées accablantes pour- M. de Cambrai. (BosS.)
Il dressa un mémoire accablant contre le
grand vizir. (Volt.) P.-L. Courier a beaucoup
cité et toujours avec un sens, une force, une sû-
reté d'application accablante pour les puis-
sances qu il voulait abattre. (A. C'arrel.)
Ces foudroyants regards, ces accablants reproches.
Mais qu'il est accablant de parler de sa honte!
ACCABLÉ, ÉE (a-kâ-blé) part. pass. du v.
Ac^ibler; Qui succombe sous le faix : Cet
homme parait accablé sous le poids a]p son far-
deau, il Se dit aussi des choses : La vigne était
accablée sous son fruit. (Fén.)
— Par ext. Vaincu : Longtemps sa valeur le
soutint contre la multitude de ses ennemis ; mais
enfin il fut accablé. (Fén.) // semble devoir être
accablé par le nombre des ennemis. (Volt.)
L'Orient accablé
Ne peut plus soutenir leur effort redoublé.
1UC in H.
Il Harassé, exténué : Je me trouve dans mon
lit, accablé de fatigue, et trempé de sueurs.
(J.-J. Rouss.)
— Fig. : // était accablé sous le poids de ses
infirmités. (Fén.) Son vieux père, accablé sous
le fardeau des ans, se livrait au sommeil, (Volt.)
J'y vois un homme accablé sous le poids de sa
misère. (J.-B. Rouss.) Je me sentais accablé
sous le poids de tant de bontés multipliées.
(Dider.) Sans doute la mort a des douceurs pour
celui qui est accablé des rigueurs de la vie.
(B. de St-P.)
Accablé du fardeau d'une tristesse extrême.
Gresset.
D'un noir chagrin mon coeur languissait accablé;
Je regardais le ciel et j'étais consolé.
Michaud.
— Fig. et par anal. Comblé , surchargé :
Il fut accablé de prévenances, de caresses.
Apprenez du moindre avocat qu'il faut paraître
accablé d'a/faires. (La Bruy.) Cette femme
était accablée d'un grand nombre d'incommo-
dités très-cruelles. (Fonten.) Accablé de tra-
vail, sevré de plaisirs et fatigué du monde, il
tomba bientôt dans le plus affreux marasme.
(Balz.) Mirabeau, dans sa jeunesse, fut ac-
cablé de dettes et de besoins. (Villem.)
Il Affaibli : Pardonnez-vous à un homme qui a
été accablé de maladies et d'une tragédie?
(Volt.) Il Réduit au silence : Tâche de les con-
vaincre par une multitude de preuves dont
ils soient accablés. (Bourdal. ) n Terrifié,
anéanti : Elle joignit les mains et se renversa
sur le dos de son f'auteuil, AccABLÉEpar ce ter-
rible pronostic. (Balz.) Une. autre pierre gravée
présente encore Achille jouant de la lyre; mais
cette fois il est accable par la douleur et la
perte de Briséis. (Val. Parisot.)
.... J'allais, accablé de cet assassinat.
Pleurer Britannicus, César, et tout l'Etat.
— Absol. : Je viens d'apprendre cette fâcheuse
nouvelle ; vous me voyez tout accablé.
— Antonymes. Allègre, épanoui, gaillard,
rayonnant.
ACCABLEMENTS, m. (a-kà-ble-man — rad.
accabler). Affaissement physique, résultant
d'une trop grande fatigue, de quelque effort ■
ou de quelque souffrance : Quand il dort, c'est
cî'accablemknt. (M">ûde Sév.)V« me sentis
même une assez grande difficulté de respirer,
enfin des pesanteurs et un accablement total.
(Mariv.)
— Fig. Prostration morale, à la suite de
peines, de chagrins, de malheurs : Je n'ai pas
de ces heures a' accablement qui vont jusqu'à
l'âme. (Voiture.) Elle était dans cet état de tris-
tesse et d' accablement où, à force de malheurs,
on n'en craint plus aucun. (M">« de'Toncin.) La
religieuse entra et me surprit dans cet accable-
ment de cœur et d'esprit. (Mariv.) Nous suppor-
tons plus facilement /'accablement du malheur
que l'ivresse du succès. (Petiot.)
Vous qui n'avez jamais de sourire moqueur
Pour les accablements dont une ame est troublée.
V. Uuao.
Il Misère, dônûment : Ou croit cette imposi-
tion prématurée dans V accablement où. . sont
les peuples. (Boss.)
— Fig. et par anal. Entassement, surcharge :
Quel accablement d'a/faires ! Quel poids, quel
accablement que celui que donne un royaume t
(La Bruy.l Que deviennent tes lois, leur texte,
et le prodigieux accadlkmknt de leurs com-
mentaires. (La Bruy.)
— Pathol. Etat de faiblesse apparente, ré-
sultant de la prostration des forces vitales.
— Éplthètes. Naturel, passager, court, long,
lourd, pesant, total, complet, profond, triste,
douloureux, cruel, morne, sombre, mortel.
ACCABLER v. a. ou tr. (a-kâ-blô — étym.
douteuse: du lat. cabulus, bélier, machine à
lancer de grosses pierres pour renverser, d'où
s'est forme le bas-lat. accabulare, écraser, ren-
verser avec des pierres; suivant d'autres , du
vieux motfr. chaable, même sens que cabu-
/Hs;enfin,quelqncs-uns le font dériver du celt.-
cablUf qui signifie opprimer. Ce qui donne une
.certaine probabilito a l'étym. fr., c'est notre
mot chablis, en usage dans la technologie •
des eaux et forêts pour désigner les arbres
abattus par le vent). Ecraser : Les Sabins ac-
cablèrent Tarpéia sous leurs boucliers. La
maison en tombant accabla ceux qui s'y trou- .
vaient. (Acad.) n Faire plier, surcharger,'
excéder les forces : Il portait, un fardeau qui
/'accablait. (Acad.) . '
— Par ext. : Le travail , le sommeil /'acca-
ble. Lorsque le poids de ta vieillesse vient vous
accabler , vous devez plus que jamais songer
à la mort. (Pasc.) Quand la fortune nous dé-
charge du travail , la nature nous accable du
temps. (M'"û de Puizieux.) La fièvre tomba vers -
neuf heures du matin , après m'avoir ac ~
pendant dix-sept heures. (Chateaub.)
il Vaincre , faire succomber sous le nombre :
Darius croyait accabler les Grées par le nom-
bre de ses soldats. (Boss.) Hippias, d'un âge
plus avancé, semblait devoir accabler Téléma-
quc. (Fén.) Déjà il en a mis un hors de combat;
mais de quoi lui sert ce triomphe? ses ennemis
peuvent renaître vingt fois pour /'accabler.
(Thomas.) Partout les plus forts ont fait les
lois, et accablé les faibles. (Turgot.)
Ils voulaient tous ensemble accabler Mithridate.
Racine.
— Fig. Se dit do tout ce qui produit une
prostration morale , un affaissement intellec-
tuel, à la suite de peines, de chagrins, de mal-
heurs , etc. : L'inconduite de ses enfants J'ac-
cable. L'idée d'être mal jugé par ceux que
nous estimons est un poids qui nous accable.
(Mme de Salm.)
il Affliger, consterner, abattre, décourager :
Une perte inopinée J'accable, le consterne.
(Mass.) Nos maux nous accablent quand ils
nous surprennent. (Ségur.) Nous faisons preuve
d'une profonde connaissance du monde, en nous
retirant de lui quand le malheur nous accable.
(Mme de Blessington.)
Tant de coups imprévus m'accablent t la fois,
Qu'ils m'Aient la parole et m'étouffent la voix.
Il Surcharger, en parlant de l'esprit, de la mé-
moire : Si un ouvrage est trop chargé de pen-
sées , leur nombre accable et lasse l'esprit.
(Nicole.) On négligeait de développer toute la
puissance morale et intellectuelle de l'homme,
et on /'accablait de connaissances positives.
(Dupanl.) il Ennuyer, fatiguer : J'aurais encore
cent choses à vous dire; mais c'est vous acca-
bler. (M""» de Sév.) il Donner le coup de
grâce, achever :
Ami, n'accable poin
Que tout, jusqu'à Pinchène, et
,uiR'rNeE-.
ilte et m'accable.
Oui, je suis une ingrate ; allons, accablcz-mo\.
La Chaussée.
h Rendre toute excuse, toute justification im-
possible : Cela vous justifie si peu qu'il n'y a
rien qui vous accable davantage. (Pasc.) Tout
cela formera contre lui un témoignage qui
^'accablera. (Bourdal.) Il Epuiser, ruiner,
anéantir ; C'est une éducation pénible et vio-
lente qui accable un tempérament faible. (La
Harpe.) Plus de cent cinquante édits bnrsaax
accaiillbent la France. (Raynouard.) Le
peuple qu'on accable d'impôts finit par n'en
plus payer. (De Malosherb.)
A vaincre tant de fois les Etats s'affaiblissent,
Et la gloire du trône accable tes sujets.
il Donner en grande quantité, combler, pro-
diguer, en bonne et en mauvaise part : Acca-
bler de présents , de politesses. Accabler de
dégoûts, de reproches. Vous êtes trop bon, trop
poli; vous m' accablez. Ceux que la fortune a
comme accablés de ses bienfaits en jouissent
avec orgueil et sans modération. (La Bruy.) Le
roi Taccabla d'injures. (Volt.) Je n'ai pas assez
de force aujourd'hui pour vous accabler de tous
les remerciments que vous méritez. (A. Karr.)
Je vous vois accabler un homme de caresses.
Molière.
Il Fatiguer, importuner : On presse les rois,
on les importune, on les accable et on réussit
en les accablant. (Fén.) Un homme de ce ca-
ractère nous accabla pendant deux heures.
(Montesq.)
rend la femme bien supérieure à nous. (Balz.)
Titus m'accable ici du poids de sa grandeur.
S'accabler, v. pr. Se surcharger : // ne faut
pas s'accabler de travail. (Acad.)
Ne vous accablez point d'inutiles douleurs.
— v. récipr. S'accabler de reproches, d'iit-
iures, de compliments, S'adresser mutuelle-
ment les reproches , les injures, les compli-
ments les plus exagérés.
— Syn. Accabler , opprimer. Accabler a un
sens plus vague et plus général qu'opprimer.
On peut être accablé par une cause intérieure,
et même imaginaire. Les chagrins accablent:
Un homme que le nombre, le poids, la diversité,
la difficulté des affaires occupe seulement et
n't.QCA.BLE point. (La Bruy.) Opprimer se prend
toujours en mauvaise part, et a pour sujet un
nom de personne , parce qu'il exprime l'abnsv
tyrannique d'une autorité. On peut être acca-
blé sans que personne y contribue volontaire-
ment; on n'est opprimé que par des causes
réelles nées de la volonté des supérieurs. II
Tiuit distraire un homme accablé de douleur,
rie mélancolie, de soucis ; il faut prendre la dé-
fense de celui qu'on opprime.
ACCAGNER OU ACANNER V. a. OU tr. {ak-
ÀCC
ka-gnié, gn mil. — du lat. ad, contro; canis,
chien). Poursuivre quelqu'un en l'injuriant;
aboyer après lui comme font les chiens :
Comme cet homme nous accagnait de sottises,
nous traitant de lâches, la musique s'arrêta.
(G. Sand.)
. ACCAIRAS s. m. (a-kô-râss), Ornith. Oi-
seau peu connu, et qu'on a presque rendu
fabuleux par les contes absurdes qu on a faits
à son sujet. Il habite la Nigritie. On dit
qu'il est de la grosseur du paon et qu'il a
une" huppe rouge accompagnée de deux ran-
gées de plumes blanches qu'il peut étendre
en cercle'et faire flotter sur .sa tête.
ACCA-LAURENTIA (ak-ka-lo-ran-sia), nour-
rice de Romulus et de Rémus, femme de
Faustulus , bercer de Numitor. Ses mœurs lui
avaient mérité le surnom de lupa , qui signi-
fiait courtisane et louve ; d'où la tradition
qui donnait aux fondateurs de Rome une louve
pour nourrice. Acea fut mise au rang des di-
vinités, et l'on célébrait annuellement en son
honneur des fêtes nommées Laurentales.
neurdeAcca-Laurentia,nourricedeRomulu
ACCALMÉ, ÉE adj. (a-kal-mé — rad. calme).
Mar. Se dit des bâtiments retenus en mer par
une accalmie.
ACCALMIE , CALMIE OU ACCALMÉE S. f.
(a-kal-mi — rad. calme). Mar. Calme mo-
mentané qui succède à un coup de vent très-
violent, n Ce mot entre dans plusieurs locu-
tions maritimes : Nage à l'accalmie! Vire à
l'accalmie! Encouragements à des* canotiers
ou à des hommes qui virent au cabestan, pour
qu'ils agissent avec plus de force et pro-
duisent ainsi un plus grand effet pendant l'ac-
calmie qu'on leur signale.
— Fig. Temps où le commerce est peu
animé, où il languit : Après le nouvel an, il y
a accalmie pour la plupart des industries pa-
risiennes, n Est aussi souvent employé pour
designer un temps de repos, une sorte d'en-
gourdissement i/ans la vie d'une nation ou
dans la marche d'un gouvernement. Dans ce
sens , se prend toujours en mauv. part : La
Restauration a été pour la France une accal-
mie politique. Un orateur parlementaire a
dit, avec plus d'originalité et d'énergie : C'est
une halte dans la boue.
accaparant (a-ka-pa-ran) part. prés, du
v. Accaparer : Il ne reste plus que quelques
rares personnages s'occupant d'affaires d'htat,
ou des coquettes accaparant et retenant par
leur conversation raffinée certains hommes au-
tour de leur fauteuil. (G. Sand.)
ACCAPARÉ, EE (a-ka-pa-ré) part. pass. du
v. Accaparer : Dés que les marchandises sont
accaparées par un petit nombre de marchands,
on voit bientôt le prix des denrées augmenter.
(Dict. du Comra.)
— Fig. En parlant des personnes , Mis en
réquisition , circonvenu , comblé de préve-
nances : J'ai l'air d'être accaparée par mes
hôtes. (Mme de Sév.) Je fus tellement accaparé
pendant les-ravages du choléra, que je ne revis
mes amis qu'au bout d'une quinzaine. (G. Sand.)
Mais je suis innocent; j'étais accaparé
Par notre révérend, notre excellent curé.
M°>° DE GlRARDIN.
ACCAPAREMENT s. m. (a-ka-pa-re-man —
rad. accaparer). Action d'accaparer , résultat
de cette action : ^'accaparement des blés
amena de graves désordres à l'époque de la dé-
volution. L' ACCAPAREMENT CSt le plus Odieux
des crimes commerciaux , en ce qu'il attaque
toujours la partie souffrante de l'industrie.
(Fourier.) Un marchand d'allumettes a l'in-
stinct de ^'accaparement. (Balz.) Un accapa-
rement, un monopole enrichit une classe de
citoyens aux dépens d'une ou de plusieurs au-
tres classes. (Say.) //accaparement sur les
produits ne peut avoir lieu que dans quelques
cas exceptionnels, pour des articles spéciaux et
d'un usage restreint. .(Guillaumin.) En Angle-
terre , l'abondance et la multiplicité des gise-
ments de houille en rendent /'accaparement
à peu près impossible. (Guillaumin.)
— Par ext.' Possession exelusivo : // pré-
tend à f accaparement de tous les bénéfices
de cette affaire.
— Encycl. Econ. On appelle accaparement
une spéculation qui consiste à s'approprier par
des acquisitions considérables les marchan-
dises, denrées et moyens de production qui
se trouvent dans un heu ou dans une circon-
scription plus ou moins étendue, afin d'avoir
le monopole, de ces objets sur le marché, et de
. pouvoir, grâce à l'absence de concurrence, en
lixer soi-même le prix au taux que l'on juge
le plus avantageux à son intérêt personnel. Le
mot accaparement s'applique surtout à une
telle spéculation quand elle porte sur les ob-
jets de première nécessité, comme le blé et les
autres substances alimentaires. A une époque
où l'industrie était peu développée, où les
voies de communication manquaient, où la di-
rection des mouvements commerciaux était
entre les mains d'un petit nombre d'individus
qui pouvaient facilement se concerter , l'acca-
parement était possible et constituait un dan-
ger public qui devait nécessairement appeler
f attention du législateur - aussi était-ce chose
et grave et considérable dans l'économie so-
ciale de l'antiquité et du moye âge. Aujour-
d'hui les craintes d'acco parement sont ûeve-
nues chimériques ; il n'est plus possible qu'une
ACC
coalition de spéculateurs fasse éprouver par
l'accaparement une hausse sensible et durable
à une denrée quelconque. Dans l'antiquité, les
lois contre les accaparements furent nom-
breuses et sévères ; en France, elles remontent
à Charlemagne ; elles se multiplient du règne
du roi Jean à celui de François 1er, disparais-
sent sous l'administration de Sully, sont réta-
blies sous Louis XIII et sous Louis XIV,
abolies sous Louis XV et remises en vigueur
en 1770 après les disettes des deux"années
Erécédentes. Abolies de nouveau par l'Assem-
lée constituante comme contraires à la liberté
de l'industrie et du commerce, les mesures de
répression contre les accaparements reparu-
rent sous la Convention. En 1793, un décret
de la terrible assemblée déclarait l'accapare-
ment crime capital , et le définissait l'action de
dérober à la circulation des marchandises ou
des denrées de première nécessité en les te-
nant renfermées dans un lieu quelconque sans
les mettre en vente journellement et publique-
ment, ou en les laissant gâter volontairement.
Les art. 4)9 et 420 du Code pénal sont venus
adoucir cette législation draconienne. Ils lais-
sent toute liberté aux spéculateurs d'un com-
merce franc et loyal, et punissent seulement
de l'emprisonnement et de l'amende les ma-
nœuvres frauduleuses tendant à produire une
hausse ou une baisse exagérée des prix.
ACCAPARER v. a. ou tr. (a-ka-pa-ré — du
lat. adr pour, et capere, prendre : prendre
pour soi; ou de parare, acheter, acquérir ; d'au-
tres le font dériver de l'Haï, caparra, arrhes,
gage d'achat). Amasser par spéculation une
denrée quelconque en grande quantité pour
en produire la rareté , et la revendre ensuite
fort cher : Accaparer tous les fruits d'une
province. Ces spéculateurs s'entendirent pour
accaparer les blés, les sucres, etc. Plus les
échanges sont libres et les moyens de transport
perfectionnés, plus il devient difficile cTacca-
parer les denrées d'un usage très -répandu.
(Guillaumin.)
— Par ext. Prendre pour soi exclusivement :
On a renversé les fontaines publiques sous pré-
texte qu'elles accaparaient les eaux. (Rivar.)
Il n'était pas fâché de le voir se mettre en avant
et accaparer tous les dangers de l'entreprise.
,(Gr. Sand.) Par le hideux éclat de ses désordres,
Dubois effaçait tout et semblait accaparer le
mépris public. (L. Blanc.)
— Fig. Exploiter exclusivement, faire une
chose à l'exclusion d'autrui : Victor Hugo a
pris l'ode, Canalis donne dans la poésie fugitive,
Déranger monopolise la chanson , Casimir De-
lavigne accapare la tragédie, et Lamartine la
méditation. (Balz.) il Retenir chez soi, s'em-
parer d'une personne , la captiver entière-
ment; gagner sa bienveillance, son amitié :
Il me semble, ma femme; que tu veux accaparer
monsieur, dit en riant le gros banquier. [Ti^Xz.)
Il Attirer à soi par des sollicitations , par la
brigue : Ce candidat a su accaparer les voix
des électeurs. Cet avocat accapare toutes les
. affaires. En voyant combien les hommes sont
rampants et souples devant tout ce qui semble
accaparer la faveur du maître, tl s'étonne
d'avoir été si craintif. (G. Sand.)
S'accaparer, v. pr. Etre accaparé : Les blés
accapareur, EUSE s. (a-ka-pa-reur ,
eu-ze — rad. accaparer). Celui , celle qui ac-
capare une denrée quelconque : S'il survient
une pénurie de substances ou de denrées quel-
conques, les accapareurs sont aux aguets pour
aggraver le mal. (Fourier.) Pour elle, la bonne
administration consistait à amasser ses blés, ses
seigles, ses chanvres , à attendre la hausse, au
risque de passer pour une accapareuss. (Balz.)
Pour que, dans un pays comme la France , les
associations ^'accapareurs pussent retirer de
la circulation une quantité de grains suffisante
pour déterminer une hausse importante de prix,
il faudrait qu'elles eussent à leur disposition
d'immenses capitaux. (Guillaumin.) /.'accapa-
reur, cet artisan de misères et de troubles,
porte le désespoir dans les familles. (Castêra.)
— Par ext. Celui, celle qui accapare toute
espèce de choses : FI Buonaparte, cet acca-
pareur de trônes. (Salvandy.) On l'accusait
d'être accapareur d'armes cachées. (Ste-Bcuv.)
— Fig. Celui, celle qui par ses manières,
sa beauté, etc., séduit, attire : Vous êtes une
accapareuse de cœurs. (Dufresny.)
ACCARE, ÉE (a-ka-ré) part. pass. du v.
Accarer. Confronté : Les témoins ont été ac-
carés avec l'accusé.
ACCAREMENT s. m. (a-ka-re-man — rad.
accarer). Ane. jurisp. Confrontation des té-
moins entre eux ou avec l'accusé.
ACCARER v. a. ou tr. (a-ka-ré — du gr.
karè, front, visage). Ane. jurispr. Mettre face
à face un accuse avec ses coaccusés ou les
témoins; les confronter.
ACCARIATION s. f. (a-ca-ri-a-si-on — rad:
accarer). Ane. jurispr. Confrontation.
ACCARON, ane. ville du pays des Philistins.
Cette ville, souvent citée dans l'histoire des
Juifs, n'offre plus aujourd'hui que des ruines.
ACCASTILLAGE s. m. ( a-kas-ti-ia-ge —
rad. accastiller). Mar. Primitivement , Châ-
teaux d'avant et d'arrière qui s'élevaient aux
deux extrémités d'un navire et le dominaient.
Aujourd'hui, Toute la partie du vaisseau qui
est hors de l'eau ; ensemble des lignes qui
limitent son œuvre morte : Ce bâtiment a an
bel accastillage. (De Bonnefoux.)
ACCASTILLER v. a. ou tr. (a-kas-ti-iô —
de l'espagn. castillo, fort, château.) Mar. Mu-
nir un navire de ses châteaux d'arrière et
d'avant, le garnir de ses gaillards, de sa du-
nette, etc.
ACCÉDÉ (ak-sé-dé) part. pass. du v. Ac-
céder. Ne s emploie qu'avec l'auxil. aooi'r .-
Les puissances du Nord ont accédb à cette ,
eom>en<ion. (Acad.)
ACCÉDER v. n. ou intr. (ak-sè-dé — du
lat. accedere, s'approcher. — L'e fermé du ra-
dical se change en è ouvert devant une syl-
labe muette : J'accède, tu accèdes; à l'excep-
tion du futur et du conditionnel : J'accéderai,
nous accéderions). Avoir accès , arriver , par-
venir : Ma chambre est un (/renier où l'on
accède par une douzaine de degrés en bois.
(Custine.) La porte, étroite, s'ouvre à huit
pieds du sol et l'on y accède par un escalier
fort roide. (Mérim.)
— Fig. Consentir, adhérer ; entrer dans un
engagement déjà pris par d'autres personnes :
La Suède avait refusé ^'accéder à celte con-
vention. (Volt.) Placé entre le désir «"accéder
à ses vœux et la cYainte du courroux de son
père, il éprouvait d'affreux déchirements. (E,
Sue.) C'est avec un grand ptaisir que /accé-
derais à votre demande ; mais je suis obligé
de partir dans deux heures pour la Belgique,
et cet argent m'est nécessaire pour mon voyage.
(Scribe.) On le suppliait ^'accéder à cette
demande d'augmentation dans le salaire des
journées. (G. Sand.)
— Absol. : Après s'être longtemps fait prier,
il a enfin accédé.
— Jurispr. Au barreau on donne quelque-
fois a co verbe lo sens actif : Le tribunal a vu
et accédé les lieux, c'est-à-dire s'en ost ap-
proché, les a visités.
— Syn. Accéder, acquiescer, adhérer, con-
sentir, souscrire. Consentir, c est se borner a
ne pas empêcher : Quel juif! mais j'ai besoin
d'argent, et il faut bien que je consentes
tout. (Mol.) Acquiescer, c'est se plier volon-
tairement à ce que veulent les autres : Je
n'oublierai pas votre demande, ni le plaisir que
j'aurai d'y acquiescer. (J.-J. Rouss.) Sous-
crire , c'est donner son consentement à une
chose dans le même sens qu'aefAërer, mais
d'une manière plus explicite, plus complète,
plus volontaire : J'y souscris avec plaisir. J'y
adhère avec peine. Accéder, c'est entrer ac-
cessoirement dans les engagements déjà don-
nés par d'autres : Le roi accéda à cette do-
nation. (Volt.)
— Antonymes. S'opposer, protester, refu-
ser, regimber, rejeter, résister.
ACCEDIT s. m. (ak-sé-ditt — du lat. acce-
dere, s'approcher). Ane. jurispr. Descente du
juge. Ce mot était particulièrement usité en
Provence.
ACCÉLÉRANT (ak-sé-lé-ran) part. prés.
du v. Accélérer : Tan tôt accélérant fa vitesse
de la frégate par tous les moyens connus, regar-
dant avec fierté son rapide sillage, il courait
vers la terre. (E. Sue.) 11 S'emploie aussi pro-
nominalem. : Il n'y a point de doute que les
destinées du genre humain iront s'accelerant.
(Bautain.)
précipite : Cette différence de ta /brec accélé-
ratrice à des distances différentes n'est fon-
dée sur aucune expérience. (Volt.) Toute force
constante est de sa nature accélératrice. (J.
de Maistre.) Les causes accélératrices de la
mort. (Cabanis.)
— Mécan. Se dit du principo ou de la force
qui, continuant à agir sur un corps mobile
après son départ, exerce ainsi une impression
qui lui communique à chaque instant une
nouvelle vitesse : Principe accélérateur ,
force accélératrice. Le rapport de la vitesse
acquise au temps est constant pour une même
force accélératrice. (La Place.) La force ac-
célératrice est directement proportionnelle à
ta masse mise en mouvement. (Liouville.)
— Anat. Muscle accélérateur, Muscle qui
accélère une évacuation.
— Techn. Substance accélératrice, Substance
que l'on emploie pour obtenir plus rapide-
ment des épreuves daguerréotypiques ou pho-
tographiques. C'est, le plus ordinairement, le
chlorure d'iode.
— S'empl. substantiv. : L oiseau est l agent
du grand passage universel et de la purifica-
tion, ^'accélérateur salutaire de l'échange des
substances. (Michelet.)
ACCÉLÉRATION s. f. (ak-sé-lé-ra-si-on
— lat. acceleratio, même sens). Accroissement
de vitesse que prend, dans certaines circon-
stances lo mouvement d'un corps. Si , par
exemple, un corps tombe librement, cest-
à-dirc sans que sa masse éprouve ni altéra-
tion , ni obstacle , on remarque qu'à chaque
moment de la chute la vitesse est plus grande
qu'elle n'était au moment précédent ; Une ex-
périence unique sur /'accélération des corps
qui tombent fait découvrir les lois de leur
chute sur des plans inclinés. (D'Alemb.) D'a-
bord la chute se fit avec une rapide accélé-
ration ; mais, le parachute se développant, la
vitesse fut considérablement diminuée. (Fran-
cœur.)
ACC
— Fig. Promp to exécution , .prompte ex-
pédition : L' accélération des travaux, d'une
affaire, d'un jugement, /.'accélération des
travaux exige un plus grand nombre d'ou-
vriers. Il faut faire telle chose pour /'accélé-
ration de l'ouvrage. (Acad.)
— Physiol. Augmentation d'activité dans
certaines fonctions de l'organisme : Accélé-
ration du. pouls, de la respiration.
— Fig. Se dit aussi de l'esprit : Une bois-
son généreuse excite /'accélération des idées.
(Roques.)
— Astron. Accélération d'une planète, Aug-
mentation de vitesse que le mouvement d'une
planète, dans son orbite, acquiert à mesure
qu'elle s'approche du soleil. Quand cette accé-
lération a heu, le mouvement diurne réel de
l'astre est plus grand que son mouvement
diurne moyen, il Accélération du mouvement
diurne des étoiles, Quantité dont leurs levers,
couchers et passages au méridien avancent
chaque jour. Elle est de 3' 56" de temps. Cette
accélération n'est qu'apparente ; elle est cau-
sée par le mouvement propre du soleil d'oc-
cident en orient, mouvement qui a pour effet
de le ramener chaque jour au méridien 3' 5G"
plus tard que la veille, il Accélération du mou-
vement moyen de la lune, Quantité dont ce
mouvement s'est accru depuis les anciennes
observations jusqu'à nos jours; elle est de
10" par siècle. Elle résulte de la diminution
de 1 excentricité de l'orbite terrestro , et se
convertira en retardement quand cette excen-
tricité, sous l'influence do 1 attraction des au-
tres planètes, cessera de diminuer et commen-
cera à s'agrandir.
ACCÉLÉRÉ, ÉE (ak-sé-lé-ré) part. pass. du
v. Accélérer. Qui reçoit à chaque instant de
sa durée une augmentation de vitesse : il/o«-
vement accélère. Course accélérée. Pendant
les dernières années du règne où la chute
accélérée rendait Napoléon plus implacable,
madame de Staël avait fui jusqu'au fond du
Nord. (Lamart.) Ils revinrent en marchant
tous deux d'un pas accéléré , comme des gens
empressés de terminer une affaire. (Balz.)
— Se dit des voitures, roulages, etc., qui
marchent rapidement : Voiture accélérée.
Un canal creusé de Beaucaire à Aiguës-Mortes
avait fait succéder victorieusement les bateaux
au roulage accéléré, et le coche à la diligence.
(Alex. Dum.)
— T. milit. Pas accéléré, Sorte de pas plus
rapide que le pas ordinaire.
— Physiol. Se dit de certaines fonctions qui
accidentellement s'exécutent avec une plus
grande vivacité : Pouls accéléré. Respiration
— Suivi d'un complém., il régit la prépo-
sition par : Mais les efforts du vomissement,
■sans être accélérés par le remède , l'expulsent,
au moins en grande partie, quand ils renais-
sent. (V. Jacquem.)
— Physiq. Se dit d'une force qui commu-
nique à un corps un mouvement rapide et
continu. On appelle mouvement uniformément
accéléré, lo mouvement résultant de l'appli-
cation à un corps d'une force qui, conservant
constamment la mêmeintensite, communique
successivement à ce corps des vitesses plus
grandes pendant lo temps qu'elle agit sur
lui ; or, le calcul démontre que les espaces
parcourus ainsi sont entre eux comme les
carrés des temps et les carrés des vitesses
finales, c'est-à-dire que l'espace parcouru pen-
dant un temps d'un mouvement uniformé-
ment accélère est la moitié de l'espace qui
serait parcouru dans le môme temps avec la
vitesse finale.
— Astron. Se dit d'une planète dont le
mouvement diurne réel excède le mouvement
diurne moyen.
— Miner. Se dit d'un cristal dans le signe
duquel les exposants simples font partie d'une'
progression qui est complétée par les expo-
sants relatifs à un décroissement mixte ou
intermédiaire, en sorte que la progression
paraît subir une accélération.
— Substantiv. Un accéléré, Bateau qui a
une grande force de vapeur; une accélérée,
Voiture qui marche à grande vitesse.
— Techn. Nom sous lequel les parchomi-
niers désignent le gonflement des cuirs par
la chaleur du bain.
— Encycl. Mécan. Le cas le plus ordinaire
et le plus intéressant du mouvement accéléré est
celui où sa vitesse s'augmente d'une quantité
égale en temps égaux, il porte alors la déno-
mination spéciale de mouvement uniformément
accéléré.
i° Si nous appelons v la vitesse finale d'un
corps qui obéit à ce mouvement , g sa vitesse
au bout de l'unité de temps, et / la durée du
mouvement, on a la relation :
v = gt. (1)
C'est-à-dire : La vitesse du mouvement accé-
léré est égale à la vitesse acquise dans l'unité
de temps multipliée par la'durée du mouvement.
2° Si aux symboles g et /, dont la significa-
tion vient d'être énoncée, on ajoute le symbole
e pour indiquer l'espace parcouru au bout du
temps t par un corps soumis au mouvement
accéléré, on a :
e^Lgti. (2)
ACC
acquise dans l'unité de temps, multipliée par le
carré du nombre qui exprime la durée du mou-
vement.
Les deux, formules (l) et (2), établies par
Galilée, sont l'expression algébrique de toute
la théorie du mouvement uniformément accé-
léré. Elles s'énoncent encore :
îo Les vitesses finales sont proportionnelles
aux temps pendant lesquels elles ont été ac-
quises.
2° Les espaces parcourus sont proportionnels
aux carrés des temps employés a les parcourir.
ACCÉLÉRER v. a. ou tr. (ak-sé-lé-ré— lat.
accelerare , même sens. — Change IV fermé
du radical en è ouvert , devant uno syllabe
muette : J'accélère, que tu accélères; excepté
au futur et au conditionnel : J'accélérerai,
nous accélérerions). Accroître la vitesse d'un-
corps en mouvement : La gravité d'un corps
qui tombe en accélère le mouvement. Accé-
lérer la marche d'une armée. (Acad.)
— Par anal. Activer, stimuler : Le mouve-
ment du sang accélère , excite une transpira-
tion salutaire. (J.-J. Rouss.) L'esprit est comme
une plante dont on ne saurait accélérer la
végétation sans la faire périr. (Suard.) La
nourriture prise à contre-cœur accéléra /<x
petite fièvre lente qui dévorait ce beau jeune
homme. (Balz.)
— Fig. Rendre plus prompt, avancer, hâter
la conclusion de : Les rigueurs de l'autorité
contre le christianisme accélérèrent ses pro-
grès. (B. Constant.) L'ambitieux voudrait ac-
célérer tous les moments de la vie. (Alibort.)
Les armées permanentes n'ont jamais servi qu'à
accélérer la décadence des nations qui les
soudoient. ( Proudhon. ) il Fairo naître plus
vite, hâter la succession , le développement
de : Boire accélère non-seulement les idées,
mais leur donne une certaine fraîcheur qui
allège le travail de la fécondation. (Roques.)
Ce serait tomber dans les excès les plus pro-
pres à accélérer, àprovoquer lemal. (Rayn.)
S'accélérer, v. pr. Devenir plus rapide, plus
prompt : Je ne passais point devant sa boutique
sans que les battements, de mon ■ cœur s'ac-
célérassent. (Balz.) Chacune de nos heures
nous pousse au tombeau et s'accélère du mou-
vement de celles qui la précèdent. (Al. Rabbe.)
Depuis la mort de Nicolas, la décadence de la
Russie s'accélère de jour en jour. (Journ.)
— Syn. Accélérer, hâter, presser. Accélérer
s'applique à une action déjà commencée, et
signifie la faire aller plus vite, ajouter à sa
célérité. On accélère un mouvement , un tra-
vail , la ruine de quelqu'un , etc. Presser et
hâter se disent d'un projet qu'il s'agit de
mettre en train, avec cette différence que
presser annonce quelque chose de plus urgent,
de plus pressant que hâter. C'est ainsi que
Boileau, par une image hardie, mais juste, a
pu marier l'adverbe lentement au verbe hâter:
Hatez-vous lentement,
ce qui, avec presser, eût présenté un contraste
choquant : La première édition de Bélisaire
était épuisée : je pressai la seconde, je hâtai
la troisième. On peut ajouter que presser se
dit mieux des personnes, et hâter, des choses
et des événements : On presse un fermier de
hâter le payement de son fermage. L'homme
prévoyant et soigneux accélère; l'homme actif
et diligent hâte ; l'homme ardent et impétueux
presse.
— Antonymes. Modérer, ralentir, retarder.
ACCÉLÉRIFÈRE s. m. (ak-sé-lé-ri-fè-re).
Nom donné à des voitures publiques qui fai-
saient leur service avec une grande rapidité..
Mémo sens ot même étym. que Célérifère^
V. ce mot.
ACCENDITE s. m. (ak-sin-di-tè — mot lat.
qui signifie allumez). Liturg. Antienne que
1 on chantait dans les fêtes solennelles en al-
lumant les cierges: A Angers, /'accendite était
chanté par un chœur dé musiciens. (Encycl.)
accense s. m. (ak-san-se — du lat. accen-
sus , adjoint). Antiq. Chez les Romains , Offi-
cier subalterne attaché à quelque haut fonc-
tionnaire, dans l'ordre militaire ou civil. Il
était généralement l'affranchi de la personne
qu'il servait, et était chargé de convoquer lo
peuple aux assemblées, d'appeler devant le
tribunal' les parties engagées dans un pro-
cès, etc. il Lc&accenses militaires étaient, dans
l'origine, un corps de soldats surnuméraires
destinés à remplir les vides que pouvaient
causer dans les légions la mort ou d'autres
accidents.
accense ou acense s. f. (ak-san-se —
rad. cens). Ane. jurispr. Bail à ferme, bail à
rente, bail à cens proprement dit.
ACCENSE ou ACENSÉ, ÉE (ak-san-sé) part,
pass. du v. Acccnscr, Tenu à cens : Un do-
maine accense. Une terre accensée. .
ACCENSEMENT OU ACENSEMENT S. m.
(ak-san-se-man — rad. acceuser). Ane. jurispr.
Convention par laquello on prenait un héri-
tage à cens ou à rente foncière.
ACCENSER ou ACENSER v. a. ou tr. (ak-
san-sé — rad. cens). Ane. jurispr. Donner
ou prendre à ferme une terre, une propriété :
Les seigneurs qui prirent la croix rendirent
libres un grand nombre de serfs et ~
rent leurs terres.
ACC
S'accenser, v. pr. Se donner à cens. Se
disait de celui qui aliénait sa liberté et s'en-
gageait au service d'autrui , moyennant une
rente d'argent.
ACCENSEUR ou ACENSEUR s. m. (ak-san-
seur — rad. accenser). Celui qui donnait ou
prenait une ferme à cens.
— Celui qui était chargé de recueillir les
dîmes.
ACCENT s. m. (ak-san — dû lat. accentus,
dérivé de ad. et de cantus, chant). Elévation
ou abaissement de la voix sur les différentes
syllabes du motj intonation , inflexion, mo-
dulation de la voix dans la prononciation des
mots d'une langue : //accent est à la pa-
role ce que l'intonation est au chant. (Encycl.
des gens du monde.) /-'accent est l'âme du dis-
cours. (J.-J. Rouss.) // ne faut pas confondre
la quantité avec /'accent. (Marmontel.) Qu'on
songe à l'importance qu'ont , dans l'étymologie
indo-européenne, la place de /'accent, la diffé-
rence d'une longue et d'une brève. (Renan.)
Conjuguez avec moi pour bien prendre l'accent.
RÉONIEtt.
— Manière, ton que l'on emploie en parlant
à quelqu'un : // lui répondit avec un accent
qui n'admettait pas de réplique. (E. Sue.) Je
suis aux ordres de madame ta marquise, ré-
pliqua Fargeau, dont la voix avait un tout
petit accent de raillerie en prononçant ce der-
nier mot. (P. Féval.) Cet accent de dédain
qui est trop naturel à Hivarol, nous le retrou-
vons plus tard à Chateaubriand. (Ste-Beuve.)
— Manière défectueuse de prononcer les
mots d'une langue, qui fait reconnaître im-
médiatement soit un étranger , soit un pro-
vincial ou un homme du peuple : IJ accent
anglais, allemand, //accent picard, franc-
comtois, //accent des faubourgs de Paris.
//accent du pays où l'on est né demeure dans
l'esprit et dans le cœur, comme dans te lan-
gage (La Rochof.) // lui disait d'un ton froid
et dans son accent provençal des mots qui
faisaient le plus grand effet. (J. -J. Rouss.)
Ce qu'on appelle /'accent des provinces con-
siste en partie dans la quantité prosodiaue:
le Normand prolonge la syllabe que le
scon abrège. (Marmontel.) Vous reconnai
à peine, tant vous avez imité avec talent /'ac-
cent et les manières d'une Anglaise. (G. Sand.)
lien des plus prononcés. (Alex. Dum.)
— Absol. Prononciation des gens de pro-
vince, par oppos. à celle des habitants de la
capitale : Vous êtes de Provence! voyez, je ne
l'aurais pas cru. Vous n'avez point /'accent.—
C'est que j'ai tant couru; en voyageant, /'accent
diminue et s'efface. (Col. d'Harlev.) Aussi est-
ce une ancienne maxime que, pour bien parler*
français, il ne faut pas avoir {/'accent. (D'O-
livet.) Leur langage est le plus pur français
sans accent. (A. de Vigny.) — On racontait
un jour devant le comte d'Aile..., Gascon,
une histoire invraisemblable ; le comte sou-
riait de manière à embarrasser lo narrateur;
qui, avec un mouvement d'impatience, lui
dit ; « Quoi , monsieur, vous ne croyez pas à
mon histoire? — Oh! pardonnez-moi { reprit
le comte; mais je n'oserais la répéter a cause
de mon accent. » —Un autre gascon, qui
croyait avoir effacé toute trace du pèche ori-
ginel en fait do prononciation , le prouvait
de la manière la plus péremptoire en disant :
«Je défie lou plus malin de deviner à mon
assent que j'ai bu les eaux de la Garonne. »
— La voix , le langage considéré sous le
rapport des sentiments qu'il exprime : // ma
conta cette nouvelle avec l accent du désespoir.
//accent est l'âme du discours; il lui donne
le sentiment et la vérité. (J.-J. Rouss.) Chaque
passion, chaque affection de l'âme a son ac-
cent. (R. Rochette.) M assillon possédait dans
un degré très-éminent celte qualité de l'ora-
teur qui consiste à mettre parfaitement d'ac-
cord le geste, /'accent, l'expression de la phy-
sionomie avec les paroles. (Dussâult.) L'amour
et la dévotion prennent toujours /'accent du
caractère. (Mme c. Bachi.) C'est /'accent seut
qui persuade. (Mme e. do Gir.)
— Par ext. Le langage, les paroles mêmes.
Ne s'emploie guère, dans ce sens, que dans le
style poétique, et presque toujours au plu-
riel : Les accents de la passion, de la colère.
Ces divins accents expiraient et renaissaient
tour à tour. (Chateaub.) Son talent
quelques vrais accents. (Ste-Beuve.)
Qu'aux accents de ma voix la terre se réveille.
J.-B. Rousseau.
Mais quels accents plaintifs ont frappé mes esprit
— Caractère de certains ouvrages : //accent
pathétique et grandiose des prophéties. (La-
menn.) Chez saint Jérôme, /'accent est âpre et
le sentiment intense. (Ph. Chasles.) il Se dit
aussi du chant, dû cri de quelques animaux :
* - ~- 'jette l'éclat du ris, exprime l'j
efforts et la peine. (Buff.) il Son des instru-
ments, musique : Le joyeux tumulte d'un bal,
les accents de l'orchestre, les rires des dan-
seurs, arrivaient jusqu'à lui. (Balz.)
Epouvantaient au loin les bâtes des forSts.
Delille.
Il Bruit produit par quelque objet inanimé i
Ses accents ressemblaient aux accents du tonnerre
Quand du mont Sinal Dieu parlait a la terre.
Voltaire.
— Gramin. Signe graphique qui se met sur
une voyelle pour en indiquer la prononciation,
ou pour la caractériser grammaticalement.
— Par compar. Se dit d'une chose qui a la
forme d'un accent graphique: Une porte étroite
et basse, que le plan incliné de la toiture coiffait
d'un "accent circonflexe. (Deslys.)
— Mus. Façon d'exécuter qui fait que la
même mélodie ou la même harmonio produit
ou ne produit pas d'effet. En ce sens, accent
est synonyme d'expression, n s. m. pi. Signes
indiquant au chanteur ou à l'instrumontisto
l'expression de force ou de douceur qu'il doit
donner à une note isolée ou à un passage.
Ces signes sont au nombre, de trois ; <; ,
marque qu'il faut augmenter graduellement
l'intensité du son ; j> , qu'il faut la diminuer
progressivement; <;>, qu'on doit d'abord
augmenter jusqu'au milieu, puis diminuer
jusqu'à la fin.
— T. d'argot. Signe par lequel les voleurs
se reconnaissent. Celui qui sort aux voleurs
et plus particulièrement aux escarpes, s'exé-
cute en crachant avec bruit et en décrivant
avec le pouce de la main droite un c sur la
joue droite, près du menton. Or c'est ce der-
nier signe , ce c, qui a été appelé arçon (petit
arc), puis, par corruption, accent. (Fr. Michel.)
— Encycl. Il y a trois choses à considérer
dans les sons : la force ou l'éclat, la durée, et
la valeur gravo ou aiguë du son. C'est à la
dernière que s'applique d'une façon spéciale
le mot accent. Un mot composé de plusieurs
syllabes est un tout", un ensemble qui a ses
parties distinctes, prononcées avec une inten-
sité différente. Tous les mots d'une phrase ne
se prononcent pas non plus d'une manière
uniforme ; il y en a sur lesquels la voix s'élève,
d'autres sur lesquels elle s'abaisse. Enfin lu
passion vient ajouter de nouvelles inflexions à
celles que l'usage et l'origine de la langue ont
imposées aux différentes syllabes des mots pris
en eux-mêmes, et à celles que la construction
de la phrase donne aux différents mots qui
forment un tout , un ensemble exprimant une
pensée. De là trois sortes d'accents : 1» l'ac-
cent prosodique ou syllabique , qui concerne
les mots; 2U l'accent rationnel ou logique, qui
indique le rapport, la connexion que les mots
ont entre eux dans la proposition, que les pro-
positions ont entre elles dans le discours, et
qui classe pour ainsi dire les termes d'une
phrase selon l'importance relative des idées
qu'ils expriment; 3° l'accent pathétique ou
oratoire, qui, par un ton plus ou moins élevé,
par une manière de parler plus ou moins vive,
plus ou moins lente , exprime les sentiments
dont celui qui parle est agité et les communique
à l'âme de ses auditeurs. — L'accent proso-
dique prend le nom d'aigu quand la voix s'é-
lève, (te grave, quand elle s'abaisse, de cir-
conflexe , quand elle s'élève et s'abaisse suc-
cessivement sur la même voyelle ; on l'appelle
tonique quand il a pour caractère spécial de
produire l'élévation de la voix sur une des
syllabes d'un mot et de mettre en relief cette
syllabe au milieu de celles qui l'environnent.
L'accent tonique existe dans toutes les langues;
chaque mot a le sien et n'en a qu'un. Dans le
latin, l'accent tonique est en général sur la
pénultième syllabe, si cette syllabe est longue,
et sur l'antépénultième, si ta pénultième est
brève. La langue française est peut-être celle
où l'accent tonique est le moins prononcé ; ce-
pendant il y existe, et se trouve sur la der-
nière syllabe si elle n'est pas terminée par un
e muet, et sur l'avant-deniiére si la dernièro
est terminée par un e muet. Ainsi dans le mot
silence, l'accent tonique est sur la syllabe len,
et dans le mot amour, sur la syllabe mour. En
français, l'accent tonique ne se marque pas.
L'allemand , l'anglais, l'italien, etc., ne l'écri-
vent que dans les livres élémentaires, surtout
dans ceux qui sont destinés aux étrangers. —
L'usage des signes d'accentuation remonte U
une haute antiquité ; ils paraissent avoir été in-
troduits chez les Grecs par Aristophane de By-
zance, grammairien qui ilorissait dan3 Alexan-
drie, au ne siècle av. J.-C.Ils étaient en usage
dans l'écriture latine dès le temps d'Auguste.
Ceux que nous employons en français jouent
le rôle, ou de signes purement orthographi-
ques , soit qu'ils servent uniquement à dis-
tinguer un mot d'avec un mot homographe ,
soif qu'ils conservent à l'étymologiste la trace
d'une lettre supprimée ; ou de signes phoni-
ques indiquant une modification dans le son
d'une voyelle. On reconnaît dans notro langue
trois sortes d'accents : l'accent aigu ('), l'ac-
cent grave ( \) et l'accent circonflexe (a), qui
est la réunion des deux précédents.
L'accent aigu sert à marquer le son de IV
fermé : donné , bonté. On le mût sur tous les é
fermés qui terminent la syllabe ou qui sont
suivis seulement d'un s marquant le pluriel.
On pourrait hésiter sur les mots terminés en
ége, pour savoir si leur accentuation doit être
ouverte ou fermée. La grammaire exige un e
fermé dans toutes ces finales : collège, liège,
manège, piège siège, etc. Il en est ds uiêino
pour les verbes en éger , même devant une
syllabe muette : J'abrège, tu allégés, il pro-
tège, etc. Toutes les fois que In voyelle e, ayant
le son fermé, est suivie d'un x, r-
50
ACC
ment ou dans le corps d'un mot, cette lettre,
formant uno même syllabe avec x, s'écrit sans
accent : Exécuter, exemple, réflexion, etc.
L'accent grave se met sur les è ouverts qui
terminent la syllabe : Algèbre, siècle, règle;
ou qui sont suivis d'un s achevant le mot ;
Procès, succès, accès. Il y a à cette règle quel-
ques exceptions : Mes, tes, ses, etc. Remar-
quons que Yè est presque toujours ouvert lors-
qu'il termine la syllabe et qu il est suivi d'une
consonne et d'un e muet. Placé sur a, e, u,
l'accent grave sert à établir pour fa vue, entre
deux mots, une différence qui n'existe pas pour
l'oreille : ainsi on le met sur à préposition- pour
le distinguer de a, troisième personne du pré-
sent de l'indicatif du verbe aooir; sur là , ad-
verbe, pour le distinguer de la, article; sur
où, adverbe, pour le distinguer de ou, conjonc-
tion : sur dès, préposition , pour le distinguer
de des, article contracté. L'accent circonllexe
affecte toutes les voyelles ^excepté \'y. Il est
le plus souvent le signe représentatif d'une
lettre retranchée, soit voyelle, soit consonne,
et particulièrement de Ys. On écrivait ancien-
nement : Aage. roole , prestre , apostre, qu'on
écrit à présent : âge, rôle, prêtre, apôtre.
Il se place sur l'i des verbes en aitre et en
oitre, partout où cette lettre est suivie d'un t ;
sur la voyelle qui précède mes et tes aux pre-
mières et deuxièmes personnes du pluriel du
passé défini de tous les verbes; sur la voyelle
oui précède le t final de la troisième personne
du singulier de l'imparfait du subjonctif de
tous les verbes. Dans tous ces cas, il repré-
sente l'*qui se trouvait dans le mot latin cor-
respondant : Naître (nasci), croître (crescere),
vous aimâtes (amastis). Ici nous sommes obligé
d'ouvrir en quelque sorte une parenthèse, car
il s'agit de faire éviter une erreur orthogra-
phique dans laquelle on tombe fréquemment.
On commet souvent une faute contre l'em-
ploi de l'accent circonflexe, en confondant la
troisième personne du singulier du passé an-
térieur avec la personne correspondante du
conditionnel passé , deuxième forme , et du
plus-que-parfait du subjonctif :
// lut ce livre dès qu'il l'eut acheté;
Il aurait lu ce livre s'il l'eût acheté;
Pour lire ce livre , il aurait fallu qu'il l'eût
Dans le premier exemple, eut acheté est au
u plus-que-parfait du subjc
tif. Dans ces trois cas, le verbe a la même
consonnance, quoiqu'il appartienne àdes temps
différents. Pour établir une distinction, il faut
changer le nombre du verbe, et se servir de
la troisième personne du pluriel.
On obtient pour les exemples ci-dessus :
fis lurent ce livre dès qu'ils /'eurent acheté;
Rs auraient lu ce livre s'ils /'eussent acheté;
Pour lire ce livre, il aurait fallu qu'ils
/'bussent acheté.
Cette substitution rend alors la confusion
impossible.
à l'ai
Le juge régla ce procès
Il faudrait que le juge réglât tous les procès
à l'amiable.
On obtient au pluriel :
Les juges réglèrent.'..
Il faudrait que les juges réglassent...
L'accent circonflexe sert encore à distinguer
dû (et par anal, redû), participe passé du verbe
devoir, de du , article contracté ; crû , par-
ticipe passé du verbe croître , de cru, parti-
cipe passé du verbe croire; sûr, adjectif, de
sur, préposition; mûr (et par anal, mûre),
adjectif, de mur, substantif ; en même temps
qu il rappelle le souvenir de "
.,oriva.™.«n.n-
Enfin, dans certains mots en oûment, en
iment et en aiment, comme dènoùment, engoù-
ment, renoûment, renîment, remercîment,
crueifiment, dévoûment, tutoiment, etc., l'ac-
cent circonflexe sur u ou t peut suppléer la
voyelle e, bien que l'Académie donne la préfé-
rence au maintien do cette lettre. Une sem-
blable contraction peut aussi avoir lieu dans
gaité, gaiment, au heu de gaieté, gaiement.
Remarquons que l'accent circonflexe peut
avoir dans certains mots tout à la fois une
valeur phonique et une valeur étymologique,
dans d'autres une valeur étymologique seule-
ment, dans d'autres enfin une valeur phonique
seulement.
— Éplthètea. Doux , tendre , harmonieux,
mélodieux , sublimé , magique , divin , céleste,
noble , fier , orgueilleux , joyeux , champêtre ,
poétique, faible, timide, triste, plaintif, tou-
chant, larmoyant, désespéré, funèore, lugubre,
simple, bruyant, confus, varié, caressant, rau-
que , dur , rude , irrité , saccadé , terrible , in-
flexible. Il La plupart de ces épithètes ne s'em-
ploient qu'au pluriel, et par conséquent dans
accenteur s. m. (ak-san-teur — du lat.
accentor, qui chante avec un autre). Ornith.
Genre d'oiseaux, voisin de celui des fauvettes,
dont plusieurs auteurs ne le séparent pas.
ACCENTUABLE adj. (ak-san-tu-a-blc —
ratl, accentuer). Qui peut être accentué : Mot,
syllabe accëntuablb.
ACC
ACCENTUANT (ak-san-tu-an) part. prés,
du v. Accentuer : Je me ferai dévote, dit-elle,
en accentuant cette phrase de manière à ob-
tenir un signe d'approbation de Maxime. (Balz.)
ACCENTUATION s. f. (ak-san-tu-a-si-on —
rad. accentuer). Manière d'employer les ac-
cents graphiques dans l'écriture ou l'impres-
sion : Cette accentuation est vicieuse. C'est
une faute (/'accentuation.
— Par ext. Action d'élever la voix sur uno
syllabe, de faire sentir l'accent tonique : Les
règles de /'accentuation française sont très-
simples. Monte-Cristo articula ces dernières
paroles avec tant de clarté et avec une accen-
tuation si vibrante, que Morel, se levant tout
à coup, s'écria.... (Alex. Dura.)
ACCENTUÉ, ÉE (ak-safl-tu-é) part. pass.
du v. Accentuer. Marqué d'un accent : Cet e
— Par ext. Où l'accent tonique est sen-
sible : En anglais, tous les mots composés de
plus d'une syllabe ont une syllabe accentuée.
(Prévost.) La langue des enfants est accen-
tuée. (J.-J. Rouss.) J'aime à écrire dans la
langue accentuée des vers. (Lamart.) Il Plus
distinct, plus net, plus bruyant : Deux au-
tres coups , un peu plus accentués , ïe firent
entendre de nouveau, et une douce voix de
femme dit sur un ton très-bas : C'est moi,
Théodore. (Th. Gaut.) Un ronflement frès-
accentué de mon père nous donnait à con-
naître qu'il ne prenait pas grand intérêt à la
conversation. (Balz.) Plût à Lieu! répondit-il
avec un soupir plus accentué que les autres.
(G. Sand.)
— Fig. Dessiné, marqué, fortement pro-
noncé, caractérisé : Sa bouche, trop fendue,
était accentuée par des sinuosités qui don-
naient à ses lèvres de la ressemblance avec les
bizarres torsions du corail. (Balz.) On com-
prend que, selon l'usage, ses yeux étaient ac-
centues par des lignes de surmeh qui les
agrandissent et leur donnent de l'éclat. (G.
do Ncrv.) De l'autre coté de la haie, j'aper-
cevais parfois un homme grand, maigre, à la
figure accentuée. (A. Karr.) Ses traits courts
et fortement accentués annonçaient une éner-
gie et une àpreté peu communes. (G. Sand.) il
Rendu vif, énergique, véhément : Cette voix,
accentuée par la menace^ le fit tressaillir.
(V. Hugo.)
— Beaux-arts. Se dit d'un détail fini, tra-
vaillé, bien prononcé : Vers le milieu du
xiiiû siècle, lorsque les arcs sont refouillés de
moulures accentuées, présentant une coupe de
saillies comprises dans des polygones, tes aba-
ques inscrivent ces nouvelles formes. (Viollet-
lc-Duc.)
« — Mus. Dont les modulations sont nette-
ment marquées : Je réussis à ce récitatif; il
était bien accentué. (J.-J. Rouss.)
graphiques : L'araignée accentuée ^jorZe deux
accents circonflexes sur le dos de l'abdomen.
(Encycl.)
accentuer v. a. ou tr. (ak-san-tu-é — du
lat. accentus; formé de accinere, chanter avec.
— On écritavec un tréma l'i de la terminaison
aux deux premières personnes du plur. de
l'impart, de l'indic. et du présent du subjonc-
tif : Nous accentuions, que vous accentuiez).
Marquer une voyelle d'un accent : II faut ac-
centuer cet e. (Acad.) Les Komains «'accen-
tuaient pas leurs syllabes en écrivant. (Trév.)
— Par anal. Prononcer selon les règles de
l'accent tonique : Les étrangers ont de la
peine à bien accentuer l'italien, u Donner
l'accent oratoire ou pathétique : L'art de bien
parler, de bien réciter, co7isiste à accentuer
plus ou moine la parole, selon le genre d'élo-
cution, à /'accentuer toujours avec justesse et
sobriété. (Marmontel.)
— Fig. Donner plus de relief, de saillie, de
force, de vivacité, de caractère : Une affec-
tion profonde avait accentué ses traits. (G.
Sand.) L'auteur fit imprimer sa pièce avec une
préface où il accentuait douloureusement son
amertume. (Ste-Bcuve.) il Colorer, donner une
forme particulière : Tel était le langage de cet
enfant de douze ans, tel il fut di
(E. Sue.) Les vieilles filles n'ont-elles pas toutes
un certain talent pour accentuer les actions
et les mots que la haine leur suggère. (Balz.)
Il Exprimer avec force, avec insistance, avec
énergie : // accentua ces dernières paroles de
manière à empêcher la princesse d'éviter plus
longtemps des explications délicates. (G. Sand,)
// accentua ces mots avec une extrême mal-
veillance. (E. Suc.)
— Absol. Mettre les accents selon les rè-
gles de la prosodie : Une sait pas accentuer.
(Acad.)
— Mus. Donner de la vivacité, de l'anima-
tion : Le harpiste attaqua les cordes de son
instrument avec une énergie joyeuse et sur un
rhythme vif, que le tympanon accentuait de
coups pressés. (Th. Gaut.)
S'accentuer, v. pr. Etre accentué : Cette
syllabe, ce mot doit s^accentukr,
— Fig. Se prononcer dans un sens ou dans
un autre : Le ministère projeté s'acc/'.ntuait
mieux par l'ad~onction de certains noms.
(.loi
a.)
ACC
table : L'entrepreneur n'a plus à s'occuper de
l'argent ; il ne s'agit pour lui que d'établir sa
propre productivité, autrement dire /'accepta-
bilité de ses produits, (Proudh.)
ACCEPTABLE adj. (ak-sèp-ta-ble — rad.
accepter). Qui peut, qui doit être accepté :
Offre, proposition acceptable. On lui donnait
beaucoup de ces provisions acceptables, comme
le sucre, le café, le vin, etc. (Balz.) Si accep-
table que soit cette justification, elle me semble
pourtant trop facile. (E. Sue.) On trouvera
peut-être qu'ils sont un peu poussés au rouge,-
mais en peinture cette nuance est plus accep-
table qu'en politique. (Le Figaro.)
— Se disait autrefois pour Agréable : Ce
sacrifice a été reçu et est acceptable à Dieu.
(Pasc.)
— Mar. Se dit du temps, et signifie Pas-
sable, bon : Le vent fut doux et le temps accep-
table, ce qui nous permit de prendre la mer.
Acceptant (ak-sèp-tan) part. prés, du v.
Accepter : Enfin, c'était se perdre aisément en
acceptant, et plus sûrement encore en refu-
sant: (Volt.)
acceptant, ante adj. (ak-sèp-tan, an-te
— rad. accepter). Qui agrée, qui accepte :
Dans tous les contrats, on dit qu un acquéreur
ou donataire est présent et acceptant. (Trév.)
— S'empl. substantiv. : L'Eglise de France
resta divisée en deux factions, les acceptants
et les refusants. (Volt.)
— Prat. Celui qui donne, qui exprime un
consentement, par lequel une promesse, une
convention, une dotation devient définitive,
moralement et légalement valable : II est dû
un droit d'enregistrement par. chaque accep-
tant et pour chaque succession. Il Celui, colle
qui accepte un legs, un don, etc. : Fait —
présence du donataire et .de V
ACCEPTATION s. f. (ak-sèp-ta-s
accepter). Action d'accepter, de
stitulion a été s
peuple. Il a été nommé ministre, mais on ignore
encore son acceptation, //acceptation que
Dieu fait du sacrifice. (Pasc.) En voyant son
fils muet sur le chiffre, le vieil imprimeur de-
vint inquiet.; car il préférait un débat violent
à une acceptation silencieuse. (Balz.) Il Acte
par lequel, dans un pays catholique, on re-
çoit les constitutions des papes : // rendit un
très-grand service à la France, en s'opposant
toujours à /'acceptation du concile de Trente.
(Volt.) u Action de se soumettre, de se rési-
gner : Dans tous les accidents et toutes les
disgrâces, il ne nous manque qu'une accep-
tation volontaire et une soumission chrétienne.
(Bourdal.) La paix d'ici-bas est dans /'accep-
tation des choses contraires, et non pas dans
l'exemption de les souffrir. (Fén.)
Croyant fléchir lei
— Jurispr. Acte par lequel on reconnaît
accepter une chose : Acceptation de succes-
sion. Acceptation de communauté. Accepta-
tion sous bénéfice d'inventaire. Le lendemain
de /'acceptation du compte de tutelle, le vieil-
lard fut pris d'une faiblesse qui le contraignit
à garder le lit. (Balz.)
— Banq. Obligation contractée de payer
une lettre de change à son échéance. Cette
obligation est signée et exprimée par le mot
r\CCEPTAT]ON >Une fois donnée, ne
posséder les premières lettres de change de ■__._
fils. Il appelait cela la virginité de /'accepta-
tion. (E^Sue.) .
— Par ext. Lettre de change acceptée :
Les banquiers d'alors auraient tremblé de sa-
voir sur la place cent mille écus de ses accep-
tations. (Balz.)
— Acceptation en bla?ic, Lettro de change
acceptée, dans laquelle le nom du tireur est
reste en blanc, de manière à pouvoir y être
mis après coup par le possesseur du titro,
quel qu'il soit : L'habile notaire ne pouvant
poursuivre en son nom , avait fait faire au
malheureux Morel ce qu'on appelle une ac-
ceptation en blanc. (E. Sue.)
ACCEPTÉ, ÉE (ak-sèp-té) part. pass. du v.
Accepter : Sa parole seule fut acceptée.
(Bourd.) Elle était prête à accepter nettement
ma proposition, et si bien que je la tins pour
acceptée. (Fonten.) Ce traité ne fut pas ac-
cepté par le duc d'Orléans. (Volt.) // veut
une lettre de change de toi, acceptée par ton
beau-frère. (Balz.)
— Se dit des personnes, dans le sens d'Ac-
cueilli, agréé, bien reçu : Comme je me pro-
mène tous les jours, je commence à être connu
et accepté dans les villages. (V. Hugo.)
— Elliptiq. et invar. Formule dont on se sert
pour l'acceptation des lettres de change :
Accepté pour dix mille francs. Il Se dit de
même dans une conversation, pour marquer
consentement : Vous le voulez? Accepté.
ACCEPTER v. a. ou tr. (ak-sèp-té — lat.
acceptare, même sens). Agréer, recevoir ce
qui est proposé, offert : Accepter une condi-
tion. Accepter un présent. Accepter une do-
nation. Accepter la paix: Accepter une ex-
cuse. Ce vieux maréchal ne voulut pas.
le portefeuille de la guerre. Le priii
cepté la dédicace de ce livre. Vitellii
pentit bientôt (Ta
ACC
qu'il ne pouvait pas soutenir. (La Harpe.) On
ne peut, sans s'avilir, rien accepter de la scé-
lératesse. (Mme Roland.) Un peuple qui ac-
cepte une charte abdique : le droit n'est le
droit qu'entier. (V. Hugo.) Toute fonction pu-
blique engage la conscience de celui nui /'ac-
cepte et la responsabilité de celui qui la donne.
(E. de Gir.)
l'accepte tous les dons que vous voulez me faire.
— Par anal., en parlant des personnes,
Adopter, agréer: On «'accepta sur sa parole.
(Marmontel.) Les multitudes ont une tendance
à accepter le maître. (V. Hugo.)
Je t'adopte pour fils, accepte-moi pour pire.
ccepler pour gendre.
Il Admettre, trouver bon : ^'acceptons des
langues étrangères que les mots qui nous man-
quent. (Arnault.) Celui qui accepte la vérité
sans l'examiner, celui-là ne croit pas. (£1. La-
boulaye.) Rien ne sert mieux les rois que (/'ac-
cepter sans discussion et de bonne grâce les
nécessités qu'ils sont contraints de subir. (Gtii-
zot.) La raison «'accepte à son tribunal que
des raisons. (E. Pelletan.) La fin voulue, il
faut accepter le moyen. (Charma.) il Consen-
tir à : // est en état de me faire tout accepter,
et il me tient, le scélérat, le poignard sur la
gorge. (Mol.) il Se montrer prêt a : Accepter
la lutte, le combat, la bataille,
Fig. Supporter, subir, se soumettre à :
Ce peuple abandonnerait son pays, ou se livre-
rait à la mort, plutôt que (/'accepter la ser-
vitude. (Fén.) // faut accepter de bonne grâce
les difformités que le ciel envoie ou que le temps
amène. (Joubert.) Mon âme s'usant peu à peu
à ce combat, je perdis la force stoîque avec la-
quelle j'avais su accepter lesrevers. (G. Sand.)
Si vous aimez la nature humaine, il faut /'ac-
cepter telle qu'elle est. (Cousin.) Le cœur des
femmes est singulièrement fait; il s'asservit ou
s'exalte au point «/'accepter les affronts avec
ivresse. (E. About.)
Je m'étais résigné, j'acceptais ma misère.
— Suivi d'un infinitif, il prend la prép. de :
J'aimais la sombre sagesse de ces hommes qui
acceptaient stoïquement D'être brisés par d'au-
tres hommes, (G. Sand.) il II ne se construit
avec à que dans cette seule locution : Accep-
ter à dîner.
— Absol. : Il nous invita à aller prendre
une collation chez sa grand'mère ; nous accep-
tâmes. (Arago.)
ni mot renferme leur trépas;
Etc<
demain à onze heures dans la grande église. —
T'acceptai le renoez-vous. (liuclos.) il Accep-
ter un défi, S'engager à faire la chose pour
laquelle on a été mis au défi : T'accepte ton
défi, lui dis-je, et il me tarde de mille ans
que nous soyons aux prises. (P.-L. Cour.) u
Accepter une- lettre de change, Prendre l'en-
gagement de la payer à l'échéance, en met-
tant son nom au bas avec le mot accepté, ii
Accepter un présage, Accepter l'espérance of-
ferte par un présage : T'accepte ce présage,
que je crois heureux. (Fén.)
J'accepte avec plaisir un présage si doux.
Il J'en accepte l'augure, Je désire que cela ar-
rive comme on me le fait espérer : Allons,
' gure. (Marmontel.)
litige à un tribunal qu'olles désignaient.
S'accepter, v. pr. Etre accepté. Cette pro-
position ne peut s'accepter. (Acad.) Ne fal-
lait-il pas affronter ce mépris que les femmes
réservent souvent à des amours dont l'aveu
comme une flatterie? (Balz.)
l'accepte, et la paix désirée
se qui e
....... terre. La manière
dont il reçoit ces applaudissements. (Boss.)
Accepter, c'est prendre ce qu'on nous offre :
Dans nos transactions, nous acceptons ce qui
nous est proposé d'avantageux. Ilecevoir n'ex-
clut que le refus; accepter semble marquer
un consentement ou uno approbation plus ex-
presse. Mais agréer, c'est accepter les choses
qui sont de notre goût : Dieu agréa les vic-
times d'Abel, et eut en horreur celles de Caïn.
— Antonyme.8 : Récuser, refuser, rejeter,
ACCEPTEUR s. m. (ak-sèp-leur — lat. ac-
cepter, même sens). Celui qui reçoit, qui ac-
cepte, et particulièrem. Celui qui s'engage à
payer une lettre de change : L' accepteur
d'une lettre de change devient personnellement
débiteur de la somme. (Acad.)
— Signif. autref. Celui qui a des préfé-
rences, qui se conduit avec partialité : Dieu
n'est point accepteur de personnes. (Contes de
la reine de Navarre.)
ACCEPTILATION s. f. (ak-sèp-ti-la-si-on —
lat. acceptilatio, même sens). Dr. rom. Con-
trat par lequel un créancier supposait avoir
reçu de son débiteur la chose promise, et le
déliait ainsi de son obligation.
ACC
ACCEPTION s. f. (ak-sèp-si-on — lat. ac-
ceptio, même sens). Egard, préférence, con-
sidération que l'on a pour quelqu'un : Sans
acception de personne. Le Dieu du ciel et de
la terre n'a acception de personne. (Volt.)
Qu'un magistrat, qui par état est Également
■ redevable à tous, néglige les intérêts du pauvre
pour ne s'occuper que de ceux de l'homme puis-
sant, voilà une partialité, une odieuse accep-
tion de personnes. (Frayssin.)
— Par ext. Se dit des choses : Sans accep-
tion de qualités ni de fortune, il rendait ses
jugements avec équité. (Fléch. ) Depuis ce
temps-là, tantôt prisonnier, tantôt fugitif, tan-
tôt préparant des asiles aux proscrits de toutes
les opinions sans acception de leurs fautes et
de leurs excès, il avait ouvert dans son appar-
tement de la rue du Four-Saint-Germain un
refuge de sûreté pour les blessés de tous les
'partis. (Ch. Nod.)
— Gramm. Sens dans lequel un mot se
prend : Acception propre. Acception figurée.
La plupart des disputes viennent de ce qxion
ne-prciid pas le même mot dans la même accep-
tion. (Dumarsais.) Ce raisonnement peut s'ap-
pliquer au petit nombre des arts nécessaires, à
prendre ce mot dans une acception rigoureuse.
(De Bonald.) Peunous importe que le mot ci-
vilisation vienne du mot civitas ; ce gui est cer-
tain, c'est que son acception a changé en
route. (B. Constant.) Ces deux jeunes gens
étaient deux amis dans la véritable acception
du mot. (Baîz.) il Se dit des idées : Il n'est pas
inutile de revenir ici sur une chose déjà dite,
mais qu'on ne saurait trop redire, pour se sous-
traire aux conséquences excentriques d'une
fausse acception d'idées. (Ch. Nodier.)
ACCÈS s. m. (ak-sè — lat. accessus, même
sens). Entrée, abord, approche : Cette côte est
de difficile accès, à cause des rockers qui la
bordent. (Dumarsais.) Presque comblé par le
sable que la mer y pousse, le port est d'un
accès difficile. (Raynal.) Le flot toujours mon-
tant'des polypiers fermera un jour aux navi-
gateurs /'accus d'une partie des mers de la ré-
gion tropicale. (J. Macé.) On aperçoit des
clochers de village et des monastères dont on
ne peut deviner /'accès. (Lamart.)
de la science ne sont pas sans di[ficulté.{Raym.)
La vérité, quelque part qu'on la cherche, n'est
point d'un accès facile. (Guizot.) Il Accueil
qu'on trouve auprès d'une personne ; facilité
plus ou moins grande de l'approcher : Toute
la cour l'aime pour la facilité de son accès et
sa politesse. (St-Sim.) Il leur donne un libre
accès auprès de lui. (Boss.) Ils étaient du
nombre de ces petits à qui Jésus-Christ don-
nait un accès si facile auprès de sa personne.
(Bourdal.) Les grands ne sont pas toujours
d'un accès facile et commode. (Marmontel.)
C'est la paix qui chez vous me donne un libre accès.
Corneille.
Il Echo, sympathie : Le duc Charles avait une
àme où rien ne trouvait accès. (Barante.)
Mais peut-être ma voix, la voix de l'innocence,
. Brifaut.
— Avoir accès, Pénétrer librement, être
reçu, accueilli : Qui a beaucoup de connais-
sances peut avoir accès en beaucoup d'endroits.
(La Bruy.) Il est souvent plus difficile d'Avom
ACCÈS dans les maisons bourgeoises que dans
les palais des rois. (Girard.)
— Fig. et moralem. : C'est un homme dans
l'esprit duquel il est impossible à" avoir aucun
accès. (Trév,) Il est rare que la vérité ait
accès auprès du trône. (Mass.)
— Avoir accès à une profession, à une car-
rière, etc., Avoir le droit ou les moyens
d'exercer cette profession, cette carrière, etc. :
Les femmes ont accès à une foule de profes-
sions libérales. (M'»e Romièu.) il Ouvrir l'accès
à, Préparer les voies, le chemin : La paresse
ouvre souvent V accès à la débauche. (De Gé-
rando.) Ce décret lui ouvrit les portes de l'Ins-
titut, et bientôt /'accès des affaires. (Mignet.)
—Dr. canon. Ballottage dans l'élection d'un
pape, lorsqu'au scrutin aucun des cardinaux
n'a réuni un nombre suffisant de suffrages :
// fut nommé pape à /'accès. Après le scrutin
on alla à /'accès. Il Faculté de posséder un
bénéfice vacant, par l'insuffisance d'âge ou
la mort du titulaire.
— Pathol. Phénomène morbide qui se mon-
tre et disparaît par intervalles, comme dans
les fièvres intermittentes ; attaque : Un accès
d'épilepsie, d'hystérie. Il suait et tremblait sous
une méchante couverture, dans un accès de
fièure violent. (Volt.) Il trouva le meunier af-
fligé d'un violent accès de goutte. (Balz.) Ses
actions, depuis l'heure de son lever jusqu'à son
accès de toux te soir, étaient soumises à la ré-
gularité d'une pendule. (Balz.)
— Par anal. Mouvements intérieurs, phé-
nomènes moraux, se produisant subitement
ou par intervalles : Un accès de colère. Un
accès d'hilarité. II. lui prenait des accès de
pensées noires que j'avais peine à dissiper. (Cha-
teaub.) J'entre dans des accès de joie et de
poésie qui m'emmènent jusque dans la lune.
(G. Sand.) D'où vient donc cet accès de bonne
humeur? (Vitet.) // osait à peine lui parler,
car il connaissait les accès de mutisme de l'as-
tronome. (E. Sue.) Quand il faut faire du
ACC
sentiment obligé, et avoir deux ou trois accès
de tendresse improvisée... (Scribe.)
Le plus Bage, en sa vie,
A quelquefois des accès de folie.
Voltaire.
Ils croyaient que, vaincu par l'humaine "faiblesse,
Dans un accès de rage, à mordre trop ardent,
Sur l'acier du pouvoir j'allais rompre ma dent.
— Encycl. Méd. En pathologie, le mot accès
s'applique d'une façon spéciale à l'ensemble
des phénomènes morbides qui surviennent et
cessent périodiquement, comme on l'observe
dans les lièvres intermittentes. Le mot attaque
désigne la brusque apparition d'une affection
qui présente des retours plus ou moins éloi-
gnés, sans périodicité déterminée, et le mot
paroxysme s applique à l'accroissement, au re-
doublement des symptômes continus d'une
maladie. L'accès de lièvre intermittente se
'compose de trois temps ou stades :le froid, la
chaleur*fou la sueur j l'accès complet est celui
qui présente ces trois stades ; il est incomplet
si un ou deux stades viennent à manquer ; en-
fin l'intervalle qui sépare les accès se nomme
apyrexie ou intermission.
- Syn. A™
aborde!
uppro
V. Aborder.
accessibilité s. f. (ak'-sèss-si-bi-li-tê —
rad. accessible). Facilité d'approcher, d'arri-
ver à : Le droit public français a proclamé la
libre accessibilité de toutes les aptitudes' à
tous les emplois. (V. Hugo.)
ACCESSIBLE adj. (ak-sèss-si-ble — lat.
accessibilis, même sens). Abordable, dont on
peut facilement approcher : Un lieu, un rivage
accessible. Cette place n'est accessible que
pour les milans' et les aigles. (Th. Gaut.) Le sol
était coupé en vallées profondes et difficilement
accessibles. (Lamart.) La mer, en découpant
les continents de toutes parts, leur faisait une
élégante ceinture, et les rendait plus accessi-
bles. (Ste-Beuve.)
11 est au dernier plan des Alpes habité
Un village à nos pas accessible en été.
Lamartine.
— Par anal. : La plupart des journaux vont
me devenir accessibles, je vous présenterai.
(L. TJlbach.) Peu à peu Ilivarol se glissa, à
l'ombre de quelques personnages qu'il amusait,
dans les salons les moins accessibles. (Ai
doux, humain, accessible. (Fén.) Soyez
issible, honnête, et recevez bien tout le
monde. (Le Sage.) Magistrat aussi accessible
que juge jiclairé, il a poussé la patience et
l'honnêteté jusqu'à souffrir mes importunités.
(Beaumarch.) ,
Plus vif et moins austère, on te peignait sensible,
Ami des malheureux, bienfaisant, accessible.
— Par ext. Qui prête l'oreille à, qui est
sensible à, qui se laisse toucher par : Bien que
son âme fût peu accessible aux impressions du
dehors, elle subissait à son insu le charme de
ces beaux lieux. (J . Sandeau.) Froide et mo-
queuse, elle jouait l'enthousiasme et la sympa-
thie avec assez d'art pour captiver de bons es-
prits accessibles à un peu de vanité. (G. Sand.)
Elle le savait accessible aux calculs de l'ava-
rice. (Balz.)
Plus il brûle pour vous,
Plus il est accessible à des soupçons jaloux.
— Fig. Où l'on peut atteindre, surtout en
parlant des choses : La vertu est accessible
à tous. Sous l'ancien régime, les grades supé-
rieurs dans l'armée n'étaient accessibles
qu'aux nobles. L'aristocratie anglaise est ac-
cessible à tout homme supérieur. (Mich. Chev.)
Les fonctions publiques ne doivent être ac-
cessibles qu'à des éludes sérieuses et à des
talents reconnus. (De Brogiie.) La Révolu-
tion française était faite pour rendre la pro-
priété plus égale et plus accessible à tous
les hommes, et non pour la détruire. (La-
mart.) il Intelligible , compréhensible : C'est
en simplifiant les choses qu'on les rend acces-
sibles au plus grand nombre. La philosophie
n'est rien si elle n'est pas accessible aux intel-
ligences les plus vulgaires. (L. Jourdan.) Ces
sciences abstruses ne sont pas accessibles à
tous les esprits. (Rayra.) Toutes les religions
de fabrique humaine sont plus ou moins acces-
sibles à la raison. (Ventura.) Toute science
est accessible à tout homme. (Lamenn.) Le
géologue aurait tort de composer le centre du
' globe des masses qu'on rencontre aux dernières
profondeurs accessibles à l'expérience. (Re-
nan.) il Qui est du ressort, de la compétence
de : Comme prêtre ou conservateur du dogme
chrétien, les devoirs du curé ne sont point ac-
cessibles à notre examen. (Lamart.)
— Antonymes : Escarpé, inabordable, inac-
cessible.
accession s. f. (ak-sèss-si-on — lat. ac-
cessio, même sens)-. Consentement, adhésion
à un acte, à un contrat, à un traité : L' acces-
sion du père au contrat de mariage dû fils.
V accession de la Suède au traité de coalition
contre la France. Les accessions sont obliga-
toires à l'égal des traités eux-mêmes, il Addition,
adjonction d'un certain nombre de personnes
pour compléter un corps, une compagnie, une
population : La Chambre haute, renouvelée par
une accession de pairs, reparaîtrait considé-
rablement augmentée. (Chateaub.) Depuis que
la Grèce est libre, elle s'est repeuplée par /'ac-
cession de familles grecques. (E. About.)
ACC
— Se dit aussi des choses : L'excédant qui
reste après la combinaison est non-valeur, tant
que, par /'accession d'une certaine quantité
d'autres éléments, il ne se combine, ne s échange
pas. (Proudh.)
— Avènement, admission : L' accession au
trône. (Boss.) Depuis /'accession au pouvoir de
la classe bourgeoise , Arcis éprouvait un vague
désir de se montrer indépendante. (Balz.)
— Dr. civil. Extension du droit de propriété
par suite de la réunion d'un objet accessoire à la
propriété principale, il Par ext. Les choses
mêmes sur lesquelles ce droit est exercé : Les
atterrissements insensibles, les arbres qu'on
plante sur un terrain, les constructions qu'on
y fait sont des accessions. (Acad.)
T. de palais. Action d'aller dans
. , ar la loi et la justice : Le
une accession de lieu. (Trév.)
— Encycl. Jurispr. L'union de l'a
principal rend le propriétaire du principal pro-
priétaire de l'accessoire, ce droit s'appelle droit
d'accession ; de la l'aphorisme : l'accessoire suit
le principal. La loi française a fait de Yacces-
sion une manière d'acquérir la propriété, et elle
a posé en principe que la propriété d'une chose,
soit mobilière, soit immobilière, donne droit sur
tout ce qu'elle produit et sur ce qui s'y unit, soit
accessoirement, soit naturellement, soit artifi-
ciellement. Les fruits de la terre, les fruits
civils, le croit des animaux, appartiennent au
propriétaire par droit d'accession, ainsi que tout
as qui peut être extrait d'un terrain au moyen
dos fouilles (sauf les exceptions relatives aux
mines), tout ce qui s'y ajoute par atterris sèment
ou alluvion. t
accessit s. m. (ak-sè-sitt — 3e pers.' du
sing. du parf. du v. lat. accédera, approcher ;
litteralem. il s'est approché). Mention accordée
dans les collèges, les écoles, les académies, et
généralement partout où il y a concours, à
ceux qui ont le plus approché du prix : Obtenir
un premier, un second, un troisième acces-
sit. Obtenir un premier prix et deux accessits.
L'abbé Gènes t avait eu un accessit et un prix
de vers à l'Académie française; cela le fit con-
naître. (Ste-Beuve.)
Aux chefs-d'œuvre jadis on accordait des prix.
Les rivaux moins heureux avaient des accessits.
— M. Littré pense que le mot accessit , qui
est un mot purement latin, peut encore s ô-
crire sans s au pluriel. Nous ne partageons pas
son avis. Le mot accessit est devenu tout à
— Par ext.. Reconnaissance d'un mérite,
un. talent inférieur à un autre : Là où Delille
emporte le prix, M. Michaud obtient /'ac-
cessit. (Ste-Beuve.)
ACCESSOIRE adj . (ak-sé-soi-re — du bas lat.
accessorius, wenu lui-même de accedere, s'ad-
joindre). Qui se rapporte à une chose princi-
pale, qui s'y rattache, s'y unit, sans être
essentiel à cotte chose : idée accessoire. Clause
accessoire. Dans l'éducation , l'étude des ma-
thématiques ne doit être considérée que comme
accessoire. (Bcauch.) Dans un tableau d'his-
toire, les personnages qui agissent sont l'objet
principal; ce qui appartient à la scène est ac-
cessoire. (Miflin.)
— Suivi d'un complément, il veut en général
la prôp. de : J'ai dit qu'un grand Etat devenu ac-
cessoire D'un autre s'a/faiblissait. (Montesq.)
L'archéologie, la numismatique, la chronologie
et lagéographiesont les sciences accessoires de
l'histoire. (Raym.) Les députés s'avancèrent vers
la salle que le roi leur avait fait préparer dans
un despaluis accessoires du sien. (Lamart.) 11
S'empl.. aussi quelquefois avec la prép. à :
Evitez les phrases trop longues , trop chargées
d'idées, incidentes et accessoires à l'idée prin-
cipale. (D'Alemb. ) Avec toutes les idées qui y.
sont accessoires. (B. de St-P.)
— Anat. Se dit d'un organe qui en accom-
pagne un autre plus important, dont il aug-
mente l'action : La glande accessoire de la
parotide. Le muscle accessoire du long flé-
chisseur des orteils. Nerf accessoire.
— Tactiq. milit. Défenses accessoires, Obsta-
cles construits pour augmenter la résistance
dos ouvrages de campagne, et par le moyen
desquels on retient 1 ennemi sous los.feux des
retranchements.
— Antonymes. Essentiel, fondamental, im-
portant, principal ou capital.
ACCESSOIRE s. m. ( même pron. et même
étym. qu'accessoire adj.). Ce qui est joint à la
chose principale, ce qui on dépend : // est bien
juste que le principal remporte sur /'accessoire.
(Bourdal. )L' accessoire, chez Cicéron, c'était la
vertu; chez Caton, c'était la gloire. (Montesq.)
Tous ces hommes qui ont disposé de moi compte
d'un accessoire dans leur vie. (M">e do Staël.)
Que d' accessoires et de petites choses qu'on ne
remarque pas contribuent à des résultats im-
portants! (De Ligne.) Le vol de l'argenterie ne
serait ici que /'accessoire, et l'enlèvement des
papiers aurait, été le véritable but. (Balz.) De
nos jours, les descriptions ne sont que /'acces-
soire de la poésie. (St-Marc Gir.) 11 Signif.
autrefois , Embarras , conjoncture fâcheuse:
Les Italiens; craignant de tomber en même acces-
soire qu'auparavant si on élisait un Français,
jetaient toutes leurs opinions sur un quifust de
leur nation. (Pasquicr.) Je pense bien que ledit
M. de Bressuire fust en grand accessoire après
ACC-
51
ceste lettre receue , pour attraper ledit M. de
Saint-Loup. (Brantôme.)
Et tout ce qu'elle a pu, dans un tel accessoire.
C'est de me renfermer dans une grande armoire.
Molière.
il Solde supplémentaire que les militaires et
les marins reçoivent dans certains cas.
— s. m. pi. Outils, ustensiles, meubles, etc.,
nécessaires à une industrie, aune profession :
C'était une boutique de perruquier garnie de
ses accessoires et ornée de gravures de l'é-
poque. (Scribe.) 11 Petits objets ou meubles
nécessaires à !a toilette, au confortable': Dans
votre chambre vous trouverez tous les petits
accessoires qui rendent le chez-soi chose si
douce. (Balz.) 11 Au théâtre, certains objets
portatifs nécessaires à la représentation, tels
que flambeaux, faux bijoux, écritoire, plu-
me,, etc., et jusqu'à un fétu do paille, uno
épingle, si ces objots doivent figurer dans le
détail d'une scène : Le garçon de théâtre a oublié
d'apporter les accessoires. Il Se dit aussi des
petits rôles : Cet acteur joue les accessoires.
— Beaux-arts etlittér. Parties qui ne tien-
nent pas essentiellement au sujet, mais qui
servent à l'embellir : Certains peintres excel-
lent dans la disposition des accessoires. L'ar-
tiste doit être extrêmement réservé dans l'emploi
et le choix des accessoires. (Millin.)i/ est dif-
ficile de n'être pas pris d'une espèce d'attendris-
sement à la peinture de la vie flamande, quand
les accessoires en sont bien rendus. (Balz.)
Dessin, couleurs, accessoires, tout dans cette
enseigne est traité de manière à faire croire que
l'artiste a voulu se moquer du marchand et du
passant. (Balz.)
— Anat. Certaines parties qui on accompa-
gnent d'autres pour leur servir d'auxiliaires :
L'accessoire du sacro-lombaire. Les acces-
soires de l'œil sont les sourcils, les paupières,
les voies lacrymales.*
— Didact. Sciences accessoires, Branches do
la médecine que l'on place au second rang,
telles que la chimie, la physique, la botanique.
ACCESSOIREMENT adv. (ak-sè-soi-ro-man
— rad. accessoire). D'une manière accessoire:
J'insisterai sur celte preuve, je ne donnerai
les autres qu'accessoirement. (Acad.) Cet
auteur, autour du sujet principal, a groupé
accessoirement différentes questions. (Littro.)
ACCIACCATURA s. f. (att-chia-ka-tou-ra —
mot ital. ; rad. acciacare, froisser, concasser).
Mus. Espèce d'agrément d'exécution dans la
, l'acciaccatura consiste à frapper si
sivement et rapidement toutes les notes d'un
accord, pour les faire mieux résonner; selon
les autres, à frapper dans un accord une ou
plusieurs notes qui ne lui appartiennent pas:
d'après d'autres enfin , l'acciaccatura serait
une appoggiature qu'il faut frapper presquo
en même temps que la note principale.
ACC1AJUOLI (Nicolas), grand sénéchal de
Naplas, né en 1310, mort en 1366; rendit d'im-
portants services a la reine Jeanne Ire, et lui fut
constamment dévoué.
ACC1AJUOL1 (Renier), duc d'Athènes, neveu
du précédent, reçut d'abord en fief, vers 1361,
quelques seigneuries en Grèce, puis conquit sur
les Catalans le duché d'Athènes, auquel étaient
attachées Corinthe, Thèbes, Sparte et Argos.
Démembrée pardes partages, cette principauté
fut définitivement ravie aux descendants de
Renier par les Turcs, en 1456.
accidence s. f. (ak-si-dan-se — du lat.
accidens, dépendant). Philos. Etat, qualité
de l'accident: Toutes les choses paraissent sou-
heureux accident. Le premier accident renver-
sera tout cet édifice de philosophie et de fausse
sagesse. (Mass.) Il y a des gens à gui la faveur
arrive comme un accident. (La Bruy.) Il y a
dans la marche de l'humanité quelquje chose qui
domine Zes.ACCiDENTS de la force ou du hasard.
(Laurcntio.) Il Evénement fâcheux, malheur
inattendu : Les accidents imprévus étonnent
les plus grands hommes. (Tacite.) On n'oserait
pas vivre si l'on songeait à tous les accidents
dont la vie humaine est semée. (J.-J. Rouss.) Il
n'y a pas (/'accident si malheureux que les
habiles gens ne tournent à leur avantage. ( La
Rochef.)
Mais nous ne verrons point de pareils accidents
Lorsque Rome suivra des chefs moins imprudents.
Corneille.
—Par ext. Hasard, i-propos : L'accident fait
beaucoup en amour. (H. Beyle.) Les A'
heureux du talent n appartiennent qu'à lui, et
n'entrent pas dans le domaine commun. (Villcm:)
— Incident, fait accessoire, circonstance
particulière : L'allure principale d'une affaire
entraine avec elle tous les accidents particu-
liers. (Montesq.) L'esclavage dans la conquête
j. (Beauch.) Tout poème où le merveil-
leux est le fond et non /'accident du tableau,
pèche essentiellement par la base. (Chateaub.)
La composition de l'or n'est pas le but, mais un
accident de nos recherches. (Balz.) On se figure
à tort que la petite propriété en France a été
constituée dernièrement dans un jour de crise,
qu'elle est un accident de la Jtépublique.
(Michelet.)
52
ACC
— PI. Inégalités d'un sol entrecoupé de col-
lines et de ravins : Les accidents du terrain
favorisaient les assaillants. It faut parcourir le
glacier pour voir ses beaux acci dents, ses larges
et profondes crevasses, ses grandes cavernes.
(De Saussure.) Réunissez un moment par la
censée les plus beaux accidents de la nature.
(Chatoaub.) Ce chemin longe une plaine ondulée
sans accidents remarquables. (Balz.) Il y a
pour les gens aimants vnplaisir infini à trouver
dans les accidents d'un paysage la poésie qu'ils,
ont dmis l'àme. (Balz.) || Se dit aussi do la figure
humaine : Sa figure était ronde, mais sillonnée
<f accidents spirituels. IL. Gozlan.) il Combi-
naisons variées de lumière et d'ombre dans les
sites ou dans les tableaux : Il y a dans ce ta-
bleau des accidents de lumière fort piquants.
ÎAcad. ) Des nuages vie toutes les figures et de
outes les couleurs les plus vives changent à
chaque, moment cette décoration par les plus
beaux accidents de lumière. (Fén.) Le canton
présentait des mouvements de terrain et des ac-
cidents de'lumière qu'on eût vainement cherchés
ailleurs. (Balz.)
— Par accident , Par un cas fortuit , par
hasard ; Nisus, près d'atteindre le but fixé,
tombe par accident.
— Philos. Ce qui est accidentel, qui n'est
pas inhérent à la substance, à la nature des
choses, pai: opposition à la substance consi-
dérée en elle-même. Dans ce sens, accident -
accident; car la cire, tout enrestant cire, peut
tout aussi bien être jaune. Ni l'édifice n'est plus
solide que le fondement, ni /'accident attaché
à l'être plus réel que l'être même. (Boss.)
— Théol. Se dit, en parlant de l'eucharistie ,
de la figure; de la couleur, de la saveur du
pain et du vin après la consécration : 2'ous les
accidents qui étaient dans les espèces avant la
consécration, subsistent encore après. (Acad.) |]
Accidents absolus, Accidents sans sujet, nom
donné aux espèces eucharistiques par saint
Thomas et par tous les théologiens disciples
d'Aristote, parce qu'ils soutenaient que, dans
l'eucharistie, les accidents existent par un
effet de la puissance divine ; et sans avoir tic
support. D'autres théologiens rejettent la
théorie des accidents absolus, et veulent que
dans l'eucharistie les accidents conservent
leur substance devenue le corps sacramentel
du Christ.
— Pathol. Symptôme non essentiel et ordi-
nairement non prévu qui se présente dans le
cours d'une maladicqucd'habitudo ilaggrave,
comme, par exemple, une hémorruagio, des
convulsions. On comprend aussi sous le nom
d'accidents tous les phénomènes accessoires
qui surviennent dans le cours d'une maladie.
Dans ce sens il est synonyme à'ëpiphénomènc :
Beaucoup de femmes éprouvent pendant la ges-
tation quelque affection nerveuse ou quelques
accidents pléthoriques. (Chomel.)
— Mus. Tout dièze; bémol ou bécarre qui ,
n'étant point indique à. la clef, se rencontre
dans le cours d'un morceau.
— Gèol. Changement ou modification dans
l'allure régulière d'une couche ou d'un filon.
— Gramm. Se disait autrefois pour : Pro-
priété d'un mot qui n'entre point dans la dé-
finition essentielle de ce mot; ainsi le com-
posé, le dérivé, le figuré, étaient des accidents.
Aujourd'hui on désigne ainsi les modifica-
tions que subissent les mots sous le rapport
du genre, du nombre, de la personne, du
modo, etc.
— Rhétor. Lieux de l'accident, Titre par le-
quel on désignait, d'après Aristoto, les diffé-
rents lieux communs de-raisonnement qui
consistent à chercher des moyens de démon-
stration parmi les accidents d'un sujet.
— Log. Sophisme de l'accident , Sophisme
qui consiste à tirer une conclusion absolue et
sans restriction de ce qui n'est vrai qu'acci-
dentellement, comme lorsque l'on.conelut des
effets nuisibles d'un médicament administré
par un médecin ignorant, à lamalfaisanco do
la médecine en général.
— Techn. Petits dessins en relief que les
patenôtriers forment sur les perles factices et
sur les grains de chapelet.
vénement , s'étendant à un plus grand nombre
d'êtres, a par cela même plus 3'importance :
La Providence divine préside à tous tes événe-
ments humains, grands ou petits. (Roll.) L'ac-
cident se dit des choses comme des personnes,
et désigne toujours un malheur, à. moins qu'il
ne soit accompagné d'une épithète qui le mo-
difie : Les grands et les petits ont mêmes acci-
dents, mêmes passions. (Pasc.) Il n'y a point
^'accident si heureux que les imprudents ne
puissent tourner à leur préjudice. (La Kochef.)
-. Aventure s'emploie familiêrementen parlant de
laits présentant souvent quelque chose de
comique, de grotesque : /-'aventure est tout
à fait drôle. (Mol.) Les filles qui ont de l'esprit
se passionnent pour des récits ^'aventures
chimériques. (Fén.)
— Syn. Accident, revers. Accident marque
un coup de fortune soudain, inattendu, peu
grave et qui peut quelquefois même être heu-
reux. Revers marque un retour de fortune, un
changement en pis : Tous les revers ont suc-
cédé à vos succès. (Volt.)
ACCIDENTALITÉ s. f. (ak-si-dan-ta-li-tô —
rad. accident). Philos. Etat, qualité de ce qui
est accidentel.
. ACC
ACCIDENTATION s. f. (ak-si-dan-ta-si-on
rad. accident). Néol. Etat d'un pays, d'un ter-
rain accidenté; d'aspects varies et inatten-
dus : En examinant les choses de p\usprès,
nous .verrions que certaines variations de la
composition du sol concordent avec son acci-
dentation. (Burat.)
ACCIDENTÉ , ÉE (ak-si-dan-té) part. pass.
du v. Accidenter. Inégal, mouvementé, varié
d'aspects : Terrain très- accidenté. Site acci-
denté. Les cartes géographiques exécutées au
trait m'ont toujours paru une dérision quand
elles s'annoncent avec ta prétention de repré-
senter un pays accidenté. (A. Meyer. ) C'est
une montagne de mille lieues horriblement ac-
cidentée, avec de profondes coupures, des mers
fiui dégèlent un moment pour rcgeler. (Michc-
et.) A droite se creusait en abîme un immense
ravin déchiré, accidenté de la façon la plus
sauvagement romantique. (Tir. Gaut.) Nos sol-
dats pouvaient opposer une résistance heureuse
dans ces pays accidentés. (Thiers.)
— Fig. Plein d'épisodes, d'événements,
d'accidents imprévus : Canning avait eu une
jeunesse fiévreuse et accidentée. (Adrien Paul.)
Heureux matelot! sa vie est accidentée d'une
manière si piquante ! (E.Sue.) Guillen deCastro
traita le théâtre à sa mode et non selon celle
du temps; il préféra les sujets héroïques et
accidentés. (Ph. Chaslcs.) il En parlant du
style, Varié, pittoresque : Point de phrases à
effet, point de contours saillants, point de mou-
vements accidentés, point de véhémence.
(Cormen.)
accidentel, ELLE adj. (ak-si-dan-tel, c-le
— rad. accident). Qui arrive par accident, par
hasard : Cette circonstance est purement acci-
dentelle. L'admiration n'est qu'un étonnement
accidentel de notre intelligence, à l'occasion
d'une surprise agréable. ( B. de St-P. ) Une in-
sulte accidentelle faite à un seigneur par
quelques jeunes gens de Lucerne,fut l'étincelle
qui alluma cet incendie. (Raoul-Roch.) Ces in-
certitudes et ces inconséquences étaient inévi-
tables en un siècle épisodique , sous un règne en
quelque sorte accidentel. (Ste-Bouve.)
— Philos. Qui n'est dans un sujet que par
accident, et dont ce sujet pourrait se passer
sans changer de nature : La blancheur est acci-
dentelle au marbre, la chaleur au fer. (Trév.)
Il n'y a rien en Dieu ^'accidentel. (Boss.)
— Phys. Fait qui n'est pas ou ne parait pas
soumis a des lois ou à des retours réglés : Les
vents et les pluies sont des causes acciden-
telles de chaleur et de froid, il En ce sens, ac-
cidentel est opposé à constant ou h périodique.
— Pathol. Se dit des phénomènes qui sur-
viennent dans le cours d'une maladie , sans
avoir une liaison nécessaire avec elle.
— Anat. et pathol. Tissus accidentels, Qui se
développent a la suite d'un travail morbide.
— Mus. Signe accidentel, Toutdièze, bémol,
bécarre, qui n'étant point indiqué à la clef se
trouve dans le cours d'un morceau, il Lignes
accidentelles, Celles qu'on ajoute au-dessus ou
au-dessous de la portée, pour placer les notes
qui passent son étendue.
— Perspect. Point accidentel , Point d'une
ligne horizontale où se rencontrent les pro-
jections de deux lignes parallèles l'une à
l'autre dans l'objet que l'on veut mettre en
perspective, mais qui ne sont point perpen-
diculaires au tableau.
— Géol. Minéraux accidentés , Ceux qui se
trouvent quelquefois épars dans les roches,
et on proportion moindre que ceux dont ces
roches sont essentiellement composées.
— Gramm. Se dit dos termes qui , par op-
position au sujet, au verbe et à l'attribut, no
sont pas indispensables à l'expression de la
pensée : Les compléments sont des termes
— Antonymes : Certain, fixe, nécessaire.
accidentellement adv. (ak-si-dan-tc-
le-man — rad. accidentel). Par cas fortuit, par
hasard : Il se trouvait accidentellement à
Rome. (Raym.) La peau, dans certaines mala-
dies, prend accidentellement une couleur noi-
râtre plus ou.moins foncée. (Chomel.) Ils se
joignirent accidentellement aux oppresseurs ,
et consentirent à des exécutions dont la res-,
ponsabilité pèse justement sur leur mémoire.
(St-Aulaire.)
— Non essentiellement : Ce n'est qu'acci-
dentellement qu'un homme est blond ou brun,
grand ou petit. (Trév.) La blancheur et la ron-
deur ne sont 6tu'accidi:n-tellemet darts les su-
jets. (Acad.)
— Gramm. Verbe accidentellement prono-
minal, Qui peut être simplement transit, ou
intr., c'est-à-dire se conjuguer avec un sujet
non suivi du pronom complément, comme se
plaindre, qui est formé du verbe tr. plaindre,
et se succéder, formé du verbe intr. succéder.
cidentellemcnt se dit de ce qui est amené par
des causes étrangères à lu chose elle-même .
A peine peut-on citer quelques exemples de pe-
tits morceaux de/onte ou régule de fer trouvés
dans le sein de la terre , et formés sans doute
ACCiDENTELLEMENTpar lefeu des volcans.(B\iff.)
Fortuitement se dit de ce qui tient à des causes
tout à /ait inconnues ; C'est fortuitement
ACC
qu'on rencontre -une personne qu't
chait pas. (J.-J. Rouss.)
accidenter v. a. ou tr. (ak-si-dan-té —
rad. accident). Rendre un pays, un terrain
inégal, d'aspects variés : D'Aranjuez à Ocana,
les sites , sans être remarquables , sont cepen-
dant plus pittoresques ; des collines, d'un beau
mouvement, bien frappées par la lumière, acci-
dentent les côtés de la route. (Th. Gaut.)
— Par anal. Accidenter son style, Lui don-
ner une forme variée, pittoresque.
S'accidenter, v. pr. Etre accidenté : Le ter-
rain s'accidente à chaque pas.
ACCIN s. m. (ak-sain — du lat, accingere,
entourer). Enceinte , clôture do quoique lieu
seigneurial, qui appartenait à l'aîné et faisait
partie de son préciput. Ce mot est encore em-
ployé dans les campagnes pour indiquer les
tenants et les aboutissants : On attache ordi-
nairement aux manouvreries une culture de
deux hectares , dans lesquels l'emplacement de
la maison et de ses accins et dépendances occupe
un demi-hectare. (Journ.)
ACCINCTUS s. m. (ak-sain-ktuss — du lat.
accinctus, part. pass. du v. accingerel ceindre).
Mot qui ; chez les anciens , désignait l'arme-
ment complet dont un soldat étaitcei'nc, muni.
ACCIPITRE s. m. (ak-si-pi-tre — du lat.
accipiter, mot qui s'appliquait à tout oiseau do.
proie). Ornith. Nom collectif servant à dési-
gner les oiseaux de proie : C'est en un de ces
accipitres nocturnes que la Cérès infernale
métamorphosa Ascalaphe. (Val. Parisot.)
— Encycl. Les accipitres, auxquels on donne
souvent aussi le nom de rapaces , forment le
premier ordre de la grande classe des oiseaux,
dans la classification de Cuvier. Ils se recon-
naissent à la forme crochue et à la puissance
des ongles et du bec. ils se divisent en deux
sous-ordres: les accipitres diurnes, qui chas-
sent de jour et qui ont le plumage serré et les
yeux dirigés latéralement, et les accipitres
nocturnes ou striyes , qui chassent de nuit et
qui sont caractérisés par un plumage lâche et
par la direction antérieure des yeux. Les acci-
pitres diurnes correspondent, dans la classe
des oiseaux, aux espèces carnivores de ta série
des mammifères; ils comprennent les vau-
tours, les gypaètes, les faucons, les aigles, les
éperviérs, les milans, les buses, etc. C'est
parmi les accipitres nocturnes que Von range
les espèces appelées grand-duc , hibou , che-
vêche, effraie, etc.
ACCIPITRIN, INE adj. (ak-si-pi-train, i-ne
— rad. accipitre). Ornith. Qui ressemble à un
accipitre, qui a quelques rapports de configu-
ration avec les oiseaux do proie.
ACCIPITRINE s. f. (ak-si-pi-tri-ne — rad.
accipitre). Bot. Espèce de pilosellc dont les oi-
seaux do proie recherchent le suc. On l'appelle
aussi épervière. V. Piloselle.
ACCISE s. f. (ak-si-ze — selon les uns, du
bas lat. accisia , taille , impôt ; dérivé d'acci-
derc , tailler , couper; selon les autres, de la
prép, ad ou ac, et du substantif cise, mot qui
désignait très-anciennement un impôt sur la
bière et le vin). Impôt indirect portant prin-
cipalement sur les boissons : En Belgique, les
droits d' accise sont perçus sur les bières, vins,
vinaigrés, boissons distillées, et s'étendent même
sur te sel ef^ur le sucre.
— Encycl. Fin. Cet impôt existe en Angle-
terre sous le nom à'excise , et sert à. désigner
une taxe imposée sur certains objets ou pro-
duits manufacturés ou mis en vente à l'inté-
rieur du royaume , et qui est perçue pendant
que ces objets sont encore en la possession des
producteurs. Ces droits, qui donnent à peu près
le tiers du revenu de la Grande-Bretagne, y
ont été introduits en 1043 par le Long Parle-
ment. Ils atteignent les spiritueux, la bière, le
cidre, le vin, le savon, le thé, le sucre, etc. .
ACC1US ou ATTIUS (Lucius), le plus ancien
poëte tragique latin, né à Rome vers 1"0 av.
J.-C., était nls d'un affranchi. Il avait composé
des tragédies sur les grandes catastrophes des
âges héroïques de la Grèce, une pièce natio-
nale sur l'expulsion des Tarquins, des annales
en vers, etc. Il n'en reste que quelques frag-
ACCLAMANT (a-kla-man) part. prés, du
v. Acclamer.
ACCLAMATEOR s. m. (a-kla-ma-teur —
rad. acclamer). Celui qui applaudit, qui con-
court à des acclamations • Lorsque Néron
jouait de la lyre sur le théâtre , il avait pour
premiers acclamATEURS Sênèque et Durrhus.
(Lav.) L'assemblée était stimulée par des ac-
clamateurs à gages. (Dict. de la Conv.)
acclamatif, ive adj. (a-kla-ma-ti f , i-vc
— rad. acclamer). Qui est accompagné d'accla-
mations ; qui est exprimé par des acclama-
tions : Un vote acclamatif consacra cette ré-
solution': (J. Lecomtc.)
ACCLAMATION s. f. (a-kla-ma-si-on —
lat. acclamatio, même sens). Applaudisse-
ment ; cri d'admiration, d'enthousiasme d'une
assemblée, d'une multitude : Xanthus fut re-
conduit jusqu'en son logis avec acclamation.
(La Font.) C'est aux acclamations de toute la
Grâce qu'on couronnait les vainqueurs dans les
jeux. (J.-J. Rouss.) Il est moins sensible aux
acclamations qui suivent ses triomphes qu'aux
bénédictions du peuple. (D'Agucss.) Il éclaire,
il dirige l'avocat, mais il lui laisse savourer les
vaines fumées du triomphe et recueillir les dé-
ACC
cevantes acclamations de la foule. (G. Sand.)
Bientôt ce bruit se perdit dans la mélodieuse
acclamation qui célébrait sa venue au ciel.
(Balz.) Jupiter était déjà rentré sous sa tapis-
serie, que la salle tremblait encore J'acclama-
tions. (V. Hugo.) Tousse levèrent et répétèrent
ce toast avec acclamation. (Scribe.)
— Liturg. anc Chant d'action de grâces, de
triomphe ou de deuil adressé aux fidèles par la
voix d'un chantre et répété par tout lo peuple.
— Par acclamation, loc. adv. Tout d'une
voix et sans recourir au scrutin : Chez les Ro-
mains, les empereurs étaient généralement élus
par acclamation. (Altaroche.) L'acte de son
élection porte qu'il a été choisi à l'unanimité et
par acclamation , comme le plus homme de
bien. (Ch. Nod.)
Il On dit, dans le mémo sens, d'acclamation:
La nation vota d'acclamation ce que la sa-
gesse de son assemblée avait voté de réflexion.
(Lamart.)
— Encycl. Hist. Les anciens distinguaient
\' acclamation de V applaudissement : celui-ci
s'exprimait seulement par les mains et s'adres-
sait toujours à une personne présente, tandis
que l'acclamation se traduisait par la voix et
pouvait être poussée en l'honneur d'un absent.
A Sparte , Yacclamation plus ou moins éner-
gique du peuple h, la vue de chaque candidat
était le mode de -nomination aux magistra-
tures. Chez les Romains, c'était par acclama-
tion que l'armée victorieuse donnait à son chef
le titre â'imperator. Dans la cérémonie du
triomphe , la formule d'acclamation répétée à
chaque instant par le peuple et par les troupes
consistait en ces deux mots : lo, triumphe!
Chaque empereur romain, à son avènement;
était acclamé par le sénat. Chez les Francs ,
les rois chevelus étaient acclamés "par leurs
compagnons d'armes, qui les élevaient sur le
pavois. Charlemagne fut acclamé par les as-
sistants, lorsqu'il reçut à Rome la couronne
impériale. Le duc de Braganee fut élevé par
acclamation au trône de Portugal en 1G-10, à
la suite du renversement de la domination es-
pagnole. Villars fut acclamé maréchal de
France par ses soldats sur le champ de bataille
de Friealingen. L'acclamation exista pendant
quelques siècles dans l'Eglise comme mode
d'élection. — Le mot vive est chez nous la for-
mule de l'acclamation : Vive le roi 1 vive la ré-
publique ! vive l'empereur I
Dans l'histoire du Portugal, le mot acclama-
tion a une signification politique, et se dit de
l'avènement de la maison de Braganee au
trône, fondé, le 1" décembre 1640, sur les dé-
bris de la domination espagnole. Les vcuux
qui appelaient le duc de Braganee à gouverner
le Portugal étaient si unanimes , que le mot
acclamation convenait parfaitement pour in-
diquer la date où commence la dynastie des
Braganee. Les Portugais en ont donc fait, avec
raison, une sorte d'ère, de jalon mnémonique qui
leur sert h préciser les dates, et ils disent vul-
gairement : Tel fait a eu lieu avant, pendant ou
après X acclamation. (Cette acception du mot ac-
clamation n'est donnée par aucun dictionnaire.)
— Antonyme : Huée.
ACCLAMÉ, ÉE (a-kla-iiié) part. pass. du
v. Acclamer. Nommé par acclamation : Il fut
acclamé dictateur. (Journ.) Ils ont été accla-
més représentants. (Lamart.) C'était Quasi-
màdo, c'était lui, en effet. Pilorié sur cette
même place où la veille il avait été salué, ac-
clamé , conclamé pape et prince des fous.
(V. Hugo.) il Salué, accueilli par des acclama-
tions : Sa Majesté a été acclamée sur toute
la route. (Journ.) // sera fêté, choyé, acclamé
par tous les partisans de l'ancien régime. ( E.
de la Bédoll.)
acclamer v. a. ou tr. (a-kla-mé —
lat. acclamare , môme sens ; formé de ad, à,
et clamare, crier). Nommer par acclamation r
On /'acclama roi d'Italie.
— Saluer par des acclamations : Au 'con-
cile de Trente, il acclama tous les rois en nom
collectif. (St-Sim.) Les Américains n'ayant
pas de rois et de princesses d acclamer, se
passent sur les artistes ces instincts d'ovations
monarchiques oui existent toujours dans les
masses populaires. (Balz.) La France va se
lever pour acclamer une quatrième fois ses
fils victorieux, ses vaillants soldats, qui mar-
quent de nouvelles étapes sur oette voie sacrée
ouverte par nos aïeux. (Am. Renée.) Le peuple
acclamait le roi comme pour l'attirer par des
caresses au parti populaire. (Lamart.)
Qu'il entre !e premier dans la route inconnue.
Et que l'ardente Egypte acclame sa venue.
Barthélémy.
— v. n. ou intr. Pousser des acclamations :
Dans leurs immenses meetings ou réunions po-
pulaires, les Anglais acclament pour tel per-
sonnage ou telle mesure par des bravos, ou blâ-
ment par une sorte de grognement. (Altaroche.)
ACCLAMPÉ, ée (a-klan-pé) part. pass. du
v. Aeclamper : Une vergue acclampée.
ACCLAMPER v. a. ou tr. (a-klan-pé). Mar.
Fortifier par des clamps ou jumelles. V. Ju-
ACCLIMATABLE adj. ( a-kli-ma-ta-blé —
rad. climat). Qui peut être acclimaté , qui
s'acclimate facilement : Nos hercules du Nord
sont plus forts peut-être, mais certainement
moins robustes, moins acclimatâmes partout,
que lemarinprovënçal, catalan, etc. (Michèle t.)
acclimatant (a-kli-ma-tan) part. prés,
du v. Acclimater.
ACCLIMATATION s. f. (a-kli-ma-ta-si-on
— rad. climat).. Action d'acclimater ou de
s'acclimater : /'acclimatation des hommes du
Nord^ dans l'Amérique méridionale est un fait
assez' rare. Les Romains poussaient , l'art de
/'acclimatation jusqu'à faire ècloredàns l'eau
douce les œufs des poissons de mer . (Michelet.)
Il Synon. d'Acclimatement. V. ce mot.
— EncyCl. Acçlimotulion (SOCIÉTÉ IMPÉ-
RIALE zoologiqùe d'), société dont le' siège
■ est h Paris et qui existe depuis 1854. Son but
est de concourir : 10 à l'introduction, à l'accli-
matation et à la domestication des espèces
d'animaux utiles ou d'ornement; 20 au perfec-
tionnement et à. la multiplication des races nou-
vellement introduites ou domestiquées. Elle
s'occupe aussi de l'introduction et de la multi-
plication des végétaux utiles.
Fondée par Isidore Geoffroy-SainHtïlaire,
la Société d'acclimatation a pris un dévelop-
pement considérable. Elle est devenue en
quelque sorte la mère des nombreuses sociétés
analogues qui ont été créées en France , dans
les colonies ou à l'étranger, et qui sont toutes-
affiliées ou agrégées à la Société de Paris.
— Acclimatation (JARDIN D*), situé à Paris,
duction et k la propagation des animaux et des
végétaux utiles ou d'agrément; c'est un éta-
blissement sans précédent et sans analogue en
Europe. Les jardins zoologiques de Bruxelles,
d'Anvers, de Londres, etc., ont été établis dans
un tout autre but, et se rapprochent plutôt de
notre Jardin des Plantes. Le jardin du bois de
Boulogne renferme, une étendue d'environ
vingt hectares. La partie centrale est divisée
en parcs nombreux, entourés de treillages lé-
gers, et destinés, les uns aux mammifères, par-
ticulièrement aux grandes espèces de rumi-
nants,les autres aux grands oiseaux gallinacés,
échassiers ou palmipèdes. Dans le pourtour
sont distribués les- bâtiments qui servent aux
diverses classes du règne animal, écuries, vo-
lières, aquarium, magnanerie, et les serres qui
servent a la conservation et à la propagation
des végétaux délicats. Un jardin d'expériences
est destiné à atteindre te même but pour les
espèces herbacées ou arborescentes qui peu-
vent croître en plein air sous le climat de Paris.
Ainsi, chaque être se trouve dans des condi-
tions favorables.
Le jardin d'acclimatation, entretenu avec un
soin et un luxe extraordinaires , est peut-être
l'établissement le plus curieux et le plus "pitto-
resque qu'offre la capitale. Il est journelle-
ment; surtout de la çart des étrangers, un but
de promenade aussi instructive qu attrayante,
que toutes les nations voisinas nous envient et
qu'elles no tarderont pas à imiter.
— Syn. Acclimatation, acclimatement. Accli-
matation désigne l'action d'acclimater , et ac-
climatement le résultat de cette action : Il
ment de se former une société d' 'acclimatation,
destinée à favoriser /'acclimatement des ani-
ACCLIMATÉ, ÉE (a-kli-ma-té) part. pass.
du v, Acclimatcr.-Qui a subi l'acclimatation,
qui est accoutumé à la température d'un
climat étranger. Il se dit des personnes , dos
animaux et des plantes : Troupes acclima-
tées. Animaux acclimatés. Végétaux accli-
matés en France. Aujourd'hui , le cheval est
si bien acclimaté en Amérique, qu'on le croi-
rait originaire du nouveau monde. ( Encycl. )
Les bengalis sont des oiseaux qui se transpor-
tent assez difficilement , et ne s'accoutument
qu'avec peine à un autre climat ; mais une fois
acclimatés, ils vivent jusqu'à six ou sept ans.
{BufT.) Les pilastres sont ornés de deux vases
en terre cuite , où des cactus acclimatés pré-
sentent aux regards étonnés leurs monstrueuses
feuilles hérissées de leurs piquantes défenses.
(Balz.) Ils fournissaient une milice exercée à
la guerre , et acclimatée de bonne heure à ce
ciel dévorant. (A. Thierry.) Il Se dit même des
choses : Aujourd'hui l'industrie est partout ac-
climatée dans ses variétés importantes. (Midi.
Chev.) ■ ' .
— Substantiv. Qui est habitué à vivre dans
un lieu ou sous un climat différent de celui
où il est né : Les Français se montrent, à leur
arrivée à Rome; insensibles à l'action du sirocco,
si pénible à supporter pour les naturels du pays
ou les acclimatés. (Halle.)
ACCLIMATEMENT s. m. (a-kli-ma-te-man
— rad. climat). Etat d'un être acclimaté,
résultat de l'acclimatation : .^'acclimatement
des hommes, des animaux, des plantes. Le
changement le plus remarquable produit chez
l'homme par /'acclimatement est celui que l'on
observe chez l'Européen qui a résisté au climat
meurtrier des Antilles. (A. Duponchel.) Le
temps est quelquefois une condition indispen-
sable pour compléter certains acclimatements.
(D'Orbigny.)
— Fig. : Les mœurs, les lois, la religion des
peuples chez lesquels l'homme vient chercher
asile, le forcent à subir une sorte J'acclimate-
— Encycl. Hist. natur. Les deux mots ac-
climatement a*, acclimatation sont employés en
culture et en zootechnie pour exprimer l'en-
semble des pncédés naturels ou artificiels, et
des conditions ou influences extérieures né-
ACC
cessaires pour produire dans la constitution
des corps organisés les modifications que com-
porte leur aptitude à vivre dans des climats
différents. On comprend que l'organisme qu'on
veut acclimater doit nécessairement éprouver
dans sa constitution des changements d'autant
plus profonds que le milieu nouveau avec
lequel ses fonctions ont à se mettre en har-
monie diffère davantage de celui pour lequel
la nature l'avait en quelque sorte constitué.
Remarquons la différence qu'il y a entre. les
mots acclimater et naturaliser. Naturaliser
implique seulement un changement de pays;
acclimater, toujours un changement de climat.
Un être vivant est dit acclimaté, quand il par-
vient à vivre et à se reproduire dans un pays
sérieusement différent sous le rapport du cli-
mat de celui qu'il habitait dans l'origine. La
naturalisation dans un pays, d'espèces pro-
pres à des localités analogues, sous le point
de vue climatologique , n'offre pas de grandes
difficultés. Il n'en est pas de même de l'accli-
matation d'une espèce animale ou végétale
dans une région très-différente de son pays
natal. En ce qui concerne les animaux, on y
réussit sans trop de peine en faisant passer
graduellement du point de départ au point
d'arrivée l'espèce qu'on veut acclimater , en
ne modifiant que peu à peu ses conditions
d'existence, et en favorisant par des soins at-
tentifs sa multiplication. C'est ainsi qu'ont été
récemment acclimatés en France le yack ou
bœuf à queue de cheval, de la Chine, le lama,
la vigogne et l'alpaga de l'Amérique, le kan-
guroo de l'Australie , les poules de la Cochin-
chine. Quant aux végétaux, le problème est
bien plus difficile. Des plantes que l'on par-
vient à faire développer complètement dans
des serres où l'on crée pour elles un climat
artificiel, semblable à celui de leur patrie, ne
sont pas acclimatées, et ce qui le prouve, c'est
qu'elles meurent lorsque l'art ne leur fournit
plus les influences extérieures favorables. On
c__, le haricot; le chanvre, le lin, le tabac,
la pomme de terre, ont pu être naturalisés en
Europe dans les régions qui convenaient à leur
tempérament ; ils n'ont pas été soumis à l'ac-
climatement, dans le sens précis qu'on donne a.
— Hygiène. Bien que l'homme paraisse des-
tiné à vivre sous toutes lés latitudes , et que
son organisation supérieure à celle des ani-
maux possède la faculté de se plier à toutes les
influences atmosphériques , cependant il ne
peut s'éloigner d'un climat pour 'aller vivre
sous un autre, sans s'exposer à des dangers
qui sont d'autant plus grands que la différence
des deux climats est plus grande et que le
changement se fait plus brusquement. Lors-
qu'il passe d'un pays chaud dans un pays froid,
la quantité d'oxygène sous un même volume
d'air augmente à chaque inspiration, la fonc-
tion respiratoire se montre plus active, et cette
suractivité devient pour les poumons une cause
de maladie, si l'énergie des autres fonctions
n'augmente pas proportionnellement. Le pas-
sage d'un pays froid d ' — -1
duit des phénomènes
s chaud pro-
, ja respiration
d'activité, l'individu acquiert de l'em-
bonpoint et ne tarde pas à être, atteint de ma-
ladies de foie , d'affections gastro-intestinales,
s'il ne se hâte de rétablir l'harmonie troublée
descs fonctions en' modifiant le régime alimen-
taire qui était dans ses habitudes, et en adop-
tant à peu près le genre de vie des* indigènes.
Les habitants des régions tempérées possèdent
au plus haut degré la faculté de s'acclimater.
Le froid rigoureux qu'ils y éprouvent l'hiver,
la chaleur intense qui s'y fait sentir l'été, les
rendentplus aptes à vivre sous d'autres climats.
— Syn. Acclimatement, acclimatation, V, Ac-
ACCLIMATER v. a. ou tr. (a-kli-ma-té —
rad. climat). Accoutumer un homme, un ani-
mal, une plante à la température et aux in-
fluences d un nouveau climat : Ce n'est qu'à
force de soins qu'on acclimate dans le nord de
l'Europe les brebis espagnoles. (Acad.) On com-
mence à acclimater nos soldats en Afrique.
(Raym.) Elle s'imagine acclimater celieplante
exotique. (G. Sand).
— Fig. Accoutumer une personne à faire
certaines choses, lui faire prendre certaines
habitudes, la familiariser avec : /( espère que
de celte cohabitation pourront naître des chan-
ces favorables pour acclimater notre gendre
à ses projets. (Balz.)
S'acclimater, v. pr. Se faire , s'habituer à
un nouveau climat : Les habitants de l'Europe
s'acclimatent difficilement dans les Antilles.
( Acad. ) Les bestiaux amenés de Caramanie
n'ayant pu s'acclimater, il a fallu employer à
la culture le buffle et même le chameau. (J.
Marcel. ) Il ne faut pas songer à tirer parti
du dattier, quoiqu'il s'acclimate assez bien
dans certains cantons : il ne peut servir qu'à
l'ornement des jardins. (E. About.)
— Fig. S'accoutumer, s'habituer : J'aurai
de la peine à m' acclimater dans cette famille.
(Raym.) J'ai besoin de m'acclimatek à l'idée
(le celte paternité. (Balz.) Il a pour femme une
jeune Parisienne, qui, comme 'tant d'autres,
hélas.' n'a pu s'acclimater encore. (Ch. Ex-
pilly.) il Se dit aussi des choses : Ce n'est pas
ACC "
sur le sol académique et classique de la France
de Louis XIII et de Richelieu, que celte litté-
rature pouvait s'acclimater avec succès. (Ch.
Nodier.) Le bonheur est une plante étrangère
qui croit dans les champs du ciel, et qui ne peut
s'acclimater sur la terre. (Ballanche.) Ma
santé de paysan avait beaucoup trop souffert
pour s'acclimater à l'air de Paris. , (G. Sand.)
ACCLINÉ, ÉE adj. (a-kli-nê— du lat. ac-
clinis, appuyé). Hist. nat. Se dit d'une partie
qui en couvre une autre par le côté : Dents
ACCOINÇON s. m. (a-kou-ain-son — rad.
coin). Constr. Partie de charperito que l'on
ajoute à un toit pour l'égaliser.
. accointable adj. (a-kou-ain-ta-;blc —
rad. accointer). Accessible, facile à approcher,
à accointer :
injou
oeî, ■
Vieux mot. '
ACCOINTANCE s. f. (a-kou-ain-tan-se —
rad. accointer). Liaison, fréquentation, rap-
ports avec quelqu'un : Elles n'évitaient pas
avec moins de soin /'accointance des petits
habitants. (B. de St-P.) Peut-être s'était-il
aperçu de quelques mouvements des bandits
dans la montagne, et de leurs accointances
avec certaines gens de la ville. (G. Sand.) //
doit avoir quelques accointances avec la po-
lice. (E. Sue.)
L(
esprit, au
s se.gneun
femme. (Acad.) Je ne voulais pas non plia
avoir (/'accointances chez moi, quoique j'eusse
alors une très-jolie dame de comptoir. (Balz.)
ACCOINTÉ ; ÉE (a-kou-ain-té) part. pass.
du v. Accointer. Lié : Il est accointé avec des
gens de mauvaise vie.
— Substantiv. Signifiait autrefois Ami, pa-
rent, allié : Lui et ses accointés.
ACCOINTER v. a. ou tr. (a-kou-ain-té —
du lat. cognitus, connu). Faire connaissance,
entrer on relation avec quelqu'un. Vieux mot.
. Mon cœur, devant hier accointa
Beauti! qui tant le sçnit chérir,
Que d'elle ne veut départir.
Cii. d'Oulkans.
S'accointer, v. pr. Se lier intimement avec
quelqu'un: // s'est accointé d'un homme de
fort mauvaise compagnie. (Acad.) // s'accointa
de cette Larentia , et l'aima tellement qu'il la
laissa son héritière. (Amyot.) Ces smtes de
gens_sont portés à s'accointer avec les mau-
vais esprits.- (G. Sand.)
ACCOISÉ, ÉE (a-koi-zo) part. pass. du
v. Aecoiser. Apaisé : Dès que la mer fut ac-
coiséë. (La Font.) Vieux.
ACCOISEMENT s. m. (a-koi-ze-man — rad.
aecoiser). Apaisement : L'accoisement des
flots. Vieux..
ACCOISER v. a. ou tr. (a-koi-zé — de à
et coi). Rendre coi, apaiser, calmer : Procé-
dons à la curalion ; et par la douceur exhila-
rante de l'harmonie , adoucissons , lénifions ,
accoisons l'aigreur de ses esprits. (Mol.) Ac-
coisEZ tous les mouvements de votre intérieur
pour écouter cette parole. (Boss.) Vieux.
S'accolser, v. pr. S'affaiblir, perdre de sa
force : Le mouvement qui reste dans le nerf est
moins fixe, se ralentit, et enfin s'accoise tout
à fait. (Boss.) Que la guerre d'Italie pour les
intérêts des princes saccoise. (D'Aubignô.)
L'àmc, qui se montre avec tant de charmes dans
l'enfance , s'accoise et se voile, si on l'appelle
sans cesse à de nouvelles œuvres. (A. Mart.)
ACCOLA s. m. (a-ko-la). Ichthyol. Nom
donné, sur quelques points des côtes de la
Méditerranée, au poisson que nous appelons
thon blanc. C'est le scomber alalonga de Linné.
ACCOLADE s. f. (a-ko-la-de) — du lat. ad
collum, au cou). Action d'embrasser, en jetant
les bras autour du cou : Ils furent attendris de
notre reconnaissance et nous accablèrent (/'ac-
colades. (Le Sage.) Le chapeau gris du bon-
homme tomba dans cette brusque accolade, et
alla rouler au fond du ravin. (G. Sand.) Les
gens illustres allaient leur donner /'accolade
fraternelle. (Balz.)
• Viens, dans cette accolade.
Donner force et vaillance a ton vieus camarade.
C. Délavions.
Dans une accolade bien tendre
Kous mêlerons nos cheveux blancs.
BÉRANCER.
— Par ext. Action de boire à un vase : Il
trouve ses camarades d'infortune tranquille-
ment assis avec les brigands , mangeant un
jambon de la Manche cuit au sucre , . et don-
nant de fréquentes accolades à une outre d'ex-
cellent vin , qu'on avait volée exprès pour eux.
(Th. Gaut.)
— Cérémonie usitée dans la réception d'un
chevalier, et qui consistait, après l'avoir armé
chevalier, à l'embrasser et a lui donner sur
l'épaule un petit coup du plat d'une épée :
Après avoir reçu /'accolade et l'ordre de che-
valerie. (Hamilt.) Il me chaussa les éperons et
me frappa trois fois sur l'épaule avec l'épée, en
me donnant /'accolade. (Chateaub.)
— Ironiquem. Coup de sabre, d'épéc : // lui
donna de son épée une telle accolade, que ja-
mais l'autre ne s'en releva depuis. (Scarron.)
emploie, tantôt dans' le sens horizontal , tan-
tôt dans le sens vertical, pour embrasser plu-
sieurs mots ou plusieurs nombres, afin 'd'in-
diquer les points de communauté qu'ils oiit
ensemble : // ne s'étonna donc plus, en feuille-
tant le registre, de cette note mise en accolade
en regard de son nom. (Alex! Dura.)- L'accusa-
tion était trop positive pour essayer de la com-
battre. L'inspecteur écrivit donc au-dessous de
/'accolade : Rien à faire. (Alex.Dum.) il
Avant l'invention do la typographie, 'on ap-
pelait accolade une espece de crochet 'ou
domi-cerclë, dans lequel les copistes renfer-
maient les mots ou portions de mots qu'ils
portaient au-dessous do la ligne. , Pour ne
point porter à la ligne suivanto un mot qui
complétait le sens , on le plaçait sous le der-
nier mot de la ligne, avec une accolade, pour
indiquer qu'il appartenait à la ligno supé-
rieure. Il Se dit des personnes, par, analogie
à l'accolade usitée dans l'écriture ou l'impri-
merie : Cette dame est une vivante accolade
qui rapproche les c&nrs et met le fer à portée
de l'aimant. (P. Fôval.) ' ' '- :
— Mus. Trait tiré do haut en bas à la marge
d'une partition, par lequel on joint ensemble
les portées des différentes parties. -
— Archit. Courbes qui couronnent1 les lin-
teaux des portes et fcnetreslparticulièrement
dans l'architecture civile. Le mot techniquo
est arc'en accolade Ou en talon.
— Art culin. Se dit de deux lapereaux , de
doux lièvres, de deux poulets, etc., servis
ensemble': On nous servit une accol'ade de
lapereaux. (Acad.) ' l
. accolade, ÉE (,i-ko-la-dé) part. pass. du
v. Accolader. '...'".
ACCOLADER v. a ou tr. (a-ko-la-dé — rad.
accolade). Connu, ot typogr. Réunir; joindre
par une accolade plusieurs objots'ayant entre
eux une certaine analogie , et destinés à ètro
compris sous uuo même rubrique.
S'accolader, v. pr. S'embrasser; se donner
mutuellement l'accolade. Il est fam. ,'
ACCOLAGE s. m. (a-ko-la-jo — rad. acco-
ler). Agric. Opération qui consiste à fixer à
des échalas ou à des espaliers les jeunes
pousses de la vigne ou les branches des ar-
bres fruitiers, pour faciliter la maturité des
fruits : Dans la plus grande partie du midi de
la F'rance, Z'acçolage n'est pas employé pour
les vignobles. (Meroguès.)
— Encycl. L'accolage a pour but de préserver
les branches des secousses du vont, et de leur
distribuer à toutes également l'air et la lu-
mière dont elles ont besoin. L'accolage de la
vigne se fait ordinairement au mois de juin.
Le plus généralement, on attache le cep à un
échalas planté en terre et haut de l mètre
50 cent, environ. Il est reconnu que les con-
trées où l'accolage se fait avec le plus de soin
sont celles où la vigne donne les meilleurs
produits. On comprend que l'accolage est d'au-
tant plus nécessaire que le climat est plus
humide et la température plus froide.
accolant (a-ko-lan) part. prés, du v.
Accoler.
accolé, ÉE (a-ko-lé) part. pass. du v.
Accoler. Embrassé': Environné, accolé, en-
traîné de part et d'autre, je fus poussé à tra-
vers ce vaste appartement. (St-Sim.) Il Atte-
nant, contigu, adossé à, appuyé contre:
Ce qui m'a intéressé à Meaux, c'est un J/elit
portail de la renaissance , accolé à une vieille
église démantelée. (V. Hugo.) Unepelite porte,
presque accolée à la loge du concierge, don-
nait passage aux gens de service. (Alex. Dum.)
— Par anal. Joint à, qui figure avec : Je
ne suis point content de me voir accolé dans
votre récit avec un tel. (Acad.) A la biogra-
phie des grands maîtres est accolée une série
correspondante de dessins lithographies. (A.
Thierry.) // crut entendre lemot de fôu accolé
à son nom. (G. Sand.) Vous et quelques âmes
belles comme la vôtre, comprendront ma pensée
en lisant la maison Nucingen accolée d César
Rirotteau. (Balz.)
— Jard. Attaché à l'espalier, aux échalas :
Sarments accolés.
— Bot. Se dit de deux feuilles, do deux
fleurs, de deux fruits qui sont unis ou adhé-
rents l'un à l'autre : Plusieurs chèvrefeuilles
présentent des exemples de fleurs et de fruits
accolés.
— Numism'. On appelle têtes accolées ou
conjuqtiees des têtes de profil appliquées l'une
sur 1 autre dans les médailles et les pierres
gravées.
— Blas. Se dit : io De deux écus joints en-
semble ou poses l'un contre l'autre. Ainsi ,
les armes des rois de France, do la dynastie
des Bourbons, accolaient sous une même cou-
ronne les écus do France et de Navarre. —
colliers passés autour du cou. Famille IVico-
laî : d'azur, au lévrier courant d'argent accolé
de gueules et bouclé d'or. — 3° Des arbres,
des colonnes, etc., entourés d'un cep de vi-
gne, d'un serpent, etc. Famille Rignon : d'a-
zur, à la croix haute d'argent, accotée d'un
pampre de vigne de sinoplo, posée sur une
terrasse du même, et cantonnée de quatre
flammes d'or. — 4° Des macles, des fusées, des
rustres et des losanges, qui se touchent par
leurs angles latéraux sans remplir tout le-
champ. Famille Montbazon : de gueules à
54
AOC
neuf nucles d'or accolées trois à trois.— 5» Dos
clefs, bâtons, épées, drapeaux, etc., que l'on
met en croix derrière I'écu, dans les armoi-
ries du pape, des maréchaux do France, etc.
— 6" Des colliers des ordres de chevalerie
dont on entoure l'écu.
ACCOLEMENT s. m. (a-ko-le-man — rad.
accoler). Action de joindre, de réuuic.
— Fig. :, Quelque monstrueux que fût iVcco-
lement Je la dignité de pair de France avec
là qualité de conseiller de cour souveraine,
l'indignation publique fut étouffée sous le
poids du duc de Guise. (St-Sim.)
ACCOLER v. a. ou tr. (a-ko-lé — du lat. ad
œltum, au cou). Jeter les bras autour du cou-
de quelqu'un pour l'embrasser : A lapremière
vue, il s'en vint m' accoler. (Montfl.) Viens cà;
que je /'accole. (G. do Nerv.)
— Accoler la cuisse, la botte à quelqu'un, Se
disait' autrefois de l'action d'embrasser la
cuisse, la botte do quelqu'un, en signe de
soumission profonde et d'infériorité.
^-Saisir par lo cou, en luttant: Allons,
ferme, bon pied, bon mil ! accole ton adversaire,
et d'un croc-en-jambe le renverse. (P.-L. Cour.)
— Par ext. et plaisam. Accoler une bou-
teille, Boire à là bouteille : Le brave homme
accola la bouteille à cinq ou six reprises diffé-
café. (F.
'. (Cha-
rentes, sous prétexte de pousser
Guillermé.)
— Toucher, être joint, contigu à :
au village, j'ai passé près de l'églis
sanctuaires extérieurs *
— Par, anal. Faire figurer l'un à côté de
l'autre : Notre fraternité devint si grande, que
nos camarades accolèrent nos deux noms.
(Balz.) A l'opinion d'un poète accolons celle
d'un prosateur. (Fourier.) Il Mettre en pré-
sonce, confronter : Accoler des témoins.
— Réunir par une accolade : Accoler 'plu-
sieurs articles dans un compte, plusieurs por-
tées dans une partition.
— Agric. Fixer à des treilles, à des échalas
ou à des espaliers les sarments de la vigne ou
les branches des arbres fruitiers : On n'a pas
coulumei ^'accoler la vigne dans le Midi. Le
temps cî'accoler les vignes est le mois de juin.
— Absol. : Cette manière (2'accoler est pré-
férable à la première. Le moment le plus fa-
vorable pour, accoler est celui qui suit immé-
diatement la floraison de la vigne.
— Archit.- Entrelacer autour d'une colonne
des branches de palmier, de laurier, ou de
feuilles de vigne.
— Charp. Joindre des pièces de bois pour
les fortifier les unes par les autres.
— Art culin. Joindre ensemble deux lape-
reaux , doux poulets , etc., pour les servir en
accolade.
— Blas. Joindre par les côtés : Accoler les
caissons de France et de Navarre. Il Entourer
reçu du collier d'un ordre.
. S'embrasser mutuelle-
3S bras autour du cou : /"
s'accolèrent avec grande amitié. (Acad.) „
S'entrelacer : Autour des colonnes du balda-
quin de Saint-Pierre, à Rome, on voit des rin-
ceaux de pampres ou d'autres feuillages s'ac-
coler a leur fût. (Quatrem. de Quincy.) Le
houblon, le lierre et te chèvrefeuille s'accolent
d'eux-mêmes. (Morogues.) u Se réunir, se join-
dre de manière à ne former qu'un tout : J'ai
dit tout à l'heure que notre article s'était quel-
quefois accolé au substantif pour former avec
lui un seul mot. (J.-B. Jullien.)
— Par anal. Etre ajouté, être joint à : Ces
charmantes femmes y regardaient à deux fois
avant de risquer que de semblables épithètes
s'accolassent à leurs noms. (Fr. Souliô.) il
Fréquenter : S'accoler à une femme. Se prend
en mauvaise part.
ACCOI.TI (Benoît), jurisconsulte et histo-
rien, né à Arezzo, en 1415, mort en U66. Son
principal ouvrage a pour titre : De Dello a
Christianis contra Darbaros geslo pro Christi
scpulchro (trad. en fr., 1620). C'est un récit
médiocre de la première croisade, où l'on pré-
> tend cependant qUe Le Tasse a puisé pour la
composition de son poème.— Son fils, Bernard
Accotli, jouit d'une grande vogue, comme
poote et improvisateur,, au temps de Léon X.
ACCOLURE s. f. (a-ko-lu-re — rad. accoler).
Agric. et hortio. Lien de paille, d'osier, etc.,
dont on se sert pour relever et attacher les
vignes aux échalas , les branches des arbres
/ruitiers en espaliers, etc. : Z'accolure se
■place au troisième ou au quatrième nœud , au-
dessus du dernier raisin du bourgeon le plus
relevé.
— Tochn. Assemblage des premières mises
de bûches d'un train à llotter. il Ligature dans
la reliure d'un livre.
accombant, ANTE adj. (ak-kon-ban,
an- te — du lat. accumbere , se coucher sur).
Bot. Se dit d'une partie de la plante qui est
couchée sur une autre : La radicule est ac-
combante quand elle est couchée sur le bord
des cotylédons. (Duméril.)
Accommodable adj. (a-ko-mo-da-ble —
rad: accommoder). Qui peut s'arranger, s'ac-
commoder : C'est une a/faire accommodable.
Les difficultés en matière de religion ne sont
guère accommodables. (Trév.) Mon appétit est
ACCOMMODAGE s. m. (a-ko-mo-da-je —
rad. accommoder). Apprêt des viandes : Quand
on porte de la viande au cabaret, il en faut
payer Raccommodage. (Trév.) il Façon donnéo
par le coiffeur aux cheveux : Z'ac<
d'une perruque. Ce sens est vieux.
ACCOMMODANT, ANTE adj. (a-kc-mo-dan,
an-te — rad. accommoder). Conciliant, com-
plaisant, d'un commerce facile, sociable : Le
trop comment vous tirer de là. (Al. Duval.)
J'aurai là-dessus l'opinion que vous voudrez.
— C'est être aussi par trop accommodant.
(G. Sand.) il Se dit aussi des choses dans le
même sens : L'autre est un esprit doux , pa-
tient, accommodant. (Bourdal.) Y eut-il jamais
un esprit plus facile, plus accommodant?
(Fléch.) Vous .aimez mieux un doute accom-
modant qu'une sûreté trop gênante. (Mass.)
Qu'Us soient d'humeur accommodante. (La
Fontaine.) Vous avez entrepris de décider les
cas de conscience d'une manière favorable et
accommodante. (Pasc.) il Avec qui l'on traite
aisément; facile , coulant en affaires : Ce mar-
chand est fort accommodant. (Acad.)
— Substantiv. :
Ne soyons pas si difficiles;
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles.
La Fontaine.
ACCOMMODATION s. f. (a-ko-mo-da-si-on
— rad. accommoder). Action d'accommoder ou
do s'accommoder, il Conciliation d'un texte
avec un autre.
— Ency'el. Physiol- On donne le nom d'ac-
commodation de l'œil aux changements qui s'y
opèrent pour rendre la vision distincte àdes dis-
tances diverses. Si l'œil n'était qu'une chambre
obscure comme une autre, les objets ne seraient
visibles que dans une position déterminée;
mais les milieux do l'œil ont la propriété de se
modifier, en s'adaptant les uns aux autres, de
telle sorte que l'image vienne toujours se des-
siner exactement sur la rétine. Bien des hypo-
thèses ont été émises sur cette activité parti-
culière do l'œil : les uns" ont dit que l'axe du
cristallin s'allongeait et se raccourcissait;
d'autres que la convexité de la cornée variait;
d'autres que le cristallin se déplaçait par le
cercle et les parois ciliaires ; quelques-uns enfin
que la' forme de l'œil se modifiait sous l'in-
fluence compressive des muscles.
— Philos, et théol. On se sert souvent en
philosophie et en théologie du mot accommoda-
tion pour désigner un système d'interprétation
des doctrines philosophiques et religieuses, d'a-
près lequel on suppose que les anciens philo-
sophes et les fondateurs des anciennes reli-
gions , qui étaient presque toujours aussi les
législateurs des peuples, s'accommodèrent
constamment, dans certaines limites, aux con-
naissances , aux opinions , aux sentiments et
aux mœurs de leur temps. Les théologiens
rationalistes n'hésitent pas à faire jouer un
grand rôle à. l'accommodation dans les lois de
Moïse, dans les écrits des prophètes et même
dans 1 enseignement de Jésus-Christ et de ses
apôtres.
ACCOMMODÉ, ÉE (a-ko-mo-dé) part. pass.
du v. Accommoder. Arrangé, ajusté, appro-
prié , conformé : Cette pièce a été refaite' et
accommodée au goût du public. Ce sont des
pensées ou réflexions familières , instructives ,
accommodées au simple peuple. (La Bruy.) Il
faut, monsieur, que l air soit accommode aux
paroles. (Mol.) Le nomade gagne de proche en
proche toutes les fois qu'il trouve un sol accom-
modé à son genre de vie. (Renan.)
— Peut se construire avec la prép. de et
alors signifie Pourvu de : Les magasins pleins,
les particuliers accommodés de toutes choses.
(Sarasin.) Quoique peu accommodé des biens
de la fortune , Socrate se tint dans les termes
d'un désintéressement parfait. (Fén.)
— Absol. Riche , aisé : J'ai découvert sous
main qu'elles ne sont pas fort accommodées.
(Mol.) Le seigneur Anselme est un gentilhomme
noble, doux, posé et fort accommodé. (Mol.)
Mon père était des premiers et des plus accom-
modés de son village. (Scarr.) Ce sens a vieilli.
Si l'homme accommodé n'aide le malheureux,
— Ironiq. Se dit d'un homme dont les vête-
ments sont en mauvais état, en désordre : Il
est tout couvert de boue; le voilà bien accom-
modé. (Acad.)
— Accommodé de toutes pièces , Maltraité
autant que possible : Le pauvre Grégorio fut,
accommodé de toutes pièces. (Le Sage.)
— Reçu, traité : On est bien accommodé chez
lui. (Acad.)
— Terminé à l'amiable • La querelle de vos
parents et de Julie vient d'être accommodée.
(Mol.)
— Cuis. Apprêté , assaisonné : Le vendredi
on ajoutait à cette distribution du riz accom-
mode au miel et au raisiné. (Chateaub.) Pour
toi les petits pois devraient pousser tout accom-
modés au beurre. (Balz.) Il fut fort étonné le
premier jour qu'il fut obligé de se coucher sans
■Aôe
souper, lui qui s'attendait, compte on dit,
voir les alouettes toutes rôties et les perdri
tout accommodées aux choux. (A. Karr.)
— S'est dit pour Raccommodé :
ACCOMMODEMENT s. m. (a-ko-mo-dc-man
— rad. accommoder). Transaction, concilia-
tion, arrangement à l'amiable d'un différend,
d'une querelle, d'un procès : Combien de fois,
par des accommodements raisonnables, n'a-t-il
pas arrêté le cours de ces divisions! (Fléch.)
Pour ne pas rebrouiller les choses qui allaient
à un bon accommodement, la femme promet de
parler et de se taire à propos. (St-Evrcm.) Si
Bertke avait connu le monde, elle aurait suqv
i menace est toujours une preuve du désir qii'o
d'entrer en accommodement. (P. Féval.)
Et présage déjà quelque accommodem
Molière.
— Par ext. Moyens , expédients que l'on
imagine pour concilier les esprits , terminer
une affaire : Il y aurait pour cette affaire des
accommodements , s'ils étaient raisonnables.
(Acad.)
— Fig. Moyens, expédients que l'on emploie
" pour faire taire des scrupules : Il n'y a pas
^'accommodements avec la conscience. (J. Sim.)
Le ciel deTend, de vrai, certains contentements,
Mais on trouve avec lui des accommodements. ■
— C'est un homme d'accommodement , Avec
lequel il est facile de s'arranger, de terminer
les différends.
— S'est dit autrefois pour Arrangement,'
réparation , restauration : Il faudra bien des
accommodements dans cette maison. (Acad.)
— Prov, Un mauvais accommodement vaut
mieux qu'un bon procès, Il vaut encore mieux
s'arranger à l'amiable avec la partie adverse,
que de gagner un procès souvent très-long et
toujours coûteux.
— Peint. Manière dont les draperies et les
ajustements sont choisis, assortis et disposés :
Les couleurs se sont -elles rangées d'elles-
mêmes pour former ces accommodements de
draperies, ces distributions de lumière? (Fén.)
— Fin. Se dit de l'arrangement que tout
prévenu de contravention en matière de
douanes et octrois peut faire avec l'adminis-
tration, avant jugement, sur toutes les peines.
et réparations qu'entraîne la poursuite des
infractions.
— PrOV. littér. Il ci.1 avec lo ciel fies oc-
cominodcmciii!i, Allusion à un vers célèbre du
Tartufe, de Molière, dans la fameuse scène où
Orgon , caché soiis une table , apprend à con-
naître la profonde perversité de l'hypocrite :
Mais a
Madame, et je sais l'art de lever le
Le cîel défend, de vrai, certains contentements;
Mais on trouve avec lui des accommodements.
Selon divers besoins, il est une science
D'étendre les liens de notre conscience,
Et de rectifier le mal de l'action
Ce vers , un p
langue d'une de si
■ On peut être sensualiste avec les bons
pères jésuites, sceptique avec l'évoque d'A"-
vranches, spiritualiste avec Bossuet, mystique
avec Liguori, sans cesser pour cela d'être ca-
tholique :
Il est avec le ciel des accommodements.
« Tartufe l'a dit :
si pour les gardes avec les bra-
partage le butin , ou bien on re-
çoit tant par nuit de sommeil , tant par pièce
de gibier. Les contrebandiers espagnols n'a-
gissent pas autrement ; ils s'arrangent avec les
douaniers; tout le monde est content, moins
Sa Majesté Catholique, moins son ministre des
finances, moins les porteurs de coupons, qui
comptaient sur un semestre. >
Elzéar Blaze.
> L'avocat ne donne jamais de reçu pour ses
honoraires, par cette simple raison que les rè-
glements de son ordre lui défendent expressé-
ment d'intenter une action en justice pour être
payé. Il parle , donc il est réglé. Mais comme
il est toujours des accommodements avec le ciel,
il trouve un moyen terme de ne pas désobliger
le client dans un embarras momentané. L'a-
voué fait avance de la somme , qu'il joint en-
suite à l'état des frais. » '
Gustave Chadeuil.
Quelquefois on particularise l'idée , et alors
le mot ciel devient l'objet d'une variante :
« Les faits les plus connus sont défigurés ,
les personnages travestis, les rôles déplacés.
De paf l'autorité privée du romancier, la reine;
si connue par sa laideur, est brillante de
beauté : il est avec l'histoire des accommode-
.<jnents._* G. Vapereau.
ACC
« Peut-être est-ce un peu tard pour avoir
des billets , fit Desloges ; j'ai entendu dire que
la salle était louée huit jours à l'avance. — Il
est avec le Gymnase des accommodements , re-
prit Maurice ; nous saurons bien trouver une
loge , dussions»nous y entrer comme Jupiter
chez Danaé. i Moléri.
Ces deux mots expriment une réconciliation
entre des personnes; mais raccommodement
marque un retour, un rapprochement qui a lieu
entre des personnes précédemment unies par
des liens de parenté ou d'amitié : Un raccom-
modement entre le père et le fils. Partout des
brus et des belles-mères, des maris et des fem-
mes , des ruptures , des divorces et de mauvais
raccommodements. (La Bruy.) L'accommode-
ment se fait entre des personnes qui sont en
procès entre elles, et qui, avant cela, pouvaient
être étrangères, et alors indifférentes les unes
aux autres. Après un raccommodement, on re-
devient amis; après un accommodement , on
cesse d'être en contestation.
ACCOMMODER v. a. ou tr. (a-ko-rao-dé—
lat. accommodare, même sens). Rendre com-
mode, rendre plus propre à un usage donné :
Accommoder sa maison , sa bibliothèque, son
jardin. Vous avez bien accommodé votre ca-
binet. (Acad.)
— Par ext. Ajuster, disposer : L'on fut trois
jours à accommoder ma parure; nia robe était
toute cliamarrée de diamants, avec des houppes
incarnat blanc et noir. (LaGr. Mademoiselle.)
Il Coiffer, attifer : Après s'être fait accommo-
der il se promène. (Diderot.) Pendant ce temps,
le perruquier va et vient d'un côté et d'autre
dans la boutique, et prépare tout ce qui lui
est nécessaire pour accommoder sa pratique.
(Scribe.) La marquise est à sa toilette, ses
femmes Raccommodent. (Th. Gaut. ) il Bien
servir, bien traiter, et a bon marché : Cet
aubergiste accommode bien ses hôtes. (Acad.)
— Fig. Approprier aux idées, aux préjuges,
aux intérêts d'une époque; concilier deux ,
choses contraires : Accommoder ses devoirs
avec ses intérêts. Les courtisans savent accom-
moder leur goût, leur humeur, leurs discours,
à ce qui plait au prince. (Acad.) Vous nous
reprocherez peut-être un jour d'avoir accom-
modé la sainte vérité de votre Evangile aux
indulgences et aux adoucissements de notre
siècle. (Mass.) Il y a certains intérêts délicats ,
et certaines ambitions spirituelles que les dévots
ne savent que trop accommoder avec ta vertu.
(Fléch.) Son ambition le porta aux Indes, quand
il pouvait accommoder la gloire et le repos.
(St-Evrem.) il Conformer, proportionner : Ac-
- Jépensêà son revenu. La maison
fortune présente. (Boil.) On accommode
la règle aux personnes, loin déjuger les per-
sonnes par la règle. (Mass.) u Arranger, dis-
poser : On accommode l'histoire à peu près
comme les viandes'dans une cuisine. (St-Real.)
Il m'a pris un éblouissement , un je ne sais quoi,
qui accommode fort mal mes idées. (Volt.)
— Ironiq. Maltraiter soit en paroles , soit
en actions : Accommoder quelqu'un d'impor-
tance. (Acad.) Ah.' si vous aviez vu comme je
l'ai ACCOM510DÉ. (Mol.) On ne saurait aller
nulle part, où l'on ne vous entende accommoder .
de toutes pièces. (Mol.) Apostrophant la per-
sonne qui m' avait accommodé de cette manière,
elle lui donna mille malédictions. {ho Sage.)
— Terminer à l'amiable : Les arbitres bien
souvent, au lieu ^'accommoder les parties, ac-
commodent leurs affaires. En allant un jour
pour accommoder deux gentilshommes qui pré-
tendaient une même fille, Requelaure les mit
d'accord en la prenant pour lui. (Tallem. des
Réaux.) Il faut qu'un arbitre, choisi par les
parties, vous accommode. (Fén.) Il accommo-
dait les différends que la discorde, la jalousie
ou les mauvais conseils font naître parmi les
habitants de la campagne. ( Fléch. ) Fénelon
— S'empl. absol. dans ce-dernier sens : Au
moyen d'une honnête faillite , ce négociant ac-
commode, pour payer dans quelques années la
moitié des millions qu'il a volés. ( Fourier. )
Voulant accélérer leur vente, ils perdent un
dixième et gagnent pourtant quatre dixièmes,
puisqu'ils accommodent à moitié de perte.
(Fourier.)
— Arranger, agréer, convenir : Ils ont leurs
richesses à un titre orJ
gent des vices et des vertus que par ce qui les
choque ou les accommode. (Fén.) Tout ce qui
est trop simple «'accommode point les hommes.
(Fonten.)
Vous voila tous pourvus; n'est-il point quelque fille
Qui pût accommoder le pauvre Mascarille?
Molière.
— Traiter d'une affaire avec quelqu'un
d'une manière qui lui soit avantageuse, a des
conditions acceptables : Si vous voulez «'ac-
commoder de cette maison, de cette terre , je
l'achèterai. (Trév.) Je vous accommoderai de
ma maison, si vous voulez l'acheter. (Acad,)
Un marchand l'alla trouver, et lui demanda si,
pour de l'argent, il le voulait accommoder de
quelque bête de somme. (La Font.) Si vous
avez quelque manuscrit persan , vous me ferez
plaisir de m'en accommoder. (Montesq.)
— Absol. dans ce dernier sens : Si cette
étoffe vous convient, je pourrai «<
der. (Raym.)
ACC
— Accommoder ses affaires , Les mettre en
meilleur état, les relever.
— Art culin. Apprêter, assaisonner : -Esope
n'acheta que des langues, lesquelles il fit accom-
moder à toutes les sauces. (La Font.) Il reçut
une lettre par laquelle on le priait de venir
accommoder une salade dans un des plus beaux
hdtels. {Brill.-Sav.) Athalie possède un talent
particulier pour accommoder le chevreuil.
(Balz.) Mariette, la cuisinière, savait accom-
moder tous les plats en honneur dans le pays.
(Balz.)
... L'on accommoda de diverses manières
Et le poisson des mers et celui des rivières.
Berciioux.
S'accommoder, v. pr. S'établir, s'installer
convenablement, commodément : 2'ous ont
menls délabrés; chacun s'y est „„.
(P.-L. Cour.) il S'ajuster, se parer : Cette
femme est toujours deux heures à -'
moder. (Trév.J
Un paon muait; un geai prit son plu
Puis après se l'accommoda.
Un de ces beaux garçons
Dont le visage altier et charmant s'accommode
D'un panache éclatant
V. Huoo.
— Par anal, et iron.' Se mettre en piteux
état : Bon Dieu! comme il s'est accommodé!
Il Se griser : Quand il trouve de bon vin , il
s'accommode comme il faut. (Acad.)
— Fig. Se mettre d'accord , s'arranger, se
terminer à l'amiable, se réconcilier: Cette
querelle s'est accommodée par des concessions
réciproques. Xanthus fit tant par sa patience, et
Esope par son esprit, que les choses s'accom-
modèrent. (La Font.) Le maréchal s'est ac-
commodé avec ses créanciers. (Mm» de Sév.)
Le cardinal jugea qu'il était temps de s'ac-
commoder avec les frondeurs. (La- Rochef.)
•La France, n'ayant plus V Angleterre pour en-
nemie, força les autres puissances à s'accom-
moder, (Volt.) Les théologiens grecs ne se
seraient jamais accommodes qu'à la fin du
monde.- (Montesq.)
Les frères désunis sont tous d'avis contraire :
L'un veut s'accommoder, l'autre n'en veut rien faire.
I! Convenir, s'allier, concorder, aller avee :
Peut-être pensez-vous que la prospérité et la
religion ne s'accommodent guère ensemble.
(Flech.) Pour être heureux par les passions, il
faut que toutes celles que l'on a s'accommo-
dent les unes avec les autres. (Fonten.) Les
officiers de fortune s'accommodent mal avec
les officiers de naissance. (P.-L. Cour.) || Se
conformer, se plier, se prêter à : Le bonheur
consiste principalement à s'accommoder à son
sort, à vouloir être ce qu'on est. (Erasme.)
Vous en coûtait-il quelque chose pour vous
accommoder à ses chimères? (Mol.) Il faut
entrer dans les divertissements des enfants,
mais il ne faut jamais s'accommoder à eux
par un langage enfantin, ni par des manières
pucriles.(Mtae de Maintenon.) Ne vaut-il pas
mima? s'accommoder aux hommes tels qu'on
mant esprit avait tous les tons,
commoder aux personnes. (Stc-Beuve.)
Est-ce ainsi qu'à nos vœux il sait s'accommoder ?
il S'habituer, se plaire : Le loup marin s'ac-
commode à l'influence de tout climat. (Buff.)
Il Etre content , satisfait ; s'arranger volon-
tiers d'une personne ou d'une chose, latrou ver
à sa convenance :' Cet homme s'accommode de
tout. Il ne s'accommode de rien. Ma fille a de
la complaisance, et vous verrez qu'elle s'ac-
commodera entièrement de vous. (Mol.) Peu
d'écrivains s'accommodent de ce style. (La
Bruy.) lime faudrait un courage que je n'ai
pas pour m'accommoder d'une si extraordi-
naire destinée. (Mme de Sév.) Le cœur une
fois accoutumé aune agitation vive et agréable,
ne s'accommode plus ni du repos , ni d'une
moindre agitation, (Fonten.) Le gouvernement
s'accommode mal des pamphlets et de la vé-
rité naïve. (P.-L. Cour.) L'esprit humain s'ac-
commode peu de décisions trop tranchantes.
(Bignon.) Le génie allemand, avec sa poésie et
ses profondeurs , s'accommode bien de la reli-
gion chrétienne et de sa théologie. (Lcrminier.)
L'engouement et la
sent pu s'accommoder d'un
et d'un cœur sec. (G. Sand.)
Manger froid, boire chaud , don
On garçon comme moi s'accomn
On dort, on boit, on mange; on ma
de m
hautain
m boit, o
COLLIN D'HARLEVILLE.
Il Se servir, tirer parti de : La pauvreté in-
dustrieuse sait s'accommoder de tout. Il s'ac-
commode de tout ce qu'il trouve soxis sa main.
(Acad.) il Acheter, acquérir à un prix raison-
nable : Je voudrais vous prier de les voir pour
les acheter, ou pour leur enseigner quelqu'un
de vos amis qui voulût s'en accommoder. (Mol.)
Il Devenir riche : Je l'ai vu pauvre , mais il
s'est bien accommodé. Vieux.
— Cuis. Etre apprêté, arrangé, assaisonné :
Les petites asperges s'accommodent en façon
de petits pois , pour tromper notre espoir et
calmer notre impatience. (Grim. de la Rcyn.)
Combien en fait de bœuf n'a-t-on pas raffiné?
En plus de cent façons je crois qu'il s'accommode.
ACC
Accommodeur, ehse s. (a-ko-mo-deur,
eu-ze — rad. accommoder). Celui, colle qui
accommode : C'est la plus grande accommo-^
dkusc de querelles qui ait jamais été. (Tallem.
des Réaux.) Bayle, dans une de ses lettres,
appelle accommodeurs de religion ceux qui
voudraient réunir les diverses communions chré-
tiennes. (Encycl.) , ' " "
ACCOMPAGNAGE s. m. (a-kon-pa-g'na-je ;
gn mil, — rad. accompagner). Manuf. Trame
fine dont on garnit le fond d'uno 'étoffe de
soie brochée d'or.
ACCOMPAGNANT (a-kon-pa-gnan ; gn mil.)
part. prés, du v. Accompagner..
ACCOMPAGNATEUR, TRICE S. (a-kon-pa-
gna-teur, tri-se ; gn mil. — rad. accompagner).
Celui, celle qui accompagne, soit avec la voix,
soit avec un instrument, là partie principale
d'un morceau de musique : Je chantais passa-
blement, mais j'avais au clavecin le plus misé-
rable accompagnateur. (Mme de Sév.) Le
talent de ^'accompagnateur est de faire valoir
le chant sans le couvrir, comme cela n'arrive
que trop souvent. (Bouillet.)
— S'empl. adj. : On a inventé un clavier
accompagnateur, au'moyen duquel il suffit à
l'organiste de toucher 'une seule note sur le
clavier ordinaire pour donner l'accompagne-
ment complet et parfaitement régulier d'un
chant d'église quelconque. (Journ.)
ACCOMPAGNÉ, ÉE (a-kon-pa-gné ; gn mil.)
part. pass. du v. Accompagner : Il sort tou-
jours bien accompagné. (Acad.) On taprendrait
pour la riante Vénus, qui est accompagnée des
Grâces. (Fén.) Alcestè parait accompagnée de
ses enfants éplorés, entre les bras de son époux
éperdu, qui la soutient et la guide. (Patin.)
— Avec un nom de personne pourcomplôm.,
il régit les prôp. de et par; dans ce dernier
cas, le complément éveille presque toujours
une idée de protection : Télémaque est ac-
compagné par Minerve. (Fén.) Il fit son entrée
solennelle dans sa capitale, accompagné des
prélats et de la noblesse. (Barante.) Elle était
accompagnée de ses parents. (Balz.)
— Suivi d'un nom de chose, il veut la prôp.
de : Quelques dehors spécieux, accompagnes
de beaucoup de confiance et de présomption.
(Bourdal.) Pourquoi les jouissances les plus
délicieuses sont-ailes accompagnées d'inquié-
tudes cruelles? (Buff.) La plupart des voyages
en terre sainte sont accompagnés dé gravures
et de vignettes. (Chatéaub.)
De m
et dans le mien
Corneille.
ignée,
— Mus. Soutenu par nn ou plusieurs in-
struments, une où plusieurs voix : Sans doute
les anciens savaient chanter accompagnés d'in-
struments à t'unisson. (Brill.-Sav.)
— Chass. Se dit du cerf qui, pressé par les
chiens , se mêle à une troupe d'autres cerfs
pour donner le change.
— Blas. Se dit de certaines pièces honora-
bles, comme le pal, la fasce. le chevron, etc.,
quand elles ont a leurs cotés des pièces secon-
daires en séantes positions, c'est-à-dire per-
pendiculairement. Famille de Dillon : d'azur,
au chevron d'or accompagné de trois coquilles
du même. Famille Esparbès : d'argent, à la
fasce de gueules accompagnée de trois mor-
lettes de sable. — Se dit aussi des animaux,
des plantes, etc. , qui ont des meubles en
séantes positions au-dessus , au-dessous ou
aux.côtés. Famille Le Brun de Kerprat: d'ar-
gent, au lion de gueules, accompagné de trois
étoiles du même", rangées en chef, et d'un
croissant de gueules en pointe.
ACCOMPAGNEMENT s. m. (a-kon-pa-gne-
man; gn mil. — rad. accompagner). Action
d'accompagner, d'escorter : On porta ce sou-
verain au tombeau de ses ancêtres, et plusieurs
princes furent désignés pour Z'accompagne-
siENT du corps. (Acad.) u Ensemble de ceux
qui accompagnent , qui escortent : La der-
nière' de ces conférences fut plus nombreuse en
accompagnement , et les suites se mêlèrent et
se parlèrent avec force civilités. (St-Sim.) ||
Accessoire destine à compléter, à embellir
certaines choses : Cette chambre à coucher
manque des accompagnements nécessaires.
(Acad.) La figure principale de ce tableau
aurait besoin de quelques accompagnements.
(Acad.)
— Fig. et par anal. : C'est confondre toutes
les idées et tous les sentiments, et ôter à la
vertu son plus bel accompagnement. (Bonald.)
Tout enfantement est pénible, et la douleur en
est ^'accompagnement nécessaire. (Mich.Chev.)
— Chirurg. Accompagnement de la cataracte,
Matière visqueuse et blanchâtre qui entoure
le centre du cristallin devenu opaque.
— Mus. Action de soutenir la voix à l'aide
du jeu d'un instrument : On a chanté un chœur
avec accompagnement de-piano. Unpetit chœur
de voix médiocres chantait des antiennes et des
motets , avec accompagnement d'orgue. (Ber-
lioz.) u Parties secondaires, ordinairement
exécutées par des instruments de. nature dif-
férente,'pour soutenir le jeu de l'instrument
principal : Sonate pour le piano, avec accom-
pagnement de basse, de violon et d'alto. Je
remplissais ma tête d accompagnements, d'ac-
cords et d'harmonie. (J.-J. Rouss.)
■=- far anal. : Quatre cents pièces de canon
EeTe
ACC
furent, pendant deux jours et deux nuits, V ac-
compagnement non interrompu de ces scènes
de carnage. (A. Carrel.) A la cour du duc, on
s'abandonnait à une débauche sans frein, avec
accompagnement d'ivresse et d'impiété. (St-
Aulaire.)
Quel accompagnement sublime
Pour les chants inspirés du barde audacieux,
Que le bruit du canon roulant de cime en cime!
Lamartine.
— Blas. Ce qui est hors de l'écu et qui lui
sert d'ornement, comme lés supports, le ci-
mier, les lambrequins.
— Encycl. Mus. On appelle accompagnement
de quatuor, celui qui est exécuté par quatre
instruments à cordes ; accompagnement à grand
orchestre, celui auquel concourent tous les in-
struments ; accompagnement d'iiarmonie, celui
qui est exécuté par les seuls instruments à
vent. On divise l'accompagnement des instru-
ments à clavier en plusieurs espèces : Vaccom-
pagnement plaque ou l'exécution de l'harmonie,
abstraction faite de toute forme mélodique; Vac-
compugnement figuré ou la réunion des formes
du chant avec 1 harmonie ; V accompagnement de
lapartiiion, qui est l'art de traduire sur le cla-
vier les divers effets d'instrumentation ima-
ginés par le compositeur. L'accompagnement
"'-"■îé n'est en usage qu'en France; les Ita-
et les Allemands se servent de l'accom-
pagnement figuré, qui est beaucoup plus diffi-
cile; l'accompagnement de la partition est en
usage dans toute l'Europe. Beausoup d'auteurs
attribuent l'invention de l'accompagnement à
Louis Viadana, qui fut d'abord maître de cha-
pelle à Fano, petite ville du duché d'Urbino, et
ensuite de la cathédrale de Mantoue, et qui
était né à Lodi vers 15S0. L'accompagnement
fut ensuite perfectionné par François Gaspa-
rini. Rameau, Catel, et enfin M. Fétis, qui a
publié en -1829 un Traité de l'accompagnement
de la partition. — Le mot accompagnement
s'appliquait encore autrefois a la réunion des
instruments d'un orchestre ; en ce sens, il a été
remplacé par instrumentation.
accompagner v. a. ou tr. (a-kon-pa-gné,
gn mil. — rad. compagnon). Aller de compagnie
avec : La reine Raccompagna au cœur de l'hiver.
(Boss.) Virginie appela son frère et le pria de
Raccompagner. (B. de St-P.) Les dimanches,
par une condescendance assez naturelle, il ac-
compagnait sa femme à l'église. (Balz.)
Et partout Xipharès accompagne ses pas.
Il Escorter : Il se fait toujours bien accompa-
gner, parce qu'il a des ennemis. (Acad.) Le roi
envoya seize de ses gardes du corps pour ac-
compagner le courrier. (Volt.) il Suivre par
honneur : Quel honneur pour un sujet <f accom-
pagner son roi! (Fléch.) Un long, cortège de
Turcs, d'Arabes, d'Arméniens, de Juifs accom-
pagnait le corps. (Lamart. ) il Conduire avec
cérémonie : C'est lui qui a la charge «Raccom-
pagner l'ambassadeur à l'audience. (Acad.) l]
Reconduire par politesse : Quand il s'en alla,
on Raccompagna jusqu'à sa voiture. (Acad.)
. . . Je prétends, pour finir, tous débats.
Jusqu'à votre carrosse accompagner vos pas.
— Absol. : jlfme ia comtesse de V*** vient
d'être nommée dame pour accompagner. .
— Par ext. Convenir à, être assorti, se ma-
rier avec : Cette garniture accompagne Mai
la robe. Son ton , son accent , son propos, ac-
compagnaient parfaitement sa physionomie.
(J.-J. Rouss.) Ses cheveux blonds accompa-
gnaient admirablement sa tète virginale. (B. do
St-P.)
.— Fig. Etre joint, ajouté à. S'empl. avec un
nom do chose pour sujet : Les grâces accompa-
gnaient jus^it à ses re/us. (Flech.) Ses termes'
étaient justes et précis, une grâce naturelle les
accompagnait. (St-Sim.)
Qui doivent de ma fille accompagner la main,
Peuvent contribuer a vous la rendre chère.
Bouksault.
il Avec un nom do chose personnifiée pour
sujet : Le bonheur Raccompagne. (Acad.) Le
bon esprit accompagne presque toujours le vrai
talent. (Dussault.) La crainte prend l'homme au
berceau et Raccompagne jusqu'au cercueil.
(Lôvis.) Ne crois pas au sourire des lèvres que
n' accompagne pas le sourire des yeux. (A.
d'Houdetot.) L'étude et l'amitié sont les conso-
latrices qui nous accompagnent le plus loin
et quelquefois jusqu'au bout. (Ste-Beuvo.)
. . . La paix t'accompagne et la gloire te suit.
L. Racine.
Il Joindre, ajouter à ; Il accompagna ses re-
n'ACCOMPAGXti.sesdonsdeiantde grâce. (Volt.)
Il Etre le. résultat, la suite , la conséquence :
Les infirmités accompagnent presque toujours
l'intempérance. Une amnistie accompagne d'or-
dinaire l'installation de tout gouvernement nou-
veau. (M1L>« de Staël.) Une révolution morale
accompagne toujours une révolution physique.
(B. de StrP.) Le libre arbitre suppose et accom-
pagne l'intelligence. (Bastiat.)
— Mus. Exécuter les parties d'harmonie qui
soutiennent la partie principale : Ecoutez cet
orgue qui accompagne les beaux chants grégo-
riens. (Capefigue.) Le piano est fait pour faci-
liter la composition de la musique et pour ac-
compagner le chant. (Brill.-Sav.)
relie
Accompagner les chan
ACC 55
Il Absol. dans le même sens : Ignorant en mu-
sique, il accompagnait au piano tant bien que
mal. (Balz.) Celui qui accompagne n'est chargé
que d'une partie accessoire, il ne doit point dé- '
tourner à soi l'attention due à la partie vrinci-
pate. (Millin.) f. , .;,
— Manuf. Tramer des étoffes brochées d'or.
S'accompagner, v. pr. Prendre, mener, avec
soi, avec un nom de personne 'pour sujet et
pour complément : Il s'accompagne toujours
de mauvais garnements, (Acad.) il Même sens,
avec un nom de personne pour sujet*, riôrh do'
chose pour complément : Si vous vous accom-
pagnez en ce voyage de vos Muses et de vos pa-
piers, nous n'aurons que faire pour nous entre-
tenir. (Guez de Balz.) . :-*■■> <•
— Par anal. Etro accompagné, avec un nom
do chose pour sujet et pour complément : Ce
blond d'argent , joint à cette blancheur trans-
parente et vive , cette douceur bleue de son re-
gard, s'accompagnaient d'un son de voix tou-
chant et qui allait au cœur. (Ste-Bonve.) u Etre
suivi, avoir pour conséquence : L'administra-
tion des autres substances anesthésiques qui ont
été proposées s'accompagnerait des -mêmes
dangers. (L. Figuier.)
— Mus. Chanter, en se faisant soi-mômo son
accompagnement à l'aide d'un instrument :
Corinne, en s'accompagnant de sa lyre, chanta
les merveilles de la création. (Mme de Staël.)
Il Par anal. : Rodolphe se leva, s'approcha ma-
chinalement de la fenêtre et se mit â chantonner
entre ses dents en s accompagnant sur les vitres.
(E. Sue.) il Etro accompagné : Le banza est un
instrument dont la danse du nègre s'accompa-
gne. (Rog. de Boauv.) u Absol. : Il s'accompa-
gne en chantant.
— Syn. Accompagner, eicorlcr, suivre. On
accompagne pour toutes sortes'de motifs : Une
foule innombrable accompagna le roi jusqu'au
port. (Volt.) On escorte pour protéger ou pour
surveiller: On détacha un corps de cavalerie
pour escorter le convoi. (Acad.) On suit un
chef ou un maitre : Des généraux de Napoléon
Raccompagnèrent dans son exil; quelques-uns
de ses serviteurs l'y suivirent.
ACCOMPAGNERESSE S. f. (a-kon-pa-glie-
rè-se, gn mil. — rad. accompagner). Femme
qui accompagne une reine, une princesse : Ces
dames devaient venir au mois d'avril à Paris, et
y choisir des ACCOMPAGttETiESSESd'honneur pour
madame la dauphine Marguerite, (V. Hugo.)
ACCOMPLI, IE (a-kon-pli) part. pass. du
v. Accomplir. Achevé, révolu, réalisé entiè-
rement : Oracle accompli. Il ne faut pas vingt
années accomplies pour voir changer les hommes
d'opinion sur les choses. (La Bruy.) Je vois la
religion chrétienne où je vois des prophéties ac-
complies. (Pasc.) Je ne crois pas qu'il y ait dans
l'histoire l'exemple d'une volonté de nation qui
n'ait pas été accomplie. (Mme de Staol.)
Les temps sont accomplis, princesse, il faut parler.
Chose que l'on projette est loin d'être accomplie.
Il Pratiqué, rempli : -C'est dans le devoir ac-
compli que réside l'unique bonheur. (Salvandy.)
il Parfait en son genre : L'homme le plus ac-
compli est celui qui a moins de défauts que les
autres. (Boiste.) Nous ne parlerons pas de sa
■ taille accomplie, mi de l'excessive distinction de
toute sa personne. (E. Sue.) Ce soin perpétuel
de l'âme et du corps fit d'elle, â l'âge de neuf ■
ans, une enfant accomplie et charmante à voir.
(Balz.) C'est au xm" siècle que s'élèvent les mo-
numents les plus accomplis de l'architecture
gothique. (Mignet.)
Que le ciel pour moi seul ait pris soin de former
Ce qu'on ne vit jamais : une femme accomplie!
Destouciies.
— Polit. Fait accompli, faits accomplis, mots
empruntés au langage diplomatique, et qui
expriment la consécration d'une chose exécu-
tée. Effectivement, en politique, le meilleur
moyen de faire accepter une entrepose am-
bitieuse , c'est de la mettre à exécution.
Dès que le fait est accompli, il a conquis une
sorte do consécration aux yeux de tous : //
acceptait l'inégalité des conditions comme un
fait accompli. (G. Sand.) Les panégyristes de
la force des choses sont les apologistes des faits
accomplis. (Ch, doRômusat.)/Caiî7u^ore.?pec-
ter les faits accomplis, notre temps n'admet pas
volontiers que l'on critique la direction générale
de son mouvement. (Renan.)
— Syn. Accompli, coniioiuiiid, parfait! Par- .
fait emporte une idée d'unité et de simplicité,
c'est pourquoi il va bien avec lès noms de choses
abstraites, parce qu'elles sont sans parties et
représentatives d'une seule qualité, d'un seul
point de vue : Cette année; les vins parvinrent
au plus parfait degré de maturité et de bonté.
(Rollin.) Accompli, au contraire, s'emploie de
préférence avec les personnes. Parfait con-
vient mieux qu'accompli avec un nom qui dé-
signe dans les personnes une spécialité , une
qualité particulière ou unique : M'"" Maiarin
était une des plus parfaites beautés de la cour;
il ne lui manquait que de l'esprit pour être ac-
complie. (Mme de La Fayette.) Parfait se
prend quelquefois en mauvaise part, accompli
jamais : Cet homme enfant serait un parfait
imbécile, un automate. (J.-J. Rouss.) Consommé
désigne l'abondance d'une seule qualité, que l'on
a acquise par un long usage : Cette vivacité du
premier coup d'ceil ne s'acquiert en musique que
par une pratique consommée. (J.-J. Rouss.)
ACCOMPLIR v. a. ou tr. (a-kon-plir — du
56
ACC
lat. ad augment. , et complere, remplir). Mener
à terme, achever entièrement : II a accompli
sa vingtième année. Accomplir le temps de son
apprentissage. (Acad.) Je suis pris dépasser du
temps à l'éternité avant que l'aiguille de l'heure
ait accompli son tour. (Mme de Staël.) Les
corps célestes accomplissent leurs révolutions
dans une admirable unité. (Chateaub.) il Effec-
tuer, exécuter, réaliser : Accomplira dessein.
Accomplir sa promesse. Ce que les philosophes
n'ont osé tenter, douzepécheurs i'ONT accompli.
(Boss.) On lui donne toutes les facilités néces-
saires pour accomplir ce projet. (E. Sue.)
L'homme s'accomplit pas toutes ses destinées
dans ce monde. (Ballanche.)
— Absol.
Où pourrai-je trouver la patxî
Je veux et n'accomplis jamais.
Racine.
Il Suivre, pratiquer : Motif nécessaire, et sans
lequel il n'est pas possible [('accomplir tout le
précepte de la charité chrétienne. (Bourdal.)
L'Evangile n'a besoin que d'être médité pour
porter dans l'âme l'amour de son auteur et la vo-
lonté ^'accomplir ses préceptes. (J.-J. Rouss.)
Jl y a impossibilité de garder ses droits sans
accomplir se? deuoiVs.((Jh.Bailly.) Aimer c'est
accomplie la loi. (Lamenn.) 'Aimes, aimez
toujours, et vous accomplirez toute la loi de la
société humaine. (Le P. Félix.)
— Teint. Accomplir lacuve, Ajoutera un bain
d'indigo une décoction de garance et de son.
S'accomplir, v. pr. Etre accompli, exécuté,
réalisé : Que la volonté du Seigneur s'accom-
plisse. (Fléch.) Des millions d'événements s'ac-
complissent à la fois. (Chateaub.) Ce qui est
écrit s'accomplit. (H. Castille.) Le progrès ne
s'accomplit qu'avec des souffrances. (P. Le-
J'en ai fait le sarment ; il faut qu'il s'accomplisse.
Voltaike.
Il S'opérer, se produire : La plupart des fonc-
tions de notre organisme s'accomplissent o
notre ihsu. Sens-tu là comme moi, me demanda-
t-il un jour, s'accomplir en toi, malgré toi, de
fantasques souffrances? (Balz.)
— Syn. Accomplir, gnrdcr, observer. VOUS
observez la loi par votre attention à exécuter »:e
qu'elle prescrit : Il en coûte peu de se montrer
difficile sur les lois qu'on «'observe qu'en ap-
parence. (Volt.) Vous la gardez par le soin con-
tinuel de veiller a. ce qu'elle ne soit violée en
aucun point: Il faut que je garde inviolable-
7nent les lois de la chevalerie errante. (Viardot.)
Vous Y accomplissez par votre exactitude a rem-
plir entièrement tout ce qu'elle ordonne : Qui-
conque aime Dieu de bonne foi a déjà
— Syn. Accomplir, effectuer, exécuter, rcii-
- liser. liéaliser, c'est rendre réel et effectif,
matérialiser en quelque sorte ce qui n'existait
auparavant que dans l'esprit : On prend quel-
quefois plus de plaisir à former un projet qu'à
le réaliser. (S. Dubay.) Effectuer, c'est en
venir à l'efiet, k l'exécution : Effectuer un
■ payement. Accomplir, c'est faire qu'une chose
soit remplie de tout point, telle exactement
qu'elle avait été annoncée : Pour accomplir
les plus grandes choses, rien ne devait manquer
à ce digne fils que les occasions. ( Boss. ) hxé-
cuter, c'est faire une chose suivant un plan
arrêté d'avance : Jl avait autant d'audace pour
exécuter un projet que de dextérité pour le
conduire. (Volt.)
accomplissant (a-kon-pli-san)part. prés,
du v. Accomplir : Dieu, qui s'est montré si fidèle,
en accomplissant ce qui regarde le siècle pré-
sent, ne le sera pas moins à accomplir ce qui
regarde le siècle futur. (Boss.)
ACCOMPLISSEMENT s. m. (a-kon-pli-se-
man — rad. accomplir). Action de suivre, de
pratiquer : Les i>tstructions de l'Eglise tendent
à porter les fidèles à ('accomplissement de la
loi de Dieu. (Nicole.) Le seul acte de la vie de
l'homme qui atteigne toujours son but est I'ac-
compi.issement de ses devoirs. (Mme de Staël.)
/.'accomplissement des volontés maritales ne
lui causa jamais le moindre murmure. (Balz.)
La justice divine sur la terre est toujours i' ac-
complissement d'une loi. (A. Martin.) Le bon-
heur est le prix de V accomplissement de la
loi. (Géruzez.) H Réalisation complète : .L'ac-
complissement de nos plus grands désirs est
souvent la source de nos plus grandes peines,
(Sênèq.) Les voies se préparent insensiblement
à l'entier accomplissement des oracles. (Boss.)
Quelle sérénité ^'accomplissement de ses désirs
répand sur son visage! (La Bruy.) La vanité se
réjouit de ^'accomplissement lies malheurs
qu'elle a prédits. (Boisto.) Le bien, pour un être,
est ^'accomplissement de sa destinée. (Jouf-
froy.) Est-ce qu'on peut devancer f accomplis-
sement des desseins de Dieu? (G. Sand.)
— S'empl. absol. : La prophétie eut' un ma-
nifeste accomplissement. (Boss.)
Que ce
;oit P(
sme, Talents, mérite, quali-
ns pas à faire de ce comédien
in, doué de tous les accom-
\me disent les romanciers an-
glais. (Alex. Dum.)
ACCOMPLISSEUR s. m. (a-kon-pli-sour —
rad. accomplir). Celui qui accomplit : Hercule
est le dompteur des monstres, 2'accompliSSeur
de taches impossibles. (Th. Gaut.)
ACC
ACCON ou acon s. ni. (a-kon). Mar. Petit
bateau à fond plat, dont on se sert pour la
pêche aux huîtres, ou pour le chargement des
navires de commerce.
acconier s. m. (a-ko-ni-é — rad. accon).
Celui qui fabrique des accons,
ACCOQUINER. V. Acoquiner.
ACCORAGE s. m. (a-ko-ra-je — rad. ac-
core). Mar. Action de placer des accores, afin
de disposer, de maintenir un navire dans une
position qu'il ne conserverait pas sans ces
étais : Quand les couples d'un bâtiment sont
élevés sur la quille, an procède à leur accorage.
(De Bonnofou.x.)
— Jurispr. marit. Droit que payaient les
navires allant à l'île Bourbon.
ACCORANT (a-ko-ran) part. prés, du v.
Accorer.
ACCORD s. m. (a-kor — du lat. ad, à, et
cor, cordis, cœur; ou bien du lat. ad, à, et chor-
da, corde d'instrument de musique : comme
on le voit, la première étym. repose sur un
sens moral, la seconde sur un sens physique).
Paix, bonne intelligence, union d'esprit,
conformité de volonté, de sentiments : Je
vois qu'il règne entre vous le plus parfait ac-
cord. Un pays ne peut guère subsister lorsque
" .'existe plus entre les citoyens. (Mar-
(P.-L. Cour.) Ce que je cherche d'abord,
n'est point ce qui sépare, c'est ce qui rappro-
che; ce n'est point la querelle, c'est ('accord.
(Dupanl.)
Et nouons entre nous de si parfaits accords [corps.)
Que nous n'ayons qu'un cœur et qu'une amc en deux
R.OTRÔU.
il Transaction, pacte, convention : //accord
conclu entre la France et l'Autriche... Les
vainqueurs firent divers accords et diverspar-
tages. (Boss,1) Le contrat social est ('accord de
l'homme avec l'homme, accord duquel doit ré-
sulter ce que nous appelons la société. (Proudh.)
A tout accord forcé l'on a droit de manquer.
• Fr. de Neufchateau.
it qu'un m
n emploi qui te
antageu
— Par ext., se dit, dans ce dernier sens,
en parlant des choses : /.'accord entre le men-
songe et la vérité se fait toujours aux dépens
de la vérité même. (Mass.) il Union , alliance
intime : /( est extrêmement rare de trouver
un accord entre le talent et le caractère. (Balz.)
L'accord d'un beau talent et d'un beau caractère.
Le ciel n'a point encor, par de si doux accords,.
■dateur intelligent, comment expliquercz-
toutes les parties de l'univers? (Kôn.) £'accord
des mouvements avec les sons charme tes enfants.
(Joubcrt.) il Juste rapport, équilibre moral :
Le sentiment du beau résulte de ('accord de
l'imagination et de la raison. (Mesnavd.) Le
bonheur, c'est ('accord entre la vie intérieure
et la vie extérieure. (Custine.) Le bonheur con-
siste dans ('accord de nos besoins avec le pou-
voir de les satisfaire. (Giraud.) 1,'accord par-
fait des intérêts est une chimère. (Mich. Chev.)
La philosophie est ('accord de la raison et de
l'expérience. (Proudh.) A chaque époque ap-
paraît le merveilleux accord de la psychologie
et de la linguistique. (Renan.)
— Au plur., Conventions préliminaires d'un
mariage : Aujourd'hui les accords, demain
ou après-demain les fiançailles. (Alex. Dum.)
Les accord» sont signes ; je lui rends son époux.
L'argent était touché, les accords publias.
Le festin commandé, les parents conviés.
Il Dans ce sens, on dit aussi Accordailles.
— Etre d'accord, Vivre en bonne intelli-
gence, avoir les mûmes volontés, les mêmes
sentiments : Les Tyriens sont parfaitement
d'accord entre eux. (Ecn.) Licinius était d'ac-
cord avec Constantin. (Boss.) H Avouer, recon-
naître : J'en suis d'accord, j'ai eu tort de me
u'il es
roirlerr
Molii
3, la n
.. ._ __, opinion, s'en-
tendre sur un point donné : Les docteurs et
les conciles sont d'accord. (Pasc.) Les auteurs
profanes ne sont pas d'accord sur ce point.
(Boss.) Jls étaient d'accord en bien des cho-
ses. (M">c de Sév.) Quand deux personnes qui
pensent sont d'accord sans s'être donné le mot,
il y a beaucoup à parier qu'elles ont raison.
(Volt.) Cet homme et moi, nous sommes quasi
d'accord, et ne nous en doutions pas. (P.-L.
Cour.) V a-t-il deux hommes, j'entends même
deux hommes de goût, qui puissent être tou-
jours d'accord ? (Ste-Beuve.)
Sur l'argent, c'est tout dire, on est déjà d'accord.
Boileau.
Il Dans ce dernier sens, se dit en parlant des
choses : II' y a trois tribunaux qui ne sont
presque jamais d'accord : celui des lois, celui
de l'honneur, et celui de lareligion. (Montesq.)
L'ignorance est d'accord avec la servitude.
(Miue de Staël.) Il Se liguer, s'entendre avec
c les jé-
ACC
quelqu'un : Fous êtes d'ac
suites. (Pasc.)
Sont-ils d'accord tous deux pour me mettre a la gêne?
Il Etre en harmonie, coopérer, concourir au
même but : Dans le chat, la forme du corps et
le tempérament sont d'accord avec le naturel.
(Buff.j
Pour enchanter les sens tous les arts sont d'accord.
C. DELAVIONS.
— Etre conclu , arrangé : Je vais appeler
mon père pour lui dire que tout EST d'accord.
(Mot) -
— Tomber, demeurer d'accord, Convenir
d'une chose, l'admettre, l'avouer : Ils en sont
tombés d'accord. (Acad.) Il n'y a point de
vérités dont nous demeurions toujours d'ac-
cord. (Pasc.) De tous nos défauts, celui dont
nous demeurons le plus aisément d'accord,
c'est la paresse. (La Kochef.)
Oui, je tombe d'accord de tout ce qu'il vous plaît :
Tout marche par cabale et par pur intérêt.
Molière.
— Mettre d'accord , Concilier : Après une
discussion d'une heure, ils ont fini par se met-
tre d'accord. Voilà ce qui mit d'accord Sci-
pion et Annibal. (Fàn.) Nulne réussira jamais
à mettre d'accord le peuple et la bourgeoisie.
(E. de Gir.) On a quelquefois plus de peine à
mettre d'accord ses amis que ses ennemis.
(La Rochef.-Doud. ) Partout où le pouvoir
tarde à mettre les lois d'accord avec les
mœurs, les- peuples aspirent à rétablir cette
harmonie. (Matter.)
Je veux mettre d'accord l'amour et la nature.
— Etre en accord, Etre en rapport, en har-
monie, en proportion : Le bonheur individuel
n'est légitime qu'autant qu'il est en accord
avec le bonheur général. (Alibert.)
— D'accord, s'emploie souvent avec ellipse
du verbe être, surtout après voir, sembler,
paraître : Voilà la première fois que je vous
vois d'accord. (Pasc.) Tous les objets qui nous
ruption. (Mass.) Le sentiment d'Arnaud et des
jansénistes semblait trop d'accord avec le plus
pur calvinisme. (Volt.)
' La reine aurait osé me tromper aujourd'hui?
Il II devient alors une sorte d'adjectif, et on
dit : Ils ne se sont montrés d'accord que dans
cette circonstance. (Acad.) L'Allemagne entière
s'était soulevée : la Suède marchait d'accord
avec la Jiussie. (Mignct.^
— Se montrer d'accord avec soi-même , Etre
conséquent dans ses idées, ses principes, sa
conduite : En acceptant cette charge , il un
s'est pas montré d'accord avec lui-même.
Qu'en tout avec lui-même il ce montre d'accord.
— D'accord, loc. adv. et el'liptiq. pour J'en
demeure, j'en tombe d'accord,. j'er : —
Vous voulez que je m'éloigne, d'ac
qu'allet-vous devenir? (Mariv.)
ord, loc. adv. Unani-
mement : C'est ce qu'enseignent d'un commun
accord tous les saints docteurs. (Boss.)
— Gramm. Relation entre plusieurs mots
se rapportant à un môme objet, et qui pren-
nent autant que possible les mêmes varia-
. tions accidentelles de forme : Accord de l'ad-
jectif avec le substantif. Accord du verbe avec
le sujet. Accord du participe avec le sujet ou
avec le complément direct, etc..
— Peint. Effet résultant de l'unité de com-
position et de style, de l'harmonie des cou-
leurs, et du jeu régulier des lumières et des
ombres : Il y a un bel accord dans ce tableau.
Il Se dit, par ext., d'un tableau offert par la
nature : Il s'accouda sur le parapet et regarda
le beau paysage formé par la préfecture de po-
lice et les pittoresques accords de la rue de
Jérusalem. (P. Féval.)
— Archit. Unité de composition et de style.
Il Accord de composition, Exact rapport" du
plan avec l'élévation, de la décoration exté-
rieure avec les dispositions intérieures. 11 Ac-
cord de goût et de style, Harmonie de la déco-
ration et de la construction.
— Mus. Union de plusieurs sons entendus
ensemble et formant harmonie : Cette musique
généreuse dont les nobles accords élèvent l'es-
prit et le cœur... (Boss.) Tout cela sonne à l'o-
reille comme des accords parfaits. (G. Sand.)
Oh ne fait pas un accord avec une seule note,
niun tableau avec une seule couleur. (A.Iiouss.)
C'étaient des fusées, des trémolo , des accords
de dix notes, une averse de sons. (H. Berlioz.)
— Tenir l'accord. Se dit d'un instrument de
musique qui reste au ton où on l'a mis.
— Par ext. Ensemble de sons mélodieux ,
touchants; harmonie des vers, du rhythme :
La nymphe joignit les Acr J
douces voix de toutes les
Aux accords d'Amphion les I
x. Soumet.
— Se dit aussi, par anal., du chant des oi-
seaux : Les notes monotones du coucou et de la
tourterelle servent de basse aux ravissants con-
certs du rossignol, et aux accords vifs et gais
de la fauvette. {\ï. de St-P.)
ACC
— D'accord , Dont toutes les cordes son-
nantes sont montées au ton voulu : Ce piano
n'est pas d'accord. Il Mis au ton général d'une
orchestration : Le second violon n'était pas
, d'accord avec le reste de l'orchestre.
— Comni. Rapport exact entre les écri-
tures , les livres : Oit l'avait soupçonné de
fraude; mais /accord de ses livres a démontré
• — Manég. Concordance des. moyens em-
ployés par le cavalier pour obtenir de l'en-
semble et de l'harmonie dans les mouvements
du cheval.
— Encycl. Le mot accord a deux acceptions
entre elles dans toute-leur justesse, ou k l'état
de tous les instruments ensemble par rapport
à un ton donné ; tantôt il exprime l'effet pro-
duit par plusieurs sons entendus h la fois ; alors
il est du domaine de l'harmonie, qui se compose
précisément d'accords.
1° Accorder un instrument, C'est égaliser les
distances entre ses différentes cordes, de ma-
nière que si la distance du son de la deuxiotue
corde au son de la première est d'une quinte,
la distance du son de la troisième au son de la
deuxième soit aussi d'une quinte. Accorder
plusieurs instruments , c'est allonger ou rac-
courcir les cordes ou les tuyaux, augmenter
ou diminuer la masse du corps sonore, jusqu'à
ce que toutes les parties de chaque instrument
soient au ton donné. Le son nui sert de terme
de comparaison, et qui est adopté comme ré-
gulateur des accords, est la note la. Ce la s'ob-
tient au moyen du diapason. Dans un orches-
tre, c'est le hautbois qui donne le fa, parce
qu'il éprouve le inoins (le variations dans son
intonation. On voit, par ce qui précède, qu'autre
chose est d'accorder entre elles les cordes d'un
instrument à cordes, autre chose d'accorder
entre eux plusieurs instruments de cette es-'
pèce. Quant aux instruments à. vent, la pre-
mière opération est inutile; un instrument à
vent est toujours d'accord avec lui-même,
parce qu'il peut être considéré comme n'ayant
qu'une seule corde.
2o Plusieurs sons qui se font entendre si-
multanément, et dont la réunion Hatte plus ou
moins agréablement l'oreille, prennent le nom
collectif d'accords. Le système général des
accords et les lois de leur succession appar-
tiennent à une branche de l'art musical qu'on
désigne par le nom à' harmonie. Chaque voix
ne pouvant produire qu'un son à la fois , deux
voix qui s'unissent ne peuvent donc faire que
des accords de deux sons : ce sont les plus
simples possibles. On les appelle intervalles,
parce qu'il y' a nécessairement une distanne
quelconque d'un son à un autre; les noms de
ces intervalles expriment les distances qui se
trouvent entre les deux sons. La seconde est
l'intervalle compris entre deux sons voisins ;
la tierce, celui qui se trouve entre deux sons
séparés par un autre; la quarte, celui qui ren-
ferme quatre sons, et ainsi de suite : la quinte,
la sixte, la septième, Yoctave, la neuvième, dé-
signent les intervalles qui renferment cinq ,
six, sept, huit, neuf sons. On appelle eonson-
nances les intervalles agréables, et dissonances
les autres. Les intervalles consonnants sont la
tierce, la quarte, la quinte, la sixte et Yoctave;
les dissonants sont la seconde, la septième et la
neuvième. Les intervalles consonnants et dis-
sonants ont la propriété de se renverser; c'est-
à-dire que deux, notes quelconques peuvent
être à l'égard l'une de l'autre dans une position
inférieure ou supérieure. Le renversement des
consonnances produit des consonnances, celui
des dissonances produit des dissonances. Le
renversement , 'qui est un changement d'ordre
dans les sons qui composent les accords, estune
source de variété pour l'harmonie. L'accord qui
se forme de la réunion de la tierce, de la quinte
et de l'octave, s'appelle par excellence l'accord
parfait, parce que c'est celui qui satisfaitleplus
l'oreille. Tous les autres se' désignent par l'in-
tervalle le plus caractéristique de leur com-
position. Dans certains cas, on prolonge une
ou plusieurs notes d'un accord sur l'accord sui-
vant, et l'on a ce que l'on appelle des accords
par prolongation. Dans d'autres accords, on
substitue une note à une autre, et l'on a des
accords par substitution. On a des accords par
altération, en altérant momentanément une ou
plusieurs notes par un dièze, un bémol, ou un
bécarre accidentels. Enfin certains composi-
teurs font entendre quelquefois dans un accord
une ou plusieurs notes de l'accord qui va sui-
vre : c'est ce qu'on appelle des accords par ,
anticipation. On comprend sans peine de quelle
variété ces diverses modifications unies au
renversement doivent être la source. Tous les
accords qui ne sont modifiés ni par renve
ment, ni par prolongation , ni par sv'istitu,
altération, ni par anticipation, s
m par , ,
pellent accords fondamentaux ; 1<
fies accords dérivés. Selon M. Fêtis , il y a
beaucoup d'apparence que les peuples de 1 an-
tiquité n ont point eu d'idée des accords et de
l'harmonie; clans tout ce qui s'est conservé de
enne musique grecque, on ne trouve au-
trace d'accords. La science des accords
ne commence guère à se montrer qu'au xiv»
siècle avec quelques musiciens italiens et
français : François Landino, Jacques de Bo-
logne. Guillaume Dufay, Gilles Binehois. Elle
fut ensuite perfectionnée au xvie siècle par le
Vénitien Monteverde, au xvme par Ramemi,
ACC
Tartini et Kirnberger, et enfin, au commence- ■
ment du xix«, par Catel et M. Fetis.
— Syn. Accord, concen. Le concert se
trouve entre les parties d'un même tout ou
entre choses de la même nature : Ce coïîcert.
des voix de femmes n'est pas non plus sans
douceur. (J.-J. Rouss.) L accord a lieu entre
dos choses différentes, des personnes, des in-
struments différents, et embrasse tout un en-
semble de musique : Des dissonances dans la
musique concourent à Raccord total. (Montesq.)
— Syn. Accord, eontrul, cootcjKÏoi. , ■»«-
clié pncic, «rni<6. Convention est le terme gé-
nérique dont on se sert pour désigner un en-
Kasement réciproque : Toute la société humaine
n'est fondée que sur la foi des conventions.
(J.-J. Rouss.) L'accord est une convention
entre ennemis, adversaires ou rivaux : La vitte
assiégée fit avec le commandant un accokd par
lequel elle fournirait des vivres au château,
et le château ne tirerait point sur la ville,
(Volt.) Le contrat est une convention revêtue
d'un caractère légal : Le mariage légitime est
le plus authentique de tous les contrats.
(Bourdal.) Lepacfeestune convention qui doit
rester en vigueur durant la vie d'un homme,
d'une famille ou d'une nation : Il n'est pas vrai
qu'il y ait un pacte primitif entre tout citoyen
et sa patrie. (Fén.) Le traite est une conven-
tion survenue 'à la suite d'une négociation :
Mais un prince, qui toujours force ou est jorce,
ne peut se plaindre d'un traité qu'on lui a fait
faire par violence. (Montesq.) Le marche est
une convention entre marchands, par laquelle
on échange, on vend, ou on acheté : Accoutu-
mez les filles dès l'enfance à gouverner quelque
chose, à faire des comptes, à voir la marnera
de. faire les marchés de tout ce qu on acheté.
(Fén.)
-Syn. Accord (tomber d'), odl.ércr. On
adhère en consentant à une opinion d une ma-
nière soudaine : Croire (en matière de loi),
c'est adhérer à ce qu'onnevoitpas. (Bourdal.)
On tombe d'accord en se rangeant a une opi-
nion qu'on a déjà combattue, puis adoptée,
mais ii laquelle on ne tient pas beaucoup *. J'ai
souvent des contestations à votre sujet avec les
jésuites ; mais ils tombent sans peine d accord
sur la grandeur de votre génie. (Boil.)
. Antonymes. Désaccord, discord, discor-
dance, discorde, dissonance, divergence, divi-
sion, incohérence, inconséquence, inharmome,
opposition, schisme, scission, zizanie:
— Homonymes. Accore, accort.
accordable adj. (a-kor-da-ble — rad.
accord). Qui peut s'accorder, qu'on peut ac-
corder, en parlant dos personnes ou des
choses : Ces plaideurs ne sont pas accor-
dables. Cette qràce est ACConiuiiLE. Les au-
teurs n'ont pas' trouvé ces textes accqriiables.
— Mus. Se dit d'un instrument dont on ne
îut ■mettre d'accord les cordes : Ce piano n'est
peut
SKUiï
- Marteau d'at
vent les accordeur
et m' armant du M,\
ACCORDAGE s. m. (a-kor-da-jc — rad. ac:
ont). Action d'accorder un instrument a
cordes : /.'accoedage d'un piano.
"■ cordage, CM dont se ser-
i . Je retournai à mon poste,
uteau DACcounAOUj/e réso-
■ s'il essayait jie m'ouira-
aer. (G. Sand.)
AuCORDAILLES s. f. pi. (a-kor-da-ille ;
H mu. _ rad accord). Synon. de accords, dans
!o sens de Conventions préliminaires d'un
mariage ; il est fam. : Le jour des accor-
dailles. Le repas des accordailles. Quelques
joursaprès cette scène, les deux familles étaient
réunies en l'honneur des accordaili.es de leurs
enfants. (Balz.) Le père de Pecopin mourut
quelque temps après les, accoudaili.es, en bé-
nissant son fils. (V. Hugo.) Il On dit quelque-,
fois,. dans le même sens, les Accords.
ACCORDANT (a-kor-dan) part. prés, du
v. Accorder : L'indulgence doit descendre du
trône ; mais elle ne monte pas de bas en haut,
les peuples n'en accordant qu'autant qu'on les
protège. (Napol. I".)
L'ange qui pleure en accordant sa lyre.
BÉRÀSffEB,.
Les berger», accordant leur musette a leur voix,
D'un pied l<!ger foulent l'herbe naissante.
M"t DESHOULIÈRES.
ACCORDANT, ANTE ad. (a-kor-dan, an-te).
Qui s'accorde bien : Il y a des tons accor-
dants et destons discordants. (Trév.) Do et
sousonl des tons accordants entre eux. (Acad.)
Il On dit plutôt aujourd'hui consonnant. V. ce
mot.
— Qui est en conformité d'opinion ou de
nature : Il est impossible qu'ils soient accor-
dants avec toutes les diverses opinions des
hommes. (Descartes.) Alors je cessai mas folies,
ou du moins j'en fis de plus accordantes à mon
naturel. (J.-J. Rouss.)
ACCORDE (a-kor-de — impératif du v. ac-
corder). Mar. Commandement par lequel on
. ordonne à des rameurs de ramer simultané- •
ment. .11 Substantiv. : Commander î'accordk.
accordé, ée (a-kor-dé) part. pass. du
v Accorder. Apaise : Comme, le sujet de leur
querelle fut public, elle fut accordée au sor-
tir tdu palais. (La Rochof.) Il Mis d accord :
Textes en apparence contradictoires, puis en-
suite accordes, il Concédé, octroyé : Tous les
genres d'honneurs furent .accordes à
étaient morts les armes
Ne lui fut accor e par ce cœur "j^11™^.^
Il Confié, donné : L'homme espère que son âme
ne lui aura pas été, accordée en vain et sans
une fin digne de son auteur. (V. Cousin.) il Con-
sacré, employé : Après quelques jours accor-
dés aux retours de noce, .si fameux en pro-
vince, ils revinrent à Paris. (Balz.)
— Mus. Mis en accord : Comment ne joué-
rait-qn pas bien sur un instrument aussi bien
accorde?-(G. Sand.) '
— S'empl. impersonnellem., et signifie S'il
est permis, possible, s'il est donné : S'il m est
accoudé de vivre encore quelques jours entre
vous deux, j'aurai commencé d vivre seulement
la veille de ma mort. (G. Sand.)
S'il m'eût été plus tôt accordé de vous voir, ■
J'aurais pu vous aimer sans trahir mon devoir^
— Absol., ellipt. et inv. Concédé, octroyé :
Vous voulez un jour de congé? Accordé. .
— Substantiv. Qui est lié par un engage-
ment de mariage : £' accordée de village. Je
vous disque vous ne caressiez point nos accor-
dées. (Mol.) Pour présent de noces à Z'accor-
pée, je fais, avec ï agrément de ma mère, dit le
roi, remise de mes droits. (Balz.) Ayez-vous
jamais vu figure plus avenante et plus égayée
que votre accordée? (V. Hugo.)
Accordée (•') do village, tableau de Creuse
(Paris, musée du Louvre, n<> 260). C'est une
dos plus suaves compositions de ce peintre,
et la gravure l'a reproduite à, l'infini. Dans
Y Accordée de village, l'expression des tètes est
surtout remarquable ; chaque personnage de
cette scène de famille a son rôle peint sur sa
figure, si l'on peut dire ainsi. Le groupe de la
fiancée et de sa jeune sœur est plein de grâce
et de naturel. Le seul reproche qu'on puisse
adresser à l'artiste, c'est d'avoir un peu exa-
géré les poses. Mais il y a une grande habileté
dans l'ensemble et les détails. Parmi les re-
productions de V Accordée de village, on dis-
tingue la gravure de J.-J. part.
ACCORDEMENT s. m. (a-kor-de-man —
rad. accord). Action d'accorder, de mettre
d'accord, de concilier : Raccordement de
deux aduersaires. Il ne put y avoir accorde-
ment ni par amis ni par parents, (xne Siècle.)
Il Vieux, mot, rarement employé.
— Dr. coutum. Droit seigneurial dû pour
toutes les mutations d'héritages censuels,
autres que les successions en ligne- directe.
ACCORDÉON s. m. (a-kor-dé-on — rad.
accord). Instrument de musique, composé de
plusieurs languettes de métal qui sont mises
en vibration par un soufflet : Le son de 1\\q-
cordéon peut être agréable, mais il est mono-
tone. (Bouillet.) L' accordéon est le piano du
pauvre: (Encycl.)
accordéoniste s. m . (a-kor-dé-o-niss-te
— rad. accordéon). Celui qui joue de l'accor-
déon : Un habile ACCORDÉONISTE.
ACCORDER v. a. ou tr. (a-kor-dé — rad.
accord). Mettre d'accord, remettre en bonne
intelligence, en parlant dos personnes-: Ces
deux hommes étaient en procès, on vient de les
accorder. (Acad.) J'étais fatigué de me trou-
ver toujours entre deux hommes que je ne pou-
vais accorder. (Acad.)
Dca arbitres, dis-tu, nous pourront accorder.
ACC
avec bonté, et. refusait même avec grâce. (Fléch.)
Lorsque le ministre refuse, on s'imagine tou-
jours que le prince aurait accorde. (LaBruy.)
— Rendre, faire la faveur de : On accorde
aux emplois le respect que l'on. refuse à la per-
sonne. (D'Aguess.) Il avait pour lui le respect
que l'on accordait à sa naissance et a ses ver-
tus. (Barthél.) Le maître d'hôtel accordait a
peine un sourire aux jeunes négresses qui fai-
saient autour de lui des ouvrages de coulure.
(Rog. de Beauv.) Il Permettre : Dansez le
cancan, si vous voulez, on vous J'accorde ; mais
qu'après-demain tout le monde soit sur pied.
(Rog. de Beauv.)-
Puisque voua le voulez, j'acçorde^qu'il le fusse.
ACC
57
Il Départir, douer, en parlant des avantages
naturels : Théopkrastemourant se plaignait de
ce que la nature avait accordé aux cerfs et
aux corneilles une vie si longue. (La Bruy.)
Le ciel accorde rarement aux mêmes hommes
le don de bien penser, de bien dire et de bien
agir en toutes choses. (Joubcrt.)
Nos voix n'ont jamais eu ces sons harmonieux
Qu'aux pasteurs de Sitile ont accorda les dieux.
r VOLTAIRB.
'. il Reconnaître, attribuer : On lui ôte jusqti'à
la science des détails que la voix pulritquc lut
accorde. (La Bruy.) Ce qu'on accorde de ta-
lent à un auteur ne vaut jamais pour lui ce
qu'on lui en refuse. (Petit-Senn.) Il y aurait
bien peu de grands hommes dans le momie, si
l'on n'ACCORDAiT ce titre qu'aux hommes de
bien. (G. Sand.) Sa figure est fine, ftonlui
accorde en général beaucoup d'esprit. (De Bro-
glio.) Il Admettre, reconnaître pour vrai:
/'accorde que dans la violence d une passion
on peut aimer plus que soi-même. (La Bruy.)
On vous J'accorde ; ï Eglise peut fort bien se
passer de votre suffrage, (Bourdal.)
Oui, j'accorde qu'Auguste a droit do conserver
L'empire où sa vertu l'a fait seule arriver.
— Particulière!™. Faire les accords, les ac-
cordaillcs : Nous pouvons toujours les accor-
der dès ce soir, sauf à différer les noces de
quelques jours. (Brucys.)
Mon ocre est près de m'accorder.
■ v La Fontaine.
— Accorder de, Permettre de : Qi
m' accorde de mure jusqu'au jour
nands seront frappés desàjusti —
ù (Bart'hél.)
Ma femme est de trois ans plus jeune que la sienne
Comment les accorder ? . . .. • • • • • ■
Il Concilier, mettre d'accord, enharmonie, e:
parlant des choses : Accorder la théorie ave
la pratique. C'est la révélation qui accorde h*
contrariétés les plus formelles, (Pasc) Nous
accorderons aisément ces deux propositions
si contraires, par une troisième maxime. (Boss.)
Comment accordé -je ici le souvenir de ces
joyeuses solennités à cet appareil de cérémonies
funèbres. (Fléch.) Placez-le dans une position
où il puisse accorder sa passion avec l'estime
publique. (Mass.) Corneille accorda heureuse-
ment la vraisemblance et le merveilleux. (Raç.)
Elever un jeune homme, c'est accorder en lui
laréflexionaveclesentiment. (Fontcn.) Voulant
accorder avec son devoir l amitié qu'il avait
pour moi, il me pria de l'accompagner. (Le
Sage.) C'est la liberté qui accordera tout. (L.
Veuiliot.) Nous ne pouvons accorder l idée du
libre arbitre et celle de la prescience divine.
(Mme Guizot.)
Accordez ces discours que j'ai peine à comprendre.
Il Donner, octroyer : Accorder une audience.
Accorder une grâce. Accouder un pardon. Le
despote aime mieux accorder des grâces que
de rendre justice. (Boiste.) Les despotes accor-
dent à leurs esclaves des jours de repos. (B.
Const.) Les Indiens bi'ont accordé la via
et rendu la liberté. (Chateaub.) Il semble
qu'une femme raisonnable ne doit tout accor-
der à son amant que quand elle ne peut plus se
défendre. (H. Beyle.) Il faut mettre de la grâce
aux faveurs qu'on ï accorde. (La Rochef;-Doud.)
Orétjoire X VI accorda une dispense d'âge à
un mineur pour qu'il pût légalement porter sa
tête au bourreau. (E. Abc-ut.)
Accordez cette grâce aux larmes d'une mere.
Moi ! si j'allais, madame, accorder vos demandes, *
Je me ferais siffler de tous mes compagnons.
Molière,
ï — Absol. Dans le même sens ; Il accordait 1
..Les dieux ne
de revoir sa patrie. (Fén.)
— Accorder du. temps.. Se dit d'un créancier
qui recule l'époque à laquelle le débiteur doit
s'acquitter envers lui.
— Prov. A ccorder ses flûtes, Faire des arran-
gements, prendre des dispositions pour une
entreprise, il Se mettre d'accord avec soi-
même ou avec quelqu'un.
— Gramm. Mettre certaines parties du dis-
cours en rapport les unes "avec les autres.
Dans ce cas, accorder est le plus souvent pré-
cédé du verbe faire : Faire accorder l'adjectif
avec le nom, le participe passé avec le complé-
Ce sont les noms des mots, et l'on doit regarder
En quoi c'est qu'il les faut faire ensemble, accorder.
— Mus. Mettre d'accord la voix avec un
instrument; mettre d'accord entre ellcslos
cordes d'un instrument; mettre au menie
ton tous les instruments d'un orchestre : Si-
qnora, repris-je, je ne tiens pas plus a accor-
der ce piano que vous ne tenez à en jouer. (G.
Sand.) Pour accouder un instrument, il faut
d'abord déterminer un son qld doit servir aux
autres de terme de comparaison. (Millm.)
rail, chaque nerf, chaque fibre
n luth que l'on vient d'accorder.
A. de Musset. \
— Peint. Mettre entre les différents objets
que représente un tableau l'harmonie, 1 en-
semble convenable : Ce peintre excelle dans
l'art ^'accorder ses tableaux. (Lav.)
s'accorder, v. pr. Etre d'accord, d'intelli-
gence, de connivence : Deux scélérats ne s'ac-
cordent que pour faire le mal. (Fén.) Combien
se sont liés et accordés ensemble aux dépens du
pauvre et de l'innocent! (Bourdal.) Les ariens
ne pouvaient s'accorder entre eux. (Boss.) II
Etre d'un môme sentiment, d'une même opi-
nion sur un fait : Un auteur, plus ancien que
Thucydide, s'accorde avec lui. (Boss.) Les
deux rois ne pouvant s'accorder sur rien, se
prirent de mauvaises paroles. (A. Thierry.)
Tous les moralistes s accordent pour nous
recommander un sage emploi du temps. (So-
eur ) Je n'ai pas encore rencontré deux théolo-
giens qui s'accordent. (V. Cousin.) il Dans' ce
dernier sens, en parlant des choses -. Les an-
ciennes versions ne s "accordent pas. (Ross.)
Pour entendre l'Ecriture, il faut avoir un sens
dans lequel tous les passages contraires s'ac-
cordent. (Pasc.)
— Est quelquefois suivi de la prép. à et
d'un infinitif: Ils s'accordaient tous X de-
mander l'expulsion de Mazarxn. (\ oit.) 2 ont
cela, s'accordait a donner à la Méditerranée
la même étendue que les observations astrono-
miques dont ' '"''' " '''"'""• "i'mtml
dernier sens, en parlant des choses, S'arran-
ger, être arrange à l'amiable : Leur différend
s'est accordé. ,
Tu n'as dans leur querelle aucun sujet de craindre;
Elle a trop fait de bruit pour ne pas s'accorder.
Il Vivre en bonne intelligence, avoir les
mêmes idées, les mêmes goûts : Ils ne pour-
ront jamais s' accorder, leurs caractères sont
trop différents. (Acad.) On s'accordait par
complaisance et en paroles, sans se bien entendre
en effet. (Boss.) Les- époux gui s'accordent !e
mieux ne sont pas toujours ceux qui s'aiment ,
le plus. (L.-J. LaTcher.) il Consentir, souscrire
à (vieux dans cette acception) : Les provinces
s'accordaient encore à cette forme de gouver-
nement. (D'Ablanc.)
Madame, enfin Galba s'accorde a nos souhaits.
Il Convenir, s'accommoder : Ces maximes ne
s'accordent pas au dessein de la plupart des
■ gens. (Pasc.) La féerie bizarre du règne vdge-
tal s'accorde à celle des forces animées. (Mi-
chelet.) il Se concilier, s'équilibrer, aller en-
semble : La vraie gloire ne. peut s'accorder
qu'avec le mérite. (Boss.) S'il -n'y avait pas
gualque point ou tous les intérêts s accordent,
nulle société ne saurait exister.. (J.-J. Rouss.)
Nos volontés ne s'accordaient- pas avec les.
siennes. (Le Sage.) Le bonheur sur la terre
s'accorderait mal avec notre destinée future.
(Fis.) Sa brusque franchise et la vivacité de
son caractère ne pouvaient s'accorder :qu avec
une extrême indépendance. (Walcken.) . ,
La vérité s'accorde avec la renommée.
Racine. ■
Il Etre donné, octroyé : La grâce que vous
demandez ne peut pas s'accorder. Les dignités
ne s'accordent pas toujours au mérite. (D A-
guess.) Le despotisme, aussi bien que la liberté,
se prend et ne s'accorde pas. (M»>° de btaei.)
— S'accorder avec soi-même, Etre consé-
quent dans ses discours, ses opinions, sa.con-
duite : De qràce, accordez-vous avec vous-
même. (Fén )
— S'accorder sur le prix d'une chose, En
convenir après l'avoir débattu.
Prov. S'accorder comme chien et' chat. Vi-
vre en très-mauvaise intelligence, en parlant
de doux personnes.
— Gramm. Etre en rapport do genre, do
nombre, de personne : Le verbe doit toujours
s'accorder avec son sujet. Si l'on pouvait faire
comprendre à tous ces amateurs d.epilhèies que
l'adjectif est le plus grand ennemi du substan-
tif, encore qu'il s'accorde avec lui eu genre et
en nombre. (Volt.)
— Mus. Etre accordé : Déjà les violons s ac-
cordaient, les convives préparaient leurs ha-
bits, leurs traits d'esprit, leurs chansons. (A.
Houss.) , ' ■ \
— Syn. Accorder, co«cïiicr. Accorder sup-
pose la contestation, l'opposition, le débat, et
exprime un rapprochement complet : Accor-
der un différend, des adversaires, lise dit
principalement des personnes. Concilier ex-
prime une idée de rapprochement entre deux
choses où il règne une sorte d'incompatibilité :
Concilier son honneur avec ses intérêts. Il se
dit surtout des choses.
— Syn. Accorder, rneco-mmoder, rccoi.ci-
lier. On' accorde ceux qui sont en contesta-
tion pour un objet-quelconque : Il est impossi-
ble d accorder les deux partis. On raccommode
des personnes séparées momentanément : Il
régnait entre eux quelque mésintelligence; on
lesx raccommodés. On réconcilie ceux que di-
visent de grandes inimitiés : Dieu tire des.tre-
sors de sa providence les grandes âmes pour
réconcilier, quand sa justice est satisfaite,
les peuples avec les souverains. (Flcch.).
Antonymes. Brouiller, désharmoniscr.
..s voulait sa défier. (Fonten.)
— Se réconcilier, s'entendre, faire la paix :
Les deux adversaires se sont accordés. Uo-
kémond envoyait courrier sur courrier à l,o-
defroy pour l' empêcher &V s accorder avec
l'empereur. (Volt.) EUa comprit que Oaston
aimait Mademoiselle de Vercelles, que les deux
Sel%aîiïS ^T^ussït^ne l ^de^nnêt^n ayant adressé
Dénier, ôconduire, s'opposer à, rebuter, re-
fuser, rejeter, repousser, résister a.
"ACCORDEUR s. m. (a^kor-dour -rad- ac-
cord). Celui qui cherche a arranger les ; diffé-
rends Ce sens a vieilli, il Celui qui fait pro-
fession d'accorder certains instruments do
musique : Accordeur d'orgues, de pianos. Je
saluai gravement et me donnai pour u»r accor-
deur d'instrument qu'on avait envoyé chercher
à Florence. (G. Sand.) Dans l'espoir de ton
prochain retour, j'ai fait, venir un accordeur,
qui a mis le piano en bon état. (L.-J. Larclier.)
— Argot. Accordeur de fiâtes, de vielles ,
Juge de paix. Cette expression vient do la Is-
cution proverbiale et populaire accorder des
flûtes , c'est-à-dire mettre d'accord des asser-
tions, des prétentions opposées. Molière a dit
dans le morne sens : ' v
Mettez ï>our me jouer vos flûtes mieux d'accord.
ACCORDO s. m. (a-lsor-âo — ital. accorda)..
Sorte de lyre, do basse italienne, a quinze
cordes.
ACCORD'OIR s. m. (a-kor-doir-^rad. ac-
cord), ïechn. Outil de luthier, do facteur,
pour accorder les pianos, les orgues, etc.
ACCOUDS (Tabourot, sieur des), procureur
du roi au bailliage de Dijon, né en 1547, m. en
1590, est surtout connu par son livre des Ai-
narrures, composé, dit-il, « pour se chatouille!
soi-même et se faire rire -le premier, et ensuite
les autres. » Dans cet ouvrage, publie en 1582,
il traite des rébus, des équivoques, des antislro-
phes, des acrostiches, des vers rétrogrades ; et
léonins, etc. Il commença h. se faire connaître
i a la fille
S
58
ACC
du président Bégat, signé de la devise de ses
ancêtres : A tous accords, cette jeune personne
l'appela, dans sa réponse, Seigneur des accords,
et c est sous ce nom qu'il fit imprimer depuis
tous ses autres ouvrages.
ACCORE s. f. (a-ko-re — de l'angl, ashore}
sur îo bord). Mar. Pièce do bois droite gui
sert à la fois à placer , à soutenir et à main-
tenir un objet quelconque dans une position
déterminée. Il Se dit aussi du bord d'un
banc, d'un récif, et de la partie submer-
gée d'une côte ou d'un rocher. Ainsi , être à
' l'accore, aux accores ou sur les accores d'un do
ces objets , c'est en être très-près : Le vent
tint la corvette adossée contre ce mur de coraux
sous-marins, aux accores duquel on ne trou-
vait point de fond. (Dum. d'Urv.) il Etançon
pour étayer un vaisseau en construction ou
en réparation, il Grosse poutre servant à- cer-
taines manœuvres do précision.
— Adj. Se dit d'une côte élevée, fortement
inclinée ou coupée verticalement a la surface
de la mer : La mer Rouge offre de grands avan-
tages à la marine à vapeur: un chenal profond
et -libre de tout écueil, des côtes accores.
(L. Figuier.)
— Homonymes. Accord, accort.
accoré, ÉE (a-ko-ré) part. pass. du v.
Accorer : Navire accoré.
ACCÛRER v. a. ou tr. (a-ko-ré — rad. ac-
coré). Mar. Appuyer, maintenir par des ac-
cores' un bâtiment en construction ou en ré-
paration, h Poser des accores à une charponto
pour la supporter et l'assujettir dans la posi-
tion qu'elle doit occuper.
— Par ext. A ccorer un tonneau , une malle ,
etc., L'assujettir en y mettant des liens , des
coins , pour l'empêcher de vaciller et de se
mouvoir, soit dans les chambres des vaisseaux,
soit dans la cale.
ACCORNÉ, ÉE (a-kor-né) part. pass. du v.
Accorner. Fortif. Qui est défendu, couvert
par un ouvrage à cornes : Demi-lune accor-
née. V. Tenaillé.
— Blas. Se dit des animaux représentés avec
des cornes d'une autre couleur que la tête. Fa-
mille Couillibœuf: d'azur, à une tête do bœuf
d'argent accornée d'or.
ACCORNER v. a. ou tr. (a-kor-né — du lat.
ad, a ; cornu, came). Fortif. Elever des retran-
chements en forme de cornes.
ACCORT, ORTE adj. (a-kor, or-te — ital.
uccorto, avisé, clairvoyant; de accorpersi,
s'apercevoir. Ce mot paraît avoir passé dans
notre langue sous François I«, à la suite dos
guerres d'Italie. En étendant cette première
acception, on a dit accort pour subtil, adroit :
La plus fine, accorte et mieux disante damoi-
selle qu'il estait possible. (Des Ace.) Corneille
l'a aussi employé dans le même sens : Son élo-
quence accorte. Cette politesse qui sait plaire
suppose de la pénétration, de la finesse, do
la complaisance, et l'on esi ainsi arrivé par
une gradation naturelle à notre sens actuel).
Qui est d'un esprit vif, à la fois avisé et gra-
cieux; d'un caractère facile et enjoué : Je. vis
de jeunes Grecques, vives , jolies , accortf.s.
(Chateaub.) Le duc René' était si bon , si doux,
si accort , que chacun mettait en lui des espé-
rances. (Baranto.) A l'âge de seize ans, elle
était devenueune belle et accorte jeune fille qui
tourna bien des têtes. (Balz.) Onpeut être gaie,
accorte et prête à servir le monde, sans se
laisser offenser. (G. Sand.)
Voyant une beauté folâtrement accorte.
— Se dit aussi des choses, et signifie Insi-
nuant, aimable, flatteur: Il était d'humeur
accorte. (Perrault.) Germanicus était d'un es-
prit doux et accort. (Perrot d'Ablanc.) Le
bonhomme d'ailleurs avait la mine gracieuse,
accorte et avenante. (V. Hugo.) Il ne rencon-
tra que des figures accortes et des soins pré-
venants. (G. Sand.)
— Homonymes. Accoré, accord.
ACCORTEMENT adv. (a-kor-te-man — rad.
accort). Subtilement, adroitement :
Ma bouche accoriement saura s'en acquitter.
Corneille.
Voua me joues, mon frère, assez accoriement.
Corneille.
Il Gracieusement : C'est un bel édifice du
xvie siècle, avec des peintures en plein air dans
lesquelles Vénus et la Vierge sont accorte-
ment mêlées. (V. Hugo.)
ACCORTESSE s. f. (a-kor-tô-se — de Vital.
accortezza). Douceur complaisante, humeur
enjouée. Ce mot paraît être la première forme
de ACCORTISE.
ACCORTISE s. f. (a-kor-ti-ze— rad. accort).
Humeur gracieuse, enjouée, facile : Les sou-
plesses d'Orry et son accortise l'avaient atta-
ché et lié avec M. de Luxembourg et ses amis.
(St-Sim.) Z'accoetise italienne calma la viva-
cité française. (Volt.)
accostable adj. (a-koss-ta-blo — rad.
accoster). Qui est facile à aborder, à appro-
cher: Un bâtiment, uneplage accostable.
— Par ext. Qui a l'abord facile, en parlant
des personnes : Cet homme est si souvent de
mauvaise humeur, qu'il n'est pas accostable.
(Acad.) Si le maire était noble de son chef, nous
to trouverions accostable. (P.-L. Cour.)
— Se dit quelquefois des choses : L'ayant
trouvé, bien conditionné et de conversation fort
.ACCOSTANT (a-koss-tan) part. prés, du v.
Accoster : Etait-ce là ce vieux ivrogne, trébu-
chant dans les escaliers du théâtre, accostant
les gens pour les assi
vardage? (G. Sand.)
accostant, ANTE adj. (a-koss-tan, an-te
— rad. accoster). Qui aborde facilement les
gens, qui lie volontiers conversation: Cet
homme était poli et accostant. (St-Sim.)
accoste ! accostez ! (a-koss-te , a-koss-
té) impér. du v. Accoster. Mar.Ordre à un canot
de se rendre à bord si le commandement lui
en est fait par un bâtiment, ou de' se rendre
au lieu do débarquement le plus voisin , si le
commandement lui vient de terre, il S'empl.
aussi substantiv. : Commander V accoste.
ACCOSTÉ, Ée (a-koss-té) part. pass. du v.
Accoster. Abordé : Apeinem'aviez-vous quitté
que je fus ACCOSTÉ du vieux curé de Vougeot.
(Piron.) D'Artagnan se voyait déjà accoste par
un messager de la jeune fille, qui lui remettait
quelques billets de rendez-vous, une chaîne d'or
ou un diamant. (Alex. Dum.) Il fut accosté de
gens qui paraissaient lui porter grande estime.
(G. Sand.) n Accompagne : J'ai fait ce voyage,
accosté d'un brave notaire de province qui a
son officine dans je ne sais quelle petite ville
du Midi. (V. Hugo.)
— Par anal. Se dit des choses : Cette nef est
accostée d'an cloître gothique. (V. Hugo.) One
belle église du xive siècle accostée d'une haute
tour carrée. (V. Hugo.) Les assiettes étaient ac-
costées d'un verre à pied d'une jolie forme.
(E. Sue.) il Fam. : Enfin, un quartier de veau,
accosté de deux salades d'hiver. (E. Sue.)
— Mar. Se dit d'une embarcation, d'un bâ-
timent, à côté et le long duquel se place un
autre bâtiment f Embarcation accostée par
— Blas. Se dit de toute pièce de longueur,
comme le pal, la bande7la barrOjqui a des
pièces secondaires â ses côtés, placées dans la
môme direction. Il est syn. do Côtoyé. Famille
Nerestang de Gadagne : d'azur, à trois bandes
d'or , accostées de trois étoiles d'argent , les
étoiles posées entre la première et la seconde
bande, il On dit accoté et côtoyé.
ACCOSTER v. a. ou tr. (a-koss-tô — du lat.
ad, à, et costa, côte). Aborder quelqu'un, s'en'
approcher pour lier conversation avec lui :
Aussitôt il «'accoste et me dit à voix basse...
(Dufresny.) Nous revînmes lentement, accom-
pagnés encore de quelques amis de la famille
qui nous accostaient de rue en rue. (Lamart.)
Il lui avait pris fantaisie en arrivant de jb'ac-
coster comme un ami. (G. Sand.) /; accoste
quelques promeneurs sur le boulevard , dans le
jardin des Tuileries. (Audiffret.) H Se dit des
femmes de mauvaise vie qui abordent un in-
connu dans la rue : Cette femme accoste les
passants, il Se trouver côte à côte , être placé
a côté de quelqu'un : Derrière le carrosse un
valet de pied gigantesque accostait «ii chas-
seur aux moustaches formidables. (E. Suc.)
Il Accompagner : Pour rendre individuel le
nom de race, on ^accosta d'un nom d'alliance,
d'un nom de patronage, d'un nom de profession.
(Oh. Nod.)
— Absol. : Il était impossible de causer cinq
minutes dans cette auberge, avec ces importuns
qui vont, qui viennent, qui saluent, qui accos-
tent. (Alex. Dum.)
— Mar. S'approcher aussi près que possible :
Accoster uiï navire, un quai, une terre. Il
Absol. : Le canot du commandant accosta à
tribord. (E. Sue.)
S'accoster, v. pr. S'aborder, s'approcher
mutuellement : Nous nous sommes accostés
dans la rite. Quelle innombrable quantité d'em-
barcations de toutes sortes qui vont, viennent,
s'accostent ou se croisent! (E. Sue.) Au bas
de ta route les mouettes s'accostaient gracieu-
les roches à fleur d'eau. (V. Hugo.)
.... o, ^....g injur(lt s.ac.
dans la fange,
,n refrain banal.
A. de Musset.
— Par cxt. Etre joint, être accompagne, en
parlant des choses : L'archivolte byzantine si
austère, l'archivolte néo-romaine, si élégante,
s'accostent et s'accouplent dans cette église.
(V. Hugo.)
— Avec la prép. de. S'approcher :
Il Prendre pour compagnon, hanter, fréquen-
ter habituellement : II ne sait de quelles gens
vous vous accostez. (Acad.)
, aborder, joindre: V. ABOR-
louvellement plantée, dans le but d'empo-
cher le froid d'y pénétrer. Il diffère du ré-
chaud par la nature du fumier qu'on emploie :
Z'accût se fait avec du fumier vieux ou con-
sommé, qui doit seulement conserver la chaleur
d'une couche nouvelle. Le réchaud étant au con-
traire appliqué aux couches anciennes et refroi-
ACC
dies , pour les réchauffer, nécessite l'emploi du
fumier neuf.
accotant (a-ko-tan) part. prés, du v.
Accoter : // se remit à manger son pain et son
fromage, en accotant son épaule sur le montant
de la fenêtre. (Balz.) Ma bonne demoiselle, lui
dit-il, en s'accotant contre le parapet du petit
pont, vous pouvez rendre un grand office à ma-
dame. (G. Sand.)
ACCOTAR s. m. (a-ko-tar). Mar. Clef ou
coin que l'on chasse à coups de masse entre
les varangues, afin de mieux lier et de rendre
solidaires les fonds d'un bâtiment.
Le plus jeune, accoté contre le mur, at-
taque les cordes de son violon d'un air fier et
dédaigneux. (Th. Gaut.) Les quatre marmots
restaient les uns debout, les autres accotés
contre le lit ou la huche. (Balz.)
— Fig. Appuyé, protégé : Il reste immuable,
accoté des événements qui calent et assujet-
tissent son esprit. (Chateaub.)
— Mar. Incliné sur le côté. Se dit d'un na-
vire qui, pliant sous le vont, s'incline et court
le risque de chavirer.
— Blas. V. Accosté.
ACCOTEMENT s. m. (a-ko-te-man — rad.
accoter). Ponts et chauss. Espace compris
entre la chaussée et le fossé, entre le ruisseau
et la maison : Les blessés eux-mêmes, assis sur
/'accotement de la route, partagèrent cet en-
thousiasme. (Balz.) Il est défendu, sous peine
d'amende, de déposer des matériaux ou des
vnmondices sur les accotements des routes.
(Code pén.)
— Chem. de fer. Espace entre les faces ex-
térieures des rails extrêmes et le bord exté-
rieur du chemin.
— Horlog. Frottement vicieux d'une pièce
contre une autre.
ACCOTE-POT s. m. (a-ko-te-po — de accoter
et pot). Hortic. Portion de cercle de fer qu'on
met au pied d'un pot pour l'empêcher de
tomber.
ACCOTER v. a. ou tr. (a-ko-té — lat.
bouchée et a" accoter proprement
teille dans l'angle du fiacre, afin que le vin ne
s'en échappât point. (Alex. Dum.)
— Agric. Adosser du fumier tout autour
d'une couche qui vient d'être semêo ou plan téo.
— Mar. V. n. ou intr. S'incliner, se renver-
ser sur le côté. Se dit d'un navire que la force
du vent couche sur le côté.
S'accoter , v. pr. S'appuyer do côté : S'ac-
coter sur une chaise- Plus curieux qu'intéressé,
son guide s'accota sur le mur à hauteur d'appui
qui servait à clore la cour de la maison. (Balz.)
Il vint s'accoter auprès de nous sur le bord de
la chaussée. (Viardot.)
— Horlog. Se dit de pièces qui frottent les
unes contre les autres.
— Syn. Accoter, appuyer. Appuyer a plus
de rapport a la chose qui soutient : Pourquoi
s'appuyer sur un autre ( quand on est assez fort
pour se soutenir soi-même? (Girard.) Accoter
en a davantage à la chose qui est soutenue :
Les airs penchés du petit-maître lui donnent
une attitude habituelle, qui fait qu'il ne se
place jamais qu'il ne s'accote. (Girard.)
ACCOTOIR s. m. (a-ko-toir — rad. accoter).
Ce qui sert à s'appuyer de côté : Les accotoirs
d'une stalle d'église, d'un fauteuil, d'un car-
rosse.. Les accotoirs d'un confessionnal.
— Mar. Etançon servant à étayer les na-
vires en construction ou en réparation. Sy-
— Techn. Planche dressée pour servir d'é-
gouttoir dans les fabriques de papier. Il Partie
inférieure et cintrée de la caisse des voitures.
accouardi, IE (a-kou-ar-di) part. pass.
du v. Accouardvr.
ACCOUARDIR v. a. ou tr. (a-kou-ar-dir —
rad. couard). Rendre couard : La mollesse ac-
couardit. S'empl. pronominalom. : Ils se
sont aCcouardis dans le repos. Vieux mot du
xme siècle.
S'àccouardir, v. pr. Devenir couard.
ACCOUCHANT (a-kou-chan) part. prés, du
v. Accoucher :
ïe par
le professeur Dubois. Les acteurs voulaient don-
ner un ballet, mais l'événement imprévu de l'ac-
trice accouchée les en empêchait. (Le Sage.)
J/me de La Tour, à son exemple, y planta un
arbre dès qu'elle fut accouchée de Virginie.
(B. de St-P.)
— Gramm.'Ce participe prend l'auxil. être
quand on veut indiquer l'état : Cette femme
est accouchée depuis huit jours. 11 prend
l'auxil. fluoir lorsqu'on veut exprimer l'action:
Cette femme a accouché avec courage. Il serait
incorrect de dire : Bile a accouché d'hier; il
faut dire : Elle est accouchée d'hier.
ACCOUCHÉE s. f. (a-kou-chc — rad. cou-
che)'). Femme qui vient d'accoucher : Après
les trente ou quarante jours de purification,
/'accouchée se dispose à revenir à sa cabane.
(Chateaub.) Z'accouchée qui veut que je lui
fasse un cadeau ! (Scribe.)
ACC
— Prov. Elle est parée comme une accou- .
chée, elle est soigneusement parée. Allu-
sion aux soins et même à la coquetterie
que l'on met à parer la chambre et le lit d'une
femme nouvellement accouchée,, à laquelle
chacun s'empresse d'aller rendre visite pour la
féliciter de llieureux événement, il Faire l'ac-
couchée* Se tenir au lit par mollesse et sans
nécessité, il Le caquet de l'accouchée, Conver-
sation frivole, ainsi nommée à cause du babil
intarissable auquel se livrent ordinairement
les femmes qui rendent visite à l'accouchée.
ACCOUCHEMENT s. m. (a-kou-che-man —
rad. accoucher). Enfantement, action de mettre
au monde : Accouchement facile; accouche-
ment laborieux. Vous avez traité voire accou- '
chement comme celui de la femme d'un colonel
suisse. (Mme (je sév.) On a, par une note de
Colbert, le détail circonstancié des deux pre-
miers accouchements de mademoiselle de la
Vallière. (Ste-Beuve.) — La jeune duchesse de
La Rochefoucauld-Liancourt étant accouchée
pour la première fois, eut un accouchement
très -laborieux. Sa vie fut plusieurs fois en
danger. Lorsqu'elle fut délivrée et qu'on lui
eut appris qû elle avait un fils, elle s'écria :
« Tant mieux, au moins il n'accouchera pas. »
— Action d'aider une femme à accoucher :
On croit que les Egyptiens étudièrent les pre-
miers l'art des accouchements: (Encycl.)
— Par anal. Travail, acte qui demande un
grand effort: Il coupait un cheveu en quatre...
C'était un accouchement pour lui de se déter-
miner. (St-Sim.) Faire des enfants, ce n'est que
de la peine ; faire des hommes, voilà le grand
accouchement. (J. de Maistre.)
— Fig. Se dit en parlant des productions de
l'esprit : ^'accouchement d'une pareille idée
n'apas dû lui coûter beaucoup de peine. (Ravin.)
Je commence, dit le poêle; le cerveau porte long-
temps. — Votre accouchement sera laborieux,
dit un des assistants en l'interrompant. (Balz.)
— Encycl. Méd. Le mot accouckemeiU ex-
prime une fonction naturelle par laquelle l'or-
gane utérin se débarrasse du produit de la
conception, au terme du développement du
fœtus. L'époque de l'accouchement à terme
est loin d'être semblable dans toutes les es-
pèces. Elle ne présente pas dans chaque espèce
une fixité absolue. Dans l'espèce humaine, elle
varie entre deux cent soixante et deux cent
quatre-vingts jours ; l'expérience même a dé-
montré qu'un accouchement régulier pouvait
avoir lieu entre six et sept mois, et qu il pou-
vait être retardé jusqu'au trois centième jour ;
aussi les codes modernes, d'accord en cela avec
la législation romaine, ouvrent-ils lasuccession
aux enfants nés à dix mois après la mort du
mari de la mère. L'accouchement est dit tardif
quanti il s'opère après le deux cent quatre-
vingtième jour, prématuré quand il a lieu avant
le deux cent soixantième et après le cent qua-
tre-vingtième ; car, s'il a lieu avant le cent
quatre-vingtième, il prend le nomd'avortement.
L'accouchement qui s'accomplit sans difficulté
et par les seules forces de la nature, s'appelle
naturel ou spontané; il prend le nom de labo-
rieux, quand il s'accompagne de phénomènes
irréguliers résultant soit de la conformation de
la mère, soit de'la position de l'enfant, soit de
toute autre circonstance, et exigeant les se-
cours de l'art. L'accpuchement laborieux prend
plus spécialement le nom d'artificiel quand il
oblige de recourir à la main année des instru-
ments. L'accouchement naturel ou spontané
est le plus fréquent. La statistique montre que
sur quatre-vingt-trois accouchements, un seul
réclame l'intervention de la médecine opéra-
toire. Lorsque le ternie de la grossesse est ar-
rivé, l'utérus entre en contraction pour expul-
ser le foetus; les contractions utérines sont
accompagnées de douleurs auxquelles- on a
donné le nom de travail. On applique encore a
l'acte même de |a parturitkm ce nom de travail,
« mot bien trouvé, dit l'Encyclopédie nouvelle,
car dans notre espèce cet acte est une véritable
fatigue et souvent une maladie grave. > Les
phénomènes de l'accouchement peuvent être
rapportés à deux temps principaux. Le premier
temps se termine a la dilatation complète de
l'orifice utérin ; dans le second temps, les mem-
branes qui enveloppent le foetus s'engagent
dans l'orifice dilaté, à travers lequel elles for-
ment une saillie appelée poche des eaux, puis
elles se rompent brusquement, et le liquide
qu'elles contenaient s'échappe au dehors ; enfin
1 enfant descend dans l'excavation du bassin,
et, pressé par les contractions de plus en plus
énergiques de l'utérus, arrive a la lumière. On
coupe le cordon qui l'unissait à sa mère, et par
ses cris, produit et signe d'une fonction nou-
velle, la respiration pulmonaire, il commence"
aussitôt à manifester son existence indépen-
dante. Dix, vingt, trente minutes, plus ou moins,
après la sortie de l'enfant, quelques contractions
nouvelles déterminent l'expulsion des annexes
fœtales, vulgairement connues sous le nom
à' arrière- faix ou délivre; cette dernière scène
a reçu le nom de délivrance. Une des conditions
nécessaires à l'accouchement naturel, c'est quo
le feetus se présente par l'une de ses deux
extrémités, c est-à-dire soit par le vertex, soit
par le pelvis. Il faut que l'art intervienne ac-
tivement quand le toucher fait reconnaître la
présentation des bras, des épaules et du tronc.
On appelle accouchement prématuré artificiel,
celui que l'accoucheur croit devoir provoquer
après le septième mois, dans le but de prévenir
les graves dangers auxquels la grossesse aban-
donnée à elle-même et les conditions prévues
ACC
de l'accouchement à terme exposent la vie de
la mère et souvent celle de l'enfant.
chemeitt indique tout ce qui précède et suit
immédiatement l'enfantement. Enfantement..
n'indique que l'action de mettre l'enfant au '
monde.
— Epithètes. Heureux, facile, difficile, dur,
pénible, laborieux, douloureux, précoce, pré-
maturé, tardif.
ACCOUCHER v. n. ou intr. (a-kou-ché —
rad. coucher; signifiait autrefois So mettre au
lit, on la couche). Enfanter, mettre au monde
un ou plusieurs enfants : -Ses parents et ses
voisins l'avaient vue grosse de la fille dont elle
avait accouché. (Vertot.) Elle vient (/'accou-
ciier d'un garçon. (M«>e de Sév.) Ce fut à Jaffa
que la reine, femme de saint Louis, accoucha
d'une fille nommée Blanche. {Chateaub.)
l'accoucherai! N'y saves-vous remède?
La Fontaine.
I! Absol. : Quand donc ce gros Aomme^Guil-
laume le Conq.) accouchkra-/-iï?' (Phi-
lippe I"). Marie dit à Joseph que son temps
d accoucher était proche. (Volt.) Une pauvre
Egyptienne est venue accoucher et motirir
chez de bonnes gens qui ont gardé l'enfant et
en prennent soin. (G. Sand.) Ma mère ac-
coucha dans une cabane de paysan où elle
s'était cachée. ( F. Soulié. ) Si , pour accou-
cher, une femme pouvait se faire suppléer par
une autre , combien de femmes grosses pré-
tendraient qu'il leur est impossible par elles-
mêmes de mettre leur enfant au jour. (E. do
Gir.) Madame accouche comme si elle n'a-
vait jamais fait que cela. (Balz.) L'apparition
des furies, dans une des pièces a Eschyle,
fit accoucher des fer™™— — - '- ""■'-■'-'■
(Nisard.)
le donzelle;
' le théâtre.
11 P.
En la caressant, il lui dit : [belle,
. J'ai peur que nos plaisirs, dans quelque temps, ma
Ne te causent bien des tourments.
— Ne crains rien, lui répond la maligne femelle,
Biaise, j'accouche heureusement. •
— Art vétér. Mettre bas, en parlant des
— Fig. Produire avec effort une idée, un
ouvrage d'esprit; trouver difficilement une
réponse, une repartie : Féodalement libéral,
aristocrate et démocrate, Montlosier accouche
avec difficulté d'idées disparates. (Chateaub.)
Il fil ce qu'il put pour répondre et il accoucha
de cette belle repartie. (G. Sand.) Il se levapour
accoucher d'un : Messieurs ! gui pouvait passer
pour être palpitant d'intérêt. (Balz. ) Voilà
comment liivarol accoucha, au bout de trois
mois, de son discours préliminaire. (A. Houss.)
il Absol. dans le même sens : C
esprit qui conçoit facilement, mais qui
laborieusement. (Trév. ) n Fam. S'expliquer,
dire une chose qu'on ne voulait ou qu'on n'o-
sait pas dire : Accouchez donc! Accouchera-
t-il bientôt? Parlez, accouchez enfin. Le roi
insistant, il fallut bien accoucher, et Chamil-
lart lui dit que... (St-Sim.)
— v. a. ou tr. Aider une femme à accoucher :
Ma bonne vous accouchera, si vous accouchez à
Orignan. (M'»c de Sév.) Socrate entendait ra-
e les s
s des f
— Fig. Aider au travail de l'intelligence :
Socrate faisait accoucher les esprits. L'art
(/'accoucher les esprits n'est pas autre chose
que l'induction. (V. Cousin.) Le —*—•* -*» ''—•'
pédagogique est de faire pe~"
duire, «'accoucher l'esprii
le forceps? (V. Hugo.)
Appelle 1
rôle, accouche la
S'accoucher, v. pr. Opérer son propre ac-
couchement, sans l'aide de personne : En
mai 1802, la Sauviat eut une fille; elle s'ac-
coucha toute seule, et vaquait aux soins de son
ménage cinq jours après. (Balz.)
— Allua. littér. Lu montagne <|ui nccouclin,
Aliusian à une fable où La Fontaine établit un
contraste plaisant entre des annonces pom-
peuses et un résultat ridicule. V. Montagne.
"— Syn. Accoucher, enfanter, eugendrer.
Engendrer désigne plutôt une conception :
Des parents goutteux engendrent des enfants
sujets à la goutte. (Malebr.) Enfanter exprime
le fait d'une femme qui met au monde un en-
fant : Heureuse la mère qui l'y enfanté !
(Evang.) Accoucher est le mot vulgaire qui ex-
prime cette opération : Pourquoi ne laisseriez-
vouspas J)/">e la vidame accouchera Chaulnes,
où efte aura les secours nécessaires?^ (Fén.) Au
figuré, engendrer signifie faire naître au de-
dans, et-se dit particulièrement des sentiments,
des passions ou dés idées : Un sang appauvri
ne porte au cerneau que des esprits languissants
et morts, et «'engendre que des idées tristes.
(J.-J. Rouss.) Enfanter signifie faire naître au
dehors, faire éclater : Si l'orateur chrétien va
jusqu'à ce degré d'enthousiasme qui enfante le
sublime, il ne mérite que l'admiration. (La
Harpe.) Accoucher ne se dit que des produc-
tions de l'espntconsidéréeskl'instantdu travail
i temps,
ACC
qui les fait éclore : Accoucher d'un sonnet,
d'une épigramme.
ACCOUCHEUR, EUSE s. (a-kou-cheur, eu-ze
— rad. accoucher). Celui, celle dont la profes-
sion est de faire des accouchements , d'aider
les femmes à accoucher ; au lieu d'accoucheuse
on dit plus ordinairement sage-femme : Un
habile accoucheur. Dès que f accoucheur est
auprès d'une femme en travail, il devient res-
ponsable de tous les événements qui pourraient
survenir. S'aqit-il de chercher une nourrice,
on la fait choisir par /'accoucheur. (J . - J.
Rouss.)
— Fig. Celui qui aide au travail de l'intel-
ligence : Platon, disciple de Socrate. accou-
cheur industrieux des intelligences. (V. Cou-
sin.) il Dans ce sens, il se dit aussi avec un
nom do chose pour sujet : Comme Socrate, le
protestantisme a été un accoucheur d'esprits.
(Chateaub.) il Par compar. : Le malheur est
/'accoucheur des vertus. (De Jaucourt.)
— Encycl. Dans les
femmes accouchèrent se
encore de nos jours chez les sauvages, et même
assez souvent dans nos campagnes. Avec le
développement de la civilisation s'accrurent
les fatigues et les dangers de l'accouchement;
les femmes durent être assistées dans l'accom-
plissement d'une fonction qui ressemblait si
bien h une maladie ; la pratique des accouche-
ments fut réduite en méthode et devint un art.
En France, jusqu'au xvne siècle,, cet art fut
exclusivement exercé par des femmes. Mais
sous le règne de Louis XIV, l'habile chirurgien
Julien Clément fut appelé pour les couches de
, Mlle La Vallière, qui devaient être ignorées
de tout le monde (16G3) ; le secret ayant trans-
piré, les dames de la cour imitèrent la maî-
tresse du roi , furent imitées a leur tour , et
l'on inventa le nom d'accoucheur. — La loi im-
pose à l'accoucheur et à la sage-femme do
faire la déclaration de la naissance de l'en-
fant qu'ils ont reçu, dans le cas où le père est
absent ou non déclaré.
ACCOUDANT (a-kou-dan) part. prés, du v.
Accouder : Ah.' quelle fraîcheur, dit-elle en
«'accoudant sur un des cotés du divan. (E. Sue.)
Elle s'assit, en «'accoudant avec grâce sur les
coussins du divan. (G. Sand.) Monsieur, dit
reiV(B^\T)Stre
ACCOUDÉ, ÉE (a-kou-dé) part. pass. du
v,- S'accouder. Appuyé sur le coude : Réveillé
comme les autres , il se tenait accoudé sur la
fenêtre d'une petite tourelle où il logeait. (E.
Sue.) En ce moment ,"Athanasie , pensivement
ACCOUDÉE sur la table, faisait jouer sa cuiller
dans son bol vide. (Balz.) Je les ai vus le di-
manche accoudés sur des tables, mangeant plus
que leur faim et buvant plus que leur soif. (G.
Sand.) il Peut s'empl. avec la prép. à ,-Leoé
avec le jour, accoude A sa fenêtre, qui donnait
sur le rivage, il contempla le magnifique ta-
bleau déroulé devant lui. (Clém. Robert.) La
suivante favorite se tenait accoudée au fau-
teuil de sa maîtresse. (Th. Gaut.) n Par ext,
il se dit du bras : La tête toujours appuyée
sur sa main gauche et le bras accoudé sur son
pupitre, ilpassaît les heures d'étude à regarder
dans la cour le feuillage des arbres ou les
nuages du ciel. (Balz.)
— Absol. : Il restait, si souvent accoudé que
lesmanches de ses habits neufs étaient prompte-
ment percées. (Balz.) Ou aperçoit de la rue
leur bras blanc accoudé. (Th. Gaut.)
" • ACCOUDEMENT s. m. (a-kou-de-man —
rad. accouder). Action de s'accouder, de s'ap-
puyer sur lo coude.
— Art milit. Rapprochement des soldats de
l'infanterie dans les rangs, de manière,;'], so
sentir mutuellement les coudes : Avant l'u-
sage de /'accoudement, les hommes de rang
conservaient de pied ferme et dans les marches
la liberté des coudes. (Gén. Bardin.)
ACCOUDER (S'), v.pr. (s'a-kou-dé — rad.
coude). S'appuyer du coude, sur le coude:
Je m'accoudais des heures entières sur le socle
de cette fenêtre pour regarder amoureusement
cet horizon de silence] de solitude et de recueil-
lement. (Lamart.) Le docteur et son ami s'ac-
coudent à une table fort convenablement servie.
(E. Sue.) Léonce , penché sur le bord de la
fenêtre où s'accoudait Satina , fut tenté de
prendre une de ses belles mains blanches. (G.
Sand.) Le sourd s'était accoudé sur la balus-
trade à la place où était l'archidiacre. (V.
Hugo.) il Absol. : L'entraînement de la médi-
tation avait donné à Lucien l'habitude de s'ac-
couder aussitôt qu'il était assis. (Balz.)
— Art milit. So placer coude à coude, en
parlant des fantassins dans les rangs ; s'as-
treindre à sentir les coudes et à se prêter
réciproquement un léger appui dans l'exécu-
tion du pas cadencé, du pas oblique.
ACCOUDOIR s. m. (a-kou-doir — rad. s'ac-
couder). Appui pour le coude; ce qui est fait
pour qu'on s'y accoude : //accoudoir d'un
prie-Dieu. Il Nom que l'on donnait autrefois à
la partie inférieure et cintrée des voitures.
V. Accotoir.
— Archit. Balustrade ou mur à hauteur
d'appui, qu'on pratique devant une croisée ou
sur l'extrémité d'un mur de terrasse : /.'ac-
coudoir s'appelle encore appui, allège. ÇAxWin.)
— Loc. pop. et iron. : Allez chercher plus
loin des accoudoirs, Se dit à une personne qui
s'appuie sur une autre et l'incommode.
ACCOUÉ, ÉE (a-koû-é) part. pass. du v.
ACC
59
semble.
accouer v. a. ou tr. (a-kou-é — rad.
queue). Attacher des chevaux à la queue l'un
de l'autre, de manière qu'ils marchent à la file.
— Vén. Accouer le cerf, S'approcher le plus
près possible d'un jeune cerf, et lui couper un
des jarrets de derrière : Il est dangereux
c/'accouer un cerf quand ses andouillers ont
acquis toute leur dureté.
ACCOULINS s. m. pi. fa-kou-lain— rad.
couler). Alluvions. Dans les pays de monta-
gnes, Terres de toute nature précipitées dans
les vallées par les fontes de neige, il Atterris-
sements do rivière, servant à la fabrication
do la brique.
— Agric. Méthode pour dessécher les ma-
rais et les étangs, en y conduisant des eaux
chargées de terre.
accouple s. f. (a-kou-ple— rad. couplé).
Vén. Lien dont on se sert pour accoupler les
chiens de chasse.
— Par ext. Tout lien servant à accoupler
différents objets.
ACCOUPLÉ , ÉE (a-kou-plé) part, pass. du
v. Accoupler. Réuni par deux, rangé par cou-
ples, attaché deux à deux : Bœufs accouplés.
Chiens accouplés. Colonnes accouplées.
'Feuilles accouplées.
— Par ext. Joint, réuni : Le bonhomme et
Nanon étaient accouplés par un gros gourdin,
dont chaque bout reposait sur leur épaule
droite et soutenait un câble auquel était atta-
ché un barillet. (Balz.)
■ — Fig. : Ces deux mots sont mal accou-
plés. (Lav.) Les âmes humaines veulent être
accouplées pour valoir tout leur prix. (J.-J.
Rouss.)
— Fam. et iron. : Le mari et la femme sont
bien accouplés , L'un ne vaut pas mieux que
l'autre, ou, Ils se trompent réciproquement.
— Physiol. Réuni à un individu de sexe
différent, pour l'acte de la génération • Les
crapauds sont accouplés pendant sept ou huit
jours. (Lacép.) «
— Arehit. Colonnes accouplées. Placées deux
à deux , très-près l'une de l'autre , et le plus
souvent couronnées par le même tailloir
exhaussées sur la même plinthe , mais ayant
dos bases et des chapiteaux différents : Des
colonnes accouplées produisent sans doute un
plus bel effet que si elles étaient isolées. (B, de
St-P.) Quelques colonnes accouplées, qui por-
tent la frise du chœur, sont d'un assez bon style.
(Chateaub.)
— Sculpt. Télés accouplées, Adossées sur le
même buste ou sur le même socle, comme le
Mercure et la Minerve au musée Capitolin ;
Sérapis et Jupiter Ammon, Bacchus et Am-
mon, Mercure et Hercule, au musée du Vati-
can. Beaucoup de médailles- représentent
également des têtes accouplées.
— Chem. de for. Houes accouplées, Réunies
deux à deux pour augmenter la force du mo-
teur, principalement dans les trains do mar-
chandises.
ACCOUPLEMENT s. m. (a-kou-plc-irian -
rad. accoupler). Action d'accoupler, de réunir
deux à deux des animaux destinés à tra-
vailler ensemblo : Dans /'accouplement des
bœufs, des vaches, des chevaux , il faut avoir
soin qu'ils soient de la même taille et de la
même force , afin de conserver l'égalité du
tirage. (Encycl.)
— Par ext. Réunion, enchaînement de deux
hommes dans certaines circonstances
écrivains avec les voleurs. (L. Desnoyers.)
— Fig. Réunion, rapprochement de deux
choses, de deux mots, de deux idées, etc. :
Armée et liberté sont deux mots dont /'accou-
plement est un contre-sens 'prouvé par l'his-
toire. (E. de Gir.) Aurai, pendant sept années,
ai-je étudié les effets de f accouplement du
jour et des objets. (Balz.) L'homme d'affaires!
que de choses dans /'accouplement de ces deux
substantifs! (Edm. Toxier.) il Dans ce sens, le
mot accouplement est souvent accompagné
d'épithètes qui indiquent s'il est pris en mau-
vaise part.
— Physiol. Rapprochement, union des ani-
maux mâle et femelle pour l'acte de !a géné-
ration ; Le mulet vient de V accouplement de
l'âne et de la jument. La durée de /Laccouplk-
ment varie à l'infini, en raison des espèces.
(D'Orbigny.) L'indissoluble union de deux êtres
appartenant à l'humanité ne doit pas s'assi-
miler à /'accouplement des êtres inférieurs,
(G. Sand.)
Des colosses debout regardent autour d'eux
Ramper des monstres nés d'accouplements hideux.
— Fig. Se dit quelquefois dos choses : Ce
gouvernement bâtard est né de /'accouplement
du monopole et de la corruption. (Corm.)
dans la création
Essay;
™e
à des formes heureuses.
— Le mot accouplement so dit par mépris
de l'homme et de la femme de mœurs et de
conditions viles, pour les assimiler aux ani-
maux : Des cavités où l'on a dit que ces gens-là
faisaient leurs accouplements. (J.-J. Rouss.)
— Arts et met. Arrangement do choses
disposées deux à deux, comme roues, co-
lonnes , têtes, etc. : S'il est permis d'ajouter ■
quelque chose aux inventions des anciens, f ac-
couplement des colonnes mérite d'être reçu
dans l'architecture comme ayant une beauté
et une commodité considérables. (Perrault.)
La colonnade du Louvre offre un exemple et un
modèle (/'accouplements. (Millin.) Cette série
(/'accouplements est un des plus grands char-
mes de la colonnade du Louvre. (B. de St-P.)
V. Accouplé.
ACCOUPLER v. a. ou tr. (a-kou-plô — rad.
couple). Attacher deux à deux; mettre doux
animaux sous le même joug : Accoupler des
chiens; accoupler des bœufs , des vaches. Au
signal donné par la sonnerie du départ, faite
par tous les piqueurs réunis, on- accouplait les
chiens et on les lançait en quête. (A. de Gon-
drecourt.) // a le premier accouplé les ani-
maux sous le joug. (Andricux.) il Se dit quel-
quefois des forçats, des criminels qu'on at-
tache doux par deux : Il y a des esprits aus-
tères qui approuvent que l'on accouple un
écrivain à des galériens. (Chateaub.)
— Absol. : On doit accoupler serré, pour
que les animaux tirent mieux.
— Par ext. Joindre, attacher ensemble doux
ou plusieurs choses : Accoupler du linge.
Accoupler des bateaux.
— Fig. Réunir, rapprocher deux choses,
deux mots, doux idées, etc: : Accoupler deux
mots contradictoires, deux idées disparates. Il
n'est point départis au monde que je ne trouve
en peu de temps le moyen (/'accoupler. (Mol.)
Vouloir accoupler la liberté à l'autorité est
une œuvre aussi chimérique, aussi insensée que
vouloir accoupler la lune à la terre. (Hubaine.)
— Physiol. Apparier le mâle et la femelle,
en vue de la reproduction : Accoupler des
pigeons. Accoupler un chardonneret et une
serine. On est toujours sûr de former des races,
lorsqu'on prend soin (/'accoupler constamment
des.individus pourvus des particularités d'or-
ganisation dont on veut faire les caractères de
ces races, (Cuvier.)
— Fig. : Fais des enfants, goûte l'amour dans
la fange , accouple ta misère à une autre mi-
sère; il en naîtra le crime: qu'importe! (E. Sue.)
— Archit. Accoupler des colonnes, Los dis-
poser deux à deux sur un mémo stylobate.
— Jeu. Au trictrac, Accoupler ses dames, Les
disposer deux à deux sur les flèches du jeu.
S'accoupler, v. pr. Se mettre, être mis deux
à deux : Le chanteur voit comment les vers
s'accouplent, afin d'obtenir tes demi-cadences.
(A. deLafaye.)
— Physiol. En parlant des animaux, Se
réunir par couples de sexe différent , so rap-
procher pour lacté de la génération : Il est
souvent arrivé que plusieurs animaux d'espèces
différentes SE SONT accouplés librement et
sans y être forcés. (Buff.) Les grenouilles s'ac-
couplent encore après qu'on leur a coupé la
tête. (Maquel.)
— Fig. Se'joindre, se mêler, s'unir: Un
remords, ce souvenir fatal de chaque minute de
votre vie, qui s'accouple à vos rêves, qui vous
éoeille en sursaut... (E. Sue.) Le siècle de
Louis XV est une orgie de taverne où la dé-
mence s'accouple au vice. (V. Hugo.)
ACCOURANT (a-kou-ran) part. prés, du v.
Accourir :
Il voit fuir à grands pas ses naïades plaintives,
Qui toutes, «ccouram vera leur humide roi,
Par un récit affreux redoublent son effroi.
Boileau.
ACCOURCI, IE (a-kour-si) part. pass. du
v. Accourcir : Un bâton accourci. Un chemin
ACCOURCI.
— Fig.: Le bras du Seigneur est-il accourci ?
(Ils) virent dès le matin leurs beaux jours ac:ourcis.
— s. m. Abrégé. Se dit en parlant -'d'un
livre : Elle n'avait en sa possession que deux
livres, le sajnt Evangile et un accourci de la
Vie des saints. (G. Sand.) Peu usité.
ACCOURCIE s. f. Mar. V. Accourse.
ACCOURCIR v. a. ou tr. (a-kour-sir— rad.
court). Rendre plus court, retrancher de la
longueur : Accourcir une robe, un bâton, etc.
— Par anal. Abréger : Accourcir une scène,
un discours. Nous retrarichons la préface, ou
plutôt nous Z'accocrcissons beaucoup. (Volt.)
Le duc, Il la harangue ayant les yeux baissés.
Vous la fait accourcir par un grand : C'est assez!
COItNEII.I.E.
Il Rendro moins long : Je ne pouvais durer
nulle part ; il me semblait qu'à force de chan-
ger de place, Raccourcirais le jour. (M'no de
Tencin.) Il Accourcir son chemin, Prendro une
voie plus directe. Il Absol. Dans ce dernier
sens : Ce chemin accourcit beaucoup. Si vous
prenez par les prés, vous accourcirez. (Trév.)
— Rendre brève, en parlant d'une syllabe :
Un Romain aurait sifflé un acteur qui eût al-
longé ou accourci une syllabe mal à propos,
(D'Olivet.)
— Fig. Faire paraître moins long :
irt
lisn„^.v„..
La Fontaine.
— Manég. Accourcir la bride. Tirer les
rônes par le bouton avec la main droite , en
les faisant couler dans la main gauche.
— Chass. Accourcir le trait , Le ployer à
demi ou tout à fait, pour retenir le limier.
Cette robe s'est
vie put s'accourcir pour arriver à une si et
mable vieillesse. (Fén.^ Lorsque les jours s'
courcissaiENT , le roi travaillait le soir Ci
madame de Maintcnon. (St-Sim.) '
— Syn. Accourcir, abréger, raccourcir. V.
Abréger.
— Antonymes. Allonger , prolonger , ral-
longer. — Paraphraser.
ACCOURCISSEMENT s. m. (a-kour-si-se-
man — rad. accourcir). Diminution d'étenduo
ou de durée : Cette allée sert beaucoup à l\\c-
courcissement du chemin. (Acad.) I/accour-
cissement des jours est déjà très-sensible dans
le mois de septembre. (Acad.)
ACCOURIR v. n. ou intr. (a-kou-rir — lat.
accurrere, même sens; formé de ad, vers;
currere, courir. — J'accours-, lu accours, il ac-
court, nous accourons, vous accourez, ils accou-
rent. J'accourais, nous accourions. J'accourus,
nous accourûmes. J'accourrai, nous accourrons.
J'accourrais, nous accourrions. Accours, ac-
courons, accourez. Que j'accoure, que nous
accourions. Que j'accourusse, que nous ac-
courussions. Accourant, accouru, ue). Venir
promptement en un lieu ou vers quelqu'un :
Phalante accourait au seco.urs de son frère.
(Irén.) Lu prince Eugène accourut d'Italie.
(Volt.) Ils accouraient jusqu'au bas de la,
montagne pour les aider à la remonter. (B. do
St-P.) Le cri de la douleur émeut les animaux,
ils accourent pour se secourir. (Buff.) £e ber-
ger accourait armé de,son bâton. (Plorian.)
Il rassembla au son du tambour tous ses noirs
esclaves de la Rose, qui accoururent tous
comme une troupe de pintades, sous les fenêtres
du balcon. (Rog. de Beauv.) Un peu d'or fait
accourir la multitude, comme les pigeons dune
ferme s'empressent sous la main qui leur jette
le grain. (Chateaub.) L'enfant se hâta «'ac-
courir vers sa mère en lui tendant les br~s.
(E. Sue.)
A vos genoux bientôt s'il accourait se rendre?
— Fig., en parlant des choses : La raison, le
jugement, viennent lentement , les préjuges ac-
courent en foule. (J.-J. Eouss.) Les organes
s'usant bientôt, les infirmités, les maladies, les
souffrances, accourent en foule. (Lamenn.)
Dans toutes les luttes violentes, les intérêts ac-
courent sut" tes pas des opinions exaltées. (B.
Const.) De l'extrémité du. désert accourt un
tourbillon. (Chateaub.)
La plus terrible des enfants
Que le Norfl eût portés jusque-Ut dans ses flancs.
La Fontaine..
— Suivi d'un infinitif, s'emploie avec ellipse
de la prép. pour : On accourt lui dire qu'il
est nommé à un évêché. (La Bruy.) Après avoir
retrouve le magnétisme, Mesmer vint en France,
où, depuis un temps immémorial, les inventeurs
accourent faire légitimer leurs découvertes.
(Balz.)
— Gramm. Le verbe accourir se conjugue
avec l'auxil. être quand l'action est considérée
comme étant suivie d'un séjour, d'une station
plus ou moins prolongée. 11 prend l'auxil. avoir
quand on ne considère l'action que dans le
temps même de son accomplissement : Il est
accouru pour me secourir. J'ai vu avec plaisir
l'empressement avec lequel ils ont accouru.
Souvent même on emploie l'un ou l'autre
auxiliaire à peu près indifféremment.
ACCOURRES s. f. pi. (a-kou-rc — rad. ac-
:ounr). Chass. Plaines ou landes situées
entre deux bois, et dans lesquelles on place les
chiens qui doivent coiffer l'animal au débucher.
ACCOURSE s. f. (a-kour-se — rad. cours).
Archit. Galerie extérieure par laquelle on
communique dans les appartements.
, — Mar." Nom de trois passages ménagés à
fond de cale dans toute la longueur d'un na-
viro. un au milieu, et un sur chaque côté. Il
On ait aussi accourcib.
ACCOURU, UE (a-kou-ru) part. pass. du
v. Accourir : L'église et la petite place qui se
trouve devant le portail furent plei7ies de gens
accourus de plus de dix lieues à la ronde.
(Bak.) Les maîtres de la maison, accourus au
bruit qui se faisait , calmèrent le mystifié. ( F.
Soulié.)
Tels, en foule accourus la veille des batailles,
Des vautours ont senti l'odeur des funérailles.
Delille.
ACCOUS, ch.-lieu de cant. (B.-Pyr.) , arrond.
d'Oloron; popul. aggl. 1,240 hab.— pop. tôt.
1,505 hab. Eaux minérales.
ACCOUSINER v. a. ou tr. (a-kou-zi-né —
rad. cousin). Fam. Traiter de cousin, de pa-
vent, d'allié, il S'empl. aussi pronominalem.
Jls s'accousinent à chaque phrase. '.
S'accousiner, v. pr. Se traiter de cousin, etc.
accoutré, ÉE (a-kou-tré) part. pass. du
v. Accoutrer. Habillé, vêtu : C'étaient des
ieunes gens fort bien accoutrés , et jouant
parfaitement leurs rôles. ( G. Sand.) De temps
en temps, un homme accoutré d'une casaque
jaune et rouge faisait faire le cercle. (V.
Hugo.) L'un de ces personnages était bizarre-
ment accoutré de maint oripeau oriental. (V.
Hugo.) Cette femme aime les élégants, les gens
à la mode, et tout serait perdu, si elle te voyait
accoutré de la sorte. (Scribe.) Il S'emploie
presque toujours dans un sens défavorable.
— Fig. Arrangé , disposé , représenté : Les
personnages ainsi accoutrés par 'M. de Tres-
san ressemblent à peu près à leur type héroïque
et naïf. (Ch. Nod.) il lia été accoutré de toutes
pièces, Il a été maltraité en paroles ou en
actes.
— Syn. Accoutré , nOuiiié. Accoutré désigne
une sorte de recherche bizarre et de mauvais
goût dans la manière dont on s'est habillé.
Affublé marque simplement qu'on s'est vêtu
sans soin et a la hâte.
ACCOUTREMENTS, m. (a-kou-tre-man —
rad. accoutrer).' La vêtement considéré dans
son ensemble : Ils ne portaient ni cotte d'ar-
mes, ni cuirasse, ni buffieterie, ni dagué, ni
rien de ce qui constituait alors f accoutrement
militaire. (B. Sue.) Màzurke se fit conduire
ches un tailleur et troqua son costume déchiré,
souillé, impossible, contre un accoutrement
complet de dandy. (P. Féval.) il Se prend sou-
vent en mauvaise part et se dit d'un vête-
ment arrangé bizarrement : L'intendant qui
devait accompagner le roi', fut choqué de I'ac-
coutrement de messieurs les scrittori. (P.-L.
Cour.) Il pensait racheter lai
ses richesses intellectwclles. (Balz.) Il
possible qu'un Palmarosa apparaisse pour la
première fois à ses cousins germains dans I'ac-
coutremknt d'un manœuvre. (G. Sand.) L'ha-
bitude de voir sans cesse de brillantes étoffes,
d'élégantes toilettes, lui rendit de plus en plus
odieux le lourd accoutrement donttsa mère
l'affublait. (Fr. Soulié.) Le grand patron saint
Serge ne nous apparaît déjà plus que sous
f accoutrement sauvage d'un Kalmouk, (Fr.
Ducros.)
— Fig. et poétiq. S'est dit des feuilles , du
feuillage en général :
Les forêts ont repris leur vert accoutrement.
Pu. Desportes.
- Syn. Ace
itdec
dastination de couvrir le corps : Le magistrat
doit veiller à ce que l'esclave ait sa nourriture
et son vêtement. (Montesq.) L'habit désigne le
vêtement quant à sa forme et à son appa-
rence : Un ministre de Dieu, qui n'a de sa pro-
fession que le caractère et l'n\B\Tsans en avoir
l'a sainteté et le zèle... (Bourdal.) L'habillement
désigne la manière de s'habiller qui est propre
a une personne : Le jour de la représentation
venu, chaque acteur ne s'occupa que de son iia-
BH.LBMENT. (Le Sage.) L'accoutrement est un
habillement singulier, bizarre, ridicule : Ce
serait un beau spectacle que l'Europe en ca-
puchon et en masque avec deux petits trous
ronds devant les yeux! Pense-t-on de bonne foi
que Dieu préfère cet accoutrement à un jus-
taucorps? (Volt.)
— Epithètes. Original , singulier , étrange ,
bizarre, plaisant, ridicule, risible, grotesque,
vilain, indescriptible, bel, joli, drôle, fantasque.
ACCOUTRER v. a. ou tr. (a-kou-tré —
élym. dout. : du vieux germanique kutten,
couvrir, d'où le -français cotte ; — ou du lat.
cultus, ornement, parure. Suivant Diez , de
coudre, cousture, 'custos, gardien, qui a fait
coustre, lequel serait devenu cuistre, en pre-
nant un sens défavorable. Le coustre, dit
Génin, était charge de mettre en ordre les
ornements de l'église ; de là accousirer, accou-
trer, c.-à-d. arranger, mettre en ordre, comme
faisait le coustre). Parer, orner, habiller, mais
sans goût et d'une manière ridicule : Il y avait
des singes qu'on avait accoutrés en charla-
tans. (D'Abïanc.)
— Par ext. Maltraiter :
Ce ne fut tout, car ii jrrands coups de gaule,
La Fontaine.
— Fig. et fam. Maltraiter quelqu'un en
paroles, on dire beaucoup de mal : Un I'a jo-
liment accoutré. La critique I'a. accoutré de
toutes pièces.
S'accoutrer, v. pr. S'habiller, se parer d'une
façon grotesque : Elle s'est accoutrée d'une
manière bien ridicule. (Acad.)
ACCOUTREUR, EUSE s. (a-kou-treur; eu-
zc — rad. accoutrer). Techn. Ouvrier tireur
d'or, qui resserro et polit le trou de la filière
dans laquelle passe le trait.
ACCOUTUMANCE s. f. (a-kou-tu-man-se —
rad. accoutumer). Action de s'accoutumer, ré-
sultat de cette action : Z 'accoutumance nous
oie ce qu'il y a de plus vif dans le sentiment.
(Boss.) Les répugnances diminuent par Z'accûu-
tumance. (Nicole.) L'oreille est de tous les
sens le plus docile à ^'accoutumance et le plus
rebelle à la nouveauté. (La Harpe.)
ainsi n:
Il Ce mot, qu'employaient souvent nos meil-
leurs écrivains, n'aurait pas dû vieillir. On a
préféré le tourner en ridicule : J'en ai /'ac-
coutumance.
■m, imugc. En obéissant à Yhabitude, on cède
à une impulsion naturelle : Priez pour obtenir
le courage et la force qui vous manquent pour
vaincre votre goût et votre longue habitupe.
(Fén.) La coutume est une manière d'agir très-
ACC
générale, qu'on trouve partout : Charles XII
avait fait la guerre d'une manière nouvelle ; il
ne se laissait conduire en rien par la coutume.
(Volt.) L'usage est quelque chose de plus res-
treint - Les usages particuliers de chaque sei-
gneurie formaient le droit public. (Volt.) L'ac-
coutumance est l'action de se familiariser avec
une chose : Un esprit abattu et comme dompté
par i' accoutumance au jouj... (Boil.) f/snese
rlit que familièrement et presque toujours iro-
niquement : Je me suis tellement appliqué à ma
profession, que cela m'a fait négliger d'appren-
dre les us et coutumes de la galanterie. (Le
Sage.) De plus, ee mot est presque toujours
joint au mot coutumes.
ACCOUTUMANT (a-kou-tu-man) part. prés,
du v. Accoutumer: On prépare l avenir des
enfants en les accoutumant au travail.
... Je rendis ainsi mon esprit parasite,
L'accoutumant au vol, le greffant sur autrui.
A. de Musset.
accoutumé, ÉE (a-kou-tu-mé) part. pass.
du v. Accoutumer. Qui est habitué : C'est
une fille accoutumée à vivre de salade, de
lait , de fromage. ( Mol. ) Les rois sont ac-
coutumés à la flatterie. (Fén.) Ces vieilles
troupes accoutumées au carnage... (Fléch.)
Une femme accoutumée à tant de mollesse
et de plaisirs... (Volt.) Nous sommes accou-
tumés à mépriser ce qui est au-dessous de
nous. (B. de St-P.) Celte race, disent les riches,
vit ainsi depuis des siècles; elle est patiente,
elle est accoutumée au servage, elle ne de-
mande rien, elle se résigne; ne soyez donc pas
plus de son parti qu'elle n'en est elle-même.
(E. Sue.)
Au plaisir
it plus <
il Suivi q un nom; et dans te sens oe Familia-
risé, habitué, il régit la prép. avec ou la prép.
à : Le voilà accoutumé À sa nouvelle fortune.
aujourd'hui A'
famille. (Balz.)
Crois-tu donc qù'otiec nous ton cœur accoutumé
Puisse ainsi s'arracher aux délices qu'il aime?
la prép. <
t aller au
laisser aller au plaisir. (Boss.) Des docteurs
qui n'étaient pas accoutumés de se trouver en
si grand nombre... (Volt.)
— Absol. Habituel , ordinaire : On invitait
un des pères à faire en commun la prière ac-
coutumée. (Chateaub.) Les peuples se sont
écartés de leur route accoutumée ; un abime
s'est ouvert sous leurs pas. (Guiz.) L'esclavage
régulier, accoutumé, indolent, était la loi du
vieux monde. (Ste-Beuve.)
La voix accoutumée est douce a notre oreille;
Chaque jour s'embellit du bonheur de la veille.
A. Guibaud.
... Et vous tous, jeune et brillante armée,
Où la vertu trouvait sa garde accoutumée.
PONSARD.
K Se dit aussi dos personnes et des animaux :
Au milieu d'un petit nombre de témoins domes-
tiques et accoutumés... (Mass.)
Quelques-uns, dai
— À l'accoutumée, Ioc, adv. A l'ordinaire,
comme on a coutume de faire : II en a usé à
l'accoutumée. (Acad.) La députation du par-
lement était de quatre présidents à mortier et
de quatre conseillers À l'accoutumée.' (St-
Sim.) David jouait de la harpe devant Saûl;
comme  l'accoutumée. (Volt.)
ACCOUTUMER v. a. ou tr. (a-kou-tu-mé —
rad. coutume). Faire prendre une habitude,
habituer ; Accoutumez l'homme à raisonner
juste en tout. (Mme de Maint.) L'étude de
ta critique accoutume l'esprit à chicaner. (St-
Ëvrem.) Il faut accoutumer les enfants à l'o-
(Fén.) La chasse
que le corps ; elle accoutume au sang et à la
cruauté. (J.-J. Rouss.) Le plus grand mal que
puisse nous faire un ennemi, c'est d' accoutumer
notre cœur à la haine. (Boiste.)
Les
les opprime, et que vous souti
"- *■■ joug que vous leur desti
— Peut s'employer sans complément di-
rect : La solitude accoutume à la réflexion.
— Avoir accoutumé, v. n. ou intr. Avoir
coutume. Ne s'empl. qu'aux temps compo-
sés : Quelles précautions jî'avait-iï pas accou-
tumé de prendre! (Fén.) Allons, monsieur, on
voit bien que vous n' avez pas accoutumé dépar-
ier à des visages. (Mol.) Vous avez accoutumé
de nous honorer de votre présence. (Flôch.) Ri-
chelieu îi'avait pas accoutumé de trouver de
la résistance, ou de la souffrir impunément.
(Pêliss.) Il Se dit quelquefois des choses ina-
nimées : Ces terres, ces arbres avaient accou-
tumé de produire beaucoup. (Acad.) 'L'automne
m'avait pas accoutumé d'être si pluvieux.
(Acad.) *
— Absol. : Faites comme vous avez accou-
tumé. (Acad.)
POSSARD.
S'accoutumer, v. pr. S'habituer, prendre
l'habitude : Je ne puis m'accoutumer à vous
savoir à deux cents lieues de moi. (Mme de
ACC
Sév.) On s'accoutume à regarder comme des
nécessités de la vie des choses superflues. (Fén.)
On s'accoutume à bien parler en Usant souvent
ceux qui ont bien écrit. (Volt.) Louis XI V se
forma et s'accoutuma lui-même au travail.
(Volt.) On s'accoutume à penser comme ceux
que l'on croit ses amis. (Paliss.) Les kommes
ont la malheureuse facilité de s'accoutumer à
tout, excepté au repos et au bonheur. (Fonten.)
L'éléphant s'accoutume aisément à l'homme.
(BufL) Les gouvernements s'accoutument à
l'indolence et au repos. (Ballanehe.)
Ah! ma sœur, puisqu'enfin mon destin éclairci
Veut que je m'accoutume ù vous nommer ainsi.
CORNEILLE.
Il Se construit quelquef.,mais rarement, avec
la prép. de : On s'accoijtumb de donner, comme
le monde, des noms adoucis à toutes les passions.
(Mass.) Il vous importe de vous accoutumer
de bonne heure de haïr l'injustice. (Volt.) il
Se familiariser, suivi de la prép. avec : Je ne
saurais m'accoutumer avec ces gens-là. (Lav.)
Saint François de Paule s'accoutume avec
Dieu; il né cannait que lui. (Boss.). Il faut ,
s'accoutumer de bonne heure avec ces sortes
d'idées, si on veut se les rendre familières.
(Conditlac.)
— Absol. Commencer à se plaire dans un
lieu : Je m'accoutume de jour en jour dans mon
S'accoutumer à se dit en parlant des choses
qui n'inspirent pas trop de répugnance : On
s'accoutume au bruit, au mauvais temps, À la
chaleur. L'accoutumance à est le résultat du
temps et de l'habitude. S'accoutumer avec est
spécial et a rapport à. un objet avec lequel on
linit par se familiariser. L'accoutumance avec
offre de la résistance et demande quelques
efforts : On s'accoutume peu à, peu avec les
maux les plus pénibles qu on voit venir de loin.
(Fén.)
— Antonymes. Désaccoutumer, déshabi-
ACCOUVÉ, ÉE (a-kou-vé) part. pass. du
v. Accouver. Accroupi, immobile comme une
poule qui couve : Cet homme est resté tout
l'hiver accouvé au coin du feu. (Trév.) Fam.
et peu usité.
ACCOUVER v. a. ou tr. (ak-kou-vé — rad.
couver). Préparer à un oiseau un nid avec
des œufs, pour qu'il couve : Accouver une
poule, il Heutralem. Couver : Cette poule
ACCOUVE.
S'accouver, v. pr. Commencer à couver, on
parlant des oiseaux : Ces poules s'accouvent.
ACCRA, ville d'Afrique, cap. du petit roy.
de ce nom, sur la côte d'Or; 4,000 hab.; le roy.,
environ 15,000. Plusieurs forts appartiennent
aux Anglais, aux Hollandais ou aux Danois.
ACCRÉDITANT (a-kré-di-tan) part. prés,
du v. Accréditer.
ACCRÉDITATION s. f. (a-kré-di-ta-si-on —
rad. accréditer). Action d'accréditer auprès
d'un gouvernement étranger un délègue di-
plomatique, légat, nonce, ambassadeur, mi-
nistre plénipotentiaire, résident ou chargé
d'affaires, il Action de donner du crédit, une
"bonne réputation commerciale : L'exactitude
dans les payements contribue beaucoup à /'ac-
créditation d'une maison de commerce, il Le
mot crédit est plus usité, mais moins ex-
pressif.
ACCRÉDITÉ, ÉE (a-kré-di-té) part. pass.
du v. Accréditer). En crédit, en réputation,
en grand renom : Est-ce donc un prodige
fii'un sot riche et accrédité? (La Biuy.) Le
duc de Ilohan était le chef le plus accrédite
des huguenots. (Volt.) Ce livre puissant, mais
odieux, avait élevé M', de Chateaubriand au
rang des favoris les plus accrédités de la
Restauration. (Laroart.) J'ai vécu dans l'inti-
mité de plusieurs des femmes les plus accrédi-
tées de Paris. (H.Beyle.) Lepère de cette jeune
fille ne veut pour gendre qiiun homme accré-
dité, distingué dans le gouvernement. (A.
Duval.)
Il Qui trouve beaucoup de créance, en par-
lant des choses : L'opinion la plus accré-
ditée était que le ministère allait tomber. Il
voit l'iniquité dominante, l'indignité honorée,
accréditée, toute-puissante. (Bourdal.) La vé-
rité, pour s'établir sur la terre, a souvent eu à
combattre des erreurs accréditées, qui ont été
funestes à ceux qui l'ont fait connaître. (La
Place.) Ce que je viens de vous dire est une
histoire accréditée parmi les paysans. (G.
Sand.) Voi'W, suivant une opinion accréditée
et vraisemblable, quel est le dessein de la cour.
(Dulaure.) D'après une opinion accréditée
dans le xvue siècle, on voulait que les mots
français vinssent des mots italiens correspon-
dants. (Littré.) Hume regrettait la France, où
l'esprit philosophique lui semblait si accré-
dité. (Villom.) il Etayé, recommandé : It est
difficile de réfuter des erreurs accréditées
par l'opinion publique. (B. de St-P.) De puis-
santes démarches, accréditées du nom du roi
d'Angleterre, firent échouer le bill de l'Inde.
(Villem.)
— Chancell. Constitué légalement et offi-
ciellement. Se dit d'un agent diplomatique à
li lJoi
ACC,
raiii. Le maréchal Mortier venait d'être Accnè- I
dite comme envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire auprès de la cour de Russie.
ACCRÉDITER v. a. ou tr. (a-kré-di-tc —
rad. crédit). Mettre en crédit, on bonne répu-
tation, inspirer .la confiance : L'exactitude à
payer est ce qut accrédite le plus les commer-
çants. (Acad.) il Donner de l'autorité, rendre
Vraisemblable : Le raisonnement démontre la
vérité, mais il accrédite quelquefois l'erreur.
(Portalis.) Rien, n'accrédite plus les faux
iruits que le silence. (B. Const.) Vous-même,
vous aviez accrédité ce bruit. (Alex. Dum.)
— Fig. Mettre en vogue, propager : L'oisi-
veté engendre quelquefois les vices ; mais c'est
l'ignorance qui les accrédite et les perpétue.
(La, Bruy.)
— Comm. Accréditer un commissionnaire,
un voyageur, Leur ouvrir un crédit dans une
maison de banque ou auprès d'un correspon-
dant, pour une somme déterminée et quel-
quefois même illimitée.
— Chanccll. Donner des lettres de créance :
Oxenstiern fit Orotius ambassadeur de Suède
et /'accrédita auprès de Richelieu, (Lermi-
nier.) Demain, lord Strafford aura l'honneur
de remettre à Sa Majesté les lettres qui /'ac-
créditent en qualité d'ambassadeur extraor-
dinaire près du sultan. (Journ.)
S'accréditer, v. pr. Obtp.nir du crédit, de
l'influence, de la réputation : Ce marchand
commence à s'accréditer. (Acad.) Il savait
combien il lui était important, pour la conver-
sion des fidèles, de s'accréditer dans leurs
esprits. (Bourdal.) Ils n'emploient que trop
souvent l'imposture pour s'accréditer dans
l'esprit des peuples. (Barthél.)
— Fig. Se propager, obtenir créance : C'est
ainsi que l'erreur se sera accréditée. (Volt.)
Promulguées par le talent, accueillies par l'en-
thousiasme, les réformes se répandent, s'accré-
ditent, passent d'une littérature dans une au-
tre, et agissent sur les esprits .et les mœurs
bien des années avant d'être introduites par les
lois. (Villem.)
: . . . On dirait que pour s'accréditer
— Antonymes. Décréditer, discréditer.
accréditeur s. m. (a-kré-di-teur — rad.
accréditer). Comm. Celui qui donne sa garan-
tie en faveur d'un tiers pour une somme
quelconque.
ACCRÉMENTITIEL , ELLE adj. (a-kré-
man-ti-si-èl — rad. accrémentition). Physiol.
Nom donné par Burdach à un mode do géné-
ration que présentent un grand nombre de
végétaux et d'animaux inférieurs, et qui con-
siste en ce qu'une partie organique se dé-
tache de l'individu par lequel elle a été for-
mée et avec lequel elle ne faisait qu'un pri-
mitivement , pour constituer un nouvel in-
dividu et vivre d'une vie indépendante.
accrémentition s. f. (a-kré-man-ti-
si-on — du lat. accrementum, accroissement).
Physiol. Génération par accrémentition, Ge-
nèse d'éléments anatomiques se formant entre
ceux qui existent déjà et semblables à eux, à
l'aide d'un blastème fourni par les vaisseaux.
C'est do cette façon que le nombre des élé-
ments anatomiques augmente, et par con-
séquent que s'accroissent les divers tissus
_ dont l'ensemble constitue un organisme:
accrescent, ente adj. (a-krèss-san,
an-to — du lat. accrescens, qui croît). Bot. Se
dit des parties de la fleur autres que l'ovaire,
qui prennent de l'accroissement après la fé-
condation, comme dans les anémones et les
clématites.
ACCRÊTÉ, ÉE adj. (a-krê-té — rad. crête).
Qui est d'une fierté excessive : Cette fille était
si accrètée qu'elle n'eût point voulu traiter le
roi de cousin. (G. Sand.) il Ce néologisme ex-
pressif, que l'auteur met dans la bouche d'un
paysan, est pris par comparaison du coq, qui
porte fièrement la crête.
ACCRÉTION s. f. (a-krè-si-on — du lat.
accretio. accroissement). Action de croître, de
se développer. Quelques auteurs expriment
spécialement par ce mot l'accroissement par
juxtaposition, dans les minéraux. (V.' Ac-
croissement.) H S'emploie aussi comme syno-
nyme A' augmentation : Z'accrétion du poids
• d'un corps. (Dict. de la Conv.)
ACCROC s, m: (a^kro — rad. croc). Déchi-
:ure faite par ce qui accroche, comme clou ,
épine, etc. : Les hommes raccommodaient les
accrocs faits au décor. (G. Sand.) En déran-
geant une énorme et pesante table de bois
sculpté, j'ai fait un accroc au tapis. (A. Karr.)
Elle est toujours occupée à ranger et à déran-
ger son linge; le moindre accroc fait sa dou-
leur. (A. Houss.)
— Fig. Tache , souillure : Cette fille a fait
un accroc à sa réputation. Tous deux avaient
un même accroc à leur naissance. (Balz.) Il
faut lui apprendre à ne pas faire c/'ac'crocs à
l'honneur d'un gentilhomme. (Mérimée.) Les
moments où ils ne prient pas Dieu, ils les em-
ploient à médire de nous, et font de rudes
accrocs à notre renommée. (D.-Hinard.) il
Fam. Obstacle, embarras, difficulté impré-
vue : Je ne prévoyais pas tous ces accrocs.
Cette négociation allait bien , mais il est sur-
venu un accroc.
— Manuf. Partie dépolie d'une glace.
ACCROCHAGE s. m. (a-kro-cha-je — rad.
ACC
croc). Action d'accrocher, résultat de cette ac-
tion : Cet accrochage a été fâcheux. (Le-
goarant.)
— Techn. Opération qui, dans la fabrication
des châles, consiste à mettre la carte en con-
tact avec le métier.
accrochant (a-kro-chan) part. prés, du
v. Accrocher :
Nos braves s'accrochant se prennent aux cheveux.
accrochant, ANTE adj. (a-kro-chan,
an-to — rad. croc). Qui sert à accrocher, à
arrêter ; qui est muni d'aspérités crochues :
Clou accrochant. Machine accrochants.
— Bot. Se dit des surfaces .munies do pe-
tites aspérités : Tige accrochante.
ACCROCHE s. f. (a-kro-cho — rad. croc).
Agrafe, attache, croc. Pou usité.
— Fig. Difficulté, embarras : Il surviendra
quelque ACCROCHE.
ACCROCHÉ, ÉE (a-kro-ché) part. pass. du
v. Accrocher. Attaché, suspendu : Laine ac-
... Jux buissons, aux ronces du chemin.
matelots nageaient dispersés sur le
imense; les autres se tenaient accro-
cordayes. (Chateaub.) Une quantité
\ires étaient accrochées à la chemi-
Sue.) A l'arête d'un rocher était
roche le bonnet phrygien d'un des
matelots naufragés. (Alex. Dum.) Vous les
mangerez , s'écria-t-il en allant chercher son
sabre accroché près d'une des croisées de la
salle. (L. Gozlan.) Il avait trouvé un matin ,
accrochée au lit de sa femme, une montre an-
glaise. (H. Beyle.) il Absol. : Votrediamant est
mal accroché , il va tomber. (Balz.) Il Popul.
Mis au mont-de-piété: Il y a quinze jours que
sa montre est accrochée. Ah! ah! les bibelots
sont accrochés I (X. de Montépin.)
— Par oxt. Pendu , pendant à : Je vous ai
parlé d'un homme pendu à Kaleti: il y en avait
mon camp, sur le bord de la rivière. (V. Jacquo-
mont.) Il pensait que son fils pourrait demain
être accroché à une de ces potences. (E. Sue.)
On voyait encore flotter au loin quelques pans
de brouillards accrochés aux rameaux dé-
pouillés des grands arbres. (H. Castille.) il Ar-
rêté brusquement par un obstacle quelcon-
que : Robe accrochée à une ronce, à des épines.
il Arrêté par suite d'un choc, d'une rencontre :
Voitures accrochées au détour d'une rue.W
Fam. Se dit d'un importun dont on no peut se
débarrasser: Cet homme est accroché à moi.
Il Attaché par quelque passion :
Mais aux hommes par trop vous «tes accrochées.
Molière.
— Fig. Retardé , interrompu : Affaire , en-
treprise accrochée. Notre procès demeura
accroché jusqu'à l'hiver suivant. (St-Sim.) Ma
vie a été misérablement accrochée aux buis-
sons de ma route. (Chateaub.)
— Lqc pop. et prov. litre accroché à un
clou par terre, Se dit , par plaisanterie, d'une
chose qui est tombée et qui traîne à terre.
ACCROCHE-COCUR s. m. (a-kro-che-kcur).
Petite mèche de cheveux lissée, bouclée et
collée sur la tempe. C'est dans la toilette de
la femme un accessoire séduisant, d'où son
nom : Il trouva Catherine trônant déjà dans
son fauteuil de cuir d'Irlande, les cheveux lis-
sés et relevés , ses accroche-cœurs collés aux
tempes. (X. Saintine.) Ses longs cheveux bruns,
relevés sur les tempes, formaient, à la hauteur
de ses petites oreilles nacrées, deux accroche-
cœurs irrésistibles. (X. de Montépin.) Les
Muses aux accroche -cœurs provoquants se
drapaient dans des rideaux de calicot rouge.
(Pigalle. ) Des accroche -cœurs à suspen-
dre les amours de toutes les Espagnes. (Th.
Gaut.)
Sur mes nombreux adorateurs, •
Dirigea.
islan,
:s de parfun
ACC
teau. (G. Sand.) Occupée à .dégager sa longue i
çait lentement. (G. Sand.) il Heurter, arrêter, '
en parlant de voitures : Cette charrette, si
vous ne vous détournez, va accrocher votre
cabriolet. Il conduisit son cheval comme s'il
n'avait jamais mené; il accrocha des voitures
et il donna contre une borne dans la place
Louis-XV. (Balz.)
D'un carrosse en tournant il accroche une roue.
Boileau. •
il Saisir avec force r II accrocha une branche
pour ne pas tomber. Par tes évolutions de leurs
muscles, les reptiles accrochent les corps qu'ils
rencontrent. (Fén.l [l Entreprendre quelqu'un,
l'arrêter quand il passe: Sa rivale n avait
pas manqué de /'accrocher de conversation.
(Ilamilt.) Je vois arriver mon valet avec un nou-
veau quidamqu'il vient <f AcnROCHKR.(LoSage.)
Son père Raccrocha au passage, et, l'amenant
malgré elle, nous la' présenta. (G. Sand.)
— Fam. et pop. Mettre au mont-de-piétc :
.— Fig. Retarder, susciter des obstacles :
On a accroché cette affaire. Il Attirer à soi;
obtenir par ruse, par adresse : Il a accroche
une bonne place. En Italie , faire l'amour, ce
n'est pas, comme à Paris, accrocher un regard
ou un serrement demain. (H. Beyle.) Les filles
suivaient volontiers la compagnie de cette belle,
parce qu'il y pleuvait des garçons à choisir, et
que de tempsen temps elles raccrochaient un
mari pour leur compte. (G. Sand.)
il Gagner, contracter, recevoir par accident :
Il A accroché une mauvaise fièvre en Afrique.
Il a accroché là quelques bons horions.
— Mar. Aborder un vaisseau en y jetant
des grappins.
— Horlog. Arrêter le mouvement d'une
montre, d'une pendule.
S'accrocher, v. pr. Etre retenu par quelque
chose de pointu, de recourbé : Sa robe s'est
"""ochbb à un bouton de cuivre de la calèche
■st déchirée du haut en bas. (Balz.)
Par ext. :
ACC
61
Les atomes erraient dans u
Déclinant de leur route, ils
Durs, inégaux, sans peine i
se sont approchés ;
s se sont accrochés.
Il Se prendre par les roues : Les deux voit
se sont accrochées, il Se dit même' des con-
ducteurs : Deux routiers qui se sont accro-
chés se battent en s'invectivant. (A. Jallais.)
il Se retenir, se cramponner à quelque chose :
Il s'accrocha de la main au rebord de la
croisée , il se laissa tomber du premier étage.
(Alex. Dum.) Le frénétique rugit comme une
bête féroce et s'accrocha aux grilles de son
cabanon. (E. Sue.)
— Par anal. Tenit fortement à uno chose,
à une position :
du v. faire). Croire ce qui n'est pas vrai , co
qu'il ne faudrait pas croire: On lui fera ac-
croire toutes choses, dès qu'elles seront à sa ■
louange. (Bourdal.) Combien on fait Accnomt;
de choses au peuple! (Fén.) Vous abuse: une
infinité de personnes, en leur faisant accroire
que ces points sont essentiels à ta foi. (Pasc.)
Je le mène par le nez , et je lui fais accroire
ce que fc veux. (Regnard.) Je me hasarde à lui
faire accroire des choses qui n'ont ni queue
ni tête. (D.-Hinard.)
— En faire accroire à quelqu'un , Lui en im-
poser, le tromper : Ce n'est pas à moi.quevous
en ferez accroire. (Le Sage.) Oh! c'est un
chapitre sur lequel vous ne nous en ferez pas
accroire, (Ch. Non.) ■Prêtés l'oreille aux scé-
lérats, ils voudront vous en faire accroire.
(H. Riganlt.)
S'en faire accroire , v. pr. S'enorgueillir,
présumer trop de soi-même , s'attribuer' des
qualités, des avantages que l'on n'a pas : // a
quelque mérite, mais il s'en fait accroire.
(Acad.) 0 monde si fragile et si insensé! est-ce
à toi de t'en faire accroire? (Fén.) Les hom-
mes ont bien des manières de se vanter et de
s'en faire' accroire à eux-mêmes. (Ste-Bcuvé.)
On ne peut parvenir qu'on ne s'en fasse accroire.
La Chaussée.
Alors que le chef est absent,
Maître valet l'en fait accroire. ^
ACCROISSANCE s. f. (a-kroi-san-se — rad.
croissance). Augmentation :
L'amour est faible a sa naissance.
Mais le temps lui donne accroissancc.
Desportes.
ACCROISSANT (a-kroi-san) part. prés, du
ir liu'mi
e Ter
it détaché.
deux accroche-cœurs.
Th. Gautier.
— En accroche-cœur, En forme d'accroche-
cœur: Il avait les cheveux tournés en accroche-
cœur sur les tempes, et un cachet de montre en
cornaline sur le ventre. (A. Karr.) De leur tète
pendaient deux nattes de cheveux que termi-
nait une mèche aiguisée EN accroche-cœur.
(Th. Gaut.)
ACCROCHEMENT s. m. (a-kro-che-man —
rad. croc). Action d'accrocher, de s'accrocher;
état d'une chose accrochée : L'accrochkment
de deux voitures.
— Fig. Difficulté, embarras : Il surviendra
bien des accrochements avant que cette affaire
soit terminée.
— Horlog. Vice de l'échappement qui fait
arrêter une montre, une pendule.
ACCROCHER v. a. ou tr. (a-kro-ebé -
croc). Attacher, suspendre à un croc,
crochet , à un clou : Ce sont des tablettes et
bois que l'on accroche à tous les coins de rue
la veille des exécutions. (Alex. Dum.) Un Ita-
lien qui aime un tableau Raccroche en face de
son lit, pour le voir en s'éveillant. (H. Beyle.)
Mon fils n'a pas voulu que le cocher descendit,
et a mis pied à terre pour accrocher le trait.
(Balz.) Il Par ext. Pendre : Là populace en
furie se rua' sur lui, puis Raccrocha à la lan-
terne, il Retenir par quelque pointe crochue :
Une branche avait accroché le bas de son man-
— Fig. Poursuivre quelqu'un avec impor-
tunité ; s'attacher à lui , à sa fortune : Il ne
savait où donner de la tête , il' s'est accroché
à ce grand seigneur. (Acad.) Les Flamands
s'accrochaient aux Italiens pour plaire à la
reine. (St-Sim.) Cette âme simple ne cherche
?'u'à s'accrocher à tout ce qui l'environne.
J.-J. Rouss.) Puis le baron, auquel il essaya
de s'accrocher, le guettait du coin de l'œil, et
l'évita constamment. (Balz.) il Dans ce sens, se
dit aussi des choses : Vous pouvez croire qu'en
agissa?it ainsi je veux m'accrochbr à l'affaire ;
non , non , madame. (Balz.) Il s'accroche à ce
mariage comme à une planche dans un nau-
frage. (Balz.)
— S'accrocher à tout, Faire tous sos-efforts
pour se tirer d'affaire, au prop. et au fig. : Une
personne qui se noie s'accroche à tout ce
'qu'elle trouve, même à des ronces et à des épines.
(Boss.) L'amour-propre s'accrochb à tout.
(Boss.) Nous tenons à tout, nous nous accro-
chons h tout. (J .-B. Rouss.) Je m'ennuie , je
m'accroche X tout ce que je peux. (M'nc du
DelTand.)
— Mar. Se saisir avec des grappins d'abor-
dage, en parlant des vaisseaux.
— Antonyme. Décrocher.
ACCROCHEUR s. m. (a-kro-cheur — rad.
croc). Ouvrier qui a pour fonction d'accrocher
certains objets dans les travaux à la méca-
— Fam. Se dit d'une personne qui accroche,
qui obtient quelque chose par ruse, par
adresse : Un accrocheur d'argent.
— Techn. Outil qui sert à retirer les por-
tions de sonde brisées dans le creusement des
puits artésiens. Il Cloche rf'aceroc/ieur, Ecran
conique qui n'est autre chose qu'un appareil
à tarauder.
accrocheuse s. f. (a-kro-cheu-ze — rad.
croc). Néol. Nom donné ironiq. à des femmes
du demi-monde, qui conduisent elles-mêmes
■ leur équipage sur les boulevards et au bois
de Boulogne, et qui ? peu habiles dans l'art
de diriger un cheval, accrochent souvent les
autres voitures.
ACCROIRE v. a. ou tr. (a-kroi-re — do a et
do croire, pris dans un sens défavorable :
usité qu'à l'infinitif, et
t toujours précédé
accroissement s. m. (a-kroi-so-man —
rad. accroître). Action décroître, de pousser;
augmentation de la masse d'un corpspar l'ag-
glomération de nouvelles molécules consti-
tuantes : L'accroissement des plantes. Plus
ces membres croissent et se fortifient, plus le
corps prend (/'accroissement et acquiert de
force. (Bourdal.) Les chiens prennent en moins
d'un an leur accroissement e)i7oji<ji<c!(»\(Burf.)
Chaque espèce a sa durée particulière d'\c-
croissement. (Flourens.) Les branches d'.un
grand arbre concourent pour constituer sa force
et pour assurer son accroissement. (Biot.)
— Par ext. Augmentation, agrandissement
en hauteur, en étendue, on poids : Comment
pourrions-nous, sans ce secours, porter un si
grand accroissement de fardeau! (Boss.) Le
Nil doit son accroissement à des nuages qui,
retombant en pluie, occasionnent sa crue pério-
dique. (Rayn.) il Augmentation en nombre :
Il se produic:t un grand et soudain accrois-
sement dans le nombre des petits proprié-
taires. (Ch. Dup.) il Augmentation do terri-
toire, de fortune, de richesses, etc. : Les ac-
croissements successifs de la Russie éveil-
lèrent l'attention des puissances occidentales.
Associez-vous les pauvres, partagez avec eux
/'accroissement de votre fortune. (Mass.)
L'accroissement général de la richesse im-
plique la hausse permanente du salaire. (E. do
Gir.) Le revenu ne peut s'accroître que par
/'accroissement du fonds productif. (Prouuh.)
Le progrès populaire suppose avant tout /'ac-
croissement de la production. (Mich. Chev.)
— Fig. et moral : // n'y a chez les animaux
ni accroissement ni diminution d'intelligence.
(Chateaub.) Vous pouvez mesurer f accroisse-
ment et la décadence des peuples sur la sévé-
rité ou sur la dépravation de leurs mœurs.
(Ségur.) Le protestantisme n'est pas V:
sèment du christianisme , U en est la
tion. (le P. Félix.)
— Encycl. Hiet. nat. 1.' accroissement est
l'augmentation de volume et de poids que pré-
sentent les corps par suite do l'addition de
nouvelles molécules à leur niasse primitive.
C'est un phénomène commun aux corps bruts
et aux êtres organisés. Minéraux , végétaux ,
animaux, s'accroissent en certaines circon-
stances, et offrent aux yeux un semblable
agrandissement. Mais le mode d'accroissement
des minéraux est très-dilférent de celui des
végétaux et des animaux. Le minéral s'accroit
par juxtaposition, c'estrà-dire par la superpo-
sition extérieure de nouvelles couches. Cet ac-
croissement, aussi nommé par acérétion, n'est
déterminé que par des circonstances exté- '
rieures à. l'être ; borné seulement par le hasard,
il est illimité en étendue et en durée. Au con-
traire, le végétal et l'animal s'accroissent p
intussuscéption, c'est-à-dire par absorption d
matériaux qu'ils puisent dans le monde exté-
rieur, et qu'ils assimilent et incorporent u leur
propre substance. Ce -mode d'accroissement,
essentiellement actif, est soumis à des lois
constantes et renfermé dans certaines limites
pour l'étendue et la durée. Il y a deux diffé-
rences essentielles entre l'accroissement des
végétaux et celui des animaux : 1" L'accrois-
sement des animaux présente, pour chaque
espèce, bien moins de variations que celui des
végétaux, parce qu'il est beaucoup plus indé-
pendant des circonstances extérieures ; 2°'le
végétal s'accroit pendant toute la durée do sa
vie, tandis que 1 animal, après avoir acquis
un certain volume, cesse de s'accroître. Les
naturalistes reconnaissent que l'accroissement
des êtres vivants est en général soumis aux
«Jeux lois suivantes : 1° la vitesse de l'accrois-
sement est en raison inverse de l'âge; î° 1»
vitesse et la durée de l'accroissement sont
proportionnelles à la durée de la vie. Il est
■it est la diminu-
In Ses
62
ACC
impossible d'ailleurs de déterminer les causes
qui règlent dans chaque espèce l'étendue, les
F hases particulières et la durée générale de
accroissement.
— Jurispr. On appelle droit d'accroissement
le droit en vertu duquel des légataires re-
cueillent comme venant se réunir aux leurs(
les portions de ceux de leurs colégataires qui
ne peuvent les recueillir ou qui y renoncent.
Le droit d'accroissement ne peut être invoqué
que lorsque le legs a été fait à plusieurs con-
jointement. D'après le Code civil, le legs est
fait conjointement lorsqu'il l'est par une seule
et même disposition, et que ie testateur n'a
pas assigné la part de chacun des colégataires
dans la chose léguée, ou bien quand une chose
qui n'est pas susceptible d'être divisée sans
détérioration a été donnée par le même acte
à plusieurs personnes, même séparément.
— Ane. droit. Accroissement légal an faveur
de l'aîné, Se disait en Bretagne du droit ac-
cordé à l'aîné des enfants sur la portion du sa
sœur mariée à moindre part, ou de son frère,
qui se faisait religieux. —Accroissement, Droit
par lequel une chose, une valeur, un fonds de
terre, accroissent au profit du propriétaire.
— Mathém. Augmentation que reçoit une
quantité variable. Si l'accroissement est fini,
il prend le nom do différence et se désigne
par a; s'il est infiniment petit, on l'appelle
différentielle, et il s'exprime par le signe d.
Les accroissements des fonctions ont des lois
Earticulières qui sont l'objet d'une branche de
i science des nombres, nommée calcul des
différences.^
ACCROÎT s. m. (a-kroi — rad. accroître).
Accroissement, augmentation d'un troupeau,
il En parlant d'une plante, Action de croître :
Il bordera ses allées d'arbres, de ceux gui se-
ront de plus facile accroît, et du plus grand
profit et plaisir. (Oliv. do Serres.) Vieux mot.
ACCROÎTRE v. a. ou tr. (a-kroî-tre — du
lat. accrescere, croître. — J'accrois, tu accrois,
il accroît, nous accroissons, vous accroissez, ils
accroissent; j'accroissais, nous accroissions;
j'accrus, nous accrûmes ; j'accroîtrai, nous ac-
croîtrons; j'accroîtrais, nous accroîtrions ; ac-
crois, accroissons; que j'accroisse, que nous
accroissions ; que j'accrusse, que nous accrus-
sions; accroissant ; accru, accrue). Augmenter,
agrandir, donner de l'extension : Accroître
son bien, ses domaines, Flandre, saurais accru
le nombre de nos provinces. (Fléch.) Un mau-
vais gouvernement est celui gui accroît le
nombre des pauvres. (E. do Gir.) J'ai signalé
quelques-uns des abus qui ont accru les dé-
penses publiques. (J.-B. Say.)
La mort ravit tout sans pudeur;
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
La Fontaine.
— Fig. Ajouter à, dans le sens moral : Ac-
croître son influence, sa puissance. Ils n'ou-
blièrent rien pour accroître leur servitude.
(La Bruy.) Par une faiblesse, une femme ac-
croît tous ses maux et n'en évite aucun.
(Mme Cottin.) La misère accroît l'ignorance,
l'ignorance accroît la misère. (M"'" de Staël.)
La science accroît incessamment la puissance
de l'homme. (Lamcnn.) Le développement ma-
tériel de la société accroîtra le développement
des esprits. (Chateaub.)
— v. n. ou intr. (se conjugue avec être ou
avoir. V. accru). Aller en augmentant, de-
venir plus grand, plus étendu : Son bien, son
revenu accroît tous les jours. (Acad.) Sou avi-
dité accroît avec sa richesse. (Littrê.-)
— Jurispr. En parlant d'uno portion d'hé-
ritage, d'un legs, Incomber, revenir à quel-
qu'un par la mort ou l'absence d'une autre
personne : Entre colégataires, la portion de
l'un accroît à l'autre. (Acad.)
S'accroître , v. pr. Se développer , s'a-
grandir, s'augmenter : D'énormes sommets de
glace qui s'accroissent incessamment couvrent
cette partie des Alpes. (J .-J . Rouss.) Les végé-
taux, comme tous tes animaux, s'accroissent
dans tous les sens. (D'Orbigny.) Le nombre des
petits propriétaires a continué de s'accroître
par la diffusion des richesses. (Ch. Dupin.)
Mes ans se sont accrus, mes honneurs sont détruits.
Racine.
— Figî et moral : Mon désespoir semblait
s'accroître par les consolations qu'on voulait
me donner. (M»ic do Tencin.) Il n'avait pas vu
sans effroi cette liaison , et sa rage sourde s'en
était accrue. (Balz.) Le bonheur de l'âme
sensible s'accroît de ce qu'elle retranche au
malheur d'autrui. (PelH-Scnn.) Le propre de
!a volonté humaine est de s'accroître par l'ac-
tion. (J. Sim.) Laperfection humaine s accroît
avec l'empire de la raison. (Laténa.) La corrup-
tion de ta presse s'est accrue en raison directt
— Hist. nat. Se multiplier ; suivi de la prép.
par : Des polypiers s'accroissent par bour-
geonnement. (Milnc- Edwards.) Ce polypier
s'accroît par gemmation basale irrégulière.
(Milne-Edwards.)
— Syn. Accroître, agrandir, augmenter.
On se sert d'agrandir lorsqu'il est question
d'étendue ; lorsqu'il s'agit de nombre, d'éléva-
ACC
tion ou d'abondance, on se sert d'augmenter.
On agrandit une ville, une cour, un jardin ;
on augmente le nombre des citoyens, la dé-
pense, les revenus. Le premier regarde par-
ticulièrement la quantité vaste et spacieuse •
le second a plus de rapport à la quantité
multipliée. Ainsi l'on dit qu'on agrandit la
maison quand on lui donne plus d'étendue par
la jonction de quelques bâtiments élevés sur
les côtés ; mais on dit qu'on l'augmente d'un
étage ou de plusieurs chambres.
Accroître peut s'employer presque partout
où l'on mettrait agrandir ou augmenter; c'est
le mot général, qui renferme en lui les deux
autres. Augmenter, c'est accroître en nombre;
agrandir, c'est accroître en étendue.
— Antonymes. Amoindrir, décroître, dimi-
nuer, réduire, restreindre.
ACCROUFETONNER (S") v. pr. (a-krou-
pto-né — rad. croupetons). Se mettre à crou-
petons, s'accroupir : S'accroupetonner au
pied d'un mur. il Ce néologisme si expressif
a été employé par Ch. Nodier et .d'autres
écrivains.
ACCROUPI, IE (a-krou-pi) part. pass. du
v. Accroupir. Assis sur la croupo , sur les ta-
lons : Bile alla fermer la fenêtre auprès de la-
était accroupi à l'angle du divan. (Lamart.)
Là vous voyez des groupes de femmes agenouil-
lées ou accroupies sur leurs talons, qui prient
et s'éventent avec ferveur. (Th. Gaut.) En ce
moment la mère, accroupie sur le pavé, ouvrit
tout à fait les yeux. (V. Hugo.)
La vieille, accroupie au foyer,
Laisse choir le fuseau, cesse de babiller.
Desportes.
Il En parlantdes animaux, assis.sur la croupe :
Le cheval, accroupi sur le bord de l'abîme, ne
s'y tenait plus qu'à force de reins. (Chateaub.)
On voit çà et là des buffles accroupis entre les.
herbes , baissant la tête sous le passage du
siroco. (St-Marc Gir.) On ne voyait pas son
pied, la petite chèvre était accroupie dessus.
(V. Hugo.) il En parlant des plantes, rampant,
traînant à terre : Les cactus trapus, accroupis
dans les coins ou rangés en haies, amoncellent
confusément leurs raquettes épineuses. ( E.
About.)
— Fig. Se dit des choses placées de ma-
nière à perdre de leur hauteur, quand on les
regarde dans une certaine position : La com-
pagnie se promenait sur la terrasse le long de
la rivière, en regardant les détails si jolis des
maisons accroupies sur l'autre rive. (Balz.) On
s'arrêta pour dîner à un petit village accroupi
au pied de la montagne. (Th. Gaut.)
— Blas. Se dit du lion et des autres ani-
maux quand ils sont assis. Famille Valhause-
rin ; d azur, à la licorne accroupie d'argent.
— Se dit aussi des lapins et des lièvres, qui
sont ramassés, ce qui est leur position ordi-
naire lorsqu'ils ne sont pas courants.
accroupir v. a. ou tr. (a-krou-pir — rad.
croupe). Mettre dans la posture d'un individu
accroupi; représenter un personnage accroupi :
L'artiste fait dans une poussière d'or, sous un
ciel de lapis, courir les chevaux de l'Hedjaz et
trotter à l'amble les chameaux difformes , ou
bien il accroupit un Turc fumeur, dans un de
ces cafés de Smyrne que hante l'hirondelle.
(Th. Gaut.) il Cette forme active est rarement
employée.
S'accroupir, v. pr. S'asseoir le derrière ap-
puyé sur les talons : J'allai m'accroupir dans
un coin du jardin pour y rêver. (Balz.) Claude
s'accroupit donc dans la poussière et dans les
plâtras qui s'écrasaient sous lui. (V. Hugo.) La
vieille -s accroupit auprès du feu. (Littré.) Il
vint sans façon s'accroupir à mon coté. (E.
About.)
lèvent une jambe pour uriner lorsqu'ils
adultes ; quand ils sont jeunes, ils "'
sent comme les femelles. (Buff.)
rad. accroupir). Etat, position d'
personne accroupie, d'un animal assis, sur la.
croupe : /.'accroupissement du chien.
— Fig. Affaissement moral, abrutissement :
Voyez ce satrape se vautrer dans son accrou-
pissemkkt , et s'imaginer que tout autour de
lui est heureux, parce qu'il est (jorijé d'hon-
neurs, déplaisirs et de richesses. (Virey.) /
ACCRU, ue (a-kru) part. pass. du v. Ac-
croître. .Augmenté, étendu, agrandi : Leurs
connaissances , accrues par des liaisons si in-
times, s'augmentèrent encore par le commerce
des nations voisines. (Barthcl.) Sa fortune,
accrue de plusieurs héritages, se montait,
dit-on, à soixante mille livres de rentes. (Balz.)
Le bien-être serait accru dans des proportions
inespérées... (Mich. Chev.)
ACC
Son bien a considérablement accru. (Lav.);
avec l'aux. être quand on veut marquer l'é-
tat, le résultat de l'action : Son bien est au-
jourd'hui considérablement accru.
ACCRU s. m. (a-kru — rad. accroître).
Hortic. Rejeton produit par les racines : La
prescription de trente ans s'étend aux accrus,
et fait reconnaître comme acquis au proprié-
taire d'un arbre, le terrain sur lequel des ac-
crus de cet arbre ont rejeté pendant cet espace
de temps. (Encycl. moa.)
ACCRUE s. f. (a-krû — rad. accroître).
Augmentation que reçoit une forêt, par suite
do l'extension sur le terrain voisin des racines
de ses arbres. Il Augmentation d'un terrain
par la retraite insensible des eaux ou par
attorrissement.
— s. f. pi. Pêche et chasse. Boucles que l'on
fait aux filets , pour servir de mailles , afin
d'augmenter la largeur de ce filet.
ACCUBiTEURs. m. (a-ku-bi-teur — du lat.
accubitus, couché). Hist. Chambellan des em-
pereurs d'Orient, qui couchait auprès du
prince, pour îa sûreté de sa personne.
accubitoiRE s. m. (a-ku-bi-toi-re). Ant.
Chez les Romains, Salle à manger où il y
avait trois litâ, sur chacun desquels se pla-
çaient trois convives.
ACCUEIL s. m. (a-keull; Il mil. — vad.'ac-
cucillir). Réception que l'on fait à quelqu'un
par qui l'on est abordé : L'homme en place
doit avoir la force d'adoucir ses refus par un
accès facile et par un accueil favorable. (Fléch.)
Voulez-vous connaître le cœur d'un homme, ob-
servez /'accueil que lui font ses égaux. (Boiste.)
J'affrontai /'accueil revèche de sa sœur. (G.
Sand.) Vous avez raison, M. Charles a un ac-
cueil peu aimable. (F. Soulié. ) J'aime les
bons accueils, moi, ils épanouissent les visages,
et ceux qui m'encourent me paraissent alors
beaucoup moins laids. (Alex. Dum.)
Quel est Fdtrange accueil qu'on fait a votre père!
Faisons a tout le monde un accueil favorable :
il Employé sans adjectif, se prend en bonne
ou en mauvaise part : Il reçut /'accueil qu'on
devait à son nom et à sa renommée. (Volt.) Il
est impossible de trouver plus <J'accueil et plus
d'hospitalité. (Lamart.) Je quittai Turin, com-
blé de leur accueil. (Lamart;)
Vouane me dites rien? Quel accueil! quelle glace!
... Je n'attendais pas l'accueil qi
Il Faire accueil, Faire une réception agréable,
gracieuse : Ce prince fait accueil à tous ceux
qui vont chez lui. (Acad.) Jl s'était résigné à
eairb accueil' aux mauvais-amis de son fils.
(G. Sand.)
Combien de fois, dupe de son oreille,
A de sots vers n'a-t-on point fait accueil!
Le Brun. .
Il L'expression faire accueil est souvent ac-
compagnée de correctifs qui lui donnent un
tout autre sens : Le légat nous reçut si mai-
grement et nous fit si peu d'accueil, que le
soir nous ne pouvions assez témoigner le res-
sentiment que nous avions de ce mépris. (Bas-
sompierre.)
— Comm, Faire accueil ou faire bon ac-
cueil à une traite , L'accepter ou la payer à
échéance. C'est la formule dont on se sert en
donnant avis de la présentation d'une traite
ou d'une lettre de change.
parlant, marchant, accueillant et congédiant
d'une certaine façon. (G. Sand.)
accueillant, Ante adj. (a-koull-ant ,
an-te; Il mil. — rad. accueil). Qui fait bon ac-
cueil : Le duc de Berry était le plus beau et le
plus accueillant des trois frères. (St-Sim.)
j)/"ic de Rambouillet était bonne, douce, bien-
faisante et accueillante. (Segrais.) Il trouva
tous ses parents aimables et accueillants, tant
qu'il ne se produisit pas en solliciteur. (Balz.)
Monsieur, je n'ignore rien de ce qui vous rend
si peu accueillant pour les gens qui peuvent
—Par est. Se dit des choses, de l'air, des
manières : Il me reçut d'un air plus accueil-
lant, plus a/fable que de coutume. (Lamart.)
Elle me parut exécuter une sévère consigne, que
d'ailleurs les façons rèches et peu accueil-
lantes de ses parents me laissèrent facilement
supposer. (Balz.) ■
ACCUEILLI, IE (a-keull-i, î; Il mil.) part,
pass. du v. Accueillir : Tout homme qui se
présentait chez elle avec l'adulation sur les
lèvres était sur d'être accueilli avec recon-
naissance. (G. Sand.) Les premières plaintes de
l'Amérique furent accueillies par la géné-
reuse intervention de Burke. (Villem.) Il l'ac-
cusa d'avoir tué son mari par le chagrin; il
parla même de poison. Mais cette accusation
fut accueillie par un murmure universel d'in-
dignation. (A. Houss.)
. . Chi
ACC
— du lat. ad, à; colligere, cueillir. — J'ac-
cueille, tu accueilles, il accueille, nous accueil-
lons, vous accueillez, ils accueillent. Taccueil-
lais , nous accueillions. J'accueillis, nous ac-
cueillîmes. J'accueillerai, nous accueillerons.
J'accueillerais, nous accueillerions. Accueille,
cueillissions. Accueillant, accueilli, te). Rece-
voir une personne qui nous aborde ou qui se
présente chez nous ; lui faire accueil. Ce verbo
est ordinairement accompagné d'un adverbo
ou d'une locution adverbiale qui le modifie
et en détermine le sens : Accueillir bien ou
mal. Il m' accueillit avec bonté. On ne /'a pas
très-bien accueilli. Elle m'A fort mal ac-
cueilli. On accueille avec prudence l'homme
qu'on devrait éconduire avec mépris. (Malesh.)
Vous me vouliez du bien; vous m'ACCiiEiLLÎTES
d'une façon qui ne pouvait être trompeuse.
(P.-L. Cour.) Elle /'avait accueilli avec une
politesse bienveillante. (G. Sand.) Le comte
n'était pas homme à accueillir froidement un
homme chargé d'or. (G.Sa.nd.) Les soldats m' ac-
cueillirent de leurs acclamations. (Lamart.)
Il Se dit, dans le même sens, des animaux :
Won chien flaire le pauvre, et l'accueille avec joie.
Lamartine.
— Quand il n'est pas accompagné d'un ad-
verbe ou d'une locution adverbiale, il se prend
toujours en bonne part., et signif. Faire bon
accueil : Un honnête ecclésiastique m' accueil-
lit ; j'eus de l'emploi, je devins laquais, se-
crétaire. (J.-J. Roussj Le dur. de Bourgogne
/'accueillit. (Volt.) Il écoute les mécontents,
il les accueille , il les caresse. (Marmontel.)
Je le saluai; il m' accueillit, car c'est le meil-
leur homme du monde. (P.-L. Cour.)
— Se dit aussi avec un nom do chose pour
complément : // accueillit favorablement ces
propositions. C'est le vide de l'esprit qui fait
accueillir si facilement tous les préjugés et
toutes les bagatelles. (M"'« d'Epinay.) L'orgueil
repousse le doute, et la raison /'accueille.
(Lévis.) La société accueille assez bien le
vice quand le scandale ne s'y trouve pas. (B.
(Const.) La mode est aujourd'hui «/'accueil-
lir la liberté d'un rire sardonique. (Chateaub.)
// «'accueillit pas très-bien la familiarité du
chevalier. (G. Sand.) Un cri unanime d'admi-
ration accueillit cette œuvre savante. ( G.
Planche.) L'imagination populaire accueille
les bruits les plus étranges. (Thiers.)
— Par ext., avec un nom do chose pour
sujet, Surprendre, fondre sur, en parlant dos
accidents fâcheux : La tempête les accueillit.
La misère, la pauvreté, tous les malheurs du
monde /'ont accueilli. (Acad.)
S'accueillir, v. pr. Etre accueilli, être reçu :
Les honneurs s'accueillent toujours bien, il
Réciproq. : Ils se sont bien accueillis. Ils se
sont accueillis froidement.
— Antonymes. Chasser, éconduire, exclure,
expulser, fermer sa porte, rebuter, rejeter,
d'être ai
:eilli,
peut à to
frapper i
Pons
.— Par ext. et iron. ; Etre accueilli par
une averse, par un orage. Le détachement, en
approchant du bois, fut accueilli par une dé-
charge de coups de fusil. (Acad.) .
ACCUEILLIR v. a. ou tr. (a-keull-ir; // mil.
ACCUL s. m. (a-kull — de a et cul), [..ion
étroit et sans issue, d'où l'on ne peut sorti:
qu'en rovenant sur ses pas : Ceux qui pour-
— Chass. Fond du terrier, où les chiens
poussent les renards , les blaireaux , etc. :
Quand on voit que le renard est à /'accui. ,
avant de lâcher les bassets, il faut savoir où
sont les acculS. Il Etre à l'accul, Etre acculé.
— Mar. Petit enfoncement do la mer, moins
ouvert qu'une baie et pouvant servir de re-
fuge à des navires.
— Artill. Piquets que l'on enfonce en terre
Sour empêcher le recul du canon après la
écharge.
ACCULANT (a-ku-lan) part. prés, du v. Ac-
culer : Nos soldats, acculant les ennemis contre
le précipice, les forcèrent de déposer les armes.
ACCULÉ, ÉE (a-ku-lé) part. pass. du v.-
Acculer. Mis dans l'impossibilité de recu-
ler : Un renard, un blaireau acculé. Les
truands, acculés à Notre-Dame, se défendi-
rent en désespérés, (V. Hugo.) Là se trouvè-
rent refoulées, acculées, les populations atta-
quées depuis plusieurs jours au sud, à l'est et
au nord. (E. Sue.)
— Fig. Réduit à un parti extrêmo , poussé
à bout : La comtesse de Boncy- me répondit ,
s de sa colère, qu'enfin
nt général, et que son
l'était pas. (St-Sim.) Pour lui, l'option
à laquelle il se sentit acculé n'était pas dou-
teuse. (Balz.) Mais se voyant ainsi acculé, le
domestique lève l'étendard de la révolte. (Balz.)
— Prov. Se défendre comme un sanglier ac-
culé, Se défendre vigoureusement.
— Mar. Se dit de la courbure des varangues
d'un vaisseau : Les varangues- sont d'autant
plus acculées, qu'elles s'éloignent de la mai-
tresse varangue, qui est droite. (Montferr.)
— Blaï. Se dit du cheval et de quelques au-
tres animaux cabrés, renversés en arrière,
de manière qu'ils portent ou semblent porter
sur le derrière. — Se dit aussi de doux canons
posés sur leurs affûts, la bouche tournée d'un
cote opposé : tels étaient ceux que le granô
maître de l'artillerie mettait au-dessous de
ses armes comme marque de sa dignité.
ACCULÉE s. f. (a-ku-lé — rad. accul). Mar.
Action d'un navire qui frappe la mer avec sa
poupe : Un bâtiment mal balancé, dont les os-
cillations de la vroue ne sont pas coordonnées
ACC
avec celles de la poupe, peut faire des ,
très-vives lorsqu'il est étalé ou lorsqu'il marche
vers l'arrière. (Encycl.)
ACCULEMENT s. m. (a-ku-le-man — rad.
accul). Etat de ce qui est acculé, au propre et
au fig. : Z/acculement d'une voiture. Z'accu-
i.ement des ennemis, des insurgés.
— Mar. Courbure dos varangues ou pre-
mières pièces de bois qui composent le sque-
lette d'un bâtiment : Z'acculement des va-
rangues est la distance perpendiculaire de
l'extrémité des varangues au plan prolongé de
la partie supérieure de la quille. (Monlferr.)
— Manég. Mouvement précipité du cheval,
marchant en arrière, la croupo contractée et
l'encolure tendue.
ACCULER v. a. ou tr.(a-ku-lé— rad. accul).
Pousser dans un endroit où l'on ne puisse plus
reculer: Les chiens avaient acculé le sanglier.
Le prince d'Orange se retrancha à la hâte, et se
repentit bien de s'être laissé acculer si promp-
tement. (St-Sim.) Kray résolut de se porter dans
le flanc de l'ennemi, et de ('acculer entre le bas
Adige et la mer. (Thicrs.)
— Par ext. Repousser, reléguer : Notre so-
ciété chasse devant elle la société sauvage, et
accule aux extrémités du globe ces peuplades
barbares. (Bonald.) Je ne puis plus rien, vous
oi'avez acculé dans le dernier trou de l'enfer.
(Balz.) . '
— Fig. Mettre dans l'impossibilité de ré-
pondre, d'agir : Cet argument imprévu ('accula
et le réduisit au silence. Il est facile (('acculer
un menteur. Ce manège, tout faux qu'il fât,
m'ACCULAiT de façon a ?ie pouvoir plus reculer.
(St-Sim.)
, — Manég. Amener le cheval à l'acculement.
, :s fonds trop évid es,
trop fins , enfonce beaucoup l'arrière dans la
mer. alors il accule, il reçoit des secousses
plus ou moins sensibles. (Willaumez.)
— Aller à cul, porter à cul, on parlant d'une
voiture dont l'arrière est trop chargé.
S'acculer, v. pr. Se ranger, se retirer dans
un coin, contre un mur, pour se défendre et
a être pas pris par derrière : Ce brave s'est
acculé contre une muraille pour n'être pas en-
veloppé par les ennemis. (Trév.) Le sanglier
s'était acculé contre un arbre. (Trév.)
— Absol. S'accroupir pour faire un bond,
prendre son élan : Milady poussa un rugisse-
ment sourd et se recula da?is l'angle de la
chambrc,commeunepanthèrequis'ACcvi.Epour
s'élancer. (Alex, Dum.)
— Fig.Se fourvoyer, se réduire à l'im-
possibilité de répliquer à son adversaire :
Ce qui m'a paru plaisant en ceci, c'est de les
voir s'acculer eux-mêmes par leurs propres so-
phismes. (J.-J. Rouss.)
— Mar. Se dit d'un navire qui s'enfonce trop
au tangage vers sa partie postérieure : Le
navire fit un mouvement de l'arrière comme s'il
s'acculait. (B. de St-P.)
— Manég. Se dit d'un cheval qui se jette sur
sa croupe quand on veut le faire reculer, ou
qui se jette brusquement sur les jarrets au
moment où on l'arrête.
ACCUM (Frédéric), chimiste allemand, né
dans la Wcstphalie prussienne, en 1769. mort
à Berlin, en 1S3S. Il professa la chimie et la
physique expérimentale à Londres, et fut le
premier qui appliqua en grand le systèi
liglds, Londres, 1815, réimpr. plusieurs
ngas
s, de
ACCUMULATION s. f. (a-ku-mu-la-sï-on —
lat. accumulaiio, môme sens). Action d'accu-
muler, d'entasser ; résultat de cotte action :
Nous n'avons jamais nié que ('accumulation du
capital ne fût nécessaire pour imprimer le mou-
vement à l'industrie de l'homme. ("Sismondi. )
Certains volcans ont formé, par une accumu-
lation lente, ces énormes pics qui servent au
loin de guide aux voyageurs. (M.-Brun.)
. — Fig. et par ext. Profusion, entassement :
Accumulation.^ phrases, de mois, de preuves,
de titres. Une certaine accumulation de vices
rend une révolution nécessaire. (J. deMaistre.)
L'imagination ne reste-t-elle pas épouvantée
à Vidée d'une telle accumulation d'impos-
sibilités? (Balz.) Prrrrrrr! Cette railleuse
accumulation de consonnes servit de réponse à
la provocation du général. (Balz.)
— Physiq. Condensation', plus grande in-
tensité d'une chose sur un point ou dans un
r lieu donné : Accumulation d'électricité, de
. :kaleur, de vapeur, etc. .
~ Jurispr. Accumidation de droit,- Produc-
tion de titres probants, alors que lo droit est
déjà suffisamment prouvé.
— Rhét. Figure qui consiste à rassembler
dans une même phrase, sous une même forme
et dans le même mouvement, un grand nom-
bre de détails qui développent l'idée princi-
pale. Voici un bel exemple ^'accumulation,
emprunté à Massillon : a'L'ambiticux ne jouit
de rien; ni de sa gloire, il la trouve obscure;
ni de ses places, il veut monter plus haut; ni
de sa prospérité, il sèche et dépérit au milieu
de son abondance ; ni des hommages qu'on lui
rend, ils sont empoisonnés par ceux qu'il est
obligé de rendre lui-même ; ni do sa faveur,
ACC
elle devient amèro dès qu'il faut la partager
avec ses concurrents; ni de son repos, il est
malheureux à mesure qu'il est obligé d'être
plus tranquille. »
Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble,
Avançaient, combattaient, frappaient, = — ' --
[se
îble.
— Encycl. Econ. polit. En économie politi-
que, accumuler c'est ajouter l'une à 1 autre
plusieurs épargnes pour en former un capital
ou pour augmenter un capital déjà existant.
Les valeurs accumulées prennent le nom de
capitaux, lorsqu'elles sont consacrées a la pro-
duction et peuvent procurer des profits. L'ac-
cumulation ne soustrait des valeurs à la con-
sommation improductive que pour en fournir à
cette autre consommation qui est appelée re-
productive, parce qu'en faisant disparaître des"
produits, elle en crée de nouveaux. Les accu-
mulations de valeurs peuvent s'opérer sous
une multitude de formes diverses. Les con-
naissances acquises, les perfectionnements ap-
portés à nos facultés physiques, intellectuelles
et morales, en tant qu'ils ajoutent à notre ca-
pacité productive , doivent être considérés
comme des valeurs accumulées.
ACCUMULÉ, ÉE (a-ku-mu-lé) part. pass. du
v. Accumuler. Amassé : Nuapes accumulés".
Que de marchandises accumulées I
Ces rocs accumulés, par leur chute fendus,
L'un sur l'autre au hasard sont restés suspendus.
Lamartine.
— Par ext. : Sa veuve trouva quinze mille
livres de rente dans les débris de ces diverses
fortunes accumulées. (Balz.) C'était une espèce
de trésor de famille, auquel il était défendu de
toucher, et dont les intérêts accumulés ont tri-
plé le capital. (Alex. Dum.) Plus la ri-
chesse est accumulée en une seule main, plus
elle peut exécuter à bon marché l'ouvrage qu'elle
a entrepris. (Sismondi.) Les capitaux ne sont
que du travail accumulé. (L. Faucher.) La ri-
chesse est la force sociale accumulée. (E. Pel-
letan.)
— Fig. : Preuves, difficultés accumulées.
Malgré tant de jours accumulés sur ma tète,
je n'ai pas encore rencontré d'homme qui n'eût
été trompé dans sesrêves de félicité. (Chatcaub.)
La Révolution française portait dans ses flancs
les orages accumulés depuis deux siècles. (V.
Cousin.).
Quels maux sont en ces lieux accumulés sur moi 1
Voltaire.
ACCUMULER v. a. ou tr. (a-ku-mu-lé —
lat. accumulare, même sens). Amasser, mettre
ensemble : Accumuler des marchandises, des
denrées. Le Rhin se perd dans les sables qu'il a
lui-même accumulés. (Buff.) Les flots de l océan
primitif ont accumulé dans le fond de la vallée
d'énormes couches de terre végétale qu'ils ont
eu le temps d'y niveler. (Tocqueville.) "
— Par ext. : Accumuler les intérêts d'une
rente. Que leur faut-il donc? Accumuler béné-
fice sur bénéfice. (Bourdal.)
— Absol. Thésauriser : Le désir (('accumu-
ler. Il accumula jusqu'au dernier jour de sa.
vie. (Volt.) La passion (('accumuler prouve
l'inanité de son objet. (Boiste.)
Un homme accumulait : on sait que cette erreur
Va souvent jusqu'à la fureur.
La Fontaine.
Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux
t> j..— ., s les bienfaits des dieux,
Regardent co
ai-jeer,
La Fontaine.
— Fig. Rassembler, entasser : Accumuler
des preuves, /'accumulais sur leurs têtes tes
maux que j'avais courageusement assumés sur la
mienne. {G. Sand.) On a souvent observé que
plus un peuple accumule de théories morales,
moins il a de mœurs. (Fourier.) Les souffrances
perfectionnent l'homme et accumulent ses -mé-
rites. (J. de Maistre.) Le mécanisme social des
Etats -romains est arrangé pour accumuler
toutes les jouissances sur la tête d'une centaine
de personnes. (II. Beyle.)
... Ces doux souvenirs, que le cœur accumule,
Survivent à l'amour comme un long crépuscule.
Ponsard.
S'accumuler, v. pr . S'entasser, s'amoncelor :
Las livres s'accumulent dans ma bibliothèque.
Les lettres auxquelles je dois répondre s'accu-
mulent sur mon bureau. Son cœur palpite de
joie en voyant ses gerbes s'accumuler, et ses
enfants danser autour d'elles. (B. de St-P.)
;— Par ext. ; Du côté du Rhin, les Prussiens
s'accumulent incessamment sur nos frontières
découvertes. (Vergniaud.) Quand de longues
années de repos se succèdent chez les nations, les
populations s'accumulent outre mesure. (G. do
Beaum.) Elle payait tous les jours ses ports de
lettres en paraissant hors d'état de les laisser
s'accumuler. (Balz.)
— Fig. : Réfléchissez aux événements qui se
sont accusiulés sous vos yeux durant tes six
mois qui viennent de s'écouler. (B. Constant.)
Je vois mes rapides années
_ S'accumuler derrière moi,
Comme le chêne autour de soi
Voit tomber les feuilles fanées.
Lamartine.
— • Syn. Accumuler, omo»», omoitcclor,
cniarser. On amasse une certaine quantité de
choses de même nature, dans une mesure rai-
sonnable : /"amassai quelques feuilles pour me
coucher' (Fén.) On entasse des choses en' les
superposant, en les pressant, en les foulant,
avec ordre ou en désordre : Il a entassé ses
meubles les uns sur les autres. (Aead.) On ac-
cumule une grande quantité d'objets dont on
ACC
accroît sans cesse le nombre dans l'intention
de les conserver : Ces biens qu'il avait accu-
mulés avec des soins si longs et si pénibles...
(Mass.) On amoncelle tout ce qu'on jette pêle-
mêle : Les vents amoncellent tes nuages.(VoU.)
— Antonymes. Désagréger, disgrégér, dis-
perser, disséminer, éparpiller, parsemer. —
Dépenser, dilapider, dissiper, gaspiller, jeter
par les fenêtres, prodiguer, répandre, semer.
ACCURSE (François), jurisconsulte, né à
Florence en 1182, mort en 1260, a Bologne, où
il professait le droit romain. Son enseignement
fit époque dans l'histoire de la jurisprudence ;
il fut le plus remarquable des glossateurs et l'un
des rénovateurs du droit romain. Sa Grande
Glose a fait longtemps autorité et préparé les
réformes de Barthole. Accurse a fourni ce trait
plaisant à l'auteur du Lutrin :
A ces mots, il saisit un vieil Infortiat,
Grossi des visions d'Accurse et d'Alciat.
ACCUSABLE adj. (a-ku-za-ble-— rad: accu-
ser). Que l'on peut accuser : Ne pourrait-on,
sans être accusable d'anglomanie, accepter le
mot fashionable pour désigner un homme de bon
goût en fait de mode ? (Arnault.) Un homme peut
ACC
63
- Suis-je accusable encor du n
ustaveî
ACCUSANT (a-ku-zan) part. prés, du v. Ac-
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures,
On pense en être quitte en accusant le sort.
La Fontaine.
ACCUSATEUR, TRICE s. (a-ku-za-tcur, tri-
se — lat. accusator, même sens). Celui, celle
qui accuse : A Rome et chez les Grecs, tout ci-
toyen pouvait se porter accusateur. (E. Rc-
gnault.) Les accusateurs furent punis dou-
blement, pour leur gourmandise et pour leur
méchanceté. (La' Font.)
Pourquoi, par quel caprice
Laissez-vous le champ libre à votre accusatrice ?
— Fig. et moral : Au dernier jour, nos cri-
mes se présenteront comme autant de cruels ac-
cusateurs. (Nicole.) En quelqu' 'endroit que se
trouve un parricide, il rencontre un accusa-
teur, un juge et un bourreau : se '
(De Sacy.)
— S'empl. adjectiy. : Indice
poignard accusateur.
Tout peut se réparer : qu'un peuple
Du forfait qu'il condamne ose nominci i umoui .
LucÉ de Lancivai,.
— Hist. Accusateur public, Nom donné pen-
dant la Révolution au magistrat charge du
ministère public près d'un tribunal criminel.
D'après le Code de 1795, ce magistrat était
nommé par l'assemblée électorale. Depuis il
s'est appelé procureur, et, suivant les gouver-
nements, procureur du roi, procureur de la
république, procureur impérial.
— Syn. Accusateur, délateur, dénonciateur.
L'accusateur s'adresse ouvertement a la j ustice,
et donne la preuve de ce qu'il avance : A Rome,
l'injuste accusateur était noté d'infamie. (Mon-
tesq.) Le dénonciateur s'adresse spontanément
à, une autorité quelconque, et met seulement
sur la trace du coupable : Un esclave fut le dé-
nonciateur de Cinna contre Auguste. (Volt.)
Le délateur dénonce en secret, faussement, par
haine, par intérêt : Le tribunal de l'inquisition,
dans la monarchie, ne peut faire que des déla-
teurs et des traîtres. (Montesq.)
— Epithètes. Légitime, juste, sincère, sé-
vère, inflexible, redoutable, terrible, faux , dan-
gereux, importun, envieux, injuste, violent,
animé, envenimé, passionné, odieux, vil, lâche,
infâme, aveugle, confondu.
Accusateur public (l'), journal royaliste ré-
digé par Richer-Serizy, et qui parut de 1795 à
1797, mais à des époques indéterminées et irré-
gulièrement, car il n'eut que trente-
in civitate esse necesse est. Cette feuille, comme
son titre l'indique suffisamment,' s'attaquait
surtout à ceux qui avaient pris une part active
aux événements de la Révolution ; c'était un
pamphlet plutôt qu'un journal. « Dans la presse
royaliste, dit Laeretelle, Richer-Serizy était
chargé du gouvernement des philippiques. Son
style était inégal et peu correct} mais il avait
de la verve et du coloris. Il paraissait emporté
par une passion trop vive pour être contenue ;
tout était absolu dans ses sentiments, tranchant
dans ses expressions, et c'esteequiexcitait l'en-
thousiasme des royalistes les plus prononcés. »
i. (a-ku-za-tif— du lat. ac-
, qui sert à accuser. Ce cas, en effet.
.-.-„ 'objet sur lequel se porte l'action ; il
montre, il révèle, il accuse l'objet do cette ac-
tion). Dans les langues à déclinaisons, cas em-
ployé principalement pour indiquer le régime
direct d'un verbe , d'une préposition : En
français, le régime appelle aussitôt un accu-
satif qui ne peut se déplacer. (Fén.) La pré-
position n'est là que pour gouverner les accu-
satifs. (Chateaub.)
Accusatif, ive, adj. Gramm. Qui concerne
l'accusatif : Le cas accusatif. Locution accu-
Eut à quelqu'un d'une action blâmable : Ni
mes écrits, ni mes discours ne donnent aucun
prétexte à vos accusations. (Pasc.) Aucune
preuve n'eût pu justifier une accusation portée
contre lui. (Balz.) /( sortit pur de cette accu-
sation. (G. Sand.) /.'accusation était trop
positive pour qu'on essayât de la combattre.
(Alex. Dum.) La couronne déposée sur la tombe
du proscrit est une cruelle accusation contre
ses juges. (Bignon.)
— Jurispr. Action do déférer à la justice la
connaissance d'un crime pour en provoquer la
répression : /( défendit aux tribunaux d'ad-
mettre les accusations de sorcellerie. (Volt.)
Toute procédure tendante à fin criminelle com-
prend quatre périodes bien distinctes, et que la
loi a eu soin de caractériser avec précision,
savoir: l'inculpation, la prévention, ï accusa-
tion et le jugement. (Nouguier.) Il Le minis-
tère public lui-même : ^'accusation voudrait
en vain établir la préméditation pour écarter
le bénéfice des circonstances atténuantes.
— Théol. Synonyme de confession : Faisons
en toute humilité i accusation de nos fautes.
Dans toute
culpation, qui ne comprend que les premières
dénonciations, plaintes et informations : la.pre-
vention, qui commence après les mandats d'a-
mener, de dépôt et d'arrêt; enfin la mise en-
accusation proprement dite résultant d'un arrêt
prononcé sur le réquisitoire du pleureur gé-
néral par la chambre des mises en" accusation ,
arrêt qui ordonne le renvoi du prévenu de-
vant la cour d'assises. A la suite do la mise
en accusation, le procureur général dresse l'acte
d'accusation. Cet acte contient : 1» la nature du
délit qui forme la base de l'accusation ; 2° le fait
et toutes les circonstances qui peuvent déter-
miner une aggravation ou une diminution de la
peine. L'arrêt et l'acte d'accusation sont en-
suite signifiés à l'accusé et on doit lui en laisser
copie. Dès lors s'ouvrent les débats, et l'in-
struction cesse d'être secrète. Les formalités à
remplir à l'égard des accusés sont déterminées
par le Code d'instruction criminelle. — Dans
l'antiquité grecque et romaine, chaque citoyen
avait le droit d'accuser un criminel; aucun
magistrat n'était chargé de poursuivre, au nom
de la vindicte publique, le châtiment des ac-
tions coupables. Sous les empereurs romains,
quand toute vie publique fut éteinte , le droit
d'accusation privée donna lieu aux abus les
plus odieux , et le rôle d'accusateur devint,
sous le nom de délation, un métier aussi lu-
cratif qu'infâme. « Aussi, l'une des plus belles
créations du génie moderne, dit \' Encyclopédie
nouvelle, est sans aucun doute l'institution d'un
ministère public, organe de la loi et représen-
tantde la société, substitué aux accusations pri-
vées que pouvaient dégrader les sentiments
haineux et les intérêts égoïstes. »
ACCUSATOIRE adj. (a-ku-za-toi-re). Ane.
jurispr. Se disait de l'acte par lequel on mo-
tivait une accusation.
ACCUSÉ, ÉE (a-ku-zé) part. pass. du v.
Accuser : Socrate fut accuse de nier les dieux v
que le peuple adorait. (Boss.) L'extrême esprit
est accuse de folie. (Pasc.) Selon vous, on est
coupable dès'qu'on est accusé. (Fén.) Quel in-
nocent ne passera point pour coupable s'il suffit
d'être accusé. (D Aguess.) Tout nous montre
l'insuffisance des lois et l'indifférence des juges
pour laprotection des innocetits accusés. (J.-J.
Rouss.) Deux ans après, le sauveur de l'Empire
fut accusé de conspiration. (Du Rozoir.) Toute
femme soupçonnée par le monde d'une conduite
légère sera surtout accusée par les autres
femmes. (M'"e Romieu.) Aristote, dans son
temps, a été accusé d'athéisme. (Cousin.)
il bien fait de gronder, quand soi-mên-
— Par anal. Saillant, marqué, caractérisé:
La fée d'Argent était représentée par Clorinda,
actrice rondelette , à la figure épanouie et aux
appas indiscrètement accusés. (E. Sue.) Les
Anglaises ont la poitrine ouverte et les formes
bien accusées, (L.-J. Larcher.) Il ressemelait
à un loup par la largeur de ses mâchoires, vi-
goureusement tracées et accusées. (Balz.)
— Fig. Bien accentué, nettement pro-
noncé : Les formes de son style ne sont pas
assez vigoureusement accusées. Je ne t'avais
jamais vu dans un'accèsfi franchement accusé.
(Balz.)
— s. Celui, celle à qui on impute une faute,
un délit, un crime : X'accusé se rendit lui-
même à la IJaslille. (Volt.) Périclès prit As-
pasie dans ses bras, il la couvrit de baisers, et
il ne put trouver que des larmes, mais ces lar-
mes eurent une éloquence qui sauva ('accusée.
(Dufour.) L'inquisition ne connaissait point
a accusés, elle ne voyait que des coupables.
(Custine.) Amélie ressemblait, à une acc-~~-
qui attend son jugement. (F.*Soulié.)
Etnej
é, lâchez
le défend
il Plus particulièrem. Celui, qui, accusé d'un
crime, est renvoyé devant une cour d'assises :
.L'accusé a été confronté avec les témoins. Celte
-- '% pu communiquer avec son dêfea-
64
ACC
seur. La déclaration du jury était : Non, V 'ac-
cusé n'est pas coupable.
— Coram. Accusé de réception , Lettre par
laquelle celui à qui on fait un envoi déclare
l'avoir reçu.
— Syn. Accuse, inculpe, prévenu. Un homme
est inculpé d'un délit ou. d'un crime, en vertu
de certains indices qui le font' mettre en état
d'accusation • envoyé par le ministère public
devant une chambre ou un juge d'instruction,
il y comparaît comme prévenu, et si cette au-
torité déclare qu'il y a lieu à suivre, il est tra-
duit comme accusé devant le juge compétent.
accuser v. a. ou tr. (a-ku-zé — tat. ac-
cusarë, mémo sens; formé' de àd, à, et d'un
radical sur lequel les étymologistes ne sont
3 faute, une action blâmable : Eurymédon
accusa Soçrata d'avoir mal parlé des dieux.
(La. Bruy.j Jls vous accuseront avec raison de
vouloir usurper la tyrannie. (Féh.) Quand le
vice a corrompu, l'âme, le premier de ses effets
est de nous faire accuser autrui de nos crimes.
(J.-J. Rouss.) Il S'empl. sans comptém. indi-
rect qui spécifie l'objet de l'accusation : Un fds
ne doit jamais accusée son père, même s'il est
coupable; (St-M. Gir.) iVACCUSEZ pas madame;
elle est innocente. (C. Delav.)
Je le crois criminel, puisque vous l'accusez.
— Par ext. Blâmer, rejeter la faute sur :
' L'histoire h'accuse la vraie philosophie d'au-
cun crime. ( Boistc.) L'homme accuse la Pro-
vidence, parce qu'il juge superficiellement.
(La Rochef.-Doud.) Nous accusons la Provi-
dence pour être dispensés de nous accuser
nous-mêmes. (J. de Maistre.) Nous avons con-
damné les choses au lieu ^'accuser l'imper-
fection de nos instruments. (Balz.)/c me bornai
à accuser le destin. (G. Sand.)
Vous avez bien sujet d'accuser la nature.
La Fontaine.
Il Se plaindre de.:
Hais
Mahomet d<
:c quel
tendre!
En vain de (on diîpart
Les tiens impatients-necuseni le retard.
DELIL1.E.
— Avouer, déclarer : Accuser ses péchés.
Accuser son âge. Le malade accuse une dou-
leur à l'épigastre. Les habits rouges étaient
fort nombreux, bien au delà des treize cent
trente véritables Suisses <?î{'accusk leur capi-
taine. (Michelct.) il Indiquer, révéler, trahir:
La moitié de l'assemblée pensa gué Stanislas
avait tort ; -sa pâleur et sa contenance accu-
saient un mensonge. {Balz.) Elle se remit à
chanter sans que le timbre de sa voix accusât
la plus légère émotion. (Balz.) Hue de Glati-
yny , une boutique de marchand de vin accuse
sur son enseigne deux cent quatre ans d'exis-
tence. (L.-J. Larclicr.)
I) Affirmer, certifier: Chamillard convenait que
Catinat accusait vrai en tout et partout. (St-
Sim.) La renommée accuse juste en contant
ce que vous valez. (Mol.) Vieux ea ce sens.
— Absol. : Quand la voix d'un ennemi ac-
cuse , le silence d'un ami condamne. (Laténa.)
En racontant, l'histoire accusé ; le peuple for-
mule le jugement. (H. Castille.)
phique du dixième chapitre de la Genèse
accuse une connaissance étendue des races
septentrionales groupées autour du Caucase.
- (Renan.)
Caché sous des lambeaux, un reste de richesse
— Droit. Déférer la connaissance d'un crime
à la justice, afin de faire punir celui qui l'a
commis : A Home, chaque citoyen avait le
droit ^'accuser les criminels.
— Comm. Accuser réception, Donner avis
qu'on a reçu telle ou toile chose : Accuser
réception d'une lettre, d'un paquet. Accusez-
moi réception de ma lettre. (Acad.)
— B.-arts. Faire sentir, indiquer cer-
taines parties ou certaines formes du corps
cachées sous les draperies , sous le costume :
Accuser les os, les muscles sous la peau. Ac-
cuser le «11 par les plis des draperies. La
touche de M. lirion est nette, franche; spiri-
tuelle;,son pinceau écrit bien ce qu'il veut , et
accuse chaque détail avec une précision cer-
taine. (Th.Gaut.) Il Dans ce sens, il se dit dos
vêtements, ou parties de vêtement qui, adhé-
rant au corps, en dessinent les formes : /.es
vêtements qui accusent le nu détruisent le
charme de la modestie. (Boiste.) Un bas de soie
à jour laissait deviner la blancheur rosée de la
peau et accusait la cheville la plus fine, la
plus déliée qu'on pût voir. (Ë. Sue.)
— Jeu. Accuser son point, Faire connaître
son point selon les règles du jeu. Se dit sur-
tout au jeu de piquet.
S'accuser, v. pr. Se reconnaître, s'avouer
ACÊ .
coupable : Je ne m'accuse que de trop de dé-
licatesse pour mes amis, bien loin de les né-
gliger. (St-Sim.) Elle se jette aux pieds de
son juge et s'accuse comme coupable. (Fléch.)
Bien , monsieur , dit l'abbé, vous avez parlé
avec franchise : s'accuser ainsi, c'est mériter
son pardon. (Alex, Dum.)
Votre cœur s'accusait de trop de cruauté.
Racine.
Il So confesser : S'accuser d'avoir rompu le
jeûne. Les tribunaux de miséricorde justifient
ceux qui s'accusent. (Mass.) ,-. -, .
— Syn. Accuser, inculper. On accuse en
attaquant. On inculpe par insinuation, par des
imputations hasardées. Accuser se dit en toutes
matières , et inculper s'applique plus spéciale-
ment à celles qui ont peu de gravité.
— Antonymes. Blanchir, décharger, dis-
culper, excuser, innocenter, justifier, laver.
ACÉ, suffixe principalement employé dans
la formation des mots qui, dans les classifica-
tions d'histoire naturelle, désignent une fa-
mille, un ordre : Les rubiacêes, les crustacés, etc.
ACEAUX s. m. pi. (a-sô).Techn. Instrument
tranchant que les selliers emploient pour
rayer ou couper le cuir.
ACÉCHLORPLATINE s. m. (a-'sé-klor-pla-
ti-ne — de acétone, chlorure etplatine). Cnim.
Nom donné à un corps jaune et cristallin que
l'on obtient en soumettant à la distillation,
jusqu'à consistance de sirop, la dissolution de
et l'ctl
ACÉE s. f. (a -se — du lat. acus): Ornith.
Nom vulgaire do la bécasse, dans quelques
provinces de France.
ACEILLV(d'), V. Cailly.
ACÉluphe adj. (a-sc-lu-fc — du gr. a
priv. ; kéluphos, écorce). Hist. nat. Qui n'est
couvert d'aucune enveloppe.
ACÉMÈTES OU AKIMITES S. m. pi. Hist.
ecclés. Nom donné à des religieux qui se suc-
cédaient pour chanter l'office divin nuit et
jour, sans aucune interruption.
ACÈNE s. f. (a-sè-ne — du gr. akainn, ai-
guillon). Entom. Nom donné à un genre de
lépidoptères nocturnes.
— Bot. Même sens que acœna. V. ce mot.
— Ant. gr. Mesure de longueur à l'usage des
arpenteurs, gui valait environ dix pieds, et
qu'on appelait aussi décapode.
ACENSE, ACENSÉ, ACENSEMENT, ACEN-
SER, ACENSEUR. V. ces mêmes mots par
dcilx C; ACCENSE, etc.
aCentre s. m. (a-san-tre — du gr. o
priv. ; kentron, aiguillon). Entom. Genre do
coléoptères pentamères, famille des curcu-
lionidcs.
ACENTROPTÈRE s. m. (a-san-tro-pte-re —
du gr. a priv.; kentron, aiguillon ; pteron, aile).
Entom. Genre de coléoptères pentamères, fa-
mille dos chrysomélincs.
acéphale adj. (a-sé-fa-lc — du gr. a priv.;
képhalè, tête). Qui est sans tête : Un monstre
ACÉPHALE. Statue ACEPHALE.
— Par anal. Se dit des personnes qui n'ont
que peu ou point d'intelligence : C'est quelque
chose de fâcheux, m vérité, que de naître
borgne, boiteux, acéphale. ("*.)
— Fig. Qui n'a point do chef, de guide :
Concile acéphale. Secte acéphale. Le général
Cavaignac fut l'instrument d'une réaction ano-
nyme, et pour ainsi dire acéphale. (Proudh.)
Il Se disait, chez les Grecs, d'un discours,
d'une harangue, commencés sans exorde : Le
début des Helléniques est acéphale.
— Prosod. anc. Vers acéphale, Dont le com-
mencement du premier pied manque. Ces
sortes de vers no sont pas rares dans l'Iliade
et l'Odyssée, sans doute à cause de l'incerti-
tude de la quantité à l'époque d'Homère.
— Erpét. Epithète spécifique d'un batra-
cien anoure, assez commun sous les pierres
aux environs dû Paris.
— s. m. Monstre privé do tête : // peut ar-
' — que /'acéphale soit intimement appliqi "
enfant ordi-
'. (Breschct.)
ice : Cet ad-
iLitk, semble
et pour ainsi dire greffé
natre. (Requin.) Presque toujoui
naît avec un fœtus bien conforme
— Fig. Homme sans intclligei
mirable mot : C'est une spécu
avoir été créé pour ces espèces ^'acéphales po-
litiques ou littéraires. (Balz.) Les fabricants,
marchands de coton) filateurs, et autres acé-
phales... (H. Monnier.)
— PI. Nom donné métaphoriquement à des
peuples que la Fable plaçait au nord des pays
hyporboréens , vers la Russie et la grande
Tartarie, et qui vivaient dans un état sauvage.
Ce nom leur venait, sajis doute, de ce qu'ils
étaient sans chefs ni subordination. ■
— Hist. ecclés. Sectes dé l'Eglise chrétienne
qui se révoltèrent contre leurs chefs ou qui
refusèrent de s'en donner. Tels furent les Mo-
nophysites ou Eutychiens de l'Egypte, les
Flagellants, et principalement ceux qui ne
voulaient point reconnaître le concile de Chal-
cédoine.
— Zool. Nom donné par Cuvicr à sa qua-
trième classe,embi-aiicliemcntdcs mollusques,
qui renferme les huîtres et les moules, ani-
maux sans tête apparente, qui ont la bouche
cachée sous les plis du manteau.
ACE
— Encycl. Zool. Un manteau ployé, dans
lequel le corp's de l'animal est enveloppe
comme un livre dans sa couverture ; une co-
quille composée de deux battants ou valves;
tel est l'aspect que présentent les acéphales.
L'huître nous eii offre le type le plus connu.
Si nous examinons ses organes, nous trouvons
un appareil respiratoire très-développé, con-
sistant en deux paires de grandes lames bran-
chiales striées et flottantes, couvertes d'un ré-
seau vasculaire où le sang circule et vient
prendre l'oxygène que l'eau tient en dissolu-
tion ; un cœur forme d'une membrane noirâtre
dont la couleur tranche avec celle des autres
organes, et qui reçoit le sang vivifié par la
respiration j un foie qui se présente comme
milieu de cette masse : une bouche non armée
de dents, mais munie latéralement de prolon-
gements labiaux; un système nerveux réduit
à quelques ganglions formant un collier au-
tour de la bouche, et représentant le collier
œsophagien ; un ligament élastique qui tend à
tenir éloignées et ouvertes les deux valves ;
une masse musculaire qui s'étend de l'une a
l'autre, et par laquelle ranimai peut à volonté
les rapprocher. Les acéphales sont tous aqua-
tiques ; leurs fonctions de relation sont tou-
jours extrêmement bornées; en général, ils
vivent presque immobiles au fond de l'eau ou
enfouis dans le sable. Quelques-uns de ces
mollusques sont hermaphrodites; chez un
grand nombre les sexes sont séparés, et,
comme il n'y a point d'organe d'accouplement,
la fécondation se produit après la ponte. Plu-
sieurs acéphales présentent dans l'épaisseur
de leur manteau, des excroissances calcaires
plus ou moins grandes , et dont la compo-
sition chimique est la même que celle des
coquilles : on appelle ces excroissances des
perles. — Cuvier divisait les acéphales en
acéphales testacês et acéphales sans coquille.
Aujourd'hui ces derniers, sous le nom de tuni-
ciers, que leur a donné Lamarck, font partie
du sous-embranchement des molluscoïdes. (V.
mOlluscoïdeSjTuniciers.) M. M'ûne-Edwards,
qui ne comprend dans la classe des acéphales
que les acéphales testacês, les divise en lamel-
libranches et en brachiopodes. Mais on fait
généralement des brachiopodes une classe dis-
tincte, de sorte qu'aujourd'hui, dans la classi-
fication zoologique, le mot acéphale^ est sy-
nonyme de lamcllibranche. C'est, ce sens res-
treint que nous lui avons donné. La classe
des acéphales ou lamellibranches forme un
seul ordre naturel, celui des conchifères, dont
les familles sont, pour la plupart, limitées par
des caractères assez peu tranchés.
— Térat. On donne le nom d' 'acéphales, non-
seulement aux fœtus entièrement privés de
tête, ou acéphales simples, mais encore à ceux
chez lesquels,. outre cette première monstruo-
sité, un plus ou inoins grand nombre d'autres
parties n'existent pas. Ces derniers doivent
être nommés acéphales complexes. Quant à
ceux où l'on trouve encore les os de la base
du crâne, quelques nerfs ou tous les nerfs des
et même la face entière, après avoir long-
temps porté le nom à' acéphales incomplets, ils
ont reçu des physiologistes modernes celui
à'anencéphales , c'est-à-dire sans encéphale.
Dans Yacéphalie simple, on rencontre presque
toujours quelques rudiments de la tète. -LV
céphalio complexe présente un grand nombre
de variétés , selon la quantité et la nature
des organes qui viennent à. manquer en même
temps que la tête. On y observe l'absence
du sternum et du diaphragme, celle des pou-
mons, du thymus, du cœur, des membres su-
périeurs. Le ventre ne peut jamais manquer
totalement, car c'est la partie de l'embryon
oui se forme la première et qui correspond à
1 insertion du cordon ombilical, intermédiaire
nécessaire entre la mère et le fœtus. Le sys-
tème cellulaire, le système vasculaire et le
système nerveux ganglionnaire, sont les seuls
systèmes généraux de l'économie qui persis-
tent toujours. Ils. suffisent à la vie de l'acé-
phale, qui, dans le sein maternel, ne peut être
qu'une simple végétation. L'acéphale. est con-
damné à mourir en naissant, parce que la pri-
vation de ia tête est un obstacle absolu à l'é-
tablissement de la respiration pulmonaire,
première condition de la vie extra-utérine.
Tiedemann fait remarquer que dans le plus
grand nombre des cas, l'acéphale existe avec
un enfant bien conformé, et qu'il accompagne
quelquefois deux et même trois autres tœtus.
L'acéphalie s'explique parla théorie des arrêts
de développement.
ACÉPHALE, ÉE adj. (a-sé-fa-lé). Térat.
Svnon. d'acéphale.
ACÉPHALIE s. f. (a-sé-fa-lï— tslù. acéphale).
Térat. Absence totale de tête. Il est à remar-
quer que, dans les divers cas d'acéphalie, le
sexe se trouve féminin, ou qu'il reste indé-
terminé, ce qui est le- cas le plus rare.
ACÉPHALIEN, ENNE adj. (a-sé-fa-li-ain,
è-no— rad. acéphale). Térat. Qui est sans
tête.
ACÉphaliens s. m. pi. (a-sé-fa-li-ain —
rad. acéphale). Térat. Famille de monstres
dont les acéphales forment le genre principal.
ACÉPHALIQUE adj. (a-sé-ta-li-ke — rad.
acéphale). Térat. Synon. â'acéphale.
ACÉphalobrache adj. (a-sc-fa-Io-bra-
che — du gr. a priv. ; képhalè^ tête; brachiàn^
bras). Térat. Qui n'a ni tète, ni bras.
ACE
ACÉPHALOBRACBIE s. f. (a-sô-Ja-lo-brn-
ki — rad. acéphalobrache). Térat. Monstruo-
sité acephaliquo, avec absence des bras.
ACÉPHALOCARDE adj. (a-sé-fa-lo-kar-de
— du gr. a priv.; képhalè ,, tète ; kardia,
cœur).Térat.Sc dit d'un fœtus qui n'a ni tête
ACÉPHALOCARDIE s.-f. (a-sé-fa-lo-kar-di
— rad. acéphalocarde). Térat. Monstruosité
caractérisée par l'absence de tête et de cœur
ACÉPHALOCHIRE adj. (a-sé-fa-lo-ki-re —
du gr. a priv- képhalè, tète; cheir, main).
Térat. So dit d'un fœtus privé de tête .et de
mains.
ACÉPHALOCHIRIE s. {. (a-sé-fa-lo-ki-rï —
rad. acéphalochire). Térat. Monstruosité acé
phalique, avec absence des mains.
■ ACéphalocyst'e s. m. (a-sé-fa-lo-siss-to
— du gr. a priv. ; képhalè, tête, et kustis,
vessie): Zool. Genre d'hydatides oui se déve-
loppent dans certaines parties du corps de
l'homme et des animaux.
— Pathol. Kyste formé par ces hydatides.
— Encycl. Pathol. On donne le nom à'acépha-
parois minces^ homogènes , non fibreuses,
plus ou moins transparentes, et qui doit être
attribuée à un genre d'hydatides dépourvus de
tête. « Qu'on se représente, dit M. Cruveilher,
des bulles de savon de diverses grosseurs ;
l'air remplacé par un liquidé d'une limpidité
parfaite, l'enveloppe formée par une couche
mince de blanc d'œuf coagulé, et l'on aura une
idée aussi exacte que possible des acéphalo-
cystes. > Il faut distinguer dans les acéphalo-
cystes la vessie, qui est un organe de pro-
tection, d'enveloppe pour l'hydatide, et cet
hydatide lui-même. Les acéphalocystes peu-
vent être fertiles ou stériles, c'est-à-dire con-
tenir des hydatides ou n'en pas contenir. Dans
les acéphalocystes fertiles, la membrane du
kyste contient une seconde membrane, appe-
lée fertile par M. 0. Robin, qui l'a découverte.
C'est dans cette seconde membrane que nais-
sent les hydatides.
Les acéphalocystes se rencontrent dans le
tissu cellulaire, et par conséquent on peut les
trouver dans toutes les parties du corps hu-
main. C'est dans le foie qu'ils se développent
le plus souvent. Leur présence peut passer
inaperçue tant qu'elle ne compromet pas quel-
que fonction. Lorsque le kyste se trouve placé
superficiellement, de manière à être soumis à
une exploration directe, on en peut reconnaî-
tre la nature à l'aide d'un signe sur lequel
M. Piorry a appelé l'attention : c'est une sen-
sation particulière de frémissement que l'on
perçoit tout à la fois et par la main qui per-
cute, et par l'oreille. Les causes immédiates
qui déterminent le développement des acépha-
locystes sont ignorées ; mais on a reconnu
que les tempéraments lymphatiques, les con-
stitutions affaiblies, des demeures humides et
mal aérées , prédisposent à l'envahissement
,i„ «„„ parasites. Le traitement qu'il "«"'■:«>■>*
— Zool. Les acéphalocystes sont des hyda-
tides sans tète, sans crocliets, sans suçoirs. Us
doivent être considérés, ainsi que tous les au-
tres hydatides (échinocoques, cœnures, cysti-
cerques), au-dessous desquels ils se placent,
comme des embryons de vers cestoïdes ou ru-
banés. (V. Hydatide, Cestoide.) Ils paraissent
représenter la première phase du développe-
ment de ces embryons.
acÉphalocystique adj. (a-sé-fa-lo-siss-
ti-ke — rad. acéphalocyste). Qui renferme des
acéphalocystes, qui est occasionné par les
acéphalocystes, qui a rapport aux acéphalo-
cystes : Tumeur acéphalocystique.
acéphalogastre adj. et s. (a-sé-fa-lo-
gass-tre — du gr. a priv. ; képhalè, tête, ot
gastèr, ventre). Térat. Fœtus privé de la tête
et de la partie supérieure du ventre.
acéphalogastrie s. f. (a-sé-fa-lo-gass-
trî— rad. acéphalogastre). Terat. Monstruo-
sité caractérisée par l'absence de la tête et
de la partie supérieure du ventre.
acéphalophores s. m. pi. (a-sé-fa-lo-
fo-re — dugr. a priv.; képhalè, tèic, et phoros,
qui porte). Classe do mollusques établie par
Blainville et répondant aux acéphales de Cu-
vier. || S'empl. adjectiv. : Animal acéphalo-
phore.
ACÉphalopode adj. et s. (a-sé-fa-lo-po-
de — du gr. a priv. ; képhalè, tète, ot poùs,
podos, pied). Torat. Fœtus sans tète et sans
pieds.
ACÉPHALOPODIE s. f. (a-sé-fa-lc-po-di —
rad. acéphalopode). Térat. Monstruosité ca-
ractérisée par l'absence de tête et de pieds.
ACÉPHALORACHE adj. (a-sé-fa-Io-ra-che
— du gr. a priv.; képhalè, tête; rachis, épino
du dos). Térat. Qui est privé do la tète ot de
la colonne vertébrale.
ACÉPHALORACHIE s. f. (a-sé-fa-lo-ra-chî
— rad, acéphalorache). Térat. Etat d'un fœtus
qui n'a ni tête ni colonne vertébrale.
ACÉPHALOSTOME adj. (a-sé-fa-loss-to-me
— du gr. a priv. ; képhalè, tète ; sloma, bou-
che). Térat. Qui n'a pas de teto, mais dont le
corps offre à la partie supérieure une espèce
de bouche.
ACÉPHALOSTOMIE s. f. (a-sé-fa-loss-to-
AGE
nû — rad. acéphalostome). Térat. Etat d'un
fœtus qui n'a pas de tête, mais qui offre dans
la partie, supérieure du corps une ouverture
ressemblant à une bouche.
ACÉPKALOTHORACIE OU ACÉPHALOTHO-
RIE s. T. (a-sé-fa-lo-to-ra-sî — rad. acéphalo-
thore). Térat. Etat d'un fœtus privé de tôte et
acéphalothore adj. (a^sé-fa-lo-tor— du
gr. a priv. ; képhalè, tête; thorax, poitrine).
Térat. Qui n'a ni tête ni poitrine : tes fœtus
que nous nommons acéphai.othor;:s sont des
monstres dont la poitrine est restée stalionnaire
après être arrivée à un certain degré de forma-
tion. (Breschet.)
• acéphalothorie s. f. (a-sé-fa-lo-to-rî
— rad. acéphalothore). V Acéphalothoracie.
A CE QUE loc. conj., que l'on empl. quel-
quefois abusivement avec les substantifs fa-
çon et manière : II parait que la nature a
organisé l'oeil de ces poissons de maNMÉRB À ce
Qu'ils puissent voir dans l'air en même temps
qu'ils voient bien dans l'eau. (D'Orbigny.) //
s'agit maintenant de toujours maintenir l'ilot
entra eux et nous, de manière à ce qu'ils ne
puissent nous apercevoir. (H. Càstille.) Quand
on sera parvenu à donner un estomac double à
l'homme, de façon à ce qu'i'( puisse ruminer
comme un bœuf, le mot perfectibilité commen-
cera à signifier quelque chose. (Th. Gaut.) J'au-
rais dispose les choses de manière à ce qv'il
me rencontrât. (Th. Gaut.) Elle m'a juré d'a-
gir de manière À ce QUE notre baron fût si
lien roulé, qu'il ne reparût plus, (Balz,) Est-
il possible de faire transiger ces deux puis-
sances de manière À ce que le prix des choses
soit toujours l'expression de la valeur vraie?
(Proudh.)
Malgré cette multiplicité d'exemples; les
locutions de manière que, de façon que, sont les
seules généralement reçues : 'jl faut toujours
se conduire de manière qu'oîi n'ait aucun re-
proche à se faire. (Acad.) Vivre de kaçon qv'oii
ne fasse tort à personne. (Acad.) JVe crains pas
de m'entendre chanter n'essayerai de moduler
ma voix de manière qu elle ne le soit pas dés-
agréable. (Champfleury.)
ACÉRACÉ, ÉE adj. (a-sê-ra-sé — du lat.
acer, érable). Bot. Qui ressemble à l'érable.
Svnon. à'acëriné. \\ Acéracées , s. f. pi. Fa-
mille de plantes qui a pour type le genre
érable : Le genre érable forme presque à lui
seul la famille de? acéracées. (Richard.) Syn.
d'acérinées.
— Encycl. La famille des acéracées se range,
dans l'embranchement des dicotylédones, par-
mi les thalami/tores de de Candolle, et les po-
lypétales hypopétales de Jussieu, à côté des
tnalpighiacées et des œsculacées. Elle offre
en général les caractères suivants : calice a
cinq divisions ; corolle composée de cinq pé-
tales entourant un disque hypogyne; étamines
dont le nombre varie de cinq a douze, insérées
sur ce disque; ovaire à deux loges, contenant
chacune deux ovules; style simple, court, ter-
miné par deux stigmates tubulés ; fruit com-
posé de deux samares ; graine dépourvue d'al-
bumen, a embryon recourbé sur lui-même, à
cotylédons foliacés. Les acéracées sont des
arbres à feuilles opposées, a inflorescence en
grappe; elles habitent le nord de l'Asie, de
l'Europe et do l'Amérique ; presque toutes les
espèces contiennent un suc dont on retire du
ACÉRAGE s. m. (a-sé-ra-ie — rad. acérer).
Techn. Opération par laquelle on acéré un ou-
til, un instrument, en y soudant de l'acier.
ACÉRAIN, AINE adj. (a-sé-rain , 6-ne —
contr. pour aciérain— rad. acier). Techn. Qui
tient de la nature de l'acier : Fer acérain.
Mine acéraine.
ACÉRANT (a-sê-ran) part. prés, du v. Acérer.
acéranthe s. m. (a-sé-ran-te — du gr. a
priv. ; kéras, corne; anthos, fleur). Bot. Genre
de plantes du Japon, do la famille des berbé-
ridees.
ACÉRAS s. m. (a-sé-ràss — du gr. a priv. ;
kéras, corne). Bot. Genre do plantes orchi-
dées. L'espèce la plus connue est l'aceras an-
tropophora; cette plante, répandue dans nos
bois, est appelée vulgairement l'homme pendu,
parce que son labelle (partie de sa fleur) re-
présente grossièrement la-figure d'un homme
pendu par le cou.
ACÉRATE s. m. (a-sé-ra-te — du lat. acer.,
érable). Bot. Genre de plantes asclépiadées
de l'Amérique.
ACÉRATIUM s. m. (a-sê-ra-ti-omm — du
gr. a priv.; kération. petite corne). Bot. Genre
de plantes éléocafpees.
ACÉRATOSIE s. f. (a-sé-ra-to-zî — du gr.
a priv. ; kéras, kératos, corne). Zooi. Mons-'
■truosite dos ruminants, caractérisée par le
manque de cornes. On est parvenu à la rendre
héréditaire et à créer ainsi une race de bœufs
sans cornes ; on l'appelle la race sarlabot.
ACERBE adj. (a-sèr-be — lat. acerbus; ù'a-
cer, acre). Qui est d'un goûtàpre, acide, d'une
saveur astringente: Fruits acerbes. La graine
du café est coriace et acerde. (B. de &t-P.)Lcs
substances acerbes en général sont de difficile
digestion, et leur abus est des plus pernicieux.
(Guersent.)
— Fig. Dur, rude, désagréable : On n'ou-
bliera jamais les formes acerbes de Joseph
Lebon. (La Harpe.) A quoi bon ce langage si
acerbe? (G. Sand.) Je le connais beaucoup,
ÂCÊ
signora,répondis-jed'un ion acerbe. (G. Sand.)
Bien n'est plus rugueux, acerde et dépitant
qu'un dialogue dramatique écrit en vers libres,
(Castil-Blaze.) il Dans ce sons, se dit aussi des
personnes : Il avait été plus acerbe que ja-
mais contre le ministère. (Alex. Dum.) C'est
une comédienne fort acerbe et fort jalouse de
son talent. (G. Sand.)
— Syn. Acerbe, ucldo, Aéra, acrimonieux,
nlgrc. Ce qui est aigre n'est plus doux : Le vin,
te lait deviennent aigres quand ils se gâtent.
(Acad.) Ce qui est acide n est point doux : Les
liqueurs acides sont rafraîchissantes. (Trév.)
Ce qui est acerbe n'est pas encore doux : /.es
fruitssont toujours plus ou moins acerbes avant
la maturité. Ce qui est cicre l'est natuellement:
Les fruitssauvages sont acres. (Richard.) Coqui
est acrimonieux a une disposition constante à
l'iVcreté. : Sel acrimonieux. Au figuré, aigre sa
dit de ce qui vient d'une personne irritée, fâ-
chée : Il lui fit une aiore réprimande. (Acad.)
Acerbe s'emploie en parlant de paroles, d'un
ton qu'il serait nécessaire d'adoucir : La criti-
que est en progrès comme le reste; ses coups
■••ont plus vigoureux, plus acerbes. (Viennet,)
Une personne acre a de la haine : Il y a tou-
jours quelque chose rf'ÀCRE dans ses discours.
(Acad.) Une personne acrimonieuse a de l'hu-
meur : Les critiques de profession prouvent
trop souvent qu'on peut être acrimonieux sans
être piquant. (Carpent.)
ACERB1TÉ s. f. (a-sèr-bi-té -- lat. acerbi-
tas, môme sens). Qualité de ce qui est acerbe :
/-■'acerbité d'un fruit. Les fruits sauvages con-
servent toujours un certain degré ^'acerbité.
(Guersent.)
— Fig. : L' acerbité de son langage. L'Acrelé
des reparties de ce journaliste semait dans sa
conversation f acerbité de sa phrase, toujours
pointue et travaillée comme un stylet. (Balz.)
Elle n'a pas /'acerbité de l'agresseur, mais
la douceur et la ténuité de la lumière qui pé-
nètre, échauffe, éclaire tout. (Balz.)
ACERDÈSE s. f. (a-sèr-do-zo — du gr. aker-
dès, non profitable. Nom donné par M. Beu-
dant, à cause du peu d'utilité de ce minéral
dans les arts). Miner. Deutoxyde do manga-
nèse hydraté, d'un brun noirâtre qu'on ren-
contre en masses fibreuses, radiées, et qui
donne une poussière brune. L'acerdèso cristal-
lise en prismes ruomboïdaux droits; elle est
employée dans la fabrication du chlore.
ACERE adj. (a-sèr — du gr. a priv. ; kéras,
corne). Entom. Qui est privé d'antennes, de
tentacules.
— s. m. Genre de coléoptères pentamères
lamellicornes,qui existe au Brésil,
— Moll. Genre de mollusques sans tenta-
cules et sans coquille. Il ne renfermo qu'une
seule espèce, qui habite la Méditerranée. Ce
genre est très-voisin des bulles ou oublies
de mer.
— s. m. pi. Araclm. Groupe d'animaux ar-
ticulés qu'on nomme aussi aranôides, et dont
lo caractère distinctif est de n'avoir point
d'antennes. Il se divise en deux ordres, les
chélodontes et les solénostomes.
ACÉRÉ, ÉE (a-sé-ré) part. pass. du v. Acé-
rer. Qui est garni d'acier : Cimeterre acéré.
Outils acérés. Lance acérée.
— Par ext. Pointu, aiguisé, affilé : Un en-
fant de six à sept ans piquait le flanc des
bœufs avec une gaule longue et légère, armée
d'un aiguillon peu acéré. (G. Sand.) J'ai en-
foncé dans ton flanc des pinces cruelles et des
aiguilles acérées. (G. Sand.) C'est une arme
acérée dont il faut user l'a pointe à force de
m'enpercer le cœur. (H.Beyle.) Il ouvrit la fenê-
tre qui donnait sur le même balcon, interrompu
entre tes deux appartements par un artichaut
à pointes acérées. (A. de Gondrec.) Il avait
les dents acérées comme des dents de mulot.
(Balz.)
Sa langue, aux feintes préparée,
Ressemble à la Boche acérée
Qui part et frappe en un moment.
J.-B. Rousseau.
— Fig. Mordant, caustique, satirique, qui
blesse profondément : Langue acérée. Plai-
santeries acérées. Les traits de la médisance
et de la calomnie, acérés par les deux bouts,
blessent aussi celui qui les enfonce. (Boiste.)
Sa conviction éclata en foudroyants sarcasmes
ou en railleries acérées. (E. Sue.) Camille et
Béatrix comprenaient seules l'àpreté des épi-
grammes acérées qu'il décochait d'éloge en
éloge. (Balz.) C'était sur mon cœur que tom-
baient ces coups acérés. (G. Sand.) Sous sa
grâce de femme et sous son air d'ange, elle a
l'esprit acéré, vif et mordant. (Ste-Beuve.)
— Hist. nat. Ejjithètc donnée à toute par-
tie animale ou végétale qui est plus ou moins
■ cylindrique , acuminée et piquante : Les
feuilles du pin sont acérées. Les rayons des
nageoires de la perche sont acérés. (Jourdan.)
ACÉRÉS s. m. pi. (a-sé-ré — du gr. a priv.,
et kéras , corne ). Famille de mollusques
gastéropodes , dont le caractère distinctif
est d'avoir des tentacules nuls, ou formant,
par leur réunion, un disque tentaculaire an-
térieur. Elle renferme un petit nombre de
genres, dont les plus importants sont les
acérés et les bulles ou oublies de mer.
ACÉRELLÉ, ÉE adî. (a-sé-rèl-lé). Dimi-
nutif d'acéré. Bot. Se dit de ce qui se termine
en une petite pointe peu aiguë.
ACÉRER v. a. ou tr. (a-sé-ré — rad. acier.
— Il change X'i fermé du radical en è ouvert
ACE.
devant une syllabe muette, excepté au futur
et au conditionnel, où il conserve Té fermé).
Garnit-, armer d'acier; appliquer de l'acier
sur du fer, afin de donner à celui-ci plus de
dureté dans la partie de l'outil destinée à per-
cer, à scier, etc. : Acérer un burin, une hache.
Acérer une seie, un couteau, toi sabre.
— Fig. Rendre piquant, mordant : Acérer
son style, sa critique, une épigramme. Quel-
ques motifs particuliers acéraient encore les
calomnies et les haines qui doivent préparer
les dissensions de Marseille. (Mirab.)
ACÉREUX, EUSE adj. (a-sé-reu , eu-ze).
Bot. Se dit des fouilles allongées, minces,
pointues comme celles du pin.
aCéride s. m.' (a-sô-ri-de — du gr. a priv. ;
këros, cire). Ane. pharm. Emplâtre dans la
composition duquel il n'entrait pas de cire.
acérine s. f. (a-sô-ri-ne — du gr. akê,
pointe). Ichthyol. Genre de percoïdes établi
par Cuvier, et dont la perche fait partie.
ACÉRINÉ, ÉE adj. V. ACÉRACÉ.
ACÉRINÉES S. f. pi. Bot. V. ACÉRACÉES.
ACÉRIQUE adj. m. (a-sé-'ri-k'e — du .lat.
acer, érable). Chim. Se dit d'un acide que
l'on tire de la sève de l'érable.
ACÉRODON s. m. (a-sé-ro-don — du gr.
a priv.; kéras, corne; odous, dent). Genre de
mammifères chéiroptères, qui a pour type
une espèce de roussette. On l'a nommé depuis
ptèrope pyrocéphale.
ACÉROLE s. m. (a-sé-rol — du lat. acer,
aigre). Bot. Nom d'un fruit très-savoureux
particulier à l'Espagne, et qui a quelque rap-
port avec la cerise.
ACERRE s. f. ( a-sè-re — lat. aceii-a).
Antiq. rom. Petit coffret de bronze, do forme
quadrangulaire, avec un couvercle; qui con-
tenait l'encens dont on se servait pour le sa-
crifice, il Petit autel portatif que l'on plaçait
au pied du lit d'un mort exposé à la porte de
la maison, et sur lequel les parents et les
amis brûlaient de l'encens et des parfums en
attendant que le convoi se mît en marche, n
Au moyen âge, Petite boîte à encens connue
aujourd'hui sous le nom de navette.
ACÉRURE s. f. (a-sé-ru-re — rad. acérer).
Morceau d'acier préparé pour être soudé à
une pièce qu'on veut acérer.
ACERVULE s. m. (a-sèr-vu-le — lat. acer-
vulus, diminut. de aeervus, monceau). Anat.
Nom donné aux petites concrétions calcaires
en forme de grain de sable, qu'on observe
dans les plexus choroïdes et dans la glande
pinéale.
acescence s. f. (a-sèss-san-se — rad.
acescent). Disposition à. s'aigrir, à devenir
acide : L'exposition pendant quelque temps à
une température de trente degrés développe
V acescence dans la plupart des boissons et
notamment dans te vin. (Encycl.) Lorsque les
vins tournent à Taceschnce. ii est difficile de
les guérir de cette maladie. (Pelouze.)
acescent, ente adj. (a-sèss-san, an-te —
lat. acescens, même sens). Qui s'aigrit, qui
commence à devenir acide : Les substances
essentiellement acescentes sont les herbes po-
tagères et les fruits. (Encycl.)
— S'empl. substantiv. : L'usage des aces-
cénts est souvent nuisible par les aigreurs, les
coliques qu'ils déterminent, surtout lorsqu'on
en fait abus. (Encycl.) Le caillé, le petit-lait,
le vin tourné, le cidre et la bière conservés
pendant un trop long espace de temps, sont ran-
gés dans la classe des acescents. (Encycl.)
ACESTE, roi de Ségeste, en Sicile. Suivant
Virgile, il accueillit Enée a son passage en
Sicile et fit ensevelir honorablement Anchise.
ACÉTABULA s. f. (a-sé-ta-bu-la— mot lut.).
Ant. Cymbale des anciens Romains, de bronze
ou d'argent, qu'on prenait de chaque main ou
qu'on s'attachait à chaque pied ou à chaque
genou pour les frapper l'une contre l'autre.
ACÊTABULAIRE OU ACÉTABULE s. f. (a-sé-
ta-bu-lè-re — du lat. acelabulum, vase en forme
de coupe). Bot. Plante cryptogame, prise par
Lamarck et Cuvier pour, un zoophyte; elle'
ressemble à un petit agaric vert ayant un
disque en ombrelle un peu concave.
ACÉTABULE s. m. (a-sé-ia-bu-le — lat.
acetabulum, vase à vinaigre). Antiq, Vinai-
grier, ou plutôt coupe remplie de vinaigre,
que les anciens avaient l'habitude de placer
sur leurs tables à manger pour y tremper
leur pain, u Espèce de salière destinée à ren-
fermer toutes sortes d'épices en usage dans
la cuisine des anciens. Il Mesure de capacité
usitée chez les Romains pour les liquides et
les matières sèches. L'acétabulum était la 38-i«
partie de l'amphore et valait G centilitres 87.
ployé par les escamoteurs pour exécuter le
tour de la muscade.
— Anat. Cavité articulaire profonde . qui
reçoit la tête d'un os. Ce mot, peu usité au-
jourd'hui dans ce sens, a été remplacé par lo
nom de cavité cotyloide. Il On a encore donné
le nom à'acétabutes aux lobes ou cotylédons
du placenta des animaux ruminants.
— Zool. Excavation d'une coquille ou d'un
polypier dans laquelle l'animal est fixé, ir Su-
çoirs dont. les bras des mollusques céphalo-
podes sont garnis, n Espèce de ventouse pro-
duite chez certains poissons par la réunion
des nageoires pectorales, il Cavité de l'arrière-
ÀCÉ
65
poitrine des insectes, dans laquelle la patte
de derrière vient s'implanter.
ACÉTABULE S. f. V. AcÉTABULAIKE.
ACÉTABULE , ÉE OU AÇÉTABULEUX adj,
(a-sé-ta-bu-lé — rad. acétabule). Hist. nat.
Qui a la forme d'une coupe pu de l'acétabulo
des anciens. ' . • ' '.
AÇÉTABULEUX, EUSE adj. (a-sé-ta-bu-jeu,
eu-ze — rad. acétabule). Synon. de acétabulk,
ACÉTABULIFÈRES s. m. pi. (a-sé-ta-bu-li-
fè-re — du lat. acetabulum, vase à vinaigre;
fera, je porte). Mollusques céphalopodes pour-
vus de cupules ou ventousos. Tels sont les
poulpes, les argonautes, les sèches, et les cal-
mars. Les acétabulifçres sont, encore appelés
dibranches, parce que leurs branchies sont au
nombre de deux seulement. Ils se divisent en
deux familles, d'après la considération du
nombre de leurs bras; la famille des octopodi-
dés, qui comprend tous les céphalopodes a
huit bras;— ex. : poulpe, argonaute; — la
famille des sépiadés, caractérisée par la pré-
sence de dix bras, dont huit d'égale longueur
et assez courts, et deux autres longs ayant la
forme de tentacules, mais ne portant des ven-
touses qu'à leur extrémité. — Ex. : sèche,
calmar.
ACÉTABULIFORME adj. (a -sé-ta-bu-li-
for-mc — de acétabule et /brweJ.-Hist. nat.
Qui a la forme d'une coupe, d'un gobelet ap-
pelé acétabule.
ACÉTAL s. m. (a-sé-tal — du lat. acetum, '
vinaigre). Chim. Nom donné à un produit
d'oxydation de l'alcool, dont on a longtemps
ignoré la vraie nature. M. Wurtz a montré
qu'on peut le considérer comme une combi-
naison d'aldéhyde ordinaire et d'oxydo d'é-
tylo. L'ac'étal est un liquide qui bout à 75" ; il
est soluble dans l'eau et l'alcool. Commo des
combinaisons semblables doivcntcxister.dans
d'autres séries, le nom d'acétal mériterait do
devenir générique.
acétamide s. f. (a- sé-ta- mi -do— du
lat. acetum vinaigrej et amide). Chim. Amido
dérivée do l'acide acétique. V. Amide.
acétate s. m. (a-Sé-ta-te — du lat. ace-
tum, vinaigre). Chim. Nom générique des
sels formés par la combinaison de l'acide acé-
tique avec les bases salifiablcs.
— Encycl. Les acétates sont en général
très-solubles. Ils sont tous décomposés par
une chaleur rouge. Les acides puissants, par
exemple l'acide sulfurique , en dégagent de
l'acide acétique. L'odeur de vinaigre qui se
manifeste alors sert à reconnaître les acétates.
Ils s'obtiennent, soit par l'action de l'acide acé-
tique sur les oxydes ou les carbonates, soit
par double décomposition.
Acétate d'alumine, Sel liquide, incristal-
lisable, d'une saveur astringente, employé
comme mordant dans la fabrication des toiles
peintes. 11 se prépare soit directement, soit
par double décomposition, en versant de l'a-
cétate de plomb dans une dissolution d'alun.
Acétate d'ammoniaque, Sol incolore, d'une
saveur très-piquante. On le rencontre ordi-
nairement à l'état liquide, mais on peut l'obte-
nir cristallisé en le concentrant doucement. Il
est très-solublo dans l'eau. Chauffé, il se vo-
latilise. On l'emploie en médecine comme sit-
dorifique, stimulant, etc. En pharmacie, la
dissolution de ce sel est depuis longtemps con-
nue sous le nom d'esprit de Mindereriis, du
nom de celui qui le premier en fit usage. L'a-
cétate d'ammoniaque existe dans l'urine pour-
rie, le bouillon giité, etc. Il s'obtient en satu-
rant par le carbonate d'ammoniaque l'acide
acétique pur.
Acétate dé chaux, Sel qu'on prépare avec la
chaux ou le carbonate de chaux et l'acide acé-
tique. Il cristallise en aiguilles soyeuses, sati-
nées, très-solubles dans l'eau, et d'une saveur
acre et piquante. On l'emploie souvent pour
préparer le sous-carbonate de soude.
Acétate de potasse. Ce sel, autrefois nommé
terre foliée de tartre, s'obtient avec du car-
bonate de potasse et de l'acide acétique. Il
cristallise en petites aiguilles blanches et bril-
lantes; il est très-soluble dans l'eau et dans
l'alcool. On l'emploie en médecine comme diu-
rétique et comme fondant.
Acétate de soude, Sel que l'on prépare en
décomposant le carbonate de soude par l'acido
acétique. Il cristallise en prismes rhomhoïdaux
obliques. Il sert à la fabrication duvinaigre de
bois ou acide pyroligneux.
Acétate de lithine, Sel qui cristallise en
prismes droits rhomboïdaiix. Il se dissout dans
moins d'un tiers de son poids d'eau à 15".
Acétate de baryte, Sel que l'on obtient en
traitant par l'acide acétique le carbonate de
baryte ou te sulfure de baryum. Il cristalliso .
en prismes aplatis ou en prismes rhomboïdaiix
obliques, suivant la quantité d'eau de cristal-
lisation qu'il contient.
Acétate de mpgnésie, Sel amer, gommeux,
cristallisant très -difficilement, fort soluble
dans l'eau et dans l'alcool.
Acétate de zinc, Sel qui cristallise en lames
nacrées, d'apparence onctueuse, et s'effleuris-
sant h l'air. On l'obtient en traitant par l'acide
acétique le zinc métallique, le carbonate ou
l'oxyde de zinc.
Acétates de fer. Il y en a deux : l'acétate
ferreux et l'acétate ferrique.
lo L'acétate ferreux se présente sous la
forme de petites aiguilles soyeuses et inco-
66
ACÉ
lores, attirant l'oxygène de l'air avec avidité.
On l'obtient en faisant dissoudre à chaud le
fer métallique ou le sulfure de fer dans l'acide
acétique concentré.
so Vacide ferri'jue est liquide, incristalli-
sable, de couleur brune, de saveur astringente,
soluble dans l'alcool, très-soluble dans l'eau.
Il est employé dans la fabrication des in-
diennes, soit comme matière colorante pour
teindre les étoffes en jaune plus ou moins
foncé, soit comme mordant pour celles qui
doivent être teintes en noir. On le prépare en
grand en mettant en digestion, pendant quel-
ques semaines, de la vieille ferraille dans de
I acide pyroligneux ou vinaigre de bois.
Acétates de cuivra. Il y a plusieurs espèces
de ces sels ; les deux principales sont :
l° L'acétate neutre de bioxydc de cuivre, que
l'on trouve dans le commerce sous le nom de
verdet cristallisé, cristaux de Vénus. Il cris-
tallise en prismes rhomboïdaux obliques, d'un
vert bleuâtre. Il est très-soluble dans l'eau,
donne par la distillation de l'acide acétique
très-concentré, en laissant un résidu métal-
lique. L'acétate neutre de cuivre est très-
venéneux.
■ 2o L' 'acétate .bibasique de bioxyde de cuivre,
qui était bien connu des anciens , et dont
Pline décrit la préparation. On t'obtient en re-
couvrant des lames de cuivre avec du marc de
raisin en fermentation. Ce sel, qui porte dans
le commerce le nom de vert-de-gris, ne doit
pas être confondu avec le carbonate de cuivre
qui se'forme sur les vases de cuivre exposés
à l'humidité, et qu'on appelle également vert-
de-gris. L'acétate bibasique de cuivre est,
comme l'acétate neutre, un poison très-actif.
II est employé dans la peinture, et on le fait
entrer dans quelques onguents.
Acétates de mercure. On connaît deux com-
binaisons de l'acide acétique avec le mercure :
l'acétate de protoxyde de mercure, et l'acétate-
de bioxyde de mercure. L'un et l'autre sont
employés comme anti syphilitiques.
Acétates de plomb. Les deux principaux acé-
tates de plomb sont l'acétate neutre de plomb
et le sous-acétate. Le premier a une saveur su-
crée, puis astringente ; il sert à la préparation
de l'acétate de l'alumine et à la fabrication du
blanc de céruse, et s'emploie en médecine
comme résolutif et astringent. Le sous-acé-
tate de plomb se présente sous forme de lames
blanches d'une saveur sucrée. Sa dissolution
porte le nom d'extrait de saturne quand elle
est concentrée, d'eau blanche, eau de Gou-
lard, eau végéto-minérale, quand elle est éten-
due d'eau commune. L'eau blanche est fré-
quemment employée en médecine comme as-
tringente et résolutive. On obtient l'acétate
neutre en faisant dissoudre de la litharge dans
l'acide acétique, et le sous-acétate en faisant
dissoudre de la litharge dans l'acétate neutre.
Acétate d'argent, Sel qui cristallise en ai-
guilles nacrées, légères. Il donne par la distil-
lation de l'acide acétique très-concentré, en
laissant un résidu métallique. Il noircit promp-
tement à la lumière.
Acétate de morphine. Ce sel, qui est souvent
employé en médecine et qui agit sur l'écono-
mie animale comme l'extrait d'opium , mais
avec plus d'énergie, s'obtient en réduisant la
morphine en poudre fine, en la délayant dans
un peu d'eau chaude et en la faisant dissoudre
dans 1 acide acétique. Il cristallise en aiguilles
soyeuses. *
Acétate de quinine. Comme le précédent, ce
sel cristallise en aiguilles soyeuses. On le pré-
pare en faisant dissoudre dans l'acide acétique
la quinine, réduite en poudre délayée dans
jeau; et élevée à une certaine température.
L acétate de quinine possède les mêmes pro-
priétés médicamenteuses que les autres sels
de quinine.
Acétate de cinchonine. Ce sel diffère beau-
coup de l'acétate de quinine. Evaporé à une
douce chaleur, il cristallise en paillettes peu
solubles dans l'eau ; mais évaporé a siccité, il
donne une masse gommeuse décomposable
dansl eau froide en sel neutre et en sel basique.
On donne souvent en chimie organique les
Acétate a" acéty le, à l'acide acétique anhydre ;
Acétate d'amyle, a l'éther amyl-acétique ;
Acétate de,benzoïle, à l'acide acéto-be'n-
zoïque anhydre ;
Acétate de cinnamylé, à l'acide acéto-cinna-
mique anhydre ;
Acétate de cumyle, à l'acide acéto-cumi-
nique anhydre ;
Acétate d'éthyle, à l'éther acétique;
Acétate de glycérine, à l'acétine;
Acétate de méthyle, à l'éther amyl-acétique ;
Acétate de salicyle, à l'acide acéto-salicy-
lique anhydre.
ACÉTÉ, é'e adj. (a-sé-té — du lat. acetum,
vinaigre). Qui est devenu aigre, qui s'est
tourné en vinaigre.
ACÉTÈnes. m. (a-sé-tè-ne — rad. acé-
tique). Chim. Nom donné à un carbure d'hy-
drogène qui est un des homologues du gaz
des marais. Il s'obtient en chauffant l'iodure
dethyle avec un mélange de zinc et d'eau
dans des tubes scellés à la lampe. On l'obtient
encore en traitant le cyanure d'éthyle par le
potassium. L'acétène est encore nommé hv-
drure d'éthyle.
- ACÉTEUSE s. f. (a-sô-teu-ze — «lu lat. ace-
ACÈ
tota, oseille). Nom donné anciennement àl'o*'
seille, à cause de son goût aigrelet.
acéteux, euse adj. (a-sè-teu, eu-ze —
du lat. acetum, vinaigre). Qui tient de la na-
ture du vinaigre : Le vinaigre distillé a long-
temps porté le nom d'acide acéteux , parce
qu'on le croyait moins oxygéné que lacide
acétique.
— Fermentation acéteuse, Fermentation qui
donne naissance à l'acide acétique.
ACÉTHINE s. f. (a-sé-ti-ne — de acétone,
et du gr. teion, soufre). Chim. Base sulfurée
que l'on obtient par l'action simultanée de
I ammoniaque et de l'acide sulfhydrique sur
l'açétonc. L'acéthine, appelée encore thiacé-
tonine, se présente sous la forme de cristaux
rhomboédriques jaunes, très-brillants.
ACÉTIDINE s. f. (a-sé-ti-di-ne - rad. acé-
tique). Chim. Liquide huileux incolore, d'une
odeur agréable, analogue à celle de l'éther
acétique, que l'on obtient en faisant réagir
l'acide acétique et la glycérine à 200" et au-
dessus. L'acetidine est une des acétines dis-
tinguées par M. Berthelot. Elle est encoro
appelée diacétine.
ACÉTIFICATION s. f. (a-sé-ti-fi-ca-si-on—
rad. acétifter). Action d'acétifier ou de s'acéti-
fier ; opération chimique naturelle par la-
quelle se forme l'acide acétique : Tant que
la plante peut provoquer Pacëtification, on
ajoute de l'alcool. (V. Borie.) V. vinaigre.
ACÉtifiÉ, ÉE (a-sé-ti-fl-é) part. pass. du
v. Acêtifier. Converti en acide acétique.
ACÉTIFIER v; a ou tr. (a-sé-ti-fi-é — du
lat. acetum, vinaigre; fieri, devenir; prend
deux i h la première et à la deuxième per-
sonne du pi. de l'imparf. de l'indicàt. et du
prés, du.subjonct.). Convertir en vinaigre,
en acide acétique : Il y a aussi le procédé al-
lemand, gui consiste à faire tomber goutte à
goutte sur des copeaux de bois de hêtre le li-
quide que l'on veut acêtifier. (V. Boriei)
S'acétifler, v. pr. Se convertir en vinaigre :
La petite plante se développe, et recouvre bien-
tôt la surface du liquide; en même temps l'al-
cool s'acétifie. (V. Borie.)
ACÉTIMÈTRE, ACÉTI MÉTRIQUE. V. ACÉ-
TOMÈTRE, ACÉT0MÉTR1QUE.
ACÉTINE s, f. (a-sé-ti-ne — rad. acétique).
Chim. Liquide neutre, odorant, d'une saveur
piquante, que l'on obtient par la réaction de
l'acide acétique et de la glycérine, il Nom gé-
nérique que l'on donne aux 'éthers acétiques
des alcools polyatomiques. On doit faire pré-
céder ce nom des syllabes mono, bi, tri, etc.,
pour indiquer le nombre d'équivalents d'a-
cide acétique, et le faire suivre du nom de l'al-
cool avec lequel l'acide acétique est combiné.
C'est ainsi que l'on dit : La triaectine de la
glycérine.
acétique adj. (a-sé-ti-ke — du lat. ace-
tum, vinaigre). Qui tient du vinaigre, qui est
de la nature du vinaigre ; qui a rapport à l'a-
cide acétique, 'qui dérive de l'acide acétique.
II Odeur acétique, Qui rappelle celle du vi-
naigre : L'odeur normale de la sueur est acé-
tique et acerbe ou hircine. (Raspail.) n Fer-
mentation acétique, Fermentation qui donne
naissance au vinaigre, à l'acide acétique, n
Acide acétique, Acide auquel le vinaigre doit
sa saveur et la plupart de ses propriétés, il
Ether acétique, Êther que l'on obtient par la
distillation d'un mélange d'alcool et d'acide
acétique concentré, il Groupe acétique, série
acétique, Groupes de composés qui dérivent
de l'acétique et s'y rattachent.
— Encycl. Acide acétique. L'acide acétique
forme la base du vinaigre, où il est très-étendu
d'eau et mélangé de petites quantités d'autres
substances. A un certain état de concentration,
il est connu depuis longtemps sous le nom de
vinaigre radical; mais ce n est qu'à la lin du
siècle dernier qu'on est parvenu à l'obtenir
pur. L'acide acétique est produit par les sub-
stances organiques les plus variées. Lorsque
l'alcool, et en général les liquides spiritueux,
se trouvent en contact avec l'air, ils se trans-
forment en acide. acétique étendu ou vinaigre.
(V. ce mot.) Cette transformation est favori-
sée par une température de 25 à 30° et par la
présence de ferments. (V. Fermentation.)
Quand on veut obtenir 1 acide acétique con-
centré, il faut toujours recourir à la décompo-
sition des acétates. Pour cela, après avoir dis-
tillé le vinaigre , on le sature à demi avec de
la potasse, ce qui donne une dissolution d'acé-
tate de potasse que l'on évapore à siccité ; i!
ne reste plus ensuite qu'à décomposer le sel
par l'action d'une température de 200°. L'a-
cide acétique, chimiquement pur, est solide
au-dessous de 190, et présente la forme de
lames transparentes Au-dessus de cette tem-
pérature, il est liquide, incolore et d'une odeur
très-pénétrante. Il dissout les résines, le cam-
phre, l'albumine et beaucoup d'autres sub-
stances organiques. Corrosif comme les acides
minéraux énergiques, il produit des ampoules
sur la peau. H bout à 12u<>, et sa vapeur se dé-
compose en acétone et en différents gaz , en
passant à travers un tube de porcelaine chauffé
au rouge obscur.
La composition de l'acide acétique est re-
présentée par la formule C* H* O* ou bien
C* H3 03 , 110 ; sa densité eSt 1,063 ; il se mêle '
en toutes proportions avec l'eau, et comme la
densité du mélange augmente lorsque l'eau
n'est pas en trop grande quantité , on ne peut
En médecine , l'acide acétique concentré
peut servir comme moyen vésicant ; mais en
raison de son action caustique, il ne peut être
employé à l'intérieur. Délayé dans, beaucoup
d'eau ou de tisane , Il Constitue un bon médi-
cament antlphlogistique. Comme il est très-
volatil, oïi en fait respirer la vapeur aux per-
sonnes tombées en défaillance ou en syncope.
Acide acétique anhydre. L'acide acétique
ordinaire, dont nous venons de parler, est dé-
signé quelquefois par les chimistes sous le nom
d'hydrate d acéty le ou d'acide acétique hydraté;
c'est ainsi qu'on exprime ses rapports chimi-
ques avec un autre acide acétique qui se pro»
duit par double décomposition, au moyen du
chlorure d'acétyle et d un acétate alcalin.
L'acide acétique anhydre, appelé encore acé-
tate d'acétyle, a pour formule Cs H6 06 ou bien
Qi H3 03; c'est un liquide parfaitement inco-
lore , très-mobile , très-réfringent , bouillant à
137° , d'une odeur qui rappelle , avec celle de
l'acide acétique hydraté, celle des fleurs d'au-
bépine.
Ether acétique. L'éther acétique est un li-
quide incolore d'une odeur agréable et éthé-
rée, plus léger que l'eau, bouillant à 740,
brûlant avec une flamme blanc jaunâtre. On
le prépare en distillant jusqu'à siccité un mé-
lange d'acétate, de potasse, d'alcool absolu et
d'acide sulfurique. L'éther acétique est encore
appelé par les chimistes acétate d'éthyle.
Comme il y a d'autres alcools que l'alcool
ordinaire , il y a d'autres éthers acétiques que
celui dont nous venons de parler. Ainsi le mot
acétique est souvent employé comme épithète
fénérique s'appliquant aux éthers qui dérivent
es divers alcools et de l'acide acétique. nLes
éthers acétiques , dit M. Gerhardt , représen-
tent de l'acide acétique dans lequel tout l'hy-
drogène basique est remplacé par du méthyle,
de 1 éthyle, de l'amyle, ou par les homologues
de ces radicaux. »
ACÉTIQUEMENT adv. (a-sé-ti-ke-man —
rad. acétique). D'une manière acétique : Cette
explication rend également raison de l'appari-
tion des vibrions dans la pâte qui fermente
acétiquement, au contact de l'air et dans une
faible quantité d'eau. (Raspail.)
ACÉTITE s. m. (a-sé-ti-te — du lat. acetum,
vinaigre). Chim. Nom donné aux acétates à
l'époque où l'on admettait deux degrés d'oxy-
dation de l'acide du vinaigre : L'acide lactique
décompose les acétites alcalins. (Fourcr.)
ACÉTO (a-sé-to— du lat. acetum, vinaigre).
Se joint à d'autres mots pour former des ad-
jectifs. %
acéto-azotate s. m. (a-sé-to-a-zo-ta-te).
Chim. Sel composé d'acide acétique et d'acide
azotique combinés avec un oxyde.
ACétO-benzoïQUE adj. (a-sé-to-bain-zo-
i-que — de acéto et de benzoïque). Chim.
Se dit d'un acide anhydre q-ue l'on obtient en
faisant réagir le chlorure d'acétyle et le ben-
zoate de soude desséché. Cet anhydride est
encore appelé acétate de benzoïle et benzoate
d'acétyle.
ACÉTO-CHLORHYDRINE S. f. (a-sé-to-klo-
ri-dri-ne —de acéto et chlorhydriquë). Chim.
Substance huileuse, presque insoluble dans
l'eau, d'une odeur qui rappelle celle de l'éther
acétique. On l'obtient par l'action de l'acide
chlorhydriquë gazeux sur un mélange d'acide
acétique et de glycérine maintenu à 100» pen-
dant plusieurs heures.
ACÉTO-CINNAMIQUE adj. (a-sé-to-sinn-
na-mi-ke— de acéto et de cinnamique). Chim.
Se dit d'un acide anhydre que 1 on obtient
par la réaction du chlorure d'acétyle sur le
cinnamate de soude. Cet anhydride est encoro
appelé acétate de cinnamylé et cinnamate d'a-
cétyle.
acéto-cuminique adj. (a-sé-to-ku-mi-
ni-ke — de acéto et de cuminique). Chim. So
dit d'un acide anhydre que l'on obtient par
la réaction du chlorure d'acétyle sur le cumi-
nate de soude. Cet anhydride, qui répand une
agréable odeur de vin d'Espagne , est encore
appelé acétate de cumyle et cuminate d'acétyle.
ACÉTOL s. m. (a-sé-tol — du lat. acetum,
vinaigre). Pharm. Dénomination générique
appliquée par quelques auteurs aux prépara-
tions pharmaceutiques, aux vinaigres médi-
cinaux préparés par distillation.
acétolat s. m. (a-s'é-to-la — rad. acétol).
aux vinaigres médicinaux.
Acétolature s. f. (ji-sé-to-la-tur —
rad. acétol). Nom proposé pour désigner lo
produit de la macération d une ou plusieurs
substances médicamenteuses végétales ou
animales dans le vinaigre.
ACÉTOLÉ s. m. (a-sé-to-lé — rad. acétol).
Préparation pharmaceutique obtenue par la
solution directe d'une ou plusieurs substances
médicamenteuses dans le vinaigre.
ACÉTOLIQUE adj. (a-sé-tc-li-ke — rad. acé-
tol). Se dit des médicaments constitués par le
vinaigre tenant en dissolution un principe
médicamenteux.
ACÉTOLOTIF s. m. (a-sé-to-lo-tifT — rad.
acétol). Pharm. "Vinaigre médicinal pour l'u-
sage externe.
ACÉTOMEL s. m. (a-sé-tc-mèl — du lat.
ACÉ
acetum, vinaigre; met, miel). Sirop de vinai-
gre miellé.
ACÉTOMÈLLÊ s. m.f>sé-to-mell-lé— rad.
acétomel). Nom générique proposé pour dési-
gner les solutions de miel dans le vinaigre
pur ou chargé des principes actifs d'une sub-
stance médicamenteuse.
ACÉTOMÈTRE OU ACÉTIMÈTRE S. m. (a-
sé-to-mè-tre — du lat. acetum, vinaigre; me-
trumt mesure). Instrument au moyen duquel
on apprécie le degré de concentration du
vinaigre.
ACÉTOMÉTRIE OU ACÉTIMÉTRIE S. f. (a-
sé-to-mé-trî — rad. acétomètre)* Appréciation
du degré de concentration du vinaigre.
ACÉTOMÉTRIQUE OU ACÉTIMÉTRIQUÉ
adj. (a-sô-to-mé-tri-ke — rad. acétomètre).
Qui a rapport à l'acétométrie : Degrés ace-
tojiètriques.
ACÉTONATE s. m. (a-sé-to-na-to — rad.
acétonique). Chim. Nom générique des sels
formés par la combinaison de l'acide acéto-
nique avec une base.
ACÉTONES, f. {a-sé-to-ne — rad. acétique).
Chim. Nom donne à un corps que l'on obtient
en distillant les acétates alcalins de chaux, de
baryte , etc. , préalablement bien desséchés.
L'acétone est un liquide incolore, très-mobile,
doué d'une odeur caractéristique ; il est très-
combustible, et brûle avec une flamme écla-
tante. Sa saveur rappelle celle de la menthe
poivrée. L'acétone s appelait dans l'origine
esprit pyro-acétique. Les progrès de la chimie
ont fait de l'acétone le type d'un groupe de
composés que l'on désigne sous le nom géné-
rique d'acétones, et que l'on obtient par la dis-
tillation sèche des sels de chaux, des acides
homologues ou isologues de l'acide acétique.
Au point de vue théorique , chaque acétone
peut être considérée comme une aldéhyde
dans laquelle un atome d'hydrogène serait
remplace par une molécule du radical de l'al-
cool placé dans la série au-dessous de celui
dont dérive l'aldêhydo.
ACÉTONINE s. f. (a-sé-to-ni-ne— rad. acé- .
tone).- Chim. Alcali organique, soluble dans
l'eau, l'alcool et l'éther. On l'obtient en fai-
sant dissoudre l'ammoniaque dans l'acétine et
en chauffant la dissolution jusqu'à 100°.
ACÉTONIQUE adi. {a-sé-to-ni-ke — rad.
acétone). Chim, Se oit d'un acide que l'on ob-
tient en soumettant l'acétone à l'action d'un
mélange d'acide chlorhydriquë et d'acide
ACÉTO-NITRATE s. m. (a-sé-'tc-ni-tra-lc
— de acéto et nitrate). Chim. Sel double com-
posé d'acide acétique et d'acide nitrique com-
binés avec un oxydo quelconque : On verse
par-dessus cette première couche de l'albumine
ferment ée et iodurée, qu'on sensibilise à son
tour dans le bain d'ACETO-NiTRATB d'argent.
(L. Figuier.)
ACÉTONITRILE s. m. (a-sé-to-ni-tri-le —
de acéto et nitrilé). Chim. Substance huileuse
que l'on obtient en chauffant l'acétamide avec
lacide phosphorique anhydre. L'acétonitrilo
n'est autre que l'éther cyanhydrique de l'al-
cool méthylique ou le cyanure de méthyle.
ACÉTO-SALICYLIQUE adj. (a-sé-to-sa-li-
si-li-ke — de acéto et de salicylique). Chim.
Se dit d'un acide anhydre que l'on obtient par
la réaction du chlorure d'acétyle sur le salicy-
late de soude. Cet anhydride est encore ap-
pelé acétate de salicyle et salicylate d'acétyle.
acétosamine s. f. (a-sé-to-za-mi-ne —
de acéto et de am, abréviation signifiant am-
moniaque). Chim. Substance alcaline, insolu-
ble dans l'éther, soluble dans l'eau et l'alcool.
On l'obtient en faisant réagir à la tempéra-
ture de 150« le chlorure d'ethylène (liqueur
des Hollandais) et l'ammoniaque. L'acétosa-
mine est encore appelée acétylamine.
ACÉTOSITÉ s. f. (a-sé-to-zi-té — rad. acé-
eux). Etat, qualité des substances acéteuses.
ACÉTYLAMINE s. f. (a-sé-ti-la-mi-ne — de
icétyle et de am, pour ammoniaque). Y. Acé-
acétylaniline s. f. (a-sé-ti-kvni-li-ne —
de acétyle et de aniline). Chim. Substance. al-
caline que l'on obtient en faisant réagir l'ani-
line et ta liqueur des Hollandais à la tempéra-
ture de 200». L'acétylaniline est soluble dans
l'eau et dans l'alcool , insoluble dans l'éther.
ACÉTYLE s. m. (a-sé-ti-le — rad. acétique).
Chim. Radical hypothétique des composes
acétiques, La formule de ce radical est
Ci H3 02. D'après cette hypothèse, l'aldéhyde
est un hydrate d'acétyle, 1 acide acétique an-,
hydre un oxyde d'acétyle, et l'acide acétique
ordinaire un hydrate d'oxyde d'acétyle.
ACÉTYLURE s. m. (a-sé-ti-lur — rad. acé- .
tyle). Chim. Nom générique donné aux com-
poses qui représentent de l'acétyle combiné
avec un métal. Ces composés représentent
également de l'aldéhyde dans lequel un équi-
valent d'hydrogène est remplacé par un équi-
valent de métal. On leur donne encore le nom
A'aldéhy dates.
ACÉTYLURÉE s. f. (a-sé-ti-lu-rè — de acé-
tyle et de urée). Chim. Substance que l'on ob-
tient en faisant réagir le chlorure d'acétyle
et l'urée. L'acétyluree se présente sous Corme
ACH
d'aiguilles soyeuses quand elle cristallise dans
l'alcool bouillant, et sous celle de prismes
rhomboïdaux groupés en étoiles dans l'eau
bouillante.
ACHAB, le plus impie des rois d'Israël (917-
889 av. J.-C). Poussé par sa femme Jézabel,
il releva les autels de Baal ," et fit mourir Na-
both pour s'emparer de sa vigne. Il fut tué
dans une bataille contre le roi de Syrie, et les
chiens, suivant la prédiction d'Elie, léchèrent
le sang de ses blessures.
ACHADE s. f. (a-eha-de). Agric. Sorte de
houe pour biner les vignes.
ACHAGUA adj. et s. (a-cha-gu-a). Géogr.
Peuplade de l'Amérique , habitant entre lo
Rio-Negro et rOrcnoque : Les Achaguas sont
rusés et perfides ; la chasse est leur seul moyen
d'existence. (Univ. pitt.) il Se dit de l'idiome
parlé par les Achaguas : L'idiome achaguà,
que Hervas considérait à tort comme une bran-
che où un dialecte du. maypure , est une langue
différente qui a seulement quelque affinité avec
cet idiome. Il est doux et facile à prononcer.
(Univ. pitt.)
ACHAGUAL s. m. (a-cha-gu-all). Ichthyol.
Poisson des eûtes de la Nouvelle-Hollande et
de l'Amérique méridionale. Daubcnton l'ap-
pelait le roi des harengs du Sud, et Lacépède
la chimère antarctique.
ACIIAÏË (a-ka-i) , petite contrée de l'anc,
Grèce, au N. du Péloponèse, divisée en douze
villes, qui formèrent, vers 280 av. J.-C. ,1a ligue
Açhéenne. — On donne le même nom à une
portion de la Phthiotide en Thessalie, où ré-
gnait Achœus ; — à, une province romaine for-
mée après la destruction de la ligue Açhéenne,
146 ans av. J.-C, comprise depuis dans le
diocèse de Macédoine ; — a une principauté
formée en 1205 par les croisés latins, compre-
nant le Péloponèse et la suzeraineté d'Athènes
et de ïhèbes ; — à une province du royaume
de Grèce, dont la capit. est Patras.
achaïen, ienne s. (a-ka-ï-ain , i-è-ne
— rad. Achaïe). Géogr. anc. Celui, celle qui
était né en Achaïe , qui habitait l'Achaïo. il
S'empl. aussi adjectiv. dans le même sens
qu'achaïque.
ACHAÏQUE adj. (a-ka-i-kel. Géogr. anc. Qui
appartient, qui a rapport à l' Achaïe ou à. ses
habitants.
achalandage s. m. (a-cha-lan-da-je —
rad. achalander). Action d'achalander une
maison de commerce, de lui procurer des
chalands : La question de l'enseigne était du
reste des plus capitales pour V achalandage
d'un cabaret ou d'une hôtellerie. (Fr. Michel.)
Il Habitude de se fournir chez un marchand :
Bienheureux nous sommes, monsieur le comte,
que vous ayez honoré notre pauvre boutique de
votre achalandage. (E. Sue.) il Ensemble des
chalands ou pratiques qui achètent habituel-
lement chez un marchand , dans une maison
de commerce : La réputation de probité de
cette ancienne maison lui a valu un bon acha-
landage. Ces cinq hôtels faisaient J'achalan-
dage principal de dame Fanchon , la mercière.
(P. Fev.) Le total de l'inventaire allait à trente
mille francs, y compris le brevet de maître im-
primeur et V ACHALANDAGE. (Balz.)
— Fig. Moyen d'attirer: La vieille marquise
fondait, pour sa société, un grand espoir (2'acha-
landagb sur la beauté de sa nièce. (G. Sand.)
ACHALANDÉ, ÉE (a-cha-lan-dé) part. pass.
du v. Achalander. Qui a beaucoup de prati-
ques, de chalands, de clients : De tous les mar-
chands d'espérance , les médecins resteront les
plus achalandés à la longue. (Grimm.) C'est
une bonne maison , bien achalandée , qui rap-
porte quinze à vingt mille francs par ad. (Balz.)
Il fut mis en apprentissage chez un relieur ha-
bile et achalandé. (StrAulaire.) C'était, à vrai
dire, la reine des servantes, et jamais la mai-
son n'avait été mieux achalandée que depuis
qu'elle y régnait. (G. Sand.) Il y avait en tout
trois clercs et demi, ce qui annonçait une étude
des plus achalandées. (Alex. Dum.) || Fré-
quenté ; dans ce sens, il est suivi do la prépo-
sition de : Il n'y a pas de route bien achalan-
dée de passants de ce côté-là. (G. Sand.) Elle
venait souvent babiller en une maison si bien
achalandée de monde que l'était celle dé ma
cousine. (G. Sand.)
ACHALANDER v. a. ou tr. (a-cha-lan-dé —
rad. chaland). Attirer, faire venir des cha-
lands , procurer de la clientèle : Je suis sûre,
me dit-elle, que vous achalanderiez bien une
boutique. (Sterne.) Il comptait sans doute sur
la beauté d'une telle enseigne pour achalander
son établissement. (G. Sand.) Au-dessus de ma
tète, Charles-ijuint , Joseph II ou Napoléon,
pendus à une vieille potence en fer et faisant en-
seigne, grands empereurs qui ne sont plus bons
qu'à achalander une auberge. (V. Hugo.)
— Fig. Mettre en vogue : Il fallait bien des
cérémonies, bien du temps pour achalander un
oracle. (Volt.)
S'acbalander, v. pr. Obtenir des chalands,
des pratiques : Grâce à de jolies femmes , un
café s'achalande facilement. Cette boutique
s'est bien achalandée. (Trév.) Ce charlatan ,
pour mieux s' achalander, arrachait les dents
de qui voulait, par amour de l'art, et cela sans
produire de douleur. (V. Fournel.)
— Antonymes. Déchalander, désachalander.
ACHALANDISE s. f. (a-cha-lan-di-ze — rad.
ACH
V. Cha-
LANDISE.
achalinoptères s. m. pi. (a-ka-li-no-
ptè-rc — du gr. a priv.; clialinos , frein, et
pteron .aile). Entom. Nom donné par M.Blan-
chard a la première section des lépidoptères
ou papillons , que les anciens autours appe-
laient papillons de jour ou lépidoptères diur-
nes. Ils sont caraciérisés par l'absence d'un
crin ou d'une soie roide à la partie inférieure
des secondes ailes , passant dans un anneau
des premières ailes pour les maintenir dans
le même plan. Cet organe, ce frein, se retrouve
au contraire chez tous les chalinoptères ou
nocturnes.
achane s. m. (a-ka-ne). Métrol. Mesure
pour le blé, en usage chez les Perses.
ACHANIE s. f. (a-ka-nî — du gr. achanês,
qui ne s'ouvre pas). Bot. Genre de plantes do
la famille dos malvacôes, que l'on trouve dans
l'Amérique méridionale.
ACHANTI ou ACHANTIN adj. et s. (a-kan-
ti). Géogr. Habitant de l'Afrique occidentale:
Le peuple des Achantis , qui domine aujour-
d'hui sur toute la Côte-d'Or et sur une grande
partie de la Nigritie, était encore inconnu à la
fin du xvmc siècle. (Am. Tardieu.) XesAcHAN-
tins forment une des familles les plus belles et
les plus avancées de toute la Nigritie, dont ils
sont devenus la puissance prépondérante. (G.
Béraud.)
— s. m. Langue parlée par les habitants du
royaume d'Achantis : /.'achanti n'a point de
passif et n'emploie presque jamais les infinitifs.
(Balbi.)
ACHANTlLLESs. f. pi. (a-kan-ti-lle; «mil.—
du lat. achantum, matière odorante). Entom.
Nom donné par antiphrase à une section de
la famille des cimicides, comprenant le genre
punaise.
ACHANTIS ou ASIIANTEES (ROYAUME DES),
vaste royaume nègre, le plus puissant empire
de Guinée, dans l'intérieur de laCôte-d'Or; ca-
pitale, Coumassie. Le pays est presque entière-
ment cou vert de forêts, où se trouve le baobab,
l'éléphant, le rhinocéros et,
le crocodile et l'hippopotame. Les Achantis
vendent aux Européens de l'or, de l'ivoire, de
l'huila de palme et des bois de teinture et d'ébé-
riisterie ; ils professent un islamisme mêlé de
fétichisme. Environ 3,000,000 d'hab. 11 y a
Quelques établissements anglais et hollandais-
Achar (D') loc. adv. (a-char). Abrév. de
acharnement, il Jouer d'achar, c'est-à-dire
avoir un jeu très-serré. On dit le plus souvent
Jouer d'autor et d'achar. V. Autor.
AcharD ou ACHAR s. m. (a-char— du nom
du vulgarisateur). Art culin. Nom donné, aux
Indes, a un condiment que l'on prépare en fai-
sant macérer dans du vinaigre des bourgeons
encore très-tendres de chou palmiste ou de
bambou, il Par ext., S'applique en Europe à
des préparations analogues , qui ne sont que
des légumes confits dans du vinaigre et assai-
sonnés do moutarde : Chaque pays fait son
achar avec les condiments que lui fournissent
le climat et la température. (Raspail.)
— Encycl. Le mot achard est un terme gé-
néral sous lequel on comprend toutes les par-
ties végétales : racines, feuilles, fleurs, fruits
et graines, que l'on fait confire dans du vinaigre
pour les servir sur nos tables à titre de hors-
d'œuvre ou de condiment. Un grand nombre
de plantes différentes sont représentées dans
ces préparations. On y fait entrer des navets
et des radis blancs et rouges tournés et décou-
pés à. l'emporte-pièce ; de petites carottes en-
tières , des fonds d'artichauts , des pois et des
haricots verts, des choux-fleurs, déjeunes épis
de maïs, des feuilles de choux rouges et verts,
des concombres, des câpres, des tomates, des
cornichons, des oignons blancs, des feuilles de
betterave , des graines et des fleurs de capu-
cine, des fleurs d'oranger, des boutons de fleurs
de grenadier et de rosier, des tètes d'asperges,
de petites oranges, des citrons verts, de petites
pommes et de petits abricots, des amandes
vertes et des amandes pelées, des piments verts
et rouges, des champignons, des truffes et jus-
qu'à des groseilles blanches, rouges et à maque-
reau. Ces diverses parties végétales doivent
être épluchées, essuyées, lavées et blanchies â
l'eau bouillante, puis soigneusement égouttées.
On les met ensuite dans des vases de verre ou
de grès entièrement remplis de vinaigre, en y
ajoutant, comme aromates, des racines fraîches
de gingembre , des feuilles d'estragon , de ro-
marin , de laurier, quelquefois de la muscade ,
du macis, des clous de girofle, du poivre noir,
de la cannelle , de la moutarde en grain , des
gousses d'ail, etc. Après huit jours de macé-
ration , on décante , on concentre le vinaigre
fiar l'ébullition et on le verse de nouveau sur
es achards.
On prétend que cette' sorte de condiment, en
usage de temps immémorial dans les Indes, fut
observé par un voyageur nommé Achard, oui
en importa la recette en Europe , où elle fut
modifiée suivantles productions de nos climats.
ACHARD (Frédéric-Charles) , naturaliste et
chimiste allemand, né à Berlin en 1753, mort
en 1821 , descendait d'une famille française
protestante. Il est le véritable vulgarisateur
de la fabrication du sucre de betterave , dont
Margraf avait fait la découverte cinquante ans
ACH
auparavant. Le roi de Prusse lui fit présent du
domaine de Kussern, en Silésie, pour y exploi-
ter en grand cette industrie , à laquelle le
blocus continental vint imprimer un immense
développement. Achard était directeur de la
classe de physique à l'Académie des sciences
de Berlin. Il a laissé plusieurs ouvrages.
ACHARD (Frédéric-Adolphe) , acteur et chan-
teur comique français, né a Lyon en 1808 d'un
ouvrier tisseur de soie, mort en 1856. Il joua
d'abord dans les théâtres de province, débuta
en 1834 sur le théâtre du Palais-Royal, où son
jeu franc et comique fut très-goùté. Il avait en
outre un véritable talent comme chanteur, et
se fit applaudir dans les chansonnettes, dont
il mit le genre a la mode.
ACHARD (Louis- Amédée-Eugène) , roman-
cier français , né à Marseille en 1814. Fit
d'abord quelques articles de littérature dans le
Sémaphore de Marseille , puis vint à Paris ,
écrivit dans le Vert-Vert , VEntr'acte , le Cha-
rivari, enfin dans le journal l'Epoque. En 1S4G,
il fut choisi pour accompagner en Espagne le
duc de Montpensier et raconter les fêtes de
la Robe de Nessus, la Chasse-Itoyale, etc.
ACHARIDE s. m. ( a-ka-ri-de — du gr.
acharis, repoussant; formé de a priv. et de
charis, grâce). Entom. Genre do coléoptères
longicornes, Tribu des lamiaires.
ACHARIE s. m. (a-ka-rî). Bot. Plante touf-
fue et résineuse du cap de Bonne-Espérance.
ACEIARIOS (Eric), naturaliste suédois, né
en 1757, mort en 1819. Il s'occupa d'une ma-
nière toute spéciale de l'étude des lichens et
des cryptogames.
ACHARNANT (a-char-nan) part. prés, du
v. Acharner.
ACHARNE (a-char-ne). Nom d'un canton
de l'Attique, dont les habitants, presque tous
charbonniers, étaient le peint de mire de la
causticité athénienne.
ACHARNÉ, ÉE (a-char-nê) part. pass. du v.
Acharner.Excitô, irrité : Il parait plus acharné
sur sa proie, et la dévore sans la dépecer. (Buff.)
Pépin , présent à un de ces spectacles, voit un
lion monstrueux acharné contre un taureau.
(Anquetil.)
Tigres plus acharnés que les lions sauvages.
J.-B. Rousseau.
— Par ext. Animé : Des danseurs achar-
nés forçaient les ménétriers à secouer leur en-
gourdissement. (G. Sand.) n En parlant des
choses, Violent, opiniâtre : On entendit pen-
dant quelques secondes le bruit d'une lutte
acharnée. (E. Sue.) Mon cherf vous arrivez
au milieu d'une bataille acharnée, il faut vous
décider promptement. (Balz.) Il trouva Porthos
faisant une partie de dés acharnée avec Ara-
mis. (Alex. Dum.)
— Fig. Plein d'animosité, d'ardeur, etc. :
Molière eut des ennemis acharnés. (La Harpe.)
Il n'existêpas de destructeur plus acharne du
bonheur d'une femme que les autres femmes.
(Mm« Romieu.)
acharnéen, ENNE adj. et s. (a-kar-nô-
ain, o-ne) Géo^T- anc. Qui est d' Acharne, qui
appartient au démo d'Acharné. Il Les Grecs
disaient: Museachurnëenne, pour désigner une
poésie grossière, il On dit aussi acharnien.
acharnement s. m. (a-char-ne-man —
rad. acharner). Ardeur d'un animal qui s'at-
tache opiniâtrement à sa proie : //acharne-
ment d'un loup, d'un animal carnassier. (Acad.)
Le lion saisit sa proie et la dévore avec achar-
nement. (Lav.) .
— Par ext. Fureur avoe laquelle les ani-
maux et même les hommes se battent les uns
contre les autres: Quel plaisir peut-on prendre
à voir deux dogues se battre avec acharne-
a repris l'offensive en Afrique, et la guerre s'y
fait avec acharnement. (Balz.)
— Fig. Animosité , ténacité : /.'acharne-
ment odieux du chancelier Séguier contre Fou-
quet. (Volt.) Si Bonaparte eût été d'une an-
cienne dynastie, il aurait poursuivi l'égalité
avec un acharnement extrême. (Mme de Staël.)
Elle met autant d' acharnement à le pour-
suivre qu'il met de persistance à la /Wr.(E. Sue.)
L'œuvre que la théologie dispute avec achar-
nement à la raison, cest la partie morale de
l'éducation. (Vacherot.)
Jamais contre un pécheur ils n'ont d'acharnement.
Molière.
II Attachement excessif, passion pour quelque
chose : Il a un furieux acharnement pour le
jeu. (Trév.)
— D'acharnement, loc. adv. Avec acharne-
ment, avec ardeur, opiniâtreté: Comme il
n'était que dix heures, il se mita travailler
d'acharnement avec Colbert et Lyonne. (Alex.
Dum.)
minel, affreux, furieux, horrible, forcené, in-
juste, déplorable, odieux, révoltant, lâche.
ACHARNER v. a. ou tr. (a-char-né — de à
et chair). Exciter, irriter : On avait acharné
les chiens contre le taureau. (Acad.) Ce n'est
point, madame, et ce ne peut point être votre
dessein d' acharner les fidèles contre les fidèles.
(J.-L. Balz.) Des soldats , qu'une férocité na-
turelle acharnait sur les vaincus. (Fléch.)
ACH
67
— Fig. et moral : Qu'allons-nous donc faire
par le renvoi de la délibération? manquer le
moment décisif, acharner notre amour-propre
à changer quelque chose à un ensemble que nous
n'avons pas même conçu. (Mirab.)
— Vén. ;et fauconn. Donner le goût de la
chair aux chiens, aux oiseaux de proie , polir
exciter leur ardeur à la chasse.
S'acharner, v. pr. Persécuter, poursuivre
avec opiniâtreté : Ces deux plaideurs se sont
acharnés l'un contre l'autre. On a vu quelque-
fois les hommes s'acharner les uns contre les
autres dans l'asile même consacré à la paix.
(Volt.) Cet avantage n'eut d'autre résultat que
de rappeler Souwarow, et de l'empêcher de s'a-
charner sur Macdonald. (Thiers.)
— Par ext. : Il s'acharna donc sur ses traces,
marchant tantôt immédiatement derrière elle,
tantôt àsescâtés. (G. Sand.) Lèvent de novembre
s'acharnait après, les dernières feuilles des
ormes. (A.'Houss.) Presque tous s acharnent
à combattre la nature intraitable du métal.
(Balz.) Ce délai parut au pauvre armateur un
de ces retours de bonheur qui annoncent à
l'homme que le sort s'est enfin lassé de s'a-
charner sur lui. (Alex. Dum.)
— Fig. S'appliquer à quelque chose' avec
ardeur: S'acharner à l'élude, aux affaires,
au jeu. Souvent nous nous acharnons à ali-
menter la cause de nos souffrances. (G. Sand.)
Depuis bien des siècles, les dogmes religieux
s'acharnent à renfermer la notion de Dieu
dans les étroites limites du symbolisme. (G.
Sand.) Elle accusait le destin qui semblait
s'acharner à la poursuivre. (F. Soulié.) Puis-
que je suis voué au malheur, puisque le sort
s'acharne à me poursuivre , je mériterai du
moins sa rigueur. (Scribe.)
Acbamicns (i.bs), comédie d'Aristophane,
représentée l'an 426 av. J.-C. Les Athéniens
et les Lacédémoniens se faisaient depuis six
ans une guerre acharnée. On négociait pour la
paix ; le peuple la désirait j mais les grands, les
généraux d'armée , entre autres Cleon et La-
machus, ne la voulaient pas. C'e3t alors qu'A-
ristophane , partisan déclaré de la paix , fit
représenter les Acharniens, pièce dont le litre
est emprunté aux habitants d'Acharné, bourg
situé prés d'Athènes. La rude population de ce
bourg , composée presque tout entière de bû-
cherons et de charbonniers , a le plus souffert
des invasions des Lacédémoniens; aussi elle
est animée des sentiments les plus belliqueux,
et l'on comprend l'intention du poète en pla-
çant la scène dans un lieu où il allait établir te
contraste sur lequel repose le comique de la
pièce. Un citoyen d'Athènes, Dicéopolis, fati-
gué d'hostilités qui le réduisent à manquer de
tout, et ne pouvant décider l'assemblée à faire
la paix, envoie à. Lacédémone, et conclut, pour
son compte , une trêve particulière de trente
ans. Dès lors tout lui arrive en abondance ;
pendant que le reste de l'Attique souffre mille
maux, sa- maison devient un séjour de plaisirs
et de bombances. On vient annoncer une in-
vasion des ennemis ; d'un côté Lamachus fait
ses préparatifs de combat ; de l'autre , Dicéo-
polis préside aux apprêts d'un festin. Tousdeux
partent enfin, mais pour revenir bientôt : le
premier, couvert de blessures, geignant et se
lamentant, soutenu par quelques-uns de ses
soldats ; le second, riant, chantant, chancelant
et buvant encore, et accompagné do deux
jeunes filles, qui jouent de la flûte. Toute la
pièce est une suite de mascarades burlesques,
qui tendent à jeter de l'odieux et du ridicule
sur Cléon et sur Lamachus, et même sur Eu-
ripide, qu'on pourrait s'étonner de voir immolé
ici à la risée publique, si la satire effrontée
d'Aristophane ne faisait naître à chaque instant
l'occasion de s'attaquer aux plus respectables
gloires d'Athènes.
ACHAT s. m. (a-cha — V. acheter). Action
d'acheter : Les Anglais nous interdisaient in-
solemment Tachât du tabac, dans le seul pays
du monde où sa culture était en vigueur,
(Beaum.) Le baron de Goërtz négocia en Hol-
lande J'achat de quelques vaisseaux. (Volt.)
t les uns, mit les autres en gage,
n château le long de ce rivage.
La Fontaine.
Hispal veni
Fit aeliat à
Il La chose achetée : Je veux vous faire voir
mon achat. (Acad.) Quand le commerce a été
bien organisé, il a trouvé la monnaie embarras-
sante pour solder ses achats. (Blanqui.)
— Par anal. : Alors les achats de suffrage
avaient lieu à peu près publiquement à Borne.
(Mérimée.) On retrouve dans l'antiquité cet
achat de la femme, gui fut l'origine du ma-
riage. (Maury.)
— Bourse. Achat à la hausse, Achat de
rentes sur l'Etat ou autres valeurs, qui s'opère
lorsque diverses circonstances font présumer
une hausse qu'on attend pour revendre avec
bénéfice. Il A chat à la baissa, Opéré lorsque
survient une baisse , après que l'on a vendu
des effets publics à un prix plus élevé, il
Achat à prime, Négociation dans laquelle,
moyennant une prime déterminée, l'acheteur
est libre de prendre ou de ne pas prendre, aux
termes convenus, dos effets achetés.
— Livre d'achats , Registre sur lequel les
commerçants enregistrent jour par jour les
marchandises qu'ils achètent.
— Syn. Achat, acquisition, emplette. Achat
marque particulièrement l'action d'acheter :
Cette métairie vaut le double de ce qu'elle va-
lait au temps de Rachat. (Volt.) Emplette
désigne plutôt la chose achetée : // nous ex-
53 ACH
hiba toutes ses emplettes. (Lé Sage.) Ce der-
nier mot s'applique surtout aux petits objets
d'un usage ordinaire: Cette jeune personne est
allée à la ville faire des emplettes avec sa
femme de chambre. (Volt.) Achat se dit de
choses considérables , telles que terres, mai-
sons , etc. : Un grand cabinet de physique et
quelques achats cte chevaitxm'cnt un peuépuisé.
(Volt.) Sous ce rapport, il se rapproche d'ac-
gitisition, mais il en diffère en ce qu'achat
s'emploie dans le langage ordinaire, et acqui-
sitionen terme de palais, ' , .
-T- Antonymes. Cession, vente.
achate (a-ka-te), personnage de V Enéide,
lo compagnon le plus dévoué d'Enée et son
ami intime. V. Fidus Achates. h S'cmpl. mé-
taphoriquement, comme nom commun, pour
désigner quelqu un qui ne quitte jamais une
personne, qui est toujours a ses côtés : Les
confidents intimes, les fidèles Achates, détesta-
bles conseillers du pouvoir. (Journ.)
ACHATE s. m. (a-ka-te — de Achate, n. pr.).
Entom, Nom spécifique d'une espèce de pa-
pillon de jour.
ACHATECHITLI s. m. (a-cha-té-chi-tli —
nom mexicain). Ornith. Oiseau du genre pin-
son', qui habite le Mexique, il a la taille, le
chant et le genre de vie du tarin. On dit qu'il
a l'habitude de se frotter contre les roseaux.
C'est le fringilla mexicana do Linné.
ACHATIE s. f. (a-ka-ti). Entom. Genre de
lépidoptères nocturnes.
ACIIAZ (a-ka-ze), roi de Juda, cruel et impie
(737-723 av. J.-C.). Il appela contre les rois de
Syrie et d'Israël, ses ennemis, le roi d'Assyrie
'J eglath-Phalasar, et lui livra, tout l'or du tem-
ple de Jérusalem..
ache s. f. (a-che — du celt. ach, eau , par
allusion aux lieux où elle croît). Bot. Genre de
plantes ombellifères amminées, comprenant
quatre espèces, dont l'une, la plus commune,
est le .céleri : Ce sont les Italiens qui ont, les
premiers, transformé Tache sauvage en plante
potagère. (Roques.) /,'ache était connue des
Grecs, qui en faisaient des couronnes destinées
aux vainqueurs dans les jeux isthmiques et
néméens. (Roques.) Le front couronné tf'AciiK
toujours verte, nous nous excitions à jouir de
ta vie. (Chatcaub.) Aux jeux d'Olympie , à ce
premier âge de pur enthousiasme, on décernait
seulement, en symbole de victoire, une feuille
rf'ACHE ou d'olivier cueillie dans les bois sacrés
du temple. (Villom.) il Sert souvent de terme
de comparaison, à cause dû sa belle couleur
verte : La bouteille était verte comme ache, le
vin était rouqe comme sang. (G. do Nerv.) tt
Chez les anciens, Vache jouait, dans les céré-
monies funèbres , le rôle que joue chez nous
l'immortelle; d'où co proverbe grec, en par-
lant d'un malade désespéré : Il a besoin d'ache,
il ne lui faut plus que lâche, parce qu'on avait
coutume de couronner la sépulture des morte
avec cetto herbe.
— Encycl. Vache est une plante bisannuelle,
a racine courte et pivotante , a tige herbacée
et rameuse, portant des feuilles ailées, très-
découp'ées, et des fleurs d'un blanc verdâtre,
disposées en ombelles. Elle croit dans les ma-
rais et sur les bords des ruisseaux de presque
toute l'Europe. Elle n'est pas cultivée , car il
tst reconnu que la culture lui fait perdre les
propriétés énergiques qui la caractérisent. On
emploie en médecine ses racines, ses feuilles
et ses fruits, improprement appelés semences.
Les anciens' ont connu lés propriétés fon-
dantes et apéritives de Vache. Horace l'accuse
de produire la stérilité. Tournefort la regar-
dait comme fébrifuge, et l'associait au quin-
quina, dont elle augmentait, disait-il, les pro-
priétés. Les travaux des médecins modernes
ont confirmé cette opinion. Vache est encore
diurétique, expectorante et résolutive, La dé-
coction de ses feuilles dans du lait a été pré-
e contre l'asthme humide et le catarrhe
Vache, modifiée par la culture, a produit la
plante bien connue sous le nom de céleri.
— Homonyme. Hache.
achêe s. m. (a-ché— de Achée, n. mythol.).
Mamm. Genre de mammifères quadrumanes,
dont on ne connaît qu'une espèce, appelée
vulgair. paresseux.
— Crust. Genre de crustacés décapodes.
ACHÉE s. f. (a-ché — du lat. esca, pâture).
Nom vulgaire du lombric ou ver de terre, et,
par ext., de tous les vermisseaux, larves, in-
sectes dont se servent les pêcheurs pour
amorcer leurs lignes, il On dit aussi aciie ,
aiciie et èche. Ce dernier mot devrait.préva-
loir, à cause de l'étymologie.
ACH ÉE (a-ché) , fils de Neptune et de Larisse.
achéen, enne adj. et s. (a-kè-ain, è-ne—
rad. Achaîe). Géogr. anc. Habitant de l'Achaïc ;
qui concerne l'Aehaïe ou ses habitants: Le
conseil achéen. Les Achéens avaient une répu-
tation de moralité et de probité qui les fit plus
d'une fois choisir pour arbitres par leurs voi-
sins. Tous les auteurs qui ont parlé de la con-
stitution achéenne en ont vanté la saacsse,
(L. Renier.) il Quelquefois, par ext., on donne
lo nom d'Achéen à tout habitant de la Urèce.
du Péloponèse , et dont les principales étaient
Fatras, vEgium , Hélice, Dyme et Pellène.
EUe n'acquit une véritable importance poli-
tique que vers 250 av, J.-C, lorsque Aratus,
ACH
qui en fut nommé. dix-sept fois stratège, l'eut
accrue par l'accession de villes étrangères et
lui eut donné l'impulsion en l'opposant à la
domination macédonienne , qui pesait sur une
partie de la Grèce. Les bases de la confédéra-
tion étaient l'entière égalité des Etats qui en
faisaient partie ; le maintien de la démocratie
tempérée dans les villes j la liberté munici- ■
pale, en tant que les intérêts généraux n'é-'
taient pas engagés j une assemblée générale
qui décidait de la paix, de la guerre et des al-
liances; enfin un conseil supérieur de dé-
miurges, a la tête duquel était un stratège ou
chef militaire. La ligue Achéenne fut le der-
nier centre de force, le dernier abri de la na-
tionalité grecque. Pendant plus d'un siècle elle
lutta, souvent avec succès, contre les rois de
Macédoine, les cités dissidentes, enfin contre
les Romains. Ses plus grands hommes furent
Aratus et Philopœmen. Elle fut dissoute, après
la'funeste journée de Leucopetra, qui livra
définitivement la Grèce aux Romains (i4G av.
J.-C).
ACHÉEN-PÉLASGE s. et adj. (a-ké-ain-pé-
la-je — Achéen et Pélasge). Geogr. anc. Habi-
tant de la péninsule achéo-pélasgique.
ACHEIRE adj. (a-kè-re — du gr.'àpriv.;
cheir, main). Tcrat. Qui est privé de mains,
surtout eh parlant d'un fœtus. '
acheirie s. f. (a-ké-rî — rad. acheiré).
Térat. Etat d'un fœtus qui n'a pas de mains.
ACHÉIROPOÏÈTES s. f. pi. ( a-ké-i-ro-po-
iè-te — du gr. a priv, ; cheir, main, aXpoieà,
faire; qui n'est pas fait par une main). Nom
donné à des images qui, suivant la tradition,
étaient ducs à un miracle. Les plus célèbres
sont la sainte face que possédait sainte Véro-
de Latran, à Rome, et qui, ébauché par saint
Luc, avait été achevé par les anges; enfin,
diverses figures de la sainte Vierge.
ACHEL, village de l'Hindoustan , dans les
Etats de Maïssour. a 80 kil. de Seringapatam ;
très-célèbre dans l'Inde par une caverne d'où
s'exhalent des flammes, qui, selon, les . brah-
manes, sont une manifestation de la Divinité.
Achel est l'objet de nombreux pèlerinages.
ACHÉLOÏDEs. (a-ké-lo-i-de— rad. Achéloùs).
Hist. anc. Descendant d' Achéloùs. il Mythol.
On donnait aussi ce nom aux sirènes, filles
d'Achéloiis, et aux nymphes en général : Dans
"le bassinitalo- hellénique qui sépare les deux
contrées, voyez les nymphes des mers, des fleu-
ves , des fontaines, se dessiner en sirènes , si-
bylles, muses, achéloïdes, aganippides. (V.
Parisot.)
achÉloïte s. m. (a-ké-lo-i-te). Foss. Nom
d'une coquille, espèce de pétrification qui se
trouve assez fréquemment dans les anciens
marbres d'Altdorff, en Suisse.
ACHÉLOÙS (a-ké-lo-uss), fleuve de l'Epire,
qui coulait entre l'Acarnanie et l'Etolie. Ho-
mère l'appelait le roi des fleuves. C'est sur les
bords de cette rivière que les mythologues pla-
cent la mort du centaure Nessus. C'est VAs-
pro-Potamo.
■ ACHÉLOÙS, dieu-fleuve, fils de Tétbys et de
l'Océan, père des sirènes, vaincu plusieurs fois
par Hercule, à qui il avait osé disputer Déja-
nire. Hercule lui arracha même une de ses
cornes, qui, remplie par les nymphes de fleurs
et de fruits, devint la corne d'abondance.
— S'empl. comme nom commun, pour dési-
gner des statues représentant ce fils de l'O-
céan et de Téthys : Les mythologues ont fait
voir que ces prétendus Sacchus étaien t des Aché-
loùs ou des fleuves agriculteurs. (V. Parisot.)
ACIIEM (a-chèm), v. de Malaisie, située à
l'extrémité N.-O. de l'ile de Sumatra, à i kil.
de la mer ; 13,000 hab. Rude vaste et sûre, l.e
royaume d'Achem, dont cette ville est la capi-
tale, compte environ 2,000,000 d'hab. Cette
contrée produit en abondance le riz, le coton,
et presque tous les végétaux de la zone torride.
L'agriculture y est plus soignée que sur la plu-
part des littoraux indiens. On y élève du bétail,
et en particulier une race do petits chevaux
dont l'exportation ne manque pas d'importance.
Mines d'or et de cuivre, d'un produit assez con-
sidérable. Les établissements anglajs tirent
d'Achem du poivre, du bétel, du so'ufre, du
camphre, du benjoin et des soies écrues ; mais
son commerce, si florissant il y a deux siècles,
s'est vu presque ruiné par les établissements
anglais de Malacca, Penang et Singapour.
ACHÉMÈNB (a-ké-mè-ne),fils d'Egée; donna
son nom a une partie de la Perse.
ACHÉménide s. (a-ké-mé-ni-de). Hist. Des-
cendant d'Achémène : C'est de la famille des
Achéménides que sont issus Darius, fils d'Mys-
taspe, et Cyrus.
achements s. m. pi. (a-chc-man). Blas.
Syn. de Lambrequins.
acheminant (a-che-mi-nan) part. prés,
du v. Acheminer.
ACHEMINÉ, ÉE (a-che-mi-né) part, passî dn
v. Acheminer. Mis en chemin : Marchandises
acheminées à la ville. Convois acheminés.
De nous voir en notre navire
A si bon port acheminés.
Malherbe.
— Pig. Mis en train, en bonne voie : Le
cardinal, voyant l'affaire assez acheminée pour
pouvoir former le dessein de l'arrêter, résolut
de prendre des mesures avec M^ de Chevreuse.
ffi:
ACH
(La Rochcf.) Le maître a bien voulu le recevoir
en qualité d'officier. Si Dieu me te conserve,
le voilà bien acheminé. (J. de Maistrc.)
— Manég- Cheval acheminé. Qui sait aller
droit devant lui, qui commence à obéir à la
bride, à l'éperon, qui est presque dressé.
— Tcchn. Glace acheminée. Dont on a déjà
enlevé les plus fortes aspérités.
acheminement s. m. (a-che-mi-ne-man
— rad. chemin). Action de suivre un chemin,
de se diriger vers un but : Ces canaux qui-
unissent les fleuves, les lacs et les mers, qui
ouvrent des routes inconnues, mettent un facile
acheminement là où la nature semblait avoir
créé un obstacle. (St-Marc Gir.)
.— Pig. Disposition, préparation, moyenne
parvenir Toute la vie est un acheminement
vers ta mort. Cette manière de vivre est un mer-
veilleux acheminement à la passion. (Pasc.) Ce
titre lui avait été donné par le pape comme un
acheminement au titre de grand-duc de Tos-
cane. (Balz.) L'exagération est un achemine-
ment vers le mensonge. (Mme Monmarson.)
Paraître savoir ce qu'on ne sait pas est un
acheminement vers ta fausseté. (M'«e Laya.)
'— Absol, : O/i nous empêche de danser, c'est
un acheminement; car les mêmes moyens, qui
sont tous pour nous détourner du péché, peuvent
servir et serviront à nous décider aux bonnes
œuvres. (P.-L. Cour.)
ACHEMINER v. a. ou tr. (a-che-mi-né —
rad. chemin). Mettre en chemin, diriger vers
un lieu : Acheminer du blé vers le marché.
Aforeau eut le temps d'arriver à Turin, et d\-
cheminer vers ta France tout son attirail de
guerre. (Thiers.)
Fig. Diriger, amener graduellement : La
.^Ique achemine l'esprit à la chimie. (E. Pel-
tan!) Le roman donne la lecture à la moitié
du genre humain, et ^'achemine par le senti-
ment à la réflexion. (E. Pelletan.)
Chaque moment de plaisir Vachemine.
La Fontaine.
Il Hâter, presser, mettre en état de réussir,
en parlant d'une entreprise : C'est une nouvelle
qui achemine la paix. (Mme de Sév.) Il refu-
sait cTachemner cette affaire par des voies
raisonnables. (Boss.)
— Manég. Accoutumer un cheval à marcher
devant lui, à obéir à la bride et à l'éperon.
S'acheminer, v. pr. Se diriger vers : Tous
les jours je m'acheminais, sous un prétexte quel-
conque, au côté de la vallée, mon fusil sous le
bras, mon chien sur mes pas. (Lamart.) L'ou-
vrier voyageur, reprenant la longue course de
compagnonnage, s'achemine vers une autre ville
en chantant ses chansons. (Michelet.)
— Absol. Se mettre en marche : La foule
des bourgeois et des bourgeoises s'acheminait
de toutes parts dès le matin. (V, Hugo.)
ensw^emps^
— Fig. S'avancer, aller progressivement,
arriver à son but, à ses fins : Je voyais notre
débutant s'acheminer vers une de ces chutes
dont on ne se relève guère. (G. Sand.) Cette
doctrine explique l'existence par des transfor-
mations où l'homme s'achemine à de sublimes
destinées. (Balz.) Par les chemins de fer, l'hu-
manité s'acheminera vers les sanctuaires de la
fraternité universelle. (Mich. Chov.) Il Arriver
à un terme, en parlant des choses : Je vois avec
plaisir que tout s'achemine à ce qu'il vous plait
d'appeler mon bonheur. {3.-3. Rouss.)
Depuis ce coup fatal, le pouvoir d'Açrippine
— Absol. Etre en voie de conclusion : Cette
affaire s'achemine. L'œuvre de Dieu s'achemi-
nait. (Boss.)
ACHEMOIS.OISE s. (a-chô-moi, oi-zc — rad.
Achem). Géogr. Habitant du royaume d'A-
chem : Au S.-E., le royaume d'Achem confine
aux pays des Battas, peuple indépendant comme
les Achemois. (Am. Tardiou.)
— adj. Qui appartient, qui a rapport au
royaume d'Achem ou à ses habitants : Coutu-
mes, mœurs achemoises. Commerce
crétacé.
" ACHÉNION s. m. ( a-ké-ni-on — du gr. achên,
pauvre). Entom, Genre de coléoptères.
ACHÉNODE s. m. (a-ké-no-de). Bot. Fruit
résultant de la réunion de plusieurs akènes
sur un même plan.
ACHENWAL (Godefroy — pr. a-kèn-ouall),
économiste allemand , le créateur de la statis-
tique, né en 1719, & Elbing (Prusse), mort à
Gœttingue en 1772. Ses études sur l'histoire
des peuples et sur l'économie politique le con-
duisirent à créer une science nouvelle à la
quelle il donna le nom de statistique. Ses prin-
cipaux ouvrages sont: Eléments de la statis-
tique des principaux Etats de l'Europe; His-
toire des Etats de l'Europe; et Principes
d'Economie politique.
ACHÉO-HELLÉNIQUE adj. (a-ké-o-èl-lé-
ni-ke). Gêog. anc. Qui concerne à la fois les
Achéens et les Hellènes.
ACHÉO-PÉLASGIQUE adj. (a-ké-o-pé-lass-
ji-ke). Géogr. anc. Qui concerne l'Aehaïe et le
Péloponèse : La péninsule achéo-pélasgique.
ACHÉRON n. pr. m. (a-ké-ron, ou a-ché-ron ;
ceUe dernière prononciation qui figure dans
ACH
le dictionnaire de l'Acad. , a été adoptée au
Théâtre-Français. Malgré ces deux autorités,
beaucoup préfèrent a-ké-ron — du gr. achos,
douleur ; roos, fleuve). Fleuve des Enfers.
— Géogr. et myth. Les géographes distin-
guaient deux fleuves dece nom'; l'un en Grèce,
l'autre en Italie, dans le Brutiùm, descen-
dant des Apennins dans la Méditerranée. L'A-
chéron de la Grèce, le plus connu, prenait sa
source au marais d'Achcrusc, et débouchait
près d'Ambracie, dans la mor Ionienne, après
avoir traversé la Thesprotie. Il porte aujour-
d'hui le nom de Velikhi. Ses eaux étaient noi-
râtres et saumàtres, et coulaient sous terre
dans une grande partie de leur parcours , de
là le nom de fleuve des Enfers que les poètes
donnèrent à l'Achéron. Caron le faisait passer
dans une barque, aux âmes des morts, moyen-
nant un droit pour l'acquittement duquel on
plaçait une obole sous la langue du mort.
Selon la mythologie grecque, l'Achéron était
un des fils du Soleil et de la Terre, changé en
un fleuve infernal par Jupiter, pour avoir
fourni de l'eau aux Titans.
— En poésie, ce mot signifie l'Enfer même,
la mort elle-même :
— Epithètes. Avare, inflexible, qu'on ne re-
passe point, redoutable, terrible, affreux, hor-
rible, triste, noir, sombre, ténébreux, infernal,
rapide, fougueux, bourbeux, fangeux.
— AlltlS. llttér. Et l'avare Achci-ou no lâche
point sa proio , Allusion tirée d'un vers de la
Phèdre de Racine (acte II, scène v). Le bruit
do la mort de Thésée s'est répandu; Phèdre,
dans la fameuse scène de la déclaration, veut
appelersur son propre fils rintérètd'Hippolyte,
fils de Thésée et d une première épouse. lïip-
polyte cherche à la rassurer :
Madame, il n'est pas temps de vous troubler encore ;
Peut-être votre époux voit encore le jour;
Le ciel peut à nos pleurs accorder son retour.
Neptune le protège, et ce dieu tutélaire
Et l'avare Achèron ne lâche point sa proie.
Ce vers célèbre a passé dans la langue, où
il désigne, non pas la mort, comme dans la
scène d'où il est tiré, mais des passions jalouses
comme l'amour, la haine, l'envie, et .surtout '
la rapacité unie à la ténacité :
« Que le zèle du cénobite vienne a se refroi-
dir, il peut se retirer quand il voudra, il est
libre, le monastère ne le retient pas. On lui
rendra ses habits de laïque ; mais admirez ceci,
vous tous qui avez une notion du juste et de
l'injuste ; on ne lui rendra pas sa promesse ! Le
monastère garde son bien :
Car l'avare Achéron ne lâche point sa proiy. ■
P.-J. Proudiios.
« Voilà le mont-de-piété ambulant auquel l'é-
tudiant peut, sans se déranger, accrocher sa
garde-robe et même sa montre ; car la plupart
des marchands d'habits achètent tout ce qui
se vend et peut se revendre. Il est vrai que-ce
mont-de-piétè , comme Vaoare Ach'éron, ne
lâche point sa proie; mais l'étudiant y tient
peu, et pourvu qu'il ait le droit de vendre, il
se passe du droit de racheter. »
Victor Fournel.
ACHÉRONTIA (a-ké-ron-si-a), nom sous le-
quel les anciens désignaient plusieurs marais
situés en divers pays, et dont les ouvertures
conduisaient aux régions infernales. Il en est
question dans le Télémaque.
ACHÉRONTIE s.f. (a-kê-ron-sî — rad. Acké-
ron). Entom. Genre d'insectes lépidoptères qui
a pour type le sphinx atropos , vulgairement
appelé tête de mort. V. Sphinx.
achérontien, enne adj. (a-ké-ron-si-
ain, è-ne — rad. Achéron). Géogr. anc. De
l'Achéron, qui appartient à l'Achéron. il On
dit aussi Achérontiqoe.
AÇHÉRONTIENS adj. m. pi. Nom que les
Etrusques donnaient a quinze volumes qui
enseignaient l'art de tirer des prédictions
de toutes sortes d'événements. On les ap-
pelait aussi livres tagéiiques, parce qu'on les
supposait recueillis parle devin Tagès': Nous
trouvons chez les Étrusques des livres achê-
R0NTIENS, gui formaient une partie impor-
tante de leur théologie, et renfermaient la doc-
trine mystique de la purification des âmes, ainsi
que de leur élévation au rang des héros; ils
passaient pour avoir été apportés aux écoles
sacerdotales de l'Etrurie par Bacchès, disciple
de Tagès. (Encycl. mod.) il On dit aussi livres
achérontiques.
ACHÉrontins s. m. pi. (a-ké-ron-tain —
rad. Achéron). Géogr. anc. Ancien peuple ri-
verain do l'Achéron,
ACHÊRONTIQUE OU ACHÉRONTIEN adj.
(a-ké-ron-ti-ke — rad. Achéron). Géogr. anc.
De l'Achéron, qui appartient à l'Achéron.
à-cher-prix s. m. (a-chèr-pri — des trois
mots à, cher, prix). Dr. féod. Redevance sti-
pulée par quelques seigneurs ecclésiastiques,
et qui les autorisait à exiger, à la mort de
ACH
chacun de leurs censitaires, un droit de relief
extraordinaire fixé au douzième de la valeur
do l'objet donné à cens : A la suite de violentes
contestations, un arrêt du parlement décida que
les seigneurs ne pouvaient exiger de leurs ce»-
prouver, par titres autres que ceux de la cou-
tume, que ce droit leur était expressément du.
(Encycl. cath.)
ACIIÉRY (Dom Luc d'), savant bénédictin}
né à St-Quentin, en 1609, mort en 1685. On lui
doit, entre autres ouvrages, un vaste recueil de
pièces précieuses relatives au moyen âge, chro-
niques, diptôines, chartes, vies des saints, etc.,
Connu Sous le titre de: Veterum aliquùt scrip-
torumquiin Galliœ bibliothecis... spicilegium,
revu et augmenté par de La Barre, 1723.
ACHET s. m. (a-chè — du gr. achetés,
bruyant). Entom. Genre d'insectes ortho-
ACHETABLE adj. (a-che-ta-blc — rad. ache-
ter). Qui peut être acheté : L'esclave, vendable,
achetable, était, comme le cheval et le bœuf,
la propriété du maître. (Lanienn.)
ACHETANT (a-chc-tan) part. prés, du v.
Acheter : Nous avons Cru bien faire en ache-
tant les créances à soixante pour cent de re-
mise. (Bal*.)
ACHÈTE s. m. Entom. V.'Açhet.
acheté, ÉE (a-che-té) part. pass. du v.
Acheter.' Acquis à prix d'argent : Poulain
acheté à la foire. Des marchandises achetées
à vil prix. Des noirs achetés à la côte d'A-
frique. Nos gens en Espagne seront des saints;
on payera tout, et le soldat ne mangera' pas une
poule gui ne soit achetée au marché. (P.-L.
Cour.) '
Je gouverne l'empire où je fus acheté. •
— Par ext. Soldé , gagné par corruption :
Applaudissements achetés. Voix achetées.
Témoins achetés. Conseils, prêtres, tribuns,
furent achetés au prix qu'ilsmirent eux-mêmes.
(Montesq.)
Retourner à l'armée ! Ah ! sachez que la reine
La semé d'assassins achetés par sa haine.
CORMEILLE.
— Fig. Obtenu avec peine, au pris d'un
sacrifice : Tous lesplaisirs du monde lui paraî-
traient trop achetés, s' ils lui avaient coûté'
quelque bassesse. (Fiôch.) Les plaisirs de la
nuit dernière ne lui semblaient point achetés
trop cher par le sacrifice de l'innocence et de
l'honneur. (Lévis.) Nous ne croyons plus ni au
néant de la tombe, ni au salut acheté par un
renoncement forcé. (G. Sand.)
L'honneur d'un si beau choix 6erait trop acheté.
Corneille.
ACHETER v. a. ou tr. (a-che-té — étym,
douteuse : du lat. acceplare, recevoir — ou
du bas lat. accapitare, prendre à redevance,
lequel vient lui-même de ad et caput, tête —
ou enfin, ce qui est plus probable, du lat. ad
et captare, tacher d avoir. Ce qui milite sur-
tout en faveur de ad captare, qui, du reste,
comme étymologie et comme sens, est la
forme qui se rapproche le plus de acheter, c'est
que ce dernier mot s'est écrit successivement
ackater, achapter et achepter. — Pans aucun
cas ce verbe ne redouble le t; Ye muet du
radical achet se change en è ouvert toutes les
fois que le t est suivi d'un e muet : J'achète,
Rachèterai, que j'achète). Acquérir une chose
a prix d'argent , en la payant : Acheter un
livre, une maison. Les juges gui ont acheté
les charges de la magistrature vendront à leur
tour la Justice. (Fén.) Vous venez ef acheter
à vil prix des diamants de famille qui n'appar-
tenaient pas à ma femme. (Balz.) Il rêve au
petit champ de seigle, au maigre pâturage
?'u'au retour il achètera dans sa montagne.
Michelet.) Le consommateur est d'autant plus
riche qu'il achète toutes choses à meilleur
marché. (Bastiat.)
— Absol. : Avoir la manie (Tacheter. A
Constantinople , on arrive sans cesse d'un ba-
zar à, un cimetière, comme si les Turcs n'é-
taient là que pour acheter, vendre et mourir,
(Chateaub.) Acheter, c'était un acte civique
oui servait très-directement le salut du pays.
(Michelet.) Nos Alsaciens qui émigrent ven-
dent te peu qu'ils ont au départ; le juif est là
à point pour acheter. (Michelet.) Surfaire et
marchander ne sont pas nécessaires pour bien
acheter et bien vendre. {Mich. Chev.)
— Peut avoir un complém. désignant la
personne qui cède ou a cédé ; alors , il régit
quelquefois la prép.deoulaprep.d, mais plus
souvent la prep. chez : Acheter une chose
de quelqu'un. Acheter une chose a quelqu'un.
Acheter une chose chez quelqu'un. Dans ce
dernier cas, il s'agit toujours d'un marchand
. do profession; dans les deux autres cas, il
s'agit plutôt d'un vendeur par occasion : /'ai
■ acheté de lui cette maison. (Acad.) Quand le
fermier veut vendre sa récolte , il s'adresse à
' un farinier, à un négociant, qui la lui achè-
tent et la lui payent. (Blanq.) u Acheter à
quelqu'un signifie aussi Acheter quelque chose
pour quelqu'un : Je lui ai acheté un album
pour ses étrennes. (Acad.)
— Acheter un auteur, Acheter ses œuvres :
ACH
d'argent pour qu'il remplisse le service mili-
taire à la place d'un autre. Il Acheter des bans,
Obtenir, moyennant une certaine somme,
la dispense de faire publier à l'église un ou
deux des trois bans de mariage.
— Comm. Acheter comptant, Payer sur-
le-champ les marchandises que l'on achète.
Il Acheter à trente, à soixante, à quatre-
vingt-dix jours , Acheter à :1a condition que
l'on ne payera que dans trente , soixante ,
quatre-vingt-dix jours, u Acheter à terme
ou à crédit, A la condition que l'on ne payera
que dans un temps déterminé. Il Acheter à
profa, Acheter, suivant le journal d'achat du
vendeur, à tant pour cent de bénéfice, il
Acheter en gros, Acheter d'une seule fois
une grande quantité de la même, marchan-
dise, il Acheter en détail, N'acheter d'une chose
que de petites quantités à la fois. .
— Fig. Corrompre , s'assurer les services
do quelqu'un à prix d'argent : Acheter des
témoins. Acheter des juges. Trop tôt pour lui,
trop tard pour elle, Mirabeau se vendit à la
cour, et la cour Tacheta. (Chateaub.) Acheter
un député, un écrivain, une femme au monde.'
il y faut des façons infinies ; cela demande du
tact, de l'adresse. (F. Soulié.) Ne sais-tu donc,
pas, malheureux, que celui qui achète un as-
sassin lui est vendu? (F. Soulié.) Maraud!
/achète tes services et non pas tes leçons.
(Etienne.) . ., '
Et des mêmes présents qu'il verse dans mes mains,
l'ackète contre lui les esprits des Komains.
Corneille.
Jamais on n'eut sur moi de droit si légitime;
Vous m'avez acheté plus que je ne m'estime.
C. Delavioke.
— Par anal. : Acheter, des voix, des suffrages,
un vote'. Jioderic Borgia acheta publiquement
les suffrages de vingt-deux, cardinaux; et fut
proclamé pape. Celui qui achète un vote ne
fait pas un marché moins honteux que celui qui
le vend. (E. de Gir.) Quiconque achète une
conscience a déjà vendu la sienne. (M™« C. Fée.)
— Obtenir au prix des plus grandes diffi-
cultés, avec beaucoup de peine : Il faut ache-
ter le plaisir injuste au prix des remords.
(Mass.) Faut-il acheter le bonheur public
par le malheur des particuliers? (D'Aguess.)
Chactas avait acheté la vertu par l'infortune.
(Chateaub.) '
Nul ne leur a plus fait acheter la victoire.
il Agamemi
tant de gloire.
le quiconque l'acÀe.
Boileau.
Q Acheter un homme, Lui donner une somme
— Prov. Acheter chat en poche, Faire une
acquisition sans bien connaître l'objet que
l'on achète : Mon bon ami , je ne- veux pas
acheter chat en poche, et comme tu seras
obligé de passer à la visite du conseil de re-
crutement, je ne veux pas qu'on te refuse pour
quelque vice de conformation que je ne connais
pas. (F. Soulié.) Il Qui bon l'achète, bon le boit,
Pour avoir en bonne qualité le vin , les li-
queurs, les denrées, il faut y mettre le prix.
Il Acheter par francs et vendre par écus,
Vendre avec un bénéfice excessif.
S'acheter, v. pr. Etre acheté, acquis à prix
d'argent : Les suffrages des honnêtes gens ne
s'achètent pas. Les riches pensent que les
talents s'achètent comme une étoffe. (Mme de
Tencin.) Hélas! dans un temps où l'argent est
tout, tout se vend et s'achète. (G. Sand.) Tout
cela est moisi, racorni, troué, corrodé, et tout
cela s'achète! (E. Sue.)
Les rois avec de l'or pensent que tout s'achète.
— Fig. Etre acquis, obtenu par des sacri-
fices : La gloire s acheté au prix du bonheur;
le plaisir, au prix de la santé; la faveur, au
prix de l'indépendance. (Boiste.) Toute gloire
qui s'achète par l'esclavage ou le sang des
hommes est mensonge. (A. Martin.)
ACHÈTERESSE s. f. (a -clic -te - rè-se —
rad. acheter). Femme qui achèto : Si le pois-
son est abondant, chaque aChèteresse se pour-
voit à sa convenance. (Journ.) il Ce néologisme,
qui est employé dans quelques localités du
Midi, est aussi en usage au palais, où achète-
resse désigne juridiquement celle qui achète,
et acheteuse celle qui a la manie d'acheter,
qui achète à tort et à travers.
ACHETEUR, EUSE s. (a-che-teur, eu-zo —
rad. acheter). Celui qui achète, qui veut ache-
ter : On avait fini par le prendre à la ferme
pour un homme d'affaires envoyé par quelque
acheteur.' (G. Sana.) Le vendeur trompe in-
cessamment t acheteur. (Balz.) Ah! nous nous
trompons, il avait trouvé un acheteur. (Alex.
Dum.) Comme on le chicanait sur le prix de
ses tableaux avant qu'il les eût finis, ses ou-
vrages se ressentirent dé la mauvaise économie
des acheteurs. (Bailly.) Nul n'a droit d'im-
poser d autrui sa propre marchandise; le seul
juge de l'utilité, ou, ce qui revient au même,
du besoin, est /'acheteur. (Proudh.)
— Particulièrem. Celui, celle' qui a la ma-
nie d'acheter, qui achète sans réflexion :
C'est un grand acheteur. C'est une acheteuse
— Fig. Celui qui gagne, qui obtient par
corruption : L'empire, mis d l encan par l'ar-
mée, trouva un acheteur. (Boss.) L'homme
véritablement libre est celui dont la conscience
ACH
ne trouverait pas .un acheteur assez riche
pour la faire dévier. (Maquel.)
— Comm. Employé spécialement charge,
dans les maisons de commission, d'acheter
pour le compte des correspondants : Les ache-
teurs sont ordinairement les mieux appointés,
-rS'empl. aussi adjoctiv. : Qu'arrivera-t-il?
que la partie du capital de cette nation , qui
consiste en métaux précieux s'étant écoulée,
les nations venderesses en renverront à la nation
acheteuse, moyennant hypothèque. (Proudh.) ..
— Syn. Acheteur, acquéreur. Vacquéreur
achète des immeubles : Dunkerque fut ajouté
à la France par un marché, glorieux à /'ac-
quéreur, et honteux' pour le vendeur. (Volt.)
U acheteur se procure des meubles : L'expé- '
rience montre que les prix n'ont réellement
baissé, au profit des acheteurs, que là où il y
avait concurrence entre les vendeurs, (H. Say.)
— Antonymes. Débitant, détaillant, mar-
chand,'vendeur.
ACHÉTIDES s. m. pi. (a-ké-ti-de — . du gr.
achetés, bruyant). Entom. Nom sous lequel
on désigne la famille des grillons.
ACHETOIR s. m. (a-che-toir — rad. ache-
ter). T. d'argot. Argent, monnaie : Or, si ta
lorette n'a pas besoin d'acheter, à quoi servent
les achetoirs? (M. Alhoy.)
ACHEÛL (Saint-), village, du dëp. de la
Somme, à 2 kil. d'Amiens, célèbre par le. col. -
loge que les jésuites y avaient établi sous la
Restauration. C'est là que professait le célèbre
P. Loriquet, dont le nom caractérise assez les
tendances rétrogrades dans lesquelles se pro-
duisait l'enseignement. L'e nom de Saint -
Acheul a passé en quelque sorte dans la langue
avec l'acception d un heu voué aux idées ar-
riérées : C'est un disciple de Saint-Acheut, Il
a été élevé à Saint-Acheul, servent à désigner
un homme qui a sucé la haine des principes
de 89.
ACHE1JX, ch.-lieu dé cant. (Somme), arrond.
de Doullens; pop. aggl. 71s hab. Fabr. de
toiles à matelas et d'emballage.' '
ACHEVAGE s. m. (a-che-va-je — rad. ache-
ver). Techn. Action. d achever t dernièro façon
que l'ouvrier donne à une pièce, u S'emploie
partioulièrem. dans la poterie.-
ACH E VAL s. m. (a^che-val — do à et che-
val). Sonnerie pour faire monter les cavaliers
à cheval : Le clairon vient de sonner /'aCheval.
ACHEVALÉ , ÉE (a-chc-va-lè) part. pass.
du v. Achevaler. Qui occupe les deux rives
d'un fleuve, qui est établi des deux côtés d'une
route : Le régiment était achevalh sur laroute.
. achevaler v. a. ou tr. (a-chc- va-lé— rad!
cheval). Art milit. Se dit d'une armée qui oc-
cupe les deux rives d'un fleuve, qui est postée
des deux côtés d'une route : L'armée acheva-
lait le fleuve.
S'achevaler, v. pr. Etre achevalé : L'armée
" le Rhin.
ACH
de finir les choses commencées : Beaucoup
d'hommes sont moins achevants qu'entre-
prenants.
ACHE1
Achever. F:
achevée. Il est certain que, sans Diderot, ja-
mais l'Encyclopédie n'aurait été achevée. (La
Harpe.) Quand sa toilette fut achevée, elle
entendit sonner l'horloge de ta paroisse, et s'é-
tonna de ne compter que sept heures. (Balz.)
Le .rogne des forfaits est sans doute achevé.
— Fig. Accompli, parfait en son genre -•
Voilà le principe le plus achevé de votre mo-
rale. (Pasc.) Le style de Montesquieu est aussi
achevé que naturel et rapide. (Villem.) Un
beau visage de femme semble l'ouvrage le plus
achevé de la création. (E.Legouvé.) Une édu-
cation achevée lui avait donné mille talents.
(A. de Musset.) C'est à Paris que Leibnitz se
forma : il n'y fut d'abord qu'un jeune homme
d'une grande espérance; il en sortit presque
achevé. (V. Cousin.)
... En s'unissant, les talents relevés
Donnent a l'univers les peintres achevés.
Molière.
il En mauvaise part : consommé, fteffé, etc. :
C'est un fou achevé^ .an scélérat achevé.
(Acad.) u Complet, arrivé au comble :
Vous verrez par sa mort le désordre achevé.
Corneille.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il Exténué , excédé, ruiné : Le voyage qu'elle
a fait à Paris la ramène dans Angouléme plus
achevée qu'elle n'était. (Mol.)
Vienne encore un procès et je suis achevé.
Corneille.
Il Qui a perdu l'esprit, le sens : Il n'en faut
point douter, elles sont achevées. (Mol.)
— Fam. Mis à mort, tué : Il fut blessé à ta
cuisse dans une embuscade, et achevé par les
chirurgiens. (P.-L. Cour.)
— Art culin. Cuit à point, bien assaisonné ■
Les mets bien achevés sont suaves. (DeCussy.)
— Manég. Se dit d'un cheval parfaitement
dressé,qui a passé par tous les degrés de l'école.
tiques : Cet ouvrage n'est
satisfaisant ,- '--i — '--'-■
dre /'achevi
— s. m. Etat d'un ouvrage achevé, qui at-
teint la perfection du genre auquel ilappar-
tient. S'emploie surtout dans Ie3 arts plas-
is' ainsi qu'il faut enten-
— Syn. Achevé, uni', nnrfah. Parfait arap-:
port à la beauté qui nait du 'dessin et 'de, là
construction dé l'ouvrage '-.'Nature parfaite';
et fini à celle qui vient du travail et de là
main de l'ouvrier : Les ouvrages de la main
passaient pour être mieux tràvaillésîplûs<F\x\&,
en Perse qu'en Turquie. (Yolt.) U n'y -arien à
faire u. ce qui est achevé: Les cantates de J.-li.
Housseau sont des morceaux achevés. .(La
Harpe.) Mais achevé a, trait à. l'ensemble aiir
quel il ne manque rien, et fini aux détails qui
ont tous été. travaillés, caressés avec amour.
ACHÈVEMENT s. m. (a-chè-ve-man — rad.
achever). Accomplissement' exécution entière
d'une chose : Un petit accident a retardé l\-
chèvement de l'ouvrage. (Trév,) Il ne manque
plus qu'un portail pour /'achèvement de cette
église. (Acad.) /.'achèvement d'.un ouvrage de
broderie leur causait d'innocentes'joiês'.\Ba.li.)
— Fig. Perfection, réunion de toutes les
qualités : Dans les ouvrages de l'art, c'est, le
travail et ' 'f achèvement . que l'on considère.
(Boil.) On admire /'achèvement de ce tableau,
de cette statue. (Lav.) L'homme a besoin pour-
son achèvement d'un dernier tour demain
appelé instruction. (E. Pelletan.) L'éducation'
nest que /'achèvement de l'homme selon -le
plan tracé par la Providence. (Dupanl.)
— Littér. Ce qui complète le dénouaient'
d'un ouvrage : La scène d'Horace et de' Ca-
mille, et tout ce qui suit, fait une seconde ac-
tion dépendante de la première, et qui en est
/'achèvement. (Marmontel.) Dans l'Enéide, -
la mort de Turnus fait /'achèvement parce
qu'elle fait cesser l'action d'Enée. (Le Bossu.)
ACHEVER v. a ou tr. (a-che-vé '— ràd.
chef, tête, bout, extrémité. Il change 'l'e
muet du rad. achev en è ouvert, toutes 'les
fois que la consonne v est suivie d un e muet :
j'achèvej'achèverai, j'achèverais, que j'achève).
Terminer une chose commencée : Achever un
travail. Achever une maison, un tableau, une
statue. Dieu prépare, dès l'origine du monde,
ce qu'il achève à la fin des temps. (Boss.) Le
mariage était retardé par le temps que de-
mandaient encore les ouvriers pour achever
tes meubles, les peintures, etc. (Balz.) Le gé-
nie commence les beaux ouvrages, mais le tra-
vail seul les achève. (Joubert.) Il faut ache-
ver ce qu'on a entrepris. (L.- Philippe.) Ce
que l'homme commence pour lui, Dieu t achève
pour les autres. (V. Hugo.) L'homme «'achève
pas plus le langage qu'Une l'invente de propos
délibéré. (Renan.)
— Par ext. Accomplir, finir : Je suis venue
ici achever les beaux jours et dire adieu aux
feuilles. (Mme de Sév.) Elle h'avait point
encore achevé ces paroles, que le masque du
favori desrois tomba, (Gilb.) Cet homme achève
paisiblement sa carrière, avant que le soleil ait
achevé son tour. (Michaud.) *
Je veux «cAeuer ma journée.
Il Avaler, boire entièrement : Achevez donc
au moins votre café,. ne vous tournez pas le
sang ; regardez comme vous êtes rouge. (Balz.)
il Tuer, assassiner, donner le coup de grâce :
Le général le fit achever en sa présence. (La
Rochef.) Nous voyion$.passer les morts que la
peste venait (/'achever. (Lamart. ) Vous ne
ferez pas cent pas dans la rue sans qu'on vous
achève. (Alex. Dum.) .
Etnt
— Fig. Mettre le comble' à la situation de
corps ou d'esprit : // ne fallait plus que cette
bouteille pour /'achever. M'»" de vitry et
,1/uie de Maulny firent bien des caresses à Boi-
leau; cela l'A achevé : au retour, il ne parlait
que de grandes dames et que de la cour. (Tall.
des Reaux. ) Je suis actuellement avec Pla-
garda plus de partisans que dans l'université,
dans les parlements et parmi les gentilshommes
campagnards; l'académie et Boileau /'ache-
vèrent. (Ste-Beuve.)
Souvent pour m'achever il survient une pluie.
Boileau. '
— Fig. Mettre la dernière main pour per-
fectionner : Souvent les auteurs ne se donnent
pas la peine (/'achever leurs ouvrages. (Trév.)
L'étude commence un honnête homme, et le
commerce du monde /'achève. (St-Evrem.) Le
hasard commence les réputations, l'intrigue les
achève. (Beauchène.) L'homme est chargé c/'a-
chever la création. (A. Martin.) il Compléter,
consommer : Cette aventure achève sa ruine.
Vers 1500, la France, épuisée par Louis XI,
semble achever sa ruine en Italie; la noblesse
qui part est obligée de vendre. (Michelet.) On
aime à commencer la fortune de quelqu'un,
mais jamais à /'achever. (A. d'Houdetot.)
— Avec un infinitif pour complément, il est
toujours suivi de la prép. de, qui , alors, est
explétive : Encore si tu avais achevé de couper
notre bois, je prendrais quelque consolation.
(Mol.) Pour achever de vivre, il n'a plus qu'un
70
ACH
moment. (Fén.) On croit faire grâce à des mal-
heureux quandonn'kCHkvu pasvEles opprimer.
(Fén.) Quelques-uns achèvent de se corrompre
par de longs voyages, et perdent le peu de reli-
gion qui leur restait. -(La Bruy.) Nous avons,
pour, «i'açhever de peindre, un procès très-
considérable, très-desagréable , très-imperti-
nent , à soutenir contre celui qui nous avait
vendu l'Ermitage. (Volt.) A certain âge. une
femme qui danse achève de se défigurer. (Mme
de Rosenberg.)
— Absol., au propre et au fig. : Leçon com-
mence j exemple achève. (Lamottc.)
Parle, achève, 6 mon Dieu ! ce sont la de tes coups.
— Techn. Faire subir la dernière plongée
aux chandelles à la baguette. Il Finir d'é-
tendre l'or sous le marteau, h Terminer l'é-
ducation d'un cheval, le dresser complètement.
S'achever , v. pr. Etre achevé , se termi-
ner : La mort n'est autre .chose, sinon une vie
qui s'achève. (Boss.) Je voulais parier, quoique
tout respirât la noce, qu'elle ne s'achèverait
pas. (M me de Sév.) Les grandes fortunes com-
mencent souvent eh province; mais c'est à Pa-
ris qu'elles s'achèvent et qu'on en jouit. (Du-
clos. ) En fait de gouvernement , U faut des
compères, sans cela la pièce ne s'achèverait
pas. (Napol. 1er.)
Cet horrible attentat ne s'achèvera pas.
Il Arriver à la dernière perfection : La science
s'achève par le style comme une plante par sa
fleur. (H. Taine.) .
— Syn. Achever, Unir, parachever, termi-
ner. Ces quatre mots signifient Faire qu'une
chose ne soit plus à faire, et peuvent, dans beau-
coup de cas, s'employer indifféremment l'un
pour l'autre. Toutefois, achever ajoute à l'idée
de mener a. terme une idée de perfection dans
l'accomplissement ; terminer signifie simple-
ment Mettre un terme à une chose, qu'elle soit
parfaite ou non ; finir, c'est aussi Mener une
chose jusqu'au bout, mais sans la perfection
dit plutôt pour les discussions, les différends.
Du reste, les nuances qui séparent ces expres-
sions se fondent souvent les unes dans les au-
tres, et c'est plutôt une question de conson-
nance, d'alliance de mots, qu'une question de
signification : L'étude commence un honnête
homme, et le commerce du monde /'achève.
(St-Evrem.)
Un mot de votre bouche, en terminant mes peines.
Peut rendre Esther heureuse entre toutes les reines.
Cet élève n'a pas plus tôt commencé ses devoirs
qu'il voudrait tes avoir finis. Parachever est
un augmentatif i'achever: Cepeuple est propre
à concevoir d'immenses desseins plutôt quà par-
achever de grandes entreprises. (DeTocquev.)
Parachever indique un degré de perfection que
n'indique pas achever.
— Antonymes. Commencer, entrer en ma-
tière, jeter ou poser les fondements.
ACHEVEUR s. m. (a-che-veur — rad. ache-
ver). Techn. Celui qui achève, qui adoucit les
métaux, n Le plus grand des moules dont se
servent les batteurs d'or.
ACHEVOIB s. m. (a-che-voir — rad. ache-
ver). Techn. Outil au moyen duquel on donne
la dernière façon à certains ouvrages, il Lieu
où l'on porte certains ouvrages pour les ter-
miner.
famille des athéricères.
AChilie s. f. (a-ki-lî - du gr. a priv. , et
cheilos, lèvre). Anat. Monstruosité caractéri-
sée par le manque de lèvres.
ACH1LLAS (a-kil-lâss) , général et ministre
du roi d'Egypte Ptolémée Denys, eut la prin-
cipale part, au meurtre de Pompée, et fut mis
à^ mort par ordre de César, après le siège
d'Alexandrie.
ACHILLE s. m. (a-chi-le — V- l'art, suiv.).
Nom propre qui s'emploie fig. et par anto-
nomase, pour désigner un homme d'un cou-
rage brillant, d'une valeur à toute épreuve,
qu aucun péril n'arrête : Chaque Achille a
son Homère. (Mass.) Il faut des Nestors à ces
jeunes Achilles. (Fléch.)
... Dans ces temps guerriers si féconds en Achilles.
— Par. ext. Celui qui soutient, qui défend
une cause presque à lui seul : M. Bastiat, cet
Achille du libre commerce, s'est jeté à la suite
de Say dans un dédale d'arguties capable peut-
être d'embarrasser un homme étranger aux ru-
briques .commerciales. (Proudh.) n Fam. et
iron., dans le môme sens : Perruquier émérite,
barbier honoraire, sois mon associé ; régnons
ensemble, et si je suis 2'Achille, sois le Nestor
de la coiffure. (Scribe.)
— Fig. Homme invulnérable : Du côté du
bonheur domestique, Maxime est réellement
invulnérable ; c'est un Achille conjugal, qu'on
ne saurait blesser même au talon. (A. Second.)
— Entom. Nom d'un papillon nymphale.
ÀCH
— Anat. Tendon d'Achille, Tendon _.
aux muscles jumeaux et soléaires,
nommé parce qu'il s'implante au talon, seul
endroit où, selon la fable, Achille était vul-
nérable. Le tendon d'AchjLle sert d'intermé-
diaire aux muscles dont nous venons de par-
ler pour l'extension du pied sur la jambe.
Dans les cas de pied bot, varus et équin, qui
sont le résultat de la rétraction vicieuse des
muscles postérieurs de la jambe, la section
sous-cutanée du tendon d'Achille a été sou-
vent un moyen de guérison de cette infirmité.
— Log. Argument sans réplique, et parti-
culièrement, chez les Grecs, celui de Zenon
d'Elée contre le mouvement.
ACHILLE, fils de Thétis et de Pelée, et le
plus fameux des héros grecs immortalisés par
Homère. Suivant quelques traditions, sa mère
le plongea dans le Styx (V. Plonger) dès sa
naissance, ce qui le rendit invulnérable, ex-
cepté au talon par lequel elle le tenait. (V. Ta-
lon.) Il fut instruit dans son enfance par
Phœnix, qui lui enseigna l'éloquence et la
guerre, et par le centaure Chiron, qui lui ap-
prit à tirer de l'arc, à guérir les blessures, et,
pour développer sa force et sa mâle ardeur,
le nourrit de la moelle des lions. (V. Educa-
tion.) Il avait atteint l'âge de neuf ans lors-
que Oalchas prédit que sans lui Troie ne
pourrait être prise. Thétis, instruite par un
oi'iicle que son fils devait y périr, et craignant
son caractère belliqueux, l'envoya, déguisé en
femme, sous le nom de Pyrrha, à la cour de
Lycomède, dans l'île de Scyros. (V. ce nom.)
' Il s'éprit de Déidamie, la plus belle des filles de
ce prince, l'épousa secrètement et en eut un
fils nommé Néoptolème, ou Pyrrhus. Cepen-
dant les Grecs, ne pouvant s'emparer de Troie
■ sans le concours d'Achille , chargèrent Ulysse
de l'y amener. Dès que celui-ci eut décou-
vert où se trouvait le héros, il se travestit
en marchand , vint chez Lycomède , et étala
deyant toute la cour des bijoux , parmi les-
quels se trouvaient des armes. Achille se
trahit aussitôt par l'empressement avec lequel
il saisit une épee, et ne put refuser de suivre
Ulysse au siège de Troie, où il conduisit cin-
quante vaisseaux et un. grand nombre de
guerriers. Partout où il se présente armé de
sa lance redoutable (V. Lance), il triomphe;
il ravage les campagnes des Troyens, détruit
des villes entières, leurs alliées, et devient la'
terreur des ennemis par sa valeur impétueuse.
Agamemnon lui ayant enlevé sa captive Sri-
séis, Achille, furieux, allait immoler ce prince,
lorsqu'il fut arrêté par Minerve ; mais alors il
se retira sous sa tente (V. Tente), jurant de
ne plus prendre part aux combats. Il resta
pendant près de dix ans dans une inaction fu-
neste à la cause des Grecs, qui essuyèrent
des défaites multipliées; Patrocle même, s'é-
tant revêtu de l'armure d'Achille, fut tué par
Hector. A cette nouvelle , le héros court
venger son ami; les Troyens sont vaincus;
Hector tombe sous ses coups ; il l'attache à
son char par les pieds , et le traîne trois fois
autour des murs de la ville. Cependant, il le
rendit ensuite aux larmes du vieux Priam.
.- , - J lui
décochant une flèche à l'endroit fatal. Selon
d'autres , il fut traîtreusement assassiné par
Paris, dans un temple d'Apollon, à Thymbré,
au moment où il allait épouser Polyxène, fille
de Priam. Ajax et Ulysse sauvèrent son corps
des mains des Troyens et se disputèrent en-
suite ses armes devant tous les chefs assem-
blés. (V. Disputer.) Ulysse l'emporta dans
cette lutte célèbre, grâce à son éloquence.
Les cendres d'Achille furent déposées au pro-
montoire de Sigée par les Grecs , qui lui ren-
dirent des honneurs divins et élevèrent des
temples à sa mémoire.
Achille est resté, dans toutes les langues, la
personnification de la bravoure et de l'intré-
pidité ; on désigne aussi par ce nom celui qui
. Quelques centaines d'hommes courageux
auraient réussi à fermer les clubs et mis en
fuite les instigateurs du désordre. Une heure
après la victoire, tous les modérés se seraient
trouvés des Achilles, et la France entière au-
rait battu des mains. »
Granier de Cassagnac.
« A la réception de mon brevet de lieute-
nant, je fus un peu interdit pour plusieurs rai-
sons. D'abord, je n'aimais point l'état militaire ;
mais c'aurait été là une objection facilement
combattue : la vue d'un riche uniforme, quel-
ques phrases ambitieuses, un peu de musique,
eussent fait de moi facilement et au choix un
Achille ou un César. • Alphonse Karr.
« Oui, le crime, même sous la figure d'un
Danton ou d'un Robespierre, quand la plume
perfide de l'historien le revêt d'une sorte d'idéal
poétique, au lieu de révolter l'imagination, la
subjugue. Danton, ce grossier Danton, de-
vient l'Achille de la Révolution. «
S. de Sacy.
:s canons éteignant la fournaise
Suivit, plus de
Osât frappe
lct, vi
ACH
l'Iliade française,
■Achille de n.
est tombé comme un vil
Barthélémy.
• La chose, vaut qu'on la regarde :
Trois fantômes de vieux grognards,
En uniforme de l'ex-garde,
Avec deux ombres de hussards !
Ne les raillez pas, camarade,
Saluez plutôt, chapeau bas.
Ces Achilles d'une Iliade
Qu'Homère n'inventerait pas. •
Tu. Gautier.
Achille (Statue antique d'), musée du Lou-
vre. V Achille du Louvre passe généralement
Eour une copie antique de celui d'Alcamène,
; disciple chéri de Phidias et le rival heureux
d'Agoracrite, au dire de Suidas. Cette statue
appartient à l'époque que Winckelmann ap-
pelle du style sublime, de la beauté simple et
calme. Par la régularité de ses formes, par
l'accord de ses membres, elle pourrait, comme
le célèbre Doryphore de Polvclètede Sicyone,
servir de modèle pour les belles proportions
dm corps humain. ' Achillo aux pieds légers n'a
pas d'autre vêtement que l'élégant casque
grec couvrant ces longs cheveux que , dans
son désespoir, il coupa sur le corps de Patro-
cle. Mais un anneau épisphyrion, c'est-à-dire
placé au-dessus de la cheville à la jambe
droite, indique peut-être une sorte de bouclier
que le héros de l'Iliade portait à la seule par-
tie de son corps qui fût vulnérable, bien
qu'Homère ne parle point de cette tradition.
Achille ci Déidamie, opéra de Campra ,
poème de Danchet, représenté par l'Académie
royale de Musique, en 1735.
Achille à Scyros, grand balleten trois actes,
musique de Chérubini, représenté à Paris, en
1804. La scène de la bacchanale a été jugée
admirable par tous les connaisseurs.
Achille et Polyxène, tragédie lyrique en cinq
actes, poëme de Campistron, représentée le
7 novembre 1687. Le sujet de cette pièce a été
traité sur la scène française par plusieurs au-
teurs, entre autres par Alex. Hardi et Bense-
rade. La musique fut composée par Lulli et
Colasse. Elle eut quelque succès , car cet
opéra fut repris le 11 octobre 1712. Deux ar-
tistes oui ont laissé un nom dans les annales
du théâtre s'y firent remarquer : MU» Pous-
sin, dans le rôle de Vénus , et Mlle Autier,
dans celui de Junon.
ACHILLÉATE s. m. (rad. achilléique). Chim.
Nom générique des sels formés par la combi-
naison de l'acide achilléique avec une base.
ACHILLÉE s. f. (de Achille, qui avait reçu
de Chiron la connaissance des propriétés des
plantes). Bot. Genre de. plan tes à fleurs ra-
diées. On l'employait autrefois pour la gué-
rison des blessures. Les espèces les plus re-
marquables sont la mille-feuille, rherbe à
éternuer, usitées encore en médecine, et l'a-
chillée dorée, répandue dans les jardinsd'agré-
ment. n Plante vivace dont les nombreuses
variétés sont le fléau des prairies. Quelques
variétés à jolies petites fleurs sont cultivées
dans les jardins.
ACHILLÉE. général romain en Egypte, sous
Dioclétien. S étant fait reconnaître empereur
à Alexandrie l'an 292, il se maintint sur le trône
pendant plusieurs années. Dioclétien marcha
contre lui, l'assiégea dans Alexandrie , et le
condamna à être dévoré par les lions.
ACH1LLÉEN, enne adj. (rad. Achille). D'A-
chiile, qui est propre à Achille, qui lui ap-
partient : Toute une classe de statues, ainsi
que Pline nous l'apprend, celle des jeunes
éphèbes nus et tenant une pique à la main qui
ornaient la plupart des gymnases, avaient pris
le nom d'ACHii.LÉENNEs. (Noël des Vergers.)
— Substantiv. : Les achilléennes encore
existantes sont f Agrippa du palais Grimani,
/'Auguste de la maison Rondanini, le Germa-
nicus et le Néron du Louvre.
ACHILLÉES s. f. pi. (rad. Achille). Antiq.
Fêtes instituées en l'honneur d'Achille.
Achiiiéide (a-kil-lé-ide), poëme inachevé de
Stace, dont le sujet devait être l'enfance d'A-
chille et toute la partie de la vie du héros anté-
rieure aux événements de l'Iliade. La mort ne
permit à Stace ni d'achever le poème, ni de cor-
riger les deux chants qu'il avait faits et qui se
recommandent par de très-beaux passages.
Le poëte montre Thétis, mère d'Achille, trans-
portant son fils à la cour de Lycomède, roi de
Scyros, pour le soustraire aux Grecs qui par-
tent pour le siège de Troie, où Thétis sait que
son fils doit périr. Il vit, déguisé en femme, au
milieu des princesses du palais de Scyros.
Mais Achille. a épousé secrètement Déidamie,
la plus belle des lilles de Lycomède. Reconnu
par Ulysse, malgré son déguisement, il est
emmené au siège de Troie. Là s'arrête ce
poëme , dont la versification est le principal
mérite. •
ACHILLÉINE s. f. (rad. achilléë). Chim.
Matière amère de la mille -feuille (achillea
mille folium).
ACHILLÉIQUE adj. (rad. achilléë). Chim.
Se dit d'un acide qui existe dans la mille-
feuille. L'acide achilléique se présente sous
la forme de prismes incolores, inodores, d'une
saveur fort acide.
ACHILLÉOÏDE adj. (du gr. achilleios, mille-
ACH
feuille; eidos, forme). Bot. Qui ressemble à
l'achillée.
ACHILLE STAT1US. V. Estaço.
• ACHILLE TAT1US, écrivain de la fin du
troisième siècle, auteur d'un roman, les Amours
de Clitophon et de Leucippe, trad, en fr. par
Clément, 1800.
ACHILLINI (Alexandre — pr. a-kil-li-ni),
médecin et philosophe, né à Bologne en 14G3,
mort en 1512. Il fut un des premiers qui aient
disséqué des cadavres humains. On lui doit
quelques découvertes ahatomiques. Ses œu-
vres, qui se composentsurtoutde commentaires
sur Anstote, ont été publiées à Venise, en 150S.
ACHILLINI (Claude), poète, philosophe, ju-
risconsulte et médecin, de la famille du précé-
dent, né à Bologne en 1574, mort en 1640. Il
professa avec éclat à Parme, à Ferrare et
dans sa ville natale. Le cardinal de Richelieu
lui envoya une chaîne d'or de la valeur de
mille écus, pour un sonnet composé à l'occa-
sion des conquêtes de Louis XIII en Piémont.
ACHiMÈNE s. m. (a-ki-mè-ne). Bot. Genre
de gessnériacées , jolies plantes herbacées
ayant le port des gloxinies, et que l'on cul-
tive en serre tempérée.
ACHIN s. m. (a-chin). Géogr. Syn. d'A-
chinais. u Linguist. Idiome parlé par les Ache-
mois ou Achinais.
aghinais, aise s. et adj. fa-chi-nè, è-zc
— rad. achin). Géogr. Habitant du royaume
d'Achem ; qui appartient à l'Achem ou à ses
habitants : Un Achinais. Une Achinaise.
Mœurs, coutumes achinaises. L'industrie des
Achinais consiste dans la fabrication d'ou-
vrages d'or et d'argent. (Univ. pitt.) Il Les
Achinais sont aussi appelés Achins et Achk-
mois : Vers la fin du xvie siècle et jusqu'à la
moitié du xviie, les Achins étaient la nation
dominante de l'archipel Indien.
ACII1R, ville forte de la Russie d'Europe,
dans le gouvernement de liiew. Il Contrée de
l'Afrique centrale, dans le Soudan, à l'E. du
roy. de Bornou; pays peu connu.
ACH IRE s. m. (a-ki-re — du gr. a priv. ;
cheir, main). Ichthyol. Genre de poissons de
la famille des hétérosomes, qui habito les
mers équatoriales, ainsi nommé à cause de
l'absence des nageoires pectorales. Assez sem-
blables aux soles, ces poissons ont du reste
les mêmes habitudes et les mêmes mœurs.
AGHIRITE s. f. (a-chi-ri-te — rad. Ac/«>,
n. pr.). Miner. Silicate de cuivre. V. Dioptase.
AGHITOB s. m. (a-ki-tob — mot hébreu
signif. littéral, frère de bonté). Dans la franc-
maçonn. , mot sacré servant pour le quatrième
grade de la maçonnerie d'adoption. C'était
AOHITON s. m. (a-ki-ton— dugr. apriv.;
_ titùn, enveloppe). Bot. Ge~— J~ -i— .— j-
la famille des hépatiques.
ACHIZAR (a-ki-zar). T. de franc-maçonn.
Nom donné, dans l'historique du rite écossais
ancien, à la tour dans laquelle furent déposés
les deux complices du meurtrier d'Hiram.
ACHLAMYDE adj. (a-kla-mi-de — du gr. a
priv. ; chlamus, manteau). Bot. Se dit des al-
gues dont les filaments ne sont pas pourvus
d'une deuxième enveloppe.
ACHLIE s. f. (a-klî— du gr. achlus, ob-
scurité). Bot. Genre d'algues différant très-
peu des leptomites.
ACHLYS s. in. (a-kliss — du gr. achlus, obs-
curité). Arachn. Genre d'arachnides dont le
corps a la forme d'une cornemuse, pourvu de
six pieds très-petits : Les achlys sont des
animaux parasites qui vivent sur le corps des
dytiques.
— Méd. Nom donné par les Grecs à l'obs-
curcissement de la cornée.
ACHLYSIE s. f. (a-kli-zî). Genre d'arach-
nides.
AGHMÉE s. f. (ak-mé). Bot. Genre de
plantes de la famille des asparaginées , ne,
renfermant qu'une seule espèce, Vachmée pa-
niculée, qui croit sur les arbres, dans les Andes
du Pérou.
ACHMET I« (ak-mè), sultan des Turcs,
de 1603 à 1617. Il fit quelque temps la guerre
à l'empereur Rodolphe II, soumit l'Anatolie,
mais se laissa enlever plusieurs provinces par
les Perses.
ACHMET II, sultan des Turcs, de 1691 à
1695 , abandonna le pouvoir au grand vizir
Kiuperli , qui ne sut résister ni aux Impériaux,,
ni aux Vénitiens.
ACHMET III, sultan des Turcs (1703-1730).
Il accueillit Charles XII fugitif, après la ba--
taille de Pultava, battit Pierre le Grand sur
le Pruth (1711), fut vaincu par le prince Eu-
gène à Peterwaradin (1716) et renversé par
les janissaires.il mourut en prison, en 1736.
taux). Minéral découvert en Norvège. Il est
d'un brun noirâtre et assez dur pour rayer le-
verre.
ACHNANTHE s. m. (ak-nan-te — du gr.-
ACH
achné, paillette, duvet; anilms, fleur). Bot,
Genre d'algues microscopiques.
ACHNÉRIE s. f. (ak-né-rî — du gr. achnê,
duvet.) Bot. Genre de graminées.
ACHNODONTE s. m. ( ak-no-don-te — du
gr. achnè , paillette; odous, odontos, dent).
Genre de graminées établi pour quelques es-
pèces de phléum.
ACHO s. m. (a-chô — nom madécasse).
Ornith. Nom donné au coq et à la poule de
Madagascar.
achoppements, m. ( a-cho-peman —
rsd. achopper), obstacle , heurt, choc: Le
moindre achoppement suffit - *' —
i. f. Syn
. de chromatie.
rt. La r,
ment expose le voyageur aux chances les plus
fatales. (A. J allais.)
...Regarde d'où provient
'L'achoppement qui te retient.
La Fontaine.
• Il Voltaire, par une image hardie, a appliqué
ce mot aux rencontres désagréables de cer-
taines lettres, aux dissonances : Les Italiens
ont été obligés de se permettre ces achoppe-
ments de sons qui détruisent l'harmonie na-
— Fig. Pierre d'achoppement, Embarras,
obstacle, difficulté imprévue : L'affaire sera
bientôt terminée, si nous ne rencontrons pas
quelque pierre d'achoppement. (Acad.) Cet
homme, il le rencontrait partout comme pierre
d'achoppement sur son chemin. (Balz.) // n'y
a pas de chemin si uni qu'il ne s'y trouve quel-
que piehre d'achoppement. (D.-Hinard.) La
pierre d'achoppement [à mon mariage] était
la vocation [de ma future]. (St-Simon.) Il
Occasion de faillir : Un libertin est une pierre
d'achoppement pour ceux qui le fréquentent.
(Boiste.) Trop longtemps la politique a été
pour les jésuites une pierre d'achoppement.
(Proudli.) Notre-Seignaur avait prévu que son
Evangile serait une pierre d'achoppement
pour plusieurs. (L. Veuillot.)
— Voici, sur cette expression, une anecdote
plaisante qui ne sera pas déplacée ici. Au
plus fort de la révolution, au temps de la fra-
ternité de Caïn , selon l'expression de Cham-
fort, un des cent mille districts de la répu-
blique était administré par cinq membres
complètement illettrés. Un jour la commune
de Paris fît passer à tous les districts le si-
gnalement des suspects, longue et confuse
nomenclature où il était dit que tous les in-
dividus désignés étaient autant de pierres
d'achoppement. Ce mot fit rêver profondé-
ment les membres de_ notre district, et l'un
d'eux, content comme Archimède, so rap-
pelle qu'en effet il y a dans le faubourg un
nomme Chopement. Pour comble de joie, le
prénom do 1 individu se trouve Pierre. Il n'y
a plus de doute; il faut arrêter Pierre Cho-
pement , honnête et pauvre maçon , père do
quatre enfants , aussi incapable de conspirer
contre la république que le district d'être
savant. Un mandat d'arrêt est lancé contre
Pierre Chopement, et un rapport envoyé
immédiatement au comité du Salut public.
Pierre Chopement fut donc arrêté, garrotté
et expédié à Paris. Fouquier-Tinvilie s'égaya
beaucoup à la lecture de cette étrange pièce.'
Il rassura le malheureux maçon et le ren-
voya chez lui avec un passe-port , après lui
avoir remis une lettre pour messieurs du
district, qu'il complimentait' fort sur l'im-
mensité de leur civisme.
ACHOPPER v. n. ou intr. (a-cho-pé — du
vieux mot chopper). Se heurter, se trouver ar-
rêté, empêche: C'est là que tous ont achoppé.
(Pasc.)
S'achopper, v. pr. Même signification : Il
-' u moindre obstacle.
achromatique ad]. ( a-kro-ma-ti-ke —
du gr. a priv.; chrômatikos , coloré). Qui fait
voir les images des objets sans qu'elles soient
mélangées de couleurs étrangères, ni entou-
rées de franges irisées : Dollond est l'inventeur
des lunettes achromatiques. (Deguin.) Les
prismes achromatiques se composent ordinai-
rement de deux prismes, l'un de jlint-glass ,
l'autre de crown-glass, dont deux faces sont
appliquées l'une contre l'autre, et dont les
angles réfringents sont tournés en sens con-
traire, (Deguin.)
ACHROMATISANT (a-kro-ma-ti-zan) part,
prés, du v, Achromatiser.
ACHROMATISANT, ANTE adj, (a-kro-ma-
ti-zan,an-te— rad. achromatiser) , Qui achro-
matise, qui produit l'achromatisation : Jus-
qu'à présent le liquide achromatisant le plus
puissant est celui du docteur Blair. (Encycl.)
ACHROMATISATION s. f, (a-krb-ma-ti-za-
si-on — rad. achromatiser). Action d'acbro-
matiser, do rendre achromatique : Z/achro-
matisation d'un objectif.
ACHROMATISÉ , ÉE (a-kro-ma-ti-zé) part,
pass. du v. Achromatiser : Une lumière achro-
ACHORES s. m. pi. (a-ko-re — du gr. achâr,
poumic). Pathol. Croûtes de lait, ulcérations
superficielles à la peau du visage et de la
tête. Alibert décrit sous ce nom l'espèce de
teigne qu'il nomme muqueuse.
ACHORÈSE s. f. (a-ko-rè-ze — du gr. a
priv.; chôrèsis, capacité.) Pathol. Diminution
de capacité des réservoirs destinés à contenir
des liquides, tels que la vessie.
ACHORION s. m. (a-ko-ri-on — du gr. a
priv.; chorion, membrane). Bot. Genre de
champignons voisins du genre oïdium.
achoriste adj. (a-ko-riss-te — du gr. a
priv.; chôristos, sépare). Se dit d'un symptôme
qui accompagne ordinairement une maladie.
ACHORUTE s. m. (a-ko-ru-te — du gr. a
priv.; choreutès, sauteur). Entom. Genre d'in-
sectes de l'ordre des thysanoures ; dont l'es-
pèce type a été trouvée sur l'eau à Cranmore,
par Tompleton.
ACHOUR s. m. (a-ch'our — rad. achoura.
parce qu'il se perçoit dans ce mois). Impôt
algérien, qui a pour base les produits de la
terre ; Z/achour, la razzia, les kalifas ne
pouvaient pas fournir les soixante mille francs
pour la dot d'Hortense. (Balz.)
ACHOURA s. m. (a-chou-ra). Relat. Leprc-
mois de l'année musulmane.
ACHROMA s. m. (a-kro-ma— du gr. a.
priv.-, chroma, couleur). Pathol. Décoloration
Partielle de la peau. Les médecins ont donné
es noms divers à cette affection.
ACHROMASIE s. f. (a-kro-ma-zî — du gr.
a priv.; chroma, couleur). Pathol. Décolora-
tion du corps, pâleur cachectique.
ACHROMATISER v. a. ou tr. (a-kro-ma-
ti-zé — du gr. a priv.; chrâmatisô, je colore).
Optiq. Rendre achromatique: On peut achro-
matiser autant de rayons diversement colorés
qu'il y a de prismes. (Deguin.)
— Absol. : On peut achromatiser par rap-
port à deux couleurs , et alors on prend ordi-
nairement les extrêmes. (Jourdan.)
S'achromaUaer, v. pr. Etre achromatisé,
se rendre réciproquement achromatique : Il
est important de ne pas chercher à séparer les
deux verres qui s'aciiromatisent. (Jourdan.)
-ACHROMATISME s. m. (a-kro-ma-ti-sme
— du gr. a priv.; et chroma, couleur). Physiq.
Destruction des couleurs primitives qui ac-
compagnent l'image d'un objet quand on le
regarde à travers un prisme on une lentille.
— Encycl. Le but de l'achromatisme est de
détruire ou plutôt de compenser la différence
de réfrangibilité (V. Aberration de réfrangi-
bilité) des rayons colorés dont la lumière est
composée. Newton croyait avoir démontré par
des faits que dans des prismes de substances
différentes le pouvoir dispersif était propor-
tionnel au pouvoir réfringent. S'il en était
ainsi, il serait impossible d'achromatiser une
lentille sans faire disparaître la propriété dont
elle jouit de former des images. Euler, pre-
nant l'œil pour modèle , pensa qu'on pourrait
parvenir à réfracter la lumière blanche sans
la décomposer , en combinant des verres k la
manière des différentes parties de cet organe.
Sa prévision était juste, mais il ne parvint pas
à la réaliser par l'expérience. Hall et Dollond,
particulièrement ce dernier, sont les premiers
qui soient arrivés à des résultats positifs. Euler
avait expérimenté avec de l'eau et du verre.
L'opticien anglais Dollond se servit de deux
verres, l'un de fiint-glass, l'autre de crown-
glass verdàtre, juxtaposés. Ses premières lu-
nettes datent de 1758. Pour obtenir un achro-
matisme parfait, il faudrait employer sept
verres différents , mais il suffit, pour nos ins-
truments'd'optique, de faire coïncider une len-
tille biconvexe et par conséquent convergente
de crown avec la face concave d'une lentille
courbure étant égaux pour la lentille bicon-
vexe et la face concave de la lentille de flint,
quel devra être te rayon de courbure de la
deuxième face de cette dernière?
ACHROMATOPSIE s. f. (a-kro-ma-to-psï —
du gr. a priv.; chroma, couleur; opsis, vue).
Pathol. Affection de l'œil dans laquelle toutes
les couleurs paraissent blanches ou gris et
noires ou gris foncé : Z'achromatops'ie est
une imperfection innée et héréditaire ; elle
n'est pas aussi rare qu'on pourrait le penser.
(D'HombresFirmas.) u Ce mot a été détourné
de cette acception, et employé pour désigner
en général toutes -les sortes d'impossibilités
de distinguer une ou plusieurs couleurs.
ACHROME adj. (a-kro-me — du gr. a priv.;
chroma, couleur). Qui n'a pas de couleur :
Sang achrome. il On dit aussi Achromique.
ACHROMIQUE adj. (a-kro-mi-ke — du gr.
a priv.- chroma, couleur). Qui est sans cou-
leur : La combustion complète des corps , en-
tretenue dans le gaz hydrogène qui produit la
flamme , est absolument nécessaire pour que
cette flamme soit achromique. (Pelouze.)
ACHROMODERMIE s. f. (a-kro-mo-dèr-mî
— du gr. a priv,; chroma, couleur; derma,
peau). Pathol. Décoloration de la peau.
ACHROMOLÈNE %A. (a-kro-mo-lè-ne — du
gr.apriv.; chroma, couleur; laina, enveloppe).
Bot. Genre de plantes composées, originaires
de la Nouvelle-Hollande, faisant partie du
genre cassinia.
ACHRONizoÏQUE adj. ( a-kro-ni-zo-i-ke —
du gr. a priv. ; chrônizein , durer). Méd. Qui
ne dure pas, qui ne peut être conservé sans
s'altérer ; se ait des médicaments.
ACHTEL s. m. (ak-tèl — de l'allem. acht,
huit). Mot allemand qui signifie huitième, et'
qui est assez généralement usité en Alle-
magne comme exprimant une mesure de Ion-
ACI
gueur. Ainsi la toise (lachter) et le pouce
(zoll) se subdivisent en achtels, c'est-à-dire
en huitièmes.
— Mesure pour les matières sèches en
usage à Francfort-sur-le-Mein, Stuttgard,
Vienne, etc., où elle varie beaucoup de ca-
pacité. C'est aussi une mesure pour les li-
quides à Augsbourg, Dantzick, Ratisbonne.
ACHTHÉOGRAPHE s. m. (ak-tê-o-gra-fe —
du gr. achthos. eos, poids ; graphe, je décris).
Celui qui décrit, qui fait la nomenclature des
poids.
ACHTHÉOGRAPHIE s. f. (ak-té-o-gra-fî—
rad. achthéographe). Description, nomencla-
ture des poids.
achthéographique adj. (ak-té-o^ra-
fî-ke — rad. achthéographe). Qui concerne
l'achthéographie.
achtheomÉtre s. m. (ak-té-o-mè-tre —
du gr. achthos, eos, poids; métron, mesure).
Instrument qui a pour objet de déterminer
la surcharge des voitures sur les routes.
achtRING s. m. (ak-train-gue). Métrol.
Mesure de capacité pour les liquides, usitée
à Vienne ; on la désigne aussi sous le nom de
mass. Sa contenance est d'environ un litre
et demi.
achupalla s. m. (a-chou-pal-la). Bot.
Genre de plantes de la famille des bromélia-
cées. V. Pourettia.
ACHYLIE s. f. (a-chi-li — dugr. a priv.;
chulos, suc, humeur). Méd. Manque de for-
mation du chyle, Il On dit aussi Achylose.
ACHYLOSE S. f. Méd. V. ACHYLIE.
ACHYMOSE s. f. (a-chi-mo-ze — du gr. a
priv. ; chumos , suc). Pathol. Mauvaise di-
gestion, manque de formation du chyme.
ACHYRACHÈNE s. m. (a-ki-ra-kè-ne — du
gr. achuron, paille ; a priv.; chainû, j'ouvre).
Bot. Plante de la famille des composées, ayant
le port des scorzonères, et originaire de ta côte
N.-O. do l'Amérique.
achyranthe s. f. (a-ki-ran-te — du gr.
achuron, paille; anthè floraison). Bot. Genre
de plantes de la famille des amarantaeées,
qui ne renferme qu'environ douze espèces,
dont la plupart croissent dans la zone équa-
toriale , et quelques-unes dans la région mé-
diterranéenne. On les appelle aussi Cadelahi.
V. ce moi.
ACHYRANTHOÏDE adj. (a-ki-ran-to-i-de—
rad. achyrante, et du gr. eidos, forme). Bot.'
Qui ressemble à une acbyranthe.
ACHYRASTRE s. m, (a-ki-rass-tre — du gr.
achuron, paille; astron, astre). Bot. Genre de
plantés à aigrettes, du groupe des chicoracées,
dont le calice est en forme d'aigrette.
ACHYROCLINE s. f. (a-ki-ro-kli-ne — du
gr. achuron, paille; klinê, lit). Bot. Genre do
plantes appartenant à la famille des compo-
sées , qui, par un port particulier, se rappro-
chent des stenoclines. Ce sont, en général,
des végétaux de l'Amérique.
ACHYROCOME s. m. (a-ki-ro-kô-me — du
gr. achuron, paille; komé, chevelure). Bot.
Genre de plantes de la section des vernoniées,
dans la famille des composées.
ACHYRONIE s. f. (a-ki-ro-nî — du gr. achu-
ron, paille). Bot. Genre de plantes de la famille
des légumineuses, dont on ne connaît qu'une
seule espèce , qui est un arbrisseau indigène
de la Nouvelle-Hollande.
achyropappe s. m. (a-ki-ro-pa-pe — du
gr. achuron, paille; pappos, aigrette). Bot.
Genre de plantes de la famille des composées :
Les achyropappes sont des herbes annuelles ,
originaires du Mexique.' (D'Orbigny.)
ACHYROPHORE s. m. (a-ki-ro-fo-re — du
gr. achuron, paille; phoros , porteur). Bot.
Genre de plantes chicoracées, qui diffère uni-
quement des hypochœris par la forme de son
aigrette ; il renferme dix-huit à vingt espèces,
qui sont pour la plupart des herbes vivaces,
communes aux deux hémisphères.
achyrophyte adj. (a-ki-ro-fi-te — du
gr. achuron, paille; phuton, plante). Bot.
Se dit d'une plante dont la fleur est accompa-
gnée de paillettes.
achyrosperme s.m.(a-ki-ro-spèr-me—
du gr. achuron, paille; sperma, semence). Bot.
Genre de plantes de la famille des labiées, dont
les espèces habitent Java et Madagascar.
AC1ANTHE s. f. (a-si-an-te — du gr. akis,
pointe: anthè, fleur). Bot. Genre de plantes
Se la famille des orchidées, dont plusieurs
espèces sont originaires do la Nouvelle-Hol-
lande.
ACICARPHE s. m. (a-si-kar-fe — du gr.
akis, pointe; karphos, fétu de paille). Bot.
Genre de plantes de la famille des calycérées,
qui se composé de deux espèces, dont l'une
croît aux environs de Buénos-Ayres, et l'autre
dans les lieux sablonneux , aux environs de
Rio-de-Janeiro.
aciculaire adj. (a-si-ku-lè-re — lat. aci-
cula, diminut. à'acus , aiguille). Qui tient de
l'aiguille, qui est mince et allongé comme une
aiguille. S emploie surtout en histoire natu-
relle, et signifie Qui est dur, étroit , aigu , et
peu ou point anguleux.
— Miner. Se dit d'une substance qui cris-
tallise en petites aiguilles.
— Bot. Se dit des feuilles qui sont dures,
toujours vertes, étroites, aiguës; des épines
A.CI
71
grêles, allongées et très-pointues , et des éta-
minos et des styles de certaines plantes.
aciculairëS s. m. pi. (a-si-ku-lè-re — du
lat. acicula! petite aiguille). Nom donné à dos
polypiers, a des bélemnites- et à des pointes
d'oursins fossiles. On dit aussi acicumcs.
AClCULARs. m. (a-si-ku-lar). Miner. Nom*
donné à une espèce d'arséniate de cuivre.
ACICULE s. m. (a-si-ku-le — du lat. aci-
cula , petite aiguille). Zool. Soie rare et fort
aiguë qu'on observé sur les côtés du, corçs de .
plusieurs annôlides : Ces corpuscules qu on a
nommés successivement corps'ùrticànts, capsules,
m. pi. V. Aciculaires.
ACICULÉ, ÈE adj. (a-si-ku-lé — du lat.
acicula, aiguille). Qui semble fait avec une
aiguille, ou qui est en forme d'aiguille.
— Bot. Se dit des semonces dont la surface
est sillonnée de lignes ou raies très-fines et
sans ordre, qui semblent avoir été faites avec
la pointe d'une aiguille.
ACICULIFORME adj. (a-si-ku-li-fbr-me —
du lat. acicula, petite aiguille, et forme). -fini a
la forme d'une aiguille.
ACIDALIE s. f. (a-si-da-lî — lat, Acidalia,
surnom de Vénus). Ant. gr. Fontaine de la
Béotio , près d'Orchomèrié ; était consacrée à
Vénus et aux Grâces. Elle a été célébrée par
les poètes.
— Entom. Genre . d'insectes lépidoptères
nocturnes , de la tribu des phalômtes , dont
on connaît dix-neuf espèces. Le type est l'aci-
dalie pallidaire , très-commune dans tous les
bois en juin et en juillet, u Genre de coléo-
ptères totramôres ne comprenant qu'une es-
pèce, originaire du Brésil.
— Hortic. Variété de roses , dont la cou-
leur est blanche, légèrement roséo. * .
ACIDALICS (Valens), philologue et poète
latin, né dans le Brandebourg en 1567, mort
en 1595. Il se fit surtout connaître par d'excel-
lents commentaires sur Quinte-Curce, Piaule
slques autres écrivains '
s sont peu estimées.
ACIDE adj . (a-si-de — du gr. akè, pointe ,
aigreur ; d'où le lat. acidus). Qui a une saveur
aigre, piquante : La nature a multiplié les.
fruits acides dans les pays et dans tes saisons
où ils sont le plus utiles. (Halle.) L'acide hy-
drofluorique est un liquide incolore très-ACWE.
• (Dumas.) Le lait caillé est acide, parce qu'il
s'est formé un acide particulier appelé lactique.
(A. Rion.)
Le fruit encore vert, là vigne encore acide.
Tentent de ton palais l'inquiétude avide.
A. Chénieh.
— Fig. Aigre, piquant, mordant : II savait .
que son caractère acide et sauvage avait laissé
à ses camarades de l'éloignement pour lui.
(Lamart.) il Se dit aussi des sons aigus de
certains instruments, et de tout ce qui pro-
duit une impression vivo et désagréable sur
les organes : Une lieue plus loin, nous traver-
sions un village dont c'était la fête, et qui cé-
lébrait cette fête avec une musique des plus
acides. (V. Hugo.)
Je n'entends au hameau que Vacille crécelle
Ou d'un aveugle-né l'ingrate chanterelle,
Qui, de nos corydons dénouant les jarrets,
Leur fait fouler gaiment l'herbe de nos guéreta
Satir. du xvmc siècle.
— Chim. Qui possède les propriétés des
acides : Sel acide. Scheele découvrit la nature
acide du calcul de la vessie, et celle du prin-
cipe astringent de la noix de galle., (Cuv.)
Il Fermentation acide, Sous l'influence de la-
quelle une substance devient acide.
— S'empl. substantiv. Etat acide, aigreur :
Les petits vins blancs passent facilement à
4'acide. . .
— Fig. : La plaisanterie anglaise est un
acide qui corrode si bien les êtres sur lesquels
il tombe, qu'il en fait des squelettes lavés et
brossés. (Balz.)
— Chim. Nom générique d'une classe do
corps composés qui ont la propriété de rougir
la teinture bleue de tournesol, de se combiner
avec les bases pour former les sels, de se
rendre au pôle positif lorsqu'on soumet leurs
combinaisons à l'action de la pile voltaïquo.
Nous donnons ici, par ordre alphabétique,
la liste des acides les plus importants, en
. renvoyant, pour une définition plus complète
et de plus amples développements, à chacun '
des mots qu'on va lire :
Acide acétique, qui constitue la partio
essentielle du vinaigre, et qui est formé par
l'oxydation de l'alcool;
. — Achilléique, que l'on extrait de la mille-
feuille ;
— Aconitique, que l'on tire de l'aconit napel ;
Adipique, qui se produit par l'action do
l'acide azotique sur un grand nombre de ma-
tières grasses ;
— Aloétique; que- l'on obtient en traitant
l'aloès par l'acide azotique;
— Ambréique, qui résulte de l'action de l'a-
cide azotique sur l'ambréine ;
— Amygdalique, qui se produit par la mé-
tamorphose de l'amygdaline sous l'influence
des alcalis ;
— Anacardique, contenu dans le péricarpe
de la noix d'acajou ;
- Angélique, qui s
c de la plante de c
rencontre dans la ra-
— Anilique, gue l'on obtient en traitant
l'indigo par l'acide azotique ; *
— Anisique, produit par l'oxydation de l'es-
sence d'anis ;
— Antimonique, connu anciennement sous
le nom de bézoard minéral, composé de cinq
équivalents d'oxygène et de deux équivalents
d'antimoine;
— Arsénieux, vulgairement connu sous le
nom d'arsenic ou de mort-aux-rats, composé
de trois équivalents d'oxygène et d'un équi-
valent d'arsenic;
— Arsénique, composé de cinq équivalents
d'oxygène et d'un équivalent d'arsenic, pro-
duit par la suroxydation de l'acide arsénieux ;
— Aspartique, qui se produit par la méta-
morphose de l'asparagine sous l'influence des
acides et des alcalis;
— Aurique, appelé encore sesquioxyde d'or,
composé de deux équivalents d or et de trois
équivalents d'oxygène ;
— Azoteux, composé de trois équivalents
d'oxygène et d'un équivalent d'azote ;
— Azotique, composé de cinq équivalents
d'oxygène et d'un équivalent d'azote ;
— Jienzoique, connu depuis longtemps sous
le nom de fleur de benjoin ou dé sel de ben-
join, et, qui se rencontre tout formé dans le
benjoin ;
— Dorique, produit par la combinaison de
l'oxygène avec le bore ;
— Bromhydrique, produit par la combinai-
son du brome avec l'hydrogène ;
.— Bromique, produit par la combinaison du
brome avec l'oxygène ;
— Butyrique, que l'on obtient en saponi-
. Gant le beurre pur les alcalis ;
— Camphorique, qui se produit par l'action
de l'hydrate de potasse sur le camphre ;
— Camphorique, qui se produit par l'oxy-
dation du camphre sous l'influence de l'acide
azotique;
— Caprique, qu'on extrait du bourre de
chèvre, et qui se produit aussi par l'oxyda-
tion de l'essence de rue ; il s'appelle aussi
acide rutique ;
beurre de vache ou de chèvre ;
— Caprylique, qui s'extrait du beurre de
vache ou de chèvre, de l'huile de coco, etc. ;
— Carbonique , formé par la combinaison
de deux équivalents d'oxygène et d'un équi-
valent de carbone;
— Carminique , qui constitue la matière
colorante de fa cochenille ;
— Cërébrique, qui se trouve dans le cer-
veau, la moelle épinière, les nerfs;
le epimere, 1
- Céroiique, qui se trouve dans la ci
abeilles;
edes
chaux et les alcalis organiqi
— Chloracétique , que l'on produit en sou-
mettant l'acide acétique a l'action du chlore
sous l'influence do la lumière solaire ;
— Chloreux, formé par la- combinaison de
trois équivalents d'oxygène avec un équiva-
lent de chlore ;
— Chlorhydrique, composé de volumes égaux
d'hydrogène et de chlore ;
— Chtorique, liquide d'un jaune verdatro,
composé do cinq équivalents d'oxygène et
d'un équivalent de chlore;
— Chloromrbonique , gaz composé d'oxy-
gèjne, de chlore et de carbone, et qui se pro-
duit lorsqu'on expose à la lumière solaire des
volumes égaux de chlore et d'oxyde de carbone;
— Cholalique, produit par l'action des alca-
lis sur l'acide cholique ;
— Choléique, qui se trouve à l'état de sel
de soude dans la bile de bœuf;
— Ckolestérique, produit par l'action de l'a-
cide azotique sur l'acide choioïdique ;
— Cholique, qui constitue, à-l'état de sel de
soude, la partie essentielle de la bile de bœuf ;
— Choloïdanique, que l'on obtient en trai-
tant l'acide choioïdique par l'acide azotique ;
— Choioïdique, produit par l'action de l'acide
chlorhydrique bouillant sur l'acide cholique;
— Cholonique, produit de l'action des acides
concentrés sur l'acide cholique ;
— Chromigue, corps cristallin d'un beau
rougo cramoisi, composé de trois équivalents
d'oxygène et -d un équivalent de chrome ;
— Cinnamique , que l'on tire du baume du
— Citrique, qui se trouve dans les citrons,
les oranges, les groseilles, etc. ;
— Croconique, corps cristallin orangé, com-
posé d'oxygène et do carbone ; N
— Cuminique, produit par l'oxydation de
l'essence de cumin ; •
— Cyanhydrique , le plus terrible des poi-
sons, composé de volumes égaux de cyanogène
et d'hydrogène; il s'appelle aussi acide prus-
sique; ■ ;
— Cyanique, liquide incolore, formé par la
combinaison du cyanogène avec l'oxygène;
— Cyanurique, isomère de l'acide cyanique ;
il se produit dans la distillation sèche de l'a-
cide urique;
— Dialurique, produit par l'action de l'acide
sulfhydriquo sur l'alloxànc;
_ — Elaîdique, que l'on obtient en traitant
l'acide oléique par l'acide azoteux ;
— Ellagique, qui se forme lorsqu'on aban-
donne au contact de l'air une infusion de noix
de Galle ;
— Ethalique, qui se rencontre souvent à
l'état libre dans l'huile de palme ; il est en-
core appelé acide palmitique;
— Ferrique, composé d'un équivalent do fer
et do trois d'oxygène ;
— Fluorhydriqm, composé do fluor" et d'hy-
drogène;
— Formique, que les fourmis rouges ex-
crètent, et qui se rencontre également à l'état
libre dans les orties ;
— Fulminique, qui' entre dans la composi-
tion des fulminates, mais qui n'est pas connu
à l'état libre;
— Galliq'ue, qui se produit parla transfor-
mation du tannin des noix de Galle.;
— Gentianique, qui existe dans la racine do
gentiane ;
— Clucique, que l'on obtient par l'action do
l'acide sulfurique étendu sur le glucose;
— Glycollique, qui se produit par l'action do
l'acide azoteux sur le sucre de gélatine ou
glycocolle;
— Hippurique, qui se rencontre dans l'urine
des vaches et des chameaux ;
— ffumique, qu i se trouve dans le bois altéré ;
— Hypériodique , composé de sept équiva-
lents d'oxygène et d'un équivalent d'iode;
— Hypoazotique , composé de quatre équi-
valents d'oxygène et d'un équivalent d'azote ;
— Hypochloreux , composé d'un équivalent
de chlore et d'un équivalent d'oxygène;
— Hypoiodique, composé de quatre équiva-
lents d'oxygène et d'un équivalent d'iode;
.— ffypophosphoreux, composé d'un équiva-
lent de phosphore et d'un équivalent d'oxy-
gène unis à trois équivalents d'eau ;
— Byposulfureux , composé de deux équi-
valents de soufre et de deux équivalents
d'oxygène ;
— Ilyposulfurique , composé de deux équi-
valents de soufre et de cinq équivalents d'oxy-
gène ;
— Hyposulfoindigotique, produit par la com-
binaison de l'acide sulfurique avec l'indigo;
— Inosique, que l'on tire de l'extrait do
viande ;
— lodeux , composé de trois équivalents
d'oxygène et d'un équivalent d'iode ;
— lodhydrique , formé par la combinaison
de l'iode avec l'hydrogène ;
— Iodique, composé de cinq équivalents
d'oxygène et d'un équivalent d'jode ;
— Isotartrique, isomère de l'acide tartrique ;
— /laconique, produit par la distillation
sèche de l'acide citrique;
— Lactique, qui a été découvert dans le lait
aigri ;
— Lauriqxie , qui existe combiné avec la
glycérine dans les baies de laurier;
, — Maléïque, que l'on prépare par la distil-
lation sèche de 1 acide, malique -,
— Malique, qui se rencontre en abondance
dans les pommes vertes, dans les fruits du
prunellier, du sorbier, du sureau, dans les
groseilles a maquereau, les cerises, etc. ;
— Manganique, composé d'un équivalent de
manganèse et de trois équivalents d'oxygène ;
— Margarique, qui se produit par la sapo-
nification des matières grasses contenant de
la margarine ;
— Mécanique, qni se trouve dans l'opium ;
— Mélissique, produit par l'oxydation de
l'alcool mélissique ;
— Meltique, qui se rencontre dans la nature
à l'état de mellate d'alumine ;
— Mësaconique, i
cide azotique sur 1 ;
— Mésoxalique, qui se produit à l'état de
mésoxalate de plomb par 1 action de l'acétate
de plomb sur l'alloxane ;
— Métagallique, qui se produit par la trans-
formation de l'acide pyrogallique soumis à
l'action d'une température de 250» ;
— Mëtantimonique , qui présente les élé-
ments de t'acide antimonique unis à deux
équivalents d'eau -
— Métapectique, qui se produit par la trans-
formation de la pectine abandonnée à elle-
même ;
— Métastannique, qui est composé de cinq
équivalents d'étain et de dix équivalents
- Mucigue, produit par l'action de l'acide
AGI
azotique sur le sucre de lait, les gommes, l'a-
cide poétique ;
— Mucovinique, qui se produit souvent dans
la préparation de 1 éther mucique ;
— Myristique, qui se produit, à l'état de
sel, par la saponification de la myristine, ma-
tière grasse solide du beurre de muscade;
— Myronique, contenu dans la moutarde
noire à l'état de sel de potasse ;
— Œnanthique, qui s'extrait de l'éfhor au-
quel les vins doivent leur odeur caractéris-
tique ;
— Oléique s qui s'obtient par la saponification
des huiles végétales non siccatives, ain^i que
des graisses animales ;
— Olêophospkoriquc, qui se trouve dans le
cerveau, et que les bases décomposent en acide
oléique, acide phosphorique et glycérine ;
— Oxalique, qui se produit par l'oxydation
des matières organiques sous l'influence de
l'acide azotique bouillant;
— Oxaloéinique, que l'on obtient, à l'état de
sel, par l'action de la potasse sur l'éther oxa-
lique;
— Parapectique, qui se produit par la trans-
formation de l'acide pectique soumis à l'action
prolongée de l'eau bouillante ;
— Paratartrique, qui so trouve tout formé
dans les tartres des raisins, et qui résulte de
la combinaison de l'acide tartrique droit et do
l'acide tartrique gauche ;
— Pectique, qui se trouve dans les golées
végétales ;
— Pélargonique, qui s'extrait des feuilles
du géranium;
— Per chtorique. composé de sept équiva-
lents d'oxygène et d'un équivalent de chlore ;
— Phénique, qui se rencontre en quantité
considérable dans l'huile du gaz de l'éclairage ;
— Phoeéniqut, qui se trouve dans l'huile do
marsouin, dans la racine de valériane;
• — Phosphatique, composé d'acide phospho-
reux et d acide phosphorique ;
— Phospkoqlycérique, composé d'acide phos-
phorique et de glycérine ;
' — Phosphoreux, composé de trois équiva-
lents d'oxygène et d'un équivalent de phos-
phore unis a trois équivalents d'eau ;
— Phosphorique, composé de cinq équiva-
lents d'oxygène et d'un équivalent de phos-
phore unis a trois équivalents d'eau ;
— Phosphovinique , que l'on obtient en
chauffant l'alcool avec de l'acide phosphorique
vitreux ;
— Phtalique, produit par l'action de l'acide
azotique sur la naphtaline, l'alizarine, etc. ;
— Picrique, produit par l'action de l'acide
azotique sur l'acido phénique ;
— Pimélique, que l'on tire de la cire, du
blanc de baleine, etc. ;
— Pinique, qui existe dans la colophane ;
— Plombique, composé de deux équivalents
d'oxygène et d'un équivalent de plomb ;
— Pneumique, qui se rencontre dans le pa-
renchyme pulmonaire de la plupart des ani-
maux;
— Polygalique, qui constitue le principe
acre du polygala amer;
— Propionique, qui se produit par l'action
de la potasse ou de l'acide sulfurique étendu
sur l'ether cyanhydrique;
— Pyroqallique, produi
sèche de l'acide gallique ;
— Pyromucique, qui se produit par l'action
de la chaleur sur l'acide mucique;
— Pyrophosphorique, composé de cinq équi-
valents d'oxygène et d'un équivalent de phos-
phore unis à deux équivalents d'eau ;
— Pyro tartrique, qui se produit par la dis-
tillation sèche de l'acide tartrique ou para-
tartrique ;
— Pyruvique, qui se produit comme le pré-
cédent, lorsqu'on soumet l'acide tartrique à
la distillation sèche ;
— Quinique, qui se rencontre dans différents
quinquinas en combinaison avec la chaux, la
quinine ou la cinchonine ;
cidé mucique, par faction de l'acide azotique
sur le sucre, le glucose, la mannite ;
— Salicyleux, qui s'extrait des fleurs de
reine-des-prés ;
— Salicylique, qui se produit par l'oxyda-
tion de l'acide salicyleux sous llnfluence de
la potasse caustique ;
— Sébacique , qui se produit par la distilla-
tion des corps gras ;
— Sélénhydrique, formé par la combinaison
du sélénium avec 1 hydrogène ;
— SUicique, formé par la combinaison de
l'oxygène avec le silicium ;
— Sinapique, qui se produit par la transfor-
mation de la sinapine sous l'influence dos
alcalis ;
— Sta7inique. composé de deux équivalents
d'oxygène et d'un équivalent d'étain unis à
un équivalent d'eau ;
— Stéarique, qui se produit par la saponifi-
cation des matières grasses contenant de la
stéarine ;
— Subérique, qui se produil
l'acide azotique sur le liège;
ACI
— Succiniqué, (Jui se produit par la distilla-
tion sèche du succin ou ambi'é jàûhè;
— Sudorique, qui se trouve dans la suèuf ;
— Suif acétique, composé de deux équiva-
lents d'acide sulfurique anhydre et d'un équi-
valent d'acide acétique ;
— Sulfhydrique, formé par la combinaison
du soufre avec l'hydrogène ;
— Sulfoarsénique , composé de cinq équi-
valents de soufre et d'un équivalent d'arsenic -,
— Sulfocarbonique, composé de deux équi-
valents de soufre et d'un équivalent de carbone;
— Sulfocyanhydrique , qui se produit par
l'action du cyanogène sur le sulfure de potas-
sium à une température élevée;
— Sulfogluaque, qui se produit par l'action
de l'acide sulfurique concentré sur le glucose ;
— Sulfoglyeérique,. composé d'acide sulfu-
rique et de glycérine ;
— Sulfoindigotique , qui se produit lors-
qu'on délaye de l'indigo bleu dans l'acide sul-
furique fumant;
— Sulfovinique, qui so produit par l'action
de l'acide sulfurique étendu sur l'alcool absolu ;
— Sulfureux, composé de deux équivalents
d'oxygène et d'un équivalent de soufre;
— Sulfurique, composé de trois équivalents
d'oxygène et d'un équivalent do soufre;
gallotannique , ou tannin des.n
l'acide cafetannique, ou tannin du café ; l'acide
cqchoutannique, ou tannin du cachou ; l'acide
morintannique, ou tannin du bois jaune; l'a-
cide quercitannique, ou tannin du chêne ; l'a-
cide quinotannique, ou tannin des quinqui-
nas* etc. ;
— Tartrique , qui existe dans le tartre et
qui est d'ailleurs très-répandu dans tout le
règne végétal ; il y en a deux espèces : l'acide
tartrique droit ou ilextro racémique, et l'acide
tartrique gauche ou leoo racémique;
— Tartro-glycérique, composé d'acide tar-
trique et de glycé —
Térébenzique et téréhique, produits par
l'action de l'acide azotique Sur l'essence, de
térébenthine;
— Toluique, produit par l'action de l'acide
azotique sur le cymône ;
— Cireux, qui se rencontre dans certains
calculs urinaires fort rares ;
— Urique} qui se rencontre à l'état libre ou
en combinaison avec l'ammoniaque dans les
excréments des serpents, des oiseaux, des in-
sectes, dans le sédiment que déposo l'urine
humaine, dans les calculs urinaires, etc. ;
— Uroxanique, qui se produit par l'action
de la potasse caustique sur l'acide urique;
— Vératrique, qui se trouve dans la graine
docévadille; .
— Xanthique, qui s'obtient à l'état de com-
binaison avec la potasse par l'action de' l'é-
ther xanthique sur le sulfhydrate do potasse ;
— Xanto-protéique, qui se produit par l'ac-
'tion de l'acide azotique sur la fibrine, l'albu-
mine, la caséine.
— Syn. Acide, acerbe, Aci-c, etc.V. ACERBE.
— Antonymes. Doux, sucré.
— Encycl. Les acides ont généralement une
saveur forte et piquante ; mais bien que cette
saveur ait été 1 origine de leur nom , ils n'en
sont cependant pas tous doués. Il y en a de
gazeux, de liquides et de solides, de tixes et de
volatils, do colorés et d'incolores, de solubles
et d'insolubles dans l'eau. On a cru cependant
longtemps que l'oxygène entrait dans la com-
position de tous les acides. Le nom d'oxygène
(générateur des acides) venait de cette idée
et contribuait à l'entretenir. Mais on a re-
connu depuis que certains acides ne conte-
naient pas d'oxygène ; par exemple, les acides
chlorhydrique , sulfhvdriaue . bromhi/drique ,
iodhydrique, etc. De là la distinction de deux
espèces à'aeides .* les oxacides, qui provien-
nent de la combinaison d'un corps simple avec
l'oxygène, et les hydracides, qui sont formés
Sar la combinaison d'un métalloïde avec l'hy-
rogène. Les oxacides peuvent être plus ou
moins oxygénés; le plus oxygéné s'exprime
par le nom simple suivi de la terminaison ique;
le moins oxygéné prend la désinence eux; on
exprime les autres degrés d'oxydation par les
mots hypo (au-dessous) et hyper (au-dessus).
Ex. : acide hyperchlorique , acide chlorique,
acide hypochlorique ; acide chloreux, acide
hypo-chloreux.
Parmi les acides , les uns appartiennent
exclusivement au règne minéral, les autres au
règne végétal ou au règne animal.
On appelle acides métalliques les acides
formés parToxygène et un métal ; acides orga-
niques les acides renfermant du carbone et
provenant de substances organiques ; acides
gras les acides organiques extraits des graisses
et des huiles grasses. Parmi les acides, les uns
se rencontrent dans la nature a l'état libre ,
o'est-à-dire non combinés avec des bases ; le
plus grand nombre ne se trouve qu'a l'état de
combinaison. Les acides sont dits/oWsou/ai-
bles , selon l'énergie plus ou moins grande de
leur affinité pour .les bases; étendus on con-
centrés, selon la quantité plus ou moins grande
d'eau avec laquelle ils sont mélangés.
ACI
Lorsque les oxacides sont combinés en pro-
portion définie avec l'eau, ils prennent le nom
à'acides hydratés, et celui d acides anhydres
(sans eau) dans le cas contraire. Les acides
hydratés peuvent être considérés comme des
sels a base d'eau. Les addas anhydres sont
souvent désignés sous le nom d'anhydrides.
(V. ce mot.) Les acides hydratés produisent des
sels en changeant les équivalents d'eau qu'ils
contiennent oontre des équivalents d'oxyde
basique. On les appelle monoatomiques ou mo-
nobasiques, s'ils ne renferment qu'une seule
molécule d'eau basique, c'est-k-dire susceptible
d'être remplacée par une molécule de base ;
Inatomiques ou bibasiques, s'ils en renferment
deux ; triatomiques ou tribasiques, s'ils en ren-
ferment trois. Vacide azotique est monoato-
mique, Yacide sulfurique biatomique , l'acide
phosphoriqua triatomique.
On appelle conjugués ou copules les acides
dont le radical contient les éléments de deux
radicaux, fonctionnant ensemble comme un
seul, ou dont le radical est dérivé d'un autre
par la substitution d'un ou de plusieurs éléments
a l'hydrogène. Les acides conjugués prennent
naissance lorsqu'on fait réagir sur certaines
substances organiques du chlore, du brome,
de l'iode, de l'acide azotique ou de l'acide sul-
furique. L'acide chloracétique , Yacide niiro-
bensoïque, etc., sont des acides conjugués. Les
acides amidés et les acides anilidés font partie
des acides conjugués.
Les progrés de la chimie rendent de plus
en plus difficile l'application des mots acide,
•base, sel, à' la classification des corps. Ces
mots , comme termes génériques , sont dé-
. fectueux, parce qu'on n,e peut leur attacher,
un sens précis , rigoureux , absolu , et parce
que la théorie dualistique , dans laquelle ils
jouaient un grand rôle, paraît devoir être
remplacée par la conception plus large et plus
philosophique des chimistes unitaires, « Les
termes acide et base, dit Gerhardt, n'indiquent
que les deux côtés extrêmes et relativement
opposés d'une même série. L'embarras qu'é-
prouvent les chimistes à classer certains corps
dits intermédiaires , comme Yacide arsénieux'
ou Y oxyde d'antimoine, jouant à. la fois, comme
on dit, le rôle de base et le rôle d'acide, cet
embarras démontre bien qu'il n'y a pas d'op-
position absolue entre les propriétés acides et
les propriétés basiques; un seul et même corps
pouvant les réunir, il n'y a donc entre elles
qu'une opposition relative, qu'une différence
de plus ou de moins. Ce' qui nous fait dire
qu'entre deux corps comme la potasse et Ya-
cide sulfurique, il y a opposition des propriétés,
c'est l'intervalle considérable qui existe entre
les places occupées par ces corps dans la mémo
série, c'est parce que la potasse et l'acide sul-
furique forment les deux termes extrêmes
' d'une série. L'opposition ne paraîtra plus si, au
lieu de considérer isolement ces termes ex-
trêmes, on compare d'abord la potasse avec
un autre terme plus rapproché d'elle, par
exemple avec l'alumine, puis celle-ci avec un
troisième terme, comme l'oxyde d'antimoine,
puis celui-ci avec un quatrième, comme Yacide
arsénieux , et enfin ce dernier avec l'acide
sulfurique.» Disons, en terminant, que les
chimistes unitaires rapportent les oxacides
ACIDE, ÉE adj. (a-si-dé — rad. acide). Que
l'on a rendu acide : Corps acide.
AC1DIFÈRE adj. (a-si-di-fè-re — du lat. ■
acidus, acide ; ferro, je porte). Chim. Qui pro-
duit les acides : Les chimistes avaient basé la
nomenclature des acides sur la présence d'un
radical acidifkrë, l'oxygène.
ACIDIFIABLE adj. (a-sUdi-fi-a-ble — rad.
acidifier). Chim. Qui peut être converti en
acide : Le bore, le carbone, le phosphore, le
soufre, «mï-AcmiFiABLES. (Pelletan.)
— S'empi. substantiv. : Z'acidifiable varie
dans chaque acide. (Fourcr.)
acidifiant (a-si-di-fl-an) part. prés, du
v. Acidifier.
n-te
a la propriété de convertir on acide : La
science reconnaît aujourd'hui qu'il est impos-
sible d'admettre un principe acidifiant. L'air
vital seul était regardé comme principe aci-
— S'empi. substantiv. : L'oxygène fut d'a-
bord le seul acidifiant, /.'acidifiant est tou-
j'oui's leméme;c'est un principe unique. (Fourcr.)
ACIDIFICATION s. f. (a-si-di-fi-ka-si-on —
rad. acidifier). Chim. Action de. se convertir
en acide; passage à l'état d'acide : V acidifi-
cation est un phénomène très-fréquent dans la
nature et dans l'art. (Fourcr.) /.'acidification
qui survient dans l'émulsionn'ement pancréa-
tique est le résultat d'une action spéciale de sa
matièrecoagulablesur les graisses. (h. Figuier.)
acidifié, ÉE (a-si-di-fl-é) part. pass. du
v. Acidifier : Le liquide obtenu se npmmc vi-
naigre; il est acidifié par l'acide acétique.
(Pelletan.)
acidifier v. a. ou tr. (a-si-di-fi-é — du
lat. acidus, acide; fieri, devenir. — Prend
deux i aux deux prem. pers. du plur. de l'im-
parf. de l'indic. et du prés, du subjonct. :
Nous acidifiions, que vous acidifiiez). Rendre
acide, convertir en acide : Acidifier du vin.
— Absol. : La propriété cZ'acidipier parait
appartenir, dans plusieurs cira
soufre et au tellure. (Chevreul.)
ACI
S'acidifier, v. pr. Devenir acide : Toutes tes
matières végétales et animales peuvent s'aci-
difier. Ces substances sont inaltérables à l'air
sec, et peuvent s'acidifier après plusieurs mois
d'exposition dans un air humide, (Orfila.)
ACIDIMÉTRIQUE adj. (a-si-di-mé-tri-ke—
lat. acidus, acide; gr. metron, mesure). Chim.
Qui sert à indiquer la force réelle des acides.
acidité s. f. (a-si-di-té — lat. aciditas,
même sens). Saveur acide, aigre, piquante,
accompagnée d'astringence et de fraîcheur,
que produisent sur l'organe du goût les sub-
stances dites acides : L'acidité des câpres ré-
veille l'appétit. (Trév.) Le vinaigre et'le verjus
ont des acidités différentes. (Trév.)
— Chim. Qualité acide d'un corps, qui se
reconnaît par un certain nombre de proprié-
tés, et qu'on oppose à l'alcalinité.
—Mèd. Acidités de l'estomac, Liquides ou gaz
acides qui se produisent dans l'estomac sous
l'influence d'une mauvaise digestion. On les
appelle vulgairement aigreurs.
ACIDONTE s. m. (a-si-don-te — du gr. akis,
pointe; odous, odontos , dent). Bot. Genre de
mousses de la division des acrocarpes.
ACIDOTE s. m. (a-si-do-te — du gr. aki-
dôtos, taillé en pointe). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères staphylliniens : L' ACIDOTE
se trouve aux environs de Paris.
acidoton s. m. (a-si-do-ton — du gr.
akidàtos, taillé en pointe). Bot. Genre de
plantes euphorbiacées, dont la seule espèce
est un arbuste do la Jamaïque.
ACIDULANT (a-si-du-lan) part. prés, du v.
Aciduler.
ACIDULANT, ante adj. (a-si-du-lW, an-te
— rad. aciduler). Chim. Qui a la propriété de
rendre légèrement acide : Matières, sub-
stances
ACIDULÉ adj. (a-si-du-le — lat. acidulus,
même sens). Qui est légèrement ou faible-
ment acide : Les oranges, les grenades, les
groseilles, etc., sont acidulés. Il Se dit princi-,
paiement des boissons des aliments, et sur-
tout des fruits, il On 1 emploie aussi en par-
lant de certaines eaux minérales : L'eau de
liussang est acidulé.
— s. m. Combinaison d'un acide avec une
certaine quantité d'alcali qui, sans le neutra-
liser tout à fait, diminue son acidité : Les
acidulés affaiblis par l'eau produisent une
(Gucrsent.)
— Encycl. Méd. On appelle boissons'acioVes
ou simplement acidulés, certaines boissons
tempérantes et rafraîchissantes qui doivent
leurs propriétés et leur nom à la présence
d'un acide végétal ou minéral, et qui sont d'un
usage fréquent en thérapeutique. Les boissons
acidulés sont particulièrement usitées dansies
cas de fièvre vive, d'inflammation, de pléthore,
d'affections bilieuses, etc. Elles apaisent la soif,
diminuent la chaleur et l'accélération du pouls.
acidulé, ÉE (a-si-du-lé) part. pass. du
v. Aciduler : Leur boisson est de l'eau pure ou
acidulée avec du vinaigre. (Abcl Hugo.) L'eau
acidulée par le gaz acide carbonique est blan-
che. (Pelletan.)
aciduler v. a. ou tr. (a-si-du-lé — lat.
acidulus, un peu acide). Rendre àcidulo ou lé-
gèrement acide : Aciduler une boisson, une
tisane, une potion, ete. Tout en humant le glu-
tincux testacé, qu elle acidulait avec du jus de
citron et saupoudrait de poivre, elle ne perdait
pas de vue le petit Henri. (Mich. Masson.)
— Par ext. Provoquer des aigreurs : Vou-
lez-vous du Champagne ? — Merci, je hais la
mousse, ça m'ACiDULE l'estomac. (Fr. Soulié.)
S'aclduler, v. pr. Devenir acidulé : Ces
boissons peuvent s'aciduler sans inconvénient.
ACIER s. m. (a-sié — lat. actes, pointe. —
Dans la lecture, r final ne se lie jamais avec
la voyelle du mot suivant). Fer pur, combiné
avec une très-petite quantité de carbone, et
qui acquiert par la trempe une excessive du-
reté : Lame a'ACiER. Couteau cï'acier. Bouton
o"acikr. Une barre a" acier. Les aciers d'Al-
lemagne ont été longtemps les plus renommés
et les plus employés de tous les aciers naturels.
On fabrique de bons aciers naturels dans le
département de l'Ariége. Le temps ronge l'\-
cikr et l'amour. Une horloge d' acier s'use en
moins de cinquante ans, comment l'homme ne
s'userait-il pas? (Frédéric II.)
— Par ext. Arme faite avec, de l'acier ,
comme sabre , épée , poignard, etc., : Il est
tombé sous /'acier dun rival sanguinaire.
(Imbert.)
J'ai senti tout à coup un homicide acier.
Que le traître en mon sein a plongé tout entier.
Il Outils, ciseaux, rasoir : Une brise légère agi-
tait sa barbe blanche, que Tacier avait respec-
tée depuis de longues années. (E. Sue.) Diable,
diable, ton rasoir coupe joliment, disait le ca-
nonnier bourgeois en passant la main sur sa
joue avec précaution; car V épiderme était en-
levé çà et là, selon les capricieux écarts de
r acier. (E. Sue.)
— Fig. Se dit, par comparaison, de ce qui est
dur, vigoureux : Son poignet, ses jarrets sem-
blaient être o"acier. (A. do Gondrec.) Sous
la peau délicate et douce de cette main qui
vint le saisir brusquement, il sentit se tendre
des nerfs et des muscles d' acier. (E. Sue.) Il De
ce qui est froid, dur, résistant comme l'acier :
ACI
Le xvhic siècle, avec le froid acier du scepti-
cisme, coupa la racine même du pouvoir papal ;
mais elle comprit qu'il n'y a pas de lutte pos-
sible contre l'indifférence, cet acier contre le-
quel s'usent les dents de lapassion. (H.Castille.)
Et toi, rude acier, /Jieji t'a trempé dans la
fournaise ardente; et après i'avoir tordu de
cent façons, il a fait de toi un métal solide et
précieux, {(i. Sand,} Savez-vous de quel acier
il faut que cette pauvre créature soit trempée?
(G. Sand.) 11 Cœur d'acier, Cœur dur, et que
rien no saurait attendrir; homme inébran-
lable dans ses résolutions : Le triple bronze
de sa vanité et de son égoïsme s'était brisé contre
ce cœur d'acier. (Fr. Soulié.)
Quoi ! dans leur dureté ces cœurs d'acier s'obstinent.
ACI
73
Ceb;
is doute avait ui
I Langue d'aï
v Infatigable, impitoyable,
qu'à présent , je,
gens de ce pays-ci, ce sont tous des bavards à
LANGUE D'ACIER. (Balz.)
— Encycl. L'acier est un carbure de fer
contenant des traces de silicium, de manga-
nèse et de phosphore. M. Frémy a prouvé der-
nièrement qu'il contient moins de carbone qu'on
ne le supposait, et qu'il renferme en revanche
une quantité assez notable d'azote provenant
de la décomposition de l'air. Les propriétés
physiques de l'acier diffèrent peu de celles du
1er, lorsqu'il a été refroidi lentement ; mais
lorsqu'après l'avoir fait rougir, on le refroidit
brusquement on le plongeant dan3 l'eau, il de-
vient élastique, dur, cassant, de ductile et de
malléable qu'il était auparavant : dans cet
état, on l'appelle acier trempé. Si l'on fait
chauffer au rouge de l'acier trempé, et qu'on
le laisse refroidir lentement, il reprend son état
primitif; Cette opération inverse de la trempe
se nomme recuit. La dureté et l'élasticité que
l'acier acquiert par la trempe, jointe au bel
éclat qu'il peut recevoir par le poli, le rendent
propre a une foule d'usages pour lesquels il
ne saurait être remplacé. On distingue trois
espèces principales d'acier : l'acier naturel,
l'acier de cémentation et l'acier fondu. L'acier
naturel s'obtient en affinant certaines fontes
blanches dans des creusets, sous le vent d'un
soufflet qui brûle une partie de leur carbone.
Les aciers naturels sont propres à la fabrication
de la taillanderie , aux outils tranchants, etc.
u'acier de cémentation, dit aussi acier poule,
se fabrique en entourant des lames de fer de
cinq à six lignes d'épaisseur, d'un mélange de
suie, de charbon et de sel marin, appelé cément.
L'acier ainsi obtenu est ensuite corroyé, c'est-
k-dire forgé par faisceaux de barres entre-
mêlées, pour lui donner plus d'homogénéité,
avant de le livrer au commerce. On emploie
Yacier de cémentation à la fabrication dès limes
et des objets de quincaillerie. L'acier fondu ou
fin s'obtient par la liquéfaction des autres
aciers ; on l'emploie pour la coutellerie fine, la
bijouterie d'acier, les ressorts de montres, les
instruments de chirurgie.
— Hist. Nous ne possédons 'aucun rensei-
gnement sur l'origine de la fabrication de l'a-
cier; mais il est incontestable qu'elle remonte
à une époque très-reculée , quoiqu'elle soit
•t tout
tiquitè, ce sont les Indiens qui excellèrent les
premiers à travailler Yacier, et c'est de leurs
usines que sortaient ces' fameuses lames d'é-
pée, appelées encore lames damassées, non,
comme on le croit généralement, parce qu'elles
se faisaient à Damas, mais parce. que c'est de
cette ville que les Européens les tiraient avant
la découverte du cap de Bonne-Espérance. La
fabrication de licier fut également très-avan-
cée chez les Egyptiens, ainsi que le prouvent
les monuments de granit dont les innombrables
sculptures n'ont pu être exécutées qu'avec des
outils d'acier. Les Grecs regardaient l'acier
comme une invention nationale ; mais il est pro-
bable qu'ils le devaient à l'Orient ou à l'Egypte.
Ils le connaissaient déjà à l'époque d'Homère,
car ce poste parle de la trempe dans un des
chants de l'Odyssée. Les procédés des Grecs
ne pénétrèrent pas en Italie, puisque, suivant
Pline, les Romains attribuaient l'invention de
Yacier aux Espagnols, qui excellèrent toujours
a le fabriquer. Pendant le moyen âge, à l'ex-
ception de l'Espagne, qui possédait des usines
florissantes presque exclusivement exploitées
par les Maures, c'est de l'Orient que les Euro-
Eéens. tirèrent d'abord tout leur acier. Après
; xie siècle, quelques aciéries s'élevèrent ce-
pendant dans plusieurs pays, surtout en Angle-
terre, en Allemagne et en Italie ; mais certains
Etats n'en possédèrent qu'à une époque tout à
fait moderne. Telle, par exemple, la France,
où, suivant plusieurs écrivains, la première
fabrique fut créée, vers 1601, par un certain
Camus, sur la rivière des Gobelins, a Paris ;
toutefoisje fait est loin d'être prouvé. D'au-
tres écrivains assurent, ce qui est encore
douteux, que l'art de fabriquer l'acier, dans
notre pays, fut d'abord monopolisé par des
ouvriers protestants, qui emportèrent les pro-
cédés à l'étranger, lors de la révocation de
l'édit de Nantes (1G85) , et qu'il n'y fut ré-
tabli que dans le siècle suivant, d'abord, par
Réaumur (1702), puis par Berthollet, Monge et
Vandermonde (17SÛ), qui complétèrent les tra-
vaux ûece dernier.— Desdiverses espèces d'a-
cier, l'acier naturel ou acier de fonte est vrai-
semblablement le plus anciennement connu,
puisque c'est le plus facile à obtenir. L'acier
cémenté ou acier poule fut, dit7on, inventé au
xvne siècle, en France ou dans les Pays-Bas;
mais il doit dater d'une époque beaucoup, plus
ancienne. Tout ce qu'il est possible d'affirmer,
c'est que la fabrication en grand, telle qu'elle
a encore Heu aujourd'hui, a pris naissance à
Newcastle-sur-Tyne,en Angleterre, vers 1650.
L'acier fondu ou acier fin a été créé dans ce
pays, en 1740, par un simple ouvrier'nommé
Benjamin Huntsman, et il tut préparé, pour la
première fois à l'usine d'Handsworth, près de
Scheffield : l'art de le fabriquer fut introduit
sur le continent en 1S10, par l'ingénieur brun-
swickois Wolkmar. Outre l'emploi ordinaire de,
l'act'cr, on s'en sert aujourd'hui pour faire des
rails, des bandages de roues, des canons, des
cloches, etc. L'acier puddlé, dont l'usage tend '
à devenir général, a été obtenu, pour Ta pre-
mière fois, de 1838 a. 1840, par M. Stengel,-à
Loho, en Prusse, et par MM. Soly père et fils,
dans le comté de Stafford, en Angleterre.
Quant à Yacier indienhu acier "Wootz; acier
fondu que 'l'on fabrique 'aux Indes orientales,
qui contient une petite quantité d'aluminium,
et qui jouit d» la faculté remarquable de laisser
paraître une sorte de moiré quand on attaque
sa surfaee avec un acide,? il a été, jusqu au
commencemëntdece siècle, exclusivement tiré
de l'Inde, et l'industrie européenne ne sait
guère le fabriquer que depuis une quarantaine
d'années : c'est avec cette variété que se font
les lames damassées ou damasquinées, si re-
cherchées des Orientaux. En 1846, M. A. Che-
not, de Clichy, a introduit un perfectionnement
remarquable dans la fabrication de l'acier, en
y appliquant son procédé de la réduction des
minerais en éponges métalliques. Une autre
innovation encore plus importante a été ima-
ginée tout récemment en Angleterre, par
M. Bessemer : avec la méthode de cet inven-
teur, on obtient directement l'acier fondu en
faisant passer un courant d'air dans la fonte
liquide. •
— Epithètes. Fin, trempé, souple^élastique,
dur, cassant, poli, clair, luisant, brillant, tran-
chant, coupant, subtil, étincelant, damassé,
damasquine, flamboyant, redoutable, cruel,
terrible , sanglant , ensanglanté , meurtrier ,
mortel, homicide, parricide.
— Homonymes. Assieds, assied (du verbe
ACIÉRATION s. f. (a-sié-ra-si-on — rad.
acier). Opération par laquelle se produit l'a-
cier; action d'acierer, de convertir le fer en
acier : Il faut connaître la dose de carbone qui
convient pour ^'aciération. (Lenorm.) .
ACIÉRÉ, ÉE (a-sic-ré) part. pass. du v.
Aciércr : Fer peu aciéré, médiocrement ac™"
— Maréchal.: Fer, cheval aciéré.V. Aciérer.
AdÉRER v. a. ou tr. (a-sié-ré— rad.'acier ;
\'c fermé du radical acié se change en è ouvert
devant une syllabe muette : J\acière , qu'il
acière; excqpté au futur et au condit. près.' :
J'aciérerai, tu aciérerais). Convertir le fer en
acier : Actuellement on acière les plumes en
les faisant recuire dans des pots avec du char-
bon. Le carbone pénètre jusqu'au centre des .
barres de fer et les acière. (Pelouze.)
— Maréchal. Action par laquelle on soude
sur la face inférieure du fer du cheval un
crampon d'acier de forme pyramidale, appen-
dice qui facilite la marche sur lo soi recouvert
par la neigo ou la glace. C'est ce qu'on ap-
Solle ferrer à glace. Il Par ext., se dit aussi
u cheval : .Faire aciérer un cheval:
S'aclérer, v. pr. Etre transformé en acier :
Ce fer commence à s'aciérer. (Acad.)
ACIÉREUX, EUSE adj. (a-siê-rou, eu-zc —
rad. acier). Se dit du fer quand il a reçu le
caractère de l'acier : On y fabrique une sorte
de fer ACiÉREUx,se rapprochant des aciers na-
turels. (L. Figuier.) La première de ces mé-
thodes consiste à fabriquer dans les fours à
puddler, non du fer proprement dit, mais du
fer aciéreux, se rapprochant tantôt des aciers
naturels, tantôt des -fers catalans. {L. Figuier.)
il Qui a les qualités do l'acier, qui se rapporte
à l'acier ; Ce ferne présente pas les qualités de
dureté aciéreuse réunies aux qualités de mal-
léabilité. (L. Figuier.) •
ACIÉRIES, f. (a-sié-rî — rad. acier). Usine
où l'on fabrique l'acier .: Les plus célèbres
aciéries de France sont celles a'Amboise, de
Toulouse et de Givet. (Lenorm.)
AC1FORME adj. (a-si-for-me— du lat. acus,
aiguille, et de forme). Bot. Qui est en forme
d'aiguille.
AC1GINÉ, commune d'udép. d'IUe-et-Vilaino,
arrond. de Rennes; pop. aggl. 393 hab. ; pop.
tôt. 2,ns hab.
AC1L1A,' célèbre famille romaine, dont plu-
sieurs membres, quoique d'origine plébéienne,
Earvinrent aux premiers honneurs de la répu-
lique. Les principaux furent :
ACILIUS GLABRIO, consul l'an 191 av. J.-C.
Il vainquit Antiochus III, roi de Syrie, aux
Thormopyles, et commença la soumission de
l'Etolie ; — Marius .Acilius Glabrio , consul
l'an 70 av. J.-C. H succéda à. Lucullus dans le
touvernement de Bithynie et dans la direction
e la guerre contre Mithridate ; — Acilius G la-
74
ACI
digieuses, l'empereur l'obligea à descendre dans
l'arène et à y combattre un lion monstrueux.
Glabrio sortit vainqueur de cette épreuve, et
l'empereur, jaloux des applaudissements du
peuple, le bannit sous un prétexte frivole et le
ht mourir quatre années après.
ACILIUS, soldat de l'armée de César, connu
dans l'histoire par un trait éclatant .de bra-
voure. Dans un combat naval près de Marseille,
ayant eu la main droite coupée, il sauta sur le
vaisseau ennemi, et se battit de la main gauche
jusqu'à ce que les Romains fussent maîtres de
l'équipage.
ACINACE s. m. (a-si-na-se— du gr. akinakês,
cimeterre). Antiq. Poignard court et droit,
propre aux Perses, aux Mèdes et aux Scythes ;
on le portait suspendu à un baudrier qui en-
tourait la ceinture. Vacinace n'était pas une
épée, c'était un poignard, car on le portait en
même temps que l'cpée, mais du côté opposé.
AC1NACÉE s. m. (a-si-na-sé — du gr. aki-
nakês, cimeterre). Ichthyol. Poisson de l'O-
céan Atlantique, à corps allongé en formo de
lame de sabre. ^
ACINACIFOLIÉ, ÊE adj. (a-si-na-si-fo-li-é
— du gr. akinakês, sabre, et du lat. folium,
feuille). Bot. Qui a les feuilles en forme de
lame de sabre.
ACINACIFORME adj. (a-si-na-si-for-me —
du gr. akinakês, sabre, et de forme). Bot. En
forme de sabre ; se dit des organes foliacés des
végétaux, qui, comme les feuilles, les sépales,
les styles, etc., ont à peu près la forme d'un
sabre, c'est-à-dire qu'elles ont un côté charnu,
épais, et un autre aplati, mince et recourbé.
Il On donne aussi ce nom aux fruits de quel-
ques légumineuses.
ACINAIRE adj. (a-si-nè-re — du gr akinos.
grain de raisin). Bot. Se dit des plantes dont
la tige et les rameaux portent à leur surface
de petites vésicules sphériques, analogues
pour la forme aux grains de raisin.
ACINE ou ACINUS s. m. (a-si-no — du gr.
akinos, grain de raisin). Bot. Nom générique
de toutes les petites baies molles, pleines de
suc , transparentes , uniloculaires , a graines
dures et osseuses, comme les groseilles, les
raisins, etc.
— Anat. Nom donné aux culs-de-sac des
conduits sécréteurs dés glandes conglomérées
ou en grappe. Chaque acinus est constitué par
un certain nombre de ces culs-de-sac, qui sont
en quelque sorte appendus à une brandie du
conduit excréteur. — On a-aussi donné ce nom
aux vésicules closes des glandes vasculaires
sanguines.
acinésie s. f. (a-si-né-zî — du gr. a priv.;
kinein, mouvoir). Méd. Intervalle qui sépare
la systole de la diastole à chaque pulsation.
acinète s. f. (a-si-nète — du gr. akinêtos,
fixe). Zool. Genre d'animalcules de la classe
des rhizopodes, de l'ordre des actinophrys. Les
acinètes ont le corps logé dans une sorte de
capsule, d'étui assez solide et porté sur une
tige. Elles présentent des expansions droites
et roides terminées par des ventouses. C'est
au moyen de ces ventouses qu'elles saisissent
leur proie au passage : Les acinètes sont pour
ainsi dire les vorticelles des rhizopodes. (P.
Gervais.)
acinétines s. f. pi. (a-si-né-ti-ne — rad.
acinète) . Infus. Famille d infusoires à une seule
ouverture et à cils allongés.
AC1NEUX,.EUSE adj. (a-si-neu, eu-ze — du
gr. akinos, grain de raisin). Bot. Qui est ar-
rondi en forme de grain de raisin.
— Anat. Glande acineuse, syn. de glande
acinier s. m. (a-si-nié — du gr. akinos,
grain de raisin ; ainsi nommé parce que ses
baies ressemblent au raisin). Bot. Un des
noms de l'aubépine.
ACINIFORME adj. (a-si-ni-for-me — du gr.
akinos, grain de raisin, et de forme). Bot. Qui
a la forme d'un grain de raisin.
— Anat. Se dit deTune des membranes de
l'œil.
ACINO s. m, (attrKîhi-iio). Métrol. Petit poids
napolitain valant environ quatre centigram-
mesetdemi. n Pluriel desAciNifpron.aicAù»').
ACINODENDRON adj. (a-sl-no-dain-dron
— du gr. akinos, grain de raisin: dendron,
arbre). Bot. Se dit d'une plante dont les fruits
sont disposés en grappe.
ACINOPE ou ACINOPUS s. m. (a-si-no-pe
— du gr. akinos, grain; vous, pied). Entom.
Genre d'insectes coléoptères pentamères, fa-
mille des carabiques, tribu des harpaliens, au-
quel on rapporte sept espèces, dont la plus
connue est ïacmopus megacephalus , qui se
"e la France et quelque-
Paris.
ACINOPHORE s. m. (a-si-no-fo-re— du gr.
akinos, grain de raisin; phoros, qui porte).
Bot. Genre de champignons qui appartient à
la famille des hycoperdacées : //acinophore
aurantiaca croit dans les bois en Pensyluanie.
(D'Orbigny.)
ACINTLI s. m. (a-sain-tli-nom mexicain).
Ornith. Espèce de poule sultane, à plumage
noirâtre entremêlé de plumes blanches. Cet
ACL
oiseau habite le Mexique, où il vit .-ju bord
des étangs et se nourrit de poissons. Sa chair
est assez estimée. C'est le gallinula purpurea
de Linné.
ACINULE s. m. (a-si-nu-le — diminut. du
lat. acinum, dérivé du gr. akinos, grain). Bot.
Genre de champignons globuleux, sessiles et
sans racines. On le dit originaire de Russie.
acinds s. m. (a-si-nuss). V. Acine.
ACIOA s. f. (a-si-o-a). Bot. Genre de plantes
de la famille des chrysobalanées, dont 1 unique .
espèce est indigène des Guyanes. L'amande de
ses graines est bonne à manger. ,
AGIOTE s. m. (a-si-o-te — du gr. akis,
pointe). Bot. Genre de plantes de la famille
des melastomacées, dont l'unique espèce est
indigène des Antilles : Les baies de f aciote
sont acidulés et mangeables. (D'Orbigny.)
ACIPENSers. m. (a-isi-pan-scr). Nom donné
Far les anciens à un poisson très-estimé, que
on suppose être l'esturgeon.
ACiphoré, ÉE adj. (a-si-fo-ré — du gr.
ikis, pointe; pli"-"' "•" •»«»*« ^ t?«4„™ o„
lit des insectes
forme d'aiguille.
— s. f. pi. Entom. Famille de l'ordre des
myodaires, dans laquelle se trouvent rangés
ceux dont les individus femelles ont les der-
niers anneaux de l'abdomen solides et servant
à introduire les œufs sous l'épiderme des
plantes.
ACIPHYLLE adj. (a-si-fî-le — du gr. akis,
pointe ;phullon, feuille). Bot. Qui a les feuilles
pointues. Se dit d'une plante dont les feuilles
sont linéaires et acuminées.
ACIS s. m. (a-siss — de Acis, n. mythol.).
Ornith. et Entom. Nom donné a un genre de
gobe-mouches et à une espèce de papillon.
ACIS (a-siss), berger de Sicile, fils dé Faune
et d'une nymphe. Il fut aimé de Galatée ; mais
Polyphème , son rival , l'ayant un jour surpris
avec son amante, l'écrasa sous un rocher. Nep-
tune, à la prière de Galatée, le changea en
fleuve. Cette aventure mythologique forme le
sujet de la fontaine de Médicis , un des chefs-
d'œuvre du jardin du Luxembourg.
Acis ci Galatée , pastorale héroïque en trois
actéSjparoles de Campistron, musique de Lulli,
représentée au château d'Anet devant le Dau-
phin, le 6 septembre 1686. La musique eut du
succès et l'ouvrage fut repris huit fois, jus-
qu'en 1752.
Aci. et Gniatdo, tableau de Claude Gellée,
musée de Dresde. Ce magnifique tableau , qui
sert de pendant au liepos en Egypte du même
auteur, est une de ses plus ravissantes créa-
tions. On voit sur le premier plan Acis et Ga-
latée en conversation amoureuse, et, plus loin,
le géant Polyphème
Le « mangeur de gens, ■> comme l'appelle en-
core le bonhomme, n'a point l'air trop terrible,
et n'était sa prodigieuse musculature, on le
prendrait volontiers pour un amoureux transi.
Poussin a traité le même sujet, mais en peintre
i. (a-si-ï
i-tè-r
-du
gr. akis, pointe ; anthéros, fleuri.) Bot. Genre
de plantes qui croît à la Jamaïque.
ACISBA s. m. (a-siss-ba). Entom. Genre
d'insectes coléoptères ayant pour type Vacisba
punctata, espèce qu'on trouve à Tanger.
ACISELÉ, ÉE {a-si-ze-lé) part. pass. du v.
igné
Aciseler : Vi,
aciseler V. a. ou tr. (a-si-ze-lé — de a et
ciseler. — La consonne l se double devant un
e muet : J'aciselle, j'acisellerai) . Agric. Cou-
cher pour la première fois le plant de la vigne.
ACISPERME s. m. (a-siss-pèr-me — du gr.
akis, pointe; sperma, semence). Bot. Genre
de plantes de 1 Amérique du Nord.
ACKER s. m. (ak-kèrr). Métrol. Mesure
agraire dans diverses parties de l'Allemagne.
L acker vaut à Cassel près de 24 ares ; à Gotha,
environ 34 ares; en SaxeAVeimar, 28 ares 1/2.
ACK1ÎHMANN (Jean-Christian -Théophile,
pr. a-kèr-mane), médecin allemand, né dans le
Vogtlanden 1756, m. en 1801, étudia la méde-
cine à Iénasous Baldinger, et professa ensuite
la chimie à Altdorf en Franconie , puis la pa-
thologie et la thérapeutique. On lui doit un
Manuel de médecine -militaire et un Traité des
maladies des savants. Les vies d'Hippocrate,
de Galien, deThéophraste, deDioscoride, etc.,
publiées dans l'édition donnée par Harles de
la Bibliothèque grecque de Fabricius, sont re-
gardées comme des chefs-d'œuvre.
A. C. L. Abrév. des mots assuré contre l'in-
cendie, que certaines compagnies font mettre
sur les propriétés qu'elles assurent.
ACLADIUM s. m. (a-kîa-di-omm — du gr. a
priv.; klados, rameau). Bot. Nom donné a un
genre de champignons qui croît principale-
ment sur le bois pourri.
ACLADODÉE s. f. (a-kla-do-dé — du gr.
aklas, aklados, non ébranché). Bot. Genre do
plantes originaire du Pérou.
aClaste adj. (a-klass-te — du gr. a priv, j
klastês, qui brise). Opt. Se dit des corps qui
jouissent de la propriété de laisser passer bs
rayons lumineux sans les réfracter.
ACLÉE s. m. (a-klé — du gr. akléês, obscur).
ACO
que ressemblance avec le séneçon d'Arabie.
ACLÉIDIEN, ENNE adj. (a-klé-i-di-ain ,'
è-ne — du gr. a priv. ; kleis, kleidos, clavicule).
Mamm. Se dit des animaux qui sont prives
de clavicules. Il S'empl. aussi substantiv.
ACLIS s. m. (a-kliss). Nom d'une arme de
Elusieurs nations de l'antiquité. I! Sorte de
arpon analogue à l'angon.
ACLOPUS ou ACLOPE s. m. (a-klo-puss —
du gr. akléês, obscur; âps, ôpos, œil). Entom.
Genre d'insectes coléoptères pentamères, fa-
mille des lamellicornes; qui contient deux
espèces.
ACLOUET s. m. (a-klou-è). Nom que l'on
donnait anciennement au ferret des aiguil-
lettes militaires.
ACLYDE s. f. (a-kli-de). Courroie à laquelle
était attaché un court javelot ; plus tard , on
appela ainsi lejavelot lui-même, puis une mas-
sue armée de pointes dont se servaient' les Ro-
mains. 11 On donne aussi ce nom à une sorte
de zagaie dont se servaient les Sarrasins.
ACLYTROPHYTE s. m. (a-kli-tro-fî-to —
du gr. a priv,; kleithron, clôture; phuton
plante). Bot. Plante dont les graines n'ont
aucune enveloppe apparente.
ACMADÈNE s. m. (ak-ma-dè-ne — du gr.
akmè, pointe; adèn, glande). Bot. Genre de
plantes de la famille dos diosmées,qui doit
son nom aux glandes pointues qui terminent
ses anthères. Ce sont des arbrisseaux du cap
de Bonne-Espérance.
acmanite s. m. (ak-ma-ni-te). Hist.
ecclôs. Membre d'une secte manichéenne, fon-
dée par un certain Acma.
. acmastique adj. (ak-mass-ti-ke — du
gr. akmè, sommet; staô, je reste). Pathol. Se
dit d'une fièvre qui conserve dans tout son
cours le même degré d'intensité.
ACMÉ s. m. (ak-mé — du gr. akmè, som-
met). Pathol. Epoque où une maladie est à
son plus haut degré d'intensité.
. ACMELLE s. f. (ak-mèl — du gr. akmè,
pointe). Bot. Plante de l'Indeet de l'Amérique
méridionale. Ses propriétés sont analogues à
celles du pyrèthre.
ACMÈNE s. f. (ak-mè-ne — nom mythol.).
Bot. Genre de plantes dont l'unique espèce
est indigène de la Nouvelle-Hollande.
Nom donné par Pausa-
certaines nymphes qui accompagnaient
Genre d'insectes coléoptères pentamères,
fermant quarante-quatre espèces.
ACMOCÈRE s. m. (ak-mo-sè-re — du gr.
akmè, pointe; keras, corne). Entom. Genre
d'insectes coléoptères, famille des longi-
cornes , fondé sur une seule espèce, ï'acmocère
comprimé, qui se trouve en Guinée.
ACNÉ s. f. (ac-né — corrupt. du gr. akmè ,
efflorescence). Pathol. Maladie de la peau,-vul-
gaircment désignée sous le nom de couperose.
— Encycl. Uacné a été classée par Alibert
dans le groupe des dermatoses uartreuses.
MM. Cazenave , Schedel et Rayer la placent
dans l'ordre des pustules. Elle est caractérisée
par des pustules peu étendues , séparées les
unes des autres, environnées d'une aréole ro-
sée ou livide , et plus ou moins dures à leur
base. L'acné siège spécialement au visage, à
la poitrine et aux épaules. Son point de départ
Earaît être dans les follicules sébacés ou pi-
;ux ; sa marche est chronique comme celle des
affections dartreuses. Les causes qui paraissent
avoir le plus d'influence sur son développe-
ment sont les excès de table, l'abus des alcooli-
ques, les mets épicés, la malpropreté, l'âge
critique chez les femmes. L'acne doit être com-
battue par un régime doux, végétal; par des
bains tièdes, des boissons délayantes, quelques
laxatifs , des lotions sur les parties malades
avec l'eau de son vinaigrée, 1 eau de cerfeuil,
de laitue ; les mucilages de gomme, de coing ;
le petit-lait, etc.
ACNÉPHA1E s. m. (ak-né-fale — du gr. a
priv.; knéphalon, flocon de laine). Entom.
Genre d'insectes diptères, division des aplo-
cères, originaire de l'île de Paxo.
ACNIDE s. f. (ak-ni-de — du gr. a priv.;
knidè, ortie). Bot. Genre de plantes textiles,
dont l'espèce la plus remarquable est Yacnide à
feuilles* de chanvre, vivace, de l'Amérique
septentrionale. Elletcroît dans les marais de
la Virginie, où on l'emploie, dans ce pays, aux
mêmes usages que le chanvre. On a fait, pour
l'introduire dans nos cultures, quelques essais
qui n'ont pas eu de suite.
ACNISTE S. m. (ak-niss-te — du gr. aknéstis,
nom d'une plante). Bot. Genre de plantes de
la famille des solanacées. Ce genre', peu nom-
breux en espèces, se compose d'arbustes ap-
partenant à l'Amérique tropicale.
ACOCAT s. m. (a-ko-ka). Techn. Linteau
servant à avancer ou à reculer le battant
d'un métier à tisser le velours.
ACOCÉPHALE s. m. (a-ko-sé-fa-le — du gr.
akoê, ouïe ; kephalè, tète). Entom. Genre d'in-
sectes de l'ordre des hémiptères cicadelles, qui
ACO
renferme une quinzaine d'espèces, tant euro-
péennes qu'américaines.
ACOCHETON s. m. (a-ko-che-ton). Agric.
Tas formé en relevant les avoines coupées.
ACOCHLIDES s. m. pi. (a-ko-kli-de — du
gr. a priv.; kochlis, coquille). Moll. Famille
de mollusques composée de ceux de ces ani-
maux qui ont huit pieds et qui sont dépour-
vus de coquilles. '
ACOÈTE s. m.(a-ko-è-te — du gr. akoê, ouïe).
Annél. Genre d'aphrodisiens établi sur une
espèce unique indigène des Antilles.
ACOGNOSIE s. f. (a-ko-gno-zî, gn. dur. —
du gr. alcos , remède; gnôsis, connaissance).
Connaissance des moyens thérapeutiques;
chirurgicaux et médicaux.
ACOGRAPHIE s. f. (a-ko-gra-fî — du gr
akos, remède; graphe, description). Med.
Description des remèdes.
ACOGRAPHIQUE adj. (a-ko-gra-fi-ke —
rad. acographie). Méd. Qui concerne la des-
cription des remèdes.
acoho s. m. (onomatopée). Nom donné au
coq à Madagascar.
ACOLASTE s. m. (a-ko-lass-te — du gr.
akolast os, libertin ; allusion au développement
considérable de l'organe copulateur chez les
mâles). Entom. Genre d'insectes de l'ordre
des diptères, tribu des muscides.
ACOLALEN s. m. (a-ko-la-lènn).Entom.Es-
pèce de blatte, qui abonde dans les cases dos
nègres. Sa prodigieuse multiplication et ses
dégâts considérables en font un fléau juste-
ment redouté. On l'appelle aussi açolaon. ,
ACOLCHI s. m. (a-kol-chi — mot mexicain).
Nom par lequel, au Mexique, on désigne le lo-
riot , le commandeur et les espèces voisines.
' ACOLÉE s. f. (a-ko-lé— du gr. a priv.;
koleosi gaine). Bot. Genre de plantes hépa-
tiques. V. Gymnomitrium.
treille désigne les genres d'annélides qui n'ont
aucun appendice externe.
ACOLI s. m. (a-ko-li). Ornith. Espèco d'oi-
seau de proie, du genre busard, en Afrique.
ACOLIN s. m. (a-ko-lèn). Ornith. Râle ou
caille aquatique, qui fréquente les lacs du
Mexique.
F ACOLIUM s. m. (a-ko-li-omm — du gr. a
priv.; kàton, pied; support). Bot. Sous-genre
de la famille des lichens.
ACOLLE s. f. (a-kol-le) . Mélange de chocolat
et de farine de maïs , jadis en usage en Amé-
rique.
ACOLOGIE s. f. (a-kc-lo-jî — du gr. akos,
remède; logos, discours). Méd. Traité des
moyens thérapeutiques en général, it Traité
des instruments de chirurgie.
ACOLOGIQUE adj. (a-ko-lo-ji-ke — rad.
acologie). Qui concerne l'acologie.
A«OLYTATs. m. (a-ko-li- ta— rad. acolyte). ""
Relig. cathol. Le plus élevé des quatre ordres
mineurs.
ACOLYTE s. m. (a-ko-li-te — du gr. ako-
louthos, suivant). Relig. cathol. Celui qui a
reçu l'acolytat. La fonction des acolytes con-
sistait autrefois à entretenir le luminaire, à
porter les cierges , à figurer dans les proces-
.sions, à présenter l'eau et le vin à la messe.
Depuis le vue siècle, le service des acolytes,
dans la plupart des paroisses, est fait par des
clercs ou des enfants de chœur.
— Par ext. Personne qui en accompagne
une autre, compagnon : Au moment de son ar-
rivée chez lui avec ses deux acolytes, un dé-
tachement de mousquetaires s'empara desportes
et de la maison. (St-Sim.) Il avait un teint
basané au moins autant que celui de son aco-
lyte. (G. Sand.) En premier lieu se produisi-
rent l'évéque et son grand vicaire , monseigneur
était grand et maigre, son acolyte était court
et gras. (Balz.) u S'emploie souvent par plai-
santerie, ou se prend en mauvaise part dans
le sens de complice : Il est venu dîner avec son
accolyte. On Va arrêté, lui et ses acolytes.
— Se dit aussi des choses : Un énorme pâte'
venu de Strasbourg, de Toulouse ou de Péri-
gueux, occupe gravement le centre de ta table;
des entremets choisis lui servent ^'acolytes.
(Grimod de la Reyn.)
— s. f. Religieuse qui assiste une professe
pendant la cérémonie de la prise de voile :
La professe s'agenouilla au milieu du chœur;
ses quatre acolytes s'agenouillèrent dans un
ordre quadrangulaire autour d'elle, et la céré-
monie commença. (G. Sand..
naît quatre espèces appartenant à la zone
équatoriale.
ACOM AT, (ils d'un prince de Montevera, dans
l'Esclavonie, vit son frère épouser sa fiancée,
et, de désespoir, se retira en Turquie, où il fut
favorablement accueilli par Bajazet II. Il em-
brassa alors l'islamisme, et changea son nom
d'Etienne contre celui d Acomat. Il se montra
toujours favorable aux chrétiens. Ce fut lui
qui obtint du sultan, pour Jean Lascaris, en-
voyé de Laurent de Médicis, la permission de
rechercher les manuscrits grecs ensevelis dans
les bibliothèques de l'empire d'Orient depuis
les conquêtes des Turcs.
ACOMAT, personnage de Bajazet, tragédie
profite ,_,
pour tramer un complot qui mettra sur le trône
Bajazet, frère du sultan. Mais l'ambitieux vizir
nourrit pour lui-même des projets d'indépen-
dance , a la réalisation desquels il sait faire
servir habilement tous les moyens. Pour mieux
en assurer le triomphe, il ne vise à rien moins
qu'à la main d'Atalide, jeune princesse du sang
d'Amurat. C'est là ce qu'il révèle, dès la pre-
mière scène, à son confident Asmin, et comme
celui-ci, étonné, lui demande s'il aime Atalide,
Acomat lui répond :
Cei
nême Bajazet, sur
e troue affermi, •
Méconnaîtra peut-être
Et moi, si mon devoir
si ma foi ne l'arrête,
S'il
ose quelque jour n
e m'explique point
e demander ma tête...
Je n
Que
Asmin; mais je prétends
Je s
ais rendre aux. sultans de fidèles services;"
Mai
ire adorer leurs caprices.
Etr
e me pique point
u scrupule insensé
De bénir mon trépas quand
Ces derniers vers peignent Acomat tout en-
tier : c'est le type du ministre astucieux, pro-
fond et ambitieux, qui ne recule devant aucun
moyen pour arriver à son but.
ACOMIB s. f. (a-ko-mi — du gr. a priv. ;
komê, chevelure). Syn. âe calvitie.
acompsie s. f. (a-kom-psî — du gr.
akompsos, sans ornement). Entom. Genre
d'insectes lépidoptères nocturnes, renfermant
très-peu d'espèces.
. ACOMPTES, m. (
Payement partiel ; x
créancier à valoir sur une somme plus consi-
dérable qui lui est due : Un acompte. Des
acomptes. Je vous envoie un léger acompte.
(J.-J. Rouss.) Il n'y avait pas même moyen
d'offrir un pareil acompte. (Alex. Dum.) Ce
sera un acompte sur le denier à Dieu , .si je
prends la chambre. (Alex. Dum.) Vous aurez
les cinq cents francs promis, et un acompte sur
l'autre affaire si vous êtes raisonnable.ÇE.&UQ.)
Il fit mine de lui donner un acompte sur le
payement promis. (G. Sand.)
si je payais mes créant
M
les ai
— Par anal. Peut se dire de toute autre
chose que de l'argent : Voici la quittance de
{'acompte que vous avez reçu sur l'espoir du
déshonneur de ma mère. (G. Sand.) Voici déjà
un demi -sourire que je regarde comme un
acompte. (Scribe.)
— Employé adverbialem., à compte s'écrit
en deux mots : Voilà mille francs k compte
sur ce qui vous est dû. Un jour que j'avais reçu
vingt pistoles A comp te sur mes appointements,
j'entrai dans un tripot où j'avais la rage d'aller
jouer. (Le Sage.)
— Gramm. L'Académie écrit acompte, sub-
stantif, en deux mots : à-compte, et, suivant
la règle des noms composés où entre une pré-
pos. suivie d'un substantif, elle ne fait pas va-
rier le mot compte. L'usage est aujourd'hui de
faire un seul mot de cette expression, ortho-
graphe que l'Académie ne peut manquer d'a-
dopter dans sa nouvelle édition. C'est un
acompte que nous nous permettons de préle-
ver sur elle en attendant.
— Encycl. Droit. D'après l'art. 1781 , le
maître, dans une contestation avec ses domes-
tiques, ouvriers ou gens de service, est cru
sur son affirmation pour les acomptes payés
pendant l'année courante. — La preuve testi-
moniale est admise , à défaut de quittances ,
pour établir les acomptes qu'on a pu donner
sur une somme qui ne dépasse pas 150 fr.
ACOMYS s. m. (a-ko-miss — du gr. akè,
pointe; mus, rat). Mamm. Genre d'animaux
rongeurs, de la famille des muriens : L'hco-
mys perchai habite dans les maisons à Pondi-
chéry. (D'Orbigny.)
acon s. m. Mar. V. Accon.
ACONÉINE s. f. (a-kc-né-i-ne — rad. aco-"
nit). Chim. Substance extraite de l'aconit.
ACONCAGUA (a-kon-ga-goua), rivière etpro-
vince du Chili. 111,500 hab.
ACONIOPTÈRE s. f. (a-ko-ni-op-tè-re —
du gr. akonion, objet terminé en pointe;
pteris, fougère). Bot. Nom donné à une sorte
de fougère qui croît à l'île Sainte-Hélène et
dans l'Inde.
ACONIT s. m. (a-ko-nitt — du gr. akonè,
pierre, parce que cette plante croît dans les
terrains pierreux). Bot. Genre de plantes de
la famille des renonculacées : Les propriétés
vénéneuses de {'aconit sont célèbres dans l'an-
tiquité. (Trousseau.) L' aconit croit naturelle-
ment dans les Alpes, et est très-commun en Sa-
voie. (Bouill.) Selon les poètes, {'aconit naquit
de l'écume de Cerbère, lorsque Hercule lui
étreignit fortement le gosier et- l'arracha des
enfers. (Bouill.) De tous les aconits que nous
cultivons en Europe, l'espèce napel est la plus
•' et.)
- Encycl. Le genre aconit appartient à la
ACO
famille des renonculacées ; il renferme un cer-
tain nombre d'espèces qui présentent une ana-
logie remarquable, tant dans leurs caractères
que dans leurs propriétés. La plus célèbre est
1 aconit napel , vulgairement appelé char-de-
Vénus (aconitum jiapellus de Linné). C'est une
grande et belle plante vivace, à. racine épaisse
et pivotante, à tige haute de l mètre, portant
de grandes feuilles découpées, d'un vert
sombre, et des fleurs d'un bleu foncé disposées
en panieule. Cette plante habite les régions
montagneuses de l'Europe centrale et du sud
de là Sibérie. On la trouve dans les bois, les
lieux ombragés et humides , les pâturages.
Cultivée dans beaucoup de jardi
ACO
75
si que la plupart de si
plante d'ornement,
congénères, elle a eie ia cause u assez nom-
breux empoisonnements. C'est en effet un poi-
son narcotico-âcre très-violent, dont les pro-
priétés délétères, d'autant plus actives que le
sol est plus sec et le climat plus chaud, étaient
bien connues des anciens. Donné a forte dose,
il produit toujours des accidents mortels.
L'aconit était très-abondant auprès d'Héra-
clée. dans le Pont, où se trouvait la caverne
par laquelle, disait-on, Hercule était descendu
aux enfers. De la l'origine fabuleuse attribuée
à cette plante, née, d'après les poètes, de l'é-
cume de Cerbère, lorsque Hercule, pour l'ar-
racher des enfers, lui serra fortement la gorge.
L'aconit était le principal ingrédient des poi-
sons préparés par Médée ; et c'est dans son
suc que les Gaulois et les Germains trempaient
leurs flèches pour les empoisonner.
La médecine emploie- les feuilles et les ra-
cines de cette plante, dont les propriétés pa-
raissent résider surtout dans un alcali orga-
nique particulier nommé aconitine. On les ad-
ministre soit en nature,' soit sous forme d'ex-
trait aqueux ou alcoolique j de teinture alcoo-
lique ou éthérée, d'alcoolature, de pilules, de
Uniment, etc.
L'aconit a été préconisé contre la dyssente-
rie, les rhumatismes articulaires aigus et chro-
niques, la goutte, les névralgies, surtout fa-
ciales, la céphalalgie nerveuse, la sciatique,
les maux de dents, les scrofules, etc.
Toutefois, l'énergie même de ses propriétés,
les variations qu'elle peut subir pour des
causes diverses, la facilité avec laquelle s'al-
tèrent ses préparations pharmaceutiques, font
que toutes ces préparations, sauf l'alcoolature,
sont peu employées aujourd'hui dans la méde-
cine allopathique.. Il n'en est pas de même pour
l'homceopathie, qui en fait un fréquent usage
pour combattre la suractivité de la circulation
artérielle, les hémorrhagies actives, etc. La
F réparation la plus usitée est, dans ce cas,
extrait préparé avec le suc exprime de la
plante fraîche.
— Epithètes. Froid, glacé, pâle, sauvage,
vénéneux, prompt, subtil, perfide, violent, in-
fernal, mortel, meurtrier, homicide.
aconit anilique adj. (a-ko-ni-ta-ni-li-ke
— de aconitique et de anilide). Chim. Se dit
d'un acide que l'on obtient en faisant agir lo
perchlorure de phosphore sur l'acide' citrani-
liquo, et en ajoutant de l'e"au au produit de
cette réaction. Cet acide, appelé encore acide
phényl-aconitamique, cristallise en petites ai-
guilles jaunes.
aconitate s. m. (a-ko-ni-ta-te — rad.
aconitique). Chim. Nom générique de sels for-
més par la combinaison de l'acide aconitique
avec une base.
aconiteixë s. f. (a-ko-ni-tè-le — rad.
aconit). Bot. Genre de plantes de la famille
des renonculacées. L'aconitelle est indigène
en Orient.
ACONITINE s. f. (a-ko-ni-ti-ne — rad. aco-
nit). Chim. Alcali découvert dans l'aconit na-
pel, et qui parait se rencontrer dans tous les
aconits acres. On prépare l'aconitine soit avec
le suc de la plante fraîche, soit avec l'extrait
alcoolique des feuilles desséchées. Elle se pré-
sente sous la forme de grains blancs, pulvé-
rulents, sans odeur, d'une saveur acre et
amère. Elle est fort vénéneuse. Elle forme
avec les acides des sels qui cristallisent en
général fort difficilement.
ACONITIQUE adj. (a-ko-ni-ti-ke — rad.
aconit). Chim. Se dit d un acide qui se trouve
à l'état de sel de chaux dans le suc d'aconit
napel et d'autres aconits. Comme on le ren-
contre dans certaines espèces de prèles {equi-
setum), il est souvent désigné sous le nom
d'acide équisétique.
— Se dit d'un éther que l'on obtient en dis-
solvant l'acide aconitique dans de l'alcool ab-
solu, et en saturant la solution par de l'acide
chlorhydrique. L'éther aconitique est encore
appelé aconitate d'éthyle.
ACONITO-BIANILE s. m. (a-ko-ni-to-bi-a-
ni-le — de aconitique, bis et anile). Chim.
Substance que l'on obtient en chauffant l'a-
cide aconitique à 130° avec de l'aniline. L'a-
conito-bialine est encore appelé phényl-aco-
nitimide.
ACONTIAS s. m. (a-kon-ti-ass — du gr.
akontias, sorte de serpent). Erpét. Genre de
reptiles ophidiens très-curieux, parce qu'ils
forment la transition entre les orvets et les
vrais serpents. Les orvets portent deux pe-
tites proéminences renfermant deux os ana-
logues au fémur, et tenant à un vrai bassin
caché dans l'intérieur ; ils .ont aussi quelques
traces des membres antérieurs : ce sont des
seps dont les organes de locomotion se sont
arrêtés dans leur développement. Les
serpents n'ont plus aucun vestige de ste
ni d'épaule. Les acontias sont, comme eux?
dépourvus de ces pièces; mais ils se rattachent
encore aux orvets par la forme de ieur tète,
par leurs paupières et par la disposition des
écailles. Cuvier les a réunis aux orvets et aux
ophisaures dans sa famille des anguis, qui est
la première des ophidiens.
ACONTIE s. f. (a-kén-ti — du gr. akontias,
tenant du serpent). Entom. Genre d'insectes
de l'ordre des lépidoptères et de la famille des
nocturnes. Il renferme une dizaine d'espèces
qui habitent l'Europe, et dont les plus remar-
quables sont le collier-blanc et \&Junèbre. '
ACONTISMOLOGIE s. f. (a-kon-ti-smo-lo-
jî — du gr. akontismos, art de lancer le javelot,
et logos, discours, traité). Chez les anciens,
Art de tirer de l'arc, de lancer des armes à
pointe, et particulièrem., théorie de cet art.
ACONTISTE s. m. (a-kon-tiss-te — du gr.
akontistès, qui lance un javelot). Ant.'Soldat
qui lançait des dards, des traits.
À CONTRE loc. adv. (a-kon-tro — do à ot
contre). Mar. A contre-sens, dans des direc-
tions contraires, dans un sens opposé. Un na-
vire abat à contré, quand les dispositions étant
prises pour le faire abattre sur un bord, les
lames, lo courant, etc., le font abattre sur
l'autre, n Voile orientée à contre, Se dit d'une
voile quand elle est disposée pour opérer un
effet contraire à celui des autres voiles; tel
se trouve généralement un dès huniers quand
on est en panne, il On dit de même que deux
vergues sont brassées à contre, lorsque l'uno
d'elles l'estd'un bordetl'autre du bord opposé.
ACONZ (Etienne Ko ver), général des Mekhi-
taristes de Venise, né en Transylvanie en 1740,
mort à Venise en 1824. Il dirigea la congréga-
tion pendant vingt-quatre ans, et publia, entre
autres ouvrages, une Géographie universelle,
une Vie de l'abbé Mekhitar ai """ "■--'«•-»
des Conciles œcuméniques.
e Histoire
dit de médicaments, surtout d'onguents, pro-
pres à dissiper la fatigue, la lassitude produite
par l'excès du travail.
acÔpos ou ACOPis s. m. (a-ko-poss, a-ko-
piss — du gr. akopos, qui délasse). Pierro
précieuse, spongieuse, parsemée de taches de
couleur d or, ainsi nommée parce que les an-
ciens la croyaient propre, quand elle avait
bouilli dans l'huilé, a guérir de la lassitude.
Cette description, qui appartient à Pline, ne
se rapporte à aucune substance connue au-
jourd'hui.
acoquinant (a-ko-ki-nan) part. prés, du
v. Acoquiner.
ACOQUINANT, ANTE adj. (a-ko-ki-nan ,
an-te — rad. acoquiner). Qui attire, allèche :
Le feu est acoquinant. Une vie acoquinante.
ACOQUINÉ, ÉE (a-ko-ki-né) part. pass. du
v. Acoquiner : Je me donne trop de mal; je ne
suis pas comme vous autres, confiné dans ma
maison, acoquiné {à, comme un vieux roquen-
tin. (Balz.) Cher et damné petit journal , je
t'aime et je le suis acoquiné. (Ch. Monselet.)
Mon Dieu, qu'a tes appas je.suis acoquiné!
ACOQUINER v
u tr. (a-ko-ki-r
-du
par la bonne chère ; attacher par une habi-
tude à laquelle on prend plaisir : Les dîners
m'avaient acoquiné. Je ne m'étonne plus qu'un
si bas métier vous ait acoquiné. (Le Sage.) La
cliasse.au marais a des séductions enivrantes,
des charmes qui vous acoquinent. (Toussenel.)
— Absol. : En hiver le feu acoquine.
S'acoquiner, v. pr. S'attacher, s'adonner
trop : Ce n'est pas peti"
valet d'honneur, d'e---'-
rèts d'un maître qui n'a point d'argent. On s'a-
que je vais traîner après moi pourrait me fairi
reconnaître! Une vieille moustache comme moi,
s'acoquiner à une femme! (Balz.) Quelques-
uns tournaient en ridicule les femmes dont ils
étaient les amants, et se proclamaient les plus
francs imbéciles de la terre, de s'être ainsi
acoquinés auprès de semblables guenip'es. (Th,
Gaut.)
Oui, Nérine, je suis à l'imbécile mattre
Qui s'esl acoquiné, dans ce taudis champêtre,
A la triste moitié dont il s'est empêtré.
La Chaussée.
ACORDAT s. m. (a-kor-dà). Mar. Homme
qui a pris service à bord d'un navire, et s'est
accordé avec le patron.
ACpRE s. m. (a-ko-re). Bot. Genre de
plantés de la famille des aroïdées, caractérisé
par un spadice cylindriquo, tout couvert de
fleurs hermaphrodites très-serrées; ayant un
périanthe à six divisions, six étamines, un
ovaire à trois loges, et un fruit capsulaire,
trigone.
— Encycl. On- emploie en médecine l'acore
roseau (acorus calamus de Linné), vulgaire-
ment appelé roseau aromatique ou jonc odo-
rant. Cette plante habite le nord de la France,
l'Inde, le Japon, le Canada; elle eroit dans les
lieux numides, sur le bord des fossés et des
étangs. La racine qui se trouve dans le com-
merce sous ce nom a été regardée pendant
longtemps comme produite par le calamus aro-
maticus des anciens, qui est probablement une
espèce de gentiane de l'Inde.
C'est un stimulant énergique. On l'emploie
en Sibérie contre les catarrhes pulmonaires :
dans l'Inde et en Lithuanie, comme digestif et
stomachique ; à Constantinople, contre les ma-
ladies épidémiques.
L'arôme de cette plante la fait employer
dans la parfumerie. C est elle aussi qui donne
à l'eau-ae-vie de Dantzick la saveur qui dis-
tingue cette liqueur.
AÇORES (les) , groupe d'iles dans l'océan
Atlantique, à environ 1,300 kil. du Portugal,
dont elles dépendent; compte neuf îles, dont
les deux principales sont Saint-Michel et Ter-
ceira ; dans cette dernière se trouve la ville
d'Angra, ch.-lieu de l'archipel. Climat tem-
péré et sain ; sol montueux, volcanique, su-
jet à de violents tremblements de terre. Les
ignames, les bananes, les oranges, les citrons
et des vins délicieux, sont des principales pro-
ductions des Açores. Cet archipel a été décou-
vert en 1432. par Cabrai. 250,000 hab.
ACORIE s. f. (a-ko-rî — du gr. akoria; in-
satiabilité). Méd, Grand appétit, faim dévo-
aço'rien, enne adj. et s. (a-so-ri-ain,
è-ne — rad. Açores). Géogr. Habitant des îles
is ils manquent de moyens d'iiu
•e est grande. (Eyriès , ,
notablement plus petites que les
leur ignorance est grande. (Eyriès.) Les Aço-
riennes sont notablement plus '"'
Itommes. (Eyriès.)
ACORINÉ, ÉE adj. (a-ko^ri-né — rad.
acore). Bot. Qui ressemble à un acore. il Aco-
rinées , s. f. pi. Syn. de aroïdées.
ACORMOSB adj. (a-kor-mo-zo — du gr. a
priv. : kormos, tronc). Bot. Se dit d'une plante
dont les feuilles et les fleurs partent immé-
diatement de la racine.
ACOROÏDÉES s. f. pi. (a-ko-ro-i-dé — rad.
acore). Bot. Nom proposé pour une famille de
plantes distincte des aro'idees.
ACORYNUS s. m. (a-ko-ri-nuss — du gr. a
priv. ; korunê, massue). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères enreulionides de Java.
ACOSME s. m. (a-koss-me — du gr. akos-
mos, sans ornement). Entom. Genre d'insectes
coléopteros hétéromôrcs, fondé sur une seule
espèce du cap de Bonne-Espérance.
acosmÉtie s. f. (a-koss-mé-tî — du gr.
akosmàtos, sans parure). Entom. Genre d'in-
sectes lépidoptères nocturnes.
ACOSMIE s. f. (a-koss-mî — du gr. akos-
mia, dérèglement). Pathol. Désordre, dérè-
glement dans l'époque critique d'une maladie,
ésuites
...s 1530,
mort en 1600. On a de lui une Histoire natu-
relle et morale des Indes, {Sév'Mo, 1590), fort
estimée, et trad. en fr., 1598.
tour à tour juif, saducéen, sceptique, incré-
dule, et termina enfin par le suicide une vie
troublée par de longues souffrances morales
et des persécutions, et dont il a esquissé les
agitations dans un écrit saisissant, intitulé
Èxemplar vitm humanœ.
ACOSTE s. f..(a-koss-té). Bot. Nom donné
à plusieurs genres d'arbres et de plantes exo-
tiques.
ACOT s. m. (a-ko). Hortic. Adossement do
fumier autour d'une couche.
acotai s. m. (a-ko-tè). Techn. Pied de
chèvre empêchant la vis de la cuve et de la
presse du papetier de rétrograder.
ÂCOTAR s. m. (a-ko-tar). Mar. Sorto do
coin que l'on chasse à coups de masse entre
les varanguosj afin de mieux lier et de rendre
solidaires les ronds d'un bâtiment.
ACOTYLE adj'. (a-ko-ti-le — du gr. a priv. ;
kotulê, cavité). Zool. Se dit des animaux sans
vertèbres, qui n'ont ni bouche centrale, ni
cavités latérales, il Acotyles, s. m. pi. Fa-
mille de la classe des acalèpheSj comprenant
ceux de ces animaux qui n'ont m bouche cen-
trale, ni cavités latérales.
ACOTYLÉDON, ACOTYLÉDONE OU ACO-
TYLÉDONÉ, ÉE adj. (a-ko-ti-lé-don, a-ko-ti-
lé-<lo-ne, a-ko-ti-lé-do-né — du gr. a priv. ;
kotulê, cavité). Bot. So dit des plantes privées
de cotylédons : /{ serait difficile de donner sur
le développement et l'accroissement des végé-
taux acotylédons des idées générales. (Du-
méril.) n Acotylédones, s. f. pi. Nom donné
par Jussieu à la première division du règne
végétal, division qui correspond à celle dos
cryptogames de Linné,
— Encycl. Les acotylédones forment le pre-
mier des trois grands embranchements clans
lesquels les plantes sont rangées par Jussieu.
Elles sont dépourvues d'embryons et de coty-
lédons ; leur structure est généralement sim-
ple, cellulaire, ou plus rarement vusculaire ;
leurs formes variables ne présentent pas la
• distinction des systèmes ascendant ou descen-
dant, axile et appendiculaire, que nous obser-
vons dans les deux autres embranchements.
Ce n'est que par analogie d'apparence qu'on
distingue dans les acotylédones des racines,
des tiges et des feuilles. L'embranchement dos
acotylédones renferme les algues, les champi-
gnons, les lichens, les mousses, les hépati-
76
ACO
ques, les fougères, les équisétacées et les ma-
siléacées. Les e&pècesd'acotylédones formaient
par leur nombre la majeure partie de la végé-
tation'du monde antédiluvien. On les trouve
surtout dans les schistes bitumineux qui accom-
pagnent les couches de houille.
ACOTYLÉDONIE s. f. (a-ko-ti-lé-do-nî —
rad. àcotylëdon). Bot. Etat d'une plante dont
les graines sont privées de cotylédons. Il Nom
de la première classe du rogne végétal, com-
prenant toutes tes familles des acotylédones'.
ACOTYLOPHORB adj. (a-ko-ti-lo-fo-re — du
gr.. apriv.; kolulè,cav\\é; phoros, qui porte).
Hist. nat. Qui n'ajpoint de suçoir, n Acotylo-
i>iiores, s. m.. pi. Famille de vers sans suçoirs.
ACOUCHI s. m. (a-kou-chi). Zool. Animal
rongeur du genre agouti; il est plus petit
que l'agouti ordinaire, et sa queue est beau-
coup plus longue.
ACOUMÈTREs. m. (a-kou-mè-tre — du gr.
akouô , j'entends ; metron , mesure). Instru-
ment pour -mesurer l'étendue du sens do
l'ouïe chez l'homme.
acoop S; m. (a-kou — '■ dé à et coup). Chose
qui se fait brusquement, tout a coup, intem-
pestivemont,' à propos de rien, sans suite et
sans réflexion : L'évolution sociale en Angle-
terre ne procède point, comme chez nous, par
acoups, par soubresauts. (Bareste.)
— Tactiq. milit. Temps d'arrêt qui sur-
vient dans le mouvement d'une troupe et
qui on fait .onduler le front; stationnement
à contre-temps, départ -brusque -et désuni :
Si le guide d'un peloton ne marche pas égale-
ment, il occasionne des acoups. (Acad.) On pré-
vient l'effet fâcheux des acoups par l'égalité du
pas, le maintien de la carrure. (Gôn. Bardin.)
— Equit. et gymn. Temps d'arrêt ou mou-
vement brusque : Les acoups sont bannis de
la bonne équitatiôn. Il faut descendre lente-
ment le long de la corde, en se maintenant avec
les mains et les pieds. Il est important de ne
donner aucun acoui', aucune secousse sur l'en-
gin'conducteur. {Boutigny.)
— L'Académie écrit à-coup ; pi. des à-coup.
Nous avons préféré suivre l'orthographe don-
née par les ouvrages spéciaux.
ACOUPA s. m. (a-kou-pa). Ichthyol". Espèce
de chéilodiptère de l'Amérique septentrionale.
agoopi ou accoupi, IE s. (a-kou'-pi —
rad'. co'ux. cocu). Syn. de cocu. "
acoupir ou accoupir v. a. ou tr. (a-
kou-pir — rad. coux, cocu). Donner le renom
de mari trompé ou do femme trompée.
À COURIR I loc. adv. (a-kou-rir — do à et
courir), Mar. Sorte de commandement, ou
plutôt excitation que Ton adresse aux mate-
lots rangés sur une manœuyre, afin qu'ils
halcnt dessus sans que leurs mains s'en des-
saisissent et qu'ils fassent effort sur cotte
manœuvre en courant. (Dict. de Mar.)
ACOUROA s. m. (a-kou-rp-a). Bot. Arbre
de la Guyane, dont la graine, piléo avec du
saindoux, forme un remède contre les mala-
dies do la peau et principalement les dartres.
On l'appelle vulgairement dartrier.
acousmate s. m. (a-kouss-ma-te — du
gr. alcousma, ce qu'on entend). Bruit imagi-
naire, bruit dpni on ne voit pas la cause,
l'auteur. ,
acousmatique adj. (a-kouss-ma-ti-kc —
rad. acousmate). So dit d'un bruit que l'on
entend sans voir les instruments , les per-
sonnes, les causes réelles dont il provient.
— Subst. Nom donné aux disciples de Py-
thagore, qui^ pendant l'espace do cinq années,
écoutaient ses leçons cachés derrière un ri-
deau, sans le voir, et en observant Je silence
le plus rigoureux.
ACOUSMÉTRIQUE OU ACOUSMOMÉTRI-
QUE adj. (a-kouss-mé-tri-ko — du gr.
akousma, son, et metron, mesure). Se dit,
selon Récamier,du sens de l'ouïe, le deuxièmo
des seize sens qu'il admettait.
ACOUSTICO-MAIXÉEN adj. et s. m. (a-
kouss-ti-ko-mal-lé-ain — do acoustique et mal-
léen).A.n&i. Se. dit du muscle externe corres-
pondant au marteau dans l'oreille.
ACOUSTIQUE s. f. (a-kouss-ti-ke — du gr.
akoustiké, sous-entendu technè , science du
son). Physiq. Science qui traite de tout co
qui se rapporte à la formation, à la transmis-
sion, à la propagation du son.
— adj. Qui a rapportau son*: Phénomène
acoustique, il Qui concerne l'ouïe, qui sert à
produire, à modifier, à percevoir les sons :
Au bout d'une demi-heure, une communication
acoustique existait entre la cliambre voisine
et la mienne. (E. Sue.)
— Chirurg.Se dit des instruments employés
pour corriger la dureté de l'ouïe, il Cornet
acoustique; Instrument qu'on introduit dans
l'oreille et qui rend les sons plus sensibles :
Eh bien, mon vieux/ lui cria le médecin en fai-
sant une espèce de cornet acoustique avec la
paume de sa main, voici un camarade. (Balz.)
— Anat. Se dit du conduit ou du nerf par
lequel les rayons sonores sont dirigés vers la
caisse du tympan : Le nerf acoustique ou au-
ditif transmet au cerveau la sensation des sons.
— Ane. méd. Se disait des médicaments que
l'on supposait propres à combattre les diffé-
ACO
rentes maladies de l'organe de l'ouïe : Remè-
des acoustiques.
— Antiq. Vases acoustiques^ Vases de terre
ou de bronze ayant à peu près la forme de
cloches, et que les anciens disposaient dans
leurs théâtres pour augmenter le volume de •
la voix des acteurs. Au moyen âge, on s'en
est servi aussi dans, plusieurs églises,
— Encycl. « Si l'on considère, dit M. J.-W.
Herscheil, les divers cas où se produisent des
sons de toute espèce, on trouve qu'ils ont di-
vers points communs : 1° la détermination
d'un mouvement dans le corps sonore ; 2<> la
communication de ce mouvement à l'air ou
autre intermédiaire qui^st interposé entre le
corps sonore et l'oreille;, 3» la propagation de
ce mouvement, qui passe 'd'une molécule à
l'autre du corps intermédiaire dans une suc-
cession convenable; ,4° lattransmission de ce
mouvement du milieu ambiant a l'oreille;
5° celle qui se fait de l'oreille aux. nerfs audi-
tifs par un certain mécanisme; 6» la produc-
tion de la sensation. » Cette analyse fait saisir
dans le phénomène complexe du son deux élé-
ments principaux, qu'il faut distinguer avec
soin : l° la détermination et la propagation du
mouvement; 2" la. production clé la sensation.
Le premier de ces deux éléments est la cause ;
le second, l'effet. Le premier appartient à l'a-
coustique, le second a la physiologie. Si cette
distinction de l'impression sensible et de la vi-
bration moléculaire n'avait été faite, le son
n'aurait pu devenir un des objets de l'étude
des propriétés générales des corps, l'acousti-
que n'aurait pu se séparer de la musique et de
la physiologie pour former une branche très-
intéressante et très-étendue de la physique. Il
faut remarquer que la sensation du son n'é-
veille pas la moindre idée du mouvement, vi-
bratoire dont elle est le résultat ; mais ce mou-
vement n'échappe pas au toucher et à la vue,
et plusieurs expériences le rendent sensible.
Lorsqu'on fait résonner un timbre métallique,
le doigt qui le touche légèrement éprouve une
suite de pulsations rapides, qui cessent ainsi
que le son si la pression exercée par le doigt
est trop forte. Si le corps sonore est approché
d'une surface liquide d'eau ou de mercure, à
l'instant le liquide est vivement projeté ; lui
présente-t-on une petite balle d'ivoire ou de
liège suspendue à un fil, la balle est mise en
oscillation comme par des chocs répétés. -Une
corde d'instrument qui rend un son, lorsqu'on
la pince, semble se renfler en son milieu et
occuper à la fois tout l'espace qu'elle parcourt
rapidement dans ses oscillations.
Vacoustique comprend l'étude de la propa-
gation du son à travers" les divers milieux, la
théorie des qualités ou caractères, distinctifs
du son, celle des échos, celle des intervalles
musicaux de la gamme et des accords, eelle
de la vibration des colonnes d'air et des corps
solides, cordes, verges élastiques, plaques et
membranes-
Bien que.Pythagore et1 Aristote se soient
occupés "de la propagation du son et de la na-
ture de l'harmonie, {'acoustique doit être con-
sidérée comme une science a peu près toute
moderne. Bacon et Galilée en posèrent les
bases. Gassendi expliqua, le premier, l'acuité
et la gravité des sons par le nombre des vi-
brations. Otto de Guericke montra que le son
ne peut se propager dans le vide; le père Kir-
cher fit connaître les, causes des phénomènes
de l'écho : Newton établit par le calcul que la
transmission du son est due à l'élasticité de
l'air, ou du corps conducteur ; Joseph Sauveur
découvrit les nœuds et les ventres de vibra-
tion ; Brook Taylor, Daniel Bernouilli , Euler
et d'Alembert, soumirent à l'analyse la théorie
des cordes vibrantes. Chladni ouvrit un champ
vaste et nouveau à Vacoustique en créant la
méthode qui consiste à saupoudrer de sable ou
de poussière fine les plaques dont on étudie
les vibrations. Cette méthode ingénieuse, qui
permet aux vibrations de_se traduire aux yeux
par les figures qu'elles dessinent, a été perfec-
tionnée dans ces derniers temps par Savart,
auquel nous devons une série de belles expé-
riences sur tout ce qui se rapporte au son.
AGOUTI s. m. V. Agouti.
ACQUA-TOFFANA s. f. (a-koua-to-fa-na
— de l'ital. acqua, eau ; Toffana, n. de femme).
Poison célèbre en Italie dans le xvi« et le
xvnc siècle, et qui était une solution concen-
trée d'arsenic. 11 avait été inventé par une
femme nommée la Toffana. Ce poison- était
aussi appelé acquetta. ■
ACQUAV1VA ou AQUAVlVA(n-ltou-a-vi-va),
célèbre famille napolitaine, dont le membre le
plus distingué est Claude Acquaviva, général
des jésuites (1542-1615), qui gouverna l'ordre
avec beaucoup de fermeté et fit dresser l'or-
donnance Ratio studiorum, dans laquelle il ré-
gla les études , et qui fut supprimée par l'in-
quisition.
ACQUÉE s. f. (a-ké — du lat. esca, nourri-
ture). Péch. Syn. de achée.
ACQUER v. a. ou tr. (a-ké). Pêch. Amor-
cer : Acquer un hameçon. Vieux.
ACQUÉRANT (a-ké-ran) part. prés, du
v. Acquérir : Des êtres acquérant de leur vi-
vant, par l'exercice de leurs vertus, des organes
d'une nature plus relevée. (J. RcyDaud.)
ACQUÉRAU s. m. (a-ké-ro). Art milit.
Espèce d'arme à fou en usage au xive siècle.
On est porté à croire que les acquéraux
' * fer dé faible cali-
ACQ
bre : Les acquéraux et .les bombardes ser-
vaient dans les sièges. (Gôn. Bardin.)
ACQUÈREMENT s. m. (a-kc-re-màn — rad.
acquérir). Ane. jurispr. Ce que les époux
acquéraient pendant le mariage.
ACQUERESSE s. f. (a-ke-rèss — rad. acqué-
rir). Féminin de acquéreur. Intis. il Pech.
Femme chargée dp préparer les haims ou
hameçons.
ACQUEREUR S. m. (a-ké-reur — rad. ac-
quérir). Celui qui acquiert, qui fait l'acquisi-
tion d'une chose, et surtout d'un immeuble :
Sans doute, /'acquéreur de ce fonds était ri-
che, car il avait fait splendidement peindre et
décorer sa boutique. (E. Sue.) Il le chargea
d'entrer en négociation avec les acquéreurs
du château et de ses dépendances. (G. Sand.)
Le soir, il se rendit acquéreur d'une fort belle
maison, sise boulevard de la Madeleine. (Alex.
Dum.) Moyennant cinq cents louis, 2'acqué-,
reur national rétrocéda ce vieil édifice au
légitime propriétaire. (Balz.)
— Acquéreur de bonne foi. Celui qui croit
tenir la chose du véritable propriétaire, il Ac-
quéreur de mauvaise foi, Celui qui acquiert
d'une personne qu'il sait n'être pas légitime
propriétaire.
— Gramm. Ce mot n'a pas de féminin, et
•fait acquéreur aux deux genres : Selon que
l'administration, au nom de laquelle l'adjudi-
cation est ouverte, s'y porte vendeur —
à l'w
u à l'ai
■e de et
deux formes. (Ch. Comte.) il Quelques -i
néanmoins écrivent acquéreuse. Au xve et
au xvie siècle, on disait acquëteressb et
ACQUERESSE.
— Syn. Acquéreur, ncbc<cur. V. ACHETEUR..
ACQUERIR v. a. ou tr. (a-ké-rir — du lat.
acquirere , même sens. — f acquiers , tu ac-
quiers, il acquiert; nous acquérons, vous ac-
quérez, ils acquièrent. J'acquérais, nous ac-
quérions. J'acquis, nous acquîmes. J'acquerrai,
lions acquerrons. J acquerrais, nous acquer-
rions. Acquiers, acquérons, acquérez. Que j'ac-
quière, que tu . acquières, qu'il acquière, que
nous acquérions, que vous acquériez, qu'ils ac-
quièrent. Que j'acquisse, que nous acquissions.
Acquérant. Acquis, ise). Devenir propriétaire
Sar achat d'un immeuble ou d'une chose pro-
uisant un revenu : Acquérir une terre, une
maison. Acquérir du bien. Les biens qu'ils
ont acquis échappent de leurs mains avares.
(Fléch.) Caton voulait que l'on acquît des hé-
ritages et des maisons où il y eût plus à semer
et à pâturer qu'à balayer et à arroser. (Castel.)
C'est un travail presque aussi difficile de con-
server ta propriété que de /'acquérir. (Proudh.)
— Absol. : Il y a des âmes sales, capables
d'une seule volupté, qui est celle (/'acquérir.
(La Bruy.) La difficulté «/'acquérir croit tou-
— Par ext. Obtenir, gagner, se procurer
par des soins,- des efforts, par l'étude, enfin,
par un moyen quelconque: // n'y a pas.de
moyen plus sur ^'acquérir l'affection des au-
tres (;Ue de leur accorder la sienne. (J.-J.
Rouss.) C'est par les femmes que les médecins
acquièrent leur réputation. (J.-J. Rouss.) Si
l'éducation était raisonnèe, les hommes acquer-
raient une très-qraiide quantité de vérités
avec plus de facilité qu'ils ne reçoivent un petit
nombre d'erreurs. (Duclos.) On perd beaucoup
de soi quand on ii'acquiert rien. (M">z Necker.)
Vous «'avez acquis la liberté de la presse qu'à
condition de renoncer à la liberté au langage.
(Ch, Nod.) Tout ce que l'homme peut acquérir,
«7 peut le perdre. (Bonald.) Nous «'acquérons
rien sans travail, pas même la pensée. (A. Mar-
tin.) Souffrir pour la vertu, c'est acquérir un
droit au bonheur. (Laténa.) La femme n'ac-
quiert d'importance qu'à mesure que l'homme
acquiert du loisir. *(St-M, Gir.) Le plus diffi-
cile n'est pas (/'acquérir la liberté, c'est de la
conserver, (L.-N. Bonap.) Celui-là s'enrichit
qui acquiert le moyen de satisfaire mieux ses
besoins. (Mich. Chev.) L'homme n'est réelle-
ment.homme et ne vit en homme, que quand il
acquiert la conscience de lui-même. (Bautain.)
La liberté n'est pas un bien qu'on acquière et
qu'on défende en se jouant. (Guizot.) Si tu n'as
pas de talent, il faut en acquérir. (G. Sand.)
Je passe la moitié de la journée à la bibliothè-
que Sainte-Geneviève, où /acquiers l'instruc-
tion qui me manque. (Balz.)
On ne renonce point aux grandeurs légitimes ;
On garde sons remords ce qu'on acqui
ACQ
n Parvenir à un certain degré de bonté, de
valeur, etc., en parlant des choses : Ce ter-
rain acquiert de la valeur. Les terres du ma-
noir acquirent bientôt plus de valeur qu'elles
n'en avaient jamais eue. (E. Souvestre.)
— Absol. : Ce vin acquiert envieillissant.
S'acquérir, v. pr. Obtenir pour soi, en par-
lant des personnes : Quelques législateurs de
l'antiquité se sont acquis une gloire immor-
telle. Il s'est acquis les bonnes grâces de sou
supérieur. (Acad.) Ils se sont acquis parmi le
peuple une gloire qui ne passera jamais. (Mass.)
Il Être acquis, en parlant des choses : Tout
s'acquiert par l'exercice, même la vertu. (Dio-
gène.) Ceux qui avancent que les vertus mo-
rales peuvent s'acquérir par l'habitude ne se
trompent pas. (Plutarque.) Comme si l'honneur
pouvait s'acquérir sans le travail, et la sagesse
sans expérience. (Fléch.) La gloire ne s'ac-
quiert que par de grands périls. (Vertot.) La •
force d'âme est une vertu qui s'acquiert.- (J.
Janin.) Si le génie peut s'acquérir, c'est à l'a-
mour qu'il faut le demander. (Custine.)
— Gramm. Ce verbe ne peut avoir pour
complément direct que des choses prises en
bonne part. On dit bien acquérir de la gloire,
mais on ne dit pas acquérir une mauvaise rêpu-
— Antonymes. Perdre. Se démunir, se dé-
pouiller, se dessaisir de.
ACQUÊT S. m. (a-kè — rad, acquérir).
Jurispr. Chose acq'uiso par achat , donation ,
ou de toute manière autre que par succession :
La distinction des biens en acquêts , conquéis
et propres, dépendait de leur origine. (Encycl.)
Rodin dit très-bien qu'il ne faudrait confis-
quer que les acquêts. (Montcsq.)
étaient d
s tuyaux
— Absol. : Cet acteur, cet auteur, cet artiste,
cet orateur, acquiert tous les jours. Ce jeune
homme a beaucoup acquis depuis quelque
temps. (Acad.) Pour avoir acquis si" vite, me
dis-je en moi-même, elle a donc été bien mal-
heureuse. (Scribe.)
— En parlant des personnes , Se les ren-
dre favorables, gagner leur amitié, leur es-
time, etc. : // est souvent plus difficile de se
débarrasser d'une maîtresse que de /'acquérir.
(Ninon de Lenclos.) C'est par tous les sacri-
fices imaginables que je prétends vous acqué-
rir, et vous acquérir *ans réserve. (Dider.)
tendrement, p<
Erasle, tr
seul légataire...
is, propres, acquêts.
Regnard.
Il Gain, profits, avantages : Le prophète par-
lait à ces riches qui entassent acquêts sur
acquêts , et joignent maisons à maisons.
(Bourdal.)
C'est gloire, et non pas honte, en cette douce peine,
Des acquêts de son lit accroître son domaine.
RÉGNIER.
• '— Fig. : Travaillons à laisser à nos enfants
un héritage que nous ayons conquis, un acquêt
de notre propre génie. (Lefminier.)
— Prov. // n'y a si bel acquêt que le don,
c'est-à-dire II n'y a point de Dien plus agréa-
blement acquis que celui qui est donné.
— Droit de nouvel acquêt, Se disait autre-
fois d'un impôt dû au roi ou au seigneur par
les gens de mainmorte pour la jouissance et
possession des héritages.
— Encycl. Droit. L'ancienne législation fran-
çaise distinguait avec soin les acquêts des
propres, désignant sous ce dernier mot les im-
meubles échus de la succession de quelques-
uns des parents. Les projores qui provenaient
du père étaient dévolus aux parents du coté
paternel , ceux qui provenaient de la mère
aux parents du coté maternel, suivant l'apho-
risme paternapaternis, materna materais. Au-
jourd'hui, la loi française n'a point égard, dans
les successions, à l'origine des biens.— D'après
le Code civil, la communauté conjugale peut
être réduite aux acquêts, c'est-à-dire aux
biens acquis pendant le mariage ; dans ce cas,
les biens propres , c'est-à-dire apportés par
l'un ou l'autre des époux, restent la propriété
exclusive de chacun d'eux.
— Homonyme. Haquet.
acquêté , ÉE (a-kè-té) part. pass. du v.
Acquôter.
ACQUÊTER v. a. ou tr. (a-kè-té — rad. c
quèt). Ane. Jurispr. Acquérir "" ;™™«>"*
par un acte quelconque.
S'acquêter, v. pr. Etre acquis par acte.
ACQU1 (a-ki), ville d'Italie, dans la prov.
d'Alexandrie, sur la Bormida; 9,99-J hab. Les
Piémontais et les Autrichiens y furent battus
par les Français en 1794. Patrie de l'historien
Mérula. Eaux thermales , sulfurées calciques ,
connues dès l'époque romaine. Elles émergent
par huit sources ; celle qui surgit dans la ville,
sort d'un rocher calcaire ; celles qui se trouvent
sur la rive droite de la Bormida, sortent d'un
schiste argileux. Leur température varie de
75° à 3So.
ACQUETTA s. f. (a-kou-è-ta — dimin. de
l'ital. acqua, eau). Toxicol. Poison célèbre
préparé par une femme nommée Toffana.
V. ACQUA-TOFFANA.
acquiesçant ( a-ki-es-san ) part. prés,
du v. Acquiescer : En acquiesçant o ce qu'an
nous demande, j'offenserais un maître bien plus
puissant que tous les maîtres et tous les poten-
tats de la terre. (Bourdal.)
ACQUIESCÉ (a-ki-èss-sé) part. pass. du v.
Acquiescer.
ACQUIESCEMENT s. m. (a-ki-èss-se-man
— rad. acquiescer). Consentement, adhésion
que l'on donne à une proposition, à une idée,
à une clause, à une condition, à un arrange-
ment ; Un entier acquiescement aux volontés
de quelqu'un. (Acad.) Mon esprit refuse tout'
acquiescement à l'idée de la matière non or-
ganisée se mouvant d'elle-même. (J.-J. Rouss.)
Voyant dans ma résolution un acquiescement
à sa volonté, elle vint méprendre la main pour
m'en remercier. (E. Sue.) Elle s'inclina en si-
gne d' acquiescement respectueux, et nous sor-
\ immeuble
ACQ
tintes. (Balz.) Il est des vérités secondaires qui
tirent leurs preuves de /'acquiescement géné-
ral des esprits. (Chateaub.) Toute la morale
évangêlique repose sur /'acquiescement de
l'homme et non sur sa volonté propre, (Ballan-
chc.) En affirmant, il rend témoignage d'un
fait interne, savoir /'acquiescement de son es-
prit à une notion , à une idée qui lui est ac-
tuellement présente. (Lamenn.) le silence fait
toujours un peu l'effet de /'acquiescement.
(V. Hugo.) Les hommes sont associés par la loi
physique et mathématique de la production
avant ''de l'être' par leur plein acquiescement.
(Proudh.) ■ ' " "
— Jurispr. Adhésion que donne une partie
,à un acte, à une procédure, ou à l'exécution
d'un jugement. L'acquiescement est exprès
ou tacite : exprès, lorsqu'il est fait par acte
authentique ou sous seing privé, par adhé-
sion mise à la suite d'un jugement, ou mémo
par lettre missive; tacite, lorsqu'il résulte du
' silence de la partie ou d'actes émanés d'elle
excluant l'intention de se pourvoir contre
une procédure ou contre un jugement.
— Syï». Acquiescement, agrément, ndhé-
ment est plus faible qu'approbation , et n'im-
plique nullement l'approbation d'un avis auquel
on se rond souvent par importunité : J'ai fini
par lui donner mon acquiescement. L'appro-
bation est une sorte de louange que l'on ac-
corde : Le sénat, dont /' approbation tenait lieu
de récompense... (Boss.) L'agrément est un con-
sentement que l'on demande par égard , mais
dont on pourrait se passer : // ne veut n'en faire
sans f agrément de son protecteur. Le consen-
tement est, un acte formel et nécessaire: On
ne peut se marier sans le consentement de ses
père et mère avant l'âge fixé par la loi. La ra-
tification est une approbation donnée à ce
qu'un autre à fait en notre nom : Ratification
d'un traité. L'adhésion est un acte par lequel
on se joint formellement à des opinions ', à
des doctrines, etc. : M. de M eaux avait /'adhé-
sion des principaux prélats de France. (Volt.)
acquiescence s. f. (a-ki-èss-san-se —
rad. acquiescer). Action d'acquiescer. Inusité.
ACQUIESCER v. n. ou intr. (a-ki-èss-sé —
du lat. ad, sur ; quiescere, se reposer. — Le c
final du radical prend une cédille devant les
voyelles a, o : Nous acquiesçons, j'acquiesçais).
Déférer, céder, adhérer à ; se soumettre, se
conformer à : Acquiescer aux sentiments, aux
volontés d'autrui. (Acad.) L'on me dit que je
puis du moins acquiescer à cette doctrine. (La
Bruy.) Il est naturel (/'acquiescer à la voix
de sa propre conscience. (Dider.) Je «'acquiesce
pas à cette domination que les femmes doivent
s'.arroger selon vous. (G. Sand.) Le chef fit de
la tête un signe annonçant qu'il acquiesçait à
leur demande. (Alex. Dum.)
— Absol. : Je suis très-aise que le P. Toquet
acquiesce. (Boss.) Hien ne démontre plus visi-
blement la spiritualité de l'àme que la liberté
(/'acquiescer et de résister. (J.-J. Rousk.) Qui
dispute doute ; qui acquiesce croit. (Ste-Beuv.)
— Peut s'employer avec un nom de chose
pour sujet : Le vrai subjectif peut être défini: ce
d quoi la raison humaine acquiesce. (Lamenn.)
— Jurispr. Adhérer à un jugement, à une
décision, à un acte, c'est-à-dire les tenir pour
signifiés, et promettre de s'y conformer.
— Syn. Acquiescer, céder, rendre (se). On
acquiesce par amour de la paix : Il ne faut pas
acquiescer à l'aveugle aux sentiments de ceux
qui nous entourent. ((Dider.) On cède par défé-
rence ou par nécessité : On peut céder à la
force. (Blanqui.) Il faut cédkr à nos supé-
rieurs. (Acad.) On se rend par faiblesse ou par
conviction : Cet avis parut si sage que chacun
s'y rendit. (Balz.)
— Syn. Acquiescer, accéder, adhérer, con-
sentir, souscrirr. V. ACCÉDER.
— Antonymes. S'opposer, protester contre,
se refuser' à, regimber, résister.
acquis , ise (a-ki , i-ze) part. pass. du v.
Acquérir. Qu'on a rendu sien, dont on est de-
venu propriétaire : Posséder, qu'est-ce? sinon
être libre d'user à son gré de la chose acquise.
(H. Passy.) Ils ne voulaient pas d'un bien si
misérablement acquis. (Alex. Dum.)
— Par e.xt. Obtenu par l'étude , le travail ,
le mérite, ou par quelque moyen que ce soit :
Les notions acquises par l'expérience sont sou-
vent imparfaites et quelquefois douteuses. (Fén.)
On méprise les richesses acquises par la. flat-
terie. (Fén.) Les réputations mal acquises se
changent en mépris, (Vauven.) Il n'y a de ri-
chesses honorables et permanentes que celles qui
sont acquises et possédées par la vertu. (J. de
Maistre.) Je parte des femmes qui ont une célé-
brité acquise par la supériorité de leurs
charmes, (h. Gozl.)
Et plus le bien qu'on quitte est noble, çrand, exquis,
Plus qui l'ose quitter le juge mal acquis.
Corneille.
' il Particulièrom. et dans le même sens , Qui
provient de l'éducation, par oppos, à naturel.
Dans ce cas, il s'empl.le plus souvent absol. :
Vertus, connaissances acquises. La plupart de
nos fruits ont une douceur acquise par la cul-
ture. Certaines femmes ont des grâces natu-
relles qui ne sont nullement acquises. Nous ne
vivons plus dans un siècle où l'on examine sé-
rieusement si Adam a eu la science infuse ou
non ; ceux qui ont si longtemps agité cette ques-
tion n'avaient la science ni infuse ni acquise.
(Volt.) Ils joignent les vertus acquises aux ta-
lents naturels. (D'Aguess.) Il Dévoué : Je vous
ACQ
suis acquis. Je vous suis tout acquis. Vous n'a-
vez point d'ami plus fidèle ni de serviteur plus
acquis. (Boss.) Vous direz à Son Excellence que
je lui suis tout acquis. (La Font.) L'archevêque
de lïeims vous est fort acquis. (Mme de Sév.)
■ V. Huoo.
ACQ
ACR
77
— Prov. Le bien mal acquis ne profite jamais,
On ne peut jouir en paix du bien obtenu par
des voies illégitimes, n Los Orientaux disent
métaphoriquem. : Le pain mal acquis remplit
la bouche de gravier.
— Méd. Désignation appliquée aux mala-
dies qui surviennent après la naissance, et
sans disposition héréditaire ni organique.
ACQUIS s. m. (a-ki — rad. acquérir). Con-
naissances acquises par l'expérience, par l'é-
tude ; usage du monde : Il est certain qu'en
chose pareille le naturel vaut mieux que /'ac-
quis. (Charron.) Il était bien fait, brave, spi-
rituel , avait de /'acquis ; savait la guerre.
(Tall. des Réaux.) C'était un homme plein
(/'acquis, a/fable avec ses inférieurs. (Balz.) On
trouve dans ces peintures un mélange (/'acquis
et d'ignorance qui dénote un art vieillissant.
(Lenormant.) il On disait autrefois acquisitik.
V, ce mot. il Se dit aussi des. animaux .- Le
chien a plus î/'acquis que les autres animaux.
(Buff.) il Relations dans le monde , influence
qu'elles procurent : Plus on a (/'acquis dans le
monde, moins on sait défendre ses amis. (Volt.)
ACQUISITIF, IVE adj, (a-ki-zi-tif , i-ve —
du lat,. acquisitivus , qui procure). Qui a rap-
port à l'acquisition. Il Qui équivaut à une ac-
quisition : Prescription acquisitivë.
— s. m. Signifiait autrefois, Connaissances
acquises par l'étude , le travail : Marguerite
d'Orléans , reine de Navarre , était une prin-
cesse de très-grand esprit , tant de son naturel
que de son acquisitif. (Brantôme)
ACQUISITION s. f. (a-ki-zi-si-on — lat. ac-
guisitio, même sens). Action diicquêrir à prix
d'argent : Faire /'acquisition d'une terre, d'un
cheval , etc. Peut-être monsieur le baron veut
acheter une propriété. — Non, je ne.désire point
faire (/'acquisition , en ce moment du moins.
(Fr. Soulié.) Il caressait /'acquisition pro-
chaine d'une cargaison de soie arrivant de
Smyrne. (G. Sand.) L'argent est un moyen gé-
néral (/'acquisition, sans être un moyen de pro-
duction par lui-même. (J.-B, Say.) il lia chose
acquise : Venez voir ma nouvelle acquisition.
(Acad.)
— Par oxt. Action d'acquérir par le tra-
vail, les efforts : // songeait à des acquisitions
beaucoup de jouissances et de lui en rendre
/'acquisition facile. (Peyrat.) u Se dit des per-
sonnes : Cette province se prépare à vivre sous
vos lois, et vous régarde comme /'acquisition
la plus précieuse qu'elle pût faire. (Fléeh.) En
un mot, chacun témoigne que j'étais une bonne
acquisition pour la troupe. (Le Sage.) il Se dit
aussi des qualités , des vertus : La délicatesse
n'est pas une acquisition de l'âme. (Pasc.) Il
était puissant par laparole comme les orateurs,
riche des acquisitions de l'esprit comme les sa-
vants. (Ch. Nod.) Remplacez la perte d'un
avantage ou d'un agrément par /'acquisition
d'une vertu. (Boiste.) //acquisition des idées
produit les mêmes effets bons et mauvais chez
ANDBJUÎCX.
talise le cardinal Mazarin , c'est /'acquisition
de l'Alsace. (Fléch.) /'acquisition de Cuba par
les Etats-Unis, partisansde l'annexion.(3oum.)
Il Conquête de l'homme sur la nature, décou-
verte : Toutes les grandes acquisitions de l'in-
dustrie et de l'intelligence se sont faites avec
une excessive lenteur et par des agrégations
inaperçues. (Balz.)
— Enoycl. Droit. Action par laquelle on de-
vient propriétaire d'une chose quelconque. On
acquiert par succession, par donation, par tes-
tament comme par achat ou échange. La pro-
priété s'acquiert encore par accession et par
prescription. On acquiert à titre universel
quand on succède à tous les droits d'une per-
sonne ; à titre particulier, quand il s'agit de
choses déterminées; à titre. onéreux, lorsqu'on
donne l'équivalent de ce qu'on reçoit, comme
dans la vente ou l'échange; à titre gratuit ,
quand on acquiert sans rien débourser, comme
dans la donation.
— Syn. Acquisition, achat, emplette. V.
— Antonymes. Cession, vente.
. ACQUISIVITÉ s. f. (a-ki-zi-vi-té— rad. ac-
quis). Phrénol. Instinct qui porte l'homme à
acquérir : /.'acquisivité n'implique pas l'ava-
rice. (Th. Thoré.) L'organe de /'acquisivité est
borné en haut par l'espérance. (Th. Thoré.)
Spurzheim a appelé, dans son langage un peu
barbare, organe de /'ACQUiSivrrÉ^e/at.oue Gall
avait appelé l'organe du vol. (Mignet.)
ACQUIT s. m. (a-ki — rad. acquitter). Ac-
tion de s'acquitter, accomplissement : Vous
devez toujours appréhender la négligence, en
/'acquit de vos devoirs. (Boss.) n Quittance,
décharge : Cette femme a signé /'acquit de vos
dettes. (La Bruy.)
— Fig. Par acquit de
quit de sa conscience , Pour
science déchargée : Pilate se lava tes mains
par acquit de conscience. Le médecin se re-
tira en disant qu'il ne reviendrait le lendemain
'acquit du sa conscience. (G. Sand.)
mère d'acquit, Négligemment, et seulement
parce qu'on ne peut s'en dispenser : On n'en
fit qu'une commémoration fort légère et par ma-
nière d'acquit au concile de Nicée. (Volt.)
— Pour acquit. Formule écrite au bas d'un
mémoire, d'une facture, etc., et qui constate
qu'on en a reçu le montant.
— Acquit comptable, Pièce à décharge qui
appuie les énonciations du registre journal,
dans la comptabilité militaire. Il Acquit-pa-
tent. Ane. chancell. Brevet du roi portant
gratification d'une somme quelconque, et ser-
vant de décharge à celui qui devait en faire
le payement.- a
— Financ. Quittance imprimée sur papier
timbré, qui est expédiée et délivrée aux voi-
turiers, commissionnaires ou négociants, par
les commis, receveurs et contrôleurs des bu-
reaux des impositions indirectes , des octrois
et des douanes. On distingue trois sortes d'ac-
quits: 1<> l'acquit de payement, qui porte l'in-
dication de la quantité, de la qualité et du
poids de la marchandise , de la somme payée
pour les droits d'entrée et de sortie , du nom
de l'expéditeur et du destinataire , du lieu de
la destination et de la route à suivre par le
voiturier ; 2° Y acquit-à- caution , qui permet ,
sans payer de droits, de transporter des mar-
chandises d'un entrepôt à un autre, sous la
garantie qu'elles .seront visitées au bureau de
leur destination et que les droits y seront ac-
quittés ; 3° l'acquit-à-caution de transit, qui se
délivre pour ^importation ou l'exportation
des marchandises affranchies du payement
des droits.
qui vient ensuite, il Se dit particulièrem. à la
poule.
Syn. Acquit, quittance, reçu. L'acquit est
quittance n'est ordinairement qu'une décharg<
incomplète : Quittance du dernier terme. Lb
mot acquit est surtout commercial , et s'ap-
plique aux mémoires, factures ou billets ; quit-
tance s'emploie dans les transactions ordinaires
de la vie : Quittance de fournitures, de loyers.
Reçu a le même sens, à peu près, que quit-
tance, avec une acception un peu moins éten-
due : On donne une quittance générale après
avoir délivré des reçus partiels. ..
ACQUIT-À-CAUTIONS.m. || PI. deSACQUITS-
à-caution. Il V-. l'article précédent.
Il PI.
acquittable adj. (a-ki-ta-Me — rad. ac-
quitter). Qui est susceptible d'être acquitté.
Se dit des personnes et des choses : Un accusé
acquittable. Une dette acquittable.
acquitté , EE (a-ki-tê) part. pass. du v.
Acquitter. Payé, soldé : Billet acquitté. Aies
lettres de change seront acquittées. (Balz.)
— Par ext. Déclaré non coupable : Nous
comparûmes au tribunal de l'inquisition , rnais
nous fûmes acquittés. (Chateaub.) Ma jeunesse
et mon air de sincérité me gagnèrent l'esprit
des juges; je fus promptement acquittée.
(G. Sand.) Il Substantiv. dans ce sens : //ac-
quitté a droit d'attaquer ses dénonciateurs en
dommages et intérêts.
— Fig. Dégagé de toute reconnaissance : Je
serais encore obligée de compter sur votre mo-
destie et votre désintéressement pour me croire
acquittée avec vous. (G. Sand.)
— Syn. Acquitté, quitte. On s'est acquitté
quand on a payé tout ce que l'on doit pour le
moment; on est quitte quand on ne doit-plus
rien du tout : On a beau s'être 'acquitté jour-
nellement de ses devoirs, on n'est jamais quitte. ■
(Guizot.)
ACQUITTEMENT s. m. fa-ki-te-man — rad.
acquitter). Action d'acquitter, de payer, de
rembourser ce que l'on doit: L'entier acquit-
tement des dettes d'une succession. (Acad.)
L'acquisition de la propriété, par héritage ou
par contrat, est assujettie à /'acquittement
d'un droit. (Mignet.)
— Par ext, ; Ses emplois, ses dignités, ses ri-
chesses ne lui paraissaient qu'une dette dont
/'acquittement exigeait le sacrifice de sa vie
entière. (De Nivernois.)
— Jurispr. Renvoi d'un individu reconnu
non coupable : Les acquittements sont de-
venus plus fréquents depuis l'institution du
jury, //acquittement est prononcé par le pré-
sident après que le jury a déclaré / accusé non
coupable, /'acquittement des accusés a été
prononcé. (Acad.)
— Syn. Acquittement, absolution. V. ABSO-
LUTION.
ACQUITTER v. a. ou tr. (a-ki-té — tas lat.
troi. Le roi se charge même a" acquitter les
dettes de ses prédécesseurs. (D'Aguess.) Elle ac-
quittait ce qu'elle devait avec une exactitude
surprenante. (Boss.) Je viens vous prier de vou-
loir bien acquitter une petite note de dcuxmillc
sequins, qui vous sera présentée à la fin du mois.
(G. Sand.) Elle étïit bien sûre que chaque dette
qu'elle acquittait ferait naiire d'autres dettes
semblables. (G. Sand.) u Reconnaître , au
moyen do la formulé ordinaire d'acquit, qu'une
facture, un billet à ordre, uno lettre de
change, etc. , ont été ps.yàsr:sLe tailleur m' a,
acquitté, sa note, son mémoire. Il Rendre
quitte, libérer: Cet homme bienfaisant a ac-
quitte tous ses débiteurs. Il a acquitté en-
tièrement son fils. Il doit encore sur sa charge,
mais il ne tardera pas à /'acquitter complète-
ment.-il Fig. dans ce dernier sens -..Le juste
pmjc ce qu'il ne doit pas et acquitte les pé-
cheurs de ce qu'Us doivent. (Boss.) La. recon-
naissance «acquitte pas d'un grand bienfait,
elle n'en peut payer que les intérêts. (Beàuch.)
— Fig. Remplir, accomplir, en parlant d'un
.devoir, d'un engagement, d'une obligation :
Acquitter sa promesse, sa parole, ./'aurais
acquitté mon devoir en l'indiquant, le chemin
dans ce bas monde. (M<"° Camp.) il Payer une
dette de reconnaissance : Jiien ne saurait m' ac-
quitter envers vous. La vanité, par son indis-
crétion, acquitte la reconnaissance. (Boiste.)
Xipharès, en un mot, devenant voire époux,
Me venge de Pharnace et m'acquitte envers vous.
Racine.
Agir suivant le
— Jurispr. Déclarer quelqu'un innocent de
l'accusation portée contre lui : La cour vient
de /'acquitter. Il So dit des choses : Le cen-
seur condamne ce que le magistrat acquitte-
rait. (Chateaub.)
— Absol. : Les tribunaux de police n'ACQÙrr-
tent ni n'absolvent; ils renvoient de laplainte.
S'acquitter, v. pr, Se libérer d'une dette, se
rendre quitte : Je m'acquitte par là de ce que
je vous dois. (Mol.) // s'acquitta envers lui et
malgré lui des avances qu'il en avait reçues,
(G. 'Sand.)
D'une dette d'honneur dans le jour on s'acquitte.
— Absol. : Qui s'acquitte s'enrichit.
— Fig. Satisfaire à- accomplir, remplir -.-Je
lui ai une obligation dont il faut que je m'ac-
quitte avant toutes choses. (Mol.) Il y a de la
grandeur à s'acquitter constamment des mêmes
devoirs. (Fléch.) Le trop grand empressement
qu'on a de s'acquitter d'une obligation est une
espèce d'ingratitude. (La Roclicf.) Il n'y a rien
qui plaise plus à Dieu que les âmes qui sont
tendres à s'acquitter de leurs devoir s. (Rancé.)
il Témoigner sa reconnaissance d'un service :
Sire, je dois beaucoup d Votre Majesté, mais
je pense m'acquitter en lui donnant Colbert.
(Mazarin.) Souffrez que je lui rende ici ce
qu'il m'a prêté et que je m'acquitte de la vie
que je lui dois. (Mol.) // avait de si grandes
obligations à cet excellent homme, quit était
avide de trouver un moyen de s'acquitter.
(G. Sand.) {
Hélas! de tant d'amour et de tant de bienfaits.
Mon père, quel moyen de m'acquitter jamais?
— Exécuter, venir à bout d'une chose : Mon
Dieu, mademoiselle, vous vous en êtes acquit-
tée à merveille. (Mol.) On doit être bien aise
de s'en acquitter comme vous faites. (Mme de
Sév.) Le marché fut accepté, et l'exécuteur
s'acquitta de la seconde commission avec au-
tant de scrupule que de la première. (Duclos.)
Je voulus remontrer à la 'dame que, n'ayant ja-
mais rempli le métier d'intendant, je craignais
de ne pas bien n'en acquitter. (Le Sage.) Lors-
qu'il les débitait d son père, il s'en acquittait
■ • •--- -•- -pleurait
: permis-
, .. ... . 'acquitta avec
assurance. (G. Sand.)
Que pour m'en acquitter par un assassinat ?
— T. de jeui Regagner ce qu'on a perdu sur
parole : S'acquitter d'un seul coup.
— Syn. Acquitter, s'acquitter, payer. L'obli-
gation que vous avez acquittée n'a plus de va-
leur ; l'obligation dont vous vous êtes acquitté
ne vous pèse plus. On paye une dette en don-
nant une somme en retour de ce qu'cD a reçu ;
on acquitte une dette en s'acquittant ou en ac-
quittant un devoir, une obligation.
ACRA s. hl (a-kra). Idiome parlé dans la
Nigritie.
ACRANIE. s. f. (a-kra-nî — du gr. a priv.;
kranion, crâne). Terat. Absence totale ou par-
tielle du crâne.
ACRANIEN, enne adj. (a-kra-ni-ain, ô-ne
■— rad. acranie). Qui est dépourvu de crâne.
ACRANTE s. m. (a-kran-te— du gr.aAran-
tos, mutilé). Erpét, Genre de lacertiens ou lé-
zards , famille des pléodontes. U ne comprend
qu'une seule espèce, l'aérante vcrtd'Azara.
ACRANTHÈRE s. m. (a-kran-tè-re — du gr.
akron, sommet; anthèrosx fleuri). Bot. -Genre
de plantes rubiacées , voisin des mussendes.
On n'en connaît qu'une espèce, indigène à l'île
de Ceylan.
- acrasie s. f. (a-kra-sî — du gr. a priv. ;
krasis, modération). Toute espèce d'intempé-
rance. Ce mot se prend souvent pour acratie.
de si bonne grâce, que le marquis en pi
de joie. (Le Sage.) // lui demanda la p.
sion de l embrasser, ce dont il s'acquitt
78
ACR
ACRATHÈRE s. m. (a-kra-tè-re — du gr.
akra, sommet; dthèr, eros, barbe d'épi). Bot.
Genre de graminées. La seule plante de ce
genre est originaire du Népaul.
. ACRATIE s. f. (a-kra-ti — du gr. a priv. ;
kralos, force). Pathol. Manque de forces ab-
solu.
ACRATISME s. m. (a-kra-ti-sme — du gr.
■ akraiizô, je bois du vin pur). Lo premier des
quatre repas des Grecs, le déjeuner.
ACRATOPHORE s. m. (a-kra-to-fo-re — du
gr. akraton, vin pur, et pliera, je porté). Vase
dans lequel les anciens Romains plaçaient sut-
la table le vin pur. il Adj. Un des surnoms do
Bacchus.
ACRATOPOTE adj . (a-kra-to-pott — du gr.
akrâtos, vin pur; poteos, qui boit). Qui boit
du vin pur; surnom de Bacchus.
ACRE s. f. (a-kre— du saxon acker, champ).
Mesure de superficie usitée en Angleterre et
autrefois dans le nord de la France, et dont
la contenance a beaucoup varié. En Angle-
terre, elle est de quarante arcs et demi.
acre adj. (â-kre — lat. acer). Qui a une
saveur brûlante, qui semble brûler le palais :
La chaux est acre et brûlante sur la langue. La
saveur Acre indique le plus souvent des plantes
vénéneuses, il Qui affecte fortement ou désa-
gréablement l'odorat : Une fumée acre et fétide
empoisonnait l'atmosphère. (G. Sand.) Le pau-
vre grillon chante sous l'herbe, enivré de /'acre
odeur des foins fraîchement coupés. (Alex.
Dum.) Les haies de romarins fleurissent tout
l'hiver, et attirent, par leur acre parfum, les
artistes ailés qui travaillent sur l'Éymette.
(E. About.) il Aigu; criard, qui produit une
sensation désagréable sur l'organe de l'ouïe :
Peste soit du fausset de Vâçre
Il Se dit en pathologie d'une chaleur ardente,
accompagnée d'une sensation de picotement.
— Par ext. : Sang Acre, bile acre, humeurs
Acres. Quant au vieux Tibère, c'était un scé-
lérat raffiné et poltron, qu'un sang Acre et un
esprit défiant portaient au crime avec pru-
dence. (Joubcrt.)
— Fig. Mordant, piquant, revécue : Il se
donna la satisfaction de lui reprocher sa lési-
nerie dans les termes les plus Acres, les plus
blessants qu'il put trouver. {G. Sand.) La pau-
vre femme subissait lerpointilleries injurieuses
et les attaques lancinantes d'une acre opposi-
tion. (Balz.) Ses duretés, sa parole acre et
incisive, ont élevé entre lui et moi une barrière
infranchissable. (Baron de Montaran.) il Se dit
du regard ; Elle, fascinée par ce regard acre
et brûlant, murmurait en fermant ses yeux ap-
pesantis. (E. Sue.)
— s, m. Méd. La médecino humorale don-
nait le nom d'acres à certains principes aux-
quels elle attribuait une action irritante par-
ticulière : X'àcre vénérien ;/'àcre darireux.
aigre. TacÉrbË"""' "' "'
ACRE ou SAINT-JEAN D'ACRE, l'ancienne
Ptolémaïs, ville forte de la Turquie d'Asie
(Syrie), chef-lieu de pachalik, sur la Méditer-
ranée, aujpied du Carmel, 20,000 hab. C'était
une ville florissante sous les Ptolémées. Enle-
vée aux Sarrasins par les premiers croisés en
1104, reprise par Saladin, prise de nouveau en
H9l par Philippe-Auguste et Richard Cœur-
de-Lion, elle reçut alors le nom de Saint-Jean
d'Acre, d'une magnifique église qu'y élevèrent
les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Reprise par les Turcs et ruinée, elle se releva
au xvme siècle sous le pacha Djezzar et résista,
en 1799, à Bonaparte , qui l'assiégea inutile-
ment pendant deux mois. En 1832, elle fut
assiégée et prise par Ibrahim-Pacha, fils de
Méhémet-Ah, vice-roi d'Egypte; bombardée
en 1840 par la flotte anglo-austro-turque, elle
fut perdue avec toute la Syrie pour le vice-roi
d'Egypte et rendue au sultan. On y trouve un
mélange bizarr.e de Turcs, de Grecs, d'Arabes,
de Druses, de Maronites et d'Arméniens.
ACltE (Sièges de Si-Jeon d'). Deux sièges
longs et meurtriers ont rendu célèbre le nom
de cette ville.
Premier siéoe. En 1189, Philippe-Auguste
et Richard Cœur-de-Lion s'embarquèrent en
même temps pour la troisième croisade , et
cinglèrent vers St-Jean d'Acre, que Gui de
Lusignan , le faible roi de Jérusalem , assié-
geait vainement depuis deux ans. Philippe
arriva le premier au camp des chrétiens. Sa
renommée, sa bravoure, les renforts puissants
qu'il amenait à sa suite, changèrent rapide-
ment la face des événements. Des assauts ter-
ribles furent livrés à la ville, que Philippe se
refusa même à emporter, par un chevaleresque
sentiment de courtoisie envers le roi d'Angle-
terre, qui n'était point encore arrivé. Le bouil-
lant Richard parut enfin, et d'abord une har-
monie généreuse sembla régner entre les deux
souverains , qu'on vit se partager loyalement
l'honneur et le danger. Lorsque le monarque
français attaquait la ville, l'anglais gardait la
tranchée; le jour suivant Richard conduisait
l'assaut, et Philippe pourvoyait à son tour à la
sûreté des assiégeants. Mais une rivalité hai-
neuse ne tarda pointa les diviser ; des dissen-
sions, des troubles éclatèrent, et plusieurs fois
Français et Anglais, venus de si loin apporter
leur épée au service d'une cause sainte, furent
sur le point de donner aux musulmans le spec-
tacle honteux d'une lutte fratricide entre des
princes chrétiens. Leur intérêt, les représen-
ACR
tations des hauts barons parvinrent à imposer
momentanément silence à la voix de leur res-
sentiment, et le siège fut poussé avec une
vigueur croissante, qui força enfin Ptolémaïs
à ouvrir ses portes aux croisés (1191). La ca-
pitulation portait que les Sarrasins restitue-
raient la vraie croix, prise à la bataille de
Tibériade ; qu'ils briseraient les fers de tous
les chrétiens prisonniers , et qu'ils payeraient
aux deux rois, pour les frais de la guerre, deux
cent mille besants d'or. L'orgueilleux Saladin
refusa de ratifier ces humiliantes conditions.
Le prince anglais s'en vengea par une cruauté
qui était trop dans les mœurs du temps ; il fit
couper la .tête à cinq ou six mille captifs turcs,
et ne se réserva que les principaux chefs, dont
sa cupidité attendait une riche rançon. Ce siège
sanglant moissonna l'élite de la noblesse fran-
çaise; près de trois cent, mille hommes y per-
dirent la vie. C'est devant les murs de Ptolé-
maïs que périt le jeune et infortuné Raoul de
Coucy, l'amant de la belle Gabrielle deVergy
(V. ce nom), dont le théâtre et le roman ont
rendu le nom si populaire.
Deuxième siéoe. Tandis que Bonaparte s'oc-
cupait d'organiser en Egypte une administra-
tion toute française, il apprit tout à coup ta
déclaration de guerre de la Turquie, et les pré-
paratifs menaçants qu'elle faisait contre lui,
de concert avec les Anglais. 11 sentit sur-le-
champ sa position, et voulut, suivant sa tac-
tique favorite, déconcerter l'ennemi par la
rapidité de ses attaques. Profitant de l'hiver
(1798-1799) pour traverser le désert qui sépare
l'Egypte de la Syrie, il résolut d'aller disperser
les rassemblements qui se formaient à Acre
et dans les villes principales , et se mit en
marche le 1er février, à la tété des divisions
Kléberj Régnier, Bon, Lannes et Murât, fortes
d'environ treize mille hommes. 'En quelques
semaines il emporta le fort d'El-Arisch,Gazah,
Jaffa, et parut ensuite devafit StrJean d'Acre,
situé au pied du mont Carmel. La Syrie était
à lui s'il parvenait à s'emparer de cette ville ;
mais elle était défendue par le chef de toutes
les forces turques en Syrie, le pacha Djezzar,
que sa cruauté et sa haine profonde contre les
Français ont rendu célèbre ; par le commodore
anglais Sidney-Smith, l'incendiaire de Toulon,
et par un émigré français, Phélippeaux, offi-
cier du génie du plus grand mérite. Ce dernier
répara les fortifications de la place, et Sidney-
Smith la fournit d'ingénieurs, de pointeurs, de
de munitions, tandis que Bona-
parte, privé de son artillerie de siège, qui' lui
avait été enlevée sur mer par les Anglais, ne
pouvait faire entrer en ligne qu'une caronade
de trente-deux, quatre pièces de douze, huit
obusiers, et une trentaine- de pièces de quatre.
Il manquait même de boulets , mais il imagina
un singulier moyen pour s'en procurer. Il
faisait avancer quelques cavaliers sur la plage;
à cette vue Sidney-bmith faisait un feu rou-
lant de toutes ses batteries , et les soldats ,
auxquels on donnait cinq sous par boulet,
allaient les ramasser au milieu de la canon-
nade et de rires universels.
La tranchée s'ouvrit le 20 mars, à 150 mè-
tres du corps de la place, et cinq jours
après on se présenta à l'assaut. Mais les Fran-
çais se virent arrêtés par un fossé de quinze
pieds , revêtu d'une forte contrescarpe. Le
28 mars, la mine ayant joué de nouveau, vingt-
cinq grenadiers, conduits par le jeune adju-
dant Mailly, s'élancent au milieu d'un feutecr
rible jusqu'à la contrescarpe et y plantent
leurs échelles. Déjà les Turcs fuient épou-
vantés , mais l'intrépide Mailly tombe frappé
à mort, deux adjudants généraux sont tués à
la tête de leurs bataillons, et les assaillants dé-
concertés reviennent sur leurs pas. Tandis que
ces sanglants assauts décimaient les troupes
françaises, Acre recevait plusieurs mille hom-
mes de renfort, une grande quantité de canon-
rtiers exercés a l'européenne et des munitions
immenses. Cependant, chaque fois que les
Turcs veulent exécuter une sortie, ifs sont
refoulés dans la place avec d'énormes pertes.
Mais Bonaparte apprend que la grande armée
turque s'avance contre lui. Aussitôt il envoie
Kléber à sa rencontre, le suit bientôt lui-même,
écrase les Turcs à la bataille du MoDt-Thabor
(16 avril), et revient continuer les opérations
du siège. Mais vainement il multiplie les as-
sauts , vainement ses troupes multiplient les
prodiges de valeur. Il 'a devant lui et autour
de lui des obstacles que tout son génie est
impuissant à briser. D'un côté se trouvaient
toutes les ressources de l'art et de la nature
pour la défense , et de l'autre un courage in-
vincible, mais dénué de moyens matériels pour
atteindre un ennemi maître de la mer, qui fou-
droyait chaque jour les Français derrière des
remparts sans cesse renaissants, et recevait
continuellement des troupes fraîches dans ses
murs. Bonaparte, lui, avec une artillerie de
siège insuffisante, est encore obligé de mé-
nager des munitions qu'il ne peut renouveler,
une poignée de soldats qu'il ne peut remplacer,
et dont la peste, ce fléau de l'Orient, dévore
les bataillons brûlés 'par le soleil ardent de ce
climat. Déjà nos plus braves généraux sont
blessés; Caffarelli a trouvé la mort dans la
tranchée ; mais l'indomptable ténacité de Bo-
naparte n'a point encore fléchi devant l'arrêt
immuable de la fortune. Apprenant qu'une
armée de douze mille hommes est arrivée le
7 mai dans le port d'Acre , il calcule aussitôt
qu'elle ne peut, pas être débarquée avant six
heures , et il profite de la nuit pour faire en-
vahir la brèche que le canon vient de prati-
ACR
quer. Les Français s'emparent des travaux de
1 ennemi , les comblent , enclouent les pièces ,
égorgent tout ce qui s'oppose à leur furie.
Malheureusement les Turcs sont débarqués ,
ils s'avancent en bataille et présentent une
masse effrayante, impossible à percer. Le gé-
néral Rambaut est tué , Lannes est blessé, et
l'ennemi exécute une sortie vigoureuse ; mais
les troupes de siège le ramènent dans la place,
après en avoir fait un carnage épouvantable
et lui avoir enlevé huit cents prisonniers.
Obstiné jusqu'à la fureur, Bonaparte ordonne,
le 10 mai, un dernier assaut. On y monte avec
la même intrépidité , on escalade la brèche ,
mais on ne peut la dépasser : une armée en-
tière gardait la place et en défendait toutes
les issues.
Il y avait deux mois que les Français étaient
devant Acre; nous avions fait dès pertes irré-
parables, et il eût été imprudent de s'exposer
à en faire davantage. D'ailleurs, Bonaparte
avait réalisé le fond de ses projets, puisqu'il
avait détruit les rassemblements formés en
Syrie, et que de ce côté l'ennemi se trouvait
réduit à l'impuissance d'agir. Quant à la partie
brillante de ces mêmes projets, quant à ces
vagues et merveilleuses espérances de con-
quêtes orientales , à ce projet gigantesque
qu'on prêtait à son ardente imagination, de
marcher sur Constantinople pour s'en emparer,
et de révolutionner le monde par l'Orient, il
fallait y renoncer pour ramener ses regards
sur l'Europe. Il se décida enfin h lever le siège ;
mais son regret fut tel, que, malgré sa destinée
inouïe, on lui a entendu répéter souvent , en
parlant de Sidney-Smith : Cet /tomme m'a fait
manquer ma fortune. Toutefois , avant de
quitter St-Jean d'Acre , il voulut laisser une
terrible trace de son passage. Il ordonna de
continuer le feu des mortiers et des canons
pendant les préparatifs du départ, et fit em-
ployer le reste des munitions de siège à raser
les fortifications , le palais de Djezzar et tous
les édifices publics. Etonnés de ce feu terrible,
les Turcs font deux sorties , mais ils sont mi-
.traiUés et se hâtent de rentrer dans leurs
places d'armes. Pendant ce temps, Bonaparte
faisait remplacer l'artillerie de siège par des
pièces de campagne, réduisait en cendres les
magasins et les maisons des environs, et fai-
sait détruire un aqueduc de plusieurs lieues
oui conduisait les eaux dans la ville. Le 50 mai,
deux mois après avoir ouvert la tranchée , il
reprit la route du désert , ayant perdu par le
feu, les fatigues ou les maladies, près du tiers
de son armée d'expédition, c'est-à-dire en-
viron quatre mille hommes, sans compter douze
cents blessés qu'il emmenait avec lui. Il ra-
vagea tout le pays sur son passage, y imprima
une profonde terreur, et fit sauter les fortifi-
cations de Jaffa. Il rentra enfin en Egypte
après une expédition de trois mois, remplie
d événements merveilleux , 'qui ont rendu son
nom à jamais légendaire en Orient.
ACRÉE s. f. (a-kré). Entom. Genre d'insec-
tes lépidoptères, de la famille des diurnes,
répandu dans les régions tropicales des deux
continents.
ACREMENT s: m. Sorte de pelleterie ou de
cuir en usage en Turquie.
ACREMENT adv. (a-kre-man — rad. acre).
D'une manière acre, piquante : Qui reprend
plus àcrement que les bigots?
ACRÉMONIEN, ENNE adj. (a-kré-mo-ni-
ain, è-ne — rad. acrémonion). Bot. Qui res-
semble à un acrémonion, il s. m. pi. Bot. Nom
donné à une famille de champignons.
ACRÉMONION s. m. (a-kré-mo-ni-on —
du gr. a^ros, sommet). Bot. Petit champignon
qui pousse sur les feuilles du hêtre et du chêne
presque pourries.
âcreté s. f. (â-kre-té — rad. acre). Qualité
de ce_qui est acre : Quand les arbres sont gref-
fés, les fruits qu'ils portent perdent beaucoup de
leur acheté. (Trév.) C'est à /'âcreté du sang
et surtout à celle des humeurs qu'il faut attri-
buer la fureur de beaucoup d'hommes. ("*)
— Fig. Qualité de ce qui est mordant, pi-
quant ; se dit du style, du ton, des paroles :
Il parla longtemps sur ce ton avec une Acreté
inouïe. (G. Sand.) Il fut soutenu par son supé-
rieur avec uneÂCRETÊ toute monastique. (J. ***.)
Lucien comprit à l'air aigre qui glaçait cette
figure envieuse, V âcreté des reparties que ce
journaliste semait dans sa conversation. (Balz.)
L'ironie, chez Le Sage,n'a aucune âcreté comme
chez Voltaire. (Ste-Beuve.)
— En parlant des sentiments : // s'aperçut
que ce rigorisme outré avait sa source dans
V âcreté de sa haine envieuse contre tout ce qui
Tùi était supérieur. (E. Sue.) i! Amertume:
//Âcreté de mes pleurs. (Lamart.) || Expres-
sion revêche, maussade de la physionomie :
Sa physionomie reprit tout à coup son âcreté
ordinaire. (Fr. Soulié.)
— Syn. Âcreté, acrimonie, aigreur. L'àCTCté
marque de la haine : Il a de /'âcreté dans
l'humeur. (Acad.) "L'acrimonie est une disposi-
tion constante àl'âcreté : Il y a de /'acrimonie
dans son caractère, dans ses discours. (Acad.)
L'aigreur est plutôt une disposition à mal
prendre tout ce qu'on fait et ce qu'on dit :
S'emporter dans la dispute à des mouvements
ef aigreur. (Pasc.)
ACR1BELLE s. f. (a-kri-bè-le). Mus. Espèco
de corde qui sert pour les instruments à ar-
chet : Les aCRiBEIAES ont eu beaucoup de peine
à triompher de la routine, mais aujourd'hui elles
jouissent d'une grande vogue. (F.' Clément.)
ACR •
ACRIBOLOGIE s. f. (a-kri-ho-Io-jî — du gr.
akribologia, recherche, soin minutieux). Choix
rigoureux du mot, précision dans le style.
ACRIBOMÈTRE s. m*, (a-kri-bc-mè-tro — du
gr. akribés, exact; metron, mesure). Instru-
ment destiné à mesurer les objets très-petits.
ACRIDIE s. f. (a-kri-di — du gr. akris, akri-
dos, sauterelle). Entom. Genre d'orthoptères
qui ressemblent aux sauterelles. V. Criquet.
. pi. Famille d'insectes de l'ordre des
orthoptères : /^acridiens sont répandus dans
lotîtes les parties du monde, et dans presque
toutes en très-grand nombre. (D'Orbigny.) La
plupart des acridiens exécutent leur chant par
le frottement des pattes postérieures contre les
étytres. (D'Orbigny.) il On dit aussi acridites.
acridites s. m. pi. (a-kri-di-te — rad.
acridie). Entom. Famille d'insectes de l'ordre
des orthoptères : Les acridites ont quelquefois
les ailes agréablement variées de rouge e' '
bleu. (Boitard.) il On dit. ' "
mot,
ACRIDOCARPE s. m. (a-kri-do-kar-pe -
si ACRIDIENS. V. co
Bot. Genre de plantes de l'Amérique,- dont k
fruit a quelque ressemblance avec la saute-
relle.
ACRIDOGÈNE adj. (a-kri-do-jè-i
T du gr.
casionné par les sauterelle!
ACRIDOGÉNOSE s. f. (arkri-do-jé-nc-ze —
du gr. akris, sauterelle ; génos, naissance).
Maladie des végétaux occasionnée par les
sauterelles.
acridophaGe adj. et s. (a-kri-do-fa-je —
du gr. akris, sauterelle ; phagâ,]ù mange). Qui
se nourrit de sauterelles : En Afrique, il y a des
peuples ACRtooPiiAGEs. (Encycl.) il Niebuhr,
témoin oculaire, rapporte que les Arabes font
griller ces insectes sur du charbon, et les
mangent en grande quantité.
acridophagie s. f. (a-kri-do-fa-jî — rad.
acridophagé). Habitude de manger des saute-
relles.;
ACRIDOTÈRE s. m. (a-kri-do-tè-re— du gr.
akris, sauterelle; thèrâo, je chasse). Ornith.
Genre d'oiseaux restreint aux seules espèces
des martins qui sont destructeurs des saute-
relles.
acrimonie s. f. (a-kri-mo-nî — du lat.
acrimonia). Acreté, acidité, âpreté : La méde-
cine aujourd'hui ne croit plus à /'acrimonie des
humeurs.
— Fig. Maussaderie, aigreur : Ces malheurs
firent sur l'esprit du froid littérateur une im-
pression profonde ; /'acrimonie de son caractère
s'en accrut. (B. Constant.) // est facile de voir,
d la teinte (/'acrimonie et de colère qui règne
dans toute cette lettre, qu'Ina cherche peut-être
à s'exagérer à elle-même les torts de son amant.
(E. Sue.) il Peut s'empl. au pluriel : Mode-
moiselle était, sans s'en douter, très-heureuse
de ces petites querelles qui servaient d'émonc-
toire à ses acrimonies. (Balz.)
— Syn. Acrimonie , âcrelc, aigreur. V.
Acreté.
acrimonieux, euse adj. (a-kri-mo-ni-
eu, eu-ze — rad. acrimonie). Acre, qui a de
l'acrimonie: Ces selssont acrimonieux. (Acad.)
— Fig. Aigre,' mordant : Les critiques de
profession prouvent trop souvent qu'onpeut être
acrimonieux sans être piquant. (Carp.) //acri-
monieux Linguet fut partisan tour à tour des
jésuites et des philosophes, du paradoxe et de
la vérité. (Lerminier.)
aigre. V. ACERBE.
Acrimoniehsement adv. (a-kri-mo-ni-
nière acrimonieuse, avec acrimonie : Jlepartir
ACRIMONIEUSEMENT.
ACRINIE s. f. (a-kri-nî — du gr. a priv.;
krim'i, je sépare). Méd. Diminution, absence
d'une sécrétion.
acrisie s. f. (a-kri-zî — du gr. a priv. ;
krisis, crise). Méd. Absence de crise dans la
guérison d'une maladie.
ACR1SICS, arrière petit-fils de Danails et pire
de Danaé, appartient plutôt à la mythologie
qu'à l'histoire. Il chassa son frère Prœtus du
royaume d'Argos (1361 av. J.-C), et fut tué
par son petit-hls Persée.
ACRITES s. m. pi. (a-kri-te— du gr. akritos,
confus). Zool. Division du règne animal, com-
prenant" les infusoires, les polypes et une
partie des intestinaux.
ACRITIQUE adj. (a-kri-ti-ke — rad. acrisie).
Pathol. Qui a lieu sans crise, qui n'annonce
pas de crise : Pouls acritique.
ACROAMA s. m. (a-kro-a-ma — du gr.
akroaomai, entendre). Dans l'ancien théâtre
grec, Intermède de musique instrumentale
dans les jeux publics, il Chez les Romains,
Récréation dramatique ou musicale dans les
maisons particulières, et lecture faite par un
esclave.
ACROAMATIQUE OU ACROATIQUE adj. (a-
krc-a-ma-ti-ke,a-kro-a-ti-ke— du gr .akroaomai,
entendre, écouter les leçons d'un maître). Se
dit de certaines doctrines non écrites, mais
transmises oralement à un petit nombre d'é-
lus, particulièrem. des doctrines d'Aristote,
ACR
Plutarque parle d'une lettre d'Alexandre à
Aristote, dans laquelle le conquérant dit : Tu
as eu tort do publier tes traités acroamatiques.
Acroamatique, acroatique, sont les synonymes
de ésotérique, intérieur ( enseignement inté-
rieur de l'école), et le contraire de exotérique,
extérieur, destiné au public. Il Livres acroati-
ques, Livres dans lesquels les poètes anciens
traitaient des matières sublimes ou cachées,
qui ne pouvaient être comprises que des
adeptes.
ACROBALISTE s. m. Y. Acrobolistb.
ACROBAPHE OU ACROBAPHTE adj . (a-krO-
baf, ba-fte — du gr. akron, extrémité; baphé,
tache). Entom. Se dit d'un genre d'insectes
qui ont uno tache au bout de l'aile.
ACROBATE s. (a-kre-ba-te — du gr. akron,
extrémité ; bainô, je marche). Celui ou celle
qui danse sur la corde : La pauvre acrob.vtu
fut précipitée d'une hauteur de trente mètres.
(Journ.) // revint en courant sur le tronc ar-
rondi dun jeune érable, avec une adresse qui
eût fait honneur à un acrobate de profession,
(G. Sand.)
— Fig. Se dit, en littérature, en politi-
que, otc., de ceux qui, ne prenant .pas leur
profession au sérieux, cherchent à éblouir, à
irapper par des procédés qui sortent de l'or-
dinaire : La plupart des critiques actuels sont
des acrobates qui font des tours pour gagner
leur vie. (Balz.) n Se prend toujours en mauv,
part.
ACROBATICON s. m. ( a-kro-ba-ti-kon).
Sorte d'échafaudage que les ancîensGrecs con-
struisaient, dans les sièges, pour dominer la
nlrrpA i>f. nhwrvnT rv> mi'v ft'v n.l^ftflit. C'M.ïlit
ACROBATIQUE adj. (a-cro-ba-ti-ke — rad.
acrobate). Qui concerne les acrobates, qui est
fait à la manière des acrobates : Mon éduca-
tion acrobatique, qui développait ma vigueur,
mon agilité, mon adresse, lui paraissait préfé-
rable à la stérile éducation universitaire qu'il
avait reçue. (E. Sue.) Lorsque le théâtre des
Funambules eut substitué le vaudeville et le mé-
lodrame aux exercices acrobatiques, un co-
mique d'un autre genre y acquit une réputation
toute spéciale ; c'est Debureau. (Journ.)
— Mécan. Se dit des machines qui servent
à soulever des fardeaux.
ACROBATISME s. m. (a-kro-ba-tiss-mc —
rad. acrobate). Néol. Profession, métier d'a-
crobate : Nous avions devant les yeux le Ma-
thusalem de ^'acrobatismb, le patriarche des
funambules. (Th. Gaut.)
ACROBOLISTE OU ACROBALISTE S. m.
(a-kro-bo-liss-te — du gr. akrobolistès , qui
lance de loin). Antiq. gr. Cavalier qui enga-
geait le combat. Il était armé de traits.
ACROBRYE s. f. (a-kro-brî — du gr. afcron,
sommet; bruà, je Bourgeonne). Bot. Groupe
de végétaux dont l'accroissement a lieu uni-
quement par le sommet de la plante. ,
ACROBUSTITE s. f. (a-kro-buss-ti-te —du
gr. akrobustia, défaut de circoncision). Vétér.
Inflammation du fourreau chez les animaux,
et narticulièrcm. chez le cheval , le mouton
et le chien.
— Môd. On a aussi donné ce nom à l'inflam-
mation du prépuce chez l'homme.
ACROCARPE adj. (a-kro-kar-pc— du gr.
akron, sommet; karpos, fruit). Bot. Se dit des
mousses dont la fructification a lieu à l'extré-
mité des rameaux.
— s. f. pi. Bot. Subdivision de la famillo
des mousses.
ACROCENTRE s. m. (a-kro-san-tre — du
gr. akron, sommet; kentron , pointe). Bot.
Section du genre centaurée, comprenant une
trentaine d espèces que l'on cultive dans les
jardins do botanique.
aCROCBFHALE s. m. (a-kro-sé-fa-lc — du
gr. akrSn, sommet ; képhalê, tête). Bot. Genre
de plantes herbacées, appartenant à l'Inde et à
Madagascar.
ACROCÉRAUMENS (Monts), c'est-a-dirc
monts exposés à la foudre. Chaîne de la Grèce
occidentale, en Epire. On les nomme aujour-
d'hui monts de la Chimère. Leur versant occi-'
dental présente des précipices affreux, des
pics élevés et sombres, un sol aride.
ACROCÈRE s1, m. (a-kro-sè-re — du gr.
akron, sommet; lieras, corne). Entom. Genre
de diptères vésicuteux très-petits, et qui ha-
bitent les lieux aquatiques.
ACROCÉRIDE adj. (a-kro-sé-ri-de — rad.
acrocére). Qui ressemble à un acrocère.
— s. m. pi. Entom. Famille de diptères,
ayant pour type le genre principal acrocère. .
ACROCHÈTE s. f. (a-kro-kè-te — du gr.
akron, sommet; chaité, crin). Entom. Genre
d'insectes diptères que l'on trouve au Brésil.
ACROCHIRISME s. m. (a-kre-ki-riss-mc —
du gr. akron, extrémité; clteir, main). Chez
les anciens Grecs, exercice gymnastique dans
lequel on luttait à la force du poignet et dos
doigts, sans engager d'autres parties du corps.
ACROCHIRISTE s. m. (a-kro-ki-riss-te —
rad. achrochirisme). Lutteur qui s'exerçait à
l'acrochirisme.
acrochorde s. m. (a-kro-kor-de -
. akrochordon , verrue). Erpét. Genn
du
reptiles ophidiens non venimeux, dont toutes
ÀCË,
les parties du corps sont revêtues d'écaillés
ayant l'apparence de verrues.
ACROCHORDON s. m. ( a-kro-kor-don ~-
du gr. akron, extrémité; chordè, corde).
Méd. Maladie de la peau, qui consiste en une
espèce de verrue portée sur un pédicule de
longueur et de grosseur variables. Ainsi nom-
mée, parce qu'étant retenue à la peau par un
filet délié, elle semble pendre comme une
corde.
ACROCHORISME s. m. (a-kro-ko-riss-me
— du'gr. akron, sommet; choros, danse).
Ant. gr. Danse qui consistait à écarter vi-
vement les bras et les jambes en les.agitant.
ACROCIne s. m. (a-kro-si-ne— du g. akron,
pointe; kineô, je meus). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères, tribu des lamiaires.
ACrocome s. m. (a-kro-ko-me — du gr.
akron, sommet; komé, chevelure). Bot. Genre
do palmiers, ainsi nommé à causede l'élégante
masse de feuilles qui couronne sa tige, il Adj.
Epithôte qu'Homère donne auxThraces, parce
qu'ils portaient une touffe de cheveux au
sommet de la tête,
ACRODACTYLE s. m. (a-kro-dak-ti-le — du
gr. akron; sommet; daktulos, doigt). Ornith.
Face supérieure des doigts d'un oiseau.
ACRODICLIDË s. m. (a-kro-di-kli-de — du
gr. akron, sommet ; diklis, idos, porte à deux
battants). Entom. Genre d'insectes ichneu-
moniens, de l'ordre des hyménoptères.
ACRODYNIE s. f. (a-kro-di-ni — du gr.
akron , sommet; odunâ, douleur). Méd. Ma-
ladie epidémiquedont le symptôme le plus
saillant est un fourmillement douloureux
ayant son siège le plus souvent aux pieds, et
plus rarement aux mains : Z'acrodynie sévit
à Paris en 1828 et 1829.
— Encycl. Des engourdissements, des four-
millements, des élancements se faisant sentir
aux mains et aux pieds, et s'aceompagnant
d'une perversion ou d'une diminution de la
sensibilité de ces parties, la contracture, la
paralysie et l'amaigrissement des membres, un
trouble variable des fonctions digestives, con-
sistant le plus souvent dans une diarrhée opi-
niâtre, une irritation plus ou moins vive de la
conjonctive, un œdème partiel ou général peu
douloureux, des éruptions diverses à. la peau :
telle est, en quelques mots, -la description des
symptômes de Vacrodynie. On a cherché la
cause de cette maladie dans la mauvaise qua-
lité des aliments, pain, vin, eau, sel, lard ,
pommes de terre, etc. Le traitement gu'on doit
lui opposer est jusqu'ici fort incertain.
ACROGÈNE adj. (a-kro-jè-ne — du gr.
akron, sommet; genos, naissance). Bot. Nom
que M. Lindley donne aux acotylédones, parce
que ces plantes croissent surtout par le som-
met : Les plantes acrogénes étaient à leur
maximum de développement dans les terrains
paléozoïques. (L. Figuier.)
— Miner. Se dit d'un cristal qui dôrive'd'un
rhomboïde par des décroissements sur les
angles et les bords supérieurs.
ACROGYRE adj. (a-kro-ji-re — dugr. akron',
sommet; guros, cercle). Bot. Se dit des fou-
gères dont les fruits sont couronnés par un
ACROL s. m. (a-krol). Syn. de acroléine.
V. ce mot.
ACROLÉate s. m. (a-kro-lé-a-te — rad.
acroléine). Chim. Nom générique des sels
formés par la combinaison de l'acide acroléi-
quo avec une base. Les acroléates sont sou-
vent désignés sous le nom à'acrylates.
ACROLÉINE S. f. OU ACROL s. m. (a-kro-
lé-i-ne — de acer) aigre, acre, et oléine).
Chim. Liquide incolore, dont la vapeur irrite
au plus haut point les yeux et les voies
respiratoires. C'est ce corps qui constitue la
vapeur acre et irritante que la chaleur déve-
loppe sur les graisses et les huiles grasses.
L'acroléine s'obtient par la distillation d'un
mélange de glycérine et d'acide phosphorique
anhydre.
ACROLÉIQUE adj. (a-kro-lé-i-ke — rad.
acroléine). Chim. Se dit d'un acide qui se pro-
duit par l'oxydation de l'acroléine. On pré-
pare 1 acide acroléique en faisant réagir l'acro-
léine et l'oxyde d'argent; il se forme de
l'acroléate d'argent qui. traité par l'acide suif-
hydrique , donne de 1 acide acroléique. L'a-
cide acroléique, appelé encore acide acrylique,
est un liquide limpide, d'une odeur acide,
agréable, semblable à celle du vinaigre.
. ACROLÉPIS s. m. ( a-kro-lé-piss — du gr.
akron, sommet; lepis, écaille). Foss. Genre
de poissons fossiles de la famille des sauroïdes.
ACROLITHE s. f. (a-kro-li-te— du gr. akron,
extrémité; lithos, pierre). Antiq. .Statue de
bois, dont les extrémités étaient en pierre ou
en marbre.
ACROLOGIE s. f. (a-kro-lo-jî— du gr. akron,
sommet; logos, discours). Philos. Recherche
des premiers principes, ou de l'absolu.
— Paléog. Sorte d'écriture hiéroglyphique
dans laquelle les idées sont rendues au moyen
d'objets dont le nom commence par la même
lettre que ceux qu'on veut exprimer .L',\cno-
LOGIE est un système burlesque, qui n'a aucun
fondement raisonnable. (Suppl. acad.) Il y a
des écrivains qui prétendent expliquer les hié-
roglyphes par Z'acrolocie. (Suppf. acad.)
ACROLOGIQDE adj. (a-kro-lo-ji-ke — rad.
ACË
acrologie). Qui a rapport à l'acrologie : Sys-
tème acrologiq.uk.
acroLOPhe s.m.(a-kro-lo-fe— du gr. akron,
sommet; lophos, aigrette). Entom. Genre d'in-
sectes lépidoptères de la famille des nocturnes.
ACROMIAL, ALE, AUX adj. (a-kro-mi-al,a-
le, ô — rad. acromion). Anat. Qui appartient à
l'acromion : Artère acromiale. Ligaments
ÀCR
79
ACROMIO-CORACOÏDIEN , ENNE adj. {a-
kro-mi-o-ko-ra-ko-i-di-ain — de acromion et
coracotde). Se dit d'un ligament tendu trans-
versalement entre l'apophyse coracoide et
l'acromion. v /
ACROMIO-HUMÉRAL adj. et s. m. (a-kro-
mi-o-u-mé-ral — de acromion, et du lat. hu-
mérus, épaule). Se dit d'un muscle qui va do
l'acromion à l'humérus, et qu'on appelle aussi
deltoïde.
ACROMION s. m. (a-kro-mi-on — du gr.
akron, extrémité; àmos, épaule). Anat. Apo-
physe qui termine la partie supérieure de
l'omoplate, et qui s'articule avec la clavicule.
ACROMONOGRAMMATICUM S. m. (a-kro-
mo-no-gram-ma-ti-komm — du gr. akron,
extrémité; monos, seul, et gramma, lettre).
Littér. anc. Genre de composition poétiquo
dans lequel chaquo vers commençait par la
dernière lettre du vers précédent.
ACROMPHALE s. m. (a-kron-fa-Ie— du gr.
akron bout; omphalos, ombilic). Anat. Extré-
mité du cordon ombilical qui tient au nom-
bril de l'enfant.
ACUON, médecin d'Agrigente (Sicile), vivait
au temps de la grande peste qui ravagea l'At-
tique (vers 429 av. J.-C). Il eut, dit-on, le
premier l'idée de faire allumer de grands feux
pour chasser le fléau.
ACRON (Hélénius) , scoliaste latin de la fin
du ive siècle, a laisse sur Horace un commen-
taire précieux pour l'étude de ce poète ( publ.
à Milan, 1474).
ACRONE adi. (a-kro-ne). Bot. Se dit d'un
ovaire qui ne s élargit point à la base.
ACRONYCTE s. f. (a-kro-nik-te — du gr.
akronukios, qui se montre au commencement
de la nuit). Entom. Genre d'insectes de l'ordre
des lépidoptères, famille des nocturnes.
ACRONYQUE adj. (a-kro-ni-ke — du gr.
akros, extrême; nux, nuit). Astron. Se dit
d'une étoile ou d'une planète, lorsqu'elle est
du côté du ciel opposé au soleil. Le lever d'un
astre est acronyque lorsqu'il a lieu quand le
soleil se couche.
ACROPATHIE s. f. (a-kro-pa-tï — du gr.
akron, extrémité; pathos, souffrance). Patbol.
Douleur à l'extrémité d'une partie quelconque
du corps.
ACROPATHIQUE adj. (a-kro-pa-ti-ke — rad.
acropaf/u'eJ.Pathol.Qui concerne l'acropathic.
ACROPÈRE s- f. (a-kro-pè-re — du gr. akron,
sommet ;péra, sac, poche). Bot. Genre d'or-
chidées vandôes, voisin du genre maxillaire.
ACROPHORE s. m. (a-kro-fo-re — du gr.
akron, sommet; pherà, je porte). Bot. Genre
d'asplcniacécs, établi sur une plante de Java.
ACROPODE s. m. (a-kro-po-de— du gr.
akron, sommet; pous,pados, pied). Hist. nat.
Côté supérieur du pied des oiseaux.
ACROPODIUM s. m. (a-kro-po-di-omm —
du gr. akron, extrémité ; pous, podos, pied).
Archit. Plinthe basse et carrée qui supporte
une statue et fait souvent corps avec elle.
ACROPOLE s. f. (a-kro-po-le— du gr. akros,
élevé; polis, ville). Antiq. Partie la plus
élevée des cités grecques^ et qui servait de ci-
tadelle : //acropole d'Athènes. Les acropoles
pèlasgiques les mieux conservées et les plus
considérables sont celles de My cènes et de
Tirynthe. Il Employé absolum. , ce mot sert
toujours à désigner l'acropole d'Athènes : La
rapidité des transports a fait de tels progrès,
qu'on peut aller en sept jours du Louvre d
I'Acropole. (E. About.) il V. l'article suivant.
ACROPOLE. La plupart des villes grecques
étaient protégées par une citadelle située sur
un rocher qui les dominait; d'où le nom d'a-
cropole, formé de deux mots grecs signifiant
ville haute. Semblables au Capitole de Rome,
ces lieux étaient tout à la fois 1 enceinte sacrée
et la citadelle ; ils renfermaient les principaux
édifices, les temples , les archives , le trésor
public, ete. L'acropole d'Athènes, voisine de
la colline de l'Aréopage, était l'acropole par
excellence, et elle jouit d'une grande célébrité
dans l'histoire. A 1 origine , elle s'appelait Ce-
cropia, de Cécrops, son fondateur. Les parties
les plus remarquables étaient : les Propylées,
vestibule magnifique auquel on arrivait après
avoir suivi un sentier sinueux, élevé par ordre
de Périclès, supporté par six grosses colonnes,
et dont les plafonds de marbre blanc se com-
posaient de blocs énormes; à droite des Pro-
pylées , le • temple de la Victoire . d'où l'on
dominait la mer; en face, et sur le haut du
plateau, s'élevait le Parthénon, le plus admi-
rable monument qui soit sorti de la main des
hommes i à gauche du Parthénon, on remar-
quait l'Erechthéion, magnifique temple égale-
ment en marbra blanc, comprenant lui-même
deux temples consacrés, l'un à Neptune,l'autre
a Minerve Poliade, protectrice de la ville. C'est
là qu'on admirait lu statue colossale de cette
déesse, toute en or et en ivoire, chef-d'œuvre
de Phidias.EUe était si haute que du cap Su-
nium, à cinq lieues d'Athènes , on apercevait
le fer de la lance et l'aigrette dû casque de
Minerve.Dans le temple d'Erechthée, on voyait
la fontaine d'eau salée que Neptune fit jaillir
d'un coup de son trident, et dans celui de Pan-
drose, autre temple de l'Acropole , oh conser-
vait l'olivier que Minerve avait fait naitre lors
de sa dispute avec le dieu des mers.
Quand les Turcs eurent envahi la' Grèce,
l'Acropole leur servit de citadelle, et ce sont
eux qui commencèrent à dégrader les magni-
fiques monuments qui la décoraient. En 1G87,
les Vénitiens la bombardèrent et contribuèrent
à la dévastation des chefs-d'œuvre dont les
Athéniens, s'enorgueillissaient à si juste titre.-
Il ne reste plus aujourd'hui que des débris
de l'Acropole. De misérables cabanes sont bâ-
ties sur le sol occupé jadis par des temples ;
des masures s'appuient contre les colonnes et
disputent le terrain aux ruines qui subsistent
encore ; les statues de marbre et de métaux
précieux ont entièrement disparu; les mu-
railles ruinées ont été grossièrement restaurées
en quelques endroits , et l'on retrouve à peine
çà et là quelques traces de la' construction
antique.
Pour la description des autres acropoles, voir
aux différentes villes où elles se trouvaient:
Balbek, Corinthe, Mycènes, Tirynthe^ etc.
ACR0P0L1TE (George), un des historiens
grecs de la Byzantine, né a Constantinople,
vers. 1220, .mort vers 1282. 11 a écrit la partie
qui s'étend de 1204 à 1201. Grand logothète ou
ministre, il avait été envoyé au concile de
Lyon (1264) pour travailler à l'extinction du
ACR05ARQUE s. f. (a-kro-zar-ke — du gr.
akron, sommet; tarse, pulpe). Bot. Fruit,
charnu, sphérique et soude avec le calice,
comme dans les groseilles.
ACROSOPHIE s. f. (a-kro-zo-R — du gr.
akros, extrême; sopliia, sagesse). Néol. Sa-
gesse suprême, celle qui n'appartient qu'à
Dieu.
ACROSPERME s. m. (a-kro-spèr-me — du
gr. akron, sommet; sperma, semence). Bot.
Genre de champignons.
ACROSPIRE s. f. (a-kro-spi-re — du gr.
akron, sommet; speiron, enveloppe). Bot. Fi-
laments que pousse l'orge on germination. ■"
ACROSTIC ou ACROSTIQUE s. m. (a-kro-
stik, sti-ke — du gr. akron, sommet; stichos,
rangée). Bot. Genre de fougères dont l'espèce
la plus remarquable est l'acrostic à cornes d'é-
lan : Les capsules des acrostics sont si multi-
pliées et si pressées les unes contre les autres,
qu'elles recouvrent ordinairement toute la sur-
face inférieure des feuilles. (Mirbel.)
ACROSTICHACÉES s. f. pi. (a-kro-sti-ka-sé
— du gr. akron, sommet; stichos, rangée).
Bot Tribu de la famille dos fougères.
acrostiche s. m. ( a-krc-sti-che — du
gr. akron, extrémité ; stichos, vers). 'Petito
pièce de poésie dans laquelle chaque vers
commence par uno des lettres du mot quo
l'on a pris pour sujet , lequel mot se trouve
ainsi reproduit verticalement à la marge.
Quelquefois on double la difficulté en faisant
en sorte que les lettres se trouvent égale-
ment répétées à la fin des vers dans le même
ordre qu'au commencement, de manière à
reproduire de nouveau le nom qui Jait le
sujet de l'acrostiche. Enfin , il arrive parfois
que la difficulté prend des porportions formi-
dables : l'acrostiche est triple et même qua-
druple. Dans ce dernier cas, on fait usage de
vers de dix ou de douze pieds, et le mot qui
fait le sujet du tour do force se trouve vertiT
calement reproduit au commencement et à
la fin de chaque hémistiche
— Hist. L'usage de l'acrostiche est fort an-
cien. Les comédies de Plaute sont précédées
d'un argument dont les premières lettres réu-
nies forment le titre de la pièce. Cicéron paraît
croire que les oracles sibyllins se rendaient en
vers acrostiches. L'acrostiche passa avec l'u-
sage de la langue latine chez les écrivains des
premiers siècles de l'ère chrétienne.- Il fleurit
au moyen âge dans les cloîtres; U occupa
l'esprit des poètes de la Renaissance, qui en
augmentèrent à l'envi les difficultés. Aujour-
d'hui l'acrostiche est à peu près abandonné, et
l'on traite volontiers de laborieuses niaiseries,
nugve difficiles, tout ce qui ressemble à ce jeu
d'esprit.
Charles II, roi d'Angleterre, était gouverné
par un conseil particulier qu'il s'était fait
d'après son goût. On appelait ce conseil la
Cabale , parce que les lettres initiales des
noms des cinq personnes qui le composaient
formaient le mot cabal :
Cliffort
>shley
Wuckingham
t>rlington
fauderdale
Voici quelques exemples d'acrostiches :
Ttor lui l'amour a vu relever ses autels,
Et son front fut couvert de lauriers éternels.
Hout lui fait un dieu d'une simple mortelle,
ïdeine de tous les cœurs, mais trop maltresse d'elle:
> la nature il semble inspirer ses transports;
SJanimé par l'espoir de vaincre cette belle,
(Ouel Orphée a jamais égalé ses accords?
Cne beauté 6i sage, un amant si ûdêle
Hternisent Vaucluse et font chérir ses bordi. .
celle qui sait me plnire;
m amant doit se taire,
l'impétueux. désir, .
Zé dans une lie, une Ile a vu finir sa vie. '
>u siège de Toulon éclata .son génie. ,
Proclamé général, consul, puis empereur,
Oh ! qu'il fut grand partout, même dans le malheu
res traîtres, les saisons et le destin - — — •—
Hnsemble conjurés avec l'Europe er
Ont pu le renverser... Mais la fatali
Acrostiche présente, à Louis XIV par un
poète gascon , qui avait plus d'esprit que
d'argent : ■' ,' ( ■ " ' "
fouis est un héros sans peur et sans reproche ;
On désire le voir. Aussitôt qu'on l'approche,-
Acrostiche' double :
Konrtrts-heùreùx d'une que j'ai
-Mais voici le. chef-d'œuvre du genre, pour
lequel on a formé le mot barbare pentacros-
liche. 11 a pour titre Labyrintkus poeticus, eta
été composé en l'honneur du grammairien Blu^
teaiK Si l'on part de là lettre B, qui est au
centre du chef-d'œuvre, en remontant ou en
descendant, horizontalement, par la-droite ou
par la gayclie, on rencontre toujours Dluteau
écrit en lettres-majuscules:
<j," -,> Kl Y-H .. . C H H > <
ACRÇSTIQUE s. m. V. Acrostic.
ACROSTOLE s. m. (a-kfos-to-le — du gr.
alcros, élevé; siolos, ornement). Mar. Mot qui
signifia d'abord les, parties élevées des extré-
mités d'un navire, et qui désigna ensuite les
ornements et les sculptures de ta proue. L'a-
crostole affectait la forme d'un bouclier, d'un
casque, d'un animal, etc., et plus souvent
d'une spirale ou d'un cercle. '
' ACROTARSE s. m. ( a-kro-tar-se — du gr.
akron, extrémité; tarsos, plante du pied).
Ornith. Face intérieure du pied d'un oiseau.
ACROTÈRE s. m. ( a-hro-tè-re — du gr.
akrotèrion, extrémité). Archit. Piédestal sans
base et sans corniche,' destiné à supporter dos
statues , des vases et autres ornements : Ces
murs, légèrement inclinés en talus, étaient sur-
montés d'un acrotére capable d'arrêter qui-
conque eût essayé de les franchir. (Th. Gaut.)
On voit des acroterks au fronton du portique
dorique d'Athènes. (Millin.) Le gros œuvre est
couronné par un acrotere à motifs qui pour -
' tourne le chéneau. (L.-J. Larcher.-) Il Se dit
Quelquefois pour dosseret, en parlant des pe-
tits murs qu'on place d'espace en espace dans
les balustrades. 11 Amortissement des toits. 11
Se dit aussi dos jetées naturelles des ports.
— s. m. pi. Anat. Les extrémités du corps,
la tête, les mains, les pieds.
ACROTÉRIASMB s. m. (a-kro-té-ri-a-sme —
ACT
du gr. akrôtèriazein , mutiler). Chir. Ampu-
tation'd'un membre.
ACROTÉRIOSE s. f. (a-kro-té-ri-o-zç — du
gr. ahrôtèrion, extrémité). Pàthol. Gangrène
sénile des extrémités des membres.
ACROTHAMNIUM s. m. (a-kro-tam-ni-omm
—du gr.akron, sommet; tluimnion, arbrisseau).
Bot. Genre de champignons qui croit parmi
les mousses, au pied des arbres. • , ,.,.
ACROTHYMION s. m. (a-kro-fi-mi-on —
du gr. altron, extrémité ; thumos,- thym). Sorte
de verrue conique, rugueuse et saignante, qui
a quelque ressemblance avec la-fleur du thym.
ACROTISME s. m. ( a~kro-'ti-smé — du gr.
akron, extrémité). Philos. Recherche, étude
des causes 'premières, dès principes fonda-
mentaux. 11 Philosophie transcendantale.
ACRYLATE s. m. (a-kri-la-te)..Synon. de
acroléate. V. ce mot.
acrylique adj. (a-kri-li-kc) . Synon. de
acroléique. V. ce mot.
ACTA s. m. pl.-(ak-ta). Mot latin employé'
quelquefois comme synonyme de gesta, dans
les traités d'hygiène. :
ACTA ERUD1TORUM (ak-ta-é-ru-di-to-
romm — actes des érudits). Titre du premier
journal littéraire qui ait paru en Allemagne.
Ponde en 1680 par Otto Mencke, professeur à
Leipzig, il n'admettait que des comptes rendus
complets et exacts. Il compta Leibnitz au
nombre de ses collaborateurs.
ACTA EST FABULA, mots latins qui signi-
fient : La pièce est jouée. C'est par ces mots
que le régisseur du théâtre antique annonçait
aux spectateurs que la représentation était ter-
minée et qu'ils pouvaient se retirer.
Cette formule a pris un caractère historique'
en passant par là bouche d'Auguste, qui eut
le singulier courage de l'appliquer à sa propre
vie, laquelle,en eftet, n'avait été qu'une comédie
habilement jouée. Sur le point d'expirer, et se
sentant affaibli de plus en plus, il demanda un
miroir , se fit- peigner les cheveux et raser la
barbe ; après quoi il ajouta : « N'ai-je pas bien
joué mon rôle? — Oui, lui répondit- on. —
Battez doue des mains, dit-il ; la pièce est
finie! Plàudite, acta est fabula! »
Notre Rabelais faisait aussi allusion à cette
phrase dans les mêmes circonstances, et la
traduisait à sa manière. Au moment de rendre
l'ilméj'il s'écria, dans un dernier éclat de' ce
rire cynique et sardonique qui dura toute sa
vie : Tirez le rideau, la farce est jouée! ,
, Vacta est fabula, est.le consummatum est du
paganisme ; ces deux exclamations nous sem-
blent caractériser admirablement les deux re-
ligions : là, un rire bouffon ; ici, un cri sublime.
" Combien de fois, depuis l'origine de cette
épouvantable révolution et des guerres fatales
qu'elle a amenées, avons-nous eu toutes les
raisons du monde de dire : Acta est. fabula, et
cependant la scène continue toujours ! »
* Joseph de Maistre.
ACTA SANCTORUM (ak-ta-sank-to-romm —
Actes des saints). Sous ce nom on désigna d'a-
bord les extraits qui s'étaient conservés des
procès subis par les martyrs de l'Eglise chré-
tienne ; ces extraits étaient aussi appelés Acta
martyrum; puis le mot d'acte s'appliqua par
extension aux récits circonstanciés de la vie
et de la mort de tous les saints ; enfin les mots
Acta sanctorum servirent de titre à toute col-
lection de ces récits.
Sensée de ses auteurs à présenter, selon l'or-
re du calendrier ,■ la vie de tous les saints de
l'Eglise catholique. Commencée en 1643, à
Anvers, par le jésuite Bollandus, sur l'ordre de
ses supérieurs, cette grande et curieuse collec-
tion fut continuée par d'autres jésuites que le
nom de Bollandus a fait appeler Bollandistes.
Au moment où elle fut interrompue par la ré-
volution (1794), elle formait cinquante-trois
volumes in-iolio et n'atteignait que le 14 oc-
tobre. A plusieurs reprises, les voix les plus
diverses, Monge, au nom de l'Institut; M. Ûui-
zot, au nom de la science historique ; les hom-
mes d'Etat de la Belgique, au nom de l'honneur
national , insistèrent sur l'utilité de la conti-
nuation de ce précieux recueil.
Par un vote des Chambres belges du. 8 mai
1837, l'existence d'une nouvelle société de Bol-
landistes, prise dans le sein de la compagnie de
Jésus, fut assurée, et deux volumes nouveaux,
formant un total de plus de deux mille quatre
cents pages, furent publiés de 1845 à 1S53. On
peut regretter, avec M. Renan, que les Bol-
landistes aient préféré l'ordre artificiel et ar-
bitraire du calendrier ou classement par épo-
ques et par nationalités. « Un reproche bien plus
grave qu'on a pu leur adresser, dit le même
écrivain , est de préférer sans cesse au rôle
d'éditeurs, pour lequel ils étaient si bien pré-
parés, celui de critiques, qu'ils ne pouvaient
convenablement remplir. En reproduisant les
légendes, ils retranchent parfois ce qui les cho-
que , et ce qui les choque est souvent ce qui
nous intéresserait le plus ; ils dissertent naïve-
ment sur les miracles qui doivent être admis
ou rejetés, et ne voient pas qu'avec cette mé-
thode ils font trop ou trop peu. Ils font trop
pour la foi simple , qui n'a pas besoin de ces
raisonnements, et qui procède par de tout autres
voies que celles de fa critique ; ils font trop
peu pour la critique indépendante , qui a bien
ACT
d'autres exigences , et ne se contente pas de
ces timides concessions. ■ M. Guizot a compté
les légendes qui remplissent les Acta saneto-
rum; il en a trouvé vingt-cinq mille ; il a mon-
tré que ces légendes de saints furent la vraie
littérature de la première moitié du moyen
âge et servirent d'aliment à la vie intellec-
tuelle , morale , esthétique" même de ce temps.
— Pour M. Alfred Maury, les vies des saints
sont la mythologie du christianisme.
- ACTE s. m. (ak-te — du lat. actus action,
mouvoment, ou de actum, chose faite). Exer-
cice de la faculté'd'agir; résultat de cette fa-
culté ; manifestation d'une force ou d'une vo-
lonté : L'homme fut créé par un acte de la
puissance divine.1 (Bail, de St-Martin.) Tous
tes actes de l'entendement qui nous portent à
Dieu nous élèvent au-dessus de nous-mêmes.
(J.-J. Ronss.) La moralité de chaque action
humaine est -fixée par un acte momentané et
irrévocable. (J.de Maistre.) Tout acte d'au-
torité exécuté par un homme Sur un homme est
lyrannique, s'il n'est absolument nécessaire au
bien public. (Beccaria.) Z.'acte moral a des
conséquences plus graves que /'acte intellec-
tuel. (Bautain.) Les savants ignorent comment
/'acte de la vision donne naissance à la sensa-
tion. (Arago.) /.'acte de la fécondation restera
sans doute toujours un mystère. ("*.)
— Absol. Exécution, par opposition à in-
tention; fait, par opposition a paroles : On
juge les hommes d'après les actes et non d'a-
près les intentions. Je hais les phrases qui
n'ont pas lés actes pour caution. (E. de Gir.)
Les actes sont des mâles, les paroles sont des
femelles. (Th. Leclercq.) 11 En métaphysique,
se dit par opposition a puissance, c est-à-dire
à faculté de réaliser : La conséquence est bonne
de /'acte à la puissance. (Acad.)
— Action humaine , bonne ou mauvaise,
considérée'sous, le rapport du sentiment qui
Ta provoquée : Un acte de bravoure, de cha-
rité, de dévouement, de justice, de dignité. Un
ACTE.de faiblesse, de folie, de trahison, de ven-
geance, etc. Ces papiers ne seront jamais mis
au jour, si vous ne m'y contraignez par un acte
de folie. (G. Sand.) Il lui avait semblé certain
que jamais la fille n'obtiendrait un acte de
complaisance paternelle. (G. Sand.) Prenez
garde, le bandeau est tombé de mes yeux ; en
venant ici j'ai accompli un acte de démence.
(Alex. Dura.) Ainsi le populaire arrive quel-
quefois à son insu à l'accomplissement des actes
les plus, injustes et les plus féroces. (E. Sue.)
Que veneï-rous dé faire? - Un acte dé justice.
Corneille.
Il: Action humaine considérée dans ses résul-
tats, dans ses conséquences, et envisagée à
un point de vue général : Le mariage est l'un
des actes les plus importants de la vie. Vous
ne refuserez pas de sanctionner par votre pré-
sence /'acte qui va changer mon existence. (G.
Sand.) L'interdiction d'un homme se base sur
l'absence de toute raison dans ses actes. (Balz.)
Elle mettait une exactitude monastique dans
les moindres actes de sa vie. (Balz.)
— Faire acte de, Locution qui s'emploie
dans un'grand nombre de cast et dont le sens
est diversement modifié, suivant la nature
du complément : Faire acte de présence, Se
présenter un moment en quelque endroit, par
devoir ou par pure civilité : Après avoir fait
acte de présence «7 se retira, il Faire acte
d'autorité, Manifester son autorité d'une ma-
nière vive et prompte : Un bon père aime ra-
rement à faire acte d'autorité, h Faire acte
de soumission, Donner de vive voix ou par
écrit une preuve de soumission : Après trente
années de luttes, Witikind fit enfin acte de
soumission envers Charlemagne. Il Faire acte
de complaisance, Faire, par bonté de caractère
ou facilité d'humeur, une démarche à laquelle
on n'est point oblige : En vous rendant à mon
invitation, vous avez fait acte de complai-
sance. 11 Faire acte de bonne volonté, Faire une
démarche pour montrer la déférence que l'on
a pour quelqu'un ou l'intérêt qu'on lui porte :
Cet enfant a fait acte ce bonnf *"" ~—™. ■>
mérite donc un peu d'indulgence.
vernemènt. On ne gouverne point par des demi-
mesures une nation éclairée; 1/ faut de la
force et de l'unité dans tous les actes publics.
(Napol. I«.)
Je signe le premier cet acte vénérable.
Qui par tous les partis fut longtemps désiré,
M.-J. CnÉKIER.
— Mouvement religieux, sentiment de piété:
Un acte de foi; un acte de contrition, d'hu-
milité. Former un acte d'amour de Dieu. (Boss.)
On peut toujours faire /'acte de contrition.
(Pasc.) 11 Par ext. Formule qui exprime ces
sentiments : Vous trouverez dans ce livre de
prières les actes de contrition, (Acad.)
— Jurispr. Ecrit constatant un fait, une
obligation , une convention : Passer un acte.
Signer un acte. Rédiger un acte. Formule
d'un acte. Acte enregistré. Acte sous seing
1>riv.é. J'ai vu /'acte que vous m'avez envoyé;
je l'ai trouvé très-bien fait : il n'y a qu'à le
passer sous cette forme. (Boss.) Z'acte de
celte convention fut dressé par. le notaire sui-
vant les usages. (E. Souvestre.) Ce chiffon de
papier était un acte sur timbre. (P. Féval.)
La première nécessité pour qu'un acte soit va-
lable, c'est que le notaire soit bien convaincu
qu'il a fidèlement interprété la volonté de celui
qui le lui dicte. (Alex. Dum.) » Fait par lequel-
ACT
on prouve sa qualité, son droit : // a fait actb
d'héritier. J'ai fait acte de possession.
— Donner acte, Constater légalement et au-
thentiquoment : Le tribunal lui a donné acte
de son désistement, il Prendre acte, Faire con-
stater légalement : Le tribunal a pris acte de
sa déclaration. Il Demander acte, Réclamer la
constatation légale d'un fait.
— Par ext. Ces trois dernières locutions
s'emploient dans le langage ordinaire pour
déclarer que, dans une circonstance donnée,
une conduite, une affirmation, un aveu, peu-
vent servir de preuve : Je vous donne acte
de la vérité du fait. Je prends acte de la pro-
z de m
'.. A l'oi
ma conduite en celle-ci. (J.-J. Rouss.)
— Art dram. Se dit des principales divi-
sions dont est composée une pièce de théâtre,
et qui généralement sont séparées les unes
des autres par un baisser du rideau : Cette
-"■■-- soutient le cinquième acte, qui est assez
Et chaque acte en sa pièce est une pièce entière.
Boileau.
Il Un acte, deux actes, trois actes, etc., se dit
absol. pour Pièce en un acte, deux actes, trois
actes, etc. : // vient de donner un joli acte à
la Comédie-Française. (Acad.) n Fig. Période,
épisode de la vie humaine, comparée à un
drame : Fargeau en était arrivé au dernier
acte de son mélodrame, où traditionnellement
tous les traîtres se démasquent. (P. Fcv.) Ah!
ah! dit-il, nous voici au dernier acte de la
tragédie. (Alex-. Dum.-)
— PI. Mémoires de certaines sociétés sa-
vantes : Les Actes de la société de Leipzig.
' — Encycl. Droit. Dans le langage juridique,
le mot acte s'applique à tout écrit constatant
qu'une chose a été dite ou faite. Les actes se
divisent d'abord en actes authentiques et actes
privés. Un acte est dit authentique, d'après l'é-
tymologie grecque, lorsqu'il a un auteur cer-
tain et par conséquent une autorité. Les actes
authentiques appartiennent à l'une des quatre
classes suivantes : 1° les actes législatifs et
ceux qui viennent du. pouvoir exécutif; 2° les
actes judiciaires; 3° les actes administratifs;
4° enfin les actes.no/artcs ou reçus par les no-
taires. La loi accorde aux actes authentiques
la privilège de faire pleine foi de ce qu'ils con-
tiennent, jusqu'à inscription de faux. Trois
sortes de conditions sont requises pour l'au-
thenticité des actes : celles de capacité, de
compétence et de forme. Uacte sous seing privé
est Pacte passé entre les parties sans le con-
i! a la même vuleur que
les actes authentiques lorsque l'éc
signatures sont reconnues, ou lorsqu'elles ont
été vérifiées en justice. Il est censé non daté,
parce qu'il est .toujours facile aux parties du
lui donner la date qui leur convient; l'enregis-
noin d'acte double atout acte dont on fait aVux
originaux semblables; celui iVacle en brevet a,
un acte dont le notaire ne garde pas la minute,
et qu'il délivre sans y mettre la formule exé-
cutoire ; celui d'acte de notoriété à une décla-
ration signée par plusieurs témoins et pouvant
en certains cas suppléer-un acte de naissance ;
celui A' actes de l'état civil aux actes par les-
quels les officiers de l'état civil constatent les
naissances , les mariages , les décès ; celui
d'actes judiciaires aux actes qui émanent di-
rectement du juge ou qui tendent à obtenir du
juge une décision; celui d'actes extra-judi-
ciaires aux actes qui, dus à l'entremise d'un
officier ministériel, sont signifiés aux parties
en dehors d'une instance; celui d'oc/es res-
pectueux aux actes extra-judiciaires qu'un fils
ou une fille qui ont atteint l'âge prescrit par la
loi sont tenus de faire signifier a leur père et
à leur mère, ou en cas de décès de ceux-ci à
leurs aïeuls et aïeules , pour leur demander
conseil sur leur mariage, lorsque ces parents
'ont pas donné leur consentement. Les actes
'-'tes sonteeux qui ont pour objet de
nos droits et de nous en assurer
,les actes entre vifs sont ceux qui
produisent leurs effets entre personnes vi-
vantes; Vacte. récognitif est celui par lequel un
débiteur reconnaît de nouveau sa dette pour
empêcher la prescription ; l'acte de suscripl'On
est l'acte rédigé par un notaire pour constater
le dépôt qui lui est fait d'un testament mys-
tique ; les actes d'avoué à avoué sont ceux que
les avoués se signifient dans le cours d'une in-
stance par le ministère d'un, huissier audien-
cier ; Yacte de procédures! pour but d'instruire
un procès ; Yacte d'accusation est celui qui re-
late le crime ou le délit imputé à l'accusé, et
toutes les circonstances qui s'y rattachent;
Yacte de dernière volonté est le testament; un
acte imparfait est celui qui n'a pas été revêtu
de toutes les formes nécessaires pour le rendre
valide ; un acte capitulaire est celui qui se fait
dans un chapitre de chanoines ou de religieux ;
Vacte exécutoire est l'acte en vertu duquel on
peut saisir soit la personne, soit les biens du
débiteur ; Vacte confirmatif, celui par lequel on
valide une obligation qui renferme un vice de
nature a faire admettre l'action en nullité ou
rescision; acte conservatoire, qui, comme i'in-
scription hypothécaire, l'inventaire, l'opposi-
tion, les scellés, le séquest^etc., a pour objet
" nos droits et de nous en assurer
l'e:
; Y acte de société est l'enseinble de;
:iété financière, industriel!
ciale. Le latin , qui était la langue savante,
servit longtemps en France à la rédaction des
actes : l'usage de la langue française n'y fut
introduit qu en 1539, par une ordonnance do
François 1er. . , ■ ■■-,.■
Dans le langage diplomatique, on donne le
nom d'actes aux documents réunis dans une
chancellerie, aux. procès-verbaux d'une négor
dation, etc. — On appelle encore acte un arr-
rété du-. parlement d Angleterre : c'est- ainsi
que l'on connait-l'ûC<fi d'union, l'acte d'habeas
corpus, etc. Tant qu'ils sont en discussion, ils
— Art dram. Dans l'art dramatique, le mot
acte désigne une des divisions principales d'une
pièce de théâtre. Chaque' acte se subdivise
en scènes. La division en actes n'existait point
chez les Grecs ; les comédies et les tragédies
grecques étaient représentées sans interrup-
tion. Le mot acte désigna d'abord, chez les
Romains, le genre dramatique tout entier; il
correspondait, dans ce sens, au mot drama des
Grecs. Plus tard il s'appliqua à une partie dis-
tincte dû drame. L'usage fixa le nombre dé
ces parties à cinq, et cette habitude, dont on
ne connaît pas l'origine historique, fut conver-
tie en précepte par l'auteur de l'Art poétique.
Neve minor, neu sit quinto productior actu
Fabula, qusa posci vult et spectata reponi.
comédie a pris de bonne' heure ses coudées
franches; et nous avons des , comédies en
quatre, trois, deux, et même un seul acte. On
comprend d'ailleurs qu'une règle uniforme ne
saurait s'imposer à toute action dramatique,
quelles qu'en soient la nature, la complication
et la grandeur. Ce qui est essentiel, c'est que
la division de la pièce en actes ne soit pas ar-
tificielle et arbitraire, que chaque acte soit un
pas important de l'action vers son dénoù-
ment, une partie nécessaire de l'ensemble, une
phase déterminée de l'évolution totale. Ajou-
tons que si nos dramaturges actuels né s'aven-
turent guère au delà dû nombre classique dès
actes, leur fantaisie prend sa revanche en mul-
tipliant les tableaux, ou en faisant précéder la
pièce d'un acte appelé prologue', et en la fai-
sant suivre d'un autre appelé épilogue,
— Mus. Acte de cadence, Préparation d'ac-
cords au moyen de laquelle la terminaison, ou
caoence'finale, est amenée.
— Polit. Acte des corporations, -Bill décrété
le 20 décembre 1661 par le parlement anglais,
et suivant lequel nul ne pouvait être membre
de certaines corporations déterminées s'il n'a-
vait, pendant l'année précédant son élection,
reçu certain sacrement suivant le rit de l'Eglise
anglicane, il Acte d'uniformité, Bill du 19 mai
1662, par lequel le parlement anglais décréta
que l'on ferait usage, dans tous les lieux du
culte public en Angleterre, du livre de prières
tel qu il avait été revisé par l'Eglise anglicane.
Il Acte d'établissement, Bill du parlement an-
glais du mois de juin 1701, décrétant que nul
ne pourrait monter sur le trône d'Angleterre
s'il n'était protestant. Il Acte d'union, Bill du
parlement anglais qui proclame, en 1S00, l'u-
nion législative, c'est-a-dire avec un seul et
même parlement, de la Grande-Bretagne et de
l'Irlande. C'est le rappel de ce bill injuste et
odieux à l'Irlande, que le fameux agitateur
O'Connell a réclame du parlement pendant
— Syn, Ane, action. Action marque mieux
la manière, le développement de ta puissance
d'agir, et reçoit les qualifications plutôt que
Vacte : Les actions peuvent être atroces et les
intentions pures. (Mirabeau.) Une âme noire
anime ses moindres actions. (LaBruy.) Vacte
résulte de l'exercice de la faculté, de la puis-
sance d'agir, et se caractérise par sa nature :
Le seul acte de la vie de l'homme gui atteigne
toujours son but, c'est l'accomplissement de son
devoir. (M'no de Staël.)- Action se dit indiffé-
remment de tout ce que l'on fait : Les actions
sont plus sincères que les paroles. (Scudéry.)
Acte se dit seulement de ce qui est remar-
quable : Ce nouveau magistrat crut faire un
acte de probité en se déclarant contre son
ami. (Balz.)
— Epithètes. Libre, spontané, volontaire,
juste, réparateur, désintéressé, généreux, ma-
gnanime, vertueux, sublime, forcé, intéressé,
coupable, injuste, odieux, épouvantable, hor-
rible, révoltant, infâme, criminel, sacrilège,
ACTE s. m. (ak-te — du lat. actus). Métr'ol.
Mesure de longueur et de superficie chez les
Romains. L'acte valait 35 m. 34.
Acte additionnel. Hist. On donne ce nom à
une série d'articles supplémentaires que Na-
Foléon, le 22 avril 1815, après son retour de
ile d'Elbe, ajouta aux constitutions de l'Em-
pire et proposa à l'acceptation du peuple
français. Par cet acte, le pouvoir législatif
était partagé entre le souverain et deux cham-
bres, l'une de pairs héréditaires, l'autre de
représentants élus par le peuple, mais au se-
cond degré ; la liberté de la presse était re-
connue ; la famille royale des Bourbons à ja-
mais exclue du trône ; et toute proposition pour
rétablir les dîmes et prérogatives féodales, ou,
pour rendre dominante dans l'Etat une- Eglise
quelconque , expressément interdite.' Cette
ACT
constitution nouvelle,- après avoir été acceptée
Sar la nation, fut jurée par les représentants
u peuple à rassemblée du Champ-de-Mai, le
1" .luin 1815. Napoléon, de son côté, prêta le
serment d'y rester fidèle. . • •
Acte de tiuvtgnC.on.'Loi sur la navigation et
le commerce maritime de l'Angleterre, votée
i par le parlement i sous' l'administration de
Cromwell, le 9 octobre 1651. -L'objet de cette
i loi était d'encourager la marine marchande
britannique en lui réservant, par des mesures
I restrictives contre les pavillons étrangers, la
, meilleure partie des. transports. lYoici quelles
I en étaient les principales .dispositions -:, le,ca-
i botage, c'est-à-dire la- navigation qui se fait
d'un port à l'autre de la Grande-Bretagne, le.
commerce de la métropole avec les colonies et
des colonies entre elles, enfin, le commerce
entier de. la Grande-Bretagne avec. l'Asie,
l'Afrique et l'Amérique, étaient exclusivement
réservés aux navires anglais. Quant au . com-
merce avec les.pays d'Europe, l'acte, de navi-
gation n'excluait que les tiers ; il admettait
que l'importation des .marchandises', euro-
péennes pouvait s'effectuer ,sur des navires
appartenant soit, aux pays deprovenance, soit
aux pays d'expédition. L'acte .de navigation
était un coup porté à. la marine marchande
hollandaise, qui faisait alors l'office de facteur
pour tous les peuples de l'Europe. On peut Je
considérer comme le point de départ de la su-
prématie maritime de l'Angleterre. Devenu
politiquement inutile et condamné par les
principes de la liberté économique, l'acte de
navigation, après avoir subi de nombreuses
atteintes, a été définitivement aboli en 1849,
sous le, ministère, de lord John.Russell.
Acte» <ie Pilote, nom sous. lequel est connu
le rapport adressé par le gouverneur de Judée,
Ponce-Pilate, à l'empereur Tibère, et qui ren-
fermait les détails relatifs à Jésus-Christ : les
crimes que lui imputaient les Juifs, sa mort et
sa résurrection. Cette pièce a été perdue,
ainsi que les Actes de L'Hâte, fabriqués dans
les siècles suivants par les païens et les héré-
tiques pour rendre odieux le nom chrétien. Le
Pseudo-Hégésippe renferme également une
lettre de Pilate à l'empereur Claude, concer-
nant Jésus-Christ; mais il est facile de se con-
vaincre qu'elle est apocryphe. -
Actes des Apôtres (les), un des livres du
Nouveau- Testament, contenant l'histoire de
l'Eglise naissante pendant l'espace de vingt-
neuf ou trente ans, depuis l'Ascension de Jé-
sus-Christjusqu'al'année 63 de l'ère chrétienne.
Ce livre forme la continuation de l'Evangile
selon saint Luc, et, comme cet Evangile-, est
adressé à Théophile. Il se compose de vingt-
huit chapitres et peut se diviser en deux par-
ties; la première raconte la fondation des pre-
mières églises jusqu'à la mort d'Hérode; dans
la seconde se trouve le récit des prédications
de saint Paul chez les Gentils, en Asie, en Eu-
rope, de sa captivité, de son voyage à Rome;.
C'est en grec que le livre des Actes des Apô-
tres a été rédigé, et l'on peut remarquer que
l'auteur, qui sans doute possédait beaucoup-
mieux cette langue. que la langue hébraïque,
se sert toujours de la version des Septante •
dans les citations qu'il fait de l'Ecriture. Il
est difficile de préciser la date à laquelle
remonte cette composition. Quel en est l'au-
teur? La tradition et la. critique orthodoxe
répondent sans hésiter à cette question en
nommant saint Luc. La critique indépendante
élève des doutes sur la valeur de cette. ré-
ponse. M. Alfred Maury pense « que si saint
Luc est entré pour quelque chose dans la ré-
daction des Actes des Apôtres, on doit admet-
tre qu'un chrétien anonyme les aura composés
sur ce qu'il lui aura entendu raconter au sujet
des apôtres et surtout de saint Paul ; » i! re-
connaît i que les faits consignés dans ce livre
semblent être rapportés par un témoin ocu-
laire, et que cette circonstance doit ajouter au
degré de confiance qu'il peut nous inspirer ; »
mais il ajoute « qu'il n'est nullement certain
que ces Actes nous soient parvenus purs de
tout remaniement et qu'ils n'aient subi aucune
altération. » — D'après l'école critique de Tu-
bingue, fondée par Baur, il y aurait eu dans
le christianisme primitif deux éléments, l'élé-
ment judéo-chrétien, fidèle à la tradition, re-
présenté par les apôtres partisans de la circon-
cision, Pierre, Jacques et Jean, et l'élément
uhiversaliste et, comme on dirait aujourd'hui,
libéral, représenté par l'apôtre des Gentils,
Paul. La lutte entre ces deux éléments au-
rait été bien plus vive et bien plus longue que
la tradition de l'Eglise ne l'a représentée. Le
livre des Actes aurait eu pour objet d'ame-
ner la conciliation des deux partis opposés,
d'atténuer, d'effacer les motifs de leurs con-
tradictions, et de faire oublier les vivacités de
leurs luttes; il serait l'œuvre d'un adhérent du
.paulinisme, dont l'intention aurait été de faire
ressembler autant que possible Paul à Pierre,
et de substituer à 1 image de leurs différences
réelles celle d'un accord idéal. Dans l'opinion
de Baur et de ses disciples, cette intention,
cette idée de présenter les deux apôtres dans
un parallélisme constant serait incompatible
avec i'exactitude historique et avec l'authen-
ticité des Actes des Apôtres.
Actes des Apôtres (les), journal royaliste
fondé en 1789 par Pellier, avec la collabora-
tion de Champcenetz , Lauraguais, Rivarol,
Régnier, d'Aubonne , Béville , Langlois, Su-
leau, Bergasse et autres. Il avait pour épi-
graphe :
Quia domini faciotit, audent cum ialia furest
ACT-
Quant au véritable sens de ce titre, Actes
des Apôtres, c'est une question qui n'ajamais
été bien élucidée. Dans un deleurs numéros ,
les fondateurs, s'intitulent eux-mêmes lès Apô-
tres de la liberté et de la démocratie royale ;
mais il est plus probable que ces mots étaient
ironiques,, et qu ils'.avaient-poù'r objet dé tour-
ner en' ridicule les actes dès nouveaux' Apôtres'
de la république naissante.1' '' ' ;- " • •
Cette feuille 'cessa de paraître au mois d'oc-
tobre 179!., C'était moins un) 'journaL qu'un
pamphlet périodique contre 'l'Assemblée con-
stituante, i La. satire personnelle;en . faisait tout
le 'succès. 'Quant- à- l'esprit > qui l'animait,''!!:
était franchement .contre-révolutionnaire-;» il
attaquait toutes' lés idées npùvelles.'e'f'd'éni-,
grait toutes [les 'réformes, Au'Wlieu ^une
foule de sarcasmes et de sanglantes plaisante-,
ries, on distinguait parfois des' critiques^asséz
fines et ;lés idées originales. Par 'exemple! à
propos des discussions de l'Assèmbléè'sur la
question- de ; savoir à qui , appartiendrait Me
droit de faire la paix et la guerre, le journa-
liste- mettait en scène le député Coc/ioii,..qui,
assez embarrassé, de, montrer son avis, se, tire,
toujours d'affaire par un bon hon. spirituel^ et'
l'on finit par décider que la'paix et la guérie
se feront d'elles-mêmes';' >' '-' ' ■'}' '-» *' '" ■■ ' ■ ' *
On lit dans le n° 28 : « Louis4 était, 11 y a six
mois,- maître de vingt-quatre' millions de-su-,
jets; aujourd'hui, il'est le seul sujet dè'vinyt-
quatre millions de rois. Reste à savoir- com-
ment cette nation de ' potentats 'posera ! les
limites de tant d'empires, et 'comment lé sujet'
pourra obéir à tous ses souverains. • .' »
- Les Actes des Apôtres étaient, comme on le
voit, le Charivari de l'époque, i. . - •
La partie satirique et légère occupa tout
d'abord dans les Actes une place qui devint de
plus en plus grande, et la politique sérieuse et
raisonnée était reléguée "au second rang.
Chansons, .noëls, facéties,. calembours, paro-
dies.comiques s'y succèdent pendant deux an-
nées avec une verve non^interrômpue; c'était
un . feu roulant de sarcasmes , d'anecdotes
scandaleuses et piquantes, de traits mordants
contre les institutions nouvelles, contre les
principes de la Révolution et ses partisans (es
plus marquants. Mais, soit que les auteurs
craignissent que cette ironie monotone ne finit
par ennuyer les lecteurs , soit que l'ironie ,ne
suffit plus à leur irritation toujours croissante
en présence des progrès de la Révolution) ils*
prirent peu à peu l'habitude de l'injure directe
et de la calomnie à, bout portant, sans au-
cun voile; bientôt même,' franchissant toutes
les bornes, ils se laissèrent emporter aux der-
nières violences. Depuis soixante ans, on
parle des excès des révolutionnaires et ja-
mais de'ceux de leurs 'adversaires ; et cepen-
dant,Tes provocations sanguinaires des jour-
naux royalistes ne le cédaient en rien à celles
de l'Ami du Peuple. On trouve dans Marat des
motions hideuses de violence et de fureur,
mais rien de plus atroce dans les détails; et,
d'un autre côté , c'est le' délire d'un seul
homme; Marat rédigeait seul son journal, et
l'on sait dans quelles circonstances : ici/c'est
une réunion de troubadours, comme ils s'ap-
pellent ' eux - mêmes , qui versent' à pleines
mains l'outrage et la calomnie sur les hommes
les plus honorables ; qui, parlant sans cesse de
pendaisons, demandent le supplice de six cents
des principaux révolutionnaires, la confiscation
de tous leurs biens, qui indiquent aux armées
étrangères par combien de points on peut en-
trer en France, etc. Politiquement, néanmoins,
les Actes des Apôtres n eurent que peu ou
point de valeur. « C'est, dit M. Eugène Des-
pois, une opposition harcelante et taquine con-
tre l'Assemblée constituante, un débordement
d'outrages et de menaces contre les hommes
qui semblent diriger la Révolution et qu'em-
portera plus loin encore, l'irrésistible mouve-
ment ; des sarcasmes ," des calomnies , des
convulsions; point de principes, point de con-
victions sérieuses sur lesquelles on puisse
s'appuyer ; l'écume aux lèvres , point de
croyances au cœur. Ces hommes se débattent
contre l'inévitable avenir; mais ils ont perdu
pied , ils n'ont plus l'espoir de vaincre , ils se
vengent en insultant; c est la rancune de l'in-
térêt blessé , la rage du privilège détruit. »
Dans son Histoire des Constituants, M. de La-
martine a ainsi caractérisé ce journal fameux :
a Les Actes des Apôtres, espèce de Satyre Mé-
nippée du temps, étaient les parodies quoti-
diennes de la Révolution, parodies plus propres
à irriter sa colère et à la pousser au delà qu'à
la faire rougir de ses égarements. Ce journal
cynique était la claie sur laquelle, quelques
jeunes gens spirituels, mais étourdis, traînaient
tous les noms et toutes les choses de la Révo-
lution. Si la cour, l'Eglise et les ministres, qui
nourrissaient cette feuille de leurs subsides,
avaient eu pour but de faire bouillonner jus-
qu'au débordement les vengeances de l'anar-
chie, elles n'auraient pas' pu inventer un feu
plus actif et plus acre que les Actes des Apô-
tres.' C'était la vengeance de l'aristocratie :
mais une vengeance avant le triomphe, qui
défiait la ■ Révolution dans ses forces, et qui
préparait de sanguinaires ressentiments. »
Sous ces réserves, les Actes des Apôtres de-
meurent la feuille la plus spirituelle et la plus
piquante de l'époque, un très-curieux et très-
remarquable spécimen de l'esprit français. Les
citations suivantes en donneront une idée.
Sur les assignats : , •
Ah! le beau billet qu'a La Châtre 1
Disait Ninon, d'un air folâtre,
Dans ses ébats.
Gardez-vous,, détra
Sur Camille Desmoulins :
Cent coups de bâton sur les reins
Le fonteesser. C'est de.cctte manière . .,
n impose silence a 1,'anon <lcs,niqwlins. , - .*.
Parodie d'un passagecélèbre deRacine, di-i
igée contre Mirabeau :
Où me cacher?.!, fuyons àt
njt.dçi h
Parodie de la'satire 'IX-'dë Boileau-: , • . -
Puisque vous le voulez, je vais changer de ton1;
Je le' déclaré donc, Barnave est un Caton, ; < ' •
Target est un Lycurgne, et Thourel un Biackstoue, j
l'rfs du grand Dinocheau,. Montesquieu déraisonne; .
Cnstultane est un.Pitt, Duport est.un.Solon, .
Lafayette un Condé, Lameth un Washington; '' ' ,"
Camus déclame mieux qù'Eschiné et Démosthime ;
Contre le duc d'Orléans, qui avait fait ôter
lés' fleurs de;lis de 'ses armoiries*: - ■'' ' • T',/'
Un ci-devant prince de Gaule, % r'
Mais qui n'est qu'un franc polisson, ' '- ' ''
Le seigneur d'O... y perdra son crachat,
Mais il sera couvert des nôtres.
• A la hauteur où vous êtes-, disaient-ils à
Mirabeau , vos ennemis mêmes conviennent
que le gibet est le seul genre d'élévation qui
vous manque. • , ' , ,' ",' ,m' , *
Nous en-passons, et des meilleurs. ., .,,,..-
Actes <ics Couciies. On appelle ainsi les col-
lections ou canons des conciles. Ces collections
sont nombreuses, surtout celles qui ont été
publiées depuis l'invention de d'imprimerie^ La"
plus ancienne, écrite en grec,, remonte au
v« siècle, et parait être, l'œdvre 'd'Etienne,
évêque d'Ephèse, ou de Sabin, ,évêquè- d'He-r
raclée. Parmi ces recueils, les uns renferment
tous 'les conciles généraux -et particuliers ;
tels sont ceux de Jacques Merlin (1524), du
P. Crabe (1538 et 1551), de Surius* (1567), des
PP. Labbe et Cossart (1672 et 1748), de Ba-
luze (1683), 'du PrHardovùn (nis)? etc.;' d'au-
tres collections né" renferment que les conciles
ténus dans une ville ou dans une région parti-
culière ; telles sont celles des conciles d Afri-
que, d'Angleterre, d'Espagne, de France, du
Pérou, de Rome, etc.
Actes des Mnrljrrs. V. ACTA SANCTORUM,
Actes des Saints. V. ACTA SANCTORUM.
'-Actes diurnes, -ou simplement •AcTA.'iSomT
maire des événements quotidiens, que l'on
affichait publiquement à Rome. Ils contenaient _
les éphémérides -politiques et judiciaires du '
forunij mentionnaient les exécutions capitales,
les naissances, les mariages, les divorces, les
funérailles des personnes illustres, et don-
naient une sorte de programme des jeux pu-
blics. Ces recueils furent établis vers l'an 623
de la^fondation de Rome. Les habitants de
Rome en faisaient des copies qu'ils" envoyaient
à leurs amis des provinces; c'était le seul
moyen de publicité en usage chez les Romains,
et c'est à tort que l'on a quelquefois confondu
ces sèches éphémérides avec la véritable fon-
dation de ce que nous appelons aujourd'hui le
journal.
On disait dans le même sens actes urbains
(acta urbana), ou affaires urbaines. , '^
ACTE s. f. fak-té). Myth. Le blé, les dons
de Cérès. Il Acte et Cypris, Expression en
quelque sorte proverbiale , qui désignait ,
chez les Grecs, 1 heure de la table et le mo-
ment du plaisir.
AGTÉBIE s. f. (ak-té-bî — du grec aktë, ri-
vage; biô, je vis). Entom. Genre de lépido;- .
ptères, famille des nocturnes.
ACTÉE s; f. (ak-té -r- du gr. aklaia, sureau).
Bot. Genre de plantes de la fam.ille.cles rénon-
culacées et dé la tribu deselléboréês.'Sa'ra-
cine est employée en médecine sous le nom
d'ellébore noir. L'actéc appelée vulgairement
herbe de Saint-Christophe, est un' poison vio-
lent pour l'homme et pour les ■animaux' do-
mestiques. , ' ' ■''■'.',' '■''■'
ACTÉE ou ACTEA. Myth. Un des surnoms
de Cérès. Il Nom. d'une des Heures. U, Nom
d'une des cinquante Danaïdes*. TJ1 Nom d'une
des quatre tribus primitives de l'Attique, dans
la division de Cécrops, ' "
ACTÉNISTE s. f. (ak-té-niss-të^ du'gr.
akfenistoS; non peigné). Entôm-. Genre d'in-
sectes coléoptères pentamères de Cayenne et
du Brésil. ' * " '
actéon s. m. (ak-tê-on). Moll. Genre voi-
sin des aplysies. Il Genre de mollusques gas-
téropodes. ...,...' • . ,
— Entom. Lépidoptère nocturne, que l'on
appelle aussi satyre actéon.
ACTÉON , personnage mythologique f fils
d'Aristée et petit-fils de CaSmus. Eleva par
Chiron, il devint le plus grand chasseur de son
temps. Il était toujours accompagné de cin-
quante couples de chiens. Ayant surpris Diane
au bain, il fut métamorphosé en cerf par la
déesse , et aussitôt dévoré par ses propres
chiens. Le sort de l'indiscret chasseur se. ra-
il
« On n'a peut-être qu'un défaut à reprocher
au cerf, la violence de ses passions. Le cerf
n'a pas assez médité, j'en conviens, la leçon
de discrétion infligée par la chaste Diane au
chasseur Actéon; mais je me demande qui est
parfait en ce monde. Samsbn, Hercule et M. de
Turenne étaient de nobles héros, et l'amour
aussi les perdit. L'amour est la passion des
grands cœurs. ■ ToussiiNiiL.
i Au dernier coup de cloche, toutes ces
femmes se déshabillent et entrent dans l'eau.
Alors ce sont des cris, des rires, un tapage in-
fernal. Du haut du quai, les hommes contem-
plent les baigneuses, écarquillent les yeux, et
ne voient pas grand'chose. Cependant ces for-
mes blanches et incertaines qui se dessinent
sur. le sombré, azur du fleuve font travailler
les esprits poétiques,- et, avec un peu d'ima-
gination ,"il:n'.est' pas difficile de se représen-
ter Diane et ses nymphes au bain, sans avoir
à craindre le sort à' Actéon. » Mérimée.
» Pauvre Byron! de si pures jouissances te
furent refusées ! Ton cœur était-il donc cor-
rompu à. ce point que tu .n'as pu que voir la
nature et seulement la peindre? Ou bien Bishy
Schelley a-t-il raison quand il dit que tu as
surpris la nature dans sa chaste nudité, et
que, pour ce crime, tu fus, comme Actéon, dé-
chiré par tes chiens ? » Henri- Heine.
Actéon, opéra-comique en un acte, paroles
de Scribe , musique . d'Auber, représenté en
1836. Cette partition , quoique inférieure à
d'autres plus populaires du même maître; ren-
ferme plusieurs morceaux fort élégants et re- ,
marquables à divers titres, entre autres l'air :
77 est des époux complaisants ; la romance :
Jeunes beautés, charmantes demoiselles, et le
quatuor : Le destin comble mes vœux. M""c Da-
moreau excitait l'enthousiasme général lors-
qu'elle chantait la Sicilienne, qui est un chef-
d'œuvre de grâce et de finesse dans ce petitacte.
actéphile s. f. (ak-té-fi-le— du gr. aktê,
rivage; philein, aimer). Bot. Genre d'eu-
phorbiacees à fleurs monoïques.
— s. m. Entom. Genre de coléoptères ca-
rabiques.
ACTER v. n. ou intr. (ak-té — du lat. ac-
tus, action). Pratiq. Faire rédiger, signer
des actes : C'eût été condamner les hommes gui
se trouvent éloignés de leur patrie à ne pas
acter. que de les soumettre à des formalités
dont ils n'auraient rencontré ni les éléments ni
les agents nécessaires sur la terre étrangère.
(Encycl.)
actedr, trice s. (ak-teur, tri-se — lat.
actor, même sens). Celui, celle qui joue un
rôle dans une pièce de théâtre : On applau-
dit f acteur, mais on siffle la pièce. (Acad.)
De tous les artistes, les acteurs sont les plus
vains. (Mme Romieu.) Une belle et grande ac-
trice est un être privilégié de la nature et re-
levé par le prestige de l'art. (G. Sand.) La
ciété une tragédie de Racine; les acteurs et
tes actrices ne sont que princes, filles ou
nièces de palatins. (Ste-Beuve.)
Thespis fut le premier qui, barbouilla de lie,
Promena par les bourgs cette heureuse folie, '
Et à'acteurs mal ornés chargeant un tombereau,
Amusa les passants d'un spectacle nouveau.
Boileau.
— Poétiquem. et par compar. : Dieu est le
poète, les hommes ne sont que les acteurs.
(J.-L. Balz.)
— Par ext. Celui, celle qui prend une part
à une afTaire, qui joue un rôle dans un évé-
nement : Il fut un des acteurs de la scène
qu'on. joua pour' tromper cette personne. Mira-
hedu a été un des principaux acteurs dans la
Révolution de 89. Il fui un des principaux ac-
teurs dans cette négociation. (M""e de Sév.)
Cette femme a été la grande actrice de la
' ruine de votre frère. (Raym.) il Fig. et moral :
La raison est historienne, mais les passions sont
actrices. (Rivarol.)
— Fig. Celui, celle qui , dans un intérêt
quelconque, feint des sentiments qu'il n'a
pas ; qui agit dans le hut de tromper sur ses
véritables intentions : On ne connaît jamais
les gens qui vous font la cour; ce sont des ac-
teurs qui jouent un rôle. (Balz.) Les grands
sont des acteurs que le peuple a pris au sé-
rieux. (Bougeart.) Pour lui, le monde était
une pièce de théâtre qu'il avait lue, qu'il sa-
vait par cœur, et qu'il voyait jouer par d'assez
médiocres acteurs. (E. Sue.)
Hélas! par tout pays toujours la même vie :
■ Convoiter, regretter, prendre et tendre la main ;
Toujours mêmes acteurs et même comédie.
A. 'Ce Musset.
n Dans ce sens, on dit aussi comédien , co-
médienne, et cette expression se prend alors
en mauvaise part.
— Avec un sujet féminin, on emploie quel-
quefois le masculin, pour donner plus d'éner-
gie à la pensée : Sans les scènes de ta vie mo-
rale, l'âme est tout à la fois acteur et témoin.
(De Gérando.) Ils ont imaginé qu'au fort du
drame où elle devenait acteur, à son moment
. le plus viril, madame Roland avait le cœur
d'écouter les galanteries. (Michelet.)
ACT
— Encycl. Hist. Chez les anciens, tous les
rôles étaient remplis par des hommes; les
femmes ne montaient pas sur la scène. Chez
les Grecs, la profession d'acteur n'avait rien
de déshonorant; l'homme qui débitait un rôle
sur la scène n'était point exclu des charges
publiques. Il n'en était pas de même à Rome ,
où les acteurs n'étaient point, comme en Grèce,
des hommes libres, mais des esclaves. Les lois
romaines défendaient à tout citoyen de monter
sur le théâtre : c'était un acte répréhensible
qui aurait fait dégrader de noblesse par le
censeur un sénateur ou un chevalier, chasser
de sa tribu et priver du droit de suifrage dans
les assemblées publiques un simple citoyen.
Les fêtes de Bacchus avaient donné naissance
au théâtre, et ceux qui les célébraient avaient
été les premiers acteurs. En France, ce fut
également au sein même de la religion qu'on
vit se produire , par les représentations des
mystères , la renaissance de l'art dramatique.
Cependant l'Eglise catholique n'épargna pas
ses anathèmes aux comédiens. On sait qu'il
était défendu de les enterrer en terre sainte.
Longtemps même l'opinion publique se fit
contre eux par ses rigueurs l'écho de l'autorité
ecclésiastique. Ce préjugé tend, de jour en
jour à s'effacer, et les acteurs sont estimés en
proportion de leur conduite et de leur valeur
personnelle. Toutefois un reste de cette défa-
veur empêche encore aujourd'hui de les ad-
mettre dans les ordres de chevalerie, bien
qu'aucun règlement ne s'y oppose. Les plus
grands acteurs de l'antiquité sont, chez les
Grecs, Polus et Théodore ; chez les Romains,
Esopus et Roseius. Dans les temps modernes,
il faut citer, parmi les acteurs , les noms de
Garriek, Lekain, Talma, Préville, Baron, etc.;
parmi les actrices, les noms de Champmélé ,
Lecouvreur , Clairon , Mars , George , Ra-
die!, etc. ^>
— Syn. Acteur, comédien. On est acteur de
fait, du moment où l'on représente un person-
nage : Souvenez-vous que vous êtes ici comme
acteur , et que vous jouez votre personnage
dans une comédie. (Pasc.) On est comédien par
profession : Ah! les étranges animaux à con-
duire que les comédiens! (Mol.) Dans la comé-
die bourgeoise , les acteurs ne sont pas des
comédiens. Comédien est un terme moins noble
que celui d'acteur. Au figuré, Yacteur est celui
qui a part dans quelque affaire, et ne présente
aucune idée défavorable , tandisque comédien
exprime une idée de feinte , de dissimulation,
— Épithètes. Bon , passable, médiocre, ex-
cellent, extraordinaire, inimitable, incompa-
rable , savant , habile , exercé, estimé, recom-
mandable , préféré , consciencieux , sublime ,
accompli, rare , précieux , grand , regretté ,
froid, guindé, languissant, timide, troublé,
encouragé , applaudi , sifflé , hué , mauvais ,
consommé, irréprochable, parfait, admirable,
fin , délicat, détestable, ridicule.
— Anecdotes. Un jeune fou écrivit dans la
même journée deux lettres fort ridicules à
l'une de nos plus spirituelles actrices ; le len-
demain, une troisième arriva.
— Ah ! s'écria l'artiste , il tient donc bien à
prouver qu'il est un sot en trois lettres.
Un soir, au Théâtre-Français, on se moquait
d'un acteur fort laid. « Ah! ce nez! ah! cette
bouche !... » entendait-on de tous côtés. Et le
public de rire. L'acteur, sans perdre conte-
nance, s'avance et dit au parterre : «Messieurs,
riez tant qu'il vous plaira. Il vous est plus
aisé de vous accoutumer à ma figure , qu'à
moi d'en changer. »
La figure, dans un acteur ou une actrice ,
fait presque la moitié de son jeu. Un acteur qui
n'était pas dépourvu de talent, mais dont l'ex-
térieur n'était rien moins qu'héroïque , débu-
tait au Théâtre-Français par le rôle de Mi-
thridate. Dans la scène ou Monime dit à ce
... Seigneur, vous changez de visage,
On jouait Britannicus sur un théâtre de çr<
vince ; l'actrice chargée du rôle d'Agrippini
manquant de n:~~" '" '
de dire :
Mit Claude dans m
Une jeune personne voulant débuter au
théâtre, alla trouver le directeur des Variétés,
Potier, pour lui réciter quelques vers. Elle
commença ainsi :
. En vain vous l'exigez, je ne sais pas z'halr. •
Potier lui répondit: • C'est un petit malheur,
ma chère amie ; si vous ne savez pas Zaïre,
allez apprendre un autre rôle, •
Quand mademoiselle Raucourt, à laquelle
on reprochait de manquer de chaleur et de
passion , eut rempli le rôle de la statue , dans
Pygmalion, elle reçut ce compliment épigram-
Est le rôle de 1
La malignité spirituelle était le caractère de
Sophie Arnould. Un jourqu'une actrice grande,
mince et fort maigre, a qui elle en voulait,
était en scène, elle s'écria : « Il n'est pas né-
cessaire d'aller à Saint-Cloud pour voir jouer
les eaux (os). »
.On louait devant Sophie Arnould une dame
qui se faisait un peu trop connaître par ses
galanteries.: o C'est vrai, dit-elle, c'est une ex-
cellente personne : elle a des préférences pour
tout le monde. »
Une actrice ayant paru sur la scène, en plein
hiver, avec une robe garnie de (leurs natu-
relles : « Ah! mon Dieu, lui dit Sophie Ar-
nould, vous avez l'air d'une serre chaude. »
A la vente de mademoiselle Laguerre, ac-
trice de l'Opéra, des femmes de condition se
plaignaient Beaucoup de ce qu'on ne pouvait
rien avoir; que tout se vendait a des prix
exorbitants. Sophie Arnould dit : n Ces dames
voudraient peut-être les choses au prix
coûtant. »
Tant de plaisir et me coûte si peu!
Bordes, imit. d'un épig, de Martial.
ACTIAQUE adj. (ak-si-a-ke — rad. Ac-
tium). Géog. anc. Qui appartient à Actium,
qu'y s'y rapporte y Années actiaques. Ere
actiaque. Ils comprenaient à merveille, les no-
vateurs de l'ère actiaque, tout ce qu'il y avait
de monstrueux pour l'époque dans les cultes
établis. (Proudh.) n On dit aussi actien.
— Ant. gr. Jeux actiaques, Fêtes qui se
célébraient tous les trois ans sur le promon-
toire d'Actium , en l'honneur d'Apollon. Au-
guste , en mémoire de la victoire qu'il avait
remportée en ce lieu sur Antoine, les renou-
vela avec plus d'éclat. Plus tard on les célébra
actidion s. m. (ak-ti-ûi-on — du gr.
aktis, rayon; eidos, forme). Bot. Genre de
champignons.
ACTIE s. f. (ak-tî — du gr. aktis, rayon).
Entom. Genre d'insectes de l'ordre des di-
ptères.
ACTIEN, ENNE adj. (ak-si-ain, è-ne— rad.
Actium). Qui tire son nom, qui date de la
bataille d'Actium : L'ère actienne, employée
par Ptolémée , Josèphe , Eusèbe et Censorinus,
prend pour point de départ la bataille d'Ac-
tium. (Encycl.) V. Actiaque.
actif, IVE adj. (ak-tif, i-ve— du lat." ac-
tivus, qui agit). Agissant, vif, laborieux:
Homme actif. Employé, ouvrier actif. Vous
avez vu en moi un homme actif quand il est
aiguillonne ; paresseux et stagnant après l'o-
rnru* /Rpftnml fhr/ind il s'n/jit ftp fn'trt* ce qu'on
part active aux derniers événements. Une
mémoire active et fidèle double la vie. (Mirab.)
Une foule active circulait dans ces routes au-
jourd'hui solitaires. (Volney.) Alors il aban-
donna les rêves de l'amour et se jeta dans la vie
active. (G. Sand.)
Mais refroidis, ami, ton ame trop active. .
M.-J. Cdénier.
— Par ext. Qui opère avec énergie, vio-
lence : Une médication active. Le tabac est
un poison des plus actifs. (Rion.)
Quelques sucs bienfaisants dont ta puissance active
Rappelle en notre esprit sa vertu fugitive.
— Ascét. Vie active, Celle qui consiste dans
l'accomplissement des actes extérieurs de
piété , par opposition à vie contemplative.
— Philos. Qui agit , qui a la facilité d'agir,
par opposition à passif : L'âme est active de
sa nature. Je ne suis pas seulement un être
sensitif et passif, mais un être actif et intelli-
gent. (J.-J- Rouss.) Lesmceurs d'un peuple sont
le principe actif de sa conduite. (Duclos.) Il y
a deux morales, l'une passive, qui défend de
faire le mal , l'autre active , qui commande de
faire le bien, (Boiste.) L'esprit est actif toutes
ACT
les fois qu'il pense. (V. Cousin.) Ce qui est
spontané et actif ne peut être confondu avec ce
qui est passif et dépendant. (Mignet.) L'homme
est un être éminemment actif. (Bautain.)
— Physiol. Organes actifs de la locomotion.
Se dit des muscles qui déterminent les mou-
vements, par opposition aux os, qui sont lés
organes passifs de la locomotion, il Sensations
actives, Colles qui sont perçues lorsque l'at-
tention dirige l'organe d'un sens vers l'objet
dont on veut recevoir l'impression.
— Pathol.Acrfi/seditde certaines maladies
déterminées par un accroissement anormal de
l'activité dans les organes qu'elle affecte, tt
Anévrisme actif, Nom donne par Corvisart à
la dilatation du cœur accompagnée d'hyper-
trophie , par opposition à lWitrime passif,
ou dilatation du cœur avec amincissement
des parois. II Hémorrhagie active, Celle qui
survient chez un sujet fort et pléthorique, et
qui est accompagnée d'un état de réaction
presque fébrile, il Hydropisie active, Celle qui
s'accompagne de quelques symptômes de réac-
tion, et qui paraît duo à un accroissement de
l'action sécretoire. *
— Polit. Citoyen actif, Citoyen qui jouit des
droits politiques.
— Adm. milit: Service actif, Temps pendant
lequel un militaire est sous les drapeaux.
— Comm. Dettes actives, Sommes dont on
est créancier, par opposition à dettes passives,
sommes dont on est débiteur.
— s. m. Tout ce que l'on possède, en argent
et en biens, par opposition a passif, ce que l'on
doit : La fortune d'un commerçant se compose
de l'excédant de i' actif sur le passif.
— Par ext. Ce que (l'on a : J'ai dans ma
bourse vingt sous pour tout actif, i) Fig. :
Moi, Davy le chimiste, ami d'un grand seigneur,
J'ai pour tout mon actif la science et l'honneur.
Osteowsri.
— Gramm. Se dit des verbes exprimant
une action qui est faite par le sujet et qui
passe sur un complément direct sans le se-
cours d'une préposition, comme dans ces
phrases : L'enfance aime le jeu. L'instruction
nourrit l'esprit, etc. n Se dit également de ce
qui a rapport à ces verbes : La voix active;
le sens actif, il Quelques grammairiens en-
tendent par verbes actifs ceux qui expriment
une action, qu'ils aient ou qu'As n'aient pas
de complément direct, et ils divisent ces
verbes en transitifs actifs, tels que finir, bâtir,
apercevoir, qui ont un complément direct, et
en intransitifs actifs, comme danser, nager,
rire, qui ne se construisent qu'avec un com-
plément indirect. La plupart des grammai-
riens modernes rejettent la dénomination de
verbe actif, et appellent transitifs les verbes
qui ont un complément direct.
— s. m. L'actif, La voix active, le sens ac-
tif-; Ce verbe s'emploie rarement à J'actif.
— Syn. Actif, agissant. L'être actif est propre
à agir, quoique n'agissant pas encore : Le feu
actif, ou plutôt actuellement en exercice sur
les matières combustibles, est le seul agent qui
puisse attirer la nature de l'air. (Buff.) L'être
agissant agit effectivement : La cause univer-
selle est nécessairement agissante, puisqu'elle
agit, puisque l'action est son attribut. (Volt.)
— Antonymes. Neutre, passif, inactif, inerte.
ACTIGÉE s. f. (ak-ti-jé — du gr. aktis,
rayon ; gê, terre). Bot. Genre de champignons
lycoperdacés.
ACTINANTHE s. f. (ak-ti-nan-te — du gr.
aktis, rayon: anthê, fleur). Bot. Genre de
plantes ombellifères.
actine s. f. (ak-ti-ne— du gr. aktis, rayon).
Entom. Genre de diptères.
ACTINECTE s. m. (ak-ti-nèk-te — du gr.
aktis, rayon: nèktos , nageur). Zool. Genre
de polypes tres-voisin des actinies.
ACTINÉE OU ACTINELLE S. f. (ak-ti-né —
du gr. aktis, rayon). Bot. Plante de la famille
des synanthérées.
ACTINENCHYME s. m. (ak-ti-nan-chi-me
— du gr. aktis, rayon; egehuma, suc). Bot.
Nom donné au tissu cellulaire des végétaux,
lorsqu'il est disposé en forme do rayon.
ACTINÉRIE s. f. (ak-ti-né-rî — du gr. aktis,
rayon). Zool. Genre de polypes de la famille
des actiniens.
actiniaires s. m. pi. (ak-ti-ni-è-re — rad.
actinie), Zool. Ordre.de polypes appartenant
à la classe des zoanthaires et comprenant un
certain nombre de genres dont le principal
est le genre actinie. On dit aussi actiniens,
actinidiens, actinines.
ACTINIE s. f. (ak-ti-nî — du gr. aktis,
rayon). Zool. Genre de polypes de l'ordre des
actiniaires, de la classe des zoanthaires ; on
les a appelées aussi orties de mer, anémones de
mer ; Un contact brûlant, faisant éprouver la
même sensation douloureuse que la piqûre de
l'ortie, avertit de la présence d'une actinie.
(Duponch.)
— Encycl. Un corps charnu, très-contrac-
tile, couronné à son extrémité supérieure de
plusieurs rangées de tentacules, au centre des-
quelles est une ouverture ordinairement simple,
quelquefois double, par anomalie, et que l'on
appelle bouche ; un tube digestif à parois dis-
tinctes, mais incomplet et communiquant en
arrière avec la cavité générale du corps dite
périgastrique ; autour du tube digestif, des cloi-
sons verticales portant les organes sexuels :
ACT
telle est l'organisation des actinies. Elles vivent
généralement attachées aux rochers et à d'au-
tres corps sous-marins, auxquels elles se fixent
à l'aide d'un pied circulaire occupant la partie
inférieure du corps, c'èst-à-dire opposé à la
bouche. Elles se nourrissent de petits animaux <
marins qu'elles attirent à leur bouche au moyen
de leurs tentacules. — Rien de plus curieux et
de plus bizarre, de plus éclatant et de plus
gracieux , que ces animaux, auxquels leurs
belles couleurs ont valu le nom d'anémones de
mer, et leur propriété urticante celui A'orties
marines. Lorsque l'eau est bien calme, toutes
ces fleurs vivantes s'épanouissent, en se dé-
tachant sur le vert brillant des algues, et si-
mulent un parterre paré des plus riches cou-
leurs. Mais quand le liquide où elles se trouvent
plongées est un peu agité, ou quand le contact
d'un corps étranger vient les irriter, les acti-
nies replient leurs tentacules, les renferment
dans l'intérieur de leur manteau, et prennent
une forme arrondie .qui rappelle un peu celle
du champignon.— '■ Les actinies sont très-nom-
breuses sur nos côtes. Parmi les plus belles
espèces, on peut citer •.-l'actinie blanche, dont
la blancheur tire quelquefois sur le. jaune ou
l'orange ; \' actinie pourpre, à peau finement
striée , d'une couleur d'un- beau pourpre ,
souvent tachetée de vert ; l'actinie crussi-
eorne, rouge de sang, à tentacules très-gros,
courts et arrondis au bout. Plusieurs espèces
servent de nourriture; leur chair est estimée
de quelques personnes, principalement des
marins, comme délicate et savoureuse. .
ACTINIENS s. m. pi. ( ak-ti-ni-ain— rad. ac-
tinie). Polyp. Genre de coralliaires : On attri-
bue généralement à ces corpuscules la propriété
urticante dont jouissent beaucoup de coralliai-
res, et notamment plusieurs actiniens. (Milne
Edwards.) I! Syn. de actiniaires.
actiniforme adj. (ak-ti-ni-for-me — du
gr. alctis, rayon, et forme). Hist. nat. Qui est
rayonné : Fungie actiniforme. il Tissu, actini-
forme , Modification du tissu cellulaire végé-
tal, résultant de l'agglomération de cellules
qui, dans les plantes dicotylédones, partent
de la moelle pour se rendre en rayonnant à
l'écorce.
ACT
du gr. alctis, rayon; morphê, forme). Se dit
dos animaux sans vertèbres, rayonnes.
— s. m. pi. Dans la classification zoologique
de Blainville, second sous-règne renfermant
les animaux rayonnes.
ACTINONÈME s. m. (ak-ti-no-nè-nie — du
gr. alctis, rayon; nèma,' fil). Bot. Genre de
champignons byssoïdes.
ACTINOPE s. m. {ak-ti-no-pe — du gr. alctis,
rayon ; pous, pied). Zool. Genre d'aranèides.
ACTINOPHORE s. m. (ak-ti-no-fc-re— du gr.
aktis, rayon ; phoros, qui porté). Bot. Genre de
sterculiacées.
ACTINOPHRYDE s. f. (ak-ti-no-fri-de— du
gr. aktis, rayon ; ophrus, sourcil). Zool. Genre
d'animalcules infusoires à cils très-longs et
très-fins.
ACTINOPHTHALME adj. et s. m. (ak-ti-nof-
tal-me — du gr. aktis, ravon; ophtlialmos
œil). Zool. Se dit de l'œil des animaux dont
le tapis réfléchit la lumière.
ACTINOPHYLLE S.
i. (ak-ti-no-fi-le— du
-du
lesquels la lumière solaire exerce
chimique sur diverses substances. Ces rayons
sont ordinairement appelés rayons chimiques.
ACTINOCARPE adj. (ak-ti-no-kar-pe — du
gr. aktis, rayon ; /cargos, fruit). Bot. Qui a des
fruits rayonnes.
ACTINOCÈRE s. m. (ak-ti-no-sè-re — du gr.
aktis . rayon; kùros, cire ). Zool. Division
de polypes de la famille des actiniens.
actinochloÉ s. m. (ak-ti-no-klo-é — du
gr. aktis, rayon ; chloê, verdure). Bot. Genre
de plantes graminées.
ACTINOCRINITES. m. (ak-ti-no-kri-ni-te —
du gr. alctis, rayon ; krinon, lis). Foss. Genre
de crinoïdes fossiles.
ACTINOCYCLE s. m. (ak-ti-no-si-kle — du
gr. alctis, rayon ; kuklos, cercle). Foss. Genre
de fossiles de la famille des bacillariées.
ACTINODAPHNÉ s. m. (ak-ti-no-da-fné — •
du gr. aktis, rayon; daphnè, laurier). Bot.
Genre de plantos laurinèes.
ACTINODE s.m. (akjti-no-do — du gr. aktis,
rayon; eidos, forme). Bot. Genre de plantes
de la famille des myrtacées,
ACTINODENDRON s. m. {ak-ti-no-dain-dron
— du gr. alctis, rayon ; dendron, arbre). Zool.
Genre de polypes établi pour quelques actinies.
ACTINODERME s. m. (ak-ti-no-dèr-me —
du gr. aktis, rayon ; derma, peau). Bot. Espèce
de champignon.
ACT1NODONTE s. m. (ak-ti-no-don-te — du
gr. aktis, rayon; odous, odontos, dent). Bot.
Genre de mousses , établi sur une seule es-
pèce de Java.
actinodure s. f. (ak-ti-no-du-rc — du
gr. aktis, rayon ;oura, queue). Ornith.Espèce
de grive du Népaul.
actinoïde adj. (ak-ti-no-i-de — du gr.
aktis, rayon; eidos, forme). Zool. Qui res-
semble à l'actinie ; qui a quelque rapport avec
l'actinie : De jeunes polypes de forme acti-
NoïnE. (Milne-Edwards.)
ACT1NOLÉP1S s. m. (ak-ti-no-lé-piss — du
gr. alctis f rayon; lepis, écaille). Bot. Petite
plante originaire de la Californie.
ACTINOLITHE s, f, (ak-ti-no-li-te — du gr.
aktis, rayon; lithos, pierre). Miner. Un des
noms àa l'actinote.
■ actinolobe s. m. (ak-ti-no-io-be — du
gr. alctis, rayon; lobos, lobe). Zool. Genre de
polypes de la famille des actiniens.
ACTINOLOGIE s. f. (aWirno-lo-jî — du gr.
aktis, rayon; logos, discours). Didact. His-
toire, description des' animaux rayonnes:
Manuel '^'actinovogib.
ACTINOMèRE s. f. (ak-ti-np-mè-re — du gr,.
aktis, rayon ; meris, partie). Bot. Nom donne ai
plusieurs plantes de la famille des composées.
ACTINOMETRE s. m. (ak-ti-no-mè-tre —
du gr. aktis, rayon; meiron, mesure). Physiq.
Appareil pour mesurer l'intensité de la lu-
mière par celle de l'électricité dégagée : Nous
nous étions munis d'un actinometrë à duvet
de cygne. (Legoarant.)
ACTInomorphe adj. (ak-ti-no-mor-fe —
ACTINOPHYTE s. m. (ak-ti-no-
gr. aktis, rayon ; phuton, plante). Bot. Déno-
mination générale donnée aux plantes dispo-
ACTINOSPERME s. m. ( ak-ti-no-spèr-me
— du gr. aktis, rayon; sperma, semence). Bot.
Genre de plantes à aigrette.
ACTINOSTACHYDE s. f. (ak-ti-no-sta-ki-de
— du gr. aktis, rayon ; stachus, épi). Bot. Genre
do fougères.
ACTINOSTOME adj. (ak-ti-no-sto-me — du
gr. aktis, rayon ; stoma, bouche). Zool. Qui a
la bouche rayonnée, entourée de prolonge-
ments en forme de rayons.
ACT1NOTE s. m. (ak-ti-no-te — du gr. aktis,
rayon). Miner. Pierre dont les caractères es-
sentiels sont à peu près les mêmes que ceux
de l'amphibole. L'actinote contient une quan-
tité assez notable de fer. Sa poussière est
toujours d'un brun verdàtre : L'actinote et
l'amphibole ne diffèrent presque que par la
couleur dominante de leur variété, qui est la
verte pour Pactinote, et la, noire pour l'am-
phibole, (Brongniart.) il On dit aussi Actino-
ACTINOTEUX, EUSE adj. (ak-ti-no-teu,
eu-ze — rad. aelinote). Géogn. Se dit d'une
roche qui renferme de l'actinote.
ACTINOTHYRIUM s. m.(ak-ti-no-ti-ri-omm
— du gr. aktis, rayon; thureos, bouclier). Bot.
Genre de champignons dont la seule espèce
connue croît au printemps sur les graminées.
actinotiquE adj. (ak-ti-norti-ke — rad.
actinoie). Syn. H'actinoteux.
ACTINOZOAIRES s. m. pi. (ak-ti-no-zo-è-re
— du gr. aktis, rayon ; zàon, animal). Zool. Un
des six types du règne animal, correspondant,
pour M. do Blainville, aux animaux rayonnes
de Cuvier. il On dit aussi au singulier un acti-
ACTINOZOÉS s. m. pi. (ak-ti-no-zo-é — du
gr. aktis, rayon; zôon, animal). Zool. Em-
branchement du règne animal comprenant le
second ordre de la classe des radiaires.
ACTION s. f. (ak-si-on — lat. actio ; de agere,
agir). Manifestation d'une cause, d'une force,
d'un agent; manière dont un corps agit sur
un autre : Action physique;- action chimique;
action mécanique; action vitale ; action mor-
bide. L'action de la lumière sur différents
acides. L'action d'un poison. Décomposition
d'un oxyde par Faction de la chaleur, de l'é-
lectricité, L'action du froid pénètre à l'inté-
rieur du fer. (Buff.) L'action réciproque des
corps est constamment réglée par les lois im-
muables de la nature. (Chaptal.) La matière n'a
d' action que par le mouvement. (J. de Maistre.)
Les bains de mer ont une action fortifiante in-
contestée. (Rion.)
— Fig. : Les partis les plus emportés et les
plus obstinés néch'appent pas à Faction du
temps. (Guizot.) Ils voulaient substituer /'ac-
tion fixe des lois aux volontés arbitraires du
prince. (Mignet.) Je me garderai bien de dire que
Ronquerolles semblait être de fer, tant Faction
des siècles l'avait peu respecté. (Fr. Soulié.) g
Influence, pouvoir d'un agent moral sur un
corps ou sur un caractère : L'action de l'àme
sur le corps. (Acad.) Le fond de mes impressions
fut toujours une in(uition plus ou moins écla-
tante de l'existence et de Faction de Dieu dans
là création matérielle et dans l'humanité pen-
sante. (Lamart.) La maternité ne fut pour elle
qu'un moyen ^'action de plus sur Rodolphe^ et
n'attendrit pas même cette âme d'airain. ( E.
Sue.) Il Dans ce dernier sens, se dit aussi des
choses : L'utilité de i' action de la presse se
détruit par l'abus journalier qu'elle fait de sa
puissance. (E. de Gir.)
— Manifestation extérieure de l'esprit, des
sentiments, de la volonté de l'homme : Une
tion blâmable'; une action criminelle; une ac-
tion digne d'éloge. Le seul bien qu'on ne puisse
pas nous enlever, c'est le plaisir d'avoir fait
une belle action. (Antisthenc.) On ne connaît
pas assez que c'est la vanité qui donne le branle
à la plupart des actions. (Malebranclic.) C'est
en quelque sorte participer à une bonne action
ACT
que de la louer de bon cœur. (La Rochof.)iYow«
aurions souvent honte de nos plus belles actions,
si le monde voyait les motifs qui les produisent.
(La Rochef.) C'est l'histoire qui imprime aux
actions véritablement belles le sceau de l'im-
mortalité. (Volt.) C'est faire une bonne action
que de tenter d'en faire une. (Sterne.) La vertu
consiste dans l'habitude des bonnes actions.
(Condill.) Les passions sont le mobile de toute
action. (J.-J. Rouss.) Les actions peuvent
être atroces et les intentions pures. (Mirab.)
Mourir est la seule belle action de l'avare.
(Boiste.) Le tribunal infaillible des actions
humaines, c'est la conscience. (S. Dubay.) A
Paris, toutes les actions ont un but d'affaires,
même les plaisirs. (M'"e E. de Gir.) Faire une
bonne action, c'est prouver qu'on est homme.
(Boimin.) Les actions des hommes ne sont rien,
leurs motifs sont tout. (Custihe.) Aux yeux de
Dieu,- il n'y a pas une prière qui vaille une
bonne action. (J.Sim.)
Une belle action offre au moins pour salaire,
A celui qui la fait, le plaisir de la faire.
De prendre moins de soins des actions des autres,
Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres.
Molière.
Il Ce que l'on fait, par opposition à ce que l'on
pense, à ce que l'on dit : L'action est le corn--
mencement du salut, elle a cet avantage sur la
contemplation. (St Bernard.) Les actions sont
plus sincères que les paroles. (M'Ie Scudéry.)
Si ses paroles sont impuissantes, ses actions
sont efficaces. (Volt.) La' femme la plus forte
en paroles est souvent très-faible en actions.
(Balz.) [| Activité, par opposition à inaction ■
Sa vieillesse, quoique pesante, n'était pas sans
action. (Boss.) Je demeurai le cœur et l'àme si
remplis, qu'il n'y avait ^'action ni dans l'une
ni dans l'autre. (Mine de .Staël.), Il, Exécution,
par opposit. à théorie , à discussion : Pour
opérer des révolutions il faut des hommes cTac-
tion. Je suis pour la politique de discussion et
d' action. (Proudh.) Lorsque la force règne, la
gloire n'appartient qu'aux vertus fortes et au
talent de 2 action.' (Rému.sat.) H Mise en jeu
des forces physiques ou morales de l'homme :
L'action de boire, de marcher. L'action de
penser, déjuger,
— Fait de guerre , rencontre entre des
troupes ennemies : L'action s'engagea à six
heures du matin. Il faut voir son sang-froid,
un jour (Z'action. L'action fut chaude sur
notre droite. S'est-il trouvé dans une seule
action où il ne se soit attiré les yeux de toute
l'armée? (Mass.) Il y a tel officier qui, à la
rigueur, a fait son devoir, et qui, en plusieurs
années de service, ?ie s'est pas trouvé à une seule
action. (Ste-Beuve.) Il Se dit plus particu-
lièrement d'une petite bataille : L'action de
Blénau fut une affaire décisive. .(Acad.) il Ac-
tion d'éclat, Brillant fait d'armes individuel
sur le champ de bataille.
— Contenance , maintien : Vos paroles, le
ton de votre voix, votre action, ont je ne sais
?uel air de qualité qui enchante les gens.
Mol.) il Se dit plus partie, des mouvements
et des gestes d'un orateur : Il faut que l'ora-
teur exprime par une action vive et naturelle
ce que ses paroles seules n'exprimeraient que
d'une manière languissante. (Fen.) Trois choses
font le grand orateur : la première , V action ;
la seconde, 2'action; la troisième, l' action.
(Démosth.) il Par ext. Animation, chaleur
que l'on met à dire ou à fairo quelque chose :
Mettre de Z' action dans tout ce qu'on dit,
dans tout qu'on fait, il Langage d'action , Les
gestes , les signes par lesquels on supplée à
ACT
83
l 'droit : Intt
la parole : La parole conventionnelle , qui
dresse à l'intelligence, nous affecte bien m
vivement que le langage d'action, qui parle
au sentiment. (Virey.)
— Mettre en action, Réaliser une abstrac-
tion, une théorie, une pensée, une intention :
J'ai toujours cru que le bon n'était que le beau
mis en action. (J.-J. Rouss.) il Par ellipse on
dit souvent en action, pour mis en action ;
C'est de la morale en action. La comédie est
l'art d'enseigner la vertu et les bienséances en
actions et en dialogues. (Volt.l Séparez la
croyance en Dieu de toute obligation envers lui,
de tout hommage religieux, et vous n'aurez plus
que l'athéisme en action. (Frayss.) Ce n'est
plus seulement un grand luxe joint à un goût
exquis, c'est de ta poésie en action. (E. Sue.)
Il Etre en action, Se donner du mouvement,
ou fonctionner, en parlant des choses : Cet
homme est toute la journée bn action. Voilà
un moulin qui est en action toute l'année.
Il Par ellipse du v. être : Quand je vois cette
multitude confuse de gens qui vont et qui vien-
nent, toujours occupés de leurs desseins et tou-
jours en action pour y réussir et les conduire
à bout... (Bourdal.) il Action de grâces, Témoi-
gnage de reconnaissance , remerciment : Les
airs retentissent de leurs bénédictions et de
leurs actions de grâces. (Mass.)
— Littér. Evénement principal qui fait le
sujet d'un roman, d'un poème, d'une pièce de
théâtre , avec tous les développements dont
il est susceptible : L'action d/un poème doit
finir aumoment que l'intérêt cesse. (Marmontel.)
Ne laissez jamais deux actions se coudoyer
dans un même drame. (Topffer.)
Que dès les premiers vers Vaclion préparée
Sans peine du sujet aplanisse l'entrée.
Il Intérêt, mouvement, en parlant d'un drame,
d'une tragédie : On dit qu'il y a beaucoup
^'action dans une pièce de théâtre, quandda
plupart des choses s'y passent en action et non
en récit. (Trév.)
Tout doit être action dans une tragédie.
— Gramm. Ce qu'exprime, ce que marque
le verbe : Dans une proposition active, Z'actio'n
exprimée par le verbe tombe sur un complément.
— Jurispr.' Recours, moyen légal, poursuite.
faite en justice pour obtenir, --■-.:
recouvrer la jouissance d
une action en diffamation.
— Comm. et financ. Titre représentatif de
la part d'intérêt prise par un particulier dans
une société soit anonyme, soit en comman-
dite, soit civile : Action au porteur. Action
nominative. Action libérée. Société par ac-
tions. Les actions auront été transmises à des
tiers que je ne. connais pas. (Chateaub.) Les
actions ont triplé de valeur et j'ai encaissé
un million. (Alex. Dum.) S'il voulait me cé-
der quelques ACTIONS, ce serait bien mon af-
faire. (Scribe.) Donnez-lui l'ordre d'employer
tous vos fonds en actions. (Balz.) •
— Fig. et fam. Les actions haussent ou
montent, les actions baissent, Se dit plaisam- ,
ment de la tournure que prennent les affaires
de quelqu'un, surtout quand .il s'agit de ques-
tions d'intérêt ou de cœur • Depuis'àu'il a hé-
rité, les actions haussent. Ne lui prêtez point
d'argent, les actions baissent. Je ne sais si vos
actions monteront à mesure quelles miennes
baisseront; je lui parle sans cesse de vous,
(Mme d'Epinay.) ...
— Peint. Se dit de la pose, des gestes et do
l'expression avec lesquels, dans un tableau,
une figure exprime son caractère, et traduit
les pensées qui l'agitent : Cette figure est su-
blime d'ACTION.
— Mécan. Effort qu'exerce un corps ou une
puissance sur un autre corps ou sur uno autre
puissance : L'action du levier sur une masse.
Il Quantité d'action d'un corps en mouvement,
Produit de la masse de ce corps par sa vitesse.
— Manég. Avoir de l'action, Se dit d'un
cheval qui a de l'ardeur, qui mâche continuel-
lement son mors, qui jette beaucoup d'écume,
et par là se tient la bouche toujours fraîche.
— Mar. Action 1 interj. Commandement
qu'un instructeur fait à des canonniers, lors-
qu'après l'explication des divers temps de leur
exercice, il veut leur indiquer lo moment où
ils doivent commencer à agir.
— Encycl. Droit. Le mot action sert ^-dési-
gner le droit que nous avons de réclamer en jus-
tice ce qui nous est dû et ce qui nous appartient,
et le recours à l'autorité judiciaire par lequel
nous exerçons ce droit. L'action est dite person-
nelle quand elle a pour but de réclamer 1 exécu-
tion d un contrat; réelle, quand elle poursuit.la
revendication d une chose; mixte, quand elle est
à la fois dirigée contre les biens et lapersonno
du détenteur. Elle est mobilière Ou immobi-
lière, selon qu'elle a pour but d'obtenir mi
meuble ou un immeuble ; possessoire , quand
c'est la possession : pétitoire, quand c'est; la
propriété qui est réclamée ; hypothécaire, si l'on
demande un droit d'hypothèque , et domaniale,
s'il s'agit de la propriété d'un domaine de l'Etat.
Enfin, on distingue l'action criminelle ou pu-
blique, qui poursuit la punition d'un crime et
qui appartient au ministère public, et l'ac-
tion civile, qui poursuit la réparation d'un dom-
mage privé.
A Rome, où le préteur s'occupait seulement
du point de droit et renvoyait à un juge ou
jure désigné par lui l'examen et la solution de
la question de fait, le mot action s'appliquait
d'une façon spéciale à la formule par laquelle
avait lieu ce renvoi, et qui était une autorisa-
tion de poursuivre.
— Comm. En matière commerciale et indus-
trielle, le mot action exprime la part d'intérêt
qu'ont les membres de certaines sociétés dans
le fonds et les bénéfices de ces sociétés. On
donne également ce nom au titre représen-
tatif de cette part d'intérêt. L'action est dite
nominative, quand elle porte le nom de ce-
lui qui en a déposé le prix: dans ce cas,
elle ne peut être transmise qu au moyen d'un
transfert et de l'inscription d un nouveau pro-
priétaire sur les registres ; elle est au porteur,
quand elle se négocie de la main à la main. On
nomme action industrielle, action de jouis-
sance, coupon de fondation, une action qui re-
présente, non un apport fait en espèces, niais
seulement une participation spéciale à la so-
oiété comme fondateur,- administrateur , etc.
Les actions sont une invention moderne. Elles,
mobilisent la richesse nationale , donnent un
grand essor à l'esprit d'entreprise , suscitent
des opérations que les fortunes particulières
ne pourraient ou n'oseraient tenter, permettent
la participation des plus petits capiteux aux
plus grandes affaires, et créent un mode d'as-
sociation dont la puissance est, en quelque-
sorte, indéfinie.
— Littér. On appelle action^ eu littérature,,
le développement, suivant les règles de l'art;
de l'événement qui fait le sujet d'un poème ou,
d'une pièce de théâtre. V. action se compose de
trois parties ; l'exposition, le nœud et le dénom-
ment. L'action doit être une, simple, vraisem-
blable, complète ;
;ul fait accompli.
ie jusque
théâtre
rapli;
c'est ce qu'on appelle la loi des trois u
84
ACT
6e lieu, de temps et d'action. On peut faire et
l'on a fait bon marché des unités de lieu et de
temps; mais l'unité d'action ne saurait être
trop rigoureuse. ,r Dans l'art oratoire, l'action
est le, geste et le débit;. les anciens y atta-
chaient la plus grande importance, et l'on con-
naît à ce sujette mot de Démosthène,
— Syn. Action, acte. V. ACTE.
— Syn: Action, botntltS,rcoml,a«.JIîâ*ara!7^
a lieu entré deux armées : On a vu dans ce
siècle des ' bat ailles" de près de cent mille
hommes, 'qui 'n'ont pas' eu dé grandes suites,
(Volt.) Le co.miaf.peut-n'avoir liau;qu'entre
deux ou. plusieurs-personnes : -Mille petits
combats suivirent la bataille de Moncontour.
(Volt.) Le mot A' action convientjjroprement
quand .on ne péut.p^s ' affirmer,' si Taftaire. est
générale1 où' partielle,': Xejduc de, Vendôme
était d'une grande' 'mollesse , w mais , 'un jour
■ tf-'ACTiON ,'i.il réparait tout -par ' sa'' présence
d'esprit- et par ses lumières: (V oit.) "
— Sy? A««»">V (•»»■•!•.= •)> œuvre» (ijonne.).
Bonnes actions est l'èxpress.ipn ordinaire :.,Ce
générât croyait qu'il suffisait, pour commander ,
de louer lés donnes actions, sans châtier les
mauvaises. (Rpll.)' Donnes œuvres est l'expres-
sion religieuse': Le sceau de la piété, ce sont
• les bonnes œuvres et la conversion du cœur.
(Boss.). '';■. •--'- ■> " ■WO^OJ.L.i -, '->-
— Éplthètes. Bonne, belle, louable, juste,
généreuse, glorieuse, noble, -vertueuse, ma-
gnifique, admirable ;' extraordinaire, d'éclat,
hardie, étonnante,' surprenante, inconcevable,
incroyable, inouïe, audacieuse,rtéméraire,. pré-
somptueuse, imprudente, dangereuse, funeste,
fatale, blâmable, coupable, criminelle,' impie,
sacrilège, méritoire, immortelle, grande, hé-
roïque, bizarre, étrange, singulière', cruelle,
affreuse', librribléV'èpou'vantalJle', effroyable,
détestable, condamnable, vile, honteuse i in-
fâme. •'■. " ■■ ' ■■■'■■ ■ '_
.„ ACTIONNABLE adj'.''(ak-SH>na-ble 77 rad.
action): Côntre'qui on peut intenter' une ac-
tion judiciaire;' qui peut être actionne. ,
ACTIONNAIRE s. (ak-si-o-nè-rc — rad. ac-
tion). Propriétaire d'action dans une société
anonyme ou en commandite : Les action-
naires rfc la Banque de 'France. L'assemblée
générale des actionnaires. L'actionnaire est
la hèle de somme, la matière exploitable de la
commandite. (Proudii.) Avec le reste de la
somme, il se fait actionnaire du journal le
National. (Balz.) Enwù deux cents abonnés,
la Revue allait donner cinq pour ceiit de divi-
dende à ses actionnaires. \Hs\z.)' Les action-
naires sont individuellement tenus de remplir
leurs obligations; (Encycl. niod.) ■
Il se retire enfin trois'fois miiiinnn^in.!
Tandis que l'hôpital b'outi
il'uncchose ': 'Louis __ .
tionnaire dit pacte de famine. (Proud'h.)
— Actionnaire commanditaire, Actionnaire
qui ne fait que commanditer une entreprise,
c'est-à-diro qui ho's'cngage pas au delà de la
somme qu;il fournit. ..... ;, ,..-,,
ACTIonnAirement adv. (ak-si-o-nc-re-
man — rad.' action). Néol. Par actions indus-
trielles,au moyen d'actions : Propriétés pos-
sédées ACTIONNAIREMENT. (LegOar.)
actionné',' ée (ak-si-o-né) part. pass.
du v. 'Actionner. Poursuivi judiciairement :
_Etre actionné par ses créanciers. Etre ac-
tionné en justice, il Empressé, affairé : Cet en-
fant est trop actionné au jeu.
— Physiq. Qui. a reçu une impression : Le
mercure a développé une image de la dentelle
sur la portion seulement gui avait été action-
née par la lumière blanche. (Claudet.)
ACTIONNEL, ELLE àdj . {ak-si-o-nè-le — rad
action). Qui agit, qui créé : L'être actionnkl
ntérieur doit n'être soumis à aucune des
manifestations. (Balz.)
ACTIONNER v. a. ou tr. (ak-si-o-r
-rad.
vi). Intenter une action, poursuivre ^
justice : S'il uepayepas, il faudra /'actionner.
(Acad.) Grandet répondit que le notaire et l'a-
gent de change, dont tes épouvantables faillites
avaient causé la mort dé son frère, pouvaient
être devenus bons, et qu'il fallait les actionner
afin d'entrer quelque chose. (Balz.)
— Par ext. Harceler, tourmenter quelqu'un
lui faire de vifs reproches : Je l'ai relancé,
je /'ai actionné vigoureusement.
S'actionner,. v! .pr. .Se donner du mouve-
ment, agir avec vigueur : S'actionner" an
travail. Cet enfant, s'actionne trop au jeu.
ÀCTIGM (ak-si-bmm), ville et promontoire
de la Grèce, dans l'Acarnanie. L'an 31 av.
J.-C, Antoine et Octave s'y livrèrent une cé-
lèbre bataillé navale.
ACTIUM (bataille d'). Antoine et Octave,
après leur victoire à Phiîippes, se partagèrent
le mondé; mais entre ces deux hommes dé-
vorés d'une égale ambition, dont l'intérêt et
le danger avaient seuls fait taire les mutuelles
denances, l'harmonie ne pouvait régner long-
temps ; chacun d'eux se disait que 1 empire 3e
l'univers ne saurait se partager, et que l'autre
devait disparaître de la scène. Une lutte sti-
ACT
; préme était imminente; tous les esprits clair-
j voyants en présageaient la certitude et pres-
I que les résultats; car, tandis qu'Antoine, au
I milieu des fêtes et des spectacles , oubliait
1 cette activité , mère du succès , qui lui avait
autrefois valu l'estime et la confiance de César;
tandis qu'il mettait sa renommée et ses lau-
riers sous les pieds d'une reine d'Egypte, le
■froid et astucieux Octave, marchant droit à
son but, exploitait habilement à son profit ces
blessures faites à l'orgueil' du peuple romain,
levait des légionnaires en Italie avec l'assen-
timent du 'sénat, équipait 'des vaisseaux', iie
négligeait aucun dès préparatifs qui pouvaient
assurer le triomphe d'une entreprise ,où allait
se jouer le sort du monde. Et cbmme'si An-
'toine avait pris à .tâche de fournir à un rival
déjà trop redoutable des prétextes qui pussent
servir 'dé masqué à'sa propre ambition, il'sou-
lêva'une irritation générale à. Rome, en dé-
membrant pour, ainsi dire "l'empire en faveur
de Cléopâtrè, qu'il proclama reine de Chypre,
de.Ciliçiè, de Célésyrie, d'Arabie. et de, Judée,
en même , temps . qu'il gratifiait les deux fils
qu'il avait eus d'elle du titre de rois 'des rois.
Ce défi insensé à. là juste susceptibilité de la
république fut une. des principales causes de
sa perte ; on, cessa de le craindre dès qu'on
connut l'ivresse scandaleuse dans laquelle il
était.plorigé, et lorsqu'on ne, 'vit-plus, en -lui, au
lieu .d'un général romain, qu'un satrape ivre
dé plaisirs et 'dé débauche. Octave, affectant
plus dé mépris que de courroux, ne déclara la
- . -.j-. — r — . n pouvoir qu'il
souillait en le mettant aux mains d'une reine.
Cependant, il ne put .tirer de l'Italie , épuisée
par les guerres civiles, que quatre-vingt mille
légionnaires , douze mille cavaliers et deux
cent cinquante vaisseaux, seules forces avec
lesquelles il pouvait balancer la fortune contre
les cinq cents vaisseaux et lés cent douze mille
hommes, sans compter les troupes alliées,
qu'allait lui ^'opposer son rivâl.'Mais' plus actif
qu'Antoine,' il avait déjà' traversé la mer Io-
nienne, que celui-ci était encore à Samos, en-
dormi au seimdes plaisirs.. Al se. réveilla enfin
au bruit des armes, et vint, avec sa flotte,
jeter l'ancre près du promontoire -d'Actium ,
en Epîr.e. Sesjvaisseaux étaient du double plus
nombreux que ceux d'Octave; et fas'tùcu'sement
armés; mais lourds, mal équipés, mal ma-
nœuvres, et peu propres au. combat. Octave
commandait à moins de soldats, mais il comp-
tait dans ses ràngs'plus de Romains; il avait
une'fois moins de vaisseaux, mais ils étaient
plus légers et ses matelots .plus habiles': de
plus, il défendait la fierté romaine et l'honneur
de la patrie, foulésaux pieds par Antoine et
par une reine étrangère. Tous les généraux
de ce dernier le conjuraient de ne point confier
sa destinée .à l'inconstance des vents et des
Ilots; 'ils demandaient à livrer bataille sur
terre, .répondant alors' de la victoire. Mais
Antoine resta sourd à leurs supplications;
Cléopûtre , qui était venue le rejoindre avec
soixante-dix vaisseaux égyptiens, voulait coin-
amant était vaincu ; il obéit. Les deux flottes
se rangèrent près du promontoire d'Àctium.
Sur les deux rives, se trouvaient les armées
de terre , tranquilles spectatrices d'un combat
qui allait décider de leur sort. Un vent favo-
rable s'étant élevé, les flottes s'approchèrent
l'une contre l'autre, et restèrent quelque temps
en présence, immobiles ; elles semblaient hé-
siter à engager cette lutté sanglante qui devait
fixer les destinées du monde. Antoine avait
confié le commandement de son aile gauche à
Cœlius, le centre à Marcus 'Octâvius' et à
Marcus Intéius; lui-'mènie il prit, avec Va-
lérius Publicola , le commandement de l'aile
droite. La flotte d'Octave était commandée
par Agrippa. Octave vit d'abord -avec: sur-
prise et inquiétude cette immobilité de son
ennemi, dans un bras de mer semé d'écueils
et de bas-fonds, qui lui enlevait l'avantage de
la légèreté de ses vaisseaux et de l'adresse
de ses équipages. Mais impatients de signaler
leur courage, les généraux d'Antoine ébran-
lèrent la gauche et s'avancèrent vers la droite
d'Octave, qui, voyant cette faute capitale,
tacha d'obtenir de leur imprudente audace un
champ de bataille plus avantageux encore , et
recula sa droite afin d'attirer 1 ennemi plus au
large et de l'éloigner des pointes' du golfe. Ses
bâtiments légers auraient alors l'espace né-
cessaire pour manœuvrer plus commodément,
et assaillir les lourdes masses d'Antoine.
Croyant voir l'ennemi fuir devant elle, cette
flotte, abandonna sa redoutable position ; Oc-
tave alors fit signe à ses vaisseaux de virer
de bord , et une mêlée terrible s'engagea ;
c'étaient des Romains qui disputaient à des
Romains l'empire du monde. Un mouvement
habile d'Agrippa força lé centre d'Antoine à
se dégarnir; malgré le désordre qui en ré-
sulta, l'action se soutenait avec opiniâtreté, la
perte était égale dans les deux partis, l'ardeur
paraissait la même, et la victoire semblait
indécise, lorsqu'on vit tout à coup, a un signal
donné par Cléopàtre, qu'effrayaient le bruit
des armes etle carnage, les vaisseaux égyp-
tiens déployer leurs voiles et fuir au milieu
des combattants. Cette honteuse défection au-
rait dû ouvrir les yeux à Antoine ; mais Cléo-
çâtre parut avoir emporté son âmé dans sa
luite. On eût dit que, ne faisant plus qu'un
seul être avec elle , il était poussé par une 1
force invincible a suivre tous ses mouvements.
Trahissant sa gloire, oubliant l'empire, sa va- I
ACT
leur, ses devoirs comme général , comme sol-
dat et comme homme , abandonnant une foule
de guerriers valeureux qui mouraient pour lui,
il se jeta dans un faible esquif; et courut sur
les traces de la' beauté "fatale qui avait com-
mencé ses malheurs et qui consommait sa
ruine, et à laquelle , pour dernier triomphe, il
allait offrir le déshonneur du plus grand des
lieutenants dé César. Longtemps absorbé dans
de lugubres réflexions, tenant sa tête baissée
entre ses deux mains , morne et sombre, il ne
reprit un peu dé courage que pour détendre
l'indigne lobjet de son amour contre ceux qui
la poursuivaient. Il continua sa fuite jusqu'au
promontoire de Tén'are ; c'est la qu'il apprit
rentière défaite de sa flotte. Même après le
lâche abandon de leur général,, les troupes
navales repoussèrent pendant longtemps en-
core, avec un héroïque courage, les attaques
furieuses des soldats d'Octave ; mais las enfin
dé résister tout a la fois aux flots irrités, aux
vents déchaînés ei à des ennemis dignes de
leur valeur^ ils se rendirent après avoir perdu
cinq mille hommes et trois Cents vaisseaux
(31 av. J.-C). De son côté, l'armée de terre,
qui avait adressé à Antoine de si vives in-
stances pour qu'il lui confiât la défense de sa
gloire- et de sa fortune, ne pouvait croire à la
fuite honteuse de celui qui l'avait menée tant
de fois à la victoire. Ces braves soldats s'at-
tendaient à chaque instant a voir Antoine re-
paraître à leur tête; pendant sept jours ils
résistèrent généreusement à toutes les ten-
tatives de défection dirigées contre leur fidé-
lité; mais enfin livrés' par Canidius, leur gé-
néral, et par leurs principaux officiers,' ils
passèrent sous les drapeaux d'Octave , que
cet heureux événement acheva de rendre le
maître du monde. '
in) part. prés.. du v.
ACTIVANT, ANTE adj. (ak-ti-van, an-te —
rad. activer). Qui active : Le sel a pour la vé-
gétation des propriétés activantes.
■ ACTIVÉ, ée (ak-ti-vô) part pass. du v. Ac-
tiver. Pressé, hâté, accéléré : La végétation a
été activée par les dernières pluies. Les pré-
paratifs sont activés. (Journ.) L'œuvre du
temps a été activée par les déprédations des
barbares.. (Th. Gaut.) 11 Stimulé, en parlant
dos animaux : Actives par le fouet à double
mèche, les boeufs se mirent à piétiner circulaire-
ment, faisant jaillir sous leurs pieds fourchus
le grain de l'épi. (Tlï. G au t.)
activement adv. (ak-ti-ve-man — rad.
actif). D'une manière active : Il pensait tou-
jours à la chimie, mais il ne voulait pas s'en
occuper activement. (Balz.) Malgré la dou-
leur dont j'étais accablé, je poussai activement
les préparatifs de mon départ. (G. Sand.) Et
puis cette chère petite me seconde si active-
— Gramm. Dans un sens actif, en parlant
des verbes neutres : Dans cette fameuse phrase
de Bossuet : Dormez votre sommeil', grands
delà terre, le verbe neutre dormir, qui a pour
complément direct sommeil, est employé ' ac-
tivement.
— Antonyme. Neutralement.
activer v. a. ou tr. (ak-ti-vé — rad. ac-
tif). Donner de l'activité à, presser l'exécu-
tion d'une chose : Activer des travaux. Ac-
tiver le sang. Activer là digestion. Activer
le feu. Il présente une comédie en cinq actes,
elle est reçue,- elle obtient un tour de faveur,
les comédiens la répètent, et la direction active
les répétitions. (Balz.) Shakspeare active, à
travers les races et les peuples, la circulation de
la pensée et le sentiment du beau. (Pli. Chasles.)
S'activer, v. pr. Etre activé : N'est-il pas
évident que la dissolution de toutes les vieilles
croyances s'active avec une rapidité effrayante?
(P. Leroux.) " y
ACTIVITÉ s. f. (ak-ti-vité — lat. activitas,
même sens). Puissance d'agir; vivacité dans
l'action, dans le travail, dans le sentiment :
£.'activité du feu. L'activité d'un poison. L'ac-
tivité des esprits. L'âme a la conscience de son
activité. C'est Dieu qui renouvelle à chaque mo-
ment /'activité de ce feu, et qui le fera subsister
au delà des siècles. (Bourdal.) L'activité fait
plus de fortunes que la prudence. (Vauven.)
L'activité est aussi nécessaire au bonheur que
l'agitation lui est contraire. (Lévis.) La capa-
cité intellectuelle et l' activité ont été souvent le
seul capital primitif des négociants. (J.-B. Sav.)
La force est doublée par /'activité. (Boisté.)
Cette femme indolente et superbe de mollesse
était en proie à une activité dévorante. (G.
Sand.) Cette étude théorique des hommes servira
d'aliment à la dévorante activité de son esprit.
(E. Sue.) L'activité, c'est ta force en action.
(Gôruzez.) L'activité d'un être se résume
dans sa fécondité. (Lacordairc.) La vraie acti-
vité est /'activité volontaire et libre. (V. Cou-
sin.) La paresse des mains fait souvent toute
I'activite de l'imagination. (Mme C. Bachi.)
L'activité passionnée constitue le drame; elle
le remplit de crimes. (Ph. Chasles.) En géné-
ral le xvme siècle ne comprit pas asses la
théorie de /'activité spontanée. (Renan.) 11 Di-
ligence avec laquelle une chose est faite : On
remarque une activité prodigieuse dans les
travaux du nouveau boulevard, il Peut s'empl.
au pi. : La prière a des activités enchante-
resses, elle est le dernier culte. (Balz.)
— Phys. et astron. Sphère d'activité, Espace
dans lequel un corps exerce son influence, et
ACT
hors duquel il n'a plus d'action appréciable :
La sphère d'activité d'un /lambeau , d'un
foyer, d'un aimant. La sphère d'activité des
étoiles nous est inconnue. La sphère d'activité
du soleil s'étend jusqu'aux planètes les plus
reculées. ,
— Fig. Etendue dans laquelle un homme
exerce la puissance d'action, d'idées, d'intel-
ligence, qui est en lui : Sa sphère d'activité
est très-restreinte. Les âmes d'une certaine
trempe ont une sphère d'activité dans laquelle
Henné leur résiste. (J.-J. Rouss.) Les indivi-
dus nous intéressent selon qu'ils entrent plus ou
moins dans notre sphère d'activité. (Boiste.) •
Le pouvoir du président d'une république ne
s'exerce que dans la sphère D'une activité
restreinte. (De Tocquev.)
— En activité, loc. adv. Se dît de celui qui
exerce actuellement les fonctions de sa place,
de son grade, principalement dans le service
militairo : Apy-ès six mois de congé, cet officier
est rentré en activité, il Se dit aussi des
choses qui sont-en pleine exécution : La mois-
son, la vendange est en pleine activité,
— Encycl. Philos. Tous les êtres, sans dis-
tinction, bruts ou vivants, depuis le grain de
poussière jusqu'à l'homme, sont doués d'acti-
vité. La matière est essentiellement active, et
les divers modes de cette activité sont ce qu'on
appelle des forces. Le dualisme de Dêscartes,
étendue et pensée, supprimait en quelque sorte
l'activité dans le monde moral et dans le monde
physique ; la monadologie de Leibnitz lit du
mot force, activité, un synonyme de substance.
L'activité spéciale des êtres organisés, se'dis-
tingue, sous le nom de oie, de YacttvïtÇ géné-
rale de la matière; l'activité des êtres doués
de raison se distingue, sous le'nom à'aetwité
morale, de l'activité vitale. « Sur cette der-
nière distinction reposent, dit l'Encyclopédie
nouvelle, toute la morale, et non-seulemènt
toute la morale, mats toute la législation,
toute la police des Etats; elle est le fondement
de toute pénalité, n
— Art milit. Vactivité de service ou simple-
ment l'activité, exprime la position de tout in-
dividu qui compte dans la force numérique
d'une armée soit comme simple soldat, soit
comme officier ou sous-officier exerçant rem-
ploi de son grade. En France, l'activité s'éteint
par les congés absolus, par les congés de li-
bération, par la réforme, par la retraite, par
la démission, enfin par la désertion. Elle s in-
terrompt par les congés illimités, par la dis-
ponibilité et par la non-activité; La non-acti- ■
vite est la position de l'officier hors cadre et
sans emploi. Elle ne peut exister que pour l'uno
des causes suivantes : licenciement de corps,
suppression d'emploi, infirmités temporaires,
retrait ou suspension d'emploi.
— Syn. Activité, célérité, diligence, promp-
titude, rapidité, vélocité, vitcc. .Vitesse est
un terme général employé surtout en phy-
sique .- Ramer détermina la vitesse des rayons
solaires. (Volt.) La rapidité est une grande vi-
tesse, qui emporte, qui entraine : La rapidité
dune pente, d'un torrent, des ondes d'un fleuve.
L'éloquence de Mirabeau avait une rapidité
entraînante. La célérité suppose une grande
vitesse, mais sans idée de force et de violence,
et s'applique proprement à un travail, à une
tâche, etc. : Les marmottes creusent la terre
avec une merveilleuse cjjlérité. (Buff.) Vélo-
cité est d'un usage plus rare, plus spécial, et
s emploie surtout en termes d'astronomie et de
cosmogonie _: La vélocité d'une comète. Dans
le système d'Epicure, on ne peut pas dire que
certains atomes aient plus de vélocité que
d'autres. (Condill.) Activité exprime du zèle,
de l'ardeur : On remarquait dans le duc de
Vendôme un mélange ^'activité et d'indolence.
(Volt.) Promptitude marque la soudaineté :
Honteuse de n'envoyer que cent mille livres au
roi, elle les envoie du moins avec une in-
croyable promptitude. (Boss.) Diligence mar-
que du soin : Grappes de raisin échappées à la
diligence du vendangeur. (Mass.)
ACTODRÔME s. m. (ak-to-drô-me — du gr.
aktè, rivage; dromos, course). Ornith. Genre
d'oiseaux de la famille des échassiers.
ACTON n. pr. (ak-ton). Hortic. S'emploie
dans la locution greffe d'acton ; greffe par ap-
proche qui se pratique sur les branches des
arbres résineux. '
ACTON (Joseph), homme d'Etat, né à Be-
sançon en 1737, m. en Sicile en 180S. Il servit
successivement dans la marine de France, de
Toscane et de Naples , et devint premier mi-
nistre dans ce pays, par la faveur de la reine
Marie-Caroline (1785). Animé d'une haine im-
placable contre la France , qui , suivant lui ,
avait méconnu son mérite, il se fit l'instrument
de l'Angleterre et de lord Hamilton, et entraina
sa patrie adoptive dans une suite d'hostilités fu-
nestes qui amenèrent enfin l'invasion de Cham-
pionnet et la fondation de la république Par-
thénopéenne. Ecarté définitivement en 1803,
il alla finir ses jours en Sicile, dans l'obscurité
et le mépris.
ACTOR, nom porté par un grand nombre de
personnages mythologiques : l'aïeul de Patro-
cle, qui régna en Aulide ; — un fils de Neptune
et d Agamède ; — un compagnon d'Hercule
dans la guerre contre les Amazones;— guer-
rier du pays des Arunces, en Italie, et dont
Turnus portait le javelot après l'avoir tué dans
un combat; — guerrier tué par Clanis aux
noces de Pirithoiis, dans le combat des Lapi- ■
thés et des Centaures; — un fils d' A caste, tué
: à la chasse par Pelée. — Àctor fut aussi le nom
d'un des Argonautes.
ACTRICE s. f. V. Acteur.
Actrice mex die (l'L opéra-coinique en un
acte, paroles de Marsollier, musique de Dalay-
rac , représenté à l'Opéra-Comique en 1799.
L'auteur composa cette pièce pour M'|><= Saint-
Aubin, actrice célèbre de ce temps.'L'intrigue
en est d'une fadeur extrême , et elle a eu le
sort de la plupart des ouvrages dans lesquels
on a fait jouer aux comédiens le double rôle,
d'acteur et de personnage. Nos auteurs mo-
dernes ont trop souvent, exploité cette fausse
situation , qui fait' que le spectateur hésite et
se demande si le héros est l'acteur ou si l'acteur
est le héros. • " ■ • " ■"
actuaire s. -m. (ak-tu-è-re -^ du'lat. ac-
tnarius ,\k%ar, rapide). Antiq. Vaisseau dé-
couvert, manœuvré à l'aviron et à la voilé,
par-opposit. aux navires marchands ou vais-
seaux- à voile. On employait', les actuaires
comme transports, dans tous'lescas qui de-
mandaient de la promptitude.
ACTUAIRES, m. (ak-tu-ô-re— du lat. actua-
rius, greffier, notaire). Ant., Scribe, chargé do
recueillir les discours prononcés dans le sénat
.ou les assemblées publiques, n .Officier qui te-
nait les comptes du commissariat des vivres,
recevait des fournisseurs les approvisionne-
ments pour l'usage, de l'armée, et les distri-
buait en rations aux troupes.
ACTUALISATION s. f. (ak-tu-a-li-za-si-on
' — rad. actualiser). Nool. Action d'actualiser.
Actualisé, ÉE (ak-tu-a-li-zé) part. pass. '
du v. Actualiser.
.ACTUALISER v. a. ou tr. (ak-tu-a-li-zé —
rad. ac(ud). Nôol. Rendre actuel.
S'actualiser,' v. pr. Devenir actuel.
ACTUALITÉ s. f. (ak-tu-a-li-té — rad. ac-
tuel). Néol. Etat de ce qui est actuel ; qualité
d'une chose qui offre un intérêt actuel : C'est
une question pleine (^'actualité. Il est dans le '
caractère français de se passionner pour le mé-
téore du montent , pour les bâtons flottants de
— Au pluriel , Choses actuelles, choses du
moment : Dans la dernière discussion de la
Chambre des compiunes sur diverses actualités
politiques, une interpellation a eu, lieu au sujet
de la situation de l'jtalie. (Journ.) Le journa-
lisme ne peut, vivre \que a" actualités. (Raym.)
ACTUARIUS, médecin grec de la fin du
xme siècle. U jouit en son temps d'une grande
célébrité , et on lui attribue 1 introduction en
Europe des purgatifs doux. Ses ouvrages,
compilés surtout dans Galien , ont été réunis
en 1556, Paris.
- ACTUEL, elle' adj. (ak-tu-è-le — lat. ac-
tualis, môme sens). Quiexisto à l'état actif;
réel : Payement actuel; service actuel. L'âme
peut, avec l'aide de Dieu, s'établir dans une ré-
solution actuelle e/ véritable de s' éloigner pour
jamais du péché. (Bourdal.) Il S'empl. subst. :
/.'actuel; c'est ce qui a cessé d'être simplement
possible , pour exister en réalité et à l'état de
fait. (Franck.)
— Qui existe, qui est usité au moment où
l'on parle : La chambre actuelle. Le régime
actuel. Le langage actuel. Quoi de plus sot ,
dans nos mœurs actuelles , que la présen-
tation officielle du futur à ta jeune fille?
(H. Beyle.) Vous avez déjà très-indiscrètement
causé le malheur actuel de votre fils, en ne lui
donnant pas de carrière. (Balz.) La littérature
actuelle peut être en partie le résultat de la
révolution, sans en être l'expression. (V. Hugo.)
Il S'empl. substantiv. : Celui qui veut s'eii tenir
au présent , à ('actuel , ne comprendra pas
('actuel. (Michclet.)
— Se dit aussi des personnes ; Le ministre
actuel. Le préfet actuel. Le propriétaire ac-
tuel de Ferney a conservé la chambre de Vol-
taire, telle qu'elle était à sa mort, (A. Karr.)
Elle est plus belle que la prima donna actuelle,
dont on fait tant de bruit. (G. Sand.) ■ ' . .
— Méd. Cautère actuel, Caustique qui agit
physiquement , c'est-à-dire en vertu de la
haute température dont il est doué ■■, par op- '
position à cautère potentiel, caustique qui agit
chimiquement.
— Philos. Volonté actuelle , Volonté en ac-
tion , appliquée à un objet, par opposition à
volonté potentielle, faculté générale clé vouloir.
Il Intention actuelle, Effective, par opposition
à intention virtuelle, qui est seulement en prin-
cipe, en puissance. * ,
— Théol. Grâce actuelle, Grâce qui donne
le pouvoir d'agir, par oppostion à grâce habi-
tuelle ou sanctifiante , qui est l'état même de
justice, il Péché actuel, Péché commis avec
consentement, par opposition à péché originel,
qui est contracté sans consentement et que
chaque homme apporte en venant au monde.
— Antomynes. Passé, futur.
ACTUELLEMENT adv. (ak-tu-è-lc-man —
rad. actuel). Présentement, au moment où l'on
parle : Il est actuellement en Angleterre. Les
animaux actuellement domestiques ont été
primitivement sauvages. Apprenez - moi , me
dit-il, qui sont les seigneurs qui ont actuelle-
ment le plus de part à la confiance du roi
d'Espagne. (Le Sage.) La conscience est cette
faculté par laquelle nous sommes sans cesse
avertis de ce qui s'opère actuellement en nous.
(Royor-Collard.)
— Logiq. En acte, en réalité, par oppos. à
ACU
virtuellement , qui signifie En puissance , en
principe.,
nnnt, a présent, présentement. A.présent mar-
que un rapport à'un temps antérieur : Elle croit
se porter mieux X présent. (M">c de Sév.) Pré-
sentement ne marqué pas expressément de rap-
port avec le passé : Il fait saucent des voyages
a Paris, .et je crois même qu'il. y est présen-
tement. (Mme de La Fayette.) Actuellement
marque' quelque chose d'opposé à ce qui est
idéal, hypothétique: Nous nous disposons ac-
tuellement à régner unjour avec les saints dans
lé ciel. (Bourdal.) Maintenant exprime , une
suite pu une continuité : L'orage gronde 'main-
tenant plus fort que jamais..'. (Volt.) Aujour-
d'hui s'emploie surtout pour opposer une épo-
que aune autre : Les hommes, tout éclairés qu'ils
sont aujourd'hui, sont les esclaves de seize
siècles d'ignorance, qui les ont précédés. (Volt.)
" ACUANlTESs. m, pi. (a-ku-a-ni-te). ■ Hist.
rclig. Secte-de .manichéens, fondée par. Acua,
disciple de Manès. ■ .■_'-■■
. ACUDIE s. f. (a-ku-dî). Entom. Insecte phos-
phorescent des Indes. ' '
ACUITÉ, s. f. (a-ku-i-tè — du lat. acutus,
aigu). Qualité' de ce qui est aigu : /.'acuité
d'une 'pointe, d'un clou. .
— Par anal. Se dit do l'intensité des sons :
Au delà de ces li7nites, la trop grande acuité
des sons et leur extrême gravité ne permettent
plus qu'ih soient perçus par des oreilles hu-
maines. (Diai. .des arts.) Les sons ont d'autant
plus d'AcurrÉ qu'ils résultent, d'un plus grand
'•nombre de vibrations dans un temps donne.
'(J.^J; Roiiss.) il Fig.' en parlant des regards
vite' et perçants : D'Artagnan redoubla /'acuité
de ce regard auquel nul secret né résistait.
(Alex. Dum.) ' . ' • '■' • '-
— Absol. Finesse, pénétration d'esprit : J'ai
f acuité, la persévérance ; j'ai Iwcaninction'; je
gouverne un peuple mystérieux qui a pris pour
devise la devise de Dieu. (Alex. Dum.) '
— Méd. Intensité des 'maladies aiguës : Le
terme (Z'aCUiTÉ ne doit pas s'entendre de la du-
rée de la maladie prise dans son ensemble, mais
de celle dès éléments quitta constituent, et de
leur intensité. (Encycl. mod.).
.— Par ext' Intensité des sensations : L'k-
cuité de la douleur. Déjà ses -sensations in-
tuitives avaient cette acuité qui doit apparte-
nir aux perceptions intellectuelles des grands
poètes, et les faire souvent approcher de la fo-
lie. (Balz.) . ., ,.,r. ... . ,
ACULÉ, ÉE adj. (a-ku-lé — du lat. acus, ai-
guille). Hist: nat. Qui- porto un aiguillon, il
' ~ f. pi. Eritoin. Section d'hymé-
ACULÉïFORME adj. (a-ku-lé-i-for-me — du
lat. anus, aiguille, et forme}. Bot. Se dit
des organes qui ressemblent a des aiguilles.
— Zool. Se dit des écailles de poissons qui
ont la forme de pointes recourbées.
.. ACUMINÉ, ÉE adj. (a-ku-mi-né— rdu lat.
acuminatus, pointu). Bot. Se dit d'une feuille,
d'un pétale, ou de tout autre organe foliacé,
qui se termine brusquement en pointe à son
sommet : Le noisetier a des feuilles acuminées.
— Entom. Se dit des ailes des"inscctes lors-
qu'elles se terminent en pointe aiguë et pro-
longée. 11 On dit aussi acumineux.
ACUMINEUX, EUSE.adj. (a-ku-mi-iieu,
' ACUMINIFÈRÉ adj . (a-ku-mi-ni-fè-re — du
lat. acumen, pointe; fero,je porte). Zool. Qui
porte des tubercules un peu pointus.
ACUMINIFOLIÉ.ÉE adj. (a-ku-mi-ni-fo-li-é
— du lat. acumen, pointe; folium, feuille). Bot.
Se dit d^une plante, à feuilles acuminées.
ACUNHA (Carillo d'), archevêque de Tolède,
ministre de Henri IV de Castille. Soulevé en-
suite contre lui, contribua à placer sur le tronc
Isabelle , sœur de Henri , et se révo.lta égale-
ment contre elle. Mort en M8î.
ACCNHA (Ant. Osorio d') , évoque de Zà-
mora, un des chefs des communeros sous
Charles-Quint. Il combattit a la tête d'un ré-
giment de prêtres'Qu'il avait formé, et fut dé-
capité après la défaite des communes însur-
' (1521).
ÀCUNIIA (Tristan d'), navigateur portugais,
'■' nvoyéen 1506 avec d'Albuquerque au se-;
s de Fr. d'Alméida vice-roi dès Indes , et
fut envoyé
découvrit le groupe d'iles qui porte
V. Tristan.
ACUNHa (Nuno d'), fils du précédent et vice-
roi des Indes (1558-39), afTèrmit par ses vic-
toires la puissance portugaise, et n'en subit pas
moins une disgrâce aussi éclatante qu'injuste.
ACUMIA (Rodrigue d'), archevêque de Lis-
bonne, un des chefs delà révolution de 1640. Il
arracha le Portugal à la domination espagnole
et donna le trône à la maison de Bragance.
ACUPALPE s. m. (a-ku-pal-pc— du lat. acus,
aiguille ; palpo, je touche). Entom. Genre do
coléoptères ordinairement de couleur brune,
rarement noirâtre. On les trouve dans les en-
droits humides.
ACUPONCTÙRALE OU ACUPUNCTURALE
adj. (a-ku-ponk'-tu-ral — . rad. acuponcture).
Chir. Se dit des aiguilles dont on se sert pour
faire l'acuponcture.
ACUPONCTURE OU ACUPUNCTURE S. f.
( a-ku-ponk-tu-re — du lat. acus, aiguille;
punctura, piqûre). Chir. Opération qui con-
siste à introduire une ou plusieurs aiguilles
ACU
dans la partie du corps qui est le siège de la
douleur : Les Chinois, les Japonais et les In-
diens pratiquent depuis des siècles /'acuponc-
ture ; c'est leur remède universel. (Bouillct.) U
Les dictionnaires do médecine et la plupart
des auteurs écrivent acupuncture : En méde-
cine, lorsqu'une inflammation se déclare sur un
point capital de l'organisation, on. opère une
petite contre-révolution sur un autre point, par
des moxas, des scarifications, des acupunctu-
res. (Balz.) As-tu adopte quelque innovation,
quclaue système? Pourquoi n' entreprendrais-tu
JW/'acùi"uî<cture?, (Scribe.),. ■
ADA
85
!dè là médecine contre un grand
nombre de cas très-divers ét'très-yagueineiit
déterminés, qui paraisserit'app'àrtenir, en gé-
néral, 'au cadre des affections nerveuses et
rhumatismales! On 's'y' sert"'d aiguilles' .t'rcsj-
ïihes qu'on introduit à tràvers'la peau et, au
delà, soit en lès poussant directement, sp'it en
les'toùrnaht entre lés doigts, s'ôit eh les frap-
fiant avec le doigt ou avec un très-petit mail -
et. Ces aiguilles sont qûejquefqis'd'or ou .d'ar-
gent', mais le plus 'souvent d'acier recuit.
Teri-Rhynh, chirurgien hollandais, fit connaître
cette méthode dans un mémoire qu'il publia'à
Londres en 1683. Elle était presque tombée en
oubli lorsque ',' sur la' fin du' siècle dernier,
Vicq-d'Azyr rappela l'attention sur elle. Enfin
dans les années 1824, l825,,lS2e, l'acuponcture '
fut pratiquée et vantée par d'habiles expéri-
mentateurs, notamment par J. Cloquet. Au-
jourd'hui elle est à. peu près Complètement
abandonnée. — Aux effets produits pa.r l'àcu-
Fohcture on. a imaginé de joindre ceux de
électricité, et cette opération a reçu le nom
A'électro-ponçture'.' ," ;;" ."'
ACUPONCTURE n ÉE OU ACUPUNCTURE
(a-ku-ponk-turré) part. pass. du v. Acuponc-
ACUPONCTURÉR OU ACUPUNCTURER V.
a. ou tr. (a-ku-ponk-tu-ré — rad. acuponc-
ture). Ghirurg. Pratiquer l'acuponcture.
ACUPONCTUREUR ou' ÀCUPUNCTUREUR
s! m. (à-ku-ponk-tu-'reur'— rad. acuponc-
iMrç).Celuiquipratiqùeracuponcture. Il Rem.
On n'est pas bien fixé' sur ce mot. On dit
aussi '.acuponcteur et niêmc, AcupoNCTURAp
teûr, mais le procédé lui-mèmo étant aujour-
d'hui tombé en 'désuétude j ces différences
ri'ofiïeni plus d'intérêt. '. . ',:'•;,,. , .. '.
■ ÀCUS1I.AUS, un des plus anciens-historiens
grecs, né à Argos avant les guerres médiques.
Il avait écrit sur les généalogies des princi-
pales maisons de la Grèce. Il né reste de lui
que quelques fragments, dans les Fragments
des historiens grecs. (Didot.)
acut s. m. (a-ku — du lat. acutus, aigu,
pointu). Extrémité d'une forêt. || Typogr.
Caractère marqué d'un accent aigu. Vieux.
' acutangle adj.'(a-ku-tàn-gle — du, lat.
acutus, aigu ; ahgulus, angle). Géom. Se dit
d'un triangle dont les trois angles sont aigus.
— Miner. Se dit d'un prisme hexaèdre dont
les angles solides sont interceptés par des
facettes triangulaires très-aigues: Chaux can-
bonalce acutangle.
— Antonyme. Obtusangle.
ACUTANGULAIRE adj. (a-ku-tan-gu-lè-re
— rad. acutangle). Géom. Qui fait un. angle-
aigu : Section acutangulahïe d'un cône.
ACUTANGULÉ, ÉE adj. (a-ku-tan-gu-lé —
rad. acutangle). Géom. Qui a dos angles aigus.
— Bot. .Se .dit des tiges qui ont des angles
aigus et saillants. -'
ACUTESSE s. f. (a-ku-tè-se— du lat. acutus,
pointu). Etat de co qui est aigu, pointu : L'a-
■'■— Fig. : La pétulance chevaleresque, la fou-
gue de mœurs et 2'acutesse de mots de l'Italien
Mercutio. (Ch. Nod:) La lente action du sirocco
de l'atmosphère provinciale détend les plus fiers
courages, relâche les fibres, et désarme les pas-
sions de leur acutesse. (Balz.) Son regard p'er-
dit sa gaieté, et prit ('acutesse que le soupçon
donné aux yeux de tout le monde. (Balz.)
ACUTICAUDE adj. (a-ku-ti-kô-dc— du lat.
acutus, pointu ; cauda, queue). Zool. Se dit de
certains animaux, qui ont la queue pointue.
ACUTICORNE adj . (a-ku-ti-kor-ne — du lat.
acutus, aigu ; cornu, corne); Zool. Se dit des
animaux qui ont les cornes ou les antennes
terminées en pointe.
ACUTIFLORE adj. (a-ku-ti-flo-rc — du lat.
acutus, aiguille ; flos , (loris, ficur). Bot. Se dit
d'une plante qui a des fleurs dans lesquelles
les segments de la corolle et du calice se ter-
minent en pointe aiguC.
' ACUTIFOLIÉ, ÉE adj. (a-ku-ti-fo-li-o — du
lat. acutus, aigu; folium, fouille). Bot. Se dit
d'une plante dont les feuilles sont acuminées.
ACUTILOBÉ, ÉE adi. ( a-ku-ti-lo-bé — du
lat. acutus, pointu, et du gr. lobos, lobe). Bot.
Se dit d'une plante dont les lobes des feuilles
sont aigus.
ACUTIPENNE adj. (a -ku-ti -pè-ne — du
lat. acutus, pointu ;pennà, plume). Ornith. Qui
a les pennes ou plumes de la queue terminées
en pointe.
ACUTIROSTRÉ, ÉE.adj. (a-ku-ti-ross-tré —
du lat. acutus, pointu ; r'ostrwn, bec). Zool.
Dont latôto se prolonge en bec aigu. On dit
ACUTO-ÉPINEUX, EÛSE P^j. (a-kll-to-é-
pi-ncu , eu-ze — dû lat. acutus^ pointu . et
épineux). Zool. Se 'dit deschonilles dont le
corps présente plusieurs rangées d'épines ai-
guës. ... , „,;,., 3ta -
acyanoblepsiEjS. f.(a-sira-no-bloi-psî —
du gr. a priv. ; kuanos, bleu, et blepsis, ; vue).
Méd. Infirmité , de la vue .caractérisée .par
l'impuissance, do distinguer .la. couleur. bleue.
i'ACYCLIE s. f. (a-si-kir— du1 gr! a priv);
frukios; cercle). Pathol.'i Suspension 'générale
du mouvement des fluides dans l'économie: '
' ACYÉSIE s. f.' (a-si-c-zî.— . d'ù gr/'a, prîy; ;
. Aiici/î', concevoir). Méd. Stérilité, impuissance.
Quelques-uns disent acysié. , , ,. . l
.,' ACYROLOGIE s. f. (a^siTroTib-jî'midu.-gr.
alcuros, impropre,; logos, discours).- Impro-
priété de mots, de ternie^: Ceùg innovation
aurai 't'sàns'doii té i[Jrawi?j''çaAair^e,.,çëih(f;/îeir-
tirper'dà'cè même'èùwarje lès agyrologies'ok
impropriétés de termes,' admises par' dcs^acàr
dêmiciens qui n'ont pas' suies rccdnnaiiré , ha-
bitués qu'ils étaient à' s'en .servir eux-mêmes.
■(Legoar.) ./■.;,;,'"'.' ',';.„, -.''.^''..i" ' '•
' ÀCYROLOGiQUEadj. (a-si-ro-ïo-ji-ke-rrad.
açyrologie). Qui concerne 1'acyrqlogie.j
ÂCYSTIE s. f. [a-si-stî — du gr- a priv. ;
kustis, vessie). Terat. .Monstruosité produite
par l'absence do la vessie urinaire. . ' . ;
ACYSTINERVIE s. f. (a-si-sti-nèr-vi-— du
gr. a priv..; kustis, vessie, et neuron, iicrf).
Méd. Paralysie de là'vcssie. •' ' r .' ''
AD'prôp. lat. signifiant à, vers, pour, etc.
Elle entre dans )a composition de plusieurs
locutions latines usitées .oh.,francais,t.lellcs
que ad hominem, ad honores, ad rèm, etc. On
les trouvera à leur ordre alphabétique.,
1 — Gramih. Parmi lès mots'jluicomîncncent
par ad, les seuls où la co.nsônne'.tfsè redouplc
sont : additif, addition, additionnel,' addition-
ner, adducteur, adductif, arf(/«è(i'(în',t*e't?rqiiel-
ques autros peu connus, ainsi que" certains
noms propres. La consonno d. no se redoublé
dans aucun autre mot. . ^ ■ ' ••* ■
•; 'AD s.- m. Nom' d'und' ancienne tribu arabe
dont parlé souvent le Coran, et' que Dieu' cxL
termina à cause de son idolâtrie. \
" ÂpACÀs! f. (a^da-kà).' Bot,, Plantc.-du Ma-
labar que l'on.cmploie en,médecine contre la
colique et 'les hémorroïdes. -.-, , ',',.
ADACTION s: f. (a-dak-si-on — lat. adactiô,
môme sens). Action de contraindre; assujet-
tissement rigoureux, forcé, ,
ADACTYLE adj. (n-dak-ti-le — du gr. a
priv,; daktulos, doigt). Zool. Qui n'a pas de
doigts. 11 S'applique aussi aux crustacés dont
les pattes antérieures sont dépourvues , de
pinces. . . , • .•
, ADAD, roi de Syrie, que ses sujets hono-
rèrent comme un. dieu après sa mort. On croit
que c'est le Dagon des .Philistins. ...-•--.
ADAGES, m. (a-da-jc —'du lat.' àdà'gium ;
formé de ad agendum, pour agir; qui;dpitétre
fait). Maxime, sentence, "dire populaire : J'en
suis'encore à cet adage que Dieu est dans tout
et que la nature est son temple. (G. Sand.) S'il
est vrai, d'après un adage, qu'on puisse Juger
une femme en voyant la porte de sa maison; les
appartements doivent traduire son esprit' avec
encore plus de-fidélité. (Balz.) Un adage disait
a u trefois : Bracon nier comme un garde. (Tousse-
nol.) De la royauté elle-même est vrai ('adage :
0 Tant vaut V homme , tant vaut ta teïre. >
(Ch. de Rémus.)
■ Cœurs dignes desentir le prii de l'amitié, -
Retcnci cet-ancien ada/je . :
Le tout ne vaut pas la moitié. • ,, . -,■•
Florjan.
il S'emploie souvent- avec. une. intention de
dénigrement : Par bonheur, les adages, "de ces
philosophes, qui' arrangent l'avenir comme le
présent, ne dérangent point le plan de la Pro-
vidence. (La, Harpe.) De là est venu ce bel
adage de morale, si rebattu par la tourbe phi-
losophique, que les hommes sont' partout les
mêmes, qu'ayant partout les mêmes1 passions et
les mêmes vices, il est assez inutile de chercher
à caractériser les différents peuples. (J.-J.
Rouss.) ■ ' ■ ''.■*'
— Ne parler que par' adages, Affecter un
ton sentencieux. .' . •'
— Bibliogr. Adages d'7?ra*me,',Rèciicil'de
plus de quatre mille proverbes grées et la-
tins tirés par Erasme des poètes et des pro-
sateurs de l'antiquité.
— Syn. Adoge , aphorisme, àpoplillicgMie-
pophtlte'gme est'une parole mémorable d'un an-
cien, ou imitée des anciens : Les apophthegmbs
des sept sages, de la Grèce. Vaphorisme est une
courte décision ou,, prescription d'un traité
scientifique, surtout d'un traité de médecine :
Les apuorismes d'IIippocrate. L'axiome est
une vérité générale qui fait autorité,. un prin-
cipe évident par lui-même. Là maxime est un
veroes sont des maximes communes qui se
trouvent dans la bouche de tout le monde.
Adage se dit ordinairement d'un proverbe
ADAGlAIREadj.(a-da-ji-è-re — rad. adage).
86 AÎ)A
Sentencieux : Homme adagiaire. Expression
adagiaire. il Vieux mot qui a été aussi em-
ployé substantiv., pour désigner un homme
plaisant, facétieux : Un adagiaire.
-'ADAGIATI Si m. pi. (a-da-djia-ti — de l'i-
tal." adagiato, qui- prend, qui cherche, qui
aime ses aises);- Hist. litt. Nom que se don-
naient les académiciens de Rimim.
Adagio adv. (a-dà-jio). Mot italien signi-
fiant 'à: l'aise , 'posément, lentement; et qui_ se
placé au' commencement ou dans le cours d'un
morceau de musique pour marquer un mou vo;
ment' lent 'de. sa, 'nature : Ce morceau doit être
joué adagio. (Àc'ad!) ,'
— s. m. L'a^i Ie morceau de musique lui-
même i Un bel adagio. M', le duc de Richelieu
dit 'que vous avez joué supérieurement, mais il
trouve aussi, que vous avez un peu trop. mis
d'ADAGids. (Volt.) La monotonie est le défaut
ordinaire des adagios. (Millin.) Dans la sym- '
phmtie , Beethoven a. reniportc. la palme par
ses' sublimes adagios. (A. Elwart.)
Fig. : L'automne est un andante mélanco-
lique qui prépare admirablement le solennel
adagio de l'hiver, (G.Sand.) , .
; — Antonymes. Allegro, presto. ;
ÀdaLbÎÊR01S,: archevêque de Reims, châh^
celier sous ^Lothaire et' Louis V, donna une
impulsion puissante aux écoles de son- diocèse,
et sacra Hugues Capét en 987.
. AD ALBÉRpN',. évêque de Laon en 977, conT
tribua àla révolution, qui donna la couronne à.
Hugues Capet, ,én livrant à ce prince son com-
pétiteur Charles de Lorraine! On a de lui un
pbëm'e satirique '(inséré dans" le 10e vol. des
historiens de. France) où l'on trouve de cu-
rieux détails sur lès affairés du temps! ' "
ADALBERT (saint — en' langue germanique,
homme noble), évêque de P'ragueî apôtre des
Prussiens, né vers 940, en Bohême, prêcha
l'évangile aux Hongrois,' et fut martyrisé en
Prusse (997). 11 est honoré le 23 avril.
ADALGISE, fils de Didier," roi des Lombards,
mort en 788, avait épousé une sœur do Charr
lemagne, fut.vaincu par ce prince, contre le-
quel il soutint un siège dans Vjjrone.
ADALHARD, abbé de Corbie, était-neveu dé
Pépin: le Bref et cousin de Charlemagne, qui
le nomma son délégué au concile de Rome, en
809. Il avait composé cinquante-deux sermons,
dans lesquels il prêchait ouvertementque nobles
et vilains devaient une égale obéissance aux
lois. Cette hardiesse le fit exiler par Louis le
Débonnaire dans l'ile de Héro (Noirmoutier) :
mais sept ans après il fut rappelé à" là cour. Il
né nous reste que dés fragments de ses écrits.
ADAL1A, VAtlalia des Romains, aujourd'hui
Sataueh. V. ce dernier mot. .
adaliah s. m. (a-da-li-a) Hist. mahom.
Sectateur d'Àli. V.Adaute.
ADAL1DE s! m. (a-da-li-de). Officier do jus-
tice militaire en Espagne.
ADALINGUE s; m. (a-da-lain-gue) . Mot d'o-
rigine saxonne, çjui signifie' noble, et qui s'ap-
pliquait particulièrement aux fils dest>arons.
Il Chez- les Anglo-Saxons, il désignait l'héri-
tier présomptif de la couronne. '
ADALITE adj . et s. (a-da-lite — mot arabe
qui signif. partisan du bon droit). Hist. ma-
hom. Nom des sectateurs d'Ali.
ADALSEINDE (sainte — mot qui, en langue
Scandinave, signifie jeune fille noble). Vierge
qui vivait au vme siècle. Elle est honorée dans
les Pays-Bas le 24' décembre.
ADALY s. m. (a-da-li — du gr. adalès, qui
n'est'pas nuisible). Bot. Plante de la famille
des verbénacées : Les Indiens regardent le su,c
de /'adalt mélangé à une petite quantité de
poivre en poudré comme1 un antidote très-effi-
cace contre les morsures du serpent à sonnettes.
(Encycl.) il On écrit aussi adali.
ADAM. Suivant les Ecritures, le premier
homme. Dieu le forma à son image et du li-
mon dé la terre (adàm signifie, dit-on, terre
rouge). C'est par lui qu'il couronna l'œuvre de
la'création, après avoir tout préparé dans la
nature pour y recevoir celui qui en devait être
le roi. Il lui associa ensuite une compagne for-
mée de sa chair r et le plaça dans le paradis ter-
restre, en lui défendant de toucher aux fruits
du seul arbre de la connaissance du bien et du
mal. Séduit par Eve, Adam désobéit à Dieu,
qui le punit en le condamnant lui et sa posté-
rité au travail et à. la' mort. Mais en étendant
»ux races futures la solidarité du péché origi-
nel. Dieu leur promit un rédempteur. Déchu
de l'état d'innocence, chassé du paradis ter-
restre, condamné aux misères de la vie et aux
angoisses de la mort;' le père des races hu-
maines erra sur la terre et mourut à 'l'âge de
630 ans, après avoir eu, entre autres entants,
Caïn et Abei; puis Seth et plusieurs rilles.
> — Le mot Adam entre dans plusieurs locur
lions proverbiales : Il se croit sorti de la côte
d'Adam, 11 se croit d'une très-haute origine.
Il Je ne le connais ni d'Eve ni d'Adam, Je ne
le connais pas du tout, il Se servir de la four-
chette du père Adam, Manger en se servant
des doigts comme fourchette : En Orient, à
'ses repas, on ne se sert que de la fourchette
du père adam. (Th. Gaut.) Il Le vieil Adam,
dans le langage de l'Ecriture, L'homme en
état de péché; le nouvel Adam, L'homme en
état de grâce, régénéré par le baptême ou
par le sacrement de la pénitence.
— Par compar. Se dit d'une chose dont sont
ADA
issues toutes les autres choses de même es-
pèce : Le premier pied d'acacia ou plutôt de
robinier qui parvint en Europe fut planté à
Bruxelles dans le jardin de l'archiduc. Cet
adam des robiniers est originaire de l'Amérique
septentrionale. (Bory-SWinc.)
— Hortic. Variété de pomme tardive don-
nant un cidre fort, coloré et durable, il C'est
aussi lo nom d'une variété de .rose blanche,
obtenue par un horticulteur de Reims..
Adùm (Légende d'). Ce drame rimé, le plus
ancien monument connu de notre littérature
dramatique, du moins en langue française, date
du xiie siècle, et fut l'œuvre d'un poète ignoré,
sans doute un moine. Il nous montre admira-
blement ce qu'était notre théâtre à son origine :
un simple enseignement religieux, accessible
à tous les esprits. De plus, par une bonne for-
tune, on a retrouvé jointes au manuscrit des
indications seéniques écrites en latin, et du
plus haut intérêt pour l'histoire dramatique. La
représentation du. drame d'Adam avait heu sur
les places publiques, en plein, air. Le sujet est
le bonheur primitif, et la chute de. l'homme;
Adam est le héros de la pièce. On assiste dès
le'début à la joie et à la pure félicité de nos
premiers parents dans le paradis terrestre;
•vient ensuite Satan , dont la ruse et l'habileté
échouent devant la*fermeté d'Adam. Repoussé
d'un côté, le mauvais se tourne vers la femméj
et, pour là séduire, se fait doucereux et flat-
teur : > Elle a, dit-il , bien plus d'esprit et de
raison que son mari, qui est un fou; puis, elle
est si belle qu'il lui siérait parfaitement d'être
reine ; et qu y a-t-il à faire pour cela ? rien que
mordre dans un fruit . délicieux. » Le- démon
s'éloigne ensuite et la laisse , à demi convain-
cue , seule avec son mari. Celui-ci blâme sa
compagne de s'être entretenue avec. l'esprit du
mal ; mais Eve le raille doucement, cueille un
fruit, le lui montre, l'entame et le lui faitgoû-
ter. A peine Adam a-t-il cédé k la tentation,
?iue sa faute lui apparaît;- il se couvre de
euillage et se cache pour éviter la vue de
Dieu ; mais le Seigneur irrité l'appelle ainsi que
sa coupable épouse , les maudit et les chasse
tous deux du paradis, se réservant toutefois la
miséricorde.
Nous assistons, ensuite à la nouvelle condi-
tion des époux , travaillant la -terre à la sueur
de leur front , au milieu des ronces et des
épines que font croître dans leurs champs les
démons impitoyables, qui finissent par les en-
traîner eux-mêmes dans l'enfer. La deuxième
partie offre l'histoire de Caïn'et d'Abel, divisée
en deux épisodes : le sacrifice éile"meurtre ;
après quoi les diables entraînent les deux frères
dans 1 enfer , Caïn à grands coups de bâton ,
Abel avec les plus grands égards. Le troisième
acte est une sorte d'épilogue dans lequel les
prophètes viennent chacun à leur, tour pro-
noncer une prophétie, et s'en vont ensuite en
compagnie des démons ; les principaux de ces
personnages sont : Abraham , Moïse , portant
les Tables de la loi ; Aaron, habillé en évêque ;
David et Salomon, en rois ; Balaam, monté sur
son ânesse ; Daniel, Babacue , Isaïe i et enfin
Nabuchodonosor, qui vient, raconter l'histoire
des trois jeunes Hébreux jetés au feu par son
ordre et miraculeusement sauvés. Ce drame,
exhumé d'un manuscrit de la bibliothèque de
Tours, et publié en 1854 par M. Luzarches, ne
semble pas s'être perpétué dans notre littérar
ture ; mais s'il n'a pas eu son existence particu-?
lière, il s'est enchâssé dans les représentations
des mystères et de la passion , auxquelles il a
toujours depuis servi de prologue, se pliant
avecces grossières ébauches aux modifications
de la langue. On remarque que, dans ces diffé-
rents mystères, Eve est toujours fort maltrai-
tée par les légendaires. ,' "
ADAM DE BREME, chroniqueur allemand du
xio siècle, chanoine à Brème en 1067, connu
par une Histoire ecclésiastique des Eglises de
Hambourg et de Brème (de 7S8 à 1072), pré-
cieuse pour l'abondance des renseignements
sur la propagation du christianisme dans le
nord de l'Europe. La première édition est.de
Copenhague (1579).
ADAM, abbé de Perseifne (vers 1180), prê-
cha en France la quatrième croisade. Ij a laissé
vingt-huit lettres intéressantes pour l'étude
des mœurs du temps. Elles ont été publiées
par Baluze et dom Martène. Il a, prononcé,
en outre, un grand nombre de sermons ; quel-
ques-uns, relatifs à la Vierge, ont été impri-
més sous le titre de : Ad& abbatis Persenix...
sermones (Rome, 1662, in-8°). :
ADAM DE LA HALLE, trouvère d'Arras.
V. La HaLLK (Adam de).
àHe-
vement évêque de sa ville natale, puis de
Worehester, et enfin de Winchester. D'un es-
prit intrigant et factieux, il prit une part active
aux troubles qui agitèrent le règne du faible
Edouard Het mourut aveugle et peu regretté.
Les histpriens rapportent à son sujet une
anecdote qui offre un trait caractéristique de
l'esprit du temps et rappelle le fameux oràclp
de la sibylle k Pyrrhus. Consulté par les
conspirateurs qui servaient les vues ambi-
tieuses et cruelles d'Isabelle, femme d'E-
dounrd, pour savoir s'il convenait de tuer ce
malheureux prince,le prélat répondit par cette
phrase amphibologique : Edwardum occidere
nolite iimere bonum es*, qui, suivant les repos
'.{iio l'on observe dans renonciation de ces
mots, présente cette double signification. « Ne
tuez pas Edouard.il est bon de craindre; »ou :
de tuer Edouard, c'est une
bonne action. »
ADAM (Jean), jésuite, né à Limoges en I60S,
mort en 16S4. Il prêcha à la cour sous la ré-
gence d'Anne d'Autriche, et n'obtint que peu
de succès, ce qui fit dire à un courtisan que
« le Père Adam n'était pas le premier homme
du monde. •
ADAM (Jacques), né à Vendôme en 1683. Il
fut associé aux travaux de l'abbé Flèury, lui
succéda à l'Académie, et devint le précepteur
du fils du prince de Conti. Il a laissé une tra-
duction^'Athénée qui n'a pas été inutile aux
traducteurs qui sont venus après lui.
ADAM (Lambert-Sigisbert), statuaire, né à
Nancy en 1700, mort en 1759. Ses principales
productions sont la Seine et la Marne (pour la
cascade de Saint-Cloud) ; Neptune calmant les
flots.; Neptune et Amphitrite (à Versailles).
Cet artiste distingué sacrifia cependant au
Eoût du temps en cherchant à exprimer avec
i statuaire des effets que la peinture seule
peut rendre.
Son frère et son émule, Nicolas-Sébastien
(1705-1778), est connu par son Prométhée, et
surtout par son Mausolée de la reine de Po-
logne, épouse de Stanislas (église du Bon-Se-
cours, près de Nancy). ■
ADAM(Robert), architecte écossais, né en
1728 près d'Edimbourg, mort en 1792. II a
élevé à Edimbourg, à Glasgow et à Londres,
un grand nombre de constructions. Sa Descrip-
tion des ruines du palais de Dioctétien, à Spa-
latro (Dalmatie), est très-estimée, et elle est
précédée d'une introduction savante sur l'ar-
chitecture romaine.
, ADAM (Alexandre), savant écossais, né en
1741, mort en 1809: auteur d'une excellente
Grammaire latine, d un Abrégé des antiquités
(trad. en fr.' 1818), et d'une petite
classique.
ADAM (Edouard-Jean), chimiste manufac-
turier, né à Rouen en 1768, mort en 1807. Il
est connu par une découverte pour la distilla-r
tion des vins. Il mourut ruiné à la suite des
nombreux procès qu'il eut à soutenir contre
ses contrefacteurs.
ADAM (Jean-Louis), pianiste compositeur,
né dans le Bas-Rhin vers 1760, mort à Paris
par de charmantes compositions, et fut
en 1797 professeur au Conservatoire de mu-
sique. Il a formé une foule d'excellents élèves.
Parmi ses ouvrages, qui obtinrent un légitime
succès, on cite : Méthode ou principe général
du doigté; Méthode de piano ; des quatuors
d'Haydn et de Pley el arrangés pour le piano ,etc.
Il est le père d'Adolphe Adam, le populaire au-
teur du Chalet et du Postillon de Longjumeau.
ADAM (Adolphe-Charles), fils du précédent,
un de nos plus féconds et de nos plus char-
mants compositeurs de musique dramatique,
né à Paris en 1803, mort en 1856. Il apprit la
composition sous Boïeldieu, vécut longtemps
dans le dénùment et l'obscurité, aborda le
théâtre par des airs de vaudeville, et obtint
en ce genre des succès de vogue et de popula-
rité qui lui ouvrirent enfin les portes de l'Or
péra-Comique (1829). Ses productions se mulr
tiplièrent alors avec rapidité, tant sur les
scènes lyriques de Paris que sur les théâtres
de Londres, de Berlin et de Saint-Pétersbourg,
Sa facilité charmante a nui peut»ètre un peu a
l'élévation et à la perfection de ses œuvres,
qui se distinguent d ailleurs par la grâce bril-
lante, l'élégance et l'esprit, plutôt que par le
caractère et l'énergie. Les plus remarquables
et les plus applaudies sont ; le Chalet (son
chef-d'œuvre) (1834), le Postillon de Lonjur-
meau (1836), Pierre et Catherine (l829), le
Proscrit, Une Bonne Fortune, le Fidèle berger
(1837), le Brasseur de Preston (1838), 7a Reine
d'un jour, etc. Ruiné par l'insuccès du Théâtre-
Lyrique, qu'il avait fondé à Paris, et pour le-
quel il composa Si j'étais roi, le Bijou perdu,
la Poupée de Nuremberg, etc., il fit, dans ses
dernières années, de la critique musicale dans
les journaux. Il était membre de l'Institut de-
puis 1844,-et professeur au Conservatoire.
et chansonnier, né au commencement du
xvne siècle, mort en 1662. Ses poésies, libres
inspirations d'un génie inculte, mais original,
le contraste de ses occupations manuelles et
de son talent poétique, la gaieté .franche et
populaire de ses refrains, sa verve et son na-
turel, lui donnèrent de son temps une vogue
dont te souvenir n'est pas encore effacé. Ri-
chelieu lui fit une pension,- le grand Condé le
protégea, Corneille écrivit son éloge, Voltaire le
compta parmi les écrivains du grand siècle, et
l'on poussa l'engouement jusqu à le décorer du
titre pompeux de Virgile au rabot, qu'il n'a-
vait certes pas ambitionné. Un poète de la
cour lui fit ce quatrain :
irles
;t pour
Vous êtes le premier i
Il avait publié ses poésies en trois recueils,
qu'il intitula, par allusion à son métier : les
Chevilles, le Vilebrequin, le Rabot. M. Pissot
a donné, en 1806, un choix de ses œuvres. Il
! une édition complète. Nevers, 1844,
peut nier que les vers de Maître
;r. in-8»
On ne
ADA
Adam n'aient tiré leur plus grand relief du
contraste de son état; il y a dans ces vers de
l'incorrection, du mauvais goût et des pointes
ridicules. Il y avait "certainement du poëte
dans le menuisier, mais il y avait plus encore
du menuisier dans le poëte. Tout le mond
connaît sa chanson, restée si populaire :
Aussitôt que la lumière
JeTOmmenceI'maScarr'iùre'
Par visiter mes tonneaux.
Ravi de revoir l'aurore,
Plus qu'à mon nez de rubis?
Voltaire avait une prédilection marquée pour
se rondeau, si souvent cité :
Pour te guérir de cette asiatique
Entre deux draps, sans aucun mouvement,
Prends-moi deux brocs d'un fin jus de sarment,
Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique
Sur l'épiderme où la douleur te pique.
Et tu boiras le reste promptement
Pour te gudrir.
Un autre artisan , Ragueneau , pâtissier
bourguignon, lui adressa un sonnet qui finissait
par cette pointe :
Tu souffriras pourtant que je me flatte un peu : *
Avecque plus de bruit tu travailles sans doute,
Mais, pour moi, je travaille avecque plus de feu.
ADAM-LE-ROI. V. Adenez.
ADAM (pic d'), montagne de l'ile de Ceylan,
visible à plus de 120 kil. C'est l'un des plus cé-
lèbres pèlerinages des bouddhistes, qui accou-
rent de tous les pays pour contempler l'em-'
preinte qu'y laissa Bouddha lorsqu'il visita
l'ile de Ceylan. Selon les chrétiens du pays,
on y conserve l'empreinte du pied d'Adam.
ADAMA, une des cinq villes brûlées avec
Sodome et Gomorrhe, dont les ruines ont été
retrouvées par M. de Saulcy, en 1850.
ADAMAGIER v. a. ou tr. (a-da-ma-ji-é).
Causer du tort, du dommage. Vieux.
adamante s. f. (a-da-man-te — du gr.
damazà, je dompte). Herbe d'Arménie et de
Cappadoce, à laquelle les anciens attribuaient
la propriété de dompter les lions et d'adoucir
leur férocité. On dit aussi adamanus.
— Spath adamantin, Nom donné autrefois
à une variété de corindon. On croyait à tort
la poudre de spath capable d'user le diamant.
Il Couche ou croûte adamantine des dents, L'é-
mail dentaire.
— Par anal, et mbralem. Se dit de tout
ce qui est dur et insensible : Cœur adamantin.
Mets autour de mon cœur l'armure adamantine.
ADAMANTIS S. f. V. ADAMANTE.
ADAMASTOH (le géant), ou le Géant des
Tempêtes, personnage fictif des Lusiades (V. ce
mot). Camoëns suppose qu'au moment où
Vasco de Gama va franchir le cap des Tem-
pêtes, appelé depuis cap"de Bonne- Espérance,
un géant, le gardien de ce cap, se dresse de-
vant lui pour l'empêcher d'aller plus loin. Les
épopées grecques ou latines n'ont pas de créa-
tion plus poétique. «Le soleil avait déjà re-
paru cinq fois sur l'horizon depuis que nous
avions quitté cette côté, et, poussés par un
vent favorable, nos vaisseaux fendaient ma-
jestueusement les mers, lorsqu'au milieu de la
nuit un nuage effrayant parut tout à. coup sur
nos tètes et nous glaça d'effroi. Les ondes
mugissaient comme si elles se brisaient sur
quelque noir rocher. «Puissance suprême!
» m'écriai-je, de quoi nous menaces-tu? Quel
a nouveau prodige vas -tu nous offrir?» Je
n'avais pas achevé de parler,'que nous vîmes
s'élever du sein des flots un fantôme épouvan-
table. Sa taille était gigantesque, ses mem-
bres égalaient en grandeur l'énorme colosse
de Rhodes , l'une des sept merveilles du
monde: son front était chargé d'orages, sa
barbe hérissée, ses yeux étincelants, son re-
gard horrible, sa chevelure épaisse et limo-
neuse. L'effroyable son de sa voix paraissait
sortir des entrailles de l'abîme. Nous frisson-
nâmes tous d'épouvante, nos cheveux se dres-
sèrent d'horreur, et le spectre fit entendre ces
mots : « O peuple le plus téméraire de tous les
» peuples ! puisque tu as franchi les bornes
"jusqu'alors inaccessibles aux mortels; puis-
» que tu oses braver les mers que je garde
» depuis si longtemps, et qui n'avaient pas en-
» core porté de vaisseaux ; puisque tu as voulu
» sonder les secrets de la nature et de l'hu-
» mide élémept, secrets qu'il n'a jtunàis èfp
5 donné à aucun mortel de pénétrer, apprend^
» de moi les niaux qui te sont réservés pour
» prix de ton audace. Tous les navires qui
» parcourront après toi la route que tu viens
o de leur montrer rencontreront ici un ennemi
» implacable, qui déohainera contre eux les
« vents et les tempêtes. Je ferai un exemple à
» jamais terrible de la première flotte qui pas-
» sera près de ces rochers, et je signalerai ma
• vengeance sur celui qui le nremier m'est
ADA
•■ venu braver dans ma demeure ! Si mes yeux
■ savent lire dans le livre du destin, chaque
» année amènera pour vous de nouveaux
• naufrages et de nouveaux désastres. » Le
monstre allait continuer ses menaces : je me
levai, et je fui dis : » Qui es-tu? » Il me ré-
pondit, en tordant affreusement sa bouche :
«Je suis ce cap, grand et caché, que vous
■ appelez cap des Tempêtes : mon nom est
• Adamastor. » Il dit, et tout à coup, éclatant
en sanglots désespérés, il disparut à nos veux. »
On fait, en littérature, de fréquentés allu-
sions au géant Adamastor; en voici quelques
« Le gamin de Paris s'étonne peu, s'effraye
encore moins, chansonne les superstitions, dé-
gonfle les exagérations, tire la langue aux re-
venants, introduit la caricature dans les gros-
sissements épiques. Ce n'est pas qu'il soit pro-
saïque ; loin de là ; mais il remplace la vision
solennelle par la fantasmagorie farce. Si Ada-
mastor lui apparaissait, le gamin dirait :
« Tiens I Croquemitaine !» '
Victor Hugo.
. « La vérité, la justice sont en butte aux
mêmes assauts, quelle que soit l'bpinion vic-
torieuse. Les partis opposés battent tour à
tour de leurs flots ces anges gardiens de l'hu-
manité, qui ressemblent au géant debout sur le
cap des Tempêtes. Les mers contraires vien-
nent, des deux bouts de l'horizon, bouillonner,
mugir à ses pieds et heureusement s'y briser. »
Salvandy. % .
■ Naguère une ir
Une même vague écumante
Nous jetait aux mêmes récifs.
Echangeant nos signaux fidèles
En nous saluant do la voix,
Pareils a deux sœurs hirondelles,
Nous voulions, tous deux a la fois,
Doubler le même promontoire,
Remporter la même victoire,
Dépasser le siècle en courroux;
Nous tentions le même voyage;
Nous voyions surgir dans l'orage
Le même Adamastor jaloux! •
V. Hugo, à Lamartine.
ADAMIA s. f. (a-da-mi-a). Bot. Genre de
plantes de la famille des saxifragées, dont on
no connaît qu'une espèce indigène du Né-
paul, et qui se cultive en Angleterre comme
arbuste d'agrément.
ADAMIENS s. m. pi. (a-da-mi-ain — rad.
Adam). Hist. ecclés. Sectaires qui, au ne siè-
cle do l'ère chrétienne, prétendaient avoir été
rétablis dans l'état d'innocence où se trouvait
Adam au moment de la création : de là leur
nom. Pour mieux imiter cet état d innocence,
et, disaient-ils, parvenir à dominer leurs
sens, hommes et femmes étaient entièrement
nus dans leurs assemblées. Au xv» siècle, la
secte des adamiens ressuscita en Bohême et
en Moravie, où elle ne tarda pas à être dé-
truite, tl On dit aussi adamitks.
ADAMIQUE adj. (a-da-mi-ke— rad. Adam).
D'Adam, qui appartient, qui a rapport à
Adam : L'histoire du couple adamique.
— Race adamique, La race humaine primi-
tive, qu'on suppose originaire du pays où fut
le berceau d'Adam : Voilà puurquoi les »-
à la race caucasienne, la plus belle de
toutes; elle parait avoir trouvé son berceau près
dés lieux où le paradis terrestre est placé par
les indications de Moïse. (Val. Parisot.)
— Géol. Terre adamique, Sorte de limon
salé et visqueux que l'on remarque au fond
do la mer, après le reflux des eaux. On l'ap-
pelle ainsi parce qu'on suppose que Dieu
s'en est servi pour former le corps du premier
homme.
ADAMISME s. m. (a-da-mi-sme — rad
Adam). Hist. ecclés. Hérésie des Adami
qui, sous prétexte de chasteté, paraissa
nus dans leurs assemblées : /.-/. Rousseau,
qui prenait le sommeil des sens pour la chas-
teté, et qui ne voyait dans la pudeur qu'un raf-
finement du plaisir, inclinait à /'adamiSme.
(Encycl.)
ADAMITES s. m. pi. (a-da-mi-te — rad.
Adam). Hist. ecclés. V. Adamiens.
AD APERTURAM LIBRI (a-da- pèr-tu -
ramm-li-bri). Mots latins qui signifient A
livre ouvert : Peu de personnes sont capables
d'expliquer les auteurs anciens ad aperturam
ADAMS (Guillaume), navigateur anglais, né
dans le comté de Kent, vers 1575, mort en
1621. Vers 1599, il se fixa au Japon, où l'avait
jeté la tempête, et il usa noblement de l'in-
fluence qu'if y sut acquérir pour favoriser la
navigation et le commerce des Européens,
ADAMS (Samuel), un des fondateurs de l'in-
dépendance américaine, né à Boston, en 1722,
mort en 1803. Dès le début de la crise, il se
i'eta dans le mouvement avec ses amis Frank-
in et Jefferson , organisa les sociétés popu-
laires, fut nommé député de Massachusetts et
eut la plus grande part à l'élaboration de la
constitution de cet Etat. Son intégrité l'avait
fait surnommer le Caton de l'Amérique régé-
nérée. Adams fut un des premiers k élever
ses vues jusqu'à l'indépendance complète,
même au moment où les plus chauds partisans
de la liberté américaine ne visaient encore
qu'au redressement de quelques griefs, et on
1 entendit s'écrier, à la nouvelle des premiers
coups de fusil tirés à Lexington : « Quelle
glorieuse matinée que. celle-ci 1» La prochaine
indépendance était tout entière dans cette gé-
néreuse et patriotique exclamation.
ADAMS (John), deuxième président des
Etats-Unis , né dans le Massachusetts , en
1735, mort en 1826. Jurisconsulte distingué et
l'un des promoteurs de l'indépendance amé-
ricaine, il remplit quelques missions diploma-
tiques, succéda à Washington dans la prési-
dence de la république (1797-1801), s'honora
par sa modération pendant tout le cours de sa
carrière, mais compromit sa popularité en se
montrant favorable à l'établissement d'une
noblesse héréditaire. — Son fils, Adams (John-
Quincy), fut également président (1825-1829),
et, comme lui, l'un des chefs du parti aristo-
cratique et fédéraliste.
ADANA, ville de la Turquie d'Asie, à 35 kil.
de la Méditerranée. Climat sain en hiver ; en
été, chaleur excessive, qui force les habitants
à émigrer, 20,000 h. Commerce actif. Céréales,
vins , fruits , etc. Belles ruines de là domi-
nation romaine. Méhémet-Ali s'en empara en
1832, après la victoire remportée sur les Turcs
par Ibrahim-Pacha ; mais elle fut restituée à
la Turquie par le traité du 15 juillet 1840.
ADANE (a-da-ne— jtal. adano). Ichthyol.
Nom donné à l'esturgeon qui fournit le caviar.
ADANSON (Michel) , botaniste français , né
en 1727 à Aix, mort à, Paris en 1806. A vingt
ans, épris d'un vif amour pour les sciences
naturelles , il fit à ses frais un voyage au Se-:
négal, qu'il explora pendant cinq ans à travers
mille dangers, joignant au calme du savant
l'audace de' l'aventurier. Membre de l'Acadé-
mie des sciences en 1759 , H avait conçu le
plan d'un ouvrage gigantesque consacre à la
description méthodique de tous les êtres connus,
suivant leur série naturelle indiquée par l'en-
semble de leurs rapports. La révolution vint
le surprendre au milieu de ses travaux. Comme
il n'avait jamais su enrichir que son cabinet,
il tomba dans un extrême dénuement, à la
suppression de toutes les pensions ; et lors-
qu après l'orage, l'Académie, qui s'était re-
constituée dans 'le cadre de l'Institut, invita
Adanson à venir reprendre sa place, il répon-
dit qu'il n'avait pas de souliers,- Une pension
lui rut accordée par le Directoire et mit sa
vieillesse à l'abri du besoin. En 1763, avait
paru le livre qui a fait sa gloire , les Fa-
milles de plantes. Dans, cet ouvrage, Adanson
construit, à l'égard de seize cents plantes,
soixante-cinq systèmes ou classifications ar-
tificielles, en prenant successivement pour
bases de comparaison tous les organes des
végétaux, tous les caractères qu'ils présen-
tent et tous les points de vue sous lesquels on
peut les considérer. Puis il compose ses cin-
quante-huit familles en rapprochant ou éloi-
gnant les genres d'après la somme plus ou
moins grande de caractères semblables qu'ils
offrent dans ces soixante-cinq systèmes. «Mais,
dit avec raison Adrien de Jussieu, s'il avait
employé concurremment tous les caractères
des plantes pour les classer, il avait eu le
tort ae les employer tous à peu près au même
titre, et souvent la somme des rapports se
trouva fausse, comme le serait ""» '"■•" — -1»
laissa à Antoine-Laurent de Jussieu la gloire
de cette découverte , parce qu'il se bornait h.
compter les caractères sans les comparer
entre eux et sans mesurer leur degré d'im-
portance. On lui a reproché en outre d'avoir
rendu la lecture de son livre difficile et rebu-
tante, en adoptant une orthographe nouvelle
et des termes génériques bizarres.
ADANSONIE OU ADANSONIA S. f. (a-dan-
so-nî, a-dan-so-ni-a — de Adanson , n. pr.).
Bot. Arbre qui appartient à la famille des
sterculiacées. C'est Adanson qui l'observa le
premier dans la Sénégambie. On l'appelle
vulg. Baobab. V. ce mot.
ADAPIS s. m. (a-da-piss). Zool. Nom donne
quelquefois au daman, petit mammifère, et
que Cuvier a appliqué à un pachyderme fos-
sile d'une taille un pou moindre que celle du
daman, et découvert par lui dans le plâtre
des environs de Paris.
adaptation s. f. (a-da-pta-si-on — rad.
adapter). Action d'adapter, d'appliquer une
chose à une autre : Il y a peu de fabrications
dans lesquelles il faille autant d'expérience et
d'habileté pour le choix, V adaptation et le fa-
çonnagedespeaux,quelaganterie.(BOTno\\\\e.)
ADAPTÉ, ÉE (a-da-pté) part. pass. du v.
Adapter. Ajusté : L'instrument des Malabars
est le tam-tam; c'est une espèce d'arc où est
adapté une calebasse. (B.'de St^P.)
— Fig. Approprié à : Style bien adapté au
sujet. Ces cétacés ont un organe optique très-
adaptb au fluide dans lequel ils uiuen/.(Lacép.)
Celte maison fraîche et vaste était plus com-
modément adaptée à la vie intime que nos
vieux manoirs du Berry. (G. Sand.) -
ADAPTER v. a. (a-da-pté — du lat. adap-
tare; formé de ad, à; aptare, ajuster). Ap-
pliquer, approprier, ajuster une chose à une
ÀDD
autre' : Adapter un robinet à une fontaine. Tl
passa deux nuits à dessiner ses compositions, et
tout le jour sur un échafaud pour les adapter
au local. (G. Sand.) On introduit le nitrate
daris une cornue tubulée à laquelle On adapte
un récipient. (Libes.) • •
— Fig. Faire l'application d'un texte, d'un
mot, à une personne, à un sujet : Tirez votre
sujet tout entier de votre imagination, et cher-
chez ensuite quelque événement dans l'histoire
pour /'adapter d votre fable. (Volt.) Un être
intelligent est celui qui sait adapter les moyens
les plus propres à la fin qu'il se propose. (Du-
marsais.) M. de Montlosier adaptait ses pa-
radoxes aristocratiques aux passions de lé
démocratie. (Lama-' *
ADD
.87
S'adapter, v. pr. Etre ajusté : A ce cylindre
adapte une oo"- '—'-' J-J '- - J- ------
(Libes.)
s'adapte une boite cylindrique
. — Fig. S'appliquer, se rattacher : Cette épi-
graphe s'adapte bien au sujet de votre ouvrage.
(Acad.) De toutes les religions , il n'y en a pas
"-'■-" "'adapte comme la catholique aux diverses
formes de gouvernement. (Napol. 1er.) En s'ai-
dant de l'exemple d'autrui, itn'enfaut prendre
qui s'adapte à son g é'nie propre. (Dupin.)
ADAR s. m. (a-dar — mot hêbr.). Antiq.
Douzième mois de l'année sainte chez les Hé-
breux , et le sixième de l'année civile. Il ré-
pond partie au mois de mars et partie au mois
ADAREB s. m. (a-da-rèbb). Géogr. Peuple
delà Haute-Egypte, au confluent du Nil et du
Tacazzé.
' ADARGATIS, femme d'Adad, roi de Syrie,
fut, après sa mort, mise au rang dés divinités,
ADARGUE s. m. (a-dar7gue). Cimeterre qui
était en usage parmi les Maures d'Espagne.
adarme s. m. (a-dar-mé — en espagnol
demi-gros). Métrol. Poids employé en Espagne
pour les matières d'or et d'argent. C'est la
seizième partie do l'once et la centvingMiui-
tième partie du marc ; mais il varie légère-
ment suivant les villes où il est en usage. Son
poids est d'un peu moins de deux grammes.
adarticulation s. f. (a-dar-ti-ku-la-si-
on — rad. articulation). Anat. Articulation
douée d'une grande mobilité. ' ,
ADASPIENS s. m. pi. (a-dass-pi-ain). Géogr.
anc. Peuple de la région montagneuse du
Caucase; il fut subjugué par Alexandre.
ADAT s. m. (a-da). Loi coutumière des
Caucasiens, qui varie d'une tribu à l'autre.
Àdatis s. m. (a-da-ti). Comm. Mousseline
des Indes orientales, très-fine et très-claire.
ADAUBAGES s. m. pi. (a-dô-ba-jc — rad.
daube). Mar. Viandes conservées dans des
barils pour des voyages de long cours.
ADAUCTE (saint), martyr qui vivait à Rome,
au m* siècle. Il souffrit la mort conjointement
avec saint Félix ; et, comme les fidèles igno-
raient son nom, ils l'appelèrent Adaucte (tat.
adauctus, ajouté).
ADCENSE s. m. (ad-san-se). V. Accense.
ADCENSER v. a. ou tr. (ad-san-sé). Anc.
jurispr. V. Accenser.
ADDA s. f. (ad-da). Hortic. Nom donné à
une variété de roses.
ADDA, riv. d'Italie, dans la Lombardie, tra-
verse le lac de Cônie, passe à Lodi, et se jette
dans le Pô, entre Plaisance et Crémone, après
un cours de 250 kil. Sous Napoléon I", il y eut,
dans lé royaume d'Italie, Te département de
l'Adda, dont le chef-lieu était Sondrio. L'an
223 av. J.-C. , le consul Flaininius défit les
Gaulois sur les bords de l'Adda; l'an 490 de
notre ère, Théodoric, roi des Goths, y remporta
une victoire signalée sur Odoacro, qui lui dis-
putait l'empire de l'Italie ; les Français s'illus-
trèrent par le passage du pont de Lodi, sur
l'Adda, le 10 mai 1796.
addenda s. m. (ad-dain-da — mot lat. qi
ADDICTER v. a. ou tr. (ad-dik-té — du lat.
addicere, adjuger; de ad, à; dicere, dire).
Vieux mot qui signifie Adjuger, accorder,
distribuer.
ADDICTION s. f. (ad-dik-si-on — du lat.
addictio, adjudication). Droit rom. Transla-
tion de la propriété par adjudication.
ADDISON (Joseph), littérateur anglais, né
àMilston (Wiltsttre), en 1672, mort en 1719.
Il voyagea sur le continent , se révéla avec
éclat par une ode (the Campaign) sur la fa-
meuse victoire de Blenheim , entra dans les
fonctions publiques, suivit la fortune du parti
wigh, et devint secrétaire d'Etat en 1717.
Depuis 1709 il écrivit dans divers recueils lit-
téraires, et notamment dans le Spectateur,
dont il fut un des fondateurs et dont il fit en
partie le succès. Les articles qu'il y inséra en
grand nombre sont des modèles de (inesse ,
d'élégance, de bon goût, de pureté.de style,
et d'une critique saine et judicieuse, qui ce-
pendant s'égara quelquefois, témoin ses ap-
préciations injustes de Shakspeare. Son style
est demeuré classique. Sa manière d'écrire,
dit Voltaire, est un excellent modèle- en tout
pays. Il écrivit avec le même succès dans
d'autres recueils littéraires/ -Il fut moins heu-
reux au théâtre. Son opéra 'de 'Rosemondc
(1707), premier essai d'un drame lyrique en
langue anglaise, n'eut aucun, suceès.'Sa; tra-
gédie de Caton (1713) -eut une. vogue ex-
traordinaire, mais-qui était.due en. partie aux
circonstances politiques. On y trouve cepen-
dant de belles scènes, des sentiments élevés et
une versification harmonieuse. Sa coînêdie du
Tambour (imitée par Destpuçhès) çst spirituelle,
mais sans intérêt., Comme tfoÇte,' il se dis-;
tingue par l'élégance et là gruce, ma&'il'.'ne va
point au delà. Comme'prosatéur',"il' manque
souvent de profondeur, mais il est toujours
limpide, correct, élég'aiit, habile à saisir les
ridicules', et d'un goût' généralement exquis
dans sa sobriété. La'plupart dé' ses écrits ont'
été traduits en français. Sa Vie, par Johnson,"
a été traduite par Bqulard, Paris, lBOB.Les éco-
nomistes se'soiit emparés de Joseph, Addisbn',
et le considèrent comme un des leurs ; en'effet,
on trouve dans le 'Spectateur différents ar-
ticles admirablement écrits sur les avantages
du commerce. Dans son Traité d'économie po-
litique, J.-B. Say rappelle 'les paroles remar-
quables du célèbre poète moraliste?.qui, chaque
fois qu'il voyait une plantation vs'e,çr.iajt: "Vu
homniei utile a passé par là. ■ "''.'''. "
ADDIT s. m. (ad-di — du lat addltus\ joint).
Hist. milit. Soldat armé à la légère.qm, selon
les uns, gardait les machines de guerres; se-
lon les autres, était employé au service des
machines balistiques.' Les addits se tenaient
entre les lignes des cohortes, où se portaient
sur des terrains élevés pour se servir de la
fronde. '■' ' ' "■'' ■'" "'
ADDITER v. a. ou tr. (ad-di-tc— du'la't.
addere, ajouter). Anc. jurispr. 'Ajouter, four-
nir de nouvelles pièces à' un procès, y faire
des additions, ■ \ •• •' '■'
. ADDITIF, ive adj. (ad-di-tif, i-ve^dù
lat. addiius, ajouté). Algèb'. .Se dit d'une
quantité affectée du signe -f , ou qui, n'étant
précédée d'aucun signe, est considérée comme
affectée du signe '+. V: Addition.
— Gramm. Se dit des prépositions et des
particules qui s'ajoutent à un mot primitif
pour en former un composé; ainsi ap-,,dé,
dans approuver, décontenancer, etc., sont des
syllabes additives.
— Miner. So dit d'un cristal dans le signe
duquel un'des exposants est plus grand d'une
unité quo la somme des autres exposants :
Corindon additif. ...
addition s. f. (ad-di-si-on — lat. addi'tio',
même sens).' Action d'ajouter une chose à une
autre; ce qui est ajoute : Il faut aider la duc-
tilité des métaux par V addition du feu,' sans
quoi ils s'écrouissent et deviennent cassants.
(Buff.) On ne lui servait jamais des épinards le
vendredi qu'autant qu'ils avaient' été cuits dés
le dimanche, et remis chaque jour sur le feu
avec une nouvelle addition de beurre' frais.
(Brill.^Sav.) Je n'y avais remarqué que /'ad-
dition des biens au cardinal Rospigliosi,son
compagnon d'infortune. (Alex. Dum.) Depuis
six ans M. Godard, grand joueur de flûte, con-
tribuait à la fête par /'addition d'un flageolet.
(Balz.) il Parties ajoutées ù la rédaction, à la
forme primitive df'un ouvrage historique ou
littéraire : Les lois des Lombards reçurent
plutôt des additions que des changements.
(Montesq.) On vous enverra plusieurs chapitres
nouveaux et quelques additions assez curieuses.
(Volt.)
— S'emploie fig. en parlant des choses mo-
rales : La pesanteur du sentiment que produit
l'attente ne s'accroit-ella point par une addi-
tion constante des souffrances passées à la dou-
leur du moment? (Balz.) \. '•_
— Archit. Agrandissement fait à un bâti-
— Gramm. Augmentation qui consiste à
ajouter une ou plusieurs lettres au commen-
cement, dans l'intérieur ou à la fin d'un mot.
— Typogr. Indications, notes qui se placent
dans les marges, et que l'on nomme vulgaire-
ment manchettes. On les emploie surtout dans
les livres d'histoire, où elles ont généralement
pour objet de faire connaître une date, de pré-
senter un résumé des événements, d'indiquer
les sources où l'autour a puisé, etc. Les notés
marginales n'étaient pas inconnues des co-
pistes de l'antiquité et du moyen âge. Le plus
ancien livre imprimé où on les trouve est
l'édition d'Apulée, publiée à Rome, en 1469,
par Swenheim et Pannartz.
— Administr. Brevet d'addition, Brevet que
l'on accorde à un inventeur qui a fait quel-
ques changements aune invention primitive.
— Mathém. La première règle de l'arithmé-
tique, qui sert à trouver la somme totale de
plusieurs nombres : Tu ne sais pas encore
faire une addition. (G. Sand.) Quelque pauvre
que soit un client, c'est toujours un homme, que
diable! dit le premier clerc en interrompant
/'addition d'un mémoire de frais. (Balz.) Le
paysan breton, bien qu'il ne sache pas faire une ■
addition selon les.règles, est un très-bon cal-
culateur quand il s'agit de ses intérêts. (Fr.
Soulié.) Ù faut être très-habile arithméticien
pour faire des additions d'une certaine lon-
gueur. (Fr. Soulié.)
— Absol. Note d'une dépense faite au res-
taurant : Georget se hâta de m'annoncer en
triomphe qu'il entendait me faire les honneurs
du festin, et que, ce jour-là, /'addition ne regar-
derait que lui seul. (F. Mornand.)
— Encycl. Mathém. En arithmétique, l'ad-
88 ADD
dition est une opération qui a pour objet de
réunir] plusieurs nombres en un seul, appelé
somme ou total. S'il s'agit de nombres entiers,
tout l'artifice de l'opération consiste à addi-
tionner d'abord les unités simples de tous ces
nombres, puis les dizaines, puis les centai-
nes, etc., en un mot, il réduire l'opération pro-
posée en plusieurs opérations partielles beau-
coup plus simples. Pour cela, on écrit les uns
au-dessous des autres les nombres qu'on veut
additionner, de manière que leurs unités de
même ordre se correspondent dans une même
colonne verticale ; on commence par la colonne
des unités et l'on en fait la somme ; on écrit
au-dessous le chiffre des unités simples nue
renferme cette somme, et, si elle contient des
dizaines, on les reporte à la colonne des di-
zaines: on opère de la même façon sur la co-
lonne des dizaineSj puis sur celle des centaines,
de suite , jusqu'à la dernière colonne,
ous de laquelle -~ : :i '- ->- -;---
partielle telle qu'
m-dessous de
a inscrit la dernière
it montre comment le calcul est c<
141935
La coloi.ne des unités 5, l, 5 et 4 donne 15
pour somme, c'est-à-dire G unités et l dizaine ;
on pose 5 et on retient la dizaine, qui s'ajoute
comme unité simple à la colonne des dizaines;
celle-ci est donc formée de cette dizaine re-
tenue et de 2, o, 7,. et 3, ce qui donne 13 di-
zaines; on pose le chiffre 3 de cette somme
aux dizaines et on retient 1, qu'on ajoute aux
chiffres de la colonne des centaines , et ainsi
de suite. Si, dans l'opération, on va nécessaire-
ment de droite à gauche, il faut comprendre
que cette marche tient à la position relative
que fa numération assigne aux unités, dizaines,
L'addition des fractions décimales n'entraine
aucune difficulté, les décimales faisant partie
du même système de numération que lés unités
d'ordre supérieur.
Si les nombres à ajouter contiennent des
parties de dénominations diverses ayant entre
elles des rapports connus, comme toises, pieds,
pouces, lignes, etc. , on ajoute ensemble les
parties de inéine grandeur, en ayant soin de
prélever, s'il y a lieu, sur chaque somme par-
tielle les unités de l'ordre supérieur, afin de les
reporter à l'addition suivante.
Pour additionner des fractions, il faut préa-
lablement les réduire au même dénominateur,
afin qu'elles représentent des parties de même
grandeur, puis additionner les numérateurs
3ui expriment les nombres' de ces parties, et
onner à la somme le dénominateur commun
qui en exprime la grandeur, l'espèce.
En algèbre, le signe de l'addition est-f-, qui
se prononce plus; celui de la soustraction — ,
qui se prononce moins. Une quantité qui n'est
précédée d'aucun signe ou qui est précédée du
signe + s'appelle additioe ou positive. Une
quantité précédée du siyne — s rappelle sous-
tractivc ou négative. L'addition des quantités
algébriques s'effectue en les écrivant a la suite
les unes des autres avec leurs signes, et en ré-
duisant les termes semblables s'il y a lieu. On
opère cette réduction en ajoutant ou en retran-
chant les coefficients (V. ce mot), selon que
ces termes sont affectés du même signe ou do
signes différents. Ainsi 5b3 + 10b- se rédui-
sent à l5bï; ?ab^ + 3a''c — abï+ 5b» + oab^ —
tà''c — 2b» + cd» — 4cd» + 0b* — lucda -f
îoab* donnent par la réduction des termes
semblables : 17ab2 — a''c + 9bs — 13cd*.
ADDItionnable adj. (ad-di-si-o-na-blc —
rad. addition). Qui peut être ajouté, addi-
tionné : Sommes additionnables. '
ADDITIONNANT (ad-di-si-o-nari) part. prés,
du v. Additionner : Des commis additionnant
des colonnes de chiffres.
^ ADDITIONNÉ, ÉE (ad-di-si-o-né) part. pass.
7. Additionner. Réuni par l'addi
on a fait une addition: Sommes ac
Il n'y a que les quantités homogènes qui puis-
sent être additionnées. (J.-B. Say.) u Signifie
aussi Auquel on a ajoute quelque chose : Vin
additionné d'un peu d'eau. Ce bois, réduit en
poudre et additionné d'une goutte d'alcool,
présente un beau rouge de carmin. (Legoar.)
additionnel, elle adj. (ad-di-si-o-nèl,
è-le — rad. addition). Qui est ou doit être
ajouté, qui est en sus : Cette disposition ayant
été oubliée dans la loi, on en fera l'objet d'un ar-
ticle additionnel. (Acad.) Les arbres augmen-
tent en grosseur par des couches addition-
nelles. (Buff.)
— Financ, Centimes additionnels, Centimes
que l'on ajoute au principal de l'impôt pour
faire face aux besoins de l'Etat ou de la com-
mune : Les fameu
• de 1848 étaient des
— Hist. Acte additionnel. V. Acte.
additionnellement adv. (ad-di-si-o-
nè-le-man — rad. addition). D'une manière
additionnelle.
.. ou tr. (ad-di-si-o-né
mble plusieurs nombres pour en former
un total :. Additionner de longues colonnes de
chiffres. Il faut additionner toutes ces sommes.
ADDITIONNER V
: Additionner est le cri de guerre
ADE
des plumitifs de tout étage, et la haute finance
fait plus de cas d'une bonne addition que de
toutes les découvertes de Copernic et de Newton.
(Sallentin.)
— Par ext. Joindre, ajouter : Si vous addi-
tionnez groom, chevaux, tenue superlative et
loyer de six cents francs, vous trouverez un
total de trois mille francs. (Balz,) Il allait à la
pèche, et quand il avait pris beaucoup de pois-
sons, il les comptait et les additionnait avec le
chiffre de ses précédentes conquêtes. (G. Sand.)
— Fig. Calculer, récapituler : Les grands
politiques additionnent, pour ainsi dire, toutes
tes chances avant de prendre un parti. (Balz.)
Additionnez ce que vous croyez, et vous saurez
ce que vous pouvez. (Morin.)
— Pharra. Additionner de sucre un médica-
ment, une préparation, etc., Y ajouter un peu
de sucre.
S'additionner, v. pr. Etre additionné : En
arithmétique, les unités de différente nature ne
peuvent s additionner.
ADDITIONNEUR, EUSE s. (ad-di-si-o-ncur,
cu-ze — rad. addition). Celui, celle qui addi-
tionne, qui fait des additions : Toute ta science
de V additionneur consiste dans une grande
habitude et une attention extrême. (Encycl.1)
ADDITIONNEUSE s. f. ( ad-di-si-o-neu-ze
— rad. addition). Machine mathématique des-
tinée à faciliter les calculs, il On dit aussi au
masculin additionneur.
ADDORMENTATI s. m. pi. (a-dor-main-ta-
ti — mot ital. qui signif. endà}-mis). Nom que
prenaient les membres d'une académie établie
a Gênes : L'académie des addormentati.
ADDUBITATION s. f. (ad-du-bi-ta-'si-on —
du lat. ad, vers; dubitatio, doute). Rhét.,Nom
donné par Macrobe à la figure que l'on appelle
plus ordinairement dubitation. •
ADDUCTEUR adj. m. (ad-duk-teur — du lat.
ad, vers; ductor, qui conduit). Anat. Se dit
des muscles qui font mouvoir certaines parties
en les rapprochant de l'axe du corps, par op-
position aux muscles abducteurs : Les muscles
adducteurs sont tes antagonistes des muscles
abducteurs; mais ils ont en général plus de
forée. (Béclard.) Substantiv. : /.'adducteur de
l'ait. Les adducteurs de la cuisse. Les muscles
sont les trois adducteurs de la cuisse, Tadduc-
teur du petit doigt, ^'adducteur de l'œil, Z' ad-
ducteur du gros orteil et /'adducteur du pouce.
ADDUCTIF, IVE adj. (ad-duk-tif, i-ve— du
lat. adductus, conduità). Anat. Qui produit,
qui détermine l'action des muscles adducteurs.
ADDUCTION s. f. (ad-duk-si-on — du lat. ad,
vers ; ducere, conduire). Anat. Mouvement de
certains muscles qui rapprochent de l'axe du
corps les membres qui en avaient été écartés.
ADECTE adj. (a-dèk-te — du gr. adéktos,
qui n'a pasde mordant). Méd. S'est dit des mé-
dicaments propres à calmer les douleurs pro-
duites par des remèdes trop énergiques. •
ADEL, contrée de l'Afrique, sur la côte orien-
tale; 200,000 hab. Commerce de bestiaux, d'i-
voire, de poudre d'or et d'aromates. Puissant
au xvie et au xvne siècle, ce pays est bien
déchu. Il a joué un grand rôle dans l'histoire
de l'Abyssinie.
ADELAAR (Cord Sivertseen), amiral danois,
né en 1622, à Brevig (Norvège), mort à Copen-
hague, en 1675. Il servit dans la marine hol-
landaise, puis dans la marine vénitienne, rem-
porta, en 1654, une victoire mémorable sur les
Turcs, et fut placé peu de temps avant sa mort
à la tête des flottes du Danemark.
. ADÉLAÏDE s. f. (a-dé-la-i-de — du gr. adèlos,
incertain). Entom. Nom donné à une espèce
d'insecte vulgairement appelé demoiselle.
ADÉLAÏDE (sainte), reine et impératrice,
épousa à dix-sept ans Lothaire, roi d'Italie
(947). Devenue veuve, et pour fuir les persé-
cutions de l'usurpateur Bérenger II, elle se
remaria avec l'empereur Othon le Grand et lui
apporta l'Italie en dot (951). Régente pendant
la minorité de son petit-fils Othon III (983-93),
elle gouverna avec autant de sagesse que de
fermeté. Sa vie a été écrite par saint Odilon,
abbé de Cluny. Elle est honorée en Allemagne,
et particulièrement en Saxe, le 16 décembre.
ADÉLAÏDE (Madame) de France, rille aînée
de Louis XV, née à Versailles en 1732, morte
à Triesteen 1800. Elle émigra avec sa sœur en
1791, et se retirai Rome, où elle vécut jusqu'à
l'approahe des armées françaises (1799).
ADÉLAÏDE (Eugénie-Louise-Adélaïde, Ma-
dame), princesse d'Orléans, sœur de Louis-
Philippe le', née à Paris en 1777, morte en
1S47. Elle subit courageusement toute's les vi-
cissitudes de l'émigration , et passa la plus
grande partie de' sa vie auprès de son frère,
pour qui elle était, dit-on, une conseillère
pleine de clairvoyance et de sagesse.
ADÉLAÏDE, ville de l'Australie, cap. de la
colonie auglaise? au fond du golfe Saint-Vin-
cent, et la princip. cité de l'Australie méridio-
nale. Popul. • en 1838, 200 colons; en 1852,
1 4 ,000 ; auj . , 60,000. Le port Adélaïde est situé à
quelques kil. de la ville, sur un terrain bas et
marécageux; 5,000 hab. La profondeur de ce
port suffit aux plus gros navires, qui n'y sont
soumis à aucun droit; un chemin de fer le relie
à la ville. Un essay- office pour les lingots
d'or a fait d'Adélaïde le point central des en-
vois de ce précieux métal recueilli en si grande
quantité dans l'Australie ; mais l'industrie en a
ADE
beaucoup souffert, les ouvriers abandonnant
leurs travaux pour la recherche de l'or. Mines
de cuivre et de plomb de la plus grande ri-
chesse, etdont le produit fait le principal article
du commerce extérieur. Pays essentiellement
agricole; on y élève toutes sortes d'animaux,
dont plusieurs viennent de la Nouvelle-Galles
et de Van-Diemen. Deux saisons seulement se
partagent l'année, l'une chaude et sèche, qui
engendre de graves maladies inflammatoires;
l'autre pluvieuse et humide, mais inoins mal-
saine. Adélaïde est reliée par des voies nom-
breuses à Sidney, Melbourne, Newcastle, Ma-
reton-Bay,Maitland et Bathurst.
Adélaïde du Gueaciin, tragédie de Voltaire,
en cinq actes et en vers, représentée pour la
première fois en 1734.' Le fond de la pièce est
tiré des annales de Bretagne. Bavalan, chargé
de faire périr le connétable de Clisson, prend
sur lui de désobéir à cet ordre donné dans un
premier mouvement de fureur, et dit au duc
maître que ses ordres sont exécutés. Bien-
tirer un dénoûment, et c'est dans une situation
analogue qu'il plaça les personnages à' Adé-
laïde. Le duc de Vendôme et son frère, le duc
do Nemours, combattent dans des rangs oppo-
sés. Nemours est resté fidèle à Charles VII,
Vendôme est l'allié des Anglais ; auprès de lui
est le fidèle et chevaleresque sire de Coucy.
Vendôme a sauvé Adélaïde du Guesclin, et n a
par tardé à éprouver pour elle, le plus violent
amour; il la retient auprès de lui; il veut l'é-
pouser, et Coucy, qui aime depuis longtemps
Adélaïde, renonce à toute prétention en faveur
être unis quand les hasards de la guerre les
ont séparés ; restée fidèle à cet amour, Adélaïde
repousse les vœux de Vendôme, mais sans lui
dire qu'il a un rival. Nemours, qui a combattu
son frère sans se faire connaître, est blessé,
fait prisonnier et conduit en présence d'Adé-
laïde, qui avoue alors son amour. Vendôme,
dans un premier mouvement de colère jalouse,
ordonne à Coucy de mettre à mort ce frère
qu'autrefois il a tendrement aimé. Coucy feint
d'obéir; puis, quand il voit les remords et le
désespoir de Vendôme, il lui rend son frère, et
Vendôme, revenu enfin à des sentiments géné-
reux, consent à l'union des deux amants.
La marche de la pièce est de la plus grande
simplicité, et tout 1 intérêt nait de l'éloquence
passionnée qui règne dans le rôle de Vendôme,
et de la noblesse qui caractérise celuide Coucy.
Les défauts qu'on remarque dans le dialogue,
et les fautes de toute espèce dont la versifica-
tion est remplie, ne permettent d'assigner à
cette tragédie que le second rang parmi celles
du même auteur. Mais on mettra toujours le
cinquième acte d'Adélaïde au nombre des dé-
noûments où la terreur est portée à son comble.
En 1734 ^ Voltaire venait de publier le Temple
du Goût, ou il jugeait avec sévérité les vivants
et les morts, et qui causa un soulèvement gé-
néral; Adélaïde s'en ressentit, et Voltaire lui-
même, dans une de ses lettres, nous apprend
quel accueil elle reçut : ■ Elle fut sifllée dès le
premier acte, tes sifflets redoublèrent au second,
quand on vit arriver le duc de Nemours blessé
et le bras en écharpe; ce fut bien pis lorsqu'au
cinquième le duc de Vendôme s'é '
content, Coucy? plusieurs bons pli
Voltaire donna, quelques années plus tard,
cette même tragédie légèrement modifiée, sous
le nom d'Amélie ou le Duc de Foix; elle réussit
assez bien. Trente années après la première
représentation, c'est-à-dire en 1764, les acteurs,
par les conseils de Lekain, qui devait jouer le
principal rôle, reprirenirAaeiaïde du Guesclin,
qui fut alors couverte d'applaudissements.
Adélaïde di Dorgogna, opéra de Rossini, rer
présenté pour la première fois au théâtre Ar-
gentina, à Rome, pendant le carnavalde 1818.
Cet ouvrage n'a pas été *■»■
C'est, par ordre de date
opéra du grand composite
ADELANTADE s. m. (a-de-lan-ta-de — de
l'espag. adelantado). Dignitaire à la. fois civil
et militaire, en Espagne, et qui était en même
temps justicier et gouverneur de province.
ADELARD, savant moine bénédictin de Bath,
né en Angleterre, vivait sur la fin du xie siècle.
Il traduisit de l'arabe en latin les Eléments
d'Euclide, dont on ne possédait encore aucun
exemplaire grec. Son principal ouvrage est
intitulé : Perdifficiles Quastiones naturales. \\
nous reste aussi de lui un Traité sur les sept
arts libéraux.
ADÈLE s. f. (a-dè-le— dugr.adeicw, obscur).
Entom. Genre d'insectes lépidoptères noc-
turnes, ornéSj la plupart, de couleurs métal-'
liques très-brillantes, et remarquables surtout
par la longueur considérable de leurs anten-
nes. Leurs chenilles se tiennent cachées, ce
qui explique le nom donné à ce genre. On les
confond souvent avec les alucites. V. ce mot.
Adèle do Pomhieu, tragédie-opéra en trois,
puis en cinq actes, musique de Delaborde et
Berton, paroles de Saint-Marc, représentée à
Paris, le l" décembre 1772. Ce sujet chevale-
resque, quoique, très-goûté des littérateurs à
cause sans doute de sa ressemblance avec le
Tancrèdède Voltaire, ne réiissit point aux com-
positeurs qui le traitèrent. Piccini ne trouva
que de froides inspirations lorsqu'il traita le
poëme d'Adèle de Ponthieu, Son ouvrage fut
ADE
représenté eTi 1781. Ce fut en vain qu'il en refit
la musique en 17S5 : la pièce ne se releva point.
Adèle de Séiimige , roman de madame d
Souza, plus connue dans la littérature sous le
ilom de comtesse de Flahaut. Cet ouvrage, où
la simplicité du fond est si bien en harmonie
avec la pureté du style et la grâce des détails,
obtint un succès que le temps n'a fait que con-
firmer, et a marqué la place de l'auteur à côté
de madame de La Fayette. Douée d'une ima-.
gination réglée par le goût, d'un rare esprit
d'observation et d'une grande finesse dans les
aperçus, elle a voulu, dit-elle, « montrer dans
la vie ce qu'on n'y regarde pas,» c'est-à-dire,
fixer ces détails fugitifs qui occupent l'espace,
et forment la liaison des divers accidents de la
vie. Le roman à' Adèle de Sénange a paru pomr
la première fois en 1794.
Adèle di Lu»igiiniio, opéra italien de Caraffa,
représenté sur le théâtre de Saint-Charles, à
Naples, en 1817. La cavatine Grazie vi rendo,
amtci, appartient au répertoire des chanteurs.
Elle a été écrite dans le style élégant et mélo-
dieux qu'on retrouve plus tard dans les opéras
du même maître : dans le Solitaire, la Prison
d'Edimbourg, et surtout dans Masanielio.
ADÉLICATER (S') v. pr. (a-dé-li-ca-té —
rad. délicat). Néo\. Devenir délicat -.Bientôt son
corps s'amollit, s'adblicate. (E. Souvestrc.)
ADÉLIDE adj. (a-dé-îi-de — du gr. adèlos,
peu apparent). Pathol. Se dit de symptômes
peu prononcés, et a été employé par quelques
auteurs pour insensible : Transpiration adk-
ADÉLIE s. f. (a-dé-lî — du gr. adèlos, peu
apparent, à cause des fleurs presque invisibles
de cette plante). Bot. Genre de plantes de là
famille des euphorbiacées. Les adélies sont
plutôt remarquables par la bizarrerie de leur
port que par la beauté de leurs fleurs. Ce sont
des arbrisseaux originaires de l'Amérique.'
L'espèce la plus connue est l'acidoton , dont
on a fait un genre particulier.
ADÉLIEN, ENNE adj . et s. (a-dé-li-ain, è-ne).
Géogr. Habitant du pays d'Adel; qui se rap-
porte à ce pays ou à ses habitants.
adélina s. i. (a-dé-li-na — du gr. adèlos,
obscur). Entom. Genre d'insectes coléoptères
xylophages.
— Bot. Variété do rose de Provins, dont la
fleur est pourpre clair.
ADÉLIPARIE s. f. ( a-dé-li-pa-rî — du gr.
adèlos obscur; lat. parère, enfanter). Med.
Tendance à un embonpoint excessif. V. Pol\-
sarcie.
ADÉLOBRANCHE adj. (a-dé-lo-bran-che —
du gr. adèlos, obscur; bragehia, branchies).
Zool. Dont les branchies ne sont pas visibles,
—s. m. pi. Groupe de mollusques gastéropodes,
qu'on appelle aussi adélodermes.
' ..OCÉPI
os, invisiuiu, n
est invisible.
les branchies sont invisibles, u Adélodermes,
s. m. pi. Sous-ordre de la classo des gas-
téropodes, auquel on donne aussi le nom
A' adélobr anches. Il renferme les genres siga-
rot, cryptostome et lamellaire.
ADÉLOGÈNE adj. (a-dé-lc-jè-ne —du gr.
adèlos, obscur; gênas, origine). Géol. Epithèto
qu'on a donnée aux roches qui paraissent for-
mées d'une seule substance, résultat d'un
mélange de parties extrêmement fines.
ADELON (Nicolas-Philibert), médecin fran-
çais, né à Dijon, en 1782, mort à Paris en 1862.
Compatriote de Chaussier, il vint étudier la
médecine à Paris sous la direction de ce pro-
fesseur célèbre, dont il devint l'ami et le colla-
borateur. Reçu docteur en 1809, il s'appliqua '
à l'étude et à l'enseignement de la physiologie.
En 1821 , l'Académie de médecine, nouvelle-
ment créée, l'appela dans son sein ; et, en 1826,
il fut nommé professeur de médecine légale.
Adelon a été l'un des fondateur des Annales
publiques d'hygiène et de médecine légale. Il a
laissé, outre de nombreux articles dans le
Dictionnaire des sciences médicales: Anatomie
physiologique du cerveau d'après le système de
Gull (1808); Traité de la physiologie de l'homme
(1823-24).
ADÉLOPNEUMONÉ adj. (a-dé-lo~pncu-mo-
né — du gr. adèlos, qui n'est pas apparent;
pneumon, poumon). Moll. Se dit de mollusques
dont les organes respiratoires sont cachés dans
l'intérieur du corps, il Adélopneujionés,s. m.
pi. Groupe de mollusques qui respirent par
des sacs aériens cachés dans l'intérieur du .
corps.
ADÉLOPODE adj. (a-dé-lo-po-de — du gr.
adèlos, obscur; vous, podos, pied). -Zool. Qui
n'a point de pieds apparents.
ADÉLOSINE s. f. (a-dé-lo-zi-ne). Zool. Genre
de foraminifères, caractérisé surtout par une
grande loge arrondie, ayant un prolongement
au bout duquel est une ouverture munie d'un
appendice.
ADÉLOSTOME adj. (a-dé-lo-sto-me — du
gr. adèlos, obscur; stoma, bouche). Zool. Dont
la bouche est invisible.
ADELPHE OU ADELPHIQUE adj. (a-dèl-fe
ADE
— du gr. adelpkos, frère). Bot. Se dit ùes éta-
mines réunies en un uu plusieurs faisceaux
par leurs filets, de manière que plusieurs an-
thères n'ont qu'un seul support. Ce mot ne
s'emploie jamais seul ; il est toujours uni à un
autre qui exprime le nombre des faisceaux
(monadclphe, diadelphe, polyadelph'e).
Adeiphcs (les), ou les Frères, comédie de
Térence, qui a fourni à Molière la donnée de
YEcole des Maris. Le fond de la pièce de Té-
rence, c'est l'opposition systématique de deux
caractères : deux frères sont complètement
divisés d'opinion sur les principes d'après les-'
quels doit être dirigée l'éducation ; l'un pousse
1 indulgence paternelle jusqu'à la plus déplo-
rable faiblesse, l'autre ne conçoit point de
limites à l'autorité d'un père sur ses enfants;
le premier, Micion, n'a jamais été marié, mais
il a adopté Eschinus, l'un des deux fils de son
frère Deméa, et c'est avec, lui qu'il met en
Sratique son système do' douceur. L'autre fils
o Deméa, Ctesiphon, est resté sous le gou-
vernement sévère de son père. Mais le dénoû-
inent du comique latin ne ressemble en rien à
celui de Molière ; c'est le parti, dé la sévérité
qui triomphe, et Deméa, tout en rabattant un
peu de' sa première rigueur, finit par dire a ses
deux fils : « Maintenant, Eschinus, et vous,
Ctesiphon, si ma conduite à moi" vous parait
odieuse, parce que je ne me prête pas com-
plaisamment à tous vos caprices, justes ou non,
je m'en lave les mains. Jetez l'argent par les
fenêtres, achetez, faites ce qui vous plaira.
Mais si vous préférez avoir quelqu'un qui
éclaire l'inexpérience de votre jeunesse, qui
réprime, corrige a' propos ce que vous pouvez
former de désirs insensés ou mal calculés,,. et
ne s'y prête que raisonnablement, je sèrai'ce
quelqû un-là, • ' "
Molière pouvait a son aise rire d'un tuteur
trompé; Térence était peut-être obligé, a
Rome, de montrer plus de respect à l'égard de
l'autorité paternelle.
La comédie des Adelphes, qui ferma glorieu-
sement la carrière dramatique de Térence, fut
jouée un an avant sa mort (594 de Rome, ICO
av. J.-C). " : ■•*■
ADELPHIE s. f. (a-dèl-fî — dugr. àdelphos,
frère). Bot. Réunion de plusieurs étamines
par leurs filets, formant un support commun.
Lorsque co support est unique, la réunion des
étamines prend le nom de monadelphie ; lors-
qu'il est double, elle prend celui de diadelphie;
triple , celui de triadelphie. Cette disposition
des étamines a fourni à Linné.trois classes de
son système soxuel : monadelphie, diadelphie,
polyadelphie.
adelphine s. f. (a-dèl-fi-ne). Bot. Sorte
de palmier.
ADELPHIQUË adj. (a-dèl-fi-ke — rad. adel-
phe). Bot. Syn. de adelphe. • ■
ADELPHIXIE s. f. (a-dèl-fik-sî — du gr.
adelp/ios, frère). Anat. Union, sympathie des
diverses parties qui composentle corps.
ADELSBERG, petit bourg de l'Illyrie.à 80 kil.
deTr'teste, dans une contrée montagneuse. Cé-
lèbre grotte à stalactites, une dès plus belles
et des plus fameuses de l'Europe.
ADELUNG (Jean-Christophe), linguiste et
littérateur allemand, né en Pomeranie en 1732,
m. à Dresde en 1806. Parmi ses nombreux ou-
vrages, on cite surtout son Dictionnaire gram-
matical et critique du haut allemand , travail
un peu exclusif, mais d'un mérite supérieur ;
un abrégé du Glossaire de Ducange, une His-
toire des Teutons, une grammaire allemande,'
et le Mitkridate ou Tableau universel' des
langues, avec le Pater en cinq cents idiomes,
dont il no put achever que la première partie,
qui comprend les langues asiatiques.,
St-Pétersbourg en 1843 , était neveu du pré-
cédent. Après un voyage à Rome, où il se livra
à l'étude des vieux manuscrits , il suivit en
qualité de secrétaire le comte de Palhen h
St-Pétersbourg, devint directeur du théâtre
allemand de cette ville, et fut chargé par l'im-
pératrice Marie Fédorovna de donner des le-
çons aux grands-ducs Nicolas et Michel. Ses
ouvrages les plus estimés traitent du sanscrit.
adémacés s. m. pi. (a-dé-ma-sé). Moll.
Groupe de mollusques bivalves, caractérisé
par un long tube calcaire , et appelé par les
divers auteurs tubicolés , enfermés , tërédi-
nites , etc. Le genre tarèt est le type de cette
famille, n On dit aussi adesmacks.
ADÉMONIE s. f. (a-dô-mo-nî — du gr. adè-
moneô, je suis inquiet). Pathol. Anxiété, agi-
tation extrême , abattement d'esprit:
ADEMPTION s. f. (a- dan -psi- on — lat.
ademplio, de adimere, ademptum, retranche^
ravir). Jurispr. Révocation d'un legs, d'une
donation.
ADEMPTION s. f. (a- dan- psi -on — lat.
ademptio, action de prendre). Prise de pos-
session ou acceptation d'un bénéfice.
ADEN (a-dènn),portde mer et ville d'Ara-
bie, près du détroit de Bab-el-Mandeb, à l'en-
trée de la mer Rouge. Cette position, quia une
grande ressemblance avec Gibraltar, offre
un port vaste et commode à l'est, en par-
tie ensablé aujourd'hui ; à l'ouest, bassin ma-
gnifique pouvant contenir une flotte puissante,
et dont rentrée resserrée peut être facilement
fortifiée. Cette ville, clef de la mer Rouge, et
la mieux située pour le commerce de toute la
ADE
côte d'Arabie, était du temps des Romains un
entre pôtcélèbre, qu'ils détruisirent après s'être
emparés de l'Egypte , dans la crainte qu'il ne
tombât entre des mains ennemies, et qu'ils ne
perdissent ainsi le monopole du commerce des
Indes. On ne sait ni par qui ni à quelle époque
Aden fut rebâtie. Du xi" au xvi° siècle, Aden
fut le seul entrepôt du commerce de l'Orient.
Mais la découverte d'un nouveau passage aux
Indes par le cap de Bonne-Espérance , et la
prise d'Aden par Soliman 1er, amenèrent la
décadence rapide dé ce port. Les Anglais s'en
emparèrent en 1838, et depuis ils y ont fait
d'immenses améliorations et des travaux de
défense considérables. De 1838 à 1853 , la po-
pulation s'est élevée de, 4,00.0 à... 30,0.00 hab.
Exportations principales : café , gomme , en-
cens, baume. Climat sain, quoique chaud.
aden s. m. (a-dènn). Bot. Arbre grimpant,
très- vénéneux, qui croît en Arabie.
ADÉNALGlEs. f. (a-dé-nal-jî— du gr.adén,
glande; algos , douleur). Méd. Douleur qui a
son siège dans les glandes. •
adénalgique adj. (a-dé-nàl-ji-ke — rad.
àdénalgie).iîé&. Qui se rapporte à l'adénalgie.
ADÉNANDRE s. m. (a-dé-nan-dro — du gr.
adèn, glande; andros, do mâle). Bot. G on re
do plantes du Cap de Bonne-Espérance, qui
ont les anthères glanduleuses.
ADÉNANTHE adj. (a-dé-nan-te — du gr.
adèn glande ; anthos, fleur). Bot. Se dit d'une
Slante dont les pédicelles naissent do la base
'organes glanduleux, n Adénanthes, s. ni. p.
Genre de plantes de la famille des protéacées.
ADÉNANTHÈRE S. f. (a-dé-
On l'appelle aussi condori. V. ce mot.
adénectopie s. f. (a-dé-nèk-to-pi .— du
gr. adèn , glande; ek, hors do; topos, lieu).
Anat. Etat d'une glande qui se trouve .hors
do sa place normale.. ,
adénemphraxie s. f. (a-dé-nan-frak-si — .
du gr. adèn, glande; emphraxis, l'action d'ob-
struer). Méd. Engorgement des glandes. ■
ADÉNÉRATION s. f. (a-dé-né-ra-si-on —
rad. denier). Ane; prat. Vente à prix d'argent.
ADÉNÉRÉ, ÉE (a-dé-nêTré) part. pass. du
v. Adénérer. Vendu -.Fruits adénérés.
ADÉNÉRER v. a. ou tr. (a-dé-né-ré— rad.
denier). Ane. prat. Estimer, apprécier/. faire
argent d'une chose, la vendre aux enchères.
ADENEZ (Adam) , trouvère du xni' siècle ,
plus connu sous le nom d'Adam le Roi, devint
ménestrel de Henri III , duc de Flandre et de
Brabant. Ses deux ouvrages les plus célèbres
sent le Roman de l'enfance d'Ogier le Danois
et le Roman de Pépin et de Berthe, sa femme,
cette reine Berthë qui filait, comme nous l'ap-
prend la tradition, et qui avait un grand pied.
Ces productions , restées en manuscrits à la
Bibliothèque impériale , ont été traduites en
prose par différents auteurs.
ADENIE s.' f. (a-dé-nî '— ' du gr. adèn,
glande). Pathol. Maladie des glandes.
— Bot. Arbrisseau des Indes, à feuilles pel-
tées, munies de vrilles. Les jeunes pousses,
prises en boisson, sont un poison énergique,
dont l'antidote est, dit-on, le'câprier épineux.
ADÉNILÈME s. m. (a-dé-ni-lè-me — du gr.
adèn, glande; lèmè, sécrétion). Bot. Genre de
plantes appartenant à la famille des rosacées.
ADÉNITE s. f. (a-dé-ni-te — du gr. adèn,
glande). Méd. Inflammation d'une glande. -
— Encycl. On se sert du mot adénite pour
désigner surtout l'inflammation des ganglions
lymphatiques. C'est presque toujours le symp-
tôme d'une affection dont lé siège est plus ou
moins éloigné. — On observe l'inflammation des
ganglions des parties latérales du cou et des
ganglions sous-maxillaires dans l'érésipèle de
la face, dans les maladies du cuir chevelu,
dans la stomatite, et surtout 'dans l'angine
couenneuse. L'inflammation des ganglions axil-
laires.reconnait ordinairement pour cause une
excoriation , une piqûre aux doigts , une plaie
des parois de la poitrine. Celle des ganglions
du pli de l'aine se montre à la suite d'une plaie,
d'une ulcération du membre inférieur, d'une
maladie des organes génitaux externes. — L'a-
dénite peut être liée à une maladie générale.
M. Ricord a signalé l'engorgement des gan-
glions de ta région cervicale postérieure (adé-
nite cervicale syphilitique) comme -une des
manifestations les moins douteuses de la sy-
philis constitutionnelle. Les engorgements gan-
glionnaires chroniques sont un des principaux
caractères de la scrofule. — "L'adénite aiguë
réclame le traitement du phlegmon, c'est-à-dire
les émissions sanguines , les bains , les cata-
plasmes. Contre l'adénite chronique, il faut em-
ployer les fondants, les résolutifs en topiques
et en frictions (pommades iodées, mercu-
rielles, etc.).
ADÉnocalicÉ, ÉEadj. (a-dé-no-ka-li-«é —
du gr. adèn, glande; kalux^ calice). Bot. Se
dit d'une plante dont le cahee présente des
points glanduleux.
adÉnocarpe s. m. (a-dé-no-kar-pe — du
gr. adèn, glande; karpos , fruit). Bot. Genre
de plantes de la famille des légumineuses.
adénocrépide s. f. (a-dé-no-kré-pi-de —
du gr. adên glande ; krêpis, base). Bot. Genre
de plantes de la famille des euphorbiacées. La
seule espèce connue est un arbre de Java haut
d'une dizaine de mètres.
ADE
gr. adèn, glande; derma, peau). Pathol. Adé-
nodermie syphilitique , Maladie qui consiste
dans une affection syphilitique des glandes
do la peau.
adénodiastase s. f. (a-dô-no-diass-ta-ze
— du gr. adèn, glande; diastasis, séparation).
Méd. Séparation anormale des lobes glandu-
laires habituellement conglomérés, comme on
le voit quelquefois pour la mamelle.
ADÉNOGRAPHE s. m. (a-dé-ho-gra-fe -^ du
gr. adèn, glande; g'raphein, écrire). Anat.
Celui qui écrit sur les glandes; '
ADÉNOGRAPHIE s. f. " (à-dé-n'o-gra-fî -V
rad. adéno'graphe). Anat. Description des
glandes; ouvrage qui traite des glandes.',,' .
ADÉNOGRAPHIQUE adj. (a-dé-no-gra-fi-ke
—. rad. adénoyraphe); Anat. Qui, concerne l'a-
dénographie.
du tissu d'une glande.
.— Le nom de corps^adénoïde était autrefois
donné à la prostate. Vice mot. " " '"
. ^- Tumeurs adénoïdes, Expression employée
par M, Volpeau pour désigner certaines tu-,
meurs solides delà mamelle, longtemps con-
fondues avec le squirre, raais.qunîn diffèrqnt
essentiellement par les caractères-physiques
et anatomo-pathologiques1, parla marche et
la terminaison. ' '. '
— Encycl. Pathol. Les,. tumeurs adénoïdes
ont été appelées tumeurs mammaires' chroni-
ques j tumeurs fibrineuses, tumeurs fibreuses. On
les^désigné assez souvent sous'le nom d'hyper-
trophie partielle de la mamelle. '
La lenteur de leur développement,' l'absence
de douleurs lancinantes, et d'adhérence à la
peau,' tels' sont lés caractères que présentent
les tumeurs adénoïdes et par lesquels elles se
distinguent des* .diverses espècesde cancers.
Parfaitement limitées et indépendantes des tis-
sus environnants, elles laissent aux téguments
de la mamelle et au mamelon leur coloration
naturelle ; elles n'altèrent pas la santé gêné-,
raie, et, ne produisent ni la teinte cachectique,
ni l'engorgement des ganglions lymphatiques
qu'on observe dans les tumeurs cancéreuses ;
elles ne repullulënt pas, comme ces dernières,
quand elles ont été enlevées. Elles restent
quelquefois stationnaires ; , on en a même vu
disparaître spontanément.
M. Velpeau rattache', le développement désr
tumeurs adénoïdes k la présence dans l'épais-
seur du sein de matière plastique ou- de fibrine,
provenant d'un épanchement de sang soit|à la
suite d'une contusion du sein, soit a la suite
des congestions sanguines , aes' 'écchyrîioses
dont les seins, à certaines' époques, sont le
siège chez les femmes mal réglées.
Lorsqu'une tumeur adénoïde ne produit que
peu de gêne, et que.l'âffection.ne parait pas
faire de progrès , le chirurgien doit s'abstenir
de tout traitement; mais il est souvent con-
traint d'en venir à Fextirpatibn, surtout à cause
du volume croissant de la tumeur. • , 1 t
ADÉNOLIN s. m. (a-dê-no-lain — du gr.
adèn, glande ; linon, lin). Bot. Genre formé de
plusieurs espèces de lin.
ADÉNOLOGADITE s. f. (a-dé-no-lo-ga-di-té
— du gr. adên, glande ; logadès, blanc de l'œil)!
Méd. Nom donné à la conjonctivite des ^nou-
veaux-nés, inflammation des glandes de Mei-,
bomius et de la conjonctive.
ADÉNOLOGIE s. f. (a-dé-no-lo-jî — du gr.
adèn , glande ; logos, discours). Méd. Partie
de la médecine qui traite des glandes ; obser-
vations, discours sur les glandes. r
ÀDÉNOLOGIQÙE adj. (a-dê-rno-lo-ji-ke —
rad. adénoloyie). Qui a rapport à l'adênologiô.
ADÉNOME s. m.'(a-dé-no-me — du gr. adèn,
glando; nomos, manière d'être). Méd'. Tumeur
formée par le tissu des glandes, ■
ADÉNO-MÉNINGÉE adj. (a^dé-no-mé-nain-
jé — du gr. adên, glande ; mèmgx, membrane).
Méd. S'est dit d'un genre de fièvre continue.
Sous cette dénomination générique, Pinel
comprenait : io la fièvre muqueuse continue;
20 la fièvre muqueuse vermineuse; 3» la synoque
muqueuse ; 4» la gastrique muqueuse.
ADÉNONCOSE s. f. (a-dé-non-ko'-ze — du
gr. adèn, glande; ogkôsis, tumeur). Méd. Tu-
méfaction des glandes.
ADÉno-nerveuSE adj. f. (a-dé-no-nor-
veu-ze — du gr. adên , glande ; lat. nervus}
nerf ). Méd. Fièvre adéno-nerveuse^Nom donne
par Pinel à la peste du Levant, à cause des
symptômes nerveux et de l'engorgement des
glandes dont elle est accompagnée.
ADÉNOPATHIE s. f. (a-dé-no-pa-tî — du
gr. adên, glando ; pathos, douleur). Méd. 'Ma-
ladie des glandes.
— Adénopathie angibromigue , Maladie des
glandes annexées au tube digestif.
ADÉNOPELTIS s. m. ( a-dé-no-pcl-tiss —
ADE
m
du gr. adên, glande; peltè, bouclier). Bot.
Genre de plantes de la famille des euphorbia-
cées. C'est un arbrisseau connu au Chili sous
de colliguay macho.
adéno-pharyngien adj. et s. m; (a-dô-
no-fa-rain-ii-ain — du gr. adên, glande; fr.
pharyngien). Anat. Qui appartient au pharynx
et à la glande thyroïde : Muscle ~" — ""'
ADÉno-pharyngite s. f. (a-dé-no-fa-n
ji-te — du gr. adèn, glando; fr. pharyngite).
Méd. Inflammation des amygdales et de l'ar-
rièro-gorge. . -
■ ADÉNOPHORE adj: (a-dé-no-fo-re — du ,gr.
adèn , glande ; phoros, qui porte). Bot.'Se dit
des plantes qui ont dés glandes sur qùcltriies-
unes de leurs parties, il s. f. Genré'de plantes
de la .famille" dés campanulacêes: Les1 adé-
nophorès 'sont des! herbes' vivaces/on,' n\iclT'
q'ùefois' bisannuelles , habitant îé nordido' la'
Sibérie, do l'a Daourio et delà Chine, n Genre
déplantes dé1 l'a1 famille dès; fougères; quo' l'on
trouvé sur les troncs des arbres. .''■ ' ' ''. ';
adénophthàlmie' s.'f.-jà-dé-'nofriaî-Jlit
— du gr, adèn, glande; ophtalmos, œil). Méd.
Inflammation des! glandes, situées autour ,do
la ipa'upière. .', ■ ,',!:■• .'".■'. '"'-'.■'•::
adénophylle adj. (a-dé-no-fj-le— dmgr.
adên, glanàe yphullon, feuille). Bot.. Se dit'des
plantes dont les feuilles, sont garnies', do
glandes.' . ■ T' ••■ i ' . i, ■ .'■ • i . ,!■ ..•
ADÉNOPODE adj'. (a-dé-no-po-dè — du'gr,
adên. glando ; poùsjpodos, pied). Bot.'Se dit des
plantes dont les pétioles portent des glandes'.
ADÉNOS s. m. (a-dé-noss). Comra. Nom
donné au coton qui arrive d'Alcp par la voio
de Marseille. On dit aussi; coton de marine.
adénosclérose s. f. (a-çlé-no-sklé-ro-zo
— du gr. adên, glande; skieras, dur). Méd.
Induration non douloureuse. des iglandes.
adénose s. f. ' (a-dé-no-z'e — du gr: adèn,
glande). Méd. Nom générique des maladies
chroniques des glandes. ■ ',< " '" ' r,:' :"" ',' '"■
àdénosmé s. f. (a-dé-no-snie' — ,dû gr.
ddèn,\ glande i'.oànié'., bdçur). Bpt..Gonro,ç)o
plantes dé la famille des acànihacées, qui"
exhalent une odeur de menthe par les. glan-
dùlcs dont elles' sont parsemées.;,'
ADENO^TÉGIE s. f. (a-dé-no-até-ji — :du gr.
adên, glande; stègè , toit, couvercle). -Bot.
Genre do .plantes de la famille des scrophula-
rinées, fondé sur une seule espèce,. indigène
do, la Californie. . .,. , ï • '■ .. \,<\- ,.
ADÉNOSTEMME s. f. (a-dé-no-sfè-me ~
du gr. adèn, glande; stemma, couronne). Bot,-
Genre d'herbes annuelles ou vivacesj cou-
vertes de poils visqueux , et originaires' do
l'ancien continent, il Genre de. .plantes do -la
famille des laurinées. i
- ADÉNOSTOME s. f. (a-dé-nc-sto-me — ùu<
gr. adênj glande). Bot. Genre de plantes de la
famille des rosacées, fondé' sur une seule es-
pèce de la Californie. '' ' ' "''■, ! " ' '" ,:
ADÉNOSTYLE s. f. (a-dê'-no-^ti-le — du gr.
adèn, glande; siulos, stylo, pointe).' Bot.
Plante vivace habitant les prairies tourbeuses.'
ADÉNOSTYLÉES s, f.tpl.,.(a-dê.-no-sti-lê —
rad. adénosiyle)., Bot. Troisième division de"
la tribu des eupatoriées. , - .
ADÉNOSTYLIS s. m. (a-dé-no-sti-liss— rad.
adénostyle). Bot. Genre do plan tes de la famille
des orchidées, établi sur une seule espèce de
adénotomie s. f. (a-dé-no-to-mî — du
gr. adên, glande; femnd, je coupo). Chir. Dis-
section des glandes. • . -. . '.' ,,
ADÉNOTOMIQCE adj. (a-dé-iio-to-mi-ke
— rad. adénotomie). Anat. Qui a rapport a
l'adéhotomie.
' adénotrichie s. f. (a-dé-rio-tri-cliî — d u
gr. adên, glande ;' thrixu trichas, poil). .Bot.
Plante annuelle couverte do' poils entremêlés
de' glandes, qui répandent une odeur assez
agréable lorsqu'on en touche les tiges et les
feuilles. '_'.'' \
àdent s. m. (a-dan — fr. a et dent). Teçlin!
Entaille ou partie saillante exccutço sur les
faces correspondantes do deux ou plusieurs'
pièces dé bois, pour assurer 'leur' assemblage
et leur liaison lorsqu'elles sont réunies ensem-
ble : Ilya Tadent à croc , à contre, carré, à
crémaillère , à queue d'aronde, etc.! (Do. Bon-
nefoux.) Les adents se font dans l'épaisseur
des pièces, de manière que les angles rentrants,
recevant les angles saillants, font mutufillement
résistance ,' ce qui empêche les pièces de, se sé-
parer'. (Encycl.) .',-,,
— Mar. Se dit d'une sorte d'arrêt, de point
d'appui. Ainsi on fait des adents au bout des
vergues pour fixer les têtières, et lés ompoin-
tures des ris' : 'Les adknts des affûts sont les
places où les flasques sont échancrés pour four-
nir des points d'appui aux leviers de pointage.^
(De Bonnefoux.)
ADENTÉ , ÉE (â-dàn-té) part." pass. 'du v.
Adenter. Lié , joint par des adents :' Pièce de
bois mal a'dentée.;, '. ''.',.
ADENTER v. a! ou tr. (a-dan-tô — rad.
adent). Techn. Joindre des pièces de bois avec
des adents. , * ,,;, . ,
ADÉONA Myth. Divinité qui; chez les Ro- '
mains, présidait à, l'arrivée, dos voyageurs.
Une' autre déesse, Abéona, présidait au dé7
part; — Des deux mots lat. adiré, être pré-
sent, et abire, s'en aller. -
ADÉPHAOEadj. (a-dé-f*-je -r- du gr. ade-
phagos, .vorace; adên s ;boaucoup ; phqgà.jo
donnaient cette epithèto à Hercule, parce
qu'un jour il avait mangé un bœuf tout entier.
— Antiq. gr. Se disait chez lès Athéniens
des chevaux qu'on nourrissait pour les courses
do char et pour la guerre.
— Zool. S'applique à tout animal vorace ot
carnassier.
12
so
ADE
ADÉPHAGIE s. f. (a-dé-fa-jî — du gr. adèn,
beaucoup; phag ein, manger). Synonyme scien-
tifique de voracité.
ADÉPHAGIQUE adj. (a-dé-fa-ii-ko — rad.
adéphagie). Qui concerne l'adôphagie, qui y a
rapport.
ADEPS s. m. (a-dèps — mot lat. qui si-
gnif. graisse, suif). Antiq. Nom donne à la
graisse des victimes que l'on sacrifiait aux
dieux dans les temples.
ADEPTE s. (a-dè-pte — du lat. adcptus,
qui a acquis). Nom que l'on donnait à ceux
qui connaisssaient les arcanes de l'alchimie.
— Par anal. Celui qui s'occupe spéciale-
ment d'une science, pour qui cette science ne
doit pas avoir de secrets : La sottise humaine
est partout la même, elle étend toujours aux
choses les torts des individus, à. la religion les
fautes desprètres, à la loi l'erreur des magis-
trats, à la science l'ignorance de ses adeptes.
(Fr. Souliô.) La science^ théorique n'a jamais,
que je sache, enrichi se/ adeptes. (F. de Las-
teyrie.) il Celui, celle qui fait partie d'une
secte, d'une coterie : Eudore traversa le
groupe des sophistes, qui le prenaient pour un
adepte. (Chatoaub.) Protéger les adeptes,
employer tous les moyens pour arriver à la re-
nommée, aux dignités ou à la fortune, tel est le
but et le principe de toutes les coteries. (Vien-
net.) il Partisan d'une doctrine, d'un système,
d'une idée ; ' La philosophie du xvnie siècle
n'avait plus que de vieux et rares adeptes,
survivants de la /{évolution. (Lamart.) Eugénie
était là sur son terrain, c'était une adepte os-
sez fervente de la réhabilitation des femmes.
(fi. Sand.) Mon père, adepte sincère et véhé-
ment des théories de J.-J. Rousseau, se croyait
obligé envers lui-même à suivre de point en
point l'Evangile proclamé par l'auteur d'E-
milo. (Ph. Chasles.)
— Par ext. Celui, celle qui s'attache à un
individu, qui partage et défend ses opinions :
Il n'était pas besoin de la présence de votre
(G. Sand.) Il lui faut non pas le dévouement et
la passion d'un seul homme, mais se voir re-
garder comme une prophétesse par une foule
(/'adeptes. (H. Beyle.) il On le dit aussi en par-
lant de ceux qui prétendent comprendre un
écrivain obscur, recherché dans son stylé.
adéquat, Ate adj. (a-dé-koua, a-te —
du lat. adœquatus; de ad, a; mquare, égaler).
Philos. Entier, d'une étendue, d'une compré-
hension égale : Une loi perd sa force obliga-
toire, quand la fin adéquate ou totale de cette
toi a cessé. (Gousset.)
— Suivi d'un complément, il prend la pré-
pos. à : La science, pour être complète, doit être
adéquate à son objet. (Bautain.) Dans la so-
ciété actuelle, le progrès de la misère est pa-
rallèle et adéquat au progrès de la richesse.
(Proudh.) Ce que les sens révèlent est adéquat
à ce que pense la raison. (Proudh.) La réalité
des choses est absolument adéquate d tous les
concepts de la raison. (B. Hauréau.)
— Idée adéquate, Idée qui embrasse tout ce
qui se rapporte à l'objet qu'on envisage : L'i-
dée représentant l'essence invariable et intelli-
gible des choses, plus elle est épurée des affec-
tions de la sensibilité en général, plus elle est
conforme à la nature réelle de la chose repré-
sentée, c'est-à-dire plus elle est adéquate.
(Frank.) El Définition adéquate, Définition qui
ne peut convenir qu'à l'objet dont on s'oc-
cupe : Une bonne définition doit être adéquate,
c'est-à-dire qu'elle doit convenir à un objet dé-
fini tout entier, et ne convenir qu'à lui seul.
(Acad.)
— Signifie aussi Synonyme, équivalent :
Liberté, intelligence, fatalité, sont au' fond
trois expressions adéquates, servant à dési-
gner trois faces différentes de l'être. (Proudh.)
L'intérêt privé et l'intérêt collectif se divergent
au premier, coup d'ail, et sont parfaitement
identiques et adéquats. (Proudh.)
adéquate s. f. (a-dé-koua-to — fom. de
adéquat, pris substantiv.}. Valeur égale, re-
présentation parfaite, entière : Le chant d'une
part, de l'autre une vivacité qui peut sembler
bizarre, capricieuse, ont sans doute été les
causes qui ont fait choisir l'acanthide des an-
ciens pour /'adéquate zoologique des Piérides.
(Val. Parisot.) Ador est /'adéquate du Sidik
phénicien, du Fia memphitique. (Val. Parisot.)
ADÉQUATION s. f. (a-dé-koua-si-on — rad.
adéquat). Rapport parfait, quantité égale :
L'évidence intuitive est celle qui résulte de la
connaissance immédiate et directe de {'adéqua-
tion entre ^proposition et la chose. (Ventura.)
adéquatité s. f. (a-dé-koua-ti-té — rad.
adéquat). Qualité, état do ce qui est adé-
quat : Dans les mots jugis, jugum, juvarc,
jubere, etc., le thème ju exprime adéquatité,
connexité, continuité, inhérence, juxtaposition.
(Proudh.)
ADER s. m. (a-dèrr). Mois persan qui répond
à nos mois de novembre et décembre.
ADERBAIDJAN, grande prov. de Perse, sur
la mer Caspienne ; 1,500,000 hab., Turcs, Ar-
méniens, Kurdes et Juifs. Elle renferme des
vallées très - fertiles , où l'on élève les plus
beaux chevaux du royaume, et qui fournissent
à l'armée une magnifique remonte. Ce nom si-
gnifie terre de feu; suivant les uns , parce que
Zoroastre y naquit, suivant d'autres parce que
cette région est sujette à de violents tremble-
ments de terre.
ADH
ADÈRE S. m. (a-dè-re — du gr. a priv. ;
dérê, cou). Entom. Genre de coléoptères hé-
tèromères, famille des sténélytres.
ADERMOTROPHIE s. f. (a-dèr-mo-tro-fî —
du gr. a priv. ; derma, peau ; trophè, nourri-
ture). Pathol. Amincissement, atrophie ùz la
peau.
ADERNO, petite ville de Sicile, près de l'Et-
na; 11,000 hab.
ADESMACÉ, ÉE adj. (a-dèss-rna-sé — du
gr. adesmos, qui n'est pas lié). Moil. Se dit
des mollusques qui n'ont point de ligament
pour réunir les deux valves de leur coquille,
il Adesmacés, s. m. pi. V. Adémacés.
ADESMIE s. f. (a-dèss-mi — du gr. ades-
mos, qui n'est pas lié.) Entom. Genre de l'ordre
des coléoptères hétéromères, famille des mé-
lasomes.
— Bot. Genre de plantes de la famille des
légumineuses, qui appartient à l'Amérique
méridionale.
ADESSENAIRES OU ADESSÉNIENS S. m.
pi. (a-dèss-se-nè-re — du lat. adesse, être pré-
sent). Hist. ecclés. Hérétiques du xvie siècle,
qui, tout en admettant la présence réelle de
Jésus-Christ dans l'Eucharistie, l'entendaient
autrement que l'Eglise. Us étaient à cet égard
divisés en quatre sectes. La première préten-
dait que le corps était dans le pain ; là seconde
autour du pain; la troisième sous le pain; la
quatrième enfin sur le pain. On les a appelés
ADESSÉNIENS s. m. pi. (a-dèss-sé-ni-ain).
V. ADESSENAIRES.
ADESSO adv. (a-dèss-so — mot ital. qui
signifie tout à l'heure). Dans un instant ; s'em-
ploie quelquefois pour modérer la pétulance,
l'empressement dp quelqu'un : Ne faites en-
trer personne, adesso, adesso.
ADESTRE adj. (a-dèss-tre). V. Adbxtre.
ADET s. m. (a-dètt). Chez les Musulmans,
usage qui- règle les présents que l'on doit
faire aux personnes dans les diverses circon-
stances delà vie, suivant le rang qu'occupent
et ces personnes ei celui qui fait les présents :
£'adet est respecté comme une loi inviolable.
ADEXE s. m. (a-dè-kse — du çr. adexios,
maladroit). Entom. Genre de coléoptères té-
tramères, famille des eurculionides.
ADEXTRE ou ADESTRE adj. (a-dèk-stro
— du lat. ad, à; dexter, droit). Adroit, vif,-
prompt : A Londres, les filous sont nombreux
et /rès-ADEXTRES. (Fr. Woy.)
ADEXTRÉ, ÉE (a-dèk-stré) part. pass. du
v. Adextrer : En ce temps, madame l'archi-
duchesse accoucha à Bruges d'un beau fils qui
est à présent notre prince, le plus bel, le mieux
adextré que l'on pût trouver. (Oliv. de la
Marche.)
— Blas. Se dit de la pièce principale d'un
ôcu qui en a une autre secondaire à sa droite.
De Barjot : d'azur, à un griffon d'or adextré
en chef d'une étoile du même.
ADEXTRER v. a. ou tr. (a-dèk-stré — rad.
adextré). Rendre adroit : Choisisses des offi-
ciers capables de dresser } façonner et adextrer
les soldats. (Nie. Pasquier.) Vieux, il Marcher
à la droite, être à la droite : AI. de Bourbon
adextrait madame la duchesse, et tous les
autres chevaliers et gentilshommes allaient de-
vant, (xvie siècle.)
ADFORMANT, ANTE adj. (ad-for-man,
an- te — du lat. ad, à; formare, former).
Gramm. Qui sert à former, n Lettres adfor-
mantes, Lettres serviles qu'on place après la
racine du verbe pour la modifier. Il II est aussi
subst. : Une adformante. Les adformantes
syllabiques, assyllabiques. En mahri, la troi-
sième personne plurielle du prétérit a laissé
tomber son adformante, comme cela a lieu en
mendaïte. (Renan.) "
AD GLOR1AM, pour la gloire, et, dans un
sens ironique, Pour rien : Il est rare dé trouver
des hommes qui travaillent uniquement ad glo-
riam. tl C'est à peu près le même sens que ad
honores.
ADCJUSTAL, ALE adj. (ad-gnss-tal— du lat.
ad, à ; gustus, goût). Anat. Se dit d'une des piè-
ces qui composent les vertèbres céphaliques.
ADHACA s. m. (a-da-ka). Métrol. Ancienne
mesure de capacité des Indous. h'adhaca,
soixante-quatrième partie du chari, était égal
au makouk des Arabes, et se divisait en quatre
prastha.
ADHALER v. a. Ou tr, (a-dà-lé — lut. adha-
lare, toucher de son haleine). Pousser son
haleine sur quelque chose.
ADHED-LED1N-ALLAU, onzième et dernier
calife fatimite d'Egypte, régna de 11C0 à 1171.
Sous le gouvernement de ce faible prince,
l'exercice du pouvoir fut disputé avec achar-
nement par des ministres ambitieux, qui appe-
lèrent tour à tour les Syriens et les Francs au
secours de leurs prétentions. A la prière de
l'un d'eux, le sultan de Damas, Noureddin, en-
voya en Egypte pour le soutenir l'émir Chyr-
kouh et Saladin, neveu de celui-ci. Chyrkouh
étant mort en 1169, après s'être fait nommer
vizir par le calife, son neveu Saladin lui suc-
céda dans cette dignité, força les Francs d'é-
vacuer l'Egypte et s'empara de toute l'auto-
rité. 11 en profita pour faire reconnaître Most-
hadi, calife abbasside de Bagdad, et mit lin
de cette manière au schisme qui divisait les
Fatimites et les Abbassides. Adhed mourut
ADHEMAR de Monte», évëque du Puy, lé-
gat d'Urbain II, mort à Antiocne en 1098, prê-
cha la première croisade et y joua un grand
rôle. Le Tasse, par une licence poétique, le
fait périr au siège de Jérusalem.
ADHÉRANT (ad-é-ran) part. prés, du v.
Adhérer : La cour adhérant aux conclusions
du procureur général... (Acad.) On, a trouvé
une partie osseuse flottant dans l'abdomen et
adhérant à l'ovaire par un ligament grêle.
(Breschet.)
ADIIERBAL, général carthaginois, remporta
une grande victoire navale près de Drépane
(249 av. J.-C), sur le consul Claudius Pul-
cher, pendant la première guerre punique.
ADIIERBAL, roi de Numidie, dépossédé et
mis à mort par son cousin, le fameux Jugurtha.
ADHÉRENCE s. f. (a-dé-ran-se — rad., ad-
hérer). Jonction de deux corps qui sont unis
par l'attraction réciproque de leurs molécules :
Il adhérence de deux morceaux de cire. L'xd-
hérence de deux plaques de verre. Sur les che-
mins de fer, on diminue les obstacles qui s'op-
posent à la marche des locomotives ,' en aug-
mentant leur adhérence aux rails. (Bouillet.)
Il Signifie aussi Union, jonction en général :
La fatigue et les souffrances que trahissaient la
maigreur des contours et /adhérence de la
peau sur les os avaient même une sorte de grâce.
(Balz.) u S'empl. quelquefois pour Ce qui fait
adhérer : Au temple se trouvent de véritables
squelettes dont toutes les adhérences ont été
dévorées par le temps. (E. Sue.) Toutes ces.
cloisons contractent des adhérences extérieu-
rement. (Milne Edwards.)
— Fig. Attachement à une doctrine, à un
parti : La foi est une adhérence de cœur aux
vérités éternelles. (Boss.) Quiconque aime l'u-
nité' doit avoir une adhérence immuable à
l'ordre épiscopal, dans lequel et par lequel le
mystère de l'unité se consomme. (Boss.) Il Se
prend souvent en mauvaise part : On l accu-
sait (/'adhérence au parti des rebelles. (Acad.)
— Méd. Union accidentelle de certaines
parties qui sont séparées dans l'état naturel :
Adhérences congéniales. Adhérences acci-
dentelles. L'art peut beaucoup contre la plu-
part des adhérences extérieures, tandis qu'il
est tout à fait impuissant contre les adhérences
intérieures. (Breschet.)
— Bot. et zool. Rapprochement, soudure
de parties qui d'ordinaire sont séparées et
distinctes.
— Peint. Effet que produisent les parties
d'un tableau lorsqu'elles ne se détachent pas
assez du fond. Presque inusit.
— Encycl. Méd.On donne, en anatomie patho-
logique, le nom d'adhérence à l'union vicieuse
des surfaces organiques. Il y a des adhérences
naturelles que l'on nomme congéniales, parce
qu'elles ont lieu avant la naissance : telles
sont celles qui déterminent chez le fœtus l'oc-
clusion des paupières, de la bouche, etc. Les
adhérences accidentelles sont le résultat d'une
inflammation dite adhésive, qui a établi la con-
tinuité là où il n'y avait et ne devait y avoir
que contiguïté. Elles se produisent ordinaire-
ment à la suite de brûlures, d'inflammation des
membranes séreuses (par exemple de pleuré-
sie, de péritonite); et, dans ce dernier cas,
consistent souvent dans la réunion médiate de
deux surfaces par de fausses membranes. Les
adhérences sont quelquefois la seule ressource
que possède la chirurgie pour la cure radicale
de certaines affections.
— Bot. On dit en botanique qu'il y a adhé-
rence ou soudure toutes les fois que des or-
ganes, au lieu de rester libres, se soudent dans
une plus ou moins grande partie de leur éten-
due, que cette soudure soit congénitale ou
qu'elle ne se produise que postérieurement à
la naissance de ces organes, qu'elle ait lieu
entre des organes de même nature ou entre
des organes de nature différente. C'est par ad-
hérence que les bractées forment un involucre
monophylle ; les sépales , un calice monosé-
Eale ; les pétales, une corolle monopétale ; que
;s étamines deviennent monadelphes , dia-
delphes, triadelphes, etc. V adhérence joue un
grand rôle dans la variété des formes que pré-
sentent les organes végétaux.
— Syn. Adhérence, adhésion. Adhérence se
rapporte à l'état ; adliésion à la force qui pro-
duit cet état. L'adhérence ne subsiste plus
âuand If s corps sont séparés ; pour les séparer,
faut vaincre l'adhésion.
— Syn. Adhérence, cohérence, Inhérence.
Inhérence exprime l'union d'une qualité a une
substance : L'inhérence de la pesanteur à la
matière. La cohérence exprime une adhérence
entre les parties d'un même tout : La ferme
cohérence des pierres. Enfin l'adhérence , la
jonction d'une chose à une autre : La faible
adhérence des parties intégrantes de l'eau.
ADHÉRENT, ENTE adj. (a-dé-ran, an-te —
lat. adhœrens, même sens). Qui est fixé à une
chose, qui y est fortement attaché : Dans
l'homme et dans les animaux, l'épiderme est par-
tout adhérent à la peau. (Buff.) Il Qui s'at-
tache, qui adhère fortement : La glu est de
toutes les matières collantes laplus , — ~
(Balz.)
toujours adhérent a
lui-même, et de ne pas
ADH
se produire autrement qu'on ne le connait?
(V. Hugo.)
— Bot. et zool. Se dit d'une partie quel-
conque d'un végétal ou d'un animal, unie in-
timement avec une partie avoisinante' : Le
calice, dans le rosier, est adhérent à l'ovaire.
— Peint. Se disait des parties d'un tableau
qui ne se détachent pas -issez du fond.
— Sculpt. Statue adhérente à son piédestal.
Statue qui ne fait qu'un seul morceau avec
son piédestal.
— s. m. Celui qui est attaché à une doc-
trine, à un parti : La religion du Christ re-
cruta d'abord ses adhérents dans les rangs les
plus infimes de la société. -[A. Maury.) il Se
prend le plus ordinairement en mauvaise part:
Celle secte comptait plus de mille adhérents.
(Volt.) Cet imposteur confisquait les terres des
gentilshommes et les distribuait à ses adhé-
rents. (Mérim.) La camarilla seule et ses ad-
hérents ont protesté contre l'intervention tles
puissances étrangères. (Journ.)
—Gramm. Il no faut pas confondre adhérent,
qui est un adjectif, avec adhérant, participe
présent. Adhérent exprime un état et présento
l'idée d'adhérer comme étant plus fixe, plus
liée à la nature même de l'objet qualifié :
Avoir le poumon adhérent aux cotes. (Acad.)
Adhérant présente l'idée d'adhérer comme
une action, ou au moins il l'exprime exacte-
ment avec les mêmes conditions de change-
ment, de modification possible que le verbe
suppose dans toute sa conjugaison; il a les
mêmes compléments que le verbe , et peut,
comme lui, s'employer avec la négation : In-
terjeter un nouvel appel en adhérant ou en
«' adhérant pas au premier. (Acad.)
— Syn. Adhérent, annexé, attaché. Une
chose est adhérente par l'union que produit la
nature, ou par celle qui vient du tissu et de la
continuité de la matière : La matière est phy-
siquement divisible, c'est-à-dire ses parties so-
lides, adhérentes les unes aux autres, sont sé-
parables. (Volt.) Une chose est attachée par
des liens arbitraires, mais réels, avec lesquels
on la fixe dans la place ou dans la situation où
l'on veut qu'elle demeure : L'esprit ne sait
comment il est attaché à un corps. (Fén.) Une
chose est annexée par une simple jonction mo-
rale, effet de la volonté et de l'institution hu-
maines : La Savoie a été annexées la France.
adhérer v. n. ou intr. (a-dé-ré — du lat.
ad, à; hœrere, s'attacher. — L'é fermé du ra-
dical se change en è ouvert devant une syl-
labe muette : J'adhère, que tu adhères; ex-
cepté au futur et au conditionnel, où il con-
serve l'é fermé). Etre fortement uni, attaché
à une chose : Deux pans de glace dépolis et
humides adhérent l'un à l'autre. (Pelletier.)
Les racines du blé adhèrent si fortement à ta
terre, qu'on ne peut les enlever sans enlever une
portion du sol. (B. de St-P.) Le sol était semé
de ces gros os que le pauvre achète aux plus in-
fimes revendeurs de viande corrompue, pour
ronger les cartilages qui y adhèrent encore.
(E. Sue.)
— Par anal. : Les talons éculés empêchaient
les maudites chaussures d' adhérer aux pieds
de l'enfant. (Balz.)
— Fig. Le vieillard adhère à la vie plus
étroitement que la mousse ne fait aux ruines.
(E. Alletz.) n Etre du parti, du sentiment de;
approuver : C'est un crime de haute trahison
que de prendre les armes contre le roi, ou d'.\D-
hérer à ses ennemis. (Fén.) Nous adhérons
aux erreurs de nos amis, et nous aidons à les
rendre inexcusables. (Fén.) Le vrai est ce à
quoi la raison commune adhère toujours et
partout. (Lamenn.) Le gouvernement de l'U-
ruguay adhère, sauf ratification des pouvoirs
législatifs. (Journ.) il Entrer en communica-
tion avec, s'entendre, se convenir : Les peuples
ne peuvent adhérer entre eux s'ils n'ont une
même langue. (V. Hugo.) Un sceptique qui ad-
hère à un croyant, cela est simple comme la
loi des couleurs complémentaires. (V. Hugo.)
— Jurispr. Donner son consentement à une
demande formée par d'autres, ou à un acte, à
un contrat dans lequel on n'a pas été partie.
Il Confirmer un premier acte par un aeto sub-
séquent.
— Syn. Adhérer, tomber d'accord. V. AC-
CORD (tomber d').
— Syn. Adhérer, accéder, acquiescer, etc.
V. Accéder.
— Antonymes. Se détacher. — Au fig. Re-
fuser, rejeter, repousser.
ADHÉRITANCE s. f. (a-dé-ri-tan-se — rad,
adhériter). Ane. jurispr. Investiture, droit en
vertu duquel on entrait en possession de son
héritage.
ADHÉRITÉ (a-dé-ri-té) part. pass. du v.
Adhériter.
ADHÉRITER v. n. ou intr. (a-dé-ri-té — du
lat. ad, à; hœres, hœredis, héritier). Ane. ju-
rispr. Investir, mettre en possession, fairo
héritier.
ADHÉSIF, IVE adj. (a-dé-zif, i-ve — du lat.
adheerere, s'attacher). Pharm. Se dit do pré-
parations emplastiques capables d'adhérer à
la peau : Emplâtre adhésif.
— Méd. Inflammation adhésive, Celle qui
opère l'adhésion des parties divisées : Les
adhérences accidentelles sent toujours le ré-
sultat de l'inflammation adhésive. (Encycl.)
ADH
— Pi-at. Qui marque l'adhésion, le conten-
tement : Formule adiiésive.
— Substantiv. : Un adhésif. Le taffetas
d'Angleterre est un adhésif. ,
ADHÉSION s. f. (a-dé-zi-on — lat. adhœsio,
même sens; formé de adhœrere, s'attacher).
Union de deux corps l'un à l'autre, adhérence,
bien qu'adhésion indique plus spécialement
la manière dont s'est faite l'adhérence : On
nomme adhésion l'attraction moléculaire qui
se manifeste entre deux corps en contact, (L.
Pinel.)
— Par anal, et fig. Consentement, appro-
bation : M. de Meaux avait son grand nom et
/'adhésion des principaux prélats de France.
(Volt.) L'erreur n'est quelque chose que par
«'adhésion des hommes, (Lacordaire.) Emile
garantissait /'adhésion de sa tendre mère. (G.
Sand.) Il aurait mieux aimé la discussion que
cette adhésion nonchalante à tout propos. (G.
Sand.) il Dans ce sens, se dit aussi des choses :
//adhésion de l'intelligence aux idées natu-
relles constitue la raison. (Lacordaire.)
— Diplom. Consentement donné par un
souverain aux arrangements faits par d'au-
très souverains : Donner, refuser son adhé-
sion. (Acad.)
— Méd. Manière dont un organe ou une
partie adhère à une autre, do façon à produire
l'adhérence.
— Philos, scol. Certitude d'adhésion, Certi-
tude qui résulte de l'importance d'une chose,
de l'intérêt qu'on y trouve et non pas de son
évidence.
— Jurispr. Acquiescement à une conven-
tion, à un arrangement, auquel on n'a con-
couru ni directement ni par fondé de pouvoir.
Il Assentiment donné par un avocat à une
consultation rédigée par un de ses confrères.
Il Autrefois, Demande en adhésion, Demande
formée par un des époux pour obliger l'autre
à rentrer au domicilo conjugal.
— Encycl. Physiq. Il ne faut pas confondre
l'adhésion avec la cohésion. L'adhésion est la
force en vertu de laquelle deux corps mis en
contact adhèrent l'un à l'autre et résistent à
l'effort que l'on fait pour les séparer. La cohé-
sion est la force qui tient unies les molécules
constituantes d'un corps. L'adhésion peut exis-
ter entre deux solides, entre un solide et un
fluide, entre deux fluides. Entre deux solides,
elle s'exerce en raison directe de l'étendue et
du poli des surfaces en contact, et peut se me-
surer au moyen du poids nécessaire pour les
séparer. Il faut remarquer que l'adhésion est
d'autant plus forte, que le contact est plus
parfait; aussi, pour l'obtenir, a-t-on soin de
faire glisser les deux corps l'un contre l'autre
avec frottement, de manière à chasser l'air
interposé. La propriété qu'ont les corps d'être
mouillés, c'est-à-dire d'emporter à leur surface
une couche du liquide ou ils ont touché, s'ex-
plique par la force de l'adhésion. C'est égale-
ment à l'adhésion qu'on peut attribuer ,• au
moins en grande partie, l'ascension des li-
quides dans les tubes capillaires, et l'absorp-
tion des gaz par les substances poreuses. C'est
sur l'adhésion que sont fondées plusieurs opé-
rations importantes et usuelles dans les arts,
telles que les diverses espèces de collage, de
soudure, rétamage des glaces, la dorure sur
bois et sur métaux, etc.
ADHÉSIONNAIRE s. m. (a-dê-zi-o-nè-ro—
rad. adhésion). Syn. peu usité d'adhérent.
adhÉSIVEMBNT adv. (a-dé-zi-ve-man —
rad. adhésif). D'une manière adhésive, par
adhésion.
ADHÉSIVITÉ s. f. (a-dé-zi-vi-té — rad.
adhésif). Phrénol. Faculté qui nous porte à
aimer nos semblables, à nous rapprocher
d'eux. V. Affectionnivité.
ad hoc loc. adv. (a-dok — mots lat. qui
signif. pour cela, à cet effet). D'une manière
directe, positive : Répondre ad hoc. Il Selon
l'usage, la destination qu'on a en vue : Il me
. faut une maison choisie, une maison ad hoc.
(Méry.) Le maître du café donna un coup d'ail
au dégât, et alla au comptoir pour l'inscrire
dans un livre ad hoc. (G. Sand.) Le blason,
c'est l'histoire écrite en hiéroglyphes ad hoc.
(G. Sand.) Au moyen âge, quand un homme
était soupçonné d'un crime et qu'il voulait prou-
ver son innocence, il avalait une bouchée de
pain bénite ad hoc par son accusateur, après
avoir prié le ciel que cette bouchée, s'il était
coupable, lui servit de poison. Innocent, il ava-
lait sans difficulté; coupable, la fatale bouchée
devait l'étrangler au passage. (Génin.) Il Par-
ticulier, spécial : Pour traiter une affaire dé-
licate, on choisit un homme ad hoc. Quoi, s'é-
cria le général, le prisonnier a des menottes
dans l'intérieur de la citadelle! Cela est con-
traire au règlement, à moins d'un ordre ad
hoc ; ôtes-lui les menottes.. (H. Beyle.)
— Tuteur ad hoc, Tuteur nommé spéciale-
ment pour un objet déterminé.
ADHOLÉE s. f, (a-do-lo). Métrol. Mesure
do capacité pour matières sèches, usitée dans
l'Inde, et représentant généralement la moi-
tié du pylée. On dit aussi, suivant les pro-
vinces, ADHOLY, ADOWLV, Au plur., des AD-
II0LÉES, ADH0LIES, ADOWLIES.
ad HOMINEM loc. adv. (a-do-mi-nèmm —
mots lat. qui signif. littéralem. A l'homme).
Qui attaque directement la personno à qui
ADI
l'on parle. Est le plus souvent précédé du
mot argument. Dans l'argument personnel ,
ou ad hominem, l'orateur emprunte à l'adver-
saire des armes pour le combattre ; il le con-
fond en lui opposant ses propres paroles ou
ses propres actes. Dans les assemblées politi-
ques de tous les pays, il n'est pas rare do voir
un homme changer d'opinion ; ses adver-
saires, pour combattre ses paroles du jour,
lui rappellent son langage d'autrefois, l'oppo-
sent ainsi à lui-même , et le battent par un
argument personnel,. un argument ad homi-
nem : Le pyrrhonisme est la chose du monde
la plus commode; vous pouvez impunément dis-
cuter contre tout venant, sans craindre ces ar-
guments ad hominem, qui font quelquefois tant
de peine. (H. Beyle.) L'argument ad hominem,
le dernier auquel un homme poli doive avoir
recours, peut se justifier par les circonstances,
mais c'est un cas beaucoup plus rare quand il
s'agit d'un argument ad feminam (contre une
femme). (W. Scott.)
Voici un exemple célèbre d'argument ad
hominem : Cicéron plaidait la cause de Liga-
rius, accusé par Tubéron de s'être battu con-
tre César en Afrique. « Mais, je le demande,
s'écrie Cicéron, qui donc fait un crime à Li-
garius d'avoir été en Afrique ? C'est un homme
qui lui-même a voulu aller en Afrique, un
homme qui a- combattu contre César lui-
même. En effet, Tubéron, que faisiez-vous,
le fer à la main, dans les champs de Pharsale?
quel sang vouliez-vous répandre ? Dans quel'
flanc vos armes voulaient-elles se plonger?
Contre qui s'emportait l'ardeur de votre cou-
rage? Vos mains, vos yeux, quel ennemi
[poursuivaient- ils ? Que désinez-vous , que
souhaitiez-vous? » Plutarque rapporte qu'à
ees mots, César laissa tomber en frémissant
les papiers qu'il tenait à la main, et qui ren-
fermaient l'acte de condamnation ; l'éloquence
avait triomphé, grâce à l'heureux emploi de
l'argument ad hominem.
ad HONORES loc. adv. ( a-do-no-rèss —
mots lat. qui signif. Pour les honneurs). S'em-
Eloie en parlant d'un titre purement honori-
que, d'une place sans rétribution,sans trai-
tement : Les fonctions de maire sont des
fonctions ad honores. Les choses en sont ve-
nues à ce point qu'aujourd'hui les fonctions les
plus chèrement rétribuées sont, dans la réalité,
celles qui paraissent conférées uniquement ad
honores.
— Ironiquem. et par plaisanter. Se dit pour
faire entendre qu'on n'a que les charges, les
inconvénients d'une situation, d'une qualité
dont on ne recueille pas les bénéfices : On
offre, il est vrai, la présidence honoraire au
pape; tout cela est très-bien combiné; mais le
gouvernement de l'Eglise ne paraît pas disposé
à vouloir quoi que ce soit, seulement ad ho-
nores ; il tient pour la temporalité. (L.Plée.)
Je déclare
Que je ne
ha
fpT
t, <■
époux ad honores.
Reonakd.
Juste ciel
P
is-je e
nter
dre et souffrir ce la
ngaSe
Moi, pour le bien commun j'aurais pris femme exprès,
Et serais seulement époux ad honores!
Des plaisirs du public lâche dépositaire,
Je ferais de l'hymen un trafic mercenaire!
Ma femme est a moi seul et n'en veux qu'à ce prix.
Reqnard.
ADHUC SUB JUDICE LIS EST (a-duk-snb-
ju-di-sé-liz-è-ste). Mots lat. oui signif. litté-
ralem. Le procès est encore devant le juge;
c'est la fin du soixante-dix-huitième vers de
l'Art poétique d'Horace. Le poète, faisant
l'histoire des différents genres de poésie, dit
qu'on ne sait pas positivement quel est l'in-
venteur du rhythme élégiaque : ■
Grammatics certant et adhuc sub judice lis est.
« Les grammairiens ne sont pas d'accord, et
la question est encore à juger. »
Cette expression, devenue proverbiale, s'ap-
plique tous les jours à une foule de questions
grammaticales, littéraires, historiques, philo-
sophiques, scientifiques, etc., qui sont vive-
ment débattues :
• A qui donc appartient la priorité de l'in-
vention du piano? La cause est pendante de-
puis plus d'un siècle devant les érudits, et l'on
dispute encore : Adhuc subjudica lis est. >
Castil-Blaze. .
a LaChampagne a perfectionné les machines
à boucher ; la Bourgogne y est bien aussi pour
quelque chose ; on m'a montré à Nuits un in-
venteur célèbre et le premier de tous, m'a-t-on
dit. Entre gens de Reims donc et gens de
Nuits, sub judice lis est. » A. Luchet.
« Or, un jour que les deux sœurs se bai-
gnaient ensemble, elles se prirent de querelle,
chacune d'elles prétendant l'emporter en beauté
sur l'autre... Enfin les deux rivales se décidè-
rent à en appeler à la postérité 1 elles firent •
faire, par les deux meilleurs statuaires de l'é-
poque, les deux Vénus qui portent encore leur
nom, et dont l'une est k Naples et l'autre à
Syracuse. Deux mille trois cents ans se sont
écoulés depuis cette époque, et la postérité in-
décise n'a point encore porté son jugement :
Adhuc sub judice lis est. » Alex. Dumas.
AD1ABENE, ancienne région de la haute
Asie; elle avait pour capitale Arbelles. Trajan
fin fit la conquête.
ADI
ADIABÉNIEN, IENNE s. (a-di-a-bé-ni-
ain, è-ne). Géogr. anc. Habitant de l'Adia-
bène : Tigrane, étant sorti de l'Arménie, était
entré dans les terres des Adiabéniens, qui sont
une nation limitrophe.
— adj. Qui appartient, qui est propro à
l'Adiabene ou à ses habitants : Le premier des
rois adiabéniens dont il soit parlé dans l'his-
toire régnait du temps de la guerre de Mithri-
date, otl il se déclara pour Tigrane contre Lu-
cullus. (L. Renier.)
— s. m. pi. Dynastie. qui a gouverné l'A-
diabene, depuis environ l'an 70;avant J.-C.
jusqu'au règne de Trajan, dans les premières
années du ne siècle de l'ère chrétienne.
ADIACRITOLÂTRIE s. f. (a-di-a-kri-to-lâ-
trî — du gr. a priv. ; diakritos, discerné ; la-
treia, adoration). Néol. Fétichisme stupide
et grossier.
ADIANTACÉ, ÉE OU ADIANTOÏDE adj. (a-
di-an-ta-sé — rad. adiante). Bot. Qui ressemble
aune fougère.
— s. f. pi. Tribu de la famille des fougères.
ÂDIANTE, s. m. (a-di-an-te— du gr. adian-
tos, toujours, sec). Bot. Genre de fougères
.; — : — •'>•- parce que leur feuillage lisse
pillus-Vëneris), jolie petite plante connue sous
le nom 'de capillaire de Montpellier, cheveux
de Vénus , à pétiole grêle, d'un brun noirâtre,
luisant, ramifié, a folioles minces, glabres,
d'un vert tendre, presque cunéiformes, por-
tant les sporanges des deux côtés. L'adiante
capillaire vient dans les grottes humides,
dans les puits, sur le bord des fontaines, dans
les contrées méridionales de la France ; il est
doué d'une odeur aromatique, d'une saveur-
un peu styptique et amère. On en fait le si-
rop dit de capillaire, employé comme béchi-
que et pectoral, h L'Académie donne au mot
adiante le genre féminin, ce qui doit être une
faute d'impression, puisque dans les éditions
antérieures elle le faisait masculin, en cela
d'accord avec tous les ouvrages do botanique.
ADIANTIDÉ, ÉE adj. (a-di-an-ti-dé — rad.
adiante). Bot. Qui ressemble à l'adiante.
ADI ANTIFOLIÉ, ÉE adj. (a-di-an-ti-fo-
li-é — rad, adiante, et lat. folium, feuille).
Bot. Dont les feuilles ressemblent à celles de
l'adiante. Tel est le gingko. V. ce mot.
ADIANTITES s. m. pi. (a-di-an-ti-te — rad.
adiante). Géol. Groupe dé fougères fossiles.
ADIANTOÏDE adj. (a-di-an-to-i-do).
V. Adiantacé.
adiaphane adj. ( a-di-a-fa-ne — du gr.
a priv. ; dia, à travers ; phanos, transparent).
Syn. inusité A'opaque.
ADIAPHORE adj . (a-di-a-fo-re — du gr.adia-
phoros, indifférent). Morale et Théol. Qui est
accessoire, peu important, qu'on peut admet-
tre ou ne pas admettre, pratiquer ou ne pas
pratiquer, sans péril pour la foi, sans trouble
de la conscience.
— Liturg. Se dit des usages, des cérémo-
nies, des rites qui peuvent être indifférem-
ment omis ou pratiqués. *
adiaphorèse s. f. (a-di-a-fo-rè-ze — du
gr. a priv.; diaphorèsis, transpiration). Méd.
Défaut ou suppression de la transpiration. On
dit aussi adiapneustie.
ADIAPHORÉtique adj . (a-di-a-fo-ré-ti-ko
— rad. adiaphorèse). Chim. Esprit adiapho-
rétique, Nom que Boyle donna à l'alcool qu'il
obtint par la distillation du bois.
ADIAPHORISTE s. m. (a-di-a-fo-riss-te —
du gr. adiaphoros , indiffèrent). Hist. relig.
Membre d'une secte de luthériens qui em-
brassèrent les opinions de Mélanchthon, c'est-
à-dire qui, tout en approuvant certaines doc-
trines de Luther, continuaient à reconnaître
l'autorité de l'Eglise catholique.
— Hist. Nom donné à ceux qui, en 1548,
souscrivirent l'intérim publié par Charles-
Quint à la diète d'Augsoourg. n On dit aussi
ADI
91
ami, l'homme créa pour la première fois le mot
adieu, n'a-t-il pas voulu dire à la personne
aimée : je ne suis plus là pour veiller sur toi,
mais je te recommande à Dieu, qui veille sur ■
tous? (A. Deschamps.)
Adieu, princes, adieu, pour la dernière fois.
Couneille.
Adieu, j'assiégerai Néron de toutes parts.
ir la plage loinl
•a bleu
ADIAPHORISTIQUE adj. (a-di-a-fo-riss-ti-
ke — rad. adiaphoriste). Qui concerne les
adiaphoristes : En 1549, commença la 'discus-
sion, connue sous le nom de adiaphoristique,
contre Mélanchthon et les doctrines de Witten-
berg, qui reçurent à cette occasion le surnom
d' adiaphoristes. (Encycl.)
ADIAPNEUSTIE s. f. (a-di-a-piieu-stî — du
gr. a priv.; diapneâ, je transpire). Pathol.
Syn. de adiaphorèse. V. ce mot.
ADIAPTOTE s. m.-(a-di-a-pto-te — du gr.
adiaptdtes, infaillible). Anc. pharm. Compo-
sition pharmaceutique contre la colique.
ADIARRHÉE s. f. (a-di-a-ré — du gr. a
priv.; diarrhein, couler). Méd. Rétention,
suppression d'une évacuation quelconque. ■
ADIATHÉSIQUE adj. (a-di-a-té-zl-ke — du
gr. a priv. ; fr. diathesique). Méd. So dit des
maladies qui sont nées sans diathèse antécé-
ADIEU adv. (a-dieu— fr. à, et Dieu ; signif.
clliptiq. Je vous recommande à Dieu). Formulo
de salutation que l'on adresse, par amitié ou
simplement par politesse, à^ceux dont on se
sépare, et par laquelle aussi on termine sou-
vent les lettres familières : Adieu, monsieur.
Adieu, jusqu'au revoir. Adieu, ma très-chère
et très-aimable, je suis toute triste de vous.
(M m» de Sév.) Lorsqu'en prenant' congé d'un
— Fam. Se dit à une personne que l'on •
veut éloigner, à un importun : •
Adieu, je perds mon temps, laisses-moi travailler.
Il Adieu, bonsoir,Porrac cxplétive- pour iEn
voilà assez, taisez-vous.
— Poét. Se dit aussi en s'adressant aux •
choses que l'on quitte: Adieu, cher antre;
me dis-je e
pies! ADIEU
touTœ
it; adieu, beau ciel d
que j'aime! (Scribe.)
vers, ad
eu pour la dernière' fois
BOILEAD.
donc
pour toi
Adici
, projets d'am
ur; ô doux projets, adic
MOLLEVAÙT.
— Signifie souvent C'en est fait de, en par-
lant des personnes et des choses : Si la pensée
était perdue, adieu le genre humain. Adieu,
notre braverie, (Mol.) Le soldat français, depuis
trente ans, ne reçoit point de coups de bâton, et
voilà l'Espagnol. qui les refuse aussi: pour peu
que cela gagne, adieu la. schlague; personne
n'en voudra. (P.-L. Cour.) '
Le lait tombe, adieu veau, vache, cochon, couvée.
La Fontaine.
Le protecteur a bas, adieu le protégé.
COLLIN D'HAÏUEVILLE.
On mit en piteux équipage
Le pauvre potager : adieu planches, carreaux,
Adieu chicorée et poireaux,
Adieu de quoi mettre au potage.
La Fontaine.
— Dire adieu à quelqu'un, Prendre congé
do quelqu'un : Je n'Ai pas encore dit adieu à
Eucharis. (Fén.) Peut-être vous wnkis-je dit
adieu d'un œil sec, si vos larmes coulant sur
ma joue n'eussent forcé les miennes de s'y con-
fondre. (J.-J. Rouss.) Je ne vous dis pas adieu
pour toujours, car cette pensée me serait trop
pénible. (G. Sand.)
Comprends-tu que l'on parte et qu'on se dise adieu;
Comprends-tu que ce mot, la main puisse l'écrire,
Et le cœur le signer, et les lèvres le dire?
A. de Musset.
— Fam. Je ne vous dis pas adieu, ou Sans
adieu, Se dit à une personne que l'on ne quitte
que pourpeu d'instants, ou que l'on se propose
de revoir bientôt : Sans adieu, chevalier, je
crois que nous nous réverrons bientôt. (Le Sage.)
— Banquet, diner d'adieu, Repas que l'on
offre à quelqu'un, par amitié ou considéra-
tion, au moment où il va s'éloigner, etc. :
Avant son départ, la population parisienne lui
banquet d adieu. (L.-J. Larchcr.)
Julien était un bon garçon; aussi, avant son
départ, tous ses camarades lui offrirent-ils un
joyeux dîner d'adieu. (L.-J. Larch.) ,
— Adieu vous dis. Vieille locution qui est
restée dans le style marotique pour dire adieu
simplement, et qui, figurém., signifie qu'il no
faut plus compter sur une personno ou sur
uno enose :
Mais si dorénavant votre imprudence éclate,
Adieu vous dis, mes soins, pour l'espoir qui vous flatte.
il Se dit aussi à quelqu'un qui ennuie et que
l'on veut congédier, il Faire adieu, Faire avec
la main, avec la teto, un signe d'adieu : Vous
me fîtes encore adieu d'un signe de main. (A.
Karr.) il Dans le môme sens, Regard d'adieu,
Dernier regard adressé à uno personne ou à
une chose comme pour lui dire adieu : Comme
la montée est rude, j'allai jusqu'à la porte de
la ville, et, me retournant, je jetai un regard
d'adieu à la France. (Th. Gant.)
— Prov. Adieu paniers, vendanges sont
faites, Se dit au propre lorsque les vendanges
sont finies, ou lorsqu'il est arrivé malheur
aux vignes, comme gelée, coùluro, etc. ; mais
beaucoup plus souvent, au fig., lorsqu'une
opération avantageuse est tout à fait termi-
née, ou lorsqu'une chose, une occasion est
perdue sans ressource, i! Adieu paniers, So dit
quelquefois clliptiq. dans le même sens : Las
beaux jours des raconteurs sont passés, et l'a-
necdote a fait son temps; adieu paniers 1
(Edm. Texier.)
— Fig. Dire adieu à une chose, Y renoncer,
la quitter : Dire adieu au monde, aux plai-
sirs. Je suis venue ici pour achever les beaux
jours et leur dire adieu. (M'n<= de Sév.) Per-
sonne n'ose dire adieu à une habitude. (Balz.)
~ s. m. : Un long adieu. Des adieux tou-
chants, affectueux. Les adieux d'Hector et
92
ADI
d'Andromaque. Ils se dirent un adieu bien
triste, quoiqu'ils ne sussent pas que c'était le
dernier. (Boss.) Ne voild-t-il pas des adieux
bien solennels pour une promenade au. clair de
la lune"! (G. Sand.)
Fuyez, dérobez-vous de ce funeste lieu.
Où je vous dis peut-être un éternel adieu!
\\ veiit'quc son maître l'entende,
11 gronde,' il pleure, et lui demande
L'adieu du soir. DEUU.E.
— Poétiq. Se dit en parlant des choses : .
La fleur tombe en livrant tes parfums au'zephyr,
' =':s regards voiles je
U'niïiéK d'un ami,'.
, - _it le dernier sourire
e que la mort va fermer pour jamais.
• ■ LAMARTINE.
— Faire ses adieux, Prendre congé : Il n'a-
vait pas manqué de venir faitee les adieux de
l'amitié à la dernière heure. (G. Sand.)
En amis, faites-vous vos adieux.
' ' ' C. DELAVIONS.
Il Visite d'àdieù, y'isito qui n'a pour but que
de faire à quelqu'un ses adieux, do prendre
congé de lui': h lie recevait des visites d'a-
dieu dans' les formes. (Harriilt.) H Le dernier
adieu, les' 'derniers adieux, Ceux que fait au
lit de mort une personne qui va mourir : A
neuf heures du soir, le pauvre malade me chassa,
et me dit en propres 'termes le dernier adieu.
(M»>e de Sév.) Je reçus une lettre du curé de
mon village, qui m'engageait à venir recevoir
les derniers adieux de rnon père. (G. Sarid.)
— Fig. Renoncement entier, absolu : Ceux
qui sont échappes du naufrage disent à la mer
un éternel adieu. (Boss.) Elle voulait garder
ce souvenir comme' l'a consécration d'un éternel
adieu à toutes ses i espérances. (G. Sand.)
Ton œil, comme'.Sa'iàn,
Lama
— En poésie. Les- adieux du jour, Le déclin
du jour :
Telle, aux adieux du jour, la mourante lumière
Se ranime et répand sur la nature entière
Une clarté plus vive et des feux plus ardents.
— PrOV. littér. C'eut ainsi qu'en ptirtoul je
■von» rais mcii adieux. Allusion à un vers de
Thésée (acte V, scène vi), opéra de Quinault.
Egée, roi d'Athènes, aime Eglé, jeune prin-
cesse élevée à sa cour, et veut l'épouser au
mépris de là promesse qui l'engage lui-même
à la magicienne Médée. Thésée', (ils inconnu
du roi, ù qui il rend le plus éclatant service en
faisant rentrer dans le devoir des sujets ré-
voltés, aime aussi Eglé et en est pave de re-
tour;, mais la magicienne a conçu elle-même
la passion la plus vive pour le jeune héros, et,
par les menaces les plus effroyables , par les
enchantements de son art infernal , elle veut
contraindre sa rivale à déclarer à Thésée , de
sa propre bouche , qu'elle est devenue insen-
sible pour lui; sinon le héros va expirer. Eglé
consent à cette dure condition ; néanmoins, en
présence de Thésée, l'amour l'emporte sur la
prudence, et la jeune princesse laisse échapper
son secret. Médée, irritée, conçoit alors l'hor-
rible projet de se venger de tous , en faisant
empoisonner le fils par le père. Mais au mo-
ment où Thésée reçoit la coupe fatale , Egée
reconnaît son fils à l'épée qu'il porte au côté", •
, et l'empêche de prendre le poison ; il lui ac-
corde, de plus, la main de la belle Eglé. En
ce moment la magicienne , déçue dans toutes
ses espérances , apparaît sur un char trainé
par des dragons volants :
Vous n'êtes pas encor délivrés de ma rage ;
Je n'ai point préparé la pompe de ces lieux
Pour servir au bonheur d'un amour qui m'outrage :
Je veux quo les enfers détruisent mon ouvrage; °
C esl ainsi qu'en variant je vous fais mes adieux.
Au même instant, le palais s'obscurcit, et les
Athéniens s'imaginent être poursuivis par des
fantômes; mais Minerve entre alors sur la
scène, et détruit tout l'effet des enchantements
de Médée.
Ce vers est devenu proverbial pour caracté-
riser la dernière vengeance , mais aussi la plus
terrible, que l'on tire en s'éloignant d'une per-
sonne, d'une société, d'un pays, etc. : c'est, en
quelque sorte, le trait du Parthe de la poésie.
Le jour même où mourut Louis XV, on avait
affiché à Versailles un dernier édit pour l'aug-
mentation des impôts ; on trouva au-dessous
des affiches ce vers r
C'est ainsi qu'en partantes vous fais mes adieux.
Dans ses Adieux aux Jésuites, Gresset a em-
ployé le vers de Quinault en bonne part :
Qu'il m'est doux de pouvoir leur rendre un témoignage
Dont l'in
et, ld (
L'impartialité va tr
Oui, j'ai vu des mortels, j'en dois ici l'aveu,
. Trop combattus, connus trop peu,
J'ai vu des esprits vrais, des cœurs incorruptibles,
Voués à la patrie, a leurs rois, il leur Dieu ;
A leurs propres maux insensibles,
Prodigues de leurs jours, tendres, parfaits amis,
Et souvent bienfaiteurs paisibles
De leurs plus fougueux ennemis :
Trop estimés enfin pour être moins hais.
Que d'autres «'exhalant, dans leur haine insensée,
Cherchent en les quittant a les rendre odieux :
Pour moi, fidèle au vrai, fidèle a ma pensée,
C'est awsi qu'en partant je leur fais mes adieux.
V, A.MOUR.
adieu -TOUT loc. interj. (a-dieu-tou).
Techn. Avertissement que donne le tireur
d'or à "un autre oavricr pour faire marcher
le moulinet, il Se dit aussi, dans les manufac-
tures d'étoiles brochées , d'un avertissement
que fait l'ouvrier à la personne qui tire et
gouverne les cordes., afin qu'elle ait à les
lâcher ou àrtes retenir, il S'emploie quelque-
fois substantiv. : Un adieu-tout, il PI. des
a-dieu-va I Mar. Interj. Second comman- '
dément d'un virement de bord vent devant.
Cette .exclamation se faisait entendre •près
des brisants, alors que le navire se trouvait
en danger, et le succès de cette évolution
avait une telle importance, que le mot lui-
même est une invocation à la Divinité, dont
on implorait directement la protection. Au-
jourd'hui les progrès de la marine ont singu-
lièrement simplifié cette manœuvre, et le mot
lui-même a cessé d'être employé. Il est rem-
placé par le simple mot Envoyez! que fait
entendre le commandant ou l'officier de quart.
AD1GE, fleuve d'ftalie, qui prend sa source
dans les Alpes, traverse le Tyrol, passe à Vé-
rone et à Aréole et se jette dans la mer Adria-
tique , près des bouches du Pô. Son cours est
de 360 kil. Après 1805, le royaume d'Italie eut
un dép. de l'Adige, dont le cn.-l. était Vérone,
et un dép. du Haut-Adige, qui avait Trente
pour ch.rl. ,
L'importance stratégique de cette rivière
lui a donné une grande célébrité historique ,
en rendant ses bords témoins d'une foule d'évé-
nements militaires qui .ont maintes fois décidé
du 'sort de l'Italie. Bonaparte en fit à diverses
reprises la base de ses opérations, et jamais
de plus éclatants faits d'armes n'ont illustré la
vie d'un homme de guerre, que ceux que
l'armée française, placée sous son immortel
commandement, inscrivit sur ses drapeaux
pendant la première campagne d'Italie. Mais
ce nom de 1 Adige nous rappelle aussi des sou-
venirs moins glorieux. Seulement, ce n'était
plus le vainqueur de Lodi qui conduisait au
l'eu nos intrépides soldats; c'était le général
Schérer. Le 28 mars 1709 , ce dernier attaqua
avec six divisions toute la ligne autrichienne,
qui s'étendait entre l'Adige et le lac Garda. Le
combat fut opiniâtre et dura depuis le matin
jusqu'à la nuit. Dans cette sanglante affaire ,
connue sous le nom de bataille de l'Adige, la
perte des Autrichiens fut évaluée à neuf mille
hommes, dont quatre mille cinq cents blessés ;
les Français perdirent plus de trois mille hom-
mes, parmi lesquels plusieurs officiers géné-
raux. Schérer pouvait s'attribuer justement la
victoire ; néanmoins , ce fut lui qui demanda
un armistice aux Autrichiens, pour enterrer
ses morts. Quelques jours après, le 7 avril, il
perdait contre les mêmes ennemis la bataille
de Magnano, dans laquelle les Français eurent
trois mille morts ou blessés et quatre mille pri-
sonniers. Cette défaite fut le triste prélude des
revers que nous allions essuyer sur le théâtre
même de tant de glorieux combats.
adigége s. m. (a-di-jé-je). Asfron. Nom
arabe de la constellation du Cygne.
ADIMAIN ou ADIMNAIN s. f. (a-di-main).
Mamm. Espèce de brebis domestique d'Afri-
que, qui est couverte de poil au lieu de laine,
et dont les oreilles sont longues et pendantes.
ADIMARI (Alexandre) , poète italien, issu
d'une famille patricienne de Florence, né en
1579, mort en 1649. On lui doit une traduction
assez faible, en vers italiens , des Odes de Pin-
dare; mais il eut le mérite de l'accompagner
de savantes notes , et d'explications d une
grande utilité pour l'intelligence du texte.
Pise, 1631.
ADIMARI (Louis), poste italien, de la même
famille que le précédent, né à Naples en 16-14,
mort en 1708. Nous avons de lui un opéra,
Itoberto, des Sonnets, des Satires, dont une
très-violente contre les femmes. Boileau a dit:
J'en connais jusqu'à trois; Adimari n'en con-
naît pas une. On lui doit aussi un recueil de
morceaux en prose sur des sujets de piété, in-
titulé : Prose sacre.
adimnain s. f. (a-di-mnain). V. Adimain.
ADIMONIE s. f. (a-di-mo-nî — du gr. adè-
mouia, crainte). Entom. Genre de coléoptères
tétramères, famille des chrysométines.
ADINA s. f. (a-di-na — du gr. adinos, nom-
breux). Bot. Genre de la famille des rubia-
cées, comprend deux espèces, indigènes de la
Chine, cultivées comme arbustes d'ornement.
adipate s. m. (a-di-pa-te). Chim. Sel
formé par la combinaison de l'acide adipique
avec une base : Adipate d'ammoniaque. Adi-
pate d'argent, il On donne souvent le nom
d'adipate d'éthyle à l'éther adipique.
adipeux, euse adj. (a-di-poti, eu-ze — du
lat. adeps , adipis , graisse). Anat. Qui a les
caractères de la graisse, ou qui en admet
dans sa composition : Tissu adipeux.
— Ligament adipeux. Nom. donné impro-
prement à un repli de la membrane syno-
viale du genou , qui se porte du ligament
rotullen vers la cavité qui sépare les condylos
du fémur.
— Encycl. Anat. Le tissu adipeux se pré-
sente sous la forme d'une masse jaunâtre ho-
mogène, composée de lobules plus ou moins
limités. L'élément fondamental de ce tissu est
la cellule adipeuse; il possède en outre, comme
éléments accessoires , des fibres lamineuses
absolument semblables à celles du tissu cellu-
laire, quelques noyaux embryo -plastiques et
des vaisseaux capillaires. Dix, vingt ou trente
cellules adipeuses forment un lobule adipeux ;
d'abord rondes , elles deviennent polyédri-
ques par pression réciproque. Gros comme des
grains de semoule ou des lentilles , les lobules
adipeux sont séparés les uns des autres par
des libres lamineuses, au milieu desquelles ram-
pent les vaisseaux capillaires ; ces vaisseaux
capillaires. pénètrent dans les lobules et vont
se distribuer entre les cellules et sur leur sur-
face. On n'a point observé de tubes nerveux
dans le tissu adipeux. Chaque cellule adi-
peuse se compose d'une enveloppe azotée et
d'un contenu graisseux : c'est par ce contenu
cme commence la résorption de la graisse dans
1 amaigrissement ; aussi l'enveloppe des cel-
lules adipeuses parait - elle plissée chez les
sujets émaciés. — On a confondu à tort le tissu
adipeux avec le tissu cellulaire et avec le
tissu médullaire des os. — Le tissu adipeux
constitue sous la peau une couche de graisse
appelée pannicule graisseux ; il est en masses
irrégulières autour des reins et dans l'épais-
seur des joues, en petites masses pédiculées
dans l'épiploon ; il fait ordinairement la ving-
tième partie du poids du corps. Le tissu adi-
peux est le- point de départ des tumeurs ap-
pelées lipomes.
Adipique adj. (a-di-pi-ke — du lat. adeps,
adipis, graisse). Chim. Se dit d'un acide que
l'on obtient par la réaction de l'acide nitrique
sur le suif, le blanc de baleine, la cire, l'acide
oléique , etc. L'acide adipique cristallise en
tubercules rayonnes, demi-sphériques, très-
solublés dans l'eau bouillante. Il fond à 130» et
distille sans altération. n'Se dit aussi d'un
éther que l'on obtient en faisant passer de
l'acide chlorhydriqne dans une solution alcoo-
lique d'acide adipique. Uéther adipique a l'as-
pect d'une matière huileuse un peu ambrée,
une odeur très-prononcée de pomme de rei-
nette, et une saveur amère et caustique à la
fois. '
adipocire s. f. (a-di-po-si-re — du lat.
adeps, adipis, graisse; fr. cire). Chim.
Nom donné, au commencement de ce siècle,
à trois substances que l'on croyait identiques,
mais qui diffèrent essentiellement : le blanc
de baleine, le gras des cadavres et la cholesté-
rine.V. ces mots.
ADIPOCIREUX, euse adj. (a-di-po-si-reu,
eu-ze — rad. adipocire). Chim. Qui ressemble
à l'adipocire : Le foie peut quelquefois devenir
ADIPOCIREUX.
ADIPOCIRIFOrme adj. (a-di-po-si-ri-for-
mc — fr. adipocire, et forme). Méd. Qui a l'as-
pect de Tadipocire : Tumeur adipociriforme.
ADIPPE s. f. (a-di-pe). Entom. Espèce de
papillon diurne, appartenant au genre satyre.
ADIpsie s. f. (a-di-psî — du gr. a priv. ;
dipsa, soif). Méd. Absence de soif.
ADÏPSON s. m. (a-di-pson — du gr. a priv.;
dipsa, soif). Remède propre à prévenir ou
à étancher la soif.
Voici venir Bellin, qui seul avait erré
Tout un jour à chercher un bélier adiré.
Ronsard.
Il II ne s'emploie aujourd'hui qu'en jurispru-
dence et dans le langage commercial : Titre
adiré. Pièce adirée. SHl arrive qu'un effet de
commerce soit adiré, la personne à laquelle il
appartient peut en obtenir le payement en don-
nant caution. (Guillaumin.)
Adirement s. m. (a-di-re-man — rad.
adirer). Perte d'un titre, d'un papier : Z'adi-
rement d'un titre ne dispense pas le débiteur
de remplir son obligation.
adirer v. a. ou tr, (a-di-rô — bas lat. adi-
rare , formé probablement du lat. aderrare,
errer). Vieux mot qui signif. Perdre, égarer :
L'Italien ne s'en osait assurer du premier coup,
vu le long temps qu'il l'avait adiré. (Des Per-
riers.) il S'emploie encore en jurisprudence :
Adirer un titre, -un contrat. Adirer les pièces
d'un procès.
ADIS, ville d'Afrique, célèbre par la vic-
toire que Xantippe , chef des Carthaginois ,
remporta, non loin de ses murs, sur 1 armée
romaine commandée par Régulus.
ADISCAL, ALE adj. (a-di-skal, a-le — du
gr. a priv.; diskos , disque). Bot. Se dit de
l'insertion des étamines, lorsqu'elle ne se fait
point sur le disque.
ADITES s. m. pi. (a-di-to). Hist. orient.
Tribu détruite par la colère divine, et au châ-
timent de laquelle le Coran fait de fréquentes '
allusions.
ADITION s. f. (a-di-si-on). Jurispr. N'est
usité que dans cette locution : Adition d'hé-
rédité, Acceptation expresse ou tacite que
fait d'une succession un héritier légitime ou
institué : Les actes purement conservateurs, de
surveillance et d'administration provisoire, ne
sont pas des actes d'ADmoN d'hérédité, si l'on
ADJ
« y a pas pris le titre ou la qualité d'héritier.
(Code Napol.)
— Homonyme. Addition.
adiusias s. m. (a-diou-si-ass— contract.
. de à Z>îou, à Dieu; sias, soyez : soyez avec Dieu).
Mot du patois méridional, qu'on emploie pour
dire adieu : Va, porte-lui cela de ma part ;
adiusias. (Mol.)
— Pays d'adiusias, Sobriquet que l'on donne
à la Gascogne et aux autres pays voisins de
la Garonne. .
ADIVE s. m. (a-di-ve). Mamm. Carnassier
originaire d'Afrique, un peu plus petit et
plus leste que le renard : Les adivbs n'osent
pas attaquer les hommes, mais ils dévorent les
enfants. (Encycl.)
ADJACENCE s. f. (ad-ja-san-se — rad. ad-
jacent): Géom. Propriété de ce qui se touche :
/.'adjacente de deux angles.
ADJACENT, ENTE adj. (a-dja-san, an-to—
lat. adjacens , même sens ; formé do ad ,
auprès; jacere, être situé). Proche, con-
tigu, qui est situé auprès, qui avoisinc : L'élé-
vation du sol de l'Egypte s'opère en même
temps que cette extension de sa surface, et le
fond du lit des fleuves s'élève dans laméme pro-
portion que les plaines adjacentes. (Cuvier.)
Une longue file de voitures stationnaient dans
les rues adjacentes. (E. Sue.) Toutes les con-
structions adjacentes sont superposées sur la
base massive du temple. (G. Sand.) il II régit la
prép. à : Les îles adjacentes à la Grèce sont
fort connues dans l'histoire. (Rollin.)
— Géom. Angles adjacents, Qui sont formés
par la rencontre de deux lignes droites et qui
ont un côté commun : Une des propositions
tes plus importantes de la géométrie, c'est que
deux angles adjacents valent ensemble deux
angles droits.
— Syn. Adjacent, attenant, continu, joignant,
prochain, procho , voisin. T)SMS proche , la
proximité est essentielle, rigoureuse : // crut
lés ennemis fort proches de lui. (D'Alemb.)
Prochain indique la proximité d'une manière
plusfaible, moins directe, et est ordinairement
plutôt une épithète qu'un attribut : Aborder
au rivage prochain. (Montesq.) Deux maisons
proches sont contiguës ; la maison prochaine
est moins éloignée que les autres. Un lieu
voisin n'est point éloigné : Le moulin le plus
proche et le marché voisin sont pour ce paysan
les bornes de l'univers. (J.-J. Rouss.J Contigu '
indique un grand voisinage, ou plutôt un con-
tact : On peut présumer que les deux conti-
nents sont contigus, ou du moins très-voisins
vers le nord à l'orient de l'Asie. (Buff.) Adja-
cent est un terme spécial de géométrie et de
géographie : Il y a plusieurs îles adjacentes à
la Grèce, fort connues dans l'histoire. (Rollin.)
Attenant se dit surtout d'une chose considérée
relativement à une autre principale, à laquelle
elle tient comme accessoire : Des bourgeois
riches sont ensevelis dans l'église, tanolis que
les pauvres pourrissent dans le cimetière atte-
nant. (Volt.) La chose joignante peut ne pas
être dépendante de celle a laquelle elle touche :
Myrtis ordonna qu'on lui bâtit un tombeau
joignant le chemin le plus fréquenté. (LaFont.)
— Antonymes. Opposé par le sommet, cor-
respondant, alterne (eu parlant d'angles).
adjectif s, m. (ad-jèk-tif— lat. adjec-
tivus, qui s'ajoute; de ad, auprès; jacere, je-
ter), Gramm. L'une des dix parties du dis-
cours, mot que l'on joint au substantif pour
le qualifier ou pour le déterminer : Les adjec-
tifs qualicatifs, les adjectifs déterminatifs,
les adjectifs numéraux, etc. L'at '
■Voltaire plaisantait quelquefois sur le style
de certains auteurs,. style tout hérissé dé-
pithôtes. « Si l'on pouvait leur faire entendre,
disait-il, que l'adjectif est le plus grand en-
nemi du substantif; bien qu'ils s'accordent en
genre et en nombre ! »
Quoi qu'en disent plus
les dithcultes que peut onnr lanalyse des
phrases, l'adjectif peut s'employer absolument,
c'est-à-dire sans se rapporter à un mot nette-
ment exprimé, toutes les fois qu'il n'en résulte
aucune obscurité pour le sens. Nos meilleurs
écrivains fournissent de nombreux exemples
à l'appui de ce principe : Issue de cette race,
fille de Henri le Grand ^ son grand cœur a
surpassé sa naissance.[Boss.) J aloux des grâces
qui tombent à côté d'eux, il semble qu'on leur
arrache celles qui tombent sur les autres.(iiluss.)
Accord de î/adjectif. En général , l'adjec-
tif s'accorde en geure et en nombre avec le
mot auquel il se rapporte : Un homme fort,
une femme forte; des hommes forts, des
femmes fortes.
— Plusieurs adjectifs peuvent-ils se mettre
au singulier quand le substantif exprimé est au
pluriel? Laplupart des grammairiens trouvent
irrégulières les expressions comme celles-ci ;
Les langues grecque et latine; les premier et
second étages. Cependant Voltaire a écrit : Les
scènes quatrième et cinquième. On trouve des
exemples semblables dans beaucoup d'autres
auteurs, et le dictionnaire de l'Académie donne
celui-ci : Les rites gallican, mozarabe, go- '
thique. Les auteurs contemporains fournissent
aussi des exemples du même genre : Le pein-
tre a religieusement emprunté aux arts grec,
étrusque et romain ce qu'ils ont produit de
plus pur et de plus' charmant. (Edm. Texier.)
Il est donc difficile de condamner d'une ma-
ADJ
nière absolue cet accord irrégulier de l'ad-
jectif; mais il est plus sage de l'éviter au
moyen de la répétition Au substantif avant
ou après chaque adjectif.
— Lorsqu'un adjectif sa rapporte en même
temps à plusieurs substantifs, on met ordinai-
rement cet adjectif au pluriel : A Rome, les
a/franchis s'inoculaient l'orgueil et l'égoïsme
homains. (Nis:ird.)Pi ' " "
ADJ
jec
s que K
stantifs auxquels il se rapporte ne soient fémi-
nins sans une seule exception. Cependant les
bons auteurs se permetteiusouvent de ne faire
accorder l'adjectif qu'aveelesubstantif le plus
proche, quand il s'agit de choses inanimées :
Elle trouvait une noblesse et une grandeur
. «tonnante dans ce jeune homme. (Pén.) L'or-
dre et l'utilité publiq.uk ne peuvent être le
fruit du crime. (Mass.) Mais il est toujours
plus prudent de suivre la règle générale.
— L'adjectif en rapport avec plusieurs mots
s'accorde seulement avec celui -dont il est le
plus rapproché, dans les trois cas suivants :
_ i" Quand les mots qualifiés sont synonymes,
c'est-à-dire quand ils sont considérés comme
ayant a peu près la même signification : César
avait un courage , une intrépidité extraor-
dinaire;
2« Quand les mots qualiliés sont placés par
gradation : Un jour, une heure, une minute est
quelquefois suffisante pour décider de la for-
tune d'un homme;
30 Quand ces mots sont séparés par la con-
jonction ou : On construit ces piliers en fer ou
en fonte très-DVRE.
Cependant, on devrait mettre l'adjectif au
pluriel dans ce dernier cas, si l'emploi du
nombre singulier produisait une incertitude de
sens; ainsi, Buffon a dû dire : Les Samoyèdes
se nourrissent de chair ou de poisson crus,
parce qu'autrement on aurait pu croire que le
poisson seul est cru quand les Samoyèdes le
mangent. On demande j>our cet emploi un
homme ou une femme Âgés.
— L'adiectif précédé de deux noms unis par
'comme, de même que, aussi bien que, ainsi
que, etc. , s'accorde en général avec le premier :
L'autruche a la tète, ainsi que le cou , garnie.
de duvet. (Buff.)
— L'adjectif devient adverbe et reste alors
invariable quand il sert à modifier la signifi-
cation d'un verbe ou celle d'un autre adjectif:
Vos sœurs chantent juste. Ces fleurs sentent
bon. Des arbres clair -semés, etc.
— Les adjectifs de couleur sont générale-
ment invariables quand ils sont suivis d'un
autre adjectif ou d'un complément qui les mo-
difie sous le rapport de la nuance, parce qu'a-
lors ils sont employés substantivement au
masculin singulier -.Des cheveux châtain clair;
des étoffes bleu de ciel; c'est-à-dire d'un châ-
tain clair, d'un bleu de ciel. Il en est de même
quand le mot gros, placé avant l'adjectif, mo-
difie la nuance de la couleur : Des draps gros
bleu. Si quelques-uns des ad jeci.ifs relatifs aux
couleurs exigent des observations particuliè-
res, on trouvera ces observations à la suite des
adjectifs eux-mêmes.
— Lorsque l'adjectif est placé après le com-
plément d un substantif, on le fait accorder
avec lesubstantif ou avec lccomplément.sclon
que la qualification exprimée convient mieux
à l'un ou à l'autre: on dira donc : Des bas de
colon êcru, parce quo la qualité ù'écru con-
vient mieux au coton qu'aux bas ; on dira, au
contraire : Une table d'acajou très-massiue,
parco qu'alors massif signifie épais, et l'idée
(['épaisseur convient mieux à la table qu'à l'a-
cajou. Mais si l'on prenait massif dans le sens
opposé à plaqué, comme cette qualification
conviendrait mieux à l'acajou, au bois dont la
table est faite qu'à la table môme, on dirait
alors : Une table d'acajou massif. Lorsque la
qualification convient également bien au sub-
stantif et'à son complément, on fait accorder
l'adjectif à peu près indifféremment avec l'un
ou l'autre, ou plutôt on le fait accorder avec
celui auquel on juge le plus important de rap-
porter la qualification : Des bas de laine bleus,
attire l'attention sur la couleur des bas ; Des
bas de laine bleue, fait penser à l'opération de
teinture qu'a subie la laine.
— Dans les adjectifs composés, c'est-à-dire
formés de plusieurs mots réunis par le trait
d'union, le premier mot reste invariable quand
sert qu'à modifier le second : Des enfants
eau-nés; des arbres clairsemés. Mais si le
premier mot qualifie directement le substantif,
aussi bien que le second, ils varient l'un et
l'autre •; Des paroles aigres-douces; des enfants
sourds -muets. Plusieurs adjectifs composés
seront aussi l'objet de remarques particuliè-
res, qu'on trouvera à leur ordre alphabétique.
— Pour l'adjectif verbal, voir la note sur le
PARTICIPE PRÉSENT.
— Complément des adjectifs. V.Complément.
conscrit l'idée; Vépithète n'est qu'utile. Si je
dis : L'homme sage est libre dans les fers, sage
est un adjectif, qui, supprimé, rendra la phrase
vague et confuse. Mais si je dis : La pâle
mort, la nuit obscure; je puis retrancher les
mots pâle et obscure, sans altérer la pensée ;
ce sont des épithètes. Quant à l'attribut , c'est
une expression qui n'est en usage que dans
l'analyse logique. Dans Dieu est bon , bon est
l'attribut de la proposition.
ADJECTIF, IVE adj. Qui a rapport à l'ad-
adjectif ou attribut. Tels sont tous les
verbes transitifs : Aimer, finir, recevoir, ren-
dre, pour Etre aimant, être finissant, être re-
cevant, être rendant.
— Chim. Couleurs adjeclives , Coulei
l'on n
a étoffe qu'à l'aide
ADJECTION s. f. (ad-jèk-si-on — du lat.
adjectio; de adjectus, ajouté). Jonction de
deux corps.
ADJECTIVÉ; ée (ad-jêk-ti-vé) part. pass.
du v. Adjectiver. Pris comme adjectif, em-
ployé adjectivement.
tif, à la manière d'un adjectif : Ce mot s'
ploie quelquefois adjectivement. (Acad.)
ADJECTIVER v. a. ou tr." (ad-jèk-ti-vé —
rad. adjectif). Gramm. Prendre dans un sens
adjectif: Adjectivkz le substantif, pour donner
plus de force et d'expression à votre pensée.
(Mercier.)
S'adjectiver, v. pr. Etre pris adjectivement: .
Tous les substantifs ne sont pas susceptibles de
s'adjectiver.
aux autres peuples, de même que U
appelaient Gentils, les Grecs Barbares, et les
anciens Indiens Mlétcha. Il On dit aussi agem
et agemi.
ADJEMIK, l'une des villes saintes de l'In-
doustan anglais, ch.-lieu du district de ce' nom,
à 350 kil. S.-O. de Delhi; 25,000 hab. Dans les
environs, belles ruines d'un palais impérial.
Adjemir renferme le tombeau de Kodjah
Moyen-Ed-Dyn, un des plus grands saints de
l'Inde. Les pèlerins y affluent de toutes parts ;
les prêtres ■ attachés à ce tombeau sont au
nombre de onze cents.
ADJEMIOGLAN OU ADJEMOGLAN S. m.
(mots turcs qui signifient fils d'Adjem). Nom
donné. autrefois en Turquie aux janissaires, ou
plutôt à la jeune garde de ce corps d'élite.
ADJOIGNANT (acL-joi-gnan — gn. mil.)
part. prés, du v. Adjoindre : Que gagneront-
ils en adjoignant cet homme à leur société?
ADJOINDRE v. a. ou tr.(ad-jouain-dre — lat.
aijungere ; de ad, à; jungerc, joindre. — J'ad-
joins, tu adjoins, il adjoint, nous adjoignons,
vous adjoignez ,' ils adjoignent. J'adjoignais
adjoindrions. Adjoins , adjoignons, adjoi-
gnez. Que j'adjoigne, que nous adjoignions. Que
j'adjoignisse , que nous adjoignissions. Adjoi-
gnant. Adjoint, adjointe). _ Associer une per-
sonne à une autre pour un travail , une affaire :
Il ne pouvait suffire seul à un emploi si fati-
gant, on fut obligé de lui adjoindre quelqu'un.
(Acad.) On adjoignit à chacun des consuls cinq
légats ayant tes pouvoirs proconsulaires. (Mé-
rim.) Le chef de l'Etat, quel que soit son titre,
n'est que le mandataire du peuple, qui lui ad-
joint pour conseil d'autres mandataires, les
députés. (Proudh. ) 11 Joindre, ajouter une
que les légendes vulgat ..
leil. (Val. Parisot.) Il me fallut adjoindre au
nom de Moréna, que le maire et le curé s'ob-
stinaient à regarder comme un nom de famille,
le prénom d'Anna. (G. Sand.)
S'adjoindre, v. pr. Se donner un associé,
un aide , un collègue, etc. : Me sera-t-il per-
mis de m adjoindre quelqu'un pour l'exécution ?
(Balz.) Cet établissement sera sous ta surveil-
lance du conseil municipal, qui s'adjoindra
M. le curé comme président. (Balz.) A cet effet,
il s'adjoignit le valet de l'un des convives de
son maître. (Alex. Dum.)
— Par plaisanterie , se dit en parlant des
animaux : Elle s'adjoignit pour garde du
corps un grand chien loup horriblement har-
gneux. (G. Sand.)
— Dans ces différents cas , le pronom per-
sonnel se renferme la prép. à, et est complé-
ment indirect. Mais il est complément direct,
quand il signifie Adjoindre soi-même, c'est-à-
dire : s'associer , se joindre à : Il s'était
adjoint à des touristes qu'il avait rencontrés.
Avec les chemins de fer, ce coquillage, rapide-
ment transporté, est venu s'adjoindre dans
toute sa fraîcheur à ces bivalves. (Journ.)
ADJOINT, OINTE(ad-jouain, ouain-te) part,
pass. du v. Adjoindre. Qui supplée, qui rem-
place : Administrateur adjoint. Professeur
adjoint. Institutrice adjointe. Dans le jury,
U y a (rois jurés adjoints.
— s. m. Celui qui est associé à un autre'
pour l'aider dans son travail , dans ses fonc-
tions : Adjoint au trésorier. Adjoint à l'in-
spection. Adjoint au génie. Il ne veut pas
^'adjoint , il veut être seul. (Acad.) Cachons
bien tous deux notre intelligence, pour qu'on ne
mette pas à la porte notre fidèle adjoint. ( Le
Sage.)
— Par ext. et fam. Remplaçant :
Nous craignons de nous voir quelque jour un adjoint.
—Un adjoint ? Qu'est cela ?— Ce mot n'est pas moderne.
Un adjoint, c'est, ma chère, un mari subalterne;
"'— ' — ■"---gérant, un blondin favori,
ADJ'
— Proprem". Officier municipal gui , dans
chaque commune, remplace le maire en cas
d'absence ou d'empêchement : Le maire ne
savait pas lire et avait pour adjoint un mé-
tayer qui demeurait hors de la 1
Je si'- "■-
/'adjoint de ma commune, et,
des Aigi
pas mes actes sur du vélin. (G.
ne, et je
Sand.) 1
Qui prend ei
ia la plac
BEST0UCIU3S.
e fais
Enfin le
„ cabaret. (G. Sand.) Il
Dans ce sens, et plus souvent d'une manière
ironique, on dit adjointe pour désigner la
femme de l'adjoint •: Madame Etienne releva
son tablier et offrit son bras, sur lequel la '
grosse adjointe s'appuya avec reconnaissance.
{P. Féval.) '
— Adjoints supplémentaires , Adjoints éta-
blis dans les localités séparées du chef-lieu
de la commune par la mer ou tout autre
obstacle, et remplissant dans ces lieux les
fonctions d'officier de l'état civil.
— Autrefois, Officier établi spécialement
pour la confection des enquêtes, et pour con-
trôlerlo commissaire qui présidait àl'enquête.
' — Adjoints à l'intendance. Sorte d'adjoints
revêtus du grade le moins élevé du corps de
l'intendance , et qui devaient être employés
immédiatement 'sous les ordres des sous-in-
tendants. 11 Adjoints réviseurs, Dans l'ancien
parlement de Flandre, Magistrats qui étaient
chargés de la révision d'un procès, conjointe-
ment avec les juges dont la décision était
attaquée.
— Gramm. On appelle adjoints certains
mots qui accompagnent la proposition sans
en faire partie, et qui ne servent qu'à donner
au style plus de mouvement : Les adjoints
sont ordinairement des interjections et des vo-
catifs. (Dumarsais.)
— -Rhét.Circonstance accessoire, secondaire,
dans le discours.
ADJONCTIF s. m. (ad-jonk-tif— du lat.
adjunctus, adjoint). Gramm. Mot employé
dans le même sens que adjoint.
ADJONCTION s. f. (ad- jonk-si-on — lat.
adjimetio, même sens; formé de ad,k;jun-
gere, joindre). Association d'une personne à
une autre pour l'aider dans ses travaux: Z' ad-
jonction de ces deux commissaires fait bien
espérer de son affaire. (Acad.) Il renouvelait
lui-même les compresses, et ne voulait admettre
/'adjonction d'aucun médecin. (Alex. Dum.) Il
Admission d'une personne dans un corps sa-
vant, une compagnie, une société, etc. : Une
adjonction de vingt pairs de France donna
la majorité au ministère. Cette académie s'est
illustrée depuis par /'adjonction successive de
plusieurs noms éclatants. (Lamart.) il Réunion
d'une province, d'une ville, à un Etat : Sous
Louis XI, la France s'agrandit de /'adjonction
de la Bourgogne.
— Administ. Jonction d'une nouvelle classe
d'individus à la classe déjà établie par la loi :
La commission a admis la plupart des adjonc-
tions proposées par le gouvernement. (Journ.)
Sous Louis-Philippe, la question de /'adjonc-
tion des capacités au corps électoral fut vive-
ment débattue.
— Linguist. Addition : L'alphabet universel
ne différait de l'alphabet particulier que par
quelques adjonctions. (Ch. Nod.) Le g acquiert
une propriété particulière par /'adjonction de
la nasale n, ainsi qu'on le lit dans Charle-
maqne. (Ch. Nod.)
, — Gramm. Figure par laquelle plusieurs
membres de phrases sont lies de telle sorte
qu'un mot déjà exprimé dans l'un soit sous-
entendu dans l'autre. Ex. :
Un précepte est aride, il le faut embellir;
Ennuyeux, l'égayer ; vulgaire, l'ennoblir.
Delille.
L'expression technique pour désigner cette
sorte d'ellipse est le mot zeuqme ou ^eugma.
— Ciem. de fer. Voitures d'adjonction, Voi-
tures supplémentaires.
ADJOUR s. m. (ad-jour — fr.àet jour). Ane.
prat. Assignation à comparaître, en justice.
ADJUDANT s. m. (a-dju-dan — du lat. ad-
juoare, aider). Officier adjoint à un autre pour
l'aider dans ses fonctions.
' — Adjudant-major, Officier chargé de tous
les détails du service, de la direction des ma-
nœuvres, ainsi quo de l'instruction des sous-
officiers et caporaux de son bataillon, n- Ad-
judant sous-officier, Sous-otficier chargé de
l'instruction des caporaux, et qui a l'autorité
et l'inspection immédiate sur les sous-officiers
pour tout ce qui a rapport au service et à la
discipline. Il Adjudant déplace, Officier chargé
de tout ce qui concerne le service dans une
ville de guerre.
— Encycl. Art milit. L'armée française a
eu des adjudants généraux ou des adjudants
commandants ; elle a encore des adjudants de
place, des adjudants-majors et des adjudants'
sous-officiers. L'emploi d'adjudant général fut
créé en 1790. Les adjudants généraux étaient
spécialement chargés de reconnaissances mili-
taires, de la direction des travaux typographi-
ques, de la transmission aux différents corps
des ordres des généraux, etc. A partir du 17
messidor an vin, ils s'appelèrent adjudants
commandants ; depuis 1815, colonels d'état-ma-
jor. Les emplois actuels d'adjudant de place,
à' adjudant-major et d'adjudant sous-officier,
datent, les deux premiers, de 1791, et le der-
nier, de 177G. Les adjudants de place sont
chargés de tous les détails de service d'une
place, et quelquefois ilu ce t le snt parti-
culier d'un fort. Les adjudants-majors trans-
mettent les ordres aux capitaines du bataillon
et aux officiers de semaine, surveillent la police
et la discipline du régiment, etc. Les adjudants
*ous-o//î««rssoiitsouslesordresdes adjudants-
majors; ils ont l'autorité, l'inspection immé-
diate sur tous les sous-officiers, non-seulement
pour tout ce qui a rapport au service et à la
discipline, mais encore pour leur tenue, leur
conduite privée et leur instruction. Ils doivent
être choisis parmi les sergents ou maréchaux
des logis. Un bon adjudant ne doit durer que
trois ans, disent les soldats : on ne saurait
mieux peindre les fatigues de cet emploi. —
Depuis" 1840, il existe dès adjudants d'adminis-
tration des hôpitaux militaires, des adjudants
d'administration de l'habillement et du campe-
ment , et des adjudants d'administration des
subsistances militaires.
ADJUDICATAIRE s. (ad-ju-di-ka-tè-re .—
du lat. adjudicare, adjuger). Celui, celle à qui
on adjuge une chose dans une vente aux en-
chères, ou au rabais dans une soumission :
Un philosophe trouvait sous Sèjan'moins (/'ad-
judicataires qu'un cuisinier. (Dider.)
— S'empl. adjectiv. : Les administrateurs ne
peuvent pas se rendre adjudicataires des biens
des communes. (Encycl.) Le banquier venait de
se rendre adjudicataire d'une importante en-
treprise, et avait lancé, selon l'usage, ses pro-
spectus dans les journaux. (Scribe.) Je viens de
me rendre adjudicataire de votre maison.
(Etienne.)
— Ane. administ. Particulier au nom dumic.'
le bail des droits était passé, et dont les fer-
miers généraux demeuraient caution : Adju-
dicataire des aides, des fermes, des gabelles.
adjudicateur s. m. (ad-ju-dï-ka-teur —
du lat. adjudicare , adjuger). Officier public
chargé de faire les adjudications, soit dans les
enchères publiques, soit au rabais par sou-
missions cachetées.
ADJUDICATIF, IVE adj. (ad-ju-di-ka-tif,
i-ve — rad. adjudication). Se dit des choses
qui concernent, qui se rattachent à une adju-
dication : Arrêt adjudicatif. Jugement adJU-
dicatif. Sentence adjudicativb.
ADJUDICATION s. f. (ad-ju-di-ka-si-on —
lat. adjudicatio, même sens; formé de adjudi-
individu : Adjudication volontaire. Adju-
dication forcée ou judiciaire. Adjudication
administrative. Ilvicnt d'obtenir /'adjudication
d'un chemin de fer. (Alex. D\im.)Je remarquai,
placardée à la porte du château, une affiche
jaune annonçant prochainement /'adjudication
d'une petite coupe de bois. (Balz.)
— Encycl. On entend par adjudication un
marché fait avec publicité et concurrence, et
qui diffère en cela des marchés faits de la main
qui peut ai
ble, un bail a ieruic,
employée pour une fourniture k faire,
treprise à exécuter, etc. Dans la première,
l'adjudicataire est celui qui offre le plus haut
prix; dans la seconde, celui qui se contente du
plus bas. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit pour
t'adjudicateur d'obtenir des concurrents les
conditions les plus avantageuses possibles. Les
adjudications, au point de vue de la forme,
doivent être distinguées en adjudications à
l'extinction des feux, et adjudications sur sou-
missions caclcetées. Dans les premières , les
concurrents viennent faire publiquement ut
verbalement leurs offres à un jour marqué, et
les élèvent successivement en renchérissant les
uns sur les autres, jusqu'à ce que l'un d'eux
l'emporte définitivement sur ses rivaux. La
durée de l'enchère est limitée au moyen de
petites bougies qu'on fait brûler l'une après
l'autre -, ces bougies ne durent pas plus d une
minute ; l'adjudication n'est close que lorsque
trois bougies ont brûlé sans qu'il se produise
de nouvelles offres. Dans la seconde forme
d'adjudication, chaque concurrent n'a qu'une
seule offre à faire ; il l'apporte par écrit dans
un papier soigneusement plié et cacheté, qu'il
remet entre les mains de ceux qui président à
l'adjudication. A une heure fixée, tous les pa-
piers sont ouverts, et les offres lues devant
tous les concurrents ; celui d'entre eux qui a
fait l'offre la plus haute, ou la demande la
moins forte, demeure adjudicataire. Les adju-
dications sont volontaires, ou judiciaires, ou
administratives. U adjudication volontaire est
la vente que fait aux. enchères un individu,
soit de ses immeubles, soit de ses meubles,
sans y être contraint par les poursuites de ses
créanciers. L'adjudication judiciaire ou forcée
est celle qui a lieu par une décision de la jus-
tice; avant 18-n, elle comprenait deux adju-
dications : l'une préparatoire , l'autre défi-
nitive. La première avait pour but d'accor-
der un dernier délai au débiteur, tout en aug-
mentant la publicité pour la seconde. Les ad-
judications administratives sont celles qui sont
ouvertes par les administrations publiques.
Elles sont employées pour les ventes d'immeu-
bles appartenant à l'Etat, aux départements et
aux communes, pour les ventes des coupes de
bois de l'Etat, pour les fournitures, travaux
publics, travaux des communes et établisse-
ments publics, pour les baux de fermage et de
location de propriétés communales et départe-
mentales, etc. — Dans toute adjudication, sous
quelque forme qu'elle se fasse, la concurrença
est toujours possible : c'est cette possibilité
ADJ
ADJUGEANT (ad-ju-jan) part. prés, du v.
Adjuger : Une académie adjugeant un prix.
~, ADJUGÉ,, ÉE (ad-ju-jé) part. pass. du v.
Adjuger. Concède par adjudication : Fourni-
tures ADJUGÉES.
— Par ext. Accordé, concédé, attribué : Le
prix fut adjugé à un savant du Nord, qui dé-
montra par A plus B, moins C, divisé par Z,
que le mouton devait être coupé. (Volt.) Le prix
de vertu a été adjugé à un huissier qui a refusé
une succession de' îOO ,000 livres, qu'on voulait
lui laisser au préjudice des héritiers naturels.
(La Harpe.)
Adjugé t Expression cllipt. et invar, dont
on se sert dans les ventes aux enchères pu-
bliques,-pour annoncer que la chose est ad-
jugée : Une fois, deux fois, trois fois ; personne
ne dit rien? adjugé ! Un innocent se laisse aller
à un signe de tête; le marteau s'abat ; adjugé!
(G. Pelin.)
ADJUGER y. a. ou tr. (ad-ju-jé — lat.
adjudicare ; même sens; forme de ad. à;
judicare, juger. — Il prend un e muet après le
g devant les voyelles a, o ; Il adjugea, nous
adjugeons). Accorder, concéder par adjudica-
tion : On lui adjuge les meubles juste au mo-
ment où elle refuse à sa fondée de pouvoirs dé
surenchérir. (G. Pelin.) il Se dit de môme des
fournitures, des travaux proposés au rabais :
On lui a adjugé le balayage des rues de Paris ,
la serrurerie du nouveau palais.
— :Par ext. Décerner, attribuer : Oh- lui
adjugea le prix tout d'une voix. (Acad.) La
France est une terre d'équité; elle a générale-
ment, en ces cas douteux, adjugé la terre à
celui qui travaillait la terre. (Michelet.)
— Prat; Déclarer en jugement qu'une chose
appartient à l'une des deux parties qui se la
disputent : L'arrêt lui a adjugé le legs qui lui
était contesté. (Acad.) L'arrêt qui vous adjuge
mon bien doit être cassé. (Beaumarch.) n Adju-
ger au demand&ir ses conclusions. Rendre un
jugement conforme aux prétentions du de-
mandeur. .
S'adjuger, v. pr. Etre adjugé : On parlé de
pots-de-vin de cinquante mille écus : tout s'ad-
juge à huis clos et sanspublication.(P.-h. Cour.)
— Par ext. S'approprier, se mettre en pos-
session de : Plus tard l'avoué s'adjugea le
titre' héréditaire de comte de Ponthieu, et Ab-
beville devint la capitale de ce comté. (Encycl.)
L'arbre éprouvé mûrement, le pic se l'adjuge,
s'y établit : là il exerce son art. (Michelet.)
ADJURANT (ad-ju-ran) part. prés, du v.
Adjurer : Ses parents V adjurant de dire la
- ADJURAteur s. m. (ad-ju-ra-teur — rad.
adjurer). Syn. i'exorciste. Peu usité.
ADJURATION s. f. (ad-ju-ra-si-on — lat.
adjuratio, même sens j de adjurare, adjurer).
Théol. Formule employée par l'Eglise catho-
lique pour les exorcismes , et qui commence
invariablement par les mots lat. adjuro te,
je t'adjure, il L'adjuration est impérative ou
déprécatoire, selon que l'on emploie une for-
muledecommandementou de prière; expresse
ou implicite, suivant qu'on se sert du nom de
Dieu, ou qu'on invoque celui de quelqu'une de
ses œuvres.
— Dans le langage ordinaire, Prière ins-
tante, supplication : L'obstiné ne se rendit
qu'après d'instantes adjurations. Il adressa
aux parties extrêmes les plus touchantes adju-
rations. (Mignet.)
ADJURÉ, ÉE (ad-ju-ré) part. pass. du v.
Adjurer. Commandé au nom de Dieu.
ADJURER v. a. ou tr. (ad-ju-ré — lat. ad-
jurare, même sens ; de ad, à; jurare, jurer).
Théol. Commander, ordonner au nom de Dieu :
Je J'adjure par le Dieu vivant. (Acad.)
— Par ext. Supplier avec instance : Eh bien!
monsieur, rendons-nous près de lui; adjurons-
le au nom de Dieu, devant lequel il va être ap-
pelé peut-être, de dire la vérité. (Alex. Dum.)
Par votre parole de gentil/tomme, monsieur le
comte, je vous adjure ici de me dire la vérité.
(E. Sue.) Enfin, elle referma ta citerne et
adjura la déesse d'être favorable aux deux
amants. (G. do Nerv.)
Enfant, je vous adjure au nom de votre Dieu.
S'adjurer, v. pr. Etre adjuré.
ADJUTATOIRE adj. (ad-ju-ta-toi-re— lat.
adjutatorius, même sens ; de adjutare, aider),
Secourable, propre à aider. Vieux.
ADJUTEUR s. m. (ad-ju-teur — lat. adju-
tor, même sens ; de adjutare, aider). Celui qui
' aide, auxiliaire : Je regardais le bourreau
comme un complaisant adjuteur. (J. Jan.)
— Jurispr, anc. Magistrat adjoint à un autre
pour l'aider dans ses fonctions.
— Dans l'hist. du Bas-Empire, Chacun des
officiers chargés d'aider dans ses fonctions le
. trésorier du sacré palais.
ADJUTOIR OU ADJUTOIRE S. Itt- (ad-ju-
toir). Secours. Vieux.
ADM
ADJUVANT, ANTÈ adj . (ad-ju-van , an-te —
lat. adjuvans. même sens; part. prés, de ad-
juvare, aider). Qui aide, auxiliaire.
— s. m. Médicament qu'on fait entrer dans
une formule pour seconder l'action de celui
qu'on regarde comme plus énergique : Les
adjuvants jouissent de propriétés analogues à
celles de l'agent thérapeutique principal. Les
adjuvants sont fréquemment mis en usage pour
disposer les voies digestives à l'action des émé-
tiques et des purgatifs. (Encycl.)
ADLEKFELD (Gustave), historien suédois,
né près de Stockholm en 1671, tué à la bataille
de Pultawa, en 1709, était gentilhomme de la
chambre de Charles XII, et suivit ce prince
dans toutes ses campagnes. Les»J)/émoire.s
qu'il écrivit alors ont été publiés sous ce titre :
Histoire militaire de Charles XII, roi de Suède.
C'est un récit fidèle et impartial des opérations
de l'armée suédoise, de 1700 jusquà la ba-
taille de Pultawa (1709).
ADLERSCREUTZ (Charles-Jean, comte), gé-
néral suédois, né en 1757, mort en 1815, se
distingua dans la guerre de Finlande et vain-
quit les Russes à Sikajocki. Il fut, en 1809, le
chef avoué de la révolution qui. détrôna Gus-
tave IV, et, à la suite de laquelle le souverain
pouvoir fut déféré ouduede Sudermanie, oncle
ADLERSPARRE (Georges, comte),- général
suédois, né en 1760, mort en 1837. 11 joua
un grand rôle dans la révolution qui précipita
Gustave IV du trône, et fut comblé d'honneurs
par le nouveau souverain. Il a publié (1830) un
ouvrage fort curieux : Documents pour servir
d' l'histoire de la Suède ancienne, moderne et
contemporaine.
ad libitum loc. adv. (ad li-bi-tomm —
mots lat. qui signif. à volonté). A volonté,
d'une façon ou d'une autre, comme il plaît :
Les Busses répètent avec emphase, à tout pro-
pos, que la peine de mort est abolie chez eux.
Ces hommes comptent pour rien le knout ad
libitum et ses cent un coups! Ils en ont le droit :
l'Europe ne les voit pas donner. (Custine.)
M. Ricard dispose comme il lui plait des mou-
vements dû cœur; il accélère, ralentit ou même
interrompt ad libitum le pouls des malades, ce
qui est extrêmement commode et utile dans
beaucoup de cas. (L. Peisse.) L'esprit ne se
rappelle point tes choses ad libitum ; et pour
que la réflexion se tourne sur un souvenir, il
faut déjà que ce souvenir soit présent. (Bautain.)
Je fus obligé de reconnaître que j'avais fabriqué
à mon usage un Vésuve d'invention, une île de
Capri ad libitum, une Ischia factice, un faux
cap de Misène, une Chiasa manquée, un Portici
plein d'erreurs et un Naples incomplet. ( Paul
do Musset.)
— Mus. Mots mis au commencement ou
dans le cours d'un morceau de musique, pour
indiquer que l'exécutant peut donner carrière
à son imagination, presser ou ralentir le mou-
vement. Sur une partition, ces mots désignent
une partie qui n'est pas indispensable et qu'on
peut supprimer.
AD LITEM loc. adv. (ad li-t'èmm — mots
lat. qui signif. Pour un procès). Jurispr. Man-
dat ad litem; procuration ad litem, Que l'on
donne spécialement pour tel procès.
AD LITTERAM loc. adv. (ad litt-té-ramm
— mots lat. qui signif. à la lettre). A la lettre,
littéralement : Quand on cite un auteur , on
doit le citer ad litteram.
ADLUMIE s. f. (ad-lu-mî). Bot. Petite plante
indigène do l'Amérique septentrionale.
Pour la plus grande gloire de Dieu). Devise de
la Compagnie de Jésus, dont les initiales A. M.
D. G. servent d'épigraphe à la plupart des
livres émanés de cette Compagnie. .
grave
Compagnie de Jésus, la célèbre devise jouait
un rôle important dans la discipline. Le révé-
rend père fouetteur (ceux qui ont été placés
sous sa main pourraient l'attester) avait fait
quatre initiales sur le manche du
srrible martinet.. La gent écolière était fouet-
tée ad majorem Dei gloriam, gloire dont elle
se serait sans doute fort bien passée.
La devise des jésuites est devenue prover-
biale, et on la rencontre souvent dans les pro-
sateurs français :
o Oui, que du fond de ses ateliers, de ses
fabriques, de ses ports, de ses arsenaux, l'in-
dustrie, par toutes les âmes qu'elle tient sous
sa domination, dise de sa grande voix : Ad
majorem Dei gloriam ! et le monde va marcher
de progrès en progrès vers le terme suprême
•de sa destinée. Cette parole, c'est la formule
du progrès matériel, c'est la formule du pro-
grès moral, c'est la formule de tous les pro-
grès : à la plus grande gloire de Dieu 1 Ad ma-
jorem Dei gloriam! • Le Père Félix.
« Les agents du clergé sont d'autant plus
infatigables qu'aucune affection humaine n'oc-
cupe leur âme, et que, dans la solitude que leur
fait la religion, ils trouvent une sorte de vo-
lupté misanthropique a procurer de toutes
leurs forces la défaite de la société, ad majo-
rem Dei gloriam! » P.-J. Proudhon.
ADM
. Pourquoi ces révolutions, avec leurs dé-
viations et leurs retours, leurs catastrophes et
leurs crimes? Pourquoi ces crises terribles qui
semblent annoncer aux sociétés leur dernière
heure; ces tremblements parmi les peuples,
ces grandes désolations de l'histoire ? Ecoutez
Bossuet, écoutez tous ceux que la foi humilie
sous son joug salutaire ; ils vous répondront
que les vues de la Providence sont inacces-
sibles à la prudence de l'homme, et que tout
arrive pour la plus grande gloire de Dieu : Ad
majorem Dei gloriam. » P.-J. Proudhon.
— Dans l'application, cette phrase subit quel-
quefois une légère modification ; et c'est alors
le mot Dei (Dieu) qui est remplacé par un autre
mot en rapport avec l'idée particulière que l'on
veutexprimer. En 1791, le journal l'Apoca&pse,
fondé pour la défense du trône et de l'autel,
prit pour épigraphe : Admajoremrsgis gloriam,
pour la plus grande gloire du roi :
« Je vous envoie, mon cher ami, ma réponse
au cardinal Albér'oni. Vous ferez de sa lettre
et de la mienne l'usage que vous croirez le
plus propre, ad majorem rei litterariœ gloriam
(pour la plus grande gloire de la littérature). »
Voltaire.
' ADMÈTE, roi de Phères, en Théssalie, l'un
des Argonautes, donna l'hospitalité a Apollon
banni de l'Olympe, et lui confia ses troupeaux.
' ADMETTANT (ad-mè-tan) part. prés, du v.
Admettre.
admettre v. a. ou tr. (ad-mè-tre — lat.
admittere, même sens; formé de ad, auprès;
mittere, envoyer. — J'admets, tu admets, il
admet, nous admettons, vous admettez, Us ad-
mettent. J'admettais, nous admettions, f admis,
nous admîmes. J'admettrai, nous admettrons.
J'admettrais, nous admettrions. Admets, ad-
mettons, admettez. Que j'admette, que nous ad-
mettions. Que j'admisse, que nous admissions.
Admettant. Admis, admise). Recevoir, agréer,
faire participer à un avantage : Admettre
quelqu'un dans sa société, à sa table. Admettre;
quelqu'un au rang , au nombre de ses amis.
(Acad.) Malgré une viveopposition, l'assemblée
admit ce représentant. (Encycl.) Arislote «'ad-
met dans la fable que les animaux; il en ex-
clut les hommes et les plantes. (La Font.) Ca-
ron admit dans sa barque le jeune Grée. (Fén.)
Dans ses soirées intimes, elle «'admettait que
des personnes de choix. (Balz.) Crois-tu meun
prêtre /'admettrait à la communion catholique
après un mariage turc? (G. Sand.)
En vous le produisant, je ne crains point le blâme
D'avoir admis chez vous un profane, madame.
Molière.
il Dans ce sens, il peut avoir pour complément
un nom de chose : Les Provinces- Unies ad-
mettent dans leur sein toutes les religions par
tolérance politique. (Volt.)
— Par ext. Reconnaître comme vrai, comme
existant: Tout le monde admet aujourd'hui que
le soleil est au centre de notre système plané-
taire. Admettre tous les récits de magie ou les
nier tous parait un égal inconvénient. (La
Bruy.) Nous n' admettons pour vérités histo-
riques que celles qui sont garanties. (Volt.) La
saine philosophie doit admettre toutes les
théories complètes. (J. Droz.) Avant, de raison-
ner, il faut admettre une infinité de choses
sans démonstration et sans raison. (Ventura.)
L'éclectisme philosophique admet un Dieu sans
action dans la société. (De Bonald.) Les fem-
mes n' admettent le fatalisme que pour jus-
tifier toutes leurs fautes. (St-Omer.) L'homme
demeure longtemps avant ^'admettre qu'il ne
soit pas le centre de toutes choses. (B. Const.)
Peut-il admettre ui
iar, qui s'ignore,
l! Souffrir, comporter, permettre; dans ce sens
il s'emploie souvent avec la négation : Cette
a/faire «'admet point de retard. Il n'y avait
point d'homme si souillé que la religion du
Christ «'admît à repentir. (Chateaub.) Il lui
répondit avec un accent qui n',
de réplique. (E. Sue.)
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Boileau.
Il Accueillir favorablement, trouver bon, va-
lable : Admettre une prière, une requête. Ad-
mettre les raisons, tes excuses de quelqu'un.
Donne des cautions, sois sûr, si tu m'abuses,
Que je n'admettra» point tes mauvaises excuses.
"Voltaire.
— Admettre quelqu'un à se justifier, Per-
mettre à cette personne .d'exposer tout ce
qu'elle a à dire pour sa justification. On dit
de même, Admettre quelqu'un à ses preuves jus-
tificatives; Admettre quelqu'un à faire preuve.
(Acad.)
— Douanes. Admettre temporairement, Re-
cevoir en franchise, pour un temps détermi-
né, certaines marchandises étrangères : On
admet aussi temporairement les ustensiles, les
machines, les instruments, etc., pourvu qu'il
s'agisse d'opérations isolées et peu considé-r
râbles.
S'admettre, v. pr. Etre agréé, admis, reçu :
Dépareilles raisons ne peuvent s'admettre.
— Syn.-Admcttre, recevoir. On admet dans
ADM
sa familiarité ceux qu'on en juge dignes; on
reçoit dans les sociétés ceux qui y sont pré-
sentés. Recevoir a rapport au fait, et admettre
au droit . Romulus reçut les peuples vaincus
comme membres de l'Etat, et les admit à tous
fes privilèges des sujets naturels. (Roll.)
— Antonymes. Chasser, éconduirè, éliminer,
exclure, expulser, renvoyer, repousser.
ADMINICULE s. m. (ad-mi-ni-ku-lo — du
lat. adminicutum, soutien). Jurispr. Circon-
stance qui, dans un procès, peut servir à for-
mer, à compléter une preuve : Il n'y a pas d.
preuves formelles, il n'y a que des adminicules.
(Acad.) n Dans le langage ordinaire, Secours,
moyen auxiliaire : Nos instruments, nos forges,
nos marteaux, ne sont point des moyens uniques,
puisque la nature, dénuée de ces adminicules
de notre art, ne laisse pas de produire du fer
assez semblable à celui de nos forges. (Buff.)
— Fig. : La justice doit exister par elle-
même et se démontrer à la conscience sans ad-
minicui-e étranger. (Proudh.)
— Méd. Ce qui peut faciliter reflet d'un
remède.
— Zool. Petites dents qui garnissent l'ab-
domen des nymphes souterraines et facilitent
leur sortie de terre.
— Bot. Appui, soutien d'une plante.
— Numism. Adminicules , Ornements qui
entourent la figure d'une médaille.
ADMINISTRANT (ad-mi-ni-stran)part. prés,
du v. Administrer.
ADMINISTRANT, ANTE adj. et s. (ad-mi-
ni-stran, an-te — rad. administrer). Qui est
chargé de l'administration : Les dames admi-
nistrantes d'une société de bienfaisance. Dans
le ministère de l'instruction publique, il y a ta
partie enseignante et lapartie administrante.
(Littré.)
ADMINISTRATEUR, TRICE S. (ad-mi-ni-
stra-teur, tri-se — lat. administrator, même
sens; de administrare, veiller à). Personne
qui administre, qui régit les biens d'un par-
ticulier, d'une compagnie, d'une commu-
nauté, etc. : Cette abbesse fut une bonne ad-
ministratrice. (Acad.) Il n'est presque au-
runp. science qui ne puisse fournir à /'adminis-
d'utiles conseils. (J.-B. Say.) Les ad-
teurs 'des chemins de fer à Londres
ont réduit à trente centimes le parcours du
tionnaire chargé d'une administration pu-
blique : Nous avions à table le maire du pays,
administrateur fort habile d'une commune
fort pauvre. (Scribe.) Le curé est administra-
teur de son église et des bienfaits de la charité.
(Lamart.)
— Absol. Celui qui entend bien l'adminis-
tration, qui a les qualités propres à cet em-
ploi : Ce préfet, ce maire n est pas un adminis-
trateur. A toutes les connaissances, il faut
que l'homme d'Etat ajoute les connaissances
?ADMraiSTRTTÉ™.l(Thiers"r'1S " C ^ ' °
— Peut s'employer adjectiv. : N'étant pas
morte civilement, elle reste administratrice
de ses biens. (Encycl.) Il apprit la pratique des
affaires, et devint politique et administrateur.
(Mignet.)
ADMINISTRATIF, ive adj. (ad-mi-ni-stra-
tif, i-ve — lat. administrative, même sens ;
de administrare, veiller à). Qui a rapport à
l'administration, qui concerne l'administra-
tion : Le pouvoir administratif doit nécessai-
rement finir par dominer le pouvoir militaire.
(St-Sim.) Au sommet de la hiérarchie admi-
se se trouve placée l'autorité royale.
.) Ce travail n'était pour lui qu'un dé-
......,' de ses fonctions administratives.
(Arnault.) n En parlant des personnes, Qui
fait partie d'une administration : Je le dé-
clare pour ceux de mes amis qui chercheraient
à mettre en contradiction l'homme politique et
l'homme administratif. (Cormen.) Pour lan-
cer le poête,il donna un dîner où se trouvèrent
toutes les sommités administratives. (Balz.)
— Corps administratif, Ensemble de tous
les hauts fonctionnaires qui concourent à l'ad-
ministration de l'Etat, il Police administra-
tive, Ensemble des lois et règlements qui ont
pour but de maintenir l'ordre dans la société.
Il Division administrative, Celle d'après la-
quelle un gouvernement partage en pro-
vinces, cercles, départements, etc., le ter-
ritoire qui lui est soumis : La division
administrative de la France comprend des
départements, des arrondissements, des cantons
et des communes. Il Chacune de ces divisions,
administratives de la France.
ADMINISTRATION s. f. (ad-mi-ni-stra-si-
on — du lat. administratio, service). Action
d'administrer les affaires publiques ou pri-
vées : L'administration d'un Etat, d'une pro-
vince. L' administration des finances de l'Etat,
des revenus d'un hospice. L'administration des
biens d'uninterdit, d'un orphelin. Jonathanprit
/'administration du royaume. (Boss.) Cherchez
dans vos impositions et dans vos administra-
tions publiques ces proportions de justice et de
charité. (Flech.) Avant mon départ, je le priai
de se charger de l'éducation de ma fille et de
V administration de mes revenus. (Le Sage.) il
Pouvoir administratif; exercice de l'autorité :
Charlemagne, comme tous les grands hommes,
par l'attraction naturelle du génie, concentra
ADM
/"administration et le mouvement social en sa
personne. (Chateaub.)
— Absol. Science, manière de gouverner un
Etat, d'administrer : ^'administration est
une science positive, toute d'expérience et d'ob-
servation. Celui-là n'est pas propre à f admi-
nistration publique, qui ne saurait adminis-
trer sa maison. (Plutarque.) Je suis convaincu
que notre salut dépend aujourd'hui beaucoup
plus de /'administration que des lois. (Cha-
teaub.) Un gouvernement vaut ce que vaut son
administration. (E. de Gir.) tl Le gouverne-
ment, considéré dans son action adminis-
trative': L' administration a pris des mesures
sévères, //administration vient d'intimer dé
nouveaux ordres aux préfets.
— Corps d'administrateurs chargés de quel-
que branche particulière du service public :
L'administration des douanes, des contribu-
tions indirectes. Je sollicitai et j'obtins un em-
ploi dans I'administration des postes. (G.
Sand.l II espérait être nommé secrétaire géné-
ral dune administration. (Balz.) il Lieu où
travaillent les administrateurs : Aller à /'ad-
ministration. Il demeure à /'administration.
il Temps pendant lequel on exerce les fonc-
tions d administrateur : // n'a fait que du bien
pendant son administration. Pendant le cours
entier de mon administration , je n'ai fait
entrer le deuil dans aucune famille d'Athènes.
(Périclès.) Solon réduisit à dix ans /'admi-
nistration des archontes. (Boss.) '
— Administration publique, Ensemble des
pouvoirs qui, soit au centra de l'Etat, soit
dans chaque département, arrondissement,
canton, etc., sont chargés de l'exécution des
lois, il Conseil d'administration , Réunion do
personnes chargées de faire observer les lois,
les statuts d'une société, d'une entreprise,
dont elles font partie, il Administration de la
justice, Exercice de la justice, avec autorité
publique : Les guerres civiles, pendant les mi-
norités, ont d'ordinaire pour prétexte les abus
qui se commettent dans l administration de la
justice. (Trév.)
— Méd. Action de faire prendre un remède:
// serait dangereux de provoquer le vomisse-
ment par /'administration dun vomitif quel-
conque. (Marjolin.)
— Relig. cathol. Administration des sacre-
ments, du dernier sacrement. Action de con-
'férer a un mourant le viatique et l'extrême-
r sacrement. (Chateaub.)
— Encycl. Dans le langage politique, le mot
administration s'applique à cette partie du
pouvoir exécutif qui comprend dans ses attri-
butions la répartition des impôts, l'emploi des
deniers publics, la surveillance et la protec-
tion des établissements consacrés aux arts,
aux sciences et à l'instruction publique, l'éta-
blissement des usines, l'ouverture et l'entre-
tien des routes, ponts et canaux, la conserva-
tion des fleuves et des rivières, 1 embellisse-
ment des villes, tout ce qui touche au com-
merce et à l'industrie, la création, l'organisa-
tion, l'entretien et le mouvement de la force
armée, la police, les mesures de sûreté et de
conservation générale. On peut envisager l'ad-
ministration sous deux points de vue princi-
paux : I" la mission qu'elle doit accomplir,
l'étendue et les limites de ses attributions, en
un mot les fonctions administratives ; 2° les
organes de ces fonctions, c'est-a-dire les di-
vers corps chargés d'administrer. La détermi-
nation des travaux que l'intérêt général et '
lions publiques constitue l'une des questions
les plus importantes et les plus difficiles de
l'économie politique. Une administration qui
touche à tout atteint dans sa source l'initiative
individuelle , principe de tout progrès, D'un
autre, côté, une administration trop unifiée,
trop centralisée, se réduit à une sorte de mé-
canisme. Ainsi deux excès sont à éviter dans
l'administration : l'excès d'ingérence , qui à
force de régler l'activité sociale la tue et qui
ne laisse pas de place à la liberté des adminis-
trés; et 1 excès d'organisation, qui ôte toute
indépendance aux fonctionnaires, qui eh fait,
comme on a dit, les âmes damnées du pouvoir
central. « L'administration, dit M. Macarel,
est l'action vitale du gouvernement, et sous ce
rapport, elle en est le complément nécessaire j ■
il est la tête, elle est le bras de la société. »
On peut croire que les choses n'en iraient pas
plus mal si ce bras était moins long, et l'on
peut désirer qu'il devienne moins facilement
un instrument de luttes politiques. On distinguo
en Franco les administrations civile, judiciaire,
ecclésiastique, financière, forestière, des ponts
et chaussées, de l'assistance publique, etc. Notre
administration civile forme aujourd'hui une
triple hiérarchie : 1<> l'administration commu-
nale, qui comprend le maire, les adjoints, le
conseil municipal ; 2° l'administration départe-
mentale, qui comprend le préfet, les sous-pré-
fets et le conseil de préfecture; 3» l'adminis-
tration centrale, qui comprend les ministres,
îe conseil d'Etat et l'empereur.
finie. Le gouvernement est la forme politique
établie dans un Etat : Un gouvernement est
le centre des intérêts de la plupart des [tommes.
(M«"! de Staël.) Le régime est l'ordre, la règle
à laquelle on est soumis : Ils vivaient sous un
régime paternel, (Acad.) L'administration est
la direction des affaires selon les principes du
ADM
gouvernement : Le roi lui aonfie /'adminis-
tration d'une de ses plus grandes provinces;
(D'Aguess.)
ADMINISTRATIVEMENT adv. (ad-mi-ni7
stra-ti-ve-man — rad. administratif). D'une
manière administrative, d'après les règles de
l'administration : L'établissement de nouvelles
usines et fabriques a nécessairement amené des
oppositions d'intérêt et de droit qu'il faut ré-
gler ADMINISTRATIVEMENT. (Cormen.) Adminis-
trativement parlant, la rive gauche comptait
autrefois trois arrondissements. (E. Robert.)
ADMINISTRÉ, ÉE (ad-mi-ni-stré) part,
pass. du v. Administrer. Gouverné, régi : Dé-,
portement bien, mal administré. Les pauvres
ont plus intérêt que les riches à ce que l'Etat
soit bien administré. (J.-B. Say.) Il prouvait
qu'un arrondissement devait être administré
par dix hommes, une préfecture par doute au
plus. (Balz.)
— Par ext. Nourri, entretenu : Les deux
chevaux, administrés avec une sordide écono-
mie, coûtaient l'un dans l'autre huit cents francs
par an. (Balz.) Il En parlant des choses, Réglé,
dirigé : Nous pouvons obtenir du régule dé fer
sans instruments ni marteaux, par le seul effet
d'un feu bien administré, et soutenu longtemps
au degré nécessaire pour épurer la fonte. (Buff.)
— Méd. Donné, employé : Un purgatif ad-
ministré à tort.
— Fam.'etironiquem. Appliqué : Cinquante
coups de bâton vigoureusement administrés.
— Relig. cathol. Conféré : L'extrême-onc-
tion lui a été apministrék. h Se dit en parlant
du malade qui a recules derniers sacrements :
Elle me dit que sa maîtresse avait été adminis-
trée par le curé pendant la journée. (Balz.)
— Substantiv, Se dit du citoyen par oppo-
sition à l'administration : Le maire était au
milieu de ses administrés. Une administration
qui ne réside pas auprès de ses administrés ne
saurait soigner leurs intérêts avec vigilance.
(J.-B. Say.) Ils pouvaient se passer du suffrage
de leurs administrés, et leurs administrés ne
pouvaient se dispenser de leur complaire. (G.
Sand.)
administrer v. a. ou tr. (ad-mi-ni-stré
— lat. administrai, même sens ; formé de ad,
k-ministrare, servir). Gouverner, régir les
affaires publiques ou particulières : Ilest bon
de veiller sur des enfants, sur des domestiques,
sur toute une famille, d'en administrer les
biens et d'en ménager les intérêts. (Bourdal.)
Un bon souverain gouverne son Etat et admi-
nistre ses finances comme un bon père de fa-
mille gouverne sa maison et administre son
bien. (Grimm.) Ai-je besoin de connaître un
plan dont l'esprit est c/'administrer la France
vous quitta, ne vous donna-t-il pas unepro-
ition pour gérer et administrer vos biens?
(Balz.) Le mari, comme chef de la communauté,
doit administrer la fortune de sa femme.
(Mme Romieu.)
— Absol. : Tous les nommes ne sont pas nés
pour administrer. Administrer , c'est mettre
la capacité de l'homme aux prises avec la dif-
ficulté de l'obstacle. (E. de Gir.)
Sous un prince adoré, tout fleurit, tout prospère;
S'il commande en monarque, il administre en père.
LBFRANC DE POMPIONAN.
— Administrer la justice, Rendre la justice.
Il Par anal. : Il n'y a que les gens de bien qui
sachent administrer les lois. (J.-J. Rouss.) Il
Administrer des titres, des preuves, des témoins,
Les produire en justice.
— Relig. cathol. Conférer : Administrer le
baptême, l'extrême-onction. Il n'eut pas même
la conscience de ce qui se passait autour de lui
quand on lui administra les sacrements. (Balz.)
Fils et pontife à la fois , Bossuet, mêlant les
prières et les larmes, administra lui-même les
sacrements à la mort de son père. (Lamart.) Il
EUiptiq. Administrer quelqu'un, Lui conférer
les derniers sacrements , le viatique et l'ex-
trême-onction : Qui de nous voudrait, pendant
les rigueurs de l'hiver, être réveillé au milieu
de la nuit, pour aller administrer au loin le
moribond expirant sur la paille? (Chateaub.)
Les paysans s'agenouillèrent dans la cour pen-
dant que l'abbé administrait le vieux guerrier
breton. (Balz.)
— Méd. Faire prendre, donner à un malade :
Administrer un vomitif, un purgatif. La dé-
coction d'absinthe, par son extrême amertume,
jouit de propriétés vermifuges fort énergiques;
on /'administre le matin à jeun. (Trousseau.)
— Fam. etironiq. Appliquer : Administrer
des coups de canne. Il vendra ses chevaux d
quelque simple vizir d'Orient, quiremplirason
trésor en administrant êtes coups de bâton sur
la plante des pieds de ses sujets. (Alex. Dum.)
En Chine , la bassesse est si grande , les idées
d'honneur si inconnues, que le bourreau est un
des intimes , un des grands officiers du souve-
rain , gui fait administrer sous ses veux des
coups de gaule à ses courtisans. (Founer.)
S'administrer, v. pr. Etre gouverné : Les
sept provinces unies s'administraient par un
stathouder qui s'appelait Orange ou Namur.
(V. Hugo.) tl S'appliquer a soi-même : Je me
serais volontiers administré des coups de bâ-
ton, si j'avais pu me dédoubler.
ADM"
s'administrent un bon' demi-litre de chocolat
ambré, et elles verront mm>et'fe-(Brill.-Sav.)
— Méd. Etre prescrit, donné : Les tisanes
médicamenteuses ne devraient s'administrer
que dans des cas exceptionnels. (Maquel.)
' Syn. Administrer, conduire, diriger, gë-
rcr, gouverner, régir. Gérer, c'est rendre pro-
ductif par le développement : Le peuple, qui a
assez de capacité pour se faire rendre compte
de la gestion des autres , n'est pas propre à
gérer par lui-même. (Montesq.) Régir, c'est
gouverner une chose pour la conserver : Ré-
gir une succession par autorité de justice. Di-
riger, c'est établir une certaine, distribution ,
un certain ordre que l'on est chargé de.mainV
tenir : Catherine dirigea l'Etat selon ses vices.
(Anquetil.) Administrer, c'est être chargé d'ob-
jets a'xrne haute importance , comme les finances
ou la justice d'un Etat : Un bon souverain gou-
verne ses États et administre ses finances comme
un bon père de famille gouverne sa maison et
administre-jo» bien. (Grimm.) Conduire, 'c'est
montrer de la sagesse et de lTiabileté dans le
maniement des affaires :' Y èul-il jamais' un
homme plus sage et plus prévoyant qui condui-
sît une guerre avec plus d ordre et de jugement?
(Fléch.)Gout)erraer, c'est administrer les affaires'
politiques d'un pays : Les Cretois n'avaient plus
de rot pour les gouverner. (Fén.)
ADMINISTRERESSE si f. (ad-mi-ni-stre-
rè-se). Ane. prat. Femme qui avait l'adminis-
tration des biens de ses enfants mineurs.
ADMIRABLE adj. (ad-mi-ra-ble — lat. ad-
mirabilis, même. sens; formé de admirari, ad-
mirer). Qui excite l'admiration : Le spectacle
admirable des deux. Dieu est adj
toutes ses œuvres et singulièrement
dans ses saints. (Boss.) Lanaturè'est
dans ses plus frêles productions. (Virey.) Là
nécessité incessante du' travail est le côté admi-
rable de notre société. (Guizot.) Lavariéié in-
finie des choses de cet univers est aussi admi-
rable que l'ordre constant qui y règne. (Dé
Ségur.) Le jury est Une admirable institution
et le rempart des libertés publiques. (J. Fayre.)
Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature,
Sa\ut pour la dernière Ioïb! Gilbert.
Vastes cieux, qui cachez le Dieu qui vous a faits;
Terre, berceau de l'homme, admirable palais!
Lamartine.
— Par ext. Excellent, parfait : Je me trompe
fort, ou la beauté de ce diamant fera pour vous
sur sonesprit un effet admirable. (Mol.) L'âne
a les yeux bons et l'odorat ads "" /TS "" '
Les femmes ont un admirable
fiance. (Balz.)
ACM
95
tedrs. (La Bruy.) Qu'il est rare d'être les
censeurs sévères et incommodes tde nos admi-
rateurs! (Mass.) Ce ne sont point des admira-
teurs que j' ambitionne , mais des amis indul-
gents. (B. de St-P.) L' admirateur' trompé
dévient- un critique implacable. (BÔiste.) La
vertu trouve plus (/'admirateurs que d'imita-
teurs. (Boiste.) Soyons modérés dans nos opi-
nions, indulgents dans nos critiques, sincères
admirateurs de tout ce qui mérite d'être
admiré. (Chateaub.) Vous êtes ma première
peut so prendre en mauvaise part : Les grands
admirateurs sont pour l'ordinaire de sottes
gens. (St-Evrem.) v . , •
Notre siècle est fertile en sots admirateurs. ■
Boileau. ■' '
— S'empl. quelquefois adjectiv. :
rants qu'un peupt
ansport vers un li
Sitôt i
st un beau joueur, un joueur admirable;
■"' ■■-* "—'s, on fait cercle a sa table.
.C. Delavione.
— Iron. Singulier, étrange, étonnant : Vous
êtes admirable de venir ici nous contrôler. Ils
sont admirables de vouloir prendre le parle-
ment pour dupe. (Pasc.) Le détour est bon, et
l'excuse admirable. (Mol.) Vous êtes un homme
admirable de vous laisser si aisément persua-
der ces bagatelles} (St-Evrem.)
— Substantiv. : Voilà qui surpasse /'admi-
rable, ^'admirable en tout ceci, c'est que...
— s. f. Hortic. Variété de pêche plus fine que
l'espèce ordinaire. Il Variété de rose originaire
de fa Provence.
admirablement adv. (ad-mi-ra-ble-man
— rad. admirable). D'une manière admirable,
étonnante : Femme admirablement belle. Les
Romains savaient profiter admirablement de
ce qu'ils voyaient dans les autres peuples de
commode. (Boss.) L'Angleterre crée admirable-
ment la richesse, elle la répartit mal.(Y. Hugo.)
— Très-bien , parfaitement : Il montait ad-
mirablement à cheval , et excellait dans'tous
les exercices qui exigent de la force, de la vi-
gueur. (Mérimée.) Cette coiffure, presque sem-
blable à un casque, sied admirablement à cette
physionomie noble, triste, et douce. (Th. Gaut.)
— Ironiq. : Les femmes mentent admirable-
ment en France. (Balz.)
Ces deux adverbes joints font admirablement.
Molière.
— Par exag. Se prend quelquefois pour
Beaucoup, extrêmement : J'ai dormi admirât
blsment. (M"»e de Sév.) On lui servit à diner,
et il mangea admirablement. (F. Soulié.)
— Peut se joindre à un autre adverbe, qui
alors est explétif : Alexandre se servit admi-
rablement bien de la discipline contre le nom-
bre. (Montesq.) Elle était admirablement bien
habillée. (Balz.) Elle était grande, belle et
admirablement bien faite. (Balz.)
ADMIRANT (ad-mi-ran) part. prés, du v.
Admirer : C'est en admirant les belles actions
qu'on apprend à les imiter.
Les peuples admirant cette vertu sublime,
Voudront toujours pour prince un roi si magnanjme.
ADMIRANT, ANTE adj. (ad-mi-ran, an-to
— rad. admirer). Qui marque, qui exprime
l'admiration : Je vois encore sa mine admirante
soit fille de l'ign. . ... ,_.
Sév.) La souplesse, la bassesse, l'air admirant,
dépendant, rampant, étaient les uniques voies
déplaire d Louis XIV. (St-Sim.)
ADMIRATEUR, TRICE s. (ad-mi-ra-teur,
tri-se — lat. admirator, môme sens ; formé de
admirari, admirer). Celui , celle qui admire :
La vertu a cela d'heureux qu'elle se suffit à
elle-même et qu'elle sait se passer cTadhira-
ADMIRATIF, IVE adj. (ad-mi-ra^tif , i-ve
— du lat. admirari, admirer). Qui exprime,
qui marque l'admiration : Ton admiratif. Exi
clamations admiratives. Geste admiratif. La
traduction de madame Dacier est soutenue de
remarques utiles , les unes historiques} les au-
tres admiratives. (Mercure de Frf)£« baronne
avait aimé son, mari, comme Joséphine a fini
par aimer Napoléon, d'un amour admiratip;
(Balz.) J'avoue que je ne puis me défendre pour
cette femme d'un sentiment admiratip; sur le1
guelGobseckmeptaisanteencore.(Balz.) Il Peut
se. mettre avant le substantif, si l'analogie le
permet : C'était l'expression d'une admirative
tendresse pour -■'■-' '-"- ''"' "™"
noble. (Balz.)
— En.parlan. — _ L. , _.„ ., -
quefois, Qui admire tout, que tout jetto dan
1 admiration : Ils deviennent peu ,« peu admi-
ratifs. (Desc.) On est toujours sûr de l'appro^
bation d'un auditoire patagon, parce que.ee
peuple est essentiellement admiratip, à cause
de sa grande innocence, (Ch. Nod.) '
— Littér. Genre admiratif, Se dit des ou-
vrages de poésie et d'éloquence qui ont par-
ticulièrement pour, objet d'exciter l'admira-
tion : Corneille est supérieur dans le genre
ADMIRATIP.
— Graram. Point admiratif ou point d'ad-
miration , Signe do ponctuation qui se place
après une phrase exprimant l'étonnement,
l'admiration, etc. On le nommo plus souvent
point d'exclamation. Il Particule admirative,
Particule qui sert à marquer l'admiration,
comme oh! ah! etc. ' .'..-!■•
ADMIRATION s. f. (ad-mi-ra-si-on — lat.
admiratio, même sens ; de admirari, admirer).
Sentiment qu'éprouve l'âme quand elle' 'est
frappée par les caractères du beau': Exciter,
s'attirer /'admiration. Etre saisi, ravi </'admi-
ration. Je suis dans /'admiration de son gé-
nie. Mouvement^ transport ' ^/'admiration. Sou-
venez-vous de /admiration que la princesse
donnait à toute la cour. (Boss.) Ils paraissaient
pleins «/'admiration pour Protésilas. (Fén:)
Une montre est une machine infiniment moins
digne ^'admiration que la moindre partie du
corps humain. (Fén.) //admiration, même sin-
cère, indispose, dès qu'elle est exagérée. (Pa^
lissot.) Notre admiration commence à se re-
/roïdir.(Barthêl.)Z/ADMiRATiON<w/ une surprise
pleine de respect. (Vauven.) Tout dans Riche-
lieu imprime l'étonnement et commande /'admi-
ration. (Fontanes.) //admiration est un sen-
timent que l'on se confie réciproquement et
qu'on aime à goûter en commun. (Alibert.) /-'ad-
miration est le signe d'une raison élevée et
d'un noble cœur. (V. Cousin.) L'amour est une
admiration qui ne se lasse jamais. (Balz,) Je
ne sais pas de plaisir plus divin qu'une admi-
ration nette, distincte et sentie. (Ste-Beuve.)
La critique déplace /'admiration, mais ne la
détruit pas. (Renan.) La science est la première
condition de /'admiration sérieuse. (Renan.)
C'est a nous de répondre h l'admiration
Que Rome en expirant conserve ft notre nom.
Voltaike.
Il S'empl. aussi au plur. -% On tient à ses vieilles
admirations. Je hais les admirations fondées
sur des contes. (St-Evrem.) Ils étaient peu ha-
bitués à se rencontrer dans les mêmes admira-
tions. (Mignet.) Un nouveau changement de
mœurs détruira-t-il nos admirations d'aujour-
d'hui? (Th. Gaut.) Le difficile est très-bien
porté; on s'en pique, on a des admirations de
vanité. (Ste-Beuve.)
— Par ext. L'objet même qu'on admire ;
dans ce sens, il s'emploie presque toujours au
pluriel : C'est une de mes plus vives admira-
tions. (Raym.) La génération actuelle a bien
•envie de railler nos anciennes admirations.
(Th. Gaut.)
— Etre l'admiration de, faire l'admiration
de. Etre admiré par : Les Psaumes seront
l'admiration de tons les siècles et de tous les
peuples où le vrai Dieu sera connu. (Fén.) Toute
la cour fut dans /'admiration de la magnifi-
cence de ce présent. (Hamilt.) Ses ouvrages
font l'admiration de tous ceux qui sonteapor
blés d'en juger. (P.-L. Cour.)
— Gramm. Point d'admiration, Signe de
ponctuation que l'on met après une expres-
sion ou une pnrase qui exprime l'admiration,
l'étonnement : Le lendemain, je reçus une let-
tre mouillée de ses larmes, un chef-d'œuvre de
quatre pages, avec points d'admiration, oi>-
gules crispées, (***) I! On dit aussi point d'ex-
clamation ou point exclamatif.
96 ADM
• admirATIVEMENT adv. (ad-mi-ra-ti-vc-
man — rad. admiratif). Néol. D'unD manière
admirative; avec admiration : II la regardait
admirativemënt. (Aiïicot Bourgeois.)
admiré, ÉE (ad-rai-rô) part. pass. du
v. Admirer : M. de Turenne était parvenu à
être admiré sans envie. (Mascaron.} Les an-
ciens doivent être admirés dans les consé-
quences qu'ils ont tirées du peu de principes
qu'ils avaient. (Pasc.) Que a hommes admirés
de leur vivant sont oubliés après leur mort !
(Fonten.) , ,'.,,.
Etre admiré n'est rien, l'affaire est d'être aimé;
ADMIRER v. a. ou tr. (ad-mi-rô— lat,
admirari, même sens;- de ad, à ; mirari, ro-
garder). Considérer avec un sentiment d'ad-
, ration, avec un étonnement mêlé déplaisir :
Ceux qui savent beaucoup admirent peu, et
:eux qui ne savent rien admirent tout. (Sénè-
quô.) Tel s'est fait admirer dé tout le monde,
qui n'a pas gagné l'estime de sa servante.
/Montaigne.) J'admire Dieu dans ses. œuvres.
(La Bruy.) Adraste admirait malgré lui ce
qu'il venait de voir, et n'osait le louer. (Fén.)
Nous louons de bon cœur ceux qui nous admi-
rent. (La Rochef.) De ce qu'un grand homme
ji' admire pas tout, il ne s'ensuit pas que celui
qui «'admire rien soit un grand homme. (Bar-
Lhél.) J'ai admiré souvent, au milieu du .vaste
Océan , le vol rapide et infatigable de ta fré-
gate. (B. de St-P.) Les guerres dureront tant
que tes hommes seront assez sots pour admirer
ceux qui ksrtuent. (Boiste.) La femme a besoin
^admirer ce qu'elle aime. (Laténa.) Tout ce
que /admire m'est cher, et tout ce qui m'est
cher ne peut me devenir indifférent. (Joubert.)
Les hommes «'admirent et n'aiment que ceux
qui leur font du mal. (A. Karr.). Après le plai-
sir (2'admirer soi-même une femme airnée,vient
celui de la voir admirée par tous. (Balz.)
Te voyant de plus près, je t'admire encor plus.
Boileau.
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. .
Boileau.
:.... Il en est fou : c'est son tout, son héros;
11 fuUmire a tous coups, le cite à tous propos.
Molière.
— Absol. : Quand on est en présence de la
cataracte du Niagara, on admire et l'on se tait.
Le peupla admire d'autant plus qu'il comprend
moins. (La Bruy.) Il ne faut au' un. moment
pour admirer ; il faut des siècles pour faire
des choses admirables. (Helvét.) Pour admirer,
il faut comprendre. (Chateaub.) Plus l'homme
admire, plus il veut admirer. (Lamenn.)
Elle approche, elle hésite, elle craint, elle admire.
J.-B. Rousseau.
Le besoin i'admirer est dans notre nature.
Ponsard.
Le voyageo
— Ironiq. Trouver surprenant, singulier,
étrange : Vraiment, je vous admire, /'admire
votre audace, /'admire son aplomb, son imper-
tinence. J'admire avec quelle hardiesse ces per-
sonnes entreprennent de parler de Dieu. (Pasc.)
■/'admire la simplicité et la faiblesse de mon
cœur. (Mol.) On devrait seulement admirer
l'inconstance et la légèreté des hommes. (La
' Bruy.) il Etre étonné, voir avec étonnement.
Il se construit alors avec de et l'infinitif, ou
que et le subjonctif : T'admire de le voir au
point où le voilà. (Mol.)' L'homme admire de
s'y voir placé sans savoir comment il y a été
mis. (Fen.) Pourquoi u'adhikez-vous pas que
nous nous soyons trompés, nous qui sommes des
hommes? (Pasc.)
Corneille.
Il Quelques écrivains ont employé i'indicatU
après que : N'/iomKBZ-vous pas que Dieu m'a
été cet amusement? (Mme de Sév.) || Peut ôtre
suivi d'un infinitif précédé de la prépos. de :
Ceux qui blâment Louis XI V de s'être fait tant
d'ennemis, /'admirent D'mioir pris tant de me-
sures pour s'en défendre. (Volt.) il II peut aussi
avoir une proposition pour complément : J'ad-
mire comment on a pu prendre un semblable
parti. (Acad.} J'admire comme le ciel a pu for-
mer deux âmes aussi semblables en tout que les
nôtres. (Mol.) J'admire comment on n'entre pas
en désespoir d'un si misérable état. (Pasc.) il
On a dit autrefois admirer si, pour admirer
que, de ce que, et Racine s'est servi de cette
vieille construction :
S'admirer, v. pr. Avoir de l'admiration
pour soi-même : L'homme qui s'admire dans
ce qu'il dit n'est que bien rarement admiré par
les autres. (Boitard.) Les Anglais s'admirent
trop pour se juger. (L. Faucher.)
Soyez-vous à vous-même un sévère critique;
L'ignorance toujours est prête à s'admirer.
Il Se louer l'un l'autre : Exalté et porté jus-
qu'aux deux far de certaines gens qui se sont
promis de s'admirer réciproquement, it croit,
avec quelque mérite qu'il a, posséder tout celui
qu'on peut avoir, et qu'il n'aura jamais. (La
Bruy.)
Tels son rival et lui, prudents avec courage,
Déployant de leur art les terribles secrets.
L'un vers l'autre avancés, l'admiraient dé plus près.
ADM
— Se faire admirer, Exciter, obtenir l'ad-
miration : Elle se- fait admirer de ceux qui
étaient eux-mêmes l'ornement et l'admiration
de leur siècle. (Fléch.)
— Antonymes. Dédaigner, déprécier, déT
priser, faire fi , mépriser,, ne faire aucune
attention à.
ADMIROMANEs. et adj. (ad-mi-ro-ma-ne-^
lat. admirari, admirer, et gr. mania, manie).
Néol. Personne qui a là manie de l'admira-
tion, qui admire tout. ;
ADMIROMANIE s. f. (ad-mi-ro-ma-nî — radl
admiromane). Néol. Manie de tout admirer. |
ADMIS, ISE (ad-mi, i-ze) part. pass. du vi
Admettre. Accepté, reçu : Savoir céder à là
nécessité,1 c'est avoir été admis dans le conseil
des dieux. (Epictète.) Les conversations /eV
gères, les cercles, la fine plaisanterie, les let-
tres enjouées et familières, les petites parties
où l'on était admis seulement avec de l'esprit',
tout a disparu. (La Bruy.) f aspire avec ardeur
au moment d'être admis à votre audience. (J.-J.
Rouss.) Les soldats des peuples étrangers n'e'j
taient point admis dans les légions romaines.
(Môrim.) " , ' , . , '.
Il peut prétendre à tout, partout il est admis.
C. Delavigne.
Il Adopté par l'usage : La soie n'est point ad-
mise dans le grand deuil. (Balz.) Cemot n'at-r
tend pour être admis que l'aveu du temps et
des bons écrivains. (Ch. Nod.) Il En parlant des
personnes. Jugé apte à, cligne de -.Lorsqu'il
ne manquait plus, rien aux qualités du pour-;
suivant d'armes, il était admis aux honneurs de
la chevalerie. (Chateaub.) Avant deux ans, les
capacités seront admises à là candidature. (G.
Sand.) il Autorisé, reçu : Officier, fonctionnaire
admis à faire valoir ses droits à la retraite. i\
Reconnu pour vrai : C'est «n fait admis. Cette
version est généralement admise.. • , .
— Douanes. Marchandises , objets admis
temporairement, Marchandises, objets reçus
en franchisé, pour un temps déterminé. V. ad-
mettre.
ADMISSIBILITÉ s. f. (ad-miss-si-bi-lî-té
— rad. admissible). Etat de celui qui est ad-
missible : //'admissibilité de tous tes citoyens
aux fonctions publiques. Produire ses titrés
d'ADMissiBiLiTÉ. Il ny a pas d'autre admissi-
bilité que /'admissibilité à la candidature,
qui entraine de droit l'admission à la fonction.
(E^Regnault.)
ADMISSIBLE adj . (ad-miss-si-blc — rad.
admis). En parlant des choses, Reconnu bon,
valable : Proposition admissible. Laquelle de
ces deux propositions vous parait-elle la plus
raisonnable et laplus admissible ? (J .-J. Rouss.)
Minoret, à qui son danger venait de conseiller
une excuse presque admissible, s'essuya le front,
où se voyaient de grosses gouttes de sueur. (G.
Sand.)
— En parlant des personnes, Qui peut être
admis : Tous les citoyens sont également ad-
missibles aux emplois publics. (L.-N. Bonap.)
// discuta les chances- d'un mariage , et il n en
vit aucune ^'admissible. (G. Sand.)
— S'empl. substantivem. en parlant de'ce-
lui qui est susceptible d'être admis, que l'on
peut admettre : Vous avez été compris parmi
ADMISSION s. f. (ad-miss-si-on — du lat.
admissus, admis; part. pass. de admittere,
admettre). Action par iaquellé on est admis
dans un corps, promu à une dignité, nommé
à une fonction ,: Son admission dans notre
compagnie n'a souffert aucune difficulté. De-
puis son admission aux ordres sacrés, il a tou-
jours vécu en bon ecclésiastique. (Acad.) /.'ad-
mission à tous les emplois est un des principes
auxquels les Français tiennent le plus. (Mme de
Staël.) il Introduction : Aucun homme de cour
ne trouvait à redire à /'admission d'une si belle
personne dans les salles de réception. (G. Sand.)
• il Dans ce dernier sens, se dit aussi des cho-
ses : L'admission de la réforme compromettait
la constitution du pays, ébranlait les bases sur
lesquelles la société civile était assise : tout le
monde le reconnaissait. (Ste-Aulaire.)
— Douanes. Admission temporaire, Faculté
de disposer pendant un certain laps de temps
d'une marchandise étrangère sans payer les
droits fixés par les tarifs, il Plus ordinairem.
Importation en franchise de certains produits
étrangers destinés à être renvoyés après
avoir subi en France- un complément de fa-
brication ou do main-d'œuvre.
— Droit canon. Acte par lequel le collateur
d'un bénéfice approuvait la démission, laper-
mutation ou la résignation faite entre ses
— Mar. Ouverture à l'entrée de la vapeur
dans le cylindre, opérée par le glissement de
la barrette du tiroir, qui, en découvrant l'o-
rifice, présente un passage libre.
A^MITTATUR s. m. (ad-mitt-ta-tur— mot
lat. qui signif. qu'il soit admis). Certificat de
capacité que l'on délivrait autrefois à celui
qui aspirait à un grade dans une faculté, qui
demandait à entrer dans certains corps.
— Ane, prat. Permis d'assigner donné par
la chambre des requêtes, il Aujourd'hui, Pièce
signée et scellée par l'évoque, et qui est exigée
de tout prêtre qui veut dire sa messe dans
une paroisse où il n'est pas connu, n Dans ce
dernier sens, cette pièce se nomme aussi Ce-
lebret, mot lat. signifiant qu'il célèbre, il lui
est permis de célébrer.
— Antonyme. Exeat,
ADN
ADMIXTION s. f.' (ad-mik-sti-on — lat. ad-
mixtio, même sens j de ad, à ;mixtio, mélange).
Pharm. Action- d'ajouter en mélangeant.'
ADMODATIF s. m. (ad-mo-da-tif — du lat.
ad, à; modus, mode, manière). Gramm. Nom
qui a été donné à l'adverbe, parce qu'il se
joint au verbe pour en modifier la signification.
ADMODIATEUR, TRICE S.; ADMODIA-
TION S. f. ; ADMODIER, V. a. OU tr. V. AMO-
DIATEUR, AMODIATION, AMODIER.
ADMONESTATION- OU ADMONÉTATION
s. f. (ad-mo-nè-sta-si-on — rad. admonester).
Avertissement, semonce : Comment pouvèz-
vous subir les admonestations pédantes de
cette prude? (G., Sand.) C'était un continuel
sujet (^'admonestation. (Balz.) , L'étudiant ,
loin de s'irriter de cette admonestation, se tut
et parut devenir triste. (Fr; Soulié.)
,— Jurispr. Réprimande : Le président lui
adressa une admonestation publique.
ADMONESTÉ, ÊE OU ADMONETÉ, ÉE (ad-
mo-nè-sté) part. pass. du v. Admonester.
Réprimandé, tance vertement : Après cette
escapade, il fut admonesté par son père. Aussi-
tôt, il fut admonesté par le comité, et n'osa
plus donner l'analysé annoncée. (Fourier.) Mau-
rice de Saxe fut admonesté par le prince Eu-
gène en personne sur l'excès de sa témérité.
(G. Sand.) - .
— , Jurispr. Réprimandé judiciairement :
Madame de Dreux sortit hier de prison; elle
fut admonétée, ce qui est une très- légère
peine, avec cinq cents livres d'aumônes. .(M'»e de
Sév.) // fut condamné à dix livres d'amende et
été par la cour. (Grimm.)u s. m. L'acte
en vertu duquel on était réprimandé :
Remportait point l'interdiction, il
auusuim,iv. Celui, celle qu'on a admonétô :
Z'admonété se retira confus.
ADMONESTER OU ADMONÉTER V. a. OU
tr. (ad-mo-nèss-té — du lat. admonere, avertir.
-rDans cette dernière forme, qui est la plus
usitée en jurisprudence, l'e fermé se change
en è ouvert devant une syllabe muette :
J'admonèle ," qu'ils admonêtent ; excepté au
futur et au condit., où l'on conserve l'e fermé :
Tu admonéteras , nous admonéterions) . Faire
une réprimande, tancer : Il paraissait contra-
rié de se voir admonester ainsi sur le seuil de
l'hôtel. (Balz.)
— Jurispr. Faire une réprimande à huis
commis une faute qui ne méritait qu'une puni-
tion légère.
— Rem. Comme on a pu le voir dans les
trois articles précédents, chacun de ces mots
revêt deux formes : admonétation, admonélé,
admonéter, dans la jurisprudence ; admonesta-
tion, admonesté, admonester, dans le langage
ordinaire. Disons toutefois que si cette dis-
tinction est réelle, elle n'a cependant rien de
rigoureux.
ADMONITEUR, trice s. (ad-mo-ni-teur,
tri-se — lat. admonitor, même sens ; de ad-
monere, avertir). Celui, celle qui avertit, qui
réprimande : Bertrand fait à la fois le rôle de
protecteur d'Henri et ^'admoniteur de don
Pèdre. (Volt.) il Chateaubriand a employé ce
mot au masculin avec un sujet féminin, pour
donner plus de force à sa pensée : Pour les
hommes supérieurs, la religion est un admo-
niteur sévère qui leur apprend à s'humilier.
cuiiuremuin- chez les jésuites. Novice chargé
d'avertir les autres de ce qu'ils ont à faire, u
Sorte de surveillant placé auprès du général,
pour l'avertir secrètement de ses fautes.
— Admonitrice, Celle qui, dans les commu-
nautés'de femmes, remplit les mêmes fonc-
tions que l'admoniteur dans les communautés
d'hommes. . i
ADMONITIF, ive adj. (ad-mo-ni-tif , i-ve
— rad."admo«i/«on). Qui admoneste, qui ré-
primande, qui censure : Formule admonitive.
Consistoire "■
ADMONITION s. f. ( ad-mo-ni-si-on — lat.
admonitio, même sens ; de admonere, avertir).
Jurispr. Action d'admonéter; réprimande faite
par un juge à un inculpé : La peine de /'ad-
monition a été abolie par le Code pénal. ||
Genre de punition employé encore aujour-
d'hui à l'égard des magistrats et des avocats.
L'admonition consiste en une remontrance
faite à huis clos avec avertissement d'être
plus circonspect à l'avenir. Elle est moins
sévère que le blâme, il S'emploie, dans le lan-
gage ordinaire, avec le sens de Réprimande,
avertissement, et comme syn. d'admonesta-
tion, admonétation : Après avoir tenté inutile-
ment près de moi tes admonitions charitables,
Marcellin employa les mesures sévères. (Cha-
teaub.)
— Droit ecclés. Syn. de monition, avertisse-
ment juridique qui se fait en certains cas par
l'autorité de l'évêque , avant de procéder à
l'excommunication.
admotif, ive adj . fad-mo-tif, i-ve — du
lat. admotus, approché). Bot. Germination
admotive, Germination dans laquelle l'épi-
sperme, renfermant l'extrémité du cotylédon,
reste fixé latéralement près de la base du
cotylédon.
ADNASAL, ALE adj. (ad-na-zal, a-le— lat.
ad, à, et fr. nasal). Anat. Se dit de l'une des
pièces élémentaires d'une des vertèbres cé-
phaliques. « S'empl. substantiv. : X'adnasal.
ADO
ADNÉ, ÊE aà*j.(ad-nô— du lat. ad, auprès;
natus, né). Hist. nat. Se dit de toute partie
attachée, soudée à. une autre, et qui paraît
faire corps avec elle : Disque adné. Anthères
adnées. Les mâchoires de certains insectes sont
— Substantiv. L'adnée , La conjdnctivo , la
membrane qui joint le globe de l'œil aux
paupières.
ADNEXION s. f.'(ad-nèk-si-on — lat. ad-
nexio, même sens; de adnexus, attaché).
Bot. Etat d'une partie jointe, soudée à une
ADNOTATION s. f. (ad-no-ta-si-on — lat.
adnotatio, même sens : de ad, auprès ; notatio,
signe, note). Chanceli. rom. Réponso que le
pape fait à une. supplique, en ne faisant qu'y
apposer sa signature, ce qui signifie que la
demande est accordée.
ADOBE s. m. (a-do-be— motespagn.). Sorte
de brique cuite au soleil, dont on fait un
grand usage au Pérou : Lima est entourée de
murs d'ADOCES. Mendoza est une ville assez
importante ; les maisons y sont bâties en adobes.
ad oculum loc. adv. (ad-o-ku-lomm).
Mots lat. qui signif. sous l'œil, et qui s'em-
ploient en jurispr. : Mais ces biens qu'il ré-
clamait ne pouvaient être mis ad oculum.
adolescence s. f. (a-do-lèss-san-so —
lat. adolescentia, même sens; de adolescere,
croître). Epoque de la vie qui s'étend depuis
l'enfance jusqu'au moment où l'on cesse de
grandir, c'est-à-dire à peu près de quatorze
à vingt ans : Des enfants qui naissent, ta moi-
tié tout au plus parvient à /'adolescence. (J.-
J. Rouss.) Euryale était recommandable par
sa beauté-et par les grâces de son adolescence.
(B. de St-P.) Il était encore dans toute la
fraîcheur de ^'adolescence. (G. Sand.) Malgré
sa barbe précoce , la rondeur des contours de
son visage accusait encore f adolescence. (G.
Sand.)
....Ce Brutus, qui, des Yadolescence,
Cacha, sous une fausse et stupide apparence.
Le vengeur des Romains et reffroi des tyrai-s.
Legouv^.
— Par ext. et collectiv. Les adolescents :
//adolescence méprise les jouets du passé.
(S. Dubay.) En vérité, ma chère, /'adolescent;
ne respecte plus la vieillesse , même dans la
femmes. (E. Sue.) il Ne se dit guère qu'en par •
lant des garçons.
— Eig. Le commencement, les premiers
temps : L'innocence et la vertu régnaient parmi
les hommes, lorsque le monde était encore dans
son adolescence. (Trév.) //'adolescence de
l'art est élégante , sa virilité pompeuse, et s-i
vieillesse riche. (Joubert.)
— Encycl. Physiol. L'adolescence est une pé-
riode de la vie humaine qui s'étend en général,
pour l'homme, de quatorze à vingt-deux ans, -
et pour la femme, de onze à dix-neuf. «L'ado-
lescence , dit Requin , est circonscrite entre
deux limites précises , savoir, d'une part, la
puberté ou époque du complet développement
des organes génitaux; d'autre part, l'arrêt
définitif de l'accroissement en hauteur, qui con-
tinue huit à dix ans encore après la première
manifestation des facultés génératrices. C'est
même du progrès de la stature que l'adoles-
cence a tiré son nom, dent l'élymologie signifie
croissance L'évolution de 1 appareil génital
est le caractère principal de l'adolescence ; les
modifications qu'on observe dans l'habitudo
extérieure du corps et dans l'exercice des di-
verses fonctions , servent de caractères se-
condaires. Chez la femme, les mamelles se dé-
veloppent, les formes s'arrondissent, le bassin
s'élargit, la voix s'adoucit. Chez l'homme, lo
tissu cellulaire se condense , les muscles se
dessinent en relief à la surface du corps,
l'accroissement du larynx produit la saillie
vulgairement appelée pomme d'Adam , la voix
devient plus grave et prend le timbre viril.
Chez les deux sexes, la taille s'élance; les
membres prennent plus de volume ; la poitrine,
les poumons, le cœur et les vaisseaux plus do
capacité; les poils poussent dans les diverses
régions qu'ils sont destinés à ombrager ;* la
physionomie acquiert son cachet définitif, en
même temps que, dans la sphère de l'intelli-
gence et du "sentiment , apparaissent des ten-
dances et des puissances nouvelles. Le mouve-
ment rapide d'accroissement qui se manifeste
pendant l'adolescence peut, en amenant l:\
•rupture d'équilibre entre les principaux sys-
tèmes d'organes, prédisposer à un grand nom-
bre de maladies. La naissance de passions
nouvelles apporte en même temps un élément
de trouble pour la moralité. Aussi l'adoles-
cence est-elle l'âge où l'hygiène et l'éducation
doivent préparer et fonder en Quelque sorte la
santé physique et morale de l'homme.
ADOLESCENT, ENTE s. (a-do-lèss-san , an-
te — lat. adolescens, même sens ; de adoles-
cere, croître). Celui, ceîlo qui est dans .l'a go
de l'adolescence: £/njeunsADOLEscENT.(Acad.)
C'est /'adolescent pur qui fait l'homme sage
et vigoureux. (B. de St-P.)
O jeune adolescent, tu rougis devant moi !
A. Cuésier.
Déjà l'adolescent, que mille veaux possèdent.
Tressaille, et de ses sœurs quittant les chastes jeux,
— Fa'm. et un peu ironiq. Se dit d'un jeune
homme sans expérience , que l'on ne prend
pas au sérieux : Eh quoi! cet adolesckht vou»
ADO
il.- tut publiquement des poés,^ t,. t ,«,,.-
e la bataille de Salamine. (Nisard.) En
Amérique, la jeune fille est-libre avant d'être
adolescente. (G. de Bcauiii.) Elle lui infli-
geait des châtiments réservés à l'enfance, et
dont l'âme outrée de ^'adolescente Mattêa
ressentait vivement les profondes atteintes. (G.
Sand.) h Qui appartient, qui est propre à 1 a-
dolescent : Arthur était encore à cet âge heu-
reux de candeitr adolescente et de croyance
spontanée, où toute chose révélée gui étourdit
et qui épouvante, est adoptée, comme authen-
tique, sans réflexion. (Méry.)
Mérovée est ardent, et la pitié naissante
— Fig. Qui est de fraîche date, en parlant
des choses : Pourquoi cette nation française, si
aimable et si brillante, a-t-elle changé de ca-
ractère? Que je regrette sa franchise, sa loyauté,
sa gaieté et même sa frivolité, qu'elle a aban-
données pour une philosophie adolescente qui
ne va point au bonheur et qui empêche de rire!
(La princ. de Gonz.)
— Agric. Qui n'a pas encoro porté de fruits :
Arbre adolescent. Vigne adolescente.
ADOLI s. ra. (a-do-li). Bot. Plante do la
côte du Malabar.
ADOLIAS s. m. (a-do-li-âss — du gr. a
priv.; dolios, rusé). Entom. Genre de lépido-
ptères diurnes.
ADOLPHE s. va. (a-dol-fe— n.pr.). Monnaie
' d'or de Suède, qui vaut environ 13 francs.
ADOLPHE DE NASSAU, simple gentilhomme,
d'une famille illustre , mais sans fortune. Sa
son élévation au désir qu'i
de se rendre indépendants du chef de l'Empire,
et surtout aux vues intéressées des archevê-
ques de Mayencé et de Cologne, qui se firent
promettre par lui des villes et des territoires
dont il ne pouvait guère disposer. Il fut amené
ainsi à commettre une foule d'extorsions et
d'injustices pour remplir ses engagements ; de
plus, il froissa l'orgueil national en se mettant
a la solde du roi d'Angleterre. Comme il venait
d'acquérir illégalement la Thuringe, en 1293,
les électeurs, frustrés dans leur attente, sai-
sirent ce prétexte pour le déposer et se jeter
dans le parti de son compétiteur, Albert d'Au-
triche. Adolphe de Nassau fut tué à la bataille
de Gelheim (1298), de la propre main de son
lluence de la Russie, mort en 1771. Il monta
sur le trône de Suède après la mort de Fré-
déric IV (1751), gouverna avec modération,
protégea les sciences et les arts, mais lutta
vainement contre le parti aristocratique des
Chapeaux, et laissa amoindrir l'autorité royale.
Adolphe, roman de Benjamin Constant. Ce
livre, qui a pris place parmi les chefs-d'œuvre
de la littérature française, offre une peinture
vraie et saisissante de l'inconstance, des in-
quiétudes et des inconséquences du cœur hu-
main, qui, ne pouvant jamais trouver le repos,
ne' sait ni ce qu'il veut, ni ce qu'il ne veut pas.
Adolphe aime Eléonore, sans pouvoir être
heureux ni avec elle ni sans elle. La finesse
des observations et les enarmes du style font
oublier l'absence de drame et d'action, « Si
Benjamin Constant, dit Gustave Planche dans
ses Portraits-littéraires, n'avait pas marqué
sa place au premier rang parmi les orateurs
et les publicistes de France ; si ses travaux in-
génieux sur le développement des religions ne
le classaient pas glorieusement parmi les écri-
' s les plus purs et les plus diserts de notre
il a écrit Adolphe. Ôr, il y a dans Ce livre \
vertu singulière et presque magnétique
nous attire et nous rappelle chaque fois <
s témoins ou acteurs dans i
locrc ., ...
men de conscience. Qu'il s'agisse de nous ou
de nos amis les plus chers , ce n'est jamais en
vain que nous consultons cette histoire si sim-
ple et d'une moralité si douloureuse. Les
applications et les- souvenirs abondent. Cha-
cune des pensées inscrites dans ce terrible
procès-verbal est si nue, si franche, si .fine-
ment analysée, et dérobée avec tant d'adresse
aux souffrances du cœur, que chacun de nous
est tenté d'y reconnaître son portrait ou celui
de ses intimes Je doute qu'il y ait dans
notre langue trois poèmes aussi vrais que ce-
lui-là.
A dolphe a été publié pour la première fois
en 1815, et réimprimé dans tous les formats.
On pense généralement que ce prétendu ro-
man est une autobiographie où l'auteur a tracé
une partie des aventures de sa propre jeunesse.
Adolphe de Uueldre, tableau de licmbrandt.
ADO
Musée de Berlin. Ce tableau représente le duc
Adolphe de Gueldre menaçant son vieux père,
qu'il tient enfermé dans un cachot. Aucun sujet
ne convenait mieux à Rembrandt, qui l'a peint
en 1637, à l'âge de trente et un ans. Richesse de
costumes, accessoires magnifiques^ savant mé-
lange'de lumière et d'ombre, action vulgaire,
mais.ènergique, rien ne manquait à, ce tableau
pour exciter l'admiration. Le coloris en est
, admirable, et la lumière y produit des effets
merveilleux. Aussi jouit-il d'une grande célé-
brité, surtout à Berlin.
Adolphe el Clara OU LES DEUX PRISONNIERS,
opéra-comique en un acte, paroles de Mar-
sollier, musique de Dalayrac, représenté à
Paris, en 1799. Cet ouvrage a fourni son con-
tingent au répertoire des mélodies populaires.
D'un époux chéri la tendresse, est une jolie
romance, dont le refrain tient plus du vaude-
ville que de. l'opéra-cpmique:
lels, sans loyauW,
AhH
■z d'alar
La sensibilité et la vérité d'expression sont
les qualités qui ont valu à l'opéra -comique
à' Adolphe et Clara un long succès. La pièce
de Marsollier était intéressante, et la musique
de Dalayrac, en lui donnant encore plus d'at-
trait, n en ralentissait pas la marche. Le pu-
blic de cette époque, encore peu musicien,
appréciait beaucoup cette discrétion du com-
positeur.
ADOMESTIQUE ÉE (a-do-mè-sti-ké) part,
pass. du v, Adomestiquer : Gens adomêstiqués.
ADOMESTIQUER v. a. ou tr. (a-do-mè-sti-
ké — rad. domestique). Attacher à sa maison,
à son service : Villars Savait adomestiqué,
protégé, et lui avait souvent donné de l'argent.
(St-Sim.) Vieux. ' ; '
S'adomestlquer, v. pr. Se faire de la mai-
son- s'attacher au service de quoiqu'un-: Le
cardinal se réconciliaavec'Sigismond, et s'k-
tant adomestiqué , il persuada à son cousin
d'aller à la messe tous les mutins. (D'Aubigné.)
ADON (saint— en gr. Qui veut plaire),
archevêque de Vienne, en Dauphinè, vers le
milieu du ix<* siècle. Malgré le grand crédit
que lui donnèrent son savoir et ses vertus
auprès de plusieurs papes et des rois de France,
il resta toujours humble , uniquement occupé
des affaires de l'Eglise, des devoirs de l'épis-
copat et de l'étude des lettres. Son ouvrage
principal est une Chronique universelle , qui
fait autorité pour les premiers temps de notre
histoire. L'Eglise l'honore le 16 décembre.
ADONAÏ s. m. (a-do-na-i — mot hébr. qui
signif. Maître suprême). Nom que les saintes
Ecritures donnent à Dieu.
. . . . . . Dieu m'apparut, je vis
Adonal vêtu de gloire et d épouvante.
Lamartine.
adonanthes. f. (a-do-nan-te — de Adonis,
et du gr. anthos, fleur). Bot. Genre déplantes
de la famille des renonculacées. On la cultive
dans les parterres.
adonc ou ADONQUESadv.(a-donk— rad.
donc). Alors, dans cet instant, dans cette
conjoncture. Vieux mot qu'on emploie encore
dans le style marotique : Adonc, s'éclatant de
rire, la bonne gouge me regarde , et de ce mo-
ment fut à moi. (P.-L. Cour.)
On pouvoit voir, à mon teint pâte et blême,
Qu'avois perdu, las! mon plus cher appui.
Adonc mourais, quand par pitic! celui
Alm. des Muses.
ADONÉE s. m. Myth. Nom par lequel, sui-
vant Strabon, les Arabes désignaient le so-
leil ; sans doute le même mot qu'Adonaï.
ADONHIRAMITE adj. et s. (a-do-nï-ram-
i-te — rad. Adonhiram). Nom donné aux
francs-maçons qui reconnaissaient Adonhi-
ram comme chef des ouvriers employés à la
construction du temple de Salomon : Les
francs-maçons du rite français ne sont pas
adonhirajuites. (Compl. de l'Acad.)
ADONI , ville de l'Hindoustan,dans la pré-
sidence de Madras. Elle fut prise par Tipppo-
Saeb en 1787, et vendue aux Anglais après la
mort de ce prince, en 1800.
ADOMAS, quatrième fils de David, prétendit
à la royauté du vivant même de Son père. Sa-
lomon, reconnu d'ailleurs par tout Isral'l, le fit
mettre à mort.
ADONIDE s. f. (a-do-ni-de — rad. Adonis).
Bot. Mémo sens que Adonis. V. ce mot.
— s. m. Nom sous lequel on désigne quel-
quefois un jardin où l'on ne cultive que des
plantes étrangères.
ADONIDIE s. f. (a-do-ni-dî — du gr. Adonis,
idos, Adonis). Antiq. Hymne de deuil quo
l'on chantait aux fêtes d'Adonis : La flûte
faisait entendre des sons lamentables; des
hymnes de deuil, proprement adonidies, reten-
tiraient. (Val. Parisot.)
adonien, ienne adj. (a-dc-ni-ain, c-ne).
V. Adonique.
ADONÏES s. î. pi. (a -do -ni — du gr.
adània, de Adonis, Adonis). Antiq. Fêtes
en l'honneur d'Adonis : De Éyblos en Phéni-
cie, les Adonies, ou fêtes d'Adonis, se répan-
dirent à Antioche, en Chypre, à Alexandrie, à
Athènes. (Noël des Vergers.) Dans les magni-
fiques adonies alexandrines, on partait proecs-
sianncllement l'effigie du dieu jusqu'à la mer.
(Val. Parisot.)
ADO
ÀDONION s. m. (a-do-ni-on — du gr. adà,
je chante). Ant. gr. Nom d'un chant militaire
que les Lacédémouiens entonnaient en chœur.
ADONIQUE ou ADONIEN adj. (a-do-ni-ke—
du gr. Adonis, Adonis). D'Adonis ; qui appar-
tient, qui a rapport à Adonis. :Jl est clair que
cette dernière circonstance des cérémonies ado-
niques reflète les aventures posthumes d'Osiris.
(Val. Parisot.) ....'.
— Prosod. Vers grec ou latin, composé d'un
dactyle et d'un spondée où d'un trochée; Ex. :
Terruit urbem ^ . tJ,^ _
Par sa marche rapide, il convient à des chants
badins et joyeux , mais il deviendrait mono-
tone dans des pièces d'une certaine étendue ;
aussi le mêle-t-on .ordinairement à d'autres
vers. On s'en sert particulièrement pour terr
miner la strophe saphique. Son nom lui
vient des adonies, où l'on faisait usage de- ce
rhythmo.
ADONIS s. m. (a-do-niss— nom pr. myth.).
Entom. Espèce de papillon diurne, apparte-
nant au genre polyommato ou argus.
— Ichthyol. Nom d'un poisson du ■ genre
blennie. '
— s. f. Bot. Genre de la famille des renon-
culacées, tribu des anémonées, plantes acres,
vénéneuses , qu'on emploie parfois comme
médicament êpispastique , apéritif , sudorifi-
que, et qui ressemblent aux anémones par
leurs fleurs, et aux renoncules par leur fruit.
n Dans ce dernier sens, on dit aussi adonide.
il Cette jolie plante est très-abondante dans
les blés; on en distingue trois espèces : V ado-
nis vemate ou de printemps , l'adonis estivale
ou d'été, dite aussi œil-de-perdrix, QtYàdonis
automnale ou goutte-de-sang. Selon la Fable,
ses petites fleurs, d'un rouge pourpre, au-
raient été teintes du sang d'Adonis blessé.
Il Jardins d'Adonis , chez les Grecs, Vases ou
corbeilles remplies de terreau, dans lesquelles
on plantait des fleurs et que l'on portait aux
fêtes d'Adonis, il Salon d'Adonis, chez les Ro-
mains, Appartement décoré de fleurs suivant
l'usage des Syriens : Apollonius trouva Domi-
tien dans wi-salon d'Adonis. (Fleury.)
ADONIS, fils de. Myrrha, fut élevé par les
Dryades, et devintd'une beauté si merveil-
leuse , que Vénus ,"éprise de lui , quittait l'O-
lympe pour le suivre à la chasse dans les
forêts. Adonis fut tué par un sanglier, et de
son sang naquit la fleur nommée aném-""
Vénus obtint de Jupiter qu'il le rendit à la,
et qu'il lui permit de quitter six mois de l'année
les enfers et Proserpme , pour les passer au-
près d'elle. On a "voulu voir dans ce mythe
une allégorie de l'hiver et de l'été.
Adonis est resté le type de la beauté, et
c'est dans ce sens que son nom se présente
si souvent en littérature et dans la conver-
« Il faut être un Adom'spour se faire peindre,
et comme je n'ai pas l'honneur de l'être, j'ai
dérobé mon visage au pinceau tant qu'il a dé-
pondu demoi. ».'
Frédéric, d d'Alembert , qui lui
demandait son portrait.
« Quant à M. Jean, il avait, sous ses habits
simples et propres, un air de distinction à
faire douter de la vertu de sa mère ; car il
était difficile de supposer qu'un pareil Adonis
fût sorti d'une souche provinciale, et il fallait
que quelqu'un du bel air, en passant par là,
eût conté fleurette à M™ Jean. »
Th. Gautier.
« Diable ! pensa M. Nantua, je ne veux pas
d'un Adorfis comme celui-ci dans ma maison...
et ma fille, qui est déjà si romanesque, si elle
le voyait... Il ne me manquerait plus que cela ;
il est gueux comme un rat d'église ; ce n'est
pas le gendre qu'il mo faut. Sans compter quo
ces beaux hommes-là sont toujours bêtes et
paresseux. » Mme Emile de Girardin.
e Ma-
ADO
97
s dô Vén
t d'Adc
eue immense, bien qu'il manque entièrement
de suite, de vraisemblance et de naturel ; mais
l'auteur, poète de l'esprit et de la volupté, sut
relier les uns aux autres des tableaux ravis-
sants, se souciant peu de savoir si ce lien qui de-
vait les unir était assez fort pour les soutenir.
-Quant à l'esprit, il y répandit à pleines mains
les antithèses, les figures outrées, les jeux de
mots, les faux brillants , tout ce qui étonne ,
qu'on admire souvent avant de le comprendre,
■ ' ■ ' trouve faux après l'avoir compris. Son
style, appelé
fut le germe à i
J.-J. Rousseau, qui, dans ses jours de caprice,
se plaisait aux concetti et à la poésie volup-
tueuse de V Adonis.
Le poème à' Adonis, qui parut en 10-23, fut
dédié par Marini au jeune roi Louis XIII. Fré-
ron et le duc d'Estouville ont imité le huitième
chant, dans une brochure intitulée les Vrais
Plaisirs, ou les Amours de Vénus et d'Adonis.
(Amsterdam, 1755.) L'édition la plus complète-.
ù' Adonis est celle de Londres , qui parut on
1789, 4 vol. in-12.
Adoui. (Statues et représentations di-
vinises dj). Ou ue commit que deux statues
antiques de ce personnage mythologique : l'une,
placée au musée Grégorien, h Rome ; c'est la
plus complète : l'autre, qui, fait partie, de la
collection du Vatican, égalémenta^Rdmè. Ces
statues, qui n'ont de prix que par leur 'rareté
et leur importance archéologique, ne méritent
pas, sous le rapport artistique, une plus longue
description. On trouve, en outre, des représen-
tations d'Adonis sur un sarcophagedu Vatican
découvert dans la villa Giùstiniani^et'sur^un
autre appartenant à la famille 'Rospi<*liosi.
Deux bas-reliefs placéSjt'un au Louvre, a Paris,
l'autre à la villa Borghèse, enfin des peintures
murales trouvées à Pompci, ont trait. A di-
verses phases de l'existence du chasseur aimé
de Vénus. • > •.■.■■
ADONISÉDEC, un des cinq rois vaincus par
Josué.
ADONISER v. a. ou tr. (a-do-ni-zé — rad.
Adonis). Parer avec beaucoup de soin et do
recherche : Cette mère gâte son- fils, ellc^se
plaît à /'adoniser. (Acad.) Erasle, pour pa-
raître plus beau et plus poli aux yeux d'Angé-
lique, est allé se 'faire adoniser chez de bai-
gneur. (Dancourt.) ■ !■■.'
S'adoniser, v. pr. Se parer avec soin, avec re-
cherche, pour paraître plus beau, plus jeune:
L'envie que j'avais de plaire à cette dame mt
fit employer trois bonnes heures pour le moins
à m'ajuster, à m'aooniser. (Le Sage.) Le comte
avait coupé ses ailes de pigeon, supprimé la
poudre, les culottes courtes, et s'était en un
mot ADONisÉ. (G. Sand.) Je né sais rien de
moins intéressant qu'un homme qui se mire et
qui s'adonise. (Stc-Bcuvc.) ' ' ' '
Il s'écoute, il se plaît, il $*adoni$ç, il s'aime. , ,
J.-B. Rousseau.
Il Co mot marque do la fatuité,1 et ne se dit
guère qu'en parlant des hommes. ,
ADONISTES. m. (a-do-ni-stc— rad. Adonis).
Botaniste qui décrit ou catalogue les plantes
cultivées dans un jardin. :
l' agriculture.' (Vèn.) L'homme
est malheureux. (Mass.) Cette
société brillante est passionnément adonnée
aux plaisirs de l'esprit. (Guiz.) L'un et l'antre,
ils étaient deux natures vierges et timides,
adonnées à toutes les peurs dont les émotions
plaisent aux hommes solitaires. (Balz.)
Grande Ame aux grands travaux sans repos adonnic.
Mauieude.
Je chante dans ces vers les filles de Minde, '
Troupe aux arts de Pallas dès l'enfance adonnic.
La- Fontaine. 1
adonner v. n. on intr. (a-do-né — fr. à
ot donner). Mar. So dit du vent qui devient
favorable : Le vent a& déjà adonne de tant de
quarts, il S'allonger," s'bnîler ; on dit qu'un
cordage adonne ', lorsque, soumis à une ten-
sion, il s'allonge; et qu'une voile adonne,
lorsqu'étant tendue elle prend plus d'exten-
sion : Les voiles adonnent à l'usage. Avant de
se servir d'un cordage neuf, on cherche à le
faire adonner o l'aide d'un moyen mécanique.
S'adonner, v. pr. S'appliquer avec ardeur
à quelque chose, s'y livrer constammont :
S'adonner à l'étude. S'adonner aux plaisirs.
Il s'adonnera aux exercices de, la religion ,
sans en négliger aucun. ( Bourdal. ) Toute
femme qui s'adonne aux lettres se voue d'a-
vance à une vie de lutte. (M''1* Romicu.) Tous,
tant que nous sommes; nous nous adonnons au
travail. ' (Mich. Chev.) Alors nous prendrons
une spécialité, et nous nous y adonnerons pour
le reste de nos jours. (G. Sand.) il Fréquenter
habituellement un lieu, s'y complaire: S'a-
donner au théâtre. S'adonner au cabaret, a
S'habituer à une chose, ne pouvoir s'en passer :
S'adonner à l'ivrognerie. S'adonner au jeu.
Il s'était adonné au vin dans ses dernières
années. (G. Sand.) il So diriger, on parlant
d'une chasse, d'un chemin : Le seigneur de
Thouars mandait à celui d'Oiron qu'il eût à
abattre une certaine quantité de murs de son
parc, pour ne pas trouver d'obstacle au cas que
la chasse s'adonnât à y entrer. (St-Sim.)
chemin s'adonne ?
La Chaussée.
— Ce chien s'adonne à la cuisina, Il y est
constamment, il n'en sort pas. 11 Ce chien s'est
adonné à moi, Il ne mû quitte pas. Il Ces deux
emplois du v. S'adonner sont peu ou point
usités, bien qu'ils figurent dans l'Académie.
— Syn. Sn.lo.nicl-, se donner, Celui QUI Se
donne à un art, à une science, y est livre (out
entier : Une reine abdique la couronne pour
se donner tout entière à la philosophie. (Mon-
tesq.) Celui qui s'y adonne y est seulement
attaché : Pendant la guerre, la ieunesse ne
s'adonne plus aux lettrex.iFèn.)
ADONQUES adv. V. ADONC.
ADOPTABLE adj. (a-do-pta-bte — rad.
adopter). Qui peut, qui doit être adopté : Cette
opinion n'est pas adoptaBLE.
adoptant ( a-do-ptan ) part. prés, du v.
Adopter : Un enfant adoptant de son choix le
nom d'un homme vertueux y modèlera à la lon-
gue son caractère. (B. do St-P.)
» ADOPTANT, ANTE s. (a-do-ptan, an-tq —
rad. adopter). Personne qui adopte un enfant
étranger : L'adoptant avait droit de vie et de
mort sur l'adopté. (Bouillct.)
:e jamais par 1
13
— Hist. ecclés. V. Adoftien.
adopté, ÉE (a-do-pté) part. pass. du v.
Adopter. Reconnu comme enfant propre :
Moïse fut adopté par la fille de Pharaon. 0»
tavefut adopté par César. L'adoption française'
ne fait point 'sortir l'enfant adopté dé sa fa--
vdlle naturelle. \
Que vois-je? l'étranger dépouille l'héritier,
Et le fils adopté succède le premier?
L. Racine.
— Par anal. : René, adopté dans la tribu de
l'Aigle, devait être de l'expédition commandée
par le vieux chef. (Chateaub.) ..-.■■
' Vous étiez des enfants dans son cœur adoptés.
Voltaire.
il Reçu, accepté, accueilli, en parlant des
choses: Ce règlement a été bientôt adopté par
toutes les nations: (Volt.) Y/ y a une infinité
d'erreurs qui, une fois adoptées, deviennent'
des principes. (Raym.) "'
— Légisï. Approuvé, sanctionné,' voté :' La?
proposition fut adoptée. La loi n'a été adoptée
qu'à la majorité de vingt voix.
— Elliptiq. .Adopté! Formule de vote qui
indique que la proposition est adoptée, et dont
on se sert souvent pour exprimer son adhésion
à quelque chose.
— Substantiv. Enfant adopté : /.'adopté
n'est soumis à aucune autre condition qu'à celle
de produire le consentement de son père et de
sa mère. (Encycl.) /.'adopté, passant sous la
puissance du père de famille, exprimait quel-
quefois cette relation de dépendance en se lais-
sant tondre comme le serf. (Michclet.)
ADOPTER y. a. ou tr. (a-do-ptô — lat.
adopiare, même sens; de ad, pour; optare,
choisir). Reconnaître comme son propre en-
fant un enfant appartenant à une famille étran-
gère, en accomplissant les formalités légales :
Adopter un orphelin. Antonin le Pieux adopta
Marc-Awèie. A Athènes, on ne pouvait adop-
ter que des enfants légitimes. (Bouillet.) Le
prince d'Edesse adopta Baudoin pour son fils
en le pressant, selon la coutume du pays, contre
sa poitrine nue et l'introduisant sous le vête-
ment le plus près de sa chair. (Michelct.)
Claude, qi
it adopte m
— Absol. : Dans l'ancien droit, les femmes
ne pouvaient pas adopter, mais on le leur per-
mit ultérieurement. (Encycl.) Nul époux na
peut adopter qu'avec le consentement de l'autre
conjoint. (Code civ.) Junon, montant sur le lit,
prit Hercule contre son sein et le laissa couler
jusqu'à terre à travers ses vêtements , imitant
la véritable naissance, ce que font encore au-
jourd'hui les barbares lorsqu'ils veulent adop-
ter. (Michelet.)
— Par ext. Prendre soin d'un enfant , le
traiter comme sien, mais sans formalités lé-
gales : Malgré la médiocrité de sa fortune, il
avait en quelque sorte adopté les enfants mal-
heureux de son village. (B. de St-P.)
Adopte nos enfants qu'on prive de leur père.
Laisse-moi mon erreur, puisqu'elle m'est si chere...
Je l'adopte pour (ils, accepte-moi pour père.
Corneille.
Il Admettre, embrasser, pratiquer : Adoptkk
1(71 parti, une proposition, une erreur. Adoptkk
un plan. Adopter un genre de vie. Il est im-
possible de faire entendre raison à ceux qui ont
adopté une façon de penser conforme à leur
intérêt. (Clém. XIV.) Ce n'est pas la première
fois qu'une assemblée savante a adopté une
opinion sans examen. (B. de St-P.) Les hommes
ont adopté différentes manières de rendre les
derniers devoirs à leurs morts. (B. de St-P.)
Les écoles d'Orient ont de bonne heure adopte
Aristote.(Eggec.) Lorsqu'on adopte un système,
il faut l' adopter complètement. (B. Const.)
On ne voit jamais ni sauvages ni barbares kdop-
VERsponlanémentnosmœurssociales. (Fourier.)
L'Amérique à genoux adoptera nos mœurs.
11 apprend mon dessein, l'adopte, l'autorise.
Il Prendre par choix, suivre : Il adoptait;
l'hiver, le carrich noisette à trois collets, (Balz.)
Jamais une femme qui se respecte ne doit adop-
ter les modes qui choquent la décence et la
pudeur. (Boitard.) il Ajouter foi à une chose,
la reconnaître comme vraie : Ils croyaient aux
dévins et aux sorciers, et beaucoup trop aux
miracles, qu'ils ont longtemps adoptés sans
examen. (Anquet.) Des savants avaient adopté
l'existence d'une atmosphère dont le soleil est
le centre. (Cuv.) Les femmes adoptent volon-
tiers les jugements de ceux gui les entourent.
(Mme Rormeu.)
— Législ. Approuver, sanctionner, voter :
Les Chambres adoptèrent celte proposition. Le
Sénat vient (/'adopter une nouvelle loi. La
Charte a adopté les réformes politiques et reli-
gieuses des xvio et xvn« siècles, et la grande
révolution du xvme. (V. Cousin.)
S'adopter, v. pr. Etre admis, accepté : Cette
opinion ne peut s'adopter, ii S'aimer, se choisii1
réciproquement : Je désirerais que les élèves
pussent s'adopter mutuellement comme amis.
(B. deSl^P.) Pressées de s'adopter, mais incer-
taines et craintives, ces âmes sceurs s'appelaient
et se repoussaient en même temps. (G. Sand.)
— Syn. Adopter, aimer mleiiT, choisir, élire,
opicr, préférer. Choisir, c'est se déterminer
en faveur d'une chose plutôt que d'une autre :
L'écrivain ne doit choisir pour Json Mécène
AÊO
qu'un homme digne d'être son juge. (La'Serré.)
Opter, d'est choisir, étant contraint de se déci-
der : Qu'on est à plaindre en certaines situa-
tions, où il faut opter entre sa fortune et sa,
conscience! (Mass.) Elire, c'est choisir, par la
voie des suffrages, un homme pour occuper'
une place ou remplir une fonction : Pendant
plusieurs siècles, tes empereurs allemands fu-
rent en possession de choisir eux-mêmes les
papes ou de tes faire élire dans des conciles
tenus en Allemagne. (Cond;) Préférer, c'est
marquer le choix qu'on fait d'une chose rela-
tivement à l'emploi ou a l'usage qu'on en veut
faire : Vous devez me le préférer, sans avoir
égard à mon rang, sans avoir pitié de ma si-
tuation cruelle. (Le Sage.) Aimer mieux, c'est
faire un choix par goût : Quoique je nehuisse
rien alléguer pour préférer Cicéron à Démos-
thène, néanmoins je J'aime mieux. (Le Sage.)
Adopter, c'est choisir une chose qui est à un
autre ou dont un autre est l'auteur, la lui em-
prunter et la faire sienne : Il a fallu soixante
ans pour faire adopter en France ce que Newton
avait démontré. (Volt.)
ADOPTIEN s. m. (a-dop-si-ain — rad.
adopter). Hist. ècclés. Membre d'une secte du
vme siècle, qui eut pour chef Élipandus, ar-
chevêque de Tolède, et Félix, évêqued'Urgel,
en Espagne. Les adoptiens prétendaient que,
comme Dieu,' Jésus-Christ était de sa nature
fils de Dieu, mais que, comme homme, il ne
l'était que par adoption. Charlemagne les fit
condamner dans un synode tenu à Ratisbonne
et dans plusieurs conciles, et ils tombèrent
dans l'oubli après la mort d'Elipandus. il On
adoptif, ive adj. (a-do-ptif, i-ve — lat.
adoptions, même sens : de adoptare, adopter).
Qui a été adopté dans les formes légales : Fils
adoptif. Fille adoptive. Le titre de fils adop-
tif est plus honorable que celui de légataire uni-
versel. (Dupin aîné.) Je lui demandai lamain de
sa fille adoptive. (G. Sand.) 11 Qui adopte, qui
reconnaît comme son enfantl Père adoptif.
Mère adoptive. Il faut que vous sortiez d'ici
plein de respect pour la mère de votre fils, et
de reconnaissance pour son père adoptif. (G.
Sand.) Elles bénissent leur père adoptif, qui
partage avec elles le produit de son travail.
(Viennet.) il Dont on a fait choix, en parlant
des choses : L'étranger, naturalisé à Borne,
prenait bientôt l'esprit de sa patrie adoptive.
(Nisard.) il Se dit aussi des animaux : Si la
brebis est morte, on donne son petit à une autre
mère; si la mère adoptive refuse de recevoir ce
nouveau nourrisson à la place de celui qu'elle
a perdu, on le couvre de la peau encore fraîche
de l'agneau mort. (Belèze.)
— Fig. : Je regarde la bienveillance comme
la sœur adoptive de la charité. ( Descuret.)
— Dans le langage religieux : Jésus-Christ
nous afaitsenfants adoptifs de son Père. Nous
sommes les enfants adoptifs de l'Eglise.
ADOPTION s. f. (a-do-psi-ofT— lat. adoptio,
môme sens ; de ad, pour ; opti'o, choix). Action
d'adopter : Entrer Uans une famille par adop-
tion. V adoption confère le nom de l'adoptant
à l'adopté. (Acad.) La loi ne devrait pas per-
mettre /'adoption d'un enfant au-dessus de dix
ans, afin que les sentiments de père et de fils
pussent s'établir entre l'adoptant et l'adopté.
(Napol. Ier.) Z'adôption par la femme seule
est inconvenante ; /'adoption par le mari seul
l'est également. Il n'y a donc de raisonnable
que /'adoption en commun. (Napol. 1er.) Chez
les bohémiens, /'adoption équivaut à la mater-
nité. (G. Sand.) S'il avait de bons' sentiments,
il donnerait à sa mère par adoption une partie
de ses gages. (G. Sand.)
Tu n'as de fils qu'Octave, et nulle adoption
VOLTAUtE.
Il S'emploie au pluriel : Bien ne s'oppose à ce
que les adoptions soient faites par un acte du
corps législatif. (Napol. I«.)
— Par ext. Attachement, préférence, liai-
son intime : L'adoption de deux âmes l'une
par l'autre. Il résulterait de ces adoptions ré-
ciproques et publiques le goût de la vertu, l'ha-
bitude des secours mutuels et la constance dans
les liaisons. (B. de St-P.) Le professeur fit de
cet élève son enfant (/'adoption. (Cuvior.) Il
Choix, préférence : Etude, travail (/'adoption.
La France est sa patrie (/'adoption.
Les peuples nés aux bords que la Vistule arrose
Sont par adoption devenus tes enfants.
J.-B. Rousseau.
... Rome vous permet cette haute alli
Dont vous aurait exclu le défaut de r
souverain de son adopti
Nev<
Corneille.
— Fig. Introduction, admission : Les lan-
gues ne s'enrichissent pas toujours par f adop-
tion irréfléchie des mots étrangers. (Encycl.)
/.'adoption dans une langue des mots étrangers
ne saurait se faire avec trop de précaution,
(Volt.)
— Législ. Sanction, vote, approbation : La
plupart des membres de la Chambre des dépu-
tés se sont opposés à /'adoption de ce projet de
loi, (Dict. poîit.) Il proposa V adoption de l'u-
nité des poids et mesures. (Mignet.)
— Théol. Grâce spéciale par laquelle,, dans
le baptême, les chrétiens deviennent enfants
de Dieu et héritiers du royaume du ciel, dont
les avait exclus la prévarication du premier
homme : Nous sommes tous enfants de Dieu
par adoption. Enfants (/'adoption, que vous
coûtez au Père céleste! (Boss.)
is possédaient, sous le nom d'a-
re, une institution remarquable :
s, liés d'estime et d'amîtie, creu-
ADO
— Encycl. L'adoption établit entre deux in-
dividus des rapports de paternité et de filiation
purement civils. L'un des deux est appelé
adoptant, l'autre adopté. L'adoption n'était
point admise en France sous l'ancienne juris-
prudence. Elle y a été introduite par un décret
de l'Assemblée législative du 18 janvier 1792 ;
le principe de l'adoption fut consacré de "nou-
veau par divers décrets de la Convention* na-
tionale ; mais il ne fut organisé que par le titre
VIII duCode civil. L'adoption s'opère au moyen
d'une inscription faite sur les registres de l'état
civil, après un jugement prononcé par le tri-
bunal de première instance et confirmé par la
Cour d'appel. L'adoption n'est permise qu'aux
personnes de l'un ou do l'autre sexe âgées de
F lus de cinquante ans, qui n'ont, a l'époque de
adoption, ni enfants, ni descendants légitimes,
c'est-à-dire des petits-enfants, et qui ont au
moins quinze ans de plus que les individus
qu'elles se proposent d'adopter. Malgré Y adop-
tion, l'adopté reste dans sa famille naturelle et
y conserve tous ses droits; Vadoption ne lui
confère que le droit d'ajouter à son nom celui
de l'adoptant et dé lui succéder comme s'il
était entant naturel et légitime. La faculté
d'adopter ne peut être exercée qu'envers l'in-
dividu à qui 1 on a, dans sa minorité et pendant
six ans au moins, fourni des secours, ou qui
aurait sauvé la vie à l'adoptant. L'adoption ne
F eut jamais avoir lieu avant la majorité de
adopté, et celui-ci est obligé, s'il n'a pas vingt-
cinq ans, d'obtenir le consentement de ses père
et mère. L'adoption peut être conférée par
testament à un mineur dont l'adoptant a été
pendant cinq ans le tuteur officieux.
Vadoption remonte à la plus haute antiquité.
Elle existait à Sparte, à. Athènes. A Rome,
elle se liait à l'organisation de la famille et à
celle de l'Etat. L'histoire nous apprend qu'elle
y fut une source féconde de vertus, de gloire et
de grandes actions. On distinguait deux sortes
d'adoptions : l'adoption proprement dite et l'o-
drogation. La première ne s'appliquait qu'aux
fils de famille ; elle s'opérait par la vente fic-
tive, appelée mancipaiion, suivie de la cession
en justice, qui transportait du père naturel au
père adoptif la puissance paternelle. L'adro-
gation s'appliquait à un homme qui, étant in-
dépendant de toute puissance paternelle, con-
sentait à. se soumettre à la puissance paternelle
d'un autre. L'adrogation ne pouvait avoir lieu
sans l'intervention du peuple
Les Germains .
doption militaire.
Deux guerriers, 1 ,
saient en terre un trou avec le fer. de lem
lance, y répandaient de leur sang qu'ils mê-
laient à la terre fraîchement remuée ; puis ils
s'embrassaient et plaçaient sur le trou une
pierre qui portait leurs chiffres entrelacés.,
Cette adoption réciproque, qu'on nommait as-
sociation du sang, ne liait pas seulement pour
la vie un guerrier à un autre, mais associait
encore sa famille et jusqu'à ses amis à la forT
tune du survivant.
ADOPTIONNISTE s. m. (a-dop-si-o-ni-ste
— rad. adoption). Théol. Nom donné à des
hérétiques du vme siècle, qui professaient que
Jésus-Christ est fils de Dieu, non par géné-
ration, mais par adoption. Cette hérésie, sou-
tenue par quelques ôvêques d'Espagne, fut
condamnée en 794 par le concile de Francfort
et par le pape Adrien 1er.
ADOPTIVEMENT adv. (a-do-pti-ve-man
— rad. adopter). D'une manière adoptive, par
adoption.
ADORABLE adj. (a-do-ra-blo — lat. ado-
rabilis, même sens; de adorare, adorer). Qui
est digne d'être adoré, qui a droit à l'adora-
tion : Les mystères de la religion sont adora-
bles. Vous êtes, o mon Dieu, seul adorable;
seul immortel! (Mass.). Cet adorable maître
nous a dit que son joug est doux et son fardeau
léger. (Bourdal.)
Jeune peuple, courez h ce maître adorable.
Racine.
Seigneur, dans ta gloire adorable
Quel mortel est digne d'entrer?
J.-B. Rousseau.
— Par exag. Qui est digne d'être aimé avec
passion : Femme, maîtresse adorable. Les poè-
tes ont dit que leurs Philis étaient plus ado-
rables que les divinités de la Fable, et per-
sonne ne peut les en blâmer. (Volt.) Dans ce
siècle-ci, quand un mari laisse faire à s'a
femme tout ce qu'elle veut, c'est un homme ado-
rable. (Regnard.)
Moi, j'aime tout de bon l'adorable Henriette.
Corbeille.
O dieux qui, comme vous, la rendez adorable,
Rendez-la, comme vou9, ù mes yeux exorable.
Molière.
Il Qui mérite toute notre amitié, touto notre
estime : Prince adorable. Mère adorable.
Ami adorable. Il a un caractère adorable.
Quelle adorable bonté! Il est adorable du
bon courage qu'il a de vouloir venir. (M™" de
Sév.) Sous toutes ses faces, la vérité est ado-
rable. (Jouffroy.)
— Fam. En parlant des choses, il signifie
Parfait, exquis : Vin adorable. Breuvage ado-
rable. L' adorable jus de la treille. Il avait
un costttme adorable. Joseph Platon déclara
ces gentillesses adorables. (Rog. de Beauv.)
Et dans les bouts-rimés je vous trouve adorable.
Molière.
— Iron. : Ah! vraiment, monsieur, je vous
trojive adorable, // est une demi-douzaine
ADO
d' adorables mauvais sujets qu'on ne retrouve
que là. (Mmo E. de Gir.) Pourquoi, disait un
malcontent dans sa naïveté adorable, pourquoi
messieurs les astronomes s'avisent-ils de pré-
dire de grandes marées? (Ph. Busoni.)
— S'empl. quelquefois substantiv. en par-
lant d'une femme": Eh quoi! mon Adorable,
allez-vous commencer 'par une querelle? (Stern.)
Si bien Qu'un jour le financier, averti que Lau-
zun était chez son adorable, monte et trouble
le tête-à-tête. (E. Sue.)
ADORABLEMENT adv. (a-do-ra-ble-man
— rad. adorable). Par exag. D'une manière
adorable, exquise, parfaite : Vous êtes a
ble'ment bien mise. (Balz.) Elle est ai
ment spirituelle. (Balz.)
adorant (a-do-ran) part, prés du v.
Adorer :
J'aime encor mon honneur en adorant Camille.
Corneille.
ADORATEUR, TRICE s. (a-do-ra-tour.tri-sc
— lat. adorator, même sens; de adorare, ado-
rer). Celui, celle qui adore une divinité : Cer-
tains peuples étaient adorateurs du feu, du
soleil. Les adoratf.urs de Brahma. Je suis un
adorateur très-zélé de la divinité. (Volt.)
La fin essentielle du christianisme est de for-
mer, au milieu de tous les peuples de la terre,
un peuple (/'adorateurs. en esprit et en vérité.
(Frayssin.) De tous les adorateurs d'idoles,
il n'y en a pas de plus insensé que celui qui
s'adore lui-même. (Boisto.) L'amour divin a de
plus encore sa présence perpétuelle devant les
yeux et dans lame de /'adorateur. (Lamart.)
Soyez à jamais confondus.
Adorateurs impurs de profanes idoles!
J.-B. Rousseau.
D'adorateurs zélés à peine un petit nombre
Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre. •
— Par. ext. Celui qui aime une chose avec
excès : Un adorateur du pouvoir. Un adora-
teur de la fortune. Si le monde n'attachait les
hommes que par le bonheur de leur condition
présente, comme il ne fait point d'heureux, il
ne ferait point (/'adorateurs. (Mass.) La vertu
simple et négligée trouve peu (/'adorateurs.
(D'Aguess.) Il Celui qui aime une femme, qui
lui fait assidûment la cour : Les femmes du
monde font vanité de traîner à leur suite une
foule (/'adorateurs. (St-Evrem.) Les adora-
teurs de mademoiselle Clairon lui feront tour-
ner la tête et finiront par ta brouiller avec le
public. (Grimm.) Il y a des femmes qui ont
trop (/'adorateurs pour avoir un favori.
(Balz.) // fut décidé par la tante, un mois du-
rant, que M. de Lorgues était /'adorateur.
(A. de Musset.) Quelle est la femme qui n'a
pas un adorateur inconnu? (Mm E. de Gir.)
Il Admirateur excessif : Ce poète est /'adora-
teur de ses ouvrages. (Trév.) Madame Dacier,
/'adoratrice d'Homère, y trouverait son
compte. (Ste-Beuve.)
— S'empl. adjectiv. :
Mais pour me faire voir, je n'ai percé qu'à peine
Les Ilots toujours nouveaux d'un peuple adorateur.
Je ne suis plus ce roi craint, chéri, vénéré,
D'un peupla adorateur à toute heure entouré.
P. Marion.
— Epithètes. Vrai, soumis, convaincu, fi-
dèle, constant, sincère, fervent, zélé, humble ,
tremblant, ignorant, faux, hypocrite, aveugle,
impur, lâche, mercenaire, sot, stupide.
ADORATIF, ive adj. (a-do-ra-tif, i-ve —
rad. adorer). Qui a le caractère de l'adora-
tion : Culte ADORATIF.
ADORATION s. f. (a-do-ra-si-on — lat. ado-
ratio, même sens ; de adorare, adorer). Action
d'adorer, -de rendre un culte, des honneurs
divins : Ils rendaient à Jésus-Christ une ado-
ration extérieure. (Boss.) Le plus grand des
crimes est /'adoration des idoles. (Trév.)
L'homme doit à Dieu son adoration et ses hom-
mages. (Mass.) 2/adoration est l'acte d'hom-
mage que l'homme fait de lui-même à son créa-
teur. (Bautain.) /-'adoration n'est que l'a-
mour qui se prosterne. (Ventura.) Dieu ne peut
nous inspirer qu'un genre (/'adoration, auquel
rien ne se compare et qu'aucune langue ne peut
exprimer. (G. Sand.)
— Par ext. Amour extrême, attachement
excessif ; dans ce sens, il s'emploie souvent
au pluriel : L'amour que les peuples ont pour
un prince vertueux et bienfaisant va jusqu'à
/'adoration. (Trév.) L'humanité va où vont ses
adorations. (Lo. P. Félix.) La reconnaissance
ases adorations et ses enthousiasmes. {ProuAh.)
Je me sens au cœur pour elle d'enivrantes ado-
rations. (Balz.) Le respect et l'amour compo-
sent ce qu'on appelle /'adoration. (V. Cousin.)
Je l'admirai longtemps; oui, j'eus pour Scipion
Ce sentiment qui tient de Vadoralion.
M.-J. Chénier.
il Démonstrations de respect, de zèle, adula-
tions : Vous êtes accoutumée à ne recevoir ja-
mais que des hommages et des adorations de
tout le monde. (Mol.) Le roi se hâta de venir
jouir des acclamations des peuples et des ado-
rations de ses courtisans. (Volt.)
— Aimer à l'adoration, Eprouver une très-
vive passion pour : Je me sens même de la dis-
position à vous aimer un jour a l'adoration, d
la fureur. (***) Il Avec adoration, Avec amour,
avec respect, avec idolâtrie : Et la duchesse,
se laissant doucement couler aux pieds de Henri,
joignit ses belles mains en tremblant, et te re-
gardait avec adoration. (E. Sue.)
ADO
— Relig. cathol.,Tableau, gravure qui re-
présente les mages où les bergers adorant
Jésus-Christ couché dans la crèche. V. les
quatre articles suivants. Il Adoration du pope
Hommage de respect et de soumission offert
■•■■'•'■' ---' — « anrès son élection. Il
rdinaire d'élire
adoration lors-
^ s des cardinaux,
comme entraînés par un mouvement spon-
tané, vont se prosterner aux pieds de l'un
d'eux, le proclament souverain pontife sans
aller au scrutin, et se rendent ensuite à
l'adoration.
— Liturg. Adoration de la croix, Cérémo-
nie qui se pratique le vendredi saint dans
toutes les églises catholiques ; elle consiste à
se prosterner devant la croix, en souvenir de
Jésus^Christ crucifié, il Adoration perpétuelle,
Pratique pieuse de plusieurs congrégations
de femmes, laquelle consiste à adresser, soit
au saint sacrement, soit au sacré cœur, des
prières non interrompues; récitées à tour de
rôle par chaque membre de la congrégation.
Il On appelle aussi adoration perpétuelle une
dévotion établie à Paris depuis peu d'années.
Chacune des églises et des communautés re-
ligieuses de cette capitale consacre, à son tour,
trois jours à célébrer en l'honneur do l'eu-
charistie un office solennel, avec prédications
et exercices particuliers, en sorte que lo
saint sacrement est exposé et adoré d'un
bout à l'autre do l'année , sans interruption.
— Filles, religieuses de l'adoration , Reli-
gieuses de Saint-Benoît, qui se vouent à la
pratique de l'adoration perpétuelle.
— Encycl. Dans la théologie chrétienne, le mot
adoration représente l'hommage que l'on doit
rendre à Dieu, et ne rendre qu'à lut seul. Les
catholiques adorent l'eucharistie parce qu'ils
croient à la présence réelle de Jésus -Christ
sous les espèces du pain et du vin ; les pro-
testants lui refusent Vadoration, parce qu'ils
n'y voient qu'un symbole. Le culte des saints,
celui des anges, celui des reliques, celui des
images, celui même de la sainte Vierge ,' ne
doivent pas être confondus avec Vadoration.
Il est vrai que souvent l'ignorance et l'état in-
tellectuel des populations ne permettent guère
d'éviter cette confusion, qui devient ainsi, dans
bien des pays catholiques, une cause d'idolâ-
trie véritable.
Chez les anciens, le mot adoration signifiait,
à proprement parler, l'hommage rendu à quel-
qu'un ou à quelque chose, en levant à son in-
tention la main vers la bouche pour la baiser.
C'est ce qu'indique du reste l'étymologie (ad,
vers ; os, la bouche). Ce mot n'exprimait pas
nécessairement une idée de cuite. C'est ainsi
que nous voyons dans l'Ecriture Abraham
adorer le peuple d'Hébron, qui lui permettait
de choisir une sépulture pour Sara; Elisée se
laisser adorer par la Sunamite , à laquelle il
avait rendu son fils.
Adoration de* Berger, (h'), tableau de Ri-
bera. Musée du Louvre, no 553. Ribera n'est
représenté au Louvre que par une seule toile,
son Adoration des Bergers, cédée à la France
par le roi de Naples, comme compensation des
tableaux que les troupes napolitaines avaient
pris ou détruits dans l'église Saint-Louis-des-
Erançais, à Rome. Cette toile, forte et char-
mante, mérite une place élevée dans l'œuvre
de son auteur. Elle offre même un attrait à la
■ curiosité, car elle appartient à l'époque où Ri-
bera, s'inspirant du Corrige, adoucit, par une
certaine grâce de style, une- certaine suavité
d'expression, la manière énergique et sombre
qu'il avait empruntée à Caravage. « Rien de
plus vigoureux et de plus vrai, dit Eineric
David, que les figures des pâtres, qui, pleins
de respect et d'émotion, s'inclinent pour ado-
rer Jésus. La tète de Marie et celle de l'enfant
manquent peut-être de dignité, mais ces dé-
fauts s'effacent lorsque l'on considère le ber-
ger le plus avancé, 1 expression de son visage
et les tons chauds de ses. draperies vivement
éclairées. Ni le Caravuge m aucun de nos
plus habiles coloristes nont peint une figure.
plus mâle. Il existe une reproduction de ce
tableau à l'Escurial , et une autre , dit-on , à
Cordoue, dans la sacristie du couvent des
Augustins.
Adoration des Bergers (l'), tableau de Mu-
rillo, Madrid, Museo del Rey. Dans ce tableau
règne une opposition parfaite entre le groupe
tout céleste de Jésus et de sa mère, et le groupe
tout humain des pâtres que l'ange amène à la
crèche. Dans la représentation de ces hommes
grossiers, des peaux qui les couvrent, des
chiens qui les accompagnent, l'artiste déploie
uno vigueur et une vérité sans égales ; et le
seul pinceau de Murillo pouvait jeter sur le
milieu de la scène l'éclatant reflet d'une lu-
mière d'en haut, pour arriver, par la dégrada-
tion des plus fines demi-teintes, jusqu'à l'ob-
scurité de la nuit qui enveloppe les angles du
tableau.
Adoration de» Berge» , tableau de Ra-
phaël, Musée de Berlin. Il est peint à la dé-
trempe sur une fine toile de soie, entourée
d'arabesques charmantes , la plupart en gri-
sailles. Cette peinture ressemble beaucoup
aux célèbres cartons de Hampton-Court, que
Raphaël couvrit également de couleurs à la
détrempe pour en faire des modèles de tapis-
serie ; mais ici le travail est plus fin et plus
délicat, bien que la composition soit moins
forte et moins sublime. Raphaël, dit-on, pei-
gnit cette Adoration des Bergers à Pérouse ^
AP.0
avant d'aller h Florence ; on y trouve en^ffet,
tous' lès caractères de son premier âge et de
son premier style. Elle occupait le maître-
autel d'une chapelle appartenant' à là famille
Ancajini, à Ferentillo. ' .,',,,
Adoration de» Mages, tableau deNic. Pous-
sin. Le peintre a supposé l'étable formée par
les ruines d'un .antique édifice. La "Vierge est.
assise, tenant l'enfant sur ses genoux, près
d'une pierre carrée, qu'on pourrait supposer
avoir servi; d'autel. Trois groupes composent
ce tableau : à gauche, sontla Vierge, Jésus et
saint Joseph ; au milieu, les rois et leur, suite ;
dans le fond, les valets, les chameaux, les
chevaux, cortège fastueux que, par respect,
les mages ont laissé à l'écart. Les mouvements
de tous les personnages sont aussi expressifs
que les traits de leurs visages ; chaque figure
est aussi belle par la naïveté de la pose que
par la chaleur de l'expression. Il est à re-
gretter que ce tableau ait été peint sur une
toile teinte en rouge, pratique. funeste mise,
en vogue par le Tintoret ; il paraît avoir, été
lavé plusieurs fois. Soit par la fatigue de .ces
lavages , soit par l'effet inévitable que pro-
duisent les impressions rouges, les ombres ont
totalement disparu ; une partie des chairs a été
emportée ; les figures se perdent dans le fond,
et l'on peut voir, dans la gravure faite par le
chevalier Avite, des ornements qui «'existent
plus dans l'original. Ce tableau , récemment '
placé dans la galerie du Sénat, fut exécuté à
Rome, en 1653, pour M. de Mauroy. Après la
mort de cet amateur^ il passa dans le cabinet
de M. de Bois-rFranc, et appartint ensuite a la
maison des Chartreux de-Paris, qui le placè-
rent.dans la salle du chapitre.
Adoration du veau d'or (l), tableau de
Claude Gellée, Londres (Grosvenor-House). Ce
tableau est loin de représenter l'aride, et. triste
nature de la Judée ; il a, au contraire , tout le
luxe de la nature italienne. Il offre un paysage
plat, d'immense profondeur, coupé de massifs
d'arbres et de flaques d'eau. Sur une pelouse
verdoyante est placé le veau d'or, encensé et
adoré, non par le:peuple juif, mais par un pe-
tit groupe de gens vêtus à la grecque , avec
chlamydes et péplums. L'éclat du ciel, la sa-
vante dégradation dès lignes et des plans,
l'heureux contraste des ombres et des lu-
mières, l'étonnante perspective aérienne, le
choix des détails et la magie de l'ensemble
font de cette toile un .des chefs-d'œuvre de
Claude Gellée. ,
ADORBITAL adj. ets. m. (a-dor-bi-tal— lat.
.ad, auprès, et fx. orbite). Anat. Qui forme
l'orbite : Los adorbital ou l' adorbital.
ADORÉ, BE (a-do-ré) part. pass. du v. Ado-
rer. Qui est l'objet d'un culte religieux. Se
dit proprement en parlant du vrai Dieu, et,
par extens., en parlant des faux dieux, , des
idoles : Dieu veut être connu et adoré de ses
créatures. (Mass.) Vénus est particulièrement
adorée à Cythère, à Idalie, à Paphos. (Fén.^
Dieu veut être adoré en esprit et en vérité!,
(J.-J. Rouss.) Plutarquerapporte que l'alouette
était adorée, à Lèmnos. (B. de St- P.) La vache
est adorée des bràhmes. (B. de St-P.)
— Par exag, Aimé, chéri, vénéré : Souve-
rain adoré dé son peuple. Femme adorée de
son mari. Je n'aurais jamais fait si je voulais
vous nommer tous ceux dont vous êtes aimée,
chérie, adorée. (M"** de Sév.) Je ne me plains
de'rien, moi qui n'ai pas été choyée et adorée
comme vous du ciel et de la terre. (G. Sand.)
Si jamais homme fut adoré parmi tous.
C'est vous par moi. V. Huao.
' Du magister fllle adorée,
Par Bon bon coeur elle plaisait.
BÉ RANGEE!.
Il En poésie, s'applique à ce qui appartient à
la personne ainsi adorée :
Je redemande aux cieux ta présence adorée.
Il Craint, flatté, adulé : Les favoris sont tou-
jours adorés par les courtisans.
J'ai vu l'impie adoré sur la terre. Racine.
Les monarques d'Asie, adorés par la crainte, -
Habitaient d'un palais l'inabordable enceinte.
— Substantiv. Femme aimée avec passion :
Vous êtes mon adorée. Z/adorée du jour est
souvent la délaissée du lendemain. Il S'empl.
souvent par plaisanterie. - -
— Gramm. Adoré de, adoré par. Ces deux
prép.; de et par, ne s'emploient pas toujours
indistinctement. Adoré die exprime un senti-
ment plus élevé, plus pur : Moi adoré de ses
sujets. Dieu veut être adoré de ses créatures.
(Mass.) Adoré par exprime un acte extérieur,
souvent forcé : Alexandre était adoré par les
Perses. Il n'est pas vraisemblable qu'Antinous,
le mignon d'Adrien, fût adoré par les Egyp-
tiens du même culte que Sérapis. (Volt.)
ADORE A s. f. (a-do-ré-a — mot lat. formé
de ador, adoris, froment pur). Antiq. rom.
Récompense accordée à ceux qui avaient fait
une action d'éclat, et qui consistait d'abord
en blé, puis en toute sorte de produits végé-
taux, l/adorea ne fut en usage que dans les
premiers temps de la république. Il Par anal.
Ce mot signifia Gloire militaire, triomphe.
ado remets s. m. (a-do-ré-muss — mot
lat. signif. adorons). Liturg. Nom d'une prière
qui se chante dans les saluts.
, ADORER v.' a. ou tr. (a-do-ré ,— lat, ado-
rare', même 'sens: de ad, à';' tw," bouche ).'
Rendre à la Divinité' le culte, les honneurs
qui lui sont dus : II ne faut adorer que Dieu:
(Acad.) l'ouïes les créatures louent Dieu, tout
ce qui sent le bénit, tout ce qui pense /'adore.
(Lamenn.) Les juifs et les chrétiens ji'ont ja-
mais adoré qu'un seul Dieu.- (Card. Gousset:)
Lès anciens juifs adoraient le même Dieu que
nous adorons. (Ventura.) , t ,,\ .
Oui, je viens dans son temple adorer l'Eternel. «
Qu'on ltaJore.ce Dieu, qu'on l'invoque a jamais.
•,.'-. ■ ; • Racine;
3'àdore un1 Dieu caché, je tremble et je me tais.
■' ' ' '■ -L. Racine.'
[f Rendre aux faux dieux, aux idoles le culte
qui n[est dû qu'à Dieu : Il est assez prouvé
que les anciens Egyptiens, m'adoraient pas les
oignons et les crocodiles .de .la, même façon
qu'Isis et Qsirii. \ÇVolt.) On sculpte, an dore,
l'idole pour n'avoir pas à rougir cJ'adorer une
bûche. (M"" Roland.) il S'empl., absoL : Les
Juifs adoraient à Jérusalem et les Samaritains
à Sumarie. (Acad.') L'homme qui n'ADàRE'pas
île vil qu'à demi. ((Justine'.) Faire le bien, c'est
adorer. (JJSinv.)/' ■'''. : ''■'• .'_"''. ' z
oui est de l'obligation rf'AD0RERrBïeii eà esprit
et en- vérité, il y a tant dé vérités renfermées
dans ce peu de mots que je m'y perds. (Boss.)
Il Adorer la bonté, la sagesse, les-biekfàit8t-ëtc.,
de Dieu, Adorer Dieu relativement a sa.bonté,
je l'admire, j'y 'mets ma confiai
Il Adorer la croix, les reliques, Les.
les honorer, d'une espèce de culte qui, par re-
lation, a Dieu seul pour objet. ...
. — Accepter avec soumission, se souméttro
humblement : Ils adorent, les jugements de
Dieu. (Boss.) Ne laissez pas d' adorer ta main
qui nous l'enlève. (Fléch.) Adorons la main de
Dieu -qui nous frappe, et ayons confiance en lui.
(Do Noailles.) ■
Et le peuplé, inégal à l'endroit des tyrans, ,
S'illes déteste morts, les adore vivants.
Corneille.
Je sais rendre aux sultans de ndeles,serviccs, ,
Mais je laisse au vulgaire adorer leurs caprices.
Il Rendre un profond hommage, honorer en
se prosternant : Dioctétien s'établit à Nicamé-
die, où il se fit adorer à la mode des Orientaux.
(Boss.) L'Eglise commandait d'obéir à l'empc
reur, elle. défendait de J'adorbr. (L. Vouillot.)
Tout était adoré dans le- siècle païen ;
Par un excès, contraire, on n'adore plus rien.
..■'■"- L- Racine. ,
il Par anal, et dans le même sensi:ï0/i'ADORU
les princes, mais il est. rare qu'on les aime.
(Mme de Pompadour.)
- — Par exag. Aimer éperdument, avec ido-
lâtrie : Cette princesse se fait adorer de toute
la cour. (M'ue de Sév.) A seize ans je perdis
ma mère; je ne vous dirai pas combien je J'a-
dorais. (E. Sue.) Il y a des pères qui n'aiment
pas leurs enfants; il n'existe point d'aïeul qui
«'adore son petit-fils. (V. Hugo.) On «'adore
la plupart des femmes que faute de les pouvoir
aimer. (A. Itarr.)
Heureuse la beauté que le poète adore.
Si tu rends à mes vœux le héros que j'adore,
Quel encens envers toi m'acquittera jamais!
, liEMOUSTlER.
Il Admirer aveuglément : Adorer Racine,
Corneille, Molière, etc. Madame Dacier était
incapable d'apercevoir des défauts dans l'au-
teur qu'elle adorait. (Volt.) n Avoir un goût
excessif pour une chose : Il adore la peinture.
Elle adore la musique, le bal. Les enfants
adorent les friandises. Le paganisme adorait
le plaisir, le christianisme fit adorer la souf-
france. (Le P. Félix.)
Il est une liqueur aux poètes plus chere.
Qui manquait â Virgile et qu'a<torai< Voltaire.
Deluxe.
Il Courtiser assidûment et servilement : Mes
enfants, tant qu'un homme est au ministère,
ADOREZ-ie ; tcmbe-t-il, aidez à le traînera la
voirie. (Balz.) . .
Déjà de ma faveur on adore le bruit.
D'adulateurs une cour importune
Venait en foule adorer sa fortune.
1 v Voltaire.
— Prov. et fig. Adorer le veau d'or. Courti-
ser, flatter ceux qui n'ont d'autre mérite que
leur fortune. Se dit par atlusion au veau d'or
que lés Israélites adorèrent au pied du mont
Sinaï : Il n'y a plus de patrie, il n'y a plus de
liberté pour les peuples qui ne songent qu'à ado-
rer le veau d'or. (J. Janin.) V. Veau d'or, il
Adorer le pape, Rendre au pape nouvellement
élu le premier hommage public. V. Adora-
tion. Il Adorer, la croix. V. Adoration.
S'adorer, v. pr. S'aimer, s'idolâtrer soi-
même : De tous les adorateurs d'idoles, il n'y
AI?Q 9.Q-.
image et s'adore .lui-même jdans sa reljpion.
(Ch. Dollfus.) il S'àimèr l'un l'autre, récipro- ■
qu'émeut' : 'Nous nous sommes adorés • tant
que nous avons été jeunes^ nousnous^àimoits de-'
puis que nous ne le'sommes plus. (Picard.)- l
"— Syn. Adorer, bonorér, révérer, vciiérer.
Rendre un culte,' dès hommages ': On adore'
Dieu, on honore les saints, on re'uère'les re-
liques et les images , on vénère la vieillesse.
Adorer exprime un respect, un amour et une
reconnaissance sans bornes ; honorer rend uno
idée plus faible- et plus générale ;' on révère ce
•qui a un> caractère de sainteté; vénérer ex-
prime une idée de déférence respectueuse et
renchérit sur honorer ; Adorer Dieu comme ai
fin et. son principe. (Fléch.) Avec tout l'univers
^honorais vos vertus. (Rac.) tLe tombeau do
sainte Geneviève fut révéré comme un saj>c-l
tuairc. (Bourdal.) On vénère les. personnes de.
piété en qui l'on croit reconnaître des élus.
— M\OS. hist. Adore ce. que In as l>rûlo',>
brûle ce que tu as adoré, .Paroles que saint
Rémi adressa à Clovis en le baptisant. Après
la bataille de Tolbiac, où la foi do Clovis en
ses dieux avait été fortement ébranlée,, plo-
tilde manda secrètement saint Reini, èA'équo
de, Reims, en le priant d'insinuer au roi là pa-
role du salut. Mis en présence du prélat, ,« Jo
t'écouterai volontiers, très,- saint' père, » dit
Clovis., ' " ' ' "."' ,'!'"'' "V
', L'évêque,' transporté d'allégresse, ordonne
qu'on prépare la piscine sacrée. On tend,, d'un
les murailles de. blanches dra
dispose le baptistère; l'encens fume,
brillent, et le temple tout entier est remplid vu
lui-même. (Boiste.) L'homme /i
parfum' divin. Le'cortége se met en marche, *
précédé par lé crucifix et' 'les 'saints Ëvan-.
ailes, au chant des hymnes',JJ(dës' ba'ntiq'nes et
dés litanies,' et aux acclimations' pôùssôes!én .
l'honneur' dès saints. .. '.Le' vénérable1 pontife
menait le roi par la main, du logis royal au
baptistère'..."" Patron,' s'écriait Clovis, émer-
veillé de tant de splendeur, n'est-ce' pas là le
royaume de Dieu que tu m'as 'promis? — Non,
répliqua l'évèque, ce n'est pas le royaume de
Dieu, mais c'est la route qui y conduit. » "' '
Le nouveau Constantin descendit dans la
cuve où les, catéchumènes, à cette époque, se
plongeaient encore presque nus ; ce fut alors
que saint Rémi prononça ces paroles célèbres :
« Courbe la tête, fier Sicambre; adore ce que
tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. » Le roi
confessa donc le -Dieu tout-puissant dans la
Trinité, et fut'baptisé au' nom du' Père, du Fils
et du Saint-Esprit, et oint du saint chrême
avec le signe de' la croix du Christ. Et plus do
trois mille de ses guerriers furent baptisés
avec lui, ainsi que ses deux sœurs, qui étaient
tombées dans l'hérésie des ariens; Ce grand
événement arriva le jour 'de Noël de 'l'an-
née 49G.- ' " ' - .'....■.■'■
Les paroles de saint Rémi ont enrichi notro
littérature ' de deux locutions .souvent em-
ployées : Courbe la tète, fier Sicambre, pour
exprimer la soumission à une doctrine accep-
tée ou à un fait accompli ; aito-e ce que tu as
brûlé, brûle ce que tu as adoré, c'est-à-dire re-
nonce à tes opinions, à tes sentiments, pour
adopter des opinions, des sentiments opposés :
«' Qui est-ce qui empêche donc aujourd'hui
notre prospérité de se développer et dé porter
ses fruits? Permettez-rinoi de vous le dire,
c'est que le propre de notre époque est de nous
laisser séduire pal* des chimères, au lioudo
nous attacher a la réalité.
« Messieurs, je l'ai dit dans mon Message :
« Plus les maux de la société sont patents,
» plus certains esprits sont enclins à se jeter
» dans le mysticisme des théories. »
» Mais, en réalité, de quoi s'agit-il? Il no
s'agit pas de dire : Adores ceque vous avez
brûlé, et brûlez ce que vous avez adoré pendant
tant de siècles ; il s'agit de donner à la société
plus de calme et plus de stabilité ; et, comme
l'a dit un homme que la France' estime- et que
vous aimez tous ici, M. Thiers : « Le véritable
génie de notre époque consiste dans le simple
bon sens. » L.-Nap. Bonaparte,
Réponse à un toast du maire de Rouen.
, » Qui sont-ils enfin ceux qui prétendent dé-
truire ainsi, d'un trait de plume, nos vieilles
admirations, les enseignements donnés à notro
jeunesse, et jusqu'aux notions du beau et du
juste? A quel titre oseraient-ils nous dire,
comme le pontife du Très-Haut disait au Si-
cambre qui s'est assis le premier sur te trôno
des Gaules : Brûle ce que tu as adoré, adore
ce que tu as brûlé? »
Le duo de Brogme.
• Cette ode inspire un profond sentiment de
tristesse. Rousseau rétracte ici les éloges
pompeux qu'il avait prodigués jadisàquelques-
uns de ses patrons, de ses protecteurs; le poiite,
aigri par l'adversité, oublié ou abandonné de
ceux qu'il avait crus ses amis, reprend sa
louange, et, dans dos vers laborieux qui s'é-
lèvent quelquefois jusqu'à l'éloquence, il flé-
trit ce qu'il avait encensé, il brûle ce qu'il
avait adoré, il renio les seuls accords pinda-
riques qu'ait eus sa muse. » - •
Comnieiitàire sur J.-B. Rousseau. '■'
l.oq.
ADO,
« Le pape Pie VII, effrayé par les menaces,
caressé par lés flatteries, vaincu par des pro-
messes de restitution des légations de Bologne
et d'Ançône, était venu sacrer le soldat par-
venu de la république et de la philosophie, à
la charge, comme Clovis, de brûler ce qu'il
avait adore, et d'adorer ce qu'il auait brûlé. »
■■ ' Chateaubriand. "
. ,i. Les succès de popularité sont très-dangé-
reux, parce qu'ils sont absolus; la foule loue-
sans restriction ice qui lui plait. Un amateur
peut lésiner sur le 'prix d'un tableau; le publié
ne 'marchandé jamais les louanges. Il adore
premièrement, sauf à faire comme le fier Si-
câmbijë, b. brûler ensuite ce qu'il a adoré). 'A .
épouse sans, contrat, quitte a divorcer plus
tard.v ',..'., ., ,. Edmond About. *
ADORIE s. f. (a-do-rî) Entom. Genre d'in-
sectes de- l'ordre- des coléoptères tôtra'mèros,
famille des chrysomélines. ' '
adorions, m. , (a-do-ri-on). Zool. Genre
d'infectes coléoptères.
ADORNER v. a. ou tr. (a-dor-né). Môme
sens que Orner, aflistoler. Vieux. ■
ADOIlNOj l'une des grandes familles plé-
béiennes 'qui se disputaient le" gouvernement,
à Gènes, du'xive au xvie siècle. Elle a fourni
un grand nombre'de doges, et tour à tour ap-
puyée sur laFranee, les ducs de 'Milan et l'Es-
pagne, lutta surtout contre les Fregosi, subit
toutes les fortunes, toutes lès fluctuations de
la guerre civile1, et fut définitivement renver-
sée par André Doria,"en 1528.
ADOS s. m.' (a-do — rad. dos), Hortic. Dis-
position que l'on donne a la terre pour sous-
traire lés cultures. à l'influence des vents du
nord,ét les' exposer, plus directement à l'ac-
tion du soleil : Les ados sont des, talus de,
terre qu'on ménage dans les potagers ou le long
des espaliers. (Bulï.)
adossant (a-dô-san) part. prés, du v.
Adosser.
mur. Dayard mourut adossé contre un arbre.
L'empereur s'y trouvait adossé au salon, re-
qardaht dansie sens du vaisseau. (Las Cases.)
Une femme affreusement belle de pâleur était
debout, adossée contre un dés rochers. (G.
Sand.) il Se dit aussi des choses : La ville de
Corinthe est adossée à» une montagne. Plus
loin, à quelques centaines de pas, est une tour
carrée adossée au mur antique. (A. de Mus-
set.) La petite cour était adossék au mur de
l'église gothique. (G. Sand.) On leur avait
donné une petite cabane adossée à la basse-
cour. (Expilly.) '
— Ehtom. Abdomen adossé, Celui qui, à sa
partie inférieure, est joint au corps par un
court appendice. '
— Numis. l'êtes adossées t Têtes mises sur
une même ligne et en sens inverse, en sorte
que. leurs faces sont opposées.
—r Blas. Se dit des animaux rampants qui
se tournent le dos ; des clefs dont les panne-
tons sont tournés en dehors, l'un d'un côté,
l'autre de l'autre, et généralement do deux
pièces posées dos à dos : Famille de Dampierre :
de gueules, à deux bars adossés d.'or. Famille
de Clermont-Tonnerre : d'azur, à deux clefs
adossées et passées en sautoir d'argent. Fa-
mille de La Soraye : d'hermine, à deux haches
d'armes adossées de gueules.
adossement s. m. (a-dô-se-man — rad.
dos). Action d'adosser: état de ce qui est
adossé : Z/adossement d'une échoppe contre la
maison. ,
— Pig. Appui, soutien : La liberté a pour
adossement l'ensemble des nécessités de la na-
ture et de l'esprit. (Proudh.)
— Anat. Adossement de deux membranes,
Connexion de deux membranes qui s'appuient
l'une sur l'autre.
ADOSSER v. a. ou tr. (a-dô-sé — rad. dos).
Appuyer le dos contre quelque chose : Ados-
ser un enfant contre la mur aille, .pour V empê-
cher de tomber. (Acad.) n En parlant des
choses, Placer, appuyer contre : Adosser uiie
cabane contre un rocher. Adosses un appentis
contre un bâtiment.
— Art milit. Adosser une troupe, L'appuyer
contre un bois, contre un monticule, contre
une autre troupe, etc., pour les besoins de
l'attaque ou de la défense.
— Peint, et sculpt. Mettre deux têtes sur la
même ligne, mais en sens opposé.
S'adosser, v. pr. S'appuyer le dos contre :
Il s'adossa à la haie, après avoir jeté un coup
d'ail derrière lui. (Alex. Dum.) un peu con-
nus d'être surpris ainsi , le jeune comte s'a-
dossa à la boiserie de sa chambre. (G. Sand.)
Quand ils eurent fait quelques pas, dom Claude
s'adossa à un pilier et regarda Gringoire fixe-
ment. (V. Hugo.) Les voyageurs, à demi gelés,
s'étaient adosses contre la porte pour s abri-
ter un peu. (Th. Gaut.)
— Absol. Se mettre dos à dos : Les soldats,
s'étant ainsi ADOSSÉS, ne craignaient plus d'être
enveloppés par l'ennemi. (D'Ablanc.)
— So dit aussi des choses et signifie Etre
appuyé contre : La ville de Lugano s'adosse à
un. coteau de vignes. (Chateaub.) Lorsque le
soleil était trop ardent, je m'assojuis sur le
banc de pierre qui s'adossait à la fenêtre de
Cora, (G. Sand.)
adossette s. f. (a-do-sè-te). Bot. Genre
ADOUAR s. m. (a-dou-ar — pi. du mot arabe
dour, cycle). Chronol. Nom donné par les as-
trologues arabes à des révolutions d'années
selon lesquelles ils règlent les événements.
ADOUBÉ,
— Mar. V. Radoubé.
adoubement s. m. (a-dou-be-man). Ac-
tion d'adouber. '
ADOUBER v, a., ou tr. (a-dou-bé — bas lat.
àâobàre; tiré de aptare , ajuster). Ajuster,
orner, et particul. parer des vêtements et des
armes de là chevalerie, vieux mot.
— ' Jeu. Au trictrac , aux échecs, Toucher
une pièce pour la mettre exactement sur sa
case , mais sans avoir intention de la jouer.
Lorsqu'un joueur veut toucher une ou plu-
sieurs pièces pour les arranger, il doit dire :
J'adoube; faute de cette précaution, 'son ad-
versaire peut !é forcer à jouer celui des pions
qu'il jugera à propos de faire avancer.
S'adouber, v. pr. S'ajuster, s'orner, et, par-
ticul., se parer des armes et des vêtements
de la chevalerie : C'est ainsi qu'Berminie s'a-
doubait en guerrier. (*")
ADOUCI s. m. (a-dou-ci — rad. doux).
Techn. Première- façon donnée aux glaces
brutes et au cristal ébauché par la taille.
il Substance minérale dont se servent les po-
lisseuses pour effacer les traits que la pierre et
le charbon peuvent avoir laissés sur l'ouvrage.
Il Atelier de l'adouci. Lieu où l'on donne la
première façon aux glaces et au cristal.
adouci ,' ie (a-dou-si) part, pass. du v.
Adoucir. Rendu plus doux: Breuvage adouci,
tisane adoucie par- un sirop. Il Devenu moins
rigoureux , moins pénible : Les longues nuits
d'hiver y sont adoucies par des aurores et des
crépuscules. (Volt.) Il Mitigé, atténué : Ce qu'il
y a de certain dans la mort est un peu adouci
parce qu'il y a rfïîicertai?i.(LaBruy.) il Apaisé,
calmé : Son chagrin fut adouci par cette nou-
Quelle haine endurcie
Pourrait en vous voyant n'être pas adoucie f
Il Moins rude, en parlant du geste et des pa-
roles: Ton adouci. Voix adoucie. Terme adouci.
ADOUCIR v, a. ou tr. (a-dou-sir — rad.
doux). Rendre plus doux ce qui est amer,
acre , piquant , salé : Adoucir une tisane avec
du sucre, avec du miel. Adoucir une sauce en
y ajoutant de l'eau. Adoucir l'acide du citron
avec le sucre. (Trév.) L'homme sut adoucir les
fruits et les plantes. (Boss.)
— Par anal. Adoucir le sang, l'àcreté des
humeurs : Une prise de petit-lait clarifié et
dulcoré pour adoucir, lénifier, tempérer et ra-
fraîchir le sang de monsieur. (Mol.) Un climat
doux et chaud, des bains tièdes , sont souvent
les seules conditions à l'aide desquelles le mé-
decin peut espérer d' adoucir et de guérir les
maladies. (Archamb.)
— Par ext. Rendre moins froid, moins ri-
goureux : La pluie adoucit le temps. Sur te
sommet d'Acragas règne un hiver que les zé-
phyrs n'oNT jamais adouci. (Fén.) Il Rendre
moins cuisant, moins amer :
Cher amour, épanche ta douleur;
J'adoucirai ta peine en écoutant ta plainte,
De votre ton vous-même adoucissez l'éclat.
Racine.
Il Rendre moins blessant pour l'oreille , plus
harmonieux: Toutes les nations adoucissent
à la longue la prononciation des mots qui sont
le plus en usage. (Volt.) u Faire paraître plus
doux : La manière de se coi/fer adoucit l'air du
visage ou le rend moins dur. (Acad.)
Adoucissez ce front et ce Visage austère.
Ancelot.
— Poétiq. avec un nom de chose pour sujet :
— Fig. s en parlant de l'homme, Polir, civi-
liser, rendre moins grossier : La piété chré-
tienne a adouci leur barbarie. (Boss.) Cécrops
adoucit les habitants de l'Attigue et les unit
par les liens de la société. (l'en.) Les arts
avaient adouci les hommes, il restait à les in-
struire. (La Harpe.) Partout où la liberté de
la presse s'est établie, elle a adouci et épuré les
moeurs. (Chateaub.)
-je adoucir vos inflexibles mœurs ?
Voltaire.
losophes, et ce grand trouble fut dû à l'art
blime qui, du temps d'Orphée, adoucissait les
tigres et les lions. (Viennet.) Il Apaiser, cal-
mer: Adoucir la colère, le ressentiment de
quelqu'un. J'ai lu le mémoire , il ne parait pas
que l'auteur ait voulu adoucir ses ennemis.
ADO
(Volt.) Le remords est la seule douleur de.
l'âme que le temps et la réflexion «'adoucissent
pas. (M™» de Staël.) Dites aux fdles qu'il faut
être modestes , parce qu'elles ne doivent vivre
que pour un seul homme , complaisantes pour
adoucir son humeur. (B. de St-P.) Le vrai
moyen ^'adoucir ses peines est de soulager
celles d'autrui. (Boiste.)
Je l'irritais encore au lieu de l'adoucir.
; Voltaire. .
Il , Tempérer, mîtiger : Adoucir une répri-
mande. Adoucir une. expression. L'homme en
place doit avoir la force ^'adoucir ses refus
par un accès facile et par un accueil favorable.
(Fléch.) On doit corriger ses défauts pour soi;
mais on doit , par politesse , les adoucir pour
les autres. (Laténa.) Il était attendri dés soins,
délicats que prenait cette jeune fille pour
adoucir Vamertume de son âme. (G. Sand.) La
bienveillance adoucit, facilite toutes les rela-
tions de la vie. (Théry.) n Rendre moins dur,
plus supportable : Nous venons souvent ici
adoucir , par des idées humaines , la sévérité
des règles saintes. (Mass.) La plus légère aug-
mentation de prix dans le travail des ouvriers
adoucirait la position d'un grand nombre de
familles. (Encycl.) L'homme n'a d'autre moyen
pour adoucir son sort que de pratiquer lavertu.
(Boiste.) Souvent les mœurs adoucissent' les
lois. (Thiers.) Dans les grandes crises, le lot des
femmes est ^'adoucir nos travers. (Napol. 1er.)
A force d'ACOuem l'éducation, nous l'avons
efféminée. (H. Rigault.) il Atténuer, affaiblir :
Adoucir une critique. Nous avons supprimé ou
adouci ces traits. (P.-L. Cour.) Les traducteurs
ont voulu adoucir et parer ce qu'il fallait ren-
dre. (Villem.) n Concilier une affaire, un diffé-
rend : Adoucir une' querelle. Il est bon de pa-
cifier et ^'adoucir toujours les choses. (Mol.) '
Il Rendre plus excusable, moins grave : Nous
leur parlons un langage qui semble adoucir les
crimes dont ils sont eux-mêmes honteux. (Mass.)
Fallait-il faire valoir un service rendux adou-
cmime faute pardonnable. (Fléch.) il Voiler, ca-
cher ; Il faut ADOUCIK l'éclat de sa supériorité :
tout mérite blesse l'égalité. (A. d'Houdetot.) Il
Rendre moins choquant : La gourmandise étend
graduellement cet esprit de convivialité , qui
réunit chaque jour les divers états , les fond en
un seul tout , anime la conversation et adou-
cit tes angles de l'inégalité conventionnelle.
(Brill.-Sav.)
™ Peint, et sculpt. Adoucir les contours,
Affaiblir ce qu'ils ont de trop prononcé, n
Adoucir les traits d'une figure, Les rendre
moins rudes, plus fins, plus délicats. U Adou-
cir les teintes d'un tableau, Les fondre do ma--
nière qu'elles tranchent moins vivement les
unes sur les autres ; faire en sorte que la tran-
sition des ombres aux demi-teintes , et des
demi -teintes aux clairs, soit à. peu près in-
sensible, il Adoucir les couleurs, En dimi-
nuer l'éclat.
— Teint. Rendre un
l'éelaircir.
— Arcbit. Rendre ur
lant, moins anguleux
d'une façade.
— Métall. Donner au
et une sorte d'éclat, au moyen de la poussière
de plusieurs substances : On doit à Héaùmur
l'art d'ADOuciR le fer fondu. (Encycl.)
-r- Techn. Enlever les aspérités que pré-
sentent les corps, les polir soit avec I'émeri,
soit avec la jjrêle, etc. Il Adoucir l'or. Séparer
l'or des matières étrangères, afin de le rendre
plus propre à être travaillé.
S'adoucir, v, pr. Devenir plus doux et, par
ext., moins rigoureux : Les fruits s'adou-
cissent en mûrissant. Le temps s'est beaucoup
adouci, il S'affaiblir, perdre de sa sonorité :
Ces divins accents semblaient s'adoucir encore
en s'égarant dans les routes tortueuses du sou-
terrain. (Chateaub.)
Comme depuis tantôt son front s'est éclairci!
Et comme de sa voix le ton s'est adouci!
COLLlK D'HARLEVtLLE.
Il Se fondre, devenir moins marqué, moins
apparent : Les couleurs s'éteignaient et les con-
tours escarpés des monts s'adoucissaient dans
la vapeur comme derrière une gaze bleuâtre.
(G. Sand.) Devenir moins saillant , Les angles
s'adoucissent par le frottement, il En parlant
des métaux, Devenir moins dur, plus mal-
léable : Le fer s'adoucit dans le feu. (Boss.)
— Fig. Devenir moins rude, moins fa-
rouche, se polir : Il est peu de caractères si fé-
roces qu'ils ne puissent s'adoucir par la bien-
veillance. (Boiste.) Les hommes s'adoucissent
en se réunissant. (Boiste.) Nos mœurs s'adou-
cissent. (Martignac.) ■
Un vainqueur s'adoucit auprès de sa captive.
n métal un certain poli
Il En parlant des personnes, Se calmer, s'a-
paiser : Il lui débita une si belle tirade qu'elle
s'adoucit. (G. Sand.)
e cœur malgré v<
s'émeut et s'adoucit.
ti Diminuer de violence, d'intensité, en par-
lant des choses : Les défauts s'adoucissent
toujours avec le temps et l'absence. (G. Sand.)
Et déjà son courroux (de la fortune) semble s'être
[adouci,]
Depuis qu'elle a pris soin de nous rejoindre ici.
Il Devenir plus supportable, moins pénible :
Les plus grandes douleurs s'adoucissent avec
le temps. (Raym.)
Le passé s'adoucit aux yeux de la souffrance.
Autant qu'aux jeunes yeux où reluit l'espérant
S'embellit l'avenir. Sainte-Bi
radoucit les métaux par une fonte réitérée.
(Acad.) Ou bien des choses qui étant douces
rer. un ^yucrtw; uiu tjat wujj ujoiiu . j* /t*
lut que Moïse mit des bornes à leurs pieux et
pressements et modérât l'excès de leurs lar-
gesses. (Boss.) On tempère ce qui est trop fort,
trop violent : Les vents tempèrent la rigueur
des hivers. (Fén.) On adoucit ce qui est âpre,
sauvage, au propre et au fig. : Le premier soin
de Numa devait être de travailler à adoucir
et à apprivoiser les esprits. (Roll.) On mitigé
ce qui est trop sévère : Il était permis d'en ap-
peler à César pour mîtiger une peine, mais non
pour l'aggraver. (Volt.) On adoucit un chagrin ;
ouJmitige une peme; on modère l'élan, l'impé-
tuosité ; on tempère la crainte par l'espérance.
— Antonymes. Exciter, irriter, surexciter.
ADOUCISSAGE s. m. (a-dou-si-sa-je — rad.
doux). Techn. Action, manière d'adoucir les
métaux. Il Poli qu'on donne aux métaux en
les adoucissant, u Substance en poudre dont
on se sert pour adoucir.
— Peint. Se dit d'une couleur qui s'affaiblit
graduellement et qui disparaît, comme dans
l'enluminure des cartes de géographie.
— Teint. Manière de rendre une couleur
moins vive par le mélange de substances qui
l'éclaircissent.
ADOUCISSANT (a-dou-si-san) part, prés,
du v. Adoucir : Je le veux bien, dit-elle en
adoucissant sa voix.
ADOUCISSANT, ANTE adj. (a-dou-si-san,
an-te —rad. doux). Qui adoucit, qui est propre
à calmer la douleur ou l'irritation : Les méde-
cins prescrivent les gommes, à cause de leurs
propriétés adoucissantes. (Douillet.) Les su-
cres, les farineux, les gelées, le lait, sont adou-
cissants. (Virey.)
— Substantiv. : Un adoucissant, Un médi-
cament adoucissant : Les adoucissants con-
viennent aux tempéraments vifs, impétueux,
grêles, nerveux. (Virey.) Essayons les adou-
cissants, si vous croyez à la vertu des adou-
cissants, dit le docteur. (G. Sand.)
ADOUCISSEMENT s. m. (a-dou-si-se-man
— rad. doux). Action d'adoucir, état d'une
chose adoucie, rendue plus douce : L'adoucis-
sement d'une substance acide. L'adoucisse-
ment d'une sauce trop salée.
— Par ext. Changement favorable dans la
température : Il y a quelque adoucissement
dans le temps, il Soulagement, diminution do
douleur, de peine : L'espérance est le seul
adoucissement des peines des hommes. (Fén.)
Il y a certaines douleurs qui ne peuvent rece-
voir ^'adoucissement. (J.-J. Rouss.) Il Action
de rendre moins accentué, moins rude : Adou-
cissement des traits du visage, du regard, de
— Fig. Atténuation , ménagement : Dire
la vérité sans adoucissement. Sa critique est
tempéréepar quelques iDOuasSEMEXTS. (Acad.)
Les personnes polies n'expriment qu'avec bien
des adoucissements tout ce qui peut' faire
naître des idées obscènes. (St-Evrem.) Ce n'est
que lorsque nous commençons à mêler des adou-
cissements aux devoirs, que les devoirs com-
mencent à devenir tristes et pénibles. (Mass.)
Souffrez que je vous parle sans adoucisse-
ments. (Fén.) Les adversaires de l'isolement
ne discutent guère que sur des adoucissements
de détail et des difficultés d'exécution. (L.
Reybaud.)
J'ose même espérer
Des adoucissements a leur arrêt funeste.
Voltaire.
il Amélioration : L'adoucissement du sort des
femmes de la campagne est le commencement de
toute civilisation. (A. Martin.) Le temps ap-
porte de /'adoucissement aux plus grandes
douleurs. (Boiste.) Il s'est écoulé vingt siècles
avant qu'on proposât le moindre adoucissement
au sort des esclaves. (Fourier.) il Accommode-
ment, conciliation .: Ne sauriez-vous trouver
quelque adoucissement pour concilier les es-
prits? (Trév.)
— Méd. Diminution dansie nombre et l'in-
tensité des symptômes d'une maladie.
— Peint. Se dit quand les couleurs sont
fondues finement, les formes et les contours
moins prononcés, les traits plus délicats, les
teintes plus habilement graduées.
— Archit. Liaison ou raccordement d'un
corps avec un autre par un chanfrein ou un
cavet : Toutes les plinthes extérieures d'un bâ-
timent s'unissent avec le nu des murs par un
adoucissement. (Quatrem.)
— Techn. Aplanissement do la surface des
glaces, u En parlant des métaux, syn. d'adow-
cissage. V. ce mot.
ADOUCISSEUR, EUSE s. (a-dou-si-scur,
eu-ze — rad. adoucir). Techn. Ouvrier, ou-
vrière qui polit les glaces.
ADOUÉ, ée adj. (a-dou-é — franc, à et
deux). Chass. Accouplé, apparié : Perdrix
ADR
ADOUR, fleuve qui prend sa source dans les
Pyrénées, arrose la vallée de Campan, passe
à Bagnères-de-Bigorre, Tarbes, Aire, Saint-
Sever, Dax, Bayonne, et se jette dans l'Atlan-
tique au-dessous de cette dernière ville, après
un cours de 280 kil. Principaux affluents : la
Midouze, les' deux Luy, le Gave de Pau, la
Bidouze, la Joyeuse et la Nive.
adoux s. m. (a-dou — rad. doux). Teçhn,
ADR
ADR
101
Chez les teinturiers, Pastel qui commencé à
ieter une fleur bleue, lorsqu'il "L "~ ^
la cuve.
e fleur bleue, lorsqu'il a été mis dans
ADÔXA s.'f. (à-do-ksà — du gr. a priv.;.
dôxa, gloire). Bot.. Nom scientifique do la
moscaiellè, donné à cette plante à cause du
peu d'éclat de ses fleurs, petitos et d'un jaune
verdatre. • , > ,
ADOWA, ville commerçante de l'Abyssinie,
dans le Tigré; 10,000 hab.
ADOWLY S. m. V. Adhoi.ee.
adpao s. m. (ad-pa-o).. Métrol. Mesure
Four matières sèches, usitée dans l'Inde; on
évalue ordinairement au poids. A. Benga-
lorc, Yadpao vaut 119,804 gram. u On dit aussi
AD PATRES 16c. adv. (adTpa-trôss — , mots
lat qui signif. vers les ancêtres). Aller ad pa-
tres, mourir': Les malades qu'il traitait' al-
laient ad patrks dru comme mouches. (E.
d'Auriac.) il Envoyer àd patres, Faire mourir :
Nous méritions d'être' envoyés ad patres, car
enfin c
(Balz.) M, Rœderer fut relégué du conseil d'E-
tat, ou tout se faisait, dans le Sénat, où tout
se conservait. Il apprit sa 'nouvelle destination
dans le Moniteur. Lorsque le premier consul
le vit, il lui dit en riant : a Eh bien, nous vous
avons placé parmi nos pères conscrits. — Oui,
répondit gaiement M. Rœderer, vous m'wuc
envoyé ad patres. » (Mignet.)
Écoutez-moi, vous tous qui, à'Altaxerce,
Qui d'abord, d'un air en d'sous,
Vient nous dire qu'à la guerre
Son garçon fait les cent coups,
' Et qu'un jour dans un' mêlée,
Sans lui, du vieux roi Xerxès,
Les enn'mis auraient d'emblée
Envoyé l'flls. ad patres.
DÉSAUOiERS, Cadet Buteux a la trayé'die d'Artaxcrce.
AD PERPETUAI» REI MEMOR1AM (ad pèr-
pé-tu-amm ré-i mé -mo- ri -amm). Premiers
mots des bulles doctrinales, énonçant le juge-
ment rendu par le saint-siége sur une doc-
trine qui lui a été déférée, et qui signif. : A la
^mémoire éternelle du fait, de la chose. C'est
par, cette clause que commence la fameuse
bulle de Clément XIV, qui supprime la com-
pagnie de Jésus, et déclare « qu'il est à peu
près impossible que, la société des jésuites
subsistant, l'Eglise puisse jouir.d'une paix vé-
ritable et permanente. »
Ces mots sont d'une assez fréquente appli-
cation, dans notre langue :
■ M. Diafoirus, professeur de faculté, gri-
sonnant et chauve, se rend en calèche aux
autels de Cypris, où il est couronné de la
blanche main d'une femme de tabellion, mère
de famille, déjà trahie, mais pleine de senti-
ment et de littérature. Diafoirus, comblé, dé-
tache le ruban rouga qui le signale au respect
du public, il y écrit la date de son bonheur, et
«Ces sentiments que j'ai profondément
gravés dans mon cœur, je les écris ici et j'en
signe l'expression de ma propre main-, ad per-
pétuant rei memoriam. » Crétineau Joly.
» Ici ce n'est pas un jésuite qui recueille les
paroles d'un cardinal et qui les transmet ad
perpétuant rei memoriam à sa compagnie dé-
truite, mais a sa compagnie pour laquelle ce
récit doit être une espérance de résurrection. »
Cretineau Joly.
adphalangine s. f. (ad-fa-lan-ji-ne —
lat. ad, auprès, et franc. phalangine). Anat.
Phalangine accessoire.
AD quem loc. adv. (ad-kuèmm — mots
lat. qui signif. pour lequel). Jurispr. S'em-
ploie pour exprimer le jour' jusqu'auquel on
compte : Le jour ad quem.
ADRA, ville maritime d'Espagne, sur la Mé-
diterranée; 10,000 hab. Mines de plomb, les
plus riches de l'Europe, qui occupent près de
mille ouvriers. L'aac. Abdère des Romains.
ADRAGANT, ADRAGANTE OU ADRA-
GAnthe adj. et s. f. (a-dra-gan .— du gr.
tragos, bouc; akanlha, épine). Gomme qui
sort spontanément en filets ou bandelettes
des tiges et des rameaux de plusieurs espèces
d'astragales : La gomme adraoante est très-
adoucissante, (Encycl.) C'est un amidon, qui
est presque gomme adragante. (L. Figuier.)
— Selon l'Académie, on dit aussi gomme
d'adragant. V. Tragacanthe, qui est une al-
tération d'adragant, et qui a conservé l'ortho-
graphe étymologique.
— Encycl. La gomme adragant se présente
sous forme de petits fragmenta rubanés, de
couleur blanche. Insoluble dans l'alcool, so-
luule dans l'eau bouillante, elle se gonfle dans
l'eau froide et y forme un mucilage visqueux
... . , l servent
pour donner de la consistance aux médica-
ments, faire des pastilles, des looehs ; les con-
fiseurs pour préparer des crèmes, des gelées.
Elle entre dans fa composition des tablettes de
couleurs destinées à peindre laminiature et
l'aquarelle, et sert pour apprêter les cuirs et
les tissus. . . ,',:..
ADRÀGANTINE s. f. (a-dra-gan-ti-ne .—
rad. adragant). Chirh. Principe immédiat de
la gomme adragante ; il existe aussi dans la
gomme qui découle dé là plupart' de nos'ar-
bres fruitiers. Il On écrit aussi et mieux adra-
GANTHINK. ' ' ...
l'Arabie Heureuso, sur la côte méridionale do
la mer Rouge. . , ,
ADRANA, &uj.,Eder, riv. d'Allemagne. C'est
sur ses bords, que l'an xv de notre ère, Ger-
manicus battit les Germains.
adraste s. m. (a- dra'-stë — nom pr.).
Entom. Genre d'insectes coléoptères penta-
mères; famille des sternoxes. On le trouve
aux environs de Paris. ■ /
ADRASTE , roi d'Argos , accueillit Polynice,
chassé de Thébes par son frère Etéocle, et
entreprit pour-Ie rétablir la, guerre dite des
Sept-Ch'efs.'Ccs chefs épuisèrent leurs eiforts.
devant .Thèbes, périrent, tous, à l'exception
d'Adr'as'te, et furent vengés plus tard par leurs,
fils, les Epigonès', qui prirent Thèbes et la
dévastèrent.
' ADRASTE d'Aphrodisias , en Carie, philo-
sophe péripatétieien et mathématicien distin-
gué, dont il ne nous reste que- des fragments,
vivait vers le commencement, du ne, siècle de
notre ère. Il avait aussi écrit sur l'astronomie;
— Un autre Adraste , également philosophe
péripatétieien, né a Philippes, ville de Macé-
doine, llorissait de. 300 à 317 av. J.-C. On lui
attribue un traité de musique en trots livres : '
flarmonicorum libri très, que d'autres croient
l'œuvre de Manuel Bryenne. .
ADRASTÉE s. f. (a-dra-sté — n. pr.). Bot.
Petit arbrisseau de la Nouvelle-Hollande.
ADRASTÉE (du gr. a priv.; dran, fuir).
Un des noms de Némésis, déesse de la- ven-
geance , du remords , auquel il était impos-
sible d'échapper. ' '/".'•'■■:
ADRASTIENS adj. et s. m. pl..(a-dra-sti-
ain — rad. Adraste ? n. pr.). Antiq. gr. Jeux
pvtbiens institués a Delphes en l'honneur-
d Apollon : Jeux adrastiens. Les adrastiens.
ad REM ioc: adv. (ad-rèmm). Mots lat.
qui signif. à la chose, nettement', catégori-
quement, sans détour, sans ambiguïté : Ré-
.poudre ad rem. u Adjectiv. Approprié à la
question , à la circonstance : Ce raisonnement
parut si fort , si lumineux, si ad rem; que
veux-tu? J'entraînai l'assemblée ; jamais ora-
teur n'eut un-succès aussi cowp/e(.(P,-L.Cour.)
ADRESSANT (a-drè-san) part. prés, du v.
Adresser : Une fille adressant un compliment
adressant, ante adj. (a-drè-sah, an-to
— rad. adresser). Qui s'adresse, qui est adressé.
11 est vieux. .
adresse s. f. (a-drè-se — rad. adresser).
Indication, désignation du domicile d'une per-
sonne, du lieu où l'on veut aller ou envoyer;
Adresse «tire, exacte. Fausse adresse. Don-
ner, laisser son adresse. Cette lettre n'est pas
à votre adresse. Maiscomment avez-vous connu
mon adresse? (Balz.) A Sèvres, le postillon
qui vous a menée a dit votre adresse au mien.
(Balz.). il Suscription que l'on met sur uno
lettre pour la faire arriver à destination :
Ecrire lisiblement une adresse. Je lus mon
nom et mon prénom, tracés d'une main élégante
sur J'adresse. (G. Sand.)
J'en connais l'écriture, elle est de BClisaire,
Et le défaut d'adresse cn'marquc le secret.
Rotbou.
— Envoyer, porter une lettre, un paquet, un
objet quelconque d son adresse , Les faire tc-
nir«aux personnes à qui" ils sont adressés :
Je présume qu'en envoyant les choses de messa-
ger en messager, elles arrivent à la fin à leur
adresse. (Volt.) Sa Majesté sait que cette
lettre n'a pas encore été envoyée à son adresse.
(Alex. Dum.) Ecris sous ma dictée une autre
lettre, mon page attendra et les portera toutes
deux à leur adresse. (G. Sand.)
— Bureau d'adresses, Etablissement public
où chacun peut aller chercher les adresses,
les renseignements dont il a besoin, u Fig.- et
fam. C'est un vrai bureau d'adresses , Se dit
d'une maison, d'une société où se débitent
toutes les nouvelles du jour, il On le dit aussi
d'une personne qui est a l'affût des nouvelles
pour les répandre, les colporter : Cette femme
est un véritable bureau d'adressés. Il Prendre
quelqu'un pour son bureau d'adresses, Lui don-
ner des commissions indiscrètes , lui deman-
der des renseignements avec importunité.
— ; -,A l'adresse, Dirigé sur, destiné à : Un
ennemi! s'écria Mercedes avec un regard de
courroux k l'adresse de son cousin. (Alex.
Dum.) il Fig. et fam. Cela est à l'adresse, va à
l'adresse d'un tel, Se dit d'une malice dirigée
contre une personne que l'on désigne, sans
la "nommer cependant. U. Le trait est allé, est
arrivé à son adresse, Il a été senti, compris. Il
On le dit aussi des compliments,.des éloges
adressés indirectement : Etes-vous bien sûr
à leur ABRESSE?.(Brill.r
que les louange
— Polit. Discours , allocution ayant p'oiir
objet une demande, une adhésion, une féli-
citation ,• etc.:, présentée par 'un corps consti-
tué, par une reunion de citoyens : L'adresse
de la Chambre des députés a donné lieu à de
vifs débats. Richard Cromwell n'emporta que
deux grandes ^malles- remplies .des adresses
qu'on lui avait, présentées, pendant son petit
règne. (Chateaub.)
— Encycl. Dans le langage politique,' l'a-
dresse est un discours dans lequel un. corps con-
stitué exprime au souverain ses sentiments et
ses vœux. Dans un sens plus restreint, c'est la
réponse que, dans les monarchies constitution-
nelles, les chambrés législatives font, h l'ou-
verture de chaque session, ^au discours de la
couronne. L'usagé des adresses est 'originaire
d'Angleterre ; il a-passé dans les mœurs de la
plupart des Etats constitutionnels.' En France,'
sous le gouvernement parlementaire, de 1815
à 1848, la discussion de Yadresse avait une.
grande importance. C'est dans une de ces
adressés que' la Chambre dés députés, flétrit
ceux de ses membres qui avaient fait visHe.au
comte de Chambord à Belgrave-Square, qu'elle
rejeta le traité conclu avec les Anglais pour le
droit de visite, qu'elle empêcha une expédition ,
projetée contre Madagascar. L'adresse des
deux cent vingt et un, au roi Charles X, ainsi,
nommée parce qu'elle fut votée par une nia-..
joritô de 221 membres contre 181 opposants,
fait époque dans notre histoire parlementaire. '
Mal accueillie par le roi, qu'elle invitait'à-se
prononcer entre les ministres et la majorité,
elle amena la dissolution de la Chambre et
bientot.la révolution de Juillet;. «La révolution
de 1830, dit M. de .Cormenin, date chronolo-
fiquement de juillet, mais elle était renfermée
ans l'adresse des deux cent vingt et un. »
La révolution de Février fut également le ré-
sultat d'une discussion de l'adresse. Supprimée
après cette révolution, l'adresse a été rétablie
en 1861. Le droit d'interpellation n'existant
pas dans la. constitution qui nous régit actuel-
lement, la discussion de l'adresse est la seule
occasion offerte à l'opposition de réclamer le
couronnement de l'édifice; c'est la seule issue
ouverte à l'esprit de liberté : de là l'intérêt qui
s'y attache dans le pays et la place étendue
qu'elle occupe dans lés débats de notre Corps
législatif. A ce point de vue des revendications
libérales, la discussion de l'adressé de cette
année (janvier 1864) parait devoir marquer
dans notre histoire.
— Anecdotes. J.-B. Rousseau venait de
montrer à Voltaire cette ode pompeuse. qui a
pour titre :
A la postérité ! _
« — Qu'en pensez-vous? lui dit-il, avec un
certain mouvement d'orgueil.
» — Je crois qu'elle n'ira pas à son adresse,
répondit Voltaire en hochant la tête. »
Un , cavalier maladroit avait heurté rude-
ment un passant. Comme celui-ci murmurait
un peu haut, le cavalier, se croyant insulté, tira
une carte de sa poche et la présentant à son
adversaire : • Voici, mon adresse, dit-il. — Eh,
monsieur, reprit l'autre vivement, que ferais-je
de votre adresse? gardez-la pour mieux con-
duire votre cheval. • • ■
corps : Manier un cheval . _
ouvrier apporte beaucoup ^'adresse dans son
état, //adresse n'est qu'une juste dispensation
des forces que l'on a. (Montesq.) Les courses
de -bague faisaient paraître avec éclat son
adresse à tous les exercices. (Volt.) Les bal-
les, les raquettes, le cerceau , la corde sont des
jeux qui exigent une certaine adresse 'et qui
fortifient les enfants. (Mme Campan.) Sa libéra-
lité donnait des ailes aux plus paresseux, et
de l' adresse aux plus gauches. (G. Sand.) '
— ■ Fig. Ruse , finesse , habileté , dextérité
d'esprit : Pour réussir à ta cour, il faut plus
d' adresse que de bonne foi. (Trev.) Métophis
avait eu /'adresse de sortir de prison. (Fén.)
Quelle adresse à s'attirer la confiance des
partis /(Fléch.) Elle conquit la Suède par force
et par adresse. (Volt.) Les ministres eurent
Tadresse de, faire unepaix particulière avec
la Hollande. (Volt.) Elle usa de toute son
adresse pour établir chez elle son poëte.{Ba.lz.)
Certes, ma soeur, le conte est fait avec adresse.
Le ciel punit ma faute, et confond votre adresse.
Quand on a de l'adresse, on ne peut avoir tort.
Desmahis. .
Pour la gagner, j'avais joué d'adresse,
Il S'emploie dans le môme sens au pluriel :
C'est encore ici une des plus subtiles adresses
de votre politique. (Pasc.) Les Romains subju-
guèrent les Gaulois plus encore par les adresses
de l'art militaire que par leur valeur. (Boss.)
Les hommes sont fort pénétrants sur les petites
adresses qu'on emploie pour se louer. (Vauven.)
Elle avait les finesses, tes adresses et les grâces
de la société. (Sto-Beuve.)
Il faudra que mon homme ait de grandes adresses,
Si message ou poulet de sa part peut entrer.
Molière.
— Tour d'adresse , Tour, escamotage , etc.,
que l'on, fait avec les mains : Cet escamoteur
est admirable par ses tours d'adresse. Ct
prestidigitateur étonne par ses tours d'a-
dRbsse. Le mulâtre s'en allait causer avec tes
domestiques blancs de l'habitation, qu'il ré-
créait par ses tours d'adresse. (Rog. de-
Beauv.) il Fig. Finesse d'esprit : Il lui a joué
un tour d'adresse incroyable.
■^ Littér. Adresses de style, Finesses, tour-
nures délicates dans là manière d'écrire:
' Fontenelle .est surtout remarquable, par ses
'adresses de style. (Raym.) '■; • , ; ■■ .!;
— Peint. Adresse de pinceau, Touche telle-,
mcnt.sûro qu'elle n'oblige pas .l'artiste à re-. ,
vcnir'sur ce qu'il a fait, il Plùr.. Certaines "
touchés faciles et légères qui produisent dos
effets inattendus. li'Dans la' sculpture et la
gravure, on dit, par anal. ; Adresse de ci-
3SSE de burin.
- a(,iJt'-
— Syn. Adrc.sc, art,
liHhiielë , lnil..»l.i., , .nvnir-fairc. L'habi-
leté se dit de^la facilité, du tact qu'on.apporto
dans la conduite et dans là direction' d'uiié'fiï-
faire ou d'un travail : Je trouvai cette idée
digne d'un homme qui nous a donné "des preuves
■' -' '""-T.) L'arfsupnose do l'é-
S-de
(Buff.j L'art suppose do l'i
des , ennemis a plus 4',A)
justesse et de suite que le nôtre. (Fén.)L'
tudo : Le général, des, ennemis a
, defain
ces.(i.-i
trie suppose de l'invention dans les moyens ;
Je n'avais de, ressource que {dans mon indus-
trie., (Fén.) Le savoir-faire, n'est que de l'ha-
bitude -.'Etre riche par, son savoi'r-haire. (La •
Bruy.) L'adresse suppose dé la justesse dans
les' mouvements : /.adresse est une juste dis-,
pensation des forces. que l'on a., (Montesq.) La
dextérité indique de l'habileté dans les , tra-
vaux de la main : Cyrus s'avance gravement,
et, tenant la coupé, il là' présente avec ùhé
grâce et une dextérité merveilleuses. (ROll.)
L'entregent est le savoir-vivre :'Je n'avais pas
laissé, malgré mon peu d'ESTREGÉNT, de faire
dans cette m aisdn quelque-' -
Rouss.)
— Anecdotes. Un ami de Lamotte donna, .
en présence du poète, des coups de canne à
un individu. Il en résulta un procès, et La-
motte, appelé comme témoin, se tira d'all'aire
avec beaucoup d'adresse : • J'ai la vue très-
basse, dit-il, je n'ai pas vu donner les coups
de canne, je n'ai fait que les .entendre. »
Quelques jeunes officiers de Pyrrhus ayant
dit dans un repas beaucoup de mal de co
prince , celui-ci les fit vexir en sa présence et
leur demanda si ce qu'on lui avait rapporté
était vrai: «Oui, seigneur, répondit l'un deux,
et nous en aurions ait bien davantage si le vin
ne nous eût manqué. » Cette réponse adroite
fit sourire le prince et sauva les coupables.
Un filou des plus adroits, qui, pour le mo-
ment, était à la recherche d un chapeau, sor-
tait d une église au milieu de la foule. Il aper-
çoit devant lui un particulier tenant sous le
bras un castor des plus fins, et il le tire pres-
tement. Le bourgeois sent que son chapeau s'é-
chappe et il se met à crier : « On prend mon
chapeau!...» Alors le filou, mettant sur sa tète
le couvrerchef qu'il vient de dérober et l'en-
fonçant avec les deux mains : « Je défie, dit-
il, qu'on prenne le mien. » Et chacun de le lais-
ser passer sans le moindre soupçon.
Une somme considérable venait d'être dé-
robée à un riche planteur des Barbades. Voici
la ruse adroite qu'il employa pour découvrir
le coupable. Il assemble ses nègres : « Mes
amis, leur dit-il, le Grand-Serpent m'est ap-
paru pendant la nuit; il m'a dit que le voleur
aurait dans ce moment même une plume de
perroquet sur le nez. • Le coupable porta im-
médiatement la main sur son visage. « C'est
toi qui m'as volé, lui dit le maître, le Grand-
Serpent vient de m'en instruire. » Et il se fit
rendre son argent.
Le comte de R... ne voulait k son service
aucune personne mariée ; cependant son in-
tendant avait transgressé ses ordres, et était
marié secrètement depuis quelques années. Le
comte en fut instruit; mais comme il tenait
beaucoup à cet homme, il feignit de l'ignorer.
Un jour le comte, que l'on croyait parti pour
la campagne, rentra subitement et trouva son
intendant entouré de trois jeûnes enfants,
« Quels sont ces enfants? dit-il brusquement'
en fronçant le sourcil. — Monsieur, ce sont les
neveux de mon frère. • Le comte ne put re-
tenir un sourire à cette adroite réponse ; mais
reprenant son sérieux : « A lu bonne heure ! «
dit-il. '
Un Gascon, forcé d'aller presque nu-pieds,
imagina cet adroit expédient pour se procurer
des chaussures. U va chez un cordonnier, et
se fait prendre mesure jl'une paire de bottes,
en recommandant qu'on les apporte à jour
et à heure fixes. Il se rend ensuite chez un
autre cordonnier, auquel il fait la même de-
mande de fourniture et la mémo recomman-
dation, en ayant soin seulement d'indiquer
une heure différente. Le premier cordonnier '
arrive et notre Gascon essaye s« bottes. Mai»
rasr
ADR
celle du pied^droit le blesse, o Remportez-la;
dit-il-, et rapportez-la moi demain matin; je
puis différer jusque-là mon départ. • Quelques
moments après, le second cordonnier se pré-
sente. Cette fois,1 c'est la' botte dé gauche qui
semble un1 peu tropétroite ; il faut la remettre
sur la formé eMa renvoyer le lendemain. Aus-<
sitôt que l'industriel est sorti, le cadédislève le'
camp ,-paçfaUement chaussé et *h- aussi; bon
marché que possible. . .. \ ..:,.-., •
ADRESSE (SAINTE-), petit village de la
Seine-Inférieure, 3 kiUdtf'Havre: Séjour 'en-
chanteur. A peu de distance, deux phares ma-
gnifiques. Il à été popularisé dans ces der-
niers temps par, nos romanciers. 978-hab. ,.. .
ADRESSÉ, ÉE ( a-drè-sé ) ■ part, pass.du v.-
Adresser: -Envoyé à l'adresse de ; Ces lettres-
m' oui été adressées par^un-oncle.. Ce -paquet
m'était adressé de Nevers. Le roi les.autorisa
à lire toutes les dépêches qui lui étaient adres-
sées,. (Mignet.),,/' est assez rare que les ht-,,
très adressées par la poste à un exilé lui par-
viennent. (V. Hugo.) ■ >
Ce T>eau'ncm que 'l'amour grava dans votre cœur
N'est point dans cette lettre a Tancrede adressée.
»•■ >, -., . . . .Voltaire.
• — Par ext. Exprimé, proféré pour être en-
tendu : Que peuv en t signifier des compliments':
adressés à tout le monde? Que l'oreille d'une
mère, soit bien attentive aux discours adressés
ci la poupée: ce .qui lui a fait le plus d'im-
pression, sa fille le répétera à sa muette en-
fant. (Mme Campan.) Il Dirigé vers : . , -,
Je fixe ses regards, a moi-seul adressés.
S .. . . . ' . Voltaire.
Il Lancé, dirigé.contre : Cette épiyramme, cette
critique vous, est- évidemment adressée.
ADRESSER v. a. ou tr. (a-drè-sô — du fr. a
et dresser, qui a signifié redresser, puis diriger,
e'est-à-dire mettre à droit, locution exprimée
aujourd'hui par notre mot redresser, et, par
ext., diriger, conduire, porter vers; ce qui
donne une raison suffisante des deux accep-
tions du mot adresse: dextéritë'st indication):
Paire parvenir,. envoyer directement en quel-
que lieu : Adresser une lettre , un paquet à
quelqu'un. Je vous prie de lui adresser à Ge-
nève, en droiture, les instructions que vous vou-
drez bien lui faire parvenir. (Volt.) J'ai connu
un. homme qut avait toujours. été heureux, jus-
qu'au moment où je ne sais qui lut .adressa en.
vre's'ent douze oignons -?-* tulipe. (A. Karr.) ,
Montrons l'ordre cruel qui vous fui adressé.
Où si
Il Fig. ; Il a établi la raison dans la suprême
partie de notre âme , pour adresser nos pas à
la bonne voie. (BoSS.)
— Par ext. Envoyer : Vous nous avez
un excellent ouvrier. On nous a adres-
is pour ce que )wus cherchons., (Mol.),
ici, mon bouheur me l'adresse.
^Ï8J
Il Recommander : Adresser un protégé. Oh!
le brave homme! s' écria- 1 -il. Oui, certes, il
fait bien de m' adresser ses amis. (P.-L."Cour.)
Il Donner : Au milieu des assauts que nous
livrent les passions , la raison nous adresse
toujours quelques conseils. (Laténa.) il Appli-
quer, porter, donner : adresser à quelqu'un
un soufflet, un coup de canne. Et le pauvre
diable, qui se défendait comme un lion , meurt
d'un càup de sabre que lui adresse mon lieu-
tenant. (E. Sue.) il Dédier : Les commentaires
qu'il adressa à incite. (St-Réal.)Ae P. Maim- ,
bourg s'est fait un honneur a" adresser tous ses
ouvrages au roi. (Bayle.) Inusité en ce sens
aujourd'hui, il Proférer, exprimer, manifester
dans une certaine intention : Adresser des
vœux , une demande , une question , des re-
proches. Il ne me trouve pas assez bien faite
pour m'ADRESSER ses voeux. (Volt.) Ils adres-
saient leurs ardentes prières à celui qui com-
mande à la mer et à la foudre. (Lacép.) La plu-
part des reproches qu'on adresse « la religion
ne sont mérités que par guelques-uns de ses
ministres. (B. Const.) Il crut que je lui adres-
sais un dernier adieu. (G. Sand.) Ces cris sont
la prière' qu'ils adressent à Dieu, et Dieu l'é-
coute. (Lamenn.)
r— Adresserda parole à quelqu'un, Lui parler
directement: Oui, monsieur, le roi m'a fait
l'honneur de «î'adresser la parolk; il m'a
dit : Tu es un sot. Vous leur adresses la pa-
role, ils ne vous répondent pas. (La Bruy.)
Lorsque cette boisson commença à échauffer son
cerveau, il adressa la parole à un esclave,
qui était assis sur une pierre au soleil. (B. de
St-P.)
— Neutral. et passiv. Bien adresser, mal
adresser , Toucher ou ne pas toucher l'endroit
où l'on vise, et fig. Rencontrer bien ou mal.
Vient-il demander ce que je lui dois? il serait
mal adressé.
St pas peti
S'adresser, v. pr. Etre adresse : Le paquet
b'adresse à vous, mais il doit s'y trouver une
lettre pour moi. (Acad.l « Aller trouver quel-
qu'un, avoir recours directement à lui pour
demander ou obtenir quelque chose : C'est à
ADK
vous seul que 'je m'adresse pour' obtenir cette
grâce. (Pasc.) Anne d'Autriche s' adressas
cette compagnie pour avoir larégence illimitée.
(Volt.) Jespère que vous ne me ferez pas l'in-
jure de vous adresser à d'autres qu'à moi.
(Alex. Dum.) ■ ' l
A l'auteur de mes maux il faut que je ;
u factotum ti
RAC1N]
adressez mal, à qui
_„er? Se dit à quelqu'un-,
méprend , qui fait une demande , une
proposition peu convenable.
— S'attaquer à quelqu'un : Prudemment, 'on
ne doit point s'adresser aux personnes puis-
santes, de peur de succomber sous leur, crédit.
(St-Evrem. ) u Parler directement à quel-
qu'un, lui adresser la parole : Quand je dis
vous, je m'adresse presque à tous les hommes.
(Mass.) jl/on père, dit-elle d'une voix affai-
blie, en s'adressant au religieux, je touche au
nlomèiij de la mort. (Chateàub.)
Narcisse s'adressant à la voix fugitive : ,
« Approchons-nous. • Docile à cet ordre si doux
La nymphe , avec transport, répète : i Approchons-
Ma'lfilatre.
— Etre adressé directement , personnelle-
ment : C'est'à vous que ce compliment , que ce
reproche s'adresse. L'éloge est suspect lors-
qu'il 's'adresse à la" prospérité. (Chateàub.)
Camille est au-dessus des autres femmes, ceci
ne s'adresse pas à- elle. (Balz.) m *
C'est a vi
.s plat
Ce qu'ils disent s'otfresse & to
chemin de cliacun. (Perrot d'Abl.)
Je vois qu'en m'iicoutant vos yeui ici s'adressent.
C'est à toi que, dans cette guerre.
Les ileches des méchants prétendent s'adresser.
— Fig. Etre fait pour agir sur :, S'adresser
à l'imagination. S'adresser à l'amour-propre.
S'adresser aux passions. L'expression' 's!a-
drëssb à l'âme comme la forme s'adresse
aux sens. César s' adresse plus constamment à
la seule raison; Napoléon parle davantage à
l'imagination et à l'âme. (Dam.-Hinard.) Les
sciences naturelles s'adressent'» notre orgueil:
(M.-Brun.) Il ne donnait pas dans les lieux
communs de la conversation par où se sauvent
les imbéciles ; il s'adressait aux plus intimes
intérêts de la vie. (Balz.) L'instruction ne s'a-
dresse qu'à l'esprit. (Dopant:) La prose ne
s'adresse qu'à l'idée; le vers parle à l'idée et
à la sensation. (Lamart.) ., ,
ADRETS (François de Beaumont; baron des),
capitaine du xvie siècle, fameux par sa cruauté,
né en 1513, au château de la Frette, près de
Grenoble, mort en 1587. Une injure des Guises
le jeta en 1562 dans le parti de Coudé et des
protestants. U souleva le Dauphiné, prit Va-
lence , Lyon , Grenoble, Vienne , Orange , etc.
signalant ses triomphes par le carnage et la dé-
vastation, détruisant les églises et frappant les
populations d'une terreur dont le souvenir n'est
pas encore éteint! La tradition rapporte qu'à.
Montbrison et dans d'autres villes, il obligeait
les prisonniers à sauter du haut d'une tour sur
la pointe des piques de ses soldats. On dit aussi
que, edmme Montluc, dont il semble l'émule ,
il marquait son passage aux arbres des che-
mins en y suspendant les cadavres de ses vic-
times. Le parti protestant rougit enfin de la so-
lidarité de sang que lui imposait ce monstre, et
lu remplaça, comme lieutenant de Condé, par
SoubiseîySa puissance dans le Lyonnais et le.
Dauphiné avait duré neuf mois. Plus tard il
passa au parti catholique et devint dès lors le
fléau des protestants, après en avoir été le
déshonneur. Lui-même disait qu'il voulait dé-
faire les huguenots qu'il avait faits. Il mourut
odieux à tous les partis.
ADRIA, ville de la Vénétie; 10,000 hab.
Ruines remarquables. Elle a donné son nom
à la mer Adriatique, qui la baignait autrefois,
et dont elle est aujourd'hui éloignée d'environ
20 kil.
ADRIANA ou VILLA ADRIANA, nom donné
à une villa célèbre située a environ 6 kil. de
Tivoli, dont elle n'est séparée que par une forêt
d'oliviers. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une
ruine magnifique, qui appartient au duc de
Braschi. L'empereur Adrien, dit-on, en traça
avait admirés dans ses voyages. On y voyait
le Lycée, l'Académie, le Prytanée, le Pœcile
d'Athènes , le Sérapéon de Canope , la vallée
de Tempe, des thermes, des théâtres, des tem-
ples, et, au milieu, un magnifique palais impé-
rial, auquel étaient réunies de vastes casernes
pour les prétoriens. On croit que cette villa fut
ruinée par Totila. Pendant des siècles, elle
ne cessa d'être pillée par les Romains^ Aujour-
d'hui, ces fuines étonnent par leur étendue ;
elles ont été longtemps une. mine d'objets d'art
pour les musées de l'Europe. Les monuments
dont on croit retrouver les traces sont : un
théâtre grec, le Pœcile, des bains, un temple
des stoïciens, des temples de Diane et de Vénus,
le palais impérial, les casernes des prétoriens,
une naumachie, le Sérapéon, l'Académie et la
qui figure1
le .renée. '
ADRIANA s. f. (a-dri-à7na). Bot. Genre
d'euphorbiacées, dédié à Adrien dé Jùssieu, à
qui l'on doit une savante monographie de la
famille des euphorbiacées.
ADRIAMÉES s. f. pi. ( a-dri-a-né — lat.
Adrianus, Adrien). Antiq. rom. Jeux insti-
tués en l'honneur de l'empereur Adrien, et
qui se célébraient tous les cinq ans. il Nom
donné à de petits édifices dans lesquels l'em-
pereur Adrien avaifcpermis aux chrétiens de
se réunir. •
; AB
Thou et Bayle en font l'éloge.
Â'drianite s. m. (a-dri-a-ni-te — lat.'
Adrianus , Adrien ). Hist. ccclés. Membre
d'une secte qui avait adopté les erreurs de
Simon le Magicien, il Membre, d'une autre
secte fondée au xvi« siècle par Adrien Ham-
stedius. Ces adrianites avaient embrassé la
doctrine des anabaptistes; ils prétendaient-
en outre que le corps do Jésus-Christ a été
formé seulement dé la substance de sa mère.
.ADRIATIQUE (mer) ou Golfe de Venise,
grand golfe de la Méditerranée, qui s'étend
sur une longueur de 750 kil. entre la Turquie
d'Europe, l'Autriche et l'Italie; kffl,: le Pô,
l'Adige et ,1e' Rubicon; ports sur ses côtes:
Trieste, Venise, Ancône et Fiume. Ses eaux
sont plus salées que celles de la Méditerranée.
Marées sensibles dans quelques localités, et
particulièrement à Venise. . . _
ADRIEN (P. ^Elius Adrianus), empereur
romain, né à Rome, l'an 70, d'une famille ori-
ginaire d'Espagne, mort à Baïa d'un excès de
table',' en 138." Adopté par Trâiân, son cousin,
il |ui succéda en 117, déjà célèbre par ses ser-
vices et ses talents. D'une activité infatigable,
Adrien fit face de tous côtés aux barbares, re-
poussa les Alains, les Sarmates, les Daces, sou-
mit deux fois les J uifs révoltés, et consacra une
partie, de son règne à visiter les provinces de
l'empire', corrigeant les abus, diminuant les
impots, et marquant son passage par la con-
struction de monuments magnifiques et par
l'exécution de vastes travaux d'utilité publique,
tels que la muraille élevée contre les incursions
des Calédoniens, dans la Grande-Bretagne, les
arènes de Nîmes, le pont du Gard, le poutSt-
Ange, son propre mausolée (aujourd'hui le châ-
teau St-Ange, etc.). En même temps, il réfor-
mait l'administration , adoucissait le sort des
esclaves, publiait Y E dit perpétuel, compilation
judiciaire qui régit l'empire jusqu'au temps de
Justinien, protégeait les sciences et les arts,
qu'il cultivait lui-même avec succès, et modé-
rait les persécutions contre les chrétiens. On lui
reproche cependant avec raison ses cruautés
contre les juifs, ses folles superstitions, son
goût pour la magie, les débauches auxquelles
il se livra dans ses dernières années , et ses
faiblesses pour son favori Antinous, dont il fit
un dieu après sa mort. La vie de ce prince ne
fut pas non plus exempte de crimes, et il sa-
crifia d'illustres personnages à ses soupçons.
ADRIEN I^r, pape de 772 à 795. Secouru par
Charlemagne contre Didier, roi des Lombards,
il le créa patrice de Rome.
ADRIEN II, pape de 8S7 à 872. Il prononça
la déposition du patriarche Photius, auteur du
schisme grec.
ADRIEN III, pape en 884. Son pontificat
dura un an à peine.
ADRIEN IV (Nicolas' Breakspear), le seul
pape anglais, élu en 1154, fit brûler Arnaud de
Brescia , et soutint contre Frédéric Barbe-
_ des luttes qui furent l'origine des long
démêlés entre l'Eglise et l'Empire au sujet des
investitures.
ADRIEN V, pape en 1276. Ne régna qu'un
ADRIEN VI, né en 1459, à Utrecht, d'une
famille d'artisans , avait été précepteur, puis
ministre de Charles-Quint, qui le ht nommer
pape en 1522. Son règne ne dura qu'un an. Il
se distingua par son savoir et son inépuisable
charité, mais déplut aux Romains par r austère
simplicité de sa vie, et échoua dans son projet
de réconcilier Charles-Quint et François 1er.
ADRIEN (saint), martyr à Nicomédie, vers
l'an 306- 11 était officier dans l'armée de Galère,
et il se convertit en voyant l'héroïsme des
chrétiens, contre lesquels il combattait. L'E-
glise l'honore le S sept, il Trois autres person-
nages de ce nom ont été également canonisés :
l» saint Adrien, martyr à Césarée vers 309;
honoré le 5 mars ; 2<> saint Adrien, qui alla prê-
cher la foi dans la Grande-Bretagne, et qui y
mourut en 720 ; honoré le 9 janv. ; 3° saint
Adrien, évoque de St- André en Ecosse, martyr
vers l'an S7-1 ; honoré le 4 mars.
Adrieu, opéra en trois actes, paroles d'Hoff-
mann, musique de Méhul, représenté pour la
première fois sur le théâtre de la République
et des Arts, le 16 prairial an vu (1798). Le
poème reproduit à peu près VAdriano de Mé-
tastase. La musique est digne du génie de
Méhul. Les chœurs sont admirables ; le style
général de l'ouvrage est noble et soutenu ; le
récitatif, écrit à la manière de Gluck, est tou-
jours parfaitement approprié aux situations.
Malheureusement ces situations n'étaient guère
en harmonie avec les idées républicaines de
ADR
l'époque, Les répétitions -de' l'opéra A'Adrien
avaient commencé dès l'année 1792; la com-
mune de Paris les fit cesser, sous le prétexte
que le poème était écrit dans des principes
royalistes ; on allégua même que les chevaux
qui devaient traîner le char d Adrien avaient
appartenu à Marie- Antoinette. Le peintre. Da-
vid , consulté, répondit que la commune de Pa-
ris brûlerait 1 Opéra plutôt que d'y voir triom-
pher des rois. Au bout de sept années , ces
préventions n'avaient pas encore disparu, et
l'opéra d'Adrien eut delà peine à se soutenir,
malgré les grandes beautés qu'il renfermait.
Adriomie Leconiraor, drame en cinq actes
et en prose, par MM. Scribe et Legouvé, re-
présenté pour la première fois au Théâtre-
Français, le 14 avril 1S49. La scène se passe à
Paris, au mois de mars 1730. Le sujet est l'a-
mour qu'une grande dame, la princesse do
Bouillon, ressent pour Maurice, comte de Saxe,
fils naturel du roi1 de Pologne et prétendant au
trône de Courlande. Le jeune homme vient de
revenir à Paris ; il va rendre ses devoirs à la
•princesse de Bouillon, qui, le trouvant froid et
contraint, soupçonne une rivale. Un bouquet
lié par un fil d'or que porte Maurice la con-
firme dans ses soupçons. Eu effet, ces fleurs
ont été envoyées au héros le matin même par
Mlle Adrienne Lecouvreur, jeune actrice de la
Comédie-^Française, qu'il a protégée à la sor-
tie d'un bal masqué contre 1 insolence de quel-
ques fats , et qui lui sait le gré le plus tendre
de cette héroïque conduite. La princesse feint
de croire que les fleurs lui sont destinées, et
le comte de Saxe, n'osant la désabuser, lui aban-
donne le bouquet. Cependant, la princesse, qui
veut, à tout prix sortir de son incertitude,
charge l'abbé de Chazeuil, son complaisant, do.
découvrir la femme qu'aime le comte. Celui-ci
se décharge de la commission sur le prince de
Bouillon lui-même, qui, par suite d'un malen-
tendu , croit trouver cette femme dans la Du-
clos , sa maîtresse , actrice du Théâtre-Fran-
çais , qui a donné par écrit un rendez-vous h
Maurice pour le compte de la princesse elle-
même. Le prince vient pour la surprendre dans
la petite maison qu'il lui a meublée rue Grange-
Batelière ; mais c'est Sa femme qui s'y trouve
pour traiter avec Maurice du rachat d'une
lettre de change de 70,000 livres, lettre au
moyen de laquelle la Russie veut le faire em-
prisonner , et l'empêcher ainsi d'aller recon-
quérir la Courlande. La grande dame n'est
sauvée que grâce à la générosité d'une incon-
nue, Adrienne Lecouvreur, qui lui remet dans
l'ombre une clef de la part du comte de Saxe,
et protège son évasion. Elle s'enfuit donc, mais
non sans avoir pressenti dans sa libératrice
là rivale qu'elle cherchait, dont elle n'a pu
apercevoir le visage, mais dont elle a entendu
là voix. Toutefois un hasard va la lui faire re-
connaître : la grande tragédienne est invitée
à aller réciter quelques vers dans uue soiréo
que doit donner M">o.de Bouillon; elle s'y
rend, et se croyant abandonnée par son amant,
qu'elle voit assidu auprès de la princesse, elle
trahit son amour en jetant à la face de cette
dernière ces vers de Phèdre à Œnone, qui mar-
quent sa rivale comme autant de fers rouges :
CEnone
i, goûtant dans
;s hardies,
se faire un front qui ne rougit jamais!
M"ie de Bouillon a reconnu la voix qu'elle
cherche, et il s'ensuit entre la grande dame et
la comédienne une scène d'ironie et de rage,
où, sous des formes insolemment polies, elles
se déchirent mutuellement le cœur.
La comédienne sort victorieuse du salon de
la princesse, dont la vengeance ne se fait point
attendre. Elle renvoie à sa rivale le bouquet
du premier acte, imbibé d'un poison subtil. La
malheureuse femme croyant trouver dans cet
envoi une preuve du mépris de celui qu'elle
aime, le couvre de baisers et de larmes, et y
respire la mort. Sur ces entrefaites , arrive le
comte de Saxe, délivré de prison par la déli-
cate générosité d' Adrienne. Il vient se justifier
et tomber à ses pieds ; mais il n'a que le temps
de recevoir ses adieux et son dernier soupir.
Adrienne meurt dans les bras de son amant
après une admirable agonie, qui remplit à elle
seule tout le cinquième acte.
Cette pièce parfaitement construite ne ren-
ferme aucune scène inutile ; tout y est prévu,
et l'action marche sans entrave, jusqu'au dé-
noùment. Malgré ces qualités, ce drame n'a
dû son succès qu'à l'incomparable talent de
Rachel, qui s'essayait pour la première fois
dans le drame et dans la prose. La grande ac-
trice semblait s'être incarnée dans la tragé-
dienne du xvme siècle, et les habitués du
Théâtre-Français se rappellent encore avec
quel charme elle y récitait la fable des Deui
Pigeons, et avec quelle fiévreuse énergie elle
déclamait tes vers brûlants de Phèdre.
Action d'adopter pour fils une per-
sonne qui n'était pas sous la puissance pater-
nelle. Il Se disait aussi de l'agrégation d'ur
plébéien dans l'ordre des patriciens.
ADROGÉ, ÉE (a-dro-jé) part. pass. du v
Adroger. Pris en adoption.
— s. m. Celui gui avait été adopté : Il
fallait que Z'adroqe appartint au sexemasculin
et fût pubère. (Encycl.)
adrogeant (a-dro jan) part, -ares, du v.
Adroger.
ADR
ABROGEANT, ANTE s. (a-dro-jan, an-tc —
rad. adroger). Droit rom. Celui, celle, qui pre-
nait en adoption : Dmis le transport à /'adro-
geant de la fortune de l'adrogé, se présentait
un des résultats les plus singuliers de la rigueur .
des déductions du droit romain. (Encycl. mod.)
ADHOGER v. a. outr.'(a-dro-jé— lat. adror
gare, même sons; do ad, pour; .rôgare; do-'
mander). Droit rom. Prendre en adoption : On
ne pouvait adroger que les individus sui ,j uris; i
c'est~à-dire gui n'étaient soumis à la puissance',
de personne; L'adrogeant prenait les créances-
de celui qu'il abrogeait. (Encycl. mod.) <
ADROIT, OITE adj . (ardroi, oi-te ; autref.,
on prononçait adret, ète, et même encore au ■
temps de Corneille, qui l'a fait rimer avec,
retruite — du lat. ad, à: dextera, main:
droite). Qui a de l'adresse dans les exercices:
du corps, dans le travail des mains : 'Adroit
à tirer lepistolet. L'hommeest le plus parfait,1
leplus adroit ou le plus fort de tous les ani-
maux. (Buff.) Les Musses sont singulièrement
adroits et industrieux. (Custinc.) Demain tu
feras venir un ouvrier, si tu n'es-pas assez-
adroit pour faire 'cette besogne toi - même.
(G. Sand.) ..
— Fig. Qui a do l'habileté, de la finesse
d'esprit : Homme adroit et entreprenant.
Femme adroite à mentir, à dissimuler. Le
plus adroit l'emporte toujours sur leplus fort.'
(Phèdre.) Il n'avait pas été moins adroit dans
l'estimation des autres mesures. (Cli. Nod.) Le
piège le plus adroit est celui que l'on tend à
l'hypocrite en l'obligeant à une bonne action.
(Boiste.) Je vis qu'elle voulait des louanges et
de jolies paroles, et je n'étais pas des plus
adroits à, ce. jeu-là. (G. Sand.) Les charla-
tans', plus adroits que les voleurs, arrivent au
même but sans courir tes mêmes dangers.
(Beauch.) h Se dit aussi des animaux :
Un vieux coq adroit et matois.
La Fontaine.
it En parlant des choses, Où il y a de la ruse,
de la finesse -.Discours adroit. Mensonqe
adroit. Flatteries adroites. Les passions ne
sont pas seulement violentes, elles sont adroi-
tes. (Mass.) Par -un adroit sophisme, il com-
battit toute restriction du pouvoir royal.
(Villem.) ' " ' ■■;■■
La louange agréable est l'âme dos beaux vers.
Mais je tiens, comme toi, qu'il faut qu'elle soit vraie,
Et que son tour adroit n'ait rien qui nous effraye.
EOILEAU. • '
— Prov.;et fam. Il est adroit comme un
singe , Il est très-habile do ses mains. !l Triv.
Il est adroit de ses mains comme un cochon de
sa queue, Il est très-gauche , très-maladroit
dans tout cef qu'il fait.
— Manég. Se dit d'un cheval qui choisit
bien les endroits où il pose le pied, qui tourne
habilement lorsqu'il est attelo à une voiture.
— Sytl. Adroit, entendit., nabilo , Indus-
trieux, ingénieux. Le mot habile caractérise
la conduite dans toute affaire compliquée ou
dans tout un ordre d'affaires : Un administra-
teur habile. On n'est adroit que dans un acte
simple ou particulier : Le duc de Marlborough
était à Saint-James un adroit courtisan. (Volt.)
L'adresse est donc inférieure à l'habileté.
L'homme industrieux est tout h la fois adroit
et inventif : La main industrieuse de l'art a
conduit ces eaux par mille détours sur des
pentes de verdure. (Marmontél.) Celui qui est
ingénieux est seulement inventif, et le mot
s'applique à de moindres choses : Où pourrai-je
trouver un médecin assez ingénieux pour ma-
nier dextrement une partie et si malade et si
délicate? (Boss.) Celui qui est entendu est de-
venu propre à un service à force de leçons ou
d'expérience : Un ouvrier entendu dans son
métier. (Volt.)
— Antonymes. Gauche, inapte, inepte, in-
habile, lourd, lourdaud, maladroit, malhabile,
mazette, sabrenas.
Adroite princesse (l') ou les Aventures de
Finette, nouvelle de Perrault. (V. Contes des
Fées.) C'est l'histoire des trois filles d'un roi
d'Europe, surnommées, à cause de leurs carac-
tères, l'une Nonchalante, la seconde Babil-
larde, et la troisième Finette. Toutes trois
furent enfermées dans une tour, pendant l'ab-
sence du roi. Unbeau cavalier s'étant introduit
près des trois sœurs sous les haillons d'une
pauvre femme, il courtisa successivement Non-
chalante et Babillarde, qui se laissèrent trom-
per par ses belles paroles; puis il s'adressa h
Finette. Mais celle-ci, moins crédule, sut s'en
débarrasser habilement en le faisant tomber
dans un égout. L'auteur prouve à sa manière,
dans cette nouvelle gracieuse, que la défiance
est mire de la sûreté, de même que Voisiveté
est la mère de tous les vices. Il y a dans cette
ceuvro du célèbre conteur moins de vivacité
que dans ses Contes;. mais on ne peut y mé-
connaître des qualités charmantes de style ,
comparables à celles qui éclatent dans Peau
d'Ane et dans la Belle au bois dormant.
ADROITEMENT adv. (a-droi-te-man-rad.
adroit). Avec adresse, avec dextérité : Le met-
teur en œuvre travaille adroitement ce que
ï nomme de goût a dessiné habilement. (Volt.)
Le paysan escalada la barrière fort adroite-
ment. (G. Sand.)
— Fig. Avec habileté, avec finesse: Il lui
insinua adroitement qu'il allait partir. (Volt.)
Les épisodes doivent être liés adroitement au
sujet principal. (Dëlillb.) Une supériorité sot-
tement négligée ne vaut pas une médiocrité
ABU
dtivêe. (Mme E. de Gir.) Les
plus satiriques et les plus misanthropes sont
assez maîtres de leur bile pour serménagçr
adroitement des protecteurs. (Ste-Bcùve.) ' ,
Elle prévient ma plainte, et cherche adroitement >
A la faire passer pour un ressentiment. ■,- ,ii,-,,4
ADROSTRAL, ALEadj.'ets. m. (a-drérstralj
arle — du lat. ad, auprès ;.rostrum, bée). Anal.
Se dit d'une pièce de la mâchoire supérieure.,
de ^quelques animaux. ., .,-,. ,,,, ,
ADROSTRO-LABIAL, ALE adj. et S. m. (a-'
dro-stro-la-bi-al, a-le — du lat. ad, vers; ros-
trurn, bec, et franc, labial). tAna.t. Se dit d'un
muscle de la bouche de la grenouille.
ADUY (Jean-Félicissime) , bibliographe ,' né
à Vincelotte (Bourgogne), m. en 1818: On lui
doit de bonnes éditions annotées de Boccace,'.
de La Fontaine, du Télémaque, etc., une, No-
tice sur les Elzevirs, une Histoire littéraire de
Port-Boyal, une Vie de Malebr anche, etc. , >.
ADSCAPÉAL; ALE adj. (ad~-ska-pé-a!;J
a-le). Anat. Se dit de l'une des pièces os-'
seuses de l'oreille interne, il II est aussi snbst.
masc. : L'i
adscapulo-hùméral adj. et s. m. (ad-,
ska-pu-lo-u-mé-ral — rranç. scàpulaire et hu-
merai). Anat. Se dit de l'un- desfmuscies.du
bras de la salamandre. ' >.
ADSCRIPTION s. f. (ad-skri-psi-on — lat.
adscriptio, même sens; de ad, auprès; scrip-'
tus, écrit). Inscription, enregistrement : L'ad-
scription du noir sur la plantation aura pour'
effet de la liii' faire considérer comme sa propre',
maison. (Code des noirs.)''
ADSTRICTION s. f. (ad-strik-si-on — du
lat.' adslringere, resserrer): Méd. Resserre-
ment causé par un astringent. '
aduaticiens s. m. pi. (a-du-a-ti-si-ain — ",
lat. Aduatuci; de Àduatuca, ville de Belgique,
chez les Eburons). Géogr. Ancien peuple de-
là Gaule , issu des Cimbres et des Teutons
entre l'Escaut et la Meuse. Il On dit aussi
aduatiques. ,.;
ADUFE s. m. (a-dou-fe — mot espag.). Es-
pèce de tambour do basque dont, on se sert'
en Espagne.
ADULAIRE adj. et s. f. (a-du-lè-re — rad.
Adule, montagne des Alpes). Miner. 'Se dit'
d'une espèce do. feldspath, qui se trouve au
mont Saint-Gothard, autrefois V Adule. On la
nomme aussi pierre de lune, à causé dé sa cou-
leur blanche et de son éclat nacré. Los lapidai-
res la montent sur les bagues et les épingles.
adulant (a-du-lan) part. prés, du v.
Aduler. (
ADULATEUR , TRICE s. (a-du-la-teur, tri-
se — lat. adulator, même sens ; de adulari,
flatter). Celui, celle qui flatte bassement et
dans des vues intéressées : Un lâche adula-
teur. Une adulatrice éhontée. La grandeur,
je le sais, ne manque pas -cTadulateurs, mais.,
les grands manquent souvent d'amis. (Mass.)
Le parti des anarchistes, des radicaux, des dé-
magogues, des adulateurs de la multitude,
bouleversait sans cesse Athènes. (Lamart.) Vous
devriez adorer votre mari, puisqu'il est /'adu-
lateur infatigable de votre prétention à n'être
pas devinée. (G. Sand.) L '
Ne soyez a la cour,
Ni fade adulateur, n
parleur trop sincère.
Morand. '
— S'ompl. adjectiv. : Si vous êtes une mère
adulatrice, vous aurez une fille orgueilleuse
ou vaine. (Thêry.)
D'un peuple adulateur l'ardente idolâtrie. • i
Il Se dit aussi des choses qui servent à adu-
ler, qui ont lo caractère de l'adulation : Lan-
gage adulateur. Vers adulateurs. Préface
adulatrice. Il ne lui refusapas cependant quel-
ques phrases adulatrices, à l'époque de son
élection à l'Académie française. (Lamart.) r
... Pour caresser sa faiblesse,
Lamaktine.
- Syn. Adulateur^
"louangeur. Le louangeur ne loue que pour
louer : Le cardinal Dubois était doux, bon,
souple, louangeur. (St-Sim.) Le flagorneur
loue à tout propos et avec maladresse : Le
flagorneur doit mépriser celui qui se laisse
prendre à ses flagorneries. (Guizot} Lé flatteur
loue pour plaire : Le vice des flatteurs, c'est
qu'ils applaudissent au mat autant qu'au bien.
(La Rochef.) U adulateur loue avec bassesse
et hypocrisie. Ce mot appartient au langage
relevé : Les grands ne manquent jamais rf'ADU-
lateurs. (Fén.)
— Épithètcs. Fade , insipide , sot , stnpide ,
soumis, bas, servile, rampant, lâche, vil, fin,
adroit; subtil, faux, fourbe, perfide, effronté,
éhonte.
ADULATIF, IVE adj. (a-du-la-tif i-vo —
rad. aduler). Qui sert à aduler, qui a le carac-
tère de l'adulation : // a fait des vers fort adu-
IATifs au cardinal Mazarin. (G. Patin.) Peu
ADU
ADULATION s. f. (a-du-la-si-on — lat. adu-
lalio, même sens ; de adulari, flatter). Flatte-,
rie basse, servile, intéressée : Les insinuations
dangereuses de J'adulation se couvrent du voile
du bien public. (Mass.) Les éloges donnés à un roi,
sont voisins de /'adulation. (De Malesherbes.)/
L'éducation publique préserve la' jeunesse de
2' adulation , dont l'enivré l'éducation' domes-
tiqué. (Boiste.) On exalte un maitrequi n'est
plus, pour justifier par 7'adulàtion ta servi-
tude passée. (Chateaub.) Tout r homme qui se
I présentait chez elle avec l',x-D'vï.K-rioîi' sur les
' lèvres était sûr d'être accueilli 'avec reconnais--
wmee.' (GiSàrid.) L' "\ ' '' _ '■ ; ' !
De l'adulation la basse ignominie, '.,,,,-,,
En avilissant l'âme, énerve le génie. _
• '■ • ■ i • . Delille. ' l
Il n'estimait la voix de l'adulation
Qu'en ce qu'elle a d'utile a son ambition! ' ' ' '
■ ■'■ ' NÉP. LÉMERCIBR. ' '
Il S'empl. souvent au. pluriel : Le Iqng usage,
des adulations rend, les princes insensibles à. la.
tendresse. (Mass.) ,11 caressait l'orgueil de cette
femme par d'ingénieuses ADULATioNS.(G-. Sand.),
ADULATOIRE adj. (a-du-la-toi-ro — rad'
aduler). Qui appartient a l'adulateur, quLtiénti
de l'adulation : ie'quid libet audendi accordé
aux poètes peut excuser cette fiction un peu
ADULATOIRE. (La Harpe.) En général y- dans
presque toutes tes contrées du globe, on se fait
des questions obligeantes sur la santé, on s'a-
dresse des phrases plus ou moins adulatoires,
(Alibert.) .... ',
ADULE, ancien nom d'un groupe des Alpes,
en Suisse, où le Rhin prend. sa source : ,
Au pied du mont Adiile, entre mille roseaux,
Le Rhin, tranquille et lier du progros de ses eaux...
, adulé, ^E (a-du-lé) part. pass., du v. Adu-
ler : Andréa, serré par ses amis, complimenté,,
adulé, était sur le, point de, perdre ta tète.,
(Alex. Dum.) Bester fidèle à un serment, à un
souvenir, à un nom, ce n'est pas un rôle possible
à proclamer pour une femme riche et adulée.
(G. Sand.) Cette jeune fille était gâtée et adu-
lée par sa grand mère, (Lamart, ) Charles avait
été trop constamment heureux par ses parents,
trop adulé par le monde, pour avoir de grands
sentiments. (Lamart.)
ADULER v. a. ou tr. (a-du-!é — du lat. adu--
lari,. caresser à la façon des chiens;, do ad,-
à; ululare, hurler, -r- Mot introduit dans la
langue par Diderot). Flatter bassement, avec
servilité : Aduler un souverain. Aduler le
pouvoir.. Quoi! vous adulez bassement le sotir
verain pendant sa vie et vous l'insultez cruelle-
ment après sa mort! (Dider.) Les jolies femmes
sont comme les souverains, on.ne les adule que
par intérêt, (Boiste.) Elle ne cherchait dans un
homme qu'une seule capacité; celle qui consiste
à savoir louer et aduler une femme. {G. Sand.)
ADCLIS (a-du-liss).' Géogr. anc. Ville d'E-
thiopie, port sur la mer Rouge. • "
— Antiq. Marbre d'Adulis, Inscription trou-
vée dans cette ville, au vie siècle, sur un siège'
de marbre. Elle contient, outre la généalogie
do Ptolémée Evérgète , une seconde partie
que l'on croit écrite .'dans nn langage abyssi-
nien, et qui est une liste des peuples qu'un
roi inconnu se vante d'avoir soumis. On en a
contesté l'authenticité.
Adulitain, aine s. (a-du-H-tain — rad."
Adulis). Géogr. anc. Qui appartient à Adulis,
qui a rapport à Adulis où à ses habitants.
— Antiq. Marbre adulitain. V. Adulis.
ADULTE adj. (a-dul-te— lat. adultus, part.
pass. de adolere , croître). Qui est arrive à la
période do la vie comprise entre l'adolescence
et la vieillesse, à l'ago de raison : Il n'est pas
possible de méconnaître la physionomie toute
particulière quisépare le bouillant jeune homme
j„ n -.. ^ r.i ---peut être venu
de l'homme adulte. L'homme ni
rlate
e qu\i
Fig. Se dit des facultés intellectuelles
qui ont pris tout leur développement : Intel-
ligence adulte. La force demandée à des cer-
veaux nonJVDULTES est un escompte de leur ave-
nir. (Bais.)
~ Zool. et Bot. Se dit aussi des animaux
dont le corps et les membres ont acquis tout
leur développement , et des plantes qui ont
atteint le terme do leur accroissement. . .
— Substantiv, Celui, celle qui est dans l'âge
adulte : Certaines maladies attaquent rarement
les adultes. En France^ il y a douze millions
^'adultes qui ne savent pas. lire. (H. Rigault.)
— Hist. ecclés. Baptême des adultes , Bap-
tême solennel quo les adultes recevaient la
veille do Pâques ou do la Pentecôte
— Encycl. On donne le nom à' âge adulte h.
l'âge qui succède à l'adolescenco et qui dure
jusqu'à la vieillesse, c'est-à-dire depuis vingt-
trois ou vingt-quatre ans chez l'homme, dix-
neuf ou vingt ans chez la femme, jusqu'à
soixante ans chez les deux sexes. La taille est
alors arrivée à son maximum ; les proportions
du corps et des membres sont définitives ; les
os deviennent plus denses et plus pesants , la
graisse plus abondante ; le corps s accroît en
largeur et gagne en force de résistance ce qu'il
perd en souplesse et en agilité. En même temps,
les idées deviennent plus sérieuses : moins
d'exagération se révèle dans les sentiments; les
/équilibrent mieux, l'imagination
laisse plus d'empire aux facultés ré-
^ . . :a lit Luiimie, tes uuiuuiiuH
iutérûs. ,La disposition à la pléthore, à la con- .
gestion, à l'obésité, se remarque .également,
pendant cette, période, ou.fabondance.de lai
nutrition. ne.peut plus servir à l'accroissement.-.
taines,substances,, ,. , 1,^],,* .r^-imu
adultérant; iante iadj; ■(a-dulr.tô-ran;-',
an-te.— rad. adultérer). Qui pont adultérer : .
Matière adultérante. Peu usité. ' , ' .
ADULTÉRATEUR s. m: (a^dul-té-ra-tcur — '
rad. adu^ffrer).,Celui qui adultère, falsifie :
Un ADULTERATEUR.de monnaies. Inusité. - : >
v ADULTÉRATION s. f. (a-duï-té-ra-si-on —
lat. adulteratio, même sèn^; de' adulteràrc,
falsifier, gâter). Action d'adultérer,' de' falsi-"
fier' une chose, et particul: d'altérer lès mon-'
naies : ' //'adultération d'une marchandise.:'-
/-'adultération des médicaments peut conipro^'
mettre la vie des malades, /.'adultération. des<
monnaies est un crime capital. (Acad'.)i .••'
— Fig. Altération quelconque : Poussin était
indigné contre les adultérations' récentes du
type divin et les coquetteries dévotes de la'dé-'
cadence. (Th. Gaut.)
ADULTÈRE adj. (a-dul-tc-re— lat. adulter^
même sens; do ad vers; alt'èr, un autre). Qin
viole la foi conjugalo : Jésus pardonnait à la-
femme adultère, et se montrait inexorable aux
mauvais prêtres. (Sylv. Maréchal.) La femme
ADUI.TBRK devient le réceptacle de l'iniquité et
le foyer du crime. (Bautain.) La première cou-
dition'pour rendre une femme -adultère est de*
lui jurer qu'on l'aimera ctlestimer/i^çUiiia^taga
pour son adultère. (Proudh.) ,; ; '. . •
Plonge l'amant coupable et l'époux aiiultérr,. ,.,-■
■„, C. DELM'tUSE.
u. Se dit aussi des choses ; Commerce, amour,
adultère. A Borne j les mœurs en, étaient ve-i
nues à ce point qu'une femme neprenait un mari*
que pour se livrer. avec plus d'ardeur à d'ADUi.Ti
tbres amours. (Portalis.)
Je verrai le témoin de ma flamme adultère... '' '
. ■ Racine.
— Fig., et dans le style poétique et ora-
toire, Criminel, .qui offro un mélange impie :■'
t Toute âme gui est dominée par l'erreur estime
âme .adultère et prostituée. Votre lumière
ne luit pas sur les âmes adultères et corrom-
pues. (Mass.) ■.■■■>,
Elle' a répudié son époui et son père ■ '•
Pour rendre à' d'autres dieux un honneur adultère.
,,. ..RACINE-'
Adultère Isra81, dans ton. brutal caprice,- ,'. ■ < ..
Tu déserts
d'Abel l'i
— Substantiv. Celui, celle, qui. viole, qui a
violé la foi conjugale : Un adultère. Une adul"
tère. Vans quelques villes 'dé la Grèce, on poù-
, vait impunément tuer les adultères. (Encycl.)
Faut-il que sur le front d'un profane adultère
Brille de la vertu le sacré caractère !
Racine.'
Tout fier d'un testament par le crime dicté,
Un adultère insulte au fils déshérité.
M.-J. ClIÉNIIÎR. i
ADULTÈRE s. m. (mêmes pron. et étym.
qu'au mot précédent). Violation de la foi
conjugalo : Commettre un adultère. Naître
d'un adultère. Il a été surpris en adultéré;
condamné pour adultère. Peu d'Anui.TÈnns
peuvent être prouvés. (NapoL 1er.) Londres est
le pays où J'adultère est le'plus fréquent, les.
mœurs les plus corrompues. (Ventura.) /.'adul-
tère est chose presque inconnue dans -nos cam- t
pagnes. (M"'» Romieu.) /.'adultère est la
ruine de la famille et de la société. (Bautain.)
/.'adultère est -un crime qui contient en soi tous
les autres. (Proudh.)
Et par où votre amour 'se peut-il couronner,
Si pour moi votre amour n'est qu'un lâche adultère?
Il Adultère simple , Adultère commis par
une personne mariée avec une personne non
mariée. Il Double adultère, Adultère qu'un
homme marié et une femme mariée commet-
tent ensemble : Enfant né d'un double adul-
tère. (Acad.) ■ « • .
— Fig. Mélange, accouplement illicite, con-
traire à la logique , à la morale : Je constate
clairement sur ces ruines de la défense, J'adul-
tère de la justice avec lapolitique. (E. doGir.)
L'alliance de la politique et de la justice est un
indigne adultère. (Crémieux.)
— Encycl. Nier la criminalité de Yadultàre,
ce serait refuser toute valeur à la loi <lii ma-
riage, qui fonde la responsabilité paternelle sur
la foi de l'épouse. L'adultère introduit lu per-
fidie et la division dans la famille; il enlève h
la mère lo respect de ses enfants ; aux enfants,
l'airoction et les, soins de leur pero ; au pore,
les joies de la paternité, Aussi voyons-nous
que la répression de ce délit a sa place dans
toutes les législations. On peut remarquer quo
c'est presque toujours sur la femme seulement
quo la loi a déployé ses rigueurs. Montesquieu
en donne plusieurs raisons. C'est, dit-il, que la
violation de la pudeur suppose dans les femmes
un renoncement à toutes les vertus ; c'est que
la femme, en violant les lois du mariage, sort
do sa dépendance naturelle ; c'est quo la na-
ture a marqué l'infidélité do la femme par des
signes certains , outre que les enfants adulte-
..104
,-ADU
rins.de la femme sont nécessairement au mari
- et à Iachargèrdu,mari, pu lieu que les enfants
, adultérins du mari né sont point à la femme
ni a. la charge dé la femme. ,, ,
A ces considérations on peut ajouttr dés rai-
sons tirées de l'état de nos mœurs mômes, qui
ne, font rejaillir sur la femme trompée qu une
, légère flétrissure, tandis qu'il en est tout autre-
ment pour le mari. Ajoutons que la femme trpnv
' pée peut encore être aimée et surtout respectée
de sqn.mari, tandis que ,1a femme adultère n'a
généralement que du mépris pqùr celui qu'elle
- voue au ridicule. C'était l'opinion 4'uné dame
,', de ta cour de Louis XIV. Cômme.une amie trop
'.^officieuse pr.eriai't'un malin plaisir. à lui' faire
"part '.des bruits quî'çouraient sur ,1a légèreté de
'son mari : « Que m'importe, répondit" cette
ife'mmé sensée, qu'il promène son cœur du matin
au splr,jpourvu que le soir il mé le rapporté ? »
Notre Code pénal prononce contre la femme
., adultère la peine de remprisoniijernent pendant
trois mois ,'aji m'oins' et'fleux ans au plus. Le
:iiiari>este maître d'arrêter ceUe peine en con-
, sentant' à reprendre sa femme. Le délit d'adul-
tère njest puni chezje mari que lorsqu'il y a
joint le" fait d'entretenir sa concubine dans.la
maison, conjugale. Le mari seul, peut porter
plainte ^contre" sa femme, et la femme seule
contre son niari. La lof défend en outre que'la
plainte du mari soit reçue s'il' se trouve lui-
même dans le cas d'àtluUère, punissable". Lo
complice dé la femme adultère est puni d'un
emprisonnement de' trois mois à deux ails, et
d'une amende de 100 à ï.000 francs. Ënn'n^
l'article 3Ï4 du Code pénal déclare que, dans
IS'Cas d'adultère de la femme, le meurtre:com-.
mis par son mari sur elle et sur son complice,
. a l'instant où il les surprend en flagrant délit
dans la maison conjugale, est excusable, c'est-
, à-dire qu'au- dieu de -la .peine capitale, c'est
seulement un- emprisonnement d'un àcinq ans
qui doit lui être infligé; souvent même il- est
acquitté. En matière • civile, \' adultère àonné
lieu aux actions en séparation de corps^et en.
désaveu. ■■'. '■:.■<-■'
— Épithètes. Profane , coupable , criminel j
impudique, scandaleux; honteux, infâme, > se-
cret, mystérieux.. ■ .■ ■■ : > . . i •
adultéré, ÉE (a-dul-té-rê) part. pass. du
Vi Adultérer. -Falsifié : Médicament adultéré.
La cassonade est adultérée quand on la mâle
à de la farine grillée ou torréfiée.. (Pelletan.)
-, -— Fig. S'applique aux choses morales : Mon
esprit méridional, adultéré par le. séjour dé
Paris, m'eût porfé certes à ne point m' apitoyer
sur. le.sort dune pauvre, fille trompée. (Balz.)
ADULTÉRER v. a. ou tr. fa-dul -té-ré — lat.
adulterare, môme sens., — ; Il.change. l'&: fermé
- ,du radical adulte en è ouvert avant une syllabe
muette, excepté au futur, et au conditionnel,
. où ilconserve l'e, fermé). Falsifier, frelater en
substituant à une substance active une autre
substance moins active ou nuisible, mais
moins chère : Adultérer des drogues, un mé-
dicament, il En parlant 'des monnaies, Y in-
troduire plus d'alliage que la loi ne le permpt.
— Fig. Altérer, fausser, vicier : Il adultère
tous les ouvrages de Dieu. (Boss.) La, civilisa-
tion corrompt tout, elle adultères tout, même
le mouvement. (Balz.) Plus à son. aise, le jeune
homme put déployer cette expansive gaieté, cette
m. (Balz.) La vie de pro-
vince adultérait de plus en plus la petite
- monnaie de son esprit. (Balz.) . ■' *
S'adùitérerj v. pr. Etre adultéré, ail pr. et
au 'fig. : II, y^a' des substances, gui ,ne peuvent
• s'adultérer. La nature' des idées, pas plus que
celle des choses,ne peut s' adultérer. (Proudh.)
adultérin, ine adj. (a-dul-té-rain, i-no
— rad. adultère). Qui est né d'un adultère :
Enfant adultérin. Sœur adultérine. .,
,— Fig. Hybride, qui est le produit d'un
mélange vicieux : Les langues secondaires ,les
langues de nouvelle formation sont bâtardes,
adultérines et plagiaires. (Ch. Nod.) La
royauté constitutionnelle, produit adultérin
du despotisme et de la liberté, servit de com-
, promis .entre le principe monarchique et le
principe républicain. .(Sarrans.)
-r-, Agric. ét.hortic. Variété adultérine,
Plante qui. provient do l'ovule d'une espèce,
. fécondé par le pollen d'une fleur d'une autro
, espèce.
— Substantiv. Celui, celle qui est né d'un
adultère. ': Un adultérin. . Les adultérins
sont plus odieux 'que. les bâtards. (Merlin.)
- La loi, gui ne présume pas le mal, ne doit dis-
tinguer les adultérins des autres enfants que
lorsque la qualité d'ADULTÉaiN est constatée.
(Napol. 1er.)
adultÉRISME s. m. (a-dul-té-ri-sme— rad.
adultérer). Nom altéré: D'Alembert pour Da-
lembert, Veyrat pour Vérat, Carmontaigne
pour Çormontaingne, sont des. adultérâmes.
aduncirostre adj. et s. m. (a-doa-si-ro-
stre — du lat. aduncus, recourbé; rostrum,
bec). Ornith. Se dit d'un oiseau qui a le bec
crochu, recourbé. -
AD unguem loc. adv. (ad on-gu-èmm —
.mots lat. qui signif. sur l'ongle). Expression
qui s'emploie en parlant ■ d'une chose que
1 on sait parfaitement,-que l'on connaît sur le
- bout des doigts : Savoir sa leçon, son rôle ad
unguem. J'ai son critérium phrénologique ad
. unçukm. (Çlu Nod.) il Cette expression qui so
Irquvc dans l'ioracc (livre I, satire v, vers 32),
est une métaphore tirée de l'habitude qu'ont
'certains ouvriers dé passer l'ongle sur 'une
surface qu'ils veulent rendre parfaitement
polie. Ainsi, les vers'de Racine' sont' ad- un-
guem,; c'estAa-dire du dernier fini.- -. '
M. de "Walkenaër, auteur d'une excellente
étude sur Horace, explique -ainsi .cette locu-
tion:.Ad unguem factus home, un homme
aussi parfait qu'une sculpture sur laquelle on
aurait passé 1 ongle pourdui donner le dernier
.poli.. ■ . ,, ■■!■'-.'. ■•<,■•'
AD UNUM loc. adv. (a-du-nomm). Mçts lat.'
qui ^signif. Jusqu'à uti'seul, ç'est-a-dire, jus-
qu'au dernier : Ils y passèrent tous, adunu.m:
..rADUPLE' s., m.-.(a^du-ple). Bot. Genre de
plantés de l'Amérique septentrionale.
ADURENT, ENTB'a'dj.:(a-du-ran,an-te-— •
du lat. ad, h;-urere, brûler). -^Ardent /--brû-
lant : La soif adurente est celle qui survient
par. l'augmentation du besoin et par l'impossi-
bilité de satisfaire la soif latente. (Brill.-Sav.j
;du sang.'et dés'huméùrs indiquée par la séche-
resse de la peau, la chaleur, là soif, la couleur
;noire du sang':.Zes hommes alimentés de car-
nage et abreuvés de liqueurs fortes, ont, tous un
sang aigri et Xduste qui lès rend fous en cent
manières différentes. .(Volti) Il Brûlé, hàlé par
le soleil : Sa barbe était épaisse et noire, son
teint aduste et bronzé. (Ch. Nod.) ^ ' ' !
— Fig Triste, chagrin : Voyez les hommes
des climats méridionaux ; ils aiment [la h'ôu-
veàuté,^ lés' voyages', 'les hautes, entreprises :
aussi leurs ^fibres sont tendues',. leurs 'caractères
âdustès, souvent aigus et piquants': (Virey.) ■
ADUSTION s. f. (a-du-sti-on -r lat. adustio,
môme sens' ; de adurere, brûler). Méd. Cauté-
risation à l'aide du.fou : Les Japonais, emploient
fréquemment é'adustio'n. ... .'.',.'
AD USUM loc. adv. (a-du-zomm)V 'Mots la-
tins qui signif: Selon, d'après l'usage : Célé-
brer un anniversaire ao usuji., ' /' : t.
AD USUM DELPH1N1 (a-du-zomm-dèl-fl-ni
— mots lat. qui signif. Pour, à l'usage du dau-
phin). Nom donne. aux; éditiqhs des auteurs
latins entreprises _par ordre "d'e Louis XIV pour,
l'usage'du dauphin, ison fils, par le. conseil du
duc de, Monia'usier etsous ladirection deBqs-
suèt et de Huet, précepteurs du jeune prince.
Les poètes latins subirent de-, nombreuses
mutilations, et les passages qui n'étaient- pas
d'une chasteté, rigoureuse furent 'effacés dé
Racine lui-même dut passer plus tard^ par
les ciseaux d'une censure non moins' sévère.
Dans une édition expurgée, ces quatre vers
à'Esther: •_",.-.... ■ ■. .. <
' Lorsque le roi, contre elle enflàmmé'di
La chassa de eon trône ainsi que de so
se terminaient ainsi :
, Lorsque le roi contre elle irrité sans rt
La chassa de son trône ainsi qué'de sa
jt; dans un sens plus général,. toute phi__,
tout discours arrangé pour les besoins de la
cause, accommodé aux vues d'un parti":
» La pauvre enfant, dont toute l'assurance
avait disparu, chanta donc d'une 'petite voix
fraîche, tremblante et un peu fausse,, une ro-
mance de sa pension, revue et corrigée comme
les éditions ad usum Delpkini. Le mot amour
y était remplacé par celui d'amitié, et pour
réparer la légère faute de prosodie,- la syllabe
surabondante se fondait en un hiatus qui eût
fait dresser les cheveux à la perruque:blonde
de Boileaii. s . Ch. de Bernard.
«■M. Thiers convoqua mi à un, par lettres
closes, amicales, caressantes, les députés des
différents groupes, les conservateurs, le .cen-
tre, la droite, lé centre gauche et la gauche.
Pendant vingt-quatre mortelles journées, il
prêcha en tête à tête, variant son thème' à
l'infini, et ayant pour chacun une édition revue,'
corrigée et augmentée ad usum Delphini. »-
L. VÉRON.
« Il mè revient encore, entre mille, un mot
ingénieux de l'auteur, du Printemps d'un Pros-
crit. Lors du blocus continental, le commerce
était interdît . avec la. Grande-Bretagne, et;
pour mieux faire la contrebande dés marchan-
dises, on emplissait les bateaux de. bouquins
et de livres sans prix qu'on jetait ensuite à là
mer et qu'on remplaçait par quelque cargaison
anglaise : plusieurs éditions d'ouvrages qui
n'avaient pas eu de succès, se trouvèrent par
là épuisées. Il en était arrivé ainsi à un ppëme
de M. de Saint-Victor, les Tableaux de Paris.
M. de Saint-Victor en profita pour se faire réim-
primer, et M. Michaud appelait méchamment
la première édition a l'édition ad usum delphini »
(a. l'usage des dauphins). » Ch. Labitte.
AD VALOREM loc. adv. (adva-lo-romm —
roots lat. qui signif. Selon la. valeur). Cette
locution sert à indiquer qu'une marchan-
dise importée paye un droit d'entrée de tant
pour cent, proportionnellement à sa valeur.
Les objets importés d'un pays dans un autre
sont soumis a des droits de douane, et ces
droits peuvent être établis sur deux' bases
différentes ; on les distingue en droits ad va-
lorem ci en droits spécifiques; les premiers
sont proportionnels à la valeur des objets,
quels qu'ils soient; les seconds sont basés sur
la nature'des objets importés. La loi dit; par
exemple : les fontes, fers et aciers payeront
tant; les fils et tissus de lin et de chanvre
payeront tant; la houille et le coke payeront
tarit : ce sont des droits spécifiques. Si, au
contraire, la loiditrUne marchandise- qui
coûte îoo francs, 2oo francs, 300 francs; payera
10 francs, 20 francs, 30 francs d'entrée, c'est
un droit ad valorem : Le' vin de Médoc, qui
vaut 5 à 600 francs la pièce, et le vtn de Su-
renes, qui nlen- coûte pas 50, payent le même
droit Centrée aux barrières de Paris; c'est un
droit spécifique; la justice exigerait un 'droit
ad ' valorem.'. (*".) Les droits de. douane au
Brésil, comme en Portugal, sont 'fixés ad va-
lorem. (Horace Say.). .., .
ADVENANT (ad-ve-nan) part prés, du v.
Advenir.: Ce sera, la chose advenant/ le seul
succès pécuniaire de l'auteur, yîalz .) r
',' ADVENIR' v! impers. (ad-v,e-nirr-r-"lat. ad-
venire, même sens; de ad, à; venire, venir.
— Ce verbe, qui prend l'auxil. être dans
les temps composés, n'est usité qu'aux troi-
sièmes personnes et à l'infinitif : Il advient.
Il, advenait. 'Il advint. Il adviendra. Il ad-
viendrait. Qu'il advienne. Qu'il advint. Il est
advçnu. Il fut advenu, etc.). Arriver ,-survenir,
échoir ,: Quoi .qu'il advienne. Qu.'adviendra-
t-ilde tout cela? . \
La Fostaine.
n S'empl. aussi ncutral. : On nepêut pas pré-
voir tous' lés cas qui adviendront. (Acad.) Do-
rénavant je té" 'raconterai ce- qui : doit ,ad-
- 'Venir. (CliàteaUb.) Ce qui adviendrait après
' lui jië l'occupait pas. (G. Sand.) Qui de nous
peut savoir ce qui lui adviendra ' demain ?
'Mais, quoi qu'il advienne,,; 'espère que nous res-
terons amis et frères tous tes trois. (Alex. Dùm.)
:• —. Advienne quepourra. Signïnè'qû'oh est'
"prêt à subir toutes lés conséquences qui peu-
vent résulter d'une résolution ou d'un fait: il
Fais.ce que dois, advienne que pourra; Ancien
. ' — Prov.littér. J'étoî» là1; lellc chri.e ri.'„,i-
Tint. Allusion à un -vers de La Fontaine, dans
la fable àesDeux Pigeons .■■ •
* ' : i ' jion voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'élais M; tdle chose m'advùti : /
,','.. Voua y croirez être vous-inêraé.
Ce vers, dans les applications qu'on en fait,
sert à exprimer Je plaisir que l'on ressent à
raconter, au retour, ses impressions de voyage.
« Les rares touristes qui se décident à quit-
ter Paris pour quelques années, songent beau-
coup moins aux âpres voluptés du voyage
qu'au plaisir de raconter ce qu'ils ont vu, et
de dire :
J'étais là, telle choie m'advtnt. •
Ed. About.
' « Tout le monde voyage aujourd'hui et tout
le monde raconte ses voyages. Il faut être
riyé à, son coin. par des anneaux de fer,.pour
ne pas courir de temps en temps la France et
l'Europe. -Il faut .ne pas savoir manier une
plume pour ne pas sentir le besoin de faire
connaître au public les pays qu'on a décou-
verts, les impressions qu'on a éprouvées.
.:. J'étais là, telle chose m'aclvint;.
■ - Vous y croirez être vous-même.»
, , JULIEN GÉRARD.
ADVENTICE adj. ( ad-van-ti-se — du lat.
aduenticius, étranger). Didact. Qui n'est pas
naturellement dans une chose, qui y survient
du dehors : Nos défauts, nos travers, nos vices
■plus. ou moins répréhensibles, ne résulteraient-
ils pas d'une multitude de conjonctures qui les
insinuent, ou de causes .adventices propres à
les développer? (Virey.) Comment ^organisa-
tion de l'humanité est-elle adventice, antilo-
gique? (Proudh.)
— Méd^ Maladies adventices, M aladies qui
ne sont pas héréditaires, qui ne tiennent pas
à la constitution. . _ ,-
-^ Agric. Plantes adventices, Qui croissent
sans avoir été semées, comme les mauvaises
herbes.
— Bot. Partie adventice, Se dit de tout or-
gane qui naît hors de sa place normale. C'est
ainsi que certaines racines, qui naissent sur les
tiges et les rameaux, certains bourgeons, qui
naissent sur un autre point qu'à l'aisselle des
feuilles, sont dits racines et bourgeons ad-
ventices. Il Dans ce cas, adventice est syn. de
adventif, ivç.
— Philos. Idées adventices, Idées qui vien-
nent des sens et qui ne peuvent naître que
des objets extérieurs. "On le dit par opposition
à idées innées. ' ,
ADVENTIF, IVE adj. (ad-van-tif,i-ve — du
lat. adventicius, étranger). Droit rom. Pécule
ADV
adventif, Pécule concédé aux fils de famille en
nue propriété.
— Ane. jurispr. Biens adventifs, Biens ac-
quis par toute autre voie que la succession
directe.
,. .— Agric. et Bot. Syn. d'adventice.
-advenu, UE (ad-ve-nu) part. pass. du v.
Advenir : Quand je me trouvai seul, je m'é-
tonnai de tout ce qui était advenu dans la forêt
sans que j'en eusse ouï ou surpris quelque chose.
ADVERBE s. m. (ad-vèr-be — lat. advér-
bium, même sens; de ad, auprès; ver-
verbe bien modifie un verbe dans Ilparlemv.s,
un adjectif dans Vous paraissez bien triste, un
autre adverbe dans Vous venez bien tard.
,— Encycl. Gramm. Les grammairiens se
plaisaient autrefois à créer de nombreuses
classifications, que leur peu d'utilité réelle a
fait tomber dans un oubli presque complet. Ils
distinguaient beaucoup d'espèces d'adverbes :
nous allons citer. seulement les principales;
1° Les adverbes de lieu, comme où, ici, là,
dedans, dessus, dehors, devant, derrière, après,
partout, ailleurs, alentour, etc. ;
Les adverbes de temps, comme quand, hier,
sormais, alors, enfin, etc. ;
30 Les adverbes de quantité, comme combien,
~quc, beaucoup, peu, trop, assez^ plus, moins,
'autant, davantage, tellement, si, tant, très, etc.;
<o les adverbes d'affirmation, comme oui,
certes,' sij assurément, etc.; ■
50 Les adverbes de négation, comme non, ne',
pas, point, aucunement, etc. ;
6« Les adverbes de manière, comme comment,
•bien, mieux, mal,'ainsi, autrement, et un très-
grand nombre de mots en ment formés des
adjectifs, tels que grandement, sagement, folle-
ment, vivement, lentement, etc.
La formation des adverbes de cette dernière
espèce peut se ramener aux règles suivantes :
1 Quand l'adjectif masculin est terminé par
june voyelle simple, l'adverbe se forme par
l'addition de la syllabe ment: joli, joliment;
large, largement ; poli, poliment, etc. Quel-
quefois seulement il faut ajouter un accent,
comme dans conforme, conformément; goulu,
goulûment, etc. Par une exception toute spé-
ciale, impuni fait impunément.
Quand l'adjectif masculin se termine par une
consonne ou par- une voyelle composée, l'ad-
verbe se forme du féminin de cet adjectif en y
ajoutant ment : Doux, douce, doucement ; long,
longue, longuement; fou, folle, follement ; nou-
veau, nouvelle, nouvellement. Pour quelques
adverbes, on ajoute un accent : commun, com-
mune, communément; précis, précise, précisé-
ment^ etc. Gentil fait gentiment, et les adjectifs
en ont et en ont suivent une règle à part, sauf
lent, présent et véhément, dont les adverbes
lentement, présentement, véhémentement, déri-
vent des formes féminines, comme cela vient
d'être dit. Tous les autres forment l'adverbe
en changeant ont ou ent en amment ou emment :
prudent, prudemment; constant, constamment.
Plusieurs adverbes donnent lieu à des diffi-
cultés grammaticales dont on trouvera la solu-
tion en cherchant chacun de ces mots à son
ordre alphabétique.
Pour expliquer la fonction et la nature de
l'adverbe, les grammairiens le considèrent
quelquefois comme équivalant à une préposi-
sition suivie d'un substantif. A\ns\,pruaemme»l
veut dire avec prudence ; justement, avec jus-
tice; peu signifie en petite quantité; .bientôt
équivaut à dans un temps rapproché. A ce point
de vue, l'adverbe remplit exactement, dans les
phrases, la même fonction qu'un complément
appelé indirect par beaucoup de grammairiens,
mais qui est plutôt un complément circonstan-
ciel. D'un autre côté, les compléments avec
prudence, avec justice, 'etc., reçoivent quel-
quefois le nom de compléments adverbiaux
quand on les considère comme équivalant aux
adverbes prudemment, sagement, etc.
ADVERBIAL, ALE adj. (ad-vèr-bi-al — rad.
adverbe). Qui tient do lad verbe, qui en a la
signification.
— Locution, expression adverbiale, Assem-
blage de mots remplissant les fonctions d'un
adverbe, tels sont : à l'envi, à la hâte, à
part, etc.
ADVERBIALEMENT adv. (ad-vèr-bi-a-le-
man — rad. adverbe): D'une manière adver-
biale ": // est toujours bien, quand un mot n'est
pas adverbe de sa nature et qu'il fait seulement
fonction d'adverbe dans une phrase, d'indiquer
qu'il est pris adverbialement. (Jullien.) Té-
moin se prend quelquefois adverbialement, et
alors il est indéclinable. (Boissonade.)
ADVERBIALISÉ , ÉE (ad-vèr-bi-a-li-zé)
part. pass. du v. Adverbialise'r : Un mot
ADVERBIALISÉ.
ADVERBIALISER v. a. ou tr. (ad-vèr-bi -a-
li-zé — rad. adverbe). Gramm. Donner à un
mot une désinence ou la fonction d'adverbe.
S'adverbialiser, v.pr., Gramm. Devenir ad-
verbe, être employé adverbialement : L'ad-
jectif ou attribut est susceptible de s'adver-
. ijialisek: (Ch. Nod.) .,,
■AÏ>V
ADVERBlALlTÉ s', f. (ad-vèr-bi-à-lWé —
rad. adverbe). Gramm. Qualité de l'adverbe,
ou d'un mot pris comme adverbe. ■
adversaire s. m. (ad-vèr-sè-re — lat.
adversarius, même sens ; de adversus, opposé).
Celui qui est opposé à un autre dans un com-
bat, dans un duel : Désarmer, tuer s<wa.dver-
sairk. Ménager son adversaire. En ce mo-
ment je ressemble aux chevaliers gui ne por-
taient pas de.coups à leur adversaire tombé.
(Balz.) . . - )
Mois comme il s'est vu seul contre trois adversaires...
. ... , r CORHEILLE. ,'
Comptons nos ennemis : un, deux, trois adversaires.
C. Delavigne.
Il Celui qui est d'un parti différent, qui sou-
tient une autre opinion, qui est opposé dans
un procès : Les adversaires de l'Eglise nient
les miracles. (Pasc. ) Je n'ai encore "allégué
qu'un seul lait, et, en m'y tenant, je vois tous
mes adversaires à bout. (Boss.)// me faut
discuter hautement les moyens de mes adver-
saires, les éplucher phrase à phrase. '{Bea.am.)
On peut' toujours se dispenser de 'réfuter '.ce
?<u'un adversaire s'est dispensé de prouver.
Dussault.) Les adversaires du comte n'avaient
pas encore choisi leur défenseur. (G. Sand.)
Il est plus facile parfois de rassurer des
adversaires que de contenter des partisans.
(Villem.) M. de Narbonne ouvrait son âme
aux regards de ses adversaires : cette con-
fiance touchait. ( Lamart. ) Il Se dit aussi
de la personne contre laquelle on joue :
Pourquoi montrez-vous votre jeu à votre ad-
versaire? (E._ Sue.) .... \
— L'Académie conserve à ce mot le genre
masculin ,en parlant d'une femme : Cette
femme est un dangereux adversaire. Cepen-
dant nous trouvons dans Balzac : Pourquoi
— '■ — -•- ■•■>$ jours a la majestueuse — —
Notre ennemi tend à nous nuire, à nous perdre :
Les femmes n'ont pas de plus cruelles enne-
mies que les femmes. (Dnclos.) Adversaire se
dit plutôt par rapport à des discussions d'inté-
rêts : Les jésuites avuiehi toujours dans les
dominicains de puissants adversaires. (Pasc.)
Antagoniste se dit par rapport à 'des discussions
d'opinions, à des jalousies : Voltaire était ^'an-
tagoniste de Créb'illon. (D'Alemb.) ,
— Antonymes. Champion, défenseur, inter-
cesseur, médiateur, souteneur, tenant. , — Al-
gnanirne, superbe, orgue
méraire, cruel, terrible, puissant, formidable,
zélé, mortel, acharné, implacable; caché, se-
cret, déclaréj envieux, jaloux, nuisible, dan-
gereux, obscur, faible, lâche, méprisable, vil,
traître, perfide.
ADVERSARIA s. m. (ad-vèr-sa-ri-a —
mot lat.) Chez les Romains, Recueil de notes
analogue à ce que nous appelons calepin,
agenda, journal , etc. Ce nom venait de co
qu'on écrivait des deux côtés, adversa parte.
adversatif, IVE adj. (ad-vèr-sa-tif, i-ve
— lat. adversativus, même sens; de adversus.
opposé.) Gramm. Se dit des conjonctions qui
marquent quelque opposition entre ce qui les
précède et ce qui les suit. Telles sont : mais,
quoique, bien que, cependant, etc.
— Log. Phrase adversative. Celle qui est
formée de deux propositions dont la seconde
nie la première ou la restreint. Ainsi cette
phrase, Dieu est juste, mais il est fton.où la jus-
tice de Dieu est tempérée par sa bonté, est
une phrase adversative.
ADVERSAtivement adv. (ad-vèr-sa-ti-ve-
man — rad. adversatif). Didact. D'une ma-
nière opposée : Adversativement au droit
hypothécaire.
ADVERSE adj. (ad-vèr-se — lat. adversus\
même sens: de ad, contre; versus, tourné).
Contre qui Von plaide : La partie adverse.
' Quand on n'a oui qu'une partie, on est toujours
de ce côtë-là, mais la partie adverse fait chan-
7er. (Pasc.)
Monsieur est l'avocat de la partie adverse.
Etienne.
Il Se place quelquefois avant' le substantif,
surtout en poésie : ^Ve croyant pas que son ad-
verse partie ait des armes, il se jette sur lui.
IVolt.)
Vous voyez devant vous mon adverse partie.
Racine.
— Fortune adverse, Contraire, défavorable :
// faut tromper la fortune, en se montrant
plus confiant qu'elle n'est adverse. (Lamart.)
Ce n'est pas être un grand homme que de n'a-
voir pas le courage de céder à /'adverse for-
tune. (Boiste.) '
Jamais raiioerie/orlime,
Ma surveillante importune.
Ne parut plus loin de moi.
J.-B. Rousseau.
— Bot. Se dit de toute partie.de la plante
qui est placée à l'opposite d'une autre, ou
tournée vers elle.
adversité s. f. (ad-vèr-si-té — lat. adver-
sitas, môme sens; de adversus , contraire).
Etat d'une personne qui éprouve des revers
de fortune, des accidents fâcheux : Etre dans
/'adversité. Tomber dans /'adversité. L'é-
preuve la moins équivoque d'une vertu solide,
-'"' " ~. (Mass.) L'homme ne èau-
- ■ 'kmr
irait tenir' ni' contre i/' adversité' ni contré la
prospérité. (Fléch.) /-'adversité est notre mère,
la prospérité n'est que notre marâtre. (Mon-
tèsq.) Z'àdversité est le piédestal qui montre
la vertu à- une plus.grande hauteur. (De Be.aus-
s'èt.) Dans /'adversité; on trouve facilement
du courage pour souffrir avec ceux qu'on aime.
(Scribe.) L'adversité est là pierre de touche
du caractère. (Balz.) . ' ' '
Ma gloire me suivra dans mon adversité. ■'
i... ISadvcrsité ne rend point méprisable; ' .-,- ,» ;
A.des.cceurB vertueux rien .n'est plus, respectable^ '■
Au feu de l'adversité , ,
Où souvent le riche succombe,
'Souvent le pauvre
Il S'emploie aussi au pi.
' L.tCIIÀHDEAUDIE. '
: Les plus courageux
trèmes. (St-Evrem.) Il faut se faire iïn cœur
capable de résister aux adversités. (Fléçh.)
Aux martyrs de l'intelligence, impitoyablement
immolés sûr la terre, les adversités'; sont
comptées en accroissement de ffioire. (Chateaub.)
— Syn. Àfl détrëaae, dl«grflec, in-
fortune, malheur, misère. Le'ma//ieur est Un
accident fâcheux qui nous arrivé : On a mille
remèdes pour consoler un 'honnête' homme et
pour adoucir ses malheurs. (La Brùy.) L'in-
fortune est le synonyme poétique dé "màlhéùr,
et se dit surtout d'une suite d'événements' fâ-
cheux : Alexandre ne put retenir ses larmes en
considérant /'infortuné dé Darius. ( Roll. )
L'adversité est un' état dans lequel on a le sort
contre soi : On loue la fermeté <i'_
/"adversité ne peut abattre. (Mai
grâce est la perte d'un état heure
est déchu : On se. persuade, dans i
que si l'on jouissait encore d'une fortune riante
on soulagerait les malheureux. (Mass.) La tm-
sère est un grand. dénûment ou une grande
souffrance : Ce monde est une vallée de mi-
sères. (Acàd.) La détresse' est une position
embarrassante : Jietombé dans sàpremière dé-
tresse, saits pain, sans asile, prêt à mourir., de
faim ,ilse ressouvint de son bienfaiteur. (St-Sim .)
ADVEST s. m. (ad-vè-stt). Ane. jurispr.
Investiture accordée au' nouveau possesseur
par le seigneur, du fief. :■ ; '■■.'. -. v'
AD VITAM JETERNAM loc. adv. (ad-vi-ta-
mé-tèr-namm).' Mots 'lat. qui signif. pour
la vie éternelle, à jamais, pour toujours; ''
ADVODATEUR s. m. (ad-vou-a-teur). Ane.
coût. Celui qui reconnaissait et réclamait
comme siens des bestiaux saisis par le pro-
priétaire d'un fonds sur lequel ils commet-
taient du dommage;
ADVOUÉ s. m. (ad-vou-«). Hist. ecclés. Pa-
tron, défenseur dune église, d'une abbaye,'
ADY s. m. (a-di). Métrol. Nom du, pied au
Malabar. L'ady vaut 265,68 millimètres. L'ady
carré, mesure dé -superficie, vaut 7,05854374
décimètres carrés. ,
— Bot. Palmier des Antilles : Des sommités'
de Z'adY sort un suc abondant que l'on reçoit
dans un vase, et qui devient un vin enivrant;
(Jussieu.)
ADYNAM1CO-ATAXIQOE adj. (a-di-na-mi-
ko-a-ta-ksi-ke — du franc, adynamie et
ataxique). Méd. Se dit d'une maladie qui pré-
e le double caractère de l'adyna
îtde
ADYNAMIE s. f. (a-di-na-mî — du gr. a
priv. ; dunamis, force). Méd. Débilité géné-
rale, prostration physique et morale : Pinel a
employé le mot adynamie pour peindre l'excès
de faiblesse musculaire qui-s'oiserue dans les
fièvres putrides. . ,
— Encycl. On donne, en pathologie, le nom
i'adynamie à un état général caractérisé par
l'abattement profond de la physionomie, la
flaccidité des chairs, la difficulté des mouve-
ments, l'obscurcissement des -sensations,- la
faiblesse du cœur et des artères, etc. La vé-
ritable adynamie s'accompagne des phéno-
mènes suivants : petitesse et mollesse . du
poulsj décalorincation et pâleur du système
■ dermique, sueurs froides. Il ne faut pas con-
fondre l'état adynamique avec ce qu'on appelle
l'oppression des forces, circonstance dans la-
quelle la faiblesse n'est qu'apparente, et peut
n'être que passagère. L'école de Pinel a con-
sacré l'epithète ^adynamique pour signaler les
maladies que les anciens appelaient putrides.
adynamique adj. (a-di-na-mi-ke — rad.
adynamie). Qui esj caractérisé par i'adyna-
mie ; faible, abattu, sans force : Etat adyna-
mique. La teinture de quinquina arrête les
fièvres intermittentes et la violence des symptô-
mes adynamiques ou ataxiques. (Renauldin.)
il Se dit aussi des maladies qui sont accom-
pagnées des symptômes désignés sous le nom
A' adynamie : Sous l'influence d'un air chaud et
humide, on voit régner les affections mu-
queuses et adynamiques. (Chomel.)
ADYSETON s. m. (a-di-ze-ton). Bot. Genre
de plantes crucifères.
ADYTUM s. m. (a-di-tomm — mot lat."; du
gr. aduton, sanctuaire). Antiq. Chambre par-
ticulière ou secrète dans un -temple, d'où tout
le monde, excepté les prêtres, otait sévère-
ment exclu. La disposition obscure de l'ady-
'■'vECÏ
tum facilitait une foule de supercherieç, telles '
quc'los,y oix surnaturelles, les apparitions, etci
ADZER s., lii. (ad-zèrr). Chez les Persans,
Mois qui répond à-notro mois de novembre:
■.•■JE était, en latinj une véritable diphthon-j
gue. L'a y conservait toujours un son plein.et
entier, et celui dé Te était trôs-faible.j En
passant dans notre langue, le signe ■<£ -n'est
resté une diphthonguo que pour la vue, l'a s'y
trouvant, dans la prononciation, complète-
ment sacrifié à l'e.^Bien plus,;il,,tgndjà;.dispa-;
raîti'éV.de, l'orthographe, française ,'*ot "né s'y
maintient dans, qûeVques.^norns',' propres i, et
dans quelques termes scientifiques .que par
sa valeur 'étymologique. Tous les"'niots'qu'on
ne trouverait' pas écrits par œ devront' être
cherchés à la lettre,simple-.eà ."/;<<> /(.■./
1 JE. A.1 A.- F. P. , Abréviation que les trium-
virs1 monétaires romains" faisaient'placer sur
les monnaies pour indiquer qu ils mon-
nayaient le bronze {/Es), 1 or (Aurum) et l'ar-
gent (Argentum), par les procédés de la frappe
(Feriendo) et du moulage (Flando). s «"■■" ;
*ACÉES Si f.pl. V. EACIES.
■ JEACIDE s: m; V„ Eacide.. '•'• •iVfl:r<fl ;
aiANTlbÉ's. in'. (é-an-ti-aéj'.'Geog'r. anc.
Une des tribus dé l'Attiqùè. Elle 'portait le
nom d'Ajax, fils dé Télamôn, qui, étant ,i!o
Salamine et allié d'Athènes; au siège dé
Troie, fut. regardé, commo, Athénien. Ou, y
trouvait les villes et bourgs de Litaciries,
Œnoé; Psapkidés, Rhamiius, Titacides, Tri-
corythè, etc. ^ ' ,'..,,, ' , ■- .
NANTIES s. t. ,pl. (é-an-ti — ■ du gr. À mm;
Aianios,' Ajàx). Antiq. çrçcq. ^Fètçs, qu'on
célébrait à Salamine en l'honneur. d'Ajax, fils
de Télaiiion, et dans lesquelles on portait sur
tin cercueil un mannequin armé de toutes
pièces.' Elles étaient également célébrées par
une tribu athénienne, celle d'jÉà'ntide'j d'où
•le nom i'Aïnnties que leur donne Hésychiiis;
Il On écrit aussi' aïanthuss, et mieux ajacties.
tflAQUE. V. Eaque. * ..'■.'■'
JEBÙTIA . (lex), Loi romaine qui* interdi-
sait à celui qui faisait une proposition relative
à quelque magistrature de démander que cette
'magistrature pût êtreconféréé ou a'Iui-même,1
où à ses collègues, ou à ses amis. Elle portait
le nom du tribun iEbution. qui l'avait présen-
tée.'Ûneautre loi,1 appelée aussi JEbutia :ei
pour le même, moiif, abolissait certaines' dis-
positions.des Douze Tables, notamment' la
coutume singulière, empruntée aux Athé-
niens, d'interdire là recherche dés objets vo-
lés; quand ■ le voleur était masqué et n'avait
pour vêtement qu'une ceinture autour des
. .œbYs.s. m', (é-biss): Métroi; Monnaie usi-
tée en Arabie ; elle vaut i fr. 56 c.
JECHMALOTARQUE s. m. (èk-ma-lo-tar-ke
— du gr.aichmalotos, captif- archos, chef).
Antiq. Chef que. les Juifs .élurent pour les
gouverner durant la-captivité : Les ^echma-I
lotarques ne pouvaient être pris que dans la
tribu de Juda. (Suppl. Acad.)
/ECHMANTÈRE s. m. (èk-mah-tè-re .— du
gr. aichmè, pointe; antheros ,' fleuri). Bot:
Genre de plantes de la famille des acantha-
cées, dont la seule espèce connue est un sous-
arbrisseau de l'Inde, à tige et à rameaux co-
tonneux, d'un blanc de neige. ■
«chmée s. f. (èk-mé — du gr. aichmè,
pointe, piquant). Bot. Genre de plantes de la
famille .des broméliacées, tribu des bromé-
liées, ayant pour patrie l'Amérique tropicale.'
Borné a un très-petit nombre d espèces con-
nues, ce genre renferme des plantes herba-
cées vivant en faux parasites sur le' tronc des
arbres, plus rarement au pied, ou même dans
les fentes des rochers ombrés. Son nom lui
vient de ce. que. ses graines et ses bractées
sont allongées en pointe. L'espèce la" plus re-
marquable estl'aechmée flamboyante (œchmea
fulgens), dont les fleurs d'un beau jaune sont
groupées en panicule. Elle présente une va-
riété à feuilles d'un pourpre violacé en des-
ptères, famille des nocturnes, rie renfermant
qu'un petit nombre d'espèces, toutes remar-f
quables par les lignes et les points d?argent
dont leurs ailes sont ornées sur un fond
bronzé très-luisant. On les trouve en Saxe,"
en Bohême et dans le nord de la France.
iECIDIE s. f. (é-si-di — du gr. oikidion, mai-
sonnette, loge, cellule). Bot. Genre de jetits
champignons de la famille des aecidinées,
dont les individus vivent parasites sur plur
sieurs espèces de plantes.
— Encycl. .Les œcidies sont de petits cham-
pignons microscopiques, vivant le plus sou-
vent sur les feuilles, quelquefois sur les autres
organes des végétaux, où ils forment des taches
pulvérulentes jaunes, brunes ou noires. Ils
croissent sous l'épiderme^ qui se soulève, se
gontle, se durcit en leur tormant une sorte de
réceptacle, puis Unit par se rompre à la matu-r
rite du champignon. Ce genre renferme un
très-grand nombre d'espèces, dont plusieurs
sont très-iutéressantes a connaître, à cause
des dégâts qu'elles produisent sur quelques
végétaux cultivés.
L'œcidie du poirier (œcidium cahcèllàtum de
Persoon) iroit à là face inférieure des feuilles
'uÂÉY)l tfY0ô
'des'poiriers' et' des pommiers',' dés aubépines et
'(tes'àutré^.arbres dé cette .fumiHe'.; ejle'jfis
épuise et peùt'mème lès faire périr^'ci'.elleçst
trop abondante. On a remarqué é,uè nette ma-
ladie dès poiriers se développe sou rent dans
le voisinage des sabihes' (espèce de'génévriér),
et on a nîême été jûsqu a regàrdér^cës'rêsi-
'rieiix 'comme la' causè'dè là maladie"- mais ,
cette opinion n'est pas- 'jusqu'à présent1 bien
démontrée.'1'' '.'',' .'!!' ' •[' :" ." '• !'" .,"' ' 'i'
L'œcidie corné d'élan' (œcidiuni^eïàtin'um)
est ■ probablement'. là .qàùçe de la rnaladi^ '(jue
'Voh.obserye quelqûéfç>js,sur lés sapins, p'u'and
les rainèaiix dé ces arbres >ont' çoùyér$r'de
'ces 'cryptogames,,' ils' s'allongent', ,déviehn^nt
pliis' nombreux', '\ plus' grêles,' 'perdent' leurs
.feuilles, et' s'entrelacent de, l'a manière la'plus
^bizarre. Ce phénomène est connu dans ^quel-
ques' localités sous le nom vulgaire de bàlat'des
". Vécidie'dè l'épine-vinèïte'\œcidium herhe-
ridis) attaque les feuilles de cêtarbùstèj^et
l'on à, prétendu qu'il 'causait aussi la maladie
du blé connue soùs \é 'nom dé charbon. C'est
^n préjuge déni lé temps et lè,s,prqg'r'ès'i'aé|la
sciençéont fait 'justice: " ''_', ',','/., , ','..,.',,",
' Les œcidies, comme nous vénpns^de, le' dire,
ne vivent' qu'à la surface des tissus végétaux
et ne pénètrent pas.prpfondémènt a i;interie\ir ;
elles | sont donc généralement peu') nuisibles.
On ne connaît aucun moyen çrati.qve.dé,, r'e-
.jmédier.'à ce nia}.' On pourrait, il est yr'aijénle-
yer "les" feuilles .infestées dé ces cryptogames ;
niais i;e ne serait là qu'un palliatif. ', .,'1i->'(
. aede s. m. (a-è-de -—du gr. aidéin; cha'n-
•tor). Chez les anciens Grecs, Nom donné aux
^poUtes^de l'époque- primitive, qui, dans les
grandes solonnités, chantaient- des hymnes,
des poésies mystiques, des cosmogonie^, des
théogonies composées par eux-niômes'':' Ees
AiiDus les plus fameux ont été-Linùs] 'Amphion,
Orphée et Homère. L' Ahuri CCriaW en chantant
le& premières chroniques de l'humanité danéka
mémoire de ses auditeurs. (E. Pelletai!'.) ■ '^
. JEDE s. ni. (ô-de — du gr.'arfd^','importun).
Entom. -Genre d'insectes diptères, 'no-renfer-
mant qu'une seule espèce, qui habite lo' nord
de l'Allemagne. .-...,.;;. ;i.^,± , .o< a*
: vKDELFOHS. Géôgr. Célèbre mined'or/de
Suède , découverte en 1738 et ' aujourd'hui
presque' épuisée. ■ ' ■<•
<-V ^DÉLITE s. f: (é-dé-li-to)l Miner. Variété
^ d'apophyllitO', appelée aussi zéoiité siliceuse,
qui sert de support' à la iriésotype1 épointée.
On l'a trouvée en Suède, dans les fentes d'une
roche -trappéenne; , ,.j.-i -> r >"u •"-.>,
'^DÉMONE s. m. (é-dô-mo-ne ^'du gr! ài-
dèmôn ;■ 'timide ,■ pudibond ). ( EntornJ .Genre
d'insectes coléoptere's,' qui à 'pour type1 jiho
espèce de l'Afrique australe, appelée œ'démo-
nus punctatûs. .'''.'' . ''
«DEPOLI interj. (é-dé-pol — abréviation
do deux mots lat. qui signif. par Polluxl par
'le temple de Polluxlpèr cedem Pollucisl). Ju-
rement usité en Grèce et à Romo, et équi-
valant'à Certes, assurément, en vérité. On
en a fait quelquefois usage par plaisanterie :
Par /EDEPOI, ! voilà de belles nouveautés: (Bé-
roalde de Vorville.) n On écrit aussi edepol I
«DES s. f. (é-dèss— lat. œdes, édifico, .tem-
ple). Nom sous lequel les .Romains dési-
gnaient un bâtiment quelconque, et, par
extension^ un templo ou une chapelle. Toute-
fois, dans le principe, on distingua Yœdes pro-
prement dite du templum, en ce.auefle^pre-
miér 'était simplement consacré,,iandis que
le second était a la fois consacré et inaujguré;
mais cette distinction disparut" dans la suite.
Le mot œdes a été fréquemment employé
par les auteurs chrétiens pour -signifier un
édifice religieux. - ' ....'■ - -
VEDICULE s. f. (é-di-ku-le — lùt.œdi'cula,
diminut. ù'œdes, maison, temple). Antiq.
rom. Sanctuaire, tabernacle ou dais, avec
un fronton supporté par des colonnes, con-
struit dans la cella d un temple, et sous le-
quel la statue du dieu^était placée, ji Petit ca-
binet fait de bois, sur le modèle d'un' temple,
où les images des ancêtres', les lares et les
divinités tutélaires étaienteonservés et pla-
cés dans de grandes caseyiutour de l'atrium,
il Pendant le moyen âge^e disait dé petites
églises en miniature que l'on plaçait, par
piété ou comme ex-voto, dans les maisons
particulières ou dans les édifices religieux, a
la même époque, on représentait, soit par la
sculpture, soit par la peinture, les fondateurs
des monuments chrétiens, et l'on indiquait
cette particularité en les figurant avec une do
ces œdicules entre les mains. D'autres ■ aedi-
cules servaient de reliquaires. . ■ ■
JEDIE s. f. (é-dî — du gr. aédia, .désogié-
ment, tristesse). Entom. Genre d'insectes lé-
pidoptères, famille dos nocturnes.
JEDIFICIAL, ALE adj. (e-di-fi-si-al — 'du
lat. œdes, édifice). Myth. Epithète^ donnée à
Jupiter adoré dans l'intérieur des maisons:
JEDILE s. m. (é-di-le — du lat. œdilis, qui
a rapport aux maisons). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères longicornes. Ils habitent
plus, souvent l'intérieur dos maisons que les
bois, et leurs larves se développent dans les
poutres et les solives dos habitations.
/editime s. m. (é-di-ti-me — lat. tediti-
mus; do cèdes, temple). Antiq. Nom donné
chez les Romains au gardien chargé do la
surveillance d'un temple. Il en avait 1er. clefe,
u
l'ouvrait aux heures marquées, en dirigeait
le balayage et le nettoyage , servait de guide
aux étrangers, et leur expliquait les raretés
et les œuvres d'art que l'édifice contenait, il
On dit aurai Leditdus et ^editumus.
£IDNE s. m. (èd-ne — du gr. édita, même
sens). Présent de noces : Ses frères lui arra-
chèrent à la fois ces précieux .sdnes et la vie.
(Val. Parisot.) il Conformément à l'étymolo-
gie, il devrait s'écrire ednk.
jEDŒBLENNORRHÉE S. f. (é-dé-t
-du
gr. aidoia, parties naturelles; blenna,
mucosité ; rhein, couler). Pathol. Ecoulement
rauqueux par les parties génitales.
/EDOIODYNIE s. f. (é-do-i-o-di-nî — du gr.
aidoia, parties naturelles ; ùdunê, douleur).
Méd. Doulour dans les organes de la géné-
ration.
jEPOIographiE s. f. (é-do-i-o-gra-f î — du
gr. aidoia, parties naturelles; graphein, dé-
crire). Anat. Description des parties génitales
de l'homme ou de la femme.
jedoiologie s. f. (é-do-i-o-lo-gi — du gr.
aidoia , parties naturelles ; logos, discours,
traité). Anat. Traité sur les organes de la gé-
nération.
jEDOIOPSOPHie s. f. (é-do-i-o-pso-f î — du.
gr. aidoia, parties naturelles ;psophos, bruit).
Pathol. Emission sonore du gaz par les or-
ganes de la génération.
/EPOIOTOMIE s, f. (é-do-i-o-to-mî — du gr.
aidoia, parties naturelles; tome, incision);
Anat. Dissection des organes de la génération.
/EDOIOZOAIRE adj. (é-do-i-o-zo-è-re — du
gr. aidoia^ parties naturelles; zo'on, animal).
Zool. Se dit des animaux chez lesquels prédo-
minent les organes sexuels.
&POÏTE s. f. (é-do-i-te — du gr. aidoia,
parties naturelles). .Pathol.' Inflammation des
parties génitales externes.
AÉDON. Myth. Epouse de Zéthus , frère
d'Amphion, n'eut de lui qu'un fils, nommé
Ityle, Jalouse de la nombreuse famille de
Niobé, sa belle-sœur, qui avait sept fils et sept
filles, elle résolut d'égorger Amanée, fils aine
de sa rivale. Cet enfant couchait avec Ityle?
auquel elle avait expressément recommande
de changer de place pendant la nuit ; mais
l'enfant ayant oublié la recommandation de sa
mère) fut tué au lieu de son cousin. Aédon, re-
connaissant sa méprise, fut livrée aux Furies,
et se tua de désespoir. Les dieux, touchés de
compassion, la métamorphosèrent en rossi-
lille de Pandarée, épousa un artiste de la ville
de Colophon, nommé Polytechnus. A quelques
détails près, leur histoire n'est autre que celle
dé Térée.
AÉDON s. m. (a-é-don — de Aédon, n. my-
thol.). Ornith. Espèce de gobe-mouches com-
mune dans les lieux couverts et abrités. '
jTGAGRE s. f. (é-ga-gre — du gr. aix, chè-
vre ; agrios, sauvage). Mamm, Espèce de
chèvre sauvage, ou plutôt type sauvage de la
chèvre domestique. L'aegagre est d'une taille
plus forte et de couleurs plus foncées que la
chèvre. Elle habite les régions montagneuses
de l'Asie. Robuste, capricieuse et d'un natu-
rel vagabond, elle aime le séjour des lieux
escarpes et des rochers d'un accès difficile. On
l'appelle aussi paseng dans son pays natal.
&GAGROPILE s. m. (é-ga-gro-pi-le — du
gr. aix, chèvre ; agrios, sauvage ; pilos, laine
foulée). Concrétion qui se trouve quelque-
fois dans les voies digestives des chèvres ou
des autres animaux ruminants, il Les œgagro-
piles paraissent formés principalement de
poils que l'animal a avalés en se léchant, et
que les mouvements divers de l'estomac ont
réunis en boule. On y rencontre des débris de
végétaux et des substances calcaires. Les
segagropiles sont aussi connus sous le nom de
bezoards d'Allemagne. V. Bézoard.
jEGÉrie s. f. (é-jé-rî). Entom. Genre de
papillons nocturnes.
jEGÉrite s. m. (é-jé-ri-te — du gr. ai-
geiros, peuplier, parce que l'jegérite fut, dit-
on, découverte sur cet arbre). Bot. Genre de
champignons qui naissent sur les bois ou sur
les écorces en décomposition, et dont on ne
connaît que deux espèces.
S1GIALIE s. f. (é-ii-a-lî — du gr. aigialos,
bord de la mer). Entom. Genre d'insectes co-
léoptères pentamères, famille des lamelli-
cornes , qui vivent dans le sable, au bord de
la mer.
JEGIALITE adj. (é-H-à-li-te — du gr. ai-
gialitès, vivant sur le nord de la mer). Ornith.
Se dit des oiseaux qui habitent les rivages de
œgialie. Les larves de ces insectes vivent dans
les racines des végétaux, dans le bois pourri
ou dans la tannée.
JEGIGÈRE s. m. (é-ji-sè-re — du gr. aix,
chèvre; keras, corne: allusion à la forme
du fruit). Bot. Genre de plantes de'la famille
des myrsinéacées, à fleurs blanches réunies en
grappes ou en ombelles, à fruit arqué, à
graines dépourvues d'albumen. La principale
espèce est le grand œgicère (œgiceras majus),
arbrisseau qui croit dans l'Asie tropicale jus-
qu'au 3i<* degré de latitude australe.
5JGICÉRÉES s. f.x pi. (é-ji-sé-ré — rad.
œgicère). Bot. Plantesdela famille des myrsH
neacées, renfermant le seul genre œgicère. Ce
genre diffère surtout des autres myrsinéacées
par sa graine, qui n'a pas d'albumen, et par
ses anthères , qui s'ouvrent par un grand
nombre de fentes transversales.
.ffiGicoRE s. m. (é-ji-ko-re — du gr. aix,
chèvre; korè, vierge). Une des quatre pre-
mières tribus de l'Attique, ainsi nommée de
ce qu'elle se composait des bergers de chèvres
ou possesseurs de troupeaux. ,
^GICRÂne s. m. (é-ji-crâ-ne — dugr. aix,
aigos, chèvre, et du franc, crâne). Tète de
chèvre ou de bélier dont sont ornés quelques
autels, quelques frises, ou d'autres monu-
ments anciens.
ffiGlDlE s^m. (é-ji-dî — du gr. aigidion,
ptcres ueuutiiieicSj iaumie uea ituiieiii^uiiisa,
tribu des scarabéides, auquel on rapporte
deux espèces, l'une de la Guadeloupe, l'autre
du Brésil.
AGIDOUQUE adj. (é-ji-dou-ke — de deux
mots gr. qui signifient tenir l'égide). Mythol.
Surnom donné a.Jupiter et à Minerve.
«GIEN, ENNE adj. (é-ji-ain, è-ne — du
gr. aix, chèvre): Mythol. gr. Surnom donné
ffiGlLOPiNÊES s. f. pi. (é-ji-lc-pi-né — rad.
œgilops). Bot. Nom donné à une tribu dé
plantes de la famille des graminées, ayant
pour type le genre œgilops.
jEGILOPS s. m. (é-ji-lopss — du gr. aigi-
lops, ulcère situé au grand angle de l'œil, mot
dérivé de aix, aigos, chèvre, et ôps, œil, œil de
chèvre, parce que , dit-on , les chèvres sont
sujettes à cette maladie, ou plutôt parce
âuo l'œil affecté a l'aspect de celui des
lèvres). Pathol. Petit ulcère qui se forme
dans l'angle interne des paupières, au-devant
ou a côté du sac lacrymal, et qui succède à
une petite tumeur appelée anchilops. Les an-
ciens paraissent avoir confondu l'anchilops et
\' œgilops, le premier avec la tumeur, le second
avec la fistule lacrymale.
— Bot. Genre de la famille des graminées,
très-voisin des froments (triticum), auxquels
il a été récemment réuni avec raison. Ce sont
en général des plantes basses, peu dévelop-
pées, à épis munis de barbes raides, et qui ne
sont d'aucune utilité. Il paraît toutefois 'quo
les graines d'une espèce qui croit en Sicile
sont alimentaires. Quelques botanistes ont
regardé Yœgilops ovata comme le type primi-
tif qui, par des modifications successives, au-
rait donné naissance au froment; cette opi-
nion a trouvé peu de partisans.
«ginÉtië s. m. (è-ji-né-tî). Bot. Genre de
plantes de la famille des orobanchées.
&GIPAN s. m. (é-ji-pan — du gr. aix,
chèvre; Pan, dieu des bergers). Myth. Di-
vinité champêtre que l'on représente avec
des cornes à la tête, des pieds de chèvre et
une queue, il Espèce, d'hommes ayant un mu-
seau de chèvre et une queue de poisson, qui,
selon Pline et Mêla, habitaient la Libye. On
croit que ce sont des singes de grande taille'
qui ont donné lieu à cette fable.
&GIPHILE s. m. (é-j i-fi-le — du gr. aix,
aigos, chèvre; philos, ami). Bot. Genre de
plantes dont on connaît environ une ving-
taine d'espèces, toutes particulières à l'Amé-
rique tropicale ; ainsi nommées parce que les
chèvres en broutent avec plaisir les jeunes
pousses.
/BGIPHILÉES s. f. pi. (é-ji-fi-lé — rad. œgi-
phile). Bot. Tribu de plantes de la famille des
verbenacées, ayant pour type le genre aegi-
phile.
/EGIS s. f. (é-jiss — du gr. aigis, égide).
Pathol. Tache blanche delà cornée.
— Antiq. Noni sous lequel on désignait la
peau de chèvre dont se couvraient les habi-
tants primitifs de la Grèce.
JEGITHALE adj. (é-ji-ta-le — du gr. aigi-
thalos, mésange). Ornith. Se dit do certains
oiseaux de l'ordre des sylvains, qui se nour-
rissent d'abeilles et en détruisent un grand
nombre. Il s. m. pi. La famille de ces oiseaux.
•ffiGITHE s. m. (é-ji-te — du gr. aigithos,
linotte). Entom. Genre d'insectes coléoptères
qui habite l'Amérique intertropicale.
«GiTHtNE s. m. (é-ji-ti-ne — du gr. aigi-
thos, linotte). Ornith. Genre d'oiseaux syl-
vains de la famille des chanteurs, très-voisin
de la fauvette.
XGLi s. m. (é-glé — du gr. aigle, lustre,
éclat). Bot.. Genre de plantes de la famille des
aurantiacées. C'est un grand arbre, indigène
de la côte de Coromandel, dont le fruit, très-
estimé dans l'Inde à cause de sa saveur et de
son arôme, atteint la grosseur d'un petit
melon.
JEGLÉ s. m. (é-glé — du gr. aigle, lustre,
éclat). Crust. Genre de crustacés de l'ordre
des décapodes , dont on ne connaît qu'une
seule espèce, qui se trouve sur les côtes du
Chili.
^GLEFIN s. m. (é-gie-fain). Ichthyol. Nom
donné à une espèce de gade qui ressemble
beaucoup à la morue. Il On l'appelle aussi
AIGREFIN.
«GOBOLE adj. (é-go-bc-le — du gr. aix.
MGY
aigos, chèvre ; bolê, coup, blessure, formé de
ballà, lancer, frapper). Myth. gr. Nom donné
à Bacchus par les habitants de Potnies , en
Béotie, parce qu'au lieu d'un jeune homme
qu'ils lui immolaient, ce dieu déclara lui-
même que dorénavant il se contenterait d'une
chèvre.
. (é-go-sé-fa-le — du
AGOCÉPHALE S
tote, et dans lequel plusieurs naturalistes
croient reconnaître la grande barge aboyeuso.
&GOCÈRE adj. m.' (é-go-sè-re — du gr.
aix, chèvre; keras, corne). Myth. gr. Nom
donné à Pan, parce qu'ayant été mis par les
dieux au rang des astres, il s'était lui-même
métamorphosé en chèvre. Il Nom grec du
signe zodiacal appelé capricorne.
^GOCÈRE s. m. (é-go-sè-re — du gr. aix,
aigos, chèvre; keras, corne). Entom. Genre
de papillons.
.SGOCÉRIDES s. m. pi. (é-go-sé-'ri-de —
rad. œgocère). Entom. Tribu d'insectes lépi^
doptères crépusculaires.
jEGOCHLOÉ s. m. (é-go-klo-é — du gr. aix,
aigos, chèvre: chloê, herbe). Bot. Genre de
plantes de la famille des polémoniacées, ainsi
nommées parce qu'elles ont en général une
odeur fétide.
J
Plante 'citée par Pline' et qui croissait dans
la Colchide. On prétendait qu'elle faisait mou-
rir les chèvres, et que le nuel recueilli sur ses
fleurs par les abeilles rendait ivres ou furieux
ceux qui en mangeaient;
JEGOLIENS s. m. pi. (é-go-li-ain — du gr.
aigôlios, hibou). Ornith. Nom que Vieillot
donne à la famille des oiseaux de nuit.
^GOMORPHE s. m. (é-go-mor-fe — du gr.
aix, aigos, chèvre; morphè, forme). Entom.
Genre d'insectes coléoptères tétramères, fa-
mille des longicornes, renfermant sept es-
pèces, dont quatre du Brésil, deux de Cayenne
et une de l'Amérique septentrionale.
aiGOPHAGE adj, f. (é-go-fa-je — du gr.
aix, aigos, chèvre; phagà, je mange). Mythol.
Surnom qu'on donnait a Junon, chez les La-
cédémomens, à cause des chèvres qu'on lui.
sacrifiait, n On écrit aussi égophage.
«GOPHONIE s. f. V. Egophonie:
.ffiGOPHONIQUE adj. V. Egophonique.
^IGOPITHÈQUE s. m. (é-go-pi-tè-ke — du
gr. aix, aigos, chèvre ; pithékos, singe). Singe-
chèvre, animal fabuleux qui avait les cornes,
la barbe et les pieds de derrière de la chèvre,
avec les mains d'un singe.
&GOPODE adj. (é-go-po-de — du gr. aix,
aigos, chèvre; pous, podos, pied). Hist. nat.
Dont les pattes ressemblent aux pieds d'une
.chèvre.
— s. f. Plante de la famille desombellifères,
vulgairement connue sous le nom àepied-de-
chèure, de podagraire oiT&'herbe aux poutteux.
Cette plante croit dans les lieux frais et om-
bragés, dans les vergers, au bord des eaux. On
lui attribuait jadis, mais à tort, la propriété
de guérir la goutte. Ses feuilles ont une sa-
veur analogue à celle de l'angélique. Dans
certaines contrées, on mange en salade ses
jeunes pousses.
.ŒGOPOGON s. m. (é-go-po-gon — du gr.
aix, aigos, chèvre; pogân, barbe). Bot. Genre
de plantes de la famille des graminées, com-
prenant plusieurs espèces originaires de l'A-
mérique méridionale.
iEGORHlN s. m. (é-go-rain — du gr. aix,
aigos, chèvre ; rhin, nez). Entom. Genre d'inr
sectes coléoptères tétramères, fondé sur une
espèce du Chili.
/EGOSÉRis s. f. (é-go-zé-riss — du gr. aix,
aigos, chèvre ; seris, chicorée). Bot. Genre de
plantes de la famille des composées et de la
tribu des chicoracées.
jegosome s. m. (é-go-2
igos, chèvre;
dugr. <ria:,
_. , , , corps). Entom. Genre
d'insectes coléoptères tétramères, famille des
longicornes, dont on ne connaît encore que
deux espèces.
JÎGOS-POTAMOS, petit fleuve de la Cherso-
nèse de Thrace, célèbre par la victoire que
Lysandre, général lacédémonien, remporta sur
la flotte athénienne, et qui termina la guerre
du Pélopohèse (405 av. J.-C.).
/EGOSTHÈTE s. m. (é-go-stè-te — du gr.
aix, aigos, chèvre; stèthos, poitrine). Entom.
Genreà'insectes coléoptères pentamères, fa-
mille des lamellicornes, ne renfermant que
trois espèces, toutes du Cap de Bonne-Es-
pérance.
jEGOTHÈLE s. m. (é-go-tè-le — du gr. aix,
aigos, chèvre; thèlê, mamelle). Ornith. Genre
d'oiseaux formé sur.une espèce d'engoulevent
de la Nouvelle-Hollande.
/BGUILLAC s. m. (é-gu-i-iak). Ichthyol. Nom
donné à une espèce de squale^ le squale
acanthias..
«GUSs. m. (é-guss — dugr. aix, aigos,
chèvre). Entom. Genre d'insectes coléoptères
pentamères, famille des lamellicornes, com-
posé de quatre espèces, dont trois appar-
tiennent a la Nouvelle-Hollande et une à
Sumatra.
JEGVPIOS s. m. (é-ji-pi-uss — du gr. aigu-
JEOL
pios, vautour). Ornith. Genre de vautours
communs en Sardaigne.
SIGYPTIAC s. m. (c-ji-psi-ak). Pharm. V.
Egyptiac.
jegyptus s. m. (é-ji-ptuss). V. Egyptus.
A. E. I. O. V- (abréviat. de Austriœ est im-
per are orbi wiiverso, Il appartient à l'Au-
triche de régner sur tout l'univers). C'estune
légende symbolique de la maison d'Autriche,
dont on a donné un grand nombre d'explica-
tions, mais dont la plus vraisemblable est
celle-ci, trouvée dans les papiers de Fré-
déric IV, et qui est écrite de sa propre main :
A ustrim est imperare orbi universo.
ffiLHlN s. m. (é-lain). Bot. Espèce de sou-
chet qui croît dans les rizières, ou dont la
présence indique un terrain propre à la cul-
ture du riz.
ML\k (Loi). Hist. rom. Loi décrétée à Rome,
177 av. J.-C, sur la proposition du consul Q.
jElius Pœtus. Elle statuait que, lorsqu'on tien-
drait des comices pour.délibérer sur des lois,
les magistrats, ou, d'après leurs ordres , les
augures observeraient le ciel, et que dans le
cas où les présages ne seraient pas favorables,
on pourrait dissoudre l'assemblée. Emportait
aussi que les magistrats revêtus d'une autorité
égale a celle du président des comices , ainsi
que les tribuns , auraient le droit de s'opposer
à la loi. — Une autre loi, JElia Sentia, pré-
sentée l'an 4 de J.-C, par les consuls ^Elius
Catus et Sentius Saturninus, ordonna que tout
esclave qui, pour un crime, aurait été fouetté
publiquement, torturé ou marqué au visage,
ne pourrait obtenir les droits de cité, quoique
affranchi par son maître ; mais qu'il devrait
toujours rester dans la classe des dédit».
MLIA. CAP1TOLINA, nom donné à Jéru-
salem, par l'empereur ^Elius Adrien, lorsqu'il
l'eut fait rebâtir. Elle ne reprit le nom de
Jérusalem que sous Constantin.
iELIE s. m. (é-Ii). Entom. Genre d'insectes
de l'ordre des hémiptères , dont le type est
Vœlia acuminata, espèce très -commune dans
toute l'Europe , le nord de l'Afrique et une
grande partie de l'Asie.
aello s. m. (a-èl-lo— nom d'une Harpie).
Zool. Sorte de chauve-souris.
AELLO Myth. Une des trois Harpies.
aellope s. m. (a-èl-lo-pe — de Aello, n.
myth., et âepous, pied). Foss. Nom donné à
une sorte de squale fossile.
• iELURUS (é-lu-russ — du gr.<zi7ouras,chat).
Divinité des Egyptiens, représentée tantôt
sous la forme d'un chat, tantôt sous la figure
d'un homme ou d'une femme, avec la tête do
cet animal.
AEMCHEN , AEMGEN OU AHMCHEN S. m.
Nom donné souvent en Allemagne à l'anker
ou ancre, mesure de capacité. Ce mot désigne
plus particulièrement, à Berlin, une mesure
pour la bière, équivalant à 28,6» litres. C'est
le quart de la tonne.
AémèRE ou ahémère adj. (a-é-mè-re—
du gr. a priv.. ; ëmeraj jour). Se dit des saints
qui n'ont pas de fête spéciale dans l'année, le
jour de leur mort étant inconnu.
jëMILIA (Loi). Hist. rom. Loi du dictateur
/Emilius Mamercus, édictée l'an 431 av. J.-C.,
par laquelle la durée des fonctions de censeur
lut réduite de cinq ans à dix-huit mois. Une
autre loijEmilia, proposée 78 ans av. notre ère,
par le consul M. ^milius Lepidus, fixa la quan-
tité et la qualité des mets dans les repas.
jenÉades s. m. pi. (é-né-a-de — du lat.
jEneas,Enée): Descendants d'Enée. V. Enéa-
jeneas n.pr. (é-né-ass). Nom lat. d'Enée.
On trouve souvent dans Virgile, Ovide, etc.,
plus Mneas, le pieux Enée. Ces n --'- -'
pieux pour le moins que le pius jEnbas
de benoite mémoire. (Th. Gaut.)
■ffiNÉATEUR s. m. (é-né-a-teur). Nom
donné, chez les Romains, à tous les musiciens
qui se servaient d'instruments de cuivre ou
qui jouaient d'un des instruments à vent em-
ployés dans l'armée, aux jeux publies, ou
dans les cérémonies religieuses.
JENÉICOLLE adj. (é-né-i-ko-le — du lat.
ceneus , de bronze ; collum, cou). Qui a le cou
de couleur bronzée.
iENEOCÉPHALE adj. ( é-né-o-sé-fa-le — du
lat. œneus, d'airain , et du gr. kephali, tête).
Zool. Qui a la tête de couleur bronzée.
fut, en son temps, le restaurateur du scepti-
cisme." Il ne reste, de ses Discours pyrrhoniens,
que des fragments conservés par Photius.
■ENOBARBE s. m. (é-no-bar-be — du lat.
œneus, d'airain : barba , barbe). Ornith. Nom
d'une espèce de passereau de Java et de
Sumatra.
AOLANTHE s. m. (é-o-lan-te — du gr.
aiolos, diapré; anthos, fleur). Bot. Genre de
plantes de la famille des labiées, propre à
l'Afrique australe.
JEOLE s. m. (é-ole— dû gr. aiolos, prompt,
léger). Entom. Genre d'insectes coléoptères
pentamères, de la famillo des sternoxes.
jeoline s. f. (é-o-Ii-ne— d'^oie, dieu du
vent). Instrument à clavieret à anches libres,
inventé ', en 1816, par le facteur allemand
Scblinnubach. C'est un orgue expressif de pe-
tites dimensions, que l'on fait parler, comme
l'harmonium moderne, au moyen de lan-
guettes métalliques vibrant par l'action d'un
courant d'air.
/EOLODICON s. m. (é-o-lo-di-con — à'Eole,
dieu du vent). Instrument du même .genre
que l'aeoline, inventé, vers 1818, par le facteur
Voit, do Sctiweinfurth. 11 ne diffère do l'aeo-
line que par la construction de la soufflerie,
qui est à vent continu. Deux autres Instru-
ments semblables, et appelés aussi seolo-
dicons, ont été imaginéSj l'un, en 1820, par le
mécanicien bavarois Reich ; l'autre, en 1825,
par le facteur hollandais Van Itacay.
AOLOTHRIPS s. f. (é-o-Io-tripss — du gr.
aiolos, bigarré ; thrips, ver qui ronge le bois).
Entom. Genre d'insectes, de l'ordre des thrip-
siens, dont les espèces sont peunombreuses
et toutes indigènes.
ŒPHNIDIE s. f. (èf-ni-dî — dugr. aiphni-
dios^ inattendu, rapide). Entom. Sous-^enre
d'insectes coléoptères yen tanières, famille des
carabiques, qui a été rapporté de Java..
jEPINUS (Fr.-Ulrich-Théodore), physicien
allemand, né à Rostock en 17Î4, mort en Li-
vonie en 1802. Il enseigna la physique a Saint-
Pétersbourg et se fit connaître par ses beaux
travaux sur l'électricité. On le regarde comme
le véritable inventeur du condensateur élec-
trique et de l'électrophore.
«PIORNJS ou ÉPIORNIS s. m. (é-pi-or-niss
— du gr. aipus, immense; omis, oiseau).
Ornith. Genre d'oiseaux maintenant éteint,
appartenant à l'ordre des échassiers, sous-
ordre des coureurs ou brévipennes, famille
des struthionidés. Les œpiornis.ne sont con-
nus que par des ossements et des œufs trou-
vés dans l'île de Madagascar, et indiquant
un oiseau bien plus robuste et bien plus grand
que l'autruche. Ces œufs équivalent en gros-
seur à peu près à six de ceux des autruches
africaines. Ils servent aux chefs malgaches
de vases pour contenir des liquides.
JEPUS s. m. (é-puss — du gr. aipos, éléva-
tion). Entom. Genre d'insectes coléoptères
pentamères, famille des carabiques.
iEQUAM MEMENTO SEBYARE MENTEM,
conserver une âme toujours égale. Horace
(liv. II, ode ni, v. 1) recommande non-seule-
inent cette égalité d'âme qui donne la con-
stance dans le malheur, mais encore celle que
la prospérité n'altère pas :.
jEquam mémento rébus in arduis
Servare nfentem non BecuS in bonis
Lœtitia, moriture'De'ni!
■ Souviens-toi de garder dans les revers
une aine toujours égale, et dans la prospérité
ne t'enivre pus d'un fol orgueil, ô Deliius, toi
Cette phrase se rencontre quelquefois sous
la plume des écrivains :
«Vous avez trop de bon sens pour faire .at-
tention à ce que dit un semblable écervelé.
Souvenez-vous, dit notre ami Horace, sEqitam
servarementem. J'aurai soin de faire une bonne
mercuriale a Hector et de le rappeler à
l'ordre. "Walter Scott.
^EQUATEUR s. m. (é-kou-a-teur — lat. xqua-
lor). Antiq. Dans les ateliers monétaires ro-
mains, Officier chargé de peser ou faire peser
Jes métaux destinés au monnayage.
^QDINOLITE s. f. (é-ki-no-li-te). Miner.
Substance minérale apportée de l'Amérique
en Europe. On la rencontre dans les cavités
de l'obsidienne du Mexique, et elle paraît
avoir quelque analogie avec-la sphérotite.
JEQUIPONDIUM s. m. (é-kui-pon-di-omm
— mot lat. qui signif. poids égal, contre-poids).
Antiq. Chez les Homains, c'était un poids qui
faisait équilibre; ou un poids mobile attache à
une romaine ou à une balance ordinaire. On
en a trouvé en grand nombre à Pompéi et ail-
leurs, faits pour la plupart de bronze et avec
des dessins de fantaisie.
' JEQVO ANIMO (é-ko-a-ni-mo). Mots latins
nui signif. : D'une âme égale, avec constance :
; sage supporte jEQco animo les coups de
Sujets à même loi, subissent
: terrible passage :
rudent et fe sage,
Et le riche et le pauvre, et le faible et le fort,
Vont tous également de la vie â la mort.
Voltaire.
Les écrivains font de fréquentes applications
de l'œquo puisât pede d'Horace :
« Nous avions craint d'abord, en ouvrant le
livre et en lisant au-dessus du titre cette sen-
tence lugubre :
œquo puisât pede pauperum tabernas
l'adue
;ité.
MQKO PULSAT PEDE (é-ko pul-satt pé-dé).
Mots lut; qui signif. : La mort frappe d'un pied
indifférent...
Horace (liv. I, ode iv, v. 13) invite son ami
Sestius a jouir de l'heure présente :
«La vie est courte, lui dit-il, et la mort
frappe d'un pied indifférent à lu chaumière du
pauvre et nu palais des rois. »
La même pensée a été exprimée par un
grand nombre de nos poëtes :
La mort, qui n'entend point &
Coupe les cheve — L' — J
tonds aussi bien que les blancs.
1 $lni
Le P. Leu
sa cabane où le chaume le
Tous nos jours sont sujets aux Parque
Ceux des bergers et des monarques
Sont coupi'g des mimes ciseaux.
Regun
Nous avions craint, disons^nous, de ne trouver
dans ces pages qu'une nomenclature funèbre,
plus propre à attrister l'àme qu'à la réjouir. »
Walteh Scott.
.ffiQUORÉE.s. f. (é-ko-ré— du lat. œquor,
mer). Zool. Genre de méduses. V. Equorée.
jEQUOîudes s. f. pi. (é-ko-ri-de — ' rad. œquo-
rée). Zool. Famille de méduses. V. Equorides.
' AÉRABLE adj. (a-é-ra-ble — du lat. aer,
air). Qui peut être aéré, que l'on doit aérer.
AÉRAGE s. m. (a-é-ra-je — rad. aérer).
Action d'aérer, de donner de l'air, de renou-
veler l'air dans un espace clos : Z'aérage d'un
navire, de la chambre d'un malade, d'une
mine. Appareils , tuyaux o"aérage. Cheminée
d'AÉRAGE. Z'aéragb d'une salle de spectacle.
Dans les ateliers au les ouvriers . sont fort
échauffés par leur travail, ou exposés aux éma-
nations délétères, il faut un aerage continu,
énergique. (Encycl.) Tout le mécanisme des di-
vers systèmes cJ'aérage repose sur la différence
de densité de l'air à divers degrés de tempéra-
ture. (Ch. Renier.) Il n'y à pas de lieu où le
besoin d'un aérage continu se fasse aussi impé-
rieusement sentir que dans les salles de spec-
tacle. (Oh. Renier.)
— Min. On donne particul. le nom à! aérage
à la ventilation des puits d'exploitations sou-
terraines : Z.'aerage se fait dans l'intérieur des
■mines au moyen de conduits qui communiquent
au dehors. (Encycl.) y. Ventilation.
aérant (a-é-ran) part. prés. du. v. Aérer.
aérant, ANTE adj. (a-é-ran, an-te —
rad. aérer). Qui est propre à donner de l'air,
a faire circuler l'air : Ouverture aérante.
AÉRANTHE, s. f. (a-é-ran-to rr du Sr- Qèr,
air: anthos, fleur). Bot. Nom sous lequel on a
établi un genre de plantés de la famille des
orchidées, qui croissent à Madagascar.
jerarium s. m. (é-ra-ri-omra — mot lat.
dérivé lui-même de ces, œris, argent mon-
nayé, monnaie). C'était, à Rome, le trésor
public, les caisses de l'Etat. Sous l'empire, on
le distingua du fiscus ou trésor particulier
des princes. On déposait dans l'œrarium le
produit des revenus annuels , les comptes
publics, les décrets du sénat et les enseignes
des légions. Outre ce trésor, qui servait à
payer les dépenses ordinaires, il y en avait
un second appelé œrarium sanctius, où l'on
ne puisait que dans les circonstances extra-
ordinaires, qui se composait des fonds acquis
nnr la conquête et des sommes payées par
--' pour leur affranchissement. En-
... .l'Auguste, une caisse particulière,
œrarium militare, créée avec le produit de
nouvelles taxes, fut spécialement affectée à
l'entretien de l'armée.
AÉRATEUR, TRICE adj. (a-é-ra-teur, tri-
se — rad. aérer). Qui sert à aérer. Il Plancher
aérateur, Plancher à ventilateurs destiné à
aérer le blé et à chasser: les insectes qui s'y
trouvent : Qui nous empêche d'adopter le plan-
cher aérateur de M. Salaville? (S. Germ.
Leduc.)
AÉRATION s. f. (a-ê-ra-si-on — rad. aérer).
Action de donner de l'air, de faire pénétrer
et circuler l'air dans un lieu : Le principal et
le plus énergique agent d'assainissement des
habitations est V aération continue et la venti-
lation la plus active. (Journ.) V aération sera
favorisée partout où la chose sera possible, par
un grand feu allumé et entretenu dans le foyer,
toutes les issues de l'habitation étant ouvertes.
(Journ.) il Peut s'employer au pluriel : Plu-
sieurs aérations successives enlevèrent ce mau-
vais goût. (Logoar.) , , .-
— Action d'exposer une substance à l'air,
soit pour lui faire absorber le fluide, soit pour
modifier sa couleur, son odeur et sa saveur :
L' aération de l'eau. V aération du blé. V aé-
ration de certaines substances a pour but de
les faire blanchir.
AÉRÉ, ÉE (a-é-ré) part. pass. du v. Aérer.
Qui est en bon air, au grand air ; où l'air cir-
cule, se renouvelle aisément : Maison aérée,
ot'en aérée. Je jouis d'une maison plus aérée
que n'était celle de Hugues Capet. (Volt.) Les
rues de Mons sont larges, bien aérées, bien en-
tretenues. (Schmit.) Jl y avait une espèce de
brouillard causé par la pesante atmosphère de
ce lieu mal aéré. (Balz.j La chambre à coucher
doit être largement aérée pendant tout le jour.
(Maquel.) il Se dit aussi de l'eau qui tient des
gaz atmosphériques en dissolution : Avant
d'être propre à l usage de l'homme , l'eau de
mer distillée a besoin d'être aérée.
— A signifié, dans les anciens traités, de
chimie, Qui est imprégné d'acide carbonique :
Alcali AÉRÉ. Terres akrées. Métaux aères.
JERÉNIQUE s. i, (é-ré-ni-ke — du gr. eirê-
ne comprenant que trois espèc
du Brésil.
•jïSRE PERENNIUS (é-ré pé-rènn-ni-uss) . Mots
lat. qui signif. Plus durable que l'airain.
'Horace '{ liv. III, ode xxiv, v. l), avec la
confiance que donne le génie, a dit, en par-
lant de ses vers : « J'ai achevé un monument
plus durable que l'airain, exegi monumentum
a>re perennius. » (V. Exegi monumentum.)
Lebrun, qui pourrait bien s'être trompé, a
dit en parlant de son recueil d'odes :
Il brave ces tyrans avides,
Plus hardi que les pyramides
J3t plus durable que l'airain.
Vœre perennius d'Horace a' sans doute il
•e père
fc La Fontaine le dernier de c
n de force et de noblesse :
rs outrages
, à partir
arium mi
Le Serpent et la Lime. '
Vœre perennius d'Horace se cite tantôt en
latin, tantôt en français :
« Dieu me préserve d'avoir des préjugés
contre un ouvrage qui produit un revenu de
trente mille livres par an ! Je le compte, au
contraire, avec la Ga-ette de France et les
feuilles de Fréron, au nombre des plus utiles
productions, et je vous l'indique comme un
monument are perennius. » Grimm.
« L'auteur des belles strophes sur le sup-
plice de Régulus, celui qui a buriné l'impassible
ligure de l'homme juste debout sur les débris
du monde, qui a dit qu'on doit craindre la
honte plus que la mort, n'était pas de ceux qui
manquent de courage ; mais la patrie, quoiqu'il
soit doux et beau de mourir pour elle, il l'a
dit lui-même, devait plus gagner à sa vie qu'à
son trépas. Il le sentait, et il a bien fait de vivre
poifr fonder son monument œre perennius. »
» H. Lucas.
«Comme le caprice d'un roi ne saurait com-
muniquer au bois vermoulu le privilège de
Vœre perennius d'Horace, il fallait bien de
temps à autre, sous peine de naufrage, ra^
douber la carène, à bout de patience, du go-
thique édifice. (Vieux carrosse que Frédéric II
ne voulait pas laisser réparer, et auquel il était
néanmoins très-attaché). »
Eug. Pelletan.
« Bien qu'il ait prêté k rire par ses chimères,
Balzac sut du moins se bâtir une demeure éter-
nelle, un monument plus durable que l'airain,
une cité immense, peuplée de ses créations et
dorée par les rayons de sa gloire. «
Th. Gautier.
« Le grand rapport qui existe surtout entre
Horace et Béranger, c'est le besoin du repos,
c'est le culte de la paresse : c'est que le repos
et la paresse, chez le poste, ne s'appliquent
qu'au corps. Le repos et la paresse du corps,
c'est le travail de l'esprit. Que Béranger rêve
couché sous les ombrages de Passy, ou qu'Ho-
race médite au bruit des cascades de Tibur, au
fond du rêve de l'un, au fond de la méditation
de l'autre, quelque chose vit, s'agite, se crée,
qui verra la lumière quand l'heure sera venue.
Ce quelque chose, c'est l'œuvre, c'est-a-dire la
renommée, c'estrà-dire l'immortalité du poëte,
le monument plus durable que l'airain. «
Alex. Dumas.
JERÉPHONE s. m. (é-ré-fo-ne — dugr. aêrx
air, et phànè, son). Instrument à clavier .qui
parle au moyen d'anches libres vibrant par
faction du vent. Il a été inventé en 1828, par
M. Christian Dietz, facteur d'orgues a Paris.
L'harmonium, qui en est une heureuse trans-
formation , l'a fait abandonner depuis long-
temps.
• AÉRER v. a. ou tf . (a-é-rô — du gr. aèr, air.
— Ce verbe change l'e fermé du radical aér en
è ouvert avant une syllabe muette : J'aère,
tu aères, il aère, ils aèrent^ etc., excepté au
futur et au conditionnel présent, ou l'e fermé
seconserve : J'aérerai; nous aérerions). Don-
ner de l'air, renouveler l'air dans un espace
clos-, ventiler : Ouvrir la fenêtre pour aérer
la chambre. Aérer une salle de spectacle.
Soyez sages, mes bien-aimés, dit-elle en faisant
remonter une partie du vitrage, qui était àcou-
lisse, et qu'elle arrêta pour aérer sa chambre.
(Balz.) il Exposer une substance à l'air, soit
pour lui faire absorber ce fluide, soit pour
modifier sa couleur, son odeur ou sa saveur .-
Aérer de l'eau. En aérant ce blé, vous lui
ferez perdre sa mauvaise odeur. (Legoar.) .
— Par ext. Agiter, donner du mouvement,
de l'air : Elle fit quelques pas légers, comme
pour aérer sa blanche toilette, pour livrer au
zéphyr ses ruches de tulle neigeuse. (Balz.)
— Hortic. Renouveler l'air des serres :
Aérer des plantes.
AÉRER v. n. ou intr. (a-é-ré— rad. aire).
Chass. Faire son aire, en parlant d'un oiseau
de proie,' Airer serait la forme correcte.
air ; èthmos, crible). Pathol. Infiltration d'air
dans "le tissu cellulaire; emphysème.
AÉRBÉMOTOXIE s. f. (a-é-ré-mc-to-ksî —
du gr. aèr, air; aima, sang; toxik on, poison).
Pathol. Espèce d'empoisonnement qui résulto
do l'introduction de l'air dans les veines.-
AÉRHYDRIQUE adj. ( a-é-ri-dri-ke — du
gr. aèr, air; udôr, eau). Qui va au moyen de
l'air et de l'eau, il Chalumeau aérhyàrique,
Chalumeau qu'on emploie pour la soudure du
platino par l'or, pour la brasure, du cuivre et
surtout pour la soudure du plomb sans alliage
d'étain. Il a été inventé par le comte des
Bassyns de Richemond.
AÉRICOLE adj. (a-é-ri-rko-le — du lat. aèr,
air; colère, habiter). Hist. nat. Qui vit dans
l'air, en parlant des animaux ou des plantes.
AÉRIDE s. f. (a-é-ri-de — du gr. aèr, air).
Bot. Nom donné à une plante de la fainille des^
orchidées, Vepidendrum flos aeris, parce qu'elle
peut vivre exclusivement dans 1 air; et, par
extension, à toutes les plantes qui paraissent
jouir de la même faculté.
AÉRIDUCTE s. m. (a-é-ri-du'-ktë — du lat.
ne?r,air; ductus, conduit). Entom. Nom donné
à des organes respiratoires, souvent foliacés ,
qu'on voit sur diverses larves ou nymphes
aquatiques. : . '/'■
AÉRIEN, ENNE adj. (a-é-ri-ain,' è-ne — du
gr. aér, air). Qui est d'air; qui en est com-
posé, qui en a la nature : Fluide aérien, ii Qui .
se passe dans l'air, qui est un effet de l'air :
Phénomène aérien. Les météores aériens \sont
la pluie, la neige, le brouillard, etc. IfQniYé-
lève, est suspendu dans l'air ; qui a lieu dans
l'air : Voyage aérien. Navire aérien. La na-
vigation AÉRIENNE n'est guère plus avancée au-
jourd'hui que le premier* jour. ,11 y a.des pal-
miers de montagne qui sont en quelque sorte
aériens par la longueur de leurs flèches. (B. do
SUP.) Il parait que les Musses voulaient em-
ployer les aérostats à des mitrailles aériennes.
(Gen. Bardin:) Ils entreprirent ce voyage'nè-
rikn dans le but de faire plusieurs expériences.
(Francœur.)
— Fig. Qui a quelque chose do léger; do
pur, de délicat ou de vague et d'insaisissable
comme l'air : Légèreté aérienne. Formes aé-
riennes. Tissu aérien. Gaze aérienne. Cette
perspective aérienne des jeunes imaginations.
(Lamart.) Une jeune fille au gracieux sourire,
aux yeux bleus, à la blonde chevelure^ à. laae-
marche et à la taille aériennes. (Scribe:)
— Poétiquem. Peuple aérien, Les oiseaux
' Ce peuple aérien dont la vive allégresse
Chante la liberté, la joie et la tendresse.
mAoî, pacifique). Entom. Genre d^nsectes | aérethmie s. t. (a-e-re-tmi — du gr, aér,
Il Esprits aériens, Les anges, les sylphes-, les
génies, que l'imagination se représente vivant
au milieu des airs.
— Techn. Télégraphe aérien. L'ancien télé-
graphe, placé sur un lieu élevé, par oppos. au
télégraphe électrique. Il Système aérien de vi-
dange, Qui s'opère en faisant le vide dans los
tuyaux.
— Bot. Vaisseaux aériens, Vaisseaux des
plantes, qui contiennent ordinairement de
l'air ; se dit des trachées et fausses trachées,
par opposition aux vaisseaux laticifères, qui
contiennent le liquide appelé latex : Les vais-
seaux laticifères appartiennent à l'écorce, les
vaisseaux aériens au bois. (F. Pillon.) Il Tiges
aériennes, Tiges qui se développent dans l'air ;
se dit par opposition aux tiges souterraines ou
rhizomes, qui végètent sous terre, il Feuilles
aériennes, Feuilles qui agissent directement
sur l'air atmosphérique ; se dit par opposition
aux feuilles aquatiques ou submergées, qui
prennent l'air dissous dans l'eau : La grenouil-
letteiprésente au-dessus de l'eau des feuilles
aériennes, au fond de l'eau des feuilles sub-
mergées. (F. Pillon.) Il Racines aériennes, Ra-
cines qui n'appartiennent pas au système des-
cendant, mais qui naissent sur la tige sans'
ordre. On les appelle le plus souvent racines
adventives. Il Plantes aériennes, Plantes qui
vivent dans l'air, qui respirent par des feuilles
aériennes; se dit par opposition aux plantes
aquatiques, qui respirent au moyen des feuilles
submergées. ■ n ■
— Ornith. Oiseau aérien, Celui qui, comme
l'hirondelle, se pose rarement à terre.. ,
— Entom. Se dit d'une espèce de gûûpos
très-petites, qui attachent ordinairem. leur
nid à des branches d'arbre.
— Chim. Aci'de aérien, Ancien nom de l'a-
cide carbonique.
— Anat. Voies aériennes, conduits aériens.
Ensemble des conduits par lesquels l'air se
rend et se distribue dans les poumons.
— Peint. Perspective aérienne, Se dit pour
spécifier cette partie de la perspective dont
les effets résultent de l'interposition de l'air
entre l'objet et l'œil du spectateur. Il Figures
aériennes, Celles par lesquelles les peintres
cherchent à représenter des êtres aériens, tels
que des anges, des génies, des gnomes, etc.
AÉRIENNEMENT adv. (a-é-riè-no-man —
rad. aérien). Néol. D'une manière aérienne j
dans l'air : Nos deux aéronautes s'arrêtèrent a
l'extrémité du département du Nord, après avoir
■parcouru aériennement cinq ou six départe-
ments- (Dupuis-Delcoùrt.)
AÉRIENS adj, et s. m. pi. (a-é-ri-ain.— du
*0? MM}.
îat.,aer,-.aii-.).,Bpt. Sectjoii.de. ja classe des.
champignons, 'comprenant ceux 'qui naissent
àrl.a surface dç. la terre. , ( ,. ■ ■'.'■' V
. .AÉRIENS s.*m.r>l. (a-*-'ri-ain,4-d(4fl>ùw).
Hist.jYeUgrSecte d'hérétiques qui. s'éleva, en
Qr,ifint,*yej-S/355,;eiquir(utainsi,appcléc;d'Ac-
ritis^spn.fpndateur.. Les Aériens. prétendaient
qu'
îodifféronce.entr.eiles si
.... ,, r- .,. . .J^gliso;-
ut.F#u.tenaient quelles prières [pour les morts:
<^ianitipla8;.n|iisLÎ>les„qu'iutyes.-/OTC.Qnil)aUûs-.
avqc^yiguftur. par, Ijqs catholiques e£, les aricns>i
ils disparurent après peu de temps: ..:!tu, ... -'A
. /ERTFERE' adj!';(éiri-fè-rè — du 'làt. • d>s,
^is,-oiilvrep/"er>-e''-norter).'Quiicontiéni!du'
cuiyr&:'-Mitie\>ÀàïïvmBÏ ■•'"'' " '■"■>••' ■•'■ '•'■• v<\'\ I
f .jKÉRÎfËRB adOa-é^rWe^ré.'— 'du lat: acr'..
air ;.firfe, porter). ;Qu'i porté qùiiondiïit. qui,
di^Hue^air'' {-' Cçndlit, Mï'iïMk^ iï '
M.âl%W$fêr$-mùtës- qui; jdàhs 'certains
moulinfàblé- [projettent' de ' l'air' frais,' pen-'
dant le.'7trayair^daii's je ,'gràia ^p'ro'yé^pô'u'r,
fr^/ère^j.Dèstinés.à'pbr^:
la, respiration, chez lesi
..uj-lt- ^-••^ifS.^égéjLaux,^* ,' '„"..,'," ,',V l;
— Teéhn. Se dit d'appareils, propres, à. dé-rj
canter les liquides en bouteilles ou en ton-
neaux :>6ariîielles 'aérîfkres-. Siphon àérimîre.
/?n/0»)td*7V'ABRlFERE: ^'O. 'i,-t;'- ;v,im;'
" ^•s/mV'Ànpar'eirp'r6prèlà1diri'g;er1' à'con,-,
duiré l'air, : 'Ki-aétrifure.' i« ventilateurs sont
des'AÛRtrkiiitH.['ul ■ ••''"'■>• ■•'■' J'îj - ui.' l« •.' ijt
ô AÉRIFICATION -s. '.f'.'} à'-^ri-n-kV-j'sï-on lii'
r^d.,âçW^),. dpération.pâf- laquelle. on fait
A^?çr,à,,rétat caicvis.ûne matière solide .oui
[iqujdej.qlr^"1!r,e/uUât démette opération^ ,'■ t
JiAÉRiriERivv-tàv.oirtr.' (a-é-ri-fi-e — du lat.'
ftor\i&ir->'fienf devenir).' Chim; et physiq;;
Changer,, transformer en' air ;'fairo passer V
L'étattde'gaz:. Aèiufier'w corps' liquide, fi
Aëi-i/ier-l'çau distillée, L'agiter pour y iotro-
dtiiTeide'l'airatmosphérique. ■ ' '.-'-.-a-r. -
*JÂÉRIF0RME 'adj; .'(à-é-rï-for-mc — dii làt'.'
acr; air; farina ,'iormt) ; Qui a la forme et .
l'àpparéncè de l'air ;- qùren a la tràhs'pàréhce,
reTasticité,'la,cprnpvësisiiiilitéi: 'Substance ÀÊ-
RtVORMK'.'Flilide.'ÀERlFORME, Le's CÔrp's ÀÉRt-'
FORÙÈsrnepàssèdènt'i>as dé forme particulière.
(•Enç^çi.jr, } ;vr,;,',:' „;,''. / ■',".'■ y, ." ti '.' '■ :
r/4-"ReroVJ'd^^sei,sçr-yai]tjâu'trefo'i'4 de i'ex- !
pression' jlyïde,.,t\érifm-hie 'pour désigner, les,
corps, à, l'état gazeux- lé, mo^poj: a aujour-
d'bui.préyalu..",,,',^' ',.',.' ,,..r'-J, ^ ),,/•["" ,,' ',":,'
i AÉRISÉR vva:dut,r;-(â-é-ri-zé — du lat.
«er, air). Réduire àl'état d'air oude gaz.
^S'aërteerj/vl'p'r.Ëtrc.aérisé. "r1 ,.f .'' ,t- '■-
,.AÉRITES s,, m.'pj. (a^-é-ri-te'A- du.la't.,<ier..
air). Zgql.,.Soj dit; de tous les animaux qui ■
vi,vqnt dans^l'air.;^'! , , ,-„-.'.,', '[',!,; .•
d AIÏRIUSÎ'lié'résiarqiie dû lvojsïècle', qni ■na-
quit dans' le '.Pont 'e.t fondaùnenouvelle secte
après avoir d'abord suivi'les opinions rt'Ariùs:
Ses' erreurs exeitèrént un "gfan'd 'scandale et,
lurent vivement' combattues.* Aérius et ses
séctateursy exclus des églises et dés villes, fu-
rent obligés de -mener une' vie errante. V. aé-
RJBNS. -"> ''/ '' ^ " ' '■'■■' "•-'■'-" '
° ÂÉRiyoRE adj. Va-é-ri-vo-re — du lat.. aer,
air.; vor'o, je décoré). Zool'.'Qui vit'oû qui se
nourrit d'air. \. ',/ .;, '','.''. V .' ' ...
«JRO s; m. {è-ro — du gr. airô, prendre sur
les épaules). Antiq. Panier pour le .sable ; il
était fait;dosier,de jonc du de laîche, etétait
fréquemment employé; chez.les Romains, par
lesi Soldats dans -Ias trnnflliftftt- loc fr.»w-ifi^
' AEROBATE s. m', (a-é^ro-ba-te — du gr.
«é>-,'air ; ftamrf.'je'mârche). Celui qui va par
les 'airs;'''.1* '' ' " -: ' " . ' ! •-■?• '
AEROBION s. m. (a-é-ro-bi-ô'n — du gr.
aer, air: , ùiiw.'.vie). Boi. Genre , de! plantés de
la, famille des orchidées, qui vivent dans l'air.
AÉROCLAVICORDE..S. m; (a-é-ro-kla-vi-
kor-:do -rr- du lat. aer, air, et du franc, demi,
abréviation de cimu'er, et corde) .-Mus*. Espèce
de, clavecin inventé. en nào.par les.facteurs
allemands SehëlletTschirki.etdont.las cordes
étaient mises en vibratioa par une.soufflerie.
.'AÉROCOBïE s.' m.;'{à-é-ro-ko-mé — du gr.
airf' air ; Mmixo, j e transporte) . ' Physiq. : Ma-
chine à air atmosphérique qui était mue par
un régulateur mécanique. - '■ ■
jÂÉROCYSTE"ts'",f. , (ai*-ro-«i-sté — dii gr.
aer,, air ; ktistis, .vessie)., Bot. Nom donnl à
des vésicules de' quelques 'fucus, qùi3 souvent
ypluminèusését remplies de gaz, permettent
aces plantes de se soutenir a la surface do
l'eau.., ,. . ,_ . .; ,".',. , .. , t' "
1 AÉRODYNAMIQUE: s. f: (a-é-rordi-na -mi-ke
-r-du.gr; aêr, 'air ; dunamis, force). Partie de
aerogastres s. m. pï. (a^é-rô-ga-stre —
du gr. àéf, air; g'àstér, ventre). Bpt. Section
de champignons' charnus, comprenant ceux
qui croissent à la surface de la terré.
AEROGNOSIE^. f. (a-fr-rog-no-zi — du gr.
aAVt a'r.;t^n?'s'*> connaissance). Physiq. Par-
tie de, là science qui traite des propriétés de
l'air, et du rôle qu'il joue dans la nature.
A]KIt.
aérographe s. m. (a-é-ro-gra-fe — du.gr.
(ièr, air ;. gràphp, Je décris). Celui qui "é^rit sur.
l'air, sur ses. propriétés; qui fait une descrip-
tion ou qui explique la théorië.de l'air.
AÉROGRAPHIE s* f. (a-é-ro-gra-fî '— <rad.
rèrographe). Physiq. Théorie, i description! ido
l'air ou des gaz.
' ÀÉROGRAPHlQOEàdj.'(a-ë-ro-gra'-n-ke'—
; tÀ&yàéràgrçtphie):" Qui concerne l'àérbgra-,
■ phîe^'Çar/i'XÉRpc'HAPHiQUK;' . ;", '"'!' ';',''',;
! iAERo'HYDROPÀTHiÈ s. f.' (a-é-r'6-i'^dro-'
l3a,-tiir-T du st. air, air ; tidor, eau ; pathos, il-.
fectionJ.^Mé.d.jMétnpde de.traitément'des.mâ-^
ladies, dans;' laquelle, l'air, et l'eau sbiït les-
principaux.moy.ens curatif^' dont on , se' , sert.!
AÉROtE's. f. (anj-ro-lc — du-iàt.-àe?-,' air):;
Ancien sy m de cruche,' fiole, i ' >'• ,^Mi ■•■ ■
• ^érolithÉ s. m'.1 (a-é-rc-li-te'— *du gr.'
tierj.''airy, lithps;' pierre')."* Pierre qui 'tombé
dù'cien'te \krSlvtûeH sont ié\ëritâblesplq-t
«<?/ei.'(j:*Réy'haud:i.) Oh admet' assez vtj'.àii tiers
tfùè les' AKRptiffffis sont àès'étoiles Âlàiiies'qùi
t'omb'èntsur laterrè:(B\tvzy.) n Oh' donne aussi
aux âéroliihès'le's nomade MëteoiHtès, pierres
métèbriquér;eêraûnités,yièrresdè fàùdrelura-,
nolithês)['fiierreyde1iàïmèy- '"■f1"' ,l •'' ■".'''■';
._— r-Encyci.. Les aërolithes sont de's masses
minérales plus feu moins considérables qui tom-'
l^enttdes.régiohs élevées: de l'atmosphère sur-
la -s'urface-'deUà'jterre, et dont la chiite est
ordinairement -accompagnée de phénomènes
lumineux et- d'un bruit de détonation. Quand
ces inasses tombent en grand nombre /elles:
constituentee qu'on appelle -vulgairement des
pluies de pierres. Le. poids1 des- aérolit/ies varia'
depuis quelques.gràmines jusqu'àde3 Centaines':
etmème des milliers de kilogrammes. Ils sont
tirûlants à l'instant de leur-chute, et répandent
Une odeur ' dër Soufre et -de'pbudre à canon,
heur'formé -est irrêgulièrd1 et- pleine 'd'aspé-,
rites ','-'inais lé" plus 'souvent les' angles 'sont
éhioussés'par là' fusion, et la surface est re-
couverte d une 'sorte1' d'émail'noir qui présenté
nirement;plus oV'ùn'mîllimétrè d'épaisseur. La^
cassure est dè^côulëur grisàtrëjtl'aspèét'ter-'
reux et diversement grenu ; ils sont tantôt durs
et tantôt friables; leùrpesânteurspëcifique est
d'environ 3,5o:iLéur càraétère"le*pîus remar'-:
quable est l'uniformité de-coiTipositiôrichimi-.
qiie ; • l'a'nalvsé nous, y mçntre toujours les
mémès'substahces : fer, nickel,' soufré; magné-
sie, silice, étcV,ret toujours associéé's de 1'a'meme
façon; éii un mot ils présentent entre' eux. ùri'
rapport si frappant, Un tel air de famille', qu'on'
serait- tenté dë'lës prendre pour des fragments'
d'unf même; rbch'er.1 Ajoutons que lé'fé'r s'y
trouvera l'état 'natif,1 blanc,' spongieux^ et non,
oonîmé dans : nos formations géologiques ,- à
t'état'd'ôxydé' ou dê*su!fUrè,'c'èst-a-dire comT1
biné 'avec d'autres substances. .' "
y'Ees' météores' lumineux 'dont s'accompagnet
là chute' des âèrolithçs portent le nomdeîo-
(ides'} ce sont des globes enflammés, plus gros
éii apparence que les étoiles fixes, qui,1 durant'
là nuit, illuminent l'horizon, et qui, après avoir
traversé rapidement l'air ',: éclatent en'frag-'
îii'ênts âv'éc grand 'brait,' .et disparaissent en
laissant ' une longue traînée" lumineuse sem-
blable à la queUe d.'unevcoinète;
.On divise, les acrolithes', en'.déux classes :.
ib lés aërolithes métalliques ou sidèriques (si-,
dèro's, fer), composés dé fer'pur allié à une
proportion , dé ,nickel ; qui s'élève jusqu'à, isîx
pour cent: ce sont les plus rares et les plus
yolumineux; 2» les aërolithes pierreux, qui né
renferment' que des parcelles de fer dissémi-
nées dans une pâte pierreuse composée de
soufre, dé nickel1,' de chromé, de manganèse,
de cobalt, de silice /de magnésie, d'alumine ,
de chaux, etc. , ' ' ' '.' ' ;. • '
,Les chutes à'aëràlithes sont connues ^depuis.
là plus haute antiquité. Plusieurs auteurs an-
ciens, parlent de. pierres tombées, du ciel. Au
tenips d'Anaxagore, une pierre noirâtre, de la.
dimension d'un char,,' était tombée près du
fleuve ^Egos-Potamos , en Thrace. Pline avait
assisté .lui-même k la chute d'une pierre de,
I même nature dans la Gaule Narbonnaisé'. Le
1 fait était trop remarquable pour.ne pas' prêter!
| à la superstition; aussi les aërolithes reçurent
souvent les honneurs divins : Cybèle était ado-"
ree en'Galatie sous la forme d.une' pierre ve-r
nue du ciel; à Ëmèsé, en Syrie, une pierre de
semblable origine était regardée . comme la
personnification' du soleil. Les.traditions ,du"
; moyen âgé , faisaient également mention de.
' plusieurs événements de cette nature, en leur
donnant la formé et la couleur légendaires."
Enfin', on peut voir encore aujourd'hui dans la,
bibliothèque de Çolmar, où elle est' conservée,
une énorme pierre, qui, aii milieu du xve siècle,-
tqmba dans le village. d'Ensisheim, en Alsace.
Cependant, malgré les témoignages'qui, depuis
lerxive siècle , succédaient aux témdignagesi'-
la chute.de pierres météoriqués'paraissaittel-"
lëmént.extraordinaire que les savants se refu^.
sçrent longtemps à en admettre l'éxistenc'e :
lé merveilleux éloignait le regard.de la raison
scientifique. Ce fut. seulement1 én.179.* que
Chladni, physicien allemand, réunit les .obser-
vations éparses dans 'les auteurs anciens et
modernes, prit ouvertement parti pour ce qu'on
nommait la superstition populaire , et parvint
à- faire entrer les' aërolithes dans lé domaine
de la science. Les travaux de ce savant eurent
lé privilège d'attirer l'attention. Les observa-
teurs, tenus en éveil, signalèrent bientôt des
faits qui'démon traient d'une façon péremptoire
la réalité du phénomène. Peu après, en 1803,
une. pluie de .pierres des plus remarquables
vint à, tomber, précisémenten plein jour, sur la
petite ville de Laigle, qn Normandie. L'auto-
rité locale dressa procès-verbal de l'événe-
ment; il n'y avait pointa nier son authenticité.
M.-Biqt, envoyé sur les lieux par. l'Académie
des Sciences , recueillit les témoignages d'un
grand' nombre de,' personnes qui, toutes, avaient
entenduun'e explosion danS l'air, [et dônt'beau;
coup avaient vu tomber lès. pierres. ■ ...../
: -Lfexistence des aërolithes étant ainsi mise
hors de. doute, il.restait à en: expliquer l'ori-
gine.; Trois qpiiiions.ont.été émises à ..cesujet.t
D'après' la^première, les aërolithes sé,forme-r
raient dans l'atmosphère , par l'agrégation ,'des
vapeurs métalliques que idégagent. l'es usines,
çomipç.la pluie, la: neige, -la grêle se forment
par;l'agrégation. des vapeurs aqueuses. — La-
blace voyait, dansées aërolithes i". dés pierres,
lancéesjparles volcans lunaires ;;il démontrait
qu'il; ne ■teur'<fallait:,.pqur..sortir.de la-sphère
d;attractiaii déjà lune, qu'une. vitesse égale. à
cinq, fois et demie celle d'un boulet.de canon.
Par^cette/communauté. d'origine is'expliquait
l'identité^decomposition chimique de tous les
aérolithes connus. Mais pour s'en tenir à cette
hypothèse , pqur accuser -ainsi .notre, satellite,
de jeter.; des pierres, sur la terre j'il faudrait
montrer. d'abord que la-lune possède des .vol-
cans, ensuite que l'activité de ces volcans est
capable d'imprimer aux. aërolithes, la vitesse
aviec laquelle ils traversent notre atmqsplière.
« Pour ,moi,,,di.t.01b.ers', je considère la lune
dans son état actuel comme un voisin fort pai-
sible, qui, t, à raison de son manque. d'eau et
d'atmosphère, est désormais incapable de for-
tes explosions. »"-n Une. troisième hypothèse,
qui jusqu'à ce jour a- paru aux astronomes -plus-
acceptable que les précédentes, consiste à faire
de chaque aërolithe un astéroïde, c'est-à-dire
un petit astre, une petite planète. «Le monde,
dit M. Ble.rzy ,.serait peuplé de milliards de ces
astéroïdes, -qui circuleraient autour du soleil
comme .les grosses planètes, et qui ne devien-
draient visRiles qu'au moment où.iis pénétre-
raient dans notre atmosphère... Il y aurait ainsi,
dans les espaces célestes où notre globe s'a-
vance régulièrement chaque jour, la monnaie
d'une grosse, planète dontja masse terrestre
s'accroîtrait peu a peu. » ,, ; .
On assimile généralement aux aérolithes ces
météores lumineux nommés étoiles filantes, qui
riè >ïbnt"qiie 'briller un' instant 'et'disparaitre'
dàns^'ës profdndeurs-'dè la voûte céleste ;' ainsi
ôii admet vôlon'tiers;sàns fonder cette analogie
sur de1 bien solides raisons , que les1 aërolithes
s'ont "dés étoile^ 'iilàntes qui pénètrent profon-
dément'dans nôtre atmosphère ,' éclatent et
tombent à' l'a surface dé'la terre ; que les étoiles
filantes sont des aérolithes qui, entrant dans
notre' atmosphère à de, -grandes hauteurs et
avec une vitesse suffisante pour la traverser
et s'en dégager, ne font que s'enflammer en
passant par le frottement de l'àir/ét s'éteignent •
à leur sortie. Notons ici que le nombre dés
étoiles filantes varie assez- régulièrement sui-
vant' les heures de^là nuit et lés'ëpoques de,
l'année, et manifeste une recrudescence re-
marquable du!9'au il août, et qu'un "savant
français,' M.- Cpulvier-Gravier, a fondé sur
l'obsérvatiori de ces météores Un système de
prévision -du temps; D'après ce système ,' le
nombre, la' couleur, la inarche, la direction et
la vitesse des" étoiles filantes, indiqueraient
plusieurs jours' d'avance les changements 'atr
môsphériques qui se' traduisent pour nous sous
la- forme de pluie, de grêle, de vent,- etc.
V: Etoiles fii.antks. ' ' '
aérolithique àdj. (a-e-ro-li-ti-ikè -:
rad'. aërolithe). Qui appartient, qiii est propre'
aux aérolithes ; qui .tient dèla.nature des aé-
rolithes,: Des pierres aêrolithiques. Dans-le
Brésil il y à une niasse aérolithique gui. dit-
on, pèse sept mille kilogrammes. (Hdefer.) " \ .
, AÉROLOGIE s. f. (a-é-ro-lo-ji — du gr,
aèr, air;, logos,' discours). Partie de la phy- .
sique qui traite de l'air et de. ses propriétés;
AÉROLOGIQUE adj. (a-é-ro-lo-ji-ke — rad.-
aërolàgiè). Qui a rapport, qui appartient à
l'aérologie : Discours, traité aÉrologique. •
AÉROMANCIE s. f. ( a-é-rç-man-sî — du
gr., aer, air ; manteia, divination). Art de pré-'
dire l'avenir par certaines' apparences mani-
festées dans l'air. Il en est question dans lés
Nuées d'Aristophane. On procédait générale-
ment ainsi : on s'entourait la tête d.uh linge,
e't.après,' avoir disposé eu.pjein air un .vase
rempli d'éa'u, on exposait peadistincteruent et
àyojx basse l'objet sur lequel on désirait être
renseigné.'; si alors la surface du liquide était
agitée, on' supposait que l'affaire aurait une
solution favorable. , ,
-, AÉROMÀNCIEN-, ENNE 'adj . (aréfro-manr
si-ain, è-ne — rad. aéromancie). Qui à rapport
à raéromancie : Opération .aéromànciknne. Il
s.. Celui, celle qui pratique l'aéromancie. -'
AÉROMEL.s.m;'(a-é-ro-mèl -^- du,gr.aér,:
air; me/, miel). Miel aérien. Nom donné à la
ment qui sert à déterminer la densité de
l'air.- il Instrument imaginé par le physicien
Hall, et au moyen1 duquel on peut faire les
corrections nécessaires quand on veut mesu-
rer le volume moyen des gaz.
AÉROMÉTRIE s. f. (a-è-ro-mé-trî — rad.
aéromètre). Physiq. Science qui a pour objet
l'étude des propriétés physiques de l'air.
Km,
AÉROMÉTRIQUB adj. (a-érro-mértri-ke
— rad. airomëtrie). Qui a rapport à l'aéroiiié-
trie : Expériences aérométriques.- ,
AÉROMONTGOLFIÈRE S. f. (a-é-TC-mOn-
gol-fiè-re — du lat. aer,. sir,- et fà .Montgol-
fier, n. pr.). Ballon , aérostat qui s'êlëvo au
moyen de l'air raréfié : Pilaire de llozier
fit usage d'une- AÊROMONfooi.Fii;RB>(Etîcyél.)
il Inusité.'On dit simplement montgolfière.'
aéromoteur s. m. "(a^è-ro-mo-teur — '
du lat-. aefi air^-.et du franc. moiârt'CrlVIach'ne
propre à- se mouvoir parla seule, fprce'de l'air;.
;AÉRONAUGRAPHiE:s. f. (a-é-ro-no'-gra-fî'
— du'gr. «(jr,air -njiK/^, navigateur; graphe,
j'écris). Traité de navigation aérienne.
AÉRONAUGRAPHiQUEadj. (a-é-ro-nô-gra-
fi-ke —r rad. aéronaugr'aphie). Qui a rapport
a la navigation aérienne : Expérience aero-
NAUORAPHIQUE., ' , , ' ,
-. aéronaute s... (a-é-ro-nô-te — du gr,
aêr, air; nautës, navigateur). Celui, colle qui
parcourt les airs dans un aérostat : A l'aide
du parachute, un' aéronaute peut sans danger
se séparer de son ballon et redescendre à terre.
(Ehcycl.) La malheureuse -aéronaute s'était
fracassé la- tête en> tombante (Journ.)
"— Éplthètes. Ingénieux, habile, expéri-
menté, savant, heureux, malheureux, infor-
tuné, errant; incertain, perdu, troublé, con-
fiànt.'hàrdi, audacieux, imprudent, téméraire.-
• AÉRONAUTIE s. f. (a-é-ro-rio-tî' — rad.
aéronaute). Art de naviguer dans l'air. Il On
dit plutôt AERONAUTIQUE. 1V. Ce mot.
AÉRONAUTIQUE s. f. (a-é-ro-nô^ti-ke —
rad. aéronaute). : Art de fabriquer des aéros-
tats; art de ise soutenir -et de naviguer dans
les airs.ii-On dit aussi aérostation' et aéros-
tatique. Il Adjectiyem. : Arago a rendu compte
d'un.voyage aéronautique exécuté le Ï7 juillet
1850 par Bixio et Barrai. (Mém. do lAcad.*
'AÉRONEF s. m. (a-é-ro-nèf — du latl aer,
air, et du vieux' franc, nef, navire). Appareil
imaginé; en 1861', par M. Ponton, et au moyen,
duquel un homme-pourrait s'envoler dans les
airs : /-'aéronef est une' de ces inventions' bi-
zarres faites' pour' résoudre le problème delà
navigation aérienne, et dont aucune n'a pu sup-
porter l'expérience. (Maignè.) il Appareil pro-
,,n™ par M. Transon, vers 184 6, pour diriger
, les ballons captifs, c'est-à-dire n ,.„„ „„
l'air par un cable' fixe a terre : 'Z'asronef se
i compose de deux ballons conjugués, dont l'un a
! une force ascensionnelle plus. grande que l'autre,
' et assez grande pour, à- la fois, atteindre une
] région plus élevée et aussi soutenir le poids du
\ cable. (P. Toùrneux.)
' " aéROphané adj. (a-é-ro-fa-ne — du gr.:
: aêr, air ; phanos,' transparent). Qui a la trans-
' parence de-l'air., -
! ' aérophobe adji (a-é^ro-fo-be — du gr.
I aêr, air 'j ph'obos, crainte): Méd. Qui a peur de
' l'air, qui redoute le contact de l'air.
'— Substantiv.. Celui, celle qui a peur de
l'air :'ieî'AÉR0PH0BES ne peuvent pas. même
supporter 'faction de l'air, en mouvement sur /«.
peau.. (Nysteii.) ' ' , . ,
'aérophobie s. f. (a-é-ro-fo-bî -r, rad.
aérophobe). Méd. Horreur du contact de l'air
mouvement, symptôme assez fréquent de
la rage ..quelquefois aussi de. l'hystérie et-
d'autres affections nerveuses : ^'aerophobie
peut se joindre à l'horreur de l'eau et devenir
un symptôme de ï hydrophobie. (Val. Parisot.)
- Aérophone s. m.- (a-é-ro-fo-ne — du gr.'
aêr, air ; phonè, son). Mus. Orgue à vapeur
récemment inventé par un artiste américain.
Cet instrument est alimenté par un généra-
teur à vapeur de la force de six chevaux, et
rend des sons d'une puissance que ne pour-
rait égaler, dit^on, un orchestre composé de
mille musiciens. L'aérophone "a fait sa pre-
mière apparition à Paris au mois de sep-
tembre 1860..
^AÉROPHONE adj. (a-é-rorfo-ne — du gr.
aèr, air; phonè, voix). Orriith. Qui a la voix
retentissante, il Aérophones,s. m. pi. Ornith.
Dans la méthode de. Vieillot, la huitième
famille d'oiseaux, dé. l'ordre, dès échassiers,
renfermant les genres anthropoïde et grue.
. AÉROPHORE adj. (a-é-ro-fo-re^-du gr. aèr,
air; phërô, je porte). Qui conduit de l'air,
qui en transporte :■ Vaisseaux -aéropiiores.
— s. m. Appareil sous-marin : Un aéro-
PHORB.- • . '■ ' : ' .■-.--"
AÉROPHYTES's. mT. pi. '(a-é-rb-fi-te — du
gr. aêr, air; phutàn, plante). Bot: Nom donné
à-toutes les plantes qui vivent sur la terre,
par opposition aux hydrophytes, qui sont des
plantes aquatiques. Peu us.
. &RÔFHYTON s. m. (é-ro-fi-ton — du gr
oe'r, air; phùton, plante). Bot. Genre de cham
pignons appartenant à l'ordre des mucédinéés.
: AÉRORACHIE s. f. (a-é-ro-ra-chî — du gr.
aèr, air;. rachis, épine du dos). Pathol. Accu
mulation du gaz dans le rachis.
AÉROSGAPHE s. m. (a-é-ro-ska-fe — du
gr. aèr} air; skaphè, barque). Nom proposé
pour designer les bateaux mus par l'air, par
oppos. à pyroscàphe.
AÉROSCOPE s. m. (a-é-ro-sko-pe — du
gr. aèr, air; skopeà, je regarde). Physiq. In-
strument propre à faire des observations sur
l'air ; c'est une sorte de.baromètre d'une con-
struction nouvelle.'
AiÊR
AÉROSCOPIE s. f. (a-c-ro-sko-pî -^ rad.
acrûscopv).< Méiéor. -Méthode pour faire -des
observations sur l'air ;' art d'étudier l'at-
mosphère.,.- " . j-u -iuc •■jVVÎiuC r -1:-.
AÉROSITE s. f;'(a*é-ro-ziTté)'. Miner: Va'--
riété1 d'argent rouge sombre]' '_: ■ ' »
i ÂEHOSP.HÈRE.s. ,t. {a-rérro^fô-rej -r,idu<"gr.,
o(ir,.;air -,,'sphaira,. sphère); Masse d'air qui.efl-
tour'e.legjpbo terrestre'. _, hj^^liKC^ùa
i. aérostat s. m:(a>:é-ro-sta-— du gr.iaèr;-
air; etifadv-jerae-tiens). Appareil qui s'élève
dans .l'atmosphère,-; gràée;à..;la léeèra,téj spqci-
fi'quèrdiïgaz, dont jl.esCCrcrnplï.'Les âeroslats
sont "souvent appelés ballons, cn.raisbn^de,
leur formé. On leur 'donne, lé nom dé^niont'-'
folfières quand ils son£JrèmplisJd'àir cÏÏaùd :,
rn àkroStat qu'on ne peut diriger 'est tout' du
plu» iin jouet d'ett/àrit,- bon pour , divertir les.
rois, les vieilles femmes et les académies: (Ch'-
Hoà.)I)epuis.le Consulat, l'usageltè /'aérostat
militaire a été abandonné. (Bardin.) La-furie
des, oallons continue toujours*; chaque dimanche,
Cair est étoile d'AÉROSTATS..(Th. Gaut.)" \ '
y™,Bncycl.-- 1. 1 Théorie -des aérostats.-, La!
théorie des. aérostats repose sur ice principe,
découvert pur Archimède, qu'un, porps plongé
dans 'un liqûide/perd ùiiè^quantite de son poids
égale au !poïds du]vôlum'e du liquide qu'il 'dér,
glacé. Ce principe, s'applique àtoutê espèce dè;
uide, aux gaz comme aux liquides, a l'air aV
inosphériqùe ' comme à l'eau. Appliqué -à^l'àir,
il peut's'énoncer ainsi': Tout corps plongé dans
l'air éprotwe'une pousseede bas en- hàuténàlè'
en. grandeur au poids: de V.oi$.déplacé:?\ljÉTi
résulte que ^touticorpstdontle, poids est égal*
à. celui de.l'air déplacé -reste enequilibre sans'
monter. ni. descendre, comme les nuages sus-:
pendus dans l'atmosphère ; .que tout corps dont
le poids est supérieur à celui de' l'air déplacé
tend à tomber, comme s'ilètait sollicité par une
force unique égale à l'excès de son poids réel
sur le poids de l'air, déplacé ; enfin que.tout
corps dont le poids est'inférieur àc'élûi'd'é'l'âir
déplacé s'élève verticalement, emporté, par la]
ppussçe, comme é'ilélâiVsollicUè, en sens con-
traire 'de la pè'sàntéûry'pà'r une,forçe unique
égalé ala différence, qui existe entré la poussée
et son propre poidsY.te^est.le cas' de l'hjdro-"
gène ,* 'du gaa d'éclairage ,' de, l'air chaud; dé
ia'fu'mêèVjetc. d,/j \\.'., Ki j!,lr ..'.,' '"-j "1Pi, ■ ,].
'' II. COMPOSfTfdNDKS aérostats; Un oé'roi<ai:
est un appareil quiVélèvè "dans Tair,Vomniè"
là fumée, parce quéson poids totàl'est inférieur
à celui de l'air qu'il' déplace. Cet appareil est
composé dé deux", parties essentielles : d'uir
ballon, k peu prèsvsphérique; enveloppe' ren-
fermant un gaz spécifiquement plus léger que
l'air, et d'une nacelle, sorte de corbeille dîosier
suspendue au' l'allon-et- que' le ballon emporte
avec lui. Tout gaz dont la pesanteur spécifique!
serait notablement, moindre que^elle^e 1 air
pourrait servir à gonfler un ballon. On a d'à-.
Bord fait usagé de fairxiiaud; aujourd'hui, pnr
emploie exclusivémént'rhydrogène/ou.le gaz
d'èclàiràge.L'enyéldppe'dqitetreimpérmëabre;
elle est .formée soit de tâffétas.yérni, soit d'une'
feuille mince de: caoutchouc placée .entre deux,
feuilles de taffetas. A la partie inférieure est
une ouverture pour-l'introduction du' gaz -,-a' la
partie supérieure une'aùtrèloûverture garnie
d'une soupape de métal-1 destinée a donner
issue au gaz pour faciliter là^dèscente. L'hé-!
misphère' supérieur : du ballon est recouvert
d'un filet a larges- mailles portant circulaire-,
mentuiri assez grand nombre de cordés, aux-
quelles est attachée la nacelle. C'est dans;celle-
ci .que se tient l-'aéronaute.avec tous les;objets
nécessaires au vpyage,.-et>une-.provision de:
/«^suffisante pour alléger le ballon quand on
veut- remonter -dans des régions plus nautes.
Itl.' Force ascensionnelle
Un aérostat s'élève' 'dans les airs lorsque
poids total est inférieur, à la poussée/ de îair
qui l'environné. On donne le liôm 'dé forcé' as-
censionnelle à la différence qui existe à chaque
instant entre ces deux' quantités/Réduit au
ialton- Vaérostat aurait une'forcë'àscéhsion-
nelle'egale à la différence qui existe entre le
— -a^ j-_ "nir déplacé, et là 3omme des poids:
il contient et del'eriv'eloppe. Or, le
poids de l'air déplacé, et là 3omme des poids:
ou 'gaz qu'il contient et del'eriv'eloppe. Or, le
poids de l'air déplàcé'est proportionnel aù'vo^
e de l!aeros(a<,c'est-£ti-dire au:cube'-de-s<
deux, quantitéS';-.d'autrejpàrt,:le( poids de l'en-
veloppe de taffetas est proportionnel a la sur-
face du ballon, c'est-à-dire seulementau carré
du rayon.' On voit que la forcé ""ascensionnelle
doit. nécessairenieht'croître àyec/les dimen-]
sions , de] l'aérostat, . en d'autres termes, que,
celui-ci peut enlever jies poids . additionnels
d'autant plus considérables qu'on lui .donne un-
plus grand volume'.'Notons que','pour un même
ballon, là force ascensionnelle' est beaucoup
plus grande si'on l'a gonflé àvèc'de l'hydrogéné'
eue si- l'on a employé du gaz"d-'èclàiràge;.'la
densité de l'hydrogène létant; environ un quin-
zième de celle de l'air, tandis que celle du gaz
en est la moitié. Aussi einploie-t-on,des bal-
lons de très-grandes dimensions quand on veut
se servir de ce dernier gaz, comme on le fait,
pour les ascensions qui n'ont d'autre but que
d'attirer des spectateurs ; dans les ascensions
scientifiques, où l'on tient à s'élever très-haut
dans l'atmosphère, on emploie exclusivement-
l'hydrogène. Il faut bien remarquer enfin que'
l'enveloppe doit toujours être assez vaste pour
qu au moment du départ le ballon ait acquis
AiER
une' force ascensionnelle suffisante bienavant
d'être coTnpiétement'distèndu. En effet, la den-
sité des couchés 'de'l'atmosphère' 'diminuant' à1
mesure que l'on's'éloigne dé la terre;' ,il arri-
verait un: moment ou la/pression de. l'air e'xté^
rieur :cesseràit'de' faire eorître-pôlds à là forcé
éxpànsive du gaz énféririé'éù,' par'c'6riséqûefitjJ
l'ënvêlôçpè' finirait' pa'r|'éclatèr;'q'u"elqué',sdlidé
qu'elle 'tut; rsi-«llé ne' pouvajt^auèmèniër 'd'é'
volume. Déû^'ç'au'sé's' tendent' à-'aiminùér'là'
force ascensionrielléd'unaérostat : la' première
est'l'â raréfaction du milieu1 'que lé ballon 'iit-
teint'en' s'élevànt et 'la' diminution1 depb'ussé'é'
quiirésiilte de 'cette raréfaction';' la secpnde'ét'
la plus- active;est':le!phénomène>d'eridôsmos'e;!
qui s'opère & travers'Tenyeloppei'qnelque' soin
qu'on ait prisse la rendre imperméable^ et en'
vertu duqucl-iune-quantité-notablè d'air^exté-;
rieur^ne-tàrde pas à pénétrer dans le1 ballon',7
en même temps:qu*uné pârtie>du-gaz-ihtérieur
«^échappe dàns'ratmosplïèré::'Lrôrsquè l'âérô,-'
naute' est-arrêté paffla diminution de^a'fdrcé'
ascensionnelle et qu'il veut céntihueras'été'-'
ver, il décharge la'nacellé'd'une'-par lie du sable-
qui ïuisert de lest;' Lorsqu'il: veut4arrêter 'le1
ballon ou opérer une descente, il'ouvrejàtl'aide/
d'une corde' qui Jse rènd<dans''!a nâcelle,fla;
soupape- qui ferme l'oùverture: supérieure. Si
la: chuté est troplrapide, bu'si l'aérostat parait'
devoir' toucher terré 'eriun lieu qui'présénté'
quelque danger, on' peut diminuer 'là vitesse
ou- nie.me'-rendre"au ballon' 'son imouvèmeht
ascensionnel en jetant' une 'nouvelle-quantité
dé lest, jusqu'à-cé qu'il se trouve, par exemple')1
au-dessus wune1 plaine où la' descente ne pres-
sente pas d'inconvénient"; Uhé'ancre,!iplacée a'
l'extrémité' d'une longue 'corde, sert"ordinai-:
rementik prendre' un point fixe'lsur le sol' ét;k
amener peu'k-peii' là nacelle jusqu'à terré. '—,
Avant que {'aérostat ■ abandonne la terrèi'on
mesure; la 'force ascensionnelle aù'moyenidu'
dynamomètre; on peut la déterminer à' priori'
quand on connaît le volume 'du gaz introduit^
le poids- de' l'enveloppé et ' des - ac'cessdires'i' et
les conditions dans lesquelles se' trouvé l'air1
anibiant.'Dans'decours-de l'ascension;1 le 'btC-'
romètré perniêtde 'vérifier' à' chaque instant si-
le ballon -s'élève, et d'évaluer^ avec -une ap-
proximation suffisante là hauteur à'laqùellé,on
est parvenu. ■ .m-4 ■ iu ji -t'.à -j:. .
■t IV . Invention des aerostatsî Pre'squèjtou^
les'.écrivàins'.qui'se iontjpcçûpés' dçs .aérostat^
n'en font ^remonter .'l'pfigi'nejlqi^a^la ,'fin^du,
xv'iiie siècle^SansIdiminuerlaÈloire^desfreres,
Mpntgoïfierr,qui ont attache letir nom^'cétté
intention, én-ne doit.'pàs'rôiibliér^qîie, rvers, la
fin' du xviié siècle^ ils avaient eu un précurseur
dans lé . Portugais* Gusmao.,Çelui7ÇW ypyant,
dit-on, un j'oiir de sa,, fenêtre un corps] sphér-
1 riqùe, très-léger, peut-être une bulle de "sa-^
i v.ôn, qui^fiq'ttajt dans les airs, s'était appliqué
. avec. succès ", a produire], en grand , çé, phéno-.
mène; Un -jour,, à. Lisbonne, i) s'éleva ehbal-
! lôn devant lé palais ''du .'roi,,éh./presénçëTde,la>
. famille royale et dé toute la cour,-,: mais.,l]in-
i qjiisitipn, gardienne -jalouse^lii s'tatu~g'uo\iite\-
'• leçtuelj'vit îuï , péril dans l'aûdàciéuse "dé,cpu-j
yérte,'e'tJGus.mao,;gùe lé pèùpfe]appelait par.
; dérision .'ï homme.. volant, .dut, s'expatrier . pour:
i fuir, là persécution.; il mourut sans avoir pu'
donner, suite à, ses premiers .essais' et sans
' même'.én, laisser "le.'secret Jà., ses ^ contera po.71
■ rains. Plus tard, lorsque, ,Cayénclish. eut dé-
' couvert le gaz hydrogène, en 1766, le docteur|
' Black'cpnçut aussitôt l'idée qu'une véssierém-;
' plié dé- ce gaz, doni la pesanteur] spécifique
i est si inférieure S celle de^l'air, ne pouvait
, manquer de s'élever dans l'atmosphère ; "mais
iréchôùa dans' ses expériences. Celles de Tlta-
' lien Càyallo'Xnss^ii'eurént pas plùsde.résul-,
tat: Lés deux frères Etienne et- Joseph Mont-
golfier,1 fabricants de papier a Arinonây.J(Ar-
! d'èchej)' "furent 'plus- heureux.] Ayant cru' rê-
I connaître que 1 électricité est la ' principale
, cause, qui retient les nuages,- ils imagihè'rent,
:.en brûlant un mélange de laine et dei paille
mouillée, de produire un gaz ou air électrique-
plus léger;que l'air, et par, conséquent capable
1 de Relever data l'espace,- d'après "lé principe-
; d'Arçhimède. Le 5 juin 17S3, une enveloppe
! faite d'une toile d'emballage, .doublée (de pa-
pier, de forme, h peu' près sphériqu'é, ayant en-
viron'866 mètres cubes de capacité, ouverte
\ par en bas, et jportant suspendu S. sa' par'tie-in- '
I t'érieuré un récnaùd où se formait', aisait-on,'-
I le gàz'Mphtgolfiér,1 fut lancée solennellement
I sur la place publique 'd'Àrinonay; ' Elle s'élèvà5
I a'enviroh 1,000 mètres et' alla'reto'mber'a près
| d'une lieuë'dè sorfppintdé 'départe' Cette ;éï--
, péViènce'qui' devait s'expliquer iio'npàr là pro^
! ductipn d'un gaz électrique, mais tout simple "
' ment par l'action' de la;chàVéur!sùr Vàir.cb'n-
- tenu dans l'enveloppe, firappa] vivement l'àt-
1 tention des .savants". -:Bientôt-Me*'- physicien
] Charles l'imita en substituant l'hydrogène à
! l'air chaud' et lé premier ballon qu'eût encore
i vu Paris s'éleva au Champ^-'dé^Marsvsalûé'pàr
| le-canon, au milieu d'Une foule immense qui
1 couvrait les places, les ' avenues,. les, toits.
j Dans ces jours qui précédaient la grande Rér
! yplution, k cette époque d'ardente fojf-à, la
puissance de.rhumanite, un spectacle si bout
! veau et si plein "dé promesses ne_pouvait man-
quer d'exciter l'enthousiasme universel. « On
ne. pouvait, dit M. Figuier, se défendre des
plus vives impressions. Beaucoup de.personnes
, fondirent en larmes;. d'autres s'embrassaient
1 comme en délire. • Etienne Montgolfler renou-
l vêla quelques semaines plus tard, à Versailles,
] en présence de la coiir, l'expérience d'Anno-
|- nay avec lin" aérostat gonflé d'air chaud qui
Âén
s'éleva à fin demi-kilomètre1,' emportant' un
in(iutèh',;uhiçb]q et Un 'canard dans une 'cage
suspendue i! l'appareil: Ces animaux', envoyés
en quelque 'sorte ëh" éclairèùrs ; idàns l'espace,
revinrent'sains .etsaufs,Hémoignantde lSipos-
sibilité. des: ascensions aérqstatiqùes.- -y ,•,""•■>
_V. f ASCEN,S!pNS_.A,ÉR°,STAJ.Ip-^
inventé],- dn'pouvai't. s'attçndrê"à voir T)ienfo t
l'homme' (âurf^Yop^'j^en^^çqnfier^sa viëlàî
la frêle machine. Montgblfiér avait trouvé' dans
Pilàtré dé Rozier un àrdêntft5611àoorKtèHrVlls
préparèrent ensemble une ascèrislQiv.'à"'ballon'
captif ;»qùi-èut,Uéu sàns'aucùh'àcèidenti'Bieh-î
tôt après, -lé"20 ,noyémbTé'l^7S3,, Pilàtréy'en-
hàidi par ce premier sïïccès,'%a<nâsâfdà,'avéc'
le'-marquis d'ArlandesIsur un.c^ros'adentière- .
ment libre, et fit ainsi- le premier, voyage. aé?.
rien. ,L'exemple_^st donne,: le 4ffrr^eç^mbre,
un aér-os'tat 'dé, g'j.mèt'ré^ de diamètre,, gonflé
dTiydrpgëne ,J muni, d'une ^soupape, d'un , filet;
d'.ùné napélle,. emporte jC^a'riésVe^Robèrt j'us-
qù]à NeslèsJ à, 36 ,'kil. ]de-"lëur,'jppint.'de dér-,
parti Dqs lors, les lasç'e.nsionçj'àerostatiqués, se,
multiplient]' .Ch'aaue^yiUe^'sesjaérpîmifËs^Le'
7_ janvier 1785, B'^oKardj.àçcpmpàgné 'd^.j'A^]
mèricàin Jëfférié/àcçpmplit^aulmiuèùjdè^p.é-
. ÀEfR
m
ripéties saisissantes, Ta traversée 'dë'Dou'vrés
à Calais.,Lè lS.juin de lamème année;rKaven-
tureux. Pilatrei-denRozier et [Romain-jtentent
une expédition semblable. ^Malheureusement,'
sous 'leiballoii principal,- rempli Ideigaz. hydro-/
gène,-, JI31 avaient eui-1'idée de suspendreiùne'
montgolfière: qui «portait 1 avec 1 elle son , foyer.:
G'était,;suivant lïaxpressiomde ,Biot,;un four-'
lagasinjà, poudre. Parvénui.à
4 à'CO'O mètres, l'appa"a:i "~*
aéronauteSitrouvèreril
sur]les, falaises dà Boulogne. . h ■' i -,i, .,*r.
,Vl."AlpPLICÂTIONâ_.DBS AEROSTATS., Lès Sa-ri
vants. avaient, compris, |dè]s-.l'origine-1queales
ballons pouvaient servir utilement aux.progrès.
dé -la météorplpgi^;i en .permettan.tid'obser.ve.r^
dans les, hautes ; régions. de; l'atmosphère.,, les
yariatioris.ije làjtempérature, les osçulations de.
l'aiguille àimantée)i intensité et la direction des
courants, d'air. Après les yoyages.d'essai entre-
pris pari curiosité, vinrent les ascensions scien-
tifioues. La.première fût ] faite par Bpulton, le
26" décembre ,n84.., Quelques .ànnées'plus tard.,
en août, 18Ôi;, Bipt et Gay-Lussac. s'élevèrent
énsemble^etirepueillirent de nombreux rensei-?.
gnemeutKs.ur, l'ajphysique ^de l'àir. rIls .annonh
cerent que les oscillât ions de l'aiguille aimantée
etràctiqn]de la pilen'éprouyentiauçune modir.
fl'çatioii r"dansi,les,.hautés,-r'égiq'nsj de. l'aùnpr,
sphère, que la'séçhe'réssé croît avec l'éléyàtipn;,
et; que'- la température,] à,u -.contraire ; ,.décroît
sùivant;]ûne. loi déterminée. ,. Un , mois aprèSj,
G.ay-Lussac partit seul,' atteignit une hauteur
de 7^000 mètres ,, et, en* rapporta dfes,échan-i
tillons,d'air atmosphérique , danSjlesquels une
analysé délicate' ne. découvrit, aûcuh.élémehtr
nouyéau, En juin et juillet isso, MM'. Bàrral.ét
Bi'xib' firent aeux "ascensions scientifiques. Ils
eurent, à' traverser un, nuage, ço'mppsé.'de.péT;
tites' aiguillés, .'de glàçé, aux] arêtes viye^.et
aux .facettés' polies; ils remarquèrent un prp-
digiéux('abâissement 'de, la, .température dànsr
les régions' élevées.. Dans. les ypyagés aériens-
qu'il fit en 1855', M.' \Velsh reconnut que 'le
thérmomèfré baissait d'abord en proportion de
là hauteur, depuis lé soljusqu'à' là' région "dés
nuages; que, dans cette régionales variations'
de là température étaient irrégulièrès',' et
qu'enfin au-dessus des nuages Te refroidisse--
ment reprenait- une; marche persistante et'
commission' d'examen ', prési'dëe par
Monge,etrparmi,les membres de laquelle figu-
rèrent BêrmPlletVFpurcrpy^iiytdn-Morveau,,
le 'comité de sàlût public' décida que les aé-
rostats seraient employéSç' aux armées, comme
moyen d'obsèrvatibn^L'aeronaute Coutelle fût
chargé de mettre le projet à exécution'; ]il reçut,
le -brevet de capitaine des dérôstiers) avec
l'ordre d'organiser une compagnie. Vaérostat
militaire était retenu captif à une certaine haù-i
teûr,]au 'moyen 'dé cordes que' dirigeaient .à'
tèrreides, conducteurs, comme cela'se pratique'
pour les cérfs-vdlants;'ét de petits drapeaux
de diverses couleurs. , tenus par lés observa-
teurs placés dans là] nacelle; indiquaient aux
hommès''d'en"bàs quand" il fallait' élever ou
descendre le ballon. Pour le gonfler,' oh né'
devait pas employer l'acide 'sulfurique, mais
-**■'- 1--:- — " procédé' de là' décomposition de
arme jncpnhùe' qui lui Connaît |cohfiancer.ét
Une deuxième compagnie'1 d'aéfostifefs fut
organisée à l'époque deTexpéditiotf'd'-Egypte;
mais'elle'he putetre 'employée;1 pàrce'rque*'le3
Anglais s'emparèrent du'navlréqui'portaitsorf
matériel. "Enfin; soùs. le, 'Consùlàt,<'i:usage:da'
l;aé'rostàt militaire fut'àbandfinnè. 'Les oscilla-1
tions dé' la' nacelle',' la' lutte d u 7globe,cohtréTés[
vents, -l'impossibilité de'l^niaintenirà-uh point!
à peuiprès fixedans l'espace pétaient des obsta-i'
cles'qui'ne 'pou vaientiétre 'surmontés [què'pM*
la- fervëur'et'le: dévouement dés soidats''d'e'l8,;
Révolution?qi''i"f 'b inq x/.-i.£b in-rw iiiqr.b <M
.-/Vaérostat avait.été,presqueà sa naissance,
employé, comme;machi ne dé.guerre ;rAj:ago eut>
l'idée 3e le faire* servir k ràgriculture.'.Il slàgis- >
sait. de,, faire avorter les plus (,yiolents .orages
eï*i'em'p'échér là fo'rm'atiôri/dé^Ia grélè, eri'sôu-.
tirant' '1 électricité] dès 'nuages àu.moyèfl'dfuh]
aér.osiàit captif ' armé ^pointes.' L'éxp'é'rienc^
dè'nîariilàit ' qiie T'as'rpstà fV pa'ràgrèlé-. pût js'é-J
jô'ùrrier''ihaéflnimën^ .'dans '.ràtmôspher'éI'r'Ç|n
comprend' ' qu'il ' 'fallait.t,'d'ap.'prd 'prouver f'uiiô(
substance propre à faire ùnë^envëloppé com-
plètement un perméable} c'èst|.à 'dire fc:trayers
là'q'uëllë'J réchàngé'des': gàz'îhe' 'p]ût"s'ôperer'.
Malheureusement "ce' ^problème1 h'à! pu'^jû's-
qulci être' -résolu.^ î'-l'!''' r,h o-i.-nii-iJT -
_,!,„ „-* .,<■ ^-t]l. ■jjho.i ffi mHuwl eol T-if.ti.n
.^yil.ijNAviGATioN, AÉRiBtiNBi-. A.ipeme ïI'ost
périence eut-elle, montré; que.Jlpnr-.pouyait
éjever. et sputenir.dans l'air dçs machines capa-
bles, de, portêr'des hio'ramèSj.éue; ^sans's'ârrè,-;;
■ ter a d'autres applîcations/tôuteSjles'preoc-.
1 cupations, tous les vœux, toutes, iés'e^pç'ran-
ces ;' 'se 'tournèrent' dû côtéfdè'la^ navigation
aériejrinéi 'Rièh de- pliïs^sedmjsttnt,Tl-'forit 'en1
rnnvpnir' rïpiiljHB «lus 'rirôofe 'ii'ènflarh'mc
était réservé a la confection de là poudre.
Après diverses expériences faites dans' le parc
dè'Meudon, le corps'des àérostiersreçut/ordré
dè'se rendre, avec ses appareils) àTarmée de
S'âmbre-ètrMéusé. Il' figura d'abord:à là dé-
fense de Maubeuge, puis à l'attaque de Char-
leroi, à la bataille.de Flëurùs ,, et. enfin au*
siège offensif de Mayencè. Dans toutes ces
circonstances, "le rôle du capitaine1 Coutelle
était d'observer du haut de sa nacelle les forces,
les dispositions et les mouvements de l'ennemi,-
etde les faire connaître au moyen de morceaux
de papier attachés à de petits sacs de sable
qu'il -jetait à terre. Pendant la bataille de
Eleurus, il resta plus de neuf heures en obser-
vation : . Certainement, dit-il lui-même, ce
n'est pas Vaérostat qui nous a fait gagner la
bataille; cependant, je dois dirè-qu il gênait
beaucoup' les -Autrichiens, qui croyaient'nè
pouvoir faire un pas sans être aperçus, et que,
de notre côté, l'armée voyait avec plaisir cette
l'imi
nalio
-iV'de' pliji's -'propre 'a' enflammérj
,' qu'une telle' extension 'dé notre
puissance. -La navigation aérieniioi.cbangorait
les, conditions économiques et sociales de.l'buni
nîanité-'fi ■ Toute - ville , tout- village ,, ,chaquei
usine ,ditiM., Blerzy, Jouirait. desiavantages!
d'unport -devuier.-, Lesi canaux, Tes routes i\do-r.
viendraient inutiles^t. rendraient à Tagrieûl-;'
ture la surface qu'ils occûpent.rLes vaisseaux
(s'il' én.restaitchcorel (Surpris par], là tempê'fc,,
seraient énleyés par leur grand']màt:,en.plèinej
mér'ét'recônduits'àu port; ,ils seraient ,(ransr-
pôr.tés p'àr-déssus lés chaînés desmoritàgnes,;
La 'guerre ne se 'ferait plùs.due par en hàut,,au,
moyen' Bè bombes formidables qu'on làjssérait
tomber d'aplomb sur les, armées et les places
fortes; mais' il" n'y' aurait élus'dé guerres, car
lês': frontières seraient ''effacées', lés 'peuples
communiquer aient èri'qùelqùès;heùrés d'un an-
tipode à 1 autre, et, par un contact incessant,'
se fondraient.en- une-seule famille. ;L'.intérieur
des continents inaccessibles n'aurait. plus, de>
mystères, etc. » ,D,u .reste ,,, cette .espérance
d'imiter l'oiseau, comme oh" avait imite le'pois-
sonj n'ètaitfpas h'pùvellêl n'semblè'q'ûéB]è-t(5ut
temps ''l'homme" ait songé' S ' s'affranchir des
liens de la pesanteur qui l'attachent 'àii sol; 'et
yu^ans le champ .innnides airs. ;unj domaine
acpriqùé'rir. Les. noms,. de. Dédale ,et d'Icare
sont fameux dans la[my,thologie. NouSiVoyonS;
âiï xiî.ê siécleil'Anglais Guillaume de Malmes—
Bury',]àu ^xve l'itâuén J>-B.] Dante", lés Fran.T!
çais Bçsiîier; "Bernoin-, BacaueyilleijcAiai'd.
au "xvn«, rèyer et tenter remploi de grandes
ailes analogues à celles des oiseaux. En 10.7.0,.
le P. Lana, de la compagnie de Jés.us, prqpo-
sàit un bateau aérien consistan.tr en' une* na-
cëUé-ar-riëe d'iihlmât et d'une voile; 'Quatre'
sphères ou globes en cuivre privés1 d'air et
ayant l768:de ligne d'épaisseur étaient chargés
de supporter la -nacelle 'au (moyen ,'de câbles.
• Je ne vois,. disait lejP; Làna, aucune diffi-
culté qui.puissesfopposer-li la.reussite de mon:
invention, si ce- nfest celle-ci.-qui me- semble!
l'emporter sur -toutes les autres : Dieu ne per-
mettra peut-être jamais qu'une telle machine'
puisse,- réussir en pratique , afin d'empêcher
plusieurs conséquences qui porteraient là per^
turbation au milieu des sociétés humaines..
Quel est celui qui ne voit qu 'aucune jVille, ne
serait désormais à l'abri des surprises, puisque
l'on pourrait" à chaque instant diriger le navire
tout droit àuMie'ssus de là place'ét- y mettre
Eied à terre avec ses compagnons?» Le;Pi.G"a-
en, en. 1755, décrivit- de son: côté un vais-
seauidestiné à naviguer dans l'air, et à trans-
porter au besoin une armée .avecutous ! ses
appareils de guerre et. ses- provisions Ide bou-
che, jusqu'au, milieu del'Afrique ou-dans d'au-.
. très pays non moins inconnus. ^Ce^.viiisseau,
disait-il, sériait plus long et plus large que la
ville d'Avignon, et sa hauteur ressemblerait à
; celle d'une montagne bien, considérable.» -r_
' L'invention des aérostats .avait fait, faire un
pas considérable" à la question •'là'-n'avigatiôn
aérienne, si longtemps Un rêve-j'semb'lait' entrer/'
dans la science; on avait le véhiculé; il né
: s'agissait plus que de lé diriger." L'ambition dé:
frapper le premier à un but qui paraissait si
rapproché, fît entrer dans la lice tous ceux'qui'
crurent saisir quelques-uns des.secrets:de l'art
maritime, du vol des oiseaux, de'la natation
{ des poissons,- etc. Le. nombre est grand, des.
projets, des essais, qu?on:a vus éclore' depuis
cette époque. Après ceux de Guytbn-Morveau,
. de Meusnier, vinrent ceux de M. Tn-pson, de
M. Delcourt, de M. Giffard, etc. — La machine
de GuytonTMorveau est une des premières qui
furent proposées pour résoudre le problème.
L'appareil de direction consistait en un taille-
vent, un gouvernail et deux rames. ^ Meus-
nier voulait se rendre maître du mouvement
vertical dé l'aérostat, en imitant la vessie' na-
tatoire du poisson, qui se gonfle bu s'affaiss»
MO
AER •
au gré de l'animal, augmente ou diminue son
volume, et, par conséquent, le rend plus léger
ou plus lourd. Il donnait k son ballon deux en-
veloppes, et c'est dans l'intervalle qui les sépa-
rait, que l'aéronaute devait refouler de l'air au
moyen d'une pompe placée dans la nacelle. —
L'aéronef de M. Transon se composait de deux
ballons conjugués, dont la force ascensionnelle
était inégale; l'un devait s'élever dans 'lés
hautes régions , et l'autre s'arrêter dans une
région inférieure et plus calme; le premier
(levait trouver un appui dans le second, comme
le vaisseau en trouve un dans l'eau pour ré-
sister aux vents contraires. — La machine de
M. Delcourtse composait d'un aérostat allongé,
auquel étaitsuspendu un plancher en bois léger.
Sur ce plancher était une machine qui, par l'in-
termédiaire d'un arbre et d'une manivelle,
imprimait un -mouvement de rotation à une
hélice- destinée à entraîner horizontalement
tout l'appareil. L'ascension et la descente s'ef-
fectuaient, non plus en jetant du lest ou en
perdant du gaz , mais en disposant avec art
d'un châssis mobile, recouvert d'une toile ré-
sistante, et placé entre le pont du navire et
l'aérostat. — Enfin M. Giffard, en 1852, tente
d'appliquer la vapeur à la direction des ballons,
mais sans obtenir de résultats sérieux ; il avoue
lui-même dans le récit de son ascension, n'avoir
pas songé un seul instant àlutter contre le vent.
Malgré tous ces essais, on doit avouer que le
problème de la navigation aérienne par les
ballons demeure encore sans solution. Au mo-
ment pot les frères Montgolfier venaient de
produire en public leur merveilleuse décou-
verte, quelqu un demandait k Franklin à quoi
serviraient les ballons?... «A quoi sert, ré-
pondit-il, l'enfant qui vient de naître ? » Hélas !
eet enfant, objet de tant d'espérances, n'a pu
sortir de ses langes ; le résultat le plus visible
de cette invention, qui devait être si fécondé,
est de servir à la décoration des fêtes publi-
ques. « On peut résumer en quelques mots, dit
M: Blerzy, les conditions qu'il reste k remplir
pour réaliser la navigation aérienne par les
ballons. Rendre l'enveloppe imperméable au
gaz, gouverner dans le sens vertical, gouver-
ner dans le sens horizontal, tels sont les trois
termes (lu problème k résoudre. Aujourd'hui
le meilleur aérostat ne conserve pas sa puis-
sance ascensionnelle pendant quarante -huit
heures : les mouvements verticaux ne s'opè-
rent qu aux dépens du chargement; la trans-
lation horizontale se fait au gré des vents : tel
est l'état de la question. C'est dire qu'on est
aussi loin de la solution que l'étaient Mont-
golfier, Charles et les autres aéronàutes des
premiers jours. Tout est encore à créer. » ■
Le problème seraiWl insoluble? DoiWl être
relégué parmi ceux qui sont mis au ban de ta
science, tels que le mouvement perpétuel, la
quadrature du cercle?— La navigation aé-
rienne, répondent un grand nombre de mathé-
maticiens, est impossible dans l'état actuel de
notre mécanique , de notre physique et de
notre chimie ; mais cette impossibilité n'est que
relative ; elle n'a rien de commun avec celle du
mouvement perpétuel, de la quadrature du
cercle. Comme la dit depuis longtemps Navier
dans un mémoire approuvé par pAcadémie des
Sciences, il s'agit avant tout de découvrir un
nouveau moteur dont l'action comporterait un
appareil beaucoup moins pesant que ceux que
nous connaissons aujourd'hui, il est vrai que
cette découverte aurait des conséquences tel-
lement importantes, que la navigation aérienne
en serait peut-être l'un des moindres résultats.
Un nouveau moteur n'est pas nécessaire,
répondent à leur tour MM. Nadar, Ponton
d'Amécourt, de La Landelle; il n'est^as diffi-
cile de diminuer le poids de notre machine à
vapeur et d'en faire un moteur suffisamment
léger. Mais il faut renoncer au ballon. Le
ballon est un obstacle a la navigation aérienne ;
c'est une bouée ou tout au plus un radeau. Une
machine attelée k un ballon , c'est le mouve-
ment associé à l'immobilité, c'est le vaisseau
amarré dont on déploierait les voiles. L'aéro-
stat est un point de départ vicieux autour du-
quel s'égarent la plupart des chercheurs. Pour
lutter contre l'air, il faut être spécifiquement
plus lourd que l'air. L'hélice mue par la va-
peur, tel est l'organe mécanique qui nous pro-
met une conquête vainement poursuivie jus-
qu'ici. Grâce à l'hélice, nous pénétrerons dans '
le domaine des vents, non plus en esclaves,
mais en maîtres. A la place de l'aérostat nous
voulons créer l'aéronef] l'hélicoptère, qui sera
un appareil nageur s élevant et se dirigeant
par sa propre force. A l'aérostation nous vou-
lons substituer Vautomotion aérienne.
Ainsi, voilà que nous tournons le dos aux
aérostats,, qui nous ont causé tant de décep-
tions.et que l'hélicenous ramène aux anciennes
machines k voler. En attendant que l'expé-
rience prononce en dernier ressort sur la va-
leur réelle du projet que MM. Nadar, Ponton
d'Amécourt et de La Landelle viennent de pro-
duire avec fracas, et qui a trouvé bien des
incrédules, nous devons dire;que M. Babtnet,
membre de l'Institut, prête a l'hélice l'autorité
de sa parole. « Je pourrais produire, écrit-il,
tous les calculs mathématiquement infaillibles
qui garantissent le succès de la navigation
aérienne par l'hélice. Ces calculs sont analo-
gues, pour ne pas dire identiques , k ceux que
"on a faits pour l'aile du moulin k vent, pour
les vannes de la turbine, pour les ventilateurs
et enfin pour l'hélice maritime De petits
modèles pourvus de ressorts bandés par une -
force médiocre s'élèvent et se soutiennent en
^ESC
l'air pendant tout le temps de l'action du res-
sort. Or, si un petit appareil à vapeur, facile
a imaginer, rendait au ressort moteur la ten-
sion qu'il perd en mettant l'hélice en mouve-
ment, le mécanisme en question pourrait indé-
finiment s'élever, se soutenir et se diriger dans
l'atmosphère..... Un modèle en grand est tou-
jours bien plus avantageux qu'un appareil de
faible capacité, et dès qu'on aura enlevé une
souris, il sera prouvé a fortiori qu'on enlèvera
un éléphant : ce sera une question de techno-
logie et d'argent, et non de science. >
— Éplthètes. Léger, rapide, gracieux, ingé-
nieux, magique, errant, perdu, abandonné.
AÉpostathmion s. m. (a-é-ro-sta-tmi-on
— du fer. aér, air; stathrnion, balance, poids).
Instrument inventé en 1765 par Carpi, et des-
tiné à marquer d'une manière sensible les
variations du poids de l'atmosphère et le de-
gré de la température.
AÉROSTAT1E s. f. (a-é-ros-ta-tî — rad.
aérostat). Mot qui s'est dit pour aéronautique
et aérostation,
AÉROSTATIER S. m. V. AÉROSTIER.
AÉROSTATION s. f. {a-é-ro-sta-si-on— rad.
aérostat). Même significat. qu'aéronautique.
AÉROSTATIQUE adj. (a-é-ro-sta-ti-ke —
rad. aérostat). Qui a rapport aux aérostats,
aux ballons, a la manière de les diriger : La
science aérostatique. Direction aérostatique.
Les expériences aérostatiques se sont multi-
pliées sur tous les points dut/lobe. (Péclet.) La
première idée des ballons aerostatiques date
du xvne siècle. (A. Libes.) || Se dit de ce qui
est propre à enlever dans les airs : Machine
aérostatique, ii Qui a lieu dans les airs , en
ballon : Voyage aérostatique. Bixio et Barrai
ont exécuté e»l850 une ascension aérostatique
dans l'intérêt de la science,
— s. f. Théorie de l'équilibre de l'air, et,
plus particulièrement , théorie des aérostats.
Syn., dans ce dernier cas, d'aéronautique.
AÉROSTIER OU AÉROSTATIER S. m. (a-é-
ro-sti-é — dugr. aér, air; staà, je me tiens).
Aéronaute : Enthousiasme et haine, tel sera
toujours le partage des aérostikrs, qui certes
maintenant ne méritent «ni cet excès d honneur ,
ni cette indignité, » jusqu'à ce qu'un ballon soit
devenu un véhicule aussi usuel qu'un omnibus
ou un wagon. (Turgan.) Il Soldat du corps créé
en France, pendant la Révolution, pour la
manœuvre des aérostats militaires; Le colonel
Conté avait amené avec lui la compagnie des
aérostiers, reste des aérostiers de Fleurus.
(Thicrs.)
AÉROTECHNIE s. f. (a-é-ro--tè-knî— du gr.
aêr, air; technè, art). Etude des différentes ap-
plicationsqu'on peut faire de l'air à l'industrie.
AÉROTHERME adj. m. (a-é-ro-tèr-me —
du gr. aér, air; thermos chaud). Se dit de di-
vers fours à pain qui sont échauffés par un
courant d'air chaud : Les fours akrothermes
ont été inventés par le savant grammairien Le-
mare; ils opèrent la cuisson du pain d'une ma-
nière plus régulière, plus économique et plus
salubre que les fours ordinaires,
AÉROTONE s. m. (a-é-ro-to-ne — du gr.
aêr, air ; tonos, tension). Sorte de fusil à vent.
AÉROZOÉS adj. et s. m. pi. (a-é-ro-zo-é —
du gr. aér, air; soon, animal). Zool. Embran-
chement du règne animal, comprenant les
animaux vertébrés et articulés , à l'existence
desquels l'air est indispensable.
aérue ou aerva s. f. (a-é-ru,- a-èr-va —
nom arabe). Bot. Genre de plantes compre-
nant six espèces propres aux régions intertro-
picales ou subtropicales de l'ancien continent.
JERUGINEux, EUSE adi. (é-ru-ji-neu, eu-ze
— du tat. amtginosus, rouillé ; formé de cerugo,
rouille). Qui a du vert-de-gris, qui tient de la
rouille ou qui lui ressemble.
CERUGO s. m. (é-ru-go — mot Iat. qui signif.
rouille). Antiq. La brillante rouille verte qui
vient au bronze par- le temps, distinguée de
la rouille brune du fer. Plus le bronze vieillit,
plus la couleur devient brillante et belle, plus
ta valeur du métal en est augmentée. C'est
pour cela, dit M. Chéruel , qu'une statue fort
ancienne était mise bien au-dessus d'une sta-
tue récemment coulée.
AERVA s. f. Bot. V. AÉRUE.
jESALE s. m. (é-za-le — du gr. aisalon, éme-
rillon, épervier). Entom. Genre d'insectes co-
léoptères pentamères, famille des lamellicor-
nes, tribu des lucanides, ne renfermant qu'une
seule espèce, l'œsalus scarabœoides , qui se
trouve principalement en Autriche.
JESALIDE adj. (é-za-li-de — rad. œsale, et
gr. eidos, forme). Entom. Qui ressemble à
l'aesale. il .(Esalides s. S. pi. Famille d'insectes
coléoptères.
.ffiSCHROTE s. m. (è-skro-te — du gr. ais-
chros, sale, laid). Entom. Genre d'insectes co-
léoptères, famille des lamellicornes, établi
sur une espèce de Cayenne.
JESCHYNANTHE s. m. (è-ski-nan-te — du
gr. aischuné, pudeur ; anthos, fleur). Bot. Genre
et appartenant à l'Asie tropicale.
JESCHYNOMÈNE s. f. (è-ski-no-mè-ne —
du gr. aischunomènos, pudibond). Bot. Genre
de plantes de la famille des légumineuses,
sous-ordre des papilionacées, comprenant un
plantes qui a pour type le genre œsculos ou
hippocastanum , forme d'une seule espèce , le
— Encycl. La famille des œsculacéest appe-
lées aussi hippocastanées , était autrefois con-
fondue avec celle des acéracées. (V. ce mot.)
Elle se compose d'un petit nombre d'arbres et
d'arbrisseaux exotiques, la plupart cultivés
comme ornement sur nos promenades publi-
ques, dans nos parcs eWans nos bosquets. Elle
présente les caractères suivants r des feuilles
opposées, sans stipules, composées, digitées;
des fleurs hermaphrodites , disposées en belles
panicules pyramidales et dressées ; un calice
caduc, à cinq divisions ; une corolle irrégulière
a pétales distincts, inégaux, au nombre de cinq,
ou réduits à quatre par avortement; des éta-
mines, ordinairement au nombre de sept, à
longs filets, à anthères introrses: un ovaire k
trois loges biovulées, surmonté d un style sim-
ple, allongé, et d'un stigmate à peine distinct;
un fruit capsulaire k déhiscence loculicide;
des graines a cotylédons volumineux, féculents,
hypogés, mais dépourvues d'albumen.
jESCULÉtine s. f. (è-sku-lé-ti-ne — rad.
œsculus, sorte de chêne). Chim. Substance
cristalline qui résulte du dédoublement de
Tsesculine sous l'influence des acides ou de
l'émulsine. L'œsculétine cristallise en petites
aiguilles d'une saveur amère et sans reaction
acide ; sa solution aqueuse est dichroïque
comme colle de l'aesculine. n On dit aussi iss-
culétine.
«SGOLINE s. f. (è-sku-li-ne— rad. œsculus,
sorte de chêne). Chim. Substance cristalline,'
contenue dans l'écorce du marronnier d'Inde.
L'œsculine se présente sous la forme de pe-
tites aiguilles incolores, sans odeur, d'une sa-
veur amère , d'une légère réaction acide. La
solution aqueuse de cette substance présente
i. (è-sku-luss — du lat. œs-
culus , sorte de chêne). Bot. Genre de plante
de la famille des sesculacées , ne renfermant
qu'une seule espèce, ïœsculus hippocastanum,
décrit par quelques botanistes sous le nom
à'hippocastane commun , et connu de tout le
monde sous le nom de marronnier d'Inde. V.
JESHNA ou &SHNE s. f. (èss-na). Entom.
Genre d'insectes de l'ordre des névroptères,
famille des subulicornes, tribu des libelluliens.
Les œshnes ont la tête des libellules , mais
leur abdomen est plus allongé et plus étroit.
La principale espèce est Yœshne grande ou la
Julie, qui a près de 7 centimètres de long,
et dont les ailes Sont irisées et l'abdomen ta-
cheté de vert ou de jaunâtre. Le nom popu-
laire et expressif de demoiselle s'applique aux
aeshnes, aux libellules et aux agrions, c'est-
à-dire à toute la tribu des libelluliens.
■ffiSTHÈME s. m. (è-stè-me — du gr. ais-
thèma, même sens). Méd. Sensation.
«STHÉSIE s. f. (è-sté-zi — du gr. aisthêsis,
sens). Méd. Sensibilité.-
.ŒSTHÉSIOGRAPHIE s. f. (è-sté-zi-o-gra-fi
— du gr. aisthêsis, sens; graphô,je décris).
Traité des organes des sens.
JESTHÉSIOLOGIE S. f. (è-sté-ZÎ-O-lo-jî —
du gr. aisthêsis, sens ; logos, discours). Didact.
Traité des organes des sens.
JES TRIPLEX (èss tri-plèkss). Mots lat. qui
signif. Triple airain. Horace (liv. 1er, 0de m,
v. 9) parle de l'audace du premier navigateur :
Coromisit pelago i
c Un triple chêne , un triple airain couvrait
le cœur de celui qui, le premier, confia aux flots
-redoutables une barque fragile. »
~ Pellisson, dans ses stances sur l'Origine de
la poste, adressées k Ménage, a parodié plai-
samment les vers d'Horace :
Que ce fut d'un rude vilain
Que la poste eut son origine !
Il avait trois plaques d'airain.
Mais antre part qu'à la poitrine.
L'abbé Desfontaines, dans ses Feuilles litté-
raires, reprochait sans cesse k Piron la dureté
de ses vers, et le désignait souvent par œs tri-
plex. Piron répliqua par l'épigramme Suivante :
Pour dire h ma muse une injure,
Faible et téméraire écrivain,
Je vois d'ici quelle aventure
T'ofTrit ces deux mots : Triple airain.
Tu les cherchas longtemps en vain,
Tant que, suant à grosse goutte,
Tu t'essuyas le front, sans doute,
Et les trouvas là sous ta main.
L'œs triplex, le triple airain du poète, se rap-
pelle tantôt en latin, tantôt en français, pour
exprimer l'intrépidité, la dureté du cœur, etc.,
comme on le verra dans les phrases suivantes :
« Si l'auteur du discours prononcé à l'Aca-
démie, le 10 mars 1760, n'a pas prévu l'opinion
qu'il a donnée de lui à beaucoup de gens, U est
Mm
bien aveugle;
« Le pauvre tulipier avait plus à'œs triplex
autour du coeur qu'Horace n'en attribue au
navigateur, qui, le premier, visita les infâmes
écueils acrocérauniens. • Alex. Dumas.
« Je suis, k l'égard de la musique, k peu près
comme l'h\>mme d'Horace : Illi robur et an
circa pectus erat. Ce qui veut dire, en fran-
çais , que les prouesses des pianistes ont peu
de prise sur un vétéran qui a donné sa démis-
sion et ne sert plus dans leur régiment. Je con-
nais leurs ruses de guerre ; il faut une batte-
rie bien forte et bien servie pour me terrasser. •
Jievue de Paris.
« Monsieur Paturot, ajouta-t-il avec des
yeux enflammés de colère, permettez-moi, en
terminant, de vous mettre en présence de votre
conscience, si tant est que cet organe n'ait pas
été détérioré chez vous par une longue inac-
tivité, s'il n'est pas dans la situation dont parle
Horace : Illi robur et ces triplex , c'est-a-dire
cuirassé d'un triple molleton... ■
L. Reybaud.
« Il s'en fallait que le cœur de notre jeune
ami fût doublé d'un triple airain. En voyant
ce beau sein ému et ces grands yeux noyés de
pleurs n J. Sandeau.
> Sur la pente glissante au sommet de la-
quelle siégeait Mme piard, cuirassée du triple
airain de la pruderie , de l'orgueil et de l'am-
bition , Deslandes gravissait d'un pas ralenti
par la prudence, n'avançant un pied qu'après
avoir affermi l'autre, et s'accrochant des deux
mains aux moindres broussailles de ce terrain
aride. » Ch. de Bernard.
.ŒSTUANT, ANTE adj." (è-stu-an , an-te —
du lat. œstuans, chaud, bouillant). Echauffé,
qui fermente : Il apporta un quartier durci et
jEStuant de gruyère redouté aes mouches elles-
mêmes. (Nadar.)
JETEKNUM VALE (é-tèr-nomm va-lé). Mots
lat. qu'Ovide met dans la bouche d'Orphée, et
qui signif. Adieu pour l'éternité. C'est l'adieu
déchirant du malheureux époux au moment
où il perd pour la seconde fois sa chère Eury-
dice : Supremumque vale! « Adieu pour la der-
nière fois ! » Dans l'application, néanmoins, on
dit plus volontiers : JÊternum vale.
Employé seul, vale est une formule de salu-
tation qui signif. Adieu, et, littéralement, por-
tez-vous bien :■
« Ce sinistre philosophe avait raison ; il nous
quitta avec un sourire, et je lui cachai une
larme qui lui aurait fait du mal. Adieu , nous
dit-il, et pour longtemps : jEternum vale! »
Laurent Pichat.
.ffiTHALE s. m. (è-ta-le— du gr. aithalés, cou-
leur de suie). Entom. Genre <finsectes coléo-
ptères hétéromères, ne comprenant que deux
espèces, de l'Amérique équinoxiale.
iETHALION s. m. (é-ta-li-on — du gr. ai-
thàlion, noirci par le feu). Entom. Genre d'in-
sectes de l'ordre des hémiptères, dont on ne
connaît que deux espèces, propres au Brésil.
■ffiTHElLÈME s. m. (é-té-lè-me — du gr. ai-
thèeis, couleur de suie ; lèmé, sécrétion). Bot,
G enre de plantes de la famille des acanthacées.
aiTHÉOGAME s. et adj. (é-té-o-ga-me — du
gr. aèthès, insolite; gamos, mariage). Bot. Se
dit des acotylédones, c'est-à-dire des plantes
S ni, pour les organes et le mode de reproduc-
on, s'éloignent des monocotylédones et des
dicotylédones. Le nom A'œthéogame a été pro-
posé par Palissot de Beauvais, pour remplacer
celui de cryptogame, que les progrès de rorga-
nographie et de la physiologie végétale ont
rendu inexact. De Candolle T'a adopté en en
restreignant l'application à une partie seule-
ment des cryptogames , à ceux qu'il appelle
semi-vasculaires, c'est-à-dire aux characées,
aux équisétacées, aux fougères, aux marsiléa-
cées , aux lycopodiacées , aux mousses et aux
hépatiques.
JETHÉOGAMIE s. f. (é-té-o-ga-mî — rad.
œthéogame). Bot. Classe qui comprend les
plantes aethéogames.
^ITHÉRIE s. f. (è-té-rî — du gr. aithereos,
éthéré). Bot. Genre de plantes de la famille
des orchidées, qui renferme quelques plantes
herbacées de Java.
— Moll. V. Ethérie.
ZETHIONÈME s. m. (é-ti-o-nè-me — du gr.
aèthès, insolite; nêma, filament). Bot. Genre
de plantes de la famille des crucifères , très-
voisin des thlaspi et des ibéris, dont il dif-
fère par les étammes.
ffiTHRE s. f. (è-tre — de JEthra, l'une des
Océanides). Crust. Genre de crustacés de l'or-
dre des décapodes , qui habite l'océan Indien
et les mers d Afrique.
iETHRIOSCOPE s. m. (é-tri-o-sko-pe — du
firr. aithria, sérénité, fraîcheur; skopein, ex-
„-). Physiq. Instrument propre à mesurer
'ayonnement calorifique de la surface de
la terre vers les espaces célestes. Il consiste
en un thermomètre différentiel dont une des
boules est placée au foyer d'un miroir con-
plorer). I
le rayom
cave tourné vers le ciel, et l'autre en dessous
de ce même miroir.
aiTHUSE s. f. (é-tu-ze — du gr. ailhussô,
j'enflamme). Bot. Genre de plantes de la fa-
mille des ombellifères, tribu des orthosper-
mées , composé d'une seule espèce , Yœthuse
ache des chiens (sethusa cynapiurn)7 appelée
— Encycl. Vœthuse ache des chiens, ou pe-
tite ciguë, Heurit de juillet à octobre; elle est
commune dans les lieux cultivés ; on la trouve
assez souvent, dans les jardins potagers, mé-
langée avec le persil, qui, au premier abord ,
lui ressemble beaucoup, et avec lequel il serait
dangereux de la confondre, parce qu'elle exerce
une action vénéneuse sur l'homme. Elle se
distingue du persil par ses involucelles à fo-
lioles longues, linéaires, réfléchies et déjetées
en dehors. Les bestiaux la mangent sans in-
convénient , mais ne la recherchent pas ; elle
est, dit-on, un poison pour les oies.
aétiens s. m. pi. {a-é-si-ain — rad. Âétius).
Hist. relig. Sectaires, disciples d'Aétius. On
les appelle plus ordinairement Anoméens,
parce qu'ils niaient non - seulement que le
verbe fût consubstantiel , mais encore qu'il
. fût d'une nature semblable à celle du Père.
£!TITE s. f. (è-ti-te — du gr. aetos, aigle).
Miner. Variété de peroxyde de fer hydraté,
ou d'ocre jaune, qu'on rencontre assez. abon-
damment en France, près de Trévoux et aux
environs d'Alais. L'œtite, ou pierre d'aigle, se
présente en masses globuleuses de la gros-
seur d'un œuf, renfermant assez souvent un
noyau central détaché et mobile. Son nom
vient de l'opinion très-ancienne que les aigles
fiortaient cette pierre dans leur nid pour faci-
iter la ponte. Cette ridicule croyance avait
fait attribuer à l'œtite des propriétés théra-
peutiques merveilleuses, pour faciliter les
accouchements.
AÉTIUS (a-é-si-uss)', général romain, né en
Mœsie vers la fin du ive siècle, m. en 454.
Elevé dans les gardes du palais, donné en
otage à Alaric, il parvint sous Valentinien aux
plus hautes dignités militaires, et troubla l'Etat
par ses rivalités avec Boniface. Il n'en fut pas
moins l'un des derniers soutiens de l'empire
d'Oecident.combattitdans les Gaules les Francs
et les Bourguignons : et.quand les hordes sau-
vages d'Attila franchirent le Rhin, fut assez
habile pour précipiter contre elles toutes les
peuplades germaniques campées dans les Gau-
les. Secondé par Théodoric et Mérovée, il
écrasa Attila aux champs catalauniques , et
sauva ainsi la Gaule romaine de la dévastation
(45l). Mais cette victoire fut sa perte : jaloux
de" sa gloire et de sa puissance, le lâche Va-
lentinien III l'attira dans son palais et l'assas-
sina de sa propre main.
AÉTIUS (a-é-si-uss), médecin du v« siècle,
né à Amida- en Mésopotamie. Il était chrétien
et médecin à la cour de Constantinople. On a
de lui, sous le titre de Tetrabiblos, une vaste
compilation, qui est comme le résumé des con-
naissances médicales à cette époque. Il a copié
principalement Hippocrate, Gahen et Dios-
coride.
Aétoma ou aetos s. m. (a-é-to-ma, a-ê-
tpss— du gr, aetos, aigle). Antiq. Chez les
Grecs, le tympan du fronton j quelquefois
môme le fronton entier. « L'origine de ce nom
est incertaine. Comme le mot aétos signifie
un aigle, a-t-on commencé par orner le faîte
des édifices de la figure d'un aigle? ou bien y
a-t-on parfois placé cette image à cause de
la ressemblance du nom? L'opinion qui s'ap-
puie sur l'une ou l'autre supposition est éga-
lement vraisemblable. » (Abbé Bourassé.)
.«TON Myth. Un des chevaux de Pluton.
AÉTOS s. m. {a-é-toss— du gr. aetos, aigle).
Ornith. Genre d'oiseaux établi dans le groupe
çantpar/1. il Tous les mots qui commencent par
af prennent deux /; excepté afin, Afrique,
africain, et quelques autres très-peu usités,
ainsi que des noms propres. La petite ville de
Saint- Affrique, chef-lieu d'arrondissement
dans l'Aveyron, prend deux f. n Dans l'inté-
r des mots, f de af ne se redouble pas :
mis sont les mots agrafe, bafouer, balafre, ca-
fard, carafe, estafette, girafe, ^afia, etc.; ex-
cepté les mots gaffe, piaffer, naffe, mafflé o
mafflu, pataraffe, sgraffite et taffetas, qui
s'écrivent par doux f.
AFABUAR s. m. (a-fa-bu-ar). Chez les an-
ciens Islandais, Porte-enseigne qui se tenait
sur le tillac du vaisseau et commandait aux
'soldats. Choisi parmi les plus braves, il était
chargé de porter la parole aux ennemis.
AFakite s. m. .(a-fa-ki-te). Hist. relig.
Chez les Arabes, Croyant qui n'est pas habi-
tant de La Mecque.
AFATONIER s. m. (a-fa-to-ni-é). Bot. Un
des noms vulgaires du prunellier.
AFER (Domitius), orateur latin, né à Nîmes,
l'an is av. J.-C., mort l'an 59 de l'ère chré-
tienne. Quintilien le place au rang des grands
orateurs. Mais il prostitua son éloquence et
joua le rôle de délateur sous Tibère, Caligula,
Claude et Néron. Il ne reste de lui que quelques
fragments.
AFF. T. d'argot. V. Affb.
AFF
AFFABILITE s. f. (a-fa-bi-li-té — lat. affa-
bilitas, même sens). Qualité d'une personne
affable; courtoisie, bienveillance; manières
douces, avenantes : Avoir de Taffabilité.
Villeroy avait concilié la grandeur avec /'affa-
bilité. (Mass.) ^'affabilité du souverain re-
lève l'éclat et la majesté du trône. (Mass.) Une
douce affabilité nous rassurait contre son
rang. (Mass.) Son affabilité avec ses. amis ne
connaissait pas de bornes. (Arnault.) Il met de
^'affabilité et même de la mollesse où son pré-
décesseur avait fait paraître une fierté inflexi-
ble. (Volt.) Il faut quelque habitude du monde
pour distinguer le langage de V affabilité de
celui de la bienveillance. (M>nc du Deff.) /-'af-
fabilité n'est souvent que la grimace de la
bienveillance. {MUo de l'Esp.) Il est difficile
que /'affabilité existe sans la bonté : on peut
l'appeler la politesse du cœur. (Laténa.) Il les
reçut avec beaucoup de grâce et d' affabilité;
(G. Sand.) Il y avait chez lui un singulier mé~
lange de /'affabilité d'un prince et de la réso-
lution impitoyable d'un forban. (Gér. de Nerv.)
Noble affabilité, charme toujours vainqueur,
Il n'appartient qu'à voua de triompher du cœur.
— Syn. Affabilité, civilité, honnêteté, poli-
tesse. La civilité consiste dans un cérémonial
de convention : Des gens qui me prévenaient
autrefois par leur3 civilités. (Montesq.) L'hon-
nêteté consiste dans l'observation des-usages
et des bienséances : Je les laissai ensemble et
me retirai parmi les officiers, qui me prodi-
guaient alors leurs honnêtetés. (Le Sage.) Là
politesse consiste non-seulement a ne rien faire
et à ne rien* dire qui puisse déplaire aux au-
tres , mais encore a dire et à faire ce qui peut
leur plaire : La politesse de l'esprit consiste
à penser des choses honnêtes et délicates. (La
Rochef.) h'affabilité consiste en un abord
doux, ouvert et bienveillant : Cette douceur et '
cette affabilité si nécessaires et si rares dans
les grands emplois. (Fléch.)
AFFABLE adj. (a-fa-ble— lat. affabilis,
même sens; formé de fari ad, parler a). Qui
se rend agréable à tous ceux qui l'appro-
chent : Homme, prince, ministre- affable. Se
montrer constamment affable. Rien de plus
simple que sa conduite, déplus affable que sa
personne. (Boss.) Les plus grands hommes et les
plus grands rois ont toujours été les plus affa-
bles. (Mass.) On le voit, à la vérité, trop plein
de sa grandeur, mais affable. (Volt.) Voyagez
beaucoup, et vous ne trouverez pas- de peuple
aussi doux, aussi affable, aussi spirituel, aussi
galant que le Français. (Raynal.) Le ministre
du Seigneur doit être affable avec tout le
monde. (Sacy.)
Lui, parmi ces transports, affable et sans orgueil,
A l'un tendait la main, flattait l'autre de l'œil.
Il Qui annonce de l'affabilité, qui accompagne
l'affabilité ; dans ce sens il ne se dit que des
choses : Etre d'un caractère doux et affable.
La vraie vertu est toujours égale, affable- et
complaisante. {F en.) Sa physionomie était douce
et affable. (E. Sue.) J'étais attiré par ses
manières affables, par son angélique douceur.
(G. Sand.)' '
Pour moi, je préfère
Laideur affable à beauté dure et flère.
Voltaire.
— S'empl. quelquefois substantiv. : Il faut
mêler àpropos V affable et le sévère. (Rotrou.)
— Syn. Affable, civil, courtois, gracieux,
honnête , poli. L'homme gracieux va au-de-
vant de ce qui peut nous être agréable : Théo~
gnis n'est pas hors de sa maison qu'il a déjà
ajusté ses yeux et son visage, afin gué ceux qui
passent le trouvent déjà gracieux et l'air sou-
riant. (LaBruy.) L'homme affable attend qu'on'
vienne à lui pour manifester sa bienveillance :
Cyrus se montrait doux et affable à ceux
qui l'approchaient. (Roll.) L'homme poli et
l'homme civil se montrent fidèles observateurs
des convenances,' des usages reçus dans la
bonne compagnie ; mais le premier est plus
cérémonieux que le second : Il y ta des hommes
gratuitement civils, et en qui les politesses
sont des fruits naturels de leur éducation. (La
Rochef.) Nous sommes polis par les façons
flatteuses que nous avons, dans la conversation
et dans la conduite, pour les personnes avec qui
nous vivons. (Guizot.) L'homme honnête se ren-
ferme dans les limites les plus strictes de la
civilité : Il faut être honnête pour soi, quoique
souvent ceux d qui l'on parte ne méritent pas
qu'on le soit pour eux. (Noël.) L'homme cour-
tois pousse la politesse à l'extrême, et cette
politesse est quelquefois importune : Ses che-
valiers c'était le plus courtois. (Volt.) Il faut
être honnête sans cérémonie, 'civil sans'impor-
tunité, courtois sans affectation, poli sans fa-
deur, gracieux sans minauderie, affable sans
familiarité.
AFFABLEMENT adv. (a-fa-ble-man — rad.
affable). D'une manière affable, avec affabi-
m-. A recevait a " ' "
que le riche.
AFFABULATION s. f. (a-fa-bu-la-si-on —
du lat. affabulalio, moralité; formé de ad, à;
fabula, fable). La partie d'un apologue, d'une
fable, qui en explique le sens moral; c'est ce
Îu'on nomme le plus souvent la moralité :
'affabulation n'est pas toujours liée au ré-
cit. (La Serre.) Dans Esope, /'affabulation
est toujours à la fin de la fable; dans La Fon-
taine, elle se trouve quelquefois au commence-
ment. (*") En 1783 j l'auteur avait détaché de
le pauvre
ses ■ différentes fables les affabulations tou-
jours renfermées dans des quatrains ou des
distiques. (Fr. de Neufch.)
— Parext. Se dit de la moralité qu'on peut
tirer de certains événements historiques :
Sans ajouter une croyance exagérée à la san-
glante affabulation de cette histoire. (Gér.
de Nerv.)' ' ■
AFFADI, IE (a-fa-di) part, pass! du v. Affa-
dir. iRendu fade, sans saveur : Sauce affadie.
Mets affadis. Il Languissant, affaibli, énervé:
Estomac affadi.
Et n'estimant dignes d'être applaudis
Que les héros par l'amour affadis,
• J.-B: Rousseau.
Il Fatigué; rebuté : Votre emur en est affadi.
(Mme de Sév.) On est affadi de toutes les idées
de monarchie constitutionnelle , de royauté, de
droit divin, etc. (Journ.) Le cœur affadi d'une
lecture insipide. (Proudh.) '
— Qui a perdu son attrait, son agrément,
son charme : Ces repas de ménage sont af-
fadis par le mélange inconvenant des âges et
des convives. (Fourier.) Ce coloris affadi,
mais où pourtant l'art et le travail se faisaient
sentir, n avait rien de l'ancienne franchisé grec-
que. (Boissonade.)
AFFADIR v. a. ou tr. (a-fa-dir— rad. fade).
Rendre fade, sans saveur : Affadir une sauce,
un ragoût. Affadir une liqueur, une tisane.
— Par ext; Affadir le cœur, Causer du dé-
goût: Une sauce qui affadit le cœur. (Acad.)
Le sucre et le miel affadissent le cœur. (Trév.)
Il Fig. Inspirer de la répugnance , de l'aver-
sion : Des compliments outrés affadissent le
■Cœur. (Raym.) Les sentiments langoureux iwus
AFFADISSENT LB CŒUR. (Mariv.)
— Fig. Rendre froid insipide : Gardez-vous
de ces expressions recherchées qui ne servent
qu'à affadir le style. (Volt.) Sans la crainte
et la pitié, tout languit au théâtre; si 'on ne
remue pas l'âme, on Ï'affadit. (Volt.) Le faux
goût d'élégance affadissait la littérature.
(Villem.) il Oter le sel, le piquant : Affadir
une épigramme.
Vous avez fardé la peinture.
Vous affadissez l'opéra. Béranger. >
Il Affaiblir : Penses-vous que la finale intention
de leur voyage, leur étant ordinairement de-
vant les yeux, ne leur ait affadi le goût à
toutes ces commodités? (Montaig.) Tout autre
amour ne peut qu' affadir et ejféminer Mel-
pomène. (La Harpe.) Prenons bien garde, en
mêlant sans cesse l'agréable et l'utile, <2'affa-
dir l'esprit de l'enfant. (H. Rigault.) il Lasser,
fatiguer : Ces gens l'embarrassaient, Taffa-
dissaient. (La Font.) Un repas de quatre
heures ne se passera pas sans excès, un opéra
de quatre heures finira par affadir" Je specta-
teur. (Fourier.)
De son ton doucereux le miel i
is affadit.
Deluxe.
S'affadir, v. pr. Devenir insipide : Cette
liqueur s' affadira si t>ojw# mettez trop desucre.
— Fig. Devenir doucereux, affecté, froid,
insipide : L'éloquence, toujours flatteuse dans
les monarchies, s'est affadie par des adula-
tions dangereuses aux meilleurs princes.(Mass.)
Le Mercure, selon son inclination naturelle, ne
versations insignifiantes. Florian s'était un peu
affadi dans le voisinage du duc de Penthièvre ;
il s'était comme dédoublé. (Ste-Beuve.)
AFFADISSANT (a-fa-di-san) part. prés,
v. Affadir : Des louanges, des complime
.affadissant le cœur.
: compliments
AFFADISSANT, ante adj. (a-fa-di-san,
an-te — rad. affadir). Qui est propre à affa-
dir; qui est insipide, sans saveur : Ses sucre-
ries affadissantes. Une saveur affadissante.
— Fig. Fatigant, énervant, soporifique, en-
nuyeux : Des flatteries affadissantes. Les
sermons affadissants de notre curé. (Journ.)
La langueur affadissante d'une fidélité trop
uniforme. (Virey.)
AFFADISSEMENT s. m. (a-fa-di-se-man —
rad. affadir). Action de rendre fade; sensa-
tion , effet , malaise que produit la fadeur :
Affadissement d'unesauce, d'un ragoût. Affa-
dissement de cœur. , . •
— Fig. Etat de ce qui est doucereux, affecté
et froid : Louer jusqu'à /'affadissement, Tel-
lier se promit toutes choses de /'affadissement
du sel de la terre, qu'il reconnut en plein dans
les assemblées des évéques sur cette affaire.
(St-Sim.) Il est bon, par ce temps de platitude
et ^'affadissement littéraires, de remettre
sous les yeux les grands modèles oubliés. (Th.
Gaut.)
AFFAIBLI," IE (a-fè-bli) part, pass.'du v.
Affaiblir. Rendu , devenu faible ; diminué r
Ses forces sont affaiblies par une longue ma-
ladie. Armée affaiblie par des défaites suc-
cessives. L'Espagne se trouva affaiblie sous les
derniers rois de la race de Charles -Quint.
(Volt.) J'étais affaibli par la diète et la fa-
tigue du voyage. (Marmontel.) Duquesne, af-
faibli par les années, rendait encore la France
respectable sur les mers. (Thomas.)
— Par ext. Qui a perdu de sa force, de son
activité/de son intensité : O âme! tu es affai-
blie en cela que tu es partagée. ( Boss.) Un
discours est *— — ' ""
„. efleu. .
acheva de déranri..
(Volt.) Aujourd'hui
affaiblies me rendent presque incapable de
tout travail. {}.-}. Rouss.) j'entendais sortir,
de la noire coupole du couvent grec, les. échos
éloignés .et affaiblis de l'office des vêpres.
(Lamart.) Les traits d'Homère affaiblis par
la prose, gardent encore .un vif éclat. (Boisso-
nade.) ■■■',■■' ."■■
— Se construit, mais très-rarement, avec
la prép. de : Affaibli du passé, accablé du
présent, on est encore effrayé de l'avenir .(Fléch .)
— Syn. Affaibli , rolbie. "Un /homme, est
faible par lui-même, quand il manque de forcé ;
mais il est affaibli quand il a subi une action
qui l'a rendu faible. On est faible naturel-
lement;, on est affaiblirai une cause quel-
conque, Ces deux mots , quoique synonymes1,
peuvent se rencontrer dans la'mênié phrasé,
puisque chacun d'eux offre un sens distiric^:
Combien de vierges fa par ellès-rné'mes,
encore plus affaiblies/km- les abstinences, par
les jeûnes, n'ont pris néanmoins jamais aucun
relâche? (Bourdal.) .
— Syn. Affaibli , amolli , efféminé , énerve.
Affaibli et énervé se rapportent plus particu-
lièrement, au corps, à une action physique;
amolli et efféminé, à l'âme , à une action; mo-
rale. On ne dit guère des peuples affaiblis ou
énervés , on dit communément . des peuples
amollis.ou efféminés. Affaibli marque l'effet, le
résultat; énervé exprime la .cause; on est
affaibli parce qu'on est énervé, le? nerfs étant
ce à quoi tient la force. Amolli exprime un
amoindrissement d'énergie dans le caractère^
lés facultés, la volonté ; efféminé marque pour
ainsi dire un état naturel ou résultant <Tuno
longue éducation, et qui fait que l'on a les
goûts, les manières d'une femme : Les soldats
d'Annibal s'étaient amollis à Capoue. Les mi-
gnons de Henri III n'étaient que des efféminés.
AFFAIBLIR v. a. .ou tr. (a-fè-blir — rad.
faible). Rendre faible, diminuer la force, la
vigueur : L'abstinence affaiblit, le, corps.
( Mass. ) Les remèdes nous affaiblissent.
( Mass. ) La ■ vieillesse viendra courber ton
corps; affaiblir tes membres. (Fén.) La dé-
bauche affaiblit le corps en dépravant le
caractère. (L. Faucher.) ,
— Fig. Diminuer, l'activité, la,. vivacité,
l'énergie, etc. : Tous les efforts de ta violence
ne peuvent affaiblir la vérité. (Pasc.) La nuit
laisse toute la puissance à la douleur et ji'Xf-
que la raison. (Mme de Staël.) L'édu-
affàiblit toujours ce qu'on exagère. (De Sé-
gur.) Si l'absence augmente ou diminue l'amour,
elle est loin cTaffaiblir la haine. (Pétiet.) Le
seul moyen «/'affaiblir une opinion, c'est d'éta-
blir le libre examen. (Benj. Const.) n Diminuer
la force, la puissance, le crédit, l'autorité, etc.:
Tout ce qui outre l'autorité /'affaiblit. (Mass.)
Les lois inutiles affaiblissent les lois néces-,
sàires. (Montesq.) Peut-être croirait-on, en se
soumettant, affaiblir l'autoritÇ dont on est
maître. (Bourdal.) La Pologne a, été partagée
surtout pour affaiblir la France. (L.Plée.) )
Je vous ai montré l'art d'affaiblir son empire.
— Absol. : Trop retoucher un ouvrage , c'est
moins retoucher qu'affaiblir. (Littré.)
■ — Beaux-arts. Adoucir à l'excès ; adoucir le
coloris, les teintes, les contours. ;
— Techn. Oter de l'épaisseur, diminuer le
poids , le titre, etc. : Affaiblir tes monnaies:
Affaiblir les espèces d'or et d'argent. (Acad.)
A force de raboter une planche, on i' affaiblit.
(Trév.)
Affaiblir v. n. ou intr. Faiblir, devenir plus
faible : Ténésis cependant affaiblissait à vue
d'oeil. (GomberviÛe.) iVoiw sommes tous faits
pour affaiblir, vieillir ef mourir. (MIU? de
Lambert.) C'est mal pourvoir àla sûreté de ses
conquêtes que de laisser affaiblir lé courage
de ses sujets. (Boss.) .
Maie je sens affaiblir ma force et mes esprits.
je le perauaden
l'affaiblis, ou du
S'affaiblir, v. pr. Devenir faible; se dit des
personnes et des choses : Ma vite s'affaiblit,
je m'affaiblis moi-même. (La Bruy.) Les
hommes vivent longtemps quand ils ne s'affai-
BLissENTpaî jsar l'usageimmodéré desîiqueursï
(Volt.) Ma vue s'affaiblit de plus en plus.
(Mirab.) Le pauvre président s'affaiblit ter-
riblement ;'û aura bien de la peine à 'passer
l'hiver'. (Mm° du Deff.) 5a santé s'affaiblis-
sait de plus en plus, et il sentait sa fi>i s'ap-
procher. (De Barante.)
— Fig. Perdre de sa puissance, de sa force,
de son influence, etc. : Sous la proscription de
l'opinion, une femme s'affaiblit, mais un homme
se relève. (Mme de Staël.)
Je sais qu'en triomphant lés Etats t'affaiblissent. ■
Campistron. .
S~Ea parlant des choses morales, Perdre de
112
AFF
AFF
son activité, de sa vivacité, de son énergie :
Sa mémoire s'affaiblissait de plus en plus.
Le cœur s'affaiblit par la durée des mauvaises
habitudes. (Domat.) La distance qu'il y a de
l'honnête homme à l'habile homme s'affaiblit
te multiplie sans s'affaiblir. (B. de St-P.)
Quoi! déjà votre foi s'affaiblit ei
énervé, les nerfs étant ce à quoi tient la force.
De là vient qu'affaiblir se trouve quelquefois
fcprès énerver, dans la même phrase : L'ima-
gination donne aux sens une activité précoce
qui ne peut manquer <ï'énerver, ^'affaiblir
d'aborales individus, puis l'espèce même à la
longue. {J,-J. Rouss.)
AFFAIBLISSANT (a-fè-bli-san) part. pïés.
du v. Affaiblir : Et ses Jambes «'affaiblissant,
le vieillard se laissa aller sur un fauteuil.
(Balz.) h A««^s'0^ai6«t's.s<jnf, S'affaiblir parde-
grés; diminuer peu à peu : Malade qui va
s'affaiblissant tous les jours. Puis, à mesure
que les deux hommes descendirent, le bruit
alla s'affaiblissant. (Balz.)
AFFAIBLISSANT, ANTE adj. (a-fè-bli-san,
an-te — rad. affaiblir). Qui est propre à af-
faiblir : Une nourriture affaiblissante. Un
régime affaiblissant. La saignée réitérée est
un remède affaiblissant. (Chomel.)
— Fig. Qui énerve, amollit, efféminé : La
plupart des femmes sont affaiblissantes par
les attachements tendres qu'elles causent. (Ni-
cole.)
AFFAIBLISSEMENTS, m. (a-fè-bli-sc-man
— rad, a/faiblir). Diminution des forces, dé-
bilitation ; état de ce qui est affaibli : //af-
faiblissement du corps, de la vue, de la voix.
/.'affaiblissement oii il se trouvait ne lui per-
mettait pas de parler plus longtemps. (Mariv.)
— Diminution de poids, de titre, en par-
lant des monnaies : /.affaiblissement de cer-
taines pièces de monnaie.
— Fig. Se dit de l'esprit, des passions, etc. :
/.'affaiblissement de l'esprit, de la mémoire.
La vie austère produit «'affaiblissement des
passions. (Trév.) La grande misère de nos jours,
c'est «'affaiblissement intellectuel et moral
des catholiques, (L. Veuillot.)
— Se dit particulièrement de la diminution
des forces d'un Etat, d'un parti, d'une ar-
mée, etc. : La Savoie. s' était réunie à la France,
et contribuait, en Italie, à «'affaiblissement
de la puissance autrichienne. (Volt.) Il croyait
voir dans «'affaiblissement de la maison d Au-
triche la liberté de ïltalie. (Volt.) C'est un
désordre grave et un grand affaiblissement
chez une nation que l'oubli et le dédain de son
passé. (Guizot.) il Relâchement : L'affaiblis-
sement de la discipline, de la foi.
AFFAINÉANTIR (S') v. pr. (a-fé-né-an-tir
— rad. fainéant). Devenir mou, lâche, fai-
néant : Les nations s'affainéantissent dans
une longue paix.
AFFAIRE s. f. (a-fè-re -^ du lat. ad, à ;
facere, faire; ou de l'ital. affare). Chose à
faire, tout ce qui est à faire, tout ce qui dans
la vie est le sujet d'une occupation quel-
conque : Une affaire agréable, importante,
ennuyeuse. Faire succéder les divertissements
aux affaires. (Easc.) Il n'a jamais eu dans sa
vie que deux affaires, qui sont de diner le
matin et de souper le soir. (La Bruy.) Les af-
faires nous dissipent. (Mass.) Les gens gui ont
peu ««'affaires sont de très-grands parleurs.
(Montesq.) La chasse est encore le seul amu-
sement qui fasse diversion aux affaires.
(Buff.) La liberté de la presse a été presque
l'unique affaire de ma vie politique. (Cha-
teaub.) Ceux qui n'ont point ««'affaires s'en
font. (J. Leroux.) Il n'est point de petites af-
faires. (J. Leroux.) Le bonheur est «'affaire
de tout ce qui respire. (Legouvé.)
Il Projet, dessein, entreprise, en un mot tout
ce qu on se prépare à faire : L'entreprise du
canal du Languedoc a été une grande affaire.
(Trév.) J'allais chez vous pour vous
. Hugo.)
Le trop d'expédients peut gâter une affaire :
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
charger d'une affaire. Il avait une incroyable
dextérité à traiter les affaires «es plus déli-
cates. (Boss.) Il avait l'expérience des affaires
gens les plus savants et les plus éclairés ne sont
pas toujours ceux qui se conduisent le mieux
dans les affaires de la vie. (J.-J. Rbuss.)
Dis-lui que je n'ai point d'affaires si pressées.
Molière.
Madame, nou* venons tous deux, sans vous déplaire,
Eolaircir «>ec vous une petite affaire.
Molière. .
DToiit ce qui-se rapporte à la fortune, aux
biens, aux intérêts d'un particulier : Il mou-
rut sans avoir eu le loisir d'établir solidement
ses affaires. (Boss.) Il avait appris mon em-
prisonnement et ta déroute de mes affaires.
(Le Sage.) L'homme prend soin des affaires
du dehors, la femme de celles du dedans. (B.
do St-P.) La Fontaine était dans la plus
grande insouciance de ses affaires. (Legouvé.)
Si vous avez fait ce que je vous ai mandé par
■ ma dernière lettre, nos affaires sont dans te
meilleur état du monde. (Boursault.) Je ne me
mêle jamais des affaires des autres; j'ai bien
assez des miennes. (Scribe.)
Qu'est-ce? — Nous sommes mal, monsieur, dans nos
MouÈ&f''™'1
Il Se dit, en général, de tout ce qui tient au
commerce de la vie : Aller à ses affaires.
Penser à ses affaires. La plupart des gens ne
se mêlent des affaires d'autrui que pour mieux
faire leurs propres affaires. (St-Evrem.) Le.
parti le plus court, dans toutes les affaires
de la vie, est celui qui ne nous laisse aucun re-
gret.~(tAme Necker.) Comme nous ne pouvions
faire à Cordoue qu'une figure très-modeste,
étant aussi mal dans nos affaires que nous
l'étions, nous nous mimes en chambre garnie.
(Le Sage.) Causons un peu de nos affaires ;
jusqu'ici, cela se présente bien. (Scribe.) Dis
donc, Léon, mes affaires sont en bon train.
(Scribe.) Il Choses usuelles, objets servant
soit à 1 habillement, soit à la toilette : Vous
serez habillé dans cinq minutes, toutes vos af-
faires sont prêtes. (A. Karr.) Mon domestique
m'avait apporté quelques affaires que je vou-
lus essayer sur-le-champ. (Balz.) Il y a cinq ou-
six paquets pour elle aux voitures par semaine,
et les couturières, les modistes,, viennent lui
essayer ses affaires. (Balz.) q Tout ce qui est-
d'un intérêt majeur : On ne peut assez peser
les mots dans les grandes' affaires. (De Retz.)
Dans les grandes affaires, on doit moins s'ap-
pliquer à faire naître des occasions qu'à profi-
ter de celles qui se présentent. (La Rochef.) L'hu-
meur fait décider les plus grandes affaires
par les plus petites raisons. (Fén.) Je le savais
en grandes affaires. (Vital.) . h Tout ce qui
concerne les intérêts publics, tout ce qui a
rapport aux événements politiques, au gou-
vernement, aux ministères, aux adminis-
trations etc. : Affaires publiques. Affaires
d'Etat. Affaires politiques. (Acad.) La face
des affaires changea du jour au lendemain.
(Fén.) Les Romains ne désespérerait jamais de
leurs affaires. (Boss.) L'absence du chef est
toujours nuisible aux affaires. (Volt.) Bientôt
les affaires chancelantes forcèrent la cour de
rappeler Condé en Flandres. (Volt.) Il est de-
puis peu conseiller d'ambassade ; il parait fin
et très -propre aux affaires. (DeBroglie.)
Il avait une grande aptitude aux affaires
d'Etat. (C. Delav.) En général, on parvient
quoi
nédioc,
„ par ce que l'on a de supérieur,
(Chateaub.) Le progrès des intérêts matériels
est devenu ait plus haut degré une affaire poli-
tique. (Mich.Chev.) h Ce qui se passe ou s'est
passé chez un peuple : Les affaires de l'Asie
étaient entièrement séparées de celles de l'Eu-
rope. (Boss.) Les Romains étaient appliqués
aux affaires de la Macédoine. (Boss.)
— Employé au pluriel, ce mot emprunte
très-souvent un sens tout particulier de son
complément déterminatif ou de l'adjectif qui
l'accompagne ; Les affaires ecclésiastiques.
Les affaires spirituelles, temporelles. Les af-
faires d'intérêt. Les affaires humaines ne rou-
lent pas à l'aventure. (Vaugelas.) Les affaires
de la religion ne se traitent pas comme les
affaires temporelles, que l'on compose sou-
vent en se relâchant de part et d'autre. (Boss.)
On a raison d'exclure les femmes des affaires
politiques et civiles. (Mme de Staël.) La Pro-
vidence se mêle beaucoup moins des affaires
terrestres que les dévots n'essayent de le faire
croire. (E. de Gir.) Toutes les affaires d'ar-
gent s'arrangent dune manière ou de l'autre.
(Balz.) Eh bien, faites-moi le plaisir de venir
diner lundi chez moi, vous causerez plus à
l'aise qu'ici des affaires littéraires. (Balz.)
C'est un garçon merveilleux pour les affaires
de cabinet qui demandent plus d'audace que de
scrupule. (C. Delav.)
Les affaires d'argent ne sont pas terminées.
C. Delaviune.
. — Marché, traité, convention, transaction
commerciale, spéculation financière, etc.:
Affaire avantageuse. Mauvaise affaire. Faire
des affaires avec quelqu'un. Etre, se mettre
dans les affaires. Quitter les affaires. Se
retirer des affaires. Reprendre, continuer les
affaires. Il était homme délié et pratique dans
les affaires. (La Bruy.) Les hommes donnent
l'impulsion aux affaires, et les affaires en-
traînent les hommes. (Levis.) Les villageois
font toutes leurs AFFAiRES.au cabaret. (Brill.-
Sav.) A tout autre qu'à mon fils, je serais en
droit de demander des intérêts; car, après
tout, les affaires sont les affaires. (Balz.)
Il partit le lendemain en annonçant qu'il allait
traiter a" affaires avec son père. (Balz.) Mais
au diable tes affaires pour ce soir! (E. Sue.)
Vous avez donc cru que je venais à «ofre se-
cours pour faire une affaire, et rien de plus?
(G. Sand.) Les affaires, c'est l'argent des au-
tres. (Alex. Dum. fils.) Il est une certaine dé-
licatesse de conscience que les affaires ternis-
sent irrévocablement. (Renan.)
Agir quand il le faut vaut mieux que les discours.
ÀFF
n Tout' ce qui peut causer de la peine , de
l'embarras, de 1 inquiétude ; soin, souci, diffi-
culté, danger : Il s'est fait là une mauvaise
affaire. Assoupir une affaire. (Acad.) Ne vous
faites point de nouvelles affaires. (Le Sage.)
Que ne m'as-tu parié de cette triste affaire ?
ÀFF
Vous voilà sur les bras une fâcheuse affaire.
Molière.
il Circonstance, conjoncture, état des choses .-
La nécessité des affaires obligea Dioctétien à
partager l'Orient et l'Occident entre lui et
Maximilien. (Boss.) En toute affaire, ils ne
songent qu'au moyen d'exercer leur langue. (La
Font.) n Ce qui est le sujet d'une délibération
dans une assemblée, d'ans un conseil, etc. :
Le sénat devait proposer et diriger toutes les
quelqu'un; machination, complot: Timocrate
vint me dire en grand secret qu'il avait décou-
vert une affaire très-dangereuse. (Fén.) C'é-
taient eux, en effet, qui de longue main avaient
préparé cette affaire. (De Barante.) Il Procès ,
débat; 'tout ce qui appartient au conten-
tieux, tout ce qui est du ressort des tribu-
naux : Affaire civile, criminelle. Affaire
judiciaire. Il plaide depuis dix ans entiers
une affaire juste, capitale, et où il y va de
toute sa fortune. (La Bruy.) A un tribunal dé-
sintéressé, «'affaire eût été douteuse. (Volt.)
Le matin, il y a beaucoup «"affaires, et encore
plus de gens affairés au palais. (Balz.)
Ce que je veux savoir, c'est le fond de l'affaire.
Voulei-vous de l'affaire accepter 1
Etienne.
n Chose qui concerne, qui regarde : C'est à
«'affaire de l'éternité qu'on doit songer avant
tout. La vérité morale est une affaire d'intel-
ligence et non de goût. (Vacherot.) La philo-
sophie est une affaire d'âme, comme la poésie
et la religion. (Jouffroy.) Ce n'est pas affaire
de curiosité, mais de morale politique. (Tax.
Détord.) n La chose en question, l'objet dont
il s'agit : Vous avez pris «'affaire du biais
qu'il la fallait prendre. (Mol.) Enfants, «'af-
faire est entendue. (Fr. de Neufch.) Je'vois
nettement où «'affaire va. (St-Evrem.) Il Spé-
cialité, génie, talent particulier : C'était I'af-
faire de Molière déjouer les médecins. (Trév.)
Il Chose qui est agréable, qui convient par-
faitement : Ceci fait mon affaire, est mon
M justement l'affaire :
y La Fontaine.
bien mieux mon affaire.
La Fontaine.
Illlse dit dans le même sens des personnes :
he une bonne cui-
,-,.,„.. affaire. Léonor
n'étaitpoint du tout votre AFFAiRE.(C,dlIarlev.)
. . . Ah! monsieur, si feu mon pauvre père
Etait encor vivant, c'était bien votre affaire.
Racine.
Il Engagement militaire, combat : Affaire
glorieuse. Affaire sanglante, /.'affaire de
Denain fut un coup d'Etat. (Acad.) Le courage
déployé par les Polonais dans cette affaire a
produit ici une impression extraordinaire.
(Journ.) Il fut choisi pour vous porter l'heu-
reuse nouvelle de «'affaire otl t'« s'est distin-
gué. (P.-L. Cour.) La plupart du temps, te
corps d'armée reste étranger aux affaires
"d'avant-postes. (Gén. Bardin.) il Dispute, duel,
combat singulier : Je viens d'empêcher deux
honnêtes Parisiens d'avoir ensemble une af-
faire sérieuse, > ~
tête. (Andrieux._
dans la ville sans avoir quelqi
les officiers de la garnison. (A. Duval.) /.'af-
faire ne peut s'arranger que de la manière
que je viens d'indiquer : je choisis le pistolet ;
je suis l'offensé. (Balz.) Songez que vous ne
is nombreux et importants. (Balz.)
... Ton cœur o battu plus fort qu'a l'ordinaire.
C. Delavione.
Il Liaison intime, intrigue amoureuse, com-
merce de galanterie : Affaire de cœur. Af-
qui perde une femme. (De
mahis.) Allons, mon bon petit ange, raconte-
moi les moindres événements de cette affaire
de cœur. (Balz.) En affaires de cœur, les
Russes sont les plus douces bétes féroces qu'il
y ait sur la terre. (Custine.)
— Employé d'une manière vague, il est
souvent synonyme du mot chose, pris lui-
même dans un sens indéfini : Ah.1 qu'une
femme demoiselle est une étrange affaire!
(Mol.) Don Juan réduit l'amour à n'être qu'une
affaire ordinaire. (H. Beyle.)
Tous ces raisonnements ne font rien a l'affaire.
Molière.
Ce jeune homme a poussé l'affaire un peu trop loin.
La Chaussée.
— T. d'argot. Vol à commettre ou expédi-
tion quelconque de malfaiteurs ; coup à faire :
Monter une affaire.
— Dans un sens mystiq. L'a/faire du salut,
Le soin qu'un catholique doit prendre de lui-
à chaque moment, a toujou
faites; il a toujours son âme en ses mains, prêt
à la rendre au premier signal. (Boss.) Pie IX a
déclaré qu'il abandonnerait toute politique pour
ne plus s'occuper que de l'affaire de son
— Affaire d'honneur, Duel, combat singu-
lier. I! Affaires du temps, Evénements publics
dont les esprits se préoccupent : Que dites-
vous des affaires nu temps? Je viens de chez
M. de Pomponne; je t'ai entendu raisonner sur
les affaires du temps ; i« trouve que toutes
ces grandes montagnes s'aplanissent. (M™« de
Sôv.) Ij Une affaire d'or, une a/faire magnifi-
que, etc. Une opération très - avantageuse, un
marché où il y a beaucoup à gagner : Il a
fait là une fort belle affaire, une superbe af-
faire. C'est une affaire d'or, je vous en aver-
tis. (Desmahis.) Le temps se passe, et tu nous
feras manquer une affaire d'or. (M. Masson.)
Il Etre en affaire avec quelqu'un, Etre en rela-
tions commerciales, industrielles, etc., avec
quelqu'un; traiter au moment même avec
lui : Je suis en affaire avec lui pour l'achat
de sa maison. Je suis en affaires avec l'abbé.
(Mme de Sév.) || Parler affaires, Parier de
choses sérieuses, des choses qui sont le but
principal d'une entrevue, d'une conversa-
tion, d'une conférence : Je crois, Charles, que
plus envie de dormir que de parler
(Fr. Soulié.)
— Avoir affaire, Etre très-occupé, ou être
appelé ailleurs par quelque chose à faire,
pour une affaire : Il a affaire, il ne peut
quitter. (Boss.) Malheureusement, j'ai affaire,
et il faut que je m'en aille dans cinq minutes.
\<j. Sand.) il Avoir affaire à quelguun, Avoir
à lui parler, avoir à traiter, a négocier avec
lui : Il a affaire k un fâcheux, À mi homme
oisif. (La Bruy.) L'homme k qui nous avons
affaire n'est pas des plus fins de ce monde.
(Mol.) Oh.' l'étrange chose que Savoir affaire
À des bêtes! (Mol.) Il croyait encore avoir af-
faire À un enfant irréfléchi et craintif. (G.
Sand.) Quand vous sentirez la grâce vous ap-
peler au tribunal de la pénitence, r'ayez
affaire qu'k un bon prêtre. (G. Sand.) Vous
avez affaire à forte partie; M. de /."* est
littérateur jusqu au bout des ongles. (Th. Le-
clercq.) Le plan de Dumouriez était de séparer
autant que possible la Prusse de l'Autriche,
pour «'avoir affaire qu'k un ennemi à la fois.
(Lamart.) il Se dit aussi par manière de me-
nace : Il verra à qui il A affaire. // aura
affaire à moi. Vous ne savez pas à qui vous
avez affaire. C'est à moi qu'il aura affaire.
Il Avoir affaire avec quelqu'un, suppose Con-
cours d'affaires, difTercnd, discussion", con-
testation : Il faut éviter («'avoir affaire avec
des fripons. Les médecins qui l'ont tué n'ont
songé qu'à leur réputation... Heureux qui n'A
point affaire avec ces messieurs-là! (Volt. )
Il Dans le même sens, on trouve aussi uuoîV
affaire à suivi d'un infinitif: Notable exemple
de la forcenée curiosité de notre nature, s'a-
muswit à se préoccuper des choses futures,
comme si elle «'avait pas assez affaire à di-
riger les choses présentes! (Montaig.) il Cotte
môme locution se construit aussi avec la
prép. de : Qu'm-je affaire de me fatiguer des
pensées de la mort, pour la recevoir constam-
ment ? Je mourrai peut - être sans y penser.
(Nicole.) Il Auoir affaire de quelqu'un, Avoir
besoin de lui : J'ai affaire de vous, ne vous
éloignez pas. (Acad.) Qu'avons-'ioiis affairk
D'un nouvel auteur, qui se pare des imagina-
tions des Grecs, et donne au monde leurs lu-
mières pour les siennes? (St-Evrem.) il Se dit
aussi dans le même sens avec un nom de
chose pour complément :
Qu'ai-je affaire du trône et de la main d'un roi?
Corneille. * ■
n Auotr affaire à une femme, Entretenir
avec elle un commerce de galanterie. Il Avoir
affaire ailleurs, Avoir d'autres soucis, se
proposer un autre but : Or, nous qui cher-
chons ici à former non un grammairien ou
•----' — un gentilhomme , laissons- les
■ '--■-•- — - AFFAIRE
luyicicn , T/luis un ycitii
abuser de leur loisir :
peu, je n'en attends aucun service, etc. : J'a-
vais bien affaire de sa visite! J'ai bien af-
faire de cet homme-là/ (Acad.) La république
a bien affaire de gens qui ne dépensent rien!
(La Font.) il Auoir son affaire, Avoir ce qui
convient, réussir : Il a été content, il k eu son
affaire. u.Ironiquem., dans ce sens. Rece-
voir correction, châtiment, leçon : Que vous
vouliez ou non, elle aura son affaire. (La
Font.) il Se dit aussi d'une personne mortelle-
ment blessée ou malade : Il n'y a plus rien à
espérer : il a son affaire, tt Dans un sens fa-
milier. Etre tout à fait ivre : Je buvais une
absinthe; après quoi, f avais mon affaire, là,
dans le solide. (Monselet.)
— C'est une affaire, la chose est grave et
mérite qu'on y réfléchisse : Attaquer cette
place, c'est une affaire, ii Ce n'est pas une af-
faire, C'est une chose de peu d'importance :
S'il faut être pendu, ce n'est pas unis affairk.
(Boursault). Deux mille écus ne se
s à présent
rez, s'il vous plaît, que ce n'est
UNE PETITE AFFAIRE pOUT moi que uc uuun
écrire. (Rac.) Ce n'est pas bne petite affaire
que de savoir être malheureux ; en comparai-
son, savoir mourir n'est rien. (Beauchêne.) Ah!
ce n'est pas une petite affaire, et l'on ne
voit pas s'ouvrir d'emblée devant soi les portes
de cet établissement. '(***.) Ce n'est pas unb
petite affaire de connaître d'une façon au-
thentique lapensée de tout un peuple. (P'roudh.)
Il C'est une affaire finie, C'est une chose à la-
quelle il ne faut plus penser : Ny pensons
plus! c'est une affaire finie. (Scribe.) il C'est
une affaire faite, Vous pouvez regarder la
chose comme faite, conclue ; c'est une chose
sur laquelle vous pouvez compter :
nCen
Molière.
st pas l'affaire d'un moment, d'un jour,
' C'est une chose qui présente de grandes dif-
ficultés et qui demande du temps, des soins :
Former des citoyens n'est pas l'affaire d'un
jour, et pour les avoir hommes, il faut les in-
struire enfants. (J.-J. Rouss.) Il Son affaireest
faite, Se dit d'un homme dangereusement
malade, et qui est bien près de mourir ; se
dit aussi d'un homme perdu, ruiné, qui n'a
plus rien à espérer , à prétendre, tl Signifie,
Eh bien, nuus le pendrons!
Il est sous bonne garde, et son affaire est sûre.
Il Faire affaire, Conclure, terminer, tomber
d'accord : Ce n'est pas sans peine que nous
Il Faire l'affaire, Suffire;
, „ , e page
de compte rendu et un article sur la séance font
l'affaire. (A. Karr.) Il Faire son affaire, en
parlant de quelqu'un, Le châtier, lui donner
une leçon, même le tuer : L'espion fut décou-
vert, et on lui fit son affaire. SU le ren-.
contre, il lui fera son affaire, il Faire son af-
faire; en parlant de soi-même, Se mettre à
l'abri, s'arranger, réussir : Il fait tout douce-
ment son affaire. Quand on connaît bien les
péchés mortels, on tâche de ne pas commettre
de ceux-là, et l'on fait son affaire. (Mon-
tesq.) il Faire ses affaires, Gagner de l'ar-
gent, faire fortune, s'enrichir dans le com-
merce : Paire ses affaires dans les vins,
dans les cuirs, dans les soies, etc. De tout
temps les gens qui servent personnellement les
rois font très-bien leurs affaires : on s'in-
téresse à un homme, fût-ce un valet, en le voyant
tous les jours. (Balz.)
— Proverbialem. :
Corsaires ù corsaires.
L'un l'autre s'attaquant ne font pas leurs affaires.
Bécjnier, imité par La Fontaine.
Il Faire son affaire d'une chose, S'en charger,
en répondre : J'avancerai les frais, et ;'en fais
mon affaire. Dites-moi quelle place vous dé-
sirez, j'en fais mon affaire. (Acad.) H Signifie
aussi Savoir mettre une chose à profit :
Que dans mes mains pleuve de l'or.
De Tor,
Et j'en fais mon a/faire. BÉRANQEa.
tl Faire son affaire principale d'une chose, Y
donner tous ses soins, s'en occuper exclusive-
ment à toute autre : As-fu fait ton affaire
principale de -la justice? (Boss.) Il fit son
affaire principale de toute cette dispute ri-
dicule. (Volt.) il Vous avez fait là une belle af-
faire! Vous avez fait telle choso mal à pro-
pos; vous avez fait une chose qui aura des
suites fâcheuses. Il Faire des affaires de tout,
des provinces ; on fait des affaires de tout:
(M"« de Sév.) » C'est mon affaire, Cela ne re-
garde que moi, n'expose que moi; je m'en
charge : Pour Dieu, mon amie , abandonnez-
moi Tes poètes et les orateurs, c'est mon af-
faire. (Dider.) Repose -toi sur moi : ceci
devient mon affaire ; il faudra bien qu'elle
réussisse. (Th. Leclercq.)
Dois-je l'en informer? — Docteur, c'es* votre affaire.
C. Delavione.
H De même au pluriel : Ce ne sont pas là mes
es. (La Font.) Ne vous embarrassez pas,
t mes affaires. (Mariv.) Ce sont ses
es, il s'en tirera comme il pourra.
(Scribe.) il C'est son affaire. Se dit d'un homme
3ui n'écoute pas les bons conseils qu'on lui
onne : // va se ruiner, mais au surplus c'est
son affaire, il C'est une autre affaire. Ne con-
fondons pas les choses, ou Je n'avais nullement
songé à cela; je n'avais pas envisagé la chose
sous ce point de vue. il Voilà bien une autre
affaire! C'est une chose bien différente, à la-
quelle on ne s'attendait pas. Il C'est affaire à,
Il appartient à... : C'est affaire aux écono-
mistes pour dire la vérité, toute la vérité, sur
les misères sociales, lorsqu'ils s'y trouvent en-
gagés par l'intérêt de leurs utopies! (Proudh.)
Il C'est affaire de guerre, de politique } etc.,
C'est une affaire qui ne peut être décidée que
par la guerre, qui doit être traitée par la po-
litique, etc. : Après Alexandrie, le reste de
l'Italie est affaire de guerre : cette place
est affaire sb politique. (Napol. le) fl L*
AFF
bon, le meilleur, le pire de l'affaire est que...
Ce qui est étonnant, ce qui surprend davan-
tage encore, c'est que... Il Une affaire de rien,
de peu, etc., Une chose facile a faire; chose
sans conséquence : Tout cela est affaire de
mince utilité et nullement digne de lecture.
(Fourier.)
Quand on choisit un gendre, il faut le choisir bien,
Et ce choix-là n'est pas une affaire de rien.
Il Se tirer d'affaire, Se tirer d'un danger, d'un
embarras quelconque : Il s'est tiré d'af-
faire. (Acad.) Et tu verras s'il veut ou non
te tirer d'une méchante affaire. (Fr. de
Neufchât.)
chevaux a se ttrer d'affaire.
DUFRESNY.
Pour le tirer d'affaire, il faut beaucoup d'argent.
C. Delavione.
il Etre hors d'affaire, Etre hors de danger ,
hors d'embarras : J'ai vu avec plaisir-, dans ta
dernière lettre, que ta fille est hors d'affaire.
(P.-L. Cour.)
Vous voici Aon d'affaire : allez votre chemin.
V. Huoo.
Il Etre au-dessous, au-dessus de ses affaires,
Ne pas réussir ou être en prospérité. — Un
homme qui occupait un appartement au-
dessus du mont-de-piété, où ses effets étaient
, 'est peine perdue : Des conseils
tant qu'il vous plaira; mais de l'argent, point
d'affaire. (Acad.) Point d'affaire ; ces con-
versations ne font que m'ennuyer, (Mol.) Cette
locution commence à vieillir, il Belle af-
faire! Chose de peu d'importance, ou d'une
exécution, facile^ Il Quelle affaire! que d'af-
faires! Que de peines pour rien, que de soins
inutiles, que d'embarras pour peu de chose I
Quelle affaire!
C'est chercher une aiguille en tout un champ de blé !
V. Huoo.
AFF
113
— Proverbialem. : Il n'y a point de petites
affaires, Les plus petites choses méritent
notre attention, parce qu'elles peuvent tirer
à conséquence, il Avoir plus d'affaires que le
légat, Etre très-occupé, tl Ceux qui n'ont point
d'affaires s'en font, L'oisiveté fatigue, et on
se crée des occupations. Il Avoir affaire à la
veuve et aux héritiers, Avoir affaire à forte
partie. Il Les affaires font les hommes, La pra-
tique des affaires forme, donne de l'aptitude.
Il Les affaires sont les affaires, Il faut s'oc-
cuper sérieusement et exclusivement des
choses de son état? surtout dans le commerce
et l'industrie, il Dieu nous garde d'un homme
qui n'a qu'une affaire! Parce que celui qui
n'est préoccupé que d'une seule chose en
parle constamment et finit par en fatiguer
tout le monde; répond à ce proverbe latin :
Timeo hominem unius libri. V. ces mots. Il
Chacun sait ses affaires, Se dit quand on
ne veut point entrer dans les motifs de la
conduite de quelqu'un, ou qu'on refuse par
une fin de non-recevoir des conseils, des re-
proches, etc., pour une chose qui intéresse
personnellement, h II vaut mieux avoir affaire
à Dieu qu'à ses saints, Il vaut mieux s'adresser
à celui qui gouverne qu'à ses subordonnés. —
Voici, à propos de ce proverbe, une anecdote
assez piquante. Le chapelain du cardinal de
Richelieu le voyant un jour occupé d'affaires
très-importantes, et supposant que Son Emi-
nence n'entendrait pas la messe, se mit à
table pour déjeuner, mais à peine avait-il
commencé qu'il fut appelé à la chapelle de la
part du cardinal ; et comme on lui taisait ob-
server qu'il n'était plus à jeun : « Oh t oh 1 ré-
pondit-il, j'aime mieux avoir affaire à Dieu
qu'à Son hminence. »
— Fam. et bas, Faire ses affaires, aller à
ses affaires, Satisfaire ses besoins naturels.
— Chaise d'affaires. Nom donné autrefois,
chez le roi, à la chaise percée : On sait que le
roi Henri III fut blessé mortellement par
Jacques Clément, étant sur sa chaise d'af-
faires. (Littré.) Il Brevet d'affaires. Le privi-
lège d'enirer dans le lieu où le roi était sur
sa chaise percée, il En parlant d'une femme,
Avoir ses affaires, Avoir ses règles.
— Fauconn. Etre de bonne affaire. Se dit
d'un oiseau quand il est bien affaîté, bien
dressé pour la volerie.
— Chargé d'affaires, Agent diplomatique
d'ordre inférieur, accrédité auprès d'un gou-
vernement de peu d'importance, ou rem-
plissant les fonctions d'ambassadeur ordi-
naire pendant l'absence de l'ambassadeur ti-
tulaire, il Agent d'affaires, Celui qui, moyen-
nant salaire, fait profession de se charger des
affaires d'autrui. il Faiseur d'affaires, Celui
oui n'a d'autre état que de spéculer dans le
but de gagner de l'argent par des opérations
de finances. Il se prend ordinairement en
mauv. part, il Gens d'affaires, Intendants, ré-
gisseurs, etc. : On est souvent trompé par
ses gens d'affaires. (Acad.) Dans une aris-
tocratie où les nobles lèveraient les tributs,
tous les particuliers seraient à la discrétion
des gens d'affaires. (Montesq.) Les rois
de France ne se sont jamais montrés que de
gtands seigneurs qui ruinaient leurs gens
d'affaires. (Napol. 1er.) La défiance que
les hommes d'élite inspirent aux gens d'af-
faires est remarquable. (Balz.) 0 Somme d'af-
faires, Celui qui a l'esprit des affaires, et par-
ticulièrem. celui qui est chargé des intérêts
s, est u.
•s quoi
U apprit:
ser. (La Bruy.) L'homme qui ne veut pas se
mêler de ses affaires en remet le soin à un
homme d'affaires. (Artiault.) Il Cabinet d'af-
faires, bureau d'affaires, agence d'affaires.
Etablissement forme par une personne qui se
charge de diriger des affaires contentieuses.
— Fig. Se dit en pariant d'une feramo ga-
lante, d'une entremetteuse :
La toilette d'Albine est un bureau d'affaires.
— Ministère des affaires étrangères, Minis-
tère des relations avec les gouvernements
étrangers.
— Hist. L'affaire du collier. V. Collier.
— Gramm. On dit : J'ai affaire à lui, j'ai
une affaire à traiter avec lui; — Il aura af-
faire à moi, c'est-à-dire je me vengerai, je
lui rendrai le mal qu'il m'a fait; — J'ai affaire
de vous , j'ai besoin de vous. Mais ce n'est plus
le substantif affaire qu'on emploie dans plu-
sieurs locutions consacrées commençant par
c'est, c'était, etc. : c'est k faire à lui, c est
lui, et non un autre, qui doit ou qui peut faire
cela ; — c'est À faire à perdre deux cents francs,
tout ce qu'on risque , c'est de perdre deux
cents francs. En outre, après le verbe avoir,
on écrit à faire en deux mots quand la prépo-
sition à se distingue nettement du verbe faire,
comme dans les deux exemples suivants :
Avoir vingt lieues À. faire, Il avait porté la
guerre dans un guêpier, et il eut fort À faire
ensuite pour se dérober à des milliers de mor-
sures. (Ste-Beuve.)
— Antonymes. Amusements, divertisse-
ments, passe-temps, plaisirs.
— Prov. llttér. Le lemp» ne tait rien A l'af-
faire. Allusion à un vers du Misanthrope. V.
— Prov. hist. A demain le» affaire* «é-
rieuiei, OU Simplement : A domain le» affaires.
V. Demain.
— Prov. llttér. :
. . . Onne s'attendait guère
A voir Ulysse en cette affaire.
Allusion k la fable de La Fontaine, la Tor-
tue et les deux Canards. Deux canards pro-
posent à une tortue de la transporter a travers
les airs :
Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique j
Vous verrez mainte républioue.
Maint royaume, maint peuple: et vous profiterez
Des différentes mœurs que vous remarquerez.
Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère . .
A voir Ulysse en cette affaire.
Dans l'application, très-fréquente, que l'on fait
de ce vers pour exprimer plaisamment la sur-
prise que doit causer l'apparition d'un nom inat-
tendu, le mot Ulysse est toujours remplacé par
celui qui est l'objet de l'allusion.
Voltaire, passant par Cideville, en Norman-
die, où l'on jetait les fondations d'une église,
accepta l'honneur d'en poser la première
" ~~ qui donna occasion au marquis de
Mirville de s'
On ne s'attendait guère
a La science anatomique des anciens a
fourni à M. Gerdy l'occasion de réciter quel-
ques pages de son livre sur l'anatomie des
formes extérieures. Il a durement tancé les
sculpteurs grecs de leur ignorance, et a si-
gnalé les défauts de bon nombre de leurs sta-
tues. Christophe Colomb et la découverte de
l'Amérique ont fait les frais de la dernière par-
tie du discours de M. Gerdy.
... On na s'attendait guère
A voir Christophe en cette affaire. •
Louis Peissb.
« Un peu plus loin, nous retrouvons le grand
Epaminondas, qui vient de faire prendre un
bain forcé a son cavalier dans l'Erymanthe,
et M. About ajoute : • Cet animal a la même
« passion que M. de Chateaubriand ; il veut
o emporter de l'eau da tous les fleuves qu'il
o traverse. » On ne s'attendait guère à voir
M. de Chateaubriand dans cette affaire; mais
les gens d'esprit rapprochent les choses de
loin, et l'occasion était trop bonne pour rete-
nir une saillie à triple dard qui atteint tout
ensemble M. de Chateaubriand, le Jourdain et
le duc de Bordeaux. » Géruzez.
— Prov. llttér. :
Le moindre grain de mil
Serait bien mieux mon affaire.
La Fontaine, (le Coq et la Perle.)
Allusion à la réflexion que fait le coq en
trouvant une perle. Dans l'application, ces
sont répétés par tous ceux auxquels
• Dans les temps belliqueux, quand le génie
militaire nous prodigue de grands spectacles
et dé l'héroïsme, on est tenté de lui répondre ;
Le moindre grain de mil
Serait bien mieux mon affaire. •
.Benjamin Constant.
• Mme Duravin, de sa main emprisonnée
dnns un gant de Suède, offrit a Deslauriers
un sac de satin blanc rempli de pastilles de
chocolat parfumé. Le moindre pâté de foie
gras ferait mieux mon affaire, pensa Annibal. »
Albéric Second.
■ Soignez donc, prottigei ce peuple domestique;
Que leur logis soit sain et non pas magnifique.
Que leur font des réduits richement décorés,
Le marbre des bassins, les grillages dorés?
Un seul grain de millet leur plairait davantage. •
« Diderot étant resté a Paris contre la vo-
lonté de son père, cclui-rci supprima la pension
qu'il lui faisait; le fils se mit k donner des le-
çons pour vivre. Il enseignait les mathéma-
tiques, le latin, le grec, tout ce qu'on vou-
lait, tout ce qu'il. pouvait. La moitié du temps
on le payait en livres, en meubles, en petits
cadeaux. Le moindre grain de mil eut bien
mieux fait son affaire. » F. Génin.
— Encycî. Agent d'affaires. V. gestion d'af-
Affnircs de Rome, par Lamennais. Cet ou-
vrage, publié en 1837, contient l'histoire des
rapports de l'auteur avec Rome, au sujet du
journal l'Avenir. Lamennais était allé deman-
der lui-même k la papauté une sanction ou
une censure, et les rédacteurs de l'Avenir
avaient exposé leurs doctrines dans un Mé-
moire présenté au souverain pontife Gré-
goire XVI. La décision du pape se faisant at-
tendre, Lamennais se détermina k quitter Rome
avant de l'avoir obtenue. Il y a de la mélancolie
dans le récit qu'il fait de ce départ : ■ C'était au
m'ois dejuillet, vers le soir. Des hauteurs qui
dominent le bassin où serpente le Tibre, nous
jetâmes un triste et dernier regard sur la ville
éternelle. Les feux du soleil couchant enflam-
maient la coupole de Saint-Pierre, image et
reflet de l'antique éclat de la papauté. • A son
passage à Munich, il reçut la fameuse lettre
encyclique du 15 août 1832, avec une lettre
explicative du cardinal Pacca. Le saint-oère
réprouvait les doctrines de l'Avenir relatives
à la liberté civile et politique, comme tendant
à exciter et propager partout l'esprit de sédi-
tion et de révolte de la part des sujets contre
leurs souverains, et celles relatives à la liberté
des cultes et k la liberté de la presse, comme
étant en opposition avec l'enseignement, les
maximes et la pratique de l'Eglise. De retour
k Paris, Lamennais s'empressa de se sou-
mettre, en déclarant que le journal ne paraî-
trait plus, et que l'agence générale pour la dé-
fense de la liberté religieuse était dissoute ;
mais il entendait réserver sa liberté de juge-
ment et d'action dans l'ordre temporel. Le pape
exigea une adhésion absolue k l'encyclique.
Après des pourparlers et des correspondances
dont les Affaires de Borne donnent le détail,
après bien des perplexités, Lamennais consen-
tit k adhérer purement et simplement, « con-
vaincu, disait-il à l'archevêque de Paris, qu'en
signant cette déclaration il signait implicite-
ment que le pape était Dieu, et tout prêt à le
signer explicitement pour avoir la paix. •
Cette paix, qu'il avait achetée si chèrement,
il ne put s'y maintenir, et bientôt la publication
des Paroles d'un Croyant marqua d'une ma-
nière éclatante sa rupture avec son passé et
avec l'Eglise. Outre cette relation intéressante
des efforts tentés après 1830 par quelques
intelligences d'élite pour réconcilier le catho-
licisme avec la liberté, le livre des Affaires de
Rome contient, sous ce titre : Des Maux de l'E-
glise et de la Société, ce qui put être achevé
d'un ouvrage dans lequel l'auteur de l'Essai
sur l'Indifférence voulait présenter un ta-
bleau Adèle de l'état de 1 Eglise catholique
dans le monde entier, ainsi que de l'état de la
société, rechercher les causes de la déca-
dence de l'Eglise et celles des souffrances de
la société, et indiquer les moyens propres a
y remédier. Enfin dans les dernières pages des
Affaires de Rome, Lamennais s'attache k mon-
trer qu'entre la papauté et les peuples, une
rupture complète s'est effectuée, que. cet an-
tagonisme devient de plus en plus irrémé-
diable, et il termine par ces paroles : ■ Si les
hommes, pressés de l'impérieux besoin de re-
nouer pour ainsi dire avec Dieu, de> combler
le vide immense que la religion en se retirant
a laissé en eux, redeviennent chrétiens, qu'on
ne s'imagine pas que le christianisme auquel
ils se rattachent puisse jamais être celui qu'on
leur- présente sous le nom de catholicisme.
Nous avons expliqué pourquoi, en montrant
dans un avenir inévitable et déjk près de nous,
le christianisme conçu et l'Evangile interprète
d'une manière par les peuples, d'une autre
manière par Rome-, d'un côté le pontificat,
de l'autre la race humaine, cela dit tout. Ce ne
sera rien non plus qui ressemble au protestan-
tisme, système bâtard, inconséquent, étroit,
qui, sous une apparence trompeuse de liberté,
se résout pour les nations dans le despotisme
brutal de la force, et pour les individus dans
l'égoîsme. »
AFFAIRÉ, £E adj. (a-fè-ré — rad. affaire),
Qui a beaucoup d'affaires, qui en est accable ;
qui parait très-occupé ou qui veut le paraître :
te public se compose de gens affaires ou en-
nuyés. (De Barante.) La bourgeoise est affai-
rés, sort par tous les temps, va, vient, regarde.
(Balz.) Le matin, il y a beaucoup d'affaires, et
encore plus de gens aïfairbs au palais. (Balz.)
15
114
AFF
Ils étaient affairés comme des fourmis à qui
l'on a pris leurs œufs. (Balz.) On se demande si
Londres n'est pas un cimetière où barbotent de$
fantômes affaires et malheureux. (H. Taine.)
Des piétons affairés encombrent les trottoirs.
Il vous jette en passant un coup d'œil effaré,
Et sans aucune affaire est toujours a/fairé.
Molière.
Il Empressé, qui s'agite beaucoup, qui se
donne de grands mouvements : Au milieu de
ces chaloupes, j'en distingue une plus affai-
rée, plus impatiente d'aborder notre bâtiment.
(Comtesse Merlin.) La capitale du comté fait
surgir devant vous la population affairée et
, criarde de son port.'ÇH. Saintine.) L'existence
individuelle, aujourd'hui si mobile et si affai-
rée, ne permet pas toujours la lecture d'un
long ouvrage. (Journ.) il En parlantdes choses,
bo dit surtout de l'air, de la'physionomie, de
la mine, qui annoncent do l'inquiétude, de la
prooccupation , de l'empressement : Quatre
esclaves allaient et venaient d'un air affairé.
(E. Sue.) Un avocat monte le large perron, un
autre avocat le descend, orateurs imberbes à
l'air affairé et n'ayant rien à faire. (J. Janin.)
Je dois en vérité avoir l'air bien singulier avec
une mine affairée et furieuse, mes bras gesti-
culant et Us cris inarticulés que je pousse.
fTh. Gaut.) il Peut avoir un complément mar-
qué, par la prép. de : Gens affairés de n'eus.
(Mme de Simiane.) Chacun était affairé, de
son côté, de petits travaux ou de graves lec-
tures. (F. Soulié.)
— Substantiv. : C'est un affairé. Les af-
faires abondent dans les grandes villes. Il Faire
l'affairé, Fairo l'empressé, affecter d'être sur-
chargé d'affaireSj de besogne : Il fait toujours
l'affairé. Sa sœur faisait l'affairée en met-
tant le couvert et en tracassant ta servante.
(Balz.)
AFFAIREUX, BDSE adj. (a-fè-reu, eu-ze —
rad. affaire). Qui est embarrassé dans ses af-
faires : Me semble plus misérable un riche mal-
aisé, nécessiteux, affairedk, que celui qui est
simplement pauvre. (Montaig.) Ce sens a vieilli ,
Il Qui donne fort à faire, qui occupe beaucoup,
en parlant des choses : J'aime mieux une vie
moins brave et moins affaireusé. (Montaig.)
C'est trop vous avoir retenu, lui dit-elle, car
je sais que le commerce des fèves est fort af-
faireux par le temps qui court. (Ch. Nod.)
—Par ext. Qui absorbe sans profit un temps
utile : Mainvielle ne se mêlait pas volontiers
aux conversations affaireuses, et il est vrai
de dire qu'il était d'ailleurs fort occupé de son
côté. (Ch. Nod.)
AFFAISAGE s, m. T. de fauconn. V. Af-
FAÎTAGE.
AFFAISSANT (a-fè-san) part. prés, du v.
Affaisser : Les anciennes républiques de la
Grèce avaient interdit à leurs concitoyens tous
les métiers tranquilles et sédentaires qui, en*
affaissant et corrompant le corps, énervent
sitôt la vigueur de l'âme. (J.-J. Rouss.)
AFFAISSÉ, ÉE (a-fè-sé) part. pass. du v.
Affaisser. Effondré, tassé lun sur l'autre : La
partie de la montagneoù cespierres lenticulaires
se trouvent semblait être affaissée. (Buff.)
H Courbé, affaibli : Nous le trouvâmes affaissé
sur lui-même.
— Fig. dans ce dernier sens : Pendant que
l'empire d'Orient était affaissé sous un mauvais
gouvernement, des causes particulières le sou-
tenaient. (Montesq.) Il Triste, fatigué, abattu,
sans énergie, en parlant des personnes : Elle
était plus triste et plus affaissée qu'à l'ordi-
naire. (G. Sand.) /te me racontaient les accès
de fureur de ces malheureux que je voyais cal-
mes et affaissés dans un coin de leur loge.
(De Barante.) Je vois au midi des races af-
faissées sous Je ne sais quelle malédiction;
un joug pesant les accable, elles marchent cour-
bées. (Lamenn.) il En parlant des choses : La
musique ébranle les organes affaissés et rend
des sentiments à un cœur flétri. (La Harpe.) Il
vit l'altération soudaine de son visage, pâle et
affaissé déjà par les angoisses de la nuit.
(G. Sand.)
L'homme même succombe, et son âme affaissée
Sent défaillir sa force et mourir sa pensée.
Delij-le.
........ Mes forces affaissées
S'en vont; 11 ma fallait l'air des champs, le soleil.
AFFAISSEMENT s. m. (a-fè-se-man — rad.
affaisser). Etat d'une chose affaissée, qui flé-
tnit sous son propre poids : //affaissement
d'un corps, des terres, d'un édifice, d'une mon-
tagne, etc.
— Fig. Accablement, affaiblissement dos
forces physiques, intellectuelles et morales :
Il y avait dans l'abandon de Vergniaud un
abandon de lui-même qui ressemblait à /'af-
faissement. (Lamart.) Je contemplais triste-
ment ces malheureux serrés les uns contre les
autres et sommeillant dans l'attitude de i'AF-
FAissKMfiNT produit par la douleur. (Lamart.)
Ce grandes calamités publiques, des fléaux
destructeurs, contribuèrent à /'affaissement
des esprits. (Malte-Brun.) Une espèce ^'affais-
SEMKNT moral s'empare d'un peuple longtemps
travaillé par les révolutions. (Mérimée.)
— Pathol. Etat d'un homme qui, affaibli par
la maladie, ne peut se soutenir : J'ai trouvé
en malade dans un grand AFFAissBMBNT.fAcad .)
AFF
— Chirurg. Dépression : ^'affaissement
d'une tumeur.
— Géol. Système des affaissements, Système
d'après lequel on explique la formation des
montagnes, non par une ascension propre,
mais par la dépression des terres environ-
nantes.
AFFAISSER v. a. ou tr. (a-fè-sé— rad. faix).
Faire ployer, courber sous le faix : Une trop
grande charge finit par affaisser un plancher.
H Faire baisser, tasser des choses posées les
unes sur les autres : Les grandes pluies af-
faissent les terres. (Acad.) La taupe ne sort
de se
lorsque .- _ , -. --
dôme. (Buff.) Les emportements des hommes
comme Phœbus sont des soupes au lait dont une
goutte d'eau froide affaisse l'ébullition. (V.
Hugo.)
11 sentait que la mort affaissait ses paupières.
— Fig. Diminuer les forces, affaiblir, acca-
bler : Legranddgen'ApointhVFMSSBsonesprit.
(Acad.) L'amour, qui anime et soutient votre
cœur, affaisse et abat le mien. (J.-J. Rouss.)
S'affaisser, v. pr. S'abaisser, se plier, se
courber par son propre poids : Une maison qui
s'affaisse. Un vieillard s'affaisse sous te
poids des années. (Acad.) Les montagnes s'af-
faissent quelquefois. (Trév.) Bientôt la flamme
s'échappe et le gazon s'affaisse. (Castel.) Sa
tête s affaissa sur son bras, et elle parut s'en-
dormir. (Comtesse Merljn.) Sa tige délicate
s'affaissait sous le poids de sa tète fleurie.
.(Mme Tastu.) Les ouvrages de terrasses, les
chaussées des chemins faits de terres rappor-
tées, sont sujets à s'affaisser. (Quatremere.)
Madame de VMefort poussa un soupir, ses
nerfs se détendirent, elle s'affaissa sur le ta-
pis. (Alex. Dum.) Quand le poisson est hors de
l'eau, ses branchies s'affaissent et se dessè-
chent. (J. Macé.)
Ses membres sur tes miens en tombant s'affat irrent.
Lamartine.
— Fig. Etre accablé ; L'Ame s'affaisse sous
le poids des chagrins. Mon cœur s'affaissa
sous la misère et la désolation de tout ce qui
m'entourait. (J. Janin.) Quand tous les som-
mets de la société chancellent et s'affaissent,
c'est que depuis longtemps déjà la base défaille
et s'écroule. (Dupanl.) La région de l'illusion
s'est comme affaissée sous mes pieds. (St-
Martin.) il On supprime quelquefois le pronom
se, et 1 on dit laisser affaisser pour laisser
s'affaisser : En adoptant les rapports, les
idées, les instruments des autres, tels qu'ils
nous tes donnent, nous laissons affaisserions
esprit dans la nonclialance. (J.-J. Rouss.)
— Chirurg. Subir une dépression : Une tu-
meur qui s'affaisse.
AFFAÎTAGE OU AFFAISAGE S. m. (a-fè-ta-
je, za-je — rad. affaîter). Fauconn. Action de
dresser, d'apprivoiser un oiseau de proie.
AFFAÎTÉ, ÉE ( a-fè-té ) part. pass. du v.
Affaîter. Apprivoiser : Un oiseau affaîté, bien
affaÎté. il s'est employé fig. dans le sens d'E-
levé, instruit : Plusieurs ne mettent leurs en-
fants à l'étude pour étudier, mais seulement
pour leur éveiller l'esprit et pour les rendre
plus affaîtés par le moyen de la compagnie.
(H. Estienne.)
affaîtement s. m. (a-fè-te-man — rad.
affaiter). Fauconn. Action d'affaîter un oiseau
de proie, il Ce mot se prenait anciennement
pour Education, manière.
— Techn. Manière de travailler les peaux
à la tannerie.
affaîter v. a. ou tr. (a-fè-té — du lat.
ad, à; facture, façonner, disposer, préparer).
Fauconn. Apprivoiser un oiseau de proie, le
dresser à revenir sur le poing, n S'est employé
anciennement au fig. dans le sens d'Elever,
instruire; orner, ajuster : Il duist sa barbe,
affaîta son gûernon. (Ch. de Roland.)
Amour sait affaiter cils qui lui font ligeance.
— Archit. Se dit quelquefois, mais abusi-
vement, pour enfaÎter.
— Techn, Façonner : Affaîter des peaux.
AFFAÎTEUR s. m.(a-fè-teur — rad. affaîter).
Fauconn. Celui qui est chargé de dresser,
d'apprivoiser les oiseaux de proie.
AFFALANT (a-fa-lan) part. prés, du v.
Affaler.
AFFALÉ, ÉE (a-fa-lé) part. pass. du v. Af-
faler. Mar. Arrêté sur la côte par le défaut de
vent et par les courants, en parlant d'un na-
vire: Levaisseauaété affalé par desvents,par
une grosse mer far des avaries. (Willaumez.)
il Par ext. Se ait des personnes dont le vais-
seau est affalé : Au point du jour, nous nous
trouvâmes affalés à la côte presque en face de
Césarée. (Chateaub.) Vers midi, nous sommes
affalés à la côte du continent, en face d'Hy-
dra. (Lamart.)
— Fig., par allus. à ce dernier sens, Etre
dans une position fâcheuse, désagréable : Les
affaires ne vont plus, mon cher, nous voilà af-
falés sous le vent.
AFFALER v. a. ou tr. (a-fa-lé — de l'ail, af,
auf, sur; fallen, tomber). Mar. Pousser un
vaisseau vers la côte, et le mettre en danger
d'échouer : Le vent avait affalé ce navire. Le
vent nous avait affalés, ii Faciliter le passage
d'un cordage dans une poulie ou ailleurs :
Affàlbr un cordage, il Plus ordinairement ce
AFF
verbe signifie Faire descendre, amener à soi :
On affale une barrique suspendue à un palan.
(A. Jallais.) On affale an voilier ou un gabier
dans une chaise. (Bonnefoux.) On affale toi
calfat le long du bord pour qu'il puisse travail-
ler à des réparations dans la voilure, le grée-
ment ou la coque. (Bonnefoux.) Affaler un
objet, c'est l'attacher à un bout de cordage pour
l'envoyer d'un lieu à un autre moins éleué.
(Dict. de marine.)
— Canot. Affaler une manœuvre, L'abaisse^
peser sur elle pour vaincre le frottement qui
la retient.
— Neutral. ou intransitiv. Affaler à une
côte Etre porté, malgré soi, par un coup de
vent ou un autre accident, sur une côte ou à
la côte.
S'affaler, v. pr. Se dit d'un bâtiment lors-
qu'il perd sous le vent, c'est-à-dire lorsque,
malgré ses efforts pour s'éloigner d'un point
situe sous le vont, il ne peut y réussir : Le
navire va s'affaler s'it ne change pas de ma-
nœuvre. (Acad.) Le bâtiment avait essayé de
virer de bord; mais n ayant pu y parvenir, il
s'était affalé sous le vent. (Chateaub.) Le
navire s'affala par une fausse manœuvre, il se
trouva sous le vent du point où il voulait se
rendre. (Bonnefoux.) il Se laisser glisser du
haut en bas sur une manœuvre, le long d'un
cordage, pour descendre plus vite : Ce matelot
s'est affalé le long de tel cordage. (Acad.)
AFFAMABLE adj. (a-fa-ma-ble — rad. af-
famer). Qui peut être affamé, que l'on peut
affamer : Ville, place affamable.
AFFAMANT (a-fa-man) part. prés, du v.
Affamer : Les Visconti trouvent le secret de
lui faire repasser les Alpes , tantôt en affa-
mant sa petite armée, tantôt en négociant.
(Montesq.)
AFFAMANT, ANTE adj. (a-fa-man, an-te
— rad. affamer). Propre à affamer : Régime
__ Médication affamante.
; dévorant : Une ambition affa-
mante.
AFFAMATION s. f. (a-fa-ma-si-on — rad.
affamer). Néol. Action d'affamer; résultat de
cette action; et, fig. , Ardent désir, vif em-
pressement : II était animé par cette affa-
mation de servir, si éminemment française, et
gui est toujours prête à grandir quand il s'agit
d'un maître nouveau. (Rog. de Beauv.)
AFFAMÉ, ÉE (a-fa-mé) part. pass. du v.
Affamer. Qui a faim, qui souffre de la faim ;
qui a un appétit dévorant : Il voit une multi-
tude errante et affamée. (Mass.) De ma vie, je
ne fus si AFFA.MÈ,ni mieux nourri. (J.-J. Rouss.)
L'homme riche tourmenté par ses compatriotes
affamés , qui fut" demandent de l'occupation ,
hausse le prix de son argent. (B. de St-P.) Les
meilleures raisons ne pouvaient pas plus sur
lui que sur un loup affamé. (Volt.) Le vent
hurlait comme une meute de chiens affamés.
(Lamart.) Le guêpier, en toute contrée, livre
une rude guerre aux guêpes affamées de nos
fruits. (Michelet.)
Un vautour affamé se moque bien des lois.
Le Baillt.
il Se dit aussi des choses : Bien qu'un silence
de mort, troublé seulement par les cris affa-
més des oiseaux de proie. (Th. Gaut.) La
chanson de Béranger! elle est l'ivresse et le
pain des tables affamées. (J. Janin.) Les la-
boureurs jetèrent un coup d'ail affamé à tra-
vers les fenêtres de la cuisine du rez-de-chaus-
sée, où l'onpréparait un souper pantagruélique.
(E. Sue.)
— Par ext. Qui est dans le besoin, dans le
dénûment le plus complet, qui manque de
tout : Le peuple affame ne sait pas craindre.
(Lucain.)
Comment percer
De rimeurs affamés cette foule effroyable?
Boileau.
Mais quoi! dans la disette une muse affamée
Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée.
Boileau.
. — Fig. Avide , qui désire avec passion :
Affamé de gloire, d'honneurs, de richesses, de
réputation , etc. Que de gens sont dégoûtés de
tout ce qu'ils ont, et affamés de tout ce qu'ils
n'ont pas! (Fén.) C'est un homme affamé d'ar-
gent et de secrets. (Gui Patin.) Je me retirai
plein de curiosité et affamé d'idées nouvelles.
(Cazotte.) Vous serez le trésor enfoui sur lequel
passent les hommes affamés d'or, sans savoir
que vous êtes là. (Balz.) Ici le cœur se creuse
de nouveau et redevient affamé de vengeance.
(Alex. Dum.)
Qui dégoûtés de gloire et d'argent affamés...
Ce cœur, nourri de sang et de guerre affamé,
Traîne partout l'amour qui l'attache à Monime.
ti Se dit quelquefois avec un nom de personne
pour complément : Vous imaginez-vous, mon-
sieur de Pourceaugnac , qu'une fille comme la
mienne soit affamée de mari? — Vous ima-
ginez-vous, monsieur Oronte , qu'un homme
comme moi soit affamé de femmes. (Mol.)
Il Dans le même sens, affamé de peut être
suivi d'un infinitif: Où sera le juge assez hardi,
assez affaméde faire un coupable? (Pellisson.)
Malgré l'extrême chaleur, nous sommes tou-
jours en mouvement , nous sommes comme af-
famés de tout voir. (H. Beyle.) La jeune Ita-
lienne était affamée de voir son amant. (Balz.)
— Absol. : Tout ce que les hommes vides et
affamés cherchent sur la terre. (Fén.) Tu étais
dégoûté et affamé foui ensemble. (Fén.) Le
cœur n'est affamé que lorsqu'il est vide. (Mass.)
il Dépourvu de grâce, de charme : Un style
aride et affamé.
— Par exag. Se dit quelquefois de choses
maigres , pauvres dans leur genre : Sol af-
fame. Ecriture affamée,.
— Prov. Ventre affamé n'a point d'oreilles,
Celui qui a faim n'écoute guère ce qu'on lui
dit, les représentations qu'on lui fait. C'est la
moralité au Milan et le Rossignol, fable de
La Fontaine. Ce proverbe peut être l'objot
de fréquentes applications : Un collégien,
qui avait passé tout le temps du repas à causer
avec son voisin au lieu d'écouter la lecture
qui se fait dans certains établissements ^ fut
sommé par le directeur, à la fin du dîner,
de rendre compte du chapitre qu'on venait
de lire. Notre jeune rhétoricien, qui aimait
mieux se faire taxer de gourmandise que
de bavardage, répondit avec beaucoup d'à-
propos : « Monsieur , ventre affamé n'a point
d'oreilles-, i l) Comme un pou affamé, Compa-
raison triviale, mais énergique, servant à
caractériser l'homme qui pousse la rapacité
jusqu'à ses dernières limites.
— Subst. et fam. Celui, celle que la faim
pousse: Donnez du pain à cet affame, // manae
';. (Acad.] \ Tout ce que je fai-
Angleterre trois cent mille a
fuient chaque année le sol de la patrie. (Ledru-
Rollin.) Olaûs II, roi de Danemark, mort en
1695, fut surnommé V Affamé ouïe Famélique,
à cause d'une famine cruelle qui affligea son
royaume. ('".) La charité de la femme , c'est
- Fig. Celui, celle qui est avide de, qui
désire passionnément une chose : Je dis que
je me contenterais d'une fortune médiocre; sur
quoi ces affamés d'honneurs et de richesses
s'écrièrent que j'avais tort. (Le Sage.) Inca-
pable de méchanceté , bienveillant comme tous
les affamés de popularité, c'était un ami
fidèle, mais négligent. (L. Ulbach.) Autrefois
j'étais de ces affamés d'honneurs que le désir
de vaincre inquiète jour et nuit. (Balz.)
Le marbre me va mieux que l'impure Phryné,
Chez qui les affamés vont chercher leur pâtura.
AFFAMER v. a. ou tr. (a-fa-mé — du lat.
famés, faim). Causer, faire souffrir la faim;
occasionner la faim en retranchant, en arrê-
tant les vivres : Affamer une ville. On af-
fame souvent les provinces par un transport
malentendu des blés. (Trév.) Quand Porsenna
affamait les Romains dans leurs murailles...
(Boss.) Lorsque Justinien fut envoyé en Italie,
il commença par conquérir la Sicile et affama
ses ennemis. (Montesq.) Il y a urgence d'abolir
partout l'impôt de consommation, qui exténue
le peuple et qui Z'affame. (Proudh.) n Affaiblir,
rendre moins vif, moins actif : La diète af-
fame la maladie; mais elle affame bien plus
encore la vitalité. (Raspail.)
— Absol. -.Pour dompter, on affame. (Boiste.)
— Fig. Faire naître des sentiments, inspirer
des désirs : Affamer l'esprit, l'intelligence, le
cœur. Il faut aux femmes des couvents libres,
ne les affament plus. (Michelet.)
— Pêch. Attirer, à l'aide d'un appât, le
poisson à fleur d'eau, à l'endroit où le filet est
— Agric. Affamer une plante, un arbre, Los
priver d'une partie de leur nourriture, pour
arrêter un trop grand développement de bois,
nuisible aux fleurs et aux fruits.
S'affamer, v. pr. Etre affamé : Une contrée
si fertile ne peut s'affamer. L'araignée s'af-
fame pour se nourrir, elle s'épuise pour se re-
faire, elle se maigrit sur l'espoir incertain de
s'engraisser, (Michelet.) H Tomber dans la mi-
sère, le dénûment : Quelquefois le travailleur
se trompera dans son calcul , ou bien, emporté
par la passion, il sacrifiera un bien immédiat
pour une jouissance prématurée, et après avoir
sué le sang et l'eau, il s'affamera. (Proudh.)
AFFAMEUR s. m. (a-fa-meur — rad. af-
famer). Néol. Celui qui affame, qui ôte, qui
retranche les vivres : Le cri <2'affameur dési-
gnait à une mort à peu près certaine celui qui
en était l'objet. (Alex. Dum.)
AFFANGISSEMENTS s. m. pi. (a-fan-ji-se-
man — rad. fange). Eaux et for. Amas de
fange, de vase, dans le lit des cours d'eau.
AFFANER v. a. ou tr. (a-fa-né — du lat.
fœnum, foin). Cultiver. "Vieux mot. V. Ahaner.
AFFanurE s. f. (a-fa-nu-re — du lat. ad,
b.; fœnum, foin). Agric. La portion de blé que
l'on donne, dans quelques provinces, aux
moissonneurs et aux batteurs en grange,
pour les payer de leur journée.
AFF ARE s. f. (a-fa-re). Ane. dr. Terme usité
en Dauphiné pour désigner toutes les dépen-
dances d'un fief.
AFFE s. f. (a-fe). En t. d'argot, Vie, âme.
Il De l'eau d'affe, De l'eau-de-vie. Il L'origine
de ce mot est controversée. Nous y voyons
une onomatopée du mouvement, du bruit de
la respiration, indispensable à la vie. Par une
transition toute naturelle, l'argot a fait eau
AFP
d'affe de eau-de-vie. Il On écrit aussi aff :
Chez Paul Niguet on boit du petit bleu et de
/'eau d'aff par excès de civilisation. (Th.
Gaut.)
AFFÉAGÉ. ÉB (a-fé-a-jé) part. pass. du v.
Afféager. Aliéné : Une terre noble afféagee.
APPÉAGEANT s. m. (a-fé-a-jan). Ane. dr.
Celui qui afl'éage.
afféagement s. m. (a-fé-a-je-man). Ane.
dr. Action d'afféager.
ÀFFÉAGER v. a. ou tr. (a-f&a-jé). Ane.
dr. Aliéner une partie des terres nobles
d'un fier pour être tenues en roture par l'ac-
quéreur, a la charge d'une certaine redevance.
AFFÉAGISTE s. m. (a-fé-a-ji-ste). Ane. dr.
Celui qui tenait une terre afféagee.
aFfectable adj. (a-fèk-ta-ble — rad. af-
fecter). Qui peut être touché, affligé; qui est
susceptible de s'affecter : C'est un homme très-
affectablb. il Qui peut être engagé, hypo-
théqué : Terres affectables.
AFFECTANT {a-fèk-tan) part. prés, du v.
AB'ecter : Quand son mari la regardait , elle
s'efforçait de sourire en affectant une conte-
nance calme. (Balz.)
Et déjù. des cités affectant l'opulence,
Ces parvenus des champs en ont pris l'insolence.
DELtLLE.
affectant, ante adj. (a-fèk-tan, an-te
— rad. affecter). Qui affecte, qui touche, qui
cause do la peine : Ce récit est très-Kvvuc-
tant. (Littré.)
AFFECTATION s. f. (a-fèk-ta-si-on — rad.
affecter). Manière d'être, de parler, d'agir,
qui s'éloigne du naturel : Il y a de /'affecta-
tion dans tout ce qu'il fait, dans tout ce qu'il
dit. (Acad.) V affectation est une envie déme-
surée de plaire, mais mal entendue. (Boil.)
L' affectation dans le geste, dans le parler
et dans les manières est souvent une suite de
l'oisiveté ou de l'indifférence. (La Bruy.) La
moindre affectation est un vice. (Volt.) Il
faut savoir être gai sans tumulte, poli sans af-
fectation, galant sans fadeur. (j.-J. Rouss.)
Z'affectation découvre plutôt ce qu'or '
qu'elle ne fait voir ce que Von voudrait pi
tre. (Le roi Stanislas.) Balzac doit être lu
avec précaution : on y trouve une affectation
vicieuse dans les pensées. (D'Aguess.) Saint-
£vremont sut éviter dans sa prose l'enflure dt
Balzaiet /'affectation de Voiture.(La. Harpe.)
Toute affectation finit par se déceler et re-
tombe alors au-dessous de sa juste valeur. (Du-
clos.) /.'affectation est à la nature ce que le
rouge et le blanc sont à la beauté. (Mirabeau.)
L'homme doué d'un esprit juste et solide ne
tombe jamais dans /'affectation. (S. Dubay.)
Toute affectation est ridicule, même celle
par laquelle on prétend s'éloigner de /'affec-
tation. (Brisson.) S'il y a chez nous une af-
fectation , ce n'est pas celle de vertu , c'est
celle de vice. (H. Taine.) Pour fuir la vulga-
rité, on arrive à /'affectation la plus abomi-
nable. (H. Beyle.)
AFF
_.. tout ce que l'éloquence a de
pompeux. (Roll.) Vafjéterie consiste dans
usa manières étudiées, contraires à la simpli-
cité; c'est une sorte de mignardise, une affec-
tation des grâces : Dans la Pluralité des
Mondes, l'art de Fontenelle est encore mêlé
«/'affectation, et même d'une afféterie ga-
lante, déplacée partout et plus encore dans un
livre de physique. (La Harpe.) On tombe dans
/'affectation en courant après l'esprit, et dans
/'afféterie en courant après les grâces. (*".)
— Antonymes. Aisance, naturel, simplicité.
— Epithètes. "Vaine, sotte, puérile, ridicule,
basse, fade, insipide, choquante, fière, imper-
tinente, exagérée, outrée, excessive, fatigante,
rebutante, pédantesque, magistrale.
affecté, ÉE (a-fèk-té) part. pass. du v.
Affecter. Impressionné : Dès notre enfance,
nous sommes affectés de diverses manières
par les objets qui nous environnent. (J.-J.
Rouss.) L'animal n'agit qu'autant qu'il est af-
fecté, c'est-à-dire qu'il sent. (Buff.) Le goût
peut être désagréablement affecté. (Brill.-
Sav.) On peut demander si tous les hommes sont
affectés de la même manière par le même
objet. (Jacquier.) L'ouïe peut être affectée
directement par la qualité du son ou par la
quantité. (Dumont.) Chabert fut désagréable-
ment affecté d'être obligé de le recevoir dans
la chambre qu'il occupait. (Balz.) n Sensible à,
tourmenté, affligé : // fut affecté jusqu'aux
larmes par ce récit. Il est très- affecté de
cette perte. Plus indigné de cette bassesse
qu'affecté par mon propre intérêt, je rejetai
hautement sa proposition. (J.-J. Rouss.) Dans
le monde, on disait qu'elle était si affectée
de vieillir qu'elle en était malade. (G: Sand.)
Il Troublé dans ses fonctions : Notre malade
est attaqué^ affecté, possédé de cette sorte de
folie. (Mol.) Ma poitrine est affectée. (J.-J.
Rouss. ) Ne buvez pas assez pour que votre
tête en soit affectée. (Renouard.)
Oui, j'ai, je le sens bien, le moral affecté.
— Fig. En parlant des choses, Hors do la
nature ; feint, simulé, recherché, exagéré :
La simplicité AFFECTÉE est une imposture dé-
licate. (La Rochef.) Bien n'est simple, tout est
affecté ; on s'éloigne de la nature. .(Volt.) La
sagesse n'a rien d'austère ni à" affecté. (Fén.)
On se tait : ce silence affecté le choque. (Fén.)
La modestie affectée est plus insupportable
que la vanité. (Bignicourt.) Elle l'accablait de
politesses affectées très-maladroites et pres-
que btessantes. (G. Sand.) u Qui a do l'affecta-
tion, en parlant des personnes : Une personne
affectée dans ses manières, ses vêtements, son
langage, etc. Quelquefois des hommes très-
— -'- sont affectés dans leurs expressions et
ts leur physionomie . comme s Us avaient
•Ique chose à cacher.. (M">e de Staël.)
— Naturel, inhérent, attaché à; qui est le
propre de : Le chant a été de tout temps af-
fecté aux bergers. (Mol.) Cet amour est sin-
gulièrement affecte aux démocraties. (Mon-
tesq.) Les ambassadeurs étendaient le droit de
franchise affecté à leur maison, jusqu'à une
AFF
fectare, mémo sens). Faire une chose avec
ostentation, avec affectation : // affecte de
dire en secret des choses insignifiantes. (Acad.)
Nous affectons souvent delouer avec exagé-
ration des hommes assez médiocres. (La Bruy.)
On n'est jamais ridicule que par les qualités
qu'on affecte d'avoir. (La Rochef.) Si j'étais
un auteur connu, j'affecterais peut-être de
débiter des vérités à mon désavantage. (J.-J.
RousS.)Quandvousprieis,n'\vvt.CTEzpas dépar-
ier beaucoup, à l'exemple despaîens. (Do Sacy.)
Bonaparte affectait de fuir la foule et de se
cacher aux regards. (Thiers.) Les courtisanes
affectent de mépriser la vertu qu'elles en-
vient. (G. Sand.) // affectait d'ignorer lapo-
litcsse par haine pour l'imitation. (G. Sand.)
AFF
M5
Pour éblou
Affecta d'é
ir les yeux, la fortune arrogante
aler une pompe insolente.
Affecta, d'e
s vers obscurs, mais serrés et pressai
îfermer moins de mots que de sens.
Boileau.
Prêtez atte
Et n'affect
ntion à tout ce qu'on tous dit,
: jamais d'avoir beaucoup d'esprit.
:n regardant.
Voltaire.
nplu langage
t bien davantai
Gresset.
— Prétention à des sentiments, à des qua-
lités qu'on n'a pas ou qu'on a peu; exagéra-
tion calculée : Il a du bon et du beau, qu'il
gâte par /'affectation du grand et du mer-
veilleux. (La Bruy.) 5a modération n'était que
■vanité et affectation de vertu. (Fén.) On
apercevait son trouble dans son affectation
à paraître tranquille. (J.-J. Rouss.) Cette af-
fectation de froideur et d'éloignement ame-
nant une sorte de désespoir chez sa pauvre
filleule, il essaya d'un autre système. (G. Sand.)
Hélas! ouil on pleure par affectation aussi
bien que par émotion vraie. (G. Sand.)
— Se dit aussi au pi. : On ne saurait la cor-
riger de ses affectations. (Acad.) Elle a des
affectations insupportables ; elle ne parle
qu'à certaines gens. , (Tall. des Réaux.) Que
dirai-je de ces affectations de voir et d'être
vues? (Fléch.) En fuit de style, le raffinement
est la pire de toutes les affectations. (Bou-
hours.) De toutes les affectations, la plus
difficile est celle de la libéralité. (Boiste.)
— Destination , imputation , application ,
attribution d'une chose à un usage déter-
miné : Affectation d'une somme à telle dé-
pense. Affectation d'une somme à l'acquisition
d'un terrain.
— Jurispr. Affectation hypothécaire, Acte
par lequel on hypothèque un ou plusieurs
immeubles pour garantir une obligation, n
Affectation domaniale. Acte public qui affecte
des terrains ou parcelles de terrain , faisant
partie du domaine de l'Etat, au service d'une
administration publique, n Le mot affectation
s'applique encore aux charges que la loi, pour
un service public, impose aux propriétés pri-
vées, et notamment aux bois des particuliers.
— Administr. forest, Faculté temporaire,
accordée à un établissement industriel, de
prendre à prix réduit dans les forêts de VEiat
le bois nécessaire à son exploitation.
— Syn. Affectation , afféterie. V affectation
est une manière d'être, de parler et d'agir qui
s'éloigne du naturel , et qui souvent aussi
manque de sincérité : Les sophistes étalaient
teaub.) u Destiné, appliqué, réservé à certaii
usages : Fonds affectes à l'entretien d'u;^
école. Suivant l'intention de ce système, les
fonds du roi doivent être affectés sur tous les
fonds du royaume, de quelque nature qu'ils
puissent être. (Vauban.) Le revenu de la terre
est affecté au payement de la créance. (Tur-
got.) Son capital est affecté aux avances de
l'entreprise, (Turgot.) La valeur du fonds est
capital. (Turgot.)
•e affecté,
.-B. Roussi
— Al'gèb. Se dit d'une quantité modifiée
par un signe, c'est-à-dire un coefficient, un
exposant, etc.
— Dr. canon. Se disait d'un bénéfice chargé
d'un mandat, induit, ou réservation du pape.
— Syn. Affecté, apprêté, compassé, com-
posé, étudié, guindé, maniéré, recherché.
Recherché indique que l'on pousse le bon goût
et la distinction jusqu'à, la minutie : Homme
recherché dans sa mise, dans ses expressions.
Etudié renferme une idée de pédantisme ou
d'astuce : Il n'est point naturel , il est étudié.
(Acad.) Maniéré exprime la prétention ridi-
cule que certaines personnes mettent dans
leurs gestes ou dans leurs paroles : Les gens
maniérés sont presque toujours froids et faux.
(Boiste.) Affecté marque la recherche dans les
manières et le langage : Ce qui m'étonne, c'est
qu'après tant de communions on en voie tou-
jours parmi vous d'aussi passionnées pour cette
vanité, d'aussi affectées dans leur personne,
d'aussi curieuses de plaire. (Bourdal.j Apprêté
ajoute à l'idée à' affecté : Buff on n'est ni roide
comme Thomas, ni apprêté comme Fontenelle.
(La Harpe.) Guindé renchérit encore sur l'idée
exprimée par apprêté : Quel style épistolaire!
quil est guindé 1 que d'exclamations ! que
d'apprêts! (J.-J. Rouss.) Composé exprime les
allures de certains pédants et les manières
hypocrites de certains dévots : II n'y a que tes
sottes qui se permettent d'attraper les hommes
par des airs composés. (Regnard.) Compassé
se dit de ce qui est d'une régularité, d'une sy-
métrie minutieuse : Tout était si exactement
compassé chez M. de Cambrai qu'il mourut
sans devoir un sou, et sans argent. (St-Sim.)
affecter v. a. ou tr. (a-fèk-té — lat. af-
ri de la
Il Feindre, simuler, contrefaire, faire sem-
blant d'avoir : Affecter l'air distrait. Af-
fecter de grands airs. Si nous ne sommes pas
chrétiens, pourquoi affectons-hous de le pa-
raître? (Bqurdal.) // est un âge où, quand
même on ne serait pas sage, il faut affecter
de l'être, si l'on ne veut pas passer pour ridi-
cule. (Fléch.) // n'y a pas de plus vil esclave
que celui qui affecte un vice ou une vertu
pour plaire aux autres. (Boiste.) Elle trem-
blait d'une violente émotion intérieure, mais
elle affectait un air dégagé, que semblait lui
imposer la circonstance. , (G. Sand.) // faut
affecter un visage serein, quand mille craintes
viennent m'assaillir. (Scribe.) Le fat affecte
un dédain absolu pour toutes les convenances,
(Laténa.)
Il affecte pour vous une fausse douceur.
il Dans ces deux premières aceopti
mot affecter est presque toujours sui
prép. de avec un infinitif.
— Faire un usage fréquent, généralement
ridicule ou vicieux, de certaines choses ; abu-
ser : Affecter certains mots. Il affecte les
usages anglais. Le souvenir de la jeunesse est
tendre dans les vieillards; ils aiment les lieux
où ils l'ont passée; ils affectent quelques
mots du premier langage qu'ils ont parlé. (La
Bruy.) Elle affecte toujours un son de voix
languissant et niais. (Mol.)
U affecte un air leste et des soins empressés. -
Fr. db Nhupcuateau.
il Marquer de l'attachement, de la pré-
dilection pour certaines choses : Chaque ac-
teur affecte particulièrement certains râles.
(Acad.) // est des climats dans chaque conti-
nent que les animaux affectent de préférence
ou de nécessité. (Boss.) n Rechercher une chose
avec ambition, y aspirer , s'y porter avec ar-
deur : César affectait la première place et ne
voulait point d'égal. (Trév.) Valère fut soup-
' çonné par le peuple <Z'affecter la tyrannie.
(Boss.) L'Angleterre affectait la souveraineté
des mers. (Volt.) Ce qu'on affecte le plus en
public, c'est d'y être sans affectation. (Fr.
Guide.) La jeunesse affecte l'indépendance de
la maturité. (P. Janet.)
Quel droit as-tu reçu d'en6eigner, de prédire,
De porter l'encensoir et A'affecter l'empire f
Voltaire.
Il Avoir une disposition à prendre certaines
formes, certaines configurations : Le sel marin
affecte dans sa cristallisation la figure cubique.
(Acad. ) Fig. : La vanité prend, suivant les
formes qu'elle affecte, des noms différents.
(Arnault.) Par la nature des choses, l'impôt
affecte quelquefois la forme d'une capitation.
(Mich. Chev.) n Toucher, émouvoir, affliger :
Cet événement Va beaucoup affecté. (Acad.)
// en lisait à sa mère les endroits qui /'affec-
taient le plus. (B. de St-P.) Son état jji'af-
fecte beaucoup. (Volt.) n Faire impression: Si
nous rêvions toutes les nuits la même chose,
elle nous affecterait peut-être autant que les '
objets que nous voyons tous les jours. (Pasc) '
il Se dit surtout, au physique, en parlant des
impressions douloureuses, d'une souffrance,
d'une maladie : Le trop grand usage des dro-
gues peut affecter la poitrine. Cette maladie
n'AFFBCTE guère que les enfants. Un froid ex-
cessif affecte le corps. Le tabac affecte à la
longue les nerfs de l'odorat et quelquefois ceux
de la vue. (B. de St-P.) Depuis trois jours,
une inconcevable maladie affecte l'équipage.
(E. Sue.) il Destiner, imputer, appliquer
une chose à un certain usage : Affectée une
somme à telle dépense. Il fallut affecter des
fonds à ces dépenses nécessaires. (Volt.) On
fait un emprunt; mais on affecte le payement
de cet emprunt sur une branche des revenus des
années suivantes. (Napol. 1er.) n Attacher, an-
nexer, attribuer : Affecter un droit à une
charge, un privilège à une dignité.
— Absol. : // affecte en parlant. Cet ac-
teur a des qualités éminemment dramatiques,
mais en général il affecte trop. Il y a des
hommes qui affectent dans tout ce quils font.
S'affecter, v. pr. Etre ému, touché ou
affligé ; ressentir une impression ordinaire-
ment fâcheuse : Je crus ou il s'affecterait de
mon inconstance. (J.-J. Rouss.) Se me suis
affecté de leurs outrages, au point d'en tom-
ber dans l'abattement et presque dans le déses~
pair. (J.-J. Rouss.) Les âmes sensibles s'affec-
tent fortement et rapidement. (J.-J. Rouss.)
Les hommes qui ont la puissance oratoire sen-
tent vivement et s'affectent de nième. (Buff.)
L'égoïste voudrait ne s'affecter de rten, et
tout l'affecte. (Boiste.) Tu t'affectes trop.
(G. Sand.) Marie, Marie, je vous gronderai si
vous vous affectez ainsi de terreurs imagi-
naires. (E. Sue.) u Etro feint, contrefait, si-
mulé: La véritable douleur ne peut s'affecter.
— Syn. Affecter, arOelier, «a piquer. Affec-
ter, c'est manifester une prétention : On n'est
jamais si ridicule par les qualités que l'on a
que par celles qu'on affecte d'avoir. (La Re-
chef.) Afficher, c'est faire parade d'un défaut
ou d'une qualité .• Véritable philosophe gui
pratique, sans /'afficher, cette sagesse que
tant d'autres affichent «ma la pratiquer.,
(D'Alemb.) Se piquer, c'est avoir de soi-même
une certaine opinion, bien qu'on né le fasse
pas toujours paraître;. On chrétien' doit" sti
piquer principalement de soumission à la vo-
lonté de Dieu. (Calv.) ' ■
AFFECT1BILITÉ s. f. (a-fèk-ti-bi-li-té —
La sensibilité fait tout notre gêiie, mais Z'aft
fectibilitb par les passions, si commune chez
les femmes, n'est-elle pas, tout au contraire,
débilité, épuisement? (Virey.)
AFFECTIF, IVE adj. (a-fèk-tif, i-ve— dii
lat. afficere, affeetum, toucher fortement).
Qui inspire de 1 affection, qui émeut, qui-tou-
che l'ame, qui impressionne', qui attire à 'soi:
Se dit surtout dans le langage ascétique : Un
discours, un geste affectif. Saint Bernard 'est
un des Pères de l'Eglise les plus affectifs.
(Acad.) Si la science de saint François de Salés
reluit parce qu'elle est claire, elle réchauffe en
même temps parce qu'elle est tendre et affec-
tive. (Boss.) Que n'ai-je ce style tendre et
affectif dont il se sert pour reconnaître, sa
misère, pour louer les miséricordes de son li-
bérateur? (Fléch.) il Sensible, impression-
nable : Nature affective. Naturel tendre et
affectif. L'homme n'est pas seulement une
intelligence, il n'est pas seulement un être con-
templatif; mais il est aussi, un être affectif
et opératif. (Lacordaire.) Il Qui provient dos
sens, qui est le résultat de la sensibilité :
Facultés affectives. Puissance affective.
Les premières sensations des'enfants sont pu-
rement affectives ; ils n'aperçoivent que le
plaisir et la douleur. (J.-J. Rousâ.) L'homme
se dénature en quelque sorte en se dépouillant
de ses passions affectives. (Alibcrt.)' Il, Qui
consiste dans les sentiments et les actes ini
térieurs. Se dit par opposition à effectif;
Amour affectif. Prière affective. Vertus
- Gramm. S
ndre d'un seul trait les affections
de l'âme, tels que les interjections : C'est ce
que Beauzée a très-bien indiqué, quand il a
mis les interjections toutes^ seules sous le titre
de mots affectifs, tous les autres mots étant
énonciatifs. (J.-B. Jullien.) il S'empl. substan-
tiv. dans le même sens : Les affectifs,^/
été le premier langage oral de l'homme ; ils
sont le point de départ de toutes les langues.
(Darjou.)
AFFECTION s. f. (a-fèk-si-on — lat. affec-
tio, même sens). Impression reçue par l'àme ;
disposition résultant de cette impression : Les
affections de l'âme. La, privation d'un sens
entraine celle des affections qui lui sont re-
latives. (Jacquier.) Tous les hommes sont àpeu
près organisés de la même manière ; ils ont tous
les mêmes sens et éprouvent les mêmes affec-
tions. (Jacquier.) il Se dit en général de
toutes les impressions que l'âme éprouve ,
comme les penchants, les mouvements du
cœur, les sentiments d'attachement, les pré-
férences, etc. : C'est de nos affections Mien
plus que de nos besoins que nait le trouble de
notre vie. (J.-J. Rouss.) Les affections dés-
ordonnées corrompent le jugement ainsi que la
volonté. (J.-J. Rouss.) Un enfant n'a que deux
affections bien marquées : c est. la joie et la
douleur. (J.-J. Rouss.) Ce n'est que par les
exercices du corps que vous distrairez les af-
fections de l'âme. (B. de St-P.) Les affec-
tions qui forcent à s'agiter dans le malheur
accroissent la peine par chaque mouvement
qu'on fait pour l'éviter. (M"*e de Staël.) L'a-
mour heureux est la plus douce des affections
de l'âme. (Bergasse.) n Sensations : Non-seu-
lement le corbeau a un grand nombre d'in-
flexions de voix répondant à ses différentes
affections intérieures, il a encore le talent d'i-
miter le cri des autres animaux. (Buff.) I! At-
tachement, dévouement, amitié, tendresse :
Tendre affection. Affection paternelle. Ce-
lui-ci est mon fils bien-aimé, dans lequel j'ai
mis toute mon affection. (Evang.) //affec-
tion des hommes a-coutume de changer avec la
fortune. (La Rochef.) // s'appliqua à gagner
/'affection des vieux capitaines. (Fén.) Il n'y
a pas demoyenplus sûr d'acquérir /'affection
des autres que de leur donner la sienne. (J.-J.
Rouss.) // n'y a point, d' affection saine qui
n'ait sa place dans le cœur. (J.-J. Rouss.) Il
faut mériter et non rechercher /'affection des
hommes. (J. Droz.) .//affection échauffe, le
cœur. (P. Crasset.) On ne peut espérer de vé-
ritable affection que de ceux qui sont natu-
rellement doux et aimants. (J. Joubert.) Sans
estime, /'affection d'un mari pour sa femme
est nulle; la confiance est la mesure de /'affec-
tion. (Mm» de Praslin.) L' affection véritable
>A?F
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YM' . .
nait de la vertu. (Lacordaire.) Napoléon mon-
trait pour sa femme une extrême affection.
■(Thiers.) On met mon affection à xme cruelle
épreuve. (G.' Sand.) Il venait d'être frappé
d'une .tristesse subite .en entendant cette jeune
fille déclarer' son affection pour un autre.
(G. Sand.) Le cœur de la femme est destiné à
renfermer \itne affection sans bornes pour
l'hqmméde son choix, (G. Sand.) ■. ^i ..
L'hommejoit'pàr lea'yeux de son affection. "'
r. ~ ' ',' .,, • r.-. Régnier.
la pans^ce-der'nier.'sens, s'èmpl. sbuyent, au
pluriel' pour désigner-les ^ntiments, les pas-
sions, les. inclinations, les. attachements' de
Joute nature, mais dans un sons plus géné-
faj,jplus yâgue 'qu'au. singulier : Affections
natureUes.-'AFt-ECT\otis humaines. On les voyait
changer J?ui\s.affjîçtions suivant les vents di-
\&s,,.de^ prospérité,, pu, d'adversité.' (Sully.)
Ç',est;l' esprit jlu. monde .qui) forme les, désirs de
noirer,vie.\ef. qui ,en, . conduit, les affections.
(Massi) Corriger /«affections déréglées.
(J.-J. Rouss") Nos premières AFFBcfidNS sont
encore les dernières. (B! ûe'St-P.) Les événe-
ments de larvie„çn^qppr.is aux vieillards à ne
plus^çrôiré aux affections: humaines. (Balz.)
paigriçz, pénétrer auprès de quelques ménages
in'diffetits; là, vous verrez les exemples les plus
touchants de t'amour .conjugal^ de (Sûtes les
A¥visbTioNs de 'famille. (De G'erarido. ) Lés belles
âmWpèuvént seules approcher de là plénitude
des AFFEciiïoNsï (G. Sand.) Le inondé est;s%
méchant qu'il calomnie lek •affections' les' plus
vertueuses. (G. Sand.) Il Les objets mêmes" de
nos'àtfachemehts :: Toutes te.'AFFiicrjoN's sont
restées au- village. Cltaq'ue jour on se détache
de-quelqv'uhede ses.<'AFFRarwtiS: (Acàd.) Que
la patrie soit.ldplus ardente et la'plus douce
de nos- affections. (Etienne:) n Bienveillance;
considération; estime, en parlant d'un- senti-
ment général '-•.Jouir- de l affection de tous.
Un. bon- roi- 1 sait gagner 2'affëction de ses
peuples :~?Les' grands talents^ et' les titres 'qui
nous ''.élèvent i deviennent plutôt l'objet de V-ènvie
mie âe'ii'A^FEGTiON.'.cr de l'estime publique.
{Mas&'.pLa clémence des princes n'est,' souvent
qtf'ùhepolitiqve -pour gagner •l'\FPRCTiotf~ dés
peuples/- (La.'ROÈhofOwEtati maladif, ^lésion
morbide,' maladie*: Affection- cathdrreùse',
scrofuleuse.'' Affection' nerveuse. 'Affection
de* poitrine:'' L'habitude de fumer .prédispose
aux ÀFFECTiONs'-ccrBÔrb'tes-. (A. Rion.) Lëpape
LéoniX'IIesttnori de «««affection 'hémor-
roîdaleà laquelle il était sujet. ' (Chateaub.)
L'impdf des- portes et.' fenêtres est Une taxe sur
le soleil et l'air, que nous payons en affections.
pulmtniaires} (P'rou'dhiyii Se dit, par extv, des
changements,' dés1 'modifications',' des varià-
tiohs'atmôsphéricjues ,: On prétend avoir-'re-
connu dans le' pivert'' quelque pressentiment
marqué dti'.cha'ngement dé température, et dès
autres affections de l'air. (Buff.) ■ ' '■••
— Affection' à; Tcn'dancë à;' attachement à :.
M. ""de ' Nôàillés savait. pur lé' roi même ïa'f-
fectîon qu'if avait à ce" projet'.' (S'USim.)'
IPcsWrèsté aucun péché; aucune affection.'
au péché 'dans votre cœur? (Fléch.) ' ' '
_,-^- p'atréctlon, loc. âdv'. Avec. intérêt, de
cœur j:avec,uri accent, passionné-: Il est im-
n"7,Géom. .propriété '; I Cette courbe a telle L
AFFECTij>N^ h , Ce sens\esj> Vieïïx..
maur se.dit en.général de, tout c&'qu'on aime,
mais :pius particulièrement' du sentiment qu'un
sexe éprouve pour l'autre : Z'amour nait brus-
quement, sans autre réflexion^ par tempérament
ou par faiblesse., {La. Bruy.) La tendresse: con-
siste en unejdouce.et inactive. émotion : Mes
entrailles paternelles s'émeuvent de tendresse
à chacun de vos succès. (Volt.) Vinclination
est un .commencement, d'amour ou de ten-
dresse : Cèliti que- vous, aimez, ma voisine^ a
quelque incunation pour ma fille. (Mol.) L'or-
milié supposé d'ordinaire réciprocité- ":■ -/V'aMitié
se forme peu à peu avec le_temps, par lapra-r
tigue, par, .un.long commence. (La Bruy;) L'af-
fection nait d'une manière douce et tranquille : .
Elle possédait i' affection dé.son époux. (Boss.)
Vattachemént consiste presque uniquement à
tenir, d'une manière quelconque aux personnes
et aux choses,- à n y être point indifférent :
La reine d'Espagne faisait touL espérer dé son
attachement naturel au saint-siége et de son .
affeçtionpour la personne du pape. (St-Sim.) '
Passion se > dit , dans le langage ordinaire,
d'une affection quelconque poussée & l'excès :
' Celui qui a du goût pour tout n'a de passion
pour rien., (Trublet.) • ,-■'.-■
Le.second dit plus- que-le premier et ne saurait
se,confondre avec lui. Affectueusement, c'est-,
à-dire en homme affectueux, en homme plein
d'affection,, et de cette affection qui se marque
par de petits .soins, conformément a la valeur
hu^moiaffectueux,:dont cet adverbe dérive. .
^-' 'Antonymes1.' A nimadversion, antipathie, ■
désaffection, détachement, éloignemënt, frôi-'
deur" haine, indifférence. :
AFFECTIONNABLE adj. (a-fëk-si-o-na-blo
— rad. affection). Qui mérite d'être, affec-
ionnô : Personne affectiçnnâble. Peu usité. '
•AFFECTIONNANT ' ( a-fèk-sî-ù-nan*)' jlî&t.
prés, du y."" Affectionner: • ,'
AFF
AFFECTIOnnativité s. f. (a-fèk-si-o-na-
.ti-vi-té — rad. affection). Néol. -Suivant' les
phrénologistes, penchant à l'affection, c'est-à-
dire sentiment qui nous porte à aimer nos
semblables. V. Affeçtionnivité. :
AFFECTIONNÉ, ÉE ■■ adj. (a-fèk-si-o-né —
rad. affection). Qui'a de l'affection; qui est
attaché de' cœur, dévoué : Avoir des sujets
affectionnés vaut mieux qu'avoir de vaillants
soldats. (Sent, persane.) Je l'aurais cru le
pto.AFFECTiONNÉ de vos amis. (Mol.)- Us ou-
bliaient leur défaite et devenaient des sujets
affectionnés. (Boss.) Il cherchait à lui rendre
suspects et odieux tous ses serviteurs ' les plus
AFFECT.ONNÉS. (Fén.).
— Se dit aussi des.choses : Embrasses ma
jolie filleule, et croyez à mes sentiments bien
AFFECTIONNÉS.. (E. Sue.)' ," ' r" '
'— Suivi d'un cômplém., il veut générale-
ment 'laprép.1 à : Affectionné ' À sotipostè,'il
a 'eu- le courage ^dê 'faire tout ce qu'il fallait
jiçyr s'y maintenir. (Arriàultj Henri IV était
tin prince affectionné à la France: (Bassoni-
pierre.) Je suis Français, et très- affectionné
à ma patrie., (Vaubân. ) Ce jeune homme lui
demanda s'il croyait lespeuples de Normandie
affectionnés au gouvernement. (Volt.)
— En style épistolaire, entre dans les for-
mules' de politesse et de salutation qu'on mot
au bas des lettres : Votre AFFECTiONNÈ'serei-
teur.' Votre très-humble et iré*-AFFECTiONNÉ
serviteur. ifiO'n 'dit aussi' substantiv. : 'Vôtre
AFFECTIONNÉ, VOtre îrè«-AFFECTIONNÉÉ.
— ' Sùbst.'Celui^cel!e qui a de l'attachement,
du' dévouement pour quelqu'un : Le roh'd' Es-
pagne'défendait à Aquaviva de le voir, et lui
ordonnait- d'intimer la même défense à tous ses
sujets «'affectionnés- à Home. (St-Sim.)
— Faire l'affectionné, s'est dit pour Feindre
une grande affection : Je ne m'émerveille point
de ce que le duc de Savoie fait si fort l'humble
et /'affectionné envers le roi. (C. d'Ossat.) '
"AFFECTIONNÉ] < ÉÉ ; (a-fèk-si-b-n'é-)1 part,
pass. "du".v.- "Affectionner/ Aimé ^recherché,
préféré ': ;Af: fectionne. par toute la maison,
par toute la famille; C'était un de ces'vieillards^
affectionnes par le crayon de Charlet. (Balz.)*
S», figure- appartenait- â ce-, .tyj?e; .affectionne
par, ïes.pinçeaux de Rembrandt. ,(Balz.) r •
■ -T7ill se construit aussi avec la prép: pour*':
Voir'la baronne ailleurs qu'à l 'église; ou dans
les deux jolis chemins" affectionnés pouR'/c
promenade les jours de fête, était un événe-
ment remarquable. (Balz.) j^t-i ^ ;..
■AFFECTIONNÉMENT» adv. (a-fèk-si-o-né-
man-^rad: affection): Avec affection j {d'une
manière affectionnée. :'.La dévotion nous pro-
voque à faire -promptement et a.FKEctiOnnk-
ment le plus de bonnes ,K03ufires quar,nous-j>ou-
vohs. ,',(St François de Sales). Il n'y d'Homme,
s'il est aimé d'une dame qu'il sache .poursuivre
'- sagement et affectionn-ement,.}!»...'.. (Mar-
! guérite' de Navarre.) ^ ' ,'"' '■ y* ■'•:
' affectionner v.'a.' bu tr. (a-fèkrsi-o-né
— rad. affection). Avoir de l'affectidn pour
quelqu'un ou pour quelque chose : César af-
fectionnait Brutus et lui avait sauvé deux
fois la OT'e.'tNapol. l^,)' Un jour elle demanda
les deux êtres qu'elle avait affectionnés, eii
leur- disant, que ce jour était le rdërnièr dé ses
mauvais jours} (Balz.) Elle affectionnait les
auteurs par le titre de leurs ouvrages, et, de
cette façon, elle a eu de terribles mécomptes.'
(A. de Musset.) il Avoir un goût marqué pour :
Affectionner l'étude, Je jeu. .Le provincial
; est un infatigable grimpeur,- et il affectionne
' particulièrement les régions élevées. '(P. Ver-
mond:)" Elle partait ce costume grec qu'elle
semblait- affectionner; mais dont l'éclat, -cette
fois, était éblouissant. (G. Sand,) n Inspirer do
l'affection pour ; attacher à . : Ces usages au-
ront l'avantagé S'affectionner lés Polonais à
leur pays. (J.-J. Rduss.)" Un tendre sentiment,
inspiré par- la nature nous1 affectionne 'd nos-
semblables. .(fJ.e;Bar'dhté.) ' - ' ',
'— Absol. Aimer, avoir de l'attachement :
Je ne sais pas si le chien choisit, s'il se sou-
vient, s'il affectionne, s'il craint. (La Bruy.)
S'affectionner, v. pr. S'attacher fortement
à; mettre -son, affection dans; se passionner
pour ; De bons citoyens s'affectionnent d leur
terre natale. (Bôss.) Nous nous affection-
nons dé plus en plus aux personnes à qui nous
faisons du bien. (La Bruy.) Le peuple s'af-
fkctionne à l'argent ,'mais il ne s affectionne
plus aux affaires. (Montesq.) Les enfants- se
moquent du corbeau et s'affectionnent tous
au renard. (J.-J. Rouss,);» S'habituer," s'aco-,
: quiner : Je m'étais trop affectionné aux corn''
modités de lavie. (Le Sage.) ■ -,,.-,
— S'affectionner quelqu'un, Se l'attacher,
gagner- son , affection : S'affectionner des
commis, des domestiques, t! On dit de même :
S'affectionner les gens d'une maisoni.ou ellipti-
quement s'affectionner une maison, une famille:
Vous souhaiteriez de gagner les cœurs et de
vous affectionner la maison. (Bourdal.)
' . — Récipr. S' affectionner mutuellement, Avoir
une affection réciproque : Ces deux- frères
i s'affectionnaient beaucoup.
— Syn. Affectionner, aimer, chérir. Nous
aimons généralement ce qui nous plait, soit
les personnes, soit les choses -.L'Evangile com-
mande (2'aimèr le prochain comme soi-même, et
défend «Pauier la créature plus que le créa-
,teiir. (Girard.) Nous^ne chérissons que les per- .
Isonnes', ou ce qui, dans'les autres, flatte notre
manière de voir ; Cette princesse aura toutes
AFF
les vertus que nous chérissons avec respect
dans les princesses de nos jours. (Volt.) Affec-
tionner parait exprimer un sentiment plus mo-
déré que chérir et même qu'nmîer. L'habitude
nous identifie avec ce que nous affectionnons.
On' n'affectionne que ses égaux et ses înfé-
'— Syn. S'affectionner à, n'afleetionncr pour.
Le premier signifie tout simplement s'aitacher
à. S'affectionner p'our^ c'est s'intéresser vive-
ment, se passionner. Cette distinction est de
Marmontel. - .
— Antonymes. Abhorrer, abominer, détes-
ter, exécrer, haïr, jalouser.
AFFECTIONnivitÉ's. f. (a-fèkHsi-o-ni-vi-té
— rad.'a^ecrio/i.J.Rhrénol. Faculté' affective,
qui nous porte à. nous attacher aux hommes,
aux animaux et à tous les objets qui nous en-
vironnent, t ' i r '.,-<■ • ■
'■ AFFECTIVITÉ 's."f.'(a-fek-ti-vi-té — rad.
affectif, iv'e)-. Philos. Faculté.de l'âme en vertu
de laquelle se produisent les phénomènes af-
fectifs. '.'.■■'"
tueuse, avec affection : Parler affectueuse-
ment. 'Recevoir quelqu'un affectueusement.
Si affectueusement parlaient Louis XI et le
comte de Charolais, qu'ils ne regardaient point
ou ils allaient. (Comniines.) On se saluait af-
fectueusement, mais à une certaine' distance.
(AXibort.) Âramis' tendit affectueusement la
.. . ;nt, je la fis _
table. (G." Sand.) Je renouvelai d'abord très-
AFFECTùE'usEMENTmes visites.' (Balz.) Il serra
/bri'AFFECTUEUSEMENT les maiiis de son vieux
ami.' (Balz.) Lorsque M. Duriveau sentit ses
deux mains presque affectueusement pressées
par Just et liegina, ses larmes coulèrent mal-
gré lui: (E. Sue.)1 ■■"■- ' ■ ■ ..'■■■
.,„ peut modifier-un adjectif : Il 'allait- faire
une question, elle lui ferma la bouche d'un signé
affectueusement impératif, ('"*) Elle lui
parla d'un ton affectueusement nonchalant.
(G. Sand.) ■ -' - '-..■' -■■
—'Syn,. AfTccCueuiaemeal, avec affection. V.
d'affection d'attachement, d'amitié, do ten-
dresse : Clarisse: était vraiment bonne, af-
fectueuse. (M. Masson.) La femme est d'au-
tant, plus affectueuse et plus tendre qu'elle
est plus pure. (Ventura.) Une petite fille aft-'
fectueuse doit logiquement être bienveillante.
(M>ne de^Monmarson.) ' ■ - '<■ ■'•-" ; "
Je ne retrouverai jamais d'ami pareil : ,
. Fidèle, affectueux, franc, et de bon conseil" ,
Em. Auoier.
s les
tendre et affectueux. (Bourdal.)
— Qui témoigne de l'affection; qui excite
l'affection : Un jeune homme élevé dans une
heureuse simplicité est naturellement porté vers
les Sentiments tendres, et affectueux.' (J.'-J.
Rouss.) ' Son humeur' était égale , sa politesse
affectueuse et simple, sa conversation féconde
et animée. (La Harpe.) Avec des prières affec-
tueuses on triotnphe des cœurs les plus durs:
(Ch'.Nod.)£7te se distinguait de toutes les élèi
par ses manières --"- *—"••—-"■ /**■«» r<„.
des pauvres.' (Boisée.) L'égoïste, qui n'éprouve
aucun' sentiment affectueux, n'en inspire
aucun. (Boiste.) Elle nous reconduisit jusqu'au
palier d'un air affectueux et enjoué. (G. Sand.)
— Peut être suivi d'un'complément : Il fut
lesquels il put manifester ses sentiments.
— Antonymes.' Dèsâfféctionné , froid , hai-
neux, jaloux, malveillant, misanthrope.
.AFFECTUOSITÉ s. f. ( a-fèk-tu-o-zi-té. .—
,râd. affectueux). Nêol, Qualité d'une p'ersonno
affectueuse -sentiment d'affection vive et pro-
fonde : Redoublement c(,'affectûosité. Dans
l'élan de son impétueuse afkectuosité, il s'é-
lança presque de la porte au cou de Rodin.
(E.Sue.) Les belles âmes ne sont jamais mieux
prédisposées à la bienveillance et d Taffec-
tuosité que par le bonheur. (E. Sue.) Il Omiss.
des dict. .
ÂFFEMMIR (S') v. pr. (a-fa-mïr^- du lat.
femina, femme). Prendre la nature femme, se
métamorphoser en femme. Un vieux poète a
dit, en parlant de la métamorphose d'Herma-
phrodite, opérée dans une fontaine.de Carie :
.A voit fait dedans lui si merveilleux «change,
Qu'homme entier y entrant n'en sortoit que demi,
Et son corps émaslé s'y étoil affemmi. BaIf.
AFFÉNAGE s. m. (a-fo-na-je — rad. affe-
ner). Agric. Action d'affener: L'affenage des
AFFENÉ , ÉE (a-fe-né) part. pass. du v.
Affener. Fourni dé foin; de pâture : Les bes-
AFFENER v. a. ou tr. (a-fe.-né — du lat.
ad, à ; fœnuin, foin ; l'a du radical prend l'ac-
cent grave devant une syllabe muette : J'af-
fène, tiCaffènes, etc.). Agric. Donner la pâture
aux" bestiaux, n On a dit aussi affenager.
AFF
• AFFÉRAGE s. m. (a-fé-ra-je — du lat. fo-
rum, marché). Ane. dr. Dans quelques cou-
tumes, Le prix d'une chose vénale fixé pai
autorité de itistice.
AFFÉRENCE s", f. (a-fê-ran-se — du lat
■afferens, qui convient à) .Vieux mot qui a signi-
fie Rapport, relation. , '
AFFÉRENT, ente adj. (a-fé-ran, an-te —
du lat. afferens, allant à, qui convient à).
Jurispr. Se dit de la part qui revient à chacun
des intéressé^ dans un objet indivis : Portion,
pari afférente, n Ilest ordinairem. suivi d'ut
complément marqué par la prépos. d, et signif.
alorsj Qui est attaché, qui incombe à : Le droit
afférent au locataire en vertu du bail. La
dette afférente à la succession. Les dons an-
nuels afférents à un legs. L'homme n'a droit
qu'à la part' de propriété afférente à chaqut
être créé. (H. Castille.)
" AnaL Vaisseaux afférents r Vaisseaux
...i: : Jent, qui conduisent
liquides absorbés. ■
AFFÉRENT AIRE s. m. (a-fé-ran-tè-re —
du lat. afferre, porter). Antiq. Nom donné,
dans-la milice romaine, au porte-pierres d'un
frondeur.
AFFÉRER v. a. ou tr. (a-fé-ré— du lat. ad,
à ; ferre , porter). Ane. jurispr. Imposer, ré-
partir, régler la part de chacun dans une
— v. n. ou intr. Revenir, incomber : La
part qui affère à chaque héritier.
AFFÉREUR s. m. (a-fô-reur — rad. afférer)'.
Ane. jurispr.' Celui qui répartit ce qui revient
à chacun dans un héritage. Il Collecteur d'a-
mendes.
'. AFFÉRIR v. n. ou intr. (a-fé-rir — du lat.
ad, à ; ferire, frapper). Frapper à. il Fig. Con-
venir : Il h'affiert qu'aux grands poêles d'user
des licences de l'art. (Montaig.) Vieux.
AFFERMABLE.adL (a-fèr-ma-ble — rad.
affermer). Qui peut être affermé.
AFFERMAGES, m. (a-fèr-ma-je — rad. af-
fermer). Action'd'affermer un immeuble; bail
a ferme ': /^'affermage des terres. Les proprié-
tés nationales furent d'abord proposées au prix
de dix années de leur affermage annuel.
(Chateaub.) Il Se dit par rapport à celui qui
reçoit lé revenu' et à' celui qui le doit : J'ai
touché mon affermage. J'ai payé mon affer-
mage, n Convention par laquelle certains en-
trepreneurs de publicité, appelés fermiers
d'annonces, louent, pendant un temps déter-
miné et pour une somme fixe, la partie d'un
journal destinée aux annonces. Il Se dit aussi
qùand'oft paye les intérêts de certaines ac-
tions, afin de créer une' majorité factice dans
une assemblée générale d'actionnaires.
AFFERMANT (a-fèr-man) part. prés, du v.
Affermer : On peut placer son argent dans des
entreprises dq culture, en affermant des terres.
(Turgot.) Mon père avait lui-même mis ordre
à mes affaires en. affermant sa propriété pour
neuf ans. (G. Sand.)
affermataire s. (a-fèr-ma-tè-re — rad.
affermer). Celui qui prend à ferme.
AFFERMATETJR, TRICE S. (a-fèr-ma-teur,
tri-se— rad. affermer). Celui, -celle qui af-
ferme, qui donne à ferme.
AFFERMATION si f. (a-fèr-ma-si-on — rad.
affermer). Action d'affermer, p Ces trois mots
ont vieilli.
AFFERME' s. f. (a-fèr-me — rad. ferme).
Fermage : Chaque moulin pourra rendre «J'af-
ferme, l'un portant l'autre, trois cent trente
livres. (Vauban.) Vieux mot.
AFFERMÉ, ÉE(a-fèr-mé) part. pass. du v.
Affermer. Donné ou pris à ferme : Celui qui
place son argent en achetant une terre affer-
mée d'un fermier bien solvable , se procure un
revenu qm ne lui donne que très-peu de peine
à-recevoir. (Turgot.) Ces terres royales étaient
affermées à des receveurs. (Volt.) Cette tei-re
est affermée par un homme actif qui la fera
bien valoir. (Littré.)
A quel prix vos moulins sont affermés par an?
ÂFFERMËMENT s. m. (a-fèr-m
rad. affermer). Action d'affermer : L'ai
AFFERMER v. a. ou tr. (a-fèr-mé — rad.
ferme). Donner ou prendre à ferme,. à bail:
Affermer ses terres. Affermer la perception
des impôts. Affermer les annonces d'un jour-,
nal. Cet entrepreneur afferma ta fourniture
des chevaux. Laméthode ^'affermer les terrés
est de toutes la plus avantageuse aux proprié-
taires et aux cultivateurs. (Turgot.)
MAiENT.m régie, sous une surveillance. (Bâte.)'
— Syn. Affermer, louer. Ces deux mots ex-
priment l'action par laquelle le propriétaire
d'une chose en cède a un autre la jouissance
et l'usufruit , moyennant une somme annuelle. ■
Mais, on loue toutes sortes de choses, et pour
un temps qui peut être court : on loue des mai-
sons, des chambres, des meubles, des animaux,
des voitures, des habits, des livres, des loges
au théâtre , des chaises à l'église ou a la pro-
menade, des fenêtres donnant sur une rue, sur
une place, où doit avoir lieu un spectacle, un
défile. Affermer se dit principalement des biens
de la campagne, terres, bois, vigDes, prairies,
et en général des choses, dont on abandonne
.la jouissance .pour un temps d'ordinaire asseî
est mal affermie. Ce plancher est bien,
11 pose sur l'arène un pied mal affermi.
Delille. .
De débris la mer est couverte.
■■ Ton frêle esquif, mal affermi, ' '
Pourrait-il éviter sa perte?
Reste au port & l'abri des vents.
Fa. de Neufcuateao.
— Fig. Ferme, assuré, solide, en parlant
des choses : Notre bonheur estril bien , "
La royauté est, affermie dans la tr.
David, (Boss.), Ce fondement est mal
et nous craignons de bâtir dessus: (Boss.; son
cœur est affermi contre la mort. (Mascaron.)
La droiture du cœur, quand elle est affermie
par le raisonnement , est la source. de la jus-
tesse de l'esprit. (J.-J, Rouss.) La constitution
des empires parait plus stable etplus affermie
qu'elle ne l'a jamais été. (La Harpe.) Un siècle
pur et pacifique s'ouvre à vos pas mieux affer-
mis. (V. Hugo.) Le pouvoir de Pitt était dou-
blement affermi. (Villem.) Il n'avait d'opinion
affermie sur quoi que ce soit. (G. Sand.)
Nos &mes dans leurs vœux s
;« affermies.
lOLlÈRB.
La culture ai
e humains m
— Se dit aussi des personnes : liien ne re-
muait en Judée contre Athalie; elle se croyait
affermie par un règne de six ans. (BosilfPhi-
lippe V était affermi en Espagne. (Volt.)
Dans cet affreux dessein seriez-vous affermi Y
Contre une erreur pieuse es- tu bien'- affermie'? r
" ■ ' C. Dèlaviqhe. • ■•'
Quand il est honoré du ni
Suri
Corneille.
le trône affermi,
n mortel affermi,' .
la vertu pour juge et le ciel'pour ami.
" affermir v. a. ou tr. (a-fèr-mir — formé
de à et do ferme). Rendre ferme, stable: Af-
fermir, an plancher, un mur, un pont, une
voûte, un édifice'.' ' ,' '
. — Par.ext. Donner de la consistance.: Le,
vinaigre affermit certains légumes. La gelée
affermit, les chemins. ( Acad.) L'esprit-de-vin
affermit les gencives. (Acad.) l! Dans ce sens,
raffermirent le mot propre. -'•'•• '-1 • '
— Fig. Consolider j rendre plus ferme, plus
stable, en parlant des choses : La renommée
de cette victoire arrivée si à propos affermit
l'Asie, qui branlait de toutes parts. (Vaugelas.)'
Tout ce qu'on a fait d'e/forts pour détruire la
religion n'a pu l'ébranler ef-Vx plutôt "affer-
mie. (Bourdal.) Son dessein a été Raffermir
l'autorité du prince ^par -l'abaissement -des
grands. (La Bruy.) Il pouvait encore affer-
mir son pouvoir par ses richesses immenses.
(Volt.) Les troubles, en France, CMT.toùjt
» et les arts les ont ...
permis. (J.-J. Rouss.) Richelieu affermit le
trône sur les débris de l'anarchie féodalë.(¥oa-
tanes.) Les Anglais affermissaient habile-
ment leur domination dans le Canada. (Villem.)
Gustave III entoura le jeune roi, âgé de treize
ans, de tous les appuis qui pouvaient affermir
son autorité. (Lamart.)
Il Rendre plus ferme, plus attaché à; en par-
lant des personnes, et alors s'emploie presque
toujours avec l'une des prép. dans, contre, sur:
Cette victoire Raffermit sur le trône. Son édu-
cation Raffermira contre les coups de la for-
tune. Affermir quelqu'un dans une croyance,
dans une opinion , dans un dessein. L'approba-
tion affermit^* fortifie les hommes- dans l'idée
qu'ils ont de leur propre excellence. (Nicole.)
L'adulation nous affermit dans l'égarement.
(Mass.) Les peines mêmes que vous avez décer-
nées contre nous ne font que «oui affermir
dànsnotre culte. (Chateaub.) Loin d'abuser d'un
ascendant fatal,v<msksnzau contraire affermi
Cécile dans l'amour de ses devoirs. (K. Sue.)
Oui.c'est moi qui longlemps,contre elle et contre vous,
Ai cru devoir, madame, affermir votre époux.
Il Fortifier, encourager : Ce qui affermit
l'âme il la fixe dans le vrai, c'est l'affirmation
(Fénr)
*'— Manég. Affermir la bouche d'un cheval,
L'habituer à l'effet de la hride.it Affermir un
cheval dans la main et sur les hanches, L'ac-
coutumer, dans la marche, à tenir les hanches
basses. '
S'afTermir.v.' pr. Devenir ferme, plus ferme ;
prendre dé la consistance : Les chemins s'af-
fermissent par la' gelée. Le poisson s'af-
fermit en cuisant. (Trev.) Le cavalier s'affbr-
mit sur ses étriers, piqua des deux et prit les
devants. (J. Sandeau.)
, '— Fig. Devenir plus fort, plus stable, plus
inébranlable, eri parlant des choses : Sa santé
s'affermit de jour en jour. La foi chrétienne
AFF
s'affermissait chaque jour. (Boss.) L'intrépi-
dité desa vertu semble s affermir sur les débris
de son corps terrestre. (Mass.) Si la force donne
des trônes, ils ne. s'affermissent que par l'a-
mour des peuples. (Duclos.) La puissance de la
Hussie s'affermissait chaque jour. (Volt.) La
AFF
117
n'invente que les moyens de i
(Custiné.)
Ton cœur se trouble , hésite, et cherche à s'affermir.
— Se dit dans le même sens,' a
m de
solution^ dans un dessein, (Acad.) Loin d'hésiter,
ils s'affermissent par les oppositions mêmes
qu'ils éprouvent. (Boss.) Je m'affermissais dans
cette pensée naissante, lorsque je tournai les
yeux vers l'astre de la lumière. (Bug.) Ite se
SONT affermis dans l'habitude d'un" langage
pervers. (Là Harpe.) Il me parut qu'elle s'é-
tait affermie dans la résolution de ne pas
me laisser pénétrer ses secrets. (E. Sue.) .
. Il semble s'affermir sous te coup' qui l'accable. .
— Syn. Affermir, arrêter, assurer, attacher,
consolider, Oiep. On assure ce qu'on met à
l'abri de certains accidents ou de certains ris-
ques : Alexandre ne partit qu'après avoir, as-
suré la Macédoine contre les peuples barbares
qui en. étaient voisins. (Montesq.) On affermit
ce que l'on assied sur de,solides fondements :
Après la bataille d'Issus, il laisse fuir Darius,
et ne s'occupe qu'à affermir et à régler ses
conquêtes. (Montesq.) On conso/ide-ce qui tend
à se rompre , à se désunir : Consolider une
alliance. On arrête les choses en mouvement :,
Arrêter unevoiture,wi cheval. On fixe, en ar-
rêtant d'une manière invariable : Fixer un vo-
let. On attache en faisant tenir une chose à
une autre : Le lierre s'attache à, l'ormeau.
fcrmir, sceller. Cimenter, se dit des choses où
l'on voit distinctement dés parties qui pour-
raient se désunir et entre lesquelles on met un.
lien pour les rendre indissolubles ; on cimente
l'amitié, une union, une alliance. .On affermit
ce qui est faible, ce qui manque de solidité. On
confirme ce qui est déjà, fort en y ajoutant un
nouveau degré de forcé. On raffermit' ce qui
chancelle, ce qui est ébranle.' Enfin sceller veut
dire ajouter quelque' chose, quelque signe qui
consacre : Les apôtres scellèrent leur témoi-
gnage de leur sang, et ils y apportèrent par là
une marqùeUe certitude qui doit frapper tous
les yeux. . '
— Antonymes. Affaiblir, ébranler, infirmer,'
AFFERMISSANT (a-fèr-mi-san) part, pr. du
v. AiTermir : Les princes affermissent leur au-
torité en affermissant celle de la religion.
(Mass.) " ' , "'.
qui est affermi : /.'affermissement des gen-
cives, des chairs. ' ,
— Fig. Consolidation ; amélioration d'une
chose qui est déjà dans un état satisfaisant :
./L'affermissement de l'Etat, du trône.des lois,-
de la religion, du crédit public. La belle saison
contribuera a Raffermissement', de sa santé.
(Acad.) La grâce est admirable, d'avoir fait de
la crainte, dont le propre est d'ébranler, Raf-
fermissement .de toutes les vertus. (Bourdal.)
La règle des mœurs est te premier principe, de
/'affermissement des empires. (Mass.) .Pût.
avait réussi à faire passer le maintien de son
pouvoir pour Raffermissement de la constitu-
tion même. (Villem.)
— Absol. : Nulle part ailleurs qu'en France,
la liberté ne peut avoir autant de moyens (Raf-
fermissement. (Bignqn.) .
AFFÉRON s. m. (a-fé-ron— rad. /er).Techn.
Petite pièce de métal, qui garnit, le bout des
lacets et des aiguillettes, il On 'dit' plutôt
AFFÉTÉ, ÉE adj. (a-fé^é/— ;ràd. 'àfféter).
Qui est plein d'affectation dans l'air dans les
manières, dans le langage; prétentieux -.Ce
jeune homme est affete dans ses manières.
(Acad.)
Si quelque autre, affétée en sa douce malice, - "
Gouverne son œillade avec de l'artifice,
J'aime sa gentillesse
Il Qui marque de l'affectation, de. l'afféterie,
en parlant du style, du langage : Les uns
cherchent un langage affété , qu'ils appellent'
fleuri. ('**.) '
Je laisse aux doucereux ce langage affété, .
Où s'endort un esprit de mollesse hébété.
BOILEAU.
— Il s'employait, autrefois adjectiv. et
substantiv. au fém, dans le sens d'Enîô-
leuso , en parlant d'une femme : Une
beauté molle. affÉtkeL délicate! artifirii>ni>
quelque n
C'est un très-beau roi que ce roi
aime fort les femmes; il pourroit trouver
quelque affétée , à Paris , gui lui pourrait
AFFÊTER v. a. ou tr^a-fé-té — même
étym.-jque affaiter). S'est dit ancienn. dans le
isens d'Attifer, il On a dit aussi, afpétier :
Ne fùst fardée ni guignée,
.. , Car elle n'avoit mie mestier '. - *-.
De soi tifer ni à'affétier.
, Guillaume de LoEttis, xmf siècle.
afféterie s. f. (a-fé-te-rî — rad. affété).
Soin minutieux et trop marqué de plaire;
manière affectée et prétentieuse d'agir et de
parler : Henri III était dans sa toilette d'une
afféterie ridicule, /,'afféterie est contraire
à la simplicité. (St François de Sales.) Poppéê
prit d'abord Néron par ses afféteries et par
ses caresses. (D'Ablanc.) Il n'y a. guère. de-pe-
tits-maîtres sans affectation, ni de petites-mai-
tresses sans afféterie. (Dider.) A h / j'aimerais
mieux ne vous avoir jamais vue! s'écria d'.Arta-
gnan avec cette brutalité naïve que les femmes
préfèrent souvent aux Afféteries de la poli-
tesse. (Alex. Dum.)// asu se montrer tendre
sans afféterie, passionné sans > faiblesse, (Th.
Gaut.) ■'.'■.-,
L'amoureuse Nérie
Eut recours aux regards remplis d'afféterie.
L» Fontaine.
Il Les objets mêmes, îles petits' ornements
qu'on met pour plaire : J'avais les oreilles per^
cces de, diamants,- des mouches; et toutes les
autres: afféteries auxquelles on s'accoutume
fort aisément, et dont on se défait fort diffici-
lement.. (Choisy.) il Se dit aussi du style et du
langage : Son style dégénère ;en affeterie-c*
en mignardise. (Dussauit.) Il faut que le dis-
cours soit ferme, que leysens y soit naturel.:
t'es afféteries ne sont que mollesse et qu'arti-
fice. (Th. do yiaud.) On tombe dans l'affectation
en courant après lesprit, et dans, Raffétkrib
en 'recherchant les grâces. (Moririontel.)
•. -r- Syn. Afféterie, affectation. V. AFFECTA-
. — Antonymes. Aisance, naturel, simplicité.
' AFFETTO OU mieux CONAFFETTO -loc.
àdv. (konn a-fètt-,to). Mots itaL qui signif.
Tendrement, avec tendresse. Terme de mus.
V. Affettuoso. ■ ■ . ■ -. 1 1 . i . ■
- AFFETTUOSO ad v. (a-fètt-t'ou-o-zo). Mus.
Mot italien qu'on place en tête des morceaux
de musique qu'on doit jouer ou'exôcuter'avec
une expression tendre et* gracieuse , et des
passages qui doivent, être rendus avec>'uné
sorte de mollesse. '
AFFEURAGE s. m. (a-feu-ra-je — rad. af-
feurery.Féoi. Se disait autrefois do kvfixàtion
du prix des denrées/et du droit que'les sei-
gneurs mettaient survies boissons, n C'est le
même mot qu'AFFÉRAGE et afforage. ,
* AFFEURER ou Afforer v.' â. ou tr. (â-
feu-ré — du latl ad,"a.{ forum', marchejTFcdd.
Fixer le prix des denrées'; taxer, estimer. ■
AFFETJTREMENT s. m. (a-feurtre-manvr-^
ruA.affeutrer), S'est dit pour Rembqurre'nient,
action de feutrer. ' • . :'-'''1 ■!": L "•■''••'
1 AFFÈutrer v. a. on tr. (a-feu-tré — rad.
feutre). Affeutrer la lance, La mettre en
arrêt, parce que la partie où l'on appuyait la
lance était garnie de" feutre. Vieux,
AFFEUTRURE s. f. (a-feu-tru-re — rad.
feutrer). Vieux mot par lequel on désignait
la pièce rembourrée -dont les portefaix gar-
nissent leur dos ou quelque autre partie de
leur corps: .. . •■ . .
. 1'*
Qui tuoient les gens sur le!
• ■ ... . Vigil. de Charles VII. ,
affichable adj. (a-fi-cha-ble — rad. af-
ficher). Qui peut où doit être affiché.
AFFICHAGE s. ni. (a-fi-cha-je — rai. affi-
cher). Action d'afficher ; résultat de cette ac-
tion : Payer Rafficuage.' Ordonner, prescrire.
Raffichaoe. Il existe à Paris une administra-
torité municipale dans les départements', c
Paris', au préfet de police. (Belèze.)
■ AFFICHANT ( a-fi-chan) part. prés, du -v
Afficher :. Une femme affichant sa honte.
les souillant la couche nuptiale,
leur opprobre, et luttant de scandale. .
, . M.-J. Chékieh.
A*ml2
: AFFICHANT, ANTE adj. (a-fi-chan, an-te
— rad. afficher). Ne s'emploie qu'au fig. et
dans le sens de Compromettant, scandaleux :
Quelle femme affichante 1 Luxe affichant.
Des mœurs affichantes. Conduite affichante.
AFFICHE s. f. (a-fi-che '— rad. afficher).
Feuille écrite ou imprimée, que l'on 'placarde,
que l'on expose en lieu apparent sous les yeux
du public pour l'avertir, de quelque chose :
Affiche judiciaire. Affiche de l'autorité. Af--
fiche de spectacle. Tous les murs de Paris sont
couverts a affiches. Il a pris sur Raffiche le'
titre d'élève de Grétry. (Grimra.) Le bonpublic-
sait bien qu'une affiche est un leurre. (Fr. de
Neuchat.) Dès que Raffiche annonce une nou-
veauté de cet auteur, toute la ville est en l'air.
(Le Sage.) Le, comte envoya ses domestiques aux
portes des églises, arracher lés affiches d'ex-
communication et d'interdiction. (Le Sage.) Au-
jourd'hui l'on veut être poète dans une disserta-
tion, et orateur dans une, affiche. ( La Harpe.)
Je remarquai, placardée à la porte du château,
une affiche jaune annonçant prochainement
l'adjudication d'une petite coupe de bois. (Balz.)
Dans ce moment d'angoisse, ses yeux s'arrêtèrent
machinalement sur une affiche, de spectacle; il
y avait le mot Othello écrit en fort gros carac-
tères. (H. Beyle.)
Pour me manifester j'eus récours aux affiches. '.
' '"' Boursault.
. . V Paris vit chei lui de tout' temps,'
Les auteurs à grands flots déborder toiis'lès ans; ^
Il n'a point de portail où,' jusquès aux corniches,'1 '
Tous les piliers ne soient environnés A'afficlics.
" ' • ■ ' BOILEAU.
— Fig. Preuve, témoignage, indice moral ;
se dit surtout de ce dont on fait paradé' -'L'é-
tiquette est Raffiche de la fausse grandeur.
(Arnault.) Le 'penchant qui nous porté à -bien
penser d 'autrui est la meilleure affiché de. la
probité. (Boiste.) Louis XVIII enéxilsemblait
avoir voulu conserver sur toute sa personne Rim1
pression et Raffiche de son origine. (Lamart.)
Ce goût littéraire* prononcé; qui était 'comme
une affiché de vie insouciante et "mondàine\
nuisait àBernis pour sacarrièrè. (Ste^Beuvé.'J
Tout ce qu'un auteur met au jôur| ., ' . ", '.', ''
De Tamour-propre est une affiche: ; ' ' '
Fb. be Nbo'*chateav.
— Se dit aussi pour Affichage, mais seule-
ment en style de palais : Les tribunaux civils
pourront ordonner l'impression et Raffiche dé
leurs jugements. (Code.) . ' . . ,'..,.
— Pêch. Perche, de,2 à, 3.,mètres dè.long,
l.h
esn
tiquité paraissent a' 0 ,
fiches. Chez les Grecs, elles étaient ordinaire-
ment peintes ou écrites sur dés. tablettes, de
bois , montées ; sur .des pivots tournants. Les
Romains peignaient leurs affiches importantes
sur. des portions de mur blanchies. On en a
trouvé un grand nombre de «cette espèce. à
Pompéi. Plus tard , on écrivit, les affiches sur,
des feuilles de parchemin .fixées và> des piliers
ou à des colonnes. Au moyen âge, le 'cri a son.
de trompe ' remplaça l'affichage. .-^'Celunci'
reparut dans le courant du xy°. siècle,, et, l'in^
yention. de l'imprimerie .lui, .donna peu à ,peu,
une. extension ^u'il n'avait jamais eue dans
l'antiquité. Un edit de François, 1er prescrivit^
en 1536, de s^en servir pour les actes de l'aiftcn-
rite. En .France,-les. affiches- de l'Etat et des
administrations peuvent seules être imprimées,
sur papier blanc ; celles des particuliers' doi-
vent toujours-être sur papier de couleur, sous
peine d'une amende, de 100 francs^ la 'charge
de l'imprimeur. On appelle affiches légales .celles
que la loi .prescrit pour- donner, au public la"
connaissance de certains actes , tels .que des
projets de mariage, les listes électorales, etc.;
affiches judiciaires, celles ^qui sontapposees en
vertu d un jugement; par exemple, pour- les •
ventes de biens saisis, les .envois en possession,
les condamnations prononcées en pourd'àssises:
p^endantj,urie session, etc'-Lès affiches, parti-
culières ou privées ne peùvent.être placées que^
moyennant .une autorisation, préalable, sous'
peined'unemprisbnhemen'tetd une amende qui
varie suivant la gravité du délit. Elles sont sou-
mises au timbre, et les lois Sur la presse, sont
applicables à celui qui,.par affiche ,\aurait pro-
voqué à un crime où a un délit, ou injurié soit'
des agents de la force publique, soit des par-
ticuliers. La destruction des affiches de fad-
ministration entraîne unetamende de, 10. à_ 15
francsjcelle des affiches particulières né donne
lieu qu'à une action' civUei c'ëst-a-dire' a' des l
dommages-intérêts en cas de préjudice dûment
constate. Certains industriels;? ne troùva'nt'pas-
suffisant l'affichage ordinaire; ont imaginé de
faire promener dans les rues,, au milieu de la '
foule, des hommes habillés d'un costume bi-
zarre, portant devant et derrière eux des
planches de bois chargées d'annonces : c'est à
ces affichés d'un nouveau genre qu'on donne
le nom d'affiches ambulantes et A'nommes-af-
fiches. ,- ■'• .-.-m/ ■
-Lés affiches'Aé spectacles né sont d'un Usage
général que depuis la révolution dé 1789 ; au-1
trefois on' y suppléait par une pancarte collée'
a la porte du théâtre, par l'annonce k son de
trompe 'dans les rues , par l'annonce sur les
tréteaux à la suite de parades, par dés tableaux
représentant le sujet du spectacle, etc., ainsi
que cela se voit encore dans les théâtres fo- ■
rains. A la fin d'une représentation, un acteur
venait aussi annoncer le spectacle du lende-
main. Les affiches de théâtre doivent être-
préalablement soumises au visa dé l'autorité*
préfectorale ou municipale, et timbrées. Tout
changement dans le programme d'une repré-
sentation doit être annoncé sur l'affiche pri-'
mitive par une bande de couleur différente;
dans le cas contraire, tout spectateur a le droit
de se faire restituer le prix de sa place:- '
Pe(lie*-Arncho>, titre-d'une publication- pé-
riodique qui parait à Parts, et dans laquelle on-T
insère toute espèce d'annonces,-d'offres bu de
demandes, de la part de particuliers ou de
compagnies industrielles, et qui sert aussi à
notifier certains actes de l'autorité judiciaire.
Fondée en 1638, sous le nom de Bureau d'a-
dresses, par le médecin Théophraste.Renau.dot,
cette publication disparut en 1653, a .la mort'
de son créateur, mais elle fut reprise en. 1715,
et elle n'a plus été interrompue depuis. Les
Petites-Affiches passent pour la plus ancienuo
publication périodique de France.
AFFICHÉ, ÉE (a-fl-ché) parjt.rpass..au v.
Afficher. Placardé, applique au 'm tir': 'Ordon-
nance affichée dans toutes tes rues. Le iribu-
118
AFP
nal a ordonné que le jugement serait affiché
à cent exemplaires. (Acad.) Le code des peines
pour infraction à la discipline est affiche aux
murs de la prison. (Nisard.) J'ai lu quelque-
fois avec attendrissement, dans nos églises, des
billets affichés par des malheureux au coin
de quelque pilier. (B. de St-P.) La vente de
mes biens est affichée chez les principaux no-
taires de Mdcon, de Dijon, de Lyon, de Paris.
(Lamart.)
L'embarras où je suis mérite un peu d'égards.
Une pièce affichée, une autre dans la tête.
Une où je joue, une autre à lire toute prête ;
. Voilà de quoi sans doute avoir l'esprit tendu,
— Fig. Affecté , outré , exagéré : Méfiez-
vous d'une dévotion affichée. (Boiste.) il Re-
connu, avoué hautement et scandaleusement :
Les petites bourgeoises, boutiquières, ouvrières,
ont des amants affichés à la barbe de père et
mère. (Fourier.) Cependant on savait que
j'étais mauvais sujet, parce que j'étais mauvais
sujet à découvert, libertin affiché. (Ch. Nod.)
La régence à Versailles! c'était une amère
dérision ; la régence avec ses soupers, ses in-
fâmes orgies, son mépris AFFICHÉ pour toutes
les croyances! (E. Sue.)
— C'est un homme affiché, c'est une femme
affichée, Dont la mauvaise réputation est
notoire.,.. ,
affighement s. m. (a-fi-che-man — rad.
afficher). Action d'afficher; résultat de cette
action : Z'affichement des jugements, des or-
donnances de police, des actes de l'état civil, etc.
il On dit aussi, et mieux, affichage.
AFFICHER v. a. ou tr. (a-fi-ché — du lat_
affigere, fixer}. Mettre, poser, appliquer des
affiches, des placards : Afficher le spectacle.
Afficher un arrêté,une ordonnance de police,
une vente de biens. Quoi! mes Pères, afficher
vous-mêmes dans Paris un livre si scandaleux,
avec le nom de votre Père Ménier en tète!
(Pasc.) L'archevêque de Paris fit afficher une
censure publique des livres qu'on excommu-
niait. (Volt.) L'archevêque dressa lui-même
contre le vice-roi une excommunication, qu'il
chargea un de ses prêtres de faire afficher à
la porte de la cathédrale. (Le Sage.) Dans la
matinée, Vinet avait fait afficher les bans à
la mairie. (Balz.) Vous pouvez bien, en faisant
afficher votre terre, la vendre en bloc un de
ces matins. (G. Sand.)
— Peut être suivi d'une proposition subor-
donnée : Charles XII fit afficher qu'il n'était
venu que pour donner la paix. (Volt.)
— Absol. : A Paris, l'autorisation «/'afficher
est donnée par le préfet de police. (Belèze.)
Le singe avec le léopard
Gagnaient de l'argent 11 la foire;
Ils affichaient chacun à part.
La Foktaise.
— Fig. Affecter, se faire gloire, étaler avec
ostentation, publier hautement en bravant
l'opinion publique : Afficher l'athéisme, l'ir-
réligion. Afficher sa honte. Afficher un
grand luxe. Véritable philosophe, quipratiqua,
sans V afficher, cette sagesse que tant d'autres
affichent sans la pratiquer. (D'Alemb.) Epi-
cure, voulant renverser toutes les idées nobles
et généreuses, afficha du mépris pour l'érudi-
tion. (Malte-Brun.) C'était un intrigant plein
d'audace et de talent, affichant scandaleuse-
ment le mépris de tous les principes. (Villetn.)
Ne vous fiez jamais à la femme qui, dans le
monde, affiche le rigorisme de la vertu. (Boi-
tard.) Les hommes nouveaux affichaient une
haine ouverte contre les actes et les hommes de
la Révolution. (Thiers.)
Affiches la sagesse, on vous trouve gothique.
Dbsmahis.
It affichait pour vous un amour insolent.
C. Dei.avione.
D'ailleurs, c'est amusant, quand on est assez riche,
D'acheter des vertus qu'en public on affiche.
C. Doucbt.
Il Dans ce sens, il peut se construire avec un
infinitif précède de la prép. de .• Elle affichait
même devant lui de n'aimer plus la couture et
le soin des nippes. (G. Sand.)
— Afficher une femme, Rendre publique sa
liaison avec elle, la compromettre : Un homme
à bonnes fortunes se faisait un devoir d' affi-
cher une femme. (Sallentin.)
— Afficher le bel esprit, l'esprit fort, etc.,
Se faire passer pour bel esprit, pour scepti-
que, etc.: Notre sexe est si faible que j'ai tou-
jours envie de rire lorsque je vois une femme
afficher l'esprit fort. (Mil* Clairon.)
— Cordonn. Couper les extrémités du cuir,
lorsqu'il est sur la forme : Afficher des em-
peignes.
S'afficher, v. pr. Etre affiché : Les actes de
l'état civil s'affichent aux mairies. Bien ne
peut s'afficher sans timbre. (Boiste.)
— Fig. Se faire passer pour : Une femme a
grand tort et n'acquiert que du ridicule lors-
qu'elle s'affiche jpour savante ou pour bel
esprit. (M<ne d'Emnay.) il S'exposer' aux dis-
cours du public, oraver les convenances : Un
homme sensé ne s'affiche point. Cette femme
s'affiche par le luxe de sa toilette.
Le vice, qui naguère eût osé s'afficher.
Est devant la pudeur réduit a se cacher.
Viennet.
a S'étaler, se montrer avec exagération; se
produire immodérément au dehors : La véri-
A.W
table vertu n'aime point à s'afficher. Chacun
en secret prétend à la gloire; mais l'un s'affi-
che, l'autre se cache. (Thomas.) ti S'est dit an-
ciennement pour S'appliquer à : Si s'affi-
chèrent à oster les pilots dont il y en avait
en l'Escaut semé grand' foison. (Froissart.)
— Syn. Afficher, affecter, se piquer. V. AF-
FECTER.
qui livrait ses produits tout humides
cheurs. (Ch. Nod.)
— On dit quelquefois fig. C'est un afficheur
de femmes, pour C'est un homme qui se plaît
à compromettre les femmes.
— Encycl. Pour exercer la profession A'af-
fcheur, il faut faire une déclaration préalable
l'autorité municipale et indiquer son domi-
cile. Cette déclaration doit être renouvelée à
chaque changement de domicile. Les contre-
venants sont punis, cumulativement ou séparé-
ment, d'une amende de 25 à 200 fr., et d'un
emprisonnement de six jours à un mois. A
Paris, l'autorisation d'afficher ne peut être
donnée que par le préfet de police, .
AFFICHIER s. m. (a-fi-chi-é— rad, affiche).
Typogr. Compositeur d'affiches, principale-
ment dans les imprimeries où se font les
affiches de théâtre.
affidation s. f. fa-fi-da-si-on — du lat.
ad à; fidere, se fier). Féod. Prestation de
foi à un seigneur pour se recommander à lui
et se mettre sous sa protection, sans être
précisément son vassal.
AFFIDAVIT s. m. (a-fi-da-vitt). Mot latin
qui signifie littéralem. il affirma, et qu'on
emploie en Angleterre et aux Etats-Unis
pour désigner la déclaration affirmée sous
serment par les témoins à charge : Faire un
affidavit devant le juge de paix. Dès le 5 mars,
en réponse à cet affidavit, un éminent avocat
d'Angleterre adressa à tord John Bussell une
lettre dans laquelle se trouvent admirablement
réfutées les trois affirmations risquées' au nom
de l'empereur d'Autriche. (Le Siècle.) il Ce mot
'étant pas d'un fréquent usage, reste inva-
tations de ses avocats. (Le Siècle.)
AFFIDÉ, ÉE adj. (a-fi-dé — du lat. fidus,
fidèle 3 formé de fidere, se fier). A qui on se fie,
en qui on met sa confiance : Un ami affidé. Je
cherche seulement dans ma tète un homme qui
nous soit affidé, pour jouer un personnage
dont j'ai besoin. (Mol.) Elle en était venue à
lui envoyer des messagers par des valets affi-
dés. (St-Sim.)
— Subst. Agent secret etdévoué ; intrigant,
espion : Les affidés du comte de Saint-Pol
l'informèrent des mauvaises dispositions du. duc
de Bourgogne. (Anquet.) Elle n'était entourée
que des amis et des affides du prince. (Lamart.)
— Féod. Quasi- vassal reçu sous la sauve-
garde d'un seigneur, sous certaines conditions.
— Les affidés, s. m. pi. Titre que prenaient
les académiciens de Pavie. Les affidés por-
taient pour devise un héron, l'étoile de Mer-
cure, avec les mots latins : Utraque félicitas.
subside des gens et biens qui te sont par droit
naturel affiés. (Rabelais.)
— Agric. Bouture affiée, Bouture qui a été
attachée,
— s. m. pi. Nom donné anciennement aux
parents et amis qui assistaient aux fiançailles,
cérémonio tombée en désuétude aujourd'hui.
AFFIER v. a. ou tr. (a-fi-é — du lat. ad, à ;
fidere, se fier ; il prend deux i de suite aux deux
prem. pers. plur. de l'imp. de l'ind. et du
prés, du subj. : Nous affilions. Que vous af fiiez).
Vieux mot qui s'est employé dans le sens
d'assurer, certifier :
Quand on me dit, prés
Estoit-il lors temps de
>W*,
— Agric. Planter ou provigner des arbres
de bouture : Ce jardin est à moi; je l'ai planté
moi-même, affié, accoutré. (P.-L. Cour.)
AFFILAGE s. m. (a-fi-la-je — rad. affiler).
Techn. Action d'affiler un outil, un instrument
tranchant : L' affilage a pour but d'ôter le
morfil.
AFFILANT (a-fi-lan) part. prés, du v. Affiler.
AFFILE s. m. (a-fi-le— rad. affiler). Techn.
Nouet de toile plein dégraisse, qu'on emploie
pour affiler certains outils de fer.
AFFILÉ, ÉE (a-fi-lé) part. pass. du v. Affi-
ler. Aiguisé, tranchant: Lame, pointe affilée.
Epée bien affilée. Pour le poignard, il est
des bons, bien affilé, de bonne trempe. (La
Font.) Les faux et les faucilles sont affilées
avec une pierre que l'on promène sur toute la
longueur de la lame. (Le Norm.) // n'y avait
personne pour avoir des couteaux affilés et
aiguisés comme les miens. (E. Sue.)
— Par est. Pointu, aigu, fin : La vipère est
pourvue de dents nombreuses, affilées, et ai-
dées de l'ingénieuse réserve d'un poison qui tue
sur l'heure. (Michelet.) Elle le regardait de si
près qu'on eut dit qu'elle lui voulait percer le
front avec son nés affile. (G Sand.)
AFF
la plaie qu'il a faite. (Mass.) "
— Fam. On dit d'une personne qui parle
beaucoup et facilement , ou malignement :
Elle a le bec affilé, le caquet affilé, la lan-
gue bien affilée. Ouais! notre servante Ni-
cole, vous avez te caquet bien affilé pour une
paysanne. (Mol.)
Nous n'avons pas le bec affilé eommejui.
bec : Un bon compagnon, affilé du bec
chant son latin, achète une paire de grègues.
(Gér. de Nerv.)
— Agric. Rendu petit, pointu et filiforme :
Blé affilé. Orge affilée.
AFFILÉE s. f. (a-fi-lé — rad. fil). Suite,
continuité. S'empl. surtout dans la loc. adv.
d'affilée, c'est-à-dire De suite, sans s'arrêter,
sans discontinuer . L'alouette chante une heure
d'affilée sans s'interrompre d'une demi-se-
conde. (Michelet.) Il se mit à cornemuser d'af-
filée un bon quart d'heure durant. (G. Sand.)
AFFILEMENT s. m. (a-fi-le-man — rad.
affiler). Techn. Action d'affiler, d'aiguiser;
résultat de cette action : Z'affilement d'un
rasoir.
affiler v. a. ou tr. (a-fi-lé — rad. fil).
Aiguiser un instrument, lui donner le fil :
Affiler un sabre, un poignard, une /aux, un
couteau, un rasoir, etc. La pierre du Levant
sert aux couteliers pour affiler les lancettes.
(Lenorm.)
— Absol. : On connaît plusieurs sortes de
pierres à affiler. (Lenorm.)
— Fig. : C'est dans la solitude que les tyrans
machinent de mauvais desseins, aiguisent et
affilent leurs passions et leurs méchancetés.
(Charron.) Le glaive qui a tranché les jours
de la reine est encore levé sur nos têtes : nos
péchés en ont affilé le tranchant fatal. (Boss.)
C'est là qu'on dévoile tous les événements de la
chronique scandaleuse; c'est dans les propos
intimes qu'on affile avec soin le poignard.
(J.-J. Rouss.)
Fig. : Affiler un mot, un geste,
rôle, etc., Leur donner un sens mordant,
perfide ; les envenimer : S'il vous échappe un
parole, elle s'en
arme, elle V
cent fois. (B;
aussi pointues que des fils : Les gelées ON'
affilé tous nos blés. (Trév.) il Affiler des ar-
bres , Les planter à la file les uns des autres,
les aligner.
— Techn. Mettre, passer le lingot d'or ou
d'argent dans la filière.
S'affiler, v. pr. Etre affilé : Les couteaux et
autres instruments grossiers s'affilent à sec.
(Lenorm.)
outils.
AFFILIANT (a-fi-li-an) part. prés, du v.
Affilier : Des hommes «'affiliant à plusieurs
sociétés secrètes.
AFFILIATION s.f. (a-fi-li-a-si-on — du lat.
filius, fils). Sorte d'adoption en usage chez les
anciens Gaulois.
— Par ext. Parenté, lien d'amitié : Je me
croyais un être abandonné, et sans affiliation
sur la terre. (Chapus.) il Action d'affilier ou
d'être affilié à une compagnie, à une corpora-
tion, à une communauté, etc. : Affiliation «
une société savante, à un club. Les preuves de
ma descendance furent reproduites tors de mon
affiliation à l'ordre de Malte. (Chateaub.)
C'est à /'affiliation de ce maître que Daniel
amis devaient une sorte de protection
faute, vous vous êtes lié par
des promesses à quelque affiliation. (G. Sand.)
Il Rapport qui existe entre deux compagnies
ou sociétés affiliées : Il y avait affiliation
entre l'A cadémie française et celte de Marseille.
(Encycl.)
— En mauv. part, Société, association se-
crète : Les affiliations politiques sont punies
sévèrement, /.'affiliation des malfaiteurs doit
être anéantie. (L. Reybaud.) J'ai vu rôder au-
tour de lui des individus qui m'ont inspiré de la
méfiance, et que je soupçonne former une affi-
liation d'escrocs de bonne compagnie. (G. Sand.)
— Dans la franc- maçonnerie, Réception
d'un frère appartenant déjà à une autre loge,
et action de se mettre en rapport avec uno
ou plusieurs loges.
AFFILIÉ, ÉE (a-fi-li-é) part. pass. du v. Affi-
lier. Associe, reçu, adopté par : Société savante
affiliée à telle académie. On l'accuse d'être
affilié à une société secrète. Les dames affi-
liées à cette congrégation étaient placées près
du chœur. (Balz.) Ces deux femmes étaient
AFF
à une association de malfaiteurs.
(Journ.)
— Subst. Personne affiliée : Cette académie,
cette société compte beaucoup (/'affiliés. Il y a
quelque chose de plus menaçant qu'un jésuite,
c'est une jésuitesse; et guand on a vu un cer-
tain monde, on sait qu'il existe malheureuse-
ment beaucoup de ces affiliées de robe plus oa
moins courte. (E. Sue.) Il était parti pour lei
monts Nébrodes au nord de la Sicile, résolu
d'y passer quelques jours, chez des affiliés de
sa bande. (G. Sand.) Les sociétés secrètes ont des
affiliés jusque dans les campagnes. (Littré.)
— Antonymes. Intrus, profane.
AFFILIER v. a. ou tr. (a-fi-li-é — du lat.
filius , fils ; prend deux i de suite aux deux
prem. pers. plur. de l'impart, de l'indicatif
et du prés, du subj. : Nous affiliions. Que
vous affiliiez). Associer à uno corporation, à
une société : Affilier plusieurs sociétés à une
société centrale. Affilier des académies par-
ticulières âl'Académie française. Il Admettre,
recevoir quelqu'un dans une société , et sur-
tout dans une société politique, publique ou
secrète : On /'affilia au club des Jacobins.
Les carbonari /'affilièrent à leur société.
S'affilier, v. pr. S'associer à, avec : S'affi-
lier à une académie, à une congrégation. S'af-
filier à une bande de voleurs. Ce n'est jamais
individuellement que l'on tente une démonstra-
tion armée; ordinairement l'on s'associe à des
frères de son opinion; en un mot, on s'affilie
à une société secrète. (E. Sue.) Par l'ordre de
son père , il s'affilia à l'institution de l'Ora-
toire. (Mignet.)
AFFILOIR s. m. (a-fi-loir — rad. affiler).
Tout ce qui sert à affiler le tranchant d'un
instrument, d'un outil : Les affiloirs sont
des éclats minces de pierres à affûter, et qui
généralement affectent la forme des outils
auxquels ils sont destinés à donner le fil. Il
Cuir sur lequel on promène le rasoir avant
de s'en servir, n Morceau d'acier cylindrique
sur lequel les bouchers affûtent leurs cou-
teaux, n Pince avec laquelle le parcheminier
tient le fer tranchant qui lui sert à raturer le
parchemin.
AFFILOIRES s. f. pi. (a-fl-loi-ro — rad,
affiler). Menuis. Pierres à aiguiser fixées
dans du bois.
AFFIN, INE adj. (a-fain, fi-ne — du lat. ad,
auprès; finis, limite). Semblable, conforme :
P et B sont deux lettres affines. Des langues
affines donnent naissance à des poésies de
même caractère. (Alf. Maury.)
Tout luisant d'or et d'escarboucles fines.
Qui du clair feu en splendeur sont affines.
CLÉM. M4ROT.
Il Allié : Les parents alliés ne sont pas affixs
des parents de l'autre époux. (Passerat.)
— s. m. Parent, proche, allié : Par le droit
civil, il y a certaines prohibitions de mariage
entre les affins. (BoutoiUier.) Quant est de
mes affins, dit-il, je n'en suis pas beaucoup
ému, (Thom. Morus.) n Dans ce sens , s'empl.
le plus souvent au plur.
AFFINAGE s. m." (a-fi-na-je — rad. fin).
Purification des métaux, opération qui con-
siste à les isoler des matières étrangères
qui s'y trouvent mêlées : //affinage de l'or,
du cuivre, de la fonte, il Se disait autrefois de
la purification du salpêtre , du sucre , etc.
Aujourd'hui, on dit Raffinage.
— Manuf. La dernière tonte qu'on donne
aux draps, n Action de passer le lin ou le
chanvre par l'affinoir,
— Agric. Opération qui a pour but de rendre
la terre meuble, de la diviser, pour qu'elle soit
plus accessible aux inlluences esténeures.
— Encycl. Quoique le mot affinage s'ap-
plique d'une manière générale à la purification
de tous les métaux, on l'emploie plus particu-
lièrement pour désigner celle de l'or et de
l'argent. On commence par débarrasser ces
matières des substances oxydables avec les-
quelles elles sont mélangées. Ensuite on sé-
pare l'or de l'argent au moyen de l'opération
dite du départ , opération fondée sur l'insolu-
bilité de l'or dans les acides. A cet effet, on fait
bouillir dans l'acide sulfurique concentré l'al-
liage d'or et d'argent, après l'avoir préalable-
ment fondu et réduit en grenaille. L argent se
dissout, et l'or se dépose sous forme d'une
poudre noirâtre que Ion convertit en lingot
Ear la fusion. D'un autre coté, on plonge dans
i dissolution de sulfate d'argent des lames de
cuivre rouge décapé ; du sulfate de cuivre se
produit, et l'on obtient un précipité d'argent
qui ressemble à une mousse cristalline. II est
à remarquer que, lorsque l'alliage qu'il s'agit
d'affiner renferme plus du quart de son poids
d'or, l'acide ne peut pas 1 attaquer; on est
obligé d'y ajouter de l'argent en àuantité suf-
fisante pour réduire le poids de l'or au quart
de la masse ; cette opération se nomme inquar-
talion. L'emploi de f acide sulfurique est dû au
chimiste Dizé ; auparavant on se servait de ■
l'acide azotique.
AFFINÉ, ÉE (a-fi-né) part. pass. du v. Af-
finer. Rendu pur : Métaux affinés. Or af-
finé. Un fromage affiné. Des fers affinés.
— Par ext. Fin , rusé : Homme affiné, il
Substantiv. : Dé fiez -vous de lui, c'est un
— Fig. Epuré : La fille qui serait survenue
de ce mariage , déjà affinée de race, et cul-
tivée de bonne heure, eût épousé un lettré,
(Michelet.)
— Mar. On dit en pleine mer que le temps
est affiné, lorsqu'après avoir été sombre, il
est devenu plus clair.
AFFINEMENT s. m. (a-fl-ne-man — rad.
affiner). Action d'affiner : Z'affinement de
t or. L affinkment de l'argent, du fer.
— Fig. Perfectionnement, purification, épu-
ration : Z/affinement des esprits. (Charron.)
La maladie , cette sévère discipline naturelle,
tire de l'àme un affinement qu'aucune culture
humaine n'eût amené. (Michelet.)
AFFINER v. a. ou tr. (a-fi-né — rad. fin).
Rendre une substance plus pure, la débarras-
ser des matières étrangères qui y sont mêlées :
Affiner de l'or, de l'argent, de l'étain. Comme
le feu affine l'or, ainsi l'adversité éprouve la
fidélité d'un ami. (Trév.)
— En technol., ce mot est employé dans un
grand nombre do cas; voici les principaux :
Affiner la terre, L'ameublir pour la rendre
plus accessible à l'eau, à l'influence de l'air et
de la lumière. Il Affiner des clous, des épingles,
En aiguiser la pointe. Il Affiner du lin , du
chanvre, Le rendre plus menu, plus délié, plus
doux au toucher. Il Affiner le ciment. Le pul-
vériser, le réduire en poudre impalpable, u
Affiner le verre, Enlever les défauts, les bulles
qui restent après la fusion. Il Affiner le fro-
mage, Le rendre plus fin, plus relevé, en le
laissant séjourner quelque temps à la cave. 11
Affiner du carton,Y coller des feuilles de papier
oude parchemin pour lui donnerde lafermeté.
Il Affiner du sucre. V. Raffiner, qui est
beaucoup plus usité.
— Par ext. Perfectionner : L'esclavage .af-
fine les langues et stimule l'allégorie. (Boiste.)
Nos instruments sont trop grossiers pour opérer
sur ces atomes; nous les affinons. (Michelet.)
— Fig. Rendre plus fin , plus subtil : L'a-
mour affine les facultés délicates. (Michelet.)
Il est difficile «/'affiner un sot. (Trév,) || Trom-
per par artifice, duper :
Notre maître Mitis,
Pour la seconde foi3, les trompe et les affine.
La Fontaine.
Il Ce mot est vieux dans ces deux derniers sens.
— Se laisser affiner à, Se laisser tromper par :
■ Il se laisse affiner à ses traits de souplesse.
— Neutral. ou intrans. Mar. S'éclaircir et
devenir plus beau , en parlant du temps : Le
temps affine. (Trév.) il On dit aussi et mieux
Le temps s'affine.
S'affiner, v. pr. Etre affiné : L'or et l'argent
ne s'affinent plus à la coupelle. Il Prendre un
goût plus fin : Ce fromage s'affinera, il De-
venir pointu, s'allonger : L'avocat, ce rusé re-
nard judiciaire, se frotta les mains, son museau
s'affina. (Balz.)
— Fig. Devenir plus fin, plus adroit -.L'âme
s'affine par l'usage. (Montaig.) L'esprit s'af-
fine par la conversation et la société. (Boiste.)
I! Se dit aussi des personnes , et signifie Se
civiliser, se polir : Mais ce qui est sûr, c'est que
l'homme s'est affiné et fait esprit. (Michelet.)
— Mar. S'éclaircir, s'embellir, en parlant
du temps : Le temps s'affine.
AFFINERIE s. f. (a-ft-ne-rî — rad. affiner).
Techn. Lieu où l'on affine les métaux : Affine-
Rie de fer. Affinkrie de cuivre. Porter le fer
rages: .
d' affinerie. (TrôvT) il Petite forge où l'on tire
le fer en fil d^archal.
AFFINEOR , EUSE s. (a-fi-neur, eu-ze —
rad. affiner). Techn. Ouvrier, ouvrière qui ,
dans les manufactures de lainage, est em-
ployé à l'affinage, n Ouvrier ; ouvrière qui
affine le chanvre, c'est-à-dire qui le passe
dans un peigne de fer a dents fines.
— s. m. Celui qui affine les métaux : La su-
périorité des affineurs parisiens attire en
France une grande quantité de lingots d'argent
de tous les pays. (Mich. Chev.)
— Affineur des monnaies, Dans les hôtels,
des monnaies , employé qui affine l'or et
l'argent.
— Fig. Il se dit d'une enjôleuse, d'une
emme qui emploie toutes les ruses pour ar-
iver à ses fins : Je crus pouvoir aussi la re-
arder comme une affineuse sans pareille, qui
se lassait de se contraindre. (G. Sand.)
AFFINITÉ s. i. (a-fi-ni-té — lat. affinitas,
même sens). Jurispr. Alliance que le mariage
établit entre un époux et les parents de son
conjoint : Il a épousé ma sœur, il y a affinité
sntre lui et moi. (Acàd.) L'Eglise a fini par
déclarer empêchements dirimants de mariage
tous les degrés d' affinité. (Chateaub.)
— Par ext. Conformité, ressemblance, sur-
tout en parlant du physique : Le chat a de
/'affinité avec le tigre.
— Fig. Ressemblance, liaison qui existe
entre les personnes par suite d'une certaine
conformité do caractère, de goût, d'opinion :
AFF
Nous avons un rapport intime et une secrète
affinité avec Dieu. (Boss.) Il y a entre la ca-
naille et la cour plus {/'affinité qu'on ne croit,
et ce qui se passe sur la place ressemble beau-
coup à ce qui se passait à la cour. (Arnault.)
Il y a entre les gens frappés par le malheur
une affinité magnétique. (A. de Gondrec.) La
bonne compagnie agit comme par attraction et
par affinité. (Mme Campan.) Il y a certaines
affinités entre les personnes que l'on quitte et
les personnes que l'on rejoint. (Alex.Dum.) Elle
trait à certains êtres. (G. Sand.j n Analogie,
convenance, rapport, point de contact, en par-
lant des choses : Il y a de /'affinité entre la
poésie , la musique et la peinture. (Acad.) Le
sens de l'odorat est celui qui a le plus c/'affi-
nité avec les facultés voluptueuses. (Beau-
chêne.) L'affectation dans le goût et dans les
manières pourrait bien n'être pas sans affinité
avec la fausseté de l'esprit et des sentiments.
(S. Dubay.) La parenté primitive du sanscrit,
au grec , du gothique et au vieux langage ger-
main , est prouvée par V affinité des idiomes.
(Phil. Chasles.) L'Afrique seule fut réellement
conquise par la race arabe, d cause de certaines
affinités particulières de climat. (Renan.)
L'offre et la demande sont les deux pôles élec-
triques , dont la mise en rapport doit produire
le phénomène «/'affinité économique appelé
échange. (Proudh.)
— Chim. Force attractive qui anime les mo-
lécules de différente nature, et qui détermine
leur combinaison : Chaque élément a ses af-
finités particulières. (Chaptal.) Les minéraux
qu'on trouve au sein de la terre sont créés par
les affinités. (A. Martin.) L'hydrogène a une
grande affinité pour tout ce qui se gazéifie
ou se vaporise. (Raspail.) il Par compar. et
dans un sens moral, Attraction, tendance :
Il était doué d'une affinité si exquise pour
toute vérité... (E. Sue.) Combien l'esprit de
l'homme apeud'&FFimTÉpourlevrai.'(Prouùh.)
Il avait éprouvé une affinité morale plus
puissante que toute affinité chimique. (X.
Marinier.)
— Mus. Affinité des tons, Rapport qu'ils ont
les uns avec les autres : Le ton d'ut .a de /'af-
finité ayee les tons de sol et de fa, ses adjoints,
ou de la mineur, son relatif. (Littré.) La note
sensible a de /'affinité avec la tonique, et le
quatrième degré en a avec le troisième. (Fétis.)
— Ling. Affinité des langues, Rapport qui
existe entre diverses langues appartenant à
une même famille : L'arabe et le syriaque ont
de nombreuses affinités, ^'affinité du fran-
çais, de l'allemand et du russe est évidente pour
le savant. (Renan.) De l'identité d'un certain
nombre de radicaux, on ne saurait rien conclure
pour /'affinité originelle des langues. (Renan.)
— Gramm. Affinité des lettres, Propriété
qu'ont certaines lettres de pouvoir être prises
les unes pour les autres, soit dans la langue
même à laquelle elles appartiennent, soit dans
le passage d'un mot de cette langue en un
autre idiome. Ainsi b a de l'affinité aveep .■
abeille vient du lat. apicula.
— Anat. Affinité de soi pour soi, Attraction
en vertu de laquelle les éléments similaires
de l'organisation tendent à se réunir. L'affi-
nité de soi pour soi a été appelée par Dugès
affinité de moi pour moi. -
— Encycl. Jurispr. L'affinité ou alliance
constitue une parenté civile ; elle produit des
effets semblables à ceux de la parenté natu-
relle. Ainsi notre Code civil interdit le mariage
entre tous les ascendants et descendants et
les alliés ou affins dans la. même ligne, entre
les frères et sœurs et les alliés au même degré,
sauf les_ dispenses qu'il est loisible au chef de
l'Etat d'accorder pour des causes graves ; aux
alliés collatéraux, c'est-à-dire aux beaux-
frères et belles-sœurs. — Voici d'autres effets
de l'affinité: les notaires ne peuvent recevoir
des actes dans lesquels leurs alliés en ligne
directe a. tous les degrés et en ligne collatérale,
jusqu'à celui d'oncle ou de neveu inclusive-
ment, seraient parties, ou qui contiendraient
quelque disposition en leur faveur. — Un
huissier ne peut instrumenter pour ses alliés
en ligne directe à l'infini, et en ligne collaté-
rale jusqu'au degré de cousin issu de germain
inclusivement. — Les gendres et les belles-
filles doivent des aliments à leurs beau-pèra
et belle-mère qui sont dans le besoin. — En
matière criminelle, les dépositions des alliés de
l'accusé ne peuvent pas plus être reçues à
titre de témoignages que celles de parents au
même degré; elles ne sont accueillies qu'à
titre de renseignements. — Dans les com-
munes de cinq cents âmes et au-dessus, les
beaux -pères, gendres et beaux - frères ne
peuvent être en même temps membres du
même conseil municipal.
— Dr. eccléa. Le droit ecclésiastique donne
au mot affinité un sens plus étendu que le
droit civil. Il fait résulter Vaffinité non-seule-
ment du mariage, mais encore d'un commerce
charnel illicite. Dans la ligue directe, Vaffinité
ainsi comprise rend le mariage religieux nul à
tous les degrés. Dans la ligne collatérale, elle
le rend nul jusqu'au quatrième degré si elle
résulte du mariage, et jusqu'au deuxième seu-
lement si elle résulte de la fornication.
L'Eglise reconnaît en outre une affinité spi-
rituelle résultant de l'administration du bap-
tême. Cette affinité ne permet pas qu'il y ait
mariage entre le parrain et sa filleule, entre la
marraine et son filleul, entre le parrain et la
AFF
mère de l'enfant, entre la marraine et le père
de l'enfant, entre la personne qui a conféré le
baptême et l'enfant ou ses parents.
— Chim. Le langage chimique a donné au
mot affinité un sens tout à fait différent de
son acception vulgaire. Ainsi l'on dit : deux
corps ont de Vaffinité l'un pour l'autre, lors-
que, mis en contact immédiat, ils sont sus-
ceptibles de se combiner. Or, cette expression
serait complètement fausse si l'on entendait
par là que ces corps ont entre eux des rap-
ports de parenté, c'est-à-dire présentent des
propriétés analogues ; au contraire, moins ils
sont semblables, plus ils ont d'aptitude, de
tendance à s'unir. Du reste, nous devons dire
que Boërhaave, par le mot affinité, qu'il in-
troduisit dans la science, n'entendait pas ex-
primer une idée de ressemblance, de parenté,
mais comparer à l'amour la force qui détermine
la combinaison de deux corps.
Longtemps les divers degrés d'affinité de
chaque substance pour toutes les autres furent
considérés comme invariables et indépendants
des circonstances, et la grande préoccupation
des chimistes fut de les déterminer, et de don-
ner pour base à la science cette détermination
qui devait permettre de calculer d'avance
tous les phénomènes chimiques. L'idée la plus
naturelle qui se présentait pour estimer Vaffi-
nité de deux corps était de chercher à la
vaincre par une force de même espèce. Ainsi,
voulait-on'savoir lequel des deux corps A et B
avait le plus d'affinité pour un troisième X, on
formait le composé AX et l'on faisait agir sur
lui le corps B; si ce dernier avait la puissance
de déplacer A en formant le composé BX, on
en concluait que B avait pour X plus d'affinité
que n'en avait A ; dans le cas contraire, on
tirait une conséquence opposée. Geoffroy éta-
blit sur ce principe les premières tables d'affi-
nités; elles parurent en 1718. Chaque substance
était placée à la tête d'un tableau sur, lequel
étaient inscrites toutes les autres dans l'ordre
de leur affinité pour la première. Des travaux
furent faits dans la même direction par Lim-
bourg, Rouelle le jeune et Gelbert. Enfin,
Bergmann y mit en quelque sorte la dernière
main et attacha son nom à la théorie des affi-
nités. Il distingua Vaffinité d'un corps pour un
autre, lorsque ces corps sont libres tous les
deux, celle qui se manifeste quand un corps
simple détruit un corps composé pour s'empa-
rer d'un de ses éléments, enfin celle de deux
corps qui sont engagés l'un et l'autre dans
deux composés différents. La première reçut
le nom à'affinité simple, la seconde celui à'àf-
finité élective, la troisième celui à'affinité com-
plexe. C'est Vaffinité élective mxi seule permet
de mesurer l'affinité simple. Quand deux sels
sont en contact, il y a quatre affinités en ac-
tion: deux qui tendent à maintenir en combi-
naison les deux acides avec leurs bases res-
pectives, ce sont les affinités quiescentes ; deux
qui agissent en sens contraire, Vaffinité de l'a-
cide du premier sel pour la base du second, et
Vaffinité de l'acide du second pour la base du
premier ; ce sont les affinités divellentes. S'il
n'y a pas double décomposition, c'est parce
que les premières l'emportent Sur les secondes;
s'il y a double décomposition, c'est que les se-
condes sont les plus fortes.
1e pas dire impossible, de séparer Vaffinité de
ce qui n'est pas elle ; qu'à l'action de l'affinité
s'opposent la cohésion, qui tend à maintenir réu-
nis les atomes de chaque corps et l'élasticité,
par laquelle ces atomes se repoussent ; que les
corps n'agissent pas seulement en vertu de
leurs affinités, 'mais encore par leur quantité,
Ear leur masse, puisqu'on faisantvarier celle-ci
:s résultats de l'affinité ne sont plus les
mêmes ; que, dans les phénomènes de double
AFF
119
par d'autres" substances n'indiquent pas leurs
forces d'affinités respectives, et que les tables
d'affinités ne peuvent donner qu'une fausse
idée des actions chimiques.
Disons en terminant que lorsque Davy, en
décomposant les alcalis et les terres au moyen
de la pile, eut attiré l'attention des savants
sur les rapports de l'électricité et de Vaffinité,
celle-ci fut envisagée par les plus habiles chi-
mistes, et surtout par Berzelius, comme le
résultat des attractions et des répulsions élec-
triques. On admit que les corps avaient d'au-
tant plus de tendance à se combiner que leurs
molécules se trouvaient dans une opposition
électrique plus forte, plus intense, et qu'elles
se déplaçaient d'autant plus vivement que la
différence de leur énergie était plus grande.
— Anat. La loi de Vaffinité ou attraction de
soi pour soi, découverte et posée dans toute sa
généralité par Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire,
est un des deux grands principes par lesquels
s'expliquent les anomalies de l'organisation
animale. (V. Anomalie.) Le grand naturaliste
fut frappe de la symétrie constante que pré-
sentent tes monstres composés, et de l'analo-
gie qui existe entre cette symétrie et celle du
corps unitaire d'un individu normal: il comprit
et prouva que cette analogie était le résultat
et l'expression d'une loi générale s'appliquant
à tous les faits de conjugaison, normaux ou
naux. o Les deux sujets qui. forment par
union un monstre double, dit Isidore
les faces homologues de leurs corps, c'est-à-dire
opposés côté h côté, se regardant mutuelle-
ment, ou bien adossés l'un à l'autre; et nonJ
seulement ils sont unis par les faces homo-
logues, mais si vous pénétrez dans leur orga-
nisation, vous les trouverez unis de même par
les organes homologues ; chaque partie, chaque
viscère chez l'un, correspond à un viscère, à
une partie similaire chez l'autre. Chaque vais-
seau, chaque nerf, chaque muscle placé sur le
plan d'union, s'est conjoint, au milieu de la
complication apparente de toute l'organisation,
avec le vaisseau, le nerf, le muscle de même
nom appartenant à l'autre sujet; comme les
deux moitiés primitivement distinctes et laté-
rales d'un organe unique et central le font
normalement entre elles sur le plan médian,
au moment voulu par les lois de leur forma-
tion et de leur développement, u On peut dire,
en un mot, que deux sujets anormalement"
réunis sont entre eux ce que sont l'une à l'autre
la moitié droite et la moitié gauche d'un indi-
vidu normal. — Ainsi, partout et toujours,"
qu'il s'agisse d'anomalie ou de développement
régulier, on constate "ce fait de premier ordre,
que l'union tend à s'établir entre parties simi-
laires, et qu'e//e ne s'établit qu'entre parties
similaires. Le principe, incompréhensible dans
son essence, de cette union des éléments de
même système, a pu très-bien être comparé
aux attractions moléculaires des physiciens,
aux affinités électives des chimistes.
— Syn. AMuitô, alliance, connexion, «on-
exprim
is : Les t
ports des effets aux causes dont nous n'aperce-
vons pas la liaison... (J.-J. Rouss.) L'alliance
marque un rapport entre des choses diffé-
rentes, opposées, disparates : Dar.Ja.plus
monstrueuse alliance, vous voulez joindre en-
semble, dans un même sujet, la piété et la cupi-
dité. (Bourdal.) L'union est une liaison intime
comme celle de deux époux : C'est /'union des
cœurs qui fait leur véritable félicité. (J.-J.
Rouss.) L'affinité est une liaison naturelle,
essentielle : Dans le système de la nature, ces
espèces sont plus apparentées qu'aucune autre
avec différentes familles dont elles semblent
constituer les degrés {/'affinité. (Buff.) La
connexité ne dénote qu'un simple rapport qui
est dans les choses : Il y a une connexité
entre la morale et lajurisprudence. (A'cad.l La
connexion énonce une liaison effective dans
les choses : Dieu a ordonné, pour la connexion
de toutes les choses, que les plus grandes fussent
soutenues par les plus petites. (Boss.)
— Antonymes. Antagonisme, antipathie, ré-
pulsion, '
Aranitts Élective» (les), roman de Goethe,
publié en 1809. Une comparaison ingénieuse
des affinités chimiques avec les passions du
cœur, de l'action décomposante qu'exerce sur
deux substances combinées le contact de deux
autres substances et des nouvelles combinai-
sons qui en résultent, avec l'intervention for-
tuite de deux personnes étrangères, qui' vien-
nent, en allumant des amours nouveaux, briser
l'union intime et ancienne de deux autres per-
sonnes heureuses jusque-là de cette union;
tel est le sens de ce titre Affinités électives.
Deux époux, Edouard et Charlotte, qui appel-
lent à partager le bonheur de leur intimité
un ami, le capitaine; une nièce, Ottilie; deux
amours illégitimes, qui naissent et se déve-
loppent parallèlement, à l'insu d'abord, puis
avec la tolérance de chaque conscience, l'a-
mour du capitaine et de Charlotte plus grave,
plus soumis à la raison, l'amour d'Edouard et
d'Ottilie plus passionné, qui ne connaît pa3 de;
mesure, qui ne veut pas de limites, et qui suit
sa pente avec une effrayante sincérité ; pour
dénomment la mort .d'Ottilie et d'Edouard ,
c'est-à-dire la destinée tragique au bout de la
passion coupable ; tel est le sujet du livre.
On trouve dans les Affinités électives une
grande richesse d'analyses psychologiques, des
réflexions originales; des.pensées ingénieuses,
quelquefois profondes, des descriptions de la
nature distribuées avec sobriété, et dont le
dessin très-correct montre le naturaliste dans
l'écrivain ; enfin ce don de comprendre la réa-
lité qui caractérise essentiellement le génie de
Goethe. Dans la pensée de l'auteur comme
pour tous ceux qui cherchent dans le dénoû-
ment le véritable sens moral d'une œuvre lit-
téraire, les Affinités sont une glorification du
mariage, ce qui n'a pas empêché la plupart .
des critiques d'y trouver une attaque contre
cette institution. Il n'est pas sans intérêt de.
savoir ce que disait Goethe lui-même de cette
œuvre, qui a été l'objet d'appréciations très-
diverses ; « Il n'y a pas dans les Affinités, di-'
saitril, une seule ligne qui ne soit un moment do
ma vie, et c'est un roman qui renferme tant
d'idées qu'il est impossible de les apercevoir
toutes à la première lecture C'est la seule
composition un peu compliquée à laquelle j'aie
conscience d'avoir travaillé pour exposer une
certaine idée principale. > — Voici maintenant
le jugement de Mm» de Staël : « On ne saurait
nier qu'il n'y ait dans le livre de Goethe une.
profonde connaissance du cœur humain, mais
une connaissance décourageante. La vie y est
représentée comme une chose assez inoiffé-.
rente, de quelque manière qu'on la passe, triste
quand on l'approfondit, assess agréable quand
on l'esquive, susceptible de maladies morales
qu'il faut guérir, si l'on peut, et dont il faut
mourir, sil'on n en peut guérir. »
AFFINOIRs.m.(a-fl-noir— rad. /în). Techn, "
Instrument en forme dépeigne, au travert
AFFINS s. m. pi. V. Affin.
APFIQUAGE s. m. (a-fl-ka-je — rad. affi-
guer). Techn. Opération qui consiste à passer
l'extrémité d'une patte de homard dans tous
les jours des broderies en point d'Alcnçon,
pour les faire ressortir.
AFFIQUER v. a. ou tr. (a-fi-ké). Techn.
Pratiquer l'opération de l'affiquage.
AFFIQUET s. m. (a-fi-kè — du celt. ficha,
ce qui s'attache). Petit instrument de fer ou
de bois. que les- femmes s'attachent à la cein-
ture lorsqu'elles tricotent , et dont elles se
servent pour soutenir l'aiguille sur laquelle
elles prennent la maille.' .
—.s. m. pi. Se dit, d'une manière un peu
dédaigneuse, dé tous les petits ornements,
de tous les atours que les femmes emploient
pour se parer : Madame de Montauban était
une bossue pleine de rouge, de blanc et de filets
bleus, de parures et c/'affiquets. (St-Sim.) Il
n'a qu'à m' aimer, lui, il verra si je mê soucie
des chiffons et des affiquets dont j'essaye de
m'amuser. (G. Sahd.)
... Je les compare à ces femmes jolies
Qui, par les af/iquets, se rendent embellies.
RÈONIER.
Les affiquets, les habits a changer.
Joyaux, bijoux, ne manquaient & la dame.
La Fontaine.
AFFIRMANT (a-fir-man) part.' prés, du v.
Affirmer : Elle s'excuse en affirmant que ce
n'est point avec intention qu'elle l'a fait.
affirmant, ante adj. (a-fir-man, an-te
— rad. affirmer). Logiq. Qui affirme, qui ren-
ferme une''âffirmation : Proposition affir-
— Subst. Celui, celle qui affirme : Les af-
firmants. ■ _ _ ,''.".
i, AFFIRMATIF, IVE adj. (a-Jnr-ma-tif, i-ve
—f du lat. ad, k;,firmu's, ferme). Qui affirme,
nui soutient une chose comme vraie : Il a été'
des plus affirmatifs. Je voudrais bien qu'on
ne fût pas si affirmatif en choses dont l'Église
n'a pas parlé. (Boss.) il Se dit' des choses, dans
le même-sens : Discours , langage , geste af-
firmatif. Parler d'une manière affirmative'.
Rodolphe fit un signe de tête affirmatifI (Ë.
Sue.) H vint dire deux mots à l'oreille de la
reine mère, qui lui répondit, par un signe af-
firmatif. (Balz.) h Tranchant, décisif, en par-
lant des 'personnes et des choses : Ton affir-
matif. (Acad.) Un esprit aimable est celui gui
n'est affirmatif que dans là mesure strictement
nécessaire. (M^é d'Agout.) Berniér ne se ré-
concilie pas nettement avec Descartes , qu'il
continué de considérer, comme un philosophe
trop affirmatif en ses solutions. (Ste-Beuve.)
il Par quoi on affirme une chose : Proposition
affirmative. Jugement affirmatif. Fuyei ceux
dont le scepticisme apparent est une fois plus af-
firmatif que le ton décidé de leurs adversaires.
( J.-Jl Rouss.) il Dans ce dernier sens, il s'op-
pose à négatif.
— s. m. Gr
Quelques grammairiens ...
dicatif,'- parce qu'il exprime l'existence, l'état
ou l'action d'une manière absolue, et qu'il
affirme qu'une chose est, a été ou sera.
— Nom donné par l'inquisition aux héré-
tiques qui affirmaient hautement leurs er-
reurs et les soutenaient hardiment pendant
leur interrogatoire.
— Antonymes. 'Négatif, dubitatif. n
AFFIRMATION s. t. (à-fir-ma-si-on — lat.
affirmatio, même sens). Action d'affirmer, de
soutenir comme vrai ; assurance positive d'un
fait ^Affirmation claire, précise, formelle.
J'avais besoin de voire affirmation pour croire
:e fait. (Acad.) /.'affirmation a toujours quel'
■que chose 'd'imposant. (B. Const.) L'homme vit
(/'affirmation 'plus encore que de pain. (V.
Hugo.) Toute négation implique une affirma-
tion préalable. (Proudh.) ^'affirmation est le
premier acte de la pensée. (V. Cousin.) Lesfré-
■ queutes affirmations ne font point passer pour
véridique. (***.) Dans cette lettre se trouvent
(G. Sand.) De sa bouche, V
TioN.des faits les plus improbables sera tenue
par moi pour la.yérité. (Balz.)
.'. —Logiq., et gramm. Expression affirma-
tive : Deux négations valent une affirmation.
^'affirmation est opposée 'à la négation.
'{Acad.) '■'.'..■' .'
', — Jurispr. Déclaration, d'un fait «a d'un
^ acte avec serment. ',
— Encycl. L'affirmation légale, ou déclara-
tion faite sous la foi du serment, est prescrite
dan* .une foule de cas déterminés par le Code
ciyil, le Code de procédure et le Code de com-
iherce. La loi 1 impose au créancier, en cas
de faillite, pour toutes créances, fussent-elles
' constatées par acte authentique, et à peine de
déchéance si elle n'a pas lieu dans le délai de
huitaine ; au débiteur qui se refuse à payer
une dette prescrite ; & la veuve qui veut con-
nauté,pour l'inventaire des biens de la commu-
nauté dressé par elle après le décès du mari, etc.
Les procès-verbaux des gardes forestiers,
> des .préposés des octrois, douanes et contribu-
tions indirectes, dès agents du domaine, des
AFF
gardes champêtres, des porteurs de contrain-
tes, doivent être affirmés, à peine de nullité, par
leurs auteurs, dans les formes et délais voulus.
(V. Proces-verbal.) Les procès-verbaux dres-
sés pour simples contraventions de police par
les maires, adjoints et commissaires, ceux qui
émanent, à quelque titre que ce soit, des offi-
ciers de gendarmerie, sous-officiers et simples
gendarmes, sont affranchis de Yaffirmation.
■_ Lorsqu'il s'élève une .contestation entre le
maître et te domestique , entre le patron et
"ouvrier sur le payement et la quotité i'
a pas d'acte écrit. Nous devons dire que cet
article de notre Code civil est vivement atta-
qué, de nos jours, comme contraire au prin-
cipe essentiellement démocratique et français
de l'égalité des citoyens devant la loi. Ajoutons
que les motifs de ce privilège accordé au maitre
et au patron n'ont pas été produits lors de la
présentation du Code civil; Le rapport fait au
tribunat par Mouricaut sur le contrat de louage
se borne à dire : Le maitre dont on a suivi la
foi est alors cru sur son affirmation, etc.
— Syn. Ararmaiion, arOrmative. Vaffirma-
tion est l'action d'affirmer : Tout jugement se
réduit à une affirmation ou à une négation.
(Lafaye.) L'affirmative est une proposition qui
a la propriété d'affirmer .- Dans les disputes,
les uns soutiennent /'affirmative, les autres la
négative. (Lafaye.)
affirmative s. f. (a-fir-ma-ti-ve — rad.
affirmatif). Se dit en général de toute façon
de parler par laquelle on affirme : Soutenir
/'affirmative. Sur l'expédient qu'on proposa,
la majorité fut pour /'affirmative. Quand l'un
soutient la négative, l'autre prend /'affirma-
tive. Vous demandez si les mouvements des
sont spontanés; je vous dirai que je
•ien, mais que l'analogie est pour J'af-
- (J.-J. Rouss.)
Doutez, mortels, douter, car vous ne "savez rien". '
Je ris quand je vous "vois prendre l'affirmative ;
Je ris quand je vous vois tenir la négative. • .
Il Se dit, principalement en logique, de toute
proposition qui sert à affirmer : Z'affirma-
tive et la négative de la plupart des opinions
ont chacune leur probabilité. (Pasc.) // leur
posa très-sérieusement la ouest ion de savoir s'il
était possible de mourir a ennui ; voilà mes sa-
vants tous pour /'affirmative. (E. Sue.)
— Syn. ArOrmallvc, ararmaiion. V. AFFIR-
MATION.
.■AFFIRMATIVEMENT adv. (a-fir-ma-ti-ver
man — rad. affirmatif). D'une manière affir-
mative, avec assurance : // lui déclara affirma-
tivement que ses forces étaient suffisantes pour
faire son voyage. (Pasc.)/e conviens que j'ai
parlé trop affirmativement, là où il ne fallait
que mettre modestement le lecteur sur la voie.
(Volt.) Nous croyons qu'il est ridicule déparier
affirmativement et avec chaleur de quoi que
ce soit. (Vauven.) il Positivement, exacte-
ment : Je ne savais affirmativement m qu'es-
pérer ni que craindre. (Mariv.) Peu usité dans
ce dernier sens.
AFFIRMÉ, ÉE (a-fir-mé) part. pass. du v.
Affirmer. Avancé, soutenu comme vrai : Des
faits affirmés par des hommes graves. (La
Bruy.) Le fait fut affirmé par une femme de
la baronne, qui jusque-là avait paru dévouée à
sa maîtresse. (E. Sue.)
AFFIRMER v. a. ou tr. (a-fir-mé — lat. àf-
firmare, même sens; formé de ad, à; fir-
mare, rendre ferme). Déclarer, soutenir, as-
surer qu'une chose est vraie : Affirmer une
proposition, un fait. J.-J. Rousseau , dans une
note de ses ouvrages, affirme n'avoir rencontré
en toute sa vie que trois prêtres qui crussent en
Dieu. (Volt.) Nul ne saurait affirmer que le
mal qu'il subit ne puisse être la source d'un
bien caché à son ignorance. (MmeGuizot.) Quand
une prescription peut s'interpréter de plusieurs
manières , on peut affirmer qu'elle ne vient
pas de Dieu. (L. Pinel.) Cela était bien diffi-
cile à prouver et bien téméraire à affirmer.
(G. Sand.) Les gens qui nous affirment n'être
d'aucun parti politique, à coup sûr ne sont pas
du nôtre. (Petit-Senn.) iVi'er qu'on soit, cest
affirmer qu'on est. '(Lamenn.) Le meilleur
moyen de faire attendre patiemment le public,
"'est de lui affirmer qu"" <•" «>«•«— ~» ">-<
pas trente millions, tandis que lesjangues indo-
européennes sont parlées par plus, de quatre
cents millions d'individus. (Renan.) il Avouer,
proclamer, reconnaître ou faire reconnaître
comme existant, comme nécessaire : Nous
affirmons assez souvent nos principes, pour
être en droit de croire impossible toute espèce
de malentendu. (E. de la BédolJ.) Combien de
gens affirment les attributs de la Divinité sans
les comprendre! ( Proudh.) Tous les hommes
affirment le libre arbitre par leur conduite.
(Bastiat.) La faction monarchique, en atta-
quant successivement toutes les libertés, »'a-
t~ellepas affirmé autant defoislaRévolutiont
(Bastiat.)
— Absol. : L'ignorance affirme ou nie , la
science doute. Quand un homme d'esprit doute,
(Ldténa.) Affirmer, c'est dé-
-- e la cri-
tique démolisse, il faut qu' — _.
reconstruise. (Proudh.) Le procédé par lequel
l'esprit AFFIRME n'est pas le même que celui
par lequel il nie. (Proudh.)
AFF
— Jurispr. Déclarer en justice la vérité d'nn
fait , avec ou sans serment : Affirmer par
serment, sous serment. Un arrêt de la cour de
cassation a décidé que chacun pouvait affir-
mer suivant les rites de sa religion. (Sirey.)
S'affirmer, v. pr. Etre affirmé : Cette pro-
position peut s'affirmer, il Se manifester, se
produire au dehors : C'est oui et non à la fois,
c'est le .désir qui n'ose s'affirmer. (Journ.)
L'humanité s'affirme comme autre que ce
qu'elle se connaît. (Proudh.)
— Syn. ArOrmer, ajourer, attestai-, avan-
prometlre, répoudre, soutenir. Affirmer Sup-
pose quelque chose d'évident dont on est con-
,.„;„,.., „„ j„„+ „„ ,,„„* «/m™:^.. : On peut
?iRMER en tout temps de l'homme que c'est
.. . être intelligent. ( Fén.) Confirmer, c'est
ajouter à ce qui a été affirmé ou assuré: Voilà
ce que je vous, écrivais il y a huit jours, et ce que
je vous confirme. (J.-J. Rouss.) Attester em-
porte l'idée de choses qu'on a vues soi-même :
Une magnificence qui paraîtrait incroyable, si
tous les historiens ne /'attestaient pas. (Boss.)
Certifier, c'est donner la certitude des choses
qui sont arrivées à notre connaissance : Ceux
qui érigèrent ce marbre attendirent que la chose
fût bien constatée pour la certifier à la posté-
rité. (Volt.) Prétendre marque ce qu'on se pro-
pose de défendre : Quelques écrivains de l Eu-
rope, qui n'avaient jamais été à la Chine,
avaient prétendu que le gouvernement de
Pékin était athée. (Volt.) Avancer exprime ce
qu'on propose pour le défendre: ^avance et je
soutiens, dit Cicéron, que dans toute cette ile il
n'y a aucun vase d'argent ou d'airain que Verres
n'ait convoité. (Roll.) Soutenir marque ce que
l'on défend actuellement : Voyons avec quelle
hardiesse la calomnie avance les plus grossières
impostures, et avec quelle faiblesse elle les
soutient. (Bourdal.) On garantit les qualités :
Parbleu, je vous garantis cette pièce détes-
table. (Mol.) On répond des événements : Si
la petite n'avait les cerises de son goûter que
par une opération d'arithmétique, je vous ré-
ponds quelle saurait bientôt calculer. (J.-J.
Rouss.) Promettre, c'est répondre d'un évé-
nement que l'on peut faire arriver : Je vous
promets qu'il s'en repentira. (Acad.)
— Antonymes. Dédire , démentir, nier, ré-
AFFISTOLÉ, ÉE (a-fi-sto-lé) part. pass. du
v. Affistoler. Paré, endimanché : Comme te
voilà affistolé! A l'ouverture d'un sentier,
une bossue affistolée mit pied à terre majes-
tueusement. (Chateaub.) Pop. il S'est dit aussi
autref. pour Enjôlé, trompe.
AFFISTOLEMENT s. m. (a-fi-sto-Ie-man —
rad. affistoler). Action d'affistoler, de s'af-
fistoler.
affistoler ▼. a. ou tr. (a-fi-sto-lé — du
lat. fistula, pipeau). Parer, endimanchér,
ajuster d'une manière minutieuse. Pop. il
S'est dit aussi autref. pour Tromper, prendre
par de beaux semblants.
S'afûstoler, v. pr. S'ajuster, se parer.
AFFISTOLEUR, EUSE s. (a-fi-sto-leur,
eu-ze — rad. affistoler). Trompeur, enjôleur,
persifleur :
Pages, palfreniers, gaudisseurs,
Quesais-je? un tas A'affistoleurs
Qui ont ouï le fait conter
En jetteront goulées plusieurs.
Et l'iront partout éventer, ïve siècle.
affistolure s. f. (a-fi-sto-lu-re — rad.
affistoler). Tromperie, à l'aide de beaux
semblants.
AFFIXE s. m. (a-fi-kse — du lat. affixus,
participe de affigere, coller à). Gramm. Parti-
cule qui se met au commencement ou à la fin
des mots pour en modifier la signification, et
qui s'attache en quelque sorte à la racine même
du mot. Ainsi, dans parsemer, la racine est
sem ; par et er sont des affixes. Les affixes qui
précèdent la racine s'appellent préfixes. (V.
ce mot) ; ceux qui la suivent s'appellent suf-
fixes {V. ce mot) : Les affixes que nous ajou-
tons à nos mots pour en obtenir des dérivés sont
presque tous empruntés au latin , et la phi-
lologie moderne prouve qu'en latin ils ont tous
été d'abord des mots simples. (Ackermann.)
' — Ce mot s'empl. aussi adjectiv., et signif.
alors Qui s'attache, qui s'ajoute à un radical :
Particule affixe. Le pronom est isolé ou affixe.
AFFIXION s. f. (a-fi-ksi-on — du lat. affi-
gere, coller). Pratiq. Action d'afficher : L'af-
fixion des placards.
AFFLACHI, ie (a-fla-chi) part. pass. du v.
Afflachir. S'est dit pour Faible, lâche, languis-
sant, débile : // a les dents longues'et l'estomac
afflachi. (Le Sage.)
afflachir v.n. ou ïntr. (a-fla-chir — rad.
flasque). Devenir mou, faible, languissant.
AFFLE s. m. (a- fie — du lat. flatus, souffle).
Vent, souffle. Vieux.
AFFLÉ, ÉE adj. (a-flé — rad. affle). Altéré
par le contact de l'air : Parfum afflé. Une
liqueur afflée a perdu toute sa force.
AFFLEURAGB s. m. (a-fleu-ra-je — rad.
affleurer). Papet. Action de délayer la pâte
qui sert a fabriquer le papier.
— Econ. dom. Farine qui rend beaucoup. .
AFFLEURANT, ANTE adj. v. (a-fleu-ran,
an-te — rad. affleurer). Papet. Se dit d'une
pile qui délaye la pâte à maillet nu : Pile af-
AFF
— Econ. dom. Se dit d'un mélange de dif-
férentes farines : Mélange affleurant.
affleuré, ÉE (a-fleu-ré) part. pass. du
v, Affleurer. Mis à fleur, de niveau : Planches
affleurées. Pièces de menuiserie à entailles,
collées, affleurées.
affleurée s. f. (a-fleu-ré — rad. affleu-
rer). Papet. Nom donné à la pâte broyée par
la pile affleurante.
affleurement s. m. (a-fleu-re-man —
rad. affleurer). Arts et met. Réduction d'une
surface au même niveau qu'une autre, et sans
aucune saillie.
— Par ext. Se dit d'un point peu apparent
d'un objet dont une partie est enfouie, et
surtout de quelques restes d'anciennes con-
structions qui affleurent à peine ia terre :
Quelques affleurements de murs cyclopéens
ensevelis dans les scories et la cendre .• telle est
aujourd'hui Sodome. (Saulcy.)
— Géol. Emergence des couches, filons,
dykes, à la surface du sol. il Extrémité d'ur
couche, d'u- *'— '" ■"' J"''~ — : ""■
sans nombre dans les figures que dé-
crivent les affleurements des couches, suivant
leurs différentes inclinaisons et le mode de dé-
nudation qu'elles ont subi. Les affleurements
se trouvent le plus ordinairement dans les ra-
vins, les carrières, les roches escarpées, les
torrents, etc. (Landrin.)
— Physiq. Point d'affleurement, point qui
doit toujours être ramené au niveau du li-
guide dans l'aréomètre à volume constant et
a poids variable. Il Mettre à l'affleurement ,
charger l'aréomètre de poids de telle sorte
Su'il enfonce dans le liquide jusqu'au point
'affleurement.
affleurer v. a. ou tr. (a-fleu-ré — rad.
à fleur). Réduire deux corps contigus à un
même niveau, les joindre exactement : Af-
fleurer les battants d'une porte, d'une armoire.
Affleurer les pièces d'un plancher, d'un par-
quet. Affleurer les pierres d'un mur. il Tou-
cher de fort près, être à fleur de : En dehors
du mur d'enceinte, qu'affleurait le pavillon,
se dressait une rangée d'arbres. (Th. Gaut.)
— Fig. Toucher, aborder à : La barque af-
fleura la rive de l'itot. (H. Castille.)
— Constr. nav. Se dit d'une pièce de bois
qui en touche une autre, de manière qu'elle
ne semble faire avec elle qu'une même sur-
face : Les bordages doivent affleurer les
couples.
— Papet. Délayer la pâte destinée à la fa-
brication du papier.
— Econ. dom. Mélanger plusieurs farines,
telles que celles de froment, de seigle et d'orge.
— Neutral. Arriver à un même niveau :
Ces deux planches affleurent bien. La suite
des marches se rencontrait au delà du palier,
où venaient affleurer. les premières pierres
d'une muraille antique. (Raoul-Rochette.)
— Géol. Se dit d'une couche,.d'un filon qui,
par suite de dénudation, apparaît à la surface
de la terre.
— Physiq. Se dit de l'aréomètre qui enfonce
jusqu'au point de l'affleurement.
S'affleurer, v. pr. Etre de niveau, en parlant
de deux pièces dont les surfaces se confondent.
AFFLICTIF, IVE adj. (a-flik-tif — du lat.
afflictus, part. pass. de affligere, frapper).
Jurispr. Se dit des peines corporelles, qui
atteignent le corps lui-même : Le travail,
selon le dogme antique, était réputé afflictif
et infamant. (Proudh.) il Dans notre légis-
lation, les peines sont afflictives et infa-
mantes, ou infamantes simplement; les peines
afflictives et infamantes sont la mort, les
travaux forcés à perpétuité ou à temps, ta
déportation, la réclusion; les peines infa-
mantes seulement sont le bannissement, la
dégradation civique et l'exposition publique,
aujourd'hui supprimée. Les peines afflictives
et infamantes privent le condamne .de ses
droits civils, et emportent la destitution de la
tutelle et de la curatelle.
affliction s. f. (a-flik-si-on — lat. afflic-
tio, même sens). Peine morale, douleur pro-
fonde et durable qui remplit l'âme et l'abat,
à la suite d'une perte ou d'un malheur grave :
Grande, extrême affliction. Tomber dans
/'affliction. Les consolations indiscrètes nt
font qu'aigrir les grandes afflictions. // n'y
a pour eux, dans le monde, qu'amertume ,
que trouble et affliction d'esprit. (Bourdal.)
Ce n'est guère que par vertu ou par force d'es-
prit que l'on sort d'une grande affliction.
(La Bruy.) // n'est point «/'affliction qu'un
beau soleil ne diminue de moitié. (A. d Hou-
detot.) La véritable affliction est muette.
(Boitard.) La prière rend /'affliction moins
douloureuse et la joie plus pure. (Lamenn.)
11 n'est affliction dont on ne vienne il bout.
La Fontaine.
— Se dit quelquefois du coup môme qui
frappe, qui est une cause d'affliction : Quelle
affliction Dieu vous a envoyée! La musique,
les fêtes et le sommeil n'endorment que les
afflictions légères. (Juste-Lipse.) Les af-
flictions que les saints ont toujours reçues
comme des grâces, on les craint comme des
malheurs. (Mass.) S'il est vrai que nos joies
sont courtes, la plupart de nos afflictions ne
sont pas longues. (Vauven.) On ne le vit pas
succomber un moment à ses afflictions. (Volt.)
C« n'est qu'à force de travaux, </'af fuctioks
et de combats que nous pourrons entrer dans le
royaume de Dieu. (Sacy.)
— Syn. Araïciion, nmcrliime,' désolation,
ilot.lci.r, mal, pciuo, aouirranço, tourment.
Le niai se dit presque uniquement du corps, et
exprime tout ce qui l'affecte désagréablement :
Ce remède guérit bien des maux. (Acad.)
Peine s'applique à l'esprit et désigne une souf-
france intérieure : Les ruiNESoue Dieu lui en-
voyait lui étaient douces. (Fléch.) Douleur
e.N prime des, maux ou le sentiment de maux
iii^-us, poignants : Tant que la douleur fut
médiocre, elle la supporta avec patience. (Roll.)
Souffrance marque 1 idée de maux moins vifs,
mais continus : Le reste de ma vie me,paraît
une longue souffrance. (Mme "de Uafayette.)
I, 'amertume est une peine extrêmement dés-
agréable, mais moins grave, moins profonda
que la souffrance : David passa le reste de ses
jours dans des sentiments de componction et
<f amertume. (Mass.) Le tourment est le comble--
de la douleur et de la peine : Quel tourment
est comparable à celui d'un esprit blessé gui
aime et qui s'aperçoit qu'il n est pas aimé?
( Bourdal. ) L'affliction est produite par un
revers de fortune, une catastrophe, la perte
d'une personne chérie : Z'affliction éclate;
elle se manifeste par te deuil, par des pleurs et
des gémissements. (Lafaye.) La désolation est
une extrême affliction.
— Syn. Affliction», croix, peines, tribula-
tions. Peines est le terme général : Tout ce
qui augmente nos passions, multiplié nos peines,
(Mass.) Les afflictions sont des peines causées
par de graves accidents : Le temps amortit lès
afflictions. (Pasc. ) Les tribulations sont
dues à des persécutions, à des traverses ; Je
m'en vais à Jérusalem, et l'esprit de Dieu*me
fait connaître que des tribulations' et des
chaînes m'y sont préparées. (Bourdal.) Les
croix sont des peines que Dieu envoie aux
chrétiens pour les exercer et les rendre dignes
des récompenses qui leur sont destinées : Dieu
nous aide lui-même à porter les croix que lui-
même nous iriipose. (Mass.)
— Antonymes. Aise, a!acrité; contentement,
enjouement, gaieté, hilarité, joie, jubilation,
: t, satisfaction.
affuCtivement adv. (a-flik-ti-ve-man
— rad. afflictif). D'une manière afflictive.
AFFLIGÉ, ÉE (a-fii-jé) part. pass. du v.
Affliger. Qui a de l'affliction, qui est dans l'af-
fliction : Une femme affligée est plus intéres-
sante. Venez à moi, vous tous qui êtes affligés,
et je vous soulagerai. (Evang.) A Paris ,
l'homme affligé est distrait par la gaieté pu-
blique.. (La Bruy.) La comtesse est <r<?srAFFLiGÉE
de la mort-de sa fille.' (Mme de Sév.) Je suis sen-
siblement affligé de voir que votre colique ne
vous quitte point. (Volt.) Je suis plus affligé
qu'étonné de ses souffrances. (J.-J. Rouss.)
Consolez les vieux ans de mon père affligé.
Voltaire.
....... Ses gardes affligés
— Fig. Atteint d'un fléau; tourmenté, ac-
cablé, abattu : liome était affligée d'une
peste épouvantable. (Boss.) Il n'est pas. de spec-
tacle plus touchant que celui d'-uné vertu affli-
gée. (Boss.) Dieu est auprès de ceux qui ont \
le cœur affligé. (Sacy.) La censure est inepte :
« liome, comme dans tous les pays affligés
d'une censure. (E. About.)
ûelilie:
Il Qui est atteint, affecté de quelque mal, en
parlant'dcs personnes et des choses : Il y a
des gens qui sont affligés de fréquentes ma-
ladies, d'infirmités habituelles. (Bourdal.) Mes
pauvres nerfs ont été rudement affligés de
rhumatisme.' {M™ de Sév.) Vos nerfs sont
affligés, vous ne remuez ni. pied' 'ni patte.
(Mme de Sév.) Il trouva le meunier affligé
d'un violent accès de goutte. (Balz.)
— Se dit par antiphrase pourDoté. jouis-
sant, etc. : Tu as le bonheur d'être le mari
désigné d'une veuve de vin^t -d'eux ans,' af-
fligée de quatre mille napoléons de rente.
(Balz.) il Se dit, par plaisanterie, pour se
moquer de quelqu'un dont la personne offre
quelque chose de singulier, de caractéris-
tique : Etre affligé d'une bosse, d'une loupe.
C'était un petit homme chétif, horriblement
grêlé, et affligé de lunettes vertes. (Balz.)
— Subst. Célui„celle qui est dans l'afflic-
tion : Votre présence rendra la vie à -un pauvre
affligé. (J.-J. Rouss.) C'est assez d'être du
nombre 'des affligés pour être de vos amis.
(Volt.) La religion dit que les affligés sont,
les plus chéris de Dieu. (Mme Campan.) Ayez'
pour les affligés de ces paroles de l'âme qui
tempèrent l'amertume des pleurs. (Lamenn.)
Dieu élève ceux qui étaient dans l'abaissement;
il sèche les larmes des affligés. ("**.)
— Syn. Affligé, ntlristé , contristé , fâche,
mortifié. Affligé suppose un mal considérable,
qui abat et accable : Le Comte deBHenne, ayant
perdu, sa femme, en fut si affligé que son
esprit s'en aliéna. (Vo\t.)Fâché annonce un lé-
ger chagrin, qui contrarie, qui pique : Je suis
fâché de l'indisposition de cette Eminence.
(Boss.) Mortifié exprime un violent déplaisir
provenant d'une atteinte portée à l'amour-
propre : Je suis mortifié, en qualité de Fran-
" puis, d'homme, d'être pensant, de l'affront pu-
blic qu'on vient de faire aux mœurs. (Vertot.)
m
Attristé désigne un déplaisir plus apparent crue
profond, et qui ne fait qu'effleurer le ■cœur :
Le sage observe le désordre public et montre
sur son visage attristé la douleur qu'il lui
cause. (J.-J. Rouss') Contristé marque des
maux plus grands ou plus prochains,.: On ,est
contristé de voir toutes. ses espérances éoa-^
nouies. (Girard.)
affligeable adj. (a-fli-ja-ble— rad. affli-
ger). Qui peut être affligé, qui est susceptible
rie s'affliger. Peu usité. • ■ • '
AFFLIGEANT, (a-fli-j an) part. prés, du v.
Affliger. - . , .-•■■' ;■''•'' !"
affligeant'; ante adj'.' (à-fli-jan, an-té
— rad. affliger). Quiafflige, qui cause de l'af-
fliction; ne se dit que, des choses : Evénement
AFFLIGEANT. U)l$ AFFLIGEANTE nOUVellê.,11' 1W
faut point se laisser M'er fà. des pensées trop
affligeantes.' (Fan.)' Les torts d'un ami sont
affligeants pour nous et pour* lui. '(Boiste;)
Tétais en proie, à mille idées affligeantes.
(Balz.) Je sais combien le besoin d'attachement
rend affligeante aux cœurs sensibles l'impos-
sibilité d'en former. (G.'Band.)
Je n'en prévois que trop les effets affligeants.
N'etes-vous point méchante .'■ * . *
Dç vous plaire à me dire une chose affligeante ? • .
' ! , ,,,', ..MOUÉRE,, '. r
— Avec i'impers. il est, on dit : Il est .af-
fligeant de... pour, Il est triste, fâcheux, do :
II, est bien affligeant de voir se .former, à
Paris et à Londres une secte de mauvais natu~
ralistes qui prétendent se passer de l'érudition.
(M. -Brun.)
AFFLIGER v. a. ou tr. (a-fli-jé — du' lat.
affligere ; formé de ad, à; fligere, frapper. —
Prend un e muet après le p devant a et o '.•
Nous affligeons. Il affligea). Accabler de
maux, de souffrances ; ruiner, désoler, dévas-
ter, ravager, en parlant d'un pays sur lequel
pèsent' de grandes calamités -.Que de fleàux
par lesquels le ciel afflige les hommes! (Fôri.)
La guerre est le plus grand' fléau' dont Dieu
puisse affliger an empire. (MaSs.) La maladie
affligeait plus que jamais cétte-terre ingrate.
(Montesq.) Dieu affligea ce royaume d'une
maladie contagieuse. (Fléch.) Les \ maux -qui
affligent la terre ne viennent < pas- de;Dieu.
(Lamenn.)
— Causer, de l'affliction, de la ;neine,-,de la
douleur, du tourment, attrister ': "Cette mort
l'\ beaucoup affligé. Peu de chose_ nous con-
sole, parce que peu de chose nous , afflige.
(Pasc.) Puisque la mort est la peine du péché,
aile doit nous affliger et. exciter -nos, larmes.
(L. Veuillot.) Affliger ' lajçnime. qù'fln aime!
pour moi, Pauline; c'est 'un^ crime1: \(Èàlz.) Le
talent sans âme m'irrite oum'afflIgé \~je veux
être touché, consolé, fortifié. (Sacy.) La critique
afflige plus les gens de lettres qu'elle ne peut
leur nuire. (Villem.) , .':■■ ■-.■>
* ••' 'VÔLÏA1BB.
le rigueur -y
ffîtger mon cœur !
-"*■ •' Racine.-
j Grenadier, que tu m'affliges.' • ■ • '
En m'apprenant ton départ ! . -ji -i< -w „
Chanson populaire.
il Mortifier, fairesôùffrir, en parlant du corps,
de l'esprit, etc. : Esther, au milieu, des plaisirs
d'une cour superbe, savait affliger son âme
parle jeûne. (Mass.) Vous pouvez réparer, en
affligeant votre chair, .vos voluptés ■crimi-
nelles. (Mass.) Comment as-tu pensé^ que, penr-
dant que tu te permets tout, tu eusses jlé^aroit
cé'affliger tous mes désirs? (Montesq. )- La
réflexion afflige l'esprit qu'elle instruit -elle
endurcit le cœur qu'elle éclaire. (Boiste.) Il Ce
sens a un peu vieilli. .. ",,,-,.„,;. ,'•,-, , ',
•7-' Il signifie. aussi, par cxâg. , Affecter désa-
gréablement : L'orgue de Barbarie afflige
Tes oreilles musicales. (Balz.). v m, ,.,,-, , ,.
Qu'un sot afflige mon oreille, ~ ' ' ' ' "■ >
Fasse encor,'ce n'est pas merveille;. ...
Le don d'ennuyer est son. lot; . (*«,) ".
It Humilier, insulter : . ' '
J'ai tantôt sans respect affligé sa misère.
, Racise. ,
• — Par exag. Contrarier, importuner," fati- -
guor, ennuyer : Vous ««'affligeriez, si vous
n'acceptiez pas ce présent, x , ., . . .
Ce serait m'affliger qu'insister davantage.^.. : •
■ ' •■■•" ■• 1 . ' ..'.;'. 1 "JEtIENNE. '^ 1
— Absol. : On se décharge le cœur, avec un
bon ami, de. tout ce qui afflige' .ou .qui .fait'
p(àW.(Fôn.) ' ; . , ■'■'; ".ï-:*- * \ •
.... s'arfiîger, v. pr.- Eprouver, de , l'affliction ; .
se livrer à l'affliction, s'attrister: Chacun doit',
suture courageusement sa destinée.; il est inutile
de s'affliger. (Fén.) Nous sommes si aveugles,
que nous né savons quand nous devons nous;
affligerou nous réjouir. (Montesq.) Ils s'af-.
fligent de se voir environnés de tels ennemis..
(Pasc.) Il faut tâcher de ne s'affliger de rien.
.(Pasc.) Il ne faut pas: s'affliger pour, des
créatures qui finissent. (Fléch.) Notre âme se
réjouit d'entrevoir la céleste jialrie, et- s'af-
flige d'en être exilée. (B. de St-P.) Il est per-
mis de s'affliger de lareligion d'autrui, mais
il n'est jamais permis d'en rire. (Joubert.)
AFF
-— Gramm. Le verbe pronomin. s'a/'/ïijrerpeut
se conjuguer avec idifférentes prép.; suivant
le caSi Toutefois, orii s'exprimerait d'une ma-
nière irrégulière on le faisant suivre de la
prép. d : Je m'afflige k vous voir en cet état.
Maisril peut être suivi d'une proposition su-
bordonnée -.-Je m'afflige que vous pensiez
— Antonymes. Charmer, consoler, conten-
ter, dérider, désattristerj égayer, enchanter,
ragaillardir, réjouir, satisfaire, transporter- • ■
AFFLORINEMÈNT s. ni-. (arfio-ri-në-man
— de à, et' florin, ancienne mesure com-
mune , qui servait à, estimer le, prix, et,, 16
revenu, ae.cliaqu'e fièf ).' Redevance,' espèce de
contribution que, devait ira fief,et'dont.la va-
leur était, représentée par. un.certain'nombrû
d'unités qu'on nommait florins ,\D'autrfis gen-
tilshommes ont demandé .si. c'est mon père^ou
inoi qui paye !' afflôr'inemént dés 'fiefs, terme
barbare quej'èspire voir bientôt bannir: 'de la~
langue provençale. (Mirabl) • ., ^\f .,' . ', , ', ,i
AFFLOUAGE.s. ra. (arfiou-a-je — rad. af-
flouer). Mari Opération quiconsiste à afflouer
un navire : Z'afflouage. d\un bâtiment,^ . .
afflooemÉnt s. mr(a-floii-man — rad.
afflouer). Mar. Résultat- de l'afflouagc, état
d'un navire affloué : Z/affloubment d'un
vaisseau. . •• '. .<v i- -.r <'.'■.'.: t ,v .-,q si
•afflouer via.- où tr. (a-flou^é— 'do à et
flot). Mar. Remettre à flot.uh navire échoué >
le redresser pour qu'il flotte. .v ...m, /, y; '. r : -u-
■ AFFLUANT (a-flû-aii)' part.'prés. du v.
Affluer ': Les étrangers affluant d Paris.' •'
L'évdn.
aht du dehors, '
Allons être cpntràints de quadrupler nos ports.'..'
. "'■ ,' '' ' ' BÀRTHÉLEMT. ,
. AFFLUÉ (a-flu-é) part, pass, du y. Affluer":
Les Anglais ont kïFLVÉ'çette- année à Paris.
Il No s'empl. qu'avec l'auxil. avoir. , • ■ .
AFFLUENCE s. Ma-fluran-so ,— du. lat.
affluere, couler vers). Action d'affluer, en
parlant dés..eauxi: .Z'af.fluknoe des- ruis-
seaux.M\FFi.VEt!Cii des eaux qui provenaient
delà fonte. des neiges.,fit. déborder, la rivière.
(Àcàd.)t il Par anài.'- Se dit, des choses qu'on
peut comparer "d des rivières,' à des canaux ':
Tours- est. le centre d'un mouvement considé-
rable que lui procuré J'affluénce dé plusieurs
voies ferrées. (E, dé là Bédqll.) ■ :
'— Pathoï. Concours de sang, d'humeurs, etc.,
qui se' porte, en plus grande quantité qu'a l'or-
'dinaire, vers un même 'organe : £'affi!;uence
des humeurs. X'affluence du sang à là" tête
peut'eauser dès 'accidente fdêheùâ;;l{LB.v:)iLe
malheureux j il nous-ltrompe l 's'écria ^mademoi-
selle Armande, dontle cœur se dilata sous i&v-
fluence du'sang quv abondait par grosses va-
gues; (Balz.) i A !.■.'*■;'- . . ■ .,■ . .. r •.-:,. ',
1 — Par èxt. Gran3 coiicoûfs de personnes':
Affluence de peuple^, de spectateurs? deyisi-
'teûrs. Il faut craindre, plus qu'il né faut 'ta
désirer-, l affluence des étrangers' en France.
(DeBonald-.) /,'afflùence dès sophistes a fait
naître la défiance. (Fôurier.) — Cromwell fai-
sait une 'entrée triomphale â Londres; un cour-
tisan appelait son attention sur i'XFFLuÉNcÈ'de
.peuple accouru pour, levoir : i.Cette akkl-obnce
■serait encore plus grande, dit-il ; si l'on me con-
duisait à l'échafaud. » il Grande abondance de
Choses : Il y a cette année affluence de.mar-
chandises à la. foire, devaisséaùx dans le port.
(Acad.) Le bonheur du peuple ne consiste pas
seulement dans.V affluence des,- fruits -de la
terre. (Fén.) Voyez' quelle affujèncé deviens
vqus environne. (J.-J.,Roiïss.) ^'affluence de
détails. méthodiques n'esi point, une voie. sure
pour instruire le lecteur. (Foiirier.) '_' ' /
1 Ne cherchons pas des biens Vaffluence importune.
...i-.. , , . 1 .... , , La F0NT41NE.
ni — .'S^ernpl.1' absol; dans ces'tdeux derniers
•sens: Quelle affluence à cette' fête! Les classés
iinterbiédiairés soni placées entre' la détresse et
i' affluence. • SUr touf fe parcours du^défilé,
'■^'affluence «f enorihe.i(Jôurn.) ■ ,'
"-^En;màuvaise part, Flux, abondance inu-
tile : Bon Dieu;' quelle affluence de paroles!
■■(Vaugelâs.).1 ;';.*'■"'! ''•/'■ '; 'y. ■ ' - ■ •" v
;'" — Au plù'rl Physiq. Lès' rayons électriques
qui se portent vers un corps actuellement
ûl.ëctfise:' ' "'.!', ' ',' " ''. " ". . '
— En affluence, loc. adv.. En grande abon-
dance, en. foule- Les'habitants sortaient des]
Mlles et des bourgades en affluence. ■'■■ • ]
— Syn. Araùeuee, Voncours, foule, mulll-
tntléj pre«»e."Ces mots'exprimênt l'idée. d'une I
réunion nombreuse. Multitude, f 'ouïe et presse]
'-se; :"r'apporterit ;à la ihême idée, et 'marquent I
^qu^il se trouve' beaucoup de gens'dàns' liri eri-
droiti-Goncours et affluence^. l'idée; de quaii- 1
tité ajoutentune1 idée de mouvement, et'ex-
.priment que beaucoup de gens séportent d'un
lieu vers un autre: La multitude, la foule, lai
presse, sont une chose ; le concours et Vaffluence j
sont un fait. Multitude se rapporte uniquement '
& la quantité des individus : Ignorez-vous qu'une >
multitude de vos frères périt ou souffre de ce j
que vous' avez de trop? (J.-J. Rouss.) Foule'
exprime une idée de tumulte, de cohue : Ily
■ a toujours foule à la sortie des théâtres-. Presse
éveille l'idée (l'une agglomération presque pé-'
rilleuse : Le peuple affamé se précipita à la
porte des boulangers, et il y eut' trois hommes,
■ d'étouffés dans la presse. Concours représente
l'action simultanée de personnes, qui se ren-
dent vers- un même endroit, dans une certaine
i- occasion : Il y eut grand concours de peuple
(Boss.) Vaffluence a lieu d'unemanièrë
durable, continue : Cette ville reçoit uiieyrafide
afflubnce d'étrangers. Ainsi coHcoujïexpriïne
l'arrivée ' en masse,-' et af/lucnéê l'arrivle 'suc-
cessive: ... ' ;.',' |T l,'';1 ''}''. ,U'Z r~'. >v
, ,-r- Antonymes', Disette, flsancéi manqué,
absence, rareté.1 " ,-u'-î'i^y,i inct , 'V "'m r..:
, AFFLUENT, s, m . (arflu-an ^fi8k<brfiffiV?r) .
Courant d'eau qui coule vers un autre: rivière
qiii se jette. dans uni autre \ Le
sont les,
'dês.rivières:
les' affluents des mer , _.. ...
pluent; de l'a'.Scine:l'Lè"'Dahubkvè'si'ûn'J'dcs
AFFiluENTs dé ''la ^hier . 'Npir'è\'rÇd ' Loire 'd 'de
nombreux^ affluents:," "'"' '.' ''J'11"1'-''"! '-'^ '
'"'J. pàr"exir;;Se dUl'de^rués d'\in'é'i^ra"n.d,Q
ville',' dés .vôiçsf publiques;: %ê bqfilèy$d-$hint*?
Célrhiain\'ryh'e^des^grm^es'flr'têr^^
gauche , dàit avoir pour Affluents un' grand
nombre dé voies nouvelles. (L.'-J.'parcher:) \ '.
.affluent., ENTE adj. ■'(a-ffluVàn; an-te 4
du lat. affluens, ,qui coule vers), .Seudit dos
cours d'ea'u qui vont se perdre dans d'autres'
cours d'eau d'une étendue et d'une. màssb
ordinairement plus considérables. : Muissçpu
affluent'; Rivière affluente. Le Rhin et les
rmëfeiAFFLUENTES. (Acad,). „ , .j
— Pathol. Se dit.dQshumevrs qui sé^iprient
en abondance dans quelque partie du corps :
Sang, affluent. Sér^itq^salive^^ffi^iN^.
,'4- Physiq. (Se dit d'un fluide* qùi-se'ppi}t,o
dans une \ direction ■ . déterminée : Electricité'
AFFJLUENTE^ , I, ÎTl''. -rrf«5iî/;l/',
. .affluer- t., n. ou Ui.tr. (a'-fjuré — du,j-Iat.
affluere, couler .vers. 4-.L't qui syit la. voyolle
u du radical prend un tréma aux deux prem.
pers. du pi., de l'impart, de .l'indio. et du
prés, du subjonctif : Nous affluions ;.. que
vous affluiez). Couler vers ; sea rendre dans un
iiiême' cahal,,àbôu'tir'àuJmémrJ''ie"rrn'è; ^fe^dit
du cours- des'- eaux1 : Plusieurs "rivières af-
fluent dans' le ' Rhône'.' Bèàucbupl'dhvfeùvib
AKfiiUÉNT dans'la MéditeWànéey(AcB.à.)£^'i'
' "^7, Par 'anal., Se^dit/du"sà'ng.J''aes'litime^rs
q'ii.i' se "portent eh' 'abondance .vers' quelque
point : Il faut' .èmpêcher'-'lè sang['d ^'af'f'lver
à'Iàtête.'Le'sang afflue vers lé éœur? Lé frùïà
nie. gagne déjà, le'sàng\feLVBt'fi mon cerveau,
(Alex. Du m.) Au moindre mouvement de l'âtie',
le sang afflue 'aux jouis,' au col, jusqu'aux
épaules, en ondées dé p6urpreA\iI'Ta\M.)~\ '
., '^-,'Par, ,ext.,Suryelnir,,arrïy'ei ,én "grand
ndnit)re,.cn parlantdes pcrsonnës^XéSje^'îr
"gefs affluent en' Friande ^ a P^r'i'sj.dàns lé?
■graiiâes villes.J^epeupté, affluait dçm's les ave-:
nues du Palais de Justicq-' (V'. .ïtugo.) Il Abonr
dèr, ^e..,pprtçr,,.eni,ab6ndar(c^j.yer3i quelque
.endroit, en parlant des choses :. Les yaisfèbux
.affluent, dans ',U,.pq'r\.\Les\fiivr'es' Àfflùen^
'dans' lé camp. Lqs marchandises'* &Fêl.y ^aii:nt
sur le marché, Çroyéz-vpfts.JgnqrànUjjqu'tfs
'soient, heureux ces, hommes ,,cfr'ep j jitt, affluent
tins' lès biens de' la terré? (Mercier.) Aujour-
d'hui tout afflue à Paris f. le centré absorbe à
lui seul toutéj'activiiéiïù pify s. ^{ij.-T^. Bonâp.J
'Que d'affaires «OHi.iFFL'ùÉBuer^iioi^/V&'ribe.)
j:*~Fig, Augmenter, '&'accrpitre"::/ft*ew que
la vie, au lieu 'de. m'abandonnera affluer en
WjBalz.),,,,,.,,,^,,! ^,,,,,,1,;^
•, AFFLUX s.' m. i(a-flurlts -■^du;'lat.iaij-vers';
.'fluere.; .couler). Pathob Réunion plusabom-
dantedes liquides vers uneipartie duîcorps
devenue le. siège id'une.irritat(on/!riior.bidc ou
d'une stinîûlâtion 'physiologique :"lVfflux
■du sang vers-là «ffe.'XAcad.pf rAï.î«iTîA
\ ÂFFoiioNNER v. à'.;'pù tr'J'.î^foi-^ol-nÉV-
Aq à foison). Vieux mot qui.'èigriifiait'FqKr-
nir abondamment^ Nobs disons enboi-e %.fo:{-
son;ppur En^àb'on'dan'ce^H J\ i.i}'rj/\ iî '\ '■<;
\ ; , AFFOLAGE S.- Hli .{b-lQ-\tefa-rXQ.à«affolen).
Vieux,mptqui s'est ditpourîF'olio :>;Las:! grand
. AFFF01.AGB .m'es/. \d'espérer ^(Chanson du. XiV.0
.Siècle.). r--n ■'■•'>' -!Li' r l .■.\.'i.''. ;'., /■■u
'— Hortic Maladie des. anémones;. quMo.s
-fait -pousser en' feuilles et les empêche de
'.fleurir: - -. " ' ' ■-> A ; *"! _. » -v' ^ ■•
- : AFFOLÉ,' ÉÉ (à:fo-lë),part': pass: du v. Affo-
ler. Rendu fou ; passionné pour':' Vfius n'e^sàu-
>riez croire comme elle krf>AFFpf,ËÉ de\'ce
Léandre. (Mol.) Elle e$f affolée de sa
propre personne. (Mayhard.) lié Iviai'p^rsUa'dé
•de venir apprendré.la mysiqûè,.d6ht il 'se niiM-
trait si affolé. (G, Sarid.') Il était' poussé par
Vénvï'é irrésistible de vbir-soh 'éhevàlj-dont.il
était AFFOi^.;(E.'Sue.) '*' :'.M >'_• v'^ : ■'■''-r
': ' —Mar. Aiguillé affolée^ ait'de Vai'guillo
d'une boussole, lorsqu'elle est dérangée ae sa
1 direction- naturelle' vèrs; le jnorS'^Soit^par
le voisinage du fer, soit à caùsé'd'ûn ôrà'gë vio-
lent, etc.: On est quelquefois obligé -djaimantet
•ide nouveau. une aiguillé aé'foLée.. (Acad.)-.if
0 -y-H6rtic.Sëdit'de'l'ané'm'onp.!V!AFFOLÀGE.
.. ' ' —.Subst.,'. Indi'yi'ïdu ,'qù.i 'est , Revenu ( fou,
f !ct particulièrèm. qui.es.tdéyenu fou d'amour:
',11 a tiré, d'elle tout ce.donfl'a, lai pèfniettàit
, à céiie pauyrè, affilée dç disposer. (Balzi.it'
1 affolements, m. (a-fo-le-man — rad.
-affoler): Action do devenir fou et surtout' fou
par amour; état d'uno personne affolée :
•Landry lui reprocha vivement de ne pas ré-
■•pondre à l' affolement qu'il se sentait pour
,.elle. (G. Sand.) ■,..! .,-■ . ,
'— Mar. Etat d'une aiguillo aimantée qui
est affolée.
1G
122
AFF
AFFOLER v. a. ou lr. (a-fo-lé — rad. fol).
Rendre fou, et surtout fou d'amour : C'est la
beauté de sa femme' qui /'a affolé. (Trév.)
Le diable m'a perdue, il mVi tout affolée.
La Fontaine.
— Neutralem. Devenir fou : Il affole de
cette femme. Il On dit plutôt raffoler.
— Hortic. Pousser des feuilles, sans fleurir,
en parlant d'une maladie des anémones.
— Mec. Séparer uno partie d'un mécanisme,
la rendre indépendante du mouvement gé-
néral, pour qu'elle soit libre de rester au re-
pos ou de prendre un mouvement différent,
opération qui se pratique à chaque instant
dans les ateliers au moyen des roues folles ou
des embrayages.
S'affoler, v. pr. Se prendre de passion pour :'
S'affoler de quelqu'un, de quelque chose. Elle
s'affola de sa nièce, et désira ne plus la quit-
ter. (Balz.) La duchesse s'était affolée du
jeune comte, après l'avoir sérieusement étudié.
(Balz.) Les amoureux sont comme ces illuminés
qui s'affolent, au bal de l'Opéra, du masque
et non pas de la femme. (Ars. Houss.)
AFFOLIR v. n. ou intr. (a-fo-lir— rad. fol).
Devenir fou : Cet homme affolit tous les jours.
Il Peu usité.
— S'est aussi employé activ. dans le sens
de Rendre fou : La science enteste et affolit
les esprits faibles et malades, polit et parfait
les forts et bons naturels. (Charron.)
S'affolir, v. pr. Devenir fou : Ainsi fait la
folie revêcke à la raison , et sauvage à la —
gesse, contre laquelle elle s'irrite et s't —
davantage. (Charron.)
AFFOLURE s. f. (a-fo-Iu-re). Blessure : Le
gentilhomme fut bien heureux quand il se vit
gardé de mort et d'AFFOLURE. (Cent Nouvelles
nouvelles, xve siècle.) Vieux mot.
afforage s. m. (a-fo-ra-je — du bas lat:
aforagium; formé de ad, à; forum, marché).
Ane. dr. Dans quelques coutumes, Prix d'une
chose vénale fixé par autorité de justice ou
toute autre autorité compétente. Ainsi , on
ne pouvait apporter desvins étrangers à Paris
sans que le prix en eût été fixé par les éche-
vins. il Droit payé à un seigneur pour obtenir
la permission de vendre du vin ou quelque
autre liqueur dans J'étendue de son fief.
afforestage s. m. (a-fo-rè-sta-ie — rad.
forêt). Droit d'usage qu'on exerce dans une
forêt. Mot principalement usité dans le midi
de la France. Avoir la faculté d'afforestage ou
l'afforestage dans telle forêt, Se dit pour,
Avoir le droit d'y prendre du bois, il On dit
plutôt AFFOUAGE.
affouage s. m. (a-fou-a-je — du bas lat.
affoaaium,. formé lui-même de ad, pour ; focus,
foyer). Droit de prendre du bois de chauffage
dans une forôt : Le partage des bois (/'af-
fouage communal se fait par feu. (Belèze.)
Les propriétaires d'immeubles ont droit à un
affouage particulier en bois pris dans les
forêts de la commune pour constructions ou
réparations. (Belèze.) il Entretien d'une usine
en combustible ; plus particulièrement, le bois
nécessaire à la fabrication du charbon em-
ployé dans les hauts fourneaux et les affine-
ries. Il Autrefois, Impôt à payer par chaque
feu ou maison.
— Encycl. Tel qu'il existe aujourd'hui, l'af-
fouage a été établi par une loi du 26 nivôse
an II. Il donne droit aux habitants d'une com-
mune de prendre du bois de chauffage dans
les forêts de cette commune. Les coupes
affouagées sont déterminées par l'administra-
tion forestière et abattues par un entrepre-
neur spécial. Les lots sont faits par l'autorité
municipale : ils doivent être égaux. Le partage
a lieu, non par tète, mais par feu, c'est-à-dire
par habitant ayant un feu distinct et personnel.
De plus, il faut avoir son domicile réel et fixe
dans la commune. Une année de résidence
suffit pour faire acquérir le domicile. Outre le
naJes le bois de construction nécessaire pour
édifier ou réparer leurs bâtiments. Dans ce
cas, ils payent à la commune et à dire d'experts
les arbres qui leur sont délivrés , et ceux-ci
sont répartis , entre le3 ayants-droit, dans la
proportion du métré des bâtiments à con-
struire ou à réparer.
AFFOUAGE, ÉE part. pass. du v. Affoua-
fer. n Coupe affouagée, Coupe réglée pour
tre abattue et répartie entre les individus
jouissant du droit d'affouage : Les habitants
ne peuvent jamais aller partager sur pied ni
abattre les coupes affouagées.
— Subst. Celui , celle qui jouit d'un droit
d'affouage : Chaque affouage peut vendre ou
échanger le bois qu'il reçoit. Il On dit aussi af-
FOUAGER et AFFOUAGISTB.
i. (a-fou-a-je-man —
rad. affouage). Ane. adm. Action d'affouager ;
impôt paye par feu ; répartition des impôts :
Les fonctions des municipalités consistent prin-
cipalement à choisir et à établir des impositions
suffisantes pour produire la somme qu'exige la
quotité de leur affouagement. (Mirab.) Le
partage des fonds qui devaient appartenir à la
jeune communauté ne fut fait que dit» mois
plus tard, et f affouagement en 1605 seule-
ment. (A. Meyer.)
AFF
AFFOUAGER v. a. ou tr. (a-fou-a-jé— rad.
affouage). Dresser la liste des habitants d'une
commune qui ont droit à l'affouage, il Déter-
miner, dans uno forêt, les coupes qui doivent
être partagées en vertu du droit d'affouage.
AFFOUAGER, ère adj. (a-fou-à-jé, è-re—
rad. affouage). Concédé pourl'affouagejqui fait
partie d'un affouage : Communes affouagk-
res. Coupe affouagere. Portions affoua-
gères. L année affouagere commence à l'au-
tomne, saison où l'on distribue le bois à brûler
provenant des coupes affouagères,
— Subst. Celui, celle qui jouit d'un droit
d'affouage : Les anciennes ordonnances avaient
prévu que les affouagers, souvent pauvres et
poussés par le besoin, pourraient ne pas em-
ployer à leur chauffage tout le bois qui leur
serait accordé, il On dit aussi affouage.
affouagiste s. (a-fou-a-ji-ste — rad.
affouage). Celui, celle qui jouit du droit d'af-
fouage : Si un affouagiste a été privé de son
lot qui lui aurait été enlevé par un autre habi-
tant, il peut attaquer l'entrepreneur. Il On dit
aussi AFFOUAGER et AFFOUAGE.
AFFOUILLANT (a-fou-ian, Il mil.) part,
prés, du v. Affouiller : Le flot a détruit la voie
en /'affouillant sur une grande longueur.
(L. Figuier.)
AFFOUïLLÉ , ÉE (a-fou-ié) part. pass. du
v. Affouiller : Les maisons du faubourg ont été
emportées; deux ont été tellement affouil-
lÉes, ou'il n'existe plus à leur place que de
profondes excavations. (L, Figuier.)
AFFOUILLEMENT.s. m. (a-fou-lle-man ;
Il mil. — rad. affouiller). Action d'affouiller;
résultat de cette action: se dit de l'action
produite par les eaux dont le courant a creusé
un ravin, dégradé une pile de pont, une
berge, etc. : // faut réparer le dommage causé
par cet affouillemknt. // importe de prévoir
dès à présent les cas où des amas d'eaux sta-
gnantes persisteraient dans certaines localités,
par suite d'AFFOUiLLEMENTS plus ou moins
étendus, et plus ou moins profonds. (Journ.)
Les tassements éprouvés par le viaduc de Ba-
rentin sont attribués à /'affouillement du sol
sur lequel sont posées les fondations. (Journ.)
AFFOUILLER v. a. ou tr. (a-fou-ié — rad.
fouiller). Creuser un ravin, dégrader une
pilo de pont, une berge , etc. : se dit en par-
lant de l'action que produit le courant des
eaux : Il se plaint qu'il y a une gouttière de la
maison voisine qui verse l'eau de la pluie chez
lui et qui affouille les fondations de sa maison.
(V. Hugo.) Les ondes roulantes affouillent
le fond avec une puissance proportionnelle à
leur grandeur. (A. Maury.)
AFFOURAGÉ OU. AFFOURRAGÉ (a-fou-ra-
gé) part. pass. du v. Affourager. A qui on a
donné du fourrage : Le bétail affouragé est
enfermé dans les chaudes étables. (E. Sue.)
AFFOURAGEMENT OU AFFOURRAGE -
ment s. m. (a-fou-ra-je-man — rad. four-
rage). Distribution des fourrages aux bes-
tiaux, tl Approvisionnement d'une exploita-
tion en fourrages : La carotte est , après la
chicorée sauvage, /'affouragement leplus sain
des bestiaux. (Ûuchône.) Les affouragements
se font aux mêmes heures et se composent de
paille, foin, regain, trèfle, etc. (Ducnêne.)
AFFOURAGER OU AFFOURRAGER V. a.
ou tr. (a-fou-ra-jé — rad. fourrage). Distri-
buer du fourrage aux bestiaux : Affourager
les bœufs. H AOSOl. : Les animaux souffrent
quand ils arrivent dans une ferme où l'on n'a
pas l'habitude d' affourager de cette manière.
(Magne.)
AFFOURCHAGE s. m. (a-four-cha-je— rad.
affourcher). Mar. Action d'affourcher.
AFFOURCHE s. f. (a-four-che). Mar. Ce qui
sert à aflburcher un bâtiment, n Ancre d'af-
fourcke, Celle dont on fait usage pour amarrer
un vaisseau en rade.
AFFOURCHE , ÉE (a-four-ché) part. pass.
du v. Affourcher : Vaisseau affourciié. Bâti-
ment affourché. Nous sommes affourchés.
Le Commodore Elliot se dirigea sur les qua-
rante et une jonques mandarines affourchées
en travers du courant. (Journ.)
— Fam. Assis à califourchon.
Un jour .un villageois, sur son âne affourché, '
Trouva par un ruisseau son passage bouché.' ''
J.-B. Roussbac.
AFFOURCHEMENT S. m. (a-four-che-man
— rad. affourcher). Mar. Action d'affourcher,
manière d'affourcher : Les affourciiements
de toutes les principales rades, c'est-à-dire les
directions à donner aux mouillages dans ces
rades , sont généralement connues des marins.
(A. Jallais.)
AFFOURCHER v. a. ou tr. (a-four-chê —
rad. fourche). Mar. Retenir un navire sur
deux ancres dans une direction telle que, les
deux câbles formant une fourche , les ancres
fassent force également : Affourcher un
AFF
AFK
- Fam. Monter à califourchon sur :
— Neutral. Mar. S'affourcher : Un vaisseau
qui AFFOURCHE. AFFOURCHER à la VOÎlC AF-
FOURCHER à l'ancre.
S'affourcher, v. pr. Mar. Faire la manœuvre . il >eur impose un joug doi
pour aflourclier un bâtiment : Un 'vaisseau i
qui s'affourche. // est bon de s'affourcher i Et d'un si rude joug.<i//ra>
pour mieux tenir contre le vent.
— Fam. Se mettre à califourchon :
Maître curé s'affourcher sur son dos.
Chaulieu.
AFFOURÉ, ÉE (a-fou-ré) part. pass. du
v. Affourer. Pourvu de fourrage : A Hohen-
heim, les animaux sont affoures quatre fois:
à sept heures, foin; à midi, paille; à trois
heures, pommes de terre; le soir, paille.
(Journ.)
AFFOUHER v.a. outr. (a-fou-ré— du vieux
mot fuerre ou fouarre, paille). Syn. d'affou-
rager; s'applique principalement aux bêtes
à laine : Affourez le troupeau.
AFFOURRAGÉ, AFFOURRAGEMENT, AF-
FOURRAGER. V. Affouragé , Affourage-
ment, Affourager.
affraÎchei (a-frè-che) interj. en usage
dans la marine , et qui paraît être une cor-
ruption de l'impératif affraîchis. Les marins
s'en servent pour manifester le désir de voir
survenir quelque accroissement dans la force
de la brise.
AFFRAÎCHIEs.f.(a-frê-chî — rad./raicAi'r).
Augmentation dans l'intensité du vent.
AFFRAÎCHIR v. n. ou intr. (a-frè-chir —
rad. fraîchir). Mar. Syn. de fraîchir. Se dit du
vent quand il devient plus fort, il On dit mieux
fraîchir.
AFFRANCHE s. f. (a-fran-che).Techn. Pièce
de bois destinée à soutenir les ridelles aux
quatre coins de la voiture : Les affra:
sont ordinairement au nombre de quatre.
affranchi, TE (a-fran-cbi) part. pass. du
pouvait acquérir. Chez les Romains, l'esclave
pouvait être affranchi, mais il conservait un
caractère déshonnéte et bas. (Napol. 1er.)
— Par anal. Délivré d'une servitude, d'une
dépendance, d'un joug, etc. : Les Athéniens
affranchis dressent des statues à leurs libé-
rateurs. (Boss.)
Les oiseaux affranchis revinrent a leur cage.
ir noblement a sa ni
•Lambert.
J'en jure par ce Dieu qui doit nous protéger,
Vous serez affranchis du joug de l'étranger,
— Lettre affranchie, paquet affranchi, Dont
le port a été payé par l'expéditeur.
— Fig. Délivré, débarrassé de quelque chose
qui gène, d'un mal, d'une peine, d'une inquié-
tude : Affranchi de tout souci. Il demandait à
Dieu d'être affranchi de l'esclavage où le vice
le tenait captif et comme enchaîné. (Bourdal.)
Montrez à la fortune que vous êtes affranchis
de son pouvoir. (D'Aguess.) Affranchi par l'a-
blution chrétienne, le noir n'en resterait pas
moins un ilote. (Rog. de Beâuv.)
Que ce front, pour un jour affranchi de son deuil,
Rayonne, heureuse mère, et de joie et d'orgueil.
C. Delavione.
— Hortic. Se dit d'un arbre greffé au pied,
quand de l'endroit greffé il part de nouvelles
racines gui s'enfoncent en terre et rendent
inutiles les premières.
— Vétér. Se dit des animaux domestiques
mâles, rendus, par la castration, impropres à
la reproduction : Cheval affranchi. Porc af-
franchi, n Se dit également de certaines
femelles, telles que les vaches, auxquelles on
retranche les ovaires, dans le double buf
d'améliorer4eur viande et de prolonger la
durée de la production du lait, n Se dit aussi
des poules et de quelques oiseaux auxquels
on a retranché l'ovaire, ce qui est une sorte
de castration : Geline affranchie.
AFFRANCHI, IE s. (a-fran-chi — rad. af-
franchir). Esclave qui recevait de son maître
la liberté : Chez les Grecs, les affranchis n'é-
taient pas considérés comme citoyens, et ne jouis-
saient d'aucun droit. (Bouillet.) Les affran-
chis ne pouvaient se marier qu'à des affran-
chies de leur patron ou de sa famille. (E. Sal-
verte.)
Jamais un affranchi n'est qu'un esclave infâme ;
Bien qu'il change d'état, il ne change pas d'âme.
Corneille.
— Fig. : La philosophie du xix« siècle n'est
plus cette esclave révoltée qui, par ses excès
mêmes, attestait sa longue servitude; c'est une
nouvelle affranchie. (V. Cousin.)
AFFRANCHIR v. a. ou tr. ( a-fran-chir —
rad. franc). Rendre, déclarer libre : Un maître
de gladiateurs, ayant affranchi un esclave
pour avoir vaillamment combattu, reçût du
peuple de grands applaudissements. (La Harpe.)
Souvent des chrétiens pieux et zélés achetaient
des esclaves pour les affranchir. (Raynouard.)
C'est sous le régne de Louis le Butin qu'on
commença sérieusement'à affranchir les serfs.
(L.-J. Larcher.)
— Par ext. Délivrer : .Dieu affranchit son
peuple de la tyrannie des Egyptiens. (Boss.)
Thrasybule affranchit la ville d'Athènes des
trente tyrans. (Littré.)
Ont d<
tr Dans ce sens, s'empl. quelquefois sans.-
complém. indirect : Arbace affranchit les
Mèdes. (Boss.) Lgs souverains n'ont secoué le
joug de Bonaparte qu'en affranchissant le-
peuples, ou en promettant de tes. affranchir.
(Ballanche;)
En vengeant ma maison, j'affranchis ma patrie.
De Bëlloi.'
La pensée et la foi affranchirent la (erre.
Lamartine.
Il Dégrever de tout droit, de toute redevance :
Affranchir une ville, un bien, de certaines
charges. Affranchir quelqu'un de tout impôt.
il'ei
— Absol. : C'est le droit qui affranchit,
mais c'est le devoir qui unit. (Lamenn.)
— Fig. Tirer d'une sujétion, d'uno dépen-
dance quelconque : Tous les dons de l'esprit
ji'AFFRANCHissENT/amûî's le cçeurde sondevoir.
(L. Rac.) Voltaire est le premier qui ait af-
franchi l'esprit humain. ( La Harpe.) N'est-ce
pas Dieu qui donne à l'homme cette pureté et
cette sublimité morales qui l'élèvent au-dessus
'de la matière et /'affranchissent du honteux
empire des sens? (Auger.)
On affranchit Néron de la foi conjugale.
— Délivrer d'un mal, d'une peine, de tout
ce~qui gêne : La mort nous affranchit des
misères du monde. (Acad.) La société se crédi-
tant elle-mêmepeut seule affranchir te travail.
(L.-J. Larcher.)
is donc l'affranchir de ces frivoles ci
Corneille.
le port au moment de l'expédi
— Mar. Affranchir la pompe, Lui faire jeter
une quantité d'eau plus considérable que celle
qui entre dans le bâtiment, il Se dit aussi de
la voie d'eau, pour signifier qu'on extrait plus
d'eau, au moyen de la pompe, qu'il n'en pé-
nètre par la voie elle-même.
— Manég. Affranchir un fossé, Le franchir.
— Vétér. Affranchir un animal, Le châtrer.'
n Affranchir une vache, la femelle d'un oiseau,
Leur enlever les ovaires. .
— Techn. Affranchir un tonneau, Le flamber
quand il est neuf, pour lui ùter le goût du bois.
— Hortic. Affranchir un arbre, Le greffer
au pied, de manière à ce que de .nouvelles
racines s'enfoncent en terre et fassent dispa-
raître les premières.
S'affranchir , v. pr. Se rendre libre, indér
pendant : Plusieurs villes de l',Asie Mineure
s'affranchirent et formèrent les royaumes de
Pont, etc. (Boss.) Voyant qu'on mettait [„
liberté à si haut prix, beaucoup de serfs refu-
sèrent de s'affranchir. (Anquotil.) L'Apôtre
disait aux premiers chrétiens : « Le Christ vous
affranchira, «elle successeur des apôtres dit aux
chrétiens de nos jours : « Le Christ vous défend
de vous affranchir. » (Lamenn.)
' — Fig. Se débarrasser, se délivrer de ; se
soustraire à : S'affranchir de tout devoir, de
toute crainte.- Les hommes tendent toujours ù
s'affranchir de la douleur. (B. Const.) Plus
on veut s'affranchir de Dieu, plus on est es-
clave de soi-même et des autres. (Frayssin.)
De nos jours, les nouveautés littéraires se sont
affranchies de toute règle, et ont réalisé te
désordre pour toute perfection. (Caurentie.)
Il se faut affranchir des lois de votre empire.
Malherbe.
Tu voudrais l'affranchir du joug de mes bienfaits.
— Hortic. Se dit d'un arbre grefféau pied,
et qui, par la naissance de nouvelles racines,
force celles du premier sujet à disparaître.
— Syn. Affranchir , délivrer. Affranchir si-
gnifie donner la franchise, la liberté ; délivrer
signifie tirer d'une sujétion, d'une situation gê-
nante, de l'esclavage. On affranchit une terre
d'une redevance, d'une charge, d'une servitude
dont elle était grevée. On délivre une contrée
d'ennemis, de brigands, de tout ce qui lui est nui-
sible, etc. Affranchir, un pays, c'est lui donner
la liberté ; le délivrer, c'est la lui rendre : Les
Américains s'affranchirent du joug de l'A n-
gleterre. Hercule délivra la Grèce des monstres
dont elle était infestée.
— Antonyme3. Asservir, assujettir, astrein-
dre, contraindre, forcer, obliger, tyranniser.
affranchissable adj. (a-fran-chi-sa-b!c
—rad. affranchir). Qui peut, qui doit être
affranchi.
AFFRANCHISSANT (a-fran-chi-san) part,
prés. du v. Affranchir : Des maîtres affran-
chissant leurs esclaves.
AFFRANCHISSANT, ANTE adj. v. (a-fran-
chi-san, an-te — rad. affranchir). Qui affran-
chit, qui est propre à affranchir : Il y a au
fond du christianisme une force affranchis- .
santé qui use d'elle-même les fers de tout in-
juste esclavage. (Le P. Félix.)
AFF
AFFRANCHISSEMENT s, m. (a-fran-chi-
sc-man — rad. affranchir). Actipn d'affranchir
un esclave, un serf ; état d'un esclave affran-
chi : A Rome, {'affranchissement commença
sous Servius Tullius. (Bouillet.) Le bonnet était
chez les anciens et est encore chez nous le sym-
bole de {'AFFRANCHISSEMENT. (Aniault.) //AF-
FRANCHISSEMENT dans l'Eglise consistait à dé-
clarer, dans le temple, devant le'peuple et le
chapitre assemblés, un serf libre, en prononçant
la formule d'usage. (Encycl.)
— Par anal. Délivrance de la tyrannie, ces-
sation d'un pouvoir illégal ou oppressif : Af-
franchissement d'u« peuple. Ils célèbrent l'an-
niversaire de leur affranchissement. (Acad.)
Le sang français a coulé pour {'affranchisse-
mknt de l'Italie. (E. de laBcdoll.) La Révolu-
tion française est le plus grand pas qui $e soit
■ jamais fait pour {'affranchissement total du
genre humain. (Toussenel.) il Exemption d'im-
pôt, décharge d'un droit onéreux : Affran-
chissement d'une terre, d'une ville, d'un héri-
tage. L'affranchissement des impôts dont il
jouissait fut continué jusqu'en 1794. (Alîbert.)
— Fig., en parlant des choses morales : S'il
faut que l'un ou l'autre meure, périsse la forme,
la beauté même, pour {'affranchissement de
l'esprit. (Michclet.) La grande question des
tempsjnodernes, ce n'est plus' la liberté politi-
?ue, c'est {'affranchissement de l'ignorance.
Maquel.)
— Affranchissement des communes, Exemp-
tion des droits seigneuriaux et autres charges
qui entravaient lo développement de la vie
municipale : La Révolution a consommé {'af-
franchissement dès communes. (Royer-Coll.)
— Acquittement préalable des frais de port,
soit d'une lettre, soit d'un paquet, etc. :
Affranchissement libre. Affranchissement
forcé. L'affranchissement d'une lettre. L'af-
franchissement des journaux et des circu-
laires est obligatoire. Affranchissement au
moyen d'un timbre-poste. Il Prix que coûte cet
acquittement de port : L'affranchissement
des lettres simples de France, pour la France
est de vingt centimes, il Voici les principaux
règlements qui président à l'affranchisse-
ment : L'affranchissement est facultatif pour
les lettres ord inaires circulant dans l'intérieur
do l'empire français, ou expédiées en Algérie
ot dans les colonies françaises. Il est égale-
ment facultatif pour les papiers d'affaires ou
do commerce, pour les imprimés et lès échan-
tillons circulant dans l'intérieurde l'empire,
mais ils sont alors taxés comme lettres ordi-
naires : pour qu'ils puissent circuler à prix
réduit, il faut qu'ils soient préalablement af-
franchis. L'affranchissement est obligatoire
pour les lettres chargées, les valeurs cotées et
les articles d'argent. Enfin, il est tantôt fa-
cultatif, tantôt obligatoire pour les lettres
ordinaires et les échantillons expédiés en pays
étrangers, mais toujours obligatoire pour les
lettres chargées et les imprimés destinés à
ces mêmes pays. Le public est libre d'affran^ '
chir directement avec les timbres-poste, ou
en numéraire dans les bureaux de poste.
— Hortic Action d'affranchir un arbre ; état
d'un arbre affranchi : Cet affranchissement
se pratique à souhait sur les mûriers. (Olivier
de Serres.) il Si les arbres greffés au pied sont
plantés do façon à ce que le point d'insertion
de la greffe soit enterré, celle-ci développé
souvent des racixes qui suffisent à la nourri-
ture de l'arbre ; bientôt' le sujet pourrit et
finit par disparaître ; on dit alors que l'arbre
s'est a/franchi; il vit par ses propres racines
ot non par celles du sujet sur lequel il avait
été greffé. L'affranchissement est quelquefois
utile, et alors on l'obtient en enterrant de
quelques centimètres le nœud de la greffe.
D'autres fois il est nuisible, et dans ce cas il
faut déchausser lo pied ou planter de manière
que l'origine de la greffe soit assez élevée
au-dessusdu'sol: ' '■ ' •
— Encycl. Hist. Affranchissement en Grèce.
L'esclave pouvait acquérir la liberté, soit en se
rachetant au moyen de son pécule (Voy: ce
mot), soit par l'affranchissement. Le maître
laissait parlois, en mourant, la liberté a son
esclave. Quand il voulait l'affranchir de son
vivant, il en faisait la déclaration devant les
tribunaux, la faisait inscrire sur les registres
publicSj ou proclamer par un héraut dans les
assemblées publiques, les théâtres, les tem-
Sles, les fêtes, etc. L'affranchi n'entrait pas
ans la classe des citoyens; il passait dans un
état moyen où de nombreuses obligations
envers l'Etat et envers son maître lui étaient
encore imposées. A Athènes, il entrait dans là
classe des métèques (étrangers domiciliés), et
sa condition était plutôt une servitude adoucie
qu'une véritable liberté. De grands services
rendus à l'Etat pouvaient lui mériter une con-
dition moins précaire ; mais il ne lui était pos-
sible d'arriver à la plénitude des droits civils
et politiques que par un décret voté par une
assemblée d'au moins six mille citoyens.
A" Sparte , •■les ilotes', enrôlés parfois dans
les moments de périls publics, pouvaient éga-
lement, par de belles actioni, mériter leur
liberté. Leur affranchissement 'se faisait dans
les temples, où on les conduisait couronnés de
fleurs. L'Etat seul pouvait affranchir les ilotes,
qui rarement s'élevaient au rang de citoyens
o>. demeuraient, après leur affranchissement,
assujettis à divers degrés, sous les noms i'épeu-
nactes, à'aphètes, de néodamodes, etc.
• Aiirniicbi««eiiieii«u Home. Chez les Romains,
l'affranchissement {manumissio} mise hors de
AFF
main, hors de puissance ) était public ou privé.
Le premier mode s'accomplissait : 1» par tes-
tament; S» par une déclaration du maître de-
vant le censeur; 3» par la baguette (vindicta).
Cette forme était la plus usitée et la plus
ancienne. Le maître conduisait son esclave
devant le préteur et prononçait les paroles sa-
cramentelles : Je veux qu'il soit libre ; en même
temps, il le faisait tourner sur les talons et lui
donnait un petit soufflet; le magistrat ratifiait
l'acte en touchant l'esclaye de sa baguette. La
manumission privée, d'ailleurs incomplète et
précaire, se faisait simplement par une décla-
ration du maître en présence de ses amis, ou
par la remise en public du piteum ou bonnet,
signe de l'affranchissement.
Les affranchis étaient inscrits dans les tri-
bus urbaines,' mais leur droit de suffrage se
trouvait singulièrement restreint dans la pra-
tique; de plus, ils étaient exclus des charges
et même de la milice, et un grand nombre d'o-
bligations et de restrictions, soit envers leurs
anciens maîtres, soit envers l'Etat, leur rap-
pelaient h chaque moment leur origine, dont
l'empreinte ne s'effaçait qu'à la troisième gé-
nération. Beaucoup, d'entre eux devinrent ri-
ches. A dater surtout du règne de Claude, ils
envahirent le sénat et les hautes charges, où
quelques-uns montrèrent des talents, mais où
la plupart, mal préparés à cette puissance
nouvelle, ne se signalèrent que par leur servi-
lité, leurs crimes et leur avidité. Il suffit de ci-
ter les Narcisse, lés Pallas et les Epaphrodite.
Affranchissement depuis le christianisme.
Les coutumes romaines de» l'affranchissement
se prolongèrent en Occident jusqu'après l'in-
vasion des barbares, oui se conformèrent sou-
vent eux-mêmes au aroit romain. Cependant
des formes nouvelles s'introduisirent. Ainsi on
affranchissait dans tes églises, et les affranchis
se plaçaient, moyennant redevance, sous la
protection ecclésiastique. On affranchissait en-
core par les armes, en donnant à l'esclave la
lance et l'épée; par charte, par testament,
par édits royaux, par divers modes privés, .etc.
m. (a-fran-chi-seur
— rad. a/franchir). Celui qui affranchit de la
tyrannie.de l'oppression: Titius Quintusfut le
protecteur et {'affranchisseur de la Grèce.
(Amyot.) Fourier est un grand affranchis-
ses. (P. Leroux.)
— Vétér. Celui qui fait métier de châtrer
les animaux mâles, et do supprimer les ovaires
chez certaines femelles.
AFFRE s. f. (a- fre — onomatopée). Frémis-
sement d'épouvante et d'horreur; angoisse;
douleur : Après les affres de la mort, elle res-
sentit les horreurs de l'enfer. (Boss.) Madame
de Montespan était tellement tourmentée des
affres de la mort , qu'elle payait plusieurs
femmes dont l'emploi unique était de la veiller.
(St-Sim.) Que de guerriers dont le courage s'é-
coule avec le sang! N'en a-t-on pas vu qui,
après avoir braoé mille fois le trépas, tombés
dans une maladie de langueur, éprouvaient dans
un lit toutes les affres de la mort? (Duclos:)
Mon père me faisait souffrir les affres de la
vie. (Chateaub.) Pour nous , ce petit tableau
nous semble rendre aussi bien les affres du-
naufrage qve.la grande machine de la Méduse
(Th. Gaut.) Un tel lit n'était pas fait, certes,
pour les râles et les affres du trépassement.
(Th. Gaut.)
— Syn. Affres, angoisses, transes. Les affres
sont caractérisées par des frissons, des gestes
égarés , le désordre et l'anéantissement des
sens et des idées; les transes, par,un tremble-
ment universel, et les angoisses, par l'oppres-
sion, la suffocation.
AFl'RE (Denis- Auguste), archevêque de Pa-
ris, célèbre par sa fin héroïque, né en 1793, à
St- Rome-de-Tarn , m. en 1848. Il pre"
théologie ,à St-Sulpice et fut ensuite
sivement aumônier des Enfants-Trouvés, vi-
caire général à Luçon , puis à Amiens , coadr
juteur de l'évêque de Strasbourg, enfin appelé
au siège de Paris en 1840. Son diocèse lui dut
i quelques établissements utiles, comme les con-
férences ecclésiastiques et l'école des Carmes.
Pendant les terribles journées de juin 1848, il
voulut tenter un effort suprême pour arrêter
l'effusion du sang, et se présenta, le 25, à quatre
' heures du soir, devantla formidable barricade
élevée a l'entrée du faubourg St- Antoine. Au
moment où il exhortait les combattants à la
soumission, il fut frappé aux reins d'une balle
. égarée et tomba entre les bras des insurgés,
qui témoignèrent un grand désespoir. Cet hor-
rible événement ne' fut pas , d'ailleurs , le ré-
sultat d'un crime; la direction du coup de feù,
' l'attestation des grands vicaires, la douleur des
insurgés ne laissent aucun doute à cet égard.
Le vénérable prélat expira le 27. On connaît
les admirables paroles qu'il prononça à ses der-
niers moments : « Que mon sang soit le dernier
versé. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses
brebis. » On a de lui un Traité de l'administra-
tion temporelle desparoisses, 1827, très-estimé.
AFFRÉRÉ , ÉE (a-frê-ré) part. pass. du v.
Affrérer : Mon esprit est si affréré à mon corps
que, quand son compagnon a la colique, it l'a
' aussi. (Montaig.)
AFFRÉRER v. a. ou tr. (a-fré-ré — rad.
frère). Unir d'un lien fraternel : Affrérer
tous les peuples de la terre pour n'en faire
qu'une seule et même famille , tel doit être le
but de tous les efforts. (Journ.)
S'affrérer, v. pr. S'unir d'un lien fraternel ;
être étroitement uni , lié , attaché : L'esprit
AFF
s'est si étroitement affréré au corps , qu'il
m'abandonne à tous coups, pour le suivre en sa
nécessité. (Montaig.)
AFFRÉTANT (a-fxé-tan) prirt. prés, du v.
Affréter.
affrété , ÉE (a-fré-té) part. pass. du v.
Affréter. Pris à louage, en parlant d un navire.
AFFRÈTEMENT s. m. (a-fré-te-man — rad.
affréter). Louage d'un vaisseau pour un voyage
ou pour un temps déterminé , selon des con-
ditions stipulées avec le propriétaire de ce
navire : Le Code de commerce range les chartes-
parties , les affrètements et les nolissements
dans lamème catégorie.(Dict. d&coï(\m.)Le gou-
vernement anglais faisait de nombreux affrè-
tements pour l'Inde et pour la Chine. (Journ.)
— Encycl. Toute convention pour le louage
d'un vaisseau prend le nom à' affrètement , de
nolissement ou de charte-partie. Nolissement
se dit dans la Méditerranée , et charte-partie
dans quelques ports de l'Océan. Le contrat
d'affrètement doit énoncer le nom et le tonnage
du navire , le nom du capitaine , les noms du
fréteur, c'est-à-dire de celui qui donne à loyer,
et de l'affréteur, c'est-à-dire de celui qui prend à
loyer ; le lieu et le temps convenus pour te char-
gement et le déchargement; le prix du fret ou
nolis; l'indemnité convenue pour les cas de
retard. — L'affrètement peut se faire au voyage .
ou aamois. Il peut être total ou partiel; quand
il est partiel, c'est-à-dire quand il ne porte que
sur une partie du navire , il peut être lait
au quintal ou au tonneau, d'après le poids
du chargement, ou d'après l'espace occupé
par les marchandises. Le Code de commerce
règle les conditions de l'affrètement et déter-
mine les obligations qui en résultent.
AFFRÉTER v. à. ou tr. (a-fré-té — rad. fret,
louage. — Vé fermé du radical se change en
è ouvert devant une syllabe muette, excepté
au futur et au conditionn. : J'affrète , tu af- .
frètes. J'affréterais, nous affréterions). Mar.
Prendre un bâtiment à louage , soit en tota-
lité, soit eh partie : Affréter un vaisseau,'
S'affréter, v. pr. Etre affrété;, se louer, se
prendre à louage : Bâtiment qui peu* .s'af-
fréter. "
AFFRÉTEUR s. m. (a-fré-teur — rad. affré-
ter). Celui qui affrète un bâtiment : L'affré-
teur loue le moyen de transport, et s'engage à
payer le prix convenu; le fréteur s'oblige à
opérer le transport. (Dict. de comm.)
AFFREUSEMENT adv. (a-freu-ze-man —
, rad. affreux). D'une manière affreuse : Le
taureau se mit à courir ça et là et à beugler
' affreusement. (Th:Gaut.} J'eus le cœur af-
freusement serré. (G. Sand,)
— Par exag. Beaucoup, très-fort, extrême-
ment : Etre affreusement laid. Ma chère en-
fant, vous êtes aujourd'hui affreusement
habillée. (E. Sue.) Elle était' mal unie ,.af-,
• FREUSEMENT mise. (G. Sand.) n Métaphorique-
ment et par une antithèse hardie : Une femme
affreusement belle de pâleur était debout,
adossée contre des rochers. (G. Sand.)
. AFFREUSETÉ s. f. (a-freu-ze-té — rad. af-
freux). Néol. Etat, qualité de ce qui est
affreux : L'affreusete du mensonge, du vice,
AFFREUX, EUSE adj-. (a-freu,eu-ze — rad,
affre). Qui cause de l'épouvante, de l'effroi, do
la terreur : Tout devient affreux dans lapau-
vreté. (Boil.) Encore si je pouvais éviter ce
précipice affreux. (Boss.) Il n'y a point d'ob-
jets affreux pour qui en voit tous les jours.
(J.-J. Rouss.) La peinture d'un naufrage est ce
qu'il y a de plus affreux. (Mesnard.) Napo-
léon meurt sans secours sur cet affreux ro-
cher. (Norvins.) ■
AFF
123
— Par exag. Extrêmement laid.; horrible à
voir : Un visage affreux ; un air, un extérieur
affreux. Rien <2'affréux comme une mode
surannée. (H. Beyle.) il Très-mauvais : ex-
trêmement désagréable , détestable : Il fait
un temps affreux. Elle est d'une humeur af-
freuse. La pluie a rendu les chemins affreux.
Cher ami, j'ai une affreuse plume, et j'attends
un canif pour la tailler. (V. Hugo.) Il Excessif,
extrême ; Le ciel était d'une obscurité af-
freuse. (B. de St-P.) Figurez-vous des plages
sablonneuses, d'un aspect rougeâtre et d'une nu-
dité affreuse. (Chateaub.) Cette résolution me
jetait dans une affreuse perplexité. (G. Sand.)
il Se dit en parlant du style, du langage et des
ouvrages d esprit : Style affreux. Locution
— Dans un sens moral , Triste , malheu-
reux.; qui est à redouter par ses effets , '.hor-
rible à supporter : C'est un affreux écueil où
les joueurs viennent se briser et se perdre.
(La Bruy.) Jamais la méchanceté humaine ne
s'estportéeà des excès plus. affreux. (Arnault.)
La petite vérole fait au Cap des ravages af-
freux. (B. de St-P.) L'aspect des misères hu-
maines est plus touchant qu'il n'est ~
(De Bernis.)
Le sort le plus affreux n"a plus ri
(B. de St-P.) il En parlant dès personnes,
Cruel , méchant , protondêmcnt vicieux : Un
affreux tyran. J'ai vu des hommes affreux
pleurer de douleur aux apparences d'une année .
fertile. (J.-J; Rouss.)
Si l'on vous faisait voir "que ce bon air, ces grâces;
Ce clinquant de l'esprit, ces trompeuses surfaces,
Cachent un homme affreux ■..
Gresset.
— Suivi d'un infinitif, il veut la prép. à
ou la prép. pour : Temps affreux four voya-
ger. Chose affreuse à penser, k imaginer, à
dire. Les disgrâces désespérées soiit affreuses
k soutenir. (J.-B. Rouss.)
— Il est affreux, loc. 'impers. C'est une
chose affreuse : Il est affreux qu'il ait man-t
que à ce réformateur dés hommes la principale
vertu, l'humanité. (Volt.)' '.' ,'.'_""
Mais quelle a/frn
lapei
e à en soutenir Ta i
il Ignoble , atroce , abominable , sacrilège :
Crime affreux. Spectacle affreux. C'est une
affreuse calomnie. (Acad,) Il jura, par un ser-
' qu'il pardonnait à son esclave.
Une chose horrible excite l'aversion ;, on ne
peut s'empêcher de la condamner, on en a hor-
reur : La Brinvilliers, cette horrible femme. ..
(Mme de Sèv.) Ce qui est effroyable est çapablo
de faire peur : L'indignation leur fit pousser
à tous un cri effroyable. ( Roll. ) Un objet
épouvantable cause l'étonnenient et quelque-'
fois la^terreur : Les hypocrites se sont armés
contre ma comédie avec une fureur épouvan-
table. (Mol.) ' ■
— Syn. Affreux, difforme, Iiidoui, horrible,
laid. Laid . exprime une irrégularité moins
grande, moins choquante, et surtout-moins •es-
sentielle que difforme; le difforme est tel par
sa nature même ; le laid n'est tel que par l'im-
pression qu'il fait sur nous : Un homme qui a
oeaucoup de mérite et d'esprit, et qui est connu
pour tel, n'est pas laid , même avec des traits
difformes. (La Bruy.) Ce qui est hideux est
repoussant : Cette reine si vieille était sale ,
hideuse et puante. •(Fén.) Ce qui est affreux
est laid à faire peur : L'affreuse figure d'une
femme en colère... Ce qui est- horrible fait fris-
sonner : Hercule sur le bûcher poussait des cris
horribles. (Fén.) ■,-■*(.■'
AFFR1ANDANT (a-fri-an-dan) part. prés.
du,v. Affriander: Des, fruits affriandant les
oiseaux. Ces récits {'affriandant,.!? .voulut.
qu'on les continuât. ,>,■,■•
AFFRIANDANT, ANTE adj. (a-fri-an-dan,
an-te— rad. affriander). Qui affriande , qui
attire par l'appât -de quelque choso. d'agroa-
ble : C est un morceau affriandant. Une ome-
lette affriandante. .
— Fig. Séduisant, alléchant : Malgré quatre ■
lettres que je lui. ai écrites dans le plus af-
friandant des styles... (Alex. Dum.) Le plus'
grand charme de l'amour est/attrait affrian-
dant du fruit défendu. (E. Sue.) v
AFFRIANDE , ÉE (a-fri-an-dÔ) part, pass:
du v. Affriander. Alléché ; rendu friand : Un
enfant affriande par des pâtisseries. Les oi-_
seaux , les poissons sont afpriandés par cer-
tains appâts,
— Fig. Attiré, séduit :Jene restai pas même '
affriande de jolies femmes. (J.-J . Rouss.) Nous s
avons été affriandes, en passant, par une pom-~
pense affiche. (Th. Gaut.) Les soldats étaient
affriandes au butina (Littré.)
AFFRIANDER v. a. ou tr. (a-fri-an-dé —
rad. friand). Rendre friand , accoutumer à la
friandise; excitor l'appétit, le désir: Affrian-
der un enfant en lui donnant des mets trop dé-
licats. Quel repas! mais, madame, c'est trop'
affriander un philosophe. (Sallentin.) Quel-
' ques verres de ce petit vin ot'avaient fort af-
friande. (J.-J. Rouss.)
— Fig." et fam. Allécher, attirer'par quelque
chose d utile , d'agréable : Le gain affriande
les joueurs. (Trév?) Le récit du prétendu moine
{'avait affriande; (Le Sage.) Alençon n'est
point une ville qui affriande l'étranger.(Balz.)
Pour affriander les chalands, le commerçant
' "■<édert ■•■ ' '
... Ce point, monsieur, est le fruit défendu,, . , r
Et voila justement ce qui nous affriande. ^
• ■ "' -Destouches^
AFFRICHÉ ÉE (a-fri-ché) part pass. du v.
Affricher : Terres affrichées.
affricher v. a. ou tr. (a-fri-ché — rad
friche). Laisser un terrain en friche.
AFFRIOLANT- (a-fri-o-lan) part. prés, du
v. Affrioler: Une mère affriolant ses enfants.
AFFRIOLANT, ANTE adj. (a-fri-o-lan, àn-
te — rad. affrioler). Très-appétissant : Des
meta affriolants. ■ , ., .
— Fig. Qui est rempli de charmes et d'at-
traits, séduisant : Cette femme est un démon ;
tous ceux qui la voient l'adorent; elle est si
il (Balz.)
parmi les spéculateurs de sa connaissance, deux
entrepreneurs affriolés par l'hôtel, ou l'éten-
due des jardins permettait de faire des con-
structions. (Balz.) /{ était apfriolk par l'idée
affrioler v. a. ou tr. (a-fri-o-lé — de
i'ànc- v. frioler, 'frire légèrement). Attirer
par quelque chose'd'agrèable au goût -.Vous
2'avez -affriolé par voire, bonne chère. -Vous
affriolez cet enfant tant que vous le gàstez.
'(Palsgraye.).- ,-.,',-i '„
,;■ T-r Fig. Attirer. par quelque chose de sé-
duisant,, d'agréable : Les, cadeaux /'ont- af-
friolé. Il s'.est laissé affrioi.br. La guérison
de cette névrose affriolait le géni» du doc-
teur. (Balz.) Il est admis, dans un certain
monde 'de romans , que l'on ' arrive par les
femmes : doctrine plus spécieuse que vraie,
mais de nature à affrioler les vaudevillistes.
'(Th.-Gauti).:' ,■■ 'i,-.,' .'■..■■; ,
-'"AFFHIQITE "(SAINT-j, chef-lieù d'arrond.
(Ayeyron) ; pop., aggl., 4,785 hab. ; pop'.-tbt.',
6,807 hab. L àrroiid.' a 6 cantons, 52 conim. et
59,301 hab. Industrie active ; fabriqué de laine,
de draps, de tricots et de coton. '
J AFFRITER v.'a. pu tr. (a-fri-té — rad. frit,
Zo'frire). Art culin. Rendre propre à Taire une
bonne friture : Affritër une poêle neuve, en
l'essayant par divers moyens.
.r1-AFFnONT,-s.'-m.--(a-fron —.rad. front)Z lar
jure publique, accompagnée de mépris et qui
Tait monter la rougeur au front : lin sanglant,
u)il léger affront. .Mecevoir, essuyer iiii'Àp-
frost. 'Tous 'mei'jen's s'indignent' au souvenir
de /'affront que vous me prépariez. (Raynal!)
Cest le plus-outrageant de tous les affronts.
(Volt.) . h '
Les a/fronts à Phonnêu'r|ne se réparent point!
'. Un affront est toujours sur le front qui l'endure. '
Rappeler un affront, c'est le subir deux fois.
. r/. .v yi: -ii4;i'it;i '■<> ->■- C.°I)'ÉLKVioxei
n'Déshbrihëùr,"hôd'ie.:7//ai7 affront a toute
sa famille. • " ' '' *- ■ "''„"'''
" Sauvons de cet affront mpnVom et sa mémoire. -,
. ... '.. . Pleurez Pir-réparable affront
. Que sa fuite honteuse imprime a notre front. ,,
• ii'.' •[' ' •M) - .'■.■.. - -\ ■ Corneille; .'.^ .
Il .Dans cet te i dernière, accept., il peut être
suivi d'un 'infinitif précédé de la- prép. de :
Le roi eut /'affront de lever le siège. (Volt.)
AA / sire, estrce à moi de descendre jusqu'à
{'affront, dis me justifier? (Arnaud.) J'ose
croire que vous ne me ferez pas, V affront de
refuser. (Balz.) ,,..-......
• Snuvei-moi dé Vàffraiit de 'tomber a leurs pieds. ..
',■''''.';, . Corneille. '
"H Ins.uçcès, éçheç. déshonorant : Il fut irrité
du premier affront" que recevaient ses armes.
(Volt.) Là bataille d'iêha a lavé /'affront de
ilosbach. '(Napol. 1er.) ' IJ , ; • " yj
— Faire l'affront d'une chose à quelqu'un,
La lui reprocher ■vertement, hautement:
Chut! je veux à vos yeux leur en faire l'affront.
--»: ■■■. 'j. ■"• / 'i i " '!• ■. -. Molière:"
"Û En avoir) l'affront, Ne pas réussir. -.'S'il vout
lait m'àïder à terminer cette affaire, je, crois
que je n'envacrâis i;ÀVlL?AFFkoi<rç.'-(Mme'de
Sév.) n Souffrir, supporter, dévorer ; boire un
affront, S'y résigner patiemment sans en tirer
vengeance : ■• _ > . ■* ■-•'
. ... .Prétend-il que ji doive souffrir
L'ttbominable*a#ron< dont on veut me couvrir»
-i ■' r . >' , > - _-. Voltaire:»;^
D Ne pouvoir digérer' un affront, En.'conser-
ver le ressentiment. || Laver, réparer, venger
un affront. En 'tirer vengeance : h ne cher-
chait que l'occasion' dé 'se venger de tant «/'af-
fronts: (De'Barâht'é.) il Fam. Samémoire'lûi
a fait un affront,' lui' fait souvent' affront: Se
dit d'un orateur ou d^un acteur à qui la mé-
moire a manqué ou manque d'habitude.
Affront est un trait de reproche ou 'de mépris
lancé en face de témoins : Vulcain fit à Vénus
un cruel /Lgva-OtiT, devant les. dieux. (Montesq.)
L'insulte est une attaque faite avec insolencet:
Le peuple obtint,des- magisirats.de son corps
pour te défendre contre les. insultes et les in-
■ justices. (Montesq.) L'outrage ajoute à l'insulte
un excèsv de. violence qui irrite :. Il est, d'un
chrétien de supporter -.patiemment les ou-
trages. (Guizpt.) L'avanie .est ,un. traitement
humiliant :'// n'est pbini d'AvÀNiÈs nt'dé'vèxa-
tions que Verres ne fit'souffrir âux'infortùnés
laboureurs1. ({Rp|l.) ',.,,,',;' .'. .'
_ .— Eplthétes. Léger; pardonnable,,.rép.ara-
ble, éttacé, ineffaçable, impardonnable,-';im-
puni, dur, outrageant, honteux, odieux, cruel,
douloureux,' scandaleux, .sacrilège, sanglant,
insupportable ^ t irréparable , infâme , mortel ,
éternel, salutaire: *, t- v
;',, affrontable adj. (a-fron-ta-ble r-1 rad.
affronter ).\ Qui- peut, qui doit être affronté.
i.'AFFRONTAILLES Si' f; pi. ( a-fron-ta-lle ;
'■Il nilh — rad. affronter). Limites d'une terre ;
ligne où elle confine à d'autres terres. Il
Terme de bornage usité dans quelques pro-
vinces de France.
' AFFRONTANT (â-fron-tan) part. prés, du
y'. "Affronter : C'est en affrontant la mort,
qu'on apprend- à la mépriser. .
tés ! Après tant de périls
■ ^_ Trompé : Bien des gens, affrontés par
ses fourberies, se plaignaient de lui. {Acad,) il
Inus. dans ce sens.
— Techn. Mis de niveau et bout à bout :
Des pièces de bois affrontées.
— Blas: Se dit de deux animaux ou de deux
têtes d'animaux qui se regardent, et de deux
choses qui sont opposées de front. Famille de
Lagani : d'or, à deux lions affrontés d'azur
soutenant de leurs pattes de devant un cas-
tue d'acier taré de
e lis de gueules.
affrontement s. m.1 (a-fron-te-man —
rad. affronter). Techn. Action d'affronter, de
mettre de niveau et bout à bout : /.'affron-
tement de deux pièces de bois. . ,,,'■',
affronter v. a. ou tr. (a-fron-té). Syn.
as. de c<
. AFFRONTER v. a. ou tr. (à-fron-té — rad.
front). Faire front à, attaquer de front; atta-
quer avec hardiesse, intrépidité : Alexandre
allait affronter l'ennemi en plein jour et à
découvert. (Trév.) Les rois étrangers hésitent
à nous affronter. '(Vergniaud.) tl En..mau-
vaisp' part, Braver avec audace : Est-ce cou-
rage à un homme mourant d'aller,' dans la fai-
blesse de l'agonie, affronter un JDieu puissant
et' éternel?, (Pasc.)
' — Par ext. S'exposer hardiment à : Aft
fronter la mort, les tempêtes, les périls de la
mer. C'est un homme qui, vingt fois dans sa
vie, pour servir ses amis, a généreusement af-
fronté les galères. (Mol.) Aussi intrépide que
son maître, le cheval voit le péril et J'affronte.
(Buff.) // affrontait 7e froid comme un Sa-
mùyèâe.. f"*) Il voulut '.enfin, affronter l'ac--
ciieil reveche.'d'è la dame. (G.'Sand.) Tel qui
affronte le feù ,des canons hésite' à traverser
un fleuve à la nage: (E. de Gir.)
Affronter en plein champ les fureurs de janvier.
■ ' • Boileau. •'■'
Et s'il faut affronter les plus cruels supplices...' '
. ,,'''.. , Corneille.
Vous allez de lit mort affronter la présence.
• — Poétiq. Affronter le ciel, affronter la
nue, Se dit des choses qui, par leur élévation,
leur hauteur, semblent menacer le ciel, les
nues, etc. : L'Atlas semble affronter le ciel.
"—Tromper: C'est un'coquin qui affronte
tout le monde: (Acad..) /e ne me fie pas à elle.-
quand une. fois on m À affronté, je .n'en re-
viens' point. (Mariv!) il Ce sens à vieilli.,
Voub m'avez affronté, ah! trompeuse du-diable!
->■ ■ ■■!.• ■ -, • • ' ■ Scarron.
, r- Chirurg.1 Réunir les deux extrémités d'un
6s fracturé, les deux lèvres d'une plaie.
— Techn. Mettre front à front, de niveau
et .bo'ut à bout : Affronter deux pièces de
bois, deux panneaux. ' '. ;' i,
,,, S'affronter, . y. pr.. S'attaquer-, de .front :
Voyez ces deux chiens i qui s'aboient, qui s'aft
frontent. (LaÎBruy.) , ,....■ ■ i .-, .
■ '-r- Fig. : Cette vivace et frappante antithèse
se croise et s'affronte à chaque instant sur le
Min. (V. Hugo:)
. ' — Chirurg. Se réunir dans la direction nor-
male : Les fragments, au lieu de s'affronter
ont pris des positions vicieuses. (Dupuytreni)
AFTRONTERIE s. f. (a-fron-te-rî — rad.
affronter). Hardiesse effrontée. .,
AFFRONTEUR,'EUSE s. (a-fron-teur,'eu-
ze — rad.. affronter). .Impudent, trompeur,
fourbe, audacieux : Un affronteur public.
Les horoscopes et les présages sont des rêveries
que les affronteurs vendent cher aux igno-
rants. (Bossi) Elle faillit plus d'une fois jeter
l'es pots à la tète des buveurs quand ils se per-
mettaient de chanter la Josette, et fit honte aux
affronteurs. (G. Sand.)
Voyez donc Vaffronteur qui m'en donne à garder!
".'.'.' " . . tr'.).-.
AFFRUITER v. n. ou intr. (a-frui-té~rad.
fruit): Hortic. Porter; produire des fruits,
en parlant d'un arbre : Cet arbre bien taillé
AFFROrrERA.' • • '' > ' ' ' '
S'affrùiter, v. pr. S'emploie dans le même
sens : Ce poirier, ce pommier s'est affrdite
cette année. • . ...,^ . ■.
affublé, ée (a-fu-blé) part. pass. du v.
Affubler. Costume; vôtu. d'une manière bi-
zarre, presque ridicule : Il est singulièrement
affublé. Avocat affublé de sarobe. Il est
AFFUBLÉ d'un immense chapeau à' plumes. (Balz.)
// lui était impossible de ne pas le prendre pour
un noble personnage affublé d'un déguisement.
(G. Sand.) Il n'est pas sûr qu'il vous recon-
naisse, affublé comme vous voilà. (G. Sand.)
Il était affublé de deux' pelisses. , (E. Sue.)
Affublée "Se son plus beau tartan, elle se ren-
dit dans les bureaux de l'administration*.' (h.
Reybaud.)'
— Par ext. et fam. Couvert, rempli de :
C'était un homme affublé de ridicules et fourré
de vices comme d'hermine. (Dider.) Cest là
que La Fontaine avait emprunté ces héros
si plaisamment affublés d'un nom qui en
' ÀFF
rappelle la nature, l'instinct- ou les habitu-
des. (Dict. de la Conv.) Combien de maisons
affublées d'un masque décent et d'un titre'
pompeux ont été de jolis sérails, ouverts en
.secret à quelque haut et puissant seigneur!
(Four.) il Entiché, engoué : Mais enfin je suis
affublé de cette absurdité. (H. Beyle.)
— Syn. Affublé, accoutré. V. ACCOUTRÉ.
— Syn. Affublé , rngolé , babillé , rcrflo,
Tîiit. On est vêtu de ce qu'on porte d'ordinaire ;
on est revêtu de ce qu'on porte par-dessus le
vêtement, comme un insigne, une marque
d'honneur ou de dignité. Habillé indique que
l'on est ajusté ou mis de telle façon. Affublé
et fagoté font connaître que l'on est étrange-
ment habillé ;.mais ils diffèrent en ce que affu-
blé né se dit généralement qu'avec indication
de la chose, tandis que fagoté s'emploie d'une
manière absolue.
àffhblement s. m. (a-fu-ble-man— rad.
affubler). Habillement ridicule, de mauvais
■goût : Que signifie cet affublement ? c'est
une vraie mascarade. (Littré.)
1 affubler v. a. ou tr. (a-fu-blé — du bas
lat. affibulare, agrafer; formé de fibula; bou-
cle). Habiller, vétirj et, plus particulierem.,
vêiir d'une façon bizarre, ridicule, grotes7
?[ué : On /'affubla d'une robe deux {bis trop
arge et d'une énorme perruque. L'habitude de
voir sans cesse de brillantes étoffes, d'élégantes
toilettes , lui rendit de plus en plus odieux le
lourd accoutrement dont sa mère f affublait.
(Fr. Soulié.) Sa tète était coiffée d'un bonnet
de laine qui ressemblait au bonnet phrygien
dont 0B:AFFUBLE-ta Liberté. (Balz.)
— Fig. et moral. Couvrir, revêtir : Il
me prend envie' d'AFFUBLER sa face de deux
larges soufflets. (Volt.) Dans la conversation,
on affuble vite sa pensée du premier mot qui
se présente, et l'on marche en avant. (Joubert.)
Son mariage avec un duc de l'Empire rallié à
la Restauration Z'affubla dit titre de comte.
(E. Sué.) Le mot perruque était le dernier
mot trouvé par le journalisme romantique, et il
en avait affuble les 'classiques. (Balz.) Le
pèrese plaint qu'on V ait afi'ublé d'un ridicule
quand le pauvre homme en est déjà si riche.
(Balz.) Orivoitcertaines femmes affubler leur
esprit et leur corps des sentiments et des hordes
de notre- sexe. (A. Karr.) Il a affublé d'un
nom vague, cabalistique et suspect une chose
bien simple. (Peyrat.) .
S'affubler, v. pr. Se vêtir d'une manière
étrange, ridicule :. La princesse s'affubla de
la robe du prêtre et de toutes les marques de
sa dignité. (Volt:) A l'instant où l'homme s'af-
fuble du costume d'un état, il en prend l'es-
prit. (Boiste.)
, Aussitôt notre vieille,- encor plus misérable.
S'affublait d'un jupon crasseux et détestable.
., .. • La Fontaine.
— Par ext. Se parer de : Il s'affubla
d'un nom qui date des croisades.' (Andrieux.)
La coterie des économistes 'est d'autant plus
dangereuse qu'elle s'affuble d'un masque de
raison. (Fourier.)
AFFUSANT (a-fu-zan) part. prés, du v. Af-
fuser, :.-.._
" AFFUSÉ, ÉE f a"-fù-zé) part. pass. du v.
Affusér". Soumis a l'affusion :. Si le sujet af-
FUSÉ est dans un' état de sédation ou de froid,
il est évident que le malaise augmentera si le
liquide est sédatif. (Récamiér.)
AFFUSER v. a. ou tr. (a-fu-zé — ràd. affu-
sion). Soumettre à l'affusion : Affuser un
malade; /'affuser avec un liquide quelconque.
AFFDSION s. f. (a-fu-zi-on — . du lat. affu-
sio; de affundere, verser, répandre). Arro-
sement, aspersion : Elle lui fit reprendre ses
sens avec une affusion d'eau froide. (Balz.)
,' — ^.Encycl. Méd. L'affusion est un moyen
,thérapeutiqiie qui consiste à verser en nappe,
et seulement de quelques pouces de hauteur,
une certaine quantité d'eau froide sur une ré-
gion quelconque du corps. L'affusion diffère
de la douche en ce que, dans celle-ci, l'éau est
versée de plus haut et tombe en colonne d'un
petit diamètre. La température de l'eau qui
sert à Vaffusion ne doit pas dépasser 18° cen-
tigrades. Le premier effet des affusions froides
est de produire la constriction des vaisseaux
capillaires et la concentration du sang sur les
organes intérieurs ; le second effet est dé pro-
voquer une réaction qui peut être. une révul-'
sion salutaire. La durée des affusions varie
selon les indications observées par. le médecin
et selon lèlbùt qu'il se propose., Lés' affusions
'6ht été employées avec succès dans lès lièvres
.typhoïdes, les affections cérébrales, etc.
affût s. m. (a-fu — rad. fit, fust, qui se
disait anciennement pour Bâton,.tronc, arbre,
bois ; du lat. fustis, bâton. Ainsi, se mettre à
l'affût a signifié primitivement Présenter un
bâton, une arme contre quelqu'un). Lieu ca-
ché, endroit où l'on se poste, ordinairement le
à /'affût. Attendre un loup à /'affût. Chasser
'à /'affût. C'est, dit Paul, le chien dé quelque
chasseur qui vient le soir tuer des cerfs à
/'affût. (B. de St-P.) Il Chasse faite à l'affût :
Z'affût pendant la nuit peut être autorisé
exceptionnellement pour la chasse des oiseaux
de passage. (Belèze.)
— Par anal. Retraite où l'on se met à l'abri
et d'où l'on peut guetter l'ennemi : Plus in-
AFF
génieuse, l'araignée maçonne se creuse une re-
traite cylindrique ■ qu'elle tapisse à l'intérieur
pour prévenir l èboulement des terres, et dont
elle ferme l'ouverture au moyen d'une véritable
porte à charnière : c'est /'affût. (A. d'Houde-
tot.) St quelques railleurs flagornaient' le roi
à mes dépens, je me mettrais à /'affût sur le
chemin des railleurs; j'en châtierais quelques-
uns. (Alex. Dum.) Elle s'éloigna de quelques
pas et se mit comme à /'affût derrière une
haie de cactus. (Gér. de Nerv.)
— Fig, et fam. Etre, se mettre à l'affût,
Epier l'occasion favorable pour fairo une
chose, être au guet : Je suis toujours À l'affût
des modes. (Le Sage.) // est des esprits qui m
peuvent rien attraper qu'à la volée, d'autres à
la piste, d'autres a l'affût. (Boiste.) Elle
"était a l'affût du moindre souffle et de la
moindre parole de son frère. (G. Sand.) Les
meilleurs parmi vous, feunes gensj sont à
l'affût des principes révolutionnaires des na-
tions plus avancées que la nôtre. (G. Sand.)
Lorsqu'un bonheur arrive à quelqu'un, le mal
se trouve toujours À l'affût derrière. (Champ-
fleury.)
Toujours autour de nous le diable est d raffut.
En vain, pour tout saisir, j'ai l'esprit à l'affût.
affût' s. m. (a-fu — du lat.' fustis, bîion,
bois). Artill. Charpente destinée à soutenir
une.bouche à feu dans les manœuvres et dans
le tir : Affût roulant. Affût à flèche. Affût
de campagne. Affût de mortier. Affût de
vingt-quatre. Affût marin ou de marine. On
y voit même des canons de l'époque, composés
de barres de fer reliées par des cercles, avec
leurs roues pleines et leurs affûts contournés.
(Th. Gaut.) On voit les canons courir en reten-
tissant sur leurs affûts. (E. Sue.)
Je dormis sur Vaffùl des canons meurtriers.
' — Par ext. Support de certains instru-
ments : jl'affût d'un télescope.
— Encycl. L'affdt est muni de roues pour
les pièces qui ont besoin d'une grande "mobi-
lité. U différé dans certaines de ses parties
suivant qu'il est destiné à l'artillerie de cam-
pagne, de montagne,- de place, de marine, etc. ;
mais il doit toujours pouvoir être placé faci-
lement dans la direction du but, et permettre
h la pièce de prendre différents degrés d'incli-
naisonj soit au-dessus, soit au-dessous de
l'horizon, dans les limites reconnues nécessai-
res pour le genre de service auquel il est des-
tiné. L'affût a beaucoup' varié dans sa forme;
aujourd'hui, il se compose d'un châssis rec-
tangulaire en charpente," dont la partie, anté-
rieure supportant la bouche à feu repose sur
nn essieu garni de deux roues, et dont la par-
tie postérieure, nommée crosse, repose h terre
et forme le troisième point d'appui du système.
On appelle flasques les parties qui reçoivent
la pièce : elles présentent supérieurement une
espèce d'échancrure , nommée enc.astrement,
oui reçoit les tourillons. Anciennement, les
flasques allaient jusqu'à terre et étaient liés
par des traverses ou.entretoises. Aujourd'hui,
ils sont très-courts et assemblés sur une flèche
qui- se termine en crosse. Cette crosse repose
sur le terrain et porte un anneau de fer, dit
bout de crosse-lunette, qui sert il réunir l'affût
à l'avant-train. Enfin, l'affût présente, h peu
près au milieu de sa longueur, une vis verti-
cale munie d'une poignée, sur laquelle repose
la culasse de la Douche h feu , et que l'on
appelle ni* de pointage, parce qu'elle permet
de pointer la pièce, c'est-à-dire de l'élever ou
de l'abaisser pour en amener l'axe à l'incli-
naison voulue. L'affût porte, en outre, un
seau , l'écouvillon , les leviers et les autres
accessoires que nécessite le service.
' L'affût qui précède est celui des pièces de
camçagne. Celui de siège en diffère très-peu.
L'affût de place et de cote, au contraire, s'en
éloigne beaucoup: Il a les flasques formés-par
un assemblage triangulaire en charpente, dont
la partie antérieure repose sur un essieu à
roues, et qui est monté sur un grand, châssis
rectangulaire ; deux roulettes placées à l'ex-
trémité postérieure da ce châssis en facilitent
les mouvements latéraux. Comme l'humidité
de l'air de la mer détruit rapidement le bois,
oh construit souvent l'a^ilf de côte et son
châssis en fonte et en fer, ou seulement
en fonte. L'affût de marine se compose de -
deux flasques assez élevés et de deux. essieux
montés sur quatre roulettes, le tout en bois.
A bord des bâtiments, il est attaché de chaque
côté 'des sabords par Un cordage appelé bra-
gue,'q\i\ l'entouré et. limite par. son élasticité
et. sa résistance' là 'longueur du recul. Enfin,
on'le fait avancer ou reculer au moyen d'une
'espèce de moufle nommée palan. Les mor-
tiers, tirant sous de grands angles, produisent
un recul si violent qu'aucun essieu ne pour-
rait y résister. La même cause mettrait proriip-
tement hors de service les affûts de ces pièces,
si on tes faisait en bois. On évite. ces deux-in-
convénients . en supprimant les roues et en
construisant des flasques en fer coulé. Le de-
vant et .le derrière .portent deux entaillés et
deux boulons saillants, nommés tenons de ma-
nœuvre, qui servent à mouvoir la pièce, pen-r
"daht le tir, à l'aidé de leviers.
AFFÛTAGE s. m. (a-fu-ta:je — rad. affûter).
Techn. Action d'affûter, d'aiguiser un outil :
L' affûtage se fait à sec ou sur la pierre
mouillée; (Lenorm.) u Collection.de tous les
Ain
lièrement à un menuisier, en parlant des
outils qui so composent d'un bois nommé fût
et d'un fer ajusté : Les outils à mouture ne
sgnt pas compris dans /'affûtage. (Lenorm.)
— Papet. Le- châssis des formes.
— Chapell. Façon que le chapelier donne à
un vieux chapeau.
— Se disait ancienn. do l'action d'affûter
un canon.
AFFÛTÉ ', ÉE ,(a-fu-té) part. pass. du v.
Affûter. Aiguisé, rendu plus tranchant. : Ou-
tils mal affûtés, il Qui est pourvu de tous ses
outils : Un ouvrier bien AFFÛTÉ. ' '
— Pop. Fin, rusé, adroit. V. Futé.
— Àrtill. Mis sur son' affût en mire, en
parlant d'un canon : Les canons étaient affût
tés et tout prêts à tirer. Vieux. < . .
— Blas. Se dit d'un canon dont l'affût est
d'un émail différent.. Famille Bombarde de
3eaulieu : d'azur, au canon d'or affûté de
çOeules, accompagné en chef d'une fleur de
lis d'argent.
AFFÛTER v. a. ou tr. (a-fu-té — rad. fût).
Aiguiser un outil , en réparer le tranchant ;
tailler la pointe d'un crayon ; donner du mor-
dant à une scie , etc. : Affûter un ciseau.
Les graveurs affûtent leur burin, (Lav.) il
Absol. : La meute sur laquelle on affûte est
une pierre siliceuse posée à plat. (Encycl.') il
Ajuster les outils aux fûts qui servent à les
maintenir dans la position laplus propre pour
les rendre plus tranchants : Quand on affûte
«n rabot, une varlope et autre outil de ce genre;
il faut avoir soin que le tranchant présente une
ligne parfaitement droite et que les deux angles
forment bien l'équerre. (Beleze.) *
— Artill. Mettre sur l'affût, disposer pour
tirer : Affûter- un canon. || Vieux dans'ce
sens. On dit aujourd'hui mettre en batterie.
il S'est dit, par ext., de toute autre arme à
feu : Tantôt, caché dans le creux d'un aune
chevelu, il affûtait ion arquebuse entre deux
branches. (H. Castille.) ' .< . .
— T. d'argot. Tromper.
S'affûter, v. pr. Etre affûté : Ces outils ne
peuvent. plus s'affûter.
— Se mettre à l'affût, se cacher quelque
part pour guetter : Dès que j'ai entendu venir
mes hommes , je me suis affûté derrière un
saule. (H. Castille.) il Fig. Se concerter, épier
l'occasion do, être à l'affût : Ils s'affûtent
dans ces deux derniers
. — Syn. Affûter, aiguiser. Aiguiser, c'est
passer l'outil sur .une meule tournante ,' et
affûter,\e passer sûr une pierreposée'à' plat.
AFFÛTEUR s. m. (a-fu-téur— ''Aà.' affûter").
Celui dont le métier est d'affûter, d'aiguiser
les outils : C'est un ion affûteur.
— Celui qui est à l'affût pour chasser le gi-
bier : /,'affûtbur courut quérir son arquebuse.
(H. Castille.) Il faut toujours avoir soin de se
poster au-dessous du vent, pour qu'il ne porte
pas au gibier les émanations de /'affûteur.
. (Encycl.) Cependant quelques huttiers en affû-
teurs étaient arrivés avec leurs arquebuses de
chasse. (H. Castille.) L'affûteur est le plus
redoutable de tous les braconniers pour le garde
et pour le gendarme. (Toussenel.) Les affû-
teurs sont connus comme des loups blancs dans
toutes leurs communes. (Toussenel.) Je crois
avoir parfaitement raison de demander que la
loi applique à /'affûteur la même peine qu'au
voleur de grand chemin. (Toussenel.)
— Techn. Espèce de lime à forme conique,
dont les menuisiers se servent pour redresser
leurs scies.
AFFÛTIAU s. m. (a-fu-ti-o — rad. affûter).
Bagatelle, brimborion , affiquet'; se dit sur-
tout au pi. et fam., de tout l'attirail dont on
a besoin pour faire une chose : Donnez-moi
tous vos affûtiaux. Emportez vos affûtiaux.
. AFFÛT ^TRAÎNEAU s. m. (a-fu-trè-no).
Art milit. Sorte, d'affût d'artillerie de mon-
tagne, il Plur. des affûts-traîneaux.
AFGHAN, ANE- s. et adj. (af-gan, a-ne).
Géogr. Habitant de l'Afghanistan; qui con-
cerne ce pays ou ses habitants : L'empire
afghan. Les tribus afghanes.' Les Afghans
conquirent laPerse et prirent Ispahan, en 1722.
— s. "m. Linguist. Idiome que parlent tes
tribus afghanes du Caboul et d'une partie de
l'Indoustan septentrional. - ■
cations ,de l'Himalaya.. L'Indus en est le seul
fleuve, navigable;' villes principales : Caboul,
Hërat,Cànrlahar et'Ghasnat; animaux féroces,-
siste surtout en exportations de^chevaux, four-
rures, châles, etc. .'*.,,. •
AFILAGER s. m. (a- fi-la-jé). Officier qui
préside aux ventes publiques,' en Hollande,
' AFIN adv, (a-fain— du lat. ad] 'pour, vers ;
'finis, la fin). Exprime'la tendance vers un but
la fin pour laquelle une chose se fait. — Suivi
de la prép. de, il forme une locution préposi-
tive et régit toujours l'infinitif : Afin, de pou-
voir dire... Afin d'obtenir cette grâce : Afin
de vous tenir attentif à l'enchaînement des
grandes affaires du monde, j'ai omis beaucoup
de faits particuliers. (Boss.) Les Turcs, afin
de montrer plus de déférence pour leur hôte,
le faisaient voyager à petites journées. (Volt.)
Il Suivi do la conj. que, il forme une locution
conjonctive qui régit toujours le subjonctif:
Afin que vous sachiez... Ce livre est toujours
sur -le bureau, afin Qu'on fuisse le. consulter.
.Dieu vous place au-dessus des autres, afin que
vous soyez les pères des peuples. (Mass.) Mon-
trez à Dieu toutes les plaies de votre cœur,
afin qu'îï les guérisse. (Fén.)
— Les locutions afin- de et afin' que expri-
ment une idée synonymique parfaite quant
au fond même de la pensée : Il faut voyager
afin de vous instruire.' Il faut voyager 'afin
que vous vous instruisiez. La distinction n'est
jamais qu'une question de forme, de consori-
", — La .construction ^e certaines phrases
exige; après', afin ,t l'emploi' 'alternatif , de la
prép. de et de là cohj: "que : Afin' de' juger
plus sainement, et que nous ne pensions pas
que... (Descartes.) Le marchand fàW'dès mon-
tres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a
de pire; il a le cati et l'es faux jour s; afin D'en-
cacher les défauts et qu elle paraisse bonne.
(La Bruy.) n De même, on emploie afin-gueot
non pas afin de, toutes .lès fois qu'on veut
mettre entre afin et le' verbe qu'il régit une
incidente': Charles XII projetait 'de passer
l'hiver' dans l'Ukraine, afin que, s'étant assuré
dé ' ce pays, il pût conquérir la Moscovie. au
printemps' suivant. (Volt.) ', ' u' , ','
Pour et afin de. signifient l'un et l'autre qu'une
chose est faite en vue d'une autre ; mais pour
exprime l'intention d'une manière plus vague,
plus faible ; afin 'de révèle plus expressément
le dessein d'arriver à un certain but r Toutes
les femmes se parent pour aller au bal; ■ mais, '■
parmi elles, il y en a quelques-unes qui se
parent afin de faire des conquêtes. On mange
pour vivre;. mais, si l'on est malade, on use de
certains aliments afin de rétablir sa santé. On
se présente devant le prince pour lui faire sa
cour; on. lui. fait, sa cour afin D'en' obtenir
quelque grâce. — Les locutions afin que et pour
que présentent la même différence que afin de
et pour. Pour que est moins précis, moins gé-
néral que. afin que : Le marchand d'étoffes
donne des noms bizarres à ses tissus pour
Qu'ils attirent l'attention, et il. les étale. avec
art afin qu'i/s paraissent plus beaux. ,.
•■ — Antonymes. De crainte, de peur.
AFIOUME s. m. (a-fl-ou-me). Comm. Lin du
Levant extrêmement fin. ,*..;, ^
AFIOUM-KARA II1SSAR (en turc, Forteresse
noire de l'opium), ville de la Turquie d'Asie,
Ana'tolie, à 280 kil. Est de Smyrhe ; 50,000 h'ab\
Àric. citadelle sitûè'e' sur un rocher presque
inaccessible; résidence d'un pacha gouver-
neur; culturé.renommée de pavots à opium;
fabrication de feutres, lainages, cotons, d'armes
à feu et d'armes blanches. Aiioum est le grand
entrepôt des caravanes entre Smyrne, Con-
stantin'ople et le centre de l'Asie.
À FLOT loc.adv. (à fio): Mar: V. Flot. ■>
A FORTIORI loc. adv. (a for-si-o-ri — sou's-
e.nt. ratione). Mots lat. qui signif. A plus forte
raison. On les emploie avant la conséquence
que l'on tire de certains raisonnements'dans
lesquels on conclût du moins^au. plus,-»d'une
chose moins -^évidente a une. autre qui. l'est
davantage : Si. je dois obliger' mon cousin, a
fortiori dois-je secourir, mon frère'. (Acad.)
Mais ce que j* dis laides hommes s'applique
aux femmes a fortiori. (E.' Sue.)rifi. déposi-
taire de la vérité révélée, exerçant le ministère
spirituel en vertu de l'institution' divine, se re-
garde comme maître, a fortiori, de'la société
civile, parce que tout intérêt matériel doit être
subordonné à l'intérêt spirituel : c'est le gou-
vernement théocratique. (J. Sim.) Les effets de
la mort civile sont de dissoudre le mariage
existant, et, A fortiori, de rendre incapable
d'en contracter un nouveau. (Galerie''dé,ïilt'ér.)
Après avoir' différencié' le savant ,• l'artiste et
l'industriel, comme] trois natures d'essences dir
verses, entreÙesquéllesHl n'y' avait de lien pos-
sible que par l'intermédiaire du théocrate ou
'dujrrètre , M. Enfantin devait , a fortiori ,
différencier l'homme et la femme comme deux na-
tures d'essences diverses,entrelesquèlles'àussi le
prêtre androgyne servirait delien. (P. Leroux.)
; AFOUTH s. m. (a-foutt). Bot. Nom de plu-
sieurs espèces de figuiers originaires de l'ilo
de France. . ..... :,-■„ ,
(a-fn
. w, . . ...lit. Ne
Espagnols qui, en isos, se rallièrent à la
cause de Joseph Bonaparte." il On les appelait
aussi: Josefinos. ■; .... tut*^
' AFRANIUS (I ùcius ), p'oë'te comique latin,
vivait 100 ans av. J.-C. ; abandonna -le pre-
mier l'imitation ' grecque pour la peinture des
mœurs romaines. Il ne reste de lui que de
courts fragments.
AFRICAIN , AINE s.,' ( a-fri-kairi , è-ne,')'.
Géogr. Habitant de l'Afrique -.Comment une
femme, d'origine anglaise peut-elle être [assez
dénuée de pudeur pour se mêler à des Afri-
caines? (G. de Beaumont.) ,
Quoi ! ce nom d'Africain n'est-il donc qu'un outrage !
— adj. Qui appartient, qui est propre à
l'Afrique et à ses habitants ■': Peuplade afri-
caine. "Mœurs africaines. Lé capitaine enivré
. AFR
colla ses lèvres ardentes à ces belles épaules
africaines. (V. Hugo.)
i AFRICANISME.^, m. (a-fri-ka-mTsme. —
rad. Africain).. Nom donné a certaines lociir ,
tions qu'ont employées des auteurs latins nés
en Afrique : Cet' auteur est , plein c/'aVrica-
nismes. On trouve de nombreux africanismes
dans saint Augustin. ,. ç \ | ,:i'
. AFRICUS s. m. (a-fri-kuss— mot lat. signif.
africain). Vent du sud-ouest-,. qui souffle d'A-
frique. N'est usité qu'en poésie, où on le per-
sonnifie : V,"/;',, ' ,':. "■'. -'.';_,. " ' ,.-,r
•; Bientôt le "cruel Africus,' 1 > '. .■-■' ■"'
■ Ouvrant ses ailes redoutables, ■ .. ■ *
. , , .S'éveille àus-cris épouvantables , . j .; ;
Jr ji. |rDe la 'maîtresse de Glaucus. ,, rDÊ Béknis. }
— Épithètes. Noir, cruel"; Jh'ûmidé>;' hëbu1
leux, pluvieux, /ougueux^redoutable; terrible,
pes'tilentielj conlàgieuxrmortêi.~ "V '}■'..' ' i
'AFRIQUE, autrefois' Libye, une des 'cinq
parties du monde, vaste presqu'île triangulaire,
qui. ne tient à l'Asie. que par Visthme-de-'Suez,
2 u'oh travaillé âùjourdlhui apercer; 8,000 kil.
e longueur sûr. 7,500 de largeur; superficie
59,700,000 kil. carrés, environ troisfois la Sur-
face dé' l'Europe. ' ■ ' " .■■'■'
Le mot Afrique' esî le ftoni latin, le mot
'Libye le nom grec. Le'prerhier vient des Bèr-
bçrs AhfighàlAYricanipùAfri),'qù\ habitaient
le territoire de 'Çarthage', et 'dont' le; nom 'fût
appliqué par les Romains rion-seulémént'iiMà
province' qui fût,' leur première' conquête en
Afrique, mais par extension au continent tout
entier. Le mot Libye vient des Berbers_£é!«aifa
(Léhabim de Moïse, Loiibim dès prophètes) Sur
le territoire desquels les Grecs établirent leur
première colonie africaine.' ' ' '
L'Afrique est bornée au nord par la Médi-
terranée , à l'ouest par l'océan Atlantique ,
au sud par le grand Océan, à l'est par la mer
dès Indes, et au nord-est par.la.mer Rougè.
Principales contrées': vAû' nord, l'Algérie, les
régences dé' Tunis et dé Tripoli", l'empire.' de
'Marbéy rEgyptè . et' le '.Sahara ou grand".1. Dé-
sert; au milieûV là'Séhégahibie, m 'Gûin'éè
septentrionale , la Nigritie:ou;Soudan , la Nu-
bie, l'Abyssinie, l'Adel et l'Ajan; au sud, la
Guinée méridionale,. le pays des Hottentpts,
le gouvernement du Cap, là Cafrerie, le Mo-
nomotapa, le Mozambique, le Zanguebar, une
vaste contrée intérieure, oui est1 inconnue/ et
l'ile de Madagascar. Iles : uans l'océan Indien :
Socotora, les Seychelles,'les Comores, Mada-
gascar, 1 ile Maurice, autrefois ile'de France;
1 ile de la RéunionJ-autrefois Bourbon ; -77 dans
'lloeéan' Atlantique.;, Ste-IIélènèj'.St-Mathieu-,
"Aiinobpn, St-Tnomas, du Prince,, Fèrnando-
P'o, lès'iles du cap ÎVert; les Canaries'j lès îles
Madère et les Açores. Fleuves : le Nil , le NiT
ger," le Zaïre, le Sénégal,. la Gambie, llOrarige
et le Zàmbèze. Montagnes : l'Atlas', lès^-mbnts
de Kong, de la LuneiiNiewevel et Lupata^
Golfes : de la Sidre, de Cabès, de Guinée et
Arabique.. Détroits :-dei Gibraltar, de. Mozam-
bique' et"dè Bab-él-Màndeb'.Caps':' Bojadqr,
Blanc, Vert, Bon, des'Trois-Pàlmès', Lo'pe'z,
Negro, Frio, de Bonne-Espérance,' des Cou-
rants, Guardàfui, d'Ambré, Ste-Marie.'Lacs :
Tchad, Dembéa, Maravi.-*1- ' ' '\" '■ ' IM,J
'L'Afriquej se trouvant presque, en entier sous
■la<zone>tomde,' al'un climat 'très-chaud ; elle
produit une grande quantité 'd'or > en poudre*;
le fer abonde dans l'Afrique méridionale; il y
a des émeraudes au sud-est de l'Egypte. Les
productions sont : le palmier, de bananier; la
.canne àisucre, le cotonnier, te; figuier, le -riz,
l'éb'ène, le bois de santal, le baobab ; 'au nord
du Sénégal , de vastes forêts d'acacias .four-
nissent la gomme arabique au monde entier ;
lès bords de la Méditerranée ont l'oranger, le
. citronnier, et la vigne, que .l'on cultive aussi
.dans la;partie la plus méridionaler On;rencon-
tr,e .dans , toute l'étendue, de -l'Afrique, le lion,
la. panthère, l'hyène, le chacal '■', l'éléphant, la
girafe, le singe, le chameau, dont on se sert
.pour traverser le Sahara; où-.se.trouve'.l'au.T
truche , -le plus .gros des, oiseaux connus;: le
boa et autres serpents énormes habitent les
marais; l'hippopotame, .et lecrocodile vivent
dans les fleuves. La population- de l'Afrique
peut s'élever à 100,000,000 d'hab., qui appar-
tiennent à plusieurs races différentes* dont les
trois' principales , avec un grand nombre de
.variétés, sont : 10 la race blanche iOnrcauca-
sienne, quoique fortement basanée ; 2P la race
■nègre ; 3? la .race .malaise^ ivariété • de la. race
noire, dans l'ile de Madagascar. Les Africains
.sont.chrétiens, mahométans ou, idolâtres. Les
principaux objéts'dé'çôinmérce s'ont : l'ivoire,
l'o'r','la gomme , ' la ciré , lé coton ,' le riz , lés
dattes, les bois de teinture , les plumés d'oi-
seaux,-etc. L'es] anciens ne Connaissaient de
-l'Afrique que la côte'-séptentrionale^ et'cè'n'est
'que -depuis dés* découvertes -maritimes''1 du
xvi^sièck^que l'es Européens ont commencé
,à connaître cettevastè péninsule. Jusqu'à ces
derniers temps; on a pu considérer l'Afrique
centrale -comme la. région mystérieuse • par
excellence. Mais dés explorations courageuses
(faites depuis'quelques années l'ont ouverte en
'partie à" notre curiosité. V. Nn.',-SouDAN,"etç.
: afrite s. m. (a-fri-te). Espèce d'esprit, de
génie 'malfaisant dans la mythologie arabe :
Parmi le peuple , le bruit se répandit que c'é-
tait une nef magique manceuvrée par les djinns
'et les âfrites. (Th. Gaut.) Bien n'est plus
sinistré et plus effrayant que ce palais lugubre;
les'Turcs prétendent que les djinns, les goules
et les âfrites y tiennent leiirsabbat, et y se-
mk
125
couent joyeusement leurs ailes de chauves-souris
mouillées des pleurs de la voûte. (Th. Gaut.) Il
On dit aussi afriët et ifriet.^jjjq^j,,^
afrousa s.- f: , (a-frourza) ./Espàco dç, fraise.
-, AFZÉLIE s. f. (al-zé-lii— 'da^Afsëlius^aom
d'un botan.suéd.). Botil-Plantojdo la-famille
des|lôguInineuses,, quixrbît.enlAfrique-.p -ii-..,
AGA ou AGHA;s. m'.-(a-ga
signif; chef); Nom âonné'cht , ..__.,._„,
et partieuhèrem. chez les Turcs-, ;àux^com-
mandants* des .troupes,'aux officiers du palais,
enfin, à tout >iridividu\inve'sti -d'un» commati^
dément : Aga de la cavalerie: Ao'a 'de l'infan-
terie; Aoa de l'intérieur. < Ag A-de l'extérieur.'^
'J'avais quarante agas contemplant mon 'visagq.
""'., -'V1"-.- ',' •./.'■s<Vï- "■■'v/v'^'Ci^n"-Uq^WHr<\
[\\.Aga:dC'janissairés,.Gèn&Tal<cn chef de cette
milice, et qui avait presque autant de pouvoir
que le grand vizir. 11 /fù/ppapa^ChûfjCleç eu-
nuques noirs. , ... ; ;' '' „l('"v ■',".,(•
'■'., — Titre de'pplitesse,.de,d.éfércncoJ que. L'on
doriné aux personnes dq distinction. 11 AAlger,
soiis l'administration, 'turquo',', titre duicoiii-r
mandant des. troupes, dont l'autorité s!étcn-
dait sur toutéta provirice'd'Àlgef^màisjjas
an delà, il Soiis l'administration française, on
à'donné le' même titré à'queiquci-uhs de'iibs
officiers, dont le pouvoir administratif et mi-
litaire s'étendait sur les 'tribusqiïi'yèperi'lënt
d'"Alger.'-|<l'.--ii> '';T ..tiîh.ii-m ,'.1 pi^iiiq ■>ui|l
■^"Àa'A interj.,(a^gàr^!'i'm'p'ér>at/'fàbré'^é''d,e
l'hnc. verbe 'agarder, voiV, regarder). Véri' Cri
.qùô'lcs^hàsse'urs font entendre ppii'r, exciter
!es 'chiens à quêter iei gibier-, où 'pour, les
remettre sûr la voie. "tj" ' ' '' '-' t];."r
AGA s. m. (a-ga). Bot. Espèce de chardon.
AGABE s. m', (a-ga-be)! Eiïtom. Genre d'in-
sectes coléoptères pentamères, qui renfernio
une soixantaine d'espèces réparties sùr'to'ut
le globe. _ .^, . t , .. iiii.„ i4 , ,,, j>.
agaçanT (a-'gà-sanj part', prés! dû v! 'Aga-
'"" ~':''"'"'- '" J lAfi'Y
AGAÇANT, ante adj. (a;ga-san','àn-te,.—
mal agacer): Qui'a'gace,'qui fait mal aux' h'orfs :
Ce bruit est agaçant. Cette femme'esl agaçante
par son bavardage:' La chanterelle agaçante ;de
Joseph- Platon'' faisait' entendre de' véritables
cris de- sarcelle effarouchée. (Rog. do Boauv.)
■>i— Par ext. Qui cnnuiejiimpatiehte,-irrito":
Ilpar;ut irës-AGAÇANT et légèrement fat. (Balz.)
(u: En bonne- part; Provoquant^ séduisant; eh '
parlant des choses : Air agaçant., Tournure
AGAÇANTEi iPropos .'agaçants. 'Femme quiïà 'des
#«Ma:-'AGAÇANTSMAu<a«(iIa physionomie -de f lit
mère était vive, mobile et aGaçant'k, autant la
physionomie de sa-fille était. candide, mélanco-
lique. '(E'.iSiuè.) "iVous nous plaisions à regarder
<ces agaçantes femmes dutMid.i,pqquetfesletcq-
■^aeifemènroé/aëy^é'î/upoiii'^tt^i.tÂ'jlJf allais)
On s' amusé 'dans Té'mànde'dès ^ ^emmes^ÀGAÇAN-
tes', 'oh ' ne1 leur Wccof'dè'àùcùhè 'estime. ( Com-
tesse de Bradi.) ( ^ '" ' j'"1,; ' '4""'"'
'"' "x '.Petite bonne agaçante et jolie. ,':, ;-. rv
" ' ' "" . ' " 'béranoer.,
— Ane. méd. Noni donné aux médicaments
qui stimulent légèrement.- u ^Onjdisait aussi
substantiv'Vç'OVi Â'GAÇA/NTy£e^À'GAç'ANT|S.' ]'" -,
!/bÀjÔACE ou AGASSÈ,s.7.\'(à-garsè 'tt d?s lati
agàsid, pi'é), Nom-pbpûjàire Ue ia'.pte : '; , \ê
ld•Horaco,,
Disant le bien. le mal t travers champs,» n'eût.su: 7
Ce qu'en fait de babil yf savait notre agaçç.
■ 1 .,...< '•■'-■_ -H' I" 'LÀ'FONTAINE.. T'
agacé, ÉE fa-ga-sé) part. pass. du v. Aga-
cer. Qui ressent, qui éprouve de l'agacement :
Des dents agacées par, du'jits de citron, 'par du
vinaigre. Les pères ont mangé des raisins verts,
etjes.dent^des^nfant's e» *on<,AqA.CÉE^. (B..'de
S't-P. ), Les , .fibres , w'n 1 1. souv'afli^o açé es, pa r, le
son 'de's.ïrikrumenis demusiq'u]e;"($'irçy,.y.^\ '
! ,r^ .Par ext. C.ôntrarié;i.impationté ,: Une fois
agacé, .cet. hommadevient intraitable. , ,n ■,.•
Lejfibat.étaitiSanS; cessa OQacé por,l!oiseau:;vS
li'un s'escrimait du. bec, .l'autre jouait, des pattes..» (.
'.I.'.i.'/" ".. ,.1"'' ■' 'i .'.m- la; Fontaine.. ,,,;,.
; iPProvoq'ué par des' àgaceriésv:"/ie êardin'àl'dè
Retz était très-laid, cëquï'iie>l'emj)échait:pas
d\ètre AGACÉpa'r lés plus jolies femmes. (Dider.)
J'étais, il y a six semainèsjaù bal dé l'Opéra;
je /us* agacé par un domino si'plein'd'extràva;
gancè, de ^gentillesse'et de<~gràce,:que j'en fus
absolument- enivré'.±(G. Sànd:)^- . ' S -'^'- ■ ^ •
'^ÀgÀcé'ments. '.m.' (à^gà-s'è'-man ,-4- rad'.
agacer).. Sensation désagréable produite sur
les'dents par' le cdiitactâes' acides; ou par ;.u'n
bruit très-aigu : L'oseille produit /'agacement
des dents'.' Le'bruit "de là limé cause' tîniÀ^ACE-
um-v insupportable. .' '^'-v 'l •"' ,*><■•!- .•'■>'
-' '^r 'Agacement 'dès':ner'fs; Légère irritation
qiie'les sens-éprouvent'à'1'oc'casiqn dotoiii ùe
quirompt l'harmonie dù'systèmô héryéUx':
Combien de femmes d'une angélique douceur
entrent parfois jpard'élat de.grossessël'dàns,.un
agacement, rier.veux inexprimable! (Viroy .) r,
— Par ext. S'applique à tout l'organisme :
La distraction-charmante que.sa présenceM :son
entretienme .donnaient avait caressé et apaisé
/'agacement maladif de tout mon être. (La-
mart.) il Impatience, contrariété, irritation :
Malgré /'agacement bien naturel qui devrait
résulter, à la longue de ces façons dagir, jious ■
^persévérons dans notre voie, blâmant ce qui nous
'parait blâmable ,. louant ce qui nous semble
louable. (A. Second.) - "
- AGACÉPHALE s. f. f a-ga-sé-fa-le — du.gr.
agan, trop; képhalê, tête). Entom. Genre d'in-
secles coléoptères pentamères, famille des
lamellicornes, dont on connaît quelques es-
pèces du Brésil. '
AGACER v. a; outr. (a-ga-sé — du gr.
akazein , piquer. — Le c du radical prend la
cédille toutes les fois que la terminaison com-
mence par un a ou un o : Nous agaçons, il
agaça). Causer de l'agacement, produire une
sensation désagréable : Le verjus, les fruits
verts, le citron, agacent les dents. L'orage
agace les nerfs.
■ < — Par anal. : Ces arguments sont si dis-
sonants, si rêches, qu'ils agacent les dents.
(Beaumarch.)
: — En généra!, Produire sur le sens de l'ouïe
un effet désagréable : Un cliquetis rapide
frappe et agace l'oreille. (Comtsse Merlin.) n
Se dit aussi des animaux : Agacer un chien, un
chat. Je n'ai jamais vu vos chiens si méchants;
c'est, bien sûr, le froid qui les agace. (E. Sue.)
— Par ext. Agacer les nerfs. Déterminer une
légère' irritation, une certaine impatience :
Assez ! répéta la comtesse avec un geste d'au-
torité, vous «'agacez les nerfs. (Balz.) Votre
figure ne me revient pas, elle ct'agace. (Fr.
Souïié.) Le bruit des marteaux m'agace les
nerf s,commesi j'étais une demoiselle. (G. Sand.)
Il Animer, exciter : Les tables des riches, sur-
chargées de mets aussi exquis que variés, aga-
cent sans cesse L'appétit au delà du vrai besoin.
(Vireyi) il Provoquérycontrarier, impatienter,
lâcher :.Las de l'avoir inutilement agacé sur
d'autres sujets,' il crut qu'il en aurait quelque
raison en le mettant sur l'amour et' la galan-
terie. (Hamilt.) Mademoiselle du Plessis aga-
çait ma fille, et ma fille la battait. C'était la
plus plaisante chose du monde. (M"i« de Sév.)
Je l'ai agacée, je. l'ai piquée d'honneur. (Mariv.)
Mais depuis trois mois que je supporte cette
plaisanterie,' je 'commence à en être las; elle
m'ennuie, elle m' kg. \cv. (L. Gpzlan.) Elles s'a-
musaient aux' lazzi des masques qui, à demi
couchés sur les rampes du pont, agaçaient les,
passants. (G. Sand.) ' > :• ■ '
N'fljaconi jamais les enfants; ,
Car pourquoi les rendre mâchants?
Voltaire.
— Fig. Chercher à se faire remarquer, à
plaire par des agaceries, des manières sédui-
santes, en parlant de la femme : Elle est tou-
jours autour de lui à /'agacer. (Mol.) Le duc
de.Berry devrait .agacer les dames du palais,
avec lesquelles il.aurait bien affaire d'avoir le
dernier. (M""-- de Sév.) Je veux /'agacer par
des œillades coquettes. (Le Sage.) .
Une belle parait, lui sourit et Vagabe;
Crac! au premier assaut elle emporte la place. ,
, . Destouches.
. ' Au salon ou sur la pelouse.
il Absol., dans ce dernier sens : Agacer est
un jeu de la'coquetterie dont la'vertu paye les
frais. (MoL) ■ * *
S'agacer, v. pr. Etre agacé : Les dents, les
nerfs s'agacent au. bruit particulier produit
par certains frottements. • ■
„— Par, ext. Sé.çontrarier, s!ïrriter : Cevieil-
lard s'agace pour la moindre clîose. il Se pro-
voquer, s'inciter l'un, l'autre : Ils s'agacent
continuellement; et n'en sont pas plus mal en-
semble. .L'union même engendre les folâtres
querelles, et l'on ne s'agace mutuellement que
pour. montrer combien on est sûr les uns des
autres. (J.-J. Rouss.) n Se dit aussi en parlant'
des animaux : Çest un petit spectacle que de
voir les.fauvettes s'égayer, s'agacer et se -pour-
suivre. (BufT.)' / ~ '
:— Syn. Agacer, harceler, provoquer. Un
fâcheux nous harcèle par ses importunités ; un
railleur nous agace par ses sarcasmes'; un en-
nemi nous provoque par ses insultes. ;. . .
.-t-t Antonymes. Apaiser, calmer.
agacerie s. f. (a-ga-se-rî — rad. agacer).
Regards, paroles, manières séduisantes, qu'on
met en usage, pour attirer l'attention de ceux
àj.qui l'on .veut plaire : M. le duc de Richelieu
est actuellement à Forges, mais je ne crois pas
qu'il vienne faire beaucoup, «/'agaceries aux
dames de Jiouen. (Volt.) Elle lui fait des agace-
ries dont il n'est que plus dépité: (J.-J. Rouss.)
Charlotte avait essayé vainement sur lui ces
petites agaceries de provinciale, qui dégénèrent
toujours èh taqùinage. (Balz.) '
— Fig. Se dit de l'esprit, de ce qui appar-
tient à l'esprit : Votre belle-sœur m'écrit mille
douceurs et mille agaceries pour M. de Gri-
gnaii. (Mme de Sév:) Leur correspondance était
fréquente et bizarre, c'était /'agacerie char-
mante de l'esprit' et du génie. (Lamart.)
ÀGACEUR s. m. (a-ga-seur ^- rad. agacer).
Celui qui agace, qui excite, il Vieux et inus. .
AGACIN s. m. (a-ga-sain). Espèce décor
aux pieds. , ,-.,■.. ■
•AGADA's: m. (a- ga-da). Instrument à vent
des Egyptiens et des Abyssins; de la gran-
deur et de la forme d'une flûte.
AGADES, ville d'Afrique, capit. du roy.
d'Asben, l'une des plus considérables du grand
désert de Sahara ; entrepôt important du com-
merce de l'Afritjue'centrale, sur la route des
caravanes de Tripoli à Kaschna. 30,000 hab.
AGADIR, ville du Maroc, sur.l'océan Atlan-
tique, le meilleur port de l'empire. Cette ville,
autrefois très-forte et très-florissante, fut dé-
AGA
mantelée par ordre du sultan à la suite d'une
révolte, en 1773, et ses habitants transportés
à Mogador.
AGAG, roi des Amalécites, fut vaincu et pris
par Saùl. Celui-ci, qui avait reçu de Dieu
l'ordre de ne faire aucun quartier, épargna
néanmoins le roi captif. Samuel, saisi d'une
sainte colère, fit couper Agag en morceaux.
AGAILLARDI, IE (a-ga-iar-di) part. pass.
du v. Agaillardir.
AGAIIAARDIR v. a. ou tr. ( a-ga-iar-dir
— rad. gaillard). Rendre plus gaillard, plus
gai.
S'agalllardir, v. pr. Devenir plus gaillard,
plus,gai : Pour s'agaillardir, il faut posséder
ta tranquillité d'esprit. (Mercier.)
AGALACTE adj. et s. (a-ga-lak-,te — du gr.
a priv.; gala, galaktos, lait). Méd. Se. dit
d'une femme qui n'a pas do lait ; d'un enfant
qui n'a pas encore teté.
AGALACTIE OU AGALAXIE S. f. (a-ga-lak-
tî ou sî — du gr. a priv.; gala, gala/clos, lait).
Méd. Absence de lait dans les mamelles chez
les nouvelles accouchées ou les nourrices.
AGALANCÉE s. f. (a-ga-lan-sé). Bot. Nom
vulgaire do l'églantier dans le midi de -la
France. .
AGALARI s. m. (a-ga-la-ri). Page attache
à la personne du grand seigneur : Les agala-
ris sont pris parmi les icoglans, et le sultan en
a quarante à son service.
" agalasses s. m. pi. (a-ga-la-se). Géogr.
anc. Petit peuple qui habitait vers la partie
supérieure de 1 Indus, et qui fut subjugué par
Alexandre.
AGALAXIE s. f. (a-ga-lak-si). Méd. V.Aga-
AGALÉ, ÉE (a-ga-lé) part. pass. du v. Agaler.
AGALER v. a. ou tr. (a-ga-lé). Agric. Sar-
cler un champ de maïs pour la première fois.
AGALIK s. m. (a-ga-lik — rad. aga). Pro-
vince soumise à l'autorité d'un aga.
AGALI-KEMAN s. m. (a-ga-li-ke-man). Mus.
Instrument à archet avec un pied, en usage
chez les Turcs, et qui offre quelquo ressem-
blance avec notre violoncelle.
AGALLOCHE s. m. (a-ga-lo-che — du gr.
agallochon, aloôs). Bot. Genre de la famille
des euphorbiacées et de la tribu des hippo-
— Encycl. L'agalloche (excœcaria agallocha
de Linné) est un petit arbre dont toutes les
parties, et surtout les jeunes rameaux, laissent
écouler, quand on les entame, un suc laiteux,"
acre et caustique. Il habite les Indes orien-
tales, Ceylan, Malacca, les Moluques, etc. On
le rencontre surtout dans les terrains maréca-
geux, baignés alternativement par les eaux
douces et les eaux salées qui se trouvent à
l'embouchure des fleuves ; il y est cultivé pour
soutenir les terrains en pente, notamment les
•erges des cours d'eau.
L'agalloche s'appelle aussi arbre aveuglant;
ce nom, et son nom générique en latin, vien-
nent de ce que, selon quelques voyageurs, des
matelots abattant un arbre de cette espèce,
reçurent en plein visage son suc laiteux, et
perdirent la vue après avoir éprouvé d'atroces
douleurs.
Lé bois d'agalloche, appelé.aussi bois d'aigle,
calambac, garo, et improprement bois d'aloès,
à- cause de son extrême amertume, est rési-
neux et aromatique. Quand on le brûle, il ré-
pand une odeur agréable, à laquelle on attribue
la propriété de fortifier le cerveau, le cœur et
l'estomac. Ou l'emploie en ébénisterie, en par-
fumerie^et aussi en médecine, contre la goutte,
les rhumatismes, les vers intestinaux et plu-
sieurs autres affections. .
AGALLOCH1TE s. f. (a-ga-lo-chi-të — rad.
agalloche). Gôol. Nom donné autrefois à des
débris fossiles qui paraissaient offrir quelquo
ressemblance avec l'agalloche ou bois d'aloes.
AGALMATOL1THE s. m. (a-gal-ma-to-li-te
— du gr. agalma, atos, ornement, statue ; li-
thos , pierre). Miner. Talc compacte nommé
vulgairem. pierre dé lard, dont on 'se sert en
Chine pour faire des magots ou figures gro-
tesques.
AGALME s. f. (a-gal-me — du gr. agalma,
ornement). Moll. Genre ■ d'acalèphes qui se
trouve dans l'océan Pacifique.
, AGALOSTEMONE adj :'et s. f. (a-ga-lo-sté-
mo-ne — du gr. a priv. ; 'galos, belle-Sœur, et'
stèmon, étamine). Bot. Se dit des plantes dont,
les étamines-sont insérées alternativement,
sur le calice et la corolle. '
AGALOUE s. m. (a-ga-loû). Bot. Dénomi-
nation qui s'applique dans le Midi à divers
arbrisseaux ou plantes épineuses, croissant en
buisson ou en touffe.
AGALYSIEN adj . m. (a-ga-li-zi-ain — du
gr. agan, trop; lusis , dissolution). Géol. Se
dit d'un terrain composé de roches qui ont
été forméos par voie de cristallisation confuse.
AGAME adj. fa-ga-me — du gr. agamos,
célibataire; forme de a priv.; gamos, noce).
Bot. Se dit dos plantes qui n ont pas d'or-
ganes sexuels connus, telles que les champi-
gnons et les algues, il s. f. pi. La classe même
de ces plantes. Les agames répondent aux
acotylédoriées de Jussieu.
— s. m. Erpét. Genre de reptiles sauriens
originaires de l'Afrique et des Indes orien-
■ AGA
talcs. Ces animaux, voisins des lézards, ont
en général un aspect hideux et repoussant,
une peau sèche et raboteuse, et des couleurs
ternes. Vifs et alertes, ils habitent des con-
trées désertes , sablonneuses et arides ; ils.
vivent presque constamment à terre, et se
cachent sous les pierres ou dans des terriers
peu profonds.
— s. m. pi. Moll. Classe de mollusques, éta-
blie par Latreille. Elle renferme quelques
genres de gastéropodes ou univalvcs à co-
quille très-ouverte, tels que les haliotides, les
cabochons, les patelles, etc., et tous les acé-
phales ou bivalves, huîtres, peignes, moules,
bucardes, avicules, pholades, etc. ■
AGAMÈDE, frère de Trophonius. V. ce nom.
AGAMEMJsON, roi de Mycènes et d'Argos;
fils d'Atrée, suivant Homère, et frère de Mé-
nélas. Il épousa Clytemnestre, sœur d'Hélène,
et en eut trois entants : Iphigénie, Electre et
Oreste. Sa puissance et son autorité lui firent
'confier la conduite de la guerre de Troie, dont
il avait été l'un des instigateurs. Il sacrifia
alors sa fille Iphigénie pour apaiser le cour-
roux do Diane et faire cesser les vents con-
traires qui retenaient la flotte en Aulide, et
soutint avec éclat la supériorité de son rang
parmi les autres chefs de l'armée grecque pen-
dant les longues années du siège de la ville de
Priam. Mais i! excita la colère d'Achille en lui
enlevant Briséis, et détermina ainsi le héros à
priver les Grecs du secours de sa valeur.
Après une absence de dix ans et la prise de
Troie, il rentra dans ses foyers, où la trahison
d'une épouse adultère lui ht^ trouver la mort.
Il fut assassiné pendant son sommeil par
Egisthe, le complice de Clytemnestre.
Les combats intérieurs entre l'ambition et la
tendresse paternelle d'Agamemnon, au moment
de sacrilier sa fille, ses derniers malheurs, sa
fin déplorable, les meurtres et les crimes com-
mis par les divers membres de sa famille, ont
excité de tout temps la verve des poètes tra-
giques et donné naissance à une foule de tra-
gédies où figurent le roi d'Argos ou ses pro-
ches, ce qui a fait dire à un satirique :
Race d'Agamemnon, qui ne finis jamais...
C'est le même sentiment qui a sans doute
inspiré ce vers de Berchoux :
des Grecs et des Romains?
-Le si
Apamciunnn, tragédie d'Eschyle,
jet de cette pièce est la mort d'Agi
qui, à son. retour de Troie et le jour même
3 u'il revoit ses foyers, tombe sous les coups
e sa femme Clytemnestre et de l'adultère
Egisthe. La scène représente la place publique
d'Argos et le palais de ses rois. Sur le faite de
cette demeure est un esclave chargé d'attendre
le signal de la prise de Troie, et qui, depuis
dix ans, s'acquitte vainement de ce pénible
soin. Par ordre d'Agamemnon, une suite de
fanaux subitement.allumés devait transporter
d'Asie en Europe la nouvelle de la victoire
des Grecs. Enfin les feux messagers ont lui;
les Grecs sont vainqueurs, et bientôt parait le
roi des rois, assis sur un char de triomphe et
accompagné de là prophétesse Cassandre, qui
lui' avait en vain prédit sa fin tragique. Sur
l'invitation'èmpressée de Clytemnestre, Aga-
memnon entre dans son palais ; Cassandre le
suit, résignée à son sort, et les portes se re-
ferment sur eux. Un sombre pressentiment
agite le chœur. Tout à coup d*es cris se font
entendre : ce sont ceux du malheureux roi
qu'on égorge. Les portes du palais se rouvrent,
et laissent voir, auprès de deux corps sans
vie, Clytemnestre debout, la hache a la main,
sanglante, et dans tout l'orgueil du crime, prête
à le proclamer et à le glorifier. La tragédie
à'Agamemnon forme, avec les Choéphores et
les Euménides, la trilogie d'Oreste. Dans les
Choéphores, Oreste venge sur Clytemnestre la
mort de son père ; dans les Euménides, il ex-
pie Son crime.
Agameinnoii, tragédie de Lemercier, en cinq
actes et en vers. Cette pièce, où l'auteur a su
fondre habilement les oeautés éparses dans
Eschyle, Sénèque et Alfiéri, qui ont traité le
même sujet, est une des meilleures du théâtre
moderne.
• L'Agamemnon de Lemercier fut représenté
au Théâtre-Français le 24 avril 1797, avec un-
succès dont les annales dramatiques offrent
peu d'exemples. L'auteur ne put se refuser à
livrer sa tragédie à. l'impression, et le Direc-
toire, dans une fête solennelle ap Champ-de-
Mars, la couronna. C'est le chef-d'œuvre dé
Lemercier, que bien des critiques attaquèEent,
mais qui fut vigoureusement défendu par un
grand nombre d'écrivains.
M. Victor Hugo, dans son discours de ré-
ception k l'Académie, a très-heureusement ré-
sumé les principales beautés de l'Agamemnon
de Lemercier : « Contemplez surtout Clytem-
nestre, la pâle et sanglante figure, l'adultère
dévouée au parricide', qui regarde à côté d'elle
sans les comprendre et, chose terrible, sans en
être épouvantée, la captive Cassandre et le
petit Oreste, deux êtres faibles en apparence,
en réalité formidables! L'avenir parle dans
l'un et vit dans l'autre ; Cassandre, c'est la me-
nace sous la forme d'une esclave; Oreste,
c'est le châtiment sous les traits d'un enfant. »
Apnmemoon, tragédie d'Alfiéri. Le poète a
présenté un héros fatigué de là puissance, dé-
goûté de la gloire que l'on acquiert par les
malheurs de l'humanité, et ne cherchant que-
la paix de la vie privée près d'une épouse qui
le trahit et qui doit lui donner la mort. Petitot
a dit ■ « Alfiéri, dans l'examen qu'il a fait de
sa tragédie, ne la met point au rang de celles
qu'il préfère. J'oserai être d'un avis contraire
au sien. Il me semble que, dans aucune de ses
pièces, il n'a porté plus loin la terreur et la
pitié, et que parmi ses plus heureuses concep-
tions dramatiques, celle-ci, par la simplicité du
plan , par le choix des moyens , par la pein-
ture des passions, mérite d'être placée an
premier rang. »
AGAMI s. m. (a-ga-mi — nom donné par
les naturels). Ornith. Oiseau originaire de
l'Amérique méridionale, tenant à la fois des
gallinacés et des échassiors , et très-facile à
apprivoiser : Les agamis sont aussi fidèles à
leur maître que les chiens. (Acad.) On apprend
aux, AGmis à faire à peu près ce que font nos
chiens. (Buff.)
— Encycl. L'agami (psophia crépitons) a la
taille d'un faisan. Son plumage, d'un beau noir
■ sur les ailes, sur le cou, sur la tête et sous le
ventre, présente sur la poitrine des reflets iri-
sés. Une bande d'un rouge ferrugineux bien
tranché sur le noir, après avoir partagé le dop
en deux parties, dont l'inférieure est d'un gris
cendré clair, passe sur les ailes en dorant les
petites couvertures d'un fauve éclatant. La
tète, la gorge et la partie supérieure du cou -
sont simplement recouvertes d'un duvet court,
légèrement crépu et moelleux au toucher; le
tour de l'œil est nu ; le bec est conique et un
peu convexe. La longueur de ses jambes, dont
le bas est dégarni de plumes, a pu seule dé-
terminer le rang que Cuvier lui assigne parmi
les grues, auxquelles il ressemble dans tout le
reste tout aussi peu qu'aux gallinacés, dont
ses qualités et ses mœurs le rapprochent bien
davantage.
L'agami se rencontre aux Antilles, où il est
nommé caracara, à Cayenne et dans le reste
de la Guyane, où il s'appelle oiseau-trom-
pette. Il doit ce dernier nom et celui de psophia,
sous lequel la science le désigne (psophéo, je
souffle), aux sons sourds quil fait entendre
sans ouvrir le bec. Il habite les forêts épaisses
et éloignées des habitations. Toutefois il n'est
nullement sauvage. Les agamis vivent par
troupes de trente à quarante individus ; ils se
laissent facilement approcher par l'homme, au
point que l'on peut en abattre plusieurs avant -
qûe-lcs autres pensent à s'enfuir. Il se tient de
préférence sur les lieux élevés, a le vol lourd
et se nourrit d'insectes et de fruits sauvages.
L'agami est facile à domestiquer; son intel-
ligence acquiert , dans nos basses-cours , un
développement merveilleux. Il sait reconnaître
celui qui le^soigne, et se prend pour lui d'une
affection sincère ; il obéit à. sa voix, répond à
ses caresses et en sollicite de nouvelles jus-
qu'à l'importunité ; il fête sa présence par des
transports de joie, se montre triste en le voyant
partir, et bondit à son retour. Comme le chien,
il sait reconnaître les amis de la maison et ac-
cueillir leur arrivée. S'il est libre encore de
son attachement, il le donné volontiers au pre-
mier qui lui témoigne de la bienveillance. On
lui accorde même l'intelligence de nos chiens
de berger, et il exerce, dit-on, sur les volatiles
des basses-cours, le même empire , la même
surveillance que ces derniers sur les moutons.
Si les qualités de Vagami n'ont pas été exagé-
rées , il est à regretter que l'on n'ait point en-
core tenté l'introduction de cet intéressant
oiseau en Europe ; nul doute que sa présence
n'offrit de. nouvelles ressources à l'agriculture
dans nos départements méridionaux, qui de-
viendraient proniptement pour lui une nou-
velle patrie.
AGAMIDES adj. et s. m. pi. (a-ga-mi-de —
du gr. a priv.; gamos, mariage, et eidos, for-
mé). Zool. Classe de reptiles sauriens, qui a
pour type le genre agame.
AGAMIE s. f. (a-ga-mi — rad. agame). Bot.
Nom donné à la vingt-cinquième et dernière
classe du système sexuel de Linné : Z'agamib
est une subdivision de la cryptagamie.
AGAMIEN IENNE adj. (a-ga-mi-ain, è-ne
— rad. agame). Erpét. Qui ressemble à l'agame.
Il s. m. pi. Famille de l'ordre des reptiles
sauriens, ayant pour type le genre agame.
Syn. de agamides, mais avec une signification
plus générale. Cette famille comprend les
stellions, les agames, les gaiéotes, les istiures
et les dragons.
AGAN s. m. (a-gan).- Mar. Débris de toute
sorte que la mer dépose sur la plage, lors des
grandes marées, il On dit aussi laisses, il Les
dictionnaires de marine donnent agan et
lanan, avec cette légère différence que le pre-
mier s'applique aux débris naturels fournis
E' ar la mer, tandis que lagan désigne des dé-
ris de navire. Cependant il y a une telle
ressemblance entre agan et lagan, que nous
ne-voyons là qu'un seul et même mot, mo-
difié par une corruption.
AGANAIS s. m. (a-ga-nè — du gr. aganos,
gracieux). Entom. Genre d'insectes lépido-
ptères, famille des nocturnes, dont les es-
pèces habitent le Sénégal, h Chine et la Nou-
velle-Guinée. •
AGANIPPE , fille du fleuve Permesse et
nymphe do la fontaine du même nom, au pied
de l'Hélicon, en Béotie. Cette fontaine était
consacrée aux Muses, et son eau possédait la
propriété d'inspirer celui qui en buvait :
AGA
AGANIPPIDE adj. ( a-ga-ni-pi-de — rad.
Agam'ppe). Qui appartient à la fontaine Aga-
nippe. Il En poésie, l'onde aganippide, L'eau
de TAganippe, considérée 'figurém. sous le
rapport de sa vertu' inspiratrice :
Petits abMs qu'une verve insipide
l'ail barboter dans l'onde aganippide.
il Les Muses ont été surnommées Aganip-
pidcs.
AGANISIE s. f. (a-ga-m-zî — du gr. aga-
nos , agréable). Bot. Genre de plantes de la
famille des orchidées- vandées, indigène de
'Amérique tropicale.
aganisthe s. m. ( a-ga-ni-ste). Entom.
fionro d'insectes lépidoptères, famille des
iiurnes, fondé sur une seule espèce.
AGANITE. s. m. ( a-ga-ni-te ) . Agric. Nom
donné vulgairement, dans le midi do la
France, au blé rachitique.
AGANTER OU ENGANTER V. a. OU tr. (a-
gan-té— du provençal agantar).M&v. Prendre,
saisir avec la main ; prendre a la volée, hap-
per, en parlant d'un cordage. Est surtout em-
ployé à l'impératif: Agante, c'est-à-diro
Prends. Ce mot n'est d'usage que parmi les
matelots, il S'approcher d'un bâtiment, qui
marche en avant, le gagner de vitesse.
AGAON s. m. (a-ga-on — du gr. aganon,
gracieux). Entom. Genre d'insectes chalci-
AGAOS s. m. pi. (a-ga-oss). Géogr. Une des
nombreuses tribus de l'Abyssinie : Les princi-
paux dialectes de l'Abyssinie sont ceux des
Gafates, des Agaos, des Falashas et des Gallas.
(L. Vaïsse.) L'hamtonga, parlé par les agaos
du Lasta, est d'une dureté étrange. (L. Vaïsse.)
agapanthe s. m. (a-ga-pan-te — du gr.
agapè , amour ; anthos , fleur). Bot. Genre de
plantes de la famille des liliacées , originaire
d'Afrique, et remarquable par la beauté de
ses fleurs d'un bleu d'azur, d'où son nom. On
appelle vulgairement tubéreuse bleue l'aga-
panthe à ombelles (agapanthus umbellatus de
Linné), très-répandu aujourd'hui dans les
jardins.
AGAPANTHÉES s. f. pi. (a-ga-pan-té — rad.
agapanthe). Bot. Sous-ordre de la famille des
liliacées.
AGAPANTHIE s. f. (a-ga-pan-tî — du gr.
agapaô, j'aime; antkos, fleur). Entom. Genre
d insectes coléoptères têtramères, famille des
longicornes , qui vit sur les chardons , et se
trouve très-repandu aux environs de Paris.
AGAPES. f. (a-ga-pe — du gr. agapè, amour).
Dans la primitive Eglise, Repas que les fidèles
prenaient en commun : Vous voyez que la com-
munion était générale, comme les repas nommés
agapes. (Fén.) De nos jours, les frères mo-
raves ont renouvelé l'usage 'des agapes, qu'ils cé-
lèbrent dansdes occasions solennelles. (Encycl.)
Les agapes furent abolies au ive siècle, à cause
des abus qui commençaient à se glisser dans ces
réunions. (Bouillet. ) Les bénéfices réguliers
durent leur origine aux agapes. (Chateaub.)
EnlSi8,il y eut plusieurs AOATESrépublicaines.
(Journ.) il S'est" dit aussi de certains repas
solennels que les premiers chrétiens faisaient
entre eux dans les catacombes, pour fêter
l'anniversaire d'un martyr.
— Fig. Communion, relation intime do deux
âmes : En dehors du toucher et do la vue du
corps, il y a ta fraternité des âmes, agape
mystérieuse où l'on boit dans la même coupe la
parole du Seigneur et les rayons de flamrfte de
l'Esprit saint. (Alex. Dum.)
— Les francs-maçons appellent agapes les
banquets qui suivent les travaux des fêtes de
l'ordre, dans les ateliers supérieurs.
— Encycl. h'agape était la commémoration
du dernier' repas de Jésus avec ses disciples :
c'était le symbole touchant de l'égalité et de la
fraternité evàngéliqùes. Des hommes de toutes
les classes assistaient à ces repas ; chacun y
contribuait selon ses moyens ; les pauvres s'y •
trouvaient défrayés par les riches. Dans l'ori-
gine, on ne communiait qu'à la fin de ï'agape,
conformément au récit de l'Evangile ; mais au
ii«i siècle, l'usage s'établit de recevoir l'eucha-
ristie à jeun. Les épitres de saint Pierre et de
saint Paul nous montrent que de bonne heure
des abus s'introduisirent dans les agapes ; aussi
ces festins devinrentrils l'objet des attaques
passionnées des païens , qui les présentaient
comme servant de . prétexte à d'infâmes dé-
bauches. Le concile de Carthage abolit cet
usage en 397, moins pour remédier à un dés-
ordre réel que pour ôter tout prétexte à la ca-
lomnie. Chez les catholiques ,.le pain bénit est
destiné à rappeler les agapes.
AGAPET 1er (saint), pape de 535 à 536. Il
combattit les eutychéens et se porta inutile-
ment comme médiateur entre Theodat, roi des
Goths d'Italie, et l'empereur Justinien.
AGAPET II, pape de 946 à 950, appela' en
Italie Othon de Germanie contre Bérenger, et
assembla le concile d'Ingelheim^ pour faire
cesser les différends entre Louis d'Outremer et
le comte Hugues.
agapÈtes s. f. pi. (a-ga-pè-te — du gr.
flffapad, j'aime). Htst.ecclés. Vierges qui, dans
la primitive Eglise, vivaient en communauté
avec les apôtres et avec les autres fidèles.
Elles étaient chargées des soins de la vie ma-
térielle, pendant que les apôtres s'occupaient
AÔA
exclusivement de la prédication de l'Evangile.
C'étaient d'abord des associations pieuses;
mais dans la suite les agapètes donnèrent
lieu- à de graves désordres, contre lesquels
s'élevèrent saint Cyprien, saint Jérôme et
divers conciles. Dans plusieurs de ces réu-
nions, on avait pris poiir maxime qu'il n'y a
rien d'impur pour les consciences pures. Cette
secte, renouvelée des gnostiques, fut suppri-
mée par le concile de Latran en 1139.
agaphite s. f. (a-ga-fi-te). Miner. Soçte
de turquoise de belle couleur bleue , connue
dans le commerce sous le nom de turquoise
orientale.
agapophyte s. f. (a-ga-po-'fi-te — du gr.
agapaô, y aime jphuton, plante). Entom. Genre
d'insectes de 1 ordre dés hémiptères , prove-
nant des îles océaniques. • i
AGaporniS s. m. (a-ga-por-niss — du gr.:
agapè, amour; omis, oiseau). Ornith. Nom
donné à une, famille de perroquets de petite
taille, particulière à l'Amériquedu Sud,
AGAR, esclave égyptienne que Sara, se
croyant stérile, donna pour compagne à Abra-
donné le jour à Isaac. L'eau étant venue à
leur manquer, Ismaël tomba sur le sable , et
Agar s'éloigna en pleurant pour ne pas voir
mourir son fils. Un ange lui apparut tout à
coup et lui montra une source d eau vive, où
elle put se désaltérer avec son fils et continuer*
son voyage.
Le poétique sujet d'Agar au désert et l'in-
tervention miraculeuse de l'ange ont souvent
. ■ De l'amour des choses bibliques au désir
de voir les lieux où ces choses s'étaient pas-
sées,, il n'y avait qu'un pas. Je brûlais donc,
dès l'âge de huit ans, du désir cValler visiter
ces montagnes où Dieu descendait; ces déserts'
où les anges venaient montrer à Agar la source
cachée pour ranimer son pauvre enfant, banni
de soif. « Lamartine.
« Le malheureux orphelin , le proscrit de la
vérité catholique, s'en va péniblement à la con-
quête des promesses que la science lui a faites.
Promesses vaines 1 le christianisme philoso-
phique découvert par la science ne lui présen-
tera que d'arides solitudes ; comme Agar, il se
verra prés de mourir de soif au désert, et si
un ange ne vient point lui montrer la source
de la foi, te jeune homme tombera d'épuise-
ment et de douleur. » Poujoulat. ' '
« En sortant de l'isba où elle avait passé la
nuit, elle eut un moment d'effroi lorsqu'elle se
vit toute seule. L'histoire A' Agar dans le dé-
sert lui revint à la mémoire et lui rendit son
courage. Elle fit le signe de la croix, et s'ache-
mina en.se recommandant à son ange gar-
dien. » Xavier de Maistre.
Agar iinnn îo désert, tableau de Francesco
Mola. "Musée du Louvre, n"> 268. Le peintre
a choisi le moment où l'ange.'relève le cou-,
rage d'Agar. Les traits les plus intéressants
de cette histoire, la défaillance d'Ismàël,ladou-
leur d'Agar, ont été exprimés par l'artiste
avec beaucoup de sentiment et de vérité dans
ce tableau, fort remarquable sous le rapport
de l'exécution , et dont la touche est légère et
moelleuse. La figure d'Agar a de la grâce. Les
lumières sont bien ménagées et le ton général.
est ferme. Les rochers placés sur les premiers
plans présentent des teintes mêlées de gris, qui
soutiennent et animent les couleurs plus vives
des figures. Une tunique blanche, un manteau,
rouge, une écharpe olivâtre, composent les
vêtements d'Agar. Les ailes' et les draperies dé ,
l'ange offrent un mélange de tons gris de lin et
pourprés qui s'unissent harmonieusement avec
le ciel. Le paysage est d'ailleurs bien composé,
les arbres sont reproduits avec vérité. Ce ta-
bleau , peint sur cuivre, appartenait autrefois
au duc d'Orléans.
cause de l'odeur suave qu'il répand, et qui le
fait rechercher par les parfumeurs. On ignore
à quelle espèce d'arbre il appartient. Le bois .
d'Agara vient de la Chinevet du Japon, où.
l'on ea fait, dit-on, grand usage.
agar-agar s. m, (a-gar-a-gar — - mot ma-
lais). Gelée compacte que les Malais préparent
avec un fucus marin. On l'emploie en Chine,
en Australie et dans la plupart des îles de
l'archipel indien, pour apprêter les tissus et
pour faire une confiture très-recherchée. De-
puis quelques années , les Anglais en appor-
tent annuellement de grandes quantités en
Europe, où on lui a trouvé plusieurs applica-
tions industrielles.
AG
dois,
professeur de mathématiques, de botanique
et d'économie rurale à l'université de Lund. Il
étudia particulièrement les végétaux crypto-
games, et publia un grand nombre de mémoires
scientifiques. En 1S16, il s'était fait ordonner
prêtre sans abandonner pour cela ses études
favorites.
AGARDHIE s. f. ( a-gar-dî — de Agard h,
AâA
n. pr.). Bot; Genre dl'algues ou thalassio-
phytes siphonées. ,»
AGARE s. f. (a-ga-fre.) Zool. Genre d'é-
ponges à fibres longitudinales simples ou ra-
mifiées, séparées les unes des autres par une
membrane très-fine, que la loupe montre parr
semée de très-petits ttous ronds.
AGARÉNIEN, IENNE adj. et s. (a-ga-ré-ni-
ain, è-ne — lat. Agarieni; de Agar, n. pr.).
Géogr. anc. Habitant (S'un pays de l'Arabie,
situe dans le désort, à) l'est des montagnes de
Galaad. Les Agarôniens prétendaient descen-
dre de Agar, servante'. d'Abraham. Ils furent
vaincus et détruits par la tribu do Ruban, au
temps de Saiil. )
— s. m. pi. Hist. relié. Chrétiens arabes, qui
prétendaient descendra d'Ismaël, fils d'Agar,
et qui, vers le milieu flu vue siècle, embras-
sèrent l'islamisme. Us soutenaient que Dieu ne
peut avoir de fils, puisqu'il n'a pas de femme.,
AGARIC s. m. (a-gà-rik — gr. agari/co'nr
même sens). Bot. Genre de champignons qui
renferme beaucoup dïespècés.
— Méd. Agaric astringent, Substance appelée
aussi agaric des chirurgiens, et qui ressemble
beaucoup à l'amadou ; !on la retire des mêmes
espèces de champignons (bolet amadou -
vier, etc. ) , et on la ^prépare à peu près de
la môme manière, s^uf qu'on n emploie ni
sel ni cendres. On s'en sert pour arrêter, le
sang dans les hémorragies légères, telles que
celles qui résultent dès piqûres des sangsues.
Il Agaric blanc ou desl pharmacies, Substance
blanche, légère, friable, spongieuse, rési-
neuse, inodore, qu'on prépare avec le poly-
pore du mélèze. Il a été employé en médecine
comme purgatif, et préconisé pour diminuer
les sueurs nocturnes dans la.pnthisie pulmo-
naire. La trop grande énergie de ce médica-
ment l'a fait presque complètement aban-
donner. [ '.
■ — . Miner. Agaric minéral, Ancien nom d'une
variété de calcaire qu'on appelle aussi aga-
rice, et vulgâirém.Y«wrt<? /ossite, lait de lune,
lait de montagne, moelle de pierre, etc.
— Encycl. Les agarics constituent un genre
important dans l'immense famille dés champi-
gnons. Un pédicule central ou latéral pourvu
ou non d'un anneau dans sa partie supérieure ;
un chapeau à face inférieure garnie de lames
simples , généralement" libres , -rayonnant du
centre à la circonférence : tels sont les' prin-
cipaux caractères des agarics. Les amanites
(v. ce mot) , qui présentent aussi ces carac-
tères, diffèrent des agarics par leur pied renflé
en bulbe et conservant à la base des traces,
bien marquées de la bourse ou- volva qui les
enveloppe dans leur première jeunesse.
Le genre agaric renferme plus' de mille
espèces, dont plusieurs sont très-recherchées
comme aliment; d'autres, au contraire, sont
des poisons violents. Pour faciliter l'étude de
— espèces , on. a établi dix sections ou sous-
..._ i._.i!_ sur ^ caractères d'un ordre
ns entrer dans des détails de
dus passerons sommairement en
revue les principaux agarics comestibles, puis
tes espèces vénéneuses les plus communes et
par conséquent les plus dangereuses. L'a-
garic comestible , plus connu sous le nom.
de champignon .de couche (agaricus edulis dé,
Bulliard), se reconnaît à son -pédicule épais, \
cylindrique, blanc; son chapeau, jaune-paille,
blanc- ou d un brun plus ou moins foncé , se
pelant facilement, et présentant en dessous des
lames inégales, d'abord blanches ou roses,
puis devenant peu à peu noirâtres. Ce cham-
pignon croît à peu près partout; il a une chair
ferme , une saveur et une odeur très-agréa-
bles, et ne peut nuire que lorsqu'on en mange
une trop grande quantité , ou qu'il est trop
avancé. C est le seul dont la vente soit per-
mise sur les marchés de Paris, et il est cul-,
tivé en grand dans presque toute l'Europe. À
Paris, cette culture se fait dans lés'caves; les
catacombes, les carrières abandonnées.
■ Les couches à champignons "sont composées
de fumier bien consommé et 'presque exclusi-
vement de fumier de cheval, "parce qu'il est,
non le meilleur, mais le plus abondant. On
larde la couche en y introduisant de petits
morceaux de blanc de champignon; puis on là
gobette, opération qui consiste à répandre sur
la couche une couverture de terre meuble et
très-fine; enfin on la bat avec le dos d'une
pelle, ce qui constitue le talochage. Une couche
ainsi établie ne tarde pas à produire,- surtout
quand elle est arrosée et ou elle a une cha-
leur de El à' 28 degrés. Une bonne couche
dure quatre mois et quelquefois davantage.
Lorsqu'elle commence à s'épuiser,' on re-
nouvelle le fumier. Lorsqu'elle ne rapporte
plus rien , on la détruit , en ayant soin de
L'agaric comestible a une variété toute blan-
cite, que l'on appelle vulgairement boule de
neige. La ressemblance que présente avec
celle-ci un champignon très-dangereux, \' ama-
nite bulbeuse ou vénéneuse, est la cause du plus
grand nombre d'empoisonnements. On trou-
vera au mot Amanite les caractères, qui dis-
tinguent ces deux champignons. L' 'agaric atté-
nue croit dans le Midi, sur le tronc des vieux
saules. On le propage en enterrant dans des
endroits ombragés et humides des rondelles de
bois de peuplier, dont la face supérieure a été
.frottée avec les lames de cet excellent champi-
AGA
)27
genres, fond*
secondaire. î
classification.
trouve dans les landes, les bois, les friches. On
le propage, dans les bosquets plantés de chênes,
/>n *.*r.r.»„„t io *«^o «„ec de i eau dans laquelle
certaine quantité de ces
_0 an, qui croit dans' les
bruyères, les friches et les pâturages', peut
être enlevé avec une motte de terre, ettrans-
planté dans un sol offrant des- conditions'
analogues , où il continue à produire abon-
damment. L'agaric napolitain , peu connu en
France, est très-répandu dans le midi'de l'Ita-
lie, où on le fait pousser sur le marc de café.-
■ Parmi les autres espèces comestibles , nous
citerons la couleuvrée (agaricus colubrinus de
Bulliard), l'agaric châtain (agaricus castaneus),
l'agaric licoïde (agaricus ficoïdes), l'agaric
odorant ou anisé, la russule (agaricus russula)}.
le faux mousseron (agaricus- iorlilis), l'agaric
délicieux, le lactaire doré, l'oreille de chardon
(agaricus eryngii), et l'agaric de,,l'orme (aga-,
ricusulmarius)., ., , ,, ,,, T- , j
Les agarics vénéneux qu'il importé Jo plus
de mentionner, sont la tête de Méduse (aga-
ricus annularius), l'agaric soufré (agaricus'
sulfureus), le morton ou agaric meurtrier \aga-.
ricus necator), l'agaric sanguin, l'agaric er -A
tique ou pectine, Vage-'- y- " -"■--- "
e de 1 obvier
tarins). On peut enlever, en toutou' en grande;
partie, le principe vénéneux de ces champi-'
gnons en les faisant macérer longtemps, dans
de l'eau salée ou Vinaigrée, qu'on doit avoir,'
grand soin de rejeter ensuite. ,',' '" ,
agarice s. f. (a-garri-se). Géol. Variété-
dé calcaire, blanche et sporigiaire, que l'on-
retire des fentes de* certaines roches. V. Aga-^
RIC MINÉRAL. -.• . •' n .-.v
AGARICÉ, ÉE OU AGARICINÉ, ÉE adj.*
(a-ga-ri-sé— rad. agaric). Bot.* Qui ressemble)
à l'agaric, n s. f. pi. Groupe do champignons;
ayant pour type le genre agaric. ■ '■;
AGARicicoiiE adj. (a-ga-ri-si-lco-lo — fr!"
agaric, et lat. colère, habiter). Entom,! Se dit;
des insectes qui vivent sur les .agarics.,' '.',,''
AGARICIE s. f. (a-ga-rri-sî — rad., agaric)^
Polyp; Genre de polypes' qui olïro quelque-
ressemblance avec les champignons appelés
agarics, et qui est originaire dos pays chauds.
' AGARICIFORME adj. (a-ga-ri-si-for-mo —
de agaric et forme). Polyp, So dit de. cer-
tains polypiers dont la forme , rappelle celtcr
d'un agaric^ , '■<•'•
AGARICIN, INE adj. (a-ga-ri-sain, i-ne —
rad. agaric). Hist. nat. Qui ressemblo à'un
agaric : Eponge agaricinb. ii Qui vit, qui croît-
sur les agarics secs et à demi pourris.
AGARICINÉ, ÉE adj. (a-ga-ri-si-né — rad.''
agaric). Bot. V. Agarice. , : , .'
AGARICITE S. f. (à-ga-ri-si-to ^-'-rad. •aga-
ric). Dénomination ancienne dos polypiers
fossiles plus ou moins voisins des agancies.
Il S'emploie aussi adjectiv. : Un madrépore
AGARICtTB.
agaricoïde 'adj .' (a-ga-Vi^-kq-ï-de ^'d'u gr.'.
agàrikon, agaric; ei'dos,'fornie)YBot. Qui' res-
semble à un agaric, il Ce mot s'cmp'I.' le plus1
souvent comme syn. d'agaricé etd agariciné.
n s. m. pi. Section de la famille 'des champi- ■
gnons, qui a pour type le genre agaric' " <"i
AGARICON s.- m.- (a-ga-ri-lion — ra'd;. 'aga-^
rie). !Bot. Nom improprement donné par les
anciens à une espèce de champignon qui croît'
sur le-tronc des mélèzes, et qui appartient au '
genre polypore, leqùèL n'est lui-même qu'un''
démembrement du genre bolet. Il fournit àV
la médecine le produit appelé _ agaric blanc.*
,V. Agaric.- •-■-■■ '*' " '■'•"' 'v'' ''■''* ,',i)y'i]'t
AGARiste s. f. fa-ga-ri-'st'e — : du g'rl àèh'a ,\
ristos, désagréable). Entom. Genre d'insectes
•lépidoptères, dont on connaît trois 'espèces
, appartenant a la Nouvelle-Hollande, au>Brésil
' et a l'Amérique septentrionale:^ 'r ' ": '" '
, —.Bot. Herbe annuelle de'la'Californio. ' -1
i AGARON s.' m. (a-ga-rôriJ.'Con'chyl. Coquille'
(fossile du genre de l'olive,, qui se trouve aux
environs de Bordeaux. • r r.'ïii.DJ-
; AGARUM s. m. (a-ga-romm).' Bot.1 Sorte de l
.fucus des îles de la Sonde. ■ . ■ "
' AGAS s. m. (a-gass).. Bot. 'Un' des noms'
vulgaires de l'érable champêtre, dans quel-
ques localités du midi do la France. , , \][
AGAS1AS, sculpteur d'Ephèsej auteur de la
belle statue antique nommée le, Gladiateur i
' liorghèse ou Gladiateur combattant, qui, fut,,
découverte au commencement du ,xvno siècle, ,\
là. Antium. "',' , . |, r< _t .t
1 agass'e s. t. (a-gà-se). Un des noms :de, la :
ipio commune: ATais ta voilà, qu'elle fait , la .
'belle fille et qui se carré comme pne agasse.
(G. Sand.) l ■ . , ', ' [' , , \, ",,.-,
! — Mar. Nid d; agasse ou nid de pie, Filet en .
Iforme de sac dont sont pourvus les hommes
[suspendus pour travailler à1 bord', et qùï rcri: (
(ferme leurs outils, il On écrit aussi et mieux
jagace. V. ce mot. • M i/V'>'.
| AGASSIN s. m. (a-ga-sain). Agric. Bouton
ide, vigne placé au bas du cep et qui ne'donne
jamais de grappe. , , . - '
I AGASSIZ (Louis)', naturaliste suisse, corres-
pondant de l'Institut, né en 1S07, à Orbe (can-
ton de Vaud). Après avoir terminé son éduca- ■
tion première à l'Académie de Lausanne , il
alla étudier la médecine à Zurich, puis à Hei--'
delberg,-. enfin à Munich, où- il passa. quatre •
années, se lia avec Dollinger, Okcn, Martins,
'et se fit recevoir docteur en 1830. Passionne ►
pour les sciences naturelles, il eut k cette épo- '
que l'occasion de venir à Paris, reçut les en-
couragements de Cuvier, qui mit à sa dispo-
sition tous les matériaux qu'il avait lui-même
recueillis pour faire l'histoire des poissons fos-
siles, et, de retour en Suisse, fut nommé pro-
fesseur d'histoire naturelle a Neufchâtel (1832).
En 1846, M. Agassiz partit pour l'Amérique,
qui offrait un vaste champ à ses observations
et à ses recherches. L'accueil qu'il reçut dans
lé nouveau monde, le succès des, leçons qu'il
donna a Hnstitut Lowell,'de Boston, le déter-
minèrent à se fixer aux Etats-Unis, où il. oc-
cupe aujourd'hui la chaire de zoologie et de
géologie à l'École scientifique annexée à l'uni-
versité de Cambridge. M. Agassia est un des
naturalistes qui ont marché avec' le plus d'ar-
deur dans les voies . ouvertes par Cuviér. Ses
Recherches sur les poissons fossiles (1833-42)
sont pour l'histoire des poissons un monument
aussi important que les Recherches sur les osse-
ments fossiles pour les mammifères. Il ne s'est
pas borné d'ailleurs ' aux espèces éteintes,. et
n Histoire naturelle des poissons d'eau douce
ouvrage plein de faits nouveaux etintéressants,
de vues originales et fécondes. M. Agassiz a
embrassé dans ses études et relié en une vaste
synthèse la paléontologie, l'embryogénie et la
zoologie. Il a étendu à tous les animaux l'ana-
logie, qu'il avait '.d'abord remarquée chez \lés
poissons, entre là' succession 'des types'j aux
différents âges de Ia,~terré et .celle des formés
par lesquelles passe, chaque individu 'dans le
.cours ,de' son développement émbrypgéniqùe.
D'après lui, il y a un parallélisme constant entré
lu série .paléontologique , c'est-à-dire l'ordre
«l'apparition sur la terre , la série zoologique,
c'est-à-dire l'ordre d'importance, le degré do
perfection des espèces et la série des phases
du développemejit embryogéniqùe. Les unir
maux des faunes primitives sont les images
prophétiques et agrandies des embryons ac-
tuels ; les embryons actuels sont les miniatures
des animaux primitifs. En un mot, c'est sur
un plan semblable à celui qui a présidé au
développement, de chaque individu que s'est
• pour ainsi dire développé progressivement h
travers les âges, dans la série des terrains, le
règne animal tout entier ; l'histoire des fos-
siles n'est qu'une longue embryogénie-; la
chronologie nous donne la hiérarchie vérita-
lile, la classification naturelle des êtres.r« Un
temps viendra, a dit M. Agassiz, où l'âge re-
latif des fossiles, entre certaines limites, sera
un guide aussi sur que les fuits dérivés de l'é-
tude de leur structure pour indiquer la posi-
tion normale qu'ils occupent dans le système
dé la nature, tant sont intimes les .rapports
qui unissent entre elles toutes les parties du
plan admirable que nous présente la création. »
Ajoutons que M. Agassiz n'admet ni l'unité de
composition organique , ni la variabilité des
espèces, ni l'unité de création ; qu'en anthro-
pologie, il considère les races humaines comme
des formes distinctes, primordiales, du type
humain, et qu'il explique, en géologie, le trans-
port des blocs de rochers qu'on nomme erra-
tiques par le mouvement d'anciens glaciers
beaucoup plus étendus que ceux que nous
connaissons aujourd'hui.— Parmi les ouvrages
de M. Agassiz, nous devons citer, outre ceux
dont rioiis avons parlé plus haut : Description
'des échinodermes fossiles de là Suisse (1839 et
suiv.l ; Monographie a" échinodermes vivants et
fossiles (1838-42); Monographie des poissons
' fossiles du vieux grès fovge (1844) ; Etudes sur
les glaciers (1840) ; Nouvelles études sur lesgla'-
ciers (1847) ; Zoologie générale (1854 et suiv.).
agastachys s. m. (a-ga-sta-kiss — du
gr. agastos, admirable; stachus, épi). Bot.
Genre déplantes de la famille des protéacces,
qui a été formé pour un seul arbrisseau de la
.terre de Diémen.
AGASTE s. f. (a-gà-te — du vieux fr. agas-
ter, gâter). Pluie soudaine et abondante qui
cause de graves dommages.
AGASTÈR v. a. ou tr. (a-gâ-ter — rad. gàs-
tar pour gâter). Détruire, endommager, il
Vieux mot. "
AGASTERA s. f. (a-ga-sté-ra). Métrol. Me-,
■surede capacité pour les liquides employée
aux îles Ioniennes, et qui vaut un peu plus
d'un litre.
AGASTRAIRE adj. et s. m. (a-ga-strè-re —
du gr. a priv. ; gastèr, ventre). Zool. Se dit
des corps organisés qui n'ont pas de canal
intestinal proprement dit, et dont les fonc-
tions se réduisent à l'exhalation et à l'ab-
sorption extérieures ; telles sont les éponges,
il On dit aussi agastrozoaire.
des animaux acéphales qui n'ont aucune trace
de canal intestinal,
AGÀSTRONERVIE s. f. (a-ga-stro-ner-vî
AGASTROZOAIRE adj. et s. m: (a-ga-stro-
zo-ô-re — du gr. a priv.; gastèr, ventre, et
zôon, animal). Zool. Se dit des infusoires qui
n'ont point de cavité digestive. u Syn, à'aga-
agate s. f. (a-ga-te — selon Pline, du gr.
Achates, nom d'un fleuve de Sicile, sur Tes
bords duquel cette pierre aurait été trouvée
pour la première fois). Miner. Espèce de
pierre siliceuse fort 'dure : Des couteaux à
manche en agate! (Bahz.) il Sert à designer
généralement toute espèce d'ouvrage d'à-;
gâte : Il y a dans ce mûtsée une\riche collection
^'agates, il Particulièrfenv. Représentation en
agate de la tête de qulelqué personnage : Un
beau cabinet d' 'agatus!. La plus belle agate
connue est' dans le musée napolitain; elle repré-
sente l'apothéose d'Aumstc. (Encycl.) '- '
— Par coiïipar. Se d/it des couleurs mêmes
de l'agate : Une foule lie charmants petits vi-:
traux. de couleur, enchâssés de, baguettes d'or,
déviaient répandre, le jèur, sur le parquet une
pluie d'AGATKS, de ruMs,rde saphirs. (Rog. de
Beauv.) ' . ' ) ' "' '■'
— Techn.. instrument, formé d^nne agate
enchâssée dans un manich'e et servant debrur
— Encycl. En minéralogie et dans les arts,
on comprend généralement sous le nom : d'a-
gates les variétèsde quartz compacte' d'une
grande dureté, d'une te\xture très-fine, à cas-
sure cdnchoïdéi et susceptibles d'un beau poli.
Les agates se distinguent encore par des cou-
leurs vives et variées jet par une structure
stratoïde oui présente souvent une série très-
régulière de couches tantôt planes et paral-
lèles, tantôt ondulées, ) tantôt curvilignes et
concentriques. Parmi celles qui sont caracté-
risées'par une seule couleur, on distingue:
la cornaline, d'un rouge)cerise; la. sardoine;àe
couleur orangée; la cfirysoprose ; d'un vert
pommé; la saphirine, d'un bleu de ciel; \a cal-
cédoine, d'une teinte .'laiteuse ou bleuâtre.
Quand les agates offrent des bandes de cou-
leurs distinctes, on dit qu'elles sont rubanées ;
quand les bandes sont de couleurs bien tran-
chées, on lesnomme onyx; si les couleurs sont
irrégulièrement jetées ,^les agates sont dites
jaspées. Enfin, on distingue l'agate œitlée] for-
mée de couches concentriques enveloppant un
noyau globuleux, souvent radié du centre à la'
circonférence; l'agate, à fortifications, com-
posée de bandes parallèles disposées en zig-
zag à angles successivement saillants et ren-
trants, à peu' près comme les fossés d'une
place de guerre; l'agate herborisée ou arbori-
«(?<?,. qui offre dans l'intérieur de sa pâte des
représentations d'herbes ou d'arbres ; l'agate
mousseuse, dont l'intérieur semble renfermer
de la mousse ; l'agate enhydre, qui contient
des gouttes d'eau. Les agates ne se rencon-
trent point dans lès terrains appelés primitifs
par les géologues; on les trouve ordinaire-
ment dans les terrains secondaires et les
terrains volcaniques. Elles servent à faire
des objets d'ornement de formes très-variées :
les cornalines et sardoines sont employées
principalement pour cachets et pierres mon-
tées, les chrysoprases pour parures, les onyx,
et, en général, les variétés .rubanées, pour
pendante d'oreilles, camées, vases, etc. En
raison de sa dureté, l'agate est aussi employée à
la confection de mortiers , de brunissoirs, etc.
On fuit des agates artificielles qui imitent par-
faitement celles que la nature nous présente ;
en outre , l'art est parvenu à décolorer' lès
agates naturelles et même à les enrichir de
nouvelles couleurs. — Chez les anciens , les
agates passaient pour des préservatifs contre
les piqûres de plusieurs animaux venimeux.
■•■■ Autrefois, on distinguait les agates en orien-
tales'^, occidentales, d'après -l'opinion où. l'on
était que les plus belles ne se trouvaient que
dans 1 Inde. Aujourd'hui, ces.épithètes ne ser-
plus qu'à désigner, dans le commerce, les
l'obsidienne noire ("V." Obsidienne), et celui'
d'agate noire au jaïet. V. Jaïet.
AGATE, Ée adj. (a-ga-té — rad. agate). Se
dit d'un minéral qui présente dans sa sub-
stance des portions de quartz semblables à
l'agate : Jaspe aOaté. ■ ■'
agathais, aise s. et adj: (a-gâ-t'é, è-ze —
de Agàtha, ri. lat. de la ! ville d'Agdc). Géogr.1
Qui est d'Agdé, qui a rapport a'Agde ou à
ses habitants : Coutumes agàthaises. • ' ■
AGATHÂRCH IDE, de Cni'de, historien et géo-
graphe grec qui florissait vers la fin du ne siè-
cle av. J.-C. Des ouvrages qu'il avait com-
posés, il ne' nous reste que quelques fragments'
de celui qui a pour titre : Sur la mer Erythrée,
contenant de curieux détails sur les Sabéens
et autres peuples de l'Arabie heureuse. Cet
' parait avoir fait connaître le premier
cause des inondations périodiques du
charbons ardents, à Catane,vers 251. Elle est
honorée comme patronne par les habitants de
l'île de Malte.' L'Eglise célèbre sa fête le 5 fév.
AGATHÉE s. f. (a-ga-té — du gr. agatheos,
divin). Bot. Genre de plantés de la famille
des composées et de la tribu des astérées,
voisin des asters et des cinéraires, et origi-
naire du cap de Bonne-Espérance. L'espèce la
plus remarquable est l'agathée amelloïde ou
céleste (agathea amelloïdes de De Candolle',
ogathea cœleslis de Cassini), appelée aussi
astere d'Afrique ou cinéraire à fleurs bleues.
L'agathée est cultivée dans les jardins
d'agrément.
AGATHÉLÉPIS s. m. (a-ga-té-lé-piss — du
gr. agathos, bon,; lepis, écaille). Bot. Genre de
plantes de la famille des sélaginacées , ren-
fermant quelques sous-arbrisseaux du Cap.
AGAT1J1AS, historien grec du vie siècle,
auteur d'une Histoire du règne de Justinien,
comprenant les années 532-59. Elle fait suite
à l'histoire de Procope, et se trouve dans la
Ryzantine. Le président- Cousin en a donné
une traduction française. ; -
AGATHIDIE s.'f. (a-ga*ti-dî — du gr. aga-
this, agathidosx peloton). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères tétramères xykjphages,
voisins et à peine distincts des mycétophages,
et vivant, comme eux, à l'état de larve ou
d'insecte parfait, sur les champignons.
AGATHINE OU AGATINE S. f. (a-ga-ti-no
— du gr. agathis, peloton).. Moll. Genre de
mollusques gastéropodes pulmonés, voisin
des colimaçons ou escargots, dont ils se dis-
tinguent surtout par la forme allongée de leur
coquille!. Ce sont des mollusques. terrestres
qui habitent en général les régions chaudes.
Leur coquille est le plus souvent ornée de
riches couleurs, qui en font un des plus beaux
ornements de nos collections ; aussi Yagathinc
est-elle fort recherchée par les amateurs. La
principale espèce vient de Madagascar ; elle
est connue dans le commerce sous le nom de
AGATHIS s. m. (a-ga-tiss — du gr. agathis,
peloton). Bot. Genre de plantes conifères, ori-
ginaires de l'Inde.
— Entom. Genre d'insectes hyménoptères,
famille des ichneumoniens. L'espèce princi-
pale est répandue dans la plus grande-partie
'de l'Europe.
AGATHISANTHE .s. f. (a-ga-ti-zan-te— du
gr. agathis, peloton ; anlhos, Heur). Bot. Genre
de plantes combrétacées, fondé sur une seule
espèce, originaire de Java.
AGATHISTÈGUES S.'f. pi. (a-ga-ti-stè-glio
— du gr. agathis ,- peloton ; stegé, chambre).
Zool. Un des ordres de la classe des foramim-
fères, comprenant les coquilles dont les loges
sont pelotonnées sur un certain nombre de
faces et sur un
AGATHOCLE, tyran de Syracuse, fils d'un
potier, né à Rhégium vers 350 av. J.-C. Sol-
dat, puis chef de faction, il s'empara du pou-
voir suprême vers 316 et assura son autorité
par le massacre des nobles , l'abolition des
dettes, le partage des terres, quelques lois
équitables et des guerres souvent heureuses
contre les Carthaginois, maîtres d'une partie
de Ma Sicile. Assiégé dans Syracuse par ces
éternels ennemis (311), il conçoit et exécute
l'entreprise hardie de rendre à Carthage siège
Sour siège et de porter sous ses murs le théâtre
e la guerre, il laisse le gouvernement de
Syracuse à son frère Antandes, débarque sur
la côte d'Afrique, ôriife ses vaisseaux pour se
fermer la retraite et ne laisser à son armée
d'outre ressource que la victoire, et marche
sur la cité punique en soumettant toutes les
villes du littoral. Toutefois, il ne garda pas ses
conquêtes: Les événements de Sicile, des ré-
voltes de son armée, des revers multipliés, le
forcèrent à traiter avec les Carthaginois (306).
La fin.de sa carrière fut marquée par de nou-
velles guerres dans l'Italie méridionale. Son
petit-fils, qu'il voulait écarter du trône, l'empoi-
sonna, dit-on, au moyen' d'un cure-dent (287).
On rapporte qu'il 'se fit placer sur un bûcher
pour abréger les souffrances de son agonie.
Agojhoçio, tragédie de Voltaire, en cinq actes
et en vers, représentée au Théâtre- Français
en 1779, le jour anniversaire de la mort de ce
poëte. Ce n'est qu'une esquisse trouvée dans
ses papiers après sa mort. En faisant repré-
senter cette pièce posthume, les amis de Vol- :
taire croyaient honorer sa mémoire ; leur zèle
malentendu ne fut qu'à demi récompensé. Aga-
thocle est une tragédie très-imparfaite. Le pin-
ceau tragique tremblait entre les doigts glacés
du vieillaid; il avait dessiné des figures indé-
cises, sans expression, sans couleur et sans
vie.' Le public observa les bienséances : il se
montra respectueux, en écoutant la pièce sans
murmurer,:et juste; en n'y revenant plus. Dans
Agathocle comme dans le Venceslas de Ro-
trou , le vieil Agathocle a deux fils, Polycrate
et Argide, différents de caractère et qui éprou-
vent une grande aversion l'un pour l'autre.
Polycrate, d'un naturel féroce et tyrannique,
veut enlever à force ouverte Idace , jeune
captive que l'on doit rendre aux Carthaginois
en vertu d'un traité.' Argide , plus généreux ,
veut qu'Idace soit libre, et cependant il en est
amoureux ; il- défend l'innocence opprimée.
Attaqué par le ravisseur, il ne lui ôte la vie
que pour conserver la sienne. .Agathocle rend
ses bonnes grâces à son fils et abdique en sa
faveur; niais Argide, qui est un disciple, de
Platon, n'accepte la couronne que pour s'en
dépouiller, et rendre aux Syracusains leur
antique liberté. ' ,
AGATHODE s. m. (a-ga-to-de — du gr.
agathos, bon; eidos, apparence). Bot, Genre
de plantes gentianées, originaire do l'Inde.
, A'GATHODÉMON (a-ga-to-dé-mon— du gr.
agathos, bon ; daimôn, génie). Myth. Divinité
bienfaisante en l'honneur de laquelle, à la" fin
des repas, les Grecs buvaient un peu de vin
pur. La coupe qui servait à cet usage s'appe-
lait coupe d'Agathodémon : de là le nom à'aga-
thodémanistés, donné aux gens sobres par Hé-
sychius, n Nom grec du dieu égyptien Kneph,
génie de la fécondité et de la bienfaisance ,
symbole du Nil. On le voit représenté,
"monuments'de l'ancienne Egypte, — "" '
îs la forme
st dont le corps, replié en
nombreux anneaux, est terminé par une fleur
de lotus ou un bouquet d'épis.
AGATHODÉMONISTE s. m. V. l'article ci-
dessus.
AGATHOERGEs. m. (a-ga-to-èr-jc — du gr.
agathourgos^m fait de belles actions). Antiq.
gr. Chez les Spartiates", titre honorifique que
recevaient les membres du conseil desTrente,
ou Lagodès, à l'oxpiratioiùdc leurs fonctions.
AGATHOÏDE adj. (a-ga-to-i-de — du gr.
agathos, bon: eidos, apparence). Qui inspire,
qui suggère le bien, qui en a l'apparence.
AGATHON, d'Athènes, poète dramatique du
siècle de Périclès, né vers 448 av. J.-C, mort
vers 401. Platon le fait figurer dans leRan-
quel. Il ne nous reste d'Agathon que des titres
dé tragédies et des fragments conservés par
Avistote et Athénée.' Aristophane lui reproche
d'imiter les défauts d'Euripide, et' de corrompre
là tragédie par l'emploi d'un style affecté, plein
d'antithèses et de subtilités sophistiques.
AGATHON (saint) , pape de 678 à 682. Il fit
condamner les monothélites dans le sixième
concile de Constantinople. Fête le 10 janvier.
Il Soldat et martyr à Alexandrie , vers 250.
Honoré le 7 décembre.
AGATHOPHOLIDOPHIDES S. m. pi. (a-ga-
to-fo-li-do-fi-dc — du gr. agathos, bon ; pholis,
phnlidos, écaille; ophis, serpent). Erpet- Fa-
mille de reptilfis ophidiens, sans crochets à
AGATHOPHYLLE s. m. (a-ga-to-fi-le — dit
gr. agathos', bon ;phullon, feuille). Bot. Genre
de. plantes de la famille des lauracées. Il ne
renferme qu'une espèce, Vagathaphylle aroma-
tique, qui croît à Madagascar, ou les naturels
emploient ses feuilles comme condiment. Le
fruit de cet arbre est aromatique et renferme
une amande d'une saveur acre et caustique.
AGATHOSME s. m. (a-ga-to-sme — du gr.
agathos, bon;osmè, odeur). Bot. Genre de
plantes diosmées du Cap , à odeur forte et
aromatique.
agathyrses s. m. pi. (a-ga-tir-se) . Géogr.
anc. Anciens peuples qui habitaient les bords
du Marsius (Hongrie). Ils furent soumis par
les Alains, avec lesquels ils se confondirent.
AGATI s. m. (a-ga-ti — mot hindou). Bot.
Genre de plantes de la famille des légumi-
neuses, sous-ordre des papillonacces. Les
graines de l'agati sont' comestibles, et. leur
saveur se rapproche de celle des haricots.
AGATIFÈRE adj. (a-ga-ti-fè-re — de agate,
et du lat. fera, je porte). Miner. -Qui contient
de l'agate : Roche agatifkiîb.
AGATIFIANT (a-ga-ti-fi-an) part. pass. du
v. Agatifier..
' agatifié, ée (a-ga-ti- fi-é) part. pass. du
y. Agatifier.
AGATIFIER v. a. ou tr. (a-ga-ti-ft-é — fr.
agate, et lat. fieri, devenir. — Prend deux i de
suite aux deux prem. pers. pi. de l'imp. de
l'ind. et du prés, du subj.). Mmér. Con%Tcrtir
en agate, n On dit aussi agatiser.
E'agatifier, v. pr. Se transformer en agate.
AGATIN, ine adj. (a-ga-taiii, i-ne — rad.
agate) .Qui a l'apparence, la couleur de l'agate.
AGATINE S. f. V. AGATHINE.
agâtis s. m, (a-gà-ti — de à et gâter).
Adm. forest. Dommage causé par les animaux
dans les propriétés riveraines, et particu-
lièrement dans les forêts.
existe à Livourne une mâchoire d'
tisée, qui pèse près de dix kilogrammes. Il Qui
a pris ou reçu lés teintes, les couleurs de
llagatè : Ce n'est presque, tant le cadre est
petit, qu'une touche blanche; mais cette blan-
cheur, agatisée par le temps, est vraiment
phosphorescente ; elle illumine tout le tableau.
(Th. Gaut.)
agatiser y. a. ou tr. (a-ga-ti-zé — rad.
agate). Convertir en agate, n On dit aussi
agatifier.
S'agatiser, v. pr. Se convertir, être con-
verti en agate : On ignore encore comment
certaines substances peuvent s'agatiser.
AGATOÏde adj. (a-ga-to-i-de —.du gr.
achatês, agate; eirfos, forme). Miner. Qui res-
semble à l'agate : Pétrosilex agatoïue... ,
agave .s. m. (a-ga-ve —du gr. a,gauos,
magnifique). Bot. Genre de plantes de ia
famille des amaryllidées, qui croît sur les
rochers maritimes, dans les endroits exposés
au midi : X'agave s'élevait plus haut dans les
criques salées, et présentait une forêt d'herbes
de trente pieds perpendiculaires. (Chateaub.)
Il Quelques-uns 'écrivent agave.
— Encycl. Le genre agave, désigné impro-
prement sous le nom vulgaire à'aloès , a été
rangé par presque tous les botanistes dans la
famille des amaryllidées ou narcissées ; cepen-
dant quelques-uns le rapportent à celle .des
broméliacées. Il est donc inutile d'insister sur
les différences qu'il présente avec les vrais
aloès, qui appartiennent à la famille des lilia-
cées. Par suite de découvertes récentes, il est
qu'il renferme un assez grand nombre
ue est
La plus remarquable et la m
AGE
Yagave d'Amérique. C'est vers le milieu du
xvic siècle que cette espèce fut introduite en
Europe, où elle s'est répandue depuis. La
souche de cet agave porte une touffe de
feuilles longues souvent de plus de 2 mètres,
larges et épaisses; convexes en dessous,
creusées en gouttière, en dessus, d'un vert
glauque , à bords garnis d'épines d'un brun
noirâtre, très-fortes, et se terminant par une
pointe noire, longue, recourbée, et très-acérée.
Quand le moment de la iloraison est arrivé, on
voit sortir de ces feuilles une hampe qui pré-
sente d'abord l'aspect d'une énorme asperge ;
peu a peu elle se développe, atteint une hau-
teur de plusieurs mètres , et sa partie supé-
rieure se divise en un grand nombre de ra-
meaux étalés, un peu relevés à leur extrémité';
ils portent des fleurs d'un jaune verdâtre'j
souvent au nombre de plusieurs milliers, et
dont les étaminés sont longuement saillantes.
L'ensemble figure un gigantesque candélabre
d'un très-bel effet. Ordinairement, cette flor
raison luxuriante épuise la plante, qui ne tarde
pas à périr; mais la souche produit de nom-
breux rejetons destinés à propager l'espèce. On
parvient d'ailleurs à prolonger son existence,
en coupant là hampe immédiatement après la
floraison.
Originaire de l'Amérique du Nord, et parti-
culièrementdu Mexique, cette plante est depuis
longtemps naturalisée dans le midi de l'Europe
et sur tout le littoral de la Méditerranée.
L'agave vient à peu près dans tous les sols, et
se propage très-facilement par graines ou par
rejetons. Toutefois, à mesure qu il avance vers
le nord, il lui faut une exposition abritée et
de plus en plus chaude ; arrivé à une certaine
limite, il doit être rentré en orangerie durant
l'hiver. Mais, sous un climat méridional, il
végète avec vigueur et acquiert un grand
développement. On a dû chercher de (Bonne
heure a tirer parti d'une plante aussi peu exi-
geante et d'une culture si facile. Dans la région
méditerranéenne, on trouve des haies impéné-
trables formées a agaves et de cactus; il y a
toujourslaun certain nombre à'agaves qui fleu-
rissent en même temps, et contribuent à donner
aux paysages de cette région un caractère tout
Earliculier., Dans le nord, les floraisons sont
eaucoup plus rares. De là l'opinion, aussi
fausse que généralement répandue, quel'a/oé*
(on veut aire Y agave) ne fleurit que tous
les cent ans. L'agave est employé surtout
comme plante textile. Ses fibres, longues,
fortes et solides, après avoir été d'abord dé-
barrassées, par divers procédés, du paren-
chyme qui les entoure, puis lavées, battues et
peignées comme le chanvre; sont d'un usage
assez répandu en Espagne et en Algérie, où on
les désigne sous le nom de fil. d'aloès;.- on en
fait des cordes, des filets, des nattes, des toiles
d'emballage , des bourses , des pantoufles et
d'autres ouvrages. On a même tenté à Paris
des essais qui ont donné de bons résultats. Au
Mexique, où cette plante est commune, les
feuilles servent à couvrir les maisons ; on les
emploie aussi pour le chauffage, et leurs cen-
dres sont excellentes pour la lessive. On fait
une sorte de savon avec le suc extrait dé ces
mêmes feuilles.
Les Mexicains font fermenter dans . des
jarres de terre la sève dé l'hâve d'Amérique,
et en tirent une boisson alcoolique nommée
pulgue, dont ils estiment beaucoup' la saveur
aigrelette. — Il existe plusieurs pieds à'agave
au Jardin d'acclimatation de Paris.
AGAVE, ÉE àdj. (a-ga-vé — rad. agave).
Bot. Qui ressomblcà l'agave, il s. f. pi. Tribu
d'amaryllidées, qui ne. renferme que le, genre
agave. -
AGAVE, fille de Cadmus, mère de Penthée,
qu'elle déchira dans un accès de démence dont
elle avait été frappée par vengeance de Bac-
chus, pour avoir calomnié Sémélé.
, AGAVES,, fils dé Priam. fi est représenté
dans X Iliade comme un agile danseur et un
habile voleur de troupeaux.
AGOE, ch.-lieu de cant., arrond. de Béziers
(Hérault); à 1 kil. de la mer; popul. aggl.
8,017 hab.; popul. tôt. 9,747 hab. Cathédrale
remarquable, des x« et xiie siècles. Ville an-
cienne , fondée par les Phocéens'. Cabotage
s-actif, école de navigation, tribunal de
AGDESTIS s. m. (ag-dè-stiss). Bot. Arbuste
indigène de l'Amérique méridionale, à fleurs
roussâtres. ' ■
AGQlSTIS',(ag-diss-tiss). Myth. Monstre
hermaphrodite', ne de Jupiter et du rocher
Agdos. '■•"'•• - •>■ , ■■>■;•
AGDOS (ag-doss). Myth. Rocher dé Phrygie,
duquel, Deucalion et Pyrrha détachèrent les
pierres qu'ils jetèrent derrière eux pour repeu-
pler le mondé.
Âge s. m. jâ-je — Ce mot est un de ceux
qui, pour arriver à leur forme actuelle, ont
subi le plus grand nombre de changements.
Sa première origine est le mot grec aiôn, âge,
lequel a servi à former les mots lat. œvum,
œvîtas, et, par contr. œtas. En passant dans
la langue romane, ce dernier est devenu, par
une permutation toute naturelle de dentales,
édet, èded, édé, et s'est enfin réduit à cette
double voyelle, èé, comme le prouvent les
deux exemples suivants :
En Brelaigne ne fu si bêla * • , !
Ns tant curteije dameisele.
MAJUB dh Feahoh,
Il était assez difficile qu'un mot d'un si fré-
quent usage conservât une forme aussi con-
crète, incompatible avec la nature deslangues
néo-latines ; on y ajouta donc une terminai-
son, et il passa par ces phases successives :
éage, aage et âge, de sorte que le radical a
complètement disparu. Pour faire mieux com-
prendre cette singularité de linguistique, nous
dirons que ce suffixe âge, ajouté à un radical
trop élémentaire, est très-fréquent dans notre
langue, surtout lorsqu'il s'agit de caractériser
une idée collective : usage pour us, nuage
Four nue, dommage "pour dam, visage pour
anc- mot vis, etc.). Durée ordinaire de la
vie : Z'âge de l'homme ne passé pas communé-
ment quatre-vingts ans.'(Acad.) Gardons-nous
déparier de /'âge des premiers rois; ou dieux
d'Egynte : ils vivaient des douze cents ans.
(Voit.) h Nombre d'années que l'on a vécu,
temps qui s'est, écoulé depuis ,1a naissance
jusqu'au moment où l'on parlé ou dont on
parle : Fontenelle mourut à /'ÂGE de cent ans.
La chair prend toujours plus de dureté à me-
sure qu'on avance en Âge. (Buff.) Le secret de
leur ÂGE est un secret que les dames gardent
inviolablement , et je crois que c'est le seul.
(Fonten.)
Eh! quel dae avez-voua? Vous avezbon visage.
Kacise. '
On a l'âge,' après tout, qu'on porte sur soii front.
Certes, vous vous targuez d'un bien faible, avantage,
Et vous faites sonner terriblement .votre âge.
Molière. "
C'est un étrange fait du soin que vous prenez
A me venir toujours jeter mon âne au nez.
.-■-.- '.'." _' 1 Molière...
Poisson.
— En poésie, la vie, l'existence :
Qu'il pouvait doucement laisser couler son âge! '
La Fontaine.
J'ai consumé mon âge au sein de l'Amérique.
— Chacun des différents degrés de la vie
de l'homme : Tous les âges, tous les états
changent quelque chose en nous. (Boss.) La mo-
destie est de tous les temps et de tous les Âges.
(D'Aguess.) Ne déplaçons pas plus les âges
que les saisons. (J.-J. Rouss.) Vous êtes dans
f âge critique où l'on se détermine pour toute
,_ ..... „.., ... i..... .. ... ... mal (j..j. Rouss.'
elle commence et elle finit avec nous. (St-Marc-
Gir.) , ',.,/. ,
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs: '
La beauté passe,
Le temps s'efface,
L'âge de glace
Vien
Il Dans ce dernier sens, est souvent déterminé :
par un complément qui en précise le sens : :
2,'âge des-ptaisirs. On ne pleure jamais tant'
que dans Ûâge des espérances, (Rivar.) Qua-
rante ans est /'âge des folies, V âgé où l'homme,
veut être aimé pour lui. (BiÛ.) '
— Avancement dans la vie : One coquette
oublie: que /'âge est écrit sur le visage. (La]
Bruy.) //Âge diminue nos agréments en, nous,
laissant nos défauts. (Lévis.) Ses yeux brillants
jetaient ce courage et ce feu que /'Âge n'abat
point. (Balz.) Z,'age nous flétrit en nous enle-
vant une certaine vérité de poésie qui fait le
teint et la fleur, de notre visage. (Chateaub.)
Vous perdez le respect ; mais je pardonne à- l'âge, i
. '■ J Corneille. / '
— Absol. et collectiv. Personnes de tout
âge : Alors commence une guerre effroyable :
ni /'âge ni te sexe ne sont épargnés. (Lamenn.)
... Le fer ne connaît ni te sexe, ni Vdge.
— Se dit aussi des animaux, en parlant du
temps, du cours de leur vie, du nombre d'an-
nées pendant lesquelles .ils ont vécu : Z'âge
des chevaux n'est guère que de trente ans. (Acad.)
Un long âge blanchit la carpe centenaire.
Mais dés que le longue . /
Eut glacé le pauvre animal, ' •
La même cuisine alla moU. La Fontaisb.
,\ '.— Par anal., on l'applique aux végétaux :
i'ÂGB d'un'chêne, d'un hêtre. Le peuplier' le
'plus élevé n'est pas toujours celui quialeplus
d'ÂGE. Mon frère est de /'âge du grand cocotier
de la fontaine. (B. de St-P.) It Se dit aussi de
la durée des monuments, des grands édifices : •
L'Âge des monuments phéniciens qui nous sont
parvenus est fort douteux. (Renan.) Z'âgb
archaïque est celui des plus anciens monuments.
(Renan.) u En parlant des sciences, des lettres,
des arts, chacun de leurs différents états, a
différentes époques : Les quatre âges de la
littérature. C était alors,pour la peinture, l' âgb
de la décadence. C'était alors le bel Âge de la.
géométrie. (Volt.) Il Durée de certaines choses;
temps où elles ont existé : Les âges vraiment
philosophiques ont été les âges religieux. (E.
Alaux.) Cette époque est /'Âge glorieux de
l'éloquence politique chez les Anglais. (Villem.)
"— Siècle, temps, époque, génération : //
fut le véritable héros de son Âgb. C'est le seul
AGE
poète de notre Âge. A vous entendre, vous devez
être le modèle de votre âge. (Boss.) Le genre
humain d'un âge n'est pas le' genre humain d'un
autre âge. (J.-J. Rouss.) Nos âges ne sont pas
déshérités ae ces âmes généreuses capables de
s'immoler au bonheur public. (Virey.) Les âges
vont au nivellement général, mais ils ne hâtent
pas leur marche à l'appel de, nos désirs. (Cha-.
teaub.) // offrait en lui la loyauté des anciens
jours et l'aménité des mœurs du nouvel Âge.
(Chateaub.) Notre Âge, « pauvre de grandes
choses, n'est pas plus déshérité qu'un autre de
bonnes et belles âmes. (Renan.) On peut ré-,
trouver, dans les différentes contrées habitées
par l'homme, les âges divers que nous voyons
échelonnés dans ion histoire. (Renan.) '
Ne pourrons-nous jamais, sur l'océan dès âges, ['
Jeter l'ancre un seul jour ! Lamartine. '
Moi, je rends grâce à la nature sage l.v.iI.* -
Qui, pour mon bien, m'a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos tristes frondeurs. . . '
,.,-'' ..Voltaire.
Il Un certain nombre, un nombre déterminé
de siècles : La durée du monde est divisée en
plusieurs âges. (Acad.) Dans ce premier âge
du monde, tes hommes se laissèrent emporter à
toutes sortes de désordres. (Pasc.) il Chacune
des diverses périodes qui composent l'exis-
tence des peuples : Les nations, comme les in^
dividus, ont des âges différents; les principes
qui les régissent ont des phases successives.
(Lamart.) Les Américains n ont point parcour.u
les degrés de l' 'âge des, peuples, ils ont laissé en
Europe leur enfance et leur jeunesse. (Chateaub.)
-, — Le mot âge entre dans un grand nombre
de locutions en quelque sorte consacrées; en
voici l'énumération : Le bas âge, le jeune âge,
le premier âge , l'âge tendre , L'enfance :
Alexandre mourut laissant un. frère imbécile
et des enfants en bas âge. (Boss.) il Age de
raison , Epoque où l'enfant commence a ac-
?uérir la notion du bien et du mal : Dans
Eglise catholique, la confession devient obli-
gatoire à /'âge de raison, u Le bel âge , ta
fleur de l'âge, La jeunesse : Le bel Âge n'est
qu'une fleur qui passe. (Fén.) Souviens-toi que
le bel âge n'est qu'une fleur qui sera presque
aussitôt, séchée qu'éclose. (Fén-.) C'est â cette
époque, si bien nommée la fleur de l'âge,
que les deux sexes éprouvent l'un vers l'autre
ce besoin impérieux de se rapprocher. (Re-
nauld.) Charles VIII est mort à la fleur
de son.Âge, reprit le roi. (Balz.) , •
Que mon bel âge a fui d'un vol léger !
iM.iLFILATEE.
Il C'est un bel doe,'Se dit 'aussi "d'un âge
avancé : Quatre-vingts tins, 'c'est un bel âge.
•Il Age d'homme j Celui où lé corps humain a
pris tout son développement, la virilité : Cet
enfant n'arrivera pas à /'âge d'homme, il Se dit
aussi, par compar., des animaux et môme des
choses, mais en parlant d'une vie entièrement
remplie : On dit que la corneille vit trois âges
d'homme. (Acad.). Ces. deux monarchies n'ont
pas duré Âge d'homme. (Villem.) il Agé adulte,
Période de la vie'dans laquelle le corpsj après
avoir acquis tout son développement, reste à
l'état stationnaire. [f Age nubile, Age où l'on
est physiologiquement apte à contracter ma-
riage. Se dit principalement des jeunes filles.
W Age de puberté, Êçoque à'iaquelle les gar-
çons et les filles sont nubiles, où lès parties
génitales prennent tout leur développement :
La femme arrive plus tôt que l'homme à /'âge
de puberté. (Acad.) «Age viril, 'Age où
l'homme est parvenu à toute sa force physi-
que : La caducité; qui suivra , nous- fera
regretter /'Âge viril; ■ ■ < ■•■.'.■:..
Il Age mûr) Celui où les facultés ^physiques,
intellectuelles et morales ont acquis tout leur
développement : Le malheur pèse moins à la
jeunesse qu'à /'âge mûr. (St^Marc Gir.) jC'Âge.
mûr -est âpre, aride, occupé; les .rivalités et
les ambitions, lés passio'ns^'sècne's noûs'éhva-,
hissent. (Ste-Beuve.) jÉVâge mûr est' celui des
vastes et profondes connaissances. (St-Mart.)]
"L'âge mûr, a son tour, solstice de la vie, ,
S'arrête, et sur lui-même'un instant se replie.
n Age critique, Epoque de la disparition défi-
nitive des règles chez la femme. On dit aussi
retour d'âge. Il Age avancé, La vieillesse :
On ne recueille dans un Âge avance, que ce
qu'on a semé les premières années de sa vie.
(Mass.) Il a eu dans un âge avancé toute la
vigueur de là jeunesse. (Fléch.) // n'a rien d'tun
âge avancé que l'expérience et la sagessei
(J.-J. Rouss.) // n'est point d'Âge: «(avancé
cil l'onne puisse se donner' au Seigneur. (Bri-
daine.) Les entreprises difficiles ne sont pas dû
goût de /'âge avancé. (Poujoulat.) Il Le déclin
'dé l'âgé, Le commencement de la caducité :
Nestor, dans te déclin de lI&qk, te . plaisait
trop à raconter. (Fén.)' ,'"' t' '"'",;> '
Qu'il est beau d'employer le déclin de son âge. ■ !
: Comme le grand Virgile- employa son printemps!
Il Age moyen, La durée moyenne de la, vie :
L'kas moyen pour l'homme est de trente-trois
ans. U Moyen âge, Age intermédiaire de la vie:
Un homme de moyen âge,
Et tirant Bur le grison,
. Jugea qu'il était Baison
De penser au' mariage. La Pohtaime.
■ n Président d'âge. Celui qui, au moment où
une assemblée se forme, la préside, parce qu'il
est le plus âgé. il Etre entre deux âges, N'être
ni jeune, ni vieux : C'est un homme bntrb
AGE
129
deux âges, qui est encore en. état de rendre
une femme heureuse, il Un certain âge, U i âge
qui touche à la vieillesse :,// asf déjà d'un
certain âge. La dévotion vient à quelques-uns,
et surtout aux femmes,, comme une passion ou
comme le faible d'un certain Âgé. (La Bruy.)
Il Etre sur l'âge, Etre d'un âge un peu avancé :
Quoique père de famille et déjà sur l'Âge. i7
s'obstina à rester sur le pont. (Chateaub.) Il
Etre sur le retçur de l'âge, Se dit de l'homme»
et do la femme, pour exprimer qu'on touche a
la vieillesse, il Etre d'âge à, èh 'âgé 'de\ Avoir
un âge qui permet' de : Ils assemblent' les
hommes en âge de combattre. (Féhl)-7/ faut
songer à vous établir, vous êtes EN Âge de vous
marier. (Le, Sage.) Songez' que je suis.d'âge^.
donner des ' conseils. (D.-Hinàra.) j| Etre a'un
âge, Avoir l'expérience,' la ràison'qùe 'donne
rage': Nous .sommés à un Âgk;i l'un et' l'autre,
duquel on sait ce que parler veut 'dire. fBàlz'.)
.11 Etre' de son âge, avoir l'esprit dè'sori âge, Se
conduire comme il convient à l'âgé que 1 on à,
n'avoir pas les goûts d'un autre âge : ' ' ; . ' ■
Voltaire.; "
Il Se dit aùssi'des choses qui conviennent où
qui né conviennent plus.a là personne : Lés
rubans cases sont de votre âge. Lé bat n'est
plus de votre âge. h Ne pas paràitte'son âge;
Né pas paraître avoir l'âgé qu on a réolloment.
'"' D-'- porter son, dgie| Être encore vert; ne paâ
mte-sept,ans, et portait alertement son
(Balz.yil Cèttë'locùtl'signiné aussi Avoir
réellement' l'âge' que ' l'on paraît ' âvoir^'i ' ' Çè
jeune homme a vingi'-cinq ans, il porte/bien
son âge. u D'âge en d5ei.l0c.adv.' Successi-
vement, de siècle en siècle; de génération 'on
génération : Son nom' ira d'âgé; en Âge 'à' là
dernière postérité. (Acad.) Ces grandes tra'di- '
tions se transmettaient' ainsi d'âge en' âge'.
(Boss-> ' .. ' .:,.'.. t .;■:.,
Que votre nom soit chanté d'âge en âge; '.* • .'■ . . t
Qu'il soit toujours l'objetde nos accents. .,,,' V1
•- — Age- du lait, Temps ^écoulé depuis 'les
.couches d'une nourrice : Quel Âgb a votre lait.?
Je ne sais si l'on ne devrait pas faire un peu
plus d'attention à /'âgb du lait., (J.-J. Rouss.)
— Chronol. Age du monde, Temps qui s'est
écoulé depuis que le monde est créé : L'kan
tu monde, selon la tradition de l'Eglise catho-
lique, est de cinq mille huit cent soixante-huit
ans. On partait un jour de l'antiquité du monde
dans un repas où se trouvait Voltaire; il écouta
paisiblement tous les convives', et termina Ja
dispute par ce mot^: 1 Pour moi, dit-il; je
crois, que le monde ressemble à une vieille
coquette qui déguise son âge. » v ■ ,.. 1 m.
— Cheval de bon âge. Qui n'est ni 'trop
jeune,1 ni trop vieux. Il Cliéval'hors d'âge, Qui
n'a plus aux dents 'les marques par lesquelles
on reconnaît ràge'des:chèvaux.-; ■ '
— Relig. Chrét. Age dé' là loi de nature,
Temps qui 's'est écoulé" depuis ' Adam jusqu'à
Mo'ise. 11 Age de la loi, Celui 'qui s'est éboulé
depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ. Il Agé de
la loi de grâce, Celui qui s'est écoulé depuis
Jésus-Christ jusqu'aujourd'hui. 1 ' '
— Moyen âge ', Période .historique placée
entré les temps anciens et. les temps mo-
dernes; c'estle temps qui is'ëst écoulé depuis
,395 jusqu'en U53, c est-à-diré depuis la "divi-
sion do l'empire romain en, empire d'Orient
.' et en empire d'Occident, jusqu à la prise'èlc
Constrintinoplë par Mahomet ,11 _: Le peuplé ne
mangeait pas lamoitiédèsori besoin. durant les
'guerres d'invasion ïu"' moyen âge. (Volt.) >''La
moyen âge n'est pas l'école dtiètyle'prôpfement
dit , mais c'est le temps de l'expression pitto-
resque , de la pénitence naïve ; de l'invention
féconde.- (Chateaub.) Après avoir blasphémé,
dédaigné le moyen Âge, on se met aujourd'hui a
l'étudier avec ardeur, aj}ec.pas$ion.£y.J2_ou$in.)
L'Eglise catholique était lfâme ei la lumière du
moyen âge , le bienfaisant contre-poids. de .la
fortune et de lapuissance, le refuge toujours ,
et quelquefois te marchepied dè'là^pàùvreté
'fière et du mérite roturier. (V. Cousin.) Le
moyen âge est pour les temps modernes ce que
l'âge héroïque était pour l'antiquité: (Renan.)
— Astron.- Age de là' lune, Nombre de jours
écoulés depuis l'époque de' la dernière nou-
velle lune jusqu'à celui dont il s'agit, et qui
se détermine à l'aide de l'épacte de l'année.
~- Jurispr: Nombre d'années 'requis .par
■ lès lois pour certains actes", pouncertaines
' fonctions de la< société "ci vile : 'Tous > les < peu-
? les- civilisés ont' eu' des lois ' qui précisaient
Âge auquel les 'citoyens prenaient place dans
la cité, et devenaient capables 'des actes'de la
oie civile. (Encycl.) Satadin-réfléahissqit, beau-
coup, parlait peu, repoussait tout i les plaisirs,
et ne voyait arriver qu'avec peine le momeiïtjOÙ
son ÂGE le forcerait à ,preiidre,,les, armes.
(Mme Cottin.) u Dispense d'âge, Autorisation
de faire une chose^ d'exercer 'certains 'droits
avant l'âge prescrit parles lois. La majorité
n'arrive qu'à vingt et un ans en France, mais
le conseil de famille peut émanciper un jeune
homme à l'âge de dix-hùit-aiisO > a t"
— Eaux et for. Age d'un bois, d'un taillis,
Temps qui s'est passe depuis la dernière coupe.
il Age d'un arbre, Nombre' d'années de sa
pousse , que l'on reconnaît à la quantité de
cercles que présente sa coupe transversale.
— Pour les arbres fruitiers, 1 âge so reconnaît
aux bourrelets placés aux differentos-tailles.
AOE s. m: (â-je). Agric Pièce do bois ou
" '■■ 17 ' '
130
AGE
timon auquel se lie le soc et tout le système
de la charrue. C'est une corruption de kaye,
qui est le terme propre.
— Mylh. Age héroïque, Syn. de Temps hé-
roïques : Hercule et Thésée vivaient dam J'Âge
héroïque de la Grèce.
— Gramm. On ne doit pas mettre ce mot
au pluriel quand l'idée de pluralité ne s'ap-
plique qu'aux personnes. C'est donc une faute
de dire : A nos âges, il n'est pas permis de se
laisser dominer par les passions: il faut dire
à notre âge. Il Ainsi gu'il a été dit plus haut.
ce mot, qui s'écrivait autrefois aage et avait
trois syllabes dans l'ancienne poésie, était
fort souvent du féminin au commencement
du xvne siècle :
Font un visage d'or
le qui les 71
— Encycl. En physiologie, on donne le
nom A'âges aux différentes périodes qui par-
tagent la vie humaine. Ces périodes sont au
nombre de quatre : 10 l'enfance, qui finit à qua-
torze ou quinze ans pour les garçons , à onze
ou douze pour les filles ; 2" 1 adolescence, qui
finit à vingt-trois ou .vingt-cinq ans pour les
hommes, à dix-neuf ou vingt pour les femmes;
3" l'âge adulte, qui finit à cinquante-cinq ou
soixante ans pour les deux sexes; 4° la vieil-
lesse, qui se termine par la décrépitude et la
mort. Quelques physiologistes ont distingué
seulement trois âges : \°Yùge d'accroissement,
de un à vingt-cinq ans ; S» l'âge stationnaire,
de vingt-cinq à cinquante ; 3° 1 âge de décrois-
sement, de cinquante-cinq à la mort. M. Du-
pinèy de Vorepierre, dans son Dictionnaire
illustré, distingue dans la vie humaine les pé-
riodes suivantes : période embryonnaire, de la
conception a la naissance ; période ou âge de
non-maturité, de la naissance à la puberté;
période de maturité, de'la puberté à l'extinc-
tion de la faculté reproductive; période de
stérilité, de l'extinction de la faculté repro-
ductive a la cessation de la vie. Tous .les âges
se succèdent les uns aux autres par des tran-
sitions presque insensibles, en sorte qu'on ne
peut distinguer le terme de l'un d'avec rorigine
du. suivant; ils ne présentent de différences
tranchées que lorsqu on les envisage dans leur
milieu. « Mais ainsi considérés, dit Requin dans
l'Encyclopédie nouvelle, ils nous offrent chacun
d'une manière évidente un ensemble distinct
d'attributs physiques et moraux, et de 'pré-
dispositions maladives, qu'il est important de
connaître pour les coritre-balàncerpar l'obser-
vance d'une hygiène spéciale. »
— Médecine légale. La détermination ap-
proximative de l'âge est une question médico-
légale de la plus haute importance j elle se lie
à celle de l'identité. Cette détermination est
fondée sur le développement successif des
organes dans le sein de la mère , et sur les
changements organiques qui se produisent jus-
qu'à un certain âge de la vie extra-utérine.
L'état des organes étant en rapport avec le
temps écoulé depuis la conception, qui est le
point de départ du développement , on com-
prend très-bien que des embryons d'un mois,
de deux mois, de trois mois; des foetus de
quatre mois, de cinq mois, de six mois, de sept
mois, de huit mois; des enfants d'un an, de
-deux ans, de trois ans, etc., présenteront
nécessairement à l'anatomiste des caractères
différents et pourront être distingués,
— Zootechnie. La connaissance de l'âge est
d'une grande importance dans l'achat des ani-
maux domestiques. L'âge du cheval se recon-
naît par l'examen des douze dents de devant,
. qui sont distinguées en pinces , mitoyennes et
coins. (V.ces mots.) Ces dents poussent succes-
sivement : les pinces, six jours; les mitoyennes
trente ou quarante jours ; les coins, six ou sept
mois après la naissance. La substitution des
dents d'adulte aux dents de lait se fait pour
les pinces à ,deux .ans et demi ou trois ans ,
pour les mitoyennes à trois ans et demi ou
quatre ans, pour les coins à quatre ans et demi
ou cinq ans. Plus tard, les dents de la mâchoire
inférieure commencent à raser (V. ce mot) : les
pinces à six ans , les mitoyennes à sept ,. les
coins à huit : puis vient le tour de la mâchoire
supérieure, dont les pinces rasent àneuf ans , les
mitoyennes a.dix et les coins à, onze ou douze.
A cette époque' le cheval ne marque ptus;
mais la longueur des dents , leur défaut d'a-
plomb les unes 'sur les autres, .sont des mar-
ques d'une plus grande vieillesse. — L'âge des
boeufs, taureaux. et vaches se connaît aux
dents et aux cornes. A trois ans, le bœuf, n'a
plus de dents de lait : alors les cornes poussent.
A la fin de la quatrième année, il se formé une
espèce de bourrelet, de nœud a la base des
cornes ; l'année suivante ce nœud s'éloigne du
crâne , poussé par un autre qui se 'forme , et
ainsi de suite chaque année : ainsi,' en ajoutant
trois ans au nombre de bourrelets , on est à
peu près certain d'avoir l'âge de l'animal.
— Sylviculture. On assigne une durée de
trois ou quatre siècles aux arbres répandus
dans nos forêts , le hêtre , le charme , le .châ-
taignier, le frêne, etc. Tant qu'un arbre .est.à
l'état de croissance , on reconnaît facilement
son âge, en comptant le nombre de cercles con-
centriques que présente une coupe transver-
sale de sa tige ; mais il faut avoir soin de faire
l'expérience sur la partie du tronc qui est le
plus "près de la racine. Pour les arbres sécu-
laires, ce moyen de détermination ne peut
donner qu'ur
--- tique ■"" --
fêles
AGE
'années. — Dans la
désigne sous le nom de
^ a quinze ans ; de taillis,
de quinze à trente ; de gaulis, ceux de
trente à soixante ; de futaies, ceux de soixante
à cent ans et au-dessus.
— Jurispr. On donne, en jurisprudence, le
nom d'âge légal à celui qui est fixé par la loi
pour l'exercice de certains droits civils ou po-
litiques. Il y a un âge fixé pour contracter
mariage avec et sans le consentement de ses
parente: un âge pour adopter, pour tester,
pour refuser la tutelle ou s'en faire décharger ;
un âge pour la majorité, pour l'émancipation,
pour l'enrôlement volontaire , pour le service
de la garde nationale ; un âge pour être appelé
sous les drapeaux , pour être reçu en témoi-
gnage, pour être électeur, éligible, juré ; enfin
un âge pour encourir certaines peines. A
soixante-dix ans, le débiteur non steÙionataire
est affranchi de la contrainte par corps. Le
prévenu qui n'a pas atteint sa seizième année
ne peut être condamné qu'à une peine correc-
tionnelle. La peine des travaux forcés et celle
de la déportation sont remplacées par la réclu-
sion quand le condamné a soixante-dix ans.
— L'âge se prouve en général par l'acte de
naissance, régulièrement inscrit sur les regis-
tres de l'état civil, ou à son défaut par d'autres
actes authentiques ou de notoriété publique.
— Géol. Sous le nom A'àges, la géologie
désigne les grandes époques des diverses for-
mations de roches. On en distingue quatre prin-
cipaux : \ 'âge primordial , l'âge secondaire,
",~ tertiaire et l'âge quaternaire. ~~
primordial, la terre appa '
itres lumineux ; sa surfai
et probablement en fusion , ne' pouvait alors
être habitée par aucun être vivant. — Dans
l'âge secondaire, la terre cesse d'être le théâtre
exclusif del'action minérale ; l'Océan se montre
et couvre lé globe ; quelques saillies dissémi-
nées v forment des îles ; les premiers êtres or-
ganisés apparaissent : ce sont des plantes aco-
tylédones , telles que algues , équisétacées ,
fougères; des animaux inférieurs, zoophytes,
■mollusques, trilobites ; puis à ces premiers êtres
vivants succèdent des plantes de la végétation
tropicale, et de grandes espèces de reptiles
sauriens maintenant éteintes. — Dans l'âge
tertiaire, les continents se dessinent avec leurs
Erincipaux reliefs ; les pays ont leurs climats,
is années leurs saisons ; la grande classe des
mammifères peuple les campagnes: elle est
surtout représentée par de grand s pachydermes
qui ne se sont point perpétués jusquà nous :
paléothérium, mégathérium. mastodonte, etc.
— Dans l'âge quaternaire , la température de
la surface de la terre- cesse de décroître ;. les '
climats sont fixés; les générations, en se suc-
cédant sur le même terrain , y trouvent tou-
jours le 'même régime, et l'espèce humaine
établit sur le globe son empire pour lequel elle
devient une cause nouvelle de modifications.
1 Elle détourne et dirige les fleuves, dit
J. Reynaud dans l'Encyclopédie nouvelle, perce
des canaux', dessèche des marécages, aplanit
des routes, etc.. Elle chasse les animaux qui
lui déplaisent, et les force peu à peu à dispa-
raître; elle met en troupeaux ceux qu'elle
adopte, transforme leurs races et adoucit leur
instinct... Les lieux où elle habite se recon-
naissent de loin; le sol est revêtu de la livrée
qu'elle lui impose ; il n'a droit de porter'que
les plantes qu elle lui confie, et ces plantes s'a-
lignent, se développent; tombent, et se 'suc-
cèdent suivant sa règle et sa mesure. » :
— Age relatif des montagnes. On le déter-
mine en vertu duprincipe suivant, dont M'. E. de
Beaumont a fait de brillantes applications :
« L'époque du soulèvement d'une chaîne est
nécessairement comprise entre l'époque de la
formation des couches relevées et celle du
dépôt des strates qui s'étendent horizontale-
ment jusqu'au pied "de la montagne. », Il est
clair, en effet, que si certaines couches se trou-
vent relevées le long des flancs d'une chaîne
de montagnes, tandis que d'autres sont hori-
zontales au pied de l'escarpement , il faut en
conclure que le soulèvement de la masse cen-
trale a dû avoir lieu après le dépôt des pre-
qu'il a redressées, et avant celui dés
ss sur lesquelles' il n'a point eu d'action.
Age relatif des strates ou dépots aqueux.
Trois caractères principaux peuvent servir à
déterminer l'âge des strates : 1° la- superposi-
tion • 2° le caractère minéralogique;' -30 lés
débris organiques. — L'ordre de superposition
est la donnée la plus importante et la plus,
simple. Une couche quelconque est toujours
plus ancienne que toutes celles qui reposent
lur elle, et plus récente que toutes 'celles aux-
quelles elle est superposée. ■■Les'- séries de
formation sédimentaires, dit Lyell, sont comme
les tomes successifs d'une histoire que chaque
écrivain, après avoir retracé les événements
de son siècle, aurait renversés sur le tome ren-
fermant le3 annales de la période précédente,
de telle sorte que la dernière page se trouve-
rait au-dessus. De cette façon une haute pile de
chroniques s'accumulerait à la longue^ et leur
:positiom suffirait pour indiquer l'ordre-etla
ime tout
ver, sous les apparences qui le masquent,
l'ordre primitif de superposition, — La compo-
sition minéralogique peut fournir des indiea-
AGE
minéralogique identique sur une étendue de
plusieurs kilomètres , ou même de plusieurs
centaines de kilomètres, dans le sens horizon-
tal, tandis que dans le sens vertical, ou dans
toute direction oblique aux plans de stratifica-
tion, cette identité cessé presque immédiate-
ment. — Enfin la nature des fossiles possède,
au point de vue chronologique, une autorite
comparable à celle qui appartient , dans l'his-
toire, aux médailles contemporaines des évé-
nements.
— Age relatif des roches plutoniques. On
détermine l'âge relatif des roches plutoniques
par les trois caractères suivants : 1° position
relative; 2" intrusion et altération des roches
au contact; 3<> composition minérale.— L'an-
cienneté se lie à l'infériorité de position^ toutes
•les fois que des couches fossilifères-reposant
sur des roches plutoniques ne sont pas alté-
rées: en effet,! absence d'altération dans les
couchas sédimentaires prouve qu'elles sont
venues se déposer sur des roches solides. Mais
les roches plutoniques qui envoient des rami-
fications dans les couches sédimentaires, et les
altèrent près du point de contact, doivent être
considérées comme plus récentes que les cou-
ches envahies et altérées.
— Archéol. L'archéologie nous apprend que
les peuplades primitives ne connaissaient l'u-
sage d'aucun métal, n'avaient pour fabriquer
leurs instruments et leurs armes que la'.pierre,
le silex; que l'exploitation facile du cuivre et
la' composition du bronze avaient été ensuite
avait su tirer un parti déjà si considérable
là, pour la civilisation primitive, la triple divi-
sion d'un âge de pierre, d'un âge de bronze,
d'un âge de fer..
— Hist. Les historiens reconnaissent géné-
ralement trois âges, savoir : 1» l'âge ancien,
commençant à la création et se terminant 'à
l'an 395 de J.-C. ; 2° le moyen âge, qui com-
mence à la chute de l'empire d'Occident (395) et
se termine, à la prise de Constantinople par les
Turcs (U53) ; 3» l'âge moderne, qui sfétend dè-
,puis l453jusqu'ànos jours. Jean Reynaud, dans
l'Encyclopédie nouvelle, indique une autre divi-
siongénerale des àges.D'après ce philosophe,
le premier âge est l'âge antéhistorique , qui
forme l'anneau entre la chaîne géologique et
la chaîne historique j le seeond'âge est 1 anti-
quité, qui finit à 1 avènement du christianisme ;
le troisième âge est le christianisme ; le qua-
trième, l'âge moderne, qui commence avec les
premiers coups portés au christianisme par le
protestantisme et la philosophie. ,.;. j .-*>/..
1 — Epithètes. Premier, bas, tendre; faible,
-fragile,- bel, innocent, souriant, gai, joyeux,
envié, fleuri, heureux, fortuné, insouciant; irré-
fléchi, frivole, étourdi, nubilej viril, mûr; fort,
robuste , ardent , fougueux , impétueux , ora-
geux , fou , raisonnable , posé , calme , rassis ,
long, grand, plein, accompli, triste, soucieux,
vilain, vieil, patriarcal, avancé, caduc, débile,
chétif, chancelant, décrépit, dernier, extrême.
— Anecdotes. Mme la maréchale de' ***,. à
tuatre-vingt-huit ans ayant perdu la dernière
L .„ „„„ *_,.. ... -=_.„.. a Je
de ses filles, âgée de soixante-dix ans .
bien malheureuse, dit-elle, de cinq
.j que j'ai eus, il ne m'a pas été possibk
n élever un. »
Une vieille .coquette," insupportable par ses'
S rétentions à la jeunesse, demanda un jour à
[. de Bièvré, dans une société, combien il
lui donnait d'années : « Ma foi, lui répondit-il,
vous en avez assez sans que je vous en donne
d'autres. 1
Une assez jolie femme disait l'autre soir
qu'elle allait . ouvrir sa maison, mais quelle
n'admettrait chez elle aucune femme qui aurait
.passé trente ans., « Ce sera charmant, lui t dit
sa cousine, mais dépêche-toi, car dans, un an
tu ne pourras plus t inviter.» Une cousine, est
une ennemie donnée par la nature.
. ,Un plaisant se trouvant; un jour à la table
d'un lord, ce seigneur fit servir à la fin du re-
pas un très-petit flacon de vin, dont il ne ces-
sait de vanter les qualités et surtout l'âge.
.0 Qu'en pensez-vous?, lui. dit le lord. — .Onl
ma foi, milerd, je le trouve bien petit \pour
son âge. » Ce mot est généralement attribué
à Cicéron. - , .',.'„ ,'.„..„/, ,".'..
• Une dame de Rome, parlant de son âge en
présence de Cicéron, soutenait qu'elle n avait,
que quarante ans. « J'aurais tort de'ne le pas
croire, dit Cicéron, car il y a ptus^de dix ans
que vous répétez la même chose. »*-
Deux dames sur le retour , ■ faisaient tout
leur possible pour cacher le nombre de leurs an-
nées, et s'entendaient admirablement pour se
prêter un mutuel secours. Au commencement
de l'année,' la première qui visitait l'autre avait
coutume de lui dire : « Chère amie, -je viens
savoir quel âge il vous plaît que nous ayons
... Quand Mlle Quiriault débuta au théâtre, à
peine âgée de vingt ans, elle sollicita un rôle
de jeune première dans une pièce nouvelle.
• Vraiment, dit a ce sujet une actrice,, je
trouve étonnant qu'on cherche à m'enlever des
rôles d'amoureuse, dont je suis en possession
depuis plus de quarante ans. »
Le maréchal d'Estrées. âgé de cent trois ans,
ayant appris la mort de M. le duc de Tresmes,
âgé dequatre-vingt-treîze ans, dit : « Je n'en
suis point surpris ; c'était un corps cacochyme
et tout usé ; j ai toujours dit que cet homme-là
ne vivrait pas. »
Dans les colonies anglaises de l'Inde, une
grave discussion s'étant élevée entre les fem-
mes de plusieurs fonctionnaires sur la question
de préséance, lord Canning, à qui il en fut
référé, coupa court aux réclamations en déci-
dant que la préséance des dames serait réglée
Sar l'âge, et .que la première place appartien-
rait de droit a la plus âgée. Le plus comique
est que de nouvelles discussions faillirent s ré-
lever, parce que aucune d'elles ne voulait ac-
cepter un honneur aussi compromettant.
Un pasteur traversant un village d'Alle-
magne aperçut sur un banc un vieillard qui
pleurait; il s approche avec intérêt et lui de-
mande le sujet de son chagrin. Celui-ci répond
en sanglotant : • C'est mon père qui m'a
battu. », Comme le bon pasteur cherchait à le
consoler, il vit venir à lui un second vieillard
beaucoup plus âgé que le premier, mais encore
vert; qui s'écria tout en colère : « C'est un
étourdi! il vient de faire tomber mon père. »
Et aussitôt un troisième vieillard tout courbé,
qui se soutenait au moyen d'un bâton, apparut
sur le seuil de la porte. « Décidément, dit le
pasteur en s'en allant, voilà une famille de
patriarches. »
. Un décret de la Convention avait ordonné
déplacer sur, la porte de chaque maison, les
noms , âge et profession des personnes des
deux sexes qui les habitaient. Sophie Araould
n'accusa sur sa porte que quarante-trois ans,"
quoiqu'elle. en eût cinquante-trois, bien sonnés.
« Je crois que vous trichez, lui dit un de ses
amis, car tout le monde vous donne cinquante
ans. — Il sé'peut qu'on mé lès donne1, re-
prit-elle, mais moi je ne les accepte pas.- »
cacher avec spin'lé nombre de ses années. Se
trouvant un 'jour à la table de Louis XIV avec
l'évêque de Senlis, qui était aussi fort vieux,
lé roi démanda à ce dernier s'il ne savait point
quel âge avait le comte. « Sire, répondit l'é-
vêque, j'ai quatre-vingt-quatre ans ; M. de
Grammont doit en avoir a peu près autant,
car nous avons fait nos études ensemble. —
Ah I ah ! dit le roi en riant, que répondez-vous
à cela, monsieur de Grammont? voici un té-
moin irrécusable. — Sire, répliqua le comte,
la preuve que monseigneur se trompe, c'est
que ni lui m moi n'avons jamais étudié. »
. Quel âge a cette Iris dont on fait tant de bruit?
Me demandait Cliton naguère.
— Il faut, dia-jc, vous satisfaire :
Elle a vingt ans le jour, et cinquante ans la nuit. •
t Vous avez la quarantaine,
A la coquette Chimene.
—Oui, j'aurai dans six mois quarante ans accomplis. .
Puis s'adressant à son fils :
— Prov. littér. : Cet dge est suas pilié. Allu-
sion à un' hémistiche de la fable de La Eon-
f tainë, ''lès Deux Pigeons ':
Le pigeon profita du conflit des voleurs.
S'envola, sfabattit auprès d'une masure, '
Crut pour ce coup que ses malheurs
Mais un fripon d'enfant, ce* âge est sans pitié.
Prit sa fronde, et du coup tua plus d'à moitié
La volatile malheureuse.
Dans l'application, ces mots servent en gé-
nérai à exprimer l'insensibilité naturelle aux
enfants ; on les rappelle souvent en Uttérature :
■ Dans les rapports personnels des maîtres
et des enfants, difficiles par eux-mêmes, car
la,, tâche est ingrate etj'âge^ est^sans pitié, |a
religion seule peut venir à. bout de formera
Justes, doses ce mélange, d'affection, d'estime
et de^raintequ'on appelle le respect. ,,,..
DeBroglie.,
> 'Quelques fripons d'enfants de Mantoue,
— cet âge est sans pilié, — se sont permis, au
sortir de la messe, sur le passage de quelques
dames, de crier : « A bas les crinolines! » Le
lendemain, le gouverneur a fait afficher l'avis
suivant : « Quelques factieux aveugles, vils
n instruments d'une faction bien connue, vieil-
li nent encore de commettre des actes pusilla-
« nimes, objet de la réprobation des vrais
« citoyens. » " E. de la Bédolliére.
« Le fou rire est néanmoins une des douces
choses que je connaisse. C'est fruit défendu,
partant exquis. Les harangues de mon maître
ne m'en ont pas tant guéri que l'âge. Pour
AGE
fourire avec délices, il faut être écolier, et, si
possible, avoir un maître qui ait sur le nez
une verrue et trois poils follets :
. ... Cet âge est sans pitié. •
Toppfer. >
« En Espagne, tous les accidents d'une
course aux taureaux excitent dans la fouie" un
rire homérique, une hilarité foudroyante, des
applaudissements furieux. Les alguazils, qui
ont l'air d'être là pour l'ordre public, n'y sont
en réalité que pour le plaisir de la multitude.
Ce sont les niais et les paillasses du drame,
avec cette différence que , faisant ce métier
sans vocation décidée comme les paillasses
ordinaires, ils n'en sont que plus amusants
pour la foule. Cet âgé est sans piïze.' Cela peut
se dire des peuples comme des enfants. » ,'
Cuv.-Fleury,
ÂGES (le» Quatre). Myth. Les poètes anciens
divisaient l'âge du monde en quatre périodes
différentes : 1° Yâge d'or, sous le règne de
Saturne , ère d'innocence et de bonheur, d'a-
bondance sans travail , de justice- idéale ,• de ■
paix et d'égalité, pendant laquelle un printemps
perpétuel faisait de la terre un lieu de délices,
et dont le nom est resté dans la langue de tous
les peuples comme une métaphore poétique j
ïo Yâge d'argent, sous le règne de Jupiter, qui
marque un degré de moins dans l'état d'inno-
cence et de bonheur ; 3P Vàge d'airain ; l'in-
justice commence à s'établir sur la terre, l'éga-
lité disparait, la propriété se fonde, et avec.elle
naissent la rapine et la guerre ; 4° Yâge de fer;
la nature devient avare de ses dons , tous les
vices et tous les crimes envahissent la terre ;
Astrée , déesse de la Justice , se réfugie dans
Ce dernier âge
s lequel n
AGE
ÂGÉ, ÉE adj. (a-jé — rad. âge). Qui a un
certain âge, un certain nombre d'années :
Un homme ÂGÉ de vingt ans, de trente ans, de
soixante ans. L'homme conservant ses forces
plus longtemps qu'une femme ne garde sa
beauté, il doit prendre celle-ci moins âgée
que lui de plusieurs années: (Virey.) - Vol-
taire, ouvrant un volume des œuvres de Voi-
senon, tomba sur son épître au chevalier de
Boufflers, qui commence ainsi :
Croyez qu'un vieillard cacochyme,
Agé de soixante-douze ans...
Le grand poète entra en fureur et déchira le
feuillet en s'écriant : « Barbare! dis donc
chargé, et non pas âgéi fais une figure, et non
un extrait baptistaire. »'.■:.■ •
Absol. Avancé en âge : C'est un homme
•bre est âgé, plus il produit de fruits ou de
graines. (Bulï.)
— Syn. Âgé de, & l'âge de. Agé de désigne
simplement l'âge, indépendamment de toute
'■" : — " âgé de trente ans. A
Tout le monde connaît l'admirable descrip-
tion qu'Ovide a donnée des quatre âges dans
ses Métamorphoses.
Les quatre âges mythologiques sont pour
l'imagination des écrivains une mine féconde
de poétiques allégories, et ils y tont fréquem-
ment allusion :
■ Bernardin de St-Pierre, aimait à se repor-
ter vers ces images de bonheur, d'innocence,
réalisées, supposées dans la vie patriarcale
et dans les mœurs des nations primitives. Phi-
losophe du xvme siècle, il révérait cet âge d'or
de la perfectibilité qui doit naître du
ment et de la science. » Villei
« Il m'est resté de ce temps un
rempli de charme. Que de nuits joyeuses pas-
sées au corps de gardé! que de scènes bouf-
fonnes charbonnées sur les mursl quels gais
propos et quels repas de corps I quelle verve
et quelle union 1 quel zèle et quel enthousiasme I
Tout nous semblait beau et bon , glorieux et
pur, grand et désintéressé. C'était Yâge de
Saturne avec ses merveilles et ses fleuves de
lait.» Louis Reybaud.
« Quelqu'un espère-t-il arriver à Vâge d'or
de là fraternité universelle sans passer par le
dévouement , par le sacritice , par le travail
intérieur, et par la mort peut-être? Si cela est,
il se trompe. » Edgar Quinet.
« Les régénérateurs du peuple français ne
se contraignaient plus dans leurs conversa-
tions sur le projet de partager à chaque famille
une portion de terre au milieu de laquelle s'é-
lèverait une baraque couverte de chaume.
Saint-Just ajournait le bonheur de la France
à l'époque où chacun ,' retiré au milieu de* son ,
arpent avec sa charrue, passerait doucement
sa vie à le cultiver. C'était le retour de Vâge
d'or et du siècle d'Àstrée. » ■ .'. Vilatb.' ,
• Ce siècle de Périclès, Yâge d'or de l'esprit
humain, avait produit dans les intelligences un
ébranlement qui les poussa vers des régions '
inconnues. » Victor Duruy.
• En vain quelques esprits dédaigneux vou- '
draient-ils dire que l'Académie française n'est
plus ce qu'elle était autrefois. C'est une vieille
et calomnieuse' accusation. Déjà, du temps de
La Bruyère, ne parlait-on pas de la décadence
de l'Académie ,' de son âge d'or, qu'apparem-
ment il fallait faire remon'ter a Conrart' et à
Chapelain, et de son âge de fer, qui coïncidait
justement avec l'époque là plus brillante du
siècle de Louis XIV?»
SlLVKSTRE DE SaCY.
■ Sous Fouquet, qu'on regrette encor,
L'on jouissait du siècle d'or;
Le siècle d'argent vint ensuite,
Que fit naître Colbert; concevant du chagrin,
L'ignare Pelletier, par sa fade conduite,'
Amena lo siècle d'airain.
Et la France aujourd'hui sans argent et sans pain,
Au siècle de fer est réduite
Sous le vorace Pontchartrain. .
Epigramme citée par Gérard de Nerval.
• Je le dis sans blesser personne,
Notre âge n'est point l'âge d'or;
Mais nos fils, qu'on me le pardonne,
Vaudront bien moins que nous encor. •
BiaAKuER.
agédoïte s. f. (â-jé-do-i-te). Chim. Prin-
cipe cristallin extrait de la réglisse , et dont
on a reconnu l'identité avec l'asparagine.
AGÉLAIA s. f. (a-jé-la-ia— du gr. agelaios,
qui vit eh troupe), Entom. Genre d'insectes
hyménoptères, dont on ne connaît qu'une
seule espèce, et qui vivent en troupe.
AGÉLAÏNÉES s. f. pi. (a-jé-la-i-né — du gr.
agelaios qui vit en troupe). Ornith. Sous-
famille d'oiseaux appartenant à la famille des
sturnidées.
AGÉLASTE adj. (a-jé-la-sto — du gr. age-
lastos, triste). Antiq. gr. Nom donne à une
pierre, située sur la route d'Athènes à Eleu-
sis, et sur laquelle se reposa Cérès, fatiguée
de chercher en vain sa fille Proserpine. il Une
des éptthètes données à Pluton:
AGÉLASTIQUE s. f. (a-jé-la-sti-ke — du gr.
igelastikos, qui vit en troupe). Entom. Genre
troupe). Arachn. . . ._ .....
néides, que l'on trouve aux environs de Paris.
AGÉLÉNOïde adj. (a-jé-lé-no-i-de — de
agélène, et du gr. eidos, forme). Entom: Qui
ressemble à l'agélène. il s. f. pi. "Classe d'ara-
néides de l'Afrique.
AGEM s. m. (a-jèmm — mot arabe). Nom
sous lequel les Arabes désignent" un étran-
ger. V. Adjem. .•■'■'■
agéma s. m. (a-jé-ma). Antiq. gr. Une des
divisions de l'armée, macédonienne, corres-
pondant à la légion romaine, n Corps d'élite
qui était .spécialement chargé de la défense
du prince : de là le nom de'froupe royale, que
lui donna Arrien.
AGÉMI s. m. (a-ié-mi. — mot arabe). Nom
sous lequel les Arabes désignent les étran-
gers, u Paraît être la forme plurielle de agent,
AGEN,(&-Jîrin)i ctu-lieu du dép. de Lot-et-
Garonne, sur la Garonne, à 718 kil. de Paria ;
évêché et cour impériale ; cathédrale remar-
quable, appelée église St-Caprais; restes. d'un
temple romain dédié à Jupiter ; voies romaines ;
sarcophages romains ; patrie de Joseph Sca-
liger, du naturaliste Lacépède et du poète
Jasmin- pop. aggl. 14,709 hab. — pop. tôt.
17,263 hab. L'arrond. a B cant., 72 comm. et
80,517 hab. Comm. considérable de prunes,
dites pruneaux d'Agen; serges, teintureries.
Prisé et reprise par les Goths, les Huns, les
Alains, lésBurgundes,les Sarrasins, cette ville
appartint successivement aux rois de France ,
aux ducs d'Aquitaine , aux rois d'Angleterre ,
aux comtes de Toulouse ; elle fut réunie à la
France en 1592.
AGENAIS?AISE s. et adj. (a^je-nè, è-ze).
Géogr. Habitant d'Agen; qui appartient à
Agen ou à ses habitants : Un Agenais , une
aôenaise. Des taureaux de race agenaise pure.
Lès contrées voisines d'Agen apprécient les qua-
lités delà race bovine agenaisb'. li On dit aussi
agen'ois. il L'Agenàis, contrée qui forme les
trois quarts du dép. de Lot-et-Garonne.
agençant (a-jan-san) part. prés, du v.
Agencer : Il se coucha tout de son long sur le
bûcher, s'agençant le plus honnêtement pos-
sible. (Vaugelas.)
agence s. f. (a-jan-se — rad. agent). Em-
ploi d'agent, charge d'agent : Il à obtenu J'a-
gence de cette compagnie, de cette administra-
tion, il Temps durant lequel un agent remplit
ses fonctions : Il s'est fait aimer pendant son
agencé, u Administration dirigée par un ou
plusieurs agents : Les contrebandiers avaient
leurs espions comme les agences de police, et
leurs assureurs, comme une compagnie d'arma-
teurs. (X. Marmier.) u Les bureaux mêmes
de l'agence.
— Agence de placement, Bureau où l'on se
charge de procurer des places aux personnes
sans emploi.
— Autrefois , Fonction d'agent du clergé :
L' abbé d'Aquin avait plu au roi dans l'exercice
de son agence du clergé. (St-Sim.)
AGENCÉ , ÉE (a-jan-sé) part. pass. du v.
Agencer. Ajusté, disposé d'une certaine ma-
nière, mis dans un certain ordre : Cela n'est
pas bien agencé. (Acad.) Il y a dans cette toile
da très-beaux morceaux, des groupes heureuse-
ment agencés, des draperies d'un bon ajuste-
ment. (Th. Gaut.)
— Fig. Se dit en parlant des parties d'un
discours : Communément tout se passe en beaux
discours, bien agencés, bien ronflants, où l'on
voit d'abord que le premier soin de chaque inter-
locuteur est toujours de briller. (J.-J. Rouss.)
Tout cela était si artistement agencé, qu'il
fallait un effort de là'raison pour reconnaître
l'artifice. (G. Sand.)
agencement s. m. (a-jan-se-man — rad.
agencer). Action d'agencer, de disposer; état
de ce qui est agencé : //agencement des os
est une chose admirable. (Acad.) Sa coiffure en
bandeaux, par l'ampleur et le, savant agence-
ment de ses tresses luxuriantes, donnait à de-
viner la plus magnifique chevelure. (Balz.) Il
donnait à tout ^'agencement de son costume un
cachet de bon goût et de haute élégance. (X. de
Montépin.) il Manière d'arranger, de mettre
en ordre.: ^'agencement d'un appartement.
X'agencement des livres d'une bibliothèque.
Vieux en ce sens.
— Fig. Disposition,' enchaînement : Dans
^'agencement des affaires humaines, il y a mille
choses qui nous échappent, (Volt.) il Combinai-
son, disposition habile, en parlant du style,
des différentes parties d'un ouvrage d'esprit :
N'y a-t-il pas du choix et de ^'agencement
dans mes paroles? (Perrot d'Ablanc.) L' agen-
cement adroit des épisodes de son roman et sa
publication fragmentée avaient dissimulé ta fai-
blesse de l'action principale. (G. de Nerv.) Le
livret montre une certaine gêne dans la coupe
et /'agencement des situations. (Th. Gaut.)
— B.-arts. Arrangement des parties d'une
figure, des draperies, des accessoires d'un
tableau : L' agencement de ces draperies est
très-heureux. (Millin.)
AGENCER v, a. ou tr. (a-jan-sé — de à, et
gent, gentil. Le éprend une cédille devant les
voyelles a et o : Nous agençons,il agença, etc.).
Ajuster, accommoder, disposer plusieurs cho-
ses ou les parties d'une même chose dans un
certain ordre : Agencer une chevelure avec
goût. Il s'entend à agencer de petites choses.
(Acad.) Elle était bouleversée de voir que sa
compatriote avait plus de génie qu'elle pour
agencer les parties délicates dun corsage.
(G. Sand.)
— Fig: Distribuer avec art, en parlant des
choses morales : Le vrai' ne saisit notre intel-
ligence qu'à l'aide d'un mécanisme qui semble
corps et un visage, à peu près comme on voit
une moralité figurée et dramatisée dans une
fable. (Proudh.) n Disposer habilement tou-
tes les parties d'un discours; les scènes, les
situations d'un drame, les épisodes d'un
poëme, etc. : Cet auteur a un talent merveilleux
pour agencer les scènes d'un roman.
Ce n'est tout d'agencer des paroles
' Et de souffler de froides hyperboles ;
11 faut sentir, il faut vous élever
Aux vérités que vous voulez prouver.
J.-B. Rousseau.
— B.-arts. Arranger, combiner les groupes
d'une composition , . les figures d'un même
groupe , les accessoires d'un tableau.
S'agencer, v. pr. Etre agencé, placé, dis-
posé, combiné : Toutes les pièces d'une machine
doivent s'agencer avec la même justesse.
— Fig. S'unir, s'accorder : Il faut se deman-
der si l'exercice du droit de révocation peut
s'agencer, dans la pratique, avec l'organisation
de laprocédure en saisie immobilière. (Encycl.)
— A signifié S'ajuster, se parer :
On a beau s'agencer et faire les doux yeux.
agenda s. m. (a-jain-da — mot lat. qui
signif. choses à faire; du v. agere, faire). Re-
gistre, carnet de poche; sur lequel on inscrit
jour par jour ce qu'on a fait ou ce qu'on a à
faire : Ecrire sa dépense sur un agenda. Pren-
dre une note sur son agenda. J'ai mis votre
adresse sur mon agenda. Colbert présentait au
roi, tous les jours de l'an, un agenda où ses
revenus étaient marqués en détail. (L'abbé de
Choisy.) J'oubliais la principale affaire; je ne
l'ai pas mise sur mon agenda. (Le Sage.) Je
serais bien trompé s'il n'avait ce numéro écrit
quelque part sur son agenda. (Balz.) Elle ouvrit
un riche agenda. (Scribe.)
Je hais les pleurards, les rêveurs à nacelle,
Cette engeance sans nom qui ne peut faire un pas
Sans s'inonder de vers, de fleurs et à'agendas.
A. de Musset.
- Nota. Le mot agenda, tiré de toutes
qu'un assez long usage lui a confère le droit
do bourgeoisie , il obéit à la nouvelle législa-
tion souslaquelle il est placé; et l'art. 1er du
code de la syntaxe française dit que s est la
marque du pluriel. Dans son dictionnaire,
l'Académie a négligé de donner à ce mot la
forme plurielle.
— : Enoycl. Dans les agendas on inscrit les
adresses, les dates, les démarches , en un mot
tous les détails qu'on craint d'oublier. Ils con-
tiennent en outre certains renseignements d'uti-
lité générale, comme l'heure du départ des
voitures publiques, le tarif des voitures de
place, la situation des établissements publics,
te prix des places dans les théâtres, les heures
de la levée et de la distribution des lettres, des
tables de monnaies, de poids et de mesures, etc.
Il Un homme bien connu par ses distractions, et
voyageant de Paris à Lyon, écrivit sur son
agenda : « Me souvenir de me marier en pas-
sant par Nevers. » '
AGENDE s. f. (a-jan-de — même étym.
qu'agenda). Autrefois, Administration muni-
cipale : En, ce temps, l'ancienne agendb fut
changée. (Boss.)
— Liturg. Chez les chartreux , L'office des
morts, divisé en neuf leçons.
agène adj. (a-jè-ne— du gr. a priv.; genos,
naissance, production). Bot. Qui ne produit
pas, dépourvu d'une surface distincte d'ac-
croissement où s'engendrent de nouvelles par-
ties, ti s. m. pi. Famùle comprenant les plantes
agènes. >
— Anat. Syn.i'agénosome.
AGÉNÉIEN, IENNE adj. (a-ié-né-i-ain, i-è-
ne — du gr. o priv.; geneion, barbe). Ornith.
Se dit de certains oiseaux grimpeurs, qui sont
dépourvus de poils ou longues soies à la base
du bec. il s. m. pi. Famille de l'ordre des grim-
AGÉNÉIOSE s. m. (ajjé-né-io-ze — du gr.
a priv.; geneion, barbe), fchth. Espècede pois-
sons du genre silure, qui n'en diffèrent que par
l'absence de barbillons aux parties externes
de la bouche : Les agénéioses vivent dans les
eaux douces de Surinam, (Lacép.)
AGÉnésie s. f. (a-jé-né-zî— dugr. a priv.;
gennaô, j'engendre). Pathol. Incapacité d'en-
gendrer, impuissance, par suite d une confor-
mation vicieuse des organes génitaux, ou de
l'altération du liquide séminal. N'est pas syn.
à'anaphrodisie, qui n'exprime qu'une absence
de désir vénérien, un état passager.
— Térat. Absence d'un organe ou défaut
dans son développement.
AGÉNIUSs.m.(a-jé-ni-uss— dugr. a priv.;
Î'eneion, barbe). Entom. Genre d'insectes co-
êoptères pentamères, famille des lamelli- .
cornes, du cap de Bonne-Espérance.
agénor s. m. (a-jô-nor — n. mythol.).
Crust. Genre de crustacés de l'ordre des
décapodes.
— Entom. Espèce de papillon diurne.
AGÉNOR, nom de plusieurs personnages
mythologiques, dont les deux plus connus
sont : Agénor, fils de Neptune, roi de Phéni-
cie et frère de Bélus. Il eut six enfants, parmi
lesquels étaient Europe, qu'enleva Jupiter, et
Cadmus.le fondateur de Thèbes. Didon le
comptait au nombre de ses ancêtres ; — Agé-
nor, fils d'Anténor et de Théano, et l'un des
plus vaillants défenseurs de Troie. Il osa même
se mesurer contre Achille, qu'il atteignit de sa
lance. Apollon , pour le soustraire à la colère
du héros, l'entoura d'un nuage, et prenant lui-
même la forme d'Agénor, il s'enfuit devant
Achille, afin de l'attirer loin nu combat et de
sauver ainsi les Troyens. Cet Agénor fut tué
par Néoptolème.
AGÉNORIE s. f. (a-jé-no-rî — de Agénorie,
déesso de l'industrie et de l'activité, qui, selon
saint Augustin, avait un temple à Rome sur
le mont Aventin). Bot. Genre de plantes de
la famille des asclépiadées.
AGénosome s. m. (a-jé-no-zo-me — du
gr. o priv.; genos. naissance, et sâma, corps)-
Térat. Nom donne à des monstres caractérises
par un défaut de développement dans les
organes génitaux. V. Agènb.
agenouillé, ÉE (a-je-nou-illé, Il mil.)
part, pass. du v. Agenouiller. Qui s'est mis a
genoux ; La jeune fille, agenouillée devant le
gibet, et noyée dans sa longue chevelure, le
laissait parler sans l'interrompre. (V. Hugo.)
Elle voulait se lever, mais Michel était age-
nouillé sur le bas de sa robe. (G. Sand.) Le
voyageur taciturne, exhumé de sa cachette par
les chouans, avait été trouvé agenouillé dans
un genêt. (Balz.) La véritable parure de l'au-
tel, ce sont les cheveux du prêtre blanchis dans
la prière et dans la vertu, et la foi et la piété
des fidèles agenouillés devant le Dieu de leurs
pères. (Lamart.)
— Fig. : Les tempéraments timorés, sans
cesse agenouillés avec effroi devant l'avenir,
penchent vers la superstition, comme te prouvent
tous les êtres débites. (Virey.)
agenouillement s. m. (a-je-nou-ille-
man; Il mil. — rad. agenouiller). Action de
s'agenouillor. Peu usité.
agenouiller v. a. ou tr. (a-je-nou-illê ;
Il mil. — rad. genou). Faire mettre à genoux,
contraindre quelqu'un à se mettre à genoux :
Le maître saisit l'enfant par le collet et J'age-
nouilla brutalement sur les dalles. Le prêtre
fit agenouiller tout le monde. (Raym.)
S'agenouiller, v. pr. Se mettre à genoux
dans une intention religieuse, pour prier, ado-
rer, etc. : S'agenouiller devant l'autel, devant
une croix. S'agenouiller devant l'évéque. Elle
se mêla à la foule des femmes qui, dans ces
campagnes, s'agenouillent sur le pavé de l'é-
glise.(G. Sand.)
Le peuple s'agenouille, et le pontife austère
Vient bénir le volcan endormi sur la terre.
A. Soumet.
1322£i AGE- >,
Que celui-là se livre à des plaintes amères,
Qui s'agenouille et prie au tombeau d'un ami.
' A. de Musset.
ts de-la terre.
— Par anal. Se dit de toute personne qui se
met à< genoux. .L'enfant fut condamné, à s'a-
genouiller et' à rester- une heure dans cette
position. D Se dit' aussi de certains animaux :
;. Quinte -Çurce* assure que ^Bucéphale- s' âge-,
nouïllait pour recevoir Alexandre. Lès élé-
? fiants r, les chameaux, s'agenouillent sur
ordre de leur conducteur, u Se dit,-par exag.,
en parlant de l'homme qui aime l'argent, pour -
marquer sa rareté.ou l'estime excessive qu'on,
-n fait:// en est réduit à s 'agenouiller, devant
nkiy-devant cinq francs. Voilà notre argent.qui
émigré en masse, -l'an prochain, disaient les
bonnes gens, on s'agenouillera devant un écu.
(BrilL-Say.),,Afon Dieul de l'or, à tout prix!
l'or est la seule puissance devant laquelle tout
le monde s'agenouille! (Balz.) ,
— Fig. S'incliner ; tse sentir plein d'une'
admiration protonde devant une personne ou .
une chose, digne de respect et de,vénération :
S'agenouiller . devant les .grands, écrivains.
S'agenouiller devant la vertu, la science, le
talent. Vous étiez si grande,' si sublime' ''que
j'aurais voulu ii'nGEmniLi.vR~devani vousAg.-
Sand.')j -- uil -...i-i .4 . Jé .... / .,,-> '.■
Et comme:eiie e9t;sàvkn'?e à'tenir la quenouiiie, :'" '
Devant un1 tel' mérite il faut qu'on s'agenouille., ' '
"'"'^ "''"' ■''■■"■■- ■•■ •' '- PoNSARD. '"'
— }"'" ""'A'ia quenouille, ""
* " . ' ' " 'Le fort e'agehouilU
prov. rimé qui 'signif. que la',' passion maî-
trise les caractères lès plus' énergiques', et les
rend esclaves de tous les caprices d'une femme.
C'est sans doute une^allusion à Hercule filant
aux pieds;d:Omphale. > ■■>- ■ ;- ■>
— Syn. S ageDouiiïcr, «V mettra à genoux.
Ces ^déux( formés'. s|emplôieht généralement
lune pour l'autre et expriment la 'même idée."
Toutefois, 's'agenouiller semble' 'marquer plus
particulièrement un 'sentiment d'humilité ou
' û| adoration' : Ménalque , , s'étant 'aperçu qu'il
s'est- mis'A 'genoux sur les jambes d'un fort
petit homme'.' se retirt (confus èt[ va s'age-
nouiller'■ailleurs. .Ajoutons cependant qu'en'
parlântdes animaux on dit plutôt s' agenouiller.
AGENOUIlloir s. m. (a-ge-nou-illôir; Il
mil. — rad. àgfihouiller). Petit escabeau sur
lequel on s'agenouille : Z'agenouilloir d'un
prie-Dieu.,(A.çSii.) h r ' '"
AGENT:s. m.'(à-jan '— du,iatT agè'ns, part,
près, de agere, agir). Tout "ce qui agit/opère;
force':; Agent 'naturel. .Agent surnaturel. -Là
vapeur est'devënuéùn des plus puissants agents
que l"àn*èonnaissëï Lès vents sont constamment
les agents modificateurs' les plus puissants de
(atmosphère-. (Maury.)v-i-r , i: .' - -.hv <,;.-;:.
D S'emploie, aussi avec un complément qui
en détermine l'effet :; La végétation est dans
les campagnes un-puissant agent "d'assainisse-
ment^ (Lélut.) L'octroi est , un des agents les
plus fictifs de la démoralisation publique. (E.
deGir.), ,'_,. ', ./.-,,"..',',.. ', , ,'
—, Par anaL Aide, secours. , ■ •'-;
• • -"•:J:-" .'.*., 'A vrai'diré.'l'aféént •
Serait dans notre affaire un sûr et fort agent.',
;> ■ l ■ i-.iH"!'i -.. : ... . .|.„i '.Molière.' '■ -
— Fig. : La tendance 'de notre époque est de
remplacer lès agents moraux par des agents
matériels. {Rentin'.) ;•"' '
Je sens en moi certain ajenJ;,;, . , . .
Tout obéit dans ma machine , i
A, .ce Principe intelligent. '," t r I^FoSTAraÉ. .'
_— En. parlant- des personnes ■' se' dit gé-
néralement de. .tout,. individu- chargé, d'une
fonction active, d'une gestiori,.dJ.un, mandat :
Agent intègre,, laborieux. Agent' incapable.'
X'agent d'un prince. Z'agen't d'une compagnie.
Le pouvoir exécutif n'a que dés 'agents, et la
loi seule fait des magistrats'.'' (Royër-Coll.)
Çu eût-xl- pensé 's'il eûtivu : comme soWâoextA
gagnait bien sa gratification? (G.< Sand.)
is dé vous un pllis" soigneux àqenï ''
-'■ '-"-'-'-"mes 'et d'argent?
Pour-h4ter le3 se
il Se prend aussi en mauvaise part : Un agent'
de troubles, d'intrigues. L'homme fait dire à,
Lieu ce qu'il pense, lui fait faire. ce qu'il veut,
et lechange ««.agent de ses passions, (Boiste.)
Ludovic lui-même ne lùV.semble'plus que Fàobnt
de son bourreau.' (Saintine.)," ' ' ' .' ' ' ■'■■■.'
Sais cet ajenf, fatal de, tes mauvais desseins. ....
— L6 mot ojfènt'entre dans la composition'
d un grand nombre de locutions substantives,
pour, exprimer, certaines .fonctions détermi-
nees.parle .mot complément-:. ..,:-,'
Agent de, la force publique, Personne qui a
mandat pour faire respecter l'ordre public et.
]aloi,meme par.des moyens coercitifs, comme
les gendarmes, les gardes champêtres, les
gardes forestiers, etc. il Agent provocateur,
Celui qui excite quelqu'un à faire quelque
chose, ou,- à proprement dire,' celui qui, dans
on moment de troubles, pousse les citoyens à-
la révolte pour donner .heu à une répression
violente: ïljie .faudrait. qu'un mot de toi, pro-
noncé devant un espion , • ou extorqué par vn
AGE •
agent provocateur, pour te faire mettre en
prison. (G. Sand.)
— Fig. et dans ce dernier sens : Le besoin
.est J'agbnt provocateur du progrès. (E. Pel-
■ letan.') i> Agent de police, Nom général sous
-lequel on comprend' les sergents de vilto,
appariteurs, inspecteurs de police, officiers
de paix , gardes de ville , etc. , c'est-à-dire
tous, ceux qui sont préposés aT la -surveil-
lance publique et au maintien du bon ordre :
.Ilde suivit tavec autant d'adresse qu'aurait pu
le\ faire un agent de. la police parisienne.
(Alex. Dum.) L'antichambre était, pleine de
gendarmes et d' agents de police. (Alex. Dum.)
Mais on donne particulièrement ce nom aux
.hommes de police habillés en bourgeois, 'et'
. alors ce mot se prend 'en mauv. part : A cer-
tains.cours. 'd'ouverture, à la Sorbonne et au
\Collége de France, les agents de police foi-
sonnent. A la première représentation, il y
avait au parterre plus de cinquante agents db
police, h Peut s'employer absolument dans ce
sens : Pourquoi s' acharner à l'espion ? Un agent
n'est plus un homme, il ne doit plus en avoir les
sentiments ; il est un rouage dans la machine.
(Bjalz:)' n Agent diplomatique, Fonctionnaire
qu'un gouvernement envoie etaccrédite près
d'un autre gouvernement pour lui servir
'd'intermédiaire ''et. pour protéger, en -pays
étranger, les sujets 'de la nation qu'il repré-
sente. Les agents diplomatiques français sont,
en commençant par les plus- élevés, les am-
bassadeurs,.les. ministres plénipotentiaires,,
.les ministres résidents et les chargés d'af-
faires.; Les .consuls, lès employés, les secré-
taires d'ambassade, n'ont pas droit au : titré-,
à'àgenis diplomatiques, il Agent consulaire,
Officier, établi dans un pays et lé plus sou-
vent'v'dàn's un port étranger pour y exercer
une certaine' juridiction sur les négociants
et lés marins de là nation à laquelle il ap-
partient, et veiller particulièrement à leurs
intérêts. Les agents consulaires diffèrent des
ambassadeurs en ce 'qu'ils n'ont qu'acciden-
tellement un caractère politique. Il en existe
\dans: toutes ies grandes places de commerce'
où une nation croit avoir besoin' d'un repré-
sentant. C'est à Colbert que revient l'honneur
de cette, institution, n Agent secret, Personne
■de confiance chargée d'une mission secrète de
la part d'un particulier, mais le plus souvent
de la'part d'un gouvernement,: On' agent
■.secret lui rend compte de tout ce qui se fait,
se dit, se pense même à la cour. (Alex. Dum.)
Il Par ext., signif. aussi Espion, émissaire de
la police secrète : Il faut prendre garde d'être
soupçonné par cette foule. o'agents secrets qui.
circulent dans Paris. (Scribe.) Il Agent de
change, Autrefois, Changeur, banquier : Ne
m'asrtupas dit que tu connaissais un agent de
change qui te donnerait de l'argent à l'heure
même? (Le Sage.) Aujourd'hui, Intermédiaire
entre, les vendeurs et les acheteurs dans la
négociation des effets de commerce, des ac-
tions de toute nature, des rentes sur l'Etat,
des matières métalliques, etc.: Une faut pas
croire que les jeunes agents de change ^en-
tendent pas les affaires aussi bien' que les
vation des forêts de l'Ètàt;' expression géné-
rique qui embrassé les conservateurs, les in-
specteurs, les sous-inspecteurs et tes' gardes
généraux, -mais/non 'les arpenteurs et- les
simples gardes: Il Agent uouer; Employé -pré-
pose à la construction, à l'entretien et a. la
police des chemins vicinaux. n PL des agents
voyers. il Agent comptable , -Employé , chargé
,de lai comptabilité d'une administration, et
du maniement des fonds. Il Agent d'affaires ,
Celui qui se charge, moyennant , une rétribu-
tion, de diriger. et de suivreles affairés d'in-
.térêt des particuliers, et surtout.leurs affaires
conténtieuse's ; Les agents d'affaires n'ont
. aucun caractère public, et' 'l'on n'exigé d'eux
aucune preuve dé capacité. (Bachelet.) WA'gént
de faillite. Nom donné, avant, la loi" de 1838,-
à celui qui gérait les affaires d'une faillite.
Us sont remplacés aujourd'hui par des syndics
'provisoires. V. Faillite. |[. Agent judiciaire du
Trésor, Employé supérieur des flnances,chargé
de représenter le .Trésor public dans .les af-
faires judiciaires qui le concernent- '-0 Agent
municipal, sous la première république fran-,
çaise, Officier nommé par les communes dont
la population ne s'élevait pas à cinq .mille
âmes, pour exercer les fonctions municipales.
■■> — . Agents du clergé: Se disait "autrefois
•d'ecclésiastiques choisis par des provinces
ecclésiastiques pour avoir soin des affaires
du clergé.. ■■ -. ■ -■. , - : • m : i ■ , ■. , . . '■ i.
,J — Philos: OpposédéjîàrtenMAinsi l'on-dit-
. l'agent et le patient, pour - désigner lav cause
' qui opère et le sujet sur lequel elle opère. ■
rique, l'électricité, le magnétisme, etc.
— ' Chim. Tout .corps, qui, d'une -maniéré
.quelconque, donno lé moyen d'opérer la sépa-
ration des parties constituantes d'un com-
posé. : La chaleur est un agent d'analyse, il Par
lext., Tout corps qui. produit ou détermine
'un effet chimique quelconque : Le chlore, le
gaz acide sulfureux et le charbon sont d'éner-
giques agents décolorants. L'acide phénique
est un des agents antiseptiques lesplusprécieux.
. — Méd. Toute substance qui peut avoir une
influence ou déterminer un effet quelconque :
Agent aneslhésique. Agent hygiénique. Agent
tnqrbifique. Agent thérapeutique. Il Agent pro-
AGE
vocateur, Dans l'anc. médecine, Ce qui cau-
sait, produisait une maladie. •
— Econ. polit. Agents naturels, Forces mises
à la disposition de l'homme par la nature,
comme la terrey la mer, les cours d'eau, etc.
Ml Agents personnels, Toutes personnes qui
mettent en œuvre les agents naturels, n
Agents de la production, Tout ce qui concourt
à la formation d'un produit, n Agents de la
circulation, La monnaie et les papiers de
crédit qui la représentent.
, , r- Gramm. Le mot apent est mascul. , même
avec un corrélatif féminin : L'eau est j'agent
principal de la végétation. Vous aurez dans
cette femme un tres-bon agent, (Acad.) Ce-
pendant les auteurs. anciens n'hésitaient pas
,a donner les deux genres à ce mot : // attri-
bue le gouvernement de ce monde à une pure
' ' intelligence, laquelle sépare, comme cause et
première agente, les substances, etc. (Amyot.)
Nature, laquelle est principale agente en cecy.
(Amb.Pare.) .>
Et vous, son émissaire et son honnête agente,
.C'est un vilain métier que celui d'intrigante.
1 ' . Reonard.-
, Quelques-uns de-nos écrivains modernes les
ont imités : Dans ee phénomène, la nature a
■été la principale agente. . (Littré.) Vous en
avez peut-être entendu parler comme'td'une
agente matrimoniale. (Balz.) L'Académie pa-
raît avoir voulu trancher la difficulté en don-
• nant le genre féminin à ce mot, mais seule-
ment lorsqu'il est pris en mauv. part : Je dé-
couvris que, dans cette intrigue, elle était la
principale agents. (Acad.) Cette restriction
justifie la phrase de Balzac, mais elle con-
damne celle- de, M. Littré.
— Encycl. Econ. polit. Les agents naturels,
considérés au point de vue économique, sont
de plusieurs sortes : les uns fournissent la ma-
tière de la production ; ex. : la terre cultivable,
les mines, les carrières, etc. ; les autres four-
nissent simplement une force qui vient secon-
der celle de l'homme, et pour ainsi dire colla-
borer avec lui; telles' sont la pesanteur des
. corps, l'électricité, la lumière,' la chaleur, la
force des cours d'eau, du vent, etc. Parmi les
agents naturels de l'industrie, les uns sont sus-
ceptibles de devenir une propriété , les autres
ne le sont pas. Ainsi la terre cultivable , les
mines, peuvent être appropriées ; il n'en est
pas de même du vent. Le service des agents
naturels non appropriés est toujours gratuit:
le service de ceux qui sont appropriés est grève
de certaines redevances au proht.de ceux qui
les possèdent. Du reste, l'appropriation peut"
.être avantageuse à tous, en ce que l'homme'
'^es't poussé par un intérêt à augmenter la puis-
sance des agents qu'il s'est appropriés et dont
il fait payer l'usage. l ■ '
— Législ. Les agents de change nommés et
assermentés ont seuls le droit de négocier les
effets publics et autres susceptibles' d'être co-
tés; de faire pour le compte d'autrui les négo-
ciations de lettres de change ou de billets, et
de toutes sortes de papiers commerçâmes, et
d'en constater le cours. Ils peuvent faire, con-
curremment avec les courtiers de marchandi-
ses, les négociations et le courtage des ventes
'.ou achats de matières métalliques.Jls ont seuls
lé droit d'en constater le cours. Les agents de
'change doivent tenir des livres, et coter sur
un carnet chacune de leurs opérations ; mais
vils doivent le secret à leurs clients, à moins
qu'ils ne soient autorisés à les nommer soit par
eux-mêmes, soit par la nature des négocia-
tions. Leurs droits sont à'.xm huitième à un
j quart pour cent pour chaque opération. Nul ne
peut être nommé agent de change s'il ne jouit
des droits de citoyen français et s'il a fait
faillite sans avoir été réhabilité. Un agent de
-change ne peut, sous peine de destitution et
'd'amende, faire aucune opération de commerce
ou dejbanque pour son compté, ni s'intéresser
directement ou indirectement dans aucune en-
treprise commerciale. .Destitué, il ne peut être
réintégré ; en. cas de faillitç, il est poursuivi
judiciairement comme banqueroutier. L'insti-
tution des agents de change remonte à l'année
1572, époque à laquelle Charles IX créa par
-~ édit des courtiers de change, deniers et
portés à cent seize, et prirent le titre de con-
seillers i du roi, agents de banque, de change,
commerce et finance.. Supprimés en 1791 par
un décret de l'Assemblée nationale, les agents
dé changé furent rétablis par une loi du 28 ven-
,'tôse an IX (19 mars isoi). Leur nombre varie'
selon l'importance des villes où ils sont insti-.
tués? Il est aujourd'hui fixé à. soixante pour la
Bçurséde Pans ;' chacun d'eux fournit un cau-
:tionnement de 125,000 ^fr. Notre législation a
fait de là fonction d'agent de change un mono-'
pôle condamné par la science économique; il
est telle' charge qui' vaut plusieurs millions, et
qui ne peut être exploitée que par des sociétés
de capitalistes ;- d'où les quarts, les huitièmes
d'agents de change. Bien plus , ce monopole
.est devenu vénal et constitue en fait une pro-
priété transmissible, grâce à la faculté accor-
dée par la loi du 28 avril 1816 aux agents de
change, à leurs veùyes et héritiers, de préseh-
agéomÉtrie s. f. (a-jé-o-mé-tri— du gr.
apriv. ; gè, terre ; metron, mesure). Ignorance
de la géométrie.
' AGE QDOD AGIS (a-jékod a-iiss). Motslat.
qui signif. Fais ce que. tu fais,c est-à-dire faia I
peut pas être en même temps a la cave et
au grenier. — Quand on chasse deux lièvres,
on risque de n'en prendre aucun. » En un mot,
pour qu'une chose soit bien faite, il faut y don-
ner toute son attention. Ces mots, placés sur
les murs d'une cour de collège, peuvent se
traduire ainsi : • Joue quand tu es en récréa-
tion ; étudie quand tu es dans la salle d'étude. »
Ce proverbe se cite toujours sous sa forme
latine:
« Elles ne me reconnaissent pas, mais moi
je les reconnais, et cette fois c'est moi qui .
arracherai le masque I Mon nez de carton, je
te bénis, car tu me donnes sur ces deui'.sirônes
le pouvoir qu'un magicien reçoit de son talis-
man. Age quod agis: nous sommes à table,
mangeons; mais je leur ménage au dessert
une. scène plus dramatique qu'une charade;
car, en conscience, je ne puis pas souffrir que
ce pauvre Aristide épouse une habituée tdes
bals de l'Opéra. ■ Charles de Bernard.
ÀGÉRASIE s. f. (a-jé-ra-zï — du gr. a priv.;
géras, vieux). Méd. Vieillesse verte et vigou-
reuse, exempte des infirmités ordinaires à
cet âge.
AGÉRATE s. m. (a-jé-ra-te— du gr. a priv.;
géras, gérâtes, vieux). Bot. Genrede plantesde
la: famille des composées, tribu des eupato-
riées, et dont l'espèce la plus remarquable est
Vagérate du Mexique, cultivée dans nos jardins
d'agrément pour ses belles fleurs bleues, qui
se succèdent durant toute l'annéer
AGÉRATE, ÉE adj. (a-jé-ra-té — rad. agé-
rate). Bot. Qui ressemble à l'agérate. Syn. de
agératoïde. u s. f. pi. Groupe de plantes do la
■ famille des composées et de la tribu des eupa-
toriées, ayant pour type le genre agérate.
AGÉRATOÏDE adj. ( a-jé-ra-to-i-de — de
agérate, et du gr. eidos, ressemblance). Bot.
Syn. teagératé.'
AGératoire s. m. (a-jé-ra-tou-are). Bot.
Syn. peu usité de agérate.
AGÉSANDRE, statuaire rhodiend'une époque
incertaine, exécuta avec, ses deux fils, Athéno-
dore et Polydore, le fameux groupe du Lao-
coon, décrit par Pline, et rétrouvé en 1506, dans
les ruines des bains de Titus, à Rome, par
Félix de Prédis. • '
AGÉSILAS Ier, roi de Sparte, vivait vers,820
av. J.'-C On ne sait rien de sa vie. ,
AGÉS1LAS1I, roi de Sparte et l'un des grands
capitaines de l'antiquité, régna de 39S à 361
av. J.-C. Le fait culminant dé sa vie mili-
taire est une brillante expédition en Asie
contre les Perses (395)1. Après avoir ravagé la
Phrygie, la Carie et la Lydie, vaincu en divers
combats les satrapes d'Artaxerce et glacé
les Perses d'effroi, il se préparait à pénétrer
au coeur de l'immense empire, lorsqu'il fut rap-
pelé au secours de Sparte, menacée par Thèbes,
Argos, Corinthe et Athènes, dont il accourut
écraser les forces à Coronéé (394). Dans la
suite, il fut vaincu par Epaminondas à la
bataille dé Mantinée. Du moins on regarde
comme probable qu'il commandait dans cette
journée l'armée lacédémonienne , bien qu»
Xenophon n'en fasse pas mention. Il mourut
dans une tempête, au retour d'une expédition
en Egypte. Pendant sa longue carrière, il
avait eu successivement pour collègues quatre
rois (on sait qu'à Sparte le trône était tou-
jours occupé simultanément par deux rois ).
Agé*llos, tragédie de Corneille, en cinq actes
et en vers, représentée en 1667. Cet ouvrage est
un des plus faibles de l'auteur. Le grand homme
: vieillissait; depuis -1630, il donnait au théâtre
une pièce presque tous lés ans ; mais il n'avait
plus cette imagination féconde, cette, énergie
de pensées et de style qui caractérisent ses
premiers chefs-d'œuvre. Ajoutons que le roi
je Sparte,
Général en idée, et monarque en peinture,
n'était pas un sujet de tragédie bien brillant.
Toutefois, l'Agésilas contient encore quelques
parties remarquables. Cette pièce est écrite
eh vers libres et croisés, comine devait l'être,
un an plus tard, l'Amphitryon de Molière.
Une épigramme de Boileau, .que, sans man-
quer à ses devoirs de critique, le sévère Âtis- ■
tarq'ue aurait bien pu épargnera, la vieillesse -
dû grand poete.j'.a discrédité, pour toujours
Agésilas: , .,..'; ... , .!'•.■
' ',. J'ai vu l'Agésilas, .
Hélas!
.Mais Boileau était partisan de Racine et prê-
tait son appui a la réputation naissante du
nouveau poète qui , en effet , la même année,
obtenait son premier succès awosAndromaque.
C'étaient deux astres, dont l'un se levait quand
l'autre était à son couchant.
' Iagestrate s. f. (a-jè-stra-te — du gr.
agestratos, général d'armée). Entom. Genre
d insectes coléoptères pentamères , de la fa-
mille des lamellicornes, originaire de Java et
de la Chine, et remarquable par un chaperon
d'un rouge éclatant, oYoù son nom.
AGEUSTIE s. f. (a-geu-sti, n dur — du gr. a
priv. ; geusis, goût). Méd. Absence de goût,
diminution de la faculté de percevoir les
saveurs, u On écrit aussi agheustie et agueustîe.
AGG
AGGÉDULE s. f. (ag-jé^du-le — du'gr.
ttggos,- urne). Bot. Nom donné quelquefois à
l'urne de quelques mousses, et au cupule do
certains champignons.
AGGÉE, l'un des douze petits prophètes, con-
• tribua à la réédification du Temple. Il vivait
au temps de Zorobàbel.
ag'gleston s, m. (ag-glèss-tono). Célèbre'
pierre druidique, dans la Grande-Bretagne.
AGGLOMÉRAT s. m. (a-glo-mé-ra — rad.
agglomérer). Géol. Brèche grossière,' com-
posée de fragments de roches, lancés des cra-,
tères volcaniques, angulaires pour la plupart
et sans aucun mélange de cailloux usés par
l'eau.1— Lyell donne le nom'de conglomérat
aux mélanges où se rencontrent ces dernières
sortos de pierres. ■■..,,'
AGGLOMÉRATION s. t. (a-glo-mé-ra-si-on
— rad. agglomérer). Action d'agglomérer; ,
état de ce qui est aggloméré : L' aggloméra-
tion des neiges, dessables. D'ailleurs, dans ces
temps où toute spéculation et toute industrie
étaient absentes, ces agglomérations d'or et
de bijoux n'étaient pas rares. (Alex.Dum.) Il Ce
m"' • été créé par Volney. il S'emploie en par-
penser et de sentir, ce ciment assuré, infaillible-
des agglomérations humaines.- (Napol. I".)
Une société est une agglomération d'individus:-
(L. Jourdan.)
— Géol. Mode de formation des roches qui
n'ont pas une origine instantanée, mais qui
.'sont composées, par voie mécanique, de frag-
ments de roches préexistantes, réunis par
un ciment quelconque. • •
AGGLOMÉRÉ, ÉE (a-glo-mé-rê) part.' pass.
du v. Agglomérer : Des saita'AGGLOMËRES. il
Se dit en parlant des personnes : Une popula-
tion agglomérée. En effet, moins je trouve
d'hommes agglomérés sur un point, moins il
t'y rencontre decrimes;de délits. (Balz.) ■
— Techn. Houille agglomérée, Combùstiblo
artificiel obtenu par le mélange de matières
bitumineuses avec les menus débris de
l'exploitation des houillères, il On dit aussi
substantiv. au m. pi., des Agglomérés., ,
— Méd. Tumeurs agglomérées, Celles qui
sont pelotonnées, réunies les unes autour des
autres.
— Bot. Se dit des différents organes des
végétaux, lorsqu'ils sont entassés ou rappro-
ches en masses compactes : Chatons agglo-
mérés. Fleurs agglomérées. Fruits agglo-
mérés. .,..,.
— s.'f. pi.' Géol. Classe 'de roches' qui 'com-
prend celles qui se sont formées par'agglomé-
ration. ■ ■ >■ •.<,*■■■ i ■< :i-. ...
agglomérer v. a. ou tr. (a-glo-mé-ré —
lat. agglomérare, même sens; de ad, à; glo-
mus, glomeris, peloton.— Vé du nà.-agglo-
mér se change en è ouvert devant une syl-
labe muette : J'agglomère, tu agglomères. Que
j'agglomère . excepté au' futur et au cond.
près., où i'e ferme se conserve -.J'agglomé-
rerai. Tu agglomérerais). Réunir en masse ,
entasser, assembler : La richesse du sol agglo-
méra les hommes dans cette contrée. (Acad.)
Les avantages qu'il offrait aux artisans en
avaient aggloméré- un grand nombre dans
cette contrée. (Raym.)
S'agglomérer, v. pr. Etre aggloméré,
s'amonceler, s'entasser : Les peuples s'agglo-
mèrent sous telle ou telle forme, d'après cer-
taines lois. (Virey.) La graisse s'agglomère
quelquefois dans les animaux que l'art ou la
nature y prédispose , comme les cochons , les
volailles. (Brill.-Sav.) Les habitants s'étant
agglomères insensiblement n'ont pu juger de
l'ensemble, en participant aumouvement.(Bïûz.)
— Fig.,: Dans la capitale, s'agglomèrent
tous les intérêts, là vont s'agiter toutes lés, am-
bitions ; le.reste est immobile". (B, Çpnst.) . ,'. •
— Antonymes. Désagréger, disgréger,idis-'
perser, disséminer, éparpiller, parsemer. .,
AGGLUTINABLE adj. (a-glu-ti-na-ble —
rad. agglutiner). Qui peut s'agglutiner. Peu
AGGLUTINANT (a-glu-ti-nan) part. prés,
du v. Agglutiner.- i.
agglutinant, ante adj: (a-glu-ti-nan,
ante). Qui est de nature à se reunir, à se
coller, à s'agglutiner. ' ' ■<■-.-
— Méd. Autrefois, Remèdes agglutinants, ou
substantiv. 'les agglutinants, Remèdes que l'ori
croyait propres a opérer la réunion des1 par-
ties divisées,1 aies recoller^ comm'eie spara-
drap, le diaehylon gommé, l'emplâtre d'André '
de Lacroix, le taffetas d'Angleterre, etc.
Il ne se dit plus aujourd'hui que des substan-
ces emplastiques que l'on nomme plus ordi-
nairement agglutinatives, ou substantiv. les
agglutinait fs. - i ,
— Linguist. Langues agglutinantes , Celles
dans lesquelles les radicaux s'agglomèrent,
sans se fondre complètement, pour former des-
mots composés^qui expriment des. combinai-,,
sons d'idées et dés relations de toute espèce.
il On les appelle aussi langues agglomérantes.
— Encycl. Linguist. Trois époques distinctes
. marquent l'histoire du langage : le monosylla-
bisme, l'agglutination et la flexion. Les langues
a flexion présentent une organisation plus dé--
veloppée que les langues agglutinantes, et
celles-ci une organisation supérieure aux lan-
gues monosyllabiques. Parmi les langues qui
AGG
ont été où qui sont encore parlées, les unes
ont passé par ces trois phases, et les autres se
sont arrêtées dans leur développement. Ainsi,
l'agglutination renferme le monosyllabisme,la
flexion renferme a la fois le monosyllabisme
et l'agglutination., -• -. . " .. . i
Les langues agglutinantes diffèrent des lan-
gues'a flexion, en ce qu'elles ne présentent pas
une fusion complète du mot principal' ou ra-i
dical avec lesimots qui viennent. sy accoler
pour exprimer le cas et le nombre, s'il s'agit
de substantifs-, le nombre et la personne, s'il
s'agit de verbes; les changements et les allon-
gements démesurés de l'agglutination ne peu-
vent avoir, lieu qu'aux dépens de l'unité du
mot.- L'agglutination est, en quelque sorte,
une association mécanique de racines sans qu'il '
y ait identification véritable dans une vie com-
mune, ainsi que cela a lieu dans la flexion ;
celle-ci peut être comparée à une association
chimique et organique.
Exemple d'agglutination des pronoms dans
la langue magyare; voici comment le mot kep,
qui signifie image, peut se modifier: ;.
Kep-em, mon image.
Kep-ed, ton image.
Kep-unk, notre image:
Kep-etek, votre image.
; ■. . Kep-elc, leur image.
ïl(cp-ei-m, mes images.
■ • Kep-ei-d, tes images.
Kep-ei, ses images. ■
'■ Kcp-ei-nk, nos images.
i- Kep-ei-tek, vos images.
Kep-ei-k, leurs images.
■ On forme ainsi, dit M. l'abbé Le Noir, par
agglutination, des mots à l'infini. Les suffixes
em, ed, e, etc., ajoutés ,au mot kep, sont des
radicaux signifiant , je, tu, il, etc. Puis chacun
de ces mots, formé de la juxtaposition de deux
ou plusieurs .radicaux , est susceptible d'une
déclinaison très-riche, qui, se fait au moyen de
postpositions'. On dira, par exemple : kep-em,
mon image (sujet ou nominatif) ; kep-em-ne/c,
à mon image, etc. On peut attacher une ving-
taine de postpositions ou terminaisons analo-
gues & _-'- ~""' * '■--'■ -,:a"'
AGG ■
133 \
gués à nek, qui exprimeront un rapport diffé-
rent, ce qui ieL~ --—-'■ ' — !- J -
a vingt cas comme les six du
Exemples d'agglutination dans la conju-
gaison turque :
Sev-mek, aimer.
Sev-me-mek, ne pas aimer. .
Sev-e-me-mek, ne pas pouvoir aimer. .
' Sev-dis-mek, forcer à aimer.
Sevrdis-me-mek, ne pas forcer à aimer.
Sev-dis-e-me-meh, ne pas pouvoir forcer à
Sev-it-mek, être aimé. _
Sev-il-me-me, no pas être aimé.
Sev - il -.e - me - mek , ne pas pouvoir être
, aimé, ,etc. .
On peut remarquer deux degrés d'aggluti-
nation : l'agglomération simple et l'incorpora-
tion.. Dans le premier degré, l'agglutination
n'est qu'une juxtaposition; dans le second, il y
a absorption d'un mot. dans un autre, de sorte
qu'il en irésulte un commencement de, flexion,
du composé par assimilation de l'élément sub-
ordonné à l'élément principal.
La classe des langues agglutinantes em-
. brasse, la plus grande partie des langues du
globe et se montre la plus pauvre en produits
littéraires. On peut la diviser en souche tatare,
souche caucasienne, souche malaie ou polyné-
sienne, souche américaine et souche basque. • •
La souche tatare se divise en deux groupes :
le groupe asiatique et oriental , et le groupe
européen et occidental. Le groupe asiatique
comprend le mongol, le turc et le tongouse,
dont le mandchou est un dialecte. Le groupe
européen se' compose des langues finnoises,
appelées tchoudés par les' Slaves, c'est-à-dire :
du finnois proprement dit ou finlandais, du
, tchoudieh, de' 1 ourâlien, du lapon, du samoyè-
de, du magyar ou hongrois. Les langues de
la souche tatare expriment les rapports par
des postpositions au lieu de prépositions. Parmi
ces langues; le mandchou et le mongol séparent
;encore,dans l'écriture, les' radicaux agglutinés
dans Ma prononciation; le turc le fait très-
rarement; 'le finnois et le magyar ne le font
presque jamais; leurs composés ont besoin,
comme les nôtres, d'une analyse étymologique.
, La souche caucasienne' comprend les dia-
lectes parlés' dahs'ie" Caucase; dialectes, en
i général,' peu connus. Notons qu'ici lé mot cau-
t casieh où çaûcasiqûe est loin d'avoir, le sens
éfen'dù qu'on lui' 'donne en' anthropologie.1 ' *'
La souche malaie présente deux groupes," le
,malai proprement dit, qui s'étend depuis les
La souche américaine, si tant est que l'on
puisse ramener à une seule souche les langues,
indigènes, des deux Amériques, présente au
plus haut degré, le phénomène de l'incorpora-
tion , proprement dite. Le mot principal en-
gloutit en quelque sorte ses subordonnés. Des
phrases telles que celles-ci : Vous et moi nous
marchons; nous les aimons tous les deux, se
rendent par un seul mot composé. M. Ampère
a constaté un mot de vingt et une lettres qui'
signifiait seul là phrase suivante : Je donne de
l'argent à ceux qui sont arrivés 'pour leur
acheter encore des habits avec cela. L'agglo-
mération de tant de radicaux dans un seul
mot se fait par des apocopes de ces radicaux.
La souche
d'hui refoulé
Biscaye. Comme. les langues , ._.
basque présente d'une façon remarquable le
phénomène de l'incorporation. La déclinaison,
s'y fait à l'aide de postpositions ,, comme dans
les langues ta'tares.'i ' ;■ .: . .-,- (
ÀGGLUTINATEUR , TRICE adj. (a-glu-ti-
na-teur, tri-se — rad. 'agglutiner). Méd.-Qui
à la' propriété d'agglutiner :--ZVai)ai7-AGGLu-'
tinateur. F acuité agglutinatrice.
ÀGGLUTinatIF, IVÉ adj. (a-glu-ti-na-tif,
i-ve'— rad. agglutiner). Se dit des substances
emplastiques, qui favorisent la' réunion ;dcs
bords des plaies simples; en les maintenant
rapprochées : Les emplâtres, AGGLÛTiNATii--s
sont fréquemment employés après' les amputa-
tions des membres et l'ablation des , tumeurs.
(Cloquet.) ' ' \ '
— Bandelettes' agglutinatives ou Emplâtres
agglutinatifs, Petites bandes >de toile forte,
coupées à droit fil et.enduites de diaehylon ou
dé toute autre substance analogue , dont on
se! sert pour tenir rapprochés lès bords d'une
plaio, ou pour ihaintenir plusieurs pièces d'un
appareil quelconque.
gleterre esf.un.rfes.AGGLUTiNATiFSue^p/i
ployés pour les plaies: de peu .d'importance. ,
AGGLUTINATION S. f. (â^glù-ti-na-si-on — '
rad. agglutiner): Méd. Action d'agglutiner, de
s'agglutiner, reunion de parties accidentelle-
nientdivisées :C agglutination est lapremière
période de l'adhésion des plaies. (Cloquet.)
— Par éxt. Se dit'dè, toutes choses qui 'se
réunissent, se collent lès unes aux autres .- //'
se frotta vivement les mains l'une contre l'au-
tre, pour réduire en poussière les agglutina-
tions de sa potée. (L. Gozl.)
— Linguist. Procédé, par lequel un, ou plu- .
■sieurs mots, étant dans un. rapport de .dépen-
dance'avec un autre mot, s introduisent, à
l'aide de' modifications,, dans le corps de ce
mot, ou se joignent à lui pour former un mot
unique V Les langues américaines portent au
plus haut degré le caractère de langues d'uo-
glutination. (Maury.) V agglutination dut
être le procédé dominant du langage des. pre-
miers hommes. (Renan.) Le présent copte se
forme par /'agglutination au pronom en tète
de la racine verbale. (Renan.) il V. Aggluti-
nant i adj.
agglutiné, ÉE (a-glu-ti-né) part. pass.
du v. Agglutiner. Chirurg. Réuni, recollé :
Lèvres d'une. plaie agglutinées. . ■ .
— Bot. Se dit de certains organes collés
entre eux comme avec de la glu, de manière
cependant à pouvoir êtredôtachés sans déchi-
rure, comme dans les utricules du pollen chez
quelques orchidées. •
— Par éxt. Se dit dés choses réunies, jointes'
entré elles : La corne que' le rhinocéros porté
sur tenez n'est qu'un amas de poils agglutinés
et durcis par le temps. (Bouillet.)
— Linguist. Langues agglutinées , Langues
qui procèdent par voie d agglutination : Les'
langues de l'Amérique du Nord sont aggluti-
nées. (Littré:) ' ' '•,'■'■
AGGLUTINER v. a. ou tr. (a-glu-ti-né —
lat. ayglutinare, même sens; de ad,.k; gluti-
num, colle). Chirurg. Réunir^ recoller des par-
ties contiguës , accidentellement divisées.
S'agglutiner, v. pr. Se recoller, se -rejoin-
dre : Les1 lèvres de la plaie s'agglutinent,-
commencent à s'agglutiner.
— Linguist. Se joindre par agglutination :
Quelques monosyllabes parasites, qui s'agglu-
tinent au commencement ' des mots , tiennent'
lieu de flexion finale. (Renan.) ' : ' ■ ' :
AGGRAVANT (a-:gra-van) part..prés. du v.
Aggraver : S'il s'agissait de vos enfants ,<tw«>
sauriez bien deviner ce. qui les gène, disait-il à
sa femme , en aggravant l'injustice de.ces pa-
roles par le ton aigre et froiddont il les accom-
pagnait: (Balz.) . . •.-,.-.
aggravant, ANTE adj. (a-gra- van, an-
te — rad. aggraver).' Qui rend plus grave,
plus dangereux : Symptômes aggravants dans
le cours d'une maladie.
;—' Se dit particul.1, en droit crimin., de ce '
qui ajoute à la gravité d'une faute, d'un délit,
d'un crime : Tout ce qui était aggravant dans
son affaire a été' soigneusement caché, il Cir-
constance aggravante, Qui ajoute à un délit un !
degré de criminalité, par oppos. à circonstance
atténuante, qui, au contraire, en diminue la
gravité;: Dans l'assassinat, la préméditation
est la plus , forte- circonstance aggravante.
Les circonstances aggravantes du vol qua-
lifié sont l'escalade et V effraction. Lesmalfai-,
leurs de profession connaissent toutes les cir-
constances aggravantes des délits.ÇDumont.)
Il Par-anal. Se dit dans le langage ordinaire :
Vous épouses, grande faute; vous avez atteint
'Elle devina les 'circonstances aggravantes
que son mari celait encore, et les lui ayant arra-
chées par là ruse, elle entra dans une juste
colère contre lui. (G. Sand.)
— Théol. Circonstance aggravahte,Ce\\e qui
rend le péché plus grief sans en changer la
.nature -.'Insulter quelqu'un est un péché aux
yeux de, la religion; il y a circonstance: ag-
gravante «i l'insulte s'adresse à un père, à une
mère, etc.
— Antonyme. Atténuant.
aggravation s. f. (a-gra-va-si-on — rad.
aggraver). Dr. crim. Chose qui rend plus
grave un délit, un crime : Cette circonstance
est une aggravation. Il Aggravation de peine,
Augmentation de peine, ce qu'on ajoute à une
condamnation. • * - ■,.,:..
— Accroissement, augmentation, en par-
lant de droits, de charges, etc. : On se plai-
ynait beaucoup, dans les ports du Nord, des
aggravations de droits mises par les inspec- ■■
leurs des domaines sur les marchandises euro-
péennes. (Journ.) Il Tout ce qui rend pire l'état
d'une chose : Se -taire, dissimuler, s'étourdir,
'tous ces palliatifs de la faiblesse ou du crime ■
ne seront jamais que de fatales aggravations. ■
(Mirab.) Mais, ce rêve revint avec des aggra-
VATiONS^ui le lui rendirent excessivement re-
doutable. (Balz.) J'eus bientôt deviné /'agora--
vation que le désœuvrement du comte avait
■apportée dans les peines de sa famille. (Balz.)
— Méd. Exacerbation, augmentation de la
maladie : Le médecin avait trouvé plutôt une
légère amélioration que de /'aggravation dans
la marche des- symptômes. (Balz.)
— Art vétér. Maladie qui survient aux
pattes des chiens, et que l.'on nomme aussi ag-
grave, aggravée et aggravement,\. Aggravée.
— Antonyme; Atténuation.
rad. aggraver)..
Droit c'an. Anathème" prononcé autrefois par.
aggrave s.iMa-gra-v
l'official contre celui que l'excommunication
n'avait pas amené à soumission, et qui le pri-
vait de tout usage de 'la société religieuse f
Pendant la fulmination de ^aggrave, on sonnait
les cloches, et les membres du clergé éteignaient
les cierges et les jetaient à terre. (Bachelet.)
— Art vétér. Syh. d'aggravée.
AGGRAVÉ,. ÉE (a-gra-vé) par,t: pass. du v.
Aggraver. Rendu , dev.enu plus grave : Une
faute aggravée. Son crime est aggravé , par .
toutes ces circonstances. (Trév.) A un délit
JiQGR/ivÈ''corrèsp'àhd'une peiné aggravée. (Du-
monti)'ii Augmenté d'intensité ,' rendu plus
fâcheux, plus insupportable : Le joug de Jéru-
salem 'est aggrave. (Boss.) Les malheurs do- '
mesiiques 'dont j'ai souffert ne peuvent être
aggravés ni adoucis par la publicité. (G. Sand.)
Il Appesanti, en parlant do l'effet produit par
• le sommeil : Moi, feignant de me sentir ag;
gravé de sommeil, je me retire dans ma cham-
bre. (P.-L. Cour.)
Je Buis tant aggravé de somme et de paresse!,
, , Rbonard.
Ce sens'a vieilli. ' , ... ,
— Art vétér. Se dit d'un chien atteïnt.'.de ,_
la maladie appelée aggravée, i t ""-^ «'
AGGRAVÉ s. ni. Droit cah., Celui contre
lequel ,,<m avait fulminé la censure appelée
aggrave : Au, moyen âge, /'aggravé était un
objet d'horreur et d'abomination. ■ ., '■..;.-•
AGGRAVÉE s. f. (a-gra-vé). Art' vétér. Ma-
ladie du pied du chien, quLconsiste dans l'in-
flammation du réseau vasculaire situé sous
l'épidermc dont les tubercules plantaires sont
recouverts. Il Cette, maladie s'appelle aussi
aggrave, aggravation,- ai/gravement. Mais ag- .
■gravée est l'expression fa, plus .usitée., ,
— Encycl. Cette affection est produite par
la fatigue de là chassé; une longue marche sur
des terrains pierreux, couverts de neige ou do
glace. La patte se gonfle, devient douloureuse ;
tappui sur le sol est difficile : parfois des cre-
vasses apparaissent à la surface plantaire, ou
'bien l'on, voit des ampoules se montrer. L ag-
[gravée n'est pas un pronostic bien grave; le
repos suffit' ordinairement pour,qu'elle dispa-
raisse/Dans le cas où l'inflammation est vio- ,
lente, on a recours aux astringents' pour la
'faire avorter; en outre, }a saignée à la jugu-,
laire est utile s'il. y a fièvre de réaction. Les
alicès qui se mc-iitrent quelquefois a la suite de
, l'aggravée i réclament les mêmes .traitements
que dans les autres parties'du corps. :i • '
AGGRAVEMÉNT s. m. (a-gra-ve-man — "
Méd., vétér. Syn. d'aggravation.
AGGRAVER v. a. ou tr. (a-gra-vé — lat.
aggrauare, même sens; de ad, à; gravis, pe-
sant). Rendre plus lourd , plus pesant : Et
comment connaîtrions-nous les substances spiri-
tuelles, ayant un corps "qui nous aggrave et m
aèaisse vers.ta terre? (Pasc.V Pourquoi aggra- ,
vèz^uous votre fardeau? (Bosi.) il Consens
a, vieilli; ,' ' .' " ' ■' ' , v\ , • -
I— Augmenter :' Pourquoi aggraver les
chargés' dé.'l' Etat?' On n'A pas encore AGGKAvâ
les impôts? (Miràb.) L'octroi aggrave ta mi-
sère du pauvre en encliéris'sant le prix dé tout
ce qui concourt à sa subsistance. (E. de Gir.)
Monsieur de Priégo, comme noble du roi,
A'grand tort ^aggraver les charges de l'Espagne.
Il Augmenter la gravité ' d'une faute ; d'un
délit, d'un crime, etc.; rendre une condam-
nation-plus rigoureuse. : Vous ne devez pas-
aggraver la peine prononcée par la loi. (Acad.i '
Lés circonstances aggravent le péché. (Pasc.)
Ce fut un nouveau scandale qui réveilla et ag-
grava fe premier. (St-Sim.) // ne faut souvent
çu'aggr'aver sa faute pour échapper au châti-
ment'. (J. -J. Rouss.) Souvent on aggrave ses
torts par la manière dont on les excuse. (Boiste.)
Les peines afflictives sont très^variables ; on les
modère, on les aggravb comme on veut.
(Dumont.)
134
AGI
AGI
— Fig. Rendre plus difficile à supporter,
plus pénible, plus douloureux : N'est-ce pas
aggraver ses chagrins à pure perte, que de
s'oter le plaisir de les partager avec un ami?
(J.-J.,Rouss.) Les Athéniens furent contraints
de supporter des outrages çu'aggravait le. sou-
venir de tant de glorieux exploits. (Barthél.)
Après avoir -puni les Egyptiens de leur révolte,
'et follement aggravé le poids de leurs chaînes,
faut-il encore aggraver leur' joug par le mé-
pris? (Barthél.) Bile «'avait pas aggravé son
mal "par d'importuns et inutiles reproches.
(G-. Sand.) Les remèdes vains aggravent le
m'ai qu'ils ont l'air de vouloir guérir. (Guizot.)
Témoin des misères des peuples, j'éprouve une
profonde horreur pour les systèmes politiques
qui' les aggravent chaque jour. (Lamenn:)' >
"'— Droit can. Fulminer une aggrave.
S'aggraver, v. pr. Devenir plus lourd ; s'ap-
pesantir .:, La main du Seigneur s' aggrava sur
les Azoliéns. (Volt.) «Devenir plus grave : Le
mal s'aggrava rapidement.
aggravée par ce malheureux événement. (Ràc.)
En province, une pareille aventure s'aggf —
par la manière dont elle se raconte. (Balz.
— Antonyme. Atténuer, diminuer.
'; agha s.'m. (à-ga)'. v: Agà: '/' ";'''
AOHIRLIK s. m. (a-ghir-lik). Présent ou
compliment que fait a une parente du Sultan
celui à qui elfe est accordée en mariage.
' AGHLABITE s. m. (a-gla-bi-te).V. Aglabith.
AGHORI s. m. (a-go-ri). Nom d'une secte
ascétique de l'Inde : Les aghori adorent le
mauvais principe sous les formes les plus hi-
deuses. (Compl. acad.)
1 agi (a-ji) part. pass. du v. Agir. Dans le
langage philosophique, Poussé, mis en mou-
vement : Tourte âme chrétienne est agie. (Boss.)
Un corps est modifié par la seule puissance
de Lieu; il n'agit en rien; il est seulement
agi. (Fén.) il Ne se dit plus.
AGIAU s. m. (a-ji-6). Techn. Sorte de pu-
pitre sur lequel ,le-doreur place le cahier qui
contient les feuilles d'or.
— Famil. et au pi. Colifichets de femme,
affiquets, bijoux, etc. : Les agiaux de la ma-
riée de village., Inusii. aujourd'hui.
■r-- Homonyme. Agio.
1 -ACIDES, l'une des races royales de Sparte,
qui descendait d'Agis , lils d'Eufysthèr
dès Héraclides qui envahirent le Pék
dans le xiie siècle av* J.-C.
AGIÉM^CLICH s. m. (a-ii-èmm-klik). Ci-
meterre ou sabre persan très-courbe.
3 Péloponèso
.puté suppléant a la Constituante , membre de
la commune, président du tribunal révolution-
naire après le 9 thermidor, enfin juge, puis
■viceipresidënt' de la cour d'appel. Il a laissé
agile adj.. (a-ji-le — lat. agilis, même
sens). Qui a une grande facilité à agir, àso
mouvoir ; vif, souple, dispos : Un homme vi-
goureux, agilb. Les Suédois sont bien faits,
robustes, agiles. ■ (Volt.) La chèvre est plus
forte, plus légère, j>lu$ agilb et moins timide
,que la.brebis. (Buff.), ,. ,i
'Légère et court vêtue, elle allait a grands paB,
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple et souliers plats.
, i- _ , La Fontaine.
vos plumes sacrées, agiles instruments d'....
prompt écrivain. (Boss.) Ces insectes se trouvent
aux bords des eaux; leur démarche est assez
.agile, leur couleur très-brillante. (Dejean.)
Le lion sort, et vient d'un pas agile,
La Fontaike.
— Fifr. Vif, prompt à comprendre, à saisir :
Voltaire avait l'imagination riche , l'esprit
agile. (Joubert.)
' — Antonymes. Engourdi, lent, lourd, pesant.
AGILEMENT adv. (a-ji-le-man — mA,"agile).
Avec agilité : Sauter agilement. S'élancer
agilement sur un cheval.
AGILITÉ s. f. (a-ji-li-té — .lat. agilitas,
même sens; de agilis, agile). Facilité à se
mouvoir, légèreté dans les mouvements, sou-
plesse du corps : L' agilité d'un cavalier. L'k-
gilitb du cerf. Les lièvres ne sauvent leur vie
que par leur agilité. (Trév.) Les Basques ex-
cellent à unjeuqui demande autant de souplesse
que d'AGiHTÉ. (Saîvandy.) Tout ce qu'on sait
des Ibères prouve leur agilité, leur dextérité
merveilleuses. (Ampère.) La vigueur et J'agi-
lité des reptiles sont en raison directe de la
hauteur du soleil sur l'horizon. (Toussenel.) A
l'âge de quatre-vingt-huit ans, l'arlequin Tibe-
rio Fiorelli avait enc(
dans les scènes de pantomime, il donnait
soufflet avec le pied.
parties du corps et pr
le piano exige surtout /'agilité des doigts.
tes de pani _ ,
tfflet avec le pied, il S'applique à quelques
irties du corps et principalement à la main :
- Fig. Vivacité, facilité, souplesse : Catinat
avait dans l'esprit k
marque l'étendue, (La Bruy.)
— Mus, Flexibilité, souplesse, étendue :
L agilité de la voià. Chanter avec agilité.
AGILÔLFINGES/s. m. pi. (a-ji-lol-fain-jej.
Hist. Descendants a'Agilolfe , guerrier bava-
rois ou franc qui, en 533, secoua le joug des
Ostrogoths et rendit la Bavière indépendante.
Depuis, les Bavarois furent gouvernés par un
membre de cette famille. Le dernier des Agi-
lolfinges fut Fassile , gendre de Didier, roi
des Lombards, En 788 , ayant été vaincu et
fait prisonnier par Charlemagne, il fut enfermé
dans un couvent, et dès lors la Bavière se vit
complètement incorporée à la vaste monar-
chie des Francs. -,
AGILULF ou AGILULPHE ou AGILOLF.duc
de Turin et roi des Lombards (590-615). Il fit
la guerre avec succès au pape Grégoire le
Grand et à l'empereur grec Maurice, avec
lequel il conclut la paix en 599. La guerre ayant
.éclaté de nouveau par l'inobservation du traité
de la part de l'empereur, Agilulf s'empara des
villes de Padoue, de Crémone et de Mantoue,
qui relevaient de l'empire , et consentit à une
nouvelle trêve. Vers cette époque, il abjura
l'arianisme pour embrasser la foi catholique.
Nous avons possédé au cabinet des médailles
la couronne de ce prince. C'était un cercle
d'or. Ce précieux objet fut enlevé en 1804, et
fondu pur les voleurs.
AGINCOGRT (Séroux d'). V. Séroux d'Agin-
COORT.
AGIO s. m. (a-ji-o — de l'ital. aggio, ajouté,
donné en sus, plus value ; qui semble forme
à'aggiungere , ajouter, joindre, augmenter;
dérivé du v. lat. jungere, qui a la même
signification). Banq. et comm. Différence qui
exisie entre la valeur nominale et la valeur
réelle des monnaies , entre les espèces et le
papier de banque , entre l'argent du pays et
l'argent des nations étrangères, entre le prix
de 1 or et de l'argent, et, d'une manière géné-
rale, Bénéfice qui résulte de l'échange d'une
valeur contre une autre valeur, il Supplément
d'intérêt qui se paye à chaque renouvellement
d'un effet présenté à l'escompte , et qui s'a-
joute aux droits de commission et de cour-
tage, u Souvent ce mot , employé d'une ma^
nière générale, a un sens défavorable, et
signifie Usure , tripotage de Bourse, etc.:
S'enrichir par J'agio.
— Homonyme. Agiau.
AGIONITES s. m. pi. (a-ji-o-ni-te). Hist.
ecclés. Membres d'une secte qui parut vers
694. Les agionites prétendaient que le mariage
et la chasteté étaient une suggestion du mau-
vais principe. Ils furent condamnés par le
concile dé Gangra, ville de l'Asie Mineure.
AGIOSYMANTRE ou AGIOSIMANDRE S. m.
(a-ji-o-zi-man-tre — du gr; agios, sacré;
sèmanterion; signal). Instrument dont les
prêtres de l'Eglise grecque se servaient, dans
l'empire ottoman, pour appeler les fidèles aux
offices. Il remplaçait les cloches, dont l'usage
avait été interdit par les Turcs , de peur
qu'elles ne devinssent un signal de révolte.
C'était une longue pièce de bois d'érable, sur
laquelle on frappait avec un marteau, u On
appelait agiosiméride une lame de fer que l'on
suspendait à un arbre et sur laquelle on frap-
pait dans le même but, c'est-à-dire pour con-
voquer les fidèles. L'étymologie de ce dernier
;oup se
jets d't
AGIOTAGE s. m. (a-ji-o-ta-je— rad. agio).
Trafic sur les fonds publics, sur les actions in-
dustrielles, et surtout spéculation aléatoire,
qui se fait dans toutes les villes de commerce :
Z'agiotage a prodigieusement changé le 'prix
de l'argent. (Mirab.) On a parlé de /'agiotage
de la rue Quincampoix : notre époque a vu
mieux. (L. Reybaud.) u Se prend le plus sou-
vent en mauv. part dans le sens de Tripotage
de bourse, de spéculation illicite : S'enrichir
par V agiotage. La classe la plus malfaisante
du corps social, celle des entremetteurs cTagio-
tage, nommés agents de change et courtiers,
est celle qui échappe le mieux à l'impôt.
(Fourier.) il Par ext., dans ce dernier
Tout le monde nait, beaucoi
tous meurent; voilà tr
disparaît}
— Le temple de l'agiotage, la Bourse : II
était sujet à ce singulier point d'honneur qui
fait commettre des crimes légaux aux hommes
de bourse pour ne pas être chassés du temple
— Encycl. Le mot agiotage désignait jadis
le commerce du papier et des espèces métal-
liques. Aujourd'hui, détourné de son sens pri-
mitif et pris en mauvaise part, il sert à dési-
gner les manœuvres auxquelles des spécula-
teurs peu scrupuleux ont recours pour s'assu-
rer des bénéfices qu'ils ne sauraient espérer
du cours régulier des opérations commerciales
et financières. C'est à 1 époque du fameux sys-
tème de Law que l'agiotage prit en France,
AGI
pour la première fois, un développement scan-
daleux. Il en fut de même pendant les orages
de la Révolution française. Voici comment
Horace Say essaye dé tracer une ligne de dé-
marcation entre la spéculation et l'agiotage.
« La spéculation prend son cours naturel et se
développe dans les pays libres et tranquilles ;
l'agiotage n'est jamais si actif que dans les
temps de calamités et de troubles publics. La
spéculation est une opération régulière; l'a-
giotage est un pari où les joueurs conservent
l'arrière-pensée de tricher au besoin. La spé-
culation est un placement de capitaux fait avec
intelligence par l'achat à bas prix de denrées
ou de marchandises dans l'intention de les re-
vendre plus tard, lorsque les prix s'élèvent; la
différence des prix couvre les frais de conser-
vation de la chose, l'intérêt des fonds em-
ployés, et le bénéfice du spéculateur. Par la
première opération, la spéculation empêche la
baisse du prix d'atteindre un taux qui devien-
drait fatal aux producteurs ; par la seconde,
elle empêche une hausse excessive, qui serait
fâcheuse pour les consommateurs. Dans l'agio-
tage, au contraire, l'achat se fait avec inten-
tion de revendre au plus tôt; on traite le plus
souvent à terme pour ne point employer de
capital, on n'a pas la moindre intention de
prendre livraison de la chose achetée ; d'autres
fois, on vend avec promesse de livrer ce qu'on
ne possède pas, ce qu'on n'a même aucune
prévision de posséder; on compte que dans
l'intervalle on pourra se liquider, par une opé-
ration contraire, à des prix dont la différence
deviendra un profit ; on se fie pour cela sur les
événements fortuits, sur les chances des ré-
coltes, sur les conséquences d'une nouvelle
on s arrange même
pour inventer et répandre au besoin. » — Mi-
rabeau définissait l agiotage ■ l'étude et l'em-
ploi des manœuvres les moins délicates pour
produire des variations inattendues dans le
prix des effets publics, et tourner à son profit
les dépouilles de ceux qu'on a séduits ou
trompes.
AGIOTÉ (a-ji-o-té) part. pass. du v. Agioter.
AGIOTER v. n. ou intr. (a-ji-b-té — rad.
agio). Se livrer à l'agiotage : Ils ont agioté
toute leur vie. Sous le Directoire, l'agiotage
reprit ses libres allures; sous l'Empire, on
agiota moins. (Chap.-Montlav.) Il y a vingt
ans, le père arrangeait les faillites; aujour-
d'hui, le fils agiote : c'est une race de fripons;
ils ont eu un aïeul qui, sous la Régence, don-
nait du papier pour de l'argent, dans la rue
Quincampoix. (Émpis.)
Le manant agiote avec le duc et pair.
Tu pourras parveni
uurnuswTt.
AGIOTEUR, EUSE s. (a-ji-o-teur, eu-zo —
rad. agioter). Celui, celle qui se livre à l'agio-
tage : Comment un écu français échapperait-il
aux poursuites des agioteurs? (Mirab.) L'k-
gioteur n'est qu'un escamoteur habile. (Chap.-
Montlav.) Nos grands-pères avaient les pré-
cieuses, les brelandières ; nous avons tout cela,
et, par-dessus le marché, les agioteuses. (*".).
Les agioteurs sont cent fois plus rapaces que
les bêtes féroces. (Vieira.) Ce n'était ni un
financier profond, ni un agioteur subtil, c'était
un tripotier. (L. Gozlan.)
— S'empl. adjectiv. : Des banquiers, des
actionnaires agioteurs. La gent agioteuse.
(Mirab.) Ces mandats n'étaient pas encore nés,
ils étaient déjà dépréciés et avilis par la même
trame financière, agioteuse et politique. (Bar-
rère.)
AGIR v. n. ou intr. (a-jir — du lat. agere,
faire). Faire- quelque chose, être en action :
L'homme est libre d'AGiR ou de ne pas agir.
(Pasc.) Comme la vie est dans l'action, celui
qui cesse d'AGiR semble aussi avoir cessé de
vivre. (Boss.) Pour connaître les hommes , il
faut les voir agir. (J.-J. Rouss.) La vie con-
templative est misérable; il faut agir davan-
tage et ne pas regarder vivre. (Chamfort.) S'il
faut croire pour agir, il est également vrai
qu'il faut agir pour croire : un commencement
de foi produit Faction, et l'action produit une
foi meilleure. (Virey.) Les animaux «'agissent
que par la force du corps. (Virey.) Agir, c'est
se développer, c'est étendre son être. (Lamenn.)
Agir, c'est vouloir ; agir d'une manière ou d'une
autre, c'est préférer. (Jouffroy.)
Qui conçoit veut, agit, est libre en agissant,
VOLTAIBE.
Il Exécutor quelque chose ; se dit par opposi-
tion aux raisonnements, aux projets, aux
discours : On sent plus à Paris qu'on nepense;
on agit plus qu'on ne projette. (Dubos.) Le
comte de Thiard avait peu de troupes; chef
indécis et sans vigueur, il se remuait et k'agis-
sait point. (Chateaub.) Dieu nous a mis ici-bas
pour agir, et non pour rêver. (St-Marc-Gir.)
Il faut agir dans la jeunesse et raconter dans
lavieillesse.{Sir-}<larc-GiT.'\Leministère,embar^
rassê de ses fautes, tremblait d'AGiR. (Villem.)
L'homme n'est point ici-bas pour raisonner sur
des abstractions, mais pour agir au sein des
réalités des choses, en se développant selon les
lois de sa nature et le but final de sa destinée.
(L'abbé Gabriel.) Il n'est pas démonstratif,
celui-là; il ne fait pas de phrases, mais U agit.
(Scribe.)
La foi qui n'ajii f oint, ett-ce u:
j foi si
AGI
n'User de son influence, faire des démarches,
s'employer en quelque affaire : Agir auprès
d'un ministre pour les intérêts de ses commet-
tants. Il agit beaucoup auprès de l'archevêque
de Chieli. (Boss.) On fit agir tant de femmes,
Qu'il y eut, après la bulle, plus de jansénistes
que jamais. (Volt.) n En parlant des choses ,
Opérer, produire un effet : Ce remède b'agit
pas. Tout ce qui agit sur l'homme agit sur la
religion. (B. Const.) Le malheur agit sur nous
selon notre caractère. (Chateaub.) La puis-
sance de la nation française pour agir sur les
autres est un phénomène que je n'ai jamais cessJ
/j'«rf«»,'-»_ .„„* \g comprendre. (DeMaistre.)
il Se conduire, se comporter de telle ou telle
manière : Agir sagement, franchement, noble-
ment. Agir d'une manière insidieuse. Agir en
père, en ami. Elle agit en marâtre. Les hommes
droits et simples agissent sans déguisement.
(Fén.) Tout chrétien qu'on est, on agit en
païen. (Bourdal.) L'ambitieux est trop habile
pour ne point agir en homme de bien quand
son intérêt l'exige. (M™e Rolland.) L'homme
doit agir comme s'il pouvait tout, et se rési-
gner comme s'il ne pouvait rien. (J. de Maistre.)
Parlez discrètement et agissez courageuse-
ment. (P. Boutauld.) Tu agis mal avec moi.
(V. Hugo.)
On n'agit pas toujours aussi bien que l'on pense.
La Chaussée.
Le but d'un philosophe est de si bien agir.
Que de ses actions il n'ait point II rougir.
Destouches.
Il Poursuivre en justice : Agir civilement,
agir criminellement. Agir contre un débiteur.
— Agir de, agir par. Se dit elliptiq. pour,
Agir avec le secours de, à l'aide, par le moyen
de : Il faut que Dieu agisse de toute la force
de sa grâce. (Fléch.) Nous «'agissons que par
vos conseils et par vos ordres. (Fléch.) Nous
agissons de nous-mêmes. (Pasc.) il Agir contre,
Se mettre en lutte, en opposition avec : Agir
contre les novateurs. Agir contre sa con-
science, contre ses intérêts. Quand il nous
intérêts, nous abandonnera-t-il? (Bourdal.)
— Le verbe agir a été employé substantiv.
pour exprimer l'action d'agir : Il faut non-
seulement âter les mauvais désirs, mais âter le
trop qui se trouve souvent dans les bons, le trop
agir, l'excessive activité qui se détruit et se
consume elle-même. (Boss.)
S'agir, v. pr. Etre question de. Il ne s'em-
ploîo qu'impersonnellem. : Il s'agit, il s'est
agi, il s'agissait, il s'agirait , et peut avoir
pour complément un nom de personne ou de
chose : Il ne sait plus parler quand il s'agit
de demander. (Flech.) O ciel! puisqu'il s'agit
de mort , fais-moi la grâce de n'être pas pris
pour un autre. (Mol.) Il s'agit du salut et de
l'honneur du royaume. (Mirab.) Il ne s'était
agi dans la négociation que de faire sortir
Charles XII des terres du Grand Seigneur.
(Volt.) Il ne s'agit pas à présent de moi, il
s'agit de la France. (Napol. Ier.) Il réservait
ses études pour le moment où il s'agirait de
passer ses examens. (Balz.)
Une femme chantait :
Citait bien de chansons alors qu'il s'agissait! '
La Fontaise.
ou nouvelles, mortes ou vivantes. (La Bruy.) u
S'agissant, loc. conj . Vu qu'il s'agit, puisqu'il
s'agit : La même retenue devenait impossible à
conserver, s'agissant d'accusations énormes
portées contre lui. (St-Sim.) .Cette locution
elliptique a vieilli.
— Dont s'agit , locùt. encore en usage au
barreau, et qui doit être bannie du langage
ordinaire; il faut dire : L'affairfi pont -il
s'agit. L'objet dont il s'agit.
mplement :
bien usé ou mal usé avec moi.
Il a bien agi, mal agi avec m
Employé comme verbe impersonnel et dans
la forme pronominale, il s'agit prend toujours
l'auxiliaire être. C'est une faute grossière de
dire : Quand il a s'agi de payer, pour quand il
AGIS, nom de quatre rois qui ont régné sur
Sparte.
AGIS 1", fils d'Eurysthène, roi de Sparte,
lui succéda vers l'un 1000 av. J.-C. Des tra-
ditions historiques plus ou moins avérées pré-
tendent qu'il soumît !e premier les- habitants
d'Hélos, ou Ilotes.
AGIS II, fils et successeur d'Archidamus ,
régna de 427 à 399 av. J.-C. Il combattit avec
succès les Athéniens et les Argiens pendant la
guerre du Péloponèse, et concourut plus tard,
avec Lysandre, à la prise d'Athènes après la
célèbre bataillo d'/Egos-Potamos. Ce fut ce
prince qui adressa cette laconique réponse à
un ambassadeur dont la harangue avait été
longue et pénible : « Dis à ceux qui t'ont en-
voyé que tu as eu beaucoup de peine à finir,
et moi à t'entendre. »
AGIS 111, fils d'Archidamus III, lui succéda
l'an 338 ov. J.-C. Contemporain d'Alexandre,
il fit d'héroïques efforts pour soustraire son
Fays à la domination macédonienne pendant
expédition du conquérant. Mais il fut écrasé
par Antipater, gouverneur de la Macédoine,
AGI
sous les murs de Mégalopolis, et périt dans la
bataille (330). ,
AGIS IV, roi de Sparte de 843 à 235 av. J.-C.
Il entreprit de faire revivre l'antique consti-
tution de Lycurgue, et proposa d'abolir toutes
les dettes et de procéder a un nouveau par-
tage des terres. Mais il trouva un redoutable
adversaire dans Léonidas , son collègue , , et
s'attira la haine de l'aristocratie. Pendant une
expédition d'Agis', une, conspiration se trama
contre lui. De retour a Sparte et voyant le
triomphe de ses ennemis, il se réfugia dans le
temple de Minerve ; mais Léonidas eut l'adresse
de l'en arracher et le traduisit devant les
éphores. Agis, condamné à être étranglé,
subit courageusement sa peine. Ce drama-
tique événement a inspiré plusieurs poëtes, et
Alfiéri en a fait une tragédie remarquable.
AGISSANT (a-ji-san) part. prés, du v, Agir :
Plus je considère l'action et la réaction des
forces de la nature agissant les unes sur les
autres, plus je trouve que, d'effets en effets , il
faut toujours remonter à quelque première
cause. (J.-J. Rouss.)
AGISSANT, ANTE adj. (a-ii-san, an-te —
rad. agir). Qui agit, qui a de l'activité, qui se
donne beaucoup de mouvement : Josabeth et
Nathan sont des personnages peu agissants.
(Volt.) Toujours projetante et toujours agis-
sante, elle ne nous laissait guère oisifs ni l'un
ni l'autre. (Volt.) n Se dit des choses, dans le
même sens : Ne commencez pas par l'inappli-
cation et la paresse une vie qui doit être occupée
quoi s'exercer. (M">e de Sév.) Cela s'appelle,
ceme.semble, une vieasses AGissANT£.(Le Sage.)
L esprit du roi Guillaume , plus agissant que
jamais dans un corps sans force et presque sans
vie, remuait tout pour abaisser Louis XIV.
(Volt.) Il Qui est en activité : Le nombre des
volcans éteints est sans comparaison beaucoup
plus grand que celui des volcans actuellement
agissants. (Buff.) il Qui opère avec force, avec
efficacité : La poudre n'est plus agissante dès
qu'elle est humide, il Qui a de l'action, de l'in-
fluence sur : Ce sont leurs conseils qui sont
encore vivants et agissants en nous. (Pasc.)
Le propre de. la foi, selon ce que dit saint Paul,
c est d être opérante et agissante par amour.
(BôSS.)
— Médecine agissante, Système de médecine
qui consiste à employer des remèdes énergi-
ques et violents, par opposition à la médecine
expectante, qui attenJ -'-■ ■■>-■"■■
nature que de l'énergi
.— Syn'/ AstMooi; actii. V? Actif. ' ^ L"3
AGISTEMENT s. m. (a-ji-ste-man). Ane.
iurispr. Droit de faire paître les bestiaux dans
les bois. ' . " ''•■■'.
AGITABLE adj. (a-ii-ta-ble — rad. agiter).
Susceptible d'être agité, discuté : Cette ques-
tion n est pas agitablë.
AGITANT.ANTE adj. (a-ji-tan, an-te— rad.
agiter). Qui amène de 1 agitation : Des nou-
velles agitantes. Les grands hommes sont les
produits des révolutions agitantes. (Ballanch.)
AGITATEUR, TRICE adj. (a-ji-ta-teur,
tri-se— rad. agiter). Qui sert à agiter, à
mettre en action, en mouvement: Moulin-
agitateur. Machine
agitateur s. m. (a-ji-ta-teur — rad. agi-
ter). Brouillon, celui qui excite du désordre :
Nous avons en lui /'agitateur au complet, le
frondeur, le factieux, dans tout son beau. (Ste-
Beuve.)
Il Se dit jàrticulièrem' dans ,1e sens dé Révo-
lutionnaire, qui excite de la fermentation
dans les assemblées, dans les masses popu-
laires : Au Palais-Royal s'aggloméraient, en
1789, des agitateurs : Camille Desmoulins
commençait à se distinguer dans les groupes.
(Chateaub.)Ce grand agitateur, Calvin^ ren-
contra de si sérieux obstacles, qu'il fut pendant
un certain temps banni de Genève à cause de la
sévérité de la réforme. (Balz.) Robespierre
n'avait été d'abord qu'un discuteur d'idées, ttn
agitateur subalterne, infatigable et intrépide,
mais éclipsé par les grands noms. (Lamart.)
Les pi™ grands seigneur,* siégeaient avec' les'
plus vils agitateurs de la'ruè: {'ihikfs'.) ,, .
— Hist.' Nom, donné aux officiers que l'ar-
mée anglaise élut, en 1643, pendant les' trou-
bles politiques de cette époque.: Cromwéil se
ligua avec les agitateurs les plus influents. "n
• Le grand agitateur, Surnom donné à O'Cb'nnell,
qui consacra toute sa vie à revendiquer les
droitspolitiques de l'Irlande, sa patrie, devant
le parlement anglais.
— Chim. Baguette en verre dont les bouts:
sont arrondis, et qu'on emploie pbiir remuer
les réactifs dans les vases. '' , ' " ' I
. — .Techn. Mécanisme intérieur qui, dans les
barattes, sert à agiter le liquide pour eh sé-
parer le beurre. Il Vaste cadre en bois, armé
de traverses, qui remue constamment la pâte
de papier raffinée et colorée, pour que le mé-
lange ne perde' rien de son homogénéité, a
Dans les brasseries, Appareil propre à remuer
le mélange circulairement, et qui est armé de
crochets en fer destinés à labourer le malt.
AGÙ
— Rem. L'Académie ne donne pas de fémi-
nin à ce substantif; Boiste n'est pas de cet
avis, et nous sommes de l'avis de Boiste.
agitation s. f. (a-ji-ta-si-on — rad. agi-
ter). Mouvement gênerai et irrégulier, se-
cousses diverses et répétées: ^'agitation des
flots, de la mer, des arbres. En automne, les
feuilles tombent par la moindre agitation du
vent. Si /'agitation de l'air ne fait pas impres-
sion dans mon oreille, je ne puis entendre le
bruit. (Boss.) Les planètes sont portées dans la
matière céleste, qui est d'une subtilité et d'une
agitation prodigieuse. (Fonten.) Il n'y a que
peu de climats exposés à la fureur de ces terri-
bles agitations de l'air. (Buff.) Le lac avait
cette agitation fébrile qui , à l'époque des
grandes marées, saisit toutes les masses d'eau
et tes fait frissonner. (V. Hugo.) Il Mouvement
continuel d'une masse, d'une foule : C'est le
matin qu'on remarque, à Paris, le plus d' agi-
tation aux environs;de la halle. Il règne une
grande agitation aux foires de Beaucaire. Il
Se dit particulièrem. en politique pour ex-
primer la fermentation, les troubles dans une
assemblée, parmi le peuple : Exciter, calmer
/'agitation. Il y a de. I' agitation dans la
Chambre. V agitation est à son comble dans la
ville. Il laissa l'empire dans une grande agi-
tation. (Boss.) Après de. longues .agitations,
les. choses, prirent enfin une assiette plus fixé.
(J.-J. Rouss.) J'aime mieux les agitations de
la liberté que le calme de la servitude. (J.-J.
Rouss.) Les peuples du Midipassent souvent de
la plus grande agitation au plus profond re-
pos. (Mme de Staël.) Une agitation profonde
tourmentait la France. (Villem.) Le bon sens
contestée, c'est /'agitation '.permanence. (E. <
— Par ext. Grande activité dans les actions :
L'âme fidèle voit les hommes passer toute leur
vie dans des agitations et des projets. (Mass.)
Les- hommes cherchent sans cesse dans les soins
d'ici-bas des agitations qui les dérobent à eux-
mêmes. (Mass.) L'activité est aussi- nécessaire
au bonheur que /'Agitation lui est contraire.
(Lévis.) Rien n'est difficile comme dé' s' arra-
cher à V AGiTATiON.au br'uit,et à toutes'ces puis-
santes entraves qu on déplore et qu'on aime. (Le
P. Ravigrian.) Ce n'est pas le mouvement, le
tapage qui fait la vie, c est /'agitation. (Mme
— Fig. Troubles, vicissitudes de là vie : Je
considère les diverses agitations de l'esprit
humain et tant d'occupations différentes qui
travaillent inutilement-lés enfants dès hommes.
(Boss.) Au milieu de /'agitation 'des- choses
humaines, la religion se soutient toujours avec
une force invincible. (Boss.) Rien de plus ado-
rable que l'asile où il se repose des agitations
de la vie. (Fén.)' Le 'calme dé cet 'intérieur
couvait donc d'effroyables agitations. (Balz.)
Nos agitations ne laissent pas' de trace.
C'est la bulle sur l'eau' qui crève et qui s'efface., .
T. Làntier."
Il Inquiétude , soucis , tourments de l'âme :
La constance des sages n'est que l'art de ren-
fermer leurs agitations dans leur âme. (La
Roçhef.) Pendant que les princes étaient dans
cette agitation, toutes tes troupes étaient con-
sternées.-(Fén.) L'amour' est /'agitation de la
vie; l'amitié en est le repos. (M'oe Cottin.) //
se promène dans une agitation pleine de dés-
espoir. (Balz.) Je préfère la sérénité de Bossuet
et son chrétien espoir, aux Kovthtio^s fiévreuses
de Pascal éperdu. (Nourrisson.) , ' ,
— Pathol. Chez un malade, Mouvement
continuel et irrégulier, du corps, accompagné
d'une inquiétude pénible de l'esprit : X'agita-
tion qui, survient dans le cours des maladies
aiguës est très-grave lorsqu'elle n'est pàs[suivie
■ i — Syn. Agitation, tourment. Grande jpeine
, d'esprit. .L'agitation , est une inquiétude, de
l'àme, .une alternative de mouvements con-
traires; le tourment est une peine causée par
un mal déterminé et présent; il ne suppose ni
pluralité de. sentiments ni incertitude. Une vie
d'agitations est une vie sans repos , pleine
d'alarmes et de, soucis; une .vie de tourments
est une vie de souffrances: La- vie de la cour
n'est qu'une .agitation étemelle, qu'une révo-
lution Jqtigante de craintes, de précautions et
d'espérances. Qu'est-ce que la vie. de deux époux
mat assortis,- sinon une .vie .(/«.tourments?. En
un mot, tourment exprime ,une idée beaucoup
plus forte, plus énergique qu'agitation; l'un
est en , quelque, sorte; 1 ^augmentatif ^dë, l'autre.
AGITATCi adv. (ad-ji-ta-to — mot ital. qui
signif. avec agitation). Mus., Terme emprunté
à l'italien, et qui, placé en tête d'un morceau
de musique, indique un caractère d'expression
passionnée joint a la vitesse. ...
— S'empl. substantiv. : Quoique le carac-
tère dwbasson soit tendre et mélancolique, ses
accents pleins de vigueur et de sentiment ser-
vent à .exprimer les grandes passions dans
Z'agitato.- (Castil-Blaze.) ■ ■ v
" AGITÉ,' 'ÉE(a-ji-tê) part; pâss.'dù v. Agi-
ter. Remué, secoué '-.Mer 'agitée.' Arbres agi-
tes pàr'leveiit. 'Souvent je "m'occupais à consi-
dérer les vaisseaux agités par la tempête.
(Fén.) Unpapillon auxrickes couleurs se tenait
sur un des rameaux de la plante, les ailes agi-
tées d'un frémissement tout particulier. (Sain-
tin'e.) 'On eût' dit , à voir ce roulement des
ondes , que. la .mer était agitée par quelque
convulsion intérieure. (Heunequin.) Il y a des
-AGI
hommes dont l'atmosphère est le tourbillon des
événements .- ils ne respirent à l'aise que dans
l'air agité. (Lamart.) ,
La rivière devint tout d'un coup agitée. . ls
'—r Par. ext. Qui est dans un mouvement
violent' d'actions et d'idées,: La France. est
souvent agitée par les menées des pàrtis.'Dans
une nation agitée et en désordre , on trouve
'souvent' des gens injustes et ' artificieux qui
sont déjà en autorité. (Fén.) Les' politiques ont
cru voir la causé des malheurs publics dans lès
différentes formes de gouvernement ; cependant
la Turquie est tranquille et l'Angleterre est
agitée. (B. de St-P.) Le.règne agité de Frér
déric Barberousse embrassé quarante arinéeL
(Villem.) Ferrarc, jadis tant agitée de 'ses
femmes, de sesplaisirs, de ses postes, est presque
déshabitée. (Cbateaub.) ' ' ' •' '"'
— •Fig. Inquiet, troublé,- tourmenté : Mon
âme est toujours agitée de crainte, d'espérance,
et surtout de voir tous les jours de ma vie s'é-
couler loin de vous. (M"»» de Sév.) Mon cœur
était sans cesse agité de désirs nouveaux.(Fëïi:)
La conscience du parricide est agitée de con-
tinuelles frayeurs. (Boss.) Madame de Clèves
s'en revint chez elle, l'esprit plus agité qu'elle
ne l'avait jamais eu. (Mme de' Lafayette.) De-
puis quelque temps, Virginie se sentait agitée
d'un mal inconnu. (B. de St-P.J'Con'o/an, agité
de différentes passions , paraissait interdit.
(Vertot.) • i m
De soins plus' importants je l'ai <
AGI
î agitée.
A mes sens agités' venez rendre la paix.' '■'
Le bonheur de l'impie est toujours agi(éL ;-,A
plantés,'
. ,-■ ; La, fin de nos jours agités. , Lamartine. >,
Il Discuté; débattu : La proposition fut agitée
pendant pres-'de trois -heures. Milton aremùé
d'une- main puissante toutes les- idées -agitées
dans notre siècle. (Chateaub.) La grande ques-
tion de l'Amérique fut agitée par Fox avec
vigueur et précision. (Villem.) Ce mémoire fera
l'historique exact dé tout ce qui tient à la'qUes-
-Zton-AGiTÉE. (Beaum.) ■ ■><• -•■■'- >• ■■■
: — Impers.' et elliptiq. Il'fùt agité si, On
agita la question de savoir si : Il fut agité
dans Versailles si le-rbi sé-rélirerait à Ch'am-
bord. (Volt.) < ' ', ;■ !
'.' — Mcd. Qui'éproùvo cette gêné, ce malaise
"qui forcent à changer sans^. cesse déposition':
Ce.maladeest fort agité. Il, Par, anal. Ce màr
ladé a passé une nuit agitée, C'est-à-dire ',a
passé la nuit dans une grande agitation, 1i
Pouls agité,Bont lcspulsations rapides indi-
quent un commencement dé iibvro -'J'eus peur
en me sentant le pouls ,- légèremenU.-KaiTÉ.
(G. Sand.) . . . " \r /,.„ r_;
j.'. — Syn. Agitén^ma,troiibié..L^me7estJe'»nup
par^un sentiment isolé , tel .que, la.'colère ,. la
joie , etc.'; elle est agitée, par une /succession,
une variété, de sentiments 'différents et quel-
quefois contraires ; elle^est troublée var le dés-
ordre que ces sentiments apportent dans ses
facultés: L'émotion indique un mouvement de
l'âme ; l'agitation exprime l'idée d'incertitude,
dé déchirement fié ZrouA/e/célle de désordre-:
■L'àme est affligée et agitée en mille manières,
-(Boss.) L'esprit n'est point ému dé ce qu'il ne
croit pas. (Boil.ï Conscience troublée s effraye
de tout. (Prov.) ""■ v ' '
, AGITER v. a. ou'tr. (arji-té — lat. 'agitarè,,
même sens).' Ebranler, secoùor, remuer en
divers1 sens : Le peuplier robuste agite son
feuillage. (B. dé SVP.) Avant dé bercer les en-
fants , il faut être sûr qu'il ne leur manque
rien, et on ne doit jamais. tes agiter au point
de les étourdir. (Buff.) Tout à coup Commode,
qui était en habit de guerrier, /agita' .sa lance
d'une manière /ér/ftWe., (Thomas.), Un homme
marchait devant, portant ùn'drà'p'eau qu'il agi-
tait en divers sens. (A. Thierry^-CAo^ue brin
■d'herbe que /agitais en marchant me semblait
souffrir, et se. plaindre. (G. Sand.) Les palmiers
ji/eriee leurs .grandes, feuilles ver-
-;■ Il agitc'sa. chaîne avec u
Pareil à ce guerrier.qui,
.^D^raciuait un,temple,en ..._,._._. __..
',. ,, \, ',- v .,\'..' , .■ , .-v, ,^ ,' t ,. 'Soumet. ,'^'
,., — .Par >ext.. Exciter le trouble, émouvoir
fortement, soulever.": Agiter te. peuple. AgI-
ter ..les .masses. Pitt, Fox : et Burkei- ces. trois
hommes agitaient ou pacifiaient l'Angleterre
.d'un seul,niouvèment de leur pensée. (Lumnvi-.)
.Les jacobins, agitaient déjà' la, capitale.
(Lamart.) Ses' expressions ardentes. agitent
vivement l'assemblée. (Villem.)-,, .
_ '— Fig. ■ Exciter divers mouvements do
l'âme : Il faut réprimer cette ambition qui vous
agite. (Bourdal.) Les immortels rient des af-
faires les plus sérieuses; qui ^ agitent les faibles
humains. (Fén.) Tout tagite, l'inquiète, le
rongé; il a peur de son^ombre; il nc'dort ni
-nuit ni jour. (F m.) Us plus légers intérêts de
la terre agitent les hommes: (Mass.) Dans les
violents transports qui m' agitent, je ne saurais
demeurer enplace. (J.-J. Rouss.) Au milieu de
tant de passions qui nous agitent, notre raison
se trouble et s' obscurcit. '(B. de St-P.) ■
Quel trouble vous agite et quel éûroi vous glacé î.
^
Agites tous leurs sens d'une' race insensée, ' '.
Tambour, flfrè, trompette, ô'twieur la' pensée. J
'■-''■ '■•■>>"» •■ A Lemércier. '
II, Discuter','dcbattro :. Agiter .mis, 'question.
Je. voudrais bien agiter à. fond cette matière.
(Mol.) // agita toute sa,vie\les plus hautes
questions littéraires. (Lacret!) l . _ . , ■ ., , ,',
S'agiter, v. pr. Etre agité, se remuer ; être
dans un mouvement continuel, en parlant des
personnes et des choses : La mer s agite. Lés
flots,,. les vagues commencent à s'agiter/ Ils
gesticulent, ils crient, ils s'agitent. (La Bruyi)
On s'agite , de toutes manières pour être ce
qu'on n'est pas.(Frayss.) 5es7èyrei;s'AGiTkiïENT
et ne rendirent que de'vains sons.. (Mien." Mas-
son.) L'a moindre feuille ne s'agite pas .sur
l'arbre' sans là volonté de Dieu. (p.'-Hinard.)
Il me' semble voir ce' rideau s'agiter à tout
instant "derrière' le vitrage. (G. Sand.) v '
.11 se lève, il s'agite a.pas tumultueux. ,
, ',',"! ' i' .' '.i-'' ' : 'A.'CllÉKliiK., ..
. 'Forêts/ agïiéz'-voùs
oerit dans. les airs..'
Chateaubriand. \\
.. L'airain sacré tremble et .f agite. \ ■
— Par ext. Etre(.en fermentation, çtr.Ojprét
à so soulever : L'es partisans 'dy., prétendant
■commençaient à s'agiter. (VdW^^Bii'pMijile
que protég'entde bonnes lois n'est pas inquiet,
,?ie s'agite ni ne se • soulève comme_fççlui;qui
souffre et de- ses, lois et -de ses t magistrats.
(MontgaillardO . ' .i.-, ,..-.. ,V, ,„,. -, ,.rl -i
— Fig. S'inquiéter, se tourmenter.: L'fim-
bitiân' s'empresse 'et s'agite' 'pour' parvenir.
(Fléch.) C'est- en province que s'agitenta/m
ambitions judiciaires. (Balz:) il Etre .dans un
continuel mouvement d'action ou d'idées :ai
faut plaindre les hommes <Ze-to?Z.jS'AGiTER>pour
des^çhçses, que lefiasard seul distribue. (Mjiçs.)
Les Aommqs tqui s'AGÏTENTJÈeàuçd.ryj'ne sônipas
~les_ plus, feu feux. (Àli^ert.)| 'li''JË,tVo . dis.çuiç,
.traité', etc.': L'anxiété fut gr.ande quand'i'iç^.
la question dé savoir t si l'on çéHerait a',l'in.juste
agression dû demàndeur\ou 's0',on se défendrait
contre lui. (Balz.)7l,'S'einpl. impers! darisj le
même Sens : L'assemblée -dura longtemps} et il
's'agita une 'quesiion'importqnie!£A:çaa.) ." "'*
— Méd. Ce malade'' s'agite j II 'éprouvé
l'anxiété; le'malàiso désigné' sous' le nom
d'agitation. ' '■ ' ' ^ ,'"','' ''u\ '' ',IJ'"!'f
— Syn. Agiter) débattra ,'<H*culer, traiter.
Agiter exprime une action' rép'ét'é'ëPGtfugite à
f)lusieurs reprises , bien des fois; souvent? ou
. ongtemps.:, i£a:amtnoîw, celte -question, .quion,*
.agitée si souvent ,-.s'ti convient, deitraduire-.les
poètes en vers. (La -Harpe.) 'Débattre, suppose
de la^ehaleur et. de la vivacité, ^tj^eingloie
surtout & propos d'intérêts personnels ^discuter
exprime plus de réflexion" Des plaideurs 'dêtiai-
tent leurs intérêts ;les juges discutent lesidrbits
des'parties. Traiter signifie qu'on examine une
chosé>à fond ■, sous toutes ses faces;: Traiter
une-question philosophique.'- ■'■" ■<> '''• ' > " ■>:'
— Prov. llttér. L'homme, ■asIto,''!Di.cn,';lvO
niène, Allusion, à un pas'sage^deiFénelon, dans
son 'beau sermon pour, la.fet'e.'de l'Epiphanie,'':
« Dieu n'accorde aux passions humaines ,
lors' même ' qu'elle semblent1 déeider'dê''t6ut,
3ue ce qu'il leur fàutpôiir être' les iristrumétits
e ses desseins : ainsi' l'homme s'agite, et 'Dieu
le mène. • Ce' passage", dont le' 'dernier ' trait
rappelle la maxime de l'Ecriture sainte ',' «'Le
cœur de l'homme dispose sa voie} et Dieu con-
duit ses pas > (Prov. xvi,;9)',' estunélôquerit
commentaire du proverbe L'homme propqsb
et Dieu dispose, qui a été formulé très-pro-
bablement par l'auteur de l'Imitation de Jcsus-
Christ!, dans laquelle il se trouve, liv. I,ch. xix,
paragr. 2 : Homo proponityet ' Deus disponit.-
'Bossuet: a exprimé élôqiiémment^a même
idée :*• ' ' ' ' . '." ' t, v "" ' ': ";
point* dev -hasard, dit-il^ (l'àns le
it des affaires humâmes, çtia for-
tuné n'est' qu'un'mot'qtù'n'a aucun sens.' Tout
est sagesse et providence. On a beau:com-
passer dans son esprit, tous ses discours et tous
.ses idesseins, l'occasion apporte toujours jane
isais quoi d'imprévu, en sorte quîon.ditet qu'on
fait toujours plus ou moins qu'on ne pensait.
Et .cet endroit, inconnu à l'ho,mrjie,>d(y?s ses
propres actions et dans ses propres démar-
ches; c'est l'endroit^secretpaf oul'-Diéù:agit,
et le ressort'sëcret qu'il remue. » ' ' ' ' ' - '■ * ' "~
Cette religieuse, et profonde pensée est soii-
-vent'rappëleepar lés écrivains', qlil' aiftieût à
l'employer coninié épiphonèmé : -.'"'' ■-
. « La Révolution fut,avant tout,-uno grande
■ expansion imorale ; voila', ce que nos «pères *y
-ont ; viij'ils se 'sont précipités 'la^tête haute' et
le coeur plein d'enthousiasme dans lé moùve-
ment/sahs savoir d'abord au juste où ce mou-
vement les conduirait; .mùis.ici lé calcul, au
reste, est inutile. Les révolutions n'ontbosoin
que de «'ûj7i7er;tdans l'ombre et derriôre>elles,
il'y^a la>main deDieu^qui les mène.'' '";'''-
< ''_■■' l; ' ■' "' '"' Alph. EsQùmosJ _
• « N'examinons; donc point la société avec ce
mauvais instrument que l'on appelle préjugé ;
prenons1 plutôt celui 'que nous' a donné la divine
Providence, la raison; et'des hauteurs su-
blimes de l'intelligence examinons 'sûrement;
bientôt nous nous écrierons avec le plus.pro-
136
AGL
fond des philosophes : L'homme s'agite, et Dieu
le mène f*
Bévue de l'Instruction publique.
t« Quelle que soit la liberté de l'individu,
quelque abus qu'il en fasse^on sent que celui
qui nous a créés a dû faire entrer ces,diver-
sités dans son plan; le jeu même de la liberté
est prévu et ordonné. En ce sens, il est vrai
dé dire avec Périelon , que l'homme s'agite et
que Dieu le mène. Nos erreurs, nos vertus, nos
vices, nos malheurs même, tout" éh" décidant
de notre sort, n'en servent pas moins à l'ac-
complissement de la suprême volonté. »
■ ' En: Laboçlayb,"
« Vous entendez parler, toutes les langues,
tonner, grincer, éclater tous les^bruits.-. Vous
voyez les collines, crouler et s'éparpiller en
poussière, vous voyez germer et monter les
hautes maisons.. Le grand portefaix de Mar-
seille, la mèr, apporte les pierres toutes tail-
lées de ces maisons nouvelles ; elle emporte
toutes faites des maisons de bois, et de fer
pour Samarcande,Trébizonde et Honolulu. ,
» L'homme se hâte, s'agite..., ou n'ose ajou-
ter : Dieu le mène. Et Dieu le mène. pourtant;
mais qu'il y paraît peu! » ,. L. Veuillot. r
. «Le Constitutionnel, qui pressent d'inévita-
bles changements , js'écrie : « L'avenir est im-
» pénétrable et il peut déjouer les prévisions
» en apparences les mieux combinées. Que la
• diplomatie borne sagement son rôle à lasolu-
■ tion des difficultés immédiates; le reste est
» l'affairé dé la "Providence -.'l'homme s'agite
• et Dieu le mène. » Qu'on nous permette d'op-
poser à cet axiome de quiètiste une autre
sentence : aAÏd'e-toi', le ciel t'aidera. »''.' ' ..
Em. de la Bédollière.
I AGLA s. m. (a-gla). Mot auquel-les musul-
mans attribuent une puissance mystérieuse.
Quand ils le prononcent en se tournant vers
l'Orient, ils se croient sûrs de retrouver les ob-
jets égarés, de prévoir les choses futures, etc.
AGLAB, chef de la dynastie des Aglabites.
II eut dix descendants, et sa dynastie subsista
en Afrique pendant environ un siècle. Elle fut
remplacée par celle des Fatimites. -,
AGLABITE OU AGHLABITE S. :m. (a-gla-
bi-te — d'Aglab, h. pr.). Hist. Descendant
d'Aglab. C'est le nom d'une dynastie arabe
AGLACTATION s. f. (a-glak-ta-si-on). Méd.
Syn. d'agalactie. ■ ■ . ■• , i
AGLAÉ, la plus jeune dés trois Grâces. On la
représente tenant à la main un bouton de rose.
AGLAÉ s. f. (a-gla-é — n. pr. myth.V
Bot. Genre de plantes de la. famille des in-
dées. u Arbre de la famille des méliacées, que
son port élégant et ses fleurs .parfumées font
cultiver dans les grands jardins en Chine. H
Dans ce dernier sens , on dit aussi aglaia;
— s. m. Ornith: Genre d'oiseaux, formé aux
dépens du genre tanagra. Lij ...
: AGLAÏS s. m. >(à-gla-iss — du gr. ^aglaos,
orné). Entom. Genre d'insectes. lépidoptères
diurnes.
AGLAÏSMA s. m., (a-gla-i-sma. — du. gr.
aglaisrna, ornement). Zool. Genre d'aèalèphes ,
de l'océan Atlantique. " ' ' '• " " ■ :- :
AGLAOMORPHE s.' m. (a-gla-o^-môr-fe —
du gr. aglaos} élégant; morph'è, forme). Bot.
Genre de polypodes comprenant plusieurs
espèces.
aglÂonèmé" i'/'m'f (a-gla-o-nè-mc — du i
gr. aglaos', élégant; nèma, fil, étamine). Bot.
Genre de plantés. de la famille des arbïdées,
habitant ràrchïpel Malais et les Moluques.
AGLAOPE s. f. (a-gla-o-pe — du gr: dgladps,
qui a de beaux veux). Crust.Genre do crusta-
cés de l'ordre des décapodes macroures. '■
— Entom. Genre d'insectes lépidoptères
crépusculaires. L'espèce là.plus commune est.
l'aglaone malheureuse laglàope irifaustà ,,'àe
Latreillel, dont la chenille vit sur le prunel-
lier. On la trouve dans toute la France, mais
plus particulièrement dans le Midi. ' \ . ^ [
AGLAOPHÉNIE s. f. (a-gla-o-fé-nî — ■ du'
gr. aglaos, beau; phainà, je parais). Polyp. •
Genre de. polypes de la famille des sertula-
riées, qui renferme des polypiers -, flexibles,,
appelés aussi plumulaires.
.repeii. _„ „„ „llltlo
a Alcibiade , qu'il représenta dans 4ivers ta-
aglaspides s., m. pi, (a-gla-spi-de — du
gr. aglaos, brillant; aspis, bouclier). Antiq.
gr. Nom d'une des divisions de l'armée ma-
cédonienne; dont les armes d'airain étaient
d'une couleur éclatante.
AGLAURE ou AGRAULE, fille de Cécrops ,
roi d'Athènes, et sœur d'Hersé. Mercure, épris
de celle-ci, voulut engager Aglaure à servir
leurs amours ; elle y consentit moyennant une
forte récompense. Minerve , envers laquelle
elle avait commis une indiscrétion, lui inspira
Va violent amour pour Mercure, et un jour
i&GN
qu'Aglaure, outréedë jalousie,' refusait' obsti-
nément d'introduire le dieu près dé sa. sœur, il
s'en vengea en la trans formant en pierre.
AGLAURE1 s. f. (a-glô-re — n. pr, myth.).
Annél. Genre de la fahiiHe"aes tùnic'ens, dont
on ne connaît qu'une espèce qui a été trouvée
en Egypte, sur les bords de la mer Rouge;
c'est 1 aglaure brillante (aglaura fulgida , de
Sayigny)..
AGLAURIES S.f. pi. y..AGRAUI.IES. .• , ."
AGLIE s; f. (a-glî — du gr.. aglié; tache sur
l'œil). Chirurg. Cicatrice blanche à la cornée
transparente. ''' '-■-"> -• ■ ■ ■
' — 'Entom. Genre d'insectes ' lépidoptères
nocturnes, caractérisé par 'une tache blanche
occupant le centre d'une autre tache 'plus
grande sur chacune des- quatre ailes. ■ : :.:.«.
LÂ'GL1E,! ville' d'ItaliéVa, 2l"kildm:'deJ tufih";
4,300 hab. Son château royal possède:un:mùsée
d'antiquités découvertes à Tusçulum.,t, . ,-
AGLOMÉRATION , AGLOMEREr/ V. AG- •
GLOMÉKATION, AGGLOMÉRER.
aglosse adj. et s. m.,(a-glo-se — du gr.
agléssos; formé de a priv., et glôssa, langue). ,
Qui n'a point, où qui n'a plus de langue. !
— s. f. Entom. Genre de lépidoptères noc-
turnes, ainsi 'appelé "a cause de la brièveté de
■sa trompe,.qui 'parâîtprcsqûe nulle. L'àglosse
de la graisse (aglossa pinguinalis de'"La-
treille), appelée par Réaumur.la/auMetto'^ne
des cuirs, ^a. une-chenille d'un brun^noiràtrë,
qui vit dans les corps .gras, la graisse, les
cuirs, les couvertures de: livres, les cadavres
dos insectes, etc. Elle se fabrique un fourreau
avec les débris de ces substances. On a pré-
tendu qu'elle pouvait s'introdùire^dan's res-
tomac : et y causer de 'grands :rava'gès ; • on
assure même que des enfants ont vomi de
cos chenilles. Vaglosse de la farine (aglossa
farvialis 'des auteurs ). se trouve < souvent 'à
l'intérieur des habitations.' •->/ ■- mji hvu
■'■ ÀGLOSSIE s. 'f. .(a-glô-'sî '"■+ rdd.'.àgïossé).
Absence ou'priVationj.de.lalangùe;"'^ ^l\J^
,'. AGLOSSOSTOME s. mljV-g'ioss^sfcsto-meiî- i
du gr'. a priv. ; glôssa, langue; stoma, bouché).
Monstre dont la bouché manque de langue.
AGLUTINANT, , AGLUTINATi'fI AGLÛTI-
NATION, AGLutiner. V. Agglutinant, Àd- t
GLUTINATIF, etc. :" -I- /.i '.''l! 'i-Iu-jJ. <J'J ;
AGLUTiTION-s.- f; (â-glu-ti-si-on — du; gr.
a priv., et du lat. glutitio, action d'avaler).
Med. Impossibilité d'avaler. Inus. - ' 4,^.; .
•AGLY;- petit- fleuve dé France;; prënd'^sa
source dans, ledépart, de l'Aude, arrose Saint- {
'Pàtil, Estagel, Rives'altes5"ët se jette" dans la
Méditerranée après <uh 'cours1 de' 80" kiltLSeJ
gluplùi, sillon , rainure); Erpét.iNom _
aux dents des ophidiens,, qui ne sont ni<
nelées, ni tubulées. n Se dit aussi des ophidiens
dont les dents .sont .agi yph'ès i'Z'é*' ophidiens i
aglyphes ne sont pas venimeux} ' "* : " lo
■ AGLYPHODONTESs.rn.pl. (a-gli-fo-don-te
r^ du.gr. a priv, •;_,gluphèi. sillon, et odoùs,
pdontos, dent). Erpô.t. Sous-ordre. des.ophi-
diens, caractérisé par l'absence 'de .dénis1 can-
nelées ou tubulées, laquelle se lie à ràbsence
' de-sécrétion vériéneuse.'Notons 'qu'é^chez'les
ophidiens venimeuxl'la -caimeture'ou le tube
que présentent certaines :deïits du maxillaire
supérieur a pour. usage deifaciliter l'écoule-
• nierit ^du* venin. , r ;, j.j... , ., t v';,f.,w ,
" ;agmatolog'ie ,s. f.i(ag-ma^to4o^î.i'du '
gr. agma, fracture.;7osros, discours). Chirurg.
Traité des fractures. •'->-' • J " -
AGMENELLE s. i. (ag-me-nèl-le ~ du lat,
agmen, bataillon) .Bo't. Gènréde plantes de la ,
famille des phycées.1' ' ;/ "'' '' '•^'■•""'■> '
ÀGMINÉ,'ÉE adj.^ag-mi-hérT-duiât.'a^men,
aqminis, troupe).- Boti Qui!forme unrfaisceau, !
réuni en un faisceau.-. ''■.-.-..--. \ ■•■.■. n
AGNADKLV villagêr'de'l!Italie( -à'IS-kil. de'
Lodi; i,GOO hab.'Victoire de Louis ■'•Xll-sur lés
Vénitiens en 1509, et du duc de Vendôme sur
le prince Eugène en' 1705. '' -J J' ----
AGNADÉL {Bataille d'). L'Italie était de-
venue; a la suite de ses discordèsiciviles; un*
vaste champ de bataille- qu'ensanglantaient
chaque jour les armées-étrangères. -Français, '■
Allemands et Espagnols se'-1 disputaient' cette }
riche proie, que. le pape Jujes ,11 ,, .un-cœur'
vraiment italien, conçut lé**dessèin''dé"leur.
arracher.. En 1508,''UVfoVmaTàved,LÔùis -XII,,
Ferdinand 'le Catholique et l'empereur Maxi- ;
milieu, la fameuse' LigUe'ii'e Carhowtfdestihèe .
d'abord à punir l'orgueil >des:Vénitiensj: mais
qu'il se proposait bien dé1 faire servir. ensuite
contre ces mêmes alliés, qu!il confondait, dans
une égale/ haine. L'ambassadeur, de y enise^
auprès de Louis XII, soupçonnant l'orage qui'
se préparait contre sa patrie, s'efforça en vain
de détourner le roi de cette expédition fi Sire, .
lui dit-il, ce serait folié que d^attaquer cëux'aV
Venise, leur sagesse les rendinvincibles. '■—■_ Je
crois qu'ils sont prudents 'ët'sage's,^fépbndit le '
roi, mais^tout' h contre-poil (contre^'tempsl] s'iït
faut venir à guerroyer; jé''Ie'ur''mènèrài tant'
de fous que vos sages n'auront lé loisir de
remontrer la raison à mes fous; car, ceux-ci
frappent partout sans regarder où. *' Toute- 1
fois, c'était un tel crime de touchèFalyenise ,■
là gardienne du Milanais, la sentinelle 'de l'I-
talie contre l'Allemagne, le boulevard déjà
nationalité italienne, qu'au moment' de lui
AGN
porter le coup fatal, Jules II sentit un remords,
hésita et révéla le secret de la ligue aux enr
voyés de. la république;- mais ils ^ne crurent
pas'le danger réel. Cependant Louis XII fran-
chit 4es Alpes 'en 'personne au mois- d'avril
(1509).' Venise' ne s'effraya point : elle > 'avait
rassemblé une armée de Grecs et d'Italiens
égale à celle que pouvaient lever, les plus puis-
sants rois, et en avait confié le commandement
à deux chefs de la famille romaine des Orsini:
l'un brave, vieux' et refroidi par l'âgé, l'illustre
P-itigliano ; l'autre, bâtard de la même maison,
le vaillant Alviano, qui venait; par une "cam-
pagne heureuse, de faire reculer le drapeau
'de l'Empire. L'infanterie française, la première
-infanterie nationale que nous ayonseue,;était
commandée par.des.capitaines de, haute re-
nommée, leçsire de Molard, le sire derVande-
fnesse ,'fçère dé-La Palisse,Me'.cadet'Tle'.puras,
^ét^le-plus -illustre de tous, Bayai-d, ]e chevalier
sans peur 'e't sans reproche. L armée française
franchit l'Adda-près de Cassano,.ét .s'avança
jusqu'à un mille du, camp ennemi, placé' sur la
•hauteur de Treviglio., La position des véni-
tiens était rfprmidable| et le-rôi et- s'es'eapi-
t'aines durent renoncer à l'espoir de l'emporter.
Une 'manœuvre' habile, força lés .ennemis, à
décamper; mais, à la jonction de deux foutes,
"au village "d'Àgriàdel ('Agriadello ) ,'rarrière-
garde .vénitienne 'se .'trouva tout proche ^d'e
I l'avant-gardé 'dû ■'.roi: Alviariô,'qui 'comman-
dait' la première , fit ; démandeV ' diit'sec6ùrs1-<!i
son Vieux" cbUègue.'li en" reçut ravis'rd'éyiter
la 'bataille, comme lè/sénat' l'avait prescrit.
Mais l'impétueux Alviano, a" la 'tête ne'l'élite
de l'armée, n'était pas homme àsuivreles con-
seils d'une prudence-timide ; d'ailleurs,.la re-
traite était devenue, aussi dangereuse que le
combat- Il --fit donc; volte-face, et attendit les
Français. L'avant-garde de LÔuis-XILaborda
intrépidement les , Vénitiens ; mais ayant été
obligée de rompre son o'rdohnapce-'aù: passage
d'un ravin, elle fut chargée impétueusement
par Alviano et répousséè en désordreVfEn ce
moment, tout le corps' dé bataille du'roV se
porta à "'son^secourset'la mêlée^dëvint'ter-
rible;; Louis 'Xllf pour animer le courage de
ses soldats, :s'exposa au feu comme le dernier
.de ses capitaines^ répondant aux réprésentà-
tions-des siens que *« quiconque avoitpeur.se
mist'derrière lui, et.que vrai roi de France 'ne
mouroit point-'de coup de-canon.» L'arrière-
gardefrançaise parut à son tour, après 'avoir
-traversé des fossés -pleins d'eau pour .tourner
l'ennemi. À sa vue , la cavalerie d'Alviano
perdit pourage et jirtt. la fuite ; .-mais l'infan-
terie, Jïprmée principalement dlâventuriers
" roràag'nôls4,qû'on. appelait. \ës^J}r,isigfièilêt du
nom de leur chef, "se défendit hérbïqïïëmen*t,
et fut presque ^entièrement taillée en pièces,
après trois heures d'une résistance désespérée.
Six mille restèrent sur la place, et rachetèrent, i
.par leur mort, l'honneur militaire -de- l'Italie.
Alviano, couvert de sang, un œil crevé, se
rendit enfin au. seigneur de Vandenesse.. Il fut
conduit devant leroij qui le reçut avec bien-
..veillancej'rassura qu'il auràitrbon traitement
.et.«..bonne:prison, ». et lui dit qu'il eût.tbonne
patience. — Aussi l'aurai-je, répliqua .le con-
.ao«iereiiavec,unecpurtoisie mêlée; de-fierté; si
^j'eusse gagne là ba'tâiîlej j 'é'taisvle*pjus'y iqto-
„:„.','„■ honimè'-^u monde ", et, nonobstant que, je
îrd'de, encore" ài-j'e grand hori'néu'fd'ayoir '.
h bataille un, roi de France en personne ,
contre mot. iàVingt'grbsses.'pièces'd-àrtiUerie
et tous les bagages dès Vénitiens tombèrent
au .pouvoir rdu roi, oui se .remit» aussitôt en
marche pour/ jrecûeillhv les fruits de.sa vic-
toire. *Lei .désastre id'Agnadel' (14 mai 1509) ,
.porta un coup terrible 'à la puissance de Vè- ,
nise; mais il îut-sans résultat pour' Louis XII,
puisqu'il , ne fit que transférer la primatie de
l'Italie des' Vénitiens au pape, c'est-à-rdireau'
plus implacable, ennemi de la France. ■ . . .
',,' 'rAGNÂM ;s. m.' '(àrgiian '•: gn mll'.).J Mar. Sorte'
,deyirqle(ou de petite plaque,en métal,.j)ercée
'aû.miliau pqur.le'pàssagejd'uii ,clbu qui^doit y 1
.êire.riyé.,, <j . L -,».,t4 . ■ ui .-/•'('•' t. r(»rr ,"', .
/;'AGNÂN'( saint), "en lat.' ÂjuamwV'évêque
d'Orléans, m. en 453.: Il demanda du secours
à Aétius contre Attila^ qui .fut obligé d'aban-
donner le siège de la ville. Lès.hùguenots vio-
lèrent, son, tombeau en 1562 et brûlèrent ses
.restes. Fête ;le 17 novembre... , ...-,:> '
j AGNANO, lac aux -environs de Naples/qûi
occupe' le lit d'un ancien cratère. Près de' là,
là'gTotté du Chien etJes étuves- sulfureuses de!
,Sàn-Germano.- '' ■ >-fin .- fi .*■■. ■.>- .ut. si.-* '
GAGNANT- -(SAINT-)!, ch.-h.de' cant.'itChar:- :
Infér:) ,• arrond." dè"Marennes'; pbp'ul.-' laggl. i
•■278lhab;'-!-'PôpuV.-t!6t. r.iOS'hàb."'1 " ^ »>""! I
;;;. ÀGNANT '"DE ' yERSILLAT^SÀINT^'coin-
*miine dudép.de.laCreu'seJ arrond. de' Gu'éret,
cant.^de La:Sontërràme ; popul,aggl;326hàb.
'— ^'onûl'l'tôt î',i08 hàb. . ' . ' ' ', ',''
'[': AGNANTHEs.'f. (ag-nan-ïè^-r du gr.'agnos, '
chaste; ah thôs, fleur). Arbrisseau de'la. fa-
mille des verbénacées, cultivé eh. Europe
dans lés serres chaudes' et originaire des' An- !
tilles,Jou son bois'sërt à teindreen jaiine.' ,l '
^'"jÇgnat s^m. (ag-ria — lat: agnaius) de ad, I
près; natus, né). Droit rom..Sé,,dit',d'es colla-
téraux qui descendent d'une même souche*
masculine, et qui, à ce titré, appartiehnênt-à !
la même famille .' 'Les agnats seuls compo- ,
saientyà lipme, la famille légale, (Bouiilet.)
II Son opposé est cognât.
— "S'empl. adjechv. : Tous ceux qui étaient
soumis à ce pouvoir paternel étaient agnats
entre eux.
ièperdi
AGN
- '^-.Encycl, A'Romejle moifamille exprimât
une sorte' de corporation, la réunion d'un cer-
tain nombre de personnes sous ,1a puissance
.d'un, chef,.le- père .de, famille.^ Tous, ceux qui
"etaiejit; soumis à ce^pouvoir paternel étaient
<%"?& entré eux. Entrer dans |a famille par lé
mariage, par l'adoption, c'était passer sous ce
pouvoir, et parla même acquérir les droits des
agnats; sortir de la famille par l'émancipation,
paî l'adoption dans une autre famille, c'était
perdre ces droits. L'agnation subsistait en-
core quand le lien de famille était brisé par la
mort du père de famille ; mais dans ce cas-là
seulement. La famille civile ne se continuant
que. par les .mâles, c'était uniquement, dans
leur, descendance qu'il pouvait se trouver des
■ agnats, et c'était avec raison que l'on définis-
.saitles, aflnate ceux qui étaient .parents entre
c ux par ._desi personnes du sexe; masculin. fLa
cogitation exprimait, au contraire, la parenté
L'agnation, était- à la cognation ce que l'espèce
est au genre., Par exemple, deux frères con-
sanguins, c'est-à-dire nés du même père, étaient
agnats; deux frères utérins, c'est-à-dire fils
. de-pères différents, éta;ent cognais. Cette dis-
tinction des agnats. et des cognats, qui était
_très-importante au point, de vue des droits et
obligations .de . famille (succession, tutelle),
.après avoir reçu plusieurs atteintes à l'époque
du , Bas -Empire , fut abolie par Justinien
.-. AGNATHE s. ni. (ag-na-te— du gr, a priv.;
'fl'iio'^ûjppmàchoire). Terat. Sorte de monstruo-
sité qui consiste en l'absence des mâchoires.
-— Entom. Genre d'insectes coléoptères hé-
téromères il s. m^'pl. Nom donné aux éphé-
mères et aux phryganiens , insectes qui ont
les organes.de la bouche rudimentaires..
AGNATlONs. f. (ag-na-si-bn — rad. agnat).
Droit rom. "Parenté, lien dé consanguinité
• entre les mâles descendant d'un même père,
,et qui, chez les Romains, conférait les droits
de famille -.-Les éléments qui servaient de base
àtta'sbciëté romaine' étdient','poiir la propriété,
/'agnation, le droit des màlès/le droit du
sang:: (Salvandy;) -n Son opposé est cognation.
' AGNATIQUE àdj • (ag-na-ti-kè — rad. agnàt).
Droit rom. Qui appartient, qui se rapporté aux
agnats -Ligne' agnatique. ■ ' ' '
AGNE s.' f. (a-gne.;.ffn mil. — du gr. agnos,
chaste). Bot. Genre de, légumineuses.qui: dif-
fère un peu du genre mimosa, et qui est in-
digène, de l'Amériqu^équatonale.
j > AGNEAD' s'.'1 m. • (a- grio ; >gH* mllV— ' làt.
*a0nVs> 'même sens, tiré;du gt.'agnbs,- chaste,
innocent ;'on disait a,utT'z(,-agnel): Nom donao
aupetit de labrebis, tant qu'il n'a pas un an :
i'AGNEAÛ et l'agnelle.- Les 'agneaux- bêlants se
.réfugient auprès de leur mère. (Fén.) La peau
(isi'AGNEAÛ sert d-faire des gants de femtheet
des fourrures. (Bouiilet!)
. " Un agneau se désaltérait. '. ,. s
'■ '-' Dans le courant'd'une onde p\ire.! ' L'
Un loup survint àjeun, qui cherchait aventure.
Il Chair 'd'agneau débitée a la' boucherie:
Agneau rôti.'Côtel'ettésd'kONEiv. Blanquette
d'AGNEAÙ; On1' nous servit de /.'agneau. Un
quartier'-' <2'agneau râti est assez estimé.
l(Grimod.)'. ''.."'^ .'' ' „ ' - r * .,'.[■'""■"■'' .'I
— Fig.,Personn.e, d'humeur douce et inof-
fensive : A son air , doux et modeste, oh l'eût
pris, pour un agneau. (Le Sage.) Vous êtes un
agneau aujourd'hui. (Scribe.). . „ j, , ' \"
Et lions au combat,' ils meurent eD agneaux.
■ - Corneille..
Faibles agneaux livrés à des loups Turiem, '- .
Nos soupirs sont nos seules armes. -
., - -.''.,-- ii/ii j . .-. .-, • Racine. . -.
■ ' ii- Art.culin: •Epigràmme .d'agneau. • Nom
donrié'à une> blanquette assez compliquée de
■poitrine et de côtelettes ;d'agnéaù".- ■- '-■-" -•!<■*. — 3r
■ ' ^'-Prov.' Etre doux comme- un agneau, ,'Etre
d'une4 humeur, d'une nature fort doiice : 'Avec
Destin seul il; était doux comme- un agneau.
'(Scarr.) J'entends , dit Jésus-Christ , que iiiés
envoyés soient doux comme des agneaux, qu'ils
se laissent égorger par leurs ennemis, et je leur
ferais un' crime', de tirer- l'épée pour établir le
règne de la loi. (Fràyssin.) - ' ~l
" — Agneau pascal. Nom que donnaient les
Israélites à 1 agneau qu'ils immolaient tous
Jes ans; en 'mémoire du' passage de la mer
Roùge.y. Pâqué. u'CheïMes chretiens,l'usago
défaire bénir à l'église, lé jour dé P^âquej.un
àgnéaii' dit1 'agnéaù'pascdl, existait' encore' au
x vjié 'siècle' dans^ plusieurs' p'rbvince's 'de' la
•France: i Fètè.de l agneau pdscài. Nbin*donné
primitivement' à la fètë de Pàque. '^", •
•'.'' r^'Dans.le langage mystique : L'Agneau ,
.J' Agneau de. Dieu, le divin Agneau, 'l'Agneau
sans, ,'taché , 'l'Agneau gui efface' tes' péchés du
monde, etc.; Jésus-Christ': Elle sou haita mille
fois d'être plongée au sang de Z'Agneau.'(Éoss.)
L'Agneau saint de son sang va sceller, le trait*! <\
Qui nous récpiicilie à son pire irrita. ..
i' i '■'. 1,'i, ■. .,'j.,,, ' ' '". *ti. RicTliE. -^
i ,— iHist! 'Agneau de Dieu. Nom d'un ordre
do .chevalerie qui fut institué en Suède, par
Jean III, en 1569. Schoonebeeci est le premier
qui'ait parlé de cet ordre, que le P. Helyot
regarde coinme supposé. Il n'a. laissé, en effet,
aucune preuve sérieuse de son existence. •
■ — Mamm. Agneau d'Israël, Espèce de da-
man, petit quadrupède dont la taille et ies
mœurs sont a peu près oelles de la marmotte.
. AGN
•et qui est très-commun en Syrie et' en Pa-
lestine.
— Bot. Agneau de Tar tarie , Une fougère.
— Blas. Symbole de la douceur et de la
franchise, il Agneau pascal, Celni qui est re-
présenté tenant une croix à laquelle est atta-
chée une banderole d'argent chargée d'une
croisette de gueules. Ville de Rouen .- de
gueules, à un agneau pascal d'argent, au chef
cousu de France.
sclatant de blancheur, tantôt couché
rant au pied de la croix qu'il arrose de son
sang, tantôt vivant et debout. L'emploi de
cette allégorie fut même formellement prescrit
par un canon'du concile in Tmllo; les Pères
oe l'Eglise craignaient que l'image de Jésus
'ignominieusement mis à mort ne fut une occa-
sion de railleries de la part des idolâtres, et,
par suite , un sujet de scandale et d'éloigne-
ment pour les faibles. Plus tard, au contraire,
un concile tenu à Constantinople (698) ordonna
de préférer la réalité aux allégories , et de
. montrer le Christ sur la croix. Mais le génie
des artistes chrétiens répugna, pendant long-
temps, à ces images lugubres ; jusqu'à la Re-
naissance , l'allégorie garda une- très- large
place dans les compositions des peintres et des
sculpteurs. De. nos jours, les conceptions du
symbolisme chrétien ne sont comprises que
<run petit nombre ; mais celle àoV Agneau est
restée populaire.
Agneau myiîlque (i/), retable de l'église
Saint-Bavon,. à Gand, et dont le-sujet est tiré
de l'Apocalypse, le chef-d'œuvre des frères
Hubert et JeanVan Eyck, auxquels on attribue
l'invention de la peinture a l'huile. Hubert,
l'aîné des deux frères, à qui cette vaste com-
position avait été commandée par Vydts,
bourgmestre de Gand, étant mort en U26, sans
avoir achevé son œuvre , Jean fut chargé de
la continuer. Ce tableau, dont l'église Saint-
Bavon ne conserve que la partie centrale et
dont les autres panneaux sont dispersés, offrait
primitivement, tous volets ouverts, douze com-
partiments sur deux rangées; sept cintrés dans
te haut et cinq rectangulaires dans le bas.
L'ensemble en était des plus harmonieux. Au
centre de la rangée supérieure,'Dieu le Père,
coiffé de la tiare et assis sur un trône, tenant
d'une, main un sceptre de cristal .et levant
l'autre pour bénir. A sa droite est la Vierge
Marie, a sa gauche saint Jean-Baptiste. Ces
trois figures, peintes sur un fond d'or et de
tapisserie, ont la dignité sculpturale du style
primitif. Sur le volet voisin de la Vierge, huit
anges, revêtus de dalmatiques d'une merveil-
leuse exéeution, chantent au lutrin; le volet
"gui fait pendant nous montre sainte Cécile
jouant de l'orgue, et quatre anges l'accompa-
gnant sur des instruments à cordes. Les demi-
volets qui terminent. la rangée supérieure
représentent, l'un Eve tenant la pomme, l'autre
Adam cherchant à voiler sa nudité. Ces deux
SaintrBavon; sous un ridicule prétexte dé pu-
deur, ont été acquis récemment par le' musée
de Bruxelles: — La composition qui occupe le
milieu de la rangée inférieure ;est VAdorqtion
de l'Agneau mystique: sur un' autel élevé en
plein champ et qu'entourent de* anges pro-
sternés, l'Agneau est debout; son sang coule
dans un calice ; au-dessus de lui plane le .Saint-
Esprit sous la forme d'une colombe. Au pre-
mier plan s'élève une fontaine d'architecture
gothique, qui symbolise la source de ,1'eau de
régénération . et de vie.. Des quatre coins du
tableau s'avancent des groupes de saints et de
saintes qui viennent tous adorer l'Agneau.
« Cette composition, dit M. Wàagen, est en-
tièrement symétrique, comme l'exigeait la na-
ture mystique du sujet; mais il y a une' telle
beauté dans le paysage, dans la transparence
, de. l'atmosphère, dans les arbres et les fleurs,
et jusque dans les figures les plus secondaires,
que l'on ne songe plus à s'apercevoir de cette
disposition de régularité monotone. » Sur les
quatre volets adjacents, d'autres adorateurs
s'avancent à travers des paysages variés; ce
«ont, à droite', des Ermites et des Pèlerins à
pied ;.a, gaucheries Soldats du , Christ et lés
"lions ' Juges j montés sur de magnifiques che-
vaux. Ces qùàtre..yolets,'où l[on retrouve' par-
ticulièrement la manière' de Jean Van Eyck,
'appartiennent au ,musée de Berlin, ainsi que
les deux panneaux.de la partie 'supérieure qui
représentent les anges au lutrinet sainte Cé-
cile. C'est encore a Jean que 'l'on attribue les
peintures extérieures des volets, une Annon-
ciation, diverses figures de saints, et les por-
traits des deux artistes placés parmi les con-
fesseurs de la loi nouvelle.
La part d'Hubert dans cet immense travail
n'en est pa3 moins, comme on voit, la plus con-
sidérable ; elle lui assigne une place éininente
parmi les maîtres de l'art. « Il est presque im-
possible, disent MM.,Crowe et Cavalcaselle, de
rendre complète justice à tout ce que ce chef-
d'œuvre renferme de beautés, et il faudrait une
grande puissance .de description pour donner
même une légère idée de ses perfections, pour
faire comprendre la fervente piété qui anime
, les personnages, la beauté et la diversité des
AGN
paysages, le fini des prairies et des fontaines
jaillissantes, les innombrables fleurs qui. don-
nent l'aspect d'un éternel printemps a toute
cette scène , en un mot, le génie qui sut former ,
un vaste et magnifique ensemble de tant de '
parties diverses. > — Au-dessous. du tableau de t
Y Agneau figurait primitivement un; treizième ,
E anneau peint en détrempe et représentant ;
:s tourments des damnés ; il fut détruit, dès
le xve siècle, par un lavage. Les autres com-
partiments échappèrent heureusement aux fu-
reurs des iconoclastes en 1566, et à l'incendie
de Gand en 1641 ; mais leur dispersion est
regrettable. Michel Coxie fit pour Philippe II,
roi d'Espagne, une copie de ce retable, qui lui
fut payée 4,000 ducats, somme plus forte que
celle que produisit l'original.- ■ ■■
AGNEL s. m.(a-gnèl ; gn mil. — rad. agneau).
Monnaie d'or qui fut créée par saint Louis'et
frappée par tous.lés successeurs de 6é prince
jusqu'à Charles VIL Elle devait son nom à
une représentation de l'Agneau pascal, que *
portait une de ses faces. V agnel s'appelait
aussi mouton. De saint Louis à Jean II, il
équivalut à 13 francs 95 cent, environ de nôtre
monnaie actuelle. A partir de cette époque, sa
valeur varia sans cesse. '
AGNELAGE OU AGNÈLEMENT S. m. (a-
gne-la-jo ; gn mil. — rad. agneler). Epoque où
une brebis met bas; action de mettre bas,
en parlant des brebis : Dans l'espèce ovine,
. /'agnelage a lieu vers le cent cinquantième
jour. i'AONELAOE s'opère à la bergerie ou dans
les pâturages. (Lecoq.) ,■
agnelant (a-gne-lan ; gn rail.) part. prés.
: du v. Agneler ; S» la brebis est morte en agne-
lant , i7 faut donner son agneau à une autre
mère qui aura perdu son petit ; ou à une chèvre.
AGNÉLÉE s. f. (a-gne-lé: gn mil. — rad.
agneau ). Tous les petits qu une brebis met
bas en une fois.
AGNÈLEMENT s. m. (a-gnè-le-man ; gn mil.
— rad. agneler). Syn. d agnelage.
AGNELER v. n. ou intr. (a-gne-lé; gn mil. ,
— rad. agneau ; l'e de gnel se change en è ou-
vert devant une syllabe muette : Elle agnelet
Cette brebis agnèlera. — L'Académie ne donne
aucun renseignement sur la conjugaison de
ce verbe). Mettre bas, en parlant de la bre-
l-:" ' Les' troupeaux formés pour aller --'-' —
,AAN
137
sur les montagnes peuvent être plus nombreux,
que les brebis — - '- '- J~
cente. (Magne.)
parce q\
> agnèlent après la des-
AGNELET s. m. (a-gne-lè; gn mil.-— du
lat. àgnelhts, dîmin. dé agnus, agneau). Petit
agneau : Ce n'est encore qu'un agnelet.
Thibaut l'agnelet passera ,
Sans qu'à la broche je le mette!
.La Fontaine. ,"
. AGNELIN s. m. (a-gne-lain ; gn mil.— rad.
agnel). Comm. Peau d'agneau préparée à la-
quelle on a laissé la laine, il On donne aussi ce
nom aux. laines provenant. de la tonte dos
agneaux, lesquelles sont employées pour la
fabrication des chapeaux, principalement en
Danemark et en Hollande.
AGNEL1NB adj. (a-gne-li-ne; gn mil. U
rad. agnel). Se dit d'une laine-courte, soyeuse
et frisée, provenant de la première tonte de
l'agneau. _ . ',' ' |
AGNELLE s. f. (a-gnè-lé; gn mil. — rad.
agnel). Agneau femelle. ,,;'
AGNE1.LO (Jean) , riche marchand de Pise,
dans le xivc siècle. Par un hardi coup de main,
il s'empara de l'autorité dans une nuit du mois
d'août 1364, obtint, en 1368, de l'empereur
Charles IV, le titre de doge, mais ne tarda
pas à être chassé par les Pisans, qui recou-
vrèrent leur liberté. .
AGNÈS (sainte), jeune vierge dé Salerné,
martyrisée sous Dioclétien. L'Eglise1 célèbre
sa fête le 21 janvier. Sainte Agnès'n'àvàit que
treize ans quand elle fut arrachée'asa famille
et conduite devant le préfet de Rome, au mo-
ment où un édit barbare venait d'être publié
contre les chrétiens. Ni les menaces, ni les sé-
ductions, ni la vue des plus cruels supplices,
ne purent ébranler la foi de la jeune héroïne.
On la traîna aux"pieds des idoles, et on lui or-
donna de leur offrir de l'encens ; mais elle ne
leva la main que pour faire le signe de la croix.
Enfin, elle mourut en bénissant le Dieu qui
allait larecevoirdans son sein. Saint Ambroisè,
saint Augustin et d'autres Pères de l'Eglise
"' fait le panégyrique de cette sainte.' • Tous
r lébrer dans leurs discours et dans leurs
écrits, les louanges de sainte ^Agnès, qui sut
triompher de' la faiblesse 'de son âge comme
dé la cruauté du tyran, et qui couronna la
gloire dé la chasteté par celle'du martyre. »
La mort de sainte Agnès a fourni au Tintoret
et au Dominiquin le sujet de deux tableaux
célèbres.
AGNÈS s. f. (a-gnèss; pu, mil.). Expression
moqueuse dont on se sert pour caractériser
.jie jeune fille ignorante, et très-ingénue :
"Rien n'est plus absurde qu'une Agnès de qua-
rante ans. (M™e Romieu.)^' ' ' ''
Pour sa femme il choisit une Agnès de qulnie ans, •
Bien dressée h fuir les calants.
Notre Agnès se nommait Thérèse.
Ghéçotjrt;
On la croit una Agnès ;t
Je la croîs avancée. .
Ah! croyez-moi, VAgnès la moins habile
En sait'encor plus long que vous.
— Au théâtre, Rôle d'ingénue : ■
* Elle,' a joué deux ans les Agnès avec gloire.
é au théâtre comme
_ ,,r .., , -k-dire' dèr la 'jeu
fille naïve, simple, ignorante, qui ditisans ri
gir les choses les plus aventureuses. Lorsquo
le bonhomme Arnolphe lui fait raconter, son
entreyue avec le jeune Horace, elle , rappelle
qu!ori est'(venu lui.parler.d'un homme. qu'elle
avait blessé par son regard. ,', . ...
Eh! mon Dieu! ma «urprise est, fls-je, sans seconde;
Mes yeux ont-ils du mal, pourra donner au monde?
Àrpolphe demande : ■ . -
Qu'est-ce qu'il vous a pris? ' '
* ' ■> ■" -'-'■koNès:Cj •;"--,^ï -'
11... •
arnolphe , ri part. ' • J-
Je souffre en damné.
11 m'a pris le ruban que vous m'aviez donné.
Enfin le vieil Arnolphe lui déejare air
si- son
amour : ' ■ . , ■■-]■ .
Veux-tu que je me tue? Oui, dis si tu le' veux
Je suis tout prêt, cruelle,' à te prouver ma flamme.'.
Tenez, tous vos discours ne me touchent point
Horace avec deux mots en ferait plus que voi
On reprochaàMolière je type même d'Agnès;
il le défendit magistralement dans la Crttique
de l'Ecole des Femmes.
« Dans son ignorance des choses, dit M. Hip-
polyte Lucas , Agnès est pleine de naïveté ;
mais pour sotte, elle ne l'est pas. L'esprit lui
vient avec l'amour. Sitôt .que -le .regard du
jeune Horace a animé cette charmante statue,
elle marche , elle court ; deux ou trois leçons
du galant enfont une femme 'àuss^ espiègle,
aussi rusée qu'une autre. »
• Une jeune fille ayant rallumé, en soufflant
sur la mèche encore rouge-,- une chandelle,
quelqu'un lui dit : « Vous êtes encore vierge ,
la belle! — Ohl monsieur, cela n'y fait rien,' >
reprit la jeune Agnès. * Dict. d'anecdotes.
« Les' plus jeunes filles, et il y en avait de
quatorze à quinze ans, savaient à quoi s'en
tenir sur le compte du chanteur Tarquinio. .
Leur initiation dans l'histoire naturelle est-fort \
précoce a Rome : aucune d'elles, comme VAgnès
de Molière, n'aurait demandé, • '
a, nulle autre pareille, _ ', ,'.'
Tablettes-
, — Je né sais comment vous avez fait pour
supporter ce personnage^ dit-il'à'Métèlla; il
faut' que vous ayez uné.pàtience angélique.']
"'— ^, Mais ,il me semble,, mon .ami, que, c'est i
vous, qui m'avez priée de i'inviter, et vous me
■l'avez laissé sur les bras ensuite. ■
''—Dépuis quand êtes-vous si Agnès, que
vous ne sachiez pas vous débarrasser d'un' fat
importun'? Vous n'êtes plus1 -'dans l'âgé de la
timidité et' dé la gaucherie. » ' '.
G. Sand.
Il part; à son retour, qu'elle trouva trop. prompt, '
Ne lui voyant rien sur le front : , >
« Que vous êtes menteur! » dit-elle.
. BOURSAULT.
— Eplthè.tes. Jeune, timide, ingénue, naïve,
craintive, prude, charmante, innocente, niaise,
sotte, ridicule, fausse, trompeuse, hypocrite,
prétendue, rusée.
AGNÈS SOBEL. V. Sorel. ' ( ;
AGNÈS D'AUTRICHE, épouse du roi deHon-.
grie André III, vengea, le meurtre de son
père, l'empereur Albert 1er, en immolant près
de mille personnes, parents des assassins
(1308). Elle mourut vers 1364.
AGNÈS DE MÉRANlEj nom d'une reine de
France et. titre d'une pièce de M. Ponsard.;
V. MÉrtÀNiB (Agnès de). '■, '
AEneae, opéra, italien en deux acte3, chef-
d'œuvre de Paër, représenté' à Paris le
24 juillet 1819., Cet ouvrage^ oui renferme des
chœurs et un finale admirables, fut souvent
repris, et toujours avec un immense succès. Il a
eu pour interprètes Pellegrini,Galli, Lablache,
Tamburini, M"»cs Mainvielle-Fodor et Past'a.
AGNÉSI (Marie-Gaétane), savante Italienne,
née à Milan en 1718, m. en 1799. Elle se rendit
célèbre par sa prodigieuse précocité dans l'é-
tude dès sciences et des langues; et pendant
une maladie de son père (1750) , elle put le sup-
pléer dans sa chaire de mathématiques; à'Bo-'
logiie. Ses ouvrages de mathématiques ont été
traduits en français en 1775, avec des notes
de Bossut. ,
AGNETTE s. f. (a-gnè-to: gn mil.). Tcchn.
Sorte de burin gras, tenant le milieu entre le
burin' et la gouge.' ■'■ ■ '■ •>■ ' ■• ' ";->
AGNlANs. m. (a-ghi-an; ff»'mll.),'Hist.
relig.1 Mauvais génie, dans les. légendes bré-
siliennes. On crQyait qu'il .enlevait, les. cada-
vres des morts, si les parents.avaient négligé
de placer des vivres autour du ,lieu funèbre.
agnichthoma s. m. (ag-nik-t&tma). Hist.
rclïg. Oblations au Feu, qui se , font dans les
Indes à l'époque du printemps. "
AGNIÉEs. f. (a-gni-é; gn ''
tresse sur laquelle s'assie
l'on hisse le iong'du mat. *■
AGNITION s. f. (ag-ni-si-oii — lat. agriitio,
môme sens; de agnoscere, connaître)1. Mot em-
ployé pour exprimer ce qu'on entend par
Reconnaissance, en termes d.'art dramatique :
Je sais que Tagnition est un grand ornement
dans les tragédies, Aristote le dit; mais il est
certain qu'elle a ses incommodités. (Corn.)
Il L'emploi de ce mot est très-rare. " '-
AGNOÈTES OU AGNOÏTES ( ag-no-è-ta, ite
— du gr. a priv,; gnoô, do ginôskoAç connais).
Hist. ecclés. Hérétiques de la fin du iv« siècle,
qui prétendaient que Dieu no connaissait pas
tout, mais qu'il acquérait do nouvelles, con-
naissances, erreur quï fut renouvelée1 plus
tard pàr: les sociniens. il * Autres hérétiques
qui, vers .l'an 535, soutenaient. quoJéaus-
Christ avaitiignoré l'époque précise du juge-
ment dernier, ,ot le lieu où Lazaro était
enseveli. ,'..,., ,
AGNOÏE s. f. (ag-no-î — du gr.. gnoâ, je
connais). Méd. Etat d'un malade qui rio recon-
naît rien de ce qui l'entoure.
AGNOLO.fBaccion'j, architecte et sculpteur
florentin', né en 1460, m. "en' 1543.' Il construisit
à Florence lé palais Bà'rtolini et exécuta des
sculptures en bois justement renommées. Il
était ami de Michel-Ange. ■ , ■■ ■■ ■ -au
- ■ AGNOLO (Gabriel d'), architecte napolitain,
m. en 1510. Il a construit à Naples lé palais
Graviha et les églises de Sainte-Marie l'Egyp-
tienne et de Saint-Joseph. • r. ..ii
'. ÂGNONE; ville de l'anô. royaume dé Naples.
8,150 hab. Fabrication importante d'articles en
AGNOSCO VEtERIS'VESTlGlAlPÙAMMjli,
mots lat. qui sighif. : Je reconnais •la trace de
mes premiers feux.' (Virgile', EnéideJWvl iv,
v. 23.) C'est I aveu oue Didon, vev;ve" de ;.Si-
chée, fait à sa sœur de son amour pour'Enèë.
Elle retrouve pour. lui la-passion.\quîelle:,syait
éprouvée pour son premier époux. , ... ,://.
' .Racine, a heureusement iinité Virgile,tdans
ce,-vers: ■ ■ ,J .. .. . . . ,j ,-,
De mes feux mal éteints j'ai reconnu la trace.-.
Les 'allusions que l'on faitla cet h'émistiçiîe
'ont toujours rapport à une passion mal éteinte,
et particulièrement à là passion de l'amour :•
• Je. ne suis pas de si longtemps cassé -da
l'état et suite de ce dieu (l'Amour) que je n'aie
la mémoire informée" de; ses forces et -ualeùr. :
. Agnosco-.veteris vestigia jtammœ. Il-y/aioncore
quelque demeurant d'ésmotion et chaleur après
Iaflebvre.» Montaigne."*
AGNOSIE s. f.'(ag-no-zî — au.gr. aghpsip,
même sens). Didac't. ignorance^ ,,..-, , , ( .,'|.
AGNOSTE s. m. (ag-no-stc-r-du gr. agnôstos,
inconnu ). Concliyl. Genrede* coquilles "trilo-
bites fossiles, qu'on trouvé en Suéde, dans un
calcaire sublamcllaire. . :.j
, AGNOTHÉRIUM OU AGN^TÉBION-S.: m.
(ag-no-.té-ri-omm —du gv.^a'g'nâs^ inconnu;
therion, animal),. Fpss. Genre, fle carnapsiofs
fossiles, qui so rapproché b'çaucqup du chien.
AGNUS s-, m. (ag-nuss — , du, iat..; agnus.
acnoau). Espèce de médaille en ciro, qui est
bénite par le pape, et sur laquelle est em-
preinte la figure d'un açneau avec le signe
du labàrum. Le pape bénit lès ag'nus^ d'abord,
lé dimanche in albis (premier dimàncho après
Pâques) après sa consécration, et 'do sept
ans en sept ans, pendant la durée de son pon-
tificat, il Petit reliquaire en forme de losange,
orné do figures de saints, do fils' d'or et ûo
franges de soie : Anciennement onmettail/dans
les • àxinus" de* reliques des saints, il. Pctito
image' de piété entourée de broderies, que
l'on donne aux enfants : ■ •' ' -•
On n'achètera plus à'agnw. BÉRANOEa. .
AGNUS-castus s.' ml ( ag-nuss-cass^tiiss
— du'lat. agnus, agneau : casius, chaste). Bot.
Arbrisseau de la famille dos 'vorbônacécs,
appelé aussi gattilier, faux poivrier, arbre. mi
poivre: Son fruit .porte les noms do peut
poivro,poi vre sauvage, poivre des moines, etc.
— Encycl. Les feuilles et les fleurs de cet
arbrisseau exhalent une odeur aromatique
forte, et cependant assez agréable. Toutes ses
parties , et surtout les fruits , ont une saveur
■ piquante et poivrée. On leur a attribué jadis
la propriété d'amortir les désirs vénériens:
mais ils devaient certainement produire l'effet
| entièrement opposé, h'agnus-castus est aujour-
18
138
AGO
dTiui complètement abandonné par la méde-
cine, et ne se trouve plus que dans les jardins
d'agrément, qu'il orne par la beauté de son
feuillage et de ses fleurs.
• agnus dei s. m^ag-nuss dé-i — mots lat.
qui signif. agneau de Dieu). Liturg. Partie de
la messe où le prêtre frappe trois fois sa poi-
trine en prononçant autant de fois la prière
qui commence par les mots Agnus Dei : L'A.-
gnus Dei se trouve entre le Pater et la Com-
munion ; il a été placé à cet endroit.de la messe
par le pape Serge I", en 688. La messe était
à î'Agnus Dei. J'ai été forcé de m'en aller à
/'agnus Dei. il Morceau de plain-chânt ou de
musique que le chœur chante quand le prêtre
récite cette prière r Entonner /'Agnos Dei. Un
bel Agnus Dei. C'est en chantant /'Agncs Dei
que le roi Robert renversait les forteresses de
ses ennemis. (Dulaure.) il Morceau de cire bé-
nit par le pape. V. Agnus.
AGOBARD, savant archevêque de Lyon, né
vers 779, près de Trêves ; m.. en 840. Il s'éleva
contre le duel judiciaire, les épreuves par le
feu et diverses autres pratiques superstitieuses
ou barbares de son temps. Il fut déposé un
moment pour sa participation à la révolte des
fils de Louis le Débonnaire. Ses œuvres ont
été réimprimées par Baluze en 1666.
AGOBILLES s. m. pi. (a-go-bi-lle : Il mil.).
Vieux mot qui signifiait Choses malpropres,
chiffons, obj ets de peu de valeur. 11 se retrouve
dans l'argot, où il aile sens d'outil, il Le mot
gobille ou bille, sorte de petite boule en pierre^
en marbre ou en agate, dont les enfants se ser-
vent dans leurs jeux, semble venir i'agobilles.
AGOGE s. m. (a-go-je — du gr. agôgè, con-
duite). Rigole servant à l'écoulement de l'eau
dans les mines.
AGOGÉ s. f. (a-go-ié — du gr. agô, je con-
duis). Mus. Mot par lequel les anciens indi-
quaient la succession des tons ascendants et
AGOMÈTRE, AGOMÉTRIE , AGOMÉTRI-
QUE (du gr. agô,}e conduis; metron, mesure).
Physiq. Syn. de diagomètre, diagométrie, dia-
gométrigue. V. ces mots.
AGOMPHE adj. (a-gon-fe — du gr. a priv.;
gomphios, dent). Zool. Qui n'a pas de dents;
se dit des infusoires rotifères dont les mâ-
choires sont dépourvues de dents.
AGOMPHOSE s. f. (a-gon-fo-ze — du gr. a
priv.; gomphos, articulation). Méd. Etatdes
dents lorsqu'elles vacillent dans leurs alvéoles.
AGON ou AGONE s. m.'(a-gon). Ichthyol.
Nom. d'un poisson que l'on pèche en 'abon-
dance dans les lacs deCôm'e et de Guarda, et
qui ressemble à la sardine pour la grosseur
et la saveur. ,
AGON AL, ALEadj. (a-go-nal — rad. ago-
nales). Qui concerne les fêtes, les jeux publics.
AGONALES s. f. pi. (a-go-na-le — lat. ago-
nàlia, même sens; de Agonius; surnom de
Janus, ou du gr. agàn, combat). Antiq. rom.
Fêtes que les Romains célébraient aux mois
de janvier, mai et décembre, en l'honneur de
Janus, et à l'occasion desquelles un prêtre, ap-'
pelé le roi des sacrifices, lui immolait un bélier.
AGONATE adj. (a-go-na-te — du gr. ago-
nalos, sans genoux). Zool. Qui n'a point de
genoux, il s. m. pi. Ancien nom d'une classe
d'animaux articulés, qui répond à peu près à
ce qu'on appelle aujourd'hui crustacés.
AGONAOX s. m. pi. (a-gc-nô — rad. ago-
nales). Antiq; rom. Classe de prêtres saliens
institués par le roi Tullus Hostilius, en exécu-
tion d'un vœu fait pendant une guerre contre
les Sabins. Ils étaient chargés du culte de la
Peur et de la Valeur. On les appelait aussi
Collins (Collini). Ce double nom venait de ce
qu'ils avaient leur temple sur le mont Qui-
hnal ou mont Côllin.
AGONE s. m. (a-go-ne — du gr. agàn, com-
bat). Antiq. Lutte, soit de corps, soit d'esprit,
en usage chez les anciens. Il y avait les agones
capitolins, fêtes instituées par Di'oclétien ; les
agones d'Adrien , fêtes instituées par cet em-
pereur, et qui se célébraient à Athènes; les
agones isélastiques, fêtes instituées par Anto-
nin à Pouzzoles ; les agones actiaques, fêtes in-
stituéespar Auguste en mémoire de la bataille
d'Actium.
gles : Roche agone.
— s. m. Entom. Genre d'insectes coléoptères
carnassiers, formé aux dépens du genre ca-
rabe , et présentant les mêmes mœurs.
— Ichthyol'. V. Agon. •
nir. Etre ..,. , ,
tises. En être accablé -Je /us agoni de sottises
par les envieuses. (Rétif de la Bret.)
AGONIE s. f. (a-go-nî — du gr. agôn, com-
bat). Dernière lutte de la vie contre la mort ;
état d'un malade à l'extrémité': Etre à /'ago-
nie. Une longue et cruelle agonie. Une des
causes de V agonie de Jésus , c'est la douleur
qu'il ressent det péchés qu'il porte. (Boss.) Il
n'est rien de plus fécond eh enseignements mo-
raux que /' agonie et la mort de l'homme.
(Lauvergne.) Je l'ai vu mourir dans les con-
vulsions d'une lente agonie. (G. Sand.) La clo-
che funèbre sonne les dernières agonies du
trappiste. (Chateaub.) V agonie peut ne durer
qu'un petit nombre d'heures ou se prolonger
plusieurs jours. (Chomel.) Je dois vous rappeler
r son lit (Tagonie.
profonde, une angoisse infinie
torture et sa. lente agonie.
A. DE VlOHT.
— Par ext. Mort : Il faut suer, veiller, pour
avoir un peu de fortune, ou ta devoir à /'agonie
de ses proches. (La Bruy.)
— Fig. Ce qui finit, s'éteint, en parlant des
institutions , et même des choses morales :
ie. La v
•Me st
ciété fait semblant de vivre , elle n'en est pas
moins à /'agonie. (Chateaub.) Cette agonie de
la fierté eut lieu dans les plus affreuses condi-
tions. (Balz.) Vous voyez une femme, non pas
au désespoir, maïs à /' agonie de l'honneur.
(Balz.) Le docteur s'est tué après une longue
agonie intellectuelle. (H; Lucas.) La décrois-
sance, c'est /'agonie morale. (Montalcmb.)
jC'agonie du luxe de M. de Montlouis pouvait,
à la rigueur, durer deux ou trois mois encore.
(X. de Montépin.) La lutte est vive et poi-
gnante; il semble qu'on assiste à /'agonie d'une
conscience. (P. de St-Victor.) il Peines, souf-
frances morales : Toute notre vie n'est qu'une
longue et pénible agonie. (Mass.) L'humiliation
est redoutée comme une agonie plus cruelle que
la mort. (Balz.) Il lui prédisait les plus hon-
teuses agonies de la.misère. (Balz.)
— Encycl. Pathol. Vagonie , dont la durée
est variable, est caractérisée par l'immobilité
et l'altération profonde des traits, la perte de
la voix et de la parole, la' lividité et la séche-
resse de la langue et des lèvres , le râle tra-
chéal ressemblant au bruit que produit l'eau
en ébullition, la petitesse et l'intermittence du
pouls , et l'extinction graduelle de la chaleur
animale de la périphérie au centre. La respi-
ration semble au premier abord finir la der-
nière, et c'est pour cela sans douté que dans
toutes les langues le mot expirer est synonyme
de mourir;, mais en réalité le cœur mérité
l'épithète que la science lui a donnée, ultimum
moriens. Vagonie présente des phénomènes
différents suivant les âges : le vieillard décré-
pit s'éteint peu à peu, et n'a, pour ainsi dire,
pas d'agonie.
— Épithètes. Longue, courte, rapide, péni-
ble,'pâle, extrême, douloureuse, cruelle, trem-
blante, affreuse, terrible, râlante, déchirante,
mortelle. • '
— Anecdotes. Dans le délire de son agonie,
le célèbre médecin Chirac se tâta le pouls en
disant : « On a. saigné ce malade, il' fallait
l'évacuer', c'est un homme mort, » et il rendit
le dernier soupir. ,
Un usurier agonisait. Comme son confesseur
lui présentait un crucifix d'argent, il le saisit,
en appréciant le poids et dit : « Monsieur, je
ne puis pas prêter grand'chose là-dessus. »
Haller, le savant auteur de la Flore de la
Suisse, se' tâtant le pouls au moment de son
agonie, disait avec une tranquillité d'àmé toute
stoïque :'« L'artère bat... l'artère bat encore...
l'artère- ne bat plus..., • et il expira.
Le confesseur de Richelieu lui ayant de-
mandé , lorsqu'il était à Vagonie, s'il pardon-
nait à ses ennemis, le cardinal répondit froi-
dement : « Je n'ai jamais connu d'autres en-
nemis que les ennemis de l'Etat. >
Un roi était presque à l'atome. Un Cour-
ier entra et dit : « Seigneur, vos armées ont
tris une ville sur vos ennemis. — Allez l'an-
loncer à mon héritier, répondit le .monarque,
st dites-lui que la prise de cent villesne con-
ole pas un roi & ses derniers moments, autant
lue le souvenir d'une bonne. action. »
Lantara, dont les tableaux sont des chefs-
d'œuvre de naturel, fut toute sa vie d'une
insouciance qui le conduisit enfin à l'hôpital.
C'est la qu'il mourut. Lorsque l'aumÔDier lui
eut administré les derniers sacrements , au
moment de l'agonie: «Que vous allez être
heureux, mon riis! lui dit-il; vous verrez' Dieu
face à face toute l'éternité. — Quoi I mon père,
objecta l'incorrigible artiste, toujours de face
et jamais de profil? ■ - '
Le célèbre mathématicien Lagny était à
l'agonie, lorsque Màupertuis, son ami, vint le
voir et demanda de ses nouvelles à sa famille.
« Ont monsieur, lui répondit-on, il' est perdu!
il né parle plus. — 11 ne parle' plus ? reprit
Màupertuis ; attendez, je vais'le faire parler. »
Et s approchant du moribond, il lui cria à
l'oreille : « Lagny le carré de douze? — Cent
quarante-quatre, • répondit le mathématicien
par un suprême effort, et il mourut. "'
Toute une famille assistait à l'agonie d'une
jeune fille. La malheureuse mère s'écria dans
le délire de son désespoir : « 0 mon Dieu ! ren-
dez-la-moi et prenez tous mes autres enfants ! ■
Un de ses gendres, qui assistait à cette scène
de douleur , lui dit aussitôt : « Madame , lès
AGO
gendres en sont-ils? • A ces mots, prononcés
avec le plus grand (sang-froid, la malade, oui
possédait encore toute sa connaissance , fut
prise d'un si violent accès de rire, que l'abcès
intérieur dont elle se mourait creva au même
instant, et cela lui sauva la vie.
Un loup à l'agonie faisait son examen de
conscience : « Je suis vraiment un grand pé-
cheur, disait-il; j'ai dévoré bien des créatures
innocentes, et la mort de ce pauvre petit agneau
que j'étranglai si injustement autrefois, me
remplit aujourd'hui de remords. Cependant, je
crois avoir fait aussi quelques bonnes actions :
j'épargnai un jour un jeune mouton écarté de
son troupeau ; une autre fois j'eus la patience
d'écouter les railleries insolentes d'une vieille
brebis , qui n'avait auprès d'elle ni chien ni
berger pour la défendre, — Je puis attester
tous ces faits ; interrompit un renard de ses
amis, qui l'assistait dans ses derniers mo-
ments. Toutes les circonstances en sont encore
présentes à ma mémoire : c'était à l'époque" 6ù
tu manquas d'être étranglé par cet os que la
cigogne te retira du gosier. • '..,,-,
agonionedre s. m. (a-go-nirO-neuTre —
du gr-agônios, sans angles ;neuron, nervure).
Entom. Qenre d'insectes hyménoptères de la
famille des chalcidiens.' , .
de Mercure , de Neptune et généralement de
tous les dieux qui présidaient aux luttes
gymniques. ' ' ,
'.AGONIR v. a. ou tr. (a-go-nir — du v..fr.
ahonnir, faire honte).. Accabler. Est presque
toujours suivi des mots injures, sottises, etc. :
Agonir' quelqu'un d'injures. Elle m' a. presque
agonie de sottises. (Balz.) il Peut s'employer
absolum. : Il m',A agoni pendant une heure. Pop.
S'agonir, y. pr. S'accabler d'injures. " ..
— Le peuple dit souvent à tort agoniser,
s'agoniser : Je veux f agoniser d'ici à demain.
(Ricard.) C'étaient de petits mendiants qui
/'avaient agonisé de sottises. (E. Sue.)
AGONIS 's. m. fâ-go-niss). Bot; Genre de
plantes de la famille des m'yrtàcées. Il ne ren-
ferme que trois espèces, que l'on cultive
comme arbustes d'ornement.
agonisant (a-go-ni-zan) part, prés.- du
v. Agoniser : Une vieille femme agonisant sur
un grabat. Il avait. des instants de délire, pen-
dant lesquels il croyait, à travers lès fenêtres,
voir dans une pauvre chambre un vieillard ago-
nisant sur un grabat. (Alex. Duni.)
Les deux bras étendus, dan» l'ombre agonisaTit,
Jésus-Christ transforma le monde en l'embrassant.
agonisant ante adj . (à-go-ni-zan, an-te
— rad. agoniser). Qui est à l'agonie : Les forces
du rai 'étaient épuisées, et il était comme ago-
nisant. (Fên.) Ils récitent les prières qu'ils
avaient si souvent récitées près des fidèles ago-
nisants. (Duval.) il En parlant des choses, Qui
indique l'agonie.: Laissez-la s'approcher, dit
Privât. d'une voix agonisante. (H. dé Lacret.)
Je me débarrassai péniblement de l'étreinte
agonisante du cul-de-jattè. (E. Sue.)
— Par exag. Qui est très-affaibli par l'âge
ou la maladie : On m'a empaqueté >pour-Com-
mercy , et j'y suis agonisant comme à Paris.
(Volt.) . . -•
— Fig. Se dit des choses qui sont à leur dé-
clin, qui touchent à leur fin : Un empire ago-
nisant. Une société agonisante. Encouragés
par la faiblesse d'une souveraineté agonisante,
les magistrats ne gardèrent plus de mesure.
(J. deMaistre.) .<•■
— Subst. "Celui, celle qui agonise : Le'mi-
nistre saint s'entretient avec /'agonisant de
l'immortalité de son'àme. (Chateaub.) Lors-
qu'il arriva au monastère, la communauté ré-
citait les prières des agonisants. (G. Sand.)
Les religieux de Saint-François s'y étaient
introduits par charité, pour consoler les ago-
nisants. (Alibert.)
' — Prières dès agonisants, Dernières prières
que l'on récite au chevet des mourants. '
— Hist. relis. Confrérie des agonisants, Con-
frérie établie d'abord à Rome, -1 — : "
et de prier pour.ei
AGONISER v.n.. „
agonie). Etre à l'agonie : L'abbé de F:
meurt, il à reçu tous les sacrements, il agonise.
(M™é de Sév.) Pourtant vous m'avez plaint en
me voyant pleurer à la porte de la maison où
ma mère agonisait; (G. Sand.) Tandis que
l'archidiacre, à quelques pieds de là, agonisait
de cette horrible façon; Quasimodo pleurait.
(V. Hugo.) ■:
v — Par compar., en parlant des choses :
La nuit, quand la veilleuse agonise dans l'urne.
V. Huoo.
— Par ext. Mener une vie languissante;!
'mourir peu à peu : Jeune homme, il a l'air d'un
vieillard; il agonise ainsi quelque temps, enfin '
-il meurt. (V. Hugo.) il Mourir : Un gibet et
un pilori permanents ne contribuaient pas peu
à faire détourner les yeuxde cette place fatale,
où tant d'êtres pleins de santé et de vie ONT
AGONISÉ. (V. Hugo.)
— Fig. Etre prêt à disparaître , a se dis-
soudre, à s'éteindre , en parlant des institu-
tions, des empires, etc. : Toute société qui
AQO
discute , agonise. (Colins.) Le vieux monde
agonise en Europe. (V. Considérant.)
agonistarque s. m. (a-go-ni-star-ke —
du gr. agonistês , combattant ; archos, chef).
Antiq. gr. Officier qui était chargé du soin
de faire exercer les athlètes, et qui présidait
Grecs, aux simples citoyens qui "se livraient
'aux exercices gymnastiques dans l'unique i but .
d'augmenter leurs forces physiques et de se
rendre plus propres au service militaire.
- AGONISTIQUE adj . (a-go-ni-sti-ke — du gr.
agônizomai, je combats). Antiq. gr. Qui con-
cerne l'art athlétique": Les jeux agonistiqiies
étaient ceux où il y avait des combats de gla-
diateurs ou d'autres athlètes.
— s. f. Partie de la gymnastique qui com-
prenait les combats des athlètes : Z'agoni-
stiqoe était pratiquée indistinctement dans
la Grèce par les hommes en état de porter Us
armes. (Encycl.)
— Hist. relig. Nom donné par les Dona-
tistes à ceux de leurs adeptes qui parcou-
raient les provinces, pour propager leur doc-
trine et combattre celle des catholiques.
AGONIUS. Myth. rom. Dieu qui, chez les
Romains , présidait aux affaires et à tous les
actes en général. Quelques auteurs pensent
3ue le mot agonius était une simple epithète
onnée à Janus.
AGONODÊME s. m. (a-go-no-dè-me — du
gr. agônos, non anguleux; demas, corps).
Entom. Genre d'insectes' coléoptères penta-
mèrès, famille dés carabiques.
agonodère s. m. ( a-go-no-dè-re — du
gr. agônos, non anguleux; duré, cou). Entom.
Genre d'insectes coléoptères pentamères,
tribu des harpaliens.
AGONOGRAFHlÉ.s. f. (a-go-no-gra-G —
du gr. agôn ,- combat ; graphe, description).
Didact. Description des jeux solennels chea
les anciens. .
AGONOSOME s', f. (a-gc-no-sc-me — du gr.
agônos, non anguleux ; sôma, corps). Entom.
Sous-genre de scutellériens , dont le type est
une espèce des Indes orientales.
AGONOSTOME s. m.(a-go-no-sto-me— du
gr. agônos , non anguleux ; stoma , bouche).
Ichthyol. Poisson' assez ressemblant auxn:
ges, et qu'on rencontre S
Maurice. '
r les côtes de l'île
AGONOTHÈTE S; nf, (a-go-no-tè-te — du
gr. agônothetès; de agôn, combat; lithèmi, je
dispose). Antiq.gr. Magistrat athénien qui,
dans les jeux et les combats publicSj remplis--
sait les fonctions de directeur; de président et
de juge.
' agonycutes s. m. (a-go-ni-kli-te — du
gr. a priv. ; ^oiiu, gonou, et klinô, je plie).
Hist. ecclés. Membre d'une secte chrétienne
qui voulait qu'on priât Dieu debout, préten-
dant que c'était une superstition do se mettre
à genoux.
AGORA , nom sous lequel on désignait la
principale place publique dans les villes de
l'ancienne Grèce. La torme de l'agora, ordi-
nairement carrée ou rectangulaire, était néan-
moins subordonnée aux exigences de la con-
figuration du sol. Tout autour régnaient des
portiques sous lesquels les magistrats rendaient
quelquefois la justice ; dans l'intérieur , s'éle-
vaient des temples, des autels, les statues des ■
dieux ou des grands hommes , tandis que des
édifices importants le bordaient à l'extérieur.
L'agora le plus célèbre est celui d'Athènes, où
se tenaient souvent les assemblées du peuple,
et, où les oisifs concitoyens de Démosthène
aimaient à se réunir, et dédaignaient, pour des
conversations frivoles, les accents éloquents
du grand orateur. Ce n'est plus aujourd'hui
qu'un champ désert où paissent les troupeaux.
AGORANOME s. m. (a-go-ra-no-me — du
gr. agora, place publique ; nemô, je gouverne).
Antiq. gr. Magistrat chargé de la police des
marchés chez les Grées, plus particulièrement
de vérifier la qualité des denrées,-de réprimer
les fraudes sur le mesurage, de veiller à ce
que, dans les transactions, tout se passât
•loyalement. Les agoranomes avaient une
partie des "attributions des édiles romains :
de là vient que les écrivains grecs, Plutarque,
Denys d'Halicarnasse , etc., traduisirent ^es
mots latins œdilis , œdilitas, par agoranome,
agàranomi'è. .' ' " c
AGORANOMIE s. f. (a-go-ra-no-mî — rad.
agoranome). Antiq. gr. Charge, fonctions
d agoranome ; durée de cette charge.
. ■ AGORARQUE s. m. (a-go-rar-ke — du gr.
agora, place publique; archos, chef). Antiq.
-gr. Magistrat qui remplissait à Sparte les
fonctions de l'agoranome à Athènes.
AGORÉEN.ENNEadj. (a-go-ré-ain, è-ne).
Myth. gr. Epiihëte commune à plusieurs di-
vinités qui présidaient aux marchés, ou aux
affaires judiciaires. Se dit particulièrement
de Mercure, de Jupiter et de Diane. . ■'
AGORES s. m. pi. (a-go-re — du gr. ago-
raios. grossier). Arachn. Groupe d'araignées
du genre disdère,
AGOS h. m. pi. (n-goss). Géogr. Nom d'un
des peuples lixés sur les plateaux et dans les
vallées de l'Auyssinie : Les Agos paraissent
appartenir à la race nèqre. Les Agos so;if des
AGO
peuples barbares , presque semblables aux
nègres.
AGOSTA, ville de Sicile, à 15 kil. de Syra-
cuse, sur la mer Ionienne; 9,500 hab. Exporta-
tion d'huile , miel , vins, sel , etc. Port sûr et
spacieux , mais d'accès difficile.
AGOST1N (Michel), agronome espagnol, né
vers 1560 près de Girone, mort vers 1630, en-
seigna le premier à ses compatriotes que l'agri-
culture est une véritable science fondée sur
l'expérience et l'observation, et fut ainsi pour
l'Espagne ce qu'Olivier de Serres avait été
pour la France. On lui doit un ouvrage inti-
tulé : Libro de los Segretos de agriculiura (les
Secrets de l'agriculture), divise en cinq livres
et suivi d'un index ou table des termes d'agri-
culture, en six langues. -
AGOST1NI (Léonard), antiquaire italien du
xviic siècle, a laissé un ouvrage très-estimé
sur les Pierres antiques, Rome 1636.' Il a donné
aussi une nouvelle édition, avec continuation,
de la Sicile décritepar les médailles, deParuta.
Il était inspecteur des antiques à Rome.
AGOST1NI (le P. JeanDEGLi), biographe
italien, religieux de l'ordre de SaraWrançois,
né à Venise en '1701, mort en 1755, était biblio-
thécaire du couvent délia Vigna, dans sa ville
natale. On a de lui : Notices historico-criti-
çues concernant la vie et les ouvrages des écri-
vains vénitiens (en italien), monument patrio-
tique que la mort l'empêcha de compléter.
agot s. m. (a-go). Hist. Syn. de cagot.
, AGOTKON s. m. (a-got-kon). Nom donné
aux sorciers et aux jongleurs, chez leslro-
quôis. '
AOOUANTE adj. f. (a-gou-an^te). Se dit,
dans le patois de l'Orléanais, d'une femme
revêche, de mauvaise humeur : Oh! Louise,
vous ètes'bien agouante aujourd'hui.
agouantise s. f. (a-gou-an-ti-ze — rad.
agauante). Mauvais accueil, rebuffade : Elle
ne me fait plus maintenant que dès agouan-
tises. Ce mot appartient au patois de l'Or-
léanais.
AGOUD (Joseph), littérateur, né au Caire
en 1795, mort à Marseille en 1832, vînt en
France à l'âge de six ans, à la suite de l'armée
française, fit de brillantes études dans cette
dernière ville, et se rendit ensuite à Paris, où
il fut nommé ? en 1820, professeur- de langue
arabe au collège Louis le Grand. Destitué en
1831, il se retira à Marseille et y mourut de
chagrin l'année suivante., Il a publié un grand
nombre d'articles d'histoire et de critique ,
ainsi que-des poésies, dans les revues et les
recueils périodiques de l'époque.-'*" "'"'Ji-
ÀGOUCHI s.,rri. (a-gou-chi). .Mamm.' Petit
:mâmmifère d'Amérique. Il diffère de l'agouti
par sa queue, qui, est un peu plus longue, et
par l'absence de erôte derrière la tète. Il ha-
bite la Guyane, les îles doirGrenadè et do
•Sainte-Lucie, où il vit dàbs les bois. ■
. AGOULT (Marie de Flavigny; comtesse d'),
femme de lettres française, née à Francfort-
sur-le-Mein en 1805, épousa le comte d'Agoult
en 1827. Elle a publié, sous le pseudonyme de
Daniel Stern, de, nombreux articles littéraires
"dans la Presse, la Bévue des Deux-Mondes et
la Revue indépendante ; puis, en volumes, des
romans et diverses productions : Nélida (1845);
Lettres républicaines (1848) ; Esquisses morales
et politiques (1849) ; Histoire de ta Révolution
de 1848, et plus récemment, Trois journées de
'ta. vie de Marie Stuart (1856). Tous ces écrits
sont très-remarquables par, la forme comme
par le fond des idées. M»1' la comtesse d'A-
goult s'était ralliée d'enthousiasme aux idées
qui triomphèrent, en février 1818. Elle sembla
même se rapprocher de celles qui furent vain-
cues .en juin; elle inclina du moins vers un
socialisme assez vague, mais qui semanifes-
■ tait surtout en sympathies ardentes pour les
çlasses'populaires. , ' :
AGOÛPY s. m. (a-gou-pi). Ornith. Nom
du rouge-gorge dans certains pays.
AGÔUT, riv. de France, prend sa "source
. dans les Cévennes, passe par Castres, La'vaur,
■ et se jette dans le Tarn, après un cours de
89 kil. ,.',''
AGOUTI s: m. (a-gou-ti). Mamm. Quadru-
:pèdeappartenant ài'ordre des rongeurs.' Sa
taille est colle du lapin : Z'âgouti est, dans
les- Antilles et les parties chaudes de l Amê-
,rique, le représentant de nos lièvres et de nos
'lapins.' ■■■ ■ , . • .,■'!■'■....
' " — Encycl.1 L'agouti 'constitue un.genre dans
l'ordre. des rongeurs; il ressemblé au cavia
(vulgairement cochon d'Inde) par sa confor-
mation'extérieure ; au lapin et au lièvre par
sa taille, ses mœurs et ses habitudes. Il a 1 in-
stinttt de se peigner et de se nettoyer souvent,
comme lès chats: aussi est-il toujours lisse et.
• luisant. Son pelage est généralement d'un
fauve orangé teinte de noir, avec des nuances
verdàtres, plus sensibles sur les membres.
'' L'agouti habite la Guyane et les iles voi-
sines ; il vit dans les bois et se loge dans les
trous des vieux arbres, qu'il agrandit et ar-
range de manière à s'en faire une habitation
commode. Il se nourrit surtout de substances
végétales, racines, feuilles, fruits,' graines ; il
parait" cependant qu'il mange aussi de la
chair. Il se sert de ses pattes , ' comme l'écu-
reuil, mais avec moins d'habileté, pour prendre
ses aliments et les porter a sa bouche.'
On rencontre souvent les agoutis par troupes
de vingt à trente individus; on leur donne la
chasse, pour leur chair, qui est assez délicate
et très-estimée dans le pays. Comme ils cou-
rent très-vite, il est difficile de les forcer en
plaine ou dans les montées ; mais dans les
descentes rapides on' les prend plus aisément.
L'agouti s'apprivoise facilement. La peau de
certaines espèces sert, chez diverses peuplades
de l'Amérique, à fabriquer des vêtements.
AGOYATE s. m. (a-go-ia-te — du gr.
agoiato; formé de agâ, je conduis). Guide,
conducteur qui, en Grèce, accompagne
voyageurs et porte les bagages : X'agov
voyage à pied sans se fatiguer; il passe l'eau
sans se mouiller, il se nourrit le plus souvent
sans manger. (Ed. About.)*
AGRA (l'évèquei'), titre' fictif de l'abbé de
Fôlleville, président du conseil supérieur des
Vendéens insurgés. V. Follevillb: •
AGRA, ville de l'Indoustan anglais, ch.-lieu
du district de ce nom, présidence de Calcutta,
a 1,520 kil. de cette ville et à Zoo de Delhy,
sur la rive droite de ln'Djumma; 149,000 hab.
Cétïe ville, autrefois llor'i.ssiinte et capitale de
l'empire mogol , est auj. remplie de ruines.
Commerce considérable de châles, chevaux,
chameaux, sel gemme, fruits et drogues im-
portés de Perse , cotons et marchandises eu-
ropéennes tirées de l'Indoustan méridional.
Exportations principales : soie, indigo , sucre.
■ agra s. m. (a-gra). Bois de senteur pro-
venant de la Chine. *"
AGRAFAGE s. m. (a-gra-fa-je — rad. agra-
fe). Techn. Action d'agrafer, il Espèce de
soudure : .L'agrafage n'a lieu que pour les
vases qui sont destinés à supporter une haute
température. (Encycl.) L'agrafage est plus
particulièrement employé pour les ustensiles en
fer-blanc..(Encyû.)
AGRAFE s. f. (a-gra-fe — du gr. agra, prise,
ou de l'aHemi greifen, saisir). Crochet de
métal'qui s'engage dans un anneau appelé
'porte, et sert à joindre les bords opposés
d'un vêtement, etc. : Aujourd'hui ■ les coutu-
rières font une énorme consommation d'AGRA-
fes. Là fabrication des agrafes a' été révolu-
tionnée en \Si3par une machine ingénieuse, qui
peut en donner deux cents par minute. (Maigno,)'
Plusieurs manuscrits couverts de lames d'or ou
de bois odorant étaient fermés avec de fortes
agrafes d'acier. (Villem.) Elle portait un
turban juif, enrichi d'une agrafe orientale.
(Balz.) La novice détacha J'agrafe d'or qui
retenait son voile sur son front. (Gv. Sand.) Les
Romains relevaient leur robe par une agrafe
jusqu'au milieu de la cuisse. (Maquel.)
— Agrafé en diamants, etc.; Agrafé mbntée
en diamants, etc. : Vous avez là une char f ,
mante" agrafe "<fe pierreries. (Balz.) il Agrafè-
chàtelaine, Espèce d'agrafe dont on se sert
pour retenir les montres : Une agrafe-châ-
telaine. Des agrafes-châtelaines, h Agrafe-
page, Petite pince au moyen de laquelle on
•relève la robe sans être obligée do la tenir à
la main, tl PL' Des agrafes-pages.
' — Chirurg. Agrafe de Valentin, Sorte' de
pince à branches parallèles, employée par le
chirurgien Valentin dans l'opération du bec-
de-lièvre, pour opérer le rapprochement des
bords de la plaie. ••
— Arcliit. Crampon de fer' qui unit les
pierres entre elles et les empêcho'de se dis-
joindre. Il Se dit aussi dé tout ornement de
sculpture qui semble unir entre eux plusieurs
membres d'architecture ; telles sont les con-
soles qui sont placées à la tête des arcs, et pa-
raissent relier les moulures de l'archivolte
avec la clef de l'arc.
— Bot. Poils durs et recourbés en crochet,
appelés plus ordinairement poils crochus.
— Hortic. Ornement qui relie deux figures
dans un parterre. '
— Serrur.'Sorto de boucle en fer qui sert à
, fermer en même' temps la croisée et les volots.
AGRAFÉ, ÉE (a-gra-fé) part.-pass. du v.
Agrafer; Attaché avec des agrafes : Quelque-
fois je la surprenais en robe blanche à peine
agrafée autour du cou, (Lamart.) Ces longues
bandes .étaient agrafées par des nœuds de
perles. (Balz.)
. . _ par ext. Se dit aussi des personnes, pour
indiquer que leurs agrafes sont bien ou mal
attachées : Vous pensez bien que vous ne devez
pas rester un instant déplus, a moins que.vous
ne vouliez, être vue mal coiffée et mal agrafée.
(G! Sand.)/ ' ' - ' '* • '' '•'
agrafer v. a. ou tr. (a-gra-fé — rad.
agrafe). Attacher' avec une agrafe : De nou-
velles agrafes permettent aujourd'hui ^'agra-
fer soi-même le corsage des robes.
■ — Par ext. Se dit 'de la personne même
dont on attache les agrafes : Sa femme de
chambre mit un quart d'heure à /'agrafer/
Tu m'agrafes toujours comme on affrafe un prêtre;
Tu serres mon pourpoint, et j'étouffe...
V. Huao.
— Agrafer quelqu'un, Le saisir vivement, ■
. surtout au collet, il Agrafer un soldat, Le con-
signer dans, son quartier, l'empêcher de sortir :
J'ai jeté la clarinette par terre, et l'on ni' a
agrafé pour huit jours, (Vidal.) Triv. et pop.
S'agrafer, v. pr. S'attacher : Sa robe s'agra-
fait aux poignets. l
— Par ext. Etre fixé : Les anses de ce pot
s'agrafent avec une élégance parfaite au col.
et aux flancs, d'un galbe délicieux. (Th. Gaut.)
pas voulc
— Antonymes. Dégrafer, désagrafer.
AGRAIRE adj. (a-grè-re — du lat. agrarius;
de ager, champ). Se disait, chez les Romains,
des lois qui avaient pour objet de distribuer
aux citoyens les terres provenant de la con-
quête : Ce fut vers Van de Rome 268 que le
tribun Cassius proposa la première loi agraire.
(Encycl.) il S'applique aujourd'hui assez sou-
vent à un système de législation qui aurait
pour but le partage égal des terres entre les
pauvres et les riches : La Convention prononça
la peine de mort contre quiconque proposerait
une loi agraire. Il ne faut pas confondre avec
la loi agraire l'utopie communiste qui, loin de
partager les propriétés, les concentre entre les
mains de l'État. (F. Pillon.) Platon est com-
muniste dans la République, et partisan de la
loi agraire dans- les Lois. (F. Pillon.) il Qui
concerne les champs , les terres , les biens-
fonds : Mesure agraire.
Agraire» (lois).. Dans son acception la plus
générale ,. ce nom s'appliquait , chez les Ro-
mains, à toute disposition ayant pour objet .d'as-
surer aux citoyens pauvres une part dans l'ex-
ploitation des terres conquises, affermées dans
l'origine aux patriciens, qui, non-seulement _
n'en payaient plus le cens ettransformaientees '
possessions toujours révocables en propriétés,
mais encore les augmentaient sans cesse par
de nouvelles usurpations. Les lois agraires,
effroi de- la noblesse, arme de guerre entre les
mains des tribuns du peuple, et qui soulevèrent
tant d orages, avaient donc pour but de limiter
ces usurpations, en revendiquant et le droit
imprescriptible de l'Etat, et' le droit des plé-
béiens de participer à l'exploitation des terres
publiques. La plus célèbre était la loi Licinia,
obtenue l'an 376 av. J.-C.,etqui limitait à cinq
cents arpents la quantité de terres domaniales
que pouvaient posséder les détenteurs , et
prescrivait en outre le payementdes fermages.
Elle ne fut jamais exécutée.'malgré les plaintes
du peuple,que les patriciens essayaient par-
fois d'apaiser par la concession de quelques
parcelles au loin. Les Gracques firent revivre
pour un moment la loi Licinia, qui fut définiti-
vement abrogée après leur immolation par
l'aristocratie. Néanmoins, on compte encore
plusieurs lois agraires jusqu'à celle que fit
rendre César consul, et qui concédait les terres
publiques„de la Campante aux plébéiens pères
de trois enfants. Sous les empereurs, il nfy eut
plus de lois agraires proprement dites , mais
de simples distributions sans aucun caractère
de légalité, et qui n'étaient le plus souvent que
le fruit de violentes dépossessions. . .
* On a cru longtemps , et cette erreur parait
remonter à la renaissance des' lettres, qu'à
Rome les lois agraires avaient rapport au par-
tage des propriétés particulières, et ressem-
blaient, par exemple, à celles .que Lyeurgue
établit a Sparte. Mabfy et Montesquieu avaient
professé cette fausse opinion, que partageait
également la Convention lorsqu'elle prononça,
le 17 " mars 1793, la peine de mort contre qui-
conque proposerait une loi agraire, c'est-à-dire
tendant au partage égal des terres entre tous
lès citoyens. Les travaux de Heyne, de Savigny
et de Niebuhr ont, à cet égard, rétabli la vérité
historique. Ainsi le reproché de partisan de
là loi agraire, ordinairement adressé à ceux
qui demandentle nivellement des propriétés, ne
saurait s'appliquer dans ce .sens aux Gracques.
.AGRAlRIENjENNE adj. (a-grè-ri-ain, è-ne
-riad. agraire). Qui concerne la loi agraire,
qui s'y rapporte : Voilà ce que de nouveaux
enfants de Jason appelaient le moyen de réa-
liser l'heureux système dt la révolution agrai-
rienne. (Villate.) Le rédacteur prétend que ce
n'est pas la première fois que le Times accuse
M. Cobden de professer des doctrines agrai-
RIENNES.-(JOUrn.) •
— s. m'. Nêol. > Partisan "des lois agraires.
V; Agrarianisme et Agràrien. •
■' AGRAM, ville forte de Croatie, ch.-liêu du
comitatdè ce nom: 20J000hab. Siege'des Etats
de Croatie et d'Esciavonie, evêché, haute cour,
école académique. Parmi les édifices, on re-
marque la cathédrale, le palais épiscopal, le
palais des Etats," et un beau port sur la Save.
AGRAMANT, personnage du Roland furieux
(V. ce mot) de l'Arioste, la chef de l'armée
' qui assiège Paris., En voyant les dangers dont
il est menacé, Charlemagne se rend à la cathé-
drale avectous ses guerriers et adressera Dieu
de ferventes prières, que, saint Michel; le pa-
tron de la France, porte aux pieds du trône de
l'Eternel. L'archange reçoit aussitôt l'ordre de
descendre sur la terre, d'aller trouver la Dis-
corde, a laquelle il ordonne de se jeter au
milieu du camp ennemi et de semer la division
parmi les chefs. De là est venue cette phrase
proverbiale : La discorde est au camp cfAgra-
mant. La valeur impétueuse de ce personnage
est également passée en proverbe , et l'on y
.fait de fréquentes allusions : ,
« La mèro pleurait, la- fille' boudait dans' un
coin, le père gesticulait et tempêtait; je restai
cinq minutes sur le seuil de la porte : «Oh! oh !
m'écriai-je en entrant, la discorde est au camp
d'Agramant. » Revue de Paris.
« Les massacres accomplis dans Madrid, le
2 mai, commencèrent l'insurrection générale.
.Murât eut le malheur de voir ces troubles. Ce
-chef des braves avait de l'allure du roi Agra-
AGR 139
mont, et volait à la charge avec un délire de
joie et de courage, comme s'il eût été porté sur
l'hippogriffe. » Chateaubriand.
AGRANDI, IE (a-gran-di) part. pass. du v.
Agrandir. Rendu plus grand : Un château, un
parc agrandi. Ce temple fut agrandi et réparé
par Hélène. (Chatcaub.) Il Fig. Elové, ennobli:
Dans sa tête agrandie, les pensées se succé-
daient plus douces, plus consolantes, plus affec-
tueuses. (Saintine.) C'est par l'étude seule que
la vie peut être agrandie. (Flourens.)
Mon âme agrandie,
S'élançant d'une aile hardie.
Do la terre a quitté les bords.
Malfilatre.
agrandir v. a. ou tr. (a-gran-dir — rad.
grand). Rendre plus grand, plus.vaste, plus
étendu : Agrandir une maison, une ville, une
plaie. Charles XII a été le premier qui ait eu
l'ambition d'être conquérant sans avoir l'envie
^'agrandir ses Etats. (Volt.) Le résultat de la
première guerre a été d' agrandir la France de
la Belgique et du Piémont. (Napol. Ipr.) Il est
clair qu'en nous débarrassant de notre mobilier,
j'ai agrandi la chambre. (A. Karr.)
Puis-je oublier les soins A'atjrandir votre empiret
De votre héritage
Vous avez beau vouloir étendre les conflns,
Quand vous V agrandiriez trente fois davantage,
Vous auriez toujours des voisins.
J.-B. Rousseau.
Il Faire paraître plus grand : Ce vêtement
agrandit la taille. Nous cherchons à agrandir
notre figure par des chaussures élevées, par des
vêtements renflés. (Buff.)
— Par ext. Rendre plus riche, plus puis-
sant, plus élevé en dignités : La sagesse que
je dois louer n'est pas celle qui élève les hommes
et qui agrandit les maisons. (Boss.) Le roi,
occupé de l'établissement de ses bâtards , qu'il
agrandissait de jour en jour, avait marié deux
de ses filles à deux princes du sang. (St-Sim.)
Rome a voulu le perdre, et non pas mViffrandir;
Corneille.
Il Amplifier, exagérer : Cet homme est un peu
sujet à agrandir le récit. (Acad.) La souj-
france agrandit tout: (Balz.)
l'âme. (Volt.) Homère laisse toujours dans
notre âme une impression profonde qui' semble
l'étendre et ^'agrandir. (Barthél.) L'homme
agrandit son courage par toutes les facultés
de son âme. (Alib.) il Imprimer un caractère
do grandeur à ce qu'on fait, à ce qu'on dit, à
ce_qu'on écrit : Corneille agrandit ses héros.
Dans Bossuet, quand l'idée est grande, la fami-
liarité même de l'expression sembte ^'agrandir
encore. (Marmontel.) La peine qu'on se donne
pour enrichir des sujets stériles, pour agrandir
de petits objets, est au moins inutile, souvent im-
portune. (Marmontel.) Buffon agrandit toutes
les questions auxquelles il touche. (Flourens.)
— Absol. : Méfiez-vous de ce qu'il dit, il
agrandit toujours. De tous nos orateurs, Bos-
suet est celui gui aie mieux connu l'art d\-
grandir. (Marmontel.)
S'agrandir, v. pr. Devenir plus grand, plus
étendu : Paris. s'Agrandit tous les jours. Le
lit du torrent s'est considérablement agrandi.
L'espace devant moi s'agrandit.. (Lamart.) a
Augmenter ses possessions, ses terres, son
héritage , s'enrichir : La Russie tend à s'a-
grandir du côté de l'Orient. Il s'est bien
agrandi du côté, de la rivière. (Acad.) Les
princes s'agrandissent en reculant les bornes
de leurs Etats, et erpient par .là augmenter
leur puissance. (Girard.) Philippe IV, roi
d'Espagne, ayant perdu le Portugal, s'en con-
sola en' prenant le titre de Grand. Le duc de
Médina-Cœli dit à ce sujet : . Notre roi res-
semble à un fossé; plus on lui ôte, plus il
s'agrandit. »
— Augmenter sa puissance, son crédit : Un
ambitieux se laisse dominer par la passion de
s'agrandir. (Bourrai.) On ne se pousse et on
ne s"agrandit dans le monde que pour augmen-
ter l'idée que chacun se forme de soi. (Nicole.)
Puisqu'elle va combattre, elle va s'agrandir.
Corneille.
Fig. S'élever, s'ennoblir, se fortifier : A
ce spectacle imposant, son esprit s'agrandit ,
son intelligence se 'développe., ses nobles in-
stincts s'éveillent. (E. Sue.)
11 me semblait, mon Dieu, que moi) ame oppressée
Devant l'immensité t'agrandissait en moi. _
' , • ' Lamartine.
— Syn. Agrandir, accroître, augmenter.
V. Accroître.
—Syn. Agrandir, étendre. On agrandit dans
les trois dimensions, on n'étend ,que dans une
seule. Agrandir, c'est embrasser plus d espace
dans tous les sens, rendre plus vaste, plus spa-
cieux ; étendre , c'est agrandir au loin , c est
reporter plus loin les limites. On étendez qui
est court, ce qui manque de longueur. L'action
d'agrandir se fait en empiétant dans toutes les
directions ; celle à'étendre a lieu dans un sens
unique. On agrandit un bassin circulaire, une
ouverture carrée, rondo ou ovale, en lui con-
servant la même forme ; on étend une allée, un
sentier dans un pré. Un lapin agrandit son
MO
mn
terrier sans l'étendre en lui' donnant plus de
capacité ; il Vétend sans ['agrandir en le pro-
longeant, en. le creusant plus avant. Au figuré,
la nuance est beaucoup plus délicate, et même,
dans un grand .nombre de cas, la différence est
nulle; on agrandit ^driYon 'étend'ïà sjihèrë'de
ses connaissances ;. on agrandit on -Ion étend
son pouvoir.' Mâis^ôh dira plutôt étendre
qu'agrandir sa réputation, son commerce, son
influence, sa domination. Ici, cette préférence
n'a d'autre consécration que l'usage. j
— ■" Antonymes.' Amoindrir, apetisser, dimi-
nua (rapetisser,' réduire, restreindre." ;■;;■
' ÂGRANDisSANT {a^gran-di-san) part. prés.
dtfv. Agrandir : 'Son pouvoir va chaque* jour
s'agrandissant. Les lettres servent la mo'rale',
enl agrandissant notre confiance >dan$' nos' far-
ces. (Malte-Brun.) ■- ■ i ■ ■ ' j • * <■ . '•
1 AGRANDISSEMENTS, m. (a-gràn-di-se-mâri
■^ rad. agrandir). 'Augmentation , accroisse-^
fflérit : ^'agrandissement d'une propriété,
d'une maison, d'un jardin'. La politique ae^l' An-
gleterre consiste à •noué prêter des' desseins
^'agrandissement,^ .territoire que nous n-a-
vpns plus. (E. de Gir.) . . '[,..' r
.'^Kg. Se dit. en parlant de la. .puissance,
des dignités, dé la fortune' : Il travaille pour
rÀGRANDissEMENT 'de sa famille. (Acad.) 'Ja-
mais les' plaisirs ne firent iperdré à 'Cësar'Mne
heure du temps qu'il pouvait employer à' son1
A0RANpiSSBMENT;r(ÇharFOn7)F0^AGRANDI3SE-
MQNT était l'objet déiltome, la guerre celui des
Làcédémomensi (Monteaq.) Cromwell m'avait
de religion- et de fidélité qu'autant que ces ver-
tus pouvaient servir- à son agrandissement.
(Bo,Hhmirs.) 1fi , _ - . -.._ . „-,-■,■ .-
agrÀndÎtif -s. m. (a-gran-di-tif — rad:
af/randir). Néol. Mot que certains grammai-
riens ont proposé comme synonyme d'aug-
mentatif. ' . .' J. •.,.,,: .'.
.(■AGRANIES.-AGRIANIES OU AGRIONIES
§.,f. pl.,(dù[gr.,asm;o..s, sauvage, féroce). Fêtes
païennes en" l'honneur de Bacchus, dont, le
char était: traîné par des tigres. Suivant d'aur
tierces fêtes. étaient célébrées à Argôs en
l'honneur des Prcetides, filles de Prœtus. que
J.unon avait frappées de folie, .parce qu'elles
avaient osé comparer leur beauté à la sienne.
Ces fêtes, qui étaient, une sorto.de, baccha-
ri'alesysé célébraient la'nuit; les/ommes soûles
Vêtaient admises; elles s'y couronnaient de
lierre, et leur délire religieux y allait jus-
qu'aux plus 'grands excès.
agrÀphide s.'m. (a-gra-fi-de).Bot..Genre
de plantes de la famille' des liliacéçs. L'agra-
phjdé à"fleùrs'.iie!ichëesMvu!g. appelé jacinthe
sauvage, est commun dans nos' bois.
.AGRAPPER v. !
grappin),. Prendre
Dïleté : ■ ■
Comme résine ■'■."■ >
-'-.■„, ■.QujÇfTK1"»'1»!.' , tr, •,.,,. §/
' ' ' ., Ce qu'elle attrapa, ■■•■'•'■■
."■'' '■■■■ 'i'i Femme est encline;' ' ' "
-■ ■ ' ■ »- Toujours elle happe
,: ^ . , 1 ... Ce .qu'elle agrappe. xvi° siècle. .
tl Vieux et fami On dit aussi dans ce sens
AGRIPPER et^GRIBPER. 1- -. ] i.I : tt, '■_" ")■ .'. ^ f-
• ÂGRARlÂr s. rii. ' (â-gra-ri-a-ni-sme
— rad. agraire). 'Néol'. Système des partisans
des lois agraires, c'èst-à-diré du partage dés
terres entrètoùs^'eux qui cultivent le sol.
AGRARIAT , sJ m,(a-gra-ri-a — rad . agraire) .
Néol. Application de l?agràriànisme , partage
des. terres entre ceux, qui cultivent ,1e sol:
Le jacobinisme est opposé à Tagrariat, à la
démocratisation 4u capital. (Proudh.)
AGRarien , ENNE adj. (a-gra-ri-ain, è-ne.
-;- rad. agraire). Qui concerne la loi agraire':
Partage -agrahien^ ■ . m t
— 'Substantiv.' Partisan dés lois agraires :
Cest à l'époque des convulsions sociales qu'appa-
raissent les AGRARiuNs. Onditaussi agraîrien.
'— Hist: et polit. Les àgrqrièns, Nom ' que
s'est donné 'aux Etats-Unis un paiti'qui veut
ressusciter l'esprit des Gracques. Les agrd-
riens protestent de' leur respect pour là pro-
priété privée; mais ils demandent qu'au lieu
de vendre les terres publiques , on tes divise
en lots de cent soixante acres. L'Etat conser-
verait la propriété de ces lots , et en aban-
donnerait la jouissance ou la possession aux
particuliers moyennant une redevance^ tout
chef de famille aurait droit à!uri lot, à la1 con-
dition de l'exploiter- par lui-même oïl par ses
enfants. . >■ n. . ■ . •■ ■ .
-AGRASSOLE-s^'m. (a-gra-sb-lo);:Nom donné
dans le midi de la France au groseillier à
maquereau. ,■.':•
AGRAULE ou AGLAURE. Myth. Fille de.Cé-
crôps , adorée à Saldmineet 'à 'Athènes! Elle
avaitprès de l'Acropole un tôm'plé, où lés jeunes
guerriers prêtaient serment avant d'aller â là
guerre. , '
'agrauues.ou aglauries.s. f. !p,I.,(a-
grô-li). Antiq; gir. Fêtes en l'honneur d'A-
gràule. ' , , ^\ ,,.', , . .
ÂGRAULIS s. m. (a-gro-liss — dugr.agrau-
los, qui vit dans les champs). Entom;-Genre
d'insecte? do l'ordre.des lépidoptères diurnes.
prirent, à l'époque de l'établissement de la
maison de Bourbon en Espagne, les seigneurs
qui refusèrent do se rallier a là nouvello
royluté. Ce noiri est devenu générique en
Espagne pour désigner -les- mécontents-poli-
tiques. ■ ■■
agrayxée s. f. (a-gre-lé — du gr. agrau-
leo, j'habite les champs). Entoin. Genre d'in-
sectes névroptères de la' famille des phry-
ganiens.
' AGRE' s." f. (a-gre '— du gr. agra ', proie).
Entorn. Genre' d'insectes carnassiers , voisins
des carabes. U renferme plusieurs espèces qui
habitent pour la plupart l'Amérique du Sud,
et dorît les. mœurs sont peu connues..
'agréabilité s. f. (à-gré-a-bi-li-té — rad.
agréable)'. Néol. Qualité d'une personne qui
est , qui se rend agréable : J'apprécie moi-
même assez sa fluidité et son agréabilité de
causeur littéraire. (Ste-Beuve.)
AGRÉABLE adj. ( a - gré - a - blé — râd.
agréer). Qui plâit, qui agrée : Maison1, campa-
gne agréable. Conversation agréable. Figure
AGIIÉABLB. Odeur AGRÉABLE. Iléve AGRÉABLE.-
Spectacle agréable à voir. Vin agréable à
boire. Madame towne les choses d'une manière
si agréable qu'il faut être de son sentiment.
(Mol.) Il avait des manières engageantes , une
humeur agréable. (Bourdal.) Il lui amena un-
son fils, qui était jeune, d'une physionomie
&.„,„ „, „..; , — '-We fort noble.
ous ces bergers
ÀGR
AGRÉABLl
ltrKKAHl.,K; Cl qui a
La Bruy.) Apollon
ombre plus agréable, que les lambris dorés des
palais des rois. (Fén.) Les conseils agréables
sont rarement des conseils utUes. (Mass.) L'art
du philosophe consiste à se rendre tous les objets
agréables , par la manière de les considérer.
(Guizot.) , ■ , . .
-Digr
.....'.. Agréable colère !
3 ressentiment a 'ma douleur bien doux!
Cornbillb.
,1 . . . . . Ce n'était pas un songe
, Qu'enfante de la nuit l'agréable mensonge. ' -
■' ' Mollevaut.
li S'empl. avec la prépqsit. à : Son agréable
X l'oreille. Mets agréable au goût. Se rendre
agréable k quelqu'un. Ce ne sont pas absolu-
ment les choses les plus douces qui sont les plus
agréables aux sens , mais celles qui les cha-
touillent d'une façon mieux tempérée; alnsi.le
sel et le vinaigre sont souvent plus agréables
À" là langue que l'eau douce. (Déseartés.) On les
voit descendre à une foule de petits soins pour
se rendre agréables à un prince, k un grand.
(Fén.) Dis-moi donc ce que ta femme a contre
moi : je me tue à lui être agréable , rien ne
réussit. (Th. Leclercq.)nEn parlant des per-
sonnes^ Qui plaît en société, qui a de l'ama-
bilité, qui est d'un commerce' facile : Ou écri-
vain, unpoéte, un orateur kosé^Bi.B.Desfemmes
agréables de corps et d'esprit. ^Fén.) C'est un
homme agréable* et qui prévient en sa faveur.
(Le Sage.) On se croit dispensé d'être un homme
de bien, pourvu qu'on soit un homme agréable.
(J.-J. Bauss.) La raison vient en grandissant,
et une fille apprend à se rendre élégante et
agréable. (G. Sand.)
,-t Avoir pour agréable , Consentir à ;. trou-
ver bon : Ayez pour agréable que je vous
amène cette personne. (Acad.) Nous prions Dieu
ci'AvoiR pour, agréables nos oraisons. (Boss.)
Je vous supplierai <2'avoir pour agréable que
je me fasse un.peu grâce sur votre arrêt. (Mol.)
Il, On disait aussi avoir agréable, et même les.
puriste du •xv-ne siècle voulaient que l'on ne
s.'exprimàt pas autrement :. 0 Dieu,! ayez
agréable mon corps. (Pasc.) Afin que vous ayez
agréable qu'elle soit admise. (Boss.) ,, . ,
Eh bien, mes souverains, aurez-vous agréable '
Que n'ayant pu la voir. .- . . . . . ,
. — Impers. Il est agréable de., C'est une
chose qui plaît que de... : Il est agréable de
vivre avec ses amis. (Acad.) C'est de tels rois
qu'iv est agréable D'écrire l'histoire..(Volt.)
— Substantiv. Celui , celle qui cherche à
plaire, qui. affecte, l'amabilité, la galanterie
dans son langage ,' dans ses manières : Un
agréable. Une agréable. Je vous apprendrai
à connaître l'abbé, que peut-être vous n'avez
regardé que comme un agréable. (Dider.) ||
Faire l'agréable , Mettre beaucoup d'empres-
sement' a passer pour aimable : J'ai voulu
faire l'agréable auprès d'une petite coquette.
(Hamilt.) Je trouve que vous seriez charmant,
si vous ne faisiez pas l'agréable. (Marivaux.)
Lorsqu'il voulait faire' l'agréable ,auprès
d'elle, il était si mal reçu qu'il né savait plus
que devenir. (G. Sahd.) . (.
— s. m. L'agréable, Ce qui est agréable, ce
qui plaît, agrée : Où ils t>ow«iL'AGRÉABLE, ils
en excluent le solide. (La Bruy.) Partout où
l'on substitue l'utile à l agréable, l'agréable
y gagne presque toujours. (J.-J. Rouss.) Le goût
juge de l'agréable et non du beau. (Cousin.)
Heureux qui sait mêler l'agréable & l'utile.
Voltaike.
— Syn. Agréable, gmeieux. L'air
manières rendent gracieux
Combien n'a-t-on pas vu de belles aux doux :
Avant le mariage anges si gracieux. , . .
; les
L'esprit et l'humeur rendent agréable: Ce tour
d'esprit qui rendait sa conversation si agréa-
ble... (Fléch.) , :..•■'
— Antonymes. Blessant, choquant, contra-
riant, déplaisant, désagréable, disgracieux,
fâcheux, malplaisànt, malsonnant, odieux,
pénible, rebutant.
— Prov. Httér. Joindre, unir l'ndle A l'o-
Rréni,ic. V, Utile dulci.
AGRÉABLEMENT adv. (a-gré-a-ble-man
— rad. agréable). D'une manioro agréable :
Parler, écrire, plaisanter agréablement. Vivre
agréablement. Lire agréablement logé. L'art
de dire agréablement des riens n'est guère
étudié que par celui qui n'a que des riens à
dire. (Arnault.) On hait la médisance, la ga-
lanterie grossières .-pourvu qu'on tes tourne
t plus horreu
Malheur à vous qui passes vos jours a
ment et dans la joie! (Bourdal.) C'est du bien
perdu que de parler si agréablkment quand
il n'y a personne.- (M "'o de Sév.) Celui qui
mange une pêche est d'abord frappé agréable-
ment par l odeur qui en émane. (Brill.-Sav.) .
AGRÉÀGE s. m. (a-gré-a-jc — rad. agréer).
courtage. N'est guère u
s qu'à
AGREANT (a-gré-an) part. prés, du v.
Agréer.
AGREDA, jolie ville d'Espagne dans la pro-
vince de Soria. Fabrication de draps et toiles ;
ruines et antiquités romaines ; 3,500 hab.
AGREDA (Marie o') , religieuse uordeliére,
supérieure du couvent de l'Immaculée Concep-
tion, à. Agreda (Espagne), née dans cette ville
en 1G02, m. en 1605. Elle est célèbre par ses
extases et ses visions. Elle écrivit une Vie de
Idsàinte Vierge, qu'elle prétendait être le fruit
d'une révélation divine , et qui n'était que le
produitd'une imagination maladive ettroublée.
Cet ouvrage fut censuré par le saint-siège et
par la Sorboune.
agréé, ÉE (a-gré-é) part. pass. du v.
Agréer. Maf. Pourvu d'agrès : Vaisseau agréé
complètement.
AGRÉÉ, ÉE (a-gré-é) part. pass. du v.
Agréer. Reçu , admis , accueilli : Ses présents
furent agréés. Ma demande, ma recherche fut
'agréée. Ses offres, ses propositions ont été*
agréées. Tu m as fait du mal auJQurd'hui en
me donnant à entendre que je ne serais jamais
agréé de Pàuletle. (G. Sand.)
— s, m. Praticien qui postule devant un
tribunal de commerce, avec l'assentiment ou
l'agrément de ce tribunal. Les agréés exer-
cent, devant les tribunaux de commerce, les
mêmes fonctions que les avoués devant les
tribunaux civils^ mais, à la différence de ces
derniers, leur ministère n'est pas obligatoire
pour les parties, lesquelles peuvent tou-
jours exposer elioSTmêmes le sujet do la con-
testation , les faits qui s'y rattachent et les
moyens de défense. Les agrééo sont de sim-
ples particuliers, sans caractère public, que
le tribunal ajugés capables de représenter
les parties. Autrefois, on les appelait Postu-
lants ou Procureurs aux consuls : A Paris, le
nombre des agréés a été fixé à quinze.
AGRÉER v. a. ou tr. (a-gré-é — rad. gré. —
J'agrée, tuagrées, il agréef nous agréons^vous
agrées, ils agréent. J'agréais , nous agréions.
J agréai, nous agréâmes. J'agréerai, nous agrée-
rons. ', J'agréerais , nous agréerions. Agrée , .
agréons, agréez. Que j'agrée, que nous agréions.
Que j'agréasse, que nous agréassions. Agréant.
Agréé, agréée). Recevoir favorablement, ac-
cueillir avec plaisir-, approuver: Agrkkr une
proposition , une demande , une prière. Dieu
agrée nos offrandes. (Acad.) Je vous supplie de
faire agréer ce présent à Leurs Majestés.
(Boss.) Il fit aghÉer au roi la pz-oposition.
(Volt.) Il est impossible que Dieu m'agrée pas
l'hommage de ces facultés que nous tenons de sa
bonté. (Frayssin.) Elle avait trop à se plaindre
de lui pour agréer ses soins. (G. Sand.)
Nos hôtes agréeront h
soins qui leur sont dus.
La Fontaine.
e, agréez ma retraite.
. Cornbille.
Il Admettre, recevoir quelqu'un en quelque
qualité : Le comité consultant voulut bien
m' agréer pour rapporteur. (Mirab.)
... Pour gendre aussitôt le père Vagréa.
La Fontaine.
— Agréez mes civilités^ mes hommages, nies
respects, Formules de politesse qu'on emploie
en terminant une lettre, il Agréer que, Per-
mettre, approuver, trouver bon que : Agréez,
mesdames, que jem'arrêteàcesparoles.(Flèch.)
Agréez, monsieur, que je vous félicite de votre
mariage. (Mol.) Mesdames, agréez que je vous
présente ce gentilhomme-ci. (Mol.) ■■"?■■ ■ "'
— v. n. ou intr. Etre au gré de, plaire, cbn-"
venir à, être agréable à : Cet homme «j'agrée
infiniment. Elle a eu le bonheur <£'agrker aux
augustes personnes. (Mol.) L'homme parait
chercher à vous servir, et la femme à vous
agréer. (J.-J. Rouss.) ■
Et si de l'agréer je n'emporte le prix,
J'aurai du moins l'honneur da l'avoir entrepris.
La Fohtaine.
Il Se dit aussi des choses : La voix de l'homme
nous agrée plus que les autres. (Desc.) Deux
choses nous agréent surtout; les accords, les mo-
dulations des sons, et la mesure ou le rhythme,
(Virey.) Une religion unique, une même langue,
une même philosophie, les mêmes poids et me-
sures agréent à notre esprit. (Virey.)
— Absol. : /î n'y a qu'à suivre l'avis qui
agrée le plus. (Pasc.) L'art de persuader con-
siste autant en celui ^'agréer qu'en celui de
' re. (Pasc.) La vie est un mets gui
que par la sauce. {V. Hugo.)
Ont le don i'agrâer in
— Impers. Il agrée de, il agrée que, Il con-
vient de , il convient que : Après tout , il ne
lui agréait nullement DE comparaitre en per-
sonne dans ce procès. (V. Hugo.) lin outre, il
ne nous agrée pas Qu'aucun ménétrier, barbier,
ou valet de guerre, soit vêtu comme prince, de
velours, de drap de soie et d'anneaux d'or.
(V. Hugo.)
■ — Prov. Quand on doit , il faut payer ou
agréer, Il faut donner de l'argent, ou, au
moins, de bonnes paroles.
S'agréer, v. pr. Etre agréé : Ces proposi-
tions peuvent s'agréer.
— Syn. Agréer, accepter, recevoir. V. Ac-
— Antonymes. Récuser, refuser, rejeter,
repousser.
agréer v. a. ou tr. (a-gré-é — de à et
gréer). Mar. Mettre les agrès: équiper un
vaisseau , le 'mettre en état de naviguer :
Agréer un vaisseau, n On dit plutôt aujour-
d'hui gréer. V. ce mot. -
AGRÉEUR s. m. (a-gré-eur — rad. agréer).
Mar. Celui qui fournit les agrès d'un vais-
seau. On dit plutôt gréeur. V. ce mot.
— Comm. Celui qui fait le courtage des
caux-de-vic.
— Techn. Ouvrier qui fait passer le fll de
fer par la filière. On dit mieux agréyeur.
agkefous s. m. (a-gre-fou). Bot. Nom
vulgairo du houx, dans quelques cantons du
midi de la France.
AGRÉGATS, m. (a-gré-ga — rad. agréger).
Assemblage , résultat de plusieurs choses
jointes et mises ensemble : Plus la matière
s'atténue, plus elle prend de ressort; la terre
et l'eau, qui en sont tes agrégats les plus gros-
siers, ont moins de ressort que l'air. (Buff.)
Il faut se représenter notre planète primitive
comme un agrégat de fluides aériformes. (Fi-
guier.) La matière n'est qu'un agrégat mul-
tiple, séparable, sans unité. (Renan.)
— Fig. Réunion : Autrement la société ne
serait qu'un agrégat d'existences incohérente*
et répulsives. (Proudh.)
— Eneyol. Géol. V. Agrégation.
AGRÉGATIF, IffB adj. (a-gré-ga-tif, i-ve
— rad. agrégat). Qui rapproche, qui a la fa-
culté de réunir : Force agrégative.
— Ane. méd. Pilules agrégatives , Pilules
qui passaient pour réunirles propriétés d'un
grand nombre de médicaments. C'est comme
si l'on disait pilules polychrestes.
— Linguist. Se dit des composés sanscrits
formés de plusieurs mots juxtaposés.
AGRÉGATION s. f. (a-gré-ga-si-on — rad.
agréger). Admission dans un corps, dans une
compagnie : Il a reçu sa lettre d agrégation.
On s'est, opposé à son agrégation, il Dans '
l'Université, Concours auquel doivent prondre
part ceux qui aspirent au titre d'agrégé :
Il y a deux sortes oVagrégation, l'une pour
les lettres, l'autre pour les sciences. (Bouiliet.)
— Par ext. Réunion, agglomération : L'his-
toire de toutes ces agrégations d'hommes qu'on
appelle des sociétés est écrite en caractères
ineffaçables dans la Genèse. (Ch. Nod.) L'es-
pèce n'est au fond que ^'agrégation des indi-
vidus. (B. Const.)
— Physiq. Réunion de parties, de molécules ;
propriété par laquelle les molécules des corps
sont attirées et rapprochées les unes des au-
tres de manière à adhérer entre elles, et à op-
poser quelque obstacle à leur séparation : Les
corps se composent de ^'agrégation de parties
de matières infiniment petites. (Chateaub.) L'o-
céan Pacifique est rempli d'iles madrépori-
ques dont les vastes agrégations sont l'image-
des polypiers qui les forment. (Maury.) On
regarde les aérolithes comme des météores se
formant par voie d' agrégation dans l'atmo-
sphère. (Arago.)
— Encycl. Miner. Le mot agrégation ne
s'entend généralement que de la réunion des
particules des corps solides. L'état cristallin
est le mode d'agrégation le plus parfait sous
lequel les substances minérales puissent se
présenter & nos yeux ; mais un grand nombre
de causes perturbatrices g', repaient le plus
souveut k ce qu'elles prennent cet état de
; perfection. Les propriétés physiques des corps,
dureté, ténacité, friabilité, élasticité, sont les
effets variés de .la1 force d'agrégation, ut des
conditions diverses dans lesquelles elle s'est
exercée. •
— Géol. On désigne en géologie, sous le
nom d'agrégation, le mode de formation des
roches qui se sont constituées instantanément
et à la même époque, telles que le granit, le
schiste micacé, le calcaire, etc. Ces roches
sont nommées agrégats ou roches agrégées,
pour les distinguer des agglomérats ou roches
agglomérées. V. ces mots.
— Instr. publ. Le mot agrégation sert k dési-
gner le concours annuel ouvert par l'Univer-
sité de France à tous ceux qui veulent être
agrégés au corps des professeurs des lycées,
et y obtenir une position régulière. Avant
1852, il y avait sept agrégations spéciales ;
celles de philosophie, de mathématiques, de
physique, des lettres, de grammaire, d'his-
toire, des langues vivantes. Un décret de 1858
réduisit les agrégations k deux, celle dès let-
très et celle des sciences ; un décret- de 1S57
a établi une agrégation de grammaire distincte
de celle des lettres; un autre, de 1858, a
paré de nouveau '1 agrégation1 des" s":""
mathématiques et des sciences physiqi-._ , _..
troisième, de l88l,a rétabli l'agrégation d'his-
toire ; enfin,' un quatrième, sous ie ministère
actuel de M; Duruy, vient 'de- rétablir (1863)
l'agrégation de philosophie. Les épreuves des
agrégations consistent en compositions écrites
qui entraînent l'élimination des candidats lés
plus- faibles, et en épreuves orales qui.déter-
minent le choix du jury parmi les admissibles;»
Les agrégés peuvent seuls être pourvus dtane
chaire en titre dans.un lycée. Etablie, en .prin-
cipe en 1808,' l'institution, des Concours d'ai^ép.
gation fut mise en pratiqué pour la première
fois- en Ï821'.'-Les' facultés • des'-léttres1', "des
sciences, de médecine, de droit, et les'écoles'
supérieures' dé pharmaeie:~ont>aussi' desïatrré-
gés. Les abrégés des facultés des i
spnt partages en trois.,"-'1 — - -- "— -
tûrelles ;, ceux, des facultés.deslettres„en trois
sections : .littérature , ancienne, . et moderne ,
philosophie,' histoire et géographie ; ceux ,de's
facultés de droit, en trois 'sections : droit ,ro-
main, droit civil'ét criminel, droit administratif,
et' commercial'; ceux des facultés démodé-'
cine, en' quatre sections : sciences ànatoïni1-"
.ques et 'pathologiques j Isciences «physiques,
médecine proprement dite et médecine 'légale,
chirurgie et accouchements; enfin iceux des
écoles supérieures de pharmacie, en deux sec-
*: hysique, chimie è
e médicale et phi
agrégé s-, m. (a-gré-jô — rad 'agréger)'.
Celui qui est admis. après un concours^dans
1b- corps dos, professeurs, "V. -Agrégation.. il'
Nom que l'on donnait à des membres de plu-
sieurs associations religieuses, et particulier
rem., dans la. congrégation du Mont-Valérion,*
à des ; membres qui n>vaient-que voix con-j
sultàtive dans, les élections, avec la faculté,
de. demeurer ou non dans la maison.,, .V,".', ',.'.
AGRÉGÉ, ÉE (a-gré-jé) part. pass. 'du 'v.--
Agréger. Associé, admis : Etre agrégé à une
faculté; à une université. Il Réuni : Les Gentils
agrèges aux Juifs. (Boss.) ■' . *.-'.
— Géol. Se dit des roches dont les" grains
ne sont pas réunis par-un ciment, iw ■
• —Bot. Fleurs agrégées, Celles qui naissent
plusieurs ensemble d'un même, point, de la
tige, où sont .réunies de, manière à paraître
n'en former. qu'une seule, mais dont les éia-
miries,ne,'son{.pàs sbudèes.parlleùrs'ahih'èrosl: ,
La scabiey.se, a' uner'/iéur, agrégée.'' il. Fruits,
'agrégés', Ceux .qui .proviennent dé'.plusièùr's"
ovaires appartenant à des fleurs distinctes :
Une espèce de f trèfle, aux environs 'dé Parjs,,
porte des' semences- agrégées en 'forme ''de
fraise. (B. de St-P.) . . . :>t A-.,- r n
r.^.s. m. pi. ZooL:Anirriaux réunis plusieurs
ensemble dans une enveloppe organisée com-
mune, mais où chaque individu a ses organes1
distincts,' destinés à la préhension des ali^
ments.iCé nom pourrait .donc s'appliquer à
presque tous les êtres de la classe des poly-.
Ses;. mais' on^ le réserve; dans la'classincatiom
e.Guvior,:à un groupe -de- mollusques; voi-
sins des acéphales, et qu'on a appelés aussi'
tunicikrs. V. ce mot, - . ■ '. ■ ■ $
AGRÉGEANT (a-gré-jan) part.' prés! du v.
Agréger: On- a fait injure à Machiavel ' e>C>
agrégeant à son école nos docteurs révolution-*
nuiras. (La Harpe.)"' "" ■' : ' ' ' - -
..agréger v. a. ou tr. (a^gré-j'é.Vrdu lat..
aggregare, réunir ; formé de ad, à ; grex, grer*
gis, troupeau, réunion. — Le 2e g du radical est
suivi d'un e muet, devant les voyelles'
Tu agrégeas, nous agréqeons). Recevoir,' ad-:,
mettre. dans un corps, dans .une compagnie :-,
Dieu ,ne> s'était,, pas. \, contenté-, de^ l appeler,
a'ùy christianisme et de - /'agréger au corps.
de son JFffJiw.^Bourdal.) Lorsque tu, •auras,
travaillé quelque temps, je te ferai agréger.'
à notre corps (Le Sage.) Ce (ut à cette époque
que mon frère, suivant toujours ses 'projets;
prit le parti de me faire agréger à 'l'ordre de
Malte. (Chateaub.)n Se dit particulièrem: en-
parlant dos diverses (acuités universitaires :i
La Faculté de droit, de médecine, vient de I'a-
'— Physiq.' Assembler, "réunir' en "un seul1
tout des parties qui n'ont'poirit entre elles dé-
liaison' naturelle : 'L'a nature agrège dans 'le
scinde la terre les: grains de sable en cristaux.'
(B:irde St-P:)- '■'■' '•.■"• : '.' i> - -,'■ -<.'y.i .■■< nvi,
r S'agréger, v. pr. S'unir à', être joint à- Les
G'entilsne 'cessent de s'agréger à ce peuple.'
(Boss.) Pieuse comme toutes les Italiennes,
elle s'est agrégée, a l'église dé Saint-Sulpice,
a la confrérie de la Vierge. (Baîz.)
,"— Bot. Se dit de tous les' organes qui, nais-
sant d'un même point, ou ayant une insertion
très-rapprochée, sont disposés par paquets ou
capitules,: Les. fleurs de ta hyacinthe s'agrè-
gent au' sommet des tiges un peu b'ranchuès à
leur. extrémité. _(Chasteriay.) ','.,',' r"/ '
i. Agréger, utocler. Mettre de corn-'
on associera toutes sortes, de' choses,-
s travaux , à une entreprise , à un com-
merce : Il s' associa. son frère dans cette spé-
culation., Vespasien associa son fils à l'empire.
(K.oll.).Mais on agrège seulement. à un corps:
Pline avait 'Été agrégé dans le collège des
Wft
AGït
quels ■ on" «*est 'agrégé ''ça'aprls 'des' examens
publics. (D'Alemb.) '.:rJV. , :; ■ r
"agrément- s.' m:- ' (a -gvè 7 rriâh'-^ràd.
agréer)! Approbàtibn,'c6ris'entèment : Donner,
refuser 'son "agrément 'd'une chose' ou pour une
chose. Solliciter 2'agrément • "dé "quelqu'un.
Cette maison a été vendue duecf agrément de
tous'- les créanciers. (Trév.) J'ai présupposé
qu'elle avait' V agrément de'madame. f(Boss.)
Tout ce que je voulais, c'était- votre -approba-
tion, Hit Sûlpice, heureux de /'agrément de
l'astronome,/ (E. Sue:) il Qualité de ce qui
S lait, de ce'qui' est' agréable, -fait plaisir;" se
it en parlant des personnes et des choses :
Les agréments de la figure. Les agréments
del'esprit. File brillait de mille attraits, et ce
n'était v/u'agr'éments et que charmes "que toute
sa personne. (Mol.) /.'agrément, est [arbitraire,
là, beauté a quelque chose, de ptus- réel. .(La'
Bruy.) Il n'y a rien, jusqu'à la vérité, à qui
^agrément ne.spit nécessaire. (Fonten.). La
fossette est u"'"-.™^,^^ /.„.• ;'„ •■„.-„ /„,:„' -i„u
fe>nmes'tie?inent à Iwirs agréments encore plus
qu'àHeurs passions. (Mme de Staël.)' '-
-Laissons à'Ia belle' jeunesse •
Voltaire de sou goût confondent; perpétueïle-
mentje goût et /'agrément. (Joubûrt.)^,,^
.(Son|livreest i'agr'émenU un fertile/ trésor .*., ,'"-. •
" BoiLeau.
La fable offre à l'esprit mille agréments divers.
• • ■—■;"'. -.,..' ' Boileau. »'
Il .'Grâce ,\ aisance', facilité '::, Raconter avec
agrément.. 'Chanter, danser ''avec À'grément.
Guillaume '^1 'II 's'avait toutes 'les langues de
l'Europe vét n'en "parlait' aucune avec AGrÊ-
mkntI^VôH.) 11 Plaisir', charme,' amusement,:
Je ne trouve aucun agrément à habiter la pro-
vince.' J"ai' reçu -son livre,' et ïè ' le lis' avec
agrément.' (Boss'.) C'est- un grand agrément
grue 'là diversité: (Lamôtte.) Je ne savais pas
qu'il ''y' eût" fan* "^'à'grément"' à' Versailles,'
(Mme dé ^ Séy.') "Il'faut vivre avec lesbonspour
^'agrément 'dé la vie; avec les 'méchants' pour
le bien dé la paix. (J.-L. Maoire.) ' '
Vagrèmùit, couvre tout^ il rend tout légitime. ' ' '
Aujourd'hui dans lé monde on n'e'connalt qu'un criméi
C'est l'ennui.i >■ rj.;-j •. *• irp ti . ■ Gresset.'-'"'7' '
"— pr.'jOriiements, enjoUvéïhènts :' Le saloix
était tendu 'de' soie jaune relevée par des agré-I
m'ént's' carmélite'. '(BaTz:) 'II' avait une veste,
brune brodée} d'AGRÉMÉNTs' dérouleur. (Thi.'
Gàut.) Lès' portes moresques sont ornementées'
d' agréments' de cuivre et de' gr'os'clôus. (Féy-
deau.)- Li'-. — -,~'.i-.~.'- -r_'i , .- Z3.z<i--u,
;•— D'Agrément. Loc. qui 's'enipl. en' parlant
d'une 'chose 'du- l'on trouve' de l,agremerit>;'
par opposition à utilité: Cette' terre est une-
propriété •d'agrément-, Louis' ~X.I V s'occupait
à lire 'dès "livrés d'Agrément ■dans- ce loisir }'
'— -Airt's ■ d'agrément', 'Arts' 'que -'l'ÔÏ^ cultive'
pour son plaisir, comine là dâhsé', la" musique,'
l'escrime, etc. ^ - ''.'.', ', '• »-;-k
[ '-^-'Mus. Not'es"vd' agrément .-'Traits improvi-
sés ou' écrits dont on orne les mélodies :'0'ny
dit plus sduvènt'^bkNEMÉNT où fioriture. , '
.^77' Dans' l'sart 'dramatique '.,- DivertissementSi
-de 'musique pu 'de danse joints ades.'pièces.de
théâtre,: Pantomime, féerie avec tous ses aorÉt.
ments: On donne encore aujourd'hui, au Théâ-
tre-Français', U : -Bourgeois gentilhomme et le
Médecin malgré lui avec tous leurs agréments.
— S'est .dit autrefois "pour Liaveriièht! Ce
nom; dit Ménage, vient de ce que les dames
prenaient! souyent des.lavementsJ',pour,|s'éT:
claircir,'lo Lteint..,v, •,,.;. , .,«.,,,,,' ,\\ ■ ,iii":r'r.
- Syn. Ag-jm
«iun. V. ACQUIESCEMISNT. .
— Antonymes. Désagrément, incommodité,
inconvénient V. ceux de Consentement.
AGRÉMENTÉ, ÉE (a-gré^man-té) part.' pass.
du'v.Agrémenter. Relevé par des agréments :
Ils p'orteni la fustanelle et une veste blanche
agrémentée assez élégante. (Th.. . Gaût.)' Sa
chemise'.esl, agrémentée d'Une petite broderie
rose. (Th. Gaùt:_);r . . , ';. .'• ...' \ "J(-. '; ';. '^
AGRÉMENTER v. a; ou tr. (a-gré-man-té.
—aiàû. -agrément). Néol. -Relever . une chose
pâr.Vdes, agréments, orner :: L'unique défaut
.de.Yottair.e est d'être né à Paris; c'est ce
?'ui l'a frivolisé , agrémenté, sttperfiçialisé..
Rétif delà Bret.) Des mythologies amoureuses,
dues au pinceau de Boucher,- agrémentaient
les plafonds et les dessus de portes. (Th. Gaut.)
AORÉMINISTE s.' m. (a-gré-mi-ni-ste —
rad. agrément). Techn. Ouvrier qui dispose
les agréments sur les habits, les meubles,
tentures, étoffes, etc." "" ' ' ■'''-' '-' '
., .... , . (a-gre-nass). Agric. Nom
du prunier sauvage dans le midi dé Ta Franco.
, AGRÉNÉ, ÉE (a-gré-né) part. pass. du.v.1
Agréner.* Mar. : Chaloupe agrénée..
AGRÉNËR v: a.où tr. (a-gré-rié— il change-
ra fermé du radical en è- ouvert devant un e
muet ï-Xagréne. Qu'il àgrène. Excepté aii fu-
tur et 'au cond; prés. ; Tagréncrai. Nous agré-'
ncrions). Mar. Vider l'eau' d'un bâtiment au
moyen d'une pompe. .
- ;Àgrènèrv, àT ou tr. (a-gre-hé— ra j.' grâm.
—Prend un accent grave sur l'nùu rad. devant
une , syl.labei iinuotte; : J'agrène. 'Nous agrène-
r.ons)'. Nourrir avec, du grain. Se dit spéciale-,
ment d'un poulain.qu'ontiredo l'herbago pour
le nourrir d'avoine. ,
l — ,Chass., Donner, de la nourriture au gibier
a plumes poiir,lè fixer.en quelque endroit.
.AGRÈS- s: -m.". pi., (a-grè — rad. agréer).
Mar. Tous les objets nécessaires pourequiper
complètement un- vaisseau ; les 'câbles, les
vergues-,, les voiles, etc.--: Son grand-mât de
hune était fracassé , et ses agrès hachés en
morceaux. (E. Sue-VOn dit mieux aujourd'hui
GRÉEMENT. , ,•".'.'. i ' -j, -.,.,' % - , ,
— techn. Moufles eteordages de la chèvre
des maçons. ;, ....
'/.agresser, v. a. ou tr. (a-grèss-sé— duiat-, ■
aggredi, attaquer ; dé ad, vers ; gradi , .mar-
cher,).; vieux mot qui signinait Attaquer,
exciter, provoquer, : S'il est prouvé que la
beste tuée ait aggressé et assailli l'antre...
(xive siècle.) Ils lui vinrent à secours, où ils lu
trouvèrent entre dix-Anglois qui fort Taggres-
soient. (xvs siècle.) Jamais n'appointa diffé-
rend quelconque..: en lieu de les appointer, il les
irritait -et aggressoit davantage. (Rabelais.)
U Comme le prouvent.ces deux exemples , on
écrivait, autrefois aggresser. ,,, ...... - >
AGR
141
ser). Celui qui attaquée premier • C'est votre,
ami qui a1 été V agresseur.- Si j'avais été d'hu:
meur batailleuse, les agresseurs auraient eu
rarement les rieurs de leur calé. (J.-J. Rouss.)
Commencez toujours par donner tort d'/'AGRÉS-
seur. (J.-J. Rouss.) Les, agresseurs en tout
genre ont tort devant Dieu et devant les hom-
mes. (Volt.) Pour prévenir les duels , »7 faut
punir les agresseurs. (Boiste.) Vous êtes I'a-
gresseur, j'ai.le droit de choisir le moment, et,
en échange, je, vous laisse le choix des armes.
(G.Sand.) ; t. . : fr .
-" On' a iai ton père : il était, l'agresseur. ','".,
,.,'" V- ' . ÇOB-NBlLLE.
Varjressettr, quel qu'il soit, à combattre forcé,
' Rcdésccndf par l'ofTense, au rang dé l'offensé.
"■ ' -'■■ " ' . ' : ■ ' C. Delavione..
|l Se dit des animaux : Quand le chat sauvage
n'est que légèrement blesse, il devient un agres-
seur redoutable. '(L. Àrdant.)
— Antonymes. Insulté, ofTensé, provoqué.
AGRESSIF, IVE adj. (a-grèss-sif, i-ve —
rad. agresser). Qui a le caractère de l'agres-
sion-.: Discours agressif. Paroles agressives.
Sa présence, dans cette occasion parut tellement
agressive, que'ious y virent-une inconvenance,
plusieurs , une bravade. (AleXiBum.) Les pas-
sions agressives d'un parti rendent inévitables
les mesures violentes de l'autre. : (Mignet.-) il Se
dit aussi des personnes et môme dos animaux-
portés à attaquer, à provoquer les autres :
Less.petits- chiens, sont -les plus agressifs. Il
était .agressif, indiscret: et faisait le'malpour-
le mal. (Balz.) - -
AGRESSION- s. f. (a-grèss-sion — lat. ag-
gressio, même^ sens ; 'de aggredi j attaquer).
Action de celui .'qui attaque, qui provoque le
premier : Agression ■brutale; injuste.- Faire'
un acte ^'agression. Les agressions politiques
soni'souvent suivies des plus 'tristes catastro-
phes. (Àlibért.) La défenséest un devoir, l'k-
gression esKun acte de folie: (Râspàil.) ■- > f
v'— 'Synv' Agression, attaque. L"a^res.'îi'on est"
une' 'attàquév inattendue' et non' provoquée ;'•
l'attaque, aùcontràire,'-vieht d'un' ennemi dont'
onse,défle,- • --■,.-.
— Antonymes. Défense , -défensive, résis-
- 'Agressivement adv. (à-grèss-si-ve^mân
— rad. agressif). îièph D'une manière '^gres--
?S ■.'.'Acéi-voiis bientôt J fini dè^nous ennuyer?
AGRESTE, adj. (a-grè-ste — lat. agrestis,
rhinocéros se nourrit d'arbrisseaux épi , _.
préfère ces aliments ,'agrestes à la douce pâT
ture des plus belles prairies., (Buff.) Ces.ribes]
sont 'enchantées; VAnio^n'a pas de plus belles
eaux, les vallées qu'il arrose n'ont pas de sites
p<(4'r*AGRESTES. (J. Sandeàu.) Ce n'est plus le
charme agreste, c'est le règne sauvage qui a
sa'bèàutéi (Ste-Beuve.)'ii Rude, inculte, gros-
sier : Ilômme^ agreste. Manieras .agrestes.
Quand les mamrs d'un peuple deviennent moins
agrestes; lorsqu'il" cbîinait' le liixe, les arts,
les richesses, s'il conserve ses; vices, il cherche
au moins 'àHes voiler. -(Volt.) Il est très-vrai-
semblable que l'homme a été agreste, pendant
dès milliers de siècles, comme sont aujourd'hui
encore une infinité de par/suns. (Volt.) Le génie
de Vergniaud ■ avait trop' de culture pour un
peuple qui venait de se faire agreste et sau-
vage. (Ch. Nod.) . .
< Suivons dans ces riants vergers ,
Les mœurs agrestes de nos pères.
:' ' ■ Carnot.
— ; Syn. 'Agreste, ■ Ybniupêire.' Agreste- ex-
prime une idée1 plus énergique-, et' souvent
plus défavorable que champêtre; agreste mar-
que l'état sauvage, la solitude d'un lieu, tan-
dis que champêtre n'emporte pas la même
idée. Un site agreste est un endroit où le tra-
vail de l'homme ne s'est pas fait sentir ; un
site champêtre peut être un lieu très-agréable.
— Antonymes. Urbain, cultivé.
AGRESTEMENT adv. (a-grè-ste-man —
rad. agreste). D'une manière agreste : Chau-
mière AGRESTEMENT située.
AGRETA s. f. (a-gre-ta — mot patois qui
signifie aigre, aigrelet). Nom que 1 on donpn
à. l'oseille ronde des jardins à Montpellier.
AGREUTÈRE s. ni. (a-greu-tô-re — du gr.
agrcutêr, chasseur)., Entom. Genre d'insectes
coléoptères pentamères, famille, des cara-
biques. . • . ,
■ ACHÈVE (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Ardè-
che); arrond. de Tournon; pop. aggl., 1,H2
hub. ; pop. tôt., 3,133 hab. Ruines d'un anciet
chûteau-fort, qui a soutenu plusieurs sièges
pendant les guerres de religion. Commerce de
vins, huile, savons, châtaignes.
AGRÉYEUR S. m. V. AGHÉEUR.
AGRIANIES S. f. pi. V. AGRANIES.
AGRIANTHE s. m. (a-gri-an-to — du gr.
agriàs, sauvage; anthos, llcur). Bot. Plante
d a Brésil, famille des composées (eupatoriées).
AGHIASÎ'ES, peuple de la Drangiaue. V.
AGRICO-INDOSTRIEL, ELLE adj. (a-gri-
ko-in-du-stri-èl — de agricole et industriel).
Où l'on réunit les travaux industriels à la
culture des champs : Travail agrico-indus-
triel. Opérations agrico-industrielles.
AGRICOLA (a-gri-ko-la— n. pr.) Bot. Genre
de plantes de la famille des verbénacées.
— Hôrtic. Greffe d'Agricola, Espèce de greffe ■
par approche sur des branches que l'on incise
on long et que l'on accole.
■■'■ AGR ICOLA/Cnéius-Julius), général romain,
beau -père de l'historien Tacite, qui a écrit sa
Vienne à Fréjus, l'an 37 de J.-C. Il étendit la
domination romaine sur la plus grande' partie
dé l'Angleterre (Grande-Bretagne), et se pré-
parait à la conquête de l'Hibérnie (Irlande),
ppelé par Domitieri,' jaloux do
et qui le fit, aitbri, empoisonner (03).
AGniCOLA (Georges Lnndiuni.a, plus
sp'us le nom latinisé d"), naturaliste allemand,
né àGlenchen (Misnie), en U94, mortkChem-
nitz, en 1555. Il fut un des créateurs de la mi-
néralogie. Son ouvrage le plus célèbre est le
traité De De metallica (1546). •
.'AGniCOLA (Jean), théologien protestant,
né à Eisleben, en UPS ; mort a Berlin, «n 1566.
Il se sépara de Luther, dont il avait été le
disciple, et fonda là secte des Antinomiens.
Outre ses écrits de controverse, il a laissé un
recueil de sept cent cinquante proverbes alle-
mands.
AGRICOLA (Rodolphe), philologue, contri-
bua & la renaissance des lettres en Allemagne,
né près de Grœningue, en mz, mort en 1485.
Les contemporains admiraient surtout son
traité De Inventione dialectica.-
■ AGRICOLE adj. (a-gri-ko-le— du lat. agri-
cole; de ager, champ ; colo, je cultive). Qui
s'occupe d'agriculture, qui est adonné a l'a-
griculture : Peuple agricole. Département
agricole. Afin qu'un pays Ar™"-"' ■■ -"•'' —■"-•■
(CondilJ.) Une nation agricole peut,
qu'une autre peut-être, se passer du plus grand
crédit. (Mirât.) La~~France a l'avantage inap-
préciable d'être à la fois agricole et manufac-
turière. (Chaptal.) Les nations agricoles et
pauvres se dévouent ; les nations industrielles et
riches se lassent et reculent. (Lamart.) Il Qui
tiont, à: l'agriculture, qui y, a rapport :-Tra-
vaif agricole. Produits agricoles. Fnseignc-
meht agricole. L'industrie agricole doit tou-
jours être la base de la- richesse des nations.
(B. de St-P.) L'vistituteùr ne doit être ni
étranger ni indifférent au perfectionnement des
arts agricoles. (F. Pillon.) Sous cet effort
universel, la production agricole a doublé en
cinquante ans ; l'hectare anglais a reçu huit ou
dix fois plus d'engrais que l'hectare' français.
(H. Taine.)
— Comices agricoles, Associations formées
sous le patronage du gouvernement, dans le
but de perfectionner les procédés de culturo
et d'améliorer les races les plus utiles d'ani-
maux domestiques.
— S'est employé quelquefois pour AgricuL
Choiseul est agricole et Voltaire est fermier.
AGRICULTEURS, m. (a-gri-kul-teur— kit.
agricultor, même sens; do ager, apri^champ ;
cultor, qui cultive). Celui qui se livre à la
culture de la terre : La classe des agricul-
teurs ne devrait-elle pas être la plus estimée
de toutes? (Marmontcl.) Un grand agricul-
teur est l'égal d'un grand poète et d'un grand
homme d'Etat. (A. Karr.) La tète d'un agri-
culteur devrait contenir une encyclopédie.
(F. Pillon.)
Chers enfants- de Cerés, ô chers agriculteurs.
Voltaire.
; — S'empl. adjeciiv. : Les Anglais , jusqu'au
xvii° siècle, furent des peuples chasseurs et
pasteurs plutôt {u'agricultkor's. (Volt.)
m
k$k.
l^-. Syn. Agriculteur, ogronomCj cultivateur;
laboureur. L 'agriculteur est celui qui fait va-
loir.par lui-même et en grand.' Vagronome
esi'çelui .qui étudié la théorie de l'agriculture,
en|Vùe,'u'en perfectionner' la pratique! Le cul-
tiva teiîr s' &dvane h un genre dé culture parti-
culier. t,e laboureur '•est; celui qui- cultivé 'la
terre par lui-même! "' '
"A'GRÏcolturàlJ ALE'adj F (a-gfi^kTii-tti-
râl,"à-le — 'r'ad'. agriculture): Nétil; De l'agri-
culture, qui a rapport à' l'agriculture : La
rhème''pcrfecti'on agrioultuiulë' "jiïfl signalait
leï terrain' plat se faisait remarquer aux envi-
rons de la Ràche: (E. de la Bédoll.) •
AGRICULTURES, f. (a -gri-kûl-tu'-rè —
ïmi-'-apn-iculturà, même senS:;Ufôrinôide-«jre(;,
egri,- champ;' cultiira, culture). Art de culti-,
ver 'Ta' terre^-de 'la fertiliser; de 'la 'faire pro-
duire MZ//AÔR1CULTURK est la'mametie du pays.
{Sully.) 'Dans la suite,'tout ce pays sera peuplé
de familles vigoureuses et adonnées à J'agri-
cui/ruRE. ' (Fé'n:) Z/AGUiouiTURa , qui est le
fondement de la vie, humaine ,_estjq source de
tous les vrais biens. (Fén.) L'ami' des hommes,
ce monsieur de Mirabeau, quiparle, qui parle,
qui parle, qui décide ,' qui tranche 'et, qui se
blouse si'souoent, n'eit mon fait que quand il
dit : Aimez V agriculture. (Volt.) Sully en-
couragea «'AGRICULTURE.'' (Volt:) //AGRICUL-
TURE est lèprernier'méïierdel'lîommé','c'ést le
plus honnête, le. plus Utile et par conséquent Je
plus noble 'qu'il, puisse, exercer. (J.-J. Rouss.)
L' agriculture ,-est l$- premierI élément de-, la
prospérité -d'.ùn pays. (L.-N. Bqnap.) Les tra-
vaux de ^'agriculture sont propres à récon-
ciliera homme avec la vie sociale. (Custine.)
Quand ^'agriculture commence à se dévelop-
per•elles une population , les,, hommes, se, voient
contrai7its de. ser. rapprocher. (Maury.),Pai.,£('A-
griculture perfectionnée sans une réforme de
notre système hypothécaire. (E. de Gir.)- ■'-»
jTBi'miijB_ Us^ienfiUti,|divinê. àgriaiÙwfe',' .'",,'',.
— Encycl. D.ans son, sens, le plus^ général,
lên mni'^griculluré^iip^i^iè' l'ensemble des
opérâtions'ét'ues^s'oin's par lesquels l'homme
retire de Ja terre les productions nécessaires à
ses-be'soins" Ainsi entendûe.^àgricâHiire'ou
rmdùstrië'agricolé comprend' un' grand -nom- ■
brë'dë'branches : là'cH(<ùrec/!antpe/re ou agri-
culture proprement dite; \' horticulture ou cul-
ture des jardins, la viticulture ou' culturètdes
vignes, Y arboriculture ou culture des .arbres,
la sylviculture pu, culture des,forèts,ia zoopé-
die_pusopieçhnie,:q\i\ concerne l'éducation des
iiestiàiix;; ^ït]l'éçonomiejtrurtale,, Lqui .consiste
dans la combinaison, la direction et l'applica-
tion ^es^ moyens, dont ^
^Le, }dgveloppemjsnt.| de, ^',ç gricidtur^ dépend
dù'climat^de l^gipmeratipjilipIusJpùl.mou^
grande de la population sur ;un territoire,' e't
3ù \dègré^d^ 'civirisâtibn^aûquél-'çe'ttë^ popdja-
tibh'est' parvenue! L'agriculture ne fàitaiictm
pr^'gres-s'êriéùx'dàns lés 'climats chauds, parce
bIue.I'h,dmméjcp'odvant' mieux LComptèr'Sur la
nature; :y^. sent moins' la nécessité du travail
pour1 satisfaire aux 'différents besoins de la
vie. Dans les. climats très-froids, le travàilëst
îniitilev'par'ce qu'il'trouve'desipbstacles contre
lesquelsil3èstïmpuisSant'J'Au'-Wntraire'1,'dâiis
les i.çlimatSvjtempérés ,1 la yiature Tgxige;-.de
rthonimet.desiel.f'orts, constants jamais elle îles
rgcoiiipenseien- lui donnani une. extrême va-
riété de productions. * . ,v. ■;,-,;• . . ;
(yAu point de vue économique, on^divUol^iu-
cuïtùre en dèîùt!périod^s'^ièn/.disVinçfêsl:.la
première ,u que Ton "peut 'appeler dàpiestique,
ou) l'on produit' surtout- pour coh'sômTher;- la
secondé-, qu'on peut appeler industrielle , où
L'on1 produit- surtout pour vendre. 'Tanti.que
l'agriculture i est à 'la période domestique,- elle
■sa1 distingue . de> l'industrie j^cette- distinction
s'efface à la période industrielle. rljjie. partie
,des; nations, deJ/Europe, en est encore. plus ou
rçioiîis i là-période, domestique1; un'e mpiïi'é' de
la France .peut ' être ' râhgjée ' à peu "pressa ans
cette' catégorie ; l'autre moitiépâinsî qïie'T-Ân-
gleterre' entière;' là 'Belgique , etJén 'général
tous lés pays trè's-bien'culttvés; sori^'arrivés'a
la seconde. >' t"« ,|;"' ' ■'<
■"-Les travaux "agricoles peùvériTsé;pàrtager
én'>quatrer branchés distinctes :'lo' travaux
affectés à la préparation' du sol avant les en-
semencements ; 2° travaux d'ensemencement,
,.de culture et i de récolte des divers.., produits;
.gf travaux de ^conservation' et dé 'mise i/en état
p^urTayente', dés,,' produits 'récolté^
' vaux nécessaires1, a l'éle^e ' et'- à ,1'a multiplica-
tion des animaux, ainsi qu'a l'apprêt jidés fjro-
"âùite'qù'ils 'fournissent;; ~'<t " ^ ',' " ;_';' ; ;.''
... ''Trois' sortes, de '.capL^iux, servent à livpro-
.duciion agricole': 'le capital ' foncier y\e .capital
^exploitation et'^ce^que l'on 'peut, appeler le
çàpiia.\'tntèU'ectueL Le cà,p.ita.l,(pncier,es,t cette
..somme .de trayail'qué le sol a absorba depuis
.untemps.imméniqrial, et qui ne fait qu'uh'avec
lui ; tels sont les constructions, lés clôtures,
les^éfrichëments, les chemins, les irrigations,
,'lés assairiissemén'ts,!,les amendements, lès fu-
vmures non épuisées', ètc'.'Le capital ' wexploi-
' talion 'se' compose, "en général, 'de ce' qu'on
"appelle, dans lé langage juridique , les "ïiA-
' meubles par destination.: ce sont les animaux,
les instruments aratoires, lés semailles, les
fruits pendants par racines, les fumiers et au-
tres engrais, etc.' .Le capital intellectuel n'est
,:antre chose que l'habileté agricole. qui se. per-
fectionne par l'union de l'expérience et de la
.théorie. La théorie de l'agriculture se com-
„ pose 10 de la physique et de la chimie agri-
Ap-R.
coles, et de la physiologie végétale ; !<>de la mé-
canique agricole ; 3« de, l'art .vétérinaire ; 4° de
larcliitecture rurale. .,.,,; ., ' ,' ,. .
\Jayriculture, qui est la plus ancienne et la
plus importante de toutes lés industries, et
qu'on peut 1 appeler à tous égards l'industrie
mère, échappa longtemps aux miracles de
l'esprit d'invention qui transformait-et renou-
velait toutes choses autour d'elle. Pendant des
sièles elle s'est montrée le plus immobile des
arts; le plus 'soumis à la tradition', lé plus ré-
signé a la roiitine, lé'plus défiant' de' l'intelli-
gence et de la puissance humaine. A cela plu-
sieurs causes peuvent être assignées ; travail
péu'divisé, dépendant en. quelque sorte des
caprices de la nature, et dont les résultats ne
peuvent .jamais être .prévus avec certitude ;
ignorance, et .misère,, de bi .classe .vouée à la
culture du sol; enfin complexité extrême de
l'art agricole, auquel tant de connaissances
diverses' doivent servir dé base. Il est 'inutile
d'insister sur l'importance de cette dernière
cause. Le progrès de l'agriculture est évidem-
ment subordonné au progresses sciences bio-
logiques qui commencent àpeine à sortir de leur
lotigue enfance. Tant que lés sciences biolo-.
giquesne furent pas constituées, l'agriculture
dut sommeiller ou tout au plus lever, en rêvant,
lés yeux vers, les nuages. Comme on pouvait
sfy"âttendre, lé progrès nui 'allait de l'industrie
à(ragriçùlture, de la ville a.'la campagne, a1
commencé par ce <jui se i-âpprbcha'itrlé plus
de l'industrie, c'est-a-dir'é parles instruments
agricoles, par l'outillage. Mais la mécanique
agricole n'est encore-que la partie accessoire,
négative, on peut dire grossière, de l'agricul-
ture. La partie fondamentale, délicate et vrai-
ment féconde se trouvé. clans labotaniquë et la
zoologie appliquées.. Amendements et engrais
qui créent de la terre fertile, distribution intel-
ligente des eaux; économisant et utilisant les
dons du ciel, assainissement des terres trop
humides, amélioration dés races domestiques
tant végétales^ qu'animales par une sélection
persévérante,' tout cela doit- passer avant les
plus ingénieuses'ma'chineS'à'faucher; à mois-
sonner et à battre. Les machines sont faites
pourisaisir les produits et en tirer le, parti qu'on .
désire. Si la quantité et la qualité des produits
fabriqués par.la vie .n'augmentaient pas, à quoi
ser,virait,..que signifierait toute ,cette^ richesse
mécanique?..,. ,-. , ,' t ., , ■ .',,- . :iv
*<: — Hist. L'origine' de l'agriculture se perd
dans l'obscurité des premiers âges: on peut
dire qu'elle date de l'établissement de la pro-
priété,1 sans laquelle l'homme qui prend Ma
pêihe'de cultiver un champ ne saurait être sûr
d'en' recueillir le -produit, 'et1 qu'elle "a mis fin à
là. barbarie' primitive en donnant une base so-
lide» a la civilisation. C'est-une- opinion génô-
rale-què la1- vie pastorolo a partout et'iiéces-
sàirement précédé la vie agricole ;-cependant
nous'vb'yons que l'art de cultiver' la terre n'é1
tait pas étranger aux Péruviens et aux Mexi-
cains;:bien qûen<ràison du manque a peu iprès
total- d'animaux susceptibles de- subir utile-
ment la domestication, ils n'aient jamais dû
passer par l'état social des peuples pasteurs.
Toutes les mythologies font descendre \'a-
griculture 'du- ciel.' Lés. Egyptiens' en' ^attri-
buaient l'invention -à' la déesse Isis et au dieu
Osirisj'les Grecs',' à Cérès, déesse des mois-
sons, et à Triptolème,' roi d'Eleusis; inspiré
par la' déesse;' les Itàliensyà' Saturne- ou 'à'Ja-
lius; 'De temps immémorial,; l'agriculture est
en honneur dans l'empire chinois, qui lui- doit
son immense population'.-On sait que chaque
année.'dans'une solennité publique, dite-/eïe
de l'agriculture, le Mis 'du ciel (c'est le nom
de l'empereur de: Chine) ne dédaigne pas de
tracer lui-même un sillon pour hPnorer ainsi
d'une manière éclatante le premier ' des arts
utiles.' Lés 'Egyptiens , qui avaient- achevé
d'imrtfênses .travaux de' canalisation; à l'épo-
que la plus; reculée^ dont on "ait rétrouvé'là
trace, furent' les maîtres auxquels lés Grecs
'empruntèrentles premières notions agricoles.
L'agriculture da ces derniers nous présenté
•comme traits saillants' : l'introduction des ja-
'chêres 'trois fois labourées,' l'usage des en-
'graiE',' les semailles !à la volée, l'emploi de 'la
faucille !poûr les'moissons, celui des mortiers
pour, écraser le grain ;' les clôtures en épines ;
cleùx espèces de charrues^- l'une -pour les dé-
frichements, et traînée par des ,bosufs soumis
au joug, l'autre pour le deuxième^et le'troi-
-sièmé labour, et .tirée par des mules;' le'dé-
,'piquage des 'gi'ains par les'pieds'des chevaux ; .
la taille de la vigne et la fabrication du vin;
-laiculture, des plantes, -dontile nombre.-alla
.toujours en augmentant1; l'estime qu'on faisait
des chèvres et des pores j la.multiplication.des
, bestiaux pour les , saerihees j l'éducation- des
-chevaux de; course,, mise, en .faveur par, les
i-jeux d'01ympie,de Némée et de.Corinthe.,, * •
Si des Grecs nous passons aux' Romains,
nous -voyons' que dans, les lois et, les institu-
tions établies par les, premiers législateurs de
Rome,' tout décèle l'intention d'honorer l'agri-
cuttureet d'en faire la. base tout a Ja.' fois de la
iProspérité et de la moralité publiques. Il fallait,'
dons les premiers temps, 'posséder un, champ,
si modique qu'il fût, et.le cultiver soi-mijme,
pour être admis au nombre des défenseurs de
là patrie. En outre, des lois sévères veillaient
au respect des moissons sur pied et des limites
des champs. Le' droit de parcours était in-
connu; on multipliait les marchés etUes foi-
res; on ouvrait et l'on entretenait_avec soin
des voies de communication pour faciliter les
transports. C'était l'époque. ou les. plus grands
AGR
hommes cultivaient leurs champs de leurs pro-
pres mains, quittaient, sur l'invitation du sé-
nat, la bêche pour lés faisceaux consulaires,
et venaient la reprendre aussitôt que l'Etat
n'avait plus besoin de leurs services. Mais
quand la conquête eut amené un luxe sans
irein, quand l'aristocratie romaine en eut fini
avec les lois agraires, la décadence de l'agri-
culture suivit l'abaissement des caractères et
la corruption des mœurs ; les campagnes ,
abandonnées à des mains esclaves, cessèrent
de fournir la subsistance nécessaire a la popu-
lation, et l'on, dut recourir aux nations étran-
gères pour nourrir les maîtres du monde. L'es
Romains possédaient un grand nombre d'in-
struments aratoires. Us labouraient avec diffé-
rents araires, traînés chacun par une paire.de
bœufs et qu'un seul homme dirigeait; ils ne
connurent la charrue à roues que vers les der-
niers temps de la république. Ils apportaient
des soins minutieux à la manipulation des en-
grais, et tiraient un grand parti de celui que
leùr.foùrnissàient'les cloaques et les basses-
cours ou les volières ; ils semaient des plantes
légumineuses pour les retourner dans les sil-
lons, les recouvrir de terré et les faire pour-
rir ; le chaume était brûlé sur, place, et les
moutons parquaient en plein air. Le blé n'é-
tait pas lié en gerbe; aussitôt coupé, il était
envoyé à l'aire pour être battu, ils pratiquaient
le binage, le buttage et le sarclage. Leur sys-
tème d irrigation et de dessèchement était ad-
mirablement entendu. Ils cultivaient les diffé-
rentes espèces de céréales, de légumes et dé
fourrages que nous possédons, et même éta-
blissaient des prairies artificielles de certaines
plantes fourragères, specialement.de la lu-
Au moyen âge, le système féodal empêche
tout progrès de la culture : on comprend qu'elle
ne pouvait fleurir a une époque où le pauvre
serf soumis à la taille, aux corvées, entraîné à
des guerres sans fin, n'avait jamais, sous la
domination brutale du seigneur, une heure de
sécurité. Cependant l'agriculture, romaine se
conserva, grâce à l'intelligence et à l'activité
des moines , qui se livrèrent avec zèle au dé-
frichement des terres. • .-
Un mouvement de renaissance commençaà
se faire sentir dans l'industrie agricole au
xir= siècle, à l'époque des croisades, lorsqu'un
grand nombre- de seigneurs furent réduits,
pour couvrir les frais de l'expédition, k ven-
dre laliberté à leurs serfs, et que de nouvelles
plantes furent introduites en Europe par les
croisés qui revenaient de l'Orient: L affran-
chissement des communes vint encore favo-
riser !ce mouvement. 'A partir dû xvi» siècle,
le. progrès agricole est généraldans les diffé-
rentes contrées de l'Europe et continue jusqu'à
nos jours, avec plus ou moins de rapidité: En-
couragée'sous le règne de Henri IV, par le
•grand ministre Sully, qui voyait dans le pâtu-
rage et le labourage les mamelles de Vlitat,
l'agriculture fut entravée sous Louis XIV par
la défense de l'exportation des blés, par la
dépopulation des campagnes à la. fin de son
règne, et sous Louis XV. par l'administration
de.Law. Elle se releva dans la dernière moi-
tié du xvme siècle. En 1754, un édit solennel
permit le libre commerce des grains dans l'in-
térieur de la France,, et en autorisa l'exporta-
tion dans de certaines limites. De3 écoles vé-
térinaires furent fondées à Lyon et à Alfort.
En 175G,' on exempta .d'impositions les terres
nouvellement défrichées; en 1776, on sup-
prima les corvées. Enfin ,. la révolution de
17S9, par la destruction de toutes les lois féo-
dales, encore subsistantes, par l'abolition des
dîmes, par l'aliénation des immenses proprié-
tés du clergé et dé la noblesse, par la suppres-
sion de toutes les barrières qui entravaient, la
circulation des denrées, par le morcellement
qui résulta du- partage égal des biens entre
tous les enfants, débarrassa tout à. coup l'a-
griculture des principaux obstacles qui s oppo-
saient à ses progrès. ' '' - . -. .. '
• Depuis 1789, l'agriculture a été en quelque
sorte transformée par les découvertes de la
chimie. Le système des jachères a été aban-
donnéreomme funeste à la culture, et on s'est
livré au perfectionnement des assolements ;
notre pays s'est enrichi de la culture de la
pomme de terre et de la betterave -Lles prairies
artificielles ont reçu une extension considé-
rable; de. bonnes méthodes, d'irrigation, de
précieux .amendements, de nouveaux engrais
ont été introduits; des instruments,. des ma-
chines de .toute sorte, ont été intentés ; des
fermes modèles, ont été .établies ;. des cours
.spéciaux ont été ouverts ; des, sociétés d'agri-
culture ont rivalisé .d'efforts pour 'perfection-
ner les méthodes et propager les nouvelles. dé-
couvertes. t
' — Bibliogr. agric:. C'est surtout par lepoëme
•d'Hésiode, intitulé "les Travaux et les Jours,
que nous avons quelques notions sur l'état de
1 agriculture dans l'antiquité grecque, L'agri-
culture romaine nous est connue par les Géor-
giques de yirtrile", par les Traités de Caton le
Censeur, de Varron, de Columelle, de'Palla-
dius, etc. L'ouvrage de l'Arabe Ebn-ekAvam
est un monument curieux de l'agriculture des
Maures en Espagne. AU xvic siècle, époque de
renaissance pour l'agriculture, paraissent à de
courts intervalles, en Italie, les 'Vin fi giornate
deli' agricultura dé Gallo, et le liicordo d' agri-
cultura du Vénitien Camille Tarelloqui, le pre-
mier, proposa d'alterner les cultures ; en Es-
pagne, l'ouvrage de Herrera; en Allemagne,
celui de Heresbach; en Angleterre, celui de
A.GR
Fitz-ITerbert; en France, le Théâtre d'agricul-
ture d'Olivier de Serrés , !ail/aiîon rustique de
C. Estienne. C'est à Olivier de Serres, sur-
nommé avec raison le père de l'agriculture,
que nous devons la première notice détaillée
sur la pomme de terre, alors récemment im-
portée d'Amérique, ainsi que l'extension et le
perfectionnement de la culture du mûrier. Le
Théâtre d'agriculture, imprimé pour la pre-
mière fois en 1600 et dédié à Henri IV eut
successivement huit éditions du vivant de l'au-
teur; il en était à sa vingtième en 1675. A partir
du xviie siècle, nous voyons se succéder en
Angleterre les ouvrages de Hartlib, de Tull,
d'Arthur Young, de Marshal , de sir John
Sinclair ; en France, la Nouvelle Maison rusti-
que de Liger, le Cours d'agriculture de l'abbé
Rozier,les Eléments d'agriculture de Duhamel,
le Nouveau Cours d'agriculture ôVxixe siècle
par les membres dé la section d'agriculture
de l'Institut , les Annales de l'agriculture de
Tessier; Bosc, etc., et parmi les ouvrages tout
à fait modernes, le Cours d'agriculture de
M. de Gasparin, le Cours élémentaire d'agri-
culture de MM. Girardin et DubreuH, le Dic-
tionnaire raisonné d'agriculture et d'économie
du bétail de M. Richard (du Cantal), lePre'eij
d'agriculture de MM. Payen et Richard, le
Livre de la ferme et des maisons de campagne
de P. Joigneaux, etc. Ce dernier ouvrage est
le plus pratique qui existe sur la matière.
— Statist, En 1700, la production agricole
de la France, évaluée par Lavoîsier, ne dé-
Eassait pas deux milliards et demi ; elle a dou-
lé depuis. Cette augmentation a été surtout
sensible dans les départements les plus riches.
Nous empruntons à M. Léonce de Lavergne le
tableau des produits dé l'agriculture française,
tel qu'il résulte de la statistique officielle de
1S40.
Viande (1 milliard de kilogr. à
80 c). S00 millions.
Laines, peaux, suif, abats. . . 300 —
Lait, 1 milliard de litres à 10 c. 100 —
Volaille et œufs. . 200 — .
Chevaux, ânes et mulets de .
trois ans. 80 —
Soie, miel, cire, etc. 120' —
produits végétaux.
Froment ' 1,100 —
Autres céréales. . 400 - —
Pommes de terre. ....... 100 —
Vins et eaux-de-vie 500 —
Bière et cidre. 100 —
Eoins et avoine vendus 300 —
Lin et chanvre. ...;..-.. - 150' —
Sucre, tabac,- huile, fruits, lé- '
gumes, etc. . . . .'•.' .... 500 —
Bois. .-. 250 • —
5,000 millions.
- 1 Cette somme de 5 milliards, dit M. Léonce
de Lavergne, se répartit en France très-iné-
galement. Un quart dé la-France produit 150 fr.
par hectare, deux' autres quarts 100 fr.,-un
dernier qu'art 50 fr. seulement. Cette différence
de production se manifeste au premier coup
d'œil par la différence de population. Le pre-
mier quart contient 100 habitants par 100 hec-
tares, les deux : autres 65, et le dernier quart
seulement 40. Les départements qui forment
le quart le plus riche et le plus peuplé se trou-
vent presque tous autour de Paris et sur les
bords de 1 Océan ; les moins productifs et les
moins peuplés se trouvent dans le centre et
dans le midi. < Ajoutons que le sol de la
France possède 50 millions d hectares cultiva-
bles, qui se divisent aujourd'hui ainsi :
Prés naturels i millions dliect.
Prés artificiels. ..'.... 3 ' —
Racines ' . 2 —
Jachères.-. ,.,... 5 —
Froment. ..... ... . . G —
"Seigle et méteil. .'..'•... 4 . , —
Avoine^ orge, niais, sarra-
Cultures diverses 3 . —
Vignes. . '. .2 —
Bois. S —
Terres incultes 8 —
Total. ... 50 millions d'hect.
Il serait à désirer que la statistique nous
fournit des informations authentiques et com-
plètes sur. la richesse agricole des autres pays
de l'Europe. Mais on peut, s'en faire une idée
générale et approximative par ladensité de la
population, le nombre des. habitants nourris
mdiqùant assez bien la quantité ^d'e subsistances
produites. D'après cette mesure, là Belgique
est au preniier rang pour sa production agri-
cole; l'Angleterre au second, l'Allemagne et
l'Italie au troisième, la France au quatrième,
la Prusse et l'Autriche au cinquième,' l'Espa-
gne et le Portugal au sixième, la Turquie et
la Russie au septième.
. — Admin. Agriculture (Ministère de J'), du
commerce et des travaux publics. Ce ministère
se compose : 1" du secrétariat général ; 2° du
bureau de la statistique générale de la France ;
.30 de la direction de l'agriculture; 40 de la
* direction des haras ; 59 de- la direction du com-
merce intérieur; 6<> de la direction du commerce
extérieur ; 70 de ladirection des ponts et chaus-
. sées et des chemins de fer ; S" de la direction
des mines. Ladirection de l'agriculture est pré-
.posée au perfectionnement des procédés agri-
coles, à 1 administration des écoles d'agricul-
ture, des fermes écoles et. des écoles vétéri-
AGR
naires, a. la préparation des lois et règlements
concernant l'agriculture, à la distribution des
secours et encouragements, à l'étude et à l'ap-
plication des lois relatives aux subsistances.
Elle embrasse tout ce qui a rapport
ciations agricoles, aux concours d'ar
boucherie, aux comices régionaux d'i
reproducteurs, d'instruments aratoires, de pro-
duits agricoles, enfin aux concours nationaux
et universels. La direction des haras est
chargée d'administrer les haras et dépôts d'é-
talons , et de distribuer les encouragements
à l'industrie chevaline. — Le ministère de l'a-
griculture , du commerce et des travaux pu-
blics fut créé par Napoléon I« en 1812, sous
le nom de ministère du commerce et •des ma-
nufactures, supprimé en 18H, rétabli en 1828,
supprimé de nouveau en 1829 et définitive-
ment constitué en 1831. De 1830 à 1852, les
travaux publics formèrent h. diverses époques
un ministère spécial. En 1852, le ministère de
l'agriculture fu^ réuni à celui de l'intérieur.
Aujourd'hui l'agriculture, le commerce et les
travaux,publiçs forment un seul ministère.
— Agriculture (Conseil général de l'). Ce
conseil, réorganisé par la décret du 25 mars
1852, se composede cent membres, dont quatre-
vingt-six sont choisis chaque année par le mi-
nistre de l'agriculture, du commerce et des
travaux publics, parmi les membres des cham-
bres d'agriculture, et quatorze en dehors. Ses
attributions consistent principalement' à émet-
tre des vœux au nom des sociétés d'agriculture.
Ce conseil a été institué en 1819.
— Agriculture (Chambres consultatives d').
Ces conseils ont été .établis en 1851 dans les
chefs-lieux de département, , pour donner au
gouvernement leur avis sur les changements
à opérer dans la législation relative aux inté-?
rets agricoles, sur la police et l'emploi des
eaux, 1 établissement des foires et marchés, des
écoles agricoles et des fermés-écoles, l'emploi
des fonds destinés a l'encouragement de l'àgrir
culture, etc. Les membres de chacune de ces
chambres devaient être élus par les comices
agricoles. Un décret du 25 mars 1852 a institué
une chambre d'agriculture par chaque arron-
dissement, et décidé que la préfet en nommeT
raît les membres. Les chambres consultatives
d'agriculture sont reconnues établissements
d'utilité publique. -
— Agriculture (Sociétés d'). Ce sont dés
associations libres qui se sont donné pour
tâche de discuter les théories agricoles ,' de
perfectionner les méthodes, etc.,4 et à l'établis-
sement desquelles la loi n'impose d'autres con^
ditions que-celle de faire approuver leurs sta-
tuts par l'autorité -préfectorale.' Celles qui
s'occupent- plus spécialement des applications
pratiques se nomment comices, agricoles. La
propagation des meilleurs reproducteurs de
chaque race perfectionnée de bestiaux , la
vulgarisation des meilleurs instruments ara-
toires, des , espèces et variétés de. plantes
utiles le mieux appropriées aux, conditions
économiques locales,, sont au premier rang
des attributions des comices agricoles. La cir-
conscription d'un comice peut n'embrasser
qu'un canton ou s'étendre à un département
tout entier. Les comices distribuent des primes
pour l'emploi intelligent et efficace des pror
cédés nouveaux, pour l'introduction des races
étrangères, de bestiaux, pour, la bonne tenue
des fermes, etc.-; leurs ressources se com-
posent des cotisations de leursmembres, d'une
subvention départementale et presque tou-
jours d'une allocation de l'Etat. Habituelle-
ment, chaque comice, une ou deux fois par an,
célèbre une fête accompagnée d'une exposi-
tion de bestiaux et des produits du sol, et ter-
minée par un concours de charrues. L'institu-
tion des sociétés d'agriculture date du milieu
du siècle dernier.
— Agriculture (Société nationale et cen-
trale d.). Cette société, dont le siège est à Pa-
ris, rue de l'Abbaye, 3, s'occupe de tout ce qui
est relatif au perfectionnement de l'agricul-
ture et à l'amélioration de ses produits. Elle
comprend huit sections et se compose de cin-
quante-deux membres ordinaires ou résidents,
répartis entre les huit sections. Elle a des
associés et des correspondants par toute la
France et à l'étranger, choisis parmi les hom-
mes qui ont fait des expériences ou des obser-
vations pratiques, ou qui sont les auteurs d'ou-
vrages jugés utiles sur l'économie rurale. Elle
publie un bulletin mensuel de ses travaux, et,
chaque année, un volume de Mémoires et
d'Instructions. ■ . ■ • -
— Agriculture (Écoles d'). En 1789; l'Assem-
blée constituante avait décrété la créationde
chaires' d'agriculture; mais ce décret ne fut
pas mis à exécution: Ce fut en 1818 que Ma-
thieu de Dombasle fonda,"a Roville (Meurthe)v
le premier établissement d'instruction agricole
que la France ait possédé. Plus 'tard-1 des
écoles d'agriculture lurent fondées à Grignon
(Seine-et-Oise) en 1827, à Grand-Jouan (Loire-
Inférieure) en 1832, àLa Saulsaie (Ain) en 1840.
Le décret du 3 octobre 18-48 ordonna l'éta-
blissement de fermes-écoles dans tous les dé-
partements, donna le -nom de régionales aux
écoles de Grignon; de Grand-Jouan , de La
Saulsaie et de Saint-Angeau, et créa à Ver-
sailles un grand Institut agronomique, oh l'en-
seignement de l'agriculture était organisé sur
les bases les plus larges et confié à d'habiles
proiîsséurs. En 1852, l'Institut agronomique
île Versailles fut supprimé, et l'école régio-
nale de Saint-Angeau convertie, en vacherie
impériale. Lus trois écoles, appelées aujotir-
AGR-
d"huî impériales'; de Grignon, de Grànd-'Joûan.
et de La Saulsaie , rassortissent au ministère
de l'agriculture; du commerce' et des travaux
publics. Elles ne reçoivent que des élèves in-,
ternes, qui subissent un examen d'admissibilité.
Tout candidat doit avoir dix-sept ans accomplis..'
Les matières de. l'examen d admission sont,:,
l'arithmétique, le système métrique, des notions
élémentaires de géométrie et de physique,
une rédaction en français. Dix-huit bourses de
l'Etat sont attribuées à chaque .école et s'ob-
tiennent'par voie dé concours. L'enseigne-
ment des écoles impériales d'agriculture dure
trois ans. Quant aux fermes-écoles, instituées
pour former d'habiles cultivateurs, capables dé
cultiver avec intelligence soit leur propriété,'
soit la propriété d'autrui comme fermiers, mé-
tayers, etc., elles sont particulièrement ou-
vertes aux fils de cultivateurs et d'ouvriers
agricoles. L'instruction y est essentiellement
pratique. Pour. y être admis, il faut être âgé
de seize ans 'et avoir subi convenablement un
'examen portant sur lés matières de l'instruc-
tion primaire. Sur les dix-huit bourses attri-
buées à chacune des trois écoles impériales
d'agriculture, neuf sont réservées aux anciens
élèves des fermes-écoles qui ont subi avec
succès l'examen d'admission. En 1857, on
comptait en France cinquante - deux fermes-
écoles réparties dans cinquante départements^
— Épithèthes. Innocente , sage , indus -
trieuse, laborieuse,' utile, indispensable, péni-
ble, féconde, intarissable, riche, calme, pai-
heureuse, antique ,. noble , honorable-,
AGR
1-43-
Do l'Agriruiu.rc (De Re rustica), par Colu-
melle, traité d'économie rurale divisé en douze
livres, dont lo dixième, consacré aux jardins,
est écrit en vers. Il est précédé d'une préface
dans laquelle l'auteur déplore l'état d'abaisse-
ment ou l'agriculture était tombée de son
temps: ■ Je vois partout, dit-il, des écoles
ouvertes aux rhéteurs, a la danse, à la mu-
sique, même aux saltimbanques; les cuisi-
niers, les barbiers sont en vogue; on tolère
des maisons infâmes où les jeux et tous les
vices attirent la jeunesse imprudente ; tandis
que pour l'art qui fertilise la terre, il n'y a
rien, ni maîtres ni élèves, ni justice ni protec-
tion. Voulez-vous bâtir ; vous avez à chaque
Eas des architectes. Voulez- vous courir les
asards de la mer; vous trouvez partout des
constructeurs ; mais souhaitez-vous tirer parti
de votre héritage, améliorer, les procédés qui
vous semblent mal entendus,vous ne rencontrez
ni guides ni gens qui vous comprennent. Et si
je.me plains de ce.mépris, on me parle aussitôt
de la stérilité actuelle du sol ; on-va jusqu'à me
dire. que la température actuelle est changée.
Le mal est plus près de vous, ô mes conteniT
porain* t l'or, au lieu de couler sur les çampar-
gnes, qui nourrissent les villes, est jeté à pleines
mains au luxe, à la débauche, aux exactions.
Ecoutez-en mon expérience, reprenez le manr
che de la charrue et vous me comprendrez 1 »
Columelle passe en revue les'conditions d'un
domaine, les travaux' des champs, blé, vigno-
bles, oliviers, etc., les animaux domestiques,
les abeilles, etc. Il a fait aussi- un' traité des
arbres fruitiers et forestiers , De Arboribus ,
3ue l'on imprime ordinairement avec- le précèd-
ent ouvrage, et qui forme alors un treizième
L'œuvre de Columelle est encore beaucoup
consultée aujourd'hui par les savants, qui y
trouvent de précieux détails sur une partie
importante de la- civilisation romaine; Elle est
remarquable, autant par les faits que par la
méthode. Il y a, dans le style, quelque chose
de la pureté qui distingue la littérature du
siècle d'Auguste. Les éditions les plus estimées
sont celles de Gessner (Leipzig, 1735 et 1773),
et de Schnœdèr (Leipzig,' 1794-97). 'Columelle
a été traduit en français par Claude Cottereau,
en 1551 ; par Saboureux,en 1771 ; par L. Du-
bois, dans la Bibliothèque latine-françaisé de
Panckouck'e. Cette 'dernière traduction ,. en
trois volumes in-s», est considérée à'. juste
titre comme la meilleure.
Agrlculturo (l') , poëmé didactique de Rosset,
en six- chants. Les. sujets chantés dans cet ou-
vrage sont ; les champs, les vignes, les bois,
les prairies, les troupeaux, la basse-cour, les
plantes et le jardin potager, les étangs, les
viviers et les jardins chinois ou anglais. A part
un certain nombre de morceaux très-bien faits,
le poème est froid et monotone. Cependant on
ne peut disputer à Rosset le mérite d'avoir
donné, par son pdëméde l'Agriculture, le pre-
mier exemple'd'un poenié français purement
géôrgique , et d'avoir prouvé hon-seulenïéht
que ce genre ' n'était pas .incompatible avec
notre langue, mais qu'elle pouvait" 'en ' sur-
nionter'les difficultés d'une manière très-heu-
reusé. Il est avéré que cet ouvrage était com-
posé fort longtemps avant la traduction des ,
Géorgiques de Virgile par Delille^et avant le
poème des Saisons de SaintrLambert.
AGRIE s. f. (à-grî — du gr. agrios, cruel,
sauvage). Méd. Nom scientifique de la goutte.
.' ..— Entom. Genre d'insectes diptères brà-
chocèrés, de la tribu des muscides, dont la
plupart des espèces habitent l'Europe.
AGRIELCOSE s. f. (a-gri-èl-ko-zo— _ du "gr.
agrios, cruel; elkôsis, ulcération). Pathol.
Ulcère malin. t .
AGRIER s. m. (a-gri-é — bas lat. agrarivm ;
du lat. ager, agri , champ): Ane. dr. Nom
donné, dans quelques louantes, au droit sei-
gneurial, appelé ordinairement champdrtt'ct
qui, consistait à 'prélever une , partie de 'la,1
récolte do tout champ cultivé.1' ' '' ' ' ' " , :
— Agric. Variété de raisin noir. ,' .,_
agriffant (a-gri-.fan)' part, prés.: du v.
Agriffer.- - - - • . ■ -i ' - ■ r . - -
AGRIFFÉ, ÉE (a-gri-fé) part. pass. du v.-
Agriffer. ; - '' ' '. ' " ' '
AGRIFFER v. a.' OU tr.'"( a-gri-fé — 'rad.
f/riife). Prendre avec les grilles ," avec les
ongles;, : ; . '■ ; ." " ,' '
. S'agriffer, v. pr. Se suspendre, s'attacher
avec les griffes : Le chat s'est agriffé à . la
tapisserie. (Acad.) ■■>,.- ,.■,!■■-■..;,■ .
• — Par ext. et fam. Se dit quelquefois des
personnes qui se rattrapent à quoique chose
parles mains.' ■ ' ' ,' ' • . ■ ■ ■ r ' '
., AGIUGENTE (a-gri-jan-te)j âne. grande vilie
do Sicile, à 4 "kil. de la mer, l'une des -plus
opulentes du monde, entier. Elle, possédait mi,
temple magnifique de' Jupiter Olympien, dont
on admire les ruines gigantesques. C est là que
régna le tyran Phalaris et que naquit le phi'-i
losophe Empédocle. Cette ville fut saccagée
par les Carthaginois sous le commandement
d'Amilcar, l'an 400 av. J.-C, et prise deux
fois par les Romains, l'an 262 et l'an 2io. Ses
habitations étaient somptueuses ; c'est en par-
lant des Agrigëntins qu'un auteur a dit : « Ils
bâtissent comme s'ils devaient vivre éternél-r
lement. », ■ ,, .
Parmi, les ruines .célèbres de cette, -vUle^on
remarque : .,-.,■ , ,, ■ , .• .. . ,.
■ Le Temple de Junon Lucinia'ou Lucine. Ce
temple, placé sur un rocher élevé, était d'ordre
dorique comme tous . les temples de cette
époque, et' entouré "d'un portique de trente-
six colonnes cannelées ; Six sur chaque face.
Une rangée de ces colonnes subsiste encore.
Quelques colonnes de l'autre côté ont aussi
résisté au temps, mais, sont, tronquées. Ces
colonnes reposaient'Sans base sur un soubas-,
sèment élevé de, six degrés. Le tout était re-
couvert de stuc* colorié. ,
" Le Temple de la Concorde. Ce monument
antique est le mieux conservé de' ceux^que
possède la Sicile. 'Sa dénomination, très-pro-
bablement1 erronée /ti'a- d'autre fondement
qu'une inscription gravée sur une pierre en-
châssée dans l'un des murs de l'hôtel- de '-ville.
L'origine de ^ce,- temple est bien antérieure à
cette inscription. Cet édifice, admirable par, la
noblesse et la simplicitéde ises proportions, i a
quarante et, un mètres *de; longueur sur. dix-
huit de large. Il est environné de trente-six
colonnes cannelées d'ordre dorique;. six sur
chaque face. Au moyen âge, on fit de ce temple
une église consacrée à saint Grégoire. Cet é,diT
fice est plus petit que. le Parthénon, et deux
fois moins grand que la Madeleine 'de Paris. ..t
Le Temple d'Hercule. .Une seule colonne
est encore debout, au milieu de fragments
amoncelés. Ses dimensions semblent avoir été
plus grandes que celles des 'temples précé-
dents. Il était orné,, selon' Cicéron et Pline,
d'œuvres d'art inestimables.
Le Templede Jupiter Olympien, vulgairement
appelé Palais des- Géants..,» C'est, .selon Dio-
dore de Sicile, le plus grand de tous les temples
de Trinaa-ia (Sicile), et l'on peut à cet égard
le 'comparer aux- plus beaux qui existent, bien
qu'il naît iaraais été achevé. Il a cent, treize
mètres de long. La partie extérieure. des co-
lonnes, qui sont engagées. dans le mur d'en-
ceinte,, est arrondie, et la partie intérieure
est carrée, en forme de pilastre. En dehors, les
colonnes , dont les cannelures peuvent .con-
tenir chacune le corps- d'un homme, ont sept
mètres de circonférence; la partie intérieure
a quatre mètres. Sur la façade orientale, on. a
représenté le combat des géants, ouvrage re-
marquable par, ses dimensions et, sa beauté.
Sur sa. façade occidentale, on a figuré la prise
de. Troie... », L'examen .des ruines a démontré
l'exactitude de cette description. Ce temple
était en outre orné de, magnifiques cariatides,
.dont trois, encore debout au xive siècle, firent
donner à ces ruines le, nom de Palais des
Géants. On ne voit plus aujourd'hui qu'un seul
de ces colosses, étendu sur le sol. La' pierre
employée dans ces constructions est friable et
mêlée de coquilles. On a retrouvé des traces
du stuc coloré qui les recouvrait.
LeTemplf de Castor et Pollux. Trois co-
lonnes cannelées et divers fragments sont tout
ce. qui en resté. . " .•■'..!
Murailles. Elles furent construitespar Hié-
ron, qui y. employa les prisonniers carthagi-
nois faits à la bataille 'd'Himère. On 'y-re-
trouve un grand nombre de ces ouvertures en
bouche de four, appelées columbaria, et des-
tinées par les Romains à recevoir lés cendres
des morts. ■
'Le Temple d'Esculape. Ces ruines sont peu
importantes , mais il faut se rappeler que c est
de ce même temple que Verres ;déroba une
' statue d'Apollon, chéf-d'ceûvre du sculpteur
Myron, et que Scipion l'Africain avait rendue
à Agrigente. ■ ■' '
AGRIGENTIN, INE s, et adj. (a-gri-jan-
tain, ti-ne)..Géogr. anc. .Habitant d'Agri-
gente ; qui a rapport à cette ville ou à ses
habitants : Les Agrigëntins forrnèrent d'abord
une république. aristocratique., (h. Renier.),
AGRILE s. m', (à-gri-lo — du gr. agrios,
sauvage). Entom.'"Gcnre d'insectes coléo-
ptères ' pentamères , famille des sternoxes :
ZesAGRri.ES ne se montrent que lorsqu'il fait '
très-chaud. (D'Orb'.) "- ' --•■--
.agrilites s- f. pi,. (a-'gri-li;te —, rad'.
arjrilë). Entom., Nom collectif par lequel on
a désigné un certain n'ombré' dé genres dé;
coléoptères, qui ont pous caractère distinctif
une dent au crochet des tarses.' .;,,,, ' ,",„'
AGRIMENSATION.S, f. (a-grijm'aii-sa^-on'
— rad. 'agrimçusèr). Syn. tè Arpentage, 'mh-
surage.dcs terres. Vieux' mot. ' .;,,.*
i AGRIMEN8ER v. a. ou'tr. (a-gri-man-sô :
— du lat. ager, agri, champ; mensus, part;1
pass. de metior, mesurer). Arpenter, mesurer,
un champ. .Vieux mot. ■;,•,<■..■ ,.u .->a
AGRIMENSEOR. s. m. ■ (a-grirman-rseur.^
rad. agrimenser). Arpenteur, celui qui -parta-
geait les terres entre les colons-.que Rome
envoyait dans une ville vaincue : L /agrimen-..
seur parti de Home avec les .colons en armes',',
tous vieux soldats, leur partage les maisons'
comme lesterres. (Duruy.) Vieux mot. i m i i.<
i-s'te);>
. AGRIMOKIÉ, ÉE adi. (a-gi'i-mô-riié — làt?
agrimonia, aigremoine). Bot. Qui 'ressemblera
l'aigremoine. , , " , . , t . ,',v>
— s. f. pi. .Tribu de Ja famille des rps'acéq§„
qui a pour type le genre aigrernpine. . ^ "hl ' ,t
agriÔn s. m. (a-gri-on — du'gr.'offrtosV
agresto, farouche). Entom. Genre d'insectes,
appartenant à l'ordro dos riévropt&res,'etqui
habite les endroits' marécageux dans presque^
toute l'Europe. Lès agrions ressemblentassez'
aux libellules ou demoiselles, dont ils ont'léâ
moeurs, et que quelques auteurs ont compris
dans la même famille. .-• "•'• »"
AGRIONIES S. f.pl. V. AGRANIES.'"; [ " ^
AGRIOPE s. m. (a-gri-o-pe7- du gr. agrSô-
pos, qui a le regard farouche). Iohthyol. Genre
de poissons,, dé l'hémisphère austral'," voisin
desDlehnies.
'',',7^-' Entom. Genre d'insectes „]épiâorltières
nocturnes, qu>ri rencontre .aux. environs dô'
Paris. 'P|)- '.',.',,". .r',sl' V.l'i^'ÏVi
AGRIOPHAGE adj. et s. (a-gri-o-fa-je-T-du
gr. agrios, sauvage ;rphagâ, je mange)-.. Se
disait, de certaines, peuplades, iéthàopionnea
qui se nourrissaient principalement, de pan?;
thères et de.lidns.i .,.•. , , . .,, ,,',, , '..,. .,,„.)
■ AGRIOPHYLLE s. f. (a-gri-o-fl-le — dnigrï
agrios, sauvage; phullon, feuille). Bot'.' Genre1
de plantes do la1 famille des chénopodées,'dont
on ne connaît qu'une espèce, qui habité' \d
Crimée. ' ' ' ; :, ' - ■'■ ■ '■' ""''>
Agriornis s. m. (a-grinDr-niss — d'ù gr.'
agrios, sauvage ; àrnis, oiseau): Orhith: Genre
d oiseaux, voisin des pé'poazas: ( V '" '^
Agriote s.'f, (a-gri-o-te ^ à\x.gT..anriô.^
sauvage). Bot. .Espèce de merise, quij'difràVfl
de la cerise en ce qu'elle, a. une saveur, plus
aigre,, plus sauvage,, d'où, son, nom.;: Les
agriotks à l'eau-de-vie sont très-estim'ées à
Marseille, il Par corruption, on dit. souvent
,— .s. m. Entom. ^Genre de coléoptères penf
tamères, de la famillle.des sternoxes.'- -., ,„■■,:
âgriothttmie s. f. (a-gri^o-ti-mî— dugrî
agrios, înhumaih'; thumos, colère). 'Méd'.' Ten-
dance maladive à commettre" des ■ actes de
folie furieuse. -'■■ •■' "• " ■ ' 1">'
AGRIOTHYMÏQUE adj. (a^ri-o^ti-mi-ke).
Qui a rapport, à l'agriothymié. '' ',',.. "'"'. " ^
AGRIOTIE s. m-t'a-gri^o'-tié rrn irad.
dgriote). Bot. Arbre qui produit l'agriote. '
AGRIOTYPE s. m. (a-gri-o-ti-po — du gr.
agrios, sauvage; tupos, empreinte). Eutom.
Genre d'insectes hyménoptères, do la famille
des ichneumoniens. >■ .. i .. .• i I: s-
agripaume s. f.'(a-gri4ô-me). Bot.- Nom
vulgaire d'une espèce de léouurè. V.-Léon'to'e.
AGRIPENNE. s. m] (a-gri-pè7ne -^ du, gr,.
a^ria, prise , et du lat. peiuia, plume). Ornitu.
Espèce de dolichonyx,. qu'on, appelle, aussi
ortolan de riz. V. Dolichonyx. .,,.,. . ,j
. AGRIPHYLLE s. m-. ( a-grirfi-le -r- du igr.
agria, prise; phullon, feuille). Bot. Genre de
plantes appartenant à la famille dos compo-
sées, et originaires de l'Afrique australe. -.«
AGRIPPA (Ménénius)? consul romain l'an 502
àyl J,:-C. L°rs de la retraite dé la plèbe Sur
le mont Sacré, il fut député par lé 'sénat auprès
du peuplé, qui l'estimait a cause de" sa niodera-
tibh. Adroit et conciliant,' il fit appel a la con-
corde, parla de la patrie abandonnée, et enfin
ébranla cette multitude simple etcréduleèn lui
racontant l'apologue des Membres et de l'Estti-
màc.' Toutefois; malgré son éloquence spé-
cieuse, le peuple né consentit à se soumettre
qu'à la condition que la défense de ses intérêts
serait désormais confiée à des magistrats tirés
dé son sein. V. Tribuns de la Plèbe. ' '
AGUÏPPA (MiiVcùs Vipsanius), général ro-,
main, né I';hi 63, iiiort' l*an,12(.iy. J.-Ç,.).;il
seconda .efficacement Octave, dans toutes ses
entreprises et épousa sa fille Julie. Ce fut prin-
cipalement lui qui décida' le succès de la' ba-
taille d'Açtiùm. 11 fit construire, a Rdm'e,;le
Panthéon.
AGUIPPA (Henri-Corneille), alchimiste et
philosophe cabalistique, né à Cologne en i486,
mort en 1535. Il fût*, un des adoptes. les'plùs
■fameux dés 'sciences occultes.- Sa vie fut fort
agitée. Tour a tour professeur dans différentes
\u
ikGR
villes de l'Europe, secrétaire dé Maxîmllien'îoT,
conseiller de Charles-Quint, médecin'de Louise
de Savoie, il mourut, dit-on, dans un hôpital
'dé Grenoble. Un' de ses principaux ouvrages'
■ est le'Dê'Philos'ophia occulta, traité de magie'
extrêmement' curieux;, traduit eh frahç.'pàr
■'Lèvasseur.11' " ■ ''/" '- ■■ ■• :- ■ 'w" " "' '
. , AêRippÀy(Héro'ae).,V..HERpDB. '•' -; ", '.'■ i
AGRIPPÉ, ÉE (a-gri-pé) part. pass. du vj
;Agripper.i Pris: saisi,* enlevo : Sa bourse lui
futeJ ■
agriffer).' Prendre, saisir avidement, avec
-finesse et. subtilité : Elle ' agrippe tout ce
qu'elle ooi7.',(Acad.) Tâche (TagrippeR' cette
p7ac«.'-(D'Haiitel.)!'Fàm.' j-'J" ■' ■"•'"'■■■ •
, ,' * S'agripper,' v.vp'r. S'attaçhér,"s'accrocher à.
, aGrippeor,'eÛSE 's. (a-gri/pcu'r -^'rad.
agripper). Celui, cetie.qui agrippe, qui se sai-
sit d'une chose. Vieux et peu usit.
■ AGR1PPIN, évêque'de Cartilage-, vers l'an
217. Il soutenait qu;il fallait baptiser de nou-
veau ceux qui1 avaient reçu le Baptême de la
main des hérétiques. C'était, comme on le voit,
la doctrine que les anabaptistes devaient prê-
cher plus tard. •■;■■'
AGIUPP1NE, femme de Germanicus, fille de
Vespasianùst Agrippa et dé" Julie," fille d'Aù-
gùste; accompagna son mari dans toutes ses
campagnes et rapporta 'ses cendrés de Syrie à
Rome ''Douée d'une grande énergie, elle poùr-
* suivit le mèurtrierde"son opoùx,fPison,qui'fut
obligé de'sé 'donner là' mort 'pour-échapper à'
sa vengeance. Tibère, qui haïssait Agnppine
à cause de ses vertus et dé son crédit auprès
du peuple; l'attira dansl'ile de Pandataria, où
elle
ut; l'ai
AGRIPpine, fllle de la précédente et de Ger-
manicus, épousa d'abord Domitius Ahenobar-
bus, qui ta rendit mère de Néron, devint ensuite'
la femmetd('un riche patricien qu'elle lit assas-
siner pour posséder ses' biens,' et, | eut, 'pour
trbisième'epoiix l'empereur Claude, son oncle.
Après avoir i>réJ>arèV l'avènement de'son'pro-
pre fils, 'qu'elle fit adopter par/Claude, au mé-
' pris des droits de Britannieus, fils de ce prince,
elle empoisonna son imbécile époux, 'et jouit
'enfin des fruits.de son ambition en' mettant
Néron sur le trône. Intrigante, altière, déré-
glée, elle fatigua dé ses exigences ce 'fils pour
lequel elle n'avait reculé devant aucun crime,
et qui résolut sa' mort afin de se délivrer de sa
domination! Il tenta d'abord de la faire noyer;
't mais, n'ayant pu, y réussir, il envoya un cen-
turion pour l'ejg'orger.' On rapporte qu'elle dit
à: ràssas'sih, :., Veitlrem feri (frappe a» .ventre),
ironie' tragique, qui. signifiait sans' doute que
ce seiné'taitcoùpablé d'avoir donné le'jour,à
un mbristrë'tèl que Néron (59). 'Agrippirie était
née à_ Cologne, aont elle agrandit l'enceinte, et
qui s'appela de son' nom totania Àgrippvia.
\VAGRiPPINlÉNS's?'m;'pr. Fanatiques parti-
sans de l'ôyOque de Cartilage Agrippih. ,
, AGROBATE s. m. (a-gro-ba-te — du gr.
acrobates, qui erredans les champs). Ornith.
Oiseau de 1 espèce des becs-fins sylyains.
ÂGRŒCIÉ s.Tf. (a-gré-si — du gr, agros,
champ ; pî'/vi'û; demeure). Entom. Genre d'in-
.seçtes-de laifamille des locustaires, ordre des
. orthoptères. '-^I.' -u >. ■•
: AGROGRAPHIE s.'f.'(a-gro-grà-fî ~ du gr.
affràs, champ ; £ra;jAe',,,descHption); 'Déscrip-
'tidridës:champs etipàrtictilierèm:'de ce qui
â rapport à leur, culture.1 • ' ' '""
.,. ÀGHOLLE s.f. (a-gro-le). Nom donné à la
corneille noire, dans quelques parties do la
France! ,
AGROLOGIÉ, s. f. (a-gro-lo-jî — du gr.
agros, champ ; logos, discours). Science qui. a
pour objet la-connaissance des terres, dans
leur rapport avec l'agriculture. ,
ÀGROLdGiQnEadj. (a-gro-Io-ji-ke— rad.
agrologie): Qui sorappbrte à l'ngrologie. --'
AGftOMANE s.-(a-gro-ma-ne — du gr .'agros,
champ; mania, folie): Néol. Celui, celle qui a
la manie de ligriculture. \
. AGROMANIE s. f . {a-grc-ma-nî — rad. agro-
mane). Néol. Manie, passion de l'agriculture.
AGROMêne s. (a-gro-mè-ne — du gr.
agros, champ ; menai j'habite). Celui, celle qui
passe sa vie à la campagne.
', 'aGRCMYZÈ s. 'm.' (a-grb-mi-ze — du'gr.
' agros ; champ • mùzô, je 'murmure). Entom.
. Genre d'insectes de' l'ordre des diptères,' divi-
sion des brachocèrès. ,t "..'-, ' ' ", ,
r agronome s. ,m. (a-gro^ociTme' — du gr.
agros, champ y'nombs, loi). Celui qui est versé,
dans, la .théorie de. , l'agriculture :,, C'est . un
habile agronome. Cet agronome distingué
s'est acquis une sorte de célébrité par Incul-
ture de l'asperge. (Hoefer.) Le comte ne parais-
sait-il pas homme de sens, bon administrateur,
excellent agronome? (Baiz.) '
. -- S'empl. adjeçtiv. : Les anciens auteurs
agronomes ont. consigné dans leurs écrits cette
remarque. (Tollard.) ' '•'■
— Syn. Agronome, agriculteur, cultivateur,
Uboavcur. V. AGRICULTEUR. . i
AGRONOMÉTRIE s. f. (a-gro-no-mé-trî —
du gr. agros, champ; metron, mesure). Con-
naissance exacte du produit, du rapport de
certaine étendue de terrain. • ! i
" , AGRONOMIE (a-gro-nq-mî— rad: agroi
nome). Théorie de l'agriculture , science des
lois agricoles. ' <
AGR
agronomique adj. (a-gro-nq-mi-ke — i
' rad:ojrrtriom;c).'Qui a rapport, qui appartient;
'-' à1 l'agronomie : Société agronomique. Science'
^agronomique: Aucun "des 'anciens , écrivains
agronomiques ne 's'accorde avec'Virgile sur le
temps où il faut semer les fèves. (Delille.) Plu-
sieurs des préceptes, agronomiques d'Hésiode)
-sont encore bons à suivre. r(De .Dombasle.)
agronomiquement adv. (a-gro-no-mi-(
ke-man — rad. agronomique). D'une manière
• agronomique."
agrophile s. m. (agro-fi-le — du gr.
agros, champ: philos, ami). Entom. Genre
d insectes lépidoptères, famille des nocturnes.
AGROPYRON s. m. (a-gro-pi-ron — du gr.
agros, champ ; piiros, blé sauvage). Bot. Genre
de piaules dé la famille des graminées. .
AGROSTEMME s. f. (a-gro-stè-me — du gr.,
agros, champ ;stcmmal couronne). Bot. Genre'
de plantes de la famille des caryophvllôes,
tribu dessilônées. On remarque lés âgros-
temmes /leur de Jupiter et rosée du ciel, qui
ornent nos jardins, et parmi les espèces com-
munes, la coquelourde et la nielle.
AGROSTEMMINE s. f. (a-gro-stè-mi-ne).
Chiin. Alcali que l'on extrait des semences de
la nielle des blés. L'agrostemmine cristallise
en paillettes légèrement jaunâtres, peu solu-
bles dans l'eau, très-solubles dans l'alcool."
Âgrostère s. f. (a-gro-stè-re — du gr.
•n'gr.f.'Slérx chasseur). Entom. Genre d'insectes
lépidoptères, famille des nocturnes. '|
AGROSTICULE s. f. (a-gro-sti-ku-le — du
gr. a yrostis , chiendent). Bot. Petite plante
vivace de la famille des graminées, originaire
du Brésil. :
AGROSTIDE s. f. ( a-gro-sti-'dë — du gr.
agrôstis. chiendent). Bot. Genre de plantes de
la famille des graminées. Ce sont on général
dos plantes vivaces, qui croissent soit dans les
bois, soit dans les !champs. L'a'grostide tra-
çante, connue vulgairement sous le nom do
traînasse, est, comme le chiendent', un fléau
pour les cultivateurs. Quelques autres espèces
donnent un assez bon fourrage. '-. ■ '
AGROSTIDE, ÉE adj. (a-grc^stWé — rad.
agrôètidi;). Bot. Qui ressemble à l'agrostide.
— s, f. pi. Tribu de là famille des graminées,
ayant pour type le genre agrostide.
AGROSTOGRAPHE s. m. (a-grcrsto-gra-fe
— du gr. agrôstis, chiendent; graphe) , je dé-
cris). Bot. Celui qui s'occupe spécialement de
l'étude des graminées:- ' . '- '
* ÀgroStogrÀphie s.' f.' (a-Erp-sto~gra-fî
—7 rad. agroslographç) .'Partie de la. botanique
qui à pour objet' l'étude dés' graminées^
'A^GROSTOGRAPHIQUE adji'(a-grc-sto-gra-
_fi-kè— rad, nyrostographié). Bol. Qui'se rap-
porté à' l'agrostogràphie.
ÂGROSTOLOGIE s. f. (a-gro-sto-lo-jî— du
minées. .
, AGROSTOLOGIQUE adj. (a-gro-sto-lo-ji-ke
— rad. agrostoloyie). Qui a rapport à l'agros-
tologie. • -f •■' * •■• ■, ■"'- ■ . ' ■ ■ '■
ÀGROSTOPHYLI.E s', m. (â-grc-;st6-fi-lé'—
du gi:' agrôstis , chiendent; ptiullbn; feuille).
Bot.' Genre de plantes delà fainillo des orèhi-
dées, indig^rié' dé l'île dé Java*. '' ;
. .agrotère', surnom donné quelquefois à
Diane, soit à caùse'd'un temple. qu'elle avait
à A'yra, dans l'A ttique, soit _parce qu'elle ha-
bitait les campagnes, les bois (en gr: agros,
champ). ■ ;
agrotide ou AGROTIS s. f. (a-gro-ti-de —
du gr. agrotis, qui habite les champs). Entom.
Genre d'insectes lépidoptères de la1 famille
des nocturnes, comprenant un grand nombre
d'espèces en> abondance dans nos climats;- i
' AGROUELLE s. f. (a-grou-è-le — corrupt.!
d'écrouellês). Crust, Nom vulgaire de là cre-:
Vétte .des ruisseaux, parce' que, -d'après un:
préjugé populaire ,' elle produit des ulcères
dans la bouche de ceux qui la mangent. . ■
.Bot. , La scrophulairo- noueuse, parce
■ -• -"--■«---!* ■ 'MAAà n-„^„,-'l„o
AGROPPANT (a-grou-pan) part. prés, du
v. Agrouper. ■ > ■• > ',.-■•';
agroupé , ÉE (à-grou-pé)- part. pass. du
v, Agrouper. 'Réuni en groupe .Il faut que
lés membres soient agroupés aussi bien que le
corps. (Felibiôn.) ;■ '-' '- i:- '
AGROUFSMENT s. ni. (à-groù-pe-màn .—
rad. uyroup'er). Action d'agrouper; état de ce
qui est agroupé: Un agroupement méthodique
de faits.. (Moniteur.) ,, . r
— Archit. Sorte d'accouplement. de co-
lonnes. ."
' AGROUPER v, a. ou tr. (a-grou-pé — rad.
groupe). Disposer, réunir en groupe : Agrou-
per des chiffres. Agrouper des faits. ; - f i
. S'agrouper, v. pr. Se mettre en groupe::
Lés' ouvriers commençaient à s'àgrôupër dans
la rue. ' .■-.-.>
agrume s. f. (a-gru-me). Hortic, "Espèce
de prune employée pour faire les pruneaux
d'Agen.
AGRYPNE s. mi (a-gri-pne — du gr. agrup-
nos, qui veille). Entom. Genre d'insectes co^
léopteres pentamères , famille des sternoxes,-
qui renferme un grand nombre d'espèces, dont
•AGU
,;,.. agrypnie s. f. (a-gri-pnî — du gr. ogriip-
\nia} veille ; formé de a priv., et grupnia, som-
meil)., Méd. Insomnie, défaut dç sommeil.
— Entom. Genre d'insectes névroptères.de
la famille des phryganiena, qu'on rencontre
en Angleterre.
AGRYPNOCOME s. m. (a-gri-pno-ko-me —
du gr. a.priy.; grupnia, sommeil ; et kôma,
assoupissement). Med. Insomnie jointe à une
grande éhvie do dormir. ,-,...
agrypnode adj. (a-gri-pno-de -— du gr.
agrupnoilés, sans sommeil). Méd. Qui est privé
_ de sommeil. U Fièvre,, agrypnode , Celle qui
prive de sommeil., >; ..'.■*:
,' AGTELEK ,' bourg de Hongrie', célèbre ; par
ses grottes' à stalactites. ' ' ■
AGUA s. m. (à-gu-a). Erpét. Gros reptile
batracien, qui appartient au genre-crapaud et
qui est originaire du Brésil.
AGUACATE s. m. (a-gu-
Plante. nommée aussi laurier
AGTjÂDAS s. m. pi. (a-gou-a-das's). Vastes
citernes qui, dans l'Amérique du Sud, servent
de réservoirs pendant la sécheresse.
AGOADO (Alexandre-Marie), l'un des, plus
riches financiers de notre siècle, né à Séville
ehr178-4, m. en 18-12. appartenait à une famille
juive. Il embrassa de bomie heure la carrière
militaire, servit avec distinction dans les
troupes nationales lors de l'occupation de l'Es-
pagne par les troupes françaises , fut nommé
colonel en 1S10, et devint par la suite aide rie
camp du maréchal Soùlt. U quitta le service
en 1815 pour se lancer à Paris dans des entre-
prises commerciales, dont les puissantes rela-
famille à Cadix, à la Havane et au
813 agent financier de l'Espagne
ii -Paris, et reçut de Ferdinand VII la conces-
sion,d'un grand, nombre de mines, de vastes
terrains et le titre de marquis de Las Marismas.
Ce fut lui qui négocia les emprunts espagnols
de cette époque. Il mourut en Espagne, où il
était allé visiter un de ses établissements, lais-
sant une fortune énorme , estimée à plus de
soixante millions, Il possédait une magnifique
galerie. d6 tableaux, dont Gavarni a publié les
dessins. Agùado avait été naturalisé Français
en 1828.
AGUARICO,riv. de la république de l'Equa-
teur, Amérique méridionale, se jette. -dans le
Napo après vin cours de eÔO kil. ; charrie des
paillettes d'ôr. ,.;_•. .*', ,, ' .
4 AGUAS^ CALIENTES ,• ville ' florissante ' du
Mexique; 2!, 5^o h. Climat doux, sol très^-fer-
tile, sources thermales renommées; mines d'ar-
gent dans tes environs. '
AGUASEM, s. m. (a-gou-a-zèmm). Erpét.
Serpent des îles Philippines, dont la morsure
est très-dangereuse.
AGUASSIÈRE s. f. (a-gou-a-siè-re — esp.
agùa, eau). Ornith. Nom vulgaire du merle
d eau dans certaines parties de la France.
'. 'Aguatero' s. ni., (a-gou-a-té-ro — esp.
agua, eau). Ornith.' Espèce debéçassinè du
Paraguay., " , ,'_, ,! ..
AfiiK-do '(sainte), tableau de Paul Véronèse.
Museodel Rey, Madrid. Le peintre a choisi le
moment où l'ange console sainte: Agueda après
son supplice. Le sujet, tel que l'avait conçu
l'artiste, était assez délicat, car Véronèse n'a
pas craint de montrer la sainte à demi nue,
avec les deux seins coupés , dont elle cherche
encore , par instinct de 'pudeur, à cacher ia
plaie sanglante'aùxyeux de son céleste con-
solateur. Cette' difficulté est heureusement
vaincue; l'affreuse plaie, loin de causer l'hor-
reur, excite une teindre pitié, et le beau visage
de la sainte martyre, pâli par la douleur, mais
plein de résignation et d'espérance, est un des
objets les plus pathétiques que la- peinture,
puisse ofiYir aux yeux..
AGUERRI, IE (a-gue-ri) part. pass. du v.
Aguerrir. Accoutumé' à la guerre, à ce qui a
rapport à la guerre : Soldats aguerris. Troupes
aguerries. Il fit en peu de temps de ces sau-
vages des nommes aguerris. (Fen.) Alexandre
trouva les Macédoniens non-seulement aguer-
ris, mais encore triomphants. (Fèn.) L'honneur
d'enlever le corps de Léonidas engagea un com-:
bat terrible entre Sfs compagnons et les troupes
les plus aguerries dé l armée persane. (Bar-
théL) - ...-.: • li.-A
; — En poésie, il peut s'appliquer aux choses :
Sous leurs bras aguerris Antioche et Niçée^ -c
Voyaient fuir la splendeur de leur gloire passée.
Fig. Eniiùrci, affermi contre : Etre-
xri contre les prières ,' contre les larmes.
N'étant pas encore aguerri contre les incerti-
tudes .'du savoir, ma peur avait été celle d'un
enfant qui se trouve pour la preniiéfe fois Sans
les ténèbres-. (Barthel.) Je ne suis pas aguerri
contre la déloyauté. (Dochez.) Le capitaine,'
buveur plus aguerri . avait conservé tout son
sang-froid. (V.'Hugo.) •
Qu'heureux est le mortel dont l'âme est aguerrie '
■ Contre tous les revers qu'on éprouve en la vie !
COttNEILLS;
AGUERRIR v. à. ou tr. (a-ghè-rir — rad.
guerre). Accoutumer à la guerre, aux fatignés,
aux dangers de la guerre : C'était un moyen
prompt et sûr d aguerrir les Moscovites.iyon.)
La nécessité et l'habitude aguerrissent quel-
quefoisun poltron. (Làténa.) ,
.— Fig.' Accoutumera quelque chose do fati-
gant, de dur, de pénible, de fâcheux : Tant
d'afflictions, m'ont, aguerri d ta douleur. (} .^! .
'.R.Ouss.).V*<w lois.'vous avaient aguerri contre
la douleur, et nullement contre la volupté.
(Barthel.) Madame Roland avait depuis long-
temps aguerri 'son âmê contre 'la' persécution
.et même contre l'assassinat. (Lamart;)
S'aguerrir, v. pr. S'accoutumer à la guerre
et à ses fatigues : Ces troupes se sont aguer-
ries. (Acad.) Les Moscovites s'aguerrissaient
. tous les jours contre-les troupes qu'il avait lais-
sées en Pologne. (Volt.) . '
. — Fig. S'habituer à quelque chose de dur,
de pénible, de périlleux : Il s'est aguerri de-
puis longtemps à mépriser ce que les sens
offrent de plus cher. {Mass.)*Tâchez de vous
aguerrir contre les voluptés. (Barthel.) Une
femme qui parle souvent des dangers de l'amour
s'aguerrit sur ses risques et se familiarise avec
la passion: (Duclos.) •'"■■<'
AGUESSEAU (Henri-François d'), l'une des
plus nobles figures de l'ancienne magistrature
française, né à Limoges eh 1668, m. h Paris
en 1751, fut reçu avocat du roi au Chàtelet en
1690, et devint peu de mois après avocat gé-
néral au parlement de Paris, h l'âge de vingt-
doux ans.' Il y débuta avec un tel éclat, que
Denis Talon ne put s'empêcher de dire « qu'il
voudrait finir comme ce jeune homme com-
mençait. » Nommé procureur général en 1700,
il traça sur la procédure criminelle les.iustruc-
tiorisles plus judicieuses.et embrassa avec une
égale supériorité toutes les attributions qui se
rattachaient à sa charge. Orateur éloquent et
profond philosophé, on croit voir dans ses dis-
cours, dit un biographe, les principes de Caton
et de-Lycurgué'mis en œuvre par Cicéron et
Démosthène. Partisan déclaré des libertés gal-
licanes , il s'opposa avec énergie k l'enregis-
trement de la bulle Dnigenitus, sans Se laisser
fléchir ni par les prières, ni par les menaces
de Louis -XIV. En 1717, le régent l'appela à la
dignité de chancelier, mais le disgracia l'année
suivante pour son opposition au système de
Law. Après deux ans d'exil dans sa terre de
Fresnes, d'Aguesseau fut rappelé en 1720, et
parvint à prévenir ia banqueroute totale qui
menaçait de succéder aux opérations désas-
treuses du célèbre aventurier écossais. Comme
'homme1 d'Etat, il parut se mettre en contra-
diction'avec ses actes 'de1 procureur général,
■ et- il consentit .enfin a l'enregistrement: de ia
fameuse bulle, dans un' but de conciliation, et
peut-être par lassitude ou insouciance. Le car-
dinal Dubois, auquel il n'avait pas voulu céder
là présidence du conseil, le fit exiler de"nou-
veau en 1722. Rappelé en 1727 , mais comme
chancelier seulement, il ne recouvra les sceaux
qu'en 1737, et se renferma dès lors strictement
dans ses fonctions de ministre de là justice.
Il perfectionna la législation, régla les instruc-
tions judiciaires, et jeta les fondements de ces
réformes législatives qui sont un de ses plus
beaux/titres de„gloïre. En 1750, il .fit agréer sa
démission au roi, qui lui conserva- le titre de
chancelier avec une pension de cent mille livres.
Dans sa longue carrière; au milieu d'une cour
corrompue, il se distingua par une grande pu-
reté de conscience et de caractère, une admi-
rable intégrité, et le dévouement le plus absolu
aux' intérêts publics. Grand magistrat, orateur
élégant, jurisconsulte.de premier ordre, écri-
vain remarquable, il trouva encore le loisir de
cultiver les mathématiques , les langues et
même la poésie, et d'acquérir une érudition
profonde' et variée. C'est dans le cours d'une
de ses disgrâces qu'il rédigea? dans sa terre
de Fresnes, lé Cours complet d éducation judi-
ciaire connu sous le titre (l'Instruction à mes
enfaiits. 'Thomas a compose son Eloge, et
Boiilléé l'Histoire de sa vie et de ses a
aflèle-
AGUETS s. m. (a-ghè; comme dans guerre
— de à guet, en guettant). Ne s'emploie que
dans les locutions suivantes -.Etre, se tenir
aux aguets, Etre, se tenir en embuscade, aux
écoutes-, épier, u Méttre,se mettre aux aguets,
En observation i Mettre quelqu'une*, aguets.
Chacun reste aux aguets comme un faucon sur
son. ^."(Mérimée:)1 - •
' Notre cogoVs'était rais mur ayuets.
i ;-i;i I ' "' ' ' 1WI>'; " . .» L" '- LAtFoNTMNE. '
' "—Par èxf: :'JAl'ors il revint ■ sur Ses pas, et
s'orieniaht, furetant, le nez au' vent et l oreille
Aux aguets, il s'efforça de retrouver la bien-
heureuse paillasse. (V. Hugo.) ■
AGUI s- m. (a-ghi; comme dans guidei ).
Mai-. Nœud employé pour lier une chaise en *
sangle à un bout de corde qui sert à l'affaler,
et ou se placent le voilier, le charpentier, Je
calfat, etc., pour' les réparations concernant
leur profession. , ^ _.
ÀGUÏEE s. f.' (a-ghi-é; comnio dans guider
— rad. àgui). Mar. Sangle, cordage principal
qui forme l'aguii
" aguicher v. a. ou tr.(a-ghî-chë;3fti comme ,
dans guider). Argot. Agacer.
. AGU1LA (d')7 officier du génie, voyageur et
historien, mort à Paris en 1815. On sait peu de
chose sur.sMi origine et son existence. :A près
un voyage en Amérique, il visita les contrées
u:AH
En ,1789, iV.sèirendit^én Suède, char^,-,. .. r_
-. qu'il prétend, ,d'une',mission des princes frah-
" çais, eCfiît témoin 'de l'assassinat de Gus-
tave III. On a de lui;: Causes, ancienne etmo-
^' déniés des événements de 'l'a fin tfu'xvme siècle ;
*:Décoùverié'de l'orbite 'de la terrélï'., du il déve-
loppe un système entièrement oppose à^cçlui
de Newton ; Histoire des événements mémora-
bles du règne de Gustave III, etc. -',,.■ i'
',.';', À gui l'An neuf. X- Gui. .., , ,''''.[' ,[ ,
AGUII.AU DE LA FRONTERA, ville de la
prov, de Cordoue, en. Espagne; 10,000 hab.
Excellents vins, plantes, aromatiques , mines
■■; l'AGUILLE s. f.-.fa-tghi-lle ; j/s'ccmmC' dans
guider; ZimlL).Comm. Toile de coton d'Alcp.
■''''AQUlLLOTsi'in. (a-ghi-llb : ghi'commQ dans
guider; Il mil.). Mar. Cheville de fer qui sert
a réunir deux cordes en une; ■ ' ' ■ m
• Âguimpant (a-gain-pan) part! . prés.^du
v. Agùimpér. ' ' . ' ,,",'.
AGUIMPÉ , ÉE (a-gain-pé) part, pass, du
v. Aguimper. Revêtu d'une guimpe : . ■ > '
. par ext. jSe parer,- s'attif or, se. 1 pomponner.
' yieux-mot. -, -, , , -,:.- .. . .,.-. , , ,>,
- AGUL ' OÙ ALHAGI S. m.' (a-gUl). Bot. V.
Aliiagi.- '• "■"'' '■■'■.■--■■■ ■ "••;;
., AGÙSTINE OU ÀGUSTiTÈ;S.; f. (a'-gUrsti-
"' iic— dii'.gr.'.-a priv'., et du l'ai: gustus, goût).
Miner.' Sorte de pierre qu'on à reconnue .être
du phosphate de chaux, lequel n'a effeçtivè-
. ment pàs^de' .saveur. ' t '', l .',]',' ','"vi.-\
? AGVÉÉ s.- m. (a-ji-ré ^7 du gr. aguieus, au-
. .tel). Antiq.gr. Sorte d'autel en forme, d'obé-
. lisque,(iue lîonplaçait.aux, portes des maisons,
, et qui était consacré. aux dieux.. ., , , t
• 'AGYNAlREiadj. (a-ji-nè-ro — dugr.'apriv.;
■'guné, femme). Bot. Se dit des fleurs doubles,
dans lesquelles lesétamines sont transformées
en pétales, et où manque le style: ,'i"
AGYNÉ adj'.A(a:ji-ne p; du gr.a priv.; guné,
.., AGYNÉE s. f. (a-ji-né — rad., agyne). Bot.
Genro de plantes de la, famille des euphqrbia-
; çées,, originaire de lâ.Chinc.ét de l'Inde: ,\{,
AGYNIENS- s.:m. pi. "(a-ji-ni-aim— du»gr.
o priv; ■■ 'guné, femme): Sectaires du vus siècle,
qui avaient en horreur le mariage.
AGYNIQÛE adj. (a-ji-ni-ko — du gr'.apriv.;
''gùnâ 'j femme). Bot. Se dit de l'insertion des
etàmin'és jquand: elles ne contractent pas d'ad-
hérence, avec l'ovaire. •,' ' '' " . \'
AGYRTË s. m. (a-jir-to — du; gr. agurtés,
jongleur). Entom..., Genre d'insectes coléo-
ptères pentamères; famille des clavicor'nes.
- u L'agyrte cMtain (agyrte castaneus, de Fabii-
, ciiis) so trouve aux environs de" Paris ; il ha-
,,bite les bois, où il vit sous l'écbrce des hêtres.
.'. AH (a)'întcrj. qui sert à marquer les divers
sentiments-,: les affections' vives de- l'âniè :
1» la joie, le plaisir, le contentement, le bon-
heur : Ah! que je suis aise de vous voir! Ah !
Ah! lâche, fais Vi
Ah! de quel souvenir.viéns-ti^frapper m
. . .,,.-( . ,,Aft/. cruel, tu m'as trop^pfcnduëi
Ah! ma mère, épargnez' votre malheureux fils.! '
- * * Crébillon.
- ' '• ■'■AK! pleure, fille infortunée! ■ •-' - • J Jj
■ !' ' ' !• "■■'■■ '<• •■•■ • C., Délavions.
,'il 3° La surprise, le saisissement, Tadmira-
'tion, l'enthousiasme : Au 1 que cela est beau!
■ Ah! mon Dieu, que me dites-vous là! Ah!
. voilà gui est bien! (Mol.) ' '.' , ' ; :
Ah! que de la vertu tes charmes sont puissants!
,, -TK: Ç0ENEIU.E.
il S!emploiei souvent pour" donner plus do
force, ,plus d'énergie à la, phrase : ,AH.ljna-
.'rfamèi ne J.é croyez 'pâsYkB.\[pènsez-'y bien.
,lÀ.Hl\gue'de soinsl 'Ah! qùè.'dè peines! AU\
quelle lutté acharnée et violente à qui veut sur-
monter l'obstacle l'(J: J ànin.)' ' ' "_'_''
,Ah! mon pauvre Crispin, je perds.tbute espérance!
■'■i'i '■.', ' '■ - , '•' (LEONARD.* ".
Ah! rendez-moi la mer et.les brùits.du rivage!
.C'est, là1, que s'dyeilla mon enfance sauvage. , ,
1 ' " '' 'J """' '' " : ' - ''■ Beizeux. ! ,
Il Se redouble quelquefois pour marquer la
surprise ou l'ironie r Ah! 'ah \ljé 'vous y
éprends', AhI An \ vous arrivez enfin.- (Aca'd:)
Ah! ahl l'homme de bien, vous voûliei m'en donner!
■' ;• ' ■ • iMOLlâRE.
Il Répété plus de deux fois, il marque les
éclats de la joie ou les cris de la 'douleur :
r Ah! Mil ah 1 ah! je ne saurais m'en souvenir.
que je ne rie de tout mon cœur. (Mol.) Ma foi,
;-AH.A.
!:ah! /ft-H''
obtenu un franc succès dé gaieté j il y' a' quatre-,
vingts du ' qûa,tré-vi)ïgt-dix:ànè '■ que^ 'j'étais un',
'satané farceur;- {¥:'¥&&[;)? > mi-p I - |
' 'Àïi'. ah! an! ah! 6 hourréaù d'homme! '' I
; ' ' Molière! ' !
n Sert à' marquer un ét*o,nriëmènt','une'ioie,'
qu'on'iie saurait exprimer; tant on 'est' suffo-:
'que •:'Oùen étàis-je donc? — Monsieur',' j'é-\
tais... ah! ah! ah! (Beàumarch1.)'" ' '■' : —
1 . — Peut s'employer substantivèm:.::'/5*)!!*»^^
des 'ah 1 A cette réponse, qui dissipait tout
soupçon sur ■ la.xomplicité^ du due ■■d'Orléans,
dans la mort de Madame]'leiroi>fiVun>grUhdt
ah \fi_omme un homme oppressé, qui twtt d'mvçoup,
respiré. (St-Sim.) Donacieupç :seniii,,a 'çei-m V
que l'affaire, s'embrouillait^ de t plus, en plus.'
(Aléx.'Dum.j Après çe^sublimeXxiX Diàtie^pcn^
' chà là'tétej'ld Mit dans .'sàjnwin •ef''dbnéiïra
froide, immobile, 'implacable'.' (ll'aiz.) 'Qiiè'^'dè
choses il-peut y avoir dans unfMil'jé'h'o'ublie-,
■rai jamais celui-là. ÇV. Hugo.) 11 Dans ce cas,'
on peut également le répéter., •._rNéanmoii:s
cette, défaite de ,l' avant-scène fut saluée .par-uni.
'' i, de vyicioire, formulé pm ' ''
^i^Ainsi employé substan'tïv.i ah'.'^si l!àu-\
j ours . invariable j, Xàs, ah ! \nè. mçjon t,pasp'ejir.\
Cependant le besoin de la'firhe a obligô;Mo-
1 i ère a don riér à ce1 m dt la mariju e 'du pi uriel .
C'est une licence 'poétique :'t'. ". , ,„', ", ",
àesahsb
,. ,,t .. h ,, I. ;:-, J !■■■ I.l'li -1- •MOlilKRE.l a I
■— AAfaitpartie'de'divèrSès'locutions fami-
lières dont le sens se modifie par !e mot bU.l'es
mots qui l'accompagnent. Telles sont':' Ah bah,
' qui exprime' l'insouciance \"Qù' est-ce^ que' c'est
que cet individu dont vous avez déchiré la'r'ob'e?.
— 'Ah bah ! une mauvaise 'câpetle dé Mon-,
taigu. Voilà-t-il pas? (V.lHugoV)'lriAft tiién'oûi,1
qui exprime le -désappointement' d'une' ihà-;
nièreiplaisante ■.'J'enùoié'touéhér, ah' bjéH oui l'
'■ le correspondant a' disparu. ''(Alex. Dum*;) 11 .
Ah niais, qui donne de l'énergie à une affir-
'mation : Elle sauta ' sur .mon 'bambou et me
donna une volée, àh mais! vôyéz-v'oii's',"'qué'le
diable en aurait pris les ârme^ (Âlèx.rBùm.)'
■ Il Ah- ça, qui exprime' le mécontentement,
l'impatience, etc.: Ah ça! tâchons de nous
enteiidre, sitnous pouvons^ (Scribe.);»; jUA '•
• '— 'Synj'Ah! hi'1 AA'/'éxp'rim'd urië-'érnotion
profondé et de quelque diirée '■.'AnVàiiéjesuis'
aise! Ah ! que je souffre! A.nVqùel-' bonheur!.
Ha marque quelque chose 'dej subit: et'd'mat-
tendu : Ha!, vous voilà! (Acad.).HAl haITco-;
Ovin, vous avez l'audace d'aller sur. nos brisées.
(Mol.) " ._» .-•/... -.-.: - ,■ !■ '.;.,-.
,Ah ! «ou» dirnî-je, muriihiif prèmièc?vers et
.titre d'une chanson restée populaire. C'est une
de ces ravissantes mélodies que tout Immonde
chante, et dont on ignore, l'auteur. Cet: air si
simple^ si^racieux, a fourni àVaùtéùr du To-
réador lei mo'tif de ces jolies variations doiitle
succès balance celles des Voitûrfis^er'sèes. Il
est -évidentr'par -là! facturé'; âué^cetaif'date1
1 d'une cehtàinë'd'àhhé'es, efgù'ii a'fàit'ie succès
des paroles, où il n'est question qûe'dë 'ber-1
gers;>de houletteiet autres' .fadeurs des, deux
derniers règnes de l'ancienne monarchie. Voici1
les paroles/ de ces quatre couplets', qui ne va-
lent certes pas leur réputation ;•, ■] |..- ..'.'. |
■ '' ' ÀKJvous dirai-je,' maman,''' ;,! ' /llr;''" l
'' Ge qui causé mon' tourment?1 ' ' ' '" . ;
. ■ , Depuis que j'ai vu'Sylvandre - ■'■-••/
Me regarder d'un' air tendre; ■ , . , r ,
. , . ,, Mon cœur dit^ù^haque instant :; ,,, .^
' Il ei
'Me disant : Belle bfu'nette, ' ' ■•'-''"'
'■Flore 'est moins belle" que toi;-' !' ' '".'•''(
rL'Amour moins tendre que; moi.' : - ' '1.'"
Je rougis, et par malheur, •'■'■'"- ,u^
Un soupir trahit moncœur :.4H3(J'ja
Le' cruel, avec adressé,, , , -,.,,/
\ Profita de; ma faiblesse. '.,, .
" n'faùx pa3i ' "''< "
rAHA
évidente des onomatopées. »); Cri de fatigue,,
^grand^effprt.'j.te.l'qiie celui, d'unè'.^pçrsqnnei
, quifén'd dù,bpis,'.qui bat^.du .fer,'petrit ,ùhe]
ÙpatèVotc^Mpt' pittoresque et expr|essif,"mai'n-;
tèriànt^to'mbé \en désuétude.: / ]'.,[ ,,r .'',,■ |
,\K\ Moult ils;Ont eu\et pelnes'et ahàhs.* '.' ■ ■ \.-<\ :
• ,.\,.,\V\., rti:jvii,M>* j.i ,,. iChanson^deRoland.'tï, |
Il S'est dit pour Labour : Mettre des terres à'
ahan.., :... ,, ...... '■i-;;:i.';î:an'i'!0'.,oi' -ja
■i tt- Sue^d'âhan,, Faire. un travail très-fati-
gant, se donner une peine extrême ■■.■Jupiten
en .suA^'AHAN.^Costàl.) N'estiçèjpoùfafiuel-'
que misérable qui babille sur la féUçi'le , çommc\
ces pauvres' diabie's^qui suent d'ahan ilàiisjèurs
greniers pour chanter 'la volupté et 'là paresse?.
'(voit;) *" ■"■•■ •■- -1 " -«»»^^..-,a I
l 'À', voir, ;2ç's (fffçrts i que' 'ÇériiiQuè ] m
'se préparè'r"û la riioft'ja'iè voir
donné pour ''se préparer' .. ._ ., „
^suer-b'ahan, povr-se)rhidir'F££'&âTsitrëlf}J'et se,
'débattre sijonglëmps.x....(h\onia,\g.) ' '■•'",,j'-
"' AHANÂNT r(à-a-nan) 'part, près? ûa'^rJ
'AhanerV' ''; ^'""'^ \ ^[t \ '^ . "'.','■,' '.'.' ,",'■[',■)>
: AHÀNÉpart^pass. du VifAhancr. ,, ,nr
Ahaner »'v. '.h. ou'intri' (a-a-né— 'rad.
^alutii). l^airo! entendre lo.çritde;a/ian..on<\tra-
.|vaillant, : ,Le fendeur, de, bois ahanb/ô chaque.
■ coup qu'il porte. A.ses^yeux,L'/'t07nme. de. labeur^
LesL fatalement^yn être, grossier, déplaisant) à
voir, rîépugnant-âiapproçheru^ril ,pio,clie,\i[il
Jjme, ii'AHAîjE, #,.;u«,^i^pû^.(Çr£udh.)
., |.~jPar .ext'. .Travailler aypç^peuîe ,''supppr-|
' ter' ùhVgf ândé |à$iguV : ,'/rX^
devenir a bout H'ê ce 'travail. ' ' ' ' ' ' "
i. . v-.i;i-:r.---'U-i:i -• • :ijaniTanaoA
,,,, |Ne,vois:tu pas comment. aAnne, Atlas?.,,,.., ^
.' ■ ' A peine il pe.ùt'souie'ni'r'sUr'lJéchine ', A ... j; ,
!lU 'Du ciel' très-haut l'enflanibde' machine.' ,.' ,
Marot:'"! hti •
... -,.\ _ .,Devotre,doucehalcineuTir-ojîOA
' ' ? . . Esvéntei cette, plaine,' , • . , '
■'' 'v"'? Esveritb' eé 'séjour, ''•■|- ''','" '.'''• "
.'..!■. •)_, .-, Cependant-que yahârie ■ '•' ' ' "'''■' '-
où -nous voyons rimer choses, avec, Eur.ope,
ont .été. inspirées pur, laineryé'O.leuse.Jé^e.ii.dç.
j Gœt_he,dans.sa jeunesse, eii, 1774, eu^liidéa^de
..prendre 'rKisto.irè^u'Jùi^érraut.pQÙr ..le sujet
, d'une' épopée.' Dans ,^es mémqirés^il exiipse-}o
^plànjde^ce, poème, pr|ôjetô,':\«) je'iyoulaisj-di^il,
Jme'servir'de''ce'tte' légende,' co'mmê^djù^'jil
conducteur, pour, représenter .toute là suite 'le
la religion ¥t'dès[rév'olûti'dns*dPl'Églisîé!>i*' Un
autre - célèbre. ipoeta.allemain'd. r'ScllùlJact, a
laissé un fragment lyridue'SurilelJuif éternel.
Il y-décrit les continuels i et vains ^efforts ^q^e
fait Ahasvér.us.pourj sortiE.de la2yie>T,Gej_mal-
heùreux cherche partout la.inprtet.ne,peuttla
trquver , nulle, part: \ Il se; | précipité dans, fie
gouffre, de:l'Etna,iet il en, es.t.ïrejeté ,viv,ant;
u affronte la mitrailié.^làjdentJdosibgte.s.féT^-
jce.Sjj la. hache .des ,bo jirpëa^ix , la .eôièràé v£e§, ty-
ràns,Jel'ilhVpeut'moufii'l^L'ës[bioffl-àpKes de
fSchubart' heus'apprennenè guéVce^niorrfeau,
composé d'ûrië'cëntàiriè'dè^dr't ^beàù'iVvëft,
faisait partie',' daris,là':pénséé,'du'Jp'y6'te,> d'un
n .vaste .ensembleTOÙ- lof Juif immortel) devait ap-
iparaître, élevé! au-idessùs, dé. lîespacéletidu
temps; j embrassant 1 dans son i souvenir;' l'his-
pires, auxquelles^il^ayaUassisté.^njPrance,
nous payons- YÀ'liasvérùs^e M. Quinet, flui'/ait
dù^', Juif, errant, là' perso'nnificâtiçn^dùj^nre
Humain depuis l'è'rîa chrétienne VjUu'loflgrpm'àn
d'É ugène , :S'ué, | \ \f£\Jfiït'-^Èjfiay,tin ^œuyj'e , jd o
guèVre^coufr'e'ies/jésui^'^
de''B.éràngejc,''d6nt upùs çitcrpns1.ici Jle' dernier
•i'i.ij'j J^'outrageai.d'un rire inhumain. ..,(, ,/iu:) i,
L'Homoie-Dieu, respirant à-peinc. ,..,!.„. ,r f,
'Mdis'soùs mes'pieds'fuit'lé' chemin';' ' „
K m'èntrifrie:'"1''""1 t,II°
' Me fit tomber d
• '' ■ Que ma houlette et mon chien; ' ■" l'1'
»■ <■ ' L'Amour, voulant ma défaite, "-" • •' "■ •
, i.,s Ecarta chien et houlette : 11 ■,>-.,, .' • . \< ,
, ..,,.4, ,Ah! .q'u'on goùto.de douceur. ..'.,,'. , , , ^0 ■
AHAH S. m. V. Haha. ' '-'<:U
- > AHALANT (â-kilan) part. prés, du v. Âhaler.
AHALÉ part, pass.' du v.Ahaler.'1 ; ■-
AHALER v! n. ou 'int'f.* (a-a-lô — ' ràd. Aa-
leine).. Respirer .d'une manière bruyante,
après une course ' et 'dans' uni moment de
fatigue. . . , ' ' , ^ ,','"'..', . ' ' ' ru
■— ,'V. tr. Pousser .'son haleine .s'ur^quolqùe
cliose : Si l'on .ÀUAÏ.E, , une, glace, on la ternit.
• S'ahaler, v. pr. Etre "ahalé : Substance- qui
s'ahalb facilement. - ■*'' . ■-' ' »' ^ •■ '.
ÂHÀN 's.'ni.1 (a:àn — étym/'incerty; selon
Ducange, du lat. anhelarë,1 haleter ;' selbh'Mé-
nage, de l'espagnol affanno, peine, douleur ;
selon Diezj du kymri afan, combat, trouble.
« On aurait pu, dit Ch. Nodier, le retrouver
tout entier dans le dictionnaire des Caraïbes'
et dans beaucoup d'autres, puisqu'il est tiré
du dictionnaire de la nature. C'est la plus
i?. r-;Fig.-Souffrir : le sais combien AHANBm'07i
âme, en-compagnie .d'un corps si tendre;-, si'sen-
sible. (Montaig.'J/ilijHésitervà-prendroiuno'ré-
fsolution,;.,un, parti :,xIl kj beaucoup çm.WÙ à
donner son consenfement 'açetie'a'/fairé.~.(ivév.)
~. — .v^a^pu tr... S'est jdit^ppur'.'Labourér :
C'est ' un 'pauvre ', 'homme, hé de petites gens (le
.labour qui encore ahanent' les ter'rès 'en' nôtre
pays. :'(Christinè de Pisan')AK3u lt!0'!a"
,[.' S'ah'an'èr, ,y.'. pr._ S^ést dit autrefois "pour, Se
donner beaucoup' 'de peine :4 pomme, sçn.mdri
s'efforçait et s'\u\HKiT':'preiiêzv'àiiénce'lui
!dt^k-(Brant.^ •« ^k^ABOO'f-aoHu»^ ^
J"1JAH^NTj\,. contrée^ j'A^fngùe,"dans la,Gui-'
née septentrionale. Vnies'princip.j'B^ussoua
'et A'xim? Riche 'en mines^oy'èt'oièn^cu'ltivée.
*' "''AHA;SVERUS (a-^s^yXiruss)'.;ou, le'|J,iir
errant, personnage ^Jïègëndairé'.j^rcon'dailnne, h
l'immortalité et\au ■ mouvement' perpétuel*' q^ui
tn'a jamais ■que, cinq^sous'ài 'dépenser à la fois,
-•niais qui'' trouvé' toujours 'cette ' faible'iômme
dans sa poche. La légende du Juif errant "n'est
ni dans lesiéyangiles qui'ontiétérdéclarés/apo-
cryphes,ni,dans lesiœuvres desançienis.Pères
de 1 Eglise. Elle paraît être" originaire de.Con-
_stantinpple, vers •^ii'^eLsiècle,,àJ/'époqu^jle la
~découvertéi de, l'a vraie ,crqix.'.Il^e.n, existe deux
ljrèjrèipns"prin!cipâlé,sj'c^.le.diÔn
'née au xiiï'c" siècle parH MàtHieiT Paris',' moine
de Saint-Albans^qûi nomme" le JJùif errant
Cartàphilûs', 'ët^eh fait'lé porttér'fdè,:T*'once-
T'Pilate;r'ét 'celle d'Dccidènt; plus anoieriné'én
'Éuropëy'qui lui donne 'lé' nom'd'Ah'àsvérus/et
'lé vfait' 'cordonnier à'JériisalëmV D'après 'c'eite
dernière, lorsque Jésus, portant lui-même sa
croix, passa devant l'atelier d^Ahasvérus, les
1 soldats flui. conduisaient l'auguste victime au
ilCalvaire , émus ide joitiéyiprièrent; l'artisan' de
rlui.ilaisser:prendrei dans'.jsa , boutique quelques
instants; ide^repos.- Ahasvérus. refusa, iet.s'ar
.dressant au.. Sauveur; :F «.Marçh.ajj ^Marche
.'.jlbnc l.,idit-jl .àyeb'rlbrutalité.'J^,MarçKéyi'^^^^^
inênjej'lui répondit-'une^voix. céleste.', ïù'.pâ'r-
^co'ur'ras^toute.'.la. terre,' sân's'j pouvoir t arrêter
"nulle part, .et cela, jusqu'à, la', consommation
des siècles.'» Des ;le lendemain,; Ahasvérus,
poussé 'par une forcé' surnaturelle, 'dùtj"ppur
accomplir l'arrêt1 divin, 'commencer èori'inter-
ininable voyage. « Jamais on ne l'a vu rire,
dit- un écrit qui. date 'de 1618:'Dâhs!iqûélque
lieu qu'il allât, il parlait toujours la'langûe du
. pays., Il y,a beaucpup.de gens .de^qualjtq qui-
, l'ont. iV^u^enVngleterre^.en France, .en Italie,
^en ^Hongrie , ,én:,Çèrse,"fén, SuédeJ , en'.Dane-
markj'én Ecosse eT'dàns d^aùtres contrées ;'
comme, aussi, en Allemagrlj.,.,^rRQStock, à
\Veimar,1 ^Dantzig; à Kœnigsberg.' ÉnTannée
15751; ^deiix1, 'ambassadeurs' du Holstèih 'l'ont
rencontré à'-MaUrid; En lsgg'l'iljSV trouvait1 à'
Vienne, eten,l60l à Lùbéckl'ira'été'rencbn-
>tré l'an'1616' én-Livonie, à' Cr'acoviè et à~Mos-
cou, par beaucoup de personnes qui'se 'sont
même entretenues avec lui. » -Onsv.oit que les
témoignages -ine 1 manquent pas. (Ajoutons 7 y,
celui de^la fameuse complainte'.oui donne: au
J.uif ..errant le nom d;isaae LWuediem^e^t qui
îioii's le montre accosté et régalé'd'ùn pot de
biëre fraîche parles bourgeois de Bru'xelle's'/en
Brabant.: . "" ' ' '
•- ' Jamais ils n'avaient vu ^'^ir 'A
> -" ' ■ Un homme aussi hàrbu, ete: .'■
D'autres œuvres que ce morceau de poésie,
, billon m'èntr'àfrie:'"
,;yous qui manquez» de charité) /_
Tremblez," ,:-~ "-—
ijSuppiice él
an'ite.que T>i'éù' v<
'iqiff.li
"' =^ C'est,rhumamfé.que l>.eu ven'e.; J^^ij '^"^
'*[Lér Juif ,érrant\sthêvjdémment,l'i^
déstiriëes\'dû,.pé^uplêi.,Jjuif1'^dép'uis',1^
nismé!Xè'l3uit,lérrantjn'a'.ppm't',dé1toit^Jpo^it
"'de1 foyer': lë/peuple' 'juif "n'a' 'po.'mt^de^^e.
"|L'è ^J.uif,' errant' 'est 'obligé,' 'de/ . marcher,' j.sans
,s.'krrêter V.'ie, peuplé jmf ntest.éjabU.nujlp.çart
d'une manière, fixé.' lié' Jiiif ei-'rànt.ajtoilijours ,
'cinq sous'dansjs'a poché fié péuplo/juif, r'uuié
sans jCOSse,,par 'les^éx'aëtipn^d^Jaj.nobl.Çf^e
,'féoda.lé .èt. les^confls'catibnSj jS'es' r^if, jfby^ënâit
' saii1sî(c'ésséi'à' une' situation ., prospère'/, Le ' Jju.if
errant ne peut 'dépenser que ,cih'a,',ious1,.a.1Ja
fois :'fle, peuple jùif,sans 'cesse ibligëMe d.i^i-
.'.'mùler' des . richesses 'qù^aueûne ' l'oi;-8e f ; aî'sait
'r'esp'eotér,'a;p>is^dés.habitude'8d.ern8tf«
;'tc ^uppVice.'d'u' Juïf 'errant'Murérit toujoup^ :
'ilé'pHeu.plô/j.ui'f est'^Vji^is'^d},^
'"fa1cè-de\îà tër're|'sans',çspé'rain&
'^ar^métonymie, ïà^mçjtAhâsvfaus est S9Û-
.vent'vemplôyé 'cbmmé'nbm commun, et,sêrtà
-,désigh'èriquel)îu'un'ddnt;la;vielagltlê^
quelqî'l'élrapport' avec1 le 'caractère du néfos'fle
"la légende»; -Cét-homme est un UésHnfaUgables
ahasvérus 1 qui 1 passen t Ueur. vie à , ckcrchersce
qu'ils appellent'îa vérité!; c'esttpoiiri'ccla-qikàn
J.a.vu dansjous les. camps. (U. Desnoy^rs,)
ni AhnsT*rui';)buvrageidei'M. . Edgar i.Quinot,
'. publié enaS33.';Dans ce.'.drameièn'.prosev quiia
la forme de nos anciens Mystères-j'lllaufour,
selon_ ses. propres.,exnressi2p3ï^,!,qsfc, j(gfiposé
l,poûr.but', «..dë, reproduire, quçlqu.es,,tsçènes.,de
i,Ia t'ragedie^umvprsélléjqu^seijoujïentr^o Ilieu,
l'homme et Te " monde.1j»'1JAti_8s'.véj'us,',,(liq;7Jâ>f
éternel, condamné, d'après lp lêgeride^a mar-
I';cKer!'t6ùjoùrs,'sur!ia''têfrerjusqffau-3n^èfte^
-'dernier', 'per'sdnninél,rhumanitéJ'érrantn043îls
repos, d'espérances en espérances. L'ouvrage
- 'gué , et"unf épilogtfé'.;aiJ »Eë' 'frdlogùe 'se îp'a's'se
dans le ciel.-Il'y à^trois'-'miilè'îcihql'cênts^ans
ique-le .jugement ^dernier.; sie.stj fait.darj^rJosa-
phat. Le,pçre éterneliannonçô.iauxsamts qu'il
va créer .une. autre terra, ^^.que^ç^tte, fois
."l'homme sera., d',une. "argile 'meilleure, ^ais
'' avant 'de se11 remettre, àH'.œùvre,,)! or jlonhé.' à
ses archanges de 'retracer' devant les saints,
- en1 figures éternellés,-Ues .•temps^cftùlèsytous
• les'gestes'et le soTt-àccomplfuu-vteùx monde.
.,11 veut que chaque temps, chaque':siècJe,i parte
son propre, "langage j'.qûendes.imontagn^s.^et
des plaines, les fleurs, s'ouvrent .pour dire'.jle
^L^.i! -■fïrnàlitr'A ltà%hièJ îb*CTu.y„
- , ,,i ,-i , -,r , Jvie'1
Océan qui se plaint de sa'sblitude V.'pûià' le'ïfé-
'via'tKart, VoisW^'inatëyna^^Sél^ém le
poisson Màcar, 'qui' se; proclàménVlës^mailres
'deV'-ruhivë'rsl|hët' 's'écrient ':■ '«."C'est JhoUs'rqui
'sommes Dièu'!'.«!B!entot pàràis's'ent'"'l'es",g;éants
lét les 'titans', premiers ''n'es des homnies,,vqÙ9
'Dièu^prescrit'à-rôcéàn;'d'effâcèr "de là terre
• comme un mdtmàl'écrit'dans son 'livré," Nôh s
assistons ensuite .aux migrations dèS''t'ribùs
~hUmàinés,''ràssemblées''au,'sbmmetiae'l'Hima-
làya'- l'une marcheTlë long dès rives'dù Gange,
et va s'établir dans l'Inde, l'autre ;p'rencrMe
-.gTiffon:pour'guide!iets'arrète^auipays"?de l'I-
ran; une troisième 'suit l'ibis au becd'or;"aûx
pieds d'argent, qui la cpndutadans. ^mysté-
rieuse Egypte., Voici maintenant les grandes
villes^ de l'Orient qui.s'en'tretiennent ensemble,
Thèbes, Babylone, Ninive, P.ersépolis, Saba,
Bactres , Palmyre. Babylone. proposa .de ne
faire quun seul dieu de toiis les'dieiix.^Jéru-
sàlem leur apporte une nouvelle : ses prophètes
19"
146
AHE
t viennent, de .lui montrer dans Bethléem nn
'dïéù 'cachet dans une' Crèche d'étable. Rois
images et bergers vont adorer le Dieu nou-
, veau-né. .'Si' vous venez avec nous, lui disent
'les rois mages, nos éléphants vous porteront
Vdàhs' dés 'palanquins de soie: nos peuples tien-
•c'erbrit' d'amour'' mieux' que' votre mère: dans
' votre .ë'tabtè:' Dans notre pays, le dattier et le
"'citronnier' fleurissent," la gomme croît sur les
"àrbresjTéhceris sur les branches, l'amour sous
'iéttente'dés femmes. Si vous' venez 'avec nous,
'■lui- disènt'lës bergers,- nos1 chemins* sont durs,
'■plus'' durs 'nos ■chariots. -Dans notre pays,
é pin "verdit sur' le monti le bouleau dans'la
::forêt,;:
r;'lâ bise murmure, la
"■ feuille' 'niôr'té 'sangloté',' : là'Jch'auminé ; soupir
'lâ:{#otteLpleiïre; vbus-àuréz fàimyvôus aùr<
^'s'oii, et'il|;n'y,'a,rien1àûprès"dé nous que ni
'chiens pour vous-' garder.' J'aime mieux, ré-
pondre Chnst/que'Ië pays des' rois, le payS;où
la chaùmine'Soupirëj'Wla grotte pleure, où la
;,'feûillé'sângldte. — L'a 'seconde journée, întitu-
J leé' la 'Passion? nous montre* le Christ- montant
'.''àu'Grolgptha',1 suivi' paria foulé, .'avide' de dou-
-1 leurs ;'■ Ahasvérus, 'qui* l'a repoussé sans pitié ,
'est condamné Jàr marcher de ruines en ruines,
_'dè royaumes Jir royaumes, sans atteindre ja-
?'màis 'sorifcalvâir'e. Puis 'nous vdyoh's'-accourir
" Sûr 'leurs étalons sauvages' les Gôths'.'lês'Huhs,'
. les Hérulësy lancés' par d'Eternel comme un
-"nouveau déluge'' contré le vi'eùx: monde ro-
• mairi.'— Là; troisième journée, intitulée la Mort,
-nous fait -entrer dans le moyen âge'; Ahasvé-
rus rencontre Mob etRachel à Worms. Qu'est-
■■rceiquè Mob ? Qu'est-ce que Rachel? Môb est la
;.mort sous fies; traits 'd'une vieille femme; elle
, ne peut rien 'sûr. la vie-. d'Ahasvérus ; mais
l'implacable.! railleuse s'attaque . à- toutes ses
croyances ;:élle rit de -la- poésie,' de la science,
!>de la politique,>de la religion, de l'amour. Ra-
'chel estjuiuange^devenunfemme^qui; pour
i> .avoir.' eu pitiéd-AKasvérus, test banni du ciel
?■ et réduita' habiter la;màisonide:M6b.;'ielle est
-j -sûr Olarvterrëj l'espoir qui j console,- l'amourrqui
J guérit. Àhasvérusestiaimé de Rachel: qui s'at-
- tache à^lui'malgré'lamalédiction du Christ;— ;
.'La quatrième: journée' est intitulée-le^/ug'emeni
dernier. ï,a.\ dernière. heure a sonné ;lespeu-
' pies' se ' réveillent ; la .vallée ' de Josaphat se
'-remplit de morts ; on entend le chœur des fleurs \
: des i oiseaux,' des montagnes, des- étoiles, des
-femmesi des dieux morts, des villes de l'Orient,
■ des^saints, des villesdu moyen âge,. des peu-
r.ples modernes ji tous dénient comme une pro-
cession' idenBâques devant le.<Père éternel; et
.-••s viennent -confesser leurs 'fautes >et., exposer
- leursiOïuvres. Le tour -d'Ahasvérus 'et-de Ra-
-cheï est venu*:- les voici .devant le, Christ.
Ahasvérus reçoit ;son pardon; son voyage re-
commence ; le Christ le bénit en le nommant
lé pèlerin, dés-mondes, à venir, et le second
Adam'.T-,A' là lecture d'Ahasvérus, on éprouve
;de l'éblquissement plutôt qu|une admiration
n"sans réserve. L'impression dVbizarre fait tort
à, Impression du beau. Des éclairs et de l'om-
, brè^ des couleurs trop, saisissantes. pour ne
'; pas fatiguer, peu de dessin, une voix dont lé
' îe jamais, un luxe oriental de mé-
taphores capables de distraire du sentiment
- de l'idée; une végétation poéti ' ""
' lv6ilàr'rœuvrëx'dèriM. Qùihét.rr« Cè*iirèst point
- ' del'idéé; une végétation poétique trop-touffue :
,vre|'dèriM.Qùihétr,«Çé*ii est point
" i''M; Magnirii1 dé -la1 poésie
" contenue,- repds'éé;'qùi coule majestueusement '
" 'entré ses rives ; c'est dé1 la poésie' enivrée; dé-
bordée,.ruisselante, qui dévore son lit et nous ;
"'"' porte 'aux'dernières'hmitès du'connu.1 Dans ce ;
«"voyage par delà les temps'ét'les mondes, bien ;
■ ' peu' d'entre 'nous ont la-vue- assez- ferme pour
ne pas se troubler, ou pour jouir, à travers ■
; : cette course, de leur propre. vertige.:»
'..ÀBËGAST;!s.~m.' (a--é---ga-stè). Botl Arbre
des;Indes orientales, dbnt,lè's'racines servent
"^ àjteindre'èïï ftù'geiV .-'"'J;' -. ■_' ',; ' ;l- •'■*■ . ,
ahÉmère ou'aemÈre adj. (a-é-mè-re -j-
dugr. apriv.; hèmera, jour). Se.dit dés saints
, dont' on ignore le j our de là 'naissance' et qui ,
: pàrcônséqùent^nront point 'de joui1 férié. ,
[ AHENOBARBUS (qui -a la barbe couleur
-. d'airain, rousse),, surnom d'une branche de la
" famille Domitia. yi Domîtius. ,.
ahétule s. t.' (a-é-tu-le). Erpét. Espèce
d'ophidiens du, genre dendrophis.
' ÀHEURTÉ; ÉE pârt.'pass. duv. S'aheurter.
Attaché obstinément à une chose, à une opi-
. -nion.: Nous;\avons vu David entrant. dans la,
\ pensée des.autres} point aheurté à la, sienne. .
(Boss.), Ils. -étaient aheurtés à ne, vouloir .
, jamais le croire. (Boss.) De, tout temps, elle a .
e'té.AHEURTÉE à cela. (Mol.) J'aurais quelque
• peu l'air de Béiise, aheurtéb à. l'idée que tout
eè qui la voit tombe fatalement amoureux d'elle. .
(Baiz.) . ,,;;." . .'.',,.,' t .
AHEURTEMENT s. m. (a-eur-te-man — •
rad-.. heurter). Obstination extrême, attache- '
ment invincible à une opinion, à un senti- -
ment-: C'est un étrange ahedrtement que le*
--}<• èien\'(AcA.d:)-la faisande cet AHEUKTBMENT'à'
: • ses 'sentiments- particulier s ■ wienr de ce que, ne <
c1' pouvant -pas. considérer tous les rapports, ou
les- annexes d'une question, l'esprit ne-reste
frappé' et ébloui que d'un seul point. (Virey.)
Il S'est pris dans le sens d'Obstacle : De la
sourdent tant de scandales et aheurtements
de notre foi. (Calvin.)
AHEURTER (s'), v. pr. (a-eur-té — franc.; d
et heurt, choc). S'attacher opiniâtrement à
quelque chose : C'est un homme qui s'ahburtb
AHR
tellement à ce qu'il s'est mis une fois en tête,
qu'on ne le' fait jamais revenir. (Acad.) Il est
dangereux de s'aheurter en quelque, opinion
contraire aux institutions de nos pères et à la
foi ancienne de l'Eglise. (Tahureau.) C'est un
grand malheur que de s'aheurter à ce qu'on
ne peut exécuter tout seul. (Boiste.) Il Echouer,
r se briser : La raison et la foi, c'est la double
''barrière contre laquelle on voit de siècle en
siècle venir s'aheurter les esprits superbes et
égarés. (Dupanl.) Depuis deux cents ans envi-
Jronj les diverses philosophies s' aheurtent à la
-question de ta certitude, sans la résoudre. (P.
• Leroux.)
,.'! ahi, interj. qui exprime un sentiment de
..'douleur' physique :é Ahi! ahi j ahi! vous ne
m" aviez pas dit que lès'coups en seraient. (Mol.)
Vil., On écrit efon prononce plus ordinairement
. . AHLWARDT (Chrétien-Guillaume), philo-
logue allemand ; né à Greifswald en 1760, mort
- en l830i s'appliqua surtout à, l'étude des lan-
gues et y obtint de grands succès. En 1797, il
• fut nommé recteur du -gymnase d'Oldenbourg,
et revint en 1811 occuper le. même poste dans
sa ville natale. Outre un très-grand nombre de
- traductions de morceaux d'Euripide, de Pin-
dare, de Catulle, d'Ovide, de. Virgile, de Ju-
"ivénal, du Camofins,de Shakspeare , on ade
lui une Traduction d'Ossian , en vers ; une
Grammaire de la langue gaélique , dans les
Tablés de 'comparaison des langues-mères de
l'Europe, par Vater; un Essai pour l'éclair-
tcissemcnt du poème des Niebelungen, et béau-
. coup d'articles de critique dans divers recueils
.périodiques., ."..', '-'','
AHM s. m. (a-me). Métrol. Nom d'une me-
sure de capacité dans plusieurs: parties, de
•l'Allemagne. Hambourg; 144 litres 786; Ha-
novre, 155 litres 558; Hesse-Cassel, 158 litres
,'750; Hessé-Darmstadt; 160 litres; Lubeck,
,Aii litres 820j Hollande^ 155 litres254 ; Rot-
tterdam ■ 151 litres 380 .
AHMEDABAD, ville de l'Indoustan anglais,
(dans; la présidence de -Bombay, 116;873'hab.
Belles et nombreuses ruines, qui attestent 'sa
grandeur passée.
AHMEDNAGOR , ville, de l'Indoustan an-
glais, présidence de Bombay, environ 20,000 h.;
nombreuses fabriques de coton et orfèvrerie
très -estimée. Les* Anglais s'en emparèrent
en 1803. Il Le district du même nom renferme
près de 700,000 hab.
AHMED-SCHAH-L'ABDALY, fondateur du
royaume-de; Càndahar,né;.vers 1724, .mort
eni'1773, était issu de la tribu -afghane- des
ÔAbdalys. Il s'attacha à la . fortune de Nadir-
Schah, tenta d'inutiles efforts pour venger
l'assassinat de ce. prince; puis, aidé par les
circonstances, se fit reconnaître souverain des
Afghans. Il envahit jusqu'à six foisle nord de
l'Inde, ravageant les Etats du Grand Mogol,
et fut appelé dans l'Indoustan en 1758 parles
, nababs, auxquels la puissance toujours crois-
sante des Mahrattes causait de justes inquié-
tudes. Ahmed ne put d'abord empêcher -ces
derniers d'entrer à Delhy, mais il les écrasa à
.Panipot, en 1761, se rejeta ensuite sur les
Seykes, qui avaient mis a profit' son .absence
pour s'emparer d'une partie dû Lahore, et tira
unejVengeançe éclatante de leurs agressions.
■Peu de, temps après, le Cachemire tomba en son
pouvoir. Il eut pour successeur son fllsTimour-
Schah. Ce fut. Ahmed qui termina la ville de
Candahar, commencée par Nadir.
■t ahonque s.-f. (a-on-ke). Nom de l'oie
sauvage chez les Hurons. '., . i ■
ahontaNT part. prés, du v. Ahonter.
AHONTÉ, ÉE part. pass. du v.' Ahonter.
• . AHONTER v. a. outr.- (a-on-té— rad.Aon<e).
Rendre quelqu'un honteux : Je ne, crains pas
que l'on tji'ahonte en m'opposant à moi-même
le peu que je vaux. (L. Veuilldt.)
ahore adj. (a-o-re rrr du gr. a priv.- ôra,
heure). Antiq, Se disait des enfants morts,
dont on n'admettait les ombres aux enfers
.que lorsque le temps qu'ils auraient dû vivre
était accompli-
• AHOÙA ou ahouai s. m. (a-ou-a, è— nom
indien). Bot. Genre d'apocynees, ou peut-être
simple section du genre cerbera. L'ahoua croit
au Brésil. Ses fruits ont des couleurs vives et
une saveur agréable. Les noyaux servent aux
Américains à faire des colliers. Les amandes
sont amères et passent même pour véné-
neuses. En Europe, cet arbre est cultivé dans
les serres chaudes.
AHRIMAN ou AHRÏMANE s. m. (a-ri-mann). .
Principe du mal et des ténèbres chez les an- '
ciens Perses. Dans la religion de Zoroastre,.*
Ahriman est l'ennemi d'Ormuzd, principe du
bien et de la lumière ; c'est de leur lutte con-
tinuelle que résulte l'alternative de bien et de
mal que présente le spectacle de l'univers. Le
jour est le règne d'Ormuzd, et la nuit celui
d' Ahriman. Tous les deux sont les produits du
temps incréé. Chacun d'eux a son armée qui
'le seconde, l'une • dans le mal, l'autre- dans le
bien; et opprime ou protège les habitants de
la terre. Ormuzd est le chef des Amschaspands
ou génies bienfaisants, et Ahriman celui des
Devis ou génies malfaisants. Du reste, le mal,
ou Ahriman, est entièrement subordonné au
bien : il ne peut contre-halancer l'œuvre d'Or-
muzd qu'en imitant en sens inverse ses créa-
tions, et même, à là fin du monde, il doit être
purifié avec ses satellites et les âmes des mé-
AI
chants. Alors renaîtra un nouvel univers, pur,
parfait , immortel. — On comprend que les
Orientaux aient symbolisé le bien dans la lu-
mière du soleil, qui donne à la nature la beauté
et la fécondité, et le mal dans l'absence de
cette lumière vivifiante. Le mythe d'Ahriinan
et d'Ormuzd représente la solution dualiste
donnée par Zoroastre au problème du mal.
L' Ahriman des anciens et le Satan des chré-
tiens ont un tel air de famille, que pour un
certain nombre de critiques, Satan n'est autre
qu'Ahriman transporté flans un milieu mono-
théiste et modifié par ce milieu. Entre les deux
conceptions théologiques, il y a cette différence
que Satan est une création déchue , tandis
.qu'Ahriman possède une existence indépen-
dante et fatale.
' ahrimanien, enne adi. (a-ri-ma-ni-ain ,
è-ne — rad. Ahriman). De la nature d'Ahri-
man : L'un et l'autre sont des êtres ahrima- .
nibns et typhoniques , malfaisants et impurs.
(Val. Parisot.) Si ce personnage mythique était
de plus ancienne date , on pourrait y voir un
emblème de l'être mortel, de l'esclave, du faible,,
délaissé par le génie ahrimanien, qu'il a servi \
pendant la première partie de sa vie. (Val.
Parisot.)
■ AHRIMANIQUE adj. (a-H-ma-ni-ke — rad.!
Ahriman). D'Ahriman, qui appartient à Ahri-'
man : Emblèmes ahrimaniques.
'ahu s. m.' (a-u). Chevreuil de Tartarie.
AHUN, ch.-lieu de cant. (Creuse), arrond.
dé Guéret; pop. aggl. 980 hab. — pop. tôt.
2,285 hab. Riches mines de houille. Ahun est
bâti' dans une position charmante, sur une
montagne au pied de laquelle coule la Creuse.
Les restes d'un grand nombre de monuments
druidiques attestent que cette petite ville,
existait avant l'ère chrétienne.
homme en est resté tout ahuri. (Le Sage.) On
'sort de là ahuri, mais émerveillé. (Ad.' Meyer.)
Elle V écoutait, tout ahurie des choses étranges
qu'elle venait d'entendre. (Casim. Blanc) Il Qui
indique l'ahurissement, le trouble : Il avait
l'air tout ahuri. (E. Sue.) Je parvins à boire
beaucoup de bière et à me donner l'air à peu
près ahuri. (P. Féval.) Ses longs cheveux noirs,
qui tombaient en boucles sur ses épaules, com-
plétaient la physionomie gracieusement ahurie
d'un jeune paysan breton. (E. About.)
— ' Substantiv. Celui, celle qui est ahurie :
Il a l'air d'un ahuri. Quelle ahurie I
AHURIR v, a. ou tr, (a-u-rir — selon l'opi-
nionlaplus probable, de l'adj.. celtique hur,
stupéfait). Etonner quelqu'un, le troubler,
l'étourdir : Vous ahurissez cet enfant à force
de le gronder. Je vous assure que vous finirez
par me compromettre ici : tout vous ahurit,
tout vous rend stupéfait. (Th. Leclercq.)
AHURISSANT (a-u-ri-san) part. prés, du
v. Ahurir.
ahurissement s. m. (a-u-ri-se-man —
rad. ahurir). Etat d'une personne ahurie, qui
ne sait où donner de la tête; étonnement,
r pris Marchiali, r.
secria le malheureux gouverneur uans un pa-
roxysme de douleur et d' ahurissement. (Alex.
Dnm;) ■ "'.
AHUSAL s. m. (a-u-zall). Nom du soufre
d'arsenic dans le style hermétique.
AI, nouvelle orthographe de ladiphthohgue
oi. oui s'est substituée à l'ancienne, par suite
îgement de prononciation. Le n
se confondait avec la paroisse. On pré-
tend que cette prononciation a changé lors
de l'arrivée de Catherine de Médicis. Le son
oi n'existant pas en italien, la-reine et les
nombreux Italiens qui l'accompagnaient pro-
noncèrent ces mots à l'italienne : françêse ,
qu'il paresse. Cette prononciation , adoptée
bientôt par les courtisans , ne tarda pas à
devenir générale, bien que l'orthographe
restât la même. Il paraît que Racine est le
premier qui, faisant concorder l'orthographe
avec la prononciation, se soit écarté de 1 or-
thographe ancienne, en remplaçant oi par ai
dans sa préface de la Thébaïde. Voltaire'n'est
donc pas, comme on le croit généralement, le
réformateur de cette orthographe ; mais il en
est le vulgarisateur, et, à ce titre, il a mérité
l'honneur d'y attacher son nom ; on dit encore
aujourd'hui l'orthographe de Voltaire. Cepen-
dant elle n'a été définitivement adoptée par
l'Académie que dans son édition de 1835.
AÏ ou AY, ch.-lieu de cant. (Marne), arrond.
de Reims, renommé pour ses vins de Cham-
pagne mousseux ; pop. aggl. 3,304 hab. — pop.
tôt. 3,418 hab. Cette petite ville est située au
pied d'un riche coteau planté de vignes, au
bord d'une prairie qui s'étend sur la rive droite
de la Marne. Le territoire vignoble d'Aï com-
prend près de 2,000 hectares, qui produisent
annuellement en moyenne 20,000 pièces de vin.
AÏ s. m. (a-i). Vin de Champagne mous-
seux du territoire d'Aï : Le ferme lien de la
société française cultivée, c'est le vieux bor-
deaux , le bordeaux exquis , et I'âï plein de
charme , cause de douces rêveries , de vives
effusions. (De Cussy.) Le pétillant aï fait
éclater à la ronde les propos joyeux, les bons
mots et les traits délicats. (Gnmod.)
— On dit aussi vin d'Aï : Ce vin d'Aï me
semble délicieux, chaud, parfumé. (L.Gozlan.)
a, Eglé, i
>m l'Ai d
De la bouteille avec force élancée,
Comme un éclair fait voler le bouchon.
Voltaire.
AÏ s. m. (a-ï). Mamm. Genre de mammi-
fères appartenant à l'ordre des édentés et à
la famille des tardigrades. Son pelage , d'un
gris varié de brun, est quelquefois marqué
d'une tache noire sur le dos. L'extrême len-
teur de ses mouvements a fait, donner à cet
animal le nom de paresseux. On assure qu'il
met une journée entière à monter sur un
arbre, dont il ronge l'écorce jusqu'à la der-
nière branche. Les aï scTnt les seuls mammi-
fères qui aient plus de sept vertèbres cervi-
cales. On leur en trouve tantôt huit, tantôt
neuf,- selon les espèces.
— Chirurg. Gonflement des coulisses fibro-
synoviales dos tendons, accompagné d'une
crépitation particulière et survenant à là-suite
d'une violence ou d'un effort. M. Velpeau a
conservé dans le langage de la chirurgie ce
nom vulgaire d'aï, par lequel les paysans de la
Gascogne désignent cette maladie.
— Mar. Nom sous lequel les pêcheurs et les
mariniers désignent un courant rétrograde
au cours d'une rivière sur ses bords, et finis-
sant par un tourbillon. C'est un endroit dan-
gereux pour de petites embarcations.
. AIÀNTIDE adj . (a-i-an-ti-de — du gr. Àiax,
Ajax). Myth. Qui appartient, qui a rapport à
l'un des Ajax. a s. m. pi. Antiq. Membres
d'une tribu d'Athènes.
AIAUT s. m. (a-i-o). Bot. Nom donné, dans
quelques parties de la France, au narcisse des
prés (narcissus pseudo-narcissus). Dans d'au-
tres localités, on désigne sous ce nom le bul-
bocode printanier. V. Bulbocode.
AÏCHA (a-i-ka), fille d'Abou-Bekr et seconde
■ femme de Mahomet, qui la chérissait tendre-
ment et s'en faisait accompagner dans ses.ex-
péditions. Ennemie implacable d'Ali, elle con-
tribua à l'éloigner longtemps du califat, puis
se révolta contre lui lorsqu il fut parvenu au
souverain .pouvoir, et s'avança à la tète d'une
armée pour le combattre. Elle fut vaincue et
tomba au pouvoir d'Ali, qui la respecta et la lit
reconduire à la Mecque, où elle mourut en 678.
Sa mémoire est restée chère aux musulmans,
qui l'ont décorée du titre de prophétesse, et
1 ont mise au rang des quatre femmes incom-
parables qui ont paru sur la terre.
AICHANT (è-chan) part. prés, du v. Aicher.
AICHE S. m..{è-che — du lat. esca, nourri-
ture, appât). Péch. Petit ver, qui sert d'a-
morce pour la pêche à la ligne. On l'appelle
AICHÉ,ÉE part. pass. du v. Aicher. Garni
d'aiches : Hameçon aiché.
AICHER v. a. ou tr. (è-ché — rad. aiche).
Pêeh. Mettre un aiche à l'hameçon pour lui
servir d'amorce.
— Par ext. Amorcer une ligne avec une
matière quelconque.
S'alcher, v. pr. Etre aiché : Les lignes s'ai-
chent avec des appâts de diverse nature.
AICHMOPHORE s. m. (èk-mo-fo-re — du gr.
aichmé, trait, lance ; phoros, qui porte). Hist.
anc. Nom que les Grecs donnaient aux gardes
des rois de Perse, parce qu'ils étaient armés
d'une lance.
AIDABLE adj. (ê-da-ble — rad. aide). Qui
peut être aidé ; qui peut aider : /{ n'y a d\i-
dables que ceux qui commencent par s'aider
eux-mêmes. 0«e la fortune vous soit aidabus. Il
Ce mot, fréquemment employé dans notre
vieux langage,*est aujourd'hui inusité.
AIDANCE s. f. (è-dan-se — rad. aide).
Aide, secours, n Vieux mot qu'on a essayé de
rajeunir.
Aidant (ê-dant) part. prés, du v. Aider :
Ils se sont appauvris en aidant les pauvres.
(Boss.)
— Dieu aidant, loc. prov. qui signif. Avec
l'aide, la protection de Dieu : J'ai fait élever
un théâtre sur lequel, Dieu aidant, je ferai
représenter par mes disciples une pièce que j'ai
composée. (Le Sage.) Voyons où il va, pour en
instruire mon autre maître, le père Barnabe;
car c'est encore mon devoir, et, Dieu aidant, je
veux le remplir. (Scribe.) Il S'empl. dans plu-
sieurs autres phrases analogues : Le comte
avait extorqué, la duchesse aidant, plusieurs
sommes à des banquiers. (Balz.) Il réalisa, la
bourgeoisie aidant, une foule d'améliorations.
(Balz.) Malgré ces incapacités visibles, en
trente-six ans, il avait, la révolution aidant,
gagné trente mille livres de rente en prairies,
terres labourables et bois. (Balz.) C'est devant
vous que je voulais lui donner cette rude leçon,
qui, ma fermeté aidant, lui profitera double-
ment. (E. Sue.)
AIDANT, E adj. (ê-dan, an-te — rad. aider).
Qui aime à aider, à secourir : Cette personne
est aidante. Peu usité. Il Se dit aussi des
choses : Toutes choses sont aidées et aidantes.
. — S'empl. substantiv. dans cette phrase
Eroverbiale : Malgré lui et ses aidants, Malgré
ii et tous ceux qui prennent parti pour lui.
On a dit depuis, par corruption : Malgré lui
et ses dents, expression qui se prend dans un
sens différent.
Plusieurs lexicographes, et en dernier lieu
M. Littré, . prétendent qu'une telle aphérèse
AID
cette opinion. Les dents, armes naturelles de
l'homme et des animaux , sont prises figuré-
ment dans beaucoup de locutions, pour expri-
mer les moyens d'attaque ou de défense que
l'on peut mettre en avant. On dit Montrer
les dents, Avoir une dent contre quelqu'un,
Déchirer à belles dents, etc. Malgré lui et ses
aidants exprime évidemment la même idée,
et nous ne voyons pas, comme l'abbé Morellet,
que la substitution de dents à aidants ait rien
de ridicule. Si nous passons de- l'idée à la
forme matérielle, est-ifinadmissible que mal-
gré lui et ses aidants soit devenu d'abord
malgré lui et ses dants, et enfin malgré lui
et ses dents? Notre langue offre une foule
d'exemples de pareilles substitutions. C'est
ainsi que la rue aux oês pour oies, à Paris,
est dévenue la rue aux Ours; que le haricot
faséole est devenu le haricot/îa^eofet ; que de
gréant cœur (qui fait de bon gré) est devenu
de grand cœur, etc.
AIDE s, f. (ê-de — du lat. adjuvare , se-
courir. On a dit d'abord adjude, puis, par
contract., aïude , et enfin aide). Secours, as-
sistance, protection : Ce bon droit a besoin
,. s, Û lui est difficile de réussir
(Mme Romieu.) Qui pourrait se passer en-
tièrement de Z'AiDEeï du secours d'autrui? Nous
' en avons besoin dans l'enfance, nous en avons
besoin dans la maladie, nous en avons besoin en
tout et toujours. {Lamenn.)
Mes amis, c'est ici que j'implore votre aide.
Molière.
Pompée a besoin d'aide, il vient chercher la votre.
îz du peu que nous avons ;
. fait que nous le conservons.
• La Fontaine.
qu'on lui a communiqués. (Acad.) Ce mendiant,
qu'ils avaient secouru dans leur prospérité, de-
vint dans le malheur toute leur aide. (Le Sage.)
Le mulâtre n'avait pas oublié qu'il avait trouvé
dans le prêtre de cette église une aide tou-
chante, inattendue. (Rog. de Beauv.)
— Par ext. : Vous verres comment une syl-
- labe, un mot, et. je ne sais quelle usa. légère
- donnée à la phrase, feront jaillir sous vos yeux
des,beautés du premier ordre. (J. de.Maistre.)
II Eglise ou chapelle servant de succursale,
, quand l'église paroissiale était trop .éloignée
ou trop petite : Sainte-Marguerite, dans le
faubourg Saint-Antoine, était une aide de la
paroisse Saint-Paul. (Acad.) On dit auj. suc-
cursale.
— Venir en aide à quelqu'un, Le secourir,
l'assister : Quand il sera en mon pouvoir de lui
venir en aide . je le ferai de grand cœur,
(L.-J. Larcher.) h Dieu vous soit en aide.' lo-
cution dont on se sert quand quelqu'un éter-
nue : Toute ma conversation se passe à dire
grand merci à ceux qui mè 'disent*; Dieu' vous
soit en aide! (J.-L. Balz). il Se dit aussi pour
souhaiter à quelqu'un l'aide de Dieu, n On l'em-
ploie également en parlant à un pauvre à qui
l'on refuse l'aumône. Dans ces deux cas, on dit
de préférence Dieu vous assiste/ Il Avec l'aide
de, toc. prép. Avec le secours de, an moyen de :
Avec l'aide de Dieu. Avec l'aide des honnêtes
gens. Il était monté sur le trône aveo-l'aide
du csàr. (Volt.) 11 A l'aide de, loc. prép. qui
s'emploie dans le même sens en parlant des
personnes et des choses : Il n'obtint l'emploi
qu'k l'aide D'un puissant protecteur. Il y monta
k l'aide D'une échelle de cordes.' Froissard ,
. comme historien, fit, À l'aide de Dieu,.des vers
plus, que passables pour son temps. (La Serre.)
Il né pouvait" 'se rendre en Espagne qu'k l'aide
des flottes d'Angleterre et de Hollande. (Volt.)
Les idées ne naissent qu'k l'aide des mots.
(Lamenn.) On cède à la folie par faiblesse,
né revient à la raison qu'k l »'™" «'»« «""■
(B. Const.)
t effort.
Le nid qu'avec tant d'art, architecte fidèle,
A l'aide, de son bec maçonné l'hirondelle.
..■,.',, * i ,L\ Racine.- .
II. A l'aide!, loc.interi. Au. secours : Miséri-
corde! k l'aide 1 (Mol.) '. , '.
Soudain j'entends crier : A l'aidé! je suis mort! '
Reghard.
. A l'aide ! à moi! criait ce bon avéùglèJ Ro^.. '
— Prov. Un peu d'aide fait grand bien.' Un •
petit secours est souvent d'une grande utilité.
Il Bon droit a besoin d'aide. Il ne faut pas se
fier sur la justice de sa cause, et il est néces-
' saire,'pour en assurer le succès, Me solliciter
et de taire agir des amis et des protecteurs,
quoique,' comme l'a remarqué finement La
Bruyère, il ne soit pas impossible de gagner
une cause juste. Ce proverbe est très-ancien
• dans notre langue.
— Archit. Petite pièce adjointe à une plus
grande, à laquelle elle est destinée à servir
de décharge ou de dégagement, il L'aide d'une
église, La sacristie. Peu usité.
— Hortic. Sarment qui soutient un cep de
vigne.
AID
Aides, s. f. pi. Ane. adm. Subsides que les
vassaux, soit gentilshommes,' soit roturiers,
étaient obligés de payer à leurs seigneurs en
certaines occasions particulières..» Sous l'an-
cienne'monarchie, impôt. qui- portait parti-
culièrement sur les boissons; le tabac, etc.,
pour aider le roi à subvenir aux charges de
l'Etat : Il me 'fit entendre qu'il cachait son vin
à cause des aides. (J.-J. Rouss.)
— Cour des aides, Cour souveraine qui sur-
veillait l'emploi des impôts nommés aides, et
prononçait en dernier ressort sur toutes les
questions se rattachant tant aux aides qu'aux
tailles, gabelles, etc. : Le président Amelot fut
désavoué publiquement par la cour des 'aides.
(Retz.) n Aller à la cour des aides, Se dit plai-
samment et par jeu de motsf enparlant-d'une
qui se fait aider en quelque ouvrage,
, . galante qui
tente pas de son mari : Il court risque de n'a-
voir jamais d'enfants, à moins que (a cour des
aides ne s'en mêle. (Hauteroche.)
— Manég. S'entend de tous les moyens par
lesquels un cavalier agit sur son cheval pour
l'exciter, le diriger, l'arrêter, lui indiquer et
lui faire exécuter tous les mouvements qu'il
en exige. Les principales aides sontcellèsdes'
mains, appelées aides supérieures, et celles;
des jambes, appelées aides inférieures. , Les
premières agissent par l'intermédiaire des:
-rênes: les secondes, par les cuisses, les jar-
rets, 1 éperon et l'étrier. Le reconrsa la voix,
la cravache, etc., sont des aides supplémen-
taires ou accessoires. On dit d'un cavalier et
d'un cheval qu'ils ont les aides fines; le pre-
mier, quand il les emploie avec méthode et
précision; le second, lorsqu'il obéit aux plus
légères impressions des aides.
— Encycl. Aides perçues par les seigneurs.
Les aides, libreset volontaires dans l'origine,
quoique imposées bientôt par la force, conser-
vèrent le nom d'aides gracieuses, de droit de
complaisance. Les principales étaient Yàide-
chevel et l'aide" de relief. L'aide chevel com-
prenait trois sortes d'aides' : l'aide de ma-
riage, l'aidé de chevalerie et l'aide de rançon.
L'aide de mariage se payait quand le seigneur
mariait sa fille (l'aide de chevalerie quand il
voulait armer chevalier son fils aîné ; et l'aide
de rançon quand il était prisonnier de guerre.
L'aide de relief était due par les vassaux à la
mort de leur seigneur, et destinée à aider ses
héritiers à relever le fief héréditaire. On appe-
lait aides raisonnables, celles que les vassaux
étaient obligés de fournir aux seigneurs dans
quelques nécessités imprévues, et- pour les-
quelles on les taxait proportionnellement à
leurs moyens. On y comprenait en particulier
celles qu'on nommait aides de l'host et cAe-
vauchée, dont le vassal était tenu envers son
seigneur, lorsque, par un motif .quelconque, il
se trouvait dispensé en personne du 'service
militaire.
percevaient
sacre, lorsqu'ils étaient appelés au Vatican,
lorsqu'ils partaient pour un concile, "etci. Ces
aides s'appelaient coutumes épisçopales, ou sy-
nodales, ou denier de Pâques. , ," ., . " " '.'
— Aides perçues par les rois de France. Dans
l'origine; le 'mot aides s' appliquaità toute es-
pèce d'impôt; les tailles et les gabelles étaient
comprises, comme tout le reste, sous cette dé-
nomination générale. Sous Louis' XIV, on
commença à , restreindre la signification du
mot aides et a poser nettement là distinction
entre l'impôt direct et l'impôt indirect! Les
principaux droits désignés sous le nom d'aides
étaient les divers droits perçus sur les bois-
sons, vins,' eaux-de-'vie, bières, cidres, poi-
rés, etc. Lés droits d'aides, comme' lés autres .,
impôts, n'étaient point levés par des1 agents '
directs de, l'Etat. On'réunissait ces droits en
entreprises, ou fermes générales, qu'on cédait
à! forfait, moyennant un prix déterminé, àdés
compagnies particulières qui se chargeaient de .
là perception d'après des tarifs convenus. Les
aides proprement dites ne constituèrent un
impôt général et permanent qu'à partir ■ de
l'apnée 1360. « C'était, dit l'Encyclopédie mé-
thodique dû xvine siècle, dans son origine
marquée par la malheureuse journée de Poi-
tiers, une taxe d'un sol par livre de la valeur
de toutes .marchandises et denrées 'vendues
soit en gros, soit en détàilj d'un cinquième de -
la'valeur du sel, et du treizième sur le yiii et
lés autres boissons.» Vivement attaqué des la .
fin du xviié siècle par Boisgùilbef t, etauxviiie
siècle' parles économistes, l'impôt des; aides,
dont la réforme avait été vainement proposée
par Colbert, par de.Boulainvilliers en 1716,
par le fermier général Dupin en 174$, et par
Necker, pendant la durée de son premier mi- '
nistère , fut supprimé par la Révolution en
1790. Il a été rétabli dès le début de l'Empire •
sous le nom de droits réunis, et il subsiste en-
core aujourd'hui sous le nom de contributions
indirectes. Ajoutons qu'il ne mérite guère plùs^
d'élogesaujourd'hui qu'autrefois.. .. V.
— Aides {Cour des), Ancienne cour instituée
en 1355, et érigée en cour souveraine en 1426,
pour juger en dernier ressort les procès' tant
civils que criminels en matière d'impôts. Non-
seulement elle connaissait de toutes les causes
relatives aux aides proprement dites, mais les
gabelles, tailles, droits d'octroi, de marque sur
les matières d'or et d'argent, etc., étaient de
sa compétence. Elle statuait sur les privilèges
et exemptions dont les nobles et les ecclésiasti-
'AID
ques devaient jouir relativement aux divers
impôts, et par là sur la réalité et -la valeur des ■
titres qui conféraient ces exemptions. Elle
connaissait, en outre, en première instance et
en dernier ressort, de tous les contrats et actes '
passés entre, les fermiers, traitants et muni-j
tionnaires, relativement à leurs fermes, traités,
munitions, transports et associations. Enfin'
elle recevait les appels des sentences des tri-:
bunaux d'ordre inférieur qui avaient droit.de
prononcer en matière de finance. Composée1
primitivement des officiers chargés de sur-
veiller la perception des impôts et appelés
généraux des aides, .la cour des aides, ne fut
constituée avec ses attributions exclusivement
judiciaires que' sous' Charles VII: DàhsToM-,
gine, il n'existait qu'une seule cour, des aides;,
celle de Paris.èt son ressort1 s'étendait atout
le royaume. Plus tard, d'autres cours des aides
furent créées à Rouen,' Nantes, Bordeaux,1
Montauban, Montpellier, Clermont, Grenoble,,
Aix, etc. La plupart furent réunies à des par-
lements ou à des chambres des comptes. En
1789 il n'en restait plus que trois,' celles de
Bordeaux, Clermont et Montauban, qui eus-
sent conservé une existence distincte. Les
cours des aides, ainsi que toutes les autres in-
stitutions judiciaires de l'ancienne monarchie,
furent supprimées par la loi du 7-11 septem-
[' — 'Syn. Aide,' appui, insistance, secours.
Aide implique une idée d'action; assistance,
une, idée de générosité ; secours, une idée' d'as-
sistance immédiate et opportune; appui, le
soutien de là faiblesse physique et morale. Une
aide nous sert dans les travaux; un secours,
contre les dangers; une assistance, dans les
circonstances intimes; un appui, dans tous les
temps. Le besoin d'un appui n'indique que la
faiblesse; le besoin d'une aide y joint l'idée de
l'action ; le besoin d'un secours emporte celle
ide la crainte; le besoin d'une assistance sse
distingue de ce dernier- en :ce qu'il est-plus
particulier., - ,| ,,,.;... ,,..,, m,, ;
! AIDE s. (êrde-r-même étym. que cwièssus).1
Celui, celle qui seconde quelqu'un dans un tra-j
vail, une opération : Prendre un aide. Il vous
faudrait plusieurs aides. Le, maître de. poste
■ avait déjà disparu dans le jardin, avec l'inten-
tion de surveiller son oncle, et de se faire admet-
tre dans la maison comme un aide. (Balz.) Com-
mandant,c'est le'commisdumunitionnaireet son
aide. (E. Sue.) Alors les valets de chambre, as-
sistés de leurs aides, se mirent en devoir d ha-
biller le nabab. (E. Sué.) Il Nom' donné dans les
hôpitaux auxélèves qui aident les- médecins;
- les chirurgiens : On voit aussi courir les matelots
■'serv'anis,'Ou*les aides dudocthirl (E:. Sue!) Ze
docteur',' les manches retroussées; •gourmandait
ses aides, .qui nev se dépêchaient pas assez.
(E.'Sue.) Le bras'et l'avant-bras tombèrent,- et
un aide alla vite porter le tout sous la grande
toile. (E. Sue.) ■ .. . . i , :
— Aide s'applique ' généralem.1 à toutes les
personnes qui en secondent une autre 'dans
une fonction, un travail, et le'mot complé-
mentaire en détermine suffisamment le'sens
particulier : Aide-médecin, aide-anatomiste ,
aide-sage-femme, "aide-pharmacien; aide-mé-
canicien', aidé-jardinier, aide-lingèrej etè.yetc,
c'ést-à-dire personne chargée' d'àidef ,' de se-
conder' un.ïnedëcin, un ahatomiste; une sage-
femrrié,' un -pharmacien, un" mécanicien^un
jardinier, une' lingèrej etc.', etc. " ' J j ]
— Aide des cérémonies ', Officier qui, à' la
cour, seconde le grand maître des' cérémonies
dans ses 'fonctions ,- et le -remplace'.'en cas
■"AI-D
447
— Aide de cuisine, Celui qui sert sous un
chef de cuisine : Je vousdirai de plus que nous
aurons vn cuisinier , un aide dé cuisine et un
marmiton nui seront 'aux gages' 'de' ce Seigneur.
(Le Sage.) Il y à'aussi des aides d'office. ■
— Aides du bourreau, où de l'exécuteur,
Adj oints, valets qui assistent le bourreau dans
ses tristes fonctions : Deux hommes'f assis sur
la planche à bascule où l'on couche le condamné,
déjeunaient 'et mangeaient du pain et des sau-
cisses ; ces deux hommes, c'étaient les aides du
bourreau. (Alex. Dum.) Pendant ce temps-là ,
d'autres aides de l'exécuteur achevaient de
s'assurer du jeu de l'instrument. (Ch. Nod.) Un
aide-bourreao demande < à être promu à la
de la naissance d'un prince. (De La Ville.) il On
disait autrefois valets du bourreau. , • /
1 ; ' — Aide de' camp', Officier d'étatanajoir atta-
ché à la' personne 'd'un chef rnilitàir'e'pour le
seconder dans tous les détails du service : Il
se défit du, régiment pour s'attacher plus parr '
ticulièrement à la personne du roi, qu il suivait
toujours dans ses campagnes en qualité, de' son
aide de.camp. (St-Sim.) u Vaide.de çamp.porte ■
les ordres-écrits ou verbaux do son chef, le
suit partout et ne le quitte que pour remplir ■
des missions ; il est homme d'épee, de cheval
et de plume ; il fait des reconnaissances, jdes
visites, dès tournées ; on le charge de tous' lés .
.détails relatifs .aux individus, à la discipline '
et aux opérations de la guerre. Le nombre et
le grade, des aides de camp varient en raison
de l'élévation du grade ou de, l'emploi dès
généraux. Tous les aidés de camp de l'armée
sortent du corps d'état-major, corps dont la-
création ne remonte. qu'à l'année 1818. n Pam.
et par compar. Personne placée sous les'or-
dres d'une autre : L'aide de camp de Calvin
et de Théodore de Bèse contrastait admirable-
ment avec le fils du pelletier. (Balz.) Mon. fils
ne portera ni l'épée ni l'épaulëtte, importera
comme moi la demi-aune, et sera aide de camp
de monsieur' son père. (Scribe.) [Mais, à ta vue
de l'aubergiste, et de ses, aides dé camp en peste
, planche ' qui accoufaimt, à[t la ' rencontrée [de , la
Voyageuse, il.s'arr'êtap'ar^çuripùtér{^^
.i — Aide-major, Chirurgien miiiUire,,placé
sous les ordres,du chirurgich-maj6r,*dàns',un
régiment '.ou dans, 'un hôpital ,:_ Il , faut, des
aides-majors qui soient < intelligents, et 'dçiïp.
(Volt.) ,On di^aussi.ArcBkïHrRÙRGiEN.iPl.'des
AiDEs-MAJORS.dès, AiDES-cMnuRGiENSvJij Au-
trefois, Officier dé détail', choisi parmi les lieu-
tenants avec commission. , de capitsUie ', et
placé sous la direction- immédiate 'du ,'mâjor.
Supprimê.à.la Révolution et 'remplacé .dépiijs
, , par \'adjudantvmajort. '.\\ Âiàe.;"ià-3p^ûde corps.
. So^ disait ,des .aidesTmajorspS.eryan,tndans, les
.régiments, ,paf "opposition àjix.'àides^inàjors
.de place.. a-Aide-major de 'place, Officierplacé
! sous, les ordres du .major, de" place- ..Oiiflo
nomme aujourd'hui adjudant db place, "h
Aide-major général, Officier, supérieur^ d'in-
fanterie, faisant partie dé l'état-mâjor, de
.l'armée, et exerçant les fonctions de, major
.général, auprès des ,détachements.|, Grade
supprimé .en 1788. il Officier général Remployé
directement sous les ordxes du majora général,
a Âide-maréchal général. des logis,,. Officier
, supérieur , de cavalerie, ayant .lés "mêmes
.fonctions .que- l'aide-rmajor, gjénérâl dans l;in-
.;fanterie.. Grade supprimé, en' 1788.",.,^ ,.j,|
. -, — Administr. Aide-;Commissàire ^Employé
occupé sous les ordres du commissaire^IL.y
a des. aidas-commissaire* de la.marjne et. des
aides-commissaires desiguerres. ,-,<,, ,,-,i ai,.
' — Mai-. On appelle aides deux matelots ap-
pariés, pour s'aider réciproquement.- fl<ya
aussi des aides^canomiers, des aides-timoniers,
des aides-voiliers, des aides-charpentiers, etc.,
c'est-à-dire des canonnière, des timoniers, etc.,
- placés.sous la direction du maître et'du second
maître des canonnière,' des-.timoniers; etcv»n
A ide-mattre de pont' ou . chableurf Marinier qui
seconde lé maître du pont.dans' l'esipassages
difficiles; et: dangereux/. >|| Aïdeir gondolier,
Celui qui' aidede gondolier, 'dans son travail :
■ Mon .'père ,m'e: montra •seulement de' manie-
imentide'.la ramelà deux mains, levoguer.'de
- la.barquette , et il m'envoyai gagner .ma vie à
Venise en qualité S'aide-gondolier: (G: Sand.)
. n Aide.de plongeùr.,ùans la pêche aux! perles,
Pêcheur qui: se tient dans une barque,. prêt à
retirer le plongeur au premier : signal que
• celui-ci donne au moyen d une corde,: a laquelle
il est attaché d'un bout et qui, de l'autrerbôut,
est amarrée sur le.bord delà barquen i - >ô
> — Constr. Aide-maçon, Manœuvre quijsert
- et aidé- le maçon',- gâche le plâtre'; apporteles
' matériaux1,' etc. : Un aide-maçon, des aides-
'MAçoss.-On disait autrefois' 'Aide'A'haçon':'-
L'argent d'un cordon bleu n'est pàjs d'autre façon.
Que celui d'un fripier ou d'ùh aidedmiçon.- * /
■ '■ii-, ,' ' --i ii -.i,"- ' ■ Reonak-ô:'-
: '— jfèchn. 'Àide^bàuteÀvànt', Dans 'les sali-
nes; ouvrier qui 'aide, celui -dont 'la fonction
est de remplirla mesure de sel'àvéc lès pelles,
et'de frapper.ou de 'faire frapper un nombre
de coups Uniformes, afin.de conserver le poids
,;et 'l'égalité ;dans,les jme^urages, ,':."".,.,", ,j 4 ', .+
^Vf^AÏdérr^b'ire,,,b,uvr^
,'à fixer facilement 'les 'faiiiSfdans'.la-rhemoire
de celui, qui ne les sait"pas,"èt'à,lès;rappeler
a célui,quiVles sait: Le Million dé fai£s>es/,un
aidetMbmoire. universel.' il' fH.t .deV,AipE7MÉ-
MOIRK. , " ,.[ ',. f. '-j,' ( 1,-r'j .<'!in H ;f!l.'il
— Aide-nourrice, Appareil destiné'! amuser
les, enfants en basl âge, tout en idév.eloppânt
leurs forces. On le-nomme aussi sautoir; il PI.
des AIDE-NOURRICE. ■ '. •■ _ ,,1
— Sous-aide, Nom donné' à celui qui est
placé sous les ordres de l'aide dans^exercice
desmêmes fonctions.» PI... des'syùs-ATOEs.
' — Âtde-moï,' Nom que l'ôn'donnait.autre-
fois au fer dans lequel entré' le timon d'une
voiture.-^ .;'"'• aH^":-.f. ;■■; nïFâpàHA
".' ' AIDÉ', ÉEjfiart; pW.1, du v: Aider? A^qui>n
prête, assistance,,:. là, nature, 'tëui être aidée.
(Boss.) Ceux-là ne sont pas dignes d'être aidés
qui n'ont pas le courage de:s'aid'er.'(GOTbon.)
' - — Grainm: Pourl'eniplpi de1 ce partie; avec
la préposit. de ou là préposit '.'par / V; -par.
" AIDEAU s. m. (ê-do— râd* aidé j/Techn.
Morceau de bois passé'dàhs les barres d'une
charrette, pour soutenir les çhargesjtrop pe-
intes, n Outil dechafpéntier.>.j,j ^f-.iutA
"AIDER v: a. ou tr. (ê-dé— du'lot*. adjufàre,
fréquentât: de ' adjuvare , ' secourir.' V:- Aide.)
Porter secours ; 'prêter ' assistance '<■•:■ a'ider
les pauvres. C'est He'^faible «des "amiSydu
monde de nous' vouloir- aider- iefow leur hu-
meur,'et non pas selon nos besoins. '(Boss-.) Ja-
mais je n'aivu'celui'qùiKiDEsèsyrère's manquer
depain. (Lamenn.) (■■•'J'-'J
Plusieurs ont raconté, dana'nosTêrWlblritames,
Qu'ici le riche aidait le pauvre dans ses peines;
i Eh bien, moi je suis pauvre, et je youstends la main.
• li Se joindre à quelqu'unvpoùr lûi'faciliterï'ao
complissement d'une tâcho, d'un travail, etc. :
Je ('aiderai,- pourvu que tu me fasses payer, de
mes peines un peu grassement. (Rcgnard.) \ Les
soldats aident les prisonniers', et. les. prison-
niers aident les soldats. (Gaillard.)
Serait-ce quelque choso où 'je. Vous -puisse 'aider'?
' \ Molière.1
Ces ble"s sont murs, dit-il; allez cK&nosraSSà
Les prier quo chacun, apportant se'
148 „ AID . ,
OU DU
Il Favoriser, concourir au succès, soutenir :
Les machinesy.â'i i'apeim aident [les [relations
commercialesn'Une i métnodei-simpléeti ration-
nelle -AiDBtte progressâmes sciences ..-Le télescope •
a beaucoup aidé lèsiastronomes.dans' les décou-
vertet'igu'ils'ont:-faUesi^AcSid.)Toutes:les-har-^
montes de la nature. semblaient aider son génieV
(Pluclïe.) On dit que Richelieu; sous Louis\KIII<
aida la\réuôlutiori d'Angleierreu^^ol.nltT.y
Les vers fur mit. inventés pour KiiKR'la mémoire!
(H . Beyle: ):Elleslavançait;t soutenue' par 'deux .
novices qiiùMD.\lEK't:séspaschancetants.'(Balz.) .
L'enfantiAinùT ses goûts de naturaliste' en 'lui'
rappontant,'desypiêcesrares.f(R6g.<iC'Bo!X\iv';)
il Se;dit.icmparlant de Dieuy dejlatgrâce/des'
biensi- spirituels trAuji./teu.'d'AiDBR la'Sgrdce-
contrei-la )tentation<;uvous<lMDEZ' laîtêntatibn'
contre i latgràcè nréme.'i/iBourdal: ) i 'Laugrdce
aide lallibérté'Airmaine.(Mass<.)?nrA, ^r.j v i.
— Aider-quelqù'unyàj''Le seconder1,' Contri-
buer au resultâtipar son'assistance":'"£à'péi!5eé
de notre-bonhèur:passédàitmous'A.ïùvv.>\lsup'- '
porter, le malheur avec résignation'. (Franklin.)
Mica.entendit raison lorsque Michel dit qu'il
allaitJXi6BR>lson-pèrek<siïrv'eitler'rôrdohnàncé'-
maternelle 'dé la<fëtei(G:Sîinû.)Le mépris delà:
vie aidb souvent -h<'ld conserver: (De Bugny.)
Mes mkihs'vomaiderpnlk'ce^noiies 'travaux. : ..'
.\,'u-'""* ",' \ '''„ , , ,"^V Bellay'. "„t'V
11 Al'4w!?VÇfe«*4p'4e'>,'^aPPjPy^i lè/soutenir','»
de : Aidée què}q$iïn,ùà,sabpufse,vs sôn,crér
dit, DG.Jon IqutyrÛéSfl'.'fàûtïÀmËRfs'onïami
pronwtement^t)E js'ôn cqnseil^èi. Reniement .de
«m argent (Sallentin,) II. faut ktoÊR les- pau-„
vres Dvjmn juperjtù/fâëraud.)",,. ,'i ,>',./,'. ,''
— Maheg. Aiderunçheval^Lui faire.marqucr.
ses temps et ses mouvements avec facilité. ^
— ft$r J , 4 tierfun jiaKJé V&ms' se7,mouve-
ments',. Joindre]. la .manœuvre de la voilure à
celle du'.goùvernaij.'.ji, Aider, une ancre: Lui
mettre.des.plancKes.aux'.pattes, quand Je fond,
delà mer tient 'mal. " '"_., ,,'„", : ;„,'„ ...t,
— T--.P;rP? in *■£., Aider à quelàu'«,f. t ay^g^-
avec lui '.te travkfl1, la1 fatigue •"l'assisïèr'dô" sa
ïné"': iAtDËZ',l'cet ■hommé.'Wui niip."ïn,^J1
AIE.
i, Partager
„ , .aster 'dé' sa
personne'': TAtbez*AJ "cet •tiommé\':qui pHè-"soûsJ
la charge oyil'pbfté\\(kcàà[)mieivW.>,MDEz \
Auxfap«sws;'AVxy?é«^w;«3IiAux,a^/Iiw'eurs.',
FaiteslquétqùëJchôèè'lpoûrrépàr& ,
perdu. '(G^Sand'.) Hl lùi<'fdlluï aiiisï aidËk 'à''
son pèrèfqûi àbàïtyénéSre- beaucoup dè''cXos'es"à '
faire. (G. Sand.) h Aider à uhè{ ' chose, Y'con-
tnbuer, y concourir, :y.prendre .part : Aider.
au succès d'une affairé; Un peu de vin pur après
le repas aide À, la, digestion. (Trév.) Aider.au ,
mal , c'est; autant que' le' faire'. (Lamotte.Y L'a
vertu aidb âv} talent ^{ïûiyh'.y^ifàù'i 'que votre'
mémoireiJiïDK Xila"mï&ïneV(¥én.yjIVn'èut'rïenLi
deplusipresséque d'appeler cette 'femme p'Sûr
venir aider au ménage. ^G^San^.-), Là louange- ■
entre amis aide à l'amitié. (Stj-.Marc .Gir.) ytf,
— Aider^à lat Içttrfi, Suppléer à ce qu'il y a
A incomplet, d'obscur dans le texte d'un pas-
sage, eette^çom^eaprléri viêht1~do c'dqùë?
dans les manuscritsy. il-;y 'avait dès* abrévià-1
tions^qu'il. fâllaitrdetermiher parrlo'sensPu '
Entrer, dans j l'intention' de celui qui écrifou;
qui parle, en expliquant'ce. qu'il a' dit ou ■
écrit d'une, manière obscure. Il Signifieraussi;
Altérer la jvéritéVsoi^.poùr^amuser, soit pour
tromper ce.ux.qùiiious ecôutent'.u Aider, à(la -
>miure,/Açcélérer?son action ,. la" rëndre,plusi
prompte^. La"nàturejàit naùrfitdans tous les i
pays dès, esprits ett'désfiour'àgésl'élevés,mais]ii.
faut lui MàER'tkJèstform^.t(B()Ss.)<A , t.,, t , :
— Prpy. -Biéù^aideià 'trois sortes .de. per-
sonnes :,,aux;fousiaux'énfantsetaux ivrognes,
La Providence semble .veiller aux-intérêts 'de »
ces personnes, qui sont hors d'êtàtide se secou- ■
nr elles-mêmes, u ,r <it -,. ,-., _,T, ,
..,.*., A qui, se ,lêve matin J ' 'il j *
j , Dieji oùiçfet'prêtÀJa main, il- . .■.,(,■■ .
Dieu se montre favorable aux gens actifs,
labono,uX;imih.-.an-o.rfi.iTq-à) .?. aHMO MO^.a
S'aider,' v:» pr! Faire 4oùs'' ses'1 efforts, 'em-'"
ployer tousses moyèn's'poùr roussir dans^'uno
ebose-: Il faut s'-MDER^poùr 'sortir 'd'une maù-'
vaise position: Je'u'ÂiDB, dans- r espérance que
Dieu m'aidera ;-et 'peut-être enfin bénira-t-iC
mespci')ieà.<(Bussy-Rkb:)'' "-"'"''' " -■''* ' "
Aideïvous seulement^ et Dieu vous aidera. ,, '
— S'aider de, Se servir d'une personne ou
dune chose , en (aire ' Usagé ^S'aider de la
main droite comme de là main gauche. S'aider
de ce qu'on 'ajba ce qu'on trouve. Il n'y a point
de vice^qui n aih quelque* ressemblance: ave&lar
vertu etquitne, s'KnAivB.-Ortfera'biendè's'Âi--
der dans.ee travail de ce^gu'onappeUe le.Code
Henri. (D'Aguess.) Le.goûtl s'est 'aidé de^o •
vue et de l'odorat. (Brill.-Sav ) On peut cher-
cher a s'aider dès autres -mais Une faut comp-
ter que sur [soi. .(Bonniri!) ■•-■•■.■"--. ■•■*■:
— S'assister', se secourir mutuellement : H
faut à' aidbr 'mutuellement 'lés uns' lés autres.
(Acad!) 'Ces:;aeuâ;'i personnes s'aidâiènt TW
l autre' à comprendre '.et 'à1' aimer ■ ce qui fait
qu on ■ést.iusteJtbori. (G". Sand.)- "'';/;•'.
— - ' \. .lairfoj^-npus^mutuellement:1 ,J,'.,.,'
i nltiK Ifïp/iiv.'' • ' ,ul
La charge de:
.1-1-
:A .tbu
m', Aider à 'quel-
, jes deux emplois"
s. Aider quelqu'un; Vest
. j besoins; le seconder ■ le ■
ocivir : Aider les pauvres.- Aider à -quélqu un
signif. lui prêter une' assistance momentanée,
pour un, objet .déterminé, et le. plus rsouvento
pour un travail. qui demande des. efforts phy-
WÎÂ
siques : Aider a quelqu'un qui plie sous un far-
ïdeau.'Cette distinction nous semble peu fondée^
Tét elle ne:figure- ici que'parcé que l'Académie'
' 'l'a elle-même- consignée dans'son dictionnaire.
-■Mais ,ila .chose lune ifôis' admise, il en résulte
;qué le'participe:passodu'verbè«itder est va- "
' riable ouvinvariaole suivant qu'onde prendra '
dans le sens actif ou" dans le sens1 neutre. Cette
' circonstance exige que l'on fassebien'attëiH
■ tion àu'sens de la phrase'. En parlant à^plu--
sieurs ihommes-," on écrira : Il vous'A aidé à
descendre, parce qu'il s'agitd'uh secouf s'actif;
d'une participation toute personnelle. àr l'acte '
?ui offrait .des difficultés. On écrira au con-
raire : Ihvous a aidés de sa bourse, -de ses con- •
.s'eils, parce que le secours est moihs-.pêrsonnel.".
' '' 4- Syrii.^Àider, 'inai*<ei-,'<sceoari£i Secourir
indique 'un danger -aider ."-'Une peine; assister',
un besoin.'.On-va au secours dans'un comba^t;'1
On aide à- porter-un' fardeau ;on''as«'sfe lés'
pauvres.',. ■ , :">' -.:'■:■■ i u-'! -;• -iq ( ;.i 'i ;
» — "Antonymes. . Contrarier , v contrecarrer,
[desservir,' gêner,' grever, incommoder, nuire,
.paralyser, préjudici'er. ' ' ".'.7'1',
' — Frpv. littér. .:,' r .. ' ' ,.,,.!,! 't
J Aidc-toiMe ciel Vàidera,- '-""'V "'
Vers .de., La Fontaine, dans 'le Charretier çm;^
éoMrié'.'Le y.ers^pittoresque, qui sert de morale^'
.n, «(Jè viens 'à'bout'Jde m'échapperj'j'arrivè1
aux murailles extérieures ;' suspendu "à une
corde'auydessus des fossés, j'invoque 'Dieu qui
connaît la justice de,ma causé; je lui^cne , en
me laissant .tomber \:,rÂidez-moi donc rSei-.
gneur; j puisque' je m'aide ! Dieu ne m'entend
pas, etdans ma chutè,'je me brise une jambe. »
,. | i|'.ii.' " ,' :J ' j 'l'.în.j, .'' ,-wRM?Z- 'f","i"
"' ■|Tandis,que.iIesL gouvernements. 'constitués
échangent des dépêches, les! cômbattants'eii
iPologne rredoublent. d'énergie.: Aidè-toi,4e'
ciel t'aidefày lés bandes insufgé'esle'sehtentj
'et c'est|'sur elles-mêmes qu'elles pàràïssenr
'compter. 'n'^.^; ..^ ^ '' ^ \y'.'-3'.-y/mss^ '
''■'■— Enoycl; Hist:' Aide-loi, le ciel' t nidera. ,
Nom d'une société politique née'soùsla'Rés-
taurationy continuée jusqu'aux lois d'é séptém-
bre| et dont' lè'but .était de" donher''ùn centre .
aux idées , libérales ; d'exciter l'espérance' et
l'émulation, de diriger les efforts,' d^gir'sûrl'é'.'
'.'corpsîélectoral pardes'cbfré'spondàn'ces!et"dës:
■publications, en un mot de réunif ëh'uh faisceau '
puissantitoutes' les. forcesrderl:oppbsition; fetdé '
,Iutterfpar: tous lest-moyens - légaux .cpntre ■ les '
entreprises réactionnaires du pouvoir. « La plu-
part des fondateurs,.dit Armand Marrast, ap-'
partenaient.au parti doctrinaire/ et iils' avaient
Ale Globe pour chef- lieu. i.'La direction 'de l'as-
"_soeiation fut'coDfiée-àuncomitéélu.au scrutin,^
,tous les' trois mois, en assemblée générale'; tout1,
membre.résidant oacorrespondant devait ver-
ser une cotisation mensuelle.' Le comité* choi- '
sissait • un secrétaire^ qui . était spécialement '
charge. dél'emploi.'des 'fonds et de 'la'misë-en'
osuvrcides résolutions''du comité directeur? La '
société Aide-toi, le ciel t'aidera' exerça" une '
'influence, décisive sur, l'adresse ides deux cent,
vingt et fin .: la révolution, de Juillet en sortit..
Un gr'andnombrede nos illustrations politiques :
ont fait partie .de.cette société, .Nous citerons ,
"lés noms suivants : 'Odilon Barrot, Bastide, Bé--.-
ranger, Augustej.Blanqui, Cabet, Carhot, Ar^.
mand''Carrel ,,Godefroy , Cav'aignac .,. Ducha-
telj'Dup.ontTWhité, Duvergier" de Hauranne,
Flocon, Garnier-Pagés, Guinard, Guizpt, La
Fayette père, . La . Fayette fils-, Lànjuinais/
J. Lasteyrie,,Ler'minier,(Cauchois-Lémaire ,
.Ch. dé/Rérn.usat, J.'-B,;Say, Trélat, yitet; Ce-
ffut M.' Vitet'qui ,proposa| la, devise' Aide-toi' le,,
^ciel f'atfZèrâ/dàns'la'reùnion où là formation
, de la société fut décidée. ..JlT,. .., ,, ,..'i ,*,
■ AIDÉUR s. m. (ê-deur — rad.-flî'tZ«r). Vieux
mot qui signifiait Celui qui aide, ot qui a été
employé quelquefois par .des , écrivains mo-
dernes\_H_. de. V'î. écoutait., résumait i et ne
concluaii,pas .: c'était un grand aideur d'af-
faires. :(Chateaub.).; .. .," „, - - ./ L
AIDIE-s: f. (é-di -i du gr. aidios, éternel).
Bot. Genre de plantes très-peu connu, et qui
n'a pasde place bien déterminée dans làclas-"
sification naturelle. La seule 'espèce est tùir
.grand.arbre ■ originaire.de la (Jochinchine j'et
gui fournit .un excellent bois de construction.
liAÏBlinterj'.i'(aTÏe', comme dans paillé ••— V.
mot quiiétait une 'contraction du mot aidé.
En effet j 'l'interj .'aïe est un cri de douleur par ;
lequel on semblé appeler au secours, à! l'aide).
Cri dérouleur i^Aîe! que je souffre! Aïà! vous
me blesses !.. il 'Il se répète ordinairement : Aïe !
aïe I î7 mia <uA (A/de 'Musset:) ' ■ "
MOLIÈEE.
.-.--^ ,*~„ ■ ^..«rrAtîftrs sa.
'lès'.çh'eyaux.
— • s:e'mpl.''qiielq'uefoisisuostantiv. : En une
opération ,qu 'on lui.fitkune. fois au.pied,il se
.piqua de constance, et de ne pas jeter unpauvre
petit aïe. (Tallem'..des Réaux.) . . :.j. •■
AÏEUL s. m. (a^ieul— du lat. avus, grand-
père, qui a donné au bas lat.' le diminutif
aviolus-j dont notre vieille langue à fait aviol1
et aïol', puis avieul). Grand-père : Ce vieux
AIE)i;
avec plaisir les services que son aîëul avait
■'<fendus à jffenW/y.-fFléçh.) . .'" , ' :'J ■'..'
.'^'.Llafcul rit à -ce flls, dans ses bras le balance,
: Et bdgayejgTec lui les; mots .de son enfance. ,. , ; i
"u I J " ''„;\y iî^"*-' i ' -, 'Moiaèvadt: , ,., .
',',— Aieul^pàtèrnei, Grand-père du côté du
'p.ère.'ii Aïeul maternel, Grand-père du côté dé
;fa mère. '.,','" .,'.','.-.' ,""'.'.
. " — Par e'xt.. ,Un des ancêtres , le chef d'une ■
race :,/Z n'gst au pouvoir de personne- d'avoir
su un.AÏEyi gui, serait retidu célèbre ilry a
trois ou quatre cents ans. (***) • . : ■•, t : ,
-. J'aipourafctiMepère et le maître des dieux.
>'t'-r Notre premier aleùl\ Adam : '" ' ' l'
'■' Kt sii durant un jour, noire 'premier atêùl, ' . ' „,
: Plus riche d'une côte; avait vécu tout seul.'..''
. ... ' ' "'':;-:';'!, '- - .'• '' KOILEÀU. '
■: , — Par' compara Se dit "de ceux' qui "ont 'deT ,
i vancé les 'autres dans une. profession, uiie'
entreprise , ùhè idée'î etc. : Renaudot a 'été'
2'aïeul des journalistes. (Le Siècle.)
-r Gramm. Ce mot à deux pluriels, aïeuls :
"et aïeux. Aïeuls se dit lorsqu on veut dési- .
gner particulièrement, "uniquement, les deux
'granàVpères : Ses deux aïeuls assistaient à
sonmàriape. Il Aïeux sert à désigner lesahcê-
■itres en général, enrcm'ontarit à quelque épo-
rque que ce} soit, dé l'histoire d'une lamiÛe :''
On 'oppôsé'saiis cesse leur nom à leur personne ;
le souvenir' de leurs ; aïeux ^devient leur oppro-
bre. (Mass.) Une seule vèrttu vaut mieux qu'un
■ siècle d'ÂïEÙx. (Le'.'roi Stanislas.) ',/ , ..'...
Mes aïeux sont connus et ma race est ancienne^ ,- "
r ,■ ' i • ' .' . "li ■ .. * RE0N4RD. ■,
Le mérite tient lieu des plus nobles aïeux: ■ ;• ■ •-
',,.;, , -.,,.'(! r -, Debtouches.
On ne suit pas toujours ses «feux ni son père :
Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère.
,.',...,: La Foutâihb.
La Chaussée.1
a aïeux. '.,'.'
t'tous les yeux.1'
mesy«ix.v
Maisfu „..
Si vous ne faites voir qu'une bassesse indigne, ..-
• Ce long amas^'aîeio: que .vous diffamez tous , i ,- ,
Sont autant'. de témpins.qui. parlent peintre vous.',
r^,', ' "-,\ ■ r'. ,1 ■■■it- u"''li -• "•,'- '-' ''Bi)'!f A^: r
1 — P'ar;,ext.,Céùxlqui ont. vécu .avant nous',
f:dans notre ipatrie'^Ç'etoiï.ia mode chez,nos
^AïKvx.'Les^FrançàiSj'au'.bout de chaque siècle,
pourraient prendre Us portraits de leurs aïeux
•pour des portraits étrangers. (Volt.)
'Si ces Grecs, vos ateux, revivaient dans votre Sme.
'- ' ;i',,T'- . i- i; ' ift ,-." ;RaOINE;
' — Famill est dllévcir ses aïeux, II' est mort.
: — Sytt. Aleàx'ï ' ancêtre*', père». Ces. trois
mots désignent ceux de notre nation'qui ont
existé avant nous, et dé qui nous descendons
sans être précisémerit'llé la même famille! Ces
; expressions1 'diffèrent en 'ce qu'il' 'se' trouve'
entre elles' une gradation 'd'ancienneté ; de mà-
'nière que le siècle de nos pères a touché au
nôtre,- que nosiaïeux les ont devancés,' et quo'
nos ancëtreS'Soni les' plus reculés de tous. Nous
sommes descendants les uns des autres; mais
si l'on, veut particulariser cette descendance,
il faut dire que nous sommes les enfants de nos
}pères,.\es neveux démos aïeux;, et -la postérité
dé nos ancêtres. Toutefois, quand on veut ex-
primer la transmission, dans une famille, d'un
caractère, d'une qualité physique ou morale,
'd'un héritage d'objets qui sont par eux-mêmes
, la personnification ,de certaines vertus, de cer-
' talnes professions^, c'est nlïïs particulièrement'
du mot '^erèî'que l'on fait usage." Ainsi l'on
dira : L'{épeedèrnes. pères. Il avait apporté en
naissant 'l'indomptable ténacité de ses pères.
.,'. — Epithètes. Anciens, antiques, premiers;,
nobles, illustres,. célèbres, fameux, mémora-
bles,insignes', vénérables , respectables , ob-
scurs, vils, méprisables, francs, bons, simples,
naïfs, crédules, grossiers, bruts.
— Antonymes. Petit-fils et petite-fille. — r
Descendants, neveux, postérité. ,
'"— ■ Prov: littér. . ■ : - " '
" Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'afeîtz:,
AllusL6h'à>un vers dé Vblïâirè. V. Pays:'..,'".'.
, AÏEULE s.f. (a-ieu-le-r- rad. aïeul). Grand'-'
■mère ■.'Le.seul Jqas.fut dérobé à. la .fureur de
son aïeule., (Boss.) Pendant quelques moments,
l'i.ïBmji,contemple le cadavre de sa petite-fille.
(E. Sue.) Votre enfant .tenait de sa mère et de
son aïeule. _ (E. .Sue.), ,....'
1 h'aïeule cependant sur sa chaise i se penche,
•■Et devant le Seigneur courbe sa tête blanche.
•■*' | .'. .^'.. - . Brizeux.
' — Aïeule^ paternelle , • Grand'mère du côté
du père.'ll Aïeule maternelle, Grand'mère du-
côte de. la mère :rPar une bizarrerie quêtes
physiologistesn'ont pas encore- expliquée , elle
n'avait -aucun trait de sa mère et de son père,
et offrait une vivante image de son aïeule
maternelle. (Balz.) ,.,
— Par ext. Se dit pour désigner des femmes
dû temps passé;: Celdvétaif bon du temps de
nos aïeules. (Acad.) On a copié les vieilles '
robes , les étoffes de nos aïeules. (Michelet.)
L'éducation bornée de nos aïeules valait beau-
coup mieux que la nôtre ; du m
fri'co(êr.;(G,'Sand.)
— Fig.': .L'économie politique a été /'aïeule
. rfu soçia'K»nèl'(L,\Veuillot.),' , -'•],,'
iC'est Thcbeaui cent palais, l'afeute des cites. '.
'•',;■•>■. .'.' CnÊNEDOtli.
AIGAIL s.'m. (è-ga-ille; Il niouill. — rad.
aiguë, eau). Nom que, dans le vocabulaire de
"la chasse; on- donne à ces petites goutter do
rosée qui restent Je matin sur les herbes et
lés feuilles des arbres : X'aigail ô te au. chien
de chasse la finesse de son flair. On parvient à
accoutumer les chiens à i aigail. '
Mais' elle allait, quand le temps était gai,
j Entre les fleurs et la rosée de mai; '
Ne portant point caleçons ni patins : M * .
'■ Vaigail lavait ses pieds tous les matins.
'" ; \l .'. FOUILLOOX.
" il On écrit aussi aiguail* . . . .
aigaire s.' m. (è-ghè-re ; comme dans
guerre — rad. aiguë, eau). Agric. Fossé large
et profondj séparant les billons et servant à
faciliter l'écoulement des eaux : On pratique
i aigaire dans les terrains gras; les terrains
parfaitement drainés peuvent s'en passer faci-.
lement.
.AIGASSE s. f. (è-gâ-se — rad. aigue^ eau).
Trombe, chute d'eau, grande pluie. Mot usité
dans le patois, du centre de la France. '
:aigeon s.\m.l(é-jon -r coirupt. à'agneau). .
•Nom vdonrié' quelquefois aux agneaux pour
lesquels la more montre de l'antipathie et
qu'elle refuse d'allaiter : Les petits des bêtes
sont souvent moins à plaindre que bien des
petits malheureux; car enfin il n'y a guère
qu'un aigeon sur cent agneaux, et. je suis sûr
que sur cent pauvres, il y en a la moitié qui
pâtissent et qui meurent. (E. Sue.)
AIGLAT s. m. (è-gla — dimin. de aigle).
Aiglon, petit de l'aigle. Il est vieux.
, AIGLE S. :
plus courageux e
proie : Les aigles hàb'itènt les roches les plus
sauvages et les plus escarpés. Les aigles se
tiennent assez loin les uns des autres pour que
l'espace qu'ils se sont départi leur fournisse r
une ample subsistance. (Buff.) Z'aiGLE auda-
cieux planant. au liant' des airs, dispute à un
autre aigle les- limites de son vaste empire.
(B. de St-P.) L'aire de /'aigle ne diffère du
nid des autres oiseaux qu'en ce qu'au lieu d'être
creux, il est entièrement plat, et forme une
espèce de plancher abrité par un pan de ro-
cher. (JvBécherand.) , . ,. . . ■ . .\ ..- ,
Ne sais-tu pàsencôre; homme faible et superbe, ' '
Et Vaiyle imperie
auï plan
it aux yeux de l'Eternel?
L'aigle, roi des^ déserts, .dédaigne ainsi la plaine;
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l'hiver a blanchis, que la foudre a frappés.
- ' ■.'"■'- Làmautlne.
Ainsi V'aigle superbe au séjour du tonnerre "
S'élance ;' et, soutenant son vol audacieui,
Semble dire aux mortels : Je suis né sur la terre,
Mais je vis dans les cieux. .
( ' Lamartine.
' — '■ Quand on parle de la femelle, ce mot est
féminin : i' aigle est furieuse quand on lui ra-
vit ses petits. (Boniface.) Z'aigle est remplie
de tendresse pour ses petits. (Boniface.) Une
aigle ne pond qu'un œuf, mais c'est un œuf
d'aigle. (Boniface.)
*" ' "'" '' ""'" et, pour comble decrape.
il Toutefois, les poètes no respectent pas tou-
:~"rs cette règle, et ils font quelquefois aigle
ne des airs, avec Margot la pie,
d'humeur, de langage et d'esprit,
. Et d'habit, . ; . ..
Traversaient un bout de prairie.
' ' , . La Fontaine.
— Fig,, Homme supérieur par son esprit,
son génie, ses talents : Corneille est /'aiole
de la France. Montesquieu restera dans la
postérité Taigle de son siècle. (Bonnin.) C'est
assez de débats'avec les aigles du monde sa-
vant. (Fourier.) u Dans un sens souvent ab-
solu, sert quelquefois à marquer la supério-
rité relative d'une personne sur d'autres : C'est '
/'aigle de la famille. Moi que vous méprisez
tant, je suis /'aigle : on ne juge de rien sans
avoir regardé là mine que je fais. (Mme de
Sév.) Après l'avoir entendu répondant à l'un
des aigles du'barreau de Paris, je crois que
cet homme produira plus tard une grande sen-
sation. (Balz.) Je n'en passais pas moins pour
/'aigle du lycée. (G. Sand.)
— Cè'n'est pas un aitfZej.Seditsouvént'd'un
homme qui rfa' qu'une intelligence bornée.'
— Ironiq. :, j'ai vu en ma vie bien des hiboux .
se croire des aigles. (Volt.) Quand on sait bien
les quatre règles, qu'on peut conjuguer le verbe
avoir, on "est un aigle en financés. (Alirab.)
— Par compar. avec l'aigle, qui semble lo
type de la perfection parmi les oiseaux, on
dit : Avoir des yeux d'aigle, un coup d'asit
d'aigle, Avoir des yeux vifs et perçants : //
fixa sur lui ses yeux d'aigle. Son coup d'oîh.
AIGU ■■■
d'aigle avait un éclat et une fixité, tels que la
duchesse ne put.Je soutenir. (E.; Sue.) Il Àooir
une vue 'a"mgle]uh regdrtd d'aigle,' Avoir une
grande pénétration d'esprit ':' Il portait "sa
vue d'aigle sur lés plus petits détails aussi
bien que sur les grandes choses. (St-Réal.)
— Crier comme, un aigle, Crier d'une voix ■-,
aiguii, perçante. ,.,.,-, ,, . ,.,,■■/ '■..
— A ■ servi quelquefois à caractériser cor- 1
tains hommes que la supériorité de leur génie
élève! au-dessus des autres; comme laigle
s'élève au-dessus des autres oiseaux. : L'aigle
de Pathrnos, Saint Jean l'Evangéliste, parce
qu'il composa l'Apocalypse dans l'île de Path-
rnos. il L Aigle des docteurs de la France,.
surnom donné au icélèbrc théologien Pierre ■
d'Ailly,à cause do ses profondes connais-,
sances en -théologie. H L'Aigle de Meaux,
Bossuet, évêque de Meaux,-' & cause1 de son
éloquence :■ L Aigle de Meaux ,plane seul à;
cette hauteur, étonnante. (Malté-Brun.) , .
Le cygne de Cambrai, l'aigle brillant de Meaux,
Dans ce temps éclairé n'ont-ils pas des égaux? ' :
.-Voltaire. '
— En poésie, le mot aigle est souvent rem-
placé par diverses périphrases : Le roi des oi-
seaux, ie roi, le monarque des-airs. L'oiseau;
de Jupiter. 'L oiseau royal.. L'oiseau* de Gany-i
mède. L'oiseau du tonnerre; L'oiseau qui porte
le tonnerre. L'oiseau .qui porte, qui.lance^la.
foudre. Le ministre ailé du roi des dieux, dit
roi de l'univers. .",. - ' ',,.''...
Je
courage enhardi que dans lui je remarque,
cconnais des airs le superbe monarque.
bu
V oiseau qui porte Ganymède
monarque des'dieux enflnimplore l'aide.
1 " ' ' ' ;. , La Fontaine
A à
cmçurer chez soi l'une et l'autre s'obstine,
L'oiseau royal en cas de mine, l
Lit laie en cas d'irruption.
Sur
S'a
Ch
smii de Jupiter, aux prunelles de flamme,
l'aride sommet d'un rocher sourcilleux ;
rote, et tout à coup d'un vol plus orgùeilléu
rgé de ses aiglons et perdu dans les nues, '
,. ', ii , , RouquEK..
il Ce privilège-poétique s'étend aussi à la fe-
melle,de l'aigle : La reine, la princesse des
Princesse des oiseaux, il vous est fort facile'
D'enlever malgré moi ce pauvre malheureux.
.-.-..., La Fontaine.
— Prov. L'aigle ne chasse point'aûx mou-
ches, L'homme supérieur dédaigne-lessbaga-,
telles, ne descend point aux petites choses^
C'est la traduction littérale *dercet adage
latin : Aquila non capit muscàs'.1 V. ces mots'.
La docte Christine de Suède, qui affectait de
se montrer ennemie dés petits détails, avait
souvent ce proverbe à la bouche, il L'aigle
n'engendre point la colombe, Les talents, les
vertus sont héréditaires ; pensée . qui, n'en
déplaise à l'adage, est rarement justifiée,
surtout en parlant des talents. Ce proverbe
semble traduit d'Horace, qui a dit dans l'ode
3« du livre IV : ■
. '. . Nie imbdlcm féroces '' ' -,' ' . , "' '
Progeneranl aquilœ columbam. ''•' •
Et \[aigle, courageuse et (1ère,
J.-B. Rousseau.
— Représentation d'un aigle eh cuivre
dont les ailes étendues forment un lutrin; un
pupitre de chœur': Chanter à /'aigle. •■
— En termes d'armoiries et de devises,
aigle se prend comme symbole de la puis-
sance, de la majesté. Dans ce cas, le mot aigle
est toujours féminin : Les armes de l'empire
français étaient -une aigle tenant un foudre
dans ses serres. (Acad.) Il porte sur le tout
d'azur, à une. aigle envoyée td'argent. (Acad.)
Guillaume, II," roi d'Angleterre ,'■ avait pris
pour devise une aigle qui regarde fixement le
soleil. (Trév.)
— Enseignes de quelques nations, surmon-
tées do la figure d'un aigle : L' aigle romaine.
Les aigles romaines'. Plusieurs aigles furent
prises par les Germains après la défaite de
Varus, sousie règne d'Auguste. (Acad.) Ger-
manicus porta les aigles romaines : aux rives
de l'Elbe. (Chateaub.) ,
Nos consuls devant lui cachaient l'aigle indignée.
Qui tremble à
nottre au, coeur qu
'une crainte s
especteùn.édi
Vous
Porter
en'inur
cent' fois
nos soldats en couitouj
nos aigles devant vous.
• . ... . . Pourquoi, maigre nos chaînes,
Avons-nous combattu sous les aigles romaines?
,,., . VOLTAIRE.
ri Air/les françaises, Nos aigles, Armes du
premier et : .dû., second empire français, une-
aigle tenant un' foudre dans ses .serres: Les
aigles françaises ont fait trembler, lé monde
pendant quinze ans. L'aigle française plane
sur les bords de là Visiulê. (Napol. Içr.) Nos
molks; ramenées a plein vàl des bords de, la
Vistule, s'étonnaient de ne plus ramasser dans
leurs serrés puissantes que des victoires blessées
à mort. (Lacord.) Il Aigles impériales,- Les
armes; de l'empire d'Autriche, consistant en
une aigle à deux têtes, il L'aigle germanique,
L'empire d'Allemagne;
Orgueilleuses cités que l'aigle germanique ,., ,., ', •
Vit tomber sous les coups d'un vainqueur pacifique.
,-, . • : n r ., ; I ■•, . DOLARB. *,ï ' y
' ''— Hist.. Nom1 donné à plusieurs ordres de' '
chevalerie. Il est "alors du genre masculin :
— Â'igle blanc, Ordre dé chevalerie créé' eh .
1325, par Wladislas'V; roi de Pologne, à l'oc-
casion du mariage de son fils Casimir avec la"
princesse' Anne , fille^'du-'grand-Œuc 'de' Li-
tuanie. Cet ordre tomba1 dans la suite eh
désuétude; il ■ était même entièrement ou-
blié, quand Auguste 'il le rétablit, eh 1713,
pour récompenser ses partisans. Un ukase du
czar Nicolas. I" l'a réuni aux ordres russes,
le 29 novembre i83i.;L'ordre de l'Aigle blanc
est donc aujourd'hui un ordre russe. Il', prend,
rang après celui de Saint^Alcxandre .Newski.
Ses membres, qui ne forment qu'une classe,
ont pour .insignes une croix . d or ( portéo , en
écharpe de 'droite à ga'uçtie,, au moyen' d'un,
large, ruban bleu clair, et une plaque aussi
'd'or fixée sur la gauche de l'habit. '
, — Aigle rouge, Ordre prussien de chevale-
rie, institué en 1705, 'sous lè.'nom d'Ordre de
■la Sincérité, par Georges-Guillaume d'An-
spach, margrave do Brandebourg^Bayrouth ;
réorganisé, en 1734, ^sous , le nom à' Aigle
rouge' de ' Brànâèboùrg'ov. à''Aigle de Brànde-
' b'ourg'; "il-à été réuni àlix ordres prussiens en.
1792, parTè'roi Frédéric-Guillaume II. Depuis
le commencement' de ce siècle, on l'a. plu-,
sieurs" fois modifié, notamment en 1810, isil,
1825, 1830, 1832 et i86i.iyqrme aujourd'hui'
le second ordre du royaume, et se compose
de cinq classes de chevaliers, comme notre
Légion d'honneur. Enfin, il a pour devise les
mots latins : Sincère eteonstanter (avec sin-"-
cérité et constance); et son bijou se suspend
à , un ruban blanc bordé de rouge. Son-nom
Erovient de la figure principale des armes de
irandebourg qui orne les insignes.
. — Aigle noir, Ordre prussien dé chevalerie,'
créé le 18 janvier 1701, par Frédéric, électeur
de Prusse, pour perpétuer le souvenir de son
couronnement comme roi do Prusse, qui avait
eu lieu la veille. Il est ainsi appelé de la cou-
leur des aigles qui ornent ses insignes ; mais,
on lui donne aussi quelquefois le, nom d'Ordre
de l'Aigle de Prusse. Sa devise est : Suum
cuique (à chacun suivant son mérite). C'est
le premier-ordre de la monarchie; L'A igle
noir ne se confère qu'aux princes du sang,
aux princes régnants, et aux personnages les
plus éminents, tant nationaux qu'étrangers.
Il ne compte que trente chevaliers, non com-
pris les membres de1 la' famille' royale' Let 'les'
étrangers: Les insignes de l'ordr'ersont une-
croix portée' èivécharpe.'dè'gaiiclmà droite/-,
au moyen d'un' large 'ruban orangé, Tet tine
plaque d'argent attachée sur le côté gauche'
.de la poitrine. ,..':,' ''_'..
— Aigle d'or, Ordre de ''chevalerie Créé en
1806, par Frédéric Icr^roi de Wurtemberg.
Il fut ainsi nommé parce que la décoration
était ornée d'aigles d'or. C était la première ■
institution chevaleresque duroyaume, et l'on
n'y admettait, que" lés, personnages les plus
éminents.' Il a 'été supprimé en 1818,' et rem- ,
placé par l'ordre de^la Couronne. . . n ....
,—: Aigle 'de .Saint-Michel, Ordre tmilitaire
portugais, fondé eii.mi,paï l.e roi Alphonse
Henriquèz. ,,: . \ . , .:-, i ., ,:
— Grand aigle, Nom "primitif du grade de •
la Légion'd'honneur que l'on appelle aujour-
d'hui grand-croix. ..< ■ ' '\ !..
— ; Ichthyol. Atytej'Nom donné par les pé- 1
-cheùrs à unoespece de raie, à cause de'ses
nageoires pectorales, étendues comme les
ailes d'un aigle. ' •
— Moll. Aigle royal, Nom' vulgaire d'une
coquille terrestre dù'genrebulime.' '
.,, — Bot.' Aigle impériàlé^Espèci de, fougère,
de l'Europe 'septentrionale , . ainsi ' appelée
parce 'que 'sa.1 racine', ''cou peé , transversale-
ment,1 présente dos traits qui rappellent la
figure' d'Un aigle à deux têtes', n' Bois d'àiqlc.
y: Bois: ' ' ..?■■■
— Miner. Pierre d'aigle, L'aêtite. V. ce mot;
— Astrori. Constellation de l'hémisphère
septentrional, située entre' le Serpentaire .et
le Dauphin. ' /
— Métrol. Monnaie d'or des Etats-Unis, qui
porte l-'effigie d'un aigle; Elle vaut 27 fr.*60 c.
environ do notre monnaie: II' y a aussi 'le
double aigle, valant 55 fr. 21 c, et île demi--
noir\ Esprit do la cadniie vénéneuse, appelée^
cobalt: n Aigle céleste, Sorte dé panacée, prepa-"
réeavec le mercure réduit eh essence, il Aigle
de Vénus, Safran composé do vert-de-gris, au
moyen 'd'un feu de réverbère, auquel on
ajoute- du sel ammoniac, quelquefois sublimé.
\\' Aigle volante, Mercure sublimé, il Aigle'
étendue, Sel ammoniac sublimé, a Aigle dévo-
rant le lion, Volatilisation du fixe par le vo-
latil, ou du soufre par le mercure des sages.
Il Nom que l'on donnait au protochlorure de
-mercure et à l'hydrochloTate d'ammoniaque.
dimension, que l'on emploie surtout pour ...
cartes 'géographiques et les tableaux synop-
tiques, il Les cartonniers appellent aussi-
grand-aigle le plus grand format des feuilles
de carton, n Papier^ petit-aigle. Papier moins
grand que lo papier grand-aigle.
Ma. _
■grand igenreitrès-naturelj caractérisé! par un-'
.bec non dentelé ou à, peine festonné i.vers le'
milieu, idroit a, sa base et jusque près, dé-son'!
extrémité ,. où il se .recourbe brusquement. -
Moins bien, organisés pour le vol que les fau-1
cons, les aigles, ont des ailes qui paraissent
tronquées obliquement; mais, grâce à la forcé
de leurst muscles, ils ont encore un vol .très-
puissant jet très-élevé. A terre, ils marchent
niai, leurs jambes étant peu conformées pour
ce genre de locomotion. ■ .>.(. ■•-.■;.-
Essentiellement . carnassiers et chasseurs ,
les aigles habitent les rochers sauvages et
escarpés. Ils font de longs voyages, et n'ont-
■qu'une seule femelle, avec laquelle ils-passent
toute leur vie, hors,l'époque de l'incubation. r -
Le genre aiglefsi onle-prend dans le sens ,
le plus large, renferme de nombreuses espèces^
-que Cuyier a- réparties en huitidivisions, su-
.voir : lès aigles proprement dits, les pygar-
gues ou aigles^ pécheurs., les balbuzards, les
circaètes, .les caracaras, les harpies, lès aigles-
autours' et les cymindis. V. ces mots.
Nous ne parlerons ici que des aigles pro-
E rement dits, qui se distinguent des autres par
iurs tarses garnis de plumes jusqu'à la base
des doigts, et leurs ailes aussi longues que la
queue. On en compté quatre espèces indigènes ':
'' L'aigle' royal, grand aigle ou aigle commun
Se reconnaît facilement' aux trois ' grandes,
écailles qui couvrent la dernière phalange de
chaque. doigt. II. est d'un brun . noirâtre, et"'
atteint jusqu'à 3 mètres d'envergure. C'est un
des. plus puissants oiseaux de croie, et on l'a
depuis longtemps appelé le roi des oiseaux.
Il est répahdu-'dans presque toutes lesfégions
de l'hémisphère septentrional. 'Sôn'nid (ou
aire) :esti très-grand; la' femelle y pond deux
où trois œufs, qui éclosent au bout d'un mois.
L'aiglon a une croissance assez lente, et il est
sujet à des miies' fréquentes. La vie de l'aigle
royal est très-longue*; et ' l'on assuré qu'elle L
peut dépasser un siècle.: 'i-i' '•'-"• ■<>• ■->'* ''; i
"■ ' L'aigle ■. fait sa proie-ides mammifères de
moyenne ou de petite taille, tels que. les faons, '
les agneaux,, les lièvres, sur lesquels il fond
du haut des airs,avec là rapidité de la flèche,
et qu'il emporte dans son aire. Souvent même
il attaque des., animaux plus grands,1 les tue 'et
lès dépèce sur place. .Quoique idoué d'une
grande voracité, , il parait avoir un naturel
moins féroce que ses congénères, et l'habitude
qu'on lui a attribuée de dévorer ses petits
semble deyoir être reléguée au rang-des fables, i
Pris jeune, il se dresse .facilement et peut être
employé (èi.laiçhasse. ,ii u , i,ti ., ■ -,, rir..,.
L'aigieiimpérialyUiïféu plusïpetitet moins'
'■ foncé ■. en ;.couleur > que le > précédent, a sur le
dos; près de l'origine dés ailes, deux grandes
plaques blanches, qui, jointes à la .couleur
blanc jaunâtre du-derrière du cou, lui ont fait
donner le nom à'aigle à dos blanc. Il habite lés
régions montagneuses et boisées de l'Europe
orientale,- de l'Asie Mineure et de l'Egypte, et
"a les mêmes mœurs que l'aigle royal. Il donne
la chasse aux .daims et aux chevreuils, dont
il emporte. des quartiers entiers dans son aire,
établie au. sommet de rochers inaccessibles,
!et qui devient .un charnier infect par la conti-
nuité detels repas. ' ' '';'''
' " li'aigle criard Ou petit aigle , bienJ moins
grand que les deUx'premierSj et. aussi moins
'féroce et même lâche, se contente 'de faire la
guerre aux;petits animaux, et jusqu'aux in-
'. sectes.- Il s'apprivoise facilement. - ' •
X,' aigle hotte se rapproché des busès pàrsori
aspect extérieur. Plus petit encore, que l'aigle
criard, il est néanmoins d'un naturel coura-
geux, et s'attaque souvent à des ennemis d'une
taille bien supérieure à lasienne. Il ne se trouve
guère que dans les forêts deVEurope orientale.
■Parmi lès' espèces exotiques, nous. citerons
,1' 'aigle malais ", dont lé plumage 'est-' entière-
ment hoir.'11 VJ '' ' ''" ' ,' ',','+;.', ",",'
, L 'aigle-autour forme une section du grand'T
genre aigle. Ce' nom'vient de ce^qué les es- T
pèces que renfermé cette section présentent
beaucoup de ressemblance avec les vrais au-
tours, qui appartiennent à un tout autre genre
' d'oiseaux de. proie. Les aigles-autours se dis-
tinguent des aigles proprement dits par la hau-
teur de leurs pattes, la brièveté des rémiges;
la longueur de la queue, et même par leurs
mœurs. Ils habitent diverses régions de l'Asie,
de l'Afrique et de, rAmérique.' , ,ir
— ■ Antiqi et syrhb! Dé tout temps l'allég6rie:
.et le symbolisme ont fait un grand-usagé de
Vaigle. L'imagination des premiers peuples mit:
tout naturellement au premier rang des ani-
' maux .ceux qui .étaient les plus forts : le lion
parmi les quadrupèdes.l'aigle parmi les oiseaux.
de la majesté. Son image brilla sur la poitrine
des héros et des demi-dieux ; elle prit place au
moyen âge sur lès écussons ; et dans l'antiquité,
comme dans les temps modernes, conduisit au
combat les plus grandes 'nations., L'otjr le figu-^
rait sur les' étendards ides Perses au temps
de Cyrus ; on croit généralement que-ée fut le
premier peuple oui l'adopta pour enseigné.
L'aigle était l'emblème de la i république ro-L
maine, et cet emblème fut conservé religieu-
sement sous l'empire. Chez, les Romains, les
aigles furent d'abord en bois, puis en argent,
avec des éclairs d'or entre leurs serres ; et
enfin sous César et ses successeurs elles furent
d'or massif, mais sans foudre. Chaque légion
AIG
119
avait, son aigle, 'que l'on portait fixé sur-une
lance-; aussi se-séi >t aigle, dquila,
pour désigner une légion eh- général.;, Afin.de - '
distinguer les légions,-.on idônnait aux. aigles '
des formes différentes: ainsi on les représentait '
tantôt debout, tantôt assises; mais les ailes''-
étaient- toujours déployées > comme ^ symbole- IV
d'une activité' constante. L'aigle fut conservée -' ■
jusqu'à la. fin par les empereurs grecs. >,En^ -
Occident, elle disparut.ayec-rEmpire} mais Ire- ' -!
parut lorsque les princes carlovingiens mirent" '■ -
•sur leur tête la couronne impériale. L'aigle à',' •
deux, têtes fut d'abord en usagechez les ein- -,
pereurs d'Orient, qui, dit-on, exprimaient ainsi '
leurs droits aux deux empires d'Orient' -et-.
d'Occident. Plus tard, les empereurs d'Oc'ci- -
dent empruntèrent ce symbole à l'Orient, ' et-
de' là il passa dans la- maison d'Aùtrichéi>Là ■'"■'
Russie l'adopta de son côté sous le. czar Iwan -
Wasilié'vitçh. En 1804, l'aigle devint l'emblème i .
de la France impériale; elle disparut en 1815V
et fut rétablie sur nos drapeaux après 'le coup • .
d'Etat du 2 décembre. L'aigle noir figure dans
les armes du royaume de Prusse. L'aigle.blanc ■
se trouvait dans celles du royaumede Pologne.
Dans la guerre de l'indépendance, les Etats-
Unis prirent pour drapeau une aigle sur champ^ ,
d'azur semé d'étoiles. — Dans le blason, l'aiglo
est dite becquée, languée, membrèe, couronnée, ^
dia'démêe', quand sonb'ec^ sa langue, ses m'eni^''
bres, lacourohne ou' lé diadème qu'elle porte' *r
sont d'une autre'couleur'qùbso'n corps; nais- '
sante~Ou issanle, quand' ;on'fiê voit que1, là tète; .
et une partie de son corps1; cphiourriéèi quand
elle regarde la gauche de Técusfcôh ; onglée,":
quand les serres sont d'un émail différent. •'•'' ~
i,— Epithètéa. Hardi, courageux, intrèpido,
.audacieux, noble, "fier, indépendant;' 'sùuerbè',' *
orgueilleux, ravisseur, ràpàcc, , rapide,' nilmi- '
nant, terrible, redoutable,' redouté, à 'l'œil, oui
au regard perçant, au bec rééourb'é, auxs'érres t. , '
cruelles, puissantes. . *' : .'ll ''"'"-
' ' '-4 LlUér'aituré. i.'ÀlRieo» lo'iliimû, Titre. a -,
d'une fable tle'Lâ Fontaine', très;s'ôuyeht ciiée<jr-, ,
parce, qu'elle met en relief, d'uné-mànièré ori-,.».,
ginale'et frappante, cettejfaiblessë ',si q'r"dinoire. ,
aux parériïs de. voir des qualités. dans, les déV.^,,
fauts 'mêmes de leurs, enfants. Le fond dcçe'tte , .,
fable se résume dans ces'deux vers si connus ,
et si souvent rappelés,: '.','',• ,v '-)'■.•'■■
« La'philqsophie.ne 'saurait 'aller ^contre les/',',,
lois qui', régissent sa.prqpre^natuije.vOr, l^une^v, .
de ces lois, c'èst\d'è s'adorer. d'ans, ses céuvres,r -.-,.
!et, comme le, hibou de la'i fable,- aveuglé 'd^é-'^!
goïste maternité, (de trouver 'beaux lés 'petits' '
monstres qu'elle a 'faits". ■■•■' •* '''\ '"" ''"'\
• ' ' ' • BARhEy^b'AuRÉyiLLy. ,v" ',":,""
AIGLEFIN, ffiGI-EFINiOU- AIGREFIN S. rri..
(è-gle'-rfain). Ichthyoh- Poisson da genre gadel ™ '
voisin des. morues, mais plus petit:' 11 ai'des-i1 ■
mœurs analogues. ■ On le pêche dans les- mers ■- ■
du Nord, où il est abondant:. ■•/.'■ <.■ . < ■ ■ ' T; " '
AiGLETTE-s.-f.'(è-çlè-te..-^lrad;..ûï^é.j. ;','
Blas. Nom donné aux aigles d'é'petitcs dimè'n{ ,
iSioris. On dit aussi Aiglon. Les'àig-l'ctics'sôrit1'
ordinairementau nombre'-de'trôis 'au moins';' ' '
Quelquefois, on appelle ' àigUttë une'1 aigle111 '
seule, quand;clle est posée sur une pièce' no" '■
norable et qu'elle n'occupe point la partie là
plus apparente de l'écu. Famille La Tré- ~~
.mouille : d'or, au chevron de gueules accorh- '■;■
pagné de trois aiglettet ; d'azur1,' becquées •et''1
membrées de gueules; ■•■■ •■' " ■ ' ' ' ■ -''." -
AIGLIAO s. m. (è-gli-o). Mot qui, autrefois,
désignait le petit de l'aigle, aujourd. aiglon.
II Blas. Jeune aigle, représentée sans bec et
sans serres. ■ „ ■■ ■ ■■ '?:•
AIGLON, onne s. (è-glon,o-ne — dimiri'.'de"1
aigle). Ifetit de l'aigle .: .L'aigle nourrit -jes ':
aiglons de chair,. .çt les ^habitue à regarderj
.fixement, le soleil. (Encyçl.) Le hibou envoie la i. .
corneille demander en mariage uneipetiie.ki- ■
GL0NME,7ÎWe de l'aigle, reine des airs. (Fén.)
Les aiglons, d'abord couverts d'un duvet, blanc,
... L'aiglo fait sentir 6. ses tendres aiglons i
. La clarté du soleil au fort de ses rayons. , , ,.
i i', ' ,|' ' . • ... i ,■ ,. I BpILSAO,, . v •.
II S'empl. souvent dans les comparaisons": //'
prit son vol, et s'éleva de temps en temps comme
un jcune.AiGLON, pour essayer à regarder la lu-' ■
rnière dans sa source^ (Fléeh.)^ • •'-.'>'
'— ;Fig. et iron. Celui- qui, ssans avoir, les »
talents nécessaires, veut s'élever, trop haut^
dans une science, dans un art, etc. : Eudami- ■
dos, cet aiglon, de la philosophie, à sa première
volée s'est perdu dans les nuages. (Cormen.)
— ! Blas. Syn. A'aiglette et A'alérion. i . -, , .
. , AIGLON, ONNE adj. (è-glon, o-no — rad.
aigle). Qui appartient à l'aigle, à sa race,, à;
sa famille': ' " . - , , . •
La faim détruisit tout, il ne resta personne ' :'
, De la gent marcassin» ut de la gent aiglonne '
Qui n'allât de vie il trépas.
' . , .La Fontaine.-. •" . .
AIGLURE s. r. ( è - glu - re — ràd. aigle).
Fauconn. Taches rousses sur le plumage d'un
oiseau : Le vieux margrave portait sur son
poing un magnifique teneur bien afrempé et
bigarré d'AiohVKES. (H. Castille.)
VÀIG1VAPÏ (Etienne), littérateur, né en 1773,
à,Be!iygençyTSurrl>pire, mort en 1824. Il fut
aide des. cérémonies. de l'empereur et succéda
à .Bernardin de.. Saint -Pierre a l'Académie
française!' Ses' tragédies, Brunéhaùt, Arthur
de Bretagne, Polyxène, ne sont pas restées au
théâtre. On a encore de lui une traduction en
vers de l'Iliade, qui n'est pas sans mérite, un
Essai sur la critique, et un grand nombre d'é-
crits oubliés aujourd'hui.
T|AIGNAN,' ch.-lieu de cant. (Gers),-'arrond. de
Mirandè; popul. aggl. '676 hab. — pop. tôt.
l;'649h'ab. Belle église de construction gothique.
*. AIGNAN^SAINT-!), çri'.'-lieu de cànt..(L.-et-!
Çtier)J arrond. de Dlois ; popul. aggl. 3,315 hab !
— , pop. .'"toi. ,'3,600 'hab. Vins rpuges, tanneries
importantes ; aux environs; belles carrières de
silex qui fournissent une immense quantité de
pierres à fusil. .
> AlGNAN-SUR-ROË(SAtNT-), ch.-lieu de
cant. (Mayenne), arrond. de Château-Gontier ;
pôpul/aggl. 351 hab. — popul. tôt. 883 hab.
AÏGNAY-LE-DCC, ch.-lieu de cant. (Côte-
d'Or), arrond. de Châtillon-sur-Seine ; popul.
aggl.^sià. — pop. tôt. 885 hab. Toiles ; forges ,
tanneries. ' ■ '
^AIGNEL s. m.'fè-gnel, 'flw.rnouiU. — du v.
tr.faignel, agneau): Métrol. Ancienne monnaie
d'or qui portait l'empreinte d'un agneau, et
que Ton appela aussi denier à l'aigneï : Les
aignels eurent cours en France depuis saint
Louis jusqu'à Charles VII. Il Même mot que
AIGNELÉE s: f. (è-gne-lé, gn mouill. — du
-_ *_ -(gnei^ agneau). Tous les petits qu'une
brebis met bas en
usité qi
ailleurs
aigrats. m. (è-gra
seule fois. Ce
usité que ,dans ,'quelques .départ. , partout
n;n„.,_„ „., djt agnelée. y.' ce mot.
,-„-.. rad. aigre). Nom
quedton donne, dansle département de l'Isère,
à. une grappe de raisin qui n'est pas mûr. t
AIGRE adj. (è-gre — dulat. acer, aigu).
Qui est acide, piquant au goût : Etre d'un
goût aigre. Le citron, lagrenade, sont des.fruits
aigres. Le citron ne parait- jamais plus aigre
qu'à la bouche de celui qui est accoutumé aux
douceurs. (Sallentin.) u Se dit aussi des fruits
qui ont quelque chose de plus acide, de plus
âpre au goût que d'autres qui portent le même,
nom : Cerises aigres. Pommes aigkes. il Qui
s'est corrompu , qui a acquis une certaine,
âcreté': Lait aigre. Vin aigre. Bouillon aigre.
' ' — Par anal.1 Vif,1 saisissant, en parlant' de
l'àir/d^vènt^'ètc. : Plus nous avancions vers
les pays chauds, plus le froid' devenait aigre
et piquant. (Th. Gaut.) il Aigu, rude, perçant,
en parlant des impressions produites sur
l'ouïe :' Voix aigre. Cette cloche rend un son
aigre. Tirer d'un instrument des sans aigres.
Le coq chantait d'une voix aigre. (G.' Sand.)
Tout à coup je fus tiré de ma rêverie par J' aigre
fausset d'un violon, qui faisait retentir au loin
l'écho de la montagne. (E. Sue.)
Il Qui manque de liaison, d'harmonie; qui
n'est pas bien1 nuancé, en parlant des cou-
leurs, du ton, etc. -.Ton, coloris aigre. Cou-
leurs aigres., Sa petite figure, assez aigre de
ton, semble avoir été pressée dans un étau.
(Balz.) Sa figure mâle avait le teint aigre et
chaud qui distingue certains blonds. (Balz.)
/— Fig. Rude, sévère, désagréable, en par-
lant des choses : Ton aigre. Humeur aigre.
Esprit aigre. Style aigre. Repartie aigre:
Réprimande. , aigre. Il se fit sur, ce sujet des
•écrits très-AKRES. (Boss.) Je ne voyais.-dans
< ses,, aigres?, sarcasmes que le mot pour rire.
(J.rJ. Rouss.)'Afat's-i7 peut te ruiner, dit-elle
avec le, ton. aigre de la Parisienne quand elle
exprime sa. défiance de chatte. (Balz.),Ce der-
nier avait l'esprit étroit et dénigrant, le cœur
' haineux, Je caractère aigre. (Chateaub.)
: ■ Cette ferveur,! dont les aigres censures
N'épargnent pas les vertus les plus pures.
. - J.-B. Rousseau.
, Mais Evrard; en passant coudoyé par Boisrude, r
,Ne sait point.contenir son aigre inquiétude.. »
. ' . ':! . , ■■,,'.( ,- , - i' ri, BOILEAU. ;
'• n Revèche.j ' acariâtre ? en -parlant • des per-
sonnes :î Les femmes sont' ordinairement plus
'Aigres etplus colères que les hommes. (Amyot.)
: Unihommet si aigre à censurer les autres ne
peut être -excusé par l'ignorance^ laquelle ne
■seri'qu'aux' humbles. (St Franc: de Sales.) 5a
femme était un esprit aigre, qui se croyait une
; merveille;' et 'quï, de plus, était mal timbrée.
■ (St^Sim.) Il y eut 'quelques moments où lareine
contrefit- ta douce, et elle ne fut jamais plus
aigre.; (St-Sim.) Il n'y a guère de gens plus
aigres que ceux- qui sont doux par intérêt.
(Vauven.) 'Je suis plus confiante et moins aigre
que vous.- (Balz:) .
Dansvos discours chagrins, plus aigre et plus mordant
Qu'une femme en furie ou Gauthier enplaidant.
Boilead.
Sa femme était aigre comme un verjus ;
Mais, entre nous, la vôtre l'est bien plus.
.-■ Voltaire.
— Techn. Qui n'est pas ductile, malléable;
qui est sec, cassant et se brise sous le mar-
AIG
teau lorsqu'on veut le travailler : Fer, cuivre
aigre. Ce fer est si aigre qu'on ne saurait le
forger. (Acad.) C'est autant la main de l'homme
que, le feu, qui change en fer ductile la- fonte
aigre. (BufL) il Se dit des pierres dans un sens
analogue-: La pierre siliceuse est singulière-
ment âpre, aigre, cassante. ( Michelex.) il Se
dit des terres marneuses difficiles à cultiver,
qui durcissent par la sécheresse. et se trans-
forment en marais dans les temps de pluie.
— s. m. Goût, odeur aigre : Cela tire sur
Z'aigre. Ce vin tourne à î'aigre. il On dit de
même : Un goût d'aigre, une odeur d'aigre. Cela
> — Sorte de liqueur agréable à boire, faite
avec du jus de cédrat, de limon ou de bigarade,
de l'eau et du sucre : Aigre de cédrat. Aigre
de limon. Aigre de bigarade, il Suc exprimé
do citrons à demi mûrs, préparé en^grand
dans les environs de Gênes, et employé en
parfumerie.
— Aigre de cèdre, Sorte de confiture autre-
fois très-estimée :. L'ambassadeur de la répu-
blique de Gênes, ayant obtenu une audience du
roi, lui fit présent de douze caisses d'excellentes
confitures. Le roi en ouvrit une qu'il distribua
à la compagnie, il en envoya deux, qui étaient
rf'AiGRE de cèdre, à lareine mère, qui l'aimait
fort. (Bassomp.) ■ . .
— Par anal. : Il y a encore de l'aigre dqns
l'air. Le temps n/ést pas encore adouci.
— Fig. Rudesse , âcreté de caractère , de
manières, etc. : D'une femme jalouse, quelque
sage qu'elle soit et ménagère, il n'est action qui
ne sente f aigre et l'importun. (Montaig.) Je le
vis près de perdre patience et de tourner à
Z'aigre. (Balz.) Elles font d'une honnêteté for-
cée et tournée à Z'aigre, une morale perpétuelle,
une surveillance haineuse contre les femmes
jeunes, belles et aimées. (Alex. Dum.)
— Antonymes. Doux,', sucré, mielleux.1
AIGRE, ch.-}iéu de cant. (Charente), arrondi
de Ruffec; popul. aggl. 1,566 hab. ;■— pop. tôt.
1,812 hab. Vins, distilleries d'eau-de-vie dite
de. Cognac. Cette petite ville est très-agréable-
ment située dans une île formée par un affluent
de la Charente. . ,
aigre-doux, CE adj. (è-gre-dou). Qui a
un goût mêlé d'aigre et de doux : Fruits ai-
gres-doux. Oranges, cerises aigres-douces.
— Cidre aigre-doux, Vieux cidre que l'on a
passé sur du marc nouveau, afin d'adoucir son
aigreur. ■ ,■ .,
— Fig. Dont l'aigreur se fait sentir sous
une apparence de douceur : Voix aigre-douce.
Ton de voix aigre-doux. Paroles aigres-dou-
ces. Style aigre-doux. Il me fit un compli-
ment aigre-doux et malin. (Trév.) Aigre-doux
et malaisé à contenir est le chatouillement de
la curiosité. (Amyot.) Elle commençait déjà à
prendre un certain ton aigre-doux ouï m'a fait
rengainer mon compliment. (Danc.) Cette no-
tule, beaucoup plus aigre-douce que ma polé-
mique, me plongea dans une cruelle alternative.
(Ch. Nod.) Sa voix. avait des intonations
aigres-douces. (Balz.) Lès réprimandes, d'a-
bord aigres-douces, devinrent vives et dures.
(Balz.) n. Ce mot a été" mis en usage par Baïf,
— Substantiv. : L'àigre-doux, Ce qui est
aigre-doux':
Qui m'a reçu d'un ton qui tient de Vaigre-doux.
■ ' . , . Rbgnàrd.
•II Se dit aussi des personnes dont l'humeur
aigre se couvre d'une apparence de douceur :
C'est un aigre-doux qui me déplaît. Peu usit.
'AI GREFÈU 1LLE . ( marquis d') , gastronome ,
né en 1745, à Montpellier, 'fils d'un président
e en 1745, à Montpellier, fils d'un pi
e la cour des aidés de.cette ville, et lu
procureur général à la_rnême cour, mort , en
1818. C'est h lui que Gnmôd de la Reynière
dédia son Almatiach des Gourmands. Sous l'em-
pire, d'Aigrefeuillei Villevielle et Cambacérès
formaient un trio de gourmets renommés. f'
A1GREFEU1LLE, ch.-lieu de cant. (Char.-
Inf.), arrond. de Rochefort; pop. aggl. 1,030
hab. — pop. tôt. 1,821 hab. Distilleries d'eau-
AIGREFEDÎLLB,. ch.-lieu de .cant. (Loire-
Inf.), arrond.de Nantes ; popul. aggl. 542 hab.
— pop., tôt. 1,513 hab. Situé. dans une conr
trée fertile, sur le -penchant .d'un coteau, au
pied duquel coule la .pittoresque rivière de la
AIGREFIN s. m. (ègre-fain — étym, dou-
teuse : de l'ail, greifen, saisir ; suivant d'au-
tres, ce mot serait la corruption d'aiglefin,
monnaie impériale d'or très-fin qui portait
. l'empreinte d'un aigle, et que sa valeur élevée
rendait particulièrement Pobjet de la convoi-
tise des escrocs. Ceux-ci prirent alors un nom
en rapport avec leur genre d'industrie, comme
certains voleurs anglais, dont l'industrie con-
siste kpiquer dans les poches, s'appellent pick-
pocket). Homme adroit et rusé qui vit d'in-
dustrie : Gardez-vous de cet aigrefin. (Acad;)
Les gentilshommes dont il me citait les noms
étaient les aigrefins avec qui j'avais été faufilé
à Tolède. (Le Sage.) Le marquis était enfermé
à Sainte-Pélagie et ne pouvait plus continuer sa
vie d'AiGREFiN blasonné. (Fr. Souïié.) On prend
en grippe, .dès qu'il apparaît, cet aigrefin
byronien qui n'est d'aucun monde, drapant de
grandes phrases ses vices subalternes. (P. de
St- Victor.)
— Ichthyol. V. Aiglefin.
— Métrol. Monnaie d'or qui avait cours en
France il y a plusieurs siècles , et qui était
marquée d un aigle, comme les ducats.
aigrelet, ETTE adj. (è-gre-lè, è-tc —
dimin. d'aigre). Légèrement aigre, un peu
aigre : Fruit aigrelet. Saveur aigrelette.
L'eau de coco est souvent aigrelette. Le fruit
de l'êpine-vinette a un petit goût aigrelet.
(Acad.) il Fig. et fam. Se dit du ton, des ma-
nières, des discours qui marquent quelque
chose de piquant : Ton aigrelet. Paroles ai-
grelettes. Pardonnez cette petite digression
un peu aigrelette. (Volt.) Ouvrez! cria-t-il
d'une voix aigrelette. (Balz.) Ils ont des pa-
roles aigrelettes, à la façon des gens qui se
prétendent méconnus. (Balz.) Son vrai nom
était Maria, mais elle devait à son humeur ai-
grelette le sobriquet a" Amarella. (E. About.)
AIGREL1ER s. m. (è-gre-lié — rad. aigre).
Nom vulgaire du sorbier tormiDal ou alizier
des bois.
AIGREMENT adv.(è-gre-man — rad. aigre).
D'une manière aigre : Les piauhaux marchent
en bande, et précèdent ordinairement les tou-
Fig. Se dit surtout de la manière aigre
dont on parlo ou dont on écrit : Répondre
aigrement. Ecrire aigrement.- Il ne faut pas
le blâmer aigrement. (La Bruy.) Ce que vous
ne débattrez pas aigrement vous sera toujours
accordé par moi. (Beaumarch.) Elle lui repror
che aigrement ce qu'elle appelait le pédan-
tisme de l'intolérance. (G. Sand.) Je suis le
lieutenant de la frégate, répondit aigrement
Thomas. (E. Sue.) Mon mari me reproche ai-
grement d'être coquette. (Balz.) Stupéfait
d'être si aigrement accueilli de son hôtesse,
quand il en attendait des excuses... (Balz.)
AIGREMOINE s. f. (è-gre-moi-ne — du gr.
argemônê; de argemos, taie, parce que cette
plante passait pour guérir les taies de l'œil).
Bot. Genre de plantes de la famille des rosa-
cées. Une de ses espèces, l'aigremoine eupa-
toire , remarquable par ses fleurs jaunes , est
commune dans nos campagnes. On l'emploie
en médecine, comme astringente et vulné-
raire, mais surtout en médecine vétérinaire.
Cette plante présente une variété à fleurs odo-
rantes, que 1 on cultive dans les jardins.
AIGREMONT-LE-DUC, village de la Haute-
Marne. Ruines d'un ancien château-fort, dont
les seigneurs sont restés célèbres dans l'his-
AIGREMORE s. m. (è-gre-mo-re). Techn.
Charbon pulvérisé de bois tendre, dont se
servent les artificiers.
AIGRET, ETTE adj. (è-grè, è-te — dimin. de
aigre). Qui est un peu aigre : Goût aigret.
Cette boisson a un goût aigret qui n'est pas
désagréable. (Acad.)
AIGRETTE s. f. (è-grè-te — du gr. akros,
cime). Faisceau de plumes effilées et droites
qui orne la tête de certains oiseaux : //ai-
grette du héron, du hibou. Une aigrette
ger. (Buff.)
— Par compara Bouquet de plûmes qui orne
la coiffure des hommes et des, femmes : Tur-
ban surmonté d'une aigrette.' A son fez une
agrafe de diamants fixait V aigrette de plumes
de héron. (Th. Gaut.) Le jeune Edouard arra-
chàjpàur en faire une aigrette à son chapeau,
les plumes de la queue d'un magnifique ara
qui criait de douleur sur son perchoir doré.
(Alex. Dum.)
Quoi! Lisette, est-ce vous? .
Vous, avec une aigrette! Béranoer.
lf Ornement analogue placé sur les dais, les
lits de parade, et sur la tête des chevaux dans
.les grandes cérémonies, particulièrem. dans
les cérémonies funèbres, il Sorte de pompon
qui surmonte les coiffures militaires : /'ai-
grette d'un shako, d'un colback. Les colonels
portent V aigrette. Leurs grenadiers ont des
casques de cuir noir, surmontés ^'aigrettes
blanches, noires et rouges, semblables à des
plumets; c'est de la laine frisée, montée sur des
filsdefer. (B. deSt-P.) Ce n'était pas un soldat;
il avait de grosses épaulettes d'or, une aigrette
à son casque, et devait être au moins un colo-
n'el. (E. Sue.) Il Faisceau de pierres précieuses
disposées en forme d'aigrette^ particulièrem.
en usage ' chez les peuples qui portent "des
bonnets ou des 'turbans :' Aigrette de dia-
mants, de brillants, de perles. *
Une aigrette mobile, aux rubis ondoyants,
n turban ve
, respecté des croyants'.
— Aigrette de verre. Sorte d'ornement com-
posé de fils de verre droits et fins. Il Aigrette
d'eau, Petit jet d'eau présentant la forme
d'une aigrette. Il Aigrette de fumée, Petite
colonne de fumée : Une heure après, cette ai-
grette de fumée blanchâtre rayait, à peine
visible , l'horizon oriental , assombri par les
premiers brouillards de la nuit. (Alex. Dum.)
— 'S'empl. par analogie en parlant du feu :
Les' charbons étincelaient de petites aigrettes
pétillantes. (Ch. Nod.)
— Ornith. Espèce de héron blanc : Le héron
auquel on a donné le nom «f aigrette est un
des plus petits. (Buff.) il Grande aigrette, Hé-
ron dont les plumes du bas du dos sont lon-
gues et effilées. Il Petite aigrette, Héron dont
.. Aigrette d'Amérique , Nom que 1'
donne, en Amérique, au héron garzette.
— Ichthyol. Poisson des mers du Sud, ainsi
nommé à cause d'un appendice qu'il a au-
dessus des yeux.
— Entom. Petits bouquets de poils plus ou
moins touffus que l'on trouve sur le corps de
différents insectes parfaits ou à l'étatde larve.
Bot. Nom donné à la réunion des poils
ou des appendices de formes variées qui cou-
ronnent le fruit ou accompagnent la graine,
dans les composées, les dipsacées, les valé-
rianées, les apocynees, les asclépiadées, etc.
Suivant sa nature, on' distingue l'aigrette en
soyeuse, plumeuse,membraneuse,écailleuse,eic.
C'est un organe de dissémination; c'est par
l'aigrette que certains fruits peuvent être
transportés par les vents à de grandes dis-
tances, il Nom vulgaire de l'oseille ordinaire
et même de l'oxalide dans certaines parties
de la France. Il Aigrette de Madagascar, Ar-
buste sarmenteux de Madagascar, dont les4
fleurs sont disposées en aigrette.
— Physiq. Aigrettes lumineuses , Faisceau
de rayons lumineux , divergents entre eux ,
qu'on aperçoit aux pointes et aux extrémités
anguleuses des corps éléctrisés.
AIGRETTE, ÉE adj. (è-grè-té — rad. ai-
grette). Bot. Qui porte une aigrette : Graine
aigrettée. Semence aigrettée.
— Entom. Se dit d'une antenne portant
une soie latérale , qu'elle soit ou non garnie
de poils.
AIGREUR s. f. (è-greur — rad. aigre). Qua-
lité de ce qui est aigre : Ce vin a pris de Ï'ai-
greur. Le citron a une aigreur naturelle.
— Fig. Disposition d'esprit et d'humeur qui
porte à faire ou à dire des choses piquantes
et blessantes : Avoir de V aigreur dans l'esprit,
dans le caractère. Nulle parole d' aigreur j»
de raillerie ne s'entendra parmi vous. (Boss.)
Ils ne se contentent pas toujours de répondre
avec aigreur. (La Bruy.) Il vaut mieux garder
le silence que déparier avec aigreur. (Le Sage.)
L' aigreur de ces débats, si peu judiciaires- et
si étranges à ses mœurs, avait consterné son
camr. (Cû. Nod.) L' aigreur et l'opiniâtreté des
femmesne font jamais qu'augmenter leurs maux.
(Mme Monmarson.). Celui qui blâme avec ai-
greur admirera sans discernement. (Chateaub. )
La douceur vient à bout de résistances que
Maigreur rend invincibles. (La Rochef.-Doud.)
Une femme stérile doit être remplacée la hui-
tième année; celle qui parle avec aigreur,
sur-le-champ. (Masson.) Eugénie est très-riche,
dit du Tilletavec une mielleuse aigreur. (Balz.)
La comédie apprit 6. rire sans aigreur.
Il S'empl. aussi au pi. : Meilleures sont les ai-
greurs et pointures de l'ami que les baisers du
flatteur. (Charron.) C'était Mécène qui tem-
pérait la chaleur des passions d'Auguste, qui
adoucissait les aigreurs de son esprit. (J.-L.
Balz.) Charlotte de Robespierre,d'un caractère
raide et dur, avait, dès sa première jeunesse ,
les aigreurs d'une vieille fille. (Michelot.) n
Mots piquants, mordants : Il me vient encore
des aigreurs auboutdema plume.Q&vxz de Sév. )
v — Violence, amertume :
Ce reste d'intérêt que je prends en sa vie
Donne trop d'aigreur, prince, à votre jalousie.
Corneille.
Il Commencement de brouillerie entre deux
personnes : Il y a de Z'aigreur , un peu d' ai-
greur entre eux. La Providence travaille se-
crètement à nous rapprocher, et pose des fonde-
ments de réconciliation et de paix au milieu
des aigreurs et des disputes. (Boss.) Combien
naissent sur un mot, sur l'oubli de
quelques égards! (Turgot.) L'aigreur naît à
la longue de la bouderie. (E. de Pradel.) n
Ressentiment :
Je ne garde pour lui, monsieur, aucune (livreur.
Molière.
Et l'aigreur de la dame, & ces sortes d'outrages
Dont la plaint doucement le complaisant témoin,
Est un champ a pousser les choses assez loin.
L ^ Molière.
— 'Méd. Sensation désagréable causôo pai
la mauvaise, digestion des aliments. S'empl.
plus ordinairement au plur. : Avoir, éprouver
des aigreurs. Ceux qui ont l'estomac délicat
ou paresseux sont sujets à avoir des aigreurs.
(Trév.) il Lesai^reurss'observentchez les per-
sonnes dont l'estomac est délicat ou pares-
seux, chez les femmes enceintes ou hystéri-
ques, chez les hypocondriaques , dans la gas-
tralgie, etc. Pour les combattre, on emploie
le plus souvent la magnésie calcinée et le
bicarbonate de soude.
— Techn. Qualité, état d'un métal aigre :
Le fer même s'adoucit dans le feu et sous le mar-
teau, et corrige son aigreur naturelle. (Boss.)
— Grav. Défaut d'harmonie dans le degré
du fini : Il y a de Taigreur dans les traits de
cette figure. n.Au pi. Tailles où l'eau-forto a
trop mordu ou mordu d'une manière dispro-
portionnée.
— Syn. Aigreur, Ùeroiâ , acrimonie. V.
Acreté.
AIGRI, IE (è-gri). part. pas3. du v. Aigrir.
Rendu, devenu aigre : Lait aigri. Vin aigri.
Pâte aigrie.
— Fig. Rendu plus irritable, plus acerbe :
Calmer les esprits aigris. Le roi a beaucoup
d'ennemis; ils sont' puissants, ils sont aigris.
(La Bruy.) Si vous le voyez, appliquez votre
baume consolant sur son esprit, très-injustement
aigri. (Volt.)
JMtais aigri, fâché, désespéré contre elle.
Molière.
Thésée, aigri par mes avis,
Bornera sa vengeance à l'exil de son (ils.
AIGRIÈRE s. f. (è-gri-è-re — rad. aigre).
Econ. rur. Mélange de lait aigri et de son
pour la nourriture des cochons.
AIGRIETTE s. f. (è-gri-è-te — rad. aigre).
Espèce de cerise légèrement aigre. On dit
aUSSi AIGRIOTTE.
AIGRIN s. m. (è-grain — rad. aigre). Hortic.
Nom que Von donne à déjeunes poiriers et
pommiers, à cause de l'aigreur de leurs fruits.
AIGRIOTTE s. f. (è-gri-o-te) . V. Aigriette.
aigrir v. a. ou tr. (è-grir — rad. aigre).
Rendre aigre : Le cin aigrit la pâte. Ils ont
coutume de faire aigrir le lait de leurs ani-
maux domestiques. (Brill.-Sav.) Le séjour de
l'air dans un tonneau aigrit les meilleurs vins.
(L.-J. Larcher.)
Un vase impur aigrit la plus pure liqueur.
Deluxe.
— Fig. Rendre plus grave, plus pénible,
plus douloureux : Cela ne servira qu'à aigrir
les affaires. (Acad.) Ils ont aigri les maux de
l'Eglise , au lieu de les calmer. (Mass.) Les
r les remords de la. conscience , tandis
qu'elle consola de l'injustice des hommes. (Mm°
dcStaôl.) Il voulut éviter d' aigrir encore la
situation. (Balz.)
La douleur est injuste, et toutes les raisons
Qui ne la flattent point aigrissait ses soupçons.
Tout réveillait en moi la plainte
Tout, par un poison lent, aigrissait ma blessure.
Il Indisposer, irriter : En contredisant de cer-
taines opinions, nous choquons plusieurs per-
sonnes et nous les- aigrissons. (Nicole.) Les
bienfaits qui ne ramènent pas un ennemi ne
seroent qu'à Maigrir. (Duclos.) Le luxe des
grands corrompt le peuple dans l'abondance et
Ï'aigrit dans la misère. (Boiste.) La ruse hy-
pocrite aigrit toujours les peuples. (Lamenn.)
Si le mal vous aigrit, que le bienfait vous touche.
Connaissez donc Titus, voye
Il brûle pour Tullie.
Je vous plains de servir
Il un dit de même : Les reproches ne faisaient
çk'aigrir leur esprit. (Boss.) Plus on avance
en âge, plus il faut écarter de son cœur tout ce
qui pourrait /'aigrir. (Volt.) JJne vie pénible
a aigri son caractère. (Chateaub.) La douleur
aigrit les âmes vulgaires. (Latena.) La souf-
france . loin. (2'aigrir les grandes âmes , les
élève. (A. de la Faye.)
Gagnons, persuadons, n'aigrissons point les cœurs.
M.-J. Chénier.
— v. n. ou intr. Devenir aigre : Cette' pâte
aigrit. Cette viande commence à aigrir. Le
vin aigrit promptement dans les tonneaux où
pénètre l'air.
S'aigrir, v. pr. S'empl. dans le môme sens :
Boisson qui s'aigrit. Les nourritures végé-
tales donnent un lait plus prompt à s'aigrir.
(J.-J. Rouss.)
— Fig. S'irriter : Les esprits commençaient
à s'aigrir. (Acad.) Je les prie de ne croire pas
que, pour condamner leur erreur, je m' aigrisse
contre leur personne. (Boss.) L'orgueil est tou-
jours hautain, impatient, prêt à s'aigrir. (Fén.)
Pygmalion suppose que les bons ne peuvent
souffrir ses injustices; la vertu le condamne;
il s aigrit et s irrite contre elle. (Fén.) Forcé
de dévorer des affronts et des chagrins, Tibère
s'était aigri dans le silence et dans là retraite.
(La Harpe.) Son âme s'aigrissait rapidement
dans cette position fausse et pénible. (G. Sand.)
Vous savei que sa bile asses souvent s'aigrit.
Molière.
Il S'aggraver, devenir plus vif : Des
souffrances qui s'aigrissent. Son'v
s'en est aigri. Les affaires s'AiGRissisNxaeptui
en plus. (Acad.) L amour a cela de commun
avec les scrupules , qu'il s'aigrit par les ré-
flexions et les retours qu'on fait pour s'en dé-
livrer. (La Bruy.)
AIGRISSANT (è-gri-san) part. prés, du v.
Aigrir : Un mal, une douleur, une affliction,
s'aigrissant, qui va s'aigrissant de jour en
jour. Le progrès dés ans, en quoi i'espérais, me
fait voir que j'ai un mal incurable, et qui va
s'aigrissant. (G. Sand.)
Et la gloire de Guise, aigrissant ses douleurs,
Ainsi que ses affronts, redoubla ses malheurs.
Voltaire.
AIGRISSEMENT s. m. (é-gri-se-man — rad.
aigre). Action d'aigrir, résultat de cette ac-
tion : Z/aigrissemënt du vin, du lait, it S'em-
ploie rarcm. au fig. : Z'aigrissement des es-
prits. Il prit un singulier plaisir au récit et à
Taigrissement de cette accusation. (Legoa-
rant. )
AIGRON s. m. (é-gron). Ornith. Nom vul-
AIGU.UË adj. (è-gu — du lat. acutus;
formé de acuere, aiguiser). Terminé en pointe :
Fer aigu, Flèche aiguë. L'arme de l'espadon
est aiguë. (Lacépède.)
— Par anal. Clair et perçant, en parlant
des sons, de la voix : Pousser des cris aigus.
La marmotte fait entendre un sifflement si per-
çant, si aigu, qu'il blesse le tympan. (Buff.)
Tout à coup un cri aigu vient frapper son
oreille. (Csse Merlin.) il S'applique de mémo
au vent : Assis sur une roche grisâtre, le front
dans mes mains, j'écoutais le souffle ■ aigu et
plaintif des bises d'hiver, ou la voix aérienne
de l'alouette. (Lamart.) .1
— Fig. Subtil, piquant, mordant: Trait
d'esprit trop aigu. Pointe aiguë. Epigramme
aiguë. Plus un mauvais mot est aigu , plus il
pénètre en nos cœurs. (S. Franc, de Sales.) On
associe dans la conversation les maximes et les
saillies, la satire aiguë , l'adroite flatterie et
la morale austère. (J.-J. Rouss.) On a pu
remarquer' parfois dans lès pages graves de
M. de Chateaubriand quelques mots aigus gui
font mine de sortir du ton, et qu'un goût scru-
puleux voudrait rabattre. (Ste-Beuve.) Les
femmes savent toutes prêter les formes de l'af-
fection aux raisonnements lesplus aigus. (Balz.)
Il Cuisant, cruel, profond : Chagrin aigu. Ce
qui rend les douleurs de la honte et de la
jalousie si aiguës, c'est que la vanité ne peut
servir à les supporter. (La Rochef.) Notre
âme a besoin d'être agitée par une douleur .
aiguë ou par un plaisir vif. (Mme Riccoboni.)
— Patbol. S'applique aux douleurs vives,
aux- maladies à marche rapide : Douleurs ai-
guës. Affection AIGUË.
— Hist. nat. Se dit, en parlant dès animaux
et des plantes, de toutes les parties qui sont
terminées en pointe.
— Géom. Angle aigu, Angle qui mesure
moins de quatre-vingt-dix degrés, c'est-à-dire
qui est plus petit que l'angle droit.
— Gramm. Accent aigu, Accent incliné de
droite à gauche, et qui se place sur la plupart
des é fermés. Il E qigu, L'é qui est surmonté
d'un accent aigu : C'est un É aigu qu'il faut
ici, et non un è grave. Dans événement, les deux
premiers è sont'AiGvs.
— Prosod. Dans la langue espagnole, Vers
aigus, Vers qui-finissént par des mots accen-
tués sur la dernière syllabe./
— Ane. musiq. Notes aiguës, Expression
par laquelle on désignait l'étendue des notes
comprises depuis le la, sur la cinquième note
de la basse, jusqu'au sol, sur la dernière ligne
du violon, il Substantiv. : L'aigu, Son très-
élevé de l'échelle musicale. Il s oppose au mot
grave .- Monter du grave à l'aigu.
— Encycl. Le mot aigu a une double appli-
cation en médecine. On dit douleur aiguë par
opposition à douleur sourde; maladie aiguë,
par opposition à.maladie chronique. Une dou-
leur est aiguë lorsqu'elle est intense, vive, pé-
nétrante , comme si elle était produite par un
instrument pointu. On appelle maladies aiguës
celles dont l'invasion est brusque et qui par-
courent promptement leurs périodes. On les
subdivise assez souvent, selon leur durée, en
sttbaiguës, aiguës , suraiguës, et l'on donne le
nom de chroniques à celles qui se prolongent
au delà du quarantième jour. La distinction
des maladies en aiguës et en chroniques doit
être tirée surtout de la nature et de 1 intensité
des symptômes qu'elles présentent. Ajoutons
qu'une maladie aiguë peut devenir chronique,
et qu'une maladie chronique peut présenter des
phases aiguës.
— Antonymes. Emoussé, épointé, mousse,
obtus. — Grave ou bas (son), sourd (bruit),
chronique (maladie).
AIGOADE s. f. (è-ga-de — rad. aiguë, eau).
Mar. Provision d'eau douce que fait un vais-
seau en relâchant sur un point. 11 Lieu où se
trouve l'eau que les embarcations vont cher-
cher pour les oesoins et pour l'approvision-
nement de ce bâtiment. Aiguade est beaucoup
plus usité en ce sens que dans le premier. 11
Faire aiguade. Approvisionner un bâtiment.
On dit plutôt aujourd'hui : Faire dk l'eau:
AIGUADIER s. m. (è-ga-dié — rad. aiguë,
eau). Employé chargé de la surveillance et
do la distribution des eaux d'un canal entre
les propriétaires riverains.
AIGUAGE s. m. (è-ga-je— rad. aiguë, ea.11).
Ane. administr. Droit que l'on payait pour
faire venir de l'eau dans son jardin, dans
AIGUAIL s. m. (è-ga-ill; Il mil. — rad.
aiguë). Rosée du matin qui demeure par pe-
tites gouttes sur les feuilles et sur les brins
d'herbe : Z' aiguail des fleurs. L' aiguail des
Ma fille; à quelle Un
Voulez-vous aujourd'hui vous lever si matin?
Le soleil n'a pas bu Vaiguail de la prairie.
Racan,
il Vieux. C'est le même mot qu'AiGAiL.
— Aiguail est encore employé en termes de
chasse : L' aiguail aie le sentiment aux chiens.
AIGUarC-lle s. f. (è-ga-ro-le— rad. aiguë).
AÏG
Nom donné, dans le midi de la France, à une
petite ampoule pleine d'eau.
AIGUAYANT (è-ghè-ian) part. prés, du v.
Aiguayer.
AIGGAYÉ, ÉE (à-ghè-ié) part. pass. du v.
Aiguayer : Cheval aiguayé. Linge aiguayé.
AIGUAYER v. a. ou tr. (è-ghè-ié — rad.
aiguë). Baigner, laver dans l'eau.
—.Aiguayer un cheval, Le faire entrer dans
la rivière jusqu'au ventre, et l'y promener
pour le laver et le rafraîchir. Il Aiguayer du
litige, Le laver et le remuer quelque temps
dans l'eau avant de le tordre.
— Homonyme. Egayer.
AIGUAYEUR s. m. (è-ghè-ieur — rad . aiguë) .
Antiq. rom. Agent de l'administration des
aqueducs, spécialement chargé d'établir les
prises d'eau.
' AIGUË s. f. (è-ghe — du lat. açua,eau;
mot très-ancien dans notre langue, où il a
revêtu successivement les formes suivantes :
aiguë, aiwe, aive, awe, eve, ieve, iave, eave,
eaue, et enfin eau. L'ancienne forme aiguë
nous est restée dans plusieurs noms de villes :
Aiguesmortes, Aigueperse, Chaudesaigues, etc.,
et dans plusieurs mots de la langue usuelle;
comme aiguière, aiguade, etc.). Vieux mot
qui signifiait Eau, et qui est encore usité dans
quelques parties de la France. y ■
AIGUÉ, ÉE (è-ghé) part, pass.'dù v. Aiguer,
Il Vin aiguë, Vin mêle d'eau.
AIGÛEBELI.E, ch.-lieu de cant. (Savoie),
arrond. de Saint -Jean- de -Maurienne; pop:
aggl. 1,006 hab. — pop. tôt. 1,117 hab. Les
Français et les Espagnols y battirent les
troupes du due de Savoie en 17-42.
AIGUEFONDE , commune du dép. du Tarn,
arrond. de Castres; pop. aggl. 502 nab.— pop.
tôt. 2,017 hab..
. AIGUE-MARINE s. f. (è-ghe-ma-ri-ne — do
aiguë, et marine). Variété d'émeraude comr
mune, qui est verte comme l'eau de mer. Les
aigues-marines qui existent dans lé commerce
de la joaillerie viennent presque toutes dé la
Russie et du Brésil. Les plus belles sont celles
de la couronne d'Angleterre, et do la collec-
tion des pierres gravées de la Bibliothèque
Impériale de Paris. ■
— Par compar. Qui est d'une couleur tirant
sur le vert, comme l'aigue-marine -.Qui l'em-
portera des yeux de jais de Soudja-Sari, ou
des prunelles d'AiGUE-MARiNE de Musidora?
(Th. Gaut.)
— Aigue-marine orientale. Nom donné im-
proprement à une variété de topaze.
" AIGUEPERSE, eh.-l. -de cant. '(Puy-de-
Dôme), arrond.dè Riom ; pop. aggi., 2,620 hab.
— pop. tôt., ,2,697 hab. Eglise Notre-Dame, qui
faisait partie d'un couvent de bénédictins vers
le milieu du xmosiècle ; Ste-Chapelle, fondée
Blanche. Dans
néiale gazeuse.Patrie du chancelier de L'Hos-
pital et du poète Delille.
AIGUER v. a. ou tr. (è-ghé — rad. aiguë).
Vieux motquisignif. Mélanger d'eau: Aiguer
le vin. li Arroser d'eau': Aiguer un pré. ,
AIGUESMORTAIN, E s. et adj. (è-ghe-mor-
tain, è-ne). Géogr. Habitant d'Ajguesmortes;
qui appartient à cette ville Ou à ses habi-
tants : Un AIGUESMORTAIN, une AlùUESMOR-
taine: La population ai'guesmortaine.
AIGUESMORTES, ch.-l. de cant. (Gard),
arrond. de Nîmes; pop. aggl., 3,0 M hab. — pop.
■ tôt. ,3,865 hab. Saint Louis transforma Aigues-
mortes, simple village, en une ville munie d'un
bon port. C est de la qu'il s'embarqua en 1248
et 1269 pour ses pieuses expéditions. Par suite
!des atterrissements du Rhône, son chenal,
long de 6,200 mètres, est à peu près comblé
aujourd'hui. En 1538, François 1er et Charles-
Quint y eurent une'entrevue.
aiguière s. f. (è-ghiè-re — rad. aiguë).
Vase fort ouvert, avec anse et bec, et dans
lequel on met de l'eau pour divers usages,:
Aiguière d'argent, de cristal, de porcelaine.
A table,' il était près de moi, me versant à
boire et me présentant après diner J'aiguièrë et
la coupe en cristal. (Scribe.) Un autre laquais
apporta une magnifique aiguière d'or et lava
la figure de son maître. (E. Sue.) Benvenuto ne
dédaignait pas de modeler dés aiguières et des
armures. (E. Sue.) Vous n'avez pas encore vu,
je crois, monseigneur, cette aiguière d'argent
d'une forme nouvelle ? (Alex. Dirai.) Vous eus-
siez dû m'arroser le visage ou réserver l'eau de
votre aiguière pour mes liserons. (G. Sand.) .
Est-ce qu'elle a laissé, d'un esprit négligent.
Dérober quelque aiguière ou quelque plat d'argent?
Molière.
A. Chénier.
-Il Quand l'aiguière était un objet d'art, orné
de peinturés ou de ciselures remarquables, on
la désignait par le nom du sujet représenté.
Ainsi, l'on appelait aiguière des Centaures et
des Lapithes, un vase représentant le combat
des Centaures contre les Lapithes. .
— Agric. Dans l'ancien Berri, Rigole dans
les champs.
— Blas. Dans l'écu, l'aiguière est placée de
profil, l'anse tournée à senestre.
ÀIG
151
AIGUIÉRÉE s. f.(è-ghi-é-rS— rad.aij/ufèYe).
Ce que contient une aiguière pleine : Je lui
jetai une aiguiéréb d'eau par le nez. (Baron.)
AIGUILLADE s. f. (è-gtii-lla-de ; Il mil. —
rad. aiguille). Gaule armée d'une pointe, dgnt
on se sert pour piquer les bœufs attelés. C'est
ce qu'on appelle ordinairement aiguillon;
aiguillant (è-ghi-llan ; Il mil.) part. prés,
du v. Aiguiller. ' ...■„■. ,....■■
aiguillât s. m. (è-ghi-lla; Il mil. ^-' rad.1
aiguille). Ichthyol. Nom vulgaire de quelques
espèces de squales,! notamment du squale
acanthias. . ■ '
AIGUILLE s. f. (è-gu-i41e ; il mil.— du lat.
acicula , dimin, de acus, pointe). Petite tige
ordinairement d'acier, déliée,' pointue, par un
bout, arrondie et percée par l'autre, pour y
passer du fil, de la laine, de là 'soie SPôinte
d'une aiguille. Tète d'Orne aiguille. 'Chas, trou
d'une aiguille. Enfiler une aiguille. Ouvragé
à Z'aiguille. Chaque aiguille, quelle que soit
sa dimension, passe entre les mains, de cent
vingt ouvriers avant d'être entièrement termi-
née. (Encycl.) Elle tira son. aiguille avec
prestesse. (Balz.) J'appris, comme toutes les
filles d'artisans, à tirer «'aiguille. (G. Sand.)
On eût dit qu'à la voir tirer son aiguille , il
comptait chaque point comme un moment dct son
bonheur. (G. Sand.) La nuit, x des milliers de
jeunes filles luttent contre le sommeil, la. m -
quinze heures de travail. '{$ëdru-Rollin.) Jd\
mais on ne la voyait tenir une' aiguille.; elle
passait les journées à sa toilette , et les soirées
sur un sofa. (A. de Musset.) Un homme qui
perdrait continuellement son sang par ta piqûre
d'une aiguille n'en mourrait pas en une tieûrè',
mais il pourrait en mourir en quelques jours.
(Proudh.) Z'aiguille est vn petit outil qui
n'enrichit pas. (Feydeau.)
■es'de Tarnille,
ier l'aiguille; ' ' ■ ' - !
. . Ponsàwk,
1e aujourd'huli-;
Une aiguille! û d( . .
," Ne se tiendrait déshonorée
De se voir une aiguille entre les doigts fourrée?
• 1 Nulle n'en veut porter, pas mémo en son étui.'
,.■,,;. Ducerceau.
— Sert à spécifier le travail manuel de la
femme: Vivrede J'aiguille, de sob-aig'uille.
Cette pauvre femme a élevé tousses enfants avec
son aiguille. Cette pauvre femme' n'a d'autre
bien que le produit de son aiguille. (Scribe.)
' . Pour le théâtre ayant quitié.VatytuUe.
' BÉRANOER.
— S'emploie dans une foule de comparaisons
et de locutions proverbiales -.De fil enaiguille,
D'une chose à une autre, de propos en propos :
Et de fil en aiguille, il lui demanda depuis
?uand ils avaient Destin dans leur'troupe.
Scarr.) C'est ainsi que nous sommes arrivés de
fil en aiguille 0 parler de l'inconnu. {Bsùz.) Il
Raconter de fil en aiguille, Raconter avec ordre,
longuement et minutieusement : Madame mç
pria de lui conter de fil en aiguille {ce fut
son terme) le détail de cette célèbre .matinée.
(St-Sim.) Il Disputer sur la pointe d'une ai-
guille, Elever des contestations sur des mi-
nuties , des subtilités. Il Chercher une aiguille
dans une botte de foin, Chercher, parmi beau-
coup d'autres, une chose difficile a trouver, a
cause de sa petitesse.
Chercher l'esprit dan
Le bon sens dans un
Dans une botte de foin. Desauoibrs. ! >
I] JVe savoir pas faire un point d'aiguille,- Se
dit d'une fille maladroite ou paresseuse, il JVe
pas faire, n'avoir pas fait un point d'aiguille,
N'avoir rien fait : Il était presque midi, et je
n'avais pas encore fait un point d'aiguille..
(Le Sage.) 11 C'est un homme qu'on ferait passer
par le trou d'une aiguille, Se dit d'un homme
extrêmement timide, d'un poltron.1 H 'Fournir
quelqu'un de fil et d'aiguilles, Le pourvoir de
tout, même des plus petites choses.
— Nom donné, dans les arts et métiers, à
un grand nombre de petits instruments cjue
leur forme rapproche plus ou moins do l'ai-
guille ordinaire : Aiguille à passer, Aiguille
sans pointe, dont se servent les femmes pour
passer un lacet, un cordonnet dans des œillets,
dans une coulisse. Il Aiguille à passer les bouts,
Aiguille qui porte un gros fil replié en boucle
pour embrasser et tirer dans l'étoffe les bouts
de chenille et autres. Il Aiguille à tricot, ai-
guille à tricoter^, Longues tiges d'acier ou de
fer poli, émoussees par les deux bouts, dont on
se sert pour tricoter des bas, etc. : Le fuseau, le
rouet Taiguille à tricoter, n'ont plus d'em-
ploi. (Ch. Ballot.) t. Aiguille à tavisserie, Air
guille êmoussée , largement fendue , et dont
la grosseur est proportionnée à celle du-cane-
vas qu'on emploie. Il Aiguilles à reprises, ai-
guilles camuses, à tranchefiles, Nom que l'on
donne aux aiguilles de tailleurs ou à coudre,
en raison de leur longueur et de leur, gros-
seur, n Aiguilles à insectes, Petites tiges très-
effilées dont on se sert pour fixer des insectes
dans les collections. Il Aiguille à empointer,
Carrelet long et fort, dont on se sert pour
arrêter avec de la ficelle ou du gros fil les plis
des pièces d'étoffes. Il Aiguille à emballer Ai-
guille ronde vers la tête et en fer do lance
fort allongé vers la pointe. Il Aiguille à mate-
las, Aiguille qui sert aux matelassiers et aux
tapissiers pour piquer les matelas, u Aiguille
AIG
dite au crochet, il Aiguilles à filet et à réseau,
Aiguilles ayant à leurs extrémités des four-
chettes se recourbant en arrière, it Aiguille à
réseau, Petit morceau d'acier fendu des deux
bouts, à l'aide duquel les coiffeurs font les ré-
seaux à perruque. Il Aiguilleà 2mures,Aiguille
dont se servent les chandeliers pour enfiler
ensemble les chandelles. Ils appellent aiguille
à mèche, celle avec laquelle on place la mèche
dans le moule, il Aiguille de tête, ou simplem.
aiguille, Longue aiguilfe dont se servent les
femmes pour retenir ou orner leurs cheveux :
Le soir du bal, Teresa mit sa plus belle toilette,
ses plus riches aiguilles , ses plus brillantes
verroteries. (Alex. Dum.) Il Aiguille cémentée,
Aiguijle faite avec du fer transformé en acier
par la cémentation.
— Techn. Outil ■ à l'usage des graveurs à
l'eau-forte et des peintres en émail, u Outil de
maçon, acéré par un bout, pour percer la
pierre, n Navette propre à faire des filets de
pêche, il Longue broche de fer, dont on se sert
pour soutenir un métier de drap, u Outil d'a-
cier, pointu par un bout, à l'usage des gaîniers,
pour faire des trous dans les ouvrages où l'on
met de petits clous d'ornement, u Morceau de
fer assez long, dont les ciriers se servent pour
déboucher le trou du grêlôir, quand la cire s'y
arrête, u Chez les tabletiers, Outil destiné a
■ forer les tabatières ou d'autres pièces qu'on
■veut piquer, il Accessoire des ciseaux de Car-
tier, servant à guider la lame mobile de cet
instrument, il Sorte. d'alêne à pointe recour-
bée, dont se servent les couscuses pour la re-
liure des livres, n Long fil de fer, percé d'un
trou rond par un de ses bouts, et qui sert à
introduire le fil de fer d'une sonnette dans le
trou percé dans un mur. il Instrument à l'aide
duquel le mineur loge de la poudre pour faire
sauter les rochers.
que,par son inclinaison, elle fasse apprécier la
pesanteur des objets placés dans les plateaux.
— Géogr. Sommet d'une montagne qui s'é-
lève en pointe aiguë et élancée : Dites-moi
pourquoi il y a dans la jeunesse des moments
de puissance physique et morale, d'exaltation
et de force, où les détroits de la mer et les
aiguilles des Alpes ne seraient pas comptés
pour un obstacle. (Ch. Nod.) J'arrivais à cette
petite esplanade , de jour en jour envahie par
les glaciers, que dominent, d'une manière si
majestueuse, les plus belles aiguilles des Alpes.
(Ch. Nod.)
— , Chirurg. Instrument 1 d'acier, - plus ou
moins long, droit ou courbé, dont on se sert
dans plusieurs opérations. V. l'art, eneyelop.
• — Physiq. Aiguille électrique, Lame de mé-
tal en forme de S, qui, placée sur un pivot
fixé au conducteur électrique, tourne avec
rapidité, n Aiguille aimantée, Lame d'acier de
forme variable, aimantée et soutenue par
un de ses points, autour duquel elle peut tour-
ner librement, il Aiguille de déclinaison, Ai-
guille aimantée, mobile dans un plan hori-
zontal autour d'un axo vertical. « Aiguille
d'inclinaison, Aiguille aimantée, mobile dans
le plan vertical du méridien magnétique au-
tour d'un axe horizontal. Il Aiguille astatique,
Aiguille aimantée soustraite a l'action direc-
trice de la terre.
— Chim. Aiguilles d'essai-, Alliage d'or et
d'argent dans des, proportions différentes. On
les appelle aussi touçhabx.
— Art milit. Aiguille de montre. Nom donné
à certaines conversions des bataillons d'infan-
terie. Il Espèce de broche de Ter qui sert à la
confection des artifices de guerre.
* , — .Mar.' Aiguille de fanal, Barre de fer cou-
dée, sur le coude de laquelle on établit lo fanal
de poupe: u Aiguille de carène, Longue pièce
de bois qui soutient la mâture d'un vaisseau
lorsqu'on le met en carène, il Aiguille de pon-
ton, Pièce de bois qui soutient le mit de pon-
ton contre l'effort des palans de redresse, n
Aiguille, Massif de charpente en pointe placé
à Tavantd'un bâtiment, en saillie sur l'étrave,
et servant à fendre les flots. On le nomme
aussi flèche, il Outil avec lequel les voiliers
font les coutures.
— Arcim. Clocher en pyramide très-pointue,
flècho : Z'aiguillk d'Anvers. Z'aiguille de
Strasbourg. On apercevait au midi Saint-Benoit
avec son aiguille gothique et son clocher de
pierre grise à arêtes dentelées. (E. Sue.) Il me
faut les palais dont les murs resplendissent ,
et dont les aiguilles chatoient da?is l'air libre
el l'éclat du jour. (G. Sand.) a Obélisque:
//aiguille de Cléopàtre. Z'aiguille de Saint-
Pierre de Home, u Se dit également des orne-
ments de pierre en forme de petits obélisques,
qui surmontent diverses parties des édifices
gothiques.
— Constr. Pièce de bois debout pour porter
les dosses d'un pont, u Poutres formant des
barrages mobiles dans les petites rivières.
— Mécan. Sur les chemins de fer, Portions
de rails, taillées en biseau, mobiles sur le sol,
autour d'un point fixe, servant à faire passer
les voitures d'un chemin de fer d'une voie sur
une autre. L'aiguille sert aussi à ouvrir ou
fermer l'accès des locomotives à l'entrée des
croisements que forment les rails, n Pièce de
fer placée sur un cadran, pour indiquer avec
orêcision le degré de force de la vapeur de la
— PÔch. Petit bateau léger et effilé des
deux bouts, dont on se sert sur plusieurs
grandes rivières.
— Chass. Nom donné aux fils ou cordons que
les valets de chiens pour sanglier doivent
porter avec eux, pour panser et recoudre les
chiens que les défenses du sanglier auraient
blessés.
— Fauconn. Maladie causée aux faucons
par des poux et de petits vers, plus petits que
les filandres, s'engendrànt dans leur chair.
— Bot. Nom que les jardiniers donnent
aux pistils, parce que le style, qui surmonte
l'ovaire, a quelque ressemblance avec une
aiguille à coudre, il Aiguille de berger, Nom
vulgaire d'une ombellifere du genre scandie,
qu'on appelle aussi peigne de Vénus.V. Peigne.
Il Aiguille rouge, Nom vulgaire d'un petit
champignon, d'un jaune d'or, dont la saveur est
fade et rebutante, quoiqu'il n'incommode pas
ceux qui en mangent. Il Aiguille ou pyramide,
Autre espèce de champignon, a Aiguille ta-
chetée, Espèce d'agaric, dont le chapeau, rose
ou blanc, noircit avec l'âge, ce qui l'a fait
aussi désigner sous les noms à'éteignoir, œuf
à l'encre, ou encrier.
— Ornith. Nom donné, dans le département
des Deux-Sèvres, à une espèce de grive dont
le bec est très-aigu.
— Ichthyol. Nom vulgaire de l'orphie et de
rïlques autres poissons de nos mers, à cause
leur forme allongée et pointue.
— Conchyl. Nom vulgaire ou marchand de
plusieurs coquilles, n Aiguille d'acier, Coquille
au genre vis. Il Aiguille blanche à queue, Le
cènte buire. n Aiguille de tambour, Coquille
du genre turritelle. n Aiguille tressée ou à ré-
volution, Coquille du genre vis. it Aiguille
dentée. Autre coquille du genre vis. Il Aiguille
à coudre, Tarière subulée. Il Aiguille à fond
blanc, La turritelle repliée. » Aiguille gretwe,
Coquille du genre pourpre. Il Aiguille grenue
à queue, Le écrite granuleux.
— Miner. Aiguilles cristallines. Cristaux
aciculaires, de forme allongée et déliée, ap-
partenant à certaines substances, telles que
le sulfate simple d'alumine, qu'on ne peut ja-
mais obtenir autrement. Quelquefois cette
cristallisation en aiguilles est due au degré
de température de la solution; d'autres fois,
elle dépend de solutions trop concentrées.
— Gnomon. Verge de fer marquant l'heure
sur les horloges et les. cadrans. On l'appelle
plus souvent style.
— Horlog. Aiguille d'korlogex de pendule,
de montre, Petite verge d'acier indiquant les
heures ou les minutes: Elle regarda brûler
les tisons du foyer, et cheminer lentement /'ai-
guille de la pendule. (G. Sand.) H Petite ai-
guille. Aiguille des heures. Il Grande aiguille,
Aiguille des minutes. Il Aiguille de rosette,
Nom donné à celle qui, placée sur un petit
cadran, dans l'intérieur de la montre, auprès
du balancier, sort à faire avancer ou retarder.
— S'empl. souvent dans les comparaisons :
Comme Une aiguille d'horloge mue par ses
rouages, Paul arriva fidèlement au but. (Balz.)
La solution de cette question fatale viendrare-
tentir à nos oreilles, avant que i'AiGUiLLE des
heures ait achevé de parcourir ce cadran où
elle marche si vite. (Ch. Nod.) Il Fig. : La perte
de la vie est imperceptible, c'est /'aiguille du
cadran que nous ne voyons pas aller. {Mme de
Scv.) Oui, tu as raison, cadran mélancolique,
toutes les heures nous blessent avec la pointe
acérée de tes aiguilles, et chaque tour de roue
nous emporte vers l'inconnu. (Th. Gaut.) C'est
qu'en France, on l'oublie trop, sur le cadran
des émeutes et des révolutions, J'aiguille des
heures court encore plus vite qu'une aiguille à
secondes. (Constitutionnel.) il En poésie, L'ai-
guille mobile, l'airain mobile, Périphrases par
lesquelles on désigne l'aiguille d'un cadran :
Sur l'aiguille mobile, interprète du temps,
Les hôtes des ciWs mesurent leurs instants.
MlCUAUD.
1,'airain molite, qui B'avance,
Marque l'instant fatal qui va nouï séparer.
- Demoustier.
— Antiq. Aiguille de Cybèle, Aiguille qui
faisait partie de la coiffure de Cybèle.
— Argot.. Barbe. Comme le fait observer
M. Francisque Michel, on n'a qu'à embrasser
un homme qui n'a pas fait sa barbe pour vé-
rifier l'analogie qu'il y a entre ces deux mots.
— Epithètes. AiguB, pointue, frêle, légère,
industrieuse, savante, adroite, délicate, hardie,
subtile, agile, ménagère, ouvrière. — Mobile,
fidèle, infidèle, prompte, lente, tardive.
d'aiguille, mais celui à qui il appartient
essentiellement, et dont les autres ne sont que
des imitations , est l'aiguille à coudre. On
distingue trois parties dans une aiguille : la
pointe, le corps et la tête. C'est dans la tète
qu'est percé le trou par lequel doit passer le
ni, et qu'on nomme l'œiï ou le chas. Une bonne
aiguille doit être complètement cylindrique,
abstraction faite de l'appointissement; avoir la
tête allongée, plus forte en haut que vers le
bas, et profondément cannelée, l'œil ou chas
vif, bien débouché et bien au centre de la can-
nelure, enfin le sommet de la pointe situé rigou-
reusement dans l'axe de celui de la tête. C'est
à ce dernier caractère que l'on reconnaît les
aiguilles dites anglaises.
AIG
Tout le monde sait le bas prix des aiguilles,
mais tout le monde ne sait pas qu'une aiguille
bien faite doit passer successivement par les
mains de cent à cent vingt ouvriers avant
d'être livrée au commerce. Aussi lés écono-
mistes ne manquent-ils jamais de citer la fabri-
cation des aiguilles quand ils veulent rendre
sensible, par un exemple, la merveilleuse puis-
sance de la division du travail. En Angleterre,
on fabrique les aiguilles avec de l'acier étire
en fils; en France, on emploie ordinairement
du fil de fer que l'on cémente après que l'ai-
guille est dégrossie ; on rend ainsi les opéra-
tions plus faciles, mais au détriment de la per-
fection des produits. M. Marié-Davy divise en
cinq séries les opérations diverses par lesquelles
doit passer une aiguille: l° Façonnage de
l'aiguille ou conversion du fil métallique en
aiguilles brutes , comprenant une vingtaine .
d'opérations dont les principales sont Vempoin-
tage ou formation de la pointe, l'estampage,
3ui a pour but de dessiner la double gouttière
e la tête, et leperçage du chas ; 2° cémentation,
trempe et recuit des aiguilles brutes , com-
prenant une douzaine d'opérations ; 3° polis-
sage, cinq opérations répétées chacune dix
fois et une dernière qui ne s'exécute qu'une
fois; 4» triage, cinq opérations; 5° derniers
tours de main (bronzage, drillage, brunissage)
et mise en paquets, une dizaine d'opérations.
L'invention de l'aiguille, en un métal quel-
conque, est fort ancienne. Quant à la fabrica-
tion d'aiguilles en acier poli, elle ne remonte
pas au delà de 1370. Cette industrie fut intro-
duite en Angleterre pour la première fois en
1543, et en France seulement dans la seconde
moitié du xvnie siècle. La France possède au-
jourd'hui onze fabriques d'aiguilles. Ces onze
fabriques réunies ne fournissent pas tout à" fait
le cinquième de la consommation intérieure;
les quatre autres sont importés de l'Angleterre
et de l'Allemagne.
Outre les aiguilles fines ou aiguilles ordi-
naires, on en fabrique qui ont une longueur et
un diamètre plus considérables. Ces aiguilles
sont celles qu'emploient le matelassier, le ta-
pissier, l'emballeur et autres industriels.
— Cbirurg. On a donné en chirurgie le nom
d'aiguilles à un grand nombre-d'instruments
de formes différentes, mais consistant tous en
une tige métallique, mince, pointue, de la lon-
gueur d'un à plusieurs pouces, et destinée à
plusieurs opérations. L'or, l'argent, le platine,
sont employés à la confection des aiguilles lors-
qu'elles demandent de la flexibilité ; on emploie
1 acier lorsqu'on veut leur donner delà raideur.
Sous le rapport de la forme, elles se partagent
en deux groupes principaux, les droites et les
courbes. La pointe est ou conique, comme dans
les aiguilles ordinaires à coudre, ou aplatie et
en fer de lance plus ou moins allongé. Le chi-
rurgien se sert d'aiguilles pour les sutures, les
ligatures d'artères , pour l'opération du . bec-
de-lièvre, pour celle de la cataracte, pour celle
de la fistule, pour pratiquer un séton. Les ai-
guilles à ligatures sont toutes des aiguilles
courbes. Les aiguilles à cataracte sont compo-
sées d'un manche et d'une tige. L'aiguille à
bec-de-.lièvre n'a pas de chas. L'aiguille à fistule
présente une rainure qui se prolonge sur une
des faces de l'instrument jusque près de la
pointe, pour servir à conduire au besoin un
bistouri dans les trajets fistuleux. L'aiguille
à séton est une petite lame d'acier à deux tran-
chants, a pointe acérée, h chas quadrilatère,
et qu'on emploie, d'un seul coup, pour faire la
plaie et introduire la mèche. Certaines formes
d'aiguilles répondant a des indications diverses
sont connues sous les noms des chirurgiens
qui les ont imaginées. Ainsi nous avons les
aiguilles de Scarpa, de Dupuytren, de Des-
champs, de Desault, de J.-L. Petit, etc.
— Archit. On appelle aiguille ou flèche une
espèce de pyramide très-aiguë, élevée sur le
■ sommet d'une tour ou sur le toit d'une église.
Absolument inconnue des anciens, à peu prés
étrangère à l'architecture romane, l'aiguille
est un des membres les plus importants et les
plus caractéristiques de 1 architecture ogivale.
Les plus belles aiguilles qui existent font partie
des clochers construits Je la fin du xn« siècle
au milieu du xve. Elles ont en général une
forme octogonale, et présentent sur les faces
d'autres petites aiguilles nommées clochetons.
Ce genre de constructions fut abandonné par
les architectes de la Renaissance ; lié au style
gothique , il devait tomber avec lui. A notre
époque éclectique, on a tenté de faire revivre
l'un et l'autre. Parmi les aiguilles les plus re-
marquables, nous devons citer celles des ca-
thédrales d'Amiens , de Reims , de Dijon , de
Chartres, de Rouen, de Notre-Dame et de la
Sainte-Chapelle, à Paris; d'Anvers, de Salis-
bury, de Chichester, de Vienne, de l'hôtel de
ville dé Bruxelles, etc. — Les obélisques pren-
nent aussi quelquefois le nom à' aiguilles; tels
sont les deux obélisques, dits aiguilles de Cléc-
pàtre, que l'on voit on Egypte, à Alexandrie,
et qui, apportés d'Héliopolis, furent élevés
devant le temple de César.
— Physiq. On donne le nom à'aiguille aiman-
tée à une petite lame mince d'acier aimanté,
ordinairement taillée en losange très-allongé.
Une telle aiguille, posée sur un pivot, et mobile
dans un plan horizontal , prend toujours dans
co plan une direction déterminée qui est à peu
près celle du nord au sud ; si on l'en écarte,
elle y revient par le plus court chemin, oscille
de part et d'autre, puis à la fin s'y arrête de
-r m la retourne de manière à placer
AIG
au sud l'extrémité qni regarde le nord, elle n»
vent pas se tenir dans cette nouvelle position,
elle décrit une demi-circonférence entière,
oscille longtemps pour reprendre enfin sa direc-
tion et sa position primitives. Le phénomène se
passe comme si la terre éfait un vaste aimant
dont les pôles seraient voisins des pôles ter-
restres et dont la ligne neutre coïnciderait
sensiblement avec l'équateur. (V. Aimant,
regarde le nord, êtpdle boréal celle qui regarde
le sud.
Ainsi, tandis qu'une aiguille non aimantée
manifeste la plus parfaite indifférence pour les
quatre points cardinaux, l'aiguille aimantée
horizontale présente cette propriété remar-
quable de reconnaître en quelque sorte les
pôles terrestres et de nous les indiquer. (V.
Boussole.) Autrefois , l'on admettait que la
direction de l'aiguille aimantée était rigoureu-
sement celle du sud au nord ; mais Christophe
Colomb en 1492, lorsqu'il travers* l'Océan pour
aller à la découverte du nouveau monde ,
signala cette erreur, et l'on sait maintenant
qu'il n'y a dans chaque hémisphère qu'un très-
petit nombre de points où l'aiguille marque le
vrai nord. On appelle méridien magnétique d 'un
lieu, le plan vertical qui passe en ce lieu par les
deux pôles d'une aiguille aimantée horizontale
en équilibre sur son pivot: L'angle plus ou moins
grand que forme le méridien magnétique avec
le méridien astronomique du lieu s'appelle dé-
clinaison. La déclinaison d'un lieu peut être
orientale ou occidentale; elle est dite orientale,
si le pôle austral de Vaiguille se porte à l'est
du méridien astronomique ; elle est dite occi-
dentale, si le pôle austral se porte à l'ouest du
méridien astronomique.
La déclinaison varie en chaque point du
globe d'une manière incessante. Ces varia-
tions sont régulières ou irrégulières. Les pre-
mières sont diurnes, annuelles ou séculaires.
— Dans nos climats, où la déclinaison est occi-
dentale, on voit l'extrémité australe de l'ai-
fuille marcher tous les jours de l'est à l'ouest,
epuis le lever du soleil jusqu'à une heure
après midi. Elle retourne ensuite \«
un mouvement r ;' — '" "," """
prendre à peu près vers dix heures du soir la
position qu elle occupait le matin. Ces varia-
tions, qu'on appelle diurnes, sont à peu près
constantes d'un jour à un autre jour voisùi,
dans un même lieu; elles sont dans nos con-
trées de 12' à 13' en moyenne. — Lôa varia-
tions annuelles ont été signalées par Cassin:,
qui a observé, en 1784, que de l'équinoxe du
printemps au solstice d'été, l'aiguille à Paris
rétrogradait vers l'est, et qu'au contraire elle
avançait vers l'ouest dans les neuf mois sui-
vants. Le maximum d'amplitude observé pen-
dant la même année a été de 20'. — Si l'on
évalue en un lieu la déclinaison moyenne de
l'année , et si l'on compare entre elles les
moyennes de plusieurs années successives, on
constate des variations qui ont reçu le nom de
variations séculaires. Des observations faites
à Paris depuis l'année 1580 ont conduit aux
résultats suivants : en 15S0, la déclinaison était
orientale et égale à 110 30'; la déclinaison
moyenne annuelle a été en diminuant depuis
cette époque jusqu'en 1663, où elle est devenue
d'abord nulle , puis occidentale et toujours
croissante jusqu en L8N; en 1814, elle a atteint
un maximum de 220 34' , et depuis lors est
entrée dans une période décroissante ; en 1860,
elle était de 10° 3V. — Les variations irrégu-
lières ou accidentelles de la déclinaison sont
t (huas —
guillè aimantée, sans qu'il soit possible d'en
prévoir l'époque ni la grandeur. Arago a re-
marqué le premier qu'elles coïncident généra-
lement avec l'apparition d'aurores boréales,
s'oit en des points voisins, soit en des points
très-éloignés.
Les instruments au moyen desquels on dé-
termine tes déclinaisons s'appellent boussoles
de déclinaison. V. Boussole.
Non-seulement l'aiguille aimantée s'écarte
dans sa direction de la ligne des pôles ter-
restres , mais elle présente encore un autre
phénomène ; au lieu de se tenir dans une posi-
tion horizontale, elle incline l'un de ses pôles
vers la terre d'un angle variable selon les
lieux, et qu'on appelle inclinaison. Lorsqu'on
s'avance vers l'équateur terrestre, on voit l'in-
clinaison diminuer de plus en plus, et l'on
trouve enfin un point où elle devient nulle:
puis si l'on passe au delà , c'est le pôle boréal
qui s'abaisse au-dessous de l'horizon, et qui
s'abaisse de plus en plus k mesure que la lati-
tude australe augmente. On a nomme equateur
magnétique la courbe qui passe par tous les
points ou l'inclinaison est nulle, et pôles ma-
gnétiques les points où l'inclinaison est de 90",
c'est-à-dire où l'aiguille devient verticale
comme le fil à plomb. L'équateur magnétique
est une courbe irrégulière qui s'éloigne nota-
blement de la forme d'un grand cercle, et qui
coupe l'équateur terrestre en deux points ,
situés à peu près aux extrémités d'un même
diamètre. Les pôles magnétiques ne coïncident
pas avec les pôles géographiques; ils ne sont
pas même situés aux extrémités d'un même
diamètre du globe : l'un est à 15» du pôle nord,
l'autre à 18« du pôle sud.
L'inclinaison éprouve des variations sem-
blables à celles de la déclinaison , mais l'am-
plitude en est toujours moins considérable.
Pour un même jour, l'inclinaison est m
ÀIG
dans la matinée, minimum dans l'après-midi.
Dans une môme année , elle est maximum en
été , minimum en hiver. Enfin , l'inclinaison
' moyenne' varie, dans un même lieu, d'une
unnée à une autre. En 1671, elle- était à Paris
«le 750. Depuis elle a toujours été en décrois-
sant, et le 11 novembre 1860, elle était de
66" 11'. La diminution annuelle de l'incli-
naison est sensiblement de 3'.
Les instruments qui servent 'a déterminer
l'inclinaison magnétique s'appellent boussoles
d'inclinaison. V. Boussole.
La connaissance de la déclinaison et de l'in-
clinaison pour les différents points du globe
n'est pas seulement importante au point de
vue de l'étude du magnétisme terrestre; elle
; est à chaque instant nécessaire dans les .opé-
rations qui se rattachent à une mesure' géo-,
graphique quelconque'.
Une aiguille aimantée soustraite à l'action
magnétique de la terre est dite asiatique.
Telle serait une aiguille mobile autour d'un
axe horizontal dans un plan vertical perpen-
diculaire au méridien magnétique ; on com-
prend que l'aimant terrestre., agissant alors
suivant l'axe, ne peut imprimer û l'aiguille
aucune direction déterminée. Deux aiguilles
de même force réunies parallèlement, les pôles
contraires en regard, constituent un système
asiatique, parce que les actions contraires du
globe sur les deux aiguilles se neutralisent.
AIGUILLE (l'), montagne du dép. de l'Isère,
appelée la Montagne inaccessible. Ce mont,
classé parmi les sept merveilles duDauphiné,
est isolé et escarpe de tous côtés. Il mesure
plus de 2,000 mètres au-dessus du niveau do
AIGUILLÉ, ÉE (è-gu-i-llé; Il mil.) part,
pass. du v. Aiguiller.
aiguillé ÉE adj. (è-gu-i-116; Il mil.—
rad, aiguille). Qui est en forme d'aiguille :
Stylet aiguillé.
— Techn. Nettoyé avec des aiguilles : Soie
AIGUILLÉE. , ' '
AIGUILLÉE s. f. (ô-gu-i-llé; Il mil. — rad.
aiguille). Etendue de (il,- de soie, de laine, do
la longueur nécessaire pour travailler à l'ai-
guille : Apprêter des aiguillées. A cluique ai-
guillée de fil, c'était une souvenance, an dé-
sir, des souhaits, mille choses qui se brodaient
, sur l'étoffe comme les dessins qu'elle y fixait.
(Balz.) .•" ,
AIGUILLER v. a. ou tr. (è-gu-i-llé; Il mit.
— rad. aiguille). Chirurg. Abaisser la- cata-
racte au moyen d'une aiguille': Aiguiller le
cristallin'. Inusit.' aujourd'hui.
— Techn. Aiguiller la "soie,1 La nettoyer
avec des aiguilles sur le dévidoir : Quand on
aiguille là soie,-an l'éràille et on la détord.
(Trév.) ■ ' , r _ ,.,'.,.
S'aiguiller, v.' pr. Se, dit, dans les. chemins
do for, d'une voie qui so réunit à une autre
, au moyen des, aiguilles : Ces voies nouvelles
vont s'aiguiller sur les 1 '
aiguillerie s. f. (è-gu-i-lle-rî: Il mil. —
• rad. aiguille). Fabrique, commerce (l'aiguilles.
AIGUILLES, ch.-lieu de cant, (Hautes-Alpés),
arrond. de Briançon; pop. 634 hab. Commerce
' d'excellents fromages. ' ,*
AIGUILLES (cap des)', pointe la. plus mé-
ridionale de l'Afrique , au S.-E. du cap de
.Bonne-Espérance.
AIGuIlletage s. m. (è-gu-i-Uc-ta-je; Il
mil. — rad. aiguillette). Action d'aiguilleter,
état de ce qui est aiguillcté : £'aiguilletage
d'un haut-de-chausseb.
— Mar. Manière de réumr, d'ajuster bout
à bout, à l'aide d'un cordage, deux objets dif-
férents, sans qu'ils se croisent l'un sur l'autre.
AIGU1LLETÉ, ÉE (è-gu-i-lle-;té ; Il mil.)
part. pass. du.y. Aiguilloter. Noué, attaché au
moyen d'aiguillettes : Pourpoint aiguilleté.'
Il Qui porte des aiguillettes : Un amant ai-
guilleté sera pour elle un ragoût merveilleux.
(Mol.) ,
a l'air
AIGUILLETER v. a. ou tr. (è-gu-i-lle-té ; Il
- rad. aiguillette; ce verbe double la
ino t du radical quand la terminaison
commence par un e muet- : J'aiguillette. Ils
aiguillctteront. Qu'ils aiguilletient). Attacher
avec des aiguillettes :AiGuiLLETKRsrà chausses.
— Ai juilleter' des lacets, Les' 'ferrer.
— Màr. 'Joindre, ensemble,' au 'moyen d'un
cordage, deux objets qui, ne se croisent pas,
et qui , quelquefois même , restent éloignés
l'un de l'autre : On aiguillette une bouée sur
tm:ôrin, ou les deux bouts d'une tournevire'cn-
semble, ou une poulie à un anneau, ou une bosse
à un câble, etc. (De Bonnefoux.) '
S'aiguilieter, v. pr. Attacher ses chausses
avec des aiguillettes : La mode de s'aiguillet
ter a duré longtemps. (Acad.) '■ '
AIGUILLETIER, ÈRE S. (è-gu-i-llc-tié, è-re ;
Il mil. — rad. aiguillette). Celui, celle qui fait
des aiguillettes, des lacets, qui les ferre. 11 On
dit aussi aiguillettier,
AIGUILLETTE s. f. (ô-gu-i-llô-te ; Il mil. —
dimtn. H'aiguitlc). Cordon ou tresse ferrée
par les deux bouts, qui sert a attacher : Je
voudrais bien savoir si une demi-douzaine
(('aiguillettes ne suffit pas pour attacher un
"AIG
kaut-de-chausses. (Mol.) Il était vêtu d'un
pourpoint, d'un haut-de-cfiaus'ses violet, avec des
ÀicviLi.kTTES.de'mémé'couleur. (Alex. Dum.)'
Son pourpoint' et jsdn haut-dc-chaussês,\dispà-
'""■' — ' tous les aiguillettes Jét les -'— J- J-
. Cordon employé comme livrée ; Les la-K
quais portaient /'aiguillette, et l'on ne me ta"
donna pas . (J. -J. Rouss.) Il Marque distinctive
que certains militaires portent sur l'épaule : "
Ce groupe était formé de quatre gendarmes à '
cheval, commandés par un maréchal des logis
aux aiguillettes mi-parties bleu et argent. ■
(E. Sue.) , C'était ' te chef suprême de ces kol- .
bâcles, de' ces dolmàns.et de ces aiguillettes '-
qui plaisent tant au beau 'sexe. (Balz.) u At'--
guillètles d'or, Marques distinctives portées
temporairement par des officiers exerçant-
certaines fonctions particulières; tels que les
officiers attachés à l'état-major du ministre,
ceux qui, remplissent les fonctions de chefs'
d'étot-major, d'aides do camp ou d'officiers ■
d'ordonnance, et ceux qui sont attachés aux
majorités des ports, ainsi qu'à l'Ecole navale.
— Provorbialém. : Il nsfait pas Ion servir
un maître qui serre de vieilles aiguillettes, On
gagno peu au service d'un.maitre trop éco-
nome, il Lâcher l'aiguillette,, Satisfaire - ses '
besoins naturels, façon de parler, qui date de
l'époque où les aiguillettes étaient eh usagé.
S Courir l'aiguillette, Se disait des femmes de
mauvaiso vie qui courent les rues et sollici-
tent les' passants à venir chez, elles : Si la
nature n'eât arrosé lé front des femmes d'un
peu da pudeur, vous tes verriez bientôt courir
l'aiguillette. (Rabcl.)
. Je recherche une jeune fillette
Cette expression a pris, dit-on, ™,»«ii«, a
Toulouse, .parce qu'autrefois les.prostituécs y
étaient obligées dé porter, comme marque
d'infamie^ une aiguillette sur l'épaule.- Sui-
vant d'autres étymologistes, elle, est fondée
sur une coutume anciennement observée à
Beaucaire, la veille de la foire, par les femmes
de mauvaise' vie, qui, ce jour-là, célébraient
la fôte de sainte Madeleine^ leur patronne,
en faisant une course publique ou la ' plus
agile gagnait un paquet à'aiguillettês. Cette
origine nous paraît plus probable en ce qu'elle
explique les deux mots de la locution. De là.
dit-on, serait venu le mot coureuse applique
aux femmes légères. \\ Nouer l'aiguillette ,
Faire un maléfice auquèllè peuple attribuait
lé pouvoir d'empêcher 'là consommàtion'du
mariage. Trois nœuds formés à une bànde,-
lotfe, on récitant certaines1 formules,' co'nsti-
laissées. On appelait „ „.
guillettes'csiix et celles ;qui' passaient" pour
avoir ce pouvoir. On' comprend qu'à' une épo-
que où l'on portait des braguettes fermées au
moyen' à'aiguillettês, dire d'un jeune 'marié
qu'il avait ['aiguillette nouée était' une façon
très-naturelle d'exprimer l'état d'impuissance
oiïil se trouvait- de'là le rapport entre nouer
l'aiguillette et rendre impuissant:'' ''"' '
Ami lecleur.vous avez quelquefois, l.;L. ).-.'
, Oui conter. qu'on nouait Vaiguillette. , i
.' , Voltaire. ,
luttes. Couper par aiguillettes. Serw
aiguillette de canard} n Par anal.!i en parlant
d'une personne : Ces barbares lui arrachèrent
toute la peau du dos par aiguillettes. (Trév.)
— Géogr; physiq. ' Petite aiguille,' petite
pointe de rocher;. ,<\ ,. , .[> :,| • - .
. 1 -r- Moll; Nom donné à une très-petite espèce
du- genre -agathine, que l'on trouve -sous les
moussos dans presque toute l'Europel il Trcs-
ipetitè espèce. de bulime, qu'on rencontre fré-
quemment dans les environs do Paris. '■
— Mar. Ligne qui sert à opérer l'aiguillc-
tage Il Gros fil 'do fer terminé par unOiCspôce
de bouton, et qu'on 'emploie pour tirer du
sable. 11 Aiguillette deporque, Allongo la plus
haut placée d'une porquo. ■ ■ ■ '
-i- Manég. Nouer l'aiguillette. Se dit d'un
cheval sauteur , 'qui ; s'epare et qui détache
des ruades violentes'1 et répétées-, lès jambes
étendues. " ' "' ■ ' '■ ' . 1; •
... .— Encycl.' Les diverses' iorigines que- l'on
attribue aux aiguillettes n'ont rien d'authenti-
que ; voici la , plus probable: Le duc id'Albe1,
général ,espagnol,'ayant eu-.à. se plaindre, diun
corps, de Flamands qui avait lâché pied, avait
décidé que toutes les- fautes qui. seraient com-
mises à l'avenir par ce.coaps seraient pu-r
nies de la corde,- sans distirictionde rang et
de grade. Les Flamands répondirent quoj
pour rendre l'exécution de cet- ordre plus
facile,. ils porteraient désormais, suri l'épaule
une corde et un clou, ce. qu'ils' firent, en
effet ; mais leur conduite devint si brillante^
si exemplaire, que la corde, fut transformée
en une 'tressé de passementerie, et1 qu'on en
décora 'depuis, comme marque honorifique, les
officiers de la maison des princes, les pages et
les corps d'élite. Sous l'ancien régime , les
chèvau-légers, les gardes de là marine, les
cadets-gentilshommes et Ia,niaréchaiissée por-
taient des .aiguillettes. Aujourd'hui , elles sont
réservées aux officiers d'etat-rmijor, aux aides
de camp, aux officiers et soldats dé gendar-
-AIGr
inerieetaux armes spéciales. Elles sont ar.ssi
portées par les- aspirants de màrine.-Les gen-,
dàrmês portent l'aiguillette à l'épaule gauche ;.,
lés officiers de l'état- major, les àidès.de camp
et les aspirants de.mariné à. l'épaule 'drôite.-
'ErifinJ on' en 'voit" à'certàihs domestiques de-
, grande' maison.'- l'..'." ,','''-,-'' '
j^AlGuifLLEUR.s.'m: (é-giiir.ileur VU mil. — •
rad. aiguillé). Celui qui, dans un chemin do
fer, est préposé à lagardo d'une .aiguille : O10
rarexpérimenté^diver,s systèmes destinés à em-
pêcher les fréquentes rencontrés de trains cau-
sées dans les chemins de fer par les erreurs et
lès oublis des AiGuiLLEURS...(Siècle.) L'aiguil-
leur s'est trompé en dirigeant le train sur la-
Lvoiè opposée à celle qu'iïdevàit suivre. (Siècle.) :
,'tfn aiguilleur, laissée en, faction pend'ant'seize '
heures, était ,1a; cause innocente. du mat., (Ph.,
Busom.) h Celui qiii'toùrne le'rbbinet'pàr où'
s'échappe la yapeur. ".' ' \„ ,' ,, > |M1). •.,
' Àiguillier s'..m. (é-CT-i-llé ; Il mll:-^rad.
aiguillé). Nom que l'on donnait autrefois à la'
petite boîte où l'on mettait des aiguilles :
Aiguillier d'argent. Aiguillier en ébène, en
ivoire, en buis.w On dit aujourd'hui un étui.
aiguillier, ère s. (é-gu-i-llé, è-re;
Il mil. — rad. aiguille). Celui, celle qui fabri-'
que ou vend des aiguilles. '
AIGUILLIÊRE s', f. (é-gu-i-llô-re ; K.'mil.).
Pêch. Filet destiné à prendre l'es poissons
dits aiguilles, etquiso tend entre' deux eaux.
" AIGUILLON s. m: (ë-guM-!lôn;,« mil.— rad.
aiguille). Pointe de fer fixée à un grand bâ-
ton pour piquer 'les bœufs ': Faire avancer les
■bœufs avec Aiguillon, à l'aide de /'aiguillon.
Les boeufs fatigués marchent la cou penché,
d'un pas lent et. tardif, malgré l'MGVTLhm'qui
les presse. (Fén.) Un enfant de six à sept' ans
piquait le flanc des bœufs avec une gaule lon-
gue 'et légère, armée d'un aiguillon peu acéré.
(G:Sand.)- < ' ■"-_ ' ' ■ ■ '-', ■
Le bIé,,pourse donner,'aaii8 peine ouvrant la terre,
N'attendait pas qu'un boeuf, pressé par l'aiguillon.
Traçât à pas tardifs'ùn pénible sillon.1 .' '
'.-•' : ' 1 . ' '*■ ' ■'..,- Don eau.
— I Par ext. : Dans ce monde de grandeurs et
de petitesses,' là 'jalousie sert'.plus 'souvent de
poignard çw'ed'AiGuÎLLpN. '(Balz.).' 'Souvent' las
peuples donnent tin aiguillon 'pour lés '.'con-
duire, jamais" pour lèsJfrapper'. (L.-N. Bonap.)
Si le 'système de 'Làîo, par le jeu gui en fut la
suite, ruina autant' de familles qu'il en enri-
chit, 'd'un autre câtéil réveilla la' nation de sa
torpeur, et lui enfonça mille aiguillons ï'dans
te flanc. (G. Sand.) Toutes ses joies avaient un
AiGun.LON «npoùonn^(G.-Sàna.) ' T ■''' I
. \ •— Fig^Stimula'nt, tout ce'qni excite,anirna,
■encourage : L'intérêt est1 un grand' AiGuiLt'ort.
Là louangedesbellês actions serf d'KiàvhJLÔTX à
lavert'u. (D'Ahlànc.)'- L'exemple est un' puissant
'aiguillon. (IiaMôtheLe"Vayèr.) C'était encore
un nouvel aiguillon pour, lui d'espérer àè'nou-
vetlèi' victoires, ' 'sans 'compagnon qui ' èii parta-
geât -l'honneur. (Vôlt.)'»j)jrës réflexions crâis-
■saieht' à chaque pas dans cette route que Louis
avait tant défais faite, l'âme exaltée par tous
les aiguillons de -l'amour: (Balz.) Le paradis
est un aiguillon qui nous pousse vers les bonnes
actions. (L; Pinel:) Le " fonctionnaire n'agi^pas
soiu.if 'aiguillon de 'l'intérêt ;< mais sous tiri-
fluence^de la loi. (Bastiàt.) En France; lé prin-
cipe de l'émulation^ où, si Von veut', /'aiguillon
de l'égalité} est puissant, (Ste-Beuve.)
'"L'aiguillon de 'l'amour est la difàculté., , -j \
-r Dans l'Ecriture, L'aiguillon de la chair,
Los tentations, les désirs de-la concupiscence
.vi-r-,Prov. et fig: : Adur âne dur aiguillon,
Il.faùt'ernployer.des moyens énergiques avec
une personne difficile à' conduire, à diriger. '
;• —Ichthyol! Osselet d'une' seule pièce, ter-
miné par une pointe aiguS, qui chez quelques
poissons remplacé le rayon des nageoires, ou
qu'on voit isolément sur le corps de certains
autres.
— Zool. Espèce 'de dard que portent cer-
tains insectes et certains arachnides à l'ex-
.trémité, de l|abdomen : Les abeilles laissent
ordinairement leur, aiguillon dans la piqûre.
(Acad.)./e ne crois pas qu'aucune mouche à
deux ailes ait un ' aiguillon 'dangereux. (A.
•Kiïrr:') It'.Fig. ' :' Les', hypocrites , comme lés
abeilles; ont'leniièl à[là bouche et '/'aiguillon
AIG
153
^cac/tè'^Bôisté.y''
irdïntia haine 'timî
— Bot. Piquant dont sont armées diverses
plantes : Le rosier, la ronce ,U acacia:, ont des
AIGUILLONS. -;■ • ' :;ii 1 1, *\>v>i ' ! -f-: 1
v -^- Chass.- Pointes qui terminont les fumées
dos bêtes fauves, et, par ext., les fumées, les
fientes mômes.- rv 'j ■ , '■ ■ , . 1 ,
r — Éhipyçl. Zool! VaiguillonWesi,vàs seule--
ment un instrument piquant, .c'est, l'appareil
condiicteur.d'un liquide véné|neux quiy en s'in-
trddùisa'nt dans la plaie; détermine de ïajdou-
léur et divers accidents. Chez le scorpion, il
est formé par le dernier segment de. l'abdor
inen, qui se, termine en une pointe, arquée, aij
gue et perforée de'deuxpeVits.tr'ous pouridonf
ner issue, aii ^'pnih., Chez, les ; hyménoptères
(abeilles, guêpes), X aiguillon se .compose d'une
gaine cornée renfermant, deux, soips, et artir
culée à son origine avec un certain n'ombré de
pièces destinées h le fàire-sortir do l'abdo-
men, à l'y,, faire rentrer, et h. 'le diriger <dans
itous les sens. Li'aiguilloni prend 'le nom- de ta-
rière ehez les insectes où il- restei toujours
apparent ret' ne peuti jàmaisi rentrer en entier
, dans l'abdomen. ^ mi'ihbiw w.Tj-jna
x En ichthyologiej lenom A'àir/uillon s'àppli-
que'aux osselets d'une: seule» piè'ctf et'pointus
qui/ remplacent j' dans certains ^poissons; las
rayons des nageoires.-— On-désigno*'encore
sous ce nom 'leslpiqùants que présentent sur
leur corps certains animaux', lés" hérissons, par
■'— Bot. On appelle aiguillon} en botanique,
une; production' dure' et pointue '"que 'présente
'l'écôrcè de certaines plautes.V'L'oîjruiîfon'dif-
fèrede l'épine en-cé'éû-il naît' seulement de
l'épiderme, dont ilïé' détaché 'fa'cirem'èrit^tan-
dis que l'épine est un prolongement de la partie
ligneuse. Les aiguillons sônt:dlssémihés sans
•ordre:sur l'écorce, tandis' que dés épines, qui
proviennent do la dégénérescence' de-certains
organes, ne s'observent que là où doivent se
trouver ces organes. ■" * ' > V ' ■• •'
' — ' Pathol. Sous le noni ^.'aiguillon \ 'Vicq-
'd'Azir a traité de la cause prochaine et déter-
minante de l'inflammation. '
— Eçitliétea. Importun , t vif. 'fin „ poi
acérê^^iquant'i'.^poignanlil pénétrant,. dou
intu,
. „.,.,., ,__T -,._., .Joulou-
- - T-, , -_,i"géreux", '■ rno'r.tel^, ,yen irijeùi, , ,empoi-
sonnéj sûblUj perfide, inoffensif ; innocent.
, AIGUILLON .f.ch.-âieû'-.de: cant. (Lot-et-'G.),
, arrond. d'Agen ; pop. aggl. 2.040;nab.'-^- pop.
.tôt. 3,781: hab. .Ville fort< ancienne. Aux envi-
rons, ruines romaines; restes d'une tour dési-
gnée sous le nom de tour. de'SaintrCôme.- ,
1 AIGUILLON (Marie-Madeleine pbVignerod,
dame de Combalet,' duchesse' b'), nièèè du
cardinal de Richelieu, qui aeheta pour elle
(1638) le duché d'Aiguillon. ATsa mort, ce duché
1 passa à son neveu le marquis dé Richelieu', dont
te petit-fils fut déclaré due'd'Aiguilloh en 1731.
[' ÀIGUIL'LON (Armand ViGNEJtOD^pbrLÉSSiS-
;RiCRÈLrEU,dùc D^j'rie^n 1720','mdrt 'erij 1782.
"Gouverneur de Bretagne,' iljpersççuta lia'Cha-
'lotâis,'qui avait dit 'dé. lui que, loTs'd'unèiri'cur-
sion. des (Anglais dans'le'pays, 's'il' ne s'était
pas couvert de gloire, il s'était awmoins couvert
de farine (on lui reprochait de.s'êtrevtenu ca-
che dans un moulin).' En v. 17,71,' il' succéda à
. Choiseul dans le ministère, rie se fit-rem'arquer
que par sonineptie, et laissa se consommer le
1 partage de là Pologne. Il fut disgracié à l'avé*
nementde Lquis-XVI. 'i' i> . >--<\ v • «^» • <
'-.AIGUILLON (Armand ViGNEROD-DùrLÊssis-
1RlCHÈLlEU, duc b')',' 'fils 'du 'précèdent; 'ne ' vors
le milieu du ^vniu siècle, mortén'lgoo', 'fut,
>on 1789, 'députéjdè'là noblesse' 'd!Agcn aux
états-généraux^et 'embrassa' 'avec chaleur la
■cause de^la Révolntibn: Il'se'1réunit'aui;tiers
,. état avec. la mmorité,de\son. ordre, 'et,' dans la
fameuse jséànca du A- noùt, fut un dés premiers
LàTenoncer à.se,S;titEes et ^privilèges. Lorsque
Çustine pri.t.ile.,çpmmandement .de l'armpe-du
Rhin, il. ,1c remplaça dans celui-' des .troupes
.disposées: dans les gorges de- Porentruy. iMais
.ayant été décrété d'accusation après le 1 ovaoût,
il, quitta la, France et, se retirai Londres, puis
, à Hambourg, tli mourut dans cetteiville; au.mc-
. ment pù.son nçm,,venait d^.tre.rayédô la listn
'des émigrés.. :, ,,--,,,. .!> , •-,;•»./ 1 r f f 'j"
■ AIGUILLONNAIS/ AISE1 s. et adj: Géogr.
Habitant ^d'Aiguillon'; qui 'appartient -à Ai-
guillon ou à ses habitants. "' > ' '"' » ■"'
AIGUILLONNANT (é-igu'-i-llo-ndh1;' «"mil.)
part.- prés 'du'v. Aiguirtonnef '•.'LëpqslUÏbn,
aiguillonnant ses chevaux dé là voix} 'dit 'fouet
et .de Céperon, eut bientôt, laissé, derrière lui
cette, troupe irritée. (F. Soulié.) ■ ■ ■ •.
' AIGUILLONNANT,1 ANTE adj.- '(é:gÙ-i-lio-
nan, an-te;'n'mll/— 'rad. aigînllonriery.Qui
est de nature à aiguijlonnér; exciter ,'animor .-
En même temps,<iltr]oùvàitdansl'àgitatiowde
,-la curiosité quelque chose' a" aiguillonnant et
. d inconnu qut n'était pas sans plaisir? (G.Sahd.)
- AIGUILLONNE, ÉE (é-gù-i-llb-nô '; -Il mil.)
'part, pass: du'y'. Aiguilloniior.' Piqué 'avec
l'aiguillon : Les bœufs né devraient. pas' 'être
aiguillonnes si fréquemment. | .'.',,i'.
— Fig." Excité', provoqué' :" Dites « vous
avez vu autre chose en ,mbi qu'un homme actif
quand il est aiguillonné,' p<ir«s(;it.'e et claq-
uant après^ l'orage. (Bcaumarcli.) Il savait que
' Tfenri songerait ïaulmilieiï dé la1 nuit1, à l'au-
• dién'cè'démqndéeyetUa donnerait avec «iie'^u-
riohité' aiguillonnée; selon là^gràvité^dès'cir-
' constances: (Alex. Dumv.) ' ' 1;', ^'^ " ;
" ' — Cnàss.'So dit1 dés fuméos d'èsbôtcs fauves,
terminées par un aiguillon.. f [,] '\v ■>i(V,'1 , ,
—■. Bot.' èt'Zopl'.^Mùni d'aiguillons.: Plante
aiquillonnéè. Insecte, aiguillonné. , .', ,..■>.
,',-,'— s. m'. pi^.Familie do'mammifères dont lo
. corps est' hérissé d'aiguillons. > II; Sous-iOrdro
. d'insectes hyménoptères, dont-los femelles et
les individus neutres sont armés d'unaigiiilion
caché Tdans le, dernier. desiaimqaux)d,e l'ab-
,'d'ômen.,',Les''àigiiillÔnrié.sJ comprennent p.lu-
'siéûrs fàmiHç's'tfistinçtqs dbht, la plus,.inlô-
rèssahté est celle des 'abeilles.' "'
,'' AiGUiLLONNER v] à.'bu 'tr' (6-gû-i-llo-né ;
Il m\\'.'— ra'd'. aiguillon). Piquer, presser avec
' l'aiguillon : On aiguillonne Zes beeufs lorsqu'ils
■ tirent, ta çAoiV«e.r(Rpzièr.) '( , ';',, ,,
.j, Çe-tes taureaux nerveux aiguillonne les flancs.1
-"/■'■"". -..-,'J-,' 'jïr'-.' ••('■il-p .PftWW/o-j
-rFig. Exciter, aiguisa^: &e rôti, parait,
son fumet délicieux aiguillonne les appétits
20
154
AIG
et les prépare à de nouvelles jouissances. (Gri-
mod.) Les officiers attablés satisfaisaient un
appétit que la fatigue avait aiguillonné.
(Balz.) n Inciter, animer, encourager, attirer:
Aiguillonner un homme lent , insensible. Ai-
guillonner le courage de quelqu'un. C'était
un homme d'esprit lent et paresseux, mais
que l'ambition^ l'amour du gain, aiguillon^-
NAIENT. (St-Sim.) Tose affirmer que la vie
d'un tel homme renferme les péripéties d'un
drame assez intime pour aiguillonner votre
attention. (Rog. de Beauv.) u Tourmenter :
Il n'avait, par son heureux retour, en levé qu'une
partie de l'inquiétude qui aiguillonnait les
quatre amis. (Alex. Dum.)
S'aiguillonner, v. pr. Etre excité, encouragé.
— Réciproquem; : Deux rivaux qui s'aiguil-
lonnent sans cesse. Les ' hommes réunis s'ai-
guillonnent et s'éclairent. (Mercier.)
— Syn. Aiguillonner, animer, encourager,
exciter, inciter, porter à| pousser à. On excite
celui qui manque de' résolution. On incite celui
qui n'est pas disposé à la chose. On pousse à
celui qui ne veut pas ou qui ne veut que fai-
blement. On anime celui qui n'a que de la froi-
deur ou de l'indifférence. On entourage le lâche
et le timide. On aiguillonne celui qui ne peut
vaincre son inertie. On porte à celui qui se
laisse mener plutôt que de se conduire lui-
AIGUILLONNEUX, EUSE adj. (é-gU-i-Ilû-
neu, eu-ze; Il mil; — rad. aiguillon). Bot.
Muni d'aiguillons : Arbre aiguillonneux.
Plante aiguillonneuse. il , On dit plutôt ai-
guillonné.
fonte fixés sur le gouvernail, à l'aide desquels
cette machine peut tourner et rester suspen-
due à l'étambot.
ÀIGUISABLE adj. (é-gu-i-za-ble — rad. ai-
guiser)'. Qui peut être aiguisé : Ce couteau
n'est plus aiguisablé.
AIGUISAGE s. m. (é-gu-i-za-je —. rad. ai-
guiser). Action d'aiguiser un outil ; état d'un
outil aiguisé: /.'aiguisage d'un sabre, d'un
couteau, d'une hache. Cet aiguisage est parfait.
AIGUISANT (é-gu-i-zan) part. prés, du v.
Aiguiser.
AIGUISÉ, ÉE (é-gu-i-zé) part.'pass. du v.
Aiguiser. Rendu tranchant, en parlant d'un
instrument, d'un outil : Couteau fraîchement
aiguisé. L'écho ne répète plus le son de la faux
aiguisée. (Deleuze.) u Par anal. Pointu-, effilé :
La taupe naît avec un museau si pointu et si
aiguisé, qu'elle perce en un moment le terrain
le plus-dur. (Fén.) Souvent il porte ses coups
en l'air, comme an taureau qui, de ses cornes
aiguisées , va se battre contre les vents. (Fén.)
Andréa Cavalcanti, les cheveux frisés et lui-
sants, les .moustaches aiguisées, les gants blancs
dessinant, les ongles, était entre, presque debout
sur son phaélon, dans la cour du banquier.
(Alex. Dum.)
— Fig. Spirituel, piquant, mordant : Il a
en magasin des monceaux 'd'épigrammes aigui-
sées par le bout. (Cqrmen.) \,
il Développé, rendu plus vif, plus sensible :
Un courage aiguisé par la nécessité. Une va-
nité aiguisée par les critiques. Une intelli-
gence aiguisée par l'étude, par la méditation.
Un esprit aiguisé par l'habitude de la dis-
cussion.
Sans la dispute, où l'âme est aiguisée,
On s'ennuirait, même dans l'Elysée.
La Harpe.
Il Encouragé , incité : Hume étudie la méta-
physique sous l'inspiration de Locke, aiguisé,
enhardi, s'il est permis de parler ainsi, par
Voltaire. (Villem.) il Excité , en parlant de
l'appétit : L'opération finie , nous courûmes
nous mettre à table avec des appétits aiguisés
par le retard. (Brill.-Sav.)
— Méd. et pharm. Acidulé : De l'eau aigui-
sée de vinaigre. Une tisane aiguisée de jus
de Union.
— Blas. Se dit de toutes les pièces honora-
bles, comme le pal, la croix, le sautoir, etc.,
dont les extrémités sont taillées en pointe,
de sorte néanmoins que ces pointes ne for-
ment que des angles obtus. Famille Chandos :
d'argent, au pal aiguisé de gueules. — Se dit
aussi des instruments et outils coupants ,
dont le tranchant est d'un émail particulier.
Famille Du Vivier : d'argent, à trois doloires
d'azur aiguisées 'de sinoplc.
AIGUISEMENT s. m. (é-gu-i-ze-man— rad,
aiguiser). Action d'aiguiser :' -L'aiguisement
d'un canif, d'un sabre, d'un rasoir.
aiguiser v. a. ou tr. (é-gu-i-zé — rad.
aigu). Rendre aigu ou plus aigu, donner du
tranchant, du mordant à un outil, à un in-
strument : Aiguiser une faux, un sabre, un
couteau. Aiguiser la pointe, le tranchant d'un
instrument. Pierre à aiguiser. Mais tu as ai-
guisé toi-même le couperet pour te trancher la
tète. (Balz.) Toujours auprès de son jeune
mailre, elle tournait' la meule ou il aiguisait
les outils de labour: (Olém. Robert.)
— Par anal., en parlant des animaux : Ai-
guiser ses dents, ses griffes. Le sanglier aiguise
ses défenses. Aiguiser son bec, ses serres. Le lion
aiguise ses dents et ses griffes. (Fén.) Brisant
entre ses mains l'arme qu'on lui tendait, il en
jeta les débris à la tête du tigre, qui aiguisait
en ce moment ses dents et ses griffes contre le
socle d'une colonne. (A. Guiraud.)
— Fig. Rendre plus mordant, plus piquant:
Aiguiser une épigramme , un couplet. Montes-
quieu a aiguise son livre d'épigrammes. (Volt.)
Elle aiguise son sourire, attendrit sa voix, as-
souplit sa taille, alanguit ses yeux, peut-être à
son insu, mais avec l'habileté d'un général gui
entre en campagne. (A. Achard.)
rance il aiguisa tous les traits qu'il décoche,
Et tout son esprit d'aujourd'hui
Etait en brouillon dans sa poche.
Delille.
Il Rendre plus prompt, plus actif, plus sub-
til : La nécessité aiguise l'esprit. (Acad.) Le
mystère, le silence, la honte craintive, aigui-
sent et cachent ses doux transports. (J.-J.
Rouss.) Le travail aiguise l'esprit, comme les
guerres aiguisent tes courages. (Volt.) Comme
les privations aiguisent lecteur! (M'«c Camp.)
La méditation avait aiguisé sa pensée. (Balz.)
Les défenses tyranniques aiguisent encore plus
une passion chez les enfants que chez tes hom-
mes. (Balz.) Il n'avait d'autre arme que la
haine; il résolut de /'aiguiser au bagne et
de l'emporter. (V. Hugo.) Une conduite déré-
glée aiguise l'esprit et fausse le jugement. (De
Bonald.) Les révolutions ouvrent et aiguisent
les. esprits. (Guizot.) La misère est une dure
pierre de meule qui «'aiguise pas le génie; elle
l'use. (F. Pyat.) n Augmenter, exciter, en par-
lant de l'appétit : Le grand air et l exercice
aiguisent l'appétit. Les ragoûts «'aiguisent
l'appétit qu'aux dépens de la santé. Le travail
aiguise l appétit. (J.-J. Rouss.) Notre pro-
menade sur l'eau, à l'air vif du matin, avait
bien aiguisé notre appétit. (A. Jal.)
— Prov. et fig. Aiguiser les couteaux, Se
préparer au combat, u Aiguiser ses dents, Se
disposer à bien manger.
combien de poignards à cette heure s'aiguisent
dans l'ombre, qui sont déjà dirigés contre moi?
(Alex. Dum.)
— Fig. Devenir plus vif plus actif, plus
subtil : L'esprit s'aiguise à la ville, il s atten-
drit aux champs. (Malesh.) Nos facultés phy-
siques s'AiGuiSENTpar nos périls ou nos besoins.
(Napol. 1er.) L'esprit s'aiguise dans le combat;
mais le talent a besoin de confiance. (Mme de
Staël.)
— Syn. Aiguiser, affûter. V. AFFUTER.
— Syn. Aiguiser, aiiégir, amenuiser. Ai-
guiser, c'est diminuer au bord et sur les bouts :
on aiguise un rasoir, une épingle, un pieu, un
bâton. On allégit en diminuant sur toutes ses
faces un corps considérable : allégir une pou-
tre. On amenuise un corps peu considérable,
en le diminuant principalement sur' une seule
face : amenuiser 'une volige. •'• ■
—Antonymes. Emousser, épointer, ébréçher.
AIGUISERIE s. f..(é-gu-i-ze-rî — rad.'ai-
guiser). Usine où l'on aiguise et polit les armes
blanches et les instruments tranchants.
AIGUISEUR, EUSE s. (é-gu-i-zeur, eu-ze —
rad. aiguiser). Celui, celle dont-le métier est
d'aiguiser. Il Ouvrier, ouvrière qui travaille
dans uno aiguiserie.
— S'empl. aussi adjectiv. : Les ouvriers ai-
guiseurs sont sujets à de graves maladies de
poitrine, causées par l'aspiration de lapoussière
résultant de l'usure des métaux qu'ils polissent
et de l'émeri de leurs meules. (Cn. Renier.)1
AIGUISOIR s. m. (é-gu-i-zoir — rad. ai-
guiser). Instrument propre à aiguiser les
couteaux.
AIGUITÉ s. f. (é-gu-i-té — rad. aigu).
Constr. Etat d'un angle aigu : Adoucir Ï'ai-
guité des angles, il Qualité des sons aigus :
V aiguité des sons. Ï'aiguité de la voix, il
Aujourd'hui on dit plutôt acuité.
AIGULFE (saint), archevêque de Bourges,
au rxc siècle. L'église bâtie sur l'emplacement
de son tombeau existe encore à Bourges. Fête
AIGUMENT adv. (é-gu-man — rad. aigu).
D'une manière aiguë.
AIGUllANDE, ch.-lieu de cant. (Indre);
arrond. de La Châtre; pop. aggl. 1,446 hab.
— pop. tôt. 2,146 hab.
AIKIN (John), médecin et littérateur anglais,
né en 1747, m. en 1822, était fits d'un ministre
presbytérien. En 1790, il exerça la médecine à
Yarmouth; mais ayant manifesté des opinions
politiques favorables au mouvement imprimé
par là révolution française , il vit son repos
troublé, et se rendit en 1792 à Londres, ou il
cultiva avec une grande sûreté de jugement
et de goût les diverses parties de la littérature.
Ses principaux ouvrages sont : Observations
sur tes hôpitaux, traduites en français par
Verlac; Biographie générale, 10 vol. in-4», en
collaboration avec plusieurs autres écrivains ;
Lettres d'un père à son fils, trés-estimées des
Anglais; Pièces diverses en prose, conjoin-
tement avec sa SCCur, miss Aikin, depuis
Mme Barbauld; des poésies, des écrits scien-
AIKINIE s. f. (é-ki-nî — de Aikin, n. pr.).
Bot. Genre de plantes de la famille des gra-
minées, syn. du genre ratzeburgie.
AIL s. m. (a-ill ; Il mil. — lat. allium, même
sens). Plante dont les bulbes, d'une odeur
forte et d'un goût acre, sont employées comme
assaisonnement : Tète o"ail. Gousse cTail. Gi-
got à J'ail. Lorsque Henri IV vint au monde,
son grand-père lui frotta les lèvres d'une gousse
d'An,, et lui fit sucer une goutte de vin dans sa
coupe d'or. (Péréfixe.) £;ail , dont l'odeur est
si redoutée de nos petites-maîtresses, est peut-
sont sujettes. (B. de St-P.) L'ail cultivé a
tige de deux pieds, garnie de feuilles linéaires
et planes. (Mirbel.) X'ail est antihystérique,
diurétique, fébrifuge, antipestitentiel ; il excite
la transpiration et même la sueur. (Mirbel.)
X'ail est une substance très-stimulante ; dans
l'économie domestique, on l'emploie comme assai-
sonnement. (Richard.) £'ail paraii exercer une
action assez énergique sur les organes de la sé-
crétion urinaire. (Richard,) Z'ail est le vermi-
fuge le plus puissant et le plus inoffensif que je
connaisse. (Raspail.) Z'ail est plutôt un condi-
ment qu'une substance alimentaire. (Raspail.)
Un courtisan s'étant présenté un jour devant
Vespasien, ses habits et sa chevelure exhalant
une très-forte odeur de parfum : « J'aimerais
mieux , lui dit brusquement l'empereur, que tu
sentisses i'AiL. »
homme sage
Quii
u §1"
choisir, ou de manger cent aulx,
luffrir trente bons coups de gaule.
La Fontaine.
— Ail d'Âscalon, .L'échalote, il Ail d'Es-
pagne, La rocambole. H Ail de chien, Nom
vulgaire du muscari en grappes, il Ail à tu-
niquç, Le poireau, à cause des pellicules blan-
ches superposées dont se compose sa racine.
— Gramm. Dans le langago ordinaire , on
dit au pluriel des aulx : Il a dans son jardin
des aulx cultivés et des aulx sauvages. En
termes de botanique, les savants préfèrent se
servir du pluriel ails .• La famille des ails.
— Encycl. Bot. I/ail forme, dans la famille
des liliacées, un genre qui renferme un grand
nombre d'espèces, parmi lesquelles on remar-
que l'oignon, le poireau, l'échalotte, la ci-
boule, la rocambole, etc.
. Les plantes comprises dans le genre ail
sont herbacées, vivaces, rarement bisan-
nuelles. Leur souche est bulbeuse, à bulbe
simple ou multiple ; leur tige dressée, ordinai-
rement cylindrique, quelquefois flstuleuse;
leurs feuilles sont le plus souvent engainantes
à la base, tantôt planes, tantôt cylindriques ou
demi-cylindriques et flstuleuses ; leurs fleurs,
verdâtres, blanches, rosées, purpurines, bleuâ-
tres ou violettes, sont disposées en ombelle
simple terminale, et toujours enveloppées d'une
spathe commune avant l'épanouissement.
Vail commun {allium sativum des bota-
nistes) est une plante vivace , dont les bulbes
produisent des bulbilles ou caleux, connus sous
le nom vulgaire de gousses d'ail. Ce sont ces
bulbilles qui servent à la reproduction de
la plante.
Vail est cultivé dans tous les jardins pota-
gers. Il croît dans tous les sols, mais de préfé-
rence dans les terres meubles et dans les sables
des dunes, ou ses bulbes arrivent àuue grosseur
considérable. Sa culture est très-facile, et
n'exige presque d'autre soin que le sarclage.
L'ail est fréquemment employé dans les pré-
parations culinaires comme condiment, et
même comme aliment, surtout dans les régions
voisines de la Méditerranée, où il a une odeur
moins forte et une saveur moins acre. Les
jeunes feuilles se mangent quelquefois en sa-
lade. Sur les bords de la Loire, on hache ces
feuilles, mais surtout les bulbes, pour les mêler
au fromage frais. En Orient, l'ait séché et pul-
vérisé est employé aux mêmes usages que le
poivre, qu'il remplace souvent.
L'aii a aussi des propriétés médicales incon-
testables, bien qu'on les ait exagérées au point
que cette plante a reçu le nom de thériaque
des pauvres. C'est un vermifuge actif, et il a
rendu des services, comme tonique et anti-
septique, dans les temps d'épidémie.
Ce bulbe est aussi employé dans l'industrie ;
mélangé à la colle de farine, il lui donne plus
deforce adhésive, et permet que l'on s'en serve
pour recoller la porcelaine.
Quelques espèces du genre ail ont des Heurs
d'une belle couleur, ou d'une odeur agréable,
qui les ont fait admettre dans les jardins d'orne-
ment: telles sont l'ail doré ou moly, Y ail blanc,
Yail odorant et l'aii superbe ou très-odorant.
— Hist. Les anciens Egyptiens faisaient de
l'aii un dieu ; les Grecs 1 avaient en horreur.
A Rome, il était défendu à ceux qui avaient
mangé de l'aii d'entrer dans le temple de Cy-
bèle. Alphonse, roi de Castille, institua en 13G8
un ordre de chevalerie appelé l'Ordre de la
Bande, dont les membres ne devaient manger
ni aulx, ni oignons, sous peine d'être exclus de
la cour pendant un mois. Dans le Nord , l'aii
excite une répugnance assez générale, tandis
qu'il fait les délices des peuples méridionaux.
AIL
Pour avoir une idée de la consommation qui
s'en fait dans le Midi, il suffit de savoir qu a-
vant la Révolution la dîme de l'aii rendait plus
de 3,000 francs à l'archevêché d'Alby. Il y a
une épode d'Horace dans laquelle le poète
lance contre Vail de terribles imprécations.
Mais un poste de la France méridionale, M. de
Marcellus, a défendu avec chaleur, dans une
épitre, la plante chère à ses compatriotes.- L'aii
entrait dans la nourriture ordinaire des soldats
romains; il était même devenu un symbole de
la vie ^militaire.
AILAKDJI s. m. (é-lak-dji). Marin turc,
spécialement chargé de la manœuvre.
AÏLANHIM s. m.(a-i-la-nimm). Chron.
Septièmo mois de l'année juive.
AILANTE s. m . (é-lan-te — du malais ailanto,
arbre élevé; littér. arirs du ciel). Bot. Arbre
des Moluques, très-répandu aujourd'hui dans
nos promenades et dans nos parcs, et nommé
vulgairement cemis du Japon, bien que ce ne
soit pas l'arbre qui produit la substance de
ce nom. Vailante glanduleux est recherché
aujourd'hui pour les plantations, à cause do
sa forme élégante et de la rapidité de sa crois-
sance. Son écorce possède des propriétés ver-
mifuges. Ses feuilles, qui ressemblent à celles
du frêne, servent à la nourriture d'une espèce
de ver à soie.
ailanticulture s. f. (é-lan-ti-kul-tu-re
— de allante et culture). Culture en grand
de l'ailante, parce qu'une espèce de ver a soie
vit sur ses feuilles.
AILANTINE s. f. (é-lan-ti-ne — rad. ailante).
Matière textile provenant du ver à soie de
l'ailante.
AILE s. f. (è-le — du lat. ala, qui paraît
être une abréviation, une corruption de axilta,
aisselle). Partie du corps des oiseaux, des in-
sectes, de quelques mammifères, et même do
quelques poissons, qui leur sert à voler : Ailes
de mouche. Les ailes d'une chauve-souris. Ou-
vrir, étendre ses ailes. Les papillons dorés se-
couèrent lapoudre bigarrée de leurs ailes. (E.
Suo.) Il me raconta dans un apologue les mal-
heurs d'une fauvette, tombée de son nid pour
avoir voulu voler avant que ses ailes fussent
' ». (Billy.)
.a Fontaine.
miter, sans répondre u
La Fontaine:.
Il Partie charnue d'un oiseau cuit , depuis le
haut de l'estomac jusque sous les cuisses :
Aile de poulet. Aile de perdrix. Servir une
aile. Lever, manger des ailes, Offrez en géné-
ral les ailes du poulet . le ventre de la carpe
et le dos du brochet. (Brill.-Sav.) Le jeune
athlète détacha proprement une aile de dindon,
l'avala en deux bouchées, après quoi il se net-
toya les dents en grugeant le cou de la volaille.
(Brill.-Sav.) Le meilleur morceau d'une pou-
larde rôtie, c'est I'mlb. (Grimod.) Docteur, dit
le malade, il me semble qu'il serait peut-être
temps de me permettre une côtelette et une aile
de volaille. (F. Soulié.) Le premier dindon qui
fut servi sur nos tables fut servi aux 7ioces de
Charles IX; Montlucdit que le jeune roi man-
gea i'AiLE gauche. (Cussy.)
— Les ailes sont le symbole de la rapidité;
aussi cetto expression s'applique-t-elle à une
foule de choses lorsqu'on veut les peindre
comme agissant avec rapidité : Les ailes de
l'âme. Les ailes de la foi, de la pensée, de la
prière, de l'intelligence, de l'imagination , etc.
Elevons les ailes de notre âme vers cette beauté
céleste. (Villem.) Ici l'Espérance lassée replia
ses ailes d'<r:ur.(Lamart.) Les lettres servcit la
morale, en élevant notre âmesur les ailes dusen-
timent. (M.-Brun.) L'homme s'élève au-dessus de
la terre sur deux ailes: la simplicité et lapureté.
(Sacy.) Cet homme avait fermé mon cœur, coupé
les ailes de mes rêves , étouffé les profondes
aspirations de ma vie. (Fr. Soulié.) La philo-
sophie s'est plus d'une fois élevée sur les ailes
de ta poésie. (De Barante.) Le plaisir a des
ailes pour qu'on coure après lui. (Scribe.) ■
... Le moindre désir qui l'effleure de l'aile
Met un voile de pourpre a la sainte pudeur.
— Par anal. Avoir des ailes, Etre leste,
agile, vif dans ses mouvements : Quand elle
me donnait un ordre, j'avais des ailes. (G. Sand .)
Il Là peur donne des ailes, La peur précipite
la course : Si la peur vous donne des ailes
pour vous sauver, l'espérance lui en donnera de
plus fortes pour vous atteindre. (Vaugel.) Il On
dit, dans le même sens : La peur lui met des
ailes aux talons. Il Fournir, donner des ailes.
Donner uno rapidité telle qu'il semblerait
qu'on a des ailes :
Je le tiendrai rendu si j'en ai des nouvelles,
Chacun s'empresse, à ces tristes nouvelles.
Même aux plus lents l'ardeur donne des ailes.
Malfilatre.
Il S'emploie d'une manière analogue dans les
phrases suivantes : Un peu lente à marcher,
tout d'un coup , quand il le fallait, elle se re-
trouvait des ailes. (Ste-Beuve.) la comtesse
avait trouvé des ailes, et s'était comme envolée.
(Balz.) Je voudrais avoir des ailes, aller à
Nemours, et vérifier ses assertions. (Balz.) Il
Avoir des ailes , Arriver, se propager tres-
proniptcment : Le mal a des ailes, et le bien
AIL
marche à pas de tortue. (Volt.) La louange est
sans pieds, et le blâme a des ailes. (V. Hugo.)
— Fig. Direction, surveillance, protection:
Seigneur, vousm' avez mis àcouvert sous l'ombre
de- vos ailes. (Mass.) L'Eglise nous a tenus sous
ses ailes comme des petits qu'elle enfantait.
(Mass.) Ce jeune homme s'était mis sous J'aile
de la baronne, quand elle avait trente ans.
(Balz.) Madame de Genlïs fut élevée au château
de Saint-Aubin, sous J'ailb de sa mère. (Ste-
Beuve.) La profession monastique des femmes
se perpétue sous les ailes protectrices de l'E-
glise. (Min° Bachellery.)
Anges du Tout-Puissant, couvrez-le de votre aile.
Une fille est au mieux sous Voile de sa more.
C. Delavione.
— La poésie, en les personnifiant, prête
' des ailes à l'Amour , au Temps , aux Vents,
aux Heures , aux Saisons, aux Songes , à la
Mort, etc. : Ne donnons point à l'Hymen les
ailes de l'Amour. (Chateairb.) Le maudit clia-
peau reparut sur J'aile vagabonde du siroco.
(G. Sand.) Dieu n'a pas permis que notre père
succombât, comme il n'a pas permis qu'Abraham
sacrifiât son fils ; au patriarche, comme à nous.
il a envoyé un ange , qui a coupé à
miii les ailes de la Mi ' " " "
Mort. (Alex. Dum.)
Dieu, que 1
Qui vote si
Or, il advint un jour que des Fièvres mortelles
Passèrent sur l'Espagne en secouant leurs ailes.
Il On donne aussi des ailes aux anges, pour
exprimer la rapidité avec laquelle ils exé-
cutent les ordres divins : Son amour pour vous
est une de ces barrières trop hautes pour être
franchies par aucune puissance, même par les
ailes d'un ange. (Balz.) L'amour est un "ange
qui vient à nous sur des ailes de flamme. (A.
Martin.)
Le chérubin tr
nolant se
m aile.
inistres fidèles,
Ses anges,
Portent la mon, et m terreur.
Malfilatoe.
— Poétiquem. Les ailes des vaisseaux , Les
voilés:
Et déployons au vent les ailes des vt
ir les ea
— Proverbialcm. : Voler de ses propres ailes,
Agir sans le secours, sans la protection de
personne, il Dans un sens analogue : Vouloir
voler avant d'avoir des ailes, Entreprendre une
chose au-dessus de ses forces :
Il N'avoir pas l'aile asses forte, Commencer
trop tôt quelque chose dé très-difficile à exé-
cuter, h battre de l'aile, Etre embarrassé, mal
à l'aiso : Depuis qu'on a réduit sa pension, Une
fait plus que battre de l'aile. Il Ne battre,
n'aller que d'une aile; ne battre plus, n'al-
ler plus que d'une aile, Avoir perdu beau-
coup de sa vigueur, de sa considération,
de sa fortune : Depuis sa maladie, depuis sa
faillite, il ne bat plus que d'une aile, h Se
dit aussi des choses que Von néglige, qui ne
sont pas poussées avec vigueur, n Rogner les
ailes à quelqu'un, Lui retrancher de son auto-
rité, de son revenu : C'est la faute de votre
intendant, qui nous rogne sans cesse les au.es.
(Mol.) il Tirer une plume de l'aile à quelqu'un,
Lui attraper quelque chose, lui extorquer de
l'argent: Je serais d'avis que nous prissions- la
fuite avec la plume que nous avons tirée de
J'aile du bonhomme. (Le Sage.) Il Arracher à
quelqu'un une plume de l'aile, une belle plume
de l'aile, Le priver de quelque avantage con-
sidérable." Il C'est la plus belle plume de son
aile , C'est le meilleur de son revenu, il En
avoir dans l'aile, Etre atteint d'uno maladie
grave, d'une disgrâce imprévue. H Cette ex-
pression signifie particulièrem., Etre amou-
reux, par allusion à l'état d'un oiseau blessé
à l'aile, qui ne peut plus voler : J'en ai dans
.l'aile, je suis perdu, j'ai regardé Chloris.
(Scarr.) Ma princesse, vous voyez un seigneur
qui en a dans l'aile. (Le Sage.)
Mon doucereux neveu, vous en avez dans l'aile.
MONTFLEUSY,
Il Cette expression signifie encore, par plai-
santerie , Avoir cinquante ans , parce que lo
nombre 50 est figure en chiffres romains par
unL. il Voler des mêmes ailes, \ ivre ensemble,
en bonne intelligence : Nous sommes jeunes
tous deux, nous jjouvons voler des mêmes ai-
les sous le même ciel. (Balz.) Il Tirer d'une
chose pied ou aile, En tirer profit de ma-
nière ou d'autre : Tous les gens de quelque con-
sidération qui avaient eu des places dans les
conseils en tirèrent pied ou aile. (St-Sim.) Il
ne se faisait pas une partie déplaisir, pas un
festin 'dont nous ne tirassions pied ou aile. (Le
Sage.) Il Au xvie siècle, on disait tirer cuisse
ou aile de quelqu'un, ce qui était plus en rap-
port avec l'idée d'une volaille^ qu'on découpe.
Il Baisser l'aile, Etre triste, fatigué, harassé,
mélancolique, kl Autant qu'en couvrirait l'aile
AIL
d'une mouche, Hyperbole qui signifie En très-
petite quantité.
— A tire-d'aile, loc. àdv. Le plus vigou-
reusement, le plus rapidement possible : Les
pigeons traversaient par bandes, à tire-d'ailb,
la rive des Esclavons , pour aller chercher sur
la grande place le grain qu'on y répand régu-
lièrement pour eux à cette heure. (A. deMuss.)
Il Fig. : La calomnie marche k tire -d'aile.
(Volt.) Tous ceux que j'ai comblés dans mon
temps de prospérité, une fois la bise de la
ruine venue, ont filé k tire-d'aile. (E. Sue.)
— Dans l'argot, aile signifie Bras : Prends
mon ailk. Le chirurgien lui avait coupé une
aile. Appuie-toi sur mon aile, et en route pour
Chàtellerault l (Labiche.)
- ■■— Rite cathol. Bandelettes attachées par
derrière aux mitres des évSques et des abbés,
et qui retombent sur les épaules.
— Anat. Parties semblables situées de cha-
quo côté d'un organe impair et symétrique :
Les ailes du nez, les grandes et petites ailes
du sphénoïde. i\'Aile de l'oreille, Partie supé-
rieure et' évasée du pavillon de l'oreille.
' — Art milit. Partie latérale d'une armée en
marche ou rangée en bataille : Aile droite.
Aile gauche. Aile d'infanterie. Aile de cava-
lerie. A la bataille de Chéronée, Alexandre en-
fonça et mit en fuite J'ailb droite de l'armée
'ennemie. (Barthél.) Ne sépares jamais les ailes
de voire armée de manière que votre ennemi se
puisse placer dans les mieruaJJes. (Napol.ler.) Il
Les Romains donnaient aux ailes le nom de
cornes (cornùa), et appelaient ailes (alœ), les
troupes de cavalerie, il Partie extrême d'un
ouvrage de fortification : Z'aile est une dé-
fense composée soit d'une, soit de deux bran-
ches. (Gôn. Bardin.)
— Mar. Escadre ou division la plus éloignée
sur les côtés ou par le travers du gros de la
flotte. Il Parties situées dans la cale , sur les
côtés qui avoisinent le plus les branches re-
levées des varangues. Il Ailes de l'archipompe,
Les faces latérales de l'archipompe. H Aile de
dérive, Plate-forme solide en bois, ayant la
forme d'une semelle , qu'on place de chaque
côté, par le travers, en dehors du navire, pour
l'aider à mieux tenir le veut, il Aile de pigeon
ou de papillon, Voile qui s'installe au-dessus
des cacatois.
— - Mécan. Aile d'hélice, Se dit des branches
de l'hélice.
— Bot. Les deux pétales latéraux de la co-
rolle papilionacée. il On donne aussi ce nom
aux appendices foliacés que présentent cer- ,
tains' fruits secs appelés samares. H Aile de
pigeon , Nom vulgaire d'une espèce de cham- ,
pignon. : ; :
— Hortic. Nom donné aux branches des <
arbres en espalier qui poussent sur les côtés :
des mères tranches. Il Ailes d'artichaut, Les
pommes qui viennent sur les côtés et ne sont
jamais aussi grosses que celles du milieu ; on
donne le nom d'ailerons aux pommes qui quel-
quefois accompagnent les ailes et sont encore
plus petites.
— Agric. Lame du soc de la charrue. Il
Berchoux a changé la signification de ce mot
quand il a dit :
Maniez la charrue et dirigez ses ailes.
Il entendait parler des deux montants avec
lesquels le laboureur dirige la charrue.
— Constr. Charpentes étendues et cintrées ,
qui soutiennent la partie postérieure d'une
toiture et l'unissent à la flèche. Il Partie la-
térale d'un bâtiment disposée soit sur la même
ligne que la façade, soit en retour d'équerre.
On dit aile droite et aile gauche, non par rap-
port au spectateur, mais par rapport au bâ-
timent même : .Un bâtiment qui n a qu'une aile
est imparfait. (Bachelet.) Les ailes du palais
de Versailles ont trop , d'étendue relativement
au corps principal. (Bachelet.) Une aile tout
entière de l'hôtel, de ville était brûlée. (Alex.
Dum.) Le premier soi7i du marquis a été d èxhu- •
mer tes décors et les costumes qui remplissaient,
cette aile de son manoir. (G. Sand.)
Souffrez qu'à mon logis j'ajoute encore une aile.
La Fontaine.
H Dans les temples périptères grecs, Les co-
lonnades latérales, il Dans une église, Les croi-
siljons du transsept et les bas-côtes ou nefs
latérales, il Dans un théâtre, Les deux côtés de
la scène où se meuvent les châssis des déco-
. rations, et où se tiennent les gens de service,
ainsi que les acteurs avant de paraître en
scène, il Les deux parties plates ou inclinées
, qui rétrécissent l'âtre d'une cheminée. Il Ailes
de lucarne, Parties qui posentsur les chevrons.
— Ponts et chauss. Ailes de pavé ou de
chaussée, Pentes latérales de la chaussée d'une
rue. il Ailes d'un pont, Elargissements pra-
tiqués sur les culées pour faciliter les abords
du pont.
— Moll. Nom -vulgaire de la lèvre de cer-
taines coquilles , qui est plus prolongée qu'à
l'ordinaire. Il Nom donne aux nageoires de
quelques céphalopodes ou ptéropodes, tels que
les argonautes et les carinaires.
— Conchyl. Aile d'ange, aile de chauve-sou-
ris, Nom vulgaire de deux coquilles du genre
strombe. il Aile dé corbeau, Coquille ainsi
nommée à cause de sa forme générale. Il Aile
de papillon, Nom marchand do plusieurs co-
quilles appartenant aux genres came, cône,
volute, etc.
— Zooph. Aile de mer ou aile marine , Nom
do la pennatule , espèce de zoophyte , qu'on
appelle aussi plume de fer.
AIL
— Danse. Ailes de pigeon, Saut exécuté en
l'air, et pendant lequel les jambes imitent le
battement des ailes des oiseaux : Il exécuta
coup sur coup trois ailes -de pigeok.
— Mod. Ailes de pigeon Espèce do coiffure
du xviie siècle,- qui figurait une aile de chaque
côté de la tête : Cette physionomie était sin-
gularisée par une coiffure poudrée à ailes de
pigeon. (G. Sand.) C'est là une ancienne et
bonne pratique ! il n'a pas donné dans le char-
latanisme de la Titus, celui-là, il a été fidèle à
la poudre, et a conservé Z'ail'e de pigeon dans
son intégrité. (Scribe.) Le titre de vicomte ne
pouvait être porté que par des émigrés à ailes
de pigeon ou par de vieux officiers. (F. Soulié.) .
— Pêch. Bande de filet qu'on ajoute aux
côtés d'un filet à manche.' .
— - Fauconn. Monter sur 'l'aile, Se dit d'un
oiseau quand il s'incline sur une aile, et qu'il .
s'élève par le mouvement de l'autre. , ;
— Art culin. Partie de la lardbire où se place
le lardon.
— Comm. Bouts d'aile, Plumes du bout de
l'aile des oies, dont on se sert pour écrire.
— Techn. Bord latéral d'un chapeau d'uni-
forme, dont la pente détermine la cambrure :
Ailes rabattues. Ailes relevées, il Ailes d'un
moulin, Châssis garnis de toile que le vent
met en mouvement et qui font tourner les
meules, il Nom donné à des pièces de bois plates
et triangulaires qu'on attache transversale-
ment à une des poupées du tour, il Bande de
plomb servant a retenir le verre dans les
panneaux, u Dans une pièce d'horlogerie, Ailes
du pignon, Les dents au pignon, il Branche du
volant d'une sonnerie. Il Ailes du touret, Chez
les cordiers, Planchettes en croix qui servent
à retenir le fil sur le touret, lorsqu il est près
d'être rempli.
— Blas. Se dit des ailes d'oiseaux figurées
dans les armoiries, n Ailes élevées , Celles qui
ont les pointes tournées vers le haut de l'écu.
Il Ailes renversées, Celles qui ont les pointes
tournées vers le bas do l'écu.
-■• Philol. Nom donné par Simmias, auteur
grec, à une petite pièce de' poésie en vers
figurés. Dans ce morceau, les ailes sont com-
posées chacune de "six plumes ou de six vers
choriambiques qui diminuent graduellement
do mesure, et par conséquent de longueur, .
selon leur position dans laile, jusqu'au der-
nier, qui n'a que trois syllabes. L'auteur fait
parler dans cette pièce le dieu qui porte des
ailes, c'est-à-dire VAmour, non pas le fils de
Vénus, mais l'Amour, principe créateur cé-
lèbre dans les vieilles cosmogonies..
. —Le mot aile s'emploie souvent avec'un
complément pour désigner certaines couleurs,
certaines nuances, et, dans ce cas, il est in-
variable , quoique se rapportant à un : nom
pluriel. Il Aile de mouche, Couleur grise, cha-
toyante : Elle avait des souliers aile de mou-
che. (F. Soulié.) Il Aile de hanneton, Couleur
d'un brun tanné : L'étudiante porte de, fins bro-
dequins aile de hanneton. (F. Soulié.) Il Aile
de scarabée, Couleur verte , chatoyante : Un
petit soulier aile de scarabée , si échancré qu'il
couvrait à peine le bout des doigts. (Th. Gaut.)
..— Encycl. Zobl. D'après l'étymologie qu'on
■ lui donne (axilla, aisselle), le mot aile ne de-
vrait s|appliquer qu'au membre thoracique des
oiseaux ; mais on désigne généralement sous le
nom à'àile tout organe qui, par sa formé et ses '
mouvements, sert à un animal quelconque pour
s'élever, se soutenir et se diriger dans l'air.
-Cette définition, tirée de la fonction,; comprend
sous un même terme plusieurs organes, qui
n'ont entre eux aucune analogie anatomique.
Chez les oiseaux, l'ai'Je est constituée par l'os
du bras, par ceux de l'avant-bras, du. carpe,
du métacarpe et des doigts. « Ce. sont surtout
les plumes, dit Requin, qui contribuent essen-
. tiellement au vol parla grande étendue qu'elles
donnent aux ailes. Celles qui naissent du bord
supérieur de l'ai Je, soit en dessous, soit en
dessus, se nomment tectrices
supérieures et inférieures. Les c
périeures se divisent en petites, moyennes et
grandes. Ces dernières, qui sont situées le plus
loin du corps, recouvrent les pennes ou rames,
qui seules servent réellement au vol, et qui se
divisent en grandes ou primaires, et moyennes
ou secondaires. Les pennes primaires, plus
fortes et plus aiguës, sont situées àl'extrémité
de Y aile; les pennes secondaires, plus molles,
plus larges, plus obtuses, sont portées par les
os de l'avant-bras. » Certains oiseaux (autru-
ches, pingouins, manchots) ont des ailes trop
imparfaites pour le vol ; celles de- l'autruche
ne lui servent qu'à accélérer sa course dans
les déserts ; celles du pingouin lui servent de
rames pour parcourir les eaux.
Chez les chauves-souris, les mains sont de-
venues des ailes, grâce au développement des
membranes interdigitales. Un genre de sau-
rien fossile et perdu, le ptérodactyle, était
muni à'ailès semblables à celles des chauves-
souris. —Chez les poissons volants, ce sont les
nageoires pectorales qui , en se prolongeant,
font l'office d'ailes, mais à' ailes très-impar-
faites. On donne aussi le nom d'aile à la mem-
brane tendue sur des rayons osseux qui permet
au dragon volant de se soutenir quelques in-
stants dans l'air. — Les ailes des insectes se
présentent sous la forme d'appendices mem-
braneux plus ou moins développés, toujours
situés sur les parties latérales du thorax. La
plupart des insectes ont deux ou quatre ailes.
Dans ce dernier cas, les deux paires sont raem-
AIL
155
braneuses comme une gaze et d'égale consis-
tance, ou. bien l'une est membraneuse et l'autre
dure, coriace, crustacée ; quand il en est ainsi,
ces ailes dures, qui ont reçu le nom d'a'Jv-
tres, sont comme des étuis destinés a pro-
téger les ailes véritables et ne servent point au
vol. Quelquefois leur première moitié seule
devient coriace, et alors elles s'appellent demi-
élylres, hérnélytres. Une aile d'insecte se com-
prise d'une partie membraneuse formée de
deux feuillets appliqués l'un contre l'autre, et
de lignes saillantes appelées nervures, et con-
stituées par des trachées. La classification des
insectes est en grande partie fondée sur les
caractères tirés des ailes.
— Archit. Les anciens donnaient le nom
d'ailes aux galeries et aux colonnades annexées
à un temple. Nous l'appliquons, aux bas côtés
ou nefs latérales séparées de la nef centrale
par une rangée de piliers ou de colonnes. Dans
un théâtre, on nomme ailes les deux côtés hors
de la scène où se meuvent lés châssis des dé--
corations, et où se tiennent les acteurs 'et les
figurants avant d'entrer en scène.
— Art milit. On désigne par le mot d'ailes,
dans une armée en marche ou rangée en ba-
taille, les corps qui se trouvent placés aux
deux extrémités de la ligne, de même qu'on
appelle centre ceux qui sont rangés entre les
deux ailes. Ainsi, il y,a une aile droite et.une
aile gauche; l'ailé droite dé l'une des 'deux
armées fait face àl'atïe gauche de l'autre, et
réciproquement. L'ûsage^aé diviser ainsi l'ar-
mée en trois parties distinctes remonte à l'é-
poque où l'art de la guerre prit naissance. Les
Romains plaçaient au centre les légions pe-
samment armées, et jetaient sur les ailes ta
cavalerie et les troupes légères ; aussi . don-
naient-ils le nom d'alœ aux régiments de ca-
valerie. Tite-Live et César se servent souvent
du mot cornes (cornu dextrum, corne droite;
cornu sinistrum, corne gauche) .pour désigner "
les ailes. — On appelle ailes, en termes de for-
tifications, les faces latérales -d'un "ouvrage à
'cornes ou d'un ouvragé à couronné, lesquelles
sont destinées à renforcer le front sur lequel
elles sont élevées et qu'on place de manière à
envelopper une demi-lune ou à couvrir un
bastion.1' ' - •
— Myth. Les ailes jouent un grand rôle dans
toutes les mythologies. Les Greos^.donnaient
des ailes à l'Amour, à la Victoire, à la Renom-
mée, au Temps, à Mercure, au. cheval Pégase.
La Bible parle de celles des anges, des séra-
phins, des chérubins. : _t _ ]di
— Homonymes. Aie, elle. .. |.. ,
— Épithètes. Agile, aisée* légère, prompte,
rapide, précipitée, assurée, hardio, audacieuse,
téméraire, timide, craintive, tremblante, froide,
glacée-, captive, prisonnière, libre, volage, pas-
sagère, vagabonde, étendue, déployée, mobile,
(agitée, brillante, diaprée ; bruyante , sifflante,
amoureuse, caressante, hideuse, effroyable.'
— AUUS. l!ttér.'Mên.e quand l'oiseau War-
cbe, on sent qu'il a des. allés. Allusion à un
vers de Lemiérre, dans son poème des Fastes.
V. Oiseau.
■ - Allus. littér. .T'nîn»"» V«lie i e* tirant lo
pied... Allusion à un vers de la fable de La
Fontaine, les Deux Pigeons : '
Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans piti<5)
Prit sa fronde, et du coup tua plus d'à moitié
■ La volatile malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité", l
Trainant l'aile, et tirant le pied, - ■' ■
Demi-morte, et demi-boit<juse, ,., . .,
Droit au logis s'en retourna. '
Dans l'application, ce vers sert ii exprimer
un état fâcheux dont on ne s'est tiré qu'avec
peine, et non sain et sauf :
« J'ai voyagé, mon cher et respectable ami,
et le pigeon a eu l'aile cassée avant de reve-
nir au colombier; je suis' d'ailleurs forcé de
rester quelque temps à' Francfort, où je, suis
tombé malade. »,
... . Voltaire (Lettre à d'Argental)., .,
« L'idée, écartelée en pages par les compo-
siteurs d'imprimerie, parquée en lignes, dissi-
pée en mots, hachée par la justification, Tidéa
qui souriait, pleure. Elle trouve sa cellule. si
étroite I Elle se frappe aux barreaux de sa
cage ; lelle avait espéré un grand espace , la
voilaqui se retire humiliée dans un coin, comme
le pigeon de La Fontaine,' traînant l'aile et ti-
rent le pied, y H. de Latouche.
Aile de Sniut-Mlchel (Ordrb de'l'). Ordre
de chevalerie, analogue à celui des Templiers,
qui fut créé, vers 1147, par. Alphonse Henri-
quez, premier roi de Portugal , en mémoire
d'une victoire que ce prince .avait remportée
sur les Maures et qu'il attribuait à la protec-
tion de saint Michel. Les membres s'enga-
*geaient a combattre constamment les infidèles,
et portaient pour insigne une aile en demi-vol
brodée en laine rouge sur lo devant de l'habit.
L'institution disparut peu de temps après la
mort de son fondateur.
aile s. f. (è-le). Sorte de bière anglaise.
V. ALE.
AILÉ, ÉE adj. (è-lé — rad. aile). Qui a des
ailes : Les animaux ailés. L'oiseau pose son
nid sur les plus hautes branches des arbres,
pour préserver ses petits de l'insulte des ani-
maux qui ne sont point ailés. (Fôn.) Pline
assure qu'il se forme trne foule d insectes ailes
dans la poussière des cavernes. (F. Pillon.)
156; AILA
Jamais un chantre ailé n'y porta sa cadence.
.,;.,(■ ... . • Saint-Lambekt.
Au peuple ailé des airs faut-il livrer la guerre?
. ■ . ■ . C. Delavksne.
Il On dit da même : On voit avec effroi arriver
ces nuages épais, ces phalanges ailées d'insectes
affamés qui semblent ' J- ■—■■■■■
'"jff.i Uner' ' '
habitants ailés de cette basse^cour. (Ê.'Sue.
ï.
Tenant d'une màïn son tablier.' relevé par les
deux coins, elle y puisait des poignées de grain
qu'elle', distribuait à la foule ailée dcnit elle
était 'entourée.. (E. Suo.)
rj7ïr.rÇ??euP.<e. ai¥i logent ailée. Les oiseaux :
Lhironaelle se trouve à la fois ta première de
la cent ailée par le don, l'art.complet du vol;
d'autre part, la plus, sédentaire et la plus at-
tachée au nid. (Miclielet.) il Les pèlerins ailés,
Les oiseaux voyageurs : Mais. que de cris, que
de 'reproches, que de malédictions sauvages ou
de_ questions inquiètes sont échangées, dans. une
(G. Sand.) ' en re ces p^lri^s ailes.
i-rr.Se dit aussi de certains animaux dont
l'espèce n'est pas ordinairement pourvue
d'ailes : Poissons ailés. Fourmis ailés. Selon
la Fable, Pégase était un cheval ailé. Les an-
ciens croyaient à l'existence des serpents ailés.
(Acad.) ;
— Se dit de certaines choses que l'on 'figure
ayec'des ailes : Cerf aile. Cœur ailé. Nain
aile. Un foudre ùw 'est le symbole de la ra-
pidité et de la puissance.
-rr Fig. Par allusion aux voiies des. vais-
seaux :...'„
Fier, il vole ai
iude.se
i escadre ailée.
Je montrai le premier
L'appareil inouï, pour
De nos cMteaus ailés qui volaient i
■'•■■■ ' ' VOLTMKE,
Il S'est dit de la prièro, pour marquer la ra-
pidité avec laquelle elle s'élève vers Dieu : La
prière, niais la' prière rapide, lyrique, ailée,
était associée aux. moindres actes de notre jour-
née.' (Larnart.) ' '! ." ; ■ ' ' '
— En 'poésie', Le ministre ailé de Jupiter,
du roi de '.l'univers, 'dit roi, du monarque des
dieux, périphrases qui s'appliquent à l'aigle :
Tout a coup, s'élançun. —
L'aigle, ministre ailé duroi de l\
Porte aux dieux divisés la foudre et les éclairs.
,...'., .'.... De Gueule.
— Méd. .Omoplates ailées, Omoplates qui
offrent, des. saillies osseuses, comme chez les
personnes dont, lo. corps est frêle, la'poitrine
étroite, ce qui indique une. prédisposition à
la phlhisie pulmonaire. .' \ . . . '
— Zool. Se dit d'une coquille univalvo
dont une lèvre se dilate dans l'âge adulte.
Il D une coquille bivalve dont la base, vers
rundoscôtés'dusommetj'esttrès:prolongée. n '
Des doigts dé certains oiseaux, lorsqu'ils sont'
garnis dans toute leur longueur d'une mem-
brane étroite et lisse'.' il Du tibia postérieur
des insectes quand il est garni d'un appen-
dice étalé. Il Du prothorax de certains insectes,
lorsque ses côtes sont dilatés.
r-r Bot; Dontla-formo se .rapproche de cèlltfs
des ailes, en parlant de plusieurs parties des
plantes.:. Tige ailée. Pétioles ailes. Péricarpe
aile. Capsules ailées. Feuilles ailées.
— Mécan; Vis. ailée, Vis qui donne de la
prise aux doigts,. ir| , ,
— Blas! Se ditdcs animaux ou autres figures
auxquels on donne des ailes chimériques. Fa-
mille Danchel : d'azur, au daim ailé d'or, à la
cotice de sable'brochant sur le tout. Famille
Manuel : de gueules à une main ailée d'or
tenant une épée d'argent.— Se dit des oiseaux
des, insectes et des, moulins à vent dont les
ailes sont d'un, .émail particulier. .Famille
Ambel .-d'or, au moulin a vent d'argent ailé
do, gueules, posé sur une terrasse de sinoplo.
— s. m. pl.-Entom. Sous-classe ou section
de.la classe des insectes, comprenant ceux
qui, ont deux ou quatre ailes, il Ornith. Tribu
de l'ordre des oiseaux nageurs colymbiens. u
Moll. Famille de gastéropodes.
AILE-PIEDS s. m', pi. (è-le-pié — de aile
et pied). Mamra. Classe de mammifères, com-
prenant ceux qui ont les membres transfor-
més en ailes.- u Moll. Les mollusques dont les
organes locomoteurs'consistent en une espèce
de nageoires. ' r
AILERON s. m! (è'-le-ron -^ dimin.' de aile).
Extrémité dp l'ailé d'un biseau : Le coq.s'étàit"
cassé un aileron, il Cette même partie sépa-
rée dé l'aile et.'cùitè': Jtagout <2'ailerons. Ai-.'
lerons aux pommes de terre, aux salsifis. Il
mange un aileron de dinde aux navets, sous
prétexte, de gastrite, aiguë. (E. Texier.)
7-, Fig.'et, pop. Se faire donner. sur les aile-
rons. Se faire rabattre le ton, la jactance, l'or-,
gu'eil.
— Argot. Bras : Je suis piqué à f aileron :.
tu m as égratigné avec tes ciseaux. (E. Sue.) '
— Entom. Ecaille convexe qui se trouve à
la base de l'aile de certains insectes-diptères.
— Ichthyol. Nageoires de' quelques pois-
sons; : Lès ailerons d'une carpe. On dit que
les Chinois sont très-friands des aileroms de
requin. (Encycl.)
— Hortic. Aileron d'artichaut, Pomme d'ar-
ticnaut plus petite que l'aile.
— Mar. Planches en queue d'aronde que l'on'
cloue quelquefois vers la flottaison des deux
cotes, du gouvernail, pour en augmenter la
AIL'
surface et la puissance, u En voïîerie. Réunion
des pointes de côté d'une voile carrée.
— Archit. Espèce de consoles renversées,
placées des deux cotés d'une lucarne, ou ac-
compagnant la partie supérieure d'un portail.
— Techn. Petits ais qui garnissent les roues
des moulins à eau, et qui servent à les faire
tourner par le choc de l'eau.' u Petite pièce
qui, dans les carrières d'ardoises, sert de sup-
port à la partie du seau qu'on appelle le cha-
peau, u Chacune des extrémités des lames de
plomb qui maintiennent les pièces de verre
dont un panneau de vitrago est composé, il
Petits morceaux do carton que-les artificiers
attachent, en forme d'ailes, à une fusée vo-
lante, li Nom quo les serruriers donnent à cer-
taines' fiches de fer!
AILETTE s. f. (è-lè-te — dimin. d'aite).
Archit. Avantrcorps de bâtiment, plus petit
qu'une aile.
— Mar. Prolongement des bordages de l'ar-
rière d'un vaisseau.
— Ane. art milit. Plaque carrée fixée sur
chaque omoplate de la cotte de mailles, ou de
la cuirasse de fer plein.
— Artill. Nom donné à des espèces do petits
tenons qui sont encastrés dans les projectiles
allongés et saillants à la surface. Les ailettes
ont pour objet de maintenir le projectile dans
l'axe de la bouche à feu, et, pendant qu'il par-
court l'âme de cette dernière, elles frottent
sur les flancs directeurs des rayures.
— Techn. Pièce servant de renforcement
sur le côté d'un soulier, d'une manche do che-
mise, d'un bas. Il Partie d'un rouet, u Une dos
partie;; de l'écusson entre lesquelles la détente
du fusil est fixée par une vis.
, AILFER s. m. (a-ill-fèr; «mil.). Nom vul-
gaire de deux espèces d'aulx du midi de la
•France.
AILLADE s. f. (a-ill-a-de ; U mil. — rad. ail).
Sauce à l'ail : C était une puante haleine qui
était venue de l'estomac de Pantagruel, alors
qu'il mangea tant (Taillade. (Rabol.) u Mor-
do pain frotté d'ail, u Certaine quantité
do têtos d'ail .-
i choisir après cela
■au défaut de Vailinde.
m — Fig. et farn. Il nous a servi une rude ail-
lade, Il nous a tancés vertement.
AILLAME s. m. (a-ill-à-me ; Il mil.). Nom
vulgaire du sorbier des oiseaux.
AILI.ANT-SUR-TIIOLON, ch.-lieu, de cant.
(Yonne), arrond. de Joigny ; pop, aggl. 005
hab. — pop. tôt. 1,-168 hab. Pays très-agréa-
blement situé, dans' la vallée et sur' la rive
gauche du Tholon. •
A1LLAUD (J. -Gaspard), médecin. du xvme
siècle qui se fit une grande célébrité par le
débitd'une prétendue panacée, la poudred'Â*7-
laud, composée surtout dé scammonée.
AILLE (a-i-lle; H mil.). Finale qui exprime
une idée de pluralité : Volaille, grenaille, ba-
taille, mitraille, canaille; accordailles, fian-
çailles, relevailles, représailles, broussailles,
funérailles. Elle répond à alia, ilia, pluriels
neutres de noms latins, u A l'idée de pluralité
est quelquefois unie l'idée de mépris : Vale-
taille, canaille, pédantaille, marmaille, etc. u
Mais elle n'est pas suffise, et fait partie inté-
grante du mot dans paille, àepalea; maille, de
macula, et autres semblables.
AILLER s. m. (a-i-llé ; Il mil.). Chass. Grand
filet' pour prendre des cailles.
ailleurs adv. (a-ill-eur; Il mil.; ne pas
prononcer a-Heure — lat.ah'orsu)?!,mêmesens).
En un autre lieu : Il y a, à la ville comme ail-
leurs, de fort sottes gens. ( La Bruy.) Ne le
cherches pas ailleurs que dans la maison de
ce riche qu'il gouverne. (La Bruy.) il Se dit
aussi au moral : // me lit des traits d'histoire,
il cherche d m'intéresser ; mais cela ne se peut,
je suis ailleurs. (Dider.) J'ai le cœur pris,
j'aime ailleurs. (Mariv.)
-- Par ext. Auprès d'une autre personne .-
Les consolations qu'il ne peut vous donner, vous
les trouverez ailleurs. Il trouvait en elle ce
que les rois ne trouvent guère ailleurs. (Mass.)
H . Dans un autre livre, un autre auteur, un
autre. passage : Cette locution se trouve dans
tel écrivain, et ailleurs. (Acad.) Quoi que j'aie
pu dire ailleurs, peut-être que les affligés ont
«or;., (La Bruy.) . .
— Partout ailleurs, Dans tout autre lieu :
■Il était à Paris, et on le cherchai^ partout
ailleurs. -U Par ailleurs, Par une autre voie :
Faites-moi Jenir mes lettres par ailleurs. Peu
: — D'ailleurs, loc. adv. D'un autre côté, d'un
autre lieu : Si vous ne pouvez me fournir ces
objets, je les ferai venir d'ailleurs. Hermippe
tire le jour de son appartement d'ailleurs que
de la fenêtre. (La Bruy.) il D'une autre cause,
d'un autre motif : Votre disgrâce vient d'ail-
leurs. (Acad.) u. En outre, de plus ; Quand
d'ailleurs cela serait! Et d'ailleurs, est-ce
toujours le mérite qui décide de la fortune?
(Mass.) D'ailleurs, que de choses difficiles à
réunir suppose ce gouveriiement ! (J .-J . Rouss.)
Les mœurs modernes s'apposent à cette innova-
tion, qui détruirait bailleurs de fond en
comble la discipline de l'Eglise. (Chateaub.)
, Et vous avez d'ailleurs Laodice en otage.
. u Du reste, sous d'autres rapports : Ces deux
i sages et si expéri-
capitaines, d'
mentes, n'étaient pas c
entreprises. (Fén.) Ces raisonnements, fort jus-
tes d ailleurs, ne calmaient pas les anxiétés
de Rodolphe. (E. Sue.)
Pèra injuste, cruel, mais d'ailleurs malheureux.
— Syn. D'ailleurs, do plus, outre cela OU
on outre. De plus n'a rapport qu'au nombre :
Monucucuid confessa son crime à la question,
et déclara, de plus, qu'il avait été suborné par
Antoine de Lève. (Boss.) D'ailleurs annonco
une autre raison, ou quelque chose d'espèce
différente : Le chancelier, ennemi des supplices,
et d'ailleurs assez favorable aux protestants,
conseilla cette douceur à la reine. (Boss.) Outre
cela indique une raison qui augmente la force"
de celles qui suffisaient à. elles seules. M. Des-
préaux n'a pas seulement reçu du. ciel un génie
merveilleux pour la satire, mais il a, outre
cela, un jugement excellent. (Rac.) Outre cela
peut toujours s'employer pour en outre et réci-
proquement.
AILLEVILLERS, commune du dép. de la
Haute-Saône, arrond. de Lure; pop. aggl. 8CC
hab. — pop. tôt. 2,5G5hab.
AILLIE s. f. (a-lli ; U mil. — rad. ail). Ra-
goût à l'ail. On dit mieux aillade.
— Prune sauvage, appelée aujourd'hui pru-
nelle, et dont on fait une espèce de piquette
dans plusieurs départements.
— Prov. Je n'en donnerais pas une aillie, Je
n'en fais pas le moindre cas.
AILLOLI s, m. (a-ill-oli - Il mil. — du prov.
ailholi). Art culin. Coulis d'ail et d'huile d'o-
live, en usage dans le midi de la Franco -et
dans les Antilles françaises : Le dimanche, le
foyer s'allume, la broche tourne, les parfums
nationaux de /'ailloli et de la brandade rem-
plissent l'atmosphère. (Tax. Delord.)
AILLOLISÉ, ÉE (a-ill-o-li-zô — rad.'aiO
part. pass. du v. Ailloliser. Mêlé d'ail.
AILLOLISER v. a. ou tr. (a-ill-o-li-zé— rad,
ail). Mêler de l'ail à une substance pour lui
en donner le goût : Aiixolïser une sauce, du
vinaigre, etc.
. AILLOSSE s. f. (a-ill-o-se — Il mil.). Géol.
Terre argileuse, remplie de gravier, qui fait
la base de la terre à bruyère dans certaines
landes de Gascogne.
AILLY (u'), famille protestante de la Picar-
die, qui tirait son origine de Robert d'Ailly,
verslOOO. Plusieurs de ses membres jouèrent
un rôle très-actif dans les guerres civiles et
religieuses du xvis siècle. Charles d'Ailly et
son fils Louis périrent dans les rangs des pro-
testants a la bataille de Saint-Denis, en 1567.
Mais le combat du père contre' le fils, dans la
Henriade (chant viii), est purement une fiction
poétique.
AILLY (Pierre d"), prélat français et théolo-
gien célèbre, surnommé l'Aigle des docteurs Va
la. France et le Marteau des hérétiques, né h
Compiègne en 1350, mort en 1420, s'éleva par
son seul mérite aux premières dignités de 1 E-
glise. .11 commença k se faire remarquer par des
traités de philosophie écrits dans les principes
des rïomintux, fut nommé en 1384 grand maître
du collège de Navarre, où il eut pour élèves
Gerson et Clémangis, et devint ensuite chan-
celier de l'Université, aumônier et confesseur
de Charles VI. Il fit instituer, par Benoit XIII,
la fête de la Sainte-Trinité, fut élevé au car-
dinalat par Jean XXIII, qui l'envoya en Alle-
magne en qualité de légat, et joua un rôle
éclatant au concile de Constance, où il soutint
la suprématie des conciles sur le pape et îa
nécessité d'une reformation dans l'Eglise, à
commencer par le chef. Martin V le nomma
ensuite son légat à Avignon. Pierre d'Ailly a
laissé plusieurs ouvrages, dont le plus remar-
quable et le plus connu est celui qui est inti-
tulé : Libellus de emendatione Ecclesiœ (Livre
sur la réformation de l'Eglise).
AILLY (Phare de l'), phare situé dans la
Seine-Inf., arrond. de Dieppe, à l'extrémité du
cap d'Ailly; 93 m. de hauteur au-dessus du
niveau de la mer ; 23 kil. de portée.
AILLY-LE-11AUT-CLOCHER,cb.-lieudecant.
(Somme), arrond. d'Abbeville; pop. i,is-l hab.
AILLY-SUH-NOYE,ch.-lieudecant.(Sommo),
arrond. de Montdidierj pop. 1,100 hab.
AILURE s. f. (è-lu-rc— rad.û:7<?).Anc.mar.
Nom quo l'on donnait à deux gros soliveaux,
placés sur les flancs d'un vaisseau pour for-
mer avec les baux les ouvertures des ecoutilles.
AILURE s.' m. (è-lu-re — du gr. ailouros ,
chat, belette). Mamm. Syn. de panda. V, ce
aimabilité s. f. (è-ma-bi-li-té). Mot quo
Mme de Sévigné.a employé en lo soulignant.
Il est mis pour amabilité, qui a un rapport plus
direct avec le radical latin, mais qui est moins
conforme à l'analogie française.
AIMABLE adj. (è-ma-ble — lat. amabilis ,
mémo sens; de amare, aimer). Qui est digne
d'être aimé, qui mérite d'être aimé : Homme
aimable. Femme aimable. Enfant aimable.
C'est un prince /Ms-aimable. Les gens les plus
aimables sont ceux qui choquent le moins l'a-
mour-propre des autres. (La Bruy.) Quoi! j'au-
Is le bonheur de plaire à
sonne! (Le Sage.) M. de Montulé ne se piquait
pas d'être aimable, et se donnait peu de peine
AI'M
(Duclos.) Un hommedu mondepeutétre aimablb
sans esprit. (La RochcC.-Doud.) Une femme
vraiment aimable est comme une harmonie par-
faite pour les affections de l'homme. (De Sônan-
court.)
On peut, sans être belle, être longtemps aimable.
Voltaire.
Le véritable sage est aimalle en tout temps.
Desforoes.
Quand on sent que l'on plaît, on en est plus aimable.
Coixin d'Harleville.
I.e besoin de jouir, de plaire et d'être aimable
Répand sur notre vie un charme inexprimable.
Fr. he Neufcîuteau.
iplément: Elle s'est n
à toute la maison. (Fén.) Jamais prince ne fut
plus capable de rendre la royauté non-seule-
ment vénérable et sainte, mais encore aimaulb
à ses peuples. (Fén.) il S'emploie dans les for-
mules de remerciment et de politesse : Faites
cela, et vous serez bien aimable. Vous série:
bien aimable de me venir voir. Vous seriez bien
aimable de vous intéresser à moi, à mon affaire.
Vous seriez bien aimable de m'aider. Vous êtes
un aimable homme d'être revenu si ponctuelle-
ment. (Fén.)
— Par ext. Se dit aussi des animaux : Votre
chien n'est guère aimable.
— Doux, agréable, attrayant, en parlant
des choses : Je ne manque pas de dire à ma
tante tousvosAMABLESsouvenirs. (Mme deSév.)
Le règne minéral n'a rien en soi ^'aimable et
d'attrayant. (J.-J. Rouss.) Le père, qui m'ap-
pelait son petit-fils, était d'une société très-
aimadle. ( J.-J. Rouss.) Un prélat comme Fc-
nelon rend la religion aimable en pratiquant
toutes les vertus qu'elle enseigne, (Napol. 1er.)
Vous avez raison, M. Charles a un accueil peu
aimable. (F. Soulic.) Elle avait un air si ai-
mable 1 (Scribe.) P,ien n'est aimable que la
vertu pour les cœurs bien nés. (Vauvcn.) La
politesse rend le pouvoir aimable et le devoir
attrayant. (Laténa.) // n'y a d'objets aimables
que ceux, qu'on peut aimer. (Taine.)
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
Boileau.
De ses aimables lois chacun goûtait les fruits.
Volt
Rarement or
D'un
erreurs, dont Yaimable poiso
lien plus doux enivre la raisc
— Cela est aimable, voilà oui est aimable. Se
dit en parlant d'une attention, d'uno politesse
dont on a été l'objet, il Sedit aussi ironiquem. :
Vous nous avez fait attendre deux heures, voilà
gui est fort aimable !
M.-J. Ciiénier.
— Il est aussi substantif : Adieu ma tres-
chère, ma très- aimable. (Mme (Je Sév. ) n
Faire l'aimable, Avoir la prétention de plaire,
se donner beaucoup de peine pour plaire :
Celui, celle qui fait trop /'aimable «'«< le p tus
"" ' que ridicule. Il L'aimable, Co qui est
:eilîeux. (Fén.)
. — Antonymes. Abominable , antipathique ,
détestable, exécrable, haïssable, insupportable,
odieux.
aimablement adv. (ô-ma-ble-man— rad.
aimable). D'uno manière aimable : // fallait
voir le ton tremblant, aimablement embar-
rassé de celte charmante fille. (Rétif do la Brct.)
Il Ce mot -no figure pas dans le dictionnaire
de l'Académie. « Ce charmant adverbe, dit
Ch. Nodier, a do belles autorités; il a do plus
l'utilité, l'analogie et l'harmonie. «Saint Fran-
çois de SaleSj Bourdaloue et Mmc de Sdvignô
l'ont employé ; cette dernière dans la phrase
suivante, qui pourrait certainement se passer
du correctif qui la termine : Vous me répondez
trop aimablement, t7 faut que je fasse ce mot
tout exprès pour l'article de votre lettre.
AIMAK s. ni. (c-makk). Nom d'un die.u do-
mestique chez les anciens Tatars.
AIMANT s. ni. (è-man — contract. de adu-
mas, nom grec du diamant, à cause du rapport
de dureté qui existe entre le diamant et ia
pierre d'aimant. Suivant certains étymolo-
gistes, aimant no serait qu'une des formes de
notre verbe aimer, à cause du rapport qui
existe entre l'idée d'attraction morale exercée
parle second, et la puissance d'attraction phy-
sique inhérente au premier). Miner. Oxyde de
fer jouissant de la propriété d'attirer le for et
quelques autres métaux. On distinguait au-
trefois l'aimant en aimant mâle et en aimant
femelle; le premier de couleur bleuâtre, le
second d'un roux noirâtre.
— Physiq. Nom générique donné à toute
substance qui possède naturellement, ou qui a
reçu, par divers procédés, la propriété d'attirer
lofer, il .dimmil naturel, Oxy'dcde fer jouissar-t
naturellement de la force "magnétique, n Ai'-
mant artificiel, Substance à laquelle la force
magnétiquo a été communiquée artificielle-
ment, u Aimant terrestre, Se dit do la terre,
AIM
considérée comme un vaste aimant, o Nourrir
un aimant, Augmenter sa forco en le char-
geant graduellement de poids.
— Chim. Aimant arsenical, Mélange à par-
ties égales de soufre, d'antimoine et d'ar-
senic, obtenu par la fusion.
— Miner. Aimant de Ceylan. Nom donné à
' la tourmaline, à cause de la propriété attrac-
tive qu'elle acquiert par la chaleur.
— Fig. Ce qui attire , ce qui attache : La
douceur, la modestie est un aimant gui attire
les cœurs, (Acad.) La bonté a toujours étépour
moi un irrésistible aimant. (Lamart.) La plus
grande passion est l'amour, c'est ^'aimant de
l'humanité. (Mme de Blangy.) La Providence
a, pour ainsi dire, attaché les pieds de chaque^
homme au sol natal par un aimant invincible'
(Chatoaub.)
Vous attirez les cœurs avec un tel aimant,
Que qui n'a point d'amour n'a point de sentiment.
— Poétiq. L'aiguillo aimantée, la boussole :
il dirige les ailes.
A. Chénier.
Ici.st
■aîné,
uàimant cherche à
nés yeu
s sou point déterminé.
COLARDEAU.
Là, de ces flls des m
Kepose aussi l'aima
t, l'aim
cur concitoyen,
ant vainqueur du monde.
• Delille.
— Encycl. Miner, et chim. Vaimant ou
pierre d'aimant , désigné en minéralogie sous
le nom de fer oxydulé, fer oxydé magnétique,
est une substance d'un éclat métallique très-
prononcé , dont la couleur , dans la cassure
fraîche, varie du noir de fer au gris d'acier
bleuâtre. Il possède la propriété d'attirer le for
et quelques autres métaux, comme Le nickel, te
cobalt, le chrome, etc. Sa cassure, souvent
inégale, est lamellaire, écailleuse, conchoïde ou
grenue. Sa cristallisation se rapporte au sys-
tème cubique ; les cristaux sont tantôt des
octaèdres simples ou modifiés, quelquefois des
dodécaèdres rhomboïdaux. — Vaimant est com-
posé de trois équivalents de fer et de quatre
équivalents d'oxygène (Fe3 O''), et, par consé-
quent, sa formule représente la réunion d'une
molécule de protoxyde (Fe O) et d'une molé-
cule dé sesqui-oxyde de fer (Fe2 O3) ; aussi
doit -on le considérer comme une véritable
combinaison saline. En cette qualité, il ne peut
former de sels particuliers : dissous par les
acides et évapore, il produira toujours un mé-
lange de sels de protoxyde et de sels de sesqui-
oxyde. — h'aimant est très-abondamment ré-
pandu à la surface du globe, où il affecte des
gisements très-variés. On le trouve principa-
lement en Suède, en Norvège et aux Etats-
Unis. Il joue un rôle très-important dans les
arts métallurgiques ; c'est, de tous les mine-
rais de fer, celui qui contient la plus grande
quantité de ce métal. Dans la plupart des lieux
où ou l'exploite, il a une pureté' très-grande
et rend plus de 60 pour 100 au haut four-
neau ; il donne partout la meilleure qualité de
fer connue. — L'aimant est, depuis un temps
immémorial, connu des Chinois, qui l'appellent
tsu-chy (qui aime), mot dont le français aimant
semble la traduction. Les Grecs, oui l'avaient
d'abord trouvé dans les environs d une ville de
l'Asie Mineure, nommée Magnésie, le dési-
gnaient sous le nom de magnés : de là notre
mot magnétisme. D'autres attribuent ce nom
à un berger nommé Magnés, qui en aurait fait
!e premier la découverte.
— Physiq. Le mot aimant est devenu, en
physique, un terme générique désignant toute
substance qui présente la propriété naturelle
ou acquise d'attirer le fer. On voit qu'il y a
deux espèces (ïuimanls , les aimants naturels
et les aimants artificiels. Nous venons de
parler de Y aimant naturel ou pierre d'aimant,
considéré au point de vue minéralogique. Les
aimants artificiels sont des barreaux ou des
aiguilles d'acier trempé qui ne possèdent pas
naturellement lés propriétés des aimants na-
turels, mais qui les ont acquises par divers
procédés. Les aimants artificiels sont plus puis-
sants en général que les aimants naturels; ils
sont aussi plus commodes, parce qu'on peut
leur donner les formes et les dimensions que
l'on désire j aussi sont-ils à peu près les seuls
employés.
' — Force magnétique. La force attractive
des aimants a reçu le nom de force magnétique,
et la théorie physique de Ces phénomènes par-
ticuliers d'attraction, celui de magnétisme. On
nomme substances magnétiques celles qui sont
attirables par Vaimant. L'attraction de Vaimant
et du fer est réciproque, c'est-à-dire que le fer
attire l'aimant .- cette réciprocité paraît d'ail-
leurs une loi générale de toutes les attractions.
La force magnétique s'exerce à distance, soit
dans le vide, soit au travers des substances
non magnétiques. Elle varie avec la tempéra-
ture. Sil'élévation de température est très-
petite, l'intensité magnétique no subit qu'une
diminution passagère et d'ailleurs très-faible.
Si l'on élève davantage la température , la
diminution de l'intensité magnétique est per-
manente, même après le refroidissement. Cou-
lomb a montré que cette diminution est d'au-
tant plus grande que la température a été
plus élevée. Enfin, a la température rouge, les
--' *s perdent complètement leur force ma-
,ue. Indépendamment de cette action sur
imants, la chaleur en exerce une autre non
moins remarquable sur les substances magné-
tiques : chauffées à une certaine température,
qui varie selon les différents corps, elles de-
gnétique. !
ATM
viennent insensibles aux aimants elles cessent
d'être attirées. En perdant sa force magné-
tique par la chaleur, un aimant ne perd rien de
son poids; en acquérant la force magnétique,
un barreau d'acier ne devient pas plus pesant;
on en a conclu que les propriétés des aimants
ne dépendent pas de la matière pondérable qui
les constitue , mais d'un fluide impondérable,
auquel on a donné le nom de fluide magné-
tique. V. Magnétisme.
— Polarité magnétique. Les aimants ne pos-
sèdent pas dans toutes leurs parties une égale
force magnétique. Si l'on roule un aimant dans
de la limaille de fer, on voit cette limaille s'at-
tacher en grande quantité aux extrémités de ■
l'aimant. Mais la quantité de limaille attirée
diminue à mesure qu'on s'approche de la iigno
médiane, où elle disparaît complètement. Ainsi-
la force magnétique , nulle dans la région
moyenne d'un aimant, se trouve concentrée à
ses extrémités. La partie de la surface de
l'aimant où la force magnétique est insensible
a reçu le nom de ligne neutre, et les deux
points extrêmes qui paraissent agir comme de
véritables centres d attraction, celui de pôles.
Tout aimant naturel ou artificiel présente deux
pôles et une ligne neutre ; il arrive parfois que
dans les barreaux mal aimantés, ou dans les
aimants naturels, on observe, outre les pôles
extrêmes, d'autres centres d'attraction séparés
les uns des autres par des régions inactives : ces
pôles intermédiaires se nomment points con-
séquents. Si l'on coupe un aimant suivant sa
ligne neutre, on voit dans chaque moitié repa-
raître vers le milieu une ligne neutre qui sé-
pare deux pôles ayant à peu près la même
force; puis cette moitié, encore subdivisée,
reproduit une nouvelle ligne neutre et deux
pôles, et ainsi de suite : si bien que tout frag-
ment, toute parcelle d'un aimant se montre
toujours avec une ligne neutre et deux pôles.
Les aimants' n'agissent pas seulement sur
les substances magnétiques comme le fer, le
nickel ; ils agissent aussi les uns sur les autres.
Mais, tandis que dans le premier cas, l'action est
toujours attractive, dans le second, elle est tan-
tôt attractive, tantôt répulsive. Les substances
magnétiques sont attirées également par les
deux pôles d'un aimant; il est facile.de voir,
au contraire , que le même pôle d'un aimant
mobile auquel on présente successivement les
doux pôles d'un aimant fixe, est attiré par l'un
de ces pôles et repoussé par l'autre. On ap-
pelle pôles semblables, pâles de même nom,
tous les pôles de divers aimants fixes, qui
agissent de la même manière sur le pôle de
l'aimant mobile choisi pour l'expérience ; ainsi
tous les pôles qui l'attirent sont semblables ,
sont de' même nom entre eux, on les marque
d'une même lettre A; tous les pôles qui le
repoussent sont aussi de même nom entre eux,
on les marque d'une même lettre R; mais les
pôles A, comparés aux pôles R, sont dissem-
blables, sont de nom contraire. Or, si l'on fait
agir deux pôles À l'un sur l'autre, on trouve
toujours une action répulsive ; il en est de
même si l'on fait agir l'un sur l'autre deux
pôles R : donc les pôles semblables , les pôles
de même nom se repoussent. Mais si l'on fait
agir l'un sur l'autre deux pôles A etR, ils s'at-
tirent toujours; donc les pôles dissemblables,
les pôles de nom contraire s'attirent. Ainsi la
ligne neutre d'un aimant le sépare en deux
le fer.
Cet antagonisme des pôles se révèle encore
dans l'action exercée par la terre sur les ai-
mants. Un aimant qui peut se mouvoir dans
un plan horizontal, autour de son milieu, a la
propriété remarquable de prendre une posi-
tion déterminée et constante. Un de ses pôles
se tourne constamment vers le pôle boréal de
la terre , vers le nord , l'autre vers le pôle
austral, vers le sud. On constate que ce sont
toujours les pôles semblables, les pôles de
même nom qui se dirigent vers le même pôle
de la terre. Ainsi l'action de la terre sur les
aimants peut être considérée comme celle d'un
vaste aimant orienté à peu près du nord au
sud, et qui agit en attirant vers chacun de ses
pôles le pôle contraire de chaque aimant. On
appelle pôle austral de l'aimant celui qui se
tourne vers le pôle boréal de la terre, et pôle
boréal de l'aimant celui qui se tourne vers le
pôle austral de la terre. V. AtGUiLLE aimantée.
L'action réciproque des pôles de deux ai-
mants, action attractive ou répulsive, selon
que ces pôles sont de .nom contraire ou de
même nom, aconduit à admettre, comme pour
l'explication des attractions et répulsions, élec-
triques, l'existence de deux fluides magnéti-
ques que l'on a appelés, l'un boréal et 1 autre
austral. On suppose que l'activité magnétique
résulte de la séparation de ces fluides, et la
neutralité magnétique de leur combinaison.
V. Magnétisme.
Coulomb a démontré que les attractions et
les répulsions magnétiques s'exercent en raison
inverse du carré de ta dislance. Une des mé-
thodes dont il a fait usage pour établir cette
loi fondamentale, consiste à faire osciller une
aiguille aimantée pendant des temps égaux,
d'abord sous l'influence seule de la terre, puis
sous l'influence combinée de la terre et du pôle
attractif d'un aimant, placé successivement à
des distances inégales. Des trois nombres d'os-
cillations trouvés, on déduit par un calcul très-
simple la loi de Coulomb.
— Communication de la force magnétique ou
AIM
aimantation, Si l'on met un morceau de fer en
contact avec un pôle d'un aimant, ce morceau
de fer devient aussitôt un aimant complet qui
présente deux pôles et une ligne neutre, attire
la limaille et peut à son tour aimanter par con-
tact un autre morceau- de fer. Cette aimanta-
tion par simple contact s'appelle aimantation
par influence. Mais sitôt qu on fait cesser le
contact, l'aimantation par influence cesse, le
fer redévient inerte et sans aucune action ma-
gnétique. L'acier résiste beaucoup plus que
le fer à l'influence magnétique ; l'aimanta-
tion s'y développe lentement ; mais , une fois
développée , elle persiste lors mêi
tation paraissent liées 1
attribuées à une même cause, que 1 on a ap-
pelée force coercitive. Cette force coereitive
s'opposerait a la séparation des deux fluides
magnétiques lorsqu'ils sont combinés, et à leur
combinaison lorsqu'ils sont séparés.
Quand on a aimanté fortement un morceau
d'acier, il ne conserve pas toute l'énergie ma-
gnétique qui lui a été communiquée. Cette
énergie, mesurée par le poids de la quantité de
limaille de for qu il peut soutenir à un de ses
pèles contre l'action de la pesanteur, diminue
artificiel une limite h la quantité do magner
tisme qu'il peut, en vertu de sa force coerci-
tive , conserver après l'aimantation. Un ai-
mant artificiel, qui aatteintson état stationnaire
par une perte de magnétisme surabondant, est
aimanté à saturation; et, en effet, quelque
énergiques que soient les procédés par lesquels
on essaye de lui communiquer un surcroît de
vertu magnétique', ce surcroit ne saurait être
permanent.
r . r coercitive que poss
sa nature et de la ,
gmente avec son degré
tion et avec la dureté de la trempe. Or, il im-
porteque cette force coereitive ne soit ni trop
faible ni trop intense ; trop faible, elle diminue-
rait trop l'énergie magnétique permanente de
l'aimant artificiel ; trop forte, elle résisterait
aux méthodes d'aimantation les plus puis-
santes, ou donnerait lieu à la formation de
points conséquents.
Les corps susceptibles d'aimantation peu-f
vent être aimantés : 1" par contact ou par"
friction avec un aimant; 2» par l'action-de la
terre ; 3° par l'électricité. Nous ne parlerons pas
ici de l'aimantation par l'électricité. V. Elec-
AIM
157
contact des aimants. L'aimantation
se fait par trois procédés : celui de la simple
touche, celui de la touche séparée, et celui de
la double touche.
Le procédé d'aimantation par simple touche
consiste à frotter perpendiculairement l'objet
qu'on veut aimanter, une aiguille d'acier, par
exemple, sur l'extrémité d'un aimant puissant,
en ayant soin de la faire glisser toujours sui-
vant sa longueur et dans le même sens. Ce
firocédé fournit une aimantation assez régu-
ière , mais peu énergique, et n'est applicable
qu'aux aiguilles ou aux barreaux de petites
Le procédé de la touche séparée, indiqué
par Duhamel , donne l'aimantation la plus ré-
gulière ; c'est celui qu'on emploie de préfé-
rence à tout autre pour aimanter les aiguilles
des boussoles. On fixe solidement sur un plan
horizontal deux aimants puissants AB, A'B",
qu'on sépare par une règle de bois D de même
épaisseur : au-dessus on place la lame à ai-
manter ab, comme l'indique la figure, de ma-
nière que ses deux extrémités soient en pré-
sence de deux pôles contraires A et B'. On
prend ensuite dans chaque main un barreau
aimanté, on appuie ces deux barreaux sur le
milieu de la lame, en plaçant le pôle austral
a' de l'un d'eux du même côté que le pôle
austral A de l'un des aimants fixes, le pôle
boréal b" du même côté que le pôle boréal B';
enfin, après les 'avoir inclinés de manière que
leurs directions fassent avec chacune des moi-
tiés de la lame des angles de 30" environ, on
les fait glisser en même temps en sens con-
traire, rûn sur une moitié, l'autre sur l'autre ,
l'un vers l'extrémité a, l'autre vers l'extré-
mité 6. Ce mouvement terminé, on enlève les
Toutes ces méthodes d'aimantation ont été
suggérées plutôt par l'expérience que par la
théorie ; il est même difficile de se rendre com-
plètement compte de l'utilité de certaines dis-
positions, que la pratique de ces procédés a
seule indiquée. Aujourd'hui on substitue avec
avantage à ces méthodes l'emploi de l'électri-
cité. V. Electro-magnétisme.
— Aimantation par l'action de la terre.
L'action magnétique de la terre suffit pour
développer dans le fer doux une aimantation
Sassagère , et dans l'acier une aimantation
urabïe. Une barre de fer maintenue dans la
direction de l'aiguillo d'inclinaison s'aimanto
par influence. Des barreaux d'acier qui ont
conservé longtemps cette même direction ac-
quièrent, surtout lorsqu'ils sont soumis à des
frottements ou à des chocs répétés, une aiman- ,
tation sensible, quelquefois même énergique,
aimantation qui persiste indéfiniment, quand la
trempe leur a donné une force coercitive suffi-
sante. C'est ainsi qu'on peut s'expliquer com-
ment les limes et tous les outils d'acier donnent
souvent des signes d'aimantation très-mani-
festes. On ne peut guère douter que les ai-
mants naturels ne doivent leur origine à l'ac-
tion prolongée de l'aimant terrestre.
— Forme des aimants. La forme que l'on
donne aux aimants varie suivant l'usage au-
quel on les destine. Si l'on se propose simple-
ment'd'étudier leurs propriétés générales, on
les forme de barreaux d'acior, de dimensions
en rapport avec la force qu'ils doivent avoir.
Dans les boussoles, on les fait de lames d'acier
très-minces. Pour augmenter leur force, on les
recourbe en fer à cheval, afin que leurs deux
Ïiôles rapprochés agissent simultanément sur
e poids à soulever,
— Conservation des aimants. Un grand nom-
bre de causes tendent a diminuer l'intensité
magnétique dans les aimants : chocs, varia-
tions de température, influence de la terre,
voisinage d'autres aimants, etc. Pour, com-
battre autant que possible ces causes d'affai-
blissement, on a coutume de placer au contact
des aimants des pièces de fer doux appelées
armures ou armatures. Ces armures s'aimanlant
elles-mêmes par influence , neutralisent les
pôles des aimants et contribuent à leur conser-
vation. L'armure d'un aimant en fer a cheval
se compose d'une seule pièce de fer doux, qui
s'appelle le contact. Lorsque le contact est
graduellement chargé de poids qui tendent a
le détacher, l'aimant augmente «te force ; on
dit qu'il se nourrit. Mais si par une surcharge
le contact s'est détaché, l'aimant devient tout-
à coup moins énergique qu'il ne l'était pri- -
mitivement; il faut diminuer sa charge et
l'augmenter ensuite peu à peu.
— Usages des aimants. Les aimants sont
surtout employés pour la construction des
boussoles ; on s'en sert aussi pour reconnaître
la présence du fer, même en petite quantité,
Dans le procédé de la touche séparée , les
aimants mobiles agissent isolément. Il n'en est
pas de même dans le procédé de la double
touche ; les deux pôles contraires, a', b", con-
stamment séparés par une petite cale de bois,
forment un système unique ; on les fait glisser
ensemble et d'un mouvement régulier vers
l'extrémité a, puis de cette extrémité vers
l'autre b, ti ainsi de suite. Cette méthode, ima-
ginée par Mitchell et perfectionnée par /Epinus,
nonne des aimants plus puissants, mais moins
réguliers que la précédente.
les parcelles de fer mélangées à d'autres pou-
dres métalliques résultant du travail des mé •
taux à la lime ou au tour.
peignant assez bien le portrait, (Chatoaub.)
En aimant, qui ne veut être aimé ?
AIMANT, E adj. (è-man — rad. aimer). Qui
est porté à aimer : Pourquoi , si l'homme ai-
mant est libre, a-t-il tant de faiblesse? (Volt.)
L'objet aimant est plus heureux que l'objet
aimé. (B. do St-P.) La première qualité pour
être aimé, c'est d'être aimant- (M»e de l'Esp.)
JsCS hommes sont plus sensibles à l'estime qu'à
l'amitié : ils sont plus vains qu'ils ne sont ai-
mants. (Do Bréhan.) Sois aimant, 'si tu veux
être aimé. (Boiste.) Ah! je voudrais être ai-
mant, je vous aimerais, car ce doit être un
grand bonheur que de pouvoir faire le bonheur
d'un autre! (G. Sand.) Le son de la voix, le
regard, les gestes passionnés de l'homme ai-
mant peuvent s'imiter. (Balz.) Déshérité de
toute affection, je ne pouvais rien aimer, et la
nature m'avait fait aimant! (Balz.) Une des
conditions de la femme aimante est d'être tou-
jours caressante et gaie. (Balz.) Il Tendre,
affectueux, en parlantdes choses ou des choses
personnifiées : Ame aimante. Cœur aimant.
Naturel aimant. Les âmes aimantes ont une
double part de souffrance. (J.-J. Rouss.) J'ai
l'âme aimante. (J.-J. Rouss.) Il n'y a que les
âmes aimantrs qui soient propres à l'étude de
la nature. (B. de St-P.) Les âmes aimantes
cherchent partout un objet aimable qui ne
puisse plus changer. (B. de St-P.) Mon bon
Smucke , je t'ai donné mon cœur et toutes mes
forces aimantes. (Balz.) La bonté est cette
disposition aimante oui" porte à contribuer au
bonheur d'autrui. (YVeiss.) Le Français est la
plus aimante des créatures. (Chatoaub.)
Malheur au cœur aimant que leur charme sMuit!
C. Delavigne.
AIMANTAIRE adj. (è-man-fè-re — rad.
aimant). Miner. S'est dit du minerai do fer
magnétique : Mine aimantaire. Il Qui est pro-
duit par l'aimant : Force, puissance aiman-
taire. La force aimantaire du globe. ll.On dit
plutôt MAGNÉTIQUE.
AIMANTANT (è-man-tan) part. prés, du v.
reaux, des morceaux de fer.
AIMANTATION s. f . (è-man-ta-si-on — rad.
AIM
sèdent pas naturellement : Aimantation du
fer, de la fonte, de l'acier trempé.
— Aimantation par influence, Aimantation
du fer doux par le simple contact d'un aimant.
AIMANTÉ, ÉE (è-man-té) part. nass. du v.
Aimanter. Qui jouit des propriétés de l'ai-
mant : Corps aimanté. Barreaux aimantés.
Tiges aimantées. Aiguille aimantée. Les bar-
reaux d'acier qui sont destinés à être forte-
ment atmantés doivent être fortement trempés.
(Péclet.) ,
-Que ne devons-nous pas a l'art industrieux,
. Quand de son fer mobile une aiguille aimantée
Nous guide surles flots d'une mer agitée?
— Fig. : N'espérez rien d'un Corse, ministre
du juste-milieu, il est aimanté par la peur ; il se
tournera incessamment vers le Nord (la Russie).
(Rog. de Beauv.) •
AIMANTER v. a. ou tr. (è-man-tè — rad.
aimant): Communiquer à l'acier, au fer et à
quelques' autres métaux la propriété de l'ai-
mant : Aimanter une verge d'acier. Aimanter
une plaque, un barreau, un morceau de fer.
— Aimanter par simple oupar double touche.
V. Aimant, il Aimanter à saturation, Commu-
niquera l'acier trempé toute la force magné-
tique qu'il peut conserver après l'aimantation.
,: — Fig. : La passion qu'elle éprouve J'aimante
et la rend plus attractive. (Th. Gaut.)
■ S'aimanter, v. pr. Etre aimanté : Le fer
doux s' aimante mieux que l'acier. (Encycl.)
Des verges métalliques, placées verticalement,
comme les paratonnerres, s'aimantent d'elles-
mêmes. (Encycl.) n Fig. : La vie s'allume et s'ai-
mante à là vie; elle s'éteint par l'isolement.
(Miçlielet.) Un grand esprit s'aimante à un
autre grand esprit. (El Deschanel.)
VAIMANTIN, INE. adj. (èrman-tain, i-ne —
rad. aimant). Qui appartient à. l'aimant, qui
est propre, a l'aimant : Vertu aimantinb. h au
temps de Ronsard, signifiait Constant, dur,
solide, et était en quelque sorte syn. de dia-
mantin : Une aimantinE foi.
Ah! trop heureux si le cruel destin
N'eût emmuré d'un rempart aimanlin
Si chaste cœur dessous si belle face!
Ronsard. :
ÀIMÀIKÏUES, commune du départ, du Gard,
arrond. de Nimes; pop. aggl. 2,522 hab.—
pop. tôt. 2,702 hab.
- AIMAR-VERNA1 (Jacques), paysan de Saint-.
Véran, en Dauphiné , s'est rendu fameux par
l'usage de la-baguette divinatoire , à l'aide de
laquelle il prétendait découvrir les eaux sou-
terraines, les métaux enterrés, les maléfices,
lés' voleurs et les assassins. Appelé à Lyon en
1602 pour découvrir des meurtriers qui avaient
échappé h toutes les recherches de la justice,
il parvint à faire arrêter l'un d'entre eux au
moyen de renseignements fort exacts, et cette
circonstance ne contribua pas peu à augmenter
sa célébrité. Le Père Malebranche ne voyait
dans .tous ces prodiges que l'influence du dé-
mon. Le fils du grand Condé fit venir à Paris
le paysan dauphinois, et mit à différentes
épreuves sa baguette magique; mais celle-ci
s obstina à rester immobile , a la grande con-
fusion .d'AimaTj qui fut alors , et d'après son
propre aveu , pleinement convaincu d'impos-
ture. On le chassa, et depuis on, n'entendit plus
Sarler de lui; ce qui n'a pas, empêché des mé-
ecins et des savants de se faire les apologistes
de ce charlatan.
AIME s. m. (è-me). Métrol. Mesure de.capa-
cité autrefois en usage en Belgique et dans le
nord de la France, et valant environ -130
litres. » Syn. de aam, ohm.V. ces mots.
AIME, ch.-lieu de cant. (Savoie), arrond. de
Mouiiérs'; 'pop. aggl. 847 hab. — pop. tôt.
i,0S0hab. ' ■■
AIME MARTIN. V. Martin (Aimé).
AIMÉ, ÉE '(è-mé) part. pass. du v. Aimer.
Qui est l'objet de l'amour ou de l'amitié de
quelqu'un : La gloire d'un souverain consiste à
être aimé de ses peuples. (La Bruy.) Quand on
aime fortement, c'est toujours mie nouveauté de
voir la personne aimée. (Pasc.) L'amour em-
bellit l'objet aimé et le rend à tout moment
plus aimable. (Christine.) Le plaisir d'aimer et
d'être aimé ne s'acquiert que par une multitude
de privations et de- sacrifices.' (B. de St-P.)
' Pour être aime par ses sujets, il ne faut pas
gu'wi roi les mange. (Do Ségur.) Je tombai
~ enfin dans les filets où je désirais être pris : je
"'fus aimé, et je possédai ce que j'aimais. (Cha-
' teaub.) Il n'y a rien que les femmes pardonnent
si aisément que d'être trop aimées. (Vacquerie.)
Et même en n'aimant plus, qu'il est doux d'être aimé!
Corneille.
L'homme sûr d'être aimé devient indifférent :
Un peu moins d'abandon, un peu plus de réserve.
L'amour-propre so pique et l'amant se conserve.
. Lacuabeausèière.
— S'empl. aussi- substantiv. : Mon aimée,
apprenez donc tout; car je ne veux pas que vous
ignoriez une seule de mes pensées. (Balz.) Main-
tenant , ma tant aimée, ma gloire est d'être à
toi, digne de toi. (Balz.) Amour sans exemple,
' dans lequel on ne sait qu'admirer davantage de
' la pudique tendresse de /'aimée, ou de l'enthou-
'--' — e passionné de l'amant, (Ch. Nod.) Sa-
voir que vos mieux aimés si vite vous oublient, .
Et qu'un saule pleureur aux longs bras qui se plient,
Seul se plaigne sur vous.
Ta. Gautier.
AIMER v. a. OU tr. (è-mé — lat. amare,
môme sens). Avoir de l'affection, de l'amitié,
du goût pour quelqu'un': Aimer son père, sa
mère, ses frères, ses amis. Aimer son bienfai-
teur. Aimer ses voisins. Elle se priva de tout
pour soulager une sœur qui ne /'aimait pas.
(Boss.) Les athées n'oxTJamais aimé les hommes.
'B. de St-P.) Nous
autres, afin de l'opposer à l'amour de nous-
mêmes. (Alibert.) Ce n'est pas toujours la beauté
de la figure, le charme de la voix ou la grâce
de la démarche qui font aimer une personneplus
que toute autre. (Virey.) On b'aime pas long-
temps ceux qu'on n'estime pas. (Boiste.) Les
cœurs sensibles demandent qu'on les aime; les
personnes vaines veulent qu'on les préfère.
(Lévis.) Ce que les femmes aiment toujours et
avant tout, c'est le plaisir. (L.-J. Larcher.)
De tous les êtres, l'homme est celui qui peut le
pltts aimer et servir son semblable. (L.-J.
Larcher.)
On vous aime cent fois plus que vous ne.croyez.
Collis d'Harleville.
En amitié fidèle encor plus qu'en amour, ■
Quand tout change, pour toi la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
Lamartine.
Il S'applique aux noms collectifs : Tu aimeras
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de
toutes tes forces , et ton prochain comme toi-
même. (Evangile.) Il faut aimer le peuple,
mais il ne faut pas l'abuser. (E. de Gir.)
L'homme primitif, aime la tribu ;plus développe,
il aime la patrie ; arrivé enfin au point culmi-
nant de son développement, il aime l'humanité.
(Littré.) On aime la patrie pour se dispenser
d'AiMER le monde entier. (A. Karr.) Aimer tout
le monde, c'est n'aimer rien ni personne. (E.
Souvestre.)
— Dans un sens plus général et neutralem.,
'il indique la sympathie qui porte l'âme à s'at-
tacher, et alors il s'empl. toujours absoîum. :
Aime si tu veux être aimé. (Martial.) La vraie
mesure du mérite du .cœur est la capacité (/'ai-
mer. (Mme de Sév.) Tout le monde serait bon
si tout le monde aimait. (B. de St-P.) Aimer
et connaître, c'est <-la véritable destinée, de
l'homme. (J. de Maistre.) Le dévot ji'aime pas,
il tremble. (Raspail.) Celui-là seul qui aime
goûte la vie et en jouit. (L.-J. Larcher.)
Aimer, prier, chanter, voila toute ma vie.
Celui qui n'aime pas vit sans peine de cœur.
E. Auoier.
Aimer, aimer, c'est être utile à soi ;
à le mot qu'ont déchiffré les hommes
re divin de la création.
A. Bartiiet.
sij'<
s jeunes gens.
, — Dans un sons plus particulier exprime
le sentiment qu'un sexe inspire à 1 autre , la
passion de l'amour : Cette jeune fille a épousé
celui qu'elle aimait. En effet, " «■'—»••. j,,;
femme, je ij'aurais pas aimé le
(Mol.) Si l'on pouvait voir ce i.
qu'il est, il n'y aurait pas d'amour sur la terre.
(J.-J. Rouss.) Aimer et se trouver impuissantes
à secourir celui qu'on aime, est une des plus
effroyables souffrances qui puissent ravager
lame des femmes nobles et délicates. (Balz.)
Jeune, je ne vendrai ni mon cœur ni mon âme;'
3e ne me marîrai que pour aimer ma femme.
PûNSARD.
Il Dans ce sens, s'empl. souvent d'une ma-
nière absolue : Aimer sans espoir. Quand on
aime fortement, c'est toujours une nouveauté de
voir lapersonne aimée. (Pasc.) Le serment de ne
plus aimer est presque aussi peu raisonnable que
celui «/'aimer toujours. (**') On n'est pas plus
maitre <Z'aimer que de ne pas aimer. (La Bruy.
Le cœur de l'homme est faitpour aimer. (Duclos.)
Tous les hommes qui lisent, tous ceux qui goû-
tent la poésie, et qui ont aimé, savent par cœur
.les vers de Tibulle. (La Harpe.) Il n'est pas
décidé que les femmes aiment plus que les
hommes ; mais il est incontestable qu'elles sa-
vent mieux aimer. (S.Dubay.) L'homme désire,
et la femme aime. (Michelèt.) Aimer, c'est avoir
du plaisir à voir, toucher, sentirf un objet ai-
lle et qui nous aime. (H. Beyle.) En toutes
choses, une femme
amour. (L. Enault.
Il est honteux d'aimer
quand o
n n'est plus aima
Corneille.
Longtemps on aime en
core en rougissant ù'aimei
ivre et Vénus veut qu'on ai
L. BOUILIIET.
A. Barthet.
idame, quand on aime
:t le front dans les cieu
A. HOUSSAYE.
ir se renflammer!
La Fontaine.
Que nos sages Gaulois savoient bien In
Lorsque pour dire aimer ils prononçoL_
Amers sont bien tes fruits, et pleines d'e
Aimons donc, aimons donc! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Sauvez-vous par la charité. Béranber.
— Se dit aussi de l'amour que l'on éprouve
pour Dieu : La vraie religion doit avoir pour
marque d'obliger à aimer Dieu. (Pasc.) Dieu
veut que nous f aimions, afin que ceux qui /'ai-
ment reçoivent de lui le bien et la récompense
éternelle. (Boss.) L'antiquité put connaître
Dieu, elle ne Va jamais aimé. (Ozanam.) Ai-
mer Dieu et se faire aimer de lui, aimer nos
semblables et nous faire aimer d'eux : voilà la
morale et la religion. (Joubert.) .
C'est peu Je croire en toi, bonté, bonté suprême.
Je te cherche partout, j'aspire à toi, je t'aime.
— Avoir du goût, de la prédilection pour
une chose : Aimer les fleurs, les parfums. Ai-
mer la bonne chère. Aimer la'peinture, la mu-
sique. Aimer le jeu , les spectacles. Aimer la
chasse, la pêche. Aimer la campagne. Les hom-
mes b'aiment naturellement que ce qui peut leur
être utile. (Pasc.) // se plaignait que sa femme
ji'aimait pas assez la société. (La Bruy.) Nul
ne remplit bien son devoir s'il jic-Z'aime, et il
n'y aura jamais que des gens d'honneur qui puis-
sent aimer leur devoir. (J.-J. Rouss} // me
répondit en souriant qu'il «'aimait pas les ra-
goûts. (Le Sage.) Les électeurs-rois de Pologne
lamusique avec transport. (Mme deStaël.)
Il y a plus de mérite à aimer ce gui fut qu'à
aimer ce qui sera. (Renan.)
On n'aime pas toujours te
il Rechercher , se plaire à, en parlant de ce
qui flatte nos passions : Aimer les honneurs,
tes louanges, les flatteries, les égards. Aimer
l'argent. Carthage a toujours aime lesrichesses.
(Boss.) // aima en tout ta splendeur, le faste,
la profusion. (St-Sim.) // avait aimé le faste
dans les habits. (Volt.) Desaix aimait la gloire
personnes qu'elles n'aiment pas. (A. Karr.)
Aimons lesAommes avant (/'aimer notre gloire.
(Alaux.)
il S'applique même aux choses qui sont gé-
néralement regardées comme desagréables ,
pénibles : Aimer to querelles, '
- — ' - vret -', parce que Jésu
comment estimerons- _.
comment aimbrons-hous ce qui nous rabaisse
dans l'opinion des nommes? (Bourdal.) // aime
sa captivité. (Fléch.) Celui qui aime la laideur
n'est pas fort loin d'aimer le vice. (Chateaub.)
— Se dit aussi de l'attachement qu'éprou-
vent les animaux , de leur goût naturel pour
certaines choses : Le chien aime beaucoup, son
maître. Les chattes aiment tendrement leurs
petits. La chèvre aime les lieux escarpés. Le
canard aime l'eau. L'éléphant aime la société
de ses semblables. (Buff.)
Le cheval aime l'homme, il aspire & lui plaire.
Il On l'étend même aux plantes et aux choses,
pour désigner ce qui leur convient, ce qui est
en rapport avec elles : Le framboisier, la vio-
lette aiment l'ombre. Le céleri aime une terre
légère. L'amitié aime les sacrifices. Le vice, te
i'omire. Comme le hêtre, lepla-
— Aimer à, suivi d'un infinitif, Avoir du
plaisir à : Elle aimait A prévenir les injures
par sa bonté. (Boss.) // aime à jouir de sa
gloire. (Fléch.) On h'aime point À louer, on ne
loue jamais sans intérêt. (La Bruy.) ./'aime a
vous écrire par-dessus tout. (M'"» de Sév.) Ceux
qui aiment à s'instruire ne sont jamais oisifs.
(Montesq.) On aime à faire soi-même ses belles
actions. (Joubert.) L'homme aime à se gouver-
ner à sa fantaisie. (Garnier.) La liberté aime
A faire jouir de ses bienfaits les insensés mêmes
qui l'outragent. (Bignon.)
3'aime à voir aux lapins cette chair blanche et molle.
I Dans la conversation, on supprime quel-
AIM
quefois la prép. à, et cet abus, dont on trouve
un exemple dans Rousseau, tend à s'intro-
duire dans les écrits des auteurs modernes :
// n'AiME point ramper dans les cours. (J.-J.
Rouss.) Surtout recommandes à votre patron
d'être exact, le colonel m'aime pas attendre.
(E. Sue.) J'aime beaucoup voir les roses, mais
je n'aime pas en parler. (A. Karr.) Il Aimer de
a le même sens, mais cette locution a vieilli :
Cette passion fait qu'on aime de s'unir à ces
choses, et de les avoir en sa puissance. (Boss.)
Monseigneur aimait les peuples , et il aimait
D'en être aimé. (Mass.) Une religion qui h'ai-
merait pas D'être approfondie et gui craindrait
l'examen serait suspecte. (Mass.) Elle aime la
conversation, et surtout de plaire au roi. (Mme
de Sév.)
Pourquoi pour la justice ai-je aimé de souffrir?
Il Aimer que,. suivi du subjonctif, Savoir gré,
être content de : J'aime qu'os soit poli avec
moi. Je n' aime pas Qu'on lui réponde.
[loue.]
Aimes qu'on vous conseille , et non pas ou'on vous
Boileau-
Il Aimer mieux , Préférer : La politique ro-
maine aimait mieux un roi enfant. (Boss.) Ils
aimaient mieux la guerre que la paix, les
autres aimaient mieux la mort que la guerre.
(Pasc.) /'aime mieux ma famille quemoi-mème;
/aime' mieux ma patrie que ma famille, mais
/aime mieux le genre humain que ma patrie.
(Fén.) Il y a telle femme qui aime mieux son
argent que ses amis , et ses amants que son ar-
gent. (La Bruy.) il Se joint sans prép. à l'in-
finitif qui le suit : On aime mieux se rendre
nécessaire à l'assemblée des méchants, que d'être
inutile au parti des gens de bien. (Mass.) Nous
aimons mieux voir ceux à qui nous faisons du
bien que ceux qui nous en font. (La Rochcf.)
Oh aime mieux dire du mal de soi que de n'en
point parler. (Mme de -Sév.) // n'est pas de
jeune fille de quinze à seize ans qui îî'aime
mieux faire ses robes que de s'en passer. (Mme
Guizot.) n Suivi de deux infinitifs, unis par
que, on ne met rien devant le premier, mais
on met de devant le second : j'aime mieux
lui pardonner que de le réduire a : "
Nous aimons mieux tout risquer que r>i
contraindre. (Boss.) // aime mieux mentir que
de se taire. (La Bruy.) // aimerait mieux avoir
des grâces à faire que D'en recevoir. (Fléch.)
Quoiqu'il peine a mes maux je puisse résister.
J'aime mieux les souffrir que de les mériter;
CORNEILLE.
Il On supprime quelquefois la prép. de devant
le second infinitif: Aimer mieux lire que jouer.
Il aimera mieux s'attirer le mépris que con-
trUter.l'objet de sa passion. (Mass.) La plupart
des lecteurs aiment mieux s'amuser que s'in-
struire. {3.-3. Rouss.)
Et j'ai bien mieux aimé me voir aux mains d'un autre
Que ne pas mériter un cœur comme le votre.
— En style de palais, on dit mieux aimer :
Si mieux n aime ledit sieur soumettre ses pré-
tentions à un arbitre.
— Jeu. Aimer par A et par D. Jeu de so-
ciété, dans lequel le mot principal qui sert de
réponse à cette question : Pourquoi aimez-
vous telle personne? doit commencer par un
A ou un B. || Jouer à comment l'aimez-vous? So
dit d'un autre jeu, dans lequel une personno
doit deviner un mot par les réponses quo
chacun fait aux questions: Comment l'aimez-
vous? qu'en faites-vous? où le mettez-vous?
— Prov. Aimer quelqu'un comme laprunelle
de l'œil, comme la prunelle de ses yeux, comme
ses yeux, Lui porter une vive amitié. — Dans
certaines provinces , on dit plus énergiquo-
ment, mais plus trivialem. : Aimer comme ses
boyaux: il Aimer. 7. comme la colique, comme les
chiens aiment les coups de bâton. Manière plai-
sante et triviale de faire entendre qu'on a de
l'aversion pour une personne, qu'on déteste
une chose, il Qui m aime, aime mon chien,
Quand on aime une personne, on aime tout
ce qui lui appartient, tout ce qui s'y rap-
porte. On généralise souvent ce proverbe et
l'on dit : Çut aime Bertrand, aime son chien, a
Quand on n'a pas-ce que l'on aime, il faut ai-
mer ce que l'on a, Façon de parler qui se re-
trouve dans presque toutes les langues, et que
les Celtes rendaient par ces mots : // n'y a
pas de maladie plus cruelle que de n'être pas
content de son sort. Il // faut aimer pour être
aimé, proverbe rapporté par Sénèque : Si vis
amari , ama, et très-éloquemment commenté
par 3.-3. Rousseau, il // aime mieux deux œufs
qu'une prune, Il préfère un grand avantago
a un moindre. Il C'est trop aimer quand' on
en meurt, proverbe naïf du moyen âge. Notre
siècle égoïste dit : // est mort d'amour et...
d'une fluxion de poitrine. Il Qui aime bien,
châtie bien , traduction du proverbe latin :
Qui bene amat bene castigat. V. ces mots, il
// lui sera beaucoup pardonné, parce qu'elle a
beaucoup aimé, Allusion aux paroles pronon-
cées par Jésus chez Simon, à propos de Marie
Madeleine repentante. V. Pardonner.
S'aimer, v. pr. S'aimer soi-même, être do-
miné par l'êgoïsme : Mazarin s'aimait trop,
ce qui est le naturel des âmes lâches. (De Retz.)
Ce n'est pas proprement aimer ses frères que de
ne lesaimerquepargoût, c'cs/s'aimer soi-même.
(Mass.) On ne désire d'être aimé des autres que
parce qu'on s'aime soi-même, et pour avoir un
motif de s'aimer davanta ge. (Beauchêne.) Nous
A1M
nous aimons toujours mieux que nous n'aimons
les autres. {Abbe de Choisy.) L'homme n'aime
que lui, et encore ne s'aime-*-i'2 guère. (A.
Karr.) L'homme ne s'aime que dans son sem-
blable, et c'est par son semblable seulement qu'il
peut s aimer. (L.-J. Larcher.)
rode.
Méconnaît Bon génie et s'ignore soi-même.
Boileau.
— S'aimer dans un endroit, S'y plaire : S'ai-
mer à la campagne. S'aimer chez soi. Il s'aime
mieux dans un tronc d'arbre ou dans une grotte,
que dans un palais ou sur un trône. (Pasc.)
Pourquoi me chasses-tu ? — Pourquoi suis-tu mes pas ?
Tu me plais loin deTnoi. — Je m'aime où tu n'es pas.
Molière.
Il Se ditenparlantdesanimauxetdes plantes :
Les canards ne s'aiment qu'à la proximité des
ruisseaux et. des étangs. La vigne s'aime dans
les terrains pierreux. La violette, le framboi-
sier s'aiment à l'ombre.
— v. récipr. Avoir une affection mutuelle :
Aimez-vous les uns les autres. (St Jean.) Vou-
lons-nous participer ici-bas à la béatitude cé-
leste, aimons-nous ; que la charité fraternelle
emplisse nos cœurs. (Boss.) Tous les hommes
doivent s'instruire , s édifier , s'aimer les mis
les autres, pour aimer et servir leur père com-
mun. (Fén.) Les hommes sont eause que les
femmes ne s'aiment point. (La Bruy.) On di-
rait que les cœurs qui s'aiment s'entendent à
demi-mot, et qu'ils ne sont que comme entr'ou-
verts. (Chateaub.) La morale du Christ apprit
aux hommes qu'ils étaient égaux, et que Dieu
leur avait mis au fond du cœur une foi et un
amour pour croire au bien et pour s'aimer.
(L.-N. Bonap.) Quoique d'un caractère di/fc
Chaque hi
Quand on se voit beaucoup, on s'aime beaucoup moins.
C. Bonjour.
nos rangs a'éclairûissent,
importe un sentiment ;
js pauvres âmes s'unissent
Et se serrent plus tendrement.
Lamartine.
Il Se dit des animaux :
Deux pigeons t'aimaient d'amour tendre.
La Fontaine.
— Syn. Aimer, affectionner, chérir. V. AF-
FECTIONNER.
— Syn. Aimer mieux, adopter, choisir,
élire, opter, préférer, trier. V. ADOPTER.
■ — Antonymes. Abhorrer, abominer, détes-
ter, exécrer, haïr, jalouser.
— AIIus. littér. Aii
mis p«.
ut. V.
■■ -'1--
contre les Flandres. La plupart des bar
conseillaient d'attendre jusqu'à l'année sui-
vante, « pour ce que l'hiver viendrait avant
qu'on eût préparé une si grosse expédition.
Comme ces paroles déplaisoient moult au roi,
il se tourna devers messire Gautier de Chà-
tillon, connétable du royaume de France : «Et
■ vous, connétable, quen dites-vous? — Qui
» a bon cœur trouve toujours bon temps pour
• la bataille, » s'écria Gautier de Châtillon.
» Quand le roi eut ouï cette parole, il accola
le connétable , en disant : « Qui m'aime me
» suive .' » Et donc fut crié que chacun, selon
sonétat, fut prêt à Arras, pour laMagdeleine. »
{Chronique de Saint-Denis, citée par M. Henri
Martin?)
Voici, à propos du mot de Philippe VI, deux
petites anecdotes, l'une comique, Vautre tra-
gique.
— Un original avait inséré cette clause dans
son testament :
« Je veux être inhumé au pied de la croix
du cimetière de St-Jules, qui, depuis soixante
ans, est mon promenoir du. matin. La serpil-
lière, la civière, les porteurs, le eordelier, le
luminaire, et le chant qui accompagne les morts
les plus pauvres de l'Hôtel-Dieu, voilà tous les
frais de ma sépulture ; et qui ' ' " '
dans la chambre d'une jeune fille d' .
éblouissante. Trop certaine du déshonneur dont
elle est menacée, à la vue des regards enflam-
més dé l'officier, elle essaye en vain de l'ar-
rêter par ses supplications. Elle va succomber,
Suand, s'arrachant par un violent effort à ses
rutales étreintes, elle s'élance vers la fenêtre
entr'ouverte, et, jetant sur le vainqueur un re-
gard de mépris et d'ironie : « Qui m'aime me
suive! » s'écrie-t-elle, et elle se précipite.
En littérature, les allusions à ce mot devenu
célèbre sont fréquentes :
« Envoyé en Dauphiné par une fatalité dé-
plorable, et se trouvant sur le chemin de Na-
poléon, La Bédoyère n'avait pu résister à
l'entraînement qui le portait vers lui. Mais
incapable d'attendre que la fortune se fût pro-
noncée pour se prononcer lui-même , il avait,
à la nouvelle de l'approche de Napoléon, réuni
son régiment sur l'une des places de Grenoble,
fait tirer d'une caisse l'aigle du 7°, crié Vi'ue
V Empereur t et brandissant son épée, dit à ses
AIN
soldats : ■ Qui m'aime me suive!» Le régiment
presque entier l'avait suivi. » Thiers.
« Madame Récamier ranima son mari , qui
avait un peu'perdu la tête, sourit à l'adversité,
régla tranquillement . son budget d'après sa
nouvelle fortune, et n'eut qu'à dire : « Qui-
» m'aime me suive! » Tout le monde la suivit.
La beauté, à cette époque surtout, ressemblait
au philosophe Bias : elle portait tout son bien
avec elle. ■ Armand de Pontmartin.
« Ces beaux vers de M. Victor Hugo , ces
batailles, ces rêves, cet idéal éblouissant , tel
était notre idéal nouvellement conquis à la
pointe de nos plumes fraîchement taillées.
Nous allions, vainqueurs, l'arme au bras et le
chapeau sur l'oreille , à ces batailles d'Iéna et
d'Austerlitz. — Et qui m'aime me suive! — Et
chacun de nous suivait par curiosité et tout
simplement pour savoir où nous irions. »
J. Janin.
— Anecdotes. On demandait à Mme d'Ar-
genson, la femme du ministre de Louis XV,
lequel elle préférait des deux frères Paris,
qui ne brillaient ni par leur amabilité ni par
leur esprit ; elle répondit : « Quand je suis avec
l'un, j'aime mieux l'autre. »
Le marquis de Bièvre ne pardonnait l'a-
mour-propre qu'aux laboureurs : « Il est tout
naturel, disait-il, qu'un laboureur s'aime beau-
Un tuteur avait donné à une jeune fille de
six ans une belle poupée : il vint quelque temps
après pour juger de Venet qu'avait produit ce
cadeau ; mais, quand il arriva, la poupée avait
été jetée au feu. « Ma petite , lui dit-il, pour-
quoi donc as-tu brûlé ta poupée? » L'enfant
répliqua les larmes aux yeux : o Je lui ai dit
que je'l'aimais, et elle ne m'a pas répondu. »
UN JEUNE COLLÉGIEN A SES PARENTS
LE 1
r JANVIER,
Pour vous faire m
J'ai feuilleté mon
Et je n'ai trouvé q
udimont,
u'amo, j'aime.
Lucas parlant de son roussin,
Dit un jour à son médecin;
Qu'il l'aimait d'un amour extrême.
Le médecin, pour l'animer.
Lui répond : C'est bien fait d'aimer
Votre prochain comme vous-même. .
Je sais seulement une chose :
C'est que je ne vous aime pas.
Bcsst-Babutin, imit. d'une épigr. de Martial.
Un malheureux au monde n'avait rien,
Hors un barbet, compagnon de misère. ,
Quelqu'un lui dit : • Que fais-tu de ce chien,
Toi qui n'as pas même le nécessaire? ■
Plus à propos serait de t'en défaire. •
Le malheureux, à ce mot, soupira :
• Et si je ne l'ai plus, dit-il, qui m'aimera ? ».
A1MERIC DE PÉGUILA1N , troubadour du
xrae siècle, né à Toulouse, mort vers 1255,
vécut à la cour de plusieurs princes et fut
surtout bien accueilli d'Alphonse IX, roi de
Castille. Il existe, dans divers manuscrits, en-
viron cinquante pièces de ce troubadour ; Ray-
nouard en a publié six en entier et des-frag-
ments de huit autres. ,
A1MER1C DE SARLAT, troubadour du com-
mencement du xme siècle, né dans le Péri-
gord. Il ne nous reste que trois de ses compo-
sitions , recueillies par Raynouard dans le
Choix de poésies..., et par Rochegude dans le
Parnasse occitanien.
AlMERIClï' (le P. Mathieu), jésuite espa-
gnol et savant philologue, né en 1715, mort à
Ferrare en 1799, se retira dans cette ville après
l'expulsion des jésuites de l'Espagne. ,L ou-
vrage qui a fait sa réputation est intitulé :
Novum Lexicon historicum et mtiaim...,qui
forme la suite et le complément de son Spéci-
men veteris romanœ litteraturœ. , ■
AIMOIN, bénédictin, abbé de Fleury-sur-
Loire, mort en 1008, auteur d'une Histoire de
France qui n'est qu'une compilation pleine de
fables. Cette histoire, dont la première partie
seule est de lui (jusqu'en 654), et qui a été
continuée après sa mort jusquen 1165, a été
insérée dans le recueil de Duchesne.
AIMON (Les Quatre Fila). V. AVMON,
- AIN s. m. (a-inn). Philol. Seizième lettre
de l'alphabet hébreu, et dix-huitième lettre
de l'alphabet arabe, persan et turc.
AIN s. m. (ain). Manuf. Nom donné à un
certain nombre de fils de la chaîne : Les draps
employés pour les troupes étant de dix-huit
ains et de vingt-deux ains dans le même lé,
ces derniers sont les plus fins. (Legoarant.)
AINj.riv. de France, prend sa source dans
le dép. du Jura, à 4 kil. de Nozeroy ; passe à
Poncin , Pont-d'Ain , Varambon , Love ; se
jette dans le Rhône, après avoir reçu la Biè-
flques cascades.
AIN (dép. de 1'), ainsi nommé. de la rivière
de l'Ain, qui le traverse du nord au sud ; situé
entre le dép. .du Jura, la Suisse, les dép. do
l'Isère, du Rhône et de Saône-et-Loire ; com-
prend 5 arrond. (Bourg, ch.-lieu; Belley, Nan-
tua, Gex et Trévoux); 35 cant., 450 comra.,
369,767 hab. Il a été formé, en 1790, de la
Bresse, du Bugey, du Valromey, du pays de
Gex et de l'ancienne principauté de Bombes,
et faisait partie de la Bourgogne. Sa super-
ficie est de 592,674 hect. Eveché à Belley;
cour impériale et académie de. Lyon; se divi-
sion militaire. Le pays, riche eh beautés natu-
relles" et curieux pour le voyageur, est pauvre
et d'une température peu salubre,à cause des
nombreux étangs et marais dont il est couvert.
Commerce : bestiaux, poissons et fromages.
Industrie : laines, draps, faïence. (.
AIKARD s. m. (é-nar). Pêch. Petite ganse
qui sert à fixer le bord d'un filet sur une corde
ou ralingue.
AINAY-LE-CnÂTEAU, commune du dép. de
l'Allier, arrond. de Montluçon ; pop. aggl.
1,473 hab. — pop. tôt. 2,001 hab.
' AINE s. f. (è-ne — ce mot s'écrivait autre-
fois aisne et plus anciennement aigne et ain-
gne, formes successives qui font remonter
naturellement jusqu'au mot latin inguen, qui '
a la même signification). Léger enfoncement
qui existe entre l'abdomen ou le bas-ventre
et le haut de la cuisse : Blessure, maladie. à
2'aine. La peau de /'aine est plus mince que
celle des parties voisines.
— Agric. Aine de raisin. Dans les environs
de Laon, Nom donné à la rafle de raisin.
— Techn. Petit bâton qu'on passe dans la
têto des harengs destinés à être fumés. On
l'appelle aussi ainette et alinette. il Pièce
de peau do mouton qui sert à joindre une
éclisse et une têtière dans un soufflet d'orgiie.
— Encycl. Anat. L'anatomte définit l'aine
l'espace triangulaire situé entre l'abdomen et
la cuisse , borné en haut et en dedans par
l'arcade crurale ; en dehors, par le bord anté-
rieur de l'os iliaque ; en bas, par le pubis. On
rémarque dans cette région un grand nombre
de ganglions lymphatiques, qui sont facile-
ment atteints d'inflammation à la suite d'affec-.
tions des parties dont ils reçoivent les vais-"
seaux lymphatiques ; deux canaux, le canal
inguinal, par lequel sortent chez l'homme le
cordon des vaisseaux spermatiques, et, chez
la femme, le ligament rond, lécanal du plutôt
l'anneau crural, qui est traversé par les vais-
seaux et nerfs cruraux. Sous l'influence d'un
effort, ces canaux peuvent livrer passage aux
viscères contenus dans l'abdomen ; aussi l'aine
est-elle le siège le plus fréquent des hernies; .
— Homonymes. Aisne, haine.
AÎNÉ, ÉE adj. (c-né — du vieux fr. ains,
avant, et né. On a dit d'abord ainsné, aisne,
et enfin aine, né avant les autres enfants,
nommés puisnés, puinés, c'est-a-dire nés de-
puis la naissance do \' ainsné). Né le premier,
en .parlant des enfants du même père et do
la même mère, ou do l'un des deux seule-
ment : Fils aîné, fille aînée, frère aîné, sœur
aînée, fêtais trop fier pour rien demander à
mon frère aîné. (G. Sand.) il Qui descend de
l'aîné, qui a un aîné pour souche : A l'extinc-
tion de la branche aînée, la branche cadette
succède.
— Fig. So dit de certaines choses par rap-
port à d'autres qu'elles ont précédées : La
science doit avoir de grands ménapements avec
l'ignorance, qui est sa sœur aînée. (Fonton.)
La vérité qui s'ennoblit par le péril est la sœur
aînée de la gloire. (E. do Gir.)
ainA de l'histoire.
A. Soumet.
Le est partout frèi
AIN 159
dette de l'agriculture, a fait oublier son aînéb.
(Michelet.) Il Cette séance a été aussi nulle que
ses aînées. (Lo Siècle.) Il Boileau a dit, en s'a-
dressant à ses vers :
Vous croyez, sur les pas de vos heureux aînés.
Voir bientôt vos bons mots, passant du peuple aux
[princes,
Charmer également la ville et les provinceà.
Boileau.
— Aine de Normandie, Celui qui, dans la
coutume de Normandie , recevait les rede-
vances nommées ainesse. Il Mirabeau a fait de
cotte locution une application aussi heureuse
quo plaisante : J'ai vu cinquante-quatre lettrés
de cachet dans ma famille, et j'en ai eu dix-
sept pour ma part, vous voyez que j'ai été par-
tagé en aîné de Normandie. (Mirab.) ■•
— Antonymes. Cadet, puiné, minor, jeune
AÎNESSE s. f. (è-nè-so — rad. aîné). Prio-,
rite d'Age, principalement entre les enfants
mâles d'une famille noble. .* , „- ,-r- ,,
— Fig. Priorité d'âge, de fonctions : Bos-
suet est déjà vieux, Féneton est jeune encore :,
l'un, au bout de sa vie couronnée de:cheoeux
blancs, fort de son aînesse dans l'épiscopat, de
son , antiquité dans la foi, tend la main à
Vautre. (Lamart.) . .
— Le plus souvent le mot ainesse s'empl.-
avec le mot droit. "p"
— Droit d'aînesse, Droit qu'avait l'aîné de
prendre dans la: successipn des parents ,uno
plus grande part que les autres enfants :
Esaû vendit son droit d'aînesse à Jacob pour,
un plat de lentilles. (Sacy.) Le droit d'aînesse
a le grand avantage de ne faire qu'un sot par
famille. (H. ,BeyIe.) Le droit d'aînesse es{
une institution contraire à la vie de famille.
(P. Janet.) Le droit d'aînesse rejette au bas
de la famille les cadets et les filles. (Vacque-
rie.) Le noble s'est soumis à la suppression du
croit d'aînesse. (G. Sand.) Le séul'dbantàge
de mon droit d'aînesse est d'avoir pu 'aimer
mes frères un peu plus tôt. (Dupin.) Les l'ois
révolutionnaires supprimèrent le droit' d'aî-
nesse. (Lamart.) • ' '• ' -
Et ce vieux droit d'aînesse est parfois si puissant
Que; pour remplir un trône, il appelle un absent.
Corneille.
Il Fig. Droit de priorité :
L'invention des arts étant un droit d'aînesse, ' '
Nous devons l'apologue fi l'ancienne Grèce.
La Fontaine. ,
— Prat. Ainesse de Normandie, Redevances
payées par plusieurs coteneurs- à l'un d'eux^
nommé l'aine, qui seul était alors tenu envers
— Le fils aine de France. Sous 1'
monarchie, L'héritier présomptif de la cou-
ronne. Il Le fils aîné de l'Eglise, Qualification
donnée aux rois'de France, depuis la conver-
sion de Clovis. Il La fille aînée des rois de
France, Titre' quo prenait anciennement
l'Université de Paris. — Je crains fort, a dit
à ce propos M. Proudhon, que cette qualité
ne devienne a la fin un signe de décrépitude.
— S'empl. substantiv. dans les deux gen-
res : C'est, une fille,qui est Z'aînée de tous mes
qnfants. Le prince de Conti était aussi jaloux
de son aîné qu'incapable de l'égaler. (Volt.)
En Egypte, en Grèce j à Rome, chez lés Ger-
mains, Taînb jouièsàit,dc .privilèges particu-
liers (Bouill.) Son frère vient de passer mar-
quis par le décès' dé Y'aîné de là famille. (G.
Sand,) Au moment de la naissance de Paîné,
un homme devient père, etacquittésa dette à
l'égard de ses ancêtres. (Michelet.) Dieu a
donné la sagesse et la force aux aînés pour
soutenir la faiblesse de leurs frères en bas âge.
(Toussenel.) il On le dit également d'un se-
cond enfant à l'égard d'un troisième, et ainsi .
des autres : Il est mon aîné. (Acad.)
— Par ext., Se dit d'une personne plus Agée
qu'une autre, et de ceux qui nous ont pré-
cédés dans la vie, dans une carrière : Vous
êtes mon aîné. Il est mon aîné de cinq ans.
Respectons nos aînés. •
— Fig. : Bossuet a été le plus avantagé'
parmi les aînés du génie. (D. Nisard.) il On le
dit même des choses : Ouvrage digne de la<
réputation de ses aînés. L'industrie , sœur ca-
— Encycl. Hist. Le droit d'aînesse, consi-
déré comme droit de préférence accordé à
l'aîné des fils, paraît remonter a une haute an-
tiquité. L'histoire d'Esaù et dé Jacob nous le
montre chez ' les Hébreux ; l'Egypte- et la
Grèce en offrent quelques- tracés; Tacite _le
constate chez les Germains. Cependant 'on ne
lo retrouve pas dans la législation romaine.
En France, nous le voyons n'aitrè, s'étendre
et, grandir avec la féodalité: D'apr.ès la cou-
tume de Paris , le droit , d'ainèsse consistait
d'abord dans un préciput," c'estJa-dire' dans
une portion que l'aîné prélevait' sur la'màsse
de la succession antérieurement à' tout par-
tage. Le préciput prélevé, le reste des biens
se partageait de la manière suivante : s'il n'y
avait que deux enfants, l'ainé des deux pre-
nait les deux tiers des biens restants, et le ca-
det l'autre tiers; s'il y avait plus dé deux en-
fants, l'ainé prenait une moitié pour lui seul,
et l'autre moitié se partageait également
entre tous les autres enfants. Le père et la
mère ne pouvaient porter atteinte au droitd'air
nesse ni par donation entre vifs, ni par .-testa-
ment ; ils ne pouvaient le transporter de.lîaîné
h, un cadet, même du consentement de i l'ainé.
L'ainé seul pouvait, de son propre mouvement
et sans contrainte, renoncer validemenfà son
droit. Si l'ainé mourait avant l'ouverture d'è la
succession, laissant des enfants mâles,- ces en-
fants recueillaient tous les avantages qu'il au-
rait eus lui-même ; s'il n'avait quo des filles,
ses droits passaient a- celui de ses frères qui
le suivait immédiatement. Le droit d'àinesse
n'existait pas dans les provinces du Midi, où
le droit romain avait prévalu sur lo droit féo- •
dal ; l'égalité du partage n'y était rpmpue,que
par la volonté paternelle, institution éminem-
ment aristocratique, le droit , d'aînesse tendait
h, empêcher la division de la propriété, à con-
server l'unité, la richesse, la puissance dans les
grandes familles ;*on comprend qu'un tel privi-
lège ne pouvait trouver grâce devant la révolu-
tion de 1789. Attaqué depuis longtemps comme
contraire h la nature et à la morale, . comme
excitant dans le sein des' familles la cupidité,
la jalousie et la discorde, comme invitant les
aînés à l'oisiveté, et contraignant le plus sou-
vent les cadets et les filles au célibat et a tous
ses inconvénients, il fut aboli par les lois de
l'Assemblée constituante des 15-28 mars 1790
et 8-15 avril 1791. En 1826, la Restauration,
qui voulait refaire une aristocratie, présenta
aux deux Chambres un projet de loi, non pour
rétablir l'hérédité telle qu'elle existait autre-
fois, mais pour attribuer à l'aîné des enfants
mâles, à titre de préciput légal, toute la quo-
tité légalement disponible dans la succession
d'un père payant 300 fr. d'impôt foncier, sauf
à celui-ci a ordonner par testament Légalité
do partage. Aujourd'hui, le droit d'aînesse
n'existe plus en France que dans les lois qui
100
AIN
régissent la transmission du trône. Il continue
de subsister en d'autres pays de l'Europe, no-
tamment en Angleterre.
— Prov. hlst. Vendre son droi» d'aînesse
pour un plat de lentille», Allusion à un trait
bien connnu de la vie d'Esaù et de Jacob.
V. Lentille.
AINETTE S. f. (è-nè-te). Pêch. Petit bâton
auquel on suspend les harengs destinés à
être fumés. Mémo sens quo aine.
AÎNÉ-Y-SOURID s. m. (è-né-i-;SOU-ridd).
Miroir magique dans les contes orientaux.
AÏNO s. et adj. (a-i-no). Géogr. Peuple du
nord du Japon ayant un idiome particulier,
il Idiome de ce peuple.
AINSconj. (ainss— ital. anzi). Vieux mot
qui signifie mais : Cela n'est point la faute
de l'histoire , ains des hommes partiaux gui
abusent indignement de ce nom, (Amyot.) Point
ne se repentit de son saint personnage, ains au
contraire il en fut très-content .(Vaugelas.) Peut
s'employer encore dans le style marotique :
Si volfamo
Fait palpite
AINSI adv. (ain-si — du lat. in sic, en cetto
manière ; de marne que ensemble vient de in
simul ; envers de in versus, etc. On a dit suc-
cessivement insi, isi, issi, ensi, einsi, et enfin
ainsi). De cette sorte, de cotte façon, de cette
manière; se met soit au commencement,
soit dans le cours, soit à la fin de la phrase :
Il s'exprima ainsi. On convint d'agir ainsi.
Sont-ce des religieux qui parlent ainsi? (Pasc.)
Ainsi disparait tout à coup la figure du monde,
ainsi s'évanouit l'enchantement des sens, ainsi
vient se briser au tombeau le fantôme qui s'en
joue. (Mass.) C'est ainsi qu'il instruit les prin-
ces. (Boss.) Il'est plus glorieux de se relaver
ainsi que de n'être jamais tombé. (Fén.)
La chose ainsi réglée, on composa trois lots.
La Fontaine.
Ainsi parle un esprit qu'irrite la satire.
Boileau.
Ainsi finit la comédie.
La Fontaine.
Ainsi le glaive fidèle
De l'ange exterminateur
Plongea dans l'ombre éternelle
Un peuple profanateur.
J.-B. Rousseau.
Il Placé au commencement de la phrase et
suivi de donc, il donne plus d'énergie à la
pensée et exprime le plus souvent une con-
clusion : Ainsi donc périssent les ouvrages des
hommes! (Volney.)
Ainsi donc, au besoin, mon courage s'abat.
Corneille.
Ainsi.dtme mes bontés vous fatiguent peut-être.
Ainsi donc la discorde a pour vous tant de charme.
Racine.
Ainsi donc, philosophe a la raison soumis,
Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis.
Il Se met également au commencement des
phrases qui expriment un souhait : Ainsi
puisse la discipline ecclésiastique être entière-
ment rétablie! (Boss.) Ainsi puissies-vous pro-
filer de ses vertus ! (Boss.) Ainsi puissent les
dieux vous conserver à vos enfants, et leur faire
sentir la joie de vivre sous un si bon père! (Fén.)
De jour en jour aillent croissants!
o la plupart des prières dans l'Eglise ca-
tholique, et qui exprime le désir de voir se
réaliser ce qu'on a demandé à Dieu, il Par
ext. et Tarn. Se dit dans la conversation, et
sous forme d'épiphonème, pour exprimer un
vœu, un souhait, la réalisation espérée d'une
chose dont on vient de parler, il Substantiv. :
Un ainsi soit-il est bientôt dit. (Courr. fr.) Il
faut croire que cet ainsi soit-il arrivera.
(Courr. fr.)
— Ainsi peut se répéter au commencement
de deux propositions coordonnées : Ainsi on
voyait les choses, ainsi on les rapportait. (De
Barante.)
— Se met au commencement de la deuxième
partie d'une comparaison pour correspondre
a comme, de même que, etc. : Comme le soleil
chasse les ténèbres, ainsi la science chasse l'er-
reur. (Acad.) Comme une colonne dont la masse
solide parait le plus ferme appui d'un temple
ruiné, lorsque ce grand édifice fond sur elle
sans l'abattre, ainsi la reine se montre le ferme
soutien de l'Etat. (Boss.) Comme le soleil
éclaire les ténèbres, ainsi l'étude éclaire l'igno-
rance. (Boiste.) il Quelquefois on supprime
comme devant le premier terme de la compa-
raison : Le hibou cherche l'obscurité, ainsi le
méchant cherche les ténèbres. (Lav.) La co-
lombe amollit le grain dont elle veut nourrir
ses petits, ainsi une mère tendre prépare et
adoucit l'instruction qu'elle sait faire goûter à
ses enfants. (Lav.)
— Entre dans un grand nombre de for-
mules familières : S'il en est ainsi, puisqu'ainsi
est, puisqu'ainsi va, locutions qui équivalant
à puisque cela est ainsi, puisque cela va ainsi.
Il Ainsi du reste, ainsi des autres choses, Il en
est ainsi du reste, des autres choses. Il Si j'ose
m'exprimer ainsi, s'il est permis de parler
ainsi, si l'on peut s'exprimer ainsi, pour ainsi
parler, pour ainsi dire, Locutions que l'on em-
ploie pour rendre la pensée moins absolue,
AIN
moins tranchante : Le fond d'un Romain, porrs
ainsi parler, était l'amour de la liberté et de
la patrie. (Boss.) L'être vraiment bon se sent
lui-même, pour ainsi dire, au profit des au-
tres. (Mme Guizot.)
— Conj. Par conséquent, par cette raison :
Je ne sais si un bienfait qui tombe sur un in-
grat, et ainsi sur un indigne, ne change pas de
nom. (La Bruy.) Bien loin de gêner le com-
merce par des impôts, on promettait une ré-
compense à tous les marchands qui pourraient
attirer à Salente le commerce de quelque nou-
velle nation ; ainsi les peuples y accoururent
bientôt en foule de toutes parts. (Fén.) il De
sorte que : // n'était point attaché aux ri-
chesses, mais il ne savait pas donner : ainsi,
avec un cœur noble et porté au bien, il ne pa-
raissait ni obligeant m libéral. (Fén.)
— Ainsi que, loc. conj. i)e la manière que,
comme : Cela s'est passé ainsi que je l'ai dit.
Ce n'est pas ainsi Qu'a vécu ce magistrat célè-
bre. (D'Aguess.) '
L'onde était transparente, ainsi ou'aux plus beaux
[jours.
Il Se place quelquefois en tète de la phrase :
Ainsi que l'ordonne la Providence, ainsi va la
fortune des Etats et des particuliers, des princes
et des sujets. (Trév.) Ainsi que les rayons du
soleil dissipent les nuages , ainsi la présence
du prince dissipe tes séditions. ( Planche. )
Il Avec ellipse du verbe et de la conj.çwe ••
Les plus grands ambitieux que le monde con-
naisse avaient un tempérament bilieux : ainsi
César, Richelieu, Napoléon. (Bautain.)
—C'est ainsi que, C'est de cette manière que :
C'est ainsi qu'il mourut, si c'était làmourir !
Lamotte-
il Affecte souvent la forme iriterrogative , et
éveille alors une idée de reproche : Est-ce
ainsi que vous soutenez Télémaque contre le
vice auquel il succombe? (Fén.) Est-ce ainsi
que vous vous joues des hommes? (Fén.)
iècle. (Volt;)
L'homme, ainsi que la vigne, a besoin de support.
Marchent à reculons, t
Ainsi oue la vertu, le crime a ses degrés.
Racine.
Ainsi que les rochers roulent dans les campagnes,
Il Quelques auteurs donnent à ainsi que la
valeur addiiive de la conjonction et ; dans ce
cas, le verbe se met au pluriel : L'or ainsi
que les autres métaux peuvent être volatilisés
par une plus ou moins grande chaleur. (Buff.)
Le jaguar ainsi que le couguar habitent dans
les contrées chaudes de l'Amérique méridionale.
(Buff.) La vérité ainsi que la reconnaissance
m'obligent à dire que j'ai été privé de ces bien-
faits, en tout ou en partie, à mesure que la révo-
lution s'approchait. (B. de St-P.)
Votre père en mourant, ainsi que votre mère,
Vous laissèrent de biens une somme légère.
Reonakd.
— La locution conjonctive ainsi que entre
encore dans plusieurs manières de parler au-
jourd'hui inusitées : S'il est ainsi que, S'il est
vrai quo : S'il est ainsi que nous ne soyons
créés que pour servir Dieu. (Acad.)
S'il est ainsi que des choses futures
L'école d'Apollon apprend la vérité.
Malherbe.
Il Quand ainsi serait que, Quand il serait vrai
que : Mais quand ainsi serait que ce passage
aurait une signification douteuse... (Boss.)
Puis, quand ainsi serait que, selon ta prjere.
Elle aurait obtenu
D'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière, ■
Qu'en fût-il advenu ?
Mauieube. .
Il Regarder ainsi que, Regarder comme : Il se
plaint à moi tous les jours des rigueurs de sa
destinée, et regarde l'hymen de la princesse
ainsi que l'arrêt redoutable qui le doit pousser
(Mol.)
— Gramm. Ainsi que, comme, de même que,
aussi bien que, plus que, plutôt que, entre deux
sujets, marquent ordinairement la comparai-
son ; selon beaucoup de grammairiens même,
ces mots la marquent toujours, et alors le
verbe ue doit s'accorder qu*avee le sujet prin-
cipal, sans que les mots placés après la con-
jonction puissent exercer' aucune influence
pour déterminer l'accord : La force d'âme ,
ainsi que celle du corps, est le fruit de la
AIR
tempérance. Selon d'autres grammairiens , ces
conjonctions peuvent être quelquefois consi-
dérées comme exprimant indirectement l'addi-
tion des sujets, et alors le verbe se met au
pluriel pour s'accorder avec tous ensemble :
Bacchus ainsi qv'ffercule étaient reconnus
demi-dieux. (Volt.) La santé comme la fortune
retirent leurs faveurs à ceux qui en abusent.
(St-Evrera.).
quoi renferme un rapport de cause et d effet ;
ainsi ne renferme qu'un rapport de prémisses
et de conséquence : Les femmes, pour l'ordi-
naire, sont changeantes; c'est pourquoi les
hommes deviennent inconstants à leur égard.
Les Orientaux les enferment, et nous leur don-
nons une entière liberté; ainsi nous paraissons
avoir pour elles plus d'estime. (Guizot.)
— Syn. Alnal que, comme, do même que.
Ainsi que marque une comparaison entre des
choses qui arrivent ou se font ; Ainsi que le
gouvernement influe sur le caractère des peu-
ples,'le caractère des peuples influe sur celui
des langues. (Gond.) De même que sert à com-
parer des faits ou des actions qui ont lieu de
ta même manière : De mêmb que la cire molle
reçoit aisément toutes sortes d'empreintes et de
figures, de même vn jeune homme reçoit aisé-
ment toutes.les impressions qu'on veut fui don-
ner. (Acad.) Comme annonce une comparaison
qui tombe sur la qualité d'une personne ou
d'une chose : Il est hardi commun lion. (Acad.)
AIKSLIÉE s. f. (ain-sli-é — de Ainslie, na-
turaliste anglais). Bot. Genre de plantes de
la famille des composées, qui renferme deux
espèces, originaires dos montagnes de l'Inde.
''A1NSWORTH (Henri), théologien anglais,
mort en 1639, appartenait à une secte de non-
conformistes qui ne reconnaissait aucune au-
torité ecclésiastique , ce qui le fit persécuter
sous le règne d'Elisabeth. Le plus considérable
de ses ouvrages consiste dans une suite d'an-
notations sur l'Ancien Testament.
AINSWOTtTII (Robert), grammairien an-
glais, né en 1660 dans le comté de Lancastre,
mort en 1743, est surtout connu par un excel-
lent Dictionnaire latin-anglais , dont Morell
revit et corrigea, la première édition. On lui
doit aussi un Petit Traité d'institutions gram-
maticales , assez estimé , et quelques poésies
latines et anglaises.
AIN5V70RTII (William-Harrison), roman-
cier anglais, né à. Manchester en 1805. Il dé-
buta dans la littérature par des esquisses insé-
rées dans diverses revues, composa un volume
de poésies sous le pseudonyme de Cheviot-
Tichebourne , et fit paraître ensuite un très-
grand nombre de romans dont plusieurs eu-
rent une vogue immense, surtout celui où il
raconte la vie de Jack Sheppard, voleur
fameux. Toutefois, on lui reprocha vivement
le choix d'un semblable héros. Il fut ensuite
directeur de plusieurs recueils mensuels, qu'il
enrichit souvent de ses productions littéraires.
Son style est imagé, plein de mouvement, et il
excelle dans la peinture des mœurs. Ses qua-
lités le placent immédiatement après Dickens,
Thackeray, "Warren et Buhver.
AINSWOKTH (William-Francis), géologue
et médecin anglais, cousin du précèdent, né à
Exeter en 1807. Reçu docteur dès l'âge de
vingt ans, il ne tarda pas à s'abandonner à son
goût pour les voyages et les sciences natu-
relles. Il fit une excursion géologique à travers
l'Auvergne et les Pyrénées. De retour à Edim-
bourg, il ouvrit des cours publics de géologie,
et reprit la suite de ses excursions en 1835. li
visita l'Enphrate, Bombay, le Kourdistan, le
Taurus et l'Asie Mineure, et pénétra dans le
pays des Nestoriens. Revenu à Londres en 1S41,
il habite depuis cette époque un petit domaine
dans le voisinage de la capitale, où il publie
les relations de ses différents voyages, qui sont
d'un grand intérêt pour les corps savants.
AÏOLOTHÈQDE s. f. (a-io-lo-tè-ko — du gr.
alolos, bigarré ; ihèkê, boîte, capsule). Bot.
Genre de plantes de la famille des composées,
ne renfermant qu'une espèce, indigène du
Mexique.
AÏOPHYLLE adj. (a-io-fi-le — du gr. aiôn,
àge.phullon. feuille). Bot. Se dit des plantes
dont les feuilles persistent au delà d'une année.
AÏOUB, AÏOUBITES. V. AYOUBITES.
AÏOUROU-COuraou s. m. (a-i-ou-rou-kou-
ra.ou _ du brésil. aïuru, dénomination géné-
rique des perroquets au Brésil). Ornith. Nom
donné par Buffon à une espèce de perroquet. '
AÏphane s. m. (a-i-fa-nc — du gr. aei,
toujours; phainô, , je brille). Bot. Genre de
palmiers de l'Amérique méridionale,
AIPYSURE s. m. (é-pi-zu-re — du gr. aipus,
haut, élevé; oura, queue). Erpét. Genre de
reptiles ophidiens.
AIR s. m. (èr — du gr. aèr, même sons).
Fluide gazeux qui forme autour du globe ter-
restre une enveloppe désignée sous le nom
d'atmosphère : Galilée est le premier qui ait
découvert la pesanteur de I'air. L'air devient
de plus en plus rare à mesure qu'on s'élève.
Qu'y avait-il de moins animé et de plus vide que
I'air, avant que vous y eussiez répandu tant de
volatiles? (Boss.) Les oiseaux nagent dans I'air
comme tes poissons dans l'eau. (Fén.) Les vents
purifient I'air et tempèrent les saisons. (Fén.)
Qui pourrait décrire les mouvements que I'air
communique aux végétaux? (B. de St-P.) Les
hommes adorèrent d abord I'air, qui les faisait
AIR
vivre. (Mass.) Un homme consume par heure au
moins six mètres cubes d'AIR. (A. Karr.) En ce
qui touche leurs éléments vraiment organiques,
les plantes, les animaux dérivent de l'km, et ne
sont que de I'air condensé. (Dumas.) Les ento-
zoaires diffèrent de tous les êtres qui vivent à
I'air libre. (F. Pillon.)
L'air fait siffler le (îfre et gronder le tambour.
Il Se dit par rapport à la température et à la
qualité de l'air : Mauvais air. Air sain. Air
délétère. AIR vif. Air frais. Air bràlant. Air
humide. Air chaud. Air pur. Air corrompu.
Air tiicie. Je veux que mon enfant et sa nourrice
respirent un air de printemps. (M"1» de Sév.)
Le. ciel était brillant d'étoiles, et I'air d'une
douceur, d'une transparence et d'une pureté par-
faites. (Chateaub.) Ce que vous ave: de mieux
à faire est de vivre sur vos terres, I'air de Paris
ne vous vaut rien. (Balz.) On respire dans ces ri-
ches appartements un air lourd, épais. (Scribe.)
L'dï'r est si parfumé, la lumière est si pure!
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !
Lamartine.
Viens respirer, a
L'nir embaun-' -
Desbi
Lamartine.
— Par ext. Séjour, fréquentation : Z'air de
Paris est dangereux pour les jeunes gens, /.'air
de la cour est contagieux; il se prend à Ver-
sailles comme l'accent normand à Rouen on à
Falaise. (La Bruy.) L'air de la cour gâte la
vertu la plus pure et adoucit la plus sévère,
(M^c de Mainten.) Je sortis de cette maison,
où l'on ne respirait qu'un air de débauche. (Le
Sage.) n Caractère , contact , influence d'une
chose : Pour pratiquer la fraternité réelle, en-
noblir le travail et faire aimer l'égalité, les
femmes ont besoin du grand air de la liberté.
(Mme Bachelier}'.) Louis XV respira dans son
berceau I'air infecté de laRégencc. (Chateaub.)
— Fig. Se dit des pressentiments, des idées
qui se répandent tout à coup dans la société :
Le despotisme que Bonaparte a laissé dans /'air
descendra sur nous en forteresses. (Chateaub.)
Il y a des pays et des temps ou le désordre est
dans J'air. (Custinc.) Il faut qu'il y ait quelque
chose dans I'air qui leur tourne la tête.
(Alex. Dura.)
— Entre dans un grand nombre do façons
do parler plus ou moins familières : Courant
d'air, Air en mouvement, qui pénètre par les
ouvertures d'un appartement : Se mettre dans
un courant d'air, c'est s'exposer à une fluxion
de poitrine. Il Coup d'air, Fluxion; inflamma-
tion causée par un courant d'air : Les coups
d'air tuent plus d'hommes que tes coups de
canon. (Prov. esp.) Il Le grand air, le bon air,
L'air de la campagne, des champs, il L'air na-
tal, L'air du pays où l'on est né, ot, par ext.,
le pays lui-même -, Aller prendre, aller rcs-
C'est l'air natal qui séchera tes larmes.
EÉrJKOER.
Il En plein air, Dans un lieu exposé à l'air
libre : Les marchands forains sont presque tous
en plein air. Son mince étalage était en plein
air. Il Au grand air, A l'air libre, au milieu do
l'air : 5e promener au grand air. Cette jeune
fille, toute bouffie encore de sommeil, se déti-
rait au grand' air. (Alex; Dum.) il Mettre,
exposer quelque chose à l'air, Lo placer de-
hors, en un lieu où il soit expose à l'action
de l'air, il Etre entre deux airs, Se trouver
dans un courant d'air : Maman , tu es ici
entre deux airs, tu pourrais gagner u?w
fluxion. (Balz.) Il II fait de l'air, il ne fait pas
d'air, L'air est agité, l'air est calme. H Pren-
dre l'air, Respirer, être dans un lieu où l'on
respire un air plus pur, plus léger : Ma si —
"bouleversée. (Scribe.) Il Ironiq. dans ce dernier
sens : Pour la moitié de cela , en France , on
vous enverrait prendre l'air à Toulon pendant
cinq ans (Alex. Dum.) ; c'est-à-dire , on vous
enverrait au bagne de Toulon, il Prendre un
airdefeu, S'approcher du feu, pour s'y chauilcr
un instant. Il On dit de mémo : Prendre un air
de soleil': Au tournant de la haie , vous verrez
M. Paul qui prend un air de soleil devant la
porte de sa cour. (J. Sandeau.) Il Changer d'air,
Changer d'habitation, de pays, pour respirer
un autre air, un air meilleur. Il Donner de l'air
à-une chambre, L'aérer, renouveler l'air on
ouvrant les fenêtres : Je me lavai pour ouvrir
ma fenêtre, et donner de l'air à ma chambre.
(Le Sage.) Il Pop. Se donner, se pousser de l'air,
S'enfuir : Im particulière voulait se donner
de l'air. (Vidal.) Allons, môme,. pocsse-toi
de l'air 1 (Montépin.) 11 Etre libre comme l'air,
Ne dépendre do personne , être libre de son
temps : Depuis que j'ai donné ma démission, je
suis libre comme l'air. (Acad.) Si vous voulez
voir la ville ou les environs, vous serez libre
comme l'air. (Balz.)
n Vivre de l'air du temps, Etre dans la plus
profonde misère, n'avoir rien pour subsister.
Il Donner dû l'air à du vin, Oter le bondon du
tonneau, de peur que le vin ne fasse éclater
les douves, il Maison en bel air, Maison qui a
unobeilevuèjUncbonneexposition. il Prendre
l'air du bureau, S'informer, s'enquérir de l'état
d'une affaire. Mais se dit plus particulièrem.
AIR
d'un employé qui ne fait qu'uno très-courte
apparition dans son bureau : J'ai été absent
toute la journée ; je n'ai fait que F rendre l'air
i>u BUREAU.
— Au plur. air désigne la vasto étendue de
l'atmosphère : L'immensité des airs. La fu-
mée s'exhale et s'évanouit dans les MRS. (Fléch.)
JJ homme n'est rien qu'un fantôme, une ombre,
une vapeur dans les airs. ( X. de Maist.) Le
vol d'un insecte gui traverse les MRS^suffil pour
•me persuader. (X. de Maist.) Un calme pro-
fond règne dans les airs. (Chateaub.) L'Etre
. suprême alluma le soleil, et le lança avec les
autres planètes dans la vaste solitude des airs.
(Barthél.) Quand on aura trouvé le moyen de
naviguer dans les airs, les despotes n'habiteront
plus que des casemates. (L.-J. Larcher.)
Avez-vous dans les ofrj entendu quelque bruit?
Ses foudres impuissants se perdaient dans tes airs.
VOLTAIEB.
il Néanmoins, dans ce sens, s'empl. indiffé-
remment au singulier ou au pluriel avec les
verbes battre, fendre, frapper, percer, traver-
ser, etc., en parlant des oiseaux, des animaux,
des choses, des cris, des différents bruits, et
même des personnes : Une flèche, un iraU qui
fend l'air, les airs. Son cheval fendait l'air.
Qui a donné aux oiseaux et. aux poissons ces
rames naturelles qui leur font fendre l'eau et
i/air? (Boss.) Il part avec la rapidité d'un
aigle qui fend les airs. (Fén.) Pour Domini-
:/i'ic, il se frappait la poitrine et perçait l'air
de ses cris. (B. de St-P.) L'exécution fut
prompte : le jeune homme fendit les airs.
(Montesq.)
Qui frappe l'air, bon Dieu! de ces lugubres cris?
Au-dessus des
De Cypre bien-nimée o
de votre vol tremblant.
— En poésie, entre dans un grand nombre
de périphrases pour désigner l'espace : Les
champs, les plaines, les régions, l'empire de
f air. Le vague de V air ou des airs.
De l'empire des airs n'est-il donc plus le roi?
ROUCHER.
Dans l'océan des airs l'affreux orage gronde.
Ainsi les champs de l'air s'épurent par l'orage.
Cuaussard.
H Est exprimé quelquefois lui-même par une
périphrase : •
11 <W ternîtes. A Bol ^„,
A travers les ocueils ne la mer éthéréc.
Ose «élever jusqu'à toi. Roman.
.— Les habitants de l'air, des airs, Les oi-
seaux.
Je vais faire la guerre aux habitants de l'air.
:n d'elle
H Le roi t
I/aiRle, re
ît languit, les habitants des airs
urs ébat6, négligent leurs concerts.
LUCE DE LANC1VAL.
s airs, L'aigle :
ie des airs, avec Margot la pie,
d'humeur, de langage et d'esprit
AIR-
propositions EN l'air. Ce n'est pas ici une
prédiction en l'air. (Mass.) Prétendent-ils m'a-
muserpardes contes en l'air? (Mol.) A consi-
dérer cet ouvrage comme un système, j'en trouve
le fondement bien incertain, bien en l'air.
(Dider.) Promesses en l'air que tout cela.
(Mariv.) Je n'ai pas prétendu faire un système
en l'air et qui n'eût aucun fondement. (Fonten.)
Traversaient un bout de prairie.
La Fontaine.
— En l'air, loo. adv. Dans l'air, dans l'es-
pace qui est au-dessus de notre tête : Regar-
der en l'air. Il le défia de lui envoyer des
architectes qui sussent bâtir une tour en l'air.
(La Font.) il Se dit aussi d'une chose qui ne
parait pas soutenue : Un escalier qui est tout
en l'air. (Acad.)
— Tirer en l'air, Faire partir une arme à feu
en dirigeant en l'air le canon, sans but fixe, il
Tirer un coup de fusil en l'air, cracher en l'air,
Faire une chose inutile, il Cracher en l'air pour
que cela retombe sur le nez, Faire par dépit
une chose qui tourne contre son autour, il Etre
toujours en l'air, avoir toujours un pied en
l'air, Etre toujours prêt à partir, à courir, à
sauter : Cet enfant est toujours en l'air. Il
■ faudra n'être plus ici un pied en l'air, comme
vous y êtes toujours. (Mme de Sév.) Je me pré-
pare tous les jours; mes habits se font, mon
carrosse est prêt il y a huit jours; enfin, ma
fille, j'ai un pied en l'air. (M"e de Sév.) il Un
pied levé et l'autre en l'air, Se dit fam. pour
exprimer' un état d'incertitude ou d'inquié-
tude : Son attention continuelle pour nous
autres fainéants la tenait un pied levé et
l'autre en l'air. (Dider.) il Bâtir en l'air,
Former des projets chimériques.
— En l'air signifie encore A la légère, sans
réflexion : Parler, agir en l'air. Traiter une
affaire EN l'air. Vous l'accusez seulement en
i/air de quatre faussetés. (Pasc.) Ce n'est point
une illusion ni une de ces choses que Von dit en
l'air, c'est une vérité. (Mme de Sév.) Parler
ainsi, c'est parler en l'air et vouloir être cru
sur tout ce qu'on s'imagine. (Fén.) ll,fut ques-
tion de mademoiselle d'Armagnac et de made-
moiselle de la Trémouille, mais fort EN l'ajr.
(St-Sim.)
Sur des soupçons en l'air je m'irais alarmer!
Molière.
t Sans importance, sans réalité, sans fonde-
ment: Contes en l'air. Raisonnements, paroles,
Babille, berce-toi d'espeVances en tair.
COLLIH d'HaRLEVILLE.
Il En désordre, sens dessus dessous : Tout est
en l'air dans cette maison. Son appartement,
son cabinet est en l'airpow les préparatifs du
départ. Nous sommes en l'air, tous nos gens
sont occupés à déménager, (M">e de Sév.) il
S'agiter, être en mouvement : Quand on ap-
prit leur arrivée, toute la ville fut en l'air.
(Acad.) Toutes les têtes sont en l'air, dans l'at-
tente de ce grand jour. (Mme d'Epinay.) La
ville est en l'air, «être opposition à l'Eglise a
révolutionné vos parents. (Balz.) Vous êtes si
aimée que toute la maison est en l'air pour
vous. (Balz.) il Etre dans une certaine inquié-
tude : Je les ai trouvés tout en l'air.
— Peint. On dit qu't7 n'y a pas d'air dans
un tableau, pour exprimer que les figures ne
se détachent pas assez du Tond, et qu'iï y a
beaucoup d'air, pour exprimer qu'elles se dé-
tachent bien : Je ne sens pas 3'air entre ce
bras et le champ du tableau. (Balz.) Ce sont des
écrans que ces toiles sans air, sans profondeur,
où les peintres craignent de mettre de la cou-
leur. (Balz.)
— Art milit. On dit qu'un corps d'armée est
en l'air, quand il n'est pas appuyé sur son
— Ane. chim. Nom générique* donné aux
différents gaz : Air déphlogistiqué, air du feu,
air vital, air éminemment respirable, air em-
pyriat ou empyréal. L'oxygène. Il Air fixe, air
méphitique, air solide de Haies, L'acide car-
bonique. Il Air inflammable , L'hydrogène, il
Air inflammable de marais, L'hydrogène car-
boné. Il Air phlogistiquê, L'azote. Il Air puant
de soufre, L acide sulfhydrique.
— Fauconn. Prendre l'air. Se dit de l'oiseau
s'élevant à perte de vue. Il Nouer (nager) entre
deux airs, Manière de voler particulière aux
oiseaux de proie.
— Liturg. Dans l'Eglise, grecque, le mor-
ceau d'étolie qui recouvre le calice, et qu'on
appelle voile dans la liturgie romaine.
— Encycl. Physiq. L'air est le fluide gazeux
qui forme autour du globe terrestre une enve-
loppe désignée sous le nom d'atmosphère (V. ce
mot pour la description des propriétés de l'air
considéré en masse, c'est-à-dire au point de
vue météorologique et astronomique). L'air
est sans saveur et sans odeur, transparent et
incolore. Il est compressible et élastique, c'est-
à-dire qu'une masse quelconque d'air diminue
de volume quand elle est soumise à une cer-
taine pression, et reprend son volume primitif .
aussitôt que la pression cesse. Il est pesant,
car un ballon de verre dans lequel on a fait le
vide pèse moins que lorsqu'il est rempli d'air.
Comme tous les autres corps,. il se dilate par
la chaleur : une vessie gonflée crèvera si on
l'échauffé, et deviendra flasque si on la re-
froidit. Il est permanent, c'est-à-dire -qu'il ne
se laisse ni liquéfier, ni solidifier. Il est mau-
vais conducteur du calorique et de l'électri-
cité, à moins qu'il ne soit humide. C'est à la
densité de Vair, prise comme unité, que l'on
compare celle des différents gaz. Sa puissance
réfraçti ve est également prise pour unité quand
on veut évaluer celle des fluides gazeux.
— Transparence de l'air. Vair, avons-nous
dit, est transparent et incolore ; il faut ajouter
que, pris en grande masse, il ne possède pas
ces propriétés d'une manière absolue. Le bleu
du ciel n'est pas autre chose que la couleur
propre de l'air: voûte azurée sont deux mots qui
représentent deux illusions d'optique.' Malgré
sa grande transparence, l'air intercepte une
partie des rayons Lumineux qui le traversent j
il en intercepte d'autant plus qu'il est traverse
dans une plus grande épaisseur. Quand le so-
leil est très-élevé, nous ne pouvons en soute-
nir l'éclat, parce que les rayons nous parvien-
nent après avoir parcouru dans l'atmosphère
le trajet le plus court possible. Ce même soleil
ne produit sur l'œil qu'un effet peu sensible
quand il est près de disparaître, parce-qu' alors
les rayons lumineux qui nous arrivent en ra-
sant le plan de l'horizon traversent une bien
plus grande épaisseur d'atmosphère. La teinte
bleue et le peu d'éclat des objets éloignés, par
exemple, des montagnes qui limitent 1 horizon,
sont encore une preuve frappante de la colo-
ration et de l'imperfection de transparence de
l'air. « L'œil, dit M. Leplay, est tellement fa-
miliarisé avec là relation qui existe entre ces
effets et la distance des objets, que le moyen
le plus efficace dont le peintre puisse disposer
pour représenter sur un même tableau des
objets très-inégaleroeut éloignés du premier
plan, est d'affaiblir leurs couleurs propres par
une teinte de bleu dont l'intensité croît avec
la distance. »
— Pesanteur de l'uir et pression atmosphé-
rique, La pesanteur de l'air, soupçonnée par
Aiistote, fut mise hors de doute par Galilée au
commencement du xvn° siècle. Le savant flo-
rentin la démontra en pesant un ballonj de
verre tour à tour rempli d air ordinaire et d'm>
comprimé : il trouva le second poid* supérieur
AIR
au premier. On répète ordinairement cette
expérience dans les cours publics en la modi-
fiant de la manière suivante : on fait le vide
dans un grand ballon de verre qui se ferme à
l'aide d'un robinet, et on le met en équilibre à
l'un des bras de la balance ; ensuite, on ouvre
un peu le robinet, et l'on entend un sifflement
qui annonce la rentrée de l'air; la balance ne
tarde pas à pencher du côté du ballon ; celui-ci
est devenu plus lourd, et son poids augmente
ainsi tant que le sifflement se fait entendre.
Pour terminer l'expérience, on ouvre complè-
tement le robinet, et l'on rétablit l'équilibre en
ajoutant des poids dans l'autre bassin de la
balance. Ces poids additionnels font connaître
combien pèse un volume d'at'r égal à la, capa-
cité du ballon. On trouve de cette façon qu'à
la température de 0° centigrade, l litre d air
sec pèse un peu plus de l gramme, environ
1 gr. 3 (1,299, selon Biot et Arago). , ,
L'air, en vertu de sa pesanteur, doit exer-
cer une pression sur tous les corps .avec les-
quels il est en contact. A raison de l'extrême
mobilité de ses molécules, il doit, comme les
liquides, transmettre dans tous les sens les
pressions qu'il reçoit. On voit que la pression
atmosphérique se déduit logiquement de la
pesanteur de l'air. La découverte du rôle im-
portant que joue cette pression dans la nature
forme une époque mémorable dans l'histoire
des sciences physiques ; on peut la considérer
comme un des premiers et des plus beaux
triomphes de la méthode expérimentale.
Le but, l'effort de la science, est de lier les
faits les uns aux autres et de réduire ainsi le
nombre des principes, des causes, des forces.
Une expérience de Galilée avait prouvé que
l'air est pesant ; une expérience de Torricelli,
élève de Galilée, montra qu'à la pesanteur de
l'air se rattachent un grand nombre de phé-
nomènes qui se produisent journellement sous
nos yeux, notamment l'ascension de Peau dans
les tuyaux des pompes aspirantes.' L'ancienne
physique .expliquait cette, ascension par une
hypothèse qui nous .paraît aujourd'hui singu-
lière, mais qui s'accordait très-bien avec 1 es-
prit général de ses théories. On supposait que
la nature a horreur du vide, et qu'ainsi, plutôt
que de souffrir un vide dans le tuyau, elle y
fait monter de l'eau pour remplir l'espace que
l'aspiration a dépouillé d'air. Au commence-
ment, du xvne siècle, des fontûiniers de Flo-
rence ayant inutilement tenté d'élever l'eau
par le moyeu de la pompe à une hauteur plus
irrande que trente-deux pieds (10 m. 66 c), il
fallut modifier la généralité de la théorie, et.
admettre que la nature avait fait tout l'effort
dont elle était capable, quand elle avait sou-
levé une colonne û'eau à la hauteur de trente-
deux pieds. On comprend tout ce que présen-
tait d'illogique et de bizarre une telle limite à
l'aversion prétendue de la nature pour le vide
ou à l'efficacité de cette aversion. L'explica-
tion cessait d'être sérieuse; elle ne pouvait
Aiit
161
d'ailleurs satisfaire les esprits à >une .époque
où le rationalisme cartésien rejetait de la phy-
sique toutes les qualités occultes. Torricel
_.__, ,. In
soupçonna que l'ascension de l'eau dans le
corps de pompe était due à la pression exercée
Ear l'air sur la surface libre du liquide dans
3 réservoir, et que la limite de trente-deux
pieds était la hauteur nécessaire pour qu'une
colonne d'eau fit complètement équilibre à
cette pression. Si telle était' vraiment la.caùse
du phénomène, cette limite de trente-deux
pieds ne pouvait être, la même pour tous les
liquides. L expérience faite avec des liquides
inégalement pesants devait les montrer s'éler
vant à des hauteurs inversement proportion-
nelles à leurs densités ; par conséquent, le
mercure, dont la densité est environ treize fois
et demie plus grande que celle de l'eau, devait
s'arrêter à une hauteur treize fois et demie-
moindre que trente-deux pieds, ou à vingt-
huit pouces environ (76 cent.). C'est ce que
Torricelli prouva par une expérience très-
simple : il remplit entièrement de mercure un
tube de trois pieds de longueur et fermé par
une de' ses extrémités ; il le renversa dans une
cuvette remplie du même métal, sans per-
mettre à l'air d'entrer dans le tube ; la colonne
mercurielle baissa, et, laissant un vide dans la
partie supérieure du tube, se fixa à la hauteur
prévue.
Il était clair qu'une même cause poussait
l'eau dans le corps de pompe et retenait le
mercure dans le tube, privé d air, et que cette
" cause trouvait un contre-poids dans la pesan-
teur des liquides sur lesquels elle agissait ;
mais il n'était pas encore rigoureusement dé-
montré, de manière à exclure le doute, que
cette cause était la pression atmosphérique.
Pascal eut la gloire de mettre cette1 vérité
dans tout son jour, et d'en achever pour ainsi
dire la conquête. On peut voir, dans son Traité
de la pesanteur de la masse de l'air, avec
quelle logique il avait abordé la question. Le
point de départ de ses raisonnements est que
l'air est pesant : c'est de ce principe que Pas-
cal s'applique à tirer les conséquences.
— Puisque chaque partie de l'air est pe-
sante, il s'ensuit que la masse entière, la sphère
de l'air est pesante.
— Comme la masse de l'eau de la mer presse
par son poids la partie de la terre qui lui sert
de fond, ainsi la masse de l'air presse par son
poids toute la surface de la terre.
— Comme le fond d'un seau est d'autant
plus pressé par le poids de l'eau qu'il contient
sont pas si pressés par le poids de la masse da
l'air que les lieux profonds, commeles vallons.
— Comme les corps qui sont dans l'éau sont
pressés de toutes parts par. le poids .de^l'eau
qui estau-dessus, ainsi les corps quisontdans
1 air sont pressés de tous cotés par le poids de
la masse d'air qui est au-dessus. , : /
— Comme les animaux qui sont, dans l'eau
n'en sentent pas le poids ; par la même raispp
nous ne sentons pas le poids de -l'air. , „t ■ '■>'"
— Si le poids de la masse de, l'air ,,est ,1a
cause de l'élévation du merciïré'dp.ns un tube,
privé d'air, il s'ensuit que ce" poids doit/être
mesuré par cette élévation, et par conséquent,
si l'on porte sur une haute montagne l'appa-'
reil de Tofficelli, et qu'on parvienne ain3i au-
dessus d'une certaine masse d'air, la pression
sera plus faible, et la longueur dé la, colonne^
beaucoup moindre; si, au lieu de la pression-
de l'air, c'était l'horreur du ..vide, l'élévation
du mercure devrait être la même, que le tube
fût sur la montagne ou qu'il se trouvât dans.la
plaine.
Une expérience, faite par Périer à la prière
de Pascal,' auxenviroiis do Clermont en, Au-
vergne, ne tarda pas à apprendre au monde
savant que la colonne mercurielle baissait à
mesure qu'on , s'élevait dans, l'atmosphère ,tet
révélait ainsi la force extérieure et variable
qui .la tenait, suspendue.. Les hauteurs de la
colonne de mercure prises, successivement.au,
niveau de laville de Clermont et au sommet
du Puy-de-Dôme présentènjpt, dans les circon-r
stances oûPéricrfit ses observations, une difféV-
rence de trois pouces une ligne et demie;
Pascal lui-même répéta l'expérience à Paris,
sur la, tour de Saint- JacquesrlaT Boucherie,, et
trouva , pour une différence .de . niveau . de
vingt-cinq toises, une différence do plus de
deux lignes dans la hauteur de la colonne de
mercure. Dès lors, le doute ne. fut plus possi-
ble; la cause occulte, l'horreur, du vidç, fut
définitivement condamnée ; la cause exté-
rieure, la vraie cause, fut admise au nombre
des principes fondamentaux de la physique. ■
. L'appareil de Torricelli", modifié par plusieurs
conceptions ingénieuses, est devenu, sous le
nom de baromètre (V. ce mot), un moyen usuel
de mesurer les variations qu'éprouve en chaque
lieu la pression atmosphérique ; c'est aujour-
d'hui un des plus précieux auxiliaires des
sciences météorologiques. Les hauteurs de la
colonne barométrique étant en rapport avec
l'élévation dés divers lieux au-dessus de la
surface de lamer, sont naturellement un inoven
de mesurer cette élévation. Pascal se servit -loi
premier du baromètre pour cet usagé. ' • ' '■
Nous ne nous étendrons pas ici sur les phé-
nomènes naturels dont on se rend compte très-
simplement par le principe de la pesanteur de
l'air. C'est la pression atmosphérique qui pré-
cipite l'air^dans nos poumons quand nous
exécutons les mouvements de la respiration:
• Quand lepoulmon s'ouvre, dit très-bien Pascal
à ce sujet, et que le nez et 'les conduits sont
libres et ouverts, l'air qui afflue à ces con-
duits, poussé par le poids de toute sa masse, y
entre et y tombe par l'action naturelle et né-
cessaire de-son poids, ce qui est si intelligible,'
si. facile et si naïf, qu'il est estrange qu'on ait
été chercher l'horreur' du vide, des qualités
occultes et des causes si éloignées et si chimé-
riques pour en rendre raison, puisqu'il est aussi
naturel que l'air entre et tombe dans le poulmon
à mesure qu'il s'ouvre, que du vin tonjbe dans
une bouteille quand on l'y verse. »
— Compressibilité et élasticité de l'air. L'air
estéminemmentcompre3sibleetélastique..Non-
seulemént les molécules de l'air, sont dans un
état d'indépendance mutuelle; comme cela a
lieu dans les liquides, mais encore elles sont
animées d'une force répulsive en vertu de la-,
quelle elles s'écartent indéfiniment quand- on
diminue, à l'aide de la machine. pneumatique,'
la pression atmosphérique qui fixe. la distance
où elles se trouvent les unes des autres à là
surface de la terre. Il n'y a point de limite à
la contraction que l'on peut faire subir à une
masse d'air en la soumettant à des pressions
graduellement croissantes. A cette augmenta-:
fion de pression correspond une égale aug-
mentation de force élastique, de sorte que ces
deux expressions, force élastique de loir et
pression supportée par l'air .peuvent être prises
indifféremment l'une pour 1 autre.
Le volume d'une masse d'air, est en raison
inverse de la pression que cette masse d'air sup-
porte, pourvu que la température reste con-
stante, telle est la loi de compressibilité de l'air
et des gaz. Cette loi a été énoncée ,en Angle-
terre par Boyle, et en France par l'abbé Mà-
riotte, à peu près vers la même époque (vers
1670). On la désigne en France sous le nom da
ce dernier physicien. ", . ,,., ;
La loi de Mariotte se vérifie, pour l'air, au
moyen de l'appareil connu sous le nom de
tube de Mariotte. C'est un tube de verre re-
courbé en siphon et dont les deux branches
sont inégales. La petite branche est fermée, la
grande est ouverte ; la première est divisée en
parties d'égale capacité, la seconde en parties
d'égale longueur. Pour faire l'expérience, on
verse d'abord du mercure dans l'appareil par
le sommet de la grande branche, de manière
que la surface du liquide soit au même niveau «
dans les deux branches. L'air renfermé dans
la petite branche est soumis alors à la pression
atmosphérique qui s'exerce dans la grande sur
la surface du mercure. On verse ensuite du
mercure dans le grand tube jusqu'à ce que la
21
16£
AIR
pression qui en résulte, jointe à la pression
atmosphérique, réduise de moitié le volume
A'air emprisonné dans la petite branche. Me-
surant alors la différence de niveau du mer-
cure dans les deux tubes, on trouve qu'elle est
précisément égale à la hauteur de la colonne
mercurielle, qui, dans le baromètre, fait équi-
libre à la pression atmosphérique. Par consé-
quent, l'air de la petite branche, au moment
où il occupe un espace moitié moins grand,
supporte une pression égale à deux fois la
pression atmosphérique, c est-à-dire une pres-
sion double de celle qu'il supportait à l'origine :
ce qui démontre la loi.
Une autre expérience, due également à Ma-
riotte, permet de vérifier la loi dans le cas où,
prenant encore de l'air sous la pression atmo-
sphérique, on augmente son volume de manière
à diminuer sa force élastique et par consé-
quent la pression à laquelle cette force élasti-
que fait équilibre. A cet effet, on prend un
tube de verre bien cylindrique, fermé à l'une
de ses extrémités ; on le remplit de mercure
jusqu'aux deux tiers seulement, en laissant
une certaine longueur pleine d'air; on le re-
tourne et on le plonge dans une cuvette pro-
fonde pleine de mercure, en l'enfonçant tout
d'abord jusqu'à ce que la surface du liquide
soit au même niveau dans le tube et dans la
cuvette. A ce moment, la force élastique de
l'air renfermé dans le tube fait équilibre à la
pression atmosphéjyaue qui s'exerce sur le
mercure de la cuvWe. Si l'on soulève alors le
tube jusqu'à ce. que le volume de l'air y soit
doublé, on voit le mercure s'y élever jusqu'à
une hauteur de 38 cent., c'est-à-dire jusqu'à
la moitié de la hauteur du baromètre. En oc-
cupant un espace double, l'air a donc perdu la
moitié de sa force élastique, puisque celle qui
lui reste ne peut plus faire équilibre à la pres-
sion atmosphérique qu'en s'ajoutant à une co-
lonne mercurielle de 38 cent., c'est-à-dire ne
peut plus faire équilibre qu'à une demi-pression
atmosphérique. Le volume estdonc bien encore
en raison inverse de la pression.
Dans ces expériences, la masse d'air que l'on
soumet à diverses pressions restant la même,
sa densité devient nécessairement d'autant
S lus ou d'autant mouis grande que son volume
iminue ou augmente davantage ; il en résulte
que les poids d'un même volume d'air à deux
pressions différentes sontdans le même rapport
que ces pressions. Comme le volume de 1 air,
et en général celui de tous les gaz, dépend es-
sentiellement de la pression qu il supporte, on
comprend qu'un litre d'air ne présente pas à
l'esprit l'idée d'un volume défini, si l'on n'a soin
d'ajouter sous quelle pression on le prend. On
est convenu d'évaluer le volume de 1 air et des
différents gaz sous la pression de 76 cent., qui
est à peu près la valeur moyenne de la pres-
sion atmosphérique dans nos contrées, et qu'on
désigne ordinairement sous le nom de pression
normale. En disant qu'un litre d'air pèse à peu
près 1 gr. 3 à la température de 0" centigr., on
sous-entend : à la pression de 76 c.
, Nous devons dire que la loi de Mariotte n'est
pas rigoureusement, absolument exacte, bien
qu'elle puisse être considérée comme telle dans
lu plupart des cas où l'on a à en faire usage.
M. Regnaut s'est assuré par des expériences
d'une grande précision, que le volume de l'air,
sous des pressions croissantes, éprouve des
diminutions successives un peu plus grandes
que la loi de Mariotte ne l'indiquait.
— Chim. Les anciens croyaient que tous les
corps de la nature étaient composés de quatre
cléments au nombre desquels était l'air.Ebranlé
par la découverte de plusieurs gaz, mais sou-
tenu par la théorie du phlogistique. qui, sug-
gérant de fausses explications, empêchait l'es-
prit de rechercher les véritables, ce principe
de la simplicité de l'air resta dans la science
jusque vers la fin du siècle dernier. Il n'en
devait sortir qu'avec la doctrine de Stahl.
Priestley, en 1774, avait découvert l'oxygène,
mais sans voir la portée et sans tirer les con-
séquences de cette découverte. Lavoisier est
le premier qui nous ait fait connaître la véri-
table nature de l'air, dans une expérience mé-
morable qui fut le point de départ d'une révo-
lution profonde dans la chimie. Il introduisit
du mercure dans un ballon à long col recourbé,
communiquant avec une cloche placée dans un
bain de mercure. Il chauffa ce ballon jusqu'à
ce que le mercure entrât en ébullition. L'expé-
rience durait depuis deux jours, lorsqu'il vit
sur la surface du mercure bouillant de petites
pellicules rouges qui, pendant quatre à cinq
jours, augmentèrent en nombre et en volume,
puis ce phénomène s'arrêta, bien que l'expé-
rience eut marché jusqu'au douzième jour.
Dès que l'appareil fut refroidi, il mesura le
niveau du métal dans la cloche, et vit ainsi que
l'air de l'appareil avait diminué environ d un
sixième, et qu'il ne pouvait plus servir ni à la
respiration, ni à la combustion : les animaux y
fiérissaient et les lumières s'y éteignaient sur-
e-champ. D'un autre côté, les pellicules qui s'é-
taient formées à la surface du mercure, calci-
nées dans une petite cornue, se décomposèrent
en mercure métallique et en un gaz dans lequel
les lumières brûlaient avec éclat. Ce gaz mé-
, langé avec celui de l'appareil lui communiquait
toutes les propriétés de l'air ordinaire. « Ja-
mais, dit M. Malaguti, expérience no fut plus
simple ni mieux conçue que celle-ci. Elle était
tout à la fois une analyse et une synthèse, et
ne pouvait laisser le moindre doute'sur la net-
teté de ses résultats. » Lavoisier les exposa
dans les termes suivants : « io les cinq sixièmes
AIR
de l'air que nous respirons sont dans l'état de
mofette, c'est-à-dire incapables d'entretenir
la respiration des animaux et la combustion
des corps ; 2« le surplus, c'est-à-dire un sixième
seulement du volume de l'air, est respirable ;
30 dans la calcination du mercure, cette sub-
stance métallique absorbe la partie salubre de
l'air pour ne laisser que la mofette j A" en rap-
prochant ces deux parties de l'air ainsi -sépa-
rées, la partie respirable et la partie méphi-
tique, on refait de 'l'air semblable à celui de
l'atmosphère. »
La partie respirable de l'air a reçu le nom
tl'oxygène (V. ce mot), et la partie méphitique
celui d'azote (V. ce mot). Depuis Lavoisier,
des expériences plus rigoureuses ont démontre
que l'air est composé non de 1 partie d'oxygène
pour 5 parties d'azote, comme le croyait La-
voisier, mais de 21 parties d'oxygène pour
79 d'azote. Il contient en outre, d'une façon
constante, de l'acide carbonique etde la vapeur
d'eau. Quelle que soit la localité ou la saison,
on voit toujours une couche d'humidité se
former à la surface d'un corps dontla tempé-
rature est de beaucoup inférieure à celle de
l'air ambiant. Quelle que soit la localité ou la
saison, on voit toujours l'eau de chaux, qui est
limpide , devenir laiteuse dès qu'elle reste
exposée quelque temps à l'air. Le premier
fait prouve qu'il y a toujours de la vapeur
d'eau dans l'atmosphère : le second y démontre
la présence constante de l'acide carbonique,
qui, dans l'eau de chaux, forme un précipite de
carbonate de chaux. La quantité d'acide car-
bonique est de 3 à 6 dix-millièmes ; la quantité
de vapeur d'eau varie dans des proportions
très-considérables
— Analyse quantitative de l'air. La première
analyse exacte de l'air remonte à cinquante
ans à peine ; elle est due à MM. Gay-Lussac
et de Humboldt,qui l'exécutèrentpar l'hydro-
gène au moyen de l'eudiomètre (V. ce mot).
Cette analyse a été reprise par presque tous
les chimistes, dans le-but d'étudier les modifi-
cations que la vie des animaux et des végé-
taux peut apporter dans la composition de l'air ?
et de mieux connaître toutes les substances qui
s'y trouvent mêlées.
L'analyse de l'air se compose toujours de
deux opérations que l'on exécute séparément.
La première a pour but de déterminer les
proportions de la vapeur d'eau et de l'acide
carbonique. Dans la seconde, on dose l'oxygène
et l'azoté. — Pour la première opération, on se
sert d'un réservoir plein d'eau, et d'une capa-
cité connue, qui se vide peu à peu au moyen
d'un robinet placé à sa partie inférieure, de ma-
nière que l'eau qui s'écoule soit remplacée par
de l'air provenant du dehors. Cet air, avant de
pénétrer dans le réservoir où Hest aspiré par le
vide produit, est obligé de traverser une série
de tubes recourbés en U contenant les uns de
la pierre ponce imbibée d'acide sulfurique con-
centré, les autres une dissolution concentrée de
potasse. Il laisse son acide carbonique dans
les tubes à .potasse, et son humidité dans les
tubes à acide sulfurique. En pesant avant,
puis après l'expérience, d'une part les tubes
à potasse, de l'autre les tubes a acide sulfu-
rique, on obtient le poids de l'eau et le poids de
l'acide carbonique contenus dans un volume
d'air égal au volume du réservoir. — Dans la
seconde opération, on se sert d'un grand ballon
de verre dans lequel on a fait le vide, mais
qu'on peut laisser remplir peu à peu au moyen
d'un robinet. L'air poussé dans le ballon vide
laisse son acide carbonique et son humidité ; il
arrive ensuite dans un long tube rempli de
tournure de cuivre et chautté au rouge. Dans
tube, il cède son oxygène au métal, de sorte
que le ballon vide ne reçoit que de l'azote pur.
Le ballon pesé vide, puis ploiri fl'a"»*<» J™»"
différence le poids de
n d'azote, donne
également, par une double pesée, le
poids de l'oxygène. On trouve ainsi que 100
parties en poids d'air pur et sec renferment
23,1 d'oxygène et 76,9 d'azote. Cette compo-
sition correspond en volume à la suivante :
20,3 d'oxygène pour 79,1 d'azote. La différence
que l'on remarque entre le rapport des volumes
et celui des poids tient à ce qu'à volume égal
l'oxygène pèse plus que l'azote.
— Constitution de l'air atmosphérique. L'air
est un simple mélange des gaz qui le contiennent
et non une combinaison, une individualité chi-
mique. M. Regnautta constaté, dans sa com-
position, des variations sensibles quoique très-
faibles. Ainsi la proportion d'oxygène peut
varier de 21,9 à 20,0, et dans certains cas,
particulièrement dans les pays chauds, des-
cendre à 20,3. C'est ce qui explique pourquoi
l'air dissous dans l'eau diffère de Yair ordinaire
par les proportions de ses éléments. L'oxygène
et l'azote se dissolvent dans l'eau comme si
chacun d'eux était libre et isolé. La solubilité
de l'oxygène étant supérieure à celle de l'azote,
l'eau doit contenir plus d'oxygène que d'azote :
c'est précisément ce qui a lieu. Dans de l'eau
de bonne qualité, et bien aérée, on trouve
32 d'oxygène pour 68 d'azote.
— Physiol. gén. La présence de l'air est
nécessaire au développement et au maintien
de la vie chez tous les êtres organisés; aussi
ilement que
siologique. On comprend que 1
positive de la respiration était
AIR
subordonnée à la découverte de la composition
de l'air : ce progrès considérable de la physio^
logiê ne pouvait venir qu'après cette révolu-
tion de la chimie. « Le retard de nos connais-
sances sur la respiration, dit très-bien La-
voisjer dans un de ses admirables mémoires,
tient à ce qu'il existe un enchaînement néces-
saire dans la suite de nos idées, un .ordre m-
dispensable dans la marche de 1 esprit humain.
Il était impossible de rien savoir sur ce qui se
passe dans la respiration avant qu'on eût re-
connu : 10 que l'air est composé de deux gaz,
l'un respiraole, l'autre irrespirable; 20 que
l'air vital, l'oxygène, est un principe commun
aux divers acides ; 30 que le gaz acide carbo-
nique est une combinaison d'oxygène et de
charbon pur ■
L'air agit dans la respiration animale comme
dans la combustion. (V, ce mot.) Comme le
bois et l'huile, en brûlant, l'animal, en respi-
rant, prend à l'air de l'oxygène et lui rend de
l'acide carbonique; au point de vue chimique,
il constitue un véritable appareil de combus-
tion dans lequel l'oxygène de l'air vient sans
cesse brûler du carbone et de l'hydrogène, et
produire de l'acide carbonique et de l'eau.
D'un autre côté, le rôle essentiel des végétaux,
le résultat général de leur- présence sur la
terre est d'absorber cet acide carbonique que
les animaux versent sans cesse dans l'atmo-
sphère, de le décomposer, d'en fixer le carbone
et d'en restituer l'oxygène à l'air. L'action' du
règne végétal est une cause conservatrice qui
fait équilibre à l'action du règne animal, et en-
tretient la stabilité de composition de l'air
atmosphérique.fV. Respiration.) «Les plantes
et les animaux, dit M. Dumas, viennent de
l'air et y retournent : ce sont de véritables
dépendances de l'atmosphère. Ce que les uns
donnent à l'air, les autres le reprennent à
l'air De l'atmosphère primitive de la terre
il s'est fait trois grandes parts : l'une qui con-
stitue l'air atmosphérique actuel; la seconde
qui est représentée par les végétaux ; la troi-
sième qui est représentée par les animaux.
Des échanges continuels ont lieu entre ces
trois masses : la matière descend de l'air dans
les plantes, pénètre par cette voie dans les
— : ^ e£ retourne à l'air à mesure que
la mettent à profit Ainsi tout ce
à l'air; cercle éternel dans lequel la vie s'a-
gite et se manifeste, mais où la matière ne
fait que changer de place. La matière brute
de l'air, organisée peu à peu dans les plantes,
vient fonctionner dans les animaux et servir
d'instrument à la pensée ; puis, vaincue par cet
effort et comme brisée, elle retourne matière
brute au grand réservoir d'où elle était sortie.»
— Méd. et hyg. « L'atmosphère est pour
l'homme, dit M. Michel Lévy, une source d'in-
fluences mobiles accidentelles qui dépendent
des variations de sa constitution et de la mise
en jeu de ses propriétés. Si, par la stabilité
providentielle de sa composition chimique, elle
assure aux générations d'êtres qui se succè-
dent le pabulum vitœ, elle est aussi la plus
puissante des causes occasionnelles de nos
maladies. Nous dirions presque avec Ramaz-
zini : tel air, tel sang. L'action de l'air sur
est également efficace pour forti-
pour troubler la santé. Permanente,
)difie profondément les constitutions ;
ment ; dans les deux cas, l'air agit moins sur
nous en raison de sa composition peu sujette
à varier, que par les qualités que lui commu-
niquent certains principes dont il est le véhi-
cule et pour ainsi dire l'excipient. Ces prin-
cipes peuvent être distingués en deux espèces,
les uns généralisés dans l'atmosphère et s'y
rencontrant d'une manière constante quoique
eh proportion mobile, comme l'électricité, la
lumière, la chaleur, leau à l'état de vapeur;
les autres accidentels, limités dans leur diffu-
sion à des masses d'air plus ou moins consi-
dérables qui couvrent certaines localités : tels
sont les miasmes des marais. » — Nous exa-
minerons successivement l'action qu'exercent
sur l'économie l'air sec et chaud, V air froid et
sec, Yair chaud et humide, Yair froid et hu-
mide, l'air comprimé, Yair raréfié, l'air confiné.
— Air sec et chaud. L'air sec et chaud dé-
termine l'expansion des fluides et la dilatation
des solides. Sous son influence, les organes
périphériques s'exaltent, les organes centraux
s'aim.iblissent. La peau subit les modifications
les plus promptes et les plus directes : colorée,
gonflée par l'afflux des liquides, elle sécrète
une sueur abondante. Par compensation les
urines sont rares, les surfaces muqueuses se
dessèchent. La respiration consomme moins
d'oxygène et dégage moins d'acide carbo-
nique. L'action de Yair chaud, quand elle se
fait sentir d'une manière continuelle, énerve
les organes musculaires , inspire le goût du
repos, développe l'habitude de l'indolence et
le penchant à la contemplation.
— Air froid et sec. Uair froid et sec agit
en sens contraire de l'air chaud ; il resserre
les tissus, fait refluer le sang des organes pé-
riphériques vers les organes centraux, et pré-
dispose ainsi aux inflammations internes. L'air
froid, quand la température ne descend pas
au-dessous de certaines limites, est utile aux
personnes vigoureuses; il imprime une plus
grande activité à tous les organes, et particu-
lièrement aux organes musculaires; il donne
un plus_grand .sentiment de force; il invite au
mouvement et à l'action. On dirait que la na-
• AIR
ture a voulu placer le remède à la source
même du mal. L'air en devenant plus froid
devient plus dense et peut ainsi apporter aux
ppumons une quantité relàtivenientplus grande
d'oxygène, c'est-à-dire plus de moyens de pro-
duire de 1» chaleur. Cette augmentation du
gaz comburant réclame une augmentation cor-
rélative de combustibles, c'est-à-dire d'ali-
ments. En même temps, il faut se livrer à des
mouvements continuels pour rappeler le sang
dans les organes extérieurs, notamment dans
les muscles, et pour activer les combustions
de l'économie. Tout le monde sait que, dans
les temps et les pays froids, on mange et l'on
agit davantage. Notons le développement pa-
rallèle de ces deux besoins. > Il semble, dit
_Cabanis, qu'à mesure qu'une plus grande
somme d'aliments devient nécessaire, la na-
ture trouve en elle-même plus de moyens de
force pour assurer la subsistance de l'indi-
vidu. » L'action de l'air froid est nuisible aux
individus faibles qui ne peuvent développer
assez de chaleur pour soutenir la réaction
— Air chaud et humide. L'air chaud et hu-
mide a perdu de sa pesanteur, de son élasti-
cité ; il est raréfié et par le calorique et par
l'interposition de la vapeur aqueuse ; aussi
présente-t-il, sous un volume donné, le moins
d'air respirable. 11 exerce sur l'ensemble des
fonctions une action débilitante; il émousse
l'appétit, ralentit la digestion, rend la respira-
tion pénible ; le sang artériel semble moins vi-
vifiant ou renouvelé dans une proportion insuf-
fisante; les contractions du cœur sont plus
faibles, le pouls moins vif, moins fréquent, la
circulation capillaire plus languissante. La
sensation d'accablement que l'on éprouve sous
l'influence de l'air chaud et- humide lui fait
donner vulgairement le nom d'air lourd, bien '
qu'il ait perdu de sa pesanteur. Ajoutons que,
tandis qu'il débilite l'organisme et le désarme
en quelque sorte devant les causes de mala-
die, il multiplie ces dernières en favorisant la
décomposition des matières organiques et en
servant de conducteur aux effluves, aux
miasmes délétères qui s'en dégagent.
— Air froid et humide. L'air froid et hu-
mide enlève plus de chaleur au corps que l'air
froid et sec, parce que l'eau qu'il contient le
rend meilleur conducteur du calorique : de là
l'incommode sensation de froid pénétrant que
déterminent les brouillards par une tempéra-
ture basse. Il réduit à son minimum la trans-
piration cutanée ; il relâche les tissus et- dé-
prime toutes les fonctions, excepté les sécré-
tions des membranes muqueuses et celle des
urines, lesquelles sont augmentées. L'appétit
diminue ; les digestions sont lentes et pénibles,
les selles abondantes et moins sèches;lacircu-
lation est moins active. L'influence de l'air froid
et humide, lorsqu'elle se fait sentir habituelle-
ment, comme il arrive dans certaines localités,
finit par altérer l'hématoâe et la nutrition; elle
prédispose alors aux hydropisies, aux affec-
tions catarrhales, scorbutiques, rhumatismales,
vermineuses, etc.
— Air comprime. Uair comprimé modifie la
circulation en la ralentissant; il diminue le
nombre des battements du cœur, et en régula-
rise le rhythme. Toutes les fonctions s'exer-
cent plus librement ; la digestion est plus facile ;
les mouvements sont plus énergiques ; on dirait
que le poids du corps est diminué ; en même
temps les sensations deviennent plus nettes et
plus brillantes, l'imagination plus vive, l'esprit
plus lucide ; le travail de la pensée se fait avec
plus d'aisance et d'une manière plus complète.
D'après un certain nombre d'observations, le
séjour dans un air modérément comprimé peut
être utile aux chlorotiques, aux anémiques,
aux individus qui ont la poitrine faible, la res-
piration incomplète, etc.
— Air raréfié. L'aïr raréfié accélère la res-
piration et la circulation ; le pouls est pl< "
fréquent; te sang afflue dans les vaifc
superficiels. Lorsque la raréfaction de l'__. „_
portée assez loin, les paupières et les lèvres
sont distendues et boursouflées; assez souvent
la congestion des organes périphériques est
suivie d'hémorragie ; une chaleur incommode
se fait sentir à la peau ; les sécrétions glandu-
laires semblent suspendues ; les sensations n'ont
plus la même vivacité ; l'action de la pensée
devient fatigante ; on éprouve un sentiment de
faiblesse générale et d apathie complète. L'air
raréfié, par exemple, l'air des montagnes, est
funeste aux individusdontlapoitrine est faible.
En imposant une plus grande activité aux pour
nions et au cœur, il prédispose ces organes à
l'inflammation.
— Air confiné. L'air confiné est nuisible par
le changement de proportion de l'oxygène et de
l'acide carbonique qu il contient, par 1 élévation
de sa température, et par la petite quantité de
matières organiques que l'expiration y mêle.
Dans un air renouvelé , l'inspiration apporte un
plus grand volume d'air, l'hématose s'opère par
une surface plus étendue ; on dit alors que 1 on
respire à pleins poumons, ce qm est littéralement
exact. Le contact de l'air libre est une nécessité
physiologique. Des faits nombreux ont démon-
tré que le développement des scrofules survient
après un séjour plus on moins prolongé dans
un air qui n'est pas suffisamment renouvelé.
Les vaches captives dans les étables de Paris,
les singes enfermés meurent phthisiques. Les
Erofessions sédentaires qui s'exercent dans des
jeaux étroits et fermés sont une cause fré-
-.quente de phthisie , tandis qu'un air pur et
constamment renouvelé en préserve. Ajoutons
aie
que les femmes et les -vieillards, grâce à la
faiblesse de leur respiration, se ressentent
moins des inconvénients de Voir confiné.
— Techn. Un grand nombre d'opérations
dans les arts sont fondées sur les propriétés
physiques et chimiques de l'air. L'air ; en vertu
de sa pesanteur, doit tendre à faire élever les
corps plus légers que lui; de là l'invention des
aérostats. (V. ce mot.) L'air se dilate par la
chaleur et devient plus léger; de là l'origine
des montgolfières, ou ballons entretenus par le
feu. La légèreté de l'air chauffé produit dans
le tuyau de nos cheminées ce courant ascen-
sionnel qui nous débarrasse de la fumée incom-
mode du foyer. La même cause produit un
courant semblable dans les ventilateurs à feu
et dans les fourneaux d'appel qui nous per-
mettent de renouveler et de purifier l'air. des
lieux infects , des hôpitaux , des fabriques in-
salubres , des salles de spectacle , etc. On a
utilisé l'élasticité de l'air dans les fusils à vent,
pour lancer des projectiles ; dans les machines
a compression, pour élever l'eau. L'air dilaté
par la chaleur acquiert une force élastique plus
grande ; de là l'emploi de l'air chaud comme
moteur. (V. Machines a air chaud, Moteur a
gaz.) La force des courants qui se produisent
dans l'air atmosphérique est employée, depuis
un temps immémorial, pour faire mouvoir ces
vastes maisons flottantes qui voiturent, sur tes
mers, les marchandises et les voyageurs. (V.
Vents.) Nous voyons une application non
moins remarquable de la même force dans les
moulins à vent. (V. Moulins.) La mobilité de
l'air .permet d'y exciter, au moyen de ventila-
teurs mécaniques, des courants artificiels que
l'on fait servir soit au renouvellement d'un air
vicié, soit à la dessiccation des différentes ma-
tières préparées par les arts. La pression at-
mosphérique , qui fait monter l'eau dans les
pompes aspirantes, est employée dans les ma-
chines à vapeur à simple effet pour faire
descendre le piston. On a eu l'idée d'en faire
un moyen de traction pour les convois de wag-
gons sur les chemins de fer : cette idée a é^té
réalisée heureusement a l'extrémité du chemin
de fer de Paris à St-Germain. V. Chemin de
FER ATMOSPHÉRIQUE.
L'action chimique de l'air est de la plus
haute importance pour le manufacturier ■ c'est
a ce puissant agent que l'on doit la plupart
des phénomènes d'oxydation, de coloration, de
blanchiment qui s'opèrent dans nos ateliers ;
. il produit l'efnorescence et la déliquescence de
nos sels ; il entretient la combustion dans nos
fourneaux et dans nos lampes,' et met ainsi
entre nos mains ces deux premiers éléments
de notre puissance sur la nature, la chaleur et
la lumière,
— Philos, anc. i Au premier regard jeté sur
la nature, dit M. Ch. Renouvier, un besoin se
fait sentir de ramener a l'unité la pluralité des
phénomènes, et il est naturel que ceux qui
philosophent les premiers ne considèrent les
choses que sous le point de vue de la matière. »
Les premiers philosophes grecs ; obéissant à
ce besoin de généralisation, saisissaient dans
la nature tel ou tel phénomène qui leur parais-
sait prédominant et l'élevaient à la hauteur
d'un principe universel. C'est ainsi que Thaïes
faisait de l'eau l'essence première de toutes
choses , le principe de vie dans l'univers. Ce
grand rôle que Thaïes faisait j"""'
la nature , Anaximène de M
l'air. Il assimilait l'esprit à \'c
à sa langue et aux idées qui devinrent et res-
tèrent si longtemps communes dans l'antiquité.
■ De même , disait-il , que l'air qui est notre
âme, parcourt notre corps et le gouverne, de
même aussi l'air universel parcourt l'univers
. et lui donne la vie. » Cet air est l'origine de
toutes choses , et toutes choses retournent à
lui après certaines évolutions. Comprimé, con-
tracté en lui-même, l'air se fait terre ; dilaté,
il se change en feu et donne naissance aux
astres. Il est l'être unique qui compose tout de
soi et par soi ; il est la substance des dieux et
des âmes humaines.
Diogène d'Apoltonie, disciple d'Anaximène,
attribuait l'intelligence à l'air, et le concevait
comme ordonnateur et régulateur des choses.
Il déduisait des divers modes ou tropes de
l'air, c'est-à-dire des changements et transfor-
mations intimes qui se passent en lui, tous les
êtres de lanature, toutes les variétés du monde.
C'est de l'air, disait-il, que l'homme et les ani-
maux liennent la vie, l'âme et la pensée. C'est
par le même air que tous les animaux vivent,
voient et entendent. Leur âme est une seule
et même chose : un air plus chaud que celui
du dehors dans lequel nous sommes, mais beau-
coup plus froid que celui du soleil. Si les ani-
maux ont de l'intelligence, c'est parce que l'air
embrasse avec le sang le corps tout entier,
grâce aux veines qui en parcourent toutes les
parties. Lorsque le sang se répand dans le
corps et remplit les veines , s'il repousse l'air
vers la poitrine et l'estomac, le sommeil com-
mence. Si l'air vient à manquer partout dans
les veines, la mort s'ensuit. Cet air que con-
tiennent les veines possède, chez les animaux,
une intelligence d'autant plus vive qu'il est
plus pur et plus sec ; il est humide dans la sa-
tiété et dans l'ivresse. Plus l'air se mêle au
sang, plus celui-ci est'léger, et le plaisir résulte
de cet état au corps, tandis que la douleur se
produit lorsque lair abandonne le sang qui
devient alors plus faible et plus épais. Enfin,
l'air éprouve toutes les sensations, grâce à sa
présence dans les organes , c'est-à-dire dans
D'autres systèmes de philosophie grecque,
notamment celui d'Aristote , se bornaient à
faire de l'air un des quatre éléments dont
— Eplthètes. Fluide, subtil, délié, diaphane,
mobile, vague, élastique, comprimé, compres-
sible, dilatable, dilaté, invisible, pur, doux,
sain, léger, paisible, calme, tranquille, cham-
pêtre, embaumé, parfumé, délicieux, conta-
gieux, impur, corrompu , infect , infecté, em-
Soisonné, empesté, frais,' serein, salubre, ra-
ouci, tempéré, lourd, pesant, épais, grossier,
froid, glace, tiède,/ehaud, échauffé, étouffant,
brûlant, embrasé, agité, troublé, bouleversé,
violent, impétueux, orageux, pluvieux, nei-
geux, venteux, résonnant, retentissant.
— Homonymes. Aire, ère, haire, hère.
air s. m. (èr — du vieux mot aire, dispo-
sition, caractère, humeur. On disait de mal
aire ou de bon aire pour De mauvais, de bon
naturel. C'est de cette dernière expression
1U.
S'habiller d'un "air" ridicule. A Pair dont il
marche, on voit qu'il est plein d'orgueil. (Acad.)
Vous en parlez maintenant d'un autre AIR.
(Pasc.) Ils disent d'un air envenime' ce qui n'a-
vait été dit qu'avec des intentions innocentes.
(Mass.) Parlez, don Juan, et voyons de quel air
vous saurez vous justifier. (Mol.) Vous avez un
air de dire les choses auquel on ne saurait
résister. (Danc.) Vous savez de quel air ils
nous traitent et le bon voisinage que c'est.
(P.-L. Cour.)
Et voyez cependant' de quel air on m'écrit.
Corneille.
Et je m
Quel
Molière.
Vair de se présenter, celui de recevoir.
Le maintien, en uri mot, est le premier devoir. - '
Desmahis.
Il Se dit de l'extérieur d'une personne rela-
tivement au maintien, à la démarche, à la
figure, à l'expression des traits : Avoir Pair
fier, l air modeste. Avoir Pair robuste, Pair
bien portant. Avoir Pair malade. Avoir Pair
triste, Pair gai. Il avait un air noble et simple,
sans aucune affectation. (Boss.) /,'air spirituel
est dans les hommes ce que la régularité des
traits est dans les femmes. (La Bruy.) Les ha-
bitants de la presqu'île de Malacca et de Vile
de Sumatra ont Pair tfer, les femmes de Java
ont Pair rêveur. (Buff.) Tu seras charmé de
toute la terre. (Le Sage.) Frappé de son
je m'enquis de sa personne. (Chateaub.) Vous
avez un petit air assez ennuyé. (Balz.) On a
Pair hautain, on a Pair glacé, on aurait Pair
menteur, si les passions ne se trahissaient par
d'autres signes certains. ( H. Beyle.) Elle avait
cet air généreux et brave d'une personne qui
renonce à vous plaire, sans renoncer à vous
aimer. (G. Sand.)
Quel sujet inconnu vous trouble et vous altère?
les traversent.
Voltaire.
— Pa; uxt. Se dit des animaux dans ce
dernier sens : Le dindon a Pair fanfaron, mais
il ne possède que très-peu de courage. (Buff.)
Le bouvier participe dt Pair stupiae et de la
pesanteur du bœuf. (Virey.)
.— Ressemblance entre deux personnes : Il
a beaucoup de votre air. Cet enfant a beaucoup
de Pair dé, son père. Ce peintre attrape bien
Pair, la physionomie de quelqu'un.
— Sorte de manière affectée qui consiste à
faire entendre ce qu'on ne Hit pas expressé-
ment : Tout cela était un air pour me faire
savoir qu'elle a un équipage. (M"»e de Sév.)
— Entre dans un grand nombre d'expres-
sions consacrées : Avoir l'air de, Paraître,
sembler , avoir du rapport avec : Il a l'air
D'e'rre au fait, //a l'air D'un mauvais sujet. Il a
l'air de prendre goût à ce travail. Vous avez
tout l'air n'avoir fait quelque comédie. (Mol.)
Il y A un petit air de dimanche gras répandu
sur cette lettre, qui la rend d'un goût nonpareil.
(Mme de Sév.) Cela a l'air oun miracle et
d'un coup de la Providence. (Mme de Sév.)
Cette proposition insidieuse m'A. tout l'air a'un
piège tendu à votre crédulité. ( Volt.) Les ru-
bans et les bijoux ont un air de colifichet et' de
parure féminine qu'il faut éviter. (J .- J . Rouss.)
Vous ot'avkz l'air D'un drôle de corps.(Pica.rû.)
Bartiiélbmt,
Il Avoir l'air comme il faut, Avoir de la dis-
tinction dans la physionomie, le maintien, les
manières : C'est bon genre, cela vous donne un
air comme il faut. (Scribe.) Il A voir l'air un
peu en dessous, Paraître dissimulé, sourn
méchant : Qu'est-ce qu'il a donc avec son
en dessous? (Scribe.) U N'avoir l'air de r
Feindre de ne pas songer à une chose
précisément l'on se propose ;
AIR
H Cela n'a l'air de rien, Se dit d'une chose
plus importante en réalité qu'en apparence, il
N'avoir pas l'air d'y toucher, Etre véritable-
ment ce que l'on affecte de ne pas être ; Elle
fait l'Agnès, elle n'a pas l'air d'y toucher;
mais ne vous y fies pas. La franc-maçonnerie,
avec son ajr de ne.pasy toucher, a toujmrs
été favorable à la liberté. (L.-J. Larcher.) n
Avoir un air de famille, Avoir cette confor-
mité de traits, de physionomie, qui existe ou
qu'on croit reconnaître entre les personnes
d'une même famille, tt Par ext. Se dit des
choses dans ce dernier sens : Quoique les
paysages compris entre la chaîne des deux
montagnes aient un air de famille, le canton
présente des mouvements de terrain. (Balz.)
— Faux air, Affectation :
Mais mon génie a toujours, je l'avoue,
Pris ce fdax air dont le bourgeois s'engoue.
J. -B.Rousseau.
Il Avoir un faux air de quelqu'un, Avoir avec
lui quelque ressemblance : Il est très-bien, ce
monsieur ;je lui trouve ««faux air d'un homme
de qualité. (Scribe.) il A l'air, A la conve-
nance : Vous êtes coi/fée beaucoup trop haut,
et pas du tout À l'air de votre visage. (Th.
Gaut.) En vérité, ce maraud s'est surpassé, il
n'a jamais été plus a mon air qu'aujourd'hui.
(E. Sue.) il Sous air de, En faisant semblant
de : Alors chacun, sous air de prier Dieu, ne
néglige aucun moyen de le faire oublier aux
autres. (A, Karr.)
— Grand air} bel air, bon air. Manières de
la haute société, du grand monde : Les gens du
bel air. Un homme du grand air. Louis XIV
était sensible à entendre admirer, le long des
camps, son grand air et sa grande mine. (St-
Sim.) L'air modeste convient mieux -.que ce
qu'on appelle le bel air. (St-Evrem.) itf, le
comte a tout à fait bon air. (Mol.) La du-
chesse de Bourgogne avait un grand air, une
taille noble. (Volt.) Les gens du bel air se
font honneur d'être en contradiction avec eux-
mêmes. (J.-J. Rouss.) Pour ces hidalgos imper-
tinents, il nous faut prendre nos grands airs.
(Mérimée.)
Faut-il donc s'ennuyer pour être du bon air ?
Gresset.
Elle est dans ses grands airs, il me faut filer doux.
Destouciies.
Mon appétit s'en va lorsque je vois siéger
Tout l'ennui des grands airs dans ma salle
C. Delavigne.
Il Absol. et dans le même sens : Elle n'avait
point de taille, encore moins o"air. (Hamilt.)
Il avait le visage fort agréable, la tête assez
belle, peu de taille et moins d' air. (Hamilt.)
Il En mauvaise part : Des airs , de grands
airs, Dos manières hautaines, arrogantes :
'Vous voyez les airs qu'elle se donne. (Hamilt.)
Barbézieux, avec tous ses grands airs, sentait
plus l'intendant que le général d'armée. (St-
Sim.) Avec cela on fait le fier, on se donne des
airs. (Volt.) C'était une chose à voir que les
airs que nous.nous donnions. (Le Sage.) Si tu
savais quelle fierté, quels grands airs il m'a
fallu endurer! (Scribe.) Quittez vos grands
airs et donnez-moi' la main. (Balz.) Avec de
petites idées on a toujours de grands airs.
(Mme e. de Gir.) il On dit aussi, Des airs de
grandeur, de supériorité, de prince, etc., pour
Des manières de grand seigneur, d'homme su-
périeur, de prince, etc. : Fouquet se laissa aller
à des airs de supériorité sur les autres mi-
nistres. (L'abbé de Choisy.) Je donnerai le mot
à mes amis, pour qu'ils se moquent d'elle ..au
premier air d'orgueil ou d'importance qu'elle se
donnera. (Mme D 'Epinay.) C'est qu'elle se donne,
en vérité, des airs de princesse. (E. Sue.)
Si vous prenez de ces airs avec moi,
Messieurs les ducs, le roi prendra des airs de roi.
Il En parlant des choses, Bon air, bel air,
Bonne apparence : Ce château a le meilleur
air du monde. (Mme de Sév.) Le carrosse qu'on
avait fait pour le roi n'avait pas trop bon air.
(Hamilt.)
— Par air. Par ostentation , par vanité :
Il a doté richement sa nièce, mais ce n'est que
par air. Songez donc à tout ce que vous aurez
acquis auprès des gens qui aiment par air et
par désoeuvrement . (Mlle de l'Esp.) Un jeune
petit^maitre se vante par air d'être aimé de
beaucoup de femmes. (Ste-Beuve.)
— J'am. Avoir des airs penchés, prendre des
airs penchés, Affecter certains mouvements
de la tête et du corps, pour chercher à plaire :
Les_ airs penchés sont ordinaires aux petits-
maîtres.
— Avoir mauvais air, Avoir des airs de mau-
vaise compagnie. Il Avoir l'air mauvais, Avoir
l'air méchant :
— Avoir bon air, Avoir des manières do
bonne compagnie. Il Avoir l'air bon, Paraître
d'un bon caractère.
— Se donner l'air, les airs, suivi d'un verbe,
signif. Avoir la hardiesse do : Je voudrais bien
savoir comment on se donne les airs de venir
troubler nos séances. (Mirab.) Ces gens n'ont
peut-être pas un écu dans la poche, et ils bedon-
nent encore les airs de marchander. (Scribe.)
— Argot. Etre à plusieurs airs, Etre hypo-
crite ou fantasque ; jouer plusieurs rôles a la
fois.
AIR
163
— Peint, et sculçt. Air de tête, Manière
dont une tête est disposée.
— Manég. Allure, en parlant du cheval, n
Airs bas. Ceux où le cheval manie près de
terre, il Airs relevés, Ceux où le cheval s'en-
lève davantage en maniant, u Ce cheval va à
tous les airs, On le manie comme on veut.
— Gramm. L'adjectif placé après avoir l'air
s'accorde tantôt avec air, tantôt avec le sujet
de la proposition. Si le mot air peut être con- •
sidéré comme signifiant physionomie , ce qui
arrive : 1° lorsque c'est d'une personne ou d'un
être personnifié qu'il s'agit ; 2° que l'adjectif
peut se dire de l'air, de laphysionomie en elle-
même; alors l'accord a lieu avec air. Dam
tout autre cas, on fait accorder l'adjectif avec
le sujet de la proposition : Cette femme à l'air
spirituel (on peut dire physionomie spiri-
tuelle). Ils ont l'air fâchés de ce qu'ils viennent
d'apprendre (dans ce sens, on ne peut pas dire
physionomie fâchée, air fâche"). Cette viande a
l'air cuite. Cependant, pour éviter le rappro-
chement de deux mots d'un genre différent, il
vaudrait mieux dire : Cette viande a l'air d'être
— Syn. Air, mine, physionomie. At> Se dit
non-seulement du visage, mais encore de la
taille, du maintien et de l'action : L'air grave
a beaucoup perdu de son prix; Pair avanta-
geux en a pris la place. (Guizot.) La mine dé- .
pend du visage, et quelquefois de la taille : Un
homme de bonne mine peut être un homme de
peu de valeur. (Guizot.) La physionomie ne se
dit que du visage : La plupart des hommes
ont leur âme peinte dans leur physionomie.
(Guizot.)
— Syn. kw, manière!». L'air semble né en
nous ; il frappe à la première vue. Les ma-
nières viennent de l'éducation : Il y a en toutes
choses un bon air qui est nécessaire pour plaire.
Ce sont les belles manières qui distinguent
l'homme honnête: (Guizot.) -»
air s. m. (ôr — de l'ital. aria). Suite de
tons et do notes qui composent un chant :
Air gai. Air fmfe. Air ancien. Air nouveau.
Air connu. Air à la mode. Air de violon, de
flûte. Air de danse. Composer, apprendre, ré-
péter un air. Chaque' peuple a ses airs natio-
naux et ses chants populaires. (Bouillet.) Il
faut, monsieur, que Pair soit accommodé aux
paroles. (Mol.) Les Amsde ces vieilles romances
ne sont pas piquants, mais ils ont je ne sais
quoi d'antique et de doux qui touche à la longue.
(J.-J. Rouss.) Oui, la pauvre exilée s'amuse
quelquefois à me jouer des airs de son pays.
(Alex. Dum.)
Pour toi la voix d'Orph(!e a modulé ces airs.
Il Le chant et les paroles tout ensemble : Le
Camus dit que je chante bien ses airs, mais je
suis triste et n'apprends rien. (Mme de Sév.)
Les fossoyeurs chantaient des airs à boire en
jouant avec des têtes de mort. (Volt.) Elle
savait une quantité prodigieuse «"airs et de
chansons qu'elle chantait avec un filet de voix
fort douce. (J.-J. Rouss.) Dirait-on que moi,
vieux radoteur, rongé de soucis' et de peines, je
me surprends quelquefois d pleurer comme un
enfant , en marmottant ces petits airs d'une
voix déjà cassée et tremblante. (J.-J. Rouss.)
Quelques négresses chantaient des airs du pays.
(Rog. de Bcauv.) Il suffit quelquefois d'une
contredanse, d'un air chanté au piano, d'une
partie de campagne, pour décider d'effroyables
malheurs. (Balz.)
J'ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter.
de tamhour, Batterie de cais*se : On emploie
certains airs de tambour comme ouvertures
d'aubade. (Gén. Bardin.)
— Prov. Je connais des paroles sur cet air-là,
J'ai déjà entendu les mêmes choses, les mêmes
allégations, les mêmes excuses, il II en a l'air,
mais il n'en a pas la chanson, Se dit de quel-
qu'un qui a l'apparence d'une chose, mais qui
n'en a pas la realité. Il En avoir l'air_ et ta
chanson, Etre réellement ce qu'on paraît : Ce
jeune homme a Pair bien simple. — Oui, n, en
a l'air et la chanson. ,
— Encycl. Le mot air est un nom générique
qui désigne toute pièce de musique dans la-
quelle la mélodie d une partie dominante attire
principalement l'attention. On distinguo les
airs vocaux ou airs de chant, et les airs instru-
mentaux, destinés aux instruments. Les airs
vocaux appartiennent au style d'église, au
style de chambre ou au style de théâtre.— Les
airs du style d'église ne s'accommodent pas de
l'expression trop passionnée des sentiments, et
doivent toujours conserver une teinte grave
etreligieuse. — Les airs du style do chambre
sont ceux qui se chantent dans les salons, dans
les ateliers, dans la rue. Ils eomprenneiitles airs
patriotiques, tels que la Marseillaise en France,
et le God save the Queen en Angleterre ; les
airs à couplets, qu'on appelait au xviio siècle
airs de cours, au nombre desquels il faut mettre
les romances, chansons, chansonnettes, airs de
table ou airs bachiques, enfin les airs nationaux.
Ces derniers sont particuliers à chaque peuple.
Venise a ses barcarolles, Naples ses tarentelles
et ses villanelles", l'Allemagne ses lieder, la
164?
AIR
Suisse ses ranz de vaches, l'Espagne ses bo-
léros, ses seguedillas et ses tirannas, l'Ecosse
et l'Irlande leurs songs, la France ses noêls.
— Les 'airs du style de théâtre; ou airs d'opéra,
sont de plusieurs espèces : le premier air que
chante un acteur dans la pièce s'appelle cava-
tine'; les airs d'un seul mouvement, dont la
phrase principale est ramenée plusieurs fois,
portent le nom de rondeaux. Il y a- des airs
d'un seul mouvement, d'autres qui ont deux
mouvements, l\jn modéré ou lent, l'autre vif;
il en est qui sont' composés de trois mouve-
ments : le premier modéré, le second lent, et
le troisième vif ; quelquefois ces air* sont pré-
cédés d'un récitatif. On leur donne en général
le nom de grands atrs,et celui de ■scènei quand
Ils remplissent' eh effet toute une scène. Les
grands ai'rs'sont appelés souvent'atrs de carac-,
tère ou ■air*' de sentiment, quelquefois airs de
bravoure', parce' qu'ils sont destinés à faire
briller la voix et'le talent d'un chanteur habile.
On appelle air déclamé ou parlé, celui qui se
rapproche du récitatif ou du discours habituel ;
air de convenance, celui qui est introduit par le
chanteur dans un opéra auquel il n'appartient
pas: air de pacotille, celui que le compositeur
ou le chanteur tient toujours prêt pour s'en
servir à l'occasion. Les petits airs d'opéras
français prennent le nom de couplets, d'après
celui de la petite pièce de poésie sur laquelle
ils sont placés. —' Les airs instrumentaux, qui
s'unissent a la danse et eu règlent les mouve-
ments, sont dits airi'Hè danse et airs de ballet:
Les" airs de danse,' dit M. Fétis, font partie
des ■■airs nationaux de différents peuples. Il y
avait autrefois des airs 'de dwise d'un carac-
tère déterminé qu'on appelait gigue, gavotte,
courante, *menuet, bourrée, brame, etc. H n'y a
plus' aujourd'hui 'que des contredanses dont
les thèmes sont pris dans les airs d'opéra ou
mesuré ternàire,"et qu'on appelle valse. La
Hongrie a' les polkas. Le fandango des Espa-
gnols est 'aussi* un<' air < 'de 'danse d'un mouve-
ment vif en mesure ternaire; enfin les Polo-
nais'ont la danse grave a trois temps, qu'on
appelle polonaise, et les mazurkas. ' . -
_— Homonymes. Aire, ère, haire, hère.
AIRAGE s. m., (è^-ra-je r- rad. air). Techn.
Angle que forment les ailes d'un moulin &
vent, ou plutôt la voile de chaque aile, avec le
plan de leur circulation, il S'empL quelquefois,
mais abusivement, pour aérage : Z/airage
d'une mine. Z/ajragk des fosses d'aisances.
-AIRAIN s. m; (frrain— -du lat. eeramen;
formé de ces, œrw, cuivre). Alliage de diffé-
rents métaux 'mais dont, le cuivre forme la
base.! AnjourdTiui; on lui donne plus ordinai-
rement le nom de bronze : Statue o"airain.
Vase <T airain. Aussitôt on assembla des ou-
vriers-pour' travailler sur le fer, sur l'acier,
sur '/'airain. (Fén.) ■ .
'— S'em'pl. presque toujours poétiquem. et
par métonymie : Airain ou bouche d'airain,
Le' canon: ,
«.peuple barbare.
J'entends l'airain ta . r._,
Le. signal est donné par cent bouches d'airain.
.-,.-■•' ■ . ;' Voltaire.
' L'airain eur ces monts terribles
Vomit le fer et la mort. Boileau.
Il Globe d'airain, Bombe, obus :
distraire de tous les songes dupasse. (Ch. Nod.)
Ecoute... l'Airain sonne, il m'appelle, il vous crie
Que l'instant est venu de sauver sa patrie.
C. DEUlVlON»..
J'entends l'airain frémir au sommet de ses tours;
11 semble que dans l'air une voix qui me pleure
Me rappelle à mes premiers jours.
Lamartine.
L'airain retentissant dans sa haute demeure,
Soiis le marteau sacré tour à tour chante et pleure,
Pour célébrer l'hymen, la naissance ou la mort.
Je ne veux point qu'une pompe indiscrète
Vienne trahir ma douce obscurité,
Ni qu'un airain à grand bruit agité,
Annonce à tous le. convoi qui s'apprête. Parut.
il Horloge, timbre de l'horloge : //airain son-
naïf minuit. -J'avais compté dix heures à l'hor-
loge; le marteau gui se soulevait et' retombait
sur V airain était le seul être vivant avec moi
da>is ces régions. (Chateaub. -r- Les Tombes
de Westminster.)
C'est l'airain qui, du temps formidable interprète,
le heure qui fuit, à l'humble anachorète
il Vases, ustensiles_d'airain, de cuivre :
Fontanks;
L'airam étale aux yeux des vases 'étamés
Qui brillent suspendus' à des murs enfumés,
Berchoux.
....... Dans un airain brûlant,
""auffe par degrés le sapin pétillant,
AIR
a Gonds d'une porte :
D'un formidable bruit le temple est ébranlé;
Tout & coup sur l'airain ses portes ont roulé'.
C. Delaviohe.
— Le mot airain, à cause de la dureté de
ce métal, est entré dans un grand nombre de
locutions métaphoriques qui expriment une
idéo analogue , au physique ou au moral :
Bâtir sur Vairain. Faire un ouvrage qui doit
aller à la postérité. Il Etre écrit sur Vairain.
Se dit d'une chose profondément gravée dans
la mémoire, dont on se souvient toujours, a
Proverbialem. dans ce dernier sens : Les in-
jures s'écrivent sur l'airain, et les bienfaits sur
le sable. On oublie aisément les bienfaits, et
on se souvient longtemps des injures.
— Mur, muraille, porte d'airain, D'une soli-
dité à toute épreuve :
Il Fig. dans ce sens : Où il y a souvent un mur
cTairain pour les hommes, il n'y a qu'une toile
d'araignée pour les femmes. (Dider.) Souvent
le plus léger voile qui s'interpose entre deux
âmes devient un mur o"airain. (Balz.)
— Un ciel d'airain, Une sécheresse absolue,
un temps où l'on no voit plus même de rosée :
Quand le ciel serait d'airain, et la terre de
fer, encore vivre nous faudrait. (Rabel.) Ils
demandent au ciel des tempêtes, et le ciel, de-
venu d'airain comme la mer, ne leur offre de
toutes parts qu'une affreuse sérénité. (Mar-
montel.)
deux, devenez d'airain! bienfaisante rosée,
Refuse tes trésors à la terre embrasée.
il Signifie aussi Impitoyable : Tant que vous
laisserez la vengeance régner dans vos cœurs,
le cibl, toujours d'airain sur vos tètes , vous
sera fermé sans miséricorde. (Boss.) Le ciel
est d'aîkkw sur sa tête. (Boss.) Il Soleil d'airain,
Soleil brûlant : Les rayons brûlants d'un soleil
d'airain, réfléchis par les rochers blancs et nus
gui environnaient la ville, la rendaient inhabi-
table. (Dict. conv.) il Homme d'airain, Homme
robuste, capable de supporter les plus grandes
fatigues : Vous êtes un homme d'airain, lui dit
Aramis. (Alex.Dum.) il Un bras d'airain, Une
sévérité, une vigueur excessive :
... 11 est des mortels dont le dur caractère,
Insensible aux bienfaits , intraitable, ombrageux.
Exige un bras d'airain toujours levé sur eux, .
VotTAIRB.
Il Ame, cour d'airain, Dur, impitoyable : Il
tourna vers sa femme un regard si profondé-
ment triste qu'il eût fendu une àme d'airain.
(J. Sandeau.) Oht comment voulez-vous que
nous, femmes chétives, nous luttions avec vous,
/tommes au cœur d'airain? (Alex. Dum.)
Avec un cœur d'airain exerçant ma puissance.
J'ai fait taire les lois et gémir l'innocence. .
Il eut un cœur d'airain celui qui, le premier,
Contempla d'un œil sec la vague bondissante.
L'onde
Gastoh.
A-t-il daigné pdlir? ai-ja en ce cœur d'airain.
Où ma douleur se brise et que rien ne désarme,
Surpris un seul regret, un soupir, une larme 1
Il Un front d'airain, Un front sans pudeur,
qui ne rougit jamais : Pour le nier, il faut
avoir un front d'airain. (Boss.) Ces femmes
sont des monstres qui ont des fronts d airain.
(M'"* de Sév.) On m'interrogea : je niai avee
un front d'airain. (J.-J. Rouss.) S'étant fait
un front d'airain, il fit semblant de ne pas le
(Hamilt.)
11 faut un front S'airam pour devenir heureux.
La Fontaine.
Il Front d'airain se prend -aussi quelquefois
en bonne part, dans le sens de Fermeté iné-
branlable.
I* nouvelle de te
Et qu'il faut, quand on veut y faire son chemin,
Aller a la fortune avec un front d'airain.
La Chausses,
d'un voile «"airain, que les efforts
de ious les hommes et de tous les siècles ne pour-
raient soulever. (Barthél.) ,
Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrage*
Sur tant de beaux ouvrages? ±i
Ils sont pour vous d'acier, d'airain, de diamant.
La Fontaikb.
— Dans le langage de l'Ecriture , L'airain
sonnant, Un vain bruit : Les vérités tes plus
terribles ne sont pour eux qu'un airain sonnant
et une cymbale retentissante. (Mass.) Noua ne
sommes plus pour vous qu'un airain sonnant.
(Mass.)
— Myth. Age d'airain, Dans la mythologie
grecque et latine, Epoque où l'injustice com-
mence à s'établir sur la terre :
AIR
on s'en sert pour traduire l'expressionlatine
ces, que les Romains appliquaient au cuivre pur
ou cuivre rouge et à des alliages de ce métal
avec la calamine, le plomb, l'étain, l'or et l'ar-
gent, dont ils faisaient des armes, des mon-
naies, des vases, des statues, etc. Les anciens
appelaient airain de Corinlhe un alliage de
cuivre , d'or et d'argent dont ils se servaient
pour fabriquer des objets de luxe. Cet alliage
était, disait-on, le résultat d'un mélange acci-
dentel produit, lors de l'incendie "de Corinthe
(H8 av. J.-'C), par la fusion des statues des
dieux et des vases précieux renfermés dans les
temples : mais, ainsi que Pline'le rapporte, cette
origme était considérée comme une fable par
tous les esprits sérieux. Quoi qu'il en soit, les
amateurs distinguaient quatre espèces à'airain
de Corinthe,. dont la couleur variait du blanc
au rougeâtre, suivant la prédominance de tel
ou tel des métaux constituants.
— Épithètes. Fondu, affiné, pesant, poli,
épuré, malléable, fusible ( brûlant, bouillant,
bouillonnant , embrasé ; vigilant , sonore , vi-
brant, retentissant, tonnant, homicide, pieux,
sacré, dur, triple.
— AIlus. littér. Triple oi-oi». Mots par les-
quels on caractérise l'intrépidité ou la dureté
is ces discours du m
comme un triple au
V. Ages (les quatre).
— Encycl. Le moi airain appartient plutôt
au langage poétique qu'à celui de l'industrie :
on l'emploie , dans le premier , comme syno-
nyme de bronze. Dans toute autre circonetanc*,
solaient leur détresse,
urcissaient leur cœur.
Deluxe.
V. jKs triplex.
— Plu» durable que l'curnin , Allusion à
une expression d'Horace. V. /Ere perennius.
ÀIRAINES, commune du dép. de la Somme,
arr. d'Amiens , cant. de Molliens-le-Vidame ;
pop. aggl. 2,158 hab. — pop. tôt. «,187 hab.
Eglise du xnie siècle, qui appartenait aux Tem-
pliers, et où l'on admire de très-beaux vitraux ;
ruines d'un château-fort.
AIRAS s. m. (è-rass). Bot. Espèce dé poirier
sauvage.
airaut s. f. (è-rô). Pêch. Sorte de filet qui
sert à prendre les petites soles.
AIRDRIE ou AIRDRÉE, ville d'Ecosse, dans
le comté de Lanark, a l'est de Glascowj
15,500 hab: Sources minérales importantes;,
brasseries ; exploitation de houille et de fer.
AIRE s. f. (è-re — lat. area , même sens).
Surface plane, unie et préparée pour y battre
les grains : Je crois entendre encore les coups
cadencés des fléaux qui battaient la moisson,
au soleil, sur ('aire de glaise durcie de la cour.
(Lamart.) Le plancher de la cftaumière était en
terre battue comme les aires de grange. (Balz.)
Dans certaines fermes, il y a une aire parti-
culière et. plus petite pour battre le blé noir.
(E. Souv.)
Et l'aire où le fléau dépouille les épis.
Attend en vain les dons que la gerbe a produits.
Desaintanqe.
« Toute surlace plane : Plus loin, sur une aire
enceinte par des claies, plusieurs ouvriers con-
cassaient des pierres blanches et manipulaient
les terres à brique. (Balz.) Il Fig. dans cé'der-
nier sens : Le restaurateur d'une nation cor-
rompue est un architecte qui se propose de
bâtir sur une aire couverte de ruines. (Raynàl.)
Qui sait si Dieu n'a point planté dans une, aire
inconnue le grain de sénevé qui doit multiplier
dans les champs? (Chateaub.)
— Le nid des grands oiseaux de proie, et
particulierem.de l'aigle, parce que ces oiseaux
nichent ordinairement sur un espace plat et
découvert : La plupart des auteurs s'accordent
à dire que Taire de l'aigle est sans cesse char-
gée de vivres. (D'Orbig.) On a trouvé dans les
montagnes de l'Auvergne des aires ayant plus
de cinq pieds carrés. (D'Orbig.) Le condor n'a
pas d'autre aire que la surface nue des rochers.
(Bouillet.) Est-ce à ton commandement que
l'aigle prend son essor et va faire' son aire dans
les lieux les plus élevés? (Chateaub.) Séraphita
fut emportée par le vieillard , qui retrouva les
forces de sa jeunesse , et vola jusqu'à la porte
du château suédois, comme un aigle emportant
quelque blanche brebis dans son aire. (Balz.)
L'Angleterre , c'est le vautour isolé dahs son
aire. (Ledru-Roll.) La ville, perchée sur la
cime du roc comme une aire de faucon, se dé-
coupe avec fermeté sur la rougeur du matin.
(Th. Gaut.) , .
Lui des sommets d'Athos franchit l'horrible cime, .
Suspend au flanc des monts son aire sut l'abîme. ,
Il Fig. dans ce sens : // a été jeté loin de Taire
natale, en butte à tous les soleils et à tous les
vents. (Salvandy.)
— Mesure de la surface : 2/aire d'un carré,
d'un cylindre, d'un cercle, d'une sphère.
— Constr. Aire d'un bâtiment, d'une maison,
Espace compris entre ses murs : // eût fallu
commencer par nettoyer Taire et écarter tous
les vieux matériaux. (J.-J. Rouss.) il Aire d'un
plancher, Enduit de maçonnerie sur lequel on
pose le parquet ou le carrelage. On donne le
même nom a la charge qu'on met sur la char-
pente ; mais on désigne proprement cette der-
nière sous le nom dé fausse aire, il Aire d'un
pont, Partie supérieure sur laquelle on mar-
che. Il Aire d'un bassin, Massif de ciment, de
chaux, de cailloux, etc., d'environ trente cen-
niètres d'épaisseur, et qui en forme le fond; il
Aire à la vénitiennet Aire composée de pouzzo-
lane, de brique pilee et de chaux vive, n Aire
de plâtre, Enduit qui se (ait sur le lattis des
AIR
planchers, li Aire de gravier, Couche de gra-
vier que l'on étend sur la surface des chemins.
— Anat. Diamètre,' cercle, surface : Tous
les rayons trop divergents, et qui tombent de
Taire de la cornée sur les sourcils , les pau-
pières et la sclérotique, sont perdus pour la
vision. (Richerand.) il Partie de la tache em-
bryonnaire devenue ovale. On y distingue
l'aire obscure {area obscura), qui est externe,
et l'aire transparente (area pe«uctda),qui est
centrale. "■
— Eaux et'Tor. Coupe à tire et à aire, Ex-
pression employée à l'égard des' arbres qui,
dans la coupe, ne doivent pas être choisis çà
et là, mais coupés entre les lisières marquées
pour faire un champ ou une aire, dans laquelle
on ne laisse que les.arbres de réserve.
— Bot. Espace compris entre les limites
d'habitation d'une espèce, d'un genre, d'une
famille : £'aire moyenne des espèces va en aug-
mentant de l'équaleur aux pôles. (De Candolle.)
Les genres les plus nombreux en espèces sont, en
moyenne, ceux dont Taire est la plus grande.
(De Candolle.)
— Hortic. Surface occupée par les terrasses,
les allées d'un jardin.
— Agric. Dans le départ, de Maine-et-Loiro,
on appelle aire le premier labour.
— Fauconn, Volière où l'on élève des oiseaux
pour le vol. -,
— Numism. L'ensemble des trous carrés
formés par les clous qui servaient dans ^ori-
gine à fixer les médailles, pour recevoir le
coup de' marteau.
— Mar. Aire de vent, Direction du vent :
Voilà uns aire de vent oui vous mettra dans
votre route. Il Par ext. Vitesse du bâtiment :
Ce vaisseau a trop d'aire, n'a pas assez d'aire,
Il va trop vite ou trop lentement, il Fig. : Au
lieu de resserrer sa famille et ses gens autour
de lui, il les avait dispersés à toutes les aires
de vent de (édifice. (Chateaub.)
— Techn, Endroit plein dans un ouvrage de
vannerie, il Le plus petit des bassins carrés
d'un marais salant. Il Enceinte où l'on met \
sécher la tourbe, il Surface de la section per-
pendiculaire d'un canal ou d'un passage. Il
Surface de la section perpendiculaire d'un
tuyau, d'une cheminée, etc. Il Partie supé-
rieure et plate d'une grosse enclume. Il Dans
un marteau, Côté plat qui frappe et qui est
opposé à la panne. H Fond d un fourneau ,
nommé aussi sole. D Espace qui se trouve
entre les cercles d'une futaille.
— Encycl. Géom. On .confond ordinaire-
ment, mais a tort, le sens du mot aire avec
celui du mot surface. L'aire est le résultat de
la mesure de la surface, le nombre qui exprime
cette mesure. Mesurer une surface ou déter-
miner son aire, c'est trouver son rapport à
une certaine surface arbitrairement choisie
pour unité. Cette surface unité est le carré
■ dont le côte est égal a l'unité de longueur. —
Supposons deux rectangles R et r, ayant pour
dimensions, le premier B, H, le second 0, h,
' on sait que leurs surfaces sont proportion-
nelles aux produits de leurs dimensions :
R Bx H
Mais si le rectangle r joue le rôle d'unité ,
aussitôt chacune de ses dimensions devient
égale à 1, et la relation ci-dessus se réduit à
R = B x H.
Aire do rectanglbI Ainsi, le rapport du
rectangle au carré est égal au produit des
nombres qui représentent sa base et sa hau-
teur. C'est ce qu'on exprime d'une manière
abrégée en disant que l'aire d'un rectangle est
égale au produit- de. sa base par sa hauteur. Si
donc l'unité . linéaire est le mètre, l'unité de
surface est le mètre carré. Alors la mesure
du rectangle s'obtient en multipliant le nombre
de mètres ou de fractions de mètre contenus
dans la base par le nombre de mètres ou de
fractions de. mètre contenus dans la hauteur.
Le résultat est un nombre de mètres carrés.
— On voit qu'en géométrie le mot produit a.
un sens particulier différent du sens arithmé-
tique ordinaire; il signifie construction. Mul-
tiplier deux lignes l'une par l'autre, c'est con-
struire, et du même coup évaluer le rectangle
qui aurait ces deux lignes pour dimensions. —
n n'est pas sans intérêt de suivre le lien oui
rattache les unes aux autres les aires des
Aire du parallélogramme. Etant donné
un parallélogramme quelconque ABCD (fig. 1),
on peut toujours construire sur sa base un
rectangle ABEF qui ait même hauteur, et qui
ait par conséquent même aire : donc, faire
d'un parallélogramme quelconque est égale au
produit de sa base par sa hauteur*-
Aire du triangle. Le triangle ABC (flg. 8)
est toujours moitié du parallélogramme ABCD,
oui a même base et même hauteur : donc ,
laire d'un triangle est égale à la moitié du
produit de sa base multipliée par sa hauteur.
Airb du trapèze. En tirant la diagonale
d'un trapèze (flg. 3), on divise la figure en
deux triangles ABD, BCD, qui ont pour bases,
la premier AB, et le second DC, et pour hau-
teur les perpendiculaires DE, BF, qui sont
égales. Or, Caire du trapèze est égale à la
somme des deux triangles, c'est-à-dire à la
moitié du produit de la hauteur multipliée par
la somme des cotés parallèles.
D 10.
Airb d'un polygone quelconque. En dé-
composant la surface d'un polygone quelcon-
que, soit en triangles seulement, soit en
triangles et trapèzes, par des lignes convena-
blement dirigées, la somme des aires de cha-
que figure donnera l'aire du polygone (V. Ar-
pentaoe). Mais si le polygone est régulier
(flg. 4), il suffit d'évaluer Taire du triangle
AOB formé par l'un des çptés et par les droites
qui joignent au centre les extrémités de ce
côté. L aire de ce triangle multipliée par le
nombre des côtés égale l'aire du polygone. Si
le polygone a n côtés, sa surface aura pour
mesure
1 , . i
— x OC x AB x n, ou - OC'x'n'AB.
2 2 - -
Or, n AB indique le périmètre du polygone ;
donc, l'aire d'un polygone régulier est égale à
son périmètre multiplié par la moitié du rayon
du cercle inscrit.
Aire du cercle. Si l'on imagine que l'on
double indéfiniment le nombre des côtés d'un
polygone régulier tout en lui conservant son
isoperimétrie, on passe par une série de figures
qui se rapprochent de plus englua du cercle,
a* tel 'point que le cercle peut être considéré
comme un polygone régulier d'un nombre in-
fini -de i cotes , chaque côté étant infiniment
petit. Il en résulte donc que l'aire du cercle
est égale au produit de son périmètre, c'est-à-
dire de sa circonférence multipliée par la moitié
du rayon. Oii sait que la longueur d'une circon-
férence de rayon R est égale à 2tc R; donc,
l'aire du cercle est égale à
R
' 2 -K R X — = 7V R2.
Récapitulons dans un tableau ce qu'on pour-
vut appeler les formules fondamentales dès
aires les plus simples de la géométrie : • '
Figures. Bornées. Aires!
1 Parallélo- ( B... base
gramme . } B x H
2 Triangl
\ [ H.., hauteur 2
( B, b... bases H (B x b)
l " parallèles ■
( H... hauteur g
( P... périmètre 2 :
5 Cercle:-. .. R... rayon irRS
{V. Circonférence, Mesure, Surface, ainsi
que les ni
solides.)
AIR
s 'des diverses figures planes o
— Astron. On sait que les orbites des pla-
nètes sont des ellipses dont le centre du so-
leil occupe un foyer. En astronomie, on donne
particulièrement le nom d'aire au secteur
ASB (fig. 5) formé par un arc elliptique et par
aires attribué à un principe dont la découverte
est une des plus belles productions du génie
de Kepler. Si des diverses positions A, B, C...,
M, N... d'une planète, on imagine des droites
aboutissant au soleil S, Kepler a démontré
que les aires ASB, BSC..., MSN... sont pro-
portionnelles aux temps employés-'par la pla-
nète pour parcourir les arcs AB, BC..., MN...
La loi des aires peut donc s'énoncer : Les
rayons vecteurs des planètes décrivent autour
du centre du soleil des aires proportionnelles
aux temps employés à parcourir les arcs cor-
respondants. — Cette loi expliquera variabi-
lité du mouvement planétaire. En effet, suppo-
sons l'aire ASB égale à l'aire MSN ; on voit, à
la seule inspection de la figure, que cela ne
peut avoir lieu que si l'arc MN est plus grand
que l'arc AB. Mais comme, d'après la loi des
aires, ces deux, arcs ont été parcourus dans le
même temps , il faut que le premier ait été
parcouru plus vite que le second. Voilà pour-
quoi le mouvement de la terre est plus rapide
à son périgée qu'à son apogée.
— Mar. Aire des vents. On entend, par ce
mot la trente-deuxième partie de l'horizon ; en
divisant celui-ci en 360 degrés, on obtient
Sour chaque dire de vent'u» 15'. Pour les
énommer, on se sert des mots nord, sud, est,
ouest ; nord-est, sud-est, nord-ouest, sud-ouest ;
nord-nord-est , nord-nord-ouest , etc. ; nord-
quart-nord-est, nord-quart-nord-ouest, etc.
Les aires de vent, écrites sur un cercle où se
trouve l'aiguille aimantée et qui porte le nom
de rose des vents, servent à indiquer la direc-
tion suivie par cette aiguille, et par suite celle
des yents.Les aires se nomment encore rùmbs,
demi-rumbs et quarts de rumb. Il Parmi les
marins, les uns écrivent aire, comme dérivant
— Eptthètes. En parlant de l'aire des oi-
seaux : élevée, suspendue, commode, vaste,
creuse , industrieuse ', isolée , solitaire , sau-
vage, sanglante, ensanglantée, féconde, nom-
breuse, chérie, affamée, carnassière, vorace,
rassasiée.
— Homonymes. Air, ère, haire, hère.
aire s. f. (è-re — du gr. atra, ivraie). Bot.
Genre de plantes de la famille des graminées,
tribu des avénacées. .
trecourt, Varennes, Grandpré, et se iette'dans
l'Aisne, près de Soissons. Cours, 80 kil.
" AIRE, ch.-lieu de cant. (Pas-de-C.l, arrond,
.,„ o„=„t ^ . . ... hab' _pop.
de Saint-Omer ; pop. acgl.
tôt. 8,297 hab. Brasseries
, de construction gothique ;
I:-: .Vui et hôtel de ville remarquables. Place
forte de 4e. classe; prise par les Normands en
881, par La Meilleraie en 1641, par les Espa-
gnols, puis par le maréchal d Humières en
1676, cédée à la France en 1713 par le traité
d'Utrecht. .
AIRE - SUR -L'ADOUR, ch.-lieu de cant.
(Landes), arrond. de Saint-Sever; pop. aggl.
2,506 hab. — pop. tôt. 5,144 hab. Ancien évê-
ché-, établi au ve siècle. Les Wisigoths s'em-
parèrent de cette ville au vie siècle, et Alaric II
en fit sa résidence.
AIRÉE s. f. (è-ré — rad. aire). Quantité de
gerbes qu'on mot en une fois sur l'aire : Airée
de froment, de seigle. ■
AIRÉenness. f. pi. (è-ré-è-ne — rad. aire).
Antiq. Fêtes que les laboureurs célébraient
en l'honneur de Bacchus et de Cérès.
AIRELLE s. î. (é-rè-le — dérivé de aigre).
Bot. ^Arbuste dont les baies ont une saveur
acide et sont très-rafraîchissantes. Les en-
fants les mangent avec plaisir. On donne aussi
à la plante le nom de myrtille, et à ses fruits
celui de maurets,
— Enoycl. Le genre airelle (yaccinium des
botanistes) est le type de la famille des vacci-
niées (V. ce mot). Il renferme des arbrisseaux
à rameaux anguleux, portant des feuilles al-
ternes et des fleurs à ovaire infère, auxquelles
succèdent des fruits charnus ou baies, d'une
saveur acidulé agréable, Les espèces , au
nombre de quarante environ, sont répandues
dans l'hémisphère nord.
Vairellè myrtille ou anguleuse est commune
dans les lieux montueux, frais et boisés. Les
feuilles, qui ressemblent beaucoup à celles du
km
myrte, lui ont valu son nom. Les fleurs sont
d'un blanc rosé.. Les fruits, appelés maurets,
sont des baies d'un pourpre noirâtre dont on
retire une eau-de-vie, et qui servent à pré-
parer des confitures et un sirop rafraîchissant.
On les emploie encore dans la teinture, et les
tiges, ainsi que les racines, sont utilisées pour
le tannage. L'airelle ponctuée se distingue de
la précédente par ses baies d'un beau rouge,
dont on fait aussi des confitures. Elle abonde
sur les Alpes et dans les Vosges, h'airelleveinée
et Yairelle des marais sont de très-petites es-
pèces, qui habitent les endroits marécageux.
Elles ont des fleurs blanches et de petits fruits
acides. "L'airelle à gros fruits habite le Canada
et les Etats-Unis. Enfin il existe une espèce d'ai-
relles, petites plantes marécageuses» qui crois-
sent dans la Russie septentrionale ; elles fleuris-
sent en j uin, et leurs fruits sont mûrs en octobre;
mais comme ces fruits sont très-acides, on les
laisse habituellement passer l'hiver sous la
neige ; on les cueille'au retour du printemps, et
alors ils ont perdu toute leur âpreté. Cette der-
nière propriété a fourni à Mn>e Swetchine l'oc-
casion d'un rapprochement des plus touchants,
que nous allons rapporter. Elle avait réuni dans
un volume un certain nombre de pensées aux-
quelles elle avait donné pour titre Airelles :
« Je mets sous les auspices de cette humble
fleur les pensées qui suivent. Elles ont mûri
sous les neiges, et se sont colorées, comme
cette petite baie rouge, au feu du soleil inté-
rieur.- La • plupart de ces pensées ont été
écrites durant l'hiver de 1811, que je passai à
la campagne, dans une profonde retraite ; ce
sont des voix qui s'échappaient de mon coeur
et qui n'arrivaient à aucun autre. •
AIRER v. n. ou intr. (è-ré — rad. aire).
Faire son nid, en parlant de certains oiseaux
de proie : Les autours airent sur les arbres.
(Trév.)
AIRIGNE s. f. (è-ri-gne — du gr. aire, je
lève). Chirurg. Instrument de dissection.
V. Erigne.
AIRochloé s. f, (é-ro-klo-é — du gr. aira,
ivraie; chloé, herbe). Bot.- Genre de plantes
de la famille des graminées.
A1ROLO, village de Suiâse, canton du Tes-
sin, adossé au pied méridional du St-Gothard,
1,900 hab. Le 23 septembre 1799, combat
meurtrier entre les Français et les Russes.
Airoio (Combat d'). Quelques jours avant la
bataille de Zurich', Souwarow , parti d'Italie
avec dîx-huit 'mille hommes dans l'espoir de
se joindre à Korsakoff pour écraser l'armée
de Masséna , arriva au pied du mont Saint-
Gothard , position importante que le général
Lecourbe était chargé de défendre. Sortant
des plaines riantes et fertiles du Piémont, les
premières colonnes russes envisagèrent avec
désespoir les cimes sourcilleuses du Saint-
Gothard et des montagnes de Suisse, couvertes
de neiges éternelles, et, de plus, occupées par
des ennemis auxquels .il fallait les enlever
l'épèe à la main. Le soldat russe murmura,
puis s'arrêta et refusa d'aller plus loin. Sou-
warow accourut, fit creuser une fosse sur le
chemin et se coucha dedans : « Couvrez-moi
de terre, cria-t-il à ses soldats, et laissez ici
votre général; vous n'êtes'plus m'es enfants, je
ne suis plus votre père; il ne me reste qu'à
mourir. » Ces paroles électrisent les grenadiers
russes, qui se précipitent sur leur général,
l'arrachent de la fosse, et demandent à grands
cris d'escalader le Saint-Gothard et d'en chas-
ser les Français (23 septembre 1799) Souwarow
profita de cet élan pour lancer ses soldats à
Airolo', à l'entrée d'une gorge défendue par le
général Gud in, à la tête d'une des brigades de
la division Lecourbe. Celui-ci, n'ayant que six
mille hommes à opposer a Sou wartnv, ne pou-
vait songer à lui résister. Il jeta son artillerie
dans la lleuss, gagna ensuite la rive opposée
en gravissant des rochers presque inaccessi-
bles, et s'enfonça dans la vallée. Arrivé au
delà d'Urseren , il rompit le pont du Diable et
tia une multitude de Russes, avant qu'ils eus-
sent franchi le précipice en descendant le lit
de la Reuss et en remontant la rive opposée.
Lecourbe avait fait ainsi une retraite pied à
pied, profitant de tous les obstacles pour fati-
guer et tuer un à un les soldats deSouwurmv,
qui allait voir dissiper pour jamais, à Zurich,
le redoutable prestige de son nom.
AIROPSIS s. m. (é-rop-siss — du gr. aira,
ivraie ; opsis, apparence). Bot. Genre de plan-
tes de la famille des graminées.
Air., de. Eaux et de. Ueui (TRAITÉ DES),
ouvrage d'Hippocrate. Cet ouvrage, regarde
généralement comme le chef-d'œuvre du père
de la médecine, contient une ébauche admi-
rable de cette partie des sciences biologiques,
qu'on a appelée la théorie des milieux; il
peut être divisé en deux grandes sections : la
première est consacrée à l'étude des influences
du monde extérieur sur l'organisme, la seconde
à l'étnde de ces mêmes influences sur les fa-
cultés morales de l'homme. L'auteur entre en
matière, en disant que celui qui veut s'appli-
quer convenablement à l'exercice de la méde-
cine doit considérer : l<> les saisons dans leurs
révolutions régulières et dans les vicissitudes
ou intempéries que chacune d'elles peut éprou-
ver pendant son cours ; 8<> les vents chauds ou
froids qui sont communs à tous les pays et ceux
AÏS.
\tà
qui sont propres à chaque contrée ; 3<> les qua-
lités des eaux ; 4» l'exposition- des villes; 5" le
régime et le genre de vie des habitants.
Après cette introduction, Hippocrate aborda
son sujet. Il examine d'abord l'influence de
l'exposition des villes sur leurs habitants ; c'est
l'exposition à l'orient qui lui parait l'emporter
de beaucoup sur toutes les autres. Il considère
ensuite les qualités des eaux : eaux dormantes,
eaux de source, eaux de pluie, eaux de neige
et de glace, eaux mélangées des grands fleuves. .
Les eaux de marais, de citernes et d'étangs,"
sont condamnées absolument comme produi-
sant les maladies et les cachexies propres aux
contrées paludiques ; les eaux mélangées pré-
disposent aux affections néphrétiques, a la
pierre ; les eaux de pluie sont bonnes , mais
sujettes à se corrompre ; les eaux de neige et
de glace sont mauvaises pour tous les usages, .
parce qu'elles perdent dans la congélation leur
partie limpide, légère et douce. L'étude des
eaux est suivie de celle des saisons. Le médecin
doit observer avec soin leurs vicissitudes, 'car
dans les conditions atmosphériques de chaque
saison se trouve le germe des maladies qui se
développeront dans la saison suivante ; il faut
s'attacher surtout à l'examen des changements
qui surviennent à l'époque des équinoxes, des
solstices, de la canicule. v
La seconde partie du Traité des Airs, des
Eaux et des Lieux présente un grand intérêt
psychologiques de l'homme,
cipe que plus les intempéries des saisons* sont
multipliées et intenses, que plus les accidents
du sol sont variés, plus les mœurs des Hommes
présentent de diversités. L'uniformité du sol,
l'uniformité de la température , l'uniformité
des caractères vont ensemble. Tel sol , tel ^
climat, tels hommes. Il y a des races ou des *
individus qui ressemblent aux terrains mon-
tueux et couverts de forêts ; |1 en est qui rap-
pellent les terres sèches et légères ; on peut en
comparer quelques-uns aux prairies et aux
marécages , d'autres à des plaines nues et
arides. La différence que nous observons
entre les moeurs des Asiatiques et celles des
Européens doit être attribuée surtout à la dif-
férence du climat. «En Asie, dit Hippocrate
les mutations alternatives du froid et du chaud
ne sont jamais grandes ni brusques; jamais le
corps n'y sort tout à coup de son assiette na-
turelle; jamais l'esprit n éprouve ces commo-
tions qui rendent naturellement le caractère
plus farouche, et qui lui donnent plus-d'indo- ,
cilité et de fougue qu'un état de choses tou-
jours le même: Car ce sont les changements
qui excitent l'esprit de l'homme et qui ne lui'
laissent aucun repos."'* A côté de cette action
des causes physiques et des circonstances lo-
cales, l'auteur a soin de placer le pouvoir des
institutions politiques, et de montrer comment
en Asie elles ont aggravé les mauvais effets du
climat. «La plus grande partie de l'Asie, dit-il,
vit sous la domination des rois. Or, des hommes
qui n'ont point contribué aux lois par lesquelles
ils sont régis, qui né s'appartiennent point à
eux-mêmes, dont la tête est courbée sous uu
ioug despotique, n'ont aucun motif de cultiver
les arts militaires. Rien de commun entre eux
et leurs chefs : ni les travaux et les dangers que
les premiers supportent seuls, ni les avantages
et ia gloire qui devraient en revenir aux uns
comme aux autres , mais auxquels le simple
soldat n|a presque aucune part. Lorsque ces
malheureux esclaves, forces de quitter leurs
foyers, leurs femmes, leurs enfants et leurs
amis, vont chercher dans les camps les fati-
gues et le carnage, toutes les victoires obte-
nues par leurs efforts ne servent qu'à grossir
les richesses de leurs maîtres ; et pour eux lés.
périls, les blessures, la mort, sont les seuls
fruits qu'ils en-recueillent. Ainsi donc, indiffé-
rents au succès de la guerre, ils sont incapa-
bles de la soutenir. ■
La doctrine de l'influence des climats sur les
peuples, exposée dans le Traité des Airs, des
Eaux et des Lieux, a manifestement inspiré la
Philosophie de l'histoire de Herder, etl' Esprit
des lois de Montesquieu. On sait que l'idée
fondamentale de ce dernier ouvrage est dans .
la nécessité d'accorder la législation des peu-
ples avec la forme de leurs gouvernements, et
dans le rapport de cette forme avec la nature
particulière du climat. Dans le xvue livre de
l'Esprit des lois, intitulé: Comment les lois
de la servitude politique ont du rapport avec
la nature du climat , Montesquieu va jusqu'à
étayer, comme Hippocrate, la démonstration
de ses prémisses sur le parallèle des peuples
de l'Asie et de l'Europe.
AIRURE s. f. (é-ru-re — rad. aire). Techn.
Fin d'une veino métallique) ou d'une mine de
houille.
A1RVAU1.T, ch.-lieu de cant. (Deux-Sèvres),
arrond. de Parthenay; pop.
— pop. tôt. 1,846 hab. Eglis
rieux portail en ogive, ori_ __, , r_
représentant les vieillards de l'Apoaalypse
autour du Père céleste.
AIS s. m. (è — du lat. axis, solive). Plan-
che de bois rendue propre à divers usages :
Aïs en clténe, en sapin. Les aïs d'une cloison.
Le soir venu, elle me mène à la porte de sa
chambre, et là me montre entre les aïs une
petite ouverture. (P.-L. Cour.) Les matelots
" ' ' par les piques que deux foc-
elM
iculptur
les ais de la porte brisée pendant l'action. (E.
Sue.) Suivant toujours le mur, il arriva à l'en-
trée d'une sorte de passage, au fond duquel il
aperçut quelques rayons de lumière à travers
les ais mal joints de la porte. (E. Sue.) Quel-
quefois un ais de meuble craquait inopinément,
comme si la solitude ennuyée étirait ses join-
tures. (Th. Gaut.)
Un ail sur doux pavés forme un étroit passage.
L'un me heurte d'un ais dont je Buis tout froissé.
Boileao.
La table où l'on servit le champêtre repas
Put d'flt» non façonnés à l'aide du compas,
La Fontaine.
Ses ais deml-pourris,par l'âge relâchés,
Sont à coups de maillet unis et rapprochés.
Boileau.
— Pop. Etre entre quatre ai-s, Etre dans la
bière, et, fig., Etre mort. On dit plutôt Etre
en quatre planches.
— Jeu. Coup d'ais, A la paume, Coup que
la balle donne de volée dans un ais qui est dû
côté du service.
— Techn. Nom donné à des planches ou
Êlanchettes en usage dans divers métiers :
ans l'imprimerie,- Panneau de bois sur
lequel on range les feuilles de papier, à me-
sura qu'on les trempe, et sur lequel on des-
serre les formes' de caractères , bons à être
distribués dans lestasses, n Sorte de planche
dont font usage les relieurs pour rogner le
papier. C'est ainsi que l'on dit ais à rogner,
à presser,' à endosser, etc. Il Planche dont se
servent les fondeurs en sable pour poser les
chùssis dans lesquels ils font le moule, n Plan-
ches feuillées et à rainures dans lesquelles
les vitriers coulent l'étain. il Etabli sur lequel
les bouchers débitent la viande. Il Partie du
bois du métier servant à tenir les mailles du
corps et les arcades, dans les manufactures
d'étoffes de soie, tl Planches qui ont servi à la
construction d'un bateau.
— Syn. Àt«, planche. Planche désigne des
objets longs et plats ; ois ne désigne que des
planches de bois ayant une destination parti-
■tulière, comme cela a lieu chez les imprimeurs,
les relieurs, les fondeurs, les vitriers; Ais, en
vieillissant, est devenu le terme poétique,
tandis que planche est resté le mot du langage
aisance s. f. (è-zan-se — rad. aise). Fa-
cilité : Porter avec aisance un pesant fardeau.
(Acad.) "a Facilité qui se montre dans les ac-
tions, les manières, le langage : Ilmanque aux
Anglais un peu «Taisance dans la tournure. Le
Français sait que, sans aisance, il n'y a point
de grâce. (H. Beylé.) Fox, à peine sorti de
l'enfance , discutait , raisonnait avec une ai-
sance hardie. (Villëm.) A la vue de ce grand
seigneur, qui se présentait sur le pont avec sa
grâce et son aisance habituelles, les marins ne
purent échapper à un sentiment qui approchait
de l'admiration.(TZ.S\ie.) L'embarras desgrands
est si gênant pour tout le monde, que leur ai-
sance me parait de l'affabilité: (Custine.)
— Etat" de fortune qui permet de se pro-
curer les commodités et les jouissances de la
vie : Etre, vivre dans Taisance, dans une
honnête aisance:' 'On 'ne peut être bienfaisant
qu'en épargnant sur son aisance. (Du Trem-
blay.) Z'aisancb serait un bien inestimable,
alors même qu'elle n'aurait d'autre avantage
que de contribuer à notre indépendance. (J.
Droz.) Pour concourir efficacement à notre
■ bonheur, il faut rendre les mœurs douces et
/'aisance générale. (J. Droz.) La pauvreté tient
le milieu entre la misère et T aisance. (L.-J.
Larcher.)
L'aimable aisance y Tègne et l'orgueil s'en ej
C'est par ceux que le ciel fit naître dans Valsante'
Que sur les malheureux il répand ses bienfaits.
Un philosophe étayé
Dans le chemin de sapience
Marche plus ferme de moitié.
' J.-B. Rousseau.
■■'— Au pi. Dégagements; lieux destinés à un
usage secret, escaliers dérobés : Il y a dans
l'intérieur des appartements des aisances et des
agréments à l'infini. (Dider.) Il Cabinet ^'ai-
sances, lieux d'aisances, Endroit où l'on peut
satisfaire ses besoins naturels.
— Jurispr. Commodité qu'un voisin doit à
une convention avec son voisin, ou à la pres-
cription. Ce; mot exprimait autrefois tousles
droits d'usage.
— Syn. AiMnnce, nlsc. Aise indique un état
passager ; aisance, un état permanent. L'ar-
tisan qui a de quoi vivre honnêtement est à
se; l'homme riche et opulent est dans
l'a?
. Aî.nr
«heur. V. A:
— Antonymes. Difficulté, contrainte, em-
barras, gaucherie, gène, lourdeur.
AISCEAU s. m. (è-sô). Constr. V. Aissette.
aise s. f. (ô-ze — du gr. aisios , heureux).
Seiuinicnt de bien-être, de contentement, do
joie, de plaisir : Etre transporté «Taise. Tres-
'"*s<KKJs&$#3E. Celle-ci ne se tient pas d'Aisa
d'être délivrée. (Dider.)
Ah ! que tous m'pblijjex ! je ne me sens pas d'aise.
AIS
D Etat commode, agréable, dans lequel on a
la pleine liberté de ses mouvements : Etre à
son aise à table. Se mettre à son aise dans un
fauteuil. A cette table on peut, tenir huit à
/'aise. Vous serez très à votre aise dans cette
voiture. (Volt.) Quand l'enfant pleure, il est
mal à son aise. (J.-J. Rouss.) C'est sur les
ports de mer qu'on peut ajuster les martinets
le plus à son aise. (Buff.) Il n'y a que la femme
comme il faut pour être à Taise dans.sa toi-
lette; rien ne la gêne. (Balz.)
C'est au faite des monts que l'aigle est à son aise.
Que baude
.Est-ce.la mode
a latin
rmons de Cotin.
— Par èxt. Dans ce .dernier sens, Etat
exempt de gêne, de contrainte, d'appréhen-
sion : Ce jeune homme est si timide, qu'il ne se
trouve à son aise nulle part. Quand un sot et
un homme d'esprit causent ensemble, il y en a
toujours au moins un qui n'est pas à son aise.
Vous êtes à votre aise avec tout lemonde, hors
avec moi. (J.-J. Rouss.) Je vous fais mes excuses
de ne pas vous inviter .■ ce sont des personnes avec
gui vous ne seriez peut-être pas à votre aise.
(Scribe.) On sait bien que Diderot, lorsqu'il
était en verve, jetait sa perruque par-dessus
les moulins , pour laisser fumer à /'aise son
crâne brûlant et bouillonner son génie. (F, -
Soulié.) L'égalité est le sentiment qui met le
plus à Taise le cœur de l'homme. (St-M. Gir.)
Ma vie n'est à l'Aise qu'au milieu des nuages et
des mers. (Chateaub.)
Loin des hommes, l'amour respire plus h Vaise;
La nature est sereine, et le chagrin s'apaise.
H. Cantel.
— Dans l'aisance, dans un état de fortune
modeste, mais suffisant : Avec ce revenu, avec
de tels appointements,' on peut vivre à Taise,
fort à /aise. N'avoir que le bien dont on a
précisément besoinpour vivre, ce n'est pas être
à son aise. (Le Sage.) Il est à son aise, bien
logé, et boit de bon «m. (Volt.) Il était fort à
son aise, il avait amassé de son travail cin-
quante doubles louis. (B. de St-P.) Votre ma-
riage avec Lucinde nous mettra à notre aise.
(Campistr, ) Celui qui travaille est aussi à
son aise que celui qui a cent écris de revenu
sans travailler. (Montesq.)
Il en vivait a l'aise, heureux et sans désirs. ^
M. de Rothschild demandait à quelqu'un
des nouvelles d'un homme qu'il avait connu
autrefois. On lui' répondit qull était mort,
laissant environ soixante mille francs de
rente. « Tiens , tiens , repartit le Crésus , ce
pauvre B..., je le croyais plus à son aise. » il
Un jeune homme frais émoulu du collège se
présente un jour chez Méry, ami de son père,
pour lui soumettre la tragédie de rigueur,
dont nous nous sommes tous rendus plus ou
rp oins coupahles en rhétorique. Alexandre
Dumas se trouvait en ce moment avec Méry.
Tous deux écoutent la lecture du premier
acte, et y remarquent maintes licences poé-
tiques, surtout à 1 endroit de la rime. « Ce n'est
pas mal, cela promet, dit Méry en retenant un
sourire ; mais la rime n'est pas riche. Qu'en
dis-tu, Dumas? — Sans doute, mais elle est à
— Sans contrainte, à souhait : Se divertir,
se promener à Taise. Ce vin de Champagne me
porte à la tête : ces messieurs en prennent à
Taise. (Scribe.)
Nous pourrons rire à l'aise et prendre du-bon temps.
Boileau.
— Entre dans un grand nombre de locu-
tions qui se rapportent aux sens précédents :
A votre aise, Comme vous voudrez, sans vous
gêner, se dit ironiq. à ceux qui agissent
avec trop de familiarité, trop de liberté, il 5e
mettre à son aise, Manquer aux convenances,
en user avec trop de liberté et de familiarité.
Il N'en prendre qu'à son aise, Ne faire que ce
qui plaît, ne pas se fatiguer. |] Vous en parlez
bien à votre aise, Se dit à celui qui donne des
conseils difficiles à suivre, qui parle avec in-
différence des peines, des embarras d'autrui.
Il Mettre quelqu'un à son aise, le mettre à
l'aise, L'encourager, dissiper son embarras,
sa timidité : On ne trouvait chez elle ni amu-
sement, ni liberté, parce qu'elle n'a jamais su
mettre personne À son aise. (St-Sim.) Vous
êtes le premier homme du monde pour mettrïï
les gens À leur aise. (Volt.) Le prêtre l'écou-
tait, le mettait à 'son aise. (J . -J.. Rouss. ) J'é-
tais donc, moi aussi, de la famille, et cela me
mit À l'aise. (G. Sand.) Vous ne vous asseyez
pas? Vous avez tort : mettez-vous A votre
aise. (Scribe.) il Mettez-vous à votre aise, Dé-
barrassez-vous de ce qui vous gêne. [| Etre
mal à l'aise, mal à son aise avec quelqu'un,
Etre embarrassé, interdit: Devant lui, je suis
toujours mal, À l'aise,mal à mon aise. Ce sont
des personnes avec qui vous ne serez peut-être
pas À votre aise.
Je sais que devant lui personne n'est d l'aise.
— Dans un sens particul. N'être vas à son
aise, être mal à son aise, signif. Etre indisposé :
Eh bien, Michel, qu'as-tu donc? — Rien, mais
je ne me sens pas À MON aise. (Scribe.)
— Prov. Paix et aise. Doucement, .paisible-
ment, commodément : Il n'a pas un grand
bien, mais il vit chez lui paix b? àjsb. (Acad.)
AIS
Cette locution a vieilli, il Je ne demande que
paix et aise, A vivre tranquillement, exempt
de souci et d'inquiétude. Il II n'est malade que
de trop d'aise, Se dit d'un homme riche qui a
de fréquentes incommodités, nées d'une vie
molle et oisive.
— Au pi. Commodités de la vie : Aimer ses
aises. Chercher ses aises. On n'a pas toutes ses
aises dans ce monde. Je possède, à six lieues de
Paris, une petite maison de campagne où vous
trouverez toutes les aises de la vie. (Balz.) Il
n'était pas très-généreux pour les autres, mais
il aimait ses aises. (G. Sand.) Naturellement
paresseux, l'homme aime ses aises et redoute
le travail. (Sibour.)
Nous sommes gens qui n'avons pas
Toutes nos aises ici-bas. La Fontaine.
— Syn. Aise, aisance. V. AISANCE.
— Syn. A l'aise, alméaieai. Aisément exprime
fauteuil.
— Syn. Aise», commodité*. Les aises de la
vie sont toutes les choses sans lesquelles la vie
serait insipide ou sans charme : Aimer ses
aises et son repos. (Rollin.) Les commodités
sont les biens, les avantages dont le défaut
rend pauvre : Toutes les commodités de la vie
sont donc perdues. (Pasc.)
aise adj. (è-ze — du gr. aisios, heureux).
Qui a de la satisfaction; du plaisir : Etre-AisE
d'une chose. C'est mon ami, je suis fort aise de
•■ bien aise de
fort
il, je;
n élévation. (La Bruy.) Je i
s rencontrer. (Mol.) Je ~
vous dépeindre ce pays. (Fén.) Il était si aise
qu'il en avait la larme à l'œil. (Le Sage.) Il
faut plutôt faire ce qu'on sera bien aise d'avoir
fait que ce que l'on est bien aise de faire.
(.Trublet.) Je ne saurais dire combien vous me
rendez aise par l'approbation que vous donnez
à mon apologie. (P.-L. Cour.)
La Fontaine.
— Suivi de que, il veut le subjonctif : Il
serait bien aise que vous prissiez plus de goût
à l'étude. Je suis fort aise que notre mariage
n'aille plus à reculons. (M">e de Sév.) Je suis
fort aise que nous nous entendions si bien réci-
proquement. (J.-J. Rouss.)
J'ai voulu vous parler en secret d'une affaire,
Molière.
— Syn. Al»e, content, ravi. Nous Sommes
bien aises des succès qui ne nous regardent
qu'indirectement. L'accomplissement de nos
propres désirs nous rend contents. Une forte
impression de plaisir fait que nous sommes
— Antonymes, Affligé, chagrin, consterné,
contrarié, désespéré, désolé, fâché, mécon-
tent", navré, triste.
AISÉ, ÉE adj, (c-zé — part, do l'anc. v.
aiser, faciliter). Facile, qui se fait sans peine :
Les maux présents sont plus aisés à supporter
que la vue de ceux qui menacent. (C. Pithou.)
La sotte vie que je mène est la chose du monde
la plus aisée à comprendre. (Mme de Sév») Il
est plus aisé d'être sage pour les autres que
pour soi-même. (La Rochef.) La chose est plus
aisée que je ne pensais. (Le Sage.) La chose la
plus aisée devient pénible quand on la fait à
contre-cœur. (Boiste.) Bien n'est plus aisé que
l'affectation. (G. Sand.) Il est plus aisé de
vanter le passé que d'expliquer le présent. (A.
Thierry.) Le monde est plein de choses aisées
qui semblent impossibles. (J. de Maistre.) Ce
n'était pas chose aisée que de pénétrer ce jour-
là dans cette grande salle. (V. Hugo.)
La critique est aisée et l'art est dijflcile.
Kotrou.
— Cela vous est bien aisé à dire, Se dit à
une personne qui donne un conseil difficile à
suivre, auquel il n'est pas obligé de se con-
former lui-même. Il Etre aisé à vivre, Etre d'un
commerce doux et facile : C'est un homme très-
aisb À vivre. Sa conduite n'est pas celle d'une
personne aisée à vivre. (Volt.) H Absol. et
fam., dans le sens opposé : C'est un homme
qui n'est pas aisé, qui est loin d'être aisé.
— Commode, où l'on est à l'aise : Chemin
aisé. Voiture aisée. Cheval qui a des allures
aisées. Habit aisé, souliers aisés.
— Qui n'a rien de gêné, rien de contraint -.
Air aisé. Manières aisées. Il leur offrit de
l'argent d'une manière aisée et noble, qui
— Clair, naturel, qui ne sent point le tra-
vail : Un style aisé. Des vers aisés. Votre lettre
à M. de Villars ne-parait pas d'un style aussi
aisé que d'autres que j'ai vues de vous. (Mme de
Sév.) Montesquieu était moins aisé que Mon-
taigne; il n'avait pas la fleur comme lui.
(Ste-Beuve.)
De» vers faits aisément sont rarement aisêt.
Voltaire.
Il Aujourd'hui, on dit plus ordinair. facile.
— Trop accommodant, relâché : Morale
aisée. Dévotion aisée.
— Libre, sans gêne, sans façon : Aisée avec
tout le monde, elle avait l'air de mettre chacun
à son aise. (St-Sim.)
— Qui est dans l'aisance, qui possède une
fortune suffisante : Homme aise. Famille aisée.
On le dit fort aisé, il En parlant des choses,
Qui suffit pour vivre à son aise, qui procure
de l'aisance : Elle n'avait laissé quune fortune
aisée. (G. Sand.) Il aimait la bonne chère et
les choses aisées de la vie. (G. Sand.)
— Taille aisée, Libre, dégagée.
— Peint. Pinceau aisé, Dont la touche est
franche, légère; facile.
— Grav. Pointe aisée, Pointe qui est nette,
— S'employait autrefois substantiv. pour
désigner ceux qui, en raison de leur aisance,
étaient ou devaient être plus taxés, plus im-
posés que les autres : La taxe des aisés. On
l'a mis sur le rôle des aisés. Quand on verra le
roi accabler les peuples, rechercher les aisés,
ne point payer ce qu'il doit, et miner le royaume
pour faire mal la guerre, le public recommen-
cera à crier plus haut que jamais. (Fén.)
— Gramm. Pour l'infinitif placé après aisé
à, voir la note sur facile.
— Syn. Aisé, facile. Le premier se rapporte
h l'état des choses en elles-mêmes ; ce qui est
aisé n'offre dans sa nature même aucun obsta-
cle sérieux. Le second se rapporte plutôt à la
position de celui qui veut faire quelque chose;
si les personnes qui l'entourent ou les circon-
stances dans lesquelles il se trouve n'opposent
point d'obstacles, la chose b. faire est pour lui
facile. Quand on dit qu'une chose est aisée, on
parle théoriquement, on envisage l'idée même
de la chose ; quand on dit qu'elle est facile, on
a en vue l'action que quelqu'un se propose, on
parle au point de vue pratique : L entrée d'un
port est aisée lorsqu'elle est large et commode
à passer; elle est facile lorsque personne n'ar-
rête au passage. (Gir.) Il est très-M&è de gou-
chure ; mais quand il faut résister à la_moitié
de l'Europe après cinq grandes batailles per-
dues, cela n'est pas si FACILE.
— Antonymes. Ardu, difficile, difflcultueux,
embarrassant, épineux, escarpé, laborieux,
malaisé , pénible , rebelle, rude, surhumain. —
Affecté, compassé, empesé, emprunté, gour-
mé, maniéré, pincé, prétentieux, roide ou
raide, tendu.
aiselle s. f. (é-zè-Ie). Agric. Nom d'une va-
riété dé betterave qui renferme peu de sucre.
aisément s. m. (è-ze-man — rad. aise).
Aide , commodité , ressource , soulagement :
Or, taillèrent chacun selon son aisément.
(Froissart.) Ce mot a vieilli.
aisément adv. (è-zé-man — rad. aisé).
Facilement, sans peine : On renonce plus aisé-
ment à son intérêt qu'à son goût. (La Rochef.)
Si nous ne savions qu'il est le fils d'un mortel,
on le prendrait aisément pour Bacchus, pour
Mercure, et même pour le grand Apollon. (Fin.)
Quand on est dans son devoir, on est aisément
ten té d'être fier. (J .-J . Rouss.) Quand on souffre, .
on se persuade aisément qu'on est coupable.
(Mme de Staël.) Les temps anciens prenaient
trop aisément leur parti des souffrances du
plus grand nombre. (Guizot.) La foi triomphe
aisément de l'incertitude. (G. Sand.) On est
aisément dégoûté par l'excès des désirs et des
espérances. (Galiani.)
On cœur double aisément croit un autre coupable
Du crime dont il sent que lui-même est capable.
Mouère.
Boileau.
Il Avec aisance, avec une abondance suffU
santé CLa fortune lui permet de vivre aisément.
Peu usité en ce sens, il Commodément : Ce
cheval va aisément.
— Syn. Aisémcnl, h l'aine. V. AlSE.
AISNE, riv. de France, prend sa source dans
le départ, de la Meuse, passe à Ste-Menehould,
Vouziers , Rethel et Soissons. Ses affi. sont
l'Aire, la Vaux, la Retourne, la Suippe et la
Veslé ; se jette dans l'Oise, à Compiègne. Cours,
230 kilom.
AISNE (dép. de 1'), ainsi nommé de la riv.
de l'Aisne qui le traverse de l'est a l'ouest, situé
entre les dep. des Ardennes, de la Marne, de
Seine-et-Marne, de l'Oise, de la Somme et du
Nord. 5 arrond. : Laon , ch.-lieuj St-Quentin,
Soissons, Château-Thierry, Vcrvms ; 37 cant;
836 coram.j 564,597 hab. 11 a été formé, en 1790,
de parties de la Picardie de l'Ile-de-France et
do la Champagne. Superficie, î?S,530 hectares.
Evêché à Soissons ; cour d'appel et académie
d'Amiens; 4« div. militaire. L industrie y est
très-active et très-riche ; elle s'exerce princi-
palement sur les' filatures , la fabrication des
tissus de laine et de coton, des toiles, batistes,
tulles, glaces, cristaux, verres, etc.
AISSADE s. f. (c-sa-de — rad. ais). Ane.
mar. Partie de la carène d'une galère où com-
mençaient les façons de l'arrière, c'est-à-dire
le rétrécissement en cette partie.
— Agric. Pioche de 1er pointue, en usage
dans le Midi.
AisSANTE s. f. (è-san-te —rad. ais). Constr.
AÏSSA-HOUA s. m. (a-i-sa-ou-a). Nom
qu'on donne , en Algérie , à des hommes qui
apprivoisent les serpents, et qui passent pour
des sorciers : Cependant cette activité n'a rien
de désordonné et de fiévreux, comme les convul-
sions épileptiques des aÏssa-houa. (Th. Gaut.)
— En Algérie, Ordre religieux musulman,
fondé par Sidi-Aïssa.
aissacgoe s. f. (è-sô-ghe). Pêch. Sorte de
filet ayant une poche au milieu, en usage sur
la Méditerranée, il On dit aussi assaugue et
ESSAUGUE.
AÏSSE s. m. (a-i-se — du gr. aissô, je m'é-
lance). Zool. Espèce d'arachnides appartenant
au genre pénélope.
A1SSÉ (Mlle), jeune et belle Circassienne, à
laquelle des circonstances romanesques ont
donné de la célébrité, née en 1693 ou 1094,
morte à Paris en 1733, était fille d'un chef cir-
cassien dont la bourgade avait été pillée par
les Turcs. Elle n'avait que quatre ans lors-
qu'elle fut vendue au comte de Ferriol , am-
bassadeur de France à Constantinople, qui
l'amena ensuite à Paris, lui fit donner de 1 édu-
cation , et la produisit dans les salons de la
Régence, où sa beauté et son esprit la mirent
à la mode. Elle sut cependant résister "- -A
s elle n
pour le chevalier d^Aydie , et une fille naquit
de leurs amours. Elle eut néanmoins la force
de briser ces relations, et mourut dans de
grands sentiments de piété. Elle a laissé des
Lettres très-intéressantes , qui contiennent de
curieux, détails sur M"";» du Deffant et de Ten-
cin , et sur le monde au milieu duquel elle a
vécu. Cette correspondance , publiée d'abord
seule avec des notes de Voltaire, Va été ensuite
avec les lettres de M™cs de Villars, de La
Fayette et de Tencin. La meilleure édition est
celle de* M. Ravenel , avec une notice de
M. Sainte-Beuve, Paris, 1846.
AISSEAU s. m. (é-sô — rad. ais). Constr.
Planchette mince qui sert à couvrir, comme
la tuile, il Petite hache de tonnelier.
AIsselette s. f. (è-se-lè-te — rad. ois).
Techn. Chacune des pièces qui forment le
fond d'une futaille.
aisselier s. m. (è-se-li-é — rad. ais).
.Constr. Nom que les charpentiers donnent à
une pièce de bois destinéo à former la char-
pente d'une voûte. '
— Bras d'une roue, quand il excède la cir-
conférence de cette roue.
aisselière s. 1. (è-se-liè-re). Techn. Cha-
cune des pièces du fond d'uno futaille.
AISSELLAIRE adj. (è-:sèl-lè-re — rad. ais-
selle). Bot. Se dit des bourgeons qui sont
fixés dans les aisselles de la dernière paire de
feuilles. Axillaiub est préférable.
AISSELLE s. f. (èss-sè-le — lat. axilla
même sens; de. axis, essieu, pivot). Cavité
qui se trouve au-dessous de la jonction des
bras avec l'épaule : Aisselle droite. Aisselle
gauche. Au printemps, on arrose les vers à soie
de vin et deau tiède; ils sont couvés sous les
aisselles des femmes. (Fén.)
— Archit. Partie de la voûte d'un four,'
prise depuis sa naissance jusqu'à la moitié de
sa hauteur.
— Mar. Aisselles d'une ancre, Angles ren-
trants formés par la verge et les bras de l'ancre.
— Bot. Angle que fait la feuille avec la tige
ou la branche qui la porte : C'est à Vaisselle
des feuilles que naissent ordinairement les
bourgeons.
. — Encycl. Anat. Le bord antérieur de Vais-
selle est formé par la saillie des musclas grand
et petit pectoral, le bord postérieur par celle
du grand dorsal et du.grand rond. Au fond se
trouvent du tissu cellulaire, des ganglions
lymphatiques nombreux , les vaisseaux axil-
laires et les nerfs du plexus brachial. La peau
de Vaisselle est mince , plus ou moins garnie
de poils à l'âge de la puberté , et pourvue de
follicules qui sécrètent une "matière alcaline
très-odorante. Les maladies principales de
Vaisselle sont : les abcès, les plaies des vais-
seaux axillaires, l'anévrisme de l'artère de ce
nom, l'engorgement et l'inflammation des gan-
f lions lymphatiques à la suite d'affections
iyerses, par exemple, a la suite du cancer du
sein, etc. Au point de vue de l'anatomio philo-
sophique, Vaisselle est l'homologue de, laine.
AISSETTE s. f: (è-sè-te — rad. aïs). Petite
hache recourbée dont se sert le tonnelier pour
creuser certaines pièces. On trouve aussi ais-
seau et aiscbae.
AISTHÉTÈRE. V. ESTuÉ'risRE.
AISSIN s. m. (è-sain). Métrol. Ancienne
mesure de capacité pour les grains.
AISSON s. m. (c-son). Mar. Petite ancre à
quatre bras ou anches.
AISUS s. m. (è-zuss). Entom. Espèce de
AISY s. m. (ô-zi). Techn. Petit-lait prove-
nant de la cuite dos fromages de Gruyère, et
qu'on a laissé, aigrir, après y avoir mis de la
nouvelle levure.
.AITIOPOVANS s. m. pi. (è-ti-o-po-van).
Géogr. Tribu qui habite- les hauts plateaux
de l'Abyssinie, et qui prétend descendre d'une
colonie do gens libres venus du Nord.
" A1TON, célèbre horticulteur anglais, dont le
aîjs:
nom entre dans l'expression greffe d'Alton,
espèce de greffe par approche, en usage pour
les arbres — '":-
AITONIE s. f. (é-to-ni — do Ai ton, n. pr.).
Bot. Genre de plantes du cap do Bonne-Espe-
AITRE s. m. (è-tre — du lat. atrium, qui,
chez les Romains, désignait un vestibule, une
grande pièce d'entrée. Ce mot a passé dans la
langue du moyen âge, où il s'est écrit suc-
cessivement aitre, aire, estre, être, signifiant
cour, porche, parvis, vestibule, etc. l! est
probable que la prononciation de ce mot l'a
fait confondre dans la suite avec notre sub-
stantif verbal être, et aujourd'hui aitres ou
êtres signif. les différentes«parties de la distri-
bution d'une maison, c'est-à-dire, la cour,
l'escalier, les corridors , les appartements et
les pièces qui la composent : Je connais les
aîtres ou les êtres de cette maison. Toutefois
l'Académie n'admet que cette dernière ortho-
graphe). V. Etres.
AIUNTAMIENTO NS. m. V. AyUNTAMIKNTO.
AÏURO-CATINGA s. m. (a-iu-ru-ka-tain-ga).
Ornith. Espèce de perroquet.
Al US LOCUTIUS ou LOQUENS, Dieu de la
parole. Une voix surnaturelle ayant annoncé
à Rome l'approche des Gaulois, les magistrats,
après la délivrance de la ville, déifièrent cette
voix sous le nom d'Aïus , et lui érigèrent un
temple.
AIX, ch.-lieu d'arr. (Bouches-du-Rhône), à
2S kil. de Marseille et 762 kil. de Paris ; pop.
aggl, 19,019 hab. — pop. tôt. 27,659 hab.; anc.
cap. de la Provence. L'arrond. a 10 cant.,
58 coinm., 114,771 hab. Archevêché, cour
d'appel, faculté de droit, siège de l'Académie,
bibliothèque publique de 100,000 vol. Grande
et belle ville; superbe cathédrale, qui date du
xic siècle, et ruines de bains romains. Com-
merce important de soie, d'huile d'olive, de
vins et d'eaux-de-vie ; patrie de Tournefort,
Vanloo, Adanson et Vauvenargues. Cette ville
fut fondée, 123 ans av. J.-C, par le consul
SextiuSj qui la nomma Aûuœ Sextiœ (Eaux de
Sextius), a cause de ses eau:i minérales. Le roi
René d'Anjou y tenait sa cour. C'est dans les
plaines de Pourrières, a 8 kil. d'Aix, que Ma-
rius détruisit l'armée des Teutons, l'an 102
av. J.-C- On voit encore les vestiges de son
camp. On compte dans la ville quatre établis-
sements d'eaux minérales : les Bains de l'Em-
pereur, de la Reine de Hongrie, le Bain neuf
et la Fontaine Elise. Ces eaux thermales, sul-
furées sodiques, chlorurées, iodo-bromurées et
ferrugineuses, sont connues dès l'époque ro-
maine ; elles émergent d'un terrain où domi-
nent les calcaires de transition. Leur densité
est de 1,00349, et leur température de 55".
AIX, île et ville fortifiée (Charente-Infér.),
à l'embouchure de la Charente et au S.-E. de
La Rochelle, dont elle défend l'entrée du port;
450 hab.
AIX (les), ch.-lieu de cant. (Cher), arrond.
de Bourges; pop. aggl. 1,282 hab. — pop. tôt.
1,594 hab. L'église paroissiale est un édifice
remarquable.
• A1XE, ch.-lieu de cant. (Haute- Vienne),
arrond. de Limoges; pop. aggl. 1,709 hab. —
pop. tôt. 3,119 hab. Ruines d'un ancien châ-
teau qui fut le refuge de Henri le Vieux, roi
d'Affgleterre.
A1X-EN-OTHE, ch.-l. de caut. (Aube), ar-
.rond. de Troyes ; pop. aggl., 1,444 hab. —
pop. tôt., 2,023 hab.
AIX-LA-CHAPELLE, ville d'Allemagne, dans
la Prusse rhénane, qui fut la résidence favo-
rite de Charlemagne , et où les empereurs
d'Allemagne se firent couronner jusqu'en 1531.
Sources thermales déjà célèbres au temps dés
Romains; 52,000 hab. Nombreuses fabriquesde
drap, produits chimiques, couleurs, cuirs ^'im-
portation annuelle des laines dépasse 9,000,000
de francs ; fabrication considérable d'épingles,
d'aiguilles et de dés à coudre. Deux traités
fameux y ont été conclus : celui de 1668(2 mai),
entre la France et l'Espagne , qui assura la
Flandre à la France, et celui de 174S (18 oc-
tobre), oui termina la guerre de la succession
d'Autriche. Le congrès d'Aix-la-Chapelle, en
1818, délivra la France de l'occupation étran-
gère.
Monuments : La cathédrale, aussi appelée
Munster ou Dame. Commencée en 796 , sous
Charlemagne, qui la dédia à. Notre-Dame, cette
église est un des plus beaux monuments de
l'ancienne architecture , bien qu'elle ait été
construite à diverses époques et jusque dans
les temps modernes. « Si l'on aborde par la
façade cette historique et fabuleuse église, dit
M. V. Hugo, voici comme elle se présente : un
portail du temps de Louis XV en granit bleu,
avec des portes de bronze du vmc siècle, adossé
à une muraille carlovingienne qui surmonte un
étage de pleins cintres romains. Au-dessus
de ces archivoltes, un bel étage gothique riche-
ment ciselé, où l'on reconnaît l'ogive sévère
du xive siècle; et pour couronnement une
ignoble maçonnerie en briques, à toit d'ardoise,
oui date de ce siècle. Si l'on arrive à la cathé-
drale par le chevet, l'effet est tout autre, la
haute abside du xiv<= siècle vous apparaît dans
toute son audace et dans toute sa beauté, avec
l'angle savant de son toit, le riche travail de
ses balustrades, la variété de ses gargouilles,
la sombre couleur de la pierre, et la transpa-
rence vitreuse de ses immenses lancettes...
aJa "
Entre l'abside et le portail, dans une espèce de
trou où toutes les lignes de l'édifice s'écroulent,
se cache, à peine relié à la façade par un joli
pont sculpté du xiv« siècle, le dôme byzantin,
a frontons triangulaires, qu'Othon fit bâtir au
xe siècle au-dessus du tombeau même de
Charlomagne. » On- remarque principalement
dans la cathédrale la magnifique lampe circu-
laire, en cuivre et en argent, donnée au
xiie siècle par Barberousse ; le tombeau de
Charlemagne; le fauteuil de marbre trouvé
dans ce tombeau, et qui a servi au couronne-
ment des empereurs ; mais surtout un grand
nombre de "reliques , et notamment un jupon
de laine de la Vierge Marie, les langes de
l'Enfant Jésus , le drap que Jésus avait sur
la croix autour des reins et le mouchoir qui
enveloppait la tête de Jean; ces grandes reli-
ques sont exposées tous les sept ans, ainsi que
les petites reliques, dont les principales sont :
la ceintura de Marie, le saint suaire de Jésus,
renfermés dans des caisses dorées ou argen-
tées et dans des vases magnifiquement ciselés.
Charlemagne avait reçu une partie de ces re-
liques, en 799, de Jean, patriarche de Jérusa-
lem; une autre partie lui fut donnée en 806,
par Haroun-al-Raschid ; enfin le reste lui fut
envoyé de Constantinople. Le sarcophage, dans
lequel reposait autrefois Charlemagne, est en-
fermé actuellement dans une armoire. C'est un
magnifique cercueil en marbre de Paros, sur
la face antérieure duquel est sculpté, du ciseau
le plus magistral, l'enlèvement de Proserpine.
« Ce bas-relief est un poème,» dit M. V. Hugo.
On n'est pas d'accord sur la destination primi-
tive de ce précieux marbre, et sur l'emploi
qu'il reçut en passant de l'Italie dans le monde
barbare.
L'Hôtel de ville (Rathkav.s) . Ce monument
s'élève auprès de la cathédrale, et, comme
elle, il est composé de plusieurs autres édi-
fices. « Des deux côtés d une sombre façade à
fenêtres longues, étroites et rapprochées, qui
date de Charles-Quint, se dressent, dit M. V.
Hugo, deux beifrois, l'un bas, rond, largo et
écrasé ; l'autre haut, svèlte et quadrahgulaire.
Le second beffroi est une belle construction du
xivc siècle. Le premier est la fameuse tour de
Granus (fondateur d'Aix-la-Chapelle) qu'on a
,peine à reconnaître sous l'étrange clocher dont
elle est coiffée. Au bas de la façade »e déve-
loppe un vaste escalier, qui rappelle celui de
la cour du Cheval-Blanc, à Fontainebleau. »
C'est sur cet emplacement, dans cette tour
romaine peut-être, qu'est né Charlemagne.
L'intérieur de l'édifice est fort beau , et l'on
remarque surtout la grande salle du troisième
étage, dite la salle impériale, qui a 54 mètres
delong sur 26 de large, et est ornée de fres-
ques par Rethel. A Fétage inférieur sont les
salles du conseil municipal et des mariages.
C'est dans la grande salle impériale que se
tinrent les congrès de 1748 et de 1818. La res-
tauration de l'hôtel de ville se fait avec le pro-
duit des jeux de hasard.
AIX-LES-BA1NS, ch.-lieu de cant. (Savoie),
arrond. d'Albertville, près du lac du Bourget;
pop. aggl, 3,059 hab. — pop. tôt. 4,253 hab.
Squrces thermales déjà renommées sous les
Romains ; arc de Campanus, monument d'ordre
toscan élevé au me siècle ; restes d'un temple
de Diane, dont la cella mesure 10 mètres 70
centimètres de long ; bains romains et piscine
antique; château d'Aix-Sommarina, qui .date
du xvi»; siècle, bel escalier gothique.
aixois, oises. et adj. (ek-soa, oa-zo— rad.
Aix). Géogr. Habitant de laville d'Aix; qui
appartient à cette ville ou à ses habitants.
AiXOLÉNlA s. f. (èk-so-lé-nia — du gr.
aux, chèvre). Astr. Un des noms de la constel-
lation de la Chèvre.
AIZENAY, commune du dép. de la Vendée,
arrond. de Napoléon-Vendée ; pop. aggl. 977
hab. — pop. tôt. 3,800 hab.
AÏZOÏDÉ, ÉE adj. (a-i-zo-i-dé— rad. aïzoon).
Bot. Qui ressemble à l'aïzoon.
— s. f. pi. Groupe de plantes qui renferme
les familles des ficoïdées, des tamariseinées ,
des amarantacées, des airiplicées et des phy-
tolacces.
AJA
16?
i. (a-i-zo-on — du gr. aehôon,
joubarbe). Bot. Genre de plantes grasses ap-
partenant à la famille des ficoïdées, et renfer-
mant environ quinze espèces , dont plusieurs
croissent sur les bords de la Méditerranée ou
dans les régions voisines. En Espagne et aux
Canaries, on les brûle pour en retirer la po-
tasse, qu'elles renferment en grande quantité.
aÏzoonie s. f. ( a-i-zo-o-ni — du gr. aei-
zâon, joubarbe). Bot. Genre de plantes de la
famille des saxifragées.
AÏZOOPS s. m. (a-i-zo-opss — du gr. aei-
zàon, joubarbe ; opsis, apparence). Bot. Sub-
division du genre drabe.
• AIZYs. m. (è-zi). Agric. Dans le départem.
du Nord, Nom que l'on donne au ble niellé.
AJACCIO , ch.-lieu du dép. de la Corse et
port de mer sur la côte occidentale de l'ilo, à
240 kil. de T«ulon et 1,028 kil. de Paris; pop.
aggl. 12,006 hab. — pop. tôt. 14,09Shab. L'ar-
rond. a 12 cant., 74 comm., 61,451 hab. Evê-
ché ; maison où naquit Napoléon I", le 15
août 1769 ; citadelle bâtie en 1554 ; cathédrale
construite par les soins de Grégoire XIII, sur-
montée d'une coupole élégante qui rappelle
l'architecture italienne au xvie siècle ; com-
merce de corail, de vins, huiles, oranges , ci-
trons, etc.
AJA1N, commune du dép. de la Creuse, ar
roud. de Guéret; pop. aggl. 214 hab. — pop.
tôt. 2,012 hab.
AJAN (Cflie &') , contrée orientale de l'Afri-
que, bornée au N. par l'Adel, à 1!E. par la
mer des Indes, au S. par le Zanguebar ; 150,000
hab. Une partie de ce pays n'est qu'un désert
aride et stérile, où errent seulement quelques
autruches. Les côtes sont habitées par des .
Arabes^mahométans , et l'intérieur par des
nègres fétichistes. On en tire de l'or, de l'ambro
gris, de l'ivoire, de la myrrhe etd' autres aro-
mates.
AJAR s. m. (arjar). Moll. Nom donné par
Adanson à une coquille du genre cardite.
AJAX, nom de deux héros grecs , les plus
vaillants , après Achille , de ceux qui s'illus-
trèrent devant Troie :
l° Ajax, fils d'Oïlée ,' était roi de Locres.
Homère le représente comme le plus fier de ■
tous les Grecs, adroit à tirer de l'arc et à
lancer le javelot, et surpassant à la course
tous ceux qui osaient lui disputer lo prix. Troie
ayant été prise, il entra dans le temple de
Minerve, et, de ses mains encore fumantes, il
enleva Cassandre, prêtresse de la déesse, après
lui avoir fait violence dans le temple même.
échoua, et Àjax, luttant contre la destinée^ So
réfugia sur la pointe d'unTocher, d'où il. défiait
encore les dieux, en levant contre le ciel un
poing menaçant. Neptune indigné frappa le
rocher de son trident, et Ajax fut englouti
dans les flots.
2" Ajax. fils de Télamon, roi de Salaminé,
conduisit devant Troie une flotte de douze
vaisseaux. Ayant été désigné par le sort, il
lutta contre Hector dans un combat singulier,
entre les deux armées. Ils. combattirent un
jour tout entier, et se séparèrent après s'être
fait de mutuels présents. La valeur du bouil-
lant Ajax allait jusqu'à défier les dieux. Un
jour qu'une divinité* tutélaire de.Troie avait
enveloppé d'un nuage les deux armées pour
favoriser la fuite des Troyens :
« Grand dieu, rends-nous le jour et combats
contre nous, » s'écria le fils de Télainon. Après
la mort d'Achille, il disputa les armes du héros
à Ulysse', qui l'emporta sur lui par son artifi-
cieuse éloquence. (V. Disputer.) Irrité de ce
que les Grecs estimaient plus les conseils et
les discours que le courage eÇ l'a vaillance, il
fut pris tout à coup d'une' folie furieuse, et sa
jeta pendant la nuit au milieu des {rqiipèaùx
de l'armée, qu'il égorgea, les prenant pour des
guerriers. Le jour ayant éclairé son 'erreur,
il se tua de désespoir pour échapper &' l'hu-
miliation d'avoir servide ris1- *■ '""- '--'"'--— '
Len
à tous lès Grecs.
d'Ajax est resté synonyme de Guerr
■épide, bouillant et impétuet
«Si M. de Villèle, toujours 'maître de lui,
était l'Ulysse de la tribune , M. de la Bour-
donnaye, le chef de la contre-opposition de
droite, emporté, plein de saillies, en était
l'Ajax. » A.' Nettement.
« Lorsque nous serons courbés sous' le poids
des années , nous raconterons à nos enfants
étonnés cet abri, ce repos, ces joies du bivouac,
quand, à la fin des journées remplies par des
marches surhumaines et charmées seulement
par des périls sans cesse renaissants, un signal
de VAjax de notre épopée nous permettait de
faire halte où nous étions, de nous jeter sur "
un sol détrempé par les pluies ou. chargé de
frimas, de fermer la paupière sous le ciel brû-
lant des Castilles ou sur les neiges glacées de
la Moscovie. » Salvandy.
i la v
Deux autres circonstances d .
Ajax : Ajax menaçant le ciel et Ajax appelant
la clarté du jour pour combattre ,'ont égale-
ment enrichi la langue d'allusions expressives
et poétiques : • .
« Vous voyez en moi, mo dit le bibliomane,
le plus malheureux des hommes 1 Ce volume,
c'est le Virgile de 1676, en grand papier, dont
je pensais avoir l'exemplaire géant, et il l'em-
porte sur le mien d'un tiers de ligne en hau-
teur. Des esprits ennemis ou prévenus pour-
raient même y trouver la demi-ligne. Un tiers
de ligne, grand-Dieu I
« Un tiers de 'ligne! » répéta-t-il» en' mena-
çant le ciel d'un poing furieux, coinmé Ajax.»
Ch. Nodier. ,
i La poésie contemporaine; n'avait pas, il y
a quinze ou vingt ans, d'adversaire plus vio-
lent et plus hautain que M. Gustave Planche.
Aucun Ajax, envahi déjà sur son rocher par
les vagues inévitables, ne montrait un poing
plus furieux à Jupiter.» A. Vacquerib. ..
« Du plus loin qu'il voyait poindre l'image
de Roger, Claude retombait dans son ombre ;
son front se voilait, ses yeux s'éteignaient dans
leur orbite, et ce diable de nez, comme lepoing
d'Ajax défiant les dieux, se remettait a ir
cer le ciel. »
J. Sandeau.
• Nous aspirons tous à la primauté. Mais
ici ce qui arrive : Quand l'homme , ainsi,
ivre de lui-même , regarde autour de lui,
168
AJO'
trouve- 1- il un spectacle correspondant aux
illusions de son orgueil ? Non, il trouve tout
le contraire, il trouve des rangs formés où il
n'a point sa place. Et en voyant cela, l'homme
s'indigne ; comme Ajax prêt à mourir mena-
çait du tronçon de l'épée la majesté des dieux,
son orgueil irrité porte à tout le défi. •
• Le marbre animé parle aux yeux :
Une autre Vénus plus fCconde,
Très d'Hercule victorieux,
Etend son flambeau sur la monde.
Ajax, de son pied furieux.
Insulte au (lot qui se retire;
L'œil superbe, un bras dans les cieux,
■ J'échapperai malgré les dieux. •
« Le jésuite Berthier, grand et célèbre di-
' recteur du Journal de Trévoux, est à la tète
do cette belle entreprise, qui tend à décrier
auprès du dauphin les hommes les plus éclai-
rés de la nation. Ces gens-là sont le contraire
d'Ajax; ils ne cherchent que la nuit pour se
battre; mais laissons les dire et faire; la rai-
son finira par avoir raison; malheureusement
vous et moi nous n'y serons plus quand ce bon-
heur arrivera au genre humain. »
Voltaire.
« Je laisse faire, et je m'occupe jour et nuit
à préparer une édition plus ample et plus cor-
recte. Une première édition n'est jamais qu'un
essai. Ni le Siècle, ni Rome sauvée ne sont ce
qu'ils seront. Je demande seulement de la santé
au ciel, comme Ajax demandait du jour. »
Voltaire.
Ajoi . tragédie de Sophocle. Après la mort
d'Achille, les chefs des Grecs, réunis en assem-
blée, donnèrent à Ulysse les armes du héros ;
Ajax les lui disputa vainement. Sophocle sup-
pose qu'Ajax, furieux du triomphe de son
rival , s'est levé la nuit pour aller tirer ven-
geance de cet affront. « Minerve, la protectrice
des Grecs, a troublé ses sens et détourné sur
les troupeaux, qui formaient le butin de l'ar-
mée, les coups destinés à Ulysse, aux Atrides
et aux autres chefs. Après s'être rassasié de
carnage, Ajax est rentré dans sa tente, con-
duisant enchaînés quelques-uns de ces vils
animaux sur lesquels s'est égarée sa colère.
Tout à coup sa raison lui est rendue, il voit
dans quel abime l'a jeté le courroux des dieux,
il mesure l'étendue de son infortune et se dé-
cide à sortir d'une vie déshonorée. » C'est
l'accomplissement de cette résolution qui fait
le sujet de la tragédie de Sophocle.
Le passage le plus remarquable est sans
contredit le monologue d'Ajax luttant contre,
les images ravissantes de la vie qu'il va per-
dre. ■ Adieu le jour; adieu la'patrie, le foyer
de ses pères, les compagnons de son enfance,
cette Athènes, voisine de Salamine, Athènes,
dont le seul nom prononcé dans cette énumé-
ration pathétique devait charmer les oreilles
délicates des auditeurs de Sophocle 1 Ajax
n'oublie rien dans ses adieux ; il a des larmes
pour Troie elle-même , pour ses fleuves , ses
combats et de gloire lui ont fait une autre
patrie. C'est l'Argant du Tasse qui, chancelant
sous l'épée de Tancrède et les yeux déjà obs-
■curcis par les ombres de la mort, jette un re-
gard attendri sur les murs de Jérusalem, qu'il
a si longtemps défendus. Enfin Ajax prononce
encore le nom de ses parents chéris ; ce seront
' ses derniers mots , il n'en doit plus proférer
que dans les enfers. • (Patin.)
AJAXTIES s. f. pi. (a-jak-sti — de Ajax,
n. pr.). Antiq, gr. Fêtes célébrées en l'hon-
neur d'Ajax.
AJicuBE s. m. (a-ji-ku-be). Bot. Arbrisseau
du Japon.
. ajo s. m. (a-jô). Bot. Espèce de narcisse à
fleur jaune.
AJOINTANT (a-jou-ain-tan) part. prés, du
v. Ajointer.
AJOINTÉ, ÉE (a-jou-ain-té) part. pass. du
v. Ajointer.
AJOINTER v. a. ou tr. (a-jou-ain-té — rad.
joint). Techn. Joindre des tuyaux bout à bout,
ou placer deux planches l'une contre l'autre.
S'ajointer, v. pr. Etre ajointé : Ces tuyaux
et ces planches S ajointent difficilement.
ajonc s. m. (a-jon). Bot. Arbrisseau épi-
neux, à Heurs jaunes, appartenant à la famille
des légumineuses et a la tribu des lotées.
L'ajonc d'Europe, appelé communément lan-
dier, vient çà et la dans les lieux socs et arides
de la plupart des provinces de France. On
remploie en Bretagne comme fourrage, après
l'avoir écrasé sous la meule. On s'en sert aussi
pour faire des haies, et on l'admet même quel-
quefois dans les plantations d'ornement. Va-
jonc nain, connu vulgairement sous le nom de
bruyère jaune, croît également dans les lieux
arides, sur les coteaux incultes, jiarmi les
buissons. Il est brouté par les bestiaux, mais
on ne le cultive pas : C'est un endroit bien triste,
où il ne pousse que de la bruyère et des ajoncs.
(G. Sana.) Ces plaines immenses, unies comme
un lac, sont couvertes de bruyères roses et
cf ajoncs d'un jaune d'or, que la brise du soir
AJO
fait doucement onduler, ainsi qu-une nappe tfe
verdure et de fleurs. (E. Sue.) Aux alentours
de la haie , je piétinai sur l'herbe, j'ouvris un
passage à travers les ronces, je foulai les brous-
sailles, j'écrasai les ajoncs, pour simuler 'la
fuite d'un voleur. (J. Sandeau.)
AJOUPA s. m. (a-jou-pa — mot ind.) Hutte
élevée sur des pieux et recouverte de bran-
chage, de feuilles ou de jonc, chez les sau-
vages et dans les colonies : Si la mort nous
surprend dans ces bois, j'ubattrai un palmiste,
et je ferai avec ses feuilles un ajoupa pour te
mettre à l'abri. (B. de St-P.) Cinq personnes
étaient réunies dans l'intérieur d'un ajoupa,
d'où sortait, à l'extérieur, la fumée des tiges
de cardasses , allumées pour donner la chasse
aux murinaouins. (Rog. de Beauv.) n Abri
momentané construit par les marins qui abor-
dent sur une côte inhabitée.
ajour s. m. (a-jour — de à et jour). B.-
arts. Ce qui est à jour dans la sculpture pro-
prement Site ou dans la menuiserie sculptée :
On ne trouve de traces d'abat-sons antérieurs
au xve siècle que dans les manuscrits. Ils
étaient souvent décorés cFajours, de dents de
—'- etc. (Viollet-le-Duc.)
Ane. jurisi
qui s'en est foi _ ... ^
a Valenciennes à l'ensemble des poursuites
faites par le créancier d'une rente dont trois
termes étaient dus.
tour, d'un bâtiment quelconque, quand elles
sont d'un émail particulier. Famille d'Abo-
ville ; de sinople, au château de trois tou-
relles crénelées d argent, ajourées et maçon-
nées de sable, celle du milieu plus haute que
les autres. — Se dit des pièces qui sont per-
cées à jour de manière a laisser voir l'émail
du champ. Peu employé, n Rétif de la Bre-
tonne a fait entrer ce mot dans la langue
littéraire, et dans le sens d'Eclairé : Une cha-
tière ajourée par deux carreaux de papier
huilé me servait de fenêtre.
ajournable adj. (a-jour-na-ble — rad.
ajourner). Qui peut, qui doit être ajourné;
que l'on peut ajourner sans inconvénient :
Projet ajournable. Décision ajournable.
AJOURNA, ÉE '{a-jour-né) part. pass. du v.
Ajourner. Remis a un autre jour : Discussion
Notre partie
— Jurispr. Remis, ronvoyé à un autre
jour : Cause ajournée. Témoins ajournés, il
Peut s'empl. substantiv. en parlant des per-
sonnes ajournées : Mais quand faudra-t-il re-
venir? demanda avec humeur un des ajournés.
(Balz.)
— Hist. L'Ajourné, Surnom de Ferdinand IV,
roi de Castille et de Léon. Ce prince ayant
fait précipiter du haut d'un rocher les deux
frères Carvajal, accusés d'assassinat, ceux-ci
l'ajournèrent à comparaître devant Dieu dans
trente jours, et, en effet, il mourut au bout
de ce terme : de là son surnom.
n. (a-jour-ne-man —
rad. ajourner). Action de remettre à un autro
jour : Ajournement d'une a/faire, d'un voyage.
Les victoires des autorités que le respect ne dé-
fend plus ne sont que des ajournements de
leur défaite. (Le P. Félix.) L'impuissance
n'est ingénieuse et féconde que dans l'art de
concevoir des prétextes ^'ajournement qui
l'aident à s'abuser elle-même. (E. de Gir.)
— Dans les chambres délibérantes, Renvoi
d'une discussion à une autre époque : Propo-
ser, adopter, voter,' repousser /'ajournement.
— Au palais, Assignation, sommation de
comparaître en justice à jour fixe : Ajourne-
ment à bref délai. Ajournement indéterminé.
Le jour de la signification ni celui de l'é-
chéance ne sont jamais comptés pour le délai
général fixé pourries ajournements. (C. de
procéd.)
— Ane. procéd. Ajournement personnel, Assi-
gnation donnée à quelqu'un, en vertu d'une
ordonnance ou d'un décret du juge, pour com-
Saraître en personne et répondre sur les faits
ont il est accusé. Il Ajournement à ban ou d
cri public j Ajournement donné à son de
trompe, au lieu où se faisaient d'ordinaire les
criées et proclamations. Il était particuliè-
rement en usage contre les contumax, les
vagabonds et les criminels.
AJOURNER v. a. ou tr. (a-jour-né — rad.
jour). Renvoyer, remettre a un autre jour,
différer : Ajourner une affaire. Ajourner
une partie de plaisir. Ajourner une opéra-
tion, un mariage. Il lui promettait la croix
de la Légion d'honneur, mais il /'ajournait au
jour où il serait assis sur fes bancs du centre
gauche. (Balz.) // ajourna sa réponse au mo-
ment où il pourrait se lever et s'occuper d'af-
faires. (Balz.)
— Fig. : Moi qui n'avais pas de temps à
perdre, /ajournai ma pensée. (Napol. 1er.) ju.
chardson, devenu riche, put se livrer à son aise
à ces vagues inspirations de cœur, à ce besoin
de penser, de sentir et d'écrire, qui le tour-
mentaient depuis sa jeunesse,, et qu'il avait
ajournés, afin de s'occuper du sérieux et du
prosaïque de la vie. (Villem.) Mieux vaut
ajourner le suffrage universel que de le
fausser. (Vachèrot.)
— Renvoyer une discussion, une délibéra-
tion, un projet de loi à une autre
unautrejour, ' 1
ic autre session : Louis XVI.
AJO
satu rten répondre, ajourna le conseil, afin de
consulter la reine. (Michelet.)
— Assigner à un jour fixe pour comparaître
en justice; Ajourner quelqu'un devant le tri-
bunal. Ajourner des témoins. Enfin, je l'ai
pris sur le fait, tuant de nuit un mouton; je
l'ai battu, et je l'ai fait ajourner devant mon-
sieur le juge. (Brueys.)
— Par ext. Donner, fixer un rendez-vous :
Je badine selon mon usage, et je vous prie de
ne pas ^n'ajourner où deux braves se coupent
impitoyablement la gorge. (Ch. Nod.)
— S'empl. absol. : Le tribunal ajourne à
huitaine, d quinzaine. La chambre\ ajourné.
Nous sommes deux de l'avis d' ajourner. (F.
Soulié.) Il Par ext. : Il y a des heures suprêmes
dans la vie des nations où les passions ajour-
nent et font silence d'elles-mêmes devant la
gravité d'un événement qui rend tout le monde
prudent. (Lamart.)
S'ajourner, v. pr. Etre ajourné : En sé-
journant, toutes les difficultés s'aggravent.
(E. de Gir.)
ajoutable adj. (a-jou-ta-ble— rad. ajou-
ter). Qui peut, qui doit être ajouté.
AJOUTAGE s. m. (a-jou-ta-je — rad. ajou-
ter). Mécan. Chose ajoutée à une autre.
V. Ajutage.
AJOUTÉ ï
Cequ '
feuille
. (a-jou-té — rad. ajouter).
ijoute à un manuscr-4- -
épreuve : Ceci est un
r aire un grand nombre d' ajoutés.
ajouté , ÉE (a-jou-té) part. pass. du v.
Ajouter : Passage, chapitre ajoute à un livre.
'Expliquer certains mots ajoutés de siècle en
siècle à notre belle langue, ce serait faire une
magnifique histoire. (Balz.)
Sous cette charge immense, ajoutée a son poids,
— Part ext. : Voire gloire ne sera plus qu'un
poids ajouté à votre affliction. (Mass.) Il est
un âge où quelques mois ajoutés à la vie suf-
fisent, pour développer des facultés jusqu'alors
ensevelies dans un camr à demi fermé; on se
couche enfant, on se réveille homme. (Chateaub.)
Une certaine quantité de calorique ajoutée à
un corps solide le change en fluide. (St-Martin.)
— Mus. Se dit d'un son réuni à un autre,
dont il ne fait pas partie essentielle, n Sixte
ajoutée, Sixte qu'on ajoute à l'accord parfait,
et de laquelle cet accord ainsi augmente
prend son nom.
ajoutée s. f. (a-jou-té). Géom. Ligne
ajoutée à une autre pour la prolonger.
AJOUTEMENT s. m. (a-jou-te-man — rad.
ajouter). Action d'ajouter; ce qui est ajouté :
Le parlement prétend que l'enregistrement, en
fait de lois, d'ordonnances, de levées, etc.J est
J'ajoutkment d'une autorité nécessaire et su-
périeure à l'autorité qui peut faire lès lois et
•donnances. (St-Sim.) Vieux et inusit.
AJOUTER v. a. ou tr. (a-jou-té — du lat.
ad, à; juxta, auprès). Joindre à une chose
une chose de même nature ou de nature dif-
férente : Cette compagnie n'était composée que
de cinquante soldats; on en a ajouté dix.
(Acad.) Ne pourrions-nous pas ajouter cet ar-
ticle à celui des contradictions? (Volt.) Bien
(Girard.) ^'ajoutez pas de chapitre d un tivre
manqué. (V. Hugo.) Les paysans ne songent
qu'à ajouter un champ à un champ. (Guizot.)
céron. (Littré.
Souffrez qu'à mon logis j'ajoute encore une aile.
La Fontaine.
Il Faire addition d'un nombre : Ajoutez cette
somme à celles que vous avez déjà reçues.
— Par ext. : A ces reproches, ils ajoutaient
les plus affreuses malédictions. (Fén.) A ces
saintes institutions, il ajouta des cérémonies
majestueuses. (Boss.) II serait à souhaiter que
les réflexions que l observateur y a ajoutées
allassent un peu mieux au fait. (J.-J. Rouss.)
Ce que l'on àte à ses nuits, on /'ajoute à ses
jours. (Lantier.)
Est-ce ainsi qu'au parjure on ajoute l'outrage?
Quand à ce grand pouvoir que la valeur vous donne,'
Vous auriez ajoute l'éclat d'une couronne.
. Corneille.
— Fig. : La fourberie ajoute la malice au
mensonge. (La Bruy.) Le plus fort et le plus
pénible est de donner : que coùte-t-il d'y ajou-
ter un sourire? (La Bruy.) La prospéi ité n\-
joute rien à sa grandeur, parce qu'elle s'a-
joute n'en àson mérite. (D'Aguess.) Le malheur
ajoute un nouveau lustre à la gloire. (Fén.)
Ces cir-.onstances ajoutaient alors de la gran-
deur à son discours. (Villem.) Associer le ciel
au crime des hommes, c'est ajouter l'im-
piété à la barbarie. (Bjgnon.) La modestie
ajoute au mérite le même charme que la can-
deur ajoute à la bonté. (De Gérando.) La
vérité n'a jamais besoin de l'erreur, et les om-
bres «'ajoutent rien à la lumière. (Lamart.)
Dieu ne peut rien ajouter au bonheur de ceux
qui s'aiment que de >ur donner la durée sans
fin. (V. Hugo.)
Ajoutez cette grâce a tant d'autres bontés.
Racine.
AJU
— Amplifier, mettre du sien, joindre des
circonstances : Ajouter quelque chose à la
lettre, au conte, au texte. .iY'ajoutons rien du
nôtre à la religion. (Mass.)
— Ajouter foi à quelqu'un, Croire à ce qu'il
dit : On peut lui ajouter foi. (Acad.)
foi à a
— Neutral. Augmenter, donner plus de re-'
lief, plus de lustre : Le malheur ajoute à la
renommée _des grands hommes. La grâce avec
laquelle on donne ajoute au bienfait. (Mass.)
La modestie ajoute au mérite et fait pardonne*
la médiocrité. (La Rochef.) Le droit au travail
ajoute à la force de l'Etat sans ajouter à son
fardeau. (E. de Gir.) L'Etat ne peut procurer
satisfaction aux uns sans ajouter au travail-
des autres. (Bastiat.) Le désœuvrement ajoute
o toutes les douleurs comme à tous les vices.
(Mme de Rémus.) La pudeur est en nous pour
ajouter au plaisir et non pour le réprimer.
(Sénanc.) La singularité ajoute toujours au
prestige du génie. (Thiers.) Rien «'ajoute à
l'insistance d'une offre de service comme ta
certitude d'un refus. (Petit-Senn.) Ma santé
est faible, et cela ajoute beaucoup à mes fa-
tigues de théâtre. (Scribe.)
Mon fils, que la clémence ajoute à votre gloire.
Voltaire.
— Absol. dans ce sens : Ceux gui , après
avoir peint, ajoutent encore, font un tableau
au lieu d'un portrait. (Pasc.)
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Boileau.
— Particulièrem. Dire, écrire en outre, de
plus : Ces grands hommes si célèbres parmi les
gentils, ef j'ajoute trop estimés des chrétiens.
(Boss.) Le roi, ajoutait-iV, est le père de son
peuple. (Fén,) Quel est, ajouta aussitôt Télé-
maque,cet homme si triste? (Fén.) Mais, ajou-
tait cette enfant avec un sang-froid déplora-
ble, je voudrais qu'elle mourût. (Esquiros.)
Rassuré, cj'outa-t-il, les tribus alarmées.
Il En ce sens, peut être suivi d'une proposi-
tion complétive : Rajouterai que... Ajoutons
encore que les Romains étaient cruels envers
leurs ennemis. (Boss.)
S'ajouter, v. pr. Etre ajouté : Une contra-
riété réelle venait s'ajouter à sa peine secrète.
(G. Sand.) Le bonheur s'ajoute ordinairement
à la vertu. (V. Cousin.)
— Syn. Ajouter, ntigmonier. Ajouter fait
entendre qu'on joint des choses différentes, ou
aue, si elles sont de la même espèce, on les
joint de façon qu'elles ne soient pas confon-
dues ensemble : L'auteur des Guèbres a beau-
coup ajouté à son ouvrage, et j'ai été assez
content de ce qu'il a fait de nouveau. (Volt.)
Augmenter marque qu'on rend la chose ou
plus grande ou plus abondante, de manière
que l'addition ne fasse avec elle qu'un tout :
Il augmenta, dans un peuple déjà si libre, l'a-
mour de ta liberté. (Boss.)
— Antonymes. Amoindrir, déduire, défal-
quer, détacher, diminuer, éliminer, escompter,
extraire, ôter, priver de, retirer, retrancher,
supprimer.
AJOUTOIR s. m. (a-jou-toar), V. Ajutage.
ajouvÉ s. m. (a-jou-vé — nom caraïbe).
Bot. Laurier de la Guyane, dont le fruit con-
tient un noyau à amande huileuse et aroma-
tique.
AJOUX s. m. (a-jou).. Techn. Nom donné
aux lames de fer employées par les tireurs
d'or pour retenir les filières.
AJUGA s. m. (a-ju-ga). Bot. Genre de
plantes de la famille des labiées, plus connu
i vulgaire do bugle.
ajugoÏDÉ, ÉE adj. (a-iu-go-i-dé— du lat.
ajuga, bugle, et du gr. eidos, fo x "_i " "
ressemble à l 'ajuga ou bugle.
le). Bot. Qui
.. f. pi. Bot, Tribu de la famille des la-
biées, ayant pour type le genre ajuga.
AJUNTAMIENTO s. m. V. Ayuntamiento.
AJUST ou ajut s. m. (a-ju). Mar. Sorte
de nœud facile à délier, servant à joindre les
deux bouts d'un cordage rompu, ou deux cor-
dages que l'on veut reunir momentanément
pour leur donner plus de longueur.
ajustage s. m. (a-ju-sta-ie — rad. ajus-
ter). Dans les manufactures d'armes et chez
les mécaniciens, Série d'opérations qui ont
pour but do convertir en pièces finies des
pièces qui ne sont qu'ébauchées, ou de don-
ner le dernier coup de main à des pièces qui
demandent à être montées, polies, etc. : C'est
surtout avec la lime que s'exécutent presque
tous les travaux ^'ajustage. Dans l'horlogerie,
^'ajustage est une opération très-importante.
/.'ajustage est la dernière et la plus délicate
de toutes les opérations de la construction des
machines; il comprend le tournage des pièces,
leur planage, leur forage, leur mise en accord
à la lime, et leur pose ou montage; de lui dé-
pend presque uniquement la manière dont fonc-
tionne l'appareil et même sa durée. (De Bou-
AJU
nefoux.) il Dans la pratique, on dit plutôt
finissage, il Dans l'art du monnayage, Action
do donner le poids légal aux flans des mon-
naies, c'est-à-dire aux pièces de métal desti-
nées à passer sous le balancier pour être
frappées.
ajustant (a-ju-stan) part. prés, du v.
Ajuster : Elle monte à cheval comme le plus
grand e'cuyer, toujours armée, chassant la
grosse bête comme un braconnier, ajustant
comme un garde-chasse. (AI. Duval.)
"AJUSTÉ, ÉE (a-ju-sté) part. pass. du v.
Ajuster. Qui s'adapte : Pièces bien, mal
AJUSTÉES.
— Dirigé, en parlant des armes : Le coup
. était si bien ajusté cette fois, que la balle tra-
versa son feutre, et te fit voler à dix pas de
lui. (Alex. Dum.) il Visé : Un lièvre, un lapin
bien ajuste, mal ajusté.
_ — Habillé, paré : Elle va tous les dimanches
à la messe, ajustée comme les plus grandes
dames de la cour. (Richclct.) Elle était ajus-
tée d'une façon gui donnait un grand relief à
ses charmes. (Le Sage.)
J'ai le soin d'être propre, et si fort ajusté,
Qu'aussitôt qu'on me voit on en est enchanté.
Destouches.
Il Disposé, arrangé : Voyez comme mes canons-
et mes rubans sont bien ajustés. (Mol.) il Tra-
vesti, déguisé : Oh! Covielle, gui t'aurait re-
connu? Comme te voilà ajusté! (Mol.) Il Fam.
Vous voilà bien ajusté, voilà votre habit bien
ajusté, Se dit d'un homme dont les vêtements
sont en désordre ou couverts de boue, n
Ironiq. Maltraité de fait ou de paroles, ' '
Il a été bier ^ " - — ■'— • 1
rÉ. Il a été ajusté de toutes
ït payé ce
i ! joliment ajusté.
tut de ma sincérité.
Destouciies.
- Fig. Accommodé, terminé : L'affaire
• '''■""" ■ •—--■■:. n Contraint, apprêté,
loin d'èh .„, „„„„,,„, „.
mule : L'enfant est naturellement droit et sin-
cère; il n'a rien ^'ajusté, rien de factice.
(Oupan!.) u Accommodé, adapté ; La vérité
ajustée à des erreurs .- là est le danger. (V.
Hugo.) n Se dit également du langage, du
style : Mes lettres sont fort négligées ; mais
c'est mon style, et peut-être qu'il fera plus
d effet qu'un autre mieux ajusté. (Mme de Sév.)
— Jeu. Cartes ajustées, Cartes préparées
pour tromper au jeu : Il a gagné cent mille
écus avec des cartes ajustées. (M»e de Sév.)
— Blas. Se dit de la flèche qui est posée
sur la corde de l'arc prête a être lancée. Peu
usité. On se sert le plus souvent du mot
encoche,
ajustement s. m. (a-ju-ste-man — rad.
ajuster). Action d'ajuster une chose, de la
rendre propre à sa destination : Ajustement
d'une machine, d'une mesure, d'une balance. Il
Disposition, embellissement des différentes
parties d'un bâtiment, d'un jardin, etc.:
votre parc était mieux avant tous ces ajuste-
■ ments. (Trév.) ^'ajustement de sa maison
annonce qu'il a du goût. (Acad.)
— ■ Parure, toilette : Etre recherché, être
négligé dans son ajustement, ses ajuste-
ments. Pour moi, je tiens que Rajustement
est la chose qui réjouit le plus les filles. (Mol.)
Nos ajustements ne sont point nous; souvent
ils déparent à force d'être recherchés. (J.-J.
Rouss.) L'homme glorieux ne néglige rien de
ce gui peut étayer son orgueil ou flatter sa va-
nité : on le reconnaît à la richesse ou à la re-
cherche de ses ajustements. (Buff.) Madame
de Montespan assurait qu'elle ne pouvait être
contente de son ajustement que quand made-
moiselle de La Vallière y avait mis ta dernière
main. (M'ie de Cayius.) Elle n'osait faire un
mouvement de peur de laisser tomber les fleurs
de son front ou de froisser son ajustement.
(Lamart.)
Sou» cet ajustement, voua êtes adorable.
Destouches.
Quiconque à son mari veut plaire seulement,
Ma bru, n'a pas besoin de tant d'ajustement.
Molière,
De quelque riche ajustement
Que puisse se parer une ieune personne,
Que ceux que sa beauté lui donne.
Sallentin.
fl Se dit aussi 'des parties de l'habillement
qui servent à la parure : Mettre ses plus beaux
ajustements. Les femmes gui sont capables
d étude ont encore plus d'empressement pour
leurs livresque pour leurs ajustements, (Fén )
C'était tout au plus s'il lui laissait coudre ses
ajustements. (G. Sand.)
Et la dernière main que met à sa beauté
C'est un ajustement des mouches emprunté.
La Fontaine.
Il Fig. : Souvent les lectures que les femmes
font avec tant d'empressement se tournent en
parures vaines et en ajustements immodestes
de leur esprit; souvent elles lisent par vanité,
comme elles se coiffent. (Fén.) Là sévérité des
femmes est un ajustement et un fard qu'elles
ajoutent à. leur beauté. (LaRochef.) La frivo-
lité est un ajustement qui ne va pas à la taille
de l'homme. (S. Dubay,)
— Accommodement , moyen do concilia-
tion : Il faut chercher quelque ajustement à
cette affaire, à ce différend. Ils ne connaissent
point ces relâchements, ces ajustements,
AJU
comme on parle aujourd'hui en Italie. (J.-L.
Balz.)
— B.-arts. Disposition dos accessoires d'un
tableau, des draperies d'une statue, des dé-
tails d'architecture.
— Hortic. Ajustement d'une fleur, Arrange-
.ment de ses feuilles, dans le dessein de répa-
rer ses défauts naturels et de lui rendre U
forme agréable qu'elle doit avoir.
— Techn. Action de réduire les flans des
monnaies au poids qu'ils doivent avoir avant
d'être frappés.
— Syn. Ajustement, pamro. Ce qui appar-
tient à l'habillement complet, quel qu'il soit,
est ajustement; ce qu'on ajoute d'apparent et
de superflu est parure : Un ajustement de
goût est plus avantageux à la beauté que de
riches parures. (Guizot.)
AJUSTER v. a. ou tr. (a-ju-sté — de à et"
juste). Rendre juste, conforme à l'étalon :
Ajuster un poids. Ajuster une mesure, il
Ajuster une pièce de monnaie, Lui donne* le
poids légal, n Ajuster une balance , Mettre ses
deux plateaux en parfait équilibre.
— Accommoder un objet de façon qu'il s'a-
dapte à un autre : Ajuster un couvercle à
une boite, un châssis à une fenêtre. Il Mettre
une chose en état de fonctionner : Ajuster
un ressort, une machine, une'serrure. Brigaut
passa toute la nuit à raboter et ajuster la
bière de Pierrette. (Balz.)
— Par est. :
Etc'est ce même Dieu de qui la main puissante
De ma frêle machine ajuste les ressorts.
De Chaulieu.
— Embellir, disposer : Ajuster un château,
un parc. Ajuster un salon. Il se divertit fort
à faire ajuster cette maison. (Mme de Sév.)
h lie s amusa à faire ajuster l'appartement de
M., de Montpensier. (Mme de Sov.)
— Habiller, parer : Ses femmes de chambre
ne peuvent jamais venir à bout de /'ajuster à
sou gré. (Acad.) Vous permettes que cette fille
achève de «'ajuster. (Marivaux.) n Arranger,
disposer avec soin, en parlant des choses de
toilette : Ajustons un peu nos cheveux , au
moins, et soutenons notre réputation. (Mol.)
Elle s'amusa à ajuster sa cravate avec plus
de distinction, qu'il ne savait le faire. (G. Sand.)
J'entendis le cliquetis des dés, des aiguilles,
des ciseaux de femme gui ajustaient des ru-
bans, qui épinglaient des fichus. (Lamart.)
Mademoiselle, en faisant froide mine,
Ne daigne pas aider a la cuisine ;
Elle se mire, ajuste son chignon.
Voltaire.
— Iruniq. Maltraiter en paroles ou en ac-
tions : Molière' À. ajusté de toutes pièces mes-
sieurs les médecins. (Trév.)
Un chien de cour
Wajmtenc
— Accorder : Ajuster un tuyau d'orgue.
Prenez, bergers, vos musettes ;
Ajustei vos chalumeaux. Molière.
Il Proverbialem. et fam. Ajuster ses flûtes,
Préparer ses moyens de succès, n Se mettre
d'accord, s'entendre sur ce qu'on doit faire ■
Tâches ^'ajuster vos flûtes.
— Fig. Concilier, mettre d'accord : Ajuster
deux personnes. Ajuster un différend, une
querelle. Il est difficile de les ajuster l'un
avec l'autre. (Acad.) Il vous faut l'entremise
d'un homme de tête pour ajuster ce différend.
(Destouches.) I) Dans un autre ordre d'idées :
Comment ajustez-bous ensemble la dévotion
et la coquetterie? (Trév.) Mais cette réputation
de valeur si essentielle à voire état, comment
Rajuster avec l'humilité? (Mass.) Rarement
on ajuste la réputation à la vertu. (St-Evrem.)
Nous trouvons toujours le moyen ^'ajuster
notre morale à nos goûts, et même à nos t>as-
--■— (Mme de Salm.) e
■X fourches Ûèrcs
Ils s;
ït ajuster leur zèle a'
Molière.
il Faire concorder , mettre en rapport, en
harmonie ; Ajuster des textes, des passages.
Comment a justez-bou/ ces deux passages op-
posés? (Acad.) Cet auteur ajuste les passages
à sa mode. (Boss.) n Dans ce dernier sens, se
dit aussi du style, du langage : Les gens qui
parlent si bien devraient ajuster leurs paroles
avec assez d'art pour ne pas se contredire eux-
mêmes. (Fén.) Isocrate a employé dix ou quinze
ans à ajuster les périodes de son panégyrique,
(Pén.) Il a fallu des siècles pour ajuster une
phrase, et bien d'autres siècles pour la peindre
(Volt.) Mon enthousiasme pour tout homme qui
aligne quelques vers, ou qui ajuste quelques
phrases, ou qui déclame quelques harangues, a
beaucoup baissé depuis. (Lamart.)
Quand vous voudrez écrire, ajustez mieux vos contes.
Le loup fut u:
qu'il pût il ajustât l'hi
— Viser, faire en sorte d'atteindre : Ajuster
un homme. Ajuster un lièvre, un oiseau. C'est
sur les ports de mer que l'on peut ajuster les
martinets le plus à son aise. (Buff.) il Absol. -.Le
gibier est parti trop vite, je n'ai pas eu le
temps d'AJUSTER. (Acad.) Il ajuste, le coup
part et la bête avec lui. (Valinc.)
— Ajuster son coup, Calculer, combiner son
coup de manière à frapper juste : Il ajusta
si bien son coup qu'il mit bas te chevreuil, u
AKA
Ajuster son fusil, En régler la position en
raison du but à atteindre.
— Fig. Prendre toutes les mesures, toutes
les précautions possibles pour atteindre un
but: Il avait, chasseur patient, ajusté son
coup pendant dix ans, et il avait manqué son
coup. (Balz.)
Ce sont des conseillers fidèles
Dont il prend les avis pour ajuster ses coups.
Corneille.
— B.-arts. Disposer toutes les parties, tous
les détails d'une œuvre d'art, d'une manière
d'un tableau. Ajuster les draperies d'ui
— Hortic. Ajuster une fleur, En disposer
les feuilles , de manière que la fleur en pa-
raisse plus large; il Placer dans un bel ordre
les pétales d'une fleur épanouie.
' — Mar. Faire un ajust, ou- donner plus de
longueur à une amarre.
— Manég. Ajuster un cheval, Le dresser.
Cette express, a vieilli, n Ajuster les rênes, Les
égaliser : C'est lui qui ajustait les rênes, qui
resserrait les sangles de son cheval. (Lamart.)
— Manuf. Ajuster les lisses, Leur donner
l'élévation convenable.
S'ajuster, v. pr. S'adapter, être en rapport
'parfait : Ces deux pièces s'ajustent fort bien.
Voilà une clef qui s'ajuste à votre serrure.
— Fig. Se conformer, s'accommoder à : Il
faut savoir s'ajuster au temps, aux circon-
stances. Ne voyez-vous pas bien que tout ceci
n'est fait que pour nous ajuster aux visions
de votre mari? (Mol.) Tâchez de vous ajuster
auxmceurs. (Mme de Sév.) Lanature del'homme
est souple et s'ajuste à tout. (Joubert.) Cet
expédient s'ajustait assez avec la manière dont
il entendait arranger l'avenir de sa fille. (Balz.)
Suivons, suivons l'exemple : ajustons-nous au temps.
Laissez donc en repos votre science auguste,
Et que votre science à mon faible s'ajuste.
Molière.
Il Se mettre d'accord, s'entendre : Ils ne sau-
ront jamais s'ajuster. (Acad.)
Elle viendra tantôt elle-même en personne,
Vous vous ajusterez ensemble en quatre mots.
Regnard.
— S'habiller, se parer : S'ajuster avec trop
de soin, trop de recherche. Les femmes sont des
journées à s'ajuster. (Trév.)
Mais le jour du Seigneur, chacun n'ajuste au mieux.
C. Delavione.
— Se préparer, se mettre en posture:
S'ajuster sur les étriers. S'ajuster pour tirer
au blanc. Les joueurs de mail sont longtemps à.
s'ajuster pour frapper la boule. (Acad.)
— Se viser : Elle franchit tes escaliers sans
lumière, sans bruit, et vit son père qui s'ajus-
tait le front avec un pistolet. (Balz.)
— Antonymes. Déranger, désajuster.
AJUSTEUR s.m.(a-iu-steur— rad. ajuster).
Ouvrier qui ajuste les différentes parties
d'une machine pour les mettre en état de
fonctionner. On l'appelle aussi ajusteur-mon-
teur ou simplem. monteur. Dans l'horlogerie,
il est appelé finisseur. Il Celui qui, dans l'art
du monnayage, est chargé de donner aux
flans des monnaies le poids légal.
AJUSTOIR s. m. (a-ju-stoar— rad. ajuster).
■Balance d'une extrême justesse, dans laquelle
l'ajusteur place les flans des monnaies, afin
de s'assurer si elles ont le poids légal. On le
nomme aussi trébuchet. il Atelier des ajus-
AJUSTURE s. f. (a-ju-stu-re— rad. ajuster).
Techn. Petite concavité pratiquée dans un
fer à cheval, pour qu'il s adapte plus facile-
ment au pied.
AJUT s. m. (a-ju). Mar. V. Ajust.
AJUTAGE s. m. (a-ju-ta-je— rad. ajouter).
Hydraul. Bec métallique qu'on adapte à l'ex-
trémité d'un tuyau, destiné à déterminer lo
volume et la forme du jet- d'eau qui s'en
échappe : Ajutage sphérique. Ajutage coni-
que. Ajutage circulaire. L'emploi des aju-
tages dans la construction des cascades, lors-
qu'il est fait avec art, produit des effets qui ,
par leurs dispositions mutuelles, excitent la
surprise et l'admiration. (Francœur.) n On dit
: ajutoir, *
— Mar, Lieu de contact de deux, pièces de
métal jointes ensemble.
— Chim. Petit tuyau de métal ou de caout-
chouc, destiné à joindre l'un à l'autre doux
appareils chimiques.
— Encycl. Hydraul. On donne aux ajutages
différentes formes qui produisent les effets les
plus variés. Tantôt l'eau s'élance en gerbe ,
tantôt elle se courbe en berceau pour retomber
soit en nappe, soit en pluie. On a soin de dis-
simuler les ajutages en les faisant passer dans
des statues d'hommes ou d'animaux. La forme
de l'ajutage influe beaucoup sur la vitesse de
l'écoulement, et par suite sur la dépense d'eau
dans le même temps.
ajutoir s. m. (a-ju-toar). Hydraul.V. Aju-
tage.
,. ,,— du Caire à La Mecque
^'arrêtent dans un petit château fort situé au
sommet de ce golfe.
akabela s. m. (a-ka-bé~la). Sorte de
bateau égyptien.
AKE . 169
AKAKIA (Martin), médecin de François 1er
mort en 1551. Son vrai nom était Sans-Malice,
dont Akakia n'est que la forme grécisée. Il a
laissé quelques ouvrages. Voltaire , dans sa
Diatribe du docteur Akakia, désigne sous ce
nom burlesque le mathématicien Maupertuis.
V. l'article suivant.'
Trois des descendants de Martin Akakia se
distinguèrent également comme médecins :
Martin, son fils, mort en 158S; Jean,flls de ce
dernier, mort en 1630 , et Martin, fils de Jean,
connu par ses démêlés avec la Faculté.
Akakia (DIATRtBB DU DOCTEUR). On connaît
les démêlés de Voltaire avec Maupertuis, à la
cour de Frédéric II. Voltaire, pique du refus
d'un service qu'il avait demande à Mauper-
tuis , publia d'abord le Micromégas , satire
dirigée contre l'Académie de Berlin et son
président; il fit paraître ensuite ia Diatribe
du docteur Akakia, médecin du pape, libelle
qui porta un coup mortel à Maupertuis par le
ridicule dont il le couvrit. Ce savant avait
émis, dans ses écrits, plusieurs opinions qui
prêtaient en effet h la raillerie , des idées
bizarres ou des erreurs dont la verve sati-
rique de Voltaire se moqua impitoyablement.
Il est impossible de noyer un adversaire dans
un déluge plus complet de plaisanteries mor-
dantes et de sarcasmes amers. Frédéric II,
qui ressentait plus de sympathie pour Mau-
pertuis que pour Voltaire, dont il redoutait la
causticité, fit brûler par là main du bourreau
ce libelle , qui n'en porta pas moins au pré-
sident de l'Académie de Berlin un. coup, dont
il ne se releva jamais.
AKANSAS. V. Arkansas.
AKALAKAS s. m. (a-ka-Ia-kass). Eniom.
Enorme fourmi d'Amérique.
akanticone s. m. (a-kan-ti-ko-nej.
Miner. V. Acanthicone.
AKAROA, presqu'île du grand Océan, dans
la Nouvelle-Zélande; beau port, où les Fran-
çais ont tenté ,. mais en vain , d'établir une
station pour les navires de guerre.
AKBAR, .empereur mogol, septième descen-
dant de Tamerlan, mort en 1605, succéda à
son père Houmajouii, en 1550, à peine âgé de
quatorze ans, et fut le génie le plus remar-
quable, le plus complet do la race tartare qui
ait régné surl'Indoostan. Sa vie fut une lutte
continuelle contre des provinces'révoltées qu'il
fit rentrer dans le devoir, ou contre des voi-
sins puissants et jaloux chez lesquels il porta
la terreur dd ses armes. Mais c'est surtout dans
l'organisation de son vaste empire qu'éclata
.son génie. Conserver ses conquêtes en faisant
un tout homogène de tant d éléments dispa-
rates, telle fut la tâche immense et laborieuse
qu'il accomplit. Il détruisit tous lès pouvoirs-
pour les rétablir sur le grand principe de la
centralisation , qu'il semble avoir deviné, ré-
partit les impôts proportionnellement à la pro-
priété et au revenu, créa un admirable système
financier, fit adopter un système uniforme de
poids et mesures, et établit une ère nouvelle
qui a retenu son nom, et qui commençait h.
Sartir de son avènement. Les revenus annuels
e son empire s'élevaient à la somme énorme
de 9,074,388,100 francs. Il voulut également
introduire une réforme dans la religion, et en
créa une nouvelle dont il se fit le pqntife. Il
protégeales savants, les artistes, les écrivains,
et enrichit la littérature de son pays de la tra-
duction d'ouvrages étrangers. Son-histoire a
été écrite par Aboulfazl. V. ce nom.
Akbar ou Aym Akbery (Httéralem. te miroir
d'Akbar) , description géographique , statistique
et historique de l'Indoustan, rédigée en persan
par ordre d'Akbar, grand mogol , par Aboul-
Fazl, son ministre, fan 977 de l'hégire (1569-
1579). Ce document, outre les règlements de ,
l'empereur et l'histoire d'une partie de son
règne, donne la statistique lapluw complète du
pays , et présente un tableau des moeurs et
usages religieux et civils des peuples qui l'habi-
tent. Le manuscrit original, apporté en France,-
lors de la chute de l'empire de Delhi; était pos-
sédé en dernier lieu par M. Langlés, orienta-
liste français. U en existe une traduction- an-
glaise incomplète.
Akébar, roi «a Mogol, tragédie lyrique,
poème et musique de l'abbé Mailly, repré-
sentée au palais d'Alessandro Bichi, cardinal
évêque de Carpentras; en février 1646. Cet
ouvrage peut être considéré comme le premier
opéra français.
akébie s. f. (a-kê-bî — nom japonais).
Bot. Genre do plantes appartenant S la famille
des lardibazalées , cultivées au Japon pour
l'ornement des jardins.
akée s. f. (a-ké). Bot. Arbre fruitier de la
Guinée, naturalisé aux Antilles.
A'KEMPIS. V. KempiS.
akène s. m. (a-kè-ne— du gr. a prïv.j
chainâ, jo m'ouvre). Bot. Fruit soc, indéhis-
cent, unilocuiaire , uniovulé , et dont le péri-
carpe n'est pas soudé avec la graine. Le fruit
des composées est un akène.
AKENGIS s. m. (a-kain-jiss). Soldat turc
qui harcèle continuellement l'ennemi dans
1 espoir de butiner.
AKÉNOCARPE s. m. (a-ké-no-kar-po — du
gr. a priv.; cliaino, je m'ouvre; Itarpos, fruit).
Bot. Qui- a pour fruit un' akène.
AKKNSIDE (Marc), médecin et .poète an- „
glais,né en 1721, mort en 1770; Il est connu
surtout par son poenio des Plaisirs de l'ima-
170
AKK
gination, traduit en français par d'Holbach,
et par une Hymne aux naïades, d'un goût pur
et classique. Oh trouve dans ses écrits beau-
coup d'élévation et de poésie ; mais son style
est obscurci par une vague métaphysique, et
mêlé de théories républicaines qui s'inspiraient
de puritanisme.
AKÉRATODIAPHANIE s. f. (a-ké-ra-to-
dia-fa-nî — du gr. o priv.; keras, corno; dia,
à travers; phaino, je fais paraître). Pathol,
Taie de l'œil.
AKERBLAD (Jean-David), archéologue et
orientaliste suédois, né vers 1760, mort à Rome
en 1819. Il a posé quelques-uns des principes
qui ont servi de base à ChampolHon. Il a laissé :
Inscriptionis phœniciœ oxoniensis nova inter-
prétai™ (1802) ; Lettre sur l'inscription égyp-
tienne de Rosette (1802), etc. On trouve quel-
ques lettres de cet écrivain dans la correspon-
dance de P.-L. Courier.
AKEY s. m. (a-kê). Poids de 1,274 grammes,
employé par les habitants de la Guinée pour
les métaux précieux.
AKHALTZIKHÉ ou AKISKA, ville de la
Russie d'Asie, à 125 kil. O. de Tiflis; belle
mosquée du sultan Ahmed; 11,000 hab. Cédée
aux Russes en 1829. Jadis ch.-lieu d'un pa-
chalik turc du même nom. — Le pachalik
d'Akhaltzikhé comprenait une partie de l'Ar-
ménie et de la Géorgie turque. Il appartient
aujourd'hui en partie à la Russie.
AKHarnar s. m. (a-kar-nar — d'un mot
arabe signifiant la dernière du fleuve). Astron.
Etoile de première grandeur, située à l'extré-
mité centrale de la constellation de l'Eridan.
AKHBAR s. m. (ak-bar — littéralem. Ré-
■ ciis historiques). Mot arabe qui entre dans le
titre de divers ouvrages historiques de la
littérature orientale, il Titre d'un journal qui
se publie à Alger.
AKHCHAM s. m. (ak-chamm). Prière du
soir, chez les Turcs, il Heure à laquelle ils font
cotte prière.
AKHDAM , nom d'une caste arabe de l*Yé-
men , analogue aux parias de l'Inde , et qui
exerce les professions, réputées avilissantes,
de domestiques, barbiers, musiciens, etc.
AK-ÏIISSAR, ville de la Turquie d'Asie, à
100 kil. N.-O. de Smyrne; 5,000-hab. Coton,
vin. Ville autrefois importante. La Thyatira
dos anciens.
AKHM1N ou AKHMYN, ville de la Haute-
Egypte, sur la rive droite du Nil; 10,000 hab.
Vastes et belles ruines que l'on croit être celles
de l'Achemnis ou Panopolis des anciens.
AKHMOUNEÏN, village de la Haute-Egypte,
sur la rive droite du Nil. Belles ruines de
l'Hermopolis Magna des anciens. On y voit
encore quelques débris d'un magnifique por-
tique soutenu par deux rangées de colonnes
colossales, un des restes les plus remarquables
de l'architecture égyptienne.
AK IITAM AU , ville forte de la Turquie d'Asie ,
sur le lac de Van. Célèbre monastère fondé en
653, résidence d'un patriarche arménien.
AKHTIRKA, ville de Russie, dans le gou-
vernement de Kharkof, fondée par les Polo-
nais en 1641; 15,832 hab. Récolte de fruits
très -estimés.' Dans l'une des églises, image
miraculeuse de Notre-Dame, but d'un pèle-
rinage célèbre.
AK1BA- BEN-JOSEPH, célèbre rabbin, né
dans les premières années de l'ère chrétienne,
mort en 120. Les Juifs le regardent comme l'un
des pères de la Mischna (loi orale) . Il voyagea
dans toutes les contrées du monde, professa
ensuite à la synagogue de Jaffa avec un
tel éclat, qu'il compta, dit-on, jusqu'à vingt
mille disciples. S'étant prononcé pour fimpos-
. teur Barcokhéba , il 1 oignit comme le vrai
Messie, dirigea avec lui une multitude de fana-
tiques qui exercèrent de grandes cruautés
contre les chrétiens de la Judée, mais furent
écrasés par les Romains. Akiba périt dans les
supplices.
AKICÈRE s. m. (a-ki-sè-re — du gr. akis,
pointe; keras,- corne). Entom. Genre d'in-
sectes orthoptères, delà famille des acridiens,
qu'on rencontre en Afrique et dans les parties
AKIMITES s. m. pi. (a-ki-mi-te — du gr.
a priv.; keimai, je suis couché). Hist. ecclcs.
Religieux qui se partageaient en trois chœurs,
et se succédaient les uns aux autres pour
chanter les offices nuit et jour, sans interrup-
tion, il On dit aussi acémètes.
akis" s. m. (a-kiss — du gr. akis, pointe).
Entom. Genre d'insectes coléoptères hétéro-,
mères, renfermant un grand nombre d'es-
pèces qui vivent de préférence parmi les
ruines, les décombres et même les excré-
ments.
romères.
AKKal s. m. (ak-kal). Nom sous lequel on
désigne , dans la religion druse, les savants,
les prêtres, ceux qui, ayant passe par les neuf
degrés de l'initiation, sont arrivés à la con-
naissance des choses et d'eux-mêmes : C'est
là le bonheur réservé aux akkai.s spirituels, et
tous les Druses peuvent s'élever à ce rang par
l'étude et par la vertu. (Gér. de Nerv.)
AKKERMAN , ville forte de la Russie d'Eu-
AKLEFS. m. (a-klèff — mot arabe). Musul-
AKNÉMIE s. f. (a-kné-mî — rad. a/enème).
Térat. Monstruosité organique, caractérisée
par l'absence des jambes.
AKO s. m. (a-ko). Métrol. Mesure de capa-
cité de Hongrie, employée pour les liquidas ;
elle équivaut à 71 litr. 0724.
AKODON s. m. (a-kô-don — du gr. akis,
pointe; odous, dent). Mamm. Genre de mam-
mifères rongeurs, de Bolivie, analogues à
, notre souris domestique.
Akond s. m. fa--kondd). Pontife de Perse,
remplissant les fonctions d'ofiieier judiciaire
et de chef de l'école des dervis.
AKOUÂM s. m. pi. (a-kou-amm— del'ar.
afamdm, pi. de Aaoum, peuple). Race d'Egypte,
que le patriarche Samtius convertit au chris-
tianisme.
■Lucie. Beaucoup plus
petit que l'agouti, avec lequel on l'a souvent
confondu, il vit dans les mêmes lieux et a des
mœurs analogues. On l'appelle dans le pays
rat des bois. Il est d'un naturel fort doux, se
nourrit de fruits sauvages et fait quelquefois
entendre un petit cri. Sa chair est Dlanche et
bonne à manger.
akpa s. m. (ak-pa). Ornith. Oiseau du
Groenland, que l'on croit être le petit pin-
gouin.
AKSCHIDIDEs. (ak-chi-di-de). Hist. or.
Membre d'une des familles turques qui gou-
vernèrent la Palestine.
AKTCHÉ s. m. (ak-tché). Monnaie turque.
AKYAB, ville des Indes anglaises, dans la
baie du Bengale, près de Calcutta ; port vaste
et sûr, facilement accessible aux vaisseaux de
l ,000 tonneaux ; résidence d'un commissaire
anglais et d'un consul belge. Le principal pro-
duit d'Akyab est le riz, dont chaque année une
quantité considérable et toujours croissante
est exportée en Europe, à Singapour, Penang,
Manille, en Chine, en Australie , à Maurice.
L'exportation du riz d'Akyab, qui avait été,
en 1847, de 70,537 tonneaux, s'est élevée en
1853 à 99,487, en 1854 à 103,120 tonneaux, et
en 1855 à 165,047.
AKYROLOGIE s. f. (a-ki-ro-lo-ji). Impro-
priété des termes. Même sens que acyrologie.
akystique adj. (a-ki-sti-ke — du gr. a
priv. ; kustis, vessie). Qui est privé de vessie
natatoire, il s. m. pi. Ichthyol. Groupe de
poissons renfermant ceux qui sont dépourvus
de vessie natatoire.
AL, préfixe qui entre dans la composition
d'un certain nombre do mots français dérivés
du latin, où le d de la préposition ad s'est
changé en l devant les mots commençant par
cette consonne : Alléguer, allitération, allon-
ger, allumer, etc.; pour adléguer, aàlitéra-
tion, etc.
AL, ALE, ALLE, son final dans les noms
masculins, se rend par al. Exemples : amiral,
arsenal, cal, capital, carnaval, cordial, géné-
ral, journal, etc. Il faut excepter : i» acéphale,
astragale, Bengale, bubale, bucéphale, canni-
bale, chrysocale, crotale, cynocéphale, dédale,
encéphale, finale (mus.), pétale, sardanapale,
scandale, scytale , ùthymale, troupiale, van-
dale; 2» châle, hâle, mâle, râle; 30 intervalle,
gralle (oiseau).
AL, finale d'un grand nombre d'adjectifs qui
forment le plus souvent leur pluriel par le
changement de al en aux. Cependant les
exceptions sont assez nombreuses, et comme
c'est là une des grandes difficultés de notre
langue, nous allons donner une liste complète :
10 des adjectifs qui forment leur pluriel en
als, soit d'après l'Académie, soit d'après l'u-
sage le plus généralement admis; 20 des ad-
jectifs dont la forme plurielle reste indéter-
minée au masculin, parce qu'on n'a encore
jamais eu l'occasion de les joindre à des
substantifs du genre masculin et du nombre
pluriel.
l« On dit au pluriel : bancals, fatals, filials,
finals, frugals (frugaux, selon d'autres), jo-
vials, matinals, médiats, natals (nataux, selon
quelques-uns), navals, papals, théàtrals.
20 On ne trouve nulle part l'emploi du plu-
riel masculin pour : adverbial, amical, archi-
tectural, astral, austral, automnal, boréal,
catarrhal, central, collégial, congénital, con-
jectural, croupal, dental, diagonal, dominical,
expérimental, férial, fluvial, géométral, gla-
cial, immémorial , initial , inquisitorial , ins-
trumental, intégral, linéal, lingual, lustral,
martial, mental, obsidional, officinal, ogival,
orthogonal, paroissial, pascal, pastoral, patro-
nal, pénal, rhumatismal, sentimental, sidéral,
sincipital, spinal, synovial, théologal, tincto-
rial, virginal,
ALABAMA, riv. des Etats-Unis, qui arrose
l'Etat de ce nom. Elle se réunit à la Tombeckbé
pour former la Mobile.
ALABAMA, l'un des Etats-Unis tle l'Amérique
ALA
du Nord, sur le golfe du Mexique, et borné
par les Etats de Mississipi, Tennessee, Géorgie
et Floride ; ainsi appelé de la rivière de l'Ala-
bama qui l'arrose. Superf., 106,000 kil. carrés ;
pop. 761,000 hab.; capit. Tuscaloosa. C'est un
pays bas et plat dans la partie méridionale,
monfueux au nord, où se termine la chaîne des
Alleghanys. Il est arrosé par plusieurs cours
d'eau navigables, dont tes principaux sont : la
Mobile et ses affluents, la Tombeckbé, l'Ala-
bama, la Cousa et le Tallapousa ; au nord des
Alleghanys, par le Tennessee. Climat tempéré
et salubre ; sol très-fertile ; culture principale :
le riz, le froment, l'orge, le seigle, et surtout
le coton, dont la récolte s'élève à plus de
300,000 balles; importantes mines de houille
et de fer. Cet Etat est divisé en 9 districts et
51 comtés; il ne fut admis dans la confédéra-
tion qu'eu 1819, et l'on y trouve encore plu-
sieurs peuplades indigènes, telles que les Che-
rokees, les Creeks et les Chactas.
ALABAMIEN, ENNE s. et adj. (a-la-ba-mi-
ain,è-ne). Géogr. Habitant de l'Alabama;
qui a rapport à cet Etat ou à ses habitants : Un
Alabamien. Une jeune Alabamienne. Mœurs
et institutions alabamiennes.
ALABANDA, anc. ville de Carie, dans l'Asie
Mineure, tout près du Scamandre. Elle était
florissante par le commerce et les arts, mais
encore plus célèbre par la dissolution de ses
moeurs ; c'était la rivale de Sybaris.
Alabandien, enne s. et adj. ( a-la-ban-
di-ain, è-ne). Géogr. anc. Qui est d'Alabanda ;
qui appartient à cette ville.
ALABANDINE s. f. (a-la-ban-di-ne). Miner.
Sorte de quartz d'un rouge foncé , qui doit
son nom à la ville d'Alabanda d'où elle venait
autrefois en Europe. Les lapidaires la classent
entre le rubis et 1 améthyste, bien qu'elle soit
moins dure que l'un et 1 autre. On la désigne
quelquefois sous le nom de rubis spinelle. 11
Manganèse sulfuré, dans la nomenclature de
Beudant.
ALABARCHE s. m. V. Alabarque.
Alabarcbie s. f. (rad. alabarche). Hist.
anc. Dignité d'alabarque.
ALABARCHIQUE adj. Hist. anc. Qui a rap-
port à l'alabarque ou a l'alabarchie.
ALABARQUE OU ALABARCHE S. m. (a-la-
bar-ke). Titre du premier magistrat des juifs
à Alexandrie, que les écrivains grecs dési-
gnent quelquefois SOUS le nOmd'ETHNARQUE ou
de GÉNARQUE. »
ALABASTRE s. m. (a-la-ba-stre — du gr. a
priv. ; lambanô, je saisis). Vase sans anse fait
avec une sorte d'albâtre appelée alabastrite,
et ainsi nommé parce que cette matière^ quand
elle est polie, n'est pas facilement saisissable.
Ce vase prend aussi le nom d'ALABASTRON.
alabastrin, INE adj. (a-la-ba-strain,
i-ne — du gr. alabastron,. albâtre). Qui a la
nature, les qualités ou l'apparence de l'albâtre.
ALABASTRIQUE adj. (a-la-ba-stri-ke — du
gr. alabastron, albâtre) .Qui concerne l'albâtre.
— s. f. Art de travailler l'albâtre.
alabastrite s. f. (a-la-ba-stri-te — rad.
abastre'
de chaux r
phane, moins dure et ne L. c „.
beau poli que l'albâtre vrai, et peut être
rayée avec l'ongle. On la tire principalement
des environs de Volterra, en Toscane. On
l'appelle quelquefois biscuit de Florence.
alabastron s. m. ( a-la-ba-stron — rad.
alabastre). Vase sans anses, fabriqué avec l'a-
labastrite. Même sens que alabastre. il Quel-
ques auteurs désignent la pierre sous le nom
a'alabastron, et le vase sous celui d'alabastrite,
ce qui prouve qu'il règne dans ces dénomi-
nations une certaine confusion.
— Mesure de. capacité usitée autrefois en
Grèce et en Orient, et qui équivalait à peu
près à 26 centil. de notre système métrique.
ALABE ou ALABÈs s. m. (a-la-be, bèss —
du gr. a priv.; lambanô, je saisis). Ichthyol.
Genre de poissons delà famille des anguilli-
formes, renfermant une seule espèce, aui
habite les mers australes. Les ancien* ont
donné le nom â'alabe à un poisson du Nil, qui
paraît fort difficile à caractériser.
alÂchï, IE (a-lâ-chi) part. pass. du v.
Alâchir.
ALÂCHIR v. a. ou tr. (a-lâ-chir — rad.
lâche). Rendre lâche, mou ; détendre.
— v. n. ou intr. Devenir lâche.
S'alâchir, v. pr. Tomber en faiblesse.
ALÂCHiSSANT (a-lâ-chi-san) part. prés, du
v. Alâchir.
ALÂCHISSANT, ante adj. (a-lâ-chi-san,
an-te — rad. alâchir). Qui alacnit.
alâchissement s. m. (a-lâ-ehi-se-man —
rad. alâchir). Relâchement, diminution des
forces.
ALACOQUE (Marguerite) . plus connue sous le
nom de Marie Alacoque, qu ellepritpar la suite
par reconnaissance envers la sainte Vierge ,
qui l'avait guérie d'une paralysie douloureuse.
Religieuse visitandine, célèbre par ses extases
et ses révélations, née en 1.647, à Lauthecoui-
(diocèse d'Autnn), morte en 1690. Orpheline
ALA
dès son enfance, elle fut placée dans un cou-
vent à Charolles , et y conçut pour la sainte
Vierge une foi ardente et enthousiaste qui lui
mérita, à ce qu'assurent ses biographes, le don
de prophétie, des visions, des entretiens immé-
diats, etc. Elle fit profession en 1672 dans le
monastère de la Visitation, fe Paray-le-Monial,
où elle passa le reste de ses jours dans les
austérités et les mortifications. Elle grava
même sur son sein, avec un canif, le nom do
Jésus, en gros caractères. Un petit écrit mys-
tique qu'elle avait composé : La dévotion au
coeur de Jésus, 1698, a donné lieu à l'institution
de la fête du Sacré-Cœur. Sa Vie a été écrite
par Languet (1729). V. Cœur [sacré].
Le nom de Marie Alacoque, soit à cause de
sa singularité, soit à cause des visions du per-
sonnage, s'est rencontré quelquefois sous la
plume de nos poètes légers. Voltaire le rap-
pelle plusieurs fois, et Gresset a dit dans son
chef-d'œuvre badin :
Vert- Vert était un perroquet dévot...
Il disait bien son bénédicité-,
. Et notre mère, et votre charité.
- Il savait mime un peu de soliloque.
Et des traits fins de Marie Alacoque.
JSTE s. (a-la-ko-ki
adhérent de Marie Alacoque.
ALACRITÉ s. f. (a-la-kri-té — du lat. ala-
critas, vivacité). Gaieté d'humeur, enjoue-
ment : Une imagination poétique de dix-huit
ans, puissante d alacrité, d'ardeur et d'espé-
rance. (Pongerv.) Lorsqu en 1783 Je partais de
Marseille, c était de plein gré, avec cette ala-
crité, cette confiance en autrui et en soi qu'in-
spire la jeunesse. (Volney.) Avec toute sa vio-
lence, la grande génératrice (la mer) n'en verse
pas 'moins l'âpre joie, J'alacrité vive et fé-
conde. (Michélet. ) C'est ainsi que s'épuise en
nous cette alacrité de l'âme, qui nous permet
de résister si aisément aux premiers efforts de
la tristesse. (Prévost-Paradol.)
ALactaga ou ALAGTAGA s. m. (a-lak-ta-
ga — d'un mot tartare qui signif. poulain
varié). Mamm. Animal du genre gerboise.
ALADIN adj. (a-la-dain — rad. Aladin, n.
pr.): Genre de teinture employé dans l'im-
pression de l'indienne : Le genre aladin, de-
puis quinze ans, n'est presque plus exploité
chez nous (1854), tandis qu'en Angleterre il est
encore un précieux article d'exportation. (Per-
soz.) On donne le nom de jaunes aladins aux
couleurs jaunes qu'on produit sur laine et sur
soie avec les chromâtes de potasse. (Bouillet.)
— Chez les anciens, ce mot désignait un
genre de composition apophthegmatique et
sentencieuse, dans lequel s'exercèrent les phi-
losophes grecs.
ALADIN ou ALA-EDDYN, l'un des Vi'eua; de
la Montagne ou princes des assassins, régna à
partir de 1221. De sa retraite du mont Liban,
il menaçait les princes orientaux du poignard
de ses sicaires. La terreur de son nom se ré-
pandit même en Europe. Louis IX, à son arri-
vée dans la Palestine, l'obligea à la soumission.
Il périt assassiné vers 1272. V. Vieux de la
Montagne.
Aladin (lampe d") ou la Lampe merveilleuse, '
titre d'un des contes des Mille et une Nuits.
Aladin, fils d'un tailleur nommé Mustapha,
dans une ville de la Chine, était un jeune
homme livré à la paresse et au vagabondage,
surtout depuis la mort de son père. Un jour il
fut abordé par un magicien, Africain de nom
et de patrie, qui se donna a lui comme son
oncle, gagna sa confiance par de riches pré-
sents, et l'emmena ensuite au loin dans la
campagne pour le faire servir k l'opération
qu'il méditait. Aux paroles magiques d'Afri-
cain, la terre s'entr'ouvrit ; une pierre apparut,
que souleva Aladin, mettant à découvert un
souterrain dans lequel il dut s'enfoncer par
ordre de son oncle prétendu, afin d'aller
prendre dans un endroit que celui-ci lui dési-
gna une lampe merveilleuse, dont son art lui
avait révélé l'existence et les propriétés sur-
naturelles. Aladin, muni de l'anneau du magi-
cien, exécuta sa mission et reparut bientôt a
l'entrée du souterrain, muni de la précieuse
lampe. Ayant alors refusé de la remettre à
Africain, qui la réclamait impérieusement
avant que le jeune homme fût remonté auprès
de lui, il vit tout à coup la terre se refermer
sur sa tête, et il se trouva plongé au milieu
des ténèbres, dans ce souterrain, où il passa
deux jours sans manger. Ayant alors trotté
par hasard l'anneau qu'il portait au doigt, il
vit aussitôt un géant horrible se dresser devan t
lui en disant : Que me veux-tu? Me voici prêt
à l'obéir comme ton esclave, et l'esclave de tous
ceux qui ont l'anneau au doigt, moi avec les
autres esclaves de Vanneau.' Aladin, tremblant
d'effroi, ordonna néanmoins au génie de le
transporter dans la maison de sa mère, ce qui
fut exécuté sur-le-champ. Aladin avait avec
lui la lampe merveilleuse. Sa mère l'ayant
également frottée sans intention, aussitôt un
autre géant, non moins affreux, se présenta à
regards : Que me veux-tu? lui dit-il; me
voici prêt à t' obéir comme ton esclave, et l'es-
clave de tous ceux qui ont la lampe à la main,
moi avec les autres esclaves de la lampe. Aladin
et sa mère se firent d'abord apporter la nour-
riture dont ils avaient besoin, puis des richesses
immenses qui permirent au fils du tailleur d'é-
pouser la fille du sultan. Africain parvint
néanmoins par ruse à s'emparer momentané-
ment de la précieuse lampe; mais Aladin, au
moyen de 1 anneau qui lui était resté, rentra
en possession de son trésor par la mort du
ALA.
magicien. Un frère d'Africain, aussi savant
dans cet art, ayant voulu le venger, Aladin
découvrit son stratagème, le poignarda, et
jouit enfin tranquillement, au milieu d'une'
prospérité non interrompue, de la possession
de la lampe merveilleuse.
On fait souvent allusion a la lampe d'Aladin,
en littérature, pour désigner le moyen, le pou-
voir secret que possède un homme de satis-
faire promptetnent tous ses désirs et ses ca-
,« La clef des champs, merveilleux instru-
ment qui vaut la lampe d'Aladin et toutes ces
clefs d'or ou de diamant des contes de fée,
fantastique métaphore pleine de rêves et d'il-
lusions! Quel est l'adolescent que ces trois
mots magiques n'ont fait songer? Devant quels
jeunes regards cette clef bénie n'a-t-elle point
ouvert de radieuses perspectives, où les illu-
sions chantent et voient .à tire-d'aile ? »
Victor Fournel.
« Souvent je me figure la pensée de l'a-
veugle comme une de ces retraites mysté-
rieuses décrites dans les poétiques légendes
du moyen âge, comme la voûte silencieuse du
Wunderberg, où, devant une table de marbre,
est assis Charlemagne qui se souvient du
passé, ou comme la grotte remplie de perles
et de diamants, éclairée par la lampe magique
d'Aladin.i Xavier Marmier.
« La vie extérieure de Runeberg, le poète
chéri de la Finlande, ressemble k l'eau pai-
sible d'un lac dont nul vent ne rjde la surface,
i et ce lac cache dans son onde les plantes vi-
vaces qui ne germent pas sur la terre, les né-
nufars aux corolles sans tache. Souvent, à
voir passer le poëte, on le prendrait pour un
homme de la foule, et l'on ne sait pas qu'il a,
comme Aladin, la lampe merveilleuse, avec
laquelle il évoque les esprits et élève des édi-
fices magiques. » Xavier Marmier.
« Il a du jour au lendemain une voiture, les
plus belles loges d'avant- scène a tous les
théâtres, le cabinet le plus délicieux à tous les
restaurants, des fleurs, des bagatelles char-
mantes, des bijoux qui naissent autour de lui
comme au frottement de la lampe d'Âtadi». ■
De Pêne.
« M. Louis Blanc, dans les discours vraiment
éloquents qu'il prononce au Luxembourg, parle
de l'abondance qui régnera sur la terre à la
faveur de son système. Il annonce que tous les
ouvriers auront le maximum des salaires d'au-
jourd'hui. Touchante illusion! j'aurais voulu
ne pas.la détruire : mais l'Etat est en péril, et
chacun doit hautement soutenir ce qu'il croit
être la vérité ; seule la vérité peut nous sau-
ver. Ce que M, Louis Blanc a. pris pour une
lampe d'Aladin, avec laquelle il ferait aussitôt
des merveilles pour les ouvriers, n'est qu'un
talisman désorganisateur. Le secret qu'il a
découvert, et dont la possession le rend si
heureux et en ce moment si populaire, est
celui de l'appauvrissement général. »
Michel Chevalier.
^1114 u.i;bcs, Mtuuieû u auciiuc, musique ue rsi-
colo Isouard, Cet ouvrage fut le dernier du
gracieux compositeur, et encore le laissa-t-il
inachevé. Benincori le mit en état d'être re-
présenté, ce qui eut lieu le 6 février 1822.
Quoique la musique se ressentit de la défail-
lance physique de Nicolo, l'opéra d'Aladin fut
un des plus grands succès qu'une œuvre ly-
rique eut obtenus jusque-là au théâtre. On cite
surtout l'air : Venez, charmantes bayadères.
Parmi ces bayadères, se faisait remarquer la
fameuse Mlle Bigotini , une . des célébrités
chorégraphiques de l'époque. Du reste , la"
mise en scène était splendide. C'est à la pre-
mière représentation de la Lampe merveilleuse
qu'on vit briller le gaz à l'Opéra pour la pre-
mière fois.
.aladjas. m. (a-Iadd-ja). Comm. Sorte de
bourre fabriquée a Magnésie.
alafie s. f. (a-la-fî — nom madecasse).
Bot. Genre de plantes de la famille des apo-
cynées. Il ne renferme qu'une seule espèce, à
tige grimpante et à (leurs pourprées, qui
croît a Madagascar.
a-la-fois (a-la-foi).'Mar. Termo de tac-
tique navale, dont on fait usage en parlant de
plusieurs bâtiments exécutant une manœuvre
simultanément, autant, du moins, que le per-
mettent les circonstances.
ALAGA s. m. (a-la-ga). Comm. Etoffe de
coton à l'usage des paysannes turques.
ALAGOAS, ville du Brésil, avec un port sur
l'océan Atlantique ; H, ooo hab. Récolte de
tabac très-estimé. Il La province de ce nom,
csip, Maceio, une des vingt grandes de l'em-
pire du Brésil, a 300, 000 hab.
ALACTAGA. V. A]
ALA
ALAIN BLANCHARD. V. Blanchard (Alain).
ALAIN CHART1EU. V. Chartier.
ALAIN DE L'ISLE, philosophe et théologien,
né vers 1114, mort vers 1203. Il professa dans
l'université de Paris avec un tel éclat, qu'on
le surnomma le Docteur universel. Il cultiva
aussi l'alchimie et les sciences hermétiques. On
n'a, au reste, que des notions incertaines sur
sa vie, et quelquefois on l'a confondu avec un
autre Alain de l'Isle qui exista vers le même
temps, mais qui n'écrivit que sur la théologie.
Ses ouvrages, la plupart supposés peut-être,
ont paru à Anvers, en 1653.
ALA1NS, peuples barbares de race scylhique,
sortis de la Sarmatie. Ils commencèrent leurs
incursions dans l'empire romain vers la fin du
me siècle, et s'emparèrent de la Cappadoce,
de la Cilicie et de la Galatie. En 406, ils pri-
rent part à là grande invasion des barbares
dans les Gaules. Vaincus en Espagne par les
Wisigoths , ils se dispersèrent. Une de leurs
colonies se réfugia 'dans les montagnes du
Caucase, entre le Pont-Euxin et la mer Cas-
pienne, où l'on retrouve encore les traits gé-
néraux de leur race ; une autre remonta jus-
qu'aux sources de )a Vistule; d'autres enfin
s'engagèrent au service de l'empire romain et
s'attachèrent a Stilicon. Plus tard, les -débris
de cette race se confondirent avec les Vandales^
AL Al RE adj. (a-lè-re — du lat. ala, aile).
Qui appartient , qui a rapport aux ailes des
oiseaux, d'un moulin, etc.
— s. f. Entom. Genre de distomes cylin-
driques pourvus d'une assez longue queue et
d'une expansion en forme d'ailes de chaque
côté du corps. Le genre alaire est aujourd'hui
réuni aux fascioles. V. ce mot.
ALAIRES s. m. pi. (a-lè-re— du la.t.alares;
formé de ala, aile). Antiq. rom. Troupes géné-
ralement composées des contingents fournis
par les nations alliées, et qui se plaçaient sur
les ailes des armées romaines.
alais's. m. (a-lè). Nom donné dans quel-
ques fauconneries à un oiseau de proie de la
famille des faucons, très-propre à la chasse à
la perdrix. On dit aussi alèthes.
ALAIS, ch.-lieu d'arrond. (Gard), à 42 kil.
N.-E. de Nîmes, et 706 kil. de Paris; pop.
aggl. 15,961 hab. — pop. tôt. 20,557 hab. ; sur
le Gardon et au pied des Cévennes. L'arrond.
a 10 cant. , 98 comm., 115,184 hab. Grand
commerce de soie ; foires très-importantes pour
l'industrie séricicole. Ville protestante soumise
par Louis XIII en 1629, érigée en évêché par
Louis XIV. Ecole de maîtres mineurs, fondée
en 1843. Belle église gothique. Dans les envi-
rons, riche bassin houiller; exploitations de
plomb , de zinc , de manganèse , de coupe-
rose, etc. ; fontaines d'eaux minérales froides
ferrugineuses. Les bains des Funiades et
d'Euzet, à 18 kilom. d'Alais, sont assez fré-
quentés pendant la saison des eaux.
alaisage s. m. Techn. V. Alésage.
ALAISE s. f. (a-lè-zo — Aq à l'aise). Hortic.
Attache d'osier, de jonc ou de paille, qu'on
fixe à l'extrémité d'une branche d'arbre trop
courte pour être palissée. Il En menuiserie,
Planche ajoutée à une autre. 11 En charron-
ncrie, Emboiture. il Quelques-uns écrivent
alèse ou alèze, mais ces doux mots appartien-
nent, le premier à la technologie, le second à
la médecine, et ont pour radical lé; cette
orthographe est donc évidemment contraire,
à l'étymologie.
ALAISE, ÉE adj. Blas. V. Alésé.
ALAISER v. a. ou tr. Techn. V. Aléser.
ALAISIEN, IENNE s. et adj. (a-lè-zi-ain,
ô-ne). Géogr. Habitant d'Alais; qui appar-
tient à cette ville ou à ses habitants : Un Alai-
Sien. Une jeune Alaisienne. L'industrie ALAI-
SIENNE.
ALAISOIR s. m. V. Alésoir.
ALALATA s. m. (a-la-la-ta — du lat. ala,
aile, et latus, large). Moll. Syn. â'alatite. V.
ce mot.
ALALCOMÈNE. Myth. gr. Héros béotien,
qui fut le père nourricier de Minerve et qui
lui bâtit un temple dans la ville d'Alalcomènes,
dont il était le fondateur.
ALALCOMÉNÉIS (du gr. alalkomenéis ; puis-
sance protectrice). Myth. Surnom de Minerve
adorée à Alalcomènes.
ALALCOMÈNES, ancienne ville de la Béotie,
fondée par Alalcomène. On y remarquait un
célèbre temple de Minerve. Sylla pilla la ville
et enleva la statue de la déesse.
ALALIE s. f. (a-la-lî — du gr. a priv. ;
lalein, parler). Med. Mutisme accidentel.
ALALITE s. f. (a-la-li-te). Miner. Variété
de pyroxène d'un gris verdâtre, qui se trouve
dans la petite vallée d'Ala, en Italie (Etats
sardes).
ALALONGA OU ALALUNGA S. m. (a-la-lon-
ga). Ichthyol. Nom donné, dans les environs
de Nice, à un poisson du genre germon. V.
ce mot.
ALAMANIE s. f. (a-la-ma-nî). Bot. Genre
d'orchidées, voisin des vandas, qui ne renferme
qu'une espèce, originaire du Mexique.
' ALAMANNI (Louis), poète florentin, né en
1495, mort à Amboise, en 1556. Exilé de Flo-
rence pour un complot contre le cardinal Jules
de Médicis (qui fut plus tard le pape Clé-
ment VII), il se réfugia en France, et fut ac-
cueilli à la cour de François I", qui le traita
ALA
avec distinction et le chargea même, en 1554,
d'une ambassade auprès de Charles-Quint.
Quelque temps auparavant, le poëte, pour faire
sa cour au roi de France, alors en guerre avec
la maison d'Autriche, lui avait adressé un dia-
logue allégorique entre le coq gaulois et l'aigle
d'Allemagne à deux têtes , où le coq appelait
l'aigle oiseau de proie gui porte deux oecs pour
dévorer davantage. Il ne pensait! pas que cette
pièce fût connue de l'empereur. Dans le dis-
cours qu'il prononça devant lui à sa première
audience, il répéta plusieurs fois le mot aquila
(aigle). Charles-Quint, pour toute réponse, ri-
posta par une citation tirée du Dialogue sati-
rique, où l'aigle impériale n'était pas ménagée
par le coq gaulois. «Sire, répliqua aussitôt
Alamanni sans se déconcerter, je parlais alors
en poète ; maintenantje parle en ambassadeur. »
.Cette circonstance en rappelle une analogue,
où un poète anglais se tira de ce pas difficile
avec autant de bonheur. Il avait adressé à
"del
, .. fut remonté
trôné de ses pères, il lui en présenta également
un, que le roi ne trouva pas aussi flatteur et
aussi élégamment écrit que le premier : il en
fit l'observation à l'auteur, qui lui répondit spiri-
tuellement : « Sire , nous autres poètes , nous
réussissons mieux en fictions quen vérités. »
C'est en France qu'Alamanni composa la
plupart de ses ouvrages, parmi lesquels on
cite surtout ses Opère toscane, recueil d'élé-
gies, de sonnets, de fables et de satires; la
Cottivazione, excellent poème didactique imité
des Géorgiques ; Flora, comédie en vers; l'A-
varchide, poème épique sur le siège de Bourges
(Avaricum), etc. Ces compositions manquent
souvent de force et d'élévation, mais elles se
distinguent par la facilité, l'élégance et la
pureté du style.
ALAMANN1E. V. Alémannie.
ALAMANS s. m. pi. Géogr. V. Alemans.
alambic p. m. (a-lan-bik — de l'arabe al,
le; ambic, vase à distillation; suivant quel-
ques autres, du gr. ambix, vase dont les bords
sont rapprochés). Appareil dont on se sert
pour la distillation : Z'alambic est un instru-
ment de chimie qui nous vient des Arabes.
(Pourcroy.) Les Arabes, qui oht découvert l'art
de la distillation, ont donné les premiers le nom
d'ALAMBic à un appareil qui a pour but de sé-
parer, par l'action de la chaleur, un liquide
volatil de liquides moins volatils que lui.
(Walter.)
— Fig. S'est pris abusivem. pour désigner
ces grands centres où bouillonnent toutes les
passions :
LA, du soir au matin, fument autour des hommes
Ces vastes alambics qu'on nomme les cités.
— Passer une chose par ou à l'alambic, la tirer
à l'alambic, L'examiner avec soin, la consi-
dérer minutieusement dans toutes ses diffi-
cultés, dans toutes ses parties, la discuter,
l'approfondir : Je me rappelle que , l'an der-
nier, trois heures durant, le ministre passa à
l'alambic la vie d'un homme estimable. (Balz.)
Il En mauv. part , A l'alambic. Se dit de ce
qui est compassé, subtilisé, quintessencié ,
surtout en parlant des ouvrages d'esprit :
Les raisonnements en étaient tellement tirés
k l'alambic, qu'ils l'impatientèrent. (St-Sim.)
Comme Marivaux se croyait toujours obligé
d'avoir de l'esprit subtil et raffiné, il était
continuellement à l'affût des idées susceptibles
d'opposition ou d'analyse, pour les faire jouer
ouvrage; ils m'ont impatientée et en-
nuyée; tout est À l'alambic, rien n'y estsous
sa forme naturelle. (Mme du Deff.)
— Proverbialem., Pleurer comme un alam-
bic, Pleurer abondamment. Comparaison em-
ployée par Alex. Dumas.
— Encyol. "L'alambic est l'appareil que l'on
emploie, dans les arts chimiques, pour opérer,
la distillation, c'est-à-dire pour séparer les
substances volatiles de celles qui ne le sont
pas. Sa forme et sa disposition peuvent être
modifiées de mille manières, maïs il se com-
pose toujours de trois parties essentielles : la
cucurbite ou chaudière, le chapiteau et le réfri-
gérant. La cucurbite est la partie inférieure
dans laquelle on place les matières à distiller :
elle doit toujours être construite de manière U
présenter là surface de chauffe la plus grande
possible. Le chapiteau recouvre la cucurbite :
il a pour objet de recevoir les vapeurs à me-
sure qu'elles se produisent, et de les diriger
dans le réfrigérant, au moyen d'un tuyau lé-
gèrement incliné. Enfin, le réfrigérant est la
partie dans laquelle les vapeurs se condensent
et prennent 1 état liquide. Il consiste en un
tube en spirale nommé serpentin, qui plonge
dans une capacité pleine d'eau froide. — L'a-
lambic remonte à l'origine même de l'art du dis-
tillateur. On a cru, pendant longtemps, que les
Arabes l'avaient inventé , mais il a été prouvé
de nos jours que les Grecs le connaissaient;
cependant, si les Arabes ne l'ont pas imaginé^
ce sont eux qui l'ont nommé et qui en ont
appris l'emploi a l'Europe moderne.
alambiquage s. m. ( a-lan-bi-ka-je —
rad. alambic). Raffinement extrême, subtilité
excessive : Malgré tout 2'alambiquage des
phrases de Camille, sa proposition n'en était
pas moins extravagante. (Fr. Soulié.)
ALAMBIQUANT (a-lan-bi-kan) part. prés,
du v. Alambiquer.
ALA
171
ALAMBIQUÉ, ÉE (a-lan-bi-ké) part. pass.
du v. Alambiquer. Distillé, passé à l'alambic.
Il II est rarement employé au propre.
— Fig. Subtilisé, raffiné : Discours alam-
biqué. (Acad.) Elles sont d'une spiritualité
sèche et alambiquée. (Boss.) Vous n aimez pas
le galimatias, les pensées alambiquées et for-
cées, les raisonnements abstrus et faux, et
certes, vous faites bien. (Volt.) On a de la
peine à supporter la froideur et la faiblesse de
ces romans alambiqués, de ces froides et dou-
cereuses élégies; (La Harpe.) Finissez-en donc,
je vous en prie, avec cette tournure alambiquée
que, depuis un moment , vous vous étudiez à
donner à notre conversation. (Balz.) Itacontées,
ces petites méchancetés littéraires semblaient
charmantes ; écrites, elles devenaient alambi-
quées. (Ste-Beuve. ) Tout cela est subtil et
alambiqué. ,( Ste-Beuve. ) Ce journal essaye
aujourd'hui, dans un article alamdiqué, mais
naïf, d'expliquer son insouciance. (E. do la
Bédoll.) Il S'empl. subst. : Le délicat tourne
vite au didactique et à l' alambiqué. (Ste-Beuve.)
ALAMBIQUEMENT s. m. (a-lan-bi-ke-man
— rad. alambic). Vieux mot qui, s'il était
employé aujourd'hui, serait le syn. d'alam-
biquage.
ALAMBIQUER v. a. ou tr. (a-lan-bi-kô —
r.id. alambic). Distiller, passer à l'alambic.
Très-peu usité au propre.
— Fig. Subtiliser, quintossencier : Alam-
biquer son style. A force d'écrire sur Bous-
seau, on finit, ce me semble, par ^'alambiquer
terriblement et le mettre à la torture. (Ste-
Beuve.) il Fatiguer par trop d'application à
des choses abstraites : Ces questions ne servent
qu'à alambiquer l'esprit. (Acad.)
— Absol. : Allez au fait sans alambiquer
plus longtemps. (Acad.) Dans ces sortes de ma-
tières, il ne s'agit pas ^'alambiquer. (Acad.)
l'esprit mal à propos sur des questions épi-
neuses, difficiles, inutiles. (Acad.) Il prend
plaisir à s alambiquer l'esprit de mille chi-
mères. (Scarr.) Si quelqu'un voulait définir ce
que c'est qu'assurer ou que nier, il ne ferait
que se tourmenter et s'alambiquer pour moins
entendre ce qu'il avait parfaitement entendu
du premier coup. (Boss.)
Loin qu'en systèmes vains mon esprit s'alambique,
Etre vrai, juste, bon, c'est mon système unique.
DESTOUCIlES.
ALAMBIQUEUR s. m. (a-lan-bi-kour — rad.
alambic). Celui dont le stylo est recherché,
raffiné, compassé : C'est un aiambiqueur de
phrases.
ALAMBRA. V AlHAMBRA.
ALAMOS, ville du Mexique, dans l'Etat de
Sonora; 8,000 hab. Dans' le voisinage, riches c
mines d'or et d'argent.
ALAMÛTOU OU ALAMOUTOU S. m. (a-la-
mo-tou — mou-tou). Bot. Arbre dû Madagas-
car, produisant des fruits dont la saveur rap-
pelle celle de nos figues ou do nos prunes.
ALAN s. m. (a-îan). Von. Doguo do forte
taille qu'on emploie pour chasser le sanglier
et le loup.
ALAN, ALLEN ou ALLYN (Guillaume), né en
1532, dans le Lancashire,mort a Rome en 1594.
Partisan ardent et fougueux du catholicisme,
il fit une guerre active aux réformes religieuses
de la reine Elisabeth. Forcé de quitter 1 Angle-
terre , il enseigna successivement à Malines ,
à Douai, à Cambrai et à Reims, et obtint par
son zèle le chapeau de cardinal. Ses attaques
contre l'Eglise anglicane eurent un grand re-
tentissement, et il fut, dit-onj l'un de ceux dont
l'influence détermina le cabinet de Madrid à
équiper l'Invincible Armada, pour aller dé-
trôner Elisabeth et rétablir le catholicisme en
Angleterre. Il finit par se fixer à Madrid.
ALAND (archipel ou îles d'), groupe d'iles
de la mer Baltique, à l'entrée du golfe de
Bothnie, appartenant k la Russie, et dépen-
dant du gouvernement de Biarneborg (Fin-
lande). Environ 15,000 hab. Ce groupe se com-
pose de 80 îles ou îlots et d'une multitude de
rochers séparés par des canaux étroits, peu
profonds, et d'une navigation très-difficile. Sol
peu fertile en général ; forêts de sapins et de
bouleaux; récolte d'orge et de seigle suffisante
pour la consommation ; élève de moutons, de
chèvres et de chevaux ; pêche importante aux
harengs et aux phoques ; exportation de sa-
laisons, de peaux et de poisson sec. La prin-
cipale ville du groupe est Aland, qui a donné
son nom a tout l'archipel ; 9,000 hab. Ces iles,
importante position militaire pour la Russie,
renferment plusieurs ports fortifiés où stationne
ordinairement une partie de la flottille de la
mer Baltique.
alandais, aise s. et adj. (a-lan-dè, è-ze).
Géogr. Habitant des îles d'Aland; qui appar-
tient à ces îles : Un Alandais. Une alan-
daise. Les Alandais vivent de pèche. Cou-
tumes, mœurs alandaises.
alandier s. m. (a-lan-dié). Techn. Bou-
che, foyer placé à la base d'un four.
ALANGIACÉ, ée adj. (a-lan-ji-a-sé — rad.
alangion). Qui ressemble à un alangjou. il On
dit aussi ALANGIÉ.
— s. f. pi. Bot. Famille de plantes.
172
ALA
— Encycl". La famille des alangiacées ren-
ferme de grands arbres , souvent épineux , à
feuilles alternes , pétiolées , simples , entières.
Les fleurs , disposées en fascicules axillaires ,
ont un calice adhérent, campanule, à cinq ou
dix dents; une corolle présentant un nombre
égal de pétales étroits, très-étalés: des éta-
mines longuement saillantes, en nombre double
ou quadruple ; un ovaire infère, a une ou deux
loges uniovulées. Le fruit est une drupe con-
tenant un noyau osseux, qui ne renferme ordi-
nairement qu'une graine.
rapports avec les hamamelidées. Elle renfer
les deux genres alangium et marlea; ce sont
généralement de beaux arbres, appelés par les
Indiens alangi ou angolam, et qui sont répan-
dus dans l'Inde jusqu'au pied de. l'Himalaya.
Leur bois est excellent. Quelques-uns ont des
fruits savoureux ou des racines odorantes.
Chez d'autres, les fruits et les racines ont des
propriétés purgatives.
ALANGIÉ, ÉE. Bot. V. Alangiacé.
A1ANGION s. m. (a-lan-ji-on). Bot. Genre
de plantes, type de la famille des alangiacées.
Il renferme un petit nombre d'espèces con-
fondues par les Indiens sous les noms collectifs
d'alangi ou à'angolam.
ALANGOURI, E part. pass. du v. Alangou-
rir : Vivant en un extrême anéantissement
d'eux-mêmes, ils demeurent fort alangouris
en tout ce qui appartient aux sens. (S. Franc.
de Sales.) Abattus, alangouris de longue ma-
ladie, les soupirs que nous tirons ne sont plus
que Its sanglots de la mort. (Sat, Ménippéû.)
i« siècle.
... L'âme d'amour alangouris, <
Tantôt il veut ses cheveux frisoter,
Se parfumer, se tiffer, mignoter.
Tahureau.
ALANGOURIR v. a. Ou tr. (a-lan-gou-rir
— rad, langueur). Vieux mot qui signifiait
Affaiblir, faire tomber en langueur.
S'alangourir , v. pr. Devenir faible, lan-
guissant :
Tout mon esprit s'alanijourit
u re„ar qui u mouran .^ ^^
alangui , IE (a-lan-ghi) part. pass. du v.
Alanguir. Rendu , devenu languissant : Le
général, qui la regardait, s'aperçut alors de sa
beauté souveraine, plus touchante depuis qu'elle
était alanguib par la douleur physique et la
tristesse. (F. Soulié.) Ses grands yeux noirs,
agrandis par une ligne d antimoine, étaient
alanguis d'une indicible tristesse. (Th. Gaut.)
Justine leva sa maîtresse un peu fatiguée, ou
plutôt alanguib de ses prouesses du bal.
(Th. Gaut.)
Je retournais son corps alangui par la fièvre;
Je versais, larme a larme, une eau fraîche à sa lèvre.
Il Se dit aussi des choses : La brise
de la Syrie nous apporte indolemment la
leur des tubéreuses sauvages. (Chatcaub.)
ALANGUIR v. a. ou tr. (a-lan-ghir — rad.
langueur). Fatiguer, affaiblir : Etait-ce notre
artillerie et nos bagages qui nous avaient tant
alanguis? (Ségur.) o Rendre languissant,
langoureux, énerver : Le raisonnement tue
l'inspiration ; l'attention qu'on lui prête J'alan-
guit et l'amortit. (V. Cousin.) Alanguir une
scène. (Beaumarch.) Elle assouplit sa taille,
alanguit ses yeux. (A. Achard.) Elle alanguis-
sait ses regards, ses paroles, ses gestes. (Baiz.)
Il On disait autrefois alangourir, alangouri.
— v. n. ou intr. Etre languissant, être
énervé; perdro son énergie : Il alanguit de
iour en jour.
S 'alanguir, v. pr. Devenir languissant, lan-
goureux ; perdre de ses forces, de son énergie ;
dépérir : Il s'alarmait de cet état parce que sa
fille s'alanguissait. (F. Soulié.) Ses yeux noirs
s'alanguissaient. (L. Gozlan.) Ce duc, d'abord
ardent, s'alanguit bientôt et devint d'une tris-
tesse déchirante. (A. Houss.) Quand la pauvre
fille voyait la conversation s' alanguir... (Balz.)
ALANGUISSANT (a-lan-ghi-san) part. prés.
du v. Alanguir -.-J'irois facilement alanguis-
sant mon esprit et mon jugement. (Montaig.)
ALANGUISSEMENT s. m. (a-lan-ghi-se-man
— rad. alanguir). Etat de langueur, d'abatte-
ment : Un tiède alanguissement énerve toutes
mes facultés, et l'esprit de vie s'éteint en moi
par degrés. (J.-J. Rouss.) Secouant son alan-
guissement, ses hésitations, le nouveau colo-
nel songe, avant tout, au nerf de la guerre.
'Saintine.) Z/alanguissement de l'amour.
'Michelet.)
alanine s. f. (a-la-ni-ne). Chim. Sub-
stance que l'on obtient en traitant l'aldéhy-
date d'ammoniaque par l'acide cyanhydrique
en présence d'autres acides. L'alanine cris-
tallise en prismes incolores, réunis en fais-
ceaux; elle est soluble dans l'eau, surtout
dans leau chaude, peu soluble dans l'alcool,
insoluble dans l'ether. Sous l'influence de
l'acide azoteux, elle se transforme en acide
lactique. L'alanine joue le rôle d'acide avec
es bases et oxydes métalliques, de base avec
les acides.
• ALA
ÀLANSON (Edouard), habile chirurgien an-
glais, né en 1747, mort en 1823. Il perfectionna
la méthode d'amputation des membres, et pu-
blia le résultat de ses observations dans un
traité qui a eu deux éditions en anglais.
ALANTINE s. f. (a-lan-ti-ne — de l'allem.
alant, aunée). Chim. Nom donné par Tromm-
sdorf au principe végétal appelé depuis inuline.
ALAPA s. m. (a-la-pa). Bot. Nom vulgaire
de la bardane {arctium lappa)} dans quelques
parties du Languedoc, tl On dit aussi alapas,
ALAPI s. m. (a-la-pi). Oiseau de la Guyane.
ALAPTE s. m. (a-la-pte). Entom. Genre d'in-
sectes hyménoptères , ne renfermant qu'une
seule espèce, qui habite l'Angleterre.
ALAQUE s. f. (a-la-ke). Archit. Nom donné
à un ornement carré et plat qui sert d'assise
à la base des colonnes. On l'appelle aussi
PLINTHE OU ORLET.
ALAQUÉCA s. f. (a-la-ké-ka). Miner. Pierre
qui se trouve à Balagate, aux Indes, en petits
fragments polis. C'est une espèce de pyrite ou
fer sulfuré qu'on appelle aussi arrete-sang,
parce qu'elle a, dit-on, la vertu d'arrêter les
hémorragies quand on ''inplique extérieure-
ment.
ALARÇON, bourg d'Espagne, dans la prov.
de Cuença (Nouvelle-Castille) j 500 hab. Place
de guerre considérable sous la domination des
Maures , qui y vainquirent les Espagnols en
1 195 ; elle était bâtie sur un rocher, au milieu
d'une rivière. Eglise remarquable.
ALARÇON (Hernando de), navigateur espa-
gnol, vivait dans le xvie siècle. Il est un de
ces hardis explorateurs espagnols & qui la
géographie et les sciences nautiques sont re-
devables de tant de progrès. C'est lui qui a le
premier fait le relevé hydrographique des
côtes de la Californie , et démontré que cette
vaste contrée n'est point une ile.
ALARÇON Y MENDOZA (D. Juan Ruiz de),
poète dramatique hispano-américain, né au
Mexique vers la- fin du xvi° siècle, mort en
1530. Il vint en 1622 se fixer en Espagne, où
il obtint un emploi dans le conseil des Indes.
Il eut peu de popularité de son vivant. Cepen-
dant ses drames sont pleins de force et d ori-
ginalité. Corneille lui a pris le sujet du Menteur.
M. Hippolyte Lucas a imité une de ses pièces,
le Tisserand de Ségovie.
ALARÇONIE s. f. (a-lar-so-nî — do A larçon,
nom de celui qui aborda le premier en Cali-
fornie). Bot. Genre de plantes de la famille
des composées, tribu des sénécionidées. Les
alarçonies sont des plantes herbacées, à
grandes feuilles, ayant le port de l'aunée.
Elles habitent la Californie.
AI.ARD (Jean-Delphin) , violoniste français
distingué, né à Bayonne en 1815, entra en 1826
au Conservatoire de Paris, dans la classe
d'Habenecfc , et en sortit en 1830 après avoir
remporté le premier. prix de violon. En 1840,
il fut nomme violon solo de la chapelle des
Tuileries, et succéda au célèbre Baillot en 1843,
comme professeur au Conservatoire. Le jeu
de M. Alard est d'une grande pureté, rempli
d'expression, et son style appartient àTécole
classique par sa sévérité; aussi s'est-il attaché
de préférence à populariser les œuvres des
grands maîtres qui ont fait la gloire du genre
auquel il s'est voué : Haydn, Mozart et Beetho-
ven. On cite surtout, parmi ses œuvres gra-
vées , Y Ecole du violon , méthode adoptée par
le Conservatoire; cinq livres à' Etudes, des
duos, concertos, symphonies, fantaisies, etc. On
a beaucoup remarqué la Symphonie pour deux
violons, exécutée au concours de 1855.
ALARGUER OU ALLARGUER v. n. OU intr.
(a-lar-ghé — du lat. ad, vers; largus, large).
Mur. Porter plus largue; prendre la haute
nier, s'éloigner des eûtes ou de quelque vais-
seau. Il L'impératif de ce verbe: A largue.' est
syn. de Au large t
AI.ARIC 1" roi des Wisigoths , do la race
illustre des Balthes, envahit, vers l'an 400, les
provinces romaines, pendant les querelles
d'Honorius et d'Arcadius, dévasta la Pannonie,
la Macédoine et la Grèce, où il renversa les
autels des dieux païens ; fut vaincu une pre-
mière fois par Stihcon, se rejeta sur l'Italie, et
deux fois voulut assiéger Rome, qui réussit à
l'éloigner a prix d'or.
Saint Augustin le regarde comme un instru-
ment dont se servait la Providence pour châ-
tier Rome. « Je sens en moi, disait le Barbare,
quelque chose qui m'excite à mettre Rome en
cendres.
— Que laisserez-vous donc aux Romains?
lui disaient les envoyés du Sénat en se plaignant
de l'énormité des contributions qu'il exigeait.
— La vie,» répondit-il.
Les perfidies et le manque de foi d'Honorius
ramenèrent une troisième fois Alaric devant
Rome, qu'il emporta d'assaut et qu'il aban-
donna, pendant trois jours, au pillage et à la
fureur de ses hordes de barbares (410). Il
Ses soldats l'enterrèrent dans le lit du Busento,
dont ils avaient détourné le cours, et, après
l'avoir enseveli • avec de grandes richesses ,
rendirent les eaux à leur cours naturel et
tuèrent les captifs qui avaient servi de fos-
soyeurs, afin que les Romains ne pussent
ALA
jamais retrouver les restes de leur capitaine.
Alaric était arien ; il montra une modération
relative dans sa conduite, et il est à remarquer
que, pendant le sac de Rome, il avait ordonné
k ses soldats de respecter les trésors des
églises ainsi que les malheureux qui s'étaient
réfugiés au pied des autels. C'est lui qui a jeté
les fondements de la monarchie militaire des
Wisigoths.
Le règne d'Alaric est une des plus mémora-
bles époques de la décadence de l'empire ro-
main ,. et lui-même fut l'un des plus grands
hommes parmi ces peuples nouveaux que nous
nous sommes habitués à nommer barbares, en
lisant les historiens latins. Il serait temps cepen-
dant de faire justice de ces préventions, et
de décider quel fut ici le barbare, celui qui
usa deux fois avec modération et humanité de
sa victoire, ou celui qui ne vit dans les trai-
tés qu'un moyen d'échapper au danger qui le
menaçait.
ALARIC II, huitième roi des Wisigoths (484-
507), régnait sur l'Espagne et sur la partie de
la Gaule comprise entre le Rhône et les Pyré-
nées. Il avait fait de Toulouse sa capitale.
Clovis, roi des Franks, l'attaqua et le tua de
sa propre main, à la bataille de Vouillé en
Poitou-. C'est lui qui fit faire l'abrégé du Code
théodosien , connu sous le nom de Code
d'Alaric.
ALARIE s. f. (a-la-rî — du lat. alarius, qui
concerne les ailes). Bot. Genre d'algues, ou
plutôt simple section du genre laminaire, dont
le type est la laminaire comestible {laminaria
esculenta des auteurs).
ALARMANT (a-lar-man) part. prés, du v.
Alarmer.
alarmant, ante adj. (a-lar-man, an-te
— rad. alarmer). Qui est de nature, qui est
Propre à alarmer, à causer de l'émotion, de
épouvante, de l'inquiétude : Nouvelle alar-
mante. Situation alarmante. Maladie alar-
mante. Il fut un temps en France où, au milieu
des causes les plus alarmantes, c'était un
crime de s'alarmer .• c'était en l'an II de la
République. (Sallentin.) De toutes parts se
manifestaient dans l'empire grec des symp-
tômes alarmants de faiblesse et de décat
avait répandu
expression alarmante de passion et de
faiblesse. (Chatcaub.) Et ensuite, nous avons
changé ces ornements ridicules en carquois de
flèches; symbole encore plus alarmant pour
ceux qui veulent trouver un sens où il n'y en a
pas. (X. Marmier.)
. Des bi
er jusque sous m
ALARME s. f. (a-lar-me — do à l'arme!
cri militaire qui avertissait de prendre les
armes, et qui, autrefois, s'écrivait en trois
mots : à l'arme! Le guet du Chas tel commença
à crier À l'arme l A l'arme 1 trahi! trahi!
[Froissart.] Dans ce sens, le pluriel a été
substitué au singulier, et l'on dit aux armes!)
Cri, bruit quelconque que l'on fait entendre
pour attirer l'attention dans une circonstance
dangereuse : Sonner V alarme. Il entend son-
ner le beffroi des villes et crier à /'alarme.
(La Bruy.) Aussitôt les grosses timbales de
cuivre et les karnas ou grands hautbois de la
garde sonnèrent J'alarme avec un bruit épou-
vantable. (B. de St-P.)
— Par ext. Frayeur, épouvante subite
causée dans un camp , dans une place de
guerre, par l'approche ou sur le bruit de l'ap-
proche des ennemis : Donner J'alarme. Fausse
alarme. Chaude alarme. Z/alarme est au
quartier, au camp. (Acad.) Les ennemis noits
donnaient de fréquentes alarmes. (Acad.)
Donner J'alarme d l'Europe. (Volt.) Déjà
J'alarme était à Versailles comme dans le reste
du royaume. (Volt.)
Vêtu des armes d'Achille,
Patrocle mit l'alarme au camp et dans la ville.
La Fontaine.
— Fig. Crainte, frayeur subite, trouble que
cause dans l'âme l'imago d'un danger réel ou
apparent : Grande alarme. Fausse alarme.
Prendre J'alarme. Cette nouvelle porta J'a-
larme dans mon cœur. (Lav.) Jeter la persua-
sion dans les esprits et J'alarme dans les cœurs.
(La Bruy.) Je crains bien moins les armes de
mes ennemis que les alarmes de mon peuple.
(Alph. de Castille.)
Remettez-vous , monsieur, d'une alarme si chaude.
Molière.
Et ce
selle
Il Dans le style élevé et poétique, s'emploie
presque toujours au pluriel : De vaines
alarmes. De tendres alarmes. De terribles
alarmes. Vivre dans les alarmes. Nous vîmes
alors, dans cette princesse, au milieu des alar-
mes d'une mère, la foi 'd'une chrétienne. (Boss.)
Chaque instant nous donne de nouvelles alar-
mes. (Mass.) Autour de ces rois voltigeaient,
comme des hiboux dans la nuit , tes cruels
soupçons, les vaines alarmes. (Fén.) Mien ne
prouve plus les alarmes que l excès des pré-
cautions. (Volt.) Je me moquais de moi-même
et de mes vaines alarmes. (J.-J. Rouss.) Les
jours du méchant sont remplis d'ALARMES.
(Dider.) ■
ALA
Il sait votre dessein, juge: de ses alarmes!
Bénissez votre enfant, et dormez sans alarmes.
Lamartine.
Prévoit qu'il ne pourra commander à ses larmes.
Et me déshonorant par d'injustes alarmes,
Pour attendrir mon cœur '
Racin:
Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes,
La guerre a ses douceurs, l'hymen a ses dlnrntes.
La Fohtaine.
... De son cœur il chassa les alarmes,
La foi vint essuyer ses yeux mouillés de larmes.
Voltaire.
Le sommeil quitta son logis; .
11 eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
La Fontaine.
— Canon d'alarme, pièce d'alarme, Canon
ordinairement de gros calibre, chargé à pou-
dré, et près duquel la mèche ou le boute-feu
est toujours allumé. Les canons d'alarme sont
établis à certains postes et dans les places
assiégées. Dans les campements, ils donnent
le signal, et équivalent à un ordre de prendro
les armes ou de rappeler les fourrageurs. il
il Batterie d'alarme ou alarme céleustique (du
gr. keleusma, ordre donné au moyen d un si-
gnal ou d'un instrument), Batterie de caisse
destinée à donner l'alarme, en usage sous
Louis XIV, remplacée aujourd'hui par la
générale, il Poste d'alarme , Poste avancé ,
placé de manièro à donner l'alarme à l'ap-
proche de l'ennemi, n Cloche d'alarme ou toc-
sin, Sonnerie d'une cloche destinée à avertir
les habitants d'une ville ou d'un village do
courir aux armes : C'est surtout dans les temps
de révolution que l'on sonne J'alarme, quand
toutefois onvouslaisse vos cloches. (Sallentin.)
Il Fausse alarme, Crainte sans motif, sans
fondement, il Prendre l'alarme , S'effrayer ,
s'épouvanter : Nous pouvons nous tromper,
ma bonne, et nous prenons peut-être J'alarme
mal à propos. (Le Sage.) il Etre nourri dans les
alarmes, Etre accoutumé à la guerre et à ses
dangers ; vivre au milieu des camps. Il Donner
les alarmes, Tenir on éveil, harceler les avant-
postes de l'ennemi : C'est d la cavalerie légère
à donner les alarmes. (Gén. Bardin.) il On
dit aussi tenir en alarme.
— En alarme, loc. adv. En crainte, dans
l'inquiétude : Il est toujours en alarme.
(Acad.) La présence de cet homme dans la
ville la tient en alarme. (Acad.)
Notre alouette de retour
Trouve en alarme sa couvée.
— Prov. L'alarme est au camp. Se dit quand
une réunion, une société vient d'être effrayée
par un motif quelconque :
... Je mets l'alarme au camp ?
Je suis donc un foudre de guerre !
It On le dit aussi de -gens qui ont quelque
dessein secret et qui se croient sur le point
d'être découverts.
Alarme indique une grande inquiétude sur les
dangers dont on est menacé ou qu'on pressent:
La nouvelle de la défaite de Trasimène jeta à
Rome une grande alarme. La terreur nait d'un
danger présent, réel ou imaginaire : Condê,
jusqu'alors l'appui de l'Etat, en devint tout
d'un coup la terreur. (Bourdal.) L'effroi est
toujours produit par un danger réel : J'aurais
vu les apprêts de ma sépulture avec moins
(J'effroi que ceux de mon mariage. (J.-J.
Rouss.) La frayeur est le sentiment d'un effroi
passager et actuel : La frayeur de la mort
ne lui fit point abandonner sa maison. (Mass.)
L'épouvante nous fait fuir tout éperdus, no
sachant où nous allons : Les éléphants rom-
paient les rangs, écrasaient des bataillons en-
tiers, et jetaient partout J'épouvante et le dés-
ordre. (Roll.) La crainte est inspirée par une
chose qui peut être favorable ou contraire :
La crainte du Seigneur est te commencement
de la sagesse, (Ecrit, sainte.) La peur se rap-
porte à une chose que l'on considère comme
(levant être funeste, mais qui est souvent ima-
ginaire : L'ardeur de vaincre cède à la peur
de mourir. (Corn.) L'appréhension est due à
l'incertitude de l'avenir : Job portait au fond de
son cœur une continuelle appréhension de dé-
plaire à Dieu. (Boss.)
— Epitnètes. Chaude , soudaine , subite ,
vive, fausse, vaine, honteuse, mortelle, se-
crète , froide, sinistre , timide , guerrière. —
Vives, folles, précoces, tristes, violentes, som-
bres, secrètes, douces, tendres, affreuses, hor-
ribles, terribles, épouvantables, effrayantes,
mortelles.
lots furent alarmés jusqu'à perdre l'esprit.
(Boss.) La conscience du roi était alarmée par
son confesseur. (Volt.) Vous avez été très-
alarmé d'apprendre sa maladie. (J.-J. Rouss.)
Il n'avait pas encore fait son testament, jugez
si la gouvernante fut alarmée. (Le Sage.)
M. de Choiseul, alarmé de ce changement, fit
d'inutiles représentations pour "empêcher.
(Dulaure.) Alarmée du moindre souffle et
tremblante comme le faon séparé de sa mère,
elle se hâte de se cacher dans les eaux. (De-
leuze.) O ciel! s'écrie le père Beauregard, juste-
ment alarmé d'une telle résolution. (Billecocq.)
D'un geste, d'un regard, je me suis alarmé.
ALÀ
le alarmée.
De ce spectacle affreux votre fille alarmée
Voyait pour elle Achille et contre elle l'armée. .
Vous rasaur&tes seul nos villes alarmées,
■ Lorsque d'Ochosiaa le trépas imprévu
Dispersa tout son camp à l'aspect de Jéhu.
Racine.
11 n'est plus!... Prends ton vol, agite Renommée, ■'
Aux bouts de la terre alarmée
Porte de tes cent voix le plus lugubre accent.
La Harpe.
Vois-tu ces bandes désarmées.
Ces enfants, ces vieillards, ces vierges alarmées f
Us flottent au hasard de l'outrage au trépas,
Us regardent la mort en lui tendant les bras.
Lamartine.
— S'empl. substantiv. : Les alarmistes... il
en est de deux sortes : ce sont ou des al,
ou des donneurs d'alarmes. (Fr. Wey.)
alarmer v. a. ou tr. (a-lar-mé — rad.
alarme). Donner l'alarme : L'approche des
ennemis alarma le camp (Trév.) Rarement
employé dans ce sens, il Causer de l'émotion,
de l'inquiétude, de la frayeur : Sa maladie
nous A bien ALARMÉS. Plus on tient à la vie,
plus tout ce qui la menace nous alarme.
(Mass.) Les différends et les disputes des théo-
logiens alarmaient sa piété. (Fléch.) Votre
imagination, ma fille, vous A trop ALARMÉE Sur
vos vœux. (Chatcaub.) Cette loi alar
tous les pères de famille. (Napol. 1er.)
Ces discours commencés, ce visage interdit,
Pourraient de quelque ombrage alarmer mon esprit.
Voltaire,
— Fig. Effaroucher, blesser, offenser : Elle
a de la sagesse, et mon fils est trop timide pour
être capable (Z'alarmer sa vertu. (Le Sage.)
Si un bruit sourd d'impiété venait de temps en
temps alarmer l'oreille attentive de Bossuct
et indigner sa grande âme, ce bruit n'était en-
core pour ainsi dire que souterrain. (Lamenn.)
Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur,
Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'nnfpnr
n hardi de ses rimes cyniques
""' ît les oreilles pudiques.
BOILEAU.
> S'alarmer, v. pr. S'émouvoir, s'inquiéter,
s'effrayer : S'alarmer pour la moindre chose.
Ne vous alarmez pas de tous ces faux bruits.
(Acad.) Vous voos Êtes alarmé sans, raison,
vous vous êtes rassure de même. (J.-J. Rouss.)
Les plus judicieux ou les plus prévoyants des
colons s'alarmaient donc, avec justice, de ta
Ne vous alarmez pas d'une telle menace.
Corneille.
Ce jour-là, je l'avoue, je me suis alarmé.
Et ce cœur, tant de fols dans la guerre éprouvé,
S'alarme d'un péril qu'une femme a rêvé.
Corneille. .
Lorsqu'il faut au devoir immoler la tendresse,
Un cœur s'alarme peu du péril qui le presse.
Nutle raison de crainte, et loin de l'alarmer, .
Il S'euarouchor : Sa pudeur s'alarma d'abord ;
mais elle céda à l'utilité publique. (Montesq.)
Protecteur des cabanes, répondit Catherine,
votre bonté ne s'est point en vain alarmée ;
Satan a déchaîné l'enfer contre l'Amérique.
(Chateaub.)
— Antonymes. Animer, conforter, encoura-
ger, enhardir, exciter, fortifier ou ranimer le
courage, raffermir, rassurer, réconforter, re-
tremper.
ALARMISTE s. (a-lar-mi-ste— rad. alarme ;
terme particulier au langage politique). Qui
se plaît à répandre des bruits alarmants :
C'est un alarmiste. Annonçons une bonne tiou-
velle aux alarmistes qui craignent pour la
France le retour de la guerre. (V. Paulin.)
N'écoutez pas ainsi les alarmistes. (L. Goz-
lan.) Aujourd'hui, V alarmiste de mauvaise foi
est un spéculateur ou un ambitieux. (Fr. Wey.)
— S'empl. adject. : Nous ne voulons'pas être
alarmistes ; mais nous ne voulons pas non plus
être empêchés par l'amour de la paix de dire
ou'il est plus que probable que la guerre aura
lieu. (Journ.) La fin de ce discours a paru sin-
gulièrement alarmiste. (Journ.) Pardon, lec-
teur, je suis peut-être alarmiste. (M. Alhoy.)
— Argot. Chien de garde.
ALASCHER, ville de la Turquie d'Asie, à
120 kil. de Smyrne; T5,000 hab. Anciennem.
le siège de l'une des Eglises les plus célèbres
• des premiers temps du christianisme.
alasmides s. m. pi. ( a-la-smi-de ) . Nom
doi.né par Rafflnesque à une famillo do mol-
lusques qui renfermerait seulement, le genre
mulette \vnio), et qui n'a pas été adoptée.
ALASMIDonte s. f.. (a-la-smi-don-te —
de alasmide, et du gr. odous, odontos, dent).
Moll. Genre de mytilacés, formé aux dépens
des mulettes. Il labite les eaux douces de
l'Amérique du nord. Il On dit aussi alismo-
DONTE Cl ALASMISODOÏITE.
ALASTOR Myth. Surnom particulièrement
attribué à Jupiter et aux Furies, il C'est aussi
le nom d'un des chevaux de Pluton, d'un génie
vengeur.et malfaisant, d'un frère de Nestor
ALA
tué par Hercule, d'un compagnon de Sarpédon
et de divers autres personnages mythologiques.
ALATA-LATA 3. m. (a-la-ta-la-ta). Conchyl.
Syn. A'alatite. V. ce mot.
ALATAMAIU ou ALTAMAHA, fleuve des
Etats-Unis, qui arrose l'Etat de Géorgie , et se
jette dans l'Océan, au golfe de St-Sîmon, après
un cours de 140 kil.
A LATERE loc. adj. (a-la-té-ré— mots lat.
qui signif. du coté, d'auprès). Se dit de cer-
tains cardinaux envoyés par le pape avec des
pouvoirs extraordinaires auprès des souve-
rains étrangers ou à un concile : Légat a la-
tere. Mon gracieux maître l'archevêque, dit
l'appariteur , vient seulement d'arriver dans
cette ville, dont il est métropolitain. D'ailleurs,
en vertu de sa mission apostolique, comme légat
A latere , «7 a pleine juridiction dans toute
l'Angleterre , ainsi que l'apprendra quiconque
osera refuser d'obéir à ses citations. (Walter
Scott.) Le légat a latere a les pouvoirs les
plus étendus. (Thiers.) Pie VII voulut conférer
au cardinal Caprara la plus haute dignité de
la cour romaine', celle de légat a latere.
(Thiers.)
alaterne s. m. (a-la-ter-iiè — du lat.
alaternus, nerprun). Bot. Grand arbrisseau de
la famille des rhamnées, à tige rameuse, à
fouilles persistantes, à fleurs verdâtres, exha-
lant une odeur de miel assez agréable. Il habite
l'Europe méridionale et les bords du bassin
méditerranéen. Lo bois est dur et employé
dans les arts. Les fruits sont purgatifs, ainsi
que les feuilles, qui, de plus, sont astrin-
gentes et rafraîchissantes.
— Alaterne bâtard. Nom donné quelquefois
improprement au céanothe d'Afrique.
alaternoïDE adj. (a-là-tcr-ho-ï-de — de
alaterne, et du gr. eidos, forme). Bot. Qui
ressemble à l'alaterne.
alatier s. m. (a-la-ti-é). Bot. Nom vul-
gairo do la viorne commune, ou plutôt de son
fruit, dans quelques parties du midi de la
Franco.
ALATION s. f. (a-la-si-on — du lat. ala,
aile). Entom. Manière dont les insectes ont
les ailes conformées ou disposées sur le corps.
- ALATITE, ALALATA OU ALATA-LATA S. f.
(du lat. ala, aile). Moll. Nom donné à quel-
ques espèces de strombes, dont la coquille a
un bord droit, "fort étendu en forme d'aile, et
sans digitation ; on en a fait aussi le genre
plérocère. Plusieurs auteurs donnent lo nom
d'alatite aux espèces fossiles de ces deux
genres.
ALATLI s. m. (a-Ia-tli). Ornith. Espèce de
martin-pêcheûr qui habite les Antilles et le
Sénégal. On l'appelle aussi oiseau à collier,
parce qu'il porto une sorte de collier bleu.
C'est Yalcedo torquata des auteurs.
ALATRI, ville des Etats de l'Eglise, évêché ;
10,000 hab. Vins, huiles, fabriques de drap.
ALATUNGA. Corruption du mot alalonga.
V. ce mot.
AI.ATYR, ville de la Russie d'Europe au
confluent de la rivière du même nom et de la
Soura, à 130 kil. de Simbirsk ; 3,500 hab. Grand
commerce de grains, n Rivière de la Russie
d'Europe, qui coule aussi dans laRussie d'Asie,
et se jette dans la Soura après un cours de
220 kil. Il District du gouvernement de Sim-
birsk , dans la Russie d'Europe ; territoire
très-boisé, et arrosé par la Soura et l'Alatyr
ioo,c" v-1-
oise, ei ;
0 hab.
dont les soldats portaient sur leur casque
un ornement imitant la petite crèto do cet
oiseau, n Nom latin de l'alouette.
ALAUDE s. f. (a-lô-de — du lat. alauda,
alouette). Ornith. Nom donné à tout le genre
alouette.
ALAUDINÈES s. f.'pl. (a-lô-di-nô — du lat.
alauda, alouette). Ornith. Tribu de la famille
des alaudidées.
. ALAUS s, m. (a-Ia-uss — du gr. alaos, aveu-
gle). Entom. Genre d'insectes coléoptères pen-
tamères, renfermant une douzaine d'espèces,
dont une seule habite l'Europe.
ALAUSI, ville de l'Equateur, à 200 kil. sud
de Quito, sur le petit neuve de ce nom. On
y récolte la canne à sucre , des grains et des
fruits en abondance.
ALAUX (Jean), peintre français, né à Bor-
deaux en 1786, élève de F.- A.Vincent, remporta
en 1815 le grand prix de Rome. De cette ville, il
envoya au Salon de 1824, entre autres ouvra-
ges, Pandore descendue sur la terre par Mer-
cure, peinture harmonieuse mais sans carac-
tère, qui ojrne aujourd'hui l'un des plafonds du
d'Etat (Luxembourg) : la Justice amenant l'A'-
bondance et l'Industrie sur la terre, et la Justice
veillant sur le repos du monde; dans ce der-
nier ouvrage, la composition seule lui appar-
tient; l'exécution est de Jean-Pierre Franque,
élève de David. Sous le gouvernement de Juil-
let, M. Alaux, dont on appréciait le talent trop
facile, fut accablé de commandes. En. 1833, il
ALB '
exécuta pour une des salles du Musée de la
Renaissance, au Louvre, un plafond où il
peignit Le Poussin présenté par Ilichelieu à
Louis XIII, qui le nomme son premier peintre.
Cet ouvrage, qui obtint un assez grand succès
auprès des amateurs vulgaires, a été moins
bien accueilli par la critique; G. Planche lui
a consacré ces quelques mots écrasants : « Le
Poussin de M. Alaux ne résiste pas à la ré-
flexion; le caractère de cette composition
devait être la gravité; la figure principale,
celle de l'artiste, devait dominer les deux
autres, au moins par l'importance de l'expres-
sion.,. Or, aucune de ces conditions n'a été
remplie... La peinture de cette toile serait to-
lérable dans une salle de bal ou dans une dé-
coration d'opéra. Dans un monument comme
le Louvre, c'est un contre-sens. » Les nom-
breux tableaux de grandes dimensions que
M. Alaux a peints pour les galeries historiques
de Versailles ne méritent pas un jugement
sévère : ils pèchent presque tous par
Color
>quen<
rachète pas même l'intérêt de la composition.
Plusieurs de ces tableaux ont figuré aux expo-
sitions publiques ; il nous suffira de citer les
portraits des maréchaux de Gassion.deRant-
zau (1835) et de Brissac (1836), la Bataille de
Villaviciosa (1837), la Frise de Valenciennes
(1838), la Bataille de ûenain (1839), et les
peintures de la salle des états généraux (1841).
La Lecture du testament de Louis X/T,-qui
figura au salon de 1850-51, a été le dernier
ouvrage exposé par M. Alaux, qui, outre les
travaux que nous venons d'énumérer, tut
chargé d'accomplir une mission fort délicate,
celle de restaurer les peintures du Primatice,
à Fontainebleau. Il paraît, au reste, s'en être
acquitté avec assez de discrétion. Les hon-
neurs et les palmes académiques n'ont pas fait
défaut a cet heureux artiste : nommé direc-
teur de l'école de Rome en 1847 au départ de
M. Schnetz, il fut élu membre de l'Académie
des Beaux-Arts le 22 février 1851, ù la place
de Drolling, La mort l'a enlevé au commence-
ment de 1S64, mais depuis plusieurs années
déjà un profond silence s'était fait autour de
ALA VA, l'une des trois provinces basques,
appartenant à l'Espagne, ch.-lieu Vittoria;
75,000 hab. Pays montagneux et encaissé. Ré-
colte de grains, vins, chanvre, lin, huiles, etc.
L'Alava, qui fut réuni à la couronne d'Espagne
en 1200, a conservé des fuéros.
ALAVETTE s. f. (a-Ia-vè-te). Ornith. Nom
vulgaire de l'alouetto commune , dans quel-
ques parties do la France.
ALAZEIA, fleuve de la Russie d'Asie, dans
le gouvernement d'Irkoutsk, en Sibérie. 580
kil. de cours.
ALB ou ALP Géogr. Nom sous lequel on
désigne le prolongement septentrional de la
forêt Noire et la chaîne de montagnes qui
s'étend sur la limite sud-est du Wurtemberg,
Cette chaîne a une longueur de 120 kil. et une
largeur moyenne de 24 ; elle donne naissance à
un grand nombre de rivières.
ALBA, ville du royaume d'Italie (Etats Sar-
des), sur le Tanaro, à 40 kil. S.-E. de Turin;
7,500 hab. Evêché ; cathédrale remarquable par
sa belle architecture. Commerce considérable
de bestiaux. Ville très-ancienne, VAlba Pom-
peia des Romains. Patrie de Pertinax. Il Pro-
vince du même nom, dont Alba est la capitale ;
fertile en grains, vins, fruits et soie très-esti-
més ; exploitation de marbres, sel gemme, etc.
110,000 hab.
ALBA, villa d'Italie, dans l'ancien royaume
de Naples, au N.-O. du lac Celano ; 2,450 hab.
Ancienne capitale du pays des Marses; elle
avait un ampnithéàtre et des monuments re-
marquables dont on voit encore quelques
restes. C'était le séjour ordinaire des rois faits
prisonniers par les consuls romains. Persée,
roi de Macédoine, y fut envoyé après le triom-
phe de Paul-Emile ; Syphax , roi de Numidie,
et Bituitus, roi des Arvernes, y séjournèrent
également.
ALBA AUGUSTA, nom latin d'Albi.
ALBA BULGAU1CA, nom latin de Belgrade.
ALBA LONGA, nom latin d'Albe-la-I.ongue.
ALBA MALA ou MARLA , nom latin d'Au-
ALBA SELUS1ANA, nom latin de Wissem-
ALBACÈTE, Ville d'Espagne, ch.-lieu de la
province de ce nom; 12,750 hab. Siège d'une
cour d'appel; fabriques de draps, d'armes et
de grosse quincaillerie. La province compte
210,000 hab.
ALBACORE s. m. fal-ba-ko-re — du lat.
albacoreita, thon). Ichthyol. Corruption du
nom albacoretta, donné par Pline à une espèce
de thon, et qui a servi ensuite à désigner
plusieurs espèces de scombres, ou même de
genres voisins.
ALBA1N (mont), montagne du Latium, près
d'Albii Longa, aujourd'hui Monie-Cavo. Albe
était bâtie au pied de ce mont.
• ALBAIN, AINE s. et adj. (al-bain, è-ne).
Géogr. anc. Habitant d'Albe;qui a rapport à
cette ville ou à ses habitants : Au premier
choc, les trois Albains furent blessés. Le pays
ALBAIN. .
— Antiq. rom. Nom qu'on donnait aux
prêtres de Mars, parce que le mont Atbain
était leur résidence ordinaire.'
ALBAN, ch.-l. de cant. (Tarn), arrond. d'Albi ;
pop. aggl. 543 hab. — pop. tôt. 824 hab. Place
Forte au xvc siècle.
ALBAN (SAINT-), hameau sur la Loire, h
9 kilom.-de Roanne. Eaux minérales froides,
bicarbonatées mixtes, ferrugineuses et ga-
zeuses, connues dès l'époque romaine. Elles
émergent par trois sources , a l'extrémité de
la grande chaîne plutonique des Cévennes.
ALBAN ou ALBANS (saint) , premier martyr
de la foi en Angleterre , périt vers 303. La
ville de St-Albans, en Angleterre, a tiré son
nom d'un monastère élevé en sa mémoire.
Honoré le 22 juin.
albanais, AISE s. et adj. (al-ba-nô, èzc
— rad. Albanie). Géogr. Habitant de l'Alba-
nie ; qui a rapport à l'Albanie ou à ses habi-
tants : Les Albanais sont de race slave, fai-
blement mêlée avec la race grecque. Il suffit
d'avoir des yeux pour distinguer les Grecs,
peuple fin et délicat, des grossiers Albanais.
(E. About.) Les Albanaises portent une longue
chemise de toile de coton, brodée au bas, au col
et aux manches, avec de la soie de toutes cou-
leurs. (E. About.) C'était un jeune homme,
coiffé d'un bonnet rouge à gland d'or, et serré
comme une guêpe dans son joli costume alba-
nais. (E. About.) f avais acheté une chemise
albanaise fort bien brodée. (E. About.) Les
Albanaises rappellent les formes de nos belles
statues. (Bartholdy.) Les femmes albanaises
sont presque toutes belles et fécondes. (Leroux.)
— Linguist. Idiome qui se parle dans l'Al-
banie proprement dite et dans quelques pro-
vinces ottomanes : On distingue dans /'alba-
nais quatre dialectes. (L. Vaïsse.) //albanais
est moins riche et moins régulier dans ses formes
grammaticales que le grec ou le slavon. (L.
Vaïsse.) Ilexiste en albanais un certain nombre
de chants nationaux. (L. Vaïsse.)
— Hist. Albanais, Troupes mercenaires le-
vées en Albanie et qui, sous différents noms,
pendant le xve et le xvio siècle, ont servi en
France, en Espagne et à Venise : Les Alba-
nais sont tes plus braves guerriers de la Grèce.
(Bartholdy.) J'ai été général inspecteur des
armées du pacha, répondit Moncerf, et mon
peu de fortune, je ne le cache pas, vient des libé-
ralités de l'illustre chef albanais. (Alex. Dum.)
— Hist. relig'. Membre d'une secte chré-
tienne qui prit naissance en Albanio, au
vme siècle , et qui renouvela les opinions des
manichéens.
ALBANAISE s. f. (al-ba-nè-ze). Nom donné
à uno sorte do robe et à un genre do coiffure.
Il Bot. Sorte d'anémone blanche.
ALBANDINE. V. ALABANDINB.
ALBANE (François Albani, dit l'), célèbre
peintre italien, né à Bologne en 1578, mort en
1CC0, étudia d'abord son art sous le peintre
flamand Denis Calvaert, puis entra a l'école
des Carrache, où il fut lié avec le Guide et le
Dominiquin. 11 a surtout cultivé le genre gra-
cieux, les études de femmes, les nymphes, les
amours, les riants paysages, les sujets mytho-
logiques, ce qui lui a valu les surnoms de Pein-
tre des Grâces et d'Anacréon de la peinture;
il excellait également dans l'art de peindre les
monuments d'architecture, dont il savait orner
ses tableaux. Le Corrége seul l'a surpassé par
la grâce exquise de ses compositions. L'Albane,
qui peignait dans une villa qu'il possédait au
milieu d'une campagne délicieuse, n'a pas été
moins heureux dans la reproduction des vues
champêtres et des beaux paysages. Toutefois,
on lui reproche l'absence d'invention, le retour
trop fréquent d'airs et de figures, qui semblent
avoir été jetés dans le même moule ; aussi est-il
très-inférieur a lui-même dans la seconde partio
de sa carrière, comme s'il avait épuisé en quel-
ques années toutes les richesses de son imagi-
nation. On a souvent répété qu'il trouvait dans
la beauté de sa femme et de ses douze enfants
les modèles constants de ses belles toiles ; il y
a cependant peu d'apparence que ces modèles
aient pu lui servir pendant les soixante années
de sa carrière artistique. Ses chefs-d'œuvre
sont : les Quatre Eléments, Vénus endormie,
Diane au bain , Danaé couchée , Galatée sur
la mer, et Europe sur le taureau.
ALBANI. Peuple de l'Illyrîe grecque , entre
la Méditerranée et la Macédoine, contrée d'Al-
banopolis. Les Albani étaient les prédécesseurs
des Albanais modernes.
ALBANI, illustre famille de Rome, originaire
de l'Albanie ; se réfugia en Italie après l'inva-
sion des Turcs, dans le xvic siècle. Elle a fourni
à l'Eglise un grand nombre de prélats distin-
gués, dont les plus célèbres sont: Jean-Jérôme
Albani , qui fut sur le point d'être élevé à la
papauté après la mort de Grégoire XIII, et qui
mourut en 1591 ; — Jean-François Albani, élu
pape en 1700 , sous le nom de Clément XI; Il
laissa plusieurs neveux qui devinrent cardi- ■
naux et jouèrent un rôle assez important .
Annibal Albani, évèqued'Urbin, mort en 1751;
Alexandre Albani, son frère, bibliothécaire
du Vatican, qui rassembla dans sa maison do
campagne , si célèbre sous le nom de Villa
Albani, des chefs-d'œuvre de toute espèce ; —
Jean-François Albani, mort en 1809 évéque
d'Asti. Ayant pris parti contre les Français à
leur entrée en Italie, il vit son palais pillé et
lui-même fut forcé de quitter Rome. — Un
autre cardinal de cette famille, Joseph, mourut
en 1834 dans un âge très-avancé ; commissaire
apostolique dans les légations pendant les trou-
bles de 1831, il se fit remarquer par des actes
d'une rigueur outrée.
174 ALB
ALBANI (Villa), célèbre maison de plai-
sance que fit élever près de Rome le cardinal
Alexandre Albani , amateur passionné des
beaux-arts et de l'antiquité , surnommé par
ses flatteurs l'Adrien de son siècle. Cette ma-
gnifique demeure, construite sur le plan des
habitations pompéiennes, fut décorée par les
plus habiles artistes de l'époque ; une précieuse
collection d'objets d'art y fut installée- dans
d'objets d'art y fut 'installée, dans
uuo gaieiie, au plafond de laquelle Raphaël
Mengs peignit un Parnasse beaucoup trop
vante. Winckelmann, que le cardinal avait
converti au catholicisme et dont il avait fait
son ami, présida à la formation de ce musée,
qui devint bientôt l'un des plus célèbres du
monde. Entre autres chefs-d'œuvre de l'art
antique qui y furent réunis, il nous suffira
de citer l'Apollon Sauroctone , en bronze ,
le Repos d'Hercule, les Fils de Niobe percés
de flèches, la Canëphore ou Cariatide des
sculpteurs athéniens Criton et Nicolaûs, un
Cupidon, copie de celui de Praxitèle, une
Faustine assise, le délicieux bas-relief d'An-
tinous, etc. La plupart de ces ouvrages ont
été décrits par Winckelmann dans le beau
travail que ce savant a consacré à l'étude de
l'Art chez les anciens. En 1796, nos armées
victorieuses dépouillèrent la villa Albani de
plusieurs de ses chefs-d'œuvre ; on les trans-
porta au Louvre. Rendus en 1815, ils furent
^ ALBANIE, province du S.-O. de la Turquie
d'Europe, bornée au N. par le Monténégro et
la Bosnie, à l'E. par la Macédoine et la Thes-
salie, au S. par le roy. de Grèce, à l'O. par la
mer Adriatique et la mer Ionienne ; villes prin-
cipales: Scutari et Janina. Cette contrée se
divise en haute, moyenne et basse Albanie,
L'agriculture , l'industrie et le commerce ont
fait peu de progrès dans ce pays, régi encore
aujourd'hui par un despotisme brutal. Conquis
par les Turcs au xve siècle , après une rési-
stance glorieuse dirigée par le fameux Scan-
der-Beg, les Albanais sont en partie maho-
métans, en partie chrétiens du culte grec ;
1,500,000 hab.
ALBANIEN, enne s. et adi. {al-ba-ni-ain, '
è-ne).Géogr. Habitant de l'Albanie; qui a
rapport, qui appartient à l'Albanie : On Alba-
nien. Une Albanienne.
ALBANINSs. m.pl.(al-ba-nain). Gôogr. Peu-
plade de 1 Egypte.
ALBANO, ville des Etats de l'Eglise, à 22 kil.
S.-E. de Rome, renommée par ses nombreuses
villas et par des ruines au milieu desquelles on
remarque les mausolées d'Ascagne , des Ho-
races et des Curiaces ; 6,000 hab.
. ALB ANO (lac d') , près de la ville d e ce nom ,
dans les Etats de l'Eglise. Ses bords sont cou-
verts de villas, parmi lesquelles on remarque,
à Castel-Gandolfo, un magnifique palais de
plaisance du pape.
ALBANY (Ducs d'). Plusieurs princes de la
maison d'Ecosse ont porté ce titre. Les plus
connus sont : Robert Stuart, régent, mort en
H20; Alex. Stuart, fus de Jacques II, mort
exilé en France, en 1485 ; et Jean Stuart. qui :
suivit Louis XII et François 1er en Italie. Il
mourut en 1536.
> ALBANY (Louise-Marie-Caroline , comtesse
d ), née en 1753, à Mons, épousa en 1772 le pré-
tendant Charles-Edouard, qui prit alors le nom
decomte d'Albany. Elle vécut séparée de lui de-
puis 1780, à cause de sa honteuse intempérance
et de ses brutalités. Elle avait inspiré une vio-
lente passion au poète Alfieri, qui l'épousa
après la mort du comte d'Albany. Elle mourut
a Florence en 1824.
ALBANY, ancienne province de l'Ecosse,
comprenant plusieurs districts et comtés. Cette
province formait un duché qui était l'apanage
3e l'un des princes du sang royal.
ALBANY, district de l'Afrique méridionale,
qui appartient à l'Angleterre ; 11,600 hab., pres-
que tous blancs. Commerce de peaux, d'ivoire
de chevaux, etc. '
ALBANY, ville des Etats-Unis, cap. de l'Etat
de New-York, à 233 kil. de New- York, sur la
rive droite de l'Hudson ; 60,000 hab. C'est un
des grands entrepôts du commerce in térieur des
Etats-Unis ; plusieurs beaux édifices.
ALBANY (NEW-), ville des Etats-Unis, près
de l'Ohio, dans l'Indianaj 4,200 hab. Vastes
chantiers de construction pour les bateaux à
vapeur.
ALBARELLE s. f. (al-ba-rè-le — de l'ital.
albarello,esp. d'arbrisseau). Bot. Champignon
lui croît sur le châtaignier et sur le peuplier
blanc, et qui est bon à manger.
ALBABRACIN, ville fortifiée d'Espagne, en
Aragon, sur le Guadalaviar; 2,450 hab.; fa-
brique de draps.
ALBATEGNl, astronome arabe, né vers le
milieu du ixe siècle , en Mésopotamie , mort
en 929. Lalande le regardait cenime un des
vingt plus grands astronomes qu'il y ait eu.
Son principal ouvrage a, été traduit en latin
barbare et publié sous le titre de Scientia
stellarum, 1537, et commenté par Regiomoiita-
nus. Le manuscrit arabe est au Vatican. L'Es-
curial possède de lui plusieurs autres manu-
scrits inédits.
ALB
tion. il On dit, dans le même sens, albification
et déalbation. En dehors du langage techni-
que , ces mots se disaient en général de tout
acte, de toute opération qui avait pour résultat
le blanchiment, la déalbation des dents et
même l'étiolement : La privation de la lumière
produit une sorte de déalbation sur les corps
vivants. (Parisot.)
ALBÂTRE s. m. (al-bâ-tre — du gr. ala-
bastron, même sens). Pierre ordinairement
blanche et assez tendre pour être rayée par
l'ongle, d'un grain fin, demi-transparente,
susceptible d'un beau poli, et qui souvent est
variée de veines colorées : Albâtre naturel.
Albâtre artificiel. Albâtre veiné. Carrière
d'ALBÂTRB. Vase d' albâtre. Coupe d'
Pendule ^'albâtre. Statue d'" »'-=
lis. La marguerite déploie dans la
feuilles où brille V albâtre le plus beau. (Jauf-
fret.) 11 Mais cette comparaison est surtout du
domaine de la poésie quand il s'agit de peindre
d'une manière expressive et frappante la blan-
cheur, l'un des attributs de la beauté : Un
sein ef albâtre. Un cou ^'albâtre. Elle avait
le teint mat et semblable à ces albâtres que
le soleil d'Orient a légèrement dorés. (A.
Achard.) C'était une pâle et blonde personne,
aux lèvres rosées et aux mains cCalbatre.
(Alex, Dum.)
Sur sa gorge d'albâtre une gaze étendue,
Avec un art discret, en permettait la vue.
Voltaire.
Ici l'œil s'arrêtait sur deux globes d'albâtre.
Et plus loin sur un pied façonné par l'amour.
lu cyçne et
B.-Lorhian.
Sa bénigne moitié,
Offrait sans voile, aux reeards du cortéîre
Que le plaisir entraînait sur ses pas,
Son cou de lis, Valbdtre de ses bras. B.-Lormian.
— Enoycl. Deux espèces minérales, de com-
position fort différente, portent le nom d'al-
bâtre : l'une, l'albâtre calcaire, est une variété
de chaux carbonatée; l'autre, l'a Ibdtregyp seux,
est une variété de chaux sulfatée ou gypse.
\J albâtre calcaire est en couches parallèles,
mais ondoyantes, d'un tissu grenu, fibreux ou
lamellaire. Ses veines sont souvent de cou-
leurs différentes, blanc laiteux, jaune de miel,
rouge et brun. Quand les nuances sont nette-
ment tranchées, et qu'il est susceptible d'un
beau poli, on l'appelle albâtre oriental. Val-
bâtre gypseux, ou albâtre blanc vulgaire, est
demi-translucide, et offre souvent la blancheur
la plus parfaite. Il se distingue du précédent
par sa tendreté, sa fragilité, et surtout parce
qu'il ne fait pas effervescence avec les acides,
commo ce dernier. Les deux espèces d'ai-
batre sont employées, de temps immémorial,
pour faire des coupes, des vases, des sta-
tuettes, etc. Les Grecs donnaient à ces sortes
d'ouvrages le nom à'alabastra, qui veut dire
insaisissables , parce qu'étant sans anses (a-
labè) et parfaitement polis, ils étaient très-
difficiles a saisir.
ALBATROS s. m. (al-ba-tross — corruption
du lat. albatus, -vèiu de blanc). Ornith. Grand
oiseau des mers australes, connu aussi sous
le nom do mouton du cap, à cause de sa gros-
seur et de la couleur de ses plumes, où le
blanc domine. Les Anglais l'appellent vaisseau
de guerre.
— Encycl. Les albatros appartiennent à
l'ordre des palmipèdes et à la famille des lon-
gipennes.
Malgré leurs énormes proportions, qui en
font les géants des palmipèdes, les albatros
ont un vol agile et puissant. Ils semblent tou-
jours planer, et l'on n'aperçoit dans leurs ailes
aucun battement sensible. Ce sont, de tous les
oiseaux pélagiens, ceux qui s'éloignent le plus
des côtes.
Les espèces de ce genre habitent les mers
de la Chine et du Japon, et l'océan Austral,
au delà du tropique du Capricorne. Elles se
nourrissent de céphalopodes (seiches, cal-
mars, etc.) ; mais le fond de leur nourriture
paraît être la chair déjà corrompue des grands
animaux marins, tels que les phoques et les
cétacés ; aussi les a-i>on regardées comme les
vautours de l'Océan, destinés à purger les
mers des animaux morts et plus ou.moins pu-
tréfiés qui flottent à leur surface.
C'est seulement à l'époque de la reproduc-
tion que les albatros regagnent les terres.
Leurs nids, très-rapprochés entre eux, sont en
général peu élevés et construits avec de la
Boue. Les petits sont nourris très-longtemps
par leur mère ; ils ne paraissent nullement
effrayés de l'approche des hommes, et se con-
tentent, lorsqu'on les attaque, de se défendre
en lançant de leur estomac un déluge d'huile
d'une odeur fétide.
ALBAY, ville des Philippines, dans l'île de
Luçon, en partie détruite en 1814 par l'érup- ■
servaient I«s alchimistes pour désigner l'opé-
ration nar laauella lia Min„v,;=-c-,;™t i„„ JU
ALBAYCIN s. m. (al-bè-sain). Nom d'une
promenade de Cordoue : Nous les avons vus à
la Plaza de San-Lucar, à TAlbaycin de Cor-
doue. (Th. Gaut.)
ALBE s. m. (al-be — du lat. albus, blanc).
Bois de sapin et en général bois blanc.
ALBE (Ferdinand Alvarez de Tolède, duc
d'), général de Charles-Quint et de Philippe II,
ne en 1508, d'une illustre famille castillane,
ALB
mort en 15S2. Dès sa jeunesse, il porta les
armes, accompagna Charles-Quint a la ba-
taille de Pavie, au siège de Tunis, à l'ex-
pédition d'Alger, défendit la Navarre et "la
Catalogne contre les Français, remporta sur
l'électeur de Saxe la fameuse bataille de
Muhlberg (1547), où les protestants furent en-
tièrement défaits, et combattit en Italie (1555)
les Français et le pape Paul IV. A l'avènement
de Philippe II, il jouissait d'une réputation mi-
litaire qu'on lui avait longtemps contestée,
mais qui du moins était pure des excès dont il
la souilla plus tard. Les troubles des Pays-Bas
lui offrirent l'occasion de développer son ca-
ractère et de montrer à nu cette figure sinistre
qui est restée dans l'histoire comme le déshon-
neur de sa nation et de la cause qu'il croyait
servir. Les conseils qu'il donna au roi de sup-
S rimer par la force les tentatives d'indépen-
ance religieuse de ces malheureuses provinces
lui valurent d'en être nommé gouverneur, avec
des pouvoirs illimités pour la répression. A son
arrivée (1556), il révoqua toutes les promesses
d'amnistie faites par Marguerite de Parme,
rendit toute sa force à l'inquisition, et mit, pour
ainsi dire, les provinces flamandes hors la loi
par des édits dont les conséquences rigoureu-
sement développées permettaient presque de
ne plus trouver un seul innocent. Il institua un
• tribunal qu'il appela Conseil des troublés, mais
que l'histoire à flétri du nom de Conseil de sang,
et qui décima les Pays-Bas par le bûcher, le
gibet et les tortures. Suivant son propre témoi-
gnage, dix-huit mille victimes, dont les plus
illustres furent les comtes d'Egmont et de
Horn, tombèrent dans cette hécatombe d'une
nation. En même temps, il enrichissait ses sol-
dats et ses sicaires par d'immenses. confisca-
tions. Les Flamands terrifiés s'enfuyaient par
milliers, portant à l'Angleterre leurs richesses
et leur industrie, pendant qu'une- poignée de
.patriotes se rangeaient sous les drapeaux du
prince d'Orange et commençaient 1 héroïque
résistance d'où devait sortir l'affranchissement
des Pays-Bas. Le duc d'Albe montra dans
cette guerre les talents d'un capitaine de pre-
mier ordre, et y exerça toute la cruauté qu'on
lui connaissait. Toutefois, quelle que fût leur
férocité, ses soldats répandirent moins de sang
que ses bourreaux. Lui-même se lassa de cette
lutte désespérée, et après la destruction de sa
flotte par les Zélandais, il demanda son rappel
et rentra en Espagne (1573).. Disgracié pen-
dant quelque temps , pour avoir favorisé le
mariage secret de son fils avec une dame de la
cour, il reparut a la tête de l'armée lors de la
guerre contre le Portugal, qu'il soumit rapide-
ment à Philippe II, mais qu'il inonda de sang
et qu'il épuisa par ses exactions (1581). Maigre
les plaintes qui s'élevaient de toutes parts
contra lui, le roi n'osa le faire poursuivre, et
il mourut paisiblement à Lisbonne l'année sui-
vante, en pleurant, suivant une tradition dou-
teuse, au souvenir des horreurs dont il s'était
souillé. Le caractère le plus saillant de son
talent militaire était la lenteur et la circonspec-
tion. Son nom est encore en exécration dans
les Pays-Bas; la voix de l'histoire a ratifié ce
jugement d'un peuple, et le héros espagnol est
resté comme un type, comme le représentant
du fanatisme sanguinaire et de l'aveugle ty-
rannie de Philippe II.
ALBE-LA-LONGUE, la plus ancienne ville
du Latium, fondée par Ascagne, fils d'Enée,
vers l'an 1150 av. J.-C. , et ainsi appelée
parce qu'elle s'étendait en longueur entre le
mont Albain et un lac du même nom [lacus
albanus). Cette ville est surtout connue par
ses luttes avec Rome et le fameux combat des
Horaces et des Curiaces ; elle donna aussi le
jour à Romulus et à Rémus. Elle fut détruite
par les Romains sous Tullus Hostilius, l'an de
Rome 89. Ses habitants furent alors transpor-
tés à Rome. Sur ses ruines s'élève aujourd'hui
la ville d'Albano.
ALBECK, village du "Wurtemberg, à 9 kil.
d'Ulm. 25,000 Autrichiens, sous les ordres du
général Mack, y furent défaits par 6,000 Fran-
çais, en 1805.
ALBEMARLE (comte d'). V. Keppel (Van).
ALBEMÀHLE (duc d').. V. MoNK.
ALBENs.m. (al-bènn — du lat. albus, blanc).
Miner. Calcaire incrustant qui existe en cou-
ches considérables près d'Erding, en Bavière.
ALBENAS (Jean Poldo d'), conseiller à
Nîmes, né dans cette ville en 1512, mort en
1563; contribua à la propagation du calvi-
nisme dans sa ville natale. Il a publié, entre
autres ouvrages, un Discours historial de l'an-
tique et illustre cité de Nimes (1557), indigeste,
mais plein de recherches utiles.
ALBENAS (Jean-Joseph), publiciste, né près
de Nimes en 1760, mort en 1824; suivit La
Fayette en Amérique, remplit des fonctions
publiques sous l'Empire, et ht paraître divers
écrits en l'honneur de Napoléon. Son fils,
Louis-Eugène , 'est l'auteur des Ephémérides
militaires de 1792 à 1815.
ALBENDORF, village de Prusse, dans la Si-
lésie; 1,260 hab. Sur le sommet d'une mon-
tagne, chapelle appelée le Calvaire, et visitée
annuellement par -plus de 80,000 pèlerins.
ALBENGA, viile d'Italie, à 60 kil. de Gênes,
sur la Méditerranée. Belle cathédrale ; ruines
et antiquités romaines.
ALBENS, ch.-lieu de cant. (Savoie), arrond.
de Chambéry ; pop. aggl. 227 hab. — pop. tôt.
1,543 hab.
ALB
ALDERDI (Jean-Baptiste), diplomate, né en
1812 à Tucunian, prov. Argentine; suivit d'a-
bord la carrière du barreau, combattit ensuite
dans la presse de Montevideo la dictature de
Rosas à Buénos-Ayres, et se montra l'un des
plus ardents adversaires de la doctrine de
Monroë, qu'il considérait comme une menace
suspendue sur sa patrie. Il publia ensuite di-
vers écrits politiques importants , où il posait
les fondements de la constitution aujourd'hui
en vigueur dans la confédération Argentinu,
En 1854, il fut nommé ministre plénipotentiaire
de la république, et résida en cette qualité à
New-York, à Londres, à Paris, à Rome et à
Madrid. Alberdi est auteur d'un grand nombre
d'ouvrages, remarquables au double point de
vue politique et économique, et où sont expo-
sés avec une grande clarté les intérêts de la
confédération Argentine.
ALBERÈS (Monts), ramification des Pyré-
nées , entre le dép. des Pyrénées-Orientales
et l'Espagne. Près de là, village de France du
même nom, où les Français, commandés par
Dugommier, remportèrent une victoire sur les
Espagnols en 1794.
ALBÉRÈSE s. f. (al-bé-rè-ze -, du lat.
albus, blanc). Géol. Sorte de pierre de roche
de couleur blanchâtre.
ALBERGAME DE MER s. m. (al-bèr-ga-me).
Zooph. Nom donné par Rondelet à une pru-
duction marine, qu on croit être un alcyon
ou une lobulaire. 11 On l'appelle aussi pomme
ALBERGATAIRE s. m. (al-bèr-ga-tè-re —
rad. alberge). Celui à qui des terrains sont
albergés ou cédés à rente perpétuelle.
ALBERGATI CAPACELLI (François, mar-
quis d'), littérateur, né à Bologne, en 1728,
mort en 1804. Ses œuvres (Bologne, 1784)
contiennent des Nouvelles morales qui justi-
fient assez mal leur titre, et un recueil d'a-
gréables comédies.
ALBERGE s. m. (al-bèr-je — du coït, berg
ou bercx lieu fermé, retraite, maison). Vieux
mot qui signifiait Logement, maison, hôtel-
lerie. 11 On écrit aussi halberge. C'est la forme
primitive do auberge.
alberge s. f. (al-bèr-je — du provençal
alberguo ou aouberguo, pêche). Hortic. Sorte
de pêche précoce à chair jaune, rouge ou vio-
lette : Un panier cTalberges. Des confitures
d'ALBERGES.
alberge, ée (al-bèr-jé) part. pass. du v.
Alberger.
ALBERGEMENT OU ALBERGÊAGE S. m.
(al-bôr-je-man — rad. alberge). Vieux mot
qui signifiait Hébergement, c'est-à-dire Droit
Ane. jurispr. Bail emphytéotique.
alberger v. a. ou tr. (al-bèr-jé — du
celt. al, le;6«77,lieu fermé, retraite, maison).
Vieux mot qui signifiait Héberger, loger.
— Ane. jurispr. Donner à louage, à bail.
Albergie s. f. (al-bèr-jî — raS. alberger).
Vieux mot qui signif. Logement.
ALBERGIER s. m. (al-bèr-jiô — rad. al-
berge). Hortic. Nom donné, dans le principe,
à tous les sujets d'abricotiers et do pêchers
obtenus de semis, et donnant de bons fruits.
Aujourd'hui, on l'applique spécialement à
quelques variétés de ces deux genres d'arbres.
ALBÉRIC 1er, noble lombard ,• embrassa lo
parti de Bérenger 1er, qUj ie flt marquis de Ca-
merino, et épousa la fameuse Marozia. Après
s'être uni au pape Jean X, en 916, pour com-
battre les Sarrasins établis près du Garigliano,
il fut exilé par ce même pape et massacré par
les Romains vers 952 , accusé d'avoir appelé
les Hongrois en Italie pour seconder ses pro-
jets de vengeance.
ALBÉRIC II de Camerino, fils du précédent
et de Marozia, mort en 954, força Hugues de
Provence, troisième époux de sa mère et roi
d'Italie, à se réfugier dans le château Saint-
Ange, devint lui-même seigneur de Rome avec
le titre, de grand consul , et gouverna cette
ville pendant près de vingt-trois ans. Son fils
Octavien hérita de la souveraineté temporelle
de Rome , et y joignit, deux ans plus tard , la
souveraineté spirituelle, après qu'il eut été élu
pape sous le nom de Jean XII.
ALBÉRIC, moine cistercien de l'abbaye des
Trois-Fontaines, près de Châlons-sur-Marne,
vivait dans le xme siècle. Il a composé une
chronique qui s'arrête à 1241, et dont Leibnitz
a donné une édition. La partie qui traite des
événements contemporains a seule une valeur
réelle.
ALBERONI (Jules), célèbre cardinal et mi-
nistre d'Espagne, né en 1664, a Fiorenzuola
(Parmesan), d'une famille de jardiniers; mort
à Rome, en 1752. Suivant quelques traditions,
il aurait cultivé la, terre de ses mains jusqu'à
l'âge de quatorze ans. Quoi qu'il en actif, il cr"
mença par être clerc sonneur dans h
drale de Plaisance, reçut par charité ui
d'éducation dans le couvent des barnabites, fut
pourvu d'un bénéfice, devint dans la suite cha-
pelain de l'évêque Roncoveri, et fut chargé par
le duc de Parme de quelques missions auprès
du maréchal duc do Vendôme, qui commandait
les troupes françaises en Italie pendant la
guerre delà succession. Sa souples" --■--'-
a cathé-
senta à la cour de France (1706) et 1'.
en qualité de secrétaire dans ses campagnes
des Pays-Bas, puis en Espagne (l7ll), où il le
recommanda a Philippe V. Après la mort de
son protecteur (1712), Alberoni, qui s'était déjà
fait remarquer par son habileté diplomatique,
fut choisi par son souverain, le duc de Parme,
pour résider à la cour d'Espagne en qualité
d'agent officiel.
La princesse des Ursins était alors toute-
Jmissante à cette cour. Elle était un obstacle
redoutable aux vues secrètes de l'astucieux
Italien, qui commença par gagner sa faveur
et endormir ses soupçons, puis conçut le projet
habile et hardi de lui opposer une reine de son
choix en faisant épouser à Philippe V, veuf de
Marie-Louise de Savoie, Elisabeth Farnèse,
héritière de Parme. Au reste, il sut persuader
à la princesse des Ursins qu'elle conserverait
tout son crédit sous la nouvelle reine , dont
l'esprit était faible et borné. Détrompée trop
tard, la favorite fut cruellement désabusée dès
l'arrivée d'Elisabeth, dont le premier acte fut
de la frapper d'une sentence d'exil et d'accor-
der toute sa confiance à l'homme qui l'avait
placée elle-même sur le trône d'Espagne (1714).
■ Nommé successivement premier ministre, car-
dinal et grand du royaume , Alberoni devint
dès lors 1 arbitre de l'Espagne, qu'il entreprit
de relever de la décadence où elle était tombée
depuis Philippe IL II commença par réformer
quelques abus, créa une marine et une armée,
réorganisa les finances ,. fit des armements et
prépara l'exécution de ses desseins par des
négociations secrètes. Rendre à l'Espagne ce
que lui avait enlevé le traité d'Utrecht, con-
quérir l'Italie sur l'Empereur, s'allier contre
celui-ci aux Turcs et aux mécontents de la
Hongrie, acheter la Hollande par des conces-
sions, susciter la guerre civile en France pour
renverser le duc d Orlèansetdonner la régence
à Philippe V, neutraliser l'Angleterre par la
descente du prétendant et tourner contre elle
les armes de Charles XII et de Pierre le Grand,
un moment réconciliés à sa voix : tels étaient
ses vastes desseins , telles furent ses princi-
pales entreprises. Mais toutes échouèrent hon-
teusement, et l'on vit alors que le ministre
d'Espagne, sans être dépourvu de talents, n'é-
tait point, dans l'exécution, à la hauteur de ses
gigantesques projets ; qu'il confondait trop
souvent 1 intrigue avec la politique, et que, s'il
possédait la haute ambition de Richelieu et la
souplesse de Mazarin, il n'avait pas, comme
eux, la pénétration qui prévoit les obstacles et
l'habileté qui les aplanit.
Ainsi, à la .conquête de la Sardaigne et de
la Sicile (1717-18), les puissances répondirent
par la triple, puis parla quadruple alliance:
les Turcs signèrent avec l'Empereur la paix de
Passarowitz ; la Hollande ne voulut point se
séparer de l'Angleterre; une flotte anglaise
vint détruire l'escadre espagnole devant Syra-
cuse ; le prétendant Jacques III fut écarté par
la tempête des côtes de l'Angleterre ; la con-
spiration de Cellamare, fomentée par Alberoni,
échoua en France, et une armée envoyée par
le régent fit une irruption victorieuse en Ks-
Eagne, pendant que la mort inopinée do Char-.
!s XII faisait perdre l'espoir d'une utile diver-
sion. Tant de désastres accablèrent Philip'pe V;
il implora la paix, et l'Angleterre et la France
y mirent pour condition première le renvoi
d'Alberoni. Abandonné par la reine elle-même,
exilé par le roi, le ministre déchu quitta l'Es-
pagne (1719), errant en divers lieux, poursuivi
par la haine des nations_ qu'il avait menacées
ue ses entreprises ou trompées par ses négo-
ciations, et se retira enfin à Rome, où sa: di-
gnité de cardinal ne le mit pas à l'abri d'une con-
damnation des tribunaux ecclésiastiques, sus-
citée peut-être par l'Espagne et motivée .prin-
cipalement sur les scandales de sa vie privée.
Toutefois, il rentra en laveur en 1723, reparut
sur la scène comme légat du saint-siége dans
/a Romagne (1738), et parvint, après de labo-
rieuses intrigues, h. reunir pour un moment
1 imperceptible république de St-Marin au terri-
toire de l'Eglise. C'est à ce sujet que Benoît XIV
disait qu'il ressemblait è, un gourmand qui,
après un repas copieux, convoiterait un mor-
ceau de pain bis.
A la mort de Clément XIII, Alberoni, à ce
qu'on assure, fut sur le point d êtne élu souve-
rain pontife, et il ne lui manqua que quelques
voix pour lui permettre de jeter de nouveau
son génie inquiet et remuant dans la balance
des destinées de l'Europe. Il mourut dans la
retraite et l'obscurité. Le 'Testament politique
publié sous son nom (1753) est apocryphe.
ALBERT OU ALBERTUS s. m. (al-bèr, al-
bèr-tuss). Numism. Ancienne ' "
ALBERT, ch.-lieu de cant. (i
ne), arrond.
ra'ns "denses , dont une branche s'étend ;
ALBERT le Wnnd, l'un des savants les plu:
illustres du moye* âge, né en 1193, à Lawin-
' gen (Souabe), de la famille des comtes dt
Bollstœdt, mort à Cologne en 1280. Il étudia
les sciences â Pnrlnna <>ni~n a — •» ■> *
ColOj
ù il sejw
parole. La foule qui se pressait' à ses c
devint si considérable, qu'il fut bientôt ol
ALB
d'enseigner en plein air sur une place qui a
gardé son nom (la place Maubert, abréviation
de Magister Albertus). De retour à Cologne,
il continua, à l'ombre du cloître, ses profondes
études et ses immenses recherches, fut élu en
1254 provincial de son ordre, et appelé l'année
suivante a Rome' par le pape Alexandre IV,
qui le combla d'honneurs et le nomma évêque
de Ratisbonne, en 1259. Il se démit de cette
dignité trois ans plus tard , pour retourner à
ses études et à son enseignement, qu'il n'aban-
donna que quelques années avant sa mort. Il
fut le maître de saint Thomas d'Aquin. Sa
fécondité n'était pas moins prodigieuse que sa
science : les ouvrages qu'on lui attribue ont
été recueillis en 1051, et forment 21 vol.-in-
folio, sans parler d'une multitude d'écrits évi-
demment apocryphes. Son érudition, extraor-
dinaire pour l'époque, était surtout puisée dans
les travaux des Arabes et des rabbins. Il avait
aussi une connaissance approfondie d'Aristote, '
dont beaucoup de ses ouvrages ne sont que
des commentaires. C'est avec lui que com-
mencent ces théories subtiles de la matière et
de la forme, de l'essence et de l'être, qui ont
passionné les docteurs du moyen âge et qui
n'ont conservé qu'une mince valeur philoso-
phique. En théologie, il suivit Pierre Lombard
et chercha assez vainement à concilier les
réalistes et -les nominalistes. Son plus beau
titre de gloire est dans ses travaux sur les
sciences naturelles. Sa physique est presque
complètement extraite d Aristote, dont il par-
tageait les erreurs. Mais la chimie lui doit
d'importantes découvertes. Il fit le premier
l'analyse du cinabre, donna de bonnes descrip-
tions des propriétés du soufre, de la prépara-
tion de tapotasse caustique, de l'acide nitrique,
dont il indique les propriétés principales, et
montra des connaissances singulièrement pré-
cises sur certains acides, sur les métaux, les
pierres et les sels.
Du reste, ce grand homme partagea les
erreurs de son temps sur l'alchimie, les sciences
occultes, la transmutation des métaux, etc., et
ses recherches en ce genre n'ont pas moins
contribué que son profond savoir a faire de
sa légende la plus populaire de toutes celles
des savants du moyen âge. Plusieurs des faits
merveilleux qu'on rapporte peuvent, au reste,
recevoir une explication rationnelle. Ainsi la
fête parlante qu'il avait eue dans son cabinet
de Cologne, et que brisa son disciple Thomas
d'Aquin, n'était sans doute qu'un automate qui'
articulait des sons ; Yhiver changé en printemps
lors du banquet donné à l'empereur Guillaume,
doit vraisemblablement s'entendre de fleurs et
de fruits .conservés par un procédé particu-
lier, etc. Quoi qu'il en soit, c'est sous l'aspect
d'un magicien de légende que le peuple a con-
servé son souvenir, et les pâtres de nos cam-
pagnes consultent encore avec la foi aveugle
de l'ignorance les ineptes grimoires de sor-
cellerie connus sous les noms de Secrets ad-
mirables du grand Albert, Secrets du petit
Albert, etc., dont la rédaction originale est fort
et paraît appartenir à un certain
chimie, par. M. Hoefer.
ALBERT d'Aï*, chanoine, mort vers 1120,
auteur d'une relation de la première croisade,
traduite dans la collection Guizot.
ALBERT (saint), moine dans le diocèse de
Cambrai , au xue siècle. Honoré le 7 avril, n •
Le bienheureux Albert, patriarche de Jérusa-
lem et législateur de l'ordre des Carmes.
ALBERT (Famille d'), maison noble du
comtat Venaissin, descendait d'une branche
des Alberti, de Florence, et a produit plusieurs
hommes remarquables : Charles d Albert,
duc de Luynes , favori de Louis XIII (V. Luy-
nes) ; Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes,
fils du précédent, père du duc de Chevreuse,
travailla à la Bible de Le Maistre de Sacy, et
fut lié de doctrines et d'amitié avec les hommes
de Port-Royal ; Louis-Joseph-Amable d'Al-
bert, duc de Luynes, député de la noblesse en
1789 ; Paul d'Albert, cardinal de Luynes, ar-
chevêque de Sens en 1753, membre de l'Aca-
démie.
ALBERT 1er, duc de Brunswick, mort en
1278. Il joua un rôle brillant dans les guerres
féodales, dompta les révoltes intérieures, fut
appelé en Danemark pour secourir la reine
douairière et le jeune roi Eric, reçut la dignité
de gouverneur ou de vice-roi, mais fut chassé
par une insurrection des Danois.
ALBERT 1er, duc d'Autriche et empereur
d'Allemagne (1248-1308). Il tua de sa main son
compétiteur, Adolphe de Nassau, à la bataille
de Gelheim, et suscita un grand nombre de ré-
voltes par sa tyrannie. C est sous son règne
que les Suisses commencèrent l'œuvre de leur
indépendance (1308). Il marchait pour les sou-
mettre, lorsqu'il fut assassiné au passage de
la Reuss, par son neveu, Jean de Souabe, dont
il avait usurpé le patrimoine.
ALBERT H, dit le Sage, duc d'Autriche, né
en 1298, mort en 1358. Il refusa la couronne
impériale, dont le pape' Jean XXII lui offrait
l'investiture, et tenta vainement de soumettre
les Suisses et de reprendre Zurich.
ALBERT III, duc d'Autriche, né en 1347,
fils du précédent, mort en 1395. Malheureux
dans quelques expéditions militaires, il s'atta-
cha à faire fleurir les lettres et les arts, et
fonda des chaires de mathématiques et de
théologie dans l'université de Vienne.
ALB
ALBERT IV, dit le Pieux, duc d'Autriche,
fils du précédent, abandonna le pouvoir à son
frère Guillaume, fit un pèlerinage en terre
sainte, et se retira dans un couvent de char-
treux, où il mourut empoisonné, en 1414.
ALBERT V, dit l'Illustre, duc d'Autriche,
devint ensuite empereur d'Allemagne sous le
nom d'Albert II. V. l'article suivant.
ALBERT II, fils d'Albert IV. né en 1397, fut
successivement duc d'Autriche sous le nom
d'Albert V, roi de Hongrie et de Bohême,
enfin empereur d'Allemagne en 1438, sous le
nom d'Albert II. Il ramena l'ordre et la' paix
dans ses Etats, et fit le bonheur de ses peu-
ples par sa justice et sa modération. Il mourut
en 1439, d'une maladie contagieuse , pendant
une expédition en Hongrie contre le sultan
Amurat II.
ALBERT, archiduc d'Autriche , sixième fils
de l'empereur Maximilien IL né en 1559, mort
en 1621. Elevé à la cour de Philippe II, il fut
d'abord cardinal, archevêque de Tolède, puis
nommé vice-roi de Portugal, et enfin chargé
du gouvernement des Pays-Bas , que l'admi-
nistration du duc d'Albe avait poussés à la
révolte. Après avoir renoncé à ses dignités
ecclésiastiques , il épousa une fille de Phi-
lippe II, qui lui donna les Pays-Bas. Il tenta
vainement de reconquérir la Hollande; vaincu
par Maurice de Nassau, il ne réussit à s'em-
parer d'Ostende qu'après un siège fameux qui
lui coûta cent mille hommes. Epuisé par sa
victoire autant que par l'opiniâtreté de la lutte,
il conclut une trêve de douze ans (1609) et s'ap-
pliqua dès lors à faire oublier par sa modéra-
tion et son humanité les maux que la guerre
avait apportés à ces malheureuses provinces.
ALBERT l'On«, né en 1106, margrave de
Brandebourg et fondateur de la maison de ce
nom. Il obtint l'indépendance de son margra-
viat et devint ainsi la tige des électeurs de
Brandebourg. Il défricha les terres de ses
Etats et fonda Berlin, Francfort-sur-1'Oder,
Landsberg, etc. Il mourut en 1170.
ALBERT de Mcckleinïiourg, élu roi de Suède
en 1363, détrôné par Marguerite de Waldemar,
reine de Suède, en 1389.
ALBERT de Brandebourg, premier duc de
Prusse et grand maître de l'ordre teutonique,
né en 1490. En 1525, il fit avec la Pologne une
convention par laguelle il renonçait à sa di-
gnité de grand maître, et recevait en échange
la Prusse inférieure à titre de duché pour lui
et ses descendants , sous la suzeraineté de la
Pologne. En 1525, il prêta le serment d'hom-
mage au roi Sigismond , à Cracovie. Il avait
embrassé le luthéranisme, qu'il introduisit dans
ses nouveaux Etats, et mourut en 1568. Il est
le fondateur de l'université de Kœnisberg,
ALBERT le Dénaturé, landgrave de Thu-
ringe, mort en 1314, épousa sa concubine,
Cunégonde d'Elsemberg, après la mort de sa
femme Marguerite, fille de l'empereur Frédé-
ric II, qu'il avait tenté de faire assassiner au
château de Wartbourg. Reportant alors sur
ses enfants du premier lit la haine qu'il avait
vouée à leur mère, il voulut les-priver de l'hé-
ritage de leurs ancêtres en vendant ses do-
maines à l'empereur Adolphe de Nassau. Mais
il échoua dans cette odieuse tentative, tomba
entre les mains d'un de ses fils, recouvra la
liberté et alla mourir de misère à Erfurth.
ALBERT, margrave et électeur de Brande-
bourg , surnommé l'Achille et l'Ulysse de
l'Allemagne, à cause de sa valeur et de son
■habileté dans les tournois, où il avait rem-
porté dix-sept io\% le prix, né en 1414, mort
en i486, était le troisième fils de Frédéric 1er.
D'abord burgrave de Nuremberg, il devint
margrave de Bareuth en 1464, par la mort de
son frère aîné, Jean l'Alchimiste, et. en 1470,
électeur de Brandebourg, par l'abdication de
son second frère, Frédéric. Il se trouva ainsi
en possession de tous les Etats qui avaient
appartenu à son père dans la Franconie et
dans la haute Saxe. En 1476, il abandonna à
son fils, Jean le Cicéron, l'administration de
ses Etats, se réservant la dignité électorale et
le droit.de conseil.
. ALBERT lo Belliqueux, surnommé YAlci-
biade de l'Allemagne, à cause de sa beauté.
né en 1522, mort en 1558, était fils du mar-
grave de Culmbach. En 1544, il déploya une
rare valeur dans les armées de Charles-Quint,-
combattit les protestants, mais fut vaincu à
Rochlitz et fait prisonnier par le duc Ernest
de Brunswick. Il embrassa ensuite le parti de
la France, se tourna contre Charles-Quint,
fit une guerre de brigandages à la tête d'un
corps d'aventuriers, et se livra à des excès qui
le rendirent odieux à l'Allemagne. Une ligue
se forma alors contre lui, et Albert, vaincu
dans une sanglante bataille, fut mis au ban de
l'Empire (1553). Obligé de quitter l'Allemagne,
il languit quelques années dans l'indigence et
dans l'exil, et mourut enfin des suites de son
intempérance.
• ALBERT (François-Albert-Auguste-Charles-
Emmanuel, prince), né en 1819, au château
de Rosenau, mort en 1861. Second fils d'Ernest,
il joua le rôle de prince-époux, dans __ ,.___,_
si jaloux de sa liberté et si ombrageux dans son
patriotisme, fut pleine de modération, de tact,
de sagesse et de dignité. Il se distingua sur-
tout par la protection éclairée qu'il accorda
aux arts, aux lettres, a l'industrie et à l'agri-
ALB
175
culture. Il a pris l'initiative d'une foule d'in-
stitutions utiles. C'est lui notamment qui conçut
et réalisa le plan gigantesque de l'exposition
universelle de Londres, en 1851.
ALBERT (Alexandre Martin, dit), homme
politique, ouvrier mécanicien, membre du gou-
vernement provisoire de 1848, né à Bury (Oise)
en 1815. Il joua un rôle actif dans les agi-
tations du parti républicain sous le règne de
Louis-Philippe, et se fit remarquer des chefs
de ce parti par son intelligence et l'énergie de
ses convictions. En 1840 , il contribua avec
d'autres ouvriers à la fondation du journal po-
pulaire l'A telier. Membre influent des sociétés
secrètes et l'un des combattants de février
1848, protégé par le journal la Réforme et par
Louis Blanc, dont il avait embrassé les idées,
il fut porté au gouvernement provisoire, où il
figura d'abord comme l'un des secrétaires, puis,
quelques jours après, comme l'un des membres
en titre. Dans les actes officiels et les procla-
mations, son nom, suivi de la qualification
d'ouvrier, apparaissait comme un symbole ca-
ractéristique des tendances de la nouvelle ré-
volution. Il se conduisit d'ailleurs avec autant
de dignité que de modestie, reçut la vice-pré-
sidence de la commission des travailleurs éta-
blie au Luxembourg, seconda constamment
Louis Blanc, soit dans cette commission, soit
à l'hôtel de ville, et fut nommé par le départe-
ment de la Seine représentant du peuple à
l'Assemblée constituante. Il n'y siégea que peu
de jours. Lors de l'envahissement de 1 assem-.
blée, le 15 mai, quelques paroles de sympathie
adressées par lui a la foulej l'insertion de son
nom sur les listes dressées par les insurgés
pour la formation d'un nouveau gouvernement
provisoire, furent considérées comme une
complicité réelle. Traduit devant la haute cour
de Bourges, il en déclina la compétence, refusa
de se défendre et fut condamne a la déporta-
tion. Il subit dix années de détention àDoullens,
à Belle -Ile -en -Mer et au pénitencier de
Tours, et recouvra la liberté lors de l'amnistie
de 1859. Après avoir été l'un des dictateurs de
la république, M. Albert occupe aujourd'hui
(1864) un modeste emploi dans 1 administration
du gaz; et cette honorable pauvreté, il faut
loyalement le reconnaître, est le trait commun
des hommes qui furent charges de la puissance
publique en ces temps orageux.
ALBERT le Valeureux (ORDRE d'), ordre de
chevalerie du royaume de Saxe. Il a été créé,
le 31 décembre lSSOj par le roi Frédéric-Au-
rite, qui lui a donne le nom du fondateur de
branche Albertine de sa maison. C'est un
ordre de mérite destiné a récompenser tous
les genres de services. Les membres forment
cinq classes : une de grands-croix, deux de
commandeurs, une de chevaliers et une de
petites-croix. La décoration se suspend a un
ruban vert liséré de blanc.
rembre 1836, par les princes s(
déboutes les branches de la maison d'Anhalt,
qui lui ont donné le nom d'un des plus illus-
tres de leurs ancêtres, et l'ont destiné a ré-
compenser tous les genres de mérite. Sa devise
est : Crains Dieu et suis ses commandements. Le
ruban est vert foncé, liséré de rouge ponceau.
Les membres forment quatre classes, une de
grands-croix, deux de commandeurs et une de
simples chevaliers. Deux médailles, l'une d'or
et l'autre d'argent, sont annexées à l'ordre
pour ceux dont les services ne sont pas assez
importants pour mériter la décoration.
ALBERTE s. f. (al-bèr-te). Bot. Genre do
plantes de la famille des rubiacées et de la
tribu des gardéniées, dédié à Albert le Grand.
Il renferme une seule espèce, originaire de la
Cafrerie.
ALBERTI (Léon-Baptiste), architecte célè-
bre, né vers l'404, à Florence, de l'ancienne
famille des Alberti, mort en 1484. Il se distin-
Eua également dans la peinture, la sculpture,
i littérature et les sciences. Ses principales
constructions sont : à Florence, le palais Jiuc-
cellai et le chœur de l'église de laNunziata;
à 'Rome, la. fontaine de Trevi;h Rimini, l'église
de San - Francesco. Il a laissé des ouvrages
estimés, entre autres un traité d'architecture
{De Me œdificatoria), qui lui valut de ses con-
temporains le surnom de Vitruve moderne.
ALBERTI (Léandre) , provincial des domi-
nicains, né en 1479, mort en 1552, a laissé,
entre autres ouvrages, des Vies des hommes
illustres de son ordre, De Virf.<- illustribus or-
dinis prœdicatorum, Bologne, 1517.
ALBERTI (Salomon) ,*célèbre anatomis'.f
allemand, né à Naumbourg, en 1540, mort en
1600. 11 découvrît les valvules des veines,
fit le premier connaître la structure de 1s
vessie, des urètres et des papilles rénales, et
enrichit la science d'une foule d'observations
nouvelles. Ses écrits sont nombreux et très-
estimés.
' ALBERTI , famille florentine de la haute
bourgeoisie, connue surtout par le rôle qu'elle
joua dans les luttes qui déchirèrent la répu-
blique au xive siècle. Unie aux Médicis contre
les Albizzi, elle eut la plus grande part à la
révolution populaire de 1378 (V. Ciompi et
Lando). Le plus connu de ses membres est
Benoit Alberti, qui, après avoir favorise- Je
mouvement des.Ciompi (des artisans) contre la
noblesse, tenta une réaction eu faveur de la
haute bourgeoisie. Il fut exilé avec son parti
en 1387, lors' du nouveau triomphe de la fac-
tion aristocratique et des Albizzi sur la bour-
geoisie et le peuple (arts majeurs et arts mi-
neurs). Les Alberto furent rappelés après le
retour des Médieis, en H35.
dans les lombrics et les limaces.
ALDERTINE (ligne), l'une des deux bran-
ches de la maison de Saxe; aujourd'hui dy-
nastie régnante dans la Saxe royale. La
branche" Ernestine a conservé les duchés.
Toutes deux sont issues d'Albert et d'Ernest,
fils de l'électeur Frédéric II, qui se partagè-
rent la Saxe en U85.
albertinié s. f. (al-bèVti-ni). Bot. Genre
de plantes de la famille des composées et de
la tribu des vernoniées. Il renferme des ar-
■ brisseaux qui habitent le Brésil.
albertinié, ÉE adj. (al-bèr-ti-ni-é —
rad. albertinié). Bot. Qui ressemble à l'alber-
— s. f. pi. Division de la tribu des verno-
niées, ayant pour type lo genre albertinié.
ALBEttTKANDY (Jean-Chrétien), jésuite et
historien polonais, né à Varsovie en 1731. Ses
Annales au royaume de Pologne et son His-
toire d'Etienne Bathory (en polonais) sont
estimées.
ALBERTVILLE, ch.-lieu d'arrond. (Savoie),
à 60 kil. N.-O. de Chambêry; pop. aggl.
2,634 hab. — pop. tôt. 4,018 hab. L'arrond. a
■4 cant., 41 comm., 35,408 hab. Fonderie im-
portante et monumentale ; beau pénitencier ;
terrasse fort curieuse.
alberzarin s. m. (al-bèr-za-rain).Sorto
do laine d'Espagne.
albescence s. f. (al-bèss-san-se — du lat.
albus, blanc). Etat de ce qui est blanc, de ce
qui blanchit. Se dit principalement de l'aube
du jour.
ALBESTROFF, ch.-lieu de cant. (Meurthe),
arrond. de Château -Salins; pop. aggl. 716
hab. — pop. tôt. 767 hab. Eglise remarquable,
construite en 1327.
ALBI ou ALBY, ch.-lieu du dép. du Tarn, à
676 kil. de Paris, sur la rive gauche du Tarn ;
pop! aggl. 11,457 hab. — pop. tôt. 15,493 hab.
L'arrond. a 8 cant., 02 comm., 93,767 hab.
Archevêché, cathédrale Sainte-Cécile, con-
struite en 1382, consacrée en 1410, et achevée
définitivement en 1512; vaste construction en
brique, beau portail et clocher pyramidal, cha-
pelles du xve siècle, jubé très-élégant.— Eglise
r l'emplacement d'une plu:
ancien palais épiscopal. — Pont d'Albi , con-
struit vers 1035. — Chapelle de Saint-Michel,
élevée sous le pontificat d'Alexandre II, re-
marquable par son ornementation bizarre. —
Patrie du navigateur La Pérouse, dont on voit
la statue sur une belle promenade nommée le
Vigan. Albi eut beaucoup à souffrir dans les
guerres des Albigeois.
ALBI, racine latine tirée de albus, blanc,
et qui entre dans la composition d'un grand
nombre d'adjectifs appartenant à l'histoire
naturelle. Voici les principaux : Albibarbe
(albus, blanc; barba, barbe), Qui a la barbe
blanche, il Albicaude (cauda, queue), Qui a la
queue blanche, n Albicaule (caulis, tige), Qui
a la tige blanchâtre, il Albiceps (caput, tête),
Qui a la tête blanche. Il Albicolle (collum,
cou), Qui a le col blanc, il Albicorne (cornu.
corne), Qui a les cornes blanches, tt Albicoste
(costa, côte), Se dit d'un coquillage dont les
côtes offrent des raies blanches, n Albidi-
penne (penna, plume). Qui a les ailes blan-
châtres, n Ai.biflore (flor, floris, fleur), Qui
porte des fleurs Manches, n Albilabrb (la-
brum, lèvre), Qui a 4e museau tacheté de
blanc, n Albimaculé (macula, taché), Qui est
tacheté de blanc. Il Albimane (manus, main),
Qui a les tarses blancs, il Albinerve (nervus,
nerf), Se dit d'une plante dont les fouilles ont
des nervures blanches, n Albipede (pes,pedis,
pied), Qui a les pattes blanches, il Albipenne
{penna, aile), Qui a les ailes blanches, il Albi-
Rostee (rostrum, bec), Qui a le bec ou l'ex-
trémité du museau blanc, il Albitarse (tarsus,
arse), Qui a les tarses blancs, tl Albiveiné,
veiia, veine), Même sens que atbineroe. il
Albiventre (uenter, ventre), Qui a le ventre
blanc.
albicante s. f. (al-bi-kan-te) . Bot. Es-
pèce- d'anémone à grandes feuilles.
ALBICORE s. m. (al-fci-ko-re). Ichthyol.
" " " J ïe. V. ce.
ALBIFICATION s. f. ( al-bi-fi-ka-si-on ) .
V. Albation.
ALBIGEOIS (r,'). Géogr. Ancien pays de
France, dans le haut Languedoc; il tirait son
nom d'Albi, sa capitale. Il est maintenant com-
pris dans le dép. du Tarn, l'arrond. d'Albi, et
la majeure partie de celui de Gaillac.
albigeois, oise s. et adj. (al-bi-joi, oi-
ze). Géogr. Habitant d'Albi ou de l'Albigeois ;
qui appartient à la ville d'Albi ou au pays
qu'on appelait l'Albigeois.
ALBIGEOIS ou CATHARES. Hérétiques du
xiie sièuW , répandus dans le midi de la France,
chez lesquelslea uns retrouvent les restes des
manichéens, d'autres les successeurs des Vau-
dois ou pauvres de Lyon, et qui, en tout état
ALB
de cause, peuvent être considérés comme les
précurseurs des protestants. Leur nom d'Albi-
geois vient, suivant l'opinion commune, de ce
que la ville d'Albi était leur- siège principal,
quoique, en réalité, ils fussent plus nombreux à
Toulouse, à Narbonne et dans d'autres villes.
contrées. indépendantes du Midi. Dèsl';
Alexandre III autorisa contre eux les persécu-
tions, et son légat, Henri, abbé de Clairvaux,
dévasta Lavaur et plusieurs autres villes. In-
nocent III prêcha contre eux une croisade
d'extermination et précipita les Français du
nord sur les riches contrées où ils dominaient
(1209). Le fameux Simon de Montfort, et les
légats P. de Castelnau (assassiné dès le com-
mencement de sa mission), Milon et Arnaud
Amalric, étaient à la tête des croisés;' le zèle
du premier était surexcité par l'espoir de pos-
séder le comté de Toulouse, dont le pape lui
avait assuré l'investiture, et dont il dépouilla
en effet Raymond VI en 1215. Tous les barons
et chevaliers du nord qui l'accompagnaient
étaient également entraînés par la cupidité
autant que par le fanatisme, et la plupart
s'enrichirent des dépouilles des vaincus. Cette
guerre prétendue sacrée dépassa en atrocités
tout ce qu'on avait vu jusqu'alors, et le sou-
venir exécré des exploits de Simon de Montfort
est resté vivant dans les contrées méridionales
comme celui des tueries du duc d'Albe dans les
Pays-Bas. Au sac de Béziers, soixante mille
personnes furent égorgées, sans distinction
de catholiques ou d'albigeois. Avant l'assaut ,
le légat Arnaud Amalric avait dit : « Tuez-les
tous; Dieu reconnaîtra les siens (V, Tuer). ■
Les mêmes horreurs se renouvelèrent à Car-
cassonne, et généralement dans tous les lieux
où triomphaient les croisés. Partout le bûcher
et les plus horribles supplices achevaient,
après le combat, l'œuvre de dépopulation et
de mort. Simon de Montfort fut tué en ms;
en assiégeant Toulouse, la capitale du comte
dont il avait reçu l'investiture. Raymond VI
continua la guerre; mais lorsqu'il fut mort,
son fils, Raymond VII, après une lutte dispro-
portionnée, dut céder la plus grande partie de
ses Etats à la couronne de France (1229). La
plupart des albigeois avaient péri dans ces
guerres, pendant lesquelles fut fondé par saint
Dominique l'ordre des Frères prêcheurs, pour
l'extirpation de l'hérésie.V. Dominique (saint),
Montfort, Arnaud, etc.
ALBIMAÏDE s. m. (al-bi-ma-ï-de) . Géogr.
Nom d'un peuple d'Egypte d'origine grecque :
Les AlbimaI'des se révoltèrent dans la basse
Egypte et furent détruits par les généraux du
calife Almamon. (Compl. de l'Acad.)
ALBIN s. m. Miner. V. Albine.
Albin, INE adj. (al-bain, i-ne — du lat.
albus, blanc). Qui est de couleur blanche, de
la blancheur des albinos : Couleur albine.
Tache albine.
Albina s. f. (al-bi-na — du lat. albus,
blanc). Femme albinos.
ALBINE s. f. ou ALBIN s. m. (al-bi-ne —
du lat. albus, blanc). Miner. Un des noms de
l'apophyllite. .
ALBINE (sainte), Vierge qui subit le mar-
tyre en 249. Honorée le 16 décembre; selon
quelques calendriers, le 26 septembre.
ALBINIE s. f. (al-bi-ni — de Albin,Tï. d'un
natural. angl.), Entom. Genre d'insectes di-
ptères, renfermant une seule "espèce, dont la
patrie est inconnue.
ALBINIOUE adj. (al-bi-ni-ke — rad. albi-
nos). Qui appartient, qui a rapportauxalbinos.
ALBINISME s. m. (al-bi-ni-sme — rad.
albus, blanc). Térat. Anomalie congénialc
d'organisation, consistant dans la diminution
ou même l'absence totale du pigment ou ma-
tière colorante de la peau, des cheveux et des
yeux (V. Albinos). L albinisme s'appelle en-
core leur.opathie (leukos, blanc; pathos, mala-
die), et leucéthiopie (leukos, blanc, et éthiops,
éthiopien, nègre). Ce dernier mot vient de
ce que, l'albinisme n'a d'abord été observé
que dans la race nègre.
— Bot. Etat maladif d'une plante, dont les
parties vertes sont blanchies par suite de la
résorption de la chlorophylle.
Qui est affecté d'albinisme ; A moins qu'elle
ne soit blonde et presque albinos, elle pense
qu'elle peut sans scrupule permettre qu'on
appelle, en vers ses cheveux, des cheveux d'è-
bène. (A. Karr.)
— Encycl. Les premiers auteurs qui ont
écrit sur les albinos les considéraient comme
une race distincte. Nous voyons dans V Essai
sur les moeurs eue c'était l'opinion de Voltaire.
Plus tard, on s assura que les albinos peuvent
se rencontrer dans les diverses races hu-
maines et sous les divers climats ; que, pas
plus que les géants et les nains, ils ne consti-
tuent un type constant et pour ainsi dire spé-
estu
Les albinos, outre les attributs de la i
ils font partie, offrent les caractères suivants :
ALB
leur peau est d'un -blanc mat et blafard; c'est
une couleur de linge ou plutôt de cire blan-
chie. Leurs cheveux, leurs sourcils, leurs cils,
les poils de leur barbe sont aussi d'une teinte
blanchâtre. Leurs yeux, qui ont l'iris rose, la
pupille d'un rouge prononcé ,- ressemblent â
ceux des lapins blancs et des perdrix. Le pig-
ment, qui, dans l'état normal, enduit le der-
rière de l'iris et l'intérieur 'de l'œil, manquant
aux albinos, ils ne peuvent supporter une lu-
mière vive, et préfèrent l'obscurité au grand
jour, ce qui leur a fait donner le nom à'hélio-
phobes. Cette décoloration générale et cette
faiblesse de la vue sont accompagnées souvent
d'une taille médiocre et mal proportionnée,
d'une constitution très-frêle, et Se facultés in-
tellectuelles très-peu développées. Les albinos
sont d'autant plus communs sous un climat et
dans une race que ce climat est plus voisin de
l'équateur, et que la couleur de cette race est
plus foncée. L albinisme est surtout fréquent
chez les nègres. Après ceux de la race nègre,
les moins rares sont les albinos de la race
américaine. L'albinisme paraît plus commun
chez les femmes que chez les hommes, du
moins dans la race nègre. Les albinos mâles
de cette race sont impuissants ; mais les
femmes peuvent devenir mères. Isidore Geof-
froy-Saint -Hil aire distingue l'albinisme en
complet, en partiel et en imparfait.- Le premier
est caractérisé par la décoloration générale et
complète de la peau. Dans le second, le dé-
faut de coloration n'existe que dans une por-
tion plus ou moins étendue du tégument.
Enfin, la simple diminution de matière colo-
rante constitue l'albinisme imparfait. On ap-
pelle nègres pies les nègres atteints d'albinisme
partiel, c'est-à-dire tachetés de blanc sur di-
verses parties du corps. L'albinisme n'est pas
exclusivement propre à l'espèce humaine ; il
se rencontre souvent chez tes animaux: les
lapins blancs, les souris blanches, les élé-
phants blancs, les corbeaux, les merles blancs,
sont des animaux albinos. Cette affection pro-
vient de l'absence de pigment : comme il man-
que chez le fœtus jusqu'à une époque très-
avancée de la vie intra-utérine, on o expliqué
l'albinisme par un arrêt de développement.
ALBINOVANCS (C. Pedo), poète latin, ami
d'Ovide. Il ne reste de lui que des fragments
d'un poème épique sur l'expédition de Germa-
nicus dans l'Océan septentrional. On lui attri-
bue aussi, sur la mort de Drusus et de Mécène,
des élégies qu'on place souvent à la suite des
œuvres d'Ovide.
ALBINUS (Decius Clodius Septimus), géné-
ral romain, prit la pourpre dans les Gaules à
la mort de Pertinax (193). Septime Sévère
marcha contre lui, le vainquit dans une san-
glante bataille près de Lyon, le fit décapiter
(197) et envoya sa tête à Rome, pour épou-
vanter les sénateurs qui avaient favorise son
élévation.
ALBINOS. Nom latinisé d'une famille de
médecins allemands, dont le vrai nom était
Weiss, qui signifie blanc. On distingue surtout :
Bernard Albinus, né en 1653; il enseigna la
médecine avec éclat à l'université de Leyde ;
— Bernard Sigefroi, fils du précédent, l'un
des plus grands anatomistes que l'Allemagne
ait produits, professa également à Leyde, et
mourut en 1770. Son frère, Chrétien-Bernard,
mort en 1752, enseigna la médecine & Utrecht
et publia des ouvrages estimés.
• ALBION, géant, fils de Neptune, qui osa
s'opposer à Hercule lors du passage de celui-
ci dans la Gaule Narbonnaise. Le héros ayant
épuisé ses flèches, Jupiter fit tomber une pluie
de pierres sur Albion, qui en fut écrasé. Selon
la fable, la plaine où eut lieu le combat est
restée jonchée de pierres sur une étendue de
plusieurs lieues. C'est le Lapideus Campus des
Romains, et la crau d'aujourd'hui (de craigh,
amas de pierres, dans les langues celtiques).
ALBION (al-bi-on — du lat. albus, blanc).
Géogr. Nom donné à l'Angleterre à cause de
la blancheur de ses falaises et de ses rochers,
vus de loin, ou d'Albion, fils de Neptune. On
trouve, dans quelques auteurs, les désignations
à' Albion inférieure et d'Albion ultérieure, ap-
pliquées à l'Angleterre et à l'Ecosse. Ce mot
s'emploie aujourd'hui, surtout en poésie, pour
désigner l'Angleterre : La sévère Albion a re-
noncé à sa boxe. (Proudh.)
Allez en Albion : que votre renommée
Y parle en ma faveur et m'y donne une armée.
Voltaire.
C'est toi qui sus jadis enflammer le courage
De ces fameux Normands dont le bras indompté
Fit ployer d'Albion la rebelle fierté. Castel.
Il Mais ce mot se retrouve principalement dans
cette locution très-populaire chez nous : la
perfide Albion, qui sert a caractériser la mau-
vaise foi, la perfidie traditionnelle du gouver-
nement anglais. Cette expression, d'abord
poétique, est devenue en quelque sorte tri-
viale, et personne n'oserait aujourd'hui l'em-
ployer sérieusement. C'est le Punica fides des
Romains. Toutefois, il est bon d'ajouter qu'il
n'y a pas entre les deux locutions une simili-
tude complète; que l'expression française a
plus de vérité que l'expression latine, et que
Montesquieu ne dirait pas aussi justement ici :
• Ce ne fut que la victoire qui décida s'il fallait
dire la foi romaine ou la foi punique. >
ALBION (Nouvelle-), vaste contrée de l'Amé-
rique du Nord, explorée en 1792 par Vancou-
ver, habitée par des tribus indiennes, vivant
de chasse et de pêche.
ALBIONE s. f. (al-bi-o-ne). Genre d'an-
ALB
nêlides, voisin des sangsues. Ces vers ont la
corps cylindrique,aminci en avant et hérissé
de verrues. La ventouse orale ou antérieure,
séparée du corps par un fort étranglement,
est en forme de godet, et la ventouse anale,
fortement concave. L'albione épineuse, ou
sangsue marine, est très-commune sur nos
côtes ; elle s'attache aux raies ainsi qu'à d'au-
tres poissons.
ALBIONIEN, IENNB adj. (al-bi-o-ni-ain,
è-ne — rad. Albion). Géogr. Qui appartient,
qui a rapport à Albion, l'Angleterre, ou à
ses habitants, il On dit aussi Albionais, aisb.
ALBIONIEN, IENNE adj." (al-bi-o-ni-ain,
iè-ne — rad. albione ).~Aimàl. Qui ressemble
à une albione.
— s. f. pi. Section de la famille des hiru-
d inées (sangsues) , renfermant des espèces
d'eau douce ou marines, qui vivent en para-
sites sur les poissons. Elle comprend deux,
genres : les albiones ou pontobdelles, et les
hœmocharis ou ichthyobdeiles,
ALBIQUE adj. (al-bi-ke — du lat. albus,
blanc). Ane. miner. Terre albique, Variété
blanche de terre sigillée ; sorte de craie.
ALBIS (l'), chaîne de montagnes en Suisse,
dans le canton de Zurich. En 1799, les Fran-
çais, commandés par Masséna, en occupèrent
les hauteurs.
ALBITE s. f. (al-bi-te — rad. albus, blanc).
Miner. Nom donné au feldspath à hase de
soude.
ALB1TTE (Antoine -Louis), conventionnel,
né vers 1750, mort en 1812. Il fut député par
la Seine-Inferieure à l'Assemblée législative,
puis à la Convention, siégea à la Montagne,
vota la mort du roi, remplit des missions dans
les départements et aux armées, et déploya
beaucoup de rigueur contre les prêtres et les
émigrés. Accusé d'être l'un des promoteurs de
l'insurrection du 1er prairial an III, il échappa
par la fuite au décret d'accusation, reparut
après l'amnistie du 4 brumaire, entra sous le
consulat dans l'administration militaire, et
périt pendant la campagne de Russie.
ALBIZZI , nom d'une famille noble origi-
naire d'Arezzo, et qui joua un grand rôle dans
les troubles de Florence au xtve siècle. Elle
dirigeait le parti gibelin et aristocratique. Son
cher, Pierre Albizzi, eut la principale part au
gouvernement, de 1372 à 1378? et fut mis à
mort après la révolution populaire des Ciompi
(V. Ciompi et Lando). Son neveu, Thomas
Albizzi, gouverna de 1382 à 1417, et éleva
Florence au plus haut degré de splendeur.
Renaud Albizzi, fils de. Thomas, entraîna sa
patrie dans de folles entreprises, et fut exilé
en 1434.
ALBODACTYLE adj. (al-bo-dak-ti-le — du
lat. albus, blanc, et du gr. daktulos doigt).
Entom. Se dit d'un papillon dont les ailes
sont blanches et digitées.
ALBOIN, roi des Lombards (561-573), ré-
gnait sur la Norique et la Pannonie , lorsqu'il
tut invité à passer en Italie par Narsès, dis-
gracié par la cour de Constantinople. Il fit
rapidement la conquête de la péninsule, moins
Rome, l'exarchat de Ravenne et Venise, et il y
fonda un nouvel Etat dont Pavie fut la capi-
tale. Il périt assassiné par ordre de sa femme
Rosemonde, pour l'avoir forcée, dans l'ivresse
d'un festin, a Doire dans le crâne de Cunimond,
son père, roi des Gépides, qu'Alboin avait
vaincu et tué dans un combat avant de péné-
trer en Italie. (.
albois s. m. (al-boi). Bot. Nom vulgaire
d'une espèce de cytise.
ALBOIZE DE PUJOL (Jules-Edouard) , au-
teur dramatique français, a donné depuis 1830
une foule de pièces, en- collaboration avec Çh.
Desnoyers, Paul Koucher, Anicet Bourgeois
et autres : le Château des sept tours, les Che-
vaux du Carrousel, JacquesCceur, la Croix de
Malle, etc. Il écrivit aussi avec MM. Arnould
et A. Maquet les publications un peu roma-
nesques des Prisons de l'Europe et de l'His-
toire de ta Bastille.
ALBO LAP1LLO D1EM NOTABE.mots lat.
qui signif. Marquer un jour avec la pierre
blanche, regarder un jour comme heureux.
Pour les Romains, le blanc était le symbole
du bonheur, comme le noir était celui du mal-
heur. On en trouve la preuve dans Horace et
dans Perse :
Alboque aies notanda lapillo....
Hohace.
Hune, Macrine, diem numera meliore lapillo...
Ces mots sont souvent rappelés en litt'é-
■ Lacenaire obéit à la nécessité dont il re-
connaît la main de fer. « Le 31, j'ai un bït'et à
a payer, voilà qui est bien ; il faut être ionnête
«homme, je tuerai quelqu'un le su. » Ainsi
raisonne Lacenaire. ■ Les joiuS d'échéance, _
« disait-il, sont des jours rouges, et c'est une'
« faute que Valbo notaxda lapillo du poôte
. latin. » Horrible latiniste que ce Lacenaire ! •
Revue de Paris.
« Si votre santé vous ]e permet, dit le Pro-
vençal au fl-rand poëte, je réclame l'honneur
de vous recevoir ce soir sous mon toit ; ce sera
une journée à marquer, comme dit l'ancien,
albo notanda lapillo. ■ Balzac.
ALB
AI.nON, commune du dép. de la DrÔme,
arrond. dû Valence ; pop. aggl. 1,327 hab. —
pop. tôt. 2,507 hab.
ALBONA, petite ville des Etats autrichiens,
en Illyrie, district de Trieste; 1,100 hab. Mines
dû charbon de terre; riche culture de vignes
et d'oliviers ; récolte d'excellents fruits.
Al. BONI (Marietta), célèbre cantatrice, née
h Cesena (Romagne), en 1824. Elève de
• Mme Bertolotti, elle reçut aussi les conseils
no Rossini, débuta en 1*841 à la Scala de Milan,
obtint las plus brillants succès sur Je3 grandes
scènes de l'Europe , fut engagée aux Italiens
de Paris, où elle chanta dans les principales
pièces du répertoire ; puis a t'Opéra, où elle
joua sans désavantage le rôle de Fidès, du
Prophète, auquel M1"0 Viardot avait donné
tant d'éclat. Cette excellente cantatrice pos-
sède le contralto le plus étendu, le plus sou-
ple et le plus pur que l'on connaisse. Elle est
un peu froide dans les situations dramatiques ;
mais elle rachète ce défaut par la grâce et la
suavité de son chant et parla facilité et la ri-
chesse de sa vocalisation. Après de nombreu-
ses courses artistiques dans les intervalles de
ses engagements, elle est rentrée aux Italiens
en 1857. Devenue par mariage marquise de
Pepoli, elle n'en est pas moins restée l'A Iboni
pour le public qu'elle a tant de fois charmé.
ALBORAK ou BORAK (d'un mot arabe qui .
$gm{. jeter des éclairx; suivant d'autres, blan-
cheur éclatante). Nom donné à la monture de
Mahomet, quand il fit ce voyage nocturne que
les inalioinétans célèbrentsolennellementtous
les ans, le 28 du mois de regeb: L'animal qui
porta le Prophète au ciel dans celte fameuse
nuit est nommé al Boralc, à cause do sa splen-
deur, de son éclat. Il avait une taille et une
ligure qui tenaient de l'âne et du mulet. Ma-
aœil.
albornoz s. m. (al-bor-noze). Manteau
des Maures, sorte de burnous.
ALBORNOZ (Gilles-Alvarez Carillo), arche-
vêque de Tolède, né a Cuença vers 1300, mort
à Viterbe en 1367. Obligé de quitter l'Espagne
pour avoir blâmé les dérèglements de Pierre
le Cruel, il se réfugia à Avignon auprès du
papa Clément VI, qui le fit cardinal. Chargé
par Innocent VI de ramener l'Italie sous l'obéis-
sance des papes (1353), il montra dans cette
mission les talents d'un homme de guerre et
d'un homme d'Etat, intéressa à son entreprise
le fameux tribun Rienzi, réduisit successive-
ment les tyrans féodaux , qui s'étaient em-
parés des possessions de l'Eglise, notamment
le condottiere Malatesta, et conduisit lui-même
Urbain V dans Rome, après avoir rétabli la
puissance temporelle des papes, dont on peut
le considérer en quelque sorte comme le ton-
dateur au moyen âge.
ALBRAC (ordre d'), ordre hospitalier créé,
vers 1120, dans le Rouergue, par un vicomte
de Flandre, nommé Allard ou Adelard, pour
protéger les voyageurs contre les malfaiteurs
qui infestaient la montagne d'Albrac ou d'Au-
brac, près de Rodez. Dans le principe, il se
composait de frères armés pour fournir des
escortes, de religieux pour desservir un hô-
pital, et d'ecclésiastiques pour remplir les
fonctions sacrées. L'ordre existait encore au
xvnc siècle, mais il avait alors perdu son an-
cien caractère et n'était plus qu'une simple
abbaye d'hommes suivant la règle de Saint-
Augustin. Louis XIV lo supprima en 1697, et
ses revenus furent plus tard appliqués a l'en-
tretien de l'Ecole militaire de Paris.
ALBRAN s. m. (al-bran). Chass. Petit ca-
nard sauvage de l'année, qui a encore ses
premières plumes.
ALBRANDIE s. f. (al-bran-dî). Bot. Genre
de plantes de la famille des morées, voisin du
genre broussonetie ou mûrier à papier.
AI.BRECIIT (Guillaume), agronome alle-
mand, né en 1786, mort en 1848.. Il était con-
seiller du duc de Nassau, qui le mit à la tète
d'une école d'agriculture expérimentale où se
sont formés une foule d'élèves distingués, et
oui a exercé l'influence la plus salutaire dans
1 ouest de l'Allemagne. Il a aussi dirigé la pu-
blication des Annales de la société d'agricul-
ture de Nassau, et publié des écrits agrono-
miques justement estimés.
REÇUT (Guillaume-Edouard), légiste
-'' né a Elbing (Prusse) en 1800. Il a
f - ..„ e droit à Goettingue, puis à Leipzig.
C'est un des professeurs les plus estimés de Ta
jeunesse allemande. Son ouvrage le plus im-
portant a pour titre : De la Possession comme
snurcede Vanciendroit des choses en Allemagne.
ALBREC11TSBERGER (Jean-George) , sa-
vant harmoniste et habile organiste allemand,
né dans la Basse-Autriche en 1736, mort en
1809, devint en 1772 organiste de la cour de
Vienne, et, vingt ans après, maître de chapelle
a la cathédrale de cette ville. Il était membre
. des académies de musique, de Vienne et do
Stockholm. Parmi les ouvrages estimés dont
il est l'auteur, on cite surtout un traité élémen-
taire de composition dont Choron a donné une
traûuction française intitulée : Méthode élé-
mentaire de composition. 11 compta Beethoven
au nombre de ses élèves.
ALBHKDA, ville de la côte occidentale d'A-
frique, dans le bassin de la Gambie ; cédée par
la France à l'Angleterre en 1856. L'établisse-
allemand .
ALB
ment comprend quelques maisons en pierre,
un terrain alentour et un village de 100 à
120 cuses, habitées par des noirs mandingues.
On exporte d'Albreda le riz, l'arachide et ia-
cire. — Le commerce fiançais y importe les
îouenneries, les Verroteries, le tabac, et le
commerce anglais l'ambre, les tissus, les fusils.
AI.BRET (maison d'), ancienne famille de la
Gascogne qui rémontait au xie siècle, et dont
les membres les plus connus sont : Charles
d'Albret, comte de Dreux, qui commandait à
la funeste journée d'Azincourt (1415), où il
perdit la vie; —Louis d'Albret, cardinal;
évoque de Cahors, mort en 1405 ; — Jean d'Al-
bret, qui devint roi de Navarre par son ma-
riage avec Catheiinede Poix (1484); — Jeanne
d'Albret, sa petite-fille, mère du Henri IV (V.
J banne) ; — César- Phélms d'Albret, maréchal
do France en 1054. En lui s'éteignit la descen-
dance mâle de la maison d'Albret. Henri IV
réunit le duché d'Albret à la couronne;
Louis XIII, le Béarn et la basse Navarre.
AI.BRET, ancien petit pays de France, au-
jourd'hui dans ie dép. desLandcs. Villes prin-
cipales : ïartas et Nirac.
albuça s. m. (al-bu-ka — du lat. albus,
blanc). Bot. Genre de plantes de la famille
des liiiacces, renfermant une vingtaine d'es-
pèces, presque toutes originaires du cap do
Bonne-Espérance. Ce sont des plantes bul-
beuses, dont plusieurs sont cultivées dans nos
jardins, à cause de la beauté do leurs fleurs.
ALBUCASIS (nom dérivé d'Aboul-Kacim),
médecin arabe, né près de Cordoue, mort en
1107 de notre ère. 11 est connu par un traité
intitulé Al- Tassrif (c'est-à-dire Exposition
des matières), dont les diverses parties ont été
plusieurs fois traduites en latin. Cet ouvrage
a joui pendant tout le moyen âge d'une grande
autorité.C'est un bon résumé des connaissances
médicales des Arabes. La partie qui traite de
la chirurgie est surtout très-curieuse.
ALBUERA ou AI.BUHERA, village d'Es-
pagne, à 24 kil. de Badajoz; bataille meurtrière
entre les Français, commandés par le maré-
chal Soult, et une armée anglo-espagnole, le
16 mai 1811.
ALBUFEIRA, petite ville du Portugal, sur
l'océan Atlantique: 3,080 hab. Citadelle; port
pouvant recevoir de gros bâtiments.
AI.BUFÉRA, lac et marécage d'Espagne, sur
les bords de la Méditerranée, à 15 Kil. N. de
Valence; victoire' remportée en 1811 sur les
Anglais par Suchet, qui devint duc d'Albuféra.
albuoiné, ée adj. (al-bu-ji-nô — du lat.
albus, blanc). Anat. Se dit des humeurs,
membranes et tissus, remarquables par leur
blancheur et leur consistance. Il Humeur albu-
rjinéc, L'humeur aqueuse de l'œil, u Tunique
albuginée de l'œil, La sclérotique, vulgaire-
ment le blanc de l'œil. \\ Tunique albuginée du
testicule, Membrane forte et résistante qui
enveloppe immédiatement le testicule, et
qui présente supérieurement un renflement
appelé corps d'Hygmore. il Fibre albuginée,
Nom donne par Cnaussier à l'un des quatre
genres de fibres élémentaires. La fibre albu-
ginée est linéaire, cylindrique, tenace, réni-
tente, élastique, peu extensible, d'un blanc
luisant et satiné; elle forme toujours des
faisceaux ou fascicules, et constitue les ten-
dons, les ligaments articulaires et les aponé-
vroses. Il Membrane albuginée profonde et
membrane albuginée superficielle, Noms don-
nés à deux des lames dont est formée la
couche externe du dorme, appelée corps mu-
queu
ALBUGINEUX, EUSE adj. (al-bu-ji-neu,
eu-ze — du lat. albus, blanc). Anat. Blan-
châtre : Une peau ai.bugineuse sortit de ses
yeux. (Volt.)
ALBUGINITE s. f. (al-bu-ji-ni-te — du lat.
albus, blanc). Pathol. Phlegmasie aiguë ou
chronique du tissu albugine ou fibreux : La
goutte, le rhumatisme, sont des albuginites.
ALBUGO s. m. (al-bu-go— du lat. albus,
blanc). Pathol. Tache blanche, opaque, qui se
produit dans le tissu de la cornée transparente.
— Encycl. L'alfyugo est produit par un dépôt
de lymphe plastique entré les lames de la
cornée, dépôt qui se rattache constamment à
une kératite; il diffère du nuage ou nubéeule,
en ce qu'il est plus opaque ; du leucôme, en ce
que ce dernier présente une tache plus dure,
et presque toujours une dépression sensible et
une couleur luisante. Dans Yalbugo, le champ
visuel est rétréci ou anéanti, selon le siège
et l'étençjue de la tache. On conçoit que si le
dépôt existe sur les bords de la cornée et qu'il
n'encombre pas la pupille, la vision n'est que
rétrécie. Ce rétrécissement visuel est plus pro-
noncé et plus incommode si la tache se rap-
proche du centre de la cornée, h'albugo est
d'autant plus difficile à guérir qu'il est plus
ancien et que le malade est plus âgé. On em-
ploie à cet enetdes topiques astringents. U peut
être utile d'enlever en quelque sorte à la tache
ses racines, en excisant les petits vaisseaux
variqueux de la conjonctive qui l'alimentent.
AI.BULA, nom ancien du Tibre, n Montagne
de Suisse (Grisons) , qui fait partie des Alpes
rhétiennes.
albule s. m. (al-bu-le — du lat. albulus,
tirant sur le blanc). Ichthyol. Nom donné à
des poissons de genres différents et à reflets
ALB
argentés. On l'applique surtout à plusieurs
espèces de saumons.
ALBUM s. m. (al-bomm — du lat. album,
tablettes ; dérivé de aZ6u.s, blanc). Antiq. rom.
Tablettes recouvertes d'un enduit de plâtre,
sur lesquelles étaient inscrits les actes du
prétcur,vle:i formules judiciaires, les procès
en matière civile, etc. : /.'album était affiché
daiis un lieu public, et celui qui y portait la
main pour effacer quelque chose était puni de
mort. (Encycl. méth.) il PI. des albums.
— Par anal. Portion de muraille que l'on
blanchissait, afin d'y placer les inscriptions et
les annonces du gouvernement.
— Aujourd'hui, Petit cahier , petit porte-
feuille, petit registre, etc., formant un recueil
de souvenirs : Dans les années de la vieillesse,
un coup d'ceil jeté sur un album fait repasser
en quelques instants les principales époques de
la vie, et peut fournir matière à de douces ou
à de tristes réflexions. (F. Ratier.) U Cahier
de papier blanc destiné à recevoir les pro-
ductions des littérateurs ou dos artistes :
Depuis deux ans, beaucoup déjeunes personnes
allaient des albums, sur lesquels elles faisaient
écrire des phrases plus ou moins grotesques par
leurs amis et connaissances. (Balz.) Naguère,
l' album, cet objet de luxe, ne se rencontrait que
dans les hautes régions aristocratiques, dans les
salons du monde élégant , sur la console de la
femme à la mode. (Guichardet.) Les célébrités
dans tous les genres doivent se croire vraiment
malheureuses, et tes albums doivent faire leur
désespoir ; car elles sont poursuivies, traquées
par un essaim de femmes à la mode, qui sollici-
tent -et obtiennent presque toujours une esquisse
du peintre, quelques hémistiches du poêle, une
romance du musicien. (Encycl. du xix« siècle.)
S'il passait une soirée dans l'intimité, il faisait
des dessins charmants sur les albums. (G. Sand.)
Que bien longtemps cet album vous redise
Qu'un chansonnier
Fut un moment îa dupe de vos yeux.
BÉRÀNOER.
J'écrive quelques versî... Non : ton âme oublieuse
Ne s'en souviendrait plus quand j'auraisdit : Bonsoir !
Enfant, je n'écrirai que deux mots : • Sois heureuse ! •
— Album de voyage, Cahier sur lequel le
voyageur prend des notes, écrit ses observa-
tions, fait ses croquis, etc. : Dans le riche album
de philosophie, de poésie, d'histoire, que Vol-
taire rapportait de Londres à Paris, il y avait
sur Shakspeare des notes piquantes et curieuses.
(Villem.) Un Anglais passant par Blois, où il
n'avait vu que son hôtesse , qui était rousse et
disgracieuse, écrivit sur son album : • Toutes
les femmes de Blois sont rousses et acariâtres. «
Un je
ALB
177
o™ amiïè
En galopant j'ol
phies, Recueil de portraits ou autres tableaux
photographiques. Il Album buvard, Sorte d'al-
bum compose de feuilles de papier brouillard,
et dont on se sert pour faire sécher l'encre
d'une écriture fraîche.
— Titre donné à des recueils ou choix de
morceaux tirés de divers auteurs, et destinés
à servir de modèles et à orner la mémoire, ou
pour donner à la jeunesse les premiers élé-
ments d'une science : Album du jeune littéra-
teur. Album du jeune naturaliste, etc.
ALBUMEN s. m. (al-bu-mènn — mot lat.,
formé de albus, blanc). Blanc d'œuf.
—Bot. Amas de sucs que la graine renferme
sous ses téguments avec l'embryon, et qui'
doit servir a nourrir ce dernier pendant la
première phase de son développement.
— Encycl. Ovol. L'albumen ou blanc d'œuf
n'est qu'une dissolution aqueuse assez épaisse
d'albumine, renfermée, comme l'humeur vitrée
de l'œil, dans les espaces celluleux formés par
une membrane très-mince et très-facile a dé-
chirer. Il contient quelques traces de matière
sucrée, et entre pour 60 parties sur 100 dans
la composition de l'œuf de poule. Formé de
trois dépôts successifs, il présente plus de con-
sistance dans ses couches profondes que dans
ses couches superficielles. Il est sécrété par
l'oviducte, et vient envelopper le jaune qui
chemine dans ce canal, h'albmnen ou blanc
d'œuf est destiné h, fournir des matériaux nu-
tritifs à l'embryon de l'oiseau.
— Bot. Le nom a.' albumen, donné par les
botanistes aux matériaux nutritifs répandus
autour de l'embryon dans la graine, vient de
l'analogie qui existe entre cette dernière et
l'œuf des oiseaux. On l'appelle encore endo-
sperme et périsperme. L'albumen n'existe pas
dans les graines de toutes les plantes. Lorsqu'il
manque, ce sont les cotylédons mêmes de l'em-
bryon qui le remplacent dans ses fonctions de
réservoir nutritif; aussi les cotylédons sont-ils
minces, foliacés quand il existe, épais quand
il manque. L'albumen est dit farineux ou hui-
teux, selon qu'il renferme de la fécule ou de
l'huile dans son tissu. On l'appelle corné, lors-
qu'il a la dureté de la corne ; dans ce cas, c'est
de la cellulose qu'il contient. Il se forme dans
le nucelle, tantôt dans le sac embryonnaire ,
tantôt hors du sac embryonnaire. Quelque-
fois il existe deux albumens, l'un dans le sac
embryonnaire, albumen interne; l'autre en de-
hors, albumen externe. Gœrtner ne donnait le
nom d'albumen qu'à Valbumen externe; il ap-
pelait vitellus Valbumen interne, qu'il compa-
rait au vitellus de l'œuf des oiseaux. Dana
quelques rubiacées, Valbumen se'présente sous
la forme de grumeaux détachés les uns des
autres, et alors il est dit grumeleux. Dans cer-
taines plantes, par exemple dans le lierre, il
présente des crevasses tapissées par les tégu-
ments : alors, il est désigné sous le nom à'al-
bumen ruminé.
ALBUM GR^CUM s. m. (al-bomm gre-
komm). Méd. Mots latins employés pour dé-
signer la partie blancho des excréments du
chien, séparée et séchée. On en faisait autre-
fois un médicament, auquel on attribuait dos
propriétés merveilleuses. Cotte substance con-
tient une grande quantité de phosphate do
chaux, en raison des os dont le chien se
nourrit. L'album qrœcum ne figure plus depuis
longtemps dans la matière médicale.
albumine s. f. (al-bu-mi-ne — du lat.
albumen, blanc d'œuf). Chim. Matière vis-
queuse blanchâtre, d'une saveur un peu salée,
qui constitue l'un des principes immédiats des
corps organisés.
— Encycl. L'albumine est une combinaison
organique extrêmement répandue dans la na-
ture. Elle forme la presque totalité du blanc
d'œuf et du sérum du sang. .Elle se trouve dans
la plupart des liquides animaux , tels que le
chyle, la lymphe, et dans plusieurs sécrétions,
soit normales , soit pathologiques. L'humeur
vitrée de l'œil n'est presque formée.que d'albu-
mine. Elle fait encore partie d'un grand nombre
de tissus, et constitue l'un des principes essen-
tiels de la substance cérébrale. Les tissus et les
liquides végétaux contiennent également des
quantités variables d'albumine. Elle est surtout
abondante dans les haricots, les fèves, les as-
perges et dans les graines de plusieurs plantes
oléagineuses. La différence d origine avait fait
admettre deux espèces distinctes d'albumine,
qu'on désignait sous les noms d'albumine ani-
male et d'albumine végétale; mais les chimistes
paraissent s'accorder aujourd'hui a reconnaître ^
l'identité de ces deux substances. L'albumine'
se compose de carbone, d'oxygène, d'hydro-
gène et d'azote , avec do petites quantités de
phosphore et de soufre. C'est cette dernière
substance qui noircit les cuillers d'argent
lorsqu'on mange des œufs cuits sur le plat ou
à la coque; il en résulte un sulfure d'argent.
C'est aussi au même principe qu'est due l'odeur
d'acide sulfhydrique qu'exhalent les œufs en
putréfaction. L'albumine se présente sous deux
états distincts : Valbumine sotuble et Valbu-
mine insoluble ou coagulée. On obtient cette
-dernière en exposant Valbumine soluble & une
température qui, suivant le degré de dilution,
peut osciller entre 61" et 100». L'alcool, la
créosote et presque tous les acides précipitent
en blanc l'albumine. L'acide acétique, s il est
en quantité suffisante, et l'acide phosphorique
font exception. L'acide azotique, étant de tous
les acides celui qui coagule le plus facilement
Valbumine, sert a faire reconnaître la présence
de ce corps dans les liquides de l'organisation
animale. L'acide chlornydrique concentré et
bouillant dissout Valbumine en produisant une
liqueur d'un beau bleu, réaction caractéristique
propre à toutes les matières albuminotdes.
L'albumine se dissout dans les alcalis causti-
ques; elle forme des composés insolubles avec
plusieurs sels métalliques, et en particulier
avec le sublimé corrosif; aussi recommande-
t-on , dans les empoisonnements occasionnés
par cette dernière substance, l'emploi du blanc,
d'œuf. Cette même propriété fait employer le
sublimé corrosif pour conserver les pièces ana-
tomiques. La médecine emploie Valbumine dans
le premier pansement des brûlures; on mêle
dans du blanc d'œuf battu de l'alun en poudre
ou de l'acétate de plomb liquide, et des linges
trempés dans ce mélange sont appliqués sur
les parties malades. L'albumine a reçu de nom-
breuses applications dans les arts ; on s'en sert
pour clanher les sirops, les vins, les vinai-
gres, etc. A chaud, l'albumine se coagule et
entraine avec elle les impuretés. A froid, elle
est coagulée par le tannin, et le même phéno-
mène se produit.
albuminé, ÉE adj. (al-bu-mi-nô — rad.
albumine). Bot. Se dit d'une graine pourvue
d'albumen,
— Photogr. Papier albuminé, Papier quo
l'on enduit d'albumine pour lui donner uno
surface homogène et parfaitement plane et
lisse, ce qui permet d'ootenir dos images pho-
tographiques plus parfaites.
ALBUMINER v. a. ou tr. (al-bu-mi-né —
rad. albumen). Enduire d'albumen du papier,
de la toile, etc.
albumineux, euse adj. (al-bu-mi-neu,
cu-zc — rad. albumine). Chim. Qui contient
de l'albumine, qui en a les caractères, les pro-
priétés : Liquide albumineux. Le sel dissout
les substances albumineusks et facilite la di-
gestion des graisses. (F. Pillon.)
albuminiforme adj. (al-bu-mi-ni-for-me
— de albumine et forme). Qui ressemble à
l'albumine.
albuminimètre s. m. (al-bu-mi-ni-mé-
tre — de albumine et du gr. metrm, mesure).
Appareil particulier do polarisation dont on
se sert pour déterminer la quantité d'albu-
mine contenue dans un liquide.
23
178
ALB
ALBUMININE s. f. ( al-bu-mi-ni-ne — rad.
albumine). Nom donne à un produit d'altéra-
tion qu'on sépare de l'albumine du blanc
d'oeuf, en l'abandonnant à elle-même pendant
un mois environ, à une température qui est
au-dessous dé" zéro.
ALBUMINO-CASÉEUX, EUSE adj. et S. m.
(al-bu-mi-no ka-zé-eu, eu-ze — de albu-
mine, et du \a,t. caseum, fromage). Chim. Nom
sous lequel on désigne une substance parti-
culière trouvée dans les amandes, et qui tient
de l'albumine et de la matière caséeuse. On
la nomme aussi amyodaline. h Le mot albu-
mino se combine encore avec les adjectifs
fibreux, gélatineux, glutineux, etc., pour dési-
gner des matières où l'albumine se combine
à la fibrine, à la gélatine, au gluten, etc.
albuminoïde adj. (al-bu-mi-no-i-do —
de albumine, et du gr. eidôs, forme ). Chim.
De la nature de l'albumine : On ajoute au li-
quide une petite quantité de matières albumi-
noïdes. (V. Borie.)
— Matières albuminoïdes, Groupe de corps
azotés. neutres, incristallisables, décomposa-
bles au feu, putrescibles, assimilables, et par
conséquent nutritifs : telles sont l'albumine,
la fibrine et la caséine animales et végétales.
— Encycl. Les matières albuminoïdes présen-
tent trois réactions caractéristiques : 1<> elles"
se colorent en rouge lorsqu'on les met en con-
tact avec un mélange d'azotate et d'azotite de
mercure ; z» bouillies avec de l'acide chiorhy-
drique concentré, elles s'y dissolvent en don-
nant à la liqueur une teinte bleue; 3" elles se
dissolvent dans la potasse et la soude caustique.
ALBUMINOSE s. f. (al-bu-mi-no-ze — rad. al-
bumine). Chim. Produit final de la digestion des
matières albuminoïdes. Ualbuminose diffère
de l'albumine proprement dite en ce qu'elle
ne donne pas de précipité par les acides et ne
se coagule point par là chaleur.
— Méd. Albuminose chronique. Nom donné
par Engel à la pléthore.
ALBUMINOSO-SUCRÉ, ÉE adj. <al-bu-mi-
no-zo su-kré — de albumine et sucre). Chim.
Qui tient de la nature de l'albumine et de
^celle do la matière sucrée.
ALBUMINURIE s. f. (al-bu-mi-nu-rî — do
albumine et du gr. ourein, uriner). Méd. Pis-
sement d'albumine ; affection des reins carac-
térisée par ce symptôme.
— Encycl. I. Albuminurie considérée comme
symptôme. La présence de l'albumine dans les
urines s'observe dans un certain nombre dY
tats pathologiques, dans la scarlatine, le cho-
léra, l'érésipète, la pneumonie et le typhus.
Elle est fréquente chez les femmes pendant la
grossesse. L'albuminurie no devient inquié- „
tante comme symptôme que lorsqu'elle est "
permanente. Les deux moyens par excellence
pour constater le symptôme albuminurie sont
l'acide nitrique et la chaleur, qui ont la pro-
priété de coaguler l'albumine. L acide nitrique
ne doit être mis que goutte à goutte, parce que,
mis en excès, il redissout ou rend moins appa-
rent le précipité.
II. Albuminurie considérée comme maladie
spéciale. Cette maladie, appelée aussi maladie
de Sright, du nom du médecin anglais qui l'a
signalée et décrite pour la première fois, et
néphrite albumineuse par M. Rayer, a pour
caractère fondamental la présence constante
de l'albumine dans l'urine. Cette affection dé-
bute d'une manière plus ou moins lente. Des
douleurs sourdes a la région lombaire, puis de
l'œdème commençant par la face, telles en
sont les premières manifestations. Bientôt
l'œdème s'étend et passe à l'état d'anasarque ;
l'embonpoint et les forces diminuent; l'orga-
nisme tombe dans un véritable état cachecti-
que. On voit alors se manifester des hydropisies
par épanchement dans les grandes cavités sé-
reuses de l'économie, telles que la plèvre, le
péritoine, le péricarde ; des accidents se pro-
duisent du coté du cœur et du poumon, et
souvent des vomissements répétés et une diar-
rhée colliquative emportent le malade. Les
reins passent successivement par les lésions
suivantes : d'abord ils sont le siège d'une stase
sanguine qui en augmente le volume et qui
leur donne une teinte d'un rouge violacé très-
prononcé ; puis ils se décolorent peu à peu ,
se recouvrent de granulations blanches sem-
blables à des grains de semoule , et enfin
diminuent de volume et s'atrophient en se
déformant. Les causes de l'albuminurie sont
à peu près inconnues. Quelques pathologistes
accusent l'impression du froid humide, 1 abus
des boissons alcooliques, etc. Dans la première
période de la maladie, on lui oppose les moyens
antiphlogistiques tels que la saignée, les sang-
sues, les vésicatoires, etc. Dans les périodes
suivantes, toute espèce de traitement parait
jusqu'ici à peu près inutile.
capodes et de la famille des macroures. On
n'en connaît encore que deux espèces, dont
une habite les mers d Asie.
ALBUNÉE, ALBUNA ou ALBULA, sibylle ou
nymphe à laquelle étaient consacrés, près de
Tibur, un bois, une grotte, une fontaine et un
temple, que l'on voit encore à Tivoli, au-dessus
rie 1 abîme dans lequel se précipite 1 Anio. Sui-
vant Lactance, on avait trouvé dans le lit de ce
ileu.'e la statue de la sibylle tenant un livre a.
ALBUQUERQUE, bourg considérable du
ALC
Brésil , sur la rive, droite du haut Paraguay,
dans la- province de Mato-Grosso. Les navires
étrangers y font le cabotage.
ALBOQUERQUE (Alphonse, duc d'), sur-
nommé le Grand, le Mars portugais , naviga-
teur, fondateur de la puissance portugaise
dans l'Inde, né en 1453, à Alhandra, près de
Lisbonne , d'une ancienne et illustre famille.
Il fut élevé à la cour d'Alphonse V, entra dans
le service" de mer sous Jean II, se distingua
par quelques entreprises hardies dans les nou-
veaux établissements de l'Inde, et fut nommé
vice -roi des Indes orientales par le roi Em-
manuel (1509). Il signala les débuts de son
gouvernement par la conquête de Goa, place
très-importante, qui devint le centre du com-
merce et de la puissance des Portugais en
Orient, et ne tarda pas à soumettre ensuite le
reste du Malabar, Ceylan, les îles de la Sonde
et la presqu'île de Malacca. En 1514, il s'em-
para d'Ormuz, à l'entrée du golfe Persique.
Le roi de Perse envoya alors demander un
tribut au vainqueur, qui fit apporter devant
les ambassadeurs des sabres ,' des grenades
et des boulets : Voilà, leur dit-il, la monnaie
des tributs que paye mon maitre. Albuquerque
devint alors si puissant, que les peuples et
les monarques de l'Orient lui faisaient de-
mander l'alliance et, la protection du Por-
tugal. Tranquille enfin après tant de succès
dans le centre de ses conquêtes, 'il réprima la
licence des Portugais, organisa l'administra-
tion, fit régner la justice et l'ordre dans toutes
les colonies, et raffermit parmi ses troupes la
discipline militaire, qui s'était affaiblie dans le
cours de ses différentes expéditions. Toutes
ses actions, tous ses projets portent l'empreinte
d'un génie supérieur. C'est ainsi que pour dé-
truire Suez et ruiner l'Egypte ; qui disputait aux
Portugais l'empire commercial de l'Asie, il se
concertait avec le négus d'Abyssinie afin de
détourner le cours du Nil en lui ouvrant un
passage pour se jeter dans la mer Rouge.
Mais il n'eut pas le temps d'accomplir ce gi-
gantesque projet, qui eût desséché l'Egypte et
en eût fait un désert inhabitable. A tous les
titres qu'avait ce grand -homme à la recon-
naissance de ses concitoyens et au respect de
■~- !i "" e la consécration
pas défaut. Des
courtisans jaloux le dépeignirent au roi comme
un ambitieux qui aspirait à la souveraineté des
Indes; Emmanuel le destitua et lui donna pour
successeur Lopès-Soarez, son ennemi person-
nel. Accablé de douleur, il mourut en 1515 à
Goa, à bord du vaisseau qui devait le ramener
en Europe. Le roi de Portugal, détrompé trop
tard, lui écrivit une lettre découverte récem-
ment et qui le confirmait dans ses gouverne-
ments, mais qui n'arriva qu'après la mort du
héros, dont il honora la mémoire par de longs
et inutiles regrets.
A toutes les qualités qui font le grand
h*mme de guerre, Albuquerque joignait les
vertus qui font honorer l'homme privé. Il
était loyal, désintéressé, juste, actif, sobre et
humain. On lui reproche cependant quelques
actes de cruauté. Il n'en est pas moins du pe-
tit nombre de ceux qui ne firent pas maudire
le nom européen dans ces contrées lointaines,
et son souvenir resta en telle vénération parmi
les Indiens, que longtemps après sa mort ils
allaient en pèlerinage à son tombeau pour lui
demander justice de la tyrannie de ses suc-
cesseurs. Son fils a rédigé, d'après ses papiers,
les Commentaires du grand Alphonse d Albu-
querque, Lisbonne, 1576.
ALBUQUEKQUE (Mathias), général portu-
gais, mort à Lisbonne en 1646. Il prit une
part active à la révolution qui affranchit le
Portugal de. la domination espagnole, et affer-
mit le trône du nouveau roi Jean IV, par la
victoire décisive de Campo-Mayor (1644).
alburne s. f. (al-bur-ne). Ichthyol. Syn.
à'albule.
ALBURNOÏDE s. m. ( al-bur-no.-ï-de — du
lat. alburnum , cytise', aubier, et du gr. eidos,
forme.) Bot. Qui ressemble àl'alburnum.
— s. f. pi. Division du genre cytise , carac-
térisée par ses fleurs blanches.
ALBURNUM s. m. (al-bur-nomm). Bot.
Nom scientifique de l'aubier.
albus s. m. (al-buss— du lat. albus, blanc).
Petite monnaio d'Allemagne qui vaut 2
kreutzers.
ALBY, ch.-lieu de cant. (Haute -Savoie),
arrond. d'Annecy ; pop. aggl. 366 hab. — pop.
tôt. 1,126 hab. il Ch.-lieu du départ, du Tarn.
V. Albi.
AI-BY (Ernest), littérateur, né à Marseille
en 1809. Il a publié des romans historiques:
Catherine de Navarre; les Brodeuses de la
reine; les Prisonniers d'Abd-el-Kader; les
Vêpres marocaines, etc.
alca s. f. (al-ka). Ornith. Nom scientifique
du genre pingouin.
ALCAÇAU-QWIV1R, ville d'Afrique, fondée
par le calife Al-Mansor. Léon l'Africain rap-
porte qu'un soir , ce prince s'étant égaré à la
. chasse, reçut l'hospitalité dans la cabane d'un
pêcheur; il lui fit construire, pour récom-
pense , plusieurs maisons entourées de mu-
railles, qui devinrent l'origine de cette ville.
L'armée portugaise qui, en 1758, venait à la
conquête du Maroc sous les ordres de son roi,
le chevaleresque Sébastien, livra bataille a
Abdel-Mélek dans les plaines d'Alcaçar-Quivir.
Sébastien perdit la, bataille et la vie. V. l'ar-
ticle suivant.
ALC
Aicnc »r-Qahir (bataille d'). Cette bataille
célèbre , qui a donné naissance à tant de
légendes portugaises , a été magnifiquement
décrite par Vertot dans ses Révolutions de
Portugal. C'est sa relation, que nous allons
donner ici. Jamais la plume de l'historien des
Révolutions n'a été à la fois plus élégante, plus
imagée et plus énergique.
« Muley-Mohammed avait succédé à Abdal-
lah, son père, dernier roi de Maroc; maisMuley-
Abdel-Mélek , son oncle paternel , prétendit
qu'il n'avait pas dû monter sur le trône à son
préjudice et contre la loi des chérifs, qui appe-
lait successivement à la couronne les frères,
du roi préférablement à ses enfants. Ce fut le
sujet d'une guerre sanglante entre l'oncle et
le neveu. Muley-Abdel-Mélek, prince plein de
valeur et aussi grand politique que grand
capitaine, forma un puissant parti dans le
royaume, et gagna trois batailles contre Mo-
hammed , qu'il chassa de ses Etats et de
l'Afrique.
» Le prince dépouillé passa la mer et vint
chercher un asile à la cour de Portugal: il
représenta à Sébastien que, malgré sa dis-
grâce , il avait encore conservé en Afrique
un grand nombre de partisans secrets qui
n'attendaient que son retour pour se déclarer ;
qu'il apprenait d'ailleurs qu' Abdel-Mélek était
attaqué d'une maladie mortelle qui le consu-
mait insensiblement; que le prince Hamet,
frère d'Abdel-Mélek, était peu estimé dans sa
nation; que, dans cette conjoncture, il n'avait
besoin que de quelques troupes pour paraître
sur les frontières ; que sa présence ferait dé-
clarer en sa faveur ses anciens sujets, et que,
si par son secours il pouvait recouvrer sa
couronne , il la tiendrait à foi et hommage de
celle de Portugal, et même qu'il la verrait
avec plus de plaisir sur sa tète que sur celle
d'un usurpateur. Sébastien, qui n'avait l'esprit
rempli que de vastes projets de conquêtes,
s'engagea avec plus d'ardeur que de prudence
à marcher lui-même à cette expédition ; il fit
des caresses extraordinaires au roi maure et
lui promit de le rétablir sur le trône, à la tête
de toutes les forces du Portugal ; il se flattait
d'arborer bientôt la croix sur les mosquées de
Maroc. En vain les plus sages de son conseil
tâchèrent de le détourner d'une entreprise si
précipitée; son zèle, son courage t sa pré-
somption, défaut ordinaire de la jeunesse et
souvent celui des rois, les flatteurs même
inséparables de la cour des princes, tout ne lui
promettait que des victoires faciles et glo-
rieuses. Ce prince, entêté de ses propres lu-
mières , ferma l'oreille à tout ce que ses mi-
nistres purent lui représenter, et comme si la
souveraine puissance donnait une souverai-
neté de raison, il passa outre, malgré les avis
de son conseil, et il entreprit, avec une armée
à peine composée de treize mille hommes, de
détrôner un puissant roi et le plus grand capi-
taine de l'Afrique.
» Abdel-Mélek, averti des desseins et du dé-
barquement du roi de Portugal, l'attendait à
.la tête de toutes les forces de son royaume ;
"il avait un corps de quarante mille hommes de
cavalerie, la plupart vieux soldats aguerris,
mais qui étaient encore plus redoutables par
l'expérience et la capacité du prince qui les
commandait que par leur propre valeur. A
l'égard de son infanterie , & peine avait-il dix
mille hommes de troupes réglées, et il ne fai-
sait pas grand fond sur ce nombre infini
à'Alarbes et de milices qui étaient accourus à
son secours, mais plus propres a piller-qu'à
combattre et toujours prêts a fuir ou à se dé-
clarer en faveur du victorieux. Abdel-Mélek
né laissa pas de s'en servir pour harceler
l'armée chrétienne ; ces infidèles répandus
dans la campagne venaient à tout moment
escarmoucher à la vue du camp, et ils avaient
des ordres secrets de lâcher pied devant les
Portugais pour les tirer des bords de la mer
où ils étaient retranchés, et pour entretenir
par une peur simulée la confiance téméraire
de Sébastien. Ce prince , plus brave que pru-
dent et qui voyait tous les jours que les
Maures n'osaient tenir devant ses troupes, les
tira de ses retranchements et marcha contre
Abdel-Mélek comme à une victoire certaine ;
le roi barbare s'éloigna d'abord comme s'il eût
voulu éviter d'en venir à une action décisive :
i! ne laissait paraître que peu de troupes ; il
fit même différentes propositions à Sébas-
tien, comme s'il se mt défié du succès de
cette guerre. Le roi de Portugal, qui croyait
qu'il lui serait plus difficile de joindre les en-
nemis que de les vaincre, s'attacha à leur
poursuite, mais Abdel-Mélek ne le vit pas
plus tôt éloigné des bords de la mer et de sa
Hotte, qu'il tint ferme dans la plaine, et il étendit
ce grand corps de cavalerie en forme de crois-
sant pour enfermer toute l'armée chrétienne.
Il avait mis son frère Hamet en tête de ce
corps, mais comme il n'était pas prévenu en
faveur de son courage, il lui dit que c'était
uniquement à sa naissance qu'il devait ce
commandement, mais que s'il était assez lâche
pour fuir, il l'étranglerait de ses propres mains,
et qu'il fallait vaincre ou mourir.
■ Il se voyait mourir lui-même, et sa faiblesse
était si grande, qu'il ne douta point qu'il ne
fût arrivé à son dernier jour ; il n'oublia rien
dans cette extrémité pour le rendre le plus
beau de sa vie. Il rangea lui-même son armée
en bataille et donna tous ses ordres avec au-
tant de netteté d'esprit que s'il eût été en
parfaite santé. Il étendit même sa prévoyance
jusqu'aux événements qui pourraient arriver
par sa mort, et il ordonna aux officiers dont
il était environné que, s'il expirait pendant la
chaleur du combat, on en cachât avec soin la
nouvelle, et que, pour entretenir la confiance
des soldats, on feignît de venir prendre ses
ordres, et que ses aides de camps'appro--
chassent à l'ordinaire de sa litière comme s'il
eût été encore en vie. Il se fit ensuite porter
dans tous les rangs de l'armée, et autant par
signes et par présence que par des discours,
il exhorta les Maures à, combattre généreuse-
ment pour la défense de leur religion et de
leur patrie.
» La bataille commença de part et d'autre par
des décharges %d'artillerie ; les deux armées
s'ébranlèrent ensuite et se chargèrent avec
beaucoup de fureur; tout se mêla bientôt.
L'infanterie chrétienne, soutenue des yeux de
son roi, fit plier sans peine celle des Maures,
la plupart composée d'Alarbes et de ces vaga-
bonds dont nous venons de parler. Le duc
d'Aveiro poussa même un, corps de cavalerie,
qui lui était opposé, jusqu'au centre et a l'en-
droit qu'occupait le roi de Maroc; ce prince,
voyant arriver ses soldats en désordre et
fuyant honteusement devant un ennemi vic-
torieux, se jeta à bas de sa-litière, et, plein de
colère et de fureur, il voulait, quoique mou-
rant ; les ramener lui-même à la charge. Ses
officiers s'opposaient en vain a son passage, il
se fit faire jour à coups d'épée ; mais ces eflorts
achevant de consumer ses forces, il tomba
évanoui dans les bras de ses écuyers; on le
remit en litière, et il n'y fut pas plus tôt qu'ayant
posé. son doigt sur sa bouche comme pour
recommander le secret, il exçira dans le mo-
ment et avant même qu'on eut pu le conduire
jusqu'à sa tente.
» Sa mort demeura inconnue aux deux partis ;
les chrétiens paraissaient jusque-là avoir de
l'avantage, mais la cavalerie maure, qui avait
formé un grand cercle, se resserrant à me-
sure que les extrémités s'approchaient, acheva
d'envelopper la petite armée de Sébastien.
Les Maures chargèrent ensuite de tous côtés
la cavalerie portugaise. Ces troupes accablées
par le nombre tombèrent en se retirant sur
leur infanterie, et elles y portèrent la crainte,
le désordre et la confusion. Les Maures se
jetèrent aussitôt, le cimeterre à la main, dans
ces bataillons ouverts et renversés, et ils
vainquirent sans peine des gens étonnés et
déjà vaincus par une frayeur générale. Ce fut
moins dans la suite un combat qu'un carnage,
et comme ils étaient enveloppés de tous côtés,
ils rencontraient partout l'ennemi et la mort.
L'imprudent Sébastien périt dans cette occa-
sion, soit qu'il n'eût pas été reconnu dans le
désordre d'une fuite , ou qu'il eût voulu se
faire tuer lui-même pour ne pas survivre à la
perte de tant de gens de qualité que les Maures
avaient massacrés, et que lui-même avait pour
ainsi dire entraînés à cette boucherie. Muley-
Mohammed, auteur de cette guerre, chercha
son salut dans la fuite, mais il se noya en
passant la rivière de Mucazen. — Ainsi péri-
rent dans cette journée (4 août 1578) trois
frands princes et tous trois d'une manière
ifférente : Abdel-Mélek, par la maladie;
Mohammed par l'eau; Sébastien, par les
armes. »
ALCAÇAR-SAGHYR, ville fortifiée du Maroc,
entre Tanger et Ceuta, à l'endroit le plus res-
serré du détroit de Gibraltar.
ALCACER-DO-SAL, bourg de Portugal, dans
l'Estramadure ; 2,860 hab. Château tort; sa-
lines très-importantes dans les environs. Patrie
du célèbre mathématicien Pedro Nunez.
ALCADE s. m. (al-ka -de — de l'espagn.
alcade; formé de l'arab. al, le; kadi, juge).
Nom donné en Espagne à certains juges et
magistrats municipaux : J'ai élevé le fils d'un
alcade de cour ; je n'ai pas véritablement tout
à fait perdu mes peines, puisque ma cure en est
le frmt; mais je vous promets qu'elle me coûte
cher.' (Le Sage.) Un cacique, un corrégidor,
des rëgidors et des alcades formaient le corps
militaire, civil et politique. (Chateaub.) Nous
rencontrâmes quelques alcades des environs, '
reçoit, a
"v."h
— Encycl. Hist. Après l'expulsion des Maures
del'Espagne, les alcades remplacèrent les cadis
musulmans. Les fonctions des alcades sont à
la fois civiles et judiciaires; elles participent
de celles de nos maires, de nos juges de paix,
et de nos commissaires de police. L'attribut
■distinctif de ces magistrats est une baguette
blanche surmontée d une main d'ivoire. Dans
les villes où il y a plus d'un alcade, chacun
prend le nom a alcade de quartier; dans les
villes moins considérables ou il n'y en a qu'un,
on les appelle alcades ordinaires. Ils prennent
encore différents noms suivant la nature des
fonctions qu'ils remplissent : alcade de nuit;
alcade alamin, chargé de ce qui concerne les
arts et métiers ; alcades des bâtiments et forêts,
ceux qui ont une juridiction civile et criminelle
sur les maisons et forêts royales hors.de Ma-
drid ; alcade corrégidor, celui qui remplit les
fonctions de corrégidor; alcade mayor, celui
qui exerce une sorte de surveillance sur les
autres alcades, etc.
ALCADES s. m. pi. (al-ka-dé — du lat. alca,
pingouin) . Ornith. Famille d'oiseaux de l'ordre
des palmipèdes, ayant pour type ie genre
pingouin.
ALC
ALCADIE s. f. (al-ka-dï — rad. alcade).
Charge , fonctions d'un alcade, il Résidence,
demeure de l'alcade.
AI.CADINO, médecin italien, né à -Syracuse
vers 1170, .mort en 1234. Il étudia la philoso-
phie et la médecine à Salerne, où il enseigna
plus tard, et fut attaché à la personne des
empereurs Henri VI et Frédéric II. Il a laissé
un poëme : De Balneis Puteolanis , qui a été
souvent réimprimé.
ALCAFOUADA (Marianne) , religieuse espa-
gnole du xvne siècle, écrivit à un officier
français nommé Chamilly , dont elle était
éprise, cinq lettres qui sont des chefs-d'œuvre
de passion, et qui ont été traduites en français,
loco, sous le titre de Lettres vortugaises.
ALCAFOHADO (François) , navigateur por-
tugais, lit partie de l'expédition commandée
par Gonzalve Zarco et qui découvrit l'île de
Madère , en 1420. 11 a laissé de cette décou-
verte une Relation extrêmement curieuse, qui a
été traduite en français en 1671.
ALCAHEST OU ALKAHEST S. m. (al-ka-è-
ste) . Liqueur propre, selon Paracelse, à guérir
toutes sortes d'engorgements, il Nomappliqué
par Van Helmont à un dissolvant imaginaire
capable de ramener à leur première vie tous
les corps de la nature.
, — Alcahest de Glauber^ Liqueur épaisse que
l'on obtient en faisant détonner sur des char-
bons ardents du nitrato de potasse , ce qui le
transforme en sous-carbonate de potasse, il
Alcahest de Respour, Mélange de potasse et
d'oxyde de zinc.
.alcaïde s. m. (al-ka-i-de). Mot qui se dit
des gouverneurs des villes dans l'empire du
Maroc. C'est une corruption de caïd.
alcaïque s. m. et adj. (al-ka-i-ke). Prosod.
Sorte de vers ou de mètre grec, inventé par
Akée et adopté par les Latins : Le vers al-
caïquk est le plus fier des mètres de la Grèce.
(Leroux.) Le vers alcaïque.o été employé par
plusieurs poètes allemands, en particulier par
■Kiopstock dans son Ode au Rédempteur et
dans i'Odo à Fanny.. (Encycl.) Z/alcaïqoe ne
se trouve jamais seul chez les poètes classi-
ques; il n existe des pièces éitièrement com-
posées de ces vers que chez les poètes latins
du vc siècle après J.-C.
— Encycl. Le vers alcaïque est hendéea-
■ syllabe : c'est un ïambique de cinq pieds, dont
lé quatrième est toujours un anapeste, et qui
doit avoir après le deuxième une césure mar-
quée par une syllabe longue ou brève. Les
poètes 'latins le commencent toujours par un
spondée. Ce vers s'employait surtout dans la
strophe dite alcaïque, qui était composée de
quatre vers : deux alcaïques, un ïambique et un
choriainbique. Horace a adopté le vers alcaïque
dans un grand nombre de ses odes.
ALCALA-DE-HÉNARÈS, ville d'Espagne, à
25 kil. N. de Madrid, sur le Hénarès, possédait
autrefois une université fondée par Xîménès,
fa plus célèbre du royaume au xvio siècle,
après celle de Salamanque. Archevêché : patrie
de Michel Cervantes et de Solis; 5,800 hab,
ALCAI.A-LA-HBAL, ville d'Espagne, à 32
kil. S.-O. de Jaen ; 4,800 hab. Victoire du gé-
néral Sébastiani sur les Espagnols, en 1810,
La district du même nom renferme environ
14,000 hab.
ALCALAMIDE s. f. (al-ka-la-mi-de — de
alcali et do amide). Chim. Nom générique
donné à des corps qui représentent de l'am-
moniaque dans laquelle 1 hydrogène est rem-
placé à la fois par un radical d'alcool ou d'al-
déhyde et par un radical d'acide. Gerhardt
découvrit en 1845 les premières alcalamides
(oxanilide, benzanilide) ; elles contiennent les
éléments d'un alcali organique et d'un acide,
moins les éléments de l'eau. Les alcalamides
sontdistinguées en secondaires et en tertiaires,
suivant que la substitution porte sur deux ou
sur trois équivalents d'hydrogène du type
ammoniaque.
alcalescence s. f. (al-ka-lcss-snn-so —
rad. alcaliY Mouvement par lequel une liqueur
devient alcaline, il Etat dos substances ani-
■niales et végétales dans lesquelles il s'est
foiœé spontanément de l'ammoniaque.
— A Icalescence des humeurs, Nom sous lequel
on désignait , dans l'ancienne médecine , la
simple disposition des corps à éprouver la
fermentation alcaline et putride.
ALCALESCENT, ENTE adj. (al-ka-Ièss-san,
an-te — rad. alcali). Chim. Qui prend ou qui
a déjà les propriétés alcalines : Tous les corps
qui contiennent du gaz azote peuvent devenir
ALCALESCENTS.(Orflla.)-
ALCALI s. m. (al-ka-li — de l'arab. ai, le, et
kali, nom d'une plante marine d'où l'on retire
la soudo et que les botanistes appellent sahola
soda). Chim. Groupe de composés qui ont pour
caractères distinctifs de verdir le sirop do
violette, de rougir la couleur jaune de cur-
cuma,de rétablirles couleurs bleues végétales
rougies par les acides, et de se combiner avec
ces derniers pour former des corps désignés
sous le nom de sels. Le mot alcali avait au-
trefois un sens tout à la fois plus restreint et
plus étendu qu'aujourd'hui. D'une part, il ne
s'appliquait qu'à trois des substances qui por-
tent aujourd hui ce nom, la potasse, la soude
et l'ammoniaque ; de l'autre, il servait à dé-
signer indistinctement ces substances et leurs
carbonates : Les alcalis ont la plus grande
tendance à s'unir avec les acides. (AcaO.) Les
ALC
alcalis, injectés dans les veines d'un animal
vivant, coagulent le sang, tandis que, hors du
corps, ils le dissolvent. (Virey.)
— Alcalis aérés, Nom donné autrefois aux
carbonates alcalins, parce qu'ils résultent de
la combinaison des alcalis avec l'acide aérien
(acide carbonique). Il Alcalis doux, Nom donné
autrefois à ces mêmes carbonates, parce qu'ils
ne sont pas doués de la causticité, comme les-
alcalis purs, il Alcalis effervescents. Nom donné
autrefois à ces mêmes carbonates, en raison
de l'effervescence qu'ils font avec les acides.
Il Alcalis caustiques, Nom donné autrefois aux
alcalis purs, en raison de leur action caustique
sur les tissus et par opposition aux alcalis
doux, n Alcalis fixes, Nom donné autrefois à la
potasse et à la soude, par opposition à l'alcali
volatil, il Alcali volatil^ Nom donné à l'ammo-
niaque liquide ,"Cn raison de sa volatilité. Il
Alcali animal, Nom donné autrefois à l'an
maies, il Alcali végétal , Nom donné autrefois
à la potasse, parce qu'elle se trouve en grande
quantité dans les végétaux, il Alcali minéral,
alcali marin. Noms donnés autrefois à la soude,
parce qu'elle fait la base du sel marin ou
chlorure de sodium, qui est très-répandu dans
le règne minéral, n Alcali déliquescent , Nom
donne autrefois à la potasse, parce qu'elle
tombe en deliquium et devient entièrement
liquide en absorbant l'humidité de l'air, n
Alcali du nitre, alcali du tartre, Noms donnés
autrefois à la potasse , parce qu'on la retire
du nitre et du tartre.
— Encycl. Dans le langage actuel de la
chimie, on comprend sous le nom à'alcalis
l'ammoniaque et les six oxydes métalliques
suivants : la potasse ou oxyde de potassium,
la soude ou'bxyde de sodium, la lithine ou
oxyde de lithium, la chaux ou oxyde de cal-
que la théorie de Vammonium (V. ce mot) nous
présente l'ammoniaque elle-même comme
louant le rôle d'un oxyde métallique dans les
sels qu'elle forme en se combinant avec les
acides.
Les six alcalis d'origine métallique se divi-
sent ordinairement en deux groupes : les alcalis
proprement dits, comprenant la potasse, la
soude et la lithine : et les terres alcalines, qui
comprennent la chaux, la baryte et la stron-
liane. Les alcalis sont caractérisés par leur
.grande solubilité dans l'eau et par la solubilité
de leurs sulfates et de leurs carbonates. Les
terres alcalines ont pour caractère d'être no-
tablement 'solubles , quoique beaucoup moins
que les alcalis proprement dits, et de donner
des sulfates et des carbonates insolubles ou
très-peu solubles. La magnésie ou oxyde de
magnésium forme le passage entre le groupe
des terres alcalines et celui des terres : plu-
sieurs chimistes la placent parmi les terres
alcalines.
Il n'est pas' sans intérêt de jeter un coup
d'oail sur les découvertes successives qui ont
amené la connaissance de la véritable nature
des alcalis. Les anciens chimistes ne connais-
saient pas la composition de ces substances.
Sous ce nom d'alcalis, ils réunissaient les car-
bonates alcalins aux bases alcalines : de là
pour eux deux espèces â'alcalis, ou plutôt deux
états différents sous lesquels les alcalis se
présentaient à leur observation. L'incinération
des végétaux et la distillation des matières
animales leur donnaient des alcalis doux, c'est-
à-dire doués de propriétés alcalines faibles;
ces alcalis doux (carbonates alcalins) , traités
par la chaux, devenaient caustiques, c'est-à-
dire brûlants, capables de produire sur la peau
des effets semblables à ceux du feu. En quoi
consistait, à quelle cause devait être attribuée
l'importante modification a laquelle les al-
calis doux devenaient caustiques? L'analogie
observée entre l'action du feu et celle des
caustiques semblait indiquer une réponse à
cette question. Lorsque la doctrine do Stahl
eut montré dans le phlogistique le principe de
la combustibilité, il parut naturel de mettre la
causticité sur le compte du même principe.
En 1756, Black, médecin d'Edimbourg, dé-
couvrit la véritable solution du problème. Il
montra que les alcalis doux et les pierres cal-
caires renfermaient une substance gazeuse
qu'il nomma uir fixe (acide carbonique) ; que
1 effet de la calcination était d'enlever cotte
substance aux pierres calcaires, et par là même
de les rendre caustiques ; que les alcalis doux,
traités par la chaux vive , devenaient caus-
tiques en lui cédant'cet air fixe qui lui rendait
toutes les qualités de la pierre calcaire non
calcinée ; en un mot, que les alcalis étaient
doux ou caustiques suivant qu'ils étaient ou
n'étaient pas saturés de cette matière gazeuse.
De cette découverte mémorable à la con-
naissance de la nature des carbonates alcalins,
il n'y avait qu'un pas. Cavendish, en 1766,
prouva l'identité de l'air fixe avec le gaz mé-
phitique de la combustion du charbon, des
grottes profondes et des liquides en fermenta-
tion. Enfin, en 1770, Lavoisier montra que ce
gaz était formé d'oxygène et de carbone, et
devait se ranger parmi lés acides. Dès lors, il
devint évident que les alcalis doux et les cal-
caires non calcinés étaient de véritables sels
composés de cet acide gazeux, et des alcalis
caustiques, des sels semblables à ceux que
forment les oxydes métalliques combinés avec
ALC
Mais quelle était la nature des alcalis caus-
tiques? Quelle idée devait-on s'en faire? Toutes
les expériences disaient qu'ils étaient des corps
simples. L'analogie indiquait qu'ils étaient
composés et faisait prévoir qu'on découvrirait
leur composition. En effet, toutes leurs pro-
priétés les plaçaient parmi les corps composés,
d'une part en tête des oxydes métalliques, de
l'autre à côté de l'ammoniaque, dont Berthollet
venait de faire connaître les principes consti-
tuants. On pouvait faire deux hypothèses sur
leur composition : on pouvait les considérer
comme les oxydes de métaux inconnus, ou les
supposer azotés comme l'ammoniaque. La-
voisier émit les deux hypothèses, la première
pour les terres (Lavoisier réunissait sous ce
nom les terres alcalines aux terres proprement
dites), la seconde pour les alcalis proprement
dits. « L'oxygène, dit-il, est le moy^n d'union
entre les métaux et les acides, et cette cir-
constance, qui a lieu cour tous les métaux
comme pour tous les acides, pourrait porter à
croire que toutes les substances qui ont une
grande affinité avec les acides contiennent de
l'oxygène. II est donc assez probable que les
terres contiennent de l'oxygène, iet ne sont
autre chose que des métaux' oxydés avec les-
quels l'oxygène a plus d'affinité qu'il n'en a
avec le carbone, ce qui les rend irréductibles
par les moyens que nous employons L'a-
nalogie, dit-tl dans un autre endroit, pourrait
porter a croire que l'azote est un des principes
constituants des alcalis en général ( Lavoisier
ne donnait le nom à'alcali qu'aux alcalis pro-
prement dits) ; et on en a la preuve à l'égard
de l'ammoniaque ; mais on n'a, relativement à
la potassé et a la soude, que de légères pré-
somptions, qu'aucune expérience décisive n'a
encore confirmées. »
Les alcalis et les terres avaient résisté à
toutes les tentatives qu'on avait faites pour
les décomposer, lorsque Davy, en 1807, les
soumit à l'action de la pile voltaïque. Le succès
de l'expérience confirma l'hypothèse qui . les
assimilait à des oxydes métalliques. Aux mé-
taux déjà connus vinrent se joindre le potas-
sium; le sodium, le calcium, lé baryum, le ma-
gnésium. C'était le plus grand progrès, qu'eût
fait la chimie, depuis la découverte de la com-
position de l'air et de l'eau.
• La connaissance de la composition chimi-
que des alcalis, dit M. Leplay, a enlevé à ce
mot ce qu'il avait d'absolu, et en a singulière-
ment modifié la signification. I! est évident
maintenant que sous le rapport de leurs pro-
priétés chimiques, et, par exemple, sous celui
de leur affinité avec les acides, tous les oxydes
métalliques forment une série tellement con-
tinue, qu'on ne peut attacher l'alcalinité à un
groupe particulier qu'en vertu d'une conven-
tion qui peut être commode pour la description
de leurs propriétés, mais qui est tout à fait ar-
tificielle. » Non-seulement il n'y a pas de ligne
de démarcation entre les alcalis et les autres
deux séries n'en forment qu'une, qui a, dit
M. Gerhardt, « ses deux extrémités et son rai-
lieu, son extrême droite, sa droite, son centre
droit, son centre, Son centre gauche, sa gauche
et son extrême gauche. » V. Acide.
On applique souvent la dénomination â'al-
càlis végétaux à certaines base's salifiables,
fournies par les plantes et plus généralement
désignées sous le nom à.' alcaloïdes. V. ce mot.
— Pathol. La potasse, la soude, la chaux,
la baryte et l'ammoniaquo liquide enflamment,
ramollissent, ulcèrent et perforent les parois
de l'estomac. La potasse est un-des poisons
qui produisent le plus souvent cette dernière
altération. Dans l'empoisonnement par les al-
calis les malades accusent une saveur urineuse
et une chaleur acre dans la bouche. Ils vomis-
sent des matières sanguinolentes qui ne font
point effervescence sur le carreau, et dans
lesquelles on reconnaît facilement la présence
des alcalis , au moyen des réactifs végétaux
colorés. En même temps la face est profondé-
ment altérée, la peau est froide, le pouls misé-
rable; enfin, la mort arrive souvent au milieu
des convulsions. Comme antidote on oppose
ordinairement aux alcalis des boissons acidu-
lées ; par exemple , du vinaigre ou du jus de
citron étendu de deux tiers ou de trois quarts
d'eau. L'huile et le beurre produisent aussi de
bons effets et peuvent être conseilles. Acides
et corps gras neutralisent les alcalis, avec les-
quels ils forment, '""•"» -"■ ■*<"> »«'» ^..~-^ ^i».
ALCALICITÉ s. f. (al-ka-li-si-té — rad.
alcali). Chim. Propriété des substances alca-
lines., il On dit aussi ■ - - -"
s-là des sels, ceux-ci des
ALCALIFIABLE adj. (al-ka-li-fi-a-blc —
de alcali, et du lat. fieri, devenir). Chim. Qui
est susceptible de se convertir en alcali.
ALCALIPIANT, ANTE adj. (al-ka-li-fi-an,
an-to— de alcali, et du lat. facere, faire).
Chim. Se dit d'une substance qui peut pro-
voquer dans une autre la manifestation des
propriétés alcalines : Quelques chimistes ont
pensé que l'azote était le principe alcalifiant.
ALCALIGÈne adj. (al-ka-li-iè-ne — do al-
ALCALIMÈTRE s. m. (al-ka-li-mè-tre —
de alcali, et du gr. metron, mesure). Chim.
Instrument destiné à l'essai des soudes et des
potasses : Z'alcalimétke de Descroizilles.
ALCALIMÉTRIE s. f. (al-ka-li-mé-trî — do
alcali, et du gr. metron, mesure). Chim. Pro-
cédé au moyen duquel on fait l'essai des -
potasses et des soudes du commerce.
— Encycl. Les soudes et les potasses. du
commerce renfermant toujours des sels étran-
gers, et leur valeur vénale dépendant unique-
ment de la proportion réelle de soude ou de
potasse pure qu'elles contiennent, il est indis-
pensable de déterminer cette proportion ; en
d'autres termes, de constater le titre de l'alcali.
Deux procédés sont employés pour cela, mais
le plus simple et le plus expéditif est celui qui
a été imaginé, en 1804, par le chimiste rouen-
nais Descroizilles, et perfectionné, en 1828, par
l'illustre Gay-Lussac. On prend, d un côté, une
certaine quantité d'acide sulfurique, divisée en
cent parties, et, de l'autre, une quantité de
potasse et de soude telle que, si cette dernière
était pure, elle serait entièrement saturée par
l'acide. Or, comme la potasse du commerce est
toujours impure , il est évident qu'il faudra
d'autant moins d'acide pour la saturer que son
impureté sera plus grande. Si, par exemple,
pour saturer la substance soumise à l'essai, on
n'a eu besoin que du quart de l'acide qu'il eût
fallu pour suturer ce même poids si elle eût été
pure, il est évident que chaque 100 kilogr. de
matière brute n'en renferme que 25 d'alcali
pur. On reconnaît le point de saturation au
moyen du papier de tournesol, et l'on fait l'opé-
ration dans un vase gradué appelé alcalimèira.
&LCALIMÉTRIQUE adj. (al-ka-li-mé-tri-kc
— rad. alcalimétrie). Chim. Qui est relatif,
qui a rapport à l'alcalimétrie : Procédé alca-
-LIMÉTRIQUE.
alcalin, ine adj. (al-ka-lain, i-ne— rad.
alcali). Chim. Qui se rapporte aux alcalis :
Saveur alcaunb. Propriétés alcalinks. Réac-
tion alcaline. La diqestion stomacale est acide;
la digestion duodénaleest alcaline. (Raspail.)
— Métaux alcalins, Métaux qui par leur •
combinaison avec l'oxygène donnent nais-
sance aux alcalis proprement dits.
— Sels alcalins, Sels qui résultent de la
combinaison do la potasse et de la soude avec
un acide.
— Thérap. Médicaments alcalins, Groupe
de médicaments dont le bicarbonate do soude
est le type, n Le mot alcalin s'emploie sub-
stantivem. dans le même sens.
— Eaux alcalines, Eaux minérales caracté-
risées par leur richesse en bicarbonate de
soude : telles sont les eaux de Vichy en
Franco, et les eaux d'Ems en Allemagne.
— Bain alcalin, Bain consistant en une so-
lution de carbonate de soude (100 à 500 gr.
de sel pour 300 litres d'eau).
— Pathol. Cachexie alcaline^ Nom donné à
une cachexie résultant de l'altération du sang
par l'abus des alcalins, des eaux de Vichy.
—.Encycl. En thérapeutique, on comprend
sous le nom de médicaments alcalins les com-
posés suivants : 1" la potasse, la soude et la
chaux caustique ; 2° les carbonates de potasse
et de .soude ; 3" les bicarbonates de potasse
et de soude, les savons,- les citrates, malates,
artrates, acétates de potasse et de soude, etc.
Les alcalis caustiques agissant comme des
poisons corrosifs des plus énergiques, ne peu-
vent être administrés à l'intérieur sans les
plus grandes précautions; aussi sont-ils presquo
uniquement réservés à des .usages externes.
(V. Caustique.) Les carbonates de potasse
ont une action caustique moins puissante ; ce-
pendant, comme ils ne sont pas eux-mêmes
sans danger, on les a remplacés très-avanta-
geusement par les bicarbonates de potasse et
de soude. C est surtout le bicarbonate desoudo
qui est employé.
Les bicarbonates alcalins sont facilement
absorbés; ils sont éliminés en grando partie
par les urines. On les emploie contre la dys-
pepsie, Contre les maladies du foie, telles que
les engorgements de ce viscère et les calculs
biliaires, contre les affections calculeuses de
la vessie, et les affections goutteuses qui dé-
t de la diathèse urique , contre les
telles que le lichen et le prurigo. L'action chi-
mique et physiologique des alcalins- rend
compte de ces diverses indications. En satu-
rant les acides de l'estomac, ils excitent les
fonctions digestives; en rendant le sang plus
alcalin, ils le rendent plus fluide et plus èom-
bustibla ; en/in ils augmentent et alcalisent les
sécrétions, notamment celle des reins.
Les alcalins agissent comme altérants, c'est-
à-dire en diminuant la plasticité du sang dans
les inflammations et dans les congestions. Leur
emploi dans la glycosurie, dans la goutte, dans
la gravelle urique, dans les calculs biliaires, se
fonde sur l'activité que leur présence dans le
sang imprime aux phénomènes de combustion
de l'économie. Grâce à l'alcalinité du sang, le
sucre qui provient de la digestion ou qui est
produit par le foie peut être brûlé complète-
ment; les substances azotées sont éliminées à
l'état d'urée, et ne viennent plus former dans
la vessie de calculs d'acide unque ; les -.iii'ières
grasses sont éliminées par le poumon et ne
viennent plus former dans les canaux biliaires
des calculs de cholestérine ; ajoutons que les
alcalins éliminés par les reins et passant dans
l'urine "transforment l'acide urique en urate,
c'est-à-dire augmentant la solubilité de l'acide
urique ; que sous leur influence la bile devient
18
ALC
plus abondante et plus liquide, deux conditions
favorables à l'expulsion des calcula biliaires.
— Dans les maladies de la peau, les alcalins
paraissent agir en neutralisant l'acidité de la
sécrétion cutanée.
Il est facile d'abuser des alcalins : d'une
part, parce qu'ils ne présentent aucun inconvé-
nient immédiat; de 1 autre, parce que leur ad-
ministration est en général suivie d'un effet
heureux , sûr et prompt. On ne doit pas ou-
blier qu'en séjournant longtemps dans l'écono-
mie, ils augmentent la faiblesse des malades
déjà débilités, et dont il serait souvent oppor-
tun de relever les forces. Leur action alté-
tante en se prolongeant produit une cachexie
-que l'on a appelée cachexie alcaline. « Elle
prédispose singulièrement, dit M. Bouchardat,
a ces suffisions soit séreuses, soit sanguines,
qui peuvent déterminer des morts subites dont
on cherche souvent bien loin la cause, sans en
accuser les alcalins. »
ALCALINITÉ s. f. (al-ka-li-ni-té — rad.
alcalin). Chim. Etat ou caractère d'une sub-
stance qui possède les propriétés des alcalis :
Z'alcalinité est une propriété essentielle du
sang pour qu'il puisse servir à l'accomplisse-
ment du phénomène de la vie. (Pelouzc.)
ALCALINO-FERRUGINEUX, EUSE adj . (al-
ka-li-no-rô-ru-ji-neu, eu-ze). Chim. Qui con-
tient des alcalis et des matières ferrugineuses,
li Bain alcalino- ferrugineux , Bain très-actif
contre la gale.
ALCALINO-PLOMBIFÈRE adj. (al-ka-li-no-
plon-bi-fè-re). Chim. Se dit d'une substance
alcaline contenant du plomb.
ALCALINO-TERREUX adj. (al-ka-li-no-té-
reu — de alcali et de terre). Chim. Se dit
d'an groupe de métaux comprenant le ba-
ryum, lo strontium, le calcium et le magné-
sium. Les métaux alcalino-terreux sont ainsi
nommés parce que leurs oxydes étaient au-
trefois désignés sous le nom de terres, et parce
qu'étant solubles, ils possèdent plusieurs pro-
priétés des alcalis.
ALCALINULE adj. (al-ka-li-nu-le— rad. al-
calin). Chim. Se dit de tout sel dans lequel la
quantité d'alcali, relativement à celle d'acide,
dépasse lo terme qui constitue l'état neutre,
sans toutefois s'éloigner beaucoup de la limite
qui répond à la saturation.
alcalisation s. f. (alrka-li-za-si-on —
rad. alcaliser). Chim. Action d'alcaïiser, do
dégager -dans un sel neutre l'acide de l'alcali.
ALCALISÉ, ÉE (al-ka-li-zé) part. pass. du
v. Alcaliser : On peut enlever à une étoffe le
sulfate d'indigotine avec de l'eau alcalisée
chaude. (Chevrcul.)
ALCALISER v. a. ou tr. (al-ka-li-zé — rad.
alcali). Chim. Dégager d'un sel neutre , par
l'action du feu, la partie acide qui y était con-
tenue, do manière qu'il ne reste plus que la
partie alcaline. Il Donner à une substance les
propriétés alcalines.
— Alcaliser un malade, Lui administrer dos
alcalins.
S'alcaliser, •v. pr: Se charger de principes
alcalins.
ALCALOÏDE s. ni. (al-ka-lo-i-do — fr. al-
cali, et du gr. eidos, forme). Chim. Substance'
organique azotée, douée de propriétés alca-
lines et possédant colle de s unir aux acides
pour constituer de véritables sols.
— Encycl. Les alcaloïdes se divisent en
deux classes : alcaloïdes naturels, alcaloïdes
artificiels. Les premiers existent tout formés
dans le tissu des végétaux ; ils s'y trouvent
à l'état de liberté ou combinés avec les acides ;
les alcaloïdes artificiels sont produits artificiel-
lement dans les laboratoires.
. I. — Alcaloïdes naturels. Les alcaloïdes na-
turels, appelés aussi alcalis végétaux ou alcalis
organiques, représentent le plus souvent les
principes actifi des plantes dont ils provien-
nent; ils sont, pour la plupart, fixes, solides,
cristallisés, de composition quaternaire, c'est-
à-dire formés de carbone, d'hydrogène, d'oxy-
gène et d'azote ; quelques-uns, comme la nico-
" ie, sont liquides, volatils, et dépourvus
l'éther. Ils présentent tous une grande analo-
gie chimique avec l'ammoniaque. Comme l'am-
moniaque, ils forment avec les hydracides des
sels anhydres, tandis qu'avec les oxacides, la
prés'ence d'un équivalent d'eau au moins est
nécessaire. Comme le chlorhydrate d'ammo-
niaque*, les chlorhydrates d'alcaloïdes forment
des chlorures doubles avec le bichlorûre de
platine. Les alcaloïdes naturels ont tous une
saveur ainère très-prononcée ; la plupart con-
stituent des poisons très-violents et des médi-
caments énergiques.
Le procédé de leur préparation ressemble à
celui que l'on emploie ordinairement pour sé-
parer une base à un sel quelconque. Ceux qui
sout insolubles dans l'eau sont amenés à l'état
de chlorure ou de sulfate , puis ils sont mis en
liberté par un alcali ; on isole ceux qui sont
volatils en distillant le liquide qui les renferme
après l'avoir mêlé avec de la potasse ou de la
chaux. Leur solubilité dans 1 alcool donne le
moyen de les purifier.
La découverte des alcaloïdes naturels date
du commencement de ce siècle; elle est due à
Sertuerner, pharmacien allemand, qui signala
dans l'opium le premier alcaloïde connu, la
morphine. Elle est devenue un* conquête pré-
ALC
ciejise pour la médecine, à laquelle elle a per-
mis d'administrer des médicaments bien déhnis,
qui présentent sous un très-petit volume des
propriétés thérapeutiques très-actives.
Voici la liste des principaux alcaloïdes na-
Aconitine, découverte par Hesse, en 1833,
dans l'aconit napel.
Aricine, découverte par Pelletier et Coriol,
dans un quinquina blanc venu d'Arica à Bor-
Atropine ou daturina, qui se trouve dans
toutes les parties de la belladone (atropa bella-
dona) ou dans les semences de la stramoine
(datura stramonium) ; elle a été découverte en
1833, àpeu près en même temps, parGeiger, par
liesse et par Mein.
Brucine ou vomicine, qui accompagne la
strychniife dans la noix vomique et la fève de
Saint-Ignace; elle a été découverte par Pel-
letier et Caventou. ,
Caféine ou Oléine, contenue dans les graines
de café et dans les feuilles de thé.
Chélidonine, contenue dans toutes les par-
ties de la grande chélidoins.
Cinchonine, découverte dans les quinquinas,
par Pelletier et Caventou.
Codéine, découverte par Robiquet, dans
l'opium.
Conine ou conîcme, qui se trouve dans toutes
les parties de la ciguë (coniwn maculatum).
Emétine, qui donne à la racine d'ipécacuanha
ses propriétés vomitives ; elle a été découverte
en 1817 par Pelletier et Magendie.
Ménispermine , découverte par Pelletier et
Cquerbe , dans la coque du Levant (menisper-
mum cocculus) .
Morphine, découverte par Sertuerner, dans
l'opium.
Narcéine, découverte par Pelletier, dans
l'opium.
Narcotine , découverte par Derosne , dans
l'opium; elle n'est bien connue sous le rap-
port chimique que depuis les travaux de
Robiquet.
Nichtine , qui se rencontre dans les espèces
de tabac (nicotiana) ; elle a été obtenue pour
la première fois, mais à l'état impur, par
Vauquelin.
Papauérine , découverte par Merck, dans
Pipérine, contenue dans les différentes va-
riétés depoiwe (piper).
Quinine, découverte en 1820 dans les quin-
quinas, par Pelletier et Caventou.
Solanine, découverte en 1821, par Desfosses,
dans les baies de morelle (solanum nigrum) et
de pomme de terre (solanum iuberosum).
Str-ycfmine , découverte par Pelletier^et
Caventou, dans plusieurs espèces du genre
strychnos, notamment dans lu noix vomique,
dans l'écorce du vomiquier dite fausse angus-
ture, dans la fève de Saint-Ignace , et dans le
bois de couleuvre.
Thébaïne, découverte par Pelletier, dans
l'opium.
Théobromine, découverte dans le cacao en
1842, par Woskresenski.
Vératrinc; qui se rencontre dans la cëva-
dillc (graine de vcralrum sabadilla) , et dans
l'ellébore blanc (ueratrum album) ; elle a été
découverte en ISIS, par Meissner.
II. — Alcaloïdes artificiels. Les alcaloïdes arti-
ficiels ne contiennent pas d'oxygène ; ils se rap-
prochent, par leurs propriétés et par leur com-
position, des alcaloïdes naturels ternaires (nico-
tine, conine). Ils représentent de l'ammoniaque
dans laquelle 1 , 2 ou 3 équivalents d'hydrogène
sont remplacés par certains radicaux binaires:
de là le nom d ammoniaques composées, sous
lequel orales désigne quelquefois. D'après cette
vue. qui les ramène au type ammoniaque , on
les divise en trois groupes, suivant que la sub-
stitutionporte sur 1, sur 2 ou sur 3 équivalents
d'hydrogène. L'ammoniaque ayant pour for-
IH
mule As H3 ou Az j H , nous aurons pour for-
mule générale du premier groupe A; ! H, pour
(Il
formule du second A- { K , pour formule du
(R'
(R
troisième As{R', R, R', R" étant des radi-
(R"
eaux binaires. — Les principaux alcaloïdes du
/ lH \
premier groupe sont : l'aniline I A; H j ,
la toluidine (As H ], la xylodine
[Az\ H V la méthylaminé ( A* {H ).
\ (C'BHO/ \ (Ci 113/
f \H \
l'éthylamine (As (H ), l'amylanine
\ ( C* H3/
( A; ! H 1 . Remarquons que les trois
\ (C'O.IP'/
(amyle): — Les principaux alcaloïdesdu second
groupe sont : la diéthyle
qui contient deux fois le radical éthyle, l'éthy-
ie( As C*H5),
V le* h»/
ie[ As C*HM ,qi
V (CH3/
méthylaminé As ! Cv H5 ) , qui contient le ra-'
V (CH3/
dical éthyle et le radical méthyle, l'éthyani-
et le radical de l'aniline (CM* H3). — Les prin-
cipaux alcaloïdes du troisième groupe sont:
la triéthylamine, qui contient trois fois le radi-
IC'H5\
As)c»HS),l'ét]
{en*/
adical éthy
As C2H3).-
(CïH»/
qui contient le radical éthyle et deux fois le
radical méthyle I As J C* IV ) .-Les alcaloïdes
du premier groupe se divisent d'après leur
origine en deux catégories. Les uns , comme
l'aniline, la toluidine, la xylodine, proviennent
de l'action du sulfhydrate d'ammoniaque sur
des hydrocarbures nitrés. Les autres, comme
l'éthylamine, la méthylaminé, l'amylamine,
proviennent de l'action de la potasse sur les
éthers cyaniques. Hous devons la connaissance
des premiers a M. Zinin, et celle des seconds
'■ RI. Wnrtz. — Les alcaloïdes du second et
cond groupe par l'action des éthers bromhy-
driques sur ceux du premier, et ceux du troi-
sième groupe par l'action des mêmes éthers
sur ceux du second.
ALCAMÈNE, statuaire grec de l'antiquité,
disciple de Phidias, avec lequel il osa entrer
en concours pour l'exécution d'une statue co-
lossale de Minerve. Emeric David pense qu'il
pourrait bien avoir contribué à l'exécution de
ce célèbre fronton du Parthénon, où l'on recon-
naît le travail de différents ciseaux , et qu'un
seul homme, en effet, n'aurait pu terminer qu'en
bien des années. Rival de son maître par la
hardiesse de ses pensées comme par son habi-
leté dans l'exécution, Alcamène parait avoir
conçu le premier l'idée de représenter Hécate
sous l'emblème de trois femmes réunies par
le dos, groupe qui se voyait à Athènes du
temps de Pausanias, et dont l'Hécate à trois
corps du musée du Capitole pourrait bien être
une imitation. Mais le chef-d'œuvre de cet
artiste fut une Venus des. Jardins , qu'il fit en
concurrence avec son condisciple Agoracrite.
On assure que la figure de ce dernier fut exé-
cutée en grande partie par Phidias, ce qui ne
l'empêcha pas d être vaincue par la statue
d'Alcamène, dont les beautés éminentes ont
été louées fréquemment par les anciens. — Al-
camène vécut de la 78« à la 95Ç ou 9G<; olym-
piade (457-387 av. J.-C.).
ALCAMO, ville de Sicile; l5,9uo'hab. Dans
les environs sont les magnifiques ruines de
l'antique Segesta.
AIXAN (Michel), ingénieur, homme poli-
tique, né à Donneley (Meurthe) en 1811. On
lui doit plusieurs découvertes utiles et des
perfectionnements nombreux, notamment dans
les procédés de tissage. Il est depuis 1S45
professeur de filature et de tissage à l'Ecole
des arts et manufactures. Elu en 1848 repré-
sentant du peuple à l'Assemblée constituante,
il vota constamment avec la nouvelle Mon-
tagne. Outre une collaboration active au
Dictionnaire des arts et manufactures, il a
publié un travail de premier ordre : Essai sur
l'industrie des matières textiles, Paris 1847.
AI.CAN'DliA,femmedePolybe,roideThèbes,-
en Egypte. Elle fit présent à la belle Hélène
d'un fuseau d'or et d'une corbeille d'argent.
AlCANDHE, nom de plusieurs personnages
mythologiques : lu Alcandre, lycien tué de-
vant Troie par Ulysse ; — 2» partisan d'Enée,
tué par Turnus ; — 3« fils de Munichus , roi
des Molosses, était devin et chéri des dieux.
Un jour, il fut attaqué par des brigands, qui
déjà avaient mis le feu à la maison, lorsque
Jupiter, pour sauver Alcandre et sa famille,
les métamorphosa en oiseaux.
■ ALCANIZ, ville d'Espagne, dans l'Arag'on.
Château fort, en partie ruiné; 5,800 hab. Ré-
colte de fruits, d'huile, de miel et de soie;
exploitation d'alun. Les Espagnols en chassè-
rent les Français en 1800.
ALCANNA, ALCANA OU ALCANNE S. f.
Bot. V. Alkanna.
ALCANTARA, ville forte d'Espagne, sur la'
rive gauche du Tage, dans la prov. de Cacérès,
3,400 hab. ; autrefois ch.-lieu de l'ordre mili-
taire d'Alcantara. Elle fut bâtie sur les ruines
d'une ancienne ville romaine par les Maures,
qui lui donnèrent son nom actuel, qui signifie
le pont. Alphonse IX de Léon la leur enleva
en 1214. Pont gigantesque, jeté à travers le
lit profond du Tage, et construit par Trajan,
l'an 98 de l'ère chrétienne. On y voit la plaque
de marbre qui rappelle sa fondation, et l'in-
scription commémorative de la restauration
ordonnée en 1543, par Charles-Quint. Il me-
sure ISS m. de long et 8 de large; sa hauteur
comprend 10 m. dans l'eau, 4S m. au-dessus
de l'eau et 1 m. co de parapet. Il forme six
arches de grandeur différente, et il est entiè-
ALC
renient construit en blocs de granit, sans ci-
ment. Une tour de 13 mètres de hauteur s'é-
lève nu milieu. L'une des petites arches,
coupée en 1213 parles Sarrasins, avait été
reconstruite par Charles-Quint ; détruite de
nouveau en 1808, elle fut remplacée par une
arche en bois incendiée en 1818, et, depuis
cette époque, elle n'a pas été réparée.
Alcimiori. (ordre d'), ordre espagnol de
chevalerie. C'est une des nombreuses associa-
tions religieuses et militaires créées en Espa-
gne, pendant le moyen âge, pour combattre la
domination des Maures. Fondé en 1176, dans
la Castille, par Oomez Fernand, sous le nom
d'Ordre de Saint-Julien-du-Poirier, il prit sa
dénomination actuelle en 1218, quand il trans-
porta sa résidence & Alcantara, petite ville
d'Estramadure, que les chevaliers de Cala-
trava venaient de lui donner. Il eut une exis-
tence indépendante jusqu'en 1495, époque à
laquelle Ferdinand V en réunit la grande maî-
trise à la couronne. L'admission dans l'ordre
n'est plus aujourd'hui qu'une simple marque
de noblesse, que l'on obtient en faisant les
preuves requises. Ses membres ont pour insi-
gnes une croix fleurdelisée de sinople, qu'ils
suspendent au cou au moyen d'un rubau de
même couleur. Ils font, en outre, broder une
croix semblable en soie sur le côté gauche de
l'habit.
ALCARAZAS s. m. (al-ka-ra-za — do l'arab
al, lo; quraz, cruche; d'autres lo font venu
d'Alcnrraza, nom d'une localité d'Espagne on
l'on fabriquo beaucoup de ces vases). Vaso
poreux dont on fait un grand usage en Espa-
gne et dans les pays chauds pour rafraîchi;
les liquides : Le carreau suintait comme un
ALCARAZAS. (Bail.)
— Encycl. Les alcarazas sont faits avec une
terre naturellement poreuse ou rendue telle
par des moyens artificiels. Leur propriété réfri-
gérante tient à cejjulls laissent transsuder une
partie de l'eau qu'ils contiennent, et à ce que
cette partie, en s'évaporant à la surface ex-
terne du vase, enlève une portion de calorique
de l'intérieur. Pour accélérer cette évapora-
tion et, par suite, le refroidissement, on ex-
pose ordinairement les alcarazas à un courant
d'air aussi vif que possible. L'usage des alca- ■
razas est immémorial dans tous les pays
chauds. On les appelle gargoulettes dans
l'Inde ; bardaques, balasses et quoules, en
Egypte; canaris ,, aux. Antilles; bucaros , ca-
timploras, alcarrazas, etc., en Espagne. Au
commencement de ce siècle, M. Fourmy essaya
de les introduire dans notre pays, et il créa le
mot hydrocérame, oui veut dire vase à eau- ou
vase qui sue, pour aésigner' les produits de sa
fabrication. Les alcarazas ne produisent de
bons effets que dans les contrées où la tempé-
rature est très-élevée.
ALCABON s. m. (al-ka-ron — mot. arab.).
Arachn. Un des noms vulgaires du scorpion
d'Afrique.
ALCATHOÙS, fils de Pélops et d'IIippoda-
mie, frère d'Atrée et de Thyeste, tua un lion
qui avait dévoré le fils de Mégareus, roi de
Mégare, et épousa ensuite la fille de ce prince,
auquel Ù succéda. Apollon l'aida à construire
les murs de Mégare, et la pierre sur laquelle
le dieu posa sa lyre, rendit depuis des sons
ALCATRAXs.m. (al-ka-traks— mot arab.).
Ornith. Nom vulgaire du pélican, dans quel-
ques parties de l'Espagne.
ALCAVALA s. m. (al-ka- va-la). Impôt
prélevé sur le prix des ventes publiques en
Espagne, ainsi que sur les échanges, et qui
fut voté pour la première fois en faveur d'Al-
phonse II, roi de Castille, vers l'an 1330. Lo
montant de ce tribut, base sur le dixièmo du
prix des marchandises, était payé par le ven-
deur, et nul n'en était exempt, ni ville, ni
prêtre, ni gentilhomme. Cet impôt, qui a
subi diverses* modifications, s'est maintenu
jusqu'à nos jours.
maures, ordinairement fortifies : Dussé-je lui
mettre la main sur l'épaule en pleine cour,
dans J'Alcazar de Tolède, j'aurai une explica-
tion avec lui. (C. Delav.) On nous conduisit à
travers un réseau de petites ruelles à I'Alca-
zar, situé en manière d'acropole sur le haut
point de la ville. (Th. Gaut.) £'Alcazar de
Tolède est bâti sur une grande esplanade en-
tourée de remparts crénelés à la mode orien-
tale, du haut desquels on découvre une vue
immense, un panorama vraiment magique. (Th.
Gaut.) •
— Par cxt. On a donné co nom à certains
établissements publics dont les décorations
rappellent l'ornementation arabe.
— Encycl. B.-arts. Plusieurs villes d'Espa-
gne ont eu leurs alcazars; les plus remarqua-
bles sont :
io Les Alcazars dis Cordoue. Cette ville
possédait deux, monuments de ce genre : l'Al-
cazar viejo et l'Alcazar nuevo. L'enceinte ap- .
pelée el Alcazar viejo est surtout intéressante
par le grand nombre de souvenirs historiques
qu'elle rappelle ; mais il est peu facile aujour-
d'hui de se faire une idée exacte de ce que
pouvait être ce palais sous les dominations ro-
maine et arabe. Le terrain contigu aux mu-
railles était le jardin des rois maures, h' Alca-
zar nuovo. devenu une prison, après avoir
servi de résidence au Saint-Office, f.it con-
ALC
àlô
' struit par ÀlphonseXI. Oa remarque devant
les tours, où se trouvaient encore, il y n «m
siècle, des bains arabes, un vaste espace, le
Campo-Santo , où les Amies martyrisaient
les chrétiens;
2« LAlcazah du Sévillk. Cette-ancienne
• habitation des rois maures, quoique inférieure
à l'Alhambra de Grenade, est cependant'une
construction magnifique , qui témoigne de
l'excellent goût et de l'habileté des artistes
arabes. Bâti sous Abdalasis, au xiic siècle,
agrandi successivement par Pierre le Cruel,
Charles V et Philippe V, ce vaste monument
présente un singulier mélange du style orien-
tal et du style gothique ; mais l'ensemble n'en
est pas moins fort imposant. L'intérieur, en-
richi d'une multitude d'antiquités précieuses,
contient soixante-dix-huit appartements prin-
cipaux, dont le salon des Ambassadeurs est le
plus riche spécimen. La partie basse des
murs, revêtue de carreaux où éclatent les plus
riches couleurs, et les dalles de marbre du
pavé, contribuent, avec des fontaines jaillis-
santes, à y entretenir la fraîcheur. Les com-
partiments à cintre qu'on remarque au-dessus
du haut balcon en saillie sont découpés à
jour pour éclairer une galerie secrète qui
règne autour de la salle. L'Alcazar contient
des cours spacieuses à colonnades. Le jardin
est clos d'un mur épais, sur lequel règne une
terrasse en arcades supportées par de nom-
breux piliers, de laquelle on jouit d'un magni-
fique panorama ;
3» L'Alcazar de Ségovie , un des monu-
ments les plus intéressants de Séçovie. 11 s'é-
lève à la pointe occidentale de 1 île, au con-
fluent de l'Eresma et du Clamores, qui baignent
ses murs. Alphonse VI en fut le fondateur
(xic siècle). L'édifice présente' une immense
tour carrée, dont la plate-forme est flanquée
de tourelles crénelées. Il a servi de prison
d'Etat. L'intérieur est surtout remarquable au
point de vue historique. On y trouve encore
des appartements ornés de mosaïques et d'an-
ciennes peintures très-bien, conservées. Le
plus important est le grand salon des Rois,
qui renterme une curieuse collection de sta-
tues en bois doré, représentant la série des
anciens rois d'Oviedo, de Léon et de Castille,
au nombre de cinquante-deux, depuis Pelage
jusqu'à la reine Jeanne (1555). On y voit, en
outre, celles du Cid et du comte Fernand Gon-
zalès. Depuis un siècle environ, l'Aleazar est
occupé par une école des cadets d'artillerie,
qui compte deux cent trente élèves.
AI.CAZAII DE SAN-JUAN, ville d'Espagne
dans la prov. de Ciudad-Réal ; 7,450 hab.
. ALCE s. m. (al-se — du gr. alkè, élan).
Manim. Nom scientifique du genre élan.
ALCÉDIN1DÉS s. in.pl. (al-sé-di-ni-dé— du
Int. alcedo, martin-pêchour). Ornith'. Famille
d'oiseaux de l'ordre des passereaux, ayant
pour type le martin-pêcheur.
ALCÉE s. f. (al-sé — du gr. alkea, mauve).
Bot. Genre de plantes de la famille des mal-
vacéos, ou peut-être simple section du genre
althiea (guimauve). Il ne renferme qu'une
seule espèce, l'alcée rose, plus connue sous les
noms vulgaires de passe-rose et de rose tré-
miêre. C'est une très-belle plante, remarqua-
ble par ses neurs, et fort répandue dans les
jardins d'agrément.
Al.CÉË, nom de plusieurs personnages my-
thologiques: Fils de Persée et d'Andromède,
père d'Amphitryon et aïeul d'Hercule, qui prit
de lui le nom d'Alcide. — Fils d'Hercule et
d'une esclave d'Omphale. Alcée fut père de
Bélus et aïeul do Candaule. — Fils d'Androgée
et petit-fils de Minos; il reçut de Rhadainanthe
ALCÉE, poëte lyrique grec, inventeur du
mètre atcaïgue , né à Mitylène (Lesbos), flo-
rissait vers l'an C00 av. J.-C. Il i("!f "—
s, abandonnant ses armes sur le champ
de bataille. Poète, il mit sa verve satirique au
service de ses passions politiques et poursuivit
de ses sarcasmes Pittacus, ainsi que le parti
démocratique, qui souvent faisait cause com-
mune avec les tyrans des cités contre la faction
aristocratique dont le poste était l'un des chefs.
Il avait aussi compose des hymnes, des odes,
et des poésies erotiques d'une extrême licence.
Il ne nous en reste que de courts fragments,
conservés par les rhéteurs et traduits en fran-
çais dans les Soirées littéraires de Coupé (t. vi)
et dans le Panthéon littéraire. On mentionne,
un autre Alcée, d'Athènes, qui, suivant Suidas,
fut le plus ancien poète tragique.
alcelaphe s. m. (al-cé-la-fe — du gr.
allcé, élan; elaphos, cerf). Zool. Genre de
mammifères ruminants.
ALCÉMÉROPE s. m. (al-cé-mé-ro-pe — du
lat. alcedo, martin-pôcheur, alcyon; merops,
guêpier). Ornith. Genre de passereaux, voisin
des guêpiers. 11 renferme deux espèces, qui
habitent l'Inde et qui ont dos mœurs analo-
gues à celles dos engoulevents. -
ALCÈS s. m. (al-sèss — du gr. alkè, élan).
Zool. Nom scientifique de l'élan. C'est un nom
spécifique pour ceux qui font de ce ruminant
nue espèce du genre cerf, le cervus .alees ; il
!st générique pour ceux qui-cn font un genre
distinct.
ALCESTE, une des filles de Pélias, femme
d'Admète, roi de Phères. Apollon, à qui Ad-
mets était cher, avait obtenu des Parques .
que celui-ci ne mourrait point si, le jour de
son trépas, quelqu'un consentait à mourir j
pour lui. Alceste se dévoua ; mais Proserpine,
touchée de cet amour, la renvoya sur la terre. '
Selon d'autres, Hercule l'arracha de vive force
des enfers. Cette touchante tradition a fourni
aux anciens le sujet de plusieurs tragédies,
dont une seule nous est restée, V Alceste
d'Euripide. V. l'art, suiv.
Aiccsic, tragédie d'Euripide, l'une des plus
touchantes que nous ait laissées l'antiquité.
Alceste, femme d'Admète, consent à mourir à
la place de son mari. Une fois le sacrifice
accompli, Hercule, touché de la générosité de
l'épouse et de la douleur de l'époux, descend
aux enfers et ramène celle qui s'est dévouée.
« Voila ce que le poëte a trouvé dans la tra-
dition religieuse. La peinture des affections
domestiques les plus tendres, les plus vives,
voilà ce qu'il a tiré de ce fond fabuleux. Rien
de plus étrange que l'événement du drame,
rien de plus naturel que les sentiments et le
langage, (Patin.) ■ Les adieux à' Alceste et
d'Admète sont d'une beauté incomparable.
« La pièce, dit M. Artaud, s'ouvre par un
prologue où Apollon, devenu berger chez Ad-
mèté, fait connaître qu'il l'a déjà sauvé de la
mort en trompant les Parques ; mais un autre
a dû prendre sa place, et Alceste s'est dé-
vouée. La Mort vient réclamer sa proie. Quel-
que étrange que soit ce dialogue de la Mort et
d'Apollon, il est du moins dramatique et sai-
sissant. L action réelle, le drame humain com-
mence quand le chœur, c'est-à-dire le peuple,
vient devant le palais s informer de l'état d Al-
ceste, cette femme que sa tendresse pour son
époux rend l'objet de l'admiration publique.
C est là une scène tout à fait prise dans le
vrai et dans la nature.
• Les derniers adieux d'Alceste et d'Ad-
mète sont d'une beauté incomparable : la pein-
ture de cet amour mutuel s'élève jusqu'au su-
blime. En nous retraçant cette affection qui
suit une épouse bien-aimée par delà le tom-
beau, Euripide a fait entendre les accents les
plus vrais que la poésie ait jamais, trouvés
pour exprimer la tendresse conjugale.
» La simplicité même de l'action est ici une
preuve de tact de la part du poëte, qui n'apas
voulu mêler d'incidents étrangers au dévoue-,
ment de son héroïne. Cette pièce est d'ailleurs
une des plus remarquables d'Euripide pour la
pureté du style. C'est, après les Hérnclides, la
plus ancienne de celles qui nous restent de
lui. Elle fut jouée la deuxième année de la 85"
olympiade, an 439 avant notre ère. Sophocle
avait fait aussi une Alceste, dont il nous reste
quelques fragments conservés par Plutarque,
Clément d' Alexandrie, "Stobée et le scoliaste
de Pindare. »
Racine avait été souvent tenté de trans-
porter sur notre scène V Alceste d'Euripide ,
comme un des plus beaux sujets du théâtre
grec. Quelques biographes assurent même
qu'il avait entrepris de le traiter, et qu'avant
de mourir un scrupule religieux le poussa à
détruire les parties qu'il avait achevées. Perte
à jamais regrettable, si l'on considère l'admi-
rable transformation que le grand poëte a fait
subir aux beautés dramatiques d'Euripide dans
Phèdre etiaaslpliigénie. Dans son Œdipe chez
Admète, Ducis a fondu Alceste avec 1 Œdipe
à Colone de Sophocle.
Aicesto ou le Triou>Pbe d'Alci.lo, tragédie
lyrique en cinq-actes et en vers de Quinault,
musique de Lulli , représentée sur le théâtre
du Palais-Royal, le la janvier 1674, puis à
Saint-Germain, enfin à Paris, et toujours avec
succès. Mais on comprend que le chef-d'œuvre
de Gluck l'ait fait oublier, comme son Armide
a éclipsé X Armide de Lulli, qui cependant ren-
ferme de grandes beautés. Un seul morceau
de \' Alceste a survécu au naufrage de la par-
tition du maître florentin, et mérite d'être si-
gnalé aux amateurs de la musique expressive
et touchante ; c'est l'air : Le héros que j'attends
ne reviendra- t-il pas?
Alcesie, opéra de Gluck, et de tous ses ou-
vrages un des plus admirés. Il en écrivit la
musique à Vienne, en 1761, sur un poème ita-
lien de Calzabigi, et dans un style tout diffé-
rent de ses précédentes productions. Dans son
épitre dédicatoire , Gluck expose ainsi ses
idées sur la musique dramatique : ■ J'ai ima-
giné que l'ouverture devait prévenir les spec-
tateurs sur les caractères de l'action qu'on
allait mettre sous leurs yeux, et leur indiquer
le sujet; que les instruments ne devaient être
mis en action qu'en proportion du degré d'in-
térêt et de passion, et qu'il fallait éviter sur-
tout de laisser dans le dialogue une disparate
trop tranchante entre l'air et le récitatif, afin
de ne pas tronquer à contre-sens la période,
et de ne pas interrompre mal à propos le mou-
vement et la chaleur de la scène.
. J'ai cru encore que la plus grande partie
de mon travail devait se réduire à chercher
une belle simplicité, et j'ai évité de faire pa-
rade de difficultés aux dépens de la clarté ; je
n'ai attaché aucun prix à la découverte d'une
nouveauté, à moins qu'elle ne fût naturelle-
ment donnée par la situation et liée à l'ex-
pression; enfin, il n'y a aucune règle que je
n'aie cru devoir sacrifier de bonne grâce en
faveur de l'effet. »
Ces idées, si clairement développées par
Gluck dans son opéra d'Alceste, furent com-
prises à merveille par Calzabigi, qui substitua
aux descriptions fleuries, aux sentences un
ALO
§eu banales et aux comparaisons monotones
es poèmes de Quinault, des passions fortes,
des situations intéressantes, le langage du
cœur et un spectacle toujours varié, > Le
succès, dit encore Gluck, a justifié mes idées
et m'a démontré que la simplicité et la vérité
sont les grands principes du beau dans toutes
les productions des arts. • De telles doctrines
artistiques devaient soulever une vive opposi-
tion. V. Querelle des qluckistes et des
piccinistes.
L'opéra de Gluck , joué à Vienne , attira
l'attention du bailli du Rollet,'jeune diplomate
attaché a l'ambassade française. Celui-ci en-
gagea l'Opéra de Paris à attirer en France le
maestro allemand, et ce fut ce même_du
Rollet qui traduisit pour la scène française la.
partition italienne d Alceste.
Sur la demande de Gluck, J.-J. Rousseau a
écrit quelques observations à propos de l'Al-
""'• italien. L'auteur du Devin du Village
du maître , il lui reproche a
accumulé les plus beaux morceaux dans le pre-
mier acte, de telle sorte qu'au second l'intérêt
diminue, et que le dernier paraît faible. Il faut
dire qu'en cela il y a plus de la faute du poëte
que du musicien. Selon Rousseau, le poëte
aurait pu'éviterl'attiédissementdans la marche
de la pièce et modifier le dénoûment, qui, dans
Euripide , est presque risible à force de sim-
plicité; par exemple, faire mourir Alceste au
second acte, et employer le troisième à pré-
parer, par un nouvel intérêt, sa résurrection ;
ce qui pourrait amener un coup de théâtre
aussi admirable et frappant que le froid retour
de la reine est insipide. Gluck profita d'une
partie des idées de Rousseau en adaptant ï'Al-
ceste à la scène française. La fête du second
acte, qui, à l'origine, n'était qu'un divertisse-
ment mal placé et invraisemblable, a été en-
cadrée de manière à être touchante et déchi-
rante par la gaieté même et le contraste qu'elle
offre avec le tragique dessein formé par l'hé-
roïque épouse.
L'opéra à'Alceste fut représenté d'abord
devant Leurs Majestés à Fontainebleau, le
13 octobre 177C, puis à Paris sur le théâtre de
l'Académie royale de musique, le 24 février
1777. Le succès fut immense et tint du délire ;
on sollicitait la faveur d'être admis aux répé-
titions générales. Gluck y était l'objet des pré-
venances des plus grands seigneurs ; on vit
même des princes s'empresser de lui présenter
son surtout et sa perruque à la fin de l'exécu-
tion, qu'il dirigeait coiffé d'un bonnet de nuit
et dans un costume aussi négligé que s'il eût
été chez lui. De nombreux détracteurs s'éle-
vèrent cependant contre l'illustre composi-
teur; des cabales se formèrent et donnèrent
lieu à une foule d'anecdotes et de mots pi-
quants. Un soir, M"° Levasseur jouait le rôle
d'Alceste ; lorsque cette actrice , à la fin du
second acte, chanta ce vers sublime par son
accent :
Il me déchire et m'arrache le cœur,
quelqu'un s'écria : «Ahl mademoiselle, vous
m'arrachez tes oreilles I » Un voisin , trans-
porté par la beauté de ce passage et par la
manière dont il était rendu , répliqua : « Ahl
monsieur, quelle fortune, si c'est pour vous en
donner d autres l ■
Le mérite à'Alceste ne. trouve plus aujour-
d'hui de critiques. C'est la déclamation lyrique
dans son expression la plus complète ; c'est
l'union intime de la musique et de 1 action dra-
matique. Une reprise de cet ouvrage a eu lieu
à l'Opéra, en 1861; et M'"f> Pauline Viardot a
déployé dans le rôle d'Alceste ses éminentes
qualités de tragédienne et de cantatrice. La
musique de Gluck perd beaucoup à être dé-
placée de son cadre scénique : cependant nous
citerons plusieurs airs dont les beautés sont
partout et toujours admirées. Le grand air :
Non, ce n'est point un sacrifice; 1 invocation
puissante : Divinités du Styx, et l'andante si
gracieux et si touchant : Ahl divinités impla-
cables!
Quant à l'orchestration, nous signalerons
moins l'ouverture, qui est une introduction
pleine de tristesse dans le mode mineur, et à
laquelle on peut reprocher peut-être un peu de
monotonie, que la marche religieuse. Il parait
difficile d'imaginer un effet plus grandiose,
plus hiératique, et si les grupetti n'y accusaient
pas trop le goût du temps, cette marche pour-
rait être considérée comme le modèle le plus
parfait de ce genre de composition.
ALCESTE, principal personnage de l'immor-
telle comédie du Misanthrope, de Molière.
Alceste est l'homme , non pas vertueux au
point de vue chrétien, mais d'une probité in-
flexible, d'une franchise que rien ne peut dé-
sarmer. Disant constamment la vérité, il cen-
sure les travers et les ridicules sans ménage-
ment, heurte de front tous les amours-propres,
repousse toute indulgence pour les faiblesses
les plus excusables, ne transige avec aucune
exigence, en un mot, se montré le type de
l'homme insociable, du misanthrope. Alceste
ne hait point l'homme lui-même dans l'homme,
à l'exemple de Timon d'Athènes, et c'est là ce
qui le sauve de la répulsion que pourrait in-
spirer un tel caractère, ce qui lui concilie l'es-
time et presque la sympathie du lecteur; mais
sa venu sauvage et trop entachée d'orgueil le
fait redouter de ses meilleurs amis, et c'est
l'écueil d'une sagesse dont nulle indulgence ne
"vient jamais adoucir l'àproté.
ALO . 181
• Le nom à'Alceste a servi à désigner depuis
un homme bourru, atrabilaire, d'une franchise
redoutable, ennemi du commerce de ses sem-
blables :
« Everard n'est ni un René, ni un Ober-
mann, ni un Werther : ce serait plutôt un Al-
ceste, quoiqu'il ne soit point, ou plutôt parce
qu'il n'est point un misanthrope ; car c'est aussi
un caractère indépendant, véridique, sans
souplesse; et c'est aussi un amoureux, car ces
cœurs en révolte le sont tous de quelqu'un ou
de quelque chose. La Célimène d'Evcrard ,
c'est la Liberté. ■ Léon de Wailly.
« Choisy revient plus d'une fois sur cette
idée qu'il est sans rancune et qu'il n'a point
d'ennemis : ■ Si je savais quelqu'un qui me
« voulût du mal, j'irais tout à l'heure lui faire
i tant d'honnêtetés, tant d'amitiés, qu'il de-
> viendrait mon ami en dépit de lui. » On re-
trouve' là encore cette nature officieuse, gen-
tille, complaisante,et qui chercherait vainement
en elle la force de haïr. En tout, le contraire
à'Alceste. • Sainte-Beuve.
« Les Alccstes deviennent des Philintes ; les
caractères se détrerhpent, les talents s'abâtar-
dissent. » . Balzac.
« Nulle part, la sociabilité, la fraternité,
même, ne sont plus largement mises en prati-
que que dans les séjours d'eaux thermales :
telle nature farouche, tel Alceste morose qui
faisait profession do haïr ses semblables, les
recherche avec passion et devient presque un
homme aimable ; toutes les relations respirent
la bienveillance, l'unanime désir de plaire. »
FÉLIX MORNAND.
alchandess. in. (al-kan-de— mot arab.).
Ichthyol. Nom donné par quelques anciens
auteurs à un poisson tres-soigne"" -1" •""= ""-
ALCHATAs. m. (al-ka-ta). Ornith. Oiseau
quo Buïïon rattache au genre des pigeons, et
que d'autres naturalistcs-rattaelicnt aux per-
ALCHÉMIIXE OU ALCHIMILLE S. i. (al-lié-
mi-lle, U mil. — de l'arab. al lièmelych, alchi-
mique, parce que la rosée de cotte plante ser-
vait aux alchimistes pour préparer la pierre
philosopliale). Bot. Genre de plantes do la
Famille des rosacées et do la tribu des sari-
guisorbées. L'alchémillo commune,.vu!gaire-
ment appelée picd-dc-lion,.e.st une herbe vi-
vace ayant pour base une souche et plusieurs
tiges, des fleurs très-petites , nombreuses,
d'un vert jaunâtre, réunies en cymes corym-
biformes au sommet des rameaux. Elle croît
dans les prés et les bois des montagnes, et
ficuritde mai à juillet. Elle était réputée jadis
comme vulnéraire.
ALCHÉRON OU ALCHIRON S. m. (al-cllé-
ron? chi-ron). Piorro ou concrétion, dans la
vésicule du fiel du bœuf.
alghiméleCH s. m. (al-ki-mé-lèk — mot
arab.). Bot. Potite plante, voisine des méli-
lots, qui croit en Egypte, et qu'on appcllo
aussi pour cette raison mélilot égyptien.
alchimie s. f. (al-chi-mî — c'est le mot
chimie précédé do l'article arabe al, le ou la).
Nom donné à la chimie du moyen âge ; art chi-
mérique qui consistait à chercher la panacée
universelle et la transmutation dés métaux
ou pierre philosopliale : Z.'alchimie a souvent
fait découvrir de grandes vérités sur le grand
chemin de l'imagination. (Didor.) 2/alchimih«
occupé beaucoup de fous, ruiné une foute d'hom-
mes cupides ou insensés, et dupé une foule encore
plus grande d'hommes crédules. (Fourcroy.)
/.'alchimie, chimérique sans doute en ses rêves
de transmutation et de panacée, fut pourtant sin-
gulièrement féconde en faits positifs. (Littré.)
— Par cxt. Se dit de systèmes, de théories
dont les divers éléments sont inconciliables, '
et qui no peuvent conduire à aucun résultat
positif : La Révolution de 1848 doit dissoudre
l'amalgame monstrueuxdespouvoirs, ce produit
de f ALCHIMIB politique, afin de rendre à cha-
cun son libre et légitime essor. (Démocr. pacif.)
Réduire à ce râle déjà si grand les diverses
théories d'ALCHiMIE humanitaires qui se sont
vroduiles dans le cours des dues, nous savons
que 'c'est offenser beaucoup d inventeurs. (Le
Siècle.) On prendra aux contribuables leur ar-
gent pour leur faire concurrence et tuer leur
industrie. Il est impossible dé comprendre une
pareille alchimie politique. (Desjobert.)
— Encycl. L'alchimie est la chimie du
moyen âge, comme l'art sacré ou art hermé-
tique avait été celle des savants de l'école
d'Alexandrie. La conquête de l'Egypte mit les
Arabes en possession de cet a/t, qui devint
l'objet de leurs travaux et qu'ils répandirent
en Occident. Le moyen âge arabe et chrétien
a été le beau temps de Valchimiu. On pourrait
à peine nommer un philosophe marquant de
cette époque qui ne lui ait donné place dans
ses préoccupations. « L'alchimie, dit M. Jean
Reynaud, fut pendant un temps, au travers
de l'Europe, comme un torrent qui entraînait
toutes les espérances, et durant cette époque, "
la partie ambitieuse de l'esprit humain se porta
182 . ALC
avec enthousiasme vers la
Le but de l'alchimie, considéré d'une façon
générale et philosophique, c'est-à-dire abstrac-
tion faite des objets particuliers auxquels s'ap-
pliquaient ses efforts, ne différait en rien de
celui que poursuit de nos jours la synthèse
chimique : saisir les secrets de (a puissance
créatrice de la nature et reproduire les corps
que nous avons sous les yeux, par la connais-
sance des lois qui ont présidé a leur formation.
« Ce que la nature a fait dans le commence-
ment, disaient les alchimistes, nous .pouvons
le faire également en remontant, au procédé
qu'elle a suivi; ce qu'elle fait peut-être encore,
à l'aide des siècles, dans ses solitudes souter-
raines, nous pouvons le lui faire achever en
un instant, en l'aidant et en la mettant dans
des circonstances meilleures. Comme nous fai-
sons le pain, de même nous pouvons faire les
métaux ; sans nous la moisson ne mûrirait pas
dans les champs, le blé ne se changerait pas
en farine sous la meule, ni la farine en pain
par le brassage et la cuisson ; concertons-nous
donc avec la nature pour l'œuvre minérale
aussi bien que pour l'œuvre agricole, et ses
trésors s'ouvriront devant nous. « Remarquons
en passant que si la chimie moderne ne songe
pas à faire des métaux, en réalité la puissance
qu'elle déploie dans l'œuvre minérale a laissé
bien loin derrière elle l'espérance audacieuse
des alchimistes; non-seulement elle reproduit
un grand nombre d'êtres qui se trouvent dans
la nature, mais elle parvient à en fabriquer
une infinité d'autres que la nature n'aurait ja-
mais enfantés.
Les alchimistes distinguaient deux espèces
de métaux : les métaux inaltérables au feu,
c'étaient les métaux nobles, et ceux à qui la
chaleur fait perdre leur éclat et leur ductilité,
c'étaient les métaux imparfaits ou les demi-
métaux. Les.uns et les autres étaient pour eux
des corps composés, et composés des mêmes
principes. Dans chaque métal, ils voyaient du
soufre et du mercure ; chaque métal s éloignait
plus ou moins du plus parfait, du plus noble
des métaux, de l'or, selon l'état plus ou moins
grossier du soufre et du mercure qu'il contenait ;
c'est sur le soufre et le mercure que roulaient
toutes les combinaisons qu'ils voyaient s'o-
pérer et tous les changements qu'ils croyaient
possibles. De l'unité de composition des mé-
taux ils déduisaient, avec beaucoup de logique,
la possibilité de les transformer les uns dans
les autres a l'aide de certaine substance, et
par conséquent de changer les métaux impar-
faits en métaux nobles. A cette substance so-
lide ou liquide que poursuivait leur infatigable
espérance, et qui devait multiplier l'or ou l'ar-
gent, ils donnaient le nom de pierre philoso-
phais, et aux travaux accomplis dans ce but,
■ celui de grand œuvre. Dans leur imagination,
la pierre philosophale devait combler tous les
désirs des sens en procurant l'or, la santé, une
longue vie. La recherche de la panacée uni-
verselle, longtemps confondue avec celle de
la pierre philosophale, ne s'en sépara que plus
tard.
« Ce qui caractérisait au plus haut degré
l'alchimiste, dit M. Hoefer, c'était la patience.
Il ne se laissait jamais rebuter par des insuc-
cès. L'opérateur qu'une mort prématurée en-
levait à ses travaux laissait souvent en héri-
tage à son fils une expérience commencée,
et il n'était pas rare de voir celui-ci léguer
dans son testament les secrets de l'expérience
inachevée dont il avait hérité de son père. »
Christophe Colomb, en cherchant l'Inde, trouva
l'Amérique ; les alchimistes n'ont pas trouvé la
pierre philosophale, mais ils ont amassé un à
un et péniblement les matériaux dont les chi-
mistes modernes ont fait un édifice certaine-
ment plus merveilleux que le secret de faire
de l'or. C'est aux alchimistes que nous devons
la découverte de l'acide sulfurique, de l'acide
chlorhydrique, de l'acide nitrique, de l'ammo-
niaque,,des alcalis, de l'alcool, de l'éther, du
phosphore, du bleu de Prusse, etc. • Il ne faut
pas comprendre la chimie, dit Liebig, il ne faut
pas connaître son histoire pour avoir, comme
beaucoup de gens, ce dédain prétentieux et ri-
dicule pour l'époque de l'alchimie... La trans-
mutation des métaux était parfaitement d'ac-
cord avec toutes les observations du temps ;
elle ne se trouvait alors en contradiction avec
aucun fait connu... Sans cette. idée, la chimie
n'existerait pas dans son état actuel de perfec-
tion, et il a bien fallu ces quinze cents ou deux
mille ans de travaux préparatoires pour la
porter au degré où elle se trouve aujourd'hui.
La pierre philosophale, dit-on, a été une er-
reur; mais qu'on y songe donc, toutes nos
vérités sont issues d'erreurs. Toute théorie qui
incite au travail, qui exerce la sagacité et en-
tretient la persévérance, est un bénéfice pour
la science, car c'est le travail qui conduit aux
découvertes... L'imagination la plus vive, l'in-
telligence la plus subtile ne saurait rien trouver
qui agît sur 1 esprit et sur l'activité des hommes
plus puissamment et d'une manière plus per-
sistante que l'idée de la pierre philosophale...
Pour savoir que la pierre philosophale n'existe
pas, il fallut examiner et observer avec les
ressources du temps tout ce' qui était acces-
sible aux investigations, et c'est en cela pré-
cisément que consiste l'influence presque mer-
veilleuse de cette idée. •
Du reste, les phénomènes d'allotropie etd'iso-
mérie semblent donner quelque fondamentaux
rechercheshermétiques, et aujourd'hui ilu'est
ALC
pas un chimiste qui voulût repousser comme ab-
surde l'idée de la composition et de la transmu-
tation des corps regardés jusqu'ici, comme
simples. Ce fut vers la fin du xvie siècle, c'est-à-
dire à l'époque où la méthode expérimentale
marquait a toute science sa voie, que l'alchimie
commença', selon l'expression de Jean Rey-
naud, à se perdre dans la lumière qu'elle-même
avait donnée. Quelques-uns de ses adeptes con-
tinuèrent à pâlir sur leurs creusets et leurs
alambics ; mais ils se sentaient de plus en plus
isolés dans leur rêve ; ils ne trouvaient autour
d'eux que le ridicule et la déconsidération;
après des sacrifices considérables, ils perdaient
l'espérance et souvent se jetaient dans le char-
latanisme.
Parmi les alchimistes célèbres, nous citerons
chez les Arabes : Geber, Rhazès, Avicenne,
Averroès, etc.; chez les chrétiens: Roger,
Bacon, Albert le Grand, Arnaud de Villeneuve,
Raymond Lulle , Nicolas Flamel , Basile "Va-
lentin, Paracelse, etc. Notons, en terminant,
que Bacon de Vérulam, Spinoza, Leibnitz,
croyaient à la pierre philosophale et à la
transmutation des métaux.
ALCHIMILLE s. f. (al-chi-mi-le). V. Alché-
ALCHIMÏNIER s. m. (al-chi-mi-ni-é). Bot.
Nom vulgaire du néflier.
ALCHIMIQUE adj. (al-chi-mi-ke — rad. al-
limie). Qui a rapport, qui ':~~i " ""'
chimie : Livre alchimique,
miques.
alchimiste s. m. (al-chi-mi-stc — rad.
alchimie). Celui qui s'occupait d'alchimie : Les
alchimistes passaient leur vie à chercher ce
qu'ils appelaient la pierre philosophale ou le
grand œuvre, c'est-à-dire le moyen d'opérer la
transmutation des métaux. (Acad.) Les alchi-
mistes font remonter leur art jusqu'avant le
déluge. (Fourcroy.) Sa physionomie, fortement
contractée, ressemblait à celle d'un vieux al-
chimiste perdu dans la recherche de l'absolu.
(G. Sand.) On le calomniait en le flétrissant du
nom rf'ALCHiMiSTB, et en lui jetant au nez ce
mot : Il veut faire de l'or. (Balz.)
— Par compar. Se dit de ceux dont les tra-
vaux sont aussi vains que ceux des alchimis-
tes : Vous êtes les alchimistes de la prospérité
publique ; vous cherchez la pierre philosophale
de l'ordre, et vous la cherchez par des moyens
contre nature. (EsquirOS.)
— Entom. Nom donné par Geoffroy à une
espèce de lépidoptères nocturnes.
ALCHORNÉE s. I. (al-kor-né). Bot. V. Al-
AIX1AT (André), jurisconsulte italien, né
dans le Milanais en 1492, mort en 1550. Il pro-
fessale droit avec beaucoup d'éclat à Avignon,
à Bourges, à Milan, a Bologne et à Ferrare,
fixant son choix d'après les conseils de son
avarice, qui n'avait d'égale que son intempé-
rance , laquelle causa , dit-on , sa mort. L'un
des premiers, il chercha à éclairer l'étude du,
droit au moyen de l'histoire, des langues et de
la littérature de l'antiquité. Doué de connais-
sances étendues, il expliqua et éclaircit ainsi
un grand nombre de passages restés obscurs.
Ses innovations commencèrent la ruine de
l'école des vieux glossateurs et ouvrirent la
voie à Cujas. Depuis lui, on ne se borna plus
a commenter servilement le texte des lois ro-
maines. On commença à en rechercher les
principes, à en coordonner les conséquences,
a en former un ensemble régulier et à saisir
les rapports entre la législation, les mœurs et
les institutions. On ne peut, certes, lui attri-
buer tous ces progrès , mais il eut la gloire d'en
être le promoteur. Ses ouvrages de droit ont
été publiés à Lyon, en 1560. On a aussi de lui
des œuvres littéraires,- entre autres des Em-
blemata, sentences morales en vers latins,
ainsi que des épigrammes et une Histoire de
Milan, publiée longtemps après sa mort (1625).
ALC1BIADE, général, orateur et homme
d'Etat, né à Athènes, vers 450 av. J.-C, d'une
famille illustre qui tenait aux Alcméonides.
Resté orphelin de bonne heure, il fut élevé par
son oncle Périclès. Dès l'enfance, il montra la
nature impérieuse , héroïque et folle de son
esprit. Un jour qu'il luttait contre un de ses
compagnons , il se sentit si vivement pressé
qu'il le mordit au bras. « Ah I traître , s'écria
le blessé, tu mords comme une femme. — Dis
plutôt comme un lion, » répondit Alcibiade.
Dans une autre circonstance, il jouait aux
osselets quand un chariot vint à passer. 11 com-
manda au conducteur d'arrêter un moment;
celui-ci, au contraire , presse plus vivement
ses chevaux : tous les compagnons d'Alcibiade
se dispersent, mais au heu de suivre leur
exemple , il' se couche résolument devant la
roue, en disant au charretier : « Passe mainte-
nant, si tu l'oses. » Sa naissance, ses richesses
immenses, le patronage du plus grand citoyen
de la république, tout le désignait comme un
des chefs futurs de la démocratie athénienne,
tandis que son caractère et sa conduite permet
taient dès sa jeunesse de prévoir le mal qu'il
pourrait faire h sa patrie quand il aurait l'in-
fluence et l'autorité. De grands talents et do
grands vices, une ambition sans bornes, une
ALC
âme indépendante de toute foi, de toute mo-
rale et de tout principe ; un extérieur sédui-
sant et distingué, un esprit vif et brillant, une
éloquence persuasive et entraînante, une na-
ture souple et d'une mobilité orageuse qui le
rendait capable, suivant l'heure, le jour, le
lieu , de vice ou de vertu , d'abstinence ou
d'orgie ; une vanité excessive, une corruption
précoce et un goût effréné pour les plaisirs, le
faste et la débauche : tels étaient les traits les
plus saillants de la physionomie de cet Athé-
nien célèbre, représentant d'une génération
élevée par les sophistes, et qui était destinée
à précipiter la décadence de la république.
Lui, cependant, avait pu suivre les leçons de
Socrate ; mais, entraîné par ses passions , il
échappait à chaque instant à ce maître su-
blime, qui en était le plus souvent réduit à le
disputer à la foule de ses parasites et de ses
corrupteurs.
Jeune encore, il s'était distingué dans divers
combats, notamment à Potidée, où Socrate lui
sauva la vie, et à Délium , où lui-même pro-
tégea la retraite du philosophe. Mais après
avoir subi courageusement 1 austère rudesse
de la vie des camps, il se replongeait sans
transition dans la mollesse et les plaisirs, traî-
nant sur l'Agora la robe de pourpre des effé-
minés, passant les jours et les nuits en ban-
quets avec de folles coui'tisanes, et troublant
Athènes de ses scandales et de ses bruyantes
orgies. La -vanité tenait aussi une grande
place dans sa vie. Toute la Grèce parlait de
son luxe, de ses prodigalités, du grand nombre
de chars qu'il envoyait aux jeux olympiques,
de ses folies, etc.; et lui-même prenait soin
d'occuper sans cesse les frivoles Athéniens de
ses moindres actions. On connaît l'histoire de
ne chien magnifique qui lui avait coûté plus
de 7,000 drachmes, et auquel il coupa la queue
quand toute la ville l'eut admiré, afin qu'on en
parlât encore. V. Queue.
On ne peut , certes , garantir l'authenticité
de toutes les anecdotes qu'on raconte sur
Alcibiade ; mais il faut reconnaître qu'elles
sont généralement dans son caractère. Les
Athéniens l'aimaient ainsi; son esprit et sa
folle audace exerçaient sur eux d'irrésistibles
séductions, et ils ne l'avaient pas plus tôt
banni de leur cité , qu'ils le regrettaient et ne
songeaient plus qu'à le rappeler, lui pardon-
nant volontiers ses perfidies et ses trahisons.
«Ils le haïssent, disait Aristophane, le dé-
sirent et ne peuvent s'en passer. »
Il entra dans les affaires publiques vers 420,
et se trouva dès lors en rivalité d'influence
avec Nicias, qui avait fait conclure une trêve
avec les Lacédémoniens. Rompre cette trêve
et recommencer la guerre pour ouvrir un vaste
champ à son ambition, tel fut le but de ses
efforts. Il y parvint sans peine, reçut le com-
mandement de quelques expéditions sur les
côtes du Péloponèse, et réussit enfin (415) a
entraîner ses concitoyens dans cette désas-
treuse guerre de Sicile, qui fut le point de
départ et l'une des causes des malheurs d'A-
thènes. Chargé du commandement de la flotte'
avec Nicias et Lamachus . il était sur le point
de mettre à la voile, lorsqu il fut accusé d'avoir,
dans une nuit de débauche, mutilé les hermès
ou images de Mercure dressées dans les lieux
publics , et d'avoir tourné en dérision les re-
doutables mystères d'Eleusis. Il partit sous le
poids de cette accusation. A peine avait -il
touché les rivages de la Sicile, où quelques
succès brillants semblèrent justifier son au-
dace, qu'on envoya d'Athènes la galère sacrée
pour le ramener dans la cité : un décret de
mort l'y attendait. En passant à Thurium , il
s'enfuit, et quand il apprit que les Athéniens
l'avaient condamné : « Je leur ferai bien voir,
s'écria-t-il, que je suis encore vivantl » Puis
il alla offrir ses services aux Spartiates," qu'il
étonna par sa frugalité , comme il étonna plus
tard les Thraces par son intempérance, les
Béotiens par son adresse dans les exercices du
corps, les Ioniens par sa mollesse et son" goût
pour les voluptés, et les satrapes de l'Asie par
son faste et sa magnificence. C'est ainsi que ce
souple génie attirait partout les regards et se
rendait les peuples favorables en imitant leurs
coutumes et en s'assimilant leurs qualités et
leurs vices. Il servit les Lacédémoniens avec
l'ardeur que donne le ressentiment, les en-
gagea à ravager TAttique, et fit révolter contre
tes Athéniens l'île de Chio et la plupart des
villes de, l'Ionie. Mais la jalousie d Agis, dont
il avait séduit la femme, et l'envie que ses
victoires inspirèrent'aux généraux Spartiates,
le contraignirent à chercher un refuge auprès
de Tissapherne,.satrape du roi de -Perse, au-
quel il inspira cette politique d'épuiser les
Grecs en favorisant alternativement les deux
partis et en s'opposant au triomphe définitif
soit d'Athènes, soit de Sparte. Il négocia en
même temps son retour h. Athènes, qu il agitait
de ses intrigues , et ce peuple, inconstant dans
ses haines comme dans ses affections , fit un
accueil enthousiaste et donna des
:théniennes, il gagna sur les Spartiates les
batailles navales d'Abydos et de Cyzique (410-
407), et fut de nouveau exilé après la défaite
de son lieutenant Antiochus par Lysandre. Il
rassembla alors des mercenaires et alla, comme
un simple aventurier, faire la guerre pour son
propre compte en Thrace. Après le désastre
dVEgos-Potainos , craignant la puissance de
ALC
des malheurs de sa patrie et disposé à la servir.
Les Lacédémoniens, ne croyant point avoir
abattu Athènes tant qu'Alcibiade serait vivantj
négocièrent sa mort auprès du satrape , qui
eut la lâcheté de céder et le fit tuer à coups
de flèches dans les bras d'une courtisane , au
milieu des flammes de sa maison incendiée
(404 av. J.-C). Plutarque a écrit sa Vïe, et
deux dialogues de Platon portent son nom.
— Llttér. Le nom d'Alcibiade a passé dans
la langue, et sert a désigner un homme dont
le caractère offre le contraste de grands vices
unis à de brillantes qualités, qui sait se plier,
avec la plus grande facilité, au genre de vie
et aux mœurs qu'exigent les circonstances où
« Sans cesse en garde contre la flatterie,
Alexandre Dumas est constamment ébloui par
elle ; ferme comme un roc devant une décla-
ration de guerre ; faible comme une courtisane
en face d'une caresse ; esclave de sa parole et
oublieux de sa promesse; roué comme une
fille, naïf comme un enfant; sobre comme un
Arabe et organisant un repas comme Lucullus ;
.lin morceau de cire entre les mains d'une
femme... c'est, en un mot, Alcibiade, ayant
tous les vices et toutes les vertus. »
Le Figaro.
• Je ne connais pas de-médecin mieux fait
pour la clientèle : il court matin et soir, du
haut en bas de la société, et il est à sa place
partout. C'est un Alcibiade bourgeois qui se
façonne sans travail aux mœurs de tout pays.
On l'aime au faubourg Saint-Germain pour sa
réserve, à la Chaussée-d'Antin pour son esprit,
et rue Vivienne pour sa rondqur. ■
Edmond About.
« Un petit édifice circulaire, qui se fait à
peine remarquer parmi les maisons qui l'en-
tourent, mériterait peu, sans doute, que je
m'arrêtasse à l'observer, si je ne savais que
c'est l'unique reste du fameux Pavillon de
Hanovre ; que là venaient aboutir les fas-
tueux hôtels et les jardins de Y Alcibiade du
xviiiû siècle , du libertin maréchal de Ri-
chelieu. » Amaury Duval.
ALCIBIADE (saint), martyr à Lyon l'an 177.
Honoré par l'Eglise le 2 juin.
ALCICORNE adj. (al-si-kor-ne — du lat.
alces, élan; cornu, corne). Qui ressemble à
une corne d'élan, epithète donnée à une
éponge rameuse et à un insecte, à cause do
l'espèce de ressemblance des rameaux de l'uno
et des antennes de l'autre avec une corne
— s. m. Bot. Genre do fougères, établi par
Gaudichaud, pour l'acrostic corno d'élan
(acrostichum alcicorne), et qui n'a pas été
adopté par les botanistes.
ALCIDAMAS, rhéteur grec du ivc siècle av.
J.-C, dont il reste deux déclamations d'école,
l'une contre les sophistes, l'autre d'Ulysse
contre Palamède.
ALCIDE, l'un des noms d'Hercule, qui était
descendant d'Alcée, fils de Persée et d'An-
dromède.
— S'emploie fig. comme subst. masc.,pour
désigner un homme très-fort, très-robuste :
C'est un Alcide, un véritable Alcide. Toute-
fois, on dit plutôt Hercule.
— Entom. Genre d'insectes coléoptères té-
tramères, famille des curculionides, qui ren-
ferme un grand nombre d'espèces habitant
l'Afrique et les Indes orientales.
Alcide OU lo Triomphe d'Hercule, opéra en
cinq actes, musique de Marais et Louis Lulli,
fils du grand compositeur, paroles de Campis-
tron, représenté a l'Académie royale de mu-
sique le 3 février 1693. Fils aine de l'illustre
Baptiste, Louis hérita des places lucratives de
son père, mais non de son génie. Alcide ne
renferme aucune beauté qui recommande cette
œuvre à l'attention de 1 amateur de musique
ancienne. A l'occasion de la chute de cet opéra?
on fit le quatrain suivant :
A force de forger, on devient forgeron :
Au lieu d'avancer, il recule,
Voyez Hercule.
ALCIDÉS s. m. pi. (al-si-dé — du lat. alca,
pingouin). Ornith. Famille d'oiseaux de l'ordre
des palmipèdes, ayant pour type le pingouin.
ALCIDION s. m. (al-si-di-on). Entom.
Genre de coléoptères tétramères, voisin des
lamies, et comprenant une douzaine d'espèces
qui habitent presque toutes lo Brésil ou la
Guyane.
ALCIDON s. m. (al-si-don). Hortic. Variété
d'œillcts à fleurs piquetées.
ALC1M AQUE, c'est-à-dire forte dans les corn-
bats. Surnom donné quelquefois à Palîas ou
Minerve.
que lui avait procurés Démé-
trius , il se rendit maître de cette ville. Il
mourut d'une paralysie dont Dieu le frappa,
an moment où il allait profaner le temple dont
il avait résolu de démolir le sanctuaire.
ALCIMKDE, fille de Phylax, épouse d'Eson
et mère de Jason.
ALCIMÈNE ou DÉL1ADE, fils de Glaucus,
et frère de Bellérophon. Il Un des fils de Médée
et de Jason, massacré par sa mëre avec son
frère Tisandre.
Aicindor, opéra-féerie en trois actes, mu-
sique de Dezède, paroles de Rochou de Cha-
bannes, représenté à Paris en 1787. Ce fut le
dernier ouvrage de ce gracieux compositeur,
lui eut aussi son heure de succès. Les ballets,
!és décorations, le magnifique spectacle d'Al-
cindor ne permettaient guère à un public en-
core peu musicien de remarquer les charmantes
mélodies que cet opéra renferme, et qui ne
sont pas inférieures à celles de Biaisé et Ba-
bel du même auteur.
ALCINE s. f. (al-si-ne — de Alcina, nom
d'un natural. espagn.). Bot. Genre de plantes
de la famille des composées, renfermant une
seule espèce, originaire du Mexique.
ALCINE, sœur de la fée Morgane et l'Ar-
mide du poëme de l'Arioste. Lorsqu'elle était
fatiguée de ses amants, elle les métamorpho-
sait en arbres/en rocherSj en fontaines. Le
brave Roger fut d'abord victime de ses arti-
fices, et oublia dans les bras de l'enchanteresse
sa chère Bradamante ; mais il ne tarda pas à
s'arracher à cette honteuse oisiveté et a re-
tourner aux combats.
ALCINOÉ s. f. (al-si-no-é — n. mythol.).
Acalèph. Genre d'acalèphes, de l'ordre des
cténophores.
ALCINOÉ, femme d'Amphiloque. Ayant ren-
voyé une tisseuse, nommée Nicandra, sans lui
payer son salaire, elle en futpunie par Minerve,
qui lui inspira une passion coupable pourle Sa-
mien Xanthus, avec lequel elle s'enfuit, aban-
donnant son époux et ses enfants. Poursuivie
par le remords , elle se précipita dans la mer.
ALClNOiJS (al-si-no-uss), philosophe plato-
nicien du ne siècle, auteur d'une Introduction
à la philosophie de Platon, dont Marsile Ficin
a donné une version latine, et M. Combe-Dou-
nous une traduction française (Paris, 1800).
ALC1NOI7S (al-si-no-uss), roi des Phéaciens,
père de la belle Nausicaa, accueillit Ulysse
alciopë s. f. (al-si-o-pe). Bot. Genre de
plantes de la famille des composées et de la
tribu des eupatoriées , renfermant quelques
soûs-arbrisseaux originaires du cap de Bonne-
Espérance, et dont la tige et les feuilles sont
couvertes d'un duvet blanc, épais et co-
tonneux.
' ALC1P11RON, rhéteur grec du no ou du
me siècle de notre ère. Il a laissé des lettres
fictives où il fait parler des pécheurs, des
femmes, des gens de toutes les conditions, et
qui renferment de curieux détails sur les mœurs
grecques à cette époque. Elles ont été tra-
duites en français par l'abbé Richard, Paris,
1785.
ALCIRA, ville d'Espagne, dans la province
de Valence; 9,300 hab.'Élle existait au temps
des Carthaginois, tomba au pouvoir des Ro-
mains, et passa plus tard sous la domination
des Maures.
ALCIS s. m. (al-siss). Entom. Genre de lé-
pidoptères nocturnes, voisin des phalènes.
alcithoÉ s. f. (al-si-to-é — n. mythol.).
Bot. Genre de la famille des composées, ren-
fermant des plantes originaires du Mexique.
ALCITHOÉ, fille de Minyas, sœur de Leu-
cippe et d'Arsippe. Ayant refusé toutes trois
de prendre part aux fêtes de Bacchus, le dieu,
pour les y contraindre par la frayeur, se pré-
senta successivement devant elles en taureau,
en lion et en panthère. Leucippe, désignée par
le sort, qu'elles avaient invoqué, 'pour se
rendre à la fête, entra alors en fureur et dé-
chira son propre fils Hippasus. La même fré-
nésie s'empara aussitôt de ses sœurs. Mercure
les changea l'une en chauve-souris, l'autre en
hibou et la troisième en chouette.
ALCMAÏQUE adj. (a!k-ma-i-ke). V. Am-
man IKN.
ALCMAN, poète grec, né en Lydie, ou peut-
être en Laconie, florissait vers 670 av. J.-C.
Il avait composé un poème sur les Dioscures,
les Parthénies ou Etoiles des jeunes filles, et
des vers à la louange de l'amour et du vin. Il
n'en reste que quelques fragments.
ALCMANIEN ou ALCMAÏQUE adj. et S. m.
(alk-ma-ni-ain — de Atcman, n. pr\). Prosod.
Se dit d'un vers dont l'invention est attribuée
au poëte grec Alcman. C'est un ïambique de
cinq pieds ou un tétrametre dactylique. Il a
été employé aussi par les poètes latins.
ALCMANION OU ALCMANICON S. m. —
rad. Alcman). Figure de' grammaire qui était
familière au poëte Alcman, et qui consistait
à placer le verbe entre deux sujets.
ALCMÈNE, épouse d'Amphitryon. Jupiter la
séduisit en prenant les traits de son époux, et
en eut Hercule. V. Amphitryon, comédie de
Molière.
AU
bi
Pc
des sept chefs contre Thèbes. Poursuivi par
• les Furies, Alcméon ne trouva de repos que
ALC
sur les bords de l'Achéloûs, épousa Callirrhoé,
fille de ce-fieuve, et fut tué par les fils de Phé-
gée, roi d'Arcadie, dont il avait délaissé la fille
Alphésibée, après l'avoir prise pour femme.
ALCMÉON, petit-fils de Nestor, fils de Nélée,
fut un de ceux qui, chassés de Pylos par l'in-
vasion dorierine, vinrent s'établir à Athènes
vers 1100 av. J.-C. Il fut la tige de la puissante
famille des Alemédnides.
ALCMÉON, médecin et philosophe grec de la
secte de Pythagore, vivait au vie siècle av. J.-C.
Il passe pour avoir, le premier, disséqué des
animaux. Il avait certaines connaissances sur
lastructure de l'œil etsur l'anatomie de l'oreille.
Platon cherche à le réfuter dans plusieurs de
ALCMÉON, fils de Mégaclès, vivait vers 590
av. J.-C. Banni d'Athènes sous le prétexte que
son père avait été l'undesmeurtriersdeCylon,
il rendit quelques services à Crésus , qui lui
promit tout l'or dont il pourrait se charger.
Alcméon en emplit ses vêtements, ses chaus-
sures, et jusqu'à sa chevelure et sa bouche.
Crésus rit beaucoup et fit doubler la somme.
Alcméon appartenait à la race des Alcméo-
nides, l'une des plus illustres d Athènes.
ALCMÉONIDES, puissante famille athé-
nienne dont le chef fut Alcméon (V. plus haut),
et dont les principaux membres furent, après
lui : Mégaclès, l'un des meurtriers de Cylon, et
Clisthène, réformateur de la constitution athé-
nienne. Périclès et Alcibiade descendaient par
les femmes de cette race illustre, qui joua un
rôle important dans l'histoire de la cité.
ALCO s. m. (al-ko). Chien d'une race d'Amé-
rique aujourd'hui éteinte.
ALCOBAÇA, bourg du Portugal , dans l'Es-
tramadure ; 2,200 hab. On y remarque l'antique
monastère de l'ordre de Citeaux , situé au mi-
lieu de la ville, et fondé en 1142 par le roi
Alfonso Henriquez, en souvenir de la prise de
Santarem, ainsi que le rappelle une inscription
gravée dans la salle des Rois. « La façade du
couvent, dit M. Lichnowsky, bien que très-
antique, ressemble à celle d'un édifice du siècle
dernier ; au milieu s'élève le grand pignon de
l'église, flanqué de deux tours et surmonté par
une statue de la Vierge. » De chaque coté,
s'étendent deux vastes corps de bâtiment, à un
étage, ayant chacun dix-huit fenêtres. L'inté-
rieur de l'église est remarquable par la beauté
et la simplicité de son style, du gothique le plus
pur. Une rosace aux mille couleurs s'arrondit
au-dessus du porche. La nef ne renferme au-
cune œuvre d art, à l'exception des boiseries
de l'orgue. Cinq autels en bois doré, le maître-
autel orné de curieuses statues de bois, et six
grandes colonnes ioniques, sont les principaux
ornements de cette église, belle surtout par ses
admirables proportions. Derrière le maître-
autel règne une allée circulaire dans laquelle
s'ouvrent sept chapelles, au fond desquelles on
voit briller des autels richement dores et sur-
chargés d'ornements d'une richesse inouïe.
C'est dans l'une de ces chapelles qu'est enterré
le frère du fondateur, premier abbé du cou-
vent d'Alcobaça. L'église renferme également
les tombeaux de plusieurs rois de Portugal, et,
suivant quelques biographes, ceux d'Inès de
Castro et de Pierre le Justicier.
ALCON. Plusieurs personnages mythologi-
ques ont porté ce nom. L'un des plus célèbres
est Alcon, archer crétois et compagnon d'Her-
cule. Il était d'une adresse merveilleuse. Un
serpent s'étant enroulé autour du corps de son
fils, il tua le reptile d'une flèche sans toucher
à l'enfant.
ALCONA, déesse qui présidait aux voyages,
sans doute la môme qu Adéona. V. ce mot.
ALCOOL s. m. (al-ko-oll — de l'arab: al,
le, et de cohol ou cohl, mot qui signifie chose
subtile, et par lequel on désignait une poudre
impalpable ; d'autres le tirent du radical kaly,
rôtir, griller. La première dérivation parait
laplus directe, mais la seconde est la plus favo-
rable au sens).Chim. Esprit-de-vin, liquide ob-
tenu par la distillation du vin : Z/alcool se
forme aux dépens du sucre qui existe dans le
raisin; aussi plus la vendange est sucrée, plus
le vin doit être généreux , c'est-à-dire riche en
— Par ext. S'emploie pour désigner toute
espèce de spiritueux : L' alcool est le mo-
narque des liquides, et porte au dernier degré
l'excitation palatale. (Brill.-Sav.) Il faut croire
que les propos de Valoius avaient monté à la tète
de la danseuse plus encore que V alcool. (Fr.
Soulié.) Le père Dubief me semblait appartenir
à cette race d'hommes qui se désaltèrent mieux
avec de /'alcool qu'avec de l'eau pure. (F. Guil-.
lemot.)'
— Terme générique employé par les chi-
mistes pour désigner un groupe de composés
présentant les mêmes propriétés fondamen-
tales, le même type de composition et suivant
les mêmes lois de métamorphoses que l'alcool
ordinaire.
— Ane. pharmac. Servait à désigner deux
choses : io une poudre très-fine, 2° l'esprit-
— Alcool rectifié, Esprit-de-vin à 36 degrés
de l'aréomètre do Cartier, n Alcool à 40 degrés,
Esprit-de-vin à 40 degrésdu même aréomètre.
Il Alcool absolu, alcool anhydre, Alcool pur,
ALC
183
— Encycl. Chim. L-
Les variations de sem
CONSIDÉ-
scientifiques
5Je
et des théories et sur l'histoire des
Sous ce rapport, le mot alcool mérite l'atten-
tion. Employé d'abord pour désigner le degré
de ténuité extrême de certaines poudres , il a
été étendu ensuite aux liquidés dans lesquels
une grande légèreté et une grande volatilité
faisaient soupçonner des particules très -té-
nues; plus tard, on l'a appliqué exclusivement
au principe volatil appelé vulgairement esprit-
de-vin, que l'on obtient par la distillation du
vin , de la bière , du cidre et autres liqueurs
fermentées ; enfin il est devenu pour les chi-
mistes modernes un terme générique qui em-
brasse une série de composés homologues,
c'est-à-dire présentant le même type de com-
position et subissant des métamorphoses sem-
blables; série très -naturelle, dans laquelle
l'esprit-de-vin ou alcool proprement dit figure
comme espèce et à son ordre.
"(Si0)-'
leurdon-
!es rattache au type e
nerait naissance en échangeant la moitié
son hydrogène pour un radical hydrocarbure.
Ils se trouvent pour ainsi dire placés sur la
limite des bases proprement dites et des acides.
L'histoire chimique des alcools est intimement
liée à celle des éthers simples et composés,
dont on doit la connaissance particulièrement
aux travaux de MM. Gay-Lussac et Thénard,
Dumas et Boullay , Dumas et Péligot, William-
Voici les principaux alcools connus :
que (esprit de
bois), étudié
principalement
par MM. Du-
mas et Péligot.
Alcool vini-
que ou acétique
(c'est l'alcool
proprement dit
ou esprit - de -
verra plus loin
l'histoire)
Alcoolpropio-
nique , extrait
des eaux-de-vie
de marc par M.
Chancel
Alcool butyli-
que, extrait dos
alcools de bet-
terave par M.
Wurtz..
Alcool amyli-
que ( huile de
pomme de ter-
re), découvert
par Scheele et
principalement
étudié par MM.
Dumas , Balard
etCahours
Alcool caproï-
que, extrait des
huiles de marc
de raisin par M.
Faget
Alcool capry-
lique, obtenu
par M. Bouis
par l'action de
ta potasse con-
l'huile de ricin.
Alcool ce ty li-
gue (éthal), ob-
.tenu par la sa-
ponification du
blanc de balei-
ne,etprincipale-
ment étudié par
MM. Chevreul,
Dumas et Péli-
got \ . .
Alcool céroli-
que, obtenu par
M. Brodie en
faisant fondre
de la po-«
s de
Formules
Formules
Point d'é-
tiques
unitaires
bullition
CWOï
CH*0
0GO
CM 1602
enico
e<wo2
C3H«0
90
CSlIiooa
C'-H'OO
,12
C10H12O2
CSHiîO
132
C«2H«02
CWK)-
150
C'6111802
C3HI80
179
cmp''0'-
C16HMO
3C0
CSWiC-s
C21HS60
?
C60H82QÎ
C30H62Q
Chine
Alcool mélis-
sique , obtenu
par M. Brodie
en taisant fon-
dre avec de la
potasse la my-
On peut remarquer que les formules unitaires
des alcools ne diffèrent des formules ordinaires
que par le dédoublement des équivalents de
carbone et d'oxygène. (V. Formule.)
Sous llnfltience des déshydratants énergi-
ques tels que l'acide sulfurique, l'acide phos-
phorique, chaque alcool donne naissance à un
carbure d'hydrogène dont la formule dérive
simplement de la sienne :
L'alcool proprement dit ou alcool vinique
produit l'hydrogène bicarboné
(C»H60ï = C'HH-2HO).
L'alcool propionique- produit la propylène
(CWO^CSHS-f-ïHO).
L'alcool amylique produit l'amylène
(Ci0Hl2O2 = Ci0H'0+2 HO).
L'alcool caprylique produit la caprylène
(Cl6H130!!=Cl<iH16+2HO).
L'alcool cétylique produit la cétène
(C32H3*02 = C3ïH3«+2 HO).
L'alcool cérotique produit la cérotèno
(C"H560S=C^H54+!HO).
Sous l'influence des oxydants, les alcools se
convertissent d'abord en aldéhydes, en per-
dant 2 équivalents d'hydrogène.
C4H<>Oï (alcool vinique)-}-2 O (2 équiv. d'oxy-
gène) = 2 HO (2 équiv. d'eau) + C*H*0» ( aldé-
hyde vinique).
C<W02 (alcool propionique) + 2 0(2 équiv.
d'oxygène) = 2 HO (2 équiv. d'eau ) + CWO*
(aldéhyde propionique).
C10H12O2 (alcool amylique) + 2 0 = 2110 +
C10H'0O2 (aldéhyde amylique), etc.
Si l'oxydation devient plus complète , les
alcools fournissent des acides correspondants :
CW02 (alcool amylique) + 4 0 (4 équiv.
d'oxygène) = 2 HO (2 équiv. d'eau) + 0*1130*
(acide formique).
CWOïfaleool vinique)+4 0=2 HO+C''H''0'*
(acide acétique).
C«H803 (alcool propionique) + 4 0 = 2110 +
C6H604 (acide, propionique).
C8H10O2 (alcool butylique) + 40 = 2110 +
C8H80* (acide butyrique).
C'OHt20ï (alcool amylique ) + 40 = 2H0-t
CiOHioo* (acide valérique).
GiïH^OS ( alcool caproïque ) + 4 0 = 2 110+
CiïH'îO4 (acide caproïque), etc.
Enfin les alcools engendrent des éthers
simples et composés qui leur correspondent.
V. Etheh.
II. — De l'alcool proprement dit ou al-
cool vinique. L'alcool proprement dit ou es-
prii-de-vin, appelé par les chimistes modernes
alcool vinique, alcool acétique, provient do la
fermentation des liquides sucrés : c'est un des
principes constituants de toutes les boissons
fermentées, celui qui leur donne leurs pro-
priétés et qui leur a valu le nom de boissons
spiritueuses. « Tout le monde , dit Lavoisier,
sait comment se font le vin, le cidre, l'hydro-
mel, etc. On exprime le jus des raisins et des
fiommes- on étend d'eau ce jus; on met la
iqueur dans de grandes cuves, et on la tient
dans un lieu dont Ta température soit au inoins
de 10 degrés du thermomètre de Rcaumur.
Bientôt il s'y manifeste un mouvement rapide
de fermentation, de nombreuses bulles d'air
viennent crever à la surface, et quand la fer-
mentation est à son plus haut période, la
quantité de ces bulles est si grande qu'on croi-
rait que la liqueur est sur un brasier ardent
qui y excite une violente ébullition. Le gaz
qui se dégage est de l'acide carbonique, et
quand on le recueille avec soin, il est parfai-
tement pur et exempt du mélange de toute
autre espèce d'air. Le suc des raisins, de doux
et de sucré qu'il était, se change dans cette
opération en une liqueur vineuse qui, lorsque
la fermentation est complète, ne contient plus
de sucre, et dont on peut retirer par distillation
une liqueur inflammable qui est connue dans le
commerce et dans les arts sous le nom d'esprit-
de-vin. On comprend que, cette liqueur étant
un résultat de ta fermentation d'une matière
sucrée quelconque suffisamment étendue d'eau,
il aurait été contre les principes de notre no-
menclature de la nommer plutôt esprit-de-vin
qu'esprit de cidre ou esprit de sucre fermenté ;
nous avons donc été forcés d'adopter un nom
plus général, et celui d'alcool, qui nous vient
des Arabes, nous a paru propre k remplir notre
La fermentation des liquides sucrés, appelée
fermentation alcoolique, nous donne l'alcool ,
mais mélangé avec d'autres substances; la
distillation, le tire de ces mélanges , qu'on ap-
pelle vin, cidre, bière, etc., mais en la laissant
étendu d eau : enfin, k l'aide de certains agents
très-avides d eau, on peut l'obtenir à l'état do
pureté. L'agentque l'on fait servir ordinaire-
ment à cet usage est la chaux. On laisse di-
gérer pendant vingt-quatre heures- une cer-
taine quantité,d'alcool a 90 degrés centésimaux
(V. Alcoomètre) sur de la chaux vive eu
petits fragments, puis on distille au bain-
marie. Pour que le produit soit complète-
ment anhydre , il convient "de répéter plu-
sieurs fois. l'opération. Un procédé très-simple
de concentration a été signalé depuis long-
temps par Sœmmering ; il consiste à renfer-
mer la liqueur alcoolique 'dans une vessie bien
dégraissée et bien desséchée : l'eau trans-
sude peu à peu à travers la membrane , et
Valcool se concentré ainsi de plus en plus.
Le sulfate de cuivre anhydre permet de recon-
naître si Valcool est parfaitement pur. Ce sel
reste blanc, si on l'abandonne avec de Valcool
anhydre dans un flacon bouché; il devienl
bleu, si l'alcool renferme encore de l'eau.
. Le vin a été connu et chanté bien avant que
184
ALC
la chimie montrât dans l'alcool le principe
actif des boissons enivrantes, et dans îô sucre
la substance ferraentescible qui donne nais-
sance à l'alcool. Les Grecs et les Romains ne
connaissaient pas la distillation ; entre les di-
verses liqueurs ferrr.entées, ils ne voyaient de
commun que l'action physiologique. Il est pro-
bable que l'art d'extiaire l'alcool nous vient
des Arabes. Arnaud de Villeneuve, savant du
xm° siècle, ne lit qu'en introduire l'usage en
Europe en en décrivant les propriétés. La
quinla essenlia (quintessence) de Raymond
Lulle, n'était autre chose que de l'alcool recti-
fié à une très-douce chaleur.
C'est Lavoisier qui nous a appris l'origine
et le mode de production de l'alcool dans la
fermentation vineuse. « Nous avons a exa-
miner, dit-il, d'où vient le gaz acide carbo-
nique qui se dégage, d'où vient l'esprit inflam-
mable qui se forme... Pour arriver à la solution
de cette question, il fallait d'abord bien con-
naître l'analyse et la nature du corps suscep-
tible de fermenter et les produits de la fer-
mentation ; car' rien ne se crée ni dans les
opérations de l'art, ni dans celles de la nature,
et l'on peut poser en principe que dans toute
opération, il y a une égale quantité de matière
avant et après l'opération... C'est sur ce prin-
cipe qu'est fondé tout l'art de faire des expé-
riences en chimie; on est obligé de supposer
dans toutes une véritable égalité ou équation
entre les principes du corps qu'on examine et
ceux qu'on en retire par 1 analyse. Ainsi,
puisque du moût de raisin donne du gaz acide
carbonique et de l'alcool , je puis dire que le
moût de raisin = acide carbonique + alcool.
Il résulte de là qu'on peut parvenir de deux,
manières a éclaircir ce qui se passe dans la
fermentation vineuse : la première, en déter-
minant bien la nature et les principes du corps
fermentescible; la seconde, en observant bien
les produits qui en résultent par la fermenta-
tion... Il é'tait important, d'après cela, que je
m'attachasse à bien connaître les principes
constituants du corps fermentescible. Pour y
parvenir, j'ai choisi de tous les corps suscep-
tibles de fermentation le plus simple, le sucre.
On se rappelle que cette substance est com-
posée d'hydrogène, de carbone et d'oxygène,
et que ces trois principes y sont dans un état
d'équilibre qu'une force très-légère suffit pour
rompre... Pour faire fermenter le sucre, il faut
d'abord l'étendre de quatre parties d'eau. Mais
de l'eau et du sucre mêlés ensemble, dans
quelque proportion que ce soit, ne fermente-
raient jamais seuls, et l'équilibre subsisterait
toujours entre les principes de cette combi-
naison, si on ne le rompait par un moyen
quelconque. Un peu de levure de bière suffit
pour produire cet effet et pour donner le pre-
mier mouvement à la fermentation; elle se
continue ensuite d'elle-même jusqu'à la fin. »
Lavoisier, comparant ensuite la quantité des
matériaux de la fermentation avec la quantité
des produits qui en résultent, conclut que ces
produits ne viennent pas de l'eau , mais du
sncre seulement. • Les effets de la fermenta-
tion vineuse, ajoute-t-il, se réduisent donc à
séparer le sucre en deux portions ; à oxygéner
l'une aux dépens de l'autre pour en former de
l'acide carbonique , à désoxygéner "l'autre en
faveur de la première pour en former une
substance combustible qui est l'alcool, en sorte
que, s'il était possible de recombiner ces deux
substances, l'alcool et l'acide carbonique, on
reformerait du sucre. »
L'alcool pur est un liquide transparent, très-
fluide et très-volatil, d une odeur pénétrante,
d'une saveur caustique, d'une action très-éner-
gique sur l'économie. Sa densité est de 0,792
à 20°: il bout a 78° sous la pression normale ;
jusqu à présent aucun froid artificiel n'est par-
venu à le solidifier. Il se compose de carbone,
d'hydrogène et d'oxygène ; la première analyse
exacte qui en ait été faite est due à Théodore
de Saussure, Sa formule est C*H602 (OTieo
d'après les chimistes unitaires). Le sucre de
raisin ou glycose est le seul principe fermen-
tescible qui produise directement l'alcool ;
l'amidon, la dextrine, le sucre de canne, ne
lui donnent naissance qu'après s'être trans-
formés en sucre de raisin. L équation suivante
fait comprendre le dédoublement du glycose
on alcool et en acide carbonique : C'^HW5
(glycose anhydre) = 4 CO* (4 équiv. d'acide
carbonique) +2 0*11602 (2 équiv. .d'alcool).
l/alcool est très-avide d'eau, et lorsqu'on le
mêle avec une certaine quantité de ce liquide,
on voit s'élever la température et diminuer le
volume du mélange. Le maximum de contrac-
tion se manifeste lorsque le volume de l'eau
ajoutée est à celui de l'alcool : : 1000 : 1078;
leur volume collectif devient égal à 2000. Mêlé
avec de la glace pilée ou de la neige, l'alcool
à 0° peut taire descendre le thermomètre jus-
qu'à — 37». Il est très-combustible et brûle
avec une flamme jaunâtre lorsqu'il est pur,
bleuâtre lorsqu'il est étendu d'eau. Sa flamme
éclaire peu, mais elle échauffe beaucoup, aussi
la lampe h alcool n'est- elle employée que
comme source de chaleur. Après l'eau , l'al-
cool est le dissolvant le plus général ; il dissout
très-bien les résines , les éthers , les huiles
essentielles, les matières grasses, les alca-
loïdes, ainsi que beaucoup d'acides organiques.
On peut remarquer qu eh général Valcool est
un bon dissolvant pour les matières fort hydro-
génées, tandis que l'eau dissout de préférence
les corps dans lesquels l'hydrogène n'est pas
en grand excès sur l'oxygène.
Valcool, même quand il serait mêlé avec de
1 eau, n'est pas attaqué par l'oxygène de l'air.
ALC
Lorsqu'il s'oxyde, c'est qu'il se trouve en pré-
sence de quelques matières pouvant condenser
l'oxygène et le lui transmettre. Le premier de-
gré d'oxydation est l'aldéhyde, dont la compo-
sition ne diffère de celle de l'alcool qu'en ce
qu'elle contient 2 équivalents d'hydrogène de
moins: CWO* (alcool) — 2H (2 équivalents
d'hydrogène brûlés par l'oxygène de l'air)
= C*H*0! (aldéhyde). L'action oxydante con-
tinuant donne de l'acide acétique : CWO*
(alcpol)-MO (4 équiv. d'oxygène) = ClH'«0*
,( acide acétique ) + 2 HO ( 2 équiv, d'eau),
Soumis à faction de l'acide sulfurique, l'al-
cool perd les éléments de l équivalent d'eau
et se change en éther: CWOS — 1-10 = 0*100
(éther'ou oxyde d'éthyle). Il peut, si cette
action déshydratante se prolonge, perdre un
nouvel équivalent d'eau et se convertir en hy-
drogène bicarboné : CWO* — 2HO = C4H*
(hydrogène bicarboné). Il peut aussi se com-
bineravec l'acide sulfurique sansrien perdreet
produire de l'acide sulfovmique (C*H602,2S03).
ilupart des acides peuvent se combiner
La plnpar
levant 1 équivalent
auquel ils se substituent, et donner ainsi
jice aux éthers simples et composés.
V. Ethër.
Jusqu'à ces derniers temps, l'alcool n'avait
été obtenu que par voie d'analyse, c'est-à-dire
par le dédoublement du sucre de raisin ou
glycose, sous l'influence d'un ferment. M. Ber-
thelot est parvenu à le former directement en
mélangeant de l'hydrogène bicarboné et de
l'acide sulfurique, et en agitant les deux corps
avec du mercure, dont l'action est ici purement
mécanique. On peut remarquer à ce sujet que
jusqu'ici la chimie organique se bornait à des-
cendre par une analyse successive, et en tra-
versant l'étude d'êtres de plus en plus simples,
des matières organiques les plus complexes
aux composés binaires et aux éléments ; par
exemple, du ligneux ou de l'amidon au sucre
de raisin, du sucre de raisin à Valcool, de l'al-
cool h l'hydrogène bicarboné, et de ce dernier
à l'hydrogène et au carbone. M. Berthelot vient
d'ouvrir à la science une voie nouvelle, en mon-
trant, par ses travaux, qu'il est possible de
remonter l'échelle à partir des corps élémen-
taires pour former, par le seul jeu des affinités
a nature
compliqués. V.
lises en œuvre dans
des carbures d'hydrogi
des composés de plus
Synthèse.
III. — Des alcools du commerce. Dans le '
commerce , on étend le nom d'alcool aux mé-
langes en proportions diverses d'alcool et
d'eau. Des instruments appelés alcoomètres
(V. ce mot) font connaître la richesse alcoo-
lique de ces mélanges. Les alcools du com-
merce se divisent en eaux-de-vie et en esprits.
Les eaux-de-vie sont destinées aux usages
domestiques ; elles sont ordinairement colorées
par des substances étrangères à l'alcool pur ;
elles proviennent de la distillation de vins, de
grains, de pommes de terre, etc. ; elles con-
tiennent une proportion d'aleool inférieure à
60 ou 70 pour 100. L'eau-de-vie prend des
noms spéciaux suivant l'arôme qu'elle contient.
Ainsi la distillation des mélasses et des sirops
fermentes produit le tafia et le rhum. Le kirsch
se prépare dans les Vosges , en Suisse et en
Allemagne, au moyen de cerises noires écra-
sées et fermentées avec leurs noyaux. Le sli-
boivitsa des Hongrois est le produit de la fer-
mentation des prunes mûres délayées dans
l'eau. Le racle ou araclc des Orientaux est une
eau-de-vie très-forte, préparée avec du riz ou
avec la sève de palmier fermentée. Quelque-
fois on communique à l'eau-de-vie un principe
aromatique : c'est ainsi qu'on obtient le ge-
nièvre ou gin, l'anisette, l'absinthe, etc., etc.,
en distillant un liquide qui a fermenté avec
des baies de genièvre, des graines d'anis,
les tiges et les feuilles d'absinthe , etc. Lors-
qu'on dissout dans les eaux-de-vie aroma-
tisées autant de sucre qu'elles en peuvent
prendre, on obtient ce qu'on appelle des
liqueurs.
La dénomination d'esprits s'applique aux
liquides alcooliques dès que la .proportion d'al-
cool y atteint le chiffre de GG à 70 pour 100. Les
esprits s'obtiennent en concentrant les eaux-
de-vie par de nouvelles distillations. Comme ils
ne conservent point le parfum des eaux-de-vie
dont ils proviennent et ne se consomment point
en boissons, leur valeur est indiquée par leur
titre, lequel représente leur richesse alcoolique.
u
*
«
Nome des alcools
if
ï 1
-
u
S
Eau-de-vie faible. . . .
IG
37,0
0,957
_
18
46,4
0,943
Eau-de-vie ordinaire. .
19
53,4
0,930
Eau-de-vie forte. . . .
21
5G,5
0,924
22
59,2
0,918
Trois-cinq. .......
0,S69
0,851
0,840
Trois-sept
35
8S,5
Alcool rectifie
36
00,2
0,835
Trois-huit
37,5
82,5
0,826
Alcool à 40°
40
05,9
0,SU
Alcool absolu
44,19
100
0,794
ALC
Les noms de trois-cinq, ttois-six, trois-sept,
trois-huit, donnés aux divers esprits, dérivent
d'un ancien mode d'évaluation des alcools du
commerce, qu'on rapportait autrefois à l'eau-
de-vie dite preuve de Hollande, marquant 19°
Cartier et renfermant à peu près la moitié de
son volume d'alcool absolu. Ces noms font
connaître la quantité d'eau qu'il faut ajouter
aux esprits qu'ils désignent pour les trans-
former en eaux-de-vie à 19° : un alcool, dont
ajoutées à 3 mesures d'eau faisaient
d'eau-de-vie à 19°, était un esprit
Nous ne parlerons pas ici des diverses bois-
sons fermentées que 1 homme prépare pour ses
besoins journaliers, vin, bière, cidre, poiré, etc.
(V. ces mots), et qui contiennent une pins ou
moins grande quantité d'alcool. La table sui-
vante permet de les comparer sous ce rapport.
, D'APRÈS U
Noms de» vins ou autres t
Whisliey d'Ecosse (eo
Rhum : .
Genièvre
Vin de raisin sec. . . .
Madère .
Madère du Cap ....
Ténériffe
Constance blanc. . . .
Lacryma-Christi . . .
Xérès
Lisbonne
Constance rouge . . .
Muscat du Cap ....
Roussillon
Ermitage blanc ....
Malaga.
Malvoisie de Madère .
s£acus:
r.4,32
15,52
15,52
15,28
Bourgogne.
Sauterne. .
Champagne
Graves. . .
Frontignan.
Champagne
Côte-Rôtie.
Ermitage rouge
Horck (vin du Rhin)
Cidre le plus spiritueux. . . .
Vin de baies de sureau ....
Aie de Burton
Hydromel
Bière forte brune
Cidre le moins spiritueux. . .
Porter de Londres
Petite bière de Londres. . . .
IV. — Des usages de l'alcool. Valcool ,
dans ses divers états de pureté et de concen-
tration, sert à une multitude d'usages dans les
arts et l'économie domestique. Comme dissol-
vant des résines et des huiles essentielles, il
est employé pour la fabrication des vernis : ce
sont les alcools de qualité inférieure que l'on
destine à cet usage. A l'état anhydre, on l'em-
ploie pour construire des thermomètres des-
tinés a l'observation des températures extrê-
mement basses. La propriété qu'il a de coaguler
l'albumine, jointe à son avidité pour l'eau, le
rend très-propre à la conservation des pièces
d'histoire naturelle et d'anatomie. Les parfu-
meurs et les dègraisseurs l'utilisent, ceux-ci
pour enlever les taches, ceux-là comme véhi-
cule des huiles aromatiques et odorantes dont
ils forment leurs élixirs. Il est employé comme
combustible dans les lampes dites lampes à
alcool, à l'aide desquelles on exécute les essais
au chalumeau et une multitude d'opérations
qui se pratiquent en petit et exigent une tem-
pérature élevée.
— Méd. et hyg. I. — Action de l'alcool
SUR LES FONCTIONS DE LA VIE ORGANIQUE. L'a-
bus habituel des boissons alcooliques trouble
la fonction de la digestion, éteint l'appétit,
produit la dyspepsie, le pyrosis, etc. En outre,
Valcool agit chimiquement sur les parois de
l'estomac ; il crispe ses tuniques : de la des
épaississements , des indurations qui portent
le plus souvent sur la portion pylorique, et qui,
avec le concours d'une prédisposition spéciale,
se convertissent en cancers. L'absorption des
boissons alcooliques s'effectue par l'intermé-
diaire des veines; les vaisseaux chylifères n'y
contribuent pour rien. Les expériences de
MM. Bouchardat et Sandras montrent que, si
ces boissons ont été données avec des aliments
gras, le chyle que l'on recueille ne renferme
aucune trace appréciable d'alcool.
D'après les recherches de M. Bouchardat,
Valcçol introduit dans le torrent circulatoire
détourne à son, profit l'action comburante de
l'oxygène apporté par la respiration, et produit
une véritable asphyxie ;le sang artériel con-
serve la couleur du sang veineux, et si la
quantité d'alcool est considérable, l'animal pé-
rit, comme si on l'eût plongé dans une atmo-
ALC
sphère sans oxygène. Valcool coagule l'albu-
mine, la fibrine, l'hématosine et les matières
grasses du sang. Si l'on mêle en parties égales
de Valcool et du sang qui vient d'être tiré,
celui-ci se coagule presque immédiatement.
Chez deux individus morts dans l'ivresse ,
M. Devergie a trouvé, à l'autopsie, le sang
coagulé dans les cavités droites du cœur. L'in-
troduction do l'alcool dans le sang produit une
vive excitation dans le système vasculairo et
dans le cœur; les personnes qui n'ont pas
l'habitude des boissons fermentées et distillées
ressentent des palpitations, une gêne dans la
région précordiale, des battements incommo-
des dans les artères. Nul doute que cette exci-
tation ne contribue au développement de l'hy-
pertrophie du cœur, et surtout a l'aggravation
des lésions dont cet organe peut déjà être le
siège. On peut observer, avec M. II. Royer-
Collard que, chez los individus qui usent ha-
bituellement des boissons alcooliques, la cir-
culation s'accélère à chaque ingestion nouvelle,
mais que dans les intervalles le pouls est petit
et comprimé en raison de l'hypérémie légère
du cerveau et de la moindre activité de Tin-
nervation.
Valcool n'est éliminé par aucun appareil
sécréteur ; une petite portion est seulement .
évaporée par les poumons et peut être re-
cueillie avec les gaz et les vapeurs qui se dé-
gagent des voies respiratoires. 11 est détruit
dans le sang, et, sous l'influence de l'oxygène
inspiré, se transforme en acide carbonique et
en eau. M. Bernard a montré qu'à doses éle-
vées, l'alcool ralentit ou même arrête toutes
Cette action de l'alcool sur les
plique jusqu'à un certain point
par celle qu'il exerce sur le tissu même des
glandes. Il enlève l'eau à ce tissu, le racornit
et lui fait perdre certaines de ses propriétés.
Un fragment de la glande sublinguale que l'on
met en contact avec Valcool, a complètement
perdu, par ce contact, la propriété de rendre
l'eau visqueuse, propriété que la dessiccation
seule ne lui fait pas perdre. L'albuminurie,
qui s'observe fréquemment dans les pays où
1 on abuse des alcooliques, parait devoir être
attribuée à la propriété que possède l'alcool de
précipiter l'albumine et par là de la rendre
étrangère au fluide nourricier. Les troubles
que Valcool fait subir à la sécrétion biliaire se
dénotent à la longue, dit M. Michel Lévy, par
la jaunisse dite des ivrognes, par l'hépatite
subaigue, par la cirrhose, par les hydropisies
ascites liées à l'existence d une lésion hépati- '
que. Beaucoup de vieux militaires, qui _ ont
longtemps abusé d"
à ces affections.
Valcool est un aliment respiratoire, c'est-
à-dire propre h entretenir la chaleur animale ;
ses effets calorifiques sont immédiats; aussi
est-il recherché dans les climats du nord de
préférence aux corps gras, qui demandent,
pour être brûlés, du temps, de l'exercice, du
travail. Ajoutons qu'il apporte, qu'il offre en
quelque sorte de la chaleur sous un petit vo-
lume et à bon marché, et qu'il dispense des
autres aliments respiratoires, tels que fécules,
sucre, graisse, de sorte que la misère se réunit
au froid pour en provoquer et en imposer la
consommation. « L'usage de l'eau-de-vie, dit
Liebig, n'est pas la cause, mais l'effet de la
misère. C'est une exception à la règle quand
un homme bien nourri devient buveur d eau-
de-vie. Mais lorsque l'ouvrier gagne moins
par son travail qu'il ne lui faut pour se pro-
curer la quantité d'aliments nécessaires à son
entretien, un besoin impérieux, inexorable, le
force de recourir à l'eau-de-vie. ■ Malheureu-
sement, si l'alcool est le plus immédiatement
efficace des aliments respiratoires, il devient
un obstacle à la nutrition lorsqu'il est pris en
excès. Les buveurs finissent par s'émacier,
soit par l'effet de l'alimentation insuffisante à
laquelle les réduit leur anorexie, soit par l'al-
tération des organes et des fonctions de la
digestion', soit par le développement d'une des
autres lésions qu'entraîne l'ivrognerie.
H. — Action de l'alcool sur les fonctions
de la vie animale. L'influence de l'alcool sur
le système nerveux, et particulièrement sur
l'encéphale, se manifeste par une série pro-
gressive, mais constante, de symptômes qui,
à leur intensité près, se reproduisent chez tous
les individus ; elle constitue une véritable in-
toxication, et l'état morbide qu'elle produit
présente trois phases : surexcitation, pertur-
bation, destruction des fonctions de l'axe cé-
rébro-spinal. Tous les troubles qui surviennent
dans les autres appareils dérivent de ces trois
modifications du système nerveux. V. Ivresse.
L'ivresse n'est autre chose qu'une aliéna-
tion aiguë et passagère ; la répétition de l'i-
vresse finit par amener à sa suite, sous une
forme ou sous une autre, un délire chronique,
c'est-à-dire une aliénation mentale, véritable,
définitive. Sous l'action lente et continue de
Valcool, on voit sa produire trois séries de
désordres qui se rapportent à l'intelligence,
aux sensations et aux mouvements, et dont la
réunion constifue le delirium tremens. V. ce
mot.
III. — Effets de l alcool sur la santé des
populations. L'intoxication alcoolique exerce
sur la santé des populations, surtout dans les
pays septentrionaux ou l'on ne boit pas de vin,
mais beaucoup d'eau-de-vie, des ravages qui
tendent à s'accroître de jour en jour, et sur
lesquels on ne saurait trop appeler l'attention.
.On s'est a- ' '" " T — " "~
i, dit M. Louis Cruveilhier.
ALC
qu'a Londres, les quatre principaux débitante
<l'eau-de-vie de grain recevaient tous les ans,
on moyenne, 145,000 hommes, 110,000 femmes
et 20,000 enfants ou adolescents, et que l'a-
bus des liqueurs fortes faisait chaque année
50,000 victimes en Angleterre. En Allemagne,
plus de 45,000 individus meurent chaque année
do l'affreuse maladie de Yalcoolisme (V. ce
mot), et dans le zollverein allemand, on con-
somme annuellement 360 millions de quarts
d'eau-de-vie, c'est-a-dire 10 litres par individu,
en moyenne. M. de Tourguénef porte h plus de
100.000 par an le nombre des victimes 3e l'al-
cool en Russie, et l'abus qu'on en fait en
Suède a pris une extension telle depuis cin-
quante ans, que les hommes dévoués à la
cause de la civilisation ont jeté le cri d'alarme
et fait un énergique et suprême appel a toutes
les forces du pays. »
Ce qu'il y a de triste et de douloureux dans
les effets de l'intoxication alcoolique , c'est
qu'elle ne se borne pas à frapper les individus,
.mais atteint la race. A la première génération
apparaissent, ainsi que l'a constaté M. le doc-
teur Morel, l'immoralité, la dépravation, les
excès alcooliques et l'abrutissement moral ; à
la deuxième génération , l'ivrognerie hérédi-
taire , les accès maniaques et la paralysie gé-
nérale ; a la troisième, les tendances hypo-
condriaques, la lypémanie et les tendances
homicides; à la quatrième enfin, la dégéné-
rescence est complète ; l'enfant nait imbécile
ou idiot, ou le devient a l'adolescence:
C'est en vue d'opposer une barrière au dan-
ger que Yalcool fait courir à la population que
furent créées en divers pays, notamment en
Amérique, les sociétés dites de tempérance.
IV. — Emploi thérapeutique de l'alcool.
Les alcooliques viennent en première ligne
parmi les médicaments stimulants; ils se rap-
prochent du groupe des éthers. On les emploie
a l'intérieur quand on veut exciter une réac-
tion générale dans le but d'entraver l'absorption
de miasmes délétères, de favoriser une érup-
tion languissante, etc. A l'extérieur, on se sert
de l'alcool comme d'un excitant très-actif,
lorsqu'on veut augmenter l'action de la peau
ou celle des parties sous-jacentes; c'est ainsi
que, dans l'accouchement, des frictions alcoo-
liques sur l'abdomen provoquent les contrac-
tions ralenties de l'utérus. On le prescrit en
lotion, Comme réfrigérant, pour prévenir le
développement de l'inflammation au début des
brûlures et des entorses. La pharmacie tire de
Yalcool des ressources multiples. Aucun véhi-
cule n'est plus favorable pour saisir la partie
active des médicaments. V. Alcoolat, Alcoo-
LATURE, ALCOOLÉ.
i compare à celle qu'on lui accordait au
xv" et au xvie siècle. 11 n'est pas sans intérêt
de rappeler l'accueil enthousiaste qu'il reçut,
à cette époque, de la médecine et de l'hygiène,
et qui contraste singulièrement avec la mau-
vaise réputation qu'elles ont dû lui faire, lors-
qu'elles ont pu le mieux connaître. Pour les
médecins d'alors, c'était non-seulement une
panacée universelle, mais un préservatif contre
toutes les maladies. « L'alcool , s'écrie l'un
d'eux, dissipe la mélancolie, réjouit le cœur,
purifie l'entendement et illumine l'esprit. 11 for-
tifie la jeunesse et ressuscite les vieillards. U
aide à la digestion, prévient la cécité, dissipe
les défaillances du cœur, empêche le tremble-
ment des mains, la rupture des gros vaisseaux
et le ramollissement de la moelle. > Le nom
d'eau-de-vie (aqua vitœ) qui semble aujour-
d'hui une antiphrase , comme celui d'Eumé-
nides donné aux Furies, était alors l'expression
de la confiance universelle.
ALCOOLAT s. m. (al-ko-o-la — ra.d. alcool).
Pharm. Tout médicament liquide résultant
de la distillation de l'alcool sur une ou plu-
sieurs substances aromatiques , végétales ou
animales : L'eau de Cologne , la liqueur nom-
mée absinthe, sont des alcoolats.
— Encycl. On prépare les alcoolats avec des
plantes fraîches ou desséchées, que l'on divise
■ d'abord et que l'on fait ensuite macérer quel-
que temps dans l'alcool ; après cela, on distille
a la chaleur du bain-marie. Les degrés de con-
centration de l'alcool à employer varient de
50 à 86 degrés de l'alcoomètre centésimal.
Autrefois les noms d'esprits, de baumes, de
liqueurs, d'eaux, etc., étaient donnés aux
alcoolats. On les distingue aujourd'hui en sim-
ples et en composés, selon qu'ils résultent de
l'action de l'alcool sur une seule substance ou
sur plusieurs. Les eaux de mélisse des carmes,
de Cologne, des jacobins de Rouen, le baume
de Pioraventi, etc., sont des alcoolats compo-
sés. La préparation des alcoolats est fort —
a l'intérieur, on les prend par gouttes se
sucre ; à l'extérieur, on s'en sert pour liniments,
gargarismes, collyres, etc.
alcoolate s. m. (al-ko-o-la-te — rad.
alcool). Chim. Combinaison en proportions
définies d'alcool et d'un sel anhydre.
ALCOOLATURE s. f. {al-ko-o-la-ture — rad.
alcool). Pharm. Médicament liquide préparé
avec de l'alcool dans lequel on a fait dissoudre
des matières d'origino végétale ou animale,
sans recourir au procédé de fa distillation. Les
alcoolatures, de même que les alcoolats, se
distinguent en siynplcs et en composées. Par
ALC
l'évaporation , les alcoolatures donnent les
extraits alcooliques.
ALCOOLÉ s. m. (al-ko-o-lé — rad. alcool).
Pharm. Composé liquide contenant, comme
l'alcoolature, des matières médicamenteuses
dissoutes dans l'alcool. Les alcoolés se distin-
guent généralement des alcoolatures en co
que celles-ci se préparent avec des plantes
fraîches , tandis que les alcoolés se préparent
avec des plantes sèches. On désigne souvent
les uns et les autres sous la dénomination
générale de teintures alcooliques. Les alcoola-
tures et les alcoolés s'emploient à l'extérieur
comme les alcoolats ; à l'intérieur, on les admi-
nistre dans des potions, des tisanes, etc.
ALCOOLIDE s. m. (al-ko-o-li-de — rad. al-
cool). Chim. Composé renfermant de l'alcool.
ALCOOLIFIÇATION s. f. (al-kc-o-li-fi-ka-
si-on — de alcool} et du lat. fieri, devenir).
Chim. Fermentation alcoolique.
ALCOOLINE s. f. (al-ko-o-li-ne — rad. al-
cool). Composition balsamique et vulnéraire
pour l'entretien de la bouche.
ALCOOLIQUE adj. (al-ko-o-li-ke — rad.
alcool). Qui a rapport à l'alcool, qui contient
de l'alcool : Le vin, l'eau-d&vie et toutes les
liqueurs de table sont des liqueurs ALCOOLI-
QUES. Une odeur massive, étouffante, vineuse,
alcoolique., le frappa en plein visage et l'as-
phyxia. (L. Gozlan.)
— Fermentation alcoolique, Fermentation
par laquelle le glycose se dédouble en acide
carbonique et en alcool, n Teintures alcooli-
ques, Dissolutions alcooliques de certaines
substances médicamenteuses.
— S'empl. subst. pour désigner les liqueurs,
les boissons alcooliques : Il ne faut pas abuser
des ALCOOLIQUES.
ALCOOLISABLE adj. (al-ko-o-li-za-ble —
rad, alcool). Qui est susceptible d'être converti
en alcool ; Le sucre est alcoolisable.
ALCOOLISATION s. f. (al-ko-o-li-za-si-on —
rad. alcool). Chim. Développement dans les
liquides des propriétés qui caractérisent l'al-
cool ; action de mêler de l'alcool à un autre
liquide ; résultat de cette action : La Chambre
des députés a prohibé le mouillage et /'alcoo-
lisation. (Proudh.) Les alcools employés à
V alcoolisation des vins dans huit déparlements
duMidiont étédégrevésde l'impôt. (T. Dolor d.)
— Ane. chim. Action de réduire une sub-
stance en poudre fine.
ALCOOLISÉ, ÉE (al-ko-o-li-zé) part. pass.
du v. Alcooliser. Se dit d'un liquide qui con-
tient de l'alcool, ou dans lequel l'alcool s'est
développé : Les vins les plus fortement al-
coolises sont ceux .qui plaisent le plus aux
Anglais. (L.-J. Larcher.)
ALCOOLISER v. a. ou tr. (al-ko-o-li-zé —
rad. alcool). Mêler de l'alcool à un autre
liquide; faire, par la fermentation, un alcool
d'une liqueur sucrée, ou dégager une liqueur
alcoolique de, sa partie aqueuse : Est-ce frau-
der que ^'alcooliser les vins? (Proudh.)
S'alcooliser, v. pr. Devenir alcoolisé.
— Fam. et par ext.. S'enivrer avec des
liqueurs spiritueuses : S'ils se trouvent ce soir
ense?nble, ils ne manqueront pas de s'alcoo-
ALCOOLISME s. m. (al-ko-o-Ii-smc — rad.
alcool). Pathol. Maladie produite par l'abus
des boissons alcooliques : En Allemagne, plus
de quarante-cinq mille individus meurent chaque
année de l'affreuse maladie de ^alcoolisme,
(L. Cruveilhier.) il On dit ordinairement al-
coolisme chronique.
— Encycl. L'alcoolisme chronique, que Ma-
g^ius Huss a signalé et décrit pour la première
fois, est parfaitement distinct du delirium tre-
mens. Il s'observe surtout dans les pays froids,
où les ouvriers sont tout naturellement con-
duits par le travail pénible et par le climat à
demander chaque jour aux boissons alcooliques
un funeste supplément de force. Diminution de
l'appétit, puis tremblementde mains, hésitation
de la langue le matin et bientôt bégaiement,
tels sont les premiers symptômes de l'alcoolisme
chronique. Plus tard, les phénomènes nerveux
s'aggravent : ce sont des fourmillements , de
la titubation, des vertiges, de l'hébétement,
quelquefois des hallucinations. En même temps
le dégoût pour les aliments augmente, et "--
ne tarde pas à voir survenir l'a
l'état terreux de la peau, des
vulsives des membres , même des attaques
d'épilepsie. Enfin, la mort arrive, précédée de
l'anasarque et du délire. Le foie gras paraît
être une lésion caractéristique de l'alcoolisme
chronique. Le traitement nu'qn oppose à cette
maladie consiste d'abord dans la cessation de
la cause qui l'a produite, puis dans l'emploi des
antispasmodiques , do la noix vomique et do
l'huile empyreumatique de pomme de terre.
ALCOOLOMÈTRE s. m. (al-ko-o-lo-mô-iro).
emnloie
alcoomel s. m. (al-ko-o-mèll — de al-
cool, et du lat. mel, miel). Pharm. Excipient
pharmaceutique, formé d'une partie d'alcool
et de trois parties de miel.
ALC
ALCOOMELLÉ s. m. {al-ko-o-môll-lé —
rad. alcoomel). Pharm. Liquide sirupeux
produit par le mélange de trois parties de miel
avec une partie d'une alcoolature hydrolique.
ALCOOMÈTRE OU ALCOOLOMÈTRE S. m.
(al-ko-o-mè-tre — de alcool, et du gr. me-
tron, mesure). Physiq. Instrument destiné à
mesurer la richesse en alcool des esprits ou
— Encycl. La pesanteur spécifique de l'eau
étant supérieure a celle de l'alcool, celui-ci
est nécessairement d'autant plus dense qu'il
est plus hydraté, en sorte que la densité d'un
mélange d'alcool et d'eau nous indique la pro-
portion d'alcool qu'il contient. Pour déterminer
cette proportion, il suffit de prendre comme
points extrêmes la densité de l'eau distillée
et celle de l'alcool anhydre, et de noter les
points intermédiaires entre ces deux densités.
Les instruments employés pour mesurer la
densité des liquidés spiritueux et, par suite,
leur richesse en alcool, portent le nom d'al-
coomètres.
L'alcoomètre anciennement employé dans
le commerce français était l'aréomètre de
Cartier, dont la tige est divisée en 44 degrés
égaux. Le 0 est marqué au point d'affleu-
rement dans une solution préparée avec 90
parties d'eau distillée et 10 parties de sel ma-
rin ; le 10<= degré correspond à la densité de
l'eau pure, et le 44^ à celje de l'alcool absolu.
Cet instrument ne peut fournir, comme alcoo-
mètre, que des indications approximatives,
parce que ses divisions sont égales. Chaque
degré ne saurait correspondre d'une manière
rigoureuse à une quantité constante d'alcool,
en raison de la contraction qu'éprouvent dans
leur volume les mélanges d'alcool et d'eau.
Aujourd'hui, Yalcoomètre légal est, en France,
celui de Gay-Lussac. qui porte 100 degrés de
longueur inégale, et mesurés de manière à
représenter exactement en centièmes le vo-
lume d'alcool contenu dans le liquide soumis à
l'essai. On l'appelle alcoomètre centésimal :
0 correspond a 1 eau pure, et 100° à l'alcool ab-
solu. Pour la graduation de l'échelle, onachoisi
la température de 15 degrés centigrades. On
a d'abord plongé l'appareil dans de l'alcool
absolu, et on a réglé le lest de façon qu'il
s'enfonçât jusqu'au sommet de la tige : en ce
point, on a marqué 100. Puis, on a fait une
solution alcoolique contenant en volume 95
d'alcool pour 100; l'appareil s'enfonce moins
dans cette solution , dont la densité est plus
grande que celle de l'alcool pur ; au point d'af-
fleurement, on a marqué 95, et ainsi de suite,
en opérant successivement avec des liqueurs
contenant en volume 90, 85, 80, etc., d'alcool
pour 100, Tous ces points déterminés par
expérience étant très- rapprochés, on a pu,
sans erreur sensible, partager en 5 parties
égales l'intervalle compris entre deux points
consécutifs. Si l'instrument s'enfonce jusqu'à
la division 50 dans un mélange d'alcool et
d'eau, ce mélange contiendra 50 d'alcool pour
100. On peut remarquer que les divisions dé-
terminées ainsi par expérience diffèrent entre
elles de grandeur aux extrémités de l'échelle ;
les degrés voisins du zéro sont beaucoup plus
petits que les degrés voisins du 100« degré. La
graduation de l'alcoomètre ayant été faite à la
température de 15 degrés centigrades , on
comprend que. les indications de 1 instrument
cessent d'être exactes et doivent subir des
corrections lorsqu'on en fait usage à des tem-
pératures plus hautes ou plus basses que 15
degrés. Gay-Lussac a construit empirique-
ment des tables de corrections pour toutes les
températures auxquelles on peut avoir besoin
d'employer l'alcoomètre. Voici une table de
ces corrections pour les degrés que présentent
te plus souvent les divers alcools du commerce :
ALC.
185
Degré,
thermomé-
triques.
Degrés
triques.
15
56
80
85
86
94
0
01,2
84,3-
88,9
S9,9
97,1
1
60,9
84
88,7
89,6
96,9
2
00,5
83,7
88,5
89,4
96,7
3
00,2
89,2
96,3
59,8
87,9
88,9
96,3
5
59,5
82,9
87,7
88, G
98,1
59,1
82,C
S7,4
95,9
7
58,8
82,3
87,2
95,7
8
58,5
82 '
80,9
95,5
- 9
10
îl
58,1
57,8
81,7
81,5
86,6
80,4
SG,l
87,G
s-'i
95,3
95,1
94,9
12
57'
80,8
94,7
13
10
55 io
80,G
80,3
79,7
85,5
84^7
86,5
80,3
85,7
94,4
93,'8
17
55,3
"0,4
84,4
85,4
93.6
13
54,9
79,1
81,1
93,3
19
51^2
73^5
ss'c
84 '6
92)9
21
22
53,9
53)l
7S,2
77,9
77,0
S3,3
83
82,7
84,3
84
83,8
92,6
92,4
92,1
24
28
52,8
52,4
52
51 ^3
70,7
78,3
78
82,4
82,1
s 1)5
81,2
S
91,9
91,6
91,4
91,1
29
51
81,9
82*
90J6
30
50,G
75,4
80,6
81,7
90,4
Comme l'aréomètre de Cartier, malgré son
imperfection et malgré la loi , se maintient
encore, par la force de l'habitude, dans les
transactions relatives aux spiritueux, il im-
porte de savoir la valeur dos degrés Cartier
en degrés de l'alcoomètre centésimal. Voici
une table qui donne cette valeur :
^
il
sa
il
i
l|
1
a3
il
nï
10
0,2
2,4
21,5
57,2
58,7
33
33,5
84,4
85,3
u
5,1
22,5
60,1
34
80,2
11,5
8,1
23
61,5
. 87,1
12
11,2
23,5
62,9
35
88
12,5
■24
64,2
35,5,
13
18,2
24,5
65,5
30
89,0
13,5
21,28
25
00,9
30,5
25,5
68, t
C9,4
37
91,2
14,5
28,5
26
37,5
91,9
31,6
26,5
70,6
38
92,7
15,5
34,4
38,5
16
27,5
72,9
39
94,1
16,5
39,3 .
28 .
74
39,5
94,7
17
28,5
75,2
95,4
17,5
43,5
29
76,3
40,5
1S
45,5
29,5
77,3
96,6
18,5
47,3
30
97,2
49,1
30,5
79,4
" 42
97,7
19,5
50,9
31
80,5
42,5
20'
52,5
31,5
81,5
0S',8
20,5
54,1
32
S2,5
99,4
21
55, G
32,5
83,4
44
99,8
L'alcoomètre ne peut être employé pour ob-
tenir la richesse alcoolique des vins, parce que
ces liquides contiennent, outre l'eau et l'alcool,
plusieurs autres substances en quantités va-
riables qui influent sur la densité. On doit en-
core à. Gay-Lussac un procédé qui consiste a
transformer un vin déterminé en un inèlango
d'alcool et d'eau, contenant sous le même vo-
lume la même proportion d'alcool. Ce procédé
est fondé sur le principe suivant, qui a été
vérifié par l'expérience : quand on distille un
vin ou un esprit dont la richesse ne dépasse
pas 15, l'alcool passe tout entier, avec un peu
d'eau, dans le premier tiers du liquidé con-
densé ; en ajoutant à ce tiers les deux tiers
d'eau, on a un liquide contenant sous un même
volume la même quantité d'alcool que le vin à
essayer, et par suite le représentant exacte-
ment au point de vue de la richesse alcooli-
que ; ce liquide , ne contenant plus de sub-
stances étrangères , peut être dosé avec
Yalcoomètre.
On a proposé d'autres appareils dont les in-
dications sont à peu près indépendantes de la
plus ou moins grande pureté du liquide. Nous
citerons particulièrement le dilatomètre de
Silbermann, fondé, comme son nom l'indique,
sur l'inégalité do dilatation do l'eau et de 1 al-
cool, et Vébulliomètre de M. Conaty, fondç sur
la différence de 22 degrés centigrades entre le
point d'ébullition de 1 eau et celui de l'alcool.
alcoométries, f. (al-ko-o-mé-tri— rail. .
alcoomètre). Méthode, procédé qu'on omploio
pour connaître ou déterminer la quantité
d'alcool absolu que contiennent les liquours
spiritueuses.
ALCOOMÉTRIQUE adj. (aî-ko-o-mô-tri-kc
— rad. alcoomètre). Qui appartient, qui a rap-
port à l'alcoomètre, aux qualités déterminées
par cet instrument.
ALCORAN s. m. (al-ko-ran — do l'arab. al,
le ; koran, livre, lecture). Le livre qui contient
la loi de Mahomet, et qui est le code religieux,
moral et politique des musulmans. 11 On dit
aussi le Koran, et mieux le Coran. ,
Pour moi, je lis la Bible autant que VAlcoran.
Le glaive et VAlcoran, dans m
allante!
te des hun
Voltaire.
ail qui croule :
tu rien là-bas?
BOUCHARD.
0 chose à
3e ne m'y a
Aicornu. Le mot Alcoran signifie lecture, et,
par extension, lecture par excellence, ainsi que,
dans le même sens, nous appelons Bible (livre)
l'Ancien Testament. C'est le livre que les mu-
sulmans révèrent comme le recueil des lois
divines promulguées par Mahomet. Le pro-
phète prétendait l'avoir reçu de l'ange Gabriel
feuille par feuille , verset par verset, qu'il
dictait ensuite à ses compagnons. Ceux-ci
écrivaient alors sous sa dictée sur des bran-
dies de palmier, des morceaux do soie ou
de peau , où sur des omoplates do brebis.
Ce ne fut que la seconde année après la
mort du législateur que le calife Abou-Bekr,
son beau-frère et son successeur, recueillit
les fragments èpars de Y Alcoran, et en forma
un livre qu'il fit solennellement déposer chez
Hafza , veuve du prophète. Mais bientôt
il en circula des copies altérées ou falsifiées
qui occasionnèrent des doutes, des contro-
24
186
ALC
ALC
verses , des disputes , jusqu'à ce qu'Othman ,
quatrième des califes , mit fin à ces désordres
en faisant répandre un grand nombre de copies
de l'original, et condamner au feu tous les
exemplaires apocryphes (652). L'Alcoran est
divisé en 30 sections ou cahiers, 114 sourates
ou chapitres, et 1,666 versets. L'article fonda-
mental est celui-ci : « Il n'y a d'autre Dieu
que Dieu, et Mahomet est son prophète. » C'est
a la fois un code religieux, moral, civil, poli-
tique et militaire. Mahomet y proclame la
croyance à l'unité de Dieu, en ses anges, en
ses prophètes, au jugement dernier, à la pré-
destination; il y rend obligatoire la prière, ré-
pétée cinq fois en vingt-quatre heures ; l'au-
mône, le jeûne pendant la lune de Ramadan,
et le pèlerinage à La Mecque au moins une
fois en la vie ; iL y proscrit 1 usure, le luxe, le
jeu, l'usage du vin; il consacre l'esclavage, la
polygamie ; établit l'infériorité de la femme, et
admet la répudiation ou le divorce. Les récom-
penses, dans l'autre vie, consistent dans les
plaisirs sensuels, la vision béatifique et l'union
avec Dieu. En lisant l'Alcoran , on voit que
■Mahomet a emprunté à Moïse un grand nom-
bre de prescriptions, et à nos livres saints des
récits, mêlés de traditions arabes, juives et
sabéennes. Le style, qui est-du plus pur arabe,
est serré et souvent obscur, à cause des ellipses
et des équivoques ; aussi les musulmans sont-ils
eux-mêmes obligés de recourir aux nombreux
commentaires qui en ont été faits. L'Alcoran
est l'objet des hommages de tout zélé musul-
man ; on n'y touche jamais sans être en état de
pureté légale, sans le baiser et le porter au
iront avec respect et dévotion. On l'enseigne
dans les écoles, et c'est sur ce livre sacré que
l'on prête serment dans les tribunaux. L'Al-
coran n'a commencé à être connu en Europe
que vers le xvie siècle, par une traduction la-
tine, très-inexacte, de Bibliander. 11 a été tra-
duit en français par Savary (1753), et par Du
Ryer (Amsterdam, 1770 et 1775). En 1846,
M. Kasimirsk en a donné une traduction nou-
velle, qui fait partie de la collection Charpen-
tier. V. Coran, pour d'autres développements.
ALCORANISTE s. m. (al-ko-ra-ni-ste —
rad. Alcorati). Celui qui lit ou explique l'Al-
coran; qui croit à l'Alcoran; qui professe la
doctrine renfermée dans l'Alcoran.
ALCORNÉE OU ALCHORNÉE S. f. (aHiOr-
né). Bot. Genre d'euphorbiacées, renfermant
des arbres et des arbustes originaires des ré-
gions tropicales de l'Afrique et de l'Amérique.
ALCORNINE OU ALCHORNINE S. f. (al-kor-
ni-nc — rad. alcornée). Chim. Substanco
grasse, tirée de l'écorce de l'alcornoqua.
ALCORNOQUE OU ALCHORNOQUE S. f. (al-
kor-no-kc — rad. alcornée). Bot. Ecorce d un
arbre voisin des guttiers, qui croît en abon-
dance dans l'Amérique du Sud. On lui a at-
tribué pendant quelque temps des propriétés
toniques et astringentes, et on la regardait
comme très-efficace pour le traitement de la
phthisie. En France, elle a paru plus nuisible
qu'utile, et aujourd'hui elle est complètement
abandonnée.
. f. fal-kô-ve — de l'esu. alcoba,
bah, tente, chambré voûtée qui renferme un
lit. Suivant d'autres, mais avec inoins de pro-
babilité, de l-all. koben, réservoir). Enfonce-
. mont pratiqué dans une chambre à coucher,
pour y placer un lit : Alcôve à un lit, à deux
lits. Où est le comte? Dans votre belle chambre
à alcôve, madame? (Mol.) Le code de la lubri-
cité doit être scrupuleusement banni de f al-
côvu conjugale. (Serrurier.) Le soir, une ar-
moire à alcôve s'ouvrait, contenant deux tits.
(Alf. de Musset.) Au fond d'une alcôve, sous .
le drap blanc gui recouvrait sa tête et dessinait
sa forme, gisait la morte. (Alex. Dum.) Agents,
'messagers de plaisir, sous l'ancien régime, té-
moins nécessaires du lever, des plus libres
scènes d'ALCôvii, les perruquiers étaient aussi
Généralement libertins pour leur propre compte.
Michelet.) De petites alcôves sont nuisibles à
la santé. (Millin.) Quelprophète tiendrait contre
la critique, si la critique le poursuivait dans
son alcôve î (Renan.) Elle le tint caché, la nuit,
dans son alcôve et entre les matelas de son lit.
(Ste-Beuvo.)
rideaux pompeux, par u
Dans une alcôve artistement dorée.
Point trop obscure, et point trop cela
hntre deux draps que la Frise a tissu
D'Agnès Sorel les charmes sont reçus
— Les mystères, tes secrets de l'alcôve , Les
mystères, les secrets de l'amour, et particu-
lièrement de l'amour conjugal.
— Épithètea. Enfoncée, profonde, solitaire,
obscure, sombre, inaccessible au jour, triste;
secrète , discrète , parfumée , riante , amou-
reuse, riche, dorée.
ALCOVI5TE s. m. (al-ko-vi-stc — rad. al-
côve), Sigisbée d'une précieuse , habitué do
ruelles : Ce fut un grand remue-ménage parmi
tous les alcovistks. (Tall. des Réaux.)
ALCOY, ville d'Espagne, dans la province
d'Alicante; 11,000 hab. Draps communs, savons
î dTïsculape , qui signifie
et papeteries; fontaine remarquable par ses
intermittences. Le district du même nom ren-
ferme environ 20,000 hab.
ALCTER ,
Préservatei
ALCUDIA, ville d'Espagne, sur la baie du
même nom dans l'île Majorque, à 50 kil. de
Palma; 1,500 hab. Pêche de corail; <
de laine, la plus estimée dç l'ile;
fortifications, aujourd'hui en ruine.
ALCUDIA DE CARLET. ville d'Espagne,
prov. et à 28 kil S. de Valence; 3,300 hab.
Erigée en duché pour Godoï, prince de la Paix.
AI.CUIN ou ALCHWIN, savant religieux,
qui partage avec Charlemagne la gloire de la
restauration des études en France. Il naquit à
York (Angleterre) en 735; étudia, dit-on, sous
l'illustre Bède, puis sous 1 évêque Egbert, dont
il devint le bibliothécaire et qui lui confia la
direction de l'école d'York. La réputation de
son immense savoir passa les mers, et Charle-
magne l'attira en France (782) pour contribuer
à l'exécution de son grand dessein de l'orga-
nisation des études dans l'empire. Lui-même
se plaça sous sa discipline et suivit ses leçons
avec toute sa famille et ses grands dignitaires.
Le-palais devint une sorte d académie dont les
membres et le roi lui-même siégaient sous
des noms empruntés à l'antiquité grecque ,
hébraïque et' latine. Ainsi, Alcuin avait pris
celui d'Albinus Flaccus; Charlemagne, celui de
David, etc. Cet usage des noms allégoriques
se renouvela, comme on sait, à toutes les épo-
ques de renaissance littéraire. Ces leçons faites
par Alcuin dans le palais donnèrent naissance
a une école permanente, nommée école pala-
tine (ou du palais), fixée vraisemblablement à
Aix-la-Chapelle, séjour ordinaire du roi franc,
et où quelques-uns ont voulu retrouver l'ori-
gine de l'université de P^ris. L'enseignement
a' Alcuin comprenait le triuium et le quadri-
vium, c'est-à-dire les sept arts libéraux cul-
tivés alors : grammaire , rhétorique , dialec-
tique, arithmétique, géométrie, musique, astro-
nomie. Il faut y joindre des commentaires sur
l'Ecriture sainte, dont b clergé n'avait pas
moins besoin alors que des sciences profanes.
Sous l'iniluence du savant docteur anglais, des
écoles s'établirent à Paris, a Lyon, à Orléans
et à Tours, dans les palais épiscopaux et dans
les monastères. L'importance de ces établisse-
ments pour l'instruction des clercs sera vive-
ment sentie, si l'on se souvient que, par .suite
de la barbarie des temps, le clergé avait oublié
jusqu'à la langue dans laquelle sa liturgie était
écrite. Le nom d'Alcuin est donc pour nous un
des plus vénérables parmi ceux des grands
hommes qui ont travaillé au développement-de
la civilisation dans les Gaules. Conseiller de
l'empereur, rédacteur de quelques-uns des
Capitulaires, chargé de plusieurs négociations
importantes, restaurateur des études, il jouis-
sait d'une autorité si considérable, qui] fut
iacre, à faire partie dt
{794), où furent con-
_ _ les partisans de l'hérésie de Félix ,
évêque d'Urgel. Charlemagne le combla de
richesses, et nous apprenons par Elipand ce
curieux détail, qu'il possédait dans ses divers
bénéfices ecclésiastiques plus de vingt mille
serfs. Il avait reçu , entre autres , la. riche
abbaye de Saint-Martin de Tours, où il ré-
forma les mœurs déréglées de ses moines, et
où il créa une école oui devint célèbre. C'est
dans cette retraite qu il mourut, en 804, après
avoir employé ses dernières années àdonnerde
sa main une copie correcte des Ecritures, dont
il fit présent à Charlemagne, et qui fut depuis
d'un grand secours aux éditeurs de ta Bible.
■ Homme d'action et de science, et mettant
la science au service de la pratique ; homme à
la fois de religion et de politique, parce qu'alors
elles étaient confondues , Alcuin fut à la fois
un rigide réformateur dans son couvent et un
habile administrateur dans l'Etat. Personne
ne pouvait seconder plus efficacement les vues
de Charlemagne, au génie duquel il fut entiè-
rement dévoué, dont il semblait avoir compris
la mission, et qu'il aida puissamment dans cette
vigoureuse et passagère tentative, pour con-
fondre en une seule majesté les deux puis-
sances, temporelle et spirituelle. » (Encyclop.
nouvelle.)
La meilleure édition des œuvres d'Alcuin est
celle qu'a donnée Froben (Ratisbonne, 1777).
Elles sont un monument précieux de l'état des
connaissances humaines au vme siècle , et se
composent de lettres , d'écrits théologiques ,
d'opuscules scientitiquer • ,j > ■■ ■-• ■
et de traités littéraires.
ALCYON s. m. (al-si-on— du gr. alkuôn;
formé de als, la mer, et de kuôn, qui fait ses
petits, parce que les Grecs croyaient que cet'
oiseau taisait son nid sur la mer). Oiseau de
mer et de marécages, espèce de martin-pê-
cheur : Au laboureur l'alouette et le rossignol;
au matelot le courlis et V alcyon, leurs pro-
phètes. (Chateaub.) X'alcyon apportait dans
le creux des murs les brins de mousse et de va-
rech qu'il amasse pour l'hiver. (E. Sue.)
lSalcyon ne vient plus, sur l'humide rivage,
rs nids flottants.
Flore viont rétablir
— Nids d'alcyons. Ce sont ces fameux nids
d'hirondelles que les voyageurs assurent être
un mets fort recherché des Chinois. Ces nids
sont construits avec une matière gélatineuse
que les cryptes du jabot de l'oiseau sécrètent
au temps de la ponte. D'autres pensent que
ces mêmes nids sont construits avec le frai
d'un poisson très-commun dans les mers de la
Cochinchine pendant les mois d'avril et de
mai. On les nomme aussi nids de salanganes.
V. ce mot.
— Encycl. Ce poétique oiseau est un de ceux
oui ont donné naissance au plus grand nombre
de légendes merveilleuses ; c'est même à. une
fable qu'il doit son nom. (V. Alcyone.) Les
Grecs croyaient que X'alcyon faisait son nid sur
la mer, et ils appelaient jours alcyoniens les
quinze jours pendant lesquels cet oiseau était
suppose couver ses œufs à la faveur du calme
des flots, sept jours avant et sept jours après
le solstice d hiver. Aussi en avaient-ils fait le
symbole de la paix et de la tranquillité , et
ils l'avaient consacré àTéthys. L'alcyon mort et
desséché devenait pour eux un talisman qui
enfantait une foule de prodiges, et même, en
dépit de la mort, reprenait tous les ans son
plumage. Ces superstitions existent encore chez
divers peuples modernes, par exemple, en Si-
bérie et dans les îles de la mer du Sud. Toute-
fois, nous ne savons pas d'une manière exacte
quel était X'alcyon des Grecs : quelques natu-
ralistes croient le reconnaître dans le martin-
pêcheur, d'autres dans le pétrel des tempêtes ,
d'autres enfin dans l'hirondelle salangane, dont
les Chinois recherchent les nids comme mets
délicat. Aujourd'hui, en ornithologie, on donne
généralement le nom d'alcyon ou d'alcyone au
martin-pêcheur, dont on a fait le type d'un
genre qui comprend plusieurs espèces : les
alcyons tétradactyles sans huppe, les alcyons
tétradactyles huppés, etXes alcyons tridactyles.
On appelle aussi improprement l'alcyon :
hirondelle de mer ou salangane; pétrel des
tempêtes; et vulgairem. : tar tarin, artre,mon-
nier , bluet , pivert d'eau , péche-véron , vire-
vent, drapier et garde-boutique. Ces deux
derniers noms lui viennent de la prétendue
propriété qu'a sa dépouille de conserver les
étoffes.
Les alcyons ont la tête grosse, le bec fort
long et ta queue ordinairement très-courte ;
les différentes espèces sont très-nombreuses
et répandues sur tout le globe. Nous n'en pos-
sédons cependant qu'une seule en Europe. Les
plus gros alcyons sont à peu près de la taille
d'une corneille, et les plus petits de celle d'un
alcyon s. m. (même pron. et même étym.
que ci-dessus). Polyp. Genre de polypiers de
la famille des alcyoniens.
— Encycl-. Le nom d'alcyon a été d'abord
appliqué indistinctement à plusieurs produc-
tions marines très-diverses, appartenant non-
seulement à la classe des polypes, mais encore
à celle des spongiaires ; on 1 a même étendu ù
tort à certaines espèces d'algues. Il doit dé-
signer exclusivement un genre de polypiers ,
appelé aussi quelquefois lobulaire, et qui est
le type de la famille des alcyoniens.
Les alcyons sont des polypiers charnus, dont
la masse est divisée en lobes ou en rameaux
irréguliers. Ils sont fixés, par une tige courte,
aux rochers ou aux plantes marines, et consti-
tués par une aggrégation de petits polypes
très-nombreux. Leurs formes sont très-yariées.
L'une des espèces les plus connues est l'alcyon
digité (alcyonium digitatum) , très-commun
sur nos cotes, OÙ on l'appelle vulgairement
main de Dieu. L'ancienne médecine lui a at-
tribué des propriétés merveilleuses ; mais au-
jourd'hui il est complètement oublié sous ce
rapport.
alcyonaire adj. ( al-si-o-nè-re — rad.
alcyon). Polyp. Qui ressemble à un alcyon. ||
On dit aussi alcyonien et alcyoné.
— s. m. pi. Famille de polypes établie par
Blainville, et ayant pour type le genre alcyon.
ALCYONCELLE s. m. (al-si-on-sè-le— dim.
â'alcyon). Zooph. Genre de spongiaires qu'on
trouve aux îles Moluques.
ALCYONE s. f. (al-si-o-ne— rad. alcyon).
Etoffe de soie qui a le brillant du satin.
— Astron. Etoile de troisième grandeur,
lapins brillante des Pléiades, marquée r, dans
les cartes célestes.
ALCYONE, fille d'Eole et épouse de Céyx.
Selon Ovide et Virgile , Céyx périt dans un
naufrage , et la mer rejeta son cadavre aux
pieds de son épouse, qui attendait sur la plage.
La malheureuse Alcyone ne put survivre à sa
douleur et se précipita dans les Ilots. Téthys
les métamorphosa tous deux en alcyons. Sui-
vant quelques mythologues , ils périrent vic-
times de leur orgueil. Ils se nommaient mu-
tuellement Jupiter et Junon , et les dieux
irrités les changèrent en oiseaux.
ALCYPNÉ, ÉE adj. (al-si-o-né— rad. al-
cyon). Polyp. Syn. de alcyonaire.
— s. m. pi. Famille de polypiers établie par
Lamouroux, et ayant pour type le genre al-
ALCYON
dant qu'il
qui fut tué par
géant qi
ALD
ALCYONÉE, géant, fils dUranus et de la
Terre. Après sa mort, ses filles, les AUyonides,
se précipitèrent à la mer et furent changées
en alcyons.
ALGYONELLE s. f. (al-si-o-nè-le — rad.
alcyon). Polyp. Genre de polypes, ou plutôt
de tuniciers d eau douce , dont plusieurs es-
pèces sont communes dans nos eaux. On le
range aujourd'hui dans la classe des bryo-
zoaires. On donne aussi à l'alcyonelle le nom
d'ALCYON FLUVIATILE.
alCyonide s. m. (al-si-o-ni-de — rad. al-
gant, vit dans la Méditerranée, sur les côtes
de l'Algérie.
ALCYONIEN, IENNE adj. (al-si-o-ni-ain,
è-ne — rad. alcyon). De l'alcyon, qui se rap-
porte à l'alcyon.
— Polyp. Syn. de alcyonaire.
— Myth. Jours alcyoniens. Chez les Grecs,
les sept jours qui précédaient et les sept
jours qui suivaient le solstice d'hiver, pen-
dant lesquels l'alcyon était supposé faire son
nid et couver ses œufs sur la mer, qui alors
était calme.
— Géogr. anc. Mer alcyonienne. Nom que
les Grecs donnaient à la partie orientale du
golfe de Corinthej située entre les côtes de la
Béotie et de la Megaride.
— s. m. pi. Polyp. Famille de polypes pa-
renchymateux ou anthozoaires , établie par
M. Mflne-Edwards et dont Ehrenberg a fait
un ordre, qui se divise à son tour en plusieurs
familles. Elle renferme les genres alcyon,
corail, tubiporo, pennatule, etc. V. ces mots.
Il On dit aussi alcyonaires et alcyonés.
ALCYONITE s. f. (al-si-o-ni-te — rad. al-
cyon). Terme mal défini, employé autrefois
pour désigner des polypiers fossiles, qui ap-
partiennent à la famille des spongiaires et
non à celle des alcyonaires. Un des plus re-
marquables est celui auquel sa forme bizarre
a faitdonner le nom vulgairede/ï^uepeirt/ce.
ALC YON1 US ou ALC1 ONl US (Pierre), savant
philologue, né à Venise en i486, mort en 1527.
D'abord correcteur d'imprimerie chez Aide
Manuce, il obtint ensuite a. Florence la chaire
'de langue grecque. On a de lui des traductions
d'Isocrate, de Démosthène et de plusieurs
ouvrages d'Aristote. Le plus célèbre de ses ou- .
vrages est un dialogue- intitulé : Medicus lega-
tus, sive de Exilio, écrit avec une telle élé-
gance , qu'on l'accuse de l'avoir extrait en
partie d'un manuscrit perdu de Cicéron, qu'il
aurait retrouvé dans un couvent, et détruit
après l'avoir dépouillé.
Aida, opéra-comique en un acte, paroles de
Bayard et Duport, musique de Thys, repré-
senté le 8 juillet 1835; épisode militaire et
galant d'une des guerres de l'Empire.
aldame s. m. (al-da-me). Bot. Syn. du
genre gymnopse.
ALD ANE, riv. de la Russie d'Asie, affluent
de la Lena, est navigable et fait partie de la
ligne de communication entre St-Pétersbourg
et le Kamtschatka; cours 1,300 kil.
ALDE (la Bienheureuse), vierge, dont les
reliques sont conservées à Sainte- Geneviève
de Paris. Honorée le 18 novembre.
ALDE, un des noms sous lesquels on désigne
une célèbre famille d'imprimeurs italiens.
V. Manuce (Aide).
— s. m. Se dit des éditions sorties des
presses de ces imprimeurs : Cette bibliothèque
possède de plus des Aldus, des Gryphes et des
Tournes et une centaine de Barbous , typo-
graphes dont on ne prise pas assez, aujour-
d'hui, les papiers et les caractères. (Débats.)
ALDÉBARAN OU ALDÉBARAM S. ni. fal-
dé-ba-ran, ramm). Astron. Etoile de première
grandeur, d'une teinte un pou rouge, nommée
aussi œil du Taureau, dans la constellation de
ce nom. Elle était, chez les Egyptiens, l'une
des quatre étoiles royales ; elle passe au mé-
ridien douze heures environ après Antarès
du Scorpion, à laquelle elle est opposée : Ce
phare, c était Aldebakan, le soleil tricolore,
l'énorme étoile de pourpre, d'argent et de tur-
quoise, qui se levait majestueusement dans la
vague et sinistre blancheur du crépuscule. (V.
Hugo.) il Nom sous lequel les anciens Arabes
adoraient le soleil.
aldées. f. (al-dé). Se dit, sur la côte de
Coromandel , dans quelques autres contrées
de l'Inde et au Brésil, des villages habités
par les autochthones : Les aldébs indiennes
sont environnées de bois épais et très-hauts qui
les protègent contre les venls et la chaleur.
(Encycl.) Une aldée a-t-elle été envahie, et la
tribu est-elle décidément étrangère, rien ne
saurait échapper à la haine qui sépare deux
races opposées: hommes, femmes, enfants, tout
succombe. (Ferd. Denis.) A cette nouvelle, toutes
les aldées se soulevèrent, l'insurrection devint
terrible. (Ford. Denis.)
— Bot. Genre de plantes de la famille des
hydrophyllées , réuni aujourd'hui au genre
phacclie.
ALDEGONDE (Sainte), née dans le Hainaut,
en 630, morte vers 080, fonda dans une soli-
tude des bords de la Sambre un monastère qui
fut le berceau du célèbre chapitre des cha-
noinesses de Maubeuge. Fête le 30 janvier.
ALDEGONDE (Philippe de Marïîix, baron
de Sainte-), littérateur et diplomate distingué,
ÀLD
né à Bruxelles en 1548, mort à Leyde en 1598,
étudia à Genève, où il se lia étroitement af ec
Calvin. De retour dans sa patrie, il fut de ceux
qui se distinguèrent par leur ardeur à reven-
diquer la liberté de conscience, combattit l'in-
quisition, et rédigea le célèbre pacte des nobles,
repoussé, en 1566, par Marguerite de Parme,
gouvernante des Pays-Bas. Guillaume 1er,
• prince d'Orange, auquel il s'était dévoué, l'en-
voya aux. Etats de Dordrecht, en 1572, pour
y plaider la cause de la liberté, et le chargea
par les Espagnols, Marnix consentit à se rendre
en leur nom auprès du prince d'Orange pour
sonder ses dispositions ; mais cette démarche
n'obtint aucun succès. Il reprit alors sa capti-
vité, dont il ne sortit qu'en 157-1. Nommé gou-
verneur d'Anvers en 1584, il fut assiégé par
le prince de Panne, et ne se rendit qu'après
treize mois de résistance. Il n'en fut pas moins
traduit devant les états généraux, qui le ren-
voyèrent absous, il se retira alors des affaires,
rentra dans la vie publique en 1590, comme
ambassadeur a la cour de France, et fut chargé
de nouvelles missions par le prince d'Orange.
En 1594, il entreprit, par ordre des Etats, de
traduire la Bible de l'hébreu en hollandais;
mais la mort le surprit avant l'achèvement de
ce travail. On lui doit aussi une traduction des
psaumes de David en vers hollandais, un traité
estimé : De l'Education des princes et des en-
fants} et différents écrits de controverse. Cette
vie si accidentée et si bien remplie a inspiré à
M. E. Quinet un ouvrage intitulé Marnix.
ÀLDEGItEVER (Henri), peintre allemand, né
en 1502 à Soest, mort en 1562, eut pour maître
Albert Durer. Ses peintures sont excessive-
ment rares : la plus importante, selon Waagen,
est un Jugement dernier qui appartient au
Musée de Berlin; la meilleure, un portrait
d'homme tenant un œillet, à la galerie Lich-
tenstein, à Vienne. Aldegrever parait, du
reste , s'être adonné de préférence à la gra-
vure : Bartsch ne lui attribue pas moins de
289 estampes, exécutées avec une grande ha-
bileté technique, mais dont plusieurs décèlent
l'influence de l'art italien.
aldéhydate s. m. (al-dé-i-da-te— rad.
aldéhyde). Chim, Combinaison do l'aldéhyde
avec une base. On donne souvent aux aidé-
lydates le nom i'acétylures.
aldéhyde s. f. (al-dé-i-de— de al, abrev.
de alcool ; de priv., et hyde, abrév. de hydro-
gène). Chim. Liquide, qui se produit lorsqu'on
place l'alcool sous l'influence de causes oxy-
dantes.
— Terme générique par lequel on désigne
n groupe de composés analogues à l'aldé-
.... . , ___,_,_.__ .... ~mpo_
— Encycl. I. — Des aldéhydes considé-
rées AU POINT DE VUE DE LA CHIMIE GÉNÉRALE.
Les aldéhydes représentent des alcools ap-
pauvris de deux équivalents d'hydrogène.
(V. Alcool.) Elles se produisent par l'action
r les alcools et si
ou des corps solides que l'oxydation trans-
forme aisément en acides. Entre une aldéhyde
et l'acide organique qui lui correspond, il y a
la même différence qu en chimio minérale entre
un acide en eux et un acide en ique (acide sul-
fureux et acide sulfurinue). Les principales
aldéhydes sont Valdéhyde proprement dite ou
aldéhyde acétique (CWOS), Valdéhyde propio-
nique {C^lVO^),\'aldéhyde butyrique (CaRSOï)
Valdéhyde valérique (CiOH'OO*), etc.
II. — De l'aldéhyde proprement dite.
Valdéhyde proprement dite, appelée encore
aldéhyde acétique, aldéhyde vinique, est un
liquide incolore d'une odeur éthérée particu-
lière ; il bout à 2108. Sa densité est 0,79 a 18° .
Il'est solubledans l'eau, l'alcool, l'éther, sans
action sur les couleurs végétales, s'enflamme
aisément et brûle avec une flamme pale. Deux
réactions bien nettes le caractérisent : 1° il
passe il l'état d'acide acétique quand il est
exposé a l'air: 2» il réduit très-prompte-
ment l'oxyde d'argent. Ces deux eifets ont
• la même cause, l'affinité de l'aldéhyde pour
l'oxygène. Mélangé avec une dissolution al-
caline et chauffé, il produit une résine noire
fétide. I! se forme dans un grand nombre
de circonstances, lorsque l'alcool, mis en con-
tact avec des corps oxygénants, ne subit pas
une combustion assez complète pour passer à
l'état d'acide acétique. On trouve quelquefois
au vinaigre une saveur et une odeur particu-
lières que l'on attribue à la présence de l'aldé-
hyde. L aldéhyde éprouve deux transformations
moléculaires intéressantes; il se change
élaldéhyde, qui reste a l'état liquide jusqu'à la
température de 94"; en métaldéhyde ' !
l'état solide et se volatilise à 120° r-
e, qui garde
dre. La découverte et l'étude de l'aldéhyde
sont dues à M. Liebig.
aldéhydique adj. (al-dé-i-di-ke-rad.a2-
déhyde). Chim. Nom donné à un acide qui,
selon quelques chimistes, serait intermé-
diaire entre l'acide acétique et l'aldéhyde,
mais dont l'existence ne parait pas dovpir
être admise. Ce qu'on a appelé acide aldé-
hydique n'est pour Gerhardt qu'un mélange
d aldéhyde, d'acide acétique, et d'autres pro-
duits d oxydation de l'alcool.
ALDENHOVEN, bourg de la Prusse rhénane,
entre Juliers et Aix-la-Chapelle; 1,300 hab.
Victoire des Autrichiens sûr les Français, le
ALD
1er mars 1793 ; défaite des Autrichiens par
Jourdan, le 2 octobre 1794. V. l'article suivant.
Aidonhoven (Combats d'). Deux combats de
ce nom ont été livrés, mais avec un résultat
bien différent, par les troupes françaises sous
la République.
Premier combat (l" mars 1793). Tandis que
Dumouriez faisait les préparatifs d'un débar-
quement en Hollande, nos frontières de l'Est
et du Nord étaient menacées par deux cent
soixante mille combattants : Prussiens, Autri-
chiens, Saxons, Bavarois, Anglais, etc. Le
projet de l'ennemi était de nous ramener de la
Hollande sur l'Escaut, de nous faire repasser
la Meuse, et de s'arrêter sur cette rivière jus-
qu'à ce que la place de-Mayence eût été reprise.
Le prince de Cobourg commandait les Autri-
chiens, qui s'avançaient sur la Meuse. Le
désordre régnait dans nos quartiers, que
Miranda, général de peu de capacité, avait
dispersés entre Maëstricht, Aix-la-Chapelle,
Liège et Tongres. Toute l'armée autrichienne,
forte de vingt-cinq mille hommes, avait passé
la Roer sans qu'il eût encore indiqué un lieu
de rassemblement. Le 1er mars 1793, le prince
de Cobourg commença son mouvement agres-
sif de grand matin. Trois de ses colonnes tom-
bèrent sur un poste de trois cents hommes,
l'emportèrent et pénétrèrent dans les lignes.
Les hussards hongrois enlevèrent les retran-
chements d'Aldenhoven, et peut-être l'armée
française eût-elle été entièrement détruite sans
l'héroïque dévouement du colonel de hussards
Lefort, qui se mit à la tête de toute la cava-
lerie et protégea la retraite. Nos troupes se
retirèrent en désordre vers Aix-la-Chapelle,
et en abandonnèrent même les portes à l'en-
nemi. Miranda, qui assiégeait Maëstricht, se
retira aussitôt sur Tongres. Nos autres géné-
raux précipitèrent également leur retraite, en
abandonnant une partie du matériel. Enfin,
ralliées' à Tirlemont, les troupes françaises
reprirent un peu de calme et d'assurance, et
attendirent l'arrivée de Dumouriez, qu'on rede-
mandait à grands cris.
Deuxième combat (2 octobre 1794). L'échec
dont nous venons de retracer les détails fut
brillamment vengé l'année suivante. Le géné-
ral Jourdan, maître d'Aix-la-Chapelle, résolut
de franchir la Roer et de se porter sur Alden-
hoven, en avant de Juliers, position que les
Autrichiens avaient fortifiée d'une manière
formidable. Mais Jourdan commandait à des
soldats qui, sous des chefs expérimentés, ne
connaissaient pas d'obstacles. La Roer, quoique
guéable en beaucoup d'endroits , était grossie
par les pluies, ses gués dégradés et hérissés
de chevaux de frise , ses ponts rompus , les
hauteurs qui s'étendent sur sa rive droite cou-
vertes de lignes et de redoutes que protégeait
une formidable artillerie. Le général français
divise son armée en. quatre corps, confie le
commandement de l'aile droite à Schérer,
celui de la gauche k Kléber, place Lefebvre
à l'avant-garde, et se réserve la direction du
centre. A cinq heures du matin (2 octobre 1794),
toutes les colonnes s'ébranlent et attaquent les
positions de l'ennemi ; en moins de deux heu-
res, le camp des Autrichiens est forcé et les
redoutes emportées avec un invincible élan.
Les soldats de Kléber, impatients du délai
nécessaire pour la construction d'un pont, se
jetèrent dans la Roer, la franchirent à la nage,
et se précipitèrent sur les retranchements
ennemis, qu ils enlevèrent à l'arme blanche.
L'infanterie autrichienne ayant voulu se pré-
senter pour protéger la retraite fut chargée,
culbutée, et ne dut son salut, ainsi que toute
cette armée, qu'au seul canon de Juliers, qui
empêcha les français de continuer leur pour-
suite. On vit deux escadrons de chasseurs ,
commandés par le général d'Hautpoul, charger
quatre escadrons ennemis et les jeter dans la
Roer. La nuit seule fit cesser le combat'. L'ar-
mée française se préparait à compléter son
triomphe le lendemain; mais les Autrichiens,
qui avaient perdu dans cette journée cinq
mille hommes tués ou blessés, avaient com-
mencé dès minuit à battre en retraite. Jourdan
se mit alors en mesure de bombarder Juliers ;
il suffît d'y jeter quelques obus pour forcer
les portes à s'ouvrir. On y trouva soixante
pièces de canon, cinquante milliers de poudre,
et l'on y fit huit cents-prisonniers.
ALDERMAN s. m. (al-dèr-mann — du sax.
œldor, ancien, vieux; matin, homme). Titre
de certains fonctionnaires municipaux, en
Angleterre et aux Etats-Unis : S'adresser à
raissent à la porte de l'appartement. (Scribe.)
Mai», Dieu merci, je n'ai pas un estomac d'AL-
derman. (V. Jacquin.)
Je doiB, comme alderman, lui résister en face.
C', Delavione.
Premier des aldermans, sans faire un pas, peut-être,
J'étais lord-maire : eh bien, j'ai refusé de l'être.
— L'Académie écrit au pluriel des alder-
mans. Comme ce mot est uniquement anglais,
et que chez nos voisins aldermen est la forme
plurielle de alderman, on peut choisir entre
les deux orthographes : Le lord-maire est tou-
jours choisi dans le corps des aldermen. (A.
— Encycl. Ce mot qui, d'après son étymo-
logie , exprimait dans l'origine, ainsi que les
mots sénateur^ seigneur, prêtre, l'autorité mo-
rale de la vieillesse, était, sous la domination
le titre d'une classe de la no-
ALD
blesse, en même temps que celui de fonctions
importantes. Les aldermen formaient l'assem-
blée nationale ou wittenagemot. Aujourd'hui
l'alderman, en Angleterre et dans une grande
partie des Etats-Unis, est une sorte d'échevin
chargé d'assister le maire dans l'exercice de
ses fonctions, de faire observer les règlements
de police et de veiller à la répression des con-
traventions et des délits. Délégués des quartiers
(wards), les aldermen siègent sur les bancs du
conseil municipal [common council). Le maire
est toujours choisi parmi eux. Leur nombre,
le mode de leur élection, ainsi que leurs attri-
butions, varient selon le3 divers comtés ou les
différentes villes. Indépendamment de leurs
fonctions administratives, ils sont juges de
paix. Réunis à certaines époques en sessions
sous la présidence d'un recorder (V. ce mot),
ils connaissent des matières criminelles.
de l'Angleterre). Agron. Nom d' _
vaches laitières, élevées dans l'île anglaise de
ce nom. Transportées en Angleterre dans los
environs des grandes villes, elles les approvi-
sionnent d'excellent lait.
ALDIN, INE adj. (al-dain, i-ne — de Aide,
n. pr.l. Qui a rapport aux Aides; qui vient
des Aides. Se dit particulicrem. des éditions
publiées par cette célèbre famille d'impri-
meurs : L édition aldine de Viryile , publiée
en 1501, est tris-estimée des savants et des
bibliophiles. C'est un volume aldin de valeur,
dont tes relieurs anglais et français ont daigné
ménager les marges. (Ch, Nod.)'
à Aide lo Vieux.
aldine s. f. (al-di-ne — de Aldini, n. pr.).
Bot. Arbre de la Jamaïque,
ALDINI (Appareil) s. m. Nom donné à un
appareil inventé par le physicien Aldini ,
pour combattre les incendies,
ALDINI (Tobie) , médecin italien, directeur
du jardin botanique du cardinal Edouard Far-
nèse, né à Césène, vers la fin du xvi<= siècle.
H a donné le premier la description exacte
d'une espèce d'acacia ou de mimosa, qui a
conservé jusqu'à nos jours le nom de farnê-
siana , dans le grand ouvrage qu'il publia
en 1625, avec figures, sur les plantes les plus
rares du jardin botanique dont il était di-
recteur.
A 1.1) INI (Antoine, comte) , homme d'Etat,
né à Bologne en 1756, mort en 1826. Profes-
seur de droit à Bolog
révolution, il devint pr<
anciens, dans la république cisalpine, fit partie
de la consulte de Lyon en 1801, fut nommé
d Etat du royaume d'Italie,
beaucoup de luxe dans le goût
Hiwcii; mais les dégâts qu'y commirent les
alliés, en 1815, le forcèrent h le vendre à la
bande noire.
ALDINI (Jean), physicien, frère du précé-
dent, né en 1762, mort en 1834. Professeur de
physique à l'université de Bologne, et l'un des
premiers membres de l'Institut italien , à sa
formation } il a beaucoup contribué à vulga-
riser la science, et a publié en italien, en fran-
çais et en anglais, un grand nombre d'ouvrages
sur le galvanisme , sur la vapeur, sur l'éclai-
rage au gaz , sur un appareil de sauvetage en
cas d'incendie, etc.
aldinie s. f. (al-di-ni — de Aldini, botan.
ita!.). Bot. Syn.du genre bractéogame.
ALDION s. m. (al-dï-on). Nom donné à un
serf d'une certaine classe, au moyen âge.
ALDIONAIRE s. m. (al-di-o-nè-re — du bas
lat. aldionarius , même sens). Sorte d'écuyer
qui, au moyen âge, était entretenu à l'armée
aux frais de son maître.
Aiiioiirniuiincs (Noces). Peinture à fresque
découverte en 1606, sous le pontificat de Clé-
ment VIII ( Aldobrandini) , dans l'ancien em-
placement occupé par les jardins de Mécène.
D'après Winckelmann, cette peinture, qui
forme un groupe de dix figures, représente
les noces de Thétis et de Pelée; suivant d'au-
tres, celles de Bacchus et de Cora. L'époux,
presque nu, ayant sur la tête une couronne de
feuillage, se tient près du lit sur une estrade.
L'épouse, encore enveloppée du flammeum ou
voile de noces, est assise sur le bord du lit
nuptial ; elle reçoit les encouragements et les
avis d'une des pronubœ , femmes qui accom-
pagnaient l'épousée et la dirigeaient pendant
la cérémonie. Près de là une autre femme
brûle des parfums, sans doute pour conjurer
les sortilèges, contre lesquels les anciens se
tenaient toujours en garda. Tout à fait à
droite, une prêtresse plonge la main dans un
bassin rempli d'eau lustrale, destinée à l'asper-
sion de la chambre. Au côté opposé , trois
autres femmes semblent occupées d'un sacri-
fice, pendant lequel l'une d'elles pince de la
lyre. Jusqu'à la découverte des ruines de
Pompéi, cette fresque fameuse était consi-
dérée comme le monument le plus précieux
de la peinture antique. Transportée d'abord
dans la villa Aldobrandini , elle fut vendue
ensuite par la famille Borghèse, Elle est au-
jourd'hui au Vatican. Le Poussin en a fait une
copie qui est restée célèbre.
ALDOBRANDINI, famille toscane connue à
ALE
187
Florence dès le xm« siècle, et dont les princi-
paux membres furent :
ALDOBRANDINI (Sylvestre), jurisconsulte,
né à Florence en H99, mort à Rome en 1553.
Il enseigna te droit à Pise, fut exilé par les
Médicis et publia des ouvrages de jurispru-
dence longtemps estimés.
ALDOBRANDINI (Hippolyte) , fils du pré-
cédent, devint pape sous le nom de Clé-
ment VIII. C'est lui qui donna l'absolution à
Henri IV.
ALDOBRANDINI (Jean), cardinal, né en
1525, mort à Rome en 1573, frère du précé-
dent, fut évêque d'Imola, et employé dans
différentes missions auprès do plusieurs sou-
verains pour les engager à une ligue contro
les Turcs. C'est dans la villa du cardinal Aldo-
brandini que fut transportée la fresque connue
sous le nom de Noces aldobrandines. (V. plus
ALDOBRANDINI (Thomas), frère du pré-
cédent, né vers 1540 , secrétaire des brefs du
pape Pie V, mourut jeune, laissant inachevée
une traduction latine, avec do savantes anno-
tations , des Vies des anciens philosophes , de
Diogène de Lafirce , et une paraphrase latine
d'un livre U'Aristote.
ALDOBRANDINI (Villa), l'une des plus
belles et des plus célèbres villas des environs
de Rome, située sur le penchant de la mon-
tagne qui domine Frascati. Le cardinal Aldo-
brandini, qui la fit élever, chargea de sa déco-
ration les plus éminents artistes de l'Italie,
entre autres Jacopo délia Porta, le Dominiquin,
le chevalier d'ArpmOjGiovani Fontana, etc. De
précieux débris dp l'art antique (V. Noces al-
dobrandines) furent réunis dans cette superbe
habitation qui, d'ailleurs, devait à ses jardins
en amphithéâtre, à ses vases, ses statues, ses
colonnes, ses cascades roulant sur le marbre,
ses fontaines jaillissantes, d'être un séjour
vraiment enchanteur. Son double horizon de
mer et de montagnes la fit surnommer le Bel-
védère. L'état d'abandon dans lequel elle a été
laissée vers la fin du dernier siècle et au com-
mencement du nôtre lui a malheureusement
fait perdre beaucoup de sa primitive splen-
deur. Elle appartient aujourd hui à la famille
Borghèse, héritière des Aldobrandini.
i-de — do
. , la famillo
des droséracées. L'aldrovando vésiculeuse ,
seule espèce de ce genre, habite tes eaux
dormantes do la Toscane et du midi de la
France. Au moment de la floraison, elle flotto
à la surface de l'eau, où elle se maintient à
l'aide de vésicules pleines d'air.
ALDROVANDI (Ulysse), célèbre naturaliste
italien, né à Bologne en 1522, mort en 1607. Il
voua sa longue existence à l'étude des sciences
naturelles, voyagea dans toute l'Europe, et
consuma son patrimoine à rassembler des ma-
tériaux pour sa grande Histoire naturelle ,
compilation immense, qui parut en treize vo-
lumes in-folio, de 1599 à 1608. Il ne put en
donner lui-même que les quatre premiers
volumes; la publication des autres fut confiéo
par le sénat de Bologne à divers professeurs,
qui travaillèrent en partie sur ses manuscrits.
Aldrovandi était professeur d'histoire naturelle
à Bologne. II entretenait à ses frais des pein-
tres et /les graveurs pour l'exécution de ses
travaux; ses collections et ses herbiers étaient
les plus riches qu'un particulier eût jamais
possédés. Ces sacrifices le réduisirent dans sa
vieillesse à une grande médiocrité de fortune ;
mais il n'est pas exact, comme on l'a tant
de fois répété d'après Gui Patin et Moréri ,
""';l soit mort délaissé à l'hôpital. On a trouvé
1 "-'- — ' "ilogne des preuves que
d'ailleurs des sommes
l'achèvement de son œuvre, vint
libéralement à son secours. Son travail, pré-
cieux pour les figures, est une compilation
indigeste, mêlée d observations sérieuses et do
fables extraites des anciens, d'allégories, d'a-
pologues, plus ou moins relatifs aux animaux
qu'il décrit. On le réduirait, dit Buffon, à la
dixième partie, si l'on en était toutes les inu-
tilités, toutes les choses étrangères au sujet.
Ce dixième, cependant, a beaucoup profité aux
naturalistes; et dans les autres parties, il se
rencontre des choses curieuses pour les my-
thologues, les antiquaires et les érudits. Ce
laborieux savant légua à sa ville natale son
cabinet et ses manuscrits, dont beaucoup sont
encore inédits. '
ALDSTONE-MOOR, ville d'Angleterre, dans
le comté de Cumberland. Mines de plomb
célèbres.
ALDUDES , commune du dép. des B.-Pyré-
nées, arrond. do Bayonne ; pop. aggl. 340 hab.
— pop. tôt. 2,358 haD. Ce pays, situé près des
frontières, est, de ce côté , un des principaux
points de passage entre la France et l'Es-
pagne. Le 5 juin 1794, quinze cents Français
de l'armée des Pyrénées-Occidentales s'em-
parèrent de la gorge des Aldudcs, défendue
par les Espagnols et des émigrés français.
ALE s. f. (è-lo — motangL). Bière anglaise
légère et moins houblonnee que le porter :
Boire de J'ale. Un verre rf'ALis. On trouve à
Paris, depuis quelques années, de i'ALB fran-
çaise. Accoudés à une table de taverne, ils bâ-
tissaient, près d'un pot <2'alb, le plan d'une
tragédie ("'.) Cholier, à qui je dois plus de
cinq cents livres, ne me coderait pas une bou-
teille (/'alb, une simple bouteille d'Ai.E. (L.
188 ALÉ
Gozlan.) h Quelques-uns, francisant le mot et
conformant l'orthographe à la prononciation,
écrivent aile.
— Homonymes. Aile, elle.
ALEA, surnom sous lequel Minerve était ré-
vérée a Aléa en Arcadie, à Tégée et à Man-
tinée. Son temple de Tégée était le plus ma-
gnifique du Péloponèse. Après sa victoire sur
Antoine , Octave enleva la statue d'ivoire de
la déesse, pour orner le forum qu'il avait fait-
construire.
ALÉA s. m. (a-lé-a — du lat. aléa, jeu de
hasard). Mot latin, néologisme qui a passé
dans notre langue et <jui signifie Chance,
hasard : H y a de î'aléa dans l'affaire que
vous me proposes.
ALEA JACTA EST1 Mots lat. qui signif. le
sort en est jeté! Exclamation fameuse pronon-
cée par César au moment de franchir le Ru-
bicon et de se mettre ainsi en guerre ouverte
avec la république. (V. Rubicon.) Ce mot, qui
est devenu la devise de ceux qui semblent
s'en rapporter au sort dans une circonstance
décisive, a été commenté ainsi par M. de La-
martine :
■ Allons donc, s'écria César, comme s'il cé-
dait à l'obsession de sa fortune, eKcomme s'il
croyait aux prodiges, allons où nous appellent
la voix des oieux et l'iniquité de nos ennemis.
Aléa jacta est, le sort en est jeté ! >
Mot irrévocable prononcé depuis par tous
les hommes qui, ne trouvant plus de fond dans
leurs pensées et contraints de choisir entre
deux périls suprêmes, prennent leur résolu-
tion dans leur caractère, ne pouvant la prendre
ailleurs, et se jettent a la nage sur le Rubicon
du hasard pour périr ou pour se sauver par le
Le mot de César est l'objet de fréquentes
allusions en littérature :
• De tous les ministres, M. Guizot, M. Du-
mon et M. de Salvandy étaient encore les
seuls qui siégeassent au banc du gouverne-
ment en février 18(8. Interrogé par plusieurs
députés sur la gravité de la situation, l'un
d'eux, M. Guizot, répondit en levant les bras
au ciel : Àlea jacta est.' » Sarrans.
« Celui qui écrit est comme un malade qui
ne sent pas, et celui qui lit peut donner des
conseils au malade. Ceux que vous me donnez
sur Adélaïde sont d'un homme bien sain;
mais, pour parler sans figure, je ne suis plus
guère en état d'en profiter. On va jouer la
pièce : Jacta est aléa! »
Voltaire, Lettre à M. de Cideville.
* Tout occupé des grands projets qu'il avait
formés, Triptolème pensait moins à l'appétit
que son voyage lui avait donné, qu'à sa grande
entreprise de civiliser les mœurs et de perfec-
tionner la culture des terres dans les îles
Shetland. ■ Alea jacta est! se dit -il à lui-
« même ; ce jour va prouver si les Shetlan-
■ dais sont dignes des travaux auxquels nous
« nous dévouons pour leur bonheur , ou si
■ leur esprit est aussi peu susceptible de cul-
i ture que leurs tourbières. >
Walter Scott.
ALÉANDRE (Jérôme), savant cardinal, éru-
dit lexicographe, né en 1480 dans la Marche
trévisane, mort en 1545. Appelé en France
par Louis XII, il professa les belles-lettres à
l'université de Paris, dont il devint recteur,
fut nommé par Léon X bibliothécaire du Va-
tican, signala son éloquence contre Luther à
la diète de Worms, à laquelle il assistait en sa
qualité de nonce de l'Allemagne, et suivit
François I" à Pavie, où il fut Tait prisonnier
avec le roi de France. Paul III le décora de
la pourpre. Ses écrits sont oubliés aujourd'hui.
ALÉANDRE (Jérôme), connu sous le nom
d'Aléandre Junior, petit-neveu du précédent,
né en 1574, mort à Rome d'un excès de table
en 1629. Il était antiquaire, poëte, littérateur
et jurisconsulte. On a de lui un Commentaire
sur les Institutes de Caïus, et des explications
sur les antiques, ouvrage très-remarquable
pour son temps. Ses poésies latines et ita-
liennes sont assez estimées. Le cardinal Bar-
berini, dont il était le secrétaire, lui fit faire
des funérailles magnifiques.
ALÉATOIRE adj. (a-lé-a-toi-re — du lat.
aleatorius , tiré de alea, jeu de dés). Se dit de
toute convention dont les résultats, quant
aux avantages ou aux pertes, dépendent d'é-
vénements incertains: Ventes, contrats aléa-
toires. L'assurance est un contrat aléatoire.
Vendre une récolte avant qu'elle soit mûre est
une vente aléatoire. Bien n'atteste mieux à
la fois l'audace et les ressources de l'esprit hu-
main que la théorie des contrats _~
bienfaisance par l'appât d'un lucre
(Ein. de la Bédoll.) Sur quoi fondez-vous cette
proposition aléatoire? (Balz.) Elle attend
la bonté pour la glc
V. Hue
— s. m. Qualité de ce qui est aléatoire,
incertain : L'aléatoire d'un marché. Le sala-
riat est ce degré intermédiaire qui sépare I'a-
léatoire de la stabilité. (Fr. Bastiat.)
— Bncycl. En droit on appelle contrat aléa-
toire, une convention réciproque dont les
effets , 'quant aux avantages et aux pertes,
soit pour toutes les parties, soit pour l'une ou
plusieurs d'entre elIeSj dépendent d'un événe-
ment incertain. Parmi les contrits aléatoires,
il en est que la loi ne reconnaît pas, et pour
lesquels on ne peut exercer d'action en jus-
tice : tels sont les jeux, les paris. D'autres
sont parfaitement licites et d'un usage habi-
tuel. Les principaux sont : les donations con-
tractuelles que se font d'ordinaire les époux
par leur contrat de mariage, et dont l'effet est
subordonné au prédécès de l'un d'eux; les
contrats d'assurance soit terrestre, soit mari-
time, soit sur la vie ; le prêt à la grosse aven-
ture; enfin le contrat à rente viagère.
ALÉATOIREMENT adv. (a-lé-a-toi-re-man
— rad. aléatoire). D'une manière aléatoire.
ALEATORIUM s. m. (a-lé-a-to-ri-omm).
Petit endroit réservé dans les grandes mai-
sons, chez les Romains, pour jouer aux jeux
de hasard.
. ALEAUME (Louis), poète français, né à
Verneuil en 1525, mort en 1596. Ses poésies
latines et françaises ont été -recueillies et pu-
bliées par son fils. On y remarque surtout le
poème latin intitulé.- Obscura Claritas.
ALEBRAN s. m. Chass. V. Albran.
ALEBRANDE s. f. (a-le-bran-do). Ornith.
Nom vulgaire de la sarcelle commune.
alebrenne s. f, (a-le-brè~ne.) Erpôt. Nom
vulgaire do la salamandre.
ALEGTHÉL-IE s. f. (a-lék-tô-lî — du gr.
alektor, coq; hélios, soleil,, parce que cet
oiseau se trouve sous l'équateur). Ornith.
Sous-genre de l'ordre des gallinacés et do la
famille des mégapodes, ne renfermant qu'une
espèce, qui habite les Moluques. Le seul in-
dividu connu vint, à la suite d'un gros temps,
se jeter, épuisé de fatigue, sur le pont de la
frégate la Coquille, dans l'expédition de Du-
mont d'Urvilie.
ALECTO s. f. (a-lèk-to — n. mythol.) Or-
nith. Genre ayant pour type le tisserin.
— Entom. Genre de coléoptères penta-
mères, qui habite Cuba.
— Echin. Syn. de comatule.
— Polyp. Genre de polypiers fossiles.
— Arachn. Section du genre mygale.
ALECTOIRE adj. (a-lèk-toi-re). V. Alec-
ALECTON, l'une des trois Furies, fille de l'A-
chéron et de la Nuit. Les poêles disent indif-
féremment Alecto ou Alecton :
Sur le front d'Alccto les couleuvres se taisent.
La Harpe.
.... Alçcton sort à ce cri puissant,
Alecton qui se plaît au meurtre, aux incendies,
Aux basses trahisons, aux noires perfidies.
Delille.
Là-dessus son épouse, en habits à'Alecton.
Vient au prétendu mort, approche de sa bière,
Lui présente un chaudeau propre pour Lucifer.
La Fontaine.
ALECTOR s. m. (a-lck-tor — du gr. alek-
tor, coq). Ornith. Nom donné quelquefois au
hocco de la Guyane.
— Encycl. Les aleclors constituent un genre
de gallinacés, intermédiaire entre les dindons
et les faisans. Ils ont la queue large et arron-
die, composée de douze pennes grandes et
raides, et -sont dépourvus d'éperons. Ils ha-
bitent l'Amérique, se tiennent dans les bois,
vivent de bourgeons et de fruits, perchent et
nichent sur les arbres, sont très-sociables et
faciles à domestiquer. On les divise en hoccos,
pauxis, guans ou jacous, hoazins etparraquas.
ALECTORIDES s. m. pi. (a-lèk-to-ri-de —
du gr. alektor, coq; eidos, forme). Ornith.
Famille d'ôchassiers à bec court, renfermant
les genres agami, cariama, glareole, kamichi
et chavaria.
ALECTORIE s. f. (a-lèk-to-rî — du gr.
alektor; coq). Bot. Nom collectif sous lequel
on désigne certains lichens à fronde cylin-
drique, très-rameux, qui vivent sur les
branches des arbres, en laissant pendre leurs
longues divisions cartilagineuses, flexibles et
presque capillaires. Les alectories ne consti-
tuent pas un genre spécial, mais un état par-
ticulier qu'affectent des espèces très-diverses.
alectorien, enne adj. (a-lèk-to-ri-ain,
è-ne — du gr. alektor, coq). Qui appartient
au coq. Se disait d'une pierre qui se forme,
dit-on, dans l'estomac, et, selon d'autres, dans
le foie des coqs, et à laquelle on attribuait
des propriétés merveilleuses. Dans ce sens,
— Antiq. gr. Jeux atectoriens, Jeux célébrés
en Grèce en mémoire do ce que Thémistocle,
partant pour combattre les Perses, se servit,
pour animer ses soldats, de l'exemple de deux
coqs qui combattaient avec acharnement.
alectorolophe s. m. (a-lèk-to-ro-lo-fe
— du gr. alektor, coq: lophos, crête). Bot.
Genre de plaintes de la famille des personnées,
tribu des rhinanthées, formé aux dépens du
genre rhinanthe. Il C'est aussi le nom spéci-
fique d'une espèce d'oseille sauvage.
ALE
ALECTOROMANCIE S. f. V. ALECTRYO-
MANCIE.
ALECTOROMANCIEN. V. ALECTRYOMAN-
ALECTRE s. f. (a-lèk-tre). Bot. Genre de
plantes de la famille des scrofularinées, plus
souvent réuni au genre glossostyle.
ALECTRIDES OU ALEGTRYDES S. m. pi.
■ (a-lèk-tri-de — du gr. alektor, coq, et eidos,
forme). Ornith. Famille d'oiseaux renfermant
le seul genre pénélope ou yacou.
ALECTRIMORPHE adj. ( a-lèk-tri-mor-fe
— du gr, alektor, coq; morphè, forme). Or-
nith. Qui a la forme d'une poule, qui res-
semble à une poule. .
— s. m. pi. Famille d'oiseaux grimpeurs
qui offrent une grande ressemblance avec les
poules.
ALECTRURE adj. (a-Ièk-tru-re — du gr.
alektor, coq ; aura, queue). Ornith. Qui a les
plumes de la queue élargies et disposées en
éventail, à peu près comme celles du coq.
— s. m. Syn. de gallite.
ALECTRYDES S. m. pi. V. ALECTRIDES.
ALECTRYOMACHIE s. f. (a-lèk-tri-o-ma-ki
— du gr. alektruân, coq; machê, combat).
Joute de coqs.
ALECTRYOMANCIE s. f. (a-lèk-tri-o-man-
sî — du gr. alektor^ coq; manleia, divina-
tion). Antiq. gr. Divination dans laquelle les
anciens Grecs se servaient d'un coq pour dé-
couvrir l'avenir ou savoir le passe. Le coq
était placé au milieu d'un cercle divisé en
vingt-quatre cases, sur chacune desquelles
était inscrite une des lettres de l'alphabet^
et placé un grain d'orge ou de froment. Puis
on composait une syllabe ou un mot d'après
l'ordre que le coq avait suivi en avalant les
grains, n On dit aussi alectoromancie,
ALECTRYOMANCIEN adj. et s. m. (a-lèk-
tri-o-man-si-ain). Qui appartient à l'alec-
tryomancie, qui pratique 1 alectryomancie. il
On dit aussi alectoromancien.
ALECTRYON s. m. (a-lèk-tri-on — du gr,
alektruân, coq). Moll. Section du genre buccin.
— Bot, Genre do sapindacées, de la Nou-
velle-Zélande.
ALECTRYON, serviteur de Mars. Ce dieu
le changea en coq, parce qu'il l'avait laissé
surprendre avec Vénus par le Soleil.
Alectryonie s. f. (a-lèk-tri-o-nî — rad.
alectryon). Moll. Genre proposé pour quelques
espèces d'huîtres à valves profondément den-
telées sur les bords, et qui n'a pas été adopté.
ALEF s. m. (a-lèfi). Philol. Première lettre
de l'alphabet hébraïque. V. Aleph.
ALÉGATE ou ALICATE S. f. (a-lé-ga-te).
Techn. Pince d'émaillour.
ALÈGRE (d'), nom d'une ancienne et illustre
maison d'Auvergne, qui date du xine siècle.
Les membres les plus connus de cette famille
sont : Yves, baron d'Alègre, qui suivit Char-
les VIII à la conquête du royaume de Naples
et fut nommé par Louis XII gouverneur du
duché de Milan. Il fut tué en 1512 à la bataille
de Ravenne, dont sa valeur contribua beau-
coup à assurer le succès; — le marquis d'A-
lègre, qui fit assassiner en 1592 François de
Montmorency de Hallot; — Yves d'Alègre,né
en 1653, mort en 1733, petit-fils du précédent.
Il combattit à Fleurus, où il fut blessé, fit les
guerres d'Allemagne et de Flandre , s'empara
de Bouchain en 1712, trempa, dit-on, dans la
de familles se sont rendi
lèbres par les duels et les assassinats, dont un
grand nombre de ses membres furent les au-
teurs ou les victimes.
ALÉGRIE s. f. (a-lé-grî). Bot. Arbre du
Mexique, peu connu, et rapporté avec doute
à la famille des tihacées. Ses feuilles sont
ovales et dentelées ; ses fleurs blanches et de
la grandeur d'une rose.
ALÉIODE s. m. (a-lé-io-de). Entom. Genre
d'insectes hyménoptères, de la famillei des
ichneumoniens, et qui avait été antérieure-
ment désigné sous le nom de rogas.
ALEIRON ou ALÉRON s. m. (a-lé-ron —
du lat. ala, aile). Techn. Tringle de bois au
moyen de laquelle, avec l'aide de cordes pla-
cées dans les trous qui y sont pratiqués, on
hausse et on relève les lisses d'un métier à
ALEM s, m. (a-lèmm). Etendard impérial
de l'empire turc.
ALEMAN (Louis), connu sous le nom de car-
dinal d'Arles, né dans le Bugey en 1390, mort
en 1459. Evèque de Maguelonne, puis arche-
vêque d'Arles, il fut créé cardinal par Mar-
tin V, joua un rôle important dans le concile
de Bàle, fit déposer le pape Eugène IV et pla-
cer la tiare sur le front d'Amédée VIII, duc
de Savoie, qui prit le nom.de Félix V. Toute-
fois, pour mettre fin au schisme, il finit par
engager lui-même ce prince à abdiquer.
ALEMAN (Mathieu), écrivain espagnol, né à
Séville, vers le milieu du xvi» siècle, moi-t au
Mexique vers 1620. Il fut pendant vingt ans
contrôleur des finances de Philippe II, et se
rendit célèbre par son roman de Guzman
d'Alfarache, qui parut à Madrid en 1599, et
obtint un succès presque égal à celui de Don
ALE
Quichotte, publié cinq ou six ans plus tard. Il
a été plusieurs fois traduit en français. \a
version de Le Sage est une imitation libre
plutôt qu'une traduction.
ALEMANN1 ou ALAMANNI, nom donné pri-
mitivement à une confédération guerrière de
plusieurs tribus allemandes, qui parurent sur
le Mein au commencement du iw siècle après .
J.-C. Successivement repoussés par Caracalla
en 21 1, par Alexandre Sévère quelques années
après, par Maximin en 236. par Posthumius,
par Prôbus en 282, ils parvinrent enfin à s'é-
tablir entre le Mein et le lac de Constance.
Vaincus par Julien, ils s'unirent au ve siècle à
divers autres peuples, tels que les Suèves et
les Souabes, s étendirent jusqu'au Rhin et aux
montagnes des Vosges, mais n'en furent pas
moins écrasés par Clovis à Tolbiac, en 496.
ALÉMANNIE ou ALAMANNIE, vaste duché
formé pendant le veetle vie siècles par les Ale-
mans, confondus avec les Suèves. Ce duché
comprenait la belle vallée du Rhin, et s'éten-
dait du mont Saint-Gothard au Mein, et des
Vosges jusqu'aux Alpes.
ALÉMANNIQUE OU ALAMANNIQUE adj.
(a-lé-ma-ni-ke). Géogr. Qui a rapport à l'Ale-
mannie ou à ses habitants : Les tribus alé-
Dialecte alémannique, Ancien d ...
langue allemande, qui était parlé en Souabc
et dans une partie de l'Alsace et de la Suisse.
C'est dans ce dialecte que sont écrites la plu-
part des poésies légendaires de l'Allemagne.
ALEMANS s. m. pi. (a-le-man — de l'anc.
allem. aile, tout; mannen, hommes, gens do
toute origine). Peuplade germanique, éta-
blie entre le Mein , le Rhin et le Danube, et
composée de plusieurs tribus, telles que les
Teuctères et les Usipiens, etc. Après avoir
battu plusieurs fois les légions romaines, ils
furent refoulés au delà du Rhin qu'ils avaient
traversé, reconquirent une certaine impor-
tance au ve siècle, et furent vaincus et dis-
persés par Clovis, à la bataille de Tolbiac.
ALEMANUS, l'Hercule des anciens Ger-
mains, était roi des Boîens, qui en firent,
après sa mort, leur dieu de la guerre. Ils l'in-
voquaient et chantaient ses louanges avant les
batailles. Il était surtout révéré aux environs
de Ratisbonne et en Franconie.
ALEMBERT (Jeaii le Rond d'), géomètre,
littérateur, et l'un des hommes les plus illustres
du xvme siècle, né à Paris, le 16 novembre
1717. Il était enfant naturel de Mme de Ten-
Dest'ouches, et avait été exposé dès sa nais-
sance sur les marches de la chapelle de Saint-
Jean-le-Rond, près de Notre-Dame. Le com-
missaire du quartier le confia à la femme d'un
pauvre vitrier, qui fut sa nourrice, et qu'il ne
cessa jamais de considérer comme sa véritable
mère. Au reste, son père répara autant qu'il le
put cet abandon, en lui assurant, sans se dé-
voiler, une rente de douze cents livres. A
douze ans, le jeune d'Alembert entra au col-
lège des Quatre-Nations, pour y achever ses
études. Parvenu à la classe de philosophie, il
écrivit sur l'Epitre de saint Paul aux Romains
un commentaire qui fit sensation parmi ses
maîtres, jansénistes ardents. Ils crurent avoir
trouvé en lui le germe d'un nouveau Pascal,
et s'efforcèrent de diriger ses facultés vers
l'étude de la géométrie, sans doutç pour com-
pléter l'analogie. Mais son génie trouvant dès
fors sa voie, il ne fut plus possible de le déta-
cher de cette étude, et il abandonna pour ja-
mais la théologie. Au sortir du collège, il re-
vint auprès de sa nourrice. Il y vécut plus de
trente années, dans la même simplicité, et ca-
chant si bien sa gloire dans sa familiarité, sui-
vant l'expression de Condorcet, que cette
bonne femme ne s'aperçut jamais qu'il était
un grand homme. Quant à la réponse qu'on
lui prête : « Ma vraie mère, c'est celle qui
m'a nourri de son lait ; je n'en connais point
d'autre, » elle est vraisemblable, si l'on en juge
d'après sa conduite noble et touchante ; pour-
tant il convient de dire que M™e de Tencin
ne lui a jamais fourni l'occasion de prononcer
cette parole , et n'a jamais revendiqué ses
droits de mère. La nécessité de s'assurer une
position dans le monde le décida à étudier suc-
cessivement le droit et la médecine; mais,
heureusement pour la science, sa passion pour
les mathématiques l'entraina, et, prenant cou-
rageusement son parti sur la pauvreté qui
l'attendait dans cette carrière, il s'y voua irré-
vocablement. Ses premiers pas furent décisifs
et le placèrent au rang des maîtres. Un Mé-
moire sur le calcul intégral (1739); un autre
sur la réfraction des corps solides (1741), où il
examine le mouvement d'un corps solide qui
passe, suivant différentes directions, d'un fluide
dans un autre, firent admettre dans l'Académie
des sciences le jeune géomètre, qui n'avait pas
encore vingt-quatre ans. Deux années après,
il publia son principal ouvrage , son Traité de
dynamique (1743). Le problème de la composi-
tion des mouvements comprend deux cas dis-
tincts, celui où les mouvements composants se
détruisent les uns les autres, et celui où, sans se
détruire absolument, ils produisent un mouve-
ment final. De là la statique et la dynamique : '
or, d'Alembert, considérant les forces en équi-
libre comme des mouvements empêchés, fit
voir que la statique n'est qu'un cas particulier
de la dynamique, le cas ou, étant donnés plu-
sieurs mouvements dépendant les uns des
autres , on parvient à. déterminer les circon- .
stances ou les conditions qui les font aboutir à
ÀLE
un mouvement nul. De cette façon les équa-
tions d'équilibre deviennent des équations de
mouvement qui reposent sur le théorème sui-
vant, connu sous le nom de Principe ded'Alem-
bert : Si l'on considère un système de points
matériels liés entre eux de manière Que leurs
masses acquièrent des vitesses respectives diffé-
rentes, selon qu'elles se meuvent librement ou
vrages : Mémoire sur la cause générale des
vents (ms), qui remporta le prix de l'Académie
de Berlin, et dans lequel l'auteur recherchait
l'influence que le soleil et la lune peuvent
exercer sur la partie gazeuse de notre globe. —
Recherches sur .la précession des équinoxes
(1749), où l'on trouve la première solution gé-
nérale servant à déterminer le mouvement de
rotation d'un corps de figure quelconque. —
Essai sur la résistance des fluides (1752). —
Jlecherches sur différents points importants du
système du monde (1754). — -Enfin un nombre
considérable d'opuscules sur toutes les parties
des mathématiques, parmi lesquels on doit par-
ticulièrement distinguer des essais de calcul
intégral, et l'application q
calcul a la Théorie des cori
Toiles sont les œuvres capitales de d'Alem-
bert en géométrie. Bientôt, entraîné par, Di-
derot, il entra dans une voie plus large, sans
abandonner cependant les études qui lui
étaient chères et sans cesser d'enrichir les re-
cueils d'académie de ses admirables disserta-
tions sur les questions de mathématiques et
«l'astronomie. Associé à Diderot pour la fon-
dation de la grande Encyclopédie, il en écrivit
le Discours préliminaire, admirable morceau
où il montrait l'esprit humain marchant par
.sa propre force à la conquête successive de
toutes les connaissances, et où, appuyant
sa démonstration sur l'histoire, il esquissait
à larges traits le progrès des sciences dans le
mouvement de l'humanité. 11 rédigea en outre
un grand nombre d'articles scientifiques ou
philosophiques pour l'Encyclopédie, et se char-
gea d'en revoir toute la partie mathématique.
Entraîné dès lors dans le grand courant du
siècle, philosophe sceptique en religion et en
métaphysique, il garda cependant une réserve
qui avait quelque chose de la prudence de
Fontenelle ; il pensait, suivant les expressions
de Condorcet, qu'au lieu d'attaquer de front
des préjugés dangereux, il vaut mieux élever
à coté d'eux des vérités dont la fausseté de
ces opinions est une conséquence facile à dé-
duire. Le fond de sa pensée, entrevu déjà
dans ses ouvrages philosophiques et littéraires,
ne parut bien à découvert que dans sa volu-
mineuse correspondance avec Voltaire, qui fut
publiée plus tard par Condorcet. Néanmoins,
ses véritables sentiments éclataient assez,
malgré sa tolérance et sa modération, pour lui
susciter de nombreux ennemis en même temps
que sa renommée grandissait dans toute l'Eu-
rope. Ces ennemis répétaient, avec plus de
mauvaise foi que d'esprit, qu'il était un grand
géomètre parmi les littérateurs, et un bon
littérateur parmi les géomètres. La postérité
n'a point ratifié cette saillie paradoxale, et nul
ne conteste aujourd'hui que d'Alembert ne fût
nu premier rang parmi les géomètres de son
siècle. S'il ne s'est élevé qu'au second en litté-
rature et en philosophie, il n'en brille pas*
moins par sa passion pour la recherche de la.
vérité, par des pensées ingénieuses et souvent
élevées, et par un style sobre, limpide et pré-
cis. Ses principaux ouvrages en ce dernier
genre sont les suivants : Mélanges de philoso-
phie et de littérature; Essai sur les gens de
lettres, vigoureuse attaque contre les littéra-
teurs qui se font les familiers des grands;
Eléments de philosophie, où il cherchait à
appuyer la morale sur la certitude géomé-
trique, et où il émettait ce principe, qu'un
homme ne doit pas regarder comme légitime
l'usage de son superflu, lorsque d'autres sont
privés du nécessaire ; des Mémoires sur Chris-
tine de Suède, sur la Suppression des jésuites,
des Eléments de musique, etc. — Sa querelle
■ avec Jean-Jacques Rousseau a propos de son
article Genève, où il déplorait la proscription
portée par les calvinistes contre les théâtres,
offrit le spectacle singulier d'un mathématicien
prenant parti pour la liberté dès arts contre
un littérateur couronné au théâtre et qui s'é-
levait contre les spectacles.
Entré en 1754 a l'Académie française, il en
fut nommé secrétaire perpétuel en 1772, et
écrivit alors ces Elogeshistoriques des acadé-
miciens morts de 1700 a 1770, qui forment une
suite naturelle à l'ouvrage de Pellisson et
d'Olivet.
Le caractère de d'Alembert était honorable
et pur, indépendant et droit. Malgré la médio-
crité de ses revenus, il ne se lassa jamais de
venir au secours de toutes les infortunes. Par-
venu au faite do la célébrité, membre de toutes
les académies, lié avec les hommes les plus
illustres, en correspondance suivie avec des
souverains, il continuait de vivre avec la même
simplicité, soutenant sa vieille nourrice, et
n'abandonnantaprèsde longues années le logis
étroit et le quartier malsain qu'elle habitait
que chassé par la maladie et par l'ordre for-
mel des médecins. Frédéric le Grand avait en
vain voulu le fixer à Berlin, et n'était parvenu
que difficilement à lui faire accepter une mo-
ALE "
dique pension. Le philosophe avait également
refusé les offres brillantes de l'impératrice
Catherine, autant par simplicité de goûts que
par indépendance de caractère. I/étude et
l'amitié suffisaient à sa vie. On connaît sa
longue liaison avec M'ie de VEspinasse , qu'il
avait connue chez Mme du Deffand. L'inalté-
rable affection qu'il nourrit pendant vingt
années pour cette personne aimable et spiri-
tuelle, mais d'un esprit romanescjue, fut pour
lui la source de cruelles souffrances, dont
Marmontel était le seul confident. Non-seule-
ment il essuya avee la plus admirable con-
stance ses froideurs, ses injustices etses amer-
tumes, mais encore il ferma les yeux sur ses
faiblesses et poussa le dévouement pour elle
i propre dignité, jusqu'à
.„. .nême, dès le matin, les
lettres qu'elle recevait du marquis de Mora,
pour les lui présenter à son réveil. Sa mort
(l 776) le plongea dans un désespoir qui aggrava
dans ses dernières années les souffrances de la
maladie. Il mourut de la pierre, dont il n'avait
pas voulu se laisser opérer, le 29 octobre 1783,
après avoir institué pour ses exécuteurs tes-
tamentaires Watelet et Condorcet. Ce dernier
prononça son éloge à l'Académie des sciences.
C'est un des plus beaux morceaux qui soient
sortis de la plume de ce grand écrivain.
La meilleure édition des œuvres littéraires
et philosophiques de d'Alembert est celle de
Bossango, Paris, 1821 : on y trouve, outre plu-
sieurs morceaux jusqu'alors inédits, sa cor-
respondance avec Voltaire et Frédéric. Ses
œuvres scientifiques n'ont malheureusement
jamais été réunies en collection complète.
ALEMBROTH s. m. et adj. (al-an-brott —
mot chald. qui signif. la clef de l'art). Alchim,
Sel alernbrolh ou sel de sagesse, Produit que
l'on obtient en sublimant ensemble du deuto-
chlorute de mercuro et du chlorure d'ammo-
niaque.
ALEMDAR s. m. (a-lèmm-dar). Officier qui
porte l'étendard vert do Mahomet, lorsque le
sultan assiste à quelque solennité.
ALÉMONA ou AL1MONA. Myth. Chez les
Romains, déesse qui présidait au premier dé-
veloppement de 1 enfant dans le sein de sa
ALENÇON, ch.-lieu du départ, de l'Orne, à
193 kil. 0. de Paris, au confl. de la Sarthe et
de la Briante; pop. aggl. 13,401 hab. — pop.
tôt. 1G,U0 hab. Larr. a e cant., 91 comm.,
71,202 hab. Le plus beau monument de la ville
est l'église Notre-Dame, édifice gothique orné
de magnifiques vitraux et d'un superbe portail.
Fabriques de dentelles et de toiles dites -point
et toiles d'Alençon; patrie du médecin Desge-
nettes, des conventionnels Hébert (le rédac-
teur du Père-Duchesne) , Dufriche-Valazé , et
du naturaliste La Billardière.
. ALENÇON (point d') s. m. Sorte de dentelle
très-fine qui se fabrique à Alençon : Le point
d'Alençon n'est point encore déchu du rang que
ses produits avaient conquis par lessoins du mi-
nistre de Louis XIV. (Manuf. comp.) Quelques
jeunes personnes travaillaient sans honte à des
dessins pour du point d'Alençon. (Balz.) De
doubles rideaux de point d'Alençon cachaient
entièrement les vitres. (E. Sue.)
— Encyol. C'est sous l'administration de
Colbert qu'on commença à fabriquer de la
dentelle a Alençon. Cette dentelle imitait plus
ou moins le point de Venise, ville qui, d'ailleurs,
a fourni les premières ouvrières. Elle se tra-
vaille entièrement à la main, sur un parche-
min, avec une aiguille et une petite pince ; il
n'y entre que du fil de lin et jamais de coton.
Ce fil, qui se tire des environs de Nouvion
(Somme), vaut de 100 à 1,200 fr. le demi-kilo-
gramme, suivant son degré de finesse. Chaque
coupe est le produit du travail de 10 ou 12 ou-
vrières, dont chacune fait des morceaux longs
seulement de 20 à 30 centimètres, qui sont rat-
tachés ensuite par des coutures imperceptibles.
— Le point d'Alençon s'appelait primitivement
point de France, et avait tellement été mis à
la mode à la cour, qu'on n'était reçu à Ver-
sailles qu'à la condition d'en porter sur soi. Sa
fabrication occupait, avant 1789, jusqu'à 9,000
ouvrières. Tombée dans le marasme et pour
ainsi dire abandonnée depuis lors, jusque vers
1830, cette fabrication a repris un nouvel essor,
et, par la richesse et la finesse de ses dessins,
le point d'Alençon a été, dans les dernières
expositions internationales, qualifié de reine
des dentelles.
ALENÇON (duc d'), titre que porta François,
duc d'Anjou, jusqu'à l'avènement de son frère
Henri III au trône de France.
ALE
.18
ALENÇON (comtes et ducs »'). Le comté
d'Alençon , possédé par des seigneurs nor-
mands dont est sortie la branche anglaise de
la maison de Montgommery, fut réuni à la
couronne par Philippe-Auguste, en 1221, puis
donné en apanage a une branche des Valois,,
en faveur de laquelle il fut érigé en duché-
pairie, en 1414. Cette branche de Valois, éteinte
au commencement du xvie siècle, a pour au-
teur Charles de Valois, frère du roi Philippe IV,
qui lui donna le comté d'Alençon en 1293.
Charles 1er, d'Alençon, mourut en 1325, laissant
pour successeur Charles II, tué à la bataille do
Crécy, en faveur de qui le comté avait été
érigé en pairie, en 1328. Charles II eut pour
fils Charles III, qui se fit moine, devint arche-
a otage du roi Jean, et qui,
mourut en 1404, laissant pour successeur Jean
de Valois, son fils, en faveur de qui le comté
d'Alençon fut érigé en duché-pairie, en 1414,
et qui le premier porta le titre de duc d'Alen-
çon. Il fut partisan de la faction d'Orléans et
périt à la bataille d'Azincourt, laissant pour
successeur Jean de Valois, duc d'Alençon,
longtemps prisonnier des Anglais, puis com-
pagnon d'armes de Jeanne d'Arc: condamné
sous prétexte d'intelligences avec les Anglais,
mais en réalité pour avoir favorisé les intrigues
du dauphin, depuis Louis XI, il fut emprisonné,
puis 'mis en liberté à l'avènement de ce der-
nier. Convaincu de nouvelles intrigues, il fut
de nouveau enfermé et mourut en prison (1476).
II eut pour successeur son fils René, due d'A-
lençon, dépouillé par Louis XI et enfermé pen-
dant plusieurs mois dans une cage de fer.
Réintégré par Charles VIII, il mourut en 1492,
laissant pour fils et successeur Charles IV, duc
d'Alençon, marié à l'illustre Marguerite de
Valois, sœur de François I", et qui, après s'être
vaillamment comporté dans différentes cam-
pagnes, prit la fuite à la bataille de Pavie, et
en mourut de honte, sans laisser d'enfants.
.584. Vendu au duc de Wurtemberg, il
passa par héritage à Gaston d'Orléans, puis à
sa seconde fille, M"<= d'Alençon, mariée an due
de Guise, fut réuni une troisième fois à la
couronne, donné en apanage à Charles, duc
de Berry, petit-fils de Louis XIV; réuni de
nouveau, il donna une dernière fois son titre
à Louis-Stanislas-Xavier de Bourbon, frère du
ALENÇONNAIS, AISE s. et adj. (a-lan-so-
nè, è-ze — rad. Alençon). Qui cst_ d'Alençon,
qui habite cette ville: Elle a épousé un Alen-
çonnais. Une jeune Alençonnaisk. h Qui ap-
partient à Alençon ou à ses habitants : Le
commerce alençonnais est très-actif.
alêne s. f. (a-Iê-ne — autref. alesne, de
l'esp. alesna. Ce mot se présente sous des
formes identiques dans un grand nombre d'i-
diomes, et toutes semblent devoir se rappor-
ter à un même type, le goth al, signifiant
aiguille; en ail. ahle). Espèce de poinçon d'a-
cier ou de fer aciéré, droit ou courbe, en forme
de losange vers sa pointe, dont se servent les
cordonniers, les bourreliers, etc., pour percer
le cuir afin de le coudre : Il s'est blessé avec
s»n alêne. Les alênes de Toulouse sont répu-
tées les meilleures. — En 17S9, un cordonnier
orateur et qui, quoique farouche républicain,
dissimulait soigneusement sa profession, sti-
mulé par l'exemple de Camille Desmoulins,
était monté sur une chaise dans le jardin du
Palais-Royal, et se préparait à faire une mo-
tion populaire. Comme il était tout essoufflé
et qu il ne proférait que des mots entrecou-
pés, un plaisant lui cria : ■ Reprenez votre
haleine. » Il se crut reconnu, et ce mauvais
jeu de mots coupa net le fil de son discours.
— Manier l'alêne, Exercer l'état de cordon-
nier : Je ne commençais jamais ma journée sans
soupirer, en pensant combien j'aimerais mieux
manier le crayon et le pinceau que J'alène.
(G. Sand.)
— Ane. art milit. Sorte de flèche.
— Conchyl. Nom donné à quelques espèces
du genre vis.
— Ichthyol. Npm vulgaire d'une espèce de
raie à museau aigu. •
— Encycl. Les alênes sont en acier et se font
à la forge et à la lime : on commence par les
faire droites et on les courbe ensuite. Après
les avoir trempées et recuites, on les polit en
les agitant dans des sacs de peau avec de l'é-
meri et de l'huile , après quoi on les dégraisse
avec de la sciure de bois. Droites et coniques
dans l'origine, les alênes ne sont arrivées que
par des perfectionnements graduels à la forme
qu'elles reçoivent aujourd'hui.
— Homonyme. Haleine.
alêne, ÉE adj. (a-lé-né— rad. alêne). Qui
est on forme d'alcne, pointu comme une alêne.
— Bot. Syn. peu usité de subulé.
alénier s. m. (a-lê-ni-é — rad. alêne).
Fabricant ou marchand d'alênes; ouvrier qui
fait des alênes.
alénois adj. m. (a-lé-noi — rad. alêne,
parce que, dit-on, le cresson alénois est de
saveur ûcre, piquante comme une alêne; ou
mieux, corruption de Orlenois, c'est-à-dire
Orléanais, pays où ce cresson croît en abon-
dance. La phrase suivante d'un de nos vieux
auteurs donne quelque certitude à cette éty-
mologie :
Aus et oingnons à longue alaine !
Puis après cresson da fontaine !
AI.ENTEJ O (a-lain-té-jo— e'est-a-dire audelà
du Tage). Prov. de Portugal, ch.-l. Evora, bor-
"" '• "^ ---"---— Atlantique et TEstrama-
dure, au S. par les Algarves," à TE.
Eagne, au N. par la prov. de Beir
ab. Pays de plaines parcourues par des
chaînes aie montagnes peu élevées ; nombreux
marécages; climat chaud et très-sec: récolte
abondaste de froment, orge, riz, huile, fruits
excellents; élève considérable de chèvres, de
moutons et de porcs ; fromages renommés.
Cette province est couverte de places fortes,
dont les plus importantes sont Elvas et Campo-
Mayor.
alenti, IE (a-lan-ti) part. pass. du v.
Alentir : J'ai cru, en voyant cette abbaye, re-
voir mes bois et mes étangs de Combourg, le
soir, aux clartés alknties du soleil. (Chatcaub.)
J'allais me déclarer sans l'offre d'Aristie,
Non que ma passion s'en soit vue alcnlie.
ALENTIR v. a. ou tr. (a-lan-tir — du lat.
lentus, indolent, long à agir). Rendre lent,
plus lent, ralentir : II ne faut ■qu'augmenter
le nombre des roues d'une horloge, ou charger
son balancier, pour alentir son mouvement.
(Trév.)
— Fig. : // fut résolu à Blois qu'on traite-
rait une paix pour alentir les desseins des
réformés. (D'Aubigné.)
Je veu
m rival alentir les transports
MoLii
S'alentlr, v. pr. So ralentir : J'en trouve qui
se mettent inconsidérément et furieusement en
liçe et s'alentissent en la course. (Montnig.)
L'escarmouche s'alentissait ; tout ce qui était
sur le pont entra d la file. (Sully.) l'ardeur des
soldats commence un peu à s'alentir. (Richcl.)
La fureur s'alcntit par le retardement.
ALENTISSEMENT s. m. (a-lan-ti-so-man
— rad. alentir). Action d'alentir, de so ralen- .
tir. 11 Ce mot, ainsi que les précédents do la
même famille, a vieilli. On dit aujourd'hui
RALENTISSEMENT, RALENTIR, etc.
ALENTOUR adv. (a-lan-tour — de la prép.
à, l'art, le et le subst. entour). Aux environs,
dans les lieux cireonvoisins : Tourner, rôder
alentour. On ne voyait alentour que des
gens de mauvaise mine. Elle répandait alen-
tour une puanteur insupportable. (Mass.) Vous
tournez alentour, ~vous regardes, vous cher-
che:, les portes sont fermées, mais les bedeaux
les ferment pour gagner trente sous. (V. Hugo.)
On a bâti des maisons alentour. (Raym.)
Les plaisirs nonchalants folâtrent alentour.
ÎÎOILBAU.
— Prov. et popul. Ne confondez pas autour
avec alentour. Se dit à propos d'une méprise,
d'une confusion quelconque, alors qu'il' ne s'a-
git nullement d une question do grammaire.
— Alentour de, loc. prép. Autour de : En
même temps, elle se mit à parler, mais d'une
voix si suppliante, si douce, si soumise et si
poignante, çu'alentour de Tristan, plus d'un
vieil argousin, qui aurait mangé de la chair
humaine, s essuyait les yeux. (V. Hugo.)
A son réveil il trouve
L'attirait de la mort alentour de son corps.
La Fontaine.
Il Cette loc. a vieilli ; on dit aujourd'hui au-
• — D'alentour, loc. adv. Des environs : Les
bois, les échos, les rockers d'alentour. Les
muisons d'alentour. Les hommes de ce liqu-là
l'ayant connu, ils envoyèrent dans tout le pays
d'alentour, et lui présentèrent tous les ma-
lades. (Evang.J La ville et les villages d'alen-
tour étaient pleins de jeunesse. (Fén.) Le pays
d'alentour est une vallée ceinte et e\ '
de montagnes. (Amyot.)
Des postes d'alentour il faut te rendre ma
t, furent touchés
Pas une voix qui me réponde,
Que le bruit plaintif de cette onde,
Ou l'écho réveillé des débris d'alentour.
— Gramm. Employé comme adverbe, alen-
tour ne doit être suivi d'aucun complément;
on ne dit plus aujourd'hui alentour de la mai-
son, mais autour de la maison. Il en est autre-
ment lorsqu'on emploie ce mot substantivement
au pluriel, pour désigner les choses ou les per-
sonnes qui sont autour; on dit très-bien : les
alentours du château.
alentours s. m. pi. (a-lan-tour — do
alentour). Lieux cireonvoisins : Les alentours
de la ville. L'ennemi infestait tous les alen-
tours. Les alentours de ce château sont ma-
gnifiques. (Acad.) Tous les alentours se sont
embellis; nous avons des fleurs, de la verdure
et de l'ombrage. (Volt.) iV osant pas entrer dans
la ville, je me contentais d'en parcourir tes
alentours. (B. de St-P.) Les alentours des
bivouacs étaient jonchés des corps de plusieurs
milliers de chevaux. (Ségur.)
— Se dit aussi on parlant des personnes qui
vivent familièrement, sont en commerce suivi
avec quelqu'un,' qui forment son entourage :
Si vous voulez réussir auprès de ce ministre,
gagnez d'abord ses alentours. (Acad.) Dès les
premiers jours de l'avènement de Bonaparte au
consulat, tes alentours savaient déjà de quelle
façon il fallait s'y prendre pour lui plaire.
(M">° de Staël.) Cependant^ Louis XVI l'au-
rait fait s'il avait été moins dominé par ses
- (Mignot.)
190 ALÉ
— Fig. : C'était un esprit que Von trouvait
toujours dans (es alentours de la vérité, mait
qui n'y pénétrait jamais. (Rivarol.) Une érup-
tion volcanique finira par engloutir le trône,
ses alentodhs et ses partisans. (Napol. 1er.)
Au moment de poser la plume, Gibbon s'arrête
à considérer les derniers alentours' de son
sujet. (Ste-Beuve.)
ALÉOCHARE s. m. (a-lè-o-ka-re — au gr,
aléa, abri; charassô, je creuse). Entom. Genre
d'insectes coléoptères pentamères, de la fa-
mille des brachelytres. Ce sont de petits in-
sectes très-agiles , qui vivent dans les cham-
Eignons pourris, les débris do végétaux, les
ouses et.quelquefois sous les pierres. Leur
couleur varie du brun au noir. La plupart des
espèces appartiennent à l'Europe.
ALÉOCHARIDES s. m. pi. ( a-lé-o-ka-ri-de
— àealéockare,etdu gr. eiaos^ forme). Entom.
Tribu de coléoptères pentamères, de la famille
des brachelytres , ayant pour type le genre
aléochare : Le corps des aléocharides est en
général assez allongé, dans la majorité des
espèces. (Duponcbel.)
AI.ÉOUTES (Iles) ou ALÉOUTIENNES (a-lé-
iu-te, a - lé- ou -siè- ne). Archipel J
Océan boréal, divisé en plusieurs groupes :
celui de Behring, des Aléoutes pr< 1
dites, des Krisii ou des Rats, des LU
;éoutes proprement
par Behring ; la Russie, dont elles dépendent,
en tire beaucoup de pelleteries. Ces iles, cou-
vertes de montagnes et de rochers, sont d'une
navigation dangereuse. La population est d'en-
viron 6,000 âmes.
ALÉOUTIENS s. m. pi. (a-lé-ou-si-ain ).
Géogr. Habitants du groupe des îles Aléou-
tiennes.Ce sont des hommes de taille moyenne,
au teint brun, au nez aplati, peu barbus. Ils
- s'occupent de chasso et de poche, se creusent
des espèces de tanières souterraines pendant
l'hiver, et se construisent des cabanes en été.
Leurs vêtements consistent en peaux de pho-
que. Ils entendent presque tous le russe, sont
polygames, et paraissent peu jaloux d'adopter
le christianisme. Les femmes ont le teint
blanc, les cheveux blonds, se tatouent le vi-.
sage, et se percent les narines et les lèvres
pour y passer des anneaux ou des osselets.
ALEP (a-lèp), ville de Syrie, à 201 kil.
N.-N.-E. de Damas, déjà importante sous les
Romains, plusieurs fois ravagée par la peste
et presque détruite en 1822 par un tremblement
de terre; 80,000 hab. Elle a été possédée tour
à tour par les peuples conquérants de l'anti-
quité, les Assyriens, les Grecs, les Romains et
les Sarrasins; les Turcs s'en emparèrent au
xie siècle, et l'ont toujours conservée depuis.
Elle est la capitale de la Syrie et la résidence
du pacha. Sa population est un mélange d3
musulmans, de juifs et de chrétiens. Son com-
merce, déjà florissant au moyen âge, puisque
les seuls Vénitiens y avaient 40 comptoirs de
vente, se fait aujourd'hui principalement avec
l'Angleterre, la France, l'Italie, les Etats-Unis
et la Turquie. Ses échanges s'effectuent plus
particulièrement par Alexandrette et Latakié,
d'où les transports se font à dos de mules et
de chameaux. Elle importe des tissus de coton,
de laine et de soie, le coton filé, des grains et
farines, de l'indigo, de la cochenille, de la dro-
guerie, de la faïence, de la quincaillerie ; elle
exporte de la noix de galle, des pistaches, de
la laine, de la soie, du tabac, .rie la cire, des
éponges, etc. Ses principales industries con-
sistent dans la fabrication du (il d'or, des tis-
sus en coton, en coton, soie et or, en coton et
soie, des tissus imprimés et des mousselines.
La France, l'Angleterre et l'Autriche y ont des
consuls.
alepase s. m. (a-le-pa-ze). Mar. Pièce de
bois liée aux vergues nommées antennes, pour
les fortifier, il On dit aussi alepasse.
alèpe s. m. {a-lè-pe — du gr. a priv. ;
lepis t coquille). Moll. Genre de cirrhipèdes,
fondé sur une seule espèce, qui est dépourvue
de coquille et paraît vivre en parasite sur
les méduses.
ALEPH ou alef s. m. (a-lèff). Philol. Pre-
mière lettre de l'alphabet hébreu, qui a donné
naissance à Yalpha des Syriens et des Grecs.
Il Comme signe numérique, l'aleph équivaut
à l'unité.
ALÉPHANGINE s.f. (a-Ié-fan-ji-ne).Pharm.
Pilule stomacale.
mille des ombellifères et de la tribu des sani-
culées. La seule espèce qu'il renferme est
une plante herbacée, qui vit au cap de Bonne-
Esperance.
ALÉPIDOTE adj. (a-lé-pi-do-te — du gr. a
priv. ; lepis, lepidos, écaille). Ichthyol. Se dit
des poissons qui n'ont pas d'écaillés.
ALÉPIN , ine s. et adj. (a-lé-pain, i-ne —
rad. Alep). Géogr. Habitant d'Alep ; qui ap-
partient a Alep ou à ses habitants, il Galles
alépines, Noix de galle qui viennent d'Alep.
— s. m. pi. Nom d'un ordre de religieux
maronites établi à Alep par Abdallah. Ce
sont des espèces de chartreux.
' ALÉPINB s. f. (a-lé-pi-ne — rad. Alep),
Comm. Etoffe dont la chaîne est de soie et la
trame de laine. Dans l'origine, on la fabri-
quait exclusivement à Alep : Elle portait une
robe en alépine verte. (B.ilz.) La robe de
ALE
chambre, en alépinb noire, devenue luisante,
portait la date de l'émigration polonaise.
(Balz.) Sa robe «ï'alépine brune, beaucoup trop
large, laissait deviner une taille souple et
ronde comme un jonc. (E. Sue.)
Elles
pour vous mystifier,
m jupon noir i'alépine,
ins quatre paquets d'osier.
fabrication française vers la fin du siècle der-
nier, est un tissu mélangé de laine et de soie.
La trame est en laine peignée, fine, mérinos.
La chaîne est en soie, laquelle a pour but de
donner à l'étoffe de la légèreté et de la fer-
meté dans les plis. Elle a ordinairement de
1 mètre à l mètre 10 cent, de largeur, et se
teint le plus généralement en noir. La qualité
la plus belle s'appelle barpour. Les qualités in-
férieures se doublent de caoutchouc, pour faire
des étoffes imperméables.
ALÉPISAURE s. m. (a-lé-pi-sc-re — du gr.
priv.; lepis, écaille, et sauros, lézard).
Ichthyol. Genre de poissons sans écailles, ap-
partenant à la famille des salmoïdes. La seule
espèce connue a été trouvée '
alépocÉphale adj. (a-lé-po-sé-fa-le — du
&r. a priv.; lepis, écaille, et kephalè. tête).
Ichthyol. Se ait des poissons dont la tête
n'est pas couverte d'écaillés. '
— s. m. Genre de poissons du groupe des
ésoces, renfermant une seule espèce, qui vit
dans les plus grandes profondeurs de la Mé-
diterranée.
ALÉPYRE s. m. (a-lé-pi-re— du gr. a priv.,
et lepuron, cosse). Bot. Genre de la famille
des restiacées, renfermant trois espèces, qui
habitent l'Australie. Ce sont de petites plantes
grêles et touffues.
ALER (Paul), savant jésuite allemand, né à
Saint-Gui (Luxembourg), en 1656, mort en
1727. Outré des traités de théologie et de phi-
losophie, il a donné des livres d'enseignement,
parmi lesquels on connaît surtout le Gradus ad
Parnassum, livre classique des écoliers, dont
on ne compte plus les éditions, mais qui était
d'ailleurs calqué sur YEpithetorum et synony-
morum Thésaurus, publié à Paris en 1662, et
attribué au P. Ûhâtillon.
ALERIA, village de la Corse, sur la côte E.
de i'ile; 75 hab. Nombreuses ru"
.ALÉRION s. m. (a-lé-ri-on — du lat. ale&,
oiseau). Blas. Aiglette qui n'a ni bec ni
Sattes, et dont les ailes sont toujours éten-
ues ou abaissées. Famille de Montmorency :
d'or, à ta croix de gueules cantonnée de seize
alérions d'azur.
— Ornith. Nom vulgaire du martinet noir.
ALÉRON s. m. (a-lc-ron).Techn.V. Aleiron.
alerte adv. (a-lôr-te — de l'ital. ail', sur
la; erta, côte, c'est-à-dire sur un lieu élevé,
d'où l'on peut observer ; il s'écrivait autref.
en trois mots : à Verte). Sur ses gardes :
....... Notre chat vit de loin
— S'empl. plus ordinairem. comme inter-
ject., et signif. Debout, soyez sur vos gardes :
Alerte ! alerte 1 soldats. (Acad.) Alerte !
alerte I on vient d'enlever ma pupille. (F.
d'Eglant.) Alerte! mes enfants, il s'agit du
sort de la journée. (E. Sue.) Alerte! alerte!
c'est monsieur votre onde. (Scribe.)
Sois mon trompette, et sonne les alarmes;
Point de quartier, marchons, (fierté! aux armes!
ALERTE adj. Vif, agile: D' alertes ser-
vantes distribuent les plats de table en table,
pendant que les garçons font le service plus fa-
tigant de la bière 'et du vin. (Gér. de Nerv.)
Puis , alertes comme des hirondelles , nous
marchâmes en troupe vers le célèbre castel.
(Balz.)
C'est une forte femme, aux puissantes mamelles,
A la voix rauque, aux durs appas.
Alerte et marchant a grands pas...
A. Barbier.
— Dans un sens défavorable, Adroit à voir,
à saisir ce qui peut être avantageux : Il est
alerte à saisir les occasions de gagner de
l'argent. (Acad.) Gens éveillés et alertes sur
tout ce qu'ils croient leur convenir. (La Bruy.)
C'est un banquier fort alerte pour les em-
prunts. (H. Beyle.) Le plus alerte i '
place de ses rivaux. (Csse Merlin.)
— Se dit aussi des choses : Enfin, une pe-
tite oreille alerte attirait le regard. (Balz.)
Moins grande et moins puissante mie l'Allema-
gne, l'Italie, grâce à son soleil, était plus
alerte, plus remuante, et en apparence plus
vivaee. (V. Hugo.)
Bienheureuse la cloche, au gosiei
Qui, malgré sa vieillesse,.aier[e el
Jette fidèlement son cri religieux
n portante,
Baudelaire.
— Antonymes. Endormi, engourdi, inactif,
indolent, inerte, langoureux, mou, pa.esseux.
ALERTE s., f. Emotion subite produite dans
un camp, dans une garnison, dans un poste,
par le signal d'un danger ; ou simplem., Mou-
vement provoqué par l'ordre de prendre les
armes : Cas ^'alerte. Cri d' alerte. Fausse
ALE
alerte. Vive alerte. Nous avons eu cette nuit
trois ou quatre alertes. (Acad.) Monseigneur
veut que l'on soit prêt à la moindre alerte.
(Alex. Dum.)
— Par anal. Tout ce qui provoque un mou-
vement de frayeur : La souris rentre dans son
trou à la moindre alerte. (Buff.)
ALÈS (Pierre-Alexandre), vicomte de Cor-
bet, économiste et littérateur, né dans la Tou-
raine, en 1715, mort vers 1770. Il servit dans
les armées de terre et de mer, et publia un
assez grand nombre d'ouvrages anonymes,
dont ks plus estimé est un bon résumé philoso-
phique sur l'Origine du mal, ou Examen des
principales difficultés de Bayle sur cette ma-
tière.
ALÉSAGE s. m. (a-lé-za-je). Techn. Action
d'aléser ; résultat de cette action : .L'alésage
du fer, de l'acier, du cuivre rouge, etc. Il On
écrit aussi alaisage.
ALÈSE s. f. (a-lè-ze). Méd. V. Alèze.
alésé, ÉE part. pass. du v. Aléser. Techn.
Se dit d'un tube, d'un trou quelconque rendu
poli à l'intérieur : Tubes alésés. Âu-milieu
de la voie ordinaire se trouve un tuyau en fonte
alésé à l'intérieur. (Bouillet.)
— Blas. Se dit des pièces honorables dont
les extrémités ne touchent pas le bord de
l'écu. Famille de Saint-Gelais : d'azur, à la
croix alésée d'argent. Famille de Broglie :
d'or, au sautoir alésé et ancré de gueules.
aléser v. a. ou tr. (a-lé-zé — rad. té. —
Change l'é fermé en è ouvert devant une syl-
labe muette : J'alèse; qu'il alèse; excepté au
futur et au condit. prés., où l'on maintient
\'é fermé : J'aléserai. Nous aléserions). Techn.
Polir un tube, un trou quelconque : Aléser la
surface intérieure, d'une machine à vapeur, d'un
corps de pompe, d'une bouche à feu, de pièces
de bois, n En parlant de monnaies, En aplanir
les lés, en redresser les bords ; en rehausser
les cornes.
— Absql. : Aussi n'y avait-il pas de succès à
attendre, à l'exposition, de l'immobilité ; en re-
vanche, tout ce gui agissait) broches, bobines,
rabots, tarières, ciseaux à aléser, etc., avait la
faveur el la vogue, (L. Reybaud.) n Quelques
lexicographes écrivent alaiser , contraire-
ment a l'etymologie.
ALÉS1A. V. Alise.
phe, fresque à dimensions gigantesques, dans
laquelle on reconnaît la manière de son illustre
maître. On lui doit également un certain nom-
bres d'eaux-fortes de quelque valeur.
alÉsoir s. m. (a-lé-zou-ar — rad. aléser).
Techn. Instrument ou machine servant à ale.-
ser. tl Quelques-uns écrivent alaisoir ; mais
cette orthographe est contraire à l'etymologie.
— Encycl. On fait usage de l'alésoir pour
polir les corps de pompe, les cylindres des
presses hydrauliques ou des machines à va-
peur, les coussinets des arbres tournants, les
canons de fusil, l'âme des bouches à feu, etc.
Il ne faut pas confondre les alésoirs avec les
outils qui servent à forer. L'alésage vient
après le forage, pour oter aux parois des tubes
les aspérités qu'elles présentent toujours après
cette dernière opération. De l'alésage dépen-
dent la précision et la facilité du jeu des pis-
tons dans les machines à vapeur, la justesse
du tir dans les fusils et dans les bouches à feu.
On distingue deux espèces d'alésoirs, l'alésoir
horizontal et l'alésoir vertical.
ALESSANDRI (Innocent), habile graveur
vénitien, né vers 1742. Ses ouvrages sont
nombreux et estimés. On cite surtout les figures
représentant les quatre arts libéraux (Astro-
nomie, Musique, Géométrie et Peinture), d'a-
près Dominique Majotti.
ALESSANDRI (Félix), compositeur, né à
Rome en 1742, mort vers 1810. Il passa quel-
ques années à Saint-Pétersbourg, et fut de-
puis maître de chapelle, du roi de Prusse. On
lui doit une vingtaine d'opéras médiocres, dont
le plus marquant est le Retour d'Ulysse, assez
bien accueilli à Berlin, en 1790.
ALESSANDRIN1 (Jules), médecin deCharles-
Quint, de Maximilien II et de Ferdinand I<=>\
né à Trente, en 1506, mort en 1590. Il a écrit
de nombreux ouvrages, oubliés aujourd'hui,
et dont la plupart ne sont que des commen-
taires de Galien. '
ALESSANDRO (Bartolo d'), architecte véni-
tien, inventa, dit-on, le procédé de reprendre
les édifices en sous-œuvre, et répara ainsi le
palais ducal de Venise, en 1602.
ALESSANDRO, jurisconsulte napolitain, né
en 1461, mort vers 1523, connu surtout par son
Genialium Dierum lib. VI, ouvrage d érudi-
tion philologique et archéologique prolixe et
indigeste, mais qui contient cependant d'inté-
ressantes recherches.
Aleteaudro nell' Indie, Opéra de Pacini, un
des compositeurs les plus féconds et les plus
populaires de l'Italie. Cet ouvrage fut repré-
senté à Naples, en 1824. La eavatine Se d'a-
mor a traversé les monts, avec la prière de la
Niobe, du même maître.
ALESSI (Galéas), architecte, né à Pérouse,
en 1500, mort en 1572 ; construisit à Milan le
palais Marini, l'église de Saint-Victor al Corpo,
ainsi que d'autres monuments en divers33
u fait cette
ALESSIO, ville de l'Albanie, port près de
l'embouchure du Drin, à 35 kil. S. de Scutari,
possédait autrefois le tombeau du fameux
Scanderbeg, qui y mourut en 1467.
ALESSIO PIEMONTESE, pharmacopole ita-
lien du xvie aiècte, parcourut l'Europe pen-
dant plus de cinquante ans, pour recueillir des
recettes précieuses, et publia un livre Des
Secrets (Venise, 1555), qui traite des drogues,
des cosmétiques, des savons, etc. Parmi les
cures étonnantes' qu'il s'attribue, il cite de
vieilles femmes rajeunies au moyen d'une
drogue préparée avec de la rosée du romarin
et divers autres ingrédients.
ALESTER OU ALESTIR v. a. ou tr. (a-lè-
sté, stir— rad. lest). Mar. Alléger, dégager,
c'est-à-dire rendre un bâtiment plus leste :
On alestit un vaisseau en le débarrassant de
tout ce qu'il peut contenir de gênant ou d'en-
combrant. (Bonnefoux.) U Alester le gréement,
Le dégager, le rendre moins confus à l'œil.
ALÉSURES OU ALLÉSURES S. f. pi. (a-Jc-
zu-re— rad. aléser). Techn. Parties détachées
d'une pièce qu'on alèse, par les burins de
l'alésoir. Les alésures les plus fines forment
une poudre qu'on mêle avec du soufre et du
sel ammoniac, pour en composer un mastic
avec lequel on fait les jointures des pièces
de fer.
ALET ou ALETH, gros bourg du dép. do
l'Aude, siège autrefois d'un évêche; 1,200 hab.
Pays très -agréablement situé au pied des
Pyrénées et dans un vallon qui est regardé
comme le jardin du dép. de l'Aude. Fruits ex-
cellents, très-recherchés ; eaux thermales em-
ployées contre un grand nombre de maladies.
La petite ville d'Aleth a été illustrée, dans le
xvne siècle, par les vertus de sr- "•* — ""
colas Pavillon ; c'est à lui que Bc
flatteuse allusion dans le Lutrin
Ses vertus dans Aleth peuvent être en usage.
ALÈTE s. m. (a-lè-te — du gr. alités, er-
rant). Fauconn. Oiseau de proie de l'Inde,
propre à la chasse aux perdrix.
ALÈTES s. m. pi. (a-lè-te). Miner. Nom
donné à des agrégats composés principale-
ment de débris de roches volcaniques.
ALÉTÈS, roi de Corinthe, descendant d'Her-
cule. L'oracle lui avait promis la conquête
d'Athènes, à la condition que le roi'de cette
ville ne fût pas blessé dans l'action. Codrus,
roi des Athéniens, ayant eu connaissance de
l'oracle, se dévoua volontairement à la mort.
ALÉTHOLOGIE s. f. (a-lé-to-lo-jî — du gr.
alètheia, vérité; logos , discours). Didact.
Traité, discours sur la vérité.
ALÉTHOLOGIQUE adj. (a-lé-to-lo-ji-ke —
rad. aléthologie). Didact. Qui concerne l'alé-
thologie.
ALÉTIDES, fêtes athéniennes en l'honneur
d'Erigone (nommée aussi Alétis), fille d'Icare,
qui avait été tuée par les bergers de l'Attique,
iî qui elle avait enseigné l'usage du vin, et qui
avaient pris leur ivresse pour un empoisonne-
ment.
- rad.
s. f. pi. Tribu de la famille des liliacées,'
ayant pour type le genre alétris.
(ALÊtris s. m. (a-Ié-triss — du gr. aletris,
qui prépare la farine). Bot. Genre de plantes
de la famille des liliacées', renfermant un
petit nombre d'espèces, originaires de l'Amé-
rique du Nord, et qui sont cultivées dans les
jardins d'agrément.
ALETSCH, l'un des plus grands glaciers de
la Suisse, qui s'étend sur une longueur de
32 kil., depuis la Jungfrau jusque dans le haut
Valais.
ALETTB s. f. (a-îè-te — du lat. aletta;
dimin. de ala, aile). Arehit, Petite aile ou
jambage sur le pied droit, il Champ lisse aux
deux côtés des piiastres d'une arcade, n Bord
d'un trumeau qui dépasso- une glace ou un
pilastre.
— Mar. Prolongation des bordages de l'ar-
rière qui, dans les bâtiments lovantins, forme
cette sorte de poupe qu'on appelle cul de
— Cordonn. Cuir cousu à l'empeigne d'un
soulier.
aleu s. m. (a-leu). Féod. V. Alleu.
ALECADES, puissante famille de Thessalie,
qui descendait d'Hercule par Aleuades le
Rouge, et qui formait une faction aristocrati-
que prépondérante. Elle a joué un rôle consi-
dérable au milieu des luttes politiques et des
événements dont la Thessalie fut le théâtre
jusqu'à la conquête romaine.
ALEURIE s. f. (a-leu-ri — du gr. aleuron,
farine). Bot. Genre de champignons.
aleurisme s. m. (a-leu-ri-sme — du gr.
aleuron, farine-, isma, construction, amoncel-
lement). Bot. Genre de champignons qui
ressemblent à de petits tas de farine.
ALEORITE s. f. (a-leu-ri-te — du gr. aleu-
ritès, farineux). Bot. Genre de la famille des
, euphorbiacées, dont les deux ou trois espèces
sont des arbres qui habitent Ceylan et les
' diverses îles de l'océan Pacifique.
I aleuromaNCIE s. f. (a-leu-rcwnan-sî —
] du gr. aleuron, farine; manieia, divination).
ALE
ALEUROMANCIEN , ENNE S. (a-leu-ro-
man-si-ain, è-ne — raa. aleuromancie). Antiq.
gr. Celui, celle qui pratiquait l'aleuromancie.
ALEUROMÈTRE s. m. (a-leu-ro-mè-tre —
du gr.aleuron, farine ;metron, mesure). Petit
instrument servant à constater la quantité de
gluten que contient la farine.
ALEOROMÉTRIQUE adj. (a-leu-ro-mé-tri-
ke — rad. aletaromèlre). Qui se rapporte à
l'alcuromètre : Instrument aleurométrique.
Expérience aleurométrique.
ALEUROSTICTE s. m. (a-leu-ro-stik-te —
du gr. aleuron, farine; stiktoS, tacheté). En-
tom. Genre de coléoptères pentamères, de la
famille des lamellicornes, voisin des scara-
bées, aux dépens duquel il a été formé.
ALEVIN s. m. (a-le-vain — du vieux fr.
atevcr, qui signif. élever, nourrir; toutefois,
les ctymologistes varient beaucoup sur l'ori-
gine de ce mot). Menu poisson qui sert à peu-
pler les étangs : // faut jeter de *'alevin dans
cet étang. (Acad.)
alevinage s. m. (a-le-vi-na-je — rad.
alevin). Art de conserver et de propager l'a-
levin; action d'aleviner un étang, n Fretin,
menus poissons que les pêcheurs rejettent
dans l'eau.
ALEVINER v. a. ou tr. {a-lc-vi-né — rad.
alevin). Peipler un étang, un vivier, en y
jetant de l'alevin.
S'aleviner, v. pr. Etre aleviné.
ALEVlNlERs. m. (a-lc-vi-ni-é — rad. ale-
vin). Petit étang dans lequel on élève de l'a-
levin, u On dit aussi alevinière, s. f.
ALEVRITB s. m. (a-le-vri-te). Bot. An-
cienne orthographe de aleurile. Il On écrit
ALEXANDRA, nommée plus souvent Cassan-
dre. V. ce mot.
ALEXANDRA, reine des Juifs, femme d'A-
lexandre Jannée, régna seule, après la mort
de son époux, de 79 à 70 av. J.-C.
ALEXANDnA, fille d'Hyrcan II, épousa
Alexandre, fils d'Aristobule II, roi des Juifs,
plus
mettre a mort l'an" 28 av. J.-C.
ALEXANDRE l«, roi de Macédoine, de 500
à 4G2 av. J.-C. Lors des guerres médiques, il
fut forcé de se soumettre aux Perses et de
leur fournir des troupes auxiliaires. Mais la
veille de la bataille de Platée, il avertit secrè-
tement les Grecs des dispositions de Mardo-
nius, et passa dans leurs rangs pendant le
combat. Il attira à sa cour Pindare et les plus
célèbres poètes de son temps.
ALEXANDRE II , roi de Macédoine de 3G9
à 307 av. J.-C., périt assassiné par Ptolémée
■ Aloritès.
ALEXANDRE III, lo Grand, roi de Macé-
- doine et le capitaine le plus fameux de l'an-
tiquité. Fils de ce Philippe dont le génie as-
servit la Grèce, il naquit à Pella, l'an 356
av. J.-C, lo jour même de l'embrasement
du temple de Diane à Ephèse par Erostrate,
qui , suivant le mot d'un ancien , avait pro-
fité, pour accomplir son crime, du moment
où la déesse était occupée aux couches d'O-
lympias, mère d'Alexandre. Les grands traits
de son caractère se dessinèrent dès son en-
fance : a Mon pore ne me laissera donc rien à
conquérir! » s écriait-il en apprenant les vic-
toires multipliées de Philippe. On lui deman-
dait s'il disputerait le prix aux jeux Olympi-
ques : ■ Oui, répondit-il, si j'y trouvais des
rois pour rivaux. » Des ambassadeurs persans
étant venus à la cour, il les accabla de ques-
tions sur l'administration, les routes, les dis-
tances, les forces de l'empire du grand roi,
comme s'il en rêvait déjà la conquête. Souple,
adroit, hardi, il faisait de la chasse, de tous
les exercices violents, ses jeux favoris. Seul
il put dompter le cheval Bucéphale (V. ce mot),
dont la fougue sauvage avait rebuté les écuy ers
les plus, hardis, et c'est à cette occasion que
Philippe, enthousiasmé, le serra dans ses bras,
en s'écriant : « Cherche un autre royaume ,
. ô mon fils ! la Macédoine n'est pas assez grande
pour te contenir. » Dès l'âge de treize ans,
après sa première éducation, il l'avait confié
aux soins d'Aristote, auquel il avait écrit cette
lettre célèbre, aussi honorable pour le prince
que flatteuse pour le philosophe : « Philippe à
Aristote, salut. Je t apprends qu'il m'est né
un fils, et je remercie les dieux, non pas tant
de me l'avoir donné, que de l'avoir fait naître
du temps d'Aristote. » Alexandre parcourut
avec son illustre maître le cercle entier des
connaissances humaines : poésie , politique ,
inorale, éloquence, sciences physiques, méde-
cine, etc. Nul doute qu'il ne lui flut aussi le
développement de cette passion des grandes
choses qui fut le ruobile de sa vie. On rapporte
que plus tard, dans son âme avide de toutes
les gloires et de toutes les supériorités, il se
montra blessé de co qu'Aristote publiait des
ALE
livres et rendait ainsi communes à tous les
sciences qu'il lui avait apprises.
A l'âge de vingt ans, U succéda à son père
(336), au meurtre duquel il fut soupçonné,
mais sans preuves, de n avoir pas été étranger,
ainsi que sa mère Olyippias. Quoi qu'il en soit,
il punit les complices réels ou supposés de l'as-
sassin Pausanias, et, malgré les factions de
l'intérieur, saisit le pouvoir d'une main souve-
raine. La suprématie de la Macédoine semblait
remise en question par la mort de Philippe.
Les nations barbares s'agitaient pour en se-
couer le joug, pendant que Démosthène soû-
les cités grecques
-à avec la rapidité
Thraces, les Gètes et les Triballes, qu'il sub-
jugua, et fit alliance avec quelques peuplades
barbares, entre autres les Celtes voisins du
golfe Adriatique, qu'il croyait épouvantés de
sa renommée, et qui lui répondirent fièrement
qu'ils ne craignaient rien que la chute du ciel.
Il s'avança ensuite pour soumettre la Grèce
révoltée, emporta Thèbes, malgré une ré-
sistance héroïque , la détruisit de fond en
comble et fit vendre trente mille de ses ha-
bitants comme esclaves. Plus de six mille
avaient été massacrés. Il n'épargna que la
famille de Pindare, et ne laissa debout que la
maison où le poète était né. Cette exécution san-
glante frappa les autres cités de terreur. Athè-
nes se soumit et obtint son pardon, comme elle
l'avait obtenu de Philippe. Pour la deuxième
fois, la colère des Macédoniens vainqueurs s'ar-
rêta devant la métropole de la civilisation. Une
diète s'assembla à Corinthe. Alexandre y pro-
posa de donner suite au dessein ébauché par
Cimon, Agésilas et Philippe, d'une guerre na-
tionale des Hellènes contre les Perses, pour
venger la souillure des invasions. Rien n était
plus capable de faire oublier aux Grecs qu'ils
étaient asservis. Nommé généralissime (335),
le jeune héros reçut la visite de tout ce que la
Grèce renfermait d'hommes illustres ou consi-
dérables. Il attendait celle de Diogène,qui vivait
alors à Corinthe, et se décida enlin à l'aller
trouver lui-même, entouré de ses capitaines et
.de ses courtisans. Le vieux philosophe était
tranquillement étendu au soleil dans le gym-
nase nommé Cranium. Tout le monde connaît
les détails de cette scène incomparable : d'un
côté, une ambition immense, pour l'expansion
de laquelle le monde semblait trop étroit; de
l'autre , un immense dédain pour toutes les
choses de la vie. Le disciple d'Aristote offrit
au cynique de le combler de bienfaits, a Que
demandes-tu? lui dit- il. — Que tu t'écartes de
mon soleil. » Le conquérant se retira rêveur,
en assurant à ses officiers que s'il n'était
Alexandre, il voudrait être Diogène. V. Vou-
Enquittantla Macédoine, Alexandre en laissa
le gouvernement à Antipater, et partagea tous
ses domaines entre ses amis. « Que vous réser-
vez-vous donc ? lui demanda Perdiccas. — L'es-
pérance, » répondit-il. (V. Espérance.) Avant
son départ, il voulut consulter l'oracle de Del-
phes. Comme la pythie refusait de monter sur
le trépied, le jeune héros l'y traînait violem-
ment, i Ahl mon fils 1 s'écria-t-elle , on ne
saurait te résister. — Cet oracle me suffit, ré-
pondit Alexandre , et je n'en veux point
d'autre. • (V. Résistée.) Ce fut au printemps
de l'année 334 que ce capitaine de vingt-deux
ans commença cette mémorable expédition,
emmenant avec lui, pour faire la conquête du
plus vaste empire de l'univers, 30,000 fantas-
sins, 4,500 cavaliers, des vivres pour un mois,
et une somme équivalant à peine à 400,000 fr.
Au reste, par une merveilleuse intuition du
génie, il avait bien jugé la faiblesse réelle du
colosse qu'il voulait détruire, et des races éner-
vées qu'il avait à combattre. La flotte persane
ne lui disputa même pas le passage de l'Hel-
lespont. Il débarqua dans la Troade et courut
au cap Sigée, couronner de ileurs le tombeau
d'Achille, en s'écriant : « O heureux Achille ,
qui as trouvé pendant ta vie un ami comme
Patrocle, et, après ta mort, un chantre comme
Homère 1 d On sait qu'Achille, dont il préten-
dait descendre, était son héros et son modèle,
et que le peintre des moeurs de l'âge héroïque,
Homère, était son poète de prédilection. Il
emportait partout avec lui, dans une cassette
d'or, un exemplaire de l'Iliade, revisé de la
main même d'Aristote. Peu de jours après il
détruisit, au passage du Granique, la pre-
mière armée que les Perses lui opposèrent.
Cette victoire lui- livrait l'Asie Mineure, dont
il commença la conquête avant de pousser
plus avant, afin d'assurer ses communications
par la possession des places maritimes, et de
fermer aux Perses le chemin de la Grèce et
de la Macédoine. Ce plan de campagne, ad-
miré depuis par Napoléon et par les plus grands
tacticiens, il le suit avec une constance imper-
turbable, soumettant toute la côte en se fai-
sant suivre de sa flotte, s'attachant les cités
grecques d'Asie en leur rendant leurs vieilles
constitutions démocratiques, parcourant en
vainqueur la Carie, la Lydie, l'Ionie, la Lycie,
la Pamphylie, puis la Pisidie et la Phrygie.
A Gordmm, il trancha de son épée le fameux
nœud gordien (V. Nœud), prétendant avoir
ainsi accompli l'oracle qui promettait l'empire
de l'Asie à celui qui saurait le dénouer (333).
Il alla soumettre ensuite la Paphlagonie et la
Cappadoce, franchit le Taurus, pénétra en
Cilicie et emporta Tarse, où il tomba malade
pour s'être baigné couvert de sueur dans les
eaux froides du Cydnus. Guéri par son mé-
decin Philippe, à la trahison duquel il refusa
ALE
noblement de croire (V. MÉnECm), il courut
au-devant de Darius et l'écrasa dans les
plaines d'Issus (333), où la mère, la femme et
les deux filles du roi de Perse tombèrent en
son pouvoir. Le jeune héros, accompagné
d'Ephestion, son favori et son ami le plus cher,
alla visiter dans leur tente les infprtunées prin-
cesses. Sisygambis , mère de Darius, adressa
le salut à Éphestion , qu'elle prenait pour
Alexandre, à la supériorité de sa taille et à
l'éclat de son costume. Avertie de son erreur,
elle se jeta aux pieds du conquérant, qui la
releva avec bonté en lui disant : « Vous ne
vous êtes pas trompée, ma mère, celui-ci est
aussi Alexandre! » V. Aussi.
Sans s'inquiéter de la fuite de Darius, qui va
se reformer une armée au delà de l'Euphrate,
il poursuit l'exécution de son plan, envahit la
Syrie, la "Phénicie et la Judée, soumet sans
coup férir presque toutes les villes, à l'excep-
tion de Tyr, qui résista sept mois, et de Gaza,
défendue par Bétis, dont il traîna sept fois le
cadavre autour des murs, pour imiter Achille,
épisode qui est rapporté par le seul Quinte-
Curce. Josèphe prétend qu'il visita ensuite Jé-
rusalem et qu'il alla s'incliner devant le grand
prêtre. Il n'y a en cela rien d'absolument
invraisemblable, car on voit Alexandre rendre
dans tous les pays des hommages publics au
culte national. A Sidon, il donna la royauté à Atv
dolonyme, marcha sur l'Egypte, qui se soumit
sans résistance, et jeta, dans une situation ad-
mirablement choisie, les fondements d'Alexan-
drie, destinée à être le lien commercial des
trois parties du monde et à ruiner l'importance
maritime de Tyr. Toutes les provinces mari-
times de l'empire des Perses étaient dès lors en
sa possession. Mais avant de s'engager au
cœur de l'Asie, il jugea bon de s'armer encore
du prestige d'un oracle fameux, et de se faire
décerner une apothéose pour s'en faire un
nouvel instrument de victoires. Il l'alla cher-
cher à travers les sables delà Libye, au temple
d'Ammon, où les prêtres, comblés de présents,
le saluèrent du nom de fils de Jupiter. Revenu
ensuite en Asie, il refusa les propositions bril-
lantes de Darius, qui lui offrait 10,000 talents
(54 millions), la cession de l'Asie jusqu'à l'Eu-
phrate et l'une de ses filles en mariage. « J'ac-
cepterais, lui dit alors Parménion, 1 un de ses
généraux , si j'étais Alexandre. -— Et moi
aussi, si j'étais Parménion, » repartit le héros.
(V. Aussi.) Après avoir réglé l'administration
des pays conquis, il traversa la Célésyi'
prenant sa route par le N.-E. de la Mésopo-
tamie, dans un pays bien arrosé et abondant
en vivres et en fourrages. Il rencontra enfin
l'immense armée de Darius au delà du Tigre,
près d'Arbelles, dans les vastes plaines de Gau-
gamèle, et gagna sur le grand roi cette bataille
d'Arbelles , la plus fameuse de l'antiquité et
qui décida de l'empire (331)'. Après cette vic-
toire, qui lui livrait l'Asie, il combla de pré-
sents ses officiers et ses amis, ordonna l'abo-
lition des tyrannies particulières qui s'étaient
élevées en Grèce, et rendit aux cités leurs pro-
pres lois, n'oubliant point, au milieu de l'eni-
vrement de ses conquêtes, que la Grèce était
point d'appui dans sa lutte contre l'Orient.
ALE
191-
Toutes les grandes capitales de l'empire s'ou-
vrirent successivement devant lui : Babylone,
où il sacrifia à Bel suivant lo rite chaldéeii,
près de deux mille ans d'observa-
tions astronomiques faites par les mages, et
qu'il envoya à Aristote; Suse, où il reprit les
statues d'Harmodius etd'Aristogiton, trophées
de victoire enlevés par Xerxes, aux Athé-
niens ; Persépolis, dont il brûla lo palais et où
il trouva d'immenses trésors ; Ecbatane, Pasar-
Cependant, tandis qu'il poursuivait Darius à
travers la Médie et la Bactriane, ce prince fut
t^é à coups de flèches par un de ses satrapes,
qu'Alexandre punit-enle livrant au supplice.
L'empire des Perses était détruit. Le conqué-
rant macédonien complète son œuvre en sou-
mettant diverses nations belliqueuses des
régions montagneuses qui bordent la mer
Caspienne, pénètre jusque chez les Scythes
asiatiques qui campaient au delà de l'Axiarte,
et marque son passage dans ces sauvages
contrées par la fondation dV-~ — "~
Alexandrie. L'une des villes de
érigea dans la haute Asie, est
d'hui florissante et a gardé le r
dateur, Kandahar (les Orientaux appellent
nouvelle
)m, qu'il
aujour-
i temps,
Alexandre hkander). En me mu rempa,
organisait sa conquête avec la haute intelli
gence d'un politique et d'un civilisateur, mo-
difiant l'administration des Perses dans ce
qu'elle avait d'anarchique et de despotique ,
abolissant les prestations en nature, séparant
avec soin les autorités civile , militaire et
fiscale, respectant partout les religions natio-
nales et les mœurs, s'assurant des peuples
douteux par des colonies et des forteresses ,
ouvrant des routes à travers l'empire, répan-
dant partout une semence de villes grecques
qui, en fructifiant, doit civiliser l'immooile
Orient, cherchant enlin à fondre en un seul
et les vaincus, k mêler
nations, les iâées, les religions et les mœurs
dans une unité matérielle et morale que le
monde antique ne connaissait pas, et que la
philosophie même n'avait pas rêvée. C'est dans
cette vue qu'il épousa Statira, fille de Darius ,
puis Roxaue; qu'il encouragea par des pré-
sents les unions de ses soldats avec des fem-
mes persanes, et qu'il admit des Mèdes et des
Perses dans l'administration et dans l'armée.
Malheureusement, il y avait deux hommes
dans Alexandre : l'élève des .philosophes grecs,
le conquérant civilisateur, et Venf antd'une race
à demi barbare, civilisé à la surface par les '
lettres grecques, mais qui conservait encore
les passions énergiques et l'orgufeiî violent des
guerriers de l'âge héroïque. De là ce mélange
de grandes actions et d'actes insensés, d'inspi-
rations généreuses , de nobles paroles , de
despotisme et de cruauté , de vices et de
vertus, qui forment le contraste de sa vie.
C'est ainsi qu'il s'abandonna à la débauche et
aux excès dégradants de l'ivresse , et qu'il
fit périr ses meilleurs amis , impliqués à tort
ou à raison dans des complots contre sa vie ,
Philotas, le vieux et fidèle Parménion, Clitus,
qui lui avait sauvé la vie au Graniquo et
dont il arrosa le cadavre de larmes inutiles,
après l'avoir tué de sa main pour une parole
imprudente dans l'ivresse d'un festin ; lo phi-
losophe Callisthène, qui n'avait point voulu
se prosterner devant lui, à la manière orien-
tale; c'est ainsi qu'il adopta les usages des
Perses, qu'il se forma un sérail, qu'il ceignit
le diadème, qu'il s'entoura d'une garde bar-
bare , qu'il prétendit se faire adorer comme
le fils de Jupiter, qu'il s'attribua toute la gloire
de la conquête, et qu'il se créa une armée
entièrement composée d'Asiatiques , comme
pour l'opposer à ses Macédoniens irrités. Néan-
moins, le prestige de sa gloire couvrait tout,
et le mécontentement n'éclatait que par quel-
ques tentatives impuissantes, réprimées avec
la plus impitoyable rigueur.
En 327, il entreprit la conquête de l'Inde.
Cette expédition, comme les précédentes, ne
fut qu'une marche triomphale. Il ne rencontra
de résistance sérieuse que sur les bords do
l'Hydaspe, dont' Porus lui disputa le passage
avec son armée et ses éléphants de guerre.
Vaincu et fait prisonnier après une bataille
sanglante, le rajah indien est amené devant le
conquérant. ■ Comment prétends-tu être traité?
— En roi ! ■ répond fièrement Porus. Alexan-
dre, comprenant la grandeur de cette réponse,
lui rendit ses Etats, auxquels' il ajouta de nou-
velles provinces. Sa magnanimité était ici d'ac-
cord avec sa politique, car en même temps qu'il
s'attachait un puissant vassal, il se ménageait
un utile appui contre Taxile, antre roi indien
dont il craignait l'ambition et l'influence. C'est
à ce passage périlleux de l'Hydaspe qu'il s'écria,
au moment d'être englouti par les flots : « O
Athéniens ! à quels dangers je m'expose pour
^être loué de vous 1 » (V. Louer.) Il fonda en ces
lieux deux villes, Nicée, pour rappeler sa vic-
toire, et Bucéphalie, pour honorer la mémoire
de son fidèle coursier, qui venait de mourir des
blessures reçues dans le combat. U continua de
S'avancer dans l'Inde, soumettant'les peuples
et les villes; mais ses soldats, fatigués de ces
courses immenses dans un monde inconnu,
refusèrent de franchir l'Hyphase et d'aller
jusqu'au Gange. Le conquérant dut s'arrêter
avant que son ambition fût rassasiée. Bouil-
lant de colère, il fut contraint néanmoins do
revenir sur ses pas , fit construire une flotte
et descendit l'Hydaspe, puis l'Inclus jusqu'à
l'Océan, subjuguant des peuples sur son pas-
sage, fondant des villes, creusant des ports ,
établissant des arsenaux, laissant partout enlin
des monuments de son énergique activité.
Arrivé à l'Océan , dont le flux et le reflux
émerveille les Grecs, il donne le commande-
ment de ta flotte à Néarque et le charge
d'explorer la côte jusqu'au golfo Persique,
pendant que lui-même ramène l'armée à ira-
vers les déserts de la Gédrosie, où il partagea
toutes les privations de ses soldats, jusqu'à
répandre sur le sable un peu d'eau qu'on lui
apportait, ne voulant point se désaltérer pen-
dant que l'armée mourait de soif. De retour à
Suse , il se maria de nouveau, maria à son
exemple et dota richement dix mille Macédo-
niens avec des femmes asiatiques , punit plu-
sieurs satrapes concussionnaires, mais ne put
atteindre le plus coupable d'entre eux, Har-
palus, qui s'enfuit en Grèce, emportant des
richesses considérables. Vers cette époque, il
fut frappé d'une grande douleur. Ephestion,
le plus cher de ses amis, l'ami d'Alexandre,
comme il le disait lui-même, tandis que Cra-
tère n'était que l'ami du roi, Ephestion mourut
des suites d'une orgie. Il lui fit des funérailles
d'une magnificence inouïe et voulut même le
diviniser. Arrivé à Babylone (325), il y reçut
peuple 1
fel'e.
i du
de sa propre grandeur, et il agita dans son
esnrit les projets les plus grandioses. Il vou-
faire construire une flotte de
mille navires, conquérir l'Arabie, faire le
tour de l'Afrique, pénétrer dans la Méditer-
ranée, soumettre Carthage, fonder enfin une
monarchie universelle dont Alexandrie eût
été la capitale. Mais tous ces rêves d'une insa-
tiable ambition devaient bientôt s'évanouir.
Pendant qu'il s'occupait d'améliorations inté-
rieures, qu'il faisuit creuser un port à Baby-
lone, enlever les barrages du bas Tigre, pour
faciliter lanavigation,et commencerde grands
travaux d'irrigation, il fut pris d'une fièvre
pernicieuse, dont peut-être il avait gagné lo
germe en visitant les marais du Pallacopas, et
mourut après onze jours de maladie, le 21 avril
323 av. J.-C. 11 n'avait pas trente-trois ans
accomplis. Quelques historiens anciens soup-
çonnèrent qu'il avait été empoisonné par An-
tipater, mais cette opinion n'a jamais eu qu'un
petit nombre de partisans. Alexandre périt
19
ALE
victime de ses propres excès, de ses débau-
ches, de son intempérance, peut-être aussi con-
sumé par un climat énervant et par le feu de
sa dévorante activité. A son lit de mort, pré-
voyant que ses capitaines se disputeraient sa
succession les armes à la main, il avait exprimé
ses craintes sur les sanglantes funérailles qu'on
lui préparait. Il s'abstint de désigner un héri-
tier. A ceux qui lui demandaient à qui il lais-
sait l'empire, il répondit, suivant une tra-
dition : ■ Au plus digne (V. Digne), » montrant
ainsi qu'il était déjà i plein des tristes images
de la confusion qui devait suivre sa mort, »
et qu'il entrevoyait le démembrement de son
empire. Un fils en bas âge , qu'il avait eu de
sa concubine Barsine, un enfant à naître, de
sa femme Roxane , qu'il laissait enceinte ,
un frère imbécile, Arrhidée, tels étaient ses
seuls héritiers. Après beaucoup de troubles et
d'agitations , l'armée reconnut Arrhidée, sous
la régence de Perdiccas, à qui Alexandre avait
remis en mourant son anneau, et les généraux
se partagèrent les commandements et les pro-
vinces, en attendant qu'ils se les disputassent
les armes à la main, S titre de souverainetés.
Alexandre avait commandé qu'on trans-
portât son corps dans le temple d'Ammon ;
mais Ptolémée le garda à Memphis, dans son
cercueil d'or. Plus tard, il fut transporté à
Alexandrie, où l'on substitua un cercueil de
verre à l'ancien. Jules César et Auguste purent
contempler ce cadavre/qui avait été embaumé à
l'égyptienne. Sous Alexandre Sévère, le tom-
beau qui renfermait le conquérant disparut
sans qu'on ait pu le retrouver.
Voici le jugement que porte du héros macé-
donien l'homme le plus capable d'apprécier son
génie et son caractère : « Alexandre, dit Na-
poléon dans le Mémorial de Sainte-Hélène, con-
quiertavec une poignée de monde unepartiedu
globe ; mais fut-ce de sa part une simple irrup-
tion, une façon de déluge ? Non ; tout est cal-
culé avec profondeur, exécuté avec audace ,
conduit avec sagesse. Alexandre se montre tout
à la fois grand guerrier, grand politique, grand
législateur. Malheureusement, quand il atteint
le zénith de la gloire et du succès, la tête lui
tourne ou le cœur se gâte ; il avait débuté avec
l'âme de Trajan, il finit avec le cœur de Néron
et les mœurs d'Héliogabale. »
La vie d'Alexandre le Grand, ce poème hé-
roïque qui se déroule en épisodes merveilleux
de l'MeUespont a l'Indus, a laissé un long sou-
venir dans la mémoire des peuples, et la langue
poétique des nations de l'Occident a conservé
les mots, les réponses, les maximes de cet
homme extraordinaire comme autant de phra-
ses caractéristiques pour peindre des senti-
ments et des situations. Mais c'est surtout dans
les traditions orientales qu'Alexandre (Iskan-
der) joue un rôle qui touche au merveilleux.
Déjà Josèphe nous adonné sur le héros macé-
donien des détails sur lesquels les auteurs
grecs ont gardé le silence le plus complet, en
parlant, par exemple, de la réception faite à
Alexandre, à Jérusalem, par le grand prêtre
Jeddu, et de la protection que le conquérant
aurait accordée aux Juifs. Les autres nations
orientales mêlèrent insensiblement à l'histoire
d'Alexandre les brillantes fictions de légendes
surnaturelles , et créèrent ainsi un type nou-
veau , bientôt devenu populaire. Les Arabes
l'appellent Iskander, selon leur habitude de
• tronquer les mots grecs. (C'est ainsi que
à'flippocrate ils ont fait Bocrat ; de euangelion,
indjil.) Souvent ils ajoutent à ce nom la qua-
lification lien Filicos (fils de Philippe) ou Zoul
Oarnein (aux deux cornes) . Les écrivains orien-
taux ne sont pas d'accord sur l'origine de ce
nom. Il vient peut-être de ce qu'Alexandre
s'est rendu maître de l'Orient et de l'Occident,
des deux extrémités , des deux cornes de la
terre. Peut-être prétendait-il se faire passer
pour le fila de Jupiter Ammon , ou bien faut-il
chercher l'explication du mot dans le génie
particulier des langues orientâtes, qui font des
cornes l'emblème de la force. — On débite en
Orient sur Iskander Zoul Garnein les légendes
les plus incroyables. Les Persans le font des-
cendre de la race de leurs rois, et le regardent
comme le propre fils de Darab; suivant eux,
il aurait envahi le royaume de son frère Dara
(Darius Codoman), l'aurait vaincu et se serait
emparé de ses Etats. On lui attribue des qua-
lités extraordinaires , une intelligence hors
ligne, un courage à, toute épreuve. — Ces
croyances se répandirent d'autant plus facile-
ment en Orient, qu'elles flattaient l'amour-
propre national des peuples asiatiques , faci-
lement disposés à considérer l'envahisseur,
non comme un étranger, mais comme issu de
leur nation et favorisé des dieux. Les auteurs
orientaux chrétiens, entre autres Barhebrœus
et Ibn Batrik, ont poussé l'invraisemblance
au moins aussi loin en admettant qu'Alexandre
était d'origine égyptienne, parce que Nectam-
bos, chassé de son royaume par Artaxerce, se
serait réfugié en Macédoine, et, déguisé en as-
trologue, aurait eu des relations avec Olympias,
femme de Philippe. — Le Coran, à son tour,
est venu broder sur ce thème quelques nou-
veaux motifs. C'est ainsi que, dans la sou-
rate xviii, Zoul Garnein est envisagé comme
un personnage tout à fait mythologique qui
élève contre Jagug et Magug (Gog et Mogog
de la Bible) les murailles d'airain. Les com-
mentateurs du Coran sont en désaccord pour
savoir si ce passage doit être appliqué à
Alexandre le Grand, ou bien a un ancien prince
de l'Arabie-Heureuse, Zoul Garnein Assaab
Ibn Rayich, ou enfin à un roi persan, Afridira
ALE
Ibn Asfian. Cependant le plus grand nombre y
voit une allusion à Alexandre le Grand, et
cette interprétation est la plus plausible.
ALEXANDRE, nom propre devenu commun
dans toutes les langues, et qui est resté le
type, la personnification du héros, du conqué-
rant, et aussi du destructeur. C'est dans ce
dernier sens que La Fontaine a dit :
Qu'ui
lu, chez
Rendait .
« A la veille d'un si grand jour et dès la pre-
mière bataille, il est tranquille, tant il se trouve
dans son naturel ; et on sait que le lendemain,
à l'heure marquée, il fallut réveiller d'un pro-
fond sommeil cet autre Alexandre. •
Bossuet,
Oraison funèbre duprince de Condé.
Le grand nom d'Alexandre a également
inspiré les poètes, les écrivains et les artistes
de toutes les époques. Voici les œuvres les plus
remarquables d'après leur ordre alphabétique
Alexandre, la seconde des tragédies de Ra-
cine dans l'ordre chronologique , représentée
pour la première fois en 16GT. Le sujet de cette
pièce est emprunté entièrement au Ville livre
de Quinte-Curce ; On n'en connaît guère où
l'histoire soit plus exactement suivie. C'est, dit
La Harpe, la première tragédie française écrite
avec élégance ; mais elle manque d'action et
surtout de cet intérêt qui soutient seul les
pièces de théâtre, quand on n'y supplée point
par des beautés d un autre genre. L'esprit
d'imitation y est trop marqué, et Alexandre est
aussi froidement amoureux d'une reine des
Indes que César de celle d'Egypte. Boileau a
cru mettre une louange déguisée dans la bou-
che de son campagnard du lîepas ridicule,
quand il lui fait dire :
Je ne sais pas pourquoi t'on vante l'Alexandre;
Ce n'est qu'un glorieux qui ne dit rien de tendre.
Il en dit beaucoup trop pour un conquérant. Il
y a des héros qu'il ne faut jamais faire soupirer
sur la scène, et Alexandre est de ce nombre.
Mais Racine sacrifiait encore à la mode consa-
crée par Corneille, qui faisait débiter il Sertorius
des galanteries dignes des marquis du temps.
On dit néanmoins que Racine ayant soumis sa
pièce au jugement de l'auteur de Cinna, ce
grand homme n'y reconnut point le caractère
d'Alexandre, et qu'il conseilla au jeune auteur
de renoncer à la tragédie. Le rôle de Porus
est plus énergiquement tracé ; il appartient à
l'école des héros de Corneille ; mais les beaux
vers mêmes qu'il débite sentent trop l'imitation
et approchent de la bravade. Saint-Evremont,
après avoir exprimé les brillantes espérances
que lui faisait concevoir le jeune auteur, n'en
porte pas moins sur lui, à cette occasion, un
jugement juste et sévère. « Il a, dit-il, des
pensées fortes et hardies, des expressions qui
égalent la force de ses pensées ; mais vous me
permettrez de vous dire, après cela, qu'il n'a
pas connu Alexandre ni Porus. Peut-être que
pour faire Porus plus grand, sans donner dans
le fabuleux , il a pris le parti d'abaisser son
Alexandre. Si tel a été son dessein, il ne pou-
vait pas mieux réussir; car il en fait un prince
si médiocre, que cent autres le pourraient em-
porter sur lui comme Porus... A parler sérieu-
sement, je ne connais ici d'Alexandre que le
nom seul; son génie, son humeur, ses qualités,
ne me paraissent en aucun endroit. Je cherche
dans un héros impétueux des mouvements ex-
traordinaires qui me passionnent, et je trouve
un prince si peu animé, qu'il me laisse tout le
sang-froid ou je puis être. Je m'imaginais en
Porus une grandeur d'âme qui nous fût plus
étrangère ; Te héros des Indes devait avoir Un
caractère diîlérent de celui des nôtres. »
La tragédie d'Atexandre-marquaitnéanmoins
un progrès dans le talent de Racine ; son troi-
sième essai, Andromaque, devait être un de
ses plus admirables chefs-d'œuvre.
Alexandre (batailles d'). Série fameuse
de tableaux qui fut commandée par Louis XIV à
Le Brun, en 1660; le peintre la terminaen 16GS.
Le temps a beaucoup assombri le coloris de ces
immenses peintures, dont trois mesurent jus-
qu'à 12 mètres de largeur. Fort heureuse-
ment pour la gloire même de Le Brun, elles
ont été admirablement traduites par le burin
de Gérard Audran et de Gérard Edelinck.
• Ces deux grands artistes, dit M. Viardot, en
conservant le principal mérite des composi-
tions de Le Brun, unique peut-être, mais in-
contestable, leur savante et noble ordonnance,
surent l'un et l'autre bien cacher et corriger
les imperfections d'un dessin mol et lourd... »
Alexandre le Grnnd (STATUE ANTIQUE D*),
Musée du Louvre. Cette statue, du style hé-
roïque, est probablement la -reproduction d'un
Alexandre de Lysippe, qui eut, comme le
peintre Apelle , le monopole des portraits
d'Alexandre. Le vainqueur de Darius est de-
bout, coiifé d'un casque et l'épée à la main. On
le reconnaît surtout à ses traits lins et délicats
et à sa tête légèrement penchée sur l'épaule
gauche. « Cet Alexandre au regard hautain,
dit M. Viardot, semble dire à Jupiter, comme
dans l'épigramme d'Archélaùs : « O roi des
» dieux! notre partage est fait : à toi le ciel,
» à moi la terre 1 i
I Diogi
;, bas-relief de P. Pu-
get. Musée du Louvre. Ce fut le dernier ou-
vrage de Puget,.qui l'acheva peu de temps
avant sa mort. C'est peut-être à tort que l'on
a donné le nom de bas-relief a ce morceau ;
car, à vrai dire, il contient tous les genres
de sculpture, depuis le bas-relief proprement
dit jusqu'à la ronde bosse. Alexandre, monté
sur le fameux Bucéphale, s'arrête auprès de
Diogène, couché devant son tonneau. L'ar-
tiste a choisi le moment où le cynique fait au
vainqueur de l'Asie cette réponse si connue :
« Ote-toi seulement de mon soleil. ■ Cette com-
position, à laquelle Gustave Planche reproche
d'être distribuée comme un tableau, et où l'on
signale quelques incorrections de détails, n'en
est pas moins une des œuvres les plus mouve-
mentées, les plus poétiques, les plus saisis-
santes de la sculpture française. « La tête, les
épaules, les bras, les mains de Diogène, dit
Emeric David, les draperies et les parties nues
de plusieurs autres figures, font admirer au-
tant de vigueur que de vérité. Les chevaux;
les armes , le monument d'architecture qui
décore un des plans éloignés, brillants acces-
soires, enrichissent le théâtre sans l'embar-
rasser. Partout de l'action, et cependant celle
du philosophe domine.
tragédie-opéra en
îx, paroles de
1785. Le sujet
que celui de.
•ique a obtenu"
jEgu», fils pos-
trois actes , musique de Ml
Morel, représentée à l'Opéra i
de cet ouvrage. est le mén
l'Alexandre de Racine. La m
un certain succès, et les airs
populaires.
ALEXANDRB IV, suraommi _ ,
thume d'Alexandre le Grand et de Roxane ,
proclamé à sa naissance (323 av. J.-C.) , et
empoisonné par Cassandre, en 311.
ALEXANDRE V, troisième fils de Cassandre,
né l'an 323 av. J.-C, proclamé roi à Babylone
par l'armée macédonienne. Il occupa le trône
de Macédoine avec son frère Antipater de 297
à 294, après la mort de leur frère^ainé Phi-
lippe IV.
ALEXANDRE, prétendant au trône de Macé-
doine, en 278 av. J.-C, était fils d'Amestris;
reine d'Héraclée, et de Lysimaque, ancien gé-
néral d'Alexandre, à qui la Thrace était échue
en partage. Son père ayant mis à mort Agatho-
cle, un autre de ses fils, Alexandre s'enfuit et lui
fit la guerre de concert avec Séleucus, roi de
Babylonie. Lysimaque fut tué dans une ba-
taille. Mais Alexandre ne put hériter de la
Thrace, etne futpas plus heureux dans ses ten-
tatives pour s'emparer du trône de Macédoine.
ALEXANDRE, fils du dernier roi de Macé-
doine Persée, fut fait prisonnier avec son père,
parut au triomphedePaul-Emile(i68 av. J.-C),
et dans la suite -fut réduit à se faire greffier.
ALEXANDRE ler^iolosse, roi d'Epire, mort
vers 328 av. J.-C. Un oracle ayant prédit qu'il
finirait ses jours près du fleuve Achéron, il
passa en Italie, appelé par les Tarentins , fit
quelques conquêtes dans l'Italie méridionale
(Grande Grèce), mais fut vaincu et tué sur les
bords d'un autre fleuve Achéron.
ALEXANDRE H, roi d'Epire de 272 à 242
av. J.-C. Il était fils de Pyrrhus, conquit la
Macédoine, d'où il fut chassé par Démétrius,
fils d'Antigone. Il avait écrit un traité de tac-
tique militaire estimé des anciens , mais qui
est perdu.
ALEXANDRE, tyran de Phores.en Thessalie
(370 av. J.-C). Il livrait ses ennemis aux bêtes
ou les faisait enterrer vivants. Vaincu par
Epaminondas et les Thébains, à Cynocéphale,
il fut assassiné par sa femme Thébé (357).
ALEXANDRE BALA, imposteur qui se fît pas-
ser pour le fils d'Antiochus Epiphane, et usurpa
le trône de Syrie sur Démétrius Soter, l'an 149
av. J.-C Trois ans plus tard, il fut vaincu par
le fils de celui qu'il avait dépouillé, et tué' dans
sa fuite par un chef arabe chez lequel il s'était
ALEXANDRE II , se fit passer pour le fils
ALEXANDRE JANNEE, roi et grand prêtre
des Juifs (106-78 av. J.-C). Chassé de Jéru-
salem, il dompta la révolte de ses sujets après
une guerre civile de six années, et se vengea
par d'horribles cruautés. Il conquit beaucoup
de villes en Syrie, en Phéniçie et en Arabie.
ALEXANDRE, prince juif, petit-fils d'Alexan-
dre Jannée, suscita plusieurs révoltes contre
ia domination romaine , et fut tué l'an 53 av.
J.-C par Métellus Scipion, gendre de Pompée.
ALEXANDRE I" et II, roi d'Egypte.V. Pto-
lémég IX et X.
ALEXANDRE - SÉVÈRE ( Marcus Aurelius
Alexander Severus) , empereur romain, né
vers l'an 200, en Phéniçie, fut adopté par
Héliogabale , son cousin , et proclamé empe-
reur en 222, ayant à peine quatorze ans. Par
lui, succéda à un règne infâme celui de la jus-
tice et de l'humanité ; il fit bénir son gouver-
nement par les peuples, fatigués des extrava-
gantes atrocités de son prédécesseur. Avec
lui disparurent une foule d'abus; il créa des
institutions civiles, diminua les impôts, amé-
liora la position 'du soldat, fonda des banques
de prêts à un intérêt très-modique, et prodigua
les encouragements aux lettres , aux sciences
et aux arts. A son avènement, le palais impé-
rial était un gouffre où s'engloutissaient tous
les revenus de l'empire ; Alexandre réforma le
ALE
luxe de la cour, et montra constamment la
plus grande simplicité. Aucun mets recherché
ne paraissait sur sa table, même les jours de
cérémonie, t La majesté de fempire se sou-
tient, disait-il, par la vertu, et non par une
vaine ostentation. ■ Il voulut que les charges
qui donnaient un certain pouvoir de faire le
bien ou le mal fussent accordées au mérite et
non acquises à prix d'argent, car, suivant lui,
c'est une nécessité que celui qui achète en
gros vende en détail. Il montra toujours la plus
grandetolérance envers les chrétiens, et rendit
même un édit en leur faveur. On a prétendu
qu'il professait en secret la religion chrétienne ,
mais ce n'est qu'une supposition. Obligé de
faire la guerre à Artaxerce, prince perse, qui
luttait contre les Parthes, et qui voulait reven-
diquer également les possessions romaines en
Asie, il remporta sur lui de grands avantages,
et il allait soumettre les Germains, lorsqu'il
fut assassiné en 235 par Maximin, soldat
thrace, chef d'un corps d'auxiliaires, et qui
prit un moment la pourpre. Sa mort cf ~
douleur universelle dans l'er '
mpire.
e qui
ploya contré l'indiscipline des troupes et contre
les concussionnaires, quoiqu'il fut d'un carac-
tère doux et humain. C est ainsi qu'il fit étouffer
par la fumée d'un feu de bois vert un certain
Turinus, qui avait trafiqué de son crédit auprès
de lui. Pendant le supplice, un crieur répétait
au peuple : « Puni par la fumée pour avoir
vendu de la fumée. •
ALEXANDRE, empereur de Constantinople,
né vers 870, m. en 912. Troisième fils de Basile
le Macédonien, il régna d'abord conjointement
avec son frère Léon le Philosophe, puis seul
après la mort de celui-ci (9 1 1 ) . Ilse'livra dès
lors à tous les excès, déposa Eutliymius, pa-
triarche de Constantinople, exila l'impératrice
Zoé et son fils Constantin Porphyrogénète, et
mourut au moment où les Bulgares se prépa-
raient à ravager l'empire.
ALEXANDRE 1er, roid'Ecossede 1107 à 1124,
dompta ses sujets révoltés.
ALEXANDRE II, roi d'Ecosse de 1214 à 1249.
Il fit une irruption en Angleterre pour soutenir
les barons contre le roi Jean, obtint d'abord
quelques succès, mais fut ensuite contraint de
subir une paix humiliante. Une grande partie
de son règne fut employée à réprimer les
révoltes des clans celtiques.
ALEXANDRE 111, roi d'Ecosse, (ils du pré-
cédent, monta sur le trône à l'âge de neuf ans
(1249), combattit avec succès les Norvégiens,
et les contraignit à renoncer à leurs préten-
tions sur les îles Hébrides. Il mourut d'une
chute de cheval, en 1285.
ALEXANDRE JAGELLON, grand-duc de Li-
thuanie, élu roi de Pologne en 1501 , mort en
1506. Il eut à lutter, pendant son règne, contre
les Moscovites et les Tatars. Ce fut lui qui réu-
nit en un code les lois de la Pologne.
ALEXANDRE FABNÈ?B. V. FarNESE.
alexandre de méûicis. v. médic1s.
ale:
en 1777, mort' en 1825, 'à Taganrok. Il monta
sur le trône en 1801, après le meurtre de son
père, auquel on le soupçonna, sans preuves,
de n'être pas resté étranger. Phénomène re-
marquable, et qui montre bien la puissance
d'expansion des principes émis par la révolu-
tion française, il fut, dans l'empire le plus ab-
solu de la terre, le représentant des idées libé-
rales, et entraîna son pays dans la voie des
réformes et du progrès. Ses premiers actes
furent une réparation des cruautés du règne
précédent. Il ouvrit les cachots, rappela les
bannis, abolit la censure, les tribunaux secrets,
la confiscation, la torture, les ventes publiques
de serfs; diminua les impôts, adoucit la légis-
lation criminelle, fonda des universités, *des
écoles et des hospices ; réforma le code crimi-
nel, protégea la liberté commerciale et indus-
trielle , et s'appliqua à faire fleurir dans ses
vastes Etats les lettres, les sciences et les arts,
dont les bienfaits étaient jusqu'alors restés
presque inconnus à la Russie. A son avène-
ment au trône, il maintint d'abord la paix qu'il
trouva établie avec la France; mais en 1805,
inquiet des envahissements de Napoléon en
Allemagne, il entra dans la troisième coalition,
formée par l'Angleterre, l'Autriche et la Suède.
La bataille d'Austerlitz força l'Autriche à si-
gner la paix de Presbourg ; la journée d'Iéna
renversa l'édifice que le grand Frédéric avait
mis toute sa vie à élever, et les défaites suc-
cessives qu'Alexandre essuya en 1807, à Eylau
et à Friedland, amenèrent la fameuse entrevue
qui eut Heu sur le Niémen entre lui et Napoléon, •
et où les deux souverains se jurèrent une éter-
nelle amitié. Quelques jours après fut signé le
traité de Tilsitt, par lequel l'empereur de
Russie reconnut toutes les conquêtes de son
ennemi, et adhéra au système du blocus con-
tinental (8 et 9 juillet 1807). Le roi de Suède,
son ancien allié, ayant refusé de fermer ses.
ports aux vaisseaux anglais, il lui fit la guerre."
et lui enleva la Finlande en même temps qu'il
se rendait maître de plusieurs provinces de la
Perse et de la Turquie. L'entrevue d'Erfurt
vint encore resserrer son alliance avec Napo-
léon, pour lequel il ressentait d'ailleurs la plus
vive admiration. Cependant quelques modifi-
cations au système continental, qui lui étaient
imposées par les besoins de ses peuples,. et
l'occupation du duché d'Oldenbourg par les
troupes françaises , amenèrent une rupture.
ALE
entre les deux souverains, et la guerre ne
tarda pas à sortir de cette situation. On con-
naît les résultats de cette funeste campagne
de 1812 entreprise par Napoléon. Pendant que
les débris de 1 armée française se retiraient en
Allemagne, Alexandre lança de Varsovie un
manifeste par lequel il appelait l'Europe aux
armes (1813), et forma une nouvelle coalition
dans laquelle entrèrent l'Angleterre, la Prusse,
la Suède et l'Autriche. Les alliés essuyèrent
d'abord plusieurs défaites a Lutzen, à Bautzen
et à Dresde , mais la bataille de Leipsick leur
ouvrit les portes de la France, et ils arrivèrent
jusqu'à Paris (1814) , malgré les prodiges de
génie que fit Napoléon dans cette campagne
immortelle. Alexandre, qui jouait le principal
'rôle dans ces événements , contribua à repla-
cer la famille des_ Bourbons sur le trône, et se
conduisit avec une modération et une bien-
veillance qui lui concilièrent l'estime des classes
élevées , moins sensibles aux humiliations de
l'invasion étrangère que charmées de l'affa-
bilité de l'autocrate vainqueur. Après avoir
signé le traité qui assurait la paix générale et
garantissait à la France l'intégrité de son ter-
ritoire primitif, il se rendit en novembre 1814
au congrès devienne, où il fit confirmerl'usur-
Fation de la Pologne , qu'il avait consommée
année précédente. Après le retour de Napo-
léon de l'île d'Elbe et la bataille de Waterloo,
Alexandre revint à Paris avec les troupes
alliées (1815), etjarticipa cette fois aux mesures
rigoureuses prises contre la France ; néan-
moins il s'opposa à son démembrement et sauva
plusieurs monuments qu'on voulait détruire.
Avant de quitter Paris, il signa avec les sou-
verains de Prusse et d'Autriche le traité de la
Sainte -Alliance, qui, sous l'apparence d'une
ligue pour le triomphe du christianisme, n'était
en réalité qu'une coalition des rois contre les
principes libéraux, coalition au nom de laquelle
il fut entraîné plus tard il comprimer la liberté
en Europe. De retour en Russie, Alexandre s'oc-
cupa de l'administration de ses vastes Etats,
octroya à la Pologne une constitution qui ne
fut jamais appliquée, travailla à réparer les
maux de la guerre, établit des colonies militai-
res dans les parties les moins habitées de son
'empire, expulsa les jésuites , que son aïeulo
Catherine avait attirés en Russie, et adoucit
le sort des serfs. Dans les dernières années de
sa vie, il demeura fidèle a l'esprit qui avait
dicté le traité de la Sainte-Alliance, et se mon-
tra constamment l'adversaire des idées libé-
rales qu'il avait professées au début de sa
carrière. Au reste , il ne s'appartenait plus à
cette époque. Depuis la deuxième invasion, il
était tombé sous l'empire de la mystique
M "><! de Krudner (V. ce nom), qui l'avait en- •
traîné dans un quiétismo religieux énervant,
et dont l'influence funeste survécut même à la
perte de son crédit. Il mourut d'une fièvre
endémique pendant un voyage dans les pro-
vinces méridionales de son empire. Ses derniers
moments furent troublés par la découverte
d'une vaste conspiration entreprise par la jeu-
nesse russe des hautes classes, sous l'in-
fluence d'idées qu'elle avait rapportées de la
Alexandre fut un prince éclairé et doué de
qualités incontestables ; il acquit des droits à
la reconnaissance de la France par sa modé-
ration et le frein qu'il imposa à la vengeance
que les alliés voulaient tirer de vingt ans de
revers et d'humiliations , mais la loyauté fut
loin de présider a tous les actes de sa vie; il
e montra que trop souvent fidèle à cette
e cauteleuse qui est de tradition chez
> moscovites, et justifia ainsi
l'épithète de Grec du Bas-Empire que Napo-
léon lui donna dans sesamères récriminations.
Il ne laissait point d'enfant, et son frère Nicolas
lui succéda.
ALEXANDRE II, empereur de Russie, fils
aîné de Nicolas et de Frédérique-Louise-Char-
lotte-Wilhelmine, sœur du roi do Prusse Fré-
déric-Guillaume IV, et qui reçut comme czarine
le nom û'Alexandra-Feodorowna. Elevé d'a-
bord par sa mère et placé sous la direction de
l'Allemand Mœrder, il fut confié ensuite aux
soins du poëte russe Joùltowski, qui acheva
son éducation. Ce dernier appartenait, comme
le czar Nicolas, au vieux parti russe. Le carac-
tère du jeune prince porta l'empreinte do ces
influences diverses. Revêtu dès son enfance
de l'habit de soldat et de hautes dignités mili-
taires , formé pour la guerre et pour l'auto-
cratie, il se pliait difficilement néanmoins à la
forte discipline que son père imposait autour
de lui, et il tomba même dans une mélancolie
dont on essaya de le guérir par un voyage en
Allemagne, pendant lequel il épousa la prin-
cesse Marie, fille du grand-duc de Hesse-
Darmstadt (1841). Nicolas mourut, comme on
le sait, en mars 1855, au milieu des embar-
ras de la guerre de Crimée. Alexandre, hé-
ritant d'une situation qu'il n'avait point faite,
suivant l'expression de Napoléon III, soutint
quelque temps encore la politique héréditaire
des czars et continua la guerre avec assez
d'énergie, mais plutôt, a ce qu'il semble, pour
satisfaire l'honneur militaire et les vieux sen-
timents moscovites. Après la prise de Séba-
stopol, il jugea sagement qu'il était temps d'ac-
cepter les conditions que les alliés mettaient à.
la paix, envoya ses plénipotentiaires à Paris,
et parut dès lors vouloir consacrer toute l'ac-
tivité de son gouvernement aux affaires inté-
rieures de son vasto empire, qui lui doit d'im-
portantes améliorations , quelques réformes
administratives et un développement considé-
politique
ALE
rable de l'instruction publique. L'œuvre la
plus importante de son règne et de sa poli-
tique est jusqu'à présent 1 émancipation des
serfs, qu'il a courageusement commencée, et
qui se complétera sans doute par des mesures
ultérieures. Cette noble initiative ne peut mal-
heureusement faire oublier sa conduite récente
envers la Pologne. Dans cette question, en
effet, il paraît suivre entièrement les inspira-
tions du vieux parti russe. Tout ce que mon
père a fait est bienfait, a-t-il dit à cet égard.
■Et l'on sait combien Nicolas fut impitoyable
envers cette malheureuse nation. Dès le début
de l'insurrection actuelle (V. Pologne), la
répression prit un caractère implacable qui n'a
fait que s'aggraver, épouvantant l'Europe par
des actes d'une férocité inouïe, dont la respon-
sabilité rejaillit en partie sur le prince qui
choisit, qui maintient et qui récompense des
généraux comme Mourawiew et autres pro-
consuls, que sans aucun doute l'histoire flé-
trira du nom de bourreaux. Comme homme
privé, Alexandre est, dit^on, plein de douceur,
d'intelligence et d'aménité. On vante même ses
tendances libérales, au moins dans les ques-
tions qui n'intéressent point la domination
russe. Il parait en outre doué de cette habi-
leté moscovite que Napoléon I", juge un peu
partial, il est vrai, a comparé à Ta finesse
astucieuse des Grecs du Bas-Empire.
ALEXANDRE Ier, pape de 108 à 117
Onn
Les Epilres qui ont
cte mises sous son nom sont apocryphes.
ALEXANDRE II, pape de 1061 à 1073. Il eut
à lutter contre l'antipape Honorius II, que lui
opposa l'empereur Henri IV ; força les princes
normands à rendre les terres qu'ils avaient en-
levées au saint-siége , et s'opposa aux persé-
cutions contre les juifs.
ALEXANDRE 111 (Roland Rainuce), pape de
1159 à 1181. Appuyé sur la ligue lombarde, il
eut à lutter successivement contre les anti-
papes Victor IV, Pascal III et Calixte III,
suscités*par l'empereur Frédéric Barberousse,
avec qui il se réconcilia à Venise en 1177.
Alexandre III convoqua le troisième concile
de Latran en 1179, et y fit porter plusieurs
décrets importants, entre autres celui qui attri-
buait aux seuls cardinaux l'élection des papes,
et celui qui réservait au souverain pontiie !a
canonisation des saints.
ALEXANDRE IV (Rinaldi) , pape de 1254 à
1261, établit des inquisiteurs en France, à la
prière de saint Louis, et lutta sans succès
contre Mainfroi, fils naturel de l'empereur Fré-
déric II, et qui s'était emparé de l'Italie méri-
dionale. C'est sous son pontificat que parut en
Italie la secte des flagellants.
ALEXANDRE V, pape de 1409 à 1410. Il fut
élu par les cardinaux du concile de Pise , qui
voulaient l'opposer à Grégoire XI et à Be-
noit XII. Sa nomination ne mit pas fin au
schisme.
ALEXANDRE VI (Roderic-Lenzuolo Borgia),
né en 1431, à Jativa, en Espagne, descendait,
dit-on, par sa mère, Jeanne Borgia, des an-
ciens rois d'Aragon. Il se fit remarquer dès sa
jeunesse par le développement prématuré de
son intelligence et parla fougue de ses pas-
sions. Etudiant en droit, puis soldat, il fut
appelé à Rome en 1456 par son oncle Alphonse
Borgia, qui venait d'être élevé au trône pon-
tifical sous le nom de Calixte III, et qui le
nomma successivement archevêque de Va-
lence, cardinal et vice-chancelier.de l'Eglise.
Antérieurement, il avait eu d'une certaine
Rosa Vanozzo cinq enfants, dont deux surtout
acquirent la plus hideuse célébrité, César
et Lucrèce Borgia. Décoré de la pourpre
romaine, Roderic ne renonça point à ses dés-
ordres ; mais, dans l'intérêt de son ambition, il
les couvrit d'un voile impénétrable et mit dès
lors autant de zèle à affecter les vertus qui lui
manquaient que de soin à dissimuler ses vices.
Sous le pontificat de Sixte IV, il fut chargé de
diverses négociations qui mirent en lumière
son habileté politique, mais qui ne furent point
toutes heureuses. A la mort d'Innocent VIII, il
fut élu pape, et, s'il faut en croire les histo-
riens contemporains, il avait gagné tout le
collège, à l'exception de cinq cardinaux, soit
à prix d'or, soit par la promesse de dignités et
de bénéfices (1492). Dès ce moment il établit
à Rome sa famille, dont l'existence n'était plus
un mystère pour personne. François, son fils
aîné, reçut le commandement des troupes pa-
pales, et César fut nommé cardinal l'année
suivante. Prince plutôt que pottife , et dans
un siècle où la perfidie, le parjure et la cruauté
paraissaient des moyens légitimes de gouver-
nement, Alexandre VI se préoccupa exclusi-
vement de sa domination temporelle en Italie,
et entreprit de dépouiller et de réduire les
familles puissantes qui dominaient dans les
Etats de l'Eglise, ainsi que ces barons romains
qui avaient un tel pouvoir, qu'on les nommait
les menottes du pape. Dans cette lutte contre
les grands», ce nouveau Louis XI, moins puis-
sant par les armes, mais moins scrupuleux
encore sur les moyens, ne recula devant aucun
forfait pour s'agrandir et enrichir sa famille.
Les Malatesta, les Manfredi, les Colonna, les
Orsini, les Vitelli, furent tour à tour les vic-
times de ses perfidies, dont le principal in-
strument était son fils César, et a l'exécution
desquelles il employait le meurtre, la corrup-
tion, le parjure, le mensonge, etc. Sa vie en-
tière est un tissu d'horreurs de toute nature,
ALE
et il réalisa dans l'histoire l'idéal du prince dont
Machiavel a esquissé le hideux portrait. Dans
sa politique extérieure, il montra le même ca-
ractère. Obligé de capituler devant les armes
de Charles VIII, il fit sa paix avec lui en lui
accordant l'investiture du royaume de Naples
et en lui livrant le prince turc Gem (Zizim),
que peutrêtre il avait fait empoisonner à l'a-
vance, gagné, dit-on, par l'or de Bajazet. Il
encouragea ensuite l'assassinat des Français
dans Rome, se ligua contre le roi de France
avec la république de Venise et l'empereur
Maximilien, contracta plus tard une alliance
avec Louis XII, qu'il se disposait à trahir,
lorsqu'il mourut (1503) , empoisonné, dit-on,
par un breuvage qu il but par mégarde et
qu'il avait fait préparer pour un cardinal dont
il convoitait les biens. Ce dernier fait a été
révoqué en doute. Ce que les historiens con-
temporains rapportent des mœurs de ce pon-
tife ne peut trouver place dans un ouvrage de
cette nature. Nous devons nous borner à con-
stater que la plupart des faits qui lui sont
imputés ne paraissent malheureusement que
trop avérés. V. sa Vie, par Gordon, Londres,
1729, trad. en franc., en 1732.
ALEXANDRE Vil (Fabio Chigi),né à Sienne
en 1599, élu en 1655, mort en 1667, fut un pape
savant et vertueux. Il approuva la bulle d'In-
nocent X, son prédécesseur, contre les cinq
propositions de Jansénius, et prescrivit le fa-
meux formulaire de 1605. C'est sous son pon-
tificat que le duc de Créqui, ambassadeur de
France à Rome, ayant été insulté par la garde
corse, l'orgueilleux Louis XIV exigea que cette
garde fût cassée, et que la réparation fût
attestée par une pyramide érigée sur une place
de Rome.
ALEXANDRE VIII (Ottoboni), né à Venise
en 1610, élu en 1689, mort en 1691. Il publia la
bulle Inter multipliées, contre les quatre arti-
cles du clergé de France (1682) qui consa-
craient les libertés de l'Eglise gallicane.
Saints :
ALEXANDRE (saint), évêque de Jérusalem,
mort en prison l'an 251, sous Décius.
ALEXANDRE (saint), patriarche d'Alexan-
drie, combattit vigoureusement l'hérésie d'A-
rius, qu'il ne put ramener à la foi orthodoxe.
I! fit assembler le concile de Nicée (325), où
l'aiianisme fut condamné, et mourut en 326.
ALEXANDRE NEWSK1 (saint), prince mos-
covite, né en 1219, mort en 1262. Il était fils
du Jaroslaf II, grand-duc de Russie, et suc-
céda à son père en 1252. Illustré déjà par deux
victoires remportées, l'une sur les Suédois et
les Danois, au bord de la Neva (d'où son nom
de Newski), l'autre sur les chevaliers de l'ordre
teutonique, il n'affranchit point, comme on l'a
répété, la nation moscovite du honteux tribut
quelle payait aux successeurs de Gengis-Khan,
et ne gouverna au contraire qu'avec l'appui
des Tartares. Aujourd'hui cependant il est
rangé parmi les saints les pli -'- >-
l?n««ïp_ T/iïrmprntrïnfi f!nther
Personnages divers :
ALEXANDRE, fils do Priam, le même que
ALEXANDRE POLYHISTOR, savantécrivain
grec, fait prisonnier pendant la guerre de Mi-
thridate, amené à Rome et acheté par Corn.
Lentulus, qui lui confia l'éducation de ses
enfants et l'affranchit. Il avait composé qua-
rante-deux Traités de grammaire, d'histoire
et de philosophie, dont il ne reste malheureu-
sement que quelques fragments, conservés par
le SynceJle et Eusèbe.
ALEXANDRE le Paphlagonicn, fameux im-
posteur, né en Paphlagonie, vivait dans le
ne siècle de notre ère. Il étudia la médecine,
se fit passer pour prophète et gagna d'im-
menses richesses à rendre des oracles et à
traiter les malades. Sa renommée s'était répan-
due dans tout l'empire, et il est certainement
le plus illustre de tous les charlatans histo-
riques. Chose tout à fait neuve , il avait créé
un dieu, qu'il portait toujours avec lui. C'était
un serpent ou il avait fait naître dans un œuf
d'oie (après Vy avoir secrètement introduit) et
qu'il faisait passer pour Esculapé. Ce dieu,
qui avait reçu le nom de Glycon, figure sur
des médailles de ce temps.
ALEXANDRE d'AphrodiBla», le plus ancien
et le plus fameux des interprètes d Aristote. Il
professait à Alexandrie au commencement du
me siècle av. J.-C. Il combattit le fatalisme
comme subversif de l'ordre moral. On a de lui
des commentaires sur la philosophie péripa-
téticienne. •
ALEXANDRE (Sulpice), historien gaulois ou
franc, vivait au iv° siècle. 11 avait écrit une
histoire de la Gaule de 388 à 394. Grégoire de
Tours lui a fait quelques emprunts.
ALEXANDRE de Trnlles , célèbre médecin
grec, né à Tralles, en Lydie, dans le vie siècle.
Il est considéré comme un des meilleurs méde-
cins grecs depuis Hippocrate. Son principal
ouvrage traite de toutes les maladies, depuis
celles de la tête jusqu'à celles du pied, et il
a été souvent réimprimé, soit en grec, soit en
ALEXANDRE de Bernay, dit aussi Alexandre
de Paris, poelc du xiie siècle. Il continua en
vers de douze syllabes le roman d'Alexandre
le Grand, commencé par Lambert-li-Cors, ce
ALE
193
s de cette espèce
qui fit donner depu
le nom d'alexandrins.
ALEXANDRE ilo Vllledien, écrivain du
xuic siècle, composa vers i409 une grammaire,
en vers intitulée Doctrinale puerorum, et qui
eut une vogue immense dans les écoles du
moyen âge.
ALEXANDRE de Hnie», célèbre théologien
anglais de l'ordre des cordeliers, appelé le
Docteur irréfragable et la Fontaine de u je, en-
seigna avec succès la philosophie et la théolo-
gie à Paris, et, l'un des premiers, mit à profit
les traductions arabes d'Aristote. Il mourut
en 1245.
ALEXANDRE (Noël), théologien, né à Rouen
en 1639, mort à Paris en 1724. Il appartenait
k l'ordre des dominicains. Attaché aux doc-
trines jansénistes, il protesta contre la bulle
Unigenitus et signa le Cas de conscience. Sa-
vant et laborieux, il composa un grand nombre
d'ouvrages, parmi lesquels on remarqua sur-
tout une Histoire ecclésiastique (en latin) for-
tement empreinte de gallicanisme.
ALEXANDRE (D. Jacques), bénédictin, né à
Orléans en 1653, mort en 1734 ; inventeur des
horloges k équation, auteur d'un bon Traité
des horloges (1734).
ALEXANDRE (Charles), helléniste, né à
Paris en 1797. Il est inspecteur général des
études et membre du jury d'agrégation. On
lui doit d'estimables travaux lexicographiques
qui ont été adoptés dans l'enseignement, no-
tamment un Dictionnaire grec - français , un
Dictionnaire français-grec, une Méthode pour
faire des thèmes grecs, etc.
ALEX ANDRÉE (sainte), vierge et martyre à
Ancyre, au iv<* siècle. Honorée le 18 mai.
ALEXANDRETTE ou SCANDEROUN, petite
ville de la Turquie d'Asie, en Syrie. Elle doit
toute son importance à Alep, dont elle est lo
port naturel, bien qu'elle en soit éloignée do
140 kil. Mouvement de navigation considé-
rable ; 500 hab.
ALEXANDRIE, ville et port d'Egypte, fondéo
par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C, si-
tuée sur la langue de terre qui sépare le lac
Maryouth de la Méditerranée, à 170 kil. N.-O.
du Caire; entrepôt du commerce égyptien et
d'une grande partie de celui de l'Arabie, de la
Nubie, de l'Abyssinie. Elle fut célèbre autre-
fois par son école de philosophie et par l'impor-
tante bibliothèque recueillie par les Ptolémées.
Elle avait, sous Auguste, plus de 300,000 ha-
bitants, et en compte h peine aujourd'hui
60,000. C'est le seul grand port commercial
que l'Egypte possède actuellement sur la Mé-
diterranée.
Les monuments principaux de cette ville
célèbre sont :
Lu Phare. De la pointo orientale de l'île da
Pharos se détachait une masse de rochers en-
tourée d'eau. C'est là que fut bâti, par le Cni-
dien Sostrata et sous le règne de Ptolé-
mée Philadelphe (283 av. J.-C), le célèbre
Phare d'Alexandrie, que l'antiquité considé-
rait comme une des sept merveilles du monde.
Un vaste corps de bâtiment en marbre blane,
ouvert de tous côtés, composait le premier
étage. Ce palais était surmonté d'une immense
tour carrée, également en marbre, avec des
galeries étagées les unes au-dessus des autres,
formant les plus gracieuses colonnades. La
hauteur totale était de quatre cents pieds, et
au sommet se trouvait un grand miroir qui
"réfléchissait les vaisseaux avant que l'ail pût
les apercevoir à l'horizon. En 1518, le Phare
étant totalement ruiné, le sultan Sélim fit
construire sur l'emplacement une mosquée et
le château que l'on y voit aujourd'hui.
L'Heptastade, Cette chaussée, qui unit. la
ville à l'ancienne île de Pharos, fut ainsi nom-
mée parce que sa largeur était de sept stades.
Elle coupait en deux le havre d'Alexandrie, et
lui donnait ainsi deux ports : l'un appelé Grand-
Port, l'autre Eunoste, ou port du bon retour.
Elle a été si considérablement -élargie par les
sables et les débris accumulés à sa base, que
la nouvelle ville a pu s'y réfugier tout entière.
Le môle antique portait un aqueduc destiné h
faire arriver dans l'ile de Pharos les eaux du
Nil, et établissait, par deux .ouvertures qui y
avaient été pratiquées, une double communi- "
cation entre les deux ports qu'il séparait.
Colonne de Pompée ou dioclétiennb. Cette
colonna, improprement nommée de Pompée,
fut élevée en l'honneur de Dipclétien par un
gouverneur de l'Egypte, Pompeianus, dont le
nom explique la tradition erronée qui attribue
ce monument à Pompée. Située à 1 kilomètre
environ de la porte méridionale de la ville
arabe, elle se trouvait comprise dans l'enceinte
même d'Alexandrie. Elle n'a plus d'autre uti-
lité que de servir de point de reconnaissance
aux vaisseaux qui arrivent du large et aux
caravanes qui débouchent du désert. C'est une
colonne haute de 32 m. 50 c, d'un seul bloc
de granit rose, dont l'exécution et le poli.sont
admirables: son diamètre est de 3 m. Une
masse carrée, supportée par deux assises de
pierres siliceuses, lui sert de base. Le fût est
grec, tandis que la base, le piédestal et le cha-
piteau accusent le style dégénéré durv» siècle
de l'ère chrétienne. Le ctiapiteau est d'ordre
corinthien, à feuilles de palmier sans dente-
lures. Une statue colossale paraît avoir autre-
fois surmonté le monument, mais on n'en a
trouvé que des débris informes.
Aiguilles de Cléopàtre. Obélisques situés
25
à, l'orient de l'ancienne Alexandrie, et qui pa-
raissent avoir orné l'entrée du Cœsarcum,
temple de J. César. Ce sont deux monolithes
de granit rose, dont l'un est encore debout, et
l'autre couché sur le sable. Ils sont chargés
d'hiéroglyphes. Celui qui est debout a soixante-
trois pieds de haut sur sept de côté, à la base.
On remarque parmi les figures dont il est cou-
vert celles du bœuf, du serpent, du hibou, de
l'épervier, de la chouette, du scarabée, du
canard, de la cigogne, de l'ibis et du lézard.
Au milieu de ces inscriptions Champollion a
cru lire les noms de Mœris et de Sésostris. On
pense que ces deux monuments étaient autre-
lois à Héliopolis. Ce fut sans doute la reine
Cléopâtre qui les fit transporter à Alexandrie,
pour les placer devant le temple de César :
d'où leur appellation.
Le Canal de Canope. Ce canal, navigable
du Nil a Alexandrie, servait, dans sa double
destination, à l'entretien des fontaines et au
transport des marchandises. Il .était bordé
dans tout son parcours de vignes, de dattiers
et de sycqmores. Sur ses rives se groupaient
des maisons de plaisance et de délicieux jar-
dins. C'est ce même canal que Méhémet-Ali a
fait recreuser, il y a quelques années, sous le
nom de Canal Mahmoudien.
Les autres monuments de l'antique Alexan-
drie étaient : le l'osidium, ou temple de Nep-
tune; le Cœsarcum, temple de Jules César; le
Sebasteum , temple d'Auguste ; l'Arsinoiïon ,
temple d'Arsinoé ; le Sérapéion, temple de Sé-
rapis; le Sema, ou tombeau d'Alexandre;
l'Momerion, monument d'Homère ; le Diccste-
rion, palais où se rendait la justice ; l'Amphi-
théâtre; le Stade: le Musée; le Claudium, pa-
lais fondé par Ciaude pour la réunion ries
savants ; le Tim.oniv.in., palais de Marc-Antoine;
le Mausolée, ou tombeau de Cléopâtre, et
YISmpwium ou grand marché.
Parmi les monuments de l'Alexandrie mu-
sulmane , il faut citer : la mosqttée d'Abouti
Dinian, couronnée par des créneaux à redans,
Pharos, tour d'architecture arabe, ,
flanquée aux angles de quatre tourelles, et
portant au-dessus de la plate-forme un donjon
couronné par une lanterne qui sert de phare.
Une triple enceinte fortifiée a. la moderne lui
sert de remparts.
— Hist. L'importance d'Alexandrie, sa pros-
périté et son admirable position l'ont désignée
de tout temps à l'avidité des conquérants. Nous
allons passer en revue les principaux événe-
ments militaires qui se sont accomplis sous
ses murs, et auxquels elle a attaché son nom.
T. Antiochus, roi de Syrie, voulant mettre à
profit la jeunesse des enfants de Ptolémée
Philopator pour conquérir l'Egypte, l'envahit
a la tête d'une puissante armée et mit le siège
devant Alexandrie. Mais Popilius Ltenas, en-
voyé par le sénat, arrêta ses projets ambi-
tieux. V. Cercle de Popilius.
K. Après avoir vaincu Pompée à Pharsale,
César entra dans Alexandrie pour y régler les
affaires de l'Egypte. Ses manières impérieuses
irritèrent Achiïias, ministre du roi Ptolémée,
qui réunit une armée de vingt-quatre mille
Egyptiens, tous soldats aguerris, et vint défier
le maître du monde devant les murs de la ca-
pitale. César, qui n'avait avec lui que trois
mille légionnaires et huit cents cavaliers, sor-
tit hardiment d'Alexandrie, où ses ennemis le
tenaient pour ainsi dire assiégé, les éloigna
des remparts, et leur fit essuyer successive-
ment plusieurs défaites. Mais bientôt, affaibli
par ses succès mêmes, il éprouva des revers
oui le mirent à deux doigts de sa perte. Forcé
de battre en retraite devant un ennemi trop
supérieur en nombre, il courut les plus grands
dangers, et dut se sauver à la nage pour
échapper h, la poursuite des Egyptiens. Tou-
tefois, il ne tarda pas à reprendre sa supério-
rité et à écraser ses ennemis dans une der-
nière bataille, à la suite de laquelle le roi Pto-
lémée se noya dans le Nil (46 av. J.-C).
iri. 'L'an 640 de notre ère, Amrou, lieute-
nant du calife Omar, entra en Egypte après
avoir conquis la Palestine, s'empara Se Péluse
et de Memphis, et vint mettre le siège devant
Alexandrie. Il poussa les opérations avec la
Plus grande vigueur, animant ses soldats par
l'exemple de son indomptable intrépidité, et
faisant toujours flotter sa bannière au premier
rang. Lui-même il présidait aux reconnais-
sances de la place et dirigeait toutes les at-
taques. Enfin, après quatorze mois de siège et
une multitude de combats meurtriers, Amrou
livra un assaut général et emporta la ville. Il
avait perdu vingt-cinq mille hommes devant
Alexandrie. Voici en quels termes il rendit
compte de sa conquête au calife : « J'ai pris
la grande ville de l'Occident; il m'est impos-
sible de te décrire toutes ses richesses, toute
sa magnificence. Je me contente de te dire
quelle renferme quatre mille palais, quatre
mille bains, quatre cents théâtres, douze mille
boutiques de légumes et fruits, et quarante
mille juifs tributaires. La ville a été prise par
force, sans traité ni capitulation, et les Mu-
sulmans sont impatients de recueillir le 'fruit
de leur victoire. »'Ces derniers mots renfer-
maient une demande indirecte de pillage, qu'O-
mar refusa avec une généreuse fermeté. Mais
interrogé s'il fallait également respecter la
fameuse bibliothèque du Sérapéion, le calife
répondit par un dilemme trop célèbre. (V. plus
loin Bibliothèque d'Alexandrie.) Amrou
ALE
obéit à regret, et ce magnifique dépôt de
toutes les connaissances humaines devint la
proie des flammes.
IV. Pour forcer l'Angleterre à la paix, Bo-
naparte forma le projet d'une expédition gran-
diose, mais qu'une conception vive, une rare
célérité dans l'exécution, et surtout un vaste
et hardi génie comme le sien, pouvaient seuls
faire réussir ; c'était la conquête de l'Egypte,
de ce-ite magnifique contrée dont la possession
constituerait une perpétuelle menace contre
l'empire anglais de l'Inde, où la faiblesse de
la marine française ne permettait pas de porter
directement nos soldats. En outre, une admi-
nistration active et habile pouvait faire de ce
beau pays, qui n'a rien perdu de sa fécondité
biblique, la plus riche colonie du globe, res-
susciter l'antique splendeur dont Alexandrie
avait joui sous les Ptolémées, et -rendre de
nouveau cette ville le centre du commerce de
l'Asie et de l'Afrique, l'entrepôt général des
marchandises des Indes. Tels étaient les des-
seins de Bonaparte, dont l'âme s'ouvrait à
toutes les grandes inspirations. Un armement
considérable fut réuni à Toulon, dans le secret
le plus absolu, et la flotte mit à la voile le
S mai 1798 ; le 30 juin, elle arriva sur les côtes
d'Egypte, en vuo de la tour des Arabes. L'ar-
mée n'avait appris sa véritable destination
que depuis quelques jours seulement, par une
proclamation où respire un caractère de ma-
jesté pareil à celui que les généraux romains
savaient imprimer à leurs harangues. Bona-
parte établit aussitôt des communications avec
Alexandrie et donna l'ordre du débarquement.
On aperçut alors au loin une voile de guerre.
Cfaignant que ce ne fût un navire anglais dé-
tache de la flotte de Nelson; qui s'était mis à
sa poursuite : Fortune! s'écria- t-il , m'aban-
donnerais-tu? Quoi , seulement cinq jours.' Il
se trompait; c'était une frégate française qui
arrivait de Malte. Bientôt l'opération du dé-
barquement commence ; en un instant la mer
est couverte de canots qui luttent contre l'im-
pétuosité et la fureur des vagues ; mais on
prend terre heureusement à trois lieues d'A-
lexandrie, et le général en chef, après avoir
formé ses troupes en colonnes, marche sur
l'ancienne capitale des Ptolémées. Il était à
pied, avec l'avant-garde, accompagné de son
état-major et de ses généraux. Le plus vif
enthousiasme régnait dans l'armée, accoutu-
mée à ne recueillir que des lauriers sur les
pas de l'immortel capitaine. A une demi-lieue
de la ville, les Arabes s'étaient néunis au
nombre de trois cents environ; mais, à l'ap-
proche des Français, ils prennent la fuite et
s'enfoncent dans le désert. Arrivé aux portes
d'Alexandrie, Bonaparte, désirant prévenir
l'effusion du sang, se dispose à parlementer.
Des hurlements effroyables d'hommes, de
* A d'enfants, lui répondent, en même
les Français s'élancent à l'assaut, „.„
du feu des assiégés et d'une grêle de pierres
qu'on fait fondre sur eux ; généraux et sol-
dats escaladent les murs avec la même intré-
pidité : le général Kléber est atteint d'une
balle à la tète ; le général Menou est renversé
du haut des murailles, tout couvert de contu-
sions ; mais nos troupes ne tardent pas à se
précipiter dans la ville, tandis que les assiégés
fuient éperdus (2 juillet 1798). Bonaparte, qui.
craint que fa fureur du soldat n'allume une
haine implacable au sein de cette population,
fait battre la générale, mande auprès de lui
le capitaine d'une caravelle turque , et le
charge de porter aux habitants des paroles de
paix et de conciliation. Il leur annonce que
leurs propriétés, leur religion, leur liberté,
seront respectées, et que la France, jalouse
de conserver l'amitié de la Porte, prétend di-
riger la guerre seulement contre les Mame-
lucks. Bientôt les imans, les cheiks et les ché-
rifs viennent se présenter à Bonaparte, qui
leur réitère ces dispositions amicales. Peu de
temps après, tous les forts sont remis entre les
mains des Français ; l'ordre et la sécurité com-
mencent à renaître, et les Arabes eux-
mêmes, laissant éclater leurs démonstrations
de joie, nous jurent fidélité.
— Bibliothèque d'Alexandrie. Célèbre bi-
bliothèque fondée par Ptolémée Soter dans le
quartier d'Alexandrie nommé Bruckion , et
dont Démétrius de Phalère fut le premier
conservateur. Selon Aulu-Gelle et Àmmicn
Marcellin, elle compta jusqu'à sept cent mille
volumes. Lorsque la bibliothèque de Bruchion
eut atteint le chiffre de quatre cent mille vo-
lumes, une bibliothèque supplémentaire fut
formée dans le Sérapéion (temple de Sérapis),
qui en renferma bientôt trois cent mille. La
première périt dans les flammes lorsque César
se rendit maître d'Alexandrie. La seconde
s'augmenta quelque temps après de celle
des rois de Pergame , donnée par Antoine à
Cléopâtre. Détruite en 390 dans les luttes des
païens avec tes chrétiens, elle avait été re-
constituée sans doute au commencement du
~" siècle. Abulfaradje, qui mourut ' '
thèque fut livrée aux flammes par l'ordi .
d'Amrou, leur chef. Celui-ci ayant consulté le
calife Omar sur ce qu'on devait faire de tous
livres, en reçut la réponse suivante, qui
ALE
il faut les détruire. ■ En conséquence, dit Abul-
faradje, Amrou les fit distribuer dans les bains
d'Alexandrie, les fit brûler dans leurs foyers ;
et il fallut six mois pour les consumer. Cette
circonstance de l'incendie de la bibliothèque
d'Alexandrie par les Arabes a éveillé de nos
jours les défiances de la critique et soulevé
plus d'une objection.
II y a des écrivains, et ils sont aujourd'hui
assez nombreux, qui s'ingénient à prendre
l'histoire en défaut et à battre en brèche les
événements les moins contestés; ils nient-
l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie.
D'autres, tout en admettant l'authenticité de
ce triste événement, lui enlèvent son carac-
tère-et ses conséquences à jamais déplorables,
en prétendant que le nombre des volumes dé-
vorés par le feu était beaucoup moins consi-
dérable qu'on n6 l'a dit, et que, d'ailleurs, ils
ne.traitaient que de controverses théologiques.
Malheureusement les uns et les autres n'ap-
portent aucune preuve sérieuse à l'appui de
leurs assertions.
— Chronique .d'Alexandrie, compilation
d'auteurs grecs faite sous l'empereur Héra-
clius, au règne duquel elle s'arrête. Le ma-
nuscrit, qui fut découvert en Sicile dans le cou-
rant du xvie siècle, portait en tête le nom de
Pierre d'Alexandrie,
— Ecole d'Alexandrie. Le nom d'école
d'Alexandrie a deux sens : il désigne quelque-
fois l'ensemble des savants gue l'intelligente
protection des Ptolémées avait réunis dans la
ville d'Alexandrie ; mais il s'applique le plus
souvent à cette succession de philosophes qui,
du me siècle de l'ère chrétienne jusque vers
la fin du ve, entreprirent d'unir la philosophie
orientale à la philosophie grecque.
ie d'Aï
.En m
traduit d'une façon
gique du fanatisme : « ai ces livres sont con-
formes à l'Alcoran, ils sont inutiles ; s'ils sont
contraires al'Alcoran, ils sont pernicieux: donc
tempsque
la Bibliothèque, Ptolémée Soter avait fondé le
Musée d'Alexandrie, où philosophes, savants et
postes logeaient et prenaient leurs repas en-
semble. « Cette association, dit Strabon, avait
des fonds communs et un chef nommé par le
roi. » On ne peut mieux se faire une idée do
cette institution que par nos académies d'au-
jourd'hui, où se retrouve le même caractère de
liberté d'opinion pour les membres, avec des
réunions et des travaux eu commun sous le
patronage du gouvernement. La fondation du
Musée donna un grand essor aux sciences et
aux lettres. Alexandrie, que sa position géo-
graphique avait rendue le centre des relations
commerciales , ne tarda pas à succéder à
Athènes comme centre du mouvement intel- •
lectuel. On vit alors briller dans les sciences :
Euclide, le créateur de la géométrie scienti-
fique; Apollonius de Perge, qui a laissé un
ouvrage sur les sections coniques ; Nicomaque,
qui le premier réduisit l'arithmétique en sys-
tème ; Eratosthène , qui créa l'astronomie et
la géographie savantes en calculant la lon-
gueur de la circonférence terrestre, et en dé-
terminant la valeur de l'obliquité de l'éclip-
tique; Aristarque, qui inventa une méthode
ingénieuse et très-simple de calculer les dis-
tances relatives de la terre au soleil et à la
lune; Hipparque, le pius grand peut-être des
astronomes de l'antiquité, qui fixa la longueur
de l'année solaire et découvrit la précession
des éqvinqxes ; Erasistrate et Hérophile, qui
créèrent l'anatomie. En même temps la poésie
fleurit avec Théoerite, le chantre des bergers
de Sicile; Apollonius, l'auteur des Argonau-
tiques; Lycophron, Aratust Callimaque, Ni-
Candre, etc.; enfin la philologie, l'histoire litté-
raire, la grammaire, représentées par Zéno-
dote d'Ephèse, Aristarque de Samothrace,
Cratès de Malles, Denys de Thrace, Apollo-
nius le sophiste et Zoïle, prirent dans les tra-
vaux de l'esprit une place qu'elles n'avaient
S oint eue jusqu'alors. On sait que les noms
'Aristarque et de Zoïle sont devenus syno-
nymes, le premier de critique sévère, mais
impartial, le second de critique injuste et sans
bonne foi.
— Philosophie alexandrine. L'école phi-
losophique d'Alexandrie, appelée aussi école
éclectique et école néo-platonicienne, est la der-
nière grande école de la philosophie grecque.
» A la fois religieuse et philosophique, dit
M. Pierre Leroux, placée entre le monde païen
et le monde chrétien, elle se rattache à l'un et
h l'autre; elle procède de Platon et de Pytha-
gore, de l'Orient et de la Grèce, tient aux
gnostiques et aux chrétiens, essaye de résumer
et de restaurer l'antiquité, et inonde en.même
temps de son idéalisme et de ses opinions les
plus mystiques le moyen âge chrétien tout en-
tier. » Les deux caractères principaux de la
philosophie alexandrine sont l éclectisme, c'est-
à-dire 1 essai d'une conciliation etd'une fusion
de tous les systèmes philosophiques et de toutes
les traditions religieuses, et le mysticisme, né du
contact avec l'Orient, mais pourtant resté grec
et philosophique par s» forme et sa méthode.
Dans l'éclectisme des alexandrins, c'est l'élé-
ment platonicien qui prédomine ; il est le lien
et le régulateur de leurs théories, le centre
d'où tout part et où tout vient aboutir : de la
le nom de néo-platonisme donné à la philoso-
phie alexandrine. Le dernier mot de cette
philosophie sst un système où la théologie
joue le principal rôle, et sert à expliquer tout
le reste. Le bien suprême de Platon, l'unité
première pure et absolue de Parménide, iden-
tifiés l'un à l'autre, forment le principe étemel
et immuable de toutes choses. De ce principe
émane l'intelligence qui le réfléchit, le verbe
en qui les idées sont toutes représentées. Vin-
. ALE ,
telligence produit à son tour Yâme, qui est
principe et cause de tout mouvement, moteur
du monde. Le monde est éternel, parce que
fime n'a jamais pu être une force inactive;
elle le précède d'une priorité de principe, mais
non d'une priorité de temps. Le monde est la
manifestation nécessaire des idées, qui sont les
types invariables des choses. Les âmes hu-
maines sont une émanation de l'ime du monde;
par l'évolution de la création, elles sont èloi-
fiées de Dieu ; mais elles tendent a remonter
leur état primitif, et à s'absorber dans l'es-
sence divine. Celles qui, abusant des sens, se-
ront descendues par là au-dessous même de la
vie sensitive, renaîtront après la mort dans
les liens de la vie végétative des plantes;
celles qui n'auront vécu que d'une vie animale
renaîtront sous la forme d'animaux; celles
qui ne se seront pas élevées au-dessus de la
vie purement humaine reprendront des corps
humains. Celles-là seules rentreront en Dieu3
qui auront développé en elles-mêmes la vio
divine. La connaissance qui naît de la sensa-
tion et du raisonnement n est que la prépara-
tion à la science véritable, laquelle s acquiert
par voie d'illumination. De même les vertus
physiques relatives au perfectionnement du
corps, les vertus morales et politiques qui
comprennent les devoirs de l'homme en tant
qu'être social, les vertus théorétiques, qui sont
la contemplation de l'âme par elle-même, ne
sont que les divers degrés par lesquels il faut
passer pour parvenir aux vertus divines, où
l'âme , se dégageant des liens du corps, se
rend- digne de contempler Dieu et de s'unir à
lui. Le développement de la vie divine dépend
surtout du secours de Dieu : de là l'importance
de la prière, des symboles et des rites. — L'o-
rigine de l'école philosophique d'Alexandrie se
rattache indirectement au siècle littéraire des
Lagides. Attirés dans la capitale de l'Egypte,
des philosophes y avaient transplanté les écoles
nées en d'autres pays. Cyrénaïques, stoïciens,
péripatéticiens, académiciens, sceptiques, s'y
rencontrèrent. L'éclectisme devait naître du
contact et du cortflit des doctrines. L'école
d'Alexandrie ne commence réellement que
vers l'an 193 de l'ère chrétienne, mais on peut
dire que Philon le Juif et Potamon avaient
préparé la voie à l'enseignement d'Ammonius
Saccas, son fondateur. A peine se fut-elle
brillé d'un vif éclat, elle n'eut plus de siég
une. Plus tard elle alla s'établir h Athènes, où
l'édit de Justinien vint la frapper et fermer
ses écoles, en 510. Les plus célèbres représen-
tants de la philosophie alexandrine sont Plo-
tin, Porphyre, Jamblique et Proclus. La par-
tie métaphysique du système fut surtout dé-
veloppée par Plotin, la partie logique par Por-
phyre, et lapartie théosophique par Jamblique.
Proclus s'occupa plus spécialement de coor-
donner les idées de ses prédécesseurs. L'école
d'Alexandrie est célèbre par la lutte qu'elle
soutint contre le christianisme. Elle eut un
moment, dans cette lutte, l'appui du pouvoir
et s'assit sur le trône impérial avec Julien l'A-
postat ; mais la mort de ce prince vint bientôt
mettre fin à son rôle politique et renverser ses
espérances de restauration du paganisme.
ALEXANDRIE DE LA PAILLE, ville du
royaume d'Italie, à 65 kil. S.-E. de Turin,
sur le Tanaro; 43,000 hab. Evéché; foires
considérables fréquentées par les Italiens, les
Français et les Suisses. Sous le premier em-
pire, elle fut le ch.-lieu du dêp. de Maren^o.
Ses fortifications, maintenant démolies, l'a-
vaient rendue, sous les Français, une des plus
fortes places de l'Europe.
Dans le xne siècle, les confédérés d'Italie,
pour tenir en respect la ville de Pavie, qui
restait fidèle à l'empereur Frédéric Barbe- -
rousse, bâtirent dans sou voisinage une nou-
velle .ville qu'ils appelèrent Alexandrie, du
nom du pape Alexandre lit, qui avait excom-
munié le prince ennemi. Comme ces construc-
tions furent élevées à la hâte, on les couvrit
d'abord de paille, ce qui fit que les railleurs
appelèrent cette ville Alexandrie de la paille,
surnom qu'elle a conservé jusqu'à nos jours.
alexandrin, ine s. et ad], (a-lék-san-
drain, i-ne). Qui est né à Alexandrie; qui a
rapport à cette ville ou à ses habitants : Dans
les magnifiques adonies alexandrlves , on
portait processionnellemenl ï 'effigie du dieu
jusqu'à la mer} et on le précipitait dans les
flots. (Val. Pansot.) n On dit aussi alexan-
DRIEN et ALEXANDRINIEN.
— Appareil alexandrin, Espècede mosaïque
ou plutôt de marqueterie précieuse, composée
de porphyre rouge et vert, de marbre et d'é-
mail,àlaquelle l'empereur Alexandre-Sévère,
qui, selon Lampride, en fut l'inventeur, avait
donné son nom. h'appareil alexandrin servit
sous le Bas-Empire a faire des frises, à orner
des panneaux, etc. ; il était fort à la mode on
Italie et en Sicile au xn« et au xin" siècle.
— Dialecte alexandrin. Né de la confusion
du dialecte macédonien avec ceux des difl'é-
rontes parties de la Grèce, ce dialecte conte-
nait beaucoup de locutions empruntées à des
langues étrangères. Cotaient surtout les
Egyptiens, les Syriens, les Juifs, en un mot
les" populations semi-grecques, semi-orien-
tales, qui en faisaient usage. On donnait le
nom A'nellénistes aux écrivains de ces nations
qui s'en servaient, d'où le nom à.' hellénistique,
sous lequel on désignait aussi le dialecte
alexandrin. On le trouve bien caractérisé dans
à mettre quelque variété dan
carrée, k rendre un peu plus
ALE
les livres de l'Ancien et du Nouveau Testa-
~ Manuscrit alexandrin (Codex alexandri-
nus), Nom d'un célèbre manuscrit grec de la
bibliothèque du Musée britannique, conte-
nant la BiDle des Septante et le Nouveau Tes-
tament. L'Ancien Testament y est complet;
il y a quelques lacunes dans le Nouveau. Ce
manuscrit forme 4 vol. in-folio ; il est écrit
sur parchemin en lettres onciales, sans indi-
cation d'esprits ni d'accents, et paraît être de
la seconde moitié du vie siècle. Il fut envoyé
à Charles le', roi d'Angleterre, par le pa-
triarche de Constantinople Cyrille Lucaris.
— Vers alexandrin, Vers français composé
de douze syllabes quand la rime est masculine,
et de treize quand elle est féminine. La césure
doit être immédiatement après la sixième
syllabe. Ce nom d'alexandrin vient, selon les
uns, d'Alexandre, poète parisien, qui employa
le premier ce vers; selon d'autres, du poëme
ou roman d'Alexandre le Grand, commencé
au xne siècle par Lamebrt-li-Cors, et conti-
nué par le même Alexandre de Paris. I] S'em-
ploie substantiv. : La versification française,
avec ses alexandrins qui vont deux à deux, a
peu de mouvement. (Micheiot.) il Absol. : £'a-
luxandrin d'André Chénier est-il celui de lia-
cine? Evidemment non. (Ste-Bcuve.)
— Encycl. On donne au vers alexandrin le
nom d'héroïque, parce qu'il est particulière-
ment afl'eeté à l'épopée et a la tragédie. Ce
■ vers convient aux sujets sérieux et graves,
et, sous ce rapport, ii remplace l'hexamètre
des Latins et des Grecs. Sa forme est celle
da l'asclépiade, qui était, lui aussi, composé
de 12 syllabes et divisé en 2 hémistiches. Le
vers alexandrin est majestueux et solennel;
mais il a les défauts de ses qualités : « Il est
beau, dit Voltaire, mais parfois ennuyeux. »
Cette invariable césure, ces couples de fîmes
masculines et féminines se succédant régu-
lièrement, cette symétrie pompeuse ont pour
écueil la monotonie. M. Proudhon ne partage
pas à cet égard l'opinion générale ; il admire
le mécanisme de l'alexandrin classique. • Des
couples redoublés, dit-il , deux hémistiches
égaux pour le vers, deux vers couplés par la-
rime pour le distique, puis encore deux couples
de sexe différent pour former lequatrain, voilà
ce qui fait la magnificence et la force de la
poésie française, la supériorité de notre ver-
sification sur celle des anciens, » Malgré l'au-
torité de M. Proudhon, on peut croire que le
romantisme avait quelque raison de chercher
luplir la raideur de notre vers héroïque.
" " î dans cette phrase
, i plus-vivante cette
beauté géométrique. .
montrer par des exemples que l'alexandrin,
en devenant plus libre dans ses mouvements,
n'a rien perdu de sa beauté, nous n'aurions
qu'à ouvrir au hasard un des ouvrages de notre
grand romantique.
— Epithctea. Long, noble, nombreux, har-
monieux, majestueux, épique, héroïque, grave,
uniforme, monotone, ennuyeux, pédantesque,
ALEXANDRIEN , IENNE. V. ALEXANDRIN.
ALEXANDRINIEN. V. ALEXANDRIN.
ALEXANDRINISME s. m. (a-lèk-san-dri-
ni-sme). Système philosophique de l'école
d'Alexandrie.
ALExandriste s. m. (a-lèk-san-dri-ste).
Partisan de l'école d'Alexandrie, de l'aloxan-
alexandrite s. f. (a-lèk-san-dri-te — de
Alexandre, n. pr.). Miner. Nom donné par
quelques minéralogistes à la cymophanc de
1 Oural, et par d'autres k la phénakite, en
l'honneur de l'empereur Alexandre de Russie.
( les hommes ) ,
ALEXANDHOVSKA, ville de Russie, sur la
rive gauche du Dnieper; 3,500 hab. Ville for-
tifiée et entrepôt d'un commerce considérable.
ALexanor s. m.(a-lèk-sa-nor — n. myth.).
Entom. Espèce de papillon des Alpes.
ÀLEXETOR et ALEXETER (sauveur), sur-
nom de Jupiter.
Al chimie (l'), ou Vie d'Alexis Comnène, par
Anne Comnène, en 15 livres et en grec. Cet
ouvrage est un des monuments précieux de la
Collection byzantine. Il répand un grand jour
sur l'histoire de la première croisade, que l'au-
teur avait vue, et sur les divers intérêts des
croisés et des Grecs, réunis contre les infidèles,
mais fort mal unis entre eux. Partout elle fait-
l'apologie de son père à l'égard des croisés,
qui l'ont accusé de perfidie. Anne accable de
reproches les chefs des croisés, principalement
Boémond, fils de Robert Guiscard, ennemi
personnel d'Alexis. A travers une foule de dé-
tails inutiles, mais que l'étiquette de la cour
de Byzance lui faisait sans doute paraître im-
portants, nous devons à Anne Comnène la
connaissance de plusieurs particularités cu-
rieuses qui seraient perdues pour l'histoire.
On lui a reproché de raconter des prodiges,
et elle le fait avec une conviction qui prouve
tins supersti-
ALEX1CACOS {qui détourne le mal), surnom
de Jupiter. Les Athéniens le donnèrent aussi
à Apollon, dont l'oracle, pendant la guerre du
ALEXIE s. f. (a-lèk-sî). Entom. Genre de
coléoptères tétramères.
ALEXIPHARMACEUTIQUE adj. (a-lèk-SÏ-
far-ma-seu-ti-ke — rad. alexipharmaqne).
Qui a les propriétés de l'alexipharmaque.
' ALEXIPHARMAQUE adj. et s. m. (a-lèk-
si-far-ma-ke — du gr. alexein, repousser, et
pfiarmakon, poison). Nom que les anciens
donnaient aux remèdes qu'ils croyaient pro-
pres à prévenir ou à détruire les mauvais
effets des poisons.
—Encycl. Sous la dénomination d'alexiphar-
maque, aujourd'hui complètement tombée en
désuétude, étaient compris des agents théra-
peutiques de toute nature, et particulièrement
des toniques, des excitants, des sudorifiques.
On attribuait le plus d'efficacité ù ceux dans
lesquels il entrait le plus de substances di-
verses; telles étaient les nombreuses espèces
de thériaque, X orviétan, etc.
ALEXIPYRÉtique adj. (a-lèk -si-pi-ré- ti-
ke — du gr. alexein, repousser; puretos, fiè-
vre). Méd. Syn. inusité de fébrifuge.
ALEXIS (saint), fils d'un sénateur romain,
vivait dans le IVe siècle; il abandonna sa fa-
mille pour embrasser la vie cénobitique. Fête
le 7 juillet.
ALEXIS I", Comnène, fils de Jean Com-
nène et neveu de l'empereur Isaac Comnène,
né à Constantinople en 1048, usurpa le trône
sur Nicéphore Botoniate, l'an 1081, et le relé-
gua dans un cloître; battit les Turcs, remporta
deux victoires signalées sur Robert Guiscard,
qui avait envahi la Grèce, et repoussa une in-
vasion des Scythes en Thrace. C'est alors que
parut dans ses Etats une multitude innombra-
ble de croisés (1096), dont les brigandages le
forcèrent à un traité que les historiens latins
A" «'«««î- pas toujours loyale-
s il racheta les pri-
faits sur les croisés par les Sarrasins,
et reçut les Français avec une grande magnifi-
cence lorsqu'ils entrèrent à Constantinople. Il
mourut en l Lis, kl'àge de soixante-dix ans. Sa
fille Anne Comnène a écrit sa vie dans un ou-
vrage qui a pour titre l'Alexiade. (V. ce mot.)
ALEXIS II, Comnène, empereur de Con-
stantinople, fils de Manuel Comnène, auquel il
succéda en 1180, âgé seulement de douze ans.
Il fut placé sous la tutelle d'Alexis, son oncle,
dont la tyrannie souleva les grands. Appelé
par eux, Andronic Comnène, cousin du défunt
empereur, qui l'avait exilé, s'empara de la ré-
gence, fit couronner le jeune Alexis, s'asso-
cia lui-même à l'empire, et, peu de semaines
après, fit étrangler son collègue en 1183.
ALEXIS III, l'Ange, empereur de Constan-
tinople, frère d'Isaac l'Ange, qu'il détrôna en
1195 et qu'il fit aveugler. Il conclut avec les
Turcs et les Bulgares une paix honteusement
achetée à prix d'argent. En 1203, Alexis le
Jeune, son neveu, s'empara de Constantinople
à l'aide des croisés, qu il avait intéressés à la
querelle, et Alexis l'Ange se vit forcé de pren-
dre la fuite. Il tomba entre les mains de Théo-
dore Lasoaris', qui le fit enfermer dans un
monastère, où il mourut en 1210.
ALEXIS IV, le Jeune, emperenr grec, de
1203 à 1204. II tira des fers en montant sur le
trône Isaac l'Ange, son frère, et, comme il
était aveugle, il lui remit le sceptre, se conten-
tant d'être son collègue. Malheureusement les
exigences des croisés qui lui avaient vendu leur
intervention l'ayant mis dans la. nécessité de
recourir à de nouveaux-impôts, un autre tyran,
Alexis V Murzuphle, exploita le mécontente-
ment public, détrôna Alexis et le fit étrangler.
ALEXIS V, DaM., surnommé Murzuphle
(dont les sourcils se rejoignent). Il s'empara du
trône de Gonstantinople par le meurtre d'A-
lexis IV (1204). Ayant eu l'imprudence de
déclarer la guerre aux croisés, ceux-ci le
détrônèrent à son tour. Baudouin, comte de
Flandre, prit sa place, et le fit précipiter du
haut de la colonne de Théodose.
ALEXIS MICHAÏLOVITCH, czar de Russie,
le second de la maison de Romanof, né en
1629, mort en 1676. Il succéda, en 1645, k son
père Michel Féodorovitch, et passa les pre-
mières années de son règne dans une com-
plète inaction , laissant la direction des af-
faires adeux favoris, Plechtcheief et Morosof.
Leurs exactions provoquèrent, en 1648, un
soulèvement qui coûta la vie à Plechtcheief.
Le mécontentement général eut aussi pour
effet d'encourager les tentatives de deux pré-
tendants : celle du troisième faux Démétrius
et celle d'Ankoudinof, qui se disait fils du
czar Vasili Chouiski et qui fut exécuté à
Moscou en 1653. Parvenu k l'âge viril, Alexis
s'occupa avec ardeur de l'administration des
affaires publiques et de l'agrandissement de
son empire. Une guerre avec la Pologne (1654-
1667) lui assura la possession des provinces
de Smolehsk, de Tchernigof et de Sévérie,
ainsi que d'une partie de l'Ukraine. Pendant
une lutte de trois ans (l'655-1658) avec la
Suède, il conquit une grande partie de la Li-
von.ie et de ringermunland, mais dut y re-
noncer plus tard, par la paix de Kardis (21 juin
1661). En revanche, il étendit sa domination
jusque dans l'extrême orient de la Sibérie,
entra en relations avec la Chine, et, aidé par
ALF
le vaillant hetman Cbabarof, conquit la Dau-
rie et la région du fleuve Amour. En 1672, il
noya dans des flots de sang le soulèvement
des Cosaques du Don. On a représenté Alexis
comme un prince éclairé, intelligent, plein
de modération dans les plaisirs des sens, et
vraiment religieux. Ce fut lui qui réunit en
un seul corps toutes les lois des différentes
de l'empire russe et qui les fit pu-
ALF
195
.lagenié; n
e fut ai
de Char-
, marchands anglais
des privilèges dont ils jouissaient dans ses
Etats ; mais il sut toujours honorer et récom-
penser les talents des étrangers. Marié deux
fois, il eut de sa première femme deux fils et
quatre filles, et de la seconde, qui était la
belle Natalie Narichkine, une fille et un fils :
ce dernier fut Pierre le Grand.
ALEXIS PÉTROWTTZ, prince russe, fils de
Pierre le Grand, né à Moscou en 1690, mort
en 1718. Son humeur sauvage, son attachement
superstitieux aux anciens usages de la nation,
le profond mépris qu'il professait pour les arts
des peuples civilisés, son opposition aux ré-
formes opérées par le czar, le perdirent dans
l'esprit de ce prince, effrayé de rencontrer dans
son héritier pVésomptif des dispositions si anti-
pathiques aux vastes conceptions de son génie.
Pour ne pas avoir à craindre de trouver en
lui le destructeur de l'édifice qu'il avait passé
Sa vie k élever, Pierre le Grand exigea du
czarowitz sa renonciation au trône. Pendant
un voyage du czar, Alexis s'enfuit à la cour
de Vienne, puis à Naples, où son père finit par
découvrir sa retraite. Il l'engagea alors à re-
venir k Moscou, et, dès que le prince fut arrivé,
il le fit juger par une assemblée des principaux
membres de la noblesse et du clergé, et con-
damner k mort pour crime de lèse-majesté ;
mais il lui accorda presque en même temps sa
grâce. Le malheureux prince mourut dans sa
prison peu de temps après. Pierre II, son fils,
monta sur le trône en 1727.
ALEX1SBAD, village d'Allemagne, dans la
principauté d'Anhalt-Bernbourg. Bains établis
en 1769, aujourd'hui très-fréquentés. Il Les
eaux d'Alexis bad, froides, 'sulfatées, calcaires,
magnésiennes et ferrugineuses, connues de-
puis 1766, émergent par trois sources.
ALEX1TÈRE OU ALEXITHÈRE adj. et S. m.
(a-lèk-si-tè-re — du gr. alexètêr, qui porte
secours). Se disait des médicaments employés
pour prévenir les effets d'un venin, d'un poi-
son : Eau alexitèrk. Un bon alexitere.
ALEXIUS s. m. (a-lèk-si-uss). Monnaie d'or
valant dans le duché d'Anhalt 20 fr. 76.
ALEYRODE s. m. (a-lé-i-ro-de — du gr.
aleuron, farine; eidos, forme). Entom. Genre
d'insectes hémiptères, de la famille des gal-
linsectes, renfermant une seule espèce, qui
vit sur la chélidoine commune. Ces insectes
ont le corps mou et larineux, d'où leur nom.
alezan, âne adj. (a-le-zan, a-ne — de
l'arab. al, le; hazan, beau, élégant). De cou-
leur fauve, tirant sur le roux : Une mule fit
une très-belle pouliche d'un poi7 alezan avec tes
crins noirs. (Buff.)
— Substantiv. Cheval ayantle poil alezan :
On distingue V alezan clair, /'alezan poil de
vache, /'alezan bai, V alezan vij, /'alezan obs-
cur et /'alezan brûlé.
alèze ou alèse s. f. (a-lè-ze — rad. lé).
Méd. Drap ou lé de toile, plié en plusieurs
doubles, dont on se sert pour soulever les
malades, et plus spécialement pour garantir
le lit du sang, du pus, de l'urine, etc. .- Les
ai.èzes sont ordinairement de vieux linge.
(Acad.) La.loile dont on se sert pour les alêzes
ne doit pas être d'un tissu trop fin ni trop gros •
il faut qu'ellesoit douce, àdemi usée, et blanche
de lessive. (J. Cloquet.)
ALFA s. m. (al- fa — mot arabe). Bot. Nom
donné par les Arabes à une graminée fort
commune en Algérie et appelée par les bota-
nistes slipa tenacissima,
— Encycl. L'alfa, qui résiste aux chaleurs
et a la sécheresse, croît abondamment dans
toute l'Algérie. Il fournit au besoin une nour-
riture substantielle aux chevaux et aux bes-
tiaux ; mais sa feuille ronde et aiguillée sert
principalement à faire des travaux de sparte-
rie, des nattes, cordes communes, tapis, chaus-
sures, etc. On est même parvenu a en fabriquer
un papier très-résistant.
ALF alfa s. m. (al-fal-fa — mot. esp.) Bot.
Nom espagnol de la luzerne commune, qui,
introduite au Chili, est revenue en Europe
sous cette dénomination.
ALF ANE, nom que l'Arioste donne dans son
poème à la jument de Gradasse. Ce nom est
surtout connu par l'épigramme piquante du
chevalier de Cailly. Ménage avait laborieuse-
ment établi que alfana, mot espagnol qui dé-
signe un cheval fort et vigoureux, vient du
latin equus. Le chevalier décocha alors contre
le trop savant éty mologiste le quatrain suivant:
Alfana vient d'eçuus, sans doute;
ALFANGE s. f. (al-fan-je — de l'arab. al, le;
khandjar, coutelas). Sorte de cimeterre en
usage' chez les Arabes, les Persans, les Turcs,
et autres peuples de l'Orient :
— Bot. Sorte de laitue.
ALFARABI, philosophe arabe, né dans la
Transoxiane, mort à Damas vers 950. Il étudia
k Bagdad, qui était alors le foyer de la philo-
sophie et de la science grecques, voyagea en
Syrie et en Egypte, et finit par se fixer k
Damas. Disciple d'Aristote, il popularisa parmi
les Arabes les doctrines de ce philosophe, et
fut le maître d'Avicenne. Il joignait k de pro-
fondes connaissances philosophiques et scien-
tifiques un grand talent pour la musique et la
poésie. Ses principaux ouvrages sont une sorte
d'encyclopédie (Ihsa-el-o'loum) où il donne
une classification des sciences; un Exposé de
la philosophie de Platon et d'Aristote, un
Traité de morale et un Traité de musique.
ALFARO Y GOMEZ (don Juan de), peintre
espagnol, né k Cordoue en 1640, mort en 1 680.
Elève de Velazquez, il se distingua surtout par
l'éclat de son coloris. Son dessin se ressent de
la décadence de l'art a cette époque. Ses por-
traits sont très-estimés. On cite surtout celui
de-Calderon, qui se trouve au-dessus du tom-
beau du poète.
ALFÉNlDEs.m.(al-fé-ni-de— r&à. Halphen,
chim. contemporain). Chim. Alliage métalli-
que entièrement blanc, qui n'a pas l'inconvé-
nient de rougir ou do jaunir. C est du mail-
lechort argenté, composé de 50 parties do
cuivre, 30 de zinc, 10 de nickel et 1 de fer, et
position date de 1850.
ALFERGANY (Mohammed -ben-Kétir), as-
tronome arabe, né kFarab, dans laSogdiune,
mort vers 820 de l'ère chrétienne. Il revisa les
Tables astronomiques de Ptolémée, et écrivit
un Livre des mouvements célestes et de la science
des étoiles.
ALFES ou ELFES. V. Elfes.
ALFIER ou ALF1ÈRE s. m. (al-fi-è-re —
ALFIER1 (le comte Victor), célèbre po8te
tragique italien, né en 1749, k Asti (Piémont),
mort k Florence, en 1803. A seize ans, libre et
maître de sa fortune, affranchi de l'étude, qui
lui avait toujours été odieuse, il se jeta avec
l'emportement d'une nature fougueuse dans
les plaisirs, la dissipation et les aventures,
parcourut d'une course folle une partie de
l'Europe, sans autre but, comme il le dit lui-
même, que de se donner du mouvement, et ne
commença k écrire que vers 1775. Porté au
genre tragique par la nature même de son
esprit ardent, par les élans d'une âme énergi-
que et pleine .du feu des passions, il ne se fit
pourtant connaître d'abord que par quelques
écrits légers en langue française. Une tragé-
die de Cléopâtre, qui lui tomba sous les yeux,
lui révéla en quelque sorte sa vocation. Il
traita le même sujet dans une pièce qui fut
représentée k Turin, et dont le succès décida
de sa vie. Il écrivit successivement vingt tra-
gédies, dans un système entièrement nouveau
en Italie. A la manière molle, efféminée et
gracieuse de ses devanciers, il substitua un
dialogue serré, nerveux et précis, un style
mâle, pur, "extrêmement concis, rempli d'i-
mages frappantes et de fortes pensées, une
action sobre jusqu'à la sécheresse, des carac-
tères tracés avec énergie, des situations vrai-
ment tragiques et des sentiments élevés. Il
retrancha de ses pièces les coups de théâtre,
les confidents, les amoureux inutiles ; il en au-
rait volontiers retranché toute espèce d'action
pour n'y laisser subsister que le dialogue.
Cette poétique imprimait k ses productions un
itère simple et sévère, mais en même
iheresse et une raideur que l'é-
loquence aes monologues et des dialogues ne
peut faire oublier. On peut lui reprocher aussi
de n'avoir pas caractérisé les siècles, les per-
sonnages et les sujets, et de leur avoir donné
une couleur uniforme, où se retrouve con-
stamment l'empreinte de ses propres idées et
de ses sentiments. Ses œuvres les plus remar-
quables sont : Philippe II, Polynice, Anti-
gone, Agamemnon, Virginie, Orestc, la Conjura-
tion des Pazzi, Don Garcia, liosemonde, Marie
Stuart, Timoléon, Octavie, Mérope, et Saûl.
Eu résumé, on reconnaît généralement qu'il
est inférieur aux grands poètes modernes qui
ont traité les mêmes sujets que lui. Imitateur
dé l'école française, malgré ses préventions et
ses dénégations, il est resté, suivant l'habile
critique Ginguené, k la même distance de nos
grands tragiques que ceux-ci le sont des Grecs.
Alfieri, pour aborder le théâtre, avait dû
recommencer son éducation, prendre des pré-'
cepteurs et s'astreindre à un travail opiniâtre
pour apprendre non-seulement le latin, j---!-
temps u
1 italien classique, qu'il savait fort mal,
ia composition dramatique-, l'histoire, etc.
Telle était son ardeur au travail, qu'k l'âge de
quarante-huit ans il entreprit l'étude du grec,
pour lequel il s'enflamma d'un enthousiasme
tardif; et comme s'il eût voulu reprendre la
puérilité de l'enfance en même temps que les
études élémentaires de cet âge, il -créa pour
lui un ordre d'Homère, dont il se fit cheva-
Au début de sa carrière dramatique, il avait
eu le bonheur de rencontrer une femme pleine
bany, épouse du dernier des Stuarts, dont l'in-
fluence le fixa pour toujours au travail. Sé-
paré plusieurs fois d'elle par le caprice des
événements et du monde, il la retrouva à.
Paris, où il était venu faire imprimer ses
196
ALG
Œuvres dramatiques, et l'épousa quand elle
fut devenue veuve (1788).
Il était encore en France lorsque éclata la Ré-
volution de 89, dont il salua les débuts par une
ode ; il avait même l'intention de se fixer dans
ce pays, qu'il appelait la terre de la liberté.!
Mais cet enthousiasme ne tarda pas à se re-
froidir. Le caractère tout plébéien de cette
grande rénovation effraya le nobe Italien, qui
prit la fuite après la journée du 10 août. Traité
en émigré, irrité de la confiscation de ses livres
et de ses meubles, ainsi que de la perte de la
plus grande partie de sa fortune , qu'il avait
placée sur les fonds français, il conçut dès
lors contre la France et la Révolution une
iplacable, qui devint _ ....,
ne cessa jusqu'à sa mort d'exhaler
; pamphlets, dont le plus insensé est
ûlo.
le Miso-Gai
Outre ses tragédies, on a d'Alfieri des co-
médies médiocres, des odes, des sonnets, un
poème de l'Etrune vengée, un traité de la Ty-
rannie, un autre du-Pripce et des Lettres, com-
positions dans la manière de Machiavel ; une
Histoire de sa vie, des traductions en prose et
en vers d'auteurs anciens, etc.
La comtesse d'Albany lui fit élever, dans
l'église de Santa-Croce, à Florence, un monu-
ment en marbre, l'un des chefs-d'œuvre de
Canova, et qui est placé entre les tombeaux
de Machiavel et de Michel-Ange. Elle donna
une édition complète de ses œuvres, en 35 vol.
in-4<>} pise, 1805-1815. M. Petitot a traduit
assez médiocrement en français les tragédies ,
Paris, 1802. Nous possédons aussi des traduc-
tions de la Vie d'Alfieri, et de son traité de la
Tyrannie.
ALFONSIN s. m. (al-fon-sain). Instrument
do chirurgie. V. Alphonsin.
ALFOS s. m. (al-foss). Sorte de lèpre.
V. Alphos.
ALFORT (MAISONS-), commune du dép. de
la Seine, arrond. de Sceaux, cant. de Charen-
ton ; célèbre école vétérinaire, fondée en 1766 ;
pop. aggl. 2,568 hab. — pop. tôt. 3,748 hab.
ALFRED le Grand, roi anglo-saxon, né en
849, dans le Berkshire, couronné en 871. Les
Danois occupaient alors la plus grande partie
de l'Angleterre; Alfred fut vaincu dans les
premières batailles qu'il leur livra, réduit à
errer en fugitif et recueilli par des pâtres.
Malgré le découragement des Saxons, il par-
vint cependant à rassembler une nouvelle
troupe de guerriers, pénétra, dit-on, dans le
camp des Danois, sous l'habillement d'un mé-
nestrel, surprit ainsi leurs secrets, leur plan
<le campagne, et s'en servit pour les écraser
dans une bataille décisive. Il prit ensuite Lon-
dres, forma une marine et reconquit ses Etats.
Néanmoins, après une période de dix années,
il eut à lutter de nouveau contre les invasions
danoises , combattit le fameux Hasting , et
mourut en 901, après avoir encore une fois
délivré son pays. Alfred fut a la fois législa-
teur et guerrier. Il sépara le pouvoir judiciaire
du commandement militaire, réforma l'orga-
nisation barbare de la justice, donna un code
de lois civiles, des lois pénales, commença
l'œuvre de centralisation en partageant le
territoire en centuries et en décuries de fa-
milles , et , s'il faut en croire certains pané-
gyristes anglais, jeta les fondements de l'in-
stitution du jury. Ami et protecteur des lettres,
il composa lui-même quelques ouvrages, entre
autres une traduction anglo-saxonne de l'His-
toire ecclésiastique de Bède, une autre du
traité de la Consolation, de Boece, et son Tes-
tament, dans lequel on lit cette maxime remar-
quable, que les Anglais doivent être aussi libres
que leurs pensées.
ALFRÉDIE s. f. (al-fré-dî — de Alfred, n.
pr.). Bot. Genre de plantes de la famille des
composées, et dont la seule espèce connue
habite la Sibérie.
ALG. Abrév. V Algèbre.
ALGACÉ, ÉE adj. (al-ga-sô — rad. algue).
Qui ressemble à une algue.
— s. f. pi. Bot. Syn. d'algues.
ALGALIE OU ALGALÉE S. f. (al-ga-lî lé —
mot d'origine arabe , selon les uns ; suivant
Ménage et M. Littré, de argaleion, qui, dans là
basse grécité, signifie instrument à injecter de
l'eau). Sorte de sonde creuse, destinée à être
introduite dans la vessie par le méat uri-
nairo, pour explorer cet organe ou pour en
évacuer l'urine.
ALGANON s. m. (al-ga-non). Petite
Chaîne que l'on met, pour la forme, au cou
des galériens qui ont la permission de circu-
ler hors du bagne. Il On dit aussi arganeau.
ALGARADE s. f. (al-ga-ra-dc — de l'arab.
al, la- gharet, expédition). Sortie contre
quelqu un, insulte faite brusquement, avec
un certain éclat, sans sujet ou pour un sujet
très-léger; Le due de Noailles ne pouvait plus
souffrir les algarades et les scènes que je lui
faisais essuyer. (St-Sim.) C'étaient tous les
jours des discussions ridicules et de nouvelles
algarades. (J.-J. Rouss.) Il supportait pa-
tiemment les algarades du maître de poste.
(Balz.) X' algarade du maître l'avait rendu
pensif. (Balz.) L'altière algarade du chausse-
tier flamand, en humiliant les gens de cour,
avait remué dans toutes les âmes plébéiennes je
ne sais quel sentiment de dignité encore vague.
(V. Hugo.) La reine, encore un peu troublée de
«'algarade de ces bons bourgeois... (Scribe.) Il
Bons et mauvais tours, folies de jeunesse :
ALG
Son fils vient de lui faire encore
Je suis las de vos algarades. Je lui ai par-
donné deux fois; s'il me fait une troisième al-
garade, Je lui pardonnerai pour la troisième.
(Volt.) Mon Basque les suivit avec les laquais
de Ctérante, qui leur firent une infinité a" ^ alga-
rades pendant le chemin. (Francion.) Il était
déjà au courant de cette nouvelle algarade.
(Alex. Dum.) Le due, vivement affecté de cette
algarade, chercha partout sa fille. (G. Sand.)
Luizzi connaissait les deux femmes qui venaient
de faire cette algarade. (F. Soulie.)
— Signifiait autref. Expédition militaire
faite avec peu de inonde, et qui cause plus
d'effroi que de mal : Cette-ci avoit fait plu-
sieurs algarades à Montai, lieutenant du roi
en Auvergne, mesme lui ayant fie nouveau dé-
fait deux compagnies. (D'Aubigné.) Les Fran-
çois se firent universels possesseurs de cette
Gaule , ayant premièrement , par diverses
courses^ donné mille algarades aux Homains.
(Pasquier.) ...Comme des Algériens qui, dans
une de leurs algarades, se seraient emparés
de Marseille et de la Provence. (Chateaub.) il
Ne s'empl. plus aujourd'hui en ce sens, mal-
gré l'autorité de ce dernier écrivain.
ALGARDE (Alexandre Algardi, dit l'), scul-
pteur et architecte bolonais, né en 1593, mort
à Rome, en 1054. 11 apprit le dessin chez les
Carrache, s'exerça d'abord à modeler en terre
de petites figures et des études d'enfants, qu'il
exécutait avec beaucoup de grâce. Recom-
mandé à Rome par le Dominiquin, il fut chargé
de divers travaux de sculpture et d'architec-
ture, et créé plus tard chevalier par Inno-
cent X. Ses œuvres de sculpture les plus cé-
lèbres sont : le vaste bas-relief représentant
Saint Léon allant au-devant d'Attila; et la
statue colossale d'Innocent X, au Capitole.
Son style gracieux et un peu maniéré le fait
tomber quelquefois dans les défauts du Bernin.
ALGAROTH OU ALGÉROTH (Poudre d') S. f.
(al-ga-rott— d&Algarotti, n. del'inv.). Chim.
Oxychlorure d'antimoine que l'on obtient en
traitant le chlorure d'antimoine par l'eau
distillée.
ALGAROTTI (François, comte), savant et
littérateur italien, né à Venise en 1712, mort
en 1764, jouissait de la protection et de l'amitié
du roi de Pologne, Auguste III, ainsi que de
celles du grand Frédéric, et était intimement
lié avec Voltaire, qui l'appelait son cher cygne
de Padoue. Il avait un goût prononcé pour les
arts, notamment pour le dessin et la gravure
taille-douce. 11 a publié des Poésies, un Essai
sur la peinture, un Voyage en Russie, le Sys-
tème de Newton mis à la portée des dames
(Newtonianismo per le dame), et plusieurs
écrits sur l'économie politique. Sa volumineuse
correspondance a été imprimée.
algarrobale s. m. (al-ga-ro-ba-le). Bot.
Sorte de haricot résineux du Pérou.
ALGARVE, province au S. du Portugal,
bornée au N. par l'Alentejo. à l'E. par l'Es-
pagne, au S. et a l'O. par l'Atlantique ; 146,305
hab. Ville principale, Lagos. Cette province
appartint aux Arabes, du vmc siècle au xme.
algatrane s. f. (al-ga-tra-ne). Mar. Sorte
de poix fossile employée pour calfater les
vaisseaux.
ALGAZEL S. m. OU ALGAZELLE S. f. (al-
ga-zèl — de l'arab. al, le; ghazel, gazelle).
Mamm. Antilope, gazelle qui habite l'inté-
rieur de l'Afrique.
ALGAZEL ou ALGAZZALI, philosophe arabe,
né en 1058, à Thous (Perse), mort en 1111. Il
professa avec éclat la théologie à Bagdad et à
Nissabour, et fut l'un des chefs de la secte des
ascharites ou orthodoxes. C'est un des écri-
arabes les plus féconds. Ses nombreu:
bliothèque impériale possède ph
traités manuscrits.
ALGÈBRE s. f. (al-jc-bre— des mots arabes
al djaber el mogabelah, art des restaurations,
des rétablissements, et, par extens., art des
solutions. Ce nom était fondé sur la règle en
vertu de laquelle on rétablissait dans un des
membres de l'équation la quantité qu'on sup-
primait dans l'autre, en changeant la fonction
positive ou négative de cette quantité. En
chirurgie, au moyen âge, le mot algèbre signi-
fiait l'art de restaurer, de rétablir les mem-
bres luxés ou fracturés ; et dans les langues
espagnole et portugaise, algebrista signifie
encore chirurgien }. Science des grandeurs
considérée d'une façon générale , ou science
des lois des nombres : Les autres suent dans
leurs cabinets pour montrer aux savants qu'ils
ont résolu une question ^'algèbre qui n'avait
pu l'être jusqu'ici. (Pasc.) Les formules (/'al-
gèbre, dans leur étroite enceinte , contiennent
d'avance toute la courbe dont elles sont la
loi. (H. Taing.) Les gens d'esprit savent pour-
tant fort bien que ton peut avoir du mérite
et estimer Falgèbre. (L. Figuier.) L'appli-
cation de /'algèbre à la physique est une
des choses dans lesquelles l'esprit de l'homme
s'exerce avec le plus de complaisance ; car c'est
M qu'il est roi, en quelque sorte. (Laurentie.)
Laissez là votre algèbre, et devenez meilleurs.
Destouciies.
1,'algébre, méditant ses calculs épineux.
Osa suivre un rayon dans son vol lumineux.
Lebrun.
Il Le livre qui traite de celte science : /.'al-
gèbre de Bezout. (Acad.)
— Par compar. Peut se dire, dans un tout
ALG
autre ordre d'idées, de tout ce qui présente
les formes rigoureuses de généralisation de
l'algèbre : Dangeais possédait cette algèbre
rapide qu'on appelle l'esprit du jeu. (Ste-
Beuve.) Il avait étudié l'àme par ta physiolo-
gie et le monde par J'algebre. (E. Sue.) Les
femmes ont des instincts d'une sûreté infailli-
ble ; elles expliquent, par une algèbre qu'elles
ont inventée, le merveilleux lui-même. (Alex.
Dum.) Le crédit fut la simplification, V algè-
bre, pour ainsi dire, de l'échange, du com-
merce, de l'industrie. (Le Siècle.) il Se dit de
même et fam. d'une chose difficile à compren-
dre, dont on n'a aucune idée : C'est de i" al-
gèbre pour lui. (Acad.) L'expression des plus
nobles sentiments n'est que de ("algèbre pour
ceux qui n'ont pas d'àme. (Boiste.)
— Encycl. I. DÉFINITION DE L'ALGÈBRE, SA
nature, son objet. Les nombres, comme tous
les objets des connaissances humaines, peu-
vent être considérés en général et en particu-
lier, c'est-à-dire sous le rapport de leurs lois
et sous celui de leurs faits. Par exemple, cette
proposition : t'a somme de deux nombres mul-
tipliée par leur différence est égale à la diffé-
rence de leurs carrés, est une loi des nombres,
parce qu'elle s'applique généralement à. tous
les nombres ; tandis que celle-ci : neuf multi-
plié par quatre est égal à trente-six, est un fait
numérique, parce qu'elle ne s'applique qu'aux
seuls nombres 9, 4 et 36. Cette distinction par-
tage la science des nombres en deux branches,
l'arithmétique, qui traite des faits, eil'algèbre,
qui traite des lois des nombres.
L'algèbre analyse les fonctions ou relations
des nombres en elles-mêmes, les conséquences
qu'elles renferment, les lois de leurs transfor-
mations et de leurs combinaisons mutuelles.
Elle exprime par des signes généraux les nom-
bres dont elle étudie les rapports, afin que
l'étude de ces rapports soit dégagée et en
quelque sorte affranchie de toute considéra-
tion relative à ces nombres. L'arithmétique se
propose la réalisation numérique des fonctions
dont les éléments sont eux-mêmes donnés
numériquement.
Dans le principe, l'idée de nombre dut pa-
raître inséparablement unie à la nature des
objets que l'on considérait. Mais on fut bientôt
conduit à la dégager, à l'abstraire de ce qui lui
était étranger, en s'apercevant que les opéra-
tions exécutées sur les nombres restent con-
stamment les mêmes, quelle que soit la nature
des objets auxquels ils sont appliqués : de là
l'origine du calcul scientifique, de l'arithmé-
tique. Plus tard, par un nouvel effort d'abstrac-
tion, l'esprit humain découvrit ce fait capital,
que les relations des nombres peuvent être
considérées, analysées, indépendamment de la
valeur attribuée à ces nombres : de là l'origine
de l'algèbre. Ainsi l'idée de quantité en se sé-
parant de l'idée de qualité, l'idée de nombre en
se séparant de l'idée des objets comptés; est
sortie de la langue générale, et, donnant nais-
sance à un système de numération, a créé
l'arithmétique. L'idée de rapport ou de fonc-
tion des nombres, en se séparantde l'idée de
valeur numérique, est sortie en quelque sorte
de l'arithmétique, et, donnant naissance à un
système de symboles , "a créé l'algèbre. Le
nombre abstrait , c'est-à-dire considéré indé-
pendamment de la nature, de. la qualité des
objets : voilà l'arithmétique. La fonction ab-
•siraîYe,c'estrà-<3 ire considérée indépendamment
de la valeur numérique de ses éléments : voilà
l'algèbre. Tandis que les raisonnements de
l'arithmétique ne portant que sur des nombres
déterminés, ne peuvent sortir du particulier
pour s'élever aux lois numériques que par une
sorte d'intuition inductive, l'algèbre donne des
formules qui embrassent et dont on peut dé-
duire tous les faits numériques.
On peut, avec M. Ch*. Renouvier, énoncer le
problème général de l'algèbre de la manière
suivante : Une ou plusieurs relations étant
données entre des quantités déterminées et
comme telles représentées par des signes géné-
raux, déterminer de nouvelles relations telles
qu'une ou plusieurs de ces quantités s'y trouvent
exprimées en fonction des autres. Ou encore :
Déterminer d'une manière générale les varia-
tions de certains nombres, correspondantes à
celles de certains autres nombres qui leur sont
liés par des relations quelconques définies et
données.
L'algèbre, considérée dans toute son étendue,
est souvent désignée sous le nom d'analyse ma-
thématique. Elle comprend les lois des nom-
bres qui donnent lieu aux calculs différentiel
et intégral (V. Calcul), et généralement tout
ce qu'on désigne ordinairement sous le nom
d'analyse supérieure ou transcendante, bien que
ces branches de la science puissent lui pa-
raître étrangères, à ne considérer que la com-
position ordinaire des traités d'algèbre.
Les applications de l'algèbre à l'étude de la
nature dépendent de ce fait que tous les phé-
nomènes qui se produisent dans le temps et
dans l'espace, donnant lieu à des considéra-
tions de nombre, apparaissent comme quan-
tités qui sont fonctions les unes des autres ou
dont les variations sont régulièrement liées.
(V. Mathématiques.)
II. — Langue algébrique. Les signes em-
ployés en algèbre sont de deux sortes : les uns
servent à représenter les grandeurs ou quan-
tités, sans déterminer leur valeur: ce sont les
lettres de l'alphabet; les autres indiquent les
rapports établis entre ces quantités, en d'autres
termes, les opérations que l'arithmétique leur
ALG
ferait subir, si elles étaient déterminées. Les
lettres, ne signifiant rien par. elles-mêmes,
peuvent signifier chacune tel nombre que l'on
veut; c'est cette indétermination des signes
qui constitue l'algèbre; elle a pour effet et
pour but tout à' la fois de faciliter les raison-
nements en les abrégeant, et de rendre sen-
sible et rigoureuse la généralité des conclu-
sions que l'on en tire. Il faut bien remarquer
que les raisonnements algébriques aboutissent
toujours à des déterminations arithmétiques ,
à une seule et même langue, à une seule et
même science. « Les chiffres , dit très-bien
Condillac, sont les noms particuliers, les lettres
sont les noms généraux; et ce sont autant
d'expressions qui entrent dans les phrases de
calculs. Ce dialecte a des règles qu'A faut con-
naître, et c'est une nouvelle grammaire à ap-
prendre. Il s'agit de découvrir l'emploi de ces
termes généraux, leurs différentes acceptions
et leur syntaxe. »
On se sert constamment des premières let-
tres de l'alphabet pour représenter dans une
question les quantités connues ou données, et
des dernières, x,y,z, pour représenter les
quantités inconnues ou à déterminer.
Le signe + indique l'addition de deux nom-
bres et s'énonce plus. Ainsi a + b représente
la somme des deux nombres a et b. Le signe
— indique qu'un nombre doit être soustrait
d'un autre et s'énonce moins. Ainsi a — b ex-,
prime la différence entre a et b. Lorsque deux
quantités sont représentées par la même lettre
a et a, par exemple, au lieu d'employer le signe
4- pour en marquer l'addition, et par consé-
quent au lieu d'écrire a-f-o, on écrit une seule
fois la lettre a en la faisant précéder du chiii're
2; ainsi la n'est autre chose que a+a. Le
chiffre 2 qui est un des facteurs du produit
2a, qui est le cofacteur de a, a recule nom de
coefficient.
Le signe de la multiplication est x , que l'on
prononce multiplié par, ou bien un simple point
que l'on place entre les facteurs. Le plus sou-
vent on se borne à écrire les facteurs a la suite
les uns des autres sans interposition de signes :
ainsi axô, a. b, ab, indiquent le produit de a
par b. On indique la division au moyen du
signe ; que l'on place entre le dividende et le
diviseur et que l'on prononce divisé par; le
plus souvent on écrit le dividende au-dessus
du diviseur en les séperant par un trait hori-
zontal. Ainsi a
>u — exprime'le quotient de
:e ordinairement a sur b.
Si une même lettre est plusieurs fois multi-
pliée par elle-même, on ne l'écrit qu'une fois,
en la faisant suivre d'un chiffre qui marque
combien de fois elle entre comme facteur dans
le produit. Ainsi, au lieu d'écrire aa, aaa, aaaa,
on écrit aï, aS, a\ que l'on énonce a quatre,
ou bien a quatrième puissance. Comme ces
chiffres exposent ou expriment les puissances
auxquelles la quantité a est élevée, on les
nomme exposants des puissances de a, ou plus
simplement exposants de a. Les exposants s'é-
crivent au-dessus de la lettre et en petits ca-
ractères. On indique la racine d'un nombre ou
d'une quantité au moyen du signeV , que l'on
nomme radical, et 1 on écrit entre les deux
branches de ce signe un petit chiffre qui est
l'indice ou l'exposant du radical. Ainsi V aest
la racine cubique de a ou la quantité qui, éle-
vée à la troisième puissance, donne a. On n'est
pas dans l'usage d'écrire l'indice de la racine
carrée ; il suffit pour l'indiquer d'écrire \ a.
On indique que deux quantités sont égales
en les séparant par le signe = . Ainsi, pour ex-
primer que la quantité représentée par a est
égale à la quantité représentée par b, on écrit
a = 6, qu'on lit a égale b. Le signe < ou > ex-
prime un rapport de différence entre deux
quantités : a> b indique que a est plus grand
que b, eta< 4 indique que a est plus petit que b.
terme. Un ou plusieurs termes forment une
expression. Les signes de la multiplication et
de la division réunissent les éléments. Les
signes de l'addition et de la soustraction lient
les termes. Les signes de comparaison (d'é-
galité et d'inégalité) lient les expressions. Ainsi
abc est un terme dont a, b et c sont les élé-
ments ; abc+bd est une expression dont abc et
bd sont les termes; abc + bc=ed — ï est une
phraoe ou proposition algébrique dont abc+bd
d'un côté, ed—iàe l'autre, sont les expressions.
Les termes remplissent dans les expressions
algébriques une fonction d'augmentation ou de
diminution : de là deux_ espèces de termes :
les termes précédés ou, comme on dit, affectés
ou affectés du signe de la s(
traction, du signe —, que l'on appelle termes -
souslractifs ou négatifs; de là, pour chaque
terme, deux ordres de considérations, la con-
sidération de la quantité, qui est absolue, et la
considération de la qualité positive ou négative,
qui se rapporte à l'expression algébrique dont
ce terme fait partie. Chaque terme affecté de
son signe représente deux choses qu'il ne faut
pas confondre , un nombre et une opération
qui ajoute ou qui soustrait ce nombre. C'est
parce que cette distinction n'a pas toujours
été faite clairement que les termes négatifs
ont été souvent ~~ - — -:1 — ! ' —
; il est négatif relativement à d'autres ter-
mes; et c'est tout simplement pour donner
plus de généralité au langage que le signe —
qui exprime un rapport entre deux termes, se
joint à l'un d'eux de manière à le qualifier
comme si l'on pouvait faire abstraction de
l'autre. « Les deux mots positif et négatif, dit
M. Ch. Renouvier, ont un sens corrélatif et
rapportent les opérations, et sur laquelle il
soit possible de les exécuter, le mot négatif
cesse d'être applicable à la quantité. »
On appelle termes semblables des termes qui
renferment les mêmes lettres affectées des
Une expression algébrique composée d'un
seul terme s'appelle monôme; on l'appelle bi-
nôme lorsqu'elle renfermé deux termes ; tri-
nôme quand elle en contient trois; le mot
polynôme désigne d'une façon générale toute
expression contenant plusieurs termes. On re-
garde comme positif le premier terme d'un
polynôme, lorsque ce premier terme n'est pré-
cédé d'aucun signe. Un polvnôme peut jouer
le rôle de terme dans un phrase algébrique :
alors on l'écrit en le renfermant dans une
lorsque, attribuant des valeurs particulières
aux lettres qui entrent dans cette expression,
on effectue les opérations arithmétiques in-
diquées.
Une expression algébrique est dite ration-
nelle -quand elle ne renferme aucun radical,
irrationnelle dans le cas contraire. Une ex-
pression rationnelle est entière quand aucun de
ses termes ne contient le signe de la division.
Le degré d'un terme est la somme des expo-
sants des lettres qui y entrent, le nombre des
facteurs littéraux de ce terme : Ainsi haïu^c^
est du quatorzième degré. Un polynôme est
dit homogène quand tous ses termes sont du
même degré.
Ordonner un polynôme par rapport à une
lettre, c'est écrire ses différents termes dans
un ordre tel que" les exposants de cette lettre
aillent toujours, en diminuant ou toujours en
augmentant. La valeur numérique n'est, pas
altérée par ce changement dans l'ordre de ses
termes.
Lorsqu'il y a dans un polynôme un certain
nombre de termes semblables, soit positifs, soit
négatifs, on peut réduire tous ces termes en
un seul. Cette simplification s'effectue en fai-
sant d'une part la somme de tous les termes
positifs, de l'autre la somme de tous les termes
négatifs , puis en prenant la différence de ces
deux sommes et en donnant au résultat le signe
de la plus grande.
Une ou plusieurs expressions algébriques
étant données, on peut avoir à les ajouter entre
elles, à les retrancher l'une de l'autre, a les
multiplier, à les diviser, à les élever à une puis-
sance donnée, a en extraire une racine d'un
certain degré. Ces six opérations fondamen-
tales, que l'arithmétique enseigne à exécuter
sur des nombres, peuvent l'être aussi sur des
quantités algébriques. "V. Additioni, Soustrac-
tion, Multiplication, Division, Puissance,
Racine.
L'ensemble de deux expressions séparées
par le signe = s'appelle une égalité ; les. deux
expressions elles-mêmes se nomment les deux
membres de l'égalité. On donne le nom d'iden-
tité à une égalité dans" laquelle les deux mem-
bres ne diffèrent que par la forme, et devien-
nent identiques quand on a effectué toutes les
opérations indiquées. Ainsi 4x2 + 3 = 1 + 5x2,
(a + b) x (a— 6)= a*— 42, sont des identités. La
première est une identité numérique, la seconde
. une identité littérale. Une identité numérique
raie ni
Une égalité qui renferme au moins une quan-
tité inconnue prend le nom A' équation. Une
équation diffère d'une identité en ce qu'elle ne
peut être vérifiée que par certaines valeurs
attribuées aux inconnues qu'elle contient :
Ainsi x = ljix + 3/ix est une identité, parce
qu'elle subsiste quelle que soit la valeur de x;
mais Gi — 2 = 3a: + 4 est une équation, parce
qu'elle ne peut être vérifiée que par la valeur
particulière 2 attribuée à x. Léquation est
numérique ou littérale : numérique lorsque les
quantités connues sont des nombres ; littérale
lorsqu'elles sont représentées par des lettres.
Résoudre une équation , c'est trouver une
quantité qui, mise à la place de l'inconnue,
rende identiques les deux membres de cette
équation : cette quantité est la racine de l'é-
quation.
Les équations forment une des parties les
. plus importantes de la science des nombres, car
*fa solution de tous les problèmes des mathé-
matiques peut être ramenée à celui de la réso-
lution d'une équation. On classe les équations
îo d'après le- nombre des inconnues qu'elles
renferment, z° d'après le degré auquel les in-
connues sont élevées. (V. Equation.) Une
équation est une proposition dans laquelle le
sujet et l'attribut peuvent se remplacer mu-
ALG
tuellement. Le signe = lie les deux membres
de l'équation, comme le verbe être lie les deux
termes de la proposition. Tout le mécanisme
du raisonnement algébrique consiste à passer
par une suite d'équations ou de propositions
identiques, jusquà ce qu'on arrive à une
équation dernière, dont l'inconnue forme l'un
des membres. « L'analyse des mathématiciens,
dit Condillac, n'est autre chose que cette mé-
thode qui, par un premier procédé, traduit
dans une équation fondamentale toutes les
données d'un problème, et qui, par un second
Srocédé, fait subir à cette équation une suite
e transformations jusqu'à ce qu'elle devienne
l'équation finale qui renferme la solution. ■ La
possibilité de traduire successivement une
équation dans des expressions différentes re-
pose sur cet axiome fondamental : quelles que
soient les opérations qu'on puisse exécuter
sur le premier membre o de 1 équation a = b,
si l'on fait subir les mêmes opérations au se-
cond membre b, l'équation subsiste.
Un exemple rendra plus sensible tout ce que
nous venons do dire.
rence ; quels sont ces deux nombres?
Représentons par x le plus grand des n
bres cherchés et l'autre par y; nous avon:
deux équations numériques suivantes :
100 =
» + y,
20 =
qui, additionnées' membre à membre, donnent
100 + 20 = x + y + x — y ;
mais les deux termes + y et — y, affectés de
signes contraires, se détruisent; d'où
100 + 20 = x + x ou 2x.
Si nous retranchons ^maintenant 20 de 100
d'une part, et x — y de x + y d'autre part,
nous avons l'équation :
100 — 20 = X + y—(x — y),
qui prend la forme suivante :
100 — 20 = x + y — x + y;
Il faut observer, en effet, qu'en algèbre un
terme négatif que l'on soustrait devient posi-
tif ;-car soustraire une soustraction, c'est addi-
tionner, comme nier une négation, c'est affir-
mer.Dans l'équation 100 — 20 = x+y — x + y,
les deux termes a; et — a: se détruisent, et nous
avons pour résultat :
2a?,-
,r enlever au nombre Zx se
multiplicateur ou coefficient 2, c'est le diviser
par 2, et il est évident qu'en rendant les deux
membres le même nombre de fois plus petits,
leur égalité ne sera pas altérée : donc
100 + 20
u (ce qui est la même chose),
Nous n'avons fait jusqu'ici que résoudre un
problème d'arithmétique par les équations.
Pour entrer pleinement dans le domaine de
l'algèbre comprise comme nous l'avons définie,
représentons par a la somme donnée 100, et
par b la différence donnée 20, nous avons les
équations littérales suivantes :
a = x+y
b = x—y
qui donnent successivement :
a+b=x+y+x— y
' ' = 2x
b = x + y — {x-y)
1/23-1/26.
.uations finales
/2 6, résultats
premières a = x + y, à = x — y, résultats in-
dépendants des valeurs particulières bue l'on
peut assigner aux lettres a et b, nous donnent
fois la solution de toutes les questions
pour les résoudre. Elles prennent
formules algébriques, parce qu'elles formulent
dans le langage laconique de l'algèbre et nous
montrent dégagées de tous les faits qu'elles
régissent les deux lois générales suivantes :
la demi-somme, plus la demi-différence de deux
nombres est égale au plus grand de ces nombres;
la demi-somme moins la demi-différence de
deux nombres est égale au plus petit de ces
nombres.
ALG
Remarquons, en terminant, qu'avec les
signes algébriques le calcul et le raisonnement
ne demandent presque point de mémoire ; la
plume marché a'elle-même, et, pour ainsi dire,
sans qu'on y pense, d'équation en équation, et
la solution se trouve mécaniquement. Ceci
rappelle une conversation de Voltaire avec
Rivarol sur les mathématiques : « Eh! bien,
dit le patriarche de Ferney au jeune écrivain,
qu'est-ce que c'est que cette algèbre où l'on
marche toujours un bandeau sur les yeux? —
Il en est, répondit spirituellement Rivarol, des
opérations de l'algèbre comme du travail de
- ■ - dentelières, qui en promenant leurs fils au
-- ■- " '■'■ ■■■■"■- d'épingles, arrivent,
n magnifique tissu. «
III. — Histoire de l'algèbre. L'algèbre,
donton fait généralement remonter l'origine au
géomètre Diophante d'Alexandrie (ive siècle),
est née de la recherche de procédés pour
résoudre facilement et rapidement certains
problèmes. L'ouvrage de Diophante, dont nous
ne possédons que quelques livres, nous montre
la science des relations dés nombres déjà par-
venue à un notable développement; mais en
réalité il appartient plutôt à l'arithmétique qu'à
l'algèbre proprement dite". Diophante s'est sur-
tout occupé de questions relatives aux pro-
priétés des nombres, comme de partager un
nombre carré en deux autres qui soient aussi
des carrés. Il représentait l'inconnue par l'abré-
viation os, finale du mot grec aritkmos (nombre) ;
il n'employait ni les lettres de l'alphabet, ni les
signes des fonctions, excepté toutefois le signe
de la soustraction, qui était un A renversé et un
peu tronqué.
On pense que les Arabes, qui ont donné son
nom à l'algèbre, en ont emprunté les éléments
aux auteurs grecs et principalement à Dio-
phante. Leurs connaissances se réduisaient à
peu près à la résolution des équations du pre-
mier et du deuxième degré; elles passèrent en
Italie, où elles furent développées par Léonard
de Pise, dès le xm« siècle. La résolution des
équations du troisième .degré est due à deux
géomètres italiens, Scipion Ferreo etTartaglia.
Ce dernier communiqua sa 'méthode à Jérôme
Cardan, qui l'étendit considérablement et la
publia en 1545. Ludovico Ferrari, disciple de
Cardan, fit faire un pas-plus important à la
science, en découvrant une méthode de ré-
solution des équations du quatrième degré.
En même temps, d'autres mathématiciens con-
tribuaient au perfectionnement du calcul par
l'introduction d'une notation concise et sys-
tématique.-L'Allemand Stifel, ou Stifelius,
adoptait les signes + et — pour représenter
l'addition et la soustraction, ainsi que le sym-
bole V pow" signifier radical ou racine. L'An-
glais Thomas Recorde inventait le signe de
l'égalité = ; il fit choix de ce symbole parce
que, disait-il, il ne peut y avoir deux choses
plus égales entre elles que deux lignes pa-
rallèles.
Mais le véritable créateur de l'algèbre mo-
derne, de la véritable algèbre, c'est-à-dire de
la doctrine abstraite des fonctions numé-
riques, est le Français Viète, né à Fontenay-
le-Comte en 1540. Aux nombres toujours em-
ployés jusque-là Viète substitua des lettres
qui, représentant des grandeurs quelconques,
transformaient le raisonnement particulier en
formule générale, en loi. Il imagina la plupart
des simplifications que subissent, pour être
plus tôt résolues, les égalités algébriques.
\J algèbre n'avait été jusqu'alors qu'un auxi-
liaire de l'arithmétique appliquée, et, comme
l'indique l'étymologie, un art des solutions;
elle s était renfermée dans les équations nu-
mériques. Viète en fit, sous le nom de logis-
tique spécieuse (species, symbole), une science
qui enveloppe et domine l'arithmétique, dont
la géométrie ne devait pas tarder à devenir
tributaire, et dans laquelle Condillac a vu le
type de toute logique qui veut être rigoureuse,
et de toute langue qui veut être claire. Après
Viète, l'Anglais Harriot reconnut l'existence
des racines négatives : on lui doit aussi l'in-
vention des signes < et > (plus petit et plus
grand). Oughthred, a la même époque, fit
adopter le signe x pour désigner la multi-
plication.
Descartes introduisit la notation des expo-
sants et les principes de leur calcul. Il ouvrit
un vaste champ de découvertes en appliquant
l'analyse algébrique à l'étude de la nature et
des propriétés des lignes courbes, (V. Géomé-
trie.) Le premier il attribua des racines aux
équations qui n'en ont ni de positives, ni de
négatives, et montra que le nombre total des
racines, tant réelles qu'imaginaires, se trouve
toujours égal au degré de l'équation. En outre,
l'application de l'algèbre à la géométrie lui
permit de construire ou de représenter géo-
métriquement l'équation des degrés supérieurs
et d'interpréter leurs racines. Depuis Descartes,
tous les géomètres ont cultivé l'algèbre, et il
nous suffira de nommer Fermât, V/allis, New-
ton, Leibnitz, Moivre, Maclaurin, Eùler, d'A-
lembert, Lagrange, Laplace, Fourier, Poisson,
dont les travaux ont amené cette science à son
état actuel. Parmi les progrès récents de l'al-
gèbre, nous signalerons comme les plus impor-
tants la résolution des équations binômes par
Gauss; les travaux d'Abel, qui a démontré le
premier l'impossibilité de résoudre algébrique-
mentou par radicaux les équations d'un degré
supérieur au quatrième ; le théorème de Sturm,
ceux deCaucr" -'-
ALG
197
Guatnèm
cny, etc.
ALGÉBRIQUE adj. (al-jé-bri-ke — rad. al-
gèbre). Qui appartient, qui a rapport à l'algè-
bre: Calcul, science, formule, opération .nota-
tion, solution, équation algébrique. Ce qui
fait répugner de bons esprits aux considéra-
tions algébriques, c'est le haut degré d'ab-
straction qui caractérise 2'algèbre. (Royn.)
Les formules algébriques ne sont pas la vé-
rité, mais une expression compendieuse de la
vérité. (Rossi.) C'est un axiome algébrique
qui veut que l'on procède du connu à l'inconnu,
et non de l'inconnu au connu. (Alex. Dum.) Il
aperçut l'astronome impassible, oui griffonnait
sur un morceau de papier une foule de signes al-
gébriques et de figures de géométrie. (E. Sue.)
— Par compar. : Cela seul peut peindre
l'exactitude algébrique de l'intraitable vertu
du lieutenant. (E. Sue.)
algébriquement adv. (al-jé-bri-ke-fnan
— rad. algébrique). D'une manière algébri-
que, selon les règles de l'algèbre.
ALGÉBRISANT (al-jé-bri-zan) part. prés,
du v. Algébriser.
ALGÉBRISÉ (al-jé-bri-zé) part. pass. du v.
Algébriser.
ALGÉBRISER v. n. ou intr. (al-jc-bri-zô —
rad. algèbre). S'occuper d'algèbre, faire do
l'algèbre.
— Fam. et iron. Employer trop fréquem-
ment des formules savantes, traiter un sujet
trop scientifiquement : Certains écrivains ont
un grand penchant à algébriser' dans leurs
ouvrages. (Reyn.)
ALGéBriste s. m. (al-jé-bri-ste — rad. .
algèbre). Celui qui sait l'algèbre, qui fait des
opérations d'algèbre : C'est un bon algébims'te.
(Acad.) Larésolution des équations dutroisième
et duquatrième degré, le dénoûment des fameux
cas irréductibles furent la grande a/faire des al-
gébristes du xvie siècle. (Liouville.) // se pas-
sera probablement quelques siècles avant que la
Grèce produise des algébristes ou des éru-
dits. (E. About.) Il est nécessaire aujourd'hui
d'être algébriste et géomètre pour devenir
astronome, ingénieur ou navigateur. (Cabanis.)
Commençons par désobstruer le chemin; le.
moyen pour cela est de procéder à la façon des
algébristes, par élimination. (Proudh.) A une
représentation d'Athalie, un algébriste étonné
des applaudissements frénétiques du parterre,
s'écriait : ■ Qu'est-ce que cela prouve? •
... Comme un algébriste-, au calcul attaché,
De chaque événement dégage l'inconnue...
Soumkt.
Il Peut s'empl. au fém. : Mademoiselle Sophie
Germain était une excellente algébriste.
(Raym.)
ALGEDO s. m. (al-je-do —"du gr. algeô, je
souffre). Pathol. Nom donné à des douleurs
vives à la vessie, à l'anus, aux testicules, qui
succèdent quelquefois à la suppression brus-
que d'une blennorrhagie.
Algenib s. m. (al-je-nibb — mot tiré de
l'arabe). Etoile secondaire marquant l'angle
inférieur à gauche du grand carré do Pégase,
sur le prolongement d'une ligne allant do
l'étoile S de la Grande-Ourse à 1 étoile polaire,
et passant par l'étoile B de Cassiopéo.
ALGER, ville du nord de l'Afrique, bâtie en
amphithéâtre sur la Méditerranée, et adossée
à une colline au sommet de laquelle s'élève la
fameuse citadelle appelée la Casbah. Cap. de
l'Algérie, à 767 kil. de Marseille et 1,557 lsil.
de Paris ; résidence du gouverneur général
de l'Algérie; évêché, cour d'appel pour toute
l'Algérie ; pop. (intra muros) 46,108 hab. ; avec
les faubourgs, 58,315 hab. La ville se divise
en deux parties : la partie haute, qui a con-
servé la physionomie primitive d une ville
musulmane, et la partie Dasse, bâtie à l'euro-
péenne ; elle comprend deux faubourgs impor-
tants, Bab-el-Oued et Bab-Azzoun; ses places
principales sont: celle du Gouvernement; la
place de Chartres, décorée d'un fontaine ; la
place de la Pêcherie ; la place du Soudan ; la
place d'Isly, et la place d'Armes ou esplanade,
Bab-el-Oued. La partie haute se compose de
maisons carrées, blanchies à la chaux et sans
ouvertures sur les rues ; les chambres ne re-
çoivent de jour que par une cour intérieure ;
les rues sont étroites, sales, tortueuses, et
l'aspect général est des plus monotones. Les
principaux monuments sont : le palais du gou-
verneur, l'évêché, la cathédrale Saint-Phi-
lippe, un temple protestant, la préfecture,
trois théâtres, les statues du duc d Orléans et
du maréchal Bugeaud, et-le port, qui est ap-
pelé à devenir un jour une des belles con-
structions de ce genre.
Parmi les monuments d'origine arabe, les
principaux sont :
Djama-Kebir (la grande mosquée). Cet édi-
fice est le plus ancien do ce genre à Alger,
puisqu'une inscription, qui se lisait ancienne-
ment, en ferait remonter l'achèvement h l'an
409 de l'hégire (1018 de J.-C). La grand»
mosquée, couvrant une superficie de 1,000 mè-
tres carrés, présente, rue de la Marine, une
falerie de quatorze arcades dentolées, rotom-
ant sur des colonnes en marbre blanc, qui
proviennent de la mosquée es-Saïda, bâtie par
Ismaïl-Pacha, en 1662. Une fontaine, formée
de deux vasques, a été placée à la rencontre
des lignes qui font un angle obtus au milieu
ne cette galerie. La mosquée prend jour par
les portes ouvrant sur la galerie de la mer et
parles arcades de la cour. L'édifice, blanchi à
198 ALG
la ehaux^selon l'usage, n'a aucune décoration ;
il est affecté au culte musulman du rite maleki.
Djama-Djkdid (la mosquée nouvelle), plus
connue sous le nom de mosquée de la Pêcherie,
est située au bout de la rue de la Marine, en
face de la place Mahon ; on y entre par la des-
cente au port. La tradition veut que l'esclave
qui dirigea les travaux de ce monument ait
été brûle vif, pour avoir osé donner à une
mosquée la forme d'une église. On remarque à
l'intérieur une belle uhaire en marbre blanc
sculpté et un admirable manuscrit, in-folio,
du Coran , prodige d'ornementation calligra-
phique. Djama-Djedid a, comme la grande
mosquée, une galerie sur le port. Le minaret
carré abrite l'horloge de la ville, depuis la dé-
molition de la Djenina.
Le fort Bab-Azzoun ou mieux El bordj
Ras-Tafoura (le fort du cap Tafoura), relié
maintenant à Alger par la nouvelle enceinte,
a été bâti par Hussem-Pacha, de 15S1 à 158-1 ;
il défendait Alger du côté de la rcute de Gon-
stantine. C'est aujourd'hui un pénitencier mi-
litaire. Les autres forts d'Alger sont : le Top-
panat-el-Beylik ; le borjd el-Andalous ; le
bordj el-Zoubia; le bordj Setti-Takelilt, plus
connu sous le nom de fort des Vingt-Quatre
Heures, et où fut martyrisé Geronimo, Maure
devenu chrétien, le 18 septembre 1569, et enfin
le bordj Iiamdan.
La Casbah. Cette citadelle domine Alger du
point culminant occidental au sommet du
triangle de1 la ville. Elle est antérieure à 1516,
année où elle fut restaurée et augmentée par
Selim-ben-Teumi. Ali-Khodja (surnommé le
fou), avant-dernier dey d'Alger, s'étant aliéné
l'esprit des troupes, ht transporter nuitam-
ment ses trésors à la Casbah, où il s'enferma
avec une garde à lui, le l" novembre l8l"7.
Lés janissaires s'étant insurgés à cette nou-
velle, Ali fit décapiter un grand nombre de
meneurs. Le soufflet donné par son succes-
seur Hussein à notre consul est le dernier
épisode de l'histoire de la Casbah. C'est aujour-
d hui une immense caserne, traversée par la
route d'El-Biard, route qui a fait disparaître la
plus grande partie des fameux jardins du dey.
Aqueducs. Les quatre aqueducs amenant
l'eau dans les fontaines d'Alger sont : l'aque-
duc, du Hamma, qui fut construit en 1622 par
Sta-Moussa; l'aqueduc de Telemli, à Mousta-
Fha supérieur; l'aqueduc d'Aïn-Zeboudja, et
aqueduc de Bitraria, amenant les eaux de la
vallée du fort l'Empereur.
— Hist. Depuis la conquête romaine jus-
qu'à l'établissement des Turcs et à la domina-
tion des Barberousse , l'histoire d'Alger se
confond dans celle des contrées voisines, et
n'offre qu'un intérêt secondaire : c'est à partir
de cette dernière époque que le rôle qu'elle
a joué jusqu'en 1830 commence à revêtir son
véritable caractère, et qu'elle entoure son nom
du prestige redoutable qui a fait si longtemps
l'effroi des nations chrétiennes. L'histoire d'Al-
ger s'ouvre sur la~vie des deux pirates les plus
terribles dont les mers aient conservé le sou-
venir, les Barberousse. Le premier s'empara
par surprise d'Alger, où il avait été appelé
a titre d auxiliaire. Tué en 1518, dans une lutte
meurtrière contre les Espagnols, il eut pour
successeur son frère Khaïr-el-Dinn, (Tune
habileté et d'une audace encore plus extra-
ordinaires. Des vicissitudes effroyables ne
purent ébranler sa constance ni son énergie, et
il finit par sortir victorieusement des épreuves
que lui firent traverser ses cruautés, ses pira-
teries, toute une vie pleine des expéditions les
plus aventureuses, mais constamment dirigées
par un génie qui permit à ce forban redoutable
de disputer 1 empire des mers à André Doria,
le premier marin de son temps. De sanglants
orages assaillirent sa fortune, qui eût été sub-
mergée sans la fertilité de ressources et l'in-
domptable énergie de ce personnage extraor-
dinaire, demi grand homme et demi brigand.
La chrétienté s'était émue à la nouvelle de
ses succès, et ce fut Charles-Quint qui s'attri-
bua la mission de la venger des insultes de
Barberousse. Il réunit une flotte de quatre
cents voiles, portant vingt-cinq mille hommes
de débarqueinentj presque tous vieux soldats,
deux mille cavaliers et l'élite de la noblesse
espagnole. L'empereur commandait cette ar-.
mée en personne ( 1535). Néanmoins, tout le
succès de l'expédition se borna à la prise de
Tunis ; Charles-Quint n'osa point aller mettre
le siège devant Alger, et les corsaires repri-
rent leurs courses avec une audace croissante.
Une entreprise directe contre le repaire où
s'abritaient Barberousse et les pirates pouvait
seule imposer un frein à leur insolence, et
l'empereur résolut, en 1541, de la mettre à exé-
cution. Des préparatifs furent faits sur une
échelle immense : l'Espagne, l'Italie et l'Alle-
magne fournirent leur contingent de soldats;
cinq cents chevaliers de Malte, trois mille vo-
lontaires appartenant aux plus nobles familles,
et parmi eux l'illustre Fernand Cortez , le
conquérant du Mexique , ainsi que ses trois
fils, s'associèrent à cette expédition, qui sem-
blait ressusciter les grands souvenirs des croi-
sades. La flotte, composée de vaisseaux génois
et espagnols , était placée sous le commande-
ment suprême d'André Doria; elle arriva lu
21 octobre 1541 en vue du rivage d Afrique,
et le débarquement commença le 2S, à une
demi-lieue a l'est d'Alger. Jusqu'alors tout
semblait présager un triomphe à Charles-
Quint, malgré les craintes que lui avait expri-
mées le pape Paul III sur l'état avancé de
ALG
la saison, malgré les observations pressantes
de Doria, pour la vieille expérience duquel
un débarqvement sur les côtes d'Afrique , à
ce moment de l'année, était une entreprise
chanceuse jusqu'à la témérité. ■ Il n'y a que
deux ports en Afrique, répétait ce grand
homme de mer, juin et juillet. " Charles resta
sourd à tous les conseils, leur opposant cette
persistance aveugle qui semble quelquefois
étouffer la prévoyance des plus sages, pour les
entraîner à un désastre inévitable. sVingt-deux
ans d'empire pour moi, avait -il répondu à
Doria, et soixante-douze ans de vie pour vous,
nous doivent suffire à tous deux pour mourir
Dans la soirée du 27, le vent changea tout à
coup de direo-fion, et l'une des plus épouvan-
tables tempêtes dont les annales maritimes
aient conservé le souvenir se déchaîna sur la
mer et sur ses bords. Les soldats, dont les
tentes n'avaient point encore été débarquées,
souffraient cruellement sous une pluie glacée
qui perçait leurs vêtements, avariait leur
poudre et mettait leurs armes dans l'impossi-
bilité de servir, tandis qu'ils pénétraient jus-
qu'à mi-jambe dans une terre mouvante qui
se défonçait sous leurs pas. Les Turcs et les
Maures profitèrent de cette détresse pour exé-
cuter une sortie et charger vigoureusement
les Italiens. C'étaient de nouvelles recrues ,
commandées par Prosper Colonna. Ces jeunes
soldats reculèrent en désordre et essuyèrent
des pertes cruelles. Mais l'empereur ayant
envoyé plusieurs compagnies pour les soute-
nir, 1 ennemi battit en retraite. Alors Fernand
de Gonzague, ramenant les troupes humiliées
de leur échec, les entraîna dans un retour
impétueux contre les Turcs, et arriva en même
temps que ceux-ci aux portes d'Alger. Un
chevalier de Malte, de la nation française, y
planta même son poignard. Cette héroïque
témérité leur devint fatale. Accablés de pierres
et de traits lancés du haut des remparts , pris
en flanc par une partie des Turcs, et en tête par
le gouverneur d'Alger, l'eunuque Hassan, qui
chargeait lui-même avec ses soldats, les Eu-
ropéens s'enfuirent dans un épouvantable
désordre. Les chevaliers de Saint-Jean de Jé-
rusalem , que l'on reconnaissait à leurs cottes
d'armes violettes, et plus encore à leur calme
intrépidité, se serrèrent les uns contre les
autres, et opposèrent une invincible résistance
à tous les assauts. Charles-Quint arriva enfin
lui-même avec ses lansquenets allemands et
rétablit la face du combat. « Aussitôt , disent
les récits arabes , le maudit de Dieu prit ses
armes, ses gardes l'entourèrent, et il s avança
pour arrêter les progrès des Algériens. Les
Musulmans reculèrent. •
Mais cet échec militaire n'était rien auprès
du désastre qui frappait au même instant la
flotte. La tempête, de plus en plus terrible,
battait les navires , qui chassaient sur leurs
ancres. Cent quarante bâtiments de transport
allèrent se briser à la côte, occupée par des
nuées d'Arabes qui massacrèrent sans pitié les
naufragés. Quinze galères périrent également ;
mais les autres, plus fortement construites
et manœuvrées plus habilement, résistèrent
mieux, en général, aux efforts de la tempête.
Doria sur la mer, et sur la terre Charles-Quint,
Fernand de Gonzague, le duc d'Albe et Cor-
tez, firent tout ce qui était humainement pos-
sible à de grands cœurs et à de fermes esprits
pour sauver la flotte et l'armée, et ils y par-
vinrent. Mais on n'avait pu débarquer les
vivres et les munitions, et il fallut songer à la
retraite, en présence d'un ennemi qui harcelait
les troupes, égorgeant les traînards et massa-
crant les blessés. L'embarquement, commencé
le l" novembre, fut interrompu par une nou-
velle tempête , qui dispersa les vaisseaux ;
l'empereur ne monta à bord que le 8 novem-
bre, et atteignit le 23 l'île de Majorque, d'où
il était parti cinq semaines auparavant (1541).
On rapporte qu'aussitôt après son arrivée,
il s'empressa d'envoyer h l'Arétin une chaîne
d'o ' ' ' i.i
les
réussit qu'à moitié, car, en recevant la chaîne
d'or, l'Arétin ne put s'empêcher de dire, avec
son sourire sarcastiqué : « Voilà un bien petit
présent pour une si grande sottise! »
L'issue fatale de cette expédition exerça
dans le présent une influence funeste, in-
fluence qui s'étendit à un avenir lointain.
Alger vit grandir son renom d'invincible. Le
souvenir de Charles - Quint malheureux et
vaincu la protégea contre de nouvelles entre-
prises ; et l'opinion s'établit que personne ne
pouvait réussir, là où le puissant rival de
François I" n'avait essuyé que des revers.
La puissance redoutable qui siégeait à Alger
exploita cette croyance pour perfectionner
— --ganisation , fortement conçi "--
eàla
. it re-
muant; enfin les corsaires, ces aventuriers
hardis qui furent la principale force de Bar-
berousse, hommes redoutables , animés, dans
leurs expéditions, par le triple mobile du
fanatisme , de la cupidité et des séductions
de cette vie de hasards, de jouissances et de
périls, qui rend le repos fastidieux à ceux qui
l'ont goûtée. Alger, placée d'abord sous la
dépendance des sultans , s'en affranchit peu à
peu; la milice s'arrogea le droit de
ALG
le dey, auquel elle obéissait aveuglément
jusqu'à ce qu'elle l'étranglât dans un de ses
sanglants caprices. C'était le genre de mort
auquel devaient s'attendre la plupart de ces
élus d'une force brutale, mobile et passion-
née. Quand un dey mourait paisiblement dans
l'exercice de sa charge, le cas semblait si
étrange et si beau qu il était honoré comme
un saint. Malgré ces péripéties violentes , la
puissance algérienne conservait son véritable
caractère et imprimait la terreur sur toutes
les mers. Ses nombreux vaisseaux, montés par
des pirates intrépides , remplissaient ses murs
de prisonniers de toutes les nations, réduits
aussitôt en esclavage soit au profit du dey,
soit à celui des particuliers, quand ils ne pou-
vaient racheter leur liberté a prix d'argent.
Il existe, dans les récits des ordres rédemp-
teurs, des légendes touchantes sur les misères
et les aventures de ces captifs, au nombre
desquels on compte Cervantes, qui, avant
d'écrire son immortel Don Quichotte, fut long-
temps esclave à Alger. La présence, durs
cette ville, d'une si grande quantité de sujets
chrétiens , détermina les gouvernements eu-
ropéens à s'y faire représenter par des consuls,
et la religion, que l'on est toujours sûr de
trouver partout où il y a une œuvre généreuse
à accomplir, voulut également avoir ses re-
présentants à Alger. Parmi ces consuls, dont
la mission était de protéger leurs nationaux,
le premier, sans contredit, était le consul de
France. Quant aux religieux, qui , devançant
la politique, s'étaient établis-à Alger dès 1551,
on sait les services immenses que ces pieux et
infatigables apôtres du dévouement rendirent
aux malheureux captifs, et les noms des Pères
de la Trinité, de la Rédemption, de la Merci,
sont impérissables dans les fastes de l'hu-
manité aussi bien qu^ dans ceux de la re-
ligion. Cependant , fl était impossible qu'à la
fin , lés Etats chrétiens rie se fatiguassent
point des insultes faites à leurs pavillons et du
préjudice énorme causé à leurs intérêts com-
merciaux par les corsaires barbaresques. La
France surtout, qui avait de temps immé-
morial des établissements sur la côte d'Atri-
que, souffrait impatiemment l'odieux tribut
que les écumeurs de mers prélevaient- sur
ses navires et sur ses sujets, et plus d'une
fois nos rois adressèrent aux deys d'énergi-
ques réclamations ; mais elles ne produisaient
qu'un effet passager sur un gouvernement
pour lequel le droit ne commençait qu'où
s'arrêtait la force. D'ailleurs, dès qu'un prince
chrétien, caressé par un rêve de vengeance,
formait le projet d'une expédition, le souvenir
terrible de Charles-Quint se dressait devant
lui comme un fantôme et le forçait à courber
la tête sous les humiliations. Néanmoins,
sous le gouvernement fort de Louis XIV,
le cri de "orgueil étouffa les inspirations de la
peur. Diverses entreprises eurent lieu de 1663
a 1GSS, et, dans ce quart de siècle,.Louis XIV,
malgré les grandes affaires qui l'occupèrent
en Europe, trouva le temps et les moyens de
réduire la régence d'Alger à subir et à res-
pecter les traités qu'il lui imposa. Deux expé-
ditions, en 1663 et en 1604, commandées par
le duc de Beaufort, n'obtinrent que des résul-
tats insignifiants; la seconde fut même désas-
treuse. Mais, en 1665, l'intrépide amiral joignit
la flotte-algérienne à la hauteur de Tunis, et
lui livra deux combats successifs où elle fut
presque anéantie. Les actes de piraterie ne se
renouvelèrent qu'en 1681 ; mais cette fois en-
core les Barbaresques payèrent cher leurs
insultes; l'année ne s'était point écoulée que
Duquesne, et sous lui Tourville, détruisaient
les flottes de Tunis et de Tripoli. Cependant
Alger restait toujours debout; on ne pouvait
naviguer avec confiance tant que ce nid de
pirates ne serait point détruit. N'ayant pas
l'espoir de s'emparer de la ville, on r-jsolut de
lui infliger, du moins, un vigoureux châtiment.
Duquesne, avec sa hardiesse ordinaire, pro-
posait d'attaquer de vive force les forts de la
marine, projet d'une exécution difficile et dan-
gereuse. C'est alors qu'un pauvre gentilhomme
3e Gascogne, Renaud d'Eliçagarray , plus
connu sous le nom de Petit Renaud, proposa
un projet nouveau et audacieux : c'était de
tenter le bombardement d'Alger avec des
mortiers placés sur les vaisseaux. Cette idée,
ingénieusement hardie, eut le sort de toutes
les grandes inventions qui se présentent devant
les corps dépositaires des traditions de la
science : elle fut rejetée à l'unanimité par le
conseil du roi. Renaud trouva ,un protecteur
inespéré dans Louis XIV lui-même , qui or-
donna des essais ; et ce fut ainsi que la marine
se trouva dotée d'une nouvelle puissance de
destruction. Le 15 août 1682, Duquesne, a la
tête d'une flotte de onze vaisseaux de ligne,
quinze galères, cinq galiotes à bombes et quel-
ques autres petits bâtiments, était mouillé dans
la rade d'Alger et opérait sa première ten-
tative. Elle ne réussit point, parce que l'inex-
périence amena quelques accidents. Mais le
30 août il la renouvela avec plus de précau-
tions, et cent vingt bombes tombèrent dans la
ville, où elles portèrent le ravage et la des-
truction. Le 3 septembre, le bombardement
recommença; malheureusement le temps étant
devenu mauvais, Duquesne rentra à Toulon,
laissant Alger à demi ruinée. Toutefois ce
n'était que partie remise : le moyen de la sou-
mettre était trouvé. Le 20 juin 1683, l'illustre
marin reparaissait en vue de la ville et re- |
îçait le bombardement quelques jours
ALG.
de 'prolonger la lutte, demanda à traiter de
la paix ; mais il fut assassiné dans cet inter-
valle. Son successeur, Mezzo-Morto, rouvrit
les hostilités, et Duquesne fit entendre de
nouveau ses redoutables mortiers. Les ravages
croissant d'heure en heure dans Alger-, le
peuple furieux, exaspéré, se rua sur les chré-
tiens et procéda à dliorribles exécutions. Un
prêtre français, le P. Levacher, fut attaché à
la gueule d'une pièce dite la Corisulaire, in-
strument de meurtre consacré par ce noble
martyre , que la victoire devait faire tomber
un jour entre nos mains. Au milieu de ces
actes atroces, vient s'encadrer un trait de
magnanime courage qui en efface pour un in-
stant l'horreur. Un officier français , M. de
Cboiseul, pris deux jours auparavant dans
une ronde de nuit, venait d'être attaché à la
bouche d'un canon, lorsqu'un capitaine de
corsaire, peu de temps auparavant son pri-
sonnier, et qui avait été de sa part l'objet des
procédés les plus généreux, traverse vivement
la foule, le proclame son bienfaiteur et de-
mande sa vie. Prompt à passer de la colère à
la pitié, le peuple s'attendrit; mais Mezzo-
Morto demeure inflexible et commande le feu.
Alors le corsaire, saisissant Choiseul et le te-
nant embrassé : « Eh bieri , tire , crie-t-il au
canonnier ; puisque je ne puis sauver mon bien-
faiteur, j'aurai du moins la consolation de
mourir avec lui t » Les actions sublimes ont le
noble privilège d'imposer l'admiration aux plus
sauvages natures ; Mezzo-Morto fut ému, et
M. de Choiseul échappa à la mort.
Le bombardement dura jusqu'au 18 août,
en causant dans Alger d'immenses ravages.
Le paroxysme de la terreur et du désespoir
poussait la population à la révolte; le dey,
entouré de sa milice, faisait face à ce double
péril, et il restait maître d'Alger en ruines,
lorsque les bombes manquèrent à Duquesne.
Il fallut donc repartir pour Toulon , mais il
laissait Tourville établi en croisière devant la
ville , et il fit avertir le dey qu'il ne tarderait
pas à être de retour. Cette fois, les Algériens
épouvantés ne l'attendirent pas ; ils chassèrent
Mezzo-Morto et conclurent un traité de paix
avec Tourville. En dépit de ce traité, ils re-
commencèrent bientôt leurs courses , car la
piraterie était chez eux un besoin irrésistible.
Alors Louis XIV, déterminé à en finir avec
ces incorrigibles forbans, chargea le maréchal
d'Estrées de leur infliger une leçon dont ils
parut devant Alger vers la fin du ... __
juin 1688, et, du \t' au 16 juillet, il y jeta dix
mille bombes. Une si épouvantable exécution
terrassa enfin l'orgueil d'Aiger, qui envoya
porter sa soumission à Louis XIV et lui de-
mander la paix. A partir de cette époque,
les corsaires barbaresques renoncèrent à
exercer la piraterie contre la France, mais
ils continuèrent leurs déprédations contre les
autres puissances européennes.
Jusqu'à la conquête française, aucune ex-
pédition digne d'être mentionnée ne fut di-
rigée contre la capitale des Etats barbares-
ques. Il faut en excepter toutefois celle de lord
Éxmouth, qui, en 1816, ravagea Alger et con-
traignit le dey à rendre la liberté aux esclaves
chrétiens. Mais l'heure de cette puissance re-
doutable allait enfin sonner. Les relations d'Al-
ger avec la France avaient revêtu d'abord un
caractère de froideur, puis d'amertume, à l'oc-
casion d'une dette contractée de 1793 à 1798
pour le compte du gouvernement français, en-
vers la maison de commerce algérienne Bus-
nach et Bacri. Le payement de cette dette, ar-
rêtée en 1801 au chiffre de sept millions, avait
été toujours différé, et ce retard irritait d'au-
tant plus le dernier dey, Hussein-Parha, qu'il
avait fourni lui-même, par l'intermédiaire de
Busnach et Bacri. une partie des approvi-
sionnements qui avaient été l'origine de la
créance de ces juifs algériens sur le gouverne-
ment français. En 1S26, il écrivit aux ministres
de Charles X, et, suivant une version , au roi
lui-même. Les choses en étaient là, lorsque
M. Deval , notre consul général , se présenta
îu printemps de 1827 à la Casbah, pour saluer
le dey, comme c'était l'usage la veille des
fêtes musulmanes. Il voulut profiter de cette
visite pour élever quelques réclamations au
sujet d'un navire des Etats du saint-siège ,
qui avait été capturé. Le dey s'emporta et dit
au consul, pour lequel il ressentait d'ailleurs
une véritable antipathie , qu'au Heu >ie lui
adresser des observations sur une affaire qui
ne le regardait pas, il ferait mieux de lui re-
mettre la réponse à la lettre qu'il avait adres-
sée au roi ; il lui demanda avec colère s'il rece-
vrait enfin son argent, en menaçant le consul,
dans le cas contraire, de l'envoyer en prison.
M. Deval répliqua vivement, et menaça à son
tour le dey de l'indignation de son gouverne-
ment. Alors Hussein -Pacha, transporté dé
colère , frappa le consul français au visage
avec le chasse-mouches formé de plumes de
paon qu'il portait à la main, selon l'usage du
pays. Le consul s'écria aussitôt : « Ce n'est
pas à moi, c'est au roi de France que l'insulte
a été faite. » D'après les relations officielles,
le dey répondit « qu'il ne craignait pas plus le
roi de France que son représentant, • et il
ordonna à M. Deval de sortir à l'instant.
Cette insulte eut en France un immense
retentissement. Les satisfactions demandées
furent refusées par le dey, et les amis intel-
ligents du pouvoir d'nlors'lp pressèrent d'en
ALG
tirer vengeance sans retard. Mais le ministère
Villèle hésita. On se contenta d'un blocus inef-
ficace, qui dura jusqu'au mois de juillet. 1829,
époque à laquelle on adressa de nouvelles
demandes de satisfaction , plus modérées gue
les'premières, mais tout. aussi mal accueillies.
De plus, le vaisseau la Provence, qui avait
porté le négociateur et qui naviguait sous pa-
villon parlementaire , reçut en partant une
volée de coups de canon, du haut des batteries
qui garnissaient la rade d'Alger.
Pour cette fois, l'expédition fut résolue. Le
ministère Polignac, de plus en plus impo-
pulaire, mais prévoyant, ne laissa pas échap-
per l'occasion de faire diversion a l'opinion
publique. A l'Angleterre, qui cherchait a inti-
mider le gouvernement français, Charles X
fit répondre que, ■ ne bornant plus ses des-
seins a obtenir la réparation des griefs parti-
culiers de la Frar.ce , le roi avait résolu de
faire tourner au profit de la chrétienté tout
entière l'expédition dont il avait ordnnné les
préparatifs ; qu'il avait adopté pour but de ses
efforts la destruction définitive de la piraterie,
la cessation absolue de l'esclavage des chré-
tiens et l'abolition du tribut que les puissances
chrétiennes payaient à la Régence. »
Dos le 9 février 1830, des ordres avaient été
expédiés à Brest, à Rochefort, à Lorient, à
Cherbourg, à Bayonne et à Toulon, pour l'ar-
mement immédiat de Il vaisseaux, 24 frégates,
7 corvettes, 27 bricks, 7 corvettes de charge,
9 gabares, 8 bombardes, 7 bateaux a vapeur,
2 goélettes, 1 transport et 1 baluncelle, en tout
104 bâtiments, qui devaient jeter sur le sol
algérien une armée de 40,000 hommes. La
flotte fut placée sous le commandement du
vice-amiral Duperré ; le comte de Bourmont
fut nommé général en chef des troupes à&
débarquement.
La flotte appareilla le 25 mai 1830. Le vais-
seau la Provence marchait en tête de l'escadre
de bataille ; l'escadre de débarquement et celle
de réserve s'avançaient sur deux colonnes
parallèles. Arrêtée par un coup de vent à
deux reprises successives , la flotte se trouva
le 12 juin sur la- côte d'Afrique, et le 13 au
soir, elle jeta l'ancre sur la plage de Sidi-
Ferruch , sans rencontrer de résistance sé-
rieuse. La première division de l'armée débar-
qua le lendemain , dispersa sept à huit mille
Arabes qui avaient fait mine de résister, et
s'empara des batteries qui défendaient les
dunes. Le 19, l'armée entière, débarquée, s'em-
para du camp de Staouëii, détendu par envi-
ron trente mille hommes, livra avec succès
quelques nouveaux combats, et emporta le
3 juillet le fort de l'Empereur. Le 5 juillet, le
drapeau français flottait sur la Casbah , où
l'on trouva en monnaies et lingots : 7,312kilog.
d'or, valant 25 millions, et 108,70-4 kilog. d'ar-
gent, valant environ 24 millions.
ALGER (Province d') au centre de l'Algérie,
entre celles d'Oran et de Constantine. Super-
ficie totale, 113,000 kil. carrés, dont 30,000
dans le Tell et 83,000 dans le Sahara. L'ad-
ministration se divise en territoire civil et en
territoire militaire. Cette province renferme
60 villes ou villages ; la population européenne
compte 80,000 âmes; les indigènes sont au
nombre de 780,000.
ALGÉRIE, colonie française au N. de l'Afri-
que, entre le Maroc et la régence de Tunis,
baignée au N. par la Méditerranée et bornée
au S. par le Sahara. Elle est traversée paral-
lèlement aux côtes par l'Atlas, dont les prin-
cipaux rameaux sontl'Ouarenseris, le Jurjura
et le petit Atlas. Les côtes forment, de l'O. à
l'E., les caps de Figalo, Falcon, Carbon, Ivi,
Colombi , Tenez, Sidi-Ferruch , Maiifou, de
Fer, de Rosa, et les golfes d'Oran , d'Arzew,
d'Alger, de Bougie, de Stora et de Bone. Les
principaux cours d'eau sont le Moulou-ia, la
Tafna, le Chelif, l'Oued-el-Kebir, la Seibouse,
le Mazafran, etc.
Le climat de l'Algérie est sain'et tempéré
sur le versant septentrional de l'Atlas, insa-
lubre seulement sur quelques points maréca-
geux des plaines ; les chaleurs excessives n'y
sont que de très-peu de durée , et n'ont lieu
que de juillet à novembre ; les mois de plaie
sont décembre , janvier et février ; la végéta-
tion est en pleine activité dès le mois de février,
et les récoltes sont mûres à la fin du mois de
mai j le sol conserve son ancien renom de fer-
tilité. Le sommet des montagnes est couvert
do forêts dont les essences dominantes sont
le lentisque, l'olivier sauvage, le chêne vert,
le chêne-liége, le sumac, le palmier, le cyprès,
le myrte ; les animaux les plus remarquables
sont le lion, le léopard, la panthère, l'hyène,
le chacal, 1 autruche, etc. ; les côtes abondent
en poisson , mais leur richesse principale est le
corail ; les richesses minérales de l'Algérie
sont encore peu connues ; on y trouve du fer,
du cuivre, du plomb, etc.
Le territoire de cette colonie comprenait,
sous la domination romaine, les provinces de
Numidie, de Mauritanie et d'Afrique propre-
ment dite, où se trouvait Carthage (régence
de Tunis). Les Arabes s'y établirent dès la
fin du vue siècle. Les Maures, chassés d'Es-
pagne en 1492, refluèrent en Algérie et se
tirent pirates; plus tard, les Espagnols leur
enlevèrent Oran, Bougie et Alger, mais ils en
furent chassés par les frères Barberousse.
Aujourd'hui que l'Algérie est française, elle
se divise en trois grandes provinces, Alger,
Oran et Constantine, partagées chacune en
plusieurs subdivisions, dont les unes sont ad-
ALG
ministrées civilement et les antres militaire-
ment. D'après le recensement de 1856 , la po-
pulation de l'Algérie s'élevait à 167, G70 Euro-
péens et 2,183,793 indigènes.
, On a vu, à l'article Alger, comment lés
Français parvinrent à s'emparer de ce nid de
pirates. Il nous reste à indiquer le développe-
ment de cette conquête, et les phases que la
colonie a parcourues depuis 1830 jusqu'à nos
jours. — La régence barbaresquC; dont Alger
avait été la capitale, était formée, outre la
province d'Alger, de trois beyliks : Titery au
sud, Oran à l'ouest, Constantine à l'e:
insensiblement pour remplacer celle des Turcs,
renversée dans son centre. Le bey d'Oran se
soumit de. plein gré, immédiatement après
l'occupation d'Alger. A la suite d'une petite
expédition, celui de Titery se rendit, dès la fin
de l'année 1830, au maréchal Clauzel, qu'une
ordonnance du 12 août avait donné pour suc-
cesseur au comte de Bourmont. Cependant,
maitres de quelques-unes des villes les plus
importantes, les Français n'eurent guère d ac-
tion sur les populations nomades des campa-
gnes, qui, délivrées du joug des Turcs, s'aban-
donnèrent sans réserve au sentiment de la
nationalité , qu'un homme de génie, Abd-el-
Kader, sut exploiter contre nous, dès 1831.
Aussi, si l'on excepte l'attaque contre Blidah
et Medeah, l'administration du maréchal Clau-
zel ne fut signalée que par une multitude
d'arrêtés qui n'apportèrent aucune améliora-
tion aux embarras qui suivent toujours une
conquête. Le général duc de Rcvigo, nommé
gouverneur de la colonie en décembre 1832,
s'empara de Bone et noua des relations avec
différentes tribus des environs d'Alger. Son
successeur, le général Voirol, occupa Mosta-
ganem et Bougie (1833-34). C'est pendant son
administration qu' Abd-el-Kader s'essaya pour
la première fois à lutter contre nous, et se fit
battre par le général Desmichels. En 1835,
sous l'administration du comte Drouetd'Erlon,
qui le premier eut le titre de gouverneur
général de l'Algérie, nos troupes essuyèrent
le désastre de la Macta, où nos blessés furent
massacrés et notre armée mise en fuite. Cette
défaite ramena le maréchal Clauzel à la tête
de la colonie. Il vengea l'affront fait à nos
armes, enleva à Abd-el-Kader sa capitale,
Mascara, et fit, en novembre 1836, une ten-
tative infructueuse sur Constantine. C'est daus
la retraite difficile qui suivit, que le chef de
bataillon Changarnier , commandant de l'ar-
rière-garde , se voyant pressé par une nuée
d'Arabes, forma ses hommes en carré et leur
dit : > Voyons ces gens-là en face; ils sont
six mille, vous êtes trois cents : la partie est
égale. •
Le général Damrémont, qui remplaça le
maréchal Clauzel comme gouverneur général,
en février 1837, prépara une seconde expédi-
tion contre Constantine. 11 tomba glorieuse-
ment, emporté par un boulet, la veille même
de l'assaut, fixe au 13 octobre. Cette mort
anima nos soldats au lieu de les décourager,
et le lendemain l'assaut fut livré avec une
vigueur qui décida du succès. Un combat
acharné s engagea dans les rues; mais nos
troupes restèrent maîtresses de la ville et ne
tardèrent pas à l'être de la plus grande partie
de la province. Le lieutenant général Valée,
qui avait commandé l'assaut, reçut le bâton
de maréchal et le commandement de l'Algérie.
C'est à ce siège célèbre que se signalèrent
plusieurs officiers dont le nom a depuis eu
du retentissement, Bedeau, Lamorieière, Lefiô,
Mac-Mahon, Canrobert, etc. Dans le même
temps, a l'autre bout de l'Algérie, Abd-el-
Kader, dont la puissance avait considérable-
ment grandi, tenait étroitement bloquées nos
garnisons de la province d'Oran, et amena le
général Bugeaud à signer le traité de la Tafna
(30 mai 1837), qui, tout en consacrant la souve-
raineté de la France, reconnaissait l'autorité
de l'émir sur les provinces d'Oran, de Titery
et d'Alger, à l'exception des villes d'Oran",
Arzew, Mazagran, Mostaganem, Alger, Bli-
dah, Ooléah, le Sabel, la Métidja, et qui ne
pouvait avoir d'autres conséquences que de
laisser à l'émir le temps de reprendre des
Le maréchal Valée fit occuper, en 1838, Bli-
dah et Coléah, dans la Métidja, ainsi que
Djidjelli ef Sétif, dans la province de Con-
stantine, lorsque l'expédition des Bibans ou
Portes -de -Fer, conduite par le duc d'Or-
léans, fournit à" Abd-el-Kader le prétexte de
rompre le traité de la Tafna, de prêcher contre
nous la guerre sainte, et de venir saccager
notre territoire jusque sous les murs d'Alger.
Malgré nos succès, qui mirent. en lumière
les talents et la bravoure de plusieurs de nos
généraux les plus remarquables, Duvivier,
Changarnier, Lamorieière, Bedeau,Cavaignac;
malgré l'occupation de Médéah et de Milia-
nah, après l'admirable affaire du col de Té-
niab, en 1840, Abd-el-Kader, toujours vaincu,
toujours insaisissable , reparaissait le lende-
main de chaque défaite, aussi redoutable que
la veille.
Cette même année fut témoin d'un événe-
ment bien glorieux pour notre armée, et qu'on
se refuserait à croire, tant il est merveilleux.
Cent vingt-trois hommes d'infanterie, comman-
dés par le capitaine Lelièvre, retranchés dans
la petite ville de Mazagran, tinrent tête pen-
ALG
fcattu quatre jours et quatre nuits ; c'étaient
quatre grands jours, car ils ne commençaient
pas et ne finissaient pas au son du tambour ;
c'étaient des jours noirs, car la fumée de la
poudre obscurcissait les rayons du soleil , et
les nuits étaient des nuits de feu, éclairées
par les flammeâ des bivacs et par celle des
ALG
199
Enfin, c'est au général Bugeaud, nommé
gouverneur général en février 1841, qu'il était
réservé de pacifier à peu près définitivement,
après plusieurs années de nouveaux efforts, la
colonie qui nous avait déjà coûté tant d'or et
de sang. Il commença par la destruction des
places d'armes de l'émir, Tagdempt, Boghar,
Thaza, Saïda, et lui enleva Mascara. En 1842,
il s'empara de Sebdou, sàv-d-emière place, et
occupa la province de Titery. Le duc d'Au-
male, en 1843, à l'affaire de Taguin, enleva la
Smala. Bathna, Biskra, Dellys, furent occupés
en 1844, et le Maroc, qui avait donné appui
à l'émir, reçut son châtiment à Mogador et à
la bataille de l'Isly. La paix, à la suite de ces
succès réitérés, paraissait établie, lorsque, en
1845, Abd-el-Kader, rentré dans la province
d'Oran , renouvelle ses tentatives, et les pré-
dications de Bou-Maza' soulèvent le Dahra.
Cette insurrection est bientôt réprimée par les
colonels Saint- Arnaud et Pélissier, pendant
que le général Bedeau achève la soumission de
rAurès.
C'est dans une de ces marches, que le colonel
Pélissier, arrêté par les Ouled-Riah, qui s'é-
taient réfugiés dans des grottes inabordables,
se vit réduit à la cruelle, mais impérieuse né-
cessité de faire allumer de grands feux devant
l'ouverture de ces grottes. Cinq cents person-
nes, hommes, femmes, enfants, périrent dans
cette circonstance ; action terrible, qui arrive
aux dernières limites de ce que l'on a appelé
les droits de ta guerre, mais que, dans la situa-
tion où se trouvait le futur vainqueur de Sé-
bastopol, réclamaient en quelque sorte la rapi-
dité des ordres qu'il avait à exécuter et la
sûreté des hommes qu'il commandait; double
but qu'il compromettait inévitablement en lais-
sant sur ses derrières une tribu aussi fanatique
et aussi belliqueuse que les Ouled-Riah. Ajou-
tons qu'il les fit sommer deux fois avant d'en
venir à cette épouvantable extrémité.
Les différentes tribus qui avaient de nou-
veau accueilli l'émir furent châtiées en 1846,
et Abd-el-Kader, dépouillé de toute puissance
et de tout prestige, fut définitivement rejeté
dans le Maroc. En 1847 eut lieu l'expédition
contre la grande Kabylie , dirigée par le ma-
réchal Bugeaud, et à la fin de Cette année, le
î3 décembre, Abd-el-Kader se rendit au gé-
néral Lamorieière. Après avoir vu la popula-
tion civile s'accroître en 1848, parla fondation
d'un certain nombre de colonies agricoles,
l'Algérie ne fut plus le théâtre que de quelques
expéditions secondaires : la destruction de
Narah, en 1850 ; l'expédition contre la petite
Kabylie. par le général St-Arnaud, en 1851 ;
l'expédition du général Mac-Mahon; la ré-
duction définitive du Djurjura, par les géné-
raux Camou et Pélissier ; la prise de Laghouat
et la soumission d'Ain Madhy en 1852; la
prise d'Ouargla, en 1853; la reddition de Tug-
gurt, en 1854 : enfin la soumission définitive de
la grande Kabylie , par le maréchal Randon ,
— Organisation politique i
tive de l'Algérie. La première ordonnance un
peu complète sur l'organisation de l'Algérie
date de 1834 ; elle plaçait à la tête de la colonie
un gouverneur général dépendant du ministère
de la guerre, et k côté du gouverneur un conseil
composé d'un intendant civil, du commandant
de la marine, du procureur général, du direc-
teur des finances, et d'un intendant militaire.
En 1845, une nouvelle ordonnance divisa l'Al-
gérie en trois zones : la zone civile soumise à
l'administration civile ; la zone mixte, où l'au-
torité militaire remplissait les fonctions civiles ;
la zone arabe, où le régime militaire était en
La république de 1848 donna à l'Algérie le
droit de se faire représenter dans nos assem-
blées, droit qui fut supprimé en 1852. Elle
maintint d'ailleurs le gouvernement général et
la suprématie de l'autorité militaire , repré-
sentée à Alger par un gouverneur militaire et
à Paris par le ministère de la guerre. L'Algérie
fut divisée en trois provinces , comprenant
chacune une division, placée sous le comman-
dement d'un général, et un département admi-
nistré par un préfet. Préfets et généraux rele-
vaient du gouverneur.
Cet état de choses dura jusqu'en 1858; à
cette époque, un ministère nouveau et spécial
fut créé pour l'Algérie; le gouvernement gé-
néral fut supprimé ; le ministre correspondait
directement avec les préfets et les généraux.
■ Cette disposition, qui retirait les affaires d'Al-
gérie au ministère de la guerre, avait évidem-
ment pour signification et pour but l'extension
et la prédominance du pouvoir civil. Mais le
ministère spécial se montra impuissant à rem-
plir la tâche qui lui donnait une raison d'être ;
il fut supprimé après une durée de deux ans,
et ses attributions furent transmises au gou-
vernement général reconstitué.
L'organisation municipale a son point de dé-
part, en Algérie, dans une ordonnance du
28 septembre 1847. La république introduisit
j — — ii -nisation le principe électif qui
e l'empereur
îsjuges
pour les communes importantes, et à la nomi-
nation du gouverneur pour celles d'une impor-
tance secondaire. Las conseillers municipaux
sont nommés pour trois ans par le gouverneur.
En territoire militaire, l'administration appar-
tient au général commandant la division. La
justice est-rendue, en territoire civil, par une
cour impériale, des tribunaux de première
instance, des tribunaux de commerce, des
de paix'. En territoire militaire , il . „
les crimes, délits et contraventions, d'autre
juridiction que la juridiction militaire.
L'administration des indigènes, la branche
la plus importante de l'administration, est con-
fiée à des bureaux arabes, sous la direction et
le contrôle des commandants supérieurs. Les
bureaux arabes sont composés d'officiers dési-
gnés par le gouverneur ; ces officiers ne for-
ment pas un corps spécial et ne subissent aucun
examen d'entrée. Les bureaux arabes sont de
première, de deuxième et de troisième classe.
[1 y a il bureaux de première classe, 21 bu-
reaux de deuxième classe et 13 de troisième
classe, tlne direction des affaires arabes est
placée à Alger auprès du gouverneur, et des
bureaux divisionnaires sont institués au chef-
lieu de chaque division. Les bureaux arabes
sont composés de d«ux ou trois officiers et d'un
interprète militaire. Ils sont diriges, ceux de
première classe par un capitaine, ceux de
deuxième par un capitaine ou par un lieute-
nant, ceux de troisième par un lieutenant. Les
interprètes militaires forment un corps spécial.
Les bureaux arabes constituent l'administra-
tion supérieure des Arabes ; le détail est laissé
aux chefs indigènes. Le pays est divisé en
tribus commandées par des caïds; une réunion
de tribus forme un aghalik , et une réunion
d'aghaliks.un bachaghalik, sous le commande-
ment d'aghas et de bachaghas. Assistés par les
chefs indigènes, les bureaux arabes surveillent
les tribus, font dresser les rôles d'impôts, et
assurent la perception des contributions; ils
rendent la justice dans un certain nombre do
cas mal définis, interviennent officiellement et
officieusement dans les relations entre Euro-
péens et indigènes, dirigent l'industrie et l'a-
griculture en pays arabe, surveillent l'instruc-
tion publique.
■ L'Algérie présente deux régimes distincts
de la propriété. A côté de la propriété indivi-
duelle et divisée des Européens se trouve la
propriété collective, ou plutôt l'usufruit col- .
lectif des tribus ou des fractions do tribus .
arabes. La constitution de la propriété arabe
explique l'absence d'impôt foncier en Algérie.
Les Arabes payent l'ac/io«r,le zekkat, le hockor
et la lezma. L'achour est la dîme sur les cé-
réales. Le hockor est le loyer de la terre j il ne
se paye pas partout. Le zekkat est l'impôt sur
les troupeaux. La lezma est une sorte d'impôt
sur le capital ; on ne l'applique qu'aux tribus du
Sahara. Tous les impôts sont perçus en argent.
Lés cultes professés par les habitants de
l'Algérie sont : le culte musulman, le culte ca-
tholique , le culte protestant et le culte israô-
lite. Les trois derniers sont dfcns les attribu-
tions du ministre des cultes. Le culte musulman
reste placé dans les attributions de l'autorité
supérieure algérienne.
Colonisation de l'Algérie. — C'est une
opinion assez générale que les Français savent
combattre, vaincre, conquérir, mais qu'ils sont
dépourvus de ce qu'un phrénologue appellerait
la fatuité colonisatrice. L'Algérie est un des
exemples qu'on cite volontiers à l'appui de
cette opinion. On se demande si, en d autres
mains que les nôtres, elle n'eût pas offert le
spectacle d'un progrès plus rapide et pli :
ible. « Le meilleur produit que nous ayons
" ■' du sol africain est notre
Vique, > a dit spirituellement M. A.
i ce jou
__ Broglie. Ce pou d'aptitude de la nation
française à fonder des établissements colo-
niaux solides peut être attribué à bien des
causes. D'abord, on fait jouer ici, comme en
beaucoup d'autres questions, un grand rôle
aux instincts et aux caractères primitifs qui
distinguent les races. Ensuite, on n'a pas de
peine à montrer que la France no saurait four-
nir un essaim de colons comme l'Angleterre,
parce que, chez nous, la propriété foncière est
beaucoup plus morcelée, et que nos lois de suc-
cession, en partageant les immeubles du père
de famille par portions égales entre tous ses
enfants, tiennent les yeux et les pieds de nos
plus pauvres paysans attachés à la terre où ils
sont nés par l'espoir d'en avoir, un jour ou
l'autre, quelque fragment. Enfin, on se rejette
sur nos institutions, sur le peu de place qu'elles
laissent à l'esprit d'association et à l'esprit
municipal. 11 est clair que notre organisation
administrative, si savante, n'a pas contribué
à développer chez nous la spontanéité, la res-
ponsabilité, l'initiative individuelles, si néces-
saires aux colons ; qu'elle nous a habitués à
compter peu sur nous-mêmes, et à remettre
en partie aux mains de l'Etat le soin de nos
intérêts et la détermination de nos droits;
qu'elle nous a fait une vie sociale réglée, disci-
plinée, toute unie, qui est devenue comme un
climat nécessaire à notre tempérament.
A ces causes générales se joignent, pour
expliquer le peu de succès de nos efforts colo-
nisateurs en Algérie, les conditions peu favo-
rables que nous y avons rencontrées.
Une première difficulté de la colonisation,
c'est l'absence, en Algérie, d'un de ces produits
spéciaux qui permettent à une colonie de se
développer spontanément par le commerce.
200
ALG
«En Algérie, dit avec raison M. A. de Bro-
glie, point de cultures tropicales, point d'épi-
ces, point de mines d'or, partant point d'é-
changes préexistant entre la métropole et le
territoire destiné à porter une colonie nou-
velle, point de flux naturel des capitaux vers
ce territoire. » Donc la colonisation doit être
agricole ; au lieu de venir à la suite du com-
merce; elle doit appeler le commerce en Algé-
rie ; c est par l'immigration des hommes que
tout doit commencer.
Les émigrants manquant en France, ou s'y
trouvant en petit nomore, la colonisation est
impossible faute de colons, si l'on ne se résigne
pas à les-demander au reste de l'Europe, en
un mot à les prendre où ils se trouvent. Mais
quel appât la terre d'Afrique offre-t-elle à l'é-
migration européenne? Le régime économique
et le régime politique actuels de l'Algérie
sont-ils capables d'attirer les bras et les ca-
Ici se présentent les deux grands obstacles
qui s'opposent au développement de notre co-
lonie. Le sol de l'Algérie n'est pas libre de
toute occupation; il appartient S une vieille
société a demi civilisée qui le détient en le
dévastant et qui ne laisse pas de place pour
les émigrants ; une sorte de communisme 'éo-
dal et barbare, jusqu'ici respecté par la con-
quête, confisque le territoire e.t ne permet pas
a la propriété individuelle de le. féconder.
Constitution de la tribu arabe et de la pro-
priété collective qui en est le lien économique,
impossibilité de l'émigration européenne, sont
deux faits connexes. Ajoutons que le domaine
de chaque tribu n'étant pas déterminé par un
titre régulier et positif de propriété, aucune
transaction entre les Arabes et les Européens
pouvant donner des terres à ces derniers,
n'est à l'abri des fraudes et des revendications.
Dans de telles conditions, on comprend qu'au-
cun progrès ne soit possible en Algérie. Une
colonie où la propriété individuelle est une ex-
peu à peu la propriété collective de manière
a accorder une large place aux colons
péens, et, avec 1- x
colons les Arabes
, à transformer ei
Si le sol algérien exerce une attraction mé-
diocre sur les Européens, ce n'est pas seule-
ment à la constitution de la société arabe qu'il
faut s'en prendre, mais aussi au régime mili-
taire que nous croyons devoir y maintenir.
Ces mots régime militaire n'ont jamais signifié
règne des lois , essor des libertés et des ener-
ties individuelles; au contraire, ils éveillent
ans tout esprit les idées d'arbitraire et de
compression : c'est une sorte d'épouvantail qui
se dresse de 1 autre côté de la Méditerranée et
qui fait fuir les intérêts , comme des oiseaux
effarouchés. Que la tribu arabe , tant qu'elle
subsiste , relève à certains égards de 1 auto-
rité militaire, on le comprend ; mais ce que
l'on comprend moins, c'est qu'il soit néces-
saire d'étendre cette autorité aux Européens,
et qu'on ne puisse avoir d'autres tribunaux
à leur offrir que dés conseils de guerre.
Comme l'esprit souffle où il veut, le capital va
où il lui convient; il se défie de l'excès de pro-
tection ; il se demande si l'on ne voudra pas le
protéger contre lui-même , c'est-à-dire le di-
riger; les règlements et les formalités l'impa-
tientent, et dans les précautions mêmes qu'on
prend de sa sécurité , il trouve des entraves.
L'Algérie est une plante de serre chaude, bien
maigre : elle n'a pas encore porté de fruits : le
soin qu on met à l'empêcher de croître à l'air
libre et au grand soleil est-il bien capable de
lui donner de la vigueur ?
En Eésumé, délimiter en la restreignant la
propriété collective arabe, et préparer, favo-
riser sa transformation en propriété indivi-
duelle ; offrir sur la terre d'Afrique aux émi-
grants des garanties judiciaires et des libertés
municipales, c'est-à-dire les premières condi-
tions de toute vie civile : telles sont les deux
questions capitales de la colonisation algé-
rienne. Le sénatus-cqnsulte de 1863, relatif à la
constitution de la propriété en Algérie, montra
que le gouvernement français a compris toute
1 importance de la première ; qu'il nous soit
permis d'appeler son attention sur la seconde.
algérien, ENNE s. et adj. (al-jé-ri-ain,
è-ne — rad. Alger). Habitant d'Alger ou de
l'Algérie ; qui a rapport à ce pays, à ses ha-
bitants : Les anciens Algériens étaient adon-
nés à la piraterie. Les minéraux algériens
offrent à l industrie un vaste champ à exploiter.
(Journ.)
ALGÉRIENNE s. f. (al-jé-ri-è-ne — rad.
Alger). Sorte d'étoffe; echarpe faite de cette
étoffe : La ■petite chambra à coucher du peintre,
gui laisse voir un lit couvert <2'algérienne, a
comme un faux air de harem. (E. About.) La
danseuse fit irruption dans le cabinet , enve-
loppée d'une magnifique écharpe dite algé-
rienne. (Balz.)
— Voiture publique à Paris, omnibus qui
n'existe plus aujourd'hui.
— Moll. Nom vulgaire d'une grande espèce
de moule édule.
ALGÉRINE s. f. (al-jé-ri-ne — rad. Alger).
Boisson qui possède toutes les qualités de la
bière et des limonades gazeuses.
ALGEROTH s. m. (al-je-rott). V. Algaroth.
e XI prit cette ville e
ALG
Maures, qui, dit-on, firent usage du canon,
encore inconnu au reste de l'Europe. Mais cette
petite ville est surtout célèbre par le brillant
combat que l'amiral français Linois soutint
contre l'amiral anglais Saumaresi , le 6 juillet
1801. Ce succès, qui rappelait les plus grands
jours de notre ancienne marine, produisit en
France un enthousiasme général. Voici le récit
qu'en fait M. Thiers dans son Histoire du Con-
sulat : « Le 6 juillet 1801, vers sept heures du
matin, le contre-amiral Saumarez, venant de
Cadix par un vent d'ouest nord-ouest, s'ache-
mina vers la baie d Algésiras , doubla le cap
Carnero, entra dans la baie et se porta vers la
ligne d'embossage des Français. Le vent, qui
n'était pas favorable à la marche des vaisseaux
anglais, les sépara les uns des autres, et heu-
reusement ne leur permit pas d'agir avec tout
l'ensemble désirable. Le Vénérable, qui était
en tête de la colonne, resta en arrière ; le Pom-
pée prit sa place. Celui-ci, remontant le long
de notre ligne, défila successivement sous le
feu de la batterie de l'île Verte, de la frégate
la Muiron, de l'Indomptable, du Desaix, du
Formidable, lâchant ses bordées à chacun
d'eux. 11 vint prendre position à portée de fusil
de notre vaisseau-amiral le Formidable, monté
par Linois. Il s'engagea entre ces deux adver-
saires un combat acharné, presque à bout por-
tant. heVénérable. éloigné d'abord du lieu de
l'action, tâcha de s en rapprocher, pour joindre
ses efforts à ceux du Pompée. V Audacieux, le
troisième des vaisseaux anglais, destiné à com-
battre le Desaix, ne put pas arriver à sa hau-
teur, s'arrêta devant l'Indomptable, qui était
le dernier au sud, et commença contre celui-ci
une vive canonnade. Le César et le Spencer,
quatrième et cinquième vaisseaux anglais,
étaient l'un en arrière, l'autre entraîné au fond
de la baie par le vent, qui soufflait de l'ouest
à l'est. Enfin, le sixième, VHannibal , porté
d'abord vers Gibraltar, mais parvenu après
de pénibles efforts à se rapprocher d Al-
gésiras, manœuvra pour tourner notre vais-
seau amiral, le Formidable, et se placer entre
lui et la côte. Le combatentre les vaisseaux qui
avaient pu se joindre était fort opiniâtre. Pour
n'être pas emportés d'Algésiras vers Gibraltar,
les vaisseaux anglais avaient chacun jeté une
ancre. Notre vaisseau amiral, le Formidable,
avait deux ennemis à combattre, le Pompée et
le Vénérable, et allait en avoir trois, si IHan-
nibal réussissait à prendre position entre lui et
la côte. Le capitaine du Formidable, le brave
Lalonde, venait d'être emporté par un boulet.
La canonnade continuait avec une .extrême
vivacité, aux cris de : Vive la République! Vive
le premier Consul! L'amiral Linois, qui était
à bord du Formidable , montrant à propos le
travers au Pompée, qui ne lui présentait que
l'avant, avait réussi aie démâter et à le mettre
à peu près hors de combat; profitant en même
temps du changement de la brise, qui avait
passé à l'est et portait sur Algésiras, il avait
l'ait signal à ses capitaines de couper leurs
câbles et de se laisser échouer, de manière à
ne pas permettre aux Anglais de passer entre
nous et la côte, et de nous mettre entre deux
feux, comme autrefois Nelson avait fait à la
bataille d'Aboukir. Cet échouage ne pouvait
pas avoir de grands inconvénients- pour ta
sûreté des bâtiments français, car on était à la
marée basse, et à la marée haute ils étaient
certains de se relever facilement. Cet ordre,
donné à propos, sauva la division. Le Formi-
dable, après avoir mis le Pompée hors de com-
bat; vint s'échouer sans secousse, car la brise
en tournant avait faibli. Se dérobant ainsi au
danger dont le menaçait VHannibal, il acquit
à l'égard de celui-ci une position redoutable.
En effet, VHannibal, en voulant exécuter sa
manœuvre, avait échoué lui-même, et il était
immobile sous le double feu du Formidable et
de la batterie St-Jaeques. Dans cette situation
périlleuse, VHannibal fait effort pour se rele-
ver ; mais la marée baissant, il se trouve irré-
vocablement fixé à sa position. Il reçoit de tous
côtés d'épouvantables décharges d'artillerie,
tant delà terre que du Formidable et des canon-
nières espagnoles. Il coule une ou deux de ces
canonnières , mais il essuie plus de feux qu'il
ne peut en rendre. L'amiral Linois, ne jugeant
pas que la batterie St-Jacques fût assez bien
servie, débarqua le général Devaux, avec un
détachement des troupes françaises qu'il avait
à bord. Le feu de cette batterie redouole alors,
et VHannibal est accablé. Mais un nouvel ad-
versaire vient achever sa défaite. Le second
vaisseau français , le Desaix , qui était placé
après le Formidable , obéissant à l'ordre de se
jeter à la côte, et ayant, à cause de la faiblesse
de la brise, exécuté lentement sa manœuvre,
se trouvait ainsi un peu en dehors de la ligne,
également en vue de VHannibal et du Pompée,
que le Formidable, en s'échouant, avait dé-
couverts à ses feux. Le Desaix, profitant de
cette position, lâche une première bordée au
Pompée, qu'il maltraite au point de lui faire
abattre son pavillon , puis dirige tous ses coups
sur VHannibal. Ses boulets, rasant les flancs
de notre vaisseau amiral le Formidable, vont
porter sur VHannibal un affreux ravage. Ce-
lui-ci, ne pouvant plus tenir, amène aussi son
pavillon. C'étaient par conséquent deux vais-
seaux anglais sur six réduits a se rendre. Les
quatre autres, à force de manœuvres, étaient
rentrés en ligne , et assez pour combattre à
bonne portée le Desaix et ï Indomptable. Le
Desaix, avant de s'échouer, leur avait fait
tête , tandis que V Indomptable et la frégate
la Muiron , en se retirant lentement vers la
côte, leur répondaient par un feu bien dirigé.
Ces deux derniers bâtiments étaient venus se
placer sous la batterie de l'île Verte, dont quel-
ques soldats français débarqi ' " ' ' '
1 artillerie.
• Le combat durait depuis plusieurs heures,
avec la plus' grande énergie. L'amiral Sau-
marez, ayant perdu deux vaisseaux sur six, et
n'espérant plus aucun résultat de cette action,
car pour aborder les Français de plus près il
aurait fallu courir la chance de s'échouer avec
eux, donna le signal de la retraite, nous lais-
sant VHannibal, mais voulant nous enlever
le Pompée, qui, tout démâté, restait immobile
sur le champ de bataille. L'amiral Saumarez
avait fait venir de Gibraltar des embarcations,
qui réussirent à remorquer la carcasse du
Pompée, que nos vaisseaux échoués ne pou-
vaient plus reprendre. VHannibal nous resta.
» Tel fut ce combat d'Algésiras, où trois
vaisseaux français combattirent contre six
anglais, en détruisirent deux, et sur les deux
en gardèrent un prisonnier. Les Français
étaient remplis de joie, quoiqu'ils eussent
essuyé des pertes sensibles. Le capitaine La-
londe, du Formidable, était tué; Moncousu,
capitaine de V Indomptable, était mort glo-
rieusement. Nous comptions environ 200 morts
et 300 blessés, en tout 500 officiers et marins
hors de combat, sur 2,000 qui montaient l'es--
cadre ; mais les Anglais avaient eu 900 hommes
atteints par la feu; leurs vaisseaux étaient
' A quelques jours de là, le Formidable devait
encore se couvrir de gloire, en résistant vic-
torieusement à trois vaisseaux anglais. Toute
la France battit des mains à ces beaux faits
d'armes, et le 28 juillet, le premier Consul en-
voyait un sabre d'honneur au brave amiral
Linois.
ALGHERO, ville de Sardaigne; 8,000 hab.
Magnifique cathédrale et belles grottes à sta-
lactites.
ALGIDE adj. (al-ji-de — du lat. algidus,
qui glace). Se dit des affections caractérisées
par une sensation de froid glacial ; Fièvre
algide. Période algide du choléra.
— Encycl. La fièvre algide constitue une
des plus dangereuses formes de fièvre inter-
mittente pernicieuse. Elle est caractérisée
par le refroidissement du corps et l'arrêt de la
circulation. Pouls extrêmement ralenti , face
décolorée, voix cassée, haleine froide, urine
supprimée, tels sont les symptômes que pré-
sentent les malades. Les facultés intellec-
tuelles sont conservées. La fièvre algide est
d'autant plus dangereuse, qu'elle est ordinai-
rement mortelle au premier ou au deuxième
accès; aussi doit-on, lorsqu'une fièvre inter-
mittente présente un refroidissement prolongé,
se hâter de lui opposer le sulfate de quinine.
ALGID1TÉ s. f. (al-ji-di-té — rad. algide).
Etat, qualité de ce qui est algide : Z'algi-
niTÉ est quelquefois suivie d'une vive réaction
fébrile qui sauve le malade , mais le plus sou-
vent elle est funeste. (Racle.)
ALGIE , terminaison qui revient souvent
dans la nomenclature médicale, et qui signifie
Douleur (du gr. algos), comme: cardialgie,
douleur de l'estomac; céphalalgie, douleur de
tête; gastralgie, même sens que cardialgie;
néphralgie, douleur des reins ; névralgie^ affec-
tion du système nerveux ; nostalgie, tristesse
causée par le désir de retourner dans son
pays; oaontalgie, douleur des dents; otalgie,
douleur d'oreilles, etc.
ALGIRE s. m. (al-ji-re). Erpét. Genre do
reptiles sauriens, plus anciennement connu
sous le nom de tropidosaure, qui doit prévaloir.
ALGOL s. m. (al-gol). Astron. Etoile chan-
Ecante dans la constellation de Persée. On
i nomme aussi Tète de Méduse.
— Encycl. Cette étoile présente un phéno-
mène des plus curieux. Son éclat varie pério-
diquement; elle est ordinairement de deuxième
grandeur, mais elle s'affaiblit parfois jusqu'à
n'être plus que de quatrième. Pendant deux
jours quatorze heures, elle est de deuxième
grandeur, sans que son éclat semble changer ;
au bout de ce temps, elle commence à s'affai-
blir, et décroit jusqu à la quatrième grandeur,
dans l'espace d'environ trois heures et demie;
ensuite son éclat augmente de nouveau, et
après un même temps de trois heures et demie
environ, elle se retrouve de deuxième gran-
deur. A partir de là, elle reste encore inva-
riable pendant deux jours quatorze heures ,
décroît de nouveau, puis revient à son état
primitif, et ainsi de suite, La durée totale de
chacune de ces périodes successives est de
deux joursvingt heures quarante-huit minutes.
Un intervalle aussi court et aussi régulier dans
l'intensité lumineuse fait nécessairement sup-
poser qu'un corps opaque et planétaire vient,
pendant ce temps, s interposer sur une partie
du disque de cette étoile.
ALGOLOGIE s. f. (al-go-lo-jî — du lat. alga,
algue, et du gr. logos, discours). Bot. On ap-
pelait ainsi autrefois la partie de la botanique
qui traite des algues. Mais ce mot hybride a
été rejeté avec raison, comme contraire aux
règles de la nomenclature, ainsi que ses dé-
rivés algologue , algologique, etc. On dit au-
jourd'hui Phycologie.
ALGONQUIN, INE s. -et adj. (al-gon-kain,'
i-ne). Se dit d'une tribu de sauvages du Ca-
nada : Un Algonquin , une Algonquine. La
confédération algonquine. Il Beaumarchais a
■ fait entrer ce mot dans une de ses comédies,
ALG -
soit a, cause de sa singularité comique, soit
par allusion aux mœurs sauvages des Algon-
quins.. Depuis, on s'en est servi pour dési-
gner un homme grossier, peu familiarisé avec
les -usages du monde, ou accoutré d'une ma-
nière bizarre : On dirait un Algonquin. H
ressemble à un Algonquin. C'est ainsi que
Voltaire a fait passer dans la langue les mots
de Welche et â'Altobroge, pour désigner un
homme grossier et d'une ignorance crasse.
ALGONTINE s. f. (al-gon-ti-ne — du gr. al-
gos, souffrance, et contr, de odotts, odantos,
dent). Sorte de chloroforme dont on se sert
quelquefois pour calmer prompiement les dou-
leurs de dents, ou pour éthériser le malade,
afin que l'extraction de la dent ne lui cause
aucune douleur.
algor s. m. (al-gor— du lat. algor, refroi-
dissement). Sensation de froid qui marque le
premier degré d'une fièvre intermittente.
algorab s. m. (al-go-rabb). Astron. Etoile
du Corbeau.
ALGORITHME s. m. (al-go-ritt-me — du
gr. arithmos , nombre , précédé de l'article
arabe, ou bien de Al Korismi, le Khorismien,
célèbre mathématicien arabe qui vivait sous
le calife Al Manioun, dans le premier tiers du
ixo siècle). Mathém. Procédé de calcul, forme
de génération des nombres, genre particulier
de notation : Algorithme du calcul intégral.
Algorithme du calcul des sinus. Algorithme
des puissances. Algorithme des différences.
!! Au xinc siècle, le mot algorithme signifiait
l'arithmétique avec les chiffres arabes.
algorithmie s. f. (al-go-ritt-mî — rad.
algorithme). Mathém. Mot employé par quel-
ques mathématiciens allemands pour dési-
gner la science des nombres dans son ensem-
ble, comprenant l'arithmétique et l'algèbre.
algorithmique adj. (al-go-ritt-mi-ke—
rad. algorithme). Mathém. Qui appartientaux
mathématiques, à la science du calcul.
ALGOS (la Douleur), personnification des
ebagrins et des souffrances morales, dans la
mythologie grecque.
alguazil s. m. (al-gou-a-zil — de l'arab.
al, le; ghazil, archer). Officier de police, en
Espagne, dont les fonctions sont analogues à
colles do nos sergents de ville : Là-dessus les
alguazils me souhaitèrent un bon voyage, et
nous nous séparâmes en nous faisant récipro-
quement des civilités. (Le Sage.) Un alguazil,
des archers sont à vos trousses; ils vont vous
chercher d'hôtellerie en hôtellerie. (Le Sage.)
Il vit en moi un alguazil de nouvelle fabrique,
et en ces braves gens qui m'accompagnent, des
pagne que chez ïiovs les gendarmes et les ser-
gents de ville. (Th. Gaut.) On se bat jusqu'à
l'arrivée des alguazils, que l'on charge à frais
communs , sauf à reprendre la querelle plus
tard. (Th. Gaut.) Z'alguazil mayor vint m'ap-
porter cet ordre à toute bride. (C. Delav.)
Valguazil, dur au pauvre, au riche s'attcndK
il Ce motj'très-exprcssif, a passé dans notre
langue, où il désigne-yroniquement et par
■plaisanterie les agents de police et particu-
lièrement nos sergents de ville : J'aurais pu
rester longtemps dans les griffes des alguazils,
si l'on n'eût pas parlé de moi. (P.-L. Cour.)
Deux heures après que le message sera parti,
tous les capucins, tous les alguazils, tous les
bonnets noirs du cardinal sauront votre lettre
par cœur et on vous arrêtera ; les espions et les
alguazils de Marseille seront avertis et bat-
tront la cale, tandis que le gouvmmcur du châ-
teau d'If fera battre la mer. (Alex. Dum.)
Chierfs à'alguazils! je les ai déroutés.
On rira des erreurs des grands,
On chansonnera leurs agents,
Sans voir arriver Valguazil. Béranoek.
Il Par compar. ; Il a une vraie figure d'ALGUA-
zil. On le prendrait pour un alguazil.
— Araehn. Nom donné à une espèce d'arai-
gnée particulièrement habile à saisir les mou-
ches, par une allusion ironique à Valguazil.
ALGUE s. f. (al-ghc —lat. alga, même
sens). Bot. Famille de plantes cryptogames,
vivant au fond ou à la surface des eaux douces
du salées : La mér constitue une région bota-
nique à part, caractérisée par la prédominance
des algues. (Maury.) La mer Iiouge parait
devoir la couleur qu'elle prend parfois, et qui
lui a valu son nom, à une algue microscopique.
(Maury.)
— Encycl. Les algues ou hydrophytes ap-
partiennent au vaste groupe des cryptogames
cellulaires ou amphigoneSj et sont placées au
dernier rang de la série végétale. C'est parmi
elles que l'on trouve les organismes les plus
simples et les plus microscopiques.
Ces cryptogames présentent une fronde cel-
luleuse, vivant quelquefois dans l'air très-hu-
mide, mais le plus souvent dans l'eau, tantôt
flottant librement, tantôt fixées par des cram-
pons ou des radicelles. Leurs spores (corps
reproducteurs) sont de couleur variable ; elles
se développent dans les cellules mêmes du
■tissu de la plante, ou dans des cellules spé-
ciales, et exécutent souvent des mouvements
ÀLG
spontanés. On trouve des algues dans toutes
les eaux douces ou salées : mais chaque espèce
ne peut vivre que sous des conditions déter-
minées de température, de profondeur, de
composition chimique des eaux, etc. Les al-
gues, surtout les algues marines? renferment
une matière mucilagineuse nutritive, des sub-
stances azotées, souvent de l'iode. Plusieurs
espèces sont alimentaires ou médicinales; au-
cune n'est vénéneuse. On peut en extraire de
la soude et de l'iode. On les emploie, presque
partout, comme engrais. Ces végétaux parais-
sent destinés, dans le plan général de la na-
ture, à fournir aux animaux aquatiques her-
bivores un aliment abondant, souvent aussi un
abri ou même un refuge.
On divise les algues en trois familles : les
ulvacées, les floridécs et les fucacées.
I. Les ulvacées sont des algues le plus sou-
vent vertes, rarement purpurines , consistant
en frondes membraneuses composées de cel-
lules juxtaposées sur un même plan, ou en
tubes continus et cloisonnés, simples ou ra-
meux, quelquefois rayonnant autour d'un axe
filamenteux, d'autres fois enveloppés dans une
gangue gélatineuse. On les trouve le plus sou-
vent dans les lieux humides ou dans l'eau
douce, plus rarement dans la mer, quelquefois
en même temps dans les eaux douces et les eaux
salées. Voici les genres les plus remarquables ;
hesprotococcus, qui consistent uniquement en
cellules globuleuses, libres, plus ou moins rap-
frochées. Ce sont les végétaux qui présentent
organisation la plus simple. Il en est dont le
diamètre ne dépasse pas un trois-centième de
millimètre ; tel est le protococcus atlanlicus,
qui donne aux eaux de la mer Rouge leur cou-
leur caractéristique. C'est au protococcus ni-
valis qu'est due la neige rouge des Alpes ;
.Les oscillaires, masses feutrées, verdâtres,
très-communes dans les eaux stagnantes ;
Les rivalaires, masses gélatineuses, arron-
dies, de couleur noire ;
Les conserves, qui se présentent sous l'aspect
de longs filaments verts, rarement d'une autre
couleur, et dont la plupart habitent les eaux
douces ;
Les ulves, constituées par des expansions
celluleuses, membraneuses ; on en trouve sur la
terre, dans les eaux douces et les eaux salées.
L'ulve intestinale vit indifféremment dans les
deux sortes d'eaux. Quelques espèces sont
employées comme aliment;
Les nostocs, masses gélatineuses que l'on
voit si souvent, par les temps humides, au bord
des routes ou dans les allées des jardins.
II. Les fîoridées sont des algues qui ont une
fronde, tantôt plane et membraneuse , tantôt
cylindrique et articulée, présentant toutes les
nuances du rose tendro au pourpre , brun ou
violacé. Les organes de reproduction ne se
trouvent plus dans toutes les cellules , mais
seulement dans certaines d'entre elles, placées
dans une position déterminée, et appelées thè-
ques. lies végétaux de cette famille sont en
général marins; on en trouve dans toutes
les iners. Nous remarquons ici :
Les ceramium, à fronde filamenteuse, arti-
culée , le plus souvent dichotome , offrant la
forme d'un petit arbuste ;
Les gigartines, qui ont la fronde filiforme,
rameuse, à ramules épineux. C'est une espèce
de ce genre qui fournit la mousse de Corse ou
mousse de mer ;
Les chondrus, qui diffèrent des gigartines
Sar leur fronde cartilagineuse, ordinairement
'un rouge livide ;
Les gélides, qui sont caractérisées par leur
fronde pennée, rameuse, plane , gélatineuse.
C'est à ce genre qu'appartient lalgue dont
l'hirondelle salang'ane se sertpour faire son nid ;
Les delesséries, qui ont une fronde cylindri-
que, filiforme, rameuse, à rameaux foliacés
membraneux, plans, linéaires, oblongs ou lan-
céolés, d'un beau rose, traversés par une ner-
vure médiane, laquelle émet souvent d'autres
nervures latérales obliques, mais parallèles
entre elles. Quelques espèces sont comestibles.
IL Les fucacées sont des algues à frondes
'iaces, membraneuses ou filamenteuses, d'un
vert olive ou brun, noircissant à l'air, et pré-
sentant quelquefois des formes où l'on peut
distinguer des tiges, des feuilles pétiolées, des
vésicules aériennes et des réceptacles distincts.
Leurs corps reproducteurs , plus complexes
que dans les deux autres familles, sont de trois
sortes. La plupart des fucacées habitent les
mers. Les principales espèces sont :
Les hydrogastres,qui se présentent sous l'as-
pect de vésicules pyriformes, contenant une
masse gélatineuse. L'hydrogastre granuleux
est commun dans les allées humides , et fait
entendre, lorsqu'on marche dessus, une sorte
de crépitation ;
Les ace tabulaires, dont le port très-élégant
figure un petit pavasoI,_et qui sont des plantes
vertes, demi-transparentes, encroûtées de ma-
tières calcaires, ce qui les a fait prendre quel-
quefois pour des polypiers ;
Le&achlyes, qui consistent en filaments tubu-
leux, continus, simples. L'achlye prolifère vit
en parasite sur les branchies des poissons,
qu'elle fait souvent périr ;
Les laminaires, qui sont des algues coriaces,
rarement membraneuses, d'un vert foncé ou
roussâtre. Elles ont un style simple ou bifurqué,
terminé par une lame plane, sans nervures,
quelquefois divisé en éventail. Ce genre four-
nit un grand nombre d'espèces alimentaires,
médicinales, économiques ou industrielles ;
Les fucus ou varechs, qui ont une tige plus ou
moins longue, partant d'un empâtement assez
étendu, divisée en rameaux ailés , coriaces ,
dichotomes, vésiculeux, olivâtres, couverts de
houppes de poils blancs. Ils présentent des"
propriétés analogues à ceux du genre précé-
dent. On les brûle pour en retirer la soude ;
. Les sargasses, qui constituent le genre le plus
élevé du groupe des algues; leurs frondes sont
celles qui présentent le développement le plus
complet. Le sargasse baccifère, vulgairement
appelé raisin des tropiques, atteint, dans les
mers équatoriales , une longueur de plus de
cent mètres.
ALHAGÉ, ÊE adj. (a-la-jé — rad. 'alkagi).
Bot. Qui ressemble à 1 alhagi.
— s. f. pi. Section de la tribu des hêdysa-
réos, dans la famille des légumineuses, ayant
pour type le genre alhagi.
ALHAGI s. m. (a-la-ji — mot arab.). Bot.
Genre de la famille des légumineuses et de la
tribu des hédysarées. Valhagi des Maures, ou
agul, est un arbrisseau dont toutes les parties
se couvrent, dans les temps chauds, d'une
matière grasse , mielleuse , analogue à la
manne.
ALHAK1ÎM 1er, émir de Cordoue (796-822).
Il combattit les Francs, les rejeta au delà des
Pyrénées, et s'avança lui-même jusqu'à Nar-
bonne, mais ne put empêcher Louis le Débon-
naire de prendre pied en Catalogne et d'en
chasser les Maures. Son règne fut déchiré par
des révoltes qu'il réprima cruellement. Il avait
de l'énergie et des talents militaires.
ALHABEM 1I? calife d'Espagne, succéda en
350 de l'hégire (961 de J.-C.) à son père Abd-
er-Rahman, et se montra le digne continua-
teur de ce règne glorieux. Le sien, moins
agité, fut l'apogée de la puissance musulmane
dans la Péninsule. Il s'attacha surtout à faire
fleurir les sciences et les arts, construisit un
grand nombre d'édifices, et forma une vaste
bibliothèque qui fut le berceau de la célèbre
académie de Cordoue.
ALHAKEM-BIAMRILLAH, calife fatimiste
d'Egypte (096-1021). Rigide observateur du
Coran, il fit arracher toutes les vignes de l'E-
gypte et ne permit aux juifs et aux chrétiens
que le turban noir. C'est sous son règne que
turent dressées les tables astronomiques con-
nues sous le nom de Tables Hakemites.
ALHAMA, village d'Espagne, dans la pro-
vince de Murcie; 7,000 hab. Eaux iheimules,
sulfatées, calcaires, chlorurées, poti
dès 1
|»oqu<:
. Elles
trois sources d'un terrain calcaire
avec des couches d'argile et de sable.
alhambra s. m. (a-lan-bra — de deux
mots arabes qui signifient ville rouge, à cause
de la couleur des briques employées à cette
vaste construction). Ancien palais des rois
maures à Grenade : L' Alhambra , dont nous
rêvons les murs revêtus de marbre et de por-
phyre, en est-il moins V Alhambra parce que les
murs sont de plâtre? (Champfleury.)
— Par'compar. Tout monument offrant un
caractère de grandeur et de magnificence qui
rappelle le palais de Grenade : Le long de la
route étaient d'énormes tas de pierres superbes,
avec lesquelles il serait facile de bâtir à peu
de frais des Chenonceaux et des alhambras.
(Th. Gaut.) Nous faisons involontairement de
tout sérail un alhambra, ce qui est fort loin
de la réalité. (Th. Gaut.)
Je m'élançais la nuit...
Vers ce monde idéal parsemé d'alhambras.
HÉo. Moreau.
— Hist. Ce vaste palais fut construit par le
calife Abou-Abdallah-ben-Naser, qui régna de
1231 à 1273.
L'extérieur n'offre que l'aspect d'un édifice
"lourd et informe ; mais on n'a pas plus tôt fran-
chi la principale entrée, dite porte du Juge-
ment, que l'œil reste ébloui des magnificences
de cette demeure grandiose, de la grâce in-
comparable de ses ornements, de l'inépuisable
variété des dessins et des arabesques,, de la
richesse et de la profusion des sculptures.
Toutes les merveilles artistiques créées par le
génie dés différents peuples, se reproduisent
dans l'Alhambra et s y marient avec l'harmo-
nie la plus parfaite, à laquelle semble avoir
présidé une imagination féerique unie au goût
le plus délicat. Parmi les cours de l'Alhambra,
on distingue surtout la cour des Abencérages,
où s'accomplit, suivant la tradition, le massa-
cre des infortunés princes de ce nom, et la fa-
meuse cour des Lions, qui n'a pas moins de
30 mètres de long sur 16 mètres de large, et
qui est pavée de marbre blanc. Elle est entou-
rée d'une galerie soutenue par cent vingt-huit
colonnes , également en marbre blanc ; au
centre de la cour se trouve la célèbre fontaine
qui lui a donné son nom : elle est formée d'un
bassin d'albâtre porté par douze lions en mar-
bre noir ; ils vomissaient autrefois de l'eau,
qui était reçue dans un réservoir en marbre
blanc, d'où elle se distribuait, au moyen de
canaux, dans les appartements intérieurs.
Avec ses jardins ombragés d'arbres odorifé-
rants, ses jets d'eau qui répandaient partout
la fraîcheur, les sites magnifiques dont' il est
ALI
entouré, les innombrables richesses qui le dé-
corent, ses appartements vastes et nombreux,
rafraîchis par l'eau des fontaines, recouverts
de voûtes dont quelques-unes sont découpées
à jour avec une hardiesse et une délicatesse
dont l'architecture moderne semble avoir
perdu le secret ; ses arabesques, ses sculptures
fines et délicates, ses mosaïques, ses orne-
ments en marbre et en porphyre, ses dorures,
prodiguées partout avec une profusion inouïe,
l'Alhambra est le chef-d'œuvre de l'architec-
ture mauresque ; il réalise tout ce que, l'on
peut attendre d'un peuple ami des arts, riche,
sensuel, voluptueux, -et l'on comprend que les
Maures, aujourd'hui encore, dans leurs prières
du vendredi, supplient Allah de leur rendre ce
paradis terrestre.
alhandal s. m. (al-an-dal). Espèce de
coloquinte : Des trochisques d alhandal.
ALHASSERs. m. (al-a-sèr). Sucre d'apoeyn.
ALHOV (Philadelphe-Maurice), littérateur,
né à Paris vers 1802, mort ir Rouen en 1855.
Il a fondé, sous la, Restauration, un grand
nombre de petites feuilles, et notamment le Fi-
garo, qui eut une vogue si brillante, et a donné
sur divers théâtres des pièces qui ne manquent
•ni d'imagination ni d'esprit, et oui eurent du
succès en leur temps. Il a publié en outre :
Grande Biographie dramatique (1824), signée
X Ermite du Luxembourg ; Biographie des Jle-
■ présentants du peuple (1848); Physiologie» de
la Lorette et de l'Étudiant; ainsi que des pu-
blications illustrées qui devinrent populaires :
les Bagnes ; les Brigands et Bandits célèbres ;
les Prisons de Paris (ce dernier travail en col-
laboration avec M. Louis Lurine), etc.
ALI, quatrième calife arabe, cousin et gen-
dre de Mahomet, né à La Mecque vers G02,
mort à Coufa en 661, fut élevé dans la maison
du Prophète, devint son confident etl'un de ses
plus zélés sectateurs. Il se signala par de nom-
breux exploits et rendit d'éclatants services à
Mahomet, qui les récompensa en lui donnant
sa fille Fatime en mariage. Cependant, après
la mort du prophète, trois califes se succédè-
rent avant qu'Ali pût faire triompher ses droits
au trône, dont les intrigues de ses ennemis, et
surtout la haine implacable d'Aïcha, veuve de
Mahomet, l'éloignèrent jusqu'en 656, époque à
laquelle il succéda à Othman. A peine en pos-
session du souverain pouvoir, il eut à lutter
contre deux chefs puissants, Talha et Zobaïr;
mais il vainquit les révoltés à la bataille dite
du Ckameau, ainsi nommée de celui que mon-
tait la veuve du prophète , qui tomba au
- pouvoir du vainqueur et fut généreusement
traitée par lui. Ali eut ensuite à combattre
Moavia , qui avait soumis la Syrie et s'était
fait reconnaître émir à Damas. Après de
nombreux combats où Ali avait remporté
l'avantage, les deux riyaux en vinrent a une
bataille décisive. Moavia allait être vaincu,
lorsque, suivant l'habile conseil de son lieute-
nant Amrou, il fit attacher à l'extrémité de
plusieurs lances des exemplaires du Coran,
portés à la tète de ses troupes. Les soldats
d'Ali, saisis de respect, refusèrent alors de
continuer à combattre, et des négociations
s'ouvrirent, à la suite desquelles deux arbi-
tres , nommés pour terminer le différend ,
proclamèrent calife Moavia , au mépris des
droits d'Ali. Cette déclaration perfide, prépa-
rée par Amrou, porta un coup mortel au pou-
voir d'Ali, qui eut néanmoins encore la force
d'écraser dans une bataille les karidjy révol-
tés. Mais, peu de temps après, un de ces fa-
natiques le poignarda dans une mosquée. Ali
fut un prince brave, généreux; il était instruit
et éloquent, et c'est de lui que Mahomet di-
sait : « Je suis la ville de la science, mais Ali
en est la porte. » Il montra peu de talents po-
litiques, parce que l'art de feindre ne pouvait
s'allier avec sa franchise. Il nous reste de lui
des Sentences et des Poésies fort estimées des
Arabes, et dont une partie a été traduite en
français par Vattier, Paris, 16G0.
ALI (Ibn-loussouf), sultan almoravide d'A-
frique et d'Espagne (no6-ii43). Les auteurs
araues rapportent hyperboliquement qu'on fai-
sait la prière en son nom dans trois cent mille
mosquées. Son empire était en effet très-vaste
et s étendait, sur 1 Afrique, depuis l'Atlas jus-
qu'à la mer, sur l'Andalousie, Grenade, Va-
lence, une partie du Portugal, de l'Aragon et
de la Catalogne. C'est lui qui acheva la con-
struction de la ville de Maroc. Son règne fut
troublé par des révoltes sans cesse renaissantes.
ALI -BABA, héros d'un des contes les plus
populaires des Mille et une Nuits. Ali-Baba,
pauvre artisan d'une ville de Perse, était un
jour occupé à ramasser du bois dans une forêt,
lorsque quarante voleurs s'arrêtèrent à quel-
ques pas de l'arbre qui le dérobait à leurs re-
gards. Le chef s'étant avancé vers la porte
d'une caverne située en cet endroit même,
prononça ces paroles : Sésame, ouvre-toi, et
aussitôt la porte s'ouvrit, livrant passage aux
quarante voleurs. Dès qu'ils furent sortis, Ali-
Baba, qui avait entendu la formule cabalisti-
que, s'avança à son tour et répéta : Sésame,
ouvre-toi. La porte s'ouvrit de nouveau, et
Ali-Baba, pénétrant dans l'intérieur, se trouva
en présence d'un immense amas de richesses,
accumulées depuis de longues années en ce
lieu par les voleurs. Il en prit ce qu'il put em-
porter et se retira, se promettant de faire de
fréquentes visites à la caverne. Son frère.
Cassim ayant surpris son secret, y vint lui-
même à 1 insu d'Ali ; mais lorsqu'il voulut sor-
tir, il ne put se rappeler le mot magique Sé-
same, resta enfermé et fut tué parles voleurs,
qui coupèrent son corps en quatre parties, et
se retirèrent après en avoir .fixé deux dans
l'intérieur de la caverne et deux au dehors.
frère, et les rapporta chez lui. Mais cette dis-
parition prouva aux voleurs qu'un autre encere
possédait leur secret, et ils ne négligèrent au-
cune ruse pour arriver à le découvrir et à
pourvoir, par sa mort, à la sûreté de leurs
trésors. Mais ils périrent tous successivement
par l'adresse et le courage de Morgiane,
esclave d'Ali-Baba. Depuis, le secret de la ca-
verne resta enseveli dans sa famille, à laquelle
il procura une constante prospérité.
Ali-Baba et la caverne des quarante voleurs
sont demeurés célèbres, et l'on y fait souvent
allusion ; mais ce sont principalement les mots
cabalistiques : Sésame, ouvre-toi, qui sont de-
venus l'objet de fréquentes applications en lit-
térature ; on désigne par là le moyen prompt,
rapide , devant lequel cèdent , comme par
magie, toutes les difficultés, la clef qui ouvre
toutes les situations et fait pénétrer tous les
o J'avais profité d'un moment de distraction
de Eortunio pour lui enlever son portefeuille.
D'abord, ce maudit portefeuille ne voulait pas
s'ouvrir, et j'ai bien passé deux heures à trou-
ver le mystérieux Sésame qui devait faire
tourner les ressorts sur eux-mêmes, et me
livrer les précieux secrets si soigneusement
gardés. » Th. Gautier.
« Le seul et véritable Sésame de notre épo-
que est un tout petit mot composé de deux
lettres; c'est une clef qui ouvre toutes les
portes, et cette clef, vous l'avez deviné, n'est
ni d'acier, ni de fer fondu,' elle est en or. »
Revue de Paris.
i Le cœur, vois -tu, est comme ce rocher
mystérieux dont parlent les contes arabes;
tous les efforts ne le peuvent briser; mais
dites seulement, tout bas et d'une certaine
façon, ces trois mots : Sésame, ouvre-toi! et
le rocher s'ouvrira tout doucement. » '
A. Achahd.
« C'est ici le cas de vous dire que chacun
de nous avait été muni dès Paris d'une carte
d'invité qui est un vrai chef-d'œuvre de goût
et de typographie. Cette carte est le Sésame
ouvre-toi de toutes les réjouissances. Avec elle,
vous entrez partout , dans les bals , dans les
musées, dans les concerts, dans les banquets.
Vous avez votre place au congrès, au tir, aux
régates, au feu d'artifice. »
Frédéric Thomas , Compte rendu dit
congrès littéraire et des fêtés artis-
tiques d'Anvers.
« Dans la nouvelle pièce : Un Monsieur qui
a perdu son mot, on voit l'odyssée d'un pauvre
diable de caissier qui a oublié le secret de la
serrure de son coffre-fort. Par bonheur, un
garçon de bureau, qu'il malmène, le remet
. sur la voie en l'appelant crétin. Ce mot est
justement le Sésame , ouvre-loi qui charme la
porte de sa caisse. » ***
. Comment et par quel sortilège
Et des qu'elle s'est fait connaître, -
Tout s'est ouvert a doux battants,
Esprit et cœur, porte et fenêtre,
Comme une maison h son maître. •
Scribe et Mélesville, représenté à l'Académie
royale de Musique, le 22 juillet 1833. Le livret
n'était que l'arrangement d'une vieille pièce,
donnée en 1791, par Duveyrier-Mélesville
père, sous le titre de Kaukourgi. La partition
n'eut qu'un succès d'estime. Elle était l'œuvre
d'un vieillard de soixante-treize ans. M. Fétis,
qui l'a entendue, assure qu'elle renferme néan-
moins de grandes beautés, et que plusieurs mor-
ceaux sont encore dignes du grand compo-
AL1-BEY, mameluk célèbre, né en 1728,
dans le Caucase, s'éleva de la condition d'es-
clave aux grands commandements militaires,
et fut admis à vingt ans parmi les vingt-quatre
beys qui gouvernaient l'Egypte. Il s'empara
ensuite de l'autorité (1766), se rendit indépen-
dant de Constantinople, fit la conquête de l'A-
rabie, de la Syrie et do la Palestine, et fut tué
par son lieutenant Mohamined-Bey, en 1773.
ALI-BEY. V. Badia y Leblich.
AL1-1BN-YOUN15 (Aboul-Hasan) , célèbre
astronome arabe, né a Misr (Caire) vers 950
"de notre ère, mort en 1008. Ses observations
sont consignées dans un traité qui porte le
titre de Grande table; c'est un des ouvrages
les plus importants de l'astronomie arabe.
ALI KHAN (Hassan), général et diplomate
persan , ministre plénipotentiaire du schah
de Perse à Paris, et près des cours de Lon-
dres et de Turin, né à Bidjar en 1821, fut
élevé sous les auspices d'un père éclairé, et
26
202
ALI
reçut le grade de colonel à l'âge de dix-huit
ans. Il assista au siège de Hérat, et rendit de
grands services à son souverain , qui l'en ré-
compensa par des distinctions flatteuses, le
nomma général, puis son aide de camp, et le
chargea ensuite des services relatifs à la garde
et à l'administration de la maison impériale.
En 185S, le schah de Perse se proposant
d'avoir un représentant près les cours des Tui-
leries et de Saint- James, choisit Ali Khan pour
remplir ce poste important, qu'il occupe au-
jourd'hui (avril 1S64). A la légation se rattache
un groupe de quarante-deux jeunes Persans
envoyés en France sous la tutelle paternelle
de leur ambassadeur, pour s'y vouer à l'étude
des sciences, arts et métiers. L'école persane
de Paris fait concevoir les plus belles espé-
ALI-MOEZZ1N, capitan-pacha (amiral), sous
le règne de Sélim II et marin distingué, enleva
aux Vénitiens l'île de Chypre, et commandait
la flotte ottomane à la bataille de Lépante
(1571), où il fut vaincu et tué après une des
luttes les plus sanglantes dont les annales ma-
ritimes aient garde le souvenir.
ALI -PACHA (Tépélini), surnommé Arslau
(le lion), pacha de Janina, né vers 1741 à Té-
bélen (Albanie), mort en 1822. Ce personnage,
•si fameux naguère par ses crimes et la do-
mination sanglante qu'il1 exerça en Grèce, est
resté, dans une sphère secondaire, le type de
ces ambitieux chez lesquels il semble que la
voix de la conscience ait été étouffée dès le
berceau ; la personnification de ce despotisme
oriental, dont le caractère le plus saillant est
un insolent mépris pour la vie humaine. Doué
de qualités énergiques, dont le soin de ses in-
térêts faisait taire parfois les emportements,
mais que ne tempérait jamais une inspiration
montée du cœur, c'est par la ruse, la dissimu-
lation, la trahison, l'assassinat,- joints à une
rare' intrépidité et à une constance invincible,
qu'il parvint à élever le brillant, mais éphé-
mère édifice de sa fortune. Il n'avait que treize
ans quand il perdit son père, que des vicissitudes
avaient fait déchoir du rang que sa famille oc-
cupait autrefois dans le pays. Livré a lui-
même et aux conseils d'une mère plus capable
de déchaîner que de calmer cette nature fou-
gueuse, Ali débuta par le brigandage, se livra
à des excursions où il déploya un courage à
toute épreuve, et acquit ainsi des richesses qui ■
jetèrent les fondements de son influence et de
sa réputation. Après avoir obtenu la main de
la fille d'un tîey du pays, il s'empara de Tébé-
len, d'où sa famille avait été chassée, et de
plusieurs autres villes du voisinage. Quelques
services militaires qu'il rendit à la Turquie, à
)a tète d'un corps d'Albanais, dans la guerre
de cette puissance contre les Russes, lui valu-
rent le titre de pacha à deux queues, et les
fonctions de gouverneur de Tricala, en Thes-
salie. En 17S8, il réussit, à force de crimes et
d'intrigues, à se faire conférer le pachalik de
Janina, but secret de son ambition. Peu à peu
il étendit le cercle de sa puissance, et finit par
soumettre toute l'Albanie, mettant à mort ou
bannissant, a chacune de ses conquêtes, les
habitants chrétiens ou musulmans qui lui por-
taient ombrage, ou dont son insatiable cupi-
dité convoitait les richesses ; car, dès que ses
intérêts étaient en jeu, il devenait sourd a la
sympathie que. créent les liens religieux. Du
reste, il était à cet égard d'une grande tolé-
rance, ou plutôt d'une indifférence absolue.
Zélé musulman avec ses coreligionnaires, il
révérait Moïse avec les juifs, et buvait, avec
les chrétiens, à la santé de la bonne Vierge. A
plusieurs reprises il avait attaqué les Souliotes,
nation chrétienne qui résistait depuis un siècle
aux armes ottomanes, et il n'avait essuyé que
des échecs; mais la trahison fit ce que n'avait
pu la force, et il réussit enfin à exterminer ce
peuple belliqueux. Après la chute de la répu-
blique de Venise, en 1797, les troupes françaises
occupèrent Corfou et les autres iles du golfe
Adriatique. Inquiet d'un si puissant voisinage,
l'astucieux Ali sut le faire tourner habilement
à son profit en recherchant l'alliance de la
France, qu'il servit ou trahit au gré de ses in-
térêts pendant plus de quinze ans, sans que
Napoléon, qui avait depuis longtemps deviné
ses relations secrètes avec l'Angleterre, trou-
vât l'occasion de châtier ses perfidies. Nommé,
en 1803, commandant général de laRoumèliej
Ali ne fit servir cet accroissement d'autorité
qu'à multiplier ses exactions et à dévoiler de
plus en plus ses projets d'indépendance. En
1814, les Anglais lui livrèrent Parga, dont il
avait inutilement essayé plusieurs fois de s'em-
parer. Us n'ignoraient pas, néanmoins, le sort
qui attendait cette malheureuse ville chré-
tienne, dont on connaît l'héroïque résistance,
et dont les habitants s'expatrièrent après avoir
livré aux flammes les restes de leurs ancêtres.
Cependant, depuis longtemps déjà, la cour de
Constantinople supportait avec impatience la
hauteur et les dédains trop peu dissimulés de
ce sujet redoutable, qui résistait à toutes ses
injonctions et attaquait, pour les dépouiller,
ses serviteurs les plus dévoués. De plus, des
ennemis puissants, qu'offusquait l'éclat de sa
fortune, travaillaient sourdement à sa ruine,
et il reçut enfin l'ordre de se présenter dans
le délai de quarante jours a. Constantinople, au
seuil doré de la porte de félicité, pour se jus-
tifier. Ali connaissait ce langage, et il était
homme à dire, avec une résolution aussi auda-
cieuse qu'Acomat :
Je ne me pique pas du scrupule insensé
Se béait mon trépas quand ils l'ont prononça.
ALI
Il se prépara donc à une résistance déses-
pérée. Une armée tout entière, sous le com-
mandement de son plus mortel ennemi, vint,
au commencement de 1821, l'assiéger dans Ja-
nina. Pendant dix-huit mois, néanmoins, il y
brava tous les efforts d'un homme en qui la
haine doublait la puissance d'action. Mais dans
le courant de 1822, Kourchid-Pacha arriva au
camp pour y prendre la direction du siège; il
le pressa avec une vigueur et une intelligence
qui réduisirent bientôt Ali a la dernière extré-
mité. Celui-ci brûle alors la ville et se retire
dans la forteresse, n'ayant plus avec lui qu'une
centaine d'hommes déterminés, et menaçant
de tout faire sauter plutôt que de se rendre.
Kourchid recourut à la ruse, car il voulait le
prendre vivant et s'emparer des trésors im-
menses que lui attribuait la renommée ; il lui
avec lui dans une caverne où il leur montra
ses richesses placées sur 2,000 barils de pou-
dre, et, auprès, un de ses séides, appelé Sélim,
tenant à la main une mèche toujours allumée.
Ali dit alors aux officiers qu'il ne livrerait la
forteresse qu'après avoir reçu son pardon
scellé de la main même du sultan. Kourchid le
berça habilement de cet espoir, et l'amena
ainsi à se rendre à une entrevue où il lui an-
nonça que le pardon était arrivé. En même
temps, il lui demanda un ordre qui enjoignît à
Sélim d'éteindre la mèche fatale. A ces der-
nières paroles, Ali ouvrit les yeux; mais il
était trop tard. Espérant sauver du moins sa
vie, il tira de son sein un signe particulier
qu'il remit à Kourchid. Dès qu'on eut présenté
ce talisman à Sélim, il se prosterna, éteignit
la mèche, et tomba aussitôt frappé d'un coup
de poignard. Ali apprit alors que sa dernière
heure était venue. Se voyant pris dans le piège
que lui-même avait tendu tant de fois à ses
ennemis, le vieux lion bondit de colère, et,
saisissant ses armes : « Vous qui violez si lâ-
chement vos serments, s'écria-t-il, croyez-vous
prendre Ali comme une femme? > En même
temps il renverse mort un des officiers de
Kourchid et en blesse un second. Mais de tous
côtés on tire sur lui, et il tombe enfin criblé de
coups, après avoir toutefois vendu chèrement
sa vie. On lui coupa la tête , qui fut parfumée
et envoyée aussitôt à Constantinople. Sur tout
le chemin, le messager montrait ce trophée
sanglant aux populations qui se pressaient
avidement pour contempler les traits du ter-
rible pacha, et, à Constantinople, cette tète
resta exposée pendant plusieurs jours aux
portes du sérail, comme celles des plus vils
criminels.
Ainsi mourut ce personnage célèbre, sur le-
quel la vérité historique n'a pu encore se faire
jour d'une manière certaine; car les voyageurs
et les écrivains l'ont présenté sous les aspects
les plus contradictoires, suivant leurs préjugés,
leurs passions, leur nationalité, et sans tenir
assez de comptej peut-être, des habitudes gou-
vernementales ae l'Orient. Les Français l'ont
peint sous les couleurs les plus noires, tandis
que certains historiens anglais en ont fait pres-
que un grand homme. Peut-être la vérité se
cache-t-elle entre ces deux extrêmes.
ÀLIAMET (Jacques), graveur, né à Abbe-
ville en 1728, mort à Paris en 1788. Disciple
de Lebas, il perfectionna beaucoup la gravure
à la pointe sèche. Ses estampes d'après Ber-
ghem, Wou'wermans, Yernet, sont particu-
lièrement estimées. Il savait conserver habile-
ment l'harmonie des teintes, et blâmait les
graveurs qui poussent au noir; il les comparait
aux acteurs qui ne savent faire que des gri-
maces pour plaire à la populace. Ses planches
sur les Batailles des Chinois contre les Talars
jouissent d'une grande estime parmi les con-
naisseurs. — Son frère, François-Germain,
inférieur en talent, a exécuté de nombreuses
gravures pour l'histoire d'Angleterre.
ALIAS U
quer une variante dans une phrase, dans un
texte : François Lebrun, alias Joseph Lebrun,
naquit à... c'ést-à-dire François Lebrun, selon
d'autres, Joseph Lebrun, naquit à...
ALIBANIES s. f. pi. (a-li-ba-nî). Sorte de
toile de coton des Indes orientales.
ALIBAUD (Louis), régicide, né à Nîmes en
1810, mort à Paris en 1835, reçut quelque in-
struction, remplit d'abord l'emploi de copiste
dans sa ville natale, entra dans la marine
comme novice, puis, en 1829, dans un régi-
ment de ligne, ou il parvint au grade de four-
rier. Ayant quitté le service en 1834, il se
retira dans sa famille, qui tenait alors une
auberge à Perpignan, prit part, en 1S35, aux
mouvements révolutionnaires qui agitaient la
Catalogne, et vint à Paris, l'année suivante,
dans le dessein d'assassiner Louis-Philippe,
qui lui inspirait, a-t-il dit lui-même, une haine
profonde depuis l'affaire du cloître Saint-Méry,
en 1832. Il passa plusieurs mois dans la capi-
tale dans un état de dénûment complet, épiant
le roi pour le frapper. Enfin, le 25 juin 1836, à
six heures et demie du soir, au moment où ce
prince, se rendant à Neuilly, quittait les Tui-
leries et tournait le guichet du Pont-Royal, il
reçut un coup de fusil-canne^ dont la bourre
resta dans ses cheveux. Alibaud , auteur de
l'attentat, fut conduit a la Conciergerie, dans
le cachot qu'avait occupé Fieschi. Il n'avait
pas de complice ; il résulta de l'instruction qu'il"
n'appartenait a aucune société secrète. Son
procès fut instruit avec une rapidité inaccou-
tumée : les débats ne durèrent que deux jours,
8-9 juillet. Son fanatisme républicain, l'inflexi-
bilité de son caractère, unis à une physionomie
douce, à des manières polies, furent un objet
d'étonnement pour ses juges. Refusant de se
défendre, il ne prit un avocat et ne fit en-
tendre des témoins que pour la défense de sa
vie privée, qu'attaquait le ministère public.
Après le plaidoyer de son défenseur, M. Ch.
Ledru, il prit la parole ; mais, comme il osait
faire l'apologie (lu régicide, le président lui
imposa silence. On le condamna à la peine des
parricides. Son exécution eut lieu le 11 iuillet,
à 5 heures du matin.
ALIBERT (Jean-Louis), médecin de Louis
XVIII et de Charles X, né à Villefranche
(Aveyron) en 1706, mort à Paris en 1837. Pro-
fesseur à la faculté, médecin en chef de Saint-
Louis, il s'occupa surtout des maladies de la
peau et. jouit d'une vogue très-brillante; mais
les ouvrages qu'il a laissés sur ce genre de
maladies ont aujourd'hui moins d'autorité ; le
principal est le Traité complet des maladies
de la peau. Il a donné aussi une Physiologie
des passions.
ALIBERTIE s f. (a-li-bèr-tî — de Alibert,
n. pr.). Bot. Genre de plantes de la famille
des rubiacées, dont la seule espèce est un ar-
brisseau originaire de la Guyane, où on le
connaît sous le nom de goyave noire.
ALIBI s. m. (a-li-bi — mot lat. qui signif.
ailleurs). Présence d'une personne dans un
lieu autre que celui où on la supposait être au
moment même où un fait déterminé se pro-
duisait en ce dernier lieu : Prouver son alibi.
Invoguer un alibi. Se justifier par un alibi,
//alibi est un moyen de défense que l'on invoque
fréquemment en justice. De tous les faits jus-
tificatifs, I'aiabi est sans contredit le plus pe-
remptoire. (Courtin.) Sûr désormais qu'il y
avait un témoin pour prouver son alibi, 'il re-
descendit l'escalier et se retrouva bientôt dans
la rue. (Alex. Dum.) Z'alibi est prouvé; Jules
revient absous de l'accusation portée contre lui.
{Th. Gaut.)nPl. des alibi.
— Fig. : La femme faisait semblant de dor-
mir; le duc approcha avec précautr" -' -'■
serva en silence le paisible ali: " J
(G. Sand.) Danton chercha da
riane une sorte tf'ALiBi aux affaires politiques.
(Michelet.)
alibiforàiN s. m. (a-li-bi-fo-rain — du
lat. alibi, ailleurs, et du fr. forain, étranger.
Mot formé par redondance). Echappatoire ,
défaite, fausse excuse, propos sans rapport
avec la chose en question : Répondre par un
alibiforain. N'avoir à la bouche que des ali-
biforains. Il ne m'a 'donné que des alibifo-
kaiss. (Acad.) 11 Fam. et peu usité.
ALIBILE adj. (a-li-bi-le— du lat. alibilis;
formé de alerc, nourrir). Physiol. Qui est
propre à la nutrition ; se dit de la portion du
chyme destinée à notre nutrition, celle qui
se convertit eh notre substance.
ALIBILITÉ s. f. (a-li-bi-li-té — rad. alibile) .
Qualité d'un aliment qui renferme plus ou
moins de substance alib'ile : C'est la gastro-
nomie qui, mesurant les divers degrés cj'alibi-
lité des substances, distingue celles qui doivent
faire la base de nos repas. (Brill.-Sav.)
ALIBON s. m. (a-li-bon). Bot. V. Alibum.
ALIEORON s. m. (a-li-bo-ron — étym. dou-
teuse. Suivant une anecdote plaisante, rap-
portée par Huet, ce nom aurait été donné
ironiquement à un avocat qui, plaidant en
latin, et voulant dire que sajartie adverse
n'était pas racovable dans les alibi qu'elle
invoquait, s'écria : Nulla ratio habenda est
istorum aliborum. Cette forme vicieuse, ali-
borum, est en efl'et celle que l'on retrouve dans
la langue du moyen âge. D'autres, avec moins
d'imagination, le tirent de toutes pièces du
subst. arabe alborân, qui signif. âne. D'autres,
enfin, le font venir de l'esp. aie, va, marche, et
bovrro, âne). Homme ignorant, ridicule, stu-
pide : C'est un maître aliboron. (Acad.) Que
diable, dist Panurge, veult prétendre ce maistre
aliboron? (Rabel.) Etvous,maitre aliboron,
dit Fréron... (Volt.) L'illustre Clairon aurait dû
•mépriser l'insulte de maître M.i}*ORON-Fréron.
(Grimm.) il La Fontaine s'en est servi pour
désigner l'âne :
Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient :
L'on voulait le garder, l'autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poings trottaient,
>s champions songeaient à se défendre,
\a duchesse.
"Arrive
LaFon
itre aliboron.
ALIBOUFIER s. m. (a-li-bou-fi-ô). Bot.
Genre de plantes de la famille des styracées.
— Encycl. Les aliboufiers sont des arbres
ou des arbrisseaux , la plupart exotiques , à
feuilles simples, alternes, sans stipules, à fleurs
hermaphrodites, blanches ou jaunes, isolées ou
disposées en grappes, à fruits globuleux dru-
pacés ou secs. On en compte environ quarante-
cinq espèces, disséminées dans presque toutes
les régio'ns du globe. Les trois principales sont :
lo l'aliboufier^d'Europe (styrax officinale des
botanistes), qui croit dans les bois et sur les
rochers maritimes de presque toute la région
méditerranéenne. C'est un grand arbrisseau,
feuilles, et à l'oranger par ses Heurs. Les inci-
sions faites à son écorce laissent écouler une
substance résineuse, qui est le styrax solide ou
le storax calamité du commerce. 20 L'alibouiier
benjein (styrax benzoe), originaire de Sumatra,
ALI
qni a été introduit au Brésil et à l'île de la Réu-
nion. Il fournit le benjoin, usité en médecine et
en parfumerie, et qui sert à faire le cosmétique
appelé lait virginal. 3° L'aliboufier d'Amérique
et l'aliboufier glabre, qui sont de charmants
arbustes, cultivés dans les jardins d'agrément.
ALIBUM OU ALIBON S. m. (a-li-bomm —
anagr. de liabum, sorte d'herbe). Bot. Genre de
la famille des composées, et don t la seule espèce
est une plante herbacée, qui croît dans les
régions australes de l'Amérique.
ALIGA s. f. "(a-li-ka — du lat. alica, oee,
épeautre). Espèce d'orge avec laquelle les Ro-
mains préparaient une boisson qu'ils appe-
laient également alica, et un aliment auquel
Hippocrate attribue des propriétés toniques
et astringentes.
ALICAIRE s. f. (a-li-kè-re — rad. alica).
Antiq. rom. Nom donné, chez les Romains,
aux femmes publiques de la Campanic. Il y
avait à Rome même des alicaires, courtisanes
de bas étage qui se rassemblaient aux envi-
rons des moulins et des boulangeries, pour se
prostituer aux esclaves employés dans ces
établissements. Un peu à'alica composait leur
salaire ; de là leur nom.
AL1CANTE, ville forte d'Espagne et port sur
la Méditerranée, à 375 kil. SvS.-E. de Ma-
drid, située dans la prov. de Valence ; excel-
lents vins ; 20,000 hab.
— La prov. d'Alicante a été formée de la
partie méridionale de l'ancien royaume de Va-
lence et d'une partie de celui de'Murcie.
AL1CANTE s. m. (a-li-kan-te). Nom donné
à un vin de liqueur que produit le territoire
d'Alicante : Une bouteille ci'alicaiste. Je pren-
drai un verre cf aUCaNte, puisque vous le vou-
lc: bien; c'est mon vin de prédilection. (Alex.
Dum.) Le comte ordonna à Baptistin de poser
le plateau à la portée de la main de son hôte,
qui commença par goûter
des lèvres. (Alex. Dum.)
AL1CATA, ville forte de Sicile, port sur la
Méditerranée; 14,500 hab.
ALICATE s. f. (a-li-ka-te). Techn. Sorte de
pince dont se servent les émailleurs à la
lampe.
-ALICETTE s. f. (a-li-sè-tc). Sorte de poi-
gnard, de couteau a gaine.
ALICHON s. m. (a-li-chon — du lat. ala,
aile). Nom donné aux petites planchettes do
bois qui garnissent la roue d un moulin, et
sur lesquelles tombe l'eau qui imprime le
mouvement. 11 On dit aussi aluchon-, aileron
et AUBE.
AI.1CUA, source saline, à 16 kil. de Cadix,
dans la prov. de Grenade. Ses eaux sont ordon-
nées contre les rhumatismes et les affections
'aLICTÈRE s. f. (a-li-ktè-re). Bot. Genre
de plantes de la famille des sterculiacées, ren-
fermant un petit nombre d'espèces qui habi-
tent pour la plupart l'Amérique équatoriale.
ALIGULA s. f. (a-li-ku-la). Antiq. rom.
Manteau court ressemblant pour la forme à
une chlamyde, et que les Romains des classes
inférieures portaient attaché devant par une
agrafe.
ALICULAIRE s. f. (a-li-ku-lè-ro — du lat.
alicuta, espèce derrnanteau court). Bot. Genre-
de la famille des hépatiques, formé aux dé-
pens des jungermannes.
ALIDADE s. f. (a-li-da-de— del'arfc. arab.
al,idad, computation). Règle mobile, de bois
ou de métal, portant à chaque extrémité une.
pinnule ou plaque percée d'une fente à son
milieu.
— Encycl. Ualidade sert à tracer, sur un
instrument appelé planchette , les lignes dé-
terminant la direction des objets vises à tra-
vers les pinnules. — Le graphomètre et les
instruments de géométrie et d'astronomie qui
servent à prendre la mesure des angles pré-
sentent une alidade munie de deux pinnules,
établie à pivot au centre d'un cercle ou d'un
demi-cercle divisé en degrés et pouvant tour-
ner autour de ce centre. Dans les instruments
do précision, on préfère les lunettes aux ali-
dades, pour pointer au loin avec plus de faci-
lité et mettre plus de justesse dans les obser-
vations.—Chez les horlogers, Validade est une
règle mobile sur une plate-forme, destinée à
diviser les cadrans.
ALIDE adj. et s. (a-li-de— rad. Ali,n. pr.).
Hist. Qui descend d'Ali, qui est de la famille
d'Ali.
ALIDRE s. m. (a-li-dre). Erpét. Nom vul-
gaire d'un serpent des Indes.
ALIÉNABILITÉ s. f. (a-li-é-na-bi-li-té —
rad. aliénable). Qualité de ce qui est aliénable.
ALIÉNABLE adj. (a-li-é-na-ble — rad. alié-
ner). Qui peut être aliéné : Biens aliénables.
Il Se dit surtout en jurispr. : Les majorais
n'étaient pas aliénables. Les terres substi-
tuées ne sont pas aliénables. Les domaines de
la couronne ne sont pas aliénables. Les routes,
les rues, les places, les monuments publics, en
France, nesontpas ALiÈmŒLhS. (Dict.de Droit.)
ALIÉNANT (a-li-é-naii) part. prés, du v.
Aliéner.
aliénataire s. (a-li-é-tta-tè-re — rad.
aliéner.) Celui, celle en faveur de qui on
aliène une propriété, une rente, etc.
aliénateur, trice s. (a-li-é-na-teur,
ALIÉNATION s. f. {a-li-é-Tia-si-on — rad.
aliéner). Transport qu'une personne fait a
une autre d'une propriété soit mobilière, soit
immobilière : On se repent souvent d'une alié-
nation, d'une donation, d'un mariaye. (Na-
pol. 1er.) /.'aliénation du sol est la source du
paupérisme. (Colins.) L'aliénation de la moin-
dre partie du territoire public serait un crime
de la part du prince. (Poitevin.) il Par est.
Perte d'un droit naturel : Pour que le despo-
tisme prévalût, il a fallu que, de gré ou de
force, les peuples consentissent à {'aliénation
de leur liberté. (Duclos.) La vénalité est vne
aliénation d'une part de la souveraineté. (Le-
montey.) Dans le pacte social, il n'y a de la
part des particuliers aucune aliénation véri-
table de leurs droits naturels. (J.-J. Rouss.)
On n'épouse pas une femme sans une solennelle
aliénation de soi-même. (Proudh.)
— Fig. Aversion que dés personnes ont les
unes pour les autres : L'aliénation des senti-
ments , des cœurs. L'aliénation des esprits
était si forte contre lui que personne ne voulait
entendre prononcer son nom. (Lav.) Il Absol. :
Ces commandements auraient mis /'aliénation
à la place de ta confiance. (Mirab.)
— Pathol. Aliénation mentale , aliénation
d'esprit, ou simplem. aliénation, Dérangement
des facultés intellectuelles ; J'ai vu en elle de
/'aliénation d'esprit. (Mol.) Il se déconcerte,
s'étourdit; c'est une courte aliénation. (La
Bruy.) Les éléments ^'aliénation mentale
sont bien définis, bien connus. (Calmeil.) L'a-
liénation mentale est une cause d'interdic-
tion. (Encycl.) Son aliénation était telle qu'on
l'avait enfermé dans un hôpital de fous. (G.
Sand.) Souffrir et se plaindre, voilà les sym-
ptômes primordiaux de {'aliénation mentale.
(Guislam.) Sur deux cent trente-huit cas d'x-
liénation mentale proprement dite, j'ai con-
staté deux cent deux causes morales, dont le
mode d'agir consiste dans une souffrance mo-
rale. (Guislain.) George llf,.roi d'Angleterre,
fut frappé (/'aliénation d'esprit. (Villem.)
— Encycl. Droit. On distingue l'aliénation à
titre gratuit (donation-, legs), et l'aliénation
à titre onéreux, c'est-à-dire faite moyennant
un équivalent (vente, échange, prêt de con-
sommation). Le droit d'aliéner suppose la qua-
lité de propriétaire; mais la loi française a
spécifié des cas où l'aliénation est soumise à
des règles particulières. Ainsi, les mineurs et
les interdits ne peuvent aliéner que par l'in-
termédiaire de leurs tuteurs dûment autori-
sés; les femmes mariées, pour aliéner, ont
besoin de l'autorisation de leurs maris ou de
celle de la justice. En raison de leur destina-
tion, les routes, les rues, les places, les monu-
ments sont regardés comme inaliénables; mais
cette inaliénabilité ne dure qu'autant que cette
destination. La faculté d'aliéner est interdite
à tout propriétaire dont les biens sont grevés
de substitution, aux corps et communautés
ayant une existence légale, comme les lycées,
les hôpitaux, etc.
— Méd. L'aliénation mentale ou la folie est
définie par Esquirol une affection cérébrale
ordinairement chronique, sans fièvre, carac-
térisée par des désordres de la sensibilité, de
l'intelligence et de la volonté. Les anciens
l'attribuaient aux dieux ; le moyen âge la met-
- tait sur le' compte du diable : c'était un mal
surnaturel, un déau qu'il fallait craindre et
respecter ; aujourd'hui , c'est une maladie qui
a son siège dans le cerveau, et qu'il faut ob-
server et traiter comme les autres.
C'est à Pinel que nous devons les premières
études sérieuses sur la folie. 11 divisait l'aliéna-
tion mentale en manie, mélancolie, démence et
idiotisme. Il définissait la manie, un délire gé-
néral, avec agitation, irascibilité, penchant à
la fureur, la mélancolie, un délire partiel, avec
abattement, tristesse, penchant au désespoir ;
la démence, une extrême débilité des opérations
de l'entendement et de la volonté ; Vidiotisme,
la nullité complète des facultés intellectuelles.
Esquirol ramenait toutes les formes de la folie
à quatre genres : l'idiotisme, la démence, la
monomanie , la manie ; puis il divisait en
espèces chacun de ces genres. Ainsi , Vidiotie
et l'imbécillité sont des espèces du genre idio-
tisme ; la démence aiguë, la démence chroni-
qiie, la démence sénile, des espèces du genre
nation mentale , on range d'abord l'âge , le
sexe et l'hérédité. En mettant à part l'idio-
tie , qui est congénitale , et la démence , qui
est souvent la suite des progrès de l'âge ou la
terminaison naturelle de la folie proprement
dite, on peut dire que c'est depuis la puberté
jusqu'à l'âge de soixante ans, et surtout de
trente à quarante ans, que se développent le
plus grand nombre des affections mentales.
Chez les hommes, un quinzième des aliénés se
trouve depuis la naissance jusqu'à l'âge de
vingt ans; tandis que chez les femmes, il y en
a plus d'un sixième avant cet âge. En France,
la proportion des femmes aliénées est supé-
rieure d'un tiers à celle des hommes. De toutes
les causes prédisposantes , il n'y en a pas de
plus directe que l'hérédité. Esquirol a trouvé
dans quelques établissements que la moitié au
moins des aliénés avaient eu des parents at-
teints de folie. Les cas d'aliénation mentale
sont plus fréquents en été qu'en hiver. La civi-
lisation , par la stimulation incessante qu'elle
apporte aux fonctions cérébrales, accroît na-
turellement le nombre des causes qui peuvent
troubler ces fonctions. Si la folie est moins fré-
quente dans les climats chauds que dans les
climats tempérés , ce n'est pas l'influence di-
recte du climat qui est on cause , mais bien
sans doute l'inégal développement de la ci-
vilisation correspondant à la différence de
climat. Parmi les causes qui peuvent provo-
quer l'explosion de la folie, on a signalé : les
coups sur la tête, l'exposition au soleil, la
suppression des règles, des hémorroïdes, des
dartres, mais surtout les causes morales, telles
que chagrins domestiques, vanité des distinc-
tions, exaltation des idées religieuses ou poli-
tiques, malheurs imprévus, passage subit de
l'aisance à la misère, etc.
Ordinairement, les causes de la folie agis-
sent progressivement ; quelquefois , mais ra-
rement , elle débute brusquement. Le plus
souvent, elle présente dans son cours des
exacerbations et aussi des rémissions passa-
gères qui n'ont rien de régulier dans leur
retour ni leur durée, et qu'on a appelées in-
tervalles lucides.
Le pronostic de l'aliénation mentale varie
suivant la forme de la folie , suivant l'âge,
le sexe, etc. La manie guérit souvent d'elle-
;la
; 'a
triste, des espèces du genre
manie continue, la manie intermittente et la
manie raisonnante , des espèces du • genre
M. Baillarger, médecin de la Salpètrière,
divise les maladies mentales : l° en eésmiics
ou folies , qui comprennent la monomanie, la
mélancolie, la manie, la folie à double forme;
2o démences qui peuvent être simples oaincohé-
rentes; 3" formes mixtes, qui présentent à la
fois les caractères des folies et des démences.
L'idiotie et le crétinisme forment un appen-
dice dans sa classification. Quant aux lésions
élémentaires de l'aliénation mentale, il les dis-
tingue en partielles, générales et mixtes. Les
lésions partielles sont les conceptions déliran-
tes, les impulsions insolites et les hallucina-
tions ;les lésions générales sont la dépression et
l'exaltation de l'intelligence; les lésions mixtes
sont la dissociation des idées et l'abolition de
l'intelligence. (V. les mots Délire, Démence,
Foliij, Hallucination, Idiotie, Manie, Mé-
lancolie, Monomanie.)
Parmi les causes qui prédisposent à l'alié-
Pineî, dit M. Flourens, la routine la plus
aveugle présidait seule au traitement des
fous. A l'Hôtel-Dieu, on les saignait sans
mesure ; à Bicêtre, on les chargeait de chaînes.
Pinel fit tomber les chaînes de ces malheu-
reux ; il soumit l'emploi de la saignée à des
règles sévères; il lit plus, il établit, il in-
venta, si "je puis dire ainsi, le traitement mo-
ral. » Evacuations sanguines au début de la
manie ou de la fureur, bains tièdes et asper-
sions d'eau froide sur la tête, exutoires purga-
tifs à des doses très-fortes^ surtout dans la mé-
lancolie avec stupeur, voilà le traitement
physique. Le traitement moral consiste, d'a-
près Esquirol, à ramener le fou à l'attention,
et par l'attention à la réflexion, et par la ré-
flexion k la raison même. Pour cela,"il faut
employer l'isolement, qui frappe l'aliéné d'un
étonnement subit, qui fixe son attention par la
nouveauté des impressions et qui brise la
chaîne vicieuse de ses idées. Leuret considère
le traitement moral comme le seul qui soit
propre à guérir la "folie ; sa méthode consiste
a détourner à tout prix l'aliéné de ses idées
folles, en l'empêchant d'en parler et même en
le forçant de les rétracter, et à le ramener aux
idées sensées, en le forçant à parler sensé-
ment. Le travail manuel, le jardinage, la cul-
ture des champs dans des fermes consacrées
à cet objet sont d'excellents moyens d'agir sur
l'esprit des aliénés, par la distraction et la fa-
tigue musculaire. Les lésions observées dans
le cerveau des aliénés sont extrêmement va-
riables, et jusqu'ici il a été à peu près impos-
sibledeles rattacher aux symptômes qui consti-
tuent les divers genres et les diverses espèces
d'aliénation mentale.
ALIEN-BILL, loi votée par le parlement en
1793, et qui donne au gouvernement le droit
d'expulser les étrangers dont la présence pa-
raît un danger. Cette loi a été plusieurs fois
remise en vigueur pendant les guerres contre
la France, sous le premier Empire, mais tou-
jours pour une année seulement.
du \
ALIÉNÉ, ÉE (a-li-é-né) part. pass.
Aliéner : Les domaines déclarés inaliénables
sont presque ious aliénés. (Volt.)
— Fig. Eloigné , détourné : C'est déjà un
scandale qu'un pasteur soit aliéné de ses bre-
bis. (Mass.) Que vois-je de tous côtés, sinon des
chrétiens aliénés de la voie de Dieu? (Fén.)
Il Exaspéré , presque fou : Ils ont les yeux
égarés et l'esprit aliéné. (La Bruy.) Il le
trouva étendu par terre, versant des larmes,
aliéné par le désespoir. (Volt.) Aux autres
hommes , il paraîtrait aliéné ; pour moi, je
lis dans sa pensée, toutes ses idées sont lucides.
(Balz.)
— Substantiv. Celui, celle qui est atteint
d'aliénation mentale : Maison <f aliénés. Le
traitement des aliénés exige des connaissances
spéciales. Beaucoup d' aliénés ne déraisonnent
pas, presque tous souffrent. (Guislain.) Pour
être utiles aux aliénés, il faut tes aimer beau-
coup et savoir se dévouer pour eux. (Esquirol.)
Jusqu'aux travaux de Pinel sur l'aliénation
mentale , la plupart des aliénés étaient en
quelque sorte abandonnés à. leur malheureuse
ALI
destinée. (Esquirol,) L'habitude de traiter les
fous fait, en général, qu'on voit des aliénés
partout. (L. Plée.) Il a acheté cette maison dans
le but d'en faire un hospice ({'aliénés. (Alex.
Dum.)
— Encycl. Le législateur devait pourvoir
aux intérêts de ceux auxquels l'aliénation
mentale ôte la faculté de se conduire et la
responsabilité de leurs actes. Dans ce but, il a
établi Yinterdiclion. (V. ce mot.) En outre, il
a créé des asiles destinés à la séquestration et
au traitement des aliénés. En vertu d'une loi
promulguée le 30 juin 183S, chaque départe-
ment est tenu d'avoir à sa disposition un éta-
blissement public ou privé affecté spéciale-
ment, en totalité ou en partie, au traitement
des malheureux en état d'aliénation mentale.
Cet établissement est placé sous la surveillance
de l'autorité, et des fonctionnaires de l'ordre
administratif ou judiciaire, chargés de l'inspec-
ter à des époques déterminées, doivent faire
connaître par des rapports circonstanciés le
nombre et la position des aliénés qu'ils ren-
ferment.
Aucun directeur d'asile ne peut recevoir
une personne atteinte d'aliénation mentale ,
si on ne lui remet 1» une demande d'ad-
mission contenant les noms, profession, âge
et domicile, tant de la personne qui' forme la
demande que de celle dont on réclame l'ad-
mission ; 20 un certificat de médecin consta-
tant l'état mental de la personne à placer, et
indiquant les particularités que présente la
maladie, ainsi que la nécessité de faire traiter
la personne^désignée dans un établissement
d'aliénés et de l'y tenir enfermée ; en cas d'ur-
gence, ce certificat n'est point nécessaire ■
30 une pièce propre à constater l'individualité
de la personne à placer. Les aliénés sont pla-
cés dans les asiles par leur famille, ou d'office
lorsque la liberté laissée au malade compro-
mettrait l'ordre public ou la liberté des per-
sonnes. Lorsque l'aliéné est dans une position
de fortune suffisante, la loi met à sa charge
les dépenses faites pour lui dans les maisons
d'aliénés ; dans le cas contraire, ou le dépar-
tement, ou les personnes auxquelles les alié-
nés peuvent demander des aliments, suppor-
tent, avec les communes, lesdites dépenses. Si
une séquestration abusive avait lieu, le pré-
tendu aliéné a le droit de réclamer devant les
tribunaux, qui vérifient les faits et ordonnent
la mise en liberté immédiatement. Des peines
sévères sont portées contre les chefs, direc-
teurs ou préposés responsables qui retien-
nent une personne lorsque sa sortie a été or-
donnée par l'autorité administrative, et celui
de ces préposés qui supprimerait des pièces
ayant pour but de réclamer contre une sé-
questration serait passible d'un emprisonne-
ment de cinq jours à un an et d'une amende
de 50 à 3,000 fr. Pour les biens de l'aliéné, la
loi en confie le soin k ceux qui ont le plus d'in-
térêt à les conserver. Les principaux asiles
publics d'aliénés sont, en France, ceux de
Charenton, de -Biçôtre et de la Salpètrière,
dans le département de la Seine ; d'Angers, de
Bordeaux, Bourges, Dijon, La Rochelle, Lille,
Limoges, Marseille, Nantes, Pau, Rennes,
Rouen et Toulouse. »
L'Eglise regarde comme incapables de par-
ticiper aux sacrements ceux qui ont perdu la
raison ou qui ne l'ont jamais eue. Ls 'baptême
seul peut être accordé aux aliénés, leur état
les plaçant dans les conditions de l'enfance.
ALIÉNER v. a. outr. (a-li-éné— du lat. alie-
nare, rendre autre, à un autre ; formé de alie-
nus, étranger ; \'é fermé du rad. se change en è
ouvert devant une syllabe muette : J'aliène;
qu'ils aliènent, excepté au fut. et a-u condit. :
J'aliénerai; noas aliénerons). Transférer à un
autre une propriété : Les rois ne peuvent alié-
ner les domaines de la couronne. (Lafarg.) Le
mari ne peut aliéner les biens de sa femme
sans son consentement. (Coffin.) Aliéner, c'est
donner ou vendre : or, un homme qui se fait
esclave d'un autre ne se donne pas, il se vend
tout au moins pour sa subsistance. (J.-J. Rouss.)
Une nation peut, quand son salut l'exige, alié-
née une portion de son territoire. (Duclos.)
L'homme ne peut point aliéner sapertonne, ni
sacrifier sa liberté. (Sibour.) Jamais un homme
de lettres «'aliène son droit de propriété sans
répugnance. (F. Deriége.) Il Par ext., Se dit
des choses morales : Une femme mariée n'a pas
seulement engagé sa foi ; elle k aliéné sa li-
berté. (J.-J. Rouss.) Il n'est p&s vrai que
l'homme ou le citoyen puisse aliéner tous ses
droits. (Duclercq.) Le devoir de l'homme est
de ne jamais aliéner sa liberté. (Mesnard.)
Les malheureuses filles aliénaient entre ses
mqins une partie notable de leur liberté. (Balz.)
On lutte contre une armée, et on n' aliène point
devant elle un droit imprescriptible. (A. de La
Fage.) L'esprit humain est arrivé à ce point,
qu'il a beau aliéner sa liberté en principe, il
ne peut {'aliéner en réalité. (G. Sand.)
— Agir de manière à éloigner de soi les
personnes, à perdre leur affection : La cruauté
de Néron lui aliéna l'esprit de tous ses sujets.
(Trév.) /{ a des manières hautes qui aliènent
les esprits. (Acad). Peut-on laisser aliéner
des cœurs qu'on peut gagner à si bas prix.'
(Mass.) Elle aliéna les esprits qu'elle aurait
dû gagner. (Volt.)
— Déranger, troubler, en parlant de l'es-
prit, de la raison : Sa dernière maladie lui a
aliéné l'esprit. (Acad.) L'usage du vin dégrade
l'homme, aliène au moins sa raison pour un
temps, et l'abrutit à la longue. (J.-J. Rouss.)
ALI
203
e habitude
ALIFORME adj. (>-li-for-me — du lat. ala,
aile; forma, formo). Anat. Qui
S'aliéner, v. pr. Etre aliéné : II y a del
biens qui ne peuvent s'aliéner. (Acad.) il Pal
ext. : Chacun de nous pourrait s'aliéner soi-
même, nous ne pouvons aliéner nos enfants.
(J.-J. Rouss.) La loi de la liberté est de ne
s'aliéner jamais. (Mesnard.) Il S'aliéner de,
Se séparer, s'isoler : Toute société partielle,
quand elle est étroite et bien unie, s'aliène de
lagrande. (J.-J. Rouss.) 11 Absol. : Jesaisaussi
n'aliéner, talent sans lequel on ne fait rien
qui vaille. (Dider.)
— Perd™ la bienveillance, l'estime, l'affec-
tion de quelqu'un : /{ s'est aliéné les esprits
par des manières hautaines. (Acad.) Il se disait
qu'en refusant il s'aliénerait à jamais son fils.
(G. Sand.) Cette partie est désobligeante pour
les philosophes : il importe cependant de ne pas
se les aliéner. (Fourier.) Je s" --
peut-être le protecteur. (Alex. "■■
dans cet isolement de l'âme, 1
réserve qui acheva de bi'ali '
mes parents. (G. Sand). Je n
dire alors, de peur d~ -' —
lion. (E. Sue.)
— S'égarer, tourner à la folie : Son esprit
s'aliène. La tète de cet homme s'aliène de
plus en plus. (Acad.)
— Syn. Aliéner, vendre. Tout ce qui s'ap-
précie en argent se vend. On n'aliène que des
fonds, des rentes, des droits, une succes-
— Antonymes. Conserver, garder.
ALIÉNISTE s. m. et adj. (a-li-é-ni-sto —
rad. aliéné). Médecin qui s'occupe spéciale-
ment du traitement des aliénés : La question
du crétinisme, pour avoir été portée sur le ter-
'rain des aliénistes, n'a pas été mieux éclair-
cie. (Ulust.) 11 Qui a rapport à la médecine
aliéniste : Le chiffre toujours croissant des
aliénés ne viendrait-il pas un peu de l'exagé-
ration de la médecine aliéniste? (L. Pléc.)
ALIFÈRE adj. (a-li-fô-re — du lat. ala,
aile; fero, je porte). Entom. Se dit des insectes
qui portent des ailes.
A1.1F1, petite ville du royaume d'Italie, dons
la Terre-de-Labour ; 1,700 hab.; climat très-
malsain. Cette ville, fort ancienne, puisqu'on
la croit fondée par les Osques, est considéra-
blement déchue.
(n,li-
, , .. . a). A
aile : Atuscle, éminence alifi
■dues ALIFORMES.
ALIGÉRE adj. (a-li-jè-re — dulat.a{fl, aile ;
gerere, porter). Qui porte des ailes. Il Surnom
des dieux ailés, l'Amour, Mercure, etc.
AMGIIIEKl. V.'Dantb.
ALIGIIOR ou ALIGIIIIR', ville de l'Indouslan
anglais, dans la présidence de Calcutta, à
80 M. d'Agra. Elle est défendue par une cita-
delle très-forte, que les Anglais prirent d'assaut
ALIGNANT (a-li-gnan, gn mil.) part. prés,
du v. Aligner : /{ a fait son chemin en alignant
des chiffrer
IÉ
gner. 1
direction déterminée : Des arbres s
gneusement alignés. Des rues dont toutes les
maisons sont alignées. Des régiments alignes.
Berlin est une grande ville dont les rues sont
très-larges, parfaitement bien alignées. (Mme
de Staël.) Dans toute l'étendue de la ville, la
Neva est contenue par deux quais de granit,
alignés à perte de vue. (J. de Maistre.) Les
palmiers paraissaient alignés sur la rive,
comme ces avenues dont les châteaux de France
sont décorés. (Chateàub.) Les carrés de son
jardin lui rappelaient les carrés d'hommes
multicolores alignés sur les champs de bataille.
(Balz.) Puis il baissait la tète en marchant,
regardait ces sillons bien» alignés , et se per-
dait dans cette contemplation. (A. de Muss.)
Vois ces plans alignés qu'en géomètre habile,
Demlle.
Déjà le bey superbe a parcoure trois fois
Les rangs des mameluks, alignés a ea voix.
Bauthélemy.
Il Par compar. : La philosophie et la littéra-
ture, en France, à la fin du règne de Napoléon,
avaient été condamnées au silence, ou discipli-
nées et alignées, comme des bataillons soldés,
sous le sabre. (Lamart.)
— Fig. Arrangé avec un soin. minutieux :
Toutes ses phrases sont alignées.
— Vén. Se dit, surtout en parlant du loup,
de la femelle couverte par le mâle.
alignement s. m. (a-li-gne-man, on mil.
—rad. aligner). Action d'aligner; résultat de
cette action : L'alignement d'un mur. L'ali-
gnement d'une plantation d'arbres, d'une allée.
L'alignement de ses prés et des fossés jouxtant
la route* et ses plantations de peupliers l'occu-
pèrent exclusivement. (Balz.) Je me suis mis
dans la rosée jusqu'à mi-jambe pour, prendre
des alignements. (Balz.)
Voirie. Tracé que fait l'autorité admi-
nistrative pour déterminer la largeur de la
voie publique et fixer la ligno sur laquelle
doivent être construits les bâtiments qui bor-
dent les rues et les routes : Cette maison n[est
pas dans {'alignement. Toute construction en
dehors de {'alignement entraine une amende.
En France, l'administration fait dresser de
temps à autre des plans généraux ({'alignement
qui ne sont rigoureusement exigés que pour les
204
ALI
villes. Le principal objet des plans d'ALiOKE-
ment est l'amélioration des voies publiques
existantes. (Gourlie.) Je n'ai pas rencontre'
dans le conseil municipal la plus légère oppo-
sition , quand j'ai proposé de déterminer un
alignement , pour obtenir plus tari des rues
saines, aérées et bien percées. (Balz.)
— Théor. milit. Manœuvre par laquelle on
dispose et met sur une même ligne droite
un certain nombre de soldats : Alignement
sur le centre , sur la droite, sur un bataillon.
Alignement en avant, en arrière. Alignement
épagogique , général , oblique, parallèle. Ali-
gnement défectueux. Après chaque mouvement j
on rectifie f alignement, /.'alignement , dans
une troupe, est la base de l'ordre , et en fait la
principale force. (Courtin.) il Ordre aux soldats
do s'aligner: A droite, à gauche, alignement!
Par file à droite, par file à gauche, sur le
centre, alignement 1
— Chem. de fer. Portion de chemin en ligne
droite.
— Antiq. druid. Suite de menhirs ou de
simplesblocs de pierre formantsoituneligne
unique, soit plusieurs lignes parallèles : Le
Morbihan et le Finistère renferment les ali-
gnements les plus nombreux et les plus consi-
dérables. Certains archéologues prétendent que
les alignements étaient des cimetières où l'on
enterrait les guerriers morts sur le champ de
bataille. Une légende bretonne regarde les ali-
gnements de Carnac comme une armée changée
en rochers par saint Cornilly. (Bachelet.)
Besoin ou le caprice cfes particuliers.L'accrois-
sement de la population et le besoin de com-
munications faciles rendirentnécessaire l'inter-
vention sociale et firent créer des règlements
de voirie. En France, l'alignement des rues et
des routes est confié à des voyers, sans l'auto-
risation desquels on ne peut faire ni construc-
tions, ni plantations sous peine d'amende , de
démolition ou d'arrachement. Dans la plupart
des villes où les constructions primitives ont
été irrégulières, l'alignement se rétablit à me-
sure que les maisons vieillissent, parce qu'on
ne peut les relever qu'en se conformant au
plan de l'autorité administrative. Les pro-
priétaires dont on fait reculer les maisons ont
droit à une indemnité dont les proportions sont
fixées par la loi. Lès premiers actes de l'au-
torité en France pour régulariser les construc-
tions datent de Henri IV, qui publia un édit
sur ce sujet, en 1607. Vinrent ensuite la dé-
claration royale du le juin 1G93. qui constitue
la plus importante partie de la législation ac-
tuelle, les ordonnances de '1765, 1779, 17S3,
1784, les lois de 1789, 1790 et 1791, et enfin le
décret impérial du 16 décembre 1807, qui résu-
ma et coordonna toutes les dispositions anfé-
««"••"<> L'extension donnée depr;° ">»="•'• '»
loi
• l'e:
é partout l'alignement et la
rectification des rues., et permis la transfor-
mation rapide de la plupart de nos villes.
— Art milit. C'est le père du grand Frédéric
qui le premier introduisit dans l'armée l'ali-
gnement successif, individuel et par troupe.
L'officier qui veut aligner un corps de troupes
place quelques hommes échelonnés (guides)
qui lui servent comme de jalons et qui rentrent
ensuite dans les rangs. L'alignement parfait
est impraticable devant l'ennemi, à cause de
l'inégalité du terrain, et parce qu'on n'y peut
parvenir qu'aux dépens de' la rapidité des
aligner v. a ou tr. (a-li-gné, gn mil. —
du lat. ad, suivant; linea, ligne). Disposer,
ranger d'après une ligne donnée et presque
toujours en ligne droite : Aligner des arbres.
Aligner des maisons. Aligner des régiments.
Aligner des navires. Aligner un chemin,
tes allées d'un parc. L'habitude où nous soin-
mes ^'aligner les allées de nos jardins, d'c-
quarrir nos parterres, etc., nous accoutume à,
considérer tout ce qui s'écarte de notre équerre
comme livré à la confusion. (B. de St-P.)
— Fig. : Pensee-vous pouvoir aligner toutes
lés intelligences comme un plant d'arbres?
(Dider.) '
■— Par ext. Compasser, soigner jusqu'à
l'affectation : Aligner ses phrases, ses mots.
Aligner ses périodes! Singulière chose que
d' aligner des phrases! (Mercier.) Il est aussi
facile d'ALiGNER des hémistiches que de mar-
cher dans uni ornière appuyé de deux béquilles.
(St-Lambert.) Du reste, il était assez bon éco-
lier, il alignait correctement des vers latins.
(L. Gozlan.) C'est un grand amateur de vers
latins, et le plaisir <f aligner des hexamètres
le tente comme tous les autres tours de force
de ce genre. (Journ.)
— Aligner des hémistiches, Faire des vers.
[I A ligner des chiffres, des comptes t Faire de
l'arithmétique, de la comptabilité : Quand
j'aurai aligné des chiffres pendant vingt-cinq
— Vén. Couvrir, saillir : Aligner une fe-
melle. Le loup aligne la louve. Le cerf aligne
la biche.
— Mar. Disposer certaines parties du na-
vire, telles que sabords, bauquières, précein-
tes, suivant une ligne donnée, qui est droite
ou courbe, selon les circonstances.
S'aligner, v. pr. Se ranger, être rangé en
ligne droite : Le bataillon s'est aligné en un
clin d'aril. (Acad.) Tous les i
ALI
toires s'alignaient, propres et peints, sous un
vaste hangar. (E. Sue.) L'heure du festin venue,
les deux convives arrivèrent, prirent place, et les
mets s'alignèrent sur la table. (Alex. Dura.)
Ces nouvelles recrues prirent les armes et s'a-
lignèrent tant bien que mal. (L.-J. Larcher.)
n bel ui
le drapeau,
— Par êxt., en parlant du style : Sous la
plume de Th. Gautier, les mots marchent en
cadence et s'alignent en phrases éclatantes,
escadrons volants tout resplendissants d'éclairs
ci de panaches. (Edm. Texier.)
— Pop. Se mettre en face d'un autre pour se-
battre, pour se gourmer : Vous saves que je
cherchais un individu en retard avec lequel je^
devais m'aligner. (Scribe.) Il ne s'inquiétait
pas d'avoir à s'aligner le lendemain devant un
homme, à regarder froidement la bouche d'un
pistolet dirigé sur lui. (Balz.) A la suite d'une
bisbille, ils sont descendus et se sont alignés.
(J.Arago.)
ALIGNEUR, EUSE s. (a-li-gneur, eu-ze,
gn mil. — rad. aligner). Celui, celle qui aligne.
Il ne s'empl. guère qu'au fig. et par dénigr. :
Les publicistes avaient remplacé les marquis de
l' Œil-de-bœuf ; les poètes eux-mêmes cédaient
le pas aux aligneurs de phrases et de do-
léances politiques. (Rog. do Beauv.) Tout con-
scrit de dix-huit ans, alignëur d'alexandrins,
faisait la ffenriade. (Méry.)
ALIGNOIR OU ALIGNONET S. m. (a-H-gllO-
ar, gn mil. — rad. aligner). Techn. Instrument
en forme de coin qui sert à fendre les blocs
d'ardoise.
alignole s. f. (a-li-gno-le, gn mil.) Pèch.
Filet en forme de nappe dont on se sert dans
la Méditerranée pour prendre les thons, les
espadons, etc.
ALIGNONET (a-li-gno-nè, gn mil.). V. Ali-
gnoir.
ALIGNY (Claude-Félix-Théodore Caruelle
d'), paysagiste français, né à Chaume (Nièvre)
en 1798, élève de Watelet et de Regnault, dé-
buta au salon de 1822" par un paysage histori-
que : Daphnis et Chloé. A dater de cette épo-
que, tous ses efforts semblent avoir eu pour
but la régénération d'un genre qui a été porté
si haut par Nicolas Poussin, et que les Valen-
ciennes, les Watelet, les Bertin, les Bidauld,
avaient rabaissé, par l'abus du poncif, à des
compositions d'une trivialité mesquine, d'une
froideur et d'une monotonie insupportables.
M. Aligny échappa, par l'élévation de ses
idéeSj à. l'influence de 1 école académique d'où
il était sorti, mais ce ne fut point pour aller
grossir les rangs de l'école naissante du néo-
réalisme : il resta obstinément attaché à. ce
qu'on est convenu d'appeler le style, et qui
n'est autre chose qu'une savante combinaison
des lignes, une disposition harmonieuse des
masses; mais, au lieu de travailler comme ses
maitres, d'après des types conventionnels, il
se mit sérieusement à étudier la nature, à y
chercher les plus nobles sites, les plus beaux
horizons, à y choisir les arbres les plus élé-
gants, les rochers les mieux assis et les mieux
troupes. On ne peut nier qu'il n'ait déployé
ans cette recherche un vif sentiment du beau,
un goût pur et sévère, et qu'il n'ait réussi à
produire des compositions d'un grand carac-
tère, d'une poésie grave et recueillie. Malheu-
reusement, dans l'exécution, il est presque
toujours trahi par son pinceau : il manque
complètement de ces qualités pittoresques que
l'on prise aujourd'hui par-dessus tout ; c'est
un sculpteur encore plus qu'un peintre, a dit
de lui Th. -Gautier, et, en effet, ses paysages,
touchés avec une extrême fermeté, sobres de
détails et de nuances, font l'effet de bas-reliefs
antiques : la vie n'y est pas. Quoiqu'il en soit,
M. Aligny est un artiste distingue, sérieuse-
ment épris de l'idéal, plein de science et de
volonté, qualités plus rares aujourd'hui qu'on
ne pense. Il a pris part, depuis 1822, à presque
toutes les expositions. Celles de ses œuvres
qu'on a le plus remarquées, sont la Persécution
contre les Druides et le Souvenir des environs
de Naples (1831); les Carrières de grès de
Fontainebleau (1833); la Vue de Ponte-Luppo
(1834) ; une Vue prise à Civitella (1835) ; Prc~
méthée sur le Caucase, V Apparition de Jésus
aux disciples d'Emmaûs (Musée de Besançon)
et Y Entrelien de Jésus avec la Samaritaine,
trois de ses meilleurs ouvrages, qui lui ont
valu la médaille de ire classe en 1837 ; la Mort
de Duguesclin, commande du ministère de l'in-
térieur (1838); une Vue de la Campagne ro-
maine (1839) ; la Vue de Capri (1841) : Hercule
combattant l'hydre (1842) ; une Vue de l'Acro-
pole et le Bon Samaritain (1844); une Vue
prise à la Serpentera (1846) ; Bacchus enfant
(1848); le Chemin de la Gorge - aux - Loups
(1852); une nouvelle Vue de l Acropole et la
Cour d'un couvent du Pentélique (1853) : la Ta-
rentelle, le Soleil couchant dans la forêt de
Fontainebleau, et deux Vues prises dans le
parc de Mortefontaine (1859) ; les Baigneuses
et le Tombeau de Cecilia Melella (i86i) ; le
Printemps (1863). A l'exposition universelle de
1855, M. Aligny a envoyé quelques-uns de ses
tableaux qui avaient eu le plus de succès aux
salons précédents, notamment la Vue de l'A-
cropole et le Prométhée. Il a exposé aussi, à
diverses époques, des dessins & la plume, des
fusains, et, en 1846, huit eaux-fortes représen-
tant des sites de la Grèce et de l'Italie. Nommé
directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon,
ALI
en 1861, il a été élu, peu de temps après,
membre correspondant Je l'Institut.
ALI GRE (Etienne d'), chancelier de France,
né à Chartres en 1559, mort en 1035, obtint
les sceaux en 1624, et le titre de chancelier à
la fin de la même année. Peu de temps après,
il fut obligé de se retirer dans ses terres; lais-
sant la réputation d'un ministre faible et timide,
mais d'un des plus honnêtes hommes de la robe.
— Son fils, Etienne d'Aligre, né en 1592, mort
en 1677, fut aussi garde des sceaux (1672) et
ensuite chancelier. C'était un magistrat intègre
et éclairé.
ALIGNE (Etienne François d'), descendant
des précédents, premier prèsidentau parlement
de Paris, né en 1726, mort en 1798. A la veille
de la Révolution, il se montra opposé à la con-
vocation des états généraux, fut arrêté le jour
de la prise de la Bastille, et sauvé par un de
ses anciens domestiques. 11 émigra et mourut
à Brunswick.
alikoudi s. m. (a-li-kou-di). Bot. Plante
d'Afrique, avec laquelle les nègres tissent des
étoffes.
ALIME s. m. (arli-me — du gr. alimos, ma-
rin). Crust. Genre de crustacés renfermant
un petit nombre d'espèces, qui habitent les
mers équatoriales.
ALIMENT s. m. (a-li-man — lat. alimentum,
même sens). Toute substance susceptible
d'être digérée, et de servir ainsi de nourri-
ture : Aliment sain, malsain. Aliment léger,
substantiel. Prendre des aliments. Se priver
des aliments nécessaires. Le pain est 2'aliment
qui sert de base à tous les autres. L'avoine est
le meilleur aliment du cheval. (Trév.) L'homme
a besoin de chaleur et ^'aliments pour se nour-
rir. (Pasc.) L'intempérance change en poisons
mortels les aliments destinés - '-
(Buff.) La santé du corps fait
trouver bons les aliments les plus simples.
(J.-J. Rouss.) On peut juger du caractère des
nations par les aliments dont elles font le plus
d'usage. (J.-J. Rouss.) On se rend plus propre
aux travaux de l'esprit par l'usage ou la sup-
pression de certains aliments. (Cabanis.) La
nature des aliments n'influe pas seulement sur
l'état physique de l'homme, elle modifie puis-
samment son caractère et ses mœurs. (Andral.)
Des aliments légers, digestibles, transpirables
facilement, rendent la peau douce. (Virey.) Les
populations des contrées froides consomment
une quantité considérable d ! aliments. (Maury.)
Les instructions données aux généraux inspec-
teurs militaires, leur enjoignent l'examen par
eux-mêmes des aliments d'ordinaire. (Gén.
Bard.) Les haricots verts sont une friandise, et
non un aliment. (Raspail.) Les aliments plas-
tiques ou constituants sont destinés à réparer
nos tissus. (F. Pillon.)
— Par ext. Tout ce qui sert à entretenir une
chose, à la faire subsister : L'eau est le prin-
cipal aliment des plantes. (Trév.) Le bois est
/'aliment du feu. (Acad.) L'air est i' aliment
de la respiration. (Chaptal.)
Qu'importe à vous, b. moi, que ce' vil vêtement
Lamartine.
De nouveaux rejetons qui, comme autant de bouches,
Attirent l'aliment et forment '- ,;
, au prir
— Fig. et moralem. Ce qui sert à nourrir,
à développer les facultés intellectuelles ou
morales, les passions, les sentiments, etc. :
La vanité est i' aliment cfes sots. (La Bruy.)
Z'aLiment de l'âme, c'est la vérité et la justice.
(Fén.) L'inquiétude, la jalousie, les querelles,
tes raccommodements, les dépits, sont les ali-
ments de l'amour. (Ninon de Lenclos.) La li-
berté est un aliment efe 6on suc, mais de forte
digestion; il faut des estomacs bien sains pour
le supporter. (J.-J. Rouss.) La vanité se repait
des aliments les plus grossiers. (Mariv.) Que
l'esprit humain a de peine à se détacher des
affaires, quand une fois elles ont servi d'kiA-
ment à son inquiétude.' (Volt.) Tout ce que
l'homme a de céleste ne trouve cZ'aLiment que
dans le ciel. (Balz.) Les sciences sont un ali-
ment qui enfle ceux qu'il ne nourrit pas.
(Joubert.) // n'est pas ^'aliment si grossier
dont la vanité ne se repaisse. (A. Fée.) Ni son
instruction, ni ses souvenirs ne sauraient four-
nir à l'homme un aliment convenaâle. (Alibert.)
Il faut un aliment aux âmes fortes. (Bcyle.)
Le mal est un aliment que .la conscience ne
saurait digérer. (E. Alletz.) L'hommcne peut se
passer de /'aliment des superstitions, (L. Fi-
guier.) C'est le propre de l'erreur de s épuiser
vite, de reconnaître des bornes, et dépérir bien-
tôt faute ^'aliments. ( Proudh.) L'illusion est
le véritable aliment de la vie. (A. Kari.) L'a-
mitié n'est point un aliment propre à tous les
tempéraments. (Bonnih.)
ALI
participons par la communion. (Bourdal.l Pa-
ument de votre âme le plus salutaire, c est le
sacrement de Jésus-Christ. (Bourdal.)
— Au pi. Jurispr. Ce qui est nécessaire à la
nourriture, au logement et à l'entretien d'une
personne : Si la loi déclare qu'il n'est point dû
«'aliments auûlsmaieur, elle met les tribunaux
dans l'impossibilité a' en adjuger. (Napol. Ier.)
Les aliments ne sont accordés que dans la pro-
portion du besoin de celui qui les réclame avec
la fortune de celui qui les doit. (Coffinières.)
— Encycl. Physiol. En physiologie, on ap-
pelle aliment toute substance qui, introduite
dans l'appareil digestif, doit fournir les élé-
ments de réparation de nos tissus et les maté-
riaux de la chaleur animale. ■ Si l'accroisse-
ment du corps, le développement de ses
organes , la reproduction de l'espèce , dit
Liebig, se font par les éléments du sang, il est
évident qu'il n'y a que les matières contenant
les éléments du sang sous une forme propre à
la sanguification qui puissent être considérées
comme aliments. » Aussi peut-on dire que le
caractère essentiel de Yaliment, c'est d'être
identique à. l'un des principes constituants dn
sang, ou de pouvoir être transformé par la di-
gestion en l'un de ces principes.
Au point de vue des besoins qu'ils sont desti-
nés à satisfaire, les aliments se divisent en bois-
sons, qui étanchent la soif, et aliments propre-
ment dits, qui répondent au sentiment de la
faim. Cette distinction ne saurait être rigou-
reuse dans l'application, car il y a beaucoup de
substances qui, tout en assouvissant la faim,
étanchent aussi la soif, et réciproquement. D'a-
près leur état physique, les aliments peuvent
être distingués en liquides et solides; cette dis-
tinction n'a d'importance qu'au point de vue des
phénomènes mécaniques de la digestion. Au
point de vue de leur origine, on peut les diviser
en aliments d'origine minérale (eau, sel marin),
-d'origine végétale (fruits), et d'origine ani-
male (lait). Les aliments dont les animaux et
l'homme font usage sont presque tous de na-
ture organique ; les uns se nourrissent exclu-
sivement des produits naturels végétaux ; les
autres subsistent aux dépens des herbivores ;
il en est qui puisejit leurs aliments dans les
deux règnes : tel est l'homme. Les aliments
d'origine animale dont l'homme fait le plus
fréquemment usage sont : les viandes propre-
ment dites, la volaille, le gibier, les poissons
de mer et les poissons d'eau douce, les mollus-
ques et les crustacés, le lait et les œufs, etc.
Les aliments d'origine végétale les plus répan-
dus sont : les céréales, le sarrasin, les pommes
de terre, les châtaignes, les légumes, les
herbes potagères, les fruits, etc.
Tous ces aliments offrent une composition
complexe, et sont réductibles en principes im-
médiats qu'on peut appeler principes ali-
mentaires. Les principes alimentaires ou ali-
ments simples sont ordinairement partagés,
au point de vue chimique, en trois classes
distinctes : 10 les aliments albuminoïdes ou
protéiques, renfermant constamment/les quatre
éléments chimiques : carbone, azote, hydro-
gène et oxygène (albumine, fibrine, ca-
séine) ; S" aliments amylo-sucrés, se repré-
sentant dans leur composition par du car-
bone et de l'eau , et contenant ainsi trois
éléments ( fécules , gommes , sucres) ; 3° ali-
ments gras , se représentant dans leur com-
position par du carbone et de l'hydrogène,
associés à une quantité minime d'oxygène
(beurres, huiles, graisses). Les aliments sim-
ples des deux dernières" classes sont souvent
désignés sous le nom d'aliments non azotés,
par opposition à ceux de la première, que Von
appelle aliments azotés.
Sous le rapport de leur destination phy-
siologique, Liebig a "réparti les aliments en
deux groupes : aliments plastiques, aliments
respiratoires. Dans le premier groupe, il range
les substances azotées animales et végétales ;
dans le second, la graisse, l'amidon, les sucres,
le vin, l'eau-de-vie, etc. Selon lui, les ali-
ments plastiques sont exclusivement destinés
à la rénovation de nos tissus; les aliments
respiratoires sont brûlés par l'oxygène que la
respiration introduit dans l'organisme, et ré-
duits en acide carbonique et en eau ; ils servent
uniquement à produire la chaleur animale.
M. Michel Lévy distingue les aliments en
aliments complets et aliments incomplets. Les
premiers subviennent à toutes les fonctions
d'hématose directe et indirecte ; ils fournissent
non-seulement les éléments nécessaires an re-
nouvellement et à l'accroissement de la char-
pente osseuse, des solides mous et des liquides
organiques, mais encore les matériaux des
sécrétions et ceux de ta combustion qui pro-
duit la chaleur animale ; ils contiennent par
conséquent des aliments plastiques , des ali-
ments respiratoires et des sels, tels que le sel
marin, le phosphate de chaux, etc. La nature
nous présente le type de l'aliment complet
dans 1 œuf et dans le lait. Les aliments incom-
plets ne sustentent que quelques fonctions,
et s'ils sont employés seuls, les autres fonc-
tions, qui ne trouvent pas dans ce régime les
matériaux nécessaires à leur activité, les em-
pruntent à. l'organisme lui-même ; de là l'impos-
sibilité d'entretenir la vie en donnant seu-
lement soit des aliments azotés, comme la
fibrine, l'albumine, soit des aliments non azo-
tés, comme le sucre, la gomme, le beurre ; de
ALI
là. la nécessité d'associer les divers principes
alimentaires pour transformer des aliments
incomplets en aliments complets.
Requin et M. Rostan distinguent, au point
de vue hygiéniquo, sept classes d'aliments :
lt>les aliments rafraîchissants, 2° les aliments
relâchants et peu réparateurs, 3° les aliments
relâchants, mais réparateurs , 4° les aliments
toniques et médiocrement réparateurs, 5° les
aliments moyens, 0» les aliments très-répara-
teurs et toniques, 7<> les aliments spécifiques.
Dans les aliments rafraîchissants, ils placent
les fruits acidulés, oranges, groseilles, pom-
mes, raisins frais, fraises, framboises, etc ;
dans les aliments relâchants et peu répara-
teurs, les gelées végétales, les corps gras, le
miel, le lait, etc. ; dans les aliments relâchants,
mais réparateurs, les chairs des jeunes ani-
maux, les tissus animaux purement gélati-
neux, les poissons à chair blanche et légère,
le fromage frais, etc. ; dans les aliments toni-
niques et médiocrement réparateurs, les végé-
taux où domine un principe amer, le sucre, les
fruits secs, etc. : dans les aliments moyens,
les diverses fécules ; dans les aliments très-
réparateurs et toniques, les viandes de bœuf,
de mouton, de porc, etc., les poissons à chair
dense et serrée, les œufs, les champignons ;
dans les aliments spécifiques, c'est-à-dire qui
se font remarquer par une action particulière
sur tel ou tel appareil, l'asperge, l'oseille, les
truffes, etc.
Une distinction que tout le monde fait est
celle des aliments légers, qui se digèrent
sans fatigue, et des aliments lourds, dont
la digestion est lente et pénible. Au nombre
des aliments légers, il faut mettre la volaille,
les œufs frais à moitié cuits, le lait de vache,
la plupart des poissons cuits à l'eau, les as-
perges, les artichauts, etc. Dans les aliments
lourds se rangent la chair de porc et de san-
glier, les salades, le pain tendre, la pâtisserie,
les choux, la graisse, les haricots, etc.
— Art culin. L'homme consomme rarement
les aliments que lui fournissent le règne ani-
mal et le règne végétal, sans les soumettre
par avance à un certain nombre de prépara-
tions. L'art culinaire, art hygiénique, est des-
tiné, dans le sens le plus général du mot, à
favoriser le travail de la digestion. Il consiste
essentiellement , d'une part , à, attendrir, à
amollir les substances alimentaires au moyen
de la cuisson; de l'autre, à ajouter à un ali-
ment des condiments propres à flatter le goût
et à stimuler l'estomac. Les divers modes de
cuisson sont le rôtissage, la cuisson à l'aide
de l'eau, la cuisson à l'aide des corps gras. La
cuisson concourt avec la fermentation pour
préparer le premier et le plus important de
nos aliments, le pain. — Les matières alimen-
taires étant toutes de nature végétale ou ani-
maient, partant, plus ou moins sujettes à la fer-
mentation putride, on a imaginé divers moyens
de prévenir le mouvement intestin qui les dé-
compose et les corrompt. Les plus ordinaires
de ces moyens sont la dessiccation, la cuisson,
le manque d'air, l'emploi du sel, celui des
acides et celui de l'alcool. V. Conserve.
. — Jurispr. Sous le nom H'aliments, on com-
prend , en jurisprudence , non-seulement la
nourriture, mais aussi toutes les choses néces-
saires à la vie, comme le vêtement, le loge-
ment, les soins et les frais en cas de maladie.
L'obligation légale de payer des aliments dé-
rive principalement de la naissance et du ma-
enfants, de leur côté, sont dans l'obli^
subvenir à l'alimentation et à l'entretien de leur
père, de leur mère et autres ascendants, lors-
que ceux-ci ont besoin de secours. Les époux
sont dans l'obligation mutuelle de se fournir
des aliments. Du reste, les aliments ne sont
accordés que dans la proportion des besoins de
celui qui les réclame et de la fortune de celui
qui les doit. Presque toujours, celui qui doit
des aliments est condamné à payer a celui
qui les réclame une pension suffisante pour
fournir h ses besoins ; mais les tribunaux sont
autorisés, dans certains cas, à ordonner que
la partie qui doit les aliments recevra dans sa
demeure , nourrira et entretiendra la partie
qui est fondée à les réclamer.
— Syn. Aliment, nourriture, subsistance.'
Subsistance exprime une idée qui n'est pas
d'une application immédiate : Pourvoir à la
subsistance d'une famille, d'une armée. L'ali-
ment est la chose qu'on mange. La nourriture
désigne une action générale dont Yaliment est
ou fournit la matière particulière : La raison
souveraine nous a forcés, par le plaisir et par
la douleur, à désirer la nourriture, sans la-
quelle nos corps périraient ; elle a.mis dans les
aliments qui nous sont propres une force pour
nous attirer. (Boss.)
— Epithètes. Savoureux, substantiel, nour-
ricier, solide, tonique, fortifiant, doux, agréa-
ble, flatteur, recherché, choisi, délicat, exquis,
ample, copieux, abondant, inutile, superflu,
modeste , frugal , champêtre , rustique, gr - "~ ' ~ -
vil, corrompu, rebutant, dégoûtant, débilitant.
— Noble, généreux, actif, puissant, iaible,
insuffisant, vain, inutile.
alimentaire adi. (a-li-man-tè-re — rad.
aliment). Qui est de la nature des aliments,
qui est propre à servir d'aliment : Plante, ra-
cine alimentaire. Toute substance nutritive en
général n'est pas pour cela alimentaire en
particulier. (Raspail.) La feuille du mûrier
ALI
n'est pas aliment aire pour la chenille du bom-
byx cossus, qui corrode nos troncs d'orme.
(Raspail.) Aucune substance acre, aromatique,
amère, saline, n'est alimentaire. (Fourcroy.)
A chaque pas que nous faisons vers l'été, le
cercle de nos jouissances alimentaires se ré-
trécit. (Grimod.) Le sucre est, de toutes les
substances alimentaires, celle qui flatte le plus
le goût, non-seulement chez l'espèce humaine et
à tout âge, mais aussi chez les animaux qui ne
sont pas exclusivement carnivores. (Ch. Blanc.)
— Physiol. Qui a rapport à la nutrition, à
l'alimentation du corps : Science, économie
alimentaire. Régime alimentaire. Il Tube,
canal, conduit alimentaire, Le tube, le canal
digestif. .
— Société alimentaire , Société qui s'est
donné pour mission de fournir des aliments à
bon marché aux classes laborieuses : telle
est, à Paris, la Société philanthropique. Il
Pâtes alimentaires, Pâtes préparées le plus
ordinairement pour potages, comme maca-
roni, vermicelle, semoule, tapioca, etc. : La
fabrique des pâtes alimentaires est devenue
une des branches importantes de l'industrie pa-
risienne. (P. Picard.)
— Mécan. Se dit des parties d'une machine
qui contribuent à l'alimentation de la chau-
dière : Pompe alimentaire. Tuyau alimen-
taire, tl Appareil alimentaire, L'ensemble de
ces parties.
— Droit rom. Loi alimentaire. Loi qui obli-
geait les enfants à fournir les aliments à leur
père, à leur mère, et à les entretenir.
■ — Jurispr. Pension alimentaire , Pension
fournie en argent ou en nature par celui qui
doit des aliments, et en vertu d'un jugement
ou d'un commun accord. Les demandes en
pension alimentaire sont toujours jugées
comme matières sommaires, c'est-à-dire avec
la plus grande célérité et les formalités les
moins nombreuses. Les pensions alimentaires
sont de leur nature incessibles et insaisissa-
bles, si ce n'est toutefois pour cause d'une
autre dette alimentaire. Il Provision alimen-
taire, Somme attribuée par les juges, jusqu'à
l'issue du procès, à celle des parties qui ré-
clame des aliments.
ALIMENTANT part. .prés, du v. Alimenter.
alimentateur, trice adj. (a-li-man-
ta-teur, tri-se — rad. aliment). Néol. Qui ali-
mente, qui nourrit : Substance alimentatrice.
(Sardou et Pradel.)
alimentation s. f. (a-li-man-ta-si-on —
rad. alimenter). Action de nourrir, de se
nourrir ; résultat de cette action : Substituer
un mode ^'alimentation à un autre. (Acad.)
L'alimentation doit être, partout et toujours,
proportionnée à la dépense générale de l'éco-
nomie. (L. Cruveilhier.) Tout individu qui s'a-
limenterait exclusivement de pain ne tarderait
pas à ressentir les désastreux effets de I'ali-
mentation insuffisante. (L. Cruveilhier.) Il
est plus facile à l'homme de se passer dune
bonne alimentation que d'un air salubre. {L.
Cruveilhier.) Il est clair que ^'alimentation
qui convient à l'un peut être souverainement
nuisible à l'autre. (Ch. Baude.) Il y a une moi-
tié du peuple français dont ^'alimentation
n'est pas suffisante au gré de l'hygiène. (Mich.
Cliov.) On calcule qu'il faut trois hectoli
autre éducation, une autre médecine.
(Miciielct.) La respiration et ^'alimentation
réunies fournissent au corps tous les matériaux
nécessaires à son entretien. (Edwards.) h On
dit quelquefois alition.
— Par ext. Approvisionnement renouvelé
des choses nécessaires : /.'alimentation d'un
marché, d'une ville, de la halle au blé.
— Mécan. Alimentation d'une machine à va-
peur, Renouvellement de l'eau dans la chau-
dièro à mesure qu'elle s'y transforme en
vapeur.
— Agric. Alimentation des plantes, Action
de fournir tout ce qui est nécessaire à leur
conservation et à leur accroissement.
— Encycl. L'alimentation est dite animale
ou végétale, selon que les aliments sont tirés du
règne végétal ou du règne animal. Les hommes
peuvent entretenir leur vie en se bornant soit
à l'une, soit à. l'autre alimentation; mais le
régime qui convient le mieux à leur santé est
un régime mixte, où la viande est associée aux
végétaux. Employée exclusivement, l'alimen-
tation animale, qui nous donne la matière nu-
tritive à son plus haut degré de concentration,
engendre la pléthore, dispose auxphlegmasies,
aux sécrétions anormales des reins et de la
peau. L'usage' exclusif des aliments végétaux
produit les flatuosités, la dyspepsie, la sur-
charge graisseuse, la faiblesse musculaire.
L'alimentation excessive détermine la pré-
pondérance des viscères digestifs sur les au-
tres organes de l'économie, produit les hé-
morroïdes , la disposition aux hémorragies
actives, aux congestions cérébrales, aux aflec-
tions goutteuses et calculeuses, à l'obésité.
L'alimentation insuffisante amène l'affaiblis-
sement général, l'anémie, la disposition a l'in-
filtration œdémateuse et aux hydropisies des
séreuses ; elle détermine identiquement les
mêmes effets, sauf le temps nécessaire, que
l'abstinence absolue.
alimentativité s. f. (a-li-man-ta-ti-vi-
té — rad. aliment). Phrén. Instinct, prédis-
position qui porte les individus à rechercher
ALI
205
c sensualité les aliments, il On dit aussi
alimenté, ée (a-li-man-té) part. pass.
du v. Alimenter. Fourni d'aliments : Vieillard
alimenté par ses enfants, il Entretenu, appro-
visionné-de tout ce qui est nécessaire : Mar-
ché bien, mat alimenté. On lac alimenté par
des neiges a des couleurs d'opale et une trans-
parence qui en font un vaste diamant. (Balz.)
L'armée, en 1793, a été longtemps alimentée
par les cent bataillons qui sortirent des écoles
militaires. (Napol. I".) Il faut qu'une chau-
dière soit constamment alimentée pour que
ses parois ne soient pas exposées au feu et dé-
truites par des déchirures. (Peclet.)
— Fig. : Passion alimentés par les obsta-
cles. Guerre civile alimentée par les ennemis
de l'extérieur. Des haines alimentées par
l'opposition des intérêts. (Littré.)
ALIMENTER v. a. ou tr. (a-li-man-té —
rad. aliment). Nourrir ; fournir les aliments
nécessaires : Alimenter un enfant , un vieil-
lard. Alimenter une famille, une population.
Alimenter les pauvres, il Approvisionner: Ali-
menter un marché. Ce sont les vivres expédiés
tous les jours de la province qui alimentent
les halles centrales de Paris.
— Par anal. Alimenter des végétaux, des
plantes, etc., Fournir les choses nécessaires à
leur développement, à leur conservation :
Les sucs de la terre alimentent les végétaux.
Il Entretenir, fournir de tout ce qui est néces-
saire pour qu'une chose puisse exister, fonc-
tionner : -Alimenter le feu. Les ri- - •--
mentent les rivières, les rivières
les fleuves. C'est l'eau de ce puits qui
la chaudière. Les demandes de l'étranger suf-
firaient pour alimenter leur commerce. Ils
nourrissent des moutons, dont la laine ira ali-
menter les manufactures et pourvoir les mar-
chés. (Blanqui.) Une source ne vient pas ali-
menter la fontaine, assainir le lavoir, sans que
la santé du peuple des campagnes y gagne.
(Lélut.) Ma famille tenait à me faire renoncer
aux carrières que l'Ecole polytechnique alimen-
tait. (Arago.).
— Fig. : Alimenter l'esprit , les passions.
Alimenter les vertus, etc. L'art social a besoin
de mettre en mouvement des intérêts animés'
pour alimenter lavie humaine. (M>"<> de Staël.)
Privé de la nourriture qui le doit alimenter, le
cœur se dévore lui-même. (Balz.) L'absolu-
tisme ne serti qu'à alimenter tes révolutions.
(Proudh.) La politesse, chez une maitressè de
maison, consiste à alimenter la conversation
et à ne jamais s'en emparer. (M"* Swetchine.)
Souvent, aux rayons de l'astre qui alimente
les rêveries, j'ai cru voir le génie des souvenirs
tout pensif à mes cotés. (Chatcaub.) L'instruc-
tion alimente l'esprit, l'éducation nourrit
l'âme. (Cormenin.) ,,
De L'amour dans nos coeurs alimentons la flamme.
— Jurispr. Fournir des aliments ou une
pension alimentaire.
— S'alimenter, v. pr. Se nourrir ; tirer sa
subsistance de : Les ouvriers ont besoin de
s'alimenter en raison de la fatigue qu'ils
éprouventt Tout individu qui s'alimenterait
exclusivement de pain ne tarderait pas à res-
sentir les désastreux effets d'une alimentation
insuffisante. (Cruveilhier.) L'homme ne s'ali-
mente que par la destruction. (G. Sand.)
— Fig. : La révolte s'alimente de la faim
des révoltés, il semblait que son désir de ven-
geance s'alimentait de toutes ces insultes.
(Tliiers.) Les désirs ne s'alimentent que d'es-
përçince. (L.Viardot.) Saint-Lambert manquait
des sources vraies où s'alimente le genre de
poésie naturelle qu'il cultivait. (Ste-Bcuve.)
— Antonymes. Détruire, étouffer, miner,
ronger, ruiner, saper.
ALIMENTEUX, EUSE adj. (a-li-man-tcu,
cu-ze — rad. aliment). Ane. méd. Qui a des
propriétés alimentaires : Il y a des chairs qui
ont un jus fort alimenteux. (Furet.) n Ce mot
appartient surtout à notre vieille langue :
Les remèdes propres aux ulcères de l'estomac
doivent être médicamenteux et alimenteux.
(Paré.) Paracslse, médecin allemand, a guéri
grand nombre de ladres par te moyen de l'or
potable, combien qu'il soit fâcheux à croire
que l'or soit médicamenteux et alimenteux.
(xvie siècle.)
alimentivite s. f. (a-li-man-ti-vi-té.
V. Alimentativité.
ALIMOCHE s. m. (a-li-mo-che). Ornith. Le
vautour à tête blanche.
ALINANT (a-H-nan) part. prés. duv. Aliner.
ALINE (sainte), vierge et martyre,. en 640.
Honorée le 19 juin.
Aline, reine de Golconflo, opéra-ballet en
trois actes, musique de Monsigny, paroles de
Sedaine, représenté le 15 avril 1766. Un conte
de Boufflers avait fourni le sujet b. Sedaine,
mais les parolesdevaientréussir moins bien sur
lascène qu'à la lecture. Du reste, la musique de
ce ballet héroïque n'était pas tellement remar-
quable que celle du Déserteur ne fût de nature
à la faire promptement oublier. Berton com-
posa aussi sur le même sujet un opéra-co-
mique, qui fut représenté en 1803. La musique
eut du succès, et fut arrangée en ballet, vingt
ans plus tard, par G. Dugazon. Ce ballet fut
représenté k 1 Académie royale de musique, le
1er octobre 1823.
ALINE, ÉE (a-li-né) part. pass. du v. Aliner.
ALINÉA s. m. (a-li-né-a — du lat. a, de,
depuis; linea, ligne). Loc. adv. qui signif. A
la ligne. S'emploie quand on dicte à une per-
sonne, pour 1 avertir qu'elle doit quitter, la
ligne ou elle en est pour en commencer une
autre au-dessous. Dans ce sens, ce mot a
vieilli, et s'écrivait ainsi : a linéa.
— s. m. La ligne elle-même que l'on com-
mence après avoir quitté la précédente, et qui
rentre ou ressort de celle-ci : Lises jusquau
premier alinéa. (Acad.) Des chapitres ou des
alinéa semblaient indiqués par des caractères
tracés en rouge. (Th. Gaut.) La première page
qu'écrivit Valentin était un peu froide et beau-
coup trop lisible ; les virgules s y trouvaient à
leur place, les alinéa bien marqués; toutes
choses qui prouvent peu d'amour. (A. do Mus-
set.) il Le passage, lo paragraphe lui-même
jusqu'à un alinéa suivant : J'ai marqué tous
tes alinéa jut m'ont le plus frappé. Certains
journalistes abtisent des alinéa. Les alinéa
répétés accusent la prétention à.l'abondance et
à la variété des idées. Les Paroles d'un croyant
abondent en alinéa. Le premier alinéa de ce
chapitre est fort long. (Acad.) Les alinéa de
la feuille provinciale n'avaient jamais jeté au-
cun trouble dans l'âme de ce rédacteur. (Journ.)
Quoiqu'il commence presque tous les alinéa de
ses discours par celte formule : Permettez-moi,
messieurs; ou : Je vous demande pardon, il se
passe très-bien de la permission, et il sa croit
fort au-dessus du pardon des personnes. (Cor-
menin.) n PI. des alinéa, excepté en poésie,
pour se soumettre aux exigences Je la rime :
îploie guère
que ica alinéa rentrants; encore même n'en
fait-on usage que dans les ouvrages en prose
et dans les pièces de poésie dont les vers ont
la même mesure. Dans les poésies dont les
vers ont des mesures différentes, on marque
les alinéa.par des lignes de blanc.
ALINÉAIRE adj. (a-li-né-ô-re — rad. ali-
néa). Qui a rapport à un alinéa, qui forme un
ALINER v. a. ou tr. (a-li-né — rad. lin).
Ane. mar. Fournir un vaisseau de voiles ou
de cordages, il Par ext. Equiper ui
ALINETTE s. f. (a-li-nè-te). V. i
ALINGER v. a. ou tr. (a-lain-jé— rad. linge).
Fournir, entretenir do linge : Alingeu un
domestique.
S'alinger, v. pr. Se fournir, s'ontrotenir do
linge. Peu usité.
alingue s. m. (a-lin-ghe). Techn. Sorte
de pieu.
ALIONIE s. f. (a-li-o-nî). Bot.V. Allionie.
ALIOS s. m. (a-li-oss). Géol. Nom donné,
dans la Gironde, à une espèce de poudingue
grossier, tantôt mou, tantôt extrêmement
dur, formé de gros sablons liés par une ar-
gile ferrugineuse : Un savant a démontré que
/'alios n'est pas une agrégation minérale, mais
au contraire une agrégation mixte de sable et
d'humus. (L. Figuier.) On attribue en général
['infertilité des landes à ce que la couche végé-
tale repose sur une espèce de tuf qu'on appelle
alios, et que l'on considère comme une agréga-
tion de matières ferrugineuses. (L. Figuier.)
alioth s. m. (a-li-ott). Astron. Nom donné
à une étoile.
ALif ATA s. m. (a-li-pa-ta). Bot. Arbre des
Philippines, auquel on attribue certaines pro-
priétés vénéneuses.
alipède ou alipes adj. (a-li-pè-de — du
lat. ala, aile; pes, pedis pied). Qui a des •
ailes aux pieds. En mythologie, c'est le sur-
nom do Mercure.
— Zool. Se dit dos animaux dont les pattes
sont membraneuses et en formo d ailes,
comme la chauve-souris.
AI.1PI1EHUS, fils de Lycaon, fondateur d'A-
liphère, ville d'Arcadie, où Minerve était par-
ticulièrement révérée.
ALIPILE s. m. (a-li-pi-lo — du lat. ala,
aisselle; pilus, poil). Antiq. rom. Esclave
attaché aux bains ou employé par des parti-
culiers pour arracher les poils sur certaines
parties du corps, et principalement sous les
ALIPTE s. m. (a-li-pte — du gr. aleiptês;
tiré de aleiphô, oindre). Antiq. gr. et rom.
Celui qui était chargé do frotter d'huile ceux
qui sortaient du bain, ou les athlètes avant
la lutte.
ALIPTÉRION s. m. (a-li-pté-ri-onn — du
gr. aleipiêrion , mémo sens ; tiré de aleiphô,
oindre). Antiq. gr. et rom. Salle où les bai-
gneurs, les athlètes, se faisaient frotter
d'huile.
ALIPTIQUE S. f. (a-lip-ti-ko — Taà.alipte).
Partie de l'ancienne môdecino qui traitait de
l'art d'oindre le corps pour l'entretien de la
santé et de la souplesse do la peau : Z'aliptique
est trop négligée dans nos climats; on ne peut
douter qu'elle n'offrit de grandes ressources
contre certaines affections. (Pcrsoz.)
ALIQUANTE adj. (a-li-kan-te — du lat.
quantus, d'une certaine grandeur). Mat
206
ALI
N'est usité que dans cette locution : Partie
cliquante, Partie qui n'est pas contenue un
certain nombre de fois, exactement, dans un
tout : Deux est une partie aliquante de treize.
— Antonyme. Aliquote.
ALIQOOTE adj. (a-li-ko-te — du la,t. cli-
quât, un certain nombre). Mathéra. Se dit,
par opposition à alignante, d'une quantité
contenue un certain nombre de fois, exacte-
ment, dans une autre quantité : Deux, trois,
quatre, six, sont des parties aliquotes de douze.
Le pouce est partie aliquote du pied. (Acad.)
— Mus. Sons aliquotes, Sons secondaires
qu'un corps sonore mis en vibration fait en-
tendre en même temps que le son principal,
et dont l'évaluation numérique est représen-
tée par des nombres fractionnaires, aliquotes
du son fondamental.
— S'empl. substantiv. au fém. dans ces deux
acceptions : Deux est une aliquote de six. Cette
dix-septième est produite par t
la corde entière , savoir la cii
(J.-J. Rouss.)
cinquième partie
ALIRROTHIUS, fils de Neptune et de la
nymphe Euryte, fut tué par le dieu Mars, dont
il avait violé la fille Alcippe. Suivant une autre
tradition, il fut mis en pièces par des paysans,
pour avoir détruit les oliviers de l'Attique.
alise s. f. (a-li-ze). Fruit de l'alisier. Il est
aigrelet, d'un brun rougeàtre, et de la gros-
seur d'une petite cerise. |J On écrit aussi alizé.
ALISE ou CALE s. f. (a-li-ze, ka-le). Mar.
Enfoncement servant d'abri aux navires, sur
les rivages de la mer.
ALISE eu SAINTE-REINE, appelée aussi
quelquefois Alise-Sainte-Reine , village du
départ, de la Côte-d'Or, à 10 kil. N.-E. de Se-
mur ; possède des sources thermales célèbres
dans la contrée sous le nom de fontaine de
Sainte-Reine; 780 hab.
Alise est surtout connue par les longues dis-
' eussions dernièrement ranimées, et toujours
Îiendantes, qui tendent à prouver que ce vil-
age occupe ou n'occupe pas l'emplacement de
l'ancienne Alesia des Mandubiens, où succom-
bèrent, après sent mois d'un duel héroïque
entre Vercingétorix et César, les derniers dé-
fenseurs de la patrie gauloise. En effet, les
archéologues se partagent en deux camps. Les
uns, à la tête desquels figurent MM. Delacroix,
architecte à Besançon; Jules Quicherat, Ê.
Desjardins, Henri Martin, André Lefèvre, Vic-
tor Chauvin, etc., etc., placent Alésia sur le
plateau où s'élève aujourd'hui un petit village
du nom d'Alaise, près de la route d'Ornans à
Salins, dans le départ, du Jura. Les autres, en
bien plus grand nombre, tiennent pour Alise-
Sainte-Reine. Ce sont d'abord des moines du
moyen âge, puis des militaires et des membres
de l'Institut : Léopold Berlinghieri , Napo-
léon 1er Napoléon III, MM. Rossignol, Lenor-
mand, de Saulcy, le duc d'Aumale, etc. Sans
avoir la témérité de prendre un parti au milieu
de tant de savantes incertitudes, nous recom-
mandons aux personnes qui voudront s'éclairer
les ouvrages suivants : De M. Quicherat, V Alé-
sia de César rendue à la Franche-Comté, 1857 ;
Conclusion pour Alaise dans la question d' Ale-
sia, 1858; Nouvelle Défaite des défenseurs
d'Alise sur le terrain d' Alésia, 1858. De M. Ros-
signol, Aiise, étude sur une campagne de iules
César, 1856, ouvrage couronné en 1S57 par
l'Académie des inscriptions et belles-lettres ; et
les Campagnes de César dans les Gaules, 1862,
par M. de Saulcy ._
Alise (siège d'). On pense que le bourg d'A-
' lise-Sainte-Reine occupe à peu près l'empl;
cernent de l'ancienne Alésia, où les Gauloi
sent chevauché deux fois à travers la ligne
s pères, 52 ans avant la naissance deîésus-
Christ, tentèrent un suprême effort pour dé-
fendre leur indépendance contre la politique
absorbante de Rome. Jules César, dont le
génie conquérant avait enfin réussi a dompter
l'esprit national de la race celtique, considé-
rait déjà sa mission comme achevée, lorsqu'un
jeune Arverne, Vercingétorix, aussi distingué
par son esprit et son courage que'par ses qua-
lités physiques, à la nouvelle de l'insurrection
qui avait éclaté dans Genabe (Orléans), lève
1 étendard de la guerre nationale contre les
Romains, rassemble en peu de temps une
armée considérable, et s'avance vers le nord
pour assaillir les légions romaines dans leurs
cantonnements et soulever les Belges. Cepen-
dant, une diversion faite par Jules César dans
le pays des Arvernes, le force à rebrousser
chemin. Combattant avec intrépidité les troupes
aguerries du proconsul, Vercingétorix ne pou-
vait toutefois hasarder une bataille en rase
campagne, quand, devant Gergovie, où César
avait mis le siège, il remporta un succès écla-
tant sur celui qui jusqu'alors avait été réputé
invincible. Confirmé dans son commandement
en chef de l'armée gauloise réunie, se compo-
sant de 80,000 hommes d'infanterie et de
15,000 cavaliers, Vercingétorix reprend alors
ses premiers plans : il pousse trois Colonnes
contre la province romaine (la Provence), et
s'avance en personne , avec la principale
armée, contre César, qu'il rejoint près de la
Saône. Ayant réuni en conseil les chefs de sa
cavaîsrie, Vercingétorix leur recommande de
ne pas attaquer 1 ennemi en bataille rangée,
de le harceler sans cesse, et de chercher à
l'affamer en le séparant de ses bagages. Tous
les chefs répondirent en jurant « qu'ils ne
, coucheraient sous leur toit, ni ne reverraient
leurs enfants, parents, ni femme, qu'ils n'eus-
Le lendemain matin, la cavalerie gauloise
engagea le combat dans les conditions indi-
quées par le généralissime. Jules César, un
moment enveloppé et saisi par des cavaliers
arvernes, ne leur échappa qu'en laissant son
épée entre leurs mains. Mais, à l'insu de Ver-
cingétorix, lés Romains avaient reçu un ren-
fort considérable de cavaliers germains, avec
ces fantassins légers qu'ils avaient l'habitude de
porter en croupe. De simple escarmouche, l'ac-
tion devint une bataille. Deux corps de cava-
lerie gauloise, craignant d'être tournés, prirent
la fuite, et Vercingétorix se vit obligé de faire
rentrer son armée dans le triple camp qu'il
avait assis sur la rivière. Jugeant qu'il ne pour-
rait tenir dans ce poste, il se replia vers Alésia,
bâtie sur un immense plateau, entouré de trois
côtés par des vallées profondes, et défendue
par un fossé et un mur en pierres sèches de six
pieds de haut. Jules César exécuta le gigan-
tesque projet d'enfermer ce camp retranché
dans une ligne de circonvallation de onze
milles. Pour l'en empêcher, les Gaulois tentè-
rent une sortie furieuse, qui fut repoussée.
Vercingétorix alors, prévoyant l'issue fatale
de la lutte, conçut un plan qui faillit ruiner la
domination romaine dans les Gaules. « Partez,
dit-il aux chefs de sa cavalerie, pendant que
les passages ne sont pas encore fermés ; re-
tournez chacun dans votre nation ; levez tout
ce qui peut tenir une arme, et revenez nous
délivrer, vos frères et moi. J'ai des vivres
pour trente jours ; avec une rigoureuse
nomie, nous irons un peu pli ' ' "
attendrons! ■
is loin. Nous v
chefs réussit au delà de tout
espoir. Toutes lès tribus gauloises se montrè-
rent jalouses de coopérer au salut de la pa-
trie. Les contingents réunis se montèrent à
environ 240,000 hommes d'infanterie, et 80,000
hommes de cavalerie, qui avaient pour ren-
dez-vous général le territoire des Eduens, non
loin de l'armée assiégeante des Romains.
Dans l'intervalle, Vercingétorix, étroitement
bloqué, ignorait absolument ce qui se passait
au dehors. Les trente jours et beaucoup d'au-
tres jours encore étaient passés. La faim se
faisait sentir, et à un conseil tenu dans Alésia,
après le rejet d'un projet de capitulation, un
chef demanda qu'on mit à mort les gens que
leur âge rendait inutiles à la guerre, et qu on
se nourrît de leur chair, « comme avaient fait,
dit-il, nos pères, du temps des Kimris et des
Teutons. » Cette proposition inhumaine , non
point rejetée, mais simplement ajournée, fut
remplacée par une autre non moins horrible,
l'expulsion de la ville d' Alésia de toutes les
bouches inutiles, et l'on vit, pendant plusieurs
jours, des femmes, des enfants, des vieillards,
errer allâmes, chassés par les soldats gaulois
et repoussés par les soldats romains, jusqu'à
ce que la mort vînt terminer leur supplice.
Cependant le moment de la délivrance ap-
prochait. Un matin, les défenseurs d'Alésia
virentdéboucher, au nord-ouest, dans la plaine,
un flot de cavaliers. C'était l'année de secours
qui était venue planter son camp à cinq cents
pas des quartiers de Jules César. Mais celui-ci
n'était pas pris au dépourvu. Voyant s'amon-
celer 1 orage qui menaçait sa puissance, il
avait pris des précautions inouïes. Dans l'es-
pace de six semaines, il avait fait exécuter
autour de son camp, vers l'extérieur, des tra-
vaux de fortification analogues à ceux qui re-
gardaient la ville. Ses lignes, vers la plaine,
étaient défendues par un rempart, une tran-
chée profonde de cinq pieds, huit rangs, de
fossés de trois pieds, et tous les abords étaient
semés de chausses-.trappes. La lutte s'engagea
par un combat de cavalerie dans la plaine ; les
charges se succédèrent sans interruption de-
puis midi jusque vers le coucher du soleil, sans
résultat décis.f. Les Gaulois restèrent immo-
biles toute la journée du lendemain. Au milieu
de la nuit suivante, Vercingétorix, entendant
que l'armée de secours assaillit le] camp ro-
main et va franchir le premier fossé, attaque
à son tour en sortant de la ville. On se bat
avec rage jusqu'à la pointe du jour, sans
avantage pour les Gaulois, qtii se heurtent
contre les obstacles , la plupart dissimulés,
dont les Romains ont entouré leurs défenses.
A ce moment, une idée de haute stratégie vint
poindre dans la tête des chefs gaulois. Au
nord-est du camp romain, entre deux petites
rivières, il y avait une petite colline que son
vaste circuit n'avait pas permis d'enfermer
dans les lignes. César avait assis sur la pente
douce de cette hauteur un petit camp de deux
légions. Maîtres de cette colline, les Gaulois
pouvaient enfermer les Romains dans l'étroit
vallon entre la hauteur et les murs d'Alésia.
Par une longue marche de nuit, un de leurs
chefs, à la tête de 55,000 hommes d'élite,
tourne la colline, s'embusque Sur le versant
opposé, et débouche tout à coup au-dessus du
Eetit camp romain. En même temps, la cava-
:rie gauloise reparaît dans la plaine ; le gros
de l'infanterie se déploie au-devant de son
camp; Vercingétorix descend des hauteurs
d'Alésia. Ce Waterloo de la nationalité gau-
loise, comme celui dont nous avons entendu
les derniers échos, parait d'abord sourire à la
cause de l'indépendance. Les Romains sont
refoulés ; mais César accourt; il sort des lignes
ivûc quelque infanterie et'toute sa cavalerie,
et arrive sur la hauteur au moment où les
deux légions du petit camp, massées en un
seul corps avec les garnisons des forts voisins,
ALI
cherchent à se frayer un passage l'épée à la
main. Le combat se rétablit; on s'aoorde à
l'arme blanche, lorsque tout à coup la vue
d'un petit corps de cavalerie romaine, qui
tourne aussi la colline , jette la panique au
milieu des troupes gauloises. Dès ce moment,
la lutte dégénère en massacre. Les Gaulois
perdent soixante - quatorze enseignes ; les
troupes déployées au loin sur la hauteur, en
voyant le sauve-qui-peut de l'armée enga-
gée, se débandent; la grande armée gauloise
se dissout pour ne plus jamais se réunir.
. Quant à Vercingétorix, voyant que la dé-
fense d'Alésia n'a plus de but, il s'offre en ho-
locauste à Jules César, pour sauver la ville et
ses compagnons. Le proconsul ordonne qu'on
livre les chefs et les armes, et le lendemain,
assis à l'entrée de son prétoire, entouré de son
armée victorieuse, il voit tout à coup sortir
d'une des portes de la ville un cavalier couvert
d'armes magnifiques. C'était Vercingétorix, la
victime parée pour le sacrifice. Le cavalier
tourne trois fois au galop autour du tribunal
de César ; puis il saute à bas de son cheval,
jette aux pieds de César son casque et son
glaive et garde le silence. Vercingétorix fut
transporté prisonnier à Rome, où, six années
plus tard, il servit au triomphe de César; ses
compagnons d'armes furent renvoyés libres
sn Arvernie.
/alise, ÊE adj. (a-li-zé^ du provenç. ali-
zalt, même sens). Lisse, poli : Au milieu de
la voie ordinaire se trouve un tuyau en fonte,
alise à l'intérieur. (Bouillet.) V. Alizé.
ALISIER s. m. (a-li-zi-é). Bot. Genre d'ar-
bres, de la famille des rosacées, et de la tribu
dos pomacées.
Lu, d'épais alisiers penchés sur l'onde pure...
De Gueule.
Il On écrit aussi aliziër.
— Encycl. Les alisiers sont des arbres ou
arbrisseaux généralement épineux, à fleurs
blanches, roses ou purpurines, groupées en
corymbes terminaux, à fruits petits, rouges,
aigrelets ou insipides. On en trouve dans nos
forêts trois espèces distinctes : l'alisier termi-
nal ou à tranchées (cratœgus torminalis), l'a-
louchier (cratœgus aria) et l'alisier de Fontai-
nebleau ou à larges feuilles. Ce sont des
arbres d'un port élégant, dont le bois est
blanc jaunâtre, très- dur, d'un grain fin et
serré, et susceptible d'un beau poli.
Ce bois est excellent et très-vecherché pour
les ouvrage» de tour, l'ébémsterie, la tablet-
terie, la mécanique, la lutherie, etc. Les fruits
donnent de l'eau-de-vie par la distillation ; on
en fait aussi du vinaigre.
A ce genre appartiennent encore l'aubépine
et l'azerolier, le buisson ardent, si remar-
quable par ses fruits d'un rouge éclatant, et
quelques espèces américaines, qui sont sou-
vent cultivées dans les jardins d'agrément
ALISMACÉ , ÉE adj. (a-liss-ma-sé — rad.
alisme). Bot. Qui ressemble à un alisme. il On
dit aussi alismoïde.
— s. f. pi. Famille de plantes monocotylé-
— Encycl. Les alismacées sont des plantes
herbacées, en général vivaces et croissant
dans les lieux humides et sur le bord des eaux.
Elles ont des rhizomes (tiges souterraines)
charnus, féculents ; des feuilles pétiolées, en-
gainantes à leur base; des fleurs présentant
un périanthe à six divisions libres ou à peine
soudées par la base dont les trois extérieures
simulent un calice et les trois intérieures une
corolle; un fruit composé de petits carpelles
secs, plus ou moins nombreux, et des graines
dépourvues d'albumen.
Ces plantes sont répandues dans tous les
pays, mais surtout en Europe et dans l'Amé-
rique du nord, où leurs fleurs assez brillantes
embellissent les étangs et les ruisseaux. Elles
sont généralement acres ; mais leurs rhizomes
sont souvent alimentaires.
Les genres principaux sont l'alisme, appelé
aussi fluteau ou plantain d'eau, et la sagittaire
ou fléchière.
ALISME ou ALISMA s. m. (a-li-sme, sma
— du gr. alisma, plantain d'eau). Bot. Genre
de la famille des alismacées, dont l'espèce la
plus connue est le plantain d'eau (ulismaplan-
tago), commun dans les mares, et réputé
nuisible pour les bestiaux. On a vanté, mais
à tort, son rhizome comme spécifique contre
la rage : Le nenu/ar y étale ses larges feuilles.
f alisma y verdit comme une mousse. (Th. Gaut. )
et du gr. eidos, forme, ressemblance). Bot.
Syn, de alismacé.
ALISMORCH1DE s. m. (a-li-smor-ki-de —
de alisme , et du gr. orchis, orchis). Bot. Genre
de la famille des orchidées.
AL1SO ou ÉL1SO, ville de l'ancienne Ger-
manie, où Drusus éleva une forteresse qui
tomba au pouvoir des Germains après la
défaite de Varus.
ALI
ALISON (le baronnet sir Archibald), his-
torien anglais, né à Kenley en 1792, mort
en 1867. Après avoir fait ses études à l'u-
niversité d'Edimbourg, il fut reçu docteur
en droit civil , membre agrégé de la Société
royale d'Edimbourg, etc. , et avocat au barreau '
d'Ecosse en 1814. Comme jurisconsulte, il a
écrit sur la loi criminelle écossaise dans les
recueils périodiques. Nommé avocat général
en 1823, il fut créé en 1834 shérif du La-
narkshire. En 1847 , les votes des étudiants
l'élurent recteur de l'université d'Aberdeen,
en lui donnant la préférence sur lord Macau-
lay. En 1852, il fut de même élu lord-recteur
de l'université de Glascow , et après une vive
compétition entre sa candidature et celle de
lord Palmerston, les suffrages des étudiants
tirent triompher ses titres à cet honneur, qui
est très-recherché en Angleterre par tous les
hommes distingués. Le 8 juin 1852 , la reine
Victoria le créa baronnet durant le ministère
de lord Derby.
Sir Archibald Alison est le Cantu anglais.
Dans ses nombreux et longs travaux, il a traité
de matières très-diverses : histoire "générale
et histoire particulière, économie politique et
législation. Il a ainsi composé 35 volumes en-
Mais l'œuvre capitale de l'écrivain écos-
Bistoire de l'Europe durant la Résolution
française (History of Europe from the com-
mencement of the french Révolution, in 1709,
to the Restoration of the Bourbons, in 1S15).
Cet ouvrage forme M volumes; le premier
parut en 1839. Il en a été publié jusquen lSGt
dix éditions, dont l'une à 25,000 exemplaires,
et une autre à 12,000; plus de 100,000 exem-
plaires ont été vendus en Amérique. Cette
histoire a été vulgarisée par des traductions
en langues française, allemande, arabe et hin-
doustane. Certains critiques lui ont reproché
de la prolixité; d'autres, au contraire, l'ont
accusé de sécheresse. Mais depuis, imitant
judicieusement M. Thiers, son émule français,
César Cantu, et M. Henri Martin, qui tous
ifondu leurs grandes
, l'auteur a introduit
>ns les améliorations
L'ouvrage de sir Ar-
pendant trente ans.,
- Ce mérite consiste
dans les dernières édi
signalées par la critiqu
chibald, qui a été élaoc
possède une qualité uniqui
dans lr -1-- — *«■■:■" — -
livre, qui aerouie le muieau ireuei„
veinent politique et social de l'Europe pendant
que la grande Révolution française accomplis-
sait ses phases successives. — L'auteuradonné
une suite à son premier travail, qu'il a conduit
Jusqu'à l'avènement de Napoléon III. Cette
continuation, en 8 volumes, n a pas eu le mémo
succès que 1 œuvre-type ; en effet, les événe-
ments subsistent, et les personnages vivent
encore pour la plupart. Cependant cet ouvrage
supplémentaire, dont le dernier tome a paru
seulement en 1859, a eu presque aussitôt deux
éditions : la première publiée à 5,000 exem-
plaires, et la seconde, à 2,000. De même que
Macaulay, son compétiteur universitaire, Ali-
son a écrit des J/e7anffes(Miscellaneous, 3 vol.),
et de nombreux Essais parus dans le Black-
wood 's Magazine, de 1830 à 1850. On lui doit
une remarquable Vie du duc de Marlborough
(en 2 volumes), qui compte trois éditions, et la
librairie anglaisa a annoncé une Vie de lord
Casllereayh (en 2 volumes), déjà livrée à l'im-
pression. Les travaux juridiques d'Alison,
Principes et Pratique du Droit criminel écos-
sais (Principes and Practiceof Scotch criminal
Law), font autorité dans la jurisprudence de
son pays. Appartenant en politique au parti
tory et conservateur, il a combattu la doctrine
du libre échange par deux publications (J-'ree-
Trade and Protection; 1844, in-S°) et (England
in 1815 and iu 1845 ; 1845, in-3°). Un livre plus
sérieux que les mémoires précédents, comme
ayant survécu aux circonstances, les Principes
de la population (2 volumes), est particulière-
ment dirigé contre les théories économiques
de l'école de Manchester. — Un des fils de sir
Archibald, le colonel Alison, a été, en 1857,
durant la révolte de l'Inde, secrétaire militaire
de lord Clyde , et le major Alison , son autre
fils, aide de camp du même général.
ALISON (William), publiciste anglais, frère
du précédent, a publié sur les résultats de l'as-
sistance publique un livre dont l'influence a été
considérable : Observations sur l'assistanje des
pauvres en Ecosse et de ses effets sur l'etai hy-
giénique des grandes villes (Observations on
the management of the poor in Scotland, etc.; -
Edimbourg, 1840, in-so). Il est encore l'auteur
des travaux suivants : Esquisses de Physiologie
(Outlines of Physiology, 1839); Esquisses de
Pathologie et de Médecine pratique (Outlines
of Pathology, etc., 184S) ; Remarques sur l'as-
sistance publique en Ecosse (Remarks on the
poor laws in Scotland, 1850), etc.
ALITÉ, ÈE (a-li-té) part.pass. du v. Aliter.
Qui est au lit : lin malade alité. Elle est
alitée depuis hier. (Acad.)
— Substantiv. : // se contenta de regarder
avec un certain attendrissement cette pauvre
alitée, qu'une émotion visible contraignit à
garder le silence. (Alex. Dum.)
ALITER v. a. ou tr. (a-li-té — rad. lit).
Meure dans le lit ; forcer, réduire a garder
le lit : Elle était si faible que j'ai ete-force de
^'aliter. Je ne fus content que quand ie l'eus
alitée. Cette blessure l'a alité pendmit trois
mois. (Acad.) Le drame de faccovcnemenc, qui
' ALÎ
alite passagèrement la femme , la laisse fort
poétique. (Michelet.)
— Pêch. Aliter des anchois, des harengs, etc.,
Les ranger dans les caques, par couches, par
lits.
médecin avait déclaré que le moment où le
vieillard s'aliterait serait celui de sa mort.
(Balz.) il Par ext. Tomber malade.
— Syn. S'nlîtor, ne mettre nu lit. On se met
an lit pour se coucher ou se reposer ; on s'alite
pour cause de maladie.
ALITES s. m. pi. (a-li-te — du lat. aies,
alitis, oiseau). Antiq. rom. Oiseaux qui indi-
quaient l'avenir par leur façon do manger,
ALITION s. f. (a-li-si-on — du lat. alere,
nourrir). Syn. peu usité d'alimentation.
ALITRONC s. m, (a-li-tron — - du lat. ala,
aile, et tronc). Entom. Partie postérieure du
tronc des insectes, sur laquelle s'implantent
ALITURGIQUE adj. (a-li-tur-ji-ke — de a
priv., et Hturyié). Se dit des jours qui n'ont
pas d'office particulier : Les vendredis étaient
aliturgiques dans l'Eglise d'Alexandrie.
ALIX s. m. (a-liks). Bot. Genre de plantes
do la famille des composées, renfermant des
arbrisseaux de l'Afrique australe.
AUX DE CHAMPAGNE, quatrième fille de
Thibaut IV, comte de Champagne: femme de
Louis VII, roi de France, et mère de Philippe-
*Auguste. Ce dernier lui confia la régence en
1190, lorsqu'il partit pour la croisade, et Alix
sut gouverner avec beaucoup de sagesse et
de fermeté. Elle mourut en 1206.
AL1XAN , bourg du départ, de la Drôme,
arrond. et à 10 kil. de Valence; 2,489 hab.
C'était autrefois une ville assez importante,
qui fut presque entièrement détruite par un
incendie
1345.
alizari s. m. (a-li-za-ri). Techn. Racine
entière de la garance : X'alizari ne reçoit le
nom spécial de garance que lorsqu'il a été
pulvérisé. (Girardin.) Les alizaris sont très-
peu employés pour les opérations de la teinture,
et il n'y a guère que les alizaris d'Avignon et
d'Auvergne qui se trouvent sur les marchés de
France. (Girardin.)
ALIZARINE s. f. (a-li-za-ri-ne — rad. ali-
zari, racine de garance). Chim. Matière colo-
rante que l'on extrait de la racine de garance,
et qui se présente sous forme de petites ai-
guilles rouges orangées.
— Eneycl. L'alizarine est inodore, insipide,
soluble dans l'éther et dans l'alcool, beaucoup
moins soluble dans l'eau bouillante, et à peine
dans l'eau froide. Elle se sublime sans altéra-
tion à 250» ; elle donne avec les alcalis des dis-
solutions de couleur pensée. Sa formule est
C»H«0«. Sous l'influence de l'acide azotique
faible et bouillant, elle se transforme en un
acide appelé par quelques chimistes acide ali-
zarique, mais plus souvent désigné sous le nom
d'acide phtalique.
Pour obtenir Yalizarine , on mêle de la ga-
rance en poudre avec les deux tiers de son
poids d'acide sulfnrique concentré ; au bout de
quelques jours on jette le mélange dans l'eau
et on lui enlève l'acide par des lavages répé-
tés. Le résidu, appelé garancine ou charbon sul-
furique, n'est autre chose que de la matière
charbonneuse imprégnée (l'alizarine. On traite
ce produit d'abord par l'alcool froid, qui le dé-
pouille des matières grasses , puis par l'alcool
bouillant, qui s'empare de l'alizarine ; la distil-
lation-permet ensuite d'en séparer l'alcool. On
peut encore préparer Yalizarine en soumettant
la garancine à une chaleur graduellement por-
tée jusqu'à 250». On obtient ainsi des cristaux
A'alizarine, qui, pour être parfaitement purs,
n'ont besoin que d'être lavés à l'éther.
L'alizarine donne, avec les tissus mordan-
cés, toutes les nuances que donne la garance
elle-même. Elle a été découverte par Robiquet.
ALlZARiQOEadi. (a-li-za-ri-ke — rad. ali-
zanne). Chim. Se dit d'un acide plus so
désigné sous le nom (L'acide phtaliqi
ALIZE s. f. V. Alise.
ALIZÉ adj. m. (a-li-zé — du prov. alizatt,
uni, uniforme). Météor. So dit de certains
vents réguliers qui soufflent pendant toute
l'année de l'est à l'ouest dans les .régions tro-
picales : Un soir, environ une demi-heure après
le coucher du soleil, le vent alizé du sud-est
se ralentit, comme il arrive d'ordinaire vers ce
temps. (B. de St-P.) Les vents alizés sont très-
réguliers dans la zone intertropicale. (,-Vrago.)
Jusqu'à présent on n'a pu faire un pas dans la
théorie des vents alizés sans heurter quelques
lois de la mécanique. (D'Orbigny.) D'Europe
en Amérique, on est pouosé par les vents alizés.
(Michelet.) il On écrit aussi alise.
— S'empl. substantiv. : Les alizés font
naître des remous ou des contre-courants qui
impriment la direction aux vents régnants des
deux zones tempérées. (De Hilmboldt.)
— Eneycl. Les vents' alizés soufflent de l'E.
à l'O dans les régions intertropicales, de l'E.-
. N.-E. a l'O.-S.-O. dans l'hémisphère boréal,
et de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O. dans l'hémisphère
dustral. Ils ont pour causes la chaleur excès-
'ALK
sive du sol dans la zone torride, et le mouve-
ment de rotation de la terre. L'air des régions
équatoriales violemment échauffé monte et se
déverse vers les pôles N. et S., en donnant
naissance à. deux courants supérieurs. En
même temps, l'air glacial et dense des pôles
vient, en vertu des lois de l'équilibre des
fluides, remplir le vide causé par la dilatation
excessive de l'atmosphère à 1 équateur : de là
deux courants d'air inférieur qui, si la terre
était immobile , iraient du N. au S. au-dessus
de l'équateur, et du S. au N. au-dessous de
cette ligne. Mais la terre, en tournant sur elle-
même de l'O. à l'E., communique à l'air atmo-
sphérique sa vitesse de rotation. Or, tous les
points de la surface terrestre exécutant leur
révolution diurne dans le même temps ont une
vitesse fort inégale : cette vitesse diminue gra-
duellement de l'équateur aux pôles où elle est
rigoureusement nulle. Par conséquent, les mo-
lécules d'air qui viennent des pôles à l'équa-
teur arrivent en chaque point de leur voyage
avec une vitesse de rotation propre qui est
moindre que celle des régions terrestres où
elles se trouvent transportées. Les objets fixes
de ces régions tournant plus vite que l'air en-
vironnant, le frappent del'O. à l'E. avec l'excès
de leur vitesse, a où résulte pour eux le même
effet que s'ils étaienten repos et s'ils recevaient
l'impulsion du vent en sens contraire, c'est-
à-dire de l'E. à l'O. Ce mouvement, qui est
relatif à l'observateur, en se combinant avec
celui qui porte les vents alizés des pôles à
l'équateur, leur donne la direction oblique. Les
alizés qui régnent des deux côtés de l'équateur
présentent ainsi des obliquités opposées qui
s'influencent l'une l'autre , et qui tendent au
parallélisme à mesure qu'on se rapproche de
l'équateur.
ALIZIER s. m. (a-h-zi-é). V. Alisier.
ALKAHEST s. m. (ul-ka-est). V. Alcahëst.
ALKALI s. m. (al-ka-li). V. Alcali
ALKAN (Charles-Henri-Valentin Moiîhange, ■
dit), musicien et compositeur, né à Paris en
1S13, d'une famille juive. Il a publié de nom-
breux morceaux : un grand Concerto, exécuté
aux concerts du Conservatoire ; des Marches,
des Variations , des Etudes pour le piano et
l'orgue; Souvenir des concerts du Conserva-
toire, etc.
ALKANNA s. f. (al-ka-na — mot arab.). Bot.
L'orcanette. V. ce mot.
ALKÉKENGE s. f. (al-ké-kan-je). Bot. Genre
de plantes de la famille des solanées, appelé
aussi coqueret. Ce genre renferme- un certain
nombre d'espèces répandues dans les deux
continents, et dont une est commune en
France, dans les bois et les vignes. Le fruit,
qui a une saveur acidulé, est employé en
médecine et en économie domestique. Il a le
même nom que la plante.
ALKUNDI, philosophe arabe, mort en 860. Il
a traduit Aristote, et a composé lui-même un
grand nombre de traités. Les Arabes l'ont
surnommé le Philosophe par excellence.
ALKERMES s. m. (al-kèr-mèss — de l'arab.
al, le, et kermès). Liqueur de table fort
agréable, mais très-excitante, qui tiro son
nom du kermès végétal qu'on emploie pour
la colorer en rouge. L'alkermès nous vient do
Naples. Il se prépare avec des feuilles de lau-
rier, du macis, de la muscade, de la cannelle
et du girofle, que l'on fait infuser dans l'alcool.
On filtre cette infusion, on la distille et l'on
y ajoute du sucre : Boire un petit verre, une
cuillerée o"alkermks.
— Pharm. Confection d'allcermès, Sorte d'é-
lectuaire excitant très-compesé, et contenant
dos grains de kermès. U n'est plus en usage.
ALKMAAR, ville forte de Hollande, port sur
le canal d'Amsterdam, à 25 kil. N. d'Amster-
dam; 15,000 hab. Brune y vainquit le duc
d'York, le lg octobre 1799. (V. l'article sui-
vant,) Patrie de Métius, inventeur des lunettes
d'approche. . - *
Aïkimnr (bataillb d'). Après la bataille de
Bergen, où les Anglo-Russes furent vaincus
parle général Brune, le duc d'York, comman-
dant en chef des troupes anglaises, se hâta de
combler les vides de son armée, reprit les
positions qu'il avait perdues, et entra dans
Alkmaar, où il établit ses avant-postes. Le
6 octobre (1799), l'armée française fut de nou-
veau attaquée sur toute sa ligne. Pendant dix
heures, les deux armées ennemies se confon-
dirent dans une mêlée sanglante, terrible, où
l'on s'aborda plusieurs fois à la baïonnette.
Enfin le général Brune, faisant encore sonner
la charge, entraine ses grenadiers dans un
élan suprême, se niet lui-même à la tête d'un
bataillon, et renverse tout ce qui tente de lui
résister ; chargeant ensuite avec sa cavalerie,
qu'a déjà électrisée ce noble exemple, il brise
la ligne des Anglo-Russes, qui ne peuvent ni
se maintenir dans leurs positions, ni se rallier,
et qui fuient en désordre jusqu'à Egmont,
laissant sur le champ de bataille quinze cents
prisonniers et onze pièces de canon. Le duc
d'York, qui s'était bercé de l'espoir de s'ouvrir
le chemin d'Amsterdam par la dispersion de
l'armée française , évacua précipitamment-
Alkmaar et commença son mouvement de re-
traite, poursuivi l'épée dans les reins par le
vainqueur. Bientôt, menacé d'être jeté à fa mer
et ne voyant aucune issue qui lui permît
d'éviter ce désastre, il demanda à capituler.
Sa lettre ne contenait que deux lignes, où il
invitait le général français à prendre connais-
ALL
sance des propositions qu'il lui adressait par
l'entremise de son secrétaire. Pour répondre
à cette manière hautaine de traiter, qui, néan-
moins, déguisait si maladroitement 1 amer dé-
pit du prince anglais, Brune lui envoya égale-
ment deux lignes de sa main, jointes à une
dépèche de son secrétaire, où il exigeait la
reddition du fort du Helder, garni de toute son
artillerie, celle de toutes les batteries hollan-
daises tombées précédemment au pouvoir des
Anglais, le renvoi de dix mille prisonniers sans
échange, et la restitution de la (lotte batave.
Cette dernière condition fut modifiée par une
compensation en argent ; mais toutes ies autres
furent rigoureusement remplies. Les Anglais
purent alors s'embarquer, et, le 30 novembre,
l'évacuation de la Hollande fut terminée. Tan-
dis qu'en France et en Hollande ces événe-
ments excitaient des transports de joie, l'or-
gueil national, en Angleterre, accueillait avec
des cris de colère la nouvelle de la bataille
d'Alkmaar," et surtout de la honteuse capitula-
tion du prince.
ALKMAEtt (Henri d') — pr. alk-mâr. — Poète
allemand du xve siècle, à qui l'on attribue le
pogme célèbre , en vieux langage , intitulé
fleineke de Voss (Reinier le Renard). C'est une
espèce d'apologue contenant une critique , sou-
vent très-plaisante et pleine de sel, des divers
états de la société au moyen âge, pendant le
régime féodal. Il paraîtrait cependant qu'Alk-
maer n'a fait qu'étendre et versifier des fictions
anciennes, et lui-même avoue dans sa préface
« qu'il a traduit le présent livre du welche et du
français;» Suivant quelques érudits,le fleineke
de Voss aurait pour auteur un poète du xvc siè-
cle appelé Nicolas Baumann , et Alkmaer ne
serait qu'un pseudonyme. ^
ALKOHOL, ALKOHOLIQUE, ALKOHOLI-
SER. V. Alcool, Alcoolique, Alcooliser.
ALLA BREVE loc. adv. (al-la-bré-vé — de
l'ital. alla, à la; brève, brève). Mots qui so
trouvent quelquefois au commencement des
morceaux de musique d'église , et qui indi-
quent un mouvement rapide d'une mesure à
deux temps, composé d'une ou deux rondes.
ALLACI (Leone) ou ALLAT1US (Léo), litté-
rateur italien, né en 1586, dans l'île de Chio,
mort en 1669. Il vint se fixer à Rome vers
1610, remplit plusieurs emplois et fut nommé
en 1661 bibliothécaire du Vatican.' Ecrivain
laborieux et érudit, il manquait'de justesse et
de critique. Il a composé un très-grand nombre
d'ouvrages de théologie, de liturgie et de phi
chrétienne.
autrefois
musique, pour indiquer un staccato (détaché)
d'un mouvement modéré.
ALLAGITE s. f. (al-la-ji-te). Miner. Variété
de manganèse siliceuse ou silicifère. il Sili-
cate de manganèse uni à du carbonate de
môme métal.
ALLAGOFAPFUS s. m. (al-la-go-pap-puss
— du gr. allagê , changement ; pappos , ai-
grette). Bot. Genre de la famillo des compo-
sées et de la tribu des astérées, voisin du
genre jasione : //allagopappus est originaire
des Canaries,- c'est un arbrisseau à feuilles
glanduleuses. (J. Decaisne.) Il On dit aussi
allagopappe.
ALLAGOPTÈRE s. m. (al-la-go-ptè-re — du
gr. allagë , différence; pteron, penne). Bot.
Genre de palmiers qui habite le Brésil, et
dont les caractères sont peu connus.
ALLAH s. m. (al-lâ — mo} arab.). Nom que
les Mâhométans donnent a Dieu, et quils
emploient souvent comme exclamation dans
les mômes cas où nous disons -.Mon Dieu: Ils
crièrent all\h et fondirent sur nous. (Acad.)
Ali, l'épée au poing, frappait sans relâche, et
à chaque ennemi qui tombait, il s'écriait d'une
voix terrible : Allah kébir, Dieu est grand.'
(Noël Desvergers.) Les deux Arabes îveurent
pas seulement le temps de crier : Allah I Ils
roulèrent, sanglants, au fond de l'Oued, stir
les cadavres de leurs compagnons. (P. Féval.)
Devant les yeux d'Allah fut-il courroux plus saint!
C. Delavione.
— Eneycl. Dans le Coran, Mahomet recom-
mande l'adoration d'Allah comme le dogme
fondamental de sa religion. Allah est le créa-
teur de la nature , l'être qui existe par lui-
même, auquel nul autre ne peut être com-
paré, qui n est point engendré, qui n'engendre
pas, et qui seul est adorable.
ALLAHABAD, ville de l'Indoustan anglais,
ch.-l. du district de ce nom, à "60 kil. N.-O. de
Calcutta, au confluent du Gange et de la
Djemnah; 143,693 hab. Station militaire impor-
tante, défendue par une forteresse considé-
rable, bâtie par 1 empereur Akbar, en 1583, et
fortifiée par la nature et par l'art. Cette
place, qui commande entièrement la naviga-
tion des deux fleuves, est le grand arsenal de
toute la province supérieure. Beaux édifices ;
jardins magnifiques; grande mosquée, que les
Indous regardent comme l'ancien palais du
sultan Chosroes. A leurs yeux, Allahabad {de-
meure de Dieu) est la cité sainte par excel-
lence; chaque année, deux cent cinquante
mille pèlerins viennent s'y purifier au point
de jonction du Gange et de la Djemnah. Le
district d' Allahabad compte 1,800,000 hab., et
ALL
Paris en 1753. Il a donné quelques comédies
agréables : Y Ecole des Bourgeois , le Mari
curieux, l'Embarras des richesses, etc.
AL1.AIBE, Ch.-l. de cant. (Morbihan) ; arr.
dé Vannes; pop. aggl. 243 hab. — pop. tôt.
2,185 hab.
— Homonymes. A l'aise, alèse, alèze.
allaitant (a-lè-tan) part. prés, du v.
Allaiter : One femme pleurait , en allaitant
l'enfant qui bientôt n'aura plus besoin du sein
maternel. (Chateaub.) Quand je rentrais, le
soir, je regardais, sur la litière fraîche et par-
fumée de l'étable, la brebis noire allaitant
ses deux nourrissons, l'enfant et l'agneau. (G,
Sand.)
ALLAITANT, ANTE adj. (a-lè-tan, an-to
— rad. allaiter). Qui allaite; qui est en état
d'allaiter : Une brebis allaitante, il Ne so dit
guère qu'on parlant des animaux.
ALLAITE s. f. (a-Ic-to — rad. allaiter).
Vén. Tctte de la louve.
allaité, ÉE (a- le -té) part. pass. du v.
Allaiter. Nourri de lait : ïlomulus et Rèmus
furent allaités par une louve. Elle a été
allaitée par une chèvre. Monsieur le duc
d'Orléans, régent, avait été allaité par tint-
dame la princesse palatine, samere. (Trôv.)
— Par ext. Elevé ; s'emploie principalement
en poésie :
Moi, pauvre enfant, dans une coque «mère,
En orphelin par le sort allaité... Béranoer.
— Fig. : L'Eglise a été allaitée au berceau,
et dès sa première enfance , de la doctrine et
instruction verbale des apostres. (Card. du
Perron.)
ALLAITEMENT s. m. (a-Iè-te-man — rad.
allaiter). Action d'allaiter; résultat de cette
action : /.'allaitement maternel, lorsqu'il est
possible, est le plus salutaire, soit. pour l'en-
fant, soit pour la mère elle-même. (Andral.)
Considéré dans son ensemble, /'allaitement
maternel est l'expansion de l'être physique et
moral. (Th. Perrin.) /.'allaitement n'est que
le moindre côté du devoir maternel. (St-M.
Gir.) .L'allaitement mercenaire est souvent
funeste. (Rostan.) L 'allaitement à la cam-
pagne est le moyen le plus puissant pour neu-
traliser la tendance héréditaire de certaines
maladies. (***) //allaitement au biberon est
un sevrage anticipé. (Désormes.)
— Eneycl. Physiol. "L'allaitement est une
fonction qui complète et couronne, pour ainsi
dire, l'œuvre de la reproduction. Il caractérise
la classe la plus élevée de la série animale,
c'est-à-dire l'homme et les mammifères. Dans
cette classe, le nouveau-né a besoin d'une
alimentation appropriée à la faiblesse de ses
organes digestifs ; la nature a pris soin de la
lui préparer dans les mamelles de sa mère, Les
mamelles sécrètent le lait comme toutes les
autres glandes sécrètent leur produit de sécré-
tion, c'est-à-dire aux dépens du sang apporté
à la glande par les artères mammaires. La
sécrétion lactée présente cependant quelques
caractères particuliers; elle n'a lieu que du-
rant la période moyenne de la vie, et avec
intermittence ; annoncée dès la conception par
le gonflement des seins, et vers le milieu de la
grossesse par l'écoulement d'un liquide séreux,
elle s'établit après l'accouchement et dure en-
suite un temps plus ou moins long. Tant qu'elle
s'accomplit, les règles de la femme sont géné-
ralement suspendues ; souvent le lait se tarit
et se détériore s'il survient .une nouvelle
frossesse. Tandis que les produits de sécrétion
es autres glandes s'échappent sous la seule
influence des contractions de leurs réservoirs
ou de leurs canaux d'excrétion, le lait ne sort
de la mamelle que sous l'influence d'urifc ac-
tion extérieure. Presque aussitôt après la
naissance, le nouveau-né s'attache instincti-
vement au mamelon de sa mère, et, par les
mouvements de succion qu'il exerce, détermine
l'érection de cet organe et fait jaillir le liquide
sécrété. Une preuve que ce^ mouvements de
succion sont nécessaires pour entretenir la
sécrétion lactée, c'est que celle-ci disparaît
bientôt lorsque la mère refuse le sein à l'en-
fent; ce qui le prouve encore, c'est que des
actes répétés de succion ont suffi pour déter-
miner la formation du lait dans les' glandes
mammaires de jeunes filles qui n'étaient point
enceintes et qui n'avaient jamais été mères.
Bien plus, Humboldt a vu un homme allaiter
lui-même son fils. La durée de l'allaitement
varie selon les espèces ; en général, il est en
raison de l'accroissement comme de la durée de
la vie et de la gestation ; du reste, on peut en
abréger artificiellement le cours par un se-
vrage anticipé, ou le prolonger, au contraire,
par une stimule tion continue des mamelles.
Dans notre espèce, la durée naturelle de
l'allaitement peut être fixée à environ deux
ans; mais ordinairement on sèvre l'enfant
beaucoup plus tôt.
— Hyg. L'hygiène ne considère dans l'allai-
tement que le mode d'alimentation du nouveau-
né; elle distingue l'allaitement maternel, l'ai-
,208
ALL
liiitement étranger, et l'allaitement artificiel.
— L' allaitement maternel doit être regardé,
en thèse générale, comme le meilleur et pour
l'enfant et pour la mère. L'enfant y trouve
une nourriture naturellement en harmonie
avec son âge et avec ses besoins, et la mère
iditïor ■>■
moral, l'allaitement est compris" avec raison
dans les devoirs de la maternité, qu'il rend
• complète et réelle. « Mais, n'en déplaise à
Jean-Jacques, dit M. Michel Lévy, bien des
femmes sont forcées de renoncer au doux
office de Y allaitement, les unes par l'excita -
'bil.ité de, leur système nerveux, les autres par
lés défauts de leur constitution physique. > A
défaut de l'allaitement maternel, il faut alors
avoir recours à l'allaitement étranger. —
L'allaitement étranger consiste à. faire teter
à l'enfant le lait d'une nourrice. Il importe que
celle-ci soit exempte de toute maladie et de
toute diathèse morbide, qu'elle soit d'humeur
gaie et d'un caractère égal , et que son lait ne
date pas d'un accouchement trop éloigné. L'al-
laitement artificiel est le plus défavorable à
l'enfant ; il consiste à le nourrir de lait pur ou
coupé , qu'on lui donne à l'aide d'une cuiller,
d'unverre, ou d'un biberon. On doit employer
de préférence le lait qui ressemble le plus au
lait de la femme ; par exemple, le lait d'anesse.
.Si l'on est obligé de faire usage d'un lait plus
épais et plus caséeux, comme celui de vache,
il faut avoir soin de le délayer avec de l'eau
d'orge ou de gruau. Quant au moyen de don-
ner Ta nourriture à l'enfant, on doit préférer
un biberon disposé de manière à exiger de
l'enfant des mouvements de succion.
ALLAITER v. a. ou tr. (a-lè-té — du lat.
allactare, donner son lait). Nourrir de son
lait : Les sauvages du Canada allaitent leurs
enfants jusqu'à l'âge de cinq ans, et quelquefois
jusqu'à six ou sept ans. (Buff.) La touve allaite
ses petits pendant quelques semaines, et leur
apprend bientôt à manger de la chair. (ButT.)
Tout nourrisson s'attache à sa nourrice; Ro-
mulus dut s'attacher à la louve qui Tavait
allaité. (J.-J. Rouss.) Les pécheurs du Groen-
land ont raconté la manière dont la baleine
allaite son baleineau. (Lacép.) Il y a des
enfants que leurs mères allaitant à leurs
mamelles flétries, faute d'une bouchée de pain
pour sustenter leurs expirants nourrissons.
(Chateaub.) Dans l'ordre naturel, une mère qui
met au monde un enfant doit /'allaiter. (E.
e Gir.) Il faut allaiter les enfants le plus
cétacés embrassent également contre lapoitrii..,
où se trouvmt les mamelles, les petits qu'ils
allaitent ainsi au milieu des mers. (*")
Ici chantait ma sœur, lu méditaient me» frères,
La ma mère allaitait Bon charmant nouveau-né.
Lamartine.
— Absol. : Les femmes qui allaitent ont
besoin d'une nourriture substantielle. .Une
femme dont le lait est trop séreux ne doit pas
allaiter. (Dict. des se. méd.)
— Fig. Se dit en parlant de la nourriture
de l'âme, de l'esprit, etc. : La femme doit
allaiter l'âme aussi bien que le corps de son
enfant. (Th. Perrin.) Shakspeare est au nombre
des cinq ou six écrivains qui ont suffi aux besoins
et à l aliment de la pensée ; ces génies mêmes
semblent avoir enfanté et allaité tous les
autres. (Ph. Chasles.)
... L'espérance humaine est lasse d'être mère,
Et le sein tout meurtri d'avoir tant allaité,
Elle fait son repos de sa stérilité.
A. DE MOSBET.
ALLAMAND (Jean-Nicolas-Sébastien), sa-
vant naturaliste, né à Lausanne en 1713,
mortà Leyde en 1787 , professa la philosophie
et l'histoire naturelle a l'université de Tranc-
her. Il était membre de la Société royale de
Londres et de l'Académie des sciences de
Harlem. C'est lui qui expliqua le premier le
phénomène de la bouteille de Leyde. 11 a laissé
divers ouvrages estimés sur les sciences na-
turelles, philosophiques et mathématiques.
allamande s. f. (al-la-man-de — de Alla-
maiid, n. pr.) Bot. Genre do plantes de la
famîMo des apocynéos, tribu des carissces.
Il renferme des arbrisseaux ou des sous-
afbrisseaux à tiges dressées ou grimpantes,
à feuilles verticillées et à belles fleurs jaunes.
Les allamandes appartiennent aux régions
tropicales de l'Amérique, et plusieurs sont
cultivées dans nos serres.
ALLA MILITARE loc. adv. (al-la-mi-li-ta-
ré — de l'ital. alla, à la; militare, militaire,
à la militaire). Mus. Mots qui, placés au
commencement d'un morceau de musique ,
indiquent qu'il faut donner à l'exécution le
caractère des marches militaires.
ALLAN (Louise Despréaux, dame), actrice
française, née vers 1809, morte à Paris, le
24 février 1856, joua, toute jeune fille, Joas et
la Petite Louison au Théâtre-Français, et fut,
de 1831 a 1837, sous le nom de Louise Des-
préaux, l'amoureuse élégante et applaudie du
Gymnase. Après un séjour à Saint-Péters-
bourg, elle fit sa rentrée à !a Comédie-Fran-
Saise en 1847, et fut accueillie avec faveur
ans le Caprice, d'Alfred de Musset. — Mul« Al-
lan était une comédienne de premier ordre,
qui savait faire vibrer avec une égale supé-
riorité toute la gamme des accents dramati-
ques, et qui excellait dans les genres les plus
. opposés. Elle possédait l;esprit, la finesse, le
vrai ton du monde, savait donner leur valeur
aux mots, conduisait, arrêtait ou précipitait
ALL
la situation avec une raison ferme et sou-
riante. Ses principales créations sont : M111»
de Léry , du Caprice; la comtesse de Clair-
mont, de Lady Tartuffe; la mère, de la Joie
fait peur; Mme de Vitré, de Péril en la de-
meure; la marquise, de II faut qu'une porte
soit ouverte ou fermée; la mère, de Par droit
de conquête. — Elle avait épousé M. Allan,
acteur distingué, qui, après avoir fait partie
d'une troupe ambulante dirigée par Luguet ,
père de l'artiste du Palais-Royal, obtint de
brillants succès au Gymnase, et plus tard ac-
compagna sa femme à Saint-Pétersbourg,
où il tint l'emploi des premiers rôles avec
elfe sur le théâtre français de cette ville.
ALLASCHE, ch.-l. de cant. (Cantal), arrond.
de Murât ; popul. aggl. 976 hab. — pop. tôt.
2,125 hab.
ALLANIE s. f. (al-la-nî — de Allan Cunnin-
gham, n. d'un bot. angl.). Bot. Genre déplantes
de la famille des légumineuses, tribu des
swartziées, dont la seule espèce connue est un
grand arbre, originaire de la Guyane.
ALLANITE s. f. (al-la-ni-te) . Miner. Sub-
stance découverte au Groenland, et considé-
rée comme un silicate de ccrium.
allant (a-lan) part. prés, du v. Aller :
Les enfants s'imaginent qu'en allant ils par-
viendront au bout du cercle ; mais les hommes
sages se rient de leur simplicité. ( Nicole.) En
jetant un coup d'œil, je vis les gens de la mai-
son allant et venant , tous affairés , ivres de
douleur. (Balz.) Robert Guiscard, duc de la
Pouille , mourut "allant en Palestine. (Cha-
teaub.)
Elle offre d'avertir de tout ce qui se passe,
Sautant, allant de place en plac
La Fontaine.
■ --,. , — mouvement :
C'est un homme allant. Une femme fort
allante. (Acad.) Elle est toujours allante et
venante. (Mme de Sév.l Le marquis n'était pas
allant. (J.-J. Rouss.) il Qui a la force, la
vigueur nécessaire pour aller : Me voilà vieux;
je ne suis plus guère allant.
— Substantiv. Celui qui va. N'est usité que
dans cette locut. : allants et venants : Cette
maison est ouverte aux allants et aux venants.
(Acad.) Une maudite auberge, des allants et
venants, un vacarme' d'en fer.... (P.-L. Cour.)
Sale et productif comme le commerce, ce pas-
sage, toujours plein <2'aulants et de venants,
de charrettes, de hoquets , est d'un aspect re-
poussant. (Balz.)
allante s. m. (al-lan-te — du gr. allas,
allantos, saucisse). Entom. Genre d'insectes
hyménoptères qui renferme un très -grand
nombre d'espèces, dont la plupart habitent
l'Europe. "
allantites si m. pi. (al-lan-ti-te — rad.
allante). Entom. Tribu d'insectes apparte-
nant à la famille des tenthrédines , dans
l'ordre des hyménoptères.
allantoate s. m. (al-lan-to-a-te — rad.
allantoïde). Chim. Nom' générique des sels
produits par la combinaison de 1 acide allan-
toïque avec une base salifiable.
allantodie s. f. (al-lan-to-dî — du gr.
allas, allantos, saucisse; eidos, forme). Bot.
Genre de fougères de la Nouvelle-Hollande,
voisin du genre athyrium.
allantoïde s. f. (al-laii-to-i-de — du gr.
allas, allantos, boyau; eidos, forme). Anat,
Une des membranes qui appartiennent au
foetus des mammifères , et qui n'existe dans
le fœtus de l'homme qu'à l'état rudimentaire.
— Adjectiv. : La vésicule allantoïde. .
— Encycl. La vésicule allantoïde naît de là
partie postérieure ou caudale de l'embryon.
Elle se développe au moment où la vésicule
ombilicale destinée il se résorber s'isole de
l'intestin. Etranglée par la formation dé l'om-
bilic , elle se divise en deux parties renflées,
séparées par une partie intermédiaire plus
étroite. La partie située dans l'abdomen du
fœtus doit former la vessie urinaire ; la partie
extérieure au fœtus, très-riche en vaisseaux,
constitue \' allantoïde proprement dite, laquelle
s'accroit rapidement, gagne l'enveloppe exté-
rieure de l'œuf, et concourt à la formation du
chorion; quant à la partie intermédiaire qui
fait communiquer les deux autres, elle prend
le nom i'ouraque. Les vaisseaux qui circulent
à la surface de Yallantoïde proprement dite
sont désignés sous le nom de vaisseaux allan-
toïdiens, et deviendront plus tard les vaisseaux
du cordon. La communication entre Yallantoïde
proprement dite et là vessie urinaire s'oblitère
vers le quarantième jour, et Youraque se trans-
forme en un cordon fibreux. Chez les rumi-
nants et le porc, Yallantoïde constitue un long
boyau placé entre le chorion et l'amnios, qui
a une partie moyenne continue à I'ouraque et
deux branches.
allantoïdien, enne adj. (al-lan-to-i-
di-ain, è-ne — rad. allantoïde). Anat. Se dit
du liquide contenu dans la cavité de l'allan-
toïde : Le liquide allantoïdien est incolore
d'abord , puis un peu roussàtre dans les foetus
qui approchent du terme. (Nysten.) Le liquide
allantoïdien est un produit de sécrétion ex-
crémentitiel, comme l urine le sera plus tard.
(Nysten.)
allantoïne s. f. (al-lan-to-i-ne — rad.
allantoïde). Chim. Substance gui existe toute
formée dans la liqueur amniotique des vaches.
— Encycl. h allantoïne est insipide, inodore
et sans action sur les couleurs végétales. Elle
cristallise en prismes incolores, très-brillants.
Elle est peu soluble dans l'eau froide, assez
soluble dans l'eau bouillante. Traitée par l'a-
cide azotique ou l'acide chlorhydrique, elle se
dédouble en acide allanturique et en urée. On
l'obtient artificiellement en faisant bouillir de
l'acide urique avec de l'eau, tenant en suspen-
sion de l'oxyde puce de plomb. On peut l'ex-
traire des eaux amniotiques en réduisant ces
eaux par l'évaporation jusqu'au quart de leur
volume primitif. Vallantoïne est quelquefois
nommée acide allantoïque.
allantoïque adj. (al-lan-to-i-ke — rad.
allantoïde). Anat. Qui se rapporte à l'allan-
toïde. s
— Chim. Acide allantoïque, L'allantoïne.
' ALLANTOPHORE adj.(al-lan-to-fo-ro — du
gr. allas, allantos, saucisse; phoros, qui porte) .
Hist. nat. Qui est muni d'organes ou d'appen-
dices ayant la forme d'un boyau.
ALLANTOTOXICON s. m. (al-lan-to-tok-
si-konn — du gr. allas, allantos, saucisse;
toxikon, poison). Chim. Poison qui se déve-
loppe dans les viandes de charcuterie et dont
la nature chimique est fort peu connue : il
peut déterminer des accidents graves et même
mortels.
ALLANTURIQUE adj. (al-lan-tu-ri-ke —
rad. allantoïde). Chim. Se dit d'un acide que
l'on obtient en chauffant légèrement de l'al-
lantoïne avec de l'acide azotique ou chlorhy-
drique. L'acide allanturique est blanc, légère-
ment acide , déliquescent, presque insoluble
dans l'alcool.
ALLA Ottava loc. adv. (al-la ott-ta-va—
de l'ital. alla, à la; ottava, octave). Mus.
Terme qui indique qu'un passage doit être
exécuté a l'octave au-dessus ou au-dessous.
% alla palestrina loc. adv. ( al-la pa-
lè-stri-na — do l'ital.- alla, à la; Palestrina,
n; pr.). Mus. Se dit d'un style de musique
d'église traité avec tant do perfection par
Palestrina , compositeur de l'école romaine ,
que ses ouvrages sont restés le modèle du
. alla polacca loc. adv. (al-la po-lak-ka
— do l'ital. alla, à la; polacca, polonaise). Mus.
A la polonaise, c'est-à-dire en mesure ternaire
modérée. " ^
AlLAUD (Jean-François), général français,
né à Saint-Tropez (Var); en 1785, mort en 1839.
Aide de camp du général Brune, il quitta la
France à la Restauration, devint généralissime
des troupes du roi de Lahore, les disciplina à
l'européenne et leur donna même le drapeau
tricolore, qui est devenu le drapeau national
des Sikes. Les commandements mêmes se fai-
saient en français. Louis-Philippe le nomma
son chargé d'alfaires auprès du rajah.
ALLARDE (Pierre-Gilbert Leroi, baron d'),
constituant, économiste, né à Montluçon en
1749, mort en 1809. 11 s'occupa dans l'Assem-
blée constituante presque exclusivement do
finances, des banques, des assignats, des pa-
tentes, dont il fit adopter l'institution, et rendit
des services réels par ses connaissances spé-
ciales. En 1803, il fut nommé régisseur de
l'octroi municipal de Paris.
allarguer v. n. ou int. V. Alarguer.
ALLABT (Hortense) , femme de lettres, née
à Paris vers 1790. Elle a publié des romans :
la Conjuration d'Amboise (1821) ; Gertrude
(1827); Y Indienne (iS5i); des Lettres sur ma-
dame de Staël , ainsi que des études histori-
ques : Laurent de Médicis; Rienzi; Histoire de
la république de Florence (1837-43).
ALLASIE s, m. (al-la-zî — du gr. allas,
saucisse). Bot. Genre de plantes imparfaite-
ment connu, et rapporté avec quelque doute
à la famille Bescucurbitacées. La seule espèce
est un arbre à feuilles digitées, originaire du
Mozambique.
ALLASSAC, commune du dép. de laCorrèze,
arrond. de Brives ; pop. aggl. 1,094 hab. — pop.
tôt. 3,853 hab.
ALLATN ou ALLATA, une des trois déesses,
filles du dieu suprême, que les Arabes, et par-
ticulièrement la tribu de Thakif, adoraient
avant la venue de Mahomet.
ALLA TURCA loc. adv. (al-la tour-ka — do
l'ital. alla, à la; turca, turque). Mus. A la
turque : lin rondeau alla turca.
ALLA zoppa loc. adv. (al-la tzop-pa —
mots ital. qui signif. à la boiteuse). Mus.
Terme qui indique un mouvement syncopant *
entre deux temps sans syncoper entre deux
mesures ; c'est-a-dire où , entre deux notes
d'une égale valeur , se trouve une note de
valeur double.
ALLÉ, ÉE (a-lé) part. pass. du v. Aller :
Maulevrier, allé en Espagne, comme un ma-
lade aux eaux, demeure à Madrid. (St-Sim.)
il Nes'empl. presque jamais sans l'auxil. être.
ALLEBOTE s. f. (a-le-bo-tc). Parcelles de
raisin que les vendangeurs laissent par mé-
gaïde dans les vignes, u Ce terme est tout à
fait local.
allebotant (a-le-bo-tan) part. prés, du
v. Alleboter.
ALL
allebote). Grappiller les allebotes.
alleboteur.euse s. (a-le-bo-teur, cu-zc
— rad. allebote). Celui, celle qui grappille les
allebotes.
alléchant (al-lé-chan) part. prés, du v.
Allécher.
ALLÉCHANT, Ante adj. (al-lé-chan, an-to
— rad. allécher). Attrayant, séduisant: Il vit
que le lord restait impassible à cette allé-
chante proposition. (Th. Gaut.)
ALLÉCHÉ, ÉE (al-lé-ché) part. pass. du v.
Allécher. Attiré, séduit par les choses qui ont
rapport au goût, à l'odorat : Etre alléché par
la perspective d'un bon déjeuner.
Maître renard, par l'odeur alléché.
Lui tint à peu près ce langage.
La Fontaine.
— Fig. : Etre alléché par l'espoir du. gain,
par les profits. Plutôt alléché aux mystères
que rassasié de secrets, Julien alla chercher
jusqu'au fond de la Grèce un vieux prêtre
d'Eleusis, oui passait pour ne rien ignorer.
(Chateaub.) Quelques pairs de France, allé-
chés par quatre-vingt mille livres de rente, y
amenèrent leurs parents les plus revècheset les
plus difficiles. (Balz.) Faites mieux que ça ,
répond l'intendant alléché par une bonne af-
faire, venez demain déjeuner tous trois. (Balz.)
Je veux qu'alléché par le titre,
Maint lecteur t'achète. . . .
F. DE NeUFCUATEAU.
ALLÈCHEMENT s. m. ( al-lè-che-man —
rad. allécher). Ce qui allèche, plaît, flatte le
goût ; /; n'est pas insensible aux allkche-
ments d'un bon plat fumant sur la table.
— Fig. Attrait, appât, amorce : Les allé-
gements de ta volupté. Saurez-vous éviter tes
séductions et les allèchements du monda?
(J.-J. Rouss".) Il n'y a rien de plus à craindre
que les alléchements de la fortune. (Maury.)
Quel alléchejient que de mettre d'accord' la
beauté morale et la beauté physique! (Balz.)
— B.-arts. Se dit du travail fait en dernier
lieu pour obtenir la netteté, la beauté achevée
d'une œuvre de gravure ou de sculpture : Il
procéda à J'allèciiement dé sa statue avec des
précautions sans nombre et des soins infinis.
allécher v. a. ou tr. (al-lé-ché — de à et
de lécher; ou plutôt du lat. allectare, fréquen-
tatif de allicere, attirer; — Vé fermé du rad.
se change en è ouvert devant un e muet :
J'allèche, tu allèches; excepté au futur et au
condit., où l'Acad. maintient Vé fermé : J'al-
lécherai; il allécherait). Attirer, séduire en
flattant le goût, l'odorat : Allécher un gour-
mand par l'espoir d'un bon repas. On allèche
les souris avec du lard et des noix.
Attaquons ce pâté, qui m'allèche au parfum.
E. AUQIEfe.
— Fig. Attirer par l'espérance, par le plaisir :
La douceur des plaisirs allèche les hommes à
la volupté. (Trév.) On Savait alléché par la
promesse d'une grande place. ( Acad. ) Les
femmes s'aiment le mieux là où elles ont le plus
de tort, l'injustice les allèche. (Montaig.)
C'est un fond de jalousie vaniteuse qui fait que
la critique allèche notre esprit. (Boiste.) Ses
prodigalités et sa sérénité imperturbable en
imposèrent aux capitalistes , çu'alléchaient
d'ailleurs des primes usuraires. (L. Blanc.)
Contentez-vous de peu! voilà ce que je prêche
A tous ceux qui n'out rien et que la Bourse allèche.
Ponsard.
— Syn. Allécher, attirer. Attirer s'emploie
toutes les fois qu'il s'agit d'une action générale
qui ne suppose pas un désir plus vif dans un
individu que dans un autre , et allécher, quand
il s'agit d'un individu auquel on suppose une
grande ardeur vers l'objet.
AI.l.ECTUS , usurpateur qui prit la pourpre
dans la Grande-Bretagne, après avoir assas-
siné Carausius (294 de J.-C). Attaqué l'année
suivante par Constance Chlore, il fut vaincu
ALLÉCULE s. m. (a-lé-cu-le). Entom. Genre
d'insectes coléoptères hétéromères , de la fa-
mille des hélopiens, qui renferme un grand
nombre d'espèces, presque toutes étrangères
à l'Europe.
ALLÉE s. f. (a-lô — rad. aller). Trajet. Ne
s'emploie guère qu'en opposition à venue ou
retour. On dit l'allée et le retour, ou mieux
l'aller et le retour : Z'allée et ta venue. La
ville est située sur une hauteur; f allée mi
très-rude; le retour, très-facile.
—Allées et venues, Action d'aller et de vcnii
plusieurs fois, et particul. les pas et lesdémar-
ches que l'on fait pour une affaire : M. Purgon
m'a dit de me promener le matin dans ma
chambre douze allées et douze venues ; mais
j'ai oublié de lui demander si c'est en long ou
en large. (Mol.) Toutes ces allées et venues,
qui n'étaient rien pour vous autrefois, sont
présentement des affaires très-pénibles. (M me de
Sév.) C'est un homme né pour les allées et
venues, pour aller plus loin que sa commission
et pour être désavoué. (La Bruy.) Au dessert,
elle n'entendit pas sans un ravissement inté-
rieur des allées et des venues dans l'anti-
chambre et des bruits au salon, qui annonçaient
que sa compagnie habituelle arrivait. (Balz.)
Eh bien ! lui -même, dans l'intérêt de ses études,
que les allées et venues de l'externat ne lais-
saient pas de contrarier un peu, a demandé à .
être cloitré. (Balz.) Il suivait les allées et
venues des voyageurs à travers tes ruines.
ALL
(Th. Gaut.) il Fig. Tergiversations : La nature
de l'homme n'est pas d'aller toujours, elle a ses
ALLÉES ET Ses VENUES. (PaSC.)
ALLÉE s. f. (a-lé — du v. franc, lée, tiré du
' lat. talus, lata, large, qui, en basse latinité, a
fait successivement lada, leda, laia, leia, voie
large pratiquée dans l'épaisseur d'une forêt.
C'est ainsi qu'un monastère ayant été bâti
sur la lée, la taie de la forêt de Saint-Germain,
la villo qui s'éleva autour de la vieille abbaye
prit le nom de Saint-Germain en Laye. Ces
mots : laie, lée, désignaient donc une certaine
étendue de chemin. On disait la laie, la lée.
La voyelle de l'article s'ajouta par corruption
au substantif suivant, comme dans abée, qui
vient de bée ; levier, de évier, et cette aggluti-
nation produisit le mot allée tel que nous
l'avons aujourd'hui. La forme simple se re-
trouve encore dans notre mot lé, exprimant la
largeur d'une pièced'étoffe). Passage pi us long
que large, pratiqué entre deux murs, et qui
conduit de Ventrée d'une maison dans l'inté-
rieur : Allée étroite, obscure. Maison à allée.
Ouvrir, fermer Ja porte de f allée. Ils'approche
delà porte; il entre et suit à tâtons une allée
obscure. {Le Sage.) L'allée est d'usage parti-
culièrement dans les maisons de marchands
dont la façade est occupée par des boutiques.
(Boutard.) // demeurait à un cinquième étage,
dans une maison à allée. (Balz.) il Espace
ordinairement bordé d'arbres, de plantes, qui
s'étend en longueur et sert à la promenade :
Les alléks d'un parc, d'un jardin. Allée
droite. Allée tortueuse. ALLÉE de marron-
niers, de tilleuls, de lilas. Allée sablée. Allée
bordée de buis, de fraisiers. Se promener dans
une allée. Arislote choisit dans le Lycée un
lieu où il y avait de belles allées, d arbres.
LFcn.) Je passai plusieurs fois dans /'allée
ordêe de tilleuls où elles étaient assises..
(Picard.) Il y avait là quelques allées étroites
parquetées de sable rouge, encadrées d'œillets
sauvages. (Lamart.) On sortit du quinconce, et
l'on se dirigea vers une grande et profonde
"-"'i de tilleuls. (E. Sue.) liien n'est plus
— Archéol. Allées, et plus souvent allées
couvertes, Nom donné à des rangées de pierres
druidiques disposées en allées, et qu'on ap-
pelle aussi roches aux fées, grottes aux fées, etc.
ALLÉE DES VEUVES. V. Veuve.
alléGATEUR s. m. (al-lé-ga-teur — rad.
allégui-r). Qui allègue, qui se fonde sur des
allégations. Vieux.
ALLÉGATION s. f. (al-lé-ga-si-on — rad.
alléguer). Citation d'extrait, de passage d'un
auteur qui fait autorité, d'un fait important
dont on peut se servir comme de type pour
juger les faits analogues avec lesquels on le
compare : Cette allégation trop répétée est
inhumaine , antipatriotique , destructive de la
société. (Volt.) Son amour-propre s'irrita de
voir toujours opposer des raisonnements cap-
tieux à ses allégations confuses. (E. Sue.)
Quand on n'aura plus qu'à se débattre contre
des allégations séparées de leurs preuves , on
pourra mieux faire face à l'ennemi. (Balz.) Il
Proposition qu'on met en avant, affirmation :
ll.répondit fort habilement aux allégations
de son adversaire. (Acad.). Le devoir du tribu-
nal est de vérifier, avant tout, les allégations
de* requérants. (Balz.)
ALLÈGE s. f. (al-lé-je — rad. alléger). Mar.
Barque qui sert à recevoir une partie des
objets composant le chargement ou l'arme-
ment des navires, afin quo ceux-ci soient
réduits, momentanément; à un moindre ti-
rant d'eau. Maisce nom s'applique plus par-
ticulièrement à des embarcations employées
à charger ou à décharger les bâtiments que
leur tirant d'eau empêche d'approcher assez
près du bord : Il y a des allèges assez grandes
pour pouvoir naviguer le long des cotes. (Acad.)
Il sa trouva cent quatre-vingt-dix-huit vais-
seaux de guerre en comptant les allèges. (Volt.)
lusqu'à la hauteur de Beaucaire , le fleuve est
navigable pour les allèges , les tartanes , les
bombardes, les bricks même. ( L. Reybaud.) il
Machine avec laquelle on soulève un vaisseau,
et qu'on appelle aussi chameau.
— Archit. Mur d'appui d'une fenêtre, moins
épais que l'embrasure.
— Ch. de fer. Chariot d'approvisionne-
ment gui porte l'eau et le charbon. On dit
plus généralement tender.
ALLÉGÉ, ÉE (al-lé-jé) part. pass. du v.
Alléger. Rendu plus léger ; soulagé d'un poids,
d'un fardeau : Un bateau, un plancher allégé.
Etre, se sentir allégé. Le navire, allégé- de
la moitié de son poids, fila plus rapidement.
Les branches de cet abricotier, allégées de-
puis qu'on a cueilli les fruits, se sont relevées.
Je me sens tout allège depuis que j'ai quitté
mon manteau. {Trév.)
— Par ext. Qui a l'air plus léger, qui donne
l'œil une impression de légèreté : Les pla-
Fig. : Si les contributions générales étaient
dos dépenses inutiles, elles ne seraient
difficiles à acquitter. (J.-B. Sa'y.)~7/
rendit chez la princesse , le coeur joyeux ,
mrit tout allégé des doutes injustes de la
lie. (G. Sand.)
ALLÉGEABLE adj. (al-lé-ja-ble — rad. allé-
ger). Qui est susceptible d'être allégé: Dou-
ALLÉGEANCE- s. f. (al-lé -jan-se — rad.
alléger). Diminution du poids d'un fardeau.
Inusité au propre.
— Fig. Adoucissement, consolation, soula-
gement : C'est peut-être à moi qu'ils doivent
de n'avoir point de remords, douce et précieuse
allégeances pour leur vieillesse. (Cb. Nod.)
Le temps a
Je rends grâces au oie], qui, pouf mon allégeance,
Du coté de l'amour met la reconnaissance.
E. Al-oier.
— Syn. Allégeance, allégement. Allégeance
indique l'action d'alléger; allégement, le .ré-
sultat de cette action.
ALLÉGEANCE (Serment d') , serment de
fidélité prêté au souverain par les Anglais, et
qui fut institué sous Jacques I", en 1606, après
la découverte de la conspiration des poudres.
L'allégeance est ou naturelle ou locale; elle
est naturelle pour tous ceux qui sont nés dans
un pays soumis au roi d'Angleterre, et locale,
pour les étrangers aussi longtemps qu'ils se
trouvent sous sa protection. L'allégeance na-
turelle est encore perpétuelle ou temporaire.
Voici la formule du serment d'allégeance: «Je,
proteste et déclare formellement devant
Dieu et devant les hommes que je serai tou-
jours fidèle et soumis au roi • Le serment
d'allégeance peut être imposé à tout individu
âgé de plus de douze ans; mais maintenant on
ne l'exige guère que des hauts fonctionnaires.
Les quakers en sont dispensés; une simple
déclaration de leur part suffit.
ALLÉGEANT (al-lé-jan) part. prés, du v.
Alléger : Elles avaient espéré qu'en descendant
de son cabinet, Morel entrerait chez elles, mais
elles l'entendirent passer devant leur porte ,
allégeant son pas, dans la crainte, sans doute,
d'être appelé. (Alex. Dum.)
allégeas s. m. (al-lé-jâss). Comm. Etoffe
de coton ou de lin qui se fabrique aux Indes
orientales.
ALLÉGEMENT s. m. (al-lé-je-man — rad.
alléger). Diminution d'un poids supporté :'
Allégement d'un navire. Donner de l allége-
ment à un plancher, à un bateau. (Acad.)
— Par ext. : /.'allégement des impôts.
L'allégement des charges publiques. Ce sera
pour les contribuables un petit allégement.
(Acad.)
— Fig. Soulagement, adoucissement, con-
solation : Je sens un peu (/'allégement à mon
mal. (Trév.) Cette nouvelle a été un .allége-
ment pour ma douleur. (Raym.) Je sortis de ce
désert de granit (l'Escurial), de cette monacale
nécropole, avec un sentiment de satisfaction et
(/'allégement extraordinaires. (Th. Gaut.)
Peut-être y trouverez -vous quelque allége-
i. Sand.)
L'unique allégement qu'elle et
- Grav. Action de la main q"ui forme dos
, allégeance. V. AlLÉ-
que dans u
— Syn. Allés
ALLÉGER v. a. ou tr. (al-îé-jé — lat. alle-
vare ; formé de ad, à; levis, léger; — prend
un e muet après le g devant les voyelles a et
o : Il allégea, Nous allégeons,Vous allégeâtes.
Uê qui précède le g est fermé dans toute la
conjugaison : J'allège. Il allégerait, etc.).
Rendre plus léger : Alléger la charge d'un,
porte -faix, d'une bête de somme. Quelquefois
on allège un bâtiment pour aider à sa marche.
(A. Jal.)
— Par ext. Rendre moins onéreux : Allé-
ger les charges publiques. L'Ecole militaire
allège le poids de la conscription. (Napol. fer.)
Je voyageais en chaise de poste avec un négo-
ciant français qui avait cherché un compagnon
de route pour alléger les frais du voyage.
(Lamart.) Il faut qu'elle prélève sur les'res-
sources de la communauté une part de moins en
moins grande, et qu'elle allège nécessairement
le poids du privilège dont elle jouit. (L. Rey-
baud.) Les charges publiques étant ce qu'il y
a de plus sensible pour le contribuable, on s'at-
tache aisément à qui promet de les alléger.
(Viennet.) n On dit de même, Alléger les
contribuables. Diminuer les charges, les im-
pôts qui pèsent sur eux.
— Fig. Calmer l'inquiétude, adoucir l'ennui,
le chagrin , la douleur : On a mille remèdes
pour adoucir le malheur de l'honnête homme,
on n'en trouve pas pour alléger celui du mé-
chant. (La Bruy.) La plaisanterie allège pour
un moment le poids de la vie. (M'"e de StaSl.)
Il n'est point de sou/fronce que la sympathie
n'ALLÉGE. (Lamenn.) La vie a des fardeaux
pour toutes les positions : la hauteur où on tes
porte n'en allège pas le poids. (Guizot.) La
gaieté- allège les ennuis au voyage. ( H. Ri-
gault.) La résignation allège l'infortune, la
plainte en aggrave le poids. (Bonnin.) Confier
ses peines, c'est les alléger. (Bonnin.) Demain,
j'écrirai à Philippe, cela «allégera un peu.
ALL
(Alex. Dum.) J'auni fait une bonne action,
cela allège le cœur. (Alex. Dum.) Il mit lui-
même la main à l'eeuvre pour alléger leur
peine. (G. Sand.)
Grand Dieu,
La vie est un fardeau que ton bras nous allège.
A- Guiraod.
Sans doute il songe à moi comme je songe & lui;
Cette douce pensée allégeait mon ennui.
Colun D'Harleville.
— Grav. Alléger la main, Conduire le burin
légèrement avec la main, de façon à faire des
hachures ou des traits moins prononcés dans
un endroit que dans un autre.
— Manég. Alléger un cheval,-Le rendre plus
léger sur le devant ou sur le derrière, en por-
tant le corps en arrière ou en avant : Votre
cheval est trop pesant des épaules, il le faut
alléger du devant, n Dans ce sens on dit aussi
allégérir, allêgir.
— Mar. Diminuer la tension des cordages :
On allège les manœuvres lourdes et longues
pour diminuer les frottements sur les surfaces
où elles doivent passer. (A. Jal.) Il Alléger un
navire, Le rendre plus léger, le réduire à un
moindre tirant d'eau en le débarrassant d'une
partie de son chargement.
— Techn. Rendre une pièce de bois ou de
métal plus légère, plus mince, en l'amenui-
sant, en la tournant ou en la limant.
• S'alléger, v. pr. Etre allégé, au prop. et au
fig. : S'alléger pour marcher avec plus de
facilité. (Acad.) Ma douleur s'est un peu
allégée. (Acad.) A mesure que Sténio s'éloi-
gnait, je sentais le poids de la vie s'alléger
sur mes épaules. (G. Sand.)
Je m'allège du faix dont je suis accablé.
— Syn. Alléger, «ouUfter. Alléger signifie
Diminuer le poids d'un fardeau, d'une souf-
rance en quantité pour ainsi dire déterminée
et avec un effet localisé. Soulager implique une
action plus vague, dont l'effet peut s'étendre
k toute la chose ou la personne allégée.
— Antonymes.' Alourdir, appesantir, char-
ger, grever, lester, surcharger.
alléGÉRIB v. a. ou tr: (al-lé-jé-rir —
rad. alléger). Manég. Syn. de alléger.
ALLÉGHANIEN, ENNE adj. (al-lé'-ga-ni-
ain,è-ne).Qui concerne les monts alléghanys :
Le système alléghanien comprend les monta*
(Béraud.) Le système alléghanien est formé de
plusieurs chaînes de montagnes réunies comme
un seul groupe. (Malte-Brun.)
ALLÉGHANY ou ALLÉGANV, longue chaîne
de montagnes appelées aussi monts Apalaches,
Farallèle à la cote de l'océan Atlantique, dans
Amérique du Nord , et qui s'étend depuis
l'embouchure du Saint-Laurent jusqu'à celle
de l'Alabama. Sa longueur est d'environ 1,600
kil. Elle parcourt les Etats de la Caroline du
Nord, de la Virginie, du Marvland, de la Pen-
sylvanie et de New-York. C'est un assemblage
de plusieurs chaînes parallèles, dont les deux
Ïirincipales sont les montagnes de Cumber-
and à l'ouest, et les montagnes Bleues à l'est.
Le point culminant de celles-ci est 1e mont
Washington, élevé de 2,000 mètres. Les diffé-
rentes parties des Alléghanys laissent entre
elles de riantes vallées çlus ou moins profon-
des ; on y trouve des mines de fer, de plomb,
de l'or en assez grande quantité, du bitume,
de l'anthracite, des salines en abondance ; mais
le charbon est la richesse minérale la plus
importante.
ALLÉGHANY, riv. des Etats-Unis.affiuent de
l'Ohio, dans l'Etat de Pensylvanie.
ALLÉGIR v. a. ou tr. (al-lé-jir— rad. léger).
Manég. et techn. V. Alléger.
— Syn. Allégir, aiguiser, nmenuieer. V. Al-
allégissant (al-lé-ji-san) part. prés, du
v. Allégir.
ALLÉGISSEMENT s. m. (al-lé-ji-se-man —
rad. alléger). Action d'alléger le train de de-
vant ou celui de dor/ière des animaux : L'al-
légissemënt de l'avant-main du bœuf contri-
buerait à le rendre plus fort.
ALLÉGORIE s. f. (al-lé-go-rî — du gr. allas,
autre ; wgorein, représenter). Fiction transpa-
rente au moyen de laquelle, outre le sens
littéral qui n'est point destiné à fixer l'esprit,
on veut éveiller dans celui-ci une autre idée
cachée, pour ainsi dire, sous l'enveloppe des
mots pris dans leur acception naturello : Le
songe de Pharaon est une allégorie aussi juste
qu'elle était obscure avant l'explication de Jo-
seph. Le bandeau, les ailes et l'enfance de Cu-
pidon sont une allégorie qui représente le ca-
ractère et les effets de la passion de l'amour.
(Acad.) Il faut avouer que l'antiquité s'expliqua
presque toujours en allégories. (Volt.) Le
mérite de /'allégorie est de n'avoir pas besoin
d'expliquer la vérité qu'elle enveloppe ; elle la
— En poésie, on a personnifié l'allégorio
VAllégorie habite un palais diaphane
rapports, (Marmontel.)
prement l'esprit des Orientaux ; c'est cequi les a
conduits à l'invention de l'apologue. (La Harpe.)
La' religion est une allégorie de la justice.
(Proudn.) Ou le catholicisme est /'allégorie
de la société, ou il n'est rien. (Proudh.) On con-
naît l'ingénieuse allégorie de Platon, qui dit
qu'au commencement des siècles l'époux et t'é-
pouse venaient ensemble au monde et ne consti-
tuaient qu'une seule créature animée. (Alibcrt.)
— Petit poëme dont le fond est une fiction
allégorique : Les apologues et les paraboles
sont des allégories. (Acad.) Les allégories
de liousseau sont d'un style moins inégal ei
moins incorrect que ses épitres. (La Harpe.)
— Rhét. Figure qui n'est qu'une métaphore
prolongée : Un des caractères de ces auteurs,
c'est de pousser à bout les allégories. (Boss.)
L'allégorie peut être d'un bel effet dans Vélo- -
quence et dans la poésie. (La Harpe.) Les épopées
d'Homère abondent en allégories. (Tissot.)
— Peint. 'et sculpt. Composition d'un ar-
tiste représentant une idée abstraite au moyen
de figures choisies ctdisposées pour faire com-
prendre cette idée • Le tableau de la Calomnie,
d'Apelle, était une magnifique allégorie. Les
allégories en peinture sont généralement
froides. C'est sous l'influence de /'allégorie
que Prudhon conçut et exécuta son tableau, la
Justice et la Vengeance poursuivant le crimo,
et Vigneron son Convoi du pauvre.
— Encycl. h'allégorie est, comme l'indique
l'étymologie, un discours qui exprime autre
chose que ce qu'il énonce directement. Elle
peut être considérée : 1" comme une figure du
discours, 2" comme un mode général d'expres-
sion, 3» comme un mode d'interprétation.
I. Considérée comme une figure du discours,
l'allégorie n'est qu'une métaphore plusétendue.
En voici un bel exemple, tiré de Home
sauvée, tragédie de Voltaire. Catilina dit, en
parlant de Cicéron, qui dirige les affaires de la
république et qui soupçonne sa conspiration :
Sur le vaisseau public ce pilote égaré
Présente a lous les vente un flanc mal assuré;
11 s'agite au hasard, à l'orage il s'apprêt
Sans savoir seulement d'où viendra fis te
1 viendra 13 tempête.
Il n'y a pas, en effet, dans ces quatre vers,
une seule expression qui ne soit employée dans
un sens détourné, Le vaisseau, c'est la répu-
blique ; le pilote, c'est Cicéron ; les vents sont
les ennemis de l'Etat; la tempête, c'est la con-
juration.
Un autre modèle d'allégorie souvent cité
est celui que nous offre l'ode célèbre où Horace
peint, sous l'emblème d'un vaisseau livré aux
vents et aux flots, la république prête il se
plonger dans les horreurs de la guerre civile.
En poésie, le mot allégorie s'applique aux fic-
tions où des êtres moraux sont personnifiés,
quelle que soit l'étendue de ces fictions. Ces
allégories prennent ordinairement le nom d'al-
légûries de composition ; telles sont la Ceinture
de Vénus et les Prières dans V Iliade, la Re-
nommée dans VEnéide, Béatrix dans ta Divine
Comédie, la Mollesse dans le Lutrin, l'Envie
dans la Henriade. La parabole et l'apologue
ne sont autre chose que des jdlègories de
composition.
II. L'allégorie est aussi ancienne que le ,
monde; « elle est, dit M. Tissot, la figure uni-
verselle par laquelle le genre humain tout en-
tier entre dans l'ordre intellectuel et moral. »
Il faut bien comprendre que le langage primitif
était uniquement composé d'images; que l'al-
légorie y suppléait h 1 absence de termes, abs-
traits , et qu'avant de devenir un voile ingé-
nieux, un ornement du discours, elle fut un
mode général et nécessaire d'expression. C'est
à X allégorie, naissant spontanément de l'esprit
humain, qu'on peut rapporter toutes les my-
thologies. Nous trouvons Vallégorie dans un
grand nombre de proverbes populaires : Petite
pluie abat grand vent; Mettre de l'eau dans
son vin; Pécher en eau trouble, etc. Elle se
montre dans le langage d'action : Tarquin le
Superbe, abattant en présence de son fils les
têtes des pavots les plus élevés, pour lui indi-
quer qu'il faut frapper les principaux citoyens
de Gabies, faisait une allégorie. Enfin elle ap-
partient aux arts pittoresques comme au dis-
cours. (V. plus loin Allégorie dans les arts.)
L'Orient , qui est la terre classique du despo-
tisme, est par là même celle de 1 allégorie. Ce
n'est pas, on le comprend, à la cour des des-
potes que la vérité peut se montrer toute nue.
On raconte qu'un sage persan, voulant faire
comprendre à Alexandre le Grand l'instabilité
de ses conquêtes, se fit apporter devant lui une
peau sèche et non tannée. L'ayant posée à
terre, il appuya le pied sur une extrémité, et
aussitôt toutes les autres parties se soulevèrent.
Le jeu d'échecs lui-même est une allégorie
orientale. Sans les pions, ou soldats, le roi est
tout à fait impuissant.
III. L'allégorie joue un très-grand rôle dans
l'interprétation des Ecritures par les théolo-
giens. Ils y distinguent deux sortes de sens et
général : le sens littéral et le sens mystique.
ce dernier se divise lui-même en plusieurs es-
pèces, parmi lesquelles se place le sens allé- ,
„0„ chose ainsi prophétisée. Le
serpent d'airain, élevé par Moïse dans le désert'
pour guérir les Israélites de leurs plaies, re-
présentait, dans un sens allégorique, Jésus-
Christ élevé en croix pour la rédemption du
genre humain. Dans les premiers siècles du
christianisme, on vit juifs, gnostiques, néopla-
toniciens, chrétiens hérétiques et chrétiens
orthodoxes, se livrer a l'envi a l'interprétation
27
210
ALL
allégorique, ceux-ci de l'Ancien et du Nouveau
Testament, ceux-là des traditions orientales
fit juives, d'autres des mystères et des fictions
du polythéisme. Philon a écrit trois livres
d'allégories sur les six jours de la création ;
les explications allégoriques abondent dans
Origène, dans saint Clément d'Alexandrie ; l'i-
magination des rabbins en a rempli te Talmud.
— L'allégorie dans les œuvres d'art. Dès
sa plus haute origine, l'art parait avoir eu pour
mission de fournir aux religions du paganisme
les dieux de bois ou de pierre que des peuples
superstitieux confondirent, dans leur adora-
tion, avec la divinité elle-même. Les premières
idoles furent des pierres quadrangulaires ou
pyramidales, des colonnes et parfois, même de
simples troncs d'arbre. Plus tard, l'extrémité
supérieure de ces fétiches fut façonnée en
form
ara les r
1 ajout
(fin les at-
sep;' - - - - . - - ,
tributs distinctifs du dieu, les eniblèn _ . . .
caractère et de sa puissance. Les ministres de
la religion veillèrent avec un soin jaloux sur
cette dernière partie do la composition des
images; tout d'abord, ils imposèrent des règles
et prescrivirent des types dont il fut défendu
de s'écarter. Les Egyptiens, les Assyriens et
les> autres nations de l'extrême Orient, soumis
à l'influence d'un gouvernement théocratique,
restèrent fidèles aux formes primitives , ce
qui explique leur infériorité relative dans la
peinture et la sculpture. Les Grecs, au con-
traire, entraînés' par leur esprit philosophique
et par leur amour de la beauté humaine, s'af-
franchirent peu ii peu des entraves qui gênaient
l'essor de leur unagination créatrice. Simpli-
fiant autant que possible la partie purement
emblématique, ils s'appliquèrent à désigner les
vertus attribuées a chaque divinité, par l'ex--
fjression du visage, la disposition des membres,
es proportions du corps, l'arrangement du
costume. Le beau idéal, réglé par le génie de
l'artiste, se substitua ainsi a la vieille forme
typique : il n'obtint ni moins de respect, ni
moins d'adorati ,ns. Parrhasius, dans la pein-
ture, Phidias, dans la sculpture, contribuèrent
le plus à opérer cette réformation de l'art.
D'ailleurs, l'allégorie, qui est le fond même de
la mythologie, n en continua pas moins d'inspi-
rer les plus belles créations de l'art grec j seu-
lement, elle prit un caractère plus philoso-
phique , et bientôt on la fit servir à mettre
en scène lés diverses pussions de l'homme.
L'exemple le plus célèbre de cette innovation
est le tableau de la Calomnie, qu'Apelle,
d'Ephèse, composa pour se venger d'une ac-
cusation mensongère ' dont il avait failli être
victime, et où il plaça les figures allégoriques
de la-Délation, de l'Envie, de l'Ignorance, de
la Suspicion, de la Fourberie, de la Perfidie,
de la Repentance et de la Vérité. %
Les Romains, en prenant aux Grecs leurs
dieux, leur en ont emprunté, en même temps,
les images. Les nombreuses peintures mytho-
logiques, découvertes dans les maisons de
Ponipéi, semblent avoir eu pour but bien moins
d'inspirer des pensées religieuses que de flatter
les passions par des allégories très-diaphanes.
Tels sont les mythes, si souvent reproduits,
qui ont pour héros Apollon et Daphné, Vénus
et Adonis, Galatée et Polyphème, Ulysse et
Circé, Hellé et Phryxus, etc. Telles sont en-
core ces compositions plus ou moins piquantes
qui représentent Vénus et l'Amour péchant à
la ligne, des Marchands et des Marchandes
d'Amours, l'Amour désarmé par des jeunes
filles, etc. C'est à Pompéi que nous voyons
apparaître pour la première fois une espèce
d allégorie dont on n'a que trop usé depuis ,
Vapotliéose, cette immense flatterie qui décerne
à un mortel les honneurs divins. Ici, elle est
figurée d'une façon générale par un'génie ailé
emportant une fer '— »'-J--
s épaules. L'adu-
lation ne manqua pas sans doute de prodigi—
aux Césars cette glorification symbolique. On
peut voir au Vatican un bas-relief antique re-
présentant l'Apothéose d'Adrien, et, dans la
sacristie de l'église Saint-Vital, à Ravenne,
uns Apothéose d Auguste, morceau de sculpture
d'une grande beauté.
Le christianisme, plus qu'aucune autre re-
ligion, sentit, à ses débuts, la nécessité de
recourir à des emblèmes qui, en donnant pour
ainsi dire un corps aux idées nouvelles, eussent
de plus l'avantage de rappeler les faits sans
exciter la critique, de toucher les cœurs des
initiés sans compromettre aux yeux des infi-
dèles la dignité des mystères sacrés. Tout est
allégorie, en effet, dans les monuments primi-
tifs de l'art chrétien, dans les peintures des
catacombes, dans les bas-relieis des sarco-
phages, dans les mosaïques, dans les verres
gravés ou peints. Et il est remarquable que
ces divers monuments expriment presque tous
la même idée, celle d'un triomphe, d'une déli-
vrance. Le Christ est représenté tantôt comme
un bel adolescent, foulant de ses pieds nus le
lion et le dragon, emblèmes du péché ; tantôt
comme un bon pasteur, portant sur ses épaules
la brebis égarée ; quelquefois, comme un nou-
vel Orphée , tenant un» instrument de mu-
sique dans ses mains et charmant les animaux
féroces par ses divins accords. Le mystère de
la Passion n'offre ni douleurs, ni humiliations :
il est ligure, d'ordinaire, par Daniel dans la fosse
aux lions, par les trois jeunes. Israélites dans
la fournaise,ou encore par Jonas avalé par la
baleine, qui doit le rendre à- la lumière dans
trois jours; plus rarement, surtout pendant
les premiers siècles, par un agneau expirant
au i.ied de la croix. (V. Agseau.) Lorsque
ALL
le concile quinisexte, tenu à Constantinople
en G92, eut ordonné de préférer la réalité aux
emblèmes et de montrer le Christ sur la croix
{Cliristi Dei nostri humana forma characteiem
in imaginibus deinceps erigi ac depingi jubc-
mus), l'emploi des figures symboliques ne se
ralentit un instant que pour prendre ensuite
un développement plus complet. Le caractère
des productions de l'art chrétien , au moyen
it les s
ipe-
Emeric David, semblent
les uns sur les autres dans leurs inventions.
Les compositions pittoresques devinrent une
sorte d'hiéroglyphes dont il fallait avoir le
secret. Les quatre évangélistes furent repré-
sentés par quatre fleuves qui allaient répandre
leurs eaux sur toute la terre ; les gentils con-
vertis, par des cerfs qui se désaltéraient à une
eau vive, par une vigne ou par une montagne ;
les fidèles, par des arbres, des plantes, des
moutons, des oiseaux. La pose, les gestes
même des personnages étaient significatifs,
et se trouvaient déterminés par des coutumes
dont il né semblait plus permis de s'écarter. »
Ces conceptions étranges, dont beaucoup
n'ont pu être pénétrées par nos modernes ico-
nographes, se retrouvent dans les miniatures
des manuscrits , dans les peintures murales ,
dans les émaux , dans les mosaïques, dans les
sculptures qui ornent les chapiteaux, les tym-
pans des portails, les retables et les devants
d'autel. L Apocalypse était la source intaris-
sable où les artistes puisaient leurs inspira-
tions. Un sujet qu'ils semblent avoir traité
avec une sorte de prédilection est le Parallèle
de l'Ancien et du Nouveau Testament : tantôt
ils se bornaient à indiquer la concordance des
deux Lois, en plaçant en regard les faits dont
l'un était réputé 1 allégorie de l'autre; tantôt,
ils exprimaient le triomphe de la Nouvelle
Alliance sur l'Ancienne, la victoire de Jésus-
Christ sur la mort et sur le péché. Cette der-
nière interprétation a été développée avec des
détails extrêmement curieux dans une plaque
en cuivre gravée en bataille, émaillée et dorée,
qui a fait partie de la belle collection Debruge
et Labarte (no 95î du CataL), et qui a été
publiée dans les Annales archéologiques de
Didron (Ville vol.). Le même sujet inspirait
encore fréquemment les artistes du xvc siècle.
Il a été traité de la façon la plus originale et la
plus splendide par l'un des frères Van Eyck;
par Hubert, si Ion en croit MM. Passavant çt
Waagen,' et par Jean, d'après l'opinion de MM."
Crowe et Cavalcaselle. Ce chef-d'œuvre, au-
quel nous consacrerons un article spécial, fait
partie du musée de la Trinité, à Madrid. .
Les artistes du Nord conservèrent beaucoup
flus longtemps que ceux des autres écoles
habitude des vieilles allégories chrétiennes.
Dès les premiers temps de la Renaissance, nous
voyons les figures symboliques de l'antiquité
faire irruption dans les œuvres des peintres
italiens. Les idées semi-païennes du Dante sur
la mort, le jugement, la rétribution, se repro-
duisent dans les peintures du Campo-Santo de
Pise, exécutées par Giotto, Gozzoli, Buffal-
maco, Simone Memmi et les deux Orcagna. La
Danse dés morts (V. ce mot), qui ouvre la série
des fresques peintes par Bernardo Orcagna,
est une scène digne du Tartare; plus tard,
Holbein apportera, dans la représentation du
même sujet, le réalisme particulier aux peintres
de sa nation : il nous montrera, avec une ironie
sanglante, des gens de toutes conditions lut-
tant en vain contre le spectre camard. A me-
sure qu'elle approche de son apogée , l'école
italienne fait de plus larges emprunts à la
mythologie : Mantegna est encore chrétien
dans sa Vierge de la Victoire du Louvre ; il
cesse de l'être dans sa Sagesse victorieuse des
Vices et dans son Parnasse, du même musée.
Le siècle d'or de l'art moderne vit éclore une
foule de chefs-d'œuvre où semble respirer le
génie antique, où se déploie le symbolisme des
Grecs, associe aux conceptions du christia-
nisme. Michel-Ange, ayant a dérouler sur les
murs de la chapelle Sixtine la destinée entière
de l'homme, depuis la création du monde jus-,
qu'a l'accomplissement des siècles, depuis la
chute de Lucifer jusqu'au jugement dernier,
n'hésita pas à accoler, dans cette immense
composition, les sibylles et les prophètes. Ra-
phaël ne trouva rien de mieux pour figurer la
Poésie, que de peindre l'Assemblée dïApollon
et des Muses sur le Parnasse, et c'est par l'E-
cole d'Athènes qu'il représenta la Philosophie;
il témoigna d'ailleurs de sa vive admiration
pour les productions de l'antiquité, en repre-
nant l'allégorie de la Calomnie, d'Apelle, telle
qu'elle a été décrite par Lucien. C'est d'après
les mêmes données qu'Albert Durer traite à
son tour le même sujet, et ce grand artiste,
qui se montre si original, si moderne, si plein
de l'esprit germanique dans sa personnification
de la Mélancolie et dans son allégorie intitu-
lée : le Chevalier, la Mort et le Diable, em-
prunte aux anciens les symboles dont ii décore
l'arc de triomphe et le char de Maximilien.
Holbein puise à la même source les idées et les
figures qu'il place dans son Triomphe de la
liiehesse et dans son Triomphe de la Pauvreté.
Affecté et trivial quand il touche à la mytho-
logie, Lucas Cranach s'élève à la hauteur des
plus grands maîtres lorsqu'il demande au sym-
bolisme chrétien la glorification des doctrines
de la réforme. Mais , en ce genre, il eut peu
d'imitateurs : la plupart des artistes allemands
et flamands du xvi' siècle font de l'allégorie
païenne a la manière des Italiens. Rubens,
ALL
auquel aboutit cette lignée de pédants, le grand
Rubens, acceptant un genre qui lui fournit d'ex-
cellents prétextes pour des nudités , le déve-
loppe avec une ver.ve magistrale, dans des com-
positions dont l'Histoire de Marie de Médicis
est un admirable spécimen.
Le Primatice et Nicolo dell' Abbate firent
connaître à la France les belles divinités du
paganisme, auxquelles, dans la suite, nos plus
grands artistes, Poussin, Mignard,et l'austère
Lesueur lui-même, se virent contraints de sa-
crifier. Les Coypel, Le Moyne et les Van Loo
poussèrent jusqu'au maniérisme le plus ridicule
ce culte rétrograde. Watteau, Boucher et Fra-
gonard eurent du moins le mérite ' d'être de
leur époque, en mettant en scène et les Grâces,
et Vénus, et Cupidon, dans des pastorales où
pétille l'esprit frivole et libertin du xvme siècle.
L'allégorie, délaissée au profit de l'histoire
par l'école de David, retrouva un caractère de
grandeur et de moralité dans le célèbre tableau
3e Pru'd'hon : La Justice et la Vengeance pour-
suivant le Crime. Quelques années plus tard,
la phalange allemande, dont M."Overbeck est
le chef, revint aux scènes apocalyptiques trai-
tées par le moyen âge : le mysticisme quelque
peu insaisissable de cette école a atteint sa
dernière expression dans les peintures du
Campo-Santo de Berlin, par M. Cornélius; de
la Pinacothèque et de la Glyptothèque de Mu-
nich, par M. Kanlbach. Bien qu'entraînée par
un mouvement irrésistible vers la peinture de
la réalité , l'école française contemporaine a
produit des compositions allégoriques dont les
auteurs figurent parmi ses maîtres les plus
renommés. Il nous suffira de citer : l'Apothéose
d'Homère et celle de Napoléon, par M. Ingres ;
l'Hémicycle des Beaux -Arts, de Paul De-
laroche; les Allégories du Salon de la Paix
et la Liberté sur les barricades, d'Eugène De-
lacroix; les Douleurs de la terre s'élevant
vers le ciel, d'Ary Scheffer; la Légende et
l'Apothéose de l'Humanité, de M. Chenavard,
immense cycle symbolique composé pour le
Panthéon ; Y Evangile couronnant et complé-
tant l'Ancien Testament, le sujet favori des
artistes du moyen âge, interprété avec beau-
coup de foi et d'élévation par H. Flandrin, à
Saint -Germain -des -Prés; le Pilori, de M.
Glaise; la composition allégorique du Bien
et du Mal, exposée, en 1833 par Orsel, et
les peintures que ce maître et ses disciples,
MM. Périn et Ronger, procédant tous trois
d'Overbeck , ont exécutées dans l'église de
Notre-Dame-de-Lorette. A ces ouvrages, qui,
pour la plupart, seront décrits dans ce diction-
naire, nous pourrions joindre une longue liste
d'allégories et de personnifications produites
par la statuaire ; nous nous bornerons à faire
remarquer, en finissant, que les compositions
de ce genre, peintes ou sculptées, tendent de
plus en plus à céder la place aux œuvres in-
spirées par l'esprit essentiellement réaliste de
notre époque.
— Syn. Allégorie, apologue, parabole. L'al-
légorie est une fiction qui présente une chose
pour une autre. L'apologue est une allégorie
morale, et la. parabole une allégorie religieuse.
— Epitbètes. Juste, naturelle, claire, trans-
parente, soutenue, suivie, vive, belle, aimable,
magnifique, riche, admirable, parfaite, senti-
mentale] touchante, froide, sèche, tirée, forcée,
fausse.
- rad.
_—,_.-, >,---,,- PI
tient à l'allégorie : Sens allégorique. Ter
ALLÉGORIQUES. Tableaux ALLÉGORIQUES. Le
merveilleux allégorique est employé dans la
ce sens fit pulluler les erreurs. (Boiste.) Souvent
les artistes, en voulant faire des figures allé-
goriques, sont tombés dans le défaut de n'offrir
que des compositions inintelligibles. (Millin.)
L'homme peu civilisé se crée des croyances al-
légoriques. (Malte-Brun.) Le démon est la
personnification allégorique de nos tentations
et de nos mauvais penchants. (A. de Gasparin.)
Et pour t'en dire ici la raison historique,
Souffre que je l'habille en fable allégorique.
BOJLEAU.
ALLÉGORIQUEMENT adv. (al-lé-go-ri-ke-
man — rad. allégorique). D'une manière al-
légorique : Cela doit s'entendre allégorique-
mbnt, et non KttéralemenL(Ac&<i.)Lesprophètes
parlent quelquefois allégoriquement. (Acad.)
C'est la mort, ce spectre qu' 'Holbein introduit
allégoriquement dans des sujets philosophi-
ques et religieux. (G. Sand.)
ALLÉGORISANT (al - lé - go - ri - zan) part,
prés, du v. Allégoriser : Ils délibéraient sur
ta>question de savoir s'il n'était pas opportun
de faire peindre un quatrième tableau, allégo-
risant le placement des cuisinières. (P. Féval.)
ALLÉGORISATION s. f. (al-lé-go-ri-za-si-on
— rad. allégoriser). Représentation allégori-
que d'une chose.
allégorisé, ÉE (al-lé-go-ri-zé) part. pass.
du v. Allégoriser. Passé à l'état d'allégorie,
revêtu d'une forme allégorique : La mort était
dans les Danses macabres.
ALLÉGORISER v. a. ou tr. (al-lé-go-ri-zé
— rad. allégorie). Faire des allégories, expli-
quer par des allégories : Les Pères de Jt Eglise
ont allégorisé presque tout l'Aricien Testa-
ment. (Acad.) Origène a été anathématisé pour
vouloir allégoriser toute l'Ecriture, et en
abolir le sens littéral. (Card. Duperron.) Pré-
tendre que les Pires de l'Eglise ont abusé de
dénuée de preuve. (Barthél.) Plusieurs philo-
sophes allkgorisaibnt les récits de la mytho-
logie comme on allégorisait tout. (Volt.) Le
sauvage personnifie les arbres, les /leurs, tes
rochers, mais il w'allégorise pas le temps.
(Chateaub.) C'est une idée que la théologie
chrétienne avait allégorisée. (Proudh.)
ALLÉGORJSEUR s. m. (al-lé-go-ri-zeur —
rad. allégoriser). Celui qui allégorisé, qui
explique les allégories : C'est un allégoriseur
perpétuel. (Acad.)
ALLÉGORISME s. m. (al-lé-go-ri-sme —
rad. allégorie). Etat d'une chose présentée
allégoriquement. u Manie, abus Je l'allégorie:
Serait-ce qu'ici J'allégorisme persan aurait
voulu indiquer ces puissantes machines mises
en mouvement par les eaux? (Val. Parisot.)
allégoriste s. m. (al-lé-go-ri-ste — rad.
allégorie). Celui qui explique un texte, un
auteur, dans un sens allégorique : Origène,
Clément d'Alexandrie, saint Augustin, saint
Grégoire, etc., ont expliqué la Bible en allé-
goristes.
ALLEGRÀIN (Christophe-Gabriel), statuaire,
né à Paris en nio, mort en 1795. Ses statues
les plus remarquables sont un Narcisse, une
Diane et une Vénus entrant au bain, aujour-
d'hui au Louvre.
ALLÈGRE adj. (a-lè-gre — du lat. alacris,
vif, joyeux). Dispos, agile : Il est sain et allè-
gre. (Acad.) A-t-il le corps propre à si
lions, sain et allé" — " """" '"'~ * "-
teur de nouvelle se.
le plus joyeux, le plus
(Stc-Beuve.) Elle avait sous ce costume un
petit air allègre et délibéré qui lui allait on
ne peut mieux. (Th. Gaut.) Il marchait d'un
pas allègre et sûr, comme un homme qui se
sent sur son terrain. (Th. Gaut.)
Pour s'échapper de nous, Dieu sait s'il est allègre.
ALLÈGRE, ch.-lieu de cant. (Haute-Loire),
arrond. du Puy; pop. aggl. 1,101 hab. — pop.
tôt. 1,747 hab. Au pied d'une montagne, sur
le sommet de laquelle s'est formé un lac dans
le cratère d'un ancien volcan. Restes d'un
vieux château ; site admirable.
les coups fuient ceux qui s'y présentent a
grhment. (Montaig.) Les soldats le suivirent
allègrement, lorsqu'ils le virent à pied mar-
cher à leur tête. (D'Ablanc.) 72 parait que
maître Huriel reprit sa marche bien allègre-
ment, sans se ressentir de rien. (G. Sand.) Les
jeunes paysannes, en jupon court, lavent allè-
grement le devant des maisons, (Chateaub.)
Amis, le temps est venu de quitter la vie : es
que la nature me redemande, débiteur de bonne
foi, je le lui rends allègrement. (Chateaub.)
Un petit nain fantastique dansait allègre-
ment derrière le postillon. (V. Hugo.) Il y
avait aussi beaucoup de cavaliers et de piétons
qui grimpaient plus ou moins allègrement les
déclivitésabruptes de la montagne. (Th. Gaut.)
ALLÉGRESSE s. f. (al-lé-grè-se — rad.
allègre). Joie vive et souvent bruyante qui
éclate au dehors : Il reçut cette nouvelle avec
une grande allégresse." (Acad.) Cette réunion
excita dans toute la maison un retentissement
(Z'allégresse. (J.-J. Rouss.) Un sublime in-
stinct, plus prompt que la pensée, le fait pal-
piter ^'allégresse. (Lamenn.) Les pères ont
semé dans l'affliction, les fils moissonneront
dans ^allégresse. (Proudh.)
Que je sens i vous voir une grande allégresse!
La France avec se
: l'allégi
— Se dit surtout d'une joie publique :
Transports d'ALLÉGRESSE. Il fut reçu avec
allégresse par ses sujets. (Port -Royal.)
//allégresse de son armée lui promettait la
MiWoi'rer(Acad.) L'amour régnait avec /'allé-
gresse, les fêtes et les plaisirs dans les châ-
teaux de l'heureuse Provence. (H. Beyle.) Les
carillons des cloches, au milieu de nos fêtes,
■semblent augmenter ^'allégresse publique.
(Chateaub.)
II veut que d'un festin la pompe et l'allégresse
Confirment 4. nos yeux la foi de leurs serments.
Esope seul trouvait que les gens éta
De témoigner tant d'allégresse.
La Fontaine.
—Dans la relig. cathol. Les sept Allégresses,
Sept prières adressées à la Vierge, en mé-
moire des sept mystères qui ont été pour elle
un sujet de joie pendant sa vie,
— Epithètes. Tranquille; calme, paisible,
douce, aimable, joyeuse, vive, folâtre, folle,
bruyante, ardente, éclatante, bachique, effré-
née, brutale, insultante, ignoble, sauvage,
noble, orgueilleuse, naturelle, feinte, forcée ,
longue, courte.
ALLEGRETTO adv.-(al-lé-grètt-to — dimin.
de allegro). Mus. Mot ital'. qui signifie D'une
façon vive et légère, mais un peu moins vive-
ment et moins légèrement qu'allegro.
— s. m. Air d'un mouvement gracieux et
léger, il PL des allégrettos.
piir ses Ftime piacevoli , poésies burlesques
assez piquantes; qui ne furent imprimées qu'a-
près sa mort.
ALl.fiflRl (Grégoire), compositeur de musi-
que sacrée, né a Rt,me en 1587, mort en 1640.
Il ''oit surtout sa célébrité à un Miserere qu'on
«•haute le samedi saint à la chapelle Sixtine.
Le pape , jaloux de posséder exclusivement
ce magnifique morceau, avait, dit-on, défendu
de lo copier sous peine d'excommunication,
Mozart éluda la défense en le notant de mé-
moire après l'avoir entendu deux fois seule-
ment. Choron l'a inséré dans sa collection de
musique classique.
ALLEGR1 (Antonio). V. Corrége. '
_ allégro adv. {al-lé-gro — mot ital. qui
signif. gaiement , vivement). Mus. Mot qui
s'emploie pour designer un certain degré de
vitesse dans le 'mouvement dos morceaux,
abstraction faite de leur caractère gai ou
triste.
— s. m. Air ou partio d'un air qui se chante
vivement et légèrement : Chanter, composer
des allégros. Quel divin et délicieux allé-
gro que ce motif de la Marche des Hébreux
allant au désert/ (Balz.) h PI. des allégros.
— Fig. : Vous avez passé de J'allégro sau-
tillant du célibataire au grave andante du père
de famille. (Balz.)
— Encycl. "L'allégro est le mouvement in-
termédiaire entre le presto, qui est l'excès du
vif, et l'adagio , qui est lent. On indique ces
différentes modifications de lenteur ou de vi-
tesse en joignant au mot allégro quelque épi-
thète qui indique le caractère de chacune de
ces modifications. Ainsi, dans la gradation de
l'allégro de plus en plus vif, on écrit allegro
eon motto, ou allegro mosso, allegro con brio,
allegro animato, ou con animo, allegro assai,
et allegro vivace. Dans la vitesse décroissante,
on trouve allegro guisto, allegro cornmodo,
allegro moderato, et allegro maestoso. L'al-
légro vivace et l'allégro maestoso sont les deux
extrêmes.
ALLÉGUANT (al-lé-gan) part. prés, du v.
Alléguer : Tibère empêcha que ce décret n'eût
lieu, alléguant la stupidité de Claude. (La
Harpe.)
ALLÉGUÉ, ÉE (al-lé-ghé) part. pass. du v.
Alléguer. Cité, mis en avant : Un auteur al-
légué à faux. Les raisons alléguées par votre
ami sont mauvaises. Les juges sont obligés de
' juger selon qu'il est allégué et prouvé.
queljevaus prie dem' éclairer, dit lejuge.(Qa\z.)
alléguer v. a. ou tr. ' (al-lê-ghé ,- lat.-
allegare, même sens; de al, pour ad, vers;
legare, envoyer. — 11 change l'é fermé du
radical en à ouvert devant une syllabe muette':
J'allègue ; qu'ils allèguent ; excepté au futur et
an condit., où l'Acad. maintient l'é fermé :
J'alléguerai. , Nous alléguerions). Citer une
autorité, un fait, pour s'en prévaloir : Allé-
guer un passage de l'Ecriture. Alléguer un
texte de loi. Il allègue mille passages avec
une volubilité qui le met hors d'haleine. (St-
Evrem.) Encore qu'ils alléguassent mon ex-
position pour garant de leur doctrine, c'est à
savoir s'ils ^'allégueraient à tort ou à droit.
(Boss.) On doute de la réalité des faits que j'ai
allégués. (Volt.) h Mettre en avant, s'ap-
puyer sur, prétexter : Ne venez point allé-
guer la médiocrité de votre fortune et l'em-
barras de vos affaires, quand il s'agira de
consoler l'affliction d'un chrétien. (Mass.) Tout
despotisme est illégal; rien ne peut le sanc-
tionner, pas même la volonté populaire qu'il
allègue. (B. Const.) On peut alléguer qu'à
l'âge de vingt-et-un ans l'homme n'a pas encore
reçti les leçons de l'expérience, et que sa vie est
troublée par les passions. (Napol. 1er.) Affir-
mer que dans l'état de nature, tel qu'on l'ima-
gine, l'homme était en possession de tous les
droits, c'est alléguer l impossible. (Portalis.)
Il n'est pas un ministre ou cruel ou injuste qui
n'ALLÈGUE la raison d'Etat comme justification
des mesures les plus imprudentes ou les plus
coupables. (Bignon.) Us puisaient dans les
caisses des villes, sans alléguer aucune espèce
de prétexte que leur bon plaisir. (Thiers.) -
Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.
La Fontaine.
Jean Lapin allégua la coutume et l'usage.
La Fontaine.
■e en gentilhomme,
La Fontaine.
Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ;
La mort ravit tout sans pudeur.
La Fontaine.
— Syn. Alléguer, citer, produire, rnppor-
(cr. On cite <-e qui a été dit ou éerit'par un
autre ; on cite un fuit, un exemple, c'est-à-dire
on prend ce fait parmi un grand nombre d'au-
tres, et on le met sous les yeux de ceux a qui
l'on parle. On allègue'ifte raison, une preuve;
on allètjue aussi un fait, c'est-à-dire qu'on le
met en avant pour servir de preuve. On pro-
duit ce qui était inconnu, ce qui était en ré-
serve, pour appuyer sa thèse ou ses droits.
Enfin, o» rapporte ce qui a pu déjà être cité
ou dit par d'autres; ou bien encore on rap-
porte lorsqu'on répète une chose dans les
termes mêmes dont une autre personne s'est
ALL
servie, mais en se les appropriant en quelque
sorte et comme si l'on parlait de soi-même.
àLLÉlomachie s. f. (al-lé-lo-ma-chi —
du gr. allèlôn, l'un l'autre ; mackè, combat).
Didact. Contradiction, conflit- entre deux
choses.
ALLÉLUCHIE s. f. (al-lé-lu-chî - du gr.
allèlôn, l'un l'autre; eckô, avoir). Didact.
Accord, liaison entre deux choses.
ALLÉLUIA s. m. (al-lé-lui-ia ; quelques-uns
pr. al-lé-lu-ia — mot hebr. qui signif. louez
Dieu). Cri de réjouissance, d'allégresse, qui
du judaïsme a passé dans la religion chré-
tienne : Chanter V alléluia. Supprimer J'al-
léluia. L'Eglise multiplie les alléluia pen-
dant le temps pascal. Saint Augustin et saint
Jérôme ont introduit J'àlléluia dans l'Eglise
latine au temps du pape Damase. (Bart'hôl.)
Dans V Eglise grecque, on chantait alléluia
aux funérailles. (Encycl.) Dans l'Eglise la-
tine, on ne chante alléluia ni aux obsè-
ques, ai pendant le carême. (Rich.) L'antique
alléluia d'Abraham et de Jacob fait re-
tentir le dôme des églises. (Chateaub.) Garde
ta pourpre, à César! demain nous t'enterrerons
dedans, et nous chanterons sur toi J'alléluia
et le De profundis , qui ne changent jamais.
(Lacord.) il PL des alléluia.
— Par ext., Louange : Si vous écriviez un
petit mot à M. l'archevêque d'Arles sur sa ré-
surrection, d'un style ^'alléluia, il me semble
que vous lui feriez plaisir. (Mme de Sév.)
— S'empl. quelquefois comme exclamation
de joie, de bonheur : Nous voici tous sauvés,
nous renaissons, nous dépouillons nos chrysali-
des, nous ressuscitons; alléluia I (G. Sand.)
Que Deodatus est heureux
De baiser ce bec amoureux
Qui d'une à l'autre oreille va,
Alléluia! ■ Busst-Radutin.
— Enterrer l'alléluia, Se dit pour marquer
le temps où l'on cesse de le chanter aux
offices, c'est-à-dire lo samedi, veille de la Sop-
tuagésime. Autrefois cet enterrement avait
lieu réellement dans quelques cathédrales.
Les enfants de chœur officiaient et portaient
une espèce de bière représentant l'alléluia
décédé, pendant que tous ceux qui suivaient
le cercueil faisaient entendre des plaintes et
des gémissements jusqu'au lieu choisi pour
l'inhumation, il Alléluia d'automne, Nom que
l'on donne, dans quelques parties du midi de
laFrance,a une joie inconvenante et déplacée,
comme le serait un alléluia que l'on chante-
rait à l'office des morts, qui 'se célèbre en no-
vembre. On dit aussi quelquefois alléluia de
carême, et, dans quelques pays, c'est une su-
perstition qu'il ne faut point chanter Yalléluia
en carême, de peur de faire pleurer la bonne
Vierge, u Alléluia d'Olkon, proverbe en usage
chez nos pères et dont ils se servaient pour
désigner une réjouissance intempestive, une
fanfaronnade suivie d'un échec honteux.- En
voici l'origine : l'empereur Othon ayant fait
une irruption en France à la fête de soixante
mille Allemands, en 978, s'avança jusque sous
les murs" de Paris , et y mit le siège. S'ap-
prochant d'une des portes, il la frappa do
sa lance, et monta ensuite sur les hauteurs
de "Montmartre, où il fit chanter un alléluia
en l'honneur d'une telle prouesse. Mais tout
à coup arriva Lothaire, qui surprit le pré-
somptueux conquérant, le mit en déroute, le
poursuivit jusqu'à Soissons, et s'empara de
tous ses Jbagages.
t — Encycl. Dans l'Eglise grecque, on chante
l'alléluia tous les dimanches et jours de fêtes,
sans en excepter le carême ; il n'était même
pas supprimé dans les funérailles. Dans l'E-
gliso latine , il ne fut d'abord employé qu'au
temps pascal ; saint Grégoire le Grand décréta
qu'on le chanterait toute l'année. Il fut sup-
primé dans l'office des morts par le quatrième
concile de Tolède, et, depuis Alexandre II, il
n'est plus chanté pendant le temps qui sépare
la Septuagésimedu samedi saint. Avant l'usage
des cloches , les moines avaient coutume de
s'appeler au chœur par le mot alléluia, pro-
noncé-à haute voix. La cessation de l'alleluia
à certaines époques était jadis appelée l'allé-
luia fermé ou les obsèques alléluiatiques.
alléluia s. m. (al-lé-lui-ia). Bot. Petite
plante qui fleurit vers le temps de Pâques
(d'où son nom), dont les feuilles ont un goût
aigrelet, et qui fournit le sel appelé dans le
' d'oseiVie.
centre de l'Europe ; bornée à l'est par la Hon-
grie, la Pologne , la Prusse proprement dite ; au
nord par la Baltique, le Danemark et la mer du
Nord ; à l'ouest par la Hollande, la Belgique,
la France et la Suisse; au sud par l'Italie,
l'Adriatique et la Dalmatie. . Sa superficie est
d'environ 640,000 kilomètres carrés. Elle est
sillonnée par près de cinq cents cours d'eau,
dont plus- de soixante sont navigables, f s
fleuves les plus remarquables sont le Danube,
le Rhin, l'Elbe, le Wéser, l'Oder, etc. Elle ren-
ferme un certain nombre de lacs et compte près
de mille sources minérales, dont les plus con-
nues sont celles d'Ems, d'Aix-la-Chapelle, de
Bade, de Tœplitz, etc. La partie méridionale ou
haute Allemagne est montagneuse et-acci-
ALL
dentée. Les Alpes y envoient des prolongements
qui, parles Sudètes, donnent la main aux Kar-
pathes à l'est, et par la Forêt-Noire se rappro-
chent des "Vosges, à l'ouest. Cette partie, très-
boisée, est d'une grande richesse minèralogi-
que. On y rencontre des mines d'or, d'argent, de
plomb, d'étain, de fer, de zinc, de mercure,
d'arsenic , de bismuth , d'antimoine , de sel
gemme, etc., et on exploite différentes car-
rières de marbre, de granit, d'albâtre, de por-
phyre. On y trouve aussi du cristal de roche
et quelques pierres précieuses, telles que les
topazes, les améthystes, les agates. Les pierres
à lithographier de Munich ont une réputation
européenne. La partie septentrionale ou basse
Allemagne forme une plaine, tantôt sablon-
neuse, tantôt marécageuse, mais admirable-
ment cultivée, qui produit toutes les récoltes
de la zone tempérée, sauf le vin, réservé à
un certain nombre de cantons de la haute Alle-
magne. Le règne animal offre les mêmes types
que le resté de l'Europe ; on remarque seu-
lement la race des chevaux du Mecklembourg,
recherchés pour leur taille et la vigueur de leur
constitution.
La population de l'Allemagne , d'environ
44 millions d'âmes, est en majeure partie de
race allemande ou tudesque ; la race slave y
compte pour environ 6 millions; le reste, d'une
importance numérique moindre, se compose de
moins de l million de Wallons, Français, Ita-
liens , Grecs et Juifs. Sous le rapport des
croyances, la balance est à peu près égale
entre le catholicisme et le protestantisme. Les
Slaves qui habitent l'Allemagne professent
généralement la religion grecque.
Politiquement parlant, il n'existé pas d'Al-
lemagne. Cette contrée est divisée en un cer-
tain nombre d'Etats, indépendants les uns des
autres, et réunis seulement par un lien fédéra!
qui les constitue en faisceau vis-à-vis de l'é-
tranger, v. Confédération germanique.
— Hist. Les Romains appelaient Germanie
ce qu'ils connaissaient des pays situés dans
l'espace compris entre le Danube, l'Oder, la
Baltique, la mer du Nord et le Rhin. Dès avant
la naissance de Jésus-Christ, et à diverses re-
prises, plusieurs des peuplades germaniques
avaient fait irruption dans -les provinces ro-
maines. Plus tara, une des plus considérables
d'entre elles, celle des Alémans, défit les em-
pereurs Caracalla et Alexandre Sévère. Vain-
cue à son tour, et refoulée au delà du Rhin,
qu'elle avait franchi plusieurs fois, cette peu-
plade, réunie aux Suèves, reprit de l'ascendant
a l'époque de la chute de l'Empire d'Occident,
balança un moment la puissance naissante de la
monarchie franque, mais succomba à Tolbiac
(406) sous les coups de Clovis. Charlemagne,
avant de ceindre la couronne romaine, tombée
du front de Romulus Augustule," avait rattache
à son empire la majeure partie de la Germanie,
où il introduisit le système féodal. Détaché de
la grende monarchie sous Louis le Germanique,
petit-fils de Charlemagne, ce pays fut divisé
en trois royaumes, vers 870, sons les dénomina-
tions de Saxe, Bavière et Alémannie, réunis
peu après sous le sceptre de Charles le Gros,
qui fit revivre un instant l'empire de Charle-
magne. Irrévocablement séparée de l'empire
franc, après la déposition de Charles le Gros
en 887, la Germanie prit et conserva, dans les
auteurs latins du moyen âge et les auteurs
français, te nom à' Alémannie ou d'Allemagne,
tandis que les Allemands eux-mêmes l'appe-
lèrent et l'appellent encore Deutschland, ou
mieux Teutschland, comme on écrivait primi-
tivement, du nom d'une tribu germanique, les
Teutons, qui habitait originairement le Holstein.
Après avoir encore été gouvernée par des
Princes de la race carlovingienne jusqu'en on,
Allemagne devint une monarchie sinon com-
plètement élective , du moins demandant une
consécration nouvelle à chaque changement
de règne. Le premier roi élu est Conrad, de la
maison de Franconie ; mais son autorité ne fut
pas universellement reconnue. Il eut pour suc-
cesseur Henri, dit l'Oiseleur, de la maison de
Saxe, famille de grands feudataires, comme la
précédente, qui conserva le pouvoir pendant
près d'un siècle. Othon 1er, Ju ie Grand, qui
monta sur le trône en 936, conquit l'Italie et
se fit, en 062, couronner empereur, à l'exemple
de Charlemagne. Depuis lors , l'Allemagne ,
dans le langage diplomatique, s'est appelée
le Saint -Empire romain, ou simplement le
Saint - Empire. La maison de Saxe s 'étant
éteinte en 1024, le sceptre repassa par suffrage
dans la maison de Franconie, dont les différents
rejetons, parmi lesquels Henri IV, connu par
ses démêlés avec le pape Grégoire VII, occu-
pèrent successivement le trône jusqu'en 1138,
époque de son extinction, non sans avoir à
lutter contre de nombreux compétiteurs. Vint
le tour de la maison de Souabe, ou de Hohen-
staufen, comme on l'appelle plus communé-
ment, qui fournit la figure intéressante de
Frédéric Barberousse. Cette famille, désespé-
rant de dompter l'aristocratie allemande et do
donner quelque force au pouvoir monarchique,
comme a la même .époque on essayait avec
quelque succès de le faire en France, abandonna
1 Allemagne, chercha à étendre ses conquêtes
en Italie pour s'y fonder une puissance nou-
velle , mais elle y rencontra la France , l'Es-
pagne et le parti papal, et finit malheureu-
sement, avec Conradin, décapité à Naplcs
en 1268, par ordre du duc d'Anjou. A ce mo-
ment, l'Allemagne tomba dans un état d'anar-
chie complète. De nombreux compétiteurs
se disputèrent le pouvoir. Mais cette période,
ALL
211
fatale à la puissance politique de l'Allemagne,
funeste à l'aristocratie, vit se développer l'élé-
ment démocratique. De cette époque datent la
ligue hanséatique , la ligue des villes du
Rhin, etc. C'est aussi à cette période qu'on rat-
tache l'établissement du tribunal de la Sainte-
Vehme.
En lî73, Rodolphe de Habsbourg dui au peu
de jalousie qu'inspirait la médiocrité de sa
puissance, l'honneur d'être élu et générale-
ment reconnu pour roi d'Allemagne. Mais dès
ce moment la royauté devint absolument élec-
tive, et les successeurs de Rodolphe furent
choisis dans les maisons de Nassau, de Luxem-
bourg et de Bavière, en partie aussi parmi ses
propres descendants.
Aussi longtemps que l'élection a l'Empire n'a-
vait été qu;une formalité, une sorte de consé-
cration, toute la noblesse, le clergé et les villes
libres avaient part au suffrage. Quand le sys-
tème électif fut devenu sérieux, Charles IV,
nommé empereur en 1347, voulant conserver
le pouvoir dans sa famille, restreignit par la
bulle d'or le droit de vote aux seuls arche-
vêques de Mayence, de Trêves et de Cologne,
au roi de Bohême, au comte palatin du Rhin,
au duc Je Saxe-Witlemberg et au marquis de
Brandebourg. Mais l'Empire ne devint héré-
ditaire, sinon en droit, du moins en fait, qu'en
faveur de la maison d'Autriche, issue de celle
de Habsbourg. C'est avec Albert II, duc d'Au-
triche, élu en 1438, que commence la série non
interrompue des empereurs d'Allemagne appar-
tenant à cette famille. Dans cette série, on re-
marque avant tout Charles-Quint, qui porta la
puissance de l'Allemagne à son point culmi-
nant, et fut près de réaliser la monarchie uni-
verselle. Cette puissance, considérablement
.i 1^„ |a guerre de Trente-Ans ( 1618-
ébranlée pi
s les règnes de Ferdinand II et do
1648), s
guerre dite
rendit plus profonde la scission avec la Prusse,
dans les luttes de la guerre de Sept-Ans. Ver-
moulu à sa base, l'empire d'Allemagne ne par-
vint même pas à entamer la France de la Ré-
volution, malgré les déchirements auxquels elle
était en "proie , et il dut subir les traités de
Campo-Formio et de Lunéville. Trois années
plus tard, il s'écroula sans secousse; l'empe-
reur d'Allemagne prit le nom d'empereur héré-
ditaire d'Autriche ; une grande partie des diffé-
rents Etats allemands, en dehors de l'Autriche
et de la Prusse , se constituèrent en Con-
fédération du Ilhin, dont Napoléon s'intitula
protecteur. Cette confédération fut dissoute et
reconstituée sur de nouvelles bases en 1815,
sous le nom de Confédération germanique.
V. Confédération.
le système féodal, tel qu'il fonctionnait en
France, c'est-à-dire que le pays avait été par-
tagé entre un certain nombre de grands feuda-
taires reconnaissant la suzeraineté de l'em-
pereur, et ayant eux-mêmes chacun un nom-
bre plus ou moins considérable de vassaux.
Lorsqu'au commencement du xe siècle, Conrad
de Franconie fut élu empereur , l'Allemagne
se composait de quatre grands fiefs, la Fran-
conie, la Saxe, la Souabe et la Bavière. Par
suite de l'agrandissement successif de l'Em-
pire, le nombre, des grands fiefs augmenta.
pour devenir i
l'Empire. D'un autre côté, les empereurs, sou-
vent moins puissants que tel ou tel des grands
feudataires, favorisèrent le développement de
la noblesse secondaire, et, à lafin du xm*-' siècle,
l'Empire comptait cent fiefs ecclésiastiques, et
cent tiefss laïques ou villes libres relevant im-
médiatement de l'Empire, et ayant voix lors de
l'élection des empereurs. Cet état de choses
dura jusqu'à l'époque de la promulgation do la
bulle d'or, par Charles IV. (V. plus haut.) Au
xve siècle, toute cette noblesse était à peu près
indépendante, ne devant à l'empereur que le
service militaire et un petit nombre de droits
régalions, et se faisant sans scrupule la guerre
de seigneur à seigneur. Le vice de cette orga-
nisation avait été reconnu depuis longtemps ;
mais ce n'est qu'après plusieurs tentatives
infructueuses que, sous l'empereur Muximi-
lien 1er, on établit l'organisatiun qui a subsisté
jusqu'à la lin du siècle dernier, c est-ii-du-e la
division de tout l'Empire en dix cercles, ayant
chacun ses Etats particuliers , un chef et un
conseil chargés de veiller à la sûreté publique,
et concourant tous au maintien de la paix inté-
rieure et des lois, avec une diète générale et
un tribunal suprême au centre.
I. La peinture en Allemagne. — Au moyen
âge , la peinture fut presque exclusivement
employée, en Allemagne comme dans la plu-
part des autres "contrées de l'Europe, a la'
représentation des sujets religieux. Charle-
magne, dont le génie, également grand dans
la paix et dans la guerre, s'appliqua à la régé-
nération des diverses branches de la science
humaine, ne négligea point les arts : plusieurs
de ses Capitulaires attestent la vigilance qu'il
déploya pour la décoration des églises de ses
nombreuses provinces. H lit appel aux artistes
les plus réputés de l'empire latin, et les chargea
212
ALL
d'orner de peintures et de mosaïques là cathé-
drale d'Aix-la-Chapelle et son propre palais.
Jusqu'au milieu des camps, dit Kmerio David,
il faisait couvrir de peintures les murs de son
oratoire. L'impulsion donnée par ce grand
génie se continua après lui. Les artistes de
l'Allemagne, du ixe au xnc siècle, furent pour
la plupart prêtres ou moines; quelques-uns
même, revêtus de- la dignité épiscopale, sont
aujourd'hui honorés par l'Eglise comme des
saints. Parmi ces derniers, nous citerons:
saint ModiuS; archevêque des Moraves, qui,
avant de' venir évangéliser la Bohême, peignit
à Nicoçolis un Jugement dernier dont la vue
produisit une telle impression sur Bogoris, roi
des Bulgares, que ce prince se décida à em-
brasser le christianisme (853); — saint Bérn-
.ward, évêque d'Hildesheim (mort en 1022), et
■ son successeur, saint Godehard, qui ornèrent
de fresques l'intérieur de leur cathédrale ; —
saint Ulric, évêque d'Augsbourg, dont la bi-
bliothèque de Munich conserve un Evangé-
liaire , orné de miniatures fort remarquables
pour l'époque. De leur côté, les successeurs
de Charlèmagne sur le trône germanique ne
cessèrent d'accorder des encouragements aux
artistes. Othon 111, gui avait eu saint Bernward
pour, précepteur, ht venir d'Italie le peintre
Jean, alors en grande réputation, et le chargea
d'exécuter, dans un oratoire de son'palais
d'Aix-la-Chapelle, des peintures murales qui
existaient encore au commencement du xviie
siècle. ' . ' '
Les chroniqueurs nous apprennent aussi
qu'Henri I" fit peindre, sur les murs de son
château de Mersebourg, la victoire qu'il avait
remportée sur les Hongrois ; le temps, malheu-
reusement, a détruit cet ouvrage.
Si l'on veut savoir quels furent les carac-
tères de l'art allemand pendant cette période
obscure, il' faut tes étudier dans les minia-
tures dont les moines ornaient les manu-
scrits. Les villes de Bamberg , de Trêves ,
de Mayence, d'Hildesheim; les couvents do
Niedérmunster à Ratisbonne, de Weingarten
en Saxe,- de Wessobruhn , de Soheyern et de
Tegernsee en Bavière, et surtout la célèbre
abbaye de Saint-Gall en Suisse.- paraissent
avoir fourni les enlumineurs les plus habiles.
L'influence byzantine se fait généralement
sentir dans tes productions antérieures au xmç
siècle. A partir de cette époque, la peinture,
en passant des mains des mdines à celles des
laïques,'s'affranchit'peu à peu delà monotonie
des anciens modèles. A côté des allégories
F lus ou moins ingénieuses dont les scènes de
Ancien et du Nouveau Testament sont encore
l'objet, on commence à. , voir. se produire des
images de la vie réelle, une représentation
déjà, exacte .des costumes , des meubles , des
animaux, et, en même temps, des figures hu-
maines auxquelles l'artiste cherche à donner
un caractère individuel.
Les vastes peintures murales, exécutées
dans les églises pendant le xms et le xivo
siècle, attestent d'autre part que l'art alle-
mand revêt .un caractère plus indépendant.
Les spécimens les plus intéressants pour l'é-
poque se trouvent a Brunswick, à Prague, a
Soest, à Bamberg, à Salzbourg, a Hildesbeim,
à. Nuremberg, à Cologne.
Grâce à la protection éclairée de l'empereur
Charles IV, l'art prit en Bohême, vers le mi-
lieu du xive siècle; un développement remar-
quable : Théodoric de Prague, Nicolas Wurm-
ser de Strasbourg, Kunze, et un Italien, Tom-
maso de Modène. exécutèrent dans le château
, impérial de Karistein, voisin de Prague, des
peintures à la détrempe sur panneaux, qui joi-
gnent à une certaine hardiesse de compo-
sition des qualités d'exécution vraiment sur-
Prenantes. Mais le principal centre artistique
e l'Allemagne, à cette époque, fut la ville de
Cologne, où "Horissait, vers 1380, ce maitre
Wilhelm (magister Withelmus), qui, au rapport
de la Chronique du Limbourg « était considé-
déré comme le meilleur . peintre de tout Je
paya, et peignait tout homme, quel qu'il fût,
comme s'il était vivant. » L'influence très-
grande que ce maitre paraît avoir eue sur la
primitive école allemande , se révèle parti-
culièrement dans les ■ œuvres de Stephan
Lochner, qui Mûrissait de 1442 à 1451, et dont
la cathédrale de Cologne nous offre un trip-
tyque remarquable par l'exquise douceur des
têtes,'-la pureté du dessin e,t la finesse de la
couleur. Ce tableau est peint à l'huile, à l'aide
des procédés récemment découverts par les
Van Eyck ; mais il ne rappelle pas autrement
la manière. flamande.
Martin Si'hongauer et Frédéric Herlen, qui
visitèrent i'atelierde Rogier van derWeyden,
à, Bruxelles, rapportèrent en Allemagne le
style de ce maître.
Schongauer, ou, comme on l'appelle vulgai-
rement, Martin Schon, passa une grande partie
de sa vie à Colmar,en Alsace; on croit même
qu'il y mourut en 1499. Créateur fécond dans
l'art religieux, pénétré à la fois du sentiment
de la beauté idéale et de celui de la réalité ,
dessinateur hardi, coloriste vigoureux, il s'est
acquis une réputation que justifient ses ta-
bleaux malheureusement trop rares, et ses
nombreuses, gravures. Bien que; ce grand .ar-
tiste dût exercer une influence considérable;
sur ses contemporains, cette influence n'est pas
aussi facile à' apprécier cependant que celle qu'il
eut sur la foule de graveurs qui travaillèrent
dans sa manière ou le copièrent servilement. —
C'est à Nordlingen , en Souabe, que Frédéric
Herlen exécuta ses principaux, ouvrages, entre
ALL
1462 et 1490. Après lui, l'école de cette pro-
vince se divise en deux branches distinctes,
celle d'Augsbourg, qui produisit les trois Hol-
bein et les Burglsinaier, et celle d'Ulm, dont
Hans Schùlein et Bartolomé Zeitblom furent
les coryphées. — Michel Wohlgemuth, con-
temporain de Martin Schon et de Herien,
s'attacha comme eux au style flamand ; les
nombreux retables qu'il a peints a Nuremberg
et dans d'autres villes de la Franconie se
distinguent par la vigueur et la transparence
du coloris'; pour le reste, il se montre ion
inégal. Il a droit surtout au souvenir recon-
naissant de la postérité pour avoir formé le
grand Albert Durer (1471-1528), ce vrai rcl
de'l'école allemande, qui, par la profondeur
et là variété de ses connaissances, la fécondité
de son imagination et la souplesse merveilleuse
de son talent, se place au même rang que les
Michel -Ange, les Léonard de Vinci . et les
Raphaël. Nous' n'avons point à apprécier ici
le génie et les' œuvres de cet illustre artiste;
nous nous bornerons à constater l'influence con
sidérable qu'il a exercée sur ses contemporains
par ses compositions , par ses gravures sur-
tout, dont se sont inspirés tes maîtres les plus
réputés de toutes les -écoles. En Allemagne,
sa manière fut suivie avec plus ou moins
d'éclat par Hans Wagner de Culmbach,
Schauffelein , Altdorfer, Henri Aldegrever,
Georges Pencz, Jacob Bink, surnommé Grien,
ef par les deux Beham.
Mathieu Grunewald d'Asschaffenburg , que
quelques-uns placent a tort parmi les élèves
de Durer, dont il fut le contemporain et l'é-
mtile; se créa un style à part, qui semble tenir
le milieu entre celui de ce maitre et cetui de
l'école de Souabe. Il eut pour disciple Lucas
Sunder, plus connu sous le nom de Cranach,
sa ville natale, artiste d'un rare mérite, qui
s'inspirant des doctrines de ses amis Luther
et Mélanchthon, substitua l'interprétation des
idées de la réforme à celles de la tradition
catholique. Il devint le chef de l'école saxonne ;
mais de tous ses élèves, son fils seul a acquis
quelque notoriété.
L'école de Souabe, représentée à cette même
époque par Hans Burykmaier, d'Augsbourg
(1473- 1559), et par Martin Schaffner, qui Horis-
sait à Ulm de 1 499 à 1535, peut revendiquer aussi
Hans Holbein le jeune (1495-1554); mais ce
maitre célèbre quitta de bonne heure Augs-
bourg, su ville natale, pour aller semer sur les
bords du Rhin, en Suisse, dans les Pays-Bas et
jusqu'en Angleterre, où il mourut, ses admira-
bles ouvrages, dans lesquels, suivant les ex-
pressionsde Waagen, « le réalisme allemandat-
teignit son plus haut degré de noblesse et de
développement. » Holbein resta trop peu de
temps dans son pays pour y laisser une école.
En Suisse, Hans Asper et Nicolas Manuel,
surnommé Deutsch, s'inspirèrent de son style;
encore ce dernier laisse-t-il percer dans cer-
taines parties de ses ϕlvres l'imitation Du
Titien , dont, il avait suivi quelque temps les
leçons à Venise.
Nous touchons au moment où l'école alle-
mande , après avoir jeté le plus vif éciat ,
abdique tout à coup son indépendance et
adopte les formules de l'art italien. Les maî-
tres tes plus renommés du xvie siècle ne sont,
_ Calcar ^1510-1546). Virgilius Solis (1
1562), Hans von Achen (1552-1615), Chris-
tophe Schwartz (mort en 1594), Joseph Heinz
(mort en 1009). et le plus fameux de tous,
Johann Rottenhamer ( 15G4-1623) , élève du
Tintoret. Le seul peintre gracieux de cette
ingrate période est le paysagiste Adam El-
zheimer (1574-1620), qui, bien qu'il ait passé
la plus grande partie de sa vie en Italie et
qu'il s'y soit inspiré de Paul Bril, sut faire
preuve d'une véritable originalité dans des
compositions où, à la finesse de la touche, s'al-
lient la vigueur de l'effet et une expression
poétique de la réalité.
Le siècle suivant voit la décadence se con-
tinuer. Les deux Ostade, Govaert Flink, Gas-
par Netscher et Johann Lingelbach n'appar-
tiennent à l'Allemagne que par la naissance.
De très-bonne heure, ils passèrent en Hol-
lande, où ils adoptèrent le sentiment et les
procédés techniques de l'école au milieu de
laquelle ils vécurent. Ceux qui restèrent fidèles
à leur pays natal , sinon par l'éducation ,
du moins par leurs travaux , se rattachent
complètement par le style aux écoles étran-
gères. C'est ainsi que Sandrart ( 1606-1688)
imite tour a tour Honthorst, son maitre, Ru-
bens, Van-Dyck et Rembrandt; Cari Screta,
de Prague (1604-1674), imite Rubens; Ma-
thias Zimbrecht, de Munich, imite Raphaël
pour la composition et les Flamands pour le
Coloris; Jean-Henri Roos (1631-1685) imite
Berchem ; et son fils, Philippe Roos, plus connu
sous le nom de Rosa di Tivoli (1655- 1705), s'ita-
lianise complètement , tout en se distinguant
d'ailleurs, dans ses peintures d'animaux, par un
sentiment assez vif de la vérité et surtout par
la hardiesse et la vigueur de sa touche.
Au xvme siècle, la secte des imitateurs se
perpétue. Christian Dietrich (1712-1774) dé-
pense un talent très - réel à copier tantôt
Ostade, tantôt Rembrandt, tantôt Salvator
Rosa. Balthazar Denner de Hambourg (1685-
1749), dépasse, par la mièvrerie de l'exécution,
toutce qu'a pu produire l'école de Gérard Dow :
ses têtes de vieillards et de vieilles femmes
sont traitées avec une minutie de détails in-
croyable, mais elles manquent complètement
ALL
de couleur et de vie. La manière facile et lâ-
chée de '). V;inlno est suivi»- p:i r Christian Rode
(1725-1797), peintre de Frédéric le Grand, et
par Henri Tischbein (mort en 1789), peintre de
l'électeur de.Hesse-Cassel. Le fade et préten-
tieux Gessner (1734-178S), plus connu par ses
bucoliques que par ses tableaux, cherche à
rappeler Claude et Poussin. C'est jusqu'à la
hauteur de Raphaël lui-même que voulut at-
teindre ce Raphaël Mengs (1728-17791, que
Winckelmann, dans son enthousiasme d ami et
de compatriote, n'a pas craint de proclamer
• le premier artiste de son siècle et peut-être
des siècles futurs. » La postérité a fait bonne
justice de pareils éloges décernés à un artiste
dont les œuvres ne sont, à tout prendre, que des
pastiches du grand art italien, faits avec beau-
coup de science, sans doute, mais où l'on ne
trouve ni imagination, ni chaleur de senti-
ment, ni la moindre verve d'exécution. Quoi
qu'il en soit, il faut savoir gré à Raphaël
Mengs d'avoir cherché, dans une époque de
complète décadence, à retrouver la trace des
anciens maîtres, à ramener le goût aux nobles
et pures créations du passé. Après lui, la douce
et poétique Angélica Kautfmann (1742-lgos)
se fit une réputation par des tableaux d'une
exécution agréable, mais superficielle, et d'un
sentimentalisme vaporeux. Elle nous conduit
au xix« siècle, dont le début a été marqué par
l'éclosion presque simultanée de deux écoles
de peinture : celle des préraphaélites ,' qui ,
dans sa manie de pureté classique, alla de-
mander ses modèles, ses types, ses procédés
d'exécution, aux peintres italiens antérieurs à
Raphaël ; et celle des romantiques, qui remonta
également le courant du passéj mais pour y
chercher seulement des inspirations, des sen-
timents, des symboles, des allégories. Karss-
tens fut. le chef des préraphaélites, au nombre
desquels il faut ranger le sculpteur Thor-
waldsen et les peintres Waechter, Schick,
Koch, etc.
L'école romantique, rétrograde seulement
par l'idée, a été fondée a Rome vers 1810, par
Frédéric Overbeck, Pforr et Voghel, auxquels
vinrent bientôt s'adjoindre Pierre Cornélius,
Jules Schnorr, Guillaume Schadow, Ph. Veit,
et, "plus tard, Hess et Bégas. Ces maîtres, nos
contemporains, ont imprimé à l'art allemand
un caractère dont on ne saurait méconnaître
la grandeur. C'est en Bavière, où les avait
attirés la munificence du roi Louis, qu'ils ont
exécuté leurs principaux ouvrages. Toutefois,
le chef de l'école , Overbeck , n'est presque
jamais sorti de Rome.
En dehors de cette phalange de peintres
idéalistes et catholiques, l'Allemagne a vu se
former, à Dusseldorff; un groupe d'artistes
protestants, dont Lessing et Bendemann ont
été les coryphées ; mais ce groupe est resté,
quant h la grandeur de ses conceptions, bien
au-dessous de l'école de Munich. C'est en réa-
lité un maitre de cette dernière écple,M.Kaul-
hacli, qui représente le mieux le côté philoso-
„ - „- ~~r -. It
nous suffira de citer MM. Knauss, Hubner,
Rœder, André et Oswald Achenbach.
IL La sculpture en Allemagne. - C'est
dans les travaux des moines qu'il faut cher-
cher l'origine de la sculpture en Allemagne ;
les ornements et les figures qu'ils gravaient ou
sculptaient sur leurs vases sacrés, les couver-
tures en ivoire des manuscrits , les châsses,
les devants d'autel furent les premiers essais
dans cet art. L'exploitation des mines du Harz,
entreprise par les Othon , ayant apporté à
l'Allemagne une grande quantité de métaux
précieux, les ouvrages d'orfèvrerie se multi-
plièrent, et acquirent aux Allemands une ré-
putation qui se répandit dans le reste de l'Eu-
rope. La profusion du métal donna également
naissance a l'art de jeter en moule ; et , dans
cette branche , l'Allemagne obtint aussi un
renom européen.
Au x<=' et au xie siècle, il est parlé "de co-
lonnes, de portes et de statues coulées en
bronze. La sculpture resta presque station-
naire durant les derniers siècles du moyen âge.
Mais le règne des empereurs de la maison de
Souabe ayant rapproché, plus que jamais,-
l'Allemagne de l'Italie, il s établit une sorte de
fusion entre l'art allemand et l'art italien.
Vasari, parlant des progrès de la sculpture en
Allemagne à eette époque, les attribue à Jean
de l'ise , à Agnolo de Sienne et aux artistes
allemands qui exécutèrent la façade du dôme
à Orvieto. Un maitre de Cologne travailla
également à Florence, et ses sculptures , qui
ont disparu, ainsi que son nom, excitèrent l'ad-
miration de Ghiberti lui-même.
Les noms des sculpteurs du xne et du
xme siècle ne sont pas parvenus jusqu'à
nous, et Jean de Cologne, Berthold* d'Isenach
et Sabine de Steinbach, fille de l'architecte de
Strasbourg, sont à peu près les seuls noms à
citer au xtve siècle. La statue colossale de
Rodolphe IV à Neustadt, l'un des plus beaux
monuments de cette époque ; les sculptures de
la maison de ville à Nuremberg, la statue de
Guillaume Tell à Zurich, la célèbre table d'or
de Lunebourg , le calvaire de Spire , et tant
d'autres œuvres qui passent pour des mer-
veilles, sont dus' à des maîtres restés entiè-
rement '
ALL
Augaboiirg; Jean Creitz, le tabernacle de
Nordlingen; Nicolas d'Haguenau, le maître-
autel de Strasbourg. Mais l'école de Nurem-
berg vint surpasser la gloire de tous ces ar-
tistes par le nombre et le talent de ceux qu'elle
produisit. Au xve siècle, Jean Decker donna
a ses ouvrages religieux une expression que
la sculpture n'avait pas encore atteinte ; Adam
Kraff , Veit Stoss et Sébastien Lindenast se
distinguèrent dans la sculpture et dans l'art
de fondre. Enfin, dans les dernières années du
xvc siècle, parut Pierre Vischer, qui se plaça
au-dessus de tous ses devanciers, et n'eut pas
de successeur. Son œuvre principale est le tom-
beau de saint Sebald , dans l'église du même
npm à Nuremberg. Avec P. Vischer se termine
la belle époque de la sculpture allemande. Le
protestantisme, en arrêtant la construction des
cathédrales, arrêta aussi les efforts de la sculp-
ture, cet auxiliaire obligé de l'architecture.
Pendant le temps qui s'écoula depuis Pierre
Vischer jusqu'à la fin du xvmf siècle, c'est à
peine si l'Allemagne compta quelques artistes
dignes de ce nom. Le seul d'entre eux qui ob-
tint une grande réputation fut Mathieu Collin,
qui orna (le superbes sculptures le tombeau de
1 archiduc Maximilien d'Autriche à Salzbourg.
La sculpture était donc tombée en Allemagne
,_, et de Winckelmann vinrent la relever d
cet état d'abaissement. Canova et Thorwaldsen
encouragèrent les artistes allemands à retour-
ner à l'étude approfondie de l'antique, en ajou-
tant l'exemple au précepte. Bientôt Dannecker
fit sa belle statue du Christ; Ohmacht décora
l'église Saint-Thomas de Strasbourg et fit re-
vivre la sculpture en bois ; Schadow, Rauch et
Tieck devinrent les chefs de l'école de Berlin,
d'où sont sortis des artistes éminents. La Ba-
vière, à son tour, a produit Eberhard , qui a
décoré de belles statues l'église de Tous-les-
Saints, à Munich ; Wagner, auteur de la frise
du Walhalla; enfin Schwanthaler, qui, inspiré
par une connaissance approfondie de l'anti-
quité, a donné des œuvres empreintes de gran-
deur, de grâce et de pureté, et qui, dans ses
frises et ses bas-reliefs représentant l'histoire
de Bacchus on des scènes tirées de Pindare,
d'Hésiode ou d'Homère, s'est élevé jusqu'à la
hauteur de l'épopée grecque. Nous ne termi-
nerons pas sans mentionner M. Kiss, élève de
Tieck, dont on connaît la fameuse Amaz ne, et
son condisciple, M. Drake; enfin les frères
Eberhard, et particulièrement Conrad Eber-
hard, qui ont eu le privilège d'appliquer à la
sculpture le dogme de l'école romantique
allemande.
III. L'architectuhe en Allemagne.— Vers
la fin du xme siècle, l'Allemagne vit s'établir
un-système d'architecture qui fut appelé go-
thique, et qui serait plus justement qualifié
de germanique, non qu il ait été complètement
inventé par les Allemands, puisque, l'arc en
tiers-point, qui en forme la base, se retrouve
dans le Nilomètre du Caire, bâti en 861, et
dans les restes du palais d'ispahan et de l'ab-
baye de Subiaco (Italie), mais parce que les
architectes de l'Allemagne eurent le mérite de
s'approprier les éléments déjà existants de ce
système, et qu'ils les développèrent en unissant
aux efforts de leur génie l'expérience des siè-
cles passés. C'est à ce titre que l'Allemagne peut
prétendre à la gloire de donner son nom à
'étaient" construits" qu'en bois, avec toute la
simplicité des peuplades barbares qui habi-
taient la Germanie. Jusqu'à la fin du xii" siè-
cle, l'architecture byzantine avait entièrement
prévalu dans ce pays. La civilisation peu
avancée des Allemands les obligeait à appeler
des architectes italiens ou grecs. Les cathé-
drales de Spire, de Worms, de Mayence, de
Bamberg, de Bâle, de Wurtzbourg, de Lim-
bourg, d'Erfurt, de Trêves, de Nuremberg,
.sont toutes, dans leurs parties primitives, con-
formes au pur style byzantin. Mais, vers le
xhc siècle, le gothique commença à se mon-
trer ; on rencontre dès lors l'arc ogival mé-
langé avec le plein-cintre, et les restaurations
des monuments se firent dans le nouveau
style , ainsi que l'achèvement ' des édifices
commencés. Enfin, au xme siècle, l'art alle-
mand remplaça totalement celui du Midi. Les
églises de cette époque portent toutes le ca-
ractère du gothique pur. Telles 'furent les
cathédrales de Meissen et' de Magdebourg,
dont les formes élancées et perpendiculaires
sont encore simples et dépourvues d'orne-
ments. A ce premier style en succéda un se-
cond , non moins grand , plus orné et plus
élégant. La cathédrale de Fribourg ouvre
cette nouvelle ère. La tour de sa façade, éic-
vée en 1272, fut le premier exemple d'une ai-
guille à jour. Cette cathédrale, achevée en
1513, est le monument le plus complet et le
plus parfait de l'art gothique. Après la cathé-
drale de Fribourg vient celle de Cologne,
commencée en 1248, et dont les travaux ces-
sèrent, faute d'argent, au \vi« siècle. Mais si
l'édifice est encore inachevé on possède le
dessin original d'après lequel il devait être
construit, et en le voyant, on est frappé de
l'audace et du génie qu il fallut pour le conce-
voir. C'est vers cette époque que fut rèèdifièe
!a cathédrale de Strasbourg, dont Erwin de
Steinbach éleva la première tour, en 1275, et
Jean Hulz la seconde, en 1439. Cet édifice
offre une particularité très-intéressante pour
l'histoire de l'art, c'est que la marche de Par-
ALL
chitecture en Allemagne y 'est indiquée dans
„ toutes ses phases, depuis le lourd style byzanr
tin lombard jusqu'à la dégénérescence de l'art
gothique. Malgré ces légères traces de mau-
vais coût, la cathédrale de Strasbourg fut
réputée, au moyen âge et à l'époque de la re-
naissance, le plus beau monument de l'Alle-
magne. .
Après les cathédrales-de Fribourg, de Colo-
gne et de Strasbourg , le quatrième chef-
d'œuvre de l'architecture allemande est l'église
Saint-Etienne de Vienne, construite au milieu
du xnc siècle, mais qui ne fut sérieusement
continuée qu'en 1359, par Georges Hauser et
Antoine Pilgrand, et dont le dernier architecte
fut Jean Buxbaum. Saint-Etienne est regardé
comme la dernière expression du gothique
pur. Parmi les autres belles églises de "l'Alle-
magne, on remarque, à Nuremberg, celle de
Saint-Laurent, celle ne Saint-Sebald, dont la
e de Georges et de Fritz
Kuprecht; Sainte-Catherine d'Oppenheim, la
cathédrale de Goslar, Sainte-Marie de Kœ-
nigsberg, etc., toutes de la belle époque.
Le xive et le xv« siècle virent s'élever la
ger, et restée inachevée ; le dôme de Ratis-
bonne, fondé antérieurement, mais terminé
seulement alors; la cathédrale d'Augsbourg;
la belle église de Landshut; celle d'Eslingen,
si élégante ; celle de Dunkelsbiihl, par Nicolas
Eseller; Saint-Gilles de Prague, bâtie par
Pierre d'Arler 'et Mathieu d'Arras ; Sainte-
Marie de Wilrzbourg ; la tour de Sainte-Elisa-
beth, à Breslau; les cathédrales d'inspruck,
de Salzbourg, de Brème, de Dantzig, de Con-
stance, de Berne, de Zurich, de Bàle, de
Lauzanne, etc., etc., chefs-d'œuvre de l'ar-
chitecture allemande.
Parmi les monastères les plus remarqua-
bles, il faut placer celui de Saint-Gall, et ceux
de Fulde, de Lindau, de Lorsch, de Trêves,
d'Hiidesheim, de Saint-Biaise, dans la forêt
Noire, d'Einsiedeln, en Suisse, etc.
à la liberté; parvinrent aussi aux richesses ;
et, après s'être bâti des églises somptueuses,
elles se construisirent des palais communaux
ou maisons de ville, des entrepots, des ponts,
des fontaines, des portes, des hôpitaux, etc.
Tous ces monuments se' distinguent par des
formes simples et élégantes, appropriées à
leur usage particulier. Les édifices civils de
Dresde, d'Ulm, de Goslar, de Brème, de Nu-
remberg, de Cologne et de îvlayence en sont
les plus célèbres spécimens.
Cependant les beaux temps de l'architecture
gothique eurent un terme. Dès le commence-
ment du xve siècle, le sentiment religieux per-
dit de sa ferveur ; les guerres sanglantes de la
Bohême commencèrent à détruire l'unité de
croyance et à refroidir la piété. Dès lors, non-
seulement on cessa d'élever de nouveaux mo-
numents, mais on n'acheva même plus ceux qui
étaient déjà commencés. La guerre des Hus-
' sites et la réforme de Luther portèrent le der-
nier coup à l'art allemand. Vers le temps où
l'Allemagne voyait ainsi décroître son art go-
thique, 1 Italie entrait dans l'ère dite de la re-
naissance, et l'Allemagne, par suite de ses rela-
tions avec ce pays, adopta bientôt le nouvel art,
qu'elle appela italique, de son origine. Pourtant
quelques formesanciennes survécurent pour un
temps au système entier, et s'allièrent à l'ar-
chitecture nouvelle ; telles furent les voûtes
en ogives qu'on employa dans la construction
des églises jusqu'au xviil- siècle. Mais la sim-
E licite des monuments civils disparut tout à
lit ; la ligne perpendiculaire fut défigurée par
des- découpures oizarres, tourmentées outre
mesure, et les ornements furent prodigués.
Citons, parmi ces édifices hybrides, l'église
des Jésuites, à Munich ; l'hôtel de ville et la
tour de Perlach ; les églises Saint-Charles et
Saint-Pierre de Vienne, cette dernière, sur le
modèle de Saint-Pierre de Rome. Mais l'archi-
tecture empruntée à la Renaissance tomba
aussi : le mauvais goût finit par l'envahir
complètement; et l'art ne faisait plus que se
tramer dans un état de dégradation honteuse,
lorsque, vers la fin du xvmc siècle, trois
hommes éminents, Raphaël Mengs, Lessing
Winckelmann, cherchèrent à le relever, en lui
Jonnant pour base la science archéologique.
Grands admirateurs de l'antiquité, ils propa-
gèrent leurs idées par des écrits estimés, qui
rirent révolution parmi les artistes. Un archi-
tecte badois , Weinbreoner, animé de leur
esprit, aida puissamment à cette régénération.
Il devint le chef d'une école qui, malgré son
principe, qui était l'imitation de l'antique, et par
conséquent malgré son manque d'originalité,
donna à l'Allemagne actuelle un grand nombre
d'architectes instruits et éclairés : Hansen, en
Danemark et à Hambourg; Fischer, qui, pour
sa part, construisit le théâtre de Munich, etc.
Quant à Hansen, ses nombreux travaux imi-
tent plutôt l'architecture pure du xvie siècle
que l'architecture antique. Après eux, Léon
de Klenze mit en pratique les maximes de leur
école, qualifiée en Allemagne d'école archéo-
logique et esthétique. Dans les édifices qu'il a
élevés à Munich, on retrouve une connais-
sance approfondie des différents styles, Sa
Glyptothèque est en style ionique ; la résidence
royale en style florentin ; l'église de Tous-les-
Saints est byzantine, et l'entrepôt est vénitien.
hommes, i
Vatican ;___,._
s de panthéon élevé aux grands
est remonté, par l'imitation, jus-
ijuuux murs cyclopéens. Contemporain de
Klenze, Gaertner est l'auteur de l'église Saint-
Louis, de la Bibliothèque, de l'Université, mo-
numents dans le style de la Renaissance. Ohl-
muller a construit Sainte-Marie-du-Secoursj
Liebland imite, dans SaintrBoniface, les basi-
liques byzantines du ve siècle ; Pertsch bâtit
l'église protestante et la prison; Probst le
nouveau pont de l'Isar, etc. " Tous ces édifices,
dit M. Le Bas, auquel nous empruntons ces
documents, doivent leur fondation au roi Louis
de Bavière, qui mérita le titre de régénérateur
des arts, et eut l'honneur de laisser à son pays
une ville monumentale. « Il fut en cela suivi
par le roi de Prusse, qui partageait les goûts
artistiques héréditaires (fans sa famille. Les
plus beaux des édifices modernes de Prusse ont
Schinkel pour auteur. Quoique formé à l'école
archéologique, il a peulrétre mieux su déguiser
l'imitation sous un caractère propre, qui est
chez lui le résultat d'une originalité native.
Ses œuvres principales sont 1 église de Wer-
der, le théâtre, le musée, le conservatoire, le
pont du château, la grande garde. D'autres
architectes," tels que Moller^ qui a bâti le beau
théâtre de Darmstadt ; Chateauneuf, Ludolf,
Wortsmann, Thurmer, Thouret, figurent en-
core parmi les principaux artistes dont s'ho-
nore l'Allemagne.
Pour résumer ce tableau succinct, disons
que l'architecture allemande a eu trois phases
bien distinctes : l'époque gothique, où cet
art atteignit son apogée et exerça son in-
fluence sur presque toute l'Europe; l'époque
de la Renaissance, où l'Italie réagit a son tour
sur l'Allemagne et lui imposa ses idées en ma-
tière d'art; enfin l'époque actuelle, où un sys-
tème basé sur l'imitation cherche, à réunir
dans un savant éclectisme tous les styles des
époques antérieures.
IV. La gravure en Allemagne. — L'in-
vention de la gravure sur bois, dont l'honneur
a été longtemps revendiqué par l'Allemagne et
par l'Italie, remonte à une haute antiquité. Les
savants ont prouvé que l'art d'imprimer, h
l'aide de bois gravés en relief, des rieurs et
d'autres ornements , des figures d'animaux et
même des figures humaines, "tut importé de
l'extrême Orient en Europe, à la suite des' con-
quêtes d'Alexandre le Grand. Au moyen âge,
les fabricants de cartes en firent particulière-
ment usage : ceux de l'Allemagne jouissaient
d'une grande réputation, et inondaient de leure
produits toutes les contrées voisines; mais
c'est à tort qu'Heinecken a prétendu que c'est à
eux que revient le mérite de la découverte. Ils
furent même devancés dans l'application, si l'on
en croit Emeric David, par les moines, qui gra-
vèrent des images de sainteté pour leurs n.a-
nuscrits. Une tradition attribue à saint Ans-
charius , évêque de Brème et archevêque de
Hambourg, mort en 865, les images, impri-'
mées sur bois , de la Bible des pauvres , livre
dont il se répandit par la suite de nombreux
exemplaires dans la haute Allemagne. Les pro-
ductions de ce genre, antérieures à la seconde
moitié du xvc siècle, n'ont, du reste, aucune
valeur artistique. Quelques collectionneurs
possèdent une pièce datée de, 1423, avec une
inscription latine en lettres gothiques ; elle re-
présente Saint Christophe portant l'enfant
Jésus sur ses épaules; c'est un ouvrage d'une
exécution très-grossiêre, et qui ne rappelle en
rien les admirables peintures des artistes fla-
mands et italiens de la même époque.
Le Florentin Maso Finiguerra venait à peine
de faire connaître1 à ses compatriotes (1452)
l'art de graver en creux , que Martin Schon-
gauer, de Culmach, se servait de ce procédé
avec une habileté tellement extraordinaire,
que l'on conçoit comment quelques historiens
ont pu se demander qui, de l'Italie ou de l'Al-
lemagne, était en droit de réclamer la priorité
de cette nouvelle découverte. Quoi qu'il en
soit, Martin Schongauer, longtemps désigné
en France sous le nom de beau Martin, est,
sans contredit , le premier artiste qui se soit
acquis un renom dans la gravure : son burin,
net et ferme, a tracé des compositions où l'on
admire , outre1 l'originalité de l'invention , le
caractère expressif des figures, la délicatesse
des détails et une entente vraiment surpre-
nantede la perspective et des effets de lumière.
Il a laissé un grand nombre d'estampes (Bartsch
en enregistre 90) , parmi lesquelles il nous
suffira de citer : la Mort de la Vierge, V Annon-
ciation, Y Apparition de Jésus à la Madeleine,
la Passion, le Portement de la Croix, la scène
humoristique intitulée le Conducteur d'dnes, et
la Tentation de saint Antoine, cette diablerie
étrange, dont Vasari affirme que Michel- Ange
fit dans sa jeunesse une copie à la plume.
Martin Schongauer s'acquit par ces ouvrages
une réputation européenne ; la plupart des
graveurs de son temps le prirent pour modèle ;
mais si l'on excepte Bartholomé Zeitbloin, qui
travailla dans son atelier à Colmar, et Israelde
Mecken, qui se borna à le copier servilement,
les élèves et les imitateurs qu'il fit en Alle-
magne ne nous sont connus que par les mar-
ques et quelquefois même par les dates seules
de leurs productions. Peut-être faut-il ratta-
cher à son écnle ce Wenceslas d'Olmutz, dont
les estampes, signées d'un .W, ont été long-
temps attribuées, par erreur, à Michael Wohl-
gemuth, le maître de Durer, et dont on voit au
British Muséum une gravure , datée de H99,
ALL
qui serait la première où l'on reconnût l'emploi
de l'eau-forte.
Albert Durer, auquel on accorde aussi le
mérite d'avoir été un des premiers à faire
usage de cet acide, éleva au plus haut de-
gré de perfection l'art du graveur. La préci-
sion , ta vigueur , la clarté de ses estampes
n'ont jamais été dépassées; s'il ne se dépouille
pus toujours complètement de la sécheresse
gothique, en accusant les contours -de ses
figures, il se montre du inoins plein de finesse
dans l'art de distribuer la lumière. Ses compo-
sitions sont d'une variété extrordinaire : scènes
de l'Apocalypse, histoire sacrée ou profane ,
mythologie, figures allégoriques, tableaux de
la vie familière, portraits, il aborde les sujets
les plus divers, et y déploie une imagination
inépuisable. On ne connait pas moins de cent
cinq planches sur cuivre portant sa marque,
et ses gravures sur bois sont encore plus nom-
breuses. Il faut dire que la plupart de ces der-
nières ont seulement été exécutées sous sa
direction, d'après ses dessins, et qu'en général
leur mérite varie selon le degré de sa propre
coopération dans le travail de la taille. Parmi
les artistes qui l'ont secondé, on nomme géné-
ralement H ans Glaser, Hans Gundenmund,
Jérôme Resch et Henri Hondius lé Vieux. '
Comme nous l'avons dit dans la iieinture
en Allemagne, Albert Durer exerça plus d'in-
fluence comme graveur que comme peintre :
ses estampes se propagèrent rapidement dans
toute l'Europe, et les plus grands maitres,
André del Sarto, notamment, ne dédaignè-
rent pas de s'en inspirer. En Allemagne, sa
manière fut suivie par ses contemporains les
plus illustres : Lucas Crânach , Hans Burgk-
maier et Hans Holbein le Jeune, le célèbre
auteur de la Danse des Morts. Quelques sa?
vants prétendent que ce dernier n'a pas
gravé lui-même les admirables planches con-
nues sous son nom , et qu'il s'est borné à en
fournir les dessins. Selon Soltzmann et Waa-
gen, ce serait Hans Lùtzelberger qui aurait eu
l'honneur d'interpréter la pensée du grand ar-
tiste. Ce qui est certain , c'est qu'à cette époque
la taille du bois était d ordinaire confiée à des
praticiens habiles pour qui cet art' était un
métier j les maitres se réservaient sans doute
la partie la plus délicate du travail, les retou-
ches, les derniers coups, et veillaient avec soin
à ce que leurs compositions fussent rendues
fidèlement. Altdorfer est de tous les disciples de
Durer celui qui s'est montré le plus original et
le plus ingénieux, dans des gravures sur
cuivre , traitées avec vivacité et finesse, et
dans des gravures sur bois, exécutées par lui.
OU d'après lui. Aidegrever a fait preuve d'une
grande habileté technique; mais quelques-uns
de ses ouvrages trahissent l'imitation italienne,
que Georges Pencz, Barthel Beham, Hans
Sebald Beham et Jacob Bink, 'transfuges de
l'école de Durer dans celle de Marc-Antoine,
devaient pousser plus loin encore. Ces artistes,
dont les œuvres sont d'ailleurs justement esti-
mées, sont désignés collectivement sous le noni
de petits maitres. Ils appartiennent tous à la
première moitié du xv^ siècle, qui. fut l'âge
d'or de l'école allemande , et nous devons re-
connaître que, s'ils ont emprunté aux Italiens
le goût des compositions mythologiques, la no-
blesse et l'élégance du dessin , ils n'ont pas
perdu pour cela le sentiment de la réalité, qui
distingue si éminemment les productions des
Durer et dès Holbein. Beaucoup de graveurs
de la même période sont d'ailleurs restes fidèles
au style primitif : tels sont Hans Schaûffeleiri,
Hans BaldungGrien, Hans Springinklee, Lucas
Krug, Hans Brosamer , Tobias Stimmer de
Schaffouse, Auguste Hirschvogel et Hans Lau-
tensack. Ces deux derniers ont laissé des vues
de villes et des paysages conçus et exécu-
tés dans la manière d Altdorfer. Le fécond
Virgilius Sôlis, dont Bartsch cite cinq cent cin-
quante-huit gravures et une foule de bois exé-
cutés d'après ses dessins, suivit dans ses
premières années la tradition d'Albert Durer,
pour se consacrer ensuite à l'imitation du style
italien. Les trois frères Hopfer (David, Jérôme,
Lambert); Théodore de Bry et Jean-Théo-
dore, son fils; Martin Greuter, de Strasbourg;
Wolfang et Lucas Kilian, d'Augsbourg, et les
autres graveurs allemands de la fin dix
xviu siècle, sont complètement italianisés.
La génération suivante subit l'influence
heureuse des maîtres flamands : sous la direc-
tion de Rubens, Christophe Jegher apprend à
faire revivre sur le bois les compositions mou-
vementées et en quelque sorte la couleur de
ce grand peintre. Joàchim Sandrart, malgré
son long séjour en Italie, demande également
ses modèles à Rubens, mais il peint plus qu'il
ne grave. Wenceslas Hollar de Prague, fait
à l'eau-forte de belles reproductions de B.reu-
ghel, d'EIzheimer, et aussi du Titien et de
Jules Romain. Le même procédé sert à Henri
Roos à tracer des paysages avec ■-•--■
ALL
213
ss paysa
gai des
se forme à l'école de Rembrandt. Barthélémy
Kilian manie avec une égale hahiletèle burin
et la pointe, et produit surtout des portraits.
Jacques-Christophe Leblond, de Francfort,
invente' l'art d'imprimer des gravures en cou-
leurs. Elie Hainzelmann, d'Augsbourg, vient
étudier à Paris sous François Poilly, et ràp-11
porte dans son pays natal le faire harmonieux5
et suave de ce maître. Mais ce fut surtout au
xvme siècle que la manière française, illustrée
par les Audran, les Stella, Dorigny, Tardieu,
et tant d'autres, trouva en Allemagne des
adeptes fervents, parmi lesquels nous citerons
en première ligne : Joseph Wagner, Jeair-
Martin Préisler et son élève Philippe-André
Kilian, Georges-Frédéric Sçhinidt et Bernard
Rode, de Berlin, et Jean -Georges Willes,
de Kœnigsberg. Les seuls artistes indépen-
dants de cette époque qui aient obtenu quelque
renommée sont : Bernard Vogel ,' qui fit dé
bons portraits en manière noire; Georges^
Philippe Rugendas, habile' dessinateur de su- ,
jets militaires, dont il nous reste une trentaine
d'eaux-fortes, gravées d'une pointe large et
sûre, et une centaine d'estampes, exécutées
d'après ses propres compositions; ElierJean
Riedinger, d Ulm, qui a fourni les dessins, de
trois cent cinquante planches environ, reçré-j
sentant des paysages et des animaux.. Ajout
tons Dietrich, qui, dans ses gravures comme
dans ses tableaux, fit preuve d'une extrême.
facilité à s'approprier les styles les plus divers, '
mais qui apparaît surtout à son avantage dans
ses nombreuses eaux-fortes, remarquables par
la vigueur de l'exécution et la variété des
effets.
L'art de la gravure n'a pas réalisé de pro-
grès particuliers en Allemagne depuis le comA
mencetnent de ce siècle : les peintures des
adeptes de la nouvelle école mystique ont
trouvé d'habiles interprètes, parmi, lesquels
nous pouvons citer, : MM. Frédéric-Edouard
Eichens, de Berlin ; Auguste Hoffmann,. d'El-
berfeld ; Charles Waagen, de Munich; Hugo
Bùrkner, professeur de l'Académie de Dresde ;
Jean-Léonard Raab, de Nuremberg: Auguste
Gaber: Rodolphe Stang, de Dusseldorf, etc.
Mais cest surtout à-la vulgarisation, des sujets
religieux d'après Overbeck, Deger, Millier,
■ que s'appliquent avec le plus de succès les
graveurs allemands contemporains. Leurs es-
tampes, peu colorées, reproduisent' avec bon-
heur le sentiment sincère, tendre et délicat
qui distingue leurs modèles; elles tendent heuï
reusement à se substituer, même en France,
aux affreux coloriages oflerts jusqu'alors à la
piété des fidèles, C'est aux artistes de Dusselt-
dorf que revient J'honneur de cette réforme
importante de l'imagerie religieuse : MM.. Steif-.
fensand, Massau, Joseph et François Kel.ler,
Glasez, Henry Nùsser, etc.,.ont déployé en ce
genre un talent facile: quelques-uns d'entre
eux ont d'ailleurs abordé les travaux les plus
sérieux : M. Joseph Keïler a' gravé avec habi-
leté la /.%)!. /ed« Saint-Sacrement, et M- Mas-
sau a bien rendu la naïveté et le charme' dçs
anciens maîtres, en gravant YAdoration dés
Mages, de la cathédrale de Cologne. . "',
V. La musique en Allemagne. — La miir
sique pénétra en Allemagne avec le christia-
nisme et la liturgie romaine. Elle fut un* puis-
sant moyen de civilisation chez les Saxons et
les Slaves. Sortie bientôt des église»' et des
monastères, elle se répandit rapidement dans
les villes et dans les châteaux. Les minnesiTh-
ger de l'Allemagne au moyen âge furent auçsi
célèbres que les troubadours et les trouvères
français, et les minstrels de l'Angleterre. Ils
étaient à la fois musiciens et poètes: Par mal-
heur, nous ne possédons aucun monument
authentique de leur art, et la plus ancienne
musique adaptée à des paroles allemandes que
nous connaissions, est un recueil d'hymnes en"
Le xvie siècle vit paraître en Allemagne
filusieurs théoriciens qui étendirent, par leurs
eçons'et leurs traités,1 les connaissances' en
harmonie. De ce nombre furent Calvisius-,
Finck, Henri Lorit, qui écrivit un Ouvragé
musical intitulé Dodécachordon,- à cause des
douze modes qu'il y établit. • Une chose qui ne
contribua pas peu à populariser en Allemagne
le goût de la musique, ce fut l'exemple >de
Jean Huss, ses propres convictions sur les'
effets de la musique, et son talent particulier
plus haut. «La musique, écrivait-il, est l'alliée
de la Divinité ; après la théologie, c'est à elle
que je donne la première place. »• Après Jean"
Huss, Luther introduisit renseignement de là
musique dans toutes les écoles'protestantes.'
Il fit mettre en musique tous les psaumes,1 et
composa lui-même plusieurs chants, 'entre
autres le célêbro choral î Notre Dieu est un'
château-fort.»--: ■ ■ '' ' . ■'•; «i i
Vers 1660, l'empereur Léopôld I«r introduis
sit la musique italienne en Allemagne ; ' i! ètt*-
blit un Opéra italien à Vienne", et bientôt les
cours secondaires de Munich, de Stiittgard1, de
Manheim, voulurent suivre l'exemple de la'
capitale'. Alors là musique allemande renonça
presque entièrement à son élévation et à! sa1
gravité pour adopter le goût plus tendre, plus,
passionné de l'école italienne. Gràun, Agricolà*
Hasse, rivalisèrent dans ce genre et donnèrent
à Gluck, qui les éclipsa tous par s6h'
originalité, sa verve et la variété qu'il1 sut dé-
ployer dans'ses productions- théâtrales. Parmi
ses opéras il faut citer Orphée, Alceste, fphi-'
génie, Artnide, autant de chefs-d'œuvre qui,1
dans le style pathétique, n'ont pas -été sur7'
passés. ' i ' . ■ 'I1
A la même époque, Haydn, quoique adonh'è'
plus spécialement à la musique instrumentale1,'
imprimait à sesf mélodies une grâce et1 une'
flexibilité dont il éUut*al!é chercher le secret'
en Italie.' ■•■"" ' ' ■' ■ -' - ' i" ' -"
Mozart lui-même, ce grand génie, n'a pas
dédaigné de puiser aux sources mères dé 1 art1
Par ces concessions qui n'affectaient que la1
forme et n'étaient rien a l'originalité du fond^
lès trois grands' hommes que nous venbns'dtf
214
ALL
nommer ont, pendant la seconde moitié du
xvme siècle, élevé l'art allemand au plus haut
degré de splendeur. Haydn prenant la musique
instrumentale où l'avait laissée Sébastien, le
Célèbre contre-pointiste, en agrandit les pro-
portions, et couronna sa glorieuse carrière par
son oratorio de la Création, l'une des œuvres
les plus puissantes du génie humain. Aussi
grand.qu'Haydn dans le genre instrumental,
Mozart fut de plus le rival de Gluck dans le
genre dramatique. Plus passionné que le pre-
mier, plus souple, plus varié, plus abondant
aue le second, il les a vaincus tous les deux et
a porté en Allemagne l'art de la musique à son
plus radieux épanouissement. Riais si Mozart,
dans la Flûte enchantée, et Haydn, dans la
Création , avaient achevé l'affranchissement
de l'art national, Beethoven et Weber sont
'restés exclusivement allemands, et leurs mélo-
dies rêveuses et fantastiques portent bien
l'empreinte du sol natal. Les trois chefs-
d'œuvre dramatiques de Weber étincellent de
traits sublimes qui n'avaient pas eu de modèles
et qui défient l'imitation. Plus vigoureux et plus
puissant que son rival, Beethoven a surtout
donné à la musique instrumentale des propor-
tions avant lui inconnues. L'art ne peutTnon-
ter plus haut. Depuis Ces deux génies, Men-
delssohn'a tenu quelque temps le sceptre de la
musique instrumentale, et Meyerbeer est au-
jourd'hui (1804) le premier maître de l'Alle-
magne. Mais il faut remarquer qu'il a d'abord
étudié en Italie,etqueles trois grandes œuvres
auxquelles il doit sa réputation ont été compo-
sées pour notre première scène lyrique. A ce
titre, et quoique son corps repose à Berlin, il
appartient à la France.
Citons, pour terminer, les noms de Schu-
bert, Hummel, Maschelès, Flottow, dont les
mélodies sont aujourd'hui populaires en Alle-
magne et dans toute l'Europe, et enfin Ri-
chard Wagner, dont les essais de réforme
musicale sont venus avorter à Paris, par la
représentation du trop fameux Tannhauser.
Aiicmngno (De l'), par M'»e de Staël. C'est
une œuvre "de protestation et de réaction
contre le matérialisme qui régnait en France
sous l'Empire, et qui, confisquant pour ainsi-
dire tout 1 enthousiasme de la nation au profit
de l'activité et de la gloire militaires, ne laissait
aucune place au culte des idées. Rien de moins
patriotique que ce livre, si le patriotisme con-
siste à flatter l'amour-proprfe national. A la
France, orgueilleuse de sa force, et dans tout
l'éclat de l'épopée impériale, M'"e de Staël
ose dire que le génie français est appauvri ,
épuisé , et qu'il a besoin , pour retrouver la
source de la poésie, de la philosophie et de
la religion, de sortir des ,voies classiques de
son développement et de se pénétrer d'une
sève étrangère. Une telle liberté de langage
ne pouvait être tolérée par la police de l'é-
poque : tous les exemplairesde la première édi-
tion furent saisis et détruits au moment où
elle allait paraître (l§l0). En même temps
Mme de staSl reçut l'ordre de quitter la
France. « Votre exil, lui écrivit le duc de Ro-
vigo, ministre de la police, est une consé-,
quence naturelle de la marche que vous sui- '
vez constamment depuis plusieurs années. Il
m'a paru que l'air de ce pays-ci ne vous con-
venait point, et nous n'en sommes pas encore
réduits a chercher des modèles dans les peuples
que vous admirez. Votre dernier ouvrage n'est
point français »
Le livre de l'Allemagne se divise en quatre
parties : la première fait connaître les
des Allemands ; la seconde est consacrée
littérature e,t aux arts ; la troisième à la philo-
sophie et à la morale; la quatrième à la reli-
gion. — Dans la première partie, nous trou-
vons des réflexions justes et souvent origi-
nales sur l'esprit de la chevalerie, sur le rôle
que doit jouer dans l'éducation l'enseignement
des mathématiques et des langues, sur l'esprit
de sociabilité et de conversation qui caracté-
rise les Français, et qui rend compte de leurs
défauts et de leurs qualités ; sur l'indépendance
et l'originalité intellectuelles, le goût de la
retraite et de la contemplation qui distinguent
les Allemands. Notons un passage remarquable
où la marche philosophique de l'humanité est
divisée en quatre ères différentes : les temps
héroïques, qui fondèrent la civilisation ; le pa-
triotisme, qui fit la gloire de l'antiquité; la
chevalerie, qui fut la religion guerrière de
l'Europe, et Yamour de la liberté, dont l'histoire
a commencé vers l'époque de laréformation. —
Dans la seconde partie, Mme de Staël :
fair.
z les é
s alle-
mands qu'elle a visités, au milieu desquels elle
a vécu et pour ainsi dire tenu salon, les Wie-
land, les Klopstock, les Lessing, les Gœthe,
les Schiller, les Sohlegel, les Herder, etc.
Elle analyse leurs ouvrages, en donne des
extraits, en fait ressortir les beautés et les
défauts. Elle se prononce pour la littérature
romantique des Allemands contre notre litté-
rature classique. « La littérature des anciens,
dit-elle, est chez les modernes une littérature
transplantée ; la littérature romantique -ou
chevaleresque est chez nous indigène, et c'est
"'.re religion et nos institutions qui l'ont fait
ore... Les poésies d'après l'antique sont
ALL
qu>ayant ses racines dans notre propre sol,
elle est la seule qui puisse croître et se vivi-
fier de nouveau ; elle exprime notre religion ;
elle rappelle notre histoire Tandis que la
poésie classique doit passer par les souvenirs
du paganisme pour arriver jusqu'à nous, la
poésie des Germains, la poésie romantique, se
sert de nos impressions personnelles pour nous
émouvoir; le génie qui l'inspire s'adresse im-
médiatement à notre cœur, et semble évoquer
notre vie elle-même comme un fantôme, le
plus puissant et le plus terrible de tous. » — Dans
la troisième partie, Mme de Staël s'efforce de
nous initier à la métaphysique de Kant, de
Fichte, de Schelling. Il faut dire qu'elle y
réussit assez médiocrement. En revanche, elle
s'élève contre la morale de l'intérêt personnel
en des pages éloquentes, où l'accent austère du
stoïcisme se tempère et en même temps s'a-
nimede ladélicate sensibilité d'une femme etde
l'imagination d'un poète. — Dans la quatrième
partie, M'oc de Staël s'attache à nous montrer
les rapports de la religion chrétienne avec nos
facultés et nos besoins ; mais elle n'entend pas
encourager l'esprit de réaction qui poussait
alors plusieurs écrivains, en Allemagne, à sor-
tir du protestantisme pour revenir à l'unité de
l'Eglise. Elle voit dans le catholicisme et dans
le protestantisme deux puissances morales qui
ont également leur raison d'être, et qui se dé-
veloppent dans les nations, parce qu'elles exis-
tent dans chaque homme.
M. Nisard, qui ne professe pas une grande
admiration pour les ouvrages de M»" de Staël,
reconnaît que le livre De l'Allemagne est à la
fois une œuvre ingénieuse et un service rendu
aux lettres; « Quoique notre siècle, dit-il, y
ait pris, avec plus de libéralité envers le génie
étranger, le goût des ombres de l'esthétique
allemande, par beaucoup dépensées fécondes,
par les perspectives qu'il ouvre devant l'esprit
français, ce livre a été une influence, la pre-
mière gloire après la glaire des œuvres du-
Aiiomagne (Del'), par Henri Heine. Cet
ouvrage, publié en 1835 et formé d'une série
de fragments, nous montre la philosophie et
la critique assaisonnées de fantaisie et d'hu-
mour. Dans ses jugements sur le mouvement
religieux, philosophique et littéraire do l'Alle-
magne, l'auteur se plaît à prendre le contre-
pied de M»'e de Staël. C'est, dit-il, dans une
intention de redressement qu'il a écrit son
livre. Il reproche à la grand'mère des doctri-
naires la haine qu'elle portait à Napoléon, et
qui ne lui faisait voir en Allemagne nue ce qu'il
lui convenait de voir dans un but de polémi-
que. M1,ie de Staël avait semblé mettre notre
philosophie matérialiste et notre génie clas-
sique aux pieds du spiritualisme allemand et
du romantisme allemand. Henri Heine combat
ce spiritualisme et ce romantisme, qui lui pa-
raissent une résurrection du moyen âge. Sa
verve railleuse relève les fils de Racine et
malmène durement ses compatriotes. « Tout
en appréciant, dit-il, l'importance de l'ouvrage
de Muic de Staël, je dois recommander une
grande circonspection à ceux qui l'ont lu ou
qui le lisent encore, et je ne puis me dispenser
du triste devoir de le signaler comme l'ou-
vrage d'une coterie. Mme (]e Staël, dans cette
circonstance, et sous la forme d'un livre, a, en
réalité^ ouvert un salon où elle recevait des
écrivains allemands et leur donnait ainsi l'oc-
casion de' se présenter dans le beau monde
français ; mais au milieu du tumulte des voix
nombreuses et diverses dont les clameurs re-
tentissent du fond de ce livre, on entend tou-
jours, dominant toutes les autres, la voix du
critique romantique A. Schlegel. Là où Mme de
Staël se montre elle-même, quand elle s'ex-
prime sans intermédiaire, son livre est curieux
et digne d'admiration. Mais dès qu'elle obéit à
des inspirations autres que les siennes, dès
qu'elle se soumet à l'école romantique, dès que,
par les incitations de cette école, elle pousse à
certaines tendances ultramontaines qui sont
en contradiction directe avec son esprit de
clarté protestante-, son livre est pitoyable
et nauséabond. Ajoutez qu'à cette partialité
qu'elle ignore, elle joint encore une partialité
qui lui est personnelle, et qu'elle ne loue guère
la vie intellectuelle, l'idéalisme des Allemands,
que pour fronder !e réalisme qui dominait alors
parmi les Français, et la magnificence maté-
rielle de l'Empire. Son livre De l'Allemagne
ressemble, sous ce rapport, à la Germania de
Tacite, qui sans doute aussi, en écrivant son
apologie des Allemands, a voulu faire la satire
indirecte de ses compatriotes. »
Analyser l'Allemagne de Henri Heine serait
une tâche difficile, car c'est avant tout un
ouvrage de verve humoristique. Tel que l'édi-
tion revue et augmentée de 1855 nousl a donné,
il se compose de dix parties, dont il est difficile
d'apercevoir le lien. L'auteur s'y montre tour
à tour poëte à imagination gracieuse, contant
tes légendes et les traditions populaires de son
pays; critique mordant, redoutable, prêt à
soulever tous les voiles, mats incapable de
mettre dans la raillerie la mesure et la sobriété
de l'esprit français ; philosophe apte à traduire
dans notre langue , c'est-à-dire à résoudre en
phrases claires les abstractions nébuleuses
d'outre-Rhin ; ici disciple de Hegel, là révolté
contre le maître et le traitant avec un sans-
façon fort peu respectueux ; ailleurs, fanfaron
d'impiété , donnant sur toute question et sur
toute croyance un libre essor à son ironie;
F lus loin admirateur ému de la Bible et de
Evangile, de Moïse et de Jésus; panthéiste
ALL
dans le premier volume , déiste dans les der-
nières pages du second. Signalons un tableau
intéressant de la révolution intellectuelle qui
commence à Kant, et dont Henri Heine com-
pare le développement à celui de la Révolu-
tion française. Kant, selon Heine, avec sa
Critique de la raison pure, représente la Con-
vention; Fichte, le philosophe de la volonté
avec son moi qui crée le monde, représente
Napoléon, l'homme-volonté; Schelling, avec
sa conciliation dans l'absolu de l'idéal et du
réel, de l'esprit et de la nature, représente la
Restauration !
Allemagne (mERD*). V. NORD (MER Dtl).
allemand, ande adj. et s. (a-le-wan,
an-de— du germainaW, tout; rnann, homme,
parce que les Allemands, suivant quelques
auteurs, étaient une réunion d'hommes venus
de différents pays). Qui a rapport à l'Allema-
gne ou à ses habitants; qui est né en Alle-
magne : La gravité allemande. La choucroute
est un mets allemand. Un Allemand de haute
taille. Une jolie Allemande. ^'Allemand
patriote cite Schiller à tout propos; V Alle-
mand plus Allemand cite Jean-Paul Richter.
(Champfleury.) Z/Allemand n'est pas capable
d'être irréligieux; la religion est le fond même
de sa nature. (Renan.) Quand un Allemand se
vante d'être impie, il ne faut jamais le croire
sur parole. (Renan.)
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand;
11 a tenu dans notre verre. A. de Musset.
— Royal- Allemand, Corps de cavalerie re-
cruté en Allemagne pour le service de la
France; avant la Révolution.
— Fam. et prov. Querelle d'Allemand, Que-
relle suscitée sans sujet : Mon hôte me battit
froid, me fit une querelle d'Allemand et me
pria un beau matin de sortir de sa maison.
(Le Sage.)
— L'allemand, La langue allemande : L' al-
lemand est une des langues les plus difficiles
à apprendre.
— Fam. C'est de l'allemand, c'est du haut
allemand, On n'y comprend absolument rien.
— Langue allemande, langue qui fait par-
tie du grand groupe indo-européen, dont elle
ouvre en quelque sorte la série. Les rapports
frappants qu'offre l'allemand avec le persan
moderne (abstraction faite des éléments sémi-
tiques) permettent de le rattacher aux idiomes
iraniens, souche collatérale de l'arien. Il est
inutile de s'appesantir ici sur les origines asia-
tiques de l'allemand; il faut le prendre au
moment de son introduction en Europe. Com-
ment la race germanique, aux yeux bleus, aux
cheveux blonds, se trouve-t-elle parler un
langage identique aux idiomes des Persans et
des Indous? Le problème n'est pas encore
résolu, le fait seul est constaté. C'est le gothi-
que qui sert de transition entre l'Europe et
1 Asie. La question historique de la migration
des peuples germaniques reste encore dans
l'ombre. Les premières données précises à ce
sujet remontent à la grande collision entre les
barbares et Rome. Les Germant dont parlent
les historiens latins prouvent, par leur nom
même, leur origine. German (us) est composé
du mot Wehr (prononcé guer, comme Wilhelm
Guillaume), qui signifie proprement défense,
arme, d'où le français guerre ; et de rnan ,
homme (mann): les hommes de guerre ; — c'est
plutôt un surnom collectif qu'un norn, de même
qu'Allemand (tout homme). La véritable ap-
pellation générique est Deutsch (anciennement
2'eutsch), Teutons. Il ne nous reste qu'une
épave de la langue gothique parlée par ces
peuples, et morte vers le vme siècle : c'est la
traduction de la bible d'UIphilas, dont la dé-
couverte assez récente vint confirmer d'une
manière si éclatante les hardies hypothèses de
Grimm.
Depuis cette époque jusqu'à celle de Lu-
ther, la langue allemande se constitue lente-
ment, en passant par différentes périodes de
transformation, selon les lois qui président à
la génération de toutes les langues. Les points
culminants de ces évolutions sont déterminés
par des tentatives de constitution définitive,
qui sont : l'ancien haut allemand (vne-xne siè-
cles), le moyen allemand (xne-xvi'; siècles),
et qui aboutissent enfin au hautallemand mo-
derne (neuhoch-deutsch), datant de la traduc-
tion de la bible de Luther, qui adopta le dia-
lecte de Misnie (1527). Coïncidence curieuse I
la première et la dernière étape de la langue
allemande sont marquées par deux traduc-
tions de la Bible : Ulpnilas et Luther. Dès lors,
la langue est faite et arrêtée, etle résultat de
cet enfantement de plusieurs siècles est un des
idiomes les plus riches et les plus complets de
l'Europe, qu'on peut mettre en comparaison
avec le grec, auquel il est étymologiquement
parallèle.
Voici un aperçu grammatical de l'allemand,
tel qu'il est constitué actuellement. Il a un
alphabet de vingt-six lettres, qui ont conservé
la forme gothique et. ont à peu près la même
valeur que nos lettres latines : le faou (v) se
prononce f. Les trois voyelles a, o, u (ou) peu-
vent s'adoucir en a, o, u-(è, en, u). La pro-
nonciation, malgré l'opinion ordinaire, est fa-
cile, parce qu'elle est conforme à l'écriture ou
soumise à des règles fixes. Les mots se pro-
noncent selon un accent tonique qui se place
toujours sur la syllabe radicale'. Les substan-
tifs peuvent se classer en deux déclinaisons,
la forte et la faible ; elles comportent d'assez
nombreuses exceptions, très-simples à rete-
ALL
nir, parce qu'elles sont groupées méthodique-
ment. Il y a trois genres, masculin, féminin
et neutre ; deux nombres, singulier et pluriel.
Les adjectifs, comme en grec, en latin et en
persan, forment leurs comparatifs et leurs su-
perlatifs au moyen de terminaisons qu'on
ajoute au positif. Ils sont soumis aux règles
d'accord pour le genre et le nombre et précè-
dent le substantif. La conjugaison allemande
est encore plus analytique que la nôtre, puis-
qu'elle décompose le futur au moyen de l'auxi-
liaire werden, devenir, uni à l'infinitif du
verbe. Les deux autres auxiliaires sein, être,
et haben, avoir, forment le reste des temps
composés. Le verbe allemand a six modes, et
deux temps simples seulement : le présent et
l'imparfait. Il existe des verbes actifs, passifs,
neutres et réfléchis, généralement analogues
aux nôtres pour la forme, la conjugaison et le
sens. Il y a un grand nombre de verbes irré-
guliers ; ce sont les plus importants de la lan-
gue, par le fréquent emploi qu'on en fait et par
la multiplicité des verbes qui en dérivent.
Cette irrégularité porte sur l'altération des
voyelles ou des consonnes radicales ; ce sont
ces altérations qui servent à les classer d'une
manière commode. A bien prendre, ce ne sont
[jas des verbes irréguliers, mais des restes de
l'ancienne conjugaison allemande; on recon-
naît parfaitement dans ces anomalies les débris
de règles qui n'existent plus. La préposition
se place devant son régime et gouverne diffé-
rents cas. L'adverbe est, comme dans toutes
les langues qui le possèdent, uu mot qui con-
tient virtuellement une préposition avec son
régime. La construction allemande est très-
complexe ; elle peut néanmoins se ramener à
cette loi pivotale qui contient le génie de la
langue tout entier : le mot déterminé est tou-
jours précédé du mot qui le détermine. Quant
aux inversions, elles sont facultatives ou obli-
gatoires. Elles sont obligatoires lorsque la
proposition est précédée par une locution ad-
verbiale; et, par ce terme, il faut entendre
soit un adverbe, demain; soit une locution
adverbiale proprement dite, depuis quelque
temps; soit enfin une'phrase circonstancielle
tout entière, quand viendra le printemps. L'al-
lemand doit à son origine iranienne le pré-
cieux avantage d'une extrême facilité pour
créer des' mots composés. Comme le grec, il a
une multitude de verbes auxquels il peut join-
dre des prépositions et des particules propres
à en modifier ou à en enrichir le sens, et, sui-
vant les cas , séparables ou inséparables.
Comme le persan, u forme des mots composés
de deux substantifs accolés l'un à l'autre, le
plus souvent sans aucun changement, quel-
?;uefois avec l'iotercalation de la lettre s
marque du génitif). On peut aussi donner à
un verbe le sens causatif en adoucissant la
voyelle radicale. Les diminutifs sont nom-
breux : ils se forment au moyen de l'addition
du suffixe chen ou lein, et de l'adoucissement
de la voyelle radicale. En outre, l'allemand
possède à un degré éminent la faculté de
s'assimiler un radical étranger, de le digérer,
pour ainsi dire, en transposant les fortes, les
douces, les chuintantes, les sifflantes, les den-
tales, etc. Très-souvent, un mot, qui n'est
que le résultat d'une introduction extérieure, a
une apparence tellement indigène, qu'on ne
pense pas au premier abord à la lui contester.
Tel est, par exemple, le mot kirsche, cerise,
qui n'est autre que le latin cerasus (l'histoire
est là pour le prouver), habillé de pied en cap
àlatudesque. Il est impossible de méconnaître
dans strasze (en anglais, sireet; en italien,
strada), rue, l'expression latine strata (sous-
entendu via), que l'on trouve fréquemment
employée par les auteurs postérieurs au siè-
cle d'Auguste. Somme toute, l'allemand est un
heureux compromis entre les idiomes asiati-
ques et néo-latins : il a rejeté ou refusé d'ad-
mettre les défauts des uns et des autres, en
conservant ou en acquérant leurs qualités.
A côté de la langue littéraire, dont on vient
de saisir en quelques lignes le résumé rapide,
il ne faut pas oublier Tes nombreux dialectes
parlés en Allemagne, et dont quelques-uns
sont de véritables idiomes qui ont eu leurs
grammairiens, leurs auteurs et leurs poëtes.
Nous retrouvons là, presque intacts, les restes
du haut allemand moyen et du bas allemand
(niederdeutsch) , conservés par le peuple,
comme nous retrouvons aujourd'hui, dans la
bouche de nos paysans, la langue parlée par
nps ancêtres. La branche saxonne , ou bas
allemand, remonte à la plus haute antiquité
et est parallèle à l'allemand proprement dit.
Elle comprend : 1» le bas allemand ancien
laltnieder deutsch) ; 2*> le bas allemand moyen
(mittelnieder deutsch) ; 3° le bas allemand mo-
derne (meunieder deutsch), ou saxon moderne.
Le saxon possède des chroniques et des poé-
sies remontant au delà du xvne siècle. 11
comprend de nombreux dialectes secondaires
et tertiaires, qui sont actuellement parlés dans
la basse Saxe, le Holstein, les Pays-Bas, le
Hanovre, le Brandebourg, la Prusse, la Po-
méranie, le Mecktembourg , etc. Parmi les
autres variétés du plattdeutsch (bas-allemand),
nous mentionnerons pour mémoire le suisse,
le rhénanien, le souabe, mélange d'ancien alé-
mamiique et de suève ; les patois du Midi
(danubien, tyrolien, autrichien, bavarois); les
dialectes de Hesse, de Franconie, de Thu-
ringe, de Misnie (haut saxon moderne). Les
plus importants de ces dialectes trouveront
place ici à leur ordre alphabétiqi
a. Le iudisch-
is diverses
ALL
l'allemand, le slave, l'hébreu, le français. On
peut aussi considérer comme l'équivalent de
notre argot le rothwaelsch ( patois rouge ) ,
langue exclusive des voleurs, des vagabonds
et autres gens sans aveu.
— Littérature allemande. Depuis la tra-
duction de la Bible d'Ulphilas jusqu'il nos
jours, on compte dans la littérature allemande
un nombre prodigieux d'ouvrages de toutes
sortes. Pour les grouper méthodiquement, on
fait usage de divers systèmes de division plus
ou moins arbitraires ; le procédé le plus com-
mode et peut-être le plus exact est de se con-
tenter simplement des jalons que nous fournit
' l'histoire de la langue. A partir du vu» siècle,
où le gothique fait définitivement place au
véritable allemand, on compte trois, grandes
étapes, qui sont les trois grandes transforma-
tions indiquées ci -dessus : la route est toute
tracée, et l'histoire littéraire se partage natu-
rellement en trois grandes périodes, corres-
pondant aux trois grandes phases de l'histoire
philologique; les voici :
ire période (du vue siècle au xne), correspon-
dant au haut allemand ancien (althoch
deutsch). ,
2me période (duxne siècle au-xvie), correspon-
dant au haut allemand moyen (mittelhoch
deutsch).
3jpe période (du xvio au xixe siècle), correspon-
dant au haut allemand moderne (neuhoch
deutsch), ou allemand contemporain.
Il est superflu de créer une période spéciale
pour la littérature gothique, dont il ne reste
que la traduction de la Bible d'Ulphilas, quel-
ques traités religieux et quelques actes sans
importance.
1" période (du vue au xn<= siècle). — Haut
allemand ancien. — Cette période peu féconde
comprend quelques ouvrages écrits en fran-
cisque, en alémannique et surtout en latin. La
barbarie et le- christianisme s'y heurtent de
front. On a conservé quelques chants barbares,
quelques vieilles légendes guerrières dont on
trouve un échantillon dans un fragment de
poème (Hildibraht et Hadhubraht)-, on cite
aussi une traduction du traité d'Isidore , De
Nativitate Christi , faite au commencement '
du vih« siècle; une traduction de la règle de
Saint-Benoit en Allemagne, par Viero, moine
de Saint-Gai! ; le Sauveur, poëme chrétien,
composé sous Louis le Débonnaire : l'histoire
de l'Evangile faite en vers allemands d'après
les quatre évangélistes, par Otfried , moine
alsacien (imprimée à Bàl&en 1571). Beaucoup
de ces ouvrages furent composés en Néustrie
et en Austrasie, sous les Mérovingiens et les
Carlovingiens. Après ces deux dynasties, le
mouvement littéraire devient plus exclusive-
ment allemand. On possède quelques frag-
ments poétiques : la Prière de Wessobrùnn, le
Muspilli,\& Merigarto ,-les poèmes de Waltlicr
d'Aquitaine, en vers latins, et de Buodlieb, dans
lesquels on trouve des traditions nationales.
Les traductions des Psaumes de David, du
Livre de Job, de X'Organon d'Aristote, de
plusieurs ouvrages latins faits par lo moine
Notker, signalent le commencement du xie
siècle, pendant lequel les cloîtres seuls entre-
tiennent les lueurs mourantes de la littéra-
ture, en sauvant les livres de la destruction et
la pensée du joug de la force brutale. La
littérature de cette époque est pauvre, néga-
tive ; mais elle prépare le grand mouvement
de la seconde période, en amassant de précieux
matériaux. Les quelques jioms qu'on pourrait
encore citer appartiennent tous a la vie reli-
gieuse, et ne rappellent que de patientes tra-
ductions ou de laborieuses compilations ; entre
autres on distingue ceux des deux religieuses
Ava, auteurs d'une Vie de Jésus (1127) ; Hros-
witha, du monastère de Gaudersheim, qui a
écrit des drames latins etun éloge historique
d'Othon 1er , en vers. ' -
2">c période (du xne au xvie siècle. — Haut
allemand moyen.. — La deuxième période
s'ouvre avec l'avènement des Hohenstaufen ,
en 1137 j les premières luttes entre les Guelfes
et les Gibelins commençaient ; un souffle guer-
rier passait sur l'Allemagne, et les anciennes
fiertés nationales se réveillaient. C'est à cela
que nous devons ces nombreuses et longues
- épopées : le roi Rother, Wolfdietrich , etc.,
qui composent le Heldenbuch (Livre des
héros). Aux antiques traditions Scandinaves
viennent se joindre les débris des supersti-
tions armoricaines. C'est aussi l'époque des
croisades, et, comme la France, l'Allemagne
va puiser en Orient de féconds exemples.
Peut-être cette longue satire cyclique du
Roman du Renard n'est-elle qu'un thème em-
prunté au recueil indien de Bidpaï , Kalila et
Dimna, dont il ne reste que la traduction arabe,
sur lequel le moyen âge aura brodé ses plus
naïves variations. Les Niebelungen, un des ou-
vrages les plus importants de cette époque et
qui a été probablement refondu plus tard par
Henri d'Otterdingen , sont considérés par les
Allemands comme leur premier poëme épique.
Il ne faut pas oublier non plus Guillaume
d'Orange, Parcioal et Titurel , Lohengrin , de
Wolfram d'Eschembach ; Lancelot du Lac, de
Ulrich de Larichoven (poËnies qui roulent sur
le roi Arthur et les chevaliers de la Table-
Ronde) , et des récits grossièrement traduits,
imités ou extraits des sources antiques,
XEnéide, la Guerre de Troie, Salomon et Mo-
rolf, etc. A côté de ces abruptes rapsodies,
ALL
pleines du fracas des armes et de passions sau-
vages, au milieu de ces voix qui chantent le
combat, la victoire ou la défaite, une note
plus douce se fait entendre. Les minnesinger,
troubadours du Nord, chantent l'amour, comme
nos compagnons de la gaye science. Walther
de Vogehveide est le plus célèbre, de ces
poètes (1228) ; après lui on nomme Ulrich
de Lichtenstein, Reinmar, Henri de Morun-
gen, etc. Dans ces chants se mêlent l'amour
mystique, les sentiments chevaleresques et les
louanges de la maison de Souabe. Les ou-
vrages en prose sont peu nombreux : quelques
sermons du moine Berthold, quelques compi-
lations de lois (Sachsenspiegel et Schwaben-
spiegel), la Paix du Pays , et autres recueils
analogues sansvaleurlittéraire. Au xivc siècle,
les premières universités se fondent et la
littérature se vulgarise. Les antiques traditions
Scandinaves s'évanouissent pour faire place
aux idées vraiment allemandes: plus de che-
valiers, plus d'enchanteurs, plus de ces fan-
tastiques exploits, de ces poëmes religieux
d'où le christianisme avait tant de peme à
éliminer l'élément superstitieux du paganisme
germain. Voici les meistersœnger , corpora-
tions d'artisans- poètes , dont les vers sont
rhy thmés à la cadence des marteaux retombant
sur l'enclume, et qui succèdent à ces minne-
singer mystiques et'barbares, en faisant son-
ner leur voix mâle, peut-être brutale, mais
franche et joyeuse. Nous voyons alors surgir
les originaux ou les imitations de nos vieux
contes, de nos fabliaux mordants. C'est à ce
moment qu'apparaissent les types légendaires
qui résument toute une époque : Tyll Eulen-
spiegel (Tyll miroirdes hibous.Tylll'i'spi'èsr/e),
le docteur Faust, que Gœthe a si magnifique-
ment interprété dans son drame immortel; le
Juif-Errant, qui a fourni à Edgar Quinet le
sujet de son merveilleux Ahasvérus. Le Livre
des sept sages Maîtres, oeuvre bizarre et semi-
fantastique , n'est autre chose que li Romans
des sept Sages. Le théâtre a aussi ses repré-
sentants : Hans Folz, Rosenplùt , Schernberg.
Dans les chroniques nous trouvons : la Chro-
nique alsacienne, de Twinger de Kœnigshofen ;
la Chronique allemande de Limbourg-sur-Lahm,
par Gensbein ; la Chronique du pays de Thu-
ringe, par le moine Rothe (xve siècle) , etc.
Il faut mentionner également l'Eloge du ma-
riage et te Miroir des mœurs, par le chanoine
Eyb; les prédications de Jean Tauler; le Pa-
radis des âmes et le Miroir consolateur, de
Geiler.
3ine période (xvie — xixe siècle). — Après quel-
ques hommes qui, comme Geiler et Ulrich von
Hiitten, surnommé le Démosthène allemand,
forment la transition entre les deux périodes,
arrivent Luther et la réforme. La traduction
de la Bible (1523) fait époque non-seulement
pour l'histoire du protestantisme , mais aussi
Sour celle de la littérature allemande. A partir
e ce moment, la langue est irrévocablement
fixée, et l'on marche enfin sur un terrain stable.
A la suite de Luther s'avancent Zwingle et Mé-
lanchthon , qui continuent sa double réforme.
Le cordonnier Hans Sachs représente digne-
ment la poésie avec sa verve inépuisable. 11 a
énormément écrit et laissé derrière lui toute
une génération d'imitateurs : Jean Fischart,
Thomas Miirner, Georges Rollenhagen , Ay-
rer, etc., dont les œuvres sont surtout satiri-
ques-. Il y a aussi quelques romans : le Pasteur
de Kalemberg, PierreLeu, le Livre des laïques.
Citons enfin l'ouvrage théologique de Jean de
Arndt : le Vrai Christianisme. Il faut pareille-
ment signaler l'apparition de la première gram-
maire allemande, en 1537. La première portion
de cette période est féconde pour la partie
historique : Peutinger, TuYnmeyer, Kansow ,
Tschudi, Sébastien Franck (Chronique du
, le
cheval
n'obtient pas de fort beaux résultats. Martin
Opitz (1597-1G79), chef de l'école silésienne,
fait vivement regretter le joyeux cordonnier
Hans Sachs. Au nombre dç ses disciples on
compte Flemming, André Gryphius, Frédéric
de Logau, etc. Hoffman de Hoffmanswalden
possède un talent un peu plus souple. On cite
encore quelques noms peu connus, tels que :
Gunther, Wernicke, de Kanitz, ~t-
Ajoutons a
quelques historiens, Chem-
nitz (Histoire de la guerre de Suède), Fri
sius, Gottfried , Arnold, Mascow, de Bunau ;
quelques romanciers, Samuel d'Hirschfeld, le
duc de Brunswick, Philippe de Zesen ; etc. Le
milieu du xvme siècle nous offre les noms
de Haller'et de Hagedorn. Enfin, après les
luttes de Gottsched et de Bodmer, se présente
Klppstock (1724-1803). Avec la Messiade, la
littérature entre dans une phase nouvelle.
L'enthousiasme gagne la jeunesse ; Lessing se
retrempe aux sources vives de l'antiquité alle-
mande, combat énergiquement le genre fran-
çais dans sa Dramaturgie, pose les bases de
l'esthétique moderne dans son Laocoon et,
joignant l'exemple au précepte, descend dans
l'arène et écrit Minna de Barnhelrn , Ernilia
Galolti, Nathan le Sage. L'impulsion est don-
née, Wieland est impuissant à l'arrêter ; Her-
der accélère encore le mouvement. Goethe
apparaît : dès lors nous ne trouvons plus que
des noms célèbres : Schiller, Hcelty,Voss, Bùr-
ger, les Schlegel, Tieck, Kleist, Jean- Paul
Richter, Musœus , Achim d'Arnim , Uhland ,
ALL
Jean de Mûller, etc. N'oublions pas de men-
tionner Adelung, Guillaume de Humboldt,
Bopp, les frères Grimm, dont les œuvres phi-
lologiques sont de véritables monuments litté-
raires. Les noms de Ludovig Bœrne , Henri
Heine, Théodore Kœrner, Nicolas Nimbsch de
Strehlenau (Nicolas Lenau), Frédéric Rûckert,
Auguste de Platen, etc., sont consacrés, par le
succès et occupent dans la littérature de notre
époque le premier rang. Il y en aurait encore
bien d'autres à citer, mais comme leur valeur
intrinsèque est jusqu'ici diversement appréciée
en Allemagne, il est plus sage et plus prudent
de s'abstenir, et de ne pas s'aventurer sur le
terrain mouvant des personnalités contempo-
raines. (Cependant quelques ouvrages saillants
et qui, soit au point de vue littéraire, soit au
point de vue philosophique, ont particulière-
ment fixé l'attention publique en France, se-
ront analysés dans ce Dictionnaire à leur ordre
alphabétique.)
— Prosodie allemande. Le système proso-
dique allemand , comme celui du grec et du
latin, repose essentiellement sur la prononcia-
tion plus ou moins rapide accordée à chaque
syllabe. Tout mot allemand doit se prononcer
suivant un accent tonique, qui est toujours
placé sur la syllabe radicale, que le mot soit
monosyllabique ou polysyllabique. Prosodique-
ment, cette syllabe est toujours longue. Les
syllabes brèves ou douteuses sont celles qui ne
reçoivent pas l'accent tonique. Ainsi, en alle-
mand comme en grec, la valeur prosodique des
mots est identique à leur accentuation tonique.
En partant de ce principe , on peut formuler
les quelques règles qui suivent :
10 Les syllabes radicales, dans les mono-
syllabes et dans les polysyllabes, sont longues :
Zeit, temps; kind, enfant; himmel, ciel;
gespenster, spectres, etc. Les particules sépa-
rables qui entrent dans la formation des verbes
composés, abreisen, partir ; an kUndigen, annon-
cer, etc., et les formes monosyllabiques des
verbes (excepté celles des auxiliaires), schwand
(de schwinden, décroître), sah (de sehen, voir),
sang (de singen, chanter), etc., sont également
longues. Si un mot composé contient plusieurs
syllabes radicales, elles gardent toutes leur
valeur prosodique : Musenberg, Parnasse (mon-
tagne-des-Muses) ; augengîâs, lorgnette (verre-
oculaire) ; armband, bracelet (lien-de-bras) , etc.
2o On. compte comme syllabes brèves, et
par conséquent privées de l'accent tonique ,
celles qui servent a former les pluriels des sub-
stantifs, comme er, en; celles des diminutifs,
comme chen; des substantifs dérivés, comme
el; des terminaisons caractéristiques des cas,
comme em; des adjectifs, comme ig etrig, etc.;
les désinences des conjugaisons, comme lobëst,
que tu loues ; lobSt, que vous louiez, etc. j l'ar-
ticle défini der, die, das; l'article indéfini ein;
les pronoms indéterminés man (on), es (il,
neutre) ; les particules inséparables qui entrent
dans la formation des verbes composés be,ge,
eut, emp, er, ver, zer, miss, etc.
30 Dans les syllabes douteuses ou ad libi-
tum, on classe toutes les formes monosyllabi-
ques non radicales ; telles sont celles des
pronoms , des auxiliaires sein , être ; haben,
avoir ; werden, devenir ; des prépositions, des
adverbes, conjonctions et interjections: un
certain nombre de suffixes, comme bar, haft,
lein, schaft, thum, etc. Les particules , tantôt
séparables, tantôt inséparables, qui servent à
former lesverbes composés, sont longues quand
elles sont séparables, brèves quand elles sont
inséparables. Lorsqu'une syllabe douteuse se
trouve placée entre deux syllabes longues, elle
est brève, et lorsqu'elle se trouve placée entre
deux syllabes brèves, elle est longue : précédée
de deux brèves, elle est également longue, et
précédée de deux longues, elle est brève. On
voit que l'allemand, au contraire du grec et
du latin, ne s'occupe nullement des places re-
latives (les consonnes et des voyelles, dont les
combinaisons n'influent en rien sur la prosodie.
Les vers allemands se composent de pieds,
qui eux-mêmes résultent d'une disposition dé-,
terminée des brèves et des longues. Les prin-
cipaux pieds usités sont le spondée, deux lon-
gues ; le trochée, une longue et une brève ;
l'ïambe, une brève et une longue; le pyrrhi-
que, deux brèves ; le dactyle, une longue et
deux brèves j l'anapeste, deux brèves et une
longue. Il existe encore d'autres pieds, mais
ceux qui viennent d'être indiqués sont les plus
usités. A ces pieds répondent plusieurs formes
de vers : le vers ïambique de cinq pieds, aug-
menté souvent d'une syllabe brève :
Es wâi? em grosses "VoLIc, TiThten. mtlàiidè'
îràchMtcmacht, das lift. vousolwerëi: ïlièûrun^.
Schiller.
11 y a aussi des vers ïambiques de six, de
trois, de deux et d'un seul pied.
A l'instar des Français, les Allemands em-
filoient aussi le vers alexandrin de douze syl-
abes, avec césure au sixième pied :
Die Abcndglocke ruft | den. mûdcn Tag sa Crabe.
mètre latin, dont i
Bar ans [Dioumemug slle£ nui
L'hexamètre allemand accepte le trochée.
L'allemand connaît également les distiques
anciens composés d'un hexamètre et d'un pen-
tamètre.
Il existe en allemand d'autres formes de
vers plus ou moins employées. Le Faust, de
Goethe , renferme des vers de toute mesure,
selon que le sujet est grave, gracieux, horri-
ble, familier, etc.
La prosodie allemande n'ignore pas l'usage
de la rime, qu'elle emploie concurremment
avec les pieds cadencés selon le rhythme grec
ou latin. Cependant la rime est plus spéciale-
ment réservée aux sujets légers, comme l'ode,
la chanson, la ballade, le rondeau, etc.
La rime allemande peut être, comme en
frai.çais, masculine ou féminine. Elle admet
les mêmes combinaisons que chez nous, et elle
peut être plate, croisée ou mêlée. L'allemand
n'est cependant pas aussi sévère que le fran- .
çais pour l'emploi alternatif des rimes mascu-
lines et féminines. Il n'est pas rare de voir dés
poëmes tout entiers exclusivement composés
de rimes masculines ou bien féminines.
Voici un exemple de rimes masculines et
féminines croisées :
n Lerchen schvjirrten,
Ein Mœdchen iohœn und wmiderbar.
Schiller.
— Philosophie allemande. V. Philosophie.
ALLEMAND (le comte Zacharie-Jacques-
Théodore), vice-amiral, né à Port-Louis en
1762, mort à Toulon en 1826. Il servit sous les
ordres du bailli de Suffren, prit une part ac-
tive aux guerres maritimes de la Révolution et
de l'Empire, et commanda l'armée navale de
la Méditerranée depuis 1809.
allemande s. f. (a-le-man-de — rad. al-
lemand). Mus. Air de danse à deux temps
composés, de la valeur de deux noires dans
une mesure, et dont le mouvement est colui
d'un allegretto unjieu animé. Autrefois, lors-
que les ternies iiolicnsalleyro, allegretto, 6tc,
n'étaient point encore en usage, on désignait
les morceaux de musique instrumentale à
deux temps correspondant au mouvement de
l'allégretto par le mot allemande, bien que
ces morceaux ne fussent pas des airs de danse.
« En général, dit M. Fétis, on se servait des
noms des airs de danse pour l'indication des
.mouvements, parce que l'allure de ces airs
était connue de tout le monde. » tl Danse vive
et très-gaie, empruntée à l'Allemagne, et qui
était encore à la modo au commniencement
de notre siècle : Danser une allemande, il Pas
de danse qui consistait à prendre sa danseuse
par les deux mains, et à tourner une fois
avec elle.
ALLEMANDERIE S. f. (a-lû -man-de-rî).
Forge où l'on réduit le fer en barres, il L'ate-
lier où ce travail s'opère.
ALLEN. V. Alan (Guillaume).
ALLEN (William) , amiral anglais , né en.
1792, mort en 1864, commença sa carrière en
1805, et fut nommé contre-amiral en 1862. Il
avait servi à bord du Standard, dans les Dar-
danelles, puis dans l'Adriatique (de 1807 a
1809); coopéré à la prise de Java (l81l), et
contribué vigoureusement à la destruction des
pirates de Bornéo (1813); à bord du Wilber-
force, il participa à la désastreuse expédition
du Niger (1842).
ALLENDÉE s. f. (a-lan-dô). Bot. Genre de
la famille des composées, renfermant une
plame herbacée, originaire du Mexique.
ALLÉNISTE s. ( al-lé-ni-ste). Hist. relig.
Membre d'une secte dissidente de l'Eglise
écossaise, et fondéo en 1769 par James Allen.
— S'empl^adjectiv. : La secte alléniste.
ALLENT, général, né a Saint-Omer en 1772,
mort à Paris en 1837. Il prit part aux guerres
de la Révolution et de l'Empire, fut adjoint au
roi Joseph pour défendre Paris, en 1814, et
nommé député, puis pair de France sous la
Restauration.
ALLENTKÈSE s. f. (al-lan-tè7ze — du gr.
allas, étranger, et enthésis, introduction).
Pathol. Présence do corps étrangers dans
l'organisme. # ";
ALLER v. n. ou inlr. (a-lé — une des étym.
les plus problématiques et les plus compli-
quées. Les formes très-diverses cjue prenu-ce
verbe : Je vais, nous allons, j'irai, etc., mon-
trent que plusieurs radicaux ont servi à sa
composition. Il paraît tout d'abord venir du
lat. ambulare, que Plaute et d'autres auteurs
ont employé dans le sens de aller. On s'est
servi longtemps de la forme moins syncopée
\ambler [Et va Dieu prier en ambiant. Rutu-
beof], que nous avons même conservée en
parlant d'une certaine allure du cheval. C'est
par une syncope différente que ambulare a
également donné le provençal anar, ainsi que
l'ital. et l'esp. andar. Dans ce dernier cas, le
d s'est ajouté à n, comme dans tendre, de te-
ner; gendre, de gêner, etc. Anar a fait aner..
.216
ALL
on en a des exemples dans la langue d'oil ; aner
est devenu aler, aller, par la permutation de
nenZ, substitution qui n'est pas sans précé-
dent dans notre langue : orphelin de orphanus.
Quant aux formes que prend le singulier à
Pind. prés. ■ Je vais ou je vas; à l'imper. : Va,
elles dérivent évidemment du verbe lat. va-
dere; un autre verbe, ire, a servi à former le
futur et le condit. : J'irai, j'irais. — Ces expli-
cations doivent faire comprendre que la con-
jugaison du verbe aller soit le désespoir des
étrangersqui apprennent notre langue. Voici,
à ce sujet, une anecdote plaisante et peu con-
nue._ Un Anglais se plaignait amèrement de
l'irrégularité des verbes français, qu'il appre-
—'* : Le verbe aller, disait-if, est impossible,
'ait toutes les peines du monde
le premier temps, qu'il récitait à tout propi ,
et qu'un jeune voyageur français lui avait
appris ainsi :
Je vais,
Tu danses,
Il se promène;
Nous courons,
Vous partez,
Ils marchent.
« Quelle irréguioularilé l * s'écriait notre An-
glais.— Je vais ou je vas, tu uns, il va, nous al-
lons, vous allez, ils vont. J'allais, nous allions.
J'allai, nous allâmes. J'irai, nous irons. J'irais,
nous irions. Va, allons, allez. Que j'aille, que
tu ailles, qu'il aille, que nous allions, que vous
alliez, qu ils aillent. Que j'allasse, que nous
allassions. Allant, allé). Se mouvoir, marcher,
se transporter, parcourir un espace : Aller
vite. Aller doucement. Aller droit. Aller
loin. Allkr en avant. Ces bœufs vont lentement.
Son cheval allait au grand galop. Je ne doute
point qu'elle ne soit allée par la ville pour se
faire honneur delà comédie que vous me donnez
en son nom. (Mol.) Aristote avait remarqué
avant nous que de tous les animaux qui ont des
griffes, aucun Fallait en troupes. ( Buff.) Je
suis poète; c'est l'habitude des gens de ma pro-
fession d'ALLER la nuit par les rues.(V. Hugo.)
Les chevaux allaient comme le vent ; en quel-
?ues minutes ils furent aux portes de Londres,
Alex. Dum.) il vqut mieux aller seul que
d'ALLER en mauvaise compagnie. (Dupin.) Ils
allaient vêtus comme ces pauvres honteux, qui
conservent un extérieur décent et qui hésitent
à demander l'aumône. (Balz.) Tu ne sais pas
tout ce que je sens de jouissance à le voir mar-
cher, aller et venir. (Balz.)
Légère et court-vêtué, elle allait à grands pas.
Aveu quelle rigueur, destin,
is où Pe°su?s
— Vivre, durer, en parlant des personnes
et dos choses : Le pauvre homme est bien ma-
lade, il n'ira pas loin. Ma tante ira jusqu'à
l'automne. (M»'e de Sév.) On ne saurait croire
combjien une petite santé bien conduite peut
aller loin. (Réveillé-Parise.) Je n'ai pas été
médecin pour rien ; le sinapisme ne me fera pas
aller jusqu'à ce soir. (Balz.) Il Avoir de la
vigueur, des forces : Il va encore bien. Il ne
va plus, il ne peut plus allkr.
— Se trouver dans un certain état, en par-
lant de la santé et de ce qui s'y rattache :
Cela y a bien. Cela ne va pas plus mal. Com-
ment va votre sdnté? (Acad.) La digestion va
bien. (Acad.) Peut-on vous demander comment
va votre </«*? (Mol.) Celavt. te mieux du monde.
(Le Sage.) Mon ami, comment cela vh-t-il? je
venais demander de les nouvelles. ( Scribe.) il
Pam., dans le même sens : Comment vous va?
Comment vous portez-vous: Bonjour , madame
Laridon, lui dit-il, comment vous va ? (E. Sue.)
n Se dit en parlant des intérêts, des affaires :
Le commerce va mal, /.'empire romain allait en
décadence. ( Boss.) Tout va bien , si Dieu est
content. (Boss.) Quand la femme gouverne, la
mnisnn „ ».i uA pas p^ ma[_ (J.-J, Rouss.) Ils
m aller tout seul. (Scribe.)
àen, pourvu que promptement
Il Par anal. Son pouls va bien, Le mouvement
de son pouls est bien réglé.
—. Fig. Faire ou ne pas faire des progrès :
Ce jeune homme va bien, il sera reçu docteur
avant un an. Cet enfant ne va pas du tout ; on
a toute ta peine du monde à lui faire apprendre
à lire. (]. Cela va. comme il plait à Dieu, Se dit
d'une chose dont on. néglige la conduite.
_-r- Exécuter ou continuer un mouvement
régulier imprimé artificiellement, ou résul-
tant d'une loi physique générale : Ma montre
ne va plus. Le feu -vk-t-UTOn entendait tou-
jours les chants, et la hache allait toujours.
(Balz.) Les moulins assis sur les rivières de
t déjà. (Balz:)
n bâtiment qi
uwr/e et à M vapeur. Certabis oiseaux ont i an
Coaliser, comme les vaisseaux, à ta bouline,
quand le vent ne leur est pas favorable. (Fén.)
• —Continuer, avancer: Allez toujours, Dieu
est avec vous. (Boss:) Arrétez-vvus, si vous pou-,
vez, dans la vie; cela n'empêchera pas le temps
' d'AU.KK. (La Bruy.) Je ne demande pas à en-
trer dans l'administration, où l'on va comme
des tortues. (Balz.) Quand on espère, la vie va
vite. (E. Sue.)
—Tomber .- Lespierres vont au fond de Veau.
ALL
— Couler-: Tous les fleuves vont à la mer.
La Suisse présente plusieurs lignes d'eau qui,
partant des grandes Alpes, la traversent tout
entière pour aller se jeter dans le Rhin.
(Thiers.)
— Se rendre dans un lieu déterminé : Aller
à Bordeaux. Aller en Amérique. Aller au
bain. .Aller à la messe, à vêpres. Aller au
bal. Aller au café. Aller au marché. Cette
Voiture va à Saint-Cloud. Aller de ville en
ville, de porte en porte. (Acad.) Ses premières
occupations furent ^'aller d'église en église.
(Fléch.) C'est pour vous arracher à la séduction
de cette femme que je voudrais aller à Paris.
(M>"e de Sév.) Je suis allé au collège par une
pluie battante, (Balz.) Elle est allée à la
campagne, et ce n'est pas encore ta saison, (Th.
Gaut.) Ma fait nous irons aux Variétés voir
quelque bêtise. (Balz.) n Dans un sens plus
vague , plus général • Aller à .la guerre , à
l'armée, à la chasse, à la pèche. Aller en
voyage, en vendange^ en ambassade, en pèleri-
nage. Aller à la mort, à l'échafaud, au sup-
plice. Aller à la découverte. Aller à la ren-
contre di> quelqu'un. La politesse est le passe-
port de t'ho me pour aller dans le monde.
(La Bruy.) Elle était sortie, annonçant qu'elle
allait aux nouvelles. (Alex. Dum.) Vous devez
" kr dans le monde, voir vos clients; ' " '
café. (Balz.) On' disait qu'elle
si jalouse de son mari, qu'elle l'enipê ' ''
• • '3a!z.) Ces geutilsho.
e ils seraient allés a
u'elle l'empêchait
ller
baL(É. Sue.)
Je te vois en victime aller au sacrifice.
C. Delavigne.
— "Fig. : Tous les jours vont à la mort, le
dernier y arrive. (Mass.) Il n'y a pas un mousse
sur notre vaisseau, qui ne veuille aller en pa-
radis. (Choisy.) -// n'y a pas de route plus sûre
pour aller au bonheur que celle de la vertu.
(J.-J. Rouss.) Tous les saints ne vont pas au
ciel par la même vertu. (Chateaub.) Agneau sans
tache, elle allait au ciel, et ne regrettait ici-
bas que sa fille. (Balz.) Danton aussi aurait pu
se tuer, lui qui croyait aller dans le néant.
(Balz.) Si nous ne savons pas toujours où nous
allons, nous connaissons . bien les fatigues du
voyage. (Balz.) A qui toutes ces richesses iront-
elles? (Balz.) On sait toujours d'où l'on vient,
on-ne sait pas toujours où l'on va. (J . Sandeau.)
jours; l'étourderie était son étoile. (Lamart.)
On ne va jamais si loin que quand on ne sait
où l'on va. (Beauchène.) Sans méthode dans ce
que l'on fait, on va sans savoir où l'on va.
(Bonnin.) La France ne sait aller que de la
terreur à la peur et de la peur à -la terreur.
(E. de Gir.) L'homme va toujours du particu-^
lier au général. (Mesnard.)
Je sais que c'est sa sœur & qui va ce,t hommage.
Ne descendons jamais dans de tâches intrigues.
n'allons point a l'honneur, par de honteuses brigues.
Boileau.
— Aboutir : Ce sentier va à la fontaine.
(Acad.) Ce chemin va à la ville. (Acad.) Les
prières de l'homme juste vont à Dieu.. (Mass.)
— Se transporter d'un lieu à un autre, re-
lativement au moyen de transport : Aller à
pied. Aller à cheval. Aller à dos de cha-
meau. Aller en diligence, en bateau, en che-
min de fer. Nous sommes allés de Brest à
Nantes par eau. Aller à Livt.urne par la voie
de terre. Il en coûte moins cher Daller à
Hambourg par mer. A cette époque, où les voi-
tures'n' étaient pas inventées, les dames allaient
à cheval ou en litière. (Balz.)
— Passer par : Aller par la grand'route.
Aller par un sentier. Aller par un chemin de
traverse. Aller par le chemin le plus court.
— S'adresser à : Aller du roi, au ministre,
à l'évéque. Aller au juge de paix, etc.
—Tendre, arriver à : Cette affairepeut aller
à vous perdre. Tous ses vœux vont à la paix,
au bien de l'Etat. Toutes vos inclinations vont
à la grandeur. (J.-L. Balz.) Ces murmures al-
laient à une sédition tout ouverte. (Vaugel.)
1 va qu'à flatter l'oreille n'est
des gens frivoles et oisifs.
n.)
ir que tout cet artifice
Nei
— Est souvent suivi d'un infinitif, qui en
précise suffisamment la signification, et, dans
ce cas, est quelquefois explétif: Aller diner.
Aller travailler. Nous sommes allés nous
promener dans le port. Quelle diable d'idée tu
t'as allé mettre dans la cervelle! (Mol.) Il
n'est pas de la prudence d' aller attaquer à
force ouverte tous les défauts qu'on a dessein
de corriger. (St-Evrem.) Dallais, avec la foule
des gobe-mouches, attendre sur la place l'arri-
vée des courriers. (J.-J. Rouss.) Ses derniers
ouvrages sont allés orner le parc de Sans-
Souci. (Grimm.) Monseigneur, à qui vous venez
faire votre cour, est allé faire sa cour aussi.
(Arnault.) Après avoir reçu le billet de ma-
dame de Vernon, je partis te jour même pour
/'aller voir. (M»'e de Staël.) // alla se ras-
seoir sur un fauteuil devant son bureau. (Balz.)
Il s'excusa gracieusement de quitter le salon
et sortit, ayant envie de dormir autant que
Daller se noyer. (Balz.) Voyez ces raisins,
ces poires, je Suis allé tout cueillir moi-même
à Vincennes. (Balz.) S'il n'est pas en mesure,
allez porter son billet à l'huissier. (Balz.)
ALL
Nombre de transfuges allèrent grossir les
rangs chrétiens. (Proudh.)
Arbate loin du port Vest allé recevoir.
Le médecin Tant-Pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-Mieux.
La Fontaine.
Et vous, La Condamine, ailes de l'équateur,
Sous les yeux du soleil, mesurer ïa hauteur.
Chênedollé.
— Se- préparer, être sur le point de : Il va
bientôt sortir. Son cheval allait s'emporter.
La lune va se lever. Nous allons voir ce qu'il
dira. (Acad.) La contestation allait finir quand
vous êtes parti. (Acad.) Dallais me donner. à
1'administmtion de la France, et je crois que
j'eusse enfanté des prodiges. (Napol. I".) Ce
jeune homme allait épouser une belle-sœur de
Joseph. (Thiers.) Le xviue siècle allait mar-
cher bientôt avec ensemble et prosélytisme.
(Ste-Beuve.) L'aspect de l'Angleterre allai
allait se décider le sort du jeune comte. (Balz.)
Sa bouche se remua comme si elle allait avoir
une attaque d'apoplexie. (Balz.) Joubert allait
s'allier à M. de Sémonvi/le, en épousant une
demoiselle Montholon. (Thiers.) Le soleil al-
lait disparaître sous l'horizon. (Magois.)
Ellei
; elle viet
ai porte l'heure e1
i. Chén
— S'aviser de : iV allez pas vous y fier. Si
elle allait me surprendre à cette occupation !
Voyez où j'en serais si elle allait croire cela!
(Mol.)
N'allez pas de Cyrus vous faire
village jusqu'à la rivière. (Acad.)
— Avoir une certaine conformation : Sa
tête va en pointe. Cette étoffe va de biais.
— S'élever à, atteindre : La dépense ira
très-haut. Il ne me va qu'à la ceinture. Les
nouvelles levées vont à trente mille hommes.
(Acad.) // faudra le harnais et les pistolets, et
cela ira bien à vingt pistoles encore. (Mol.)
— Fig., dans ce dernier sens : La haine
qu'ils avaient pour les Itomains allait jusqu'à
la fureur. (Boss.) Vous ne savez pas jusqu'où
peut aller la dureté de cœur de certaines per-
sonnes. (Pasc.) Elle a senti jusqu'où va la mi-
sère humaine, jusqu'où vont les miséricordes
divines. (Fléch.) On ne peut voir aller plus
loin l'ambition d'un homme mort. (Mol.) Les
acclamations et la joie allaient jusqu'à la
démence. (Volt.) Nul n'a le droit de dire à un
être humain : Votre intelligence. n'iRA pas plus
loin. (M»" Romieu.) L'orgueil des hommes va
souvent plus loin que la sensibilité des femmes.
(Cusline.) Vous êtes allé trop loin- dans cette
affaire, sachez revenir. (Balz.)' Elle était trop
bien élevée et d'une nature trop bienveillante
pour aller avec une personne jusqu'à la déso-
btigeance et jusqu'au dédain. (Balz.) Dieu, sans
aller jusquà l'impossibilité, va jusqu'au mi-
racle. (Lacord.)
J'ai forcé ma colère à te prêter silence.
Pour voir à quel excès inzïl ton insolence.
Corneille.
Devant tous les progrès dont notre âge est témoin,
Qui peut dire â l'esprit : Tu n'iras pas plus loin?
Barthélémy.
— Approcher d'un âge donné : On dit qu'il
va sur soixante ans. Cecheval va sur quatre
ans. (Acad.)
— Marcher, fonctionner : II ne me reste que
deux mille francs, et la moitié est indispensable
pour faire aller l'imprimerie. (Balz.)
• — Se dit encore :
10 De l'arrangement, de la disposition des
différentes parties d'un habillement, d'une
toilette : Un collet qui va mal. (Acad.) Un
prince me disait' ce matin que ses p(
jamais bien. (Carmonteïle.) Elle
appuya ses mains le long de sa taille, afin d'ef-
facer quelques légers plis, et se tourna de coté
pour voir en profil comment -allait sa robe.
(Balz.)
— 2" De la concordance d'une chose, et no-
tamment d'une toilette, d'un habillement
avec la taille, la figure, le caractère d'une'
personne : La barbe lui va bien. La couleur
feuille -morte ne va pas bien aux brunes.
(Acad.) Cette robe me va comme un amour. (E.
Sue.) Il est impossible d'avoir un habit mieux
coupé et qui aille mieux à vutre visage. (Alex.
Dum.) Peut-être les lourdes façons de ses robes
ALLAiENT-eWes bien à sa physionomie. (Balz.)
Et son nom! Quel nom charmant ; comme il va
bien à sa figure. (E. Sue.) Ce qui va bien à
l'homme va mal à la femme. (E. Bersot.) n
Pop. et triv. : Cela lui va comme un tablier à
une vache, Cela lui va très-rr.al.
— 3» De la. concordance de deux choses
entre elles : Le bleu et le rose vont bien en-
semble. (Acad.) Cette garniture vxbien à cette
robe; cette broderie va très-bien sur ce fond-là.
(Acad.)
— S'adapter, s'ajuster . Cet habit est trop
étroit, il ne m'ira pas. Cette clef ne va pas à
cette serrure. (Acad.) Le soulier qui va le mieux
ALL
est celui qui est fait exactement sur la mesure
du pied. (Boitard.)
— Convenir, plaire : Cela me va. On peut
avoir le sens droit et ne pas aller également
à toutes choses. (Pasc.) Tout ce qui occupait
Charles IX, en dehors de la politique, allait
à Catherine. (Balz.) Vos propositions ne me
vont pas. (Balz.) Florian ne id'allait plus,
j'ai repris Paul et Virginie. (Topffer.)
— Ne pas craindre, ne pas être endommagé
par : Ce chien va à l'eau. Cette porcelaine va
au feu. Cette étoffe va à la lessive.
— Se joint quelquefois à un participe pré-
sent pour marquer continuité, prolongation
d'une action que le participe indique : Depuis
dix ans, il va toujours grossissant; prenant
du ventre. Un ruisseau qui va serpentant.
(Acad.) La confusion des groupes et des discours
ALLAIT toujours AUGMENTANT. (Ch. Nod.) Sa
voix grave et cudencée allait roulant dans le
silence deS déserts. (Chateaub.) Les siècles
vont s'effaçant les uns les autres. (Chateaub.)
Comme le nombre d'oeufs, grâce & la renommée,
De bouche en bouche allait croissant.
La Fontaine.
— Agir, travailler : Ces ouvriers ne vont
pas vite.
— .Va, allons', allez. Interject. Se dit pour
blâmer, pour consoler, pour exhorter, pour
stimuler, et, dans ce cas, est presque toujours
explétif : Va, je ne t'en veux pas. Allez,
allez, il en sait plus que vous ne croyez. J'en,
suis bien fâché, allez. Allez! n'avez -vous
point de honte. (Acad.) Allons! enfants, cou-
rage. (Acad.) Allons, allons, venons au fait.
(Mariv.) Allons, tout va bien. (Balz.) La leçon
a été bonne, allez, le baron en a vu de sévères.
(Balz.) Allez, là où il n'y a pas d'amour il
n'y a pas de femme. (G. Sand.) Oh! il nest
pas généreux, allez. (Alex. Dum.)
AHons, jo puis mourir, tu m'as pleuré, tu m'aimes.
C. DELAVIONS,
son qunnt-àsoi :
Molière.
jus ma patte.
™a-er<iaisn
Le jour de gloire est arrivé.
llOUOET DE L'ISLE. ,
ms! peintre orgueilleux, allons! moins de tapage.
:b tes œuvres jamais tu ne tournes la page.
MOLLEVAUT.
.„ „_ nl.Allot
d'incrédulité, signif. V . ,
encore mieux que ca, dit-il avec une mysté-
rieuse solennité. — Allons donc! (P. Féval.)
il Substantiv. : Il n'y a pas ^'allons donc,
dit le docteur. (P. Féval.) Il Allez donc! Sorte
d'explétif qui, pris isolément, n'a pas de sens
précis : Et allez donc ! sonnes trompette. J'a-
vais mon couteau à la main... et allez donc !...
j'entaille le sergent, je blesse deux soldats.
(E. Sue.)
— S'emploie dans un grand nombre de lo-
cutions figurées, dont la plupart sont prover-
biales : Aller de pair, Etre au même niveau,
avoir les mêmes prétentions, le même mé-
rite : Un enfant ne peut pas aller de pair
avec un homme. Il va de pair, pour la dépense,
avec les gens les plus riches. (Acad.) Cicéron
va de pair avec Démosthène. (Acad.) La femme
ne peut pas aller de pair avec l'homme.
(Proudh.) il Aller ensemble., Faire la paire :
Ces deux gants-là vont ensemble. (Acad.) Il
Ne pas aller sans , Etre inséparable de : Le
luxe va rarement sans les sciences et les arts,
et jamais ils ne vont sans lui. (J.-J. Rouss.)
La perte d'un époux ne va pas sans soupirs.
Nos plaisirs les plus doux ne vont point sans tristesse.
Corneille.
Il Aller loin, Faire son chemin dans le monde :
C'est un jeune homme plein de moyens; il ira
loin, il Aller loin signifie encore Avoir des
conséquences graves : Il a insulté publique-
ment un magistrat; cette affaire peut aller
loin. 11 Aller à l'àme, au cœur, Toucher : Pour
persuader, il faut aller jusqu'au cœur. (D'A-
guess.) Comme elle allait à l'àme, cette invo-
cation du pauvre matelot à la mère de Dieu ! .
(Chateaub.) Il y avait dans le beau regard
prompt et intelligent de cette jeune fille quelque
chose de triste, qui m' alla au cœur. (G. Sand.)
Braves gens que voilà!
Il Ne pas aller à la cheville, Etre de beaucoup
inférieur : Les Clisson et les Duguesclin «'al-
laient pas A la cheville du plus petit d'entre
eux. (J. Sandeau.) Il Tout chemin va à Rome,
Divers moyens mènent au même résultat. Il
Aller aux nues, Avoir un succès éclatant:
Cette comédie est allée aux nues. (Acad.)
Il Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se
casse, Toute action hasardeuse finit par deve-
nir funeste, quand elle est souvent répétée.
Il On a fait subir à ce proverbe une variante
extrêmement triviale : Tant va la cruche à
l'eau qu'à la fin elle s'emplit. Il Les premiers
vont devant, Les plus diligents, les plus in-
telligents, ont toujours l'avantage. 11 Tout y
va, la paille et le blé, On n'a rien épargné. D
Aller son train, Ne pas se laisser déranger
dans ses idées, dans ses occupations, il Aller
ALL
bon train,- Avancer rapidement, n Aller grand
train, Faire des dépenses considérables, u
Aller contre, Etre en opposition, contrarier :
Cela va contre mes opinions. Je ne veux pas
aller contre le jugement du public. (Corn.)
Elle n'avait pas de peine à démontrer à son
mari qu'en cette affaire le premier substitut
allait contre les intentions de ses chefs.
(Balz.) il Aller cahin-caha, aller clopin-clopant,
Tout doucement, entre bien et mal. g Aller
de mal en pis, De plus en plus mal, au moral
ou au physique. Il II ne va plus que d'une aile,
il ne va plus que d'une patte, Sa santé est en-
dommagée, il a perdu une partie de ses
moyens d'action, u Aller son chemin, Ne pas
se laisser détourner du but qu'on s'est pro-
Eosé. Il Aller le droit chemin, aller droit, Agir
onnêtement, loyalement : Souvent, pour dé-
router la ruse, il suffit Daller droit. (La-
téna.) il Aller son petit bonhomme de chemin,
Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entre-
prises tout doucement et sans éclat, u Aller
contre vent et marée, Affronter toutes les
difficultés, u Aller à tout vent. Se dit d'un
homme faible, qui se laisse mener par le
premier venu, tl II va comme on le mène , Il
n'est pas capable de prendre une résolution
de lui-même, il Va comme je te pousse. Se dit
d'une chose qu'on laisse aller tant bien que
mal. u Cela va tout seul, cela va de soi, cela va
sans dire, Cela va bien, cela est clair, évi-
dent incontestable, il II sait aller et parler,
Il a l'expérience des affaires, il Cela va par-
dessus te marché. Se dit d'une chose donnée
gratuitement, en considération d'un marché
conclu, d'une vente faite, il Aller où le roi va
à pied, aller où l'on ne peut envoyer personne
à sa place, Aller aux latrines, U Aller à la
selle; aller à la garde -robe, ou simplem.
Aller, Faire ses nécessités naturelles : L école
de Salerne dit que pour se bien porter, il faut
aller À la selle une fois par pur. Le remède
qu'il a pris l'a fait aller cinq ou six fois.
(Àcad.) Il A lier par haut et par bas, Vomir et
aller à la selle : Certaines drogues font aller
par haut et par bas. il Aller au bois, à l'eau,
Aller faire provision de bois, d'eau, il Allez
vous promener! Allez au diable! Expressions
d'impatience qui signif., Vous m'importunez,
laissez-moi tranquille, u On dit do même :
Qu'il aille se promener! Qu il aille au diable!
Il Aller au plus pressé, S'occuper d'abord de
l'affaire qui ne souffre pas de retard, u Aller
aux voix, Recueillir les suffrages, ouvrir le
scrutin : Immédiatement après le discours du
ministre, on est allé aux voix, tl Aller au fond
des choses, Considérer avec attention, recher-
cher lo motif réel : Si nous voulions aller au
fond des choses, nous trouverions que toutes
ses protestations d'amitié ne sont que pure hy-
pocrisie. Il Aller au-devant de, Prévenir : Si
vous étiez allé au-devant de ces difficultés,
vous ne seriez pas embarrassé aujourd'hui. Il
est allé au-devant de mes objections.
— ¥ aller, Parler, agir d'une certaine fa-
çon : Il faut Y aller plus doucement. Comme
vous y allez les jours de fête, monsieur le
président! (Balz.)
Chante-t-il de bon cœur ! — Oh ! c'est un vrai lutin !
Comme il y val comme il détale!
Marmontel.
Il Y aller rondement, de franc jeu, Parler, agir
franchement , sans détour, loyalement, u N'y
pas aller de main morte, Frapper rudement.
Il Signif. aussi flgurém., Mettre de l'activité,
de la vigueur, de la rudesse à faire une chose.
Il II n'y va pas par quatre chemins,l\ s'explique
franchement, agit sans détours. Il II n'y va que
d'une fesse, Il agit lentement et mollement, u
Y aller comme une corneille qui abat des noix,
Agir avec précipitation, ètourdiment : L'envie
d'avoir la fille l'aveugle; diable.'- il n'y faut
pas ALLER COMME UNE CORNEILLE QUI ABAT DES
noix. (Balz.)
— Faire aller, Se moquer de , amuser par
de vaines promesses : Ce drôle nous fait
aller. Depuis trois mois il me fait aller en
me promettant une place. Voilà deux fois que
je rappelle, et tu ne me réponds pas... Est-ce
que tu crois me faire aller? Prends-y garde!
(E. Sue.) C'est pour nous cacher qu'on le fai-
sait aller, qu'il disait cela. (E. Sue.) Essaye
d'en faire aller d'autres que Florine, mon
petit. (Balz.) Un jeune provincial, nouvellement
débarqué à Paris, se montrait enthousiaste
d'une actrice alors fort à la mode. Ses amis
(cet âge est sans pitié) lui persuadèrent qu'on
< lui avait ménagé une entrevue avec la déesse.
Notre amoureux met ses plus beaux habits et oa
frapper à la porte du sanctuaire : « Madame,
balbutie-t-il... Mademoiselle, onm'a fait venir...
— Pardon, monsieur, répond la dame en écla-
tant de rire ;je crois qu'on vous a fait aller. »
— Laisser aller, Ne pas retenir : Il
it que vous écrivez très-bien sur toutes sortes
de sujets; pour celui-ci, il n'y a qu'à laisser
aller sa plume. (M'Ite de Sév.) il Laisser tout
aller, Négliger entièrement de veiller sur ses
affaires, ou de remplir ses charges. Il Laisser
aller tout sous soi, Ne pouvoir retenir ses
excréments : Ce malade, cet enfant laisse
TOUT ALLER SOUS LUI.
— Se laisser aller, Se glisser nonchalam-.
ment : Le dandy se laissa aller sur le fau-
teuil comme une jolie femme qui se pose sur un
divan. (Balz.) u S'abandonner, se livrer : Il se
laisse aller à toutes ses passions. (Trév.) It CE
laisse aller aux pleurs comme une femme.
ALL
(P. d'Ablanc.) Il se laissait aller en tout
à la nature. (Balz.) Je pourrais me laisser
aller à quelque accès décolère qui m' échauffe-
rait le sang. (Scribe.) La mise un peu- négli-
gée à laquelle elle se laissait aller donnait
je ne sais quoi de commun à. ses beaux traits.
(Balz.) A vingt-deux ans, les jeunes gens sont
encore assez voisins de l'enfance pour se laisser
aller à des enfantillages. (Balz.) Je mis la
bride sur le cou de mon cheval et je me laissai
aller à mes réflexions. (Balz.) Ce n'est pas
quand de redoutables problèmes se posent dans
le monde, qu'il est permis de SB laisser aller
à de misérables satisfactions personnelles. (Le-
dni-Rollin.) il Se négliger, du se laisser
abattre, se décourager : Pourquoi vous lais-
sez-vous aller ainsi'? Le désespéré se laisse
aller, et le voilà qui roule à jamais dans les
profondeurs de l'engloutissement. (V. Hugo.)
Il En parlant d'une jeune fille, Céder à la sé-
duction : La pauvre enfant s'est laissée
aller, séduite par les protestations du don
Juan. Il 5e laisser aller à tout ce qu'on dit,
Etre crédule ; se laisser déterminer à faire
tout ce qu'on vous conseille.
— Impersonnellcm. : Il y va de, Il s'agit
de : Il \ va d1 'être heureux toute sa vie. (Moi.)
Il y va de votre réputation. (Vaugel.) Il y
allait de sa gloire. (P. d'Ablanc.) Je conçois
cette conduite de la part des rois et des cabi-
nets, il y allait de leur existence ; mais de
la part des peuples! (Napol. I«.) L'ouvrier
tient son instrument d'une main, de l'autre sa
loupe, car il y va, pour que son travail soit
acceptable, non pas D'une ligne, mais D'un mil-
lième de ligne. ( Marmier. ) // fallut bien
s'apercevoir qu'il, n'y allait pas db son âme,
mais tout bonnement de sa vie. (V. Hugo.)
Il y va de ma gloire, il faut que je me venge.
Il II en va, Il arrive ; cela se passe : Il en va '
de cette affaire-là comme de l'autre. (Acad.)
Il n'en va pas ainsi que vous pensez. (Picard.)
Il faut bien qu'il en aille ainsi. (Ch. Nod.)
Maître Renard croyait qu'il en irait de même
Que le jour 'qu'il tendit de semblables panneaux,
La Fontaine.
— Elliptiq. : Et d'aller. Se dit Quelquefois
pour donner plus de rapidité et de vivacité
au discours, et signifie, En effet, nous y
allâmes : Ma foi! nous irons voir quelque bê-
tise aux Variétés... ces sortes de propositions
rendent toujours les femmes de la plus belle
humeur... et d'aller. (Balz.)
— Argot. Aller à la chasse avec un fusil de
toile, Aller quêter, mendier. Se dit des pau-
vres, et principalement des frères- quêteurs.
Il Aller à Niort, Nier un fait dont on est
accusé, sans doute à cause de la ressemblance
des mots Niort et nier. Il Aller à la retape,
Aller guetter quelqu'un pour le voler ou-
l'assassiner. Signif. aussi, en parlant d une
femme de mauvaise vie, Accoster un homme
dans la rue.
— Jeu. Y aller, Jouer, prendre part au jeu,
en parlant de l'enjeu : Y aller de son reste.
De combien y allez-uous? J'y vais de cinq
francs. (Acad.) n Quelle bète va? So dit à cer-
tains jeux de cartes, lorsqu'il y. a plusieurs
bêtes , pour savoir quelle est la bête sur la-
quelle on joue, n Va-tout. V. co mot.
— Esc. Aller à l'épée. Se dit d'un tireur qui
s'ébranle et fait de trop grands mouvements
avec son épée. Il Aller à la parade, Parer un
coup.
— Mancg. Aller de l'oreille. Se dit d'un
cheval qui baisse l'oreille à chaque pas.
— Vén. Aller au bois, Se rendre au bois la
veille, ou de bon matin, pour détourner un
animal. On dit dans le même sens : Aller en
quête. Il Aller au gagnage. Se dit de la bête
qui va dans les champs pour y viander. il
Aller de hautes erres. Se dit d'une bête passée
il y a plusieurs heures. H Aller de bon temps,
De la bête passée il y a peu de temps. Il N'aller
plus de temps, Etre passé depuis un ou deux
jours. Il Aller d'assurance .„Se dit de la bête
qui va sans crainte, au pas et la pince serrée.
Il A lier sur soi. Se dit de la bête qui revient sur
ses erres, sur ses pas, par le même chemin
qu'elle avait pris, il Aller au vent. Se dit de
chiens qui vont le nez haut, il Allons, allons,
mes valets! Allons, mes toutous! Cris pour.
exciter les chiens.
S'en aller, v. pr. (Je m'en vais ou- je m'en
vas, tu t'en vas. il s'en va, nous nous en allons,
vous vous en allez, ils s'en vont. Je m'en allais,
nous nous en allions. Je m'en allai, nous nous
en allâmes. Je m'en suis allé, nous nous en
sommes allés. Je m'en irai. Je m'en irais. Va-
t'en, allons-nous-en, allez-vous-en. Que je m'en
aille , que nous nous en allions , que vous vous
en alliez, qu'ils s'en aillent. Que je m'en'allasse,
que nous nous en allassions. S'enallant). Partir,
quitter un lieu , s'éloigner : Je m'en irai dès
rlvntnin Si nnus ennlinuez sur ce ton. te m'en
sur ce ton, je
irai. Je ne sais ce que c'est , mais il me semble
qu'Agnès et te corps mort s'en sont ali.es
ensemble. (Mol.) Je ne puis regarder ce i
sans mourir d'envie de m'rn ai.t.kh. (Cha
Où donc t'en allais-tu par u
ALL
— Dépasser les bords d'un vase, en parlant ,
d'un liquide on ébullition : Coures vite, voilà
— Fig. Défaillir: Soutenez-le, je crois qu'il
s'en va. Ma vue se trouble... ma tête s'en va.
(Scribe.) il Approcher de la mort: Ce vieillard,
ce malade s'en va. Ma tante est bien plus mal
qu'auparavant, elle s'en va tous les jours.
(Mme de Sév.) Je sens que je m'en vais, dit le
vieillard au notaire, à la fin de ta soirée. (Balz.)
L'ennui, poids étouffant, la tue; elle s'en va
chaque jour. (V. Hugo.)
Pour moi qui n'ai point pris racine sur la terre,
Je m'en vais sans effort, comme l'herbe légère
Qu'enlève le souffle du soir. Lamartine.
— En parlant des choses, S'écouler, se dis-
siper, se flétrir, disparaître, s'user : L' eau
s'en, va parce trou. La tristesse s'en va avec
le temps. Sa beauté commence à s'en aller.
Cette tache s'en ira avec de l'essence. Les ha-
bits qu'on n'entretient pas s'en vont rapide-
ment. Si votre fiole iïest pas bien bouchée,
l'esprit S'en ira. (Trév.) Les pyramides d'E-
gypte s'en vont en poudre, et les graminées du
temps des Pharaons subsistent encore. (B. de
St-P.) La grande expédition en Italie s'en
alla au néant. (DeBarante.) La liberténe s'en
va jamais toute seule d'un pays. (Vacquerie.)
Tous les vieux dieux s'en vont. (A. Blanqui.)
A mesure que les religions se spiritualisent , tes
temples s en vont. (Lamart.) il Tout s'en est
allé en fumée, Rien n'a réussi, toutes les espé-
rances ont été trompées.
— Suivi d'un infinitif, il marque un futur
prochain : Je m'en vais diner. Il semble qu'il
est en vie et qu'il s'en va parler. (Mol.) Je m'en
vais vous mander un petit-secret'. (Mme de Sév.)
Aveu la liberté Rome s'en va renaître.
Corneille.
n Suivi d'un participe présent , il marque la
continuation de l'action exprimée par le par-
ticipe : Le fleuve s'en allait grossissant.
— Il s'en va temps, Il est temps de :
La Fontaine.
Il II s'en va onze heures, il s'en va midi, Il est
près de onze heures, de midi.
— Fig. et prov. Va-t'en voir s'ils viennent,
Jean. Se dit pour exprimer un désillusionne-
ment à la suite d'une espérance ou d'une
promesse : Il m'avait juré qu'il me rendrait
mon argent au bout de huit jours ; ah! oui ,
VA-T'EN VOIR S'ILS VIENN3NT, JEAN.
— Jeu. Au trictrac, s'en aller, Annoncer
que lé coup est fini et qu'on' va en recom-
mencer un autre. Il Aux cartes, s'en aller d'une
carte, S'en défaire, la jouer, l'écarter : Vous
avez eu tort de vous en aller de votre car-
reau. Je m'en suis allé de mon roi de pique.
— Gramm. Aller prend l'auxiliaire être dans
ses temps composés : je suis allé; il était allé.
On substitue quelquefois à ces temps com-
posés les temps correspondants du verbe être;
mais il faut pour cela que l'action d'aller soit
considérée, non dans la manière dont elle s'est
faite, mais dans son résultat accompli, et que
cette action puisse avoir été suivie du retour,
ou au moins n'implique pas l'idée d'être encore
dans le lieu où l'on allait : Il a été d Home
laisse entendre que celui dont on parle peut'
bien n'y être plus : Il est allé à Mome par
mer; il est allé en Hussie, il y est encore.
Cette substitution du verbe être au verbe avoir
n'est permise que dans les temps composés.
— Le verbe réfléchi s'en aller perd l'un de ses
pronoms quand il est employé à l'infinitif après
faire : Faire en aller tout le monde. Dans les
temps composés, le pronom en ne doit jamais
être placé après l'auxiliaire ; on dit: nous nous
en sommes allés, et non pas : nous nous sommes
en allés.
C'est donc abusivement que M. E. Plouvier
a écrit: ■ Depuis qu'il s'est en ALLÉ, je n'ai
plus envie de rire, je me désole. »
L'Académie admet la locution : Cette essence
fait en aller les taches, pour fait s'en aller
les taches. - \
— On dit indifféremment : Aller se ou s'aller,
quand le pronom réfléchi se est le complément"
d'un verbe qui vient après aller : Aller se
battre ou s'aller battre. Il est allé se pro-
mener, ou il s'est allé promener. Néanmoins,
il est mieux de dire i7 est allé se promener;
cette tournure est plus précise et plus eupho-
— On écrit a l'impératif singulier va-t'en , et
non va-t-en, car il y a entre te et en élision et
non pas liaison.
— Rien ne prouve mieux que le verbe aller
est fait de matériaux tirés de plusieurs verbes
abandonnés, et qui avaient chacun un sens un
peu différent, que ces constructions, je vais
aller, etc. La raison grammaticale a eu beau
condamner ces formes ; l'usage , qui ne rai-
sonne pas , mais qui a sa raison d être, les a
consacrées, et on les trouve dans les meil-
ALL
217
une petite anecdote qui est doublement gram-
maticale , car elle concerne le grammairien
Beauzée. Il était à l'article de la mort: un ami
vient le voir : ■ Comment cela va-t-ilï — Je
m'en vais ou je m'en vas , répond Beauzée ;
l'un et l'autre se dit... » et, scrupuleux jusqu'au
bout à l'égard de la syntaxe : ■ ou se disent, »
ajouta-t-il avec effort. Et il expira. C'était
tomber sur le champ de bataille.
L'Académie dit. au mot aller, que je fus
s'emploie pour j'allai, mais elle renvoie pour lès
explications au niot être, et là. elle n'autorise
la substitution que pour les temps composés.
— Quoi qu'il en soit, on' disait autrefois et
l'on dit encore aujourd'hui : Je fus, pour j'allai:
mais la première forme est presque aban-
donnée, bien qu'on dise souvent nous y f âmes',
au lieu de : nous y allâmes. On* trouve des
exemples de- cet emploi du verbe e7rel clans
les écrivains anciens et modernes : On se pro-
mena, on joua, on fut à ta citasse. (Mme de
Sév.) Nous fûmes la voir ensemble. (J.-J.
Rouss.) J'ai voulu voir Longchamps la semaine
dernière., .nous y fûmes ensemble.(C. Bonjour.)
Il fut jusques à Rome implon
La Fostaiue.-
infant s'en allait , à, travers les f ronds chêne
uraant quelquefois et n'osant pas pleurer.
Je vas, de l'indicatif présent, est employé
z rarement ; on dit mieux : je vais. On fait
usage de je vas dans le-style naïf, simple et
familier , et surtout dans le stylé comique :
Je vas me coucher.
On raconte, à propos de ces deux formes;
• Ces manières de s'exprimer n'en sont pas
moins bannies du bon langage. '-
— L'impératif va prend s euphonique' de-
vant les monosyllabes y et en : VAS-y. (Acad.)
VAS-en prendre la défense. ; (Beauzée.)
Cependant, plusieurs grammairiens pensent
qu'il faudrait écrire va sans s, si les mots y, en}
servaient de complémenta un autre verbe place
après :' Va y chercher ce que tu ne trouves pas
ici. Par cette même raison, en, dans l'exemple
de Beauzée, étant complément de défense, ils
écriraient aussi va sans s. Quant à nous, vas
nous parait préférable : quand il s'agit de la
langue parlée, une légère irrégularité vaut
mieux qu'une affreuse cacophonie.
C'est aussi pour la même raison que y se
supprime devant le futur et le conditionnel
du verbe aller, par raison d'euphonie, et bien
que le sens l'exige. On dira donc : J'avais
résolu d'aller à cette soirée, et j'irais en effet!,
si vous y veniez avec moi; mais je n'irai pas,
seul. L'oreille serait trop choquée si l'on (lisait
" '-ais,je n'y irai pas. Toutefois, Fénelon a
: «Non, je n'y tV — -■ "--'"■ ■-"
écrit :
n'y iront pas
a la renconlro , aller au-
devant. On va à la rencontre de quelqu'un,
dans l'intention de le joindre plus tôt, ou p'our,
lui épargner une partie du chemin. On va ait-
devant de quelqu'un pour l'honorer par cetto
marque d'empressement.
— Allus. llttér. Allons I Çri de bouillante
ardeur poussé par le cheval de Job. Ce mot a
passé dans le domaine de la littérature, et il est
souvent rappelé par les écrivains. V. Cheval.
— Prov. Uttér. Jean b ci alla cummo il
était »ciiu.- Allusion au premier ,yers_ de l'épi-
taphe de La Fontaine, composée par lui-même,
et dans laquelle l'insouciance proverbiale du
Bonhomme se trouve en quelque sorte per-
sonnifiée :
Jean s'en alla comme il Mail uenu.
Mangeant son fonds avec son revenu, .
Croyant trésor chose peu nécessaire. ,
Quant à son temps, bien sut le dispenser:'
Deux parts en (U, dont il soûlait passer i '
L'une a dormir, et l'autre à ne rien faire..
L'aveu naïf de La Fontaine' trouve en litté-
rature de fréquentes applicatioùs : ' ',
« Considérant l'instabilité de l'opinion/, et
voulant profiter du moment où j'ul encore de
l'encre, des plumes et du papier, et les dënx
pieds sur les chenets, pour mettre ordre à mes
affaires enfermer la bouche à tous les calom-
niateurs, passés, présents et à venir, je vais
publier ma profession de' foi politique, et les
calomniateurs verront que ' [
Jean s'en alla comme il était venu. • ., ^
Camille Desmoulins. ,
« Une fois tous les ans, La Fontaine quittait
la capitale pour aller voir sa femme retirée à
Château-Thierry, et là il vendait une petite
partie de son patrimoine qu'il partageait avec
elle. C'est ainsi qu'»7 s'en allait, comme il nous
l'a dit, mangeant le fonds avec le revenu. »
.La Harpe.
• Une révolution avait apporté Louis-Phi-
lippe , une révolution devait l'emporter: Là
même garde nationale qui s'égosillait à crien
VtVe- le roi! cria un beau matin: A bas lé
tyran! et' Jean s'en allaeômme il était^'vcnù.
C'est lui-même qui a dit ces mémorables pa-
roles, sur la place de la Concorde, à M. Crô-
mieux, qui faisait avancer un fiacre à. la mo-
narchie, et recevait sa dernière poignée de
main. » Edmond Texier.
— Il n'e.t pa. donné a ton
d'aller à Coriulbo. V. NON LICET C
ADIRE CORINTHUM.
— Allé m et n« poche» plu», Allusion à une
parole de sublime miséricorde adressée par
Jésus-Christ à la femme adultère, et qui se
retrouve souvent dans la conversation ou sous
la plume des écrivains , mais presque toujours
sur un ton plaisant. V. pierre, s. f.
— Le» dieux o'on voai, Allusion à la chute
218
ALL
des dieux du paganisme. Plutarque rapporte
que, de son temps, l'on entendit la nuit, sur
les rivages de la Méditerranée, une voix qui
criait : Le grand Pan est mort! Ces deux locu-
tions se rapportent à la même idée. C'était
comme le cri du vieux monde s'écroulant sur
ses fondements vermoulus, pour faire place
à la société nouvelle qu'enfantait le christia-
nisme. Ce mot, tes dieux s'en vont, est géné-
ralement attribué à l'historien Josèphe, et l'on
__ y fait de fréquentes allusions pour exprimer
la décadence d'une institution , d'un ordre de
choses qui a joui pendant longtemps d'une
autorité et d'un prestige incontestés :
• On prétend que , quand le paganisme
tomba, le dernier oracle émit cette parole :
Les dieux s'en vont, que les chrétiens inter-
prétèrent en disant que les dénions qui, sui-
vant eux, étaient ces faux dieux, cédaient la
terre à Jésus-Christ. A la fin du xvmc siècle,
on pouvait dire aussi : Les dieux s'en vont.
Toutes les religions étaient détruites', toutes
les croyances dissoutes. » P. Leroux.
« Quand une religion s'écroule dans la partie
du monde qu'elle dominait, tout s'écroule avec
elle. Le plus enraciné des édifices humains
dans le sol , c'est un autel ; il faut, pour le
saper, un tremblement de terre qui engloutit
tout dans sa poussière. Quand les dieux s'en
vont, comme dit Tertullien, tout s'en va. »
Lamartine.
« C'était avec un profond dépit, mêlé à une
douleur amère, que Libanius voyait ainsi dis-
paraître, sans espoir de retour, ce paganisme
qu'il avait si souvent glorifié dans ses écrits et
dans ses attrayantes leçons, adressées à la jeu-
nesse des écoles d'Antioche et de Constanti-
nople. La dernière heure du paganisme était
sonnée, et le rhéteur, pleurant sur une religion
bien morte cette fois, pouvait redire en toute
vérité -.Les dieux s' en vont! les dieux n'existent
plus! » Poujoulat.
i Les époux martyrs avaient à peine reçu
la palme, que l'on aperçut au milieu des airs
une croix de lumière, semblable a ce labarum
qui fit triompher Constantin ; la foudre gronda
survie Vatican, colline alors déserte, mais sou-
vent visitée par un esprit inconnu ; l'amphi-
théâtre fut ébranlé jusque dans ses fonde-
ments ; toutes les statues des idoles tombèrent,
et l'on entendit, comme autrefois à Jérusalem,
une voix qui disait : Les dieux s'en vont! «
Chateaubriand.
« Les femmes ont la foi ; elles croient à ce
que personne ne croit encore, et elles s'obsti-
nent à croire ce que personne ne croit plus.
C'est dans leur cœur que se réfugient les dieux
et les idées gui s'en vont. »
Paul de Saint-Victor.
« Le Céleste-Empire se brise en morceaux.
Bientôt il n'y aura plus de Chinois et de chi-
noiseries que sur nos tasses à thé , sur nos
paravents, sur nos éventails et sur nos éta-
gères. Mais ce ne sont pas seulement les ma-
gots-de Chine qui s'en vont. Tout le vieux
monde se meurt et il a hâte de se faire enter-
rer. Les rois s'en vont, les dieux s'en vont, et,
hélas I aussi tes magots s'en vont.' ■
H. Heine.
« Tout le monde dit et répète, depuis plu-
sieurs années, que la poésie est morte, que tes
dieux s'en vont , que le feu sacré s'est éteint ,
qu'au milieu des âpres besoins de la société
moderne et des labeurs égoïstes imposés pour
les satisfaire, il n'y a plus de place pour les
nobles pensées, pour le culte de l'inutile,
comme disent les esprits positifs, c'est-à-dire
du beau. » Vapereau.
«Eu sera-t-il plus gai, ce pauvre boulevard
du Temple, quand vous y aurez enfoui des car-
rières de moellons? quand vous en aurez fait
une rue'de Rivoli? Vous me l'éclairez au gaz !
Velches! 1 ! Alors, je n'ai plus qu'à dire comme
les augures de Rome aux jours de grandes
calamités : Les dieux s'envont! »
Brazier.
— Quelquefois l'allusion est moins directe, et
le mot dieux est remplacé par le nom de la
chose même qui est menacée de décadence :
■ Qui de nous, en effet, ne se rappelle avec
quelle ardeur chacun se précipitait alors, au
signal donné, pour occuper le premier un jeu
de balle, un camp de barres, une humble ma-
relle, maintenant délaissés pour des prome-
nades monotones et des conversations sus-
pectes, où les grands (dès l'âge de douze ans)
perdent l'heure destinée par les règlements à
développer leur force corporelle et à exercer
leur agilité : Les jeux s'en vont. »
P. Lorain.
« Apres cela , répandez-vous en déclama-
tions frénétiques contre ceux qui trouvent que
ALL
nous ne vivons ni dans le meilleur ni dans le
plus vertueux des mondes possibles. O mora-
listes du parti des honnêtes gens I ah ! vous ne
voulez pas qu'on touche à la société, de peur
qu'après avoir dit: "Les rois s'en vont, » il ne
faille ajouter : « La famille s'en va. » Mais si la
famille pouvait jamais disparaître entièrement,
si elle n'était pas nécessaire comme la nature
et immortelle comme Dieu, elle périrait étouffée
dans cet impur milieu qui vous est si cher. »
L. Blanc.
pour /'aller et le retour. L'.
ne me coûte rien, il n'y a que le retour. (Trév.)
Lorsque le chevreuil a confondu par ses mou-
vements la direction de /'aller et du retour...
(Buff.l Une brise passant et se retirant à tra-
vers les saules s'accordait avec Daller et le
venir de la vague. (Chateaub.)
Hélas ! où est ce doux parler,
Ce voir, cet ouïr, cet aller.
Ce ris qui me faisait apprendre
Que c'est qu'aimer ? ' Ronsard.
— Pis aller, Chose dont on se sert, qu'on
prend à défaut de mieux : Vous ne risquez
rien, vous avez un bon pis aller. (Acad.) S'il
ne réussit pas dans son entreprise, son pis
aller sera de demeurer comme il est. (Trév.)
Voi7d votre pis aller. (Mine de Sév.) Pour
eux, le paradis n'est qu'un pis aller. (Fén.)
C'est un pis aller qui ne donne que des idées
agréables, attendu qu'il suffit de vouloir en
jouir pour le pouvoir. (J.-J. Rouss.) h Etre le
pis aller de quelqu'un, Etre la personne à la-
quelle quelqu'un s'adresse quand il a été déjà
refusé par plusieurs autres : Si vous ne trouvez
pas mieux, je serai votre pis aller. (Trév.)
— Au pis aller, loc. adv., En mettant les
choses au pis : Au pis aller , je ne perdrai
pas beaucoup. Au pis aller, il en sera quitte
pour une amende. (Acad.)
— Prov. Au long aller, petit fardeau pèse,
Il n'y a pas do charge si légère qui ne de-
vienne pénible à la longue. Il On dit souvent
plus simplement : Petite charge pèse loin.
— Antonymes. Retour, venue, arrivée.
ALLÉSURES S. f. pi. V. AlÉSURES.
ALI.ETZ (Pons-Augustin), compilateur labo-
rieux, né à Montpellier en 1703, mort à Paris
en 1785. Il est auteur d'un Dictionnaire portatif
des conciles et d'un Dictionnaire théologique, en-
core estimés ; d'un A brégé de l'histoire grecque
et de divers ouvrages d'éducation.
ALLETZ (Edouard), littérateur, né a Paris
en 179S, mort en 1850. Il entra dans la carrière
diplomatique, et fut successivement consul à
Gênes et a Barcelone. Ses principaux ou-
vrages, où il cherche à concilier la pnilosopbie-
et la religion , sont : Essai sur l'homme, Esquisse
de la souffrance morale, De la Démocratie nou-
velle ; il a fait aussi quelques poésies peu re-
marquées.
alleu ou aleu s. m. (a-leu — selon Cujas,
deapriv., et lodis, leude, vassal ; selon Budée
et Alciat, de a priv., et du lat. laudare, louer,
parce que l'alleu ne devait aucun droit de
lods: selon Bodin, du mot aldius, qui, dans
les lois des Lombards, signifie affranchi;
selon M. Guizot, de loos, sort, lot, parce que
les premiers alleux furent reçus en partage
par les barbares après l'occupation des pro-
vinces romaines. L'étymologie la plus pro-
bable est celle qui tire alleu du danois ail,
tout, et de od, bien, propriété, ail od, pro-
priété pleine et complète}. Bien, que l'on pos-
sédait en toute propriété et qui n'imposait
aucune obligation : On ne savait plus distin-
guer les alleux primitifs dus à la conquête, de
ceux que les propriétaires avaient acquis pos-
térieurement. (Guizot.) Les petits propriétaires
c/'alleux, c'est-à-dire les hommes libres de
condition moyenne étaient tombés, par la ty-
rannie des comtes, dans une condition pire que
celle des colons et des serfs. (Proudh.)
— Encycl. Dans le soixante-douzième titre
de la loi saligue, le mot alleu est pris pour ex-
' primer des fonds héréditaires ; dans les Capi-
tulaires de Charlemagne et de ses successeurs,
alleu est toujours opposé à fief; et, enfin,
dans les anciens jurisconsultes, les expressions
alleu et patrimoine sont souvent employées
comme synonymes. On voit la différence qui
existait entre les alleux et les fiefs. Le pos-
sesseur du fief n'en avait que la jouissance et
non la propriété ; il ne pouvait ni en disposer,
ni le transmettre ; il reconnaissait un seigneur ;
le propriétaire de l'alleu en avait la disposi-
tion pleine et absolue ; il ne relevait, quant à
son alleu, d'aucun seigneur. Les propriétaires
d'alleux ou terres allodiales étaient appelés
hommes libres, par opposition aux vassaux, qui
possédaient des terres à titre de fiefs. Sous la
deuxième race et au commencement de la
troisième, l'insécurité naissant du désordre et
de l'anarchie générale, la faiblesse et l'avi-
lissement de 1 autorité royale amenèrent la
transformation de la plupart des alleux en
nefs ; les hommes libres se firent vassaux pour
s'assurer des protecteurs, et la féodalité, en-
traînant dans son orbite toutes les propriétés et
tous les rapports sociaux, fit prévaloir partrfut
la maxime : Nulle terre sans seigneur. Le mot
alleu se conserva pour désigner non des
alleux véritables et qui l'eussent toujours été,
mais des fiefs affranchis par le seigneur des
devoirs féodaux et des droits censuels. De là,
la dénomination de franc-alleu, pour désigner
un héritage qui n'était chargé d aucune rede-
vance censuelle ou féodale. La coutume de
Paris distinguait deux sortes de. francs-alleux :
le franc-alleu noble et le franc-alleu roturier.
Le franc-alleu noble avait justice, censure et
fief mouvant de lui ; le franc-alleu roturier
n'avait ni justice annexée, ni censure, ni fief
dépendant de lui, mais il ne devait rien à au-
cun seigneur. Sous l'ancien régime, l'allodia-
lité n'était pas de 'droit commun; il fallait
qu'elle fût prouvée. La Révolution a fait dis-
paraître de nos lois la distinction des alleux
et des fiefs : aujourd'hui , tous les biens en
France sont devenus allodiaux.
ALLEUDIAL, ALE adj. V. ALLODIAL.
ALLEVARD, ch.-lieu de cant. (Isère), arrond.
de Grenoble ; pop. aggl. 2,153 hab. — pop. tôt.
3,180 hab. Importantes minés de fer et nom-
breuses forges, Aux environs, ruines du châ-
teau où naquitBayard. Eaux minérales froides,
sulfureuses, iodées, gazeuses, connues comme
agent thérapeutique depuis une trentaine d'an-
nées. Elles émergent par une source unique ;
leur température est de 16<> 7.
ALLIA, rivière de l'ancienne Italie, affluent
du Tibre, célèbre par une victoire des Gau-
lois sur les Romains, l'an 390 av. J.-C.
Allia (bataille de l') . L'an 390 av. J.-C, les
Gaulois Sénonais, conduits par Brennus, vin-
rent assiéger Clusium, ville d'Etrurie (Tos-
cane). Les Clusiens invoquèrent le secours de
Rome, et la république, accoutumée déjà à
commander en maîtresse à l'Italie , députèrent
comme ambassadeurs les trois fils de Fabius
Ambustus, pour déclarer à Brennus que cette
ville était sous la protection du peuple romain.
L'aîné des Fabius ayant demandé au chef bar-
bare quels droits avaient les Gaulois sur la
Toscane : » Les mêmes, répliqua fièrement
Brennus, les mêmes que vous sur tant de con-
trées que vous avez envahies. Nos droits sont
écrits sur nos glaives; tout appartient aux
braves. » Les Fabius, emportés par la colère,
sortirent alors de l'assemblée, et, cédant à la
folle impétuosité de l'âge, oubliant la modéra-
tion dont leur double titre de médiateurs et
d'ambassadeurs leur faisait un devoir impé-
rieux, non-seulement ils poussèrent les Clu-
siens à la guerre, mais ils combattirent eux-
mêmes aux premiers rangs. Quintus Fabius
ayant percé de sa lance un chef gaulois, fut
reconnu par l'armée ennemie tout entière au
moment où il dépouillait le vaincu de son ar-
mure. Cette audaaieuse violation du droit des
gens jeta les Gaulois dans une fureur inexpri-
mable, et Brennus envoya aussitôt à Rome
pour exiger que les trois Fabius, qui avaient
trahi leur caractère d'ambassadeur, fussent
livrés entre ses mains. Le sénat ne voulant
point repousser des plaintes dont il reconnais-
sait la légitimité, et osant moins encore sévir
contre les membres d'une des plus illustres fa-
milles de Rome, abandonna le jugement de
cette affaire au peuple, qui refusa toute satis-
faction aux députés, et créa même les trois
Fabius tribuns pour l'année suivante. Cette
insolente bravade acheva d'exaspérer les Gau-
lois. Abandonnant aussitôt le siège de Clusium,
ils se dirigèrent sur Rome en semant la terreur
sur leur passage, quoiqu'ils ne commissent
aucune violence, et en annonçant aux po-
pulations qu'ils traversaient que leur seul des-
sein était de tirer une vengeance éclatante des
Romains. L'orgueilleuse république affecta de
dédaigner cet ennemi, qu'elle ne connaissait
point encore ; dans de moins graves dangers,
elle avait souvent eu recours à la création
d'un dictateur; elle n'en nomma pas dans une
circonstance si critique, et n'opposa qu'une
armée de quarante mille hommes, mal organi-
sée et mal commandée, aux soixante-dix mille
guerriers de Brennus, dont les hurlements, ré-
pétés par les montagnes, jetaient au loin l'é-
Eouvante. Les deux armées se rencontrèrent
quatre lieues de Rome, au confluent du Tibre
et de l'Allia. Quintus Fabius, qui commandait
les Romains, jugea inutile de retrancher son
camp. A cet oubli des soins que la prévoyance
lui prescrivait comme général, il en ajouta un
autre peut-être plus dangereux encore, en né-
gligeant d'agir sur le moral de ses soldats par
les moyens religieux pratiqués ordinairement
avant les batailles : il Je consulta point les aus-
pices et n'offrit point de sacrifices aux dieux. 11
appuya sa gauche à la rivière de l'Allia, sa droite
à une montagne, et plaça sa réserve.sur une
hauteur. Mais il commit la faute d'étendre trop
ses ailes, dans la crainte d'être enveloppé par
un ennemi beaucoup plus nombreux, et dégar-
nit ainsi son corps de bataille, dont les lignes
ne se trouvèrent plus suffisamment reliées
entre elles. Brennus, ne pouvant comprendre
une disposition si vicieuse, craignit qu'elle ne
cachât un piège, et résolut de commencer l'at-
taque, par cette réservequ'il voyait placée dans
une position avantageuse, croyant qu'elle était
destinée à fondre sur lui et à jeter le "désordre
dans son armée, tandis qu'il chercherait à en-
foncer le centre des Romains. « Ainsi , dit
Tite-Live, non-seulement la fortune, mais la
sagesse se trouvait encore du côté des barba-
res, t Le chef gaulois éprouva d'abord une
assez vive résistance ; mais bientôt les longs
glaives de ses soldats, leurs chevelures flot-
tantes, leurs cris effroyables , épouvantèrent les
Romains, dont la plupart prirent la fuite sans
même essayer de combattre, vaincus déjà, par
la terreur de cette manœuvre hardie, qui an-
ALL
nonçait un peuple belliqueux rompu aux ma-
nœuvres militaires. L'aile gauche fut jetée
dans un tel désordre, que Tes soldats cher-
chèrent à se sauver du côté de Véies, au lieu
de regagner Rome, qui leur offrait un asile
plus prochain. Arrêtés par le Tibre, ils tom-
bèrent en foule sous les longues épées gau-
loises, oui en firent un affreux carnage. Ceux
qui voulurent traverser le fleuve à la nage y
trouvèrent presque tous la mort, entraînés par
ie poids de leurs armes. L'aile droite, au con-
traire, put s'échapper tout entière et regagner
Rome. Les fuyards se réfugièrent dans la ci-
tadelle avec une telle précipitation, qu'ils né-
gligèrent même de fermer les portes de la
ville. Les Gaulois auraient pu y entrer avec
eux sans résistance; mais ils perdirent trois
jours au pillage du camp ennemi, et ce court
délai fut le salut de la république.
Les Romains conservèrent de cette bataille
un long et sanglant souvenir. Les Gaulois leur
inspirèrent un tel effroi, que, dans la suite, à
l'approche de ces redoutables ennemis et même
au moindre mouvement qui se manifestait au-
delà des Alpes , il y avait tumulte à Rome
(lumultusgallicus), c'est-à-dire qu'on enrôlait
en masse tous les citoyens, et qu'on n'admettait
aucune exemption.
ALLIABLE adj . (a-li-a-ble — rad. allier). Qui
peut être allié : La joie et la douleur ne sont
pas plus alliables que l'eau et le feu. La dif-
ficulté d'ajuster deux choses si peu alliables
te trahit. (St-Sim.)
" alliacé, ée adj. (al-li-a-sé — du lat.
allium, ai!). Qui tient de l'ail : Goût alliacé.
Odeur alliacée.
~ s. f. pi. Bot. Tribu de la famille des lilia-
cées, qui a pour type le genre ail.
alliage s. m. (a-li-a-je — rad. allier).
Action de combiner des métaux par la fusion :
Les monnayeurs doivent faire /'alliage selon les
lois et règlements. (Acad.) il Métal dont on se
sert pour le combiner avec d'autres ; résultat
de la combinaison de plusieurs métaux : L'ar-
gent et le cuivre sont /'alliage ordinaire de l'or.
Archimède trouva le moyen de supputer au
juste combien on avait mêlé ^'alliage à l'or,
(Volt.)
Faut-il rejeter l'or pour un peu d'alliage ?
C. Delàvigne.
— Par ext. Toute espèce de mélange et
d'union : Les éléments sont des êtres simples,
?ui naissent du premier alliage des principes.
Rohault.)
— Fig. Mélange impur, imperfection : Il
n'y a guère de vertus humaines sans alliage.
(Lav.) Le brave Chevert appelait les récom-
penses pécuniaires /'alliage de l'honneur. (Sal-
lcntin.) Rien n'est si dangereux pour le vrai et
ne l'expose tant à être méconnu que /'alliage
ou le voisinage de l'erreur. (D'Alemb.) La dé-
licatesse est un métal sans alliage : la finesse
en comporte déjà un peu. (A. d'Houdetot.) Cet
étrange alliage de bien et de mal rend le mal
plus dangereux en le déguisant. (Portalis.)
ongeons durant le calme, ai
i que dans l'orage,
Mais dés cette époque on prétend
Qu'il s'y glissa de l'alliage. Demoi
— Encycl. Chim. Les alliages sont des corps
composés résultant de la fusion de deux ou
plusieurs métaux ensemble. Les uns les re-
gardent comme de simples mélanges, attendu
qu'ils peuvent se faire en toutes proportions ;
les autres, au contraire, les considèrent comme
de véritables combinaisons, parce que, dans
leur opinion, les métaux s'unissent toujours en
proportions déterminées. Quoi qu'il en soit, les
alliages se désignent par les noms des métaux
qui les constituent : alliage d'argent et de
cuivre, alliage de cuivre et de zinc, ou par
certains noms spéciaux que l'industrie leur a
donnés, tels que ceux de bronze, de laiton, de
mailleclwrt, a'alfénide, etc. ; ceux du mercure
avec d'autres métaux sont généralement ap-
pelés amalgames. A l'exception des amal-
games, les alliages sont tous solides. Ils sont,
en général, plus durs, moins ductiles et moins,
tenaces que le plus ductile et le plus tenace
do leurs métaux composants. D'un autre côté,
ils sont toujours plus fusibles que le moins fu-
sible de leurs éléments ; souvent même, plus
fusibles que tous les métaux dont ils provien-
nent. Enlin, en général, ils sont moins altéra-
bles que ces derniers. Parmi les alliages, il en
est quelques-uns que l'on appelle particulière-
ment alliages fusibles, parce qu'ils entrent en
fusion avec une très-grande facilité. On en
fait plusieurs qui jouissent de la propriété de
fondre à des températures déterminées, et
particulièrement dans la vapeur d'eau bouil-
lante à tel ou tel degré d'échauffement. Nous
citerons surtout l'alliage de Darcet (8 parties
de bismuth, 5 de plomb et 3 d'étain), qui fond
.à 90 degrés centigrades, et même à 55 degrés,
'si l'on y ajoute 6 pour 100 de mercure. Les
alliayes fusibles sont utilisés pour faire les
clichés d'imprimerie et les rondelles de sû-
reté des chaudières à vapeur. V. Bronzi;,
Laiton, Soudure, Etamage, etc.
'ALL
— Econ. polit. Les monnaies d'or et d'ar-
gent ne sont jamais d'un métal entièrement
pur. D'une part, on estime qu'il serait trop
coûteux de séparer entièrement les métaux
précieux extraits des mines de ceux avec les-
quels ils se trouvent mêlés; de l'autre, on a
cru nécessaire d'ajouter régulièrement à l'or
et à l'argent une portion déterminée d'un mé-
tal plus commun, tel que le cuivre, pour en
augmenter la dureté et les empêcher de s'user
par le frottement : c'est ce qu on appelle Val-
liage. L'alliage doit être établi suivant une
proportion fixe. En France, on a adopté de-
puis assez longtemps la proportion de un
dixième, qui parait être la plus convenable,
— Ar'ithm. On appelle, en arithmétique com-
merciale, règle d'alliage, et souvent règle de
mélange, une opération qui consiste a trouver
soit le prix moyen 'de 1 unité d'un mélange ,
quand on connaît les quantités de substances
mélangées et leurs. prix respectifs, soit les
proportions dans lesquelles il faut mélanger
différentes substances de prix donnés, pour
obtenir un mélange d'un prix moyen égale-
ment donné. De là deux sortes de règles d'al-
liage : l'une directe, l'autre inverse. Dans le
premier cas, il faut multiplier la quantité de
chaque substance par son prix, et diviser la
somme des produits obtenus par la somme des
quantités; le quotient donnera le prix- moyen
cherché. Dans le second cas, et pourvu que le
mélange ne soit pas compose de plus de deux
substances , l'opération consiste a prendre la
différence qui existe entre le prix du mélange,
puis celle qui existe entre celui-ci et le prix
le plus fort. La première , multipliée par x
(x indiquant la quantité de la substance la
moins chère), indiquera le gain réalisé sur
cette substance; et la seconde, multipliée par
y (y désignant la quantité de la substance la
plus chère), indiquera la perte faite. Pour que
le gain et la perte se compensent, on égalera
les deux produits qui les 'représentent, et dès
lors il sera facile de tixer, à l'aide d'une simple
règle de société, les proportions qui doivent
entrer dans une,quantité déterminée du mé-
lange.
Exemples de la règle directe. — I. Un
vin a été obtenu par le mélange suivant : 380
litres de vin à 60 centimes le litre; 530 à 45
centimes; 36 titres d'eau-de-vie à 2 fr. 25, et
60 litres d'eau. Quel est le pris de revient du
vin ainsi composé?
380 litres de vin à 0 f. 60 coûtent. 228 f.
530 — 0 45 238 50
36 lit. d'eau-de-vie à 2 25 81
60 litres d'eau 0
1006 litres du mélange coûtent. . . , 547 f. 50
. 547,50
l litre revient à = o f. 54.
1006
— H. La matière d'un canon de bronze est
formée de 28 kilogr. d'étain à 2 f. 60 le kilogr.,
et de 272 kilogr. de cuivre à 2 f. 45 le kilogr.
A combien revient l'unité de poids du bronze
du canon ?
28 kilogr. d'étain à 2 f. 60 coûtent. 72 f. 80
272 kilogr. de cuivre à 2 45 66G 40
300 kilogr. de bronze coûtent donc. 739 f. 20
-, 739,20
i kilogr. de bronze coûte- — — = 2f.46.
300
— Type du problème. Etant données diffé-
rentes substances dont les quantités en.volume
ou en poids sont A, B, C, 1).... et dont les prix
sont, pour chaque unité, m, m', m", m'",.... on
aura pour le prix total de l'alliage ou du mé-
lange Am-f Bm'-f Cm"+ Dm'"-)- Le volume
ou le poids de l'alliage sera A + B + C + D-J-,
Am + Bm'-|- Cm"+ Dffl"'+.„
= A-t-B + C + D-1-... '. '*'
Exemples de la règle inverse. — I. Dans
quelle proportion doit-on mélanger deux fa-
rines qui valent, la première 08 f. 75 le sac, et
la seconde 102 f., pour obtenir un mélange à
101 f. 50 le sac?
Sur chaque sac de 98 f, 75 vendu'lOl f. 50,
on gagne 2 f. 75.
Sur chaque sac de 102 f. vendu loi f. 50,
on perd 0 f. 50.
Désignons par x et y les fractions de sac de
farine de chaque qualité, qui entrent dans un
sac de mélange.
Il faut, pour qu'il y ait compensation, que le
gain et la perte soient égaux. Donc,
d'où - =
y
2,75'
s + V~
0,5C
2,75 +
3,50'
x
l
0,50
3,25*
~3,25~
-. etj =
"lï"
11 faudra donc mélanger tes-
- d'u
farine à 98 f. 75 avec les— -d'un sac de farin
à 102 f.
ALL
— II. L'alliage des cloches est, sous le rap-
port du poids, de 80 parties de cuivre et de 20
parties d'étain ; combien faut-il de kilogrammes
de chacun de ces deux métaux pour fondre une
cloche de 15,000 kilogr?
Une cloche de 1 kilogr. contiendrait
- de
100
Une cloche, de 15,000 kilogr. contient donc
— x 15,000 = 12,000 kilogr. de cuivre.
100
Elle renferme, par conséquent, 3,000 kilogr.
d'étain.
S'il y a plus de deux objets mélangés ou
alliés, le problème qui donne lieu a Inapplica-
tion de la règle d'alliage inverse est indéter-
miné, et comporte, par conséquent, plusieurs
solutions.
— Type du ru
pliquée aux deux quantités A et B se
devient
Km + Bm'
A + B
d'où Km -f Bm' = AP -f BP
d'oùAm — AP = BP — Bm'
d'oùA(m-i-P)=B(P— m!)
d'où finalement :
A P — m
••(2)
sur les al
cherche .. „ ,.._
cieux, la densité, la température d'un alliage
ou mélange quelconque j ou selon que, connais-
sant les qualités de diverses substances, on
veut déterminer dans quelles proportions elles
doivent être alliées ou mélangées pour donner
un résultat ayant telle propriété (température,
densité, titre, etc.). L'arithmétique n'en finirait
pas si elle avait à fournir une règle particu-
lière pour chacune des catégories 3e pro-
blèmes qui naissent à l'infini des sciences, de
l'industrie et du commerce; aussi est-ce à
tort, selon nous que les traités chargent la
mémoire des enfants de ces règles d'alliage,
de société , etc., qui , dans un grand nombre
de cas, sont insuffisantes, et, dans tous ies
cas, inutiles â qui possède le calcul et com-
prend les données de la question.
— Epithètes. Coupable, frauduleux, men-
teur, trompeur, perfide, funeste, dangereux,
criminel. — Juste, savant, bon, bienfaisant,,
excellent, dur, solide, inaltérable.
ALLIAIRE s. m. (al-li-è-re— du lat. allium,
ail). Bot. Genre de la famille dés crucifères
et de la tribu des siliculcuscs. Valliaire offi-
cinale est une plante annuelle, à odeur d'ail
très-forte, employée en médecine comme un
dépuratif. Ses graines peuvent remplacer la
moutarde.
ALLIANCE s. f. (a-li-an-se — rad. allier).
Acte par lequel deux ou plusieurs personnes
s'allient ; résultat de cet acte : Nous vivrons
avec vous dans une étroite alliance. (Fén.)
L'admirable bon sens qui dirigeait les actions
de ces gra7ids calculateurs leur fit sentir la né-
cessité d'une alliance momentanée contre l'en-
nemi commun. {Balz.) Les alliances d'intérêts
contraires ont peu de durée. (Balz.) Lorsque le
monde nous abandonne, nous formons une al-
liance au delà du monde. (B. Const.)
Non, je ne prétends pas troubler votre alliance.
Qu'a
ir Vallianc
La Fontaine.
— Parlieulièrem . , Mariage : Belle alliance.
Alliante honorable. Entrer dans une famille
par alliance. Il rêvait de faire faire à sa
sœur une belle alliance, quand il aurait saisi
quelque haute position. (Balz.) Croyez que votre
î alliance.
claire,
(Alex. Dura.)
C'est une conscience
Que de vous laisser faire une telle alliance.
Il Dans un sens plus général : C'est mon oncle,
mon cousin par alliance. Cette famille est
aussi distinguée par ses alliances que par les
services qu'elle a rendus à l'Etat. Il rejetait
bien loin de lui l'idée d'une alliance avec une
famille de parvenus. (De Rêtz.) Elle pouvait
contracter une alliance avec la haute aristo-
cratie du pays. (Balz.) Il Pig. : Un bon diction-
naire, ce serait le chartrier de la langue, avec
toussesactes d'origine et ^'alliance. (Ch. Nod.)
— Pacte d'amitié entre gouvernements,
entre puissances : Alliance offensive jet dé-
fensive. Traité d' alliance. Vous venez, à la
vue des deux nations, de serrer les nœuds d'une
alliance éternelle. (Fléch.) Une alliance faite
entre deux nations pour en opprimer une troi-
sième n'est pas légitime. (Montesq.) Les grands
Etats ne doivent pas avoir (/'alliances, et les
petits ne doivent pas y compter. (Lévis.) Croire
et prétendre qu'un pays a la liberté de choisir
ses alliances est une erreur profonde. (E. de
Gir.) Choisir ses alliances, e est risqxier de se
ALL
ALL
219
tromper : un pays a des alliances naturelles.
(E. de Gir.)
Que du Scythe avec nous l'alliance jurée
De l'Europe en ces lieux ne nous ouvre l'entrée?
— Par ext. Accord, union de choses qui sont
ou qui paraissent contraires : II faut que l'art
vienne au secours de la nature, et c'est leur par-
faite alliance qui fait la souveraine perfection.
(Boil.) L' alliance de la puissance temporelle
à la spirituelle n'est utile ni à la religion ni à
l'Etat. (Fleury.) L' alliance de la géométrie à
la physique fait la plus grande utilité de la
géométrie et toute la solidité de la physique.
(Fonten.) Toute alliance est impossible entre
le mal et le bien : on ne se réunit pas à l'abîme,
on s'y engloutit. (Chateaub.) La science répudie
toute alliance avec la politique. (Proudh.) Il
y a une alliance intime entre les progrès du
langage et ceux de la société. (Guizot.)
L'huile flotte sur l'eau sans aucune alliance;
Ainsi l'esprit léger Hotte sur la science.
— Bague symboliquement composée de
deux anneaux réunis, que le-mari donne à sa
femme dans la cérémonie du mariage, et que
celle-ci porte ensuite : Il lui passa au doigt
une bague d'argent d'une forme invariable de-
puis des siècles , mais que l' alliance d'or a
remplacée désormais. (G. Sand.) Après l'échange
des alliances, le prêtre fit aux deux époux une
exhortation sur leurs devoirs. (E. Sue.) *
— Rhét. Alliance de mots, Heureux assem-
blage de mots qui semblent s'exclure, et dont
le rapprochement inattendu est destiné à
donner à la pensée une forme énergique et
saisissante.
— Théol. Rapports plus visibles , plus in-
times de Dieu avec l'homme ou avec un peuple :
Ils ne sont pas demeurés dans mon alliance,
et moi je les ai rejetés, dit le Seigneur. (Boss.)
Dieu fera une nouvelle alliance avec leÀIessie,
' l'ancienne sera rejetée. (Pasc.) Lorsque le
Tout-Puissant eut créé
. é d'un souffle de
ec lui. (Chateaub.)
utrefois m'ont dit dans mon enfance,
is tu juras une sainte alliance.
Il fit
J.-B.
Il Ancienne alliance ^ Celle que Dieu fit avec
Abraham. Il Nouvelle alliance, Celle que Dieu
a contractée avec tous ceux qui croient en
Jésus-Christ, il Alliance spirituelle. V. Affi-
nité.
— Hist. relig-. Filles de l'alliance, Nom que
les chrétiens de Syrie donnent aux religieuses.
— Hist. sainte. Arche d'alliance. V. Arche.
— Encycl. Droit intern. Le mot alliance
s'applique à l'union de deux ou de plusieurs
Etats qui se proposent de se défendre ou d'at-
taquer un ennemi commun : de là la distinc-
tion de l'alliance offensive et de l'alliance dé-
fensive. Une alliance peut être tout a la fois
offensive et défensive. Quand les puissances
contractantes s'engagent à faire la guerre
chacune avec toutes ses forces, l'alliance est
dite société de guerre, alliance pour faire la
guerre en commun. Elle prend le nom à alliance
auxiliaire quand l'une des puissances est con-
sidérée comme principale, et que les autres
ne s'engagent qu'à fournir chacune un nombre
déterminé de troupes. Enfin, Yallituice s'ap-
pelle traité de subsides,^ quand l'une des puis-
.. (, quand
qu'à fournir d__ r
iide, ou à donner des s
troupes
moyennant un s -1--:-1- — ^ -' -1-- --
cours en argent.
' Dans la plupart des cas, les. alliances offen-
sives sont particulières et temporaires, car
elles ont un but spécial et déterminé, et n'ont
plus de raison d'être quand celiut est atteint.
Les alliances défensives ont un caractère de
permanence et de généralité, en rapport avec
te but qu'elles se proposent. Les alliances sont
dites égales ou inégales , suivant le rapport
d'égalité ou d'inégalité établi par le traité à'al-
liance entre les contractants. Ainsi {'alliance
est inégale dans les traités de protection.
Les traités d'alliance stipulent les cas dans
lesquels doit être invoqué le concours des par-
ties contractantes, et la mesure de leur parti-
cipation. Martens note quatre cas dans lesquels
une alliance peut être rompue, même pendant
une guerre commune : l° les cas de nécessité;
2» ceux où l'allié aurait manqué le premier à
son allié ; 3<> ceux où le but de l'alliance ne
pourrait plus s'accomplir ; 40 ceux où l'allié
refuserait une paix convenable qui lui se-
rait offerte. Le même auteur regarde comme
un principe du droit des gens, qu'une puis-
sance auxiliaire qui se borne à fournir pour la
défense de son allié le nombre de troupes sti-
pulé" par un traité général défensif et conclu
avant la guerre, ne doit pas être traitée comme
l'ennemi de la puissance contre laquelle ce
secours est fourni. Nous devons faire observer
que le droit de la guerre ne saurait comporter
cette distinction entre l'ennemi et l'allié de
l'ennemi. — Il est juste, dit-on, que l'allié de
notre ennemi accomplisse ses engagements.
— Soit, répond Pinheiro-Ferreira, mais il n'est
pas moins juste que nous paralysions, autant
que nous pouvons, toutes ses forces pour lui
en oter les moyens.
— Polit. Les alliances peuvent être fondées
les liens religieux, politiques, économiques,
ethnologiques, des peuples.
Les alliances fondées sur les liens que lo
mariage et la parenté établissent entre les
souverains et les alliances de religion ont
joué un grand rôle dans l'histoire. On sait que
c'est en partie par les premières que se sont
constituées l'es grandes monarchies européen-
nes. Quant aux alliances de religion, l'époque
où elles apparaissent dans toute leur pureté
et leur grandeur est l'époque des croisades.
Nous devons dire que ces deux espè'ces ù'al-
tiances perdent de plus en plus leur raison
d'être à mesure que les deux principes de la
souveraineté parlementaire et de la liberté
de conscience tendent à prévaloir dans les
sociétés.
La communauté des principes politiques
exerce naturellement une grande influence
sua les alliances. Parmi celtes qui ont été
basées sur l'absolutisme, il faut citer la $ainte~
Alliance (V. plus loin), qui jusqu'à la révo-
lution de Juillet domina le continent. C'est la
communauté des idées libérales qui pousse
l'une vers l'autre la France et l'Angleterre,
en dépit des sentiments et des souvenirs qui les
divisent. "
La communauté de race a présidé aux
premiers groupements des tribus nomades.
Mais ce'' principe d'alliance tend à se subor-
donner aux passions religieuses, aux idées
politiques, aux relations économiques, à me-
sure qu'on s'éloigne de ce qu'on peut appeler
Yhistoire naturelle de l'espèce humaine et qu'on
avance sur le terrain de l'histoire proprement
dite. 11 est vrai qu'à notre époque le principe
assez mal défini des nationalités (V. ce mot)
rend aux affinités de race une importance qui
semble un démenti aux lois de l'histoire.
La solidarité des intérêts commerciaux tend
à devenir la base la plus solide, lo meilleur
ciment des alliances. Ces questions de navi-
gation, d'échange, etc., longtemps oubliées ou
sous-entendues , puis humblement énoncées ,
nous les voyons s'étaler aujourd'hui en tête
de tous les traités. En un mot, ce sont les re-
lations économiques qui maintenant comman-
dent les alliances , les consolident, en empê-
chent la rupture. Autrefois on voyait des
ennemis naturels dans les Etats voisins, et des
alliés naturels dans les Etats entre lesquels
l'absence de contact garantissait l'absence de
rivalité. Le développement dès idées ' libé-
rales et des relations économiques doit peu à
peu donner à la politique une direction toute
contraire.
Des alliances peuvent se former en "dehors
et au-dessus des divers liens dont nous venons
de parler (union des dynasties, religion, race,
idées politiques, intérêts commerciaux); ce
sont celles dont le but général et tout négatif
est de garantir l'équilibre, ce que l'on peut
appeler l'ordre international, contre les ambi-
tions particulières qui la menacent, contre les
rêves et les plans de domination universelle.
En attendant que la solidarité des nations soit
positivement constituée, et que l'Europe forme,
selon les voeux et les espérances d'un certain
nombre de penseurs, une fédération d'Etats,
l'équilibre n y peut être maintenu que par les
combinaisons et les habitudes d'alliances entre
les grandes puissances. • Quand les phases
du mouvement européen ont eu une certaine
durée et ont joui d'une certaine sécurité, dit
avec raison M. Forcade, elles l'ont toujours
dû à l'existence et à la prédominance d'un
système d'alliances agissant d'une façon plus
ou moins avouée, plus ou moins discrète, sur
les affaires européennes comme une sorte de
gouvernement supérieur. Lorsque cette haute
influence vient à manquer, on dirait que le
lien qui réunit l'Europe en une société d Etats
est rompu : on retombe dans l'état de nature. »
Malheureusement la fixité des alliances, con-
dition de cette haute influence, de ce gouver-
nement supérieur, est à notre époque singu-
lièrement menacée par l'incertitude, la diversité
et !a contradiction des principes qui régissent
ou qui tendent à régir le droit public.
— Théol. On donne le nom d'alliance au
pacte que, selon l'Ecriture sainte, Dieu fit avec
les hommes, et qui fut renouvelé plusieurs
fois. La première alliance est celle que Dieu
fit avec Adam; la seconde, celle qu'il fit avec
Noé, et dont l'arc-en-ciel fut lo signe ; la troi-
sième, celle qu'il fit avec Abraham ; la qua-
trième, celle qui eut Moïse pour intermédiaire,
la circoncision pour signe, et pour gage les
tables de la loij conservées depuis dans 1 arche
d'alliance ; la cinquième et dernière, celle dont
Jésus-Christ a été le médiateur, et qu'il a
scellée de son sang. L'alliance de Dieu avci!
Adam a reçu le nom de loi de nature ;\' alliance
avec Moïse, celui de loi de rigueur; l'alliance
avec Jésus-Christ, celui de loi de grâce. Les
expressions d'ancienne alliance, de nouvelle
alliance, sont souvent employées pour dési-
gner : la première, le mosaïsme, et la seconde,
le christianisme.
— Rhétor. < En littérature, on appelle al-
liance.de mots, dit Emmanuel Dupaty, lo rap-
prochement de deux idées, de deux termes
qui semblent s'exclure, réfléchissent l'un sur
1 autre une partie du sens qui leur est propre,
se modifient, se tempèrent, s'adoucissent mu-
tuellement, acquièrent par leur union plus de)
grâce ou d'énergie, et présentent, heureube-
ment accolés, un sens distinct de celui qu'ils
auraient eu séparément. On peut comparer
aux races habilement croi-
Yalliance de m
p plus beau ne roula sur la mer,
AÏ.L
-, Et morte sur le faite, il aspire à descendre.
Ces deux mots aspirer et descendre, qui ne
semblent pas faits 1 un pour l'autre, le premier
ne s'empfoyant d'ordinaire qu'avec s'élever,
, forment une alliance de mots d'un grand effet.
Parlant de l'entrevue de Fontainebleau entre
le pape et Napoléon 1er, M. Villemain dit que
y le pontife résista au souverain avec une
inflexible douceur. » Voici d'autres exemples
A'alliances de mots très-heureuses :
,., Une impiété superstitieuse refusé au Très-
Haut la connaissance de l'avenir et a la fai-
blesse d'aller'consulier une pylhonisse. (Mass.)
Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce
Chatouillaient.de mon cceur l'orgueilleuse, faiblesse.
Dans une longue enfance ils l'auraient fait vieillir.
3'entendrai des regards que vous croirez muets;.
Saréponseest dictée et memetàn silence.' . i ■
• ■ i Racine. -
Et Diou trouvé fidèle en toutes ses menaces. •
. - ■ Racine.
SVtoer en rampant à d'indignes honneurs.
Pour être du malheur un viodèle accompli.
Il regarde, il écoute... Hétas! dans l'ombre immense.
Il ne voit que la nifil, n'entend que'lesi'Zence.
'/■•■' '•" . ■ Delille.
Dans Valliance de mots; dit M: Victor Le-
clerc, i} s'agit de concilierja nouveauté de l'ex-
pression avec la clarté, la justesse; et si elle
rend la pensée ou l'image avec vérité, dans le
style que le sujet demande, plus elle est inouïe,
Elus elle est heureuse. Les écrivains médiocres,
lute de connaître la force des expressions, les
unissent Quelquefois sans grâce et sans jus-
tesse ; de là ces bizarres assemblages de mots
qui sont, comme dit J.-B. Rousseau,' le clin-
quant du discours, ' .
Et gui, par force et sans choix enrôlés,
. Hurlent d'effroi de se voir accouplés.
Il en est ainsi des deux vers suivants ,' où le
P. Lemoine cherche à peindre une flotte nom-
breuse : -■-■■■■
Jamais un camp plus
Ni plus belles forêts ne volèrent en
-r Syn. Alliance, ligue, coalition, confédé-
ration. Valliance est une union d'amitié et de-
convenance entre des souverains, des nations,
des Etats, union régulière ou revêtue de
formes et répondant à. un besoin qui doit
durer, par exemple au besoin de se prémunir
contre un danger éventuel. La ligue est une
union passagère entre des souverains, des
parties, des particuliers puissants, en vue de
mettre a exécution lin projet' commun, de re-
pousser un péril présent. La. coalition a plus
d'étendue et de généralité que la ligue; c'est
une ligue formée par un grand nombre d'Etats
contre une puissance conquérante, par plu-
sieurs partis très-divers, contrôle parti qui est
au pouvoir. La confédération est une associa-
tion d'Etats qui, isolés, seraient faibles, et qui
mettent leurs forces en commun pour soutenu-
leur indépendance. Alliance et confédération
ont un sens juridique que n'offrent pas ligue
et coalition. On contracte une alliance, on fait
un traité à'aUiance; on ne dit pas. contracter
une ligue, une coalition, faire un traité de
ligue, de coalition. Confédération dit plus
qu'alliance; \ alliance unit, la confédération
' associe. Confédération exprime une organisa-
tion permanente, un état constant et qui n'a
pas de terme.
— Syn. Alliance, affinité, connexité, liaison,
union. V.. Affinité.
— Épithèt'es. Amoureuse, charnelle, crimi-
nelle, incestueuse, courte, passagère, éphé-
mère, longue, étroite, durable, solide, sincère,
fidèle, ferme, inviolable, indissoluble, éter-
nelle, tacite, secrète; ouverte, déclarée, jurée,
frappée, scellée, sainte, sacrée, utile, profi-
table, féconde, vaine, stérile,. inutile, dange-
reuse, intéressée, désintéressée, heureuse,
charmante, aimable, gracieuse. — Bien ame-
née, naturelle, vigoureuse, juste, exacte, déli-
cate, exquise, recherchée, fausse, .préten-
tieuse, forcée.
ALLIANCE (TRIPLE), nom donné spéciale- .
anent : \° h la ligue formée en 1668 entre l'An-
gleterre, la Hollande et la Suède, contre les
envahissements de Louis XIV dans les Pays-
Bas; 20 au traité conclu en 1717 entre l'An-
Fleterre, la Hollande et la France, contre
Espagne et le ministre Aïbéroni, et dans le
but d'assurer l'exécution du traité d'Utrecht.
. L'adhésion de l'Autriche en fit, l'année sui-
vante, la quadruple alliance.
. ALLIANCE (QUADRUPLE), iç> traité conclu
en .1718 entre l'Angleterre, là Hollande, la
France et l'Empire, pour le maintien du traité
d'Utrecht et contre les prétentions ambitieuses
de la couronne^ d'Espagne, qui dut accepter,
en 1719, les conditions qu'on lui imposait, ren-
voyer Aïbéroni et renoncer à la Sicile et à la
Sardaigne. Comme compensation, on assura à
l'infant don Carlos la succession des duchés-'
de Toscane, de Parme et de Plaisance.
ALL
20 Traité entre la France, l'Angleterre, l'Es-
pagne et le Portugal^ conclu eh 1834 pour la
pacification de la péninsule espagnole et l'ex-
pulsion des prétendants don Carlos et don
Miguel,
trairement aux vues de la France, pour placer
sous la domination immédiate du sultan la Sy-
rie, qui était possédée par le pacha d'Egypte.
ALLIANCE (SAINTE-), pacte mystique in-
spiré par M"1" de Krudner a l'empereur,
Alexandre I", et conclu à Paris, le ï6 sep-
tembre 1815, entre ce prince, l'empereur d'Au-
triche et le roi de Prusse. En voici les points
principaux : « Au nom de la très-sainte et in-
divisible Trinité, Leurs Majestés l'empereur
d'Autriche, le roi de Prusse et l'empereur de
Russie, par suite des grands événements qui.
ont signalé en Europe le cours des trois der-
nières années, ayant acquis la conviction in-
time qu'il est nécessaire d'asseoir la marche à
adopter par les puissances sur les vérités su-
blimes que nous enseigne l'éternelle religion
du Dieu sauveur, déclarent solennellement
inébranlable de ne prendre pour règle de leur
conduite que les préceptes de cette religion
sainte. En conséquence, Leurs Majestés sont
convenues des articles suivants : Art. 1er.
Conformément aux saintes Ecritures, qui or-
donnent à. tous les hommes de se regarder
comme frères, les trois monarques demeure-
ront unis par les liens d'une fraternité véri-
table et indissoluble, et, se considérant comme
compatriotes, ils se prêteront, en toute occa-
sion et en tout lieu, assistance, aide et se-
cours. » Les signataires déclarent ensuite
qu'ils ne sont que les délégués de la Provi-
dence pour gouverner trois branches d'une
même famille, « confessant ainsi que la nation
chrétienne , dont eux et leurs peuples font
partie, n'a réellement d'autre souverain que
celui à qui seul appartient en propriété la
puissance, parce au en lui seul se trouvent
tous les trésors de l'amour, de la science et de
la sagesse infinie, c'est-à-dire Dieu, notre di-
vin sauveur Jésus-Christ, le verbe du Très-
Haut. ■ Ils terminent ainsi : « Toutes les puis-
sances qui voudront solennellement avouer
les principes qui ont dicté le présent acte,
seront reçues avec autant d'empressement
que d'affection dans cette sainte alliance. »
Louis XVIII etd'autres souverains firent adhé-
sion a cet aote, en le signant; mais Wellington
refusa d'y accéder, trouvant qu'il était sans
but après les traités qui venaient de consom-
mer lTiumiliation de la France. Au fond, cette
sainte-alliance n'était qu'une coalition perma-
nente des rois contre les peuples. On ne s'y
Napli
Le mot de sainte-alliance a passé dans la
langue, et l'on y fait souvent allusion : Par
les chemins de fer, ta sainte-alliance des
peuples se constituera. (M. Chev.)
Peuples, formez une sainte-alliance,^
Mais ce mot ne tarda pas à devenir très-
impopulaire, et à prêter à des applications
ironiques : Lé libre commerce, c'est-à-dire le
libre monopole, est la sainte-alliance des
grands feudataires du capital. (Proudh.)
ALLIANCE (ordre de l') , ancien ordre1 de
chevalerie suédois créé en 1527 par le roi
Gustave I" , à l'occasion de son mariage avec
la fille de l'électeur de Brandebourg. 11 disparut
a la mort de son fondateur.
ALLIANT (a-li-an) part. prés, du v. Allier.
alliath s. m. (al-li-ato). Astron. Nom de
la première étoile de la queue de la grande
Ourse. Il On dit aussi allioth.
ALLICIANT, ante adj. (ai-li-si-an. an-te).
Néologisme de M. Barbey d'Aurevilly : Son
ondoyaiite taille profilait d'M,i,iciANTESombres
sur les draperies qu'elle éclairait en passant.
M. Champfleury, dans une mordante critique
de l'ouvrage où se trouve cette phrase , s'ex-
prime ainsi : ■ N'étant pas éclairé par cet ad-
jectif, j'ai dû me déranger derma'table, aller
à ma bibliothèque, ouvrir un dictionnaire, le-
quel ne m'a donné aucun renseignement. Il
m'a fallu sortir, courir la ville, acheter un
dictionnaire dont le prix est de 50 fr. Voilà où
mène la conscience littéraire 1 L'auteur m'en
saura-t-il gré, surtout si j'ajoute que ce-dic-
tionnaire garde le plus profond silence sur
l'adjectif alliciant? ■ Quoique notre intention
ne soit pas de donner dans cet ouvrage l'ex-
Elieation de tous les néologismes plus ou moins
asàrdés que la fantaisie des écrivains se plaît
à créer, nous avons cru devoir être agréable
à M. Champfleury en cherchant à pénétrer le
sens du mot alliciant, qui vivra, du moins
grâce à la fine satire de l'auteur du Réalisme.
Or, Je tous les idiomes, de toutes les langues
mises'à contribution par les faiseurs' de mots
nouveaux, c'est au latin surtout que M. Bar-
bey d'Aurevilly demande - les innombrables
néologismes dont il émaille ses écrits. Alli-
ciant dérive, je suppose, du verbe latin alli-
cio, qui signifie captiver, séduire, amorcer.
Des ombres alliciantes seraient donc des om-
bres séduisantes. Nous avons bien le verbe
allécher, qui a la même racine ; mais dit-on des
ombres alléchantes? L'expression eût paru
ALL
triviale sans doute à M. Barbey, qui se pique
de dandysme littéraire...
ALLIÉ, ÉE (a-li-é) part. pass. du v. Allier.
Joint par alliage : L'arsenic, allié à la plupart •
des métaux, les rend cassants et très-aigres.
(Lenorm.) Ils croyaient obtenir de Vétain allié
de fer. (Lenorm.) Dans les mines, l'or est allié
à l'argent et au cuivre. (Fourc.)
— Fig. : La douceur alliée au courage. La
fermeté alliée à la bonté. Vous avez un im-
mense orgueil, allié à une immense vanité.
(G. Sand.)
— Uni par une confédération, par des irai-'
tés : Protéger la liberté d'une nation alliée.
(Mass.) L'Angleterre était la plus riche des
puissances alliées. (Volt.)
Etre allié de Rome et s'en faire un appui.
Corneille.
point parents,nousnesommes qu'alliés. (Acad.)
Fox, par sa mère, était allie à la royale mai-
son des Stuarts. (Villem.l II fut nommé sous-
préfet par la protection de la marquise, à la
famille de laquelle il était allié. (Balz.) Il
Ahsolum. : C'était un homme de bonne condi-
tion, bien allié. (St-Sim.)
— Substantiv. Confédéré, ligué : Cette ré-
publique est notre alliée. (Acad.) Un seul
allié, constamment fidèle, est un trésor bien
rempli. (De Bonald.) On ne choisit pas ses
alliés, on lés discerne. (E. de Gir.l Le moyen
d'avoir des alliés, c'est de vaincre. (Chateaub.)
— Uni par parenté : Il ménageait, dans le
cardinal de Noailles, ï'allié de madame de
jilaintenon. (Volt.)
— Fig. : Pour faire du christianisme un allié
du despotisme, il a fallu le dénaturer.(B. Const.)
Les insectes insectivores ont des droits évidents
à la protection de l'homme, dont ils sont les
alliés. (Michclet.)
— Antonymes. Belligérant, ennemi, neutre.
ALLIÉS (les). Nom sous lequel on désigne
les souverains et les peuples confédérés, An-
glais, Russes, Prussiens, Autrichiens, etc., qui.
en 18U et en 1815, envahirent la France et
replacèrent sur le trône la dynastie des Bour-
bons. On les appelait ironiquement, a cette
époque, nos amis les ennemis, pour stigmatiser
l'enthousiasme antinational avec lequel les
royalistes les avaient accueillis. *
AI.LIEMENT s. m. (a-lî-man — rad. allier).
Techn. Nœud qu'on fait à la corde d'une grue
•à laquelle un fardeau doit s'enlever.
ALLIER v. a. ou tr. (a-li-é — du lat. ad, à ;
ligare, lier. — Prend deux i de suite à la i'«
et à la 2c pers. du pi. de l'imp. de l'ind. et du
prés, du subj . : Nous alliions. Que vous alliiez).
Mélanger, combiner les métaux : Pour fabri-
quer des vases et des monnaies durables, on
allie l'or et l'argent, qui sont trop mous par
eux-mêmes, avec un peu de cuivre, dans une
proportion déterminée par la loi: (Lenorm.)
On allie ordinairement les métaux pour leur
donner plus de dureté qu'ils n'en auraient isolé-
ment, pour les rendre propres à recevoir plus
dépoli et de brillant. (Fourcroy.)
— Par ext. : Quand on allie les vins du
midi de la France avec ceux du centre, on ob-
tient une liqueur que les départements du nord
rifèrent. Il connaissait à fond l'art Rallier
purée de pommes à la côte de mouton, il En
parlant des couleurs, Assortir : On ne peut
guère allier le vert et le bleu.
— Réunir soit par un traité d'alliance, soit
autrement: Allier la France et l'Angleterre.
Allier la bourgeoisie et la noblesse. C'est l'in-
térêt du commerce qui allie ces deux Etats.
(Acad.)
— Fig. Réunir, joindre ensemble : le veux
tâcher <2'allier la prudence avec la droiture.
(J.-J. Rouss.) C'est le lot des esprits rares
d' allier la justesse à l'imagination. (Helvét.)
Les hommes: allient tout, justifient tout. (La-
menn.) L'homme complet est celui qui allie la
sensibilité à la raison. (E. Pelletan.) Je doute
fort qu'on puisse allier un excellent cœur à la
mauvaise habitude de lancer l'ironie.(Dcscuret.)
C'est un difficile problème yued'ALLiKR la hau-
teur et la conséquence rationnelle du philosophe
avec la flexibilité d'esprit et le bon sens du pra-
ticien. (Guizot.) Les trois gamins se regar-
dèrent avec une simplicité spirituelle; s'il est
permis toutefois d 'alliërcôs deux"v>ts. (Balz.)
— Unir par mariage : Allier une famille à
une autre. Ils témoignèrent l'empressement
qu'ils avaient (^'allier leur maison à celle du
duc. (Le Sage.)
S'ailler, v. pr. Se combiner : Ces deux mé-
taux ne peuvent s'allier ensemble. (Acad.) Le
fer et Vétain s'allient assez difficilement l'un
à l'autre. (Lenorm.) il S'unir sans choquer la
vue, le goût : Les fleurs d'un rouge foncé
s'allient bien avec les fleurs d'un bleu foncé.
(Chcvreul.) Le jambon s allie à merveille avec
les épinards. (De Cussy.)
— Conclure un traité d'alliance : Ces deux
républiques s'allièrent ensemble. (Acad.) Il
ne put empêcher que l'Empire et l'Espagne ne
s'alliassent avec la Hollande. (Volt.) Deux
nations rivales peuvent s'allier par circon-
stance; mais, quoi qu'on fasse, leur alliance
sera toujours fragile et éphémère. (E. de Gir.)
S'allier, c'est se compléter. (E. do Gir.)
ALL*
Que l'Orient contre elle a l'Occident s'allie.
CORNEILLB.
— Fig. Aller avec, s'harmoniser : La reli-
gion ne saurait s'allier avec une vie dissolue.
(Mass.) La passion ne s'allie guère plus avec
la sagesse que le jour avec lanuit. (Grimm.)
L'ordre et (a générosité peuvent parfaitement
s'allier. (Boitard.) Les talents sont un présent
funeste quand ils s'allient aux passions. (Cha-
teaub.) L'amour sincère du bien peut s'allier
à une sagesse fausse. (Lacord.) Tant de cor-
ruption peut-elle s'allier à tant de jeunesse!
(F. Soulié.) Avant tout, n'épousez que des
hommes dont la- conduite et les sentiments
puissent s'allier avec les vôtres. (Barnave.)
Hien ne s'allie mieux avec la vanité que la bas-
sesse. (Michaud.) Les jansénistes furent en
France des espèces de puritains catholiques,
si toutefois ces deux mots peuvent, s'allier.
(Balz.)
— S'unir, contracter une parenté par ma-
riage : J'aurais bien mieux fait, tout riche que
je suis, de m'allier en bonne et franche paysan-
nerie. (Mol.) Quand l'homme s allie au-dessus
de lui, il se met dans l'alternative de blesser
son droit ou sa reconnaissance, et d'être ingrat
ou méprisé. (J.-J. Rouss.) A quelque état que
parvienne un homme imbu de maximes basses,
il est honteux de s'allier avec lui. (J .-J . Rouss.)
La presqu'île de Chiog'gia fut originairement
peuplée de cinq ou six jamilles qui ne se sont
jamais alliées qu'entre elles. (G. Sand.)
— Antonymes. Brouiller, désunir, séparer.
ALLIER s. m. (a-li-é). Chass. Sorte de filet
pour prendre des oiseaux, et principalement
des cailles et des perdrix : Prendre des per-
drix avec des KLhnaas. il On écrit aussi rallier.
ALLIER (Louis), surnommé Bauteroche ,
numismate et antiquaire distingué, né a Lyon
en 1766, mort à Paris en 1827, fut chargé de
diverses fonctions officielles en Orient, et en
profita pour visiter les lieux historiques les
plus célèbres. Il acquit ainsi de grandes ri-
chesses archéologiques et numismatiques, et
se composa une magnifique collection de mé-
dailles grecques, qui fut vendue près de
100,000 fr. après sa mort. Il a laissé quelques
Notices, Essais et Mémoires sur les antiquités
de l'Orient.
ALLIER (Antoine), sculpteur contemporain,
hé à Embrun (Hautes-Alpes) en 1793, Il suivit
d'abord la carrière militaire pendant les der-
nières années de l'Empire, et se livra ensuite
à l'étude de la statuaire. De 1822 à 1835, ses
productions ont presque constamment figuré
aux expositions annuelles. On cite parmi les
plus remarquables : Camille renversant les
balances des Gaulois; l'Enfant au colimaçon;
Ariane; Philopœmen et Y Eloquence (pour la
Chambre des députés); enfin, les bustes de
Sully (aujourd'hui à la bibliothèque de l'Arse-
nal), de Labbey de Pompières, â'Arago, à'Odi-
lon Barrot, etc. Député de son département
depuis 1839 jusqu'au coup d'Etat du e décem-
bre, M. Allier a constamment siégé à l'ex-
trême gauche.
ALLIER (Achille), graveur et antiquaire, né
en 1807, mort en 1836. Il avait commencé de
beaux travaux sur l'histoire et les antiquités
de sa province, notamment l'Ancien Bourbon-
nais,^continué par MM. Ad. Michel etL. Bâtis-
sier, 1833-37, avec 125 planches.
ALLIER, rivière de France, prend sa source
a Chabalier (Lozère) , arrose Chàteau-Neuf-
de-Randon, Issoire, Vichy, Moulins, et se jette
dans la Loire, un peu au-dessus de Nevers, au
lieu appelé Bee-d'Allier, après un cours de -
370 kil. Ses principaux affluents sont la Dore,
le Sichon , l'Andelot et la Sioule. Transport
considérable de houille, vin, chanvre, bois,
charbon et pierres, etc. Cette rivière, qui, en
été, est guéable en plusieurs endroits, est su-
jette, en hiver, a des débordements qui cau-
sent des dommages considérables.
ALLIER (dép. de L'), ainsi nommé de la ri-
vière de l'Allier; situé entre les dép. de la
Nièvre, de Saône-et-Loire , de la Loire, du
Puy-de-Dôme, de la Creuse, de l'Indre et du
Cher; comprend 4 arrond., Moulins, ch. -lieu,
La Palisse, Gannat et Montluçon ; 28 cant.;
317 comm.; 356,432 hab. Il a été formé de la
partie orientale de l'ancien Bourbonnais et
d'une très-petite~partie de l'Auvergne. Sa su-
perficie est de 723,981 hect. Diocèse de Mou-
lins, cour impériale de Riom, académie de
Clermout. Trois grands cours d'eau, la Loire,
l'Allier et le Cher, coulent parallèlement et
traversent le département du sud au nord.
Nombreux étangs très-poissonneux, qui ali-
mentent plusieurs canaux d'irrigation. Tem-
pérature très-variable; climat généralement
sain , à l'exception da quelques parties situées
dans le voisinage des étangs et -des amas
d'eaux stagnantes, qui y sont en assez grand
nombre. Agriculture en voie d'amélioration ;
riches produits en avoine, seigle, lin, chan-
vre; excellents fruits; belles prairies natu-
relles et artificielles; peu de vignes et de
médiocre qualité ; gibier abondant; richesses
minérales consistant en fer, antimoine, man-
ganèse, houilles, parmi lesquelles on cite les
mines de Commentry: sources minérales de
Bourbon-l'Archambault, de Vichy, de Néris,
de Chambon. Fabriques de porcelaine, faïence,
chapellerie, bonneterie, verrerie, etc-
ALLIGATEUR s. m. (al-li-ga-teur — du lat.
alligator; formé de alligare, lier). Antiq. roui.
Ouvrier vigneron chargé spécialement de di-
riger les jeunes scions de la vigne et de les
. .AbL
lier entre le troisième et le quatrième bour-
geon, pour réprimer l'exubération du bois et
contraindre celui-ci à pousser plus abondam-
ment au-dessous de la ligature.
ALLIGATOR s. m. fal-li-ga-tor — du por-
tug. al, le; lagarto, lézard). Zool: Nom re-
traite sont habitées par de redoutables alliga-
tors, qui se précipitent ' avec voracité sur les
chevaux.
ÀLUGlSYrEN-MORVAN, comm. du dép. de
la Nièvre, arrond. de Château-Chinon ; pop.
aggl. 221 hab. — pop. toi 2,580 hab.
ALLIGOTET s. m. <al-li-go-tè). Agric. "Vi-
gne qui produit un certain raisin blanc de
bonne qualité.
ALLINEUC, comm. du dép. des Côtes-du-
Nord, arrond.' de Loudéac ; pop. aggl. 153 hab.
— pop. tôt. 2,084 hab.
■ ALLINGTJE s. m. (al-lain-ghe). Navjg'. Obs-
tacle établi dans une rivière pour arrêter le
bois flotté.
vière), docteur en théologie, fut nommé pro-
fesseur-adjoint à l'Université ■ de Landshut
(1821). Recteur de l'Université de. Munich en
1830, il fut admis a l'Académie *-- !
de cette ville
les Antiquités bibliques; Manueld'archéotogie
-> biblique; la Vie de Jésus, d'après Barradius et
Lamy (Landshut, 1840). Le plus important de
ses travaux est une traduction allemande de
la Vulgate, accompagnée de notes et autorisée
par le pape (Nuremberg, 1830; 6? édit., 1839-
1845, en 6 vol.).
ALLIONI (Charles), célèbre botaniste ita-
lien, né à Turin en 1725, mort en 1804. Il était
agrégé à plusieurs académies. On a de lui de
bons ouvrages sur l'histoire naturelle et la mé-
decine. Le plus important est la Flore piémon-
taise, publiée à Turin en 1785.
ALLIONIE OU ALIONIE S. f. (al-li-O-nî —
de Allioni, nom d'un bot. ital.). Bot. Genre
de plantes de la famille des nyetaginées, ren-
fermant deux ou trois espèces originaires des
régions tropicales de l'Amérique.
ALLIOth s. m, (al-li-ott). Astron. V. Al-
liât h.
ALLITÉRATION s. f. (al-li-té-ra-sï-on —
du lat. ad, à, et tittera, lettre). Rhét. Répé-
tition des mômes lettres , des mêmes sylla-
bes : Les organes durs des populations sauvages
ont créé une symétrie grossière et forte, d'ac-
cord avec la rudesse du langage qu'elles par-
laient; c'est ^'allitération : cette symétrie
tombant sur la racine, c'est-à-dire sur le sens
des mots; aidait la mémoire et y faisait péné-
trer la poésie et les lois du pays. (Ph. Chastes.)
L'ancienne poésie du Nord a fait un fréquent
usage de ^'allitération. (Depp.) L'allitéra-
tion et la rime sont des principes de versifica-
tion plus matériels que le nombre. (Michelet.)
L'allitération semble avoir dominé chez les
Scandinaves ; le nombre, proprement dit, chez
les Allemands, chez les Grecs et les Latins.
(Michelet.) Les Hébreux cherchaient dans leurs
^ëtymologies fictives des allitérations et des
jeux de mots. (Renan.) On chercha dans le
nom même du peuple druse un rapport d' alli-
tération qui- conduisit a le faire descendre
d'un certain comte de Dreux. (Gér. de Nerv.)
Beaumarchais a dans sa phrase des recherches
harmonieuses assez curieuses, des allitéra-
tions, des assonances et autres artifices de
style. (Th. Gaut.)
— Encycl. L'allitération est un défaut quand
elle dégénère en cacophonie, comme, par
' exemple, dans levers suivant, de Voltaire :
Non, il n'est rien que Nanine n'honore.
Elle peut être une beauté quand elle produit
l'harmonie imitative, e'est-à-dire l'harmonie
qui consiste dans le rapport des sons avec les
objets qu'ils expriment. Voici quelques exem-
ples d'allitérations qui sont d'un heureux effet :
Tum ferri rigor atque argutœ lamina serra:.
Quadrupedante putrem sonitu quatit ungula eampum.
Virou-e.
Luctantes ventes, lampestates que sonoras.
Virgile.
our qui sont ces serpents qui 6iffient sur vos tètes ?
Racine.
Sa croupe se recourbe-en replis tortueux.
Racine.
L'essieu crie et se rompt. Racine.
Le chagrin monte en croupe et galope avec lui.
La Fontaine.
Une allitération expressive se trouve dans
ces trois mots de César : Véni, vidi, viei. Plu-
sieurs proverbes offrent des exemples d'allité-
ration : Qui terre a, guerre a. Qui dort dine.
Traduttore traditore. L'esprit facile et causti-
que de,Beaumarchais se plaisait quelquefois à
ces rapprochements; en voici un exemple :
Rusé, rasé, blasé. — On connaît cette allité-
ration de Bassompierre, qu'un vieux fat abor-
dait en lui disant : Bonjour, gros, gras, gris.
— Bonjour, peint, teint, feint, riposta Bassom-
ALL
ALLITÉRER v. a. ou tr. (al-li-té-ré — de
allitération. — Change \'é fermé du radical
en è "ouvert devant une syllabe muette : Tal-
litère, qu'ils allitèrent / excepté au futur et
au condit.^où l'on doit maintenir l'e fermé,
par analogie avec les indications ordinaires de
l'Acad. •Tallitérerai. Nousallitërerions). Faire
de l'allitération : Au rxe siècle, parmi les Ger-
mains, ce sont les septentrionaux qui allitè-
rent et les méridionaux qui riment. (Ph.
Chasles.)
' ALLITURIQUE adj. (al-li-tu-ri-ke). Chim.
Acide alliturique. Acide dérivé de l'alloxane.
C'est le produit de l'évaporatïon rapide de la
dissolution d'âllantine.sous l'influence de l'a-
cide chlorhydrique.
ALLIUM s. m. (al-li-omm). Bot. Nom latin
du genre ail, qui renferme un très-grand
nombre d'espèces, dont les principales, outre
l'ail commun, sont l'oignon, le poireau, la ci-
boule, la rocambole, l'échalote.
ALLIVREMENT s. m. (al-li-vre-man — rad.
allivrer). Cadast. Somme à laquelle le revenu
net imposable est fixé pour l'assiette de la
contribution foncière. Quand une ..commune
'est entièrement cadastrée,- on dit qu'elle a
son allivrement.
ALLIVRER v. a. ou tr. (al-li-vré — rad. a,
et livre ou livrée; portion de terre valant une
livre de revenu). Cadast, Taxer, imposer, ré-
Sartir les impositions foncières en proportion
u revenu.
ALLIVREUR s. m. (al-li-vreur — rad. alli-
vrer)'. Cadast. Celui qui était chargé de la ré-
partition des impôts fonciers.
ALL1X (Pierre), célèbre théologien protes-
tant, né à Alençon en 1641, mort à Londres en
1717. Pasteur à Charenton, il travailla, avec
le fameux Claude, a> une version française de
la Bible. La révocation de l'édit de Nantes
Toblige'a de se retirer en Angleterre, où il de-
vint chanoine de la cathédrale de Salisbury,
k Londres.
ALLIX (Jacques- Alexandre-François), gé-
néral, né à Percy (Manche) en 1776, mort en
1836. Il fit avec honneur les campagnes de la
Révolution et de l'Empire. On a de lui un Sys-
tème d'artillerie de campagne, 1827.
• ALLOA, petite ville et port d'Ecosse, k 47 kil.
d'Edimbourg ; 5,434 hab. Commerce considé-
rable ; houillères, fonderies, manufactures de
laine, etc. ; ruines d'un château des anciens
rois d'Ecosse.
allobroge s. m. (al-lo-bro-je). S'empl.
comme nom commun pour désigner un homme
grossier, d'un esprit lourd et inculte : Quel
allobroge ! A-t-on jamais vu un pareil allo-
broge I C'est un franc allobroge. (Acad.) Ju-
vénal nous apprend qu'un rhéteur gaulois
nommé Bu fus, et qui eut de la réputation, trai-
tait Cicéron d' allobroge. (Trév.) u C'était un
des mots favoris du riche arsenal de Voltaire.
ALLOBROGES, ancien peuple de la Gaule,
entre< le Rhône et l'Isère : villes principales :
Vienne, Genève et Grenoble.
ALLOBROGIE S. f. (al-lo-bro-jî — rad: allo-
broge). Bot. Genre de plante de la famille des
liliacees.
ALLOBROGIQUE adj. (al-lo-bro-ji-ke). Qui
a rapport aux Allobroges, qui concerne les
Allobroges.
ALLOCARPE s. m. (al-lo-kar-pe — du gr.
allas, autre; karpos, fruit). Bot. Genre de
plantes de la famille des composées, tribu des
sénéeionidées, renfermant trois espèces ori-
ginaires des régions équatoriales de l'Améri-
que, et qui sont des plantes herbacées, ra-
meuses, a feuilles velues, à fleurs jaunes ou
blanches.
ALLOCATION s. f. (al-lo-ka-si-on — du lat.
ad, à ; locare, mettre, placer). Action d'allouer;
résultat de cette action : Demander, refuser,
obtenir une allocation. On n'a pas accordé
/'allocation demandée. Les -faibles alloca-
tions destinées aux fouilles se sont accrues
peu à peu. (Volt.) La Chambre des députés
fixe, par ses allocations, la mesure des charges
dont il sera permis de grever le pays. (Dupin.)
— Admin. milit. Article porté à un compte ;
prestation en argent ou fournitures en vivres
assignées aux militaires : Le droit aux allo-
cations est constaté par le certificat de cessa-
tion de payement. (Gén. Bardin.)
— Jurispr. Approbation donnée aux arti-'
clés d'un compte. Il Rang où sont placés les
créanciers dans l'ordre et la distribution. des
biens d'un débiteur, u Attribution même des
■biens du débiteur.
ALLOCÈRE s. m. (al-lo-sè-re — du gr.
allas, dissemblable; keras, corne). Entom.
Genre d'insectes coléoptères tétramères, de la
famille des longicomes,- tribu des prioniens,
et qui renferme une seule espèce, originaire
du Brésil.
Âlloche s. f. (al-lo-che); Ichthyol. Espèce
de grosse sardine.
ALLOCHÉZIE s. f. (al-lo-ké-zî — du gr.
allos, autre; chézein, aller à la selle). Med.
Evacuation des matières fécales par un anus
artificiel, où autre ouverture accidentelle ou
anormale de l'intestin.
ALLOCHROÉ, ÉE adj. (al-lo-kro-é — du gr.
allos, autre; chroa, couleur). Qui est sujet à
changer de couleur, ou qui n'offre pas la même
couleur partout , en parlant de certaines
plantes.
ALL
ALLOCHROÏSME s. m. (al-lo-kro-i-sme —
rad. allochroé). Changement graduel de cou-
leur; diversité de couleur.
allochroÏte s. f. (al-lo-kro-i-te — rad.
allochroé). Miner. Variété de grenat, d'une
couleur jaune paille, tirant sur le rouge, ou
d'un gris verdàtre, ou simplement d'une cou-
leur plus foncée que les autres ; Fondue avec
le phosphate de soude ou d'ammoniaque, Z'al-
LOchroïte éprouve des changements de couleur.
(Brongn.)
allochromasie s. f. (al-lo-kro-ma-zî —
du gr. allos, autre ; chràma, -couleur). Physioî.
Changement des couleurs ; affection de l'œil
qui perçoit les couleurs autres qu'elles ne
sont réellement.
allocution s. f. (al-lo-ku-si-on — du lât.
allocutio, même sens). Harangue que les.em-
pereurs ou-les généraux adressaient aux sol-
dats : Diodore de Sicile,attribue l'invention des
allocutions aux généraux égyptiens, dont les
chars élevés étaient pour eux comme une tri-
bune. (Gén. Bard.)
— Au moyen âge, se disait des lettres par
lesquelles les rois de France annonçaient aux
provinces du royaume l'arrivée des plénipo-
tentiaires appelés Missi dotrànici.
<— Aujourd'hui, Discours de peu d'étendue,'
prononcé dans une circonstance plus ou moins
remarquable ; Faire une -, allocution. Cette
allocution terminée, on distribua les récom-
penses. Après cette courte et vive allocution^
il les conduisit à l'ennemi. (Acad.) n C'est ce
que les Anglais appellent speech.
— Numism. Médaille romaine qui repré-
sente un chef haranguant les soldats. Le gé-
néral y paraît sur une plate-forme élevée,
assisté de ses principaux officiers, avec les
étendards et les troupes disposées en face,
comme on le voit dans des médailles de Marc-
Aurèle et de Trajan.
— Encycl. Les allocutions de César et de
Napoléon 1er SOnt célèbres dans l'histoire. Nous
mentionnerons ici celle où le vainqueur d'Ans—
terlitz rappelle à ses soldats tous leurs triom-
phes et en promet la récompense : « Vous"avez
décoré vos aigles d'une immortelle gloire. Une
armée de 100,000 hommes, commandée parles
lereurs de Russie et d'Autriche, a été en
ALL
22f
quelques heures coupée et dispersée ; ce qi
échappé à. votre fer s'est noyé dans les U
40 drapeaux, les étendards de la garde
., _20 pièces de canon, 30,000 pri-
sont le résultat de cette journée
à jamais célèbre. Cette infanterie, tant vantée,
n'a pu résister k vôtres choc, et désormais
vous n'avez plus de rivaux. Soldats, je- vous
ramènerai en Francej la vous serez l'objet de
mes plus tendres sollicitudes, et il vous suffira
de dire : J'étais à la bataille d'Austerlitz, pour
que l'on réponde : Voilà un brave! •
Mais les allocutions militaires sont ordinai-
rement remarquables par leur concision. Selon
Tacite , César apaisa son armée mutinée en
commençant l'allocution, non par le mot com-
militones, compagnons d'armes, "mais par le
mot ironique auirites^ qui, dans sa bouche,
équivalait à celui de citadins, de messieurs, de
bourgeois et même de pékins. L'allocution de
Henri IV k Ivry est justement célèbre. On
connaît aussi celle du jeune La Rochejaquelein
à ses Vendéens au moment de livrer bataille
à l'armée républicaine : Si j'avance, suivez-
moi; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-
moi 1 Une des plus singulières est celle de
Frédéric II à Kollin, Sa cavalerie, abîmée par
l'ennemi, témoignait peu d'empressement à
retourner pour la septième fois a la charge ; il
s'écria , pour l'y décider : Voulez-vous donc
vivre éternellement! Mais personne n'a connu
le .secret de parler au cœur du soldât- comme
le vainqueur de Marengo : Du haut de ces
pyramides, quarante siècles vous contemplent...
Souvenez-vous que mon habitude est de cou-
, cher sur le champ de bataille... C'est le soleil
Jl Austerlitz, etc., etc. \
L'allocution la plus éloquente qui nous soit
restée de l'antiquité, est sans contredit celle
que Tacite met dans la bouche de Galgacus,
chef des Calédoniens. C'est là que se trouve
cette phrase énergique, si souvent rappelée :
Vbi solitudinem faciunt,pacem appellant.
allodape-s. m. (al-lo-da-pe — du gr. al-
lodapos, étranger). Entom. Genre d'insectes
hyménoptères mellifères; renfermant trois
espèces, originaires du cap de Bonne-Espé-
rance.
— Bot. Genre de plantes de la famille des
épacridées, tribu des épacrées, comprenant
une seule espèce, originaire des régions aus-
trales de l'Amérique.
ALLODIAL, ALE (al-îo-di-àl — rad.. alleu) .
Féod. Qui est tenu en franc-alleu : Héritage
ALLODIAL. Siens allodiaux. Les terres que pos-
sédaient les hommes libres étaient ce qu'on ap-
pelait les terres allodiales. (Montesq.)
— S'empl. subst. : Allodial corporel. Al-
lodial incorporel. Le clergé avait acquis une
grande partie des allodiaux mêmes. (Montesq.)
Il On disait autrefois alleudial.
ALLODIALITÉ s. f. (al-lo-dî-a-li-té — rad.
alleu). Féod. Qualité d'une terre tenue en,
franc-alleu.
ALLODROME adj. (al-lo-dro-me* — du gr.
allomai, je bondis; drpmos, course). Entiom.
Sa t\\t ii iitia AÇ-nÀr.A ri'firnipTiéA mii s'élfinm
ALLOÉ s. m. (al-lc-é — du gr. alloios, dif-
férent). Entom. Genre d'insectes hyméno-
ptères, de la famille des ichneumonides, dont
l'espèce la plus connue habite l'Angleterre. •
ALLOGONE adj. (al-lo-go-ne — du gr. allos,
autre: gània, angle). Miner. Se dit d'un cristal
qui reunit la forme d'un noyau à celle d'un
dodécaèdre à triangles scalènes, dont chacun
a son angle plan obtus égal à la plus grande
incidence des faces du noyau : Chaux carbo-
natée allooonb.
ALLOGRAPHE s. m. ( al-lo-gra-fe — du gr.
allos, autre; graphe, caractère). Bot. Genre
de champignons hyppxylés, formé aux- dépens .
du genre graphis, et qui- n'a pas étéiadopté
par le plus grand nombre des botanistes. ^ /
ALLOÏathère s. m. ( al-lo-i-a-tère — du
grec allias, différent; aihèr, épi). Bot. Genre
de graminées, forme aux dépens du genre
gymnopogoh, qui n'est lui-mome'qu'un -dé-
membrement des andropogons.
ALLOÏSPERME s. m. (al-lo-i-spèr-me — du
gr. alloios, différent; sperma, semence). Bot.
Syn. i'allocarpe.
ALLOÏTE s. f. (al-lo-i-te). Miner. Variété
de tuf volcanique ou de pouzzolane.
allomorphe s. f. (al-lo-mor-fe -r du gr.
allas, autre; morphé, forme). Bot. Genre de
la famille des mélastomacées, et dont.la seule
allomorphie s. f. (al-lo-mor-fi — - du gr.
allos, autre; morphé, forme). Passage d'une
forme à une autre'toute différente, métamor-
phose.
allomorphite s. f. (al-lo-mor-fi-te — du
gr. allos, autre ; morphé. forme). Miner. Va-
riété de sulfate de baryte.
ALLONGE ou ALONGE s. f. (a-lon-je — rad.
allonger). Tout-ce que l'on ajouto à une chose
pour en augmenter la longueur : Mettre une _
allonge à une corde, à une courroie, à-une
tablé, aune porte, il On dit aussi rallonge.
— Fig. : De sorte que c'est une petite allonge
à mon voyage. (M»« de Sév.) ; ' ■ ' '
— Mar. Pièce de construction ou de mâture
placée à la suite d'une autre, de manière à ce
que le tout forme une longueur voulue : Al-
longe de parques, d'écubiers, de couples, etc.
La construction des grands vaisseaux serait
impossible sans allonges. !! Allonges de : tam-
bour, Allonges des, couples d'un bateau à va-
peur, qui s élèvent au-dessus du niveau de
la lisse de plat-bord, et forment un prolon-
gement de muraille en dedans des tambours.
— Comm. Bande de papier collée au bas
d'une lettre rde change, lorsqu'il 'neïë'ste plus
de place pour de nouveaux endossèmeritsr u
Se dit aussi de toute addition à un mémoire,
à une lettre, à un écrit quelconque.' ■■
— Chim. Instrument de verre, de grès, Jou 4
de porcelaine, ordinairement de la forme d'un
fuseau, qu'on adapte à diverses fins' au col
d'une cornue ou d un ballon. ' '
— Art vétér. Sorte de claudication 'du che-
val, résultant de l'écart violent des membres
postérieurs en arrière. .l:"' '•
— Equip. milit. Chacune des deux, bandes
de cuir qui servent à supporter le pendant
d'un ceinturon. , . ...'..
— Bouch. Crochet de fer porté par. un nerf
de bœuf tortillé, et servant à suspendre des
quartiers de viande. ■ ■ ■ ■ ' ■ ^
— Cordonn. Morceau de cuir placé entre le
couche-point et le sous-bout. . • . .,
ALLONGÉ', ÉE (a-lon-gé) part. pass. du v.
Allonger. Rendu plus long : On y ajouta une
longue ficelle, et la corde se trouva allongée
d'autant. Cette robe a besoin d'être allongée.
Ayant été réfractée, cette image se mantra'kL-
longée. (Cuvier.). \ t '' i
Un jour une glace fidèle ', ,,
Lui montra ses traits allongés.
» Ah ! quelle horreur 1 s'écna-t-elle j
Comme les miroirs sont changés! ■ ;r
F. DE NEUFCIIATEAU.
Il .Long, de forme longue : Poisson à tète al-
longée. La forme allongée de certaines pru-
nes. Les comètes décrivent une ellipse allongée.
Le crocodile a ta tète démesurément allorgée.
La taille du rossignol de muraille est menue et
allongée. (Buff.) Les renards et les ours blancs
ont le museau "allongé. (Buff.) Certains ani-
maux,'tels que les' reptiles, sont allongés en
forme de fuseau. (B. de St-P.) Les figures, des
conspirateurs sont des figures pâles et allon-
gées. (Volt.) Ces fanons sont bordés ou termi-
nés par des crins allongés, touffus,- -noirs,
inégaux. (Lacép.) A travers les voûtes allon-
gées des portiques ,- il apercevait-, d'autres
labyrinthes. (Chatoaub.)
Et des lataniers aUonçès
, Montrent de loin leur feuillage grisâtre. ■
'dans certaines circonstances : Mine al-
longée. Nez allongé. Figure allongée. M. de
Saint-Aignan, revenu chez lui; trouva lamine
de ses gens fort allongée. (St^Sim.) Vous
n'avez rien obtenu des débiteurs de votre père?
— Ah bien oui! si lu avais vu les mines allon-
gées qu'ilsm'ont faites! (Scribe.) t
On le
)ied de n,
Regnard.
— Mathém. Se dit de toutes les figures beau-
coup plus longues que- larges : Rectangle al-
longe. Ellipse ALLONGÉE.
— Anat. Moelle allongée. Syn. de protubé-
rance cérébrale. Souvent aussi le nom de
moelle allongée sert à désigner le bulbe r&phi-
dien; quelquefois il s'applique à la protubé-
rance et au bulbe réunis.
— Bot. Cotylédons allongés, Cotylédons qui
sont deux fois plus longs que larges.
— Vén. Se dit d'un chien dont le gros nerf
crural s'est allongé, dont les doigts par con-
séquent s'écartent, ce qui fait qu'il ne peut
plus courir aussi bien, il Quelques veneurs
disent élongé.
— Fauconn. Se dit d'un oiseau dont les
pennes sont entières et d'une bonne longueur.
— s. m. pi. Entom. Nom de différents groupes
d'aranéides, dans la méthode de Walkenaër.
allongeant (a-lon-jan) part. prés, du v.
Allonger : Puis, allongeant le bras, elle at-
teignit le haut du mur. (Balz.) Ainsi nous al-
lions n'obéissant qu'à notre fantaisie; mais
l'ombre des pics, en «'allongeant, nous rap-
pela l'heure du retour. (J. Sandeau.)
ALLONGEable adj. (a-lon-ja-blc — racT.
allonger). Qui est susceptible d'être allongé,
qui peut être allongé, il Peu usité. -
ALLONGEMENT s. m. (a%>n-je-man — rad.
allonger). Augmentation en longueur : Z'al-
longement d'une route, d'un canal, d'un jardin,
d'une robe, d'un pantalon. H Etat de dévelop-
pement dans le sens de la longueur : Le lama
ne parait" grand que par Rallongement du
cou et la hauteur des jambes. (Buff.)
— Pig. Lenteur volontaire, calculée : C'est
un homme qui cherche toujours des allonge-
ments dans les affaires. (Acad.) Les avocats
plaidants ont l'art d'entretenir l'audience par
les allongements de la parole, ( Cormemn.)
Il Peu usité dans ce dernier sens.
allonger v. a. ou tr. (a-lon-jé — de à et
long; il prend un e euphonique après le g
devant les voyelles a et o : Il allongea, nous'
allongeons). Rendre plus long : Allonger une
table, une galerie. Ce pantalon, ce jupon est
trop court, il faut l'
ît le jour fuit; si
L. Racine.
Allotvje du Thabor l'ombre indéterminée.
Barthélémy et Mery.
Il Etirer avec force, pour rendre plus long :
Allonger du cuir. Allonger une courroie.
Procuste allongeait de force les jambes de
ceux qui les avaient plus courtes que son lit.
(B. de St-P.) n Déployer, étendre en parlant de
certaines parties du corps déjà longues : Al-
longer le bras, le cou, les jambes. L'éléphant
allonge sa trompe. L'oiseau alla au-devant de
lui, battit des ailes, allongea le cou. (Volt.)
Dans son cachot, Bonniuard ne pouvait se cou-
cher qu'à grand'peine, et sans pouvoir allonger
ses membres. (V. Hugo.) Quelques renards dis-
persés par l'orage allongeaient leur museau
noir au bord des précipices. (Chateaub.) Il
entra au lieu saint après avoir relevé sa mous-
tache et allongé sa royale, ce qui annonçait
toujours de sa part les intentions les plus con-
quérantes. (Alex.-Dum.)
Là-dessus, maître rat, plein de belle espérance,
Approche de l'écaillé, allonge un peu le cou.
— Par ext. Faire durer, étendre : Il aimait
cet exercice et Rallongeait volontiers. (St-
Sim.) Ils prennent une rue pour une autre, ils
allongent leur chemin. (Volt.) Les plaisirs de
l'âme allongent autant la vie que ceux des
sens l'abrègent. (Boiste.) Les hommes désirent
allonger leur vie en gros et la raccourcir en
détail. (Steck.) Il comprenait seul l'opéra, le
philosophe qui s'écriait : Allongez les ballets
et raccourcissez les jupes. (Scribe.) il Se dit en
parlant des ouvrages d'esprit, du style : Al-
longer un livre par de nouveaux chapitres.
Allonger un récit par des descriptions, des
digressions. Les additions de l'auteur ont trop
allongé ce chapitre. (Acad.) Il ne faut pas
allonger un livre qu'onpeut raccourcir. (Vau-
gelas.) L'araméen est fatigant par les pléo-
nasmes oui allongent inutilement ses phrases.
(Renan.)
Et toujours, en l'honneur des tyrans du Parnasse,
De madrigaux en vers allonge une préface.
Le traducteur qui rima l'Iliade,
De douze chants prétendit l'abréger ;
Mais par son style aussi triste que fade,
De douze en sus il a su l'allonger.
, - J.-B. Rousseau.
— Fam. Porter, assener, lancer : Allonger
un coup d'épée. Allonger un coup de poing,
un coup de pied, un coup de canne. L'oiseau lui
allongea un coup de bec qui fit jaillir le sang.
Il lui allongea une si forte estocade qu'il le.
ïerça de part en part. (Le Sage.) A chaqne
coup de pied~que je vous allongeais en sour-
dine, la colère vous portait le sang à la tète.
(E. Sue.) Je lui allongeai rapidement un coup
de canne dans la figure. (G. Sand.) Ah çât
dit-il, sommes^nous venus ici pour noies allon-
ger des coups ou pour prendre le café ensemble?
(G. Sand.) J'avais déjà allongé trois c
ALL
longe les instants. (Parny.) Le chagrin al-
longe nos nuits , mais raccourcit nos jours.
(Mme de Blessington.)
— Allonger le pas, Presser la marche :
Le guerrier bondit de joie à cette parole; , il
s'élance du sommet de la colline et allonge le
pas dans la plaine. (Chateaub.) Nous allon-
geâmes le pas pour aller saluer la comtesse.
(Balz.) L'aveugle se mit à allonger le pas
en même temps que lui. (V. Hugo.)
— Allonger la courroie, Tirer parti d'un
revenu modique, en apportant la plus grande
économie dans ses dépenses : Il aurait bien
de la peine à vivre s'il «'allongeait la cour-
roie, n Signifie aussi. Porter les profits d'un
emploi plus haut qu ils ne devraient l'être :
Sa place ne lui vaudrait pas tant s'il s'allon-
geait la courroie. (Acad.)
— Allonger le parchemin, Multiplier les
écritures par intérêt ou par esprit de chi-
cane : Les avocats et les avoués passent pour
savoir allonger le parchemin, il Allonger le
visage, Causer du déplaisir, de la surprise :
La lecture de cette lettre lui a allongé le
visage. J'allonge le visage de ceux qui attris-
tent le mien. (Volt.)
— Mar. Allonger un navire, Le scinder, et
interposer entre les deux parties une tranche
pour en augmenter la capacité.
— Art milit. et mar. Allonger la ligne,
Augmenter les distances entre les soldats,
les bataillons, ou les navires qui la forment :
Allonger une ligne de tirailleurs. Allonger
la ligne de bataille.
— - Chim. Allonger une substance., une li-
queur, etc., Mélanger une substance,- une li-
queur, etc., à une autre substance, à une
autre liqueur.
— Art culin. Allonger, une sauce, Y ajouter
du bouillon, de l'eau ou du lait pour la rendre
moins épaisse, ou simplem. pour en aug-
menter la quantité.
— Chass. Se dit du cerf qui pousse sa
nouvelle tête après avoir mis bas, et de l'oi-
seau quand il se revêt de ses plus grosses
plumes.
S'allonger, v. pr. Devenir plus long;
déployer, s'étendre : Le caoutchouc s'a: - -
à volonté. Ses jambes s'allongeaient sous la
table. Je vis descendre un rayon qui, s'allon-
geant comme un trait d'or, vint toucher le
corps du héros. (Chateaub.) Le chemin de
Prague à Carlsbad s'allonge dans les en-
nuyeuses plaines qu'ensanglanta la guerre de
Trente-Ans. (Chateaub.) Entre deux tours can-
nelées, de granit, s'allonge le petit village des
Eaux-Chaudes. (Taine.)
Il Exprime familièrem. la contrariété qui se
montre sur le visage dans certaines circon-
stances : Si le diner est reculé par quelque
accident, voyez comme les mines des convives
s'allongent. (Grimod.)
. . , Selon la pensée où son esprit se plonge,
Sa face a chaque instant s'élargit ou s'allonge.
Il Se coucher, s'étendre en long : S'allonger
sur son lit. S'allonger sur un divan. Il dé-
grafa son ceinturon de daim, jeta son épée sur
une table, passa sa robe de chambre et s'allon-
gea commodément sur un canapé. (E. Sue.)
-Pig.:
Lu, les heures, pour moi, s'allongeaient dans l'attente.
C. Delavigke.
— Manég. Baisser la main et serrer pro-
gressivement le cheval avec les jambes.
— Syn. Allonger., prolonger, proroger.
Allonger, c'est ajouter à l'un des bouts ou
étendre la matière ; prolonger, c'est reculer le
terme, la durée d'une chose ; proroger, c'est
maintenir l'autorité, l'exercice ou la valeur.
On allonge une robe, une table, un discours ;
on prolonge un travail, une affaire, une dis-
cussion ; on proroge une loi, la session d'une
assemblée, une permission.
— Antonymes. Abréger, accourcir, écour-
ter, — ;
f. (a-lon-je-rè-se — rad,
allonger). Entom. Nom vulgaire de certaines
chenilles, à cause de la singularité de leur
marche, dans laquelle elles rapprochent rapi-
dement la partie postérieure de l'antérieure,
pour étendre de nouveau cette dernière de
toute leur longueur.
ÀLLONNES, commune du dép. de Maine-et-
Loire, arrond. de Saumur ; pop. aggl. 623 hab.
— pop. tôt. 2,429 hab.
Allons 1 Allusion littéraire à la fameuse des-
cription du cheval de Job, V. Aller.
ALLONVILLE (Armand-François, comte d'),
officier dans l'armée de Condé, né en 1764,
mort vers 1832, a succédé à Alphonse de
Beauchamp dans la rédaction des Mémoires
tirés des papiers d'un homme d'Etat. IJ Son
frère, Louis-Alexandre d'Allonville, préfet
et conseiller d'Etat, né en 1774, mort en 1845,
est l'auteur d'un opuscule Sur les camps ro-
mains du département de la Somme.
ALLONYME adj. ( al-lo-ni-me — du gr.
allos, autre; onuma, nom). Se dit d'un ou-
vrage publié sous le nom d'un autre : Livre
— Substantiv. Celui qui publie son livre
sous le nom d'un autre, n Ne pas confondre
avec anonyme, qui signif. Sans nom d'auteur. |
ALL
ALLOPATHE OU ALLOPATHISTE S. m.
(al-lo-pa-te — rad. allopathie). Médecin qui
traite par l'allopathie.
— - Adj. Qui a rapport à l'allopathie : Trai-
tement, système allopathb.
— Antonyme. Homœopathe.
ALLOPATHIE s. f. (al-lo-pa-tî^— du gr.
allos, autre ; pathos, souffrance). Nom donné
par les partisans de l'homœopathie, et par
opposition à leur propre système, à la mé-
thode de traitement dans laquelle on emploie
des médicaments dont l'action est destinée à
produire chez l'homme sain des symptômes
différents de ceux que présente la maladie
qu'il s'agit de combattre.
doctrine
Racle, établissent qu'il y a trois manières d'a-
gir dans le traitement des maladies : la pre-
mière consiste à attaquer l'affection morbide
par des moyens contraires à sa nature ; la se-
conde à lui opposer des agents qui, sans lui
être absolument contraires, sont propres ce-
pendant à en troubler les symptômes et la
marche ; la troisième, enfin , consiste dans
l'emploi de moyens qui sont de nature à faire
naître chez l'homme sain des symptômes sem-
blables à ceux de la maladie qu'il s'agit de
combattre, ou au moins les plus rapprochés de
cette affection. » Les partisans ,de cette der-
nière méthode lui ont donné le nom de méde-
cine homœopalhique ou médecine des semblables,
et ils ont donné aux deux autres les noms
ù'énantiopathie on médecine des contraires, et
(['allopathie (médecine des différents) ou mé-'
decine dérivative et révulsive. L'usage n'a point
consacré le terme d'énantiopathie, et celui d'al-
lopathie s'applique aux deux dernières mé-
thodes , c'est-à-dire à la médecine prise dans
son ensemble, telle qu'elle est enseignée dans
tes Facultés. L'allopathie croit être d'accord
avec la raison et l'expérience en opposant à
l'inflammation des antiphlogistiques, a l'hémor-
ragie des astringents, à l'anémie des toni-
ques, etc. Le système des allopathes a été
formulé dans cette phrase sacramentelle , qui
lui sert pour ainsi dire de devise : Contraria
contrariis curantur. V. ces mots.
— Antonyme. Homœopathie.
ALLOPATHIQUE adj. (al-Io-pa-ti-ke — rad.
allopathie). Qui appartient, qui a rapport à
l'allopathie.
. ALLOPATHIQUEMENT adv. (al-lo-pa-ti-
ke-man — rad. allopathie). D'après la mé-
thode allopathique : Je préfère être traité
ALLOPATHIQUEMENT,
ALLOPATHISER v. a. ou tr. (al-lo-pa-ti-zé
— rad. allopathie). Méd. Traiter un malade
d'après la méthode allopathique.
allopathiste s. m. (al-Io-pa-ti-ste —
rad. allopathie). Syn. de allopathe.
allophanate s. m. ( al-lo-fa-na^te —
rad. allophane). Chim. Sel formé par la
combinaison de l'acide allophanique avec une
base. V allophanate de baryte sobtient par
l'action de la baryte caustique sur l'éther
allophanique. Valtophanate de soude se pro-
duit lorsque l'on traite Yallophanate de baryte
par une solution de sulfate-de soude. L'éther
allophanique est souvent nommé allophanate
ALLOPHANE s. f. (al-lo-fa-ne — du gr.
allos, autre; phainô, je parais). Miner. Va-
riété d'argile; hydrosilicate d'alumine, dont
les premiers échantillons furent trouvés par
MM. Reinman et Rœpert. C'est une substance
opaline, blanche quand elle est pure, colorée
en bleu par du cuivre carbonate ou en jaune
brun par de l'hydrate de fer ; elle est rayée
par la fluorine et raye le gypse ; elle se ré-
sout en gelée dans l'acide nitrique, et ne fond
point au chalumeau.
ALLOPHANIQUE adj. (al-lo-fa-ni-ke — rad.
allophane). Chim. Se dit d'un acide qui n'est
connu quàjétat de sel métallique, il Se dit
aussi d'un ether qui se produit par l'action
des vapeurs cyaniques sur l'alcool ordinaire.
L'éther allophanique cristallise en aiguilles
incolores, transparentes et douées d'un grand
éclat. Il est soluble dans l'eau et l'alcool
bouillants. Il est souvent nommé allophanate
d'éthyle.
ALLOPHYLE s. (al-lo-fl-le — du gr. allos,
autre; phulè, tribu). Membre d'une autre
tribu, d'une autre nation ; étranger : L'Israé-
lite pauvre a donc des garanties contre les
fers; V allophyle n'en a pas. (Proudh.) il Ce
mot est surtout employé dans la version
grecque de l'Ancien Testament, pour désigner
les Philistins.
ALLOPHYLIQUE adj. (al-lo-fl-li-ke — rad.
allophyle). Qui appartient à une autreiribu, à
une autre nation : Ce sont des familles dépeu-
ples qui échappent à ces grandes classes, et que
l'on a nommées, tantôt races scythiques, tantôt
allophyliques. (Humboldt.)
allophylle s. m. (al-lo-fi-le — du gr.
allos, autre; phullon, feuille). Bot. Genre de
plantes de la famille des sapindacées.
ALLOPLECTE s. m. (al-lc-plèk-te— du gr.
allas, autrement; plectos, entrelacé). Bot.
Genre de plantes de la famille des gesnéria-
cées, tribu des épisciées, renfermant un petit
nombre d'espèces, qui sont des arbrisseaux
grimpants, a fleurs jaunes, originaires des
régions tropicales de l'Amérique.
ALL
ALLOPORE s. m. (al-lo-po-re — du gr.
allos-, différent ;poros, conduit). Polyp. Genre
de polypes entozoaires, voisin des gorgones
et des isis, et qui n'a été accepté qu'avec
doute par la plupart des zoologistes.
ALLOPORIN, INE adj. (al-lo-po-rain — rad.
allopore). Polyp. Qui ressemble, qui a rap-
port aux aliopores.
— s. f. pi. Famille de polypes entozoaires,
ayant pour type le genre allopore.
ALLOPTÈRE adj. (al-lo-ptè-re — du gr,
allas } autrement; pteron, nageoire). Ichthyol.
Se dit quelquefois des nageoires inférieures
des poissons, parce que la position de ces na-
geoires vario beaucoup; elles sont tantôt
abdominales, tantôt jugulaires, tantôt the-
raciques. Elles manquent quelquefois tota-
lement,
— s. f. pi. Les alloptères, Les nageoires
alloptères.
AI.I.Olîl (Alexandre), peintre italien, né à
Florence en 1535 , mort dans la même ville
en 1607 , eut pour maître son oncle Angiolo
Bronzino, dont il adopta le nom ; mais Michel-
Ange fut son modèle de prédilection. Il fit une
étude particulière de l'anatomie.et composa
sur cette matière un traité à l'usage des pein-
tres. Son tableau de la Femme adultère, dans
l'église du Saint-Esprit, à Florence, et son Sa-
crifice d'Abraham,da.ns la galerie des Offices,
sont réputés ses meilleurs ouvrages. — Son
fils, Christophe, né en 1577, mort en 1621, se
détacha de sa manière pour suivre le nou-
veau style introduit par le Cigoli ; il exécuta
des travaux importants dans les églises de
Florence et dans le palais des Médicis. Ce fut,
au jugement de Lanzi, le plus grand peintre
de l'école florentine pendant la période de
décadence. Le Louvre a de lui un tableau
représentant Isabelle d'Aragon aux pieds de
Charles VIII. Son Saint julien, du palais
Pitti, et sa copie de la Madeleine, du Corrége,
dans la galerie des Offices, sont des ouvrages
:sdes
• ALLOS, ch.-l. de cant. (Basses-Alpes), sur
un lac du même nom ; arrond. de Barcelon-
nettejpop. aggl. 408 hab. — pop. tôt. 1,202 hab.
Excellentes truites. C'est une ville fort an-
cienne, autrefois capitale d'une peuplade cel-
tique ; il en est fait mention dans les trophées
d'Auguste. L'église , assez bien conservée , a
été bâtie, dit-on, par ordre de Charlemagne.
La ville s'élève au pied d'une montagne cou-
verte de mélèzes et de sapins, dans une posi-
tion des plus agréables.
ALLOSORE s. m. (al-lo-zo-re— du gr. allos>
différent ; soros, tas). Bot. Genre de la famille
des fougères, voisin du genre ptéris, qu'il
renfermerait même , d'après quelques bota-
nistes. Les auteurs' sont loin de s'entendre
sur les limites de ce genre.
ALLOSPERME s. m. (al-lo-spèr-me — du
gr. allos, autre ; spemia, semence). Bot. V.
Allocarpe.
ALLOTEMENT s. m. (al-lo-te-man). V. Al-
alloterropse s. f. (al-lo-tè-ro-pse —
du gr. altos, autre; opsis, apparence). Bot.
Genre de plantes de la' famille des graminées,
ne renfermant qu'une espèce, originaire de la
Californie.
allOti, IE (al-lo-ti) part. pass. du v. Allo-
tir. Partagé, distribue par lots.
ALLOTIR v. a. ou tr. (al-lo-tir — rad. lot).
Ane. jurispr. Faire des lots, distribuer par lots.
ALLOTISSEMENT s. m. (al-lo-ti-se-man —
ALLOTEMENT.
ALLOTRÈTE adj. (al-lo-trè-te — du gr.
allos, autre; trêlos, trou). Zool. Se dit des
animaux qui ont le corps allongé et percé à
ses deux extrémités d'une bouche et d'un anus.
ALLOTR1E s. f. (al-lo-trî — du gr. allotrios,
disparate). Entom. Genre d'insectes hyméno-
ptères delà '----•"- J 1. -•--■-- -x -...-_.
renferme qu
Angleterre.
— Ornith. Genre de passereaux, intermé-
diaire entre les pies-gnèches et les fourmi-
liers, renfermant deux espèces qui habitent
l'Inde.
ALLOTRIODONTIE s. f. (al-lo-tri-o'-don-tî
— du gr. allotrios, étranger; odous, odontos,
dent). Chirurg. Implantation anormale des
dents.
ALLOTRIOLOGIE S. f. (al-lO-tri-O-lo-jî —
— du gr. allotrios, .étranger; logos, discours).
Scolast. Défaut qui consiste a introduire dans
un discours, ou dans une doctrine, des pen-
sées ou des idées qui ne se rapportent pas au
sujet principal.
allotriophage s. (al-lo-tri-o-ia-je —
rad. allotriophagie). Pathol. Qui est atteint
d'allotriophagie. '
allotriophagie s. f. (al-lo-tri-o-fa-jî—
du gr. allotrios, étranger; phagein, manger).
Pathol. Dépravation de l'appétit, qui porte à
manger des substances non alimentaires et
même nuisibles à la santé.
allotriophagiQUE adj. (al-lo-tri-o-fa-
ji-ke — rad. allotriophagie). Pathol. Qui a
rapport à l'allotriophagie : Affection allo-
TRIOPHAGIQUE.
ALLOTRIOTECNIE s. f. (al-lo-tri-o-tèk-nî
— du gr. allotrios, étranger ; teknon, enfant).
Méd. Expulsion d'un produit fœtal mon-
strueux.
ALLOTROPHIQUE adj. (al-lo-tro-fi-ke —
iu gr. allos, autre; trophè, nourriture). Se dit
80 l'état qu'acquièrent, au point de vue de la
nutrition, certaines substances organiques,
comme la fibrine, et l'albumine du sang dans
les altérations de ce liquide.
allotropie s. f. (al-lo-tro-pî — du gr.
allos, autre; iropos, changement). Chim. Pro-
priété en vertu de laquelle un même corps
peut présenter plusieurs états doués de pro-
priétés chimiques différentes : II y a entre
V allotropie et l'isomérie une différence sem-
blable à celle qui existe, en histoire naturelle,
entre la race et l'espèce. (Naquet.)
— Encycl. Pour Berzélius, l'allotropie n'est
jwtre chose que l'isornérie des corps simples.
« Plusieurs corps élémentaires, dit-il , ont la
propriété singulière d'affecter, sous l'influence
de certaines circonstances qui ne sont pas en-
core déterminées, un état extérieur ou des
formes différentes, qu'ils paraissent conserver
dans plusieurs combinaisons. Nous désignons
ce fait par le nom à'allotropie. » Un certain
nombre de chimistes contemporains donnent
un sens différent à ce mot. Ils considèrent
l'allotropie comme la propriété en vertu de
laquelle un même corps peut passer d'un
état moléculaire à un autre état qui en dif-
fère par des caractères chimiques. « Un corps,
dit M. Naquet, peut-il, dans des conditions
données, se présenter k nous sous deux états
doués de caractères chimiques différents ?
Si l'on peut le faire passer facilement de l'un
à l'autre de ces deux états, on aura affaire à'
deux, états allotropiques ; si, au contraire, ces
deux états sont assez éloignés pour n'avoir
entre eux d'autre rapport que leur constitu-
tion commune, s'il est impossible de passer de
l'un à l'autre, on aura un phénomène d'isomé-
rie proprement dite. » L'ozone est un état allo-
tropique de l'oxygène. Le soufre possède six
états allotropiques : soufre octaédrique, soufre
prismatique, soufre jaune insoluble, soufre
rouge insoluble, soufre rouge soluble, soufre
noir; le phosphore en possède deux: le phos-
phore ordinaire et le phosphore rouge; le car-
bone en affecte trois : l'état amorphe ou celui
' du charbon ordinaire , l'état' octaédrique ou
celui du diamant, et enfin celui du graphite.
allotropique adj. (al-lo-tro-pi-ke —
rad. allotropie). Qui résulte de l'allotropie:
Le soufre peut se présenter sous trois uspects
allotropiques. (Rev. scient.) Faraday et Ber-
zélius y voyaient une simple modification molé-
culaire, un état isomérique ou allotropique.
(L. Figuier.)
ALLOUABLE adj. (a-lou-a-ble — rad. al-
louer). Qui peut être alloué, accordé: Cette
dépense n'est pas allouahle. (Acad.)
ALLOUANCE s. f. (a-lou-an-se — rad. al-
louer). Se dit d'une somme allouée, accordée
. à quelqu'un : Quelques faibles allouances sont
accordées à des hommes de talent ou à des mal-
heureux quise rattachent par des services au dé-
partement des affaires étrangères. (Chateaub.)
ALLOUANT (a-lou-an) part: prés, du v.
Allouer.
alloué, ÉE (a-lou-ê) part. pass. du v. Al-
louer. Accordé : Traitement alloué. Dépenses
allouées. Somme allouée. Presque tous les
petits clercs ont une vieille mère logée à un
cinquième étage, avec laquelle ilspartagent les
tre>Ue ou quarante francs qui leur sont alloués
par mois. (Balz.)
— s. m. Hist. Nom du second des juges,
dans certaines juridictions. Le premier se
nommait sénéchal, et le troisième lieutenant.
li En compagnonnage, se disait de celui qui,
ayant fini son apprentissage, continuait à tra-
vailler sous la direction de son maître.
u tr. (a-
-. — Pr
■lou-é
- du lat. ad
ALLOUER
four; locare , placer. — Prend ... _ __.
i aux deuxprem. pers. pi. de l'imp. do l'ind.
et du prés, du subj. : Nous~allouïons. Que vous
allouiez). Approuver, accorder, attribuer :
La budget n alloue aucun traitement à ces
fonctionnaires. La Chambre n'a pas alloué
celte dépense. Ces diplomates dépensent facile-
ment en frais de représentation bien au delà
des sommes exorbitantes que leurs gouverne-
ments leur allouent. (Schnitzler.)
— Par anal. : Son père lui alloue deux
cents francs par mois pour son entretien.
— Par ext. : Tel est le triste sort que la
philosophie veut nous allouer en civilisation,
(Fourier.)
S'allouer, v. pr. Etre alloué : Cette somme
nt trop forte; elle ne pourra s'allouer.
ALLOUItY (Louis), journaliste français, né
en 1805, fut d'abord attaché à la rédaction du
Journal des Débats, où il donnait le compte
. rendu de la Chambre des députés, il a soutenu
avec talent et dévouement la monarchie de
Juillet. Aujourd'hui , il traite dans la môme
feuille les questions de politique générale. C'est
un des journalistes les plus distingués de notre
temps.
ALLOUVI, IE adj. V. Alouti. - ■ -
ALLOXANATE s. m. (al-lok-sa-na-te— rad.
alloxane). Chim. Sel formé par la combinaison
de l'acide alloxanique avec une base. Les al-
loxanates qui ont pour bases des alcalis sont
solubles; les allaxanates neutres qui. ont pour
bases des oxydes do métaux pesants sont dus
ALL
ou moins insolubles ; les alloxanates acides se
dissolvent aisément.
alloxane s. m. (al-lok-sa-ne — de al,
abrév. de allantoïne, et de oxalique, parce que
l'alloxane a été considéré par les chimistes
qui l'ont analysé comme représentant les élé-
ments de l'allantoïne réunis à ceux de l'acide
oxalique). Chim. Substance qui se produit par
l'action de l'acide azotique sur l'acide uriqire.
— Encycl. "L'alloxane est très-soluble dans
l'eau ; sa solution colore la peau en-pourpre au
bout de quelque temps, et lui donne une odeur
nauséabonde; il rougit, comme les acides, le
papier de tournesol , mais ne décompose pas
les carbonates de chaux et de baryte. Val-
loxane se combine avec les bases, mais on ne
peut l'en séparer sans le transformer
alloxanique. Cette substance
a été décrite pour la première fois par Bru*
gnatelli, qui lavait nommée acide érythrique ;
elle a été étudiée avec soin par MM. Liebig et
Woehler.
ALLOXANIQUE adj. (al-lok-sa-ni-ke — rad.
alloxane). Chim. Se dit d'un acide qui se pro-
duit par l'action des bases sur l'alloxane. On
prépare l'acide alloxanique en décomposant
une combinaison d'alloxane et de baryte par
l'acide sulfurique dilué. Il se présente sous la
forme d'une masse gluante.
alloxantine s. f. (al-lok-san-ti-ne —
rad. alloxane). Chim. Substance qui se pro-
duit lorsqu'on dissout l'alloxane dans l'acide
dialurique. L'a^oxantàie cristallise en prismes
obliques rhomboïdaux , incolores ou légère-
ment jaunâtres, transparents et durs. Elle
est très-peu soluble dans l'eau froide, se dis-
sout mieux dans i'eau bouillante, et rougit
les couleurs végétales d'une manière tres-
sensible ; les agents oxygénants la convertis-
sent en alloxane.
ALLRUNES ou ALRUNES S. f. pi. (aî-ru-ne
— rad. runes , caractères Scandinaves). Nom
donné par les anciens Germains soit à dos
espèces de poupées auxquelles ils deman-
daient des oracles, soit à leurs sorcières, soit .
à des racines de plantes auxquelles ils attri-
buaient des propriétés merveilleuses.
ALLSTON (Washington), peintre, surnommé
le l'itien des Etats-Unis, né en 1779, dans la
Caroline, mort en 1843. On cite comme ses
plus belles productions : le Songe de Jacob,
Saùl et la sorcière d'Endor, et le Festin de
Balthazar,
ALLUCHON s. m. (al-lu-chon — du lat.
alicula, petito aile). Mécaniq. Dents de bois
dont on garnit, dans certaines circonstances,
l'une des roues dentées, et qui ne font pas
corps avec la couronne de cette roue.
— Encycl. Quand les dents d'un engrenage
doivent avoir une longueur considérable, il
faut, pour qu'elles offrent une résistance suffi-
sante, si elles sont en bois, que le fil du bois
se présente dans la direction.de la roue den-
tée, ce qui ne peut avoir lieu quand on taille
les dents dans l'épaisseur de la couronne ; et
si elles sont en fonte, il faut qu'on leur donne, à
cause de leur grande longueur, une épaisseur
qui pourrait devenir trop considérable et gêner
Eour le tracé de l'engrenage. Dans ce cas. que
i couronne soit en fonte, en fer ou en bois,
on pratique sur son pourtour des mortaises
profondes, dans lesquelles on chasse des pièces
en bois dur. Ce sont ces pièces que l'on appelle
alluchons. On y distingue quatre parties : la
tête, le corps, le tenon et la clef on cheville. La
tête est l'extrémité extérieure : elle est fa-
çonnée suivant la courbe donnée par le tracé
adopté pour l'engrenage, c'est-à-dire sous la
forme d'une épicycloïde, ou sous celle d'une
développante de cercle. Le corps est la partie
située immédiatement au-dessous de la tête :
il a la forme d'un parallélipipède rectangle.
Le tenon, ou l'extrémité inférieure , s'enfonce
dans la mortaise : il a la même hauteur que le
corps, mais inoins 'de largeur, de sorte qu'il
existe à leur jonction deux saillies ou épaule-
ments par lesquels l'alluchon s'appuie sur la
couronne. Enfin, la clef est une cheville ronde
ou plate qui maintient l'alluchon en place, en
passant dans un trou pratiqué dans la couronne
et le tenon.
allumage s. m. (a-lu-ma-je — rad. allu-
mer). Action d'allumer ■ résultat de cette ac-
tion : .L'allumage des lanternes publiques est
poêle. (Th. Barrière.)
ALLUMANT (a-lu-man) part. prés, du v.
Allumer : Il me semble quil ne pleut plus, dit
Rodolphe en allumant un cigare. (E. Sue.)
allume s. m. (a-lu-me — rad. allumer),
Techn. Brandon qui sert pour allumer le feu
d'une forge, d'un four, d'un fourneau. On
l'appelle aussi fiambart dans certains ateliers.
— Pop. Locution exclamative pour encou-
rager, exciter, et qui signif. Dépêchons! cou-
rage I hardi ! Nous sommes enretard, allume I
,lume ! 11 Cette. locution est aussi employée
pour
ALLUMÉ, ÉE (a-lu-mé) part. pass. du v.
Allumer. Qui a pris feu : Le feu était si al-
lumé qu'on n'osait en approcher. (M'ne de
Sév.) Quand le loup voit des feux allumés
autour des troupeaux , il n'en approche guère.
(Buff.) Le tabac allumé garnit les pipes agréa-
buveurs. (Rog. de Bcauv.)
Un et
Qu'avi
n n'y voyait ù midi
1 la chandelle allumée, Ari
ÀLL 223
sensibilité excessive allume Vimaginatian et
quelquefois en fait jaillir des éclairs de génie.
(Laténa.)
Ils allument contre eux une implacable haine.
Corneille.
dans la marine avec le même _ , ,.
exciter les matelots dans l'exécution d'
manœuvre.
ALLUME-FEU s. m. Bûche préparée pour
allumer le feu. il Petit appareil s'adaptant à
— Par anal. Se dit de tout ce qui, par la
chaleur, l'animation ou la couleur, a du rap-
port avec l'état physique d'une chose allu-
mée : Ma chère enfant, pourquoi étes-vous allu-
mée ? pourquoi votre sang est-il colère ? (M"" de
Çév.) Elles ont le visage allumé et plombé
par la peinture dont elles se fardent. (La
Bruy.) Ils avaient tous le visage assez allumé
par le déjeuner. (Balz.) Elle a les cheveux un
peu défrisés, la joue légèrement allumée. (Th.
Gaut.) 11 Se dit aussi en parlant d'un homme'
dont l'état touche à l'ivresse : J'étais un peu
plus allumé gué de coutume. (G. Sand.) Le
regard allume de Philidor annonçait l'ivresse.
(Montépin.)
— Fig. Excité: La guerre était allumée*
entre la France et les Iroquois ; ceux-ci avaient
l'avantage. (Chateaub.) Bien n'est plus opposé
au bonheur qu'une imagination délicate, vive
■et trop allumée. (Mme de Lambert.)
Far le sel irritant la soif est allumée. Boileau.
— Blas. Se dit des yeux des animaux quand
ils sont d'un autre émail que le reste du
corps. Famille Romecourt : d'or, à l'ours pas-,
sant de sable, allumé d'argent, il Quand il
s'agit du cheval on dit animé. Il Se dit aussi
des flambeaux, des bûchers et de toute autre
pièce dont il sort une flamme d'une couleur
différente. Général Cambronne : d'azur, au
lion d'or en abîme, à l'orle de dix grenades
d'argent allumées de gueules ; franc-quartier
de baron militaire.
ALLUMELLE s. f. (a-lu-mè-le — rad. allu-
mer). Nom qu'on donne au fourneau~de char-
bon de bois, quand le feu commence à y
prendre.
— Art milit. Epée mince et déliée, dont on
se servait au moyen âge pour percer l'ennemi
au défaut de son armure.
allumer v. a. ou tr. (a-lu-mé — du lat.
ad, à, et lumen, lumière). Produire, commu-
niquer le feu et par conséquent la lumière :
Allumer une allumette. Allumer un charbon.
Allumer une chandelle, une bougie, une lampe.
L'absence diminue les passions médiocres et
augmente les grandes, comme le vent éteint les
bougies et allume le feu. (La Rochef.) Dans
notre pays, il faut allumer des flambeaux de
cire, qu'on avait en abomination dans les pre-
miers temps. (Volt.) Lé froid devint si piquant
nnous fûmes obligés d' allumer un feu de
yères. (Chateaub.) Enfin, on entra dans la
tente, on alluma une lampe. (Alex. Dum.) Un
homme de fort mauvaise mine était entré chez
elle pour allumer sa pipe: (G. Sand.) On veut
que tout soit éclairé à huit heures précises, et
j'en ai encore pour longtemps à allumer tant
de lustres. (G. Sand.) L'Eternel a créé la lu-
mière,, l'homme a allumé des flambeaux et
s'est fait ainsi un jour éternel. (A. Martin.) Il
suffit d'une étincelle pour allumer an incen-
die, et il faut quelquefois des heures entières
pour allumer un foyer. (M""> E. de Gir.)
— On dit allumer du feu pour faire du feu :
Pour purifier l'air, Hippocrate fit allumer de
grands feux dans les rues d'Athènes. (Bar-
thél.) Les Indiens allument du feu en frottant
deux morceaux de bois l'un contre l'autre. (A.
Rion;) 11 On dit même, par nn abus de mots
encore plus marqué, Allumer la lumière. Ces
deux manières de s'exprimer sont des pléo-
nasmes évidents; mais elles ont été adoptées
par l'usage, qui fait foi dans toutes les lan-
gues. Du reste, ce n'est pas la seule irrégula-
rité de ce genre qu'offre notre vocabulaire.
— Métaphoriquem. : L'Etre suprême alluma
' le soleil, et le tança avec les autres planètes
dans la vaste solitude des airs. (Barthél.) Les
amants sages allument le flambeau de l'ami-
tié au soleil couchant de l'amour. (A. Guyard.)
L'amour alluma en un seul et ardent foyer
toutes les passions de Mirabeau. (Lamart.)
Je m'en vais de l'hymen allumer le flambeau.
Reonabb.
L'amour est innocent quand la vertu l'allume.
Lamartine.
C'est donc pour un ami que tu veux que mon âme
Allume, à ta prière, une nouvelle flamme ?
. — Fig. Exciter, provoquer, en parlant de
choses dont le développement, l'irritation,
semblent offrir une certaine analogie avec le
feu : Allumer la guerre, la discorde, la v'en-
' geance. Allumer les passions. Défiez-vous de
l'ambition : elle allume la jalousie; elle gâte
les plus beaux naturels. (Fén.) J'ai lu Clarisse
Harlowe pendant ma fièvre; cette lecture m'al-
lumait le sang. (Volt.) Le premier développe-
ment'des sens allume chez l'adolescent le feu
de l'imagination, (i.-i. Rouss.) /k allumaient
dans tous les cœurs la soif ardente des combats,
(Barthél.) La vue continuelle du sang, même
en peinture, peut en allumer la soif. (Boiste.)
Quand la Providjmce veut qu'une idée embrase
le monde, elle /'allume dans l'àme d'un Fran-
çais. (Lamart.) Une étincelle suffit pour allu-.
mer t'enthousiasme. (E. de Gir.) Le privilège
est la torche qui, depuis soixante ans, allume
en France toutes les révolutions. (E. de Gir.)
Certains courtisans se font une e'fudetf allumer
le vice et d'éteindre la vertu. (Chateaub.) Une
— Argot: N'y a-t-il pas ici des cuisiniers?
Allumez vos clairs et remouchez. (Balz.) C'est-
à-dire : Ouvrez vos yeux et regardez.
S'allumer, v. pr. Prendre feu, s'enflammer;
être allumé : Le feu s'allume. Le gaz s'allume
de toutes paru. Le bois sec s'allume aisément.
Et voilà le voyageur et le brigand, cigare contre
cigare, aspirant et polissant des bouffées pour
s'allumer plus vite. (Th. Gaut.) Les innom-
brables cierges s'allumaient lentement, comme
des étoiles naissant une à une dans le crépus-
cule. (Clém. Robert.) A l'intérieur déjà sombre
du cabaret, les quinquels s'allumaient con<re
les murailles nues. (Clém. Robert.)
— Fig. : Ses yeux s'allument et s'éteignent
dans un moment. (Pasc.) Mon saiig s'allumait
dans mes veines. (J.-J. Rouss.) Le flambeau du
génie ne s'allume jamais qu'aux rayons de la
vérité. (De Ségur.) Le soir, comme tes étoiles
s'allumaient, je me suis promené de l'autre
côté du fleuve. (V. Hugo.) Son ont s'allumait
de plus en plus. (V. Hugo.) L'amour s'allume
souvent à la première vue. ( Laténa. ) Les
âmes s'allument l'une à l'autre comme des
flambeaux. (J. Simon.) '11 Etre excité, provo-
qué : Plus il aime le monde, plus ses désirs
s'allument. (Mass.) Voyez quelle indignation
s'allume en nous quand l'attente du bonheur
est frustrée. (Volt.) C'est par les ombrages
donnés à tous vos voisins que cette guerre s'est
allumée, yen.) Elle verrait la persécution
s'allumer contre elle plus violenteque jamais.
(Boss.) Un sentiment généreux s'alluma dans
son âme. (Villem.)
Ma jalouse fureur t'est trop tôt allumée.
Quel bruit! on boit, 0
— Prov. : Il n'est bois si vert qui ne s'allume,
Il n'est rien de si difficile dont on ne puisse
venir à bout.
— Antonymes. "Désenflammer, éteindre,
étouffer, souffler (la chandelle), souffler (sur
quoique chose).
— Allus. llttér. E< dans de faillies corps
de Racine le fils, dans son poème de la Meli-
gion. V. Courage.
ALLUMETTE s. f. (a-lu-mè-to — rad. allu-
mer). Petit brin de bois, de chènevotte, etc.,
soufré par un ou par les doux bouts, qu'on
enflamme, et dont on se sert pour communi-
quer le feu, la lumière: Un paquet d'ALLU-
mettes. Prenez une allumette et allumez
cette bougie. Les allumettes soufrées ont été '
longtemps le meilleur moyen de se procurer du
feu. (Encycl.) A Paris, il n'y a pas de petit
commerce; tout s'y agrandit, depuis la vente
des chiffons jusqu'à celle des allumettes.
(Balz.) Un marchand d'ALLUMETTES a l'instinct
de l'accaparement. (Balz.) — Deux membres
d'une société philanthropique do Londres
?uêtaient à domicile. Ils se disposaient à en-
rer dans une maison d'un extérieur simple,
mais très-convenable, lorsqu'ils entendirent
le maître gourmander très-vivement sa do-
mestique pour avoir jeté une allumette qui
n'était usoo que d'un seul bout. Ils se regar-
dèrent en souriant, et déjà ils s'éloignaient,
quand le maître, paraissant sur la porto, les
appela. Il n'eut pas plus tôt appris le but de
leur visite, qu'il leur remit une somme fort
ronde. Ils parurent surpris au plus haut point
de cette preuve de générosité, et n'hésiteront
pas à lui faire connaître la cause do leur
etonnement : « Messieurs, leur dit-il, c'est
pour avoir économisé des bouts à' allumettes
que je puis obliger si largement vos pauvres
dans cette circonstance. »
— Fig. Se dit quelquefois d'uno' personne
très-inflammable : C'était une véritable allu-
mette. La duchesse de Villeroy devient fort
jolie et fort aimable; voilà pourquoi j'étais
fâchée que cette allumette Jï'ettt point pris.
(Coulanges.)
— Mar. Sorte d'artifice employé dans les
brûlots.
— Tcchn. Morceau do forte toile, enduit de
soufre, dont on se sert pour soufrer le vin ou
mécher un tonneau.
— Encycl. Les anciennes allumettes étaient
de simples bûchettes de bois ou des cbène-
vottes trempées par un bout ou par les deux
bouts dans du soufre fondu : elles ne don-
naient pas elles-mêmes du feu, car on ne pou-
vait les enflammer qu'en les mettant en con-
tact avec un corps déjà en ignition. Les
allumettes modernes, ou allumettes chimiques,
datent du commencement de ce siècle. Il en a
été fabriqué plusieurs espèces. Les premières
connues parurent vers 1809. Elles se compo-
saient, comme les précédentes, de bûchettes
soufrées ; mais, après le soufrage, on impré-
gnait leurs extrémités avec un mélange de
chlorate de potasse, de lyeopode, de soufre et
d'eau gommée. On enflammait ces allumettes
oxygénées, comme on les appelait, en les plon-
geant dans de l'acide sulfurique concentré. On
rejnplaça, en 1832, par les congrèves ou
2U :
ALL
AMSl
ma.
et d'eau gommeuse , et qui prenaient feu
quand on trottait leurs bouts préparés sur un
morceau de papier de verre. Un an plus
tard, on perfectionna ces. dernières en ajou-
tant du phosphore à' la pâte, ce qui produisit
les allumettes phuspkorigues, 'nommées aussi
auùmettes chimiques allemandes ,' parce que
c'eat en Allemagne; principalement à Vienne
et à Darmstadt, que l'on s occupa d'abord de '
leur fabrication. Les allumettes j>hosphoriques
se répandirent partout. Toutefois; on ne tarda
pas 'a s'apercevoir que' la présence' du phos- 1
Shore, corps , éminemment vénéneux, les reni-
ait très-dangereuses. D'un autre côté, leur
extrême inflammabilité donnait souvent lieu à
de graves accidents. C'est pour remédier; à
ces deux inconvénients qu'on' a imagine 'lés
allumettes hygiéniques ou 'allumettes 'de sûreté,
et les allumettes andrôgyneè, aansléscjùelles'''0'
phosphore rouge, 'qui n'est point vénéneux,
remplacele" phosphore ordinaire ou phosphore
blanc' Dans lès allumettes hygiéniques, fa bû-
hygiéniques,'fa 1 "
chette porté là pâte' au chlorate, et le ph<
phore estJdéposé: sur un frottoir isolé. Lés
allumettes ànafogynes ont un dé leurs bouts
imbrégnéide phosphore et l'autre de pâte au
chlqrate'/'éri' sorte qu'il suffit, pour les enflam-
mer, de' tes rompre en deux morceaux et d'ap-
pliquer les deux parties l'une" contre l'autre.
Plusieurs fabricants ont obtenu le même ré1-
sujtat en imaginant' 'des pâtes' particulières
dans ' 'lesquelles À\ n'entre aucune' ' espèce ' 'de'
phosphore^ Tel, est le cas dés ' allumettes Ca-
noùit, dont la pâte est un mélange de' chro'-'
maté et dé' chlorate dépotasse, de peroxyde dé
plôinb, dé sulfure d'antimoine, de pierre ponce
ou de yèrre pilé),dè gonîme'ét'd'eau.''Aii lieu
de bûchettes' dé' bois, on';fait quelquefois 'le
corps'de l'allumette avec 'dès mèches' de coton
trempées dans la ciré fondue, et l'ôrf obtient
ainsi des àllumettès-bougiesl ' 1" , ', ' '■
ALLUME-PtlER, ère s. (a-lu-m'è-tié, è-re
— rad. allumette). Celui, cellequi fabrique
ou-qui vend les-allumettes. >'•>,,. m t. , ,, , k,'
allumeur, euse s. (a-lu-meur^ en-zè —
rad: allumer). Celui', celle qui vesx chargé'
d'allumer régulièrement los réverbères,- les
becs de gaz,' les cierges; etc. : Li allumeur
d'un théâtre. (Acad .7 Je pensai aussi à entrer
au' théâtre comme machiniste , comparse, ou
allumeur*. (G." Sand:) En Angleterre; lors de
l'émigration, le marquis de Moiitbazèt 'se fit
allumeur de réverbères. '(Ed. Texier.) - '
ÀllumièRE s. f. (à-lu-nrï7è-re ±- rad. allu-
mer). Boliè aux allumettes.' il' Lieu où l'on
fabrique les allumettes. .!.,,, -•<•'■,
allure S; f. (a-lu-re — rad. aller)^ Façon
de, marcher, de porter le corps; attitude : Je
le reconnus à son allure. (Acad.) Il s'efforça
de conserver une allure de calme et de modé-
ration. (Balz.) En tout, il a horreur de\ce qui
peut rappeler /'Allure bourgeoise. (Balz.) Ar- ;
mand était d'une taille élevée; /'allure natu-
relle de son corps dénotait la force. (F. Souliô.)
On peut connaître les caractères et les facultés
des individus à leur allure extérieure. (E.
Thoré.yil le suivit des yeux et remarqua quel-
que chose de singulier dans son allure. (G.
Sand.) Elle avait adopté cette allure de peur
de mouiller ses brodequins dans lârosée:-{Slû-
Beuvei). ; ' ' .■ , i . ■'. i '■'•■ ■■ ■..'. ■ '. :
— Se dit aussi en parlant des- animaux :
i'ALLURE' de l'éléphant est un peu rude, mais
sûre, (ftichelet.) Le lion a > F allure- fière et
--- - (Buff.) le fournisseur entrait alors avec
re' d'un chat qui sent du lait- dans un
office. (Balz.) Bajazet, mécontent de /'allure
d'un de ses' faucons, fut au momentide' faire
décapiter deux mille fauconniers: (E'Blaze.)
i'ALLDRE dû coq est vive ef assurée. '(Cuvier.)
il Mais se dit particulierem.de la façon, de
raarcher du clieval : Cette jument a une allure
fort douce. Les allures naturelles' du 'cheval'
soiit' le pas, te trot et -te ■galop: (Acad.) Elle
mit son cheval au' pas, et je ralentis /'allure
du 'mien. (E: Sue.) Il était enfourché sur un
cheval dur «f allure autant que de bouche:'
(Çssc Merlin.) il Se dit même quelquefois des
choses : La comète prit ' une allure- j? lus -ra-s
pidé: Son .fils- menait ,'de'l' Islë-Adâm à Pa--
ris, un coucou' ' ^allure assez -■■ capricieuse.
(Balz:) ' • ' '■' ^ ■ 1 ■_'.'. .
''r^.Fig. Manières de procéder, façons d'agir,
caractère propre à 'certaines personnes' ou à
certaines choses : // prend avec nous des al-
lures oui ne sont pas coiwenables. Il faudra '
bien qu il change (/allures. (Acad.) Ses al- '
LUREs'sqnf un peu vives. (Le Sage.) C'est -une
rien dit tout, cette petite femme-là; je connais
ses" allures. (Bàlz.) Il y a des esprits fatigués '
qui vont'l'amble et lé tràquei'arâ; mais ieurhiJ-
lure ne déplaît pas à tous les goûts. (Jbubert.)
lï'faùt s'incliner devant tes allures graves et
hau tes de' la justice. ( Alex.' D u'm .1 L'immoralité .
sait varier ses allures. (Latéria.) La science est
une reine dont les allures doivent être fran-
ches et libres. (Bastiat.) L'opposition change
de1 forme comme les gouvernements : elle ne
peut, avoir les mémési allures dans un pays
libre que , dans les contrées soumisesàu bon
plaisir' et à l'absolutisme.' (Havin.) Chaque
g'pnre d 'éloquence, â. son temps, son lieu, sa,
p.hysionbmie , son allure et ses'mceursï (*'")
Ce sont' les mêmes allures de' stylé refroidies
par fexpé>Hençe'et'lès'ans.'{F.V!oy.) On peut
étfîéun digne , magistrat, sans donner' a sa vie
les formés d'ùn,arrèt'ou ,/' allure d'un réquU'
sitoirel (J.'Sàndeau.) Se ne, vous crains pas';
je tais vos allures. (V. Hugo.) 'Allons^ conve-,
ne;' qu'il faut que f aie été bien' légère -dans
n
.'..... Dans leur allure différente,
L'adroit talent produit, mais lé génie enfanté.''
"' •"■' ' '■■■.■ H .1 -MOLLEVAULti
SAINTE-BEUVE.'-'' '
il Tournure que "prend une1ïlîdsë'';;Cei{*eFa/-,
faire prend une'màuvaisè ÀLtoRÈJ une 'allure'
inquiétante. (Acad.) ' 7/ 'se 'regardait '-'dàns'Ha '
gldhi comme pour.'éeliàpp'enàSun'i.conveTSatùm
cfoitf- /'alloue' se-gàtait de minute emminutéli
(G; Sand.) •■ .lv- ,-■'. -.Wt.e'l n> n.i^r.u.-' r,
— Mar. Direction de la route d'un ^bâtiment
par ii rapport à céU&"da»venfc,ret,?commei
séquence, disposition de voilure appropi
cette: routei' Ainsi;>un navire tient ■ Poilu
est. sous l'allure. du' plus prèsjlôrsqueila'dif i
rection de sa'route/estceIlê.'qùl>s'approch&leri
plus dé celle du vent : Il y à au/an/d-ALLÛRES
qu'il peut exister de routes'nécessitàntùn chan-:
gement, dan$.:la positiqnjdç^laygoilure.JQç
Bqnnefpux.j On^iistingue trois khhVBSs'prinr.. ■
cipafes •.àu,piusprès,vent^lar'guéi'vent arrièr'e.
(De' ChesneL); , ,:,_,.,.. n '.,'j'iu-ii 'j j-' ml-Ji'-'i '-■ n-<
' .tt- yen. Manières .différentes don^ .marchent
les . bâtes ; ' lorigiieiir„ de léur1',pias ,:'X'e.'pted ,dv. ,
cerf est mieux -fait çue'ceïui^e.îa'iicAé/fa/
jambe est plùs^ grosse, ses voies 'sont' mieux-
tournées et 'ses allures plus.grandés. "(Buffi)'ii
- L'end roit'par'où elles passent'.71 Ui ■''"1-i1 '""J
■■^■'-M'inéri Etat, marche; drun -filôn/danSJilà
rochb, daris le-férrain'qù'ilftraversè.- ■■■>'•* --■> ' i ■
— Métàllùfgt'Mâriière dont :un féiï,J ôu^runl
fourneau1 fonctionne :dàiis' les1 opérations mé-
tallurgiques:' '-,*: ' ' '' •"''•" ' rJ-" rii'jtnn.Hij -'i1 ^["i![
'^f En'cyc.i.1 Art 'vétér.' rOn désigné s'otis^lè
nom à'àilurésùnè suite de 'mouvëméDts'divèrVj
sèment combinés et plus ou'-moihs rapides, '
par' lesquels les quadrupèdes JseUransperte'rit
d'un lieudans un autre. C'est surtout chez île '■
cheval' que les allures méritent une attention-' ■
particulière,- puisque de 4a ! forcé' etideMa''
liberté des mouvements de cet animal dépend.'
la'sommeidesîservices qu'il. peut rendre. ut ,:i
Les allures peuvent -être' naturelles ou ac-
quises par -l'éducation. Les allures naturelles'
sont au nombre -de sept:: le pas,fe trotïl&ga-
lop, Yamblé, le' traquenard^' le ^pas. fè/èue'et:
ï'aubin: (V: ces'mots.) Elles ont' été divisées f
en-bonnes et en défectueuses1; une seule, Vaubin, -■'
appartient à cette seconde "catégorie ,^£ar
l'amble, le traquenardet le pasrelevé, 'quoique -
rejetés avec raison des manèges, peuvent être
recherchés pour dertains 'Services: ^ ''''I ><~. ■;
'Quelle que sôitVallure', chacun 'des membres' '
est' successivement appuyé sur 'lé' sol et sou-
tenu en l'air. On dit que le membre est à Vap- .
pùi dans le" premier eas,.'âu soutien dans le'
second .'On petit décomposer eh' deux temps-
secondaires ces deux' temps primitifs. "Ainsi-
l'on "distingué dans le premiërde 'poser', '.'rno-1'
ment où 'le 'membre' touche le sdl;'et l'appui'
proprement 'dit, ' moment pendant lequel '" il -
est Complètement eh lfâir'.11 -^ ' '""' -t " :y
Dans une' allure1, quelle qu'elle soit,'.Jqn dé-
signé, sçjus le norn de pas complet ,1a .succession '
des mou,vomeots'des quatre,' extremité.'s7 soit
qûépelles-rci agissent deux^a deux, comme, d'ans
le trot y soit qu'elles agissent isolémeûtj'coiftiiié ;
dans, le,pasiJ ;;/'"''''' '■ :',1 'li, ',]]!{' ''[,"^'1'.
'Le .transport du corps -d'un lieii, à ;un ,autrer
se produit , par jle- dé'pIacemèntj'duV'centre de -
gravité en avant j par conséquent, .par une,.
rupture de l'équihbre qui, existait pendant, la \
station. Les] membres se .portent' successive- 1
ment . enj ayant pour 'empêcher , là 'rchute* du
corps, et" toujours avec d'autant plus de ràpi- ■
dite que cette'.cbûte est plus imminente. De-là-
ce,, principe que l'instabilité, daris, les allures
des .animaux est, la '.mesure, de, la(vitesse des:"
nipuvements.'Sné galop est'ia^plus rapide des
aifùr/s,, c'est en .raison ,'dei la;,ma'nierêj,peù
stable-dont, le.côrps est supporté- par lesextré- "
mités, pendant ce mode de progression vl, 'r.',(., -
eLes allures "présentent , plusieurs idéfectuo-. .
sites qui-.dépendent, .les unes.de; la ,.conforma-.n
tionjôu de - l'habitude idejl'animal, les autresh
dliinjétat maladif de quelqueirégion des-mem- i
bres. On dit qu'un cheval isejberce. lorsque; .
pendant les allures, son corps'éprouvé un.ba- r
lancement latéral - très-prononcé', que l'on a,
comparé aux . oscillations d:un berceau ; îqu'il.
billarde, lorsqu'en marchantâl jette en dehors t
ses pieds antérieurs, employant à cette action ;
une force qui. est! soustraite -à la progression i
véritable ; qu'il s'attrape, s'atteint, se coupe^
lorsque, pendant les ■ allures', , le sabot d un!
membre ou. le fer qu'il porte touche la cou-,
ronne pu le boulet d un. autre membre, et dé-:
termine, suivant la gravitérdui chocj:soit une;
simple contusion, soit. une. plaie, plus ou moinsî
protonde. On dit qu'un chevîU forge, lorsque,,
pendant le trot surtout, et quelquefois aussi-
pendant le pas accéléré, il < tait entendre un
bruit particulier,^provenantdu cho.c de .son.
pied postérieur 'sur le fer-^du pied' antérieur-
qui- lui correspond j.qu'il./iafpe,' lorsque, affectéî
dV/)an)inisecl(V. ce mot), il. fléchit Aejjarreti
par un mouvement prompt et comme convul-
sif, dès que le pied- quitte le sol ; qu'il boite,
lorsque, pendant les. allures a percussionré-j
gulière, un membre ne prolonge, pas son appui
autant que les trois autres , '-et ne fait pas
entendre une battue aussi forte, ; i ,
a, démarche. La démarche peut
. d'abord pour un.petit seigneu
ie yanièr,cêt le'port el
En jun. moi,r\' allure, est, habituelle et l^démafr,
cAe^p'çiiientelle." De, là. vient,qu?pn dit une, dé-.
marché', et non" pas une aZ/ùré^noblê^ timiciq,]
contra,inte,vaffeçtée, embarrassée. La ,,ni"êmô
diff^'reriçe^ se 're'màrqué';'auplûriell,:1lpn''réj:^'n-q
naii 'l'hypocrite- à''ses ,ajl,lùrÉS; '*on' 'observe
(ojjifs.fipj n,É^ARCHESl;.'(Acaai)i ',^'t; tj1'*' ,J '.'^ ' .;
, ALLusiE, 'ivEladj'.^'tal-it^zifjiii-xeL— /Vadi f
allusion)-; Qui .contient-une ; allusion*: fihmse:
ALLUsivB.Tiies ipremièresi langues ,-dansï leur
mécani$rrte,,phy$iqye;!>étaient limitatives; . dans-, 4
leur application aux) idées, abstraites,, elles
étaient ALLysiyvES.,(Çh. Npd.)^ , .'. j ,CiTfl.
ALLUSIONiS-if. (altlù-zirOn — du.latr allu->
dere; formé, de oi/.vers; /actere; jouer). Rhét:,
Comparaison gui .se, -faits dans l'esprit,, et par .
laquelle -on dit une^hose^qùi-aidu rapport*
aveciune autre, -sansi faire une montion-ex-i
presse.dê, celle-ci : Le parterrgza. saisi toutes*
les. allusions que l'auteur .avait eu.dessein-de
faire. i(Acai.)yBensenade' faisait .au caractère
des .'personnes .des ■ allusions délicates -et pi--
quantes., (.Voit.) Une allusion plait. lorsqu'elle
offre à l'esprit une image neuve et 6e//e.](Car-
q^^^^^W^MM-
mént^peurt des' AhlÀisio^
nous prenons ' dés détours, 'extrêmes, ' qui ' 'nom
mènent- "précisément a 'd'autres ALEuslôfts^o/ûs
dangereuses.} (H>â<> E.dë G\i,)'Etûdiëz,r'egar-
dèz,' saisisses les allusions à leur1 passage 'et
fàitei-ren votre 'profit (Alex; Dum.) 'Là> pein-
turé 'dés' 'méursl'dàns'tàcomédiè,' s'annonce par
des;ki,ilvsi6às' piquantes' aux ridicules "du. jour.'
(Nisârd';)-'4>" '•'■■■ ;,";;;;,; ;":^'T-'a ,"-'
Qu'un docte badinage
Eohânge'flnEment noms, titres et langage;: iS
Et de l'allifsion que le- miroir secret . ■ -, - i ' ■ i
■ De vos raœlirs, en, proflj, révèle le secret. . ,, .
.'i-' .i'»: f: ","•?'' V"->t'ii'j'--î "' Çh'aussab-d. '. }
;-i Faire 'allusion* à quelqu'un, ;■£ quelque
chose, Eveiller^ le souvenir, de cette personne,
do ce^te chose,' par un mot ou par une phrase
quivjV; a -du. rapport.: La personne à laquelle
voiis /ai^*ALLusioN n'est, pour moi qu'.une con-
naissance d'hier: (Balz.) il S'empl; aussi^aveô
l'article et un complément-':' u Isr. convinrent ;■
pour, l'avenir r, de. ne jamais^ faire' lai moindre '
ALLùsiONi à' leur longue mésintelligence. (G.
Sand.;)-_!i.rr.-.' ■',--. i-, ! , w'..-v :■%•-,
'^Èncycl,'» L'allusion, dit' Emmanuel Du- ,
paty,' est,unê sorte d'allégorie 'qùrc'onsiste;
ofdinàirèmerit^dahs unlmôtvdàns une .phrase,' .
et qui insinue plutôt qu'elle në'àésignë le 'rap-
prochement qu'on' â 1 intention dé faire.':: C'est
une balle! qui-,' détournée' 'de la lî^riè'. droite,
frappe suruh -corps étranger'et arrive au' but
par ricochet. » Vdllùsion se tiré de, l'histoire,
de la 'Fablè,'des oeuvres littéraires)' dés coii- l
tuhiéSj'Més1 inœurs') de quelque 'pàrble''6u'
maxi'me^célèbre/C'èst une comparaison dis-
crëté'méht indiq'ûé'é qûè l'esprit au lecteur 'est
heureux d'achever ,"et qui; d un motj'fàit appel
à l'un de ses souvenirs historiques, mytliolo-
giqueSj'lîttéraires. En outre, 'elle peut renfet-
me'r- un "conseil, une1 leçon, un trait de satire
oude louange. Mlle de' Scudéry ayant trouvé/
le- ' prince 'de Côndé , -captif ' à Vincennês ,"
occupé -*à- cultiver un- jardin de ses propres'
mains, fit le quatrain suivant j qu'on peut citer -
comme" un exemple' d'allusion employée à' la
louange : ' '' --' , ■ "'J- '■ -^ i-i'.l'- r'.-
En Voyant ces œille'ts qulu'n^lustre.gue'mer '!,',*'
"Arrose dé'Ià main qui ga^h'a dès' batailles; • ■' I';'
Souviens-toi qu'Àpbllon'bâtissaifdes' murailles,1
Et ne t'étdîine pas que Mars soit jardinier. 'd ■ ■: ■ .
Les vers suivants, de Racine : ■ ' \ ' 'm '
. Eoui;,tout3>ambition, pour, vertu singulière, ~. : , t^ ,
'„ .... ,ii-k* — i.j,.!_. "-xliar'dari^la carrière, '^ . .
! en spectacle aûi-Ronïains,'
w™.™„™. une al
Lpili'S-X.iY;, »>■?'«, .r,;--, .... il..ri.^.._ —
a'nnéês''dé,'sori',règne)'dé figurer dans, l'es .bal-
lets, fêtes -et'"carrousèls qu'il, donnait" à' là'
cour. Depùis,Jlè jeiine roi renonça! à! se donner
en" spectacle dàns'cés réjoùissaii<!és':publique"'s.
Outre les' atlusioris historiques ; mytholbgi-
' "'"•'■ "" *' •" ^" " nsverbaJ' '
la plupart de celles qui figurent ci-dèsscus.J' '
' '-^ Èplthètes.^ Juste, naturelle, clairè?"tran^-
pâren'te^'éyidenté,' oblique, éqùivôqàê',''tirée,1
lorcé'ê', .obscure,' inintelligible, fausse, frbidé,.
insipide,1- adroite, heureuse', gracieuse',' ' fiât-;
téuse,1 charmante, ingénieuse; fine, délicate,
blessante, offensante,1 injurieuse ^outrageante,
cruelle.'sànglânte.— Historiqiiè)Jmythc>lqpque-j:
littéraire.^ J^;.1 * ' ,',',! '* ■'''•'' li^C'1'IT'}J'' ,. ' ', "' ,'-
- r^' Anecdotes. ^Carnot" disait de Talleyrand,
en faisant allusion- au caraclèrei-brén^connu
du drplomate : «.S'il-méprise tant, les hommes,
c'est qu'il s'est béaueoup^étudié.Vf ?> . \- . J!
>-'.1- [n- .. 3 :_:,...'»-; ,,, .iuqlxv-JiIA
' Lors de la fameuse affaire de la comtesse
dé : La"Motte,"le bruiteourait que le cardinal de
Rohan n'était pas' franc du collier:' - ' ;
Ahh-
c'était un Jaspn' qui, avait conquis la Toison T
ynpqëte, mendiant avait' adressé une pièce
de vers àssézl.'faJbleSja'^n ministre1 : «'Ces vers*
sentent" le co//égé,.jdlisajt^dn^,Non',';repriti
quelqu'un, ils sentent la pension.-» ' "
JJn cçrtaîn1 , përé''Hercuîè' ^ jésuite.1,' ' passait
pourr.faireVleSjSermôns'lle^spn éyêque. Quand
orijallàit aux .sermons , de" celùiici , on disait :
■ 'Allons. entendre lés travaux d'Hercule. » ".
tOn demandait à Voltaire comment il avait, •-
trbuvéi une oraison' i funèbrei: •■.Çonime -l'épee .
de Chartemàgne", > âit-il ; et personne ne corn- •
prenant l!a//un'on, il ajouta *longue_et plate.*, ■
' "Voiture, qui était fils d.'un marchand de vin,
jouait un jour aux proverbes avec des dames.
M'!? des Loges luiditien riant ; •« Çeiui-làne
vaut rién,-percez-nous-en d'un autre, f '"-..:
'Henri iy demandant à une jeune personne
de" sà'cotir,- (fui1 lui- plaisait* extrêmement, par
où'il fallait passer ponr arriver dans sa cliam- ■
bfë ':'■ «Par Vèglisêy sire) » répondit-eflè. *■ ■>
Riyarpl ayait'emprunté^à M. de Segur.'une .
bag'iie.où^était^'represènté'e'la* tête dé César'.»'
Quelques. jours^apres.^M".' de, S'égur la lui
rédémanua; .Riyarpl répondit :,«. César ne se __
réndp'as".'" "'- ^ ' ' """' ''."" •-
?yn'-,arçhevêque;charg.ea-unrjpur »in;abbé,de
lui faire relier un recueil de mandements, ;^n j
exprimant la crainte que le volume né fût trop "
!gros : > Non, nîonseigneilf, lui répondit son
secrétaire; quand on l'aura bien oâttu, cela
'sera fort plat.. » ;.'^ ,' ^ '' ."^-' ^., ' ', ' ' ;
Voltaire faisant quelques' corrections à sa
tragédie de Mérope', éveilla son laquais à trois
heures -du raatin,-ét lui donna des. vers; pour
qu!il les portât sur rie -champ à l'acteur qui
jouait le rôle de! tyran dans cette pièce. Le"
domestique s'en excusant, sous iprétexte que
c'était l'heure du. sommeil -■-. ■ -Va, te dis-je,
reprit Voltaire, les tyrans ne dorment jamais.»
.... . Jpér
dans un concert -de bienfâisanâe :-.on .l'atten-
dait le mâtiné dix" heures; elle'n'ai-rivo qu'à
midi'. Un des beàux'parleurs de la société s'é-
cria en là voyant : ■ Ah ! mademoiselle, encore
un instant, et j'allais fairecommeVatel. — Ehl
dit-elle, me prenez^yous pour une.-maréeî»/
"Un abbé demandait un bénéfice important
au" confesseur dé Louis XIV: « Votre heure
n'ësi, pas encore vende, dit le P. La Chaise;
— Elle viendra 'quand' il vôiis plaira-; reprit
l'abbé; car c'est vous qui golivernêz le Soleil. ».
(On sait que Louis XIV avait pris le soleil pour
eniblèihë.) ' v ■' '■ '- •'■ ''■'' •■■ ■'■
'Sahteuil disàit.ùn jbuir èL .Mi Caron, curé de
Sàin^Pierre-àùx-Bœùfs, dont l'église était'fort
pgtite':' « Monsieur, vous méritez un ^plùs grarid
vaisseau!', — Mon Dieu ( répondit finement le.
cure, je nié contenterais volontiers de la bar-
que de Saint-Pierre. »t ■./- '
^aiiteuil était allé, visiter l'abbayedeCiteaux.
Après avoir; pàrcq.urujto us lés app*arteménts,"il
dit malignement aiu'père abbé quilé conduisait: .
« Mais, mon père, je ne vois pas l'appartement
de la.niollesse'?'^ Àh'l répondit le moine, tout
ici 'est bien changé ; nous en avons fait l'ap-
partement de la folie, et vous y coucherez ce
-Ménage avertissait M. de Launoy, docteur
de.Sorbonne, que les jésuites étaient furieux
de ce qu'il ava.it., écrit contre le père-,Nicolaïr
etvqu'ils prenaient tous la. plume pour venger,
leur confrère. « Laissez-les l'aire," réponditfrqi-
dement M. de Launoy ; tant qu'ils ne feront
qu'écrire, il n'y aura pas grand mal: Je 'crains
bien plus leur canif que leur plume.»
-L'abbé de.Vertot, l'auteur' estimé dés jléiiô-.
lutions romaines, .des BéDolùtions. de Suède et
AesBévolutions deiPortugai,.a.vmt' embrasse,
la^vie religieuse .malgré J'ppposition, de, sa
famille. 11. fut successivement capucin, sous le
npm^d.e frère , Zaçhârië;, "chànbinp réjjulfèr de
Prémôntré ; ■ mâthûrih.j membre 'dé) 1 ordre de
Cluny;. puis, fatigué: de la, vie du, cloître, il
prit l'habit ecclésiastique.. Ces divers change-
ments furent appelés clans le monde les iie'uo-
lutions de l'abbé de Veriot, ', •'
ALL
Un ambassadeur d'Espagne vantait à Hen-
ri LV la puissance de son maître. Le Béarnais,
pour rabattre la fierté espagnole , dit avec
beaucoup de vivacité : « S'il me prenait envie
de monter à cheval , j'irais avec mon armée
déjeuner à Milan, entendre la messe à Rome
et dîner à Naples. », L'ambassadeur lui répon-
dit : ■ De ce train-là, Votre Majesté pourrait
arriver pour vêpres en Sicile. »
Catherine faisait un jour une observation à
Pierre le Grand , dans une circonstance où le
czar allait se déshonorer par un acte de cruauté.
Comme la czarine insistait, l'empereur, hors de
lui, cassa une magnifique glace de Venise; et
dit à sa femme : ■ Vous voyez, madame, qu'il
ne faut qu'un coup de ma main pour faire ren-
trer cette glace dans la poussière dont elle
est sortie. » Catherine comprit la cruauté et
l'énergie de Vallusion, et, regardant l'empereur
avec une douleur attendrissante , elle lui
dit: «.Eh bien, vous avez brisé ce qui faisait
l'ornement de votre palais. »
Un jeune abbé de qualité s'étant vu en-
lever sa loge à l'Opéra par un maréchal de
France, qui ne s'était distingué à la guerre par
aucune action d'éclat, en demanda justice au
tribunal de la connétablie , et il termina ainsi
sa plaidoirie : • Ce n'est point de M. te maré-
chal tel et tel que j'ai a me plaindre ; ce n'est
point de M. le maréchal de Broglie,qui s'est si
tort distingué dans la dernière campagne ; ni de
M. le maréchal de Clermont-Tonnerre, qui a
fait de si belles retraites ; ni de M. le maréchal
de Contades, qui a l'ait de si belles actions ; ni de
M. le maréchal de Richelieu, qui a pris Port-
Mahon. L'illustre maréchal dont j'ai à me
plaindre n'a jamais rien pris que ma loge à
Vers du poëte l'Etoile sur le Narcisse, dans
la Guirlande de Julie :
Épris de l'amour de moi-mime,
De berger que j'étais je devins une fleur;
Vous que le ciel orna d'une beauté suprême,
Et pour en éviter les coups.
Puisqu'il faut que chacun aime.
Aimez un autre que vous.
ALLUVIAL, ALE adj. (al-lu-vi-al — rad.
alluvion). Géol. Qui a le caractère ou qui est
le produit d'une alluvion ; qui se trouve dans
les terrains d'alluvion : Plaine alluviale.
Terrains alluviaux. Zone alluviale. Couche
alluviale. La plaine de Babylone présente des
formations alluviales dont la date est certai-
nement plus récente que l'époque attribuée au
déluge biblique. (Maury.)
ALLOVIEN, ENNE adj. (al~lu-vi-ain, è-ne
— rad. alluvion). Géol. Se dit des terrains
produits_par l'action réconte des eaux, et dus
plutôt à un dépôt tranquille et lent qu'à un
transport rapide et violent.
ALLUVION s. f. (al-lu-vi-on — du lat. allu-
vio; formé de ad, vers ; luo, je lave, j'arrose).
Dépôt terreux formé par les eaux ; accroisse-
ment de terrain qui en résulte lorsque celles-
ci se retirent : Cette terre s'est accrue par
alluvion. (Acad.) Les plaines produites par
alluvion sont plus hautes vers les bords de la
rivière. (Fonten.) Le phénomène de ^'alluvion
s'observe spécialement sur les cotes de la mer
du Nord. (F. Ratier.) Nous courons une bor-
dée vers une île d'ALLU vion, située entre Boulaq
et Embaleh. (G. de Nerv.) Les alluvions sont
remarquables par l'horizontalité dfis couches
qui les composent. (Delafosse.) En Hollande,,
c'est à peine si la terre surnage çà et là par
une croate de limon mince et frêle, alluvion
du fleuve que le fleuve semble prêt à noyer. (H.
Taine.)
— Par ext. : Elle fit labourer la. moitié de
cette allée, qu'elle joignit à son jardin en forme
(J'alluvion. (A. Karr.)
— Fig. : Les valeurs échangeables, ce capi-
tal d'ALLUVioN qui se déplace sans cesse...
(Journ.) Il y a à Lyon quatre-vingt mille ou-
vriers, population ^'alluvion, essentiellement
flottante, dont la gestion a toujours embarrassé
les autorités locales. (Journ.) C'était une allu-
vion de l'ancien régime et de l'ancienne so-
' ciété. (Lamart.) Que ressort-il de ce grand et
cruel naufrage de femmes, de cette alluvion
funéraire que nous jettent chaque année l'iso-
lement, l'abandon, iamour trompé et le déses-
poir? (Michelet.) On peut observer dans l'his-
toire de Borne chrétienne les alluvions de la
charité sur un même point dans lé court de
douze siècles. (Gerbet.)
— Encycl. Géol. On distingue les alluvions
d'eaux douces et les alluvions marines. Les
alluvions d'eaux douces sont produites par les
eaux courantes qui, passant sur des roches
facilement désagrégeâmes, en emportent des
parties et les abandonnent ensuite sur les
bords de leur lit. Ces dépôts enrichissent la
terre, quand ils sont principalement composés
de limon, comme on le voit, par exemple, dans
la vallée du Nil ; ils l'appauvrissent, au con-
traire, souvent même la stérilisent, quand ils
sont trop chargés de sable. Les terrains ainsi
formés s appellent terrains d'alluvion. Lcsallu-
vions marines sont dues à l'action du flux. En
se répandant sur le sol plat des côtes, la mer
y dépose une mince couche de vase ou de
ALL.
sable, à laquelle chaque pleine mer vient en
ajouter une nouvelle. La plus grande partie
du sol de la Hollande n'a pas d'autre origine.
On peut envisager les alluvions comme élé-
ments relatifs aux déterminations chronolo-
Eiques, par les mesures que l'on déduit de
mr étendue comparée à la vitesse de leur
accroissement. « Sous ce point de vue, dit
J. Reynaud, les fleuves présentent à l'obser-
vateur l'effet de grands sabliers, qui chaque
année versent en certains lieux une quantité
de sable qui s'ajoute à celle qui s'y trouvait
déjà. •
Oh nomme souvent allumons '
dépôts antérieurs à ceux dont no
parler, et qui prennent le nom d'
dernes. Les alluvions anciennes se'trouvent à
des niveaux que les eaux actuelles ne peuvent
atteindre et sur des étendues qu'elles ne peu-
vent couvrir; elles témoignent d'immenses
transports, de grands accidents d'érorion dont
nos rivières actuelles sont incapables.
— Droit. En jurisprudence, l'alluvion n'est
qu'un cas de l'accession; elle profite au pro-
priétaire riverain, qu'il s'agisse d'un fleuve ou
d'une rivière navigable, flottable on non. Le
relais que forme 1 eau courante qui se retire
insensiblement 'de l'une de ses rives pour se
porter sur l'autre, est assimilé par la loi à \'al-
luvion. Il n'en est pas de même de l'enlèvement
subit d'une partie considérable et reconnais-
sable d'un champ riverain, que la violence des
eaux a portée vers un champ inférieur ou à la
rive opposée.
alluvionnaire adj. (al-lu-vio-nè-re —
rad. alluvion). Produit par l'alluvion , qui
tient de l'alluvion : Terres alluvionnaires.
ALLUVIUM s. m. (al-lu-vi-ome — du lat.
alluvio, inondation, alluvion). Géol. -Nom
donné aux dépôts de gravier meuble, de sable
et de limon, qui existent généralement entre
l'enveloppe superficielle de terre végétale et
la roche sous-jacente. Il On donne quelquefois
le nom à'aUuvions anciennes aux dépôts d'al-
luvium. i! PI. des Alluviums.
— Encycl. Le mot alluvium vient de la res-
semblance que présentent les dépôts ainsi
nommés avec les cailloux et le sable du lit
d'une rivière et les dépôts de limon et de gra-
vier que les inondations abandonnent sur les
terres basses. Une enveloppe partielle d'allu-
......... ge retrouve dans tous ies climats, depuis
l'Europe et du nord de l'Amérique, ce dépôt
prend un caractère particulier ; très-souvent
il n'est pas stratifié, et il contient d'énormes
fragments de roches, tes uns angulaires , les
autres arrondis, qui ont été transportés à de -
grandes distances du point de leur origine.
Lorsque le dépôt présente cette forme, on lui
donne le nom de diluvium, de formation de
transport. V. Diluvium.
Les dépôts alluviens ne sauraient être re-
gardés comme l'œuvre d'une seule époque et
"effet d'une cause unique ; ils sont en réalité
le résultat d'actions distinctes pendant une
longue succession de périodes géologiques.
L'Auvergne nous offre l'exemple à'alluviums
différents par leur composition et par leur âge,
et que des coulées de lave sorties à diverses
époques ont empêchés de se mélanger les uns
avec les autres.
Presque partout Valluvium se compose, dans
sa partie supérieure, de matières de transport ;
mais souvent il passe, vers sa base, à un amas
de fragments brisés, anguleux, arrachés aux
roches sous-jacentes et dont on peut attribuer
la formation à l'influence des agents atmo-
sphériques, à la désagrégation de la roche sur
place, aux effets de l'air et de l'eau; du soleil
et du froid , ou bien à la décomposition chi-
mique. La surface inférieure des dépôts allu-
viens est souvent trës-irrégulière en ce qu'elle
se moule sur toutes les inégalités des roches
qui lui servent de base.
ALLUX s. m. (al-luks — du lat. allux ,
orteil). Entom. Avant-dernier article du
rançons.
ALLY interj. (al-li — corrupt. de allez).
Vén. Cri que l'on pousse quand les chiens
s'écartent, et qu'on veut les rappeler : Ally,
chiens! il On dit aussi : Tirez, chiens!
ALLYLAMINE s. f. (al-li-la-mi-ne — du fr.
ally le et am, abrév. d'ammoniaque). Chim.
Alcaloïde que l'on obtient en faisant bouillir
le cyanate d'allyle avec une lessive de potasse'
concentrée.
i. (al-li-le — du lat. allium,
ail). Cliim. Liquide très-volatil, doué d'une
odeur élhérée. analogue à celle du raifort.
h'allyle, dont la formule est C"H", n'a d'a-
bord été qu'un radical hypothétique à l'aide
duquel la chimie théorique faisait ressortir
les analogies de certains composés et se ren-
dait compte de leurs métamorphoses. Avant
la découverte de Vallyle, on connaissait ces
divers composés : oxyde d'allyle ou éther ally-
lique, sulfure à'allyle (essence d'ail), sulfo-
cyanure à'allyle (essence de moutarde), etc.
h'allyle se produit par l'action du. sodium-
sur l'iodurc à'allyle.
ALLYLIQUE adj. (al-li-li-ke — rad. ally le).
Chim. Se dit d'un alcool qui se produit par
l'action de la potasse caustique sur l'acétato
ou sur le benzoatc d'allyle. L'alcool nlhj'ique
ALM
est aussi nommé hydrate d'allyle. ir Se dît ■
d'un éther qui se produit par la réaction de
l'azotate d'argent et de l'essence d'ail. L'é-
ther allylique est aussi nommé oxyde d'allyle.
Il Groupe allylique, Groupe qui, dans la clas-
sification sériaire de Gerhardt, comprend l'es-
sence d'ail, l'essence de moutarde et plusieurs
dérivés de ces essences.
ALLYL-SULFATE s. m. (al-lil-sul-fa-le).
Chim. Sel formé par la combinaison de l'acide
allyl-sulfurique avec une base.
. ALLYL-SULFOCARBAMATE S. m. (al-lil-
sul-fo-kar-ba-ma-te). Chim. Sel formé par la
combinaison de l'acide allyl-sulfocarbamique
avec une base. i
ALLYL-SULFOCARBAMIQUE adi. (al-lil-
sul-fo-kar-ba-mi-ke); Chim. Se dit d'un acide
qui représente de l'acide sulfocarbamique,dan3
lequel un équivalent d'hydrogène est rem-
placé par un équivalent d'allyle. L'acide allyl-
sulfocarbamique s'obtient par l'action de la
potasse alcoolique sur le sulfocyanure d'allyle.
ALLYL-SULFURIQUE adj. (al-lil-Sul-fu-
ri-ke). Chim. Se dit d'un acide qui se produit
lorsqu'on fait dissoudre do l'hydrate d'allyle
dans l'acide sulfurique très-concentré.
allyl-urée s. f. (al-li-lu-ré). Chim. Sub-
stance qui se produit lorsqu'on dissout le
cyanate d'allyle dans l'ammoniaque.
ALLYRE (saint), évêque de Clermont, en
Auvergne, au îve siècle. Fête le 7 juillet. •
alm, ALMR, ALMS. Groupes mystiques
formés des lettres Alif, Lam, Mim, Hha, Sin,
qui se voient au commencement de plusieurs
chapitres du Coran, et sur la signification des-
quels les commentateurs ne s'accordent pas..
ALM A s. f. (al-ma). Mesure de capacité
AI.MA, riv.- de Crimée, se jette dans la mer
Noire, entre Eupatoria et Sébastopol ; victoire
remportée sur les Russes par le maréchal
Saint-Arnaud et lord Raglan, le 20 septem-
bre 1854.
Alm» (bataille i>e l'1. Le 14 septembre
1854, les troupes anglo-françaises opéraient
leur débarquement en Crimée, entre les ri-
vières de la Katcha et de l'Aima, au lieu
appelé Old-Fort (vieux fort). Dans la matinée
du 19, l'ordre du départ est donné, et l'armée
française se met aussitôt en marche, repré-
sentant un immense losange, à l'angle saillant
duquel se trouve la 1™ division; aux angles
latéraux, les 2<= et 3e, et, en arrière, la 4» divi-
sion, précédée du contingent turc. L'armée
anglaise couvre sur la gauche cet ordre de
marche, appuvée à droite par la flotte. Lorsque
la tète de colonne arriva sur tes crêtes qui
dominent la vallée de l'Aima, elle vit l'armée
russe établie sur les hauteurs de la rive gau-
che. On apercevait distinctement ses lignes;
on pouvait compter les escadrons de sa cava-
lerie. Mais le prince Menschikoff, qui la com-
mande, ne fait aucun mouvement pour se
porter à notre rencontre ; il juge sa position
formidable et nous attend. Il a autour de lui
quarante-deux bataillons, seize escadrons et
quatre-vingt-quatre pièces d'artillerie. Sur les
cinq heures environ, le maréchal SaintrArnaud,
commandant en chef de l'armée française,
réunit les officiers généraux et leur commu-_
nique son plan de 'bataille, concerté avec lord
Raglan, général en chef de l'armée anglaisé.
Nos alliés devaient exécuter un mouvement
tournant sur là droite dé l'armée ennemie;
notre centre avait ordre de forcer le centre
des Russes, tandis que le général Bosquet, qui
commandait notre aile droite, renforcée de la
division turque, allait tourner la gauche de
Menschikoff en escaladant des pentes abruptes
iuirées inaccessibles. A cinq heures et demie
regrettable lenteur à se mouvoir, de sorte que
l'armée russe, au lieu d'être surprise par une
manœuvre rapide, eut tout le temps de prendre
ses dispositions, en suivant des hauteurs les
mouvements de notre armée, qui s'avançait
dans un ordre parfait au milieu d'une plaine
immense. Le prince Menschikoff avait compris
et dédaigné l'offensive de notre aile droite,
jugeant complètement impossible que des
troupes, et surtout de l'artillerie, pussent
gravir les pentes rapides, sillonnées de pro-
fonds ravins, qui protégeaient de ce côté sa
redoutable position ; erreur qu'il allait expier
par une sanglante défaite. Le général Bos-
quet, arrivé au pied des hauteurs, découvre
deux passages ou, en s'aidant des mains aux
déchirures du soret aux racines desséchées,
l'infanterie, conduite par des chefs intrépides,
pouvait gravir les pentes à droite et à gauche.
Restait 1 artillerie. Le plus grand nombre pen-
sait qu'il était impossible do la faire monter;
mais le commandant Barrai répondit du succès,
et la division se mit en marche, chaque brigade
suivant un des deux passages, après avoir
traversé l'Aima. Bientôt, à la voix du général
Bosquet, qui commande directement Ta pre-
mière colonne , les zouaves s'élancent avec
cette fougue qui leur est propre, en gravissant
des pentes presque à pic, s étageant à droite
et à gauche sur le flanc de la montagne, s'ac-
crochant des mains aux aspérités du sol, aux
accidents du terrain, et se soutenant les uns
les autres. Cinq à six minutes s'étaient à peine
écoulées, que les prenùers tirailleurs se des-
sinaient sur la crête supérieure et engageaient
le feu avec une troupe de Cosaques qui occu-
paient cette partie du plateau. Pendant ce
temps, le commandant Barrai dirige lo trans-
port de l'artillerie. Au signal doime, les pièces
et les caissons partent au galop, car si les at-
telages prennent le pas dans ce chemin coupé
de larges et profondes déchirures, les Voitures
Seront infailliblement renversées au fond du
ravin. Hommes et chevaux mêlent leurs efforts
et se confondent dans un élan désespéré. De
tous côtés, sous le poids de ces lourdes masses,
la terre se fend, les pierres détachées roulent
et bondissent. Parfois les chevaux tremblent
et frémissent sur leurs jarrets ; mais rien n'ar-
rête et ne ralentit le mouvement, et lo général
Bosquet pousse une exclamation de joie quand
il voit les premières pièces arrivées sur la
hauteur. C'est l'artillerie française qui tira lo
premier coup de canon dans celte mémorable
journée. Lorsqu'on viut annoncer- au prince -,
Menschikoff qu'une partie de l'année fi;an-;
çaise avait franchi les escarpements du côté
de la mer, ne pouvant croire d'abord à tant
d'audace, il entra en fureur contre l'of- i
ficier qui lui faisait ce rapport. Cet officier
repartit aussitôt pour examiner de nouveau la .
terrain, et revint en toute hâte auprès du
prince lui confirmer son récit. Mensclukofl re-
fusa encore de le croire et le traita même do
la manière la plus injurieuse ; mais sur l'asser-
tion de son propre aide de camp, qu'il envoya
vérifier le fait, force lui fut de se rendre à la
vérité, et il se hâta de faire porter sur ce point
quarante pièces d'artillerie. Une lutte terrible
s'engagea alors ; nous n'avions là que douze
canons; mais la supériorité du tir suppléait à
l'infériorité numérique. Dès que le canon du
général. Bosquet se fut fait entendre, annon-
çant que sa division couronne les hauteurs, la
marche sonne sur toute la ligne de bataille,
chacune des divisions déploie ses massés et
s'avance vers les terrains qui ' avoisinent' le
cours de l'Aima. Le général Canrobert, à la
tête de la première division, prend* aussitôt
l'offensive. Le 1" de zouaves traverse la ri-
vière; ilestbientôtsuividuieretdu96bataillon '-
de chasseurs à pied et du: 7« de ligne ;.tpus,
chefs et soldats, gravissent intrépidement, sous
une grêle de balles et de boulets, les pentes
escarpées et les contre-forts qui les séparent
de l'ennemi. Pendant ce temps, la 3e division,'
commandée par le prince Napoléon, s'avance
sur deux lignes avec rapidité; do toutes parts
le combat fait fureur. L'armée russe, débordée
sur sa gauche, cherche inutilement à écraser,
le général Bosquet, qui lutte avec une héroïque
opiniâtreté. Bientôt la tête de cMtïmfë 6*6 "la
ire division apparaît sur les premières crêtes
de droite, laissant sur sa gauche une construc-
tion inachevée, destinée a un télégraphe! C'est
là qu'est la bataille ; c'est là que les Russes
vont se perdre en efforts désespères pour ar- »
rêter l'impétuosité française. Placé sur un •
mamelon, le maréèhal Saint-Arnaud embrasse •
d'uri regard dévorant l'ensemble des mouve-
ments de son armée. Ce n'est plus l'homme ■
épuisé par la souffrance, et qu une maladie
cruelle, quelques jours après, ensevelira pour t
ainsi dire dans son triomphe ; le bruit du com- '■
bat a ranimé ses forces, et, en voyant ces vail- r
tantes troupes gravir sous un feu meurtrier les f
pentes de l'Aima : « Oh ! les braves soldats !... -'
s'écria-t-il à plusieurs reprises. Oh! les dignes ■
fils d'Austerhtz et de Friedland I » Cependant I
Canrobertest vivement pressé par les masses
russes , amoncelées derrière le bâtiment du \
télégraphe; le maréchal envoie alors à. son
secours le général d'Aurelle, qui s'élance* avec .
ses soldats dans la direction indiquée. De tous j
côtés nous couronnons le plateau; mais les ,
batteries russes déciment nos troupes, tandis •
que des tirailleurs, abrités dans la tour du té- ..
légraphe, dirigent sur nous un feu terrible ; de ,
plus, une charge impétueuse de la cavalerie
ennemie sur ce point est imminente. Mais c'est
dans ces circonstances périlleuses que l'audace
française fait des prodiges. Le colonel Cler, ■
qui connaît les troupes aguerries et résolues*
qu'il commandes veut les sauver d'une entière r.
destruction par un de ces élans qui arrachent ,
la victoire. Se portant en avant de l'angle.;
formé par les régiments : «A moi, mes zouaves 1 ',
s'écrie-t-il en lançant son cheval au galop ; à
la tour, à ta tour 1 » Tous se précipitent h la ,
fois, le l" et le 2o de zouaves, les chasseurs à;
pied et le 30' de ligne. C'est un torrent humain
que rien n'arrête. Lé colonel Cler est arrivé ,
le premier à la tour; tous l'ont suivi ; tous so.
pressent ardents, impétueux, irrésistibles. Ce
fut une courte lutte, mais une de ces luttes
sanglantes, terribles, où chaque homme prend ,
son ennemi corps à corps, où les mains s'é- '
treignent, où les regards se dévorent, où les.
étincelles jaillissent des armes heurtées les .
unes contre les autres. Les Russes ont reçu'
ce choc épouvantable sur le fer de leurs'
baïonnettes; ils se demandent si ce sont desv
hommes qui osent ainsi se ruer sur la mort. '
Bientôt ils s'ébranlent, se désunissent et opè-
rent leur retraite. En ce moment, un éclat
d'obus frappe le général Canrobert à l'épaule !
et à la poitrine, et le renverse de son cheval,
sans mouvement. On le croit tué ; mais bientôt |
il se relève, demande son cheval, et, le bras.',
en écharpe, ayant encore sur ses traits la par-
leur de la mort, il se remet en selle et reparaît-
à la' tète de ses bataillons, qui l'accueillent"
avec des cris de joie et d'enthousiasme. L'ar-
mée française est tout entière sur le plateau! -
de l'Aima ; le maréchal Saint-Arnaud, qui vient;
d'y arriver, arrête son cheval en passant près
des zouaves, et, se découvrant devant eux, il
leur crie d'une voix forte ; « Merci, zouaves t » \
29
■326
ALM
Më
,&#
A^M
etxes deux mots font tressaillir d'orgueil tous
''ces' coeurs, intrépides. Cependant la bataille
1 n'est pas encore terminée ;' les Anglais, qui
."forment la gauche, arrêtés dans leur marcne
'par d'effroyables décharges, dlartilïérie et me-
nacés par des' masses énormes,' luttent avec
opiniâtreté, mais inutilement, pour enlever lès
positions qui leur sont assignées. Aussitôt,Lsùr
Tordre du maréchal, ,1e jirince Napoléon, les
'généraux Canrobert et /Bosquet,' se rabattent
"vivement sur la gauche ; 1 impétueux com-
' mandant Là Boussinière s'élance 'avec" une
'batterie au galop iie 'ses attelages, et's'àrrête
.résolument à 400 mètres'des tirailleurs russes;
"ji^ prend de liane cette partie de rariné'e^ei-
''hémie' et y jei,té le carnage et je désprdrè, Les
"'Anglais redoublent d'efforts:' là" brigade des'
'Jiighlanders, commandée' par le major général'
"sir, Colin Campbell; s'avance 'avec: un ordre
'admirable sçus une .grêle dé, projectiles,, et
"m'arche sur la' redoute qui' protégeait Jes
Russes. Arrivés à cent 'pas, les highlanders
^foudroient l'ennemi par (une' décharge a bout
"portant et' s'élancent à là baïonnette. D.és| moii-
"cèaûx de cadavres jonchent le sol. Cette fois,
1 ' ' '"' ' ' ée. De" tous .côtés' l'armée'
, affaiblie parades pertes
^iiormpsj un y un, au loin. ' ses ;' .bataillons se
rallier dans la. plaine; mais' on ne 'peut '.lés
poursuivre', faute^de cavalerie, '.',, '■; ",',,,'[
"' Quatre, heures s'étaient à, peine écoulées,,et
' le ,prince Menschikoff fuyait , chassé de ces
positions qu'il jugeait inaccessibles, refoulé
^derrière ces hauteurs où il croyait nous arrêter
.si longtemps. Dans son- présomptueux-orgueil,
,'il avait' engagé des dames à assister;] en„yoi-
ture et à. cheval , à la "déroute des armées
.alliées; etlorsqùe son arrière-garde commença
son, mouvement de retraite,, on. vit s'éloigner
'rapidement ces amazones accourues, pour ré-
jouir; leurs. .regards du triomphe de, l'armée
russe., Comme, pour donner plus (le comique
,a ce singulier épisode de la bataille, la voiture
même .du prince,, renfermant cinq . personnes
et des-papiérs importante, vint se jeter, dans
sa fuite sur l'armée française et tomba tentre
lèsmains de nos soldats../ . , , ';'.'; , ,
• Aliua ( BATAILLE DB L*). SOUS Ce titre,' l'Ex-
i position' universelle de 1855;qui' a suivi de ^si
près la guerre de Crimée; a vu se produire
' cinq grandes compositions, de MM. Béllarigé,
Beaume, Doré, Eugène Lami et DarjoulLe
-tableau de ce dernier n'offre, à-bien prendre,
qu'un épisode' du combat-,* le mouvement de'la
division du général Bosquet. M. Lami, coloriste
agréable, s'est contenté d'indiquer ses person-
nages d'un trait léger. M.1 Beaume a marqué
assez distinctement les divers incidents de ta
bataille, mais il n'a pas rendu le 'tumulte,
•l'horreur de la mêlée.' M: Bellangé est reste
froid aussi, tout' en déployant cette facilité
spirituelle, cette netteté et cette précision'de
•touche qui rendent ses tableaux si intéressants
dans les* détails. Reste"lâ composition' de
M. Gustave Doré/qui, malgré 'sesT'nombrenx
îdéfautSi donne au moins' une -idée de la sau-
vage, poésie des combats. « M. G', Doré,' dit
Th. Gautier, s'est éloigné des dispositions ha-
bituelles ; il a fait une bataille de soldats : les
■zouaves escaladent' les 'pentes rapides de la
: montagne avec une rapidité tumultueuse, cul-
^butent les Russes-surpris; Le" mouveniënt as-
censionnel de la vaillante cohorte est très-bien
rendu ; on- dirait un torrent qui rebrousse vers
sa 'source. Les'épisodes disparaissent dans le
^tourbillon, 'et- l'œil entraîne ne saisit' aucun
détail. L'exécution, beaucoup trop rapide'; dé-
passe eh fougue les esquisses les plus fiévreu-
ses, et l'on croirait, 'à certains tons boueux,
que l'artiste-d'a pas mêthe'pris le temps d'es-
-énergiqùe composition,' duo à un artiste de
vingt-trois ans. La Bataille de l'Aima, expo-
sée en 1857,-par Horace-Véfnet, nediffère pas
beaucoup des autres batailles de'1 ce grand
maitre delà peinture militaire. Sûr le premier
■ plan' on retrouve' ces intéressants épisodes'qui
constituent, à bien prendre, tout le charme du
■tableau et absorbent l'attention -au détriment
*de l'effet d'ensemble; Ici, 'le général Thomas
fait faire un écart à son cheval pour éviter un
.éclat -d'obus .qui- va 'fracasser 'la- cuisse'du
sôus-intênllant- militaire 'Leblanc ; làj un Tar-
-tareia'vé dans l'eau d'une rigole la blessure
•que -son cb'evala'reçùè'à'-la jambe'. Puis, ce
sont dès officiers' d'ordonnance qui galopent,
des blessés qu'on emporté; plus loin 'dés 'cb-
lonness'élàncent a l'assaut des redoutes ; plus
' loin' encore, l'Aima coule paisible au pied d une
-verdoyante colline où fourmillent d'impèreepti-
i blés bataillons'.' —*Ge' tableau^ fort 'bien' peint
-du' reste,' est digne dé la réputation de l'auteur,
.mais il n'y a rien ajouté. ■"''■•■ ' " ' ■' t»]
[" 'àIMAD'a, yiÙè de Portugal'iEstramadure),
[ à l'embouphuré du Tage, à. 6 kjl'. de Lisbonne,
.'5,000 bal}.'. À peu dé distance, se trouve le, fort
jSain^Sébastien, qui défend l'entrée du Tage.
,., ALMADJBN,villed'Espagne,dansla province
.de, CiudadrEéal ; 10,000 hab. Aui environs,
r mines de cinabre^ qui occupent environ 4,000'
mineurs, et :qui iproduisent annuellement près
^deiiSjOOOiquintaux de mercure; elles passent
. pour-être les plus riches du monde. , ; ; •
cure-, 'déjà' exploitées du temps des RomainsJ
. ; almadie _ s. , î. (al-ma-di)., Mar. Sorte de
'grande. pirogue ,er "~ '" "ai" J" "
labàr. L almadie. (
et sa carène est très-fine ; elle a jusqu'à 2? mè-
tres de longueur sur 3 mètres seulement de
largeur. ' - ' - '• • '■ -
Aimngciite (al-ma-jè-ste — de l'art, arabe al,
et du gr. megistos', très-grand). Traité d'astro-
nomie composé par Claude -Ptolémée, sôus le
règne d'Antonin le Pieux. Cet ouvrage , qui
contient les connaissances mathématiques de
l'antiquité, avait reçu des àstronoinesde l'école
d'Alexandrie le' nom dé " Mëàalê 'Sùntâxis
(Gtànde Composition)1. Les Arabes, qui lé. tra-
duisirent, lé nommèrent Taicrir-hl-megesti} qui
'signifie'Turaorè par excellence ; dé cette déne-
"niin'ation, les traducteurs (Occidentaux firent
-par corruption' le- mot almages'té^lSAlmàgéste
est' divisé en 13 livrés. On y trouve exposele
système du monde'cônnu sous lé tomaë'sys-
tème de Ptolémée, et suivant lequel là' terre,
placée immobileiaucentrelde l'univers:,' voit
, les cieux- se -mouvoir autour d'elle: dîorient en!
occident; Ptolémée paraît, :du,reste, Savoir,
.attribué qu'une valeur. (mathématique, à .ce,
système, auquel s'attacha l'Eglise,iet dont .elle
voulut en vain prolonger le régne, condamné
pailla science.- L'A /mâ^esie contient .en outre
un traité- complet, de trigonométrie, rectiligne
et spherique ,. un catalogue de. l,02£ étoiles
. classées en 48 catastérismeS;, des, recherches
.suc, lés distànçès^'du sôlèiî^et" 'de 'la Tune* à. la'
jtèrrèiûné, mè'thode^pour calculer, Je^s éclipsés
.solaires, et "lunaires1, enfin Jla description -dés
instruments d'astronomie usités .à' l'époque de
.Ptolémée,,., r . .,., ,, ^'r'r;;.'T .-" ■
'.'^Sous lè-'tï'tre àèNouvel A'taa^e,|iîe;le.ié'suite
Rrccioli/sàyànt astrbnome'itàlien,ra,pubiié.'en
1651 urir'e<;ue'ilJd'bbservatiôhs as'tron'omicjùés,
qui,* .selon, LalandeTet- Delarabre;- doit: .être
regardé, comme un trésor d'érudition; .■■" i ■
almagra s. m; (al-ma-graJ.Miriér. Sorte'
d'argile ocrèùse, rpugèàtre,' ^ui; 'réduite en
poudre, sert dans l'Inde' ënguise'de"fard;. et
en Espagne pour coloret le ^tâbac/'E^é est
connue également sbùs le nom de' 'rbugè' 'in-
dien, et s'emploie au polissage dés;glaçès et
au' nettoiement dé ,' l'argenterie . n' On, écrit
'aUSSi'1ÀtlMAGRB.ét;.ALMÂ,GRO.' ' " '. ' ',',.',. '. .'
- .ALSIAjGHÔ, ville d'Espagne, dans, la province
de Ciudàd-Réal.- Fabriques de'denteHes et.de
, blondes ;.8,oo'o,hab:..Patrie d'AlmagrOjain des
conquérants,..de l'Amérique. ., On, y,, trouye, une
.eau acidulé,. bonne dansées, débilités .de ,1'es-
tomac et;les cachexies.,, r . .',- .'-',. t , •-•,, .
''iiALMÀGEÔ ' ("Diego- d')';.: célèbre capitaine'
(espagnol. Lorsqu'il venait de naître, il. fut
trouvé vers l'an 1463 dans une des; nies 'de
.laivijle dont il prit le; nom. Il devint, un des
.compagnons de-Pizarre dans la conquête.du
Pérou, s'arma plus tardjeontre. lui,,fut vaincu,
et étranglé , dans sa, prison par ordre de son
rival (1538). rr Son fils vengea sa mort ent con-
tribuant au meurtre de Pizarre. Mais, vaincu
par le nouveau gouverneur envoyé d'Espagne,
,il .périt, avec quatorze de ses compagnons,
par le même supplice que son père,>'au,même
endroit, 'et par.la,main du même bourreau.
Les ,Almagro: étaient d'un caractère violent
et impérieux. CLest sur .lamémoire de. Diego
d'Almàgro, encore plus.:que. sur, celle.i de -Pi-
zarre, que . l'histoire fait, peser la responsa-
bilité du- meurtre d'Atahualpa; ,,,. , .
"'■ ALMA'IN (Jacques), théologien, 'ne rà: Sens,
"morteij 1515. Son traité De Auctqriiaie Eccte-
'stœ(l5l2)'êst'une''t'éfùtàtiùn de Cajétan; rclà-
tivèment'à la puissance temporelle. i ,' v
en<8!3 sur le trône" da BàgdadUCo' pVînce -s'il-
lustra par sa générosité,1 sa clémence; et sur-
tout par.son goût pour les lettrés, les sciences
et les arts, qu'il encouragea puissamment',' a
une, époque où l'Occident .étaitîpjongé dans la
barbarie. Il établit des académies, et fit. 'tra-
duire, en,arabè les,meilleurs ouyrages.des^sa-
vants et des philosophes'greos; 1 11 mourut en
Ciliçie,.dans une guerre contre. l'empereur de
'Cons.tantinoplB.fi,-:: r,' .1 t.,.j .,. ji, ,,:,-,
• ALMANACH s. -m. (al-ma-na — devant 'une
voyello; quelques-uns donnent à:c/rle son du
k:<Alr>iaria kïmpérial. ^— EtymJ controversée :
de'l'oriental fnan ', nom' prfmitif ■ de' la lune ;
du 'coplite ai, 'qui signif.calcul'; eifnén , m'é-
moire, d'où lo composé ahneneg, calcul- pour
la 'mémoire; -.de eVarticle, et duilatin-mtina-
chus, cercle; représentant la ligne écliptique
divisée en douze parties pour les douze signes,
et par le;moye'n duquelles Latins reconnais-
saient l'accrois'semeiit des ombres chaque
.mois; du celtique, al,mon, aght,. qùi.signif.
observation de,,toutes les lunes: Nos ancêtres
i traçaient le cours des. lunes, ?pour; toute l'an-
née, sur un morceau de bois carré qu'ils, ap-
Eelaient al monaght. .Mais,, suivant l'opinion
i plus yrâigemblable J il làiit tirer ,cémàt de1
râràbe''(ïi^lc,'èt mânaëh,t compter: En effet,
l'histoire, la tradition, tout noiis môiitre'les
Arabes' très-anciénnemént versés dans' lés,
études astronomiques',' et surtout) d'ans' l'ob-
ser'vation'des 'phases de là'lûne, et' il est' na-
turel de croireqiie l'dlmariach, mot et chose,
nous vient.de.ee peuple ,'ià qui nous devons
déjà. noSî chiffres, l'algèbre, et;tant. d'autres.
^connaissances1 mathématiques). Sorte,de ca-
lendrier ;indiquant les divisions de, l'année,
les fêtes et les époques où se prodùisentdes
principaux phénomènes astronomiques .: Al-
manach dé poche. À'lmanàçh de ^cabinet.' Coh-
îiiWé/TALîJANÀcH. 'Sa' fête n'est pas indiquée
. p., "..'.„,.«., 'a r J. . -* .-rt.» J~ rj.: — ' />*,««..«
é vend ' en France ( plus d'un
; Chaqi
d'ALMANACHS. C'est dans i'ALMANAÇH que le
peuple de nos' campagnes 'apprend'' fl lire.' On
dit que vous faites imprimer dw'ÀLMANACHS
particuliers, où bous faites doubler les quntre-
temps et les vigiles. (Mol.) -Quel moyen dé pré-
venir ces, orages? (les inégalités d'humeur du
jeune duc de Bourgogne) It'n'y enaaveun;
point de bons almanachs" pour prédire ce mau-
vais temps. (Fén.1.-) Les-C/iinois passent 'pour les
plus>aneiens faiseurs <2'almanachs. (Volt.) Les
almanachs sont devenus des espèces d'agendas
que ï'bn approprie au goût et à Vuiagèaes di-.
1 verses classes de là société. (Nicolet^ Il avait
tenté de leur vendre -des albianachs meilleurs
gye ^--Double Liégeois imprimé sur 'du papier
,.à sucré!, eh bien, le «rat Double Liégeois avait
été préféré aux plus magnifiques, almanachs 1
' (Balz.) ,Biez' des marquis si vous voulez; cela
est permis à tout le mônde,'ils n'existent plus
qu'e'daûs'les almanaçus. (Ch.| Nod.)' "» "" VJ
'■ Et"ben'(ïa'nt,(ou<<riâ'j6urn(;e, 'T ' ,
' ^Pensif je suis resté devant - ■-' -J
Le viei! almanach de l'année . , t
'" ' ' Où nous nous sommes aimés tarit. ■'-
,i "i .. :T i t ,i.L ■!'" •:: ■ j ! ■ j ' ; H... MurGEr. .:
î *— 'Par ëxt.- Petit ouvrage1 publié" chaque
année et contenant, outre Te*calendrier; qui,
n'est.5u':un»,accessbire, des indications sur'
diîférenls sujets, des anecdotes, dès chansons,
surtout' "des prédictions' météorologiques :
Almanach, prophétique- Aijmakaoh -comique-
Almakachv chantant. Almanach. du commerce.
Il Almanach impérial. L' Almanach \deiEran-'
klinj resté célébré sous le nwn-.du Bonhomme
Richard, était un bréoiaire de> morale simple,
.de: savoir' utile, d'hygiène, pratiquera, l'usage
■des habitants de la campagne. (Mignet.) ' r
■—r S'emplrdans le sens de Pronostic,, et le
plus souvent en mauvaise part : C'est'un-fai-
■ seurs «('almanachs. Il ne faut pas faire'dbL-
MANÀCHS..(Maie de Sér:) - ; ■-.■.'. ••
'■'t- Vérité d'abnahach, Vérité claire', simple,
•presque 'banale v/ï- ne, me faut' employer 'ici
aucun 'charlatanisme; je n'ai qu'à débiter des
vérités ^'almanach. (V. Jacquem.) |( C'est un
aimànàck^dé l'aii passé, C'est -une chose qui
n'est à présent "d'aucune'utilité. ' _"- ' '■*
;— 'PT0v.:''ètJ fam: :JS6n corps "est ■ «»' àlma-
ïiàch'. Se dit1 d'une' personne très-sensible' au x
variations de l'a température. Il -Une -autre
fois; je ne prendrai plus de ses almanachs^Uw
autre fois, je n'aurai aucune confiance en ses
prédictions', n Dans, le sens, contraire :~,Uve
autre fois,je prendrai deses almanachs. (Acad.)
le bonheur de- l'autre es
' — \Encycl.. Lès' almanachs ont été' ebimus
dé ' tous les peuplés ' civilisés de l'antiquité ,
Egyptiens', Grecs,' Romains, ètcl; lés Indiens
'et lés Chiiiois' les emploient aussi de temps
immémorial; Dans tous. les pays.çhrétiéns/ils
furent d'un usage général; au moyen âgé 'on
les collait sur les livres;d'églisé] on les copiait
sur les feuillets, où ils servaient à indiquer lés
jours fériés.- L'usage des afrnanacfeiannuels
date de -l'invention de l'imprimerie; Les pre-"
miers rédacteurs A'almanachs imprimés étaient
astrologues et médecins.r A ce double titre, ils
.ajoutèrent aux .indications purement astrono-
miques des prédictions reiatives'aux change-
ments de température et aux événements po-
litiques ,, 'ainsi ,que des 'cr.nsoilsr hygiéniques,
des*recettes de- médecine populaire , et des
.notices,. le plus souvent ridicules, ..sur ,une
multitude de" sujets. C'est en 1550 que, Michel
de Nostradamus commença la publication de
ï'almanacft oui porte son nom. Le fameux
Almanach de Liège, composé, par Mathieu
Laensberg, date- de 1C36. Le Messager éoi-
teux, de: Strasbourg, ainsi que ceux de Bàle
et de Berney vinrent Un peu plus tard. \S Al-
manach du bonhomme Hichard (V. Bonhomme
Richard .(la Science du) ,. publié, en.,1,73?' par
l'illustre Franklin', fut le premier ouvrage, de
ce genre qui parla le langage de la raison.
h'aïiitanacA étant 'le livré populaire .par excel-
lence; il était natnreLde songer à en faire un
m03':enide: yulgarisation .et'de. propagande.
Sousja Révolution, Y Almanach : du père Gé-
rard eut une grande vogue. De 1830 à. 1840,
on ,yit paraitre >YAlmanachr, de., la France
démocratique ,<t.$A!jnawçhA populaire, _ÏAl-
'm'anaçhj)halanstérien, V Almanach icarieii,';,en
*1848'('ét 1.84.9, ce furent les, AtmanâcKs'. répu-
blicains,\cLù, socialisme j ,démocratigue et so-
cial,tdès amis du peuple, de l'émancipation du
,peuple, etc. Le^coup d'Etat, du 2 décembre .fit
rentrer Yqtyïàhach dans, ses anciennes limites.
Nous.voypiis, dèpuis.cetté époque, éclore ch^-
'qùe année, une foule à'àlma'naçjis dont les titres
.n'p'n'tr.fien'J'dë, "menaçant pour là' tranquillité
publique., Les.uns'pr.omêttent d^muser,: Alma-
nach comique, pittoresque, 'drolatique, critique
' et chàrivarique; almanach lunatique Tâlm'dmch
poûr'rire;almahàch,prophéliqùe, pittoresque ;
almanach- chantant ; almanach* astrologique ,■
'astronomique; satirique, ànecdotiqxw,-e+c; Les
-aùtrès-véulent-ètre sérieux 'etirépondre à des
besoins : Almanach dû' laboureur, du cultiva-
teur; du jardinier, .de la vigne\ etc< L^.IlQuble
1 ou- Trip{efLiégeois,.a.\&a son nom.ide Mathieu
.Laensberg; sa. couverture de papier bleu foncé
.toujours la inênus,i ses.. anecdotes banales et
.ses prédictions sur le temps, se maintient dans
la faveur du vulgaire, malgré tous les efforts
de, ses jeunes concurrents : ce patriarche des
almanachs représente la^traditibn',' l'immo-
bilisme,'le' préjugé, l'ignorance*: il est clair
qu'il'a' 'encore, de, longues, 'années à vivre.:
Rappelons, en passant, la prédiction suivante,
que l'on peut lire dans le Mathieu Laensberg
composé vers la-fin de 1829 pour l'année isao',
et qui certainement, au xvie siècle, eût été
fort admirée':
Prédiction pour 1830, par M. Njàthieu Laen-
sberg : juillet :« Il y. aura un grand reniuë-
lùénàge.; Une .partie de l'Europe sera'niisqà
feu et à" sa'ng.^ Murmures, ,d^S peuples sub-
jugués,,et insurrection. Les amis de là paix et
des lois feront cesser ces horreurs. » — • Peut-
être, dit à ce' sujet M.'Chartron, chacun des
autres mois offre -t- il des prédictions aussf
justes.sous d'autres rapports. Le hasard seul
,ne servait' pas ies astrologues; lés Oracles
manquent rarement de réussir avec .du vague
ët-èn ,disant.un peu de '.tout. ■ Du reste, on
comprend très 7bfen que les prophètes doivent
quelquefois.tomber sur là .vérité ; saris cela ils
auraient, .comme' le fait observer Arago, la
■faculté, de prédire toujours le faux, faculté
qui. serait aussi précieuse que celle de prédire
toujours le vrai , puisque l'un est la contre-
partie de l'autre. Voici une petite anecdote qui
justifie pleinement la foi que Jacques Bon-
homme gài'de aux prophéties de Mathieu
Laensberg. Le chanoine ( Mathieu Laensberg
était; diton, chanoine) avait coutume de dic-
ter li s'a nièce ses prédictions météorologiques,
gué celle-ci écrivaitën regard des divers jours
de l'année^ Il 'en, était au 23 août : , ■ Orage,
grande pluie, dit l'oracle. — Mais, mon oncle,
le. 23 août' 'c'est; lé jour de- ta fêté ! — Beau
temps, nia RM,, beau f&cèl. • ..
',' On,a étendu le nom'd'ataanacA à une foule
de livres publiés annuellement avec un calen-
drier en tête et dont le but est de donner au
public des productions nouvelles, des rensei-
gnements utiles,, etc. Tels sont : Y Almanach
des Muses, recueil de poésies fugitives, fondé
à Paris, en 1764, par un sieur M a thon de
Lacour, et qui a été régulièrement publié jus-
qu'en ,1833: Y Almanach littéraire ou Etrennes
d'Apo'l(on.{im); Y Almanach des Dames, qui
fleurit sous l'Empire, et vécut jusqu'en 1845;
.YAimandch du commerce , recueil d'adresses
des commerçants et des principaux habitants
, de Paris, créé en. 139S,. et qui existe encore;
YÀtmanaçh nautique, recueil de renseigne-
ments astronomiques, fondé en 1679, par l'aca-
démicien Picard, et qui a pris, en n88,.le titre
de Connaissance des temps (V. ce mot), etc.
Nous citerons encore VAlmanach impérial de
France, appelé aussi, suivant les temps, Alma-
nach royal et Almanach national, qui contient
la liste des souverains .de tous les Etats et le
tableau officiel des principaux fonctionnaires
du pays: il existe depuis 1679. Le célèbre
Almanach de Gotha, si précieux pour la généa-
logie des grandes familles de l'Europe, a paru
pour, la première , fois en 1764; depuis cette
époque, on éh publie deux éditions , Vunè.alle-
mahde', l'autre française.
.' —Syn.Aimanncii, calendrier. Le calendrier
ne contient que les jours de l'année rangés
car semaines et par mois, avec l'indication aes
têtes, des saisons, du cours du soleil et de la
lune. — Valmanach contient les mêmes indi-
cations, avec des observations astronomiques,
des prédictions, et souvent, surtout depuis
quelques années, des notions sur diverses
sciences ou arts, le récit de faits récents, dès
anecdotes, etc.
'ALMANDINE s. f. (al-man-di-ne). Miner.
Corruption A'alabandine.
'' 'aLmANNIE s., f. (al-ma-ni — i'Âtmann,
pr.). Bot. Genre do plantes do la famille
ALMANZA, villè,d'ISspaène, dans là province
d'Albacfete, Victoire de Berwick sur les en-
nemis de Philippe V, en 1707.
. Aimnnxa (bataille d'1. La guerre de la Suc-
cession d'Espagne, la plus vaste, dit M. Henri
.Martin, qu'on ait vue depuis les croisades, con-
tinuait à ensanglanter l'Europe aveedes alter-
, natives de succès et de revers pour les parties
belligérantes. La campagne de 1707 s ouvrit
en Espagne par la .victoire d'Almanza, rem-
portée le 25 avrilpar l'armée franco-espagnole
,sur,une des armées de la coalition, composée
d'Anglais, d'Espagnols, de Portugais et de Hol-
landais. Contraste .bizarre! un réfugié fran-
çais, Ruvigni, comte de Gallway, commandait
les Anglais; tandis que les Franco-Castillans
avaient pour chef un bâtard royal d'Angle-
terre; le maréchal de Berwick: "Après avoir
confins du royaume de Valence et de la Nou-
velle-Castille , Gallway et le marquis de Las
ïMinas, sous les ordres duquel étaient placés
les 'Portugais, voulant prévenir l'arrivée d'un
renfort attendu de France, s'avancèrent au-
devant de Berwick pour le combattre, et lé ren-
contrèrent dans lesplaines d'Almanza. Ils comp-
taient vingt-six mille fantassins et sept mille
cavaliers ; les Franco-Castillans avaient moins
d'infanterie, mais étaient supérieurs- en artil-
lerie et en'cavalerie. Pour ladisposition'de ses
troupe3, le maréchal de BerwicS avait adopté
l'ordre habituel : les bataillons au centre etles
escadrons sur. les ailes; les ennemis avaient
entremêlé, infanterie et cavalerie, de manière
que ces deux armes se .prêtassent 'un mutuel
appui. Lord GaUway engagea résolument l'ac-
tion, en fondant sur l'artillerie, de la droite
franeo-càstil'ane fi la tête des dragons anglais ;
il y jeta d'abord le désordre, et cinq bataillons
ennemis en profitèrent pour essayer de tourner
'ArtM
notre droite ét.de1 rie-us^ 'envelopper. ','Be'ryick
lança contre eux une brigade française qui les
chargea impétueusement et les enfonça a la
baïonnette. La cavalerie espagnole chassa alors
devant elle les dragons anglais. Au centre, les
Hollandaisr'éussirent a rompre nptre première
ligne. Là seconde était cemmandëé'par léJÇh,e-
valiér d'A'sféld,' qui l'avait tiàb'ilémenfdïsppsëe
■ en ménageant'de largès^nteryàUes entre les
.divers corps, pour qui) né 'fût, point entraîné
par la première dans le cas où elle viendrait à
plier. Il attend les ennemis de pied, ferme, et,
profitant dé -la. confusion ^inséparable ^d'un
sucées Jïiêmé, il se .' précipité ,sùr "eux ," les
arrête et rétablit la face du combat, tandis que
no3 deux ailes, se. rapprochant ', jmettént'An-
glais, Portugais'et'Holiàndais entre'deux feux,
et leur font essuyer un désastre complet ; toute
cette infanterie, fut .hachee''r ^Six bataillons
cernés se rendirent1. en masse';' 'treizé^aùt^és
bataillons, cinq anglais'; cinq! hollandais et trois
portugais, qui s'étaient retirés le, soir, s'urj. 'une
hauteur boisée j, se rendire'nt'.'a leur ,tqur ,1e
lendemain, enveloppés par des forcés, trop
supérieures pour qu'ils pussent ;' essayer, la
moindre ' résistance. Les ennemis, perdirent
dans cette journée cinq mille, hommes tués 'et
dix mille prisonniers,, vingt-quatre/cànôns et
cent v'mgt drapeaux 'ou ^tendàrds furent, les
trophées dé cette victoire, qui jetait'., une 're-
vanche complète de Hoehstedtt, etquë lés vain-
queurs jié payèrent, que par ,la;,perte,dé,âeùx
mille hommes. Les fantassins' portugais et lés
cavaliers castillans déployèrent, dans cette ba-
taillé là plus brillante valeur,, quoiqu'elle ne
dût point recevoir lé même prix:' Le marquis
de Las Minas fut blessé, ètsa maîtresse, vêtue
en amazone, périt à^ses, côtés. Lord Gâllw'ây
reçut également une blessure àû visage.- Un
des corps qui se' battirent avec le plus d'achar-
nement fut celui dés réfugiés français, com-
mandé par Jean 'Càvà!ièr,ie fameux chef dés
càmisards. Chez les Franco^-Castillans,"le' ré-
giment du Maine se fit remarquer entre tous
par sa bouillante intrépidité ; 'Vupinipn publi-
que, 'énLEspagnë, lui attribua une si large part
dans'la victoire, que les habitants de Valence
firent graver sûr leur hôtel de ville cesparolès
où il rest" impossible - dé' ne point VècOniiàitre
l'emphase espagnole':, « Quand ' Wr( régiment du
Maine 'commença' à combattre, alors on crjd\ti.e
tous ''côtés; Victoire! victoire!» Ni' Philippe V,
ni ljarchiduc Charles,' au- profit 'dé'sqiieîs tant
de vaillants soldats versaient leùrisang, h'à's-
' sistèrèrit a la bataille d>Àlmanza*'ce'qùi.nt,dire
au caustique comté de' Petersborqugli": Akl
qu'on est bon de se battre pour 'eùx!'_ : "'' t|
Cette victoire entoura d'iin'ijrillant prestige
le nom du maréchal de "Berwiçk1; mais jamais
peùtréW le '.souvenir; -ne luiJ,'en.:fiit '"rappelé
dliihe iham^ré plus agréable 'eyplùs'inaltendùe
que dans la circonstance suivante. Il passait' à
pied, à Paris, dans un lieu public, lorsqu'il s'éh-
teridit saluer 'en- pur'-'castillan' par uh'simple
soldat : o Grenadier, lui demanda le maréchal
d'un a.ir: surpris', où-avéz-vo'us appris l'éspa-
' jjnbl?'— A Alitiàtiza; mon' géiiéral.'» Il était
-impossible de faire ûne-rèponsé plus flatteuse,
plus noble et-plus délicate: ' .
' ALMANZ1 (Giuseppe), hébraïsant et biblio-
phile italien, né à Padoue en 18H, est- auteur
de plusieurs écrits remarquables. Le<plus:cu-
rieux, intitulé A£ne',,Sicaron,.est' un.recueil'
'd'anciennes ' inscriptions tuniulair'es '"hébraï-
ques, publié avec des notes de S.D. Lûzzatto
(Prague, 1845, ïn-4<>).' Cet éruâit'pessè'dey as-
sure-t-on1,' une bibliothèque privée des" plus
riches en manuscrits orientaux. ■ '
AL-MANZOR ( A boù-Gia far -Abdallah, en'
arabe, Al-Qfanspur, le ,Vtictprieux),. succéda
'èti 754' 'à. son. frër'éj Abcul-Ab|(}as,''èYa'fi'ermitla|
'dynastiedes Abbassidés/iiar ;'lé, massacre. de
celle des Ommiades. 11 fonda, en 7G2, la ville
do'Bagdadj'qui devint la capitale de l'empire
musulman et fut pendant six siècles le foyer
des lumières en Orient; ily attira les savants,
leur prodigua les récompenses et'les ehcotira-
gème.nts, et commença enfin' cette œuvre de'
civilisation qui fut continuée avec tant d'éclat
par sonpetit-fils Hàrouri-al-Raschid.^ Il entre-
prit plusieur's:'ëxpéditie'ns et fit quelques' con-
quêtes dans l'Asie Mineure ; mais il se'désho-
•no'ra par la mort de son oncle Abdallah-et 'du
général Abou-Mpslèm, qui l'avaient pùissâ'm-
' ment 'aidé à renverser la faction' des- Om-
miades.'Il mourut en .775J •■'• '• ."-' -*'*
kL-Àl\XZOR(AboU'Amer-ÀfQhammed),y[an
des plus grands capitaines qu'aitproduits l'Es-
pagne musulraanej.'né en 039 dans les environs
; d'Algésiras,en Andalousie.. Nommé régerit du
- royaume de Cordoue a la mortd'Al-Hakem II,
il administra .les'.affaires .civiles-, et militaires
avec autant d habileté que de courage, rem-
porta plusieurs victoires sur les chrétiens,- prit
et détruisit Saint-Jacques de Corapostelle,et
portasses armes jusqu'en' Afrique. ..Il mourut
- en îoôl ou 1002 a Médina-Céli, du chagrin que
- lui j causa l'issue de la bataille sanglante :de
. Calatanasar,, où' les, rois ,dcLéoniictt de Na-
varre et le comte de Castille lui tuèrent cin-
quante mille hommes. , --J i ,. j. '•-.. -, .l-i..:
' ' ALMÀ PARENs'(mots lâtV qui-signif; Mère
nourricière j. Expression 'souvent; eiVipldyêe
parles postés latins pour désigner la pâltrie,
ot dont se servent quelquefois lds écrivains
modernes, soit dans le même sens, soit dans
un sens'figuré^ L'Angleterre est Yalma par'ens
de l'industrie moderne'.''' , ''"u' \\''i '. 'J
' RÔHin ne manquait jamais, dans ses discours,
ALM
'227
On dit quelquefois almajnater au lieu à! aima
parens. Le sens est absolument le même.. . ,
f-' La patrie j: dit' 'Richard ,' c'est ,1e Jie'u où
^av.onsreçu'le'jmjir^c'est'no'tre mèré.',^
*> r^.Aimû^are^jj'interrompii, Fischèr.wjd. ■
: :/■) .vi, iV. ," '.'\ '..i'. • « A.-.k.ARHi'1' .
,;Vv'VL'homme;;, enveloppé' par rlé mystère,' 'la
jpuissancè'jet.ies énergies, de' là çréàtioni en
.dégagea.un,cul'tejgrand. et sombre qui se' .res-
sentait de son origine. -Il yiixa en traits grayes
et symboliques les premières notions de 'la vie
■ùnivèrsèllè.'Isis était une personnification déjh.
"ttès1- avance*'! de; cette' mère' nature ,' Véram
àlmapâr'ens,^yi& lès'mpnuWnts des anciennes
théologies'répréséntent'ayéc un globe surla
tête. » ' '. !" W '..tjièvue de Paris.
« Malgré, l'é'èlàt'.dé ses propres universités
de Bologne,' de Padoue, de Modène, l'Italie ne
cessait'd'avqir les .yeux fixés suHa-.Erance et
'sur'1-Umversité de Paris,* cette'communé mère
- et noûrHcè,J,àima paréiis',' cette 'fille Tainée 'de
;; église; »,'",■•',' j' r" ' '■!$$ '4tyP^'~jH'$$É^
v \ÀLMAV-IVA-, 'personnage' du chef-d'wuv're
de 'Beaumarchais^ tyMariage de Figaro f oùHa
'■Folle'* Journée. Alinaviva,sc'estda «noblesse
livrée' aux ' rires et'' aux sarcasmes du 'par-
terre; du peuple, dans cette pièce où ■■ Beau-
marchais ridiculise tous les grands corps ''de
l'Etat j 'c'est' le grand 'seigneur 'corrompu '^et
'corrupteur, magnifique,' de- grandes manières,
rappelant dans sa personne toutes' les grâces,'
tous 'lés. 'privilèges jet ' tous < les: abus de.-l'an-
cienne noblesse; c'est: l-'hommeYquia Kopu-
^lenee- eti le;. luxe der l'intérieur, et-qui,-pour
cela, n'a eu;que la petie^de «afire. Il ;repré-'
sente , la. naissance et la richesse, dans tout
leur éclat ;. mais il n'en: .est -pas' moins > la
dupe de son valet Figaro^ qui personnifie l'es-;
prit, l'habileté'y l'intrigue^ et , qui .caractérise'
justement cette bizarre, inégalité par^ce mot
• si'hàrdi pour le temps,:,» Combien ^maitpes
n'auraient pas asse«to?.^sprit pour, être, valets 1 ■
Castille),' 'sûr >ïe 'Dùerp.-D Traite'1 de-paix
Pierre le' Cruel 'et Henri ♦■dé' Trâns'tamarê ,
■èn-Ï375. >'' '■J :•-■">'■■>■ >v' :i".'".*-.v.-,.,^>V>V-u"
ALME s.'f. (al-me).*. Nom [donné y.dans^ les
Alpes; â'des prairies'qui, par-leur élévation,
son.Vinaccéssiblës'péhaantl'fiivër: ' u "i
, ALME .adj. f,al-me -r-. lat.- A«il; même1
.sons)'.. N'ourricièr , .Toiénfaisant' ;, ^'"dernier;
embrasement' dé î'kuîii,et'igrande^me^e:là\'terr,e.
(Rabél.)' Heureuse," 'franche ' ëtv/iùds 'liberté.*
((Ronsard.)rli Ce motiâjété rajeurii.dé nosjpurs1
,'pàr làJplUme^éher^iqùe' de ,M: P^oùdhon :■
X'âlme rîaïvtre iis /ait, jamais fde, ma \ f a ' ceux
'qui, lui appartiennent. ,,,; j-, j Jt ','";jj,J,i t '{ v{\
■•■' iAEMÉÈ'Si'f.'(al-mé -^-.de'raraby'aimc/j'sa-
vant).- Nomidonné à l des danseuses' orién-
• taies, qui "font partie -obligée? 'de toutes les
fêtes,' mariages,' naissances, et même convois,
funèbres; • et dont' ' les 'danses ■ i lascives, sont!
mêlées de chants le plus souvent improvisés :
Sonkorps'souple trouvait .eni lui-même tôuterla'
grâce des âlmées. (G. Sand.) îSi des '«.uëès
?'u'on a fait' vmiir dansent et chantent devant
ui, alors il peut rêver 'le paradis. .(Gér. de.
Nerv.) -i .' ' • i i.-' ;- ' ■'-■ :.''^ fi' i*'"'!1'!; ■■
r, , Viens, donc, céleste almie,, . . , ■... :
Y, if .'" Mà'liour'i bierifairàée; ',', ' . " ,
' '" '' ' Vidns'dti 'déclin dii jour1' V"' '",'
.I'. Les doux parfumai et 'la;chan3on dû Maure, >î
\ i "J f.Kathma! rne font rêver d'amour.'t ..f, Tj
,..,.„, , , . /( ' -, ",.;V, ., {Chaiison algériwmc.) ,
AiméeV feblèau: >dè Ml Gé'i'ôiiie'.^'V.1 ,Gû
' ■ ALMEïDAj. ville jfcrtè' de (Portugal, dans.la
proviiicé'idè'Béira; '6,200 1 hab.. (Prise pari les
Espagnolsien ;17S2, démantelée parties Fran-
çais en 1810; fortifiée ,de;; nouveaux -par dés
'Anglàis.':.l VI . ..tf,,o ? at'-tr-i}, nu 1j-> \nsr.
'ÀLMEIdA (François' d'),' amiral, premier
vice-roi des vlndès^' portugaises, (1505-1509) ,
détruisit; en' 1508^1'a flotté que 'le^soudah' d'E-;
gypte avait armée pour'dispûtôr àûx'Pb'rJtii-
gais lé commerce' des Indes," et affermit par
ses' succès la puissance 'de sa-'patrie 'dans1 ces
contrées. ' C'est J sdûsL son administration que.
furent 'découvertes les îles Maldives; Ceyîàn
et' Madagascar." -Remplace; ddhs 'sori'-'cômm'an-
dèmént'par ■'AlBuquerqùë,'il'ïût'tué 'S!s6n:re-
tbûr.par les Cafrës dû Câp'/qùi' s^étaient pris
de querellé ayèp;sfey màtelo'tsJ(l5i'o);',f '^' J
, ALMÉiiJÉE s. f.. {al-mé-i-dé^.d'À/meida,
n .,-pr. ) .- Bot. G enre fie., plantes , de la:-famille
des diosmées.Arenfermant cinq,ou six espèces,,
■qui sont- des arbres, ou,-. des^arbrisseaux^dri-
• ginaires4ù Brésil. Loufs fleurs sont blanches,
"rougeSjlilâcées. où, bleues., ■■■.û.^ t..\ ^nu^d
1 ' AliMELOVEEN (Théodere de)',- médecin hôl-.
I'îandais?né1'en! l657,"'près d'Utrechti'inôrt1 en
' lTlB.'JSohT-ouvfàgyie'"plusi important 'est'Unei
histoire de lâ'niêâecinei*intituiee : OnOmasticoK
rèrùm inôentarumet-inventanova antiquet,, etc.,1
Amsterdam/ies^.11 ,; /'i!i.,lwuln^ii.!w l
' .ÀLMENÂ'R' ou ALM ANAIl,; petite ville 'd'Es-
jpàgiie, à iïkil/.N.-p. dè'Leriâa. Lès ^Autri-
n ' ,AiMÈNÇ's.,t (àl-mè-ne).' Métrol; Poids,de
i kiiogr'amme' environ ', en usage' dans- l'es
Indes orientales. , . " ,\
..ALMÉRAS ftaron.. Louis), général français,
né à;Vienne (Dauphin.é) en]17S8, mort à Bor-
deaux en^ 1828, fut- aide de camp,. du général
.Carteaux.en 1795, et:s"e signala au siège-, do
iTôuldn. Après avoir fait, sous Bonaparte, les
brillantes.'çampagnes d'Italie, il le suivit .en
Egypte, devint-, aa retour, gouVierneur,ide
■ file d'Elbe, fût blessé a.Waçràm,et»à la Mo's-
kowa.,(i8i2), et ..nommé vheùtenant général
,qùelques , jours, après .cette dernière bataille.
Fait prisonnier dans 'la retraite, il-neirevint en
France "qu'après ,1a chùte.de Napdlé'onj.et, reçut
le. commandement de.lajvillèTde Bordeauxyà
i;époqu'e;de la guerré.d'Éspagne..,«v ^v ,^i
i"ALMERIAj ville 'd'Espagne ;icbv-lieu de^la
rprovincé-dumême'nom^port sur une 'baie de
ila'Méditérranéè'; évêché; 19^000 hab.' Tombée
aupouvoir des Maures, au xie siècle; elle 'de-
vint très-importante par son commerce éts.on
industrie. Ferdinand JeiCàtholiques'en empara
en H89. La province d'Almeria; qui'èst fermée
d'une partie de l'ancienne An'dalpusie*,' compte
240i000'-hab. J'' ■hiï<J>.<>ï< i'i' (ii,.:iM|« ts
', ALMlCANTHSBATs.m'. (al-mi-kan4i-ra^-
-mot'àrab.). Astrdn:'Norn donne à des cercles
, J-^-^— I~l~-!-llà'sphèfé>,' parallèles à. l'horizon.
, . ALMICHLEC s, ,m,. (al-miT^lèlt),.- ',MétroL
Monnaie 3a!àrgènt',,en, usàgéj en Tù'^quijé,-jet
l^qû[îilyauit)3'iDrl 50 ç^dëjnbire monnaie,^ 'lf^'L
i (ALMODOVAR (Don' Ildefonso: Dias DE Ri-
bera, comté db). général et homme d'Etat
espagnol, né à^Valqnce vers 1.798. .Réfugie en
.France! sjp'rès, la défaite' du parti", libéral, • en '
1823' il4'rentrà, dans sà; patrie, à la mort', de
Ferdinàn'd.ytirfût .nomme .dépu^au^, portes,
qui' l'appelèrent" k' la/ présidence jr éV'r^inié-
gré'dans Tarmeé. avec pie gradé, de maréchal
de -cànip :(i 834) .! Capitaine ; général' de . la pro-
vince Me 'Valence 'sous' lé1 ministère .Toréno, il
accepta dans le ministère Mendizabal'le pof-
tefèUiire'"dêJla) guerre', qu'U^ûitta^lSchute
''de; ce' cabinet (i836)."Sôn àmi'iËspftrtérbi, du-
rant sa régenee^le rappela aux' anairesV'èt'lûi
remit 'la! Wréctioff ' dés': relations ■ 'extérieures.
eWis 'l:8'43','ép6qùé'de4a'-'coalition 'dés moclè-
.dos et des progressiste^ Séparés d-'Espartérb,
âuiifeptraina! la'ichuteide'Be (.dernier; Je;, cejnte
■Almodovar -est'iresté iiétranger [ài-larj.v.io
publique.-ui <i.Tu «•.; r:ii n^'l ,i-.sv ■ rujil
1'ALM0EFF', (Nils-Wf!lhelhi)ï acteur suédois,
Fné "'a' Stockholm; lë'24' frrârs'ms', étudia d'abord
•la J médecine ' et' la chirîiVgié et' entra- éri^lài 8
-au 'théâtre 'Royal' dei Stockholm .'^'En l'829Vil
-'Viht^a Pari'sî'dans.'lé bûï'd^étudièrlà 'scène
"-' française.' /M.''l'Al'rn,ceff,, qûe"sesi cdmpàtriotès
constderent'co"mm'"e,le1Talmaidë'la.'Sûèdé,'I6b-
•tintlëslplus graTid.'s'sùecës'dàns'Tà' tragédie,1 le
■d'ràihé'et'la comédië'dé'caractèré'; il excellé à
'traduire' les sentimentsrhéreiqùéa e't' les scènes
"sûblimés^è't il' rappel le' en èffet/pài" plusieurs
1 d^' ses ' qualités;' là 'noble* ligure 'et' le' jèû1 sans
égal'de! Talma. 'Mais 'son 'jeu est. souvent
- froid;' ses gestes ont de ,làlroidèûrJ'èti certains
détails lui échappent :!énLrevân'ch"e', son accent
est> ferme et; plein , de /noblesse; e,t,ses- a,van-
-tages physiques l!ontf;; seryi,^aqmii;abiëinent.
C!est, dans Vt^thie; de Lè.oppld ; ' \yallenstein,
Fièsque, Màrie-Stuart de Schiller ;, :ïa 'Faute,
de Mûllner ■Othello, ifernant,; qu'il ..tro'iivi' ses
principales créations. '.','' "°t' ', n ? , .,
'AUÏoJGAyARES PUiALMCGAVARES, bandes
militaires" jformées ; en^Espagne, , avant .l'éta-
blissement, des tannées) régulières, -pour com-
' battre: les Maures. (;,-.-.i • . |r'n',. .■-■;■ ', ! *■
'AI.MOHAbES;!dynaktie.rlé ;princes' mnsûl-
niàris qui régnèrent-sur presque toute 'l'Afri-
que septentricnale et sur lamoitié- de-l'Bs-
'pàgne,"de :i,l29'àil273. 'EUe'èûtpoûr'pmn'cip'al
îondâteûr' ûn-fânatiqueinomme-Abd-eWloù-
men, qui se prétendait issu -deI'Mâh'omet;-èt
. f ut.iune :sectei.religieuse . avanti.dlêtre mneidy-
unastie de princes souverains. Les .Almqhades,
: ou-plus-iexaetement-AfDiouaAeddoùn^c'est-^-
'■ dire u?i!7ariejts),i prétendaient. professeriseuls,
dans tout,e. sa, pureté,, le- 'dpgme\detlf unité de
•^"'ALMÔN^Jéahïj-librâiretet écrivain poli tique
'anglais'; né'à iLivèrpo6,.^en'Ï788,, mbrten'1805.
-IU' appartenait* au1 parti -wighi'et'fut» l'éditeur
-'oû'l auteur 'des-principaux' pamphlets^dirigés
contre le' ministère Bùter'Il'à donne ùntfex-
- 'céllënte "édition des fameuses' /lettres ;dië>Ju-
■ 'rfïiù,' et fondé 'en' ' 17-74= ûne-publicâtiôn^pério-
diq'ué'qûi' parait encoi*e-aûjourd'hiii,iie-Voi*»ar
parlementaire:''0'' *\> ^ ' "-'>'i" ''• '.'' "ij> ,ij|'
'y^ÀL'MONAÇlbrDÉ-ZÔRiTA^b'p'ùrg! d'Espagne
3près'du:TKgé; a",36 kil.'^ScElIaë^adâiaxar'a.
. Les .Français,' 'commandés par 'Sébastiih'iiy
\ défirent 'fes^E/spaènoîs'le l'i 'août XW^'î'^'^
-/ijA'iMONDBURy,'. yii'le, d'AngVteIre,'.dans,:]e'
tcomté d'York ;; .^OTOiab.-ImpprtanteSjinaniU-
.tfacturèsidei'cptpn et.de lainages.,-,-; „l,. h-uj
'- >"AllMONDE.«(Philippe. Van), 'marin ^hollan-
dais;, né en l646,:nidrt en 171ï:ill'seryit'sdus
■ Rifyter ' èt^eût,' par "ses savantes manœuvres,:
'larplûs grande' partià la; victoire 'de!La> Hogue,'
4'dn--169B;U'-'.|T ''-• -"• -îuni.î»^ j-i eJfa'i aa!
" J^4LMO,NfÈv( Juart-N^pq'muçèin^ j^gièneraiTet
homme d'Etat1 mexicain, né' en" 1802,â'Vàlla-
'dolid, dans l'Etat dé^M'içhbii^an, 'ést^uh^des
personnages è^rang'èr^'qù'e,lbs,'d^rhie'rs éve-
ûèriients' survenus dans sa. 'pà'trieont le' plus
mis en relief ,'et.-sigrialé a l'attention de l'Eu-
rope.Il est fils d'un des plusillùstrés héros'de
l'indé,pe,n'dànce , lé curé Morelos,'et l'on pré-
tend même ,qûe son nom d'Almonte lui vient
de l'habitude qu'avait son père, au moment de
partir pour ses 'aventureuses expéditions, de ■
dire à la'noùrriçé qui portait l'enfanVéncore sur
'ses bras : A^monïeic'est-a-^ir'eàlarnQrita^nj;',^
la^orêtj lieu dé refuge pour les femmes, étalés
enfânb. N'pm.mécpIpnelàlafieùrdél'âgejll'pçit
part à plûsi.e(irs4 batailles aux .côtés jqû grand
patriote: niais lorsque Mor'éios', fâitprisoûnièi',
.eut' é^é .fusillé 'par les Espagnols; son fils.'fùt
conduit^ la Npuyené-'Orléans, pu la générosité
d'une créole 'française subvint aux.' frais. Jje'sljn
, éducation.; Cette damé lui ouvrit ensuite sà'rpai-
s'on de cpmmferce; ilyres^ajusqu'eni82î,ép[p-
qùe'k'laqù'ellelturbid^erappeWles.exil^.m'ê.x!-
cains.' Maintenu dans son grade de colonel,
Almonté partit Vànilée 'suivante noûr'l'An'-
.gleterre 'avec, lé titrij d'attache ît.'la lëgàjtwn
; mexicaine', piégea ensuite au çorigTès'coniine
député jusqu'en l's'îs, et fut; en l830,ch'ârgé
"d'une mission 'extraordinaire au Pérou. !ll re-
vint a ' Mexico jën',1'834,' 'prit part a l'expédition
contré lé Texas 'en 1836,'en quadité â aide de
camp dé Sahtâ-Anhà, et sûbit.'six m'ois de'cap-
tivitê'avecson chef a là suite'dé la bàtaiilë('ae
San-Jacintoi1 ou ils' .avaient1 été fàit's /prison-
niers. En 1 839," ëanta- Anna l'éîeva 'au fr'rade
' dé général dëbri^acle; et. peu dètemps'irprès,
'• Almdnte reçut le portefeuille de' la guerre sotis
là' présidënqè'dè'Bustaménte! Bans lès années
'suivantes; 41 fut nommé général de divisiû'û,
remplit 'diverses fonctions dipioniâtiqûes'a^x
■ Etats-Unis et' en , Europe ,' et1 se trouvait- en
' France-, chargé' d'une1 mission extraordinaire,
' lorsque éclata le complot qui élev'ait'le-pdûvbir
■"dé Juarez'sùr'les débris 'de celui de'Miraihdn.
Dès cet moment Almonte prit une attit'iitléîdës
'plus bostileS: envers lé1 gouvernenféht: lihéifàl
' au' nouveau! président'; et l'on remarqua' ses
'fréqûéntey'visites'auxTûileries ; il né'cià-igiiit
mé/me pas! dé signër'avèc'l,Espagnè;'en''i8éÔ,
ûh traité qui compromettait grayement;lés ih-
■'térêtsét la^dignite dé la 'république mexicaine.
Le fils du patriote Morelo's se vit aloW proscrit
-etldéçlare traître a laipatrie. iR.ne rentra au
iMlaxiqùe qu'en, 1882; àla suite de. Hexpéditicm
. fi-aiiçaise, et .àl.ho fut pas 'plus -tôt arrivé }i
Orizaba, qu'il provoqua un promtnciamento.et
r rédigea mi phui:« pour sauver lainationi'noù
•il "était ;dés igné ^otnme cbef.suprême deilalré-
publique-.i lbne putirecueillir que;quatpe-;v,iiiçt-
ououze signatures, par^mi lesquelles on comptait
-celles jde ,six. moines et'de.iuouze'officièrs des
bandes réactionnaires, mais pasr.un'seub nom
.iritUicnti-.plusieurs i sociétés. de tMesico ,-dont
il [faisait partiej-le rayèrent delà liatq.de leurs
meinbres„'Le .' projet. A Imonte.- .commei on dl'a
.appelé, avait',pour,.but l'établissement d'une
monarchie, au Mexique,! et spn premier résultat
fut de reinprenl'alliance :de fa France I avec
, l'Angleterre et l'Espagne. Cependant Almonte
se,-dpnnait!j. auprès des:,ehefs,de 4;expédition,
comme, l'homme populair.e, par, excelleacej>fit
ses amis prétendaient, qufoveo une simple e:
français Lorencez .attaqua,, le S mai J862jiies
.retranchements. 4e.Guadal.upe et deLLpreto ;
mais.il.dut se retirer après avoir subi des pertes
considérables.- , i ,- ,,'.' ", ., ,.! ■;■ ■- uio -ir - :;
■. ! A. la mèmerénoqu.ej, Almonte nommait com-
mandant en. chef, des. .forces mexicaines ;le
général Marquez, ,1'auteur des épouvantables
massacres, de- Tapubaza, et il. publiait à.Oiii-
zaba ,déux décrets, ,1e premier relatif à un
enrôlement, forcé ,,lè second .portant «émis-
sion, de billets nationaux pour une. somme- de
.500,000 piastres.' Ces , mesures, portèrent ,.àu
comble l'exaspéiation des- espritSi et le gou-
vernement français, craignant de s'uliénerir-
rôvocablement 1 opûiionvpublique , jugea pru-
dent de i désavouer/son -protégé. Lej général
,n W continua, p.às,r moins l'exercice , -de , son
^pouv.oir,' et-,! irrité ;du"v,id,e:qui,s'é.largissait
.autour de lui, .dans un pay.sr.pû .les, .emplois
Éublics, s'ont -reciherchés plus que partoutqaii-
nirs'i!,ii Jnventajlej çrimè.de dé'sq/feçtion',<£t
menaça du bannissement quiconque refuserait
de,. remplir,- les, fonctions civiles ou militaires
".qu'il, -lui plaira.itde.cqn'fére'r. Llannée suivante,
après l'entrée' des !Français à Mexiqoi.la.junte
supérieure 'du gouvernement, :él'ue par.les-np-
j tablesj choisit Te", général, Almonte,'. conjointe-
•ment,avec. le général, Salas, et; l'archevêque
Labastidâi pour membres du pouvoir exécutif.
, Maisïl'îàrmonié,ne,réf;iia: pas ,lpngteinps..au
' sein [dé -ce.- triumvirat : au^mois de décembre
: suivant \ lès .iieux collègues d'Àlrûonte, [ don-
naient leur démission, et.ee dernieij^resfàit.s^ol
■chargé du'ipouvoir juif.quia l'ara-iyoe .de ,1'ein-
perêur Maximiliêiî. , ♦^i,,n"p s " j L -"'un
, Peur npus, résumer MAlmonte s.'çst .nientré
hè''ncomplàisan't,'de'i,6ùsTîes poûv'oirs;folUir si
' 'itsûccé'dé'au -Mexique, réglant ses opinïpîi;
sqhtsi
-Mexique, réglant ses opinions
sur 'celles de. chaque' président; 'tour îi^tpyr
ûltr'a-libérài' ou clérical^sbivaEit les 'reviifé-
■ mènts dé lai fortune;. -Fils ;d!un des.hérès de
l'indépendance mexicaine, il. a contribué* plus
u que personne, à conduire l'étrangerdansison
pays.1 De plus; l'expédition .du'Mexique a:bu-
'ivert >à -.là- -Francela' perspectiveid'uncénfiit
plus ou moins. iéloitme':avec'. les 'Etats-Unis,
dpntelle a traversé ypeuWtre. les f,uturs<pro-
. 'jets et "refroidi assurément là reconnaissance
etl'amitif séculaires; en éveillant leurs suaç.ep-
tibilitës, républicaines'. ', . . ' ,
Dû reste, personne', pas même ses etmeiriis
"politiques; ne conteste' au généTàl'AlinoTité'lës
':tàïé'nrs'miritaircV;T-riiabi'rae",fliinoiy'.attqù"è'^t
228 ALO
CSS , . . -")JA
une certaine aménité de caractère dans les _ _
HfeJWr^^JâiYia P.çivée.,SansJUdtitêl il; a^cru'-.
servir, ,les .intérêts, de. sa- patricien. invoquant»
''iy.tpHVS.ÇjiWseui'Qliéenne !, l'avenir nous, ap-r,
prondïa^s'il ,& jugé sainemeiit.la situationyoïr
sjijjsje^berflft.^'e.spérahceawllusodces.,* .t-\ , «iï
9À U3IG PS;' ifils-dè-iNCptùn'e ' et l'un IdeVgëaiïtsF1
qui jlècla'rère'ht Itfjguérrê k'-JupifiS4.'"'- '>»" '"""'
ALMÔRAV1DÈS, tribu arabe de l'Atlas, qui,
vers 1050, sou'MjEJez/ëtrie^Mâr^^et 'donna
naissance à une dyn'astr^quinr>gnfl.4)rè& de
cent ans sur cette partie" aeivl'Afrigiièu'ét la
partie sud de rEspaftnéïiLes Alm'ora-vidësjfu-
rent dépossédés parles '^lnïoha'd'es.!llî ^^
beaucoup d'ouvrages,suH'enséiKn£merii''éle-(;
mentatte',' ■gramhS'àifèV matH'ématiqûeV'his-
toire, etc, Mais ses principaux titres lit'ta&frës ^
scfetaun cécuéUid-e .pSèmchïJiosès-W'égTàïÙier,
et plusieurs xomras'don6iës--p!us-estimésronf!t
£WV.CÉJ>iÈ ss.,/fc ' i(alrmu&sé-dî)i| Astron: > i,
NPffl, i.dj'Vn9iétpile|de)Jai:cdnstellâtionifdô Halq
Vierge., u«. eijiiolîi; U uim^q .Mphbniiyj ' -
— Dois d'aloès, Nom donné communément
àniméi substance i*alsàmiquè^que»lès -iiâbi--'
tants de l'Inde tirûlent comme encens jdàns'
lesj-temples/ d'ôTlçurs .divinités.' Cette" sub-
stance i ne ^provient pas! de. l'aloès: mais de
Vaquilair&agaUochefavbie qui' croitrditns.les'
njpn.tagnes du-tUhiliotV'f. -tini.,. ri ,?. i 'ifr^nrj
--tr.lOh idpmuKq.uelqiiofois 'impropremétit'lé'
nom A'aloès à l'agave d'Amérique. •""'■*
'■■^Ëncvcï.' :$Às'aloîs &Vit|ent:.un 'genre iln-,.
'portarit^uaris^îàmillë 'dès 'HIïEcë e^Vou ' ns* '
ieôtf stttuén-t'ie- ty'p'é. de'la tribu' aés7âloïjiees^Ce'.7
Iséijt tantôt* îbéïiïea plaflfês',acaÛlesfianïâ^1
dé'grànasL'vêgièta\iT afboVesbën'ts 'é't raméiïxV;,
leWfaûïire^nï'^
nu^Mê'ùrs^^eÛre^dtn'jâffi^'vTrdâlre^ou'
d'un rouge obscur, et'ftsiëz'souHWrtricolôres;' ""
Im gennen alods .reiifermê-iiinngraffiï"/riBmbTre .
d'espèces; quUappai'tiennent;;tï>iifes àux',lré-"J
jgions australes ou orientales de'-l'Afriquè^'t1*
ta^Jl?\^mes,JLap}Wpw)Vd;entre,jiUçss«Qnt
!cultiyee&;dans,nos serres,, tempér;|es,,et/ourr,i
'n?^î^uÀï,ic^^"çp°^"^iacêtfêiCatègorlftdé '/
^éS'|.t^ïl.x,.flîié' l*<3n( ;d ésign"^ er^liprticyi^ré.'sou"*s-,l
le^ nom dé plantes .grasses. JX .'en ést',[mê,uiei
be'ïîucpu{i[qui pyûvènîcrô'îtreé'n:pleïn,air dans
ileîïliifîiy.^ ^- ^M9s!,a5,îliMl^ïplli*l.,. ivét^nauèE
dû bassm'niëditferraneénVEarini .lés: "espèces i:
Ide-^Kte .port^/d^la bea^/dp leur/flâiirs^;
■tnn'} Yaliês ^~"!-lij' ■'«■'^-•Sii1 -rr~!i:'-i?-->!-\r,::-ï
vaut! 's'îjlj'.el^j: '_
Â.LMpîŒ- Yl:f. 2(iaiV DaurdêL).7Métrbï. Nom'
d uflAiBiesura^doicapacité usitée- en Eortugaiu.
et^qjitj a/ïaieur.txàrie ;siiivan't ilesiiocaiités i- f
A L!slîonnept-Almudei.vautri6iitjes*-54i,'J8t'à'
OpQrt9r.2_5iUtr.e5', ÏSOaitl^a •! Jujitu.i-» ai olls u
AmcGAyMBS^viiAwîoo^vXRÉsï ^(''^' ";
Àtanidiâ; ou AlMOGiE"slv{,,tal-mu^é_;]ij'.'i
-:Fl rfflW&k Lu J.qqi, yll , nu %^ m -tt»i
ALNANDER (Olaf-Jean)f, -antiquaire eti bi^
bî'flSrail^3>Mw%1,yiyaitJàJa,fmjîu-xvnç1sièelé
et<au cfj/nmenqdmontudu ■Xiviiij'..)IL est. connu J
par uneHÇurie,useJ|;istqif%id.e,cl'iiiiprimerie en,
UPfi^i?23.3b onji^Hi a[ -»ft<tq a» ifcj-.uj.'ji.-V:
A IdSE;îihanieàu':de ■Belgique': 'iprovfnce','dël
Habidut'i canton derThuin^prèi'H'a'&ariibrè''-''
lieuî.célèbre^par -lesl ruines; ahurie:- magmn-tfue,:
abbaye.',' ino'endiéeîpendaiiWa Révolution' fran-
çaise, et qùksont Vrsitées'encoreiaMjotfrd'huF
par. uhï grand [ nombre .'d'archéologues'.' -JC'êst1,
dans.ee Jiéwque ' quelques > chro'niqu'éurs'JpiàT- 1
cent ice3fameux-abbéiMàrtihiJ dont' unë''fâùtè"'
de ponctuation donna naissance au proverb'e :t!
ANfi:u-}(Ui-ilj ,iii:'mi.) Jitiq •)•> : -iliui -.b u,]iJiitiiq4i
AtHiTE. si fy.(alini-te'.^'fdu'f-ia-tii'là«fM,J<
aune;, arbre): 'Végétal- fô&ilé',' appartéharit'àû'
gence vàune et^ànurie-espêee vojsine'de nôtre''
aune.coTnmun./On''a trouvé'/dans^ïes'iignites*' '•
bruns:des cterrainsî tertiaires>'de,Salzhàuseri1,1 ' '
en Wettéravie, des rameaux^ de-'cétté^esp'èce;"'
ayeqj^ea, fruits J desi-chatons de lleursqmdleS
et meme.jde&igràins rde-.rpollenipar.feitemen1;j.
conservés. «,ni ,.illai :„,,/ .^jj-ji,,^ i sbiucri', ■
AIsHWIËKf ville d^le^rre'^ansMé^comt'é''
de Northumberland ;. 7,000i .habf„iTrès-:'bêau
château des ducsrdei NorthumberlandlMiCdis
une des principales forteresses du-rôyaunl|.
ALOCASIB s.'.fV(à-lorkar2Î — 'Corruptioiii de
colocasityvBtii. Genre de plantes de la fa-
mille des aroïdéos,-* tribu -des j cala'diéès'.n-U
renferme un petit hombreld"esp'èéés,'1',géiïe^'
ralomeril?''qKgfilaifBs^de!'i;tnSëJ^^^
plupart sAnÇjBJiHivées1 dâh'r nos jardins , à
cause dé labeauté de leur feuillagG, qui .Dré-
sentequel^fl'a^je^^Vnî'é'f^qu^-ïr^;'0
ALOMs, m:"(àliloi'aé'î-1dû,1bas;i lat:' alla-
dxum, franï^alleu). Féod. Bien possédé ea
fraqo^alleul!: i<£ek môt-Tvàovk'HfidM&mS-Zler
prerrcier$ alleux tfùMMës të^f^fui^ée/aâHJtt'C
auxtvaittquaurs>par4ira^& mmrt'W- paffdtie:u
(Guizot.) fsiiniSJnï-
AiiODlEr s(«âinteO Vvi«i«ge.^t"mbttyfë3 à-
Huesékvetfv ESpagWe|"aùiiix* 'éiècl£LFétè'Ilev-
Ai^ÉN^ËiTOE'Jaài? (^'cié'-'ain1, Ktie^WÏ-
Ieqa 1R £$?$k$i '«M fôte-^ueVlésî'labocD; ''
reurss(<At(ihry?pn+. J'^'k'll àW<i8- "A*' TtU^^.'i'1 »
présente sous forme d.aiguilles, prismatiques,,
d:un 'beau' jàiine ' soufré. 'Elle eSt .ttês-peii $q-. ,
lublè dans l'eâu/et he'dèvièh't" pùrgàtiv'e'que
lorsqu'elle a été altérée par l'action de l'air
eti_dè*la cbâlêur.1 ji1 -ït'jrj.] tluiv^ ■"•"], ~t
"Aib'ÊTnQOB adj.r(â;iq-e-t;-kei~rod.!o]^).-
Qtii contient de l'aloès : Pïtiiles ALOKTiQués^
il Chim. Se dit aussi d'un ,acideque'l'on ob-
tienten trail'a'nt' l'aloès par l'acide &z6.'tique.
L'âcidê 'àloëtique', appelé encore ! amèrïd'alpès '
aHificiél,l'hcidè\vàlychràmâiigue, se présente'
,soùsdla forme'1d'u'nel,poùdré1bràngée, cristàl-n
.line, d'une saveur amère. Il est pe'u'sôïuwé
'd^nsjl'eau.ifroide^ tplus: solqble- dans 'Keàiî|V
jbouillan-tQ,iasse2 soluble dans l'alcool. L'am-
(moniaque, la pojas^e^t.la, soude idissolveretii
.l'acide nalpétiriue, la première avec une cou-
lieu? violette, les deux autres avec une couleur
:rouge.M',Bl,"J s^iH-^v "^^ ,"'ll'1,i-\^l"!-(j^1v^uj;
ALOJEXXLE ,s. ,m, ,(aTl Ark%le --du- gr:r
awe\ ^çes;,, Euipn^-boisJ^Bot.i, Genre >dé'l8'
famille^ do^ IJgumineiises,i,ttribii^,des-cé-.<'
salpiniées, et; don|t'la seule„espèce. est^um
arbre originaif é 'de(là"Côchinchine. Son,'
lui,Jiehtraê!c'e,qu;on;l'a regarde à'fortcoi
fournissant! lë'bois d'dlb'ès': ...b /.',"".' ',' " V
' J^OQANDRqMÊLÎÉ,'Vslr,.f:. '(a-lo^ganr'dro-^
ro&kW^du-.gr. alqgqs, anprjràâl carier, andros,*
homme , ..et melbs,"^ membre). Monstruosité
«™i***n~i s.,ii.-j;...:.u j» . — J \beteic
;,tt Fig: (56; dit :aussl en parlant, des (per-
• sonnes: U11, homme- 4e ..bon alou Une femme '
• de bas Ahqi. Un. philosophe en cour est de très^.
mince, Kh^(-;% C'étaient, gens de si, tonne:
^"SPfM'fl ft ,rf« si bon,ALOi, qu'en leur genre; '
\ils faisaient honneur .partait.. (St-Sini;)- - ™:r.-
j ,Cela;BentléTiooreaois(lu.plusmeehaht<i;JiV,'!,i .
I Oh iqit,> .'. *,ii.l .ii-t ; '1"i''p'|B<)ORSault: . "'
| .nîf^,f%^.Çôrm^s'se3^ Mi
; tes t.^'(o/^t,son.£' d;unè, cùltuî-e^pt .d'une'^conr.:
servatjpnifaçiles'i.onJ^tnietidans.pnQnteiirei^
^êaçe.HÏePpsant; sur^dO; gros Jgra.via.r:);ou.isiin:
deSjpLa.tea.Sj e^ pn,leuj,dqnne pqu.d'eau^porceri
que" leurs feuillesj,çliariiue%;en) .contiennetitu
déjà beaucoup et en perdent peu par l'évapo-
ratiori.s'I at Jiiill .(aSa-L'oi-j;^.! .FaHOLÏCJA
| Chez les Mahométans, et particulièrement1
enjli^ypjte;,-.lig/p<jiàLÛtt cârattère .sjlûbo-lîqaô
et .i;el>gie,yx.j les pàerinsp àî-ïeua1 retbur'de iliàui
Meçg.ûefllqjSuspenarfntfa-.leurs-.poKtestpour'ltôiu"
moijjner qu'ils ont accompli leur pieux svoyage'JfiL
la vertg clé .préserver ;. leurs, demeures .des .ap,-.-,.,
par^'^tfcfl^Sa^ii^ri^Vs ancléos ' [
paraissent ia,vojr^e7m'pldyèil'a7o«rpburjé'mbauT'/t 1
nier lé's' cMk, j^NiTOdèm^ ,#t^il,dït .dans ÎIB^
--n'éilé de^ài'n^Jê'ari'/aVpôrla « l»mr--!'!--
| ALOGIENS^S.1
ÇCClÔS.ViV.iAlioGE
sociniens; qui.111
t Christ '■'
„ , apporta une çpmpgsition^
de myrrhe et d'aloès, lorsqu'il vint.pdur ejile-
yeMJûtiènsevëlir le1léo'rpsiaë'-Jesus.^ 3UÙJA
: Ce qui fait surtout 'la'ïlpùtafibnlfe'si'/o'isi3
.'».. i«....,„ „. a„:w„,.„ qu© [fournissenP
plusieurs de leura espèces,'ef'qui!ëat fféq'u"em'4i
ment employé^én 'médecine:! Ce' suc? qui pû'rtet
le même. : norfquçVl^p'lahte'doiït'on rëxt'raiï,
est d'une odeur légèrement aromatique., et
d'unêlsà'veur- tKès'-ràmere': 'il durM?H$lrf,
en.pWnarft^urië'Héinte' brùné-rplus 'ou'mo'ins"
i:eairi'.^àT'éSWpBsitibn''cKimique\sï)enb'àrâ'pé,S;lJ
connue? vDans -l'ê^ôniin'èfcè-, on "en 'distingue â
troi's' varlét'é^pf intiïJàlës'' ":" 10 (rl'alBè>a hec^
trinW'siicâolrinV &msi ndmhîë'parce'qu'U est1*
5lîotrtr^l!f r'fisîl'iA^'nliVc'
ALOÈSjb.» m'.ô(a-io^ss — du 'grf'afài,.mêmë*
sena)i Boft Genre de plantés-dè'la'fâmillè'dés,I l
liliacées, dontolest'feuilios charnués1'cbnti'én'-J'-'
nent^tysiic ôffieeiq.Hijconstitue.lfaloèsf qfflcii a.
nul-,.», Jîœine?àque , J'onj extrait: dej plusieurs-,
especesyd.alggs. , et.jquitest! employée comme -1
toniqu.q jfit/.purjgative, :: ^r&idr.eu desnpilulesii
d ^oEsilMALOK^etJelcamplireljovent damlén
WstemtMaspjiilyle.jmémerrôlejiueiles saignées.,
e* l £P%?kQH?,'dansiila\lmét/iod.e nQ\u>.doGteun.
Sangj-o.dq,1L'ALQE^zestadrastigi/epar son aci- 1
ditéj!j,,Sçrnxifu(/elpa?$mwer.tume^Rasp%m).t
«. co^leù^r'o^èïSna\ofjÈ"à
(ëih^gW Hëpar\aiêpd?6s)^?--'^*-
nbt^îl'* ''1,v,""',;•,/, '"'•'" l«:"'-"
calfullus-
qué'dans'__.
On* ,extrait''i'Vlrôej ''dé1.; 'deux11 mànièrès.ria ,
meilleure' consiste à' couper les feuilles e't'a'
les "su,spendre,'yertieale'mènt .au-dessus "d'un.
corikïstàrit' dans iaj'réùhïqhj'd'un corps de-'-bêl
et^/mémbre^humàrn^q, q ', tl,i ;,-lU,jruii
: ALOGE3 ^.- Bi'.' pi. y(a-!c-4je — du' gr.iâ'pf ivî
logw,. verrbe).sHist. ccclésyiNom') dorihe àifx
her1étijqnes,.qui-iOontestaieDtcl,àuth"onticit'ôltfe9i
rEyangileret^dê JÎApocalypseadé:saint 3eah"|*
$uîMî, &wMu?imhk Cérjife Ç-^tto opinion
ruSf!(:?Erp,(,.ur.tgrPar Caïus, de, Rome,,au cornai
mencemènt du.ine siècle^Al." un'peu pius.tar'dy,
parJpenysd'A;lexan'lne. .11 On ;ditVaussi ;ÀLOr
gués et Al^iens.^jj nuj;!,. ', ,-i'i! -,'t,:.>.\ :.,iV'
! ÂMCHEBMAPHRODITIEiS:.f: (a-lo-ghèr-1
ma-ifroidirtii-s-jdugr.-. a/oooy,t anormal ferma'''
phraditois, .quï,;tient> de. fimatureides deux'
sexes). Monstruosité caractérisée tpar larféu-
niefi'des^Êu^sexè^dan^'ûn'^
i ^r0^iEJ1s...f.i{ariç-jt4 idu'g^ià'priv.j.iô^o*^
disçiolurs;)..Mqt.derançiennûjSCOlastique",'qui.
ygnjÇçAaJsur,dit'éVini"pertinencej sottise. «!•: --
_. 'pi.; (a-lorjr-ïàinp Hist; :
. llJNom donné plus ta'rdvàux''
âièntla divinitéJdo Jésùs'-^.
i AIiOGiQUE°âdj^(à-16^i-ké— du gr. a priv.j,:
^(J>5'râison);,'Philos.)Se'.diï aé'ce qui est.cer-.,
tain to so^mêm'e^t'n'a pas b'ésoin;de prç'uy e'.'.,
j I AlOGNE 'ou, AtOKGNB'.lSS ''fi'\(a-l0HgneH;''-'
gn ;mll;): ^MarViSe .djçài.t .autrefois â' un cor^ . ■
dage ^ui, servait .àviixerjjfUn/.tonneâu^uneA
^ÇÇft.P^.^oV '^u ':< -«.^V ■ , ■'...-• .■'•■)'■ 'i -
i ~ '.AFfaPWli t., Cordage qui servait à lançon--
strucJiQn,ldes,,t ponts volants, et < surtout, dés "
ponîsjsuf.çhoyajeteî.' .;,. ,\.,-,^ = .v,n'
i ALOGOS'(du-'>gT: a '-p ri v1; ;vlogos; discours';''
c'est-à-dire -sans ràwon).'Noîn'qù'e lès Eg'yp-.'
. tiens donnaient à Typhon, comme represen- L
- tant, t les ^pa^sip^^rutales , , ennemies^idei la-
^ raisen^'ipar,' oppds.| ai|Ôsiris,Hqui .était', dansx
1 rordrèdii mondé,, ce guersont la-raisoni.etla.[
? pensée, dans'THômmê.*..', . ,.', . _.!.„, «M. t,,..,, ,,
j cas7^1êJsuç,»mi
j est'moms pùrT -, -, ., ,. ,
1 j mibW .est,1 s'tbniàchïqile , Unique' ,' purgàtff '
h* S^f^'^sfe^^oV^I;'^
întigr^comme1 tonique, et de 30 -centfer. à
grainînXç6mmeu,p'uVgaiif';'â^ds^
>li\ agit spécialement sur le gros inteslin"yers',
l' lequel il'dêtérminè^n'a'fnu^sanguih'V.àjiyï'në1
qdpiPî^'paV',êfre1'près'çrit',aùx''s^je& aifèctés*
d?h£mofft>idè's". il 'éhtr^dàh's' ,ïa" 'çôhïpo'sïtïqn
bdè ^certaines 'Tprépàràïr.àns" pharmaceutiquesT
-devenues popuIairèsV telles "qu&J\'hfixir "^e
^longue vie, les grains de santé ou grains de vie',11
, las pilules d'Andersen-, ou* piMes^-écossaises,
" 'puis quel(hie%raBÎVêètf,;'ohI7énlfait:âussii'ns%e
teintil'ffeVTlJcoldre parfaitement la laine, la
(j hie et le cotonj'et'donnè', sejônj les prépara-;*
,tJtipns qu'on" Ijii-faît' subir,' "une' multitude- dé
. nûances'J"'différ'entes , telles que le rose , , le
;{.jaWie;le marron \j)i puc>,,'leyïpfôt,é;tc.y.■CHiîXT',,
'fSAMMIQUE.^,, ^"jj/ii! Mîi •i''i.1M"'.i.i'.|rt "t .h îrVliW! I
x JALOÉTATEs:ini;t(à-io^taité— ra.a:àl6ës):b
.Chirn. SëFTffnrié par la combinaison de l'a-
cideûalbétiquoravec-mne ibase".1' Uâlûêfatêide-
, ^potasse évaporé lanternent serpTésent'é^ous là'1'
7ormevd'aiguiires brillantes î-couieur'âeruBis.JC
Jqùi !se\ dissolvent aiëémerit 'dans^U'eaufavec'-'
, junecouleurîrouge.de.sarig; h'aloétate-de^bbr- -t
, ryte- forme uiio .poudre rouge-brun insoiùblo J
,ndans l'eau, no:)) .tvA rx n.nv. Hni.V.n* 'uri v» m
•' ALOÉTlNE-sJ'f: (âtlc-ié-tPne*— vràd'. "afofo). "
.rChim. Suc d'aroès-pùriné;lH.'aWétihëlpurè-së':
. é ifrégulière: qui 'donne
croissement anormal iàt certaines [parties1 du
corps.-ren' mêmet:temps qu'elle: en »altèré- la
forme.,^.«3iu,'.[i xum ;-*l ^m-ii ,.-,■>/> .11 -y,i \ w
ÀEOGdes s. m'.'pl."(â-iô-lgJiie)'. Eist.'ecclës,.'t
Syn.de Aïôgès.J'J n*f- "''[''[ 1 1 V.''^"' 'i', '.,.'■<■
AL^iï: s"!.m.>nMQi''iV-'de àle&Joï ^c'êsirh-ûire,.
conforme. â^a loi). tTitrejde l'omet "de l'argent.u
S'est'd'kKçrd, p'riSj.dàns, un sens, , absqlu -[et, eh j.
rap pçrt r igo ureux avec son .'ety mologi é : <M on- ,
naie^d\L0\.7ÇeUe.tj)ièçe n'est , pas, d';M.oi. il
, meit én'^uarf/'ju'^^mi^^îtseigjisau^arci
i et d^'ALOY. (r^u^ellay.' ij S^s^pr'iSja'u.s'y.pour,
alliage":^ Il y. avoït^unë. grqhdè 'quantité , de
^piècèf'aniigucs'^e.mônnoieilh-^
"les autres a '-aloï, jdesquèlle^.il.ne^aooii ia.ua--.
■Ileur. (Desperriery.Jjij Ce dernier séns'Semblé,,
Savoir servi de transition £ remploi actuel du
^niot'ra/oiiJ^ïifet-toujoûrs^Wçpmpa^é^àW'
^qualificatif mis pouf 'en^précis'ër la^signïfica-"1
<tLOn.::,rArgent,-or,-ipiè<:è, .monnaie: de fiJîïJQf«A
'»iouuoi>;'ALO.l..n\ .Ici ub tiuinj/ .'J^itfiii» ,«oV
^ 1 t'lâlaè-Wîs:un'!^delhonJWD(:''t,,BfeRiiioia,-l':.i
[ Aujourd'hui, dansle, langage -monétairerj©.
I-, Par ■&VrWàiïXs' bonne"or ----i;''-u
d'iuné'chose^^HfarcAaBrfwM Ue 'bas *k ,
de bon; de mauvais AL01I. Sdytèndfèssè'nèÛ
de bon aloi. {Mme de Sév.) Le succès n'est 'de
bon alq.^ qu'autanti qu'il-: répond ait fméritêlt
<-r(J.-j; Rouss.) Ton érudition.n'estpas une éru~.
Sdl'"irt;fc&[Mfi*î (sk^- Saçy.)L Le, monde:se
^contente ■de>gnmates,;Ailisepa.yevde ce qu'il
donne.sqnsf.n. vérifier i'ALOiv(Balz.}'/^ enfants,-
sont' kp' peu, fous 'de, leur père ^lëgère, eqt ires'-
.fou ,dejjs!eiffaî({sy\mdiâ c'est in^'fôli^dé'bbn,
,;aloi." (BaJz.^iè monde ^esj,.pléiii de, gens ,qui
~fonfà$bêpter èl payer par 'le pùÉlic.'des services^
Vun aloi plus que douteux." (Bastia't.)' D'ans,
"'ses bonnes 'comijaiës 'en^vers) -ion-'stylé est du-
meilleur 'ÀLOi.'-fSte^Bèuve.)' Pour un Parisien:
halniûé-au(ciHdè^^'dé''soié^U^ëàèil:aàfis une:
grotte ërayeusét doit 'être cbmthéun 'rêve 'de'.
>rnawais kVqv, (A-lèxi Bûm'.)1'1 ■lV" ' ';>.>•'•
j i ,s!i|.rltA .in. I -r'- VI"""' lAwx.iDWillli*.
i -ALOÏDEsI Dfa^lc-yde'^fd^gr.'A'/fcairi,^'
.disque de bouclier •■1CTrfô»î1ïornië)T. 'Môllï C'6V'
jquilleibiyalyeiEdu-genre'eorbulc.- EiaâsoJA
; 'Ai;oÏDES''fils,1jûme:âiix!dê Neptune "et^d'ir- ''}
phimédie. ais'îtiraifeht^.leuf' nom ^dn^'tïtàn"1-
|Al*us?'lMir"pèrêrhb'teiiialî 'époux d'iphïmécïi'é:1 '
.L'untd^euxyKp^iate7osï'%ire¥laM'fiy'men'aé];
Jùnonv et' OthusVsônfrèrê, k celui ' de1 DiÉmè': a
PôurteVôbtènirVns altaQue'rent !ës''dïeùx"'en-17
tassèiént'lê'PêKori'sur FGssa, afin d'escalader
le ciel, et furent tués par. Apollon", selon -tfù-*^
mère,. Suiyant,une. autre version, .aprè^ asoir
soumis les TJiraces,-ils s'entretuèrent dans.une-
qu,er,elle,„'| ,|,p ^j[,liri fy<,-,f-ù- ;■ .. - ,i„iir
ALOÏNE;s.:.f:;(a-lo-iine — rad.'a^*). Chim. ' :
Substancercristallisable- quel'on [extrait' dé.'
l'aloès ët<qui\ehîconstituèïleiprincipe'puréa-' '
tif;;L'afo{nase.présënte'sous la forme de 'pc-11''.
tites ■. aiguillps ' prismatiques groupées' on' ,l
étoilesiet dîun jaune pâle. Sa's'aveur.'-d'abord'1
douceâtre, estibientot^dîùne: amertume^ex-" -
cessive.nA ,froid, elle est- peu soluble "dans L'
l'eauueti l'alcool.;- elle' sV^dissoût •béâ'ùcoûp i:
mieux à chaud. "Traitée par l'acide azotique *
concentré, elle-dégage des vapours rutilantè's ""'
et, se .transforme en acide chrysammique.T ' '" .:
ALOÏNÉ ',' ÉE^adj. (aTlo^i-rié — rad. aïoh). V
BotL='Qtti 'ressemblé à l'aloès. '.. J '. ,,'"./'
■^7 s. f^pï.'Tr'ib'u'/de'la famille dis ïiliacées, -■
ayant poûr-tjrpé^lè genre alpès.: '. -.■'",/",..,"
ÀLOÏQÙE a'dj; (aJorirko:— ràd. a/ofe).'Chimi -'
Se.'dit d'un acide obtenu en: traitant l'aloès
par, lJacide sulfariquek. i,"' .,.L *,i . .-..it .'■.■:-.
ALOÏSOt s.Tm.' (à-lo-i-zol — hiùï' aloès)'. '
Chim; Huile! incolore, insoluble*dansTeaii, '
soluble dans -l'alcool et l'éthïr, que M: Ed-'
mond Rôbiquèt'iî dbteiiue'en distillant l'àloù's '-"
avec la moitié de>soh 'poids de' chaux vive. n '
Ât'bMA^ciE^sîa'f.J^a-io-man-sî'— ' diûgr'.' /
als, sel; manteia, divination). Sorte de divi-
natioppar'leLsel, telle: que.le. sel outiliê§ur-
uneit'ahlOiOÙ dansf Un mots^une 'Salière ren-
versée.', .ri ,1 >'-,."m-n. -".i ■>: ;.■ 1* ,..-■>--• t.
ALbMANCIENj enne 's! et adj .' (a-lo^TÎan-'
si-ain, èf ne — v&iMïôm'ancië).' Quiprcdi^ par[ ,!i
le sePj'qui é'bcfeupe d'alb'manéiè.'J '_ ./ . , ' ;û'
ALOMXTloW's.''m'."(a-lo-ma^on,7^du .gri,' *"
a n-rïVlj'fà'm-H'/ibn; petite bdrtiurBVBQt'? N6m.;
donné par dé' Cahdolle:,"""° *"""""*'" ~«^-^ r
arabette. ' -*■' 1 L "'■""-
ÀLO'fireRADb's'sVm1. pl.J'(a-ïon-[l , „..,,
mot esp. qui signif. illumines). Hist. ecelé^. '
Nomidonne à -des' sectaires c'hrét,iënV.qui'â1p'-/
parureritcn;"EspagnQ.ye"rs-iB?3.' Ils'ihter'pré-,1 ;
taient.> l'Écriture: d'une -manière contraire' à";"
celle de l'Eglise, et professaient des maximbs r l
dangereuses relativetoent au .mariage.^:eti.ù\
rob^Jssa'ncejdue^uXi'supérieurs. vin, .^1'*'
ALOIHIE -s.l f. i(a-lo-niî) '■— du gr. àpriv!;'
toma, frange). Bot. Genre de la famille dés -
composées, ,dont.la,seulc,efïpèc.etesi.jBnejjiaiïteA
herbacée,,uà lleurs blanches < originaire du« >l
Mexique.,^ ,, .,'.... llt, L ^ ,iL 1.. ,.-:; '■ -j.*.: j-^-j-j
— s. f-.îpl.Seetioiii'do. la famille dès compo--
sées,. ayaptipo.uri.type' le^genra.alomie. u On»-' "
dit aussi 'dans le même sens alomi'ées. . r ^ '• . : .-
ALOMPRA OU AÎ.OUNGr P'li'OUKA5; cliè?(ïleft
la dynastie' actuelle des BirwiaiiS/'ne én'lTlO,'"'
mort en 1760. (C'était, un de'ces"hoi7ini'es pré'-'
destinés que là ■ Providence choisit^ à certains " ,' -
intervalles, -poun détruire*. bu -fonder les eni-'1
pires. A l'âge. de quarantesdeus ans;:çtjcc-nnuA
seu^èjnéiit" sous le, pom cdu ' chassejtr Alompra,-!-'
il occupait la piace^de- chef^dans. une petite- -
fémissàièrit' sous une dure" servitude ; àîdé , '.7
'une' "poignée' tië'soldats^q'û'jl àyait''attàcHès ]! *.
à ' la'J câûsé!ldé 'l'indépendance^' 'Âloihpra,; lé.vâ! ' .'
l'étendard de la révolte et resta riiàUre de tout
le pa:ys> après une .victoire.complèt9,fiSl!ïVriiA
. . I755ii H.sferaparàJensuite. de lia factorerie f ran-'1'! ,-
j,caise..de Syriam; fit- échouer; par' trahison', la ' L"
niirégate'jla^Gaiateê, envoyée)1 co'ntre lui 'par "' •'
l'amiral Uupleix^ût massacrer-toùslès Ariglaisilsi-
,de Negrais/, et mourut -eii| laissant kiifiQSd&
rqnrie,.àsprijfl}Si^'On,a publié à Paris,J,eii ,1818,., 'U:
sdus^lè j titra "d^y Usurpateur, pu Tastamentru'.-
id'Afomprà,[-un, écrit qui étâitune allégorie sur -u
■île règne "dé [Napoléon I".', ■ ,{.vt.' ■.< 'itw'. ;, ;< r-:
ALOMYE s; f.:(a-lo-mî-^dugr: àlâs, disque ■ '■■• "
i»?iU!a,'mouche)/Entom.:Genre d'insectes, hy- *
ménoptèfes de'la' famille des ichrieumonidès,"» "
dont plusieurs espèces se. trouvent cn-Eurôpei JA
i ALONGES.,f. V.-AIXONGB. (...-i^ 1,;... . '(
ie Section dû genre
briginaïrei^dà'' Ari'des'-.oiïfdu.,' Chili, 1et. dont J \
'plusieurs' 'sorit-cuitivêés daiis nos* jardins d'à'-' ' ■'
.ÀLOPAl(L'aurent t>'), imprimeur"ftaUërï,'rié
àsVenis,e,>ësierçait son^art' ^Florence vëi'â'.Và^
fim.du X'vosjèolei II seMivrà ■parti'culièrëmenV'
à-l'impressio'n des ouvragés £recs.'Se's éditions
sont très-élégantes, et très-belles'. Il a'ié^pré-'
mier employé- les capitales. w-"«' ^ ■'"» ' \ ■'*
AI-OBE, /me,deiGercyon ; !eut'-de:Neptune;Qn
fils nqmméiHippothoûs ; fut tuée a coups de
flèches par son père, et métamorphosée en fonr
taine. il Nom d^me^le3jh'arp)ëji.''j| EiUë!d'Actôi:;
ALOPÈCE,*petif bourç de l'anc. Attique, a
12 kjU d'Athènes, à iaroais.eélèljre paa4At©ais-
saI1IfS ^.r,ist/^;eitide!i£i9çra,leJI';olJod at eupib
ALOPÉCIE s:ifr:(a^h>=p&*' -*ïàu>-ge.~àtipê&;i'
renard, parce, que cpt janimal , esttsu.jeto poune
maladie ouï IuirfàH,,H.ombér,,letpoil). RathoUq
CHu^ltofâ)e'jouDar,ti(^éid(îsjpoU^"êJ.,4es:choiA
veux; qu^ello ^oLiyrjrériiaiHr'éoioui^ççi dentelle: j
ne'VèlaUilly"à{aeuxJoù,irm
lèpr$ ffi.Ji'apùiés' malàdiés^del l'â'îpeauiïaffli-i-,:
S^j\i04J,?'^ï1^ ('!%''■ i ""'■> <"'' •■"'• ' ' .''"■' 'J
•**-iEneyett' Il ne:fàut pas confondre l'àïépécîè"
ayecdaca/BfiielCettè'aerhiè'ré^'ési^ela'cliUïé'^
définitive des cheveux, tandis que l'al'ôpécie't
ne .s'applique -.qu&T.leur.i chute itmhporalnO.Là
caljïHiecéstcd'ajlleurSj souvent jiavterminaisohi?
d'uneiOU de \y)\isiei\irs[ahpécies.lj'ialbpçcie pèu'tc'
étr,e,0<?ngrafeou partielle, seloniqu'ellétattaqbèU
les,pdils de joute lajsurface-du corp'syou ceux'i
de^quelqués; régions' seulement. iQii> connaît^
quelques , exempjesjd'.mdiv'tdus r àftectésid'alo- )I
pécift,eoï!pe>ii"a.;e,ciest-a-dirè;nés;ciompiétement:';
déppur^us .^lej poils iét de cheveux; Ii.es causes.'
de JJalopoeieTflc«'de»(eyei sont- directes ou indi- < ■'
reefes. :Lespremièr.es,*quiragissentHmraédia- >:
tement.sur. le cuir chevelu;: sont: les affections t
dartreflses^ r.prysipèje du, cuir, cn^jelu, -Ja £çi»t
geoléj liiJ scàrluline/j'inflamniàtion.ér^tKenia-!,:
teuse .produite par un cosmétique irritant, etc.
Parmi Jlës' sécbnds|'sè',rahgërit''là| syphilis", le'
scorbut, l'état d'épuisement qHii'&ccômpagné
la cohvàléseencé ide la-' fièvre typhoïde' ÎSaèfr
pertès,sànguines,*de laipâf turition; etci Êe'vé-'1'
ritable traitement de lalopëcië !ëst''en'êore! S1'-
signaler., Il iest sagej.de. . se jborner ,à des>soin6
de 'propreté' <?'t à/quelques, âpplicationsléniolr i'
lientes simples survies! endroits, malades. A< la'"
smte^s^maliujiésj graves;, il faut.avoirjsbinn
de raser/'la''tçte,'.une jOu.p;lusieur.s.fôisy;à.me-f
ALOPÉCIE s.Cf. i(a4o;Tpércî -j-i du gruatopd- i
kias ,1-nom. d?un ^poisson)^ Ichthyol.tGeriradoi
poissons de la famille des squales, fort coins
muns sur les côtes de I<'rajjcOf;pt,rRmaronal>iess
P^r~.î?!'çffl1fl%Çme!M i Çonsîde.ra]>îëau Jo'b'ê^su;;-;
périeur''déMeùrviiàgeoi'rè1ea'u^àlc,,giii'|leùr-a.
fait donner vulgairement le nôni'^" *-•■'- "
, „, , _, 4..t 10.,
.. ,- 'e 'tribu de poissons; ,de-,
la famille des squales, ayantapour J,rae. la
genre--alopéciëî,,J7J:/ ;'-■ , r 'tH , i , ^ roi
AXÔÎjÉc'lQuÊjadj. •,{aTloJ-pé-sL-ko ,— Ijad:..'
alo])'éei/!).,Me&: Qû'ija-rapport; à^l'alopccie :i-
A/7'çciion.AL"p*»ÉGiQbE.;ii.s.,m.'IndivMuiatteinti
d'a].°nSÇÏPr. i , r-tb hv>L,;<-,nlyui ra , ,-.: [tlj:-I': -jb il.
alopécdre -is.'-t (a-lc^péikri-re — ■"du'gr!',
alàpéx, renard ; oûrâj 'qûeué)l.1Bbt.tJG'éfife,'délt
planteSfgraminces, .plus [connu sous dOMrom\
do yulpïii. jr,.. ,(; 40 mnJJ rî'îd .h^.in-il .
AlOPECUHOÏDE' adj'.1 (à'4ôïpé-Kû^roii-'dè"-ii
de atopëcure';siiJ'âa grV éid'6i,mftih)l'BolYÇim
ressemble à l'alopécuro ou queue de renarde
-^iS;tf.-,pl.'Seofibniae;'la^famîHeJaes'gr!imi-
nées;',) ayantGpoarntyne! lôt'genre'raropécûré
"U VUlpin, ..."-...-. .1 jrrri. ,^r ■ ,■
&¥
ém). IctnhyoLQuiiressenîble a.iïneàtôpécïo
jl -^nrir^i.
ALOPHE sj.jnto(a*loifer+o,du gp.wipivlv.^
fo/jA0j,-crè.te)..JEntc:ni..<iT:enrû d'insectes! colôo--
ptèf.osttéiramôiTeSjide.Jaiifamillc des charan^
çons.Teofermant trois espèces,dont une habite"
rEurppe.et aeitrouxe, auxienvjronSide-Pàris.'i
ALOPHiON-îa!- m^'(a-lô-fi*h'-i-ydù!gr. •'a'1
priy;;> iophàspcrêtéy. 'B6tl''-Nom 'donné -par"
Cassini'à nne espèce'dç'cëntanreél J*: ^''if™?.
Atb'pkb'CHÏ.OAJ : s" '^.(a-^fo-iUo'-a' ■£ ' du !
gr. •Bîpfiv.; YûV,Aos;.aigrette,',èt cSrô£,,he'r,b'o)'.'ir.
Bot.uGfenr.erde plànte^.'do, là'fâràiïlo ^cV.gfà-;,!
minées, réimi, aujourd'hui, côinniè synonyme, •'
au ^n^e Jœlçri'g.^^;;; j'^'^.'^^'u yt Lvlfm^.
ALOPHpREj si.jm.,(a-l<HfO'-re'.Tnidui gr. alés'ti
aire,1dis.que[3,pA.û);ftsvquiiporte)..'EntojihGenre^
d'insectes^diptèros,- voisin* dest mouches^ rén---
formant iyh tcertainà nombre .d'ospèces',ldoht;
deux^e^ouyentdans'touteiJ'Burop'ev'C teï>n
AliOR3iâdy.,'de'-,temps[(a-lor — .de'rifàî'!
allorài "àtil'-heûré'; 1ou1'nubûx,'de'l!àiîlatif lat1.'"
Aorrf,>dont'dn a'fait a^abord^ôréi'weî/ "" ""
_. _, .res; puis, L;
par addition d&YaHïtliîi;Hofès)'Tàr$l\Qiy'chùri; '
en y joignant la prép. à-,1 à/ors!l,PàreiIïo pro-'1
thcse>s'jes1i) produiteidansUes^mots à. lietusîOdA
■ f«nA>.itr,.etc>).:A eemoment-lài:'TALoÉs;<;'e:/ui.»i
répon'dis.^OùvétiBz-hous vÀLORS?;s.Wdw -rétimsv
AL0RS.fAp^,.UB,7ei;-j(Acad.)< r-rrjqA^m j'/ol(j în
Me souviendrni-je a!orj:demon'triHe.'1devoTK?MOJ/.
Il En ce temps-la: C étaient bieruleArmauHnes-,,
ffs "?^sd'A.^ïi5-.(-5Hi'i>Ai.0BS m^io^
de\ix'heuTes,:à' présent, <m diue a six.ALav.T^
f e;j 'çlf'on1' ïéj .'«wiillïfaiaiV ;i!L,p,Râ.J.1(yôrt'.) Jl En, J
coi^^si^l^èUIHtf14Î'Mé|,VlA^R5V.H:a;,J
^?s venait ât môUrir^'ta iiiêce sérait'^Léfitïëre.^.
Si onyte':faitlune'(élleiràijèe^
pondrai. (Trcv.) L'homme a le sentiment 'inné '
(Boistê(j'j';
j]à/'otc.n:'fc>AV ÀLORS,.;'.|-JE'Ai'oién/ !Àtt
"rr,' $ '^ '.Jîi<P .''iloç -, 'co.nj C.^ Lorsq uc ' : 'À ùçns s
\Q\JB^atr0mpmë,seMei\md^
( A'éâa,J.)yz?a 'f f 4er$ ^
\sùprënPlksï:ïëc'ho>''ÏÏ'è y&''vblànlë.[.dà'',ioùàÀ?
iTouiJab maux soritlpàreils'nîars çulls^sont Bxtr«meB?'&
-rac'J ^noj',-'( ■-uv.h a! JjI'i*' L:,eoB.NÈ^î;LB'.l'l'",
| ~uo3 inu -jyvi! 3ion1io-(q ci .wivo't.TAmS!"' ; !
UîîiW ^iic"j'flais jeune", alors qtleyj'':~''~-":
, , , , .siiU'îja -Y. .aaiD.iA
- Ziisçu aiorj ,. loc. adv. Jusqu a. ce, mo,-
meiit-là' :-J oéQi3'Ai,onsfriefPn'dvéitmfll'é',Te
moindre 'stiùpçon!<S'es ■a/Tàn-eé<avaient\éilrtrà's-l
00Hnes>jnsQti'WLÔRS:'JusQu'ÂLORS, elle n'avait^,
rieJVèprouTié-'desemblttbièïi'VpH.y^ l,'.'"''^}^'
^H'Çrovf AÏ^^côm^e.al^s^QumhiiOii ,enL
serà'la'i'on àviserVa''ceJgu''inatidra faire'-: .Si,-
après avoir entendu notre 'hùniblë sxîy'plïgue,, le
roi<nûus.Tép6nd')Je ne v^M^M^â^Mk
res-yous'; ktons 'c6MMBT;AL0Rs'i nouPaurfas,'.;
mislile'LpoUiiôtr en'^dtm'èiire^nojis aïirons%'it
no/réVtetwiV.fEV-Pellê'tan1. j'n Cétté'fàçbn 'de/pâr-:;
1er, aujourd'hui populaire'; 'est0 trës-àii'cièrine '
dansjnotreilnngue :iAl'or's comme -Ae6h"^>dft
l6jroi,.,a|Lez;(*ve;sièclé}:!"U AuiresrteVle'sens"
de^cettejIpcu.tion'n'aTTtcn^de'prôeisf'etFpèBt11
ètrôjConsidérablemqnttmodiflépaF'la'iphïâse:1,
*i,Syri,.'Aror'«| ponp'ior»'..'k'?oriLrà^pi.eife une")
époque1 diune',Jéer(ainèdiirée',7penâ*iàht laquelle!;
avâit-iliéù 'foùflùn1 genréJ6û urié1 'suite ci 'ac.-'^
tions \lLésïgùerres>(ju:ily avàW'AtàïtS ih^À'sie.'
(Fén.) Pour tors indique une9- époque' courte J
et . préeisei à'. !àquelleTSel*ap'pBrtSiu'ffrévéhe-
ment unique-fr.particuliér. : -iMovR^ÔRS'il'n'y '
eutj-plusjnoyen,deim\èndédireiiJ!-3. Rousa'.y
AtbsÉ s?!f..r(â-ipfzè^, fa'tt"a/au*a,'tn'èînûi
sens)1.1 Iclithyôl.'Poisson'de tiiér"dé'la faniiiïe
des clupéidesiou clupbs,-dcirofdre dél'ma'là-
coptéry giens '^abdominaux y ' pfés'ëïi'taht'1 une '
grande ressemblanco'âvec le -liàfèiig1! Ati a'lo'sb-
aimejpjit faself qu'elle suit les bateaux iqt£i.eh
sonl^hargès.tiTréxJil'tLOSE.'estJa' noisette^
<«ÎM(ifi?lae.,i{G..j§and;.) -leatMàmaiids attirent'"
I'alose par uiï bruit de clochettes. (Slichelet.)r!
La pêche deV^LoasaJUeu fiu lmxiijlidagnai&
c'cif^^sceï/e,^o^M^;.ç«el"ccrp'oifMonf8e.Wr.,
r<nnanterJes\ifleùves.'\3, ,%îdxioù'.)-fLes, alôsks;',
r argentées 'ttimbèiît par 'masses 'd'ans ses filets,
r (Alex; Dum;))/,es nusJès^Wr^gqfdermiÛiè
comm'e.unipbisson ^Ulmin;iaréj'etfenlde leurs
/î«ets.s(Diet^d;hist;'nat:-)<''i,ÀLOSÊ'n,Mf,É(J>îriel;
ni avant son entrée dans les eaux doacês\pàrcëu
\ qu'eUeiest àtBrs>maigreet{s$chë?nï<immëdïate^
' meniïapnès'lei.frai^à! cause de^laimâiàdtè-qiiè^
leur occasionne cet accident. (Dict^a-Histfriat".)
i'ALOSE,,^, surjpjft. l'khosn màhjfroff.r.eàaux:
amateurs- de\\pomoh^m:{mèts\trM-i délicat v
(Dict.yd'hist. naQ , j ,„;lUTi tn-i'.'ii.iot -t-
^!Ericycl.'^L!â7oMrsè': aistinguè'''dû'-hârèng '
par un'e échânerure àû! m'ilièu^de la m'âchdlre''
' supérieurefpar sa taille beaucoup' pliis grande',',
"qui peut atteindre jusqu'à -ï'atëtrè1, parl'ab-'
senge .de.jdents^sensiblé's etïp'àfiCulfêOtaBKa^
noire.'derrièreilesLOuïes.1Les:a/ate«:habitentta'î
raer,„mais ç'.estldansi les leaus-doucaéiqù'ellesJ'
se ropr.oduiseiit.jAu printemps;-on!les-v6it're-J'
' monterîàuneVande hauteuifdahs.nos fleuves"1
pour y frayer. Nées dans l'es eaux douces,-lés '
«petites^a/ose^.y; passent, le premier âg£j ia!}anjl\
Iiel!es'Jont'attèLht,T'aecimetfë 'de,long|, ""-■■'*-
descendent le fleuve,, et,. vers le mois d'
ucsueuuBiib iç neuve,, ci, vei-5 1B mois (l'août,.
^gagnent la^nîer.^Elles. y1 attendent;' le ' pVin-
temp's "suivant*. 'è'ÏJ'à- cette 'époqùë^dèVënuès'1
/ aptes' à^TeprodBiro'-lèur' espèce";' elles'1 r'ènibn- '
,tent' leWleuve cbinrhè/'ont' fdit'l'éufs 'piréï'tsV-'
JjL'afcse'aî-une chair.'dêlicatë^qWnd'o'n'fa'peche'*'
^dàns'nos grandeë TÎvièrèsV'qwaiit} elièl'è's't prise',''
, en njêr"Jsa:;eh'hir"ê^tIsèdhe et'de'màùvaisgéût.'j
"Si l'on ëri jeroit l'e'p'oete 'Àlisbhe ; l'es' anciens,
l'estimaiënt-pèù." E alose: s'e' pêcHe 'àu\ïrairiail,' '
sorte1 :déx grande J nappe * dé' 'flfèt j ' elle meurt '
j]aùssrtît<Ju;oaT^^^
i lAipSËAUj .^;;nj',!(a.iiiô^,ï0.v^,diminut.\'(de..
'iaJo^j^htljyôl.jÇ^JiÇjâlcsa.j,^ >im'ïiJc.-idiIci
si JaiosÉrV «LuoiLtr. /('a'ilorzé^-'duv; vieuxi
'■fr. los, louange, venant du lat. laus,tmèmd*
^^seins). yieus mot francais„gui signifiait Louer,
i/louangcr'i " " .
^Lpuan^c^N'ost-pfùs'u^ ,, _
t,. AlTosiERj (S., Im^^aTlo^'zi^ rr\|fa'd^ .alose).- 1
■\ Pecîi!.il'Sori,ei,;uë;,1fllo,ty' pour , .pr.end'raVi "àea\
9:iioses.\4v ; «,-,,. 1 4\ (.v-t^ an •'■'■ir.) .dj/ i. -1
•ALOSIÈRE' s.ïf..(a-lô-'zi;è-re — rad.Va/Ôjê),
Pûchv.Syn-.. diALOsiBRi-i'sWVj:-^ ,. ."Y owrnli '.\<-
' ALOST,- ■v!l!éi'd'e '.Belgique'1 ( Plàn'drë'-Ôrien-'1 "
•''tale)»sùr là Dièndré\1ï'27*kil:-'S'^'E>ae'Gan,dr'''
I5',525'h£tlil.''lhdùs'tilié activé? Prise "èi'dëïn'an-,
telée'p'ar Turefine' en 1667,' abandonnée par tés*'!
ï,Fraiîçàis:èriïi7!o6.,'Pàtrie d'è'Thiérry Mafténs, '
qui mfro'âui'siÇRm'-jSHmeffe'è^
.In'în'tsJ^'emârqùa61és,^ '.^.' ' 'P 't,''~t\ *''"'v'|'n'
rt I-IÔTKL.DEvyiLLBjC'esiu^moiiuinent.origuial
. dii xn'ié' siècle. Lie', coté,' latéral'; .droit ,dei cet
, édifice, .isqlé\ét, Se, moyenne^ étendue,,. est la.
fSeul^'pi^rtié intaçjft de'celieTepo.que.i Aidroite
,dé la'façâde s'élèv'e'uiv aya-itK>orjis, richernent
orné, en style flamboyant, et borde d'un balcon.
,0n'u croit quel,eètteppartie de l'édifice, date du.
xiv^isièçle.in ■v^ui'n '-i •n.l <lr-l ' ■■• ■■■•■'■t
. Eglise collégiale »e Saint-Martin. Cette
église possèdeun des chefs-d'œuvre de Rubéns :
Saint . Jtocfi, ipatron des' pestiférés/"R.ubéns >le
peignit à son retour. d'Angleterre.1 On y voit
jaussi.le tombeau.du célèbreitypograph«Mar-
RyiNKS.^pE (L^ABBAys ,p*AFifLiGHiEM.,r,gette
aflendide';ab|iaye\',dej'i'ôr1dre'^
[sijuée'dans; lè^Brabànt .^r.es de ,'sac,!iînite-âiyéçj
[la'J.Plari'drepOri'e'nlale' éi près.1 d'A-lost.^a'i été.^
détruite/ Ji\|la:'^Réyolutip,n'r L'eglisè'jaâtait.diit)
|Xiiï 'siècle ; ' les' uàtiments' claustraux' idu'kiiifj ■
.siècle1 furent Jebatis'jmagnifiquë
ipétf aVtaÀt^tè^dëstrucïion.^ ' ,'r "^ \ j ._. u'„ \ ',11i' :
I 'AJLOUATE s^m;T(a-loura-te).Mamm:.Genre
.de.sjng'es,. désignes i.aussi sous. île nomade
yinges.J\urileurs. L - i'ii.-iv-ih il, -j'iii'^rj. :-ji .'-d
^-^-'Ehcyclf Ifès alpuatés;sônt'*des,,pn'gesi|Si0
têt|lpyràmjdale1ët,'aïlohgéè'J a ^VlsS^'^D'ijûèJ'^
à'an«re'-fàciàT'\rèsLàigu:l'lJéur^os^hyoïdet^
très-rentle; et fait au1 dëhors'u'né .'saillie càvér- ,;
iiéusei'une'èprt'ede Smliour 'osseux, ^'ùi.donno,^
à leur ; voixrùne' puissance' formidable ei ùnson!/
lugiib're!"Àussî tès^'a'ppélle-t'ibri .vùrgairemehW
swjës'/iurZéursynsfqnt'unë'^ue^
preriàïi'té; ' et r^sséniblènt beaucoup, aux çapa-^'
jous.'Ci gèiire 'renfermé. huit", a, aix',' espaces, ,^
qui'hàbitentMesréëioïïsçnai-B'ès.de'l'Âmen^
du sud , vîvàtttJdans]les 'bois par troupes nom- ,
brëûsés'J et' ayant dès-mœur's'.tarouches. Ôepe.b-.; j
daht; ifs^së nôùFrîssént'pres'que uniqiieniéntdè.,-
frùits^gt' d'autres' 'substances Végétales ;'leur(, '
chair est àss'éfbp'nné'a'ma'n^er^eton'.leu'^
une?ehâssë âciivè.-Là'péa^de'^uefquës espèces
estemplÔyéè,'eri'éc'6nbmie domestiqué'. Au dire,
des voyâgeùrsl'les &76uo(eï 'semblent ternir 'dés
assemblées' dans- lés bois -'ils' onï'.uri chef qui
-' — ' leurs-sabbats' pardes cris horribles'
ALO
220
l'espècè-la plus connue!
ÂlIoÛche s.'f."(a-iou-cnej. Fruit do i'àiour.
chier..,,^^.,.^,,..,. ■. , ;\,X-i,».'h\l ><. .mi
ALpOGHl,s.'-m-.'(a"-lôu-chi):-Phar'in.'Résirie'
qu^on-tiredé l'alouchior,' et 'qu'on' employait
autrefois comme stimulantdàns<quelqùes pr&-'
parations "pharmaceutiques." '>'-"' ";' > ■' < '"
pècévd'àlifeiefi'qur'crbît dans' lés'fo'rôts et.'lès,
Dois^mbntucux de ' l'Europe',! éi'qùo'i'on bul-
t,ive!'idans lës^àrdihs^Spn.bbis'.est'âùr^ bl.an-!,
châtré, '"et-einployé''d'aris i'indû">trié.i:Sbri "fruit!"
ést\si)^n'e!sUble;i:,Jr, VVV'.'i ,V.i''i'! !!. ^ »■• ^l'-i'.'' •!','-
: ÀiôuÉUs'.'Jf.J(a--loû)'.'o'rni'tn! Is',om»primitif:
de ^alouette ^des^çhampfe;: jLlotllj, hl » ;,_-,, , j
Ces.biensimdndainB, les honneuraietles glaires! *'
Qû!on,!iirae tant,!d^sii;e,I.pris^ et loue.l in ■•mt. :<•.•>
',qu'âSiis et choses transitoires,
nsvàraiit qùa'le yol'il'i"" -'-'■--
piûldst pi
i , aiouett'è :.;',s" f^XarJo^Ja' ^!,du"'lat.J,
àlau'da\t mémo 'sens. On à".d'aV)ordrâit,1«/oKeI ,
dont.'b'n' à^fait^fe , 'diminutif \qlouetté'!\\Âlove
étafrit 0ïqmbâ! ^"des'uétudc,"]^ 'diminutif' est
devenu Vé^prjmitif.'QuànViaii^
7 LatinS',râyàientt''èmp^ -âuk,<
I Gaylbis' ^liez^lesquels/l.'iiioueWé, était!, en.
t querqué^sorté! uB^oîsèau .''riat'iqrial.^Àinsî.jla;
racihé4 premiçr^ dre ,'ce . mot'.^pd'Ea'ît ûtré: alc'-,:
ieoùedèr, 'qui, en pas-breton',' signif.,-a'/ou>//e):i.
Peti't'qiâeau chanteur!" d'unç. couleur, grisâtre,,,
quijfai't!spnjiîid''da'ns,.lés'i''cliaflips^ 'ï'irâ\[dfis .
^ alouettes.' Çrèndrej'dèsl alouettes au filet,'
' au mirfiirïÀçlîèi&'iuie^fo ■
Manger'4ê\,ALpve:rTiiS yptiés.* Faire.'vénir. dei
Pitk\ùieïs,uri,pâié d'ALOUETTÈs! 5e faire servir-
un ^aimîsd'ALOÙBTTiis. L'/^ovàWas'éièoedans,
les airs enchantant depiùsen^lmfort^jusgii'au-
matiierit'oùt'elle se' laisse 'tomber .a terre ^avec ,
une'^fâj)idiié\extràofdihair^
louette 'ne'' 'se ''hèrche] jamais sur lès' arbres. ',
u (Buff.^i'ALoyETTE fè'faii ëmiê-avecviaùir,
^hudndtërpssighbl's'etait. {GJ.1db(Aibn'tbèiiârd.)1
'/i'ALopÉTTB^i^'ïà'/î/fè 'dujoùr-des qu'il corn-,
menée,1 quand 'l'iibriibk s'empourpra et qu^[,\e 3
soleil va. paraître^ elle part du sillon comme;
, ;une] 'flèçke%t 'porte] au ciell l'hymne de jjoié,
,> (Micneïet:).! L'oi'sèa'udès' cliant's pài^rpxcelienceK
rrbiseaiï-dtildboùrew'c'^
i,pa^re':assi<fuç:7(W,içheîCt,.:),,£'A,L0ÙWTTE, quiu
pchanï'âit 'èh l'nipntanï y^-^ès'jne^\Jj^[tembtf(t,'
j éire^ïa! 'vpix '.de', son fêeù r^miilant "grâce, à * la |
,, Providence. (G>Sânà:.)./)aris!féi champs de lu-^
en t mare' iùi' '.clian'i^ clair, "ei nàiïonaC (ÀJéx. ,
Dunï:) ',,\'"^,;,J|',,^!!Ù! À ^".V!^"! ,.>•.-'".'•>'■
'■ , ..Los.oiûuefles font, leur. nid/ , -»\n» I '\i ';W\i<t
' ^.Dansjles^lés, quand ils sont en, herba.i f ;n',j
''' ' ]''•'!'!, a"l^' t il.. 'i-i' i Vi'i • !..^.Ç<:Ç,T*!?S:,u >!
v-' ! Et toi, jeune alouqtte, habitante des aùe, -,< j-, ..
( Tu meurs 'en prétuflant a'de tendres concerta., ro
if- \ ^t 'r','.^'i'.y\Z'''J'i'"'' ".t\ ?wif4'i-.,',
(,;Dans. l'air lq«js'&laitaHvVniowe(/eiéïÈre,1J .,t.,|-.;,|,
'" iurore, au printemps, "aollve'-meésàgère, '.
ilieu des sillons monte, chante, et sa voix1 '-'
în^.le, signal.au peuple ailédes boisriATàC Ji
■"i 't'ii' Iv'-ii-iji' "l'.'i -, •i'Î'i 9,.?^,0,»I!,! . --.i
-Ironiquem.! et par allusion^ au: miroir, àj
''façetteSjidontion.-iS^^sertKpûur prendre les-
^alouettes. :iPar, le.prernier rayon 'dé soleil qui:,
'\ylisseysur Jes,vitraux au cintre, le<ministre fait
'miroiter faon ■ prisme àjacettes iaux-< yeux ides
"jiLOvETtus parlementaires} çto'i voltigent , aieh~.
■ tour et qui tombent dans ses lacs' (Cormen-.)' e<
— (A/oueH,e..d^mer,t.Oiseau; du ^genreidea
'vangeâyxjjdé^'oçdrè des échassiers;^ -Me m
— "Prov, S'éveiller, se lever avec les alouettes,
auichani dé l'alouette, Do trèsigrand* matin :
Le, petit. Pierre sb ukva lelendëm'aih avec 'fiés.'!
alouettes, au'point du jour. (fi. Sand.) il Si
te ciel tombait, il y aurait bien des alouettes
de prises, les alouettes seraient prises, Se dit à
quelqu'un, pour lui faire sentir qu'il-vient de
faire une supposition absurde, il II attend que?
les alouettes lui ^tombent toutes ràiies^dgns] le
bi'c, ou ^implcm., lui iombenC toutes rôties, Sq ,
dit d'un'1 paresseux, flui voudrait', avoir, -lësTf
clioses'sans1 so'Mbri'rier la' moindre! pôino.,^
manger l'amande sans casserole noyau :r, , L
''' Ifet'i'^n remarqua maint courtaud, ,'/,.',„•,
4":Qui toùrnoitJle' visage' en haut,' /- '', .
•il Croyant qU'fipH'scette sortie, '"' ' "
„,|iSan3,rien faire et sortir d'illoo, ~^
Lui/ tomberait dedans le bec. ,, . , t.n-,
Tiré d'une mazarinade. .>
9]ifhng<jr' comme une alouette,, Manger'. très-;; ,
ipëù, fâirèla petite bouche! ! ' ,! ',,.,■,, , , .^,-f
| ~^ JAgric.'Vyer^ës!» alouettes, Terres sa-ru
iblônbeusos.'.,,/-! ,' .', , ;» . ..,,.;
i — ,Mar., Nœud* d'alouette, Sorte do nœud-
qu'on, appelle aussi tête de mort. ■ i i *•
'^^EncjiçJ.^èsV/otief/es forment un1 grand 'j,
genre d'ans l'ordre des passereaux. Ce sont des' '
oiseauxA plumage gris, marqué de grivèlùres
plus foncées à la. gorge et à la poitrine ;ils ont^-
le bec cylindrique, pointu et allongé en alêne';'
la langue fourchue a l'extrémité ;,les*_narines
à . derai' ouvertes ; quatre, doigts ^dénués de.n
mèmhranes, (îont.le postérieur est plus long, eti;
presque' adroit, ce qui rend ces. oiseaux très-; >;(
agiles dans'leur course. Lès alouettes propre- 1
ment dites sont des biseaux pulvérateurs? qui
se nourrissent dé petites graines,, et il.e'per-,,
client pas, maisqtii marchèntavec.ùne.extréme. T
facilite quand ils sont h terre. Vdto'ùètte cbm-
mune'.habite les champs; elle est trèk'-nïalr-
hale,.etfait entendre son chant dès le point ,'
du -jour; durant ia belle saison. Souvent, 'elle' '•
s'élève verticalement. à- une grande hauteur', -'■
où elle se soutient longtemps. Son chant Tre-I '
ûouble de vigueur, et on l'entqnd encore après
avoir perdu de vue l'qiseâu,. qui redescend
ensuite lentement justjuéup'rè's'de tér"re, 'puis.^
se précipite rapidement, et 'cessé dé chanter. ,
Valauétlé 's'apprivoise avec facilité, et peut! t
vivre en cage, où elle apprend aisément h iè-
péter les airs qu'elle entend.' ■ >' .'".r>*'.i
h'alouette fait deux ou trois pontes par an;
et chaquëcpohte est de qùatré'ou'cinq œufs. là. ;
mère nourrit ses petits avec des vers, d^s che- !
miles; des œufs de fourmis et de sauterelles. "
C'est aussi en partie le régime de Yalàuèttè'
adulte; elle y joint des graines de plantes ad-
ventices,,et quelquefois même un peu de blé. i-i
En soniinè, c est' un animal plus utùe que; nui- i '
sililé^àJ'àgriculture ; cependant, on- lui tait unei'
guerre* acharnée,, a cause, de la. bonté de sa '
chair!; ;c'est un .des-igibiers les- plus:':aisés à-^r
prendré..,On le chasse. au, mirpir,. au traîneau, i.'
auxigfuaùx, h laitonnelle murée, aux lacets ou: .;-
collets,*etc. . . ', ., -. .•■.' . ■ ■ * . ■■'.■ '■, *'■
—'On a' fait autrefois à l'afouette une grande'^ '
: réputation de piété : ce petit oiseau, disait-on;
'. est dans l'usage -de s'élever vers le ciel sept.
: fois le.jpur, en: chantant .les louanges du* Créa*- <
téur;-et c'esttpbur cette raison que, suivant . :
: les étyropiogjstes' de fantaisie,- il a reçu son.Ji:
■ nomjd.alouette, alauda, des'deux mots à'"aud*' ■
i {îau*,''./ôttd's,ttpuange)i-> , ••• ^ i" .».ii! "!•'// ••
t Trôiaiipoetes', du xvic siècle, Ronsard, Du-1 ":
1 bartas etGaaion.ont.'essayénd'imiter'-eiiiv'ei's '
le chant de l'alouette. Voici leurs trois compo- ' '"'
I sitipns,.qui;sqnt plus, curieuses que. paétiquesi:?
! b. Elle; guindée de zéphyre, ' ■•i---' ' '' !' - ;1 :l ll .'
.-Sublime ëml'airi vire et retire, - ■ -■ i- i *■■'
' RON8AEO, ■■ -' ,
i Bantille,(iIouei/e avec son tire. l'ireiirvui ' <' ' -i
' Vers la.^oùtej'du 'cialijpais son,v'ol vers, ce Heu, ..^h; ■
L' Viré et'désli-e'dire i'Àdiéu, dieu, 'ddïéiï,~diçu. " t v [„
■1 ,' -1111. 11-1, <* -I -"'■! — '" 'DUDARTAB. I ( '(
Valbuhilé en' chantant veut'.au.iêphyi^rire, ,. ,,,,![, .
Lui-Wié': Vie'l'vië! ét'viéntrèdirB'a l'Ire':'- " .',. r ,
O ire fuy, fuy, quitte, quitte ce lieu 'J
Et vite, vite,. vite, adieu, adieu,, adieu.. . . accijtfi.
"''' ','<"' , '" .'',; t ,',-' ''ijU ^ffî'i'" . ' >
-S.'EpithètîsSs.-'.yîve, légère, gentille; gaie.t -^
joyeuse,. fredonnante, gazouillante, bavarde, ■ ■ ...
babillarde, âmouçeuse,. matineuse, matinale,-,. >u
■ -~ Syo. , Aloncuo, nouTietto. CesdeuximotS'
î'désignentiùn i seul et méme'biseau.i Alouette? i.' '..
'Jc'est l'oiseau chanteur qui anime et égaye:nos '.*
';câmpagnesau printemps Eu automne, ^e^oti^
'-oiseau, qui s'èst!engr'àissé pendant réte,prend .,-,.
'aiors'sùrri6s'tabtèsllb.ripmrdé mauviette. Ainsi '.^!
'mauviette ri'èst'point,'çp!mhiè lé 'diseût tous, les,'.' a
I lexicographes et 'mêri.ie'lèsWteursspéciauXjle* 'i;
;nom vùlgairé'iîe Yaidùeitefiî'n'y à làrieri mbins , .*
''qu'un contre-sens. S'il est un nom vulgaire, un
"nom connu de 'tous',"' c'est assurément celui
^d'a"oiie»fi, Vatauda :de-nos.pères-, des Gaulois ;-.
mauviette, au i contraire, -est un terme dontse-i:
servent, exclusivement les gourmets. -. .'>. ,\ ■'■ ■
'' ALODETTE {légion^b t')1, 'légion célèbre'' * '
"exclusivement composée1 de Gaiilàis,1 que 'Ce- 1'-'
Jsar avait levée 'dans' là' Gaule transalpine: et;
''entièrement équipée à-fcés frais. H lui'ûvait a'a--^",
II bord- 'donné le'nom'latiti!dèj/àffiriïa'{àIoùeUe)',f
^auquel 'il substitua ensuite ' celui id'ft"auda,"' ■' t'
''"mot-qUi- désignait là- môme oiseau dans'là '
langue" des Gaulois. "Pline et Suétine* 'dhtlV
, mentionné- cette singularité :-«A6 illo gale-'*-
rita appcllata quom\.im,postea) gallicq voçav
' jt.Des.-espnts mieux que -je n'
230
■ hilo ,' ètièmUègit
ift
. ._,„ à deéer'at alàudfee.i» '
-(Pluie;) MtQua.tflduciàpiad legionès^quas^'a1.
liep'ublica acceptai"; lalias^'privaïo-sump'tw
addidit. [UnaTnv,el,iam.,ex-lT-ansa.lpiniB con- '
'scrïptam ,-, vocabulo1,, quoque • gpUicoh (alauda '
qnimiàppeil'ap'ajùr^^qwm^discip^na.cul^gue}
romano i>\sittut<im et, or,natam^postea:iuniver-- I
sam cùiitate dùndvit. » (Suétone.) Enfin,, fl. en !
'-est' 'également quëstiori;'dans,;Miy;cqllus;Empi- ,
Çicus*' YAWgamtyîWIfiUm ala'ùii.a <$i- 1
tur, • et dans Grégoire de ToiirS : ■ Avis cbry- \
daly#,-quqrni$\&uii?.miva<;a]mus.,ï foy^nS — i
y\ àlouettîne 's. ' !■:■> (ail'ou-'èrtL-neri^i rà'd.
atowrte);'Ndm>'quc, dans quelques parties' de '
>la France;' on donneifr l'alouette- farlouse^ >'" .
"l.Ài;buMERE'£'m! (à'-loW-mè'-rel^B^tyTfom !
vùïgàife'dohhé',' 'flans' 'les Landes, a 'l'agaric
pàiflet:' 'C'est'n'ri1 'excellent thariipignoh, qîji ,
tir6îi' par grbupes''hoJmbr'éûx, au'''prihtfenms
'eVen'autômne,;'^^
"''lÀL.dUPKA„MvÙlajç 'dVÇri'pîé'e, sur" la; ~~-
,ïj#tri},,ja,u §uJ-''" <5'm^kA"""-1 iïmîikh, i.n
'îantés dé foi
reu^Justmi.b... , ,.„ .,,., . , .,.„ ; vmmvi j
L )iALOUBpi'),lE((a7lour,-di). par,t...,pass.,,QuJ,T. ,
^Alo,urdix.yr^d.u, déyënù \p\ira;,Jè .suisjout '
.ALp'ijRm, ^Àcad..),' Lies, piçadoires .àharçonnés,
.AL9,yRD,isl..p^r,.'t/a.^arn!tere.,dïl fçrj.da.i.leurp
'Étjtfes, ,nB.lpekvçiitl,guère plus , remuer, glte,lgs '.
\a\ciqns\ckévwèrs anboités dans,,lejfr armure.
Xth'. jGraiii.)'. , (A 'rfiya^e. i kopipagnie , se, ,r«çrura
fihpmrijes affirmes , , rp^.ALQU.RP.is, de. ,/en., ,(yt.
rJlYgO^};#at<irçs ,fois , «ou£, aper,çevions. qitflque
jjhutçldieatylcpn'getëe,au[ fond d,u rçf.vin,\sur loç
ku'ç'lle 'Igifi/ifi'tflignïers; et, les. chères penpliaient
■{£ufs.(>r{Qs_ ALb.yiii.ts.idp.jfCîffjj.',, (Lamart.)i,/e
,ri'f!^r,çaa! ^es rai?nfpn$ PJTiens\ c(or(t 'iatfjueue,
ALO,ufuJiE.,paK,.,'&i lqrais"s,e,,lpése,jusqu!à-.vingt
q'É' jrjs$-,i des^paiurgge's\encl6s de haies^ pu. rumir
'jieri'ç àgènqux,pàisiblenieqt, dès vççheg tALo'uRr
Djups. ,' , (H. ,' Tàiftc,. ), i ,SpC couleurs .', viêrges.-ne
sp»i'tnaç bLQÙnçiùs^pqrïllimmixUon'mtempes-r
'tïpe. dufilànç.XTÙ'- GâuL).',; ^j, , ,, ., ,,„.,,,-, ,. ts
JnrTTtiP.arië^t.^r^^aAi-ouKjii-.par.r^evpàrj^a
fatigue. ji'ire, alourdi patj'leivi»; par Wwreîté;
.Çatferowse /porta.' son- verre-à-isar, bouche 'd'une
mafM,tAi4^UBi>iE, .ci. i'avala {d'itrii traita (Alex1.
Dum.) /je temps, enitemp&;,le,.toi, retemit{ ses
paupières- -ALOURniiiSil ,et-,tàchait->de\ dérôber-.à
ses^vrtisansHrle; irega-i-dîquHln jetait .surivà
vtère.,iBa.{z.\ilUàvait eneorp ia- tète ^alourdie
j)iarii'/! sammeit-eti la- fatigue d'esprits (G ;!Sarid!)
lt\c\ta,it-iun-.pcu ALouRDiipar lewiiduicruiiatir
qy.ellij,n'.4laittpàs Aabitué.-(G.tÉaiifc)iBicntot
56S; ipq's.iiu» , peu alourdis par: ses-, fréquentes
UbatWitSrde't ta-itoireet, . seipêrdir'ent:awmilieu
des, sifflements K/jt.ueiiiv (E. &ae.)ll\se:dr,essq
sur-son &.iq.ni\ le eeriiéoM encpre-ÀLOURwpar les
. fuijiées-ide il'ijiresse. j(iÉiiSuej) Qui'n'a^eU de
çes.nuits,troubléest\ipù,.groitdait] l'otage \iritél
'ïieur,,,, oiLl'àrae,rnisér.ablement ALOURDiB.rfé
honteux, dâsirs,i,nageait aux [fanges jd'unma-
■ r.ais?, (Micbelet.) : ,. ,.,',,,.. :, <--, , ;h ., ^...ji-.ji^
3u'Ato.TjRDiBiv.'Ja^liiu''tr.,-'(a-louf4îif f^rad:
lourd). Kendro lourd, pesant : Ce fardisau-fiJ-
LoyRDiT-.'N'est'guêreiusrtéiau sonsi propre-.
•j-il-i Pari ext.': ' Bësl:am"éès'< ont' AlJotrrtDÎ'/sa
Miu)*<;/fe:ft'( Acad; ) r'7i ' ^avait ■Temltànpointil'à'bs
vieil fards 'Wen ' portan'ts;" ce ''qui ' ÀLOURBrssAiT
ù« 'peù'sà Hëmafché.()}a\z!)'Ala-l7imiièff'dbii't
elle"lepùit'~$és pieds', migrions] \il 'était ' facile^de
vûiT'guenuWsoùffraricêh''KtovUtMt\rtcùifîmê
autrefois s'es'rnoiïïdrës moùbèitierits. (Ba\z:)x lie
rèpas'trcp prolongé' 'ÂiùuKmit'la têtë',lértibusse
i!«/>p(te.'''(Raspa.iU)'' »' "■' •' -i-'i'ïi/»-' -J'1 "'>:"
"'S'alourdir1,' ';;'v'. ipr.^Peyenir.'f^ùra^'.^pius
jp£&nt':'^nséjpyrnawt\j^^
sJiïTiUTJ.ALOURlilK.,^^,, ,' j' '^.',.,1^ ,.,1 "j,,.,,,)' •',,
', 't* PA1" .fi?i.-i :.i^c f e?W, s'àlo.urdit. J.a,tètè
%\K\.WR\i\T\àans,l\ivrfissi. Ë,hTbion,'ç'her,]an'ge,
lui'dis^jiL.Va^clifainè sWï AjJ6uJîpm„ZtfJ5içpïn^
w;,?«'ûi{/pWnf'.,.CBalz,)' ' ,„i »oçï,i pù'j'iiitet.lï-.
béiiee /{umqine, s^u^vRDi'r des.'lifiéameids de. la
bridée ,('t;h,'llp.?ii^)1,/ifi',<î0.ffl??J? ^c<;omhi/.it,l&es
membres' tie géa\\t s;ALpoRi>issAiiir)-T.,. (II. .Cas-
tîuë.) . ,.,'i .!,.' ,,'ij ,'.,'„',] . ,','i» . .il' ■'.■!- 'ii r."i.t
j . ,tt-, Antonymes-iA-llégerj' décharger, degrés
jeu-, déliiStt;p1>exonére«'.-ti.i'[.|i't y -n-m tt
- AtOORDlSSAMT1 (a^loùr-di^aan) part. prés.
dtry. Alourdie,/1'1- »'>•'•■ il •'■''; 'i-^'; -•■ i '<■;
'"ALOUnDlisÀ'NT^ÂNTE'adj.^-lour'^î-s'àn,
àri-toV tàà.lçjlour'dir)'. ,'Quï àlpurdit,' qV '
db "nature à aioùraïr : Il fait
ALOURDISSANTE. , r f ■. -
Âtouyi .ou'.ALilpuyi'^ ie 'adj. '(a-loii^vi'—
racl'.'&^p^ 7oHÙe) ^ui'.ÈproùjVe/Mrio'/fàim.flér,
ybr'^nje^mlàiiâmb^ûn^taim^e,^^^^
d'huî inusité; ,!_!.',' i,'.1 ./,' j,!',,',', ,'.,',, ,.., ..^''u
t,AIjOYACE s.; ni.,(a-loi-ia-ie-r7iradvtflfûjfw).;
Aoiionid'aloyer.-,,K6^ultat de cettb action.ivu'.
• '■AtOYÀu'is.1 m: (atlûiiïo.— l'êty-mr, ignorée'.;
L'opinion la plu&plausible'co'nsidèi-C' ce: rhot
connue une corruption ào-dllddiai; Vàldydu,
serait' ainsi là' pièce noble) . 'Piè'co de ' la chair
dn -beduf qui1 se trouve Ile long' des reins :'
Aloyau rôti: Aloyau braisé: Aloyau- dû ma-
dère: Aloyau à la bourgeoise. Quand un pro-
fesseur tveut absolument gu'MOYKv v>érinei:dë
l'arabe,' ■ il est i difficile- de1 le croire. ' '(Volt!)
Leurs flancs récitent ces' aloyaux 'dibins dànf-
Vappétit se lasse moins' >tii te que 'des ^méts'les*
plus redterchés.'iGrittLOdiySile chàt^n'apaS,
mangé'- le bifteck, 'iois sûr que le drôle était
déjàtbourré d' aloyau, (G uillermet.) -> '■<■■
"J'aimè'i'voli-Vau iriilièu'di ce brillant 'coctêèe',"1""
uUri'éooTfti'é itlàyaù q,ue' d'atibiid ûn'diàiagé. '"■ '-'UV
Beeciiodx.
i( Tri]| ....ALP,^,,., \ ,,, ;
-AibYERVj'a. 'au tr.'(a4ôi-iê — radt Mot). ,
iDonner à;l'or et ànl'argentiraloiiOU'le 'titre '
légal, il Farticulièrem., Mettre un alliage-dans
rétain. „•■ p. M.'.tf -i -,<i -, ' .1 ■ .1 'u-'m -' ,
■ ')> ALÔYSlE's.'f.' (a-lW-zî — -dallât., Àloj/H'd, I
Héloïse, hbmde lamère'dûroi'Fèrdihànfl VU), i
-Boti-Gwire'dè plantes delà' 'famille |Jdes^ver- .
ibénacéês^. formé1 anx dépens1 du "genre ' Vêf- ,
.HiAJLPAçÀou1Âl.PAGAil!m-.<alrparkaou;ga). ;
Mamrn.rQuadrupède deJ'ordro des ruminants
'ei,do;la/famiUe.des caméliens, et.qui est une :
iyâriété-dùj lama'.et/ de 1 la t yjgogne.-Il- ibabite 1
rAmériqueidu;sud; etiprincipalement.les ré- '
gions pierreuses, élevées et fxoid.es.de la
•cliâfrie dès yordilIierps.rSp(n poflV' trèSrâtiÔnr
'd'anfaur. côtés du coii etjdés ilàncs', est long,
'doux; lustré;\ot' d'une 'grande' flnekse.' A. ' '
"' '^^ÇQmm.JÈÏo'ffe faite de la laine d'alpaga.:
'^èstyçé^gros petit, hornfne^en redingote vaVALr
^aga. (iï^.)J\airtremarqùe.$a robe, q<ti est, en
'àlpà^a anff^.'^Ë./About.J.ii.On.dit aussi
iÏJPAGtJE OU MjPAGÙE.,: , . ',., ' . ,-,,,..;.'.
-.1 ^> Ency oil> La^poil de 'l'alpaga peut ' sé^ma-
irier àla! laine^àHa soie et 'au' coton. Ubi à là
laine, il.donnè des damas pour meubles et dès
•étaffes'brocKéès pour ^ robes; • Uni ■ an ■ coton 'il
sert à fabriaue'r les o'rléans, tissus ras poûr'-les
habillements d'été; ■Enun;.avecilai soie," le-co-
ton-,-]la .laine;; réunis, ou-'Séparès^ U'est>ntilè-
ment^erriplpyp.jd.anstbeaucoup d;étoffes de non-
yeaute/qui .ex|gént,dn b^ritlant-et de lafermeté
saris lourdeur. Les ^premiers ^lpagaA-ont^té
fàbViquéSnen.AnèVeterrel;Jrna^s'depuiSl,Vqu^
'feïnp'Sj.'lès iftànuîacturé's' françaises luttent yiçy
tofieasémbn't'avec 'celles 'de nos voisins.'')1 V,„T
;!?ÀLPA.gÀtT(QS,[sL' ;m.;.pi.' '(^i-rpa-gâ-jtosssr-
r'à'a." alpaga)'^ Sandales 3én;, cordes-, de "laine
à'àlpaga,eri;V!sa8;e au Pérou.' |V> Alparcattas.
ALPAGEis.Vm. >(.àl-pa-jc— ' du'celû alp\
montagne )-iNonL que, fi:onndonne,f dans le
naidi,'de|iar Érânce, ,an,;pàturagot oujdroitrde
p'âïii'rage dans les montagnes, n On dit aussi
; , ALPAGNE OU ; .ALPAGUE :S.
i' chaleur.
V.I tm.u.
iv:V,nAlPAOÀ:
' '' 'alpam sV'm;1 (al-jiamhv-^ mot'ind:0:'^Bot,
Arbrisseau qui'hâbitë' les lieùs'dôcouvcfts'et
sablonneux de l'Iride: 'ses 'feuilles sont persiài
tantes/etfses 'fleurs^d'un pourpre- fonce; 'Il-fest
employé en médecine. i/iiiKtu>iI h ■> Jn ni;)iit
.juAt^ARGATEfSijm.1 (al-par-ga-te)4,VJAL-
PARÇATTAS;/,,!,,.,; ,,-, i.^, k„ . , V \ , >,i*vyi "s lll )-.
ALPARGATTAS s.jf. pi. (al-par-ga-tass —
mot ësp.) . Sorte de chaussures grossières faites
de'"'jorics'ou''|de'cordès 'trEssëfes' : Pôufchaus-
sure^ilesip'aysans^mlehciens portent dès alp*ar-
gAttàs,- sandales de cordes- tressëes^donf là
semelle .a prés> d'uni pouce, d'épaisseur.-'AÇTU:
baui.^/i, y, auait aussi ^dest Yalençianqs-jmz
jambes bronzées, chaussés d'ALPARGATTAS, bor,A
dées' de 8leu\ (Tnl'Gaut.) Le costume du ' Zagdl
est, -charmant,. .■.:,:■ dés culottes icotistelléës- de
bp'utons^^filigrqiye, et pour, chaussure des ALr
Ï'argÂ'ttas attachées par, dès cordelettes. \Tb.
Gauti)' 'Camille' ' hoqùcplàh^ tout éh peignant
dès1 pàijs'àHFa'ù' teint hâl'é,''âux 'véstés de "gros
drap, aux pieds' 'chaussés o'a'l'pargXttas,' sait
dégager :der ces matures rustiques le côté élé~
gant et gracieux. t(^.fi&ul.)ivlU ,;,, . ., |
i'A-LP-ARSLAP},' sultan de.Çerse, de-la dynas^
tiedes.WrraS'eldiqu^i^és, sucpjjda^n, 10S4 à
s'pp,bricle','i!ogrul-l)é,ç)'et 'ne%'nVontra ni moins
de 'doura'gè ' ni' moihs'd'àrdeù'r'poùr'-rés cbn-
quêt'ess.'Il soumit k' sa' domination 'la Géorgie
et l'Arménie, remporta une éclatante victoire
svu\,iKcnipereur.,de .Gonstantinoplè, Romain-
Diogène,pqu'il fit prisonnier, et tut tué par le
gouvernéur'd'une fortèreàse qu'il venait d'em-
porter.id'àssaut (1072). dl'passe pour le premier
prince deTsa raQe.quiait embrassé l'islamisme.'
,i0ALPAr VIGOGNE s. 1 rm .(.al-pa^yi-gpîgne ;
gn. 'ihll',);Méiis deillalpdga^t.do.la, vigogne. 1 --
- iALPE s! f/(al-po — du.lat.iizWîWj'iblaric', ou
plutôt'dfun radical celtique; alp, qui exprimé'
une, idée /d'élévation au' physique commë'au
moral). -^Lieu élevé; 1 montagne 'quelconque' :
Transportez^le em Sui$se.t'ou< en France"';' -lé
mouton dé monlagnex>dans une prairie basse et
touffue,- paitra-'séparé ;■■ les<hioùtons > de-p'tame.
pdilr ont l'un contre l'autre) quoique sur une
alpk. (Balz.)'Ce lac; cettcaUée,' ces deux pe-:
tues alpês, •# les enferma dans tme< enceinte:
(Bâlz.) Si' on' les mitassait les unes sur"- les
autres-fOn pourrait construire une alpe où'uiie
tour de-Babel. (Ed: Texièr.) v • • ■'• ■ •• \ ■ \
-«— Fig.\Point;extrêmé'ou peut s'olovèr un
sentiment, une passion,- 'etc.': Cet homme
resta-d' un calme terrible ; alpe froide, blanche,
vôisitiè^du'ciel i' et 'cependant' bienfaisante.
(Balz.) Elle ■ ..éiait^ tombée humiliée de cette
alpe 'où elle, avait cru voler jusqu'au nid de
l'aigle. (Balz.) L'artiste était sur là rptite
aride pàrcburue 'par ces' grands; hqn\m'e's ,. ' et
qilFmiîîe'.aùx* ALPES' de là gloire. (Balz.) Je
tenais l'une de ses mains; elle les avai^ fort
belles, èi nous' gravissions les alpes du\ sentir,
merii: (Biilz.^' ,:{. .',',^',V(I'1V "''„' /'\. '. '.,. '',;"'.
'al'péE s."f. (al-péj. Entom." Gonre d'irl-
ijectes colépptères pentamèreSj de la .famille
des çarabiquès^'bt,' q.ui[1paràit.l'âeyolirv'.ôt1re1
réUni' au.gènrë-pép'rie.1^,,,' ,,'', ,', „, ;' ,,
ALPEN,
ALPES, chaîne de' montagnes," la' principale'
de'lïEuropej ^entre la- FranOe, l'Allemagne, la
Suisse et l'Italie ; nombreuses ramifications dé-
signées sôiis lés'norns ' d'A Ipé's Maritimes, où
-sè'tro'Qve'le col dé Tende';' d'Alp"es CoUié'rïnép,
qui;vpnt du mont "Visé au mont Cenis, et qui
renferment les cols'd'Àrgëntière et du ^ont
Génèvré : 'c'est là, 'dit-on,' qu'Ânnibal traversa
'lës'lAlpè'Sj' d'Alpes Ùr'ec'qûés bu pré'es', qui'vo'n't
'dùhiont Cenis au çoï dû -Bonhomme i'à'Alpes
^ënnihès , l'es'plus élevées' del'Eùrop'éj'qui
Vont'au.'cor'dia Bonhomme ■'au' m'dfit Rose, et
'gui'rfenfermént 'les grands 'glaciers,, le' mont
;Blanc*, lé mont' Rose, lé montCèrvin, l'aiguille
auGyant.ët'lé'çrand Sàiht-Berriàrd'; à'Alpes
'yLéporiiiennëè ,'"qui ToTment' lèT groupe Ip plus '
considêrablé'de, la chaîne' 'dés Alpes'i et qiii
renferment la JÙ'ngfrau et lé Simplbn;.d'A/jbej
'Hhétiènnes, qtii'v'ont jùsqu'aùx'sbûrcesdérA-
dig'é'; à.' A Ip'es Cârnigues'^à Juliennes, a travers
'lesquelles Jules' César' avait ,faU percer une
'roûtè^our' pénétrer dans-1'Illyriè \'à'Àlpei'tii-
n'àritjùés,Cad6rïgùes', Bèrn'oiseà,Noriques, etc.,
"qui né sont' 'que des contre-forts, des' Aljiës.
jLes'prmcipaux' passages ouverts par la main
dés' h'émines s'oùt ': làfoûtedù Simplon, .éke-
'eùlée'dé'lSOl à'Ï80'6,"dÊ'la Suisse occidentale
:à 'Milan; la routé du mont' Cenis, commencée
■dri f805, dé' Grenoble à Turin : c'est. le passage
lé plus1 fréquenté des Alpes; la, route du mont
'Genèv're, d'Avignô'n'à Turin : la1 route, du col
*dé Tende,' de'Nicè à1 Cohi; la route du petit
Sâint-Bérndrd', de Greriûble à Abste, et |cèlle
du'SâintiQôthard;, de' la ' Sùissb centrale 'à
' ''; Couvertes' de j neiges, éternelles, dans, jleùrs
parties lés 'plus' élevées)' tlés 'Alpes, sur leurs
versants; offrent une ^végétation très-variée,
depuis la vigne et le figuier 'jusqu'aux lichens
et- aux mousses dés' contrées boréàlep. Les
pâturages'et'les forêts de sapins occupent unp
grande partie 'de'leur étendue. Leur richesse
mmèralogiqùë' est, comparativement; peu çonr
sidérablé ; 'elles 'fournissent' néàmribins'ilu' 'sel
eî"du'fer eh assez grande' abondance. Ori y
rencontre du plomb, du' cuivre, du mercure,
et on 1 yasignalé'quélqués minés d'or èt|d'ar-
genii. Les Alpes donnent naissance aux fleuves
les plûs-considérâbles de l'Europe centrale, le
Danufc'é, le Rhin, le' Rhône .et le Pô, et à un
grand nombre de rivières moins importantes^
', Alpes, {Passage, des). En, débouchant dans
la haiite Italie par le .versant 'dç's A'pes, une
à'rlriéè envahissante y conquiert sans . lutte, et
de prime abord une redoutable position stra^
iégiqiiè,' qui. doit exercer une influence déci-
sive sur les événements ultérieurs. Cette pen--
sée'a[dûsâiis doute, frapper quelquefois un
é'èprit'yulgairé; ma!is le projet gigantesque de
franchir ces montagnes . énormes , couvertes
de,'nèigès''et|de glaces éternelles, sillonnées;
svir leurs flancs abrupts,' de . crevasses et ,de
précipices sans' nombre; un , 'tel projet n'a pu
étre,réa}isé,(qùe .par;,d'eux de: ces hommes de
gïnielquï, semblent doués du privilège de faire
piiê'r sous'iine ihfléxibleyolontéla nature même
et' les, éléments.' A vingt siècles de distance,
les 'Alpes qrit.yu deux' fois (Ce prodige, : leurs
çimés .vierges'', se sont inclinées sous les pas
des "armées d'Annibal et de Bonaparte. , . , .
m I.Passagb DÉSiALPES.PARiANNinAL. Après
la/prise de -Sagonte, ;Annibal; dont le génie
mûrissait depuis longtemps, le vaste dessein;
qui étonna le .monde et' ht' trembler ritalie,:
traversa l'Espagne JaVdCila rapidité de l'éclair,
entra dans les Gaules etse trouva sur les bords
du Rhône, lorsque- le sénat le croyait encore
sous.les murs de Sagonte. Il ne pouvait venir
à la pensée de ce lier sénat qu!un général' dé
vingt-six- ans j chef d'un peuple vaincu sur
terre et sur mer en cent combats, se proposait
d'attaquer Rome hérissée de fer et peuplée de'
héros, et que, appuyéjSur lui seul, loin de sa
patrie^ laissant derrière son. armée vingt peu-
ples.ennemis, il s'avancerait, audacieusemént
enltalie; isolé de tout secours et privé, en cas
de revers, de <put moyen de retraite : les-
hommes tels qu'Annibaf n© se pressentent et
nu se devinent point. En dix jours; il parvint
des bords dû, Rhône au pied des Alpes, évitant
avec- soin de rencontrer les Romains, avec les-'
quels il ne- 1 voulait se 1 mesurer qu'au cœur
même , de, l'Italie. ilLa nature, et les hommes
semblaient s'être Concertés pour opposer à son
passage d'insurmontables barrières;': ici; il
fallait emporter d'assaut .des, lieux fortifi.qs ;
ià,': sqùmëttre.des, peuplades .belliqueuses par
la forcé dés. armes, bu.se les concilier, par Son
adresse; d'autres fois, ranimer le courage des
soldats, effrayés dé lant d'obstacles et d'une
entreprise qui' dépassait tout ce qu'on avait
osé jusqu'alors de plus Hardi. Après neuf jours
do'liittes et de fatigues inouïes,. Annibàl arriva
aii sommet '.dés'.ÂTpes,' près du mont Saint^
Bernard. Il rit réposer son,armëe pen'dantde.ux
jours sur ces cimes, glacées, et ordonna la
descente,, plus difdcile^t'plus dangereuse eri-,
ebré gué la première partie de cette' .marche .
audacieuse. Nulle 'route, nul chemin tracé
n'existait sur ces hauteurs solitaires, couvertes
de neiges qui' y semblent a'inoncelép.s depuis le
commencement du mondé ; on y apercevait il
peiné 'quelques sentieVs étroits; glissants' 'et
tbrtueux, bordés de§ précipices où, le 'moindre
fa"rix pas 'faisait tomber les ho'mrnes et lès a'ni'-'
maux; Dans les valléesj au c'ontrairè',1 la nfci'ge
s'enfonçait sous'tés pieds' dès'chevaux et 'déS
lourds éléphants» et se changeait bientôt, ëii
une 'sôrtb de1 glace b'oueùse 'et liquide où il
était impossible de se maintenir. Lès soldats
effrayés, découragés, comniencent'à faire en-
tendre1 des murmures: lAiinibal les' harurigue,-
leur fait- entrevoir là' -fin probhairiè dé leurs"
maux , et leur montre, comme prix de leur
, escalade les
sn Italie qu'en
1 armée la seule
ALP
constance^ les riches plaines de l'Italie qui se
déroulentii», leurs, regards. Cette vue les ra-
nime; ils redoublent leurs efforts. • Mais un
.obstacle inattendu-vint. tout à coup les arrê-
ter,; un, rocher énorme se dressait devant eus.
Les éléphants eMes chevaux ne pouvaientle
igravir ;, les flancs escarpés, de; la montagne et
les | précipices. empêchaient i de le tourner-, et
'toute l'armée dut.suspendre sa marche. Ainsi
quinze jours de fatigues héroïquement suppor-
tées menaçaient . de devenir mutiles , et ,une
expédition conçue avecitant d'aùdaco et de
génie allait se briser contre un obstacle qui
semblaitinfranchissable,.et-que nulle sagesse
humauie ne pouvait' prévoir. Ici, le merv.eilr
leux se mêle h l'histoire: .'.-suivant le récit de
T ité-Live, car Polybe est muet, sur cette cir-
constance, Annibal fit abattre tous les arbres
d'alentour et entasser! leurs troncs de.vant.'lé
rocher. On forma ainsi un bûcher énorinè-au-
quélonmitle feu; le vent. dévelpppa bientôt
une flamme ardente, immense, qui rougit le
roc et te calcina. Les Carthaginois y versèrent
alors une grande, quantité de vinaigre qui
compléta l'action du feu,. et ,1a pierre céda fa-
cilement aux coups des travailleurs. Cette
partie du récit de Tite-Live a soulevé, une
foule d'objections. de la part des critiques, et,
de nos jours surtout^ où l'étude de l'action des
cbrps.les uns sur les autres a faittant de pro-
grès,.on a voué à une sorte de ridicule la cré-
dulité de l'historiem latin. 'Quoi qu'il en soit,
Annibal avait vaincu toutes les difficultés, et
cinq jours après il entrait dans la haute Italie.
Il passa alors: en , revue son armée. Il -était
parti d'Espagne avec cinquante mille hommes
(Tinfanterje, neuf mille cavaliers et trente-sept
éléphants; il ne comptait plus en ce moment
que douze mille fantassins africains, huit mille
espagnols ,et six mille cavaliers ; le reste, avec
une, partie des éléphants, était tombé sur les
flancs .glacés des' Alpes, ou s'était englouti
dans .les précipices. Ce passage fameux a
excité, l'admiration de tous les, ,'grands capi-
taînés,.,ét surtout de celui qui en: a renouvelé
les prodiges. Napoléon aimait a glorifier An-
nibal, « cet homme qui, à vingt-six ans, con-
çoit ce qui est à peine concevable, exécute ce
qu'on devait tenir pour impossible -, qui, renon-
çant à toute, communication avec son pays,
trayerse des peuph
qu'il faut. attaquer ei, vaiu
Pyrénées et les Alpes, qu'
montâmes, et ne descend
payant de, >'a moitié de sq:. — -.. -
acquisition de son champ de bataille, le seul
droit de combattre. ■ (Mémorial de Sainte-
Hélène.) ,,.,"'.
Polybe a également tracé l'itinéraire d'An-
nibal \, travers les Alpes, que j suivant sa ver-
sion, il aurait, franchies près du mont Cenis;
et cette opinion- a obtenu l'assentiment do plu-
sieurs hommes de l'art. Cependant, les consi-
dérations stratégiques qu'ils ont fait valoir ne
nous. ont pas semblé i:ssez concluantes pour
que nous ayons cru devoir nous écarter du
récit de Tite-Live, consacré par la tradition,
malgré les invraisemblances dont on l'a taxé.
II. Passage des Ai>es par' le premier
consul. Tandis que Moreau luttait contre les
Autrichiens sur le Danube, le premier consul.
déguisant1 avec un art profond le hardi projet
qu'ilavait conçu dé franchir les Alpes pour
tomber à l'improviste sur Mêlas, qui coniman^'
dait en Italie, faisait assembler a Dijon le fan-
tôme d'une armée de réserve, qu'il immolait
habilement k la risée de l'Europe pendant que
les troupes' véritablement destinées à l'expé-
dition s acheminaient en toute hâte au pied
des Alpes. L'immortel capitaine avait déjà
aïrêté dans sa pensée tous les détails d'une
campagne qui allait frapper le inondé d'étonr
nèment et d'admiration, que le cabinet autri-
chien', ignorant' encore l'orage effroyable qui
s'amoncelait sur lui,'cOnsidérait tous ces mou-
vements dé troupes comme des renforts dès-,
tinëS' à l'armée d'Allemagne, et se divertissait
aux plaisants produits de l'imagination des ca-
ricaturistes , qui représentaient l'armée de
: Dijon sous la forme ironique d'un conscrit et
d'un invalide. Le 6 mai 1800, le premier consul
quitta Paris, et arriva peu de jours après h
Lausanne, où une formidable concentration de
1 troupes ' devait commencer à' détromper les
incrédules, mais trop tard pour qu'ils pussent
transmettre à Vienne des avis encore utiles.
D'après les renseignements 'fournis par lé gé-
néral du génie Marèscot, consulté sur la nature t
et les difficultés de chaque passage, Bonaparte
se décida pour celui du grand Saint-Bernard, '
qu'il résolut de franchir avecla masse princU
pale de ses forcés, environ- trente-cinq mille ;
hommes d'infanterie et d'artillerie et cinq mille
de- cavalerie , tandis qu'il dirigeait plusieurs -
autres détachements h travers le Saint-Go-.
thar'd, le petit Saint-Bernard et le mont Cenis,"
afin de 'diviser l'attention des Autrichiens. C'é-^
(.aient; en 'tout, soixante ■'mille- hommes qu'il
fallait jeter avec leur matériel au delà' des
Alpes, sans routes frayées ; à travers des gla^
ciers, des rochers, des précipices, et a l'époque
la'plus-rédoiHnblé de Tannée; celléde la' fontq1
des néiges.'Dan's ces hàiités vallées, les unes '
frappées de stérilité par un-hiver éternel, les
autres étroites et pouvant a peine nourrir leurs •
rares habitants, il fallait porter le pain pour''
les hommes et jusqu'au fourrage pour les che-
vaux. De Villeneuve, point extrême du lac
Léman, jusqu'il Ivrée, débouché par lequel on
entredan^ les riehéa 'plaines du Piémont, l'ar- '
mée nvïil* ouarante-cimj Uev.cs a parcourir,
ALP
dont dix sur les rocliers et les glaciers de la
grande chaîne. Dans les derniers jours qui
a moyen, on fit transporter' jusqu'à'Saint-'
Pierre, au pied du col, des approvisionnements
de" touteespèce. Lès' pièces' furent démontées,
les- affûts divisés en fragments numérotes, afin
d'en rendre lé transport plus facile aux mulets,
et lés canonstfurent disposés ;sùr dés trainèaùx
-à 'roulettes. Lorsque 'toutes- ces' précautions
eurent été prisés et qu'on-èut passé ^n'reviie
chaque détachement, chaque 'tummé,1 chaque
partie de 'son ' équipement;! car- aucun ,'dêtail
n'échappait à l'active surveillancè^au'prerriier
-consul;'Celui-ci, établi à:Martiginy''dé1ce';côté?-
ei des Alpes; fit enfin donner l'ordre: du pas^-
sage.- Lannes s'avança' le premier' à là'tète'd'e
l'avant-garde, composée* désix régiments <A'é-
■lrteVH -partit dans la1 nuit du Ï4 ail 15> niai? 'afin
de devancer l'instant 'ou la chaleur 'du !sqleil:,
faisant fondre les neiges, -précipitait dés Mon-
tagnes de glace sur. la tète des voyageurs" té-
méraires'qui s'engageaient dans ces gorges
affreuses. Les soldats' gravissaient gaiement
les sentiers' escarpés, chantant feu milieu des
précipices, reMantMa conquête de cette Italie
où: ils'avaient goûté tant tie fois les jouissances
de> la victoire, et ayant le noble pressentiment
de- la gloire immortelle qu'ils allaient y acqu'é-
rirencore. Vers lemàtin, on parvint .-'-■--—
préparées par lès religieux. Après quelques
moments' dé repos,' ils d'escendirehts'ans èvè'j
nemerit fâcheux jusqu'à Sâin>Rèmy, dans la
vallée d'Aoste.:Lk,'on' rétrouvait une'route
praticable pour les voitures, conduisant à la
plaine du Piémont. Lannes s'établit inimédià-
teinent' sur-le revers de la moiitagne, et prit
toutes les dispositions nécessaires pour rece-
voir les autres divisions,- et particulièrement le
matériel. Chaque jour, i une- des divisions dé
l'armée' devait passer, avec ses vivres,"se's
munitions et l'artillerie. Les traîneaux1 à rou-
lettes n'ayant'pu'servir pour le ' transportées
carions, on imagina de partager par le milieu
des troncs dè'sàpih, de lès creuser ,' puis d'en-^
volopper chaque pièce avec deux'de ces troncs
et-dela faire tramer ainsi: par des mulets 'le
long des ravins. Ge moyen ingénieux ne tarda
fmsà'dè venir lui-itiême impraticable; leS'muJ
ets vinrent à manquer, et les paysans; malgré,
l'appât d'un gain considérable, refusèrent de
prêter leurs' bras à ces opérations périlieùses.
il fallut avoir recours aux soldats ;; clés troupes
de cent hommes s'attelèrent successivement à
chaque pièce, et l'on parvint à surmonter toup
les obstacles. Arrivé au faîte des monts, on
trouvait les rafraîchissements préparés par les
religieux, et l'on prenait quelque- repos pour
recommencer à la descente de plus grands et
dej plus 'dangereux efforts: Pendant les'jour-
nées des 10, 17;>8, 19 et 20 mai, les divisions
continuèrent leur -passage. Le premier con-
sul, .toujours à Martigny, pressait l'expédi-
tion idu. matériel , que Berthier recevait de
l'autre côté: de la' montagne et' remettait en
état de servir. Bientôt Lannes reçut l'ordre de
marcher en avant et de, s'assurer rentrée, de
la plaine du Piémont,- 11 .s'empara d'abprd ,d.e
quelques,. postes autrichiens,' puis . s'engagea
dans, la vallée d'Aoste, qui, se resserrant tout
k, co,'ip, présenta, une gorge étroite^ fermée
par un fort hérissé de canpns;- c'était le fort
dé,Bard, occupé par, upê garnisbn'(peu :nom-:,
breùse, mais que commandait unhomnie.éner-
gique.'Cet obstacle imprévu parut insurmon-
table aux officiers, du. génie attachés à lavant-
farde. Cependant. Lannes. n'était pas homme
. s'arrêter, et ,il lança si'ir-lefchàjnp quelques
compagnies de gr'ena(liér,squi.pènêtrèrén'ti
la petite ville, de Bar j, uniquement cpinp
composée
,, - ,.r.o destruction certaine.-
Sur l'avis transmis par, Lannes, Berthier et le
■général du génie' iMarqscpt se hâtèrent. d'arri'-,'
ver. Celui-ci examina le fort et le déclara
presque imprenable, non ,'à cause 'de sa p<mrL
struclibn, qui était médiocre, mais de.sa posi-
tion, qui était entièrement, isolée. :Be.rthier
effraye, donna. aussitôt contrerordre aux cc~'
lonnes qui arrivaient, successivement,, et, fit.
suspendre partout, la marçW des hommes, et
du matériel, poûrjie, pas laisser l'armée, s'en-x.
g'iiger. si elie.devait finîr,,par rétrograder., Le;
premier consul étaitencore.à Alartigny ; à q'étte,*,
nouvelle 'd'un .obstacle jugé,. infranchissable-,
par.ses meilleurs génprauxI(il éprouva d'abord
une, espèce „de saisissement; mais il se: remit
bientôt et se' refusa obstinément à l'idée d'un,
niouv.eriipnt rétrograde.', On prendrait le fo'rti
ayee de' ^'audace, -disait-il ; si on ne lé- prenait
pas.on, le tpurne,rait. Puis, il .éçrivit,a,Ber.T,.
thier, .lui défendit d'interrompre le rnoqve;-:
nient de, l'armée et lui, indiqua, av4ec,une.éton-,
nante précision,. tes reconnaissances à, opérer,
autour ,d.ii fbrt.il se décida, al ors. a franchir ,'lgsr
monts de .sa personne, et, se rnit^n^iriarchçv.
le ,20,^ avant le jour, pour,' traverser,,lé côl'^Les.
arts l'ont dépeint franchissa"pt,lés Alpes surjiin
cheval fougueux ;'laivéVitéëst.moins ppétiqué. '.
« Il gravit le. ,'Saint,- Bernard, , monté.su'r, un
miilet/révê.tu qec.ette'eriyelbppe, grise qu'ila
toujours portée, conduit par un guide du pays, ,
montrant, dan s. les .passages difficiles, la dis-,
traction d'un, esprit occupé ailleurs, .entre te- ,
liant les officiers répandus, sur la. route, et
pui3, pat intervalles, interrogeant ,1e, cbnduc-
ALP
teur qui l'accompagnait", se faisant conter sa
.vie, ses\ plaisirs, ses peines,tcpmme u^ypya-
f'enr'-( oisif qui-, n à, pas. mieux, à .'faire,. ,Çe ' çon-
iiéteur, qui 'était fout' jeune, lui,, exposa
^'aïvemént les ' particularités de sçn obscure
existence', ;et surtout'.le chagrin qu'il épr'o'uyajt
jçje ne^pouvqir,,fàute 'd'un'peïi d'aisance; [ éppu-
se'r'runéjles' filles de1 cette. vallée. Lé premier
consul, ^an.tot réco,utantv,'tanjôt .bùésup'iiîi^nt
,lës, passants',, dont ".la 'irionfagnejetait' remplie,
parvint à'^hospice'^où'lès^
. reçurent , avec ' empressement! l'A' ',pé\né ,'ride$-
^endu? de'4 s'a mprilure, 11 écrivit'un bùl'e^qu'H
jçb'nlîa" à't son gu ide ', ccn lui (re cc^m mandant ""de, je
'remettre | oiactemenï''i'i'l,àaim^jstr'(ileur^,d'e
l'armé, e',"Vesté,"de, l'autre, côte'^UjSaintjgejr
nàV(l, Lé'' soir,. le jeune, Ebm'ràe, retpùrné-,à
Saint;PierreJ apprit avec'surprise qù'erpuisV
.san't;,v'oya.geijr'il avait conduit le'jjfialin, et sut
qiie le gënéraLBpnàparte' lui, feis^i^donn'gr, un
"cliamp,", Une maison, lésJm9yéns'deVse'rmarier
'enfin, et de Égaliser ,,tpùs^ les 'ijêyè's ^de sa inp,-
deste ambition"» h (Tliiersj'./ÇeiriiqAagnardjèst
mort de nos .ioux^^prpp,riètaire "du çhàinp, qu'il
ayait',réçu du '.dominateur, ,3e rÈiirope,',,Çet.
àçfe ^singulier; , de , bienfaisance, an 'imiliéu/;'d.e
telles,,1 preocçupatipn's^'']mérite.,d;être' signalé,
car ce ne fut' point ^là le pur 'capripê.^'ùn^cônr.
iquérant,4è'taritiau/,h^sardienhien'^
tour à toui\ renyérsânt desimpirés'o'u.éiliBaÀt
un^ch'aumière.'L'â'me.hu'maine, dàn^ès'mp-
ménts, pu ' elle .^prouvà^ d^.désirs',rardeat?,
semblé' plus accessible aux" séntiirrehfis'généj-
reux :vefle fait; le, bien comme .une manièrejde
meriter'belur^u'e'lle 'sollicite 'de i la Providence.
f'l lÀ'près'.s'èt'rë ', arcêté '. quelques , instants ay e.c
lés religieux,' doht.il reconnut les soins èuye^s
l'armée par un "don. magnifique, il commença, à
descendre et partit le, lendemain pour Bard.
SomniéVle se : rendre, ie comhiandantfép'ondij
ay e'c jfe'r mete, ,en'h drame, qui cpnna'i ssai t l'im^
Eortçjncé ,du poste, çootle^a'.ison fcpui-àge.iQn
tenta ' alors une : escalade sur Ja prémièreen-
ceinte,du fp'rt,.m'ats ihptileméni! Çepénilaiit, lé
long dgs sinuositès.de.la montagne q.'Altiaredp,
qui .dp.rniné'je (r'pcber et.l^fqrtjde .Barçt^on
avait' découvert, un sentiçr ipâri !eqiiçl,pn- ve-
nait rejpindré là gran^eTOute^déilkiyallée'aur
dessous du, fort, à Saint-Dpnaz., Qupiqûji l'offrit
plus de dangers encore que lé Saint-Befriar'd,
c'étaitle seul' moyen quela fbrtïïiié'pffrait'au
Général Bonaparte dé récueillir' le fruit'de tant
'audace et de génie': Quinze 'cents' travailleurs
mirent cet' étroit sentier en 'état dé servir di;
passage : l'armée s'avançait h'cmme'parhiimriiç'
les cavaliers1 'menant 'leurs chevaux 'par, la
bridé. L'officier autrichieri'qiii c'ommahdaifié
fort de Bard. voyait ainsi défiler' nos cbion'h'ès|
désespéré de ne pouvoir' arrêter leur marché^
11 mandait à Mêlas qu'il était témoin impuis-
sant du passage dé loutè'une arriïéê; infanterie
è't' cavalerie'; mais' il répondait' sur'' sU tété
qu'elle'ârrivérait sans uné'jeùle>'piècç -tlè-ca-'
non'.' Cependant ' nbtfè"ar'tiilérie " féritait'"u'riô
entreprise ()ès plus hardies, et 'dés'pl'qs péril^
leuses/'Ôri' couvrit' dé paille et'"dè'lfuimçr la
route qui formait la grande ' rue 'de Bard, on
disposa des étbupes- aùtoiïr 'des' cànbnsI'"de
manière b! empêcher le moindre reteritissemént
de. ces massesi de , métal' sur leui-s affûts,- on
détela les chevaux',: qui prirent Id'sentier'd'Al-1
baredo, et d'intrépides artilleurs, isd. confiant à
l'obscurité- de la' nuit, '.tramèrent Ues pièces à
l;ras et se hasardèrent à: les* passer- sous- lès"
batteries mémesudu fort; Cet 'expédient 'fut
cquronné .d'un, plein succès.' La'- surveillante
deileniiemiise -trJSuvai.déjouée,'- et -quoiqu'il:
tirât de-tempsen. teuips-par préca.ution ctjqu'il
atteignit .quelques,- uns. dé nos- canonniofs
Pendant ce temps-là, les généraux chargés
d'exécuter, leur mouvements piir 'd'autres pas-
sages arrivaient heureusement au lieu indiqué
pour opérer leur jonction . avec le gros i dé'
I!armée,; tout, était: prêt, ét'Bpnapai'to',' avec:
une. masse jde soixante mille hommes, allait
tomber comme ilaifoudre.au 'milieu1 'des Autri-
chiens, et recueillir le noble, prix deses aiidar
cieux efforts, par 'unè.des:plus-ibellbs -Victoires
qui. aient signalé ces temps héroïques ,' la vic-
toire-de Marengo:.! <-iM .Ju m-u.-..,. I -^'.'■r.^
ALi-PES'fdép. dcs;nÀS'SES-),âinsi;nômmé de'
lâ,;pàrtiè "dés'Alpé's' '(iùi"léi sép"âr'ë"ïie"!,.îtalie:;'
situé 'entre lès lAipes, lés'dép"; d'es Àlpès-îClari-
tiiriès',- 'du' '\;ar,"" dés'lBoûches-'a'u-iRl\ônc',';'1lie
Vaiicluse, dé la'Dfôine et, dès'riàutésrAipes ;
comprend -5 a^rçnd.'^Digilé^'cH'.-irèù ;'Sistbi-ori,
Bâr'cé^dnrlétte',, Cas'téllane "éf Pôfçalqiiié'rl- s.^'
p'réfeqt.1;, 30' cant. ;' 254' cbmrti. ; 146,368 'Kaîjr
11 est:,Tormé''d'une paytio'do la Pro'vèïicé'; sa
superficie,'1 est dé' 6S2',643''h'êCt:)l''Eyééhél::de
Bigné,'cbûr impériale' et'académiè a'Ai^',''8'<i-
division militàirér'Sdl'monta^rièux'et peu'fer-
tilë.'sâù'f les' valléés','^qui|p'ro'd'ui's'ent.aes ce-'
réàlës; beaux, patfirages ; ' élëvé'*çohsidéràhlel
de'b'estiàùx et' de vers à'sbie; industrie 'T lài-|
nàg'es>t "tissas db'sbie'.'j I',;".',;','/,'1'/.'.,", '?/ " ,,','
'j'A'LP^^'jdpp^idVs/.HAÙ!^^)^
de1 la pàriift déç Alpesq^ui le sépare 'de .l'.ltalje ;j
situe entre ^l^s^Alpesja^riEr.pt^les-idsp" dési
Bàsses-Alpes,"Hé ^aiiçlùsej.'de tla Proine^V^e,
l'Iserç ëjt.dê,ia]Sa,\foïe;T comprend s'arrond.',-
G'ap,;cb.,-liéu ; Briançon et Embrun, s.-préiect.;
24 ca'nt.; ig'g coimriV; 125,100 hâb. Il a'ete, formé,
d'une'partie.du Dauphiné et .d'une 'partie de la,
Provence. .Sa, superficie est de, 553, 264 hecfr.
Eyéchè de Gap, cour, iiiip'érialô et académie de
Grenoble, 8e , division militaire. Sol.ai-ide; cè^
ALP
1JA
réaies, vins, bestiaux, exploitation de marbre ;
industrie,: lainages, boisselleriejïtissus.de soie.
•:i ALPES-MARlTISrÉS](dèp: dés); ainsi' nommé :
des montagnes qui le séparent deTltàlie etqiii
longent les rivages de ta Méditerranée; situé
entre les Alpes, la Méditerranée. et ta-^ép-. du
|yajr jbtlïé,s.,Bas5es-Ajpes;,çpniprendr3 arrondi,
INice'jjCh^lieu ^Grasse et PugetTThéniers,ts.-
.pVjé/ect^^ï^Ciint/siHe çpmmV;1t94,57_8,hab.Jl
a été formé, en 1860, du comté de Nice^cédé '
par le Piémont, et d'une partie iela Provence, ;
Sa superficie est de 419,738 hecf. tfioeefedo !
.Nicei'cour.Jrnpériâle?et-^éâ'd6îniS' dt:4fx^5fidi- |
rvisioniimilitaire".1 iLo'sôl' produitidés-'orangërâ, j
des limoniersj des grenadiers, :dèsiôliviérsV dés ;
amarid idrs,"des-fig!iiers '{ vastes'pâtùî'ages',' qui !
•nourrissêntide nombreux troupëâuxii': ' 'l'^.-'l 1
' ALPESTRE ,adg. .{âl'-pè'-stfè^'jrad.' Alpes},
a ^àp'parti^nt1, _qui' ajraçpoijt' aux AJpes :. fiés
ALP
OJ/.
■codes 'alpestres 'ënflëes-'à ia'fonti'jîés' nçiges.
"(Balz;')l1T'o'àï, autrë''s'e ''-"serait ^émèryçilU' 'des
[beautés de çette'tiatùrf aipêsthe'. (Balz.) 'Nous
.(Lamart,)-/'* allaient; tcùeiUir.t les, .fleurs Ah-
fESTRES .à.l'a liïevr .ite.la.juri&d'Jtê. (Lamart-^
,Les\cpurtSi.elnbrusques dessins. de\ Top ffer< sont
reteve'$d'me.saveur<tiLVEsrrfiEet-d'un caractère
fruste et sauvage. ,(S.to-;Beuve:),i ,,- îi-i j in^t
-o3-jPar.comj)ar:'Apre',.-rigide': M: Josèpfi'd'e
Maistreest umliossuet alpestre. '(Làmart!)'*
r'é'^dé rà^pli'ahe!t.tdes',Grecs.*,'et, qui ji.jtLrë
nom dé aiepAVpreriùèrë .téttré.dé l!alphai-
bet hébreu'," laquelle' signifie ' bœuf, il iS'énïpï.
quelqûefois'-po'ur désigner lcî&SiTméM,eern%nt
d'urie choseVjïarpppositibn' à'ome^àVdérnièrp
lettre.fde l'âlptiàbêt 'grec* éïrqiii',inàrquéi;]à
to,; Enètreà l'AhPHA-d\wie:science.^^:à/'
i. —lAstron. Nom sous iloqiièl'on dêsigne'Iâ
p'remiè'reu'étoilûi'id^aBô ,cpnstéllktibnli'qttèl-
conquet ao .- .« i-i;1-'.!'.!-» ^j, itttL .j^i;;. 'a\
ALPHA ET OMÉGA, noms de la premïèré-et
de . la- dernière 'lettrèiaèa'alp1iabet^Tecft,£'etA1u i
signifient, au, ^fifturé,:, Je, jcp,mniçyie.8.>n.fn.<ilet. la
/ut^Saiiit Jean7(îit,;,' dans tSon'rÂpqcalypse ; que
pwu^esÉ.ilà^pAujeJ.romef/q.de .tpàtesçlipscs^v
t<jii.ette:ipnnule:ded' antithèse, est» d'un -usage
fréquent en littérature :.}.ii) ili-",- a n • .iv..']i-ij
st L'énseigiïèmcnt-iet le'ïculte'îprhnôsô^Ki^ue
sont l'alpha et l'oméga de toute vié'sobialé' »
— >:-ct-i vii'i-ii'. 'if ■'GATlérrA^iM.'TJA
'',*]y^^)^,i'\^Jl^>iyM^!'9^i^'^^'
ë.?Âre'./yiff> !T>e?ftuj les' peuples jvdoininant.-les
rpis,, constituante elle seule là'pensée;4a^ie
dèlFhomme'.etide. l'humanité\' cette Eglise est
pom,--M.,de,Hontalembért l'àlphd'. èt\l'om'éjjà
deïcnb'ses.'^''],1;1' ,\Vyj'i-1;'/'^Y?''''^'vl?qkf*J'i .V
^Li'Ûhe'histoire^dé'la littérature' dramatique
qui ferait -du' 'tneât'rèv de .'NT/ Victor'* Hugo' 'le
dèèriiér^moi^la clef ('de'"yôû'ïçJ,"<t|ô^ii?^'|T1Ùi)
Ihé'àire^'rnqderne, man^è^^^^
pp^'tj'do proppïtiôn.é.t.dejuatease,, », ,.!, ,,\|.-,\v
-.\.'n.J ^ M'.v^'--'> ..•vDEvPONTlIÀRTnS'.'v- .t
■ Les chambres 'dèTliôtoriquè^àvaTèntcnà-'
cunè'.tin-friorn s'ymbpliqùel'L'ufîé' ViJ^ârclJit le
B^'ôn|1ae1|j/bî!!a,<ii'à,ûTrle,ia'j'^a7W^^
Beaucoup .^vài'ent'.ip^
d':Y.pres," plus ambitieuse;,, s'appelait Halp/iaicf
l''q'méga-. ',h: ..'!•.•> oan uT'q.u-n ,hi.i .mi/. I i;j
ii i;i-.--X. N'wMimyLettresswil&H.àllakdé'/
^jBL'uhite.pst^'o^ÀajC^i'om^qd.éiltunivera,
e.utre, .lesquels; se :.pfbrnène.' la-i science: idq
l'homme.'-» i •> •>M'i:ii,j tùp.[iJ.'jp-RouDnbNl''l|»',,l
i'5ALPHAJBETIsl,:m.(âl-fafbTêf^FdT#gf.^M/ia
et-6ê(à; îi/d'és'-'flcuVjirémièrês lettrés' dé' 'rdl'-
phalj;e,t,;gi;oc).MRéuiiioh -dotoiitos les3le.trùtes
d'une [ i.-mgue, ^disposées' danai tui' ord'ror 'cori^
yçntipnnel r.L [Alphabet nhebrev.:, IAlpbaubv
(?r^c.è!Ai.PHABE'B17Ba>i'..ALrHADKT frailçaû^AiVi
vt\iApwt: allem and.\* Alphabet^ ertlffK.ia^piiABKT:
c,hinois.\ Apprendre 'i;AWHABBT..'i'Ai.PHABU'p
j fukntyrif/ùie.ïde toutes,' le&\coiiimissui!ccs\sd6
l'Jtomme eCde^tojtites.'ses'soUisesi {Xô\ï\)<6éii(i
Ulpliilas invenld' I'alphaÔut yûthique?; Cyrille
e/1,J/eVfettit(S(.^AiiPU,ïBKT>siat)miut(Laiiionhi').
La forme de cliaque-iléttrt rep>'és'ente)\dmis;les
â'éja, lettre signifie, feénan'.),^ 'ffJf^mçiem
ont, ^emprinité ;j«f(r]ALPHABi%-t1à1i;vE'gjpife,1j)^
dè^gùùt^^centssans, ayant nçfre,ére.,(Maury.)
j UiPcer'tain Grée disait' i' l'empereur Ajùgus{e:''f'"''
,-Qu'o, lorsqu'une aventure, en colirendùs met, il U
.Nous d«vons'avànt tout dire, nt>trç,alplitibct,\ ,,' u \
,temp^,la bile se,,t<imp{:r'e,, tj\ll%„
. .!„ „ ,„,, ]-on doitTaire.
"' ^MÔMÈrS: " "
'qù/oii ne fasse rien q'i
^•W '-îî,;
4Y.,Petitrli\;r,ç qul^pntieh^les lettrqs.'de.
l'àlpliabct et* les éléments de la-rèptur^:' T^f^
temps de mettre un .alpbabkt entre lès'màiïis
deicét eUfant. -i'-'hi 1 .(yq-fc) 7t -aa^JA
L^¥\st- $àip^Be%d¥à\eïàù^^^
pïed' dèHa croix ; ipUi'b'rfe fia swi'preMier al-'
puadet dans sa tendre en/micnMè^.) flfa
cint/uante ans //ne je'repds&r V'ALPUADÉT'W'/a
nature 7iiiwî«niç,,(B.14;Aui'Ovj!4y-:).,|. ,,- , - [.'
't— Prov. N'en,èlr& qu'à. l'alphabet., Ne pos-
séder que les premiers élcnienlsd'unc science,
d'un- art.- nJl'faût le.r.enooijeityà'.l'alphabfJ^Sa
;(lit.d'un.hommfi qui n'a pas les premibrsprài-
cipes da.la chose dont onparle.-.. .. . ' -\->a\
-' -— rïmprim.r,Sériede poingons Vl'aci'ei-'. de
!fer;ou de petites ■plà'cfucs"'ye''chivre',l'prés'é'h"-
•tant,' lès>uries' 'orf-rel!ef,Jlés autres "en ''déebu-
-piiçe','.touteslllos'lBttr'es d'e l'al'p'l\atiët.l,",,",,,,v
,\^>Pi^!ifisr'i^'^!4*e,<,a^s^'(i^',i^w^^jf'e
par ordre albhabétique.dos! monastères. iib
— EnCJTCl. I. '■^'KiPORTÂNCE,Èf 'ORr&fNIî'D'E
L'ÉCRITUHIiiALPHAOKT^lQDE.^QllKdistJngHeKhîUX
-espèeefcd'éeintûres inlIécritureiiAîo^rap/d^ae
ou .te^JPeiîetilîécritureiipto'O^rfïp/itçuî oU
alphabétique. La premiçrefest .é&bJijjjejiTnap-
m SMH iÇfte^WWJ», fe.9!y.#.atPFjd|ir?<.3y1m-
^l^;Rft'Pa1^d?/^e!?Ai{ra!}*ftWi?g.!P^i(?lln'
nature, et tçppB, enj.allegprie^^s.ffiimprj^
qu'elle ne"péu{'abbr(lér''autfemént.'(V'; Éçri-
'ttjre:) 'L'a siecond'ê ïi'è rëpreïenté'lk'p^rfsée
où'én'Tëp'ré'septontlës articulatiôin's et lés's'éns
-ae"'la' vbix huniamë;" ,;u"" •■"'ij-. -I ■■!- f-nn:.'
L^écriture idéographique a présidé "partout
•aui>'ori8ines'dë lal'éivilisatib^ètr sjPATOrfjlMes
premiers pas 'd'é'la s'éié'n'ëb, ; 'c'SstMsù'rtbut"én
iystè,mfel,iirp'hâbo!.
Ité-;de';a^'miia&
ucA^icjaiun ^ui iiaviiici», i iéhvïlè' 'commun .et
qui s'adressaient a'déVx'sèhs'OiffcrëH'tsVGriVc'è "
à- l'écriture'; âlphàbétiq\ié',' cKâ'quëv'nil6t pr'è'n^
pour* l'esprit' urieVdôuhle 'forhiè' et pour 'ainsi
dire crié adublé-indiVidlVàlitè! Lé sbhVèvainb
immédiatement l'idéé'delà fiOTré-ati déë'fii'!ûi-ys
qui le reprès'entëpty laîfljjurè évéHlé'l'idèe ou éon
aucluei' elle' est tiéé,°'NouiS..l}(>jO)îs-','lpa'f'Fëi{)rit)
lés mots 'que' nous1 entendons' prononcer ét'^'a
mesure que. hoùs',les' éhtéridoii's prorion;pér!;
nous entoidbnslès mots 'que'nbus voyons' àcntS,
et à mesure qu'ils tomBehf sous nosféxtX' «La
méthçde.alphabéti'q*ie;((uiinbns"so'iftblè'âSijcnn--
d'hui si' naturelle-^ ditv^luOh.Mîeriouvie'r.^fù't
unéV- vé'ritableidécouverte "et'>trBS'-;tliftic!ilë1 à
faire. Ellerêduislt a^HunîtéMes in'Stinimènts^de
la'. pensée-.i.A'iLe'but était''de''fixe'r'îa pUi-olè
par.,récrituVeien'subàrdon!iant"l'é'criture\a'la
parole. La moyens fùM'amilyse' des 'élénients
aeilaivoixy'aprè's quoi il devenait aisé'de tra'-
dùire^les ! signes'"oraux* par^ des » signes 'écrits
limités a iun'petit nombre.'iOn wvsait'sWiri^
•vônteur(c:rut -mettre s fi h aux écrituresvsyiùbor
liques vou\ s' il-- ne^'songea1' qVàr ti'ayailler»dSris
unoVsphorb>inférieure, .en^offrant mi 'proc'éflé
pournaciliÉcr les"4,elatWns'po'purnires'bù,coin-
m'ercialeS; maisj^uot qu'il en soit^VinvcnliOri
de \' alphabet eut-toiitô''ila . valeur 'VruW révor
lution sociale p'oui"le3-peuplos'qui'l',aaop,tèrferit";
l'écritufO'ise trouvà'^vulg,(iriscoy^côinm'eMlè|
écritsud'evaiejit1' l'être parv,l''inipriméiie1après
plusieurs milliers d'années ; l'étoile" dés1 th'étP
çr.a^ies, pâlit, |,,et.;la7Ciyilisati.pn.tîgî-fiPfloa/fut
ppssible. »>\", \ : t,,,;,..., ; ,buÉiil ..-ilni-iVI .(i«iui\
Nousiferpns. remarquer: que tle.-'dévaloppe<
men,t.^e r^cr|ture,reprpduil\ enqtielqne; sorte
celui',, (lu langage. On^distiinçuei^p. elfet\dans
le,lansug61d.eux.élé,m"ente,;\V,e.lément,m(//;erîe/i
qui\.sert J», 'désigner ■; l'es. ;ch\ps^s,T,Cit l'cléit^ent
/^meij^qqiuindiquûuet, qxprim^ Jejs) rapports
entr.o, les choses, ap^rçuiis oir\sciiti,es,par.lvttmej
À( l'érigée ,/le, premier de/cèa.ileux éléments
c'r,veïppj!e>et domine complètement le,second,;
mais ce dernier tend à se df;gag.e,ï|d'e1plus;en
plus, et, affranchissant l'esprit,' jusqu'alors es-
clave dij'i'i'mprfesslôn animale, .il IjlqpMrm^de
s'àttaclibr sans éBstaclë au'i'nuinprtsVjûi'ébiii
" ' sriture ïdértgfa
stituent les idées., ycuinu^c lucu^iupiinjua
fcbrresponil-'à'1cé1 premier hi'ùmènt'ilu'1tangage
où» l'élément •fôriiié^ n'existe Vh.''queiqné'soVt§
'ésprit^sûV îè's
., __ ..._,.... ., , '\lès rup^brts';
elle ''l'arrêté sur là'ma^ière'fet' htfii'Siïr'ltffo'r'nïë;
éh' m'tm'tVàtff ou rapBël'aritVlirfecfcincntTobj'è't"
ellë-bn^hainé l'ésprit'au-lieli aé'lé' p'oVtè'r^àns'
la sphère de l'idée. L'écriture alphahé/tiqu'e
seuleJà véritablenlent'Ia'-pûissancei'KWnfiicher
la pensée aux rapports 'des-'ch'osuS;'!jrtl.cb aW*
signes r^stTftits,^t1pluceniqq1,AÇPJllaw^onBels
par lesquels elle traduit aux .yjiivfule^ .mat»'
dans lîordre et aveclfîs mqdifix'iitipns,uuj 1\
e'xïer,iié,ur];'ma<is''d1c;^m^^
devintliiist'parîri)feV"0!Î-Tut
ênsuieev4oildmtià-etetfilfë-'«UnSi|c'ei!«iln6's''ofri
constançesjalJemploiGde, telle qu telfeA%t«:Pflen
lajdépouillanÊ-.de soni attribut,. idéc)gv,aphiqu0f
ç.têhlpi accordant. la facultér.dei représen.ter,
i;à.raculatipn,du'iriot'Cprresp0JDilunt,iiab3l,|-a!Cjï:
tibrijfaite,dç. l'idée expriiiiéftpar.oQiiuotiila'écrio
ture. chinoise; .nous^lfre, un yexçmple. ft'ftl'pyn.t.
de, pettp nianiçre ,de,~pro,cé<ier;i Hf,côt.éii]ç.ses,
nbjnbrveuxa-i;ou'pe^idéo(jr:HJhiqii<js,<5lle, possède,
une, série fie caractèj-es^ii'elle, |>e>it teuip.lvyer,
ppr^m^nt et simplement pqur.rappeler, un s<in.à
lipreille. Ces. signes,' qui. j «présentent des,suns
mpnosvjlabiqiies.sei^-.en.t.aiix Chinois a écrire,
leurs noms projires
étrangers. Lésjru."'
nonicne; mais là,, ,,.
que iâ langue parlée était polysvUaViq'ue,
présent»} le! même,* plier,
par cette raison, sans, doigte
liée était polysvU'aViquet'jo
232-
ALPv
^Sa
progrès a été poussé plus loin; Non-seulement
certains signes n!ont conservé1 qu'une valeur
phonétique, mais cette valeur phonétique a été
réduite à une simple émission syllabique. Ainsi,
par exemple, le mot qui, dans la. langue parlée;
désignait le lion; et qui s'articulait, loba, était
représenté, flans l'écriture figurative, par \ià
lion dessiné . leqtfel lion dessiné , par cette
puissance qui lui était inhérente de représenter
le mot labo de la langue parlée, devint un signe
phonétique dépouillé de son attribut idéogra-
phique' et^ comme tel, attaché à l'articulation
îaÏEnfin, la syllabe", àson tourra-étédécora-
posée en deux parties : une articulation .etyin
son (consonne et-voyelle). Ehj effet, toute syl-
labe naturelle, comme 6a, ta,.ra, ne peut cor?
tenir que ces deux éléments;- tar, rab renferr
ment en réalité deux syllabes naturelles tajré]
ra-be; ce sont des 'syllabes artificielles.
Plusieurs peuples, lés'Ja'ponais, par exemple,
se sont arrêtés au système syllabique.' ll.es
Tartares Mandchoux ont un syllabaire très-
compliqué et très-difficile à apprendre, si l'on
s'astreint à l'étudier par groupes. M... Langlès
a décomposé tous ces groupes, et a moiiiré
qu'en réalité ils étaient composés de consonnes
et de voyelles , au- nombre .de vingtTquiitre
caractères primitifs, ce dont les Mandchou» ne
s'étaient certainement jamais Routés.. I
r. Histoire
'ypte et dans' l'Inde ; dé là deux
grands systeme"s d'écriture alphabétique, aux-
quels se rattachent tous les 'alphabets çorinu'
et dont chacun a' eu son' développement' dro
pre, indépendant, de l'autre,: système alpha-
bétique d'origine' égyptienne, système " alpha-
bétique d'origine. in&.^..v^. . ,,
— Système alphabétique _ d'origine égyp-
tienne. C'est l'écriture phénicienne qui a donné
naissance aux alphabets grec, latin, étrusque,
gothique, etc. Suivant la tradition, le Phénicien
Cadmus apporta cette écriture' en Grèce. «Les
Phéniciens qui' vinrent en Grèce avec Cadmus,
dit Hérodote, y introduisirent diverses sciences
et entre autres la connaissance des lettres
(grammata). Ces lettres furent- d'abord-em-
ployées telles que les employaient les Phéni-
ciens eux-mêmes ; mais, par.la suite des temps,
elles furent changées dans le son et dans la
forme. A l'époque de l'arrivée de la' colonie phé-
nicienne, les Grecs qui èri étaient les plus voi-
sins furent les Ionijen's,'qui apprirent ces lettres
des Phéniciens,. 'et lés admirent dans l'usage
commun de la vie, à de légères' modifications
près. Comme c'étaient les Phéniciens.qui les
avaient fait connaître les premiers aux.Grecs,
ceux-ci les nommèrent. avec justice lettres
phéniciennes..; J'ai'vu moi-même, ajoute I lé—
rotfote ,'' dans le temple: d'Apollon Isménieri, à
Thèbes de Béotie, ces lettrés cadméennes in-
scrites sur trois trépieds et ayant une grande
ressemblanée avec celles dont les Ioniens fai-
li.es Phéniciens ;étaient-ils. les inventeur;! de
l'alphabet qu'ils* apportaient en Grèce?? Le
poiHe Lucam nous apprend- que c'était l'Opi-
nion commune dans 1 antiquité : $
Mais 'plusieurs [écrivains grecs et romains,
Platon, DioUore dp Sicile, Ciçéron, Pline, attri-
buaient Kinyention de l'écriture à Thôr,' Athor
où' èrisisj 'prince- ou dieu égyptien^ que tes
Grecs nommaient Hermès. «Ce son fies Egyp-
tiens; dit formellement Tacite, qui ont inventé
les lettres de l'alphabet; les Phéniciens^ qui
avaient l'empire de la mer, les ont portées en
Grèce ét'ont acquis de la- sorte la gloired'a-
vbir 'découvert ce qu'ils avaient reçu, i Les
travaux de la philologie moderne ont confirmé
ce témoignage, et l'on peut regarder Corinne
certain que les Phéniciens n'ont été que lesjvul-
garisateurs dé' l'écriture alphabétique: Peuple
essentiellement marchand, on comprend gu ils
se soient attachée à ce mode graphique ihdi-
re'ctyùont^ simplicité et la commodité de-
vaient leur 'être 'd'un grand secours pour le
commerèe'.' . ' ;
Les Héferèùx,,:a l'exemple des Phéniciens,
.ont, emprunté .aux Egyptiens, pendant le séjour
'prolongé "qu'us ont t'ait au% milieu d'eux , les
lettres de* leur alphabet; peutr.être'.l'ontiils
fait'avàht les Phéniciens: 'Le véritable alpha-
bet1 hébraïque n'est pas celui qui. est.employé
de. nos' jours';1 ce' derfiier.a une origine chai-
déeime, et a été adopté après les divers asser-
vissements: des Juifs. L'alphabet authentique
est l'alphabet samaritain, et surtout l'alphabet
'nomme Hébraïque 'dés monnaies, qui" es't' ana-
logue à celui des inscriptions phéniciennes. Le
nom même des lettres hébraïques nous a con-
servé lé procédé, par lequel elles ont été 'for- ;
mées. Par exemple, tel caractère égyptien '
éveille chez un Hébreu, par sa forme matérielle
ou conventionnelle, l'idée de maison,, dans sa
langue,' béth\ Désormais ce caractère séra'ém-
' ployé partout ou se trouvera l'articulation 6,
soit au milieu, soit au commencement, soit à
la, tin des .mots., La, forme du caraptere a dùi
jêtre trèsTsimplitiéé, (samaritain et' hébreu des
mo'nnâïcs) :,,'ellé aiméine été complètement
modifiée (écriture carrée ou chaldèenné ac-'
tellement en usagé) ."'Mais si la forme jdu!
caractère-, n'existé' plus, son nom est 'resté" là-
" pour , en rappéler.l'ori'gine, et !è B, en h«jbrëu,|
ne s'appelle' i-pas, autrement que la maison, i
iVQue\uaB.s lettres /même ont conservé dans nos
' alpluibcts mieux, que dans les alphabets sémi-
tiques, dérlyés du phénicien, et de l'ancien
hébreu, quelque eh'osè'de'la 'forme primitive à
laquelle un sens était 'attaché. Ainsi la lettré >
m, dontlé nom en hébreu (mim) signifie eau;
ressemble encore assez bien à une ligne brisée
ou en 'zigzag,' dont on 'avait fait )é symbole 'de
l'eàu ' La lettré o; dont lé nonren hébreu (ayn) l
signifie œil, n'était autrèchoseïprimïtivement-
csil dessiné. Dans ses dégradations suo-
'ès, le'dessin de cet œil' devint un. ovale; '■■
un cercle- avec un petit point âùcentre,pqur' '
indiquer lâ'pûpille.' Cél point disparut -'dans/là !
kkh.
signifie œ
in'im «iii
dos lettres.
Valeur.'^
• Signification. ^
-. .. _.
B<X:.' '. ■'. ■'. ■'.
a,.,.,;}.
bœuf, éléphant.' '"
b, bh. . :'.
Guimël. . •. •.
G, Kir. .■<>:
D,-dh. .'.t-.
chameau.- • ■ •■>-■•- ■'
Daleth. . . .
Hé.:r. ..•.■.
H,'e.'. :}.
Waw. . . •. .
Zaîn' . . -, . \
Z.: .: .'?;
Khet". . . •. ■.
Kh, ch. hï .
clôture (de- bétail); ''^
Teth". .■.-.•.
lod. ; . -. . ■.
T. .,:''.■'
serpent, main, poing.-
Cap_h'. .■.-.-.
K,kh,chf:
Lamè'd. -, -. -.
garrot. Ls«.I/
Mim:". . -. ■. -.
M.. -1 .'.«;
eau; - *■ *f
Nou'nn. •.-.-.
N. .'.-..'.'.
poisson (dialecte ara-
méen), i"--'4'
Samè'ch-, .-,
g.-'j'1:'.-'.'1.
appui. ' ""
âlL. ,
O, ho ... .
P, ph.-.:.,. .
bouche. ■'„■-.. -4\i- .'
Tsad. ... ...
Ts, tz. . ...
pêcher; .chasser,* har ,
meçon, hibou. ,/.,.;
Qqf.T. . ". \ .
Q'U.k. .'.
nuque'(en arabe. col:
Resch ......
R
tête. '. '.",' .'. ',',
Scliin ou Sin
S, sch.:. ..'.
Tau. . , .'.'.
Th...'...-.
signe ep croix, joug .
Il est évident que les Phéniciens 'appelaient
leurs lettres des mêmes noms què.îès' Hébreux,
car .nous , lés retrouvons très-'peù défigurées
darts Vidptiabèi qu'ils ont apporté aiix Gr,ecâî:
Alpha, Alepk} (Notons en passant .l'origine
commune des mots alpha et élepkant.) —yBèta,
Beth — Ùamma', 'Guimel —'DeltayMletti ~
Epsilon (e simple),'//^ j— Iota; Ida — Kappa,
Caph — Lambda, Lamcd — Mu (pr
-^ Tau, Tau — Dzêta, Zaîn.
^.Champollion pose -comme iin1,faiiia,cqùis"'k;la'
scïehce l'origine, égyptienne ^iès'àlphabèts'ùeÇ
peupiés'de 1 i^sie .'occidentale',' c'^st-à-dire, des,
àibftàbets sémitiques, .'lesquels ont"donné,n'ài's7
r.;.£.^ U..~ ''^.i\^h..i,'ntl «-.'.«ÂU'a^Ao - J é;''i'AriJ U^i-
alphabets ".éuropéei.».. -,_.. . r,., ..-
_ .•i,l:ll«que chag^ue.lettre^des.a/p/lafî
iç<*que ,ndiis' appelons HéoreûJ,'ch'al(laïqùe 'et
marqua dit-il
syriaque* porle' ùii, nom' significatif; î'" qu'ecos
noms s'ont1' fort' anciens1 parce qu'ils furent'
presque tous' transmis par lès Phéniciens aux
Grecs, lorsque ceux-ci en reçurent 'l'alfi/iàbët'i
20- que la première consonne ou'ilaT.premiêre
voyelle de'césjnoms est aussi dans cesalphà-.
bets la voyelle ou la consonne-que-la lettre
représente, onjeÇQnnaitra dans la création de
ces alphabets une analogie parfaite "avec la
création-de-l'o*pAaô«< phonétique égyptien.;. et
si des alphabets dé ce genre se sont formés pri-
mitivement, comme tout le prouve,^ signes
représentant dés idées ou objets, il est évident
que nous devons recQnnaitrejle peuple inven-
teur de cette : .méthode graphique dans celui qui
se servit spécialement d'une écriture idéogra-
phique: c'est-à-dire ] enfin riue l'Europe, qui
reçut de la vieille ,Egypte0lés. éléments des
sciences et des arts, lui devrait encore, l'inap-
préciable bienfait de l'écriture alphabétique. •
De l'ancien alphabet grec", on fait générale-
ment dériver en première ligne ceux de l'étrus-
que, du latin et' du 'grec ordinaire. L'étrusque à
son tour a formé ceux de l'ombrique , de J'os-
que et du safnnité. Le grec'ordinaire a f|urni
des éléments au copte, au gçthique et au slave
ancien. D'après- une autre opinion, l'étrusque
viendrait directement du pHénicien, au même
titre que le 'gVéc'. Cette "Hypothèse n'a.' rien
d'invraisemblable: Le caractère latin est ac-
tuellement très-employé : l'italien , le frariçàis,
l'espagnol, le portugais, l'anglais, le hollandais,
le hongrois, le; polonais, e't'cl, l'ont adopté en
y_ apportant quelques modifications ou addi-
tions nécessaires pour exprimer des sonsqiar-
ticuliers à châcune'de ces langues. Outre cela,
les langues qui 'commencent à être imprimées,
choisissent généralement le caractère latin
(dialectes de l'Océanie-, dé l'Amérique, des
Cafres, des'Hottentots; dé^ l'Asie septentrio-
nale, etc.)., ■'•■•■• •* !i|-'- I
Quelques" savants font encore dériver de
l'alphabet phénicien, parallèlement à râjphabet
grec, les alphabets du'vieui persan, 'du vieux
hébraïque et du' vieux aijàméen. Le vieux
persan aurait 'engendré' l'écritnre" du zeîid,
du pehlvi , et '^exercé quelque -influence ;sur
celle de l'arménien. "Au vieux' hébràïqiïe^qui
prend peut-être directement sa sourèe^dans
l'égyptien, comlhe l'étrusqu'é'dans le'pliênjcien,
se rattachent le sainaritaiii et i'hebreu des
monnaies. Quant au vieux araméenj on lui
attribue la formation dés (écritures palmy-
réenne et chaluécnnc.Lc ifalmyrcen entendre
modifié et à donné naissance à l'alph:
tuel, dont- les variantes neskhi;! taaliq, sulus,
schikesté, divani, etc., correspondent à notre
anglaise ,' ronde , bàtardo ;i etc..- — L'alphabet
arabe joue eii Orient un rôle identique a celui,
de' l'alphabet latin en Europe. Il s'est imposé,
par les conquêtes au persan, qui est une langue
iranienne ; au turc, qui est une langue tartarè ;.>;
à l'indoûstani, qui-jêst' une langue arienne ;i
au malais même,.qu'Adelung fait. entrer dans
la classe des langues monosyllabiques: en^un
mo|t,'à'toiiteb les langues parlées par les seç-
4ateurs"de rislkni.'1' '' ''''"' ' "' "-J,J|'."1" ,,J , ,'.
— SYSTEMS 'ALPHABÉTIQUE M>'0RIG1NÉ IN- ;
dienn-é. « Loin, de porter, Ait Y Encyclopédie-
nouvelle} comme les •alphabets des langues se- !
mitiqùés, Temprèinte 'd'une pénible et lente
invention encore ^embarrassée dans .les lions-
des caractères figuratifs, Valphabet sanscrit
semble' avoir-été' conçu et' formé par la plus
haute' intelligence philosophique et analytique*
qui ait^encore paru dans le monde: Aussi les'
Indiens- prétendent qu'il a été révélé ipar lesj
dieux, et ils ont donné .à une forme spéciale de '
leur écriture le1 nom' dé dévanagarij écriture'
des dieuxi »' C'est dans;cette-forroe de carac- '
tèrès,' fornie très-ancienne; que' sont écrits ' le >'
plus grand nombre 'des ouvrages de la littéra-.
turè sanscrite. Cet' alphabet-, dont la nature est'i
absolument différente des alphabets sémitiques; ;
donné naissance à tous ceux :qui ont'coiirs''
" " ' xdu.
léciaux pour -représenter les voyelles et
Tes diptithongues; qui sont au nombre de qua-
torze-; les consonnes s'élèvent à trente-quatre!;
en tout quarante-huit sjgnest distincts formant
le système le plus complet et le plus régulier
de caractères1 alphabétiques que l'on aitencore.
inventé. Chaque lettre, dans l'épellation- in-
dienne,* est suivie 'du mot Icara :■ ainsi; par
exemple,"a-ftara signifie* le signe qui' produit -
le son a; ka-kara, fe signé qui produit- le son
M- et ainsi dé suite. Chaque 'signe cor-.sonnaht
s'aniéule'avec'la'voyélle brève n comme' si
cette voyelle lui était inhérente ; co qui a éga-
lement heu dans la lecture des mots, lorsqu'au-
cune' autre voyelle n'adhère immédiatement'
à la consonne. " -\ "' ' ' . :
"'Il "est probable que l'alphabet s'ariscri thé fait
pas exception^ à. la' loi' qui fait dériver toute
écriture alphabétique d'une écriture idéogra-
phique ; mais- il est certain qu'il n'a gardé au-,
curie tracè'dé cette origine.; ' ' '''''-
"Mil.".—:' Direction' dès différentes écri-
tures ÀLpnXBETiQuÉs'.'Toutés les'écritu'resqui'
appartiennent au système-indien sontdirigéès'
de gauche à droite. Parmi celles qui sont de
souche égyptienne j-lésT unes, les écritures
mères, les écritures sémitiques, sont dirigées
dans- un sens Opposé, c'est-à-dire de droite'a'
gauche; les autres, les écritures ■européennes
(dérivées des écritures sémitiques), ont adopté
la.mème .direction _quejes écriture^ d'origine,
indienne. Pourquoi les Indiens ont-ils/pris rha-
bitude de tracer .leurs caractères alphabétiques
de gauche à droite; et l'es Egyptiens, les Phé-
niciens, les Helireux de droite a gauche? P,eut-
être le choix,' de" telle ou telle direction^ de
l'écriture n'a-t-il'été primitivement qu'un' fait
tout fortuit, déterminé par la'néceésité même
de choisir, ou ; tenant' aux 'circonstances" de
___v _/dahs lés, tendances et ___
instincts de lâjrace. Ce qui 'semble donne'r de
la valeur à cette dernière, hypothèse, c'est le
phénomène remarquable "que prééente. (l'an-
cienne écriture grecque. L'es Gréjcs, on'lh'en
peut douter, ayàient'emprurité aux'.Phéniciens
non-seulement leur alphabet, mais leur ^ma-
nière d'écrire. dé droite à gauche.; on trouve
cette direction ^sémitique' de l'écriture dans de
vieilles inscriptions" grecques, étrusques et
même latines. Mais peu a 'peu l'écriture en
Grèce tendit à;prendre la direction opposé^ en
passant par une' transition très-curieuse, la
direction alternative, de droite à gauche'ét de
gauche à droite (boustrophèdon, lignes tracées
en manière dé. sillons)., ■ Les Grecs, dit VEn-
cyclopédie nouvelle, en prenant, malgré l'ori-
gine sémitique de leur alphabet , et après de
longues hésitations, l'habitude indiennëd'écrire
de gauche à droite, auraient-ils obéi, sans s'en
rendre icompte,, au souvenir confus de l'usage
de leur mère patrie? Faudrait-il en conclure
que lorsqu'ils quittèrent le centre de l'Asie,
Valphabet y était connu, .et .qu'ils avaient'con-
servé, sinon les caractères.d'éoriture, au;moins
quelque impression vague de la manière dé-
crire usitée chez leurs aïeux, et .quelque ;pré-
disposition secrète à l'imiter?' , -
IV.- — Classification des caractères al-
phabétiques'.1 L'ordre dans lequel,' sont ordi-
nairement* disposés' les ^caractères alphabéti-
ques des diverses langues est tout à tait arti-
ficiel; il n'est fondé que sur 'un long usage.
Mais on peut soumettre chaque alphabet à une
'classification rationnelle; basée sur les affinités
'naturelles dès sons représentés. Nous avons
d'abord deux grandes divisions" : les voyelles,
qui représentent dés sons proprement dits, et
lés consonnes] qui' représentent désarticula-
tions". Celles-ci sont en quelque sorte- le sque-
létte', 'celles-là ia partie fluide1 'du 'discours.
ALP
«LIA
Notons en' passant que les signes voyelles
n'existaient rpas dans les anciens alphabets
sémitiques, sans doute en raison de la nature,
variable des sons vocaux.
' Les divers alphabets des peuples de l'Europe
et de l'Asie occidentale nous présentent gêné- .,"
ralement les sons dé voyelles figurées dans cet
ordre a, e, i, q, il'; mais si Tori'cherche\à les
échelonner suivant une gamme^ui' marque la
relation de l'un à l'autre, on doit écrire i, e, a, o*
h, ou, dans l'ordre opposé,u;o, a,e, i. M. "Will'is
a montré que lés sons des différentes voyelles
peuvent être, produits "artificiellement par le
passage d'un courant d'air sur l'anche? d'iin
tuyau, et' què,'suïvant l'allongement et le raci
courcissemént'dù tiibe, les voyelles sont émises
successivement dans l'ordre que1 nous venons
[d'indiquer. Cette succession naturelle se re-
trouve dans le miaulement du chat {mi, «',
-uûcateyeêdes-ci ëtabfiss'eiitia transition
.des consonnes4)r'bprement dites aux voyelles':
jtelles sont les 'quatre lettres r.l', m, n, qui por-
tent généralement le nom de liquidés, etaufir
'quelles se joignent' le », le w,\&j, le gl italien,
,1e ô espagnol. ;jl est facile "dé' yoir, en effet,
;que !es,;voyelles èï lés' consonnes jne sont pds
séparées pàr'uiie ligne' de démarcation abso-
lument tranchée; b,p,f, u, w, u, nous offrent,
par exemple",' une série très-naturelle ; il en élit
de même da:k,g, j,.gl (itai.), y,i. Les liquides
doivent être présentçes dans cet ordre : r, l, n,j
m, l'émission de v6i'x.cdm'mènçant dans lagorge r
et s'avariçâht lé long du palais et des dents'
jusqu'aux lèvres oti dans l'ordre renversé- Les
consonnes proprement dites ont été distribuées
et classées en groupes qu'on peut appeler phy-
siologiques : ,10 gutturales, comme -j, », ./. en
grec, et c, g'; en, q en latin; 2» palatales';
3° linguales, caractères propres aux écritures
d'origine indienne et représentant des sons qui
n'existent pas dans nos langues; i" dentales,^
comme S, t, O, en grec, et d, t en latin ; 5° la-r
biales, comme S,.*, <= en grec, et b,p, /en latin;
6»- sifflantes , .comme tr, Ç, •J-.en grec, *, a: en
latin; ch- français. Cette classification est due.
aux grammairiens indiens.
"Voici la classification de l'alphabet sanscrit,
telle que ces grammairiens l'ont établie. Elle a.
servi de type;pour classer les caractères des
autres alphabets. ■ • ■
Voyelles,: a, à, i, i, u, û, r,i, r
Diphthongues : è, ai, ô, au.
Consonnes : ', • ■ ,
'.■?'.
1 ■"..
S
l't
' p "
S"
$
s
,t :
"f
Gutturales.. .
ka
kha
d'!a
gha
djhà
n<*a'
Palatales. . . .
teha "
te: li h a
ûa
t'a .
t'hâ
d'ha- n'a
Dentales. .,. .
ta
th'a
da
dhà ,'na '
Labiales . . . .
pa
ba
bhà ma
Semi-voyelles
là -l
va. U- '".
Sifflantes.;.,.
s'a
.ch.^.
sa
ha
Ira
V.' — Alphabet grec. Lés Grecs n'avaient a
l'origine que 16 lettres : c'étaient les 5 voyelles
a,,t, i/o; u, et les. il consonnes S, v, S, x, \,
^',,'b, f,,»!"*. 'D'après une tradition , Pàla-
mède;. contemporain de la guerre de Troie,
inventa la double i et les trois aspirées e,'?,x.
On attribuait à Simon'ide l'invention des dou-
bles ï, i, et dés deux longues i, u ; c'est l'al-
phabet de 24 lettres que les Grecs ont conservé
jusqu'à nos jours.. A ces U signes il faut joins
dre celui de l'esprit rude (y), "qui représente une
'aspiration aujourd'hui peu sensible , mais qui
autrefois l'était (Bïen davantage. Cette aspira-
tion était alors représentée par le signe F, ap-
pelé digamma, et la plupart des mots grecs dont
l'initiale était affectée de ce signe se retrouvent
en latin avec l'initiale fou v; aussi est-il resté
dans cette langue, d'où il apassé danslesnôtres
pour y marquer le son de/ ou p aspiré. Le
signe -jj, représente, tantôt notre son.u,.tantôt
le sbn de notre v fortement-articulé, ou même
le son: de notre /. Le son v parait même avoir
été, celui que lu représentait le plus fréquem-
-ment dans le grec ancien, et.il en est de même
encore dans le grec moderne. Au se pronon-
çait en grec fl/,ou a». Le son ou, qui.esVun
so'n simple et élémentaire, est représenté ;en
grec comme en français par la combinaison de
-deux lettres, par une diphthongue. Dans le
grec moderne, le son élémentaire t est repré-
senté à la fois par i, u, -q, «s, ai; mais le groc
-moderne- nous donn'ert^il la valeur phonétique
.exacte du grec ancien?. Il est probable qu'A y
avait des nuances très-sensibles dans la prp^
nonciation - d'un grand/.noinbre de mots où
figuraient ces voyelles simples pu combinées,
et que ces nuances ■ n'ont pas été conservées.
• Le son 6 était souvent représenté par la lettre
u, surtout 'après- les liquides;», n, comme le, té-
, moigna le nom moderne de Constantinople
Istamboul,t\w figure, parait-il, à peu près la
prononciation .des mots m tijv noXw (/s Un
ALP-
MMuan cm
EO DlSFOBÊ DANS L'ORbRB OEDlNAIttB.
Lettre,.
Noms des lettres.
Valeur.
M/ij. Min.
A =
B e
b, V.
II
gamma
delta
iaur- --■
£ i i
epsilon
e bref.
? S '. .
fe. .......
z, ds.
ê long...
t> a
thêta ...
thr (petit; être Ih
' anglais'.
K x
A 1
cappa. ......
lambda. ... . . ,
k. , ,
i. : i '
M (i
N v
S i .
ksi
0 o
o bref.
V t
!>!•••
?;«l
t (7 OU;
T t
X ,.u
■p: ::■:::
ii.v.f. ■ '
.+ ?
x y.
f, ph.
"k,kh,chdur.
*. i
omçga
o long.'.
Voyelles simples . . .
Diphtongues ._.,..
g> [ Gutturales .. '. .
g l Dentales
o (Labiales
p 1 (Semi-voyelles, .
g [Sifflantes.. . /,
, ï, *> ï-
VI. — Alphabet romain. 16 lettres seule-
ment composaient, dit-on, 'a. l'origine, l'alpha-
bet romain : 5 "voyelles : a, e, i, o, u; H con-
sonnes ô, c, d, f, l, m,n, p, r, s, t. Plus tard, à
ces 10 lettres vinrent'se joindre les consonnes
Ît, h, k, q, a, x et la voyelle y, ce qui fit 23
ettres, auxquelles on peut ajouter les signes
composés œ, œ, qu'on ne trouve que dajis les
mots venus du i grec,, où ils représentent les
diphtongues ai, oi. Il faut, remarquer ' qu.'à
Rome les lettres i et u avaient une double va-,
leur, celle de voyelle et celle de consonne. L'i
consonne se prononçait a peu près comme y
anglais ou j allemand. Vu consonne avait la
valeur de w; on prononçait wespa (guêpe),
vienlus (vent), et non vespa, venins, selonJ'or-
' thograpne moderne d'une langue ancienne.
L'empereur Ciâude voulut introduire l'usage
J- '"is signes nouveaux pour représenter Vu
, et It ... , .
réforme échoua complètement. L'imprimerie
nt-ce que n'avait pu l'empereur Claude, et
VcUphabet de la. langue latine s'enrichit, après
la mort de cqtte langue, de deux signes j'(icon-
Les règles de la prononciation du latin sont
Eeu connues. Il paraît à peu près certain que
s signe u représentait invariablement notre
ou, et qu'ainsi la diphthpngue au se prononçait
a ou; que le signe y marquait le son dé notre
« ou plutôt celui de l'upsilon, 4e Vu gjrêc (d'ô^
le nom de i grec) ; que le c représentait unique-
ment le son de notre k ou du » grec ; que lô
signe q représentait le même son quelquefois
légèrement mouillé ou aspiré ; que le ch des
latins marquait le son du x gT6C ', I116 Ie b se
prpnonçait généralement u;que le z corres-
pondait au ï des Grecs; que la son de f n'était
point exactement semblable à Celui du f grec ;
que l'étymojogie seule avait .introduit a Rome
h,chxth,ph„rh; A pour représenter l'esprit
rude des mots grecs, ph pour représenter <p,
tb. pour représenter 8, ch peur représenter ;i,
rh pour le p surmonté d'un esprit rude.
CLASSIFICATION 1UTÔREU.B D
"Voyelles simples. . . .
Diphthonguès
a, e, i,o,u,y.
ae, ai, au, ei, e
ou, eu, yi.
ç, g, «t>, q-
b'p:»f-, .
r, 1, y, m, n,j
h'. '
. 0 [ Gutturales
g \ Dentales, ......
« J Labiales. . . , . .
a \ Semi-voyelles . .
| /Sifflantes. ......
. f [ Aspirative . . ■. .
Vît. — Alphabets celtiques. D'après les
témoignages formels de César et de Ètrabon,
l'écriturg alphabétique était connue des anciens
' habitants de la Gaule ; mais aucun monument
-Ecosse, n'ont point d'écriture alphabi , ._
qui leur soit particulière. Chez les Gaeis d'Ir-
lande, nous trouvons quatre alphabets : l'un
s'appelle bethluisnon, ses trois premières lettres
étant beth {b), luis (J) et noin (;i) ; un autre bo-
beloth, du nom du boibel (b), et du luth ((), les
deux premières lettres qui! contienne ; le troi-
sième, àbicoteria, met qui correspond à notre
mttt populaire abâcédê; le quatrième ogham,
qui signifie écriture. Notons en passant le pro-
cédé commun qui a. donné naissance au nom
que prend dans leê diverses' langues lasérie
des lettres employées par l'écriture phonogra-
phique, et qui rapproche les mots abécéUé ,
alphabet (alpha-beta), bethluisnon, bobeloth,
etementa ( ce dernier mot tire son origine des
trois liquides /,to, n, qui ont pu se trouver à
une certaine époque en têt^ de l'alphabet). >
L'abiceioria est tout simplement l'alphabet
ALP
anglo-saxon, lequel n'est lui-même qu'une
forme locale de l'alphabet latin. \Jogkam est
Une.éoriture secrète d'une', époque reculée du
■y.oyen âge, mais inventée par les Germains
et adoptée par les Irlandais. Le bobeloth sem-
ble une altération (-fabriquée à. plaisir, des
formes1 barbares de l'alphabet latin au moyen
âge. Le fond du bethluisnon semble pris dona
plusieurs alphabets sémitiques :.le samaritain,
l'arabe, l'hébraïque moderne ; il parait douteuse
qu'il soit, comme on l'a prétendu, une des,
preuves de l'antique civilisation des Irlandais,
par les colonies phéniciennes. ■ ■
ylJL — AlphabçT|S xupEpQûÉs>' Lés \ atpka-t
bets tudesques primitifs portent, ,1e non}, de'
runes, d'écritures runiques. Il ne' parait pas
qu'on doive faire cemonter, la formation de ces
alphabets plus haut qu'aux temps de la déca^ ,
dence de 4 empire d'Occident, tii leur, attribuer
une autre origine que l'alphabet grec et .l'ai- .
phabet latin. • Les premiers d'entre les Ger-
mains, dit V Encyclopédie nouvelle, qui es-,
sayër,ent d'écrire et de composerdes ouvrages, .
commencèrent par se formerun alphabet sur ,
eaux des Grecs et des Latins* en les modifiant
plus ou moins pour en faire servir les carac-,i
tères à la représentation desSonsdes idiomes
tudesques. Ainsi fit Ulphilas,é vaque goth, vers ;
le milieu du iv« siècle; ainsi firent plusieurs
autres depuis. Et comme, une fois VqlphabAt .
donné,- il n'y a rien de plus facile que d'inven-
ter et de fabriquer des alphabets, et que cette >
invention, des formes diverses pour les lettres
n'e3t plus qu'une -puérilité vulgaire; comme,
d'autre part, les alphabets grec et latin étaient
loin de donner déâ signes pour la plupart des.:
sous sifflants et des raùques aspirations des
langues germaniques, les lettrés et les, moines
allemands des siècles qui suivirent celui d'IJl-,
philas.se mirent à fabriquer à qui mieux mieux
des alphabets qui vont, s'éloignant toujours
davantage des formes/simples des écritures
grecque etlatine, et se compliquant tqujoursda-
vantagede traits bizarres qui en eussent rendu,
l'usage très-difficile et très-incommode, si ja-
mais on eût essayé de s'en servir,. » . ■
Parmi- les alphabets runiqueSj nous, devons
mentionner celui qui est particulier aux Scan-
dinaves, et connu sous le nom de runes danois
ses, suédoises ou- islanda,isex, 11 Be compose
presque exclusivement de .lignes droites, et.
n'admet que fort peu de courbes. Formé sur
l'alphabet anglorsaxpn, il a, été, on usage, pen-
dant plusieurs siècles dans le Danemark,' la
Noi-wége et l'Islande. Plus tard les Allemands
adoptèrent l'alphabet latin dans. la forme go-
thique que lui avait donnée le mauvais, gqui;
du xivc ou du xvc siècle : c'est là l'écriture
allemande d'à ^présent,, imprimée, ou manu-
scrite. Les. Siiédois,, les DahoU et les Islandais
ne se servent également 9ue de L'alplialjet
Carac
tèTes
■> Noms .'.-.'
' vareu,'
allem
urids.
de ées caractères.'
"' Maj.
Min.
21
V
bé, . . . . . . . .
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x. - '
®
à
'-i .
ipsitonn ......
tzèdè. ......
y-
Un autre alphabet, nommé glagoïttiqye (gla-
golie, nom du g) ou fùëronymique, parce qu'une
fable imaginée pour lui donner crédit en attri-
buait l'invention à saint Jérôme, fut composé
en Dalmatie au commencement du xui» siècle.
On, y reconnaît assez facilement une imitation
des majuscules grecques.
Les Bohèmes, les Polonais, ont adopté^ dès
longtemps l'alphabet lafiu en l'apprppriant aux :
sons de. leurs langu.es au, moyen de. quelques
modifications et de quélfluesadditions,
L'alphabet russe n'est autre que l'alphabet
cyrillique modifié, etsimplifié en quelques-unqs
de sçs formas. t ' ' .'•.',,,",..' '
'eeprésentation phonétique de l'alphabet russe
disposé dans l'ordae .oru1uaire.
! Gutturales. . ;
Palatales. . . .
Dentales
Labiales ....
Semi-voyelles
Sifflantes. . . .
, IX. — ; Alphabets slaves. Tous les alpha-
bets connus servant à l'écriture des divers
dialectes de la»langue slave ont été formés à
l'imitation <de> l'alphabet grec'. Nous devons
mentionner d'abord l'alphabet cyrillique] ainsi
nommé du nom de son inventeur, Cyrille le
philosophe, qui, voulant traduire les Evangijes
dans la langue, des Slaves de Bulgarie et de
Moravie au ix^ siècle, se composa un alphabet
pour marquer les sons particuliers à cet idiome.
L'alphabet cyrillique est forme de lettres
Nom- ,
;,,-ValEur.'
N«».- .■
ya.^ur.
As
a "'■'
TwerdcT.V. .
. . t
. . . b
Yk. . . . : :
Vadi
. ... v. f
Phest. . : . .
. . f ,
Glaghot. . .
-f";
KKer,. . .,, .
. . ;kh
Dobro
Tse. >.• . ..| .
. . ts
Yest
ïschert. :; .
. . tsch,
Sevetie. . .
Sha. , .,-... .
. . sh '
Zelo
. . . Z?.
Stsha. . j,j .
. . stsh ^
Yer. . . ■:-.
Is.e,he. * , .
Yeri
Kako. . • .
• • . -k .:
Yir. .,-. ... .
...:. l ■
Yat. i. .,.-,
• -. >'e-:
Rse. ..;.'. .
•• I3tî'..
Kse (2ujyi
Onr. .<■:
Pse. . ./»
:: f '
Pokoi. . . .
Thita. . . .
Rtse
Ischitze. A
• .,; y. , -
Slovo. . . .
■ ,i
L'qtehabet éBi"vien, dérivé, également de'
lWji/ÎTOeï'.'cVrilliqùe^'diffèretrès-Çeu dans ses
formes' de Xatpkabtt russe. En raison de sa
- "!" "'- " "'- s le'prendre pour type
Voyelles simples*. .
, / Gutturalea. .
1. Palatales. .. ,
\% \ Linguales. . .
'a 1. Dentale^ ,. . ,
). Labiales. . . %
I Swi-voyelles.
f Sifflantes. ......
iiiÉ's l'atïn^ ' ' '■'
i, i,'o, ufpron. o
k, g, ch (prqn, k)..
f')-
b,P,f.
r, f, ni,n, v, i. .,,
- J, C ^ itaj. qt. ail,)..
s.c {ch fr.) es. .,
. Nous devons faire remarquer que les carac-
tères traduits ici par iU, .a)' (palatales)j rfj, gj,
Ij, nj (linguales), représentent des "sons qui
ne se trouvent p^s dans nos langues occiden-
tales. Les derniers (!in£uales)''sôritiïn'è sorte
d'articulation mouillée et aspirée en même
dt!Stsr::"r' ~"~
semblable à celle du b latin, joué ,
logue à celui que npus avons donné k l'A. Ellç
sert à affermir la voyelle' dorit elle est suivie,
et à indiquer la séparation phonétique de deux
Voyelles qui ne forment point diphthongiie et
n'appartiennent pas à la ménie byllàbé! (
X. -^ Alphabets nbo-latiiss., Les alphabets
néo-latins se rapportent à l'alphabet romain
donné ci-dessus. •
datent eux-mêmes du' grec.
\Hche"
Idjé . . .
iké.; . . .
, a, oh. .
,tçb. ,
,âj, ;
i
•a _ . _ _ . _
0. , ','
a. ,.,,,' . .. ,
ir
e. . . . . . .
e. , ■ -, .
u.l ! '. '. '.'.
ou.
,| bc. . . . . .
b
b:' ■ "
tehé.. .. :
c (devant
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'itr
tch. '
ch.'. .. ..
k. ' " '■
Yûè. .... :
d. . .
d. "' - , '(■
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glu' - ■ •:■ ■'
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dj-
llmrralltees. ■
i
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gri (dans C-hâlal*
acca"- ''
S!':'::::':
e- :.■;;'■/:;..'.
el . . . i '. .
■énn. . . .-.
n.. : .J. .
t ;;.,>""■
cou:.. . . .
1
err . . . . .
s.
Mlur. '
■ té. J .......
*• ' , h.
Ûèzta. . .
^
da ou ds. , ,. ,
— ((/iaouxapgl.)
Il faut remarquer que les sons produits en
français paxot, eu;u,e muet, ,j,n'exig.tent pas
ai, aî,âu,ay, eau. ei,'éù,
eù,ey,CB,œu,qi,oî,0'u,
où,oy. ' "'
CL/SiVl'lOAl'lON
VQyelles simph
Voyelles composées
Voyelles nasales. .
Gutturales. . ,.
Vif/eritaték '.'.,.
/Labiales. ...
j Semi-voyelles.
(dcvànt'a/o^c (de-
vant a, o, u), k, q, ch
(en certains cas). "
bîp'jf. " ■"'''
tJ, m, n, 11 (mouillées),
gn (doux) v, w, j, g
(devant e, i).
s, z,x,t (en certains cas),
c (devant e,i), ch.
30
234
ALP
n faut remarquer que le tableau qui précède
nous montre, rangés méthodiquement, les sons
de notre langue et non les caractères qui re-
présentent ces sons. En réalité, notre alpha-
bet, comme les autres alphabets néo-latins et
surtout l'alphabet anglais, se refuse à toute
classification naturelle.
D'abord la valeur phonétique de chaque
lettre est loin d'être constante. Nous voyons
en effet le même caractère servir à représenter
des sons souvent très-différents. Y a la valeur
tantôt d'un seul t, tantôt de deux t. E repré-
sente cinq sons différents (e, è, è, e, a). La
voyelle nasale en se prononce tantôt an, tantôt
in. G et c, qui sont des gutturales devant a, o,
m, cessent de l'être devant e, i. 5, entre deux
voyelles, se prononce comme z. 2', suivi d'un i
et d'une autre voyelle, prend très-souvent la
valeur de s. X réprésente à la fois es, gs, gz,
ss, ou même s (comme dans Xaintrailles).
Un grand nombre de nos lettres sont très-
souvent muettes, c'est-à-dire dépourvues de
toute valeur phonétique : telles sont, sans par-
ler de e muet, de h muet, auxquels le mot
muet est spécialement appliqué, les consonnes
qui terminent les mots elef, baril, étang,
croix, nez, sot, etc. Des syllabes entières
doivent s'écrire, qui sont nulles et non ave-
nues pour la prononciation : telle est la syl-
labe ent dans les verbes (modifi-ent, finiss-
ent, aim-ent, etc.). Dans certains mots, comme
guerre, un u muet vient se placer après le g
uniquement pour lui conserver le son dur.
Dans d'autres, comme gageure, un e muet
interposé donne au g le son du j. Avant l'in-
troduction de la cédille, l'e muet jouait un rôle
semblable après le c devant les lettres a, o,u;
on écrivait : notts commenceons, comme on écrit
nous mangeons.
Le même son peut être représenté par plu-
sieurs caractères. Ainsi le son o est représenté
par la voyelle o et par les combinaisons de
voyelles au, eau. Le son é est représenté parla
voyelle e et par les combinaisons de voyelles
ai, ei, ay, ey. L'articulation du c dur peut être
rendue par c, k} q, quelquefois par ch. Celle
de s est exprimée dans certains cas par c, par
c (devant e, i), par t, par x. Celle de /peut
être rendue par ph; celle du j, par g (devant
e, i) ; celle du z, par * (entre deux voyelles).
Enfin des sons simples, particuliers à notre
langue, n'y ont aucun signe représentatif et se
marquent quelquefois par deux ou trois lettres
méconnaissables à l'oreille : an, en, on, un,
On voit que notre alphabet ne peut donner
qu'une idée fausse de notre orthographe. Il
semble que; dans les langues modernes, les
lettres aient en partie perdu le caractère pri-
mitif de l'écriture alphabétique.. Au lieu de se
subordonner constamment aux sons pour les
fixer elles représentent souvent !a tradition
graphique , quels que soient les changements
que le temps ait apportés dans la prononcia-
tion : ce sont en réalité les- sons et les articu-
lations qui viennent d'une façon tout à fait
arbitraire s'appliquer aux lettres et combinai-
sons de lettres pour les traduire à l'oreille, non
les lettres et combinaisons de lettres qui s'ap-
pliquent aux sons et articulations pour les re-
présenter. > Pour l'orthographe française, dit
'oltaire , l'habitude seule peut en supporter
i incongruité : paon qu'on prononce pan, Laon
qu'on prononce lan, et autres barbaries pa-
reilles font dire
Bodie que manent vestigia rurù.
pr
Les lettres qu'on écrit et qu'on ne prononce
pas sont nos anciens habits de barbares que
nous avons conservés au milieu du progrès de
la civilisation. • — « Les Européens modernes,
dit Volney, trouvant l'alphabet tout organisé,
l'ont endossé comme une dépouille du vaincu,
sans examiner s'il allait à leur taille : aussi
notre alphabet et celui des Anglais sont-ils de
véritables caricatures. »
XI. — Comparaison des divers alphabets.
On peut comparer les divers alphabets au
point de vue de leur richesse, au point de vue
de la perfection avec laquelle est atteint le
but de l'écriture alphabétique, qui est de
* peindre la voix ; au point de vue de l'espèce
de sons et d'articulations qui prédomine dans
chaque langue; enfin au point de vue de la
forme, plus -ou moins déliée, plus ou moins
massive des caractères adoptés.
La richesse d'un alphabet est la quantité
d'articulations et de sons différents dont il pos-
sède la représentation. L'alphabet sanscrit,
qui possède 5 voyelles brèves, 5 voyelles lon-
gues, 4 diphthongues, 34 consonnes, en tout
48 signes distincts, forme le système le .plus
riche de caractères alphabétiques que l'on ait
encore inventé. Les alphabets slaves sont plus
riehesque les alphabets néo-latins : de là la faci-
lité qu'ont les slaves -à apprendre nos langues.
La perfection d'un alphabet consiste à pos-
séder autant de caractères divers dans l'écri-
ture qu'il y a de sons différents dans la langue
parlée; de telle sorte que chaque caractère
désigne toujours le même son, que chaque son
soit toujours représenté par le même caractère,
en un mot qu'à chacun des éléments prononcés
corresponde un signe distinct, ni plus ni moins.
«Les sons et les articulations, dit Volney, sont
des êtres simples, non divisibles à l'ouïe; il
t que leurs signes représentatifs dans
.v i_u..T.ii: — i.-„,n organjsé doivent
""r conséquent, il
s ensuit que leurs signes repres
un système alphabétique bien org
participer à leur nature. Par c
doit être de principe général et
chaque
ticuhition ait pour signe
ALP
représentatif une seule.et même lettre appro-
priée ; qu'une lettre ainsi appropriée ne puisse
jamais servir à figurer un autre modèle ; il
doit être également de principe qu'un son
unique, une articulation simple ne puisse
jamais être figurée par deux ou trois lettres ;
qu'une seule lettre ne puisse jamais repré-
senter deux sons, deux articulations. » Plus un
alphabet se rapproche de cet idéal, moins il
est imparfait. L'alphabet sanscrit est le plus
parfait;' les alphabets anglais et français, les
plus imparfaits des alphabets connus.
La comparaison des alphabets permet de
déterminer, par la nature des voyelles et des
consonnes qui prédominent dans chacun d'eux,
la région, la latitude où l'idiome a dû prendre
naissance et se développer. On peut avec l'En-
cyclopédie nouvelle poser les deux lois sui-
vantes : 1° Tout idiome qui n'a point d'aspi-
rées appartient primitivement à une région
voisine de l'équateur ; tout idiome qui a beau-
coup d'aspirées, à une région tempérée; tout
idiome où dominent les gutturales, à une ré-
gion voisin», des pôles. 2° Dans les régions
equatoriales , les voyelles ouveites dominent;
dans les régions polaires, ce sont les voyelles
fermées eu sourdes, et dans les régions tem-
pérées, les voyelles intermédiaires.
Quant à la forme des lettres, elle présente
dans les alphabets orientaux quelque chose de
compliqué, de lourd, de carré, de monumental,
■qui rappelle la peinture. On sent que cette
écriture est restée ce qu'elle était à sa nais-
sance, qu'elle a duré mais non vécu, que c'est
l'enfance de l'art. Cela contraste avec nos
'écritures occidentales si légères, si déliées, si
souples. On a cru pouvoir signaler un certain
rapport entre le caractère des divers peuples
et la forme des divprses iWitiirea. Ainsi llm.
XII. — Alphabet universel. Convaincus
que la diversité des alphabets est un obstacle
à la communication des esprits, par conséquent
à la diffusion des connaissances, un certain
nombre de penseurs, de linguistes, ont vu dans
la création d'un alphabet universel un problème
de la plus haute importance pour le progrès
de la civilisation et l'avenir de l'humanité. Ré-
soudre ce problème, ce serait, disent-ils, faire
tomber les barrières, supprimer les distances
intellectuelles qui séparent les nations ; ce
serait faire pour les esprits, pour le naouve- '
^ment et l'échange des idées ce que le chemin
de fer accomplit, de nos jours, pour. les corps,
pour le transport et l'échange des produits.
Après la réduction à l'unité des deux modes
d'expression de [a pensée, la réduction à l'unité
des systèmes alphabétiques. La diversité des
alphabets se lie a leur imperfection et recon-
naît la même cause. La peinture des sons a
jusqu'ici été empirique, traditionnelle; elle
doit devenir rationnelle, scientifique. Les al-
phabets en usage chez les différents peuples
sont nés avec la science; ils en ont été la con-
dition et le point de départ; ils ont présidé à
ses développements; désormais indignes d'elle, -
ils sont appelés à disparaître. Aujourd'hui
l'humanité est arrivée à cet âge de la pleine
réflexion où elle doit juger, réformer, recon-
struire , avec une logique consciente d'elle-
même , ses créations antérieures. Du reste,
l'unité de numération est depuis longtemps
déjà un fait accompli ; l'unité générale des me-
sures (en y comprenant l'unité des monnaies)
ne tardera pas à se réaliser"^ n'est-il pas temps
de songer a l'unité d'alphabet, qui conduit à
l'unité de langue, complément et couronnement
de toutes ces unités? « La diversité des alpha-
bets, dit Volney, subsiste sans aucun motif
raisonnable, ca# si, comme il est de fait, le
mécanisme de la parole est le même pour
toutes les nations, quelle utilité, quelle raison
y a-t-il de le figurer par des systèmes si diffé-
rents? Si le modèle est un, pourquoi les copies
n'auraient-elles pas la même unité ? Et quel
immense avantage pour l'espèce humaine, si
dépeuple à peuple, tous les individus pouvaient
se communiquer par un même langage 1 Or,
le premier pas vers ce but élevé est un seul et
même alphabet. » — « La création d'un alphabet
universel, dit M. Féline^ intéresse au plus haut
degré la politique intérieure de tous les grands
Etats. Les sujets de la France parlent alle-
mand, italien, breton, basque, arabe et nombre
de patois qui diffèrent beaucoup du français.
Ceux de 1 empire Britannique parlent gallois,
irlandais, écossais, et font usage d'une multi-
tude d'idiomes dans de nombreuses colonies.
La Russie, disent les géographes, compte plus
de 100 langues différentes, dont 27 principales.
L'Autriche en compte également une quantité
considérable dans ses divers Etats. Les Etats-
Unis sont peuplés en partie d'émigrants venus
de toutes les contrées du monde... Toutes ces
nations doivent appliquer tous leurs efforts
à se faciliter réciproquement l'étude de ces
nombreux idiomes , surtout de celui qui est
adopté par le gouvernement dans chaque pays.
Elles atteindraient assurément ce but en ap-
portant à l'alphabet toutes les simplifications
dont il est susceptible, et en le rendant coriir
mun à toutes les langues. »
Le premier qui mit positivement, et l'on peut
dire officiellement, à l'ordre du jour la ques-
tion de Y alphabet universel fut Volney. Voici
quelle fut chez lui l'origine de cette préoccu-
Fation. Etant en Syrie, il voulut apprendre
arabe, et se livra aux divers exercices qu'exi-
geait cette étude. Il demandait souvent à son
usuels ; il écoutait ces mots
logique, la double nécessité de corriger les
premières et de combler les secondes, c'est-
à-dire de réformer l'alphabet français pour le
mettre d'accord avec la raison, et de le com-
pléter avec des signes représentant les sons
inconnus à nos nationaux, pour le rendre ac-
cessible aux mots des langues étrangères les
plus difficiles. En 1818, Volney résuma ses
opinions à ce sujet dans un ouvrage intitulé :
l'Alphabet européen appliqué aux langues asia-
tiques, ouvrage élémentaire destiné à tout
voyageur en Asie; et lorsqu'il mour*t en 1820,
il mit, par son testament, à la disposition des
deux académies, française et des inscriptions,
un capital de 24,000 francs, lequel devait être
consacré à propager et à encourager tout tra-
vail tendant à donner suite à sa méthode de
transcrire les langues asiatiques en lettres
européennes îégulièrement organisées.
Après Volney, et à l'occasion de son testa-
ment, un philosophe français de l'école de Con-
dillac, Destuttde Tracy, s'appliqua à indiquer
quelle marche on pouvait et l'on devait adopter
dans la confection de l'alphabet universel.
« Pour une langue comme pour mille, la diffi-
culté, dit-il, consiste à bien saisir toutes les
modifications appréciables de la voix humaine,
et à les représenter chacune, toujours par un
caractère convenable qui lui soit propre et qui
ne serve jamais à une autre. Or, si le problème
était bien résolu pour une seule langue, il le
serait par cela même pour toutes, sauf le besoin
langues quelques articulations ou quelques
voix qui ne seraient pas en usage dans celle
qui aurait servi de premier type. Or, cela ne
serait ni bien fréquent, ni bien difficile. Par
toutes ces raisons , je pense que pour remplir
les intentions du testateur (Volnoy) , quand
même , contre mon opinion , il n aurait eu
d'autre désir que celui de faciliter l'étude des
langues orientales, il faudrait commencer par
demander aux concurrents pour le prix, de
composer un alphabet bien complet pour une
seule langue quelconque ; or , comme nous
sommes Français, je serais d'avis de com-
mencer par la langue française ; car, il n'y a
que les nationaux, ef encore pas tous, qui
soientdejustesappréciateursdes nuances fines
qui distinguent les différentes articulations et
les différents sons de leur langue. On mettrait
donc pour le moment hors de concours les
étrangers , ou plutôt on pourrait les exhorter
à faire pour leur propre langue le même tra-
vail que nous Sur la nôtre. » Il n'est pas sans
intérêt de voir comment Destutt de Tracy
conçoit la formation d'un alphabet régulier,
logique, complet de la langue française, a Le
concurrent français, dit-il, sans s'embarrasser
d'abord d'inventer des caractères additionnels
convenables pour l'écriture ou pour l'impres-
sion, prendrait les 50 ou 60 premiers numéros
de l'échelle arithmétique, puis il dirait ; 1 re-
présente le son a dans le mot patte; 2 le son
a dans le mot paie; 3 le son e dans la dernière
syllabe du mot fermeté; 4 le son e dans la pre-
mière syllabe du même mot (fer) ou dans la
dernière de succès; 5 le son eu faible de la
seconde syllabe de ce mot fermeté; 6 le son eu
fort du mot feu; 7 le son i; S le son o dans le
mot cotte; 9 le son d dans le mot côte; 10 le
son an, etc. Enfin, il désignerait ainsi toutes
les voix et toutes les articulations qu'il juge-
rait devoir distinguer, en ayant soin que
chacun de ces chiffres n'en désignât jamais
qu'une et toujours la même, et ne fût jamais
exposé, comme nos lettres, à avoir tantôt une
valeur, tantôt une .autre. Ce. tableau dressé,
son auteur écrirait quelques lignes de prose
ou quelques vers avec nos caractères et notre
orthographe ordinaire , et mettrait au-dessous
de chaque syllabe les chiffres de son alphabet
qui en expriment les sons, et il serait facile de
voir si ces signes les représentent. Sans doute
on ne serait pas d'abord d'accord sur ce point ;
il s'élèverait des opinions diverses tenant au
plus ou moins de délicatesse de l'oreille de
chacun ; de plus , il faudrait multiplier les
exemples, afin d'être sûr d'avoir rencontré
toutes les difficultés que peut présenter la
langue. Mais je Suis très-persuadé qu'en assez
peu de temps, des juges éclairés tomberaient
d'accord et qu'il se formerait une opinion com-
mune. Alors seulement, il serait temps de s'oc-
cuper de la formation des caractères qui de-
vraient prendre la place des chiffres. Ce der-
nier point serait encore plus du ressort des
écrivains et des imprimeurs que des littéra-
teurs. >
De nos jours, plusieurs linguistes, entre
autres M. Féline, ont abordé le problème de
l'alphabet universel , en s'attachant d'abord,
comme l'avait conseillé Destutt de Tracy, à la
réforme de l'alphabet français. V. Ortho-
graphe.
Le grand obstacle à la création d'un alphabet
rationnel et universel est la difficulté de
déterminer d'une façon précise et définitive
tous les sons, toutes les articulations simples
chez un peuple, échappe à l'oreille d'un autre
'arabe, ayant deux façons de faire
.'tendre le t, emploie deux signes distincts.
Le polonais a deux variétés pour la lettre l.
Comparez le son du w allemand et celui du v
anglais, vous trouverez qu'ils se rapprochent,
mais qu'ils ne peuvent se confondre. Le a grec
et le /"romain, quoique considérés par les moder-
nes comme ayant la même valeur, sont expres-
sément distingués par Quintilien. L'écriture ne
peut jamais être, quoi qu'on fasse, la peinture
absolument exacte de la langue parlée, parce
qu'il n'y a pas de rapport naturel entre les
deux modes d'expression, parce que la voix,
cette chose vivante , déborde nécessairement
les limites dans lesquelles tous les systèmes de
signes écrits en enferment la représentation.
.« S'il fallait, dit V Encyclopédie nouvelle, repro-
duire pardes signes distincts toutes les nuances
de l'échelle vocale en commençant par l'a, son
le plus ouvert, jusqu'à l'a français,' son le plus
fermé de cette échelle, ainsi que toutes les
nuances des organes consonnants , il faudrait
des séries infinies de signes distincts que l'on
serait obligé de modifier sans cesse ; car non-
seulement chaque race d'hommes , chaque
peuple a des articulations particulières, mais
même chaque individu, et !a prononciation des
mots d'une langue change sensiblement tous
les siècles. Oii n'arrivera jamais à fixer les
articulations d'une langue parlée, aussi rigou-
reusement que l'on fixe par la notation les
sons d'un instrument ou ceux de la voix hu-
maine. Une perfection exagérée dans un al-
phabet est donc une chimère. »
Une preuve que la difficulté, la grande dif-
ficulté git ici dans la nature des choses qu'il
s'agit d analyser et de représenter par des
signes, c'est le peu d'accord qui règne entre
les linguistes sur le nombre des sons et des
articulations simples existant dans les diverses
langues. Eichhon porte ce nombre à 50 ; Volney
en compte 52, dont 32 consonnes et 20 voyelles;
d'autres 70 ; Buttner veut qu'il y en ait plus
de 300. Notez que l'analyse phonétique d une
seule langue, de celle que 1 on parle depuis
l'enfance, ne paraît pas donner de résultats
sur lesquels il soit plus facile de s'entendre.
o II y a, à ce sujet, avoue M. Erdan dans les
Révolutionnaires de l'a b c, de grandes disputes
entre les réformateurs de l'alphabet français. ■
M. Féline n'admet dans notre langue que
35 sons ; M. Leray en compte 38 ou 39 ;
M. Martin Breton 31, dont 12 voyelles et 19
qu'il en soit, ne désespérons pas, et ■
appelons de tous nos vœux l'alphabet universel,
qui aura pour conséquence la langue, et, un
jour, la fraternité universelle/
ALPHAEÉTAIBE adj. (al-ra-bé-te-re — rad.
alphabet). Qui concerne l'alphabet, qui a rap-
port à l'alphabet : Système, méthode alpha-
bétaire. Principes alphabetaires. C'est par
une pure convention alphabétaire que au se
prononce o. Dans un système alphabétaire
logiquement fait, un son devrait être repré-
senté par une lettre unique ; dans le nôtre, le
son an peut revêtir plus de vingt formes diffé-
rentes. Il suffit d'ouvrir un livre et d'en lire
dix lignes pour découvrir l'incohérence denoire
système alphabétaire, et le peu de rapport
qui se trouve entre les signes et les sons qu'on
a voulu leur faire représenter. (Ch. Nod.)
— Table alphabétaire, Tableau comparatif
des différents alphabets.
ALPHABÉTIQUE adj. (al-fa-bé-ti-ke — rad .
alphabet). Qui a rapport, qui appartient à
l'alphabet; qui est selon l'ordre des lettrés do
l'alphabet : Table alphabétique. Ordre al-
phabétique. Nous demandons seulement si au
temps de Thaut on écrivait en hiéroglyphes ou
en caractères alphabétiques. (Volt.) Pourquoi
confondre l'm muet, l'È fermé, l'k ouvert et l'È
circonflexe sous la même appellation alphabé-
tique? (Ch. Nod.) L'ordre alphabétique a été
généralement suivi, mais avec quelques modifi-
cations. (Pelletier.) L'écriture alphabétique
est , depuis une haute antiquité, le privilège
particulier des Sémites. (Renan.)
— Par anal, et fam. Faire une chose par
ordre alphabétique, La faire avec poids et
mesure, dans un ordre systématique: Les
documents de la sagesse humaine étaient ran-
gés par ordre alphabétique dans f'Encyclo-
pédie. (Chateaub.)
Table, histoire, aventure, enfin quoi que ce soit,
Par ordre afphabétique est mis en son endroit.
ALPHABÉTIQUEMENT adv. ( al-Ia-bé-tî- .
ke-man — rad. alphabet). Dans l'ordre de
l'alphabet: Ranger des pièces a' — .-™««"»-
ALPHABÉTISANT (al-fa-bé-ti-zan) part.
prés, du v. Alphabétiser.
alphabétiser v. a. ou tr. (al-fa-bé-ti-zê
— rad. alphabet). Lire, épeler l'alphabet: Les
enfants alphabétisaient tous ensemble; ils
faisaient un grand bruit, il Classer par ordre
alphabétique : Il faut alphabétiser cespièces,
ALPHABÉtistE s. m. (al-fa-bé-ti-ste —
rad. alphabet). Inventeur d un alphabet. Mût
créé par Ch. Nodier.
ALPHANET OU ALPHANETTE S. m. (al-fa-
nètt). Fauconn. Oiseau de proie du nord de
l'Afrique, très-estimé pour la chasse au vol
et à terre :
L'un à l'autre soutenait
Que l'alite au grand vol ne vaut pas Valfanel.
U On dit encore alfhanesse.
ALPHARD OU ALFARD s. m. {al -far).
Astron. Etoile de la constellation de l'Hydre.
Elle s'appelle aussi Cœur de l'Hydre.
alphe s. m. (al-fc — du gr. alphos, blanc).
Entom. Genro d'insectes coléoptères tétra-
mères, de la famille des longicornes, ren-
fermant sept ou huit espèces; originaires du
Brésil et de la Guyane.
ALPHÉE s. m. (al-fé — du gr. alphos, blanc).
Crust. Genre de crustacés décapodes, de la
famille des macroures, renfermant une dou-
zaine d'espèces, qui habitent pour la plupart
les mers des Indes et dos Antilles, et dont un
petit nombre seulement se trouvent dans la
Méditerranée.
ALPHÉE, chasseur, épris de la nymphe Aré-
'thuse, que Diace, pour la dérober à ses pour-
suites, changea en une fontaine de l'île d'Or-
tygie, près de la Sicile. Lui-même, transformé
en un ileuve de l'EUde, qui, coule en plusieurs
endroits sous terre, allait mêler ses eaux par
des voies souterraines à celles de l'Aréthuse;
on rapportait que des objets jetés dans le
fleuve avaient reparu dans la fontaine.
ALPHÉE (saint), martyr en Palestine, au
iv» siècle. Fête le 17 novembre.
alphÉen adj. m. (al-fé-ain — rad. alphée).
Crust. Qui ressemble à un alphée.
— s. m. pi. Tribu de crustacés décapodes,
de la famille dés macroures, ayant pour type
ie genre alphée.
ALPHÉNIC, ALPHŒNIX OU ALFÉN1C S. m.
(al-fé-nik — du gr. alphos, blanc). Sucre candi,
sucre d'orge.
ALPHÉNOK. Myth. Un des fils de Niobé et
d'Amphion, tué par Apollon et Diane.
ALPHÉRAT s. m. (al-fé-ratt). Astron.
Etoile do première grandeur de la constella-
tion d'Andromède , et marquant à gaucho
l'angle supérieur du grand carré de Pégase.
H On dit aussi alphéraz et même alpharas.
ALPHESTE s. ni. (al-fè-ste — du gr, al-
phèstés , nom d'un poisson chez les Grecs).
Ichthyol. Nom tiré d'Athénée, 0' ",,: " Ai"
ALPHION, lac du Péloponèse , près des
sources de l'Alphêe. On l'appelait ainsi parce
que ses eaux passaient pour uvoir la vertu de
guérir la lèpre (en gr. alphos).
ALPHIONIE. Myth. Surnom de Diane, h la-
• quelle on avait consacré un bois à l'embou-
chure de l'Alphêe,
Grecs faisaient des gâteaux à l'usage du peu-
Ele. 11 Sorte do danse dans laquelle on imitait
îs mouvements du laboureur qui sème de
l'orge.
m. (al-fi-tc-don — du gr.
e). Chirurg. Fra-1— J
i.u, uu^ .^u™d les os sont b
niere à ressembler à de la farine.
f dans laquelle les os sont broyés de
ALPHITOBIE s. m. (al-fi-to-bî — du gr.
alphiton, farine; biô, ie vis). Entom. Genre
d'insectes coléoptères nétéromères, de la fa-
mille des mélasomes. renfermant une seule
espèeo, qui habite 1 Europe et vit dans la
ALphitomancie s. f. (al-fl-to-man^sî —
du gr. alphiton, farine; manleia, divination).
Ant'iq. Divination au moyen de la farine. Elle
consistait à faire manger à ceux que l'on
soupçonnait d'un crime un morceau de pain
de farine grossière, qu'ils devaient avaler
sans malaise, sous peine d'être déclarés cou-
pables.
ALPHITOMANCIEN , ENNE S. et adj. (al-
fi-to-man-si-ain , ène — rad. alphiiomancie).
Antiq. Celui, celle qui pratiquait l'alphito-
mancie.
ALPHITOMORPHE s. m. (al-fi-to-mor-fe—
du gr. alphiton, rarine ; morphê, forme). Bot.
Genre de champignons microscopiques, qui
ressemblent à de la farine répandue sur les
feuilles. 11 est plus connu et mieux désigné
sous le nom à'érysiphe.
ALPHtTOPOLE S. f. (al-fl-to-po-lo — du gr.
alphiton, farine ; polios, blanc). Entçm. Genre
d'insectes coléoptères tétramèros, de la fa-
mille des longicornes, comprenant une seule
. espèce, qui habite le Sénégal. '. .
ALPHITOSCOPE s. m. (al-fi-to-slio-pe — du
gr. alphiton, farine ; skopeô, je regarde, j'.exa-'
mine). Appareil servant à essayer les farines
■de froment.
ALPHONSE 1er, le Catholique, roi des Astu-
ries et de Léon (739-757), fit aux Maures une
guerre active, les chassa entièrement de la
Galice, de Léon et de Castille; rétablit les
villes détruites et construisit un grand nombre
d'églises et de monastères.
ALPHONSE 11 , roi des Asturies de 791 à
835, remporta quelques succès sur les Arabes,
fixa sa résidence à Oviédo, et bâtit un grand
AW
davre que les Espagnols ont toujours consi-
déré comme celui de saint Jacques le Majeur.
ALPHONSE 111,1e Grand, roi de Léon et
des Asturies (860-â'io). Il eut a lutter contre
de nombreuses révoltes des grands, illustra
son régne par plus dé trente campagnes et
Ear de nombreuses victoires remportées sur
;s Maures, conquit le royaume de Léon et
agrandit ses Etats d'une partie du Portugal et"
de la Vieille-Castille. Son fils Garcie ayant
pris les armes contre lui , il se vit contraint
d'abdiquer en sa faveur, et mourut deux' ans
après, en 912, au retour d une expédition contre
les Maures. On le croit auteur d une Chronique
des rois d'Espagne, depuis Wamba jusqu'à
Ordogno, son prédécesseur.
abdiqua»,en faveur de son frère Ramire, voulut
ressaisir le pouvoir et fut jeté dans un couvent,
où il mourut en 933.
ALPHONSE V, roi de Léon et de Castille
(999-1027), fut tué dans une guerre contre les
Maures du Portugal. •
ALPHONSE VI, roi de Galice, des Asturies,
de Léon et de Castille, fils de Ferdinand'lor,
qui partagea ses Etats entre ses trois enfants,
régna de 10fi5~à 1109. A la mort de Sanche II,
son frère, qui périt assassiné , il recouvra la
Castille , après avoir fait serment entre les
mains du Cid, une des illustrations de son
règne, qu'il n'avait pris aucune part au meurtre
de Sanclie. Il dépouilla ensuite son autre frère,
le fit enfermer dans un monastère iusqu'à sa
mort, et réunit ainsi sous son sceptre la tota-
lité des Etats qu'avait gouvernés son père. Il
fit alors aux Sarrasins d'Espagne une guerre
acharnée, remporta sur eux de grands avan-
tages et leur prit Tolède, dont il fit sa capitale.
La perte de cette ville jeta l'épouvante chez
les Musulmans, qui appelèrent a leur secours
les Almoravides d'Afrique. Ceux-ci débar-
quèrent en 1086, et vainquirent Alphonse dans
une sanglante bataille, entre Merida etBadajoz.
Il ne se découragea point et lutta encore pen-
dant de longues années, avec des alternatives
de revers et de succès, contre les armées mu-
sulmanes; mais son fils ayant été tué*a la ba-
taille d'Uclez (1108), le chagrin que cette perte
lui fit éprouver ne tarda pas à le conduire lui-
même au tombeau. Il mourut l'année suivante,
laissant le trône à sa fille Urraque.
ALPHONSE VU, le même qu'Alphonse I",
roi d'Aragon.
ALPHONSE Vin, roi de Galice.'de Léon et
de Castille (l 126-1 I5î). Comme tous les princes
espagnols de cette époque, il ne cessa de guer-
royer contre les Maures, sur lesquels il rem-
porta la brillante victoire de Jaen. Il fonda, en
1156, l'ordre qui devint si célèbre sous le nom
d'Alcantara.
ALPHONSE IX, le Noble ou le IW, roi de
Castille, monta sur le trône en 1158, à l'âge de
trois ans. Il poursuivit toute sa vie, avec une
ardeur infatigable, le projet de chasser les
Maures de l'Espagne. Le succès ne vint pas
toujours couronner ses efforts, mais il supporta
constamment les revers avec une fermeté su-
périeure aux événements. Vaincu à la funeste
journée d'Alarcos (1 195), qui mit l'Espagne à
deux doigts de sa perte, il prit une éclatante
revanche h la bataille de Tolosa (1212), qui
porta à la domination musulmane en Espagne
un coup dont elle ne se releva jamais. Il mourut
deux ans après. Ce prince joignait a ses qua-
lités guerrières un vif amour pour les lettres et
les sciences ; c'est lui qui fonda à Palencia (1208)
la première université qu'ait eue l'Espagne.
ALPHONSE X, surnommé le Sage, c'est-à-
dire- le Savant, roi de Castille et de Léon
(1252-84). Appelé par quelques princes alle-
mands, il disputa vainement la dignité impé-
riale à Rodolphe de Habsbourg. Détrôné par
son fils don Sanche, il en mourut de chagrin.
C'était un des princes les plus éclairés de son
temps. L'Espagne lui doit le rétablissement de
l'université de Saiamanque et son premier
code de lois, las Siete Partidas. C'est aussi lui
qui fit dresser les tables astronomiques appe-
lées de son nom Alphonsînes.
ALPHONSE, XI, roi de Castille de 1312 à
1350. Il gagna sur les Maures la fameuse ba-
taille de Tarifa (1340), et mourut de la peste
au siège de Gibraltar.
ALPHONSE 1er, le Batailleur, roi d'Aragon
et de Navarre, roi de Castille sous le nom
d'Alphonse VII, monta sur le trône en 1104.
Il avait épousé Urraque, fille d'Alphonse VI.
roi de Castille; a la mort de son beau-père, il
fit valoir les droits qu'il croyait avoir à sa suc-
cession, mais il rencontra une opposition insur-
montable dans sa femme elle-même , et après
sept années d'une lutte également honteuse
pour tous deux, il se vit contraint de renoncer
a ses prétentions. Il tourna alors ses armes
contre les Musulmans, leur enleva Saragosse,
et remporta sur eux plusieurs victoires signa-
lées. Vaincu à son tour devant Fraga j place
de la Catalogne , il mourut huit jours après
de douleur et de honte (1314). Il avait assisté
à virgt-neuf batailles.
ALPHONSE <I,roi d'Aragon de 1162 à 1196.
11 conquit le Roussillon et le Béarn, et lit la
guerre aux comtes • de Toulouse. Ce prince
cultiva la poésie romane, et on le compte parmi
les troubadours.
ALP
S35
l'entraîna à é<
d'accepter.
ALPHONSE IV, roi d'Aragon (1327-1336),
soutint une guerre ruineuse contre Gênes pour
la possession de la Sardaigne, dont le pape lui
avait donné l'investiture. La faiblesse ' que
montra ce prince lui fit appliquer le surnom
de Débonnaire. •
ALPHONSE Y, le Magnnnin.o.roi d'Aragon,
de Naples et de Sicile, succéda à son père
Ferdinand le Juste en 1416. A la possession de
la Sardaigne et de la Sicile, déjà comprises
dans l'héritage paternel, il voulut ajouter la
souveraineté de Naples, dont la reine Jeanne II
lui promettait la succession s'il voulait la pro-
téger contre le duc d'Anjou, appelé au trône
par un parti de mécontents. Toutefois, la dis-
corde éclata bientôt entre la reine et son allié.
Après avoir occupé, puis perdu Naples, et t'ait
de longs efforts pour reprendre de nouv
cette ville, Alphonse ne s en lendit définiti
ment maître qu'en 1442. Il y mourut en 1458.
Si les titres de ce prince à la gluire s'étaient
tique. Généreux, éclairé, bienfaisant, affable,
Alphonse fut le héros de son siècle. 11 allait
souvent à pied et sans suite dans sa capitale.
Comme on lui adressait un jour des représen-
tations sur le danger auquel il exposait sa
personne : « Un père, répondit-il, aui se pro-
mène au milieu de ses enfants n'a rien à
craindre. » Une galère chargée de matelots et
de soldats allait périr ; Alphonse ordonnequ'on
les secoure, on hésite; u s'élança alors dans
une chaloupe en s'écriant,: « J aime mieux
être le compagnon que le spectateur de leur
mort.- « Tous les hommes furent sauvés. Sa
cour était le rendez-vous des plus illustres sa-
vants de l'époque, et il recueillit tous ceux que
l'invasion turque avait chassés de Constanti-
nople. On lui reproche cependant le dérègle-
ment de ses mœurs et une prodigalité qui
ses peuples d'impôts.
„ . . Henri de Bour-
gogne, auquel il succéda en lliï, comme
comte de Portugal, sous la tutelle d'une mère
indigne, qu'il expulsa en 112S. En 1139, après
avoir vaincu cinq rois maures à la bataille
d'Ourique, il fut proclamé roi par ses soldats
sur le champ de bataille. Les cortés et le pape
lui confirmèrent cette dignité. 11 continua ses
conquêtes sur les Maures , s'empara de Lis-
bonne en 1147, et organisa la monarchie qu'il
avait fondée. 11 mourut en 1185. '
ALPHONSE II, roi de Portugal de 1211 k
1223, petit-fils du précédent, contribua k la
victoire d'Alcaçar-tfo-Sal sur les Maures, pro-
mulgua des lois et restreignit les immunités
du clergé.
ALPHONSE m, roi de Portugal de 1248 à
1279, fils du précédent. U conquit les Algarves
sur les Maures.
ALPHONSE IV, le Brare, roi de Portugal,
né à Coîmbre en 1290. Il se révolta plusieurs
fois contre son père, Denis lé Libéral^ auquel
toutes les affaires , dans- les commencements
de son règne, pour se livrer avec fureur au
plaisir de la enasse. Les représentations sé-
vères de ses conseillers parvinrent néanmoins
de soutenir une guerre longue et opiniâtre, il
prit une part glorieuse à la victoire de Tarifa,
remportée sur les Maures eu 1340. Il mourut
en 13G6.
ALPHONSE V, l'Africain , roi de Portugal
et des Algarves, succéda à' son père en 1438,
n'étant âgé que de six ans, sous la tutelle de
don Pèdre, son oncle, qu'il poussa plus tard à
la rébellion par ses injustices , et qui fut tué
à la bataille d'Alfarrobeira (1449). En 1458, il
passa en Afrique avec une flotte considérable,
et s'y empara de plusieurs 'villes, après une
suite de campagnes meurtrières. Il fut moins
heureux en Castille , où Ferdinand , époux
d'Isabelle , gagna sur lui là bataille de Toro
(1470). Il mourut de la peste en 1481.
C'est sous son règne que les Portugais dé-
couvrirent les côtes de la Guinée. Ce prince
aimait les lettres , et ce fut lui qui fonda , à
Coïmbre, la première bibliothèque qu'ait eue
le Portugal.
ALPHONSE VI, roi de Portugal (1056-1667).
Soc incapacité et ses débauches le firent dé-
poser et reléguer dans l'iie de Tercére, où il
mourut en 1683. Le pouvoir fut exercé par
don Pèdre, son frère, oui, par les victoires
d'Ameixlal et de yillaviciosat.fit reconnaître
l'indépendance du Portugal par l'Espagne.
ALPHONSE 1er, rûi de Naples, le même
qu'Alphonse V, le Magnanime , roi d'Aragon.
V. ce nom, "
ALPHONSE II, roi de Naples, fils de Ferdi-
nand I"f, monta' sur le trône en 1494. L'inva-
sion de Charles VIII le força d'en descendre
l'année suivante, et il se retira en Sicile, où il
mourut quelques mois après.
ALPHONSE (François- Jean-Baptiste, ba-
ron d' ), administrateur, né dans le Bourbon-
nais en 1756, mort en 1821. Il fut membre du
Corps législatif sous le Consulat, puis préfet
de l'Indre et du Gard. Il tit faire de ces dépar-
tements des statistiques qui ont servi de mo-
dèles pour les travaux du même genre. En .
1810, il fut chargé d'organiser l'administration
de la Hollande , et représenta le département
da l'Allier de 1819 à 1821.
ALPHONSE-MARIE DE LIGUOHI (saint).
V. LmuoRï.
ALPHONSIB s, f. (al-fon-SÎ — à' Alphonse
d'Esté, duc de Ferrare). Bot. Genre établi par
Kunth et Humboldt dans la famille des pal-
miers, et qui n'a pas été adopté. La seule es-
pèce qu'il renferme (alphonsie oléifère) appar-
tient au genre éiaïs.
ALPHONSIN s. m. (al-fon-sain). Chirurg.
Instrument propre à extraire les balles, ainsi
nommé de son inventeur, Alphonse Fcrri
(1552). U est composé do trois branches élasti-
ques maintenues dans un cylindre qui, en
jouant sur elles, les rapproche ou leur permet
de s'écarter.
ALPHONSINE s. f. (al-fon-si-ne). Alphon-
sine de lïiom, Charte donnée en 1270 aux habi-
• tants de Riom, par Alphonse, comte de Poi-
tiers et de Toulouse, quatrième frère de saint
Louis.
Aiphouninc» (Tables), tables astronomiques
dressées en 1252 par ordre du roi de Castille
Alphonse X, le Sage, c'est-à-dire le Savant
(el sabio). Onsaitque laraison de ce prince était
médiocrement satisfaite de l'ordre des phéno-
mènes célestes tel que l'expliquait e *-
système de Ptolémée. « Si Dieu m'avi
plus en plus à mesure que se multipliaient les
observations, Alphonse X résolut de les cor-
riger, et, dans ce but, réunit dès 1248 les plus
célèbres astronomes chrétiens, juifs, arabes,
sous la direction de ses précepteurs Al Cabit
et Aben Ragel. Après quatre ans du travail,
les Tables nouvelles parurent ; elles n'avaient
pas coûté moins de 400,000 ducats. Elles dif-
fèrent de celles de Ptolémée en deux points
principaux : la longueur de l'année est sup-
posée être de 365 jours 5 heures 49 minutes
et 16 secondes , évaluation plus correcte que
les estimations antérieures , et qui ne dépasse
que de 26 secondes les meilleures détermina-
tions modernes. La précession moyenne des
équinoxes est fixée à un chiffre qui est la
moitié de la quantité réelle, puisqu'il faudrait
49,000 ans pour que les points équinoxiaux
pussent décrire la circonférence du globe.
Cependant, une inégalité est supposée, et se
présenterait périodiquement tous les 7,000 ans,
de sorte que la précession moyenne serait al-
ternativement accrue ou retardée de 18 degrés.
Ces Tables, qui paraissent arbitrairement fon-
dées sur le nonîbre 7, furent calculées sur le
méridien de Tolède et pour l'année 1256. Les
astronomes postérieurs leur accordèrent une
médiocre estime . et Tycho-Brahé déplora les
400,000 ducats qu elles avaient coûté. On trouve
une appréciation complète de ces tables, res-
tées dun usage général jusqu'à Copernic et
Tycho-Brahé, dans les œuvres de Delambre :
Histoire de l'Astr. du moyen âge. Elles furent
imprimées pour la première fois à Venise (1483).
La Bibliothèque Impériale de Paris possède un
exemplaire de Yêdition princeps.
On donne aussi quelquefois à ces tables le
nom de Tables alonsines, traduction plus di-
recte de l'Espagnol Ahnso, Alphonse.
ALPHONSINE (Alphonsine Fleuhy, dite
Mlle), actrice française, née à Paris en 1829,
débuta, à peine âgée de six ans, au Gymnase-
Enfantin du passage de l'Opéra ; ce théâtre en
miniature ayant été fermé, sa carrière artis-
tique fut interrompue. Nous la_ retrouvons à
quinze ans tenant les premiers rôles au théâtre
du Petit- Laaari. Engagée bientôt aux Délas-
sements-Comiques, elle y débuta dans un vau-
deville en trois actes, la Bouquetière du Marché
des Innocents. Son esprit, sa verve, son origi-
nalité, éclatèrent dans Polkette et Damboche,
et elle contribua à la vogue des revues Gâchis
et Pouhsière, et Voilà le plaisir I Après une
courte apparition à la Pcrte-SainUMartin, où
elle contribua au 'succès des Sept-Merveilles
du Monde, elle entra aux Variétés , où nous
la voyons maintenant (1864) en pleine posses-
sion de son talent et de sa gaieté folle. Dans
tes Amours de Cléopdtre, vaudeville ; les Bi-
belots du Diable, féerie ; les Mousquetaires du
Carnaval, vaudeville: l'Infortunée Caroline,
comédie-vaudeville; l'homme n'est pas par-
fait, etc., le public, dont elle est l'enfant gâté,
' ia retrouve toujours avec sa belle humeur, sa
vivacité d 'emporte-pièce et sa verve gaillarde.
Mlle Alphonsine est comique, chose bien diffi-
cile pour une femme encore jeune et jolie ;
elle produit, sans manquer de mesure, des
effets bouffons analogues à ceux de Grassot,
de Ravel et d'Hyacinthe. Elle a compris que
la charge, applaudie quand même chez un
acteur excentrique , serait dans la femme
quelque chose de malséant, et on doit lui
savoir gré de cette preuve de goût. Une étin-
celle du feu de Déjazet pétille dans son esprit,
et c'est l'actrice de Pans qui a peut-être au-
jourd'hui le plus de brio grotesque et de cette
qualité si rare qu'on appelle au théâtre la
diable au corps, Certains critiques lui ont r&-
23&
ÀLQ-
proche l'exagération de son jcii ; peut-être
ont-ils oublié que c'est surtout dans la farce
— ce mot pris flans sa bonne acception — que'
Mlto.Alphorisine est reine sans partage.
ALPHOS p. m. (al-foss — ,du gr.' alphos,
blanc). Pathol. Sorte de lèpre sousTaction de
laquelle les diverses parties du corps qui en
sont affectées se couvrent do taches blanches.
Qn distingue Valphot proprement dii, qui se
bgrne à Fepiderme, ,et la ieucé, qui s'étend
jusqu'au derme. On admettait autrefois uno
troisième, variété de Valphos, appelée mêlas,
à-cause de la couleur gris noirâtre des écailles.
Cette affection .n'est, autre chose que la lèpre
squammeuse, ou morphée blanche du moven
Age.
ALPICIEN, enne s. et adj. (al-pi-si-ain,
è-ûc-^ rad. Alpes); Géogr; Habitant des Alpo3 ;
qui appartient aux Alpes.
Alpes : PlaMe
■ .'ALlPïGÊtJç ad'j. (al-pi-jè-ne— de A?p^;et
du lg,t- yenus, origine). Bot. Nom spécifique
de quélques,espèces de végétaux qui croissent
da^s le? Alpes, pu sur les hautes montagnes :
Le chèvrefeuille alpigène.
ALPIN, INE adj. {al-pain, i-no — rad:
Alpes)'. Qui habite, qui croît, qui se trouve
sur les Alpes, et, par éxt., sur les hautes mon-
tagnes^ Animaux alpins. Plantes alpinks^
Les cltàleis alpins. Ce sont clés roches alpines-.
La rose alpine des Andes, le magnifique, be-
faria, forme une ceinture, pourpre autbut des
pins q'ia/ices-, (Humholdf.) il Ce mot a le môme
ALPIN1 (Prosper), botaniste, né en 1553, à
Marostica (Vicéntin), mort à Padoue en 1617.
Jl profeisa k Padoue et rit un voyage scienti-
fique en Egypte. U fat un des premiers natu-
ralistes qui aient donné la description du café.
Il a composé divers ouvrages do médecine et
de botanique pleins d'observations curieuses,
notamment une description des plantes de ,1'E-
«ypte et un résumé des doctrines médicales
des méthodistes*
- ALPINIE s.f.(al-pi-nî— rad.Afoinî.n.pr.).
Bot. Genre de plantes de la famille des amo-
irrécs, renfermant environ vingt espèces. Co
sont de- grandes et oelles plantes vivaces,ap-
parte'nâitt' toutes ^aux régions tropicales de
TAsie-, et dont la plupart sont cultivées dans
nos Serres chaudes. La plus remarquable est
Valpikiê galàng'a.
- s. S. pï. Tribu de plantes àmomées.
■ alpins s. m', pi. Géogr. anc. Peuple do
l'ancienne lbèrio, qiii habitait sur. les bords
marque qu'on fait à sa carte pour indiquer
que Ton doublé sa mise après avoir gagne. '
ALPISTE s. m. (al-pi-ste — rad. Alpes).
Bot. Plante delà famille des graminées et du
genrenhalaris, appelée aussi millet long. Elle
constitue un fourrage de moyenno qualité.
Ses graines peuvent servir à 1 alimentation ;
mais on les emploie surtout pour nourrir les
oiseaux. Sa farine a été utilisée pour fajrç un
encollage destiné à la fabrication des tissus
fins, procédé presque abandonné aujourd'hui.
ALPON.petite riv. d'Italie, sur laquelle est
jeté le pbnt d'Arcole, si fameux dans nos fastes
militaires. V. ARCOLB (bataille d'). , .■;.,.-■
' 'ALFÔRAMA s. m.(al-po-rarma-^de Alpes,
et du gr. oraô, je vois). Nom donné à plusieurs
vues dès Alpes, en relief et en perspective,
que l'on exhiba à Paris, do 1818 à 1820.
alque s. m. (al-ke-rdu gr. alkè, force).
Oritith. Groupe d'oiseaux palmipèdes, qui
renferme les genres pingouin, macareux et
, jérorbynque.
ALQUIÉ (Alexis), médecin français, né vers
1812. Professeur de clinique chirurgicale à la
faculté de médecine de Montpellier, et chirur-
gien en chef de l'Hôtel- Dieu de cette ville, il a
publié plusieurs ouvrages représentant, comme
enseignement et comme pratique, les doctrines
de .l'ancienne école de Montpellier, Son. nom
Vient d'être niêlé au reteùtis^emefttTa"uiiVrocès
. fifre'ux .{procès Armand,. 1864). '
. ALQKIER (Oh.-J.-Marie), constituant, con-
ventionnel et diplomate, né àTalmont (Vendée)
en 1759, m. à Paris en 1826. Il était avocat à La
Rochelle lorsqu'en 1789 sa province le nomma
député aux états généraux. Il y siégea avec
tes, membres les plus pronopeés du côté gau-
che, mais s'y lit plus remarquer par ses, tra-
vaux dans les comités que par ses talents ora-
toires. La session terminée, il fut élii président
du tribunal criminel de Seine-et-Qise, et, en
-1792, membre de la Convention. Il vota la mort
de Louis XVI, en cas d'invasion étrangère, et
£e prononça, pour le sursis à l'exécution. Pen-
dant la Terreur, Alquier remplit une courte
mission à Brest, se rangea prudemment avec
les muets de la Plaine, et ne reprit un rôle
.actif qu'après le 9 thermidor. Il siégeaLaiLCon-
' «cil des Cinq-Cents jusqu'en1 1738,' et occupa
successivement' les ambassades do Tanger,
jlrluHvch',' J799, Madrid, 1S00, Florence, 180 1,
'"JSaples, Home, Stockholm, 1S10, et CopCuha-
tuels du
ALS
gue. A Naples, il fit renvoyer Acton ; en Suède,
u détermina la cour, malgré ses répugnances,
à entrer dans le système continental ; en Da-
nemark, il contribua à la cession de la Nor-
vège à la Suède. Rappelé de Copenhague par
Louis XVIII en 1814, proscrit comme régicide
en 1816, îî vécut h "Vilvorde (Belgique) jus-
qyen 1818, époque de son rappel, qu'il dut aux.
démarches actives de Boissy d'Anglas.
ALQUÏÈRE .s. f. (al-ki-ère). Métrol. Mesure
do capacité pour les iiquides»usitée en Por-
tugal. A Lisbonne, Valquière vaut environ
13 litres et demi.
de terre de l'endui
tréujc appelé, couverte, qui les rend imper-
méables aux liquides. Sous l'action de la
chaleur et de l'air, le sulfure de plomb se dé-
compose, le soufre devient de l'acide sulfureux
qui so dégage, et le plomb, transformé en
oxyde, forme avec la silice un verro très-
fusible qui recouvre d'un léger vernis toutes
les surfaces sur lesquelles on avait appliqué
laxouverte. fi est inutile, de dire que le potier
doit avoir soin dé, n'employer pour couverte
que dçs galènes absolument exemptes de sul-
fures d'arsenic et d'antimoine.
■ ALRUNNES S. f. pi. V. ALLRCNB8.
' ALSACE (du cett. El-Sass, pays de l'El ou
111); anc prov. de France, qui avait pour cap.
Strasbourg; elle 'se divisait en haute et basse
* * irréspondant a nos départements ac-
Hàut-Rhin et du Bas-Rhin. Cette
passa de ta domination 'des Celtes
sous Celle des Romains, et fit partie de la pre-
mière Germanie et de la grande Séquanie.
Sous le règne de Clovis , les Francs s'en
emparèrent; incorporée ensuite ait, royaume
d'Austrasie, elle eut des comtes, puis des ducs.
En 940, L'Alsace fut distraite de la France, et
subit la domination autrichienne jusqu'en 1648',
époque à laquelle elle fut réunie à Ja France
rie traité de Wastphalio, et cette conquête
Louis XIV a été confirmée par les traités
de Nimègue (1678) et de Ryswyctt (1697). Néan-
la France que par la révolution de 1789 j mais
Landau, fortifié: par Vauban, a été détaché
de l'Alsace en faveur de la Bavière, en 18.15.
ALSACE (Thomas Louis de Hbnin Liétard,
appelé le- cardinal d'), prélat belge, né à
Bruxelles en 1660, mort en 1759, descendait
de Thierry d'Alsace, comte de Flandre. Cadet
de sa maison lorsqu'il s'était voué à l'état
ecclésiastique, il en devint l'aîné par la mort
de son frère, le prince de Chimay, et transmit
aussitôt la principauté de ce nom à son frère
puîné. Après la prise de Bruxelles par Louis XV,
en 1746, le cardinal-archevêque reçut ce mo-
narque à la porte de la cathédrale , et lui
adressa lui discours laconique qui rendait en
quelques mots lés sentiments les plus élevés
et les plus dignes qu'on puisse exprimer dans
une semblable circonstance. Il était doyen du
sacré collège.
alsacien, enne s. et adj. ( al-za-si-ain,
ô-ne). Géogr. Qui est né en Alsace, qui ha-
bite l'Alsace; qui a rapport à l'Alsace ou à
ses habitants : Les Alsaciens sont d'origine
'gauloise. Cétait une famille de paysans alsa-
ciens émigrants. (V. Hugo.)
les satyres couraient comme des ombres
à travers la brume. (V. Hugo.)
ALSÉ s. m. (ai-sé ■*- du gr. alsos, bois).
Antiq. Forêt sacrée où l'on plaçait lçs statues
des vainqueurs aux jeux Olympiques.
ALSEBRAN s. m. (al-se-bran). Anc. pharm.
Sorto d'électuaire purgatif.
■— Bot. Nom donné à la joubarbe des toits.
desrubiacées et de la tribu des cinchonces,
dont la seule espèce est un arbrisseau à fleurs
jaunes, originaire du Brésil.
ALSEN, île du Danemark, dans la mer Bal-
tique, qui n'est séparée de la côte que par une
distance de moins de 300 mètres; 13,000 hab.
C'est une des îles les plus agréables de la
Baltique par sea forêts, ses petits lacs et sa
culture. Sa position stratégique lui assure une
grande importance, et elle a joué un grand
rôle dans toutes les guerres que le Danemark
a eu à soutenir contre l'Allemagne.
ALSÉodaphné s. m. (al-sé-o-daf-né — du
gr. alsos j eos, bois; daphnè, laurier). Bot.
Genre de plantes de la famille dos laurinées
et do la tribu des persées , renfermant quel-
ques arbres, originaires do l'Inde.
alseoosmie s. f. (al-scn-o-smi— du gr.
alsos. bois ; euosmia, bonne odeur). Bot. Genre
' de plantes rapporté avec doute à la famille
des caprifoliacêes ou à celle des cornées, ren-
fermant une' dizaine d'espèces, qui sont des
arbrisseaux à fleurs odorantes, originaires do
la Nouvelle-Zélande.
ALSFELD.petîU ville de laHesse-Darmstadt;
3,C?4 hab. Fabrication de toiles, draps et lai-
nages.
ALSIDIE s. f. (al-si-dî — du gr. alsos, bois,
forêt). Bot. Genre d'algues renfermant une
S6u|c espèce à fronde rameuse, buissonnante,
Qui se trouve dans la Méditerranée.
ALT
ALSIN.1NE adj. (al-sain,i-ne— du gr. alsos,
bois). Hist. nat. Qui aime les bois, qui se plaît
dans les bois. 11 On dit aussi alsinack.
ALSINE s. f. (al-si-ne — du gr. alsos, forêt).
Bpt. Genre de plantes de la famille des ca-
ryopliyllées,plus généralement connu sous le
ALSINÉ, ÉE adj. (al-si-né — rad. alsine).
Bot. Qui ressemble à une alsine.
— s. f. pi. Tribu de la famille des caryo^
phyllées, qui a pour type le genre alsine.
ALSINELLE s. f. (al-si-nè-le — rad. alsine).
Bot. Genre de plantes de la famille des ca-
ryophyllées, voisin des morgelines, et dont
les caractères sont peu connus.
ALSODÉE s. f. (al-so-dé — du gr. alsôdês,
bocager). Bot. Genre de plantes de la famille
dçs violariées, et dont les espèces peu nom-
brpuses sont des'arbres ou des arbrisseaux,
croissant presque tous à Madagascar.
ALSODINÉ, ÉE adj. (al-so-di-në— rad. al-
spdée). Bot. Qui ressemble à une alsodéû.
— s. f. pi. Tribu de là famille des violariées.
ALSOMITRE s. f. (al-so-mi-tro — du gr.
alsos,' bois; mitra. ceinture). Bot. Genre de
plantes de la famille des cucurbitacées, com-
prenant une seule espèce, qui habite Java.
ALSOPHILE s. f. (al-so-fi-le — du gr. alsos,
forêt; philos, ami). Bot. Genre de fougères,
comprenant environ quarante espèces, pres-
que toutes arborescentes' et originaires du
continent.
ALSTATTEN ou ALST^TTEN, ville de
Suisse, canton de Saint-GaU; 6,000 hab. Sour-
ces sulfureuses.
ALSTON (Charles), médecin et botaniste
écossais, né en 1683, d'une famille alliée à
celle des Hamilton, mort en 1.76,0, se rendit à
Leyde pour étudier sous Boerhaave, et se lia
dans cette ville avec son compatriote, le cé-
lèbre Alexandre Monro. Les deux amis for-
mèrent alors le projet de réorganiser L'ensei-
gnement de la médecine dans leur patrie,
s'associèrent des coopérateurs distingues par
leur zèle et leurs talents, et parvinrent à ren-
dre l'université d'Edimbourg une des plus
célèbres de l'Europe. Alston y professait la
botanique et la matière médicale. Son princi-
pal ouvrage est intitulé : Tirocinium botanicum
Bdimburgense. Il y développe des principes de
botanique en opposition avec ceux de Linné.
ALSTONIE s. f. (aï-sto-nî — do Alston, n.
pr.). Bot. Genre de plantes de la famille des
apocynées, renfermant un petit nombre d'es-
pèces, dont quelques-unes sont cultivées dans
nos serres. Ce sont, pour la plupart, des ar-
bres élevés, lactescents, à heurs blanches,
originaires des régions tropicales do l'Asie et
des îles de l'Ôcéanie.
ALSTONIÉ, ÉE adj. (al-sto-ni-é — rad.
alstonie). Bot. Qui ressemble à une alstonie.
V- s. f. pi. Tribu de la famille des apocynées.
ALSTRCEMER (Jonas), industriel suédois, né
en 1685, mort en 1761, introduisit dans sa pa-
trie l'industrie de la laine, la culture de la
pomme de terre, et fonda un grand nombre de
manufactures. Il reçut des lettres de noblesse ;
ses quatre fils se distinguèrent par leurs ta-
lents et leur patriotisme.
alstrœmerie s. f. (al-strê-me-rî —de
Alstrœmer, n. pr.). Bot. Genre de plantes de
la famille des amaryllidées ou narcissées, ren-
fermant une cinquantaine d'espèces, toutes
originaires de l'Amérique du sud, et dont
plusieurs sont cultivées dans nos jardins, à
cause de la beauté de leurs fleurs. La plus
commune est celle qu'on appelle lis des Incas.
ALTAl (monts), longue chaîne de montagnes
d'Asie occupant une partie de la Sibérie méri-
dionale; sommets très-élevés; mines d'or et
d'argent, dont quelques-unes sont exploitées
par les Russes. On divise cette chaîne en grand
Altaï et en petit Altaï. En tatare, Altaï signifie
monts d'or.
ALTAÏQUE adj. (al-ta-i-ke — rad. Altaï).
Ethn. Race altaïque. Se dit de la race dont le
berceau est présumé se trouver dans les mon-
tagnes de l'Altaï.
ALTAÏR ou althaïr s. m. (al-ta-ir— mot
arab.). Astron. Etoile de première grandeur,
qui se trouve dans la constellation de l'Aigle.
ALTAMAHA, fleuve des Etats-Unis. V. Ala-
TAMAHA.
ALTAMBOR s. m. (al-tan-bor). Mus. In-
strument de musique antique, tambour des
Maures,
ALTAMIRA (Qssorio y Moscoso d'). Hist.
L'une des plus anciennes, des plus riches et
des plus puissantes maisons d'Espagne , dans
ALTAMORA, ville du royaume d'Italie, dans
la terre de Bari; magnifique cathédrale, bâtie
par l'empereur Frédéric II; 16,000 hab.
ALTAR, haute montagne de l'Amérique mé-
ridionale, dans la chaîne des Andes. PU"'
ALT
autel, et de conserver les pallium qui lui sont
livrés par le sous-diacre apostolique.
ALTAROCHE (Marie-Michel), littérateur, né
à Issoire (Puy-de-Dôme) en 1811, abandonna,
après 1830, l'étude du droit pour s'enrôler d'en-
thousiasme dans la presse républicaine. Il col'
labora tonr à tour à la Tribune , à la Carica-
ture, au National, dont il augmenta le succès
la direction jusqu'en 1848. Il était «rvdes plus
spirituels écrivains de cette feuille célèbre, qui,
sous une forme joviale et grotesque, fit une
guerre si vive au gouvernement de Louis-
Philippe. En même temps, il publiait des chan-
sons républicaines, des contes démocratiques,
des écrits politiques , et collaborait à deux
pièces agréables, Lestocq et le Corrêgidor de
Pàmpelune. En 1848, il fut envoyé comme
commissaire de la République dans le dépar-
tement du Puy-de-Dôme, qui le nomma repré-
sentant à la Constituante, où il vota généra-
lement avec les républicains modérés. Non
réélu à l'Assemblée législative, il ne s'occupa
plus dès lors que de directions et d'entreprises "
théâtrales.
altavelle s. f. (al-ta-vè-le). lchthyol.
Nom vulgaire donné, dans quelques loca-
lités, à la raie ou pastenague.
ALTDORF ou ALTORF, ville de Bavière, à
18 kîl. de Nuremberg; 2,150 hab. Fabrique de
jouets et d'articles en bois. Elle fut célèbre
par son université, qui exista de 1570 à 1809.
H Altdorfest encore le nom d'un grand nombre
de villes peu importantes de l'Allemagne.
ALTDORF ou ALTORF, ville de Suisse, ch.-
lieu du canton d'Uri; 2,112 hab. On y voit une
fontaine à l'endroit où était , dit-on, le tilleul
contre lequel on plaça le fils de Guillaume Tell,
quand celui-ci abattit la pomme placée sur la
tête de l'enfant. Dans le voisinage, houillères
et'mines de zinc ; les alentours de la ville sont
ravissants.
ALTDORFER (Albert), peintre allemand, né
en 1488 à Altdorf, près de Landshut, en Ba-
vière, mort à Ratisbônne en 1538, se forma
sOus Albert Dilrer. Sa vive imagination, son
coloris vigoureux , sa science de la perspec-
tive aérienne et des lignes architecturales, lui
assignent une place élevée parmi les maîtres
de la primitive école allemande. Son chef-
d'œuvre est la Bataille d'Arbelles, du musée
de Munich, immense mêlée où s'agitent une
multitude de figurines en costumes du moyen
âge, très-expressives et très-vivement peintes.
La galerie d'Augsbourg a de lui un très-beau
retable dont !e sujet central est un Crucifiement
et dont les volets extérieurs représentent
V Annonciation. Altdorfer se distingua aussi
dans la gravure, et son œuvre se compose de
96 estampes que Bartsch a décrites sous son
ALTENA, ville de Prusse, en Westphalie;
4,295 hab. Fabrication très-importante de fils
de fer et d'acier.
ALTENDERG (absave d'), près de Cologne.
L'église, un des beaux monuments gothi-
ques de l'Allemagne, fut achevée en 1255 et
le choeur en 1379. Elle avait été commencée
en 1133 par le comte Eberhard de Berg. In-
cendiée en 1815, elle a été restaurée en 1835.
des*
éternelles ; le plus élevé a 6,000 mètres de hau-
te urf
altariste s. m. (al-ta-ri-ste — du lat.
altar, autel). Chanoine particulier de la basi-
lique du Vatican, chargé de décorer le maître-
comtes d'Altena', des
comtes et des ducs de Berg.
ALTENBOURG, ville d'Allemagne, cap. du
duché de Saxe-Altenbourg ; 1 1,000 hab. Aux
environs, vieux château situé sur une mon-
tagne. Il se fait dans cette ville un commerce
actif de transit, favorisé par un chemin de fer
et huit routes commerçantes.
ALTENBOURG , petite ville de Hongrie , à
30 kil. de Presbourg; 3,400 hab. Beau ohiiteau
de l'archiduc Charles, autref. résidence royale.
ALTENDORF, village de Bavière, où Kicber
défit les Autrichiens en 179G.
ALTENHEIM, village situé sur les bords ùu
Rhin, grand-duché de Bade; 1,670 hab. C'est
près do làqueTurenne fut tué, le 16 juillet 1G75,
et que le 30 du même mois l'armée française,
3ui battait en retraite sous le commandement
u comte de Lorges, neveu du grand capitaine,
fut attaquée par les ImpériauXj sous les ordres
de.Montécuculli. On combattit avec acharne-
ment, sans que la victoire se déclarât pour
aucun drapeau, et les pertes furent à peu près
égales des deux côtés. Toutefois, les Français
opérèrent leur passage du Rhin sads que l'en-
nemi osât s'y opposer davantage.
ALTEN K l R C 11 EN , bourg de Prusse, a 32 kit
deCoblentz; 1,600 hab. C'est dans ses envi-
rons que Marceau fut blessé mortellement, le
19 août 1796 , en protégeant la retraite de .
Jourdan.
ALTENSTEIN (le baron Charles Stbin d'),
homme d'Etat prussien, né à Anspach en 1770,
mort h Berlin en 1840, fut nommé en 1806 con-
seiller privé des finances, concourut avec zèle
et talent à la réorganisation du royaume de
Prusse après la paix de Tilsitt, et contribua
puissammentàl'introduction de nombreuses ré
formes et à la suppression de beaucoup d'abus.
11 prit aussi une grande part à la fondation de
l'université de Berlin en 1809, devint a cette
époque ministre des finances, puis ministre des
cultes et de l'instruction publique en 1817. Il a
protégé les lettres et les sciences, et introduit
d'utiles améliorations dans les diverses bran-
ches de l'instruction publique.
XIEE
'tALTÉNSTEINïE.s, f,-.(aMaia-stâ-nï -et do;
Altensteirij ti:.pr.). Bot; Genre de plantés de'
la famille des orchidée? et.de, ,1a,, tribu des
ophrydées, renfermant trois ou , quatre "es-
pèces,,toutes originaires^
•'.'ALTÉRABILITÉ1 s. ■f.. (aHtôrra-birliTté^;
rad.- -axerai/*?)-. Qualité de cfc.qui estaltérà-r
ble iLa.naturexomplcxe des animaux , la mul-.
tiplicité de- leurs éléments, donnent la raison,
deleur altérabilité. (Rieher,):' -.;■ :■'-."..■■
• 'ALTÉRABLE adj. (al-tc-r'a-blé — taàVal-{
terer): Qui est susceptible d'être àRéré : Parmi
lès métaux, il y en a dé'plus où 'moins Altéra'-1
ntBS. (Acad.) Lèguùt est'uni faculté naturelle;
/îW'/'êc/t'ftfeJ'ALTÉRABLE: (MarihontèJ:) '•• ■'''•"'i
.: ',7^, An tony mes -. Fi xe , i mrauaJbïe, i mmii iatle' -,
imp'e'rmutable, inaliénable,' htaifjëj'rablé, inçora-
mutablë, invariable ,v permanent', "constant i
&*$;. :'■■'.*."■ .' :' ; ':.'"■ : : -A' >''- '.'.■',
ALTÉRANT (ai-té-ran)ipart. , prés, du, v.<
Altérer: . -,.... t > , . *.,. ù ,,\
-^'Et nos seuls ennemis, altérant sa honte, ' '
-Abusaient contré nous de'sa facilité. ' • • ■ ^
■-.:■-,_ i:"i' ' ■• i '•.:■) ■': '.■_".--.., , 'RACINE--. . {
ALTÉRANT, ANTE adj. (al-té-ran, an-te— "
rad: -altérer). Qui .altère,": quhoaiusoJai'SQif :
Mets, ragoût altérant. Les liqueurs. sucrées
: —. Méd:- Qui modifie, l'éj,at, la composition
d'une chose : L'iode 'est un médicament alté-,
RANT,. Plusieurs- médecins ,diviscn,t lesynédica^
ments en altér auts et évacuants. (Gucrseni.V
ïtl y.a.désjmédiçame'ntJS altérants dont l'ac-
tion,bien qu'inexplicable jusqu'ici, n'en est pas.
moins démontrée par 'de nombreuses expé-
riences. ' (p; Rattier. ) il Subsi-aritiv,1 ' ZWdlïé-
rànts. Les médicaments altérants. ' '.'' ''
. -ri Enoycl. Méd. On donne le nom d'alté-
rants à des médicaments qui sont absorbés, et
qui agissent en modifiant' d'une .manière per-
sistante la nature du sang et des humeurs
diverses. Les principaux médicaments- alté-
ran/s-sont -fournis par.le règnp minériaj ;,cè
sont l'iode et .les .préparations, iodurées, le
^roms et les préparations, brqmuréas, |e mer-
■ cure et lés préparations mercuri elles, l'or et les
préparations aurifères., l'arsenic ..et .les prépa-
rations arséniçalesj les. chlorures debaryvrri et
'de, calcium. Qn y a joint aussi,, quoique leur
action survie sang ne soit point; durable^ en ce
qu'ils sont rapidement éliminés , les alcalis,
leurs carbonates et les eaux alcalines, le ni-
trate de potasse. On emploie les médicaments
altérants dans les maladies aiguës,. mais sur-
tout dans les affections chroniques. Plusieurs
sont indiqués dans les maladies vénériennes:
ce sont les préparations de mercure, i d'iode,
d'pr; de là, le nom à.' ahtisyphilitiques donné à
ces substances. Lorsqu|on prescrit, les médicar
îhents altérants, pour combattre des maladies
chroniques, il faut avoir soin de les continuer
longtemps7et , Jes donner à doses qltérantfis,
ç'est^a-dJi;e en.petilesquantités ,à la' fois, a\fin
dé produire par leur action lente , mais Cohr
tinue, les modifications que l'on désire obtenir.
L'action" 'altérante d'un' m'édicàihéiit' dépend
souvent de la dose : à laquelle il est donné;
Ainsi le ealomet (ptiitochloruré de mercure] ,
administré à un adulte, agit comme purgatif à
la dose de 30 centigr. et au-dessus, et comme
altérant à celléde 5 à 10 centigr.
^Àtt jÈfli PARS PETRI (al-tè-ra-parss-pé-tri)'
Mots lat.' qui signif. ^itlérâlem. L'autre,' là
seconde partie de Pierre, et qui servent h dési-
gner* le jugement',' l'intelligence.' Diré'dè "qW'el-
du'Un qu'il lui manque l'alterà pars Pétri', c'est
donner à entendre qu'il est tout à- fait dénué
de' sens; et d'esprit.'Cétte loeutidn remonté
àJla'scolâstiquè,' et elle â' 'son origine dans
un ouvrage de Pierre Ràméé' {Petrus Ramus),
intitulé -Logique J.ei divisé en i deux -parties :
llinoenlion et W jugement. T)k$ lors-, il estfacile
de comprendre l'euphémisme ironique de cette
locution; ie jugement est évidemment, cette
autre', cette seconde partie, dontliilest qu'es-
etadj.Val-'té-ra-
M^ut, tLri-ao -^ liiu. «.çie/-CT-;.. Qui altère, qui
falsifie des substances, des, monnaies, etc. -
i aLtératiF; ive adj.. (aJ-té-ra-tif, i-v'e,—
rad.< altérer). Qui altère, qui modifie les pro-
priétés-dés corps.
ALTÉRATION s. î. (al-té-ra-si-on — 'rad.
altérer). Changement, modification dans la
nature,- la- forme, les propriétés, l'état' ~"~
liiàl ' d'un .corps :. //altération
Zs'Altération d'une' liqueur'. //altération aes
corps est produite1 par1 dis 'forces dé deuices-
pèces,'ia pression simple et; ïiimpuisian.ift")
il Falsification, 'sophistication: ^'altération
du lait est un délit, justiciable de la police
correctionnelle. • ■ ■•<
— Particulièrem. : Altération des monnaies,
Jieur, falsification par excès d'alliage ^-, j .
. -^ Changement calculé oui nonî,r dans-un
-moti un acte, un texte,- tetc. <: Ont me-„re<-
prochedes altérations dont je n'ai jamais
été capable. (Boas.) Certaines parties des livres
saints 'avaient subi des altérations consi-
dérables: (Pleury.) Toute altération des actes
de l'état civil donnera lieu aux dommages et
intérêts des parties. (C. civil.) Les altéra-
tions dans dés éditions de Pascal énervent plus
■ou moins Aa pensée de l'auteur sans la dénatu-
<rer entièrement. (V.. Cousin;) En passant dans
]la bouche d'une race houvelle,.la langue éprouve
ioujeurSjau moins dans sa prononciation i des
altérations dues auio différences d'habitudede
tion dans le livre de Pièrr
ALTÉRATEUR, TRIGE s. e
tcur^tri-so -7 rad. altérer). 1
é'coUÏeuï.
Porgane vocal. (Maury ;) itDans un -.sens .moins
général ...Tout changement désavantageux
dans l'état, d'une chose : Le beau temps se
maintient sans altération. X'ALTÉRyvTip^ de
l'expression est un signe'de l'altér~a,tït»i 'des
sentiments^ 'généraux i$u Cfèùrjkumgik. XHlitâ-
,— Par ext. Passage, do l'étà^.nornml^'ùn
autre qui' indique l'affaiblissement, la'-sôiîf-
france, une violenté' émotion ihiénéùrè' :
^'altération de sa voix annonçait une émo-
tion profonde.' (Acad.) A ce récit j lé seigneur
(«rîfi'dULTÈRATiONi;«Ur physique et
dans les animaux; -l'abus dp, plaisir, en produit
d'.un autre,. genre encore plus dangereux-, chez
V homme... (É."de; St-P'.); 77 vit 'nZwmià?,
soudaine, de'jo'n visage pfiii 'et dffqissé,déjà 'par,
les, angoissés de lamort. (GySand') Ses parents^
s'inquiétaient 'de ^-altération :dé ses' trà\is.,
(Çr. Sand.) /; . ^ ,'. ' ^''^ „na
' — Fig. : jC'ALTiBtiATrbN de son caYaltërëvtâ nt
de ses longs chagrins y (AchS.) Ces événements
ont > causé une altération -sensible \ dans les
mœurs de la nation. (Acad:) Il n'-,yiaurtarjamais
^'altération dans mon amitié pour lui. (Acad:)
Ily adans laisôia: des nuances tellement propres _
à peindre les. altérations de l'àme que les
animauxne sauraient s'v,m«prcndr«.,(Aljb.olçt.)
,-T Mus. Changement accidentel d'intona-
tion qu'une note. éprouve pàrl'elTçt d'un signe,
d'élévation ou d'abàisspmorit.L'ai^raiiioiia,
■toujours pbùr'effet dé réduire a un demiTtqn
les passagesrd.'une, note à une autre. On dis-
tingue lés altérations 'éû ascendantes- è? àes~^
cèhdinics; les altérations' ascendantes traiis-f
forment la note altérée en note sensible acci-'
dentelle ; les altérations descendantes en' font
un-quatrième degré momentané.-.
' ALTÉRATION sVif.Hâl-té-'ra-si-bn'^-.râd,
altérer)! Grand besoin de boire, grande soif,
cri parlant de l'homme et des animaux : Il\à
une altération continuelle.' (Acad;) Là fièvre
cause -une grande altération.1 (Tréy.) '' '' '_•
ALTERCASs. m. (al-ter-kâr^ de alterquer).
Altercation, débat.; ;, ■',-' .'\ • ,
Quoi qti'il:en.Boiti'Ceta"iérC(IS i ■ ' '
.Mit en combustion lasalle et la-cuisine. ' "■:•
., „ , y' .,'. ' , , 1 -,. ,'| . La Rontainb. . ■
Adonc le roi, oyant leur allcrtds, ..,,. ' .
Leur répondit : J'entends bien votre CM...';"'' '
. Et toutefois sujets ne voulez être. Mauot,, ■
Yicux et employé surtout1 dans la! poési.
légère pouYles besoins de' l'a' mesure' ou âe la.
„„, 1^,,. ,4X d'un nègre,
n œil n'est altère.
■■'- ■_ ■.';"' Maxime du Camp.
. — ; Particulièrem. Monnaies altérées, Mon-
naiesqui contiennent trop^d'alli^ge. ,
— Qui a'subi des.transforrpationsi doschan-.
geménts ^fàdieuXj.en par^antj'd'un texte, ;d'un.
mpt.-d'iun idiome, e,to. ,; Passage altére.,,Ççs
chants ALTÈRES {par, la: (tradition! orale., qntcp\i
être mé/és eï confondus. (Villém.),il,PlusigéII'G-
ralefn.1>M6difié'd'iinè manière dé'sa^arrfeççuse :
L' écriture, ÀufmÉR annonçait ta défaillance de
la main! (CHateaub.)- v r' --^ .. ','f;"
^Par ext. Qui est.affaibliVquj_indique.,la
souffrance, une ^mqtion-Violente^teVw^ï^
ce moment, sa'sànté'est gravement altérée.'^'"'
Un tel; d jsqours n;a rien dont je sois a.Wré:; - , ,
A tout'événement le sage est préparé. .L.V, ... ,
-' "',!,'. :■'''. ,"/ ; . , Môut'ijê..;,;. ^
Notre santé n'a point de ,plus certaine marque ,
,.|' Qu'un pouls égal et'modénS; ,i
Le contraire fait ;voir que l'être est altéré. ' 1' ■'"
A,LT,
m
ALTERCATEUR, TRICE's., (alTtèr-kaTteurj
tri-se — rad. alterquer). Querelleur , .chica-
neur. Vieux mot. '■' •' " '■-' t J1'-11 ?■■ '».
ALTERC ATI ON s '. . i '.. (airte r^à-si-on — rad .
alterquer). Querelle', âébàt',,coritestàtion : Ils
ont des altercations perpétuelles. (Acad.)'/^
n'ont pas précisémrnt des disputes, mais'ily a
toujours de'grandes àltkrcàtions entre eux.
(Lav.) Ils se séparèrent à la suite d'une vive
altercation. (Le Sage.) La causerie inspire la
confiance, V altercation l'éloigné. (De Ségur.)
S'il s'est élevé entre elle et moi quelques petites
altercations, j'auoue de bonne JM^querle .plus
grand tort a toujours été, de mon côté. (X. dé
Maistre.) . ,- ■ ,. .,- - . ,; ;.
- SI les chefs de famille avaient la préTovahce
Dlétudier tous ceux dont ils font alliâtes, ,
, Nous verrions, j'en suis sûr, dans -les conditions
' Régner moins de scandale et d'altercations.
"'. — Syn. Altercation, contestation, contro-
verse, déliai, deiu61«, différend , (ti»cu»»<on,
dispute , querelle. On doit d'abord "mettre b.
part les trois mots altercation, débat .et /que-
relle, qui supposent une opposition passion-
née ; puis contestation, démêlé et différend , où
l'opposition 'roule sur des, intérêts, et enfin
'controverse, discussion et dispute, ou' il s'agit
plutôt des opinions. L'altercation ne suppds'e
qu'un commencement d'aigreur; il y, en a da-
vantage dans.la^çMere/ie, et celle-gi peut quel-
quefois aller jusqu'à devenir, ^sanglante.. 'Le
a,ébat se rapproche de la discussion, chàcjin.y
parle tour à. tour avec animation , mais sans
désordre. Dans les contestations ,'il s'agit ordi-
nairement de l'interprétation 'qii il faut ddriher
à une!'loi, à une clause; à un. usagé; oh dit
qu'une contestation s'élève' ou qu'elle se ter-
mine ; Von ditau contraire'qu'on/S;dés démêles
ou des différends.. Le différend est ce qui em-
pêche d'être d'accord ; il ne sujjyjgut qu[jntre
ceux qui ont ordinairement des* rapports'' en-
semble; le démêlé est ce' qiii"mèt aux 'prisjes
des personnes qui pouvaient ne ,pas.,raêrae se
.connaître. Il y a disputé toutes lès fois que les
opinions sont différentes et que chaque partie 1
^soutient l^Jsienne, avec chaleur; la' dispute
dévient une 'discussion quand chacun parlé h
son tour, avec méthode et avec le désir "de
Convaincre sérieusement son adversaire: Enfin
cosirotierw-h'ese dit plus guère aujourd'hui
que des 'discussions! théologiques sur quelques
points du dogme ou de la discipline. Le Pfppfe
emploie quelquefois le mot dispute dans 'une
acception qui le rapproche beaucoup de que-
relle- . .1-.. , . - ■ -, M, | ,
ALTÉRÉ , ÉE (al-té-ré) part. pass. du v.
Altérer ..Modifié, changé, en parlantd,e§ corps,
des substances, otc. : liquide alterb'Com-
/^wrs altérées £ar, ,iç tanps.-.. ,' ,,■'/',. ,., ,,
'— ' Fig.1 \,IÂ' tradition ri a' jamais fymnis'-jjuè'
là' sainte 'doctrine' pût' être altérée.' (BôsS.)
fotréjvèrturie serq'janiais altérée- par l'es.
séductions dé l[&ÙHo'usitismc. (Volt.) Lc'chrac-
tire primitif d'une nàt'ià^ ainsi que celui, d'un'
itrop:soirocnt x\.-îii&ûns:'piïtiûos
préjugés., [3. ,$e \Iaistre\) Presque tp^es-Jcs
religions sopt, .âltérÉiîs par,[ Icurs^iiUermqt,
diairéè,' '(BÔiste.)" Quoique altérée , par . les
superstitions de l'idolâtrie , la notion du. vrai
Dieu se trouva partout.- (C'firdindl Gousset.) *
ïr Mus. Intervalles altérés, Ceux dont l'al-
tération 'd'uno note modifie la valeur natu-
relle.r>n Note altérée, Qui- a reçu ,un signe
modifiant le' ton: '. ' ■ : 1 •'
'"ALTÉRÉ, ÉB"( al-té-ré)- part.' pass: du v;
Altéier.' Qui' éprouve déta'sôif'i'Ç^raicoiî/ést
trop "épiiê,je vais' élire Altéré toute la nuit!
L'hôte se lassa d'abreuver tant de gosiers alté-
rés. (Le Sage.) Je' stnV altéré, j'àt besoin de
pretidre un -verre d'edù. \ H."Beyle\) "ié' cerf.
altéré court à là'fôiitâiiié. (Balzi) Le chien
altéré lappe en couruntun peu d'eau. (Balz.)
' J„ riitTeUe'est1lVnllégresser^tiiiue ' \.,1\ '[.^
H ' '" 'r" ■ ' '' " ' >'? "'t' '" j:-B,' Rousseau. '
'-'Le' âpïr,'au' bord riant 'd'une source Vgnoréè,'," , ' '
J'aurais offert là 'conpc À (a Uoiichè aliéréé. •
.. • ■ f i-T • , GUATBAl!OB14SD.;|
- "— Fam. et par plaisàntcrio :' Il est toujours
altéré, Se dit d'un homme qui- aime à' boire:
■ —Par èxt.' Qui a besoin d-'ét'ré arrosé1, on
parlant des'pla'ntes : Ëés-uapeurs-j transfor-
mées en nuages ; vont- abreuver' la plante alté-
rée. (Dider.) Sous ces rayons brûmits,' la- fleur
tombe desséchée ; la feuille pâlit, l'heféé-tan-
gùii altérée'. (Chatèaub:)- '". '-- ^ ',*,.
1 A ce lis oiï'W,Yersei.l'ea)i qu'il implore. ', ,
i ,— Fig.'Qui désirèiardcr/îmentj.^omme^L-
téré de richesses, .altèb,È (f, 'honneurs., Un grand
prince", est .toujours, ta.ymii.. dé glaire., Çïrçy.)
Les nations ' altérées • boiront avidement la
para le de Dieu. ( Lam en n.J^ _ Est'zit- possible
d'exprimer combien je iuis-khTKRi'de' ces féli-
cites inconnues que donné la 'possession d'une
femme aimée! (Balz.) ' '. '.''■' ''' '
, ' Vois-tu ces Espagnols altérés de carnage,?, , "
r -\ V C: T!?;i-AVJ0N^- ,1 1
Mon cœur est attiré d'amour et d'espérance.
•''" "" .'.'T- ; ; '■ '" ' a: GmafenJ/',
ÀLTER EGO s. m. (al-tè-ré-gô — mois lat.
qui sigriif. un autre , moi-même). Se dit , par
rapport à un souverain, "de celui auquel il
donné plein pouvoir pour agir en -son-nom,
rét qui dévient- ainsi un autre iui-mêm'è : En
Vé'iétie,;'ilé \feid -maréchal 'Il'àdetzki- était
i'ALTÉR v.ao .de-: l'empereur,- d'Av.tricb.eï.dLei-
cester semblait fairerçhaque -jour, .des '.progrès
.dans les bonnes grâces de ,1a, reine: toujours à
ses cotés dans les conseils, admis à une intimité
'presque faniilière,, H'rèceoait -les. AoîwAî'jiS' de
tous' ceux. qui dvaièpt .quelque grâce à'attendre ;
'enfin, selon 'toute apparence, il' était Fà'ltêr
Èîodë là superbe EJisabethS {Vf 'à\ïer 'Scott'.)
Ben-Aïssa passa' ainsi ,''sàns 'transition '"'p'ar
■un de ces brusques changements de fôrtuhc si
'peu rares en Orient, du rang le plus obscur.au
grade le plus élevé de l'armée; et , à dater- de
cejàur,itfut non-seulement le lieutenant ^mais
le ministre, le confident, £'alter ego d'AAmed-
Béy: (Félix 5fornand.)'i ' • ■■ ; .- -'
',' -^ Par\ èxt. '-Personne à laquelle on accorde
'toute si confiance iiMnàj/, rfcuéiiurALtÉii'iiOo
de l' armateur-, apprit eiifyéùdè temps' la tenue
,des livrés.' (Balai) Il le recannaiticomme-son
maître, son alter' ego. (Proudh.) M. Se'chan,
-dont-le nom bienconnu se rattache- à-une- foule
■d'œuvres d'art remarquables, a pour collabora-
teur et pour altër ego sonami M.Diéterle, ar-
tisteid'un:goiU exquis, qy.e ^a(njar\ufjKture de
■Sèvres ateu Içtqr^de^lauser e'cKâppér,tfppTaci-
'.i^^/ajùrdi'.oiiôjr'ïirç'un^'^UeDarfi;)!6^
.services pendant quelqùfisahtijes. (? . do L'astey-
_riè.),-Àe 'premier de mes acolytes s'.apheldU
Amandus. f 'était mon lieutenant en piéa\,nian
ménechmè; mon altkr kgo. dans toutes, mes
affaires de caur . (Ch, Nod.) De là le besoin d'un
inventeur ldè l'inventeur : faute £avàir'trbuvé
cet homme, cet' alter ego, plusieurs hommes
' de génie sont morts de la mort vulgaire de sim-
ples mortels, et la postérité indiffèfeiiiè-tes a
laisses dormir enpaix. (J. d'Ortigue.) - ' '
' Altérer v^a^bu'ii'.. (Âirt'é-i-^-i-; dà ] làt.
alterare, morne sens ; dérivé dp alter, autre ;
change ïé fermé du radical en è ouvert, de-
vant une syllabe muetto ; J'altère. Qu'il
altère; excepté au fut. et au conditiohn., où,
l'Acad. maintient l'é fermé : J'altérerai. Nous
altérerions). Changer, modifier L'ôtatf- "ordi-
naire' d'une chose '-.Le soleit M.-iknù-les Uumicés1
vives. «Falsifier : 'Altérer 'une marchandise:'
Il leur est défendu' ^'altérer par dcsbdèï&s
la' nature' dé l'huilé, et par des couleurs' là' '
blancheur- de la laine. (Barth.)'li En parlant1
dulsty!e et dés ouvrages d'esprit-,1 Tronquer,1
mal interpréter ; corrompre : ' Alt*rkr-'u*
libre, lin diicours/ALTÉRBR un pdssaffè. Alté-
rer uritéicté. ALfÉRBR'% sty lé d'un auteur.' W
langue'' anglàhe "altère'' tout ce qu'elle ' èni-'
prùnle en voulant se l'assimiler. (Marmontet;)'
Ce- que -nous blâmons j ce spntr lemçorrçqtioiis
çuiialtèrekt le stylé du- grand, \4çrioçUn. Qf.,:,
Cousin.) - 1 / .- -, '.--■ < 1, [.[.- ii,f
: —.Particulièrem. Altérer les mqnnaieSjjjs'à
falsifier- par,' un alliage éxçqssif. VT '",
— Par ext. Exercer uneJnfluenéOvdéEavpr
rable; produire une .expression do souffrance,
d:aba{temént -^L'usagé trop fréq)mfâèï$r-
tains r^niédès -'altère le tempérament ^{T^éV.^
Lés "emotibïvs dducef èntr&içniiéiityja '.jpnté.;,
celles qui s'ont violentes' l'ALTiïmx-r. (Àugor..^
Quel sujet inconnu vous trouble et vous ni Jçœ.?, ,
,'.,'.-' ; , . ", BoaKitf. ' .
.'youspaiisséi; que) sujet vous ollérc. ? '.,;',,',
Qui' t'amtne, Grégoire? et Vu 'est;ce, qui l'altèrn'?' ,t^
J'ai chang'é'mqn humeur, aftifre' ma nature;
J'ai bu chaud, inangé froid, j'ai couché sur la durs.'
, . . Un suppftt de Bacchus " ' '•■l"i
Altcrait^B. santé, son esprit et sa bourse. \f i'i <,'
... . .i 'i ,'■ 1 ■ ,1 , i. La F0NTAii«B.,, ;/
ii Dénaturer': Altérer la vérité. Altérer*
les circonstances d'un- fait; d'un événement, 'i^n
— Fig.Affaiblir.'rUiner : Mes erreurs pas-
sées ont ALTÉRÉ mon jugement. {J.-J.'Rouss.)
Quelque amitié* qu'il w ait entre les frères et
les sœurs, il faut peu de cliose pour /'altérer-. '
(Lé S&gQ.)--NedevraienMls-pas être punis
comme empoisonneurs, ceux qui, par dès livres
infâmes,' altèrent les mmurspubl iqu,e,s^t[iASrX-
ciorO It'est naturel à l'homme rf',A.i.TKRi:R tout
ce qu'il touche. (Ampère) Les-, .révolutions po-,
litiques sont celles qui altèrent [, la form,e des
^p^uenieniente..(Porlalis.) Il n'y arien deibon
que. le mal rjie -souille, ef-,,H'AuriiRE,. (J.,,de\
Maistre.)-2Vojo de puissmice déprave la bônte],
altère toulei les jouissances dp la délicatesse:
(Mme de Staël.) Il n'y apas de ,ccmsidérations
nui doiééht faite faire tihécho$\0imit le
bonheur'dômèstiqué. (Mme dç'Salm.) L'envie',
la paressé èi l'intempérance altèrent la di-
gnité de la nature humaine. (V. Cousinv).2lQiif
ce-^M'ALTÈRE l'unité de ta science en- ébranle
la certitude. (Lamenn.J L'occupation française
A profondément altère les manièreSjiit^Jia-
bitudes de la population algérienne.- .(Askso.)
£àirvengeance, non-seulement, défigure,, 'judis
altère au fond là jus'ticé. (GuizQt.)', .
N'aiièrê pi
yt^^,„
. Et du. méchant l'abord contagieui . . • : , ■ ^
', , Wallère point, son innocence. , . Lamartine, ,.
L'œii humain n'est pas fait pour la pure clarW ; '
Point'de jour ici-bas qu'un.peu d'ombre n'a'iére.n ■
11 '',',1.,, • ". ' LAHAUT.USE. q
-, — Mus! -A Itérer un intervalle, AWssqçou
élever, une dos doux notes dont il se compose.
S'altérer, v. pr. Se modifier on- mal; sé'dés-
téripirer,- se corrompre, au pr. et.i&ft.figjf'-vie
'pin s'altère à. l'air. Tout change dans 'o,naT
'/tire, tout s'altère, ioutpérit. (ftu(î.)„'7'o^w
' lés vertus [S'altèrent sans* le concpifrs,denlfi
sagesse. (J..-L Bous's.) 'Jamais la kt>cie\té Reli-
gieuse ne s'altère que 'là' société 'p'olitil/uè ne
changé. (Chateanb.) Les mœurs, les cdUtumës
et les^usàges s'ALTiïRENTi (Lavcaux.)! Su santé
s'altérait sans que son âme s'aperçât 'de la
'décadence' de son corps. (Lamârt.) C'estle\sort
commun de toutes les langues ae.sULTÉRER
auee.le temps. (Maury.) , .. 1 - . j| :I0 U
3e crains bien qu'entre nous l'amitié ne s'altère!''- '
-, ■-■■■! ' , - .■■'.■' ' "L'A CirAÙSSÊBl"! '
Monsieur, votre visàg'e'ériiih moment s'altère, ''*' '
Et'je ferai bien niieux'peut:être de me tâiri'.
■■' ;1 '■' • ■ '■ r ' :r -i '■■ Moti'#It^:.'',1,,
' ALTÉ'RÈRy.'â.'out'r.Xal-tè-ré — iïti,'ft.iïè-
raré, dé â2ier,'.àûire). Causer, ëxçitèr^aisqif,:
La chasse altère les chasseurs et tes betès.
ÇTfèv))' Lés'salàisans. ALTÈREriT. (Acad!) 'Jh ne
connais rien qui altérb comme de ooiVff.'(Fr.
Sbuliê.) Bien «'altère comme dé ne pas' dormir,
(Alex: rjum.) '" ■ . ■' " '' ,,i'".'1
— ' Figi : L'ambition altère 'l'dmbitisiix.
(A. d'Houdot.) L'aspect de son sang- /'avait
"altéré dusàngde sùn ennemi. (Viennet.) ' ' ;
, — Antonyme.; Désaltérer'. ,, .. _: ./.i-ii'i*
ALTÉRÏTÉ s. f.<(al-tê-ri-té— AulsA^àltèr,
autre). EtàV, qualité de ce qui est 'autre, dif-
férent : Virgile parie de deux frères ^enfre
•lesquels il existait Uiie'réssemblanee si parfaite,
qu'ils causaient tous les jours à leur -mère les
plus'* charmantes méprises; ils ne' se distin-
guaient réellement qùepar'leur altÉRITs. j '(
ALTERNAIRE s. m. (al-tÈr-nè,-rô ''i-'du
lat. atlernus, alterne): Bot. Genre do çhàrti-
pigiions microscopiques, qui paraît n'être
^qti'un état particulier' des botrytis, et dans
m -M
lequerïës cellules seraient alternativement
grêles et'reriflées. '
'^alternance s. f. (al-tèr-nan-se' — rad.
(ilt'eriier)., Action d'alterner, .dè" prendre' la
pïaçe^dé celui, auquel on cè4e la sienne : Par-
donnons, ail .campagnarde d'aspirer à la ville,,
ïnqis,e)i excitant le citadin à aspirer. à'ia cam-
fiagnèy Je n[insislel pas 'sur •une appréciaiiqn
qui concorde avec un goût (/'alternance assez
générât aujourd'hui. (F. Duv'àl.);iï Succession
dë-'deûx ou deplusieurs chôsoSj'qui â'iièii par
tour et dans un certain ordre : La cathédrale
de Sentis se distingue par la lènguéûr:èxiraor-
dihmre-dn.'chœur et 2 alternance des piliers
groupés et monostyles.- (Grave.) A"Saint-Mi-
chel, en Corse, on a prétendu muter J<m alter-
nances des couleurs' régulièrement opposées
W'dàme'WPise'.'(P.' MériméV.)1 Z'e'bbMèur,
'pùur'lé'philoso-ph'è", c'est /'alternance même
'èf'-ïè'cimtras'ie dû plaisir jet 'de1 là douleur. {A'.
Giïyàrd.) 'Lis p"erles et tes.'ràsettes'en 6r;iàpis-
flàzûli et cornaline, formûien'fdès altérnà'nc'es
symétriques du goût le plus exquis. (Th. Gâùt.)
n±j .Bot. ONonr donné àla dîsîrôsili'on'que
p'réserit'eiit;:ies,vërtfcilles floraux"1 (calice, co-
rolle,' ' àndrbcée,1 > gynécée) lorsque les ' • pièces
'de'chacrue vèrticifle sohVplacëes vis-à-vis des
intervalles de celles du verticillê'qui précè'de
diifqui' sticcèdé immédiatement.: 'La superpo-
sition est le contraire de l'alternance; dans
Jai.vignei.lesi étamines.sontjjupffl^KweVïB aux
■pétales > parce que chaque étamine s'insère
.exactement de.vant ,un pétale, .tandis. que,
dan^-laiviolette, les étamines sont, alternes
ayee les. pétales.. Valternance est la loi, la su-
perposition l'exception. La'; loi ^.'alternance
pe.ul:être. masquée par les phénomènes .dési-
gnés sous les :noms de dédoublement, disjonc-
tion,: avor.tement. (V. ces. mots.) La loi A'alter-
,-nance s'applique aux verticilles de feuilles
•comme, 'aux. -verticilles flçraux. il Succession
naturelle de diverses espèces végétales (sur
un sol non cultivé : X'ALTEiîNANÇEestua^Ae-
norpène, constant et, une loi [de na'ture 'que' l'on
observe, dans les forets aussi bien que dans lés
prairies; elle 'a dû donner' l'idée' première des
assolements. (Lecoq.) Il est' quelques' végétaux
'q\h semblent se soustraire au bèsnirià'e>l'/tL-ÀiR-
certoihes localités: (Dict:'d'agriclt]t.) " '•'-'
A,~ Gébl. Disposition qu'on observe dans les
'dôpôts'.'straiiflês^lorsque les différentes roches
'doni'ils -sont' composés forment' des' couches
. quiJl&e' 'succèdent •plusieurs' fois-'entré elles
su'r\inev' certaine 'épaisseur' • ^'alteKnà'n'ce
des'éoûches solides et des marnes. (D'ufrén.) la
cimpbsitiondes terrains houillers est wïèxemple
rekarquàble de /'alternance '-de J gras , de
st'fUstes'è't de charbon. (C'.-Prév.) 'jC'alter-
^ançe des" formations 'marines et'' d'eau douce
suriime grande ou sur une petite échelle est un
fait bien constàtéengéàltigie. (Ch: Lyëll:)!'
; 4lALTEBNANT (al-tèr-nah) pârtr ptés7dn v.
.Alterner ': Rien 'de plus délicieux que ces champs
d'or et dé poufpre, alternant 'avec de magni-
fiques bMquéis'dê'v'erdùré.- (J.-J.'Rduss.) ' Ce
'Coffret renfermait ùnc'ollier cmnposê d'an)iéàux
•d'ivoire, alternant avec desperlés 'd'or, de
lapis-lazuli et de cornaline. (Th/Gaut.) -
t •■ALTERNANT, ANTE'adj. (al-tèivrïah7 ân-te
— rad. alterner). Qui'allèrnè'-Oeua- profes-
'seuri qui font Uôûré tour le même cburb Sont
des'-professeiirs alternants. (Littré.J'OaW'ia
gëncràtibn alternante,' c'est le petit- fils qui
ressemblé a '■ là ' gràiid'mêre, non le -fils ■ à Ha
■nwrelifFuPillon:),» ■... ! • "ji;-, i ■ -
alternante. s. f.' '(al-tÔMiàn-te -^'rad.
plteriner). rjiom, donné par Ch. îFqumcM une
tWS (togis.pa^sions .qu'if , appelle, disifibu^ves -:
P^T^^MT^ f.sk le. besoin, de -p/friété pério-
.di$w,.fitua(ions..conlr(wtées,\changèmenissoie
scène,, incidents piquants, nouveautés, propres à
tfêerjiltusion, à.'stimulerà ,l,a fois- les sens et
i>w.,.(vpUripr.) .,, .; .■■;.,■,;■ , ;î •„■; .;, ,
'ALTÈrnan.thère - s-,f. : (al-tèr-nan-tè-ro
■— du:lat. alternus, olïcTn&yanthéra, anthère).
Bot. Genre ;de, plantes do la famille des ama-
rantacées,.et.de la tribui des gomphrénéës,
renfermant, une .vingtaine d'espèces herba-
cées, la-plupart originairos delà -zone, équa-
.toriale. |; ,, ■ . ,, ..,■ :, ■...!■.. î.-.;, H-, .,^.1 .-, m, ; '
^-rALTERNAT^s.m. (al-tôr-na.— -râdi.iftiïe^
;rii?r-)i©rdre dans.lequel des choses différentes
■se'Succôdcnt plusieurs fois .entre- elles avec
■régularilé1: lly a,<dans un tel-ordre, alternat
des passions et de- la'raisonl (Fourier.) Alter-
Kw.perpétuel, mobile imaqe de: ce , qui' -passe
■dans. lœ vie. (Val. Parisot.) •■ -, ■, • .-.•..■;.
ï.if-11 Agric."Culturè''alternâtivë V-Ctst à î'àl-
t-ërna't que l'Angleterre' doit la prospérité de
'son agriculture. ' (Di'ct: de la.Conve-s.) La
-terre mêrie-oèut1 des alternats' de semailles,
et la semence veut des alternats "tfe terrain.
'(Fourier,) • '■:' )>,' ••_• _:<■ < ■■ : ' '- ■ '
J,',~'1 Polit. Privilège 'en-vertu duquel plu-
'^H^'ijH'/^^ÏPÎus'éùrsvillès'deviennènt
siiccessivéhiént'lè siège' d'ùri gouvernement
5? ,d>tiné administration1 : Dans l'ancienne
Perse; Sùse et Jicbatàne déliaient jouir du droit
'^'alternat,' car le roi passait l'hiver dans l'une
'et. Vête dans l'autre de ces uii/e*. il Droit en
yertu duquel plusieurs Etats, pour conserver
entre eux l'égalité, prennent tour à tour le
premier rang, par cxemplèj'dans la signature
Ses traités : Par, suite d'usages remontant aux
dfrniefssiècles; lés tètes couronnées ne voulaient
pas accorder aux républiques ce' qu'on appetle
rALTERNAT,'c'di-à-if.Ve le droit pour un Etat
de, placer sa signature en tête ' des ' traités
échangés par lui. (Journ'.)
'ALT.
ALTERNATIF, 1VE adj. (al-tèr-na-tif, i-ve
— rad. alterner). Qui a lieu tour à'tour et avec
une certaine continuité : J'entendais le braie-
ment dés ânes, le chant du coçj le ' bruissement
des feuilles", lé gémissement alternatif d é la
mer. (Lamart.) Ce portail était presque dé-
truit par l'action alternative du coleil et de
l'a 'pluie. ( Balz. ) Une déclamation naturelle
n'est vraisemblable et pathétique qu'à la con-
dition d'avoir des nuances alternatives de
calment de repos, d'abattement et d'emporte-
menf.i(G:Sand.)'' i - *• ■
— ' Office alierîiàtif, chargé' alternative,
Office'j chargé, exercés successivement par
'déX'peréohnès 'qui'entreht en fonction tour à
tour: H Se dit' a:ussi dès personnes qui ont'ces
sortes de charges : Dans l'ancienne organisa-
tion administrative, où la vénalité avait' mul-
tiplié lés" charges, il y avait 'des trésoriers
alternatifs, des secrétaires alternatifs. ' .
' — Mécan.' Mouvement alternatif'Celni qui
à Iiëu'.'tantôt 'dans un' sens, tantôt' dans un
autre,' et régulièrement , comme celui d'un
piston dans le" cylindre d'une machine à va-
peur, ou celui dun pendule 'oscillant autour
ali'ppiiit d'attaché de sa tige : La plupart dés
machinés ont un, mouvement alternatif. 'La
systole et, la diastole du cœur ' sont 'deux moii-
vèûénts Alternatifs. (Acad:)' '.' '
-^ Bot; Qui' est a l'état d'alternance. V. ce
njpt-.ll pétales alternatifs, Ceux qui Font in-
sérés .'.aux, points , qui sépareritjîes lobés du
calice. ., Il Pré/loraisoh alternative; Mode de
préfloraisoh'quo présente la corolle quand les
pétales s>nt sur deux verticilles, et.que ceux
du. .vef.ticïlle extérieur s'appliquent sur ceux
dû veriiciile intérieur comme les tuiles d'un
.toit. r ^j;, ./. ','.'.'',.',,... '.. ,
,,.7- Agric' Culture alternative, CvltmQ faite
en alternant. ; ■ . , ■ .
î. 4- Log; Proposition alternative, Proposition
par laquelle on énonce deux choses opposées,
dont rune ou l'autre doit avoir son effet :
Ex.::// faut manger ou mourir de faim.
— Jurispr. Obligations alternatives, obliga-
tions formulées dans. uno convention, et-.parmi
lesquelles, on peut choisir colle qui convient
le mieux. Ex. : Ou vous me donnerez cent
francs, ouvous me donnerez un&jvaleurT égale
en marchandises, ouj vous "me 'signerez 'un
mdndài'.' -'''■■ . „ • ...
^.ALTERNATION s", f. (aîTtèrrna-si-on -^'rad'.
dUe'rqer). Action d'alterner ; résultat' de cette
action • Z'al'tÉrnation d'un mouvement. L'al-
TÉRNÂTioN.ii'ufté chargé. 2,'alternÀtion' d'une
culture: j'observais, je suivais les altercations
d'dllée'ét de venue de l'ombre! (Saintine.)
.'alternatipenné, ÉÉ adj. (al-tèr-na-ti-
.pénn-né -r- du'lat. alternâtes, alterné, et fr.
»enVie)."Bôt." Se dit des teuilles pennées dont
les folioles sont alternes sur le pétiole com-
mun, il. 'On dit aussi alternipenné.' • ;
ALTERNATIVE s. f. (al-tèr-na-tï-ye — rad.
alternatif).^ Succession ,dc, choses qui. revien-
nent jburfà tour,:, La vie, est une alternative
de peines et' de plaisirs, 'de craintes et •d'éspé-
rançes.^Toute,lQ\ vie du cerf se passe dans des
alternatjves de plénitude cl d'inanition, d'em-
bonpoint ', etdeniaigreûr, sans que ces, opposi-
tions si marquées et cet état toujours excessif
altèrent ja constitution. (Buff.) Il] faut, à nos
organes des alternatives d'exercice' et 'de re-
pos: (Maqtiel.) ' Depuis quatre ans, les trois
'familles' vivaient en de continuelles alterna-
•iiVÉsysé croyant tantôt-riches; tantôt déshéri-
tées. (Balz.) Toutes ces alturnatives avaient
confondu-son jugement et' brisé. ison- cœur:. (G.
■Sand.-) L'Espagnol ne comprend guère que I'm.-
.tkrnative <îu :r*e/>as ct-du combat. (Ampère.)
il Extrémité fâcheuse .ou- l'on. est réduit,: et
OÙ, il faudrait fairoun choix auquel on-.n'a pas
encore eu Je courage de se résignerj La vie
se passe, la conscience s'use, la sensibilité au
bien s'éteinL.Dieu se lasse, l'éternité approche,
le moment décisif arrive et nous -surprend en-
core dans ces tristes alternatives: (Mass.) il
(Acad.) , Une grande nation n
que cette. seule alternative : conquérir ou
civiliser'. .(E. de Gir.) , . . ' _ ,
Çlest moi <jue je dois perdre en cetfe giternaLive-
'_ ALTERNATIVEMENT adv. (al^tèr-na-ti-vé-
'nïah — rad. alternatif)., Tour à tour, l'un
après l'?.ûtre : Faire un service alternative-
jMent. Uiie force puissante abaissé alternati-
vement, /e.v flots et fait un balancement de la
masse totale des mers en les remuant jusqu'à
~Ja'pius'gràMép'rofondeur.{Bfâ.)'Ilm'anœuora
'ALTEiÏNAfrvEMENT sur les deux-rivès du Pô.
'(iSiàp'ol.* fér.) Comme cet hdmmé sait bien ce
qui n'eut devenir alternativement faux et
vrai! (Napol. 1er.) Chacun 'tenait le piano
alternativement. (G'. 'Sand.') Le poète fran-
çais Bôuchet eût le premier qui mélangea alter-
nativement des rimes masculines et des rimes
féminines. (L.-J. Larcher.) Quatre généraux
dé division commandaient alternativement.
(Thièrs.) ' ■:..-.■'.
ALTERNÉ adj. (al-tèr-ne — du.lat. alter-
nus; formé de alter, autre). Géom. Angles
alternes internes, Angles situés en dedans
de deux parallèles, d'un côté différent de la
sécante, il Angles alternes externes, Angles
situés en dehors de ces parallèles et d'un côté
différent de la sécante.
— Bot. Se dit des feuilles ou dés fleurs qui
ALT
croissent des deux côtés de la tige ou des
branches, mais qui ne sont pas en face les
unes des autres ; à la différence des feuilles
opposées, qui naissent de doux points corres-
pondants : les feuilles du rosier et de l'orme
sont alternes. Dans ce sens, alterne se dit abso-
lument, n Ce mot se dit aussi des feuilles ver-
ticillées et des pièces des verticilles floraux,
lesquelles sont situées vis-à-vis des intervalles
Alterner : Leurs fonctions devaient être /
JÏÉES Joutes, les semaines. " ', "'■'..
, ...— Bla's. Se dit de la situation des quartiers
ou .des figures qui y correspondent : pans l'é-
iàriele, le premier et le quatrième quartier
sont alternés. (Trév.) • ' '
: ÀLTERNÉMÊNT s. m. (al-tèr-ne-mari' ~
rad. alterner). Action d'alterner : L'instru-
ment poétique n'était point formé; il le dé-
rouilla j enseigna aux poètes /'alternement
régulier des vers masculins et féminins. (Ph.
Chasles.) • • . '
''ALTERNER v. n. ou iritr. (al-tèr-né — lat.
alternare, même sens ; formé de altcr, autre).
Remplir une même fonction à tour de rôle :
Ces deux employés alternent toùs_ lesquinse
jours, tous les mois. Ils alternaient pour la
surveillance des travaux. Dans certains jour-
naux, -plusieurs écrivains alternent pour la
rédaction du courrier ou de la chronique, n Se
répondre en conversant : Conversion de l'usur-
pateur.' murmura le duc, regardant le roi et
d'André, gui alternaient comme deux bergers
de Virjiïe.. (Alex. Dum.)
— En parlant des choses, Se succéder avec
une certaine régularité : Dans une sorte d'al-
lée de ceinture qui permettait dp faire 'le tour
de l'enclos, les palmiers alternaient avec les
sycomores.- (Th. Gaut.)
— Bot. Se -dit des organes qui suivent la
loi d'alternance :' Dans beaucoup de fleurs, les
pétales alternent avec les étamines. (Acad.)
— Agric. Faire produire successivement à
un môme terrain des récoltes différentes :
Quand on alterne sur une prairie peu dégra-
dée, on est sûr d'avoir plusieurs récoltes abon-
dantes et consécutives. (Dict. d'agric. prat.)
Les peuples qui s'appliquent le plus à l agri-
culture et qui l'erdendent le mieux ne manquent
jamais ^'alterner. (De Morogues.) Les cé-
réales alternent avec les prairies artificielles
et les cultures sarclées. (Locoq.)
. — S'empl. activem. dans ce dernier sens :
L'ordre dans lequel' il convient ^'alterner la
culture d'un' champ constitue l'assolement.
(L'abbé Rozier.)
,".. ÀLTERNiFLOREadj. (al-tèr-nt-flo-re — du
lat. alternus, alterne ; flos, /loris, fleur). Bot.
Dont les fleurs sont alternes.
ALTERNIFOLIÉ , ÉE (aUèr-ni-fo-li-ô —
du lat. alternus, alterne ;folium, feuille). Bot.
Dont les feuilles sont alternes.
Àlternipède adj. (al-tèr-ni-pè-de — du
lat. alternus, alterne : pes, pedis, pied). Zool.
Qui' a les pattes alternativement de deux
couleurs différentes. '
ALTERNIPENNÉ adj. V. ALTERNATIPENNE.
alternitÉ s. f. (al-tèr-ni-té — du lat.
alternus,, alterne). Bot. Se dit de la disposition
dé certains organes qui alternent autour d'un
centre, cqmmun. .
alterquer v.-n. ou tr. (al-tèr-ké — du
lat. altercari , prendre la parole - dans une
altercation). Avoir des altercations : Il n'y
avait pas moyen de beaucoup alterquer là-
dessus devant le tiers gui nous écoutait. (3.-1.
Rouss.) il Très-peu usité.
ALTESSE s. f. (al-tè-se — du lat. altissi-
mus, superlat. de alius, haut, élevé). Titre
d'honneur qui se donne aux princes, et sur-
tout aux princes du sang : Altesse royale.
Altesse sérénissime. Le titre ^'altesse était
porte par presque tous les souverains de l'Eu-
ropt, jusqu'au moment où ils prenaient celui
de majesté. Si votre altesse a mai,gé goulà-
meni, je puis délerger ses entrailles avec de la
casse et des follicules de séné. (Volt.) A moi,
Votre Grandeur.' ma foi, s'il va jusqu'à /'al-
tesse, il aurajoute ta bourse. (Mol.) Il Se dit
aussi de la "personne qui porte ce titre : Je
me suis trouvé, disait un quaker, avec une
excellence et une altesse. (Ste-Foix.)
quu:
ner de V
Peste! quelle richesse!
En entrant, j'ai manqué de te traiter d'altesse.
. jP..DELAVICHE.
■ — Par compar. et par plaisanterie, Ceux
qui sont au premier rang : Les altesses de
la finance. Les altesses du barreau. Les al-
tesses financières brillent maintenant au pre-
mier rang. (Scribe.)
— Encycl. Hist. Les rois de Castille, d'Ara-
gon et de Portugal, ont porté le titre a' ait esse
jusqu'au xvie siècle. Charles-Quint, roi d'Es-
pagne, le porta jusqu'à son avènement a l'em-
roisd'.' „ . ' "
d'Espagne jusqu'à Charl
France jusqu'h"Louis XI, n'ont point eu d'autre
titre. Quand les rois de France eurent adopté
ÂLT
le titre de Majesté, celui d'Altesse fut donné
d'abord à leurs frères et à leurs enfants seule-
ment. En 1633, les aines de la branche cadette
de Bourbon prirent le titre d'altesse royale, et
sous Louis XIV, le titre à'altesse ayant été
étendu aux princes légitimés, le prince de
Condé prit, pour s'en distinguer, le titre à'al-
tesse sérénissime. En Allemagne, les princes
souverains, tant séculiers qu'ecclésiastiques,
prirent également le titre à'altesse a 1 epogue
où celui de majesté prévalut pour les rots. Les
princes investis d'éleotorat étaient qualifiés
a'altesses électorales. Aujourd'hui, sauf quel- '
ques exceptions, le titre à'altesse royale ou
impériale appartient à tous les princes issus
en droite ligue d'un roi ou d'un empereur, et
celui à'altesse sérénissime à leurs collatéraux.
ALTH^A s. m. (al-té-a— mot lat. tiré du
gr. althaia, même sens). Nom scientifique de
la guimauve..!! On dit aussi altiiée.
ALTH/EASTRE s. m. (al-té-a-stre — du gr.
althaia, guimauve). Bot. Section du genre al-
thœa ou guimauve. '
ALTHAÏR. V. ALTAÏR.
AI.THÉE, mère de Méléagre, dont elle causa
la mort en jetant au feu, dans un moment de
colère, le tison auquel étaitattachée l'existence
de ce fils. Elle se tua de désespoir.V. Méléagre.
. ALTHÉINE s. f. (al-té-i-ne — de althœa,
nom latin et botanique de la guimauve).
Cbim. Nom donné par quelques chimistes à
l'asparagine, parce que cette substance a été
trouvée dans les racines de guimauve. V.
Asparagine.
ALT II EN (Jean), agronome, né en Perse
en 1709, mort en France en 1774. Fils d'un
gouverneur de province, il fut enlevé, en-
core enfant, et vendu comme esclave. Pen-
réussit enfin à s'évader, et se réfugia auprès
du consul de France à Smyrne, oui le fit pas-
ser à Marseille, où il porta de la graine de
garance, en jouant sa tête, l'exportation de
cette graine étant alors punie de mort en Tur-
quie. Après de nombreuses sollicitations inu-
tiles pour obtenir l'appui du gouvernement
dans le but de réaliser les idées fécondes qu'il
nourrissait, il eut la chance d'épouser une
jeune Marseillaise qui lui apporta soixante
mille francs de dot. lise rendit alors lui-même
à Versailles, eut une audience de Louis XV,
et r%çut la mission d'introduire un nouveau
système de culture et de fabrication de la soie.
Mais bientôt, abandonné par le gouvernement,
il avait épuisé à peu près toutes ses ressources,
lorsque, frappé de 1 analogie du climat et du
sol du comtat Venaissin avec ceux de l'Ana-
tolie et de Smyrne, il réalisa les débris de sa
fortune, et tenta la culture de la garance dans
les environs d'Avignon. Ces essais réussirent,
et le département de Vauclnse produit aujour-
d'hui pour plus de vingt millions de, garance par
an. Quanta Althen, il véfcut pauvre, et, pour
ainsi dire, recevant l'hospitalité de la famille
de Seyters-Caumont. Il laissa une fille unique,
qui mourait à l'hôpital en 1821, au moment où
le département de Vaucluse votait à son père
une tablette commémorative qui fut placée
dans le musée Calvet, à Avignon. Depuis, en
1846, on a érigé une statue a Althen sur le
rocher de Notre-Dame des Doms.
ALTHÉNIE s. f. (al-té-nî — de Althen, nom
pr.). Bot. Genre de plantes de la famille des
naïadées, voisin des zanichcllies, et dont l'u-
nique espèce est une petite plante qui croît
dans les étangs dumidi de la France.
ALTHÉRIE s. f. (al-té-rî -*- altérât, du mot
walteria). Bot. Genre de plantes de la famille
des sterculiacées, tribu des buttnériées, ren-
fermant une seule espèce, qui croit à Mada-
gascar.
ALTHIONATE s. m. (al-ti-o-na-te — rad.
althionique). Chim. Sel formé par la combi-
naison de l'acide althionique avec une base.
Valthionate d'ammoniaque forme de petits
feuillets déliquescents. Valthionate de baryte
présente des groupes sphériques de prismes
très-fins et rayonnes. Valthionate de chaux
no cristallise pas. Valthionate de cuivre est
d'un vert pâle et cristallise en lames rhom-
boïdalcs très -minces. '-
ALTHIONIQUE adj. (al-ti-o-ni-ke — de al,
abrôv. de alcool, et du gr. theion, soufre).
Chim. Se dit d'un acide quo l'on obtient en
chauffant de l'alcool avec un excès d'acide
sulfurique jusqu'au moment où il se dégage
du gaz olénant.
ALTHON-SHÉE (Edmond, comte d'), homme
politique français, né en 1810, entra à la
Chambre des pairs en 1836, et figura pendant
plusieurs années parmi les orateurs dynas-
tiques et ministériels. Vers la fin du règne de
Louis-Philippe, ses études et ses méditations
le portèrent a embrasser les opinions démo-
cratiques et révolutionnaires , qu'il exprima
dès lors hardiment à la tribune de la Chambre
haute. Ses nobles collègues l'entendirent avec
stupeur faire l'éloge de la Convention, appeler
Metternich un vieillard cruei et corrompu, le
duc de Modène un Néron en raccourci, et dé-
clarer, à propos du Sunderbuni, qu'il n'était
ni catholique ni chrétien. A la révolution de
février, il s'arma comme garde national en
faveur du mouvement, fut nommé colonel
d'une légion de la banlieue, joua un rôle actif
dans toutes les agitations, devint un des
membres influents du comité démocratique
ALT
socialiste pour les élections, fut porté lui-
même à Paris comme candidat à la représen-
tation nationale, et obtint un nombre considé-
rable de suffrages, mais manqua de quelques
voix pour être élu. M. d'Althon-Shée, par .ses
talents, par son ardeur, par la notoriété qu'il
avait acquise, semblait destiné à remplir, un
rôle politique important; mais la rapidité des
événements et les circonstances ne l'ont pas
permis. Depuis le 2 décembre, soit découra-
gement, sort plutôt scrupule de «ins™nM «
fidélité a ses convictions, il vit
traite absolue. ... - ■ " ■ .
ALTHORP (lord). V. Spencer. ' '" i
ÀLTICOPE s. m. (al-ti-to-pe — - du gr. àlti-
kos, agile ; poiw, podos, pied). Entôm. Genre
d'insectes coléoptères tetramères, dé la tribu
des charançons, dont l'espèce typésé-Ttroùve
dans diverses parties de l'Europe. ' ■ v
ALTIER, 1ÈRE âdj. (al-tié, iè-re — du lat.
altior plus élevé; IV ne se lie jamais avec la
voyelle suivante). Qui- a de l'orgueil,- de la
hauteur : Prince altier. Louvois était dur et
ai tikr. (Volt.) Elle se montrait tour à tour
altikre et protectrice, tendre et flatteuse.
(Balz.) - '
Ce prélat, sur le banc de son rival àltiér.
Peux fois le reportant, l'en couvrit tout entier.
Peut-être on t'a conté la fameuse disgrâce ... .
De Valiiére Vasthi, dont j'occupe la place. ,
Racine. , ,
Le Jourdain ne voit plus l'Arabe vagabond,
Ni l'allier Philistin, par d'éternels ravages, , . . \ .
Comme au temps de vos rois, désoler ses rivages. ;
al,t/
re!
Il Qui marque, qui indique l'orgueil : Carac-
tère altier. Humeur ai.tiére. Sa démarche
était fort altikre. Incapable de ces passions
ALTiiiRES et véhémentes gui sont presque les
seules sources du sublime. (Vauven.)t
Lève, Jérusalem, lève ta tête alliére.
De l'aigle un grand géi
Ce perruquier superbe
ie a le coup d'œil allier.
st l'effroi du quartier,
Boileau.
cette altiëre sagesse,
— Syn. Allier, dédaigneux, fier, haut, hau-
tain, impcrieui. Le dédaigneux vous méprise,:
Qu'ils étaient dédaigneux et qu'Us méprisaient
les autres hommes ! (Boss.) Le fier ne se fami-
liarise pas : Fier comme un gentilhomme. (La
Harpe.) On homme haut domine Ou veut do-
miner : Les grands, les supérieurs, les maîtres
sont hauts. Le hautain marque ou respire de
la hauteur : Une mine hautaine, h'altier nous
intimide et veut nous asservir : Pie V fut un
être obéi : Il a
festin. (Fén.)
ALT1EIU. (Luigi d'), prélat italien, né à
Rome en 1805, commença sa carrière ecclé-
siastique et politique par les fonctions dé pré-
lat servant du pape Léon XII, présida a la
direction des études dans les Etats de l'Eglise,
représenta la cour de Rome à Vienne comme
nonce apostolique après son élévation au car-
dinalat (1840), occupa la présidence ,de la
Comarca ou aepartement.de Rome, et fut l'un
des commissaires extraordinaires qui, de .1819
a 1S50, furent chargés du gouvernement par
lo pape Pie IX, retiré k Gaete.
altiloque adj. ( al-ti-lo-ke — du lat.
altus; élevé ; loquor, je parle). Ornith. Se dit
de certains oiseaux à ramage très-bruyant.
ALTIMÈTRE s. m. (al-ti-mè-tre — du lat.
altus, haut, et du gr, metron, mesure). Instru-
ment pour mesurer la hauteur des objets.
ALTIMÉTRIE s. f. (al-ti-mé-trî — rad. alti-
mètre). Mathom. Partie de la géométrie pra-
tique qui a pour objet la mesure des hauteurs
accessibles et inaccessibles : Les instruments
communément usités en ai.timétrie sont les
jalons, le graphomètre, le théodolite et le baro-
mètre.
ALTIMÉTRIQUE adj. (al-ti-mé-tri-ke ■ —
rad. a'.timétrie). Mathénr. Qui a rapport 'à
l'altimétrie : Procédés altimétriqubs. Opé-
rations altimétriques.
ALTIMÉTRIQUEMENT adv. (al-ti-mé-tri-
ke-man — rad. altimélrique). Selon les règles
de l'altimétrie.
ALTIN s. m. (al-tinn). Métrol. Monnaie
russe qui vaut 12 cent, environ.
ALTINGAT s. m. (al-tain-ga). Nom que
les alchimistes donnaient au vert-de-gris.
altingiacÉ, ÉE adj. (al-tain-ii-a-sé —
rad. altingie). Bot. Qui ressemble àl'altingie.
— s. f. pi. Famille de plantes qui ne se com-
pose que du soûl genre liquidambar- et de
trois espèces ; elle a été créée par Blume sous
le nom de,balsamifiuées, auquel Lindley a
substitué celui d'atlingiacées.
ALTINUM, ville de/ancienne Vénétie, dont
les habitants, lorc de l'invasion d'Attila, se
retirèrent dans Tés lagunes voisines, où convr
mença ainsi & s'élever la moderne Venise. . ,,
ALTIOSJ-surnom de Jupiter, dont un temple
s'éleyaiji au milieu du bois sacré d'Altis, près
d'Olyjrrpie. C'est dans ce bois qu'était l'atelier
de, ?hidias, -dans lequel il exécuta sa -célèbre
statue de Jupiter; ■• -<■•-. :i. ' .-. ■.' '.<[-'.
• ALTIQÙE s.' m. :(àUtî-ké— ' dugr. dliikos,
sauteur). • Ichthybl. Nom donné par Cbjri-
merson à un poisson crue Cuvier a 'nommé
salarias. ■ . .•■ ' >. •■- . ?;.' *f.'i~i r.iA.
ALTlROSTRE adj.' (al-ti-ro-strè — dù'lat:
altus, étendu; rostrum , bèc)'. Ornith. Se 'dit
des oiseaux dont le bec est plus large que long.
— ■ s.'rn. pi. Section de la.ciassé'dès 'grim-
peurs. ' ,',•-,.'/ '>.''••(> >'i.< '•'' 'i--'.'
ALTIS. Bois consacré à Jupiter, aux^nyi-
rons 'd'Olyhipie, et près duquéron' 'célébrait les
jeux Olympiques. ,. ' u,
ALTISEs. f. (al-ti-zé -^ du gr. àltikos, sau-
teur). Èntom, Genre d'insectes coléoptères
tetramères, dont plusieurs espèces sont.co'im-
munes en France : jL-'altise des potageçs/ait,
depuis le commencement d& ce sièclé\'aè grands
dégâts dans les vignobles dû Midi': ' ..' , ' ,
- — Encycl. Les altises, qui appartiennent à
la tribu des chrysomélides ou cycliques , sont
de très-petits insectes, qui, malgré.les particu-
larités intéressantes que présentent leur orga-
nisation et leurs mœurs,passeraient inaperçus,
si les dégàtsaqu'ils' causent n'avaient depuis
longtemps appelé sur eux l'attention. Les es^
pèces sont assez ■ difficiles' à distinguer- pour
tout autre qu'un entomologiste.exercé ; mais
toutes ont à peu près les ;mêmes .mœurs, et
produisent les mêmes ravages., ....-• . i
Le trait le plus remarquable de l'organisa-
tion des altises, c'est la faculté qu'elles pos-
sèdent de sauter, dès qu'on 'les touche, à>£a
hauteur (prodigieuse. pour leur taille) de 40 cen-
timètres. Souvent une plante en est entière^
ment couverte; vous y touchez. à peine; elles
disparaissent, subitement. Elles exécutent ce
saut au moyen des muscles vigoureux de leurs
pattes postérieures. Cette analogie, qu'elles
présentent avec les puces, leur a fait donner
les noms vulgaires de puces de terre, pucerottes
et pucerons, bien qu'elles. vne ressemblent en
rien à ces derniers insectes! On les appelle
encore tiquets et alirettes. , \
, Les altises vivent particulièrement sur les
choux et les autres plantes de la famille des
crucifères ; on en trouve aussi sur les malva-
cées,,la vigne, les polygonées,, les saules, la
capucine , etc. L'espèce la plus connue , est
Yaltise' bleue ou' altise des potagers, qui se
distingue facilement des autres par sa cou-
leur d'un beau bleu- verdàtre et' 'son éclat
métallique. • !','"'■''
h'allise bleue' vit pendant l'hiver,' à l'état
d'insecte parfait,- parmi' les -gazons*,- dâ'nVles
trous des mursj-sous les lambeaux a' demi sou-
levés de la vieille écorcè de vignes! Elie pa-
rait, à cette époque, se passer.presque eutière-
ment de nourriture. Il suffit d'une journée .un
peu chaude pour que quelques altises se jettent
sur les plantes qui végètent dans cette saison.
Mais c'est, au printemps surtout que ces/in-
sectes quittent leur retraite pour commencer
leurs ravages. J '■'"'" ::--'
On a employé, contre ces redoutables enne-
mis, divers moyens de préservation ou dé
destruction, qu'il est impossible dé décrire ici.
La chasse des larves ou des insectes parfaits
est' encore le moyen qui. donne les meilleurs
résultats. Elle a lieu de préférence le. matin,
quand les altises sont encore engourdies par
la fraîcheur de la nuit. Dans le Midi, ce sont
les femmes et les enfants qui sont chargés de •
ce travail, . . . l . , ..-,--.-,.
ALTISSIME adj. (al -tiss^si-.me — lat.
altissimus, superlat. de altus,' élevé).- Très-
élevé, très-puissant :- Ne donnes point- en
apanage à des princes altissimes et richissi-
mes les forêts de l'Etat, qui sont le patrimoine
des pauvres. (Cormen.) il II ne s'emploie guère
que par plaisanterie.
ALTISTE s. m. (al-ti-ste — rad. alto). Mus.
Chanteur qui exécute la partie d'alto dans les
chœurs. ,
ÀLTITONN ANCE s. f. (al-ti-to-nan-se — du
lat. altus, hautj tonans, qui tonne). Titre
burlesque donné a Jupiter par Scarron, et qui
marque le pouvoir qu'avait le maître des
dieux de lancer la foudre. C'est une traduc-
tion plaisante de cette périphrase : Jupiter
tonnant: . , ■ .
Puis, la suprême altitonnance, ,
Ayant deux ou trois fois toussé,
De son trône d'or haut placé.
Se mit à parler de la sorte...
Scarron. '
ALTITONNANT, E adj. (al-ti-to-nan — du
lat. altus, haut; tonans, qui tonne). Epithète
donnée à Jupiter, comme dieu du tonnerre,
ALTITUDE s. f. Çal-ti-tu-de — du lat. alti-
ïudo, hauteur). Elévation verticale d'un lieu
au-dessus du niveau de la mer : Un lieu quel-
conque de la terre est parfaitement déterminé
quand on cannait sa latitude, sa longitude et
son altitude ou hauteur absolue. (Dict. de la
Convers.)
— Encycl. Météor. La température de l'at.-
nosphère diminue à mesure que l'on s'élève
.., ,i „ ,i.. -:-™,Uçieia mer: c'est ce qui est
démontré par jles^neiges^gerpétuelles. ^qnjt^les
hautes montagnes sont recôuvertes",'çt par. les
observations th.ermométriqûes faites à diverses
hauteurs. La loi -suivant, laquelle, s'effectue
cette décroissance ..de. lia température , njest
encore, connue' que très-imparfaitement;' elle
paraît .dépendre , de, conditions assez diverses.
Qn a, observé, en .général;' un l'abaissement dé
température" de l degré pouriinjaccrpissénjent
de hauteur d'environ. 180 mètres! \ ^ .nAV
• .L'influence de Y altitude sur la. température de
l'atmosphère se manifeste par les. changements
successifs, qu'on observe dans ia. .végétation
lorsqujon gravit une.nipntag'ne. .CeSjChangeT
ments sont précisément çeiix.qu'.qnj.encpntrej
rait en partant du pied de l'a. montagne èten
se dirigeant, à travers les pays de plaines, vers
le pôle. .'En gravissant^ .par. exemple, le, durcir
boràçôqui est situé dans là .chaîne, des, Anijes,
au voisinagede l'équateur, on trouvera d'abord
la.végétation.proprè aux régions équatoriales,
puis celle de, là zone tprride, .celle des zones
tempérées, celle des'zoh'és glaciales, et la ré-
gion dès. neiges perpétuelles. H faut remarquer
que.cette, dernière; région doit.riéçessair'èmênt
commencer' a une ÀltiÛde. d'autant moindre
que là'montàgne est & ùiie latitude plus élevée.
Ainsi à.'QuitOj'près dé l'équateur, la limité^ ii>
fèrieurè des' neiges. përpètiielles est k,'4JS0l0,
dans les Alpes à 2,700, et dans lés montagnes
de l'Islande à 936 mètres. ■■■•'.■, ( ■'
•: L'influence 'de Yàltiiùde'sùv la température
de râtmpspnèré reconnaît-pour 'cause le'jaju-
vbir'diithermane de Tairj'qmV'd'uriè part',',aug-
inenté à mesure'que sa densité dimihuej et qui',
d'autre 'part, varie'sélbn qué1àr'chaléuf ' inci-
dente 'est -lumineuse ou'oDSCure.'L'iir étant
d'autant plus diathermâhe qu'il est moins'densè',
les couches supérieures de l'atmosphère absor-
bent moins de rayons calorifiques que lés cou-
ches voisines du' sol. L'air étant, «comme le
verre, très-peu diathermaue pour la chaleur
obscure, les couches inférieures ■ de ^'atmo-
sphère s'échauffent au contact du soi, et rie
laissent pas. parvenir aux couches supérieures
la chaleur qu'ils en reçoivent, -,i| * i.
. AiTITUDlNAt, AEE adj :■ (al-ti-tu-di-nal —
rad. altitude): Qui appartient,1 qui a rapport
à l'altitude. ' ' ■" ■ ,*• ' •' a- '•' '■' '\
'ÀLTivo*LEadj."(aÎTtï-yo-lb -^ du lat. altus]
élevé; volo, je vole). Ornith'.' Qui vole,, qui
plane très-haut dans les airs.
'— Bot. Se dit'de^uelqu'ë^'^âhH^s'gri'ra-
"pa'ntes'qùi s'élèvent k une grande; bauteur? "
ALTK1RCH , ch'.'-lieu de cant'. (HautrRilin).,
arr. de.Mulhpusé ; pop. iggl.. 2,914 hab. — pop.
tôt. 3,108 h'abV.ll' fut .longtemps ch.-lieù d'arr; ;
on y remarqué les ruines^u^château des. comtes
dé Fér'ètté. Tissage de;coton,qpra^s°eriès;-car-
rièrèsjCômVnércéde'gfàiris, dé vins, de chanvre
et de bestiaux. '; r' ll •i'»' ■' '•' ' " *•
ALTMÉYER. ( Jean - Jacques ), ,, littérateur
belge, né à Luxembourg en' 1804"! Profes-
seur éminéntvaa publié •ues'trâ^aùx"d'un
haut intérêt': Introduction'' à l'étude philoso-
phique de l'histoiré'de Thumqiiité ;''Mar guéri fe
d'Autriche, 'sa vie, 'sa politique et\sa'"cour;
Histoire des relations commerciales et politi-
ques des Pays-Bas avec le .nord de1 l'Europe
■ pendant ie xvie siècle, -'Résumé^ de l'histoire
nàdern
raffineries ,de, sucre.- fabrique^ de, tab^c (,V)ra§r
séries,' distilleries, nuilèries,. tanneries j/^bijij
cation de soieries, de cotons .et d'indiennes;
produits chimiqueài.forges'etfféndteries de' fer.
Observatoire devenu célèbre' soils.la direçtioîî
de Schumacher. Âlton'à n'était qu'Un Villàgè|à'u
commencement du xviie' siècle ,', elle fut ihçèn-
"diée en 1713 'parle général suédois Sjjeénbôcli.
Dans une' église du faùbourg-j' s'élève le tonï^
be^udeKropâtpçku "",; ". ',' A , t',''^'n \^'^l
V.ALT.ON-siliB,'(Edmond;,.|Comtèa').-'y![AHT
-ALTORE sf -f/ (al-to-re^iîBôL/ Genre dô
plantes-.de lai famille des euphorb-iaeées;>plUs
coxinu'souslleinomîde cte^e..i.i. ... • ■>■• ,»ni\»
ALTOKÏ. Géogr. V! Altdorf.- "| y -^
. ^ALTRAlsèTÀpT,- .village de, Prusse,. dap.s^
"prbyiricé.,dè.,Saxe; 'très-ancien, château,,^
Chàrîes.XIÎ tint.son quartier général, pendant
les années.. 1706, è,t,.l7q7, èfpiyl'ftçtà le, .traite
par! le.qùeLAjUguste.II abandonnait.le trône de
Pologîiei'i', , .",..':" '. >, ! .'.',' .,w,,,v,v.!m,ts
, altruisme' s. m. (al-tru-irsme 7r.;du.lat.
aller,, autre)., Philos,' , Terme. «hipliyé,,par
Auguste, Comte, pour, dôsigner.-le.sentimçnf
opposé à. celui qui à reçu.le.inom à.'éypfsmei:
Chacun pour soi est^la maxime ^l'égoîsnyï,;
vivre,, pour 'autrui, celle de, ^'altruisme,. (F.
Pillon'.) . , .. ".. m , . . ,-•, "i..iv,.
-r- Encysr. La philosophie* positiviste com-
prend sous le nom d'altruisme l'ensemble- des
penchants ou instincts sympathiques,' tels que
l'affection, 'la vénération, la bonté. 'Elle.-prb'i
fesse que ces1 penchants 'sont' 'innés1 dahà
l'hommfe' comme leslpenchants' égoïstes, qu'ils
sont la manifestation fonctionnelle de"certains
organes cérébraux susceptibles d'atrophie oti
de 'développement,' qu'ils né sont'pa's d'ailleurs
particuliers à d'espèce humaine ;> mais que' chea __
certaines'espèces ariimaresV'ilssont la sourefè '
de l'étàt'de domestteité-et 'de sociabilité.1!; "''U
' ALT RXJISTÉ' âdj.' (dl-tfu'-î-Ste — ra^.' aij-
truisme) . 'Philos.; Quïa rapport' à l'altrûisïïie:
, ALtMi)HL, rivière! ,de Bavière, affl.'du Dar
nube. Le projet conçu.' par Charleniagne\de
lier l'Altmûhl à la.RegnitZj et aussi .le ;RM'n au
Danube, a.,été mis, à exécution parle gouver-
nement bavarois. ..,.,' .^ , , ,-\ ' . , ,<
. ALTOj chaîne de montagnes de .la province
argentine de.Catamarca. — Départem. étrille
du. même nom.' On- s'y occupe- d'agriculture. et
l'oniy cultive -lai vigne. :-i m' ' ■• i. ■ / ■< •
ALTO" s! rn'.^al-to — mot1 ital: qui'sigriif.
AaaOp.' Mus'. Nom 'donné autrefois1 à la plus
grave dès voix de femme et' à la plus aiguë
des voix 'd'hommes. On dit aujb'Ur'dliui hautè-
conire en parlant des homme,' et contralto en
parlant' des femmes.1 n Nom. donné à la partie
chantée par ces sortes de voix dans un cn'oeur':
Les parties d'M.ro'èbrit presque toujours exécu-
tées par des voix' basses d'enfants', surfàut'dàris
là musique d'église', il Ge; mot a aussi servi1 à
désigner la voix des castrats'.' n' Espèce de
violon., V. Alto- viole, il PI. des altos. .. ,
ALTÔ-BASSO s. ni.' (àl-'to-bass-so). Mus.
Ancien instrument de percussion à cordes ,
que le musicien frappait d'une 'inainlavéc- un
petit bâton, tandis que, de l'autre, il jouait
un' air sur' là flûte', avec laquelle s'unissait
l'alto-basso accordé à l'octave, à laqùintë où
à la quarte; .''';' ','•;." '.'..'.
ALTO-VIOLE s. m. (al-torviq-le)! MllS. ïpr
strument à quatre cordes lia, ré, sol, do), un
peu plus grand que le violon et un peu plus
petit que le violoncelle, entre lesquels il tient
le milieu, et qui, dans un orchestre,, fait -l'of-
fice, de l'alto, parmi .les voix. «.On l'appelait
autrefois viole et quinte de viole. Aujour-
d'hui, on ne dit plus que alto ou quinte, a
PI. . des altos-violes, aés. altos.
— La seconde partie d'alto, qui remplacé
souvent la seconde partie de violoncelle dans
les morceaux où elle se trouve, par exemple,
dans les quintetti, ' . '
ALTO NA ,' ville du Danemark, duché de
Holstein, la plu3 grande du royaume après
Copenhague: 30,000 hab., sur l'Elbe et tout
près de Hambourg, dont elle n'est séparée que
par une chaussée. Port franc; construction de
vaisseaux marchands. Industrie très-active;
ALTSCUUL , (Elias) , .médecin, homœopatlie
allemand, né à Prague en 1,812, aneien.élève.de
l'université de Vienne,, H; est professeur d'bo-
mœqpathie .théorique et pratique- àl'Ecole.de
médecine dePrague, depuis 1848... Entre, au très
ouvrages ,;, tous , consacrés,, à, rexposttiçftjdss
principes , de', ia doctrine ..d' Hahnemann „il, qst
auteur, des suivants.: J)ictiomiaireide,Méder
ciiie oculaire (2 vo\.,Viexme,.h35};.,Traiti4e
pharmacordynamiquephysiologique,, ou pharj-
mâcologie clinique à-i usage des médeçins'.hor
mœ'ppathes -.(Prague , 1850-52) ;,la Loitde P,Qi?
làrité iherapéutique„des,4ùses médicales, ,: pu
lç Principe .fondamental de la pharmaco-dyna-
miqùeipbysio.'pg'.qu,0 (Prague, .1852).',. „,\ ^„\
ALTWASSBB, village deiPrusse,'.W-^i]é^ie ;
1,550 hab. Exploitation importante, de .-houille,
fonderies de fer,j;fabri1catibn,;del,toiles,;,ea«x
carbohatées^.-càlckirtjs,, ferrugineuses etigar
zeuses, connues dès, le .xiyj siècle sous iejipra
dé aqua anliqw.. Elles émergent, dîun.terrain
de grès pariSii^sources., r -,. v,\-/.n\vii
,. alucite.s. f. (a,-lti-3irleJ7-fl«iat^«//^-e,
reluire)., Entom. , Genre-. d'jnsectes lep\aûr
ptères' nocturnes-, -comprenant ^ix .-espèces
flùi habitent l'Europe, -et. se font . iemarquar
surtout ^par les dégâts .qu'elle^ e;xer,cont,.sur
un grand nônibre de plantes;. cultivées..,v„,-W
— s. f. pi. Famille d'insectes, lépidoptères-,
ayant.pour ,ty pe, le genre Muette-., y, a ai- j a
.•■■— Encycl; 'Lé 'genre aluéité'ési vôisiirdés
teignes. 11 renferme'' un 'asséz'^rand^iiombrè
d'espèces; dontvune'sUrtôut à aeqtii's une 'fau-
cheuse'célébrité- par les' dégâts qu'elle - cause
dans>les\récoltes de grains; c'est Yalmité dès
céréalesydésignèjidansplusieurs'locàlités'sdus
les noms de teiffie des blés l Incité, 'bou vcX
■Zonii-ete. C'est iinpetitrppill6tîvao"rita§sla'iles
antérieures "sont dîune' couleur café au lait en
dessus;>bruri roussâtre en dessods ; les 'posté-
rieuresyd'un gris plombé sur leurs deux'fàoes.
La tête,- le corps.'les.antennes'et'lesi pattes
sont de' cette dernière couleur. "La' chenille est
d'un rouge vif, longue de quelques millimètres.
Pendant la saison chaude,i la. iemeUeipond,'ses
œufs, qui sont aussi d'un rouga vif;>sur<les/épis
des céréales. L'éclosion'alieUjquelques'jours
après.; A peine éclose, la. jeune. chenilleicomr
mence à attaquer le, grain; elle y fait<un>trôs-
petit trou, et se creuse dans l'albumen farineux
une galerie qui se dirigé vers l'embryon.. Elle
ronge entièrement la substance contenue dans
lé grain de blé, enrayant, soin.de ne j?as.a^tar
quer l'enveloppe, de sorte qu'in.ne peut pas
Sapercevoir.de.sa présence. Au boutaùnmpis
environ, elle a pris toute sa, croissance et se
transforme en chrysalide, état dans lequel.ellB
passe au. plus huit jours ; puis elle sort sous la
forme d'insecte parfait. Aussitôt après, les
deux sexes s'accouplent,,^ t une nouvelle génér
ration commencé: Il y'.a'deùx de ces. généra7
tions dans' l'année,' et à. chacune la, femell,a
pond ùnè trentaine d'qe'ufs'. ' Cette prodigieuse
fécondité , malgré les^causes de destruetiop
qui tendent a la restreindre, expliqué rétendue
des ravages que peut, commettre Valuc\tè.: !5.es
effets sont désastreux! Là farine, .altérée par
lé' travail de 'l'insecte et salie par ses. excré-
ments, donne un pain détestable. Les grains
attaqués sont rejetés par les animaux «lome.sti-
ques, et ne peuvent pas même être utilises pour
semences! car l'embryon est -.presque, toujours
détruit; enfin, le mal s'étend d'une récolte,,à
240
ALU
l'autre. Les pertes occasionnées dans plusieurs
de nos départements se traduisent par des
chiffres énormes. On a proposé différents
moyens pour détruire Yalucite, entre autres :
la coupe des blés avant leur maturité com-
plète ; les chocs violents produits par les ta-
rares ou par d'autres moyens mécaniques;
la conservation des grains dans des silos ou
dans des vases clos; enfin, l'emploi des va-
peurs, gaz ou anesthésiques, tels que la fumée
de tabac, la vapeur d'essence de térébenthine,
l'oxyde et surtout le sulfure de carbone, qui a
donné les meilleurs résultats.
ALUCO s. m. (a-lu-ko). Nom donné au
hibou, à la chouette et même à l'orfraie.
alude s. f. (a-lu-de). V. Alute.
aludel s. m.' (a-lu-dèl). Alchim. Nom
donné à un système de poteries de formes
diverses construites de manière à pouvoir,
en s'emboitant les uns dans les autres, former
un tuyau. L'appareil composé à'aludels ser-
vait pour différentes sublimations; on fait
usage aujourd'hui d'appareils plus commodes.
Il On désignait encore par ce mot l'assem-
blage dos tuyaux, des chapiteaux qui forment
le tuyau entier.
aluine s. f. (a-lu-i-ne). Vieux mot, syn.
d'absinthe, et qui, au fig., signifiait Amertume.
ALULE s. f. (a-lu-le — du lat. alula, dim. de
ala, aile). Ornith. Eout de l'aile d'un oiseau.
— Entom. Petite écaillequi se trouve à l'ori-
gine de l'aile de quelques insectes diptères.
ALUMELLE s. f. (a-lu-mè-le — du lat. la-
metla, petite lame). Lame de couteau ou
d'épée: Et ont Irlandais couteaux aigus devant,
à large alumelle à deux taillants. (Froiss.)
On les voit tirer glaive et briser alumr.lle.
Cl. Maeot.
il Vieux dans ce sens.
— Prov. Se tuer de sa propre alumelle, Dé-
truire sa santé par une suite de débauches.
— Sorte de soutane sans. manches, n On ne
dit plus que soutanelle.
— Mar. Nom donné à des plaques de fer
clouées dans les mortaises des gouvernails,
guindeaux, etc., pour que le bois n'y soit pas
rongé par l'effet des barres ou leviers qui
agissent dans ces mortaises.
— Techn. Outil qui sert à gratter, à polir
le buis, l'éçaille, la corne : C'est une alumklle
gui forme la partie essentielle du rabot.
ALUMINAIHE adj. (a-lu-mi-nè-re). Chim.
Se dit de pierres volcaniques qui contiennent
de l'alun tout formé.
— s. f. V. Aluminite,
aluminate s. m. (a-lu-mi-na-te — rad.
alumine). Chim. Sel résultant d'une combi-
naison dans laquelle l'alumine joue le rôle
d'acide. On cite l'aluminate de magnésie,
l'aluminate de zinc, l'aluminate de fer. il On
— Miner. Dénomination générique sous la-
quelle on désigne un certain nombre de mi-
néraux, dans la composition desquels entre
l'alumine à l'état à' aluminate. il Alumihate de
t/lutine) Minéral d'un jaune verdàtre ou d'un
vert d'emeraude, rayant la topaze, se laissant
rayer par le corindos, infusible au chalumeau.
On lui donne aussi les noms de chrysolithe
orientale, chrysopale, chrysobéryl, etc. L'alu-
minate de glucine est composé surtout d'alu-
mine, de glucine et de peroxyde de fer. il Alu-
minate de magnésie , Minerai de couleurs
variées, blanches, rouges, violettes, bleues,
vertes, noires, rayant le quartz, rayé par le
corindon , se présentant sous deux formes
dominantes, l'octaèdre et le dodécaèdre. On
lui donne les noms de rubis spinelle , ceyla-
nite, candite, pléonaste, etc. Le rubis spinelle
est d'un rouge ponceau, la ceylanite d'un vert
foncé. Ij'aluminate de magnésie est composé
surtout d'alumine, de magnésie et de pro-
toxyde ou de peroxyde de fer. il Aluminate de
plomb hydraté, Minéral d'un gris jaunâtre,
d'un blanc rougeàtre ou d'un jaune verdàtre,
rayant la fluorine et se laissant rayer par le
feldspath , présentant la forme de petites
concrétions globuleuses assez semblables à
des gouttes de gomme, composé d'alumine,
hydro-alumineux et de plomb-gomme,
minute de zinc, Minéral d un vert foncé, rayant
le quartz et rayé par le corindon, infusible au
chalumeau , cristallisant en octaèdres régu-
liers, composé surtout d'alumine, d'oxyde de
zinc et de protoxyde de' fer. On lui donne
aussi les noms de gahnite, spinelle zincifère,
antomaiite, etc.
ALUMINE s. f.(a-lu-mi-ne— dulat. alumen,
alun). Chim. Oxyde métallique dont le radical
se nomme aluminium,
— Encycl. L'alumine est très-répandue dans
la nature, mais on ne la trouve pure que dans
quelques pierres précieuses, telles que le co-
rindon, le rubis, le saphir oriental, etc., où elle
est diversement colorée par des substances
métalliques. Elle forme la base de toutes les
argiles qui sont des combinaisons de silice ,
d'alumine et d'eau. Elle entre aussi dans la
composition de plusieurs espèces minérales,
comme les aluns naturels, l'alunite, le grenat,
1 umeraude, le mica, le feldspath , etc. Dans
les laboratoires, on l'obtient pure et anhydre
en précipitant une dissolution d'alun par un
excès de carbonate d'ammoniaque. Elle se pré-
sente alors sous la forme d'une poudre légère,
ALU
blanche, insipide, inodore, infusible àlachaleur
des plus violents feux de forge. L'alumine est
insoluble dans l'eau, avec laquelle el!e forme
seulement une pâte très-liante. Elle se dissout,
au contraire, très-facilement dans la soude et la
potasse caustique. Récemment précipitée d'une
de ses combinaisons , elle forme une gelée
blanche qui a une très-grande affinité pour les
matières colorantes, avec lesquelles elle con-
stitue dés composés insolubles usités dans les
arts sous le nom de laques. L'alumine joue le
rôle de base avec certains acides, tandis que,
avec certains oxydes métalliques et certains
alcalis, elle joue celui d'acide.
ALUMINE, ÉE (a-lu-mi-né) part. pass. du
ALUMINER v. a. ou tr. (a-lu-mi-né — rad.
alumine). Chim. Mélanger, combiner avec l'a-
lumine.
ALUMINERIEs. f. (a-lu-mi-ne-rî — rad.
alumine ou alun). Fabrique d'aluminium, il
Lieu où se vendent les objets fabriqués avec
l'aluminium.
— C'est aussi le nom qu'on donne à uno
fabrique d'alun, à cause de la racine, qui est
commun aux deux mots alun et alumine.
ALUMINEUX, EUSE adj . (a-lu-mi-neu, eu-ze
— rad. alumine). Qui contient de l'alumine;
aui en est formé: oui en a les propriétés :
rain alumineux. Saveur
s. La plupart des argiles pourraient
être considérées comme des pierres alumineu-
ses. (Brong.)
ALUMINIATE s. m. (a-lu-mi-ni-a-te). V.
Aluminate.
'ALUMINICO (a-lu-mi-ni-ko — rad. alu-
mine). Chim. Mot invar, qui entre dans la
formation des mots qui désignent la combi-
naison du sel aluminique avec un autre sel :
Aluminico-ammonique, — barytique, — calci-
que, — hydrique, — lithigue , — magnésique ,
— potassique, — sodique, — zincique.
ALUMINICO-SILIGATE s. m. (a-lu-mi-ni-ko
si-li-ka-te). Chim. Sel dans lequel l'alumine et
la silice jouent simultanément le rôle d'acide.
ALUMINIDES s. m. pi. (a-lu-mi-ni-de —
rad. alumine). Miner. Famille minéralogique,
comprenant toutes les espèces formées d'a-
lumine.
ALUMINIER s. m. (a-lu-mi-ni-é — rad. alu-
minium). Celui qui fabrique de l'aluminium.
aluminière s. f. (a-lu-mi-ni-è-re). V.
Alunière.
aluminifère adj. (a-lu-mi-ni-fè-re — du
lat. alumen alumine ; fero, je porte). Qui con-
tient de l'alumine ; d'où l'on retire l'alumine.
a base.
ALUMINITE s. f. (a-lu-mi-ni-te — rad. alu-
mine). Miner. Variété de sulfate d'alumine. Il
Le nom A'aluminite a été donné également à
un hydro-silicate d'alumine, plus connu sous
le nom de collyrite. Il On dit aussi aluminaire.
aluminium s. m. (a-lu-mi-ni-omm —
rad. alumine). Chim. Corps simple métallique
qui est le radical de l'alumine.
— Encycl. L'aluminium a été obtenu pour
la première fois en 1827 par le chimiste alle-
mand Wohler. Mais la connaissance de ses
propriétés et des moyens de le préparer in-
dustriellement est due à M. Henri Sainte-
Claire Deville, et date seulement de 1854.
L'aluminium est un métal blanc présentant
une couleur un peu bleuâtre. Il est sonore
comme le cristal, malléable comme l'argent,
l'or et le platine. Son éclat métallique esttou-
jours un peu terni par la couche très-légère
d'oxyde qui se trouve à sa surface. Soumis à
l'action de la chaleur, il se refroidit beaucoup
plus lentement que les autres métaux, ce qui
vient de sa grande capacité calorifique et de
son faible pouvoir émissif. Il entre en fusion à
la température du rouge vit'.
L'aluminium conserve sa blancheur à l'air
sec comme à l'air humide, parce que la couche
très-faible d'oxyde qui se forme le préserve
du contact ultérieur avec l'air. Il ne noircit
pas, comme l'argent, en présence de l'acide
sulfhydrique ; il n'est pas attaqué, comme la
plupart des métaux , par l'acide azotique, et
t'est très-peu par l'acide sulfurique. Traité
par l'acide chlorhydrique, il donne naissance
à un dégagement d'hydrogène et à du chlo-
rure d'aluminium. Mis en contact avec une
dissolution bouillante de potasse ou de soude
caustique, il forme de l'aluminate de potasse
ou de soude.
Le caractère essentiel de l'aluminium , le
caractère qui en fait un corps tout à fait nou-
veau pour l'industrie, c'est sa densité. Cette
densité est égale à 2,56, c'est-à-dire qu'elle
se rapproche de celle du verre ou de la por-
celaine. On comprend qu'une telle légèreté
est précieuse dans un métal qui présente une
ductilité, une malléabilité, une ténacité com-
parables à celle des métaux les plus précieux.
L'aluminium ne peut être tiré directement
de l'alumine au moyen de charbon, comme les
autres métaux de leurs oxydes. Pour l'obtenir
on commence par faire réagir le chlore sur
l'alumine ; cette opération donne un chlorure
d'aluminium, d'où l'on extrait le métal en dé-
composant le chlorure par le sodium.
L'aluminium est employé à l'état libre pour
faire des objets de bijouterie, et surtout pour
fabriquer des pièces quï\Jpivent être recher-
chées à cause de leur légèreté , telies que des
pièces d'arpentage, les sextants, les tubes des
lunettes marines , etc. Associé \iu cuivre, ?1
donne naissance à des alliages trèVprécieux :
un alliage formé de 90 parties de cui\re et de
10 d'aluminium seulement, possède lîujiro-
priété de se travailler comme le fer. i
Alumino-CALCIte s. m. {a-lu-mi-no kal-
si-to — du lat. alumen, alun; cate, chaux).
Miner. Nom donné à un hydro-silicate d'alu-
minehydraté très-siliceux.
ALUN s. m. (a-lun— lat. alumen, même
sens). Chim. Terme générique par lequel on
désigne plusieurs sulfates doubles.
— Encycl. L'alun ordinaire , ou alun pro-
prement dit, est un sulfate double d'alumine
et de potasse. C'est un sel blanc, cristallisé en
cubes ou en gros octaèdres réguliers. Il a un
goût sucré d'abord, puis styptique et amer. La
chaleur lui enlève une partie de l'eau qu'il
renferme et lui fait subir la fusion aqueuse. Si
on le refroidit dans cet état de fusion, il prend
un aspect vitreux, sous lequel on lui donne le
nom à'alun de roche, parce-qu'on le tirait an-
ciennement de Rocca, en Syrie. Si l'on conti-
nue à le chauffer, il abandonne peu à peu
toute son eau et se boursoufle considérable-
ment, de manière à s'élever au-dessus du
creuset en une masse saillante appelée vul-
gairement champignon d'alun. L'alun ainsi
obtenu est anhydre et constitue l'alun calciné
ou alun brûlé. L'alun se trouve rarement dans
la nature ; mais, comme ce sel a de nombreuses
applications, sa fabrication alimente une in-
dustrie très-importante, qui a été monopolisée
par les Syriens jusqu'au xv» siècle, époque à
■laquelle les Génois Perdix et Jean de Castro
fabrique de trois manières : par le la-
vage d'un minéral appelé alunite; en faisant
réagir le chlorure de potassium sur le sulfate
d'alumine ; en traitant les argiles par l'acide
sulfurique à chaud. C'est le premier procédé
qui donne l'alun de Borne. L'alun est employé
en teinture comme mordant. On l'utilise éga-
lement pour la clarification des eaux limoneu-
ses, la conservation des peaux, le collage du
papier, le durcissement du plâtre, etc. Enfin,
î! est usité , en médecine comme astringent,
et, lorsqu'il est calciné, comme caustique. —
Parmi les autres aluns, le plus important est
l'alun d'ammoniaque, dans lequel la potasse est
remplacée par l'ammoniaque : il a les mêmes
propriétés que le précédent, auquel on le sub-
stitue souvent. Dans l'alun de soude, la soude
tient lieu de la potasse. Enfin, dans les aluns
de chrome, de fer, etc., l'alumine est remplacée
par des oxydes de chrome, de fer, etc. L'alun
alumine est un sous-sulfate de potasse et d'a-
lumine insoluble, que l'on obtient en faisant
bouillir l'alun ordinaire avec de l'alumine en
gelée. Quant à l'alun de plume, ainsi nommé
parce qu'il se trouve en fibres blanches et
soyeuses, c'est un alun à base de magnésie et
d'oxyde de fer.
ALUNAGE s. m. (a-lu-na-je — rad. alun).
Action d'aluner préalablement les étoffes sur
lesquelles on veut fixer les couleurs.
ALUNANT (a-lu-nan) part. prés, du v. Alu-
alunation s. f. ( a - lu - na - si - on — rad.
alun). Chim. Formation de L'alun, soit natu-
relle, soit artificielle.
— Techn. Action d'imprégner d'alun une
substance.
ALUNÉ, ÉE (a-lu-né) part. pass. du v. Alu-
ner : Papier aluné. Etoffes alunées.
ALUNER v. a. ou tr. (a-lu-né — rad. alun).
Imprégner d'alun, tremper dans une dissolu-
tion d'alun pour rendre plus propre à la fixa-
tion des couleurs : On alune les étoffes pour
que les matières colorantes s'y fixent ensuite
d'une manière solide. (Acad.)
S'aluner, v. pr. S'imprégner d'alun; être
trempé dans une dissolution d'alun.
ALUNERIE s. f. (a-lu-ne-rî — rad. alun).
Fabrique d'alun : Ces alunerîes occupent en-
viron quatre cent quarante ouvriers.jy . Hugo.)
V. Alunière.
ALUNEUX, EUSE adj. (a-lu-neu, eu-ze —
rad. alun). Qui contient de L'alun : Terrain
aluneux, matière ALUNEUSE,co?;fi-e'eALUNEUSE.
Il Se dit de ce qui renferme naturellement de
l'alun. Quand l'alun n'est qu'ajouté, on dit
ALUNIÈRE s. f. (a-lu-ni-è-re — rad. alun).
M.ine, fabrique d'alun : C'est une alukièrb avec
ses vastes monceaux de terres rougeàtres. (V.
Hugo.) il On dit aussi aluminière et alunerie.
ALUNIPÈRE adj. (a-lu-ni-fè-re — de alun,
et du lat. fero, je porte). Miner. Qui contient
de l'alun.
ALUNITES, f. (a-lu-ni-te — rad. alun).
Miner. Roche de sulfate d'alumine d'où l'on
tire, en grande partie, l'alun propre au com-
merce.
— Encycl. L'alunite raye le verre ; elle cris-
tallise dans le système rhomboïdïque; elle est
composée d'acide sulfurique , d'alumine , de
potasse et d'eau. On la trouve partout dans le
voisinage des terrains traehytiques, ainsi que
dans les anciennes solfatares, et elle se forme
journellement dans les solfatares en activité,
par suite de l'action des vapeurs sulfureuses
ALV
sur les roches environnantes. En Hongrie et
dans les Etats romains, on exploite V alunite
pour la fabrication de l'alun.
ALUNNO (Nicolo), peintre italien, né à Fo-
ligno, florissait de 1458 à 1500. On a prétendu, '
mais sans preuves certaines, qu'il donna des
leçons au Pérugin. Ce qui parait incontestable,
c'est qu'il a exercé une influence sur ce maître
célèbre et sur le Pinturicchio, tous deux moins
âgés que lui. Vasari l'appelle « un excellent
peintre. • Ses tableaux, exécutés à la dé-
trempe, ont conservé jusqu'à nous une grande
vivacité de coloris. Le Louvre a de lui un ta-
bleau d'autel divisé en six compartiments, et
le musée Napoléon III une grande bannière
peinte des deux côtés.
ALUNNO (François), mathématicien et phi-
lologue italien du xv<> siècle, né à Ferrare. Ses
principaux ouvrages sont : Observations sur
Pétrarque, insérées dans une édition de ce
poëte (Venise, 1539) ; Jiichesses de la langue
italienne} ouvrage où il a recueilli par ordre
alphabétique toutes les expressions les plus
élégantes dont Boccace a lait usage. Mais il
excellait surtout dans la calligraphie, et traçait
des lettres d'une finesse extraordinaire. Etant
à Bologne, il présenta à Charles-Quint le Credo
et le premier chapitre de l'Evangile de saint
Jean renfermés dans l'espace d'un denier,
L'Arétin dit que l'empereur, émerveillé, passa
un jour entier à examiner ce prodigieux travail.
alunogÈne s. m. (a-îu-no-jè-ne — de
alun, et du gr. genos, naissance). Miner. Nom
donné par Beudant au sulfate d'alumine hy-
draté qui existe dans certaines solfatares,
telles que celles de Pouzzole et de la Guade-
loupe, et d'où l'alun se tire facilement.
alurne s. m. (a-lur-ne). Entom. Genre
d'insectes coléoptères tétramères, voisin des
chrysomèles, et renfermant un petit nombre
d'espèces, propres à l'Amérique méridionale.
e de 1'
Dacie
* ALUTA, r
dans le Danube, Navigation difficile.
ALUTA s. f. (a-lu-ta). Nom que les Romains
donnaient au cuir mou passé a l'alun, et, par
ext., à la chaussure faite de ce cuir, laquelle
enveloppait tout le pied et le bas de la jambe,
et se laçait devant avec des bandelettes, n
Sorte de petite mouche que les dames r
est question dans l'Art d'ai.
AL
Quil
ALUTE s. f. (a-lu-te — du lat. alula, cuir
tendre dont les Romains faisaient des chaus-
sures). Techn. Basane molle et colorée dont
on se sert pour la reliure des livres.
ALUTÈRE s. m. (a-lu-tè-re— du gr. apriv.;
lutér, qui délie). Ichthyol. Genre de poissons
plectognathes, de la famille des sclérodarmes,
voisin des balistes, et renfermant une dou-
zaine d'espèces, qui toutes habitent les mers
équatoriales.
ALBANIE s. f. (al-va-nî). Moll. Genre de
mollusques, qui doit être réuni au genre ris-
ALVAIIADO, ville du Mexique, à 65 kil. de
la Vera-Cruz.
ALVABADO (Pierre de), un des principaux
lieutenants de Fernand Cortez, et le conqué-
rant de l'Amérique centrale, né à.Badajoz
(Espagne) en 1483, mort en Amérique en 154 1.
Servant à Cuba, sous tes ordres de Vélasquez,
il fit partie da l'expédition chargée en 1518
d'explorer les côtes du Yucatan, et accom-
pagna l'année suivante Cortez partant pour la
conquête du Mexique. 11 se signala dans tous
les combats livrés dans l'AnahuaC, depuis la
descente de Cortez sur la plage de la Vera-
Cruz, jusqu'à son entrée à Mexico. Investi du
commandement de cette ville pendant l'ab-
sence de son chef, et chargé de la garde da
Montézuma, il faillit devenir victime d'une
conspiration des nobles mexicains, outrés des
cruautés et des exactions des Espagnols. Mais
averti par les sectateurs de Quelzalcohuatl,
qui voyaient dans les Européens des maîtres
nouveaux, promis au nom du ciel, il saisit
promptement les fils de la conjuration, et pré-
venant l'explosion , il surprit les Mexicains
rassemblés dans le temple de Huitzilopochtli,
et en fit un carnage épouvantable. A la nou-
velle de ce massacre, la population entière de
Mexico se souleva et marcha contre la forte-
jours , jusqu'à ce que Cortez vînt le dégager.
Quand , par la suite , les Espagnols furent
obligés <P abandonner Mexico , i! commanda
l'arrière-garde, et serait probablement tombé
entre les mains de ses ennemis, sans un saut
qu'il fit par-dessus un fossé très-large, à
1 endroit qui a conservé jusqu'à nos jours le
nom de et Salto de Alvarado. H fut blessé à
l'assaut de la ville de Xochimilco, et contribua
puissamment à la reprise de Mexico. Chargé
de la conquête de la province de Mixtecapan,
il soumit cette magnifique contrée en moins
d'un an, et y ajouta les provinces de Soccnusco,
de Guatemala et de Cuzcatlan. Dans un des
nombreux combats qu'il livra aux Indiens, il
fut grièvement blessé à la cuisse. Il écrivait
à ce sujet à Cortez : « J'ai reçu àlacuisse une
flèche qui ïa traversa d'outre en outre et pé-
nétra dans la selle; j'en suis estropié, et j'ai
jambe plus courte que l'autre de quatre
ALV
Béral du royaume de Guatemala. Ayant qui
ce poste afin d'éviter la présence de l'audite
• quitté
r - iditeur
Maldonado, parti de Mexico pour procéder
contre lui relativement aux exactions dont
on l'accusait, il fonda en passant les -villes
de Gracias à Dios, de San Pedro Zula et de
San Juan de Puerto - Caballos. Comme il
avait empiété sur le territoire de Pizarre ,
ceiui-ci se rendit en Espagne en 153-1, pour
se plaindre a l'empereur; mais Alvarado se
justifia si bien que l'on ajouta à son gouver-
nement celui de Honduras. Cédant de nou-
veau à sa passion pour les aventures, il fut
blessé mortellement à peu de distance de
la forteresse indienne de Nochiztlan, dont il
avait tenté l'assaut, et expira au village d'A-
tenguillo, le 24 juin 1541. Il avait été marié
une première fois avec la fille de Xicotencatl
le vieux, chef de la république de Tlaxcala, et
avait épousé en secondes noces Béatrix de la
Cueva, issue de l'illustre famille d'Albuquer-
que, et qui périt dans un tremblement de terre,
à Guatemala, peu de temps après la mort de
son époux. Alvarado était d'un extérieur im-
posant et agréable ; les Indiens l'avaient sur-
nommé Tonatiuh (le Resplendissant), à cause
de son teint coloré et de ses cheveux blonds.
Son caractère violent et cruel, sa soif de ri-
chesses, firent de lui le fléau des pays qu'il con-
quit pour le compte de la couronne d'Espagne,
et son nom est resté en exécration parmi les
populations indiennes.
ALVARADO (Alphonse d'), aventurier espa-
gnol, né a Burgos, accompagna Pizarre dans
la conquête du Pérou, et lui rendit les plus
signalés services. Vaincu et fait prisonnier par
Almagro, qui venait de se révolter contre
Pizarre, il parvint à s'évader et a rejoindre
ce dernier, qui le fit son général d'infanterie.
Après l'assassinat de Pizarre, Alvarado resta
constamment fidèle à la cause royale, fut en-
voyé, en 1551, comme capitaine général dans
les provinces de la Plata et du Potosi, excita
une révolte par ses rigueurs et fut vaincu par
les rebelles. Il en mourut de chagrin, peu de
temps après (1553).
ALVARENGA (Manuel Ignacio da Sttva),
poëte brésilien, né en l'tss, vint à Lisbonne,
où il exerça la profession d avocat, mais il ne
tarda pas à la quitter pour suivre une carrière
plus conforme a ses goûts, et rentra dans sa
patrie. En 1801, il publia un volume de poésies
fort remarquables, Glaura, qui est la taure de
Pétrarque et la Laura de Manuel de Vega, ses
modèles. On estime généralement dans les poé-
sies d'Alvarenga la variété des sentiments,
l'ampleur de la forme, la hardiesse de l'ima-
gination, particulièrement dans son ode à ta
Como vens tâo vagarosa,
D'autres travaux littéraires et poétiques lui
ont valu, au Brésil, une place élevée dans la
littérature nationale. Sismondi, Balbi, Pereira
da Silva, ont fait des œuvres de ce poète des
appréciations très-flatteuses.
ALVARENGA PE1XOTO (Ignacio José DE),
écrivain brésilien, né à Rio de Janeiro en 1748.
Ses œuvres sont nombreuses et remarquables
par l'élévation de la pensée et la beauté du
style; ses poésies révèlent une âme candide et
pure, les sentiments d'un homme de bien et les
talents d'un homme d'esprit. Il fut néanmoins
victime de la révolution de 1792, et mourut en
exil en 1793, à Angola, sur la côte occidentale
d'Afrique.
ALVAREZ ou ALVARO DE LCNA. Y. Lbna.
ALVAREZ (François) , voyageur portugais,
chapelain du roi Emmanuel , né a Coïmbre
vers la fin du xve siècle, fit partie d'une am-
bassade que le roi de Portugal envoyait en
Abyssinie, revint en 1527 après un long séjour
dans ce pays, et publia la relation de son
voyage, relation dont la seconde édition parut
en français sous le titre de Description de
l'Ethiopie, Anvers, 1558. On y trouve les pre-
mières notions précises sur ces contrées.
ALVAREZ (Don José), statuaire espagnol, né
en 1768, mort à Madrid en 1827. Napoléon 1er
le chargea de travaux au Quirinal. Il s'en
acquitta de manière à mériter les suffrages
des connaisseurs, et jusqu'à ceux de Canova
et de ïhowvaldsen. Cet artiste était pénétré
du sentiment de l'antique et s'inspirait surtout
de Michel-Ange. Son chef-d'œuvre est un
Ganymède en albâtre, qui le fit regarder
comme le riva! de Canova, et son œuvre capi-
tale un Adonis, dont' les formes gracieuses
sont justement admirées.
ALVAREZ (Juan), général r
1780, d'une famille indienne _
Panthère du Sud, et qui, de temps immémorial,
exerçait dans l'Etat de Guerrero un pouvoir
presque indépendant du gouvernement central.
Alvarez est un de ces types vigoureusement
trempés que les biographes contemporains ont
presque toujours le tort de ne faire connaître
qu'imparfaitement. Régnant en maître sur
des peuplades à demi sauvages, dans les pro-
vinces méridionales, il a toujours conservé le
costume primitif des Indiens Pintos: un cha-
peau de paille et un simple vêtement de toile.
Il n'est entré qu'une seule fois en sa vie à
Mexico. Le premier de tous les chefs féodaux
du Mexique, il se déclara contre Santa-Arma,
lorsque ce général prit le titre de président k
vie, dévoilant ainsi ses prétentions à l'empire
(1854). Le plan proposé par Alvarez amena la
défaite du dictateur, qui ne trouva son salut
ALV
que dans la fuite (août 1855). Les chefs du
mouvement insurrectionnel acceptèrent l'au-
torité d'Alvarez, qui se donna Comonfort pour
lieutenant. — Président de l'assemblée convo-
quée à Cuernavaca, le 4 octobre 1855, il com-
posa un ministère dont faisaient partie Comon-
fort, à la guerre, et Juarez, a lajustice. Après
avoir con.voqué une assemblée constituante
(14 février 1856) et créé une garde nationale,
tandis qu'il se contentait lui-même de camper
dans une bourgade au milieu de ses Indiens, il
se rendit à Mexico, où il fit son entrée le 15 no-
vembre 1855. Par un décret du 24 novembre il
abolit le fuero ecclésiastique et le fuero mili-
taire ; c'était attaquer dans leur base les privi-
lèges du clergé et de l'armée, les deux pivots sur
lesquels reposait le gouvernement au Mexique.
Bientôt fatigué de son rôle de réformateur,
Alvarez ne demanda qu'à rentrer dans sa
tribu ; il se retira à Acapulco, où il devait finir
ses jours. Ses fils sont aujourd'hui (1864) les
derniers partisans en armes de Juarez.
ALVAREZ DO ORIENTE (Ferdinand d').
poète portugais, né à Goa, mort vers 1595. Il
vécut dans l'Inde et est connu par une pasto-
rale mêlée de prose et.de vers, intitulée Lusi-
tanïa transformada, dont le style se rapproche
de celui des Lusiaâes. Cette similitude a fait
supposer à quelques critiques que cette œuvre
pourrait bien être celle que Camoëns se plaint
d'avoir perdue. Mais on n'a aucune certitude
à ce sujet.
ALVEARIUM s. m. (al-vé-a-ri-omm — mot
lat. qui signif. rucke d'abeilles). Anat. Nom
donne à la partie 4u conduit auditif externe
de l'oreille, dans laquelle s'opère la sécrétion
du cérumen.
ALVÉOLAIRE adj. (al-vé-o-lè-re — rad.
alvéole). Anat. Qui appartient, qui a rapport
aux alvéoles des dents : Les dents sont en-
châssées dans les cavités alvéolaires.
— Artère et veine alvéolaires, Branche des
artères et des veines maxillaires internes, il
Nerfs aJueo/atres, Rameaux du nerf maxillaire
supérieur. Les nerfs alvéolaires s'appellent
aussi dentaires postérieurs.
ALVÉOLARIFORME adj. (al-vé-o-la-ri-for-
me— de alvéole et forme) . Qui a la forme d'une
alvéole, il On dit aussi alvéoliforme.
alvéole s. f. (al-vé-o-le — du lat. alveo-
lus, petite auge, petit vase). Cellule que les
abeilles construisent pour y déposer leurs
œufs et leur miel : Chaque abeille a son al-
véole. (Acad.) Les alvéoles servent à ta fois
de berceau aux jeunes abeilles et de magasin
de miel. (Bouill.) Au-dessus , de chaque coté
d'un long corridor, sont rangées, comme les
alvéoles d'une ruche, les cellules des moines
disparus. (Th. Gaut.)
— Par compar. : Un excessif bon marché, une
cherté excessive, voilà Paris, où toute abeille
trouve son alvéole, où toute àme s'assimile ce
qui lui est propre. (Balz.)
— Par anal. Chacune des cavités dans les-
tes dents tremblèrent dans leurs
(Balz.) il Toute cavité dans laquelle une chose
est encastrée , retenue : Ecartant les cram-
pons qui retenaient la pierre dans la bague, il
fit sortir le diamant de son alvéole. (Alex.
Dum.) Celait une de ces pierres de taille qu'il
s'agissait maintenant d'ébranler dans son al-
véole. (Balz.)
— Bot. Petite cavité dans laquelle se fixe
ordinairement un organe.
— Encycl. Anat, Les alvéoles sont plus ou
moins grandes , suivant l'espèce de dents
qu'elles doivent contenir; celles qui sont des-
tinées aux dents pourvues de plusieurs ra-
cines, c'est-à-dire aux molaires, ont leur cavité
divisée en deux ou trois par des cloisons; de
■ manière à ce que chaque branche de la racine,
ayant son alvéole à part, soit plus solidement
fixée. Les alvéoles sont percées a leur fond de
trous par lesquels passent les vaisseaux et les
nerfs dentaires. Dans le jeune âge, les alvéoles
n'existent point; elles- forment un sillon dans
lequel sont rangés tes germes dentaires.
— Gramm. Les grammairiens et les Iexico-
auteurs, et, ce qui n'est pas à dédaigner, les
écrivains spéciaux, s'accordent presque tous
pour le féminin. Ajoutons que 1 usage a une
prédilection marquée pour ce genre. Il est donc
probable que, dans sa prochaine édition, l'Aca-
démie se mettra du côté des gros bataillons ;
aussi nous ne craignons pas d'affirmer qu'en
donnant le genre féminin au mot alvéole, c'est
un emprunt anticipé que nous faisons à l'il-
lustre compagnie.
ALVÉOLE, ÉE adj. (al-vé-o-Ié — rad. al-
véole). Hist. nat. Qui est composé d'une agré-
gation d'alvéoles : L'épongeest un tissu fibreux,
nat. Qui a des alvéoles.
ALVÉOLIFORME adj. (al-vé-o-li-for-me).
V. ALVÉOLARIFORME.
ALVÉOLINE s. f. (al-vé-o-li-ne — rad. al-
véule). Hist. nat. Genre de foraminifères ,
voisin des orbiculines, renfermant une di-
zaine d'espèces, la plupart fossiles', et propres
aux terrains crétacés et tertiaires.
ALY
ALVÉOLITE s. m. (al-vé-o-li-te — rad. al-
véole). Zooph. Genre do polypiers pierreux
peu connu, mais probablement voisin des
tubulipores. Il renferme plusieurs espèces,
dont une seule vivante : toutes les autres
sont fossiles, ot appartiennent partie aux
terrains de transition , partie aux terrains
tertiaires.
ALVÉOLO-LABIAL s. m. (al-vé-o-lo-la-bi-
al). Anat. Muscle do la joue prenant son ori-
gine au tubercule molaire et aux bords alvéo-
laires du maxillaire supérieur et do l'inférieur :
Z/alvéolo-labial a pour usage principal de
repousser sous les molaires les substances ali-
mentaires chassées entre ces dents et les joues
pendant l'acte de la mastication. (Lecoq.)
alver v. a. ou tr. (al-vé). Accuser. Vieux
ALVÈRE (SAINT-) ch.-lieu de cant. du dép.
de la Dordogne, arrond. de Bergerac ; pop.
aggl. 472 hab. — pop. tôt. 1,766 hab. Bâti sur la
Luire, dans un lieu agreste environné de bois.
Ville fort ancienne ; restes d'un château fort
flanqué de tours.
■thélpmil vénérai vénitien, né
tailla en pièces les troupes impériales à la
journée de.Cadora (1508); mais Louis XII le
vainquit et le fit prisonnier l'année suivante à
la bataille d'Agnadel. Il recouvra sa liberté
lors du traité conclu entre Venise et la France
(1513), subit dans la même année un échec
contre les Espagnols qui ravageaient le Vicen-
tin, et contribua, dit-on, à la victoire de Mari-
rian, en amenant quelques troupes auxiliaires
François I".
ALVIN, ine adj. (al-vain , i-no — du lat.
alvinus; formé de alvus, ventre). Méd. Qui a
rapport au ventre, ou plutôt au bas-ventre.
Il ne s'empl. guère que dans les locut, sui-
vantes : Flux alvin, La diarrhée; Déjection
alvine, évacuation alvine, Les matières focales.
ALVIN, ALVINAGE, ALVINER, ALVINIER.
V. Alevin, Alevinage, Aleviner, Albvinier.
ALV1NZY (Joseph, baron rV), feld-maréchal
autrichien, que ses défaites en Italie ont rendu
plus célèbre que n'aurait pu le faire une vic-
toire, né en 1735 en Transylvanie, mort à Bade
en 1810. Il commença à se signaler pendant !a
guerre de Sept- Ans, et fut nommé ensuite ma-
jor-général par Joseph II, qui le chargea d'en-
seigner à son neveu François les principes de la
tactique militaire. En 1789, il commandait une
division de l'armée du général Landon contre
les Turcs, échoua devant Belgrade, puis servit
dans les Pays-Bas, en Hollande et sur le Rhin,
et reçut le commandement de l'armée autri-
chienne, en Italie, contre Bonaparte (1796). Il
obtint d abord quelques avantages, mais bien-
tôt il fut vaincu à Arcole et à Rivoli, et ne
put empocher la prise de Mantoue, où le vieux
"Wurmser fut fait prisonnier. Accusé alors
d'incapacité et même de trahison, Alvinzy se
justifia facilement, du moins sur ce dernier
chef, fut nommé, en 1798, gouverneur de la
Hongrie, puis membre du conseil intime, et
enfin, en 1808, feld-maréchal général.
AI.VISET (dom Benoit), bénédictin érudit,
né à Besançon, mort en 1673. On a de lui un
traité sur les privilèges des moines, intitulé :
Murenulœ sacra; vestis sponsœ Régis ceterni
vermiculatœ, etc.
AI.XINGER {J.-Baptisten'), poète allemand,
né à Vienne en 1755, mort en 1797. Il doit sa
réputation moins à ses recueils de poésies qu'à
ses deux épopées chevaleresques , Doolin de
Mayence (1787), et Btiombéris (1791), genre
dans lequel il avait pris Wieland pour modèle.
ALYATTE, roi de Lydie (618-562 av. J.-C).
Il fit la guerre aux Mèdes et à Cyaxare ,
chassa les Cimmériens de l'Asie, prit Smyrne,
se- rendit redoutable aux Milésiens, et fut un
des princes les plus puissants de l'Asie. Son
fils , le fameux Crésus, lui succéda. Les Ly-
diens lui érigèrent un tombeau immense, qui
avait plus de mille pas de tour.
ALYDE s. m. (a-li-de). Entoin. Genre d'in-
sectes hémiptères héteroptères , voisin dos
punaises, qui renferme plus de vingt espèces.
presque toutes propres à l'Amérique, et dont
deux seuloment se trouvent en' Europe.
ALYMNIE s. f. (a-limm-nî). Bot. Genre do
plantes de la famille des composées, réuni
aujourd'hui au genre polymnio.
ALYMPHIE s. f. (a-lain-fi — du gr. a priv.,
et de lymphe). Méd. Absence de lymphe.
ALYPE ou ALYPON s. m. (a-li-pe, pon —
du gr. alupos. qui ne peut nuire). Bot. Genre
de plantes de la famille des globulariées, réuni
aujourd'hui au genre globulaire.
ALYSCAMPS (les), cimetière de la ville
d'Arles, tellement célèbre au moyen âge que
les gens pieux s'imposaient les plus grands
sacrifices pour s'y assurer une sépulture. Les
Romains en avaient déj*a fait un lieu consa-
cré aux dieux Mânes: le sarcophage de Cécilia
Aprula, qu'on voit au Louvre, celui de Servilius
Marcianus, qui est à Lyon, et celui de Flavius
Memorius, a Marseille, proviennent de ce
champ funèbre. Lorsque saint Trophime eut
converti la contrée au christianisme, il convo-
qua les autres évêques des Gaules pour bénir
ce cimetière; mais, par humilité, aucun d'eux
ne voulut officier en une circonstance si solen-
ALY
241
nelle. Alors, dit la légende, à la prière de saint
Trophime, le Christ descendit du ciel, s'age-
nouilla sur la roche et consacra lui-même
l'enceinte. L'empreinte de ses genoux resta
sur la pierre où fut bâtie plus tard une cha-
pelle commémorative, nommée encore aujour-
d'hui chapelle de lugenouillade. Lorsque Denys
l'Aréopagite vint à Arles visiter Trophime, il
le trouva mort aux Alyscamps, où ses restes
furent inhumés et pieusement conservés. A
partir de cette époque, la renommée des Alys-
camps grandit et se répandit dans toutes les
provinces du Midi. Sur les deux rives du Rhône
supérieur, les fidèles qui ne pouvaient' pas ve-
nir mourir en Arles , demandaient que leur
corps fût placé, avec le prix de la sépulture,
dans des tonneaux enduits de résine et livrés
au courant du fleuve. Gervais de Tilbury ra-
conte que ces bières flottantes s'arrêtaient à
l'extrémité du vieux bourg d'Arles, quelle que
fût la violence du vent, et tournaient sur elles-
mêmes jusqu'à ce quon les tirât au rivage.
L'enthousiasme alla toujours croissant jusqu'à
la fin du xiii" siècle. A cette époque, la trans-
lation du corps de saint Trophime à l'église de
Saint-Etienne fut' un coup mortel pour les pri-
vilèges des Alyscamps. Les hauts personnages
cessèrent d'y élire leur sépulture, et l'on ne
songea au cimetière célèbre que pour le dé.-
poui'ller de ses tombes sculptées. Charles IX.
donna l'exemple de ces spoliations : un navire
qu'il avait fait charger de sépulcres sombra,
en remontant le Rhône, à la hauteur du pont
Saint-Esprit. Dans la suite, les Arlésiens eux-
mêmes aidèrent au pillage pour faire présent
des dépouilles des Alyscamps à des princes et
à des villes. Parmi les monuments qui sub-
sistent à demi ruinés dans la solitude de ce
champ mortuaire, on remarque l'abbaye que
saint Césaire, évêque d'Arles, y fonda au vie
siècle ; l'église de SaimVHonorat, dont la porte
principale appartient au xu» siècle, et uno
chapelle dite des Porcelets, où l'on voit en-
core les armes de cette illustre famille. Aux
nombreux souvenirs historiques qui se ratta-
chent aux Alyscamps, et qu il serait trop long
d'énumérer ici, se joint un souvenir bien pré-
cieux. La tradition rapporte que le Dante vint
méditer dans ce cimetière , dont il parle en
effet dans son Enfer; l'Arioste, à son tour, lui
a consacré quelques vers. Un estimable écri-
vain de Nîmes, M. Jules Canonge, a célébré
la visite du Dante aux Alyscamps, dans un
charmant petit poème , publié en 1861 , a la
suite d'un volume de nouvelles intitulé :
Arles en France.
ALYSE s. f. (a-li-ze). V. Alise.
ALYSELMINTHE s. m. (a-li-zèl-main-té —
du gr. alusis, chaîne; kelmins, hclminthos,
ver). Helminth. Genre de vers intestinaux,
qui paraît devoir être réuni au genre tomia.
ALYSICARPE s. f. (a-li-zi-kar-po — du gr.
alusis, chaîne; karpos, fruit). Bot. Genre de
plantes de la famille des légumineuses et de
la tribu des hédysarces, renfermant une
ALYSIDION s. m. (a-li-zi-di-on — du gr.
alusidion, petite chaîne). Bot. Genre de cham-
pignons microscopiques, voisin des oïdium,
et renfermant une seule espèce, qui vit sur le
bois pourri des saules.
ALYSIE s. f. (a-li-zi — du gr. alusion, pa-
tite chaîne). Bot. Genre d'algues, qui parait
voisin des corallines. La seule espèco qu'il
renferme habito les mers du Brésil.
un grand nombre d'espèces, qui toutes habi-
tent l'Europe.
ALYSME s. m. (a-li-sme — du gr. atusmos,
agitation). Pathol. Anxiété, inquiétude.
alyson s. m. (a-li-zon). Entom. Genre
d'insectes hyménoptères , voisin des guêpes,
renfermant un petit nombre d'espèces, dont
la plupart habitent l'Europe.
ALYSPHÉRIE s, f. (a-li-sfé-rî — du gr.
alusis, chaîne; sphaïra, sphère). Bot. Nom
donné à des productions cryptogamiques, dont
on a fait un genre particulier , et qui parais-
sent n'être, comme les lèpres ou lépraires,
que l'état primordial de certains lichens.
ALYSSE, fontaine d'Arcadie, qui, selon les
anciens Grecs, avait la propriété de guérir les
morsures des chiens enrages.
ALYSSINÉ.ÉE adj. (a-liss-si-nô — rad.
alysson). Bot. Qui ressemble à un alysson. il
On dit aussi alyssoïde.
— s. f. pi. Groupe de plantes de la famille
des crucifères, qui a pour type l'alysson.
ALYSSOÏDE adj. (a-liss-so-i-de — dû alys-
son, et du gr. eidos, forme, ressemblance).
Bot. Syn. de alyssiné.
ALYSSON s. m. (a-liss-son — du gr. alus-
son , nom d'une plante qui passait chez les
Grecs pour guérir de la rage ; — a priv, ot
lussa, rage). Bot. Genre de plantes de la fa-
mille des crucifères et de la tribu des silicu-
leuses. 11 renferme une vingtaine d'espèces,
qui habitent les régions extratropicales du
nord de l'ancien continent, et dont plusieurs
sont cultivées comme plantes d'ornoment. il
On dit aussi alysse.
ALYTARCHIE s. f. (a-li-tar-chî — rad. ali-
tarque). Antiq. gr. Dignité d'alytarque.
alytarque s. m. (a-li-tar-ke — du gr. a
priv.; lutos, interrompu ; archos, chef). Antiq.
31
242
ALZ
gr. Nom donné par les Eléens au chef des
officiers chargés du maintien de l'ordre aux
jeux Olympiques.
• — Hist. ecclés. Dans l'Eglise d'Anlioche,
titre du prêtre spécialement chargé d'ordon-
ner les cérémonies publiques et de veiller à
ce qu'elles ne tussent pas interrompues.
ÀLYTE ou ALYTÈS s. m. (a-li-te, tèss— du
cr. a/utos, qu'on ne peutdélier). Erpét. Genre
de batraciens anoures, voisin des crapauds,
et dont l'espècetype est connue sous le nom
vulgaire de crapaud accoucheur.
alytosporion s. m. ( a-li-to-spo-ri-on —
du gr. alutos, indissoluble ; spora, semence).
Bot. Groupe de champignons microscopiques,
régardé par plusieurs auteurs comme un
genre particulier ; par d'autres, et avec plus
de raison, comme 1 état primitif de champi-
gnons plus parfaits.
ALYXIB s. f. (a-ltk-sî — du gr. aluxis, tris-
tesse; allusion au sombre feuillage de ces
Liantes). Bot. Genre de plantes de la famille
es apocynées, et dH la tribu des ophioxylées.
Il renferme une quinzaine d'espèces, oui sont
des arbrisseaux lactescents à Heurs blanches
et odorantes, originaires des régions chaudes
de l'Asie et de l'Australie, et dont. plusieurs
sont cultivées dans nos iardins.
ALZATIE s. f. (a!-za-tî— de Alsate, n. pr.).
Bot. Genre de plantes de la famille des celas-
trinées, tribu des évonymées, et dont la seule
espèce est un arbre qui habite les forêts du
Al.iro , tragédie de Voltaire , en cinq actes
et en vers, représentée pour la première fois
le 27 janvier 1736. Montèze, roi d'une partie du
Potoze, et sa fille Alzire, sont tombés, avec un
grand nombre d'Américains, au pouvoir de
Guzman, gouverneur du Pérou. Guzman aime
sa captive Alzire, qui s'est convertie au chris-
tianisme, ainsi que Montèze. Alzire, fiancée
autrefois à un chef américain qu'elle croit
mort, hésite néanmoins a se rendre aux vœux
de Guzman; elle cède enfin aux prières de son
père et d'Alvarès, père de Guzman. A peine
est-elle unie au vainqueur de sa patrie, qu'elle
retrouve son premier fiancé, Zamore, qui était
resté confondu dans la foule des prisonniers.
Zamore avait juré de se venger de Guzman,
alors qu'il n'avait à lui reprocher que les in-
justes rigueurs d'un vainqueur impitoyable ; sa
fureur est sans bornes quand il apprend que ce
Guzman qui lui a toutenlevé, puissance, riches-
ses, liberté, vient encore de lui ravir celle qu'il
aime et dont il est aimé. En vain Alzire lui
donne les moyens de fuir ; comme elle refuse
de partir avec lui, Zamore, a la faveur d'un
a;
, le châtiment de son crime : Guzman, avant
d'expirer, lui pardonne et lui rend Alzire. .
- Dans Ahire, Voltaire s'est proposé de mettre
en contraste les vertus nobles, mais sauvages
-1 impétueuses de l'homme de la. nature, et
— i e.-j.: — i__ par je christianisme
et la civilisation ; les ]
:s brillent d:
et jettent aussi quelques éclairs dans lame de
Guzman mourant, et ramené aux vrais senti-
ments chrétiens.
Voltaire a voulu donner de l'éclat au style
à' Alzire et y imprimer comme un reflet du
soleil des'tropiques. Son œuvre est remplie de
beautés qui tiennent au fond plus encore qu'à
là. forme. Presque toutes les situations attei-'
gnent les dernières limites du tragique, et les
vers sont partout à lahauteur des passions.
Alvarès vient annoncer à Zamore qu'il a
obtenu de son fils la liberté des captifs amé-
ricaihs. Zamore s'étonne, et quand Alvarès
lui donne pour motifs.de sa douceur Dieu et
sa religion, il s'écrie :
Dieu ! la religion! Quoi ces tyrans cruels.
Monstres désaltérés dans le sans des mortel?,
Qui dépeuplent la terre et dont la lihrbàrie
En vaste solitude a changé ma patrie.
Dont l'infâme avarice est la suprême loi,
Mon père , ils n'ont donc pas le même Dieu que toi ?
. Et plus loin:
, Tu parais Espagnol et tu sais pardonner 1
Zamore doit périr; il ne lui reste qu'un
moyen d'échapper au supplice f c'est de se
faire chrétien. Alvarès et Alzire s'unissent
pour le' persuader. Toutefois, Alzire, qui ne
veut de son amant qu'une conversion sincère,
et non pas une abjuration intéressée, ajoute :
Mais renoncer aux dieux que l'on croit dans son cœur,
Zamore n'hésitera plus à se faire chrétien
quand il entendra son rival, qu'il a frappé, lui
dire en mourant :
Et le mien, quand ton bras vient de m'assassmer,
M'ordonne de te plaindre et de te pardonner.
C'est, mise en beaux vers, la réponse du duc
de Guise au huguenot qui venait d'attenter à
sa vie.
Les critiques n'ont pas manqué de remar-
quer dans Alzire quelques fautes de compo-
sition et quelques invraisemblances, mais les
situations sont si fortes et si attachantes que
, l'on ne songe guère à examiner comment elles
sont amenées. C'est ce que Gresset a bien ex-
primé dans ces vers, sur la tragédie <¥ Alzire :
ièce est peu fi,
a objections,
« Nous croyons, avec beaucoup de gens de
lettres, dit La Harpe, que cette tragédie,
qui n'est pas au théâtre d'un aussi grand effet
que Zaïre, est d'une création bien plus élevée
et bien plus difficile. Les caractères originaux
et contrastés de Zamore, d'Alvarès et d'Alzire,
les éclairs de génie qui brillent à tout moment
dans les détails et les difficultés vaincues, tout
nous fait regarder cet ouvrage comme le chef-
d'œuvre de l'auteur. »
Lorsque La Harpe formulait ce jugement,
Voltaire n'avait pas encore donné Mérope.
Mais Alzire n'en compte pas moins parmi
les chefs-d'œuvre de Voltaire. Après la pre-
mière représentation, quelques envieux firent
ALTON, ch.-lieu de cant. (Gard), arrond. du
Vigan ; pop. aggl. 584 hab. — pop.4ot. 942 hab.
Une petite rivière du même nom se jette dans
le Rhône.
ALZOiS'NE, çh.-lieu de cant. (Aude), arrond.
de Carcassonne ; pop. aggl. 1,243 hab. — pop.
tôt. 1,566 hab. Cette petite ville a été prise et
=-- plusieurs fois pendant les guerres de
amabile adv. (a-ma-bi-lê — mot ital. qui
signif. aimable). Mus. Terme qui, mis en tête
d'un morceau, d'un passage, sert à indiquer
qu'il doit être exécuté avec douceur, avec
grâce.
AMABILISER v. a. ou tr. (a-ma-bi-li-zé—
du lat. amabiiis, aimable). Rendre aimable :
La société des femmes amabilise un homme.
(Mercier.)
amabixisme s. m. (a-ma-bi-li-smo — du
lat. amabitis, aimable). Défaut de celui qui
affecte l'amabilité.
amabilités, f. (a-ma-bi-li-té — lat. ama-
bilitas même sens). Qualité d'une personno
aimable; affabilité, douceur, politesse dans
les manières : Aooi'r de /'amabilité. C'est une
personne d'une grande amabilité. Il mangue
tout à fait (/'amabilité. Il y a des gens qui,
n'étant point aimables, nuisent par leur seule
présence au développement de î'am J'—
trui. (Chamf.) Toute la prétendi
d'Octave avait disparu en un clin d'œil. (H.
Beyle.) Son amabilité, sa galanterie même,
chassaient bientôt jusqu'à la dernière impres-
sion de crainte. (Alex. Dum.) La source de la
véritable amabilité n'est pas extérieure , elle
est dans le fond de l'âme. (Théry.) La j(
la beauté, la fortune, ont un terme ■ "~
n'en a pas. (Petiot.) beaucoup de
illustres et de dames très-rexpectables préten-
dent que /'amabilité va décroissant. (Th.Gaut.)
Mademoiselle de La Vallièra avait été séduite
par /'amabilité de Louis XI V, et fascinée par
ses grandeurs royales. (Rom. Cornut.) il Iron. :
Voilà un pince-sanx-rire qui, vingt fois, m'a. fuit
/'amabilité de m'enuoyer coffrer. (E. Sue.)
— Se dit aussi dans le sens de Galanterie :
Cet homme se montre toujours empressé et d'une
grande amabilité aoec les femmes.
— Au jîlur. Petits soins, attentions déli-
cates , provenances : // m'a fait mille amabi-
lités. Toutes ses amabilités se trouvèrent en
pure perte. (Mably.)
— Antonymes. Brutalité , brusquerie, gros-
sièreté, niaussaderie, rudesse, sauvagerie.
AMACAEE s. m. (a-ma-kd-re — du gr. a
priv.; makar, heureux). Entom. Genre de
coléoptères tétramères , voisin des cistèles,
dont on ne connaît qu'une espèce, qui habite
le Brésil.
AMACK ou AMAGER, île jointe à Copenha-
gue par deux petits ponts, et où l'on récolte les
légumes qui servent à la consommation de cette
ville ; 7,000 hab.
amacores s. m. pi. (a-ma-ko-re). Géogr.
anc. Petit peuple qui habitait le long des
rives de la Tucrta, dans l'Hispanie Tarraco-
naise, dont fut formé depuis le royaume de
AMADAN s. m. (a-ma-dan). V. Hamadan.
AMADE s. f. (a-ma-de). Blas. V. Hamadb.
AMADÉISTE s. m. (a-ma-dé-i-ste — de
Amédée, n. pr.) Hist. ecclés. Membre d'une
congrégation religieuse fondée vers le milieu
du xve siècle par un franciscain portugais
nommé Amédee, laquelle subsista jusque
sous le pontificat de Pie V.
AMADELPHE adj. (a-ma-dèl-fo — du gr.
ama, ensemble; adelphas, frère). Bot. Se dit
de plantes qui vivent groupées plusieurs
ensemble.
AMADEO (Giovanni-Antonio), sculpteur ita-
lien, né a Pavie, iiorissait au xve siècle. Ses
principaux ouvrages, parmi ceux du moins qui
existent encore aujourd'hui, sont le mau-
solée du jurisconsulte Antoine Mellio, dans l'é-
glise Samt- Laurent-, à Crémone, et celui de
Bartolomeo Colleoni.dans la chapelle funèbre
de ce fameux chef dé condottieri, à Bergame.
La statue équestre du guerrier, placée au-
dessus du tombeau, est en bois doré.
AMADIAH, ville forte de la Turquie d'Asie
(Kourdistan), résidence d'un prince kourde qui
e reconnaît que l'autorité nominale du sultan.
AMA
bains , un couvent arménien, et une superbe
mosquée.
AMADINE s. f. (a-ma-di-ne — du gr. ama,
ensemble; diuos, tournoyant). Ornith. Genre
de petits passereaux des régions tropicales
de l'ancien continent. C'est à ce genre qu'ap-
partiennent les bengalis et les sénégalis.
amadis s. m. (a-ma-diss). Sorte do man-
che de robe qui s'applique exactement sur le
bras et se boutonne sur le poignet; ainsi
appelée parce que, dans l'opéra à' Amadis, les
acteurs avaient de ces sortes de manches :
Des amadis, ou des manches d /'Amadis.
AMADIS DE GAULE, ou mieux de Galles,
héros d'un célèbre roman de chevalerie, sur-
nommé le Chevalier du lion, d'après ses armoi-
ries et l'emblème de' son bouclier. Suivant la
légende, il futenfantde l'amour et dut la nais-
sance à Périon, roi fabuleux de France, et à
la belle Elisène , fille de Garinter, roi de la
Petite-Bretagne. C'est en Espagne qu'Amadis
exerça sa carrière aventureuse et"*liccoinplit
ses brillantes prouesse^ ; aussi est-il pour ce
pays ce que le roi Arthur et les chevaliers de
la Table-Ronde sont pour l'Angleterre, ce que
Charlemagne et ses douze paladins sont dans
nos traditions. Amadis a pour dame de ses pen-
sées Oriane, fille du rot de Danemark. C'est
alors qu'il part à la recherche des grandes
aventures qui doivent lui mériter la main de sa
dame. D'abord il conquiert l'Ile Ferme et remel
une belle princesse, Brioîanie, en possession de
ses domaines. Cette prouesse allume la jalousie
d'Oriane, qui lui défend de revoir Brioîanie.
Amadis, au désespoir d'avoir offensé la dame
de ses pensées , renonce à la vie chevaleres-
""" et se retire dans l'ermitage de la Roehtt-
ti de Beau Ténébreux. Enfin
instincts belliqueux, sous le nom de che-
valier de la Verde Espée. Dans cet intervalle,
un prince romain, qui août parler de la beauté
d'Oriane, l'envoie demander en mariage au roi
de Danemark, son père, qui la lui accorde,
malgré les supplications de la jeune princesse.
Oriane s'embarque; mais, pendant le trajet,
Amadis attaque la flotte romaine et s'en em-
pare. Oriane , délivrée , est conduite à l'île
Ferme; de là elle envoie à son père d'humbles
messages pour lui demander une réconcilia-
tion, qui lui est durement refusée, jusqu'à ce
que de nouveaux exploits d'Amariis le décident
à permettre l'union des deux amants.
Le roman d'Amadis, dont le texte original
est en prose espagnole, renferme treize livres :
les quatre premiers, généralement attribués
au Portugais Vasco de Lobeira, sont beaucoup
plus estimés que les suivants ; ils sont exclu-
sivement consacrés à Amadis de Gaule ; les
autres, qui contiennent l'histoire de ses descen-
par des écrivains espagnols et français.
Amadis est resté le type des ai
tures et des traverses sans nombre. C'est aussi
le type de la chevalerie errante, qu'il ne faut
pas confondre avec Don Quichotte, qui n'en
est que la caricature :
• « Il s'agit maintenant d'une demoiselle de la
ville qui est l'objet des empressements d'un
Amadis d'Auvergne, qui, pour le prétentieux
et le quintessencié de sa galanterie, peut sou-
tenir la comparaison avec tous les amoureux
de Paris. » Taxile Delord.
« Elle est par trop ingénue , votre opinion.
Les chevaliers qui servaient dix ans leur dame"
avant d'oser lui baiser la main sont aujour-
d'hui passés de mode. Je le répète, en se po-
sant ainsi en Amadis, Henri s'est joué de votre
vertueuse crédulité. » ■ Ch. de Bernard.
. « La gloire dans les armes n'est tout au plus
que la moitié du brillant qui distingue les hé-
ros. Il faut que l'amour mette la dernière main
au relief de leur caractère, par les travaux, la
témérité des entreprises et la gloire des succès.
Le chevalier de Grammont se mit donc en
chemin, tel à peu près qu'Amadis après avoir
reçu l'accolade et l'ordre de chevalerie, cher-
chant les aventures et courant après l'amour,
la guerre et les enchantements. »
Hamilton.
Quel charme a pour vi
Amortis <lo Gaule, opéra en cinq actes, de
Lulli, paroles de Quinault, un des meilleurs
ouvrages du célèbre compositeur, représenté
à Paris le-18 janvier 1GS4, et à Versailles l'an-
née suivante. Pendant plus d'un demi-siècle,
AMA
cet ouvrage excita l'admiration de la cour et de
la ville. Lorsqu'il fut repris, en 1731, laCamargo'
y dansa, au quatrième acte, l'entrée qui avait
été exécutée précédemment par M"= Salle.
Les gazettes du temps font un pompeux récit
de la septième reprise, qui eut lieu en 1740,
avec le chanteur Jelyotte et la gracieuse
M'!» Lemaure, qui jouait le rôle d'Oriane. La
parodie é'Amadis de Gaule, que Riccoboni fit
jouer au Théâtre-Italien, eut presque autant
de succès que la pièce. On y remarque la cri-
tique suivante, qui n'a pas attendu notre
époque pour se produire :
On voulait jadis que le chant
Fût naturel, noble et touchant.
Jadis c'était l'usage.
A l'Opéra présentement,
On n'applaudit qu'au tapage,
C'est l'usage d'à prisent.
Nous ne pouvons que difficilement nous faire
une idée de la sonorité do l'orchestre de Lulli.
Ses vingt-deux violons ne devaient pas en pro-
duire une bien puissante ; mais heureuse-
ment il nous est possible d'admirer plusieurs
chants d' Amadis. L'air: Bois épais, redouble
ton ombre, est un chef-d'œuvre, et la chanson
avec choeur : Suivons l'Amour, offre une belle
harmonie qui n'exclut pas la grâce.
AMADISANT (a-ma-di-zan) part. prés, du
v. Amadiser.
amadisÉ, ÉE adj. (a-rna-di-zé — de Ama-
dis, n. pr.). AUècté, prétentieux : Compliment
amadisé. Discours, vers amadisés. Peu usité.
amadiser v. n. ou int. (a-ma-di-zé — rad.
Amadis). Affecter le langage etles sentiments
d'un Amadis. Peu usité.
AMADIS1EN, ENNE adj. (a-ma-di-zi-ain,
è-ne — rad. Amadis). Qui appartient, qui est
propre à un Amadis, à un homme d'un carac-
tère chevaleresque : En une heure de téte-à-
tète public, dans un coin, sur un divan, la du-
chesse amena le jeune comte aux générosités
scipionesques , aux dévouements amadisiens,
aux abnégations du moyen âge. (Balz.)
AMADOCI s. m. pi. (a-ma-do-si). Géogr.
anc. Peuples de la Sarmatie d'Europe.
amadote s. f. (a-ma-do-te). Nom donné,
principalement en Bourgogne, à une sorte de
poire, et dont le nom serait la corruption de
dame Oudot, qui, la premièro, cultiva cette
poire aux environs de Beaune.
AMADOTIER s. m. (a-ma-do-tié — rad.
amadote). Poirier qui produit l'amadoto.
amadou s. m. (a-ma-dou — une des étym.
les plus contestées : du vieux fr. amadour,
amoureux, exprimant une idée morale de
douceur qui a pu rappeler cette sensation
agréable produite par le contact de l'ama-
dou ; plus probablement de la contraction des
trois mots latins ad manum dulce, doux à la
main. Nous n'expliquerons pas ici plusieurs
autres étymologies qui tireraient ce mot soit
du gothique matjan, manger; soit du lat. adu-
lari, flatter, caresser, et au moyen desquelles
on n'arrive aux mots amadou, amadouer, que
par des syncopes et des permutations plus que
problématiques). Substance spongieuse four-
nie par la partie interne de l'agaric du chêne,
et préparée de manière à prendre feu au
contact d'une simple étincelle : De bon amadou.
Un morceau ^'amadou. // n'est pas rare de voir
les gens de la campagne préparer une sorte
d' amadou, en faisant brûler au vieux linge et
en l'étouffant avant qu'il soit entièremoit con-
V amadou, Etre d'une maigreur excessive. Il
Prendre feu comme de l'amadou, S'emporter,
se mettre en colère facilement, n Cœur d'ama-
dou, Qui s'enflamme à la première occasion.
— Encycl, On se sert, pour faire l'amadou,
de plusieurs genres de champignons, confondus
sous le nom collectif i'amaaouvier. Ces crypto-
games appartiennent au genre polypore , qui
n'est lui-même qu'un démembrement du genre
bolet. On commence par débarrasser le cham-
pignon de la substance ligneuse qui le recou-
vre , ainsi que des tubes qui occupent la faco
inférieure. Puis on le découpe en tranches
minces, que l'on met tremper dans l'eau. Après
quelques jours d'immersion, on retire ces tran-
ches et on les bat sur un billot avec un maillet
de bois, pour les assouplir et les étendre, opé-
ration qu'on réitère trois ou quatre fois. Quant1
on les juge suffisamment ramollies, on les im-
prègne d'une solution d'azotate de potasse (sel
de nitre), qui leur communique la propriété de
prendre feu au contact de l'étincelle du bri-
quet. Quelquefois, au lieu de sel de nitre, on
emploie simplement la poudre à canon pulvé-
risée; mais Yamadou préparé de cette manièrer
présente une couleur noire et est inoins re-
cherché. C'est surtout dans les cantons fores-
tiers de l'Allemagne que l'on fabrique en grand
Yamadou pour les besoins du commerce. L'a-
madou fin est employé en chirurgie, pour
arrêter le sang dans les petite^ hémorragies;
par exemple, celles qui résultent de la piqûre
des sangsues; non qu'il ait par lui-même des
propriétés astringentes, mais parce qu'il ab-
sorbe rapidement la partie séreuse du sang, et
favorise ainsi la formation d'un caillot. On
s'en sert encore pour doubler l'intérieur des
vêtements appliqués sur la peau, et entretenir
ainsi une douce chaleur à la surface du corps
chez les personnes atteintes de douleurs rhu-
matismales ou autres. L'amadou était surtout
AMA
employé autrefois pour obtenir du feu promp-
tement et à volonté au moyen du briquet;
mais sous ce rapport il a perdu à peu près
toute son importunée, depuis que l'usage des
allumettes chimiques s'est généralisé.
amadouant (a-ma-dou-an ) part. prés,
du v. Amadouer: Madame Peyroî est jeune,
mais la grajid'mère est vieille, et en {'ama-
douant un peu, vous aurez avant deux ans le
million qui lui revient. (F. Soulié.)
AMADOUÉ, ÉE (a-ma-dou-é) part. pass.
du v. Amadouer. Attiré, alléché : Etre ama-
doué par de belles paroles, par des caresses.
Qu'on est aisément amadoue par ces diantres
" ■ c-làl (Mol.)
Jtid<
le voir si hautement loué,
si Uer qu'un chat amadoué.-
RÉÛNIER.
AMADOUEMENT s. m. (a-ma-doû-man —
nul. amadouer). Action d'amadouer; caresse.
Vieux mot.
amadouer v. a. ou tr. (a-ma-dou-é —
rad. amadou. Prend un tréma sur l'« à l'imp.
de l'ind. et au prés, du subj. : Nous ama-
douions; que vous amadouiez. Au futur et au
condit., les poètes remplacent l'e muet par un
accent circonflexe : J'amadoùrai ; nous ama-
doûrions). Flatter, caresser quelqu'un pour
gagner son affection , pour l'apaiser , poul-
ie disposer à ce qu'on désire de lui : Ama-
douer quelqu'un par des promesses, par des
flatteries, des caresses. Madame de Soubise
amadoua et intimida Châteauiieuf. (St-Sim.)
Dans l'art «J'amadouer sm créanciers, il n'a
pas son pareil. (Raym.) Quant à Vulcain,
elle te flatte, le supplie, {'amadoue. (B. de
St-P.) M'accuserez - vous d'être un- cor-
rupteur pour avoir amadoué le cerbère avec
deux gros écus? (Beaumarch.) Enfin partout
elle savait amadouer les domestiques en leur
donnant de petits pour-boire de temps en temps.
{Balz.) J'ai peur que cet homme ne veuille
«i'amadouiîr pour réaliser quelque fantaisie.
(Balz.) H faut voir quelles chatteries de lionne,
quelles càlineries elle empl -ie pour amadouer
le vieillard. (Balz.) Il comntnil amadouer son
gardien par son amabilité. (Alex. Dum.)
Ils vous amadoûront par leur patelinage.
C'est par ce seul endroit que les grands s'amadouent.
BOURSiULT.
— Syn. Amadouer, cajoler, fl.iEor.ier. Celui
qui cajole est doucereux et séduisant pour
faire tomber insensiblement dans le piège :
L'on n'est pas bien aise de voir, sous sa mous-
tache, cajoler hardiment sa femme ou sa mai-
tresse. (Mol.) Celui qui flagorne n'a rien que
de bas ou de grossier : il nen coûtait pas plus
à Piron pour flagorner un bouffon dont il
avait besoin que pour outrager un bon écrivain
qu'il haïssait. (La Harpe.) Celui qui amadoue
est subtil et industrieux. : Je le trouve admi-
rable pour écarter des créanciers, amadouer
des usuriers. (Regnard.)
amadoueme s. f. (a-ma-doû-rî — rad.
amadou). Lieu où l'on fabrique l'amadou.
amadoueur, euse s. (a-ma-dou-eur ,
eu-ze — rad. amadouer). Celui, celle qui ama-
doue, qui flatte, pateline : Prenez garde à lui,
c'est un amadoueur. Il Qui fabrique de l'a-
madou.
AMADOUVIER s. et adj. (a-ma-dou-vié —
rad. amadou). Se dit d'une espèce de cham-
pignons dont on tait l'amadou : Les amadou-
• viers. Agaric amaqouvier.
AMAGA s. m. (a-ma-ga). Bot. Ebénier des
îles Philippines.
AMAGALAGTE s. (a-ma-ga-lak-te — du
gr. ama, ensemble ; gala, galaktos, lait). Frère
ou sœur de lait.
AMAGÉTOBBIE, géogr. anc. Ville de la
Gaule, sur la Saône, célèbre par une défaite
d'Arioviste. César en fait mention dans ses
Commentaires.
AMAIGE s. m. (a-mè-je). Anc. coût. Droit
que l'on percevait sur chaque muid de vin
mis en perce.
AMAIGRI, IE (a-mè-gri) part. pass. du v.
Amaigrir. Rendu , devenu maigre : Homme
amaigri. Jeune fille amaigrie par les privations,
par le chagrin. Des moutons amaigris. Dormez
bien, mangez bien; nous vous pardonnerons de
n'être pas amaigri de notre absence. (M*>» de
Sév.) Mandez-moi si, avec .tant d'inquiétudes
et de mauvaises nuits, vous n'êtes pas trop
amaigrie. (M«°e de Sév.) Ces figures naguère
si fleuries, si pleines, étaient hâves et amaigries.
(E. Sue.) Malgré l'ovale amaigri de sa figure,
l'expression de ses traits était remarquable.
(E. Sue.) Ses joues, un peu amaigries, n'a-
vaient plus cette rondeur couleur de rose qui
le faisait ressembler à un chérubin. (E. Sue.)
0 peuple! tu dis : J'ai froid, et pour réchauffer
tes membres amaigris, on les ëlreint de triples
liens de fer. (Lamenn.) On amène devant les
juges une créature humaine , hâve , défaite,
amaigrie. (Lamenn.) Oh! oui, je me repens!
s'écria-t-il, et il frappa sapoitrine de ton poing
amaigri. (Alex. Dum.)
— Agric. Se dit d'une terre qui ne produit
AMA
plus de sucs propres à la végétation : Soi,
terrain amaigri.
AMAIGRIR v. a. ou tr. (a-mè-grir ~ rad.
maigrir). Rendre maigre : La maladie et la
misère /'avaient amaigri. En 'été, les alouettes
parcourent différentes contrées, et ces longs
voyages les amaigrissent. (Dufau.) LeehagriA
avait amaigri sa taille. (G. Sand.) Une tris-
tesse profonde amaigrissait ses joufs et lui
donnait une pâleur inquiétante. (Alph. Earr.)
11 Absol. : Le jeûne amaigrit. On prétend que
l'usage du vinaigre amaigrit.
— Fig. Ruiner, accabler de charges, d'im-
pôts ; Bien qu'il soit infiniment sensible à la
misère et aux plaintes de son peuple, il n'a pu
néanmoins s'empêcher de {'amaigrir. (J.-L.
Balz.)
— Peint. Amoindrir : Ce muscle est trop
fort ; il faut {'amaigrir,
— Agric. Rendre stérile, épuiser : Le bœuf
répare le pâturage, et le cheval {'amaigrit.
(Bull.) Le cheval 'et la plupart des autres ani-
maux amaigrissent en peu d'années les meil-
leures prairies. (Buff.) '
— Techn. Enlever ce qu'il y a de trop en
épaisseur à une pierre, a une pièce de Dois
de charpente, à des matériaux quelconques
pour qu'ils puissent se placer à l'endroit
qu'on leur destine : Amaigrir une pierre, une
poutre.
— v. n. ou intr. Devenir maigre : 11 amai-
grit tous les jours.
I.e bonheur du prochain vous cause de l'ennui.
Et vous amautruses de l'embonpoint d'autrui.
Destoucheg.
S'amaigrir, v. pr. Devenir maigre, perdre
de son embonpoint : S'amaigrir par tabsti-.
nence, par des excès. Depuis la mort de son
mari, elle s'amaigrit à vue d'œil.
Moi, jaloux! Dieu m'en garde, et d'être assez badin
Pour m'aller amaigrir avec un tel chagrin !
Molière.
— Sculpt. Se resserrer en séchant, dimi-
nuer de volume, en parlant d'un modèle en
terre glaise : Cette figure s'est amaigrie.
— Syn. Amaigrir, maigrir. Amaigrir marque
le passage lent et successif de l'embonpoint à
la maigreur ; maigrir en exprime plutôt le pas-
sage rapide. Ainsi l'on dira : il maigrit, et non
il amaigrit a vue d'œil.
— Antonymes. Engraisser.
amaigrissant (a-mè-gri-san) part. prés.
du v. Amaigrir.
AMAIGRISSANT, ANTE adj. (a-mè-gri-san,
an-te — rad. amaigrir). Qui cause, qui amène
l'amaigrissement : Un régime amaigrissant.
Peu usité.
AMAIGRISSEMENT s. m. (a-mè-gri-se-man
— rad. amaigrir). Diminution d'embonpoint;
état d'une personne amaigrie : L' amaigrisse-
ment est toujours un fâcheux présage chez les,
vieillards, votre mal de gorge et votre amai-
grissement me déplaisent beaucoup, vous savez
si je m'intéresse à votre bien-être et à votre long
être. (Volt.)
— Encycl. Une alimentation insuffisante,
l'usage prolongé des acides, les exercices vio-
lents et répétés, les professions pénibles, l'abus
des plaisirs vénériens, les travaux intellec-
tuels prolongés, les passions tristes et concen-
trées, sont les causes physiologiques de l'amai-
grissement. Quant aux causes morbides, elles
comprennent presque toutes les maladies : ma-
ladies chroniques telles que scorbut, scrofules,
tubercules , rachitisme , cancer de l'estomac ,
diabète, etc. ; maladies aiguës entraînant des
évacuations abondantes, telles que choléra,
suette, dyssenterie, etc.
— Syn. Amnîg»<»«omeiil , atrophie , mai-
greur, h' amaigrissement est une diminution
graduelle de tout le volume du corps ; l'atro-
phie est un amaigrissement partiel ; la mai-
greur est i'eiiet de l'amaigrissement.
amaillade s. f. (a-ma-ill-a-de, {{ mil. —
rad. maille). Pêch. Filet en tramail.
AMAINE s. f. (a-mè-r-e). Mar. Cheville de
chêne vert que, dans certains bâtiments du
Levant, l'on passe dans un trou à l'un des
montants de la rambade, afin d'y enrouler
l'hisson du trinquet.
AMAIOUA ou AMAIOUVIER s. m. (a-ma-
iou-a, vie). Bot. Genre de plantes de la fa-
mille des rubiacées , renfermant des arbres
ou des arbrissaux, indigènes dans les contrées
tropicales de l'Amérique.
amairade s. f. (a-mè-ra-de). Pêch. Sorte
de filet en usage dans le Languedoc.
AMAKOUSA, île du Japon, où les successeurs
de saint François-Xavier firent de nombreuses
AMALACTE s. m. (a-ma-lalt-te — du gr.
amalaktos, lourd). Entom. Genre de coléo-
ptères tétramères, de la famille des curculio-
nites, ne renfermant que trois espèces, dont
deux appartiennent au Sénégal, et l'autre à
la Guyane.
AMALADIR (s') v. pr. (sa-ma-la-dir — rad;
malade). Se croire malade, se faire plus ma-
lade qu'on ne l'est réellement. Mot qui appar-
tient plutôt au patois qu'à la langue française.
AMALAGO s. m. (a-ma-la-go). Bot. Nom
d'une espèce de poivrier propre aux Antilles
et aux Moluques.
ÀMALAHIC, roi des Visigdths d'Espagne et
AMA
de Septlmanie (511-531), fils d'Alaric II. La,
main puissante de Théodoric, son aïeul mater-
nel et son tuteur, le protégea d'abord contre
les projets ambitieux de Clovis. À la mort du
roi d'Italie, il s'allia aux Francs en épousant
Clotilde, fille de Clôvis. Arien, il voulut impo-
ser sa foi ii cette princesse, qui invoqua le
secours" armé dé son frère Childebert. Vaincu
à Narbonne, Amalaric fut tué dans le combat.
AMALASONTE, fille de Théodoric le Grand
et mère d'Athalaric. Elle gouverna pendant
la minorité de son fils, qu'elle fit élever à la
manière des Romains, ce qui mécontenta les
Goths. L'administration de cette princesse fut
prudente, ferme et éclairée. Amalasonte pro-
tégea les lettres elles arts, prit pour premier
ministre le Romain Cassioapre, et continua,
avec autant de sagesse que d'énergie, l'œuvre
de fusion qu'avait ébauchée son pèi-e. A la
mort de son fils (534), elle s'unit à Thôpdat,'sôh
cousin, qui la détrôna l'année suivante, et la
fit étrangler. Sa mort servit de prétexté U. la
guerre que Justinien fit aux Goths d'Italie. .
AMALE s. m. (a-ma-le — du gr. amalos,
mou). Entom. Genre do coléoptères tétra-
mères de la famille des curculionites, iiè ren-
fermant qu'une seule espèce, qui se trouve en
France.
ÀMALECITES, peuple des confins de l'Idu-
mée, qui tirait son nom d'Amalec, petit-fils
d'Esaû. Il fut l'ennemi constant des Israélite**,
et Dieu, par la bouche ûe Samuel, le voua à
une entière destruction. Saiil en fit alors, un
horrible carnage; mais ayant épargné lé roi
Agag, f.ontre la défense expresse de Samuel,
cette désobéissance lui fit perdre la couronne.
Les débris de ce peuple furent exterminés par
AMALFI, ville du royaume d'Italie, port sur
la Méditerranée, archevêché; forma longtemps
une république indépendante, eteut une grande
part au commerce de l'Orient, ce qui la rendit
presque la rivale de Venise; 3,439 nab. Patrie
de Masaniello et de Flavio Gioja, un de ceux
auxquels on a attribué l'invention de la bous-
sole, il Tables d'Amalfi. V. l'art, suivant.
amalfitain, aine s. et adj. fa-mal-fi-
tain, è-ne). Géogr. Qui est d'Amalfi, qui ha-
bite Amalii ; qui appartient à cette ville ou à
ses habitants : Un Amalfitain. Les coutumes
amalfitainks s'étaient maintenues malgré les
un bismuth sert a doa-
globes de" verre une apparence métal-j
lique. Depuis plusieurs années, les dentistes
emploient, pour plomber les1 dents, un amal-
game d'argent qu ils appellent mastic de Dell,
minerai succédaneum et pâte d'argent de Ta-
veau. En Angleterre, qn . fait pour , le jnè,me
objet usage d'un amalgame de palladium, et, en
Allemagne,. d'un amalgame de cuivre, ,
AMALGAMÉ, ÉE (a-mal-ga-nié) part, pass-j
A- -\ Amalgamer. Combiné avec le mercure :
— Tables amalfitaines ou d'Àmalfi. Code
nautique rédigé à AmalA vers le x« siècle, et
qui forma, dans toute l'Europe, la base du droit
des gens en matière de navigation et de com-
merce. Il en reste aujourd'hui très-peu de
fragments.
AMALGAMATION s. f. (a-mal-ga-ma-si-on
— rad. amalgame). Action d'amalgamer; se'
dit surtout do l'opération métallurgique qui
consiste soit à combiner le mercure avec un
autre métal, soit à extraire, par le moyen du
mercure, l'or et l'argent de leurs gangues :
Sans ^'amalgamation, l'homme n'aurait pu
tirer presque aucun parti des immenses quan-
tités de métaux précieux disséminés dans le
sol des deux Amériques, (Le Play.) On retire
l'argent des mines par' deux moyens, l'imbibi-
tion et J'amalgamation. (Brongn.)
—Moulins d'amalgamation, Moulinsqui ser-
vent à l'affinage des métaux, et qui consistent
en deux segments de sphère, tournant autour
d'un axe vertical, dans une cuve en fonte à
fond hémisphérique.
— Fig. Fusion, mélange : Oserions-nous
opposer à un pareil état de société celui d'une
nation hybride, hétérogène, sans avtochthonéité,
satis amalgamation, sors sympathisme? (Ch.
Nod.)
AMALGAME s. m. (a-mal-ga-me — du gr.
ama, ensemble; gàmein, marier* joindre).
Alliage du mercure avec d'autres métaux:
Amalgame d'or, d'argent. Amalgame de bis-
m~.!h. Faire un amalgame, /-'amalgame d'étain
sert à étamer les glaces. L'emploi de J'amal-
game dons les arts est extrêmement fréquent.
— Par ext. Assemblage, réunion, mélange
ou de choses de nature, d'espèce
Cette société offre un étrange
tous les rangs. (Acad.) L'amour
est le plus puissant de tous les principes d'union
et cCamalgame. (De Gérando.) // n'est pas
donné à tous les esprits de comprendre et de
connaître le prix des amalgames politiques.
(Mme D'Abrant.) Le peuple romain était un
amalgamé de toutes les nations. (Nisard.)
Cette réunion était un amalgame incroyable
des personnes les moins faites pour se trouver
réunies. (Mérimée.)
— Administ. milit.' Fusion de militaires de
corps différents par incorporation en une
seule troupe.
— Encycl. Les amalgames sont, en géné-
ral, liquides quajid le mercure domine, et so-
lides quand il ne s'y trouve pas en proportion
assez considérable. Us sont décomposés par la
chaleur rouge, et dégagent alors tout le mer-
cure. Il en existe même plusieurs qui entrent
en fusion b, la température ordinaire. C'est
avec un amalgame d'étain que l'on étame les
glaces. Les amalgames d'or et d'argent sont
biné avec un autre métal ; Le tnercure,.métal,
peu abondtint sur . le globe, est le plus souvent
AMMMMiè avec d'autres métaux. (Maury.) . ....
— Par ext. Mélangé : .Sous prétexte d'un
verre d'eau et de vin, je lui arrangeai' une
petite boisson amalgamée de Houssillan,^ de
blanquette de Limoux et d'eau-de-vieJ;'it'y 'avait
de quoi griser un mulet. (F. ISoulié.) ' '..'['-
. —. Fig. : Les plaisirs et les peines, les, biens
et les maux sont tellement amalgamés,' qu'on
ne peut éviter les uns sans se priver des autres.
(Mme de Maint.)
amalgamer v. a. ou tr. (a-mal-ga-mé —
rad. amalgame). Chim. Faire un amalgame,
combiner le mercure avec d'autres métaux :
Amalgamer l'or, l'argent, l'étain,'éic.'.' ', .:L
. — Fig. Rapprocher, unir, mêler des per^
sonnes ou des choses différentes : Amalgamer
des vieillards avec des jeunes gens. On a re-
proché à Santeuil d'Avom amalgamé, daiis ses
hymnes, le paganisme avec le christianisme.
Comment amalgamer en société des familles
dont l'une possède cent mille livres, et l'autre
pas une obole? (Fourier.)
S'amalgamer, v. pr. Etre amalgamé : Le
mercure ne peut s'amalgamer avec le fer. L'or
s'amalgame avec le mercure par le simple
contact. (Buff.)
- t- Fig. : Je ne sais quelle métaphysique de
Platon s'amalgame avec la secte nazaréenne.
(Volt.) Penelon vit madame Gityon ; leur
esprit se plut l'un à l'autre; leur sublime a' a-
malgama. (St-Sim.) il en résultait un ensemble
d'arts et de talents ■ qui n'en formait qu'un
peuple, propre à s'amalgamer avec le reste dji
genre humain. (B. de St-P.) La civilisation et
la nature semblent ne s'être pas encore bien
amalgamées. (M"»« de Staël.) Les maladies,
une fois établies, se croisent, s'amalgament par
une affinité funeste. (J. de Maisire.l La doc-
trine de l'émanation s'amalgame avec le théisme.
(B. Const.) Ce n'était pas une de ces maisons
de campagne coquettes, vernies, bourgeoises, oA
s'amalgament, sur vingt pieds carrés^fous les
ordres d'architecture. (Ad. Paul.) A la. fin du
xo siècle, les races commencèrent à s'amal-
gamer. (Guiaot.) -.
AMALGAMEUR s. m. (a-mal-ga-mour —
rad. amalgame^). Celui qui fait un amalgame,
ou qui est chargé do vérifier l'amalgame, le
AMALIQUE adj. (a-ma-li-ke). Chim. Se dit
d'un acide qu'on obtient en évaporant 'la
liqueur résultant de l'action du chloro en
excès sur la caféine : L'acide âmalique forme,
avec la baryte, la potasse et la soude, des sels
violets. (Orfila.)
AMALLOCÈRB s. m. (a-maî-lo-sè-ro — du
gr. a priv. ; mallos, duvet: keras, corne).
Entom. Genre d'insectes coléoptères tétra-
mères, de la famille des longicornes, fondé
sur une seule espèce du Brésil.
AMALLOPODE s. m. (a-mal-lo-po-de —
du gr. a priv.; mallos, duvet, et pous, podos,
pied). Entom. Genre d'insectes coléoptères
tétramères, de la famille des longicornes.
AMALOUASSE s. f. (a-ma-lou-a-se). Omith.
Nom vulgaire de la pie-griècho.
AMALOUASSE-GARE s. f. (a-ma-loù-a-se-
ga-re). Ornith. Nom vulgaire du gros-bec,
dans quelques parties de la Franco.
AMALRIC DE CHARTRES. V. AMAURI.'
AMALR1C (Arnaud), l'âme de la croisade
contre les Albigeois, né vers le milieu du
xne siècle, mort en 1225, fut d'abord abbé de
Poblet, en Catalogne, puis de Grandselve et
de Citeaux. Nommé légat par Innocent III, et ,
chargé, en 120*, d'extirper l'hérésie des Albi-
geois, il prêcha contre eu* une croisade à la-
quelle prirent part un grand nombre de sei-
gneurs, frappa d'interdit les Etais de Ray-
mond VI, comte de Toulouse, qui favorisait les
hérétiques , et exerça contre ceux-ci d'impi-
toyables rigueurs. En 1209, il assiégea Béziers,
où une foule de ces malheureux s'étaient réfu-
giés, s'en empara et la mit a feu et à sang. Les
historiens ne portent pas à moins de soixante
mille le nombre des victimes de cette atroce
exécution. Avant de commencer le massacre,
les croisés demandèrent au légat comment ils
fiourraient distinguer les hérétiques des catho-
iques *. « Tuez-les tous , répondit le farouche
légat, Dieu reconnaîtra les siens. » (V. Tuer.) Il
prit ensuite Carcassonne, fit périr, contre la foi
de la capitulation, le vicomte Raimond Roger,
qui commandait la garnison, fut nommé arche-
vêque de Narbonne en 1212, et s'arrogea le
titre de duc de cette ville. Poussé par son
humeur turbulente, il passa ensuite en Espagne
pour y combattre les Maures, se brouilla à son
retour avec Simon de Montfort, et parut se
réconcilier avec le comte de Toulouse. Lors-
qu'il mourut, on transporta son corps à l'ab-
baye de Citeaux, et on lui éleva un superbe
2&£
UW
monument. A plusieurs reprises.'le pape avait
essayé inutilement <lé modérer les cruautés de
ce prélat sanguinaire, dont l'existence fut un
fléau pour son siècle. 11 nous reste de lui des
chartes et' des lettres.
:iÂMÀL'fËb"(Pompomo),''péintre 'de l'école
vénitienne, né à Saint-Vito, dans le Frioul, en.
1505^ mort. vers- 1588, eut pour maitre le.Por-.
denone, dpnt il épousa la fille.' Bon-coloriste
et dessinateur correct,, il forma lui-même tde
nombreux.' élèves,'entre autres Girolamô Pom-
pOniû j'son frère ; Joseph Morëtto et Seb'astiano
Sebcànte,'ses deux gendres ; Qùintilia, sa fille,
qui avait épousé Moretto et qui cultiva en
même temps Ja peinture et la sculpture. La
cathédrale de Trévise ^renferme un des meil-
leurs ouvrages de Pomponio Amalteo, la Croix
parlée par, des -Anges, avec «diverses figure-
'dç saints. et un fond de -paysage qui. offre la
vue.de ^iptta.bourg du Trévisan, où "
avait acquis le droit de cité. On' voit
, où l'artiste
dans -l'église d'Uditîë Un 'Saint François, et à
Cehedà, petite ville du Frioul, trois tableaux
représentant les jugements de Salomon , de
Daniel etdeTrajan, qui, d'après Lanzi, seraient
des peintures dignes du Pordenpne.
AMALTHÉE, fille de Mélissus.roi de Crète,
prit , soin de . l'enfance (le Jupiter, lorsque, la
mère de celui-ci l'eut dérobé à M voracité 'de
Satùrne.'Suivant ,d' autres,. Amalthée était une
chèvre avec 'le lait de laquelle les filles de
Mélissus nourrirent le maitre des dieux. L'une
de ses cornes devint la corne d'abondance, et
elle-même fut- mise au rang des astres avec
ses deux chevreaux.
AMALTHÉE, nom.d'uné famille ^Henne ori-
ginaire du Frioul, dont les'membres se firent
connaître au xvo et au xvie siècle par leur goût
ppùrla poésie latine. Les. plus remarquables
sont Jérôme, Jean-Baptiste et Corneille. Leurs
poésies ont été imprimées, à Venise en ' 1627, '
sous le titre d&Àmdltheorumfratrum Carmina..
AMALTHOCÈre s. m. (a^mal-to-sè^ro -— .
de Amalthée, n. mythol,, et du gr. keras,
corne). Entom. Genre d-'insectes lépidoptères,
ne renfermant qu'une espèco, qui habite le
Sénégal. , , . , .-• /-^ . .
•aman s. m. (a-man — de l'arab. amanal être ■
sûr, avoir confiance). Capitulation, amnistie;
pardon accordé par les musulmans aux peuples
qui,ne pratiquent pas l'islamisme : Les coiidi-
tions de' J'aman varient, comme chez tous les
peuples , d'après les circonstances du moment,
la politique et le caractère du vainqueur.
(Encycl. môd.) X'aman accordé aux infidèles
peut être regardé comme l'engagement du plus
fort àrespécter la vie, la famille et-les biens
du plus faible; (Encycl. mod.) il Cri par lequel
los mahométans demandent quartier et merci
dans'un combat, il Nom donné à une ablution,
en usage chez les Turcs.
— Au moyen âge, se disait des notaires, par
abréviation du lat. amanuensis , secrétaire ,
copiste. " , .
— Mar. Cordage des antennes.
— Comm. Toile do coton du Levant, qui so
fabrique particulièrement à Alep.
i. Amant.
AMAN, Amalécite célèbre dans l'Ecriture
Ear son impiété et son orgueil. Ministre et
ivori du rpi.de Perse Assuérus, pendant la
captivité, de Babylone, il conçut une haine,
violente contré le juif Mardochée, parce que
celui-ci avait refusé de se prosterner devant
lui, et obtint du roi l'ordre de faire massacrer
tous les juifs.Mais Esther, épouse' 6"Ass"ùérus
et nièce de Mardochée, détourna la colère du
roi sur son premier ministre, qui fut pendu au
gibet même qu'il avait fait préparer pour Mar-
dochée (453,av. J.-C).
— Allas, hist. Le nom d'Aman a passé dans
la langue comme synon. de'favon, insolent,
de ministre orgueilleux , dont le nom est
devenu l'objet de la haine publique : Cet
Aman s'était emparé dû pouvoir, et abusait de
l'autorité que lui avait confiée son maitre. il
C'est surtout la tragédie d'Iisther qui a mis.en
relief ce type historique.
" AMANCE, ch.-lieu de, cant. (Haute-Saône),
arr. de Vesoul; pop. aggl. 928 hab. — pop.
tôt. '983 hab. Poteries, tuileries, carrières de
beaux sables blancs. .
AMANCEY, eh.-lieu de cant. (Doubs), arr.
de Besançon; pop. aggl. 712 hab. — pop. tôt.
745 hab..,,
AMAND (saint), évêque de Bordeaux, sa
patrie, succéda sur ce siège à saint Delphin,
en 403. — Un autre saint Amand fut évèque
de Tongres en 628, et l'apôtre des Pays-Bas.
AMAND (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Nord),
arrond. et à 12 kil. de Valenciennes , sur la
Scarpe ; pop. aggl. 6,739 hab. — pop. tôt.
10,210 hab. Importantes fabriques de fils pour
les batistes , les plus belles de France ;
bonneteries , draps , brasseries et distille-,
ries ; beaux restes d'une riche abbaye de
bénédictins fondée au vn<= siècle ; tour go-
thique , haute de 100 mètres. Eaux thermales,
sulfatées , . calcaires , sulfureuses , connues
des Romains, utilisées depuis le xve siècle.
Elles émergent par trois sources d'un sable
siliceux mêle de calcaire et recouvert d'argile
et de tourbe. Leur , température varie de 19°
à 25». L'établissement, construit en 1835, à
3' kil; de' la ville,' est l'un des plus beaux de ce
genre en France. On y 'donne des bains d'eaux
et'dè bbués.' Ces bains sont administrés coutre
les rhumatismes et les altérations qui en- sont la
suite; ils sont aussi fréquentés avec succès par
les malades affectés de paralysie générale,
d'atrophie musculaire, etc. Les mots boues de
Saint -Amand forment une expression très-
répandue dans notre langue. Ainsi l'on dit :
Aller aux boues, et non aux eaux, aux bains
de Saint- Amand : Prendre les boues de Saint -
Amand. (Acad.)
AMAND (SAINT-), ch-lieu de cant. (Loir-
et-Cher), arrond. de Vendôme; pop. aggl..
405 hab. — pop. tôt. 673 hab.
AMAND (SAINT-j ou SAINT-AMAND-MONT-
ROND„ch.-lieu d'arrond. (Çher),,à-38 kil. de
Bourges; pop. aggl. 7,825 hab. — pop. tôt.
8,607 hab. L'arrond. a il cant., 114 comm., et
114,283 hab. Vins, fer, laines, bestiaux, châ-
taignes ; tanneries et chamoiseries.
AMAND-EN-PUISAYE (SAINT-), ch.-lieu de
càht. (Nièvre), arrond." de'Cosiié; pop. aggl.
1,328 hab. — pop. tôt. 2,331 hab. Poteries de
terré; aux environs,' forgés, mines d'ocre et
carrières de grès. \
AMANDAIE s. f. (a-man-dê — rad. amande).
Terrain planté d'amandiers.
AMANDAVA, s. m. (a-man-da-va). Ornith.
Nom donné quelquefois au bengali.
des. Gâteau d'AMANDES. Huile (/'amandes
douces. Le médecin de Drusus , grand buveur
au rapport de ' Plutarque , prenait à chaque
coup cinq amandes amères pour apaiser les
fumées du vin. (Trév.) Il n'y a rien qui excite
plus à boire que de commencer le repas par
manger, des amandes. (Roques.)
— Par ext. Ce qui est contenu dans le noyau
de certains fruits : Les loriots mangent là chair '
des cerises, et tes gros-becs cassent les noyaux
"* "" mangent J'amande. (Buff.) Là graine des
En amande, loc. adv. En forme d'amande, ,
en ovale ; Les Arabes ont les yeux grands et'
coupés en amande. (Chateaub.) Ses mains mi-
gnonnes et pleines de fossettes sont enjolivées
d'ongles roses taillés kn amande. (Balz.) Ses
yeux bleus fendus en amande et doux à ravir
semblent faits exprès pour pleurer. (Balz.):
C'était, dans ce temps-là, une belle fille, avec
des yeux noirs fendus en amande. (F. Soulié.)
— Prov. Il faut casser le noyau pour avoir,
pour manger l'amande, Il faut se donner de
la peine pour retirer du fruit de quelque
chose : Il m'était démontré qu'on ne voulait de
ma pauvre enfant qu'avec toutes ses perfections,
c'est-à-dire sa fortune...; j'ai peut-être été un
peu vive, mais u, faut casser le noyau pour
avoir l'amande. (Th. Leclereq.) ,
• -r- Confiser. Amandes pralinées ou grillées,
Amandes jetées dans du sucre brûlant et
aromatisé. On dit plus ordinairement Pra-
lines, h Amandes lissées, Dragées consistant
simplem. en amandes recouvertes d'une cour
che de sucre.-
— Bot. Ensemble des organes contenus
dans l'épisperme , ou tégument propre d'une
graine : La fève, le haricot, le maïs, et le blé
lui-même, ont leur amande. (Bory de StVinc.)
Il Amande amère, Espèce d'agaric fort com-
mun aux environs de Paris, et dont l'odeur et
la saveur rappellent celles de l'amande amèro.
il Amande de terre, Nom vulg. du souchet
comestible.
— Géol. Amandes volcaniques , Fragments
de matières en fusion lancées par les volcans,
et quij par l'effet,de leur rotation dans l'air,
ont pris la forme d'amandes.
— Conchyl. Nom vulgaire de plusieurs co-
quillages, dont la forme rappelle celle do
lamande.
— Archit. Encadrement elliptique qui, dans
les tympans ou autres parties des églises du
moyen âge , entoure la représentation du
Christ, assis ou debout. M. Didron voit dans
cet encadrement une sorte de gloire qui en-
toure le corps entier du Christ comme le
nimbe entoure la tête, et propose de lui donner
le nom d'auréole elliptique. — Cet ornement
est connu encore sous le nom de vesica piscis
(vessie de poisson).
— Techn. Nom que les armuriers donnent
à la partie ovale qui occupe le milieu de la,
branche ou garde de l'épée.
— Théol. Amande mystique, Symbole de la
virginité de la sainte Vierge. Le sens mysti-
que attaché à la verge d'Aaron, qui fleurit en
une nuit et porta une amande, doit être re-
gardé comme l'origine de ce symbole.
— Encycl. Le nom d'amande, appliqué
d'abord uniquement à la graine et au truit de
l'amandier, s'est ensuite étendu à toute graine
de fruit à noyauf et même à toute graine dé-
pouillée de ses téguments. Entendue dans ce
dernier sens, Vamaude présente deux parties
distinctes, l'embryon et ralbumen. — L'amande
proprementdite est un fruit oblong, une espèce,
de noix (les Romains l'appelaient noix grecque)
dont le brou est mince et coriace, et dont la
partie ligneuse renferme une graine blanchâtre
enveloppée d'une pellicule jaunâtre. C'est cette
graine qui est employée soit comme aliment,
soit comme médicament. Les amandes ont des
propriétés différentes, selon l'espèce d'aman-
dier qui les porte. On distingue les amandes
douces et les amandes amères ,• '
asm
îo. Les amandes douces, qui se divisent en
amandes tendres et en amandes dures, suivant
le degré de consistance de la coque, ont un goût
très-agréable, surtoutlorsqu'elles sont fraiches,
et nous en faisons un grand usage sur nos tables;
elles renferment une grande quantité d'huile,
de l'albumine, du sucre et de la gomme ; aussi
sont-elles très-nourrissantes. Les pâtissiers et
les confiseurs s'en servent pour la préparation
des nougats, des dragées.
En médecine , trois préparations d'amandes
douces sont employéesae nos jours, l'émulsion,
l'huile et le sirop d.amandes douces. L'émulsion
se prépare en pilant dans un mortier les aman-
des privées de leur é'pider
i...i a^ns une certaine qUÏ
"ensuite à travers un filtre. Cette i .
blanche comme du lait, aussi l'appelle-t-on lait
d'amandes. On s'en sert contre les irritations
des organes digestifs et urinaires. L'huile s'ex-
trait des amandes broyées ; elle est employée
à une foule d'usages externes et internes ; elle
entre à la dose de 15 grammes dans le looeh
blanc. Le sirop appelé communément sirop d'or-
geat se prépare à raide de l'émulsion d'amandes
douces et de la décoction d'orge. Etendu d'eau,
il forme une boisson très-agréable. Les parfu-
meurs vendent, sous le nom àepâte d'amandes}
le parenchyme des amandes qui ont déjà servi
à 1 expression de l'huile ;
20 Les amandes amères renferment les mêmes
principes que les amandes douces , mais elles
contiennent en outre une huile volatile vé-
néneuse et une certaine proportion d'acide
cyanhydrique. C'est à ces deux substances
qu'il faut attribuer les effets délétères des
amandes amères sur l'économie animale. Le
Frincipe amer et volatil ne passe point dans
huile grasse qu'on obtient des graines par
l'expression à froid, et qui ne se distingue
en rien de l'huile d'amandes douces. Chez
l'homme bien portant, les effets vénéneux des ■
amandes amères ont été observés plusieurs
fois, et leurs véritables contre- poisons sont les
stimulants diffusibles, tels que l'ammoniaque
et l'alcool. La médecine emploie les amandes
amères dans les maladies qui réclament le
traitement antiphlogistique. Une préparation
souvent prescrite est l'émulsion ou tait d'a-
mandes amères, que l'on édulcore avec un
mélange d'amandes douces et de sirop. ,
Des noms particuliers sont donnés dans le
commerce à plusieurs sortes d'amandes douces :
amandes à la dame, à coque grosse et solide,
pointue à l'un des bouts, couverte de trous ou
sillonnée de lignes vermiculaires ; amandes à
la princesse, a coque de moyenne grosseur,
aplatie , mince , fragile , jaunâtre ; amandes
dures, a coque épaisse solide, difficile à rom-
pre, et chargée de petits trous de peu de pro-
fondeur. Il y en a qui sont vendues dépouillées
de leur coque ; ce sont les amandes de Chinon,
d'un jaune brun; les amandes d'Espagne, de
grosseur moyenne et d'un jaune pâle, arron-
dies, rioees; les amandes de Provence, arron-
dies, de couleur blanche quand elles sont nou-
velles ; les amandes de Milhau , longues,
aplaties, recouvertes d'une pellicule mince et
d un jaune sale, etc.
— Gramm. Doit-on écrire gâteau , pâte ,
huile, lait, etc., d'amandes, ou d amande? Les
grammairiens ont beaucoup discuté sur cette
question et sur d'autres qui rentrent dans
la même règle. Il est évident qu'en faisant
disparaître 1 ellipse, le mot amandes exprime
une idée de pluralité. Ce moyen mécanique,
aussi simple qu'il est logique, suffit pour tran-
cher la question en faveur du pluriel.
— Homonyme. Amende.
AMANDE, ÉE adj. (a-man-dé— rad.
amande). Qui contient un suc extrait de
l'amande : Lait amande. Crime amandée.
Boisson amandée.
— s. m. Pharm. Einulsipn d'amandes:,
Prendre un amande.
AMANDIER s. m. (a-man-dié — rad.
amande). Arbre fruitier qui tient du pêcher
par ses fleurs et par ses feuilles : L' amandier
est le symbole de l'imprudence, parce que, fleu-
rissant, dès la fin de janvier, il est souvent
atteint par le gelée. Qui pourrait voir avec
plaisir un vent précoce secouer la fleur des
amandiers, sous prétexte que les fruits en mii-
riront plus tût? (Alph. Karr.)
De ses doigts teints de pourpre, il touche en souriant
Le frêle abricotier, Vamandier qui sommeille,
Le pécher frissonnant sous sa robe vermeille.
De Latouche.
— Encycl. Vamandier est un genre de
plantes rosacées, type de la famille desamyg-
dalées. L'espèce la plus répandue est l'aman-
dier commun (amygdalus communis de Linné),
originaire dé l'Asie et du nord de l'Afrique.
Aujourd'hui cet arbre est cultivé en grand
dans le midi de l'Europe et dans tout le pour-
tour du bassin méditerranéen. En France, où
il fut introduit vers 1548, il ne donne des pro-
duits certains que dans la région où ton cul-
tive l'olivier. Ce n'est pas qu'il ne puisse
réussir dans des localités plus septentrionales ;
mais comme ses fleurs sont très -précoces ,
qu'elles paraissent quelquefois à la fin de jan-
vier, il arrive que les gelées du printemps com-
promettent souvent la récolte des fruits, qui
a' lieu ordinairement en automne, alors que le
péricarpe (orou) s'ouvre de lui-même. Sous
les climats trop chauds , au contraire, l'aman-
dier est constamment en végétation et ne
fructifie pas. ■ .
On distingue dans ce genre deux espèces
AJVLV
certain nombre de variétés qui diffèrent par
la grosseur du fruit , par la dureté et l'épais-
seur du noyau, l'époque de la maturité, etc.
Les plus estimés sont les amandiers princesse
et à la. dame; à coque tendre. On propage
l'amandier par le serais, et on, choisit surtout
pour cela les amandes amères, qui-ne sont pas
sujettes à être dévorées par les mulots. Les
jeunes sujets sont greffés en écusson, soit rez
terre, soit à une certaine hauteur.
AMANDINE s. f. (a-man- di-ne — rad.
amande). Sorte de cosmétique dont l'amando
forme la base, et dont on se sert pour se laver
les mains et même le visage.
— Encycl. Uamandine se tire principale-
ment de l'amande de toutes les rosacées.
Comme toutes les substances protéiques_, elle
se dissout dans les alcalis, et bleuit par l'acide
chlorhydrique concentré, etc. Elle présente la
même composition et presque les mêmes pro-
priétés'que la légumine. Toutes les deux sont
également insolubles dans l'alcool etl'éther;
leurs dissolutions aqueuses sont coagulées par
la chaleur et précipitées par les acides; toutes
les deux se distinguent de l'albumine en ce
que l'acide phosphorique ne précipite pas cette
dernière substance, tandis qu'il précipite les
deux autres. Le seul caractère qui les diffé-
rencie est que la légumine , précipitée par.
l'acide acétique, est de nouveau dissoute par
un excès de cet acide, tandis que l'amandina
ne s'y redissout pas.
AMANDON s. m. (a-man-don — rad. aman-
dé). Amande encore verte, mot qui n'est guère
usité que dans le midi de la France.
AMANDOORI s. m. (a-man-dou-ri). Comm.
Sorte de coton d'Alexandrie.
AMANDCS (jEneus Salvius) , général de
Dioclétien, prit le titre d'empereur dans les
Gaules l'an 285, et se mit à la tête des 5a-
gaudes, esclaves fugitifs et paysans révoltés
qui ravageaient les campagnes. Maximien Her-
cule, collègue de Dioclétien, les extermina
dans une action générale, et Amandus périt en
combattant.
AHA NESC1BI, mots lat. qui signif. aimes à
être ignoré, c'est-à-dire Aimez l'obscurité, ne
courez pas après le vain éclat d'une réputa-
tion qui a ses dangers et ses ennuis ; c'est la
maxime du sage. Dans sa fable le Papillon et
le. Grillon, Florian s'est inspiré de cet axiome
Pour vivre heureux, vivons caché.
AMANIQUE adj. (a-ma-ni-ke — de Amanus,'
n. pr.). Géogr. anc. N'est usité que dans la
locut. : Portes amaniques, nom d'un défilé qui
allait de la Cilieie à la Syrie, et était par sa
position la clef de ces deux pays : Alexandre
vainquit Darius aux Portes amaniques.
AMANITE s. f. (a-ma-ni-te — : dé Amànus,
n. pr.). Bot. Genre de champignons qui ren-
ferme à la fois les espèces les plus vénéneuses
et les plus recherchées pour la table. Ils res-
semblent beaucoup aux agarics, dont ils dif-
fèrent surtout en ce qu'ils sont renfermés,
pendant leur jeune âge, dans une valve qui
persiste à la base du pédicule. Les espèces les
plus importantes sont, parmi les comestibles,
l'oronge, la coucoumelle; la golmotte, l'ama-
amanitine s. f. ( a-ma-ni-ti-ne — rad.
amanite). Chim. Principe vénéneux, qu'on
obtient de certains agarics, en précipitant le
suc filtré de ces agarics vénéneux par l'acé-
tate de plomb, en séparant le plomb par l'hy-
drogène sulfuré, et en évaporant le liquide
filtré à siccité.
AMANLIS. commune du dép. d'Ille-et-Vi-
lâine, arrond. de Rennes; pop. aggl. 267 hab.
— pop. tôt. 2,433 hab.
amanoa s. m. (a-ma-no-a). Bot. Genre de
plantes euphorbiacées, renfermant des arbres
originaires de la Guyane, et dont le bois est
très-dur.
AMANOBIEN3 s. m. pi. (a-ma-no-bi-ain).
Géogr, anc. Peuple, de la Sarmatie euro-
péenne, voisin des Roxolans,
AMANS (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Lozère),
arrond. de Mende ; pop.' aggl. 193 hab. — pop.
tôt. 358 hab. Situé sur la rive gauche de la
Truyère, au milieu des montagnes, dans un
pays pittoresque, sillonné de ruisseaux, de
torrents et de cascades ; fabriques considéra-
bles de serge.
AMANS (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Avey-
ron), arrond. d'Espalion; pop. aggl. 224 hab.
— pop. tôt. 1,321 hab. Territoire montagneux ;
population généralement peu aisée.
AMANS-SOOLT (SAINT-), eh.-lieu de cant.
(Tarn), arrond. de Castres ; pop. aggl. 1 ,388 hab.
— pop. tôt. 2,374 hab. Ce bourg est la patrie
du maréchal Soult, dont il a pris le nûin ; il
s'appelait autrefois Saint-Amans-la-Bastide.
Fabrique de draps , commerce de laines.
AMANSIE s. T. (a-man-sî — de Saint-
Amans, n. d'un botan.). Bot. Genre de phy-
cées, dont les sept espèces connues vivent
dans les mers australes et les mers de l'Inde..
AMANT, ANTE s. (a-man, an-te — du lat.,
amans, amantis, formé de amare, aimer).
Celui, celle qui éprouve pour une personne
d'un autre. soxe la passion de l'amour: Amant
AMÂ.K
heureux , malheureux. "Amant" fidèle ;-linfi- ,
dèle. C'est une véritable, une tendre- amante.
Le mariage entre ces deux amants est résolu:
(Acad.) Dans les premières passions, les femmes
'aiment Damant, et dans tes autres elles aiment
l'amour. (La Rochef.) Retournes en Ithaque,
consolez' Pénélope , délivrez-la .de ses témé-
raires amants'. (Fén.) Il filait des sons tendres
en roulant des yeux en amant qui succombe à sa
langueur ï {Le Sage.) Z'amànt le plus passionne
pour sa maîtresse n'en est pas moins sensible
aux charmes detoiites' tes jolies femmes:'
(Sophie Gay.) .Comment, mon jeune amante tu
ne ,me réponds pas ?■ (G... &aïiû.) Les grandes
hardiesses, des deux amants se commettaient.
en présence des vieillards, le, soir. (Balz.)
Quels pleura par, un aman
: plaisant mystère!
'■■' '[E. Aooier. ,
mm
veurs que l'honnêteté condamne , seulement le
mot n'en réveille pas nécessairement l'idée.
Enfin, amoureux peut désigner une simple
tendance du tempérament, qui porte à aimer
les femmes. - '
— Epithétes. Favorisé, préféré, aimé, chéri;
idolâtré, aimable, séduisant^ complaisant, em--
pressé , assidu , sensible, tendre, langoureux,
passionné, délicat,' discret, soumis , -timide,
respectueux, constant, fidèle, entreprenant,
ha'rdi',: audacieux , 'téméraire , volage .'incon-
stant'.' trompeur ;- perfide, coupable,, ingrat,.
infidèle, lâche,
jarjure,
idiscret,' froid, t'rai
L'âge la flt déchoir : adieu.to
De quoi n'est pas capable .uni
Que le cœur des" amanîi est y
Êt'daiis la inemé tomWil vaut mieux lés" unir.'
' - '■'1 ' • ■ !.'.-. ■• ; CORHE1I.LÊ. '
Amants, lieùreu'x âmante/voûici-vous voyager?
- ' ' Que ce soit aux rives 'prochaines'. ■ • '
.•.'.-. ' . ■ ■.. La Fontaine.
Souvent d'un faux espoir un amant est nourri;
Le mieux reçu toujours n'est pas le plus chéri. <
i . -. ■■ 'Molière.1
Dans un amant aimé tout parait magnanime;
Dans un amant haï rien n'est digne d'estime.-
LA GRANGErC.IIAJMjEt..'
Une 'amante souvent" nous cache son dessein ;"' '
Dagla.ce est sur 'sa langue et le féù dans son sein'.' ,
■' ■ • ' ■ "■ ' ■' ''' J -Frévjlle.;
. ir.., ,Si mon amante écheveWe. ■ ,j i,',i,f:,/
Venait pleurer ..quand le jour 'fuit, : |.., -
Eveille par ton léger bruit '
m; xMon ombre un instant consolée: \:< f . ..
,, ,, -■ - , Mlt-LEVOIE. . '
-i '.\ Un: pauvre amant.àit ce qu'il pense
. ,,t, Sans trop penser à ce qu'il dit:
I Le désordre est son éloquence;
-1 ' Quand le cœur parlé,' adieu i'ésprit. '
i-ll .;'""-•■ ' "-■ DEMOUSTIER.
H Se dit 'pàrticulièr'em; de l'homme et de, la
femme entre lesquels il existe un commerce
illégitime.' Dans ce sens; amante est syh'. de
maîtresse rL' amant eit presque toujours moins
aimable' et moins empressé que l'amoureux. J'ai
vu des femmes1 'de tous' les pays : l'Italienne ne
croit être aimée de son amant que quand il est
capable de commettre'un crime pour elle; l'An-
glaise une folie ; la Française une sottise.
(Chamf.) Le mari. est un maître; Tamant est
un.fisclave avant d'être un tyran. (Laténa.)
Damant est tout aussi ennuyeux que le mùh.
(Miehelbt.) L'amant et le mari s'embrassent
avec effusion., ,(Ë. Sue.) Si vous n'êtes pas
/'AMANt de la.duche$se,,c'est que vous ne l'aveu
pas voulu... [G'. Sand.) .
— Amant de cœur, Celui que'la femme en-
tretenue aime gratuitement et" pour" lui-
même.1 'L'Académie le nomme greluchon,
V, ce1 mot. «Amant transi', Celui qui est
timide qui tremble devant celle qu'a aimé
etqui' hésite à lui faire sa déclaration : Alors'
Richelieu jouait le râle Damant transi. (Pli.
Ch'asles.) Il Amant des onze mille vierges ', Celui'
qui s'éprend de toutes les femmes qu'il voit'.
Bans ces deux derniers cas, on ait plutôt
insensible, indifférent ,' crédule, confiant, dé-
liant, Soupçonneux, jaloux, libéral, prodigue, ^
magnifique, affligé, désolé, éploré, désespéré,
inconsolable, etc., etc. . ,
— Homonyme. Aman. ..-,_•
— Anecdotes." Un amant attendait sa maî-
tresse, qui devait venir' le trouver à six heures.'
Il avança la pendule d'une heure pour la faire
arriver plus vite," '
Une femme se brouilla avec son amant, qui
était' chauve. Lorsqu'on en fut'à se rendre lés
gagés mutuels de tendresse qu'on s'était don-
nés : o Ce qu'il y a d'agréable avec Vous, lui
écrivit-elle, c'est qu'on n'a pas à.
de cheveux; >
mm. ■ ■
-Àianiit.de lui-mémo W), comédie en , un.
acte, en prose, par J .-J. Rousseau, représentée.
aux. Français en 1752;
Àniauis trompés (les), opéra-comique en un
acte mêlé d'ariettes, par Anséaume et Mar-'
coùville, joué à la foire Saint-Laurent en 1756.
..AMANT-DE-BOIXE (SAINT-), eh.-lieu-de,
cant. (Charente), arrond. d'Angoulême; pop.
aggl. 980 hab. — pop.;tot. l,eS9 ,hab. Ce bourg,
nui doit son. origine et:son nom, à une abbay^
de bénédictins fondée vers la fin du vie siècle,
est situé près de la rive gauche dé la Charente,'
;dans iifï territoire 'fertile. ' ' '■ '"-?> ■ <•■"' Mi
! AMÀNT-ROCHÈ-SAV1NE (SAINT;), ch^lféu'
'de cant. (Puy-de:Dôine), arrondi d'Ambert;
'pop. aggl. 500 hab. — pop. tot'.,'l,956 hab.Auk'
--..-_■_-_ ^QÛrQ^s' id[eau minérale 'froide'fei-,-
s rendre
— Par ext.'Cèlui, celle qui aime passionné-
ment une chose : Un amant de la nature. 'Ne
verrons-nous jamais cet amant de là vérité?'
(Volt.) V amant de sa patrie dresse' dan¥son
cœur une 'statué au grand écrivain. (Mme (Je
Staël.) Que d'autres s'exposent aux tempêtes,
je conseille aux amants de l'étude, de les con-
templer du rivage. (Chatéàub.) amants pusil-
lanimes de la vze pendant la paix , prodigues
de leurs jours dans les batailles; tels furent
les Atlténiens autrefois, ettels sont- les> Fran-
çais aujourd'hui. (Cb.atea.ub.) La Religion est.
4' amante mystique de l'Esprit, la compagne.de
ses jeunes et libres amours. (Proudh.), ,, ,' . ,.
Non, je ne puis souffrir, en quelque rang qu'il monte,
L'ennemi- de ma gloire et l'aman! dé ma honte;
■' ROTROU.
Le coursier qui jadis, noble amant de la gloire,
Superbe, l'œil en feu, volait a. la victoire..: ' ' '
Et l'inspiration, amante des forêts,
A l'Ame du poète y parle de plus près., . . ■ ■ .
■ Castel.
Aimable fille du printemps (la violette),
' Timide amante des bocages,
Ton doux.parfuin natte mes sens,
- En poésie, Les amants des Muses, Les
it qui est
parvenu à te faire agréer. L'amoureux éprouve
une passion véritable , mats il. est quelquefois
trop timide pour l'exprimer ouvertement, et si
l'objet de son amour repousse les soins qu'il
veut lui rendre, il aime toujours, et reste en-
core amoureux. 'Galant se rapproche plus du
premier que^du second ; niais il ne se. dit guère
aujourd'hùidàris té stylé honnête, et il supposé'
toujours1 un commerce illicite. Une femmeco-
qùette- veut avoir àea-amantéj mais 7 à-moins
que ce' ne soit une femme perdue, elle rougi-
rait d'avoir' des' galants ; cependant il arrive
souvent que Y amant lui-môme' obtient' des fa-
Une damev étant en compagnie avec son
mari,' racontait les moyens dont un galant s'é-
tait servi pour s'introduire la nuit,- en l'absence
de l'époux , dans la chambre d'une femme
qu'il aimait. « Mais; ajouta-t-elle , comme les
deux amants étaient ensemble , fort contents
l'un de l'autre, -voici le mari qui revient frap-
per à'ia porte. Or; imaginez l'embarras où je
tus alors... » Toute la compagnie éclata' de
rire... excepté le-mari. (
lieue le siècle de Mme Du CMtelet.
Mlle de Launay; qui restait place Royale,.a!lait
souvent rendre visite à -M'aie d'Epinay, et lors--
qu'elle rentrait chez elle, elle était toujours
reconduite par un jeune seigneur qui cherchait
à lurplaire. Toutefois, elle ne tarda pas à s'a-
percevoir qu'arrivé à la place , le suiipirant
prenait en ligne droite au Heu de '
son amour avait diminué de la différence de" la
diagonale aux deux côtés du carré. »
Amant jaloux (ï.'), comédie en trois actes,
mêlée d'ariettes, musique de' Grètry, paroles
de d'Hell, représentée à Versailles le 20 no-
vembre 1778, et'£, Paris le'.23 décembre'de'là
même année. Cet opéra est un des meilleurs
dé'Grétry, et il eèt longtemps' resté au réper-^
toire, La sérénade chantée par Florivàl' au
second acte : Tandis que tout sommeille, est
d'un sentiment exquis.
Les Adu magnifiques, comédie de Mo-
lière en cinq actes et en prosej représentée
pour la première fois en ÏG70. C'est lin de ces
ouvrages de commande, une de ces pièces de
cour où l'on ne retrouve rien de Molière. On
y voit deux princes qui se disputent une maî-
tresse en lui donnant des fêtes somptueuses
et galantes, etqui rappellent ainsi Don Sanche,
pièce médiocre dé Corneille. On prétend que
ce fut Louis XIV lui-même qui fournit à Mo-
lière le sujet de cette comédie. Le prince qui
ne dédaignait pas de faire asseoir le poète à
sa table, afin d'apprendre à vivre à-ses offi-
ciers,- ne crut pas déroger non plus en deve-
nant son collaborateur. Mais les Amants ma-
gnifiques, n'en furent pas moins une pâle
production, indigne du grand , comique. Il
trouva moyen' d'y attaquer l'astrologie.'judi-.
ciaire, qui était encore en vogué de son temps.
Il'é'tait difficile 'que la divination échappât ala
critique philosophique d'un homme qui avait
été le disciple de Gassendi,' et il ne pouvait
en faire meilleure justice qu'en la poursuivant
chez les princes, plus infatués de l'astrologie
que d'autres, parce qu'ils se persuadent que
toute la nature est occupée de leur destin.
— Le mot amant entre encore dans le tiire
d'un grand nombre de pièces qui ne sont pas
restées au répertoire j et dont voici les prin-.
Amunii libéral (t.'), comédie en cinq actes,
en vers, de Scudéry, 1636 ; ,r , ..-
Amant indiscret (i'), comédie en cinq actes,
en vers, de Quinault, 1654 ;
Amant ridicule (l'), comédie en un acte, en
prose, par Boisrobert, 1655; "
Amant masqué (l'), comédie en un acte, en
prose, par Dufresny, jouée au Théâtre-Fran-
çais en 1709 ;
Amante uirucite (l), comédie en- cinq actes,
en prose, par.Lamotte, jouée aux Italiens
AMÀNT-TALLENDB (SAINT-), ch.-Heu '.de
cant. (Puy-de-Dôme, arrond. de Clermont;,
pop. aggl. 1,46,5 hab. — pqp. tôt. 1,531 'Hab.
Papeteries; élève de chevaux, et ' d'abeilles j ,
eaux minérales. Pays riant et fertile, arrose
par'la Veyre'et la Moune. .,' "'.!'1 '*':!' .'v(
AMANT (Amant MARGUET,dit);'a.cteur fran-
çais, né a Paris, mort en 1860, s'essaya d'abord
comme amateur chez Doyen, joua ensuite'
pendant deux années (1829-30) surlesihéâtees
de Montmartre et de Belleville, et débuta, en
1831 , aux Folies-Dramatiques par une heureuse
création-, le. rôle de Chauvin dans la Cocarde
tricolore.' Bientot'les rôles duportier Badou-
lard, des Etudiants; de Zozo, dans l&.Maison
isolée ; de Fabio, dans Camille, etc. , lui créèrent
une sorte de réputation aux boulevards. Après
un séjour d'environ deux ans au Havre, il dé- .
buta au Vaudeville,. dans Mademoiselle Mar-
guerite (1834) ; mais; ce ne- fut que l'année
suivante, qu'il compta dans la troupe de ce
théâtre., Dès lors, il se fit remarquer dans une
foule, de pièces, changeant, d'allures en même,
temps que de costumes, taiitot en vieillard,
: tantôt en fat, tour à'tour ouvrier et, marquis.^
En 1848, il passa au Palais-Royal, bien que ses,
'■ qualités.ne semblassent pas convenir à.ce théâ-
tre joyeux et bouffon. Kn .effet, chez Amant,
' point de charge, point de ce gros comique qui
fait éclater le rire.par ja débauche des gestes et
: l'excentricité des intonation^ ; son jeu, plein de'
goût, de finesse et d'esprit, était d'un naturel
parfait. C'était le type vrai de ces petits bour-
geois , dits 'ganaches ou pères dindons, imbé- ,
ciles et crédules, que le théâtre met toujours en
scène avec succès. Comédien consciencieux,
instruit, soigheux'des détails, il était dans ses
rôles d une hètise fort amusante , flageolant,
chevrotant et nasillant a ravir. Ses principales
créations sont : Au Vaudeville : Mademoiselle
Marguerite (Boisseau), Un Bal du grand
monde (Tochehbourg), la" Grisette et l'Héri-
ti>-re (le baron), M. Uaube (Constant), les Mé-
moires du Diable (lé chevalier dé la Ropinière),
Y Homme blasé (le fermier), etc.; et; au Palais-
Royàl : les Parades de nos pères (Cassandre);
le Chapeau de paille' d'Italie fVésinet), Un
Garçon de chez Véry (Galimard), Edgard et
sa Bonne (Vauvardin), les Crapauds immor-
tels, le fliner de Madelon, etc. Secrétaire et
archiviste de l'association des artistes drama-
tiques, Amant possédait une bibliothèque très-
curieuse et une des plus riches collections
d'autographes historiques. Il apportait au théâ-
tre les moeurs honnêtes de sa vie de citoyen.
Nous sommes trop accoutumés k refuser une
valeur 'morale h. ceux qui, sur les planches,
nous charment et nous font rire ; il serait, en
cela, injuste de confondre le présent avec le
passé, et là vie du comédien Amant donne un
éclatant démenti à ce préjugé populaire..
AMANT ALTERNA CAMENiC, mots lat. qui
signif. les Muses aiment le chant de deux voix
gui s'alternent. Dans la 3^ égloguè.de Virgile,
deux jeunes bergers, Damète et Menai'—- '— '
Amant* jaloux (les), comédie en trois actes;
en prose, attribuée a Le Sage, représentée
aux. Italiens eh 1735;- . , , .. .-1
Amants Inquiets (les), parodie en trois
actes de l'opéra de Thétis et Pelée, par Favart,
jouée, aux Italiens en 1751 ;■
tendre gazon. Déjà les campagnes ont re-
pris leur fécondité, les arbres leur verdure,
les forêts leur feuillage, l'année est dans toute
sa beauté. Commence, Daiiiète ; toi,Menalqùe,
tu répondras. Vous chanterez tour à tour; les
Muses aiment les chants qui s'alternent, ■
Alternis dicetis; amant alterna Oamense.
' Cette citation, heureuse et poétique, révient
souvent sous la plume des écrivains à propos
de deux hommes qui se succèdent dans un
même travail, qui défendent tour à tour -les
mêmes idées et qui concourent alternative-
ment à une oeuvre commune. En voici quel-
ques exemples : ■ '
« Amant alterna Camènœ. On sait que le
Joùriial des Débats confie la rédaction de son
bulletin quotidien à deux rédacteurs qui se re-
layent de mois eh mois. Il ne change pas pour
cela de politique ; cependant il nous semble
que le rédacteur du mois d'août revient a cer-
taines tendances libérales dont son prédéces-
seur s'était écarté. » : '
E. »B LA BÉDOLLIÈRE.
,i« ..-. Cédant tous les deux' à une prière ami-
cale,chacun, a son tour, récita des vers iné-
dits, et le hasard voulut que, s'occupant l'un
et l'autre du même sujet, lorsque Casimir De-
layigne'nous eut dit sa Messénienne de Napo-
léon, Lamartine répondit par la, Méditation sni
ÀMA/ a*ss
Bonaparte.-Jamais.Vaniaii*aiip'Na-CaM#!W[der.
Virgile n'auraitpuêtreappliquéplusà.propos,-»-.
■ ■' - Améuée Pichot. '[■';•
«Quoi de plus invraisemblable et da plus -
absurde que- ce vestibule, , ce péristyle ( cette
antichambre, lieu banal où nos tragédies .ont.
la complaisance de venir se dérouler; où- arrii'
vent, oh' ne sait comment1, les conspirateurs1
pour déclamer contre le tyran, le'tyran pçur|
déclamer contré ieS^çonspjrateurs^'jChacun'l^' .
leur ', tour, ' comme s'ils ' .s'étaient $$ hucoli- ,
quement : . . '".-n!," ,.ii-q.i ■■■■n-. :!•;:
Âltérnis eantemus ; amant altéifnaCameiiié.'V"'4 "■
' -: i".,i ' '_; '']'~.\ ' ',", v, 'hugo.0'^';
«M. de Chateaubriand 's'est ouvert àssez'i
souvent à M. de Marcellus jpour que les sôùve^ '
nirs personnels du jeu'nè 'confident redressent,.
ça et ïk la mémoire ,du. vieux sqngeur.;il y;a ,
eu entre eux cette heureuse proportion, quij
laisse à deux -esprits d'inégale portée assez de ■
points -de- contact pour pouvoir s'entendre et
se donner la réplique ; Amant alterna Càmenœ. »
■■.-., i ^. ,.-: .-i . . DE PONTMlïKTlNi^A
'ÂMANTELER v! a. ou tir. '(a-man-te-lé — '
raà..mantel. manteau). Vieux mot qui signif.,
prbprement'Couvrir d'un manteau, et, au lig.;
Couvrir ': ' . , ' '.' ". .^ ; ■;';,-
i '. L'un, par notre France,' .* . . u,
Amantclr. son ignorance - . .:
S'égayant en l'autrui plumage. ' BaIf. '
AMANTHON (Claude-Nicolas), pûblièisf-e, hé
à'Villers-les-Ports en 1760,'mort'en 1835: An-
cien avocat au parlement de Bourgogne, il fut
ensuite maire d'Auxerre, puis conseiller d'é"
préfecture de là Cftte-d'Or. Outre un g^an'd i'
nombre de mémoires judiciaires et des articles^
dé'journaux, il a publié beaùcdup-de' travaux'
relatifs a la Bourgogne, recherehesrhistofi-
ques ou archéologiques, biographies, mémoires-
sur divers sujets d administration oud'ècono- >
mie politique, etc. - ... r ■■■■■, ' ' ' --
AMAN US, partie de la chaîne du Tàurùs,'1
entre la Syrie et là Cilicie, où se trouvait- le
célèbre défilé des Portes amaniques; où.-
Alexandre battit Darius. ■ ' • ;
'AMAPALA, le seul port rde Honduras' sur,'
l'bcean Pacifique ; excellent ancrage pour les
plus grands vaisseaux. "' .^
AMAPE, ÉE (a-ma-pé) part. pass. àp-.T-)
Amaper. , , . -.,'''.
AMAPER v. a. ou tr. (a-ma-pé). Mar. Saisir "
fortement une voile pour la serrer; V-''- '
AMAB (J.-P. André), conventionnel,' h é^ h.
Grenoble en 1750, mort.à Paris en' 1816. II-
était avant la Révolution avocat âù parlement
de Grenoble, et fut envoyé à la Convention- en
' 1792. Il siégea a la Moritagrié; vota la mort 'dé
Louis XVI sans appel ni sursis, contribua à la'
chute des Girondins, et prit part à. toutes les
mesures. violentes de l'époque. Après le. 9 ther-
midor, il fut un moment inquiété, trempa dans,
Ja conspiration de Babeuf,, n'accepta .aucune
fonction sous le gouvernement impérial, et dut
à" cette circonstance d'échapper aux prosèrip-
tions de la Restauration.' ' ' -
■ AMftRA s. "m. (a-ma-ra— .du g'r. ''amoral
sillon). Entom. G'enr.' de coléoptères peina-
mères,' qui est voisin des' carabes,, et aies
mêmes mœurs.. ;. '._', . '. . .
AMARACARPE, s. m, (a-ma-rarkar-pe —
du gr. amara, sillon; karpos. fruit).. Bot. Ar-
brisseau japonais, de la famille des rubiacée.s.j
AMARACTN s.' m. (a-ma-ra-sain). ■' Ane.
pharm. Nom d'un emplâtre compliqué, dans le-
quelentrait une grande quantité d'ar '""
AMABANTACÉ, ÉE adj .^ fa-
rad, amarante). Bot. Qui
ran'te: n On dit aussi am
toïdp;. l • . ' ■ •
— s. f. pi.' Famille ae plantes qui à1 pour
typé le genre amarante. ' .' , '
.— Encycl- La famille des amarantaçées ren-
ferme des plantes herbacées ou des sous-
arbrisseaux, a feuilles simples, ordinairement;
alternes. L'es fteurs;disposèes en capitules, en
épis, en glomérules ou en grappes, sont pe-
tites et peu' apparentes, hermaphr&dités', mo-
noïques ou polygames, tantôt verdatres et
herbacées, tantôt colorées et accompagnées
de bractées scarieuses également colorées.
Elles présentent un calice, le plus souvent à
cinq "divisions libres, scarieuses, persistantes;
de. trois à cinq étamines,à.âlets membraneux;
hyposrynes, alternant avec des écailles fiprales ;
un ovaire' simple,' lihre. uniloculairej à un ou
plusieurs ovules, surmonté d'un à trois styles..
Lé fruit est un akène membraneux, renfer-
mant une graine lenticulaire , à testa très-
minc'e et crustacè, à embryon recourbé au-
tour d'un albumen farineux. Bien qu'assez peu
nombreuse en espèces,' là famille des amaram-
lacées compte' des représentants dans toutes
lés régions du globe/ Klie ne possède pasde
--- — ■-'■-" bien remarquables, et n'ottré aucune
application bien importi..-
no'mie domestique. Ses principaux genres sont:
lès amarantes, lès amarantines, les célosias, les
alb'ersies; les cadélàris et les pplycnemes, . '
AMARANTE S.' f. (a-ma-ran-te .—'■ du gr. a
nriv.- marainà, se flétrir, a cause de laper- i
sistance de ses fleurs). Bot., Fleur d'autoran© '
246
AMA
ià Lais,
qui est ordinairement d'un rouge de pourpre
velouté • Chez les anciens, ï amarante était le
symbole de l'immortalité, et on la consacrait
aux morts. Des prés semés d' amarantes et de
violettes. (Fén.) V amarante est cultivée dans
les jardins d'ornement, et elle fleurit en au-
tomne. (Bouill.) On lit dans Homère que les
Thessaliens étaient couronnés d' amarantes aux
funérailles d'Achille. (Deschanel.)
Fière de ses longs jours, au zéphyr inconstant,
' L'amarante a livré son panache éclatant.-'
Boucher.
Ta louange, dans mes vers
"' te couronnée,
Oda de Malherbe à Henri IV.
, '— Amarante tricolore, Amarante à feuilles
tachetées do vert, de jaune et de rouge, il
Amarante çrêie-de-coq ou passe-velours, Ama-
rante dont les fleurs, disposées en forme de
panache, ressemblent à du velours d'une belle
couleur rouge mêlée de violet. C'est de cette
espèce que vient le nom de couleur amarante.
il Amarante pàniculèc, Amarante d'un très-
joli effet, qui s'élève souvent à plus d'un
mètre, et dont les fleurs, d'un vert teinté de
rouge plus ou moins sanguin, s'épanouissent
pendant l'été. Il Amarante gracieuse, Très-
belle espèce originaire du Népaul, donnant
des flours d'un beau rouge pourpré. Il Ama-
rante à queue de renard , Qui porte un
épi- terminal très-long, il Amarante mélan-
colique, Dont les fleurs présentent un aspect
sornbre et triste, il Amarante blette, A tige
rameuse et à feuilles ovales échancrées au
sommet. Cette espèce est comestible.
— Bois d'amarante, Bois exotique qu'on em-
ploie principalem. pour la marqueterie, les
ouvrages de tour, et dont on ne se sert en
France que depuis l'exposition de 1827.
— Zool. Amarante de mer, Ancien nom
d'une espèce de méandrine.
— Hist. littér. Amarante d'or, Une des
fleurs que les poètes ont à disputer dans les
concours des jeux floraux, à Toulouse. Ua-
marante d'or est le prix de l'ode.
— Adj-, invar. Qui est de la couleur de l'a-
marante : Velours amarante. Taffetas ama-
rante.' Des rubans amarante. Salin, drap
amarante. Une garniture amarante. La clu-
bione amarante a les mêmes habitudes que la
çlubione soyeuse. (Walcken.)
Et quand tu vois ce beau carrosse,
Qu'il étonne tout le pays
Et fait pompeusement triomphi
Ne dis plus qu'i
,.;Dis plutôt qu'il esi ae ma rente.
MOLIÊEE.
Il S'empl. comme subst. masc. pour désigner
la couleur amarante : Les nuages, au-dessus
du soleil, paraissaient d'un bel amarante.
(A. Karr.)
— Hist. Ordre de l'amarante, Ordre plus
galant que chevaleresque, créé en 1653 par
. Christine, reine de Suède, à l'occasion tfun
bal où elle avait figuré déguisée en nymphe,
sous le nom d'Amarante. La devise était :
Semper idem. C'était une de ces institutions
futiles que certaines princesses excentriques
ont trop souvent créées pour satisfaire la va-
nité de leur entourage , et qui ont presque
toujours disparu avec leurs fondatrices. Il
n'était déjà plus question de cet ordre en 1698.
AMARANTE, ville de Portugal, prov. de
Minho; 5,500 hab. Eaux minérales ferrugi-
neuses.
AMARANTE, ÉE adj. (a-ma-ran-té). V.
.Amarantacé.
Amarantiens s. m. pi. Géogr. anc. Peu-
ple de l'ancienne (Jolchide, auj. la Géorgie.
AMABANTINE s. f. (a-ma-ran-ti-ne — rad.
amarante). Etoffe légère, de couleur amarante.
. ' — Bot. Genre de plantes de la famille des
amarantacées, voisin des amarantes. Syn. de
gomphrène.
AMARANTOÏDE adj. (a-ma-ran-to-i-de —
rad. amarante, et du gr. eidos, ressemblance).
Bot. Syn. de amarantacé. Y. ce mot.
AMARAQUE s. m. (a-ma-ra-ke — du gr.
amarakos, marjolaine). Bot. Genre de plantes
de la famille des labiées, renfermant des ar-
brisseaux glabres ou laineux qui croissent
dans l'île de Candie.
AMARDES s. m. pi. Anciens peuples de la
Perse, soumis par Alexandre. Pline donne
aussi ce nom à un peuple de Scythie.
AMAR-DUR1VIER (Jean-Augustin), littéra-
teur, né à Paris en i"C5, m. en 1837. Il entra
dans la congrégation des Pères de la doctrine
chrétienne, professa à Lyon, et fut nommé en
1803 conservateur à la bibliothèque Mazarine.
Il a publié un grand nombre de livres d'édu-
cation, des traductions, une tragédie de Ca-
therine II, la Dot de Suzette, comédie , des
articles dans la Biographie universelle, les
deux-premiers volumes d'Ovide dans les clas-
siques latins de Lemaire, la première traduc-
tion française des chefs-d'œuvre de Goldoni, etc.
AMAreilleur s. m. (a-ma-rè-ieur ; Il mil.
— rad. marée). Tethn. Ouvrier chargé de soi-
gner le parcage des huîtres.
. amarel s. m. (a-ma-rèll). Bot. Nom vul-
gaire du cerisier de Sainte-Lucie, dans le midi
de la France.
AMA
AMARELLE„s. f. (a-ma-rè-le). Bot. Sorte
de gentiane.
Amarène s. m. (a-ma-rè-ne — du gr. a
priv.; marainà^e me flétris). Bot. Genre de
plantes légumineuses, voisin des trèfles, aux
dépens desquels il a été formé. . "
AMARESCENT, ENTE adj. (a-ma-rèss-san,
an-te — du lat. amarescere ; formé de amarus,
amer). Qui a un léger goût d'amertume. -
AMAH1 (Michel), historien italien, né à. Pa-
ïenne en 1806. Son ouvrage le plus important
est une histoire des Vêpres siciliennes, qui eut
un grand succès et fut traduite en français,
en anglais et en allemand. Exilé à cause de
ses opinions libérales, il se réfugia en France,
reparut en Sicile lors de la révolution de 1848,
et fut nommé membre du parlement et ministre
des finances. Il travaille depuis longtemps à
une histoire de l'occupation de la Sicile par les
Musulmans, dont le premier vol. a déjà paru.
AMAR] (Emeric), publiciste italien, né à Pa-
ïenne en 1810, fut nommé, en 1841, directeur
de l'hospice des aliénés et professeur de droit
pénal à l'université, puis directeur du nouveau
pénitencier de Païenne (1842). Partisan de la
réforme, il fut enfermé le il janvier 1848,
veille du mouvement insurrectionnel ; mais,
délivré et appelé au Comité de salut public, il
fut nommé à la Chambre par deux collèges
électoraux, et figura au nombre des principaux
orateurs. Chargé d'une mission auprès du roi
Charles-Albert et du duc de Gênes, il revint
à Palerme dès la reprise des hostilités entre
les troupes napolitaines et les Siciliens (mars
1S 19). La défaite de ses compatriotes l'obligea
à s'exiler ; il passa dans les Etats sardes. Au-
jourd'hui M. Em, Ainari est membre de l'Aca-
démie de philosophie italienne, fondée par Ma-
miahi. Philosophe avancé, il professe le néo-
catholicisme , et s|est occupé particulièrement
de droit pénal et d'économie sociale. Son cours
avait eu à Palerme un brillant succès. Eu 1838,
il avait fondé dans la même ville, avec l'écono-
miste Ferrara , un Journal de Statistique. En
1841, il fit paraître un Essai sur la théorie du
Progrès. On lui doit aussi une brochure sur
les Progrès de l'industrie.
AMARIDES s. m. pi. (a-ma-ri-de — du gr.
amara, sillon). Entom. Sous-tribu des coléo-
ptères pentamères, de la famille des carabi-
ques, ayant pour type le genre amara.
AMARIE s. f. (a-ma-rî — du gr. amara,
sillon). Bot. Genre de plantes de la famille des
légumineuses, arbrisseau à feuilles simples,
de la Nouvelle-Grenade.
AMARl FONTES ou AMARI LACUS (a-mari
fon-tèss, la-kuss — mots lat. qui signif. eaux, -
sources amères, tacs amers). Lae d'Egypte,
près d'Hermùpolis, qui servait de communica-
tion entre le canal de Trajan et la mer Rouge.
.AMAR1N (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Haut-
Rhin), arrond. de Belfort ; pop. aggl. 2,056 hab.
— pop. tôt. 2,290 hab. Brasseries, faïencerie,
forges, hauts-fourneaux. Cette petite ville est
située dans la riante et pittoresque vallée du
môme nom, près de la rive gauche de la Thur.
Aux environs, ruines du vieux château de
, Frieldbourg, brûlé par les Suédois en 1637, et
dont il ne reste plus qu'une tour.
AMARINAGE s. m. (a-ma-ri-na-je — rad.
amariner). Mar. Action d'amariner un navire.
AMARINANT (a-ma-ri-nan) part. prés, du
v. Amariner.
Amarine s. f. (a-ma-ri-ne — du lat. ama-
rus, amer). Chim. Alcaloïde que Laurent a
découvert en faisant agir l'ammoniaque sur
l'essence d'amandç amère, et que Berzélius a
nommé picramine.
AMARINE, ÉE (a-ma-ri-né) part. pass. du
v. Amariner. Habitué à la mer : Équipage
amarinb. Matelots amarinés. Il Se dit surtout
d'un vaisseau pris sur l'ennemi et dont on a
remplacé l'équipage : Toute prise amarinée
est regardée comme possession nationale. Les
prises furent amarinées malgré une grosse
mer. (Littré.)
amariner v. a. ou tr. (a-ma-ri-né — du
lat. mure, mer). Mar. Accoutumer, habituer
un équipage à la mer, aux manœuvres, en
le conduisant au large pour le guérir du
mal de mer et l'habituer au régime du bord :
Amariner des matelots. Tous les hommes ne
sont pas également faciles à amariner; cela
dépend de leur tempérament, de leurs ha-
bitudes et de leur genre de vie. (Encycl.) Il
Prendre possession d'un navire : Dans cer~
tains dangers, on coule une prise au lieu
de Tamariner, surtout si elle est de peu de
valeur. Dépèchom-nous (('amariner ces quatre
vaisseaux anglais. (E. Sue.) Il a reçu deux
bons coups de hache d'armes sur la tête, et a
vu sur les cadres les trois quarts de son équi-
page, pour s'être donné le glorieux plaisir u('a-
mariner le brick de votre seigneurie. (E. Sue.)
— Fig.. dans te langage des marins, Attra-
per : Je Ihl joliment amarine.
S'amariner, v. pr. S'habituer à la mer, au
métier de marin.
AMARINIER s. m. (a-ma-ri-ni-é — du pro-
venç. umarine, baguette d'osier). Bot. Un des
noms vulgaires du saule-osier jaune, dans le
midi de la France.
AMARI NITE s. f. (a-ma-ri-ni-te — du lat.
amarus} amer). Chim. Nom sous lequel on a
propose de réunir plusieurs principes immé-
diats de végétaux, tous plus ou moins amers. |
AMA
AMARITUDE's. f. (a-ma-ri-tu-do — lat:
amaritudo, môme sens). Amertume: En ce
bas monde, il n'y a çu'amaritude. h On disait
aussi, mais plus rarement, amaritume.
amaroïdes s. m. pi. (a-ma-ro-i-de — du
gr. amara, sillon ; eidos{ forme). Entom. Tribu
de coléoptères pentamères, ayant pour type
le genre amara : Les amaroïdes sont des co-
léoptères de petite taille, qui ne se trouvent
guère que dans les parties froides et tempérées
de l'hémisphère septentrional. (Duponchel.)
AMAROU s. m. (a-ma-rou). Bot. Nom vul-
gaire de diverses plantes qui croissent natu-
rellement dans les champs de blé, et dont les
graines, quand elles sont mêlées en trop
grande quantité à celles des céréales, com-
muniquent au pain un goût amer: telles sont
la gesse sans feuilles, le pied-d'oiseau, la nielle,
la saponaire des vaches, etc.
AMARQUE s. f. ( a-mar-ke — de à et mar-
que). Mar. Mât, tonneau flottant qui indique
un écueil. On dit plutôt aujourd'hui bouée et
même balise.
amarrage s. m. (a-ma-ra-je— rad. ama-
rier). Mar. Action d'amarrer un bâtiment. |]
Union de deux cordages par un autre plus
petit qui fait plusieurs tours symétriques, et
qu'on appelle aussi ligne d'amarrage : Les ga-
lères hivernèrent à Rouen, et celui qui lesy avait
amenées devait naturellement les préserver des
accidents dont elles étaient menacées dans ce
séjour étranger; aussi imagina-t-il une nou-
vclle sorte d amarrage. (Fonten.)
AMARRANT (a-ma-ran) part. prés, du v.
Amarrer.
AMARRE s. f. (a-ma-re— du celt. amarr,
lien). Mar. Cordage libre qui sert à attacher,
à retenir un vaisseau : Z'amarre dénouée et
la voile tournée au vent, la canqe s'éloiqna de
la rive. (Th. Gaut.) Il Ce vaisseau est sur ses
amarres, Il est à l'ancre.
— Fig. Se dit de tout ce qui Sert à retenir :
La volonté nationale, robuste amarre de l'Etat,
ancre d'airain qui ne casse pas, et que viennent
battre vainement tour à tour le flux des révo-
lutions et le reflux des réactions. (V. Hugo.)
AMARRE! (impér. du v. Amarrer). Com-
mandement d amarrer, fait aux hommes qui
halent sur une manœuvre : Amarre sans lar-
guer/ Amarre partout!
AMARRÉ, ÉE (a-ma-ré) part. pass. du v.
Amarrer : un bâtiment amarré dans le port.
Une barque amarrée au rivage. Au pied de
ces arbres étaient amarrées plusieurs pirogues
semblables à la nôtre. (B. de St-P.) Toute la
famille descendit vers la côte pour visiter la
barque abandonnée la veillé, et voir si elle
était suffisamment amarrée contre le gros
temps, car la tempête continuait encore. (La-
mart.) A quelques pas du filet était amarrée
une barque dans laquelle dormait un homme
enveloppé d'une couverture. (V. Hugo.) L'eau
commençait à battre violemment les quais, et à
entrechoquer les gondoles amarrées aux de-
grés de marbre blanc de la Piazzetta. (G. Sand.)
— Fig. Affermi, solidement établi dans une
position, dans un poste : Prenez garde! Vous
avez des ennemis, c est-à-dire des gens qui con-
voitent votre magnifique traitement, et vous
n'êtes amarré que sur une ancre. (Balz.) C'est
la propriété qui, d'accord avec la famille, tient
aujourd'hui la société puissamment amarrée
sur la surface mobile de la démocratie. (Balz.)
AMARRER v. a. ou tr. (a-ma-ré — rad.
amarre). Lier, attacher, retenir avec dos
amarres : Amarrer un navire. Amarrer une
chaloupe aux anneaux du port. Je m'arrêtai à
l'extrémité de Vile, et j'y amarrai mon vaisseau
à une grosse roche. (Fen.) On amarra la barque
au rivage. (Alex. Dum.) Dantès comprit qu'on
était arrivé et qu'on amarrait l'esquif. (Alex.
Dura.)
— Par ext. Attacher avec des cordes : Trois
porte-clefs se précipitèrent sur le malheureux
et /'amarrèrent sur le grabat, de façon à ce
qu'il ne pût pas bouger. ( F. Soulié.)
S'amarrer, v. pr. Se lier, s'attacher avec
une amarre : Un vaisseau s'efforçait de re-
monter le courant pour aller s'amarrer devant
le bassin qu'un canal met en communication avec
le quai. ( L. Gozlan.) De l'autre côté règne un
quai superbe, ou viennent s'amarrer les navi-
res. (Abel Hugo.) Au milieu de la nuit, une
barque vint prendre la fugitive et la conduisit
droit au canal, oit elle s amarra à un des pieux
qui bordent ce chemin des navigateurs au tra-
vers des bas-funds. ( G. Sand .) j| S'empl. dans
le même sens avec un nom de personne pour
sujet : Je m'amarrai à un tronc d'arbre. Sou-
vent la bête dort sur l'écume n'orwégienne, te
pilote de quelque. petite barque égarée au mi-
lieu des ténèbres la prend pour une ile. Il fixe
l'ancre dans son écorce d'écaillé et s'amarre
sous le vent. (Chateaub.)
— Fig. : Le Temps est un fleuve où les bar-
ques de la vie r.e s'amarrent point, parce qu'il
n'y a point de mouillage. (Mme de Blessington.)
L indulgence et la confiance furent les deux
ancres sur lesquelles il s'amarra. (Balz'.)
AMARYGME s. m. (a-ma-rig-me — du gr.
amarugma, splendeur). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères héteromères, dont on con-
naît une dizaine d'espèces, qui habitent les
régions chaudes de l'ancien continent et de
l'Océanie.
AMA
AMARYLLIDACÉES S. f. pi. ( a-Kia-ril-li-
da-sé). Bot. Syn. A'amaryllidées.
AMARYLLIDÉ, ÉE adj. (a-ma-ril-li-dé —
rad. amaryllis, lis). Bot. Qui ressemble à l'a-
maryllis.
— s. f. pi. Famille de végétaux qui a pour
type le genre amaryllis, 'et qui nest qu'un
démembrement des narcissées de Jussieu.
— Encycl. La famille des ama~yllidées, dé-
signée aussi sous le nom de narcissées, appar-
tient au grand embranchement des monoco-
tylédones. Elle renferme des plantes herbacées,
à racine le plus souvent bulbifère, à feuilles
radicales , engainantes. Les fleurs, envelop-
pées dans une spathe avant leur épanouis-
sement, sont tantôt solitaires et terminales,
tantôt groupées en ombelle. Elles présen-
tent un périanthe coloré , pétaloïde, tubuleux
à la base, à limbe partagé en six- divisions
ordinairement égales; six étamines, à lilets
libres, rarement soudés h la base, insérés sur
le tube du périanthe ; un ovaire simple, le plus
souvent infère, à trois loges multiovulees,
surmonté d'un style simple, terminé par un
stigmate trilobé. Le fruit est une capsule;
couronnée par le périanthe, -divisée en trois
loges, dont chacune renferme de nombreuses
graines, à embryon cylindrique entouré d'un
albumen charnu. Cette famille a beaucoup
d'affinité avec celle des liliacées, dont elle ne
diffère presque que par l'adhérence de l'ovaire.
A l'exception de quelques genres européens,
les plantes de cette famille sont presque toutes
originaires du cap de Bonne-Espérance et de
l'Amérique du sud. Elles renferment dans leur
bulbe un peu de fécule mêlée avec un principe
gommo-résineux , âcre? stimulant, qui leur
communique une propriété éraétique très-pro-
noncée, et dont 1 abondance fait de quelques
espèces de véritables poisons. Plusieurs ama-
ryllidées sont employées en médecine ou dans
les arts ; mais cette famille se fait remarquer
surtout par le grand nombre de belles fleurs
qu'elle fournit à nos jardins d'agrément. On les
cultive généralement en pots, et on les propage
par caïeux ou bulbilles; un certain nombre '
d'espèces exigent la serre chaude ou tempérée.
Parmi les genres les plus intéressants, nous
citerons les amaryllis, les narcisses, les pan-
craties, les hœmanthes, les agaves, les crino-
les, les perce-neige et les alstrœmères.
AMARYLIJDIFORME adj. ( a-ma-ril-li-di-
for-me — de amaryltis et forme). Bot. Qui a
la forme de l'amaryllis.
amaryllis s. f. ( a-ma-ril-liss — du gr.
amarussô,)& brille). Bot. Genre de plantes,
type de la famille des amaryllidées, compose
d'un grand nombre d'espèces, presque toutes
remarquables par la grandeur, la forme et
l'éclat de leurs fleurs, qui exhalent une odeur
très-suave. On distingue l'amaryllis très-belle,
qui est originaire du Mexique, et que l'on con-
naît aussi sous le nom de lis de Saint-Jacques;
l'amaryllis de Guernesey, originaire de l'Ile
de France, qui porte des fleurs d'un rouge
vif; V amaryllis belladone, originaire des An-
tilles, qui est remarquable par ses grandes
fleurs roses, quelquefois au nombre de huit
sur la même tige ; l'amaryllis jaune, connue
vulgairement sous le nom de narcisse, etqu'on
trouve dans tous les jardins.
— Entom. Joli papillon de jour, qui vit sur
la piloselle.
AMARYLLIS, nom donné par Virgile à. une
bergère, dans ses églogues.
— Par antonomase, s'emploie quelquefois
comme nom commun pour désigner une ber-
gère, une paysanne : Les amaryllis de la
Bresse sont affreuses. (A. Jal.)
AM ARYNTH Ë, ville de l'ancienne Grèce, dans
l'Eubée, où l'on rendait un culte particulier à
AMARYNTHIES s. f. pi. ( a-ma-rain-tî —
rad. amarynthe). Antiq. gr. Fêtes célébrées à
Amarynthe en l'honneur de Diane.
AMARYSSE s. m. (a-ma-ri-se — du gr.
• amarussô, je brille). Entom. Genre d'insectes
de l'ordre des lépidoptères diurnes.
AMARYTHRINE s. f. (a-ma-ri-tri-ne— rad.
érythrine). Chim. .Corps obtenu par l'action
de l'eau ou de l'air sur l'érythrine des lichens.
AMAS s. m. (a-mâ — du gr.amaô, j'entasse).
Réunion, assemblage, tas, monceau de choses
de même nature accumulées : Amas de sable,
de pierres, de terre, de blé, de fruits. C'est un
amas de coquilles avec lesquelles on engraisse
ta terre comme avec du fumier. (Volt.) Pour-
quoi ne voir dans la pyramide de Chéops qu'un
amas de pierres et un squelette? (Chateaub.) Il
y a un amas d'armes dans les souterrains du
château. (Scribe.) Celui qui n'a pas vu cet amas
de palais qu'on appelle la ville de Gênes ne
saurait y croire. (J. Janin.)
Ce formidable amas de lances et d'épées.
Quoi qu'en disent maints bélîtres,
En entrant nous remarquons
Un amas d'éeailJes d'hilures,
Et des débris de flacons. BÉaANOER.
Il Dans un sens plus vague et plus indéter-
miné, Réunion de choses indistinctes : Amas
d'argent, de richesses. Ce sont des biens dont
I'amas ne lui a coûté aucune peine. (Boss.) Ils
voient ce globe de terre comme un petit amas
de boue. (Fén.)
L'homme, ce vil amas de boue et de poussière.
AMA
— Par ext., et, le plus souvent, en roauv.
part. Concours, réunion, âffluénce de per-
sonnes : Amas de peuple. Amas de toutes
sortes de gens. (Acad.) il s'était formé devant
la maison un amas considérable de curieux.
(Raym.) UnAMAsde Grecs et d' Albanais, fuyant
ï' esclavage de la plaine, avait fondé cette co-
'criant : « Du travail ou du pain! » (L. Blanc.)
Hors Céthégus et toi, dignes de mon estime,
Le reste est un amas élevé dans le crimo.
Ce long amas d'aïeux que vous diffames tous,
Sont autant de témoins qui parlent contre voua.
— Fig. : Il trouve en soi-même un amas de
misères inévitables. (Pasc.) Cet amas de vertus,
que leur humilité tenait secrètes, perce l'obscu-
rité. (Ftécn.) La science de saint Bernard ne
consistait pas dans
', qu'on débite si
il et s
s onction.
> formalités. (Girault-Duvivier.)
Un long amas d'honneurs rend Thésée excusable.
Mille et mille douceurs y semblent attachées,
Ne lui laissez plus voir ce long amas de gloire
Qu'à pleines mains, sur vous, a versé la victoire.
Corneille.
Il Se prend souvent en mauvaise part: £7hamas
d'erreurs, de mensonges. Un amas de blasphèmes.
Un amas d'injures. Un amas de sottises. Sa vie
est un amas de crimes. (Acad.) La plus grande
partie de la philosophie humaine n'est qu'un
amas d'obscurités, d'incertitudes et même d'er-
reurs. (Nicole.) La société n'est qu'un amas
d'égoïsmes. { P. Leroux.) La philosophie mo-
derne est un amas hideux de blasphèmes stupi-
des. (L. P. Ventura.)
— Dans un sens particulier, se dit aussi des
liquides : Un amas de sang, de sérosité. Un
amas d'humeurs. Un grand amas d'eaux plu-
viales. L'abcès est un amas sous-cutané ou sous-
musculaire de pus, déterminé par la désorgani-
sation des tissus. (Raspail.)
— Géol. Dépôts de substances minérales de
forme régulière, enveloppés en tout ou en
partie par des roches de nature différente.
— Encycl. Le nom à' amas s'applique aux
substances minérales qui se présentent
sans forme déterminée. Le gisement en amas
est souvent celui qu'affectent les minéraux
utiles, et en particulier les minerais employés
pour la préparation des divers métaux. Quel-
quefois ils prennent une forme aplatie, lenti-
culaire; on leur a donné alors le nom d'amas-
couches. Lorsqu'ils sont réduits à de très-petites
proportions, on les désigne plus particulière-
ment sous les noms de rognons, noyaux, no-
dules, etc. Les mines de cuivre de Fahlnn, en
Suède ; celles de fer carbonate du pays de
Sié^en, près de Cobientz ; celles de plomb de
la Sierra de Gador, dans la province de Gre-
nade, en Espagne; le gypse des environs de
Paris, le sel gemme de la province de Vieliczka
et de Boehnia près de Cracovie, sont des
exemples d'amas célèbres par les richesses
minérales qu'ils ont fournies.
— Syn. Amas, monceau, pile, «aa, assem-
blage de plusieurs choses placées les unes sur
les autres. Tas et monceau se rapprochent de
la même idée. Le tas peut être rangé avec une
sorte de symétrie ;'le monceau n'a d'autre ar-
rangement que celui que le hasard lui donne.
Le tas peut être un amas fait exprès ; le mon-
ceau ne désigne généralement qu'une portion
détachée par accident d'une masse plus consi-
dérable : on dit un tas de pierres, lorsqu'il s'agit
de matériaux préparés pour faire un bâtiment;
on dit un monceau de pierres, quand on parle
des restes amoncelés d'un édifice renversé.
T'as diffère surtout de monceau en ce qu'il indi-
que une quantité moins considérable ; les cail-
loux sont amassés en tas le long des routes,
les ruines d'un édifice s'élèvent en monceau.
Dans le récit des aventures de Psyché, La
Fontaine raconte que Vénus lui ordonna de
-faire quatre tas distincts des grains de diffé-
rentes espèces confondus en un seul monceau.
Monceau a plus de noblesse que tas; on dira
des monceaux d'or et des tas de boue. — Amas
implique l'idée d'agglomération, de formation
' : Un magnifique amas de douze pa-
. d'é-
quatre mots, pile est le seul
qui exclue l'idée de confusion.
— Eplthètes. Longj imposant, vaste, énorme,
copieux, riche, précieux, pompeux, luxueux,
superbe, étonnant, prodigieux, bizarre, ridi-
cule, vain, inutile, superflu, embarrassant,
gênant, vil, séditieux, enrayant, épouvantable,
formidable, grossier.
AMASATINE s. f. (a-ma-za-ti-ne — de am,
Jbrév. de ammoniaque , et de isaline, sub-
stance tirée de l'indigo). Chim. Substance
obtenue par l'action de l'ammoniaque
l'isatino. Uamasatine se présento
d'un jaune éclatant.
AMASEMENT s. m. (a-ma-ze-man). Ane.
jurtspr. Maison, édifice, manoir, il Bail àcens,
ou à charge d'amaser un héritage. Vieux.
AIHASER v. a. ou tr. (a-ma-zé). Ane.
jurispr. Construire une maison, un bâtiment.
AMA
AMASIE s. f. (a-ma-zî — du lat. _..,_ ,
enclin à l'amour). Entom'. Genre d'insectes
coléoptères tôtramères, de la famille des chry-
somélincs, ne renfermant qu'une seule espèce,
de Java. ■ - '
AMASIAS, roi dejuda, succéda l'an 839 av.
J.-G. à Joas, son père, dont' il vengea le
meurtre, vainquit les Iduméens dans une
grande bataille, fut vaincu à son tour par- Joas,
roi d'Israël, et périt assassiné en SlO.
AMASIE ou AMASIEH, l'Amasea ou Amasia
des anciens, ville de la Turquie d'Asie, dans
l'Anatolie, k prés de 50 kil. de la mer Noire,
siège d'un archevêché arménien; 30,000 .hab.
Les premiers sultans ottomans y fixèrent leur
résidence au commencement du xme siècle.
Patrie du géographe Strabon, de Sélim 1er et
de plusieurs célèbres poètes arabes. Elle offre
quelques édifices remarquables, entre autres
la mosquée de Bajazet, située à l'entrée de la
ville, et ses minarets, qui s'élancent au milieu
des cyprès et des mûriers ; dans les environs,
grottes antiques taillées dans une roche de
marbre calcaire, et qu'on suppose avoir servi
de tombeaux aux anciens rois de Pont, dont
cette ville fut pendant 'quelque temps la rési-
dence. Les ruines de l'ane. Amasia y sont bien
.conservées, et présentent, dans des cavernes
creusées au-dessous de la citadelle, des restes
de peinture curieux. Commerce important de
-'- --!-- garance et grains.
s. et adj. (a-ma-zi-ain,
è-ne). Géogr'. Habitant d'Amasie; qui appar-
tient à cette ville ou à ses habitants : Les
Amasiens sont renommés pour la régularité de
leurs traits et la beauté de leurs formes. Les
femmes amasiennes sont regardées comme les
plus belles de toute l'Asie.
AMASIS s. m. (a-ma-ziss — de Amasis, n.
pr.l. Entom. Genre d'insectes hyménoptères
de la famille des teuthrédiniens, renfermant
une dizaine d'espèces, dont la plupart habi-
tent l'Europe.
AMASIS, roi d'Egypte (5G9-526 av.' J.-C),
s'éleva de la condition de simple soldat au
rang de ministre d'Apriès , dont il usurpa le
trône à la suite d'une insurrection militaire. Il
sut faire oublier par de grandes qualités son
origine plébéienne et son usurpation. On rap-
porte que, pour faire cesser les murmures des
Egyptiens, qui le méprisaient à cause de ses
antécédents et de sa naissance obscure, il
ordonna de fondre une aiguière d'or dont il se
servait'pour se laver les pieds, et en fit fabri-
quer une statue d'Osiris qu'il offrit
' ' ' " " "ei
tarda pas à lui^gagner l'affection de
ses sujets. Il ouvrit aux Grecs le commerce
do l'Egypte, enleva Chypre aux Phéniciens ,
développa la prospérité intérieure, couvrit le
Eays do monuments splendides, améliora la
;gislation, et rendit cette loi fameuse que
Solon inséra plus tard dans son code, et par
laquelle il était pnjoint à chaque citoyen de
déclarer tous les ans aux magistrats quels
étaient ses moyens d'existence. Amasis mourut
quelques mois avant l'invasion de Cambyse.
AMASONIE s. f. (a-ma-zo-nî — de Amason,
voyageur franc.). Bot. Plante herbacée de
l'Amérique méridionale, appartenant à la fa-
mille des verbénacées.
AMASPERME s. m. (a-ma-spèr-me — du
gr. ama, ensemble; sperma, semence). Bot.
Genre de plantes de la famille des algues,
mais qui n'a pas été adopté.
AMASREFI. Géogr. V. Amastrah.
AMASSABLE adj. (a-ma-sa-ble — rad.
amasser). Qui peut, qui doit être amassé. Peu
AMASSAGE s. m. (a-ma-sa-je — rad. amas-
ser). Action de réunir en monceau; résultat
de cette action. Peu usité.
AMASSANT (a-ma-san) part. prés, du v.
Amasser : Ils ne m'ont point trouvé disputant
avec personne, ni amassant le peuple, soit dans
le temple, soit dans les synagogues. (Evang.)
L'homme, si petit par lui-même, s'imagine qu'il
s'agrandit et qu'il se dilate en amassant au-
tour de soi des choses qui lui sont étrangères.
(Boss.)
AMASSÉ, ÉE (a-ma-séj part. pass. du v.
Amasser. Mis en amas, amoncelé, accumulé :
Je m'imagine voir toutes les richesses du monde
amassées dans un même lieu. (Le Sage.) Les
nuages amassés dans les airs crevèrent de toutes
parts. (B. de St-P.) Je ne voudrais pas de ces
richesses amassées à ce prix. (Villem.) Elle
n'avait avoué ^personne qu'elle possédait qua-
rante mille francs amasses sou à sou. (Balz.)
Je ne vois que des couleurs confusément amas-
sées. (Th. Gaut.)
Vous cachez des trésors par David amassés.
. . . I.'or de vingt rois amassé sous les tentes;
Tout appartient, soldats, a qui peut s'en saisir.
La Hakfe.
Il Rassemblé, réuni, -en parlant des personnes:
Tout le peuple est amassé dans la rue; il est
animé par le père Barnabe, qui est à sa' tête*.
(Scribe.)
AMASSEMENT s. m. (a-ma-se-man — rad,
amassée). Action d'amasser; objets '~
Vieux mot.
AMA
.amasser v. a. ou tr. (a-ma-sé — „.rad.
amas). Faire amas de, réunir, accumuler plu-
sieurs choses ensemble : Amasser de la terre,
des matériaux. Amasser du blé, des provisions.
Amasser de l'or, de l'argent, des trésors. Nous
amassons autour de nous tout ce qu'il y a de
plus rare. (Boss.) En possédant les cœurs, il
possède plus de- trésors que son père n'en, avait
amasse par une avarice cruelle. (Fén.) Il.s'at-
tiramon attention par un millier de pistoles
qu'il avait amassées au service de son maître.
{Lq Sage.) Je me proposais de me retirer un
jour en Espagne ou eh Italie, avec les richesses
que j'avais amassées. (Le Sage.) T'avais
amassé une certaine somme pour mon voyage
de Libye. (Barthél.) On Ramasse les richesses
qu'avec peine, on ne les possède qu'avec inquié-
tude , on ne les quitte qu'à regret: (Boiste.) On
«'amasse souvent les trésors qu'en spéculant sur
la ruine de ceux qui nous environnent. (Val.
Parisot.) Dans presque tous les pays du monde,
le père de famille amasse les millions, et le
fils les dépense. (E. About.) Les fourmis n'ont
pas de greniers où elles AMASSEnr-pendant l'été
des provisions pour l'hiver. (A. Karr.)
Amasses des trésors pour l'arriêre-saison.
Legûuve.
Il Rassembler, réunir, en parlant des per-
sonnes : Amasser le peuple. Amasser la foulé.
Le charlatan amasse les badauds autour de lui.
Amasser autour de soi ses amis. Il se hàtd
a" amasser des troupes. Il ne perdit pas de
temps et eut bientôt amassé cinq ou six cents
personnes. (Vertot.)
— Se dit abusivem. pour Ramasser : Amas-
ser ses gants. Amasser un papier.
L'un. se baissait déjà, pour amasser la proie.
La Fontaine.
— Fig. : Amasser des connaissances. Amas-
ser des preuves. Amasser sur sa tête les malé-
dictions de tous les gens de bien. L'avare sait
amasser encore plus de'ridicules que d'argent.
(Boitard.) Amassez pour votre vieillesse une
savante expérience qu'elle dépensera glorieuse-
ment. (Lacreteile.) Nous formons de nos mains
notre destinée, et nous amassons pour nous-
mêmes une suite de succès futurs et de mé-
comptes. (Ste-Beuve.)
— Absol., au propre et au fig., Thésauriser :
Celui qui ti'amassb 'point avec mii, dissipe.
( Evang. ) Du désir insatiable «"amasser est
né ce mot de mien et de tien, cette parole si
froide, comme dit saint Jean Chrysostome.
(Boss.) L'insatiable désir «"amasser n'a pas
permis que la fraternité pût durer longtemps
dans le monde. (Boss.) L'avare ji'amasse que
pour amasser. (Mass.) Amassez pour les
pauvres comme pour vous; vous aurez ainsi
trouvé le secret d'intéresser Dieu dans votre
fortune. (Mass.) Le caractère propre à amas-
ser n'est point celui qui convient pour conser-
ver. (Beauchêne.)
La vieillesse chagrin
Le désir d'amasser n
mi
2j47
BOILEAU.
Un pii
Qu'il r
cornait pi
ait tant ai
La Fontaine.
Le riche est né pour beaucoup dépenser;
Le pauvre est fait pour beaucoup amasser.
Voltaire.
Je fais tout doucement ma petite maison,
Bt j'amasse en été pour l'arrière-saison.
— Prov. et fig. : Pierre qui roule n'amasse
pas de mousse, Quand on change souvent do
profession, de métier, de résidence, etc. , on ne
s'enrichit jamais.
S'amasser, v. pr. S'accumuler, s'assembler,
se mettre en tas : Les eaux pluviales s'amas-
sent dans cette citerne. La foule, le monde
Et ce qu'on voit de peuple, autour d'eux s'amasser,' ■
Frémit de leur audace "et les laisse passer.
Sur ce vaste dessein si j^allais tout tracer,
Boileau.
— Fig. : La colère, la haine s'amassait dans
le cœur du peuple. Tout à coup un orage s'a-
massa sur ce front neigeux,. (Balz.) Toute vérité
est une force qui s'amasse, un jour de triomphe
qui se relève. (E. de Gir.)
En cent lieux contre lui les cabales s'amassent.
Boili
Je sentais dans'mon sein s'amasser la terreur.
— Impers. : Il s'est amassé beaucoup de
sable à rentrée du port. Il s'amassa beaucoup
de monde autour de ce charlatan. (Lav.)
— .. Syn. Amasser, _ accumuler, amonceler,
entasser. V. ACCUMULER.
— Antonymes. Désagréger, disgréger, dis-
perser, disséminer, éparpiller, parsemer. —
Dépenser, dilapider, dissiper, gaspiller, jeter
par les fenêtres, prodiguer, répandre, semer.
AMASSETTE s. f. (a-ma-sè-'te — rad.
amasser) . Techn. Petit couteau à lame flexible,
dont les peintres se servent pour amasser les
couleurs broyées, n Petit instrum. pour amas-
ser la pâte.
amasseur, euse s. (a-ma-seur, eu-zo —
rad, amasser). Celui, celle qui amasse, qui
thésaurise : C'est un vieil amasseur. Décidé-
ment, je crois que vous devenez amassbuse. if
S'est dit pour Ramasseur : Un amasseur de
glands, de noix, de châtaignes.
— Prov. : Mieux vaut bon gardeur que bon
Il ne suffit pas d'amasser, il faut
"'— garder, conserver ce qu'or -
Syn. de  père avare, fils prodigue.
AMASTINER. V. AmÂTINEK.
amastozoaires s. m. pi. (a-ma-sto-zo-
è-re — du gr. a priv. ; mastos, mamelle, et
zôon, animal). Zool.. Groupe du règne animal
comprenant les vertébrés qui sont dépourvus
de mamelles. '
Constantinople. Bâtie en amphithéâtre, elle
offre un abri sur contre les courants du Bos-
phore;,2,500 hab. Cette ville, très-ancienne,
a conservé de belles et nombreuses ' ruines
grecques, dont les plus remarquables sont
celles d'un temple de Neptune1.' C'était le prin-
cipal établissement maritime des Génois, aux-
quels Mahomet II l'enleva en U59.
AMAT s. m. (a-ma). Métrol. Poids de
123 kilogrammes, employé à Batavia pour
peser les grains.
AIWAT (Patil-Léopold), chanteur et musi- .
cien;' né à Toulouse en 1810. Il' a composé
beaucoup de romances qui ont eu une vogue
populaire, et a donné au théâtre des Bouffes-
Parisiens quelques pièces dont la musique est
spirituelle et d une jovialité qui est le genre
de cette scène lyrique.
AM ATÀ, épouse de Latinus. Elle se pendit de
désespoir pour n'avoir pu empêcher le mariage
d'Enée avec sa fille Lavinie,
AMATE s. f. (arma-te — n. myth.). Entom.
Genre d'insectes de l'ordre 'des lépidoptères
crépusculaires.
AMATELOTAGE s. m. (a-ma-té-lo-ta-jc —
rad. amateloter). Mar. Action d'amateloter.
AMATELOTANT (a-ma-te-lo-tan) part,
prés, du v. Amateloter.
AMATELOTÉ, ÉE ( a-ma-te-loté ) part,
pass. du v. Amateloter : Des marins amate-
lotés.
amatblotement s. m. (a-ma-tc-lo-te-
man — rad. amateloter). Màr. Action de
mettre les matelots deux à deux pour qu'ils
s'aident réciproquement dans leurs fonctions ;
eflet.de cette action.
amateloter v. a. ou tr. (a-ma-te-lc-té—
de a et matelot). Mar. Associer los matelots
deux à deux pour qu'ils s'aident ou seTempla-
cent mutuellement, do sorte qu'ils sont censés
ne faire qu'un pour le quart, le coucher, etc.,
l'un prenant toujours le service de l'autre
quand celui-ci le quitte.
S'amatelbter, v. pr. Etre amateloté. I] Dans
quelques contrées de l'Amérique, S'associer
pour défricher à frais communs un terrain.
AMATES s. m. pi. (a-mate). Nom d'un
ancien peuple de l'Inde.
AMATEUR s. m. (a-ma-teur — du lat. ama-
tor , formé de amare, aimer). Celui qui a un
goût marqué, une prédilection particulière
pour une chose : Un amateur de tableaux. Un
amateur d'antiquités. Un amateur délivres.
Un amateur de la chasse, de la pèche. . C'est
un amateur de fleurs. Un amateur d' /mitres,
de gibier. Il est par-dessus tout amateur de
la table. J'ai parlé avec quelque étendue des
ruines d'Athènes, parce qu'après tout elles ne
sont bien connues que des "amateurs des' arts.
(Chateaub.) Beaucoup d'étrangers, amateurs
de la vie élégante, furent accueillis dans' ses
salons. (G. Sand.) C'était un grand amateur
Se ehasse et de chevaux. (A. de Muss.) Il y a
des amateurs de tulipes pour qui les autres
jleursnesont que de mauvaises kerbes. (A. Karr.)
Profanes amateurs de spectacles frivole3.
Dont l'oreille s'ennuie au son de mes paroles, . ■
Fuye! de mes plaisirs la sainte austérité. t _
Un jardin assez propre et le clos attenant. , .
— Par anal. : Un amateur de la' vérité, de
là vertu. Un amateur de la gloire. Un ama-
teur de la nouveauté. Il a toujours été, ama-
teur de louanges. Saint-Iiéal, amateur de
paradoxes historiques, s'efforce de rabaisser
Auguste au-dessous de sa valeur. (La Harpe.)
Je sais que vous êtes amateur- de scandale.
(F. Soulié.)
— Absol. Celui qui cultive la poésie, les
beaux-arts, par goût, sans en faire profes-
sion : Un tableau d' amateur. Un concert, de
la musique <2'amatecr. Il n'est pas artiste, il
n'est qu 'amateur. (Acad.) La, je reçus l'accueil
du à un amateur. (Bri!l;-Sav.) Le vin du cru,
un diner d'ami et de la musique ^'amateur
sont trois choses également à craindre. (Gri-
mod.) Il était, pour la peinture et la musique, .
d'une première force d' amateur. (SGribo.) Le
véritable amateur cultive les arts dès son en-
fance. (Saint-Prosper.) On y faisait de la
musique d'artiste; ,la musique ^'amateur
paraissait trop dangereuse à cette dame, qui
avait une fille d'une beauté ravissante et dun
talent supérieur. (F. Soulié.) L'anémone est
une des plantes dites plantes d'AMATtiORS. (A.
Karr.)
24S-
AMA
- Syn. Amatcr
seur se pique d'av
six termes de l'art,
n musique, <
(La Bruy.) L
II suffit de m
banales pour fa
La curiosité de La Condamme est restée
proverbiale. Lors du supplice de Damiens,
il se glissa sur l'éehafaud pour ne perdre
aucun détail de cette épouvantable exécution.
Les valets du bourreau insistaient pour le
. faire descendre; mais l'exécuteur leur dit:
« Laissez, monsieur est un amateur. »
— Rem. J.-J. Rousseau a donné un féminin
à ce mot : Paris est plein d'amateurs et sur-
tout d'AMATRiCKS qui font leurs ouvrages comme
M. Guillaume faisait ses couleurs. Ce féminin
n'a pas été adopté par l'usage, et l'on dit géné-
ralement une femme amateur, comme on dit
une femme auteur : Elle ne finissait pas, parce
que depuis longtemps elle n'avait rencontre
personne avec qui traiter ce chapitre, dont elle
parlait en amateur, quoique j'aie su depuis
qu'elle avait professé comme maîtresse de chant.
(Brill.-Sav.)
— S'empl. adjectiv. : C'était un prince ama-
teur de tous les arts de l'Europe. (Volt.) J'é-
tais alors te chef d'une trouve de musiciens
amateurs. (Brill.-Sav.) Il commença par lui
donner des leçons de musique; mais le profes-
seur amateur devint vite autre chose pour son
Héloïse. (Ste-Beuve.)
connni.»eur. Le Connais-
ir du goût : Avec cinq ou
i tableaux, en bâtiments,
ur affecte l'enthousiasme :
s phrases ampoulées et
AMATEUR. (Guizot.)
Amateurs d'art. Sous le nom A'amaleurs, on
désigne en général les personnes qui montrent
un goût décidé pour les productions de l'art,
et, plus particulièrement, celles qui satisfont
ce goût en collectionnant des tableaux, des
statues, des dessins, des estampes, des anti-
ques, en un mot, tous les objets d'art et de
curiosité. Il va sans dire qu'on peut être ama-
teur sans être connaisseur; il n'est même pas
rare de rencontrer de prétendus amateurs
affectant pour les arts une passion qu'ils n'ont
point, et dépensant des sommes considérables
pour se former une collection, dans le seul but
d'en tirer vanité. D'autres, sérieusement atta-
chés aux objets qu'ils ont pris la peine de ras-
sembler, mettent toute leur gloire à posséder
non ce qui est beau, mais ce qui est rare, ce que
d'autres n'ont pas. Cette passion est surtout
. celle des amateurs d'estampes. La Bruyère a
raillé, avec son esprit ordinaire, cette singu-
lière manie ; il a tracé de l'abbé de Marolles,
un des plus célèbres collectionneurs du xviie
siècle, un portrait auquel pourraient se recon-
naître beaucoup d'amateurs de notre époque :
• Damgcède vous étale et vous montre ses
estampes. Vous en rencontrerez une oui n'est
ni noire, ni nette, ni dessinée, et d ailleurs
moins propre à être gardée dans un cabinet
qu'à tapisser, un jour de fête, le Petit-Pont
ou la nie Neuve : il convient qu'elle est mal
gravée , plus mal dessinée ; mais il assure
qu'elle est d'un Italien qui a travaillé peu,
qu'elle n'a presque pas été tirée, que c'est la
seule qui soit en France de ce dessin; il ajoute
qu'il l'a achetée très-cher, et qu'il ne la chan-
gerait pas pour ce qu'il y a de meilleur. J'ai,
continue-t-il, une pénible affliction, et oui m'o-
bligera à renoncer aux estampes pour le reste
de mes jours : j'ai tout Callot , hormis une
seule estampe, qui n'est pas à la vérité de ses
bons ouvrages; au contraire, c'est un des
moindres , mais qui m'achèverait Callot ; je
travaille depuis vingt ans a recouvrer cette
estampe, et je désespère enfin d'y réussir;
cela est bien rude 1 » D'autres amateurs ont
aussi certaines manies. Ainsi, tel collection-
neur de tableaux ne veut admettre dans son
cabinet que les peintres italiens; il professe
le plus profond dédain pour les maîtres des
autres écoles, et croirait se .déshonorer en in-
troduisant un Rembrandt ou un Rubens dans
son cénacle ; pour lui, comme pour Louis XiV,
les figures de Téniers ne Sont que à'affreux
magots. Tel autre a la passion des dessins;
celui-ci n'aime que les esquisses ; celui-là raf-
fole des miniatures. Chez M. X..., on ne voit
que des compositions religieuses; chez M. Y...,
des batailles ou des paysages; chez M. Z...,
des sujets graveleux. Et que dire des, collec-
tionneurs de faïences, de porcelaines, d'émaux,
de médailles, d'antiquités? S'il en est, dans la
quantité, qui aiment l'art pour fart, qui. font
leurs choix avec discernement et avee'goût,
combien en est-il qui ne se préoccupent que
des détails les plus futiles, des particularités
les plus bizarres? Mais parmi ceux qui préten-
dent au titre d'amateurs, les plus nombreux
sont ceux qui, saus jamais rien acheter, se
tiennent au courant de toutes les ventés et de
toutes les expositions, à l'affût de toutes les
nouveautés, qui guettent les talents naissants
et se jettent sans cesse à la tète des artistes
pour leur donner des conseils , pour se poser
comme leurs Mécènes , qui pérorent ex pro-
fessa sur les points les plus épineux du métier
et se font les arbitres des réputations. C'est à
ces gens-là que fait allusion Diderot, dans
son Salon de 1763, lorsqu'il s'écrie : a Nos ar-
tistes sont fatigués dans leurs ateliers d'une
vermine présomptueuse qu'on appelle les ama-
teurs, et cette vermine nuit beaucoup à leurs
travaux. » — o Ces amateurs-Va., dit Sulzer,
sont des âmes froides auxquelles les arts sont
au fond très-indifférents, quoiqu'elles parais-
sent quelquefois s'y intéresser; des enthou-
siastes hors de mesure, la p!up»rt comédiens
de sentiment; des dissertateurs diffus et va-
gues, pleins d'eux-mêmes, qui soutiennent
AMA
opiniâtrement les sentiments qu'ils ontadoptés,
souvent par hasard ou en. les empruntant d'au-
trui; des discoureurs qui, fort instruits des
lieux communs, ne connaissent aucun des dé-
tails importants qui appartiennent aux arts ;
des hommes enfin qui prononcent sur les répu-
tations et sur les talents, et qui s'adjugent le
droit de décider souverainement. » Ce sont ces
« appréciateurs, estimateurs et blagueurs » que
Decamps, dont nous citons ici les propres ex-
pressions, a mis en scène dans ses Singes
experts, 1 une de ses toiles les plus piquantes
et les plus connues. Beaucoup d'autres traits
ont été lancés contre eux; mais au lieu de
diminuer, leur nombre tend malheureusement
à s'accroître tous les jours. A la vérité, les
artistes, généralement avides d'éloges et faciles
à s'aveugler sur leurs défauts, ne se montrent
que trop disposés à bien accueillir les ignorants
qui les flattent.
Les amateurs sérieux, hâtons -nous de le
dire, n'ont fait défaut à aucune époque de
l'histoire de l'art. Le roi Candaule , contem-
porain de Romulus, acheta au poids de l'or un
tableau de Bularque, représentant le Combat
des Magnètes. Alcibiade prisait beaucoup le
talent d Aglaophon : on rapporte qu'afin d'être
plus, sûr d'obtenir de cet artiste capricieux les
peintures qu'il désirait , il l'enferma dans sa
propre maison avec des couleurs et des vivres.
Mnason, tyran d'Elatée, paya, à raison de dix
mines ("88 francs environ) par figure, une
bataille d'Aristide qui renfermait cent per-
sonnages , et il ne rétribua pas moins géné-
reusement lés peintres Asclépiodore etT.héom-
neste. On connait l'affection d'Alexandre pour
Apelle et le grand cas que le vainqueur de
l'Asie faisait des œuvres de l'illustre artiste.
Les généraux d'Alexandre et ses successeurs
montrèrent un égal empressement à protéger
les arts. Les Ptolémées attirèrent en Egypte
les peintres et les sculpteurs les plus habiles
de la.Grèce, et les comblèrent de présents et de
faveurs. Attale, roi de Pergame, consacra une
partie de ses immenses richesses à acheter des
œuvres d'art dont il ornait ses palais ; il poussa
jusqu'à la somme de six cent mille deniers
(456,575 francs) un Bacchus, du peintre Aris-
tide, mis en vente avec d'autres chefs-d'œuvre
dont Mummius avait dépouillé la Grèce. Ce
dernier, étonné du prix et supposant dans le
tableau quelque vertu secrète, rompit le mar-
ché, malgré les réclamations d'Attale, et en-
voya à Rome l'ouvrage d'Aristide. Ce Bacchus
fut, si l'on en croit Pline, le premier tableau
étranger qui fut exposé publiquement à Rome.
Le goût des peintures et des statues ne tarda
pas à s'y répandre. Les préteurs et les consuls
romains, chargés de l'administration des pro-
vinces conquises, approvisionnaient la capitale
d'œuvres d art enlevées aux villes et aux par-
ticuliers. Beaucoup d'entre eux, il est presque
inutile de le dire, pillaient pour leur propre
compte. Ce Caïus Verres, auquel Cicéron re-
procha avec tant de véhémence des vols de
statues commis en Sicile, n'était pas pire que
les autres gouverneurs ; c'était , au demeu-
rant, un amateur passionné ; il paya de sa tête
le refus qu'il fit à Antoine de lui céder ses
statues et sa vaisselle de Corinthe. César ,
Auguste et Tibère lui-même, achetèrent des
tableaux et en décorèrent les temples et les
portiques de Rome. La profusion de pein-
tures , de mosaïques et de statues qui ont été
trouvées à Pompéi, prouve suffisamment com-
bien les arts furent appréciés et goûtés à
l'époque où la civilisation romaine parvint à
fut étrangement perverti à la suite des boule-
versements profonds qui accompagnèrent la
chute de l'empire romain ; mais, cnez les Grecs
de Byzance et chez les nations les moins avan-
cées de l'Occident, les diverses formes de l'art
rie cessèrent d'obtenir des encouragements et
d'exciter l'admiration. Les barbares eux-
mêmes n'y furent pas insensibles : Théodoric,
roi des Goths, dont la domination s'étendit sur
la plus grande partie de l'Italie, institua des
magistrats spécialement chargés de veiller à la
conservation des chefs-d'œuvre de l'antiquité.
Toutefois il faut arriver à la Renaissance
pour voir se ranimer, avec une ardeur inouïe,
le goût des œuvres d'art. Les papes, les rois,
les grands seigneurs, les évêques, les^ abbés,
se disputèrent l'honneur d'occuper à d'impor-
tants travaux les peintres et les sculpteurs les
plus renommés. Aux noms glorieux des réno-
vateurs de l'art, l'histoire se plaît à
stes, une pre-
collection de dessins, de cartons et de
modèles, par Donato, Masaccio, Uccello, Fra
Filippo, et il rassembla dans le même but des
statues et des bas-reliefs antiques dont Michel-
Ange fut le premier à s'inspirer. On vit aussi
de grands artistes former à leurs frais des
collections de ce genre. Le Squarcione donna
l'exemple. Plus tard , Raphaël chargea quel-
ques-uns de ses élèves de parcourir l'Italie
et la Grèce pour* y dessiner les plus beaux
modèles de l'art antique. Jules Romain eut la
passion des médailles. A Venise, Antonio Vas-
silacchi réunit un grand nombre de dessins d«
AMA
Michel-Ange , de -Pierino del Vaga, du Par-
mesan, du Titien et de Paul Véronèse, dont il
était l'élève. A Florence, le cardinal Léopold
de Toscane, de l'illustre famille des Médicis,
collectionna plus de mille dessins des maîtres
italiens les plus célèbres, depuis Cimabué jus-
qu'aux artistes de son temps. — Lés amateurs
de dessins furent extrêmement nombreux en
Italie, au xvne siècle. Parmi les principaux, il
faut citer Carie Maratte, Malvasia, l'auteur
de la Felsina pittrice; le marquis del Carpio ;
monseigneur Marchetti, évèque d'Arezzo, qui
possédait deux mille six cent trente-huit des-
sins , et le peintre Benedetto Luti , qui n'en
réunit pas moins de quatorze mille cinq cent
soixante-cinq , en cent quatorze portefeuilles.
On n'apprend pas sans étonnement que le
plus grand peintre flamand et le plus grand
peintre hollandais, dont les compositions sont
si fortement empreintes de réalisme, Rubens
et Rembrandt, eurent tous deux le goût des
ouvrages antiques. La collection de Rubens,
où l'on distinguait plusieurs beaux tableaux de
diverses écoles, était surtout riche en statues,
en lias-reliefs, en pierres gravées et en mé-
dailles : la vente qui. en .fut faite après la mort
de l'artiste produisit des sommes considéra-
bles. Rembrandt, qui se ruina à acheter des
estampes, des peintures et des curiosités, eut
la douleur de voir livrée par ses créanciers,
au vil prix de 4,964 florins et 4 sous, sa collec-
tion ou figuraient, à côté d'un très -grand
nombre de tableaux, de dessins, de gravures
des écoles néerlandaises et italiennes, des an-
tiques telles que le Laoooon, les bustes de
Socrate et d'Homère, et aussi des costumes,
des armes, des meubles de tous les pays, qui
lui servaient de modèles.pour ses compositions.
Lord Arundel, qui entretint des relations
amicales avec Rubens et Van-Dyck, et qui
poussait l'amour de l'art jusqu'à dire qu'on ne
pouvait être homme de bien si l'on ne savait
un peu dessiner, introduisit en Angleterre le
goût des objets d'art; il rassembla dans les
jardins et dans les galeries de son palais une
grande 'quantité de sculptures antiques qu'il
avait fait venir d'Italie et de Grèce. A son
exemple, le fameux Buckingham, plutôt par
vanité que par goût, se montra grand amateur
d'antiquités et de tableaux : il usa de l'influence
des ambassadeurs anglais à Constantinople, à
Venise et dans les autres capitales de l'Italie,
pour se procurer des œuvres inestimables. Le
roi Charfes 1er eut pour les arts l'amour le plus
vif et le plus sincère. On prétend qu'il faisait
des dessins que Rubens corrigeait. Il forma
avec beaucoup de goût' et de discernement
une des plus riches galeries qui aient jamais
existé ; le gouvernement de Cronrwell la fit
vendre aux enchères : le roi d'Espagne et le
fameux Jabach, banquier de Cologne, furent
les principaux acquéreurs. Ce dernier ne crai-
gnit pas, pour satisfaire sa passion de collec-
tionneur, de compromettre sou immense for-
tune, et il fut obligé, par suite, de céder une
partie de ses tableaux au cardinal Mazarin. Il
s'était fait construire à Cologne, sur les plans
de l'architecte Jacques Bruant, un hôtel ma-
fnifique, mais il résidait ordinairement à Paris,
ans une maison de la rue Saint-Merry, où
Lebrun et Séb. Bourdon avaient exécuté de
fort belles peintures. Soit par goût, soit pour
sacrifier à la. mode, les grands seigneurs et les
riches bourgeois du xvne siècle aimaient à
confier à des artistes en renom le soin de dé-
corer leurs demeures. C'est ainsi, pour parler
seulement de la France, que Fouquet, qui dé-
pensa 18 millions à élever son château de
Vaux-le-Vicomte, y employa Vouet, Lebrun,
Puget, Le Nôtre. Le président Lambert de
Thorigny fit construire par Louis Levau, à
l'extrémité de l'ile Saint-Louis, un hôtel à la
décoration duquel concoururent l'Italien Ro-
manelli, le Hollandais Swanewelt, le Flamand
Francisque Millet, François Perrier, Patel,
Baptiste Monnoyer, Lebrun , qui peignit la
galerie d'Hercule, et Lesueur, qui orna de
compositions exquises le salon des Amours, le
cabinet des Muses et le cabinet des bains.
Louis XIV donna à sa courYexemple d'un vif
amour pour les arts : il combla de faveurs
et de distinctions les hommes éminents dont il
eut l'occasion d'admirer les travaux, et il se
montra plein d'aménité et de courtoisie pour
quelques-uns d'entre eux. Il n'est pas douteux
que Colbert n'ait contribué à lui inspirer de pa-
reils sentiments, de même qu'il le décida à
acheter la collection de Mazarin ainsi que cent
un tableaux et plus de cinq mille dessins qu'a-
vait encore Jabach, à faire chercher par toute
l'Europe des peintures , des statues et des
médailles, et à former du tout une galerie qui
fut installée au Louvre, Ce grand ministre était
lui-même très-amateur de manuscrits et de
raretés bibliographiques.
Nous avons dit un mot de la passion de
l'abbé de Marolles pour les estampes ; jamais
collectionneur ne fut plus enthousiaste, si ce
n'est peut-être le célèbre ébéniste Boule , qui
dépensait entièrement à des acquisitions de
gravures et de dessins les sommes considé-
rables qu'il gagnait en fabriquant des meubles.
Il mourut presque insolvable. « On ne faisait
aucune vente, a dit Mariette, où il ne fût et
où il n'achetât, souvent sans avoir de quoi
payer; il lui fallait emprunter presque toujours
a gros intérêts. Une vente nouvelle arrivait,
nouvelle occasion de recourir aux expédients.
Le cabinet devenait nombreux et les dettes
encore davantage, et pendant ce temps-là le
travail languissait. C'était une nianie dont il
ne fut pas possible de le guérir. » Pour combla
AMA
de malheur, un incendie détruisit en partie
sa collection. — Entre autres amateurs plus
rons : Boyer d'Aiguille, conseiller au parle-
ment de Provence, qui entreprit de faire repro-
duire par la gravure les plus beaux tableaux
de sa collection, et qui mit lui-même la main
à l'œuvre; le fameux père La Chaise, con-
fesseur de Louis XIV, qui collectionnait les
dessins et les médailles; M. de Chantelou,
protecteur du Poussin ; l'abbé de Brienne ; le
duc de Saint-Simon ; M. de la Vrillière, secré-
taire d'Etat; M. de la Houssaye, ambassadeur
à Vienne ; le chevalier de Lorraine, les mar-
quis de Créqui'et d'Hauterive, le président
Tambonneau, etc. Le siècle suivant ne vit pas
diminuer en France le goût des œuvres d'art.
Le plus illustre des amateurs de cette époque
est sans contredit Pierre-Jean Mariette : il ne
se borna pas à faire collection d'estampes, de
dessins, etc., il écrivit sur diverses questions
d'art avec une science profonde, un goût sûr
et délicat. Il entretint des relations avec les
artistes et les amateurs français et étrangers
les plus distingués de son temps. MM. Crozat,
de Jullienne et de Caylus, étaient au nombre
de ses amis intimes. Crozat possédait quatre
cents tableaux de maîtres, et un nombre
presque aussi considérable de sculptures, d'ad-
mirables terres cuites de Michel-Ange, de
Paul Véronèse, de François Flamand, de l'Al-
garde, du Bernin, dix-neuf mille dessins, une
quantité prodigieuse d'estampes et la plus
belle collection de pierres gravées qui ait
jamais été entre les mains d'un particulier.
Mariette a dit de lui : « M. Crozat n'aimait
point ses dessins pour lui seul ; il se faisait au
contraire un plaisir de les faire voir aux ama-
teurs, toutes les fois qu'ils la lui demandaient,
et il ne se refusait même pas d'en aider les
artistes. » M. de Caylus, antiquaire passionné,
consacrait sa fortune à des publications sur
les arts ; il grava lui-même à l'eau-forte des
dessins de Crozat. Il était très-lié avec Coy-
pel, Bouchardon et d'autres artistes en renom.
Tout le monde connait l'amitié que M. de
Jullienne portait à Watteau, dont il possé-
dait une foule de croquis et de peintures. Sa
galerie était fort riche d'ailleurs en ouvrages
de différents maîtres et en curiosités de toutes
sortes ; la vente qui en fut faite après sa mort
produisit 391,676 liv. 18 sous. Ces amateurs
célèbres comptaient de nombreux émules dans
toutes les classes de la société française : le
cardinal de la Fare, le prince de Conti, la
duchesse de Mazarin, les ducs de la Vallière,
de Broglie, de Choiseul-Praslin, les maré-
chaux d'Estrées et de Noailles, tes marquis de
Beringhen et de Vence, les comtes du Luc,
d'Orsay et Dubarry, le chevalier Dammery, le
conseiller Trudaine, le fermier général Ran-
don de Boisset, MM. de Lorangère, de Ca-
lonne, Lalive de Jully, Blondel de Gagny,
Laborde de Méréville, Gaignat, le bijoutier
Langraff, Gersaint, marchand de tableaux, et
les peintres Nattier, Lancret, Parrocel, Halle,
Lebrun, etc. N'oublions pas cette charmante
marquise de Pompadour, qui fut l'amie et la
protectrice des principaux artistes de son
temps, et qui ne dédaigna pas de graver elle-
même des pierres fines, destinées à être offertes
à son royal amant. Avant elle, une autre maî-
tresse de roi, la jolie comtesse de Verrue,
qu'aima si éperdument Victor- Amédée de
Savoie, montra un goût très-vif pour les arts
et forma une importante collection de tableaux
italiens et hollandais. Il serait trop long de
dresser la liste des amateurs anglais, italiens
et néerlandais du xviiio siècle. Les limites
assignées à cet article ne nous permettent pas
davantage de passer en revue ceux de notre
époque, soit Français, soit étrangers; malgré
tout le soin et toute la conscience que nous
pourrions mettre à ce travail , nous aurions à
craindre d'omettre beaucoup de noms et d'é-
veiller par suite beaucoup de susceptibilités,
car il est permis de dire des amateurs ce qu'on
dit des poètes : genus irritabile. D'ailleurs, les
indications que nous nous proposons de donner
au mot Collection, sur les galeries privées
les plus célèbres , compléteront en partie les
renseignements sommaires qu'on vient de lire.
AMATH1E, D
s des cinquante Né-
AMATHIE s. f. (a-ma-tî — de Amathie, n.
myth.). Crust. Genre de crustacés décapodes,
famille des oxyrhinques, dont la seule espèce
connue se trouve dans la rade de Toulon.
— Entom. Genre d'insectes lépidoptères-,
famille des nocturnes, voisin des phalènes.
— Polyp. Genre de polypiers, syn. du
genre sertulaire.
AMA.THITE s. f. (a-ma-ti-te — du gr. ama-
thiiis, qui se plaît sur le sable). Entom. Genre
de coléoptères pentamères, famille des cara-
biques, renfermant une seule espèce, qui
habite l'Egypte.
AMATHONTE, ville de l'ile de Chypre, ainsi
nommée d'Amathus, un des fils d'Hercule, et
célèbre surtout par le culte que ses habitants
rendaient à Vénus, et le temple magnifique
qu'ils lui avaient consacré. Ce temple était
entouré de bosquets de myrtes et de rosiers.
Amathonte, à cause du culte qu'on y rendait
à la mère des Amours, est l'objet de fréquentes
allusions littéraires :
« Le petit bois de Suresnes est le nid du marin
d'eau douce ; le moineau parisien s'y fait
alcyon j après avoir bercé ses amours sur la
A'MÂ
vaguo du fleuve , il se réfugie dans les bos-
quets de cette nouvelle Amathonte. »
-MÉRY.
AMATHUS s. m. (a-ma-tuss — du gr. ama-
Ihos, poussière). Entom, Genre d'insectes
névroptères, de la famille des phryganiens.
AMAt'husie s. f. (a-ma-tu-zî — n. myth.).
Entom. Genre de .lépidoptères, famille des
diurnes.' ' ■ .'
AMATHUSIEN, ENNE S. et adj. (a-ma-tll-
zi-ain, è-ne). Géogr. anc. Habitant- d'Ama-
thonte ; qui a rapport à cette ville ou à ses
habitants .• Les Amathusiennes environnèrent
Ariane' de soins et de consolations. (Val: Pa-
AMATI s', m. (a-ma-ti — ri. pr.). Violon de
la fabrique des Amati : Les amatis sont aujour-
d'hui fort rares. , , .
AMATI, famille de luthiers crémonais. dont
le membre le plus célèbre est Antoine (1565-
1CS0). Ses violons ont une douceur et une pureté
de son qui n'ont jamais été surpassées. Il fit
pour Henri IV, roi de France, un violon riche-
ment ornementé, qui existe encore, et qui est
une curiosité historique du plus grand prix.
* AMATI, IE (a-ma-ti)' part, pass.- du v.
Amatir. ■ ■ ' '
AMATINANT (a-ma-ti-nan) part. prés, dj
v. Amatiner.
AMATINANT (a-mâ-ti-nan) part. prés, du
y. Amatiner.
AMATINER v. a. ou tr. (a-ma-ti-né — rad.
matin). Faire lever quelqu'un matin : Il est
bon d amatiner de bonne heure les enfants. 11
est familier.
AMATINER OU AMASTINER V. a. OU tr.
(à-mâ-ti-né — rad. matin). Faire couvrir une
chienne par un mâtin.
S'amatiner, v. pr. Pop. Se prostituer, en
parlant d'une femme; se livrer au premier
venu, à la manière des animaux.
AMATIR y. a.' ou tr. (a-ma-tir— rad. mat).
Tcchn. Chez les orfèvres, rendre mat l'or,
l'argent, leur ôter leur poli.
— Monn. Blanchir les flans des pièces d'or
AMATIVITÉ s. f. (a-ma-ti-vi-té — du lat.
amatus, aimé). Phrén. Nom de l'instinct qui
■ attire les individus l'un vers l'autre et les
pprte à s'aimer- : Le cervelet est l'organe de
J'amativité. (T. Thoré.)
AMATODE s. m. (a-ma-to-do — du gr. ama-
thôdès, sablonneux). Entom. Genre de coléo-
ptères hétéromères, ayant pour type une
espèce répandue en Guinée etdans le Sénégal.
AMATOIRE s. f. (a-ma-toi-re — du lat.*
ama torium; formé du v. amare, aimer). Antiq.
rom. Philtre auquel on attribuait la propriété
de rendre amoureux : Les magiciennes ' em- ,
■ploient des breuvages que l'on appelle ara-
toires ou pHltres thessaliens; ces breuvages
se rapprochent beaucoup des poisons, et ils en
ont eu plus d'une fois les effets pernicieux.
(Dézobry.)
À MÂTS ET À CORDES loc. adv. (a-mâ-
zé-à-kor-do). Mar. Se dit de la manière de-
naviguer ou de fuir d'un bâtiment courant
vent arrière devant un gros temps. .
AMAUIU ou AMALIUC DE CHARTRES, phi-
losophe et théologien , condamné comme hé-
rétique par Innocent III, au commencement
du xiiic siècle, enseignait que le règne du Père
avait fini il l'avènement du Christ, que celui
du Christ touchait à sa fin et que celui du
Saint-Esprit allait commencer. L'ouvrage dans
lequel il avait développé sa doctrine portait le
titre de Pliysion. Dix. de ses disciples furent
brûlés, en l2io; et ses ossements furent exhu-
més pour être livrés aux flammes. .
AMAURONIE s. f. (a-mo-ro-nî — du gr.
amauros, obscur), fintom. Genre de coléo-
ptères pentamères, fondé sur une seule espèce
de l'île de Corfou.
AMAUROSE s. f. (a-mô-ro-ze — du gr.
amaurôsis, obscurcissement). Méd. Perte com-
plète ou incomplète de la faculté de voir,
déterminée par la paralysie de l'appareil
nerveux do l'œil (rétine, nerf optique).
— Encycl. L'amaurose est vulgairement dé-
signée sous le nom de goutte sereine. Voici
l'origine que Morgagni assigne à cette déno-
mination : o Les Arabes, dit-il, appelaient au-
trefois l'amaurose goutte sereine; sereine parce
que, dans cette maladie, les yeux sont clairs
et sans aucune lésion sensible, si ee n'est que
la pupille , le plus souvent, est plus grande
qu'à 1 ordinaire et presque immobile ; goutte,
parce que les médecins de cette nation ne
doutaient pas qu'une humeur obstruante ne
s'écoulât du cerveau dans les nerfs optiques,
ce qui expliquait aussi, selon eux, la prompti-
tude avec laquelle cette affection survient. »
Vamaurose peut être complète ou incom-
plète; ordinairement continue, elle est quel-
quefois périodique. Elle est idiopat /ligue quand
elle dépend uniquement d'une lésion de là ré-
tine ou du nerf optique ;symptomatique, quand
elle est produite par la lésion de la partie du
cerveau qui perçoit les impr— : — '- — :
ktâiï
AftfA
243*
tingue trois espèces ,d'<
o l'ai
lu nerf optique ou delà rétine,
ration organique de ces parties ;'2° Vamaurose '
asthéniouc ou adynàmigue, qui a pour causé
un affaiblissement de la rétine, comme cela
s'observe à la suite des' grandes hémorragies,
des empoisonnements par l'acide carbonique,
la belladone, le plomb, etc. ; 3° l'amaurose1
stliénïque ou nyperémique, qui est produire par
la, congestion de la rétine ou 'du nerf optique.
L'amaurose peut débuter d'une manière
brusqué et pour ainsi dire instantanée, ou se
développer lentement et graduellement. La ,
cécité, l'insensibilité de l'iris, son immobilité
et sa dilatation permanente devant la lumière
la'plus vive , bien que la pupille reste, noire
et qu'aucun obstacle apparent ne s'oppose à la '
perception des rayons lumineux, l'immobilité
des paupières à 1 approche d'un corps quel-
conque, tels sont les principaux symptômes dé
Vamaurose. Les causes de cette affection sont
directes ou indirectes. Les premières sont : les
blessures oculaires , les. commotions do là
rétine , l'insolation , les tubercules du cer-
veau, etc. ; lés secondes sont : la 'grossesse; les'
chagrins prolongés , l'insomnie , la colère ,
l'ivresse répétée , la suppression d'un 'exan-
thème cutané, d'un émdnctoire, d'une hémor-
ragie périodique, l'exercice de .certaines pro-
fessions qui condamnent la vue à une fatigue
continuelle (tailleurs, horlogers, microgra-
phes), les pertes abondantes et répétées de
sang , les poisons narcotiques , etc. Le pro-
nostic de Vamaurose est plus ou moins grave.,
selon la nature, les causes, le degré, la durée
de l'affection. , ,
Le traitement. est général ou local, et doit;
être institué d'après' l'espèce d'amaurose qu'il
s'agit de combattre. DansYamaurosesthénique,'
on prescrit le repos absolu des yeux dans une
chambre obscure^ les émissions sanguines, les
frictions mercurielles autour de 1 orbite, la
belladone a l'extérieur et à l'intérieur, le ca-
lomel, les purgatifs souvent répétés, etc. Dans
Vamaurose asthénique, on a recours. aux. to-
niques., tels que préparations ferrugineuses,
houblon, gentiane, quinquina, si Vamaurose se
lie à un affaiblissement général de la consti-
tution ; aux anthelminthiques , si elle paraît
être d'origine vermineuse ; aux mercuriaux et
à l'iodure de potassium , si l'on croit devoir
accuser une infection syphilitique. Comme
modificateurs locaux, on emploie l'électricité,
les stimulants directs, tels que le baume de
"' l'éther sulfurique, l'alcool pi
vésicatoires volants souvent
pommade ammoniacale, la pommade stibîée,
l'huile de croton, les cautères, les moxas, les"
sétons, etc.
AMAUROTIQUE adj. (a-lnô-rc-ti-ke — rad.
amaurose). Méd. Qui a rapport à l'amaurose,
qui est affecté d'amaurose.
— s. Personne atteinte d'amaurose : Un
AMAUROTIQUE. Une AMAUROTIQUE.
AMAURUS s. m. (a-mo-russ — du gr. amau-
ros, obscur). Entom. Genre d'insectes hémi-
ptères de la famille des scutellériens, dont on
connaît une dizaino d'espèces , propres à l'A-
frique et à l'Asie australe.
AMADRY 1er,' roi de Jérusalem, fils et suc-
cesseur de Baudouin III (UC5-H73). Son ava-
rice lui fit entreprendre en Egypte une expé-
dition qui eut les plus désastreux résultats, et
il précipita par son incapacité la décadence
des colonies chrétiennes de l'Asie.
AMAUBY II do Li.sici.ni. , roi de Chypre,
devint roi titulaire de Jérusalem par son ma-
riage avec Isabelle, veuve de Henri de Cham-
pagne (1194-1205). Pendant tout son règne, il
tint- sa cour à Ptoléinaïs, et ne put rentrer
dans Jérusalem, occupée par les Sarrasins. •
AMAURY. V. Amai.ric (Arnaud).
AMAURY-DDVAL (Eugène-Emmanuel), pein-
tre, néà Montrouge.près Paris, en 1808, neveu
d'Alexandre Duval le littérateur. Il étudia dans
l'atelier de M. Ingres et se distingua surtout
dans le genre du portrait. Parmises sujets histo-
riques ou religieux, on cite particulièrement :
Pâtre grec découvrant un bas-relief antique;
des peintures murales dans l'église de Saint-
Germain-en-Laye ; la chapelle de la Vierge a
Saint-Germain 1 Auxerrois, une autre chapelle
à Saint-Merry, etc ; enfin une Jeune Fille sor-
tant du bain, tableau très-remarque au Salon
de 1864.
AMAUSITE s. f. (a-mô-zi-te). Miner. Va-
riété de pétrosilex d'un blanc grisâtre, trou-
vée à jEdelfors, eu .Suède, il On écrit aussi
AMAUZITE OU AMAUTITE.
AMAXICHI, ville des îles Ioniennes, ch.-lieu
de i'ile Sainte-Maure ; évèché grec ; 6,000 hab.-
AMAZIE s. f. (a-ma-zî — du gr. a priv. ;
mazos, mamelle). Anaf. Absence de mamelles.
AMAZIRGUES s. m. pi. (a-ma-zir-ghe).
Géogr. Nom d'un peuple autochthone qui ha-
bite les hautes vallées de l'Atlas, et qu'on
appelle plus souvent Berbères.
— s. m. Linguist. L'amazirgue, Idiome des
Amazirguos,
amazone s. f. (a-ina-zo-ne — du gr. a
priv.; mazos, mamelle). Nom donné par les
anciens à des femmes guerrières qu'ils disent
avoir habité les rives du Thermodon , en
Cappadoce , et avoir étendu leurs conquêtes
jusque dans l'Asie Mineure.
-— Par anal. Femme-hardie, auxdiabitudos
i viriles , qui la' rapprochent des héroïnes de
l'antiquité : Jeanne ■ Darc , Jeanne Hachette
étaient de vaillantes amazones. Votre intré-
i pide -amazone décourage les plus hardis' désirs ■■<
i de bonheur. (Balz.) Cette personne distinguée
I n'était pas une amazone m une héroïne. (Ste-i
Beuv'e.') Quelques instants après a paru Ma-
thilde,avac cet air que vous lui connaissez ; cet •
air d'AMAZONK, la tête haute, le sourire su-
perbe. (Scribe.) Amazones de l'émeute, les
femmes de la Halle accouraient sur le premier
plan. (L. Blanc.) i
.chars la duchesse, amazone intre'piue.
'— ' Habit d'amazone ou simplenu amazone, '
Très"- longue robe de 'drap t)Outonn'ée"par
devant jusqu'en haut, que les danios mettent1
pour monter à'chévàl : Amazone noire, bleue,
verte. Proposez à une jolie obèse de montera
cheval, elle y consentira avec joie, mais à con-
dition qu'elle aura un habit Amazone frais et
coupé dans le dernier goût. (Brill.-Sav.) Cel/çt
femme était vêtue d'une amazone noire, à là
mode anglaise. (E. Sue.) Je me mis d la croi-1
sée,et vis une femme en amazone et la télé
couverte d'une épaisse mantille. (G.Sand.) Elle
s'était donné une amazone et montait'à cheval. '
( Balz.) •Helevant sur soi sa jupe (Z'amazone ',-
elle s'avançait à pas lents. (J. Sandeau.) La
belle eh amazone monte un cheval turc, blanc
comme le lait, fringant et' vif au possible.'
(Th. Gaut.) " , . '
Je té vois arriver, plus belle et plus brillante
' Voltaire.
Il La femme qui porte cette robe : On voit
beaucoup <2'amazones au bois de Boulogne. Les
amazones sont toujours accompagnées d'un ca-
valier sei'vant. Elle aoait vingt-cinq ans à cette
■j époque; le bel âge pour une amazone. (Ste-
Bèuve.) Elle était piquante, originale, étrange,
avec son chapeau d amazone et sa redingote
roùge. (Michelet.)
— Ornith. Nom donné par Bulîon aux es-
pèces de perroquets caractérisés par leurs
ailes, dont le fouet est garni de plumes rouges
' ou jaunes. Vamazone à- tète blanche se voit
souvent chez les marchands oiseliers.
! — Encycl. Hist. Les Amazones de l'anti-
quité se brûlaient ou se comprimaient dès
' 1 enfance la mamelle droite , afin de tirer de
c avec plus de facilité. Elles se perpétuaient
■ un commerce passager avec lés hommes
reines ou dé' leurs héroïnes sont : Sphi
vint féliciter Jason; Ménalippe, qui donna sa
ceinture à Hercule; Hippolyte, qui envahit
l'Attique; Antiope, qui fut vaincue par Thésée ;
Penthésilée, qui marcha au secours de Troie
et fut tuée par Achille, et Thalestris, qui vi-
sita Alexandre. 11 est aussi question d Ama-
zones scythès, dont la reine Thomyris vainqnit
Cyrus et le fit périr, ainsi que d'Amazones
d'Afrique, qui subjuguèrent les Atlantes et
furent exterminées par Hercule.
Il est vraisemblable 'que ces traditions n'ont
aucun fondement historique. Cependant, l'Iris-"
toîr'e de la Bohême au vine siècle nous offre
un exemple curieux de femmes analogues
aux Amazones grecques. Organisées en cor-
poration militaire et même en société civile,
sous le commandement d'une certaine Vlasta,
ces femmes construisirent des forts et firent'
pendant huit années la guerre au duc de
Bohème Przémyslas , exterminant ou rédui-
sant en esclavage tous les hommes qui tôm-'
baient entre leurs mains. V. Vlasta.
AMAZONES, départem. du Pérou, N.-E., où
coulent trois des plus grands bras du fleuve
du même nom ; sol fertile, mais qui n'est pas
cultivé; 40,000 hab.; ch.-lieu Chachapoyas.
AMAZONES (fleuve des), nommé aussi
Maruijiton on Mnranahîîo, le plus grand cours
d'eau de l'Amérique méridionale, et même du
inonde entier, si l'on considère la. Mississipi
comme indépendant du Missouri, qui en est la
continuation naturelle. En prenant pour terme
de comparaison la Tamise, dont la longueur se-
rait représentée parle chiffre 1,1e Mississipi le
serait par 19, et le fleuve des Amazones par 31 .
Comme son frère de l'Amérique du Nord, le
géant des eaux de l'Amérique méridionale part
de la même chaîne de montagnes, la Cordillière
des Andes, et' arrose une immense et fertile
vallée. Mais le Mississipi a été rejeté dans le
golfe du Mexique par la chaîne des Allegha-
nys, tandis que V Amazone ne trouvant. sur sa
route d'autres obstacles que des forêts vierges
et un terrain plat, s'est élancé, à l'ouest du
sommet des Andes jusqu'aux rives de l'A-
tlantique. C'est grâce à cette course furibonde
et non interrompue, que le fleuve des Ama-
zones, au lieu de couler lentement sur un lit
boueux comme son frère du nord, se précipite
à (lots pressés, conservant, même dans l'inté-
rieur des terres , une profondeur de 200 à
400 mètres. C'est aussi à cette rapidité du
courant qu'est due l'absence d'un delta, à
l'embouchure de V Amazone; ajoutons que le
terrain s'y prêtait moins que les parties maré-
Quarid les flots de VA/nazone rencontrèrent!
pour l'a première fois lés vagues de rAtlan(-.'
tique, une lutte terrible dut s'établir ; le JVeuyç,;
coupé 'en deux par. l'Océan, entounTde chij-1
cun de ses bras. nié 'de Màfajo, alors formeo
par ce choc,' et les deux 'branches' conser-
vèrent une telle ' impulsion , qù'àujo'urd'lfiii'^
encore oh" les* voit 'couler 'pendant' plusiqù'rjj"
centaines de' kilomètres dans le sein de l'Atlan-
tique,;sains mélanger 'leurs èàiix aux 'siennes.1'
A des époques périodiques, cette' lutté "dès
premiers temps recommence , iriais avec- On"
grandiose bien autrement terrible que tout co"
que présentent dans ce genre nos plus grands;
fleuves d'Europe. Le mascaret dél'Am'aio'iie'i
s'appelle pororocir. Malheur aux"riavires.iqijj.j
affronteraient alors," même à 400 Kilomètres'
au large, ce courant redoutable'qui,!eh témps^
de calnie, se fait sentir àux'navïgateurs a'tinè'
distance, de 300 kilomètres. ' , ' " ' ''"'!
Les indigènes du Brésil appellent V Amazone'
G'ûiena.' De sa source au confluent de l"Ucay'àlo '
ou Rio Paro, on lui donne le nom de Mararihacu'
F lus loin, celui de Rio dos Sblimens, jusqii'a*
embouchure du Negro,.et de co. point hîi- l'O-
céan, celui de fleuvc-des Amazones. Co, dernier
nom vient des femmes armées querencontia;-
ou crut rencontrer sur ses bords, vois 1539'.
Francisco Orellana, aventurier espagnol.! Il;
fut le premier Européen qui descendit' en1
entier, et sur une frôle' barque , le fleuve'
des Amazones, entrevu.par Vinçen.t, Pinçon,
dès l'année 1500.,Les Ëspagnolset les'Pôrtù^,
gais sont les seuls qui appellent quelquefois,
ce gigantesque cours d'eau l'Orellané, en nier,
moire du premier.. voyageur qui eut l'audûce-
de: se confier à ses flots rapides. La Condamine
étudia le cours de ce fleuve dq.n43 à 1744, et,
en publia; à son retour une. carte excellente/,
L'Amazone prend sa source au lac Laurico-!
cha^ dans les Andes du Pérou, à 3,000 mètres,
au-dessus du niveau,de, la mer., par 12? de
latitude sud, et parcourt, avant, ud se jeter,
dans l'Océan, 5,310 kilomètres. Ses principaux,
afiluents sont, à droite : le.Javarl, le Jnrua,,
le.Purus, la Madeira, le Topayos etile Xingu;,
à. gauche : le Rio Nogrq,. le. Cassiquiarij le
Napo et, l'Ica. Avec ces affluents, dont la,
plupart sont plus considérables que nos grands
fleuves européens, VAmazone arrose un bas-r
sin de 3-milliards et demi de mètres carrés, ;ot.
comprend 80,000. kilomètres de cours d'eau-
navigable. Le volume du fleuve est alors tel-
lement grossi, que sa largeur varie, dans l'in-.
térieur des terres, de 8 à 8 kilomètres, et qu'il,
en compte près de 300 à son embouchure.
Aussi, par ce vaste et double estuajre, la.
marée peut-elle remonter jusqu'à 600.'- kilo-,
mètres, même sans les terribles mascarets de
1-équinoxe.iNous avons déjà dit qu'à' là marée,
basse, le grand fleuve reprend ses droits, et
domine à son tour si victorieusement une.parr,
tie de l'Océan, qu'on l'y voit couler distinc-
tement sur un immense trajet,, et ,qu'il ôtc à
la mer, dans ces parages, son ûpreté saline.;
Ses bords sont couverts de hautes herbes et'
de forêts, immenses, peuplées de jaguars, da;
serpents, d'oiseaux variés et d'une ciuantité'
innombrable de singes; ses eaux, recèlent des.
crocodiles qui atteignent jusqu'à 10 mètres de,
longueur; les tortues y. sont excellentes.
Un coup d'œil jeté- rapidement sur la carte:
de l'Amérique- méridionale: nous montre quïilt
suffirait d'un canal fort court pour unir 1 A-«
mazone à la Plata par leurs deux affluents, k>.
Topayos et le Paraguay. Quand le .génie de
l'homme aura exécuté ce travail,. l'Amérique
du Sud sera enfin dotée du grand chemin par
lequel seul la civilisation pénétrera à l'intérieur
de ce pays magnifique. L Amérique séptentrio-!
nale jouit déjà de ce bienfait. Or, VA mazone et
la Plata sont situés, l'un par rapport à l'autre,
absolument comme le Saint-Laurent et le Mis-
sissipi. L'exécution serajt encore plus facile, i
il n'y aurait pas de Niagara à tourner, et les
résultats seraient aussi beaux : éviter les ha-
sards d'une navigation sur les côtes, et déve-.
lopper les ressources intérieures du pays, res-
sources qui sont certainement a l'avantage de
l'Amérique du sud, capable de produire tout
ce que le travail de l'homme lui demandera. .
Le* Anmione» OU la Foiiilnlion <lo Ttièlte»"
opéra en trois actes, paroles de Jouy; musique
de Méhul, représenté à l'Académie impériale'
de musique le 17 décembre 1811. Cet ouvragé,
qui cependant n'est pas inférieur à d'autres
du grand compositeur, n'eut pas un succès'
marqué. '
Amazone du Thermodon (l"), groupe, en-
bronze, plein de mouvement et de vie, qui orne
lé péristyle extérieur du.musée de Bcrlui. C'est
l'œuvre d'un sculpteur allemand ; M. Kiss ,-.
élève du célèbre Rauch. La guerrière à che-
val est attaquée par un lion ; ses traits respirent
plus la colère que l'effroi ; elle cherche & épou-
vanter l'animal. cramponné au cou du cheval
par les dents et les griffes. Le cheval, frémis,
sant sous cette terrible étreinte, est admira-
blement rendu , et l'ensemble a une grande
énergie. « En voyant cet excellent groupe, dit
M. Viardot, on est tenté de prédire à la nou-
velle école de sculpture allemande un avenir,
durable et glorieux. » .. -
AinoimwB (REPRÉSENTATIONS DIVERSES I>ÈsV
Les anciens artistes ne se sont guère montres-
galants à l'endroit des Amazones ; ils les ont
presque toujours représentées blessées ou vain-
cues, peut-être parce qu'ils trouvaient là une
32
a de rendre leurs héroïnes plus tou-
chantes. Ce qu'il y a de bien certain, c'est qu'au-
cun des monuments de l'antiquité, statues, bas-
reliefs , médailles , qui nous offrent une ou
plusieurs figures d'Amazones , ne confirme
l'opinion de ceux qui prétendent que ces femmes
guerrières se brûlaient une mamelle afin de
pouvoir plus facilement tirer de l'arc. Le musée
du Vatican (Braccio-Nuovo) renferme deux
statues à' Amazones blessées ; la plus belle passe
pour être une copie de l'Amazone du sculpteur
grec Ctésilas, oui remporta le prix à un con-
cours auquel Phidias et Polyclète prirent part.
La tête de la guerrière est doucement inclinée,
et sa physionomie exprime une profonde tris-
tesse. La même expression se reproduit d'ail-
leurs dans plusieurs autres figures d'Amazones,
notamment dans celle du Louvre. '
Le musée Pio-Clémentin possède une Ama-
zone plus grande que nature, occupée à dé-
tendre son arc; son carquois est suspendu à
son côté, et près d'elle on voit son bouclier en
forme de croissant et sa hache à deux tran-
chants (bipennis). On remarque, dans la même
galerie, deux bas-reliefs de sarcophages re-
présentant des Défaites 'd'Amazones ; lune de
ces sculptures , qui provient de la villa de
Jules III, représente deux figures qu'on croit
être Achille enlevant la reine Penthésilée. Un
troisième bas-relief du plus beau style et deux
autres statues d'Amazones ligurent au musée
du Capitole. Une Amazone à cheval est repré-
sentée sur les médailles de Trajanopolis, ville
de Phrygie : les habitants de cette contrée et
de la plupart des provinces de l'Asie Mineure
prétendaient tirer leur origine de ces femmes
belliqueuses.
Am»io«M (bataille" des), tableau de Ru-
bens , galerie de Munich. Poursuivies par
l'armée de Thésée, les Amazones cherchent à
défendre le passage du fleuve Thermodon, dont
elles habitent les rives. Une lutte acharnée
s'engage au milieu même d'un pont de pierre :
les guerrières opposent un héroïsme impuissant
à, l'attaque impétueuse des cavaliers grecs;
elles sont précipitées avec leurs montures dans
les eaux rouges de sang. La soldatesque fa-
rouche les atteint jusque-là et les massacre
sans pitié pour leur faiblesse, sans respect
pour leur beauté. Au travers de l'arche du
pont, qui semble prête à s'affaisser sous la
masse des combattants, on aperçoit une ville
en flammes ; les lueurs de l'incendie et les tour-
billons de fumée ajoutent à l'horreur de la
nêlée. Cette composition, conçue
génie, est exécutée dans de petites dimensions :
on ne sait ce qu'il faut le plus y admirer, de la
disposition pittoresque des groupes , de la
beaufé des détails, de la hardiesse du dessin
ou de la puissance du coloris.
AMAZONIEN, surnom d'Hippolyte, fils de
Thésée et de l'Amazone Antiope.
— Monts amazoniens, Montagnes situées près
du Thermodon, pays des Amazones.
AMAZONIQUE adj. (a-ma-zo-ni-ke — rad.
amazone). Qui se rapporte aux Amazones :
Cette remarque est si vraie qu'elle a donné lieu
à quelques modernes déporter à trois le nombre
des rameaux de la famille amazonique. (Val.
Parisot.)
AMAZONITE s. f. (a-ma-zo-ni-te — rad.
Amazone). Miner. Variété verte de feldspath,
qui doit son nom au fleuve des Amazones,
près duquel elle a été rencontrée. L'amazonite
AMBA s. m. (an-ba). Nom donné à des élé-
vations de forme_pyramidale ou cubique qu'on
trouve quelquefois au milieu des plaines, dans
certains pays. Leurs sommets sont planes,
unis, couverts de forêts, sillonnés de sources.
Quelques-uns de ces plateaux sont si vastes
qu'il faut plusieurs journées pour les parcou-
rir : Les ambas sont fréquents en Abyssinie ,
dans le Congo, dans l'Indoustan et dans le
nord de l'Amérique méridionale. C'est sur
/'amba de Gédéon que réside le gouverneur de
AMBACT s. m, (an-bakt). Etendue de juri-'
diction féodale.
AMBAGES s. f. pi. (am-ba-je — du lat. am-
bages, détours). Circonlocutions ; circuit de
paroles embarrassées, ambiguës, équivoques :
Parler sans ambages. Point de variations ni
c/'ambages dans ses réponses, tout furieux qu'il
était. (St-Sim.) Soyez bref : point d' ambages,
de circonlocutions. (Mol.) Malgré son désir
de ne pas se laisser surprendre par les ruses
florentines, le roi était déjà saisi, enveloppé
dans les ambages et les replis de cette pom-
peuse loquacité de charlatan. (Balz.) Pour avoir
dit ma pensée en peu de mots, sans ambages,
me voici en prison. (P.-L. Cour.) C'était, en
effet, une dialectique pleine de facettes, jam-
bages imprévues et de filets à mille mailles.
(Cormen.) Je vous avoue, sans ambages, que
j'en suis stupéfait, et que je peux à peine en
croire mes sens, (Baudelaire.)
— S'est employé au singulier : Z'ambage de
ses discours me fit entrevoir ce qu'il proposait.
(St-Sim.)
amBAGIEux, EUSE adj. (an -ba-ji - eu ,
pu-zc — du lat. ambagiosus, ambigu, obscur).
Zool. Se dit d'une espèce d'aranéidc : L'é-
fieire ambagieuse est une aranéide d'Espaqne.
(Walcken.)
AMBAÏBA s. m. (an-ba-i-baj. Bot. Arbre
du Brésil, famille des urticées, a bois poreux,
très-inflammable. Les Brésiliens s'en servent
pour allumer du feu par le frottement. Il ap-
partient au genre cécropie. On l'appelle aussi
bois à canon et bois trompette.
AMBAÏTINGA s. m. (an-ba4-tain-ga). Bot.
Arbre du Brésil; que l'on a regarde comme
une seconde espèce d'ambaïba.
Ambalam s. m. (an-ba-lamm) . Bot. Arbre
de l'Inde, qui porte un fruit rond et jaune.
Sa pulpe a un goût aigrelet, et sert souvent
d'assaisonnement au riz. On a attribué sans
motif à son amande l'étrange propriété de
faire perdre l'esprit à ceux qui en mangent.
AMBALARD s. m. (an-ba-lar). Techn.
Brouette qui, dans les papeteries, sert à
transporter la pâte.
ambantes s. m. pi. (an-baB-te). Géogr.
anc. Peuple de la Perse qui occupait une partie
du Paropamisus (Candahar).
AMBARE s. m. (an-ba-re). Bot. Grand ar-
bre des Indes, semblable au noyer, et dont le
fruit a la réputation de donner de l'appétit et
de faire évacuer la bile.
AMBARÈS-ET-LAGRAVE, commune du dép.
de la Gironde, arrond. de Bordeaux ; pop. aggl.
1,540 hab. — pop. tôt. 2,666 hab.
AMBARRES s. m. pi. (an-ba-re). Géogr.
anc. Peuples de la Gaule celtique, alliés des
Eduens, et qui habitaient sur la rive gauche
de l'Arar(la Saône), du côté du lovant.
AMBarvale adj. (an-bar- va-le — lat. am-
barvalis, même sens). Antiq. rom. Se disait
de la victime qu'on sacrifiait dans les ambar-
vales, après l'avoir promenée dans les champs.
— Frères ambarvales. Nom donné aux
prêtres qui présidaient aux fêtes nommées
ambarvales.
AMBARVALES OU AMBARVALIES S. f. pi.
(an-bar-va-le — du lat. ambarvalia; formé de
ambirc, aller autour; arva, champs). Antiq.
rom. Fêtes célébrées en l'honneur de Cérès,
pour appeler sur les biens de la terré la pro-
tection de cette déesse.
bré(
der l'accroissement et la maturité des récoltes ;
en juillet ou en août, afin d'obtenir la conser-
vation des grains et autres fruits de la terre.
On y sacrifiait un taureau, une truie et une
brebis, après une procession autour des
champs : de la le nom d'ambarvales. Il y avait
des ambarvales particulières et des ambar-
vales publiques. Les premières étaient célé-
brées par chaque chef de famille, assisté de
ses enfants et de ses esclaves. Les ambar-
vales publiques avaient lieu autour de la ville.
— Nos Rogations rappellent les ambarvales des
Romains.
ambarvaeies s. f. pi. (an-bar-va-lî) V.
Ambarvales.
AMBARVATE s. f. Bot. V. Ambrevade.
AMBASSADE s. f. (an-ba-sa-de — du lat.
ambactus, valet qui fait les commissions, qui
va et vient, d'où est dérivé le bas lat. ambac-
tia, mission ; ou du goth. ambachts, serviteur).
Charge, fonction de celui qui est envoyé
comme représentant par un prince, un Etat
souverain, près d'un autre prince, d'un autre
Etat souverain : Z'ambassade d'Espagne, de
liussie. L'empereur lui accorda /' ambassade de
Turquie. Il avait l'air mystérieux et important
d'un homme revêtu d'une ambassade. (LaBruy.)
La première année d'une ambassade ruine tou-
jours l'ambassadeur. (Chateaub.) Cette femme
est capable de me faire donner une belle am-
bassade avant même que je sois député. (Balz.)
Pour les jeunes seigneurs, les ambassades sont
des cours de diplomatie et de gastronomie.
(Carême.) Il a suivi le maréchal dans son am-
bassade en liussie. (Scribe.)
is qui v
mystère.
Il Lieu, maison où sont établis les bureaux de
l'ambassadeur : Aller à /'ambassade. Faire
viser son passe-port d f ambassade. L' ambas-
sade de Russie se trouve dans telle rue.
— Collectivem., se dit de l'ambassadeur et
des secrétaires, des employés, etc., qui for-
ment sa suite: Une ambassade nombreuse. Une
ambassade magnifique. Il appartient à I'ma-
bassade. Nous avons vu passer /'ambassade.
C'était, en effet, le recteur et tous les digni-
taires de l'Université, qui se rendaient proces-
sionnellement au-devant de /'ambassade. (V.
Hugo.) Son Eminence accompagne en ce mo-
ment /ambassade très-honorable de M. le duc
d'Autriche. (V. Hugo.) i'AMBASSADBj'aponai'se
est descendue au Grand-Hôtel, à Paris. (Journ.)
— Députation envoyée à un prince, à une
république, à un Etat souverain : Envoyer,
recevoir une ambassade. Il lui arriva une am-
bassade de Scythes. (Vaugel.) Les Romains se
firent alors représenter en Grèce par une ambas-
sade solennelle. ( Boss.) Les Troyens avaient
envoyé une ambassade à Tibère pour lui faire
leurs compliments de condoléance au sujet
de la mort de Gertnanicus ; l'ambassade mit
tant de lenteur dans son voyage, qu'elle n'ar-
riva à Rome que deux ans après la mort du
héros. Tibère les remercia vivement; mais
pour leur faire sentir l'inconvenance d'un tel
retard, il leur dit qu'il prenait la plus grande
AMB
part à la perte qu'ils avaient faite dans la
personne d Hector, tué par Achille (environ
1300 ans auparavant).
— Fam. Commission, message entre par-
ticuliers : Se charger, s'acquitter d'une ambas-
sade. Je ne veux point d'une pareille ambas-
sade. Enfin, pour achever mon ambassade, tV
vient vous demander votre fille en mariaqe.
(Mol.)
Son frère arrive et lui fait Y ambassade.
La Fontaine.
Il Ironiq. J'ai fait une belle ambassade, Ma
mission n'a pas été heureuse : 0.' juste ciel.'
j'ai fait une belle ambassade! (Mol.)
— Secrétaire d'ambassade, Secrétaire atta-
ché à un ambassadeur, qui remplace celui-ci
en cas "d'absence ou de congé, et qui jouit
dans ce cas de tous les privilèges attaches au
titre d'ambassadeur : M. Drouin de Lhuys fut
longtemps secrétaire d'ambassade à Madrid.
Il fut nommé secrétaire d'ambassade à Rome.
(Lamart.) il Attaché d'ambassade. Celui qui est
attaché à une ambassade; à une légation sans
titre déterminé : Attache d'ambassade à Na-
ples d'abord, il alla plus tard comme secrétaire
à Madrid, à Londres, et fit ainsi le tour de
l'Europe. (Balz.) "
ambassadeur s. m. ( an-ba-sa-deur —
rad. ambassade). Agent diplomatique envoyé
comme représentant par un prince , un Etat
souverain, près d'un autre prince, d'un autre
Etat : Ambassadeur ordinaire. Ambassadeur
extraordinaire. Nommer, envoyer un ambassa-
deur. Recevoir un ambassadeur. Rappeler un
ambassadeur. L' ambassadeur d'Angleterre à
Pans. L'ambassadeur russe à Londres. Tout
le raffinement d'un ambassadeur et toute sa
politique tendent à tromper et à n'être point
trompé. (La Bruy.) Un ambassadeur est un
espèce de facteur par le canal duquel les faus-
setés et les tromperies passent d'une cour à
l'autre. (Volt.) On me reçut avec les honneurs
dont on accable les ambassadeurs. (Chateaub.)
Un roi qui traite avec un ambassadeur gui lui
plait lui fait toujours quelque concession dan-
gereuse.. (F. Soudé.) Dites à Son Altesse que
je ne suis ni assez noble, ni assez pauvre, ni
assez bête, pour faire un ambassadeur. (F. Sou-
lié.) Le cardinal Caprera fut reçu comme un
ambassadeur étranger. (Thiers.) A quoi ser-
vent les ambassadeurs? à compliquer les ques-
tions, d amoindrir la politique, à la faire
tomber dans l'intrigue. (E. de Gir.)
L'ambassadeur d'un roi m'est toujours redoutable.
Voltaire.
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
La Fontaine.
II d<
îi devant vous abaiss
mbassadeur.
— Par ext. Toute personne chargée de
quelque message : Le fils de Dieu est monté
au ciel pour y ètri notre avocat, notre ambas-
sadeur et notre pontife. (Boss.) Il a bien choisi
son monde, que de te prendre pour son ambas-
sadeur! (Mol.) En affaire, comme en diplo-
matie, tout dépend du choix de /'ambassadeur.
(Scribe.) C'est la raison pourquoi Jésus-Christ
a choisi et pris de simples artisans, pour être
les ambassadeurs des nouvelles de notre récon-
ciliation. (A. Péronnet.)
— Pas d'ambassadeur, Allure, façon de mar-
cher grave, compassée. So prend lé plus ordi-
nairement en mauvaise part : // semblait ha-
bitué à l'allure noble quon appelle ironique-
ment un pas d'ambassadeur. (Balz.)
— Encycl. On nomme agents diplomatiques
et quelquefois ministres , tous les délégués
d'une souveraineté destinés à la représenter
auprès d'une souveraineté étrangère. Long-
temps il n'y eut en Europe qu'une seule espèce
d'agents diplomatiques, assez souvent désignés
sous le nom d'ambassadeurs. Plus tard , ,une
pratique générale les divisa en quatre classes
ou ordres , d'après la différence des honneurs
qu'il plaisait aux gouvernements de leur ac-
corder : les ambassadeurs, les envoyés extraor-
dinaires et ministres plénipotentiaires, les «u-
nistres résidents etles chargés d'affaires. Ainsi,
le nom ^'ambassadeur qui, dans le langage
ordinaire, est pris souvent comme terme géné-
rique et appliqué sans distinction à tous les
agents diplomatiques, est, dans le langage de la
diplomatie, réservé aux seuls agents du premier
ordre, lesquels se distinguent des autres en ce
qu'ils représentent, dit Martens , la personne
même de leur souverain auprès d'un gouver-
nement étranger. Nous n'avons pas besoin de
faire observer que ce caractère distinctif ne
saurait avoir de sens dans une république ou
dans une monarchie représentative, attendu
qu'un roi constitutionnel n'exerçant aucun acte
de royauté que par l'entremise de ses minis-
que des rapports privés.
On divise les ambassadeurs en ordinaires et
extraordinaires , division qui , dans l'origine ,
servait à distinguer les missions permanentes
de celles qui avaient pour but une négociation
particulière et extraordinaire. Quand un am-
bassadeur arrive auprès d'une cour, son pre-
mier soin est d'en informer le ministre des
affaires étrangères, et de prendre son jour
pour lui faire visite. Il lui remet copie de ses
lettres de créance, et demande à en présenter
l'original au chef de l'Etat. Cette remise a lieu
en audience publique et solennelle. Vambas-
sadeur prend rang dans le corps diplomatique
suivant son ancienneté, c'est-à-dire suivant
l'ordre de la remise de ses lettres de créance.
Dans les cours catholiques , le nonce du pape
est le premier des ambassadeurs, primus inter
Les ambassadeurs et autres agents diploma-
tiques jouissent du privilège d'exterritorialité,
qui les fait considérer comme n'ayant pns
quitté les Etats du souverain qu'Us représen-
tent, et qui consiste dans l'inviolabilité de lem
personne et de leur domicile et dans l'exemption
de la juridiction étrangère. « Toutes les puis-
sances de l'Europe, dit Martens, reconnaissent
l'inviolabilité des ministres des différents or-
dres et la leur accordent, du moment où ils tou-
chent le territoire de l'Etat prévenu de leur
mission jusqu'àcelui où ils l'ontquitté ; de sorte
que, même en cas de rupture, on laisse partir
en sûreté le ministre de l'ennemi, i Cette invio-
labilité du ministre est fondée sur l'indépen-
dance où il doit être du gouvernement avec
lequel il est chargé de négocier, indépendance
sans laquelle il lui serait impossible d atteindre
le but de sa mission. C'est le principe fonda-
mental du droit des gens ; il est tellement né-
cessaire aux rapports extérieurs de3 Etats ,
qu'il a été admis par tous les peuples , même
dans l'antiquité. Sancti habentur legati (les
ambassadeurs sont tenus pour sacrés), disail
la loi romaine. L'histoire offre de nombreux
exemples d'insultes faites à des ambassadeurs,
et de réparations exigées par les gouverne-
ments qui en avaient été l'objet. De nos jours,
c'est l'insulte commise envers un consul fran-
çais par le dernier dey d'Alger, qui a amené
la conquête de l'Algérie par les armées fran-
çaises.
S'attacher à faire "respecter la vie, la liberté
et les propriétés de leurs nationaux , s'oppo-
ser à toute violation du droit des gens à leur
égard, donner et recevoir des communications
politiques, telle est la mission des agents diplo-
matiques. L'article 48 de notre Code civil leur
a donné le caractère d'officiers de l'état civil.
Le droit d'ambassade, ou, pour parler d'une
façon plus générale, le droit de légation esi
une conséquence de la souveraineté ; il appar-
tient aux républiques comme aux monarchies.
D'après le principe légitimiste , il devrait être
conservé au monarque légitime détrôné et re-
fusé à l'usurpateur ; mais la diplomatie ne peu!
s'accommoder de fictions , et la souveraineté
du peupie s'impose aujourd'hui, en fait, au
droit international qu'elle transforme.
Les ambassades, si l'on prend ce mot dans
"" " — très-général, ont du c
les relations des premiers peuples. On les re- .
trouve chez les Egyptiens, les Perses, les
Juifs , les Grecs , les Romains. Cependant le
droit international ne put se développer dans
l'antiquité, et ce n'est que dans les temps mo-
dernes que les nations commencèrent à entre-
tenir des ambassadeurs à poste fixe. Cette
institution des missions permanentes date du
xvie siècle. • Elle eut pour effet, dit M. Jules
Grenier, de créer entre les Etats une certaine
.égalité et le sentiment du droit, qui sont la base
du système européen. »
La France entretient des ambassadeurs pro-
prement dits à Londres, à Saint-Pétersbourg,
a Vienne, à Constantinople, h Madrid, à Rome
et à Berne, et des agents diplomatiques d'ordre
inférieur auprès des autres Etats.
— Syn. Ambniandeur, dvputé, envoyé. Les
ambassadeurs parlent et agissent au nom do
leurs souverains ; les envoyés ne sont que de
simples ministres autorisés, qui n'ont qu'une
mission temporaire et limitée; les députés sont
envoyés par un corps à un souverain.
— Anecdotes. Une duchesse demandait a
un ambassadeur, arrivé tout nouvellement de
Pologne, s'il était vrai que les Polonaises
fussent aussi blanches et aussi froides que la
neige de leur pays. « Cela est si vrai, madame,
répondit V ambassadeur, que souvent leur seule
présence m'a enrhumé. »
Henri IV ayant dit un jour à Vambassadeur
d'Espagne : « Ventre-saint-gris ! si le roi d'Es-
pagne me fâche, ie Tirai relancer jusque dans
Madrid, ■ et l'ambassadeur lui ayant répondu
gravement : « Vous ne seriez point le premier
roi de France qui y aurait été, « le Béarnais
ajouta sur un ton moins furieux : ■ Monsieur
Vambassadeur, vous êtes Espagnol, et moi Gas-
con. Si nous nous mettons sur la rodomontade,
la chose ira loin. >
tation. Le pape , mécontent qu'on lui eût dé-
puté un ambassadeur si jeune, se récria, en
disant : » Eh quoi ! votre maitre manque-t-il
d'hommes, pour m'envoyer un ambassadeur
sans barbe? —Si mon souverain, répliqua le
connétable, eût pensé que le mérite consistait
dans la barbe, il vous aurait envoyé un bouc,
et non un gentilhomme comme moi. »
Mme de Seignelay s'étonnant en présence de
l'ambassadeur de Siam que les Siamois eussent
plusieurs femmes, Vambassadeur lui répondit:
« Madame, si l'on en pouvait trouver a Siam
d'aussi belles et d'aussi bien faites que vous,
turc répondit avec plus d'esprit encore et de
galanterie : « Madame , c'est afin de trouver
dans plusieurs femmes toutes les perfections
qui sont réunies en vous seule. »
Après la seconde abdication de Napoléon,
l'illustre sculpteur Canova fut envoyé à Paris
pour réclamer les objets d'art que les armées
do l'Empire avaient enlevés aux Etats ponti-
ficaux. Oanova, qui n'avait accepté cette mis-
sion que sur l'ordre formel du pape, mit à
l'exécuter toute la délicatesse possible. Il prit
sur lui d'abandonner au Musée français plu-
sieurs objets de prix qui avaient appartenu à
Rome ; cela n'empêcha pas qu'on ne lui sus-
citât mille désagréments. Comme il se plaignait
à un ministre de Louis XVIII des mauvais
procédés qu'avaient à son égard les employés
au Musée, appuyant ses réclamations de son
titre à' ambassadeur: «C'est emballeur que vous
voulez dire, » repartit l'excellence.
AMBASSADORIAL, ALE adj. (an-ba-sa-do-
ri-al,a-le— rad. ambassadeur). Qui appartient
à une ambassade, à un ambassadeur.: Cortège
AMRASSADORIAL. Pompe ÀMBASSADORIALE.
ambassadrice s. f. (an-ba-sa-dri-se —
rad. ambassadeur). Femme d'un ambassadeur:
Les Corses tirèrent sur le carrosse de 2'ambas-
sadrice , gui rentrait alors dans soji palais.
(Volt.) Vous savez; madame f ambassadrice,
que je suis toujours très-empressé de vous faire
ma cour. (E. Sue.) Ils étaient patronnés par
madame r ambassadrice d'Angleterre.{E. Sue.)
Elle était comme une ambassadrice obligée
d'arrondir ses phrases et ses coudes. (Balz.)
Etre ambassadrice, voilà le rêve des jeunes
filles du monde riche ou aristocratique.(M<"v Ro-
mieu.) La jeune ambassadrice parut à la cour,
et conquit du premier coup d'œil l'admiration
et l'enthousiasme. (Lamart.)
— Fig. et fana. Femme chargée d'un mes-
sage : Elle sera notre ambassadrice. Je suis
une ambassadrice de joie. (Mol.) La princesse
lui fit sentir qu'elle était indignée que son frère
lui dépêchât une, telle ambassadrice. (Volt.)
Ambassadrice (l'), opéra-comique en trois
actes , paroles de Scribe , musique d'Auber,
représenté en 1836, la môme année qu'Actéon
et que les Chaperons blancs. Cet ouvrage peut
être regardé comme une des meilleures par-
titions de l'illustre compositeur. Au succès
qu'obtint tout d'abord l'Ambassadrice vint s'a-
jouter bientôt un intérêt d'actualité. Une
célèbre cantatrice, MUt Sontag, avait quitté le
théâtre pour épouser le comte de Rossi. Le
public goûta vivementles situations habilement
présentées par M. Scribe, et plus tard la réap-
parition de M»"-' de Rossi sur la scène par suite
de revers de fortune prouva que le sujet du
pomne n'était pas invraisemblable. Cette vrai-
semblance dans un ouvrage appartenant au
genre qui la comporte le moins, lui a conservé
un attrait piquant. La musique qu'Auber a
composée sur ce livret est tour à tour vive,
touchante , enjouée et tendre. Sans nous ar-
rêter à l'ouverture, qui est une de nos jolies
Eièces instrumentales , nous mentionnerons
;s couplets du premier acte, l'air bouffe : Ah!
que mon sort est beau! la romance : Le ciel
nous a placés dans des rangs....; le duo si ex-
pressif : Oui, c'est moi qui viens ici, et enfin
l'air de Charlotte, au dernier acte : Que ces murs
coquets. ..Pendantlongtempslerôle d'Henriette
a servi aux débuts des jeunes élèves sortant
du Conservatoire. Il se prête en effet a faire
valoir les qualités d'une cantatrice. Mlle La-
voye y a obtenu son plus beau succès.
AMBASSE s. m. (an-ba-se). Ichth. Petit
• poisson de la famille des percoïdes, qui vit
dans la mer dos Indes, et qui est assez estimé
comme aliment.
AMBATAGE s. m. (an-ba-ta-je). V. Em-
AMBATE s. m. (an-ba-te — du gr. ambatès,
qui monte). Entom. Genre d'insectes coléo-
ptères tétramères, famille des curculionites,
dont toutes les espèces habitent les parties
intertropicales de l'Amérique.
AMBAZAC, ch.-lieu de cant. (Haute-Vienne),
arrond. de Limoges; pop. aggl. 278 hab. —
pop. tôt. 2,925 hab. Vestiges d'une voie et d'un
AMBE s. m. (an-be — du lat. ambo, deux).
Jeu. Combinaison de deux numéros pris en-
semble à là loterie, ou sortis ensemble :
Gagner un a.mbe.
— Ambe détermine', Deux numéros sortis
ou devant sortir ensemble, et dont l'ordre est
indiqué par le joueur.
— Au loto, Deux numéros sortis et placés
^ur la mémo ligne horizontale.
AMBÈGNE ou AMBIÈGNE s. f. (an-bè, biè-
gne — gn mil.). Antiq. rom. Victime que l'on
conduisait au sacrifice entre deux agneaux.
Il Se disait aussi d'une brebis qui avait mis
bas deux jumeaux, ot qui était sacrifiée à
Junon.
ambel s. m. (an-bèl). Bot. Plante de l'Inde,
qui ressemble au néinifar.
• AMBÉLANIER s. m. (an-bê-la-nié). Bot.
Arbre originaire de Cayenne, de. la famille
des apocynées, et qui porte un fruit laiteux
bon à mâii^jf, cru ou confit.
AMBER-BEER s. m. (amm-beur-bir — mots
angl.). Espèce d'ale ou de bière qui se fabrique
en A ngleterre, et qui a la couleur de l'ambre :
de là son nom.
AMB
AMBERG, ville forte de Bavière, à 60 kil.
N.-O.de Ratisbonne; autrefois capitale du
Haut-Palatinat ; 10,000 hab. Manufacture d'ar-
mes , de porcelaine. Victoire ' de l'archiduc
Charles sur le général français Jourdan ,
AMBERGER (Christophe), peintre allemand,
né à Nuremberg en 1490, s établit ensuite à
Augsbourg, où il mourut en 1563. Il forma son
style d'après celui d'Holbein le jeune. « Infé-
rieur à ce maître, dit W'aagen, par l'énergie
de la conception et la délicatesse du dessin, il
le surpasse quelquefois par la transparence et
par la chaleur du coloris. " Une de ses meil-
leures compositions est une Madone entourée
de saints, à la cathédrale d'Augsbourg. Il ex-
cella particulièrement dans le portrait, et fit,
en 1530, celui de Charles-Quint, qui figure
actuellement dans la galerie de Vienne. Ce
prince récompensa généreusement Amberger,
et se plut à le comparer au Titien,
amber-happi s. m. (an-bèr-app-pi). Méd.
Nom donné à un électuaire en usage à Con-
stantinople, et dans la composition duquel on
faisait entrer de l'opium, du musc et du ca-
chou. On l'employait comme calmant.
AMBÉR1EU, ch.-lieu de cant. (Ain), arrond.
de Belley; pop. aggl. 1,125 hab. — pop. tôt.
2,782 hab.
cap. du Livradois. Fabrique de papier/, excel-
lent^ fromages ; pop. aggl. 3,594 hab. — pop.
tôt. 7,661 hab. L arrond. a 8 cant., 52 comm.,
84,607 hab. Eglise de SainWean, fondée en
1471, édifice construit en granit, qui appartient
au style de la Renaissance, mais qui peut à la
rigueur être classé parmi les églises ogivales.
AMBESAS s. m. (an-be-zass — du lat. ambo,
deux, et as, unité). Jeu. Au trictrac, Coup de
dé qui amène deux as. il On dit plus souvent
bezet. On écrivait anciennem. ambes as.
— Adjectiv. Se dit d'une espèce d'arachnide
de Géorgie : Latte ambesas a l'abdomen en
forme de coin. (Walcken.)
AM BEZ (BEC D') , lieu où la Dordogne se jette
dans la Garonne, à 22 kil. de Bordeaux.
AMBI s. m. (an-bi — . du gr. ambè, rebord).
Chirurg. Nom d'un instrument inventé par
Hippocrate pour réduire la luxation de l'ex-
AMBIA s. m. (an-bi-a — nom ind.). Miner.
Nom donné dans l'Inde à une espèce de bitume
liquide et jaunâtre, dont l'odeur est analogue
à colle de la résine tacamahaca : Z'ambia est
une espèce de. succin liquide ; on s'en sert dans
le pays pour guérir la gale. (Valmont de
Bomare.)
AMBIALËT, commune du départ, du Tarn,
arrond. d'Albi; pop. aggl. 287 hab. — pop. tôt.
3,221 hab.'
AMBIANI s. m. pi. (an-bi-a-ni — de Ambia-
num, n. lat. A' Amiens). Géogr. anc. Peuples
de la Belgique, auj. les Picards. Ils avaient
pour capitale Somarobriva, plus tard Ambia-
num (Amiens). César, Strabon et Pline font
mention des'Ambiani.
AMBIANNULA1RE adj. (an-bi-ann-nu-lè-re
— du lat. ambo, deux; annulus , anneau).
Chim. Se dit des substances minérales cris-
tallisées en prismes, dont chaque base est
entourée d'un anneau à facettes.
AMBIANT, ANTE adj. (an-bi-an, an-te —
du lat. ambiens , part. prés, de ambire , en-
tourer). Qui circule autour, qui enveloppe les
corps de tous côtés : Fluide ambiant. Les mers
ambiantes ne tracent point de profondes dé-
coupures dans le massif du continent africain.
(D'Avezac.) Toxd ce qui refroidit la tempéra-
ture ambiante fait déposer la rosée. (H. Taine.)
Pour savoir si une planète est habitée par des
êtres vivants, la première chose à rechercher,
c'est si elle possède une atmosphère ou une
masse d'air ambiante. (P. Pillon.)
Quelques
■mbiant ei
— Fig. : La réalité ambiante a , en effet ,
quelque chose de précis , de certain , d'arrêté,
qui se prête peu aux transformations de l'idéal
et du style. (Th. Gaut.)
AMBIBARES s, m. pi. (an-bi-barre). Géogr.
anc. Peuple de la Gaule, dans la3e Lyonnaise,
faisant partie de la confédération' armorique.
Il On dit aussi Ambibariens.
AMBIDENTÉ, ÉE adj. (an-bi-dan-té — du
lat. ambo, deux ; dens, dentis, dent). Zool. Qui
a des dents aux deux mâchoires.
AMBIDEXTÉRITÉ s. f. (an-bi-dèk-sté-n-té
— rad. ambidextre). Mouvement d'un ambi-
dextre ; état d'un ambidextre.
AMBIDEXTRE adj . et s. (an-bi-dèk-stre — du
lat. ambo, deux ; dextra, main droite). Qui se
sert indifféremment et avec la même adresse
de la main droite ^t de la main gauche : Herma-
goras vous réoélera que Nemrod était gaucher
et Sésostris ambidextre. (La Bruy.) fous les
excepté l'homme. (Bory de SWinc.) /Ambi-
dextre a de grands avantages sur les autres
artistes. (Lenorm.) Hippocrate a dit que la
femme n'était jamais ambidextre ; l'expérience
dément cet aphorisme. (Lenorm.)
— Encycl. Quelques physiologistes pensent
AMB
que tous les hommes naissent ambidextres, et
que c'est par l'inipéritie des nourrices et par
suite de l'habitude seule qu'ils présentent la
singulière particularité d'une main plus adroite
que l'autre. Cette opinion est assez difficile à
admettre, si l'on considère le très-petit nombre
d'ambidextres que l'on trouve chez les peuples
sauvages aussi bien que chez les peuples civi-
lisés. D'autres croient que la prédominance
d'activité et d'accroissement des membres
droits sur les membres gauches est innée chez
l'homme, mais qu'elle est ensuite fortifiée par
l'habitude. « Comme l'habitude d'agir perfec-
tionne l'action, dit Bichat, on conçoit la cause
de l'excès d'agilité du membre droit sur le
gauche. Cet excès n'est presque pas primitif ;
l'usage l'amène d'une manière insensible. Je
crois bien, ajoute-t-il, que quelques circon-
stances naturelles ont influé sur le choix de la
main droite ; tels sont le léger excès de dia-
mètre de la sous-clavière droite, le sentiment
de lassitude qui accompagne la digestion, et
qui, plus sensible à gauche à cause de l'esto-
mac, nous détermine à agir pendant ce temps
du côté opposé, l'instinct naturel qui, dans les
affections vives, nous fait porter la main sur
le cœur où la droite se dirige bien plus facile-
ment que la gauche. ■ M. Achille Comte, dans
un mémoire remarquable, a établi par un grand
nombre de faits que nous apportons tous en
naissant un défaut d'équilibre entre le bras
droit et le bras gauche, défaut d'équilibre qui
est toujours en rapport avec la position' de
l'enfant dans le sein de sa* mère, et qui est
l'effet de la compression que l'épaule, le bras
et le côté gauches éprouvent pendant la gesta-
tion. Quoi qu'il en soit, la faculté de se servir
avec une égale facilité de l'une ou de l'autre
main pour travailler , dessiner , " est d'une
grande importance; il est même certaines
Frofessions où l'on ne peut bien réussir si
on n'a pas eu soin de la développer, telles
que la chirurgie, l'art vétérinaire, les métiers
a'aiguiseur, de tourneur, etc. ; aussi l'éduca-
tion doit-elle s'efforcer de rendre jusqu'à un
certain point les enfants ambidextres, en veil-
lant à ce que les deux mains soient également
exercées : c'est, du reste, ce que l'on fait dans
un certain nombre d'établissements d'instruc-
tion publique.
Nous ne pouvons nous empêcher de citer ici
les lignes charmantes que Franklin a écrites
à ce sujet sous le titre de Pétition de la main
gauche à. ceux qui sont chargés d'élever les
enfants : « Je m adresse, dit la main gauche,,
à tous les amis de la jeunesse et je les conjure
de jeter un regard de compassion sur ma mal-
heureuse destinée, afin qu'ils daignent écarter
les préjugés dont je suis victime. Nous sommes
deux sœurs jumelles, et les deux yeux d'un
homme ne se ressemblent pas plus, ni ne sont
' ' border l'un avec l'autre
Cependant la partialité
de nos parents met entre nous la distinction la
plus injurieuse. Dès mon enfance, on m'a ap-
pris à considérer ma sœur comme un être d'un
rang au-dessus du mien; on m'a laissée gran-
dir sans me donner la moindre instruction,
tandis que rien n'a été épargné pour la bien
élever. Elle avait des maîtresses qui lui ap-
prenaient à écrire, à dessiner, à jouer des
instruments; mais si par hasard je touchais un
crayon, une plume, une aiguille, j'étais aussitôt
grondée... Il est vrai que quelquefois ma sœur
m'associe à ses travaux, mais elle a toujours
grand soin de prendre le devant, et de ne se
servir de moi que par nécessité ou pour figurer
auprès d'elle. Ne croyez pas que mes plaintes
soient excitées par la ivanité ; non, mon cha-
grin a un motif bien plus sérieux. D'après un
usage établi dans ma famille, nous sommes
obligées, ma sœur et moi, de pourvoir à la
subsistance de nos parents... Or, si ma sœur
éprouve quelque indisposition , quel sera le
sort de notre famille?... Il me sera impossible
de griffonner une pétition, car j'ai été obligée
d'emprunter une main étrangère pour tran-
scrire la requête que j'ai l'honneur de vous
présenter. »
— Antonymes. Droitier, gaucher.
AMBIDRAVES s. m. pi. (an -bi - dra- ve).
Géogr. anc. Peuple de la Norique, dans les
Alpes, près des sources de la Drave.
AMBIÈGNE. V. AMBÈGNE.
AMB1EHI.E, bourg du dép. de la Loire, ar-
rond. et à 20 kil. de Roanne ; 2,050 hab. Eglise
d'une architecture remarquable, dont les vi-
traux rappellent la peinture sur verre du
AMBIEUX, EUSE adj. (an-bi-eu, eu-ze —
du lat. umbire, aller autour). Qui a des dé-
tours, des sinuosités : Le duc d'Orléans res-
sentait l'aiguillon de l'honneur et de l'esprit
ambieux et imaginaire de madame sa fille.
(St-Sim.) il Mot mal formé et aujourd'hui
AMB1GAT, chef des Gaulois Bituriges, vers
le vue siècle av. J.-C. C'est sous sin règne
que ses deux neveux, Bellovèse et Sigovèse,
entreprirent ces fameuses excursions si célè-
bres dans l'histoire.
AMBIGÈNEadj. (an-bi-jè-ne — du lat. ambo,
deux; genus, naissance). Géom. Sorte d'hy-
perbole qui a l'une de ses branches infinies
inscrite, et l'autre circonscrite à son asym-
ptote, c'est-à-dire dont l'une tombe en de-
dans, et l'autre en dehors de son asymptote.
— Bot. Se dit d'un calice dont la partie
extérieure est de la nature ordinaire d'un
AMB
251
.s plus faits pour
calice, et dont la partie interne est de la na-
ture d'une corolle, comme dans les ornilhoga-
les, les passiflores ou grenadilles, etc.
AMBIGU s. m. (an-bi-gu — du lat. ambi-
guus, douteux, incertain). Repas qui n'est à
proprement parler ni un déjeuner, ni un .
dîner, mais qui tient lo milieu entre l'un et
l'autre par l'heure où il a lieu et la nature des
mets dont il se compose. Tous" les services y
sont confondus en un seul, et l'on y sert à la
fois tous les mets chauds ou froids, ainsi que
le dessert tout entier : Préparer un ambigu.
Servir un ambigu. Les grands repas de corps'
se servent ordinairement en ambigu. (Acad.)
Il dévorait ainsi les miettes des ambigus qu'il
avait préparés. (Balz.) Cet ambigu n'avait pas
■aise mine. (Gér. de Nerv.)
Par anal. Mélange de choses de nature
_rr„sée : C'est un ambigu de précieuses et de
coquettes que leurs personnes. (Mol.)
C'est dans son caractère une espèce parfaite,
Un ambigu nouveau de prude et de coquette
Etqi
it épouser :
Regnard.
— Particul. Nom donné par Ch. Fourier
et son école aux êtres, aux espèces mixtes,
qui établissent une transition entre deux
genres, deux classes, deux séries différentes :
Les ambigus participent de deux séries où ils
figurent en exception. (Ch. Fourier.) Les pho- .
ques et les cétacés sont des ambigus qui forment
la transition entre les mammifères terrestres et
les poissons. (Toussenel.)
AMBIGU s. m. (an-bi-gu — du lat. ambiguus,
douteux). Sorte de jeu de cartes, qui n'est
qu'un mélange de combinaisons empruntées
à plusieurs jeux, la bouillotte, le whist, etc. :
Jouer à Tambigu. Faire une partie ^'ambigu.
— Encycl. Règles du jeu. ^L'ambigu se joue
avec un jeu entier dont on a retranché les
douze figures ; par conséquent quarante cartes,
ne contenant que des points. La valeur des
cartes est basée sur le nombre des points
qu'elles représentent. Ainsi l'as ne. vaut qu'un
point et a moins de valeur que le deux; le
deux en a moins que le trois, etc.
Le nombre des joueurs varie de deux à six ;
chacun met au jeu un ou plusieurs jetons.
Cette mise s'appelle la vade ou la poule.
On fixe d'abord le temps que durera la partie
ou le nombre de coups dont elle se composera.
Celui qui fait le premier est désigné par le
sort; il bat alors les cartes, les fait couper à
gauche et en distribue deux l'une après l'autre
à chaque joueur, en commençant par la droite.
Le joueur qui est satisfait de ses cartes dit :
Basta, mot italien qui signifie assez, et il met
au jeu le nombre de jetons convenu ; dans le
cas contraire, le joueur écarte une seule ou
ses deux cartes, et le donneur les lui remplace.
Le donneur mêle une seconde fois les cartes
du talon, et, après la coupe, il distribue à
chaque joueur deux nouvelles cartes ; de cette
manière, chacun en a quatre.
Le joueur satisfait dit : Je m'y tiens; dans le
cas contraire, il dit : Je passe.. Si tous les joueurs
passent, le dernier, qui est le donneur, peut
changer son jeu et donner de nouveau, ou
obliger les joueurs à garder leurs cartes ; dans
ce cas, il met deux jetons au jeu et garde les
poser le nombre de jetons que h
ce qui compose la batterie; si personne ne les
tient, il lève la batterie, et le donneur, ou lo
dernier, doit en outre lui compter deux jetons,
à moins qu'il ne fasse lui-même la vade. Si
plusieurs des joueurs veulent tenir la vade,
chacun peut écarter, sans qu'il ait alors le
droit de renvier, c'est-à-dire de mettre de nou-
veaux jetons avant que les joueurs qui tiennent
la vade aient écarté, et qu'on leur ait distribué
autant de cartes qu'ils en désirent, jusqu'à
concurrence de quatre.
Les écarts terminés, chacun parle selon son
rang : celui qui a ou qui veut feindre d'avoir
mauvais jeu, dit qu'il passe. Si tous s'énoncent
de même, la vade reste pour le coup suivant.
Mais si l'un des joueurs a ou vent faire croire
qu'il a beau jeu, il renvie en mettant au jeu
quelques jetons de plus que ceux qui y sont;
dans ce cas, les autres joueurs peuvent tenir
ces jetons ou passer ; chacun peut même ren-
vier de nouveau ; mais si personne n'a tenu le
premier renvi, celui qui l'a fait lève tout et se
Fait payer par les autres joueurs la valeur de
ce qu'il a en points, prime, séquence, tricon7
flux et fredon. — Lorsqu'au contraire le renvi
est tenu et que chacun a cessé de renvier, les
joueurs intéressés au coup doivent mettre leur
jeu à découvert, afin de connaître la gagnant. -
Le point est la première chance de gain. Il
consiste dans la reunion de deux ou plusieurs
cartes d'une même espèce, comme cœur, car-
reau, etc. — Une seule carte ne compte pas :
ainsi, quoiqu'un dix représente dix points, il
ne vaut pas un deux et un trois réunis, qui
ensemble n'en représentent que cinq. — De
même, trois cartes d'une même espèce l'em-
portent sur deux, quoique celles-ci représen-
tent un plus grand nombre de points que
celles-là. — Celui qui gagne par le point reçoit
de chaque joueur un jeton, et il emporte en
outre la poule, la vade et les renvis.
"La prime, seconde chance de gain, se forme
par quatre cartes, dont chacune est d'une
couleur différente. Cette chance l'emporte sur
; 252 AMB
le point : le joueur qu'elle fait gagner reçoit
de chacun des autres doux jetons, et la poule
ainsi que la vade et les renvis lui appartien-
nent. Si les points dont là prime est composée
s'élèvent au-dessus de trente, on l'appelle
grande prime. En cas de concurrence, celle-ci
•l'emporte.
La séquence, troisième chance, a lieu quand
trois cartes d'une même couleur se suivent
sans intermédiaire. Cette chance l'emporte
sur les précédentes, et le joueur qu'elle fait
gagner reçoit de chacun des autres trois jetons,
indépendamment de la poule, de^la vade et
des renvis qui lui sont dévolus. La séquence
. qui représente le plus grand nombre de points
est préférée aux autres, excepté le cas où elle
serait composée de quatre cartes : celle-ci
l'emporterait, même si elle représentait moins
de points que la séquence de trois cartes.
'Le, tricon, quatrième- chance, est composé
de trois cartes différentes pour la couleur, mais
qui .représentent chacune un même, point :
ainsi '.trois as', trois deux, trois six forment un
tricon. — Cette chance remporte sur le point,
les primes et les séquences. La poule et les
accessoires appartiennent au joueur Qu'elle
fait gagner, et, de plus, les autres sont obligés
de lui donner chacun quatre jetons. — S'il se
rencontre plusieurs tricons , le gagnant est
celui qui représente le plus grand nombre de
points.
Le flux, cinquième chance, se forme par.
quatre cartes d'une même couleur , comme
quatre cœurs, quatre tréiles,etc. Cette chance,
supérieure à toutes les autres, a le droit d'exi-
ger cinq jetons, indépendamment de la poule
et des accessoires.
Toutes les chances de gain dont on vient de
parler s'appellent jeux simples. L'ambigu a
aussi ses feux doubles, amsi nommes parce
qu'ils renferment plusieurs jeux simples : par
exemple, on a le tricon réuni avec la prime,
quand, a trois dix ou à trois autres cartes d'un
même point, se trouve Jointe une quatrième
carte d une couleur différente de celles ctes
trois autres cartes. Une telle chance l'emporte
sur tous les jeux simples, et vanta celui qu'elle
fait gagner ce que chacun de ces jeux, lui
produirait en particulier. — Le flux joint à la
séquence produirait les mêmes effets que le
tricon avec la prime, et l'emporte sur cette
dernière chance.
Le fredon l'emporte sur tous les antres jeu?
joueurs : 1<> huit jetons pour le fredon ; 2» deux
ou trqjs jetons pour la prime, selon, que les
points qu'elle représente sont au-dessous ou
au-dessus des trente; 3° enfin il emporte la
poule, la vade et les renvis. — Le fredon le
plus fort est préféré au plus faible. Celui de
dix est le plus important, et celui d'as est le
moindre.
Des renvis. Celui'qul a fait le second renvi
ne peut renvier ensuite au-dessus des autres
qui en ont été, dès que, les cartes sont données
pour la seconde fois. Un des joueurs peut
renvier sur les autres quand ils ont tous passé
et qu'ils s'y sont engagés, et le premier peut
alors être de ce renvi comme les autres, et
renvier même au-dessus, s'il a assez beau jeu.
On peut encore, d'un accord commun, régler
les renvis pour ne pas s'exposer à trop perdre.
Quelque grand renvi que 1 on fasse, chacun ne
peut perdre ni gagner que ce qu'il a de jetons
devant lui, ou ceux qui lui sont dus par les
autres joueurs ; on ne peut l'obliger à tenir
davantage.
L'ambigu ne souffre point de crédit, c'est-
à-dire qu'on ne doit jouer, hors de la prise
d'un joueur, que comptant. On peut même, si
un joueur qui a perdu sa prise veut jouer en-
core, décaver de nouveau, c'est-à-dire re-
prendre de nouvelles marques, qu'il doit payer
auparavant. — Quoiqu'on n'ait rien de reste
devant soi, ou que tout soit engagé au renvi,
on n'en paye pas moins la valeur du jeu h
celui qui le gagne, c'est-à-dire ce. que valent
les points, primes, séquences, flux ou tri-
cons, etc., quand bien même on ne serait pas
des vades ni des renvis.
.-.MBIGU, UEadj. (an-bi-gu — lat. ambiguus,
équivoque). Qui a, qui présente deux sens, et
par conséquent dont le sens est incertain,
douteux : Discours ammgu. Réponse ambiguë.
Des termes, des mots ambigus. Les oracles
étaient souvent ambigus. (Acad.) On ne doit
jamais hasarder une locution ambiguë. (Fén.)
Murât dit à Macerone que sa réponse ambiguë
avait un double sens peu séant à sa loyauté et
à son rang. (Lamart.)
Ce n'est point s'expliquer en termes ambigus.
D'un discours ambigu craignez la perfidie.
— Par ext. Se dit do tout ce qui n'a pas de
nature propre, de caractère tranché : Ce sont
gens sans parole et sans foi, et semblables à
cet animal amphibie de la fable se tenant dans
un état ambigu entre les poissons et les oiseaux.
(Pasc.) Aristote a dit que le phoque était d'une
nature ambiguë et moyenne entre les animaux
aquatiques et terrestres. (Buff.) Il avait un
chapeau ambigu, couvert d'un étui de toile
tirée. (Hamilt.)
AMB
— Bot. Se dit d'un organe qui n'a pas une
forme, une disposition bien déterminée, des
genres ou des espèces difficiles à classer, n
Cloisons ambiguës. Se dit quand, tenant au
centro et à la paroi d'un péricarpe qui ne
s'ouvre pas, elles n'ont point d'origine cer-
taine, il ffile ambigu. Se dit quand cet organe
correspond à la fois aux deux bouts réunis
d'une graine recourbée ou repliée, n Corolle
ambigus. Se dit, en parlant des synanthérêes,
quand les corolles sont intermédiaires entre
deux formes déterminées.
— Syn. Ambigu, amphibologique, équivo-
que, louche. Ambigu est l'expression la plus
Générale ; il se dit des discours, des pensées,
es actions, des démarches, etc. Ce qui esiéqui-
voque a souvent été rendu tel à desser -"-
Ce qui est louche n'est pas juste ou conforme
au vrai : L'habitude de n'employer pour noms
des plantes que des phrases louches asses
longues, rendait la nomenclature trainante et
embarrassante. (J.-J. Rouss.) Ce qui est am-
phibologiquen'cst pas correct ou conforme aux
lois du langage : Voltaire reproche à J.-B.
Rousseau des vers amphibologiques.
— Antonymes. Catégorique, clair, net,
précis.
AMBIGU-COMIQUE (l'). V. PARIS (p. 25G).
AMBIGUËS s. f. pi. (an-bi-gu). Zool. Nom
d'une petite division d'arachnides, dans le
genre eteno.
AMBIGUÏTÉ s. f. (am-bi-gu-i-té — n.d.
ambigu). Défaut de ce qui présente un.double
sens, de ce qui est équivoque : Parler net et
sans ambiguïté. (Acad.) Ces passages n'ont au-
cune AMBIGUÏTÉ. (BOSS.) Les AMBIGUÏTÉS de
mots, qui ne sont rien quand on veut s'entendre,
causant d'effroyables difficultés quand l'aigreur
se mêle aux disputes. (Boss.) C'était assez
le style et l'usage de Turenne, de s'exprimer
toujours avec modération et avec ambiguïté.
(Volt.) //ambiguïté naît de la complication.
(De Gerando.) Fatigué de son ambiguïté poli-
tique, il avait résolu secrètement de se mettre
à la tète du parti libéral. (Balz.) Pardon si
j'ai traité de ces deux choses si délicates, mais
il ne faut pas la moindre ambiguïté dans notre
affaire. (Balz.)
Et fout ce qu'il m'a dit n'est qu'ambiguïté.
es juges le
Mpandant son adroite
Tout sens devint douteux, tout mot eût deux"visagei
— Encyel. Rhétor. L'ambiguïté est le con-
traire de la netteté ; elle consiste à laisser l'es-
prit incertain sur le vrai sens d'une expression,
laquelle, d'après la construction grammaticale,
exprimerait une chose différente de celle que
l'écrivain a pensée. La plupart des ambiguïtés.
viennent de la diversité de rapport dont les
pronoms il, le, la, etc., les adjectifs possessifs
son, sa, etc., sont susceptibles; souvent aussi
elles sont occasionnées par des mots qui ne
sont pas à la place que marque la liaison
Voici quelques exemples d'ambiguïtés :
Cet orateur a imité Démos thène dans tout
ce qu'il a de beau.
Est-ce dans tout ce que l'imitateur a de beau,
ou dans tout ce qu'a de beau Démosthène?
Racine fait dire à Andromaque par Pyrrhus :
Vous me haïssez plus que tous les Grecs ensemble.
Est-ce que tous les Grecs ne me haïssent, ou
que vous ne les haïssez? La construction gram-
maticale permet d'entendre l'un ou l'autre.
Enfin, dans ces vers de Britannicus :
Du fruit de tant de soins à peine jouissant.
En avez-vous paru six mois reconnaissant.
le sens, d'après la construction, serait jouissant
à peine; selon la pensée, le sens est- d peine
— Droit. Dans les conventions, lorsqu'une
clause est ambiguë, on doit l'interpréter soit
dans le sens avec lequel elle peut avoir quel-
que effet, soit dans celui qui convient le mieux
a la matière du contrat, soit d'après les usages
du pays où le contrat est passé. Dans le doute,
la convention s'interprète contre celui qui a
stipulé et en faveur de celui qui a contracté
— Syn. Ambiguïté, 'amphibologie, <loulile
sens, équivoque. L'ambiguïté a un sens géné-
ral susceptible de plusieurs interprétations :
C'était assez l'usage de Turenne d'abuser de
/'ambiguïté. (Volt.) Le double sens a deux
significations, l'une comprise de tout le monde,
l'autre présentant une allusion plus ou moins
difficile à saisir : C'est une critique minutieuse
et de mauvaise foi que de trouver un double
sens dans une phrase aussi nette que celle-ci.
(Marmoitfel.) L équivoque a deux sens, l'un na-
turel, l'autre détourné, qui n'existe que dans
la pensée de celui qui parle : Un faux plaisant
à grossière équivoque. (Boil.) L amphibologie
est une équivoque grammaticale : Voici un pas-
sage où vous trouvères à la fois amphibologie
et solécisme. (Volt.)
— Antonymes. Clarté, netteté, précision.
AMBIGUMENT adv, (an-bi-gu-man — rad.
ambigu). D'une manière ambiguë : Parler,
s'exprimer ambigument. L'Eglise anglicane
parle ambigument. (Boss.) Ceux des cardinaux
AMB
à qui il en parla lui répondirent ambigument.
(St-Sim.)
AMBILATRES s. m. pi. (an-bi-la-tre). Géogr.
anc. Peuple de la Gaule, qui occupait le pays
situé au midi de la Loire, près de Châtelle-
rault (Vienne). Ce peuple est cité par Pline.
AMEINUX s. m. (an-bi-nuks— du \a.t. ambi,
deux: nux, noix). Bot. Genre de plantes de la
famille des euphorbiacées; syn. du genre
aleurite.
AMBIOPIE s. f. (an-bi-o-pî — du lat. ambo,
deux, et du gr. ops, œil). Pathol. V. Diplopie.
. AMB10R1X, roi des Eburons, peuple gau-
lois qui habitait entre la Meuse et le Rhin. Il
résista avec succès à Sabinus et à Cotta, lieu-
tenants de César; mais ce dernier ayant
marché en personne contre lui , le vainquit
dans une grande bataille? et il se réfugia dans
la forêt des Ardennes, ou il vécut en fugitif.
AMBIPARE adj. (an-bi-pa-re — du lat.
ambo, deux; parère, enfanter). Bot. Se dit des
bourgeons' qui renferment à la fois dés
feuilles et des fleurs.
AIHBIR s. m. (an-bir). ichthyol. Poisson
du genre mulie, qui vit dans la mer Rouge.
AMBIRA s. m. (an-bi-ra). Instrument de
musique, en usage dans le pays de Mozam-
bique.
ambisontiens s. m. pi. (an-bi-zon-ti-ain).
Géogr. anc. Peuple qui, suivant Ptoléméc,
habitait la îsoriquë.
AMBlTÉadj. m. (an-bi-té). Techn. Se dit
du verre qui, après avoir été affiné, perd sa
transparence et semble rempli de boutons.
ambitieusement adv. (an-bi-si-eu-ze-
man — rad. ambitieux). Avec ambition : Re-
chercher ambitieusement les honneurs. (Acad.)
— Par ext. Avec affectation, avec recher-
che : Ecrire ambitieusement. Destitués du
secours des choses, ils recherchent ambiti
ment celui des expressions. (D'Aguess.)
ambitieux, euse adj, (an-bi-si-eu, eu-ze
— lat. ambi tiosus, même sens). Qui a do l'am-
bition : Homme , ministre ambitieux. Femme
ambitieuse. Famille ambitieuse. Est-ce là le
ton d'un enthousiaste ou d'un ambitieux sec-
taire? (J.-J. Rouss.) Madame Roland s'aperçut
que Dumouriez était trop ambitieux pour passer
long temps sous le niveau de son parti. (Lamart.)
Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux.
Flattons par des respects ce prince ambitieux.
Racine.
Je suis ambitieux; tout homme l'est sans doute.
Voltaire.
il Qui recherche, qui poursuit ardemment une
chose. Dans ce sens, il est ordinairem. suivi
d'un subst. ou d'un verbe à l'infin. : Etre
ambitieux de régner, ambitieux d'honneurs.
Il est plus ambitieux de faveur que de gloire.
(Acad.) // est plus ambitieux de servir son
prince que de lui plaire. (Acad.) Madame Ro-
land était ambitieuse de puissance et de gloire.
(Lamart.)
Ils sont ambitieux des plus nobles richesses.
Ambitieux de vaincre et non de discourir.
L. Racine.
Il En parlant des choses, Qui annonce, dénote,
marque l'ambition : Désirs ambitieux. Pré-
tentions ambitieuses. C'est un cœur ambitieux,
un esprit ambitieux. Le premier amour d'un
jeune homme qui entre dans le monde est ordi-
nairement un amour ambitieux. (H. Beyle.)
Les natures énergiques sont ambitieuses, car
toute force tend à l'action. (A. Blanc.)
Il confond des méchants l'orgueil ambitieux.
, J.-B. Rousseau.
; La Harpe.
il En parlant du style, Recherché, pompeux,
prétentieux : Ornements ambitieux. Expres-
sion- ambitieuse. Style ambitieux. Phrase ,
période ambitieuse. Les langues qui vieillissent
sont composées comme le vaisseau d'Egée, ou,
pour nous servir d'une comparaison beaucoup
moins ambitieuse, comme l'habit d'Arlequin.
(Ch. Nod.)
— Substantiv. Celui, celle qui a de l'ambi-
tion : //ambitieux a autant de maîtres qu'il y
a de gens utiles à sa fortune. (La Bruy.) S'il
est vrai que l'on soit pauvre par toutes les
choses que l'on désire, «'ambitieux et l'avare
languissent dans une extrême pauvreté. (La
Bruy.) Dans l'esprit de /'ambitieux, le succès
couvre la honte des moyens. (Mass.) L' ambi-
tieux ne croit rien avoir s'il n'a tout. (Mass.)
Le lâche a moins d'affronts à dévorer que
/'ambitieux. (Vauvenar.)// n'est rien déplus
inflexible qu'un ambitieux qui espère du bien
pour lui de la peine d'un autre. (M'"c de Staël.)
Il ne peut jamais exister d'amitié sincère entre
deux ambitieux. (De Ségur.) /.'ambitieux
qu'on place près de la couronne n'a, pour ainsi
dire, que le bras à étendre pour la saisir. (De
Ségur.) Les ambitieux ne parviennent au som-
met des grandeurs que pour tomber de plus
haut. (Jodot.) L' ambitieux ne croit point à. la
vertu ni au mérite de ses concitoyens. (Millot.)
Le vrai malheur du duc fut d'être entouré
«/'ambitieux qui l'amenaient peu à peu à leurs
desseins. (Ste-Beuve.) Pour faire un ambitieux,
i7 faut de tous les vices, et point de pitié.
one, fais briller la ce
Jamais ambitieux ne fut s
— Antonymes. Désintéressé, humble, indif-
férent, modeste, simple.
AMBITION s. f. (an-bi-si-on — du lat.
ambitio; dérivé de ambire, dans le sens do
briguer, rechercher ardemment). Désir exces-
sif, immodéré, de gloire, d'honneurs, de puis-
sance, de fortune : Avoir de I'ambition. Avoir
une ambition sans bornes. C'est un homme
simple et sans ambition. /.'ambition est la sœur
ahiée de toutes les passions. (La Rochef.) -L'am-
bition ne meurt qu'avec l'ambitieux. (M"e de
Scudéri.) Déjà les fumées de /'ambition me
montaient à la tête. (J.-J. Rouss.) La gloire de
/'ambition est de monter, et celle de la vertu
est de descendre. (B. de St-P.) L'avarice juge
comme /'ambition , avec cette différence que
celk'ci est agitée par l'espérance, et celle-là
par la crainte. (Duclos.) /-'ambition dénature
te cœur, (M'ne de Staël.) /-'ambition est dans .
notre organisation un feu caché que tout homme
reçoit avec la vie. (Alibert.) /.ambition con-
duit souvent à la folie. (Stassart.) Quoique.
/'ambition soit un vice, elle est pourtant la
mère et la cause deplusieurs vertus. (Ancclot.)
Chaque être ne met de bornes à son ambition
que parce qu'il en existe à ses facultés. (Lacor-
daire.)"X'AMBiTioN de Catherine s'était enflam-
mée par l'âge et par la gloire. (Villonl.) //am-
bition dénonce toujours dans l'homme une
supériorité de nature. (E. Pelletan.)
L'ambition, seigneur, n'a guère de limites.
L'amiilnm souvent
M.-J. CllENIE.lt.
Jamais l'ambiti
C'est le tonneau des DanaMes. Lebrun,
Il Peut se prendre en bonne part ; mais alors
le sens est ordinairement détourné, précisé
par un mot faisant fonction de complément:
Noble ambition. Ambition très-lonable. /.'am-
bition d'avoir des disciples, la plus forte peut-
être de toutes , s'empara tout entière de son
cœur. (Volt.) S'il nous faut une ambition, ayons
celte de faire beaucoup de bien, la seule ambi-
tion virile. (J. Simon.) //ambition de dominer
sur les esprits est une des plus fortes passions.
(Napol. I".) L'amour est aujourd'hui la seule
ambition de la femme. (M»« d'Agout.)
— Collectivem., Les ambitieux : Presque
toujours /'ambition n'a pour toute jouissance
que des rêves courts et cruels. (De Ségur.) Sa
mère lui avait donné l'éducation vulgaire et
incomplète qui produit tant ^/'ambitions et si
peu de capacités. (Balz.)
— Encyel. L'ambition joue un si grand rôle
ici-bas, que nous ne croyons pas sortir du cadre
de cet ouvrage en donnant sur cette reine du
monde l'opinion de plusieurs de nos penseurs.
« La vanité, dit M. Jules Simon, est le désir
des honneurs et des distinctions, et l'ambition
est le désir du pouvoir. La première est', sous
le nom d'honneur, le principal ressort de l'ab-
solutisme ; la seconde, le principal res'sort de
la liberté L'ambition est mieux à sa- place
dans les Etats libres que dans les Etats^ abso-
lus. L'ambitieux soumis à un maître n'a que
deux moyens de parvenir : la révolte ou la
flatterie. L'ambitieux, dans un pays libre, peut
parvenir par l'éclat du talent ou de la vertu ;
il chemine ii ciel ouvert, et plus il a l'àmo ■
haute, plus ses chances sont considérables. »
La moralité et la légitimité de l'ambition
dépendent du but qu'elle poursuit et des moyens
dont elle use. • Il y a des ambitieux en tous
pays, et il y en aura toujours, dit M. Prévost
•Paradol, car {'ambition est un élément essen-
tiel du gouvernement des sociétés humaines.
Dans un pays libre Yambition est éloquente,
active, utile au pays, elle s'avoue et cherche
à se légitimer en même temps qu'à se satis-
faire. Il y a eu des ambitieux en Angleterre
qui s'appellent Pitt, Fox, Canning; il y en a
eu en Perse et en Chine qui n'ont point de
nom, parce que les premiers agrandissent leur'
pays, et que les seconds n'agrandissent que
leur fortune. » Bacon distinguait trois sortes
d'ambitions : l'ambition de gouverner un peuple
et d'en faire l'instrument de ses desseins, celle
d'élever son pays et de lui assurer la supré-
matie sur tous les autres, et enfin colle d éle-
ver l'humanité tout entière en augmentant la
AMB
trésor de ses connaissances et son pouvoir sur
la nature. Bernardin de Saint-Pierre fait de
l'ambition et de l'amour les deux passions
mères, les deux grands mobiles de 1 activité
humaine, h'ambition est une des quatre pas-
sions affectives de Ch. Fourier. Le fondateur
de la philosophie positive, Auguste Comte,
place Vambilion parmi les penchants person-
nels ; il distingue l'ambition temporelle ou
orgueil, qui ost'le besoin de domination, et
l'ambition spirituelle ou vanité, qui est le
besoin d'approbation.
— Epithètes. Apre, ardente, vaste, immo-
dérée, immense, démesurée , effrénée , sans
bornes , insatiable , dévorante , impatiente ,
inquiète , égarée , folle , insensée , aveugle,
cruelle, sanglante, horrible, effrayante, altière,
superbe, orgueilleuse, pâle, réfléchie, sourde,
secrète, 'cachée* vive, ouverte, déclarée,
avouée, suspecte, bornée, rassasiée, juste,
naturelle, légitime, noble, excusable, louable,
respectable, ussouvie, : — " — :~
ambitionnant (an-bi-si-o-nan) part,
prés, du v. Ambitionner.
Ambitionné, ée (an-bi-si-o-né) part,
pass. du v. Ambitionner : Le Milanais était
ambitionné par François /«'. Servir son pays
est un honneur ambitionné de tout le monde.
(Th. Corn.)
AMBITIONNER v. a. ou tr. (an-bi-si-o-né
— rad. ambition). Souhaiter, rechercher,
poursuivre avec ardeur : Ambitionner les
honneurs, les dignités. Ambitionner la fortune.
On ne doit ambitionner les éloges que de ceux
dont le suffrage est éclairé. (M'"" d'Epinay.)
Je ne veux ambitionnkr aucune gloire sans ta
partager avec vous. (B. de St-P.) ^ambition-
nez pas les faveurs de la fortune; le bonheur
est plus sur dans la médiocrité. (Pastorot.)
Après tout, n'est-il pas naturel à des bourgeois
^'ambitionner la grandeur? (Balz.)
Mon cœur n'ambitionnera
Que d'être fcupres de vous tout ce qu'il vous p!aira.
— Par exagêr. : Ce que j'ambitionne le
plus, c'est de pouvoir vous rendre quelque ser-
vice. (Acad.) La gloire de vous servir est ce que
/ambitionne le plus. (Th. Corn.) H Ce mot
n'est pas très-ancien dans notre langue, et
Vaugelas en a vivement critiqué l'emploi, en
déclarant qu'il n'était pas du bel usage. Mal-
gré cette sorte de proscription, le mot ambi-
tionner n'en a pas moins fait son chemin.
AMBITUS s. m. (an-bi-tuss — mot lat.
formé de ambire, aller autour). Antiq. Chez
les Grecs et les Romains, petite niche creusée
dans les tombeaux, et dans laquelle on pla-
çait une urne, ti Au moyen âge, se disait d'un
terrain consacré autour d'une église, ordinai-
rement rempli de tombes et servant do lieu
d'asile.
— Mus. Tormo autrefois usité pour dési-
gner l'étendue de chaque ton, le champ dans
lequel la mélodie devait se renfermer, l'ob-
servance des tons marqués pour faire les
transitions, dans une fugue.
AMBIVARÈTES OU AMBIVARITES S. m.
AMBLÀINVILLE, village du dép. de l'Oise,
arrond. de Beauvais; 824 hab. Eglise cruci-
forme, portail style Renaissance. En 1835, on y
a découvert plus de quatre-vingts pierres tu-
mulaires.
AMBLAKÈNE s. f: (an-bla-kè-ne — du'gr.
amblus, obtus; a priv. ; chainô, je m'ouvre).
Bot. Section de plantes du genre achyrophore,
caractérisée par ses fruits obtus.
(Froiss.)
AMBLE s. m. (an-ble — du lat. ambulare,
aller). Allure du cheval, dans laquelle il lève
simultanément les deux jambes' du même
côté, en alternant avec celles du côté opposé
On le dit aussi du mulet et de l'âne : Accou-
tumer, mettre un cheval, un mulet a J-'amblb.
Ce cheval a ('amble très-doux. £'amble était
'fort en honneur au moyen âge. '
Le Magnifique avait un cheval d'amMe.
La Fontaine.
— Encycl. Dans Yamble, lo corps de l'ani-
mal est constamment porte par les deux pieds
du même côté. Ainsi, pendant que les deux
pieds du côté gauche (ou, comme on dit, le
bipède latéral gauche) sont à l'appui, les deux
pieds du côté droit sont au soutien, et l'instant
du poser de ces derniers est celui du lever
des autres. (V. Allure.) Le mouvement de
Yamble est donc parfaitement représenté par
celui de deux, hommes marchant au pas, 1 un
suivant l'autre à. une certaine distance.
L'amble est une allure exceptionnelle, la
'marche naturelle de la majeure partie des
quadrupèdes consistant à faire succéder au
mouvement du pied de devant le mouvement
du pied de derrière du côté opposé. Lagirafe,
l'ours, le chameau, sont peut-être les seules
espèces chez lesquelles Yamble soit la règle et
non l'exception. C'est aussi la première allure
des poulains ; mais ils l'abandonnent dès qu'ils
sont assez forts, et ne la reprennent plus que
lorsque la vieillesse et lo travail les ont rendus
faibles de nouveau. On peut dresser les che-
vaux à marcher Yamble en les soumettant
. AMB
jeunes à un système prolongé d'entraves :
quelques-uns, par une disposition héréditaire,
gardent naturellement cette allure.
Dans Yamble, le corps étant supporté suc-
cessivement par chacun des bipèdes latéraux,
le centre de gravité doit, à chaque pas complet,
se porter successivement sur la ligne qui joint
les deux pieds de chacun de ces bipèdes. Or,
plus le centre de gravité se trouve en dehors
de la partie centrale du rectangle dont les
Quatre extrémités forment les angles, plus
1 équilibre est instable, et moins par consé-
quent le corps peut rester dans la même posi-
tion. De la la nécessité d'une succession rapide
de l'action des deux bipèdes; aussi la vitesse
de Yamble est-elle à peu près égale a celle du
trot. Cette rapidité explique pourquoi l'allure
est très-basse,- l'animal n'ayant pas le temps
de relever les extrémités qu'il doit porter tout
de suite en avant. On comprend très-bien
qu'il ne peut les relever librement, car, dit
M. Leeoq, ■ s'il cherchait, en repoussant la
masse'du corps sur le bipède qui est à l'appui,
à donner plus de liberté au bipède opposé, il
risquerait de faire dépasser au centre de gra-
vite la ligne qui représente sa base de susten-
tation, et d'éprouver une chute sur le côté. »
Les efforts nécessaires pour conserver le
centre de gravité en dedans de cette ligne
rendent Yamble fatigant pour les épaules du
Cheval ; en même temps, le peu d'élévation des
pieds est une causo fréquente de faux pas.
Mais cette allure, rejetee avec raison des
manèges par les écuyers, .est commode et
douce pour le cavalier. Au moyen âge, un
grand nombre de coursiers marchaient l'amble,
et les haquenées, les palefrois qui portaient les
châtelaines et les prélats, étaient des chevaux
qui possédaient naturellement cette allure ou
qu'on y avait habitués artificiellement; ces
chevaux servaient aussi à transporter les che-
valiers mis hors de combat dans les tournois
et les batailles.
— Antonymes. Aubin, entrepas, galop, pas,
traquenard, trot.
AMBLÈME s. m. (an-blè-me — du gr.
emblèma, greffe). Moll. Genre de mollusques
acéphales a coquille bivalve, formé aux dépens
des mulettes, et dont le nom devrait plutôt
s'écrire emblème. Il n'a pas été adopté.
amblémide adj. (an-blé-mi-de — rad.
amblème). Qui ressemble à un amblème.
— s. m. pi. Famille de mollusques qui a
pour type le genre amblème.
AMBLÉOCARPE adj. (an-b!é-o-kar-pe — du
gr. amblus, faible; karpos; fruit). Bot. Qui
produit peu de semences.
AMBLER v. n. ou intr. (an-blé — rad.
amble). Aller, marcher l'amble :
Le temps qui s'en va nuit et jour
SariB repos prendre et sans séjour,-
Et qui de vous se part et amble.
i. DE MEUNO.
Ce mot est vieux.
AMBLESTISs. m. (an-blè-stiss — du gr.
amblus ; obtus). Entom. Genre d'insectes
coléoptères tétramères , famille des longi-
cornes, dont on ne connaît qu'une espèce,
originaire du cap de Bonne-Espérance.
AMBLETEOSE, ville du dép. du Pas-de-
Calais, à 8 kil, N, de Boulogne; 600 hab.
L'origine d'Ambleteuse est fort ancienne ; au
Vie siècle elle était déjà, connue par son com-
merce et par sa position. Ruinée par les bar-
bares, elle fut plus tard relevée par'Renaud de
Brio, comte de Boulogne. En 1544, Henri VIII
en avait fait son magasin général de munitions
de guerre sur le continent; n'était alors un des
meilleurs ports de la Manche, Le roi de France
Henri II s'en rendit maître en 1549, et en fit
raser les fortifications. Vauban essaya un in-,
stant de rendre à ce port son ancienne splen-
deur , mais les travaux restèrent inachevés.
En 1803, Napoléon renouvela là même tenta-
tive, à l'époque où il établit le camp de Bou-
logne. C'est à Ambleteuse que le roi détrôné
Jacques If débarqua en 1688.
ambleor, euse adj. (an-bleur, eu-ze —
rad. amble). Qui va l'amble; dont l'allure est
l'amblo : Cheval ambleur. Aiment, mule am-
dlisusb. il Peu usité. On a dit aussi amblikr,
AMBUÉRE.
— s. m. Vén. Cerf dont la trace du pied do
derrière dépasse la trace du pied de devant.
AMBLIRION s. m. (an-bli-ri-on — du gr.
amblus, obtus; leiriou, lis). Bot. Genre de
plantes de la famille des liliacées, tribu des
tulipacées; formé aux dépens des lis, et qui
n'a pas été adopté.
amblodon s. m. (an-blo-don — du gr.
amblus, émoussé; odous, odontos, dent).
Ichthyol. Poisson de l'Ohio, du genre des
sciènes. Il a été si mal décrit qu'il est difficile
de fixer sa place dans la classification.
AMBLOSE ou AMBLOSIE s. f. (an-blo-ze,
zî — du gr. amblosis, même sens). Méd. Syn.
aujourd'hui inusité A'avortement.
amblotique adj. (an-blo-ti-ke — rad.
amblosie)^ Méd. Se dit des médicaments
proprés a favoriser l'avortement. il On ne dit
plus que ABORTIF.
AMBLYCARPE s. m. (an-bli-kar-pe — du
gr. amblus, obtus; karpos, fruit). Bot. Genre
de plantes de la famille des composées et de
la tribu des sénécionidées , ne renfermant
qu'une espèce. C'est une herbe à fleurs jaunes,
trouvée sur les bords de la mer Caspienne, et
AMB
dont le port rappelle celui d'une espèce d'au-
née, vulgairom. appelée herbe aux puces.
AMBLYCÉPHALE s. m. (an-bli-sé-fa-le —
du gr. amblus, large, obtus; kephalè, tête).
Erpét. Genre do reptiles ophidiens, syn. de
pareas.
— Entom. Genre d'insectes orthoptères,
voisin des cigales, et ayant pour type la
cigale verte. Syn. de tettigonie.
AMBLYCÈRE s. m.. (an-bli~sè~re — du gr.
amblus, obtus ; Aéras,* corne). Entom. Genre
de coléoptères tétramères, de la famille des
curculionites , réuni aujourd'hui au genro
anthribe.
AMBLYCHE s. m. (an-b!i-che — du gr.
amblus, obtus). Entom. Genre de coléoptères
pentamères, famille des «arabiques, réuni
aujourd'hui au genre badistor.
AMBLYCHÈLE s. m. (an-bli-kè-lo — du
gr. amblucheilès , qui a les bords obtus).
Entom.' Genre de coléoptères pentamères,
famille des carabiques, voisin des cicindôles.
amblye s. f. (an-blî — du gr. amblus,
obtus). Bot. Genre de fougères, formé aux
dépens des polypodes, mais qui s'en distingue
surtout par la distribution des nervures. Il
renferme ,une seule espèce, Vamblye a feuilles
de noyer, qui croît dans les régions équato-
riales de l' Amérique.
AMBLYGLOTTE s. f. (an-bli-glo-te — du
gr. amblus, émoussé; gldtta, langue). Bot.
Genre de plantes de la famille des orchidées,
syn. du genre calanthe.
AMBLYGNATHE s. m. (an-blig-na-te —
du gr. amblus, émoussé; gnathos, mâchoire).
Entom. Genre de coléoptères pentamères,
famille des carabiques, indigènes de Cayennc.
AMBLYGONE adj . (an-bli-go-nc — du gr.
amblus, obtus ; gâma, angle). Miner. Qui a un
vangle obtus.
— Géom. V. Obtusangle.
— s. m. Bot. Genre de plantes do la famille
dos polygonées. Ce sont des herbes annuelles
à racine fibreuse, que plusieurs auteurs rap-
portent au genre polygonum.
AMBLYGONITE s. m. (an-bli-go-ni-to —
— du gr. amblus, émoussé; gonia, angle).
Miner. Phosphate d'alumine et do lithine,
dont les clivages se coupent sous l'angle obtus
de 105», ce qui lui a fait donner son. nom.
amblylépiss. f. (an-bli-lé-piss — du gr.
amblus, obtus; lepis, écaillé). Bot. Genre de
plantes de la famille dos composées, établi
sur une plante du Mexique, à fleurs jaunes.
AMBLYMÈREs. m. (an-bli-mè-re — du gr.
amblus, émoussé; méros, cuisse). Entom.
Genre d'insectes hyménoptères, de la famille
des chalcidiens, renfermant un assez grand
nombre d'espèces, dont la plupart habitent
l'Angleterre.
AMBLYODE s. f. (an-bli-o-do). Bot. Nom
donné à un genre de cryptogames, u On dit
AMBLYOPE adj. (an-bli-o-pe — du gr.
amblus, obtus, affaibli; ôps, œil). Pathol. Qui
a la vue faible.
— Zool. Se dit des animaux qui ont les
yeux très-petits, qui ne voient que très-peu.
— s. m. Celui qui est affecté d'amblyopie :
Un amblyope.
— Ichthyol. Genre de poissons gobioïdes,
renfermant cinq espèces, originaires do l'Inde,
et qu'on mange dans ce pays.N
AMBLYOPHIS, s.' m. (an-bli-o-fiss — du
gr. amblus, obtus; ophis, serpent). Infus.
Genre d'infusoires verts, dont la seule espèce
connue vit isolément au fond dos marais ou
dans les infusions d'herbes aquatiques con-
servées longtemps.
AMBLYOPIE S. f. (an-bli-0-pî — rad. am-
blyope). Pathol. Affaiblissement de ia vu,c.
L'amblyopie est le premier degré de Yamaurose.
AMBLYPOGON s. m. (an-bli-po-gon — du
gr. amblus, affaibli ; pàgôn, barbe). Bot. Genre
de plantes originaires de la Perse, et que l'on
regarde comme une section dol'ambrette.
AMBLYPTÈRE s. m. (an-bli-ptè-re— du gr.
amblus, obtus; pleron, nageoire). Paléont.
Genre do poissons fossiles, de la famille des
lépido'ides, qui appartiennent tous aux for-
mations inférieures des dépôts jurassiques.
— Ornith. Genre de passereaux do la fa-
mille des engoulevents, contenant une sculo
espèce, qui vit au Brésil.
AMBLYPTÉRIX s. m. (an-bli-pté-riks —
du gr. amblus, émoussé ; pterux, aile). Entom.
Genre d'insectes névroptères, syn. du genro
AMBLYPCTS s. m. (an-bli-puss — du gr.
amblus, obtus; pous, pied). Entom. Genre
d'insectes coléoptères tétramères, dont on
connaît deux espèces qui habitent los Indes
orientales.
AMBLYRHAMPHE s. m. (an-bli-ran-fc —
du gr. amblus, obtus; ramphos, bec). Ornith.
Genro d'oiseaux de la famille des troupiales,
qui habitent les roseaux, et dont la seule
espèce connue vit en Amérique ; on la désigne
sous les noms A'amblyrhamphe bicolore et de
troupiale noir à tête rouge.
AMBLYRHIN s. m. (an-bli-rain — du gr.
amblus, obtus ; rhin, nez). Entom. Genre de
coléoptères tétramères, famille des curculio-
AMB
253
nites, ne renfermant que deux espèces des
Indes orientales.
AMBLYRHYNQHE s. m. (an-bli-rain-kc—
du gr. amblus, obtus ; runchos, museau, groin).
Erpét. Genre do reptiles iguaniens pleuro-
dontes, originaires do Californie.
AMBLYS s. m. (an-bliss — du gr. amblus,
obtus, émoussé). Entom. Genre de coléo-
ptères pentamères, famille des stornoxes. il
Genre d'insectes hyménoptères, de la famillo
des mellifères.
AMBLYSPERME s. m. (an-bli-spèr-me —
du gr. amblus, obtus ;sperma, semence). Bot.
Genre do plantes de la famille des composées,
établi sur une seule espèce trouvée dans la
partie S.-O. de la Nouvelle-Hollande.
AMBLYTERE adj. (an-bli-tè-re — du gr.
ambluteros, plus obtus). Miner. Se dit d'un
cristal dans lequel tous les bords et tous les
angles subissent des décroisscmenls, à l'ex-
ception d'un bord situé à la rencontre do
deux faces, qui forment ensemble tin angle
obtus.
— s. m. pi, Entom. Genre de coléoptères
pentamères, famille des lamellicornes, fondé
sur une seule espèce de la Nouvello-IIollande.
AMBLYURE s. m. (an-bli-u-re — du gr.
ille des lépido'ides.
AMBOINE, île principale d'un groupe c
même nom, faisant partie des Moluques. El
Ille
appartient aux Hollandais, qui y
giroflier et y font le commerce du sagou , du
tapioca et de l'indigo ; 60,000 hab. ; découverte
vers 1515 par les Portugais, qui la prirent en
1564 ; les Hollandais s'en emparèrent en 1007 ,
et les Anglais en 1796 ; elle a été depuis vendue
aux Hollandais. — L'archipel des Moluques
comprend onze îles. — La ville d'Amboine est
le ch.-lieu de l'île de ce nom et de toutes les
possessions hollanda
7,000 hab.
s dans les Moluques ;
teau fort où naquit et mourut Charles VIII, et
qui servit de prison à l'émir Abd-el-Kader, de
1848 à 1852. Ce magnifique château est em-
belli de jardins élevés sur terrasse jusqu'à
SS m. au-dessus du sol de la ville. Deux tours
remarquables s'élancent à 30 m. de hauteur.
On remarque encore deux édifices taillés dans
le roc, de quatre étages chacun, désignés sous
le nom de Greniers de César, et enfin la cha-
pelle Sain^Florentin, érigée en 1044, et qui
renferme un sarcophage curieux, ouvert par
devant, et laissant voir le Christ étendu mort.
L'église paroissiale , bâtie par Saint-Martin,
renferme le tombeau du duc de Choiseul; elle -
est surtout célèbre par la conjuration Ue 1500
contre les Guises. (V. l'art, suivant.) Patrie
du jésuite Cominire.
AMB01SE (conjuration d'), complot formé
en 1560 parles calvinistes et une partie de la
noblesse française, pour soustraire le jeune
François II b. la domination des Guises, ar-
racher le pouvoir à ceux-ci, et assurer la
libre exercice du protestantisme. Les conjurés
avaient pour chef ostensible LaRenaudie, gen-
tilhomme périgourdin ; mais l'âmo du complot
était, dit-on, le prince de Condé. On devait
arriver en armes sur Blois, où se trouvait la
cour, le 15 mars. Prévenus h temps par les
révélations do l'avocat parisien ,A venelle, les
Guises se renfermèrent avec le roi dans lo
château d'Amboise. La Rennudie, assailli au
milieu de ses préparatifs d'attaque, mourut
les armes a. la main, et les autres conjurés,
surpris par petites troupes au moment o" !,~
marchaient "sur Amboise, furent forcés
rendre (17 mars 15G0). Beaucoup péril
l'échafaud, et le prince de Condé lui-même
fut obligé , pour sa sécurité , d'affirmer par
serment qu il n'avait pris aucune part a la
conspiration.
AMBOISE (Georges, cardinal d*), prélat,
ministre de Louis XII, né en 1460, au château
de Chaumont-sur-Loire, mort en 1510. 11 fut
successivement évêque de Montauban, arche-
vêque de Narbonne, puis do Rouen, cardinal
et premier ministre de Louis XII. Au milieu
des embarras de la guerre d'Italie, il sut admi-
nistrer non - seulement sans augmenter les
impots, mais encore en les réduisant d'un
dixième, opéra de grandes réformes dans la lé-
gislation et dans la procédure, prit des mesures
sévères contre la vénalité des charges, mit do
l'ordre dans les finances, et, s'il ne laissa point
la réputation d'un grand ministre, se montra
constamment honnête homme, patriote et
désintéressé. Légat du sàint-siége en France
en mémo temps que ministre, il crut pouvoir
aspirer, après la mort d'Alexandre VI, au sou-
verain pontificat, mais se laissa guider par les
conseils du cardinal de la Rovère, qui le trompa
et se fit élire à sa place. (V. Jules H.) Il
mourut à Lyon, dans le couvent des eclestins,
et l'on rapporte qu'il répétait souvent au frère
infirmier chargé de le soigner dans sa dernière
maladie : « Frère Jean, que n'ai-je été toute ma
vie frère Jean 1 ■ On a publié de lui des Lettres
au roi Louis XII, Bruxelles. 1712.
AMBON s. m. (an-bon — du gr. ambôn,
lieu élevé). Archit. Tribune en marbre ou en
pierre sur laquelle, dans certaines églises, on
lisait Kcpitre et l'évangile, et où, pendant la
semaine sainte, on chantait la passion ot les
254
AMB
ÀMB
prophéties. On y montait ordinairement pat-
deux escaliers en spirale qui enveloppaient
les deux premiers piliers du chœur. Deux
anfbons se trouvaient souvent dans une même
église, l'un à droite de l'édifice, l'autre à
gauche. On remarque encore l'ambon dans
quelques églises, entre autres à l'église Saint-
Etienne-du-Mont à Paris. Ce mot n'est plus
guère en-usage que dans les beaux-arts; il a
été généralement remplacé par celui de jubé.
. — Bot. Sorte de néflier dos Indes orientales.
,— Anat. Se dit du bord cartilagineux des
cavités des os, comme, par exemple, la cavité
cotyloïde de l'os iliaque, qui reçoit la tête
du rémur.
AMBORE s. m. (an-bo-re — mot madécasse).
Bot. Ger.re de plantes de la famille des moni-
miacées, indigènes dans l'île de France et à
Madagascar.
; — s; f. pi. Section de plantes de la famille
des monimiées, qui a pour type le genre
ambore.
AMBOTAY s. m. (an-bo-tè). Bot. Nom vul-
gaire du corossol à petites fleurs. V. Corossol.
AMBOTracë s. m. (an-bo-tra-se — du lat.
ambo, deux, et du franc, trace). Instrument
au moyen duquel on peut écrire en même
temps, sur des papiers séparés, soit une lettre
et une copie de cette lettre, soit deux copies
d'un même texte : X'ambotrace de La Cha-
beaussière. On a imaginé plusieurs ambotra-
cks, mais aucun n'a pu entrer daiis-la pratique.
AMBOUCHOIRS. lïl.'V. EMBOUCHOIR.
AMBOURNAY ou AMBRONAY, comm. du
dép._de l'Ain, arr. de Belley, cant. d'Ambé-
rieu; 1,833 hab. Vestiges du camp romain de
Sergius Galba; église remarquable, à moitié
détruite par un incendie ; magnifique tombeau
gothique.
ambout s. m. (an-bou). V. Embout.
AMBOUTIR v. a. ou tr. (an-bou-tir). V.
Emboutir.
_ AMBOUTISSOIR s. m. (an-bou-ti-soir). V.
AMBRACIE ville de 1'
Epire, aujourd'hui Arta; fut la résidence de
Pyrrhus, roi d'Epire. Fondée, dit-on, par
Ambrax, elle devint une des plus belles villes
de la Grèce ; aujourd'hui elle n'offre plus que
AMBRACIEN, ENNE s. et adj. (an-bra-si-
ain, è-ne — rad. Ambracie). Géogr. Qui est
né a Ambracie ; qui appartient à cette ville
ou à ses habitants. On dit aussi Ambraciote.
AMBRACIQUE adj. (an-bra-si-ko — rad,
Ambracie). Géogr. D'Ambracie, quia rapport
à Ambracie.
— Golfe ambraeique, Golfe connu aujour-
d'hui sous lo nom do golfe d'Arta.
ambranloire"s. f. (an-bran-loi-rc).
Agric. Grosse cheville de bois qui fait partie
de l'avant -train d'une charrue à tourne-
oreille.
AMBRANT (an -bran) part. prés, du v.
Ambrer.
AMBRAS, ancien château seigneurial des
comtes d'Andechs, situé dans le Tyrol, sur les
bords de l'tnn, près d'Inspruok, devint en 15G3
la propriété et la résidence favorite de l'ar-
chiduc Ferdinand II et de sa première femme,
la belle Philippine Welser. Ce prince y forma
une riche collection de livres, d'oeuvres d'art
et de curiosités, qui depuis a été transportée
en grande partie au palais du Belvédère, à
Vienne. Aujourd'hui, le château d'Ambras,
transformé en caserne, ne conserve plus que
quelques vieux portraits et quelques armures.
ambrasien, enne adj. (an-bra-zi-ain,
è-ne — rad. Ambras). Ne s'emploie guère que
dans cette locution : collection a-'
AMBRE s. m. (an-bre — de l'arab. anber,
même sens). Nom donné à certaines sub-
stances résineuses et aromatiques qui ont la
consistance de la cire : Sentir Cambre. Par-
fumé <f ambre. Les poêles anciens supposaient
que les grains <j'ambre provenaient des larmes
dePhaéton. /-'amure, considéré comme parfum,
nient , j'ambre est souverainement tonique et
exhilarant. (Brill.-Sav.) Z/ambre jaune res-
semble beaucoup au copal. (Francœur.) Pour
moi, la solitude est comme ce morceau Cambre
au sein duquel un visecte vit éternellement dans
son immuable beauté. (Balz.)
Cette bouche m'appelle a son haleine A'ambre.
La Fontaine.
fti.ibiel.pli»
pur
'exhale
a tes festins.
MlLLEVOYE.
sw,h.
raiïr
oulait ses nots'heurtui
'un fat snit 1
r "sente l'ami
V BÉaiNoE
Plus loin, suivait m
disant dans Snpho
-.orgnant par deva
iTplein
ialre,*'
Demoustier.
— Fig. ot prov. : Fin comme l'ambre. Se
dit d'un homme adroit et pénétrant, sans
doute par allusion à la finesse et aux pro-
priétés pénétrantes de l'ambre.
— Le mot ambre, employé absolument et
sans modificatif, comme dans les exemples
précédents, désigne une-substance de couleur
cendrée, tenace, flexible, légère, connue dans
le commerce et désignée par les savants sous
le nom d'ambre gris. Une autre espèce d'am-
bre, matière résineuse fossile, d'un jaune
plus ou moins nuancé, est connue sous le nom
d'ambre jaune ou succin.
>, est
exhale une odeur analogue à celle du musc.
La chaleur de la main le ramollit, et il fond
comme la cire; 11 est composé, pour les quatre
cinquièmes, d'une matière grasse appelée
ambréine, qui se convertit en acide ambréique
sous l'action de l'acide azotique. On trouve
Yambre gris, ou simplement l'ambre, en masses
plus ou moins volumineuses qui flottent à la
surface de certaines mers, surtout sur les
cotes de Madagascar, des Moluquesj du Japon
et de Coromandel. On a fait autrefois beaucoup
d'hypothèses sur son origine, mais on le
regarde aujourd'hui comme une sorte de con-
crétion morbide formée dans les intestins
d'une espèce de cachalot. Les parfumeurs
emploientl' ambre gris pour aromatiser diverses
préparations, telles que des huiles, des pom-
mades, des savons, etc. Les médecins l'admi-
nistrent aussi quelquefois comme antispasmo-
dique. On lui a en .outre attribué une action
aphrodisiaque marquée, et, à ce titre, on l'a
fait entrer dans diverses préparations phar-
maceutiques , telles que la poudre joviale de
Nicolas de Salerne, l'essence royale, l'essence
d'Italie, etc.
L'ambre jaune, appelé aussi succin et karabé,
est une résine fossile, dure, cassante, demi-
opaque ou presque transparente, d'une cou-
leur qui varie du jaune pâle au rouge hya-
cinthe.
Insoluble dans l'eau, Yambre jaune fond
entre 280 et 290°, en exhalant une odeur aro-
matique particulière. Enfin, soumis à la dis-
tillation sèche, il donne un acide nommé acide
succinique, et une huile volatile qui, traitée
par l'acide azotique concentré, se transforme
en musc artificiel. Le succin accompagne ordi-
nairement les dépôts de combustibles des ter-
rains tertiaires. C'est dans les dunes sablon-
neuses qui bordent la Baltique, entre Memel
et Kœnigsberg, qu'il se trouve le plus abon-
damment. L'ambre jaune est surtout employé
pour faire des tuyaux de pipe, des pommes
de canne, des grains de collier et de chapelet.
Il- entre aussi dans la composition du vernis
gras.
Pour en souder deux morceaux ensemble, il
suffit d'humecter avec une solution de potasse
les surfaces qu'on veut unir, et de les presser
l'une contre 1 autre après les avoir chauffées.
Les Grecs et les Romains connaissaient par-
faitement l'ambre jaune. Les poëteslui avaient
fait une réputation merveilleuse ; ils le suppo-
saient produit par les larmes des sœurs de
Phaéton ; et c'est dans ce sens que Rousseau
a dit, en parlant de l'aurore et de la rosée du
matin :
Et sur tous les coteaux voisins
On voit briller Vambre fertile
Dont elle dore nos raisins.
Éline nous apprend qu'on en faisait des amu-
lettes pour les enfants. L'ambre jaune est la
première substance que l'on ait vue s'électri-
ser, c'est-à-dire acquérir par le frottement la
propriété d'attirer les corps légers, tels que les
Eetits morceaux de papier, les barbes de plume,
s. .moelle de sureau, les brins de paille, etc. Ce
fut, dit-on, Thaïes qui découvrit, l'an fiOO av.
J.-C., ce phénomène curieux resté si long-
temps sans analogue et sans conséquences. Le
nom d'électricité, dérivé du nom grec de
l'ambre jaune (électron), rappelle la substance
où furent d'abord observées les propriétés
électriques. — On nomme ambre blanc une
variété de l'ambre jaune moins colorée ; ambre
noir, le jayet.
AMBRÉ, ÉE (an-bré) part. pass. du v. Am-
brer. Qui est parfumé avec de l'ambre gris :
Eau de Cologne ambrée. Ecrire sur du papier
ambré, le maréchal de Richelieu mâchait ha-
bituellement des pastilles ambrées. (Brill.-
Sav.) Si son caprice aujourd'hui est d'aller à
la cour d'assises, elle écrira coup sur coup dix
petits billets ambrés au président, pour obtenir
la faveur d'une entrée, un fauteuil, une chaise,
une banquette, un bout d'escabeau. (Cormen.)
Oh! si j'étais capitane
Ou sultane,
Je prendrais des bains ambrés.
— adj. Qui a la teinte de l'ambre jaune :
Couleur ambrée. Le ton ambré et chaud qu'on
admire dans les peintures du Giorgione et du
Titien... (Th. Gaut.) Cehàlequi répandait sa
teinte ambrée sur les visages des petites filles
n'altérait pas la blancheur des deux femmes.
(Gér. de Nerv.) Cet homme était franchement
bronzé, mais d'un ton si fin, si ambré, si uni,
que sa peau semblait transparente. (G. Sand.)
L'air qui les enfle et les colore (des bulles de
[sa
ambréade s. f. (an-bré-a-de — rad. am-
bre). Sorte d'ambre jaune factice.
AMBRÉATE s. m. (an-bré-a-te — rad. am-
bre). Chim. Sel produit par la combinaison do
l'acide ambréique avec une base salifiable.
AMBRÉE s. f. (an-bré — rad. ambre).
Conchyl. Nom donné à une coquille fragile et
translucide, voisine des hélices, qui fait partie
du genre ambrette. On l'appelle aussi amphi-
bie. C'est le succinea amphibia de Draparnaud.
AMBRÉINE s. f. (an-bré-i-ne — rad. ambre).
Chim. Matière blanche insipide, inodore, inso-
luble dans l'eau, soluble dans l'éther et dans
l'alcool, contenue dans l'ambre gris, et offrant
beaucoup de rapport avec lacholestérine.
AMBRÉIQUE adj. (an-bré-i-ke — rad. am-
bre). Chim. Se dit d'un acide qu'on obtient
par l'action de l'acide nitrique sur l'ambréine.
L'acide ambréique est jaune, blanc quand il
est. divisé; il est insoluble dans l'eau, soluble
dans l'éther et dans l'alcool.
ambrer v. a. ou tr. (an-bré— rad. ambre).
Parfumer avec de l'ambre gris,: Ambrer de
l'eau de Cologne, de l'eau-de-vte de lavande.
Ambrer des pastilles. Ambrer un billet.
S'ambrer, v. pr. Se parfumer d'ambre.
ambres s. m. pi. Géogr. Ancien peuple de
l'Inde, vaincu par Alexandre.
AMBRÉSIAQUE adj. (an-bré-zi-a-ke — rad.
ambre). Qui sent l'ambre.
Ambrésin, ine adj. (an-bré-zain, i-ne —
rad. ambre). Qui est composé d'ambre.
AMBRETTE s. f.(an-brô-te — rad. ambre).
Graine de l'abel-mosch , plante du genre
ketmie, originaire de la Martinique, dont les
graines exhalent une forte odeur de muse.
Elle est employée on parfumerie pour falsi-
fier le musc, entre dans la composition de la
poudre de Chypre, et, dans certaines parties
de l'Inde, on la mêle au café pour en mo-
difier l'arôme et lui donner de nouvelles pro-
priétés. On l'appelle aussi graine musquée.
V. Abelmosch.
— Hortic. Poire.d' ambrette, Espèce de poire
qui exhale une légère odeur d'ambre.
— Moll. Genre de gastéropodes pulmobran-
ches; on n'en connaît qu'un petit nombre
d'espèces, dont plusieurs se trouvent en
France. Ce genre est très-voisin des hélices,
dont il diffère surtout par sa coquille mince,
fragile et de couleur ambrée, ayant l'ouver-
ture très-grande. Les ambrettes vivent tou-
jours dans les lieux humides, au bord des
eaux et sur les plantes aquatiques, dont elles
se nourrissent. Plusieurs espèces fossiles ont
été trouvées dans les travertins et les dépôts
sableux appelés loês.
— Comm. Sorte de liqueur inventée en
1861, et qui exhale une forte odeur d'ambre.
AMBrevade s. m. (an-bre-va-de — mot
malgache). Bot. Nom sous lequel les colons
de l'île de France désignent une sorte de pois
comestible, il On dit aussi amearvate.
AMBRIÈRES, ch.-lieu de cant. (Mayenne),
arrond. de Mayenne; pop. aggl. 1,535 hab. —
pop. tôt. 2,720 hab. Ruines remarquables d'un
ancien château fort construit par Guillaume
le Conquérant, et dont la chapelle existe
encore en entier.
AMBRIN, INE adj . (an-brain, i-ne — rad. am-
bre). Qui est de la couleur ou de la nature de
l'ambre.
— s. f. Bot. Genre de plantes aromatiques,
toniques et stimulantes, de la famille des ché-
nopodées. La plus connue est cultivée dans
nos jardins, sous le nom d'ambroisie ou de thé
du Mexique.
AMBROISE (saint), un des plus illustres
Pères de l'Eglise latine, né à Trêves en 340,
mort en 397. Il était fils d'un des préfets ro-
mains de la Gaule; lui-même entra jeune
dans les charges et devint consul et gouver-
neur de la Ligurie et de l'Emilie, dont Milan
était la capitale. Pénétré des idées chrétiennes,
sans avoir encore reçu le baptême, il les ap-
l'administration de saprovince, modéra
ur des lois romaines, et gouverna non
bu proconsul, mais en évèque, c'est-à-dire avec
l'équité et la mansuétude évangéliques. Milan
était alors divisé entre l'arianisme et la foi de
Nicée. A la mort de l'archevêque Auxence
(374), les deux partis, prêts à ensanglanter la
ville en se disputant lélection d'un nouveau
pasteur, se réunirent dans un vote unanime
en faveur du magistrat civil dont ils avaient
pu apprécier la douceur, l'impartialité et les
vertus. Ce vœu, cette inspiration se manifesta
par l'acclamation de tout le peuple : Ambroise
évèque.' qu'un enfant avait, dit-on, prononcé
le premier. Ambroise, après une longue rési-
stance, dut accepter le fardeau de l'épiscopat.
Il fut en quelques jours ordonné, puis sacré
évèque, et bientôt il montra par ses vertus
combien il était digne de ces augustes fonc-
tions, dont sa modestie avait redouté l'éclat. Il
disposa de ses biens en faveur de l'Eglise et
des pauvres, s'affranchit de toute préoccupa-
tion mondaine, se plongea dans l'étude des
lettres sacrées, et consacra ses nuits et ses
jours aux devoirs de son saint ministère. Saint
Augustin, qui lui dut sa conversion et qui reçut
de lui le baptême, nous le dépeint comme le
plus beau modèle de cet éniscepat chrétien
pliquaàl'i
AMB
qui était en quelque sorte la seule magistra-
ture vraiment digne de ce nom, dans ces
temps de violence et de barbarie. Aussi
jouissait-il d'une immense autorité morale,
qui éclata surtout dans sa lutte contre l'a-
rianisme, que protégeaient l'impératrice Jus-
tine et son fils, le jeune Valentinien. Sommé
de livrer son église aux sectaires, menacé de
mort, il résista avec tant de courage et de
grandeur, que des officiers de l'empereur en-
voyés dans sa cathédrale pour se saisir de lui,
se rangèrent parmi ses partisans et ses admi-
rateurs. Lorsque Symmaque réclama la tolé-
rance pour le paganisme expirant, saint Am-
broise le combattit avec autant de force que
d'éclat. Mais l'un des plus grands actes de sa
vie, son plus beau titre à l'illustration, est sa
conduite courageuse envers„Théodose, quand
ce prince eut ordonné le massacre dé Thessa-
lonique. Seul il osa défendre les droits de l'hu-
manité devant le maître du monde. A la nou-
velle de cette affreuse exécution, il écrivit à
l'empereur une lettre où il manifestait son
horreur pour un attentat sans exemple dans
l'histoire. Dans la communion d' Ambroise,
ajoutait-il, tï n'y a pas d'absolution pour ce
que tu as fait... Je n'oserais en ta présence
offrir le divin sacrifice. Théodose, cependant,
osa se rendre à l'église environné de toute sa
cour. Il fut arrêté surle seuil par le saint arche-
vêque, qui lui reprocha hautement sa cruauté,
le sang dont il était couvert, et qui lui demanda
si cette bouche qui avait ordonné tant de mas-
sacres était digne de recevoir la divine hostie.
Et comme le prince alléguait en balbutiant
l'exemple de David : « Tu l'as imité dans son
crime, reprit-il; imite-le dans sa pénitence. »
Et il eut en effet le courage de ne l'admettre
à la communion qu'après une longue expiation.
II n'en eut pas moins dans la suite une grande
influence sur l'esprit de cet empereur, qui,
après avoir rétabli l'unité de l'empire, travailla
à détruire les restes du paganisme, et recom-
manda en mourant ses deux fils au grand pas-
teur de Milan, qui d'ailleurs lui survécut peu.
Les écrits de saint Ambroise portent l'em-
preinte de la beauté morale de son caractère ;
la douceur, la sensibilité, l'onction, l'élévation
de la pensée en sont les traits les plus saillants.
On cite surtout les traités des Vierges; sur les
Devoirs des prêtres, qui est comme un supplé-
ment aux Offices de Cicéron, et qui tend à
former l'homme intérieur; contre l'Usure; sur
la Fuite du monde; sur la Foi; sur l'Esprit
saint; des Lettres, des Discours, etc. La
meilleure édition de ses oeuvres est celle des
bénédictins, Paris; 1686-90. Il fut le premier
qui régla les formes des chants sacrés, et le
rit ambrasien, dont il fut le créateur, est en-
core en usage à Milan. On lui attribue, mais
avec peu de vraisemblance, le beau cantique
d'actions de grâces, Te Deum, qui se chante
encore dans toute la chrétienté.
AMBROISE, archevêque de Moscou, dont le
nom de famille était André Sertis Kamensky,
né en 1708, appelé au siège de Moscou en 1761 .
C'était un prélat vertueux et éclairé. Pendant
une peste qui ravageait Moscou, il osa faire
enlever d'une chapelle une image de la Vierge à
laquelle le peuple attribuait des cures mira-
culeuses , mais qui , en attirant une grande
affluence de malades, augmentait la contagion
d'une manière effrayante. Accusé de sacrilège
par un peuple en délire, le vénérable pasteur
fut arrache de l'autel et massacré par son
propre troupeau (1771).
AMBROISIE s. f. (an-broi-zi — du gr. m».
brosia; formé de a priv.,et de brotos, mortel).
Nourriture des divinités de l'Olympe, qui,
selon la fable, était neuf fois plus douce que It
miel et procurait l'immortalité : Les dieux
étaient rassasiés de nectar et ^'ambroisie.
(Fén.) // répandit une odeur ^'ambroisie dont
tout l'Olympe fut parfumé. (Fén.) Tout ce que
Nélée boit devient nectar, tout ce qu'il mange
devient ambroisie. (Fén.) n Quelquefois, mais
beaucoup plus rarement, on dit ambrosie.
— Par compar. Mets délicieux : Eh bien ,
cette sorte'' de confiture verte n'est ni plus ni
moins que ^'ambroisie qu'Hébé servait à la
table des dieux. (Alex. Dum.)
Us mangeaient à sa table, avalaient Vambroisie.
L'abeille sur les fleurs cherche
imbroisie.
Colardeau.
ain que Cymo-
J'ambroisib
— Fig. et poéliq. : C'est
docée pria la Nuit de lui
de ses ombres. '(ChOLi&nub.) Catherine distillait
dans cette âme naïve ^'ambroisie des compli-
ments. (Balz.)
Que vos heureux destins, les délices du ciel,
Coulent toujours trempés ù'ambroisie et de miel.
A. Chéniee.
En toi je tomberai, végétale ambroisie.
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Baudelaire.
— Bot. V. Ambrosie. h Plante odoriférante
du genr.e ambrin, connue sous le nom de thé
du Mexique.
— Encycl. Myth, Les poètes sont peu d'ac-
cord sur la nature de l'ambroisie. Etait-ce un
aliment solide? était-ce un breuvage faisant
double emploi avec le nectar? Suivant l'opi-
nion commune, c'était un aliment solide.
L'ambroisie est une nourriture sèche, dit Sui-
das. Cependant Sapho en parle comme d'un
breuvage. Homère en fait tantôt une liqueur,
tantôt un parfum. Ce qui est certain . c'est
AMB
qu'elle joignait à une saveur exquise, une odeur
délicieuse. Ibycus, cité par Athénée, dit qu'en
mangeant du miel on éprouve la neuvième
partie du plaisir que fait goûter l'ambroisie.
Le scoliaste de Calhmaque nous apprend qu'elle
coula pour la première fois d'une des cornes
de la chèvre Amalthée, en même temps que de
l'autre sortit le nectar. La croyance à V am-
broisie, dit M. Alfred Maury, tenait aux idées
grossières que l'on se formait de la Divinité.
On ne pouvait concevoir que des êtres vécus-
sent sans manger , et .l'on attribuait aux
dieux une nourriture qui n'avait d'autre diffé-
rence avec la nôtre que parce qu'elle était
d'une nature plus délicate.
AMBROISIEN, ENNE adj. (an-broi-zi-ain,.
è-ne — rad. ambroisie). Qui répand une odeur
d'ambroisie ; parfume d'ambroisie : 0 pauvre
Jupiter ! ta chevelure ambroisienne grisonne.
(Th. Gaut.)
De je ne sais quelle ambroisienw: haleine.
AMBRONS s. m. pi. (an-bron — lat. am-
brones). Géogr. anc. Peuple de la Gaule trans-
alpine, au temps de César, que Von place
généralement dans le pays d'Embrun. Ils
combattirent contre Rome avec les Cimbres
et les Teutons, et furent exterminés en même
temps que ces deux peuples par Marius, près
d'Aix en Provence.
AMBKOSCH (Joseph-Jules-Athanase), érudit
et archéologue allemand, né à Berlin en 1804,
mort en 1856, fut reçu agrégé à l'université de
Berlin en 1833, et professa à Breslau l'archéo-
logie et la philologie. Ce savant, qui avait
voyagé en Allemagne et en Italie, et qui avait
collaboré a la Description de Home de Bunsen
et Gerhard, a laissé des écrits sur les Anti-
quités étrusques (Breslau, 1837), sur le Culte
primitif des Romains (Breslau 1839),sur les J.i
'.s de religion des Romains (Bc
1843)
AMBROSIACÉ, ÉE adj. (an-bro-zi-a-sé —
rad. ambrosie). Bot. Qui ressemble à l'ambro-
sie. On dit aussi a'mbrosié.
— s. f. pi. Tribu de la famille des compo-
sées, qui a pour type le genre ambrosie. Plu-
sieurs auteurs en ont fait une famille distincte,
qui n'a pas été adoptée.
AMBROSIAQUE adj. (an-bro-zi-a-ke — rad .
ambroisie). Qui répand une odeur très-agréa-
ble, que l'on a comparée à celle de l'ambroisie.
ambrosie ou AMBROISIE s. f. (an-bro-zî
— du gr. ambrosios , immortel). Genre de
plantes de la famille des composées, renfer-
mant des herbes ou sous-arbrisseaux que l'on
rencontre dans les deux continents. Les
feuilles, quand on les froisse, répandent une
odeur agréable.
AMBROSIE, ÉE adj. (an-bro-zi-é). V. Am-
AMBrosien, ENNE adj. (an-bro-zi-ain,
è-ne. — du- lat. Ambrosianus, d'Ambroise).
Liturg. Qui appartient, qui a rapport à saint
Ambroise, au rit qui lui est attribué : Chant
AMBROSIEN. MeSSe AMBROSIENNE. Oui , Cette
'belle prière est née en Italie, à ce qu'il parait ;
et le titre d'hymne ambrosienne pourrait faire
croire qu'elle appartient exclusivement à saint
Ambroise : cependant on croit assez générale-
ment, à la vérité sur la foi d'une simple tradi-
tion, que le Te Deum fut, s'il est permis de
s'exprimer ainsi, improvisé à Milan par les
deux grands et saints docteurs, saint Ambroise
et saint Augustin, dans un transport de ferveur
religieuse, opinion qui n'a rien que de très-
probable. (J. de Maistre.) Il On dit aussi am-
— Encycl. On a appelé chant ambrosien la
forme primitive que saint Ambroise, arche-
vêque de Milan, donna au plain-chant en 386,
en se servant pour cela de quelques anciennes
mélodies grecques. « Deux différences radi-
cales, dit M. Th. Nisard, existaient entre, le
chant de saint Ambroise et celui de saint Gré-
goire : dans l'un, abandon complet des règles
de l'accentuation latine et adoption du genre
diatonique; dans l'autre, genre chromatique,
rhythme , accentuation ; dans l'un , musique
trave, sévère, adaptée aux durs gosiers des
arbares du Nord qui se convertissaient au
catholicisme ; dans Vautre, un art plus grec,
plus souple, plus élégant, quelque chose de
moins austère et de moins âpre. »
On a aussi donné le nom de rit ambrosien à
la liturgie particulière à l'Eglise de Milan,
différant de celle de Rome par certains textes
de l'office et par des détails de cérémonial.
Cette liturgie, fixée par "saint Ambroise, s'est
conservée a travers les siècles, malgré les
efforts faits a diverses époques par l'Eglise
romaine dans le sens de l'unité de rit. Dans le
rit ambrosien , le baptême par immersion est
en usage ; le carême commence à la quadra-
gésimé, et non au mercredi des cendres; aux
messes solennelles, 20 vieillards (lo de chaque
sexe) appelés l'école de saint Ambroise, font
l'offrande du pain et du vin, etc.
AMBItOSlËNNE (bibliothèque) de Milan,
célèbre collection qui doit son existence à la
munificence du cardinal Frédéric Borromée,
archevêque de Milan. Fondée en 1C02, elle fut
ouverte au public en* 1609. Elle reçut le nom
d' Ambrosienne en l'honneur de saint Ambroise,
archevêque et patron de Milan. Le cardinal
Borromée ne se contenta pas de déposer ses
pour y acheter les compléments
nfontfaucon assure que le bibliothécaire du
savant prélat recueillit une grande quantité de
manuscrits en Thessalie , à Chio , a Corcyre
(Corfou), et dans la grande Grèce. Son maître
y ajouta le très-précieux dépôt du monastère
de Bobbio, et un choix important de manuscrits
de la collection Pinelli, qui ne lui coûtèrent
pas moins de 3,400 ducats. L'intention du.fon-
dateur était d'attacher au service de sa biblio-
thèque publique un collège de seize érudits et
lettrés; mais l'insuffisance des fonds réduisit
ce nombre à quatre. L'un traduisait le grec, un
autre enseignait l'hébreu, le troisième 'était
professeur de langue arabe, et le quatrième
taisait des extraits de tout ce que les auteurs
renfermaient de précieux. Aujourd'hui , , la
bibliothèque Ambrosienne contient plus de
soixante mille volumes imprimés et plus de
quinze mille manuscrits. Une galerie.de pein-
tures, de statues, d'antiques et de médailles,
dont un grand nombre sont devenues très-rares,
est annexée à la bibliothèque. Plusieurs de ces
trésors furent transportés en France, durant la
première campagne d'Italie, et notamment
une collection manuscrite des oeuvres de Léo-
nard de Vinci. Un seul volume de cette collec-
tion retourna à Milan après la paix de 1814.
Une rareté dont se glorifie la bibliothèque Am-
brosienne est un manuscrit de Virgile, dont les
marges portent des notes de l'écriture de Pé-
trarque. Les palimpsestes publiés de 1814 à
1810 par Angelo Maï furent découverts dans
le fonds Bobbién de la collection Ambrosienne.
Oggiati, Muratori et Maï, ont été les biblio-
thécaires de cette antique librairie. Pour plus
amples renseignements sur la bibliothèque Am-
brosienne, on peut consulter : Boscha, De Ori-
gine et Statu bibliothccœ Ambrosianœ Hcmi-
decas (in-40, Milan, 1672) ; Saxius, De Studiis
litterariis Mediolanensium Prodromus(p. H7;
in-8°, Milan, 1729), et Montfaucon, Diarium
italicum.
AMBROSIENS s. m. pi. (an-bro-zi-ain —
rad. Ambroise). Hist. ecclés. Nom donné à
des religieux de l'ordre de Saint-Ambroise.
AMBROSINIE s. f. (an-bro-zi-nî — de Am-
brosini, n, d'un bot.). Bot. Genre de plantes
de la famille des aroïdées, à racine tubéreuse
AMBROSINIE, ÉE adj. (an-bro-zi-ni-é —
rad. ambrosinié). Bot. Qui ressemble à l'am-
brosinie. il On dit aussi ambrosioïde.
— s. f. pi. Tribu de plantes établie dans la
famille des aroïdées, et ayant pour type le
genre ambrosinié.
AMBROSIOÏDE adj. (an-bro-zi-o-i-de — de
ambrosie, et du gr. eidos, ressemblance). Syn.
de ambrosinié.
AMBROSIUS AUREUANUS , roi de la
Grande-Bretagne, issu d'une famille romaine,
tué en 508 dans une bataille contre un chef
saxon. Arthur, si fameux dans les traditions
héroïques de l'Angleterre, apprit sous lui le
métier des armes.
AMBUBAIES s.f. pi. (an-bu-bè— du lat. am-
bubaiœ ; tiré du syr. amb ou ambu, flûte.) Antiq.
rom. Nom que les Romains donnaient à des
femmes de mauvaise vie, gui assistaient aux
fêtes comme musiciennes et danseuses : Cet
antique mépris des vestales pour les ambubaies
est un des plus profonds instinct! de la dinnité
féminine. (v„ Hugo.)
AMBULACRAIRE adj. (an-bu-la-krè-re —
rad. ambulacre). Zool. Qui a le caractère de
l'ambulacre.
ambulacre s. m. (an-bu-la-kre — du lat:
ambulacrum, promenade couverte, allée d'ar-
bres). Zool. Nom donné aux saillies cylindri-
ques dont est couverte la face inférieure du
corps des éehinodermes, et qui servent à la
locomotion.
d'un ambulacre.
AMBULANCE s. f. (an-bu-lan-se — du lat.
ambulare, voyager). Hôpital mobile, qui suit
une armée en campagne, ou qu'on établit à
peu de distance du champ de bataille pour y
transporter provisoirement les blessés • Chi-
rurgien [/'ambulance. Infirmier ci' ambulance.
Porter un blessé à /'ambulance. Avant Henri IV,
nos armées n'avaient pas c/'ambulance. (Géné-
ral Bard.) Une fois à /'ambulance, vous goûtes
une espèce de calme et de repos ; vous n'avez
pas d coûter, comme sur mer, les hasa7-ds d'une
tempête ou d'un naufrage. (E; Sue.) Les ma-
meluks , sachant que nous étions tous dans les
ambulances, veulent nous barrer le chemin.
(Balz.) n Hôpital improvisé dans les différents
Quartiers d'une ville en proie à une épidémie,
à une guerre civile. « Ensemble du personnel
médical attaché au quartier général de chaque
division d'une armée en campagne.
— Administ. Emploi d'un commis ambu-
lant, dont l'office est de parcourir incessam-
ment une certaine région territoriale : Obtenir
une ambulance dans les domaines , dans les
contributions indirectes.
•e comprenant les ambulances despre
AMB
, ambulances de tranchées; la seconde
s'appliquant aux ambulances d'attente ou de
réserve. On dit aussi les ambulances de pre-
mière, de deuxième ligne, ou de la première,
de la deuxième division, etc. Les ambulances
volantes sont établies non loin du combat;
les chirurgiens vont chercher les blessés au
milieu même du feu ; les ambulances <}e réserve
sont placées sur les derrières de l'armée ; elles
doivent être pourvues de tout ce qui est né-'
cessaire pour approvisionner les ambulances
volantes, ainsi que pour installer des hôpitaux
temporaires : caisses d'instruments et de mé-
dicaments, fournitures de lits, appareils a frac-
ture , compresses , bandes , bandages , at-
telles, charpie, cérat, agaric, etc. Le personnel
de l'ambulance d'une division d'infanterie se
compose d'un médécin-major,' un aide-majer,
quatre sous -aides, trois pharmaciens,- cinq
officiers d'administration, trois infirmiers-ma-
jors et dix-sept infirmiers. Ces derniers étaient
jadis des hommes à gages ; aujourd'hui, ce sont
des infirmiers-soldats, dont les grades* corres-
f>ondent à ceux de l'armée, et qui sont fami-
iarisés avec le danger. Les voitures d'ambu-
lances attelées de deux chevaux sont à deux
ou quatre roues, et peuvent admettre deux ou
quatre hommes couchés dans l'intérieur. Elles
ont un plancher mobile propre à servir de table
pour les pansements, ou de brancard au besoin,
pour le transport. Leur forme est à peu près
celle des fourgons, et leur nombre est propor-
tionné aux besoins de l'armée. Les voitures à
deux roues servent dans les pays plats, et les
voitures à quatre roues dans les pays monta-
gneux.— Quoique dans aucun temps les blessés
n'aient été abandonnés sans secours sur les
champs de bataille, il faut arriver au règne de
Henri IV, e'est-a-dire à la fin du xvi<= siècle,
pour voir le service de santé des armées sou-
mis à une organisation régulière. Pendant les
grandes guerres de la République et de l'Em-
pire, notre chirurgie militaire, représentée
si glorieusement par les Percy, les Larrey,
porta le perfectionnement de ce service au
S lus haut degré. C'est en 1792, dans l'armée
u général Custine , que Larrey organisa la
première ambulance volante.
AMBULANT, ANTE adj. (an-bu-lan , an-to
— du lat. amèutans, part. prés, du v. ambu-
lare j marcher, se promener). Qui va de lieu
en heu, qui n'a pas de résidenco fixe: Commis
ambulant. Marchand ambulant. Chanteur,
musicien ambulant. Des comédiens ambulants.
Des tribunaux ambulants parcouraient les pro-
vinces avec les bourreaux. (Lamart.)
— Par ext. Se dit aussi des choses : Hôpital
ambulant. Ils tâchent d'intéresser les voya-
geurs par le concert ambulant de leur famille
errante. (M'"" de Staël.) On voit de temps à
autre des alligators en Europe, dans les ména-
geries ' ambulantes des bateleurs. ( Bouill.) //
ne faut pas croire que l'institution de la justice
fût défectueuse, précisément parce qu'elle était
ambulante. (De Bonald.)
— Méd. Se dit des maladies qui apparais-
sent successivement dans diverses parties du
corps : Erésipèle ambulant. Dartre ambu-
lante. Rhumatisme ambulant, h Vésicatoire
ambulant, Vésicatoire qu'on applique succes-
sivement sur différentes parties du corps.
— s. m. Celui qui est obligé, par son emploi ,
d'aller de côté et d'autre, de parcourir inces-
samment un district, etc. : J'espérais ne pas
être pris pour /'ambulant de la sous-préfecture.
— Dans l'administration des postes, Les
ambulants. Employés qui sont chargés d'un
service actif, comme les facteurs, etc. Sur les
chemins de fer, on donne le même nom à ceux
qui accompagnent les trains pour desservir
les bureaux de poste de la ligne.
AMBULATOIRE adj. [an-bu-la-toi-re — du
lat. ambulatorius ; forme de ambulare} mar-
cher). Se disait autrefois d'une juridiction qui
n'avait pas de siège fixe : Avant Philippe le
Bel, le parlement était ambulatoire.
-— Fig. Variable, sujet à changer : Son hu-
meur est fort ambulatoire. (J.-J . Rouss.)
La volonté de l'homme est bien ambulatoire.
Reunard.
Il Ce sens a vieilli.
— Ornith. Pieds ambulatoires, Les pieds des
oiseaux qui sont emplûmés jusqu'au talon, et
munis de quatre doigts, trois devant et un
derrière.
— Entom. Pattes ambulatoires , Celles qui
sont spécialement propres à marcher : C'est
un insecte à pattes ambulatoires et à cuisse
très-longue. (Walcken.)
— s. m. pi. Entom. Section de l'ordre des
orthoptères, renfermant la famille des phas-
AMBULATRICE s. f. (an-bu-la-tri-se — du
lat. ambulatrix, qui se promène). Antiq. rom.
Nom que les Romains donnaient aux prosti-
tuées qui se promenaient pour attirer les
hommes. .
AMBULIE s. f. (an-bu-H). Bot. Genre de
plantes de la famille des primulacées , dont
les fleurs répandent une odeur suave.
AMBULIPÈDE adj. et s. m. (an-bu-li-pô-de
— duiat. ambulare, marcher ;pes,pedis, pied).
Zool. Qui a les pattes conformées de manière
à pouvoir marcher.
AMBCLON s. m. (an-bu-lon). Bot. Arbre
paraît être le même que li
;r de la
AMBURBIALES s. f. pi. (an-bur-bi-a-le ~t
du lat. amburbialia ; formé do ambire, aller au-
tour). Antiq. rom. Nom' donné ades fêtes qui,
chez les Romains, répondaient à peu près à nos
Rogations. V. Ambarvales.
AMBUSTION s. f. (an-bu-sti-6n — du lat:
ambusttts; part, do amburo,J6 brûle autour).
Chirurg. Cautérisation. <
AMBYZE s. m. (an-bi-ze). Mamm. Nom
donné à une espèce de phoque.
ÂME s. f. (â-me — 'du lat. anima, soufflé, vie).
io Partie incorporelle de l'homme, foyer,
siège de la sensibilité, de l'entendement et, do'
la volonté.
2<j Suivant la philosophie matérialiste/FÔr-
mule qui exprime l'ensemble des faits de sèn-'
timent, d'intelligence et de volonté. '
3» Selon quelques philosophes, Principe
de la vie chez l'homme, les animaux' e'tmême
les plantes : Les passions, les mouvements
de /'âme. Dieu seul a créé notre' âme. (Pasc.)
L'âmë est ce qui nous fait penser, entendre,
sentir, raisonner, vouloir. (Boss.) Notre Âmb
n'est sortie de Dieu que pour y rentrer,; il
ne l'a respirée que pour l'aspirer, de nouveau.
(Boss.) Je ne crois pas qu'une Âme. que Dieu a
voulu remplir de son être infini, 'doive être
anéantie. (La Brûy.) Le mot Âme répond à
/'anima des Latins , au pneuma des Grecs , au
terme dont se sont servies toutes les nations
pour exprimer ce qu'elles n'entendaient pas
mieux que nous. (Volt.) //Âme est immortelle.
(Ballanche.) L'Âme est un fluide impondérable.
(L. Pinel.) Quand un enfant naît, n'importe à
quelle date, il apporte dans son- berceau une
Âme aussi neuve que /'âme du premier aïeul.
(E. Pelletan.) L'âme est le foyer de la person-
nalité humaine. (Bautain.) Filles de Dieu, au
fond, toutes les âmes sont sœurs. (Charma,) La
faculté de penser parait être l'attribut de /'âme.
(Napol. 1er.) L'âme est une matière' allumée
qui brûle sans se consumer ; notre corps en est le
falot. (Joubert.) // faut que les pensées nais-
sent de /'âme, les mots des pensées et les phrases
des mots. (Joubert.) L'âme est une force qui se
développe par la sensibilité, l'intelligence .et la
liberté. (Géruzez.) L'âme est un principe ou
une substance qui est capable de penser et de
connaître, d'aimer et de vouloir. {"') L'âme est
la substance de la personnalité et de la sponta-
néité humaine. (Bûchez.) L'homme n'est un être
divin que par /'âme. (Renan.) Rien ne survit
que /'Âme : faisons-la donc héroïque ici-bas.
(J. Simon.)
souffrir
— Siège, source des pensées, des affections,
des sentiments , des passions : Tout ce qui
souille /'âme l'attriste et là noircit. (Mass.)
L'élément de /'âme, c'est la vérité et la justice.
(Fén.) L'ÂME humaine peut tout se représenter
par la pensée. (***) Lorsque /'âme est agitée, la
face humaine devient un tableau vivant <■ où, les
passions sont rendues avec autant de délicatesse
que d'énergie. (Buff.) La paix de /'âme co>isisle
dans le mépris de tout ce qui petit la troubler.
(J.-J. Rouss.) Dans la jeunesse /'âme est en
dehors; plus lard elle est en dedans. (Ste-
Beuve.) C'est par l'ÀMEgue Pascal est grand,
comme homme et comme écrivain ; le style qui'
se réfléchit dans cette âme en a toutes les qua-
lités. (V. Cousin.)
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme.
— Une mère cherchait à faire comprendre à
sa fille, enfant de sept ans, ce que c était que
l'âme-, et elle lui disait que l'dme est le siège
des affections, des sentiments, et de tout ce
qu'il y a chez l'homme, de plus noble/de plus
élevé. L enfant resta un moment pensive, puis
>se jetant au cou de sa mère : « Ah 1 je com-
prends, maman, dit-elle, c'est avec mon àme
que je t'aime. »
— Individualité humaine , considérée ex-
clusivement sous le point de vue moral, ab-
straction faite du corps : J'admire comme le
ciel a pu former deux Âmes aussi semblables
que les nôtres. (Mol.) Pauvre âme, qui ne trouve
rien en elle qui la contente, qui n'y voit rien
qui ne l'afflige, quand elle y pense! (Pasc.)
Donnez à /'âme une çompaqne, et tout va deve-
nir ravissement. (Chateaub.) L'Âme n'a qu'une
fois dans la vie dé ces moments où elle se verse
tout entière dans une autre âme, avec ce mur-
mure intarissable des lèvres qui ne peuvent
suffire d son amoureux épanchement. (Lamart.)
L'âme a besoin d'absorber les sentiments d'une
autre âme et de se les assimiler pour les lui
restituer plus riches. (Balz.) Ne savez-vous pas
que toute âme vit continuellement du mouve-
ment des autres âmes? Ne savez-vous pas
qu'une âme peut sentir en soi une autre Âme qui
la touche? (Le P. Gratry.) Chrysanthe n'avait
qu'une Âme avec Maxime, et était surtout re-
marquable par son enthousiasme religieux et
ses recherches mystiques. , (V. Cousin.) Qhl
alors, que de torrents de joie coulèrent dans
cette pauvre âme dévastée! (G. Sand.) Dors
donc enfin dans ton silence, Âme fatiguée que
Dieu ne condamne plus au travail et à la dou-
leur l (G. Sand.)
Lamartine.
— So dit aussi par rapport à nos bonnes
ou à nos mauvaises qualités : Ame noble, gé-
néreuse. Ame magnanime. Ame vile , basse ,
vénale. Il y a des âmes élevées qui se por-
■ tent aux grandes actions. (Fléch.) C'était une
Âme vertueuse et bien née. (Bourdal.) Un corps
mal fait peut renfermer une fort, belle âme.
(Boss.) Les âmes vulgaires et obscures ne vi-
vent que pour elles-mêmes. (Mass.) Les petites
jalousies marquent une âme basse. (Fén.) Hé-
las! il n'y a que les infortunés qui sentent le
prix des ÂMES bienfaisantes. (J.-J. Rouss.) C'est
le fait des âmes faibles de se corrompre dans
l'adversité; les âmes fortes s'y éprouvent. (G.
Sand.) La flatterie n'émane jamais des grandes
âmes. (Balz.) Les plus grandes Âmes sont celles
qui s'arrangent le mieux dans la situation pré-
sente et qui dépensent le moins en projets pour
l'avenir. (Fonten.) Quand tout est perdu, c'est
l'heure des grandes âmes. (Lacord.)
Ainsi parlent, seigneur, les âmes soupçonneuses.
Il fait que tout prospère aux âmes innocentes.
Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées,
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Corneille.
Hélas! b. s'enflammer la passion la plus lente
Dans une âme sévère en est plus violente.
De Belloy.
, Il Dans ce sens, le qualificatif peut être rem-
placé par un complément substantif qui dorme
encore plus d'énergie à la phrase : Une âme
de bronze , de fer, d'acier, etc. On trouve des
Âmes de boue où la nature avait placé des âmes
grandes et bien nées. (Mass.) Le duc d'Albe
était une âme de bronze. (Volt.) Il eût fallu
avoir une âme de fer pour rester sans pitié ou
sans regret à la vue de cette majesté si calme
du malheur. (Laurentie.) En Vincent de Paul
nous trouvons une âme d'or, qui ne connaît
d'autre poésie que celle de bien faire, d'autre
théologie que la charité. (***)
— Se dit par opposition à corps : La société
de /'âme et du corps fait que le corps nous
parait quelque chose de plus qu'il n'est, et /'âme
quelque chose de moins. (Boss.) Notre âme,
d'une nature spirituelle et incorruptible , a un
corps corruptible qui lui est uni. (Boss.) L'àme
est jetlfe dans le corps pour y faire un séjour
de peu de durée. (Pasc.) Il y a des rechutes
dajis les maladies de I'àme comme dans celles
du corps. (La Rochcf.) C'est une dure condi-
tion ici -bas que I'àme et le corps soient si
fortement liés l'un à l'autre, que /'âme traîne
cette chair, qu'elle en subisse les hasards et
qu'elle en réponde. (Michelet.) Les plaies du
corps se ferment, celles de /'Âme restent toujours
ouvertes. (Livry.) Par la chasteté, /'âme respire
un air pur dans les lieux les plus corrompus ;
par la continence, elle est forte, en quelque état
que soit le corps; elle est royale par son empire
sur les sens; elle est belle par sa lumière et par
sa paix. (J. Joubert.) C'est /'âme qui est, et le
corps qui parait être. (Renan.) Z'âme a-t-elle
besoin des yeux du corps pour contempler ce
>s hôtes d'une belle dmt
La Fontaine.
— L'âme considérée par rapport à la reli-
gion : Une âme sanctifiée, illuminée par la
grâce. Une âme rachetée par le sang de Jésus-
Christ. (Acad.) Une âme renouvelée par le
baptême. (Boss.) La grâce de Jésus-Christ ra-
nime de temps en temps les âmes tièdes. (Fléch.)
fartez, âme chrétiennne, sortes enfin de cette
terre où vous avez été si longtemps étrangère
et captive! le temps des épreuves et des tribu-
lations est fini. (Mass.) Retournez dans le sein
de Dieu d'où vous êtes sortie, Âme héroïque et
chrétienne! (Mass.) Le soin des Âmes est la
vraie et la grande affaire de l'Eglise. (Guizot.)
— Le principe immatériel, lorsqu'il est sé-
paré du corps : Les âmes des morts, des tré-
passés. Priez Dieu pour son âme, pour le repos
de son âme. Son Âme est devant Lieu. Les âmes
gui sont en purgatoire. Les âmes bienheureuses.
Les âmes damnées. Les âmes teintes du sang
de Jésus-Christ reposent dans le sein de ta paix.
(Fléch.) Si là plupart des cultes antiques ont
consacré la cendre des morts , aucun n'a songé
à préparer /'âme pour ces rivages inconnus dont
on ne revient jamais. (Chaleaub.)
fer me réclame,
ravage à mon âme!
C. DELAflOBE.
Ame de me3
ons'ei
s, et qui seul tant de fois
Grand Dieu! des opprimés où serait l'espérance,
Du sceptre da
main as soulagé le poids
Quel prix dans le malheur soutiendrait leur constance,
Bac»
AME
Si 'notre âme. en quittant ce inonde criminel,
Ne trouvait devant soi qu'un néant éternel!
M.-J. Chénier.
— Cœur, sentiments nobles, instincts géné-
reux, courage : Auoir de /'âme. N'avoir point
d'ÀUE. Etre sans âme. Que d'ÀME et de douceur
dans ses regards! Le peuple est sans esprit, et
les grands n'ont point c/'Âme. (La Bruy.) Elle
connaît des enfants qui n'ont point </'âmë dans
le. corps. (M'"u de Sev.) Tu es un homme sans
âme, un homme sans cœur. (V. Hugo.)
— Pensée intime, conscience : Ame sereine.
Ame bourrelée. Les yeux sont le miroir de
/'âme. Que votre loi sainte soit écrite au fond
de son âme! (Mass.) Dans toutes vos actions,
écoutez votre Âme, et soyez- lui fidèle. (La
Rochef.)
Un mot ne fait pas voir jusques au fond d'une âme.
Corneille.
— La vie , l'existence : Avoir /'Âme sut- les
lèvres. Rendre /'âme. Son âme est près de s'en-
voler. Parler à un avare de vous aider de son
argent, c'est lui arracher /'âme. (Acad.) Il a
rendu /'âme entre les mains de M. de Condom.
(Mme de Sév.)
Dans cet embrassement dont la douceur me flatte,
Venez et recevez l'«J?jte de Mithridate.
— Dans un sens plus général , Une personne,
homme , femme ou enfant : Il y a cent mille
Âmes dans cette ville. (Acad.) Les chambres
sans hôtes et désertes : pas une âme dans ce
Louvre. (La Font.) Je fus bien surpris de ne
pas trouver une âme chez M. de Luxembourg.
(St-Stm.) En effet, il n'a vu âme vivante. (Mme
de Sév.) En comptant les femmes, vous trou-
verez près de vingt millions (/'Âmes. (Volt.)
Mon enfant, lui dit -elle, ne parlez de votre
arrestation à personne, n'écrives à âme qui
vive, cela tuerait votre avenir. (Balz.)
Qu'on ne laisse monter i
11 n'es
Raciî
Qui ne poche en ceci. La Fontaine.
— S'emploie comme terme d'affection, de
tendresse : Mon âme, ma chère Âme. Idole de
mon âme. Ame de mon âme. Ame de ma vie.
Moitié de mon âme. Ma chère âme , élixir de
mon cœur... (Mariv.)
Toi pour qui j'ai tout fait, toi Vdme de ma vie!
Voltaire.
0 moitié de mon âme, est-ce un Dieu qui t'inspire?
Regarde-moi : trouves-.tu, ma chère âme.
En mon visage un si grand changement?
— Fig. Essence, principe d'une chose, ce
qui en est la source^ le fondement, l'aliment :
L'argent est /'âme des affaires. L'apologue est
composé de deux parties, dont on peut appeler
l'une le corps, l'autre /'âme : le corps est la
fable, /'âme est la moralité. (La Font.) Cette
tristesse, qui en est /'âme, ne s y remarque plus.
(La Bruy.) Les vents sont /'âme de la navigation
et du commerce des nations entre elles. (Fén.)
La passion est /'âme de la parole. (Fén.) La
fin de la religion, /'âme des vertus, c'est la
charité. (Boss.) La discipline militaire est
/'âme d'une armée. (D'Aguess.) Le travail est
/'âme de la vie. (Portalis.) L'échange est I'àme
du mécanisme social. (Fourier.) La vanité est
/'âme de toute société anglaise. (Lamart.) Z'âme
de l'ordre, c'est le travail; /'âme du travail,
c'est le crédit. (E. de Gir.) Les gouvernements
sont /'âme des peuples. (E. de Gir.) La noblesse,
qui était et restait /'âme de la guerre, se voyait
pour la première fois assujettie à des règle-
ments stricts et à des obligations continues.
fSte-Beuve.) L'amour est /'âme de la vie.
(A. Karr.) Si la force est /'âme de la matière,
l'idée est /'âme de la force. (E. Pelletan.) L'in-
spiration était /'âme de ses entretiens intimes.
(Flourens.)
La louange agréable est ïAme des beaux vers.
Corneille.
Il En parlant des personnes, Le principal
agent, le principal moteur : La Renaudie était
I'àme du parti. (Boss.) La duchesse d'Aiguillon
fut "âme de cette entreprise. (Fléch.) Il a soin
des troupes, des finances ; enfin c'est /'âme de
l'entreprise et l'homme de confiance. (M"ie de
Sév.) Enfin vous êtes /'âme de tout cela.
(M™8 de Sév.) Une femme judicieuse, appliquée
et pleine de religion, est /'âme de toute une
grande maison. (Fén.) Le cardinal delielz avait
été, à vingt-troistms , /'âme d'une conspiration
contre Richelieu. (Volt.) Dieu est /'âme de la
nature. (Custine.)
J'étais de ce grand corps IVtnie toute-puissante.
Hacime.
Ce conseil nécessaire est l'Ane de l'Etat.
Peut-être en ce moment quelque chose se trame ;
Peut-être à la révolte il ne manque qu'une âme:
Il En littér. et dans le même sens, Le héros,
le principal personnage d'un roman, d'une
pièce de théâtre, etc. : C'est Oïl Bios qui est
Z'âme de tout l'ouvrage. Emilie est I'àme de
toute la pièce, et cependant elle inspire peu
d'intérêt. (Volt.) Cromwell est /'âme de ce livre,
c'est lui qui en emplit chaque page. (Vitet.) il
Paroles qui servent à expliquer la figure re-
présentée dans le corps d'une devise : La de-
vise avait pour corps un arbre abattu, entouré
d'un lierre, et pour âme ces paroles : Je meurs
où je m'attache. (Acad.)
— Tout ce qui anime, sentiment , expres-
sion, feu, chaleur, etc. : Parler, chanter
avec Âme. Cet orateur a de /'âme. Cette com-
position manque d'Àua. La sculpture donne de
/'âme au marbre. (Acad.) L'art, lorsqu'il atteint
ta perfection, donne de /'âme aux pierres.
(Custine.) C'est pour la femme que la France
et l'Italie inventent leurs délicieux concerts, et
que Naples donne aux cordes une âme harmo-
nieuse. (Balz.)
— Le mot âme a été emplové quelquefois
en parlant des animaux, des" végétaux, et
même d'objets inanimés : On s'est beaucoup
occupé, depuis Descaries, de la question méta-
physique de /'âme des bêles. (Flourens.) Les
oiseaux ont-ils une âme? (Michelet.) Après une
de ces matinées pluvieuses qui développent I'àme
des fleurs et donnent au jour je ne sais quoi de
frais et de brillant. (Ba'iz.) Aucun bruit ne se
faisait entendre, hors je ne sais quelle harmonie
lointaine qui régnait dans la profondeur des
bois; on eût dit que Z'âmb de la solitude soupi-
rait dans toute l'étendue du désert. (Chatoaub.)
Les bois, les vallons, les montagnes,
Toute la scène des campagnes
Prend une âme et s'orne pour moi.
Gresset.
— En dehors des sens généraux qui vien-
nent d'être exposés, le mot âme entre dans un
grand nombre de locutions devenues plus ou
moins proverbiales : Grandeur d'âme,- no-
blesse, élévation de l'âme, du caractère, des
sentiments : La grandeur d'âme de Cyrus ne
pouvait éclater qu'autant que les Perses 'se-
raient opprimés par les Mèdes. (Rollin.)
Mais
unûoi
pern
Ducërcëau.
Il Donner son âme au diable, Dans les croyances
superstitieuses du moyen âge, c'était faire un
pacte avec le diable, à qui l'on abandonnait
son âme pour des avantages terrestres : On
croyait que tes sorciers donnaient leur âme à
Satan, et recevaient en échange une puissance
surnaturelle. (Encycl.) il C'est son âme damnée,
Se dit d'une personne entièrement, aveuglé-
ment dévouée à une autre, et se prend tou-
jours en mauv. part : Dans la suite, ils de-
vinrent les instruments de l'abbé Dubois en
beaucoup de choses, puis les confidents, et ce
qu'en langage commun on appellerait les âmes
damnées. (St-Sim.) Il Etre ému jusqu'à I'àme,
jusqu'au fond de l'âme, Etre vivement touche,
profondément ému. il Un corps sans âme, Se
dit de tout ce qui manque de sa partie la plus
essentielle : Depuis la mort du général en chef,
l'armée n'est plus qu'un CORPS SANS âme. Le
pain commençait à nous manquer, et notre
outre était devenue un corps sans Âme. (Le
Sage.) Il Corps et âme, Tout entier, sans ré-
serve : // se donna à lui corps et âme. Depuis
la paix de Paris, M. d'Elbcuf s'était livré
corps et âme à Mazarin. (Card. de Retz.) //
était à lui corps, et âme. (Alex. Dnm.) En,
substituant à la haute éducation intellectuelle
l'enseignement tout professionnel, ou condamne
la société à n'être plus qu'un corps sans âme.
(Dupanl.) Il Dieu veuille avoir son âme! Sorte
de prière pour le bonheur céleste d'une per-
sonne morte ;
Il Une âme en peine, Une âme livrée aux
peines de l'enfer ou du purgatoire, et fami-
lièrem. Toute personne en proie à de vives
inquiétudes, à un grand chagrin : Tourner,
Il Avoir l'âme chevillée dans le Corps, Se dit
de quelqu'un qui survit à une grande mala-
die, à un accident terrible. Il Dans l'âme, Tout
à fait, entièrement, en parlant de la manière
d'être, de voir, de penser, d'agir : Oh! moi,
je suis Flamand dans l'âme. (Balz.) H Sur mon
âme ! Formule de serment qui signifie , Sur
mon salut éternel : Sur mon âme ! s écria
Jehan, ce ne peut être que mon ami le capitaine
Phœbus! (V. Hugo.) Sun mon âme ! s'écria tout
à coup Gringoire, nous sommes allègres et joyeux
comme des ascalaphes. (V. Hugo.) H C'est une
bonne âme, C'est une personne bonne et sim-
ple : Dans le fond, c'était une donne âme. (Volt.)
Il Se tourmenter le corps et I'àme, Se donner
beaucoup de peine de corps et d'esprit :
Monsieur s'en va chopiner, cependant
ici le corps et Vdme;
Il Le pays des âmes, Le séjour des morts, dans
la langue des sauvages : Oh! que ne descen-
disse alors dans le pays des âmes I j'aurais
évité les malheurs qui m'attendaient sur la
AME
terre. (Chateaub.) H Ame pour âme, Sans res-
triction, sans réserve : Je réponds pour vous
corps pour corps et ÂME POUR âme. (Boss.) Il
Etre tout âme, Etre doué d'une excessive sen-
sibilité. Il Avoir charge d'àmes, Avoir la res-
ponsabilité du salut des âmes. Il Etoffe qui n'a
que l'âme, Qui manque de corps, de con-
sistance, de force.
— Mus. Petit, morceau de bols cylindrique
qui, placé dans l'intérieur du violon, de la
viole ou de la basse, sert d'une part à soute-
nir la table sous la pression des cordes, et de
l'autre à mettre en communication de vibra-
tion toutes les parties de l'instrument.
— Artill. Vide intérieur d'une bouche à
feu. L'âme d'une pièce ne forme qu'un cylin-
dre creux ; néanmoins, ii est d'usage do la
supposer divisée en trois parties : celle qui
est au fond de la pièce et où l'on met la
poudre se nomme la chambre; celle qui vient
immédiatement après et où se trouve le pro-
jectile, quand le canon est chargé, s'appelle
logement du boulet;' enfin, la troisième, qui
est du côté de la bouche, conserve le nom
d'âme. Dans les bouches à feu, le diamètre de
l'âme excède toujours celui du projectile : la
différence s'appelle le vent, il Dans les pièces
d'artifice, Endroit où se met la composition
détonante d'une fusée volante.
— Armur. Morceau de bois de hêtre, légè-
rement équarri et renflé vers le milieu, qui
forme une partie de la poignée d'un sabre ou
d'une épée.
— Ornith. Ames damnées, Nom vulgaire de
quelques espèces d'oiseaux aquatiques, voisins
des pétrels ; il rappelle l'agitation continuelle
de ces oiseaux, qui rasent l'eau et voltigent
avec une sorte d'inquiétude. On les trouve
dans la Méditerranée et la mer Noire.
— Iconol. La statuaire du moyen âge per-
sonnifie fréquemment les âmes. Dans les bas-
reliefs légendaires, les vitraux, les tombeaux,
les âmes sont représentées tantôt" par des co-
lombes, tantôt par depetitesformeshumaines,
jeunes, souvent drapées, quelquefois nues,
nimbées ou auréolées, ayant les bras croisés
sur la poitrine ou les mains jointes.
— B. - arts. Massif sur lequel on appli-
que le stuc, le plâtre, etc., qui sert à former
une figure, une statue : Z'âme d'une figure,
d'une statue. Il Noyau sur lequel on coule une
figure, une statue de bronze.
— Cartonn. Se dit des feuilles de carton
moulé qui sont couvertes d'une ou de plusieurs
couches de papier, il On donne encore ce nom
à la bande de carton qui, dans une boîte,
forme la gorge et porte le dessus.
— Techn. Principale partie d'une machine
ou la machine elle-même : Dans plusieurs ma-
nufactures; les ouvriers donnent la qualification
d'ÀME à leur machine. (Volt.) il Soupape de cuir
par laquelle l'air pénètre dans le soufflet :
Lorsque la languette ou la soupape d'un soufflet
est dérangée, et que l'air qui est entré dans la
capacité du soufflet en sort par quelque ouver-
ture survenue à cette soupape, les servantes
disent : Z'âme du soufflet est crevée. (Volt.) n
Menu bois, menues branches qui sont au mi-
lieu d'un fagot, h Mèche d'un cordage. Il Noyau
d'un gland de passementerie, il Petite masse
sèche renfermée dans le tuvau d'une plume.
il Nom des petites feuilles de tabac qui rem-
plissent le dedans des andouilles de tabac, n
Ame d'un rôle de tabac, Le bâton autour du-
quel le tabac cordé est monté.
— Encycl. Philos. — I. — L'âme fut d'abord
conçue, comme l'indique l'étymologie, sous la
forme d'un souffle, d une matière subtile qui
pénètre le corps. Sur la nature de cette ma-
tière, les opinions étaient diverses. Les uns
en faisaient une vapeur d'eau, les autres une
flamme, d'autres une portion de l'éther. Selon
Thaïes, Yàme était un principe de mouvement;
les pythagoriciens l'appelaient une harmonie,
un nombre qui se meut de soi-même et qui est
l'intelligence. Platon admettait deux âmes,
l'une raisonnable et immortelle, qui loge dans
la tète ; l'autre mortelle et irraisonnable, divisée
en irascible, placée dans la poitrine, et en coji-
cupiscible, qu'il mettait dans le ventre. Aristote
définissait 1 âme: Y essence, la forme, Yentéléchie
première d'un corps naturel qui a la vie en
puissance; il comptait trois âmes, répandues
dajns tout le corps : la nutritive ou végétative,
la. sensitive ou animale, et Vintellective ou ra-
tionnelle. Averroès conserva cette division, et
sa doctrine, sous diverses dénominations, sub-
sista jusqu'à Bacon, qui rejeta l'âme nutritive
pour ne garder que la sensitive et la raison-
nable. Desoartes se débarrassa de l'âme sensi-
tive en affirmant l'automatisme des animaux,
et en réduisant à un pur mécanisme celles des
facultés de l'homme qui lui sont communes
avec l'animal.
Jamais la distinction de Yàme et du corps ne
Earut mieux démontrée qu'à l'époque où régna
i philosophie cartésienne : ce fut le beau temps
du spiritualisme. Descartes considérait Yàme
comme une substance dont l'attribut est la pen-
sée, base de toutes les idées en tant qu'elles
sont idées, et le corps comme une substance
dont l'attribut est l'étendue, ayant la figure et
le mouvement pour modes. Ces deux sub-
stances, ne se supposant aucunement l'une
l'autre dans leurs attributs ou modes, étaient
évidemment distinctes ; la première ne pouvait
être conçue que comme absolument une, indi»
visible, identique à elle-même; la seconda,
que comme essentiellement divisible et varia-
AME
lie. Distincte du corps, l'âme n'était point liée
à son sort ; elle ne pouvait périr avec lui ; elle
était immortelle,
A force de distinguer Ydme du corps, le spi-
ritualisme ne se trouva pas dans un médiocre
embarras pour unir ces deux substances, qu'il
avait faites si opposées. Trois solutions prin-
cipales furent données à. ce problème, né de
l'analyse cartésienne : la théorie des causes
occasionnelles , celle de \' harmonie préétablie,
et celle du médiateur plastique. La théorie des
causes occasionnelles a été surtout développée
par Malebranche. Elle affirme que les deux
substances, àme et corps, n'ont rien de com-
mun qu'une certaine correspondance de leurs
mouvements, des modifications produites dans
chacune à l'occasion de ce qui se passe
dans l'autre , mais sans qu'il y ait action
directe de causalité de l'une sur l'autre ; que
c'est Dieu lui-même qui, en vertu des lois gé-
nérales par lesquelles il gouverne l'univers,
excite soit des mouvements dans le corps à
l'occasion des volitions de Vdme; soit des im-
pressions et des sentiments dans Yâme à l'oc-
casion de la présence des corps. La théorie de
l'harmonie préétablie, proposée par Leibnitz,
suppose qu a la création fie l'homme les deux
natures qui le composent par leur union ont
été tellement organisées et coordonnées entre
elles, que, dans leur manifestation produite-
par l'évolution de leur force interne, elles doi-
vent toujours se correspondre; comme deux
horloges montées au même instant, réglées de
la même manière, marqueraient exactement la
même heure, sans cependant agir l'une sur
l'autre et sans que l'ouvrier eût besoin d'y
mettre la main. L'hypothèse du médiateur
Elastique, soutenue par Cudworth , admet entre
àme et le corps quelque chose d'intermédiaire
3ui ne serait ni àme ni corps, mais de la nature
es deux, et qui servirait de moyen terme pour
les unir et rendre possible leur action réci-
proque. La flamme vitale de Willis, l'archée
de Van-Helmont,' le principe vital des physio-
logistes de l'école de Montpellier, ont de 1 ana-
logie avec le médiateur plastique de Cudworth.
Selon Pascal, l'union de l'âme et du corps est
inaccessible a la raison : « L'homme, dit-il, est
à lui-même le plus prodigieux effet de la na-
ture; car il ne peut concevoir ce qu'est un
corps , encore moins ce qu'est un esprit , et
moins qu'aucune chose comment un corps peut
être uni à un esprit; et cependant c'est son
Fropre être. » D'après M. Bautain , le lien de
âme et du corps n'est point une troisième
substance, mais l'esprit de l'une et de l'autre,
qui n'est ni la substance psychique, ni la sub-
stance physique, mais la propriété essentielle
des deux natures, leur produit immédiat aus-
sitôt qu'elles entrent en développement.
IL — Les philosophes spiritualistes consi-
dèrent le cerveau comme l'instrument de Y àme,
instrument nécessaire dans la vie actuelle,
condition, mais non cause du sentiment et de
la pensée. Ce rôle qu'ils assignent au cerveau
leur permet d'y localiser les iacultès intellec-
tuelles et morales et les troubles de ces facul-
tés, en mettant hors d'atteinte la croyance h
Y àme immatérielle. « Supposez un instant, dit
M. Paul Janet, que la pensée humaine soit de
telle nature qu'elle ne puisse exister sans sen-
sations, sans images et sans signes (il n'est pas
démontré qu'il ne puisse pas y avoir d'autre
pensée que celle-là) ; supposez, dis-je, que telle
soit la condition de la pensée humaine : ne
comprend-on pas qu'il faudrait alors un sys-
tèmenerveux pour rendre la sensation possible,
et un centre nerveux pour rendre possibles la
concentration des sensations, la formation des
images et des signes? Le cerveau serait, dans
cotte hypothèse, l'organe de l'imagination et
du langage, sans lesquels il n'y aurait point de
fiensée pour l'esprit humain. 11 résulterait de
a que, ae même qu'un aveugle privé de la vue
manque d'une source de sensations, et par con-
séquent d'une source d'idées, de même l'esprit
auquel manquerait une certaine partie du cer-
veau, ou qui serait atteint dans les conditions
cérébrales nécessaires à la formation des
images et des signes, deviendrait incapable de
penser, puisque la pensée pure, sans liaison
aucune avec le sensible, parait impossible dans
les conditions actuelles de notre existence
finie. » V. Spiritualisme.
Quelques philosophes se sont demandé quel
est le point au cerveau qui reçoit directement
l'action de Yàme. Descartes avait choisi la
glande pinéale ; d'autres ont préféré le centre
ovale, le corps calleux, etc.
lit. — Une autre question, qui a été l'objet
de beaucoup de controverses, est colle de l'ori-
gine de Vdme. Trois opinions ont été émises à
ce sujet : 1» la préexistence , 2° le traducia-
nisme, 3° la création par Dieu d'une nouvelle.
àme pour chaque nouveau corps.
Les partisans de la préexistence, parmi les-
- quels nous devons citer Pythagore, Platon,
Origène, Jean Reynaud, pensent que notre vie
actuelle n'est que la conséquence d'une vie
antérieure ; que par conséquent toutes les âmes
ont existé avant d'appartenir à ce monde,-et
que chacune d'elles , poussée par une force
irrésistible, choisit naturellement le corps dont
elle est digne par son existence passée, a II
faut, dit Jean Reynaud, qu'il y ait un rapport
préexistant entre les parents et l'enfant nou-
veau-né qu'ils mettent au monde... Il y avait,
des lois naturelles qui nous portaient sponta-'
nément vers notre famille, tandis que, de son
AME
côté, par une attraction correspondante, elle
nous appelait elle-même... »
D'après l'hypothèse du traducianisme, sou-
tenue par Tertullien, Luther, Leibnitz , toutes
les âmes , après avoir existé en germe dans
notre premier père , se propagent, comme les
corps , par la génération physique.
Enfin, ia plupart des théologiens enseignent
que chaque àme est créée au moment même
où elle vient s'unir au corps.
IV. — Une autre question , que le dualisme
cartésien n'a résolue qu'en réduisant la vie
à un pur mécanisme, s'impose aux spiritua-
listes et vient les diviser. Quelles sont, dans le
tout vivant qui s'appelle l'homme , les fonc-
tions auxquelles Yàme doit "nécessairement
présider , et celles qui reviennent exclusive-
ment au corps? Pour Stahl, :
tème connu sous le nom d'
intelligente est à la fois principe de vie, de
sensibilité et de raison ; l'activité intellectuelle
et inorale qui constitue notre personnalité s'i-
dentifie avec la force vitale qui se meut en
dehors de notre conscience et de notre vo-
lonté ; Yàme humaine dirige toutes les opéra-
tions de l'organisme ; les maladies sont assi-
milées à des erreurs et à des négligences de
Yàme; elles consistent souvent, la fièvre -sur-
tout, dans une lutte violente de l'dme contre les
causes morbifiques. (V. Animisme.) M. Pierre
Leroux soutient que- la mémoire peut être le
fait du corps. Maine de Birun et M. Bordas-
Demoulin n accordent à Yàme que la connais-
sance, la raison, la volonté ; ils veulent que la
sensation' et l'imagination appartienr--1 ---
e la digestion, les sécrétions.
V. — Pour les philosophes matérialistes, le
dualisme esprit et matière, âme et corps, dis-
Farait. L'âme est une formule qui exprime
ensemble des faits de sentiment, d'intelligence
et de volonté ; la pensée n'est qu'une fonction
organique toute semblable aux autres. « Poir
se faire une idée juste des opérations d'eù
résulte la pensée, ditCabanis, il fauteonsidérer
le cerveau comme un organe particulier, des-
tiné spécialement à la produire, de même que
l'estomac et les intestins sont destinés à opérer
la digestion, le foie àliltrer la bile, 'les parotides
et les glandes maxillaires et sublinguales à
préparer les sucs salivaires. Les impressions
arrivent au cerveau, le font entrer en acti-
vité , comme les aliments en entrant dans
l'estomac l'excitent a la sécrétion plus abon-
dante du suc gastrique , et aux mouvements
qui favorisent leur propre dissolution. » — « La
pensée, dit le docteur Buchner, est la résul-
tante de toutes les forces reunies dans le cer-
veau; cette résultante ne peut pas être, vue,
elle n'est, selon toute apparence, que l'effet de
l'électricité nerveuse. »
Les arguments que l'école matérialiste em-
ploie pour présenter Ydme comme une simple
tonction de l'organisation sont tirés de la
physiologie. La grandeur de l'intelligence, dit-
elle, est en rapport avec la grandeur, la forme,
la composition chimique du cerveau. Les ani-
maux qui n'ont pas de cerveau, ou qui n'en
ont que des rudiments, sont placés au plus bas
degré de l'échelle intellectuelle. Les anfrac-
tuosités du cerveau , à peine visibles chez
l'enfant, augmentent chez l'adulte, et l'activité
individuelle augmente avec elles. Le poids du
cerveau diminue en raison du degré plus ou
moins fort de la démence. Le crétinisme' pro- .
vient toujours d'une déformation du cerveau.
Presque tous les médecins sont d'accord pour
reconnaître que, dans la plupart des cas de
folie, on trouve des altérations, des lésions
dans la substance cérébrale. Le développe-
ment et l'exercice de l'intelligence développent
le cerveau, absolument comme le travail ma-
tériel développe les muscles. V. Matérialisme.
Tous ces faits, répondent les spiritualistes,
montrent que le cerveau est, dans la vie ac-
tuelle , une condition indispensable à la pro-
duction de la pensée ; mais on n'est point auto-
risé a <en conclure qu'il est le sujet même de
la pensée. D'ailleurs, ajoutent-ils, certains faits
décisifs "paraissent absolument inconciliables
avec l'hypothèse matérialiste. Un de ces faits
capitaux , souvent allégué ,■ est l'identité per-
sonnelle , laquelle se manifeste par le raison-
nement, la mémoire et la responsabilité. Rai-
sonnement, mémoire, responsabilité, supposent
un lien continu entre le moi du passé et le
moi du présent. Ce lien continu et la conscience
directe, claire et invincible que nous en avons,
dépassent la portée des explications physio-
logiques.
VI. — Le spiritualisme classique fonde la
croyance a l'immortalité personnelle sur la
persistance naturelle , nécessaire de Yàme. La
mort, dit-il, est la dissolution d'un composé
dont les parties étaient retenues ensemble par
une force appelée la vie : or Yàme est une
substance spirituelle, simple, et, comme telle,
ne peut être décomposée ; donc Yàme ne peut
La plupart des philosophes qui nient Yàme
immatérielle nient en même temps la destinée
immortelle de l'homme, sans égard pour les ar-
guments tirés des aspirations humaines, de la loi
d'harmonie, de l'ordre moral, etc. « Le déve-
loppement des facultés intellectuelles, dit M.
Cn. Vogt, marche de front avec le développe-
ment de l'organe; le cerveau, avec le perfec-
tionnement de ses parties, avec la consolidation
de sa substance , absolument de la même roa-
AME
nicre qu'en d'autres organes le développement
de la fonction marche de pair avec le déve-
loppement de l'organe. 11 faudrait, par consé-
quent, admettre pour ces fonctions la même
théorie que pour celle du cerveau, et prétendre
que les fonctions de la vue , de l'ouïe, de la
circulation du sang et de la respiration, ne sont
pas non plus inhérentes aux organes, etqu'elles
se maintiendront après l'anéantissement des
organes, de telle sorte que la vision, l'audition,
la circulation et la respiration subsisteraient
encore après la mort, alors même que l'œil et
l'oreille , le cœur et les poumons seraient de-
puis longtemps anéantis et décomposés. «.
D'autres soutiennent que la croyance à l'im-
mortalité personnelle nest point nécessaire-
ment liée à la dualité de substance , et qu'on
doit se la représenter comme donnée par le
développement des phénomènes, sous des lois
générales aujourd'hui inconnues. » L'immorta-
lité du moi, dit M. Ch. Renouvier, n'a rien
de commun avec Yàme telle que l'ont com-
prise les métaphysiciens, rien, si ce n'est par
l'effet d'une hypothèse arbitraire, bizarre,
et même grossière, des abstracteurs de sub-
stances... Il y a quelque chose qui tient du
miracle, en même temps que des illusions
les plus enfantines de la science, dans cette
hypothèse où la mort s'explique par la donnée
d une essence mortelle , tandis qu'on imagine
une essence immortel le pour fournir la garantie
de l'immortalité désirée... La philosophie doit
AME
257
3, d'après
VII. — Si Yâme est une substance simple ,
au service de laquelle le corps est momentané-
ment placé, où va-t-elle après la mort? A cette
question, diverses réponses ont été faites.
D'après la théologie catholique , elle parait
devant Dieu pour y subir le jugement appelé
particulier , qui décide de son sort éternel.
Plusieurs philosophes de l'antiquité croyaient
à la transmigration des âmes. Les uns admet-
taient qu'après la mort elles passent d'un corps
humain dans un autre de même espèce; d'au-
tres soutenaient que certaines dmes entrent
dans des corps d'animaux. C'est encore au-
jourd'hui un des principaux articles de la
croyance des Indiens. V, Métempsycose.
Cette idée d'existences successives, de re-
naissance des âmes dans des corps nouveaux,
a repris faveur de nos jours. Elle est soutenue
par deux philosophes français , MM. Pierre
Leroux et Jean Reynaud. Le premier affirme
que nos existences successives se passent sur
la terre; le second veut que «l'âme passant
d'un séjour à un autre séjour, et laissant son
premier corps pour un corps nouveau, sans
cesse variable dans sa demeure et dans son
apparence, poursuive de transmigration en
transmigration et de métamorphose en méta-
morphose le cours palingénésiaque de sa des-
tinée éternelle. »
VIII. — Ame des bêti
Aristote^ accordaient ;
sensitive. Descartes en fit de pures machines,
de véritables automates. Il craignait, sans
doute , de compliquer et de compromettre en
quelque sorte la question de Yâme et de la
destinée humaine, en reconnaissant ce que les
animaux ont de semblable à nous. D'ailleurs,
la sensibilité et les instincts des animaux ne
s'accordent pas uvec son dualisme absolu,
pensée et étendue : Yàme des bêtes fut sacrifiée
aux exigences du système. Mécanistes à ou-
trance, les cartésiens s'attachèrent à cette
opinion du maître. On sait qu'un jour, où Fon-
lenelle était venu le voir, Malebranche impor-
tuné par les mouvements de sa chienne, qui
coupait la conversation et l'empêchait de
suivre quelque raisonnement, donna a cette
pauvre uète, qui était pleine, un grand coup
de pied dans le ventre, en disant : • Ne savez-
vous pas bien que cela ne sent pas?» Condillac
et les philosophes du xvm» siècle soutinrent,
contre le cartésianisme, que les animaux aont,
dans une certaine mesure, doués de sentiment,
d'intelligence et de volonté. Ces attributs de
l'animalité ont cessé d'être mis en doute, et,
quelque distance qui les sépare des facultés
humaines , il devient difficile de refuser une
substance simple , incorporelle , une âme, aux
animaux, si l'on croit devoir en accorder une
à l'homme, ou d'en accorder une à l'homme,
si l'hypothèse matérialiste suffit pour expliquer
les facultés animales.
IX. — Ame du monde. Les anciens dési-
gnaient sous le nom d'âme du monde une force
infuse dans toutes les molécules de l'univers,
laquelle , selon eux, servait a la matière de
principe moteur et de principe plastique, c'est-
à-dire qui donnait la forme et le mouvement à
tous les êtres. Pythagore, Platon, les alexan-
drins, faisaient de l'àme du monde une sub-
stance intermédiaire entre le-Dieu suprême et
l'univers. Les stoïciens mettaient ce principe
à la place de Dieu lui-même.
Âmes (Représentation des). En donnant au
papillon le même nom qu'à l'âme, celui de psu-
clié, les Grecs voulurent sans doute exprimer
que l'âme est d'une essence légère, aérienne,
et qu'après avoir été emprisonnée dans une
grossière enveloppe, elle finit, comme le pa-
pillon, par briser ses entraves et prendre son
essor versje palais de l'Ether, vers les étoiles
qui furent, suivant Platon, sa demeure primi-
tive. Le mythe de Psyché, l'un des plus purs
et des plus gracieux de l'antiquité, nous offre,
d'ailleurs, la personnification de Yâme sous les
traits d'une belle jeune fille ayant des ailos de
papillon. Ce}te figure se reproduit souvent sur •
tes monuments antiques ; quelquefois elle est
voilée, comme les nouvelles mariées, et cache
dans son sein un papillon : allusion a l'hymen
de l'Amour et Psyché, qui lui-même symbolise
l'alliance deTâme et de l'amour divin. (V. les
mots Psyci;:;, Amour et.Pstché.) Lorsque les
et la consécration dateurs s
, ils représentèrent l'aigle et le paon,
oiseaux consacrés à Jupiter et à Junon, volant,
les ailes déployées, et emportant au ciel Yàme
de l'empereur ou de l'impératrice, figurée en
buste. C'est au même titre symbolique , que
l'image du phénix apparaît dans les ouvrages
de ce genre, accompagnée des mots ^îternitas,
conskcratio. Cet oiseau merveilleux, qui, d'a-
près la croyance populaire, avait le don de
renaître de ses cendres, fut adopté par les pre-
miers chrétiens comme un emblème de la ré-
surrection et de l'immortalité de l'âme. On le
rencontre fréquemment sur les pierres sépul-
crales des catacombes et sur les sarcophages
des premiers siècles du christianisme. L'allé-
gorie païenne de l'apothéose fut également
reproduite par les peintres et les sculpteurs du
moyen âge, mais transformée, modifiée dans
le sens des idées chrétiennes. L'dme des saints
fut représentée sous la forme d'une petite
figure humaine, couronnée d'un nimbe ou d'une
auréole, et enlevée au ciel par dos anges. C'est
ainsi que nous voyons personnifiées : l'âme de
saint Alexandre.de Thessalonique , dans une
miniature du Mônologe gre;: ae l'empereur
Basile le Jeune (isc ou xe siècle) ; l'âme de la
Vierge, dans une sculpture byzantine dont
M. Du Sommerard a publié un dessin dans son
Album des arts au moyen âge; le même sujet
dans une miniature du xivc siècle, reproduite
dans les Annales de la philosophie chrétienne
(XVIIIe vol., p. 438) ; l'àme de saint Ambroise,
clans le magnifique bas-relief, ciselé sur lames
d'or, qui orne le revers de l'autel de l'église
consacrée à ce saint, à Milan ; l'âme du baron
de Dalmace, père de saint Hugues, et d'Her-
mengarde ou Hélie, femme du duc Robert I",
dans un bas-relief du portail de l'égliso de
Saint-Hilaire, à Semur en Brionnais. Il est à
remarquer que dans les productions de l'art
byzantin cette figure de l'âme est ordinaire-
ment enveloppée de bandelettes ; dans celles
des Italiens, au contraire, elle est entièrement
nue et sans sexe. « Ne peut-on pas voir dans
cette différence des idées, dit M. Guénebault,
l'origine des deux écoles : l'une, toujours sta-
tionnaire, nous formule dans ses figurés l'art
emprisonné et comme au berceau ; 1 autre, tout
impressionnée de l'art antique, laisse au corps
sa liberté en le débarrassant de ses entraves. »
De nombreuses variantes s'introduisirent,
d'ailleurs, dans ces sortes de béatification et
d'assomption de l'âme. Au milieu des saints et
des saintes qui entourent sainte Elisabeth de
Hongrie, couchée sur son tombeau dans l'eglisc
de Marbourg (xin<= siècle), on voit Jésus-Christ
lui-même tenant l'àme ae la vertueuse prin-
cesse. Dans une miniature du xivo siècle, citée
par M. Guénebault. l'âme de saint Dominique
monte les degrés d une échelle qui la conduit
au ciel. L'initiale A d'un Antiphonaire de la
même époque représente saint Bernard à ge-
noux, portant son âme dans ses mains ; de sa
bouche sort une banderole sur laquelle on lit :
Ad te levavi animam meam, Domine (J'ai élevé
mon âme vers toi, Seigneur) I Une composition
non moins bizarre orne le tombeau de Dagobert,
à Saint-Denis ; l'àme du roi est placée dans une
barque que cherche à entraîner une bande de
démons; saint Denis intervient fort à propos
pour sauver l'ami de saint Eloi. Une peinture
sur bois du xive siècle, gravée dans l'ouvrage
de d'Agincourt (Peinture, pi. cxxxm, n° 3),
nous montre le bon larron enlevé au ciel par
des anges. Masaccio reproduisit le même sujet
dans une fresque où il ajouta, comme contraste,
l'urne du mauvais larron emportée par des
diables. L'idée de représenter des anges et des
démons se disputant les âmes inspira aux ar-
tistes de la primitive école italienne des com-
positions tres-fantastiques : un chef-d'œuvre
du genre est le célèbre Triomphe de la mort
(V. ce mot), qu'Orcagna peignit dans le Campo-
Santo de Pise. Mais c'est d'ordinaire dans les
scènes du jugement dernier (V. ce mot) que
les artistes se plaisaient à évoquer les âmes.
Une sculpture très-intéressante sous ce rap-
port est celle qui décore le tympan de la porte
du midi de la cathédrale de Rouen. Sur un
chapiteau du portail de l'église de Saint-Tro-
phime, a Arles, on voit, d'un côté, les âmes
des bons présentées au jugement suprême par
un ange et protégées par leurs saints patrons ;
de l'autre, les âmes des méchants chassées du
paradis. Les iconographes donnent le nom de
psychopompie à cette conduite des âmes par
les anges. La psychostasie ou pesée des âmes
est un autre épisode de ce drame étrange : elle -
ligure sur le tombeau d'un moine au couvent
de Podia, dans le Milanais (1095), sur le tym- -
pan du portail de Notre-Dame de Paris, et sur
celui du porche de la cathédrale d'Autun: elle
a été peinte sur un vitrail de la cathédrale de
Bourges et gravée sur boisdans YArsmoriendi.
(Bibl. Impér.) Cette dernière image offre une
particularité intéressante : dans un des pla-
teaux de la balance divine se trouvent placés
une petite maison, un sac d'argent et divers
I autres objets qui désignent les passions de
33
AMË
n'ont plus rien, d'ailleurs, cfes anciens carac-
tères symboliques : elles sont tantôt vêtues,
tantôt nues, et, dans ce dernier cas, les sexes
sont parfaitement indiqués. La pesée des âmes
est peinte d'une façon admirable dans le Juge-
ment dernier de Van der Weyden l'aîné, qui
appartient à l'hôpital de Beaune (Côte-d Or),
et dans celui de Memling, à Notre-Dame de
Dantzig. (V. au mot Jugement la description
de ces deux chefs-d'œuvre). M. Valéry ( Voyage
d'Italie, IV, p. 97) cite une fresque de Saint-
Laurent-hors-les-murs, représentant l'âme de
saint Michel- pesée par les démons : raillerie'
passablement irrévérencieuse. Quelquefois, les
âmes des élus sont portées dans une espèce de
nappe où de linceul que tient Dieu le Père lui-
même (pierre tombale du xne siècle, dans l'é-
glise de Mussy (Aube), ou Abraham (vitrail de
Bourges). Citons encore une production très-
originale, mais plus récente, la gravure d'un
livre qui a pour titre : Thésaurus litaniarum
sacer. Cette estampe pourrait s'intituler Dia-
logue entre une âme damnée et son corps dans
un cimetière. Une bière entr'ouverte laisse
voir un cadavre assis et discutant avec son
âme : celle-ci est debout, enchaînée, et sort de
l'enfer pour reprocher au corps avec lequel
elle fut unie de l'avoir damnée pour l'éternité.
Lorsque les productions de l'idéalisme chré-
tien eurent cessé d'être comprises et goûtées,
les artistes renoncèrent aux représentations
symboliques de l'âme. La fable de Psyché
continua seule à être interprétée dans des
compositions faites pour charmer les sens
plutôt que l'esprit. De nos jours, Vécole alle-
mande, entraînée par ses tendances mystiques,
s'est efforcée de rajeunir les anciens symboles
et a remis en scène les personnifications allé-
goriques du moyen âge. Quelques artistes
Français se sont lancés dans la même voie.
Un peintre de talent, M. Janmot, élève de
M. Ingres, a exposé en 1855, sous ce titre :
Y Ame, poème en dix-huit tableaux, une série
de compositions dont il a lui-même publié le
commentaire et la description en vers. Cet ou-
vrage a été très-remarque, et a obtenu, sous
le rapport de la poésie, de nombreux et légi-
times éloges. Après nous avoir montré l'âme
prenant naissance dans le sein de l'Eternel
(Génération divine de l'âme humaine), les anges
étreignant dans leurs bras les âmes nouvelle-
ment engendrées et les descendant sur la terre
{Passage des âmes), M. Janmot déroule sous
nos yeiix divers épisodes du pèlerinage de
l'âms.dans le sentier périlleux de la vie. Pour
rendre son poème plus attachant, il a mis en
scène deux âmes , l'une sous les traits d'un
jeune homme, l'autre sous ceux d'une jeune
fille : les deux voyageurs gravissent cote à
côte les pentes escarpées de la montagne, s'en-
courageant et s'aidant à surmonter les obsta-
cles; parvenus au sommet, ils commencent à
entrevoir les splendeurs célestes ; lajeune fille,
ravie d'admiration, prend la première son vol
vers l'empyrée; le jeune homme, qui a essayé
de la suivre, retombe lourdement sur la terre ;
a genoux sur la tombe de sa compagne, les re-
gards fixés sur la croix, il attend impatiemment
1 heure de la délivrance.
"Winckelmann a publié (Momtmenli incditi,
n<> no), d'après une pâte antique, une allégorie
où il est difficile de méconnaître l'immortalité
de l'âme: on y voit Platon assis, tenant un
livre, et méditant profondément à la vue d'une
tête, de mort, sur laquelle est posé le papillon
symbolique.
— Syn. Ame faible, cni-nclèro faible, cn-tir
faible, esprit faible. Une âme faible se laisse
aller à ceux p,ui la gouvernent. Un cœur faible
ne résiste point à la séduction. L'esprit faible
reçoit les opinions sans examen. Le caractère
faible tient à la fois à la faiblesse du cœur et
à la faiblesse de l'âme, et souvent à celle de
l'esprit.
— Antonymes. Corps, matière.
, raisonnable, sensible , spirituelle .
siere , errante , fugitive t aveugle , égarée ,
émue, agitée, inquiète, irrésolue, flottante,
incertaine , étonnée , épanouie , oppressée ,
abattue, flétrie, abâtardie. — Bonne, dévouée,
désintéressée, aimante, belle, noble, grande,
forte, généreuse, courageuse, élevée, héroïque,
candide, douce, tendre, vertueuse, égale, ex-
pansive, vive, altière, superbe, fière, orgueil-
leuse, vulgaire, basse, vile, abjecte, intéressée,
avare, sordide, mercenaire "Art,ilA ^«:ki~
■ dure, noire, cruelle, atroce.
— Prov. littér.
is jeune, il est vrai, mais
AMÊ
vénale, faible,
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Allusion à un passage du magnifique dialo-
Eue dans lequel le jeune Rodrigue provoque
> comte (le Cid, tragédie de Corneille, acte II,
scène n). Le comte, qui est le plus vaillant
fuerrier de l'Espagne, et qui a insulté le père
e Rodrigue, dédaigne d'en rendre raison à
celui-ci, à cause de sa jeunesse :
le comA.
Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître,
Kt pour leurs coups d'essai veulent des coups de
Dans l'application, les deux vers dont il s'agit
sont cités le plus souvent sur le ton de la plai-
santerie, et en variant sur le mot valeur,
A une représentation du Cid, dans laquelle
le célèbre Baron, âgé alors de plus de soixante-
quinze ans, jouait le rôle de Rodrigue, il excita
1 hilarité générale lorsqu'il récita ces deux vers :
Je suis jeune, il est vrai...
Il
« Messieurs, dit-il, je vais recommencer en-
core, mais je vous préviens que, si l'on rit de
nouveau, je quitte le théâtre pour n'y plus re-
paraître. « Et on se le tint pour dit.
Dans la littérature, les deux beaux vers de
Corneille sont l'objet de fréquentes allusions :
« Ne croyez pas, madame, que je me sois
fort tourmenté des disgrâces de ma Chloé. Je
n'ai pas perdu un coup de dent ni une partie
devolantquandj'ai trouvé des joueuses comme
mesdemoiselles vos filles. Cela est rare mal-
heureusement, et surtout ici.- Les demoiselles,
en Italie, ne jouent guère au volant; elles ont
des pensées plus sérieuses, et Vamourn'altend
pas le nombre des années , aux filles bien nées ,
s'entend , comme elles sont toutes en ce
pays-ci. » P.-L. Courier.
« Je serai obligé de mettre ce domestique à
la porte pour soustraire mon mobilier à ses
mains meurtrières , et par suite de ce coup
d'Etat, ^Enéas, audacieux négrillon en. qui
l'intelligence n'a pas attendu le nombre des an-
nées, mon groom, dis-je, se trouvera probable-
ment élevé à la dignité de valet de chambre. »
Cn. de Bernard.
« Il m'a été dit, écrit M. Home, par une
tante et par d'autres personnes, que, étant
enfant, mon berceau était fréquemment ba-
lancé, comme si quelque esprit tutélaire eût
veillé sur mon sommeil. » Cette première ba-
lançoire fut suivie de beaucoup d'autres. A
quatre ans, il eut une vision ; c'«
jeune; mais, comme dit le poëte
Lavî
Oscar Comettant.
Ame en peine (L'), opéra en deux actes, de
M. de Saint-Georges, musique de M. de Flot-
tow, représenté à Paris le 29 juin 1846. Plu-
sieurs airs d'une facture distinguée, interpré-
tés avec goût par Roger, ont fait apprécier
au public parisien le talent de l'auteur, un peu
oublié, du Naufrage de la Méduse, opéra qui
avait eu cinquante-quatre représentations con-
sécutives sur le théâtre de la Renaissance,
en 183S.
AMÉ, ÉE adj, (a-mé — contract. de aimé).
Terme de chancellerie employé autref. pour
aimé, dans les lettres et les ordonnances des
rois do France : Notre très-AMÈ frère. A nos
amés et féaux conseillers. Nos amés et féaux
les gens tenant notre cour de parlement. (Acad.j
Henri V, d'Angleterre, nomma son très- ame
fils Henri, héritier, régent du royaume. (Volt.)
— Subst. et ironiq. Serviteur fidèle, ami
dévoué, partisan : Pour monter cette machine
gouvernementale, je vous enverrai quelques-uns
de nos amés, avec une vingtaine de préfets.
(P.-L. Cour.j
AMÈBE s. m. (a-mè-be — du gr. ameibâ,
je change). Infus. Genre d'animalcules in-
fusoires qui se produisent dans les eaux
stagnantes. On dit mieux amibe.' -
AMÉbé, ÉE adj. (a-mé-bé — rad. amèbe).
Infus. Qui ressemble à un amèbe.
— s. m. pi. Famille d'infusoires ayant pour
type le genre amèbe. On dit mieux amibées.
V. ce mot.
AMÉBÉE adj. (a-mé-bé — du gr. amoibaios ,
alternatif; formé de ameibo, j'échange). Versif.
anc. Se dit d'un chant en dialogue où deux
interlocuteurs se répondent par des couplets
ordinairement de même longueur : La troi-
sième églogue de Virgile offre unmodèle d'une
petite pièce amébée. Il Vers amébées, Vers em-
ployés dans ce genre de poésie.
améçant (a-mé-san) part. prés, du v.-
Amécer.
AMÉCÉ, ÉE (a-mé-sé) part. pass. du v. Amé-
cer : Vigne amécée.
amécer v. a. ou tr. (a-mé-sé — Le c du
rad. améc prend la cédille toutes les fois que
la terminaison commence par un a ou un o :
Nous améçons, il améça. — L'é fermé du ra-
dical se change cn è ouvert devant une voyelle
muette : J'amèce, excepté au futur et au con-
ditionnel, où \'é ferme est conservé). Agric.
Tailler tousles sarments faiblesd'une vigne, et
n'en laisserqu'un seul qu'on taillera plus tard.
AMED s. m. (a-mèdd). Comm, Droit que
payent, en Turquie, les marchandises indi-
gènes que l'on exporte.
AMÉDÉE s. ni. (a-mé-dé — à'Amédée, n.
pr.), Entom, Genre d'insectes diptères, fondé
AMË
sur une espèce unique trouvée à La Rochelle,
par M. Amédé.e de Saint-Fargeau fils.
AMÉDÉE. nom commun à plusieurs comtes
et ducs de Savoie. V. Savoie.
AMEILHON (Hubert- Pascal), érudit, né à
Paris en 1730, mort en 1811. Membre de l'Aca-
démie des inscriptions, il rendit de grands Ser-
vices aux sciences historiques par de profondes
recherches sur diverses parties de l'histoire
ancienne. On lui doit la continuation de l'His-
toire du Bas-Empire, de Le Beau. Conserva-
teur de la bibliothèque de l'Arsenal, il préserva
peut-être de la destruction, ou au moins de la
dissémination, une multitude de volumes et de
manuscrits confisqués pendant la Révolution.
Parmi ses écrits, on estime surtout l'Histoire
du commerce, et de la navigation des Egyptiens
sous les Ptolémées, 1766.
AMEILLEURER v. a. ou tr. (a-mé-lleu-ré, Il
mil. —rad. meilleur). Rendre meilleur : De-
puis les quelques, jours de son départ, its n'a-
vaient jamais manqué de recevoir de ses nou-
velles tous les soirs, avec quelques gracieusetés
qui ameilleuraient leur vie. (Ch. Nod.) Il Ce
néologisme n'a pu prévaloir contre l'usage.
On dit plutôt AMÉLIORER.
AMÉIVA ou améive s. m (a-mé-i-va, ve
— motbrésil.). Erpét. Genrec e reptiles de l'or-
dre des sauriens et de la famL le des lacerliens
ou autosaures, très-voisin de ; lézards.
améivadé, ée adj. (a-mi -i-va-dé — rad.
améiva). Erpét. Qui ressemble à l'améiva.
— s. m. pi. Famille de reptiles sauriens qui
a pour type le genre améiva.
AMÉLANCHE s. f. (a-mé-lan-che). Fruit
de l'amélanchier.
AMÉLANCHIER s. m. (a-mé-lan-chié). Bot.
Espèce d'alisier, appartenant à la famille des
rosacées, tribu des pomacées , et renfermant
plusieurs arbrisseaux dont les fruits sont
comestibles.
amêléon s, m. (a-mé-lé-6n). Nom donné
à un cidre de Normandie.
• AMÉLÈS s. m. (a-mé-lèss — du gr. amtlês,
négligent). Entom. Section du geme niante
(mantis), dans laquelle Burmeister faisait
entrer quatre espèces se distinguant par le
peu de longueur du piothorax.
AMELETTE s. f. (a-me-lè-te — diminut.
de âme). Vieux lang. Petite âme. On disait
aussi amette. V. ce mot.
— S'est dit pour omelette.
AMÉLÉTIE s. f. (a-mé-lé-tî — du gr. ame-
lêiosj négligé). Bot. Genre de plantes de la
famille des lythracées ou lythrariées, dont on
ne connaît qu'une espèce, qui croît dans l'Inde.
AMELGA1ID, prêtre belge, vivait à Liège
vers la fin du xve siècle. Il fut, dit-on, chargé
par Charles VII de la révision du procès de
de ce prince que d'autres attribuent à Basin,
et une histoire de Louis XI, manuscrit inédit
conservé à la Bibliothèque impériale.
AMELIA, ville des Etats du pape, au N.-O.
de Spolète; 5,500 hab. Siège d un évêché;
récolte de raisins excellents. C'était V Amena
des Romains, l'une des villes les plus anciennes
de l'Onibrie, patrie de Roscius, client et ami
de Cicéron.
AMELIA, île des Etats-Unis, dans l'océan
Atlantique, sur la côte orientale de la Floride ;
sol très-fertile; excellent port.
AMÉLIE (Anne),sœur de Frédéric le Grand,
née en 1723, morte en 1787. Elle cultiva la
musique avec passion et composa sur la mort
de Jésus (texte de Kamler) un oratorio cité
comme un morceau extrêmement remarquable.
AMÉLIE, duchesse de Saxe- Weimar, veuve
du duc Ernest-Auguste-Constantin, née en
Italie en 1739, morte en 1808. Elle gouverna
avec habileté et sagesse, encouragea le com-
merce et l'industrie, les lettres et les arts, créa
une foule d'établissements utiles, et fit de sa
capitale l'Athènes de l'Allemagne, en fixant à
sa cour les plus beaux génies contemporains,
Wieland, Goethe, Herder, Musoeus, Schil-
ler, etc. En 1775, elle remit les rênes du gou-
vernement à son fils, et fit, en 1788, le voyage
d'Italie en compagnie de l'illustre auteur de
Werther.
AMÉLIE (Marie- Frédérique-Augusta), sœur
du roi de Saxe Frédéric- Auguste H, née en
1794. Il fut un moment question, en 1810, de
lui faire épouser Napoléon. Elle a consacré
ses loisirs à la culture des arts, de la poésie et
de la musique. Ses drames et ses comédies,
représentés sous le voile de l'anonyme (Amé-
lie Heiter) ont eu sur les scènes de l'Allemagne
le plus brillant succès. Ses œuvres drama-
tiques, publiées à Dresde (1837-42), ont été en
partie traduites en français par M. Pitre-Chè-
valier. Ces pièces, empruntées pour la plupart
au genre bourgeois, et auxquelles on peut
reprocher l'absence du vis comica, sont :
Vérité; l'Oncle; l'Hôte; la Fiancée du Châ-
teau, imitée à Paris (1840), sous le titre de
Une Femme charmante ; le Cousin Henri ;
l'Anneau de mariage; le Beau-Père; la Demoi-
selle de village, et l'Héritier du majorât.
AMÉLIE (Marie-Frédérique) , ex-reine de
Grèce, née en 1818. dans le grand-duché d'Ol-
denbourg, épousa en 1836 Othon 1er, qu'une
révolution précipita du trône de Grèce en 1862.
Aujourd'hui, elle vit retirée à la cour de
Bavière.
AMË
AMÉLIE, reine de France. V. Makie-Amélib.
AMÉLIE-LES-BAIKS, village du dép. des
Pyrénées-Orientales, arrond. et à 5 kil. de
Céret; très -bel établissement d'eaux ther-
males, sulfurées, iodiques, connues dès l'é-
poque romaine. Elles émergent par dix-sept
sources principales de roches felspathiques.
L'établissement thermal, beaucoup plus ancien
que le village, date certainement des Romains,
et il fut donne en 786 par Charlemagne à un
couvent de bénédictins qui le conserva jus-
qu'à la Révolution.
Amélie, roman de Fielding, qui parut en
1751, et qui fut son dernier ouvrage impor-
tant. L'idée morale qui y domine rachète bien
des défauts et doit tenir lieu de plus d'un
mérite. Presque tous les romanciers ont cher-
ché dans l'amour une source d'effets drama-
tiques; voilà pourquoi ils ont peint des amants"
plutôt que des époux. Fielding semble avoir
eu pour but de réhabiliter le mariage et de
faire mieux sentir le prix des jouissances
domestiques. Il représente un couple aimable
et heureux en dépit du sort. Amélie est un
caractère admirablement conçu. Sa patience
angélique, son indulgence pour les torts de
son mari, sa résignation au milieu de la plus
affreuse détresse, offrent un modèle de vertus
conjugales auquel on ne saurait rien compa-
rer. Booth , l'époux d'Amélie, est beaucoup
moins intéressant. Il a un fond de faiblesse
et d'indécision qui rend son rôle tout à fait
passif et presque nul. Son infidélité envers
femme accomplie, son extravagance a
>yanceet~~ J —
ie. Lady Montagu, dans s:
pondance, prétend que « Fielding a tracé dans
les personnages de M. et M»"> Booth un por-
trait fidèle de lui-même et de sa première
femme, et elle est persuadée que plusieurs des
incidents qu'il raconte sont des faits réels. »
Plusieurs autres caractères 'sont tracés avec
la précision ordinaire de Fielding, et font lire
A mélie avec plaisir : tels sont ceux de miss
Matthews, du colonel Bath et du savant Har-
rison. Néanmoins, on commence à s'aperce-
voir, dans cet ouvrage, du progrès de 1 âge et
du refroidissement de l'imagination cheî l'au-
teur; on y trouve des conversations intermi-
nables et des digressions prolongées quelque-
fois outre mesure. On y reconnaît, il est vrai,
plusieurs des qualités distinctives de Tom
Jones, telles que la finesse d'observation et la
fidélité des peintures morales ; mais une mono-
tonie fatigante règne d'un bout à l'autre de ce
livre ; les personnages se retrouvent toujours
dans une situation uniforme ; leur détresse
naît des mêmes causes et ramène les mêmes
incidents. De plus, quelques scènes se res-
sentent du détaut absolu de délicatesse qui
caractérise l'auteur et de la compagnie qu'il
fréquentait à cette époque, ce qui faisait dire
malignement h Richardson que, s'il n'avait pas
connu là profession de Fielding, il l'aurait pris
pour un palefrenier, à la lecture de ses ou-
vrages. Un détail assez curieux au sujet de ce
roman, mais qui se reproduit assez souvent
dans l'histoire des lettres, c'est que l'œuvre
secondaire, Amélie, fut achetée 1,000 liv. sterl.
par le libraire Millar, qui n'avait payé que
600 liv. Tom Jones, le chef-d'œuvre de l'auteur.
Amélie de Mnnsfidd, roman de Mme Cot-
tin. L'auteur a voulu, dans cet ouvrage, mon-
trer a quel excès de malheur peut conduire
l'amour, même le moins coupable, et à quel
point l'orgueil peut endurcir le cœur; mais pour
taire ressortir ces deux grandes vérités, elle
a mis parfois de l'exagération dans plusieurs
de ses tableaux, et s'est écartée souvent de la
vraisemblance. La partie la plus brillante de
cette production, où l'on trouve une foule de
scènes attendrissantes et des détails enchan-
teurs, est sans contredit le style, qui, dans ce
roman en lettres, doit son charme à son extrême
variété.
AMÉLIORABLE adj. (a-mé-li-o-ra-ble —
rad. améliorer). Qui peut être amélioré : Ce
terrain est difficilement améliorable.
AMÉLIORANT (a-mé-li-o-ran) part. prés,
du v. Améliorer : Il est devenu le bienfaiteur
des pauvres en améliorant les asiles du mal-
heur. (Cuvier.)
améliorer, à accroître la fécondité du s
En agriculture, il y a des plantes améliorantes
et des plantes épuisantes, .
AMÉLIORATEUR, TRICE OU AMÉLIORA-
TIF, ive adj. fa-mé-li-o-ra-teur, tri-se;
tif, ti-ve — rad. améliorer). Qui peut, qui est
de nature à améliorer.
amélioration s. f. (a-mé-li-o-ra-si-on
— rad. améliorer). Changement en mieux;
meilleur état; progrès dans le bien : Il y a
une grande amélioration dans l'état de ce
malade. (Acad.) La croissance intellectuelle
n'est pas moins indispensable que /'améliora-
tion matérielle. (V. Hugo.) ^'amélioration
de tous par tous, c'est ta civilisation même.
(V. Hugo.) C'est une grande erreur de cioire
que les améliorations matérielles qui n'amè-
nent pas un progrès de l'esprit et de la morale
aient par elles-mêmes quelque prix. (Renan.)
— Absol. : L'abus est constamment plus fort
en France que {'amélioration. (Balz.) Toutes
'-- ■--- l'enchaînent; l'uv —'---
AME
>N. (Villem.) Le but de la dispute
ou de la discussion ne doit pas être la vic-
toire, mais ^'amélioration. (Joubert.)
— Particulièrem. Les réparations, les em-
bellissements, les agrandissements qu'on fait
dans un fonds de terre ou dans une ferme,
dérables dans sa terre. Cette ferme a reçu, de
grandes^ améliorations. On est obligé de payer
les améliorations à un.possesseur de bonne foi
que l'on dépossède. (Acad.) C'est par la cul-
ture que se sont introduites chez nous les amé-
liorations les plus utiles. (Math, de Dom-
basle.) Toute amélioration du sol et des pro-
cédés de culture est un moyen sûr et durable de
richesse. (J. Sim.)
— Jurispr. Améliorations nécessaires, Celles
qui sont indispensables pour ne pas laisser
dépérir le bien, il Améliorations utiles, Celles
qui donnent au bien une plus grande valeur,
et sans lesquelles cependant il ne dépérirait
pas. il Améliorations voluptuaires, Améliora-
• tions de luxe, d'agrément, de fantaisie.
— Encycl. Droit. L'usufruitier ne peut, à la
cessation de l'usufruit, réclamer aucune indem-
nité pour les améliorations qu'il prétendrait
avoir faites, encore que la valeur de la chose
n fût augmentée. Toutes les fois qu'il est pris
.._i- •- e pour Yamélio-
ir la communauté i _
ration des biens personnels de 1 un des époux,
celui-ci en doit la récompense.
— Antonymes. Adultération,
dégénération , dégén '
iétérior-i:-- '—
1 , corruption ,
■„ , ■ -„ , dégradation,
détérioration, empirement, endommagement,
pervertissement.
liorée. Terres améliorées par la culture.
— Par anal. : La pièce reparut, habilement
corrigée et AMÉLioRÉEpar l'auteur. (Walcken.)
C'est par le mariage que la condition des
femmes a été améliorée. (P. Leroux.)
Améliorer v. a. ou tr. (a-mé-li-o-ré —
du lat. melior, meilleur). Rendre meilleur;
mettre dans un meilleur état : Cette succes-
sion a amélioré ses affaires. Le régime a fort
amélioré sa santé. (Acad.) Le bœuf améliore
le fonds sur lequel il vit et engraisse son pâtu-
rage. (Buff.) Quelques hommes religieux ont
entrepris ^'améliorer l'état des prisons. (A.
de Tocquev.)
— Par anal. : On améliore le peuple en lui
donnant du travail. On améliore le sort des
hommes en propageant la morale et l'industrie.
(J. Droz.) L'homme ne pense que pour amélio-
rer son sort et celui des autres hommes. (Cus-
tine.) La philosophie doit être une -énergie ;
elle doit avoir pour effort et pour effet cf amé-
liorer l'homme. (V. Hugo.) Instruire le peuple,
c'est /'améliorer. (V. Hugo.) On ne peut amé-
liorer les hommes sans les éSlairer. (Ch\ Fau-
vety.) Donnons aux classes laborieuses les
moyens puissants, et surtout les moyens hon-
nêtes d' améliorer leur sort. (Ch. Dupin.) Ne
flétrissez pas l'homme que vous voulez amélio-
rer. (Ballanche.) Tout ce qui élève l'homme et
le ramène au soin de son âme /'améliore et
l'épure. (Renan.)
— Absol. : Punir est juste,
.st jt...,
charitable. (V. Cousin.) La loi préfère frapper
plutôt que ««'améliorer. (Raspail.)
— Particulièrem. Faire dans un fonds de
terre ou dans une maison des travaux qui
sont de nature à en augmenter la valeur ou
le revenu : On améliore considérablement un
terrain par le drainage. Il a fort amélioré
cette métairie en faisant rétablir les bâtiments,
qui tombaient en ruine. (Acad.) Esclave des
méthodes que ses pères lui ont transmises, l'a-
griculteur ne se doute même pas qu'on puisse
les améliorer. (Chaptal.)
— Ane. chim. Améliorer un métal, L'épurer.
S'améliorer, v. pr. Devenir meilleur : Sa
santé s'améliore de jour en jour. (Acad.) Le
pain s'est amélioré partout. (Proudh.)
— Par anal. : Le devoir de l'homme est de s'a-
méliorer continuellement. Les mœurs se sont
améliorées. Les générations se suivent et s'a-
méliorent. (Proudh.) S'instruire, c'est s'amé-
liorer. (B. Delessert.) On ne s'améliore pas
en vain, on ne souffre pas inutilement : Lieu
est un maître équitable'qui récompense chacun
selon ses œuvres, et surtout selon ses peines.
(Mme E. de Gir} V
— Antonymes. Abâtardir, adultérer, ava-
rier, corrompre, dégrader, dépraver, détério-
rer, empirer, endommager, gâter, pervertir,
AMÉLIOrissement s. m. (a-mé-li-o-ri-se-
man — rad. améliorer). Dans l'ordre de Malte,
se disait pour Amélioration : Dans l'ancien
ordre de Malte, quand un commandeur avait
amélioré son bénéfice par des réparations con-
sidérables, il passait à une commanderie plus
importante par droit <2'améliorissement\
amellau s. m. (a-mèl-lô — du patois
provenç. amella, amande). Variété d'olive
très-estimée dans le Midi.
AMELLE s. f. (a-mè-le — du lat. amellus,
plante chantée par Virgile). Bot. Genre de
plantes exotiques appartenant à la famille
des composées, tribu des astérées, renfermant
une douzaine d'espèces, originaires du cap de
Bonne-Espérance, et dont plusieurs sont cul-
tivées en Europe comme plantes d'ornement.
AMELLÉ, ée adj . (a-mèl-lé - rad. amelle).
AME
i amelle. Il On dit
— s. f. pi. Division de la sous-tribu des
astérinées, famille des composées, ayant pour
type le genre amelle.
AMELLIÉ s. m. (a-mèl-li-é — du patois
provenç. amella, amande). Bot. Nom vulgaire
de l'amandier, dans quelques parties du midi
de la France.
AMELLOÏDÉ, ÉE adj. (a-mèl-le-i-dé — de
amelle, et du gr. eidos, ressemblance). Bot.
Syn. de amelle.
AMELOT DE LA HOCSSAYE ( Abraham -
Nicolas), publiciste, né à Orléans en 1634,
mort à Paris en 1706. Il est auteur d'une His-
toire.du gouvernement de Venise, 1676, rem-
plie de traits satiriques, et qui a conservé de
l'intérêt, ainsi que de différentes traductions,
entre autres celle du Prince, de Machiavel.
On a aussi de lui dès Mémoires historiques
très-piquants , Paris , 1722. Cet historien se
distingue par l'exaetitudeavec laquelle il rap-
porte les faits, mais son style est dur et peu
AMELOTTE s. f. Mar. V. Amolettb.
AMEN (a-mènn — mot hébr. qui signif.
ainsi soit-il). Terme par lequel se terminent
presque toutes les prières de l'Eglise catho-
lique : Le prélat fait l'action de grâce; l'assis-
tant répond amen. (Chateaub.)
Ave! dit-il. Amen, dit l'assistance,
En gémissant. C. Delaïicne.
— Par ext. et familièrem., S'emploie dans
le langage ordinaire pour exprimer que l'on
approuve une chose, qu'on y consent : Dire
amen. Il dit amen à toutes les propositions
qu'on lui fait. (Acad.) Adieu, chère enfant; ne
vous amusez pas à me répondre par une grande
lettre; songez que voilà bien des discours où
vous n'avez qu'à dire amen. (Mme de Sév.)
Allons, explique-toi là-dessus, car je voudrais
te dire amen pour qu'il n'en fût plus question.
(G. Sand.) SU vous échappe une indiscrétion,
messieurs, dit-il, j'aurai votre sang ou vous
aurez le mien. — Amen, lui répondit Gobseck
en serrant ses pistolets. (Balz.) Allez donc, et
que Dieu vous conduise! — Amen, répondit le
jeune homme en partant au galop. (Alex. Dum.)
Le ciel les a créés pour tirer seuls profit des
révolutions qu'ils n'ont pas faites^ pour dire
amen à tous les pouvoirs. (Durozoïr.) il Se dit
ironiquem. dans le même sens que ainsi soit-il,
à un interlocuteur qui vient de finir un long
discours dont on est satisfait de voir la fin :'
Vous avez fini? AmenI
— Prov, Depuis Pater jusqu'à amen, Depuis
le commencement jusqu'à la fin : 77 m'a tout
dit, tout conté, depuis Patér jusqu'à amen, h
Il est toujours là pour dire amen, Se dit de
quelqu'un, qui trouve toujours quelque chose
à ajouter à ce qu'on vient de dire, ou qui ap-
prouve tout.
— Substantiv. : Dire un amen. J'ouvrais la
bouche comme les autres , imitant autant que
possible les eleison ou les amen qui servent de
répons aux couplets les plus profanes. (Gér. de
Nerv.) n PI. des amen.
— Encycl. Le mot ai
liturgie des trois religii
mahométane. Au cou
(Amen,dico vobis) le
est usité dans la
juive, chrétienne,
icement d'une phrase
t amen marque l'affir-
vérité, certainement.
Répété deux fois de suite, il a la force du
superlatif. Les Abyssins appellent amen le
sacrement de l'eucharistie.
Aménage s. m. (arme-na-je — rad. ame-
ner). La peine et les frais pour amener, pour
voiturer quelque chose : Frais d'AMENAGiî.
Payer tant pour Pamenage.
aménagé, ée (a-mé-na-jé) part. pass. du
v. Aménager). Eaux et for. Dont on a réglé
les coupes, le repeuplement : Bois aménagé.
— Mar. Se dit d'un bâtiment par rapport à
son aménagement : Paquebot bien, mal amé-
nagé. Le jeune lord se permettait de temps à
le caprice d'une excursion sur son léger
construit en bois de teck, aménagé
comme un boudoir, et conduit par un équipage
peu nombreux. (Th. Gaut.) il Par ext. dans ce
dernier sens : Le village est bien bâti, bien
fermé, bien aménagé, et peuplé de plus de deux
cents individus. (E. About.) Bien n'est laissé
à la nature et au hasard; tout est calculé,
aménagé, tourné vers le produit et le profit-
(H. Taine.)
AMÉNAGEANT (a-mé-na-jan) part. prés,
du v. Aménager.
aménagement s. m. (a-mé-na-je-man
— rad. aménager). Eaux et for. Action d'a-
ménager un bois, une forêt : résultat de cette
action : Une ordonnance règle É' aménagement
des forêts de l'Etat, il Règlement entre le
propriétaire et les usagers, qui assignait à
ceux-ci la jouissance spéciale et exclusive
d'une portion de la forêt, et qui affranchis-
sait le reste de cette forêt du droit d'usage.
— Mar. Dans les bâtiments servant à trans-
porter des voyageurs, Distribution de l'inté-
rieur de ces bâtiments en cales, entreponts,
batteries, dunettes, salles, salons carrés,
chambres, cabines, logements, couchettes,
infirmeries, cambuses, magasins, cuisines,
fours, etc. : .L'aménagement de ce steamer ne
laisse rien à désirer, il On dit plutôt emména-
gement, il Au pi. L'ensemble de ces différentes
choses : Les aménagements de ce navire étaient
des plus confortables.
AME
— Encycl. V aménagement d'une forêt est sa
division en .coupes combinées de manière à
assurer autant que possible une succession
égale et constante des produits les plus avan-
tageux. Le meilleur aménagement est celui
qui, sans diminuer les ressources futures,
satisfait aux besoins actuels en même temps
qu'il procure aux propriétaires le revenu le
plus élevé. Les forets peuvent être aménagées
en taillis ou en futaies, L 'aménagement en
taillis est le plus ancien et le plus simple ; il
repose sur la reproduction des souches, et
consiste à rapprocher ou à éloigner les coupes
suivant la nature du sol et suivant les essences.
Comme les produits du taillis sont exclusive-
ment propres au chauffage, on a imaginé un
système mixte appelé taillis composé ou taillis-
sous-futaie, lequel consiste à laisser sur pied
à chaque exploitation un certain nombre
d'arbres destinés à acquérir tout le développe-
ment dont ils sont susceptibles, et à fournir, à
leur maturité, des bois de service. Ces arbres,
qu'on répartit le plus régulièrement possible,
portent, suivant leur âge, les noms de bali-
veaux, modernes ou anciens. « Le taillis com-
posé, dit M. Clavé, est déjà un progrès sur le
taillis simple ; néanmoins, il doit lui-même
céder le pas à la futaie. » Dans les futaies,
on laisse les arbres sur pied jusqu'à un âge
avancé, mais variable, suivant les essences et
les localités ; ici la reproduction ne peut avoir
lieu que par semences. Vaménagement des
futaies comprend l'exploitation par éclaircie en
jardinant, qui se fait en enlevant çà et là, sans
aucun ordre, les arbres arrivés à maturité;
l'exploitation à tire et aire^ui se fait en abat-
tant devant soi toute l'aire de la coupe, sauf
quinze ou vingt baliveaux porte-graines, que
1 on conserve par hectare pour repeupler la
forêt; enfin la méthode connue sous le nom de
méthode du réensemencement naturel et des
éclaircies, ou* méthode allemande. Cette mé-
thode comprend deux ordres de coupes essen-
tiellement distinctes, les coupes de régénéra-
tion et les coupes d'amélioration. Les coupes
de régénération sont au nombre de trois :
l» la coupe d'ensemencement, ou coupe sombre,
qui a pour but d'assurer l'ensemencement
naturel et complet du terrain, en enlevant un
tiers des arbres environ, et en laissant les
autresxsur pied pour fournir de la graine en
quantité suffisante ; 20 la coupe claire, qui,
pour habituer le jeune peuplement a l'action
de la lumière, enlève une partie des arbres
qu'on avait d'abord conservés; 3° la coupe
définitive, destinée à supprimer ce qui reste
encore des parents, quand les enfants ont
acquis la force nécessaire pour résister soit
aux gelées printanières, soit à l'action directe
des rayons solaires. Les coupes d'améliora-
tion sont de deux espèces : 1° les coupes de
nettoiement, qui retranchent les végétaux nui-
sibles, tels que épines, ronces, mort-bois, et
même les bois tendres dont la croissance
rapide menace d'étouffer les essences plus pré-
cieuses ; 2U les coupes d'éclaircies, qui dépouil-
lent la jeune forêt des bois mal nourris, rabou-
gris, pour donner aux arbres conservés tou-
jours plus d'air et plus d'espace, et parla plus
de santé et de vigueur. La méthode du réen-
semencement naturel et des éclaircies, beau-
coup plus parfaite que les deux autres, est
aujourd'hui généralement appliquée; elle
AME
259
Réaumur, Duhamel etBuffon, que nous devons
la théorie des coupes d'amélioration. Hartig,
qui fut depuis grand maître des forêts en
Prusse, fit connaître le premier, en 1791, là
théorie des coupes de régénération. D'après
notre Code forestier, chacun est libre de suivre
pour ses coupes l'ordre et les usages qui lui
conviennent. Les bois de l'Etat et les bois des
communes sont seuls soumis à la nécessité
d'un aménagement réglé par les ordonnances.
Ajoutons que le Code civil ordonne à l'usufrui-
tier de se conformer à l'aménagement réglé par
le propriétaire.
AMÉNAGER v. a. ou tr. (a-mé-na-jé— rad.
ménage. — Il prend un e muet euphonique
entre le radical aménag et la terminaison ,
toutes les fois que celle-ci commence par un a
ou un o .■ nous aménageons; il aménagea, etc.).
Sylvicult. Diviser une forêt en coupes succes-
sives , et réglementer l'étendue des coupes
annuelles : Aménager un bois , une forêt, il
Débiter du bois de charpente ou de chauffage:
Aménager 'des chênes, des hêtres, etc.
— Par ext. Disposer, distribuer avec ordre :
L'irrigation —• •■■™"-» '- — ■-— ' -
'est celle qui
sol. (De Villeneuve.)
— Fig. et par plaisanter. : Depuis 1793 , il
avait aménagé- sa barbe rousse en éventail.
(Balz.) Essentiellement dissipatrices, les pre-
mières impressions , de même que les jeunes
gens, coupent leurs forêts à blanc au lieu de les
aménager. (Balz.)
— Mar. Pratiquer les aménagements d'un
bâtiment.
S'aménager, v. pr. Etre aménagé : Des prés
qui sont regardés communément comme le bien
qui rend le plus et qui s'aménage avec le moins
de frais. (Vauban.) ,
amenant (a-me-nan) part. prés, du v.
Amener : Pierre reparut en Russie, amenant
avec lui les. arts de l'Europe. Les affectations
de froideur et d'éloignement amenant une sorte
x la fécondité du
de désespoir chez sa pauvre filleule , il essaya
d'un autre système. (G. Sand.)
AMENDABLE adj. ( a-man-da-ble — rad.
amender). Que l'on peut amender, que l'on
peut améliorer : Une terre, hn sol amendable.
— Ane. jurispr. Susceptible d'amende : Cas
amendable. il Dr. féodal. Crimes amendables,
Crimes dont on évitait le châtiment en payant
ane certaine somme.
AMENDAGE s. m. (a-man-da-je — rad.
amender). Action d'amender.
amendant (a-man-dan) part. prés, du v.
Amender.
AMENDE s. f. (a-man-de — rad. amender).
Peine pécuniaire que la justice impose pour
une infraction aux lois, aux règlements , ou
pour réparation du dommage qu'on a causé :
Amende faible, légère. Amende très-forte.
Une amende de vingt francs. Une amende de
cinq cents francs. Etre condamné à J'amende.
Payer J'amende, une amende. Z'amende pro-
fite au fisc. On a condamné à des amendes fous
les donatisies. (Boss.)
Dix mille francs, dix mille francs d'amende!
Dieu ! quel loyer pour neuf mois de prison !
BÉRANOEIt.
— Dans le langage ordinaire et par ext.,
Petite punition infligée pour une légère in-
fraction dans une circonstance quelconque :
Le premier qui rira , qui parlera, qui tous-
sera, etc., sera mis à J'amende.
— Prov. et fig. Les battus payent l'amende. '
Se dit d'un homme à qui on donne tort quand
il a raison , ou qui est condamné quand il
devrait être dédommagé :
Eh quoi donc lies battus, ma foi , palront l'amende.
Racine.
— Amende honorable. Punition infamante,
sorte de réparation publique, infligée par l'an-
cienne législation française a certains crimir
nels (V. la partie encyclop.) : Son arrêt était
de faire amende honorable devant Notre-
Dame. (M«'e de Sév.) Autrefois, le blasphéma-
teur était condamné à faire amende honorable
au pied de l'autel. (Lamenn.)
— Fig. et fam. Faire amende honorable,
S'excuser, demander pardon : Vous avez man-
qué aux égards qui lui sont dus, il faut que
vous en fassiez amende honorable. (Acad.)
Il a fait une grande amende honorable de sa
vie passée. (Mme de Sév.) J'ai fait une amende
honorable si complète qu'on ne peut rien me
reprocher. (Chateaub.) Je fais ici amende ho-
norable à la mer, dont j'avais parlé irrévé-
rencieusement, n'ayant vu que la'merd'Ostende,
qui n'est autre chose que l'Escaut canalisé,
(Th. Gaut.)
— Encycl. Droit. Là peine de Yamende paraît
avoir été en usage dès les temps les plus re-
culés. Chez les Grecs,les amendes étaient nom-
breuses , fréquentes , souvent excessives. On
sait qu'à Athènes, le vainqueur de Marathon,
Miltiade, condamné plus tard à une amende
égale aux frais de la flotte qu'il n'avait pas
ramenée victorieuse, mourut en prison faute
de pouvoir payer cette s —
des amendes que le manque c
çait d'acquitter .en bestiaux. Les Germains
par des compositions proportionnées au délit
et à la personne de l'offenseur et de l'offensé.
Dans 1 ancien droit français , les amendés
étaient abondamment prodiguées. Avant 1789,
on distinguait- les amendes en deux grandes
classes , les unes fixées par les ordonnances ,
les autres arbitraires. Les amendes fixées par
les ordonnances étaient particulièrement celles
qui concernaient les délits commis dans les
forêts, à la ehasse et à la pêche ; les amendes
établies pour punir les plaideurs téméraires,
lorsqu'ils se pourvoyaient en appel ; les amendes
encourues pour contravention aux règlements
concernant l'administration et la régie des
fermes, etc. Les amendes arbitraires étaient
celles que les juges prononçaient d'après leur
seule appréciation, tant en-matière civile qu'en
matière criminelle. Dans la législation qui nous
régit aujourd'hui, il n'y a plus d'amendes arbi-
traires:un niaximumetun minimum sont fixés,
entre lesquels doit s'enfermer la décision du
juge. Sous le Code pénal de 1791, il ne pouvait
être prononcé d'amende pour crime emportant
peine afflictive ou infamante; mais cette dis-
position a été abrogée. Les amendes sont recou-
vrées par les soins de l'administration de l'en-
registrement, par voie de contrainte par corps,
et, en cas d'insolvabilité, elles sont remplacées
par un emprisonnement d'un an s'il s'agit d'un
crime, de six mois s'il s'agit d'un délit. Les
amendes se prescrivent comme les peines cor-
porelles, c'est-à-dire par vingt ans s'il s'agit
d'un crime, par cinq ans s'il s'agit d'un délit,
et par deux ans s'il s'agit d'une contravention.
Le minimum pour de simples contraventions
de police est de 1 franc ; le maximum ne peut
dépasser 15 francs; le minimum des autres
amendes est de 16 francs, le maximum est de
20,000 francs le plus généralement. Tous ceux
qui sont condamnés pour un même crime ou
pour un même délit sont tenus solidairement
des amendes, h'amende est personnelle : elle
260
n'atteint pa;
AMR
les héritiers du condamné mort'
ir acquittée. La confiscation, qui
est la plus haute expression de l'amende, a été
abolie en France; mais on peut dire quelles
amendes excessives réservées à certains délits
en sont la monnaie.
. — Ane. droit. L'amende honorable consistait
dans un aveu public que le coupable était
tenu de faire du crime pour lequel il avait été
condamné. Elle était infligée aux séditieux ,
aux. sacrilèges, aux faussaires, aux banque-
routiers frauduleux , etc. On distinguait deux
sortes d'amendes honorables : l'amende hono-
rable simple ou sèche, et l'amende honorable
in figuris. L'amende honorablesimpfe se faisait
à l'audience ou à la chambre du conseil, nu-
tête et à genoux. L'amende honorable in
figuris se faisait en place publique, à haute et
intelligible voix, en présence de la foule assem-
blée. Le condamné. était conduit par le bour-
reau à cette place publique, tête et pieds nus,
en chemise, la corde au cou, portant un cierge
de cire jaune à la main, et un double écriteau
fixé sur la poitrine et les épaules, sur lequel se
trouvait mentionné le crime à expier. Louis le
Débonnaire, en 833, et Raymond VII, comte de
Toulouse, en 1209, turent soumis a cette humi-
liation. — La peine de l'amende honorable fut
abolie par l'Assemblée constituante en 1791,
Rétablie sous la Restauration, en 1825, par la
loi du sacrilège, elle fut de nouveau effacée de
nos codes en 1830. Il ne faut pas confondre
l'amende honorable avec. la réparation d'hon-
neur qui n'était ordonnée qu'en cas d'offenses
faites à des particuliers , et qui n'avait lieu
qu'en présence d'un certain nombre de per-
sonnes choisies.
— Liturg. Le nom d'amende honorable s'ap-
plique à une prière dans laquelle le prêtre
catholique, en son nom et en celui des fidèles,
demande pardon à Dieu des injures faites à sou
nom par les blasphémateurs et les sacrilèges.
Cette prière se dit principalement aux offices
des Quarante heuresl au salut du dernier jour
de l'année , et a la fête dite la Réparation des
injures.
— Homonyme. Amande.
amendé, ÉE (a-man-dé) part. pass. du v.
Amender. Amélioré : Une terre usée par une
trop longue suite de produits d'un même genre
peut être amendée par des productions d'une
nature différente. (De Morogues.) Il Modifié,
changé : Projet de loi amendé.
— Manog. Cheval amendé, Qui. a pris du
corps, qui s'est engraissé, il S'applique, dans
le môme sens, à une personne : De chétif et
pâlot, il paraissait grandi et amendé comme
je l'avais vu dans la forêt. (G. Sand.)
— Condamné à l'amende : Ils ont été tous
deux amendés et infamés."(Di<ler.)
amendement s. m, (a man-de-man —
rad. amender). Changement en mieux, amé-
. lioration : Amendement dans les symptômes
d'une maladie. Il n'y a point a" amendement à
sa santé. Il y a quelque amendement dans ses
affaires. .
— Par ext. : On remarque dans sa conduite
un grand amendement. (Acad.) Plus est loua-
ble bon amendement, nue vicieuse faute n'est
reprochabie. (Alain Chartier.) L'emprisonne-
ment cellulaire comporte tous les grands moyens
^qui peuvent opérer /'amendement des coupa-
bles. (Lélut.) La distance est prodigieuse entre
l'ai
u de »,
'.(S.
Dubay.)_Zte l'avis de tous les moralistes, ...
peine doit être telle qu'elle procure 2'amende-
ment du coupable. (Proudh.)
— Législ. Modification apportée à un projet
de loi : Propose?, discuter un amendement.
Adopter /'amendement. Tous les amendements
ont été rejetés. La loi a passé sans amende-
ment. Cet amendement, qu'on avait écouté
dans le plus profond silence, fut reçu avec
acclamation et décrété unanimement. (Cbamf.)
On s'étonne d'avoir voté la loi de fraternité
sans amendement. (6. Sand.)
— Ane. jurispr. Correction d'un jugement :
Il voulut que l'on pût demander amendement
des jugements rendus dans ses cours. (Montesq.)
— Agric. Tout ce qui peut contribuer à
rendre une terre plus fertile : Les amende-
ments naturels sont l'air, l'eau, la lumière, la
chaleur, etc. Les engrais, les irrigations sont
d'excellents amendements. On donne le nom
d' amendements à des matières organiques qui
produisent sur le sol un effet analogue à celui
. des engrais. (Math, de Dombasle.)
Si l'herbe éclôt plus rare
Vous répaadeî sur elle un riche ami
— Encycl. Agric. Sous le nom d'amende-
ment, pris dans son acception la plus étendue,
on peut comprendre toutes les modifications
que l'on apporte à un sol pour le rendre propre
h. produire ou pour augmenter safertilité. Dans
un sens restreint, on donne généralement le
nom d'amendements aux engrais d'origine mi-
nérale. « Même dans les exploitations où l'on
fait un usage abondant du fumier, dit M. Ma-
laguti, on a besoin de temps en temps d'amen-
der la terre, c'est-à-dire d'y introduire des
engrais minéraux. La pratique a devancé la
science dans l'application des amendements.
C'est déjà, un fait reconnu que leur utilité pour
raviver la fertilité des terres; aussi la science
n'a rien a dire à la pratique sur l'avantage
qu'on en retire, mais elle a beaucoup a lui dire
sur la manière dont ils agissent. »•
On a divisé les amendements en amendements
AME
modifiants et amendements assimilables. Le rôle
des premiers est surtout de favoriser l'action de
l'air, de l'eau , de la chaleur, et d'établir une
juste proportion entre les éléments minéraux
dont se composent les terres cultivables. Inso-
lubles ou très-peu solubles, ils agissent beau-
coup moins sur la plante que sur le sol, dont ils
changent la composition et la texture : tels
sont le sable, l'argile calcinée, \' argile ordinaire
et la marne. La marne convient dans les terres
où manque le calcaire, le sable dans les terres
fortes trop argileuses, l'argile dans les terres
sableuses légères.
Les amendements assimilables sont des
substances minérales solubles qui servent
d'aliments aux plantes et dont 1 action chi-
mique favorise la décomposition des débris
organiques, ou donne naissance dans le sol ,
par double décomposition, à des produits nou-
veaux assimilables : tels sont le plâtre, la
chaux, les cendres diverses et les divers sels.
L'emploi rationnel des amendements suppose
la connaissance de leur composition et de leurs
propriétés, celle des éléments et des qualités
physiques du sol que l'on veut amender, et celle
des principes minéraux des plantes que l'on
cultive.
Introduit dans un terrain argileux, le sable
agit en divisant l'argile, en tenant ses parties
à distancé les unes des autres, en s' opposant
à ce qu'elle se contracte et se durcisse dans
les grandes chaleurs. ,U augmente la perméa-
bilité et la faculté absorbante du terrain.
Cependant, il s'emploie rarement comme amen-
dement, tant à cause du prix de transport que
par la difficulté de le mélanger intimement au
sol par nos moyens ordinaires.
L'argile convient comme amendement dans
un terrain siliceux ; elle diminue sa légèreté, sa
perméabilité, lui permet de mieux retenir l'eau
nécessaire à la végétation, et, avec l'eau, les
engrais. Comme les espèces de sols où l'argile
serait utile manquent aussi le plus souvent de
calcaire, on a coutume de les amender avec des
marnes argileuses ; celles-ci se délitent mieux
que l'argile et se mélangent beaucoup mieux
avec la terre. On a observé que l'argile chauf-
fée au rouge sombre perd une partie de ses
propriétés physiques primitives , elle adhère
moins à la langue, absorbe moins d'eau,
forme une pâte moins liante, et, quoique des-
séchée , se montre poreuse , par conséquent
perméable; aussi, l'argile calcinée peut -elle
suppléer au sable pour diviser et ameublir la
terre où on l'introduit. On a employé cet amen-
dement surtout en Angleterre et en Ecosse,
avec un grand succès. Il est avantageux de
calciner l'argile sur le sol même où 1 on veut
la mélanger, en faisant servir à cette ealcina-
tion les végétaux qu'on y rencontre.- Ce mode
d'opération est connu sous le nom d'écobuaqe.
(V.'cemot.)
Les bons effets de la marne employée
comme amendement se lient surtout à sa
richesse en principe calcaire, et à la quan-
tité plus ou moins grande de ce principe dans
le sol. Elle agit mécaniquement en ameublis-
sant le terrain, et chimiquement par la,faeulté
d'absorption et de condensation .des parties
calcaires, faculté qui favorise les réactions
entre les gaz et les liquides avec lesquels ces
parties se trouvent en ^contact. Les marnes
argileuses conviennent aux terrains siliceux,
et les marnes sablonneuses aux terrains argi-
leux. L'efficacité de la marne dépend de son
état de division.
La chaux exerce une influence remar-
quable sur le développement des végétaux.
« Les Anglais, dit M. Dupiney, qui ont con-
staté sur toutes les espèces de culture les
effets de cette substance, en font une applica-
tion constante comme amendement depuis plus
d'un siècle. Au mois d'octobre, les terres cul-
tivées des comtés d'Yorlc et d'Oxford pré-
sentent l'aspect de campagnes couvertes de
neige. On aperçoit des surfaces de plusieurs
milles carrés revêtues d'une couche blanche
de chaux éteinte ou délitée à l'air; qui, pen-
dant les mois humides de l'hiver, exerce une
influence extrêmement favorable sur le sol
compacte et argileux de ces contrées. Ces
chaulages absorbent de 100 à 1G0 hectolitres
de chaux par hectare chaque année. » La chaux
fait disparaître les mauvaises herbes et les in-
sectes nuisibles, donne de la consistance à la
terre si elle est trop légère, l'ameublit si elle est
trop compacte, arrête la carie et la rouille, en
donnant aux végétaux la vigueur nécessaire
pour résister à ces maladies. Des opinions
diverses ont été émises sur les modifications
chimiques qu'elle détermine dans le sol. Thaër
croitque les plantes lui enlèvent l'acide carbo-"
nique qu'elle a pris à l'atmosphère. M. Bous-
singault pense qu'elle se transforme prompte-
ment en carbonate de chaux, par l'absorption de
l'acide carbonique du sol ou de l'air, et qu'ainsi
son rôle est de fournir du carbonate de chaux
aux plantes. D'après M. Malaguti , ce carbo-
nate de chaux fixe," en la nitrifiant, une partie
de l'ammoniaque provenant' des fumiers ou
des eaux pluviales, ou bien encore contribue
à décomposer les sels ammoniacaux minéraux,
à les transformer en carbonate d'ammoniaque,
et à les préparer ainsi à être absorbés par les
spongioles des racines. Nous ne dirons rien
ici des diverses méthodes usitées pour em-
ployer la chaux. V. Chaulage.
Le plâtre est un des amendements dont les
effets sont les plus remarquables, mais aussi les
moins uniformes , les moins constants; Il est
surtout très-favorable à la culture des légumi-
AME
neuses. On sait que Franklin, pour'démontrer
aux Etats-Unis la vertu fertilisante du plâtre,
en répandit sur un champ de trèfle de manière
à tracer avec cette substance, en caractères
gigantesques, le mot anglais équivalant à notre
mot plâtre. Le. développement extraordinaire
des trèfles aux endroits où le plâtre avait été mis
ne tarda pas à s'accuser en lettres saillantes,
rendant témoignage à la cause qui l'avait
produit. Le plâtre ne convient pas à la culture
des céréales ; il est sans action appréciable sur
les prairies naturelles. Plusieurs cultivateurs
veulent qu'on le Tépande sur la plante elle-
même, et qu'on choisisse pour cette opération
le moment où les feuilles sont mouillées de
pluie ou couvertes de rosée ; d'autres soutien-
nent qu'il faut préférer les temps secs, et que
l'action du plâtre est plus vive lorsqu'elle peut
tomber sur le sol et s'y mélanger. Les opinions
les plus contradictoires ont été émises sur le
mode d'action du plâtré. Quelques agricul-
teurs ont avancé qu'il n'avait d'influence sur
la végétation que par son affinité pour l'eau.
Th. de Saussure pensait qu'il agit en favori-
sant la décomposition, des substances organi-
ques contenues dans le sol:Davy a fait croire
pendant longtemps que les plantes au déve-
loppement desquelles le plâtre contribuait
d'une manière marquée renfermaient, parmi
leurs principes fixes, du sulfate de chaux.
D'après M. Liebig, le rôle du plâtre dans la ,
culture de certaines plantes consiste â fixer
le carbonate d'ammoniaque introduit dans le
sol par les eaux pluviales. M. Boussingault a
admis que le plâtre agissait purement et sim--
plement comme de la chaux. M. Malaguti croit
qu'on doit adopter cette opinion, sans exclure
pourtant le rôle qui a été attribué au plâtre
par Davy et M. Liebig.
Les cendres apportent aux plantes des
carbonates et des sulfates de potasse et de
soude, du chlorure de sodium, du phosphate
de chaux , de la silice , des oxydes de fer
et de manganèse. Elles ont une action favo-
rable surtout sur les terres fortes tourbeuses,
sur les prairies marécageuses, partout -où le
sol pçut contenir des acides et manquer de-
bases. C'est un excellent amendement dans
les prés, dans les pâturages, pour la culture
des céréales , dés colzas , des navettes , du
chanvre. Cependant on n'en fait qu'un usage
restreint en agriculture , parce que les appli-
cations qu'elles reçoivent dans les arts leur
donnent un prix élevé. Elles sont d'autant
plus actives qu'elles sont plus riches en sels
alcalins : les meilleures sont celles de tabac,
de pavots, de fougère, de colza, de maïs, de
chêne, de hêtre, de vigne, d'orme, de frêne,
d'érable. Dans beaucoup de circonstances, on
emploie les cendres lessivées, ou charrées, dont
l'action est presque aussi énergique que celle
des cendres neuves, surtout quand on les a
conservées quelque temps en tas après leur
lixiviation.
L'utilité du sel marin en agriculture a été
très - controversée.' Aujourd'hui les agricul-
teurs, tout en reconnaissant ses avantages ,
conviennent qu'au delà de certaines limites,
il est nuisible à la végétation, et que, même
en s'y renfermant , il peut , sans être nui-
sible, n'être pas toujours actif. D'après M. Ma-
laguti, l'action du sel marin n'est favorable
qu'à la condition d'être indirecte; il faut
qu'il puisse se transformer en carbonate de
soude ; son efficacité est liée à la présence des
conditions qui rendent cette transformation
possible. Le même chimiste pense que l'effi-
cacité des nitrates, démontrée par l'expérience,
vient de ce qu'ils peuvent se réduire en ammo-
niaque sous des influences oxydantes.
— Polit. On appelle amendements, en poli-
tique, les modifications proposées ou faites à
une loi. Le droit d'amendement exista dans
l'Assemblée constituante de 1789, dans l'As-
semblée législative , dans la Convention. Il
disparut sous le Directoire et sous l'Empire,
fut consacré par la Charte de 1SU, et s'exerça
pleinement sous Louis-Philippe et sous la se-
conde République. Il a été restreint par la
Constitution de 1852, en vertu 'de laquelle un
amendement ne peut être adopté par le Corps
législatif s'il n'a été accepté au.conseil d'Etat.
— Syn. Amendement, correction , réforme.
La correction est l'action par laquelle on s'at-
tache à redresser quelque chose de défec-
tueux : Il vaut mieux dissimuler quelques
défauts que ■ de rendre la correction trop
fréquente. (Nicole.) L'amendement est un chan-
gement en bien opéré dans un ordre de choses
vicieux : On remarque dans
grand amendement. La réforn
chose rétablie dans l'ordre o
des abus.
conduite
: est l'état d'une
elle doit être :
AMENDER v. a. ou tr. (a-man-dé — - du
lat. emendare , corriger). Améliorer, rendre
meilleur: La sobriété, le régime amende , /a
— Par ext. Corriger, changer en mieux :
Amender un enfant. Amender les mœurs. Les
bons conseils et les boiis exemples ont amendÉ\
ce jeune homme. (Acad.) Aucune coirection >
m'amenderait sa conscience. (G. Sand.)
J'espère avec usure amender
Régni:
T>'amaider les gens d«
Il Absol. ■. Ln peine de l'emprisonnement est
condamnée par l'expérience; il est prouvé
qu'elle h'ambnde pas et qu'elle n'intimide point.
(E. de Gir.)
AME
— Agric. Rendre plus fertile, plus produc-
tif : Amender un sol. Les labours, les engrais
amendent les plus mauvaises terres. Toute cul-
ture bien entendue amende la terre. (De Moro-
gues.) Amender un sol, c'est modifier la con-
sistance de ses molécules par l'addition d'une
terre étrangère. (Raspail.)
Un long repos amende une terre infertile.
— Législ. Faire un amendement à un projet
de loi, à un arrêté : Autrefois, on amendait,
par esprit de parti, les projets les plus utiles.
Peut-être l'inflexibilité des principes voudrait-
elle qu'on n'AMENDÂT jamais une loi mauvaise.
(B. Const.) u Autrefois, au palais, Condamner
à une amende.
— v. n. ou intr. Faire des progrès en mieux :
Ce malade n'a pas amendé depuis la saignée.
(Acad.)
— Baisser de prix : Le blé amende quand
l'argent n'est pas commun. (Trév.) n Ce sens a
vieilli.
— Prov. et fig. : Jamais cheval ni méchant
homme n'amenda pour aller à Home, On ne se
corrige pas de ses vices en voyageant.
S'amender, v. pr% Devenir meilleur : Ma
santé s'amende tous les jours.
— Par ext. Se corriger, rentrer dans la
bonne voie : Il faut espérer qu'il s'
(Acad.) Il faut que notre conscience
d'elle-même. (Montaigne.) Marie-toi e
toi, sic'estpossible. (Alex. Duval.) A partir de
la mort de sa mère, le caractère du fermier chan-
gea peu à peu, sa>is pourtant s'amender. (G.
Sand.) Il serait trop facile de s'amender si le
crime et le vice lâchaient leur proie aussitôt que
nous en éprouvons le désir. (G. Sand.) Ce fut un
spectacle risible et touchant de voir la conver-
sion subite des vieux brigands armagnacs ; ils
ne s'amendèrent pas â demi. (Michelet.)
Amendez- vous. Qu attendez -vous? la mort?
(Taburot.) Je ne sens qu'une très-faible réso-
lution de m'amender. (Godeau.)
— Prov. Mal vit qui ne s' amende, C'est mal
user de la vie que de ne pas se corriger :
Je disais à part moi : Mal vit qui ne s'amende.
. RÉGNIER.
— Agric. Devenir plus fertile : Une terre
s'amender des défrichements. {Du Morogues.)
— Antonymes. Corrompre, détériorer, gâter,
AMENDEUR s. m. (a-man-deur — rad.
amender). Vieux lang. Celui qui amende,
améliore un sol, une terre.
— S'employait aussi
qui corrige, change en n
A toi mon défendeur,
Sauveur et ammuleur
l, ÉE (p.-me-né) part. pass. du v.
Amener. Conduit, mené : Ces marchandises
nous sont amenées par la Seine. (Acad.) De-
main, ce prétendu me doit être amené par son
père. (Mol.) Il fut amené en France à l'âge de
(Volt.)' Il fut amené devant u
justice. (Volt.) MrJ~
'.lave grecque,, fut
dix ,
de justice. (Volt.) Mademoiselle Aïssé,. jeune
notre ambassadeur et élevée dans sa maison.
(La Harpe.) Pendant une température trop
douce, des essaiyns innombrables d'insectes,
amenés par les brouillards, forment des nuages,
(Deleuze.)
C'est un de ces captifs, h périr destine»,
Des rives du Jourdain sur l'Euphrate amenés.
Etlelimi
Compose
— Par ext. Causé, occasionné, produit:
Les révolutions sont toujours amenées par des
abus. (Boiste.) Les révolutions ne sont amenées
que par l'injustice. (Napol. I«r.)
Toujours par un malheur un autre est amené.
De Belloï.
— B.-arts. Bien venu, bien rendu; se dit
d'une œuvre qui a réussi au gré de l'artiste :
Composition bien amenée, mal amenée. Ou-
vrage bien amené. .
— Littér. Ménagé , préparé avec art : Un
dénoûment, un incident bien amené, tl Chose
amenée de loin , amenée de bien loin, Forcée,
qui n'est pas juste. -
— s. m. Un amené sans scandale. Dans l'an-
cienne jurisprudence, Ordre de faire compa-
raître quelqu'un devant le juge, sans éclat et
sans affront pour le prévenu :
Tout doux! un amené sans scandale suffit.
Kacine.
AMENÉE s. f. Agric. Tuyaux d'amenée. En
terme de drainage, Tuyaux par lesquels l'eau
est dirigée : Le tuyau de décharge est placé à
quelques centimètres en contre-bas du dessous
des tuyaux d'amenée. (Mangoz.)
AMENER 'v. a. ou tr. (a-me-né — de à et
mener. — L'e muet du radical amen se change
en è ouvert devant une syllabe muette :
J'amène, tu amènes. J'amènerai, etc.). Mener,
conduire vers une personne, ou en quelque
lieu : Amenez -mot mon fils. Amenez -moi
mon cheval. Je vous /'amènerai diner Quelque
jour. C'est mon frère qui m'A amené dans cet
hôtel, où je resterai jusqu'à demain soir. Le
lapin ne fait sortir ses petits de leur retraite
pour les amener en dehors que quand ils sont
tout élevés. (Buff.) On nous a amenés ce matin
aux tent d'Empsaél ,. et nous nous sommes
égarés sans pouvoir retrouver notre prison.
AME
(B. de St-P.) Seigneur don Chérubin, me dit-il,
aoouez que vous ne me savez pas mauvais gré
de vous avoir amené ici? (Ijc Sage.) Pourquoi
n'u-je pas AMENÉ ma femme à la fête! (X. de
Maistre.) Piombo amena le ministre auprès
d'une fenêtre, et lui montra s "
AMÉ
s de pierres. (Balz.) Je ne me fie pas
a vos médecins de campagne, et je dirai à
Jlfurphd'/iMEnERiciunmédecinhabUe.(E.$uc.)
té de si loin Zenon e
il Peut avoir pour sujet le nom de la chose
qui sert de moyen de transport : Quelle est la
voilure qui '•"'" * *""■«« •"-»'> ^«'
? Est-ce le chemin
.. t. (Paso.) Il ne s'occupait plus des
projets qui /'avaient amené à Grenade. (Cha-
teaub.) Les oiseaux qui paraissent dans les mois
des tempêtes ont des voix et des mœurs sauvages
comme la saison qui les amène. (Chateaub.)
H<nas! qui peut savoir le destin qui m'amène?
Racine.'
... Mais quel dessein en ces lieux vous amène ?
De Brest, c
il Paris
Il Fam. Quel bon vent vous amène? Se dit à la
vue de quelqu'un que l'on n'attendait pas et
5[ue l'on voit avec plaisir : C'est vous, monsieur
jiber : QUEL BON VENT VOUS AMENE? (Th.
Lcclercq.)
— Tirer à soi : Les matelots amenèrent la
chaloupe sur le sable. Il amène à lui tout le
tapis , toute la couverture. L'accoucheuse a
amené un enfant fort et bien portant.
— Par anal. Introduire , faire adopter ,
mettre en usage : Amener une mode , un
usage. Ce sont les jeunes gens, les femmes qui
amènent les modes. (Acad.) C'est dans cet élut
de choses qu'en eût trouvé le plus de chances
d'AMEKERpartout l'unité des codes. (Napol. I".)
— Fig. Causer, susciter, produire , traîner
à sa suite : Cela pourra nous amener la guerre.
Un malheur en amène un autre. (Acad.) La
politesse du langage nous amena celle des
mosurs. (Mass.) Un aveu en amène un autre.
(De Sacy.) Les progrès amènent d'autres pro-
grès. (Turgot.) Ainsi, une première victime
doit en amener d'autres. (Barlhol.) Les révo-
lutions, en exaltant les esprits, amènent les
ïs. (J. de Maistre.) Une vertu en amène
re. (Rivarol.) Lesjouissancesmatérielles
jt la satiété. (Maquel.) La modération
amène presque toujours le bonheur à sa suite.
(Mme C. Fée.) Il faut beaucoup de siècles pour
amener/ un changement essentiel dans la so-
ciété. (Chateaub.) La perfection des lois amène
nécessairement la politesse des manières. (De
Bonald.) // faut savoir renoncer aux jouis-
sances qui amènent des regrets. (V. Cousin.)
Mais combien tu serais malheureux, Georges ,
sans le changement de fortune que le temps a
amené I (Ancelot.) Chaque minute de retard
peutA.MfùNERunépouvantablemallieur.{E.S\iC)
Cependant, de temps en temps, un léger serre-
ment de cœur amenait un spasme. (Alex. Dum.)
La rareté du gibier produit la cherté... la
cherté est une prime à la destruction qui amène
la rareté. (Toussencl.)
Le temps tout seul amène la sagesse.
il Faire condescendre, déterminera : Amener
quelqu'un à une opinion. On /'a amené à com-
position. Je /'ai amené où je voulais. Nous
avons eu bien de la peine à l amener à prendre
ce parti. Il me fut impossible de les amener à
mon sentiment. (Açad.) Il faut chercher seule-
ment à penser et à parler juste , sans vouloir
amener les autres à notre goàl et à nos senti-
ments : c'est une trop grande entreprise. ( La
Bruy. ) L'étude de la nature physique peut
amener le physiologiste à distinguer les races.
(Portails.) On osait peu questionner Napoléon
quand on était eh sa présence, mais on désirait
vivement /'amener à parler de ses campagnes.
(Thiers.) Il y a mille manières Ramener les
enfants à faire ce qu'on attendd'eux. (MmeMon-
marson.) Ses regrets ne sont qu'un artifice pour
m'AMENER à l'épouser. (Cse Merlin.) J'es-
sayai de /'amener à mes idées. (G. Sand.) u
Conduire do loin à une chose, naturellement,
graduellement, insensiblement : Personne n'a
eu comme lui l'art imperceptible c/'amener de
loin et de près les hommes et les choses à leurs
fins et de savoir profiter de tout. (St-Sim.) //
me faut lui parler d'abord, amener cela de
loin, avec précaution. (Andrieux.)
— Se dit aussi par ext. dans le langage de
la passion, de l'amour:
L'amour où je voulais amener sa tendresse.
Racine.
Racin
Voltaire.
— Amener un sujet de conversation, amener
la conversation sur un sujet, Faire que la con-
versation tombe, roule sur un sujet: /Va-
menez jamais la conversation sur la politique.
Les lumières et la nature des choses amène-
ront la liberté en France. (M"><= de Staël.)
— En littér., Préparer, faire venir avec ou
sans art : Amener bien, amener mal un dé-
nouement, une reconnaissance, un incident, Il
Signifie aussi Faire agir, faire figurer, intro-
duire dans un ouvrage :
L'un amène un chasseur, l;autre un pâtre en sa fable.
La Fontaine.
— Jeu. Aux dés, se dit des points qui sont
sur le jeu lorsqu'on a jeté les dés : Il a amené
beset, double deux, trois et cinq. H A la loterie,
à la conscription , etc., Tirer : Il a amené un
— Jurispr. Mandat d'amener. Ordre de faire -
comparaître quelqu'un devant le juge : Un
mandat de comparution vous invite à passer
dans le cabinet du juge d'instruction , un man-
dat d'amener vous y contraint. (Rasp.) Il
Chateaubriand s'est servi de cette locution
dans un sens extensif : Les rois auront à
rendre compte un jour du mandat d'amener des
peuples qu'ils n'avaient pas le droit de saisir.
— Mar. Abaisser : Amener les voiles. Ame-
ner les basses vergues. Je revenais de me pro-
mener en mer, j'amenai la voile de mon canot,
et j'échouai sur la plage. (Alph. Karr.) Il Ame-
ner son pavillon, Le baisser, pour montrer
que l'on se rend : Le vaisseau fut obligé [/'ame-
ner son pavillon. Il Absol. : Le Belléi'ophon,
l'un des principaux vaisseaux de Nelson , fut
dégréé, uémàté, et obligé c/'amener. (Thiers.)
Il Amène en bande! Commandement pour
amener une voile ou une vergue aussi promp-
tement que possible.
se dit d'une personne qui en conduit une
autre au lieu où l'on est : Amenez -mot le
prisonnier. Démener , conduire une seconde
fois au même lieu : Remenez ce voyageur où
vous l'avez pris. liamener, conduire une se-
conde fois au lieu où l'on est : Après m'auoir
conduit à la fête, vous me ramènerez à la mai-
son. Emmener, mener en quelque lieu en éloi-
gnant d'un autre lieu : Emmenez -moi d'ici.
Ilemmener, reconduire où l'on avait.piis: Rem-
menez cet enfant chez ses parents. Conduire
duit ou l'on mène quelqu'un dans une maison,
en l'y faisant venir avec soi.
Les dictionnaires et les traités de synonymes
n'ont pas jugé à propos de donner ce groupe.
Il est, en effet, difficile à ceux qui ont l'usage
de la langue de se tromper sur 1 emploi de ces
qui les confondent presque toujours, et c'est
pour eux surtout que nous avons établi ces
distinctions.
AMÉNIE s. m. (a-mé-ni — du gr. a priv.;
mèn, mois). Méd. Syn. aujourd'hui inusité de
aménorrhée.
AMÉNIE s. f. (a-mé-nî — du lat. amœnus,
charmant). Entom. Genre d'insectes diptères,
tribu des muscides, renfermant deux espèces
indigènes à la Nouvelle-Hollande, et remar-
quables par la beauté de leurs couleurs, u
Quelques auteurs disent amène.
AMÉNITÉ s. f. (a-mc-ni-té — du lat. am'œ-
nitas; formé de amœnus, doux, agréable).
Agrément, charme, douceur; ce qui fait
qu'une chose est agréable : /.'aménité d'un
lieu; /'aménité de l'air, de la température, du
climat. Les aménités d'une vallée, d'un bosquet,
d'un site. Vous pourrez jouir de /'aménité de
la France, que vous aimez. (Montesq.) Il Ce
sens, qui est le primitif, a complétcm. vieilli.
— Politesse, affabilité, amabilité: Aménité
dans le caractère. Aménité de mœurs. Avoir
de /'aménité, beaucoup cf aménité. Un peuple
sauvage peut avoir de la douceur, mais /'amé-
nité n'appartient qu'à un peuple civilisé. (Mar-
montcl.) Il est des personnes en qui /'aménité du
cœur produit /'aménité des manières. (Azaïs.)
L'aménité devrait être la base du commerce
des hommes. (A. Guyard.) // offrait en lui la
loyauté des anciens jours et /'aménité des
mœurs du nouvel âge. (Chateaub.) Le consul
et sa famille nous reçurent avec une grande
aménité, et nous donnèrent l'hospitalité: (J.
Arago.) Le comte assista' au mariage avec une
exquise aménité. (G. Sand.) La beauté attire
les reyards , l'amabilité appelle l'attention,
/'aménité fixe les soins. (Bonnin.) // avait ac-
cepté une direction ardue, où ses talents ne
furent pas moins utiles que /'aménité française
de ses manières. (Balz.)
— Par anal. Charme, grâce, douceur, en
parlant du style -. L'aménité du style. (Acad.)
Un modèle (/'aménité chez les anciens, ce sont
les Dialogues de Cicéron sur l'Orateur; (Mar-
montcl.) L'aménité du style est une qualité
qui convient particulièrement au familier noble
et aux ouvrages de sentiment. (Mercier.) J'évi-
tais soigneusement toutes les aménités de style
qui eussent pu rendre mon Hure moins singu-
lièrement baroque aux yeux des gens de lettres.
(II. Beyle.)
— Ironiq., au pi. Paroles injurieuses, in-
vectives : Malvina se contentait de m'apostro-
pher, de loin en loin, d'une manière peu parle-
mentaire; mais j'éiais fait à ces aménités.
(L. Reyb.) En quoi avons-nous mérité ces
aménités? (E. de laBédoll.) .
— Syn. Aménité, agrcnteul, grâce. V. AGRÉ-
MENT.
AME
— Antonymes. Acariâtreté, acerbité, acri-
monie, aigreur, amertume, brutalité, dureté,
humeur, maussaderie.
AMÉNOMANIE s. f. (a-mô-no-ma-nî — du
lat. amœnus, agréable, et du gv.mtitiia, manie).
Méd. Nom donné par Rush au délire gai et à
la monomanio joyeuse, par opposition à tris-
AME
261
à plus
rspha-
AMÉNOPIII! .
raons d'Egypte. Le pli__ _
nhis II, peut-être le Memnon des Grecs, dont
la statue, à Louqsor, renclait,des sons harmo-
nieux quand elle était frappée des premiers
rayons du soleil. Il étendit son empire par des
conquêtes importantes. C'est aussi lui', dit-on,
qui demanda à Joseph l'interprétation de ses
songes, le prit pour ministre et établit en
Egypte Jacob et sa famille. Un autre Améiio-
phis est désigné comme le pharaon qui persé-
cuta les Hébreux et les chassa d'Egypte.
AMÉNORRHÉE s. f. (a-mc-norr-ré — du gr.
a priv.; mèn, mois, et rheô, je coule). Méd.
Absence, suppression par une cause morbide
du flux menstruel chez lesfemjnes: On emploie
l'aloès comme emménagogue dans /'aménor-
rhée. (Richard.) il On dit aussi amékie, qui
a vieilli.
— Encycl. Le mot aménorrhée s'applique
soit au défaut d'éruption des régies à l'époque
de la puberté, soit a la suppression acciden-
telle qui vient troubler la menstruation lors-
qu'elle est déjà établie. Il y a deux espèces
distinctes d'aménorrhée : celle qui est carac-
térisée par l'absence de sécrétion du (luide
menstruel, et ['aménorrhée par défaut d'excré-
tion ou par rétention.
I. — Les principales causes de Y aménorrhée
par défaut de sécrétion sont : la tnctrite, l'hy-
stérie, la constitution lymphatique, les scro-
fules, les tubercules pulmonaires, la chlorose,
les hémorragies supplémentaires,- l'immersion
d'une partie du corps dans l'eau froide, les
atfections morales concentrées, certaines émo-
tions vives, telles que la frayeur, la colère, la
joie excessive, les chagrins profonds, la sur-
prise extrême. Le traitement de Yaménorrhée
par défaut de sécrétion doit varier suivant le
caractère hyperhéinique ouasthénique, l'action
progressive ou instantanée des causes qui l'ont
produite,, et suivant les états pathologiques
auxquelles elle se trouve liée.
II. — Uuménorrhée par défaut d'excrétion
ou par rétention ne reconnaît qu'un seul ordre
de causes, les causes mécaniques : telles soiit
l'occlusion du col utérin, l'occlusion du vagin
soit par l'imperforation de l'hymen , soit par
l'agglutination des parois du vagin entre elles,
l'absence du vagin. Ici, on le comprend, le
traitement est exclusivement chirurgical : il
s'agit de rétablir la perméabilité des voies gé-
nitales par une opération variable suivant le
siège et la nature de l'obstacle que l'on a à
AMENTA (Nicolas), littérateur italien, né à
Naples en 1050, mort en 1719. Il fut pendant
ses quatorze premières années aflligé d'une
maladie d'yeux qui le força de rester tout ce
temps enfermé dans une chambre sans voir le
jour. Dès qu'il fut guéri, il se livra avec ardeur
à l'étude, et fit son délassement de la cul-
ture des lettres. On a de lui sept comédies en
prose qui sont comptées parmi les meilleures
! de son temps, des poésies diverses et quelques
I pièces satiriques.
' AMENTACÉ, ÉE adj. (a-man-ta-sé — du
lat. amentum, attache). Bot. Qui a les fleurs
mâles disposées on chaton.
— s. f. pi. Famille de plantes dont les fleurs
mâles naissent autour d'un axe ou filet appelé
— Encycl. A.-L. de Jussieu avait réuni dans
sa famille des amentacées tous les végétaux
arborescents dont les fleurs sont disposées en
chaton (en lat. amentum). Aujourd'hui, par
suite des progrès de la botanique et d'obser-
vations plus exactes, les amentacées forment,
parmi les dicotylédones apétales diclines, une
classe qui comprend plusieurs familles, savoir :
les cupulifères ou quercinées, les bétulinées.
AMENTER v. a ou tr. (a-manté — du lat.
a-, par; mens, mentis , esprit). Vieux lang.
Narrer, raconter :
Car l'escriture amentoit bien
Que toute puissance est de rien.
Boman de la Rose.
Il On écrivit aussi amanter.
AMENTEVOIR v, a. ou tr. (a-man-to-voir
— du lat. a, par; mens, mentis, esprit, et
franc, voir). Ce mot, qui signif. Rappeler à
son souvenir, repasser dans sa mémoire, et,
littéral., Voir avec son esprit, appartient à
notre vieille langue française, et méritait de
ne pas tomber en désuétude. Se ramentevoir
signifiait Se ressouvenir, il On l'employait
aussi dans le même sens que amenter.
AMENTHÈS ou AMENTHIS, nom que les
Egyptiens donnaient au lieu où les âmes se
rendaient après la mort. « A ce mot d'amen-
thès, dit Chainpollion-Figeac, ne se rattachait
une idée ni de prison, ni de supplice : c'était
le séjour des aines qui avaient quitté la vie
terrestre et allaient habiter soit les lieux ré-
servés aux bons, soit ceux où les méchants
étaient châtiés. Après avoir quitté leur habi-
tation terrestre, les âmes se présentaient suc-
cessivement aux divinités qui avaient Vamen-
this dans leurs attributions; elles arrivaient
ensuite devant le juge suprême Osiris, qui,
assis sur son trône, pesait dans une balance
les bonnes et les mauvaises actions du défunt,
et prononçait ensuite sa sentence, assisté de
vingt-deux jurés, de la déesse Justice et Vérité
et du dieu Thôth, son scribe divin. ■
AMENTIFÈRE adj. (a-main-ti-fè-re — du
lat. amentum, attache ; fero, je. porte). Hist.
nat. Qui porte des espèces de chaton : Eponge
AMENTIFORME adi. (a-main-ti-for-me —
du lat. amentum, attache ; forma, forme). Bot.
Qui a la forme d'un chaton : Les rameaux de
cette éponge sont un peu obtus et amentikormes.
(De Blainv.)
AMENTUM s. m. (a-main-tom — mot lat.
qui signif. courroie de cuir, attache). Antiq.
Courroie que les anciens attachaient au bois
d'une lance ou d'un javelot vers le contre de
gravité, afin de lui imprimer une force de jet
plus considérable.
amenuisant (a-me-nui-zan) part. prés,
du v. Amenuiser.
AMENUISÉ, ÉE (a-me-nui-zé) part. pass. du
v. Amenuiser. Rendu plus mince, moins épais :
Uois amenuisé. Planche amenuisée.
rad. menu). Rendre plus mince, plus memi :
Amenuiser un morceau de bois, une planche.
Amenuiser une cheville.
S'amenuiser, v. pr. Etre amenuisé, rendu
plus mince : Le bois de cornouiller s'amenuise
difficilement.
— Syn. Amcu..i.cr, algiiiaor, allcgir. V.
Aiguiser. ,
AMER s. m. (a-mèr — de à et.mer). Mar.
Tout objet fixe et remarquable, tel que tour,
moulin, clocher, balise, etc., situé sur la côte
ou en mer, et dont on se sert pour faire des
relèvements ou pour diriger la routé à suivre
près de terre, ou dans les passes des rades et
des ports, fi L'Académie n'empl. ce mot qu'au
pluriel, bien qu'il s'applique à tout objet isolé
servant de remarque.
AMER, ÈRE adj . (a-mèr, è-re — lat. amarus,
mémo sens). Qui a une saveur désagréable,
telle que celle de l'absinthe, de l'aloès, du
quinquina : Herbes amèhks. Suc amer. Goàl
amer. Presque tous les médicaments amers
sont toniques. (Acad.) Les choses fortement
acides ou amères nous causent d'intolérables
douleurs. (Brill.-Sav.)
Près des fruits savoureux croissent les fruits amers.
— Fig. Triste, pénible, douloureux : Sou-
venirs amers. Chagrins amers. Douleur amèue.
Il est bien amer à un père de voir ses enfants
ne pas répondre à ses soins. (Pasc.) Les dégoûts
de la vie ne sont pas si amers que ceux du
monde. (Mass.) Plus l'orgueil est excessif, plus
l'humiliation est amère. (Mass.) Plus nous nous
attacherons à la vie, plus la fin en sera amère.
(Fén.) La patience est amère, mais son fruit
est doux. (J.-J. Rouss.) Que ne puis-je dévorer
en secret ta plus amure de mes douleurs? (J.-J.
Rouss.) Eh quoi! la liberté n'aurait lui un
instant à nos yeux que pour s'éloigner, en nous
laissant le sentiment amer que nous ne sommes
pas dignes de la posséder! (Mirab.) Une dou-
leur amère succéda à mon emportement, et je
me pris à pleurer comme une femme. (G. Sand.)
Sa perte, que je veux, me deviendrait amère.
CORN1ÎILLE.
Ton départ me saisit d'une amére tristesse.
LÉONARD.
S'il est des jours amers, il en est de si doux !
Ponsaud.
Il Se dit aussi des choses de l'esprit, et
signifie Dur, offensant, mordant : Trait
amer. Ironie amère. Critique amère. Ile -
proches amers. Plaintes ambres. Je trempai
ma plume dans mon fiel, et cela composa une
sotte lettre amère dont je vous fais mille ex-
cuses. (M "><> de Sév.) Sans la satire amère,
sans la raillerie insultante, le méchant serait
toujours triste. (J.-J. Rouss.) Il y a toujours
quelque chose (/'amer dans vos propos. (Beau-
niarch.) // prend le langage le plus amer et le
plus hostile. (M.-Brun.)
— Poétiq. L'onde amère, les ondes amères,
les flots amers, La mer : Vénus sortit toute
nue du sein de /'onde amère. Les chevaux du
Soleil sortent de /'onde amère. (Fén.)
es /lots ai
Les vents ont sous sa voile aplani l'onde amère.
— Pain amer, Celui que l'on gaguu ave
peine, et que l'on mange dans le chagrin c
les humiliations : Le pain de l'exil est u
Il mange un pain ai
r, tout trempé de ses pleurs.
AME
0 Larmes amères, Celles qu'une profonde dou-
leur fait verser : Je versais des larues amères.
(Fén.) Il faut avoir répandu tes larmes amères
de l'absence, pour sentir la volupté du retour.
(Fén.) || Avoir la bouche amère, Sentir darfs la
bouche un goût d'amertume, n /tendre la
bouche amère, Laisser dans la bouche un goût
amor.
— Amer comme chicotin. Se dit de ce qui
est d'une excessive amertume.
— Prov. Ce qui est amer à la bouche est
doux au cœur, Des choses désagréables peu-
vent être salutaires. Il On ne peut mâcher amer
et cracher doux, Les mauvais traitements
aigrissent le caractère.
— Chim. Principe amer, Matière hypothé-
tique admise dans toutes les substances
organiques amères.
— s. m. Substance amère; qualité d'une
substance amère : Manger, boire des amers.
L'aloès est un amer. L'amer est tout à fait
l'°PP
les taches faites sur les vêtements. En
une carpe, un brochet, il faut bien prendre
garde de crever /'amer.
— Amer des Allemands, Nom d'une liqueur
que.l'on appelle plus ordinairement bitter.
— Chim. Amer de Walter, L'acide nitro-
picritc.
— Encycl. En thérapeutique, le nom d'amers
s'applique spécialement a. certains produits du
règne végétal caractérisés par leur amertume,
et qui sont rangés parmi les médicaments toni-
ques. iTous les amers, dit M. Vfrey. ont sur
1 économie animale un mode d'action qui leur
est commun ; ils augmentent le ton de la fibre
et particulièrement celui des organes diges-
tifs. ■ M. Guersant reconnaît que, sans possé-
der un principe identique auquel on puisse
I apporter la propriété amère, beaucoup de
substances douées de cette saveur offrent
néanmoins entre elles certaines analogies qui
permettent de les rapprocher et de les diviser
en différents groupes. M. Guilleniin divise les
amers en toniques excitants ou stimulants, sé-
datifs, cathartiques, acres. Aux amers toniques
appartiennent la petite centaurée, la gentiane,
le trèfle d'eau,' le houblon, le houx, etc. ; aux
amers excitants, la sauge, le romarin, la la-
vande; la menthe, le petit chêne, la camomille,
l'armoise, la tanaisie, eto. ; aux amers sédatifs,
les papavéracées , les chicoracées , etc. ; aux
amers cathartiques, la rhubarbe, la bryone,
L'élatéqùim , l'aloès , la coloquinte , etc. ; aux
amers acres, la strychnine, etc.
— Antonyme. Doux, suave.
AMERBACH (Jean), imprimeur de Bâle, cé-
lèbre surtout par son édition de saint Augustin
(1500), pour laquelle il employa un caractère
^ue les typographes nomment encore saînt-
augustin. [I Son (ils aine, Amerbach Bonii-'ace,
fut un savant distingué.
AMERBACH (Vitus) , un des plus savants
hommes de son siècle, né en Bavière en 1487,
mort en 1557, se montra d'abord un des plus
zélés partisans de Luther, mais rentra ensuite
dans le sein de l'Eglise catholique et fut nommé
.professeur de philosophie à 1 université d'in-
golstadt. Outre des ouvrages philosopfiiques,
il a publié des commentaires sur les Offices de
Cicéron, sur les Tristes d'Ovide et sur l'Art
poétique d'Horace. Il a également traduit en
latin les discours d'Isocrate et de Démosthène,
le traité de saint Chrysostome sur la Provi-
dence, celui d'Epiphane sur la Foi catholique,
et a laissé quelques poésies.
AMER B1AKI1AM ALLAH ( Abou-ali-al-
Mansour) , septième calife fatimite de l'Egypte,
né vers 1095, mort vers 1130 (524 de l'hégire),
succéda à son père a l'âge de cinq ans, par
les soins du vizir Afclal, qui exerça tous les
droits de la souveraineté pendant la plus
grande partie de ce règne. On vante la sa-
gesse et la douceur de son administration, qui
fut l'âge d'or de l'Egypte. Cependant Amer,
fatigué de l'esclavage où le retenait son mi-
nistre, le -fit assassiner en 1125, et s'empara
de tous ses biens; mais lui-même périt quel-
ques années après sous les coups d'assassins
apostés par les parents et les amis de sa vic-
time. Ce prince était instruit et cultivait les
lettres avec succès ; mais l'histoire lui reproche
justement sa cruauté, sa dissimulation, ses
débauches, son orgueil et surtout son ingrati-
tude. Il mourut sans laisser d'héritier.
amèrement adv. (a-mè-r'e-man — rad.
amer). Avec chagrin, douloureusement; ne
s'empl. qu'au figuré : Pleurer amèrement. Je
pleurais amèrement en vous écrivant. (M'"c de
Sév.) Je n'assiste pas à un mariage i
amèrement et sans éprouver un si
cœur. (Chateaub.) Or, jamais leçons n'eurent
un effet plus subtil, ne furent plus amèrement
comprises, (E. Sue.) Jamais il n'avait senti plus
amèrement l'horreur de sa position. (E. Sue.)
II Avec amertume, sans pitié : Critiquer, re-
prendre amèrement. Les amants de Pénélope
n'ont pas été trompés plus amèrement que
ceux de la liberté. (Ch. Nod.) Souvent, ceux
oui se plaignent te plus amèrement d'un mal-
heur en ont été la cause. (Boiste.)
Ah! lue la destinée amèrement me raille!
V. HUQOw
amÉrhin s. m. (a-mé-rain — du gr. amé,
faucille; rhin, nez). Entom. Genre d>=<i'-*<>»
AME
tétramères, famille des curculio-
nites , qui comprend six espèces , toutes du
Brésil.
AMÉniCVESPDCE(AMERiGoVESPUCCi), na-
vigateur florentin, né en 1451, fixé en Espagne
vers 1492, fit en qualité de pilote et de géo-
graphe plusieurs voyages vers les terres nou-
vellement découvertes par Christophe Colomb,
et prétendit avoir reconnu le continent dès
1497, c'est-à-dire une année avant Colomb, ne
laissant à celui-ci que l'honneur d'avoir dé-
couvert les iles^mais il est prouvé par des
documents authentiques que le voyage d'Amé-
ric n'a été accompli qu'en 1499, Le nom d'A-
mérique n'en a pas moins été appliqué au
nouveau monde dès les premières années du
xvic siècle. (V. Christ. Colomb.) Améric Ves-
puce fit encore quelques expéditions, soit au
service de l'Espagne, soit à celui de Portugal,
reconnut en 1501 et 1502 les côtes du Brésil,
découvert récemment par Cabrai, et descendit
jusqu'à la Terre des Patagons. Il mourut, sui-
vant les uns., à Séville, en 1512; suivant
d'autres, en 1516, dans l'île de Terceire. Son
Journal a été publié à Vicence en 1507. C'est
à cette époque que le cosmographie Ylaco-
misine donna l'un des premiers le nom du navi-
gateur florentin au nouveau monde. Cette
appellation se généralisa rapidement, malgré
les protestations des auteurs contemporains.
Il suffit de consulter le curieux ouvrage du
vicomte de Santarem : Recherches historiques
sur la découverte du nouveau monde et notam-
ment sur les prétendues découvertes d' Améric
Yespuce, pour qu'il ne soit plus possible de
conserver aucun doute, et pour dire avec
SU. Henri Chartrin, que « c'est la fraude la plus
gigantesque dont l'histoire ait gardé le sou-
On fait, en littérature, de fréquentes allu-
sions, et à cette fraude, et au Sic vos non vobis
dont Christophe Colomb fut la victime.
« Linnœus découvrit un beau jour le mys-
tère des amours des plantes, et il écrivit que
la corolle était la couche nuptiale des fleurs;
mais là s'arrêta son génie, pour le malheur des
hommes. Semblable à Christophe Colomb, qui,
débarqué sur la terre d'Amérique, croyait
fouler encore le sol de l'ancien continent, Lin-
nœus ne s'aperçut pas qu'il venait de découvrir
un nouveau monde. L'ceil de son corps ne vit
pas aussi loin que l'œil de sa pensée, et Dieu,
pour le punir de sa myopie, lui ravit, comme
à son émule, la gloire de baptiser de son«hom
sa découverte immortelle, et réserva cet hon-
neur à un autre Vespuce. » Toossenel.
« M. Niepce est mort et la machine s'appelle
daguerréotype. Le monde découvert par Chris-
tophe Colomb s'appelle bien Amérique! »
Alphonse Karr.
« Il y a des peuples de génie qui inventent,
et des peuples hommes d'affaires qui exécu-
tent ; il y a des penseurs qui découvrent, et
des habiles qui exploitent la découverte, et
souvent ne l'exploitent qu'à leur profit. Der-
rière un Colomb qui devine un monde, il y a
presque toujours un Améric Vespuce qui s'y
installe et qui lui donne son nom. a
HlPPOLVTE RlGAULT.
AMÉRICAIN, aine s. et adj. (a-mé-ri-kain,
è-ne — rad. Améric, n. pr.). Géogr. Habitant
de l'Amérique ; qui appartient, qui est propre
à l'Amérique ou à ses habitants : Un Améri-
cain. Une ieune Américaine. Jl y avait alors
beaucoup ^'Américains à Paris. Le continent
américain. Coutumes américaines. Les femmes
américaines ont en général un esprit orné, mais
peu d'imagination, et plus de raison que de
sensibilité. (G. de Beaum.) ^Américaine sait
trop pour être innocente. (G. de Beaum.) Les
Américaines des Etats-Unis sont telle-
la jeunesse. (H.
— Pop. Avoir l'œil américain, Avoir le coup
d'œil perçant, scrutateur ou fascinateur, par
allusion, sans doute, à différents personnages
de Cooper, Œil-de-Faucon, etc., auxquels l'au-
teur prête des sens très-développés sous le
rapport de l'ouïe et principalement de la vue :
J'ai /'œil américain, je ne me trompe jamais.
(X.deMontépin.)
Pour détrousser le citadin,
Il Nos pères disaient, dans le même sons, œil
émerillonné, œil brillant, éveillé, par allusion
à l'œil perçant de l'émerillon, l'oiseau le plus
petit, mais le plus vif du genre faucon : Je
vous trouve bien émërillonnée ce matin. Elle
a /'œil émerillonné. (Acad.) Vous nous ferez
plaisir de nous envoyer celte petite émeril-
lonnéb. (Mme de Sév.)
AMÈ
meriUonné.
Scaukon.
r du Pérou, elle promet _..
j moins vierge que tes forêts vierqes de
mérique , elle promet une ardeur amou-
tse de soixante degrés Réaumur. (Ed, Le-
- Grog américain, Grog à l'eau-de-vie, plus
eopieux que les grogs ordinaires, et que l'on
sert accompagné d'une grosse brioche chaude.
— Argot. Vol à l'américaine, Nom d'une
variété de charriage, c'est-à-dire d'une des
manières de dépouiller un individu tout en
le mystifiant. Les charrieursqui exécutent ce
vol vont ordinairement deux de compagnie,
l'un appelé l'américain et l'autre le jardinier.
Celui-ci aborde la personne qu'il suppose avoir
la bourse bien garnie et dont l'extérieur n'an-
nonce pas une très-grande intelligence ; il
sait trouver le moyen de lier conversation.
Tout à coup ils sont accostés par un mon-
sieur richement vêtu, qui s'exprime diffici-
lement en français, et qui désire être con-
duit à un endroit qu'il désigne, mais qui est
toujours très-éloigné de celui où l'on se trouve.
Il offre, pour payer ce léger service, une pièce
d'or, quelquefois même deux. Il s'est adressé
au jardinier, et celui-ci dit tout bas à la dupe :
« Puisque nous sommes ensemble, nous par-
tagerons cette bonne aubaine ; conduisons cet
étranger où il veut aller, cela nous promè-
nera. » On ne gagne pas tous les jours dix ou
vingt francs aussi facilement; aussi la dupe
tombe presque toujours dans le panneau. Les
voilà donc partis tous les trois. L'étranger
est très-communicatif ; il raconte tout au long
son histoire à ses compagnons. Citoyen des
Etats-Unis ou de tout autre pays lointain, il
n'est en Europe que, depuis quelques jours. Il
a beaucoup d'argent à dépenser; mais, ce qui
le contrarie, c'est qu'il a dos pièces d'or dont
il ne connaît pas la valeur, et qu'il voudrait
échanger contre de grosses pièces blanches :
il donnerait volontiers une des siennes pour
deux de colles qu'il désire. La dupe voit
une excellente affaire à réaliser : il y a
cent pour cent à gagner à pareil marché.
Il s'entend donc avec le jardinier, et il est
convenu entre eux qu'ils floueront l'étran-
ger, qui n'est autre, on l'a deviné, que \'a-
méricain. Mais, dit le jardinier , les pièces
d'or ne sont peut-être pas bonnes ; il faut les
faire estimer. Ils font comprendre cette né-
cessité à l'étranger, qui n'hésite pas à leur
confier une pièce d'or, et ils vont ensemble la
présenter à un changeur, qui leur remet
quatre pièces de cinq francs, moins un petit
droit de change. Ils en donnent deux à l'amé-
ricain, qui parait très -satisfait, et ils en
gardent chacun une : les bous. comptes font
les bons amis. L'affaire est presque conclue.
On entre alors chez un marchand de vin, où
l'on a soin de demander un cabinet particulier.
L'américain étale ses pièces d'or, qu'il met
successivement dans un petit sac fermé par
un cadenas. « Vou avre fait estimer mon pièce
d'or, dit-il alors; moi fouloir aussi savoir si
votre archan il est pon. » Rien de plus juste,
dit le jardinier. L'américain ramasse tout
l'argent du pauvrediable.et sort, accompagné
du jardinier, soi-disant pour s'assurer si la
monnaie est de bon aloi. Il va sans dire qu'il
a laissé en garantie le petit sac qui contient
les pièces d'or. Celui que l'on dupe est tout
à fait tranquille; il attend paisiblement qu'il
plaise 'à ses compagnons de revenir, en ^ap-
plaudissant en lui-même de l'excellent mar-
ché qu'il vient de faire. Il attend ainsi une
demi-heure, une heure, doux heures; enfin,
les soupçons commencent à lui venir : ilouvre
alors le sac et n'y trouve que des jetons ou
de là monnaie de cuivre. Le vol à l'américaine
se pratique toujours de la même manière ,
sauf cependant de légères modifications ren-
dues nécessaires par les circonstances.
On donne également le même nom à une
autre espèce de vol, qui est aussi une variété
de charriage, parce qu'un des compères y joue
le rôle d'américain, mais ce vol est appelé par
les adeptes vol au pot. V. For.
— A l'américaine, loc. adv. A la manière
des Américains, selon la coutume et les mœurs
américaines, qui se font remarquer par un
grand laisser-aller, une liberté presque ab-
solue : Quentin entend que ses deux filles S07--
tent désormais seules, À l'américaine. ("')
Elles jouiront d'une indépendance absolue, À
l'américaine. (James Rouss.)
AMÉRICAIN s. m. (a-mê-ri-kain). Ichth.
Nom vulgaire d'une espèce d'able qui vit dans
les eaux douces de la Caroline, et dont la chair
est'peu agréable. Il sert principalement d'a-
morce pour les truites.
américaine s. f. (a-mô-ri-kè-ne). Voiture
très-légère, à quatre roues et à capote vo-
lante : Quelques calèches, quelques américai-
nes, quelques coupés, y voiturent les riches
familles. (Th. G.iut.) J'ai fait venir mon amé-
ricaine, que, par parenthèse, les naturels du
pays ont l'irrévérence de trouver une voiture
fort disgracieuse. (L. Laya.)
américanisant (a-mé-ri-ka-ni-zan) part,
prés, du v. Américaniser.
AMÉRICANISÉ, ÉE (a-mé-ri-ka-ni-zé) part,
pass. du v. Américaniser. Qui a adopte les
mœurs, les usages, les coutumes des Améri-
AMÉRICANISER v. a. ou tr. ( a-mé-ri-ka-
ni-sé — rad. Américain). Donner les mœurs,
les usages, les manières des Américains :
Américaniser des Français, des Allemands,
des Anglais.
S'américaniser, v. pr.'Prondre les mœurs,
les usages, etc. , des Américains : La ville de
Mexico s'américanise déplus enplus. (Journ.)
américanisme s. m. (a-mé-ri-ka-ni-sme
— rad. Américain). Néol. Admiration outrée,
AME
exclusive, du gouvernement, des lois, des
usages des Américains; et principalement des
habitants des Etats-Unis, il Ternie dont on se
sert en Angleterre, et même en France, pour
exprimer certaines particularités de style ou
de prononciation qu'on rencontre assez fré-
quemment dans la conversation ou dans les
écrits des habitants des Etats-Unis. Tous les
américanismes ne sont pas ce que le gram-
mairien appelle des barbarismes : il en est qui
sont parfaitement classiques, on ce sens quo
ces locutions ou expressions, négligées et
oubliées dans la mère patrie, se retrouvent
néanmoins dans les vieux auteurs anglais.
C'est ainsi que les^Français du Canada con-
servent encore aujourd'hui l'usage de la si-
gnification originelle de Beaucoup de mots en
honneur au siècle de Louis XiV. Au jugement
des lexicographes anglo-saxons— et Webster,
qui fait autorité, est du nombre — .il est tel
américanisme, produit du mélange des races
ou des besoins sociaux, qui devient une heu-
reuse innovation. Mais il faut réprouver cer-
tains abus de langage. Par exemple, le citoyen
de New-York, sachant que, sur ses livres de
commerce, le mot balance est synonyme de
reste, restant, n'hésite pas à dire : Il sort en-
core du monde; c'est une balance d'acteurs,
c'est-à-dire, des acteurs qui sortent après que
tous les spectateurs sont partis.
américaniste s. (a-mô-ri-ka-ni-ste —
rad. Américain). Partisan des Américains;
celui, celle qui aime, qui affecte leurs mœurs,
leurs usages.
américomanie s. f. (a-mé-ri-kc-ma-nî —
de Amérique et manie). Admiration affectée,
ridicule, pour tout ce qui appartient à l'Amé-
rique.
AMÉRICO- SEPTENTRIONAL, ALE adj.
(a-mé-ri-ko sèp-tan-tri-o-nal). Qui appartient,
qui a rapport à l'Amérique septentrionale "!
Les peuples américo-septentrio.vaux. Les cou-
tumes américo-septëntrionales. n Substan-
tiv. : Les amkrico-septëntrionaux.
AMI'RIGHI (Michel-Angiolo). V. Caravage.
AMÉRIMNE s. m. (a-mé-ri-mne — du gr.
amerimnos, exempt de souci), Bot. Genre de
plantes de la famille des légumineuses et de
la tribu des dalbergiées, dont on connaît doux
espèces, qui appartiennent à l'Amérique équa-
toriale.
AMÉRIQUE, une des cinq parties du monde,
qui s'étend, en longueur d'un pôle à l'autre, et
qui offre, par conséquent, comme l'ancien con-
tinent, les productions naturelles de tous les
climats. — Un coup d'œil jeté sur la carte de
" " --'•ique, en grave aussitôt la configuratior
iprit. Cecoi '!- " ' J- J"~
a péninsules,
sud , reliées entre elles par i „ ■ -
terre fort étroite, l'isthme de Panama. Un
chemin de fer de 80 kilomètres livré à la cir-
culation depuis 1855, .mesure la largeur de cet
isthme dont le percement n'a pu jusqu'ici être
tenté, et sert de trait d'union entre le Paci-
fique et l'Atlantique, les deux océans les plus
vastes du globe. Une troisième partie du nou-
veau monde est formée par l'archipel des Indes
occidentales, véritable Océanie en minia-
ture, où chaque nation européenne a le pied,
parce que toutes ont commis que le maître de
ces iles aurait seul la clef du golfe du Mexique,
et la haute main sur tout le cômmer«e entre
les ports de deux Amériques. Enfin, en 1850,
le capitaine Uac Clure, à bord de l'Investigator,
trouva le fameux passage nord-ouest, pénétra
du détroit de Behring dans la baie de Baftin;
d'un océan à l'autre, et prouva que l'Amérique
du Nord proprement dite est complètement
séparée par un bras de mer du Cumberland,
de la Nouvelle-Géorgie et du Groenland, qui
forment ainai ce qu'on peut appeler la qua-
trième partie de 1 hémisphère américain. Les
glaces polaires empêchent le commerce de
profiter de la solution de ce problème géogra-
phique , solution à la recherche de laquelle le
capitaine Franklin , avec tout son équipage,
Découverte par Christophe Colomb, l'Amé-
rique ne porte pas le nom de celui qui l'a révé-
lée à l'ancien monde. Ce fut Amerigo Vespucci,
de Florence, l'auteur de la première Relation
de voyage dans les pays nouvellement décou-
verts, qui eut l'honneur de donner son nom au
continent américain, que l'on aurait dû appeler
Colombie. Un petit Etat de l'Amérique du Sud
et le district dans lequel se trouve la capitale
des Etats-Unis, ont seuls revendiqué Christo-
phe Colomb pour parrain, et se nomment, l'un,
le District, l'autre, la République de Colombie.
Dans les premiers temps de la découverte, on
partagea l'erreur de Colomb, qui croyait avoir
rencontré la côte ouest de l'Inde. De là le nom
d'Indes occidentales longtemps donné à l'A-
mérique. Ainsi le grand homme est mort, igno-
rant qu'il avait découvert un nouveau monde
entièrement séparé de lap"'""1
5,200 de largeur ; l'Amérique du Sud, 7,343 kil.
de longueur, et 4,861 de largeur. Les deux
Amériques offrent un périmètre de 70,000 kil.,
et, y compris les iles, 38 millions de kil. carrés.
La population totale est évaluée à 60 millions
d'hab. L'Amérique est bornée au nord par l'o-
céan Arctique, à l'est par l'océan Atlantique,
au sud par l'océan Austral, à l'ouest par le
Grand Océan, le détroit de Behring et l'océan
Arctique. Elle s'étend du 36" de longitude est
au 170° ouest, et du 71» de latitude nord
ÀMÈ
ma
mh
au 54J de lat. sud. Les principales mers
. qui la baignent, outre les quatre grandes qui
lui servent de bornes, sont : les mers d'Hud-
son, de Baffin, des Antilles, de Behring et
la mer Vermeille ; les principaux golfes sont
ceux du Mexique , de Honduras et' de Pa-
nama ; détroits : de Davis , de Magellan
et de Behring; presqu'îles : Labrador, Nou-
velle-Ecosse, Floride, Yucatan, Californie ,
Alaska ; iles et archipels : le Groenland, Terre-
Neuve, les Bermudes, les Lucayes ou Bahama,
les grandes Antilles, les petites Antilles ; enfin,
les îles Malquines, les iles de la Terre de feu,
Quadra et Vancouver , l'archipel du Roi-
Georges et les iles Aléoutiennes; caps: Fa-
rewell, Cod, Catoche, Gallinas, Saint-Roch,
Horn, Blanc, San-Lucas et le* cap du Prince-
de-Galles; principaux fleuves et rivières : le
Mackensie, le Nelson, le Saint-Laurent, 'le
Mississipi ; les riv. du Missouri, de l'Ohio et de
l'Arkansas, qui se jettent dans le Mississipi ;
le Rio-del-Norte; la Madeleine , l'Orénoque ,
l'Amazone; les nv. de Madeira, Xingu, Rio-
Negro, qui se jettent dans l'Amazone; le To-
cantin, le Saint-François, le Rio-de-la-Plata,
l'Uruguay, le Parana, qui reçoit le Paraguay;
le Rio-Colorado, le Rio-Sacramento, l'Orégon
ou Coloinbia, enfin le Connecticut, l'Hudson, la
Susquehannah et le Potomac, fleuves beaucoup
moins considérables, mais importants par l'état
de civilisation qui règne sur leurs bords ; les
principaux lacs sont ceux du Grand-Ours, de
l'Esclave, des Montagnes, de Winnipeg, les lacs
Supérieur, Michigan, Champlain, Huron, Erié,
Ontario (c'est entre ces deux lacs que se
trouve la fameuse cataracte du Niagara);
de Nicaragua, de Maracaibo, de Titicaea et de
Los Patos. Les deux Amériques sont traver-
sées du nord au sud par une chaîne de mon-
tagnes unique, qui change de nom en chan-
geant de contrée, savoir : la Cordillière des
Andes, la Cordillière du Mexique, les monta-
gnes Rocheuses, les Alleghanys et les mon-
tagnes du Brésil.
Mais ce n'est pas une nomenclature géo-
graphique, forcément aride, qui peut don-
ner, comme nous voudrions l'établir, une
idée de la supériorité de l'Amérique sur
J'ancien monde , sous le rapport des avan-
tages naturels. On dirait que la Providence, en
jetant, isolé au milieu des eaux, ce continent
gigantesque, en le privant pendant tant de
siècles de communion intellectuelle avec les
autres parties de la terre, a voulu lui donner
une compensation dans un plus grand déve-
loppement des forces physiques. A purt les pics
de l'Himalaya, aucune montagne de l'ancien
monde n'est comparable en hauteur aux crêtes
des Andes, qui, d ailleurs, dépassent l'Himalaya
sous le rapport de' l'étendue de la chaîne. Les
Cordillières courent du sud au nord de l'Amé-
rique, longeant l'océan Pacifique
géant à droite les immenses vallé
noque et du Mississipi, qui sont.de
garanties de l'océan Atlantique par les som-
mets plus faciles à escalader des monts Bré-
siliens et des Alleghanys. L'Amérique s'allonge
entre deux océans, maintenus à droite et à
gauche par de véritables digues , qui sont ces
deux chaînés de montagnes. Comme pour faci-
liter encore les relations mutuelles des deux
principales parties de ce double continent, les
eaux du golfe du Mexique servent à la fois de
port naturel et de route facile entre l'Amérique
du Nord et l'Amérique du Sud. Le système
hydraulique de l'Amérique est le plus beau et
le plus complet qui existe. Les lacs de l'an-
"'■"-i monde sont des étangs, et ses fleuves
s de TO
a les c
x fleuves de l'Amérique. Ajoutons que dans
l'Amérique du Nord, lacs et fleuves offrent
Hmmense avantage de se compléter l'un par
l'autre, en sorte qu'il a suffi de quelques fai-
bles travaux d'art pour en faire un réseau qui
permet aujourd'hui à un navire entrant par
le fleuve Saint-Laurent, de gagner la région
des grands lacs; de déboucher dans le Missis-
sipi, et de venir s'amarrer aux quais de la
Nouvelle-Orléans , prêt à repartir pour l'Eu-
rope. L'Amérique ne connaît ni les saharas ni
les steppes de l'Afrique et de l'Asie. Ses dé-
serts sont vivants, peuplés d'animaux domes-
tiques à l'état sauvage. Les buffles, les che-
vaux, les taureaux croissent et multiplient
dans les immenses prairies de l'Amérique du
Nord, et dans les llanos et pampas de 1 Amé-
rique du Sud.
La vaste étendue de l'Amérique en latitude,
son étroitesse dans sa partie intertropicale
comparée à la largeur qu'elle acquiert dans sa
partie boréale ; la disposition des montagnes
de cette dernière, qui laisse un libre accès aux
vents glacés du nord ; la hauteur de ces mas-
sifs eux-mêmes ; enfin son étroitesse dans sa
partie australe, expliquent à la fois comment
cette partie du monde possède tous les climats,
et comment, à latitude égale, elle est beaucoup
plus froide que l'ancien continent. En effet,
celles de ses parties qui, par leur position géo-
graphique devraient jouir d'une température
modérée, et produireles fruits du midi de l'Eu-
rope, sont exposées à de longs et rigoureux hi-
vers, tandis qu'on ne retrouve nulle part dans
ses régions intertropicales les chaleurs torrides
de l'Asie et de l'Afrique. En général, le climat
de l'Amérique est très-sain. La science et l'ex-
périence ont démontré combien étaient vaines
les terreurs qu'éprouvaient les Européens à
l'idée d'habiter la zone torride du nouvel hé-
misphère. L'hygiène, il est vrai, s'est montrée
jusqu'ici impuissante contre les fièvres mias-
matiques qui régnent dans la saison des pluies i
à l'isthme de Panama; mais l'Amérique cen-
trale a toujours été une contrée salubre ; la ter-
rible fièvre jaune a disparu de la Nouvelle-
Orléans depuis que les fédéraux entretiennent
la ville dans un état de propreté convenable.
Il en a été ainsi àlaVera-Cruz, où les mêmes
mesures ont fait reculer le fléau, pendant l'oc-
cupation française. Les terres américaines sont
les plus riches du monde en métaux précieux ;
on se fera une idée de l'énorme quantité d'or et
d'argent que les mines ont fourni à la circula-
tion, si l'on considère que de 1733 à 1825, il a
été frappé à la seule monnaie de Mexico pour
une valeur de 7,304,869,000 fr., et que, sui-
vant M. de Humboldt, le produit de ces mines
s'élevait, pour l'année 1803, à près de 40 mil-
lions d'or, et plus de 200 millions d'argent. On
connaîtles inépuisables placers de laCalifornie.
Le Chili et l'île de Cuba possèdent de riches
mines de cuivre , et les Etats-Unis d'abon-
dantes mines de fer et de vastes dépôts houil-
lère ; le Pérou a des mines de mercure, aujour-
d'hui abandonnées, mais non épuisées ; enfin
le Brésil fournit à l'univers entier ses diamants
et ses pierres précieuses. Le sol de l'Amérique
est presque partout susceptible de culture, et, i
dans beaucoup d'endroits, d'une admirable fer- |
tilité; les produits des contrées équatoriales i
sont la vanille, la cochenille, le sucre, le ,
cacao, le café, le gingembre, la noix muscade,
le quinquina, l'indigo, le coton, le tabac, les
gommes, les résines, et une énorme quantité i
de plantes médicinales ; d'immenses forets, en- I
tion, l'ébénisterie et
l'acajou, le bois dit de Brésil, le bois "de Cam-
pèche, etc. ; c'est à l'Amérique que nous de-
vons la pomme de terre, le tabac, le maïs, le
millet.
L'Amérique offre sous le rapport zoologi-
que, des caractères particuliers sur lesquels
nous devons appeler fattention. Quelques es-
pèces, telles que le renne, l'élan, le loup, le
castor, etc., sont communes à l'ancien et au
nouveau continent. D'autres, telles que les
tatous, les paresseux, les sarigues, etc., appar-
tiennent exclusivement à l'Amérique. Enfin un
grand nombre d'espèces de l'ancien monde ne
figurent pas dans la faune américaine, mais y
sont représentées par des espèces analogues ;
nos lions, nos tigres, nos panthères, s'y trou-
vent remplacés par le puma, le jaguar, l'oce-
lot; nos cochons, nos sangliers, par le pécari,
le tajassou, etc. ; nos ruminants, par le lama,
l'alpaca, la vigogne, etc. ; nos rongeurs par le
camu , l'agouti , etc. Les anciens Américains
ne connaissaient aucun de nos animaux do-
mestiques ; on sait quelle surprise mêlée de
frayeur leur inspira la vue de nos chevaux. La
classe des oiseaux compte en Amérique un
grand nombre d'espèces, presque toutes re-
marquables par la beauté des couleurs. Les
oiseaux de proie l'emportent en général, pour
la taille, sur ceux de 1 ancien continent qui n'a
rien à opposer au condor des Andes. Quant
aux reptiles, ils pullulent dans les forêts ma-
récageuses des régions centrales; les plus
redoutables sont l'alligator, le boa constrictor,
le crotale ou serpent à sonnettes, le trigono-
céphale, etc.
— Races. Les diverses races humaines se
sont donné rendez-vous sur le continent amé-
ricain. Le plus beau type, le type blanc de la
race caucasienne, se trouve au Canada et dans
les Etats-Unis. La peau des misses de New-
York , de .Philadelphie , de Baltimore et de
Québec, ne le cède ni en blancheur ni en
teintes rosées , à celle des young ladies de
Londres et de nos Parisiennes. Le nègre du
Congo , avec son nez écrasé, son front dé-
primé , sa chevelure laineuse et sa peau d'é-
bene, reconnaîtrait son sang, sans aucun
mélange, parmi les noirs des Etats cotonniers,
de Haïti et des Guyanes. Le teint olivâtre
des populations malaisiennes et asiatiques
se trouve chez les Indiens, parmi les races'Su-
tochthones de l'Amérique du Nord et du Sud.
Mais ce qui donne à 1 Amérique une physio-
nomie toute particulière au point de vue ethno-
logique, c'est le mélange continuel de toutes
ces races .réalisant doublement la légende de
la tour de Babel. On comprend que rien de
semblable ne pouvait se produire dans l'an-
cien monde, où les populations d'origine diffé-
rente, parquées chacune dans leurs limites
naturelles, ne se mêlèrent jamais que sous l'im-
pulsion d'événements accidentels, de guerres,
d'invasions temporaires. L'expression de sang
mêlé, qui désigne les nombreux individus ré-
unissant dans leurs veines le sang de races di-
verses , et qui comprend les mulâtres , les
créoles , les quarterons , octorons , etc. , té-
moigne du rôle considérable que le croisement
a joué dans le développement de la population
— Religions. Excepté le mahométisme ,
toutes les religions du globe sont représentées
sur le continent américain. Chacune s'y re-
trouve avec les caractères et les rites qui lui
sont particuliers dans l'ancien inonde. L'homme
3ui assiste à une messe dans la cathédrale
e Santiago ou de New-York se croirait à
Notre-Dame de Paris; et le service divin est
absolument le même à Saint-Paul de Londres
qu'à l'église épiscopale de Boston. Mais, de
même que l'Amérique a vu surgir des races
nouvelles du mélange de toutes celles qui
se sont rencontrées sur son sol hospitalier, de
même toutes les religions y ont fleuri , et de
leur contact sont sorties une foule de religions
nouvelles, et dont les plus remarquables sont
le baptisme, le méthodisme et le mormonisme.
Le protestantisme, avec ses milliers de sectes,
est le culte dominant dans l'Amérique du Nord,
parmi les populations anglo-saxonnes des co-
lonies britanniques et des Etats-Unis; mais le
catholicisme compte le double d'adhérents, qu'il
recrute au nord chez les émigrants de la race
latine et celtique (les Français du Canada,
les Irlandais des Etats-Unis) , au sud et dans
l'Amérique centrale, parmi les peuples de race
latine , descendants des Espagnols. C'est à
peine si quelques milliers d'Indiens sauvages
pratiquent encore l'idolâtrie.
— Histoire. L'histoire de, l'Amérique, si
sommairement qu'on veuille l'écrire, se di-
vise forcément en trois parties bien dis-
tinctes : 1« Découverte; 2° Conquête et colo-
nisation; 3° Constitution des diverses nationa-
le Découverte. D'où venaient les peuples
que les Européens rencontrèrent en Amérique
lors des grandes découvertes du xv<= et du xvie
siècle ?SonWls véritablement autochthones, ou
des rameaux qui se sont séparés, à une époque
inconnue de races de l'ancien continent? Ce
problème, qui a singulièrement embarrassé les
historiens catholiques de la conquête, n'en est
pas un pour les partisans de la pluralité des
espèces humaines. Diverses hypothèses ont
été émises par ceux qui admettent l'unité.
Les monuments trouvés au Mexique , au
Nicaragua, au Pérou, prouvent, aussi Lien que
les ruines de Balbeck, de P.almyre et de Per-
sépolis , un état de civilisation avancé et da-
tant de fort loin. C'est principalement dans
les livres de M. Squiers sur l'Amérique cen-
trale, que l'étude des antiquités américaines
démontre que depuis des siècles le nouvel
hémisphère était habité par des populations
contemporaines probablement des Assyriens,
des Grecs, des Egyptiens et des Romains de
l'ancien monde. Notons en passant l'analogie
frappante qui rapproche les statues décou-
vertes au Nicaragua de celles qui ornaient les
palais ou les temples de l'Egypte et de l'Assy-
rie. — Dans l'hypothèse qui tire de l'ancien
monde les premiers habitants de l'Amérique,
il faut admettre , qu'en raison de l'extrême,
imperfection de l'art nautique à l'époque né-
cessairement reculée où se produisit cette im-
migration, le passage dut s'effectuer par l'un
des trois points où le nouvel hémisphère se
rapproche le plus de l'ancien, c'est-à-dire par
le Brésil, par le Groenland ou par l'Amérique
russe. Celle-ci est séparée de l'Asie par le
détroit de Behring, qui est à peine large de
quelques lieues, et dont les glaces forment,
pendant l'hiver, un pont naturel entre les deux
continents. Trois à quatre jours de mer, par
un bon vent, pouvaient amener au Groenland
les barques des intrépides Islandais ou celles
de leurs compatriotes, les Scandinaves. Le
Groenland oriental, dans les terres de Scoresby,
s'approche tellement delà péninsule Scandi-
nave et du nord de l'Ecosse, que, de cette der-
nière au cap Barclay, il n'y a que 269 lieues
marines, la moitié à peu près de la largeur de
l'Atlantique, entre la cote africaine de Guinée
et la côte américaine du Brésil. Cette dernière
traversée étant la plus longue, il est peu pro-
bable que les peuples africains, si mauvais
marins du reste, se soient risqués à chercher par
delà leur Océan un nouveau continent. Cer-
tains auteurs ont parlé d'une prétendue dé-
couverte de l'Amérique par des Troyens ,
échappés au fer des Grecs ; d'autres ont in-
sinué que les marins carthaginois auraient pu
aborder au Brésil. Mais, outre que l'histoire,
qui nous a conservé la tradition du périple
a'Hannou autour de l'Afrique, se tait complè-
tement sur ces voyages bien autrement im-
portants , il faut constater qu'avant l'implan-
tation des nègres en Amérique, par les Euro-
péens, le type africain ne se retrouvait chez
aucune peuplade du nouveau monde. Sans
doute, les anciens eurent une vague perception
de l'existence de l'Amérique. Homère plaçait
l'Elysée dans là mer occidentale , au delà des
ténèbres cimmériennes. La tradition des Hes-
pérides et celle des îles Fortunées, succéda à
celle de l'Elysée. Les Romains virent les iles
Fortunées dans les Canaries , mais ne détrui-
sirent point la croyance populaire de l'existence
j. , pjus recuige à l'occident. Sénèqut
Vincula rerum laxet, et ingens
Patent tellus, Typhisque novo3
Detegat orbes, neo sit terris
Ultima Thule.
Vers la même époque, Vitruve , en faisant
de la terre un globe immense tournant sur un
axe appuyé à ses extrémités sur deux points
fixes, Vitruve corroborait l'idée poétique de
Sénèque, car il n'aurait jamais pensé a faire
globe n'ayant que de la terre d'i
a élément liquide de l'autre. Néan-
moins , nous . dirons avec Chateaubriand :
« Presque tous les monuments géographiques
de ^antiquité indiquent un continent austral :
je né puis être de l'avis des savants, qui ne
voient dans ce continent Qu'un contre-poids
systématique imaginé pour balancer les terres
boréales ; ce continent était sans doute fort
propre à remplir sur les cartes des espaces
vides; mais il est aussi très-possible qu'il y
fût dessiné comme le souvenir d'une tradition
, ÂMÉ 263
confuse : son gisement au sud de la rose des'
vents, plutôt qu'à l'ouest, ne serait qu'une
erreur insignifiante parmi les énormes trans-
positions des géographes de l'antiquité. »
Cette tradition confuse dont parle Cha-
teaubriand, d'où venait -elle? De voyages
directs entre l'Amérique et l'Afrique par la
pointe du Brésil? Evidemment non. Elle venait
des Phéniciens, des Carthaginois, déjà en rela-
tion pour leur commerce d'étain et d'ambre
jaune, avec les marins de la Baltique, de la
Scandinavie , de Vultima Thule enfin , cette
terre mentionnée par Sénèque et si près du
nouveau monde. C'est de ces pays que vint
sans doute à Carthage, où il demeura plu-
sieurs années, deux ou trois siècles avant l'ère
vulgaire, cet étranger mystérieux dont parle
Plutarnue, cité lui-même par Humboldt dans
son « Examen critique de la géographie du
nouveau monde. « C'est dans ces pays Scandi-
naves que Colomb trouva les légendes, les
traditions qui le confirmèrent dans 1 exactitude
de ses admirables pressentiments géographi-
ques. Et si, plus tard, il crut retrouver l'Ophir
de Salomon dans les mines d'Hispaniola, c'est
parce qu'il pensait avoir atteint, en naviguant
a l'ouest, les contrées asiatiques explorées par
les navires juifs, cinglant toujours à l'est.
Des trois points les plus rapprochés do
l'ancien monde, et par lesquels seulement
l'Amérique pouvait recevoir ses premiers ha-
bitants , il faut donc rejeter le Brésil. Restent
le détroit de Behring et la traversée de la
Scandinavie au Groenland. C'est à propos de
ces deux points seulement que les savants se
disputent encore, sans avoir pu s'accorder. Les
uns prétendent que le détroit de Behring fut
l'unique chemin choisi par les descendants do
Noé, pour venir en Amérique, d'où il s'ensui-
vrait que les indigènes appartenaient tous à
la race mongolique , excepté les rares habi-
tants qui avoisinent le cercle polaire. L'autro
théorie consiste à faire découvrir et peupler
l'Amérique par les Scandinaves. Des deux
côtés, on a soutenu son opinion, avec talent,
par les traditions historiques, trop souvent
obscures, par l'anthropologie, la linguistique et
l'étude des antiquités.
« Les nations de l'Amérique, dit A. de Hum-
boldt, forment une seule race, caractérisée par
la conformation du crâne, par la couleur de la
peau, et par les cheveux plats et lisses. La race
américaine a des rapports très-sensibles avec
celle des peuples mongols, qui renferme les des-
cendants des Hiong-Nou, connus jadis sous le
nom de Huns, les Kalkas, les Kalmoucks et les
Burattes. Des observations récentes ont prouvé
même que non-seulement les habitants q-'Una-
laska, mais aussi plusieurs peuplades de l'Amé-
rique méridionale, indiquent, par des caractères
ostéologiques de la tète, un passage de la race
américaine à la race mongole. Lorsqu'on aura
mieux étudié les hommes bruns de l'Afrique,
et cet essaim de peuples qui habitent l'inté-
rieur et le nord-est de l'Asie, que des voya-
geurs systématiques désignent vaguement sous
le nom de Tartas et de Tchoudes , les races
caucasienne, mongole, malaise et nègre paraî-
tront moins isolées, et l'on reconnaîtra dans
cette famille du genre humain un seul type
organique, modifie par des circonstances qui
nous resteront peut-être a jamais inconnues. »
La science s'est chargée de vérifier, excepté
pour les indigènes du Canada et des Etats-
Unis, ces paroles que l'Aristote moderne écri-
vait il y a quarante ans, et chaque jour ap-
porte un nouveau témoignage en faveur du
. système de l'unité du genre humain. — Sur
environ cent mots -américains , choisis dans
différentes provinces et reconnus comme.pres-
que identiques avec des mots chinois et des
mots tartares, une cinquantaine sont des noms
de peuples, peuplades ou villes ; dix ou douze
sont des titres donnés à la divinité ou aux puis-
sances de la terre ; quelques-uns sont des noms
propres ; des noms communs y figurent aussi.
La terminaison en an est très:fréquente au
Mexique ; or , cette terminaison est tartare ou
turque. M. Neumann, de Munich, aaussi iden-
tifié le Mexique avec ce pays de Fou-Schan,
dont parlent, comme situe à deux mille lieues
au levantdelaChine, les voyageurs boudhistes,
auxquels M. Gustave d'Eichthal attribue éga-
lement l'introduction en Amérique de cette
civilisation dont on a trouvé au Mexique de
si remarquables monuments. Wardenn , dans
ses Recherches sur les populations primitives
de l'Amérique, prouve, par quarante -trois
exemples tirés des éléments de la graminairo
chinoise, que la construction grammaticale de
cette langue est absolument la mémo que celle
des Othomis , l'un des anciens peuples de la
vallée de Mexico. De plus , on a tiré un ar-
gument en faveur de l'origine asiatique des
Mexicains, de ce fait, qu'une grande partie des
noms par lesquels les Aztèques désignaient
les vingt jours de leurs mois, correspondent
pour le son à ceux des signes du zodiaque,
tels qu'on les trouve chez les peuples de l'Asie
orientale. Brevewood, savant antiquaire an-
glais , a prétendu aussi que l'Amérique a été
originairement peuplée par les Tatars; l'il-
lustre de Guignes assure que les Chinois com-
merçaient, vers 458, avec ce continent; et
selon John Ranlting, auteur anglais, une expé-
dition mongole, dirigée contre le Japon au
xiiio siècle, aurait été jetée par une tempête
sur les côtes d'Amérique et se serait éten-
due au Pérou , au Mexique et dans d'autres
lieux. Si l'Amérique fut plus d'une fois visitée
par les peuples de l'ancien confinent, du côté
264
AME
de l'ouest, elle le fut aussi du coté de l'est.
A la fin du xc siècle , selon la chronique islan-
daise de Snorro Sturlœson, adoptée par les
historiens du Nord, un seigneur norvégien,
nommé Raude, exilé d'Islande, se rendit au
Groenland, déjà découvert avant lui par un
marin nommé Gunbivern. Dans son second
voyage, en 149G, Colomb lui-même fut fort
étonné de trouver, sur la côte de la Guade-
loupe, les débris d'un navire qu'il jugea avoir
Si l'on ajoute à tout ce que nous venons de
rapporter le voyage, très-douteux il est vrai,
des frères Zeni, à la fin du xiv- siècle, dans
les pays deDrageo et d'Estotiland, où l'on a
cru reconnaître la Nouvelle-Ecosse et le Ca-
nada, voyage entrepris sur le rapport de quel-
ques marins qu'une tempête avait jetés dans
les mêmes pays, quelques années auparavant,
on aura tout ce que l'histoire rapporte des ex-
plorations de l'Amérique faites avant la fin du
xve siècle. Nous ne parlerons pas des préten-
dues découvertes de Madoe-Ap-Owen, Alonso
Sanchez, Cousin et autres, mis en avant par les
Anglais, les Portugais, les Français, etc. ; ces
hypothèses sont fondées sur des documents
ou des traditions trop incertaines pour mériter
confiance.
Quand on examine le caractère des antiqui-
tés américaines, l'état de civilisation des peu-
ples indigènes, au moment de leur conquête
par les Européens; quand on réfléchit à la
nature du pays et aux lois qui ont présidé à
toutes les invasions, it parait probable que
l'Amérique reçut sa population à la fois par le
détroit de Behring et parle Groenland, cést-à-
dire qu'elle fut colonisée par les races mon-
golique et Scandinave. Les grands royaumes
du Mexique et du Pérou , les palais et les
temples de Mexico et de Cusco, au temps de
Cortez et de Pizarre, les idoles de formes in-
diennes, les sépultures de Mitla au Mexique,
avec leurs ornements grecs , les monuments
de Palenque et leur structure égyptienne ,
tout cela rappelle évidemment 1 Asie , la
Chine, et l'indoustan. Les explorateurs partis
de la côte orientale de l'ancien monde, et dé-
barqués sur les rivages américains du Paci-
fique, au nord de la Californie, tournèrent
aussitôt leurs regards et leurs pas vers le sud,
vers les pays, de la lumière , de la chaleur et
des fruits, invincible aimant qui attire toutes
les hordes envahissantes , dans le nouveau
comme dans l'ancien monde. Les sommets
asiatiques toute envie de les traverser, pour
se jetqr à l'ouest dans la vallée du Mississipi.
Ils restèrent sur la côte du Pacifique, descen-
dant toujours au sud, s'établissant au Mexique,
et gagnant le Pérou par l'isthme do Panama.
Dans l'Amérique méridionale, les pics inacces-
sibles de la Cofdillière des Andes empêchè-
rent encore les nouveaux venus de gagner les
pampas de la vallée de l'Orénoque, et d'y porter
[a civilisation avancée que Pizarre et Almagro
rencontrèrent au Pérou. Ainsi resserrés entre
le Pacifique et la grande chaîne des monts
américains , les Asiatiques multiplièrent dans
cet étroit espace, où l'agglomération de la po-
pulation les amena forcément à la civilisation
et au despotisme oriental de la Chine et de
Trop indolents pour être navigateurs, ces
peuples laissèrent même les îles du golfe du
Mexique à la merci de la race Scandinave.
Celle-ci, débarquée au nord-est de l'Amérique,
s'étendit bientôt sur la plus vaste moitié du
nouveau monde , sur tout l'espace compris
entre l'Atlantique et la Cordillère nord et sud
• des Andes, espace immense qui, permettant
aux émigrants européens de s'éparpiller k
mesure qu'ils arrivaient, empêcha toute agglo-
mération de population , particularité qui
explique l'état nomade ou sauvage dans lequel
on trouva toutes les tribus à l'est des Andes.
La où il y eut, parmi elles, quelques tentatives
de civilisation , on retrouve de rares ' monu-
ments qui portent tous le cachet des races
celtiques et Scandinaves. Cela est attesté aussi
bien par les momies du Kentucky, copie des
momies celtiques, par les anciennes fortifica-
tions et circonvallations en terre et en pierre
de la vallée de l'Ohio, que par l'organisation
politique des tribus sauvages, leurs croyances
■■-"-■■ s et leurs instincts guerriers. Des
e la Floride,
irent a'ili
is île c
is passèrent d'île en île, jusqu'à la
côte est de l'Amérique méridionale, où ils me-
nèrent dans les pampas et les llanos la même
vie que leurs frères des forêts et des savanes
du nord, conservant avec jalousie les traditions
de liberté personnelle apportées des clans Scan-
dinaves , ne voulant pas de roi et obéissant à
peine à un chef. Les Caraïbes des Antilles ne
purent même oublier tout a fait, malgré les
chaleurs dissolvantes d'un climat torride, les
traditions nautiques de leurs belliqueux ancê-
tres, les pirates Scandinaves.
Découverte et colonisée déjà par quelques
hardis explorateurs de l'ancien monde, l'A-
mérique était aussi inconnue du vieux conti-
nent que si elle n'eût pas existé. Les sagas
Scandinaves contenaient la seule donnée, le
seul indice qui pût encourager Colomb à
croire à ses calculs et aux révélations de
son génie. Et encore, les légendes septen-
trionales, s'il les connut réellement, étaient
trop vagues pour qu'il lui eût été possible
d'y attacher une grande importance. Les sagas
disaient qu'un Norvégien, du nom de Leif,
AME
parti en 1002 de l'Islande pour le Groenland,
avait été poussé dans la direction du sud ,
vers une plage qu'il appela Vinland, à cause
des vignes sauvages qu'il y trouva. D'au-
tres aventuriers Scandinaves y abordèrent
plus tard et y fondèrent des établissements
qui disparurent presque aussitôt. Quoique
beaucoup d'auteurs prétendent que cette Vin-
land n'est autre chose que le Rhode-Island, ou
quelque autre point de la Nouvelle-Angleterre,
sa véritable position n'est rien moins que con-
nue. M. Bigelow, écrivain américain qui est
natif de Boston, a dû penser souvent à cette
singulière coïncidence de la tradition des sagas
avec la production de la vigne sauvage sur
les collines de Taunton et du Rhode-Island, le^
seul point , en elîet , sur la côte nord-est de
l'Amérique, où la" vigne croit naturellement.
Les manuscrits de Marco Polo, les légendes
du moyen âge sur le fameux pays du Cathay,
n'ont pas du être beaucoup plus utiles à Co-
lomb que les légendes islandaises. Après Mi-
chelet, qui s'écrie : « L'Amérique, plusieurs fois
trouvée en vain, est cette fois manifestée et
assurée au monde par l'obstination d'un grand
cœur • , nous pouvons donc ajouter avec Cha-
teaubriand : « Ne disputons pas à un grand
homme l'œuvre de son génie. Qui pourrait dire
ce que sentit Christophe Colomb, lorsque,
avant franchi l'Atlantique; lorsque, au milieu
d un équipage révolte; lorsque, prêt à retour-
ner en Europe sans avoir atteint le but de son
voyage, il aperçut une petite lumière sur une
terre inconnue que la nuit lui cachait I Le vol
des oiseaux l'avait guidé vers l'Amérique ; la
lueur du foyer d'un sauvage lui découvrit un
nouvel univers. Colomb dut éprouver quelque
chose de ce sentiment que 1 Ecriture donne
au Créateur, quand, après avoir tiré la terre
du néant, il vit que son ouvrage était bon :
Vidit Veus quod esset bonum. Colomb créait
un monde. On sait le reste : l'immortel Génois
ne donna point son nom k l'Amérique; il fut
le premier Européen qui traversa, chargé de
chaînes, cet océan dont il avait le premier
mesuré les flots. Lorsque la gloire est de cette
nature qui sert aux hommes, elle est presque
toujours punie.»
Ce fut le 11 octobre 1492, jour à jamais
mémorable dans l'histoire du monde, que
Colomb découvrit l'île Guanahani, aujourd'hui
San-Salvador, dans l'ardhipel des Lucayes;
puis quelques jours après, Cuba et Haïti. Pen-
dant son second voyage, en 1493, plusieurs
des Antilles, la Dominique, Marie-Galante,
la Guadeloupe , Montserrat, Antigua, Porto-
Rico et la Jamaïque, s'offrirent à lui, sur sa
route, sans qu'il'soupçonhât encore l'existence
du continent. 11 n'eut connaissance de ce der-
nier qu'en 1498, à sa troisième expédition, pen-
dant laquelle il gouverna directement à l'ouest,
parvint à l'embouchure de l'Orénoque, décou-
vrit l'île de la Trinité , ainsi que la Côte-
Ferme , et longea cette dernière jusqu'à la
pointe d'Araya, d'où il se dirigea sur Haïti.
Enfin, dans un quatrième et dernier voyage,
en 1502 et pendant les années suivantes, il
ajouta à ses nombreuses découvertes celles
de la Martinique, du havre de Porto-Bello, de
la côte de Costa-Rica, de celle de Honduras,
et termina ainsi glorieusement sa carrière
maritime.
20 Conquête et colonisation. Christophe
Colomb avait donné un nouveau monde à 1 an-
cien ; l'Amérique était trouvée. Il ne s'agis-
sait plus que de la conquérir et de s'en appro-
prier les richesses incomparables. Quelle pâture
abandonnée à l'avidité européenne 1 L ambi-
tion voyait s'ouvrir devant elle un champ
comme elle n'en avait jamais rêvé. Après la
bataille, le pillage : les conquérants succédè-
rent aux navigateurs ; les matelots firent place
aux soldats et aux aventuriers de Cortez, de
Pizarre , de Balboa. On ne peut plus les chasser
des lieux où ils ont posé leur pied avide, et
chaque année voit s'agrandir la part de chaque
nation européenne dans le démembrement du
nouveau monde. Découvrir ne signifie plus que
posséder. Voyons donc qui possédait, qui se
partageait l'Amérique, avant la guerre de l'in-
dépendance des Etats-Unis, et avant la cession
de la Louisiane et de la Floride par la France ?
Les Anglais avaient conquis et colonisé toute la
côte orientale de l'Amérique du Nord , avec
une partie des Antilles et de la Guyane. Tou-
tefois il faut excepter la Nouvelle -Amster-
dam , aujourd'hui New - York , et la vallée
de l'Hudson, longtemps au pouvoir des Hol-
landais, dont les mœurs y sont encore re-
connaissables. La France s'était créé un ma-
gnifique empire qui, partant du Saint-Laurent,
de Québec et de Montréal , descendait le long
de la vallée du Mississipi, s'épanouissait sur la
côte septentrionale du golfe du Mexique , et
rejoignait, par la Floride, nos îles magnifiques
des Antilles et notre Sinnamari, autrefois si
redoutable. Les Danois, venus les derniers à
la curée du nouveau monde, eurent à peine le
temps de saisir une petite île , admirablement
placée sur le chemin du Mexique. A part le
Brésil, les Portugais, d'ailleurs si occupés avec
leur empire des Indes, se virent bientôt enle-
iVE1
, __ _ „ s'y tailler la
part du lion. Et cela pendant si longtemps,
qu'aujourd'hui encore, si sa domination poli-
tique est évanouie, ses mœurs, sa langue, sa
religion, régnent sur toute l'Amérique centrale
et méridionale; en sorte que si les descen-
dants de Philippe II ne voient plus comme
AME
autrefois arriver dans leurs ports d'Europe les
galions chargés de l'or américain, ils peuvent
encore dire fièrement que le soleil ne se couche
jamais sur les pays ou s'étendent la domina-
tion morale et les souvenirs de l'Espagne.
Voici l'historique rapide des conquêtes faites
par les diverses nations européennes sur le
continent américain :
Espagnols et- Portugais. Les terres amé-
ricaines découvertes et conquises par ces
deux peuples , passèrent si promptement de
l'un à Vautre par le fait de la conquête ou des
héritages, leurs navires se croisaient dans les
eaux du nouvel hémisphère si souvent et à si
peu d'intervalles, que nous sommes oblige, par
les dates historiques, de mêler cette double
histoire de navigation et do colonisation. Le
pape lui-même n'avait pu parvenir à mettre
de l'ordre dans les conquêtes du Portugal et
de l'Espagne. ■ En vain, il avait partagé gra-
vement l'Amérique, comme le dit un historien,
tracé du doigt une ligne sur le monde, donné
à l'un des deux peuples l'Orient, à l'autre
l'Occident. » La passion des conquêtes et l'es-
prit d'aventure empêchèrent Espagnols aussi
bien que Portugais de respecter la ligne imagi-
naire d'Alexandre VI. L'inviolabilité des dieux
Termes n'était plus qu'un vain met pour les
possessions des Européens en Amérique.
En 1499, Alonzo de Ojeda, accompagné d'A-
méric Vespuce , aborde à Maracapana, sur la
Côte-Ferme, et reconnaît cette dernière jus-
qu'au cap deJa Veda. En 1500, Vincent Yanez
Pinçon atterrit au cap Saint- Augustin, recon-
naît l'embouchure du fleuve des Amazones, et
visite six cents lieues de côtes avant d'arriver
à Haïti. Le Portugais Alvarez Cabrai, jeté à
l'ouest en se rendant dans l'Inde, est con-
duit sur les côtes du Brésil , qu'il reconnaît
jusqu'à Porto-Seguro. En 1501, Améric Ves-
puce s'avance jusque dans l'océan Austral,
où il découvre une terre que l'on croit être
la Nouvelle - Géorgie de Cook. En même
temps, Roderigo Bartidas et Juan de la Cosa
parcourent, à partir du cap de la Vêla, cent
lieues de côtes inconnues où s'élevèrent bientôt
Sainte - Marthe , Carthagèrie et Nombre de
Dios. Le Portugal, de son côté, envoie au nord
Gaspard Cortereal,qui'découvre l'embouchure
du Saint-Laurent, le Labrador, et entre dans
le détroit d'Hudson. En 1505, Ovando soumet
l'île d'Haïti. Porto-Rico est conquis en 1512
par Juan Ponce de Léon, qui, la même année,
découvre la Floride, nom que les Espagnols
donnèrent longtemps^ à toute la côte sud-est
de l'Amérique du Nord. Mais ce ne fut qu'en
1539 que l'Espagne prit possession réelle, non-
seulement de la Floride proprement dite, mais
d'une grande partie de la Louisiane. A cette
époque, un aventurier espagnol, De Soto, dé-
barqua, à la baie de Tampa, sur la côte occi-
dentale de la Floride ; et, après deux ans d'ef-
forts , il finit par atteindre le Mississipi , en
traversantes pays qui forment aujourd'hui les
Etats d'Alabama, de Géorgie, du Mississipi et
de la Louisiane. De Soto remonta le grand
fleuve, et pénétra même à 200 milles au delà,
dans les terres situées à l'ouest. Il revint
mourir dans les marais du bas Mississipi, et
ses compagnons retournèrent au Mexique. Dès
1565; cependant, l'Espagne renvoyait des
troupes pour maintenir ses droits sur la Flo-
ride, en chasser les protestants français établis
sur la rivière Saint-Jean, et fonder la ville de
Saint-Augustin, la plus ancienne des cités
américaines , le premier établissement per-
manent créé aux Etats-Unis. En 151G, Solis,
dans un second voyage sur la côte du Brésil,
pénétre le premier dans le Rio-de-la-Plata.
Quatre ans après, en 1520, Magellan recon-
naît le même fleuve , la Patagonie, et entre
dans le grand Océan par le détroit qui porte
son nom. En 1519, Cortez, parti de Cuba,
se dirige vers le Mexique, découvert l'année
précédente par Juan de Grijalva. En trois
années, il soumet ce puissant empire, et par-
vient, en personne, d'un côté, sur les bords do
la nier de Californie, à l'ouest, et de l'autre, en
1524, jusque dans le Honduras, à l'est. Par
«es1 ordres, toute la côte du golfe du Mexique,
depuis le Darien jusqu'à la Floride, est explo-
rée par Christophe de Olide et d'autres capi-
taines ; la côte opposée, sur le grand Océan, est
reconnue depuis le port de San-Miguel jusqu'à
Colima. En même temps, Pedro de Alvarado
conquiert le royaume de Guatemala; Gonzalez
Davila et Andrès Nino parcourent celui de
Nicaragua, et reconnaissent le grand lac de
ce nom, ainsi que sa jonction avec la merdes
Antilles ; enfin, d'autres capitaines poussent
au nord leur reconnaissance jusque dans le
pays composant la Nouvelle-Galice. C'est à
cette époque que se rattache le voyage de
Gomez, qui, la même année, toucha à Terre-
Neuve, et reconnut la côte du sud jusqu'au 40".
En 1525, François Pizarre envahit le Pérou,
et en fait la conquête en 1531. En 1533, toute
la région comprise entre Quito et Cusco avait
été explorée, et en grande partie soumise. En
1535, Almagro découvre le Chili , et s'avance
jusqu'à Coquimbo, tandis que Benalcazar, au
nord, pénètre jusqu'aux bords de la mer des
Antilles en traversant toute la Nouvelle-Gre-
nade, que Quesada attaquait en même temps
ducôté opposé. En 1538, Pizarre, pour occuper
les chefs placés sous ses ordres, les envoie
dans diverses régions , et l'intérieur du con-
tinent qui s"étend à l'est des Andes ne tarde
pas à être connu ; le haut Pérou est exploré
a son tour jusqu'aux frontières du Grand-Chaco.
Au nord, Gonzalès Pizarre, parti de Quito à la
AME
recherche de la province de Canela, arrive
sur les bords du Napo , et est abandonné par
Orellana, qui, continuant de suivre la même
rivière } atteint l'Amazone , et descend ce
fleuve jusqu'à son embouchure. Quelques an-
nées auparavant, en 1535, l'Orénoque avait été
reconnu par Geronimo de Ortal , qui l'avait
remonté jusqu'à l'embouchure du Meta. La
rivière de la Plata n'était pas restée dans
l'oubli : en 1535, Mendoza fonde sur sa rivo
droite la ville de Buenos-Ayres ; en même
temps, Ayolas et Irala remontent le Parana,
pénètrent dans le Rio-Paraguay jusqu'à la
lagune Xarayes, et fondent sur ses bords la
ville de l'Assomption. De leur côté, les Portu-
gais posent les fondements de leur puissance
•"■ Brésil ; enfin, en 1542, Juan Rodnguez Ca-
thélemy Ferrelo le soii
don jusqu'au 450, et de découvrir le cap Blanc.
Français. Vers la fin de 1523, François I"
chargea le Florentin Jean Verrazani d'explorer
la côte nord américaine. Après une orageuse
traversée de cinquante jours, Verrazani ar-
riva près de Wilmington (Caroline du Nord).
Il n'y trouva aucun navre favorable, malgré
des recherches poussées à 150 milles au sud.
En revenant vers le nord, il s'avança jusqu'à
la Nouvelle-Ecosse, et s'arrêta quelque temps
dans les havres de New- York et de New-
port, décrits l'un et l'autre dans la narra-
tion de son voyage. Jacques Cartier, en-
voyé encore par François Ier en 1533, dé-
couvrit le Saint - Laurent , et donna aux
contrées arrosées par ce fleuve le nom de la
Nouvelle-France, après y avoir fondé la pre-
mière colonie que la France ait possédée en
Amérique. En 1558, les Français s'établissent
dans la baie de Rio-Janeiro, sous le comman-
dement de Villegagnon ; mais les querelles
intestines empêchent bientôt la colonie de se
maintenir sur ce point important. Après ta
tentative de colonisation catholique de Ville-
gagnonvient, en 1562,1a tentative faite par les
réformés français, d'après les avis de Coligny.
L'un d'eux, Jean Ribault, muni d'une charte
libérale octroyée par Charles IX, traverse
l'Océan avec quelques coreligionnaires, et
s'établit à Port-Royal, dans la Caroline du
Sud. C'est en l'honneur de Charles IX que
Jean Ribault appela ce pays la Caroline. Cette
colonie ne vécut guère plus longtemps que
celle de Villegagnon; quelques-uns des réfor-
més allèrent s'établir sur les bords du fleuve
Saint-Jean en Floride. Ils y virent bientôt leur
établissement naissant détruit par les Espa-
gnols , qui massacrèrent les colons eux-
mêmes. Quelque temps auparavant, nous po-
sions solidement les bases de notre puissance
au Canada, et, de 1635 à 1641, nous nous éta-
blissions à la Guadeloupe, à la Martinique, à la
Tortue et à Saint-Domingue. En outre, c'est un
Français, le navigateur Samuel Champlain, qui
fut le premier homme blanc dont le pied foula
le sol de New - York , aujourd'hui métropole
du nouveau monde. Champlain découvrit dans
l'Etat de New-York le lac qui porte son nom,
et sur les rives duquel il livra bataille à une
bande de Mohawks, qu'il défit, allumant ainsi
contre les Français la haine vivace de la puis-
sante confédération des six nations , haine à
laquelle nous devrons plus tard la perte du
Canada.
Anglais. Les Anglais, qui se trouvent en
quelque sorte enserrés dans leur Ile, et aux-
quels il est à peu près impossible de s'agrandir
en Europe, devaient mettre merveilleusement
k profit la découverte de Christophe Colomb.
En 1497, le Vénitien ^Jean Cabot partit de
Bristol, envoyé par Henri VII. Il découvrit au
nord-ouest une terre qu'il longea pendant une
distance de 400 lieues, abordant sur divers
points pour en prendre possession au nom de
l'Angleterre, lin an plus tard,_ son fils, Sé-
bastien Cabot, parcourait la côte des Etats-
Unis jusqu'à la baie de la Chesapeake, dans
laquelle il pénétra. Ces deux expéditions sont
les seuls titres mie l'Angleterre devait invo-
quer un siècle plus tard, pour revendiquer la
propriété de ce qui composa dans la suite les
treize colonies. En L585 , Raleigh tentait de
s'établir sur l'île Roanoke, dans la Caroline
du Nord; et dos 1606, Jacques I« divisait en
deux parties le territoire américain réclamé
par l'Angleterre, et qui s'étendait du cap Fear
àTerre-Neuve.Lapolitiqueanglaise,etsurtout
le traité de Paris de 1763, ajoutèrent bientôt à
ces possessions, déjà si considérables, tes Ber-
mudes, Nassau, la Guyane et les Antilles
Hollandais, Suédois, Danois, Russes, Jé-
suites. Le 6 septembre 1G09, un marin anglais,
Henri Hudson, engagé au service de la com-
pagnie hollandaise des Indes orientales, entra
dans la baie de New- York, et remonta, jusqu'à
Albany , le fleuve qui porte aujourd'hui son
nom. Les Hollandais réclamèrent ce pays et y
envoyèrent, en 1623, quelques familles pour en
prendre possession. Ce ne fut qu'en 1C64 que,
les Anglais s'étant emparés de la Nouvelle-
Amsterdam, aujourd'hui New-York, la domi-
nation hollandaise s'évanouit dans l'Amérique
du Nord, et ne conserva qu'une partie de la
Guyane dans l'Amérique méridionale. Les Sué-
dois s'étaient établis depuis 163S sur les deux
rivés de la Delaware , et principalement dans
la Pensylvanie, qu'ils avaient nommée Nou-
velle-Suède. Leurs voisins, les Hollandais des
bords de l'Hudson, les chassèrent en 1655,
Enfin, vers 1530, les jésuites jetaient au Para-
AMÊ
guay les fondements du pouvoir colossal dont
ils ont joui pendant deux siècles.
Un siècle après que Lemaire eut doublé le
cap Horn et indiqué ainsi aux navigateurs
une voie plus facile que le détroit de Magellan
Four passer en Océanie, les terres boréales de
Amérique du Nord furent étudiées à l'ouest
et à l'est, et les Russes commencèrent, par
leurs explorations du côté occidental, à fonder
leurs établissements d'Amérique.
Vers les premières années du xvhi<= siècle,
toutes les côtes de l'Amérique étaient à peu près
connues. La partie boréale seule offrait encore
une assez vaste carrière aux explorations ; il
y avait là plus d'une inconnue à dégager, plus
.l'un' doute a éclaircir; par exemple, on ne
pouvait dire d'une façon positive si l'Amérique
était ou n'était pas séparée du continent asia-
tique. La Russie, dont le nom n'a pas encore
figuré dans l'histoire de la découverte, se char-
gea de fixer les esprits sur ce dernier point.
Enl728,Behringdécouvritledétroitquiareçu
son nom, sans toutefois aborder le continent
américain; douze ans plus tard, en 1741, il
explorait la côte nord-ouest, la péninsule
d'Alaska et les iles Shumagen. En 1768, Che-
leghoff prit possession de Kodiak, et fonda
le premier comptoir de la compagnie russe
d'Amérique.
En 1776 l'illustre Cook découvrit William's
Sund, la rivière de Cook, visita les îles Alou-
tiennes, et s'avança au nord jusqu'au cap des
Glaces. En 1790, Mackensie découvrit la
rivière qui porte son nom , et se rendit sur
les bords de la mer Glaciale. Enfin, en
1799, Humboldt et Bonpland commençaient ce
voyage si connu, qui ne s'est terminé qu'en 1 805,
et qui a jeté une si grande lumière our la géo-
graphie de l'Orénoque, de la Colombie, du Pé->
rou et du Mexique. Dans les régions boréales,
le seul point où il restât un théâtre à explorer,
les voyages de Ross (1818-1829-1832), de Parry
(1819-1821-1827), de Franklin et de Richard-
son (1820-1824-1826), de Beechûy (1825-1828),
avaient presque conduit a une solution satis-
faisante le problème si longtemps indécis de
" la possibilité du passage nord-ouest. Mais au-
jourd'hui le doute n'existe plus. Les expéditions
successives de Mac Clure, du docteur Kane, du
lieutenant français Bellot, en 1851-52-53, ont
permis de compléter la carte de l'Amérique
du Nord. En terminant, faisons connaître les
résultats de cette immixtion de l'Europe dans
le nouveau monde.
La conquête et la colonisation de l'Amérique
par les Européens avaient été une œuvre de
suprême injustice, caractérisée par deux actes
de lèse-humanité : l'extermination presque
totale de la race indigène des Indiens du Nord
et du Sud, et l'introduction des esclaves nègres
sur ce sol vierge nouvellement révélé à l'Eu-
rope. « A peine découverte, dit à ce propos
M. Michelet, l'Amérique devient le champ de
l'esclavage. » L'extermination des Indiens se fit,
presque sans résistance de leur part, par l'épée
et par le travail meurtrier des mines. Les hor-
reurs que commirent les premiers aventuriers
étaient arrivées ace point (ju'un célèbre philan-
thrope, un évèque, le vénérable Las Casas, en
vint à croire qu'il n'y avait qu'un remède pour
sauver les derniers représentants de la race
aborigène , c'était de dévouer provisoirement
au. même travail meurtrier les représentants
d'une autre race plus robuste, las nègres. Mais,
comme tant d'autres, ce provisoire devait de-
venir permanent : il dure encore. Les compa-
gnons de Pizarre et de Cortez étaient trop
avides pour partager avec les Indiens les tré-
sors que ceux-ci possédaient; il leur parut
plus facile de les exterminer. Puis , quand
on ne trouva plus rien a prendre de force, les
aventuriers, trop fiers hidalgos pour descendre
au travail manuel qui devait faire rendre à la
terre américaine ses trésors minéraux et agri-
coles, forcèrent les Indiens à travailler sans re-
lâche, les uns, penchés sur le sol sous un soleil
brûlant, les autres, enfouis dans les mines, sans
espoir de jamais remonter à la surface. Les
malheureux indigènes, peu endurcis aux fati-
gues, savaient d avance la triste destinée qui
les attendait. Quand le sort, espèce de con-
scription du travail forcé, désignait l'un d'eux
pour descendre aux mines pendant un temps
légal de dix-huit mois , la famille de. la vic-
time se réunissait et procédait aux cérémo-
nies funèbres, absolument comme s'il eût été
déjà mort. Puis, sa femme l'accompagnait jus-
qu'à l'orifice de la mine , et le regardait des-
cendre dans' ce sépulcre anticipé. Avant l'ex-
Ïiiration du temps légal, l'Indien était généra-
ement tué par le travail excessif imposé par
européenne ne fit que passer, et où la nature
du terrain? les savanes du Nord, les pampas
du Sud, laissaient peu d'espoir à l'avidité des
conquérants.
Toutes les nations indiennes des deux Améri-
ques appartiennent, sans exception, à la divi-
sion des espèces léiotriques (à cheveux lisses)
de Bory de Saint-Vincent, et peuvent se parta-
ger en deux grandes classes, dont la première
comprend les Esquimaux, et la seconde toutes
les autres variétés. Les Esquimaux sont de la
même race que celle oui est répandue le long
des côtes boréales de l'Asie. Dans la seconde
classe, nous citerons: 1° le typecolombique, au
teint d'un rouge cuivré plus ou moins sombre,
auquel on rapporte toutes les nations habi-
AME
tant le Canada, les Etats-Unis, jusqu'au nord
du Mexique et au golfe du même nom, et entre
les montagnes Rocheuses et la Cordillère ma- _
ritime ; 2° le type mexicain, au teint d'un brun "
rougeâtre, qui occupe le plateau du Mexique
et l'Amérioue centrale, mais qui est proba-
blement originaire de la côte nord-ouest; 3<>
le type caraïbe, à la tête conique, race qui se
distingue de la colombique par un teint plus
clair. Autrefois puissante et maitressedu delta
compris entre l'Orénoque et l'Amazone, d'où
elle s'était répandue jusqu'aux Antilles, cette
race, plus d'à moitié éteinte, est aujourd'hui
confinée à l'île de Saint-Vincent et au centre de
la Guyane ; 4° le type péruvien, semblable au
pandu de l'équateur au 40» lat. S., entre les
Andes et le grand Océan ; 5" les innombrables
nations disséminées dans la Colombie , la
Guyane , le Brésil, la Bolivie, et les provinces
nord de la république Argentine , parmi les-
quelles on observe toutes les différences possi-
bles, depuis l'Otomaque abruti des bords de l'O-
rénoque jusqu'au Guaycuru du Paraguay et du
Grand-Chaco; 6° le type pampa, nom sous lequel
on comprend toutes les nations qui errent dans
les pampas de Buénos-Ayres et de la Pata-
gonie; 7° enfin le type patagon, confiné sur
les bords du détroit de Magellan, et qui paraît
se réduire à quelques hordes menant une exis-
tence errante. '
Ces peuples, dont quelques-uns étaient autre-
fois puissants, forment à peine aujourd'hui
de petites tribus, sans cesse mêlées aux races
européennes qui les avoisinent. Les Indiens
ont perdu, par conséquent, leurs coutumes
et leurs moeurs d'autrefois, et, au milieu des
nombreuses révolutions américaines, ils ontou-
blié jusqu'au dialecte parlé par leurs pères.
3" Affranchissement des colonies amé-
ricaines. Jusqu'à la fin du xvme siècle, l'Amé-
rique n'avait été qu'une extension politique de
l'Europe. Le 4 juillet 1776 est pour elle une
grande date ; c'est l'époque où elle commence
à prendre possession d elle - même , à vivre
d'une vie propre } à se détacher comme un
fruit mûr de la tige maternelle , l'époque où
elle devient vraiment un nouveau monde poli-
tique. L'affranchissement des Etats-Unis, le
prêté par la France à cet affran-
it (V. Etats-Unis. — Histoire),
— _ qui était en quelque sorte le pro-
de la Révolution française, semblent
agrandir le théâtre de l'histoire, en faisant
entrer dans l'équilibre des Etats, dans le mou-
vement général de la civilisation , des forces,
des intérêts et des droits nouveaux qui, réa-
gissant sur l'Europe , devaient exercer une
immense influence sur les destinées de l'hu-
manité. Les colonies espagnoles , sans doute
en raison do la différence de religion, de race
et de climat, furent plus lentes à secouer le
joug. Ce fut la colonie française de Saint-
Domingue qui, tirée de sa torpeur par le coup
de tonnerre de 89, suivit la première l'exemple
des Etats-Unis (1804). Quelques années plus
tard , le mouvement imprimé au monde par
la Révolution française, et l'invasion de l'Es-
pagne par Napoléon I«, déterminèrent sur
tous les points le soulèvement des possessions
espagnoles, depuis Buenos -Ayres jusqu'au
Mexique (do 1808 à 1810). Une junte convoquée'
à Buenos-Ayres, en 1810, prit en main les
rênes du gouvernement. En 1815, le congrès
de Tucuman, reporté ensuite à Buenos-Ayres,
fit une constitution républicaine. Le 9 juillet
-1816, l'indépendance fut proclamée, et le Chili
suivit bientôt cet exemple. Après quinze ans de
guerres, la bataille d'Ayacucho, livrée le 9 dé-
cembre 1824, mit fin à la domination de l'Es-
pagne sur le continent américain-. Dès 1821, le
Brésil s'était déclaré indépendantdu Portugal.
Le résultat de ces guerres de l'indépendance
américaine fut le partage politique de l'Amé-
rique en deux grandes divisions : l'une, com-
posée des Etats qui ont secoué le joug de leurs
métropoles respectives ; l'autre, formée des
possessions européennes.
Dans l'Amérique du Nord nous trouvons"1 :
la confédération anglo - américaine ou les
Etats-Unis, le Mexique, le Guatemala, San-
Salvador, le Honduras, le Nicaragua et
Haïti. Dans le Sud : la Nouvelle-Grenade,
l'Equateur, le Venezuela, la Bolivie, le Brésil,
l'Uraguay, le Paraguay, le Rio-de-la-Plata et
le Chili.
Les possessions des Européens dans les deux
Amériques se répartissent, de la manière sui-
l» Possessions anglaises : dans les Antilles,
les Bermudes, la Jamaïque , lea Bahamn, Ta-
bago, la Trinité, et un grand nombre d'autres
îles; dans d'autres parties de l'Amérique, le
Canada , la Nouvelle-Ecosse , le Yucatan an-
glais, la Guyane anglaise, etc. ;
~ " ~ françaises : dans les Antilles,
"-""■-' , laDésirade, les
la Guyane fran-
çaise, les lies St-Pierre et Miquelon, près de
la côte de Terre-Neuve ;
30 Possessions espagnoles : dans les Antilles,
Cuba et Porto-Rico ;
40 Possessions hollandaises : plusieurs îles
dans les Antilies, telles que St-Martin, Cura-
çao, Arouba, etc., et une portion de la Guyane;
50 Possessions danoises-: l'île St-Barthélemy,
dans les Antilles ;
6° Possessions russes : quelques parties vers
la côte nord-ouest.
AME
Amérique (Guerre d'), appelée aussi guerre
de la sécession , à cause de la séparation
des Etats qui se sont retirés de l'union amé-
ricaine. Les journaux abolitionistes du nord
de l'Amérique donnent encore à cette lutte
fratricide le nom de slavekolders' rébellion,
ou révolte des propriétaires d'esclaves, tandis
que les journaux du Sud l'appellent guerre
des abolitionistes. Ces deux derniers noms
sont certainement les plus exacts, quoique
les moins souvent employés en Europe. Ils
sont exacts, parce qu'ils indiquent du premier
coup d'oeil l'origine et le but de cette guerre
civile, qui dure depuis le 12 avril 1861 et qui
ne parait pas près de se terminer. En effet, ce
n'est pas, bien qu'on l'ait souvent prétendu ,
aux questions de tarif qu'il faut attribuer cette
terrible guerre. Les Américains du sud des
Etats-Unis ont pu se montrer partisans du
libre-échange, et se plaindre des tarifs pro-
tecteurs que leur imposait l'Union; mais en
réalité, c'est l'esclavage, et non une question
de douane, qui a divisé la grande république
en deux camps : les fédéraux unionistes ou
abolitionistes, et les confédérés séparatistes,
Les Etats-Unis , autrefois si prospères ,
expient aujourd'hui le crime commis par les
Européens, qui, dans un esprit de lucre, intro-
duisirent l'esclavage en Amérique. La justice
éternelle n'admet pas la prescription.
En 1620 et 1621, alors que toute la côte
américaine de l'Atlantique, de Terre-Neuve à
la Floride, était revendiquée par les Anglais
comme leur propriété, moins les possessions
hollandaises de New- York, trois faits se pro-
duisirent , dont les conséquences se font
ressentir encore chaque jour. Les puritains
d'Angleterre débarquent sur le rocher de
Plymoulh., près de Boston, sous le nom de
Pères pèlerins, et jettent les fondements de
la grandeur et des institutions futures des
Etals-Unis, que colonisaient déjà les Anglais
en Virginie, et les Français dans les Carolines.
Les premiers esclaves introduits sur l'ancien
territoire de l'union américaine sont vendus
par un navire hollandais, qui en débarqua vingt
à Jamestown en Virginie. Enfin, en 1621 com-
mence la culture du coton.
Jusqu'en 1776, les Etats-Unis restèrent colo-
nie anglaise, et prirent peu de développement.
Souvent ils réclamèrent, surtout les Etats du
Sud, l'abolition de la traite des nègres; mais
l'Angleterre, leur métropole, bénéficiait trop
de ce commerce pour écouter ces plaintes ;
elle continua donc à jeter des esclaves sur le
marché américain. Il faut que la première
faute remonte à qui de droit. La secondé fut
commise en 1788, lors de la rédaction de la con-
stitution de laRépublique américaine. Deshom-
■ mes comme Washington et Jefferson, n'osèrent
pas regarder la vérité en face, et, par excès
de patriotisme, ils préférèrent pactiser avec
l'institution de l'esclavage, qui était la négation
flagrante de leurs principes républicains. Foui-
ne pas compliquer d'une nouvelle difficulté les
affaires déjà si embarrassées de leur république
naissante , ils maintinrent l'esclavage, se fiant
eu temps et à la civilisation pour l'extirpation de
cette plaie honteuse. Le temps et la civilisation
devaient donner un triste démenti à leurs pré-
visions et à leurs espérances. En quatre-vingts
ans, le nombre des esclaves a presque décuplé
aux Etats-Unis : il y en avait 697,897 en 1790 ;
3,952,801 en "1860; et aujourd'hui, malgré la
guerre, il y en a 4 millions. Le progrès de la
civilisation a amené l'invention de la fameuse
machine à nettoyer le coton, qui seule pouvait
rendre le travail esclave productif, et inté-
resser les propriétaires à acheter et à aug-
menter le nombre de leur bétail humain,
-a Cette invention, dit M. Bigelow, modifia peu
à peu dans les Etats cotonniers l'opinion pu-
blique, qui précédemment était loin de re-
pousser une émancipation progressive. C'é-
taient, au contraire, les Etats du Sud qui, àcette
époque, prouvaient par leurs actes leurs sen-
timents abolitionistes, tandis que les Etats du
Nord restaient attachés à l'esclavagisme; ceux-
ci refusèrent même d'abolir la traite Ses nègres
quand elle était déjà défendue dans certains
Etats du Sud, qui, en même tennis, appuyaient,
malgré les Etats du Nord, le décret de 1787,
décret qui excluait l'institution de l'esclavage
du territoire situé au nord-ouest. L'invention
de la machine à nettoyer le coton renversa, au
Sud , tout cet échafaudage de beaux senti-
ments. Les Etats du Sud devinrent de forcenés
esclavagistes, tandis que ceux du Nord, ne trou-
vant pas à tirer un bon parti de leurs esclaves, à
cause des conditions chmatériques et agricoles
de leur pays, les revendirent à leurs frères des
Etats méridionaux, et se firent abolitionistes
quelques années après. Cependant, en 1840, le
Rhode-Island comptait encore 5 esclaves ; la
Pensylvanie, 64, et le New-Jersey en avait
encore 236 en 1850. Toutefois, depuis 1820,
on pouvait considérer les Etats-Unis comme
divisés en deux grandes sections sous le rap-
port de l'esclavage, les Etalsdu Sud, qui possé-
daient des millions d'esclaves, et ceux du Nord,
qui n'en avaient plus que quelques centaines.
Cette population servile enrichissait par ses
sueurs non-seulement ses maîtres du Sud, mais
encore leurs compatriotes du Nord, en rela-
tions d'affaires avec eux. La croisade aboli-
lioniste ne pouvait donc provenir d'une jalou-
sie commerciale et intéressée de la part du
Nord. Mais cette croisade surgit d'abord d'une
jalousie politique, et fut ensuite activée par
les sentiments vraiment philanthropiques et
AMÉ
265.
désintéressés de la petite secte abolitioniste,
dont, en 1831, Garrison déployale drapeau dans
son journal le Libérateur. Par la faute des
fondateurs de la république américaine, une
grande .concession avait été faite à l'escla-
vage dans la constitution. Un article disait
que, pour déterminer le chiffre des représen-
tants que chaque Etat aurait le droit d'en-
voyer au congrès, les trois cinquièmes de la
totalité des esclaves seraient comptés comme
l'équivalent du même nombre de blancs. Le
propriétaire de 5 esclaves, par exemple, pou-
vait donc jeter quatre voix dans l'urne, une
pour lui et trois pour les esclaves qu'il possé-
dait. Ce fait anormal, que 5 nègres conféraient
à un Etat la même prérogative que 3 blancs,
porta les propriétaires non-seulement à dési-
rer l'augmentation du nombre de leurs esclaves,
mais encore à considérer comme une offensa
politique toute tentative faite pour discréditer
un genre de propriété qui leur procurait de si
grands avantages. De là la nécessité, pour le
Nord, de lutter contre eetempiétement du pou-
voir par les Etats du Sud. Or, le meilleur
moyen d'arriver au but était de battre en
brèche l'esclavage, base de la puissance poli-
tique du Sud ; et,' pour atteindre ce résultat,
deux mesures se présentaient, car, à ce mo-
ment, personne ne songeait encore a décréter
l'abolition pure et simple. Ces deux mesures
consistaient : 1° à circonscrire l'esclavags
dans ses limites actuelles, à lui dire : Tu ni-
ras pas plus loin. C'est ce à quoi le Nord ten-
dait, quand il proposa qu'aucun territoire nou-
veau ne pût être reconnu comme Etat de
l'Union si l'esclavage était inscrit dans sa con-
stitution ; 20 à discréditer la propriété nègre,
en déclarant, par le bill de « la liberté person-
nelle' et celui des « esclaves fugitifs, 1 que
tout esclave trouvé dans un Etat libre deve-
nait libre par ce fait seul; et ne pourrait ètro
rendu à ses anciens maîtres. Cependant , la
lutte politique ne devait commencer qu'en
1819, au moment où le développement crois-
sant de la culture du coton augmentait subite-
ment le nombro des esclaves du Sud , et où
le Nord voyait la prépondérance près de
passer à son rival. L'équilibre n'existait plus, la
tonne entente avait disparu. Les frères enne-
mis commencèrent au congrès de Washington,
d'abord dans leurs livres, leurs journaux et
leurs clubs politiques, cette guerre de paroles
et d'écrits qui, en 1SG1, devait être remplacée
par celle du canon et de la baïonnette.
Lors de la déclaration de l'indépendance, l'U-
nion comptait treize Etats qui s'étaient, comme
nous l'avons vu , partagés en deux camps :
le Nord sans esclaves, le Sud avec des escla-
ves. Or ici les esclaves étaient pour leurs maî-
tres un levier politique, et ce fut la pomme de
discorde jetée entre les deux partis. Lorsqu'un
Etat à esclaves demandait son admission dans
l'Union, un Etat libre se présentait aussitôt,
réclamant la même faveur. C'est ainsi qu'en
1860 , on était arrivé à compter trente-quatre
Etats dans l'Union américaine.EnlS19, on avait
proposé l'admission de deux Etats à esclaves.
Le Nord, qui, pour faire la balance, n'en avait
pas deux libres à présenter, demanda pour un
de ces deux Etats, le Missouri, l'émancipa-
tion graduelle de l'esclavage, avec défense
d'y introduire de nouveaux esclaves. Mais
les esprits n'étaient pas assez préparés à
l'idée d'abolition ; il fallut encore quarante ans,
et ces quarante années sont ce qu'on appelle,
en Amérique, l'ère des compromis, c'esUà-diro
que le Nord et le Sud se faisaient, chacun de
son côté, des concessions réciproques, et qu'il
résulta du compromis de 1819-20, que le. Mis-
souri serait admis avec l'esclavage, mais à la
condition que les territoires situés au nord
de cet Etat deviendraient libres à jamais.
Telle fut l'origine de la fameuse ligne Mason
et Dixon, ligne qui suivait le 36° 30' de lati-
tude, et au nord de laquelle l'esclavage était
prohibé.
Il était temps que ce fameux compromis du
Missouri fût adopté. Le Sud s'écriait déjà que
• des flots de sang pourraient seuls éteindre
l'incendie qui venait d'être allumé! > Le con-
flit irréconciliable (the irrépressible conflict),
comme disait M. Seward, était définitivement
engagé, et le prologue de cette sanglante 'tra-
gédie déjà joué. Sous la direction de Calhoun,
l'homme d'Etat du Sud, les Etats esclavagistes
continuèrent la lutte, en cherchant à introduire
dans l'Union le plus possible d'Etats ayant
l'institution de l'esclavage. Chaque Etat, en
elfet, quelle que soit sa population, envoie
deux sénateurs à la Chambre haute du Con-'
grès, et un nombre de représentants propor-
tionnel k la population. La suprématie politique
appartiendrait donc à celle clés deux sections,
Nord ou Sud. qui compterait le plus de votants :
or, malgré 1 accroissement énorme du nombre
des nègres, malgré la clause qui donnait au
propriétaire de cinq esclaves le droit de voter
comme si ses esclaves eussent égalé trois
hommes libres ; malgré tousces avantages, di-
sons-nous, le Sud craignait d'être distancé pat-
suite de l'immense émigration allemande et
irlandaise au Nord. C'est alors que le Sud lit
annexer à l'Union le Texas, dont il pensait
faire plus tard cinq Etats à esclaves. L'or-
gueil national du Nord , flatté par l'idée d'a-
grandissement et par la perspective de l'ac-
quisition de la Californie, céda encore cette
fois au Sud. L'immense Etat du Texas fut
introduit dans l'Union le 25 janvier 1845. La
guerre avec le Mexique s'ensuivit, et, le 2 fé-
vrier 1848, le traité de Guadalupe Hidalgo don-
266 . AMÉ
nait aux Américains la Californie et le Nouveau-
Mexique. Depuis 1831, les sociétés abolitio-
nistes travaillaient tellement l'opinion publique,
qu'en 1835 le congrès décrétait qu'aucune pé-
tition relative à 1 esclavage ne serait prise en
considération. En 1845 seulement, on abrogea
cette loi. Mais le parti abolitioniste radical n'en
continua pas moins sa propagande , et com-
mença à compter pour quelque chose dans les
luttes politiques du nouveau monde. Aussitôt
se forma, dans les Etats du Sud, une faction
ultra- esclavagiste dont le mot d'ordre était
non-seulement de conserver l'esclavage là où
il existait déjà, mais de le propager le plus
possible dans l'Union américaine, sauf à briser
avec le Nord, s'il s'y opposait. Entre ces deux
factions, l'une voulant l'abolition immédiate,
' l'autre le maintien et l'extension de l'esclavage,
le drapeau de l'Union allait bientôt se déchi-
rer. Les conservateurs le comprirent, et le
parti des free soilers ou du sol libre se forma
promptement. C'est ce parti qui devait s'appe-
ler plus tard et qui s'appelle encore mainte-
nant républicain noir. Son but était, avant
tout, de conserver l'Union. D'un coté, ce
parti médiateur garantissait au- Sud qu'on
n'inquiéterait pas l'esclavage dans les États
où il était déjà établi ; d'autre part, il promet-
tait aux abolitionistes que l'esclavage ne dé-
passerait pas ses limites actuelles ; et serait
exclu des nouveuux Etats qui s'adjoindraient
à l'Union. Ce programme ne pouvait satisfaire
les exigences des radicaux du Sud et du Nord,
qui plaçaient la réalisation de leurs doctrines
opposées bien au-dessus du maintien de l'U-
nion. Aussi l'élu du parti républicain noir,
M. Lincoln, est-il attaqué, même aujourd'hui,
par les sudistes comme étant abolitioniste,
et par les radicaux du Nord comme ne l'étant
pas assez. Les conservateurs qui remportèrent
la victoire à l'élection présidentielle de 1860
avaient pour adversaire le parti démocrate,
qui avait pour lui le Sud et ses amis du Nord,
peu soucieux de la question de l'esclavage.
En 1850, la Californie demanda à être admise
comme Etat dans l'Union, à laquelle elle appar-
tenait depuis deux ans comme territoire,
comme province, mais dont elle ne pouvait faire
partie comme Etat souverain, avec représen-
tants au congrès, qu'après un vote d accep-
tation de celui-ci, ainsi que le veut la consti-
tution fédérale. La Californie , dans le projet
de constitution qu'elle soumettait au congrès,
rejetaitl'esclavage ; le Sud refusait donc de
l'admettre dans l'Union. Toutefois , après
une longue lutte parlementaire, on arriva à
un nouveau compromis, dû à l'influence de
Henry Clay, un des plus grands hommes d'Etat
del'Union américaine. La Californie fut admise
comme Etat libre, et, par compensation, on ac-
corda au Sud, avec d'autres privilèges, le droit
de faire saisir par le gouvernement fédéral les
esclaves fugitifs trouvés dans les Etats libres.
En 1854, nouvel avantage remporté parle Sud,
dans le bill du Kansas-Nebraska, présenté et
appuyé au congrès par le parti démocrate du
Nord , dont le chef était Douglas. Ce bill rappor-
tait la décision du compromis du Missouri de
1820, par laquelle l'esclavage était interdit au
Nord à partir du 36" 30' latitude nord. Si les
habitants de ces deux territoires votaient l'in-
troduction ou le maintien de l'esclavage dans
leurs constitutions, le congrès ne devait pas y
voir un motif de refuser leur admission dans
l'Union, bien qu'ils fussent situés au nord de
la fameuse ligne de Mason et Dixon. A partir
de ce moment jusqu'à l'admission du Kansas
comme Etat libre, ce malheureux territoire
fut continuellement ensanglanté par les luttes
des squatters ou colons qui l'habitaient, luttes
auxquelles prit part un homme d'un caractère
antique, Jonn Brown. Comme on pouvait y
posséder des esclaves tant que ce territoire
n'était pas devenu Etat libre, et grâce au
rappel du compromis du Missouri, les sudistes
y envoyaient des colons esclavagistes, le Nord
des colons abolitionistes, et, de leur contact,
naissaient des luttes 'journalières. En même
temps , le Sud lançait Lopez à Cuba, Wal-
ker au Nicaragua, proclamait, à la conférence
d'Ostende et dans ses journaux, que, pour con-
tre-balancer l'accroissement futur et menaçant
du nombre des Etats libres, ces pays de-
vaient être annexés à l'Union avec l'escla-
vage. Mais cela était difficile à réaliser, et
peut-être même cette annexion fût-elle venue
trop tard, car aux élections de 1856, si \s
parti républicain noir ne fut pas assez fort
pour empêcher l'élection du président Bucha-
nan, tout dévoué au parti démocrate esclava-
giste, les républicains du sol libre furent assez
puissants pour nommer un des leurs, Banks,
président de la Chambre des représentants.
Pendant l'administration de Buchanan, le
parti républicain prépara ses forces. La tenta-
tive héroïque de John Brown à Harper's Ferry,
mort de ce glorieux martyr de l'abolitionisme.
Mais il avait appris au Nord qu'il fallait trans-
former en bourres de fusil le livre de Mme Bee-
cher Stowe, et les innombrables publications
abolitionistes du Nord. Le Sud comprit que
les Etats libres, l'ayant dépassé en richesses
et en population, auraient le dessus au con-
grès, et que, poussés par les abolitionistes ra-
dicaux, ils en viendraient tôt ou tard à passer
de la doptrine modérée de non extension à
la doctrine de l'émancipation immédiate.
Le seul moyen d'écarter ce danger était de
faire élire encore un président dévoué au Sud;
mais si cette tentative échouait, il ne restait
AME
plus à celui-ci qu'à opérer un divorce écla-
tant avec le Nord,, pour lui ôter tout prétexte
de s'immiscer dans les affaires intérieures des
Etats esclavagistes. C'était évidemment ce
dernier moyen que le Sud préférait, puisqu'au
lieu de choisir pour candidat le démocrate du
Nordj Douglas, qui eut été un autre Bucha-
nan, il porta à la présidence un esclavagiste
ultra, Breckinridge, qui n'avait aucune chance
de réunir les votes du parti démocrate des
Etats libres. Ce parti, en effet, quoique sym-
pathique au Sud, ne voulait, pas cependant se
livrer à lui pieds et poings liés. Les républi-
cains noirs prirent pour candidat M. Lincoln,
qui était sur de rallier à lui les démocrates
mécontents des exigences excessives du Sud.
Quant à la candidature de John Bell, qui était,
comme Douglas, partisan de nouveaux coin-
promis, elle était à peu près insignifiante, puis-
que, des deux côtes, les compromis étaient
définitivement rejetés.
Restaient en présence, par conséquent, deux
candidats sérieux, quoique de chances iné-
gales : Breckinridge, l'incarnation de l'escla-
vage , qui voulait maintenir tous les droits
acquis, et visait à de nouveaux privilèges;
Lincoln , .le représentant du parti qui, tôt ou
tard, par la force de la logique et 1 entraîne-
ment des faits, voulait arriver constitution-
uellement à une émancipation complète et
générale des esclaves américains.
La question était donc posée fort nettement.
« Jusqu'en novembre 1860, dit Everett, il n'y
avait jamais eu de candidat sudiste à la pré-
sidence qui n'eût reçu des voix du Nord, ni de
candidat nordiste qui n'eût compté des voix
dans le Sud. » Cette fois tout changea de face,
et les partis furent nettement dessinés. Voici
la statistique du vote présidentiel du 6 no-
vembre 1860 :
591,613 voix pour John Bell.
1,365,976 — Stephen Douglas.
847,953 — John Breckinridge.
1,857,610 — Abraham Lincoln, de l'E-
tat d'Illinois.
Le Sud avait ce qu'il désirait, un prétexte
pourrompreavecl'Union. Le 20 décembre 1860,
la Caroline du Sud passa l'acte de sécession par
lequel elle faisait cette déclaration : «L'Union
entre la Caroline du Sud et les autres Etats est
dèsà présent dissoute.» On n'attendit pas même
que M. Lincoln entrât en fonctions (4 mars
1861), et tous les autres Etats du Sud, imitant la
Caroline, promulguèrent leurs ordonnances
de sécession , et , à l'exception des forts de
Charleston, saisirent tous les forts, arsenaux,
propriétés fédérales, situés dans leurs limites
respectives. Le 4 février 1861, ces Etats se
réunirent en congrès à Montgommery , et se
constituèrent en nation indépendante sous le
nom d'Etats confédérés d'Amérique, avec Jef-
ferson Davis pour président. Lincoln, dont la
vie était sérieusement menacée, arriva sous un
déguisement à Washington et, le 4 mars 1861,
il était nommé président des Etats-Unis.
Malgré les ordonnances de sécession passées'
dans leurs Etats respectifs, les représentants
Sud du congrès étaient restés à leurs sièges
pendant quelque temps encore, mais ils refu-i
saient toutes les offres de compromis faites par
les démocrates neutres. De plus, une conven-
tion, dite convention de la paix, avait réuni
à Washington des délégués du Nord et du Sud ;
toutefois l'heure des concessions réciproques
était passée ; la convention se sépara sans
opérer une "réconciliation. Le canon seul allait
se faire entendre.
Voici, dans leur ordre chronologique, les
principaux événements de cette guerre fra-
tricide :
1861
4 mars : Inauguration du président Abraham'
Lincoln. „.
12 avril : Bombardement du fort Sumter.
(V. Anderson.)
13 — Capitulation du fort Sumter.
15 — Lincoln appelle sous les armes 75,000
volontaires.
16 — Jefferson Davis décrète l'enrôlement
de 32,000 hommes.
17 — Le gouvernement confédéré annonce
qu'il est prêt à fournir des lettres de marque
pour *ourir sus aux navires fédéraux.
18 — L'arsenal de Harper's Ferry est éva-
cué par les unionistes.
19 — Emeute à Baltimore contre les régi-
ments yankees qui se rendaient à Washington.
Neuf émeutiers et trois soldats fédéraux sont
— Lincoln proclame le blocus des côtes du
Sud.
20 — L'émeute continue à Baltimore. Les
régiments de volontaires cessent de traverser
Id. — L'arsenal maritime de Norfolk est
évacué par les fédéraux. Les sécessionistes
s'y emparent de la frégate, alors en bois, le
21 — Robert Lee est nommé général des
troupes de l'Etat insurgé de Virginie.
23 — La loi martiale est proclamée à Bal-
timore.
4 mat : Mac Clellan est nommé général
commandant du département de l'Obio.
10 — Une émeute éclate à Saint -Louis
contre les fédéraux.
13 — Butler prend le commandement de
Baltimore.
AMÉ.
13 — Proclamation de la neutralité de l'An-
gleterre.
21 — Le congrès du Sud défond de payer
au Nord les dettes privées.
24 — Les fédéraux passent le Potomac et
s'emparent d'Alexandria.
3 juin : Mort de Stephen Douglas.
10 — Combat de Big Befchel; défaite des
fédéraux.
1 1 — Victoire des unionistes à Romney.
15 — Le corsaire confédéré Saoannah est
pris par le brick Perry.
17 — Combats d'Edward' s Ferry sur le Poto-
mac, et de Bo'oneville dans l'ouest.
20 — La Virginie occidentale se déclare
pour l'Union et élit Pierpoint pour gouverneur.
27 — Arrivée de Frémont, amenant d'Eu-
rope une cargaison d'armes pour les fédéraux.
29 — Le corsaire Sumter, capitaine Semmes,
force le blocus de' la Nouvelle-Orléans et prend
la mer,
2 juillet : Combat de Wïlliamsport.
5 — Défaite à Carthage (Missouri) des con-
fédérés par Sigel,
6 — Frémont nommé commandant général
du département de l'ouest.
10 — Mac Clellan bat les confédérés à Lau-
rel Hill.
1 1 — Autre victoire à Rich Mountain.
12 — Le colonel Pegram se rend à discré-
tion à Mac Clellan.
13 — Ordre général de l'évèque Polk à ses
troupes.
14 — Le corsaire Sumter, après être entré
à Cienfuegos avec plusieurs prises , conti-
nue à poursuivre les navires fédéraux.
15 — Escarmouche de Bunker Hill.
Id. — Les unionistes, commandés par Mac
Dowell, commencent leur mouvement sur
16 — Vote de remerclments du congrès à
Mac Clellan.
17 — Défense aux esclaves fugitifs d'entrer
dans les lignes de l'armée fédérale.
18 — Combat de Blackburn's Ford,
21 — Bataille de Bull Run. Beauregard met
en fuite l'armée yankee commandée par Mac
Dowell.
22 — Mac Clellan nommé général de l'armée
du Potomac.
2 août : Défaite des confédérés à Dug
Springs, par Lyons.
10 — Défaite et mort du général unioniste
Lyons à Wilson's Creek (Missouri).
13 — La loi martiale est proclamée à Saint-
Louis par Frémont.
18 — Naufrage du corsaire confédéré Jef-
ferson Davis.
22 — Persécutions dirigées contre certains
journaux de New-York favorables au Sud.
26 — Surprise et défaite d'un régiment unio-
niste à Summersville (Virginie).
29 — Butler et le commodore Stringham
s'emparent des forts Hatteras, dans la Caro-
line du Nord.
Id. — Combat de Lexington (Missouri).
31 — Le gouverneur général de Cuba déclare
qu'il protégera les vaisseaux confédérés qui
entreront dans ses ports.
4 septembre : Prise de Columbus (Kentucky)
par les confédérés, sous le général évéque .
Polk.
6 — Le général Grant s'empare de Padu-
cah (Kentucky) et y fait flotter le drapeau
fédéral.
10 — Rosencrans défait les confédérés en
Virginie, à Carnifex Ferry.
11 — Combat de Lewinsville.
— Frémont affranchit deux esclaves appar-
tenant à un confédéré rebelle.
16 — L'Ile des Vaisseaux, près de l'embou-
chure du Mississipi, est occupée par les
yankees.
— Les banques de la Nouvelle - Orléans
suspendent leurs payements en espèces.
20 — Capitulation des unionistes assiégés
dans Lexington.
24 — Le comte de Paris et le duc de Chartres
sont nommés capitaines de volontaires et aides
de camp de Mac Clellan.
28 — Les collines autour de Washington
sont évacuées par les confédérés.
. 5 octobre : Combat de Chicomacomico ,
dans la Caroline du Nord.
1 1 — Le corsaire confédéré Naskville entre
à Charleston.
12 — Combat naval
dessous de la Nouvelle-Orléans.
21 — Bataille de Ball's Blutf. Défaite des
unionistes, et mort du colonel Baker.
24 — Les ambassadeurs confédérés en France
et en Angleterre, MM. Slidell et Mason, sont
reçus officiellement à leur passage à la Havane.
Id. — Le writ A'habeas corpus est suspendu
dans le district de Colombie.
26 — Victoire du général unioniste Kelley,
à Romney (Virginie).-
1er novembre : Mac Clellan nommé général
en chef des armées des Etats-Unis.
7 — Bataille de Belmont, dans le Missouri.
8 — MM. Slidell et Mason sont arrêtés â
bord du Trent par le capitaine Wilkes.
10 — Halleck nommé général commandant
le département de l'Ouest.
14 — Les planteurs du Sud décident de ne
plus cultiver de coton pour l'exportation.
27 — Décret d'émancipation graduelle passé
par la Convention de la Virginie occidentale.
4 décembre : Le ministre d'Etat Seward écrit
à Mac Clellan une lettre pour protester contre
l'emprisonnement des esclaves fugitifs.
18 — Arrivée de la malle d'Europe appor-
tant l'impression causée en Angleterre et en
r Fiance par l'arrestation de MM. Slidell et
Mason. Les journaux de ces deux pays se mon-
trent très-hostiles.
20 — Combat de Dranesville (Virginie).
— Des vaisseaux remplis de pierres sont
coulés par les yankees dans le port de Charles-
ton, pour empêcher l'entrée et la sortie du port.
28 — Sur les conseils de Napoléon III, le
gouvernement fédéral consent à relâcher
MM. Slidell et Mason, et évite par cette mesure
une rupture avec l'Angleterre.
1862
1er janvier: Combat sur l'île de Port-Royal.
2 — MM. Slidell et Mason sont remis à bord
de la frégate anglaise Jiinaldo.
il — Le général Burnside part pour la Caro-
line du Nord avec 15,000 hommes, embarqués
sur la flotte du commodore Goldsborough.
13 — Stanton nommé ministre de la guerre
de M. Lincoln, en remplacement de Cameron.
16 — Les payements en espèces suspendus
par la législature de l'Ohio.
19 — Bataille de Somerset, ou de Mill
Springs (Kentucky).
30 — Le premier Monitor lancé h l'eau.
5 février : La flottille fédérale du Tennessee,
commandée par le capitaine Foote, s'empare
du fort Henry.
7-8 — Bataille de Roanoke-Island (Caroline
du Nord). Les rebelles sont défaits. La côte
nord de la Caroline est aux fédéraux.
16 — Prise du fort Donelson par le général
Grant, qui y fait 13,000 prisonniers coniédérés.
19 — Jefferson Davis est élu pour six ans
président des Etats confédérés.
23 — Les fédéraux entrent à Nashville.
7 mars : Bataille de Pea-Ridge.
8 — Le Merrimac coule les frégates fédé-
rales dans la rade de Hampton.
9 — Arrivée du Monitor. Combat du Mer-
rimac et du Monitor.
13 — Le général Pope s'empare de New-
Madrid, sur le Mississipi.
14 — Les confédérés battus par Burnside à
Newbern (Caroline du Nord).
16 — Commencement du siège de l'île n° 10,
sur le Mississipi, par les fédéraux.
23 — Bataille de Winchester-Heights.
3 avril : L'esclavage aboli dans le district
de Colombie.
4 — Mac Clellan se met en mouvement
contre Richmond par la route d'Yorktown.
6-7 — Bataille de Shiloh, entre Beauregard
et Grant.
7 — Reddition de l'île n° 10.
10-U — Le fort de Pulaski est pris par les
fédéraux, qui commandent ainsi l'entrée du
port de Savannah.
11 — Prise de Huntsville (Alabama).
18 — Prise de Fredericksburg, en Virginie.
28 — Prise de la Nouvelle-Oriéans par le
général Butler et lu flotte fédérale.
4 mai : Mac Clellan occupe Yorktown.
6 — Il entre dans Williamsburg.
10 — Le général Wool s'empare de Norfolk,
il — Les confédérés font eux-mêmes sauter
le Merrimac.
12 — Pensacola occupée par les fédéraux.
17 — Visite de l'ambassadeur français,
M. Mercier, à Richmond.
25 — Le général Banks battu à Winchester
(Virginie).
29 — Corinth évacuée par Beauregard.
. 31 mai et \"juin : Bataille de Fair-Oaks, ou
de la Chickahominy.
6 — Reddition de Memphis,sur le Mississipi.
7 — Mumford pendu à la Nouvelle-Orléans,
par ordre de Butler, pour avoir abaissé le dra-
peau de l'Union.
8 — Le général Shields battu par Stonewall
Jackson (confédéré) à Port-Republic, en Vir-
20 — L'esclavage défendu dans les Terri-
27 — Bataille de Gaines' Mill. Changement
de base de l'armée de Mac Clellan.
29 — Bataille de Peach orchard.
30 — Bataille de White oak swamp.
1 e r juillet : Bataille de Malvern Hills, dans la-
quelle Mac Clellan arrête les confédérés, qui le
pressaient trop dans sa retraite.
14 — Le général Pope prend le commande-
ment de l'armée de laVirginie, destinée à cou-
vrir la retraite de Mac Clellan.
AME
9 août ; Défaite de Pope et de Banks, à Ce-
dar Mountain, par Stonewall Jackson,
26 — Pope commence sa retraits sur Wash-
ington. Il est entouré et battu à Manassas-
Junction.
30 — Seconde bataille de Bull Run. Le gé-
néral Lee défait les fédéraux commandés par
Pope, et envahit le Nord.
13 septembre : Harper's Ferry' évacué par
les fédéraux.
M — Bataille indécise de South Mountain,
dans le Maryland.
17 — Bataille d'Antietam. Lee,très-affaibli,
repasse le Potomac.
19 — Rosencrans bat les confédérés à Iuka,
dans l'ouest.
22 — Lincoln proclame qu'à partirdu K'jan-
vier 1863 les esclaves des rebelles en armes
seront libres pour toujours.
3-4-5 octobre : Bataille de Corinth (Mississipi).
10 — Le général Stuart, avec 1,800 cava-
liers, envahit le Maryland et une partie de la
" 27 — La grande armée du Potomac com-
mence son troisième mouvement su r Riehm ond .
2 novembre : Premières nouvelles des dépré;
dations commises par le corsaire confédéré
VAlabama.
5 — Burnside remplace Mac Clellan à la tête
de la grande armée du Potomac.
13 décembre : Défaite de Burnside par le
général Lee, à Fredericksburg.
16 — Banks remplace Butler à la Nouvelle-
Orléans.
27 — Attaque de Vicksburg sur le Mississipi.
31 — Bataille de Murfreesboro.
Id. — Le premier Monitor coule dans une
tempête.
1SG3
2 janvier : Continuation de la bataille de
Murfreesboro. Sous Rosencrans, les fédéraux
sont vainqueurs.
Id. — Proclamation d'émancipation du pré-
dent Lincoln.
il — La canonnière fédérale Haiteras est
coulée par VAlabama, en vue de la côte du
Texas.
12 — Discours de Napoléon III au Corps
législatif, dans lequel il déplore la guerre
d'Amérique, et regrette que ses offres de mé-
diation aient été rejetées.
16 — Expédition des fédéraux en Arkansas.
19 — Le Congrès confédéré de Richmond
propose des mesures de représailles contre les
fédéraux, à cause de la proclamation d'éman-
22 — Seconde campagne de Burnside contre
Richmond, arrêtée, k son début, sur le Rap-
pahannock, par le mauvais temps et les boues
de la Virginie.
25 — Organisation du l«r régiment noir de
la Caroline du Sud.
26 — Hooker remplace Burnside dans le
commandement de l'armée du Potomac.
il février : Le ministre d'Etat, M. Seward,
déclare qu'il n'a point donné de passeport à
l'ambassadeur français, M. Mercier, lors du
récent voyage de celui-ci à Richmond.
7 avril : Le fort Sumter est attaqué par la
flotte fédérale.
28 — L'armée du général Hooker traverse
le Uappahannock, et se met en marche sur
Richmond,
2 mai : Bataille de Chancellorsvillc, entre
H(?*)kcr et Lee.
S — Second jour de la bataille de Chancel-
lorsville. Les fédéraux battent en retraite.
5 — Vallandigham , représentant de l'Ohio
au Congrès, est arrêté par les soldats de l'ar-
mée de l'Ouest, sur l'ordre de Burnside.
10 — Mort du général confédéré Stonewall
Jackson, des suites d'une blessure reçue a
Chancellorsville.
16 — Bataille de Champion Hills; défaite
des confédérés par le général Grant.
22 — Après l'investissement complet de
Vicksburg et un long siège, Grant donne l'as-
saut à la ville. Il est repoussé.
27 — Dans les mêmes circonstances, le gé-
néral Banks échoue également a Port-Hudson.
28 — Départ de Boston du 54& régiment du
AMÉ
de l'Ouest-, ils sont battus à Chickamatlga, pirf
Bragg, le 19 septembre. Dans le même mois,
une expédition préparée de longue main échoue
devant Galveston, au Texas, et la flottille fé-
dérale est battue et coulée à fond.
Octobre, novembre, décembre : A l'ouest, le
général Grant venge, par la victoire de Chat-
tanooga, la défaite des fédéraux a Chïcka-
îga. A l'est, le siège de Charleston démon-
1864
î, les
nègre levé dans le Nord parmi les noirs libres, le
1er régiment des volontaires de la Caroline du
Sud n étant composé que d'anciens esclaves.
9 juin : Combat de Beverley-Ford.
Juin, juillet .-Le général Hooker, qui n'a pu
empêcher Lee de traverser une seconde fois le
Potomac et d'envahir le Nord, est remplacé
dans le commandement par le général Meade.
Les confédérés s'avancent jusqu'à une lieue
de Harrisburg, capitale de la Pensylvanie.
1-2-3 juillet: Bataille de Gettysburg, une des
plus sanglantes de toute la guerre. Lee est
encore une fois obligé de repasser le Potomac.
I — Reddition de Vicksburg.
13-14 — Emeute à New-York au sujet de la
conscription. Le sang coule.
Août, septembre : Continuation du siège de
Charleston; occupation de Knoxville, dans le
Tennessee oriental, par Burnside, 4 septembre,
(tu moment où les fédéraux se croyaient maîtres
Depuis le commencement de cette , . .
opérations militaires n'ont pas été favorables
aux unionistes. Il leur a fallu lever le siège de
Charleston. Ils ont échoué dans leur entre-
prise contre la Floride. Dans le mois d'avril,
te général Banks a été battu en Louisiane,
et une grande partie de la Caroline" du Nord
recouvrée par les esclavagistes.
Mais, avec le général Grant pour comman-
dant en chef de toutes les armées fédérales,
il est permis d'espérer que les Etats-Unis
dompteront bientôt la rébellion. La campagne
décisive de cette guerre meurtrière s'est ou-
verte le 4 mai. A cette date, le général Grant a
quitté ses lignes du Rappahannock et du Rapi-
dan, pour marcher contre Richmond, capitale
des confédérés. Dès le 5 mai, le général su-
diste, Robert Lee, tentait d'arrêter l'invasion
des fédéraux. Du 5 au 12 mai, de sanglantes
batailles, malheureusement indécises, se sont
livrées à Wilderness, en Virginie, entre le
Nord et le Sud. Lee se retira, à quelques milles
plus loin, dans une position très-fortej à Spott-
sylvanie Court-House. Grant ne put l'en délo-
ger qu'après les terribles combats de la seconde
semaine de mai. Lee, vivementpressé, se retira
alors plus au sud, dans ses retranchements de
la rivière Annah. Le général Grant reculant
devant un nouveau sacrifice d'hommes, tourna
la position des confédérés. Il est maintenant
(juin 1864) à 12 kilom. de Richmond, au nord
de la rivière Chickahominy, derrière laquelle
sont rangées les troupes de Lee. Ainsi les deux
armées occupaient.au 30 mai 1864, tes mêmes
positions qu'en juillet 1862, quand Mac Clellan
assiégeait Richmond.
— La guerre d'Amérique devant la con-
science de la France. Pour savoir de quel
côté se trouve la justice dans la guerre d'A-
mérique, de quel côté doivent se porter les
sympathies et les vœux des amis de la liberté,
if suffit de se poser les questions suivantes :
L'esclavage est-il la cause réelle de la sépa-
ration du Sud et de la guerre civile? Le Sud
avait-il constitutionnellement et moralement le
droit de se séparer? L'abolition de l'esclavage
doit-elle être la conséquence de la victoire du
Nord?
L'esclavage est-il réellement la cause de la
guerre d'Amérique? Pour en douter, il faut
vraiment fermer les yeux a l'évidence. Repor-
tons-nous a l'élection présidentielle de 1860, et
comparons les programmes des deux candi-
dats rivaux, M. Lincoln et M. Breckinridge :
Point d'extension de l'esclavage au delà de "ses
frontières actuelles, disait le premier; plus
d'admission de nouveaux Etats à esclaves
dans l'Union; modification de la loi sur les
esclaves fugitifs, etc. — L'esclavage sera
national et non plus sectionnel, disait le second;
en d'autres terrnes, il sera reconnu par la Con-
stitution , il s'étendra dans les nouveaux ter-
ritoires, suivantle vœu des populations, autant
que s'étendra l'Union; aucun Etat ne pourra
empêcher le transit des esclaves ; la loi des
esclaves fugitifs sera renforcée, etc.
Du reste, nous avons les déclarations, les
aveux du Sud : Habemus confitentemreum. On
ne voit pas qu'il ait donné a sa révolte une
autre raison que le besoin, le droit de défendre
son institution particulière, menacée par l'agi-
tation abolitioniste du Nord. Ecoutons M. Ste-
phens, vice-président de la confédération du
Sud : « L'esclavage, dit-il, a été la cause
immédiate de la dernière rupture et de la
révolution actuelle. Jefferson avait.bien prévu
que sur cet écueil se briserait un jour la
vieille Union L'idée dominante admise par
lui et par la plupart des hommes d'Etat de son
temps a été que l'esclavage de la race afri-
caine était une violation des droits de la
nature Mais ces idées étaient fondamenta-
lement fausses ; elles reposaient sur l'égalité
des races Notre nouveau gouvernement
est basé sur des idées toutes contraires. Sa
pierre angulaire est cette grande vérité, que
le nègre n'est pas l'égal du blanc ; que 1 es-
clavage , la subordination a la race supé-
rieure, est sa condition naturelle et morale.
Notre gouvernement est le premier dans l'his-
toire du monde qui repose sur cette grande
vérité physique, philosophique et morale.....
Le nègre, en vertu de sa nature et par suite
de la malédiction de Cham, est fait peur la
position qu'il occupe dans notre système, »
Rien de plus clair que ce langage. Ainsi, le
Sud lui-même se charge de donner un démenti
aux journalistes européens qui veulent que
l'esclavage ait été pour peu de chose dans la
séparation. Ainsi, c'est 1 esclavage qui le pre-
mier s'est déclaré incompatible avec le pacte
fédéral, et qui, se mettant au-dessus de ce
pacte, n'a pas hésité à le déchirer ; c'est l'es-
clavage qui, selon les paroles de M. Sumner,
est la cause de la guerre, sa puissance, sa fin,
son but, son tout. Et maintenant, ce peuple
qui, en pleine civilisation, reculant jusqu'à la
AMÈ
.'homme par la déclaration du droit di _
l'esclavage, nous demandons quel intérêt il
peut inspirer a la France de 83?
Le Sud avait- il constitutionnellement le
droit de se séparer ? Il est impossible de trou-
ver ce droit dans la Constitution des Etats-
Unis ; on voit clairement, au contraire, qu'elle
a entendu créer une solidarité perpétuelle
entre les diverses parties dont elle a fait un
tout, une unité. Les Etats-Unis, en effet, ne
forment pas plusieurs Etats dans le sens poli
tique quA<™ S™™ , ■"---' A v — '
AMÉ
267
a ordinairement à c
ligue ; leur
n un congrès d'am-
puissance executive,
le droit de paix et de
nation
est une législature et
bassadeurs. La suprêi
législative et judiciaire, le droit de paix
guerre sont dans les mains de l'autorité
traie. La diplomatie, l'armée, la marine., ..,.,
douanes, les postes, les monnaies, tous ces
attributs de la souveraineté ont été retirés
aux Etats et donnés au gouvernement fédé-
ral. Du reste, la loi constitutionnelle a été
constamment interprétée dans ce sens jus-
qu'au jour où Calhoun, l'apôtre de l'esclavage,
mit en avant la fameuse théorie d'après
laquelle l'exercice de l'autorité centrale devait
être subordonné à la souveraineté politique
de chaque Etat. «De même que dans la répu-
blique romaine, disait-il , la puissance des
patriciens était bornée par le veto des tribuns,
qu'en Pologne !a puissance des assemblées
était tenue en échec par le veto d'un seul
membre ; ainsi, dans les Etats-Unis, il faut que
t/haque Etat ait le droit et le moyen d'annuler,
de nullifier tout acte qui tend à violer et à
diminuer ses droits..» Cette théorie de la nul-
lifwation, par laquelle l'esclavagisme prélu-
dait à la révolte, était la négation du pacte
fédéral. Le général Jackson, alors président,
la repoussa énergiquement : > On ne saurait,
dit-il dans son message de 1833. reconnaître
aux habitants d'un Etat le droit de se dépar-
tir selon leur bon plaisir, et sans le consente-
ment des autres Etats, de leurs obligations les
plus solennelles, et de mettre en péril les
libertés et le bonheur des millions d hommes
dont se compose l'Union. Dire qu'un Etat
pourrait a volonté se séparer de l'Union, c'est
dire que les Etats-Unis ne sont pas une nation. »
Loin de pouvoir s'appuyer sur le pacte fédé-
ral, le droit de séparation était le retour à un
état de choses que le pacte fédéral avait eu
pour but de faire cesser. Du reste, la preuve
que le Sud n'a pas trouvé ce droit dans
1 œuvre de Washington, c'est qu'en gardant
la Constitution des Etats-Unis, il a cru devoir
y ajouter un article spécial, déclarant que
chaque Etat aura toujours le droit de se reti-
rer de la nouvelle confédération.
Le Sud avait-il moralement le droit de se
séparer? En d'autres termes, la séparation,
condamnée par la légalité, par le droit positif,
peut-elle invoquer le droit naturel? Pas davan-
tage. Ces gros mots, si souvent prononcés en
Europe, de nationalité opprimée, d'antago-
nisme de race, de limites naturelles, n'ont rien
à faire ici. L'unité des- Etats-Unis n'est pas
une création artificielle de la force, une fiction
politique contre laquelle on puisse s'élever au
nom de l'ethnologie, de la linguistique, de la
géographie. En réalité, Nord et Sud forment
un peuple, un seul peuple, c'est-à-dire une
société d'hommes qui ont la même origine, la
même langue, la même civilisation, la même
histoire, et, si l'on ôte l'esclavage, les mêmes
lois et tes mêmes institutions. • Le Sud, dit
M. Laboulaye, a-t-il été opprimé? N'était-il
pas maître absolu de son administration et do
ses lois intérieures? N'avait-il pas dans la
représentation générale une part proportion-
nelle à sa population? Y avait-il des privilèges
politiques pour IsNord? M. Lincoln serait-il
un despote qui eût violé ses serments et foulé
aux pieds les libertés nationales? Non : le Sud
en .se révoltant ne peut alléguer ni une loi
déchirée, ni un droit outragé. Ce dont il se
plaint, c'est qu'un changement de majorité
allait amener fa suprématie politique du Nord.
Est-ce là une cause de rébellion? Est-ce que
la soumission à la majorité, dans les choses
d'intérêt général, n'est pas la condition des
peuples libres? Est-ce que la liberté politique
n'est pas le règne de l'opinion substitué au jeu
sanglant des révolutions? »
Le triomphe du Nord doit-il amener l'aboli-
tion de l'esclavage? Les amis du Sud vont
répétant que le Nord n'a jamais voulu sup-
primer l'esclavage, qu'il est parfaitement
indifférent à cette question. Mais n'est-ce pas
l'agitation abolitioniste qui, d'après le Sud, a
été là cause de l'insurrection? Le Sud n'a-l-il
pas brisé l'Union le jour où l'Union lui a paru
prête à se dégager d'une complicité honteuse
et à dire à l'esclavage : Tu n'iras pas plus
loin. Depuis la présidence de M. Lincoln, n'a-
vons-nous pas vu le Nord affranchir le district
de Colombie, donner tous les territoires à la
liberté, décréter l'abolition de l'esclavage dans
les Etats rebelles, offrir aux Etats loyaux de
contribuer pour un prix considérable au
rachat des nègres, décider qu'en vertu des
droits de la guerre on emploierait au service
de l'Union les nègres des rebelles, et que cet
emploi leur vaudrait la liberté?
Du reste il est facile de comprendre que le
mouvement abolitioniste ne peut désormais que
gagner du terrain ; le Nord se trouve engagé
dans cette voie par la lorce des choses ; l'aboli-
tion de l'esclavage s'impose à la pensée de ses
hommes d'Etat ; ce n'est plus seulement pour
eux un principe, c'es't un intérêt ; ce n'est plus
seulement une question morale, c est une ques-
tion politique; c'est le moyen de conquérir une
paix solide, définitive, et d'anéantir complè-
tement l'esprit de sécession auquel l'esclavage
seul donne une raison d'être. L'esclavage
s'est révélé comme la négation de la patrie ; il
faut qu'il disparaisse. La guerre mène à l'ex-
trémité des questions, ne permet pas de reculer,
n'admet pas de compromis ;elle veut des résul-
tats en rapport avec les moyens employés, un
but qui soit digne du sang versé, et qui justifia
tant de sacrifices.
Résumons-nous : la victoire, du Nord, c'est
la rédemption de quatre millions d'esclaves,
et en même temps c'est la démocratie purifiée,
reprenant honneur et autorité dans le monde.
La victoire du Sud, c'est la perpétuité et l'ex-
tension de la servitude, et en même temps
c'est la destruction de cette œuvre de Wa-
shington, à laquelle la France s'honore d'avoir
concouru, et qui jusqu'ici a pu être considérée
comme le dernier terme du progrès politique.
Entre le Nord et le Sud, la conscience de la
France ne saurait hésiter. Le triomphe du
Nord a pour lui le droit, l'humanité et la rai-
son, la raison qui, comme l'a dit excellemment
Voltaire, finit toujours par avoir raison.
I. — langues en Amérique. L'origine des
langues américaines, ainsi que celle des peu-
ples qui les parlent, a jusqu'ici résisté aux
efforts multipliés de la science moderne. La
race américaine doit être, selon les uns, une
race aborigène, sans rapport avec les grandes
familles européennes et asiatiques, aussi spé-
ciale au nouveau monde que sa flore et sa
faune, et qui s'est ramifiée on une foute do
peuplades secondaires. On ne peut méconnaîtra
en effet que les Peaux-Rouges constituent une
division essentielle en anthropologie. La phi-
lologie classe également dans un groupe à part
les langues parlées en Amérique. Il n'y a pas
très-longtemps, on a- fait des investigations
patientes pour arriver, en analysant ces
idiomes, à résoudre ce problème historique,
mais les recherches n'ont guère servi qu'à les
faire un peu mieux connaître, sans pouvoir en
établir l'origine et la filiation. On en a relevé
un nombre prodigieux. Chaque voyageur, cha-
que missionnaire, après avoir visité une peu-
plade, une tribu même, venait augmenter d'un
nouveau nom la liste déjà nombreuse de ces
idiomes, sans s'inquiéter si ce qu'il considérait
comme une langue spéciale n'était pas un dia-
lecte très-peu différent d'une langue voisine ; de
sorte qu'on a pu arriver facilement à porter
à cinq cents le nombre des langues américai-
nes. Mais la science, en examinant attentive-
ment ce chiffre énorme, ne tarda pas à décou-
vrir que les variétés qu'on avait prises pour
des langues distinctes ne sont, en réalité, que
des dialectes qui se groupent autour des sou-
ches radicales, exactement comme nos langues
asiatico-européennes. Cependant il faut avouer
que, chez ces peuples, la filiation du langage
est beaucoup moins accusée que chez ceux de
l'ancien monde; mais cette différence tient au
génie caractéristique de toutes ces langues.
La philologie, habituée à s'appuyer sur les ra-
b„.o ^ milieu- de cette multitude d'idiomes;
ces rapports échappent à nos procédés ordi-
naires. Le meilleur système est la compa-
raison , non pas des mots , mais des formes
grammaticales, qui présentent une identité
presque constante. On peut encore établir cer-
tains points de repère en se basant sur la pré-
sence ou l'absence de telle ou telle articulation
dans une langue, et former ainsi des groupes
congénères. C'est de cette façon qu'on a re-
marqué qu'il n'y a pas de 6,-de d, de /'dans le
groenlandais, le mexicain, le quiche, le Iule,
le waikuri, etc. ; de d dans le kora, le muyska
et le mossa; de /'dans le brésilien, le guarani,
le mokobi, le maya, l'aruwaki et dans toutes
les langues de l'Orénoque, excepté le guama ;
de s dans le brésilien, le guarani, le mokobi, le
jarura; de l dans l'othouiieh, le muyska et le
Le système grammatical est très-compliqué :
il a généralement pour point de départ le prin-
cipe d'agglutination, et on lui a donné le nom
spécial de polysynlliétique. Les moindres mo-
difications dans les rapports des idées- entre
elles, ou dans leurs dépendances à l'égard les
unes des autres, se traduisent aussitôt dans
les mots par des syllabes affixes qui s'accolent
soit au commencement du radical (préfixes),
soit à la-fin (suffixes). Ainsi, par exemple, en
mexicain, qua veut dire manger ; manger quel-
que chose s'exprimera par tlaqua; donner
quelque chose à manger à quelqu un, tetla-
qualtia, en un seul mot.
Il n'existe pas chez les Américains de systèmo
graphique proprement dit. Cependant on sait
que les Mexicains employaient, outre "leurs
quippus, des sortes d'hiéroglyphes primitifs, et
cette méthode grossière s'est répandue dans
toute l'Amérique. Lafiteau l'a retrouvée chez
les Iroquois et les Hurons. Les anciens Virgi-
niens l'employaient sous le nom de sagkohon,
pour conserver la mémoire de leurs événe-
ments historiques. Sur les bords du Rio-del-
Norte, dans la Louisiane, dans le Pérou on
constate l'existence de ces dessins hiérogly-
phiques. Au milieu du siècle dernier, un mis-
sionnaire trouva chez la peuplade indepen-
i dante des Panos de3 livres remplis de figures
268 ÂMÉ
et de caractères isolés, qui passaient pour
contenir leur histoire. Dans les montagnes de
l'Amérique du Sud, on a vu des blocs de granit
recouverts tout entiers d'hiéroglyphes gravés
lo Les langues des Esquimaux, dont la plus
connue est le groënlandais ;
2" Les langues andes-parime, parlées entre
l'océan Atlantique, l'Amazone, le grand Océan,
le Guatemala, et comprenant le caraïbe, le
tamanaque, etc. ;
Z" Les langues guaranis, parlées entre l'At-
lantique, les Andes, la Plata, l'Orénoque, et
comprenant le guarani, le camacan, le paya-
gua, le guaycurus, etc. ;
4" Les langues mexicaines : le nahualt ou
mexicain, parlé par les Aztèques ; l'otomi, le
maya, etc. ;
5» Les langues péruviennes : l'abipon, le
mocaby, le péruvien, le chiquitos, etc. ;
6° Deux séries d'idiomes bien distincts par
leur nature propre et la position géographique
des peuples qui les parlent : 1° le pécherais,
parle dans l'archipel Magellan, ainsi que l'a-
raucan, parlé dans le Chili; 2<> les nombreux
dialectes du centre de l'Amérique septentrio-
nale , tels que le cherokee, le delaware, le
sioux, le comanche, le natchez, etc.
Pour de plus amples détails, voir chaque
langue séparément dans le dictionnaire, à l'or-
dre alphabétique.
II. — Littérature en Amérique. Antérieu-
rement à la guerre de l'Indépendance, il n'y a
pas, à proprement parler, de littérature spéciale
aux Etats-Unis. Des poésies, des traductions de
la Bible, des ouvrages de métaphysique, quel-
ques travaux historiques et politiques, tes Ob-
servations sur l'entretien des noirs-, de John
Woolman, et enfin les œuvres de Franklin; for-
ment le bilan littéraire de cette contrée depuis
l'établissement de la colonie jusqu'à sa décla-
ration d'indépendance. De tous les écrivains de
cette période, Franklin est le seul dont le nom
soit resté, et ce succès n'est pas dû seulement
à l'importance nolitiaue de ses œuvres, mais
à leur forme è
pureté du style „.. .. k . ..
îèbres sont ; VAlmanach du Bonhomme Ri-
chard, traité de morale et d'économie domes-
tique dont le succès fut universel, et dont
des milliers d'exemplaires furent vendus en
France ; puis son Autobiographie, ses Essais
et sa Correspondance, où se trouve la déli-
cieuse lettre a Mme Helvétius sur les Ephé-
mères. « Il est impossible, dit avec beaucoup
de justesse M. Lasseau, de lire Franklin sans
estimer sa pensée et sans aimer sa parole. •
Dans le laps de temps qui s'est écoulé depuis
la révolution américaine jusqu'à nos jours, la
littérature a pris aux Etats-Unis un immense
développement, et, grâce à la liberté dont
jouit ce pays, tous les genres ont été cultivés
ut présentent un nombre d'ouvrages étonnant,
pour une nation qui ne compte pas encore/un
siècle d'existence. L'abondance des matières
nous obligera de les diviser par genres, afin
do mettre plus de clarté dans ce dénombre-
ment, nécessairement très-succinct.
IoTiiéologie et philosophie. Les ouvrages
abondent sur cette matière toujours chère aux
protestants, qui n'en sont pas encore arrivés à
notre indifférence en matière de religion. Nous
citerons principalement les écrits de Jonathan
Edwards, du docteur Charles Chauncey, de
Joseph Bellamy, Samuel Hopkins.Th. Dwight
et J. Witherspoon ; les Esquisses de la science
morale, par le docteur Alexander ; la Philoso-
phie mentale, do Th. Upham; les écrits de
Hickok ; de Tappan ; de Fr. Bowen, philosophe
de l'école de Locke ; ceux de Marsh, de Grecn,
d'Emerson et de Parker ; les œuvres des écri-
vains orthodoxes Worcester, M. Stuart, L.
Woods, des unitaires H. Ware , A. Norton,
B. Whitman et W. E. Channing, dont on cite
Y Argument moral contre le calvinisme, YEssai
sur la littérature nationale, enfin ses Remar-
ques sur John Milton et sur Napoléon Bona-
parte. Telle est la phalange d'écri\:ains mora-
listes qui représentent d'une manière complète
l'ensemble des idées philosophiques de l'Amé-
rique anglaise.
20 Poésie. L'époque de la révolution produi-
sit le premier poète national, J. Trumbull, qui,
dans son poème comique de Mac-Fingal, atta-
qua sans pitié les adversaires de la liberté.
Après lui, vient, par ordre de date, T. Dwight,
auteur d'une épopée, la Conquête de Canaan, et
d'un Village florissant, qui est la contre-partie
du Village abandonné, de Goldsmith, et dont
le style excellent influa sur la littérature de
l'époque. Barlow, poète et commerçant, pu-
blia un poème épique, la Colombiade, et la
liouillie de maïs, œuvre plus modeste, mais
remplie d'aisance et de facilité. A côté de Bar-
low, il convient de placer Philippe Freneau,
poète patriotique d'origine française, et John
Pierpont, qui a publié, en 1S16, les Chants de
la Palestine, d'une harmonieuse versification,
ainsi que des odes qui sont de véritables chefs-
d'œuvre et ses principaux titres à la renom-
mée. W. Cullen-Bryant publia, en 1821, des
Méditations sur la mort, poésies d'une haute
portée philosophique, et le magnifique poème
des Ages, dans lequel il passe en revue l'his-
toire de l'Amérique depuis sa découverte jus-
qu'à la guerre de l'Indépendance, et où il donne
AMÉ
d'admirables descriptions des scènes de la
nature dans ce merveilleux pays. Enfin arri-
vent J. Rodman Drake, qui a publié, entre au-
tres ouvrages, le Lutin coupable, une pièce
patriotique intitulée le Drapeau américain, une
satire, Fanny, et le Château d'Alnwick, souve-
nir d'un voyage en Angleterre ; Green Halleck,
l'auteur de Marco Botzaris. — Richard Wilde,
Hillhouse, Morris, Howard et Payne, méritent,
à des titres divers, d'être également cités, sans
oublier non plus quelques charmantes pièces
de M. Emerson, telles que l'Abeille sauvage,
le Problème, etc., et les drames en vers de
Parker Willis : Tortesa l'usurier et Bianca
Visconti. Parmi les postes tout à fait contem-
porains, nous mentionnerons : H. W. Longfel-
low, qui a publié les Voix de la Nuit, des
Ballades, un drame intitulé l'Etudiant espa-
gnol, des Poèmes sur l'esclavage, le Bord de la
mer, la Légende dorée,\e Chant de Biamatha,
et, en 1858 , Comment Miles Standish fit sa
cour; Greehleaf Whittier, l'adversaire dé-
claré de l'intolérance religieuse , dont on a
Mog-AIegow, les Légendes de la Nouvelle-An-
gleterre, l'Etranger à Lowell, la Fiancée de
Pennacook, etc., etc.; Wendel Holmes, poète
satirique ; Edgard Poe, popularisé chez nous
comme romancier,. mais dont l'Amérique pos-
sède de nombreuses poésies , entre autres le
Ver vainqueur , Annatiet Lee, élégie composée
sur la mort de sa femme , et le Corbeau, trois
admirables pièces où l'étrange et le fantas-
tique sont la note dominante ; Lowel, auteur
du Fils du Pauvre, admirable poème philoso-
antées de Malherbe, et enfin de la Fable pour
les Critiques, où il a successivement bafoué la
plupart de ses confrères en Apollon. Bayard
Taylor, auteur des Poèmes de l'Orient, et
Butler ferment la liste des postes américains,
auxquels on peut ajouter, pour être complet,
les noms de quelques femmes célèbres a un
titre quelconque : Lydia Sigourney, Hannah
Gould, les sœurs Davidson, les sœurs Warfield,
Mines Child, Mac-Intosch et Fuller-Ossoli.
3" Roman. Le genre du roman est relative-
ment aussi cultivé en Amérique qu'en Angle-
terre, mais on ne trouve le' nom d'aucun auteur
important avant le commencement de ce siè-
cle. En tête des romanciers américains, se place
Fénimore Cooper , dont les ouvrages ont été tra-
duits dans toutes les langues de l'Europe, et
qu'on a surnommé, non sans raison, le Walter-
Scott de l'Amérique. Viennent ensuite Wash-
ington Irving et Longfellow, qui sont de
spirituels conteurs , et dont le dernier est
surtout connu par ses deux volumes Outre-
ï'ûm,éloquent plaidoyer de Mi"e Beecher-Stowe
en faveur de l'affranchissement des nègres,
ouvrage qui, traduit en 'plusieurs langues, s'est
répandu en Europe à une quantité incalculable
d'exemplaires; Opulence et Misère, de M<»c
Stephens; Transformation et le Vieux Foyer,
de Hawlhorn ; enfin le Vaste Monde, d'Klisa
Wetherell, et Jiutk Hall, de Fanny Fern.
40 Histoire. De même que les romanciers,
les historiens américains ne datent guère
que du commencement du siècle. Le plus
célèbre en France est W. Prescott, dont on
connaît l'Histoire de la Conquête du Mexique,
celles de Ferdinand et d'Isabelle, de la Con-
quête du Pérou et de Philippe II.' V Histoire
des colonies anglaises dans l'Amériquedu Nord.
par Marshall, fut le premier essai d'une his-
toire locale ; elle fut bientôt suivie de l'Histoire
des Etats-Unis, de Graham ; de l'Histoire de
l'Etat du Maine, par W. Williamson. Les Es-
quisses historiques du MichiganAa Collection
de la Société historique de New- York, l'Intro-
duction à l'histoire de la Virginie, par Campbell ;
des Histoires de la Géorgie, du Kentucky et
de la Pensylvanie, documents nombreux et
précieux dus au zèle de patriotes savants, ap-
portèrent bientôt d'immenses matériaux aux
historiens nationaux, qui ont produit des ou-
vrages très-remarquables, parmi lesquels nous
mentionnerons : la Vie de Washington et l'His-
toire des Etais-Unis, de Bancroft; l'Histoire de
la Conspiration de Pontiac, de Parkman ; celle
des Hommes du iVord, par Wheaton ; l'Histo- e
navale des Etat-Unis, de F. Cooper ; la Biogra-
phie des Indiens, de Thatcher ; l'Histoire des
Tribus indiennes de l'Amérique du Nord, par
Mac-Kenney et Hall, et enlm les Recherches
algiques et Oneota, ou la race rouge en Amé-
rique, très-remarquables ouvrages de School-
craft. Parmi les œuvres purement bibliogra-
phiques publiées en Amérique, nous ne pouvons
nous dispenser de citer la Biographie amé-
ricaine, éditée par M. Jared Sparks ; la Vie et
les Ecrits de Washington, par le même ; les
Portraits des Loyalistes américains, de Sabine ;
deux Vies de Jefferson, l'une de Rayner et
l'autre de Randall ; les Vies de Goldsmith, de
Washington et de Mahomet, par Washington
Irving, etc., etc.
5° Voyages. domine les Anglais, les Améri-
cains sont voyageurs, et, une fois de retour
dans leur patrie, ils aiment à rendre compte de
leurs impressions. Les ouvrages de ce genre
les plus remarquables en Amérique sont : le
Compte rendu de l'expédition d'exploration
des Etats-Unis, par Ch. Wilkes ; Une Année <
AME
par W. Colton ; les Incidents de voyage, de
Stephens, et les nombreux ouvrages de Bayard
Taylor et du colonel Frémont.
III. — L'art en Amérique. Les premiers ex-
plorateurs de l'Amérique ne furent pas médio-
crement surpris d'y trouver des monuments
rappelant, par leur masse imposante, les con-
structions cyclopéenties, et, par leur style, l'ar-
chitecture pyramidale del'ancienne Egypte. Le
Mexique et le Pérou conservent encore d'in-
téressants débris de cet art primitif. On conçoit
qu'après la conquête, un art nouveau n'ait pu
.prendre naissance chez des peuples composés
d'aventuriers et de traficants. Mais n'est-on
pas en droit de s'étonner que, de nos jours, il
n'existe pas dans les deux Amériques un seul
centre artistique? Les quelques peintres qui
s'occupent de travaux décoratifs, de peinture de
portraits, de sculpture ou d'architecture, pasti-
chent aveuglément les productions de l'art
européen. Les quelques tableaux envoyés à
l'exposition de 1855, par des artistes nés en
Amérique, nous ont appris d'ailleurs que l'école
française possède à peu près seule le privilège
de fournir des modèles au nouveau monde.
Amérique (Paris en), ouvrage de M. La-
boulaye. V. Paris en Amérique.
Amérique (DE LA DEMOCRATIE EN),OUVrage
de M. de Tocque ville. V, Démocratie..
AMÉRIQUE CENTRALE (RÉPUBLIQUE FÉDÉ-
RALE de l'), ancienne confédération des cinq ré-
publiques de Guatemala, Costa-Rica, Honduras,
Nicaragua et San-Salvador. Cette république
était bornée à l'ouest par les Etats de Chiapa
et d'Oaxaca; au nord, par le Yucatan, la colo-
nie anglaise de Balize et la mer des Antilles ;
à l'est et au sud-est, par la mer des Antilles
et le département colombien de l'Isthme ; au
sud et au sud-ouest, par le grand Océan. La
population, composée de blancs, de mulâtres
et d'Indiens, s'élevait à 1,500,000 hab., dissé-
minés sur une surface territoriale que de Hum-
boldt évaluait à 16,740 lieues carrées.
En 1S81, ces cinq provinces, qui formaient
la capitainerie de Guatemala, suivirent le mou-
vement des autres colonies espagnoles et pro-
clamèrent leur indépendance. En 1823 , un
congrès des représentants de ces cinq pro-
vinces décréta l'établissement de la confédé-
ration de l'Amérique centrale. Le siège des
pouvoirs fut établi à Guatemala, et le général
Morazan fut nommé président de la nouvelle
république. En 18-14, à la suite des guerres
sanglantes qui désolèrent le pays, l'histoire de
l'Amérique centrale cesse d'être commune aux
cinq Etats qui composaient la confédération.
Le Guatemala donna le premier le signal de
la séparation en se proclamant, le 21 mars 1847,
République indépendante et souveraine. Les
autres Etats suivirent bientôt cet exemple.
ÀJIERL1NG (Frédéric), peintre allemand, né
à. Vienne en 1S03, élève de l'Académie des
beaux-arts de cette ville, voyagea en Angle-
terre, puis en France, où il travailla quelque
temps daiu l'atelier d'Horace Vernet. Il réussit
dans le portrait. Celui de l'empereur Fran-
çois I" est le plus connu. Parmi ses compo-
sitions historiques, on cite : Bidon délaissée par
Enée, et Moïse datis te désert. Sentant le be-
soin de perfectionner son style, il fit, en 1S31,
un voyage artistique en Italie, où il étudia de
près les chefs-d'œuvre des galeries de Venise,
Rome et Florence. Un de ses derniers travaux,
Judith, a produit une vive sensation en Alle-
AMERSFORT, ville de Hollande, prov. d'U-
trecht; 13,000 hab.; patrie de Jean Barneveldt.
. ÀMERSHAM, ville d'Angleterre, dans le
comté de Buckingham, à 40 kil. N.-O. de
Londres; 3,000 hab.; église gothique remar-
quable ; fabrique de toiles de coton et de den-
AMERTUME s. f. (a - mèr-tu -me — rad.
amer). Propriété, saveur des substances
amères : X'amertume de la coloquinte, des
tiges de l'artichaut. L'aloès a. une amertume
qu'il est impossible de déguiser. Les fleurs et
surtout les feuilles de l'absinthe sont d'une
amertume insupportable. (Chomel.) £'amer-
tume des eaux de la mer diminue en raison de
leur profondeur. (L.-J. Larcher.)
— Fig. Ce qu'une chose a de plus dur, de
plus pénible, de plus douloureux : La provi-
dence de Dieu veut que l'homme ressente l'\-
mertume des maladies et de la mort. (Mass.)
Que cet état nouveau où vous allez entrer con-
sole toutes les amertumes de voire pénitence
passée. (Mass.) Toutes ces choses me font sentir
plus tristement encore /'amertume de votre
absence. (Mme de Sév.) Tout nourrissait I'a-
mertume de mes dégoûts. (Chateaub.) Qui sait
si /'amertume des déceptions ne dépravera pas
cette âme, jusqu'à présent si pure et si élevée?
(E. Sue.)
Mais j'en saurai sur l'heure adoucir l'amertume.
Il Dégoût, peine d'esprit, chagrin, affliction :
Que dites-vous de cette amertume, qui vient
troubler sa joie et son triomphe? {Mme de Sév.)
Rassemble: tous les amusements autour de vous,
il s'y répandra toujours du fond de votre âme
une amertume qui les empoisonnera. (Mass.)
La vie a tant a" amertume, qu'il ne faut pas
que ceux qui peuvent l'adoucir y versent du
poison. (Volt.) Le triomphe de la religion, c'est
de mêler une douceur céleste aux amertumes
delavie. (Marmontel.l Alors même que l'homme
est heureux, il y a dans ses plaisirs un fond
AME
^'amertume. (Chateaub,) Le travail est m
plaisir pur, vrai, sans amertume et sans re-
pentir. (Tissot.) L'ordre, dans la société, «
parfait qu'on le suppose, ne chassera jamais
entièrement /'amertume et l'ennui. (Proudh.)
Je ne.me dissimulai rien des amertumes qui
découleraient pour moi de l'engagement qui
j'allais prendre. (Lamart.) // y avait dans l'ac-
cent de ce pauvre homme une si poignante ex-
pression ^'amertume, que le comte en fut
touché. (E. Sue.)
Tout au monde est mê
La guerre a ses douce
lé d'amertume et de
Ma
Ce
plus grande amer
st d'entendre Alvar
ez prononcer notre
L'homme insensé
frivoles désirs,
ainement se consun
Au milieu des plaisirs. Racine.
Il On dit de môme, L'amertume de l'âme, du
cœi/î-jL'amertumequi remplit l'âme, le cœur :
Celui-ci meurt dans les prospérités et dans les
richesses; celui-là dans les misères et datis
/'amertume de son àme. (Fléch.) Vous êtes
venu répandre /'amertume de votre cœur au
pied des tribunaux sacrés. (Mass.) Pourquoi la
vie a-t-elle été donnée à ceux qui sont dont
/'amertume du cœur? (Ch. Nod.) L'œuvre du
pape était accomplie avec moins c/'amertumh
pour son cœur ou il ne l'avait craint d'abord.
(Thiors.)
l'avais tantôt rempli. d'amertume et de fiel
r déjà s:
Vous voulez empêcher un cœur de s'épancher,
Quand vous le remplissez de fiel et d'amertume.
La Chaussée.
n Ce qu'il y a d'offensant, d'aigre, do mor-
dant dans des discours, des écrits; ce qui in-
dique l'animosité, la haine : Parler de quel-
qu un avec amertume.'// y a bien de /'amertume
dans cette critique, dans cette défense. (Acad.)
Le régent me rappela tous les propos de Meu-
don, leur amertume, leur énormité de la part
du comte de lioucy. (St-Sim.) On nous reproche
/'amertumk de notre censure. (D'Aguess.) J en-
tends quelqu'un se récrier sur /'amertume de
mon plaidoyer. (Beaumarch.) Sa parole était
irrésistible, et d'une effroyable amertume.
(Villem.) Bans Cliateaubriand , il y a souvent
une pointe, une épiqramme, une amertume
oui n'est pas chez Bernardin , son devancier.
(Ste-Beuve.)
— Métaplioriquem., et surtout dans lo lan-
gage mystique, Calice d'amertume, l'amertume
du calice, Les humiliations, les souffrances
mêmes, considérées comme un breuvage amer
qu'on est forcé d'avaler : // faut boire toute
f amertume de ce calice. (Mass.) M. delà
Trappe excusait tout ce qu'il ne pouvait nier, et
avalait à longs traits /'amertume de ce calice.
(St-Sim.) Le Christ a bu jusqu'à la lie le
calice d'amertume. (Chateaub.)
— Pathol. Sensation d'amertumo dans la
bouche, qu'éprouvent les malados dans un
grand nombre d'affections, et qui trouble leur
appétit,
— Syn. Amertume , affliction , désolation
— Antonymes. Aménité, douceur, suavité.
AMESBURYouAMBRESBURY, village d'An-
gleterre, à 12 kil. N. de Salisbury, sur l'Avon;
950 hab. Beau château ; ruines d'une magni-
fique abbaye de bénédictines, fondée en 980
par la veuve d'Edgar; aux environs, célèbre
monument ou cirque druidique de Stonehenge.
Près de là, il Milston, naquît Addison.
AMESTRANT (a-mè-strant) part. prés, du
v. Amestrer.
amestré, ÉE (a-niè-stré) part. pass. du
v. Amestrer.
AMESTREMENT s. m. (a-mè-stre-man —
rad. amestrer). Action d'amestror.
AMESTRER v. a. ou tr. (a-mè-strô). Tcin-
tur. Mêler lo rarthame, ou safran bâtard,
préalablement lave, avec de la cendre gra^
veléo, en les piétinant par petites parties.
AMÉTABOLE s. et adj. (a-mé-ta-bo-Ie —
du gr. ametabolos, sans changement). Entom.
Se dit des insectes qui ne subissent pas de
métamorphose complète, mais seulement dos
changements de peau successifs, comme les
hémiptères, les orthoptères, etc.
AMÉTAMORPHOSE s. f. (a-mé-ta-mor-fo-zc
— du gr. a priv., et de métamorphose). Zool.
Phénomène présenté par certains animaux qui
ne subissent pas de métamorphose complète,
tels que les crustacés, les arachnides, etc.
améthodiQue adj. (a-mé-to-di-ke — de
a priv.. et de méthodique). Didact. Qui est
sans méthode, sans ordre. Inusité.
AMÉTHYSE s. f. (a-mé-ti-ze — rad. amé-
thyste, par allusion à la couleur de l'insecte).
Entom. Genre d'insectes diptères, ne conte-
nant qu'une seule espèce, laméthyse fasciée,
qui se trouve au cap de Bonne-Espérance.
améthyste s. f. ( a-mé-ti-ste — du gr.
amethustos, qui n'est pas ivre). Pierre pré-
cieuse de couleur violette, qui a été ainsi
nommée parce que les anciens lui attribuaient
la propriété de préserver de l'ivresse : L'art
est parvenu à imiter les améthystes, de même
que la plupart des autres pierres précieuses.
Dans le symbolisme chrétien, Z'amei
présente la modestie et l'humilité.
AME
— Hist. relig. Une des douze pierres dont
était orné le pectoral du grand prêtre, sur
. lequel elle occupait le neuvième rang.
— Ornith. Espèce d'oiseau - mouche , qui
habite la Guyane.
— Erpèt. Serpent du genro python. .
— Encycl. Miner. L'améthyste est un quartz
hyalin coloré par de l'oxyde de manganèse. Sa
couleur offre toutes les nuances du violet, mais
elle est souvent entremêlée de bandes brunes
ou blanchâtres. Cette pierre est très-recher-
chée en bijouterie quand elle est d'un beau
violet velouté et que sa teinte est bien uni-
forme, ce qui arrive rarement, pour peu que
ses dimensions soient un peu grandes. On
l'appelle vulgairement pierre d'évéque, parce
quelle sert surtout à orner les anneaux des
evêques. Les plus belles améthystes vien-
nent du Brésil, de l'Espagne et de l'Inde. On
en trouve aussi quelques-unes dans nos dé-
partements des Hautes-Alpes et du Puy-de-
Dôme. — L'améthyste dite orientale n'est-pas
une améthyste proprement dite, mais un co-
rindon hyalin violet. Elle se distingue de la
précédente par sa nuance pourprée, et par sa
■ densité et sa dureté, qui sont plus grandes.
AMÉTHYSTE, ÉE adj. (a-mé-ti-sté — rad.
améthyste). Qui a la couleur de l'améthyste,
c'est-à-dire qui est d'un beau violet.
— s. f. Bot. Plante de la famille des labiées,
qui croît dans toute l'Asie centrale, et qui
est cultivée dans nos parterres.
AME
AMH
AMÉTHYSTIN, INE adj . (a-mé-ti-stain, i-ne
rad. améthyste). Qui est de couleur violette.
AMÉTRIE s. f. (a-mé-trî — du gr. a priv. ;
metron, mesure). Défaut de mesure, irrégu-
larité.
AMÉTRIE s. f. (a-mé-trî — du gr. a priv.;
métra, matrice). Térat. Absence d'utérus.
AMETTE s. f. (a-mc-te — diminut. de
àme). Petite âme ; syn. de ameletu
vait aussi amete.
AMEUBLER v. a. ou tr. (a-meu-blé — rad.
meuble). Garnir de meubles, Syn. abusif de
meubler.
AMEUBLI, IE (a-meu-bli) part. pass. du y.
Ameublir. Jurispr. Qui est entré dans la
communauté conjugale, en parlant d'un im-
meuble : Un immeuble ameubli est considéré
comme les meubles eux-mêmes.
— Agric. Rendu plus meuble, plus léger,
en parlant de la terre : Sol ameubli. Terre
ameublie. Seize enfants armés de pelles lé-
gères enlèvent cette terre ameublie et la jettent
sur la bande de terre qu'a renversée la première
charrue. (Leduc.)
AMEUBLIR v. a. ou tr. (a-meu-blir — de à
et meuble). Jurispr. Convertir en biens meu-
bles ; faire entrer ses immeubles dans la com-
munauté : Ameublir un héritage, un domaine.
Un époux peut ameublir ses immeubles en tout
i ou en partie.
— Agric. Rendre des terres plus meubles,
plus légères : Les prairies artificielles ameu-
blissent et enrichissent la terre. (Chaptal.)
S'il n'était question que cTameublir le terrain,
on pourrait se dispenser des labours. (M. de
l Dombasle.) A l'aide d'une houe, des travail-
! leurs penchés ameublissaient le sol pour quel-
ques plantations. (Th. Gaut.)
I AMEUBLISSANT (a-meu-bli-san) part. prés,
du v. Ameublir.
I AMEUBLISSEMENT s. m. (a-meu-bli-so-
I man— rad. ameublir). Jurispr. Action de faire
entrer des biens immeubles dans la commu-
nauté conjugale : Ameublissement général,
particulier. Ameublissement déterminé. Ameu-
blissement indéterminé. ZJameublisshment
d'un bien, d'un domaine, ^'ameublissement
1 remonte aux anciennes coutumes, qui l'avaient
1 introduit pour favoriser la communauté entre
I époux. («•.)
\ — Clause d' 'ameublissement, Clause par la-
£ i quelle les époux font entrer dans la commu-
1 nauté tout ou partie de leurs immeubles pré-
AMEUBLEMENT S. m. (i
rad. meuble). Ensemble, assortiment des
blés nécessaires pour garnir, orner un appar-
tement, une chambre : Un bel, un riche ameu-
blement. Un ameublement tout à fait passé
de mode. Nous traversâmes trois ou quatre
chambres ornées de riches ameublements. (Le
Sage.) Le mailre mange, couche et dort sur la
seule natte qui compose tout son ameublement.
(Chatcaub.) Tel était r ameublement de ce
petit boudoir abandonné. (G. Sand.) Bien de
, , | sents ou futurs, en leur donnant fictivement
-ble-man- ia quaijté de meubles.
— Agric. Travail pour ameublir la terre :
II en coûterait beaucoup pour /'ameublissement
de ce terrain. (Acad.)
— Encycl. Droit. On donne en jurispru-
dence le nom A' ameublissement à une fiction
de droit par laquelle les époux, ou l'un d'eux,
font passer un immeuble à l'état de meuble,
pour le faire entrer dans la communauté. Cette
fiction n'a d'effet qu'entre les époux, car, à l'é-
gard des tiers, l'immeuble conserve toujours
sa nature propre. La clause à' ameublissement
■ "„i rl\V ■ -
va. (E. Sue.) C'étc
ameublement inouï pour la province. (E. Sue.)
Le comte voulait examiner en même temps les
travaux et l'effet des nouveaux ameublements, qui la restreint. V ameublissement est général
r il mettait de l'amour-propre
ration de son château. (Balz.) Après avoir pro-
curé à leurs enfants des palais, des châteaux,
des ameublements magnifiques, ils jouissent
de les en voir jouir. (Thiers.)
La chaise où je m'assieds, la natte où je me couche,
1a table où je t'écris, l'âtre où fume une souche,
De cet espace étroit sont tout l'ameublement.
Lamartine.
— Encycl. Chez les peuples de l'Orient, les |
meubles étaient incrustés d'or, d'ivoire et de ,
matières précieuses ; ce luxe que nous re-
trouvons aujourd'hui dans les harems de la
Turquie et de l'Inde, était loin de s'allier tou-
jours avec la commodité et l'agrément des !
habitations. En Egypte , les meubles étaient j
ornés de figures hiéroglyphiques à mi-relief, '
rehaussées d'or et de vives couleurs. Dans la
Perse, l'ameuft/emenïçonsistait surtout en tapis ,
superbes. Les Grecs et les Romains s'atta-
chaient aux tableaux et aux statues. Les vases '
et les meubles de la G rèce sont caractérisés par
la pureté des termes. Les Romains employaient ;
de beaux stucs, des marbres précieux, des mo-
saïques, peu de tentures. Chez nos pères, des
peaux de bêtes garnies de leurs fourrures re-
vêtirent d'abord les murs et les meubles ; puis
vinrent les nattes de jonc travaillées etpeintes
avec art; puis aux nattes succédèrent les
étoffes byzantines et les tissus de toute sorte.
La Renaissance, en développant le goût, donna
un grand essor à toutes les branches de l'in-
dustrie qui s'occupent de l'ameublement : la
manufacture des Gobelins fut fondée , et les
meubles de l'Occident rivalisèrent avec ceux
de l'Orient. A peu près à la même époque pa-
rurent en France les tapisseries de cuir dit
bouilli, faites de peau de veau, représentant
des cartels ou armoiries, avec des fleurs et
des figuret d'animaux relevées en bosse, do-
rées, argentées, nuancées des plus belles cou-
leurs. Sous le règne de Louis XIV, on ne fai-
sait presque rien pour le confort; M"»e do
Maintenon, vieille, malade, souffrant du froid
dans sa vaste chambre de Versailles, ne pou-
vait s'y entourer de paravents, parce que les
paravents, disait le grand roi, auraient dé-
rangé la symétrie. Au xviuc siècle, la mode
fit substituer aux tapisseries les tentures en
damas, lampas et autres étoffes fabriquées a
Lyon. Après 1789, le style grec et romain
régna dans l'ameublement , comme les idées
grecques et romaines dans les esprits. On s'é-
prit du gothique aux beaux jours du roman-
tisme. Aujourd'hui on est revenu au style de
Louis XV. — De tous les peuples modernes,
ce sont les Anglais qui savent le mieux, dans
l'ameublement, unir la recherche du bien-être
et des jouissances de la vie intérieure au goût
du luxe et de la magnificence.
déterminé. On
'appelle général quand il comprend tous les
immeubles ; particulier, quand il ne s'applique
qu'à certains immeubles spécialement dési-
gnés. V ameublissement est déterminé quand
l'époux a déclaré ameublir et mettre en com-
munauté tel immeuble désigné, soit en totalité,
soit jusqu'à concurrence d'une certaine somme.
Il est indéterminé quand l'époux a déclaré ap-
porter ses immeubles en communauté jusqu'à
concurrence d'une somme fixée, mais sans en
— Agric. En agriculture, V ameublissement
est l'action do rendre le sol plus meuble, c'est-
à-dire d'en diminuer la compacité, soit en le
divisant mécaniquement au moyen de la char-
rue, de la herse et du rouleau, soit en em-
ployant des amendements': sable, argile cal-
cinée, marne, etc. Le drainage est aussi un ex-
cellent moyen d' ameublissement pour les terres
froides et argileuses. V ameublissement a pour
but de rendre la terre plus propre à subir les
influences des agents atmosphériques.
AMEULONNANT (a-meu-lo-nan) part. prés,
du v. Ameulonncr.
AMEULONNÉ, ÉE (a-meu-lo-nô) part. pass.
du v. Ameulonner : Blé ameulonné. Foin
ambulonne.
AMEULONNER v. a. ou tr. (a-meu-lo-né —
rad. meule). Econ. rur. Mettre du blé, du
seigle, de 1 avoine, du foin, etc., en meule : Il
faut profiter d'un temps sec pour ameulonner
les récoltes.
AMEUTABLE adj. (a-meu-ta-ble — rad.
ameuter). Qui peut être facilement ameuté,
attroupe : Il n'y a ri
oisifs de Paris.
is ameutant les tempêtes.
ameuté, ÉE Ca-mcu-té) part. pass. du v.
Ameuter. Ohass. Se dit des chiens mis en
meute, c'est-à-dire en état de chasser ensem-
ble : Chiens bien , mal ameutés.
— Assemblé tumultueusement : Peuple
ameuté. Des ouvriers ameutés. Nous mimes en
fuite les paysans ameutés contre nous. Le
maître de Leporello relevé audacieusemeut son
front dédaigneux, et, seul contre tous, brave
encore la foule ameutée. (E. Sue.) Un grand
attroupement de calques était ameuté à l'é-
chelle du kiosque vert. (Th. Gaut.)|
.— Ahusivem. : Je regardais ces barques
ameutées au flanc du navire comme de petits
poissons autour d'une baleine, (Th. Gaut.)
AMEUTement s. m. (a-meu-te-man — rad.
ameuter). Chass. Assemblage de chiens dans
une meute.
— Action d'ameuter, d'attrouper : Ces ameu-
tements, en apparence contre les ducs, ne fu-
rent en effet pratiqués que pour se fortifier
contre les princes du, sang. (St-Sim.)
AMEUTER v. a. ou tr. ( a-meu-té — rad.
meute). Assembler les jeunes chiens avec les
vieux pour les dresser : Il faut beaucoup de
temps et de patience pour ameuter les chiens.
II Assembler les chiens courants pour courre
la bête.
— Occasionner un rassemblement, un at-
troupement : Cet ivrogne avait ameuté tous
les passants. Son singulier accoutrement avait
ameuté tous les oisifs du quartier, il Dans un
sens plus général. Rassembler des gens dans
un but de désordre, de sédition : Ameuter la
populace. On avait ameuté contre moi toute
la ville. Cette Espagnole avait soin de m'ap-
peler maudit Français, dans l'espoir d'AMHUTKtt
la multitude. (Salvandy.) Il y a des gens qui
prennent plaisir à amedter le public contre le
fabricant. (Balz.) Elle criait pour ameuter (e
voisinage. (G. Sand.) Cette vieille est capable
d' ameuter la maison contre moi. (E. Sue.)
— Absol. Former des attroupements : La
présence des troupes échauffera, ameutera,
produira une fermentation universelle. (Mirab.)
Un homme qui dogmatise attroupe, et bientôt
il peut ameuter. (J.-J. Rouss.)
— Fig. Soulever, déchaîner : Ameuter
contre soi tous tes ressentiments, toutes les
colères.
Est-ce moi qui menace? aije ameuté l'empire?
M.-J. Chénieb..
Autrefois tu l'as vu, sur ton gaillard d'avant,
Souffler pour ameuter le vent.
Chateaubriand.
— Mar. Mettre do l'accord, de l'ensemble
dans un équipage pour exécuter des ma-
nœuvres.
S'ameuter, v. pr. S'assembler, se coaliser,
pour agir do concert : Tout le peuple des fau-
bourgs s'ameuta devant les boutiques de bou-
langers. Ils s'ameutèrent Contre lui. (Acad.)
Le parlement de Paris, les maîtres des re-
quêtes, tes autres cours, les rentiers, s'ameu-
tèrent. (Volt.) C'est son sort, à cette pauvre
France, de voir de temps à autre l'Europe en-
vieuse s'ameuter contre elle et conjurer sa
ruine. (Michelot.) Les rois ne s'ameuteront
plus contre la république. (A. Billiard.)
— Antonymes. Calmer, disperser, pacifier,
réprimer.
A1HFREVIU.E, famille de marins célèbres
du xvnc siècle. Trois frères de ce nom prirent
une part glorieuse à la malheureuse bataille
de la lloguo, en 1G92. L'aine, le marquis d'Am-
freville, était chef d'escadre et commandait
l'avant-garde. Il mourut lieutenant générai,
dans un âge avancé.
AMFREVILLE - LA - CAMPAGNE OU LES
CHAMPS, ch.-lien de cant. (Eure); arrond. de
Louviers; pop. aggl. 570 hab. — pop. tôt. 729
hab. Briqueterie et fours à plâtre.
AMFREVILLE-SOUS-LES-MONTS , vil/ v;e
du dép. de l'Eure, arrond. des Andelys; ' K>
hab. ; est voisin de la côte des Deux-Ama^-s,
à laquelle se rattache une tradition poétique.
Le seigneur du lieu avait promis ta main de
sa fille à l'amant qui la recherchait, à la con-
dition qu'il la porterait sur ses épaules, sans
se reposer et s'arrêter un moment, jusqu'au
haut de cette côte rapide. L'amant y parvint;
mais à- peine arrivé, il expira. Son amante na
put lui survivre, et, suivant la touchante ex^-
pression de Ducis :
Lui mourut de fatigue, elle do sa douleur.
AMHARA,Etatindépendantd'Abyssinie,cap.
Gondar, habité par un peuple chrétien dont
les mœurs, remarquablement douces, attestent
un degré de civilisation assez avancée.
AMHARIEN, IENNE s. ot adj. (a-ma-ri-ain,
è-ne). Géogr. Habitant de l'Amhara ; qui ap-
partient à cet Etat ou à ses habitants : Un
Amharien. Les superstitions amhariénnes.
AMHARIQUE (langue), idiome qui tire son
nom de la province d'Amhara (Abyssinie), où
il est parlé dans sa plus grande pureté. Dans
les provinces d'Angot, d'Efat, de Begemder,
de Samen, etc., on ne parle que des dialectes
inférieurs, dont la classification n'a point en-
core été faite. Mais la classification de Yam/ta-
rique suffit aux voyageurs pour se faire com-
prendre dans toute l'Abyssinie. On suppose
que cette langue estla morne que celle qu Aga-
tarchides a appelée langue hamara. Elle a
seulement vers l'an 1300 à pré va-
la langue gttiz, ancien
' aujour-
, „_ ..._, 0 s et des
lettrés, celle qui est employée dans les docu-
ments publics. La Société biblique anglaise a
publié en amharique les Psaumes de David et
le Nouveau Testament. On croit que cette lan-
gue est un dialecte sémitique dégénéré, ayant
conservé son caractère, grâce à sa construc-
tion grammaticale, bien que son vocabulaire
soit mêlé de termes africains. Il est probable
que l'amharique et autres idiomes de 1 Ethiopie
sont dérivés du vieux dialecte arabe des Hi-
myarites de l'Yémen. Il ajoute aux vingt-six
lettres de la langue guiz sept caractères qui
servent à exprimer quelques sons particuliers ;
mais chacune de ces dernières lettres est en
AMI 269
réalité une syllabe. L'amharique, comme les
autres dialectes éthiopiens, s'écrit de gauche
à droite, suivant la méthode européenne.
AMHERST (Jeffrey, lord), général anglais,
né en 1717, mort en 1793, assista, comme of-
ficier d'état-major du duc de Cumberland, aux
batailles de Raucoux, Dettingen, Fontenoy,
Laufeld, Hastenbeck, et fut nommé, en 1758,
major général de l'armée. La guerre avant
éclaté à cette époque entre la France et 1 An-
gleterre, les talents militaires d'Amherst lui
firent décerner le commandement des troupes
anglaises destinées à agir dans l'Amérique sep-
tentrionale. 11 réduisit successivement Louis-
bourg, le fort Duquesne, le fort Niagara, Qué-
bec, Montréal, et se rendit ainsi maître du
Canada. En 1761, il reçut le gouvernement des
provinces anglaises dans le nouveau monde,
revint en Angleterre après la signature de la
paix, et fut élevé à la pairie en 1770, avec le
titre de baron de Holmesdale,'dans le comté
de Kent.
AMHERST (William Pitt, comte n'), homme
d'Etat' anglais, neveu du précédent, né en
1773, mort en 1857, hérita du titre do pair à la
mort de son oncle, le général lord Amherst,
et puisa à l'école de Pitt les principes du to-
rysme le plus étroit. Il détuta dans la car-
rière diplomatique par une mission en Italie,
et fut ensuite envoyé en Chine par laOoinpa-
gnie des Indes (1810), afin d'obtenir de la cour
du Céleste-Empire des avantages pour son
commerce. Après quelques concessions d'a-
mour-propre faites aux mandarins chinois
dans l'intérêt de sa mission, lo fier Anglais se
révolta contre le cérémonial humiliant qu on
voulait lui imposer à la cour, rompit les négo-
ciations et revint en Angleterre. A Sainte-
Hélène, où relâcha son navire, il eut une lon-
gue entrevue avec Napoléon, En 1823, lord
Amherst fut nommé gouverneur général dans
les Indes orientales, et c'est pendant son ad-
ministration qu'eut lieu la guerre des Anglais
avec le puissant empire des Birmans. Il rentra
en Europe en 182S, et devint chambellan du
roi George IV.
AMHERSTIE s. f. (a-mër-sti — de Amherst,
n. pr.). Bot. Genre de plantes de la famiilo
des légumineuses, dont l'unique espèce est
l'une dos plus magnifiques productions vé-
gétales que l'on connaisse. C'est un arbre qui
croît au pays des Birmans, et produit des
grappes longues d'un mètre et de grandes
fleurs écarlatcs. Cotte plante, dont rien, n'é-
gale la magnificence, s'appelle thoea dans
l'Inde. L'Anglais Wallich, directeur du jardin,
botanique do la compagnie des Indes, lui
donna le nom do amherstia tiobilis, en-il'hon-
neur de l'épouse du comte d'Amherst, gouver-
neur général des Indes.
AMHERSTTOWN, ville forte de l'Indotistan
anglais, sur le golfe de Martaban ; 20,000 hab.
Elfe possède un bon port ot des fortifications
qui la rendent d'une grande importance mili-
taire pour les Anglais.
AMHURST(N'icolas),poete satirique anglais,
né en 1706, mort en 1742. Ses moeurs scanda-
leuses l'ayant fait chasser du collège Saint-
Jean, à Oxford, dont il était membre, il s'en
vengea par deux poëmcs satiriques : Oculus
Britanmœ et Terras Filius, et alla ensuite se
fixer à Londres. Il y prit'part à une publica-
tion périodique k laquelle travaillèrent égale-
ment lord Bolingbroke et Pulteney, et qui,
dirigée contre le ministère Walpole, eut un
prodigieux succès. Mais la fortune d'Amhurst,
même après la chute du ministère, n'en reçut
aucun accroissement, et il mourut si pauvre
que son imprimeur fut obligé de payer son
cercueil. Entre autres poésies, on a aussi de
lui la Convocation, poème en cinq chants, di-
rigé contre le haut clergé', et le Général an-
glais, autre poème consacré à la gloire do
Jean, duc de Marlborough.
AMI, IE S. (a-mi — du lat. amicus; formé
do amare, aimer). Celui, celle qui nous aime,
que nous aimons : Un ami silr, fidèle, sincère.
Un ami intime. Un ami froid, suspect. Un ami
perfide. Servir ses amis. 5e brouiller avec ses
amis. C'est un de mes anciens amis. Elle était
une des meilleures amies de ma femme. Cela
est d'unmauvais ami, d'un faux ami. Mes amis
il n'y a point cTamis. (Aristote a ses disciples.)
Choisis pour ton ami l'homme que tu connais
pour le plus vertueux. (Pythngoro.) Ami vaut
où argent faut. (St Bernard.) L'homme entiè-
rement seul est celui qui n'a pas cî'ami. (Bacon.)
C'est un ami froid qu'un ami neutre. (St-Evrem .;
Je ne vois rien de plus condamnable qu'un ami
qui ne nous parte point franchement. (Mol.) Il
se fit des amis fidèles ont ne le trompèrent
jamais. (Boss.) Voulez-vous juger d'un homme?
Observez quels sont ses amis. (Fcn.) Il ne faut
pas regarder quel bien nous fait un ami, mais
" seulement le désir qu'il a de nous en faire.
(La Rochef.ï Les hommes vertueux ont seuls des
amis. (La Rocher.) Pour avoir de vrais amis,
il faut être capable d'en faire. (La Rochcf.) Il
est plus honteux de se défier de ses amis que
d'en être trompé. (La Rochcf.) Il est doux de
voir ses amis par goût et par estime; il est
pénible de les cultiver par intérêt. (La Bniy.)
Il ne faut pas aimer ses amis pour les éprou-
ver , mais les éprouver pour lus aime. . (La
Bruy.) C'est assez d'un fidèle ami; c'est même
beaucoup de l'avoir rencontré. (La Bruy.) Voila
ce qui me touche jusqu'au coeur, de voir des
amis de cette trempe. (M"" de Sév.) Il n'y a
que la charité qui puisse former des amis
solides et véritables. (MajiS.) Puisse- je te
âW
AMÎ
revoir bientôt, et retrouver avec toi ces jours
heureux gui coulent doucement entre deux
amis. (Montesq.) Quoique la vie que te mène
soit comme morte aux affaires des nommes,
mes amis ne laissent pas d'avoir dans mon cœur
toute la place qu'ils doivent y avoir. (Rancé.)
Vivez avec des amis qui adoucissent le fardeau
de la vie, qui occupent Vàme et qui l'empêchent
de tomber en langueur. (Volt.) Christine avait
été le disciple et Fami de Descartes. (Volt.)
Z'ami véritable donne son cœur sans réserve.
(J.-J. Rouss.) Un ho?méte homme n'aura jamais
de meilleur ami que sa femme. (J.-J. Rouss.)
J'ai grand' peur que celui qui, dès la première
vue, me traite comme un ami de vingt ans, ne
me traite, au bout de vingt ans, comme un
inconnu. (J.-J. Rouss.) J'ai fait des amis d'un
commerce agréable, et je vis content avec eux.
(Le Sage.) Il vaut mieux déplaire à son ami
que lui dissimuler ce qu'on a sur le cœur. (Mar-
rnoniel.) Lorsque mon ami rit, c'est à lui à
m' apprendre le sujet de sa joie; lorsqu'il pleure,
c'est à moi à découvrir la cause de son chagrin.
(Desmahis.) Vous ne chercherez pas vos amis
dans un rang trop au-dessus ni trop au-dessous
de vous. (Barthel.) Quand je suis avec mon
ami, je ne suis pas seul, et nous ne sommes pas
deux. (Barthél.) Qui compte dix amis n'en a
pas un. (Malesh.) Que ton ami trouve en toi ce
que tu désires trouver en lui. (St-Lamb.) Un
ami véritable est, au pied de la lettre, un con-
ducteur qui soutire les peines. (J. de Maistre.)
J'ai eu quelques amis, une foule de liaisons,
encore plus de connaissances ; et maintenant je
ne suis plus rien pour tout ce monde, qui a
oublié jusqu'à mon nom. (X. de Maistre.) La
femme est f amie naturelle de l'homme, et toute
autre amitié est faible ou suspecte auprès de
celle-là. (Do Bonald.) Cela fait tant de bien,
quand un ami regarde dans notre âme! (Cba-
teaub.) Evitez les trois quarts du chemin à
J'ami qui revient. (La Rochef.-Doud.) Les faux
amis sont des oiseaux de passage qui viennent
à la belle saison et s'en vont à la mauvaise.
(Ch. Nod.) Un ami est un homme à qui l'on
s'attache par ce seul motif qu'on désire être
aimé de lui. (J. Droz.) Un ami est un frère
que nous nous sommes choisi. (J. Droz.) Quand
mes amis sont borgnes, je les regarde de profil.
(Joubert.) On pardonne plus difficilement une
injustice à ses amis qu'à ses ennemis. (Beau-
chêne.) Voyez ce que je deviendrais en ce
je pusse parler à cœur ouvert ; j'étoufferais.
(Th. Leclercq.) Pour conserver un vieil ami, il
faut faire souvent bon marché de son amour-
propre; jamais de sa dignité. (Godet.) Une
femme est souvent pour un homme une excel-
lente amie. (Littré.) Voltaire disait, en parlant
de ces prétendus amis qui se rendent insuppor-
tables par leur indiscrétion et leur importunité :
Seigneur, gardez-moi de mes amis, je me charge
de mes ennemis. Voici trois ckoses excellentes :
. b . . . . _
verre ressemble ai
(Aphorisme d'un buveur.)
Il n'est meilleur ami ni parent que soi-même.
La Fontaine.
Ma funeste amitié pesé b. tous mes a;
Je suis homme, tout homme est un t
rt fait les parents, le choix fait !e
iî possède un grand t!
Leuouvé.
On roi ne sait jamais s'i
a de vra
Bqursault,
On perd tous ses amis e
n perdant
Destouches.
Plus vaut ami q
ui point
Que llatteur q
ui oint.
xiv= siècle.
de bouche,
Mais bien peu son
Mots dorés de Caton.
Les amis de ce pays.là
Valent bien, dit-or
, ceux du
La Fontaine.
Un sage ami, toujours r
goureux,
nfiexible,
Sur vos fautes jamais ne
vous laisse paisible.
BOILEAU.
Dans les commencements, je me si
Pour chasser de céans c
5 dangerc
Destouches.
A quoi bon tan
t d'amts ?
Un seul suffit qua
nd il nous
aime.
— Compagnon, camarade : Lui et tous ses
amis. Mon fils est allé jouer avec ses petits
amis. J'aime fort mes bons Amis, mais il y a
des rencontres où l'amitié se fait sentir davan-
tage. (Bussy-Rab.)
— Allié ; se dit des nations, des souverains
unis entre eux par des traités d'alliance :
AMÎ
bans cette guerre, la France tira peu de secours
de ses amis. (Acad.) Tout se déclare contre la
France : on soulèue les étrangers, on intimide
les amis. (Flôch.) La France était alors /'amie
nécessaire du Portugal. (Volt.)
— Par anal. Se dit des animaux qui sont
les compagnons de l'homme, qui ont de l'at-
tachement pour lui. Alors il slompl. substan-
tiv. ou adjectiv. : Le chien est ('ami de l'homme.
Le cheval est J'ami de l'Arabe. Il y a des ani-
maux qui sont amis de l'homme. (Acad.)
— Par est. Celui qui a un goût prononcé,
une sorte de passion pour certaines personnes
ou certaines choses : Un ami du vin, de la
bouteille, de la table, de la bonne chère. Un
tuelles : Un ami de la justice, de la vérité, de
la liberté. Un ami des mœurs. Un ami de la
littérature, des sciences, des arts. Il était
Pami de votre adversité. (Mass.) Fox fut .le
plus ardent ami des doctrines populaires. (Fi-
garo.)
— Amie, dans la langue de la chevalerie,
Dame des pensées : Deaumanoir dit qu'il fal-
lait combattre pour savoir qui avait la plus
belle amie. (Volt.) .11 Dans les généalogies,
Maîtresse, en parlant de bâtardise : Il eut
d'une telle, son amie, un fils qui
— Ami de cœur, Véritable ami :
Il L'ami du cœur, L'amant préléré.
— Ami de la maison, Celui qui vit dans l'in-
timité des personnes composant une famille :
Z'ami de la maison est souvent le maître de la
maison. Z'ami de la maison finit presque tou-
jours par désunir les époux qui Vont accueilli
dans leur intérieur. Il Celui que l'on suppose
être l'amant de la maîtresse de la maison :
Le sigisbée représente à Gênes Z'ami de la mai-
son à Paris.
— Ami d'enfance, de jeunesse, Celui avec
lequel on est lié depuis l'enfance, depuis la
ieunesse : Un ami d enfance ne se remplace
jeunesse : Un ami d enfance ne se remplace
pas. 11 On dit dans le même sens : Etre l'ami
de la jeunesse, de l'enfance de quelqu'un : C'é-
tait îami de mes jeunes années. Il Ami de col-
lège, de pension, Celui dont on est l'ami depuis
le séjour au collège, à la pension : Ce sont deux
AMI
un sentiment, mon bon ami, que mon cœur ne
partage. (J.-J. Rouss.) Le maréchal de Villars
court à eux et leur crie : Allons, mes amis, la
victoire est à nous. (Volt.)
Voila, mes chers amis, ce qui me met en peine.
Corneille. .
D'une heure encore, ami, mon bonheur se diffère.
Voltaire.
ami, tire-moi c
Tu fe
La Font
— Amis de table, de bouteille, de jeu, de
débauche, Compagnons de plaisir, ceux dont
la liaison n'est fondée que sur le plaisir de la
table, etc. : Ces amis de fricassée et de nappa
mise... (Amyot.) A la fin de l'année, je ne trou-
vai plus rien au fond de ma cassette, et en
même temps tous mes amis de table disparu-
rent. (Gaïland.) Les amis de table renvoient
ordinairement leur amitié avec la nappa.
(Oxenstiern.) il Amis d'épée, Se dit des bret-
teurs, des ferrailleurs :
— Ami de cour, Celui qui n'a que de fausses
apparences d'amitié : Un Espagnol a judi-
cieusement comparé les amis de cour au Man-
çanarès, qui déborde dans la saison où l'on peut
sa passer de ses eaux, et qui se trouve à sec
lorsqu'on en a le plus besoin. Il Ami de la faveur,
de la fortune, Celui qui ne s'attache qu'aux
personnes en faveur ou dans l'opulence. 11
Dans le même sens :
«n perd te
De U
ix que me fait la
— Ami de tout le monde, ami du genre
humain , Celui qui accorde indistinctement
son amitié : Z'ami de tout le monde n'est
ami de personne. (Bourdal.)
L'ami du genre humain n'est. point du tout mon fait.
' Molière.
— Ami jusqu'aux autels, Ami à tout faire,
excepté ce qui est contraire à la religion.
Ces mots nous viennent de l'antiquité, où
l'on avait l'habitude de jurer la main posée
sur un autel, et on les. cite comme une ré-
ponse de Périclès a un de ses amis, qui le sol-
licitait de faire un faux serment en sa faveur.
Le roi chevalier en fît une noble application,
lorsqu'il écrivit à Henri VIII, qui lui conseil-
lait de rompre avec l'Eglise romaine comme
il venait de le faire lui-même : Je suis votre
ami, mais jusqu'aux autels. Il Ami jusqu'à la
bourse, Celui dont l'amitié ne va pas jusqu'à
prêter de l'argent.
— Le mot ami entre dans plusieurs autres
locutions . familières ou proverbiales : Un
mien ami, un sien ami, Un de mes amis, un
de ses amis : J'ai diné chez un mien ami.
Un sien ami, voyant ce somptueux repas,
Lui dit : Eh, d'où vient donc un si bon ordinaire?
Il Ami lecteur, Formule usitée quelquefois
dans les préfaces d'ouvrages légers, badins,
peu Sérieux : Avant d'entendre l'histoire de
ma oie, écoute, ami lecteur, un conte que je
vais te faire. (Le Sage.) 11 Ami, mon ami, mes
amis, Termes d'affection avec des égaux, de
familiarité avec des inférieurs : Travaille bien,
mon ami, et je ne t'oublierai pas. Ta n'as pas
lièrem.
mi François, écoutez que je vous parle. Ilot
l'ami, un petit mot. (Mol.)
Il est bon de vous dire en passant, notre ami,
Qu'a Rome il faut agir en galant et demi.
La Fontaine.
Il Se dit aussi dans le même sens à des per-
sonnes que l'on ne connaît pas, que l'on voit
pour la première fois: Eh! l'ami, un coup de
main, s'il vous plaît, il Mon petit ami, mon bal
amix mon cher ami, est encore un terme de
familiarité hautaine et dédaigneuse : Mon
petit ami, je veux que vous sachiez...
— Qui vive? — Ami! Interpellation d'une
sentinelle dans une place de guerre, une ville
en insurrection, et réponse, qui signifie : Je
ne suis pas un ennemi, je suis un citoyen
inoffensif.
— En ami, en amie, Comme ami. ou amie, à
titre d'ami ou d'amie : Traiter quelqu'un en
ami. Parler en ami. Elle n'a pas agi avec moi
en amie. Je ne vous verraiplus en ami.
Mais je veux bien vous répondre en amie.
Corneille.
— Il n'y a vas à dire, mon bel ami, c'est-à-
dire, Point d'excuses, point de refus; faites
cela, vous y êtes obligé.
— Précédé des adj ectifs possessifs mes, notre,
nos, etc., ami seditdesindividusdont on adôjà
parlé dans un ouvrage, et avec lesquels le
lecteur est familiarisé : Nos cinq amis se
trouvèrent dans une chambre close de toutes
parts et éclairée par des bougies. (P. Féval.)
— Bon ami, bonne amie, Appellations res-
pectueuses et amicales dont se servent quel-
quefois les enfants de bonne famille pour
désigner un parent, un ami de la maison, un
précepteur, etc. u Se prend aussi ironique-
ment :
J'aime mieux un franc ennemi
Qu'un bon ami qui m'égratigne. Arnault.
— M'amie, Euphémisme de ma amie, qu'on
emploie familièrement en s'adressant à sa
femme, à sa fille et aussi à une femme d'une
condition inférieure : Quoi ! m'amie : il n'est pas
------ • Na_
Je me plais. .....
Dedans les prisons de m'amie. Cl. Marot.
Il Mie, abréviation A'amie, employée dans le
vieux langage pour Maîtresse, amante : Com-
battre pour sa mie.
Si !e roi m'nvait donné
Paris, sa grand' ville,
Et qu'il me fallut quitter
L'amour de ma mie;
Je dirais au roi Henri :
citée par Molière dans le Misanthrope.
— Bibliogr. Titre donné à certains jour-
naux , à certaines publications périodiques :
Z'Ami de la Religion. Z'Ami de la Famille.
Z'Ami du Foyer. Z'Ami de la Maison. Z'Ami
des Sciences. V. plus loin, à la partie biblio-
graphique.
— Hist. — Amis célèbres : Oreste et Pv-
lade, Damon et Pythias, Nysus et Euryafe,
Achille et Patrocle, David et Jonathas, Thé-
sée et Pirithoiis, Alexandre et Ephestion,
Scipion et Leelius, Montaigne et La Boétie.
— Nos amis tes ennemis, Nom donné aux
armées étrangères qui envahirent la France
en 1S15, pour remettre les Bourbons sur le
trône. On les appelait ainsi, ironiquement
pour flétrir l'enthousiasme antinational avec
lequel un certain parti les avait accueillies.
Pendant les Cent-Jours, Béranger chansonna
nos amis les ennemis, dans l'Opinion de ces
demoiselles :
Mais, puisqu'ils r'vicnn't, faut les attendre
Je r'verrons Bulof, Titchakof,
Et Platof;
L' bon Saken, dont 1* cœur est si tendre.
Et qu' nos cosaqu's, pleins d' leurs bell's flammes,
Prenaient 1' chemin
Du faubourg Saint-Germain.
Malgré 1' tort qu' nous ont fait ces dames,
Viv' nos amis.
Nos amis les enn'mis!
— Hist. anc. Titre d'honneur que portaient
les principaux officiers à la cour des rois d'E-
gypte, de Perse, de Macédoine, etc.
— Hist. relig. Société des Amis, Nom que
les quakers donnent à leur congrégation. V.
Quaker.
— Adjectiv. Qui aime, qui a de l'affection,
de l'attachement : Etre ami dans la bonne et
dans la mauvaise fortune. Etre ami à toute
épreuve. Etre ami jusqu'à la mort. Ils étaient
amis de leur pays. (Montaig.) Je suis ami de don
Juan. (Mol.) Il passe pour miracle parmi les
hommes quand on voit deux personnes vraiment
amies. (Boss.) Plutôt attristé qu'irrité de cette
façon d accueillir mes avances amicales, je lui
dis : Pourquoi nous battrej il vaut bien mieux
être amis. (E. Sue.)
Chacun se dit ami, mais fou qui s'y repose.
La Fontaine.
Il Allié : Peuples amis. Cités, amies. Maisons,
nations- amies. On les prit pour une troupe
amie. Entrons dans ce port, voici un peuple
ami: (Fôn.)
Toutes les fois, tyran, qu'on se iaisse adopter,
On veut une maison illustre autant qu'amie.
Corneille.
Il Qui a un penchant, une inclination pour :
Ce peuple 'est vain, léger, ami des nouveautés.
(Marmontel.) L'imagination est amie de l'ave-
nir. (Rivarol.) Le génie des Arabes est conteur
et ami du merveilleux. (Figaro.) il Qui annonce
delà bienveillance, des sentiments affectueux:
Une main amie. Des sentiments amis. Vous me
parliez autrefois un langage ami. (Acad.) Il
m'a montré un visage ami. (Acad.) Jugez si les
coups qui partent d'un' — "'" ~ '' "'
— Se dit des choses auxquelles on est atta-
ché ou dont il semble que 1 on soit aimé : Ces
livres amis me parlaient dans la solitude la
langue de mon cœur. (Lamart.)
Des végétaux amis la foule t'environne.
ROUCHER.
J'allais d'un tronc & l'autre, et je les embrassais,
Et je croyais sentir, tant notre âme a de force,
Un cœur ami du mien palpiter sous l'écorce.
Lamartine.
— Poétiq. Propice, faxorable : Fortune
amie. Destins amis. (Acad.)
Vers ce rivage ami les dieux l'ont ramenée.
Prête ton ombre amie à sa course pieuse.
Miciiaud.
Il Se dit également des choses entre les-
quelles il semble exister un certain accord,
et qui sont attirées naturellement l'une vers
l'autre par des qualités qui leur sont propres :
.Le vin est ami de l'estomac. Il y a des odeurs
qui sont amies du cerveau, comme il y a des
couleurs qui sont amies des yeux. Le fer est
ami de l'aimant, (Trôv.) L'ormeau est ami de la
vigne. (Acad.) Le vert est ami de l'œil. (Acad.)
Le mensonge et les vers de tout temps sont amis.
La Fontaine.
— Couleurs amies, couleurs qui s'accordent
bien ensemble, et dont les tons et les nuances
Eroduisent par leur réunion un effet agréa-
le : Le blanc et l'incarnat sont des couleurs
amies. (Trév.)
— Phys. Pôles amis , Pôles qui s'attirent,
en parlant des aimants.
— Prov. Les bons comptes font les bons
amis , Mots qui se disent entre amis, ou de
débiteur à créancier, alors que l'on vient de
payer un compte, et qui laissent à entendre
que le règlement d'une dette devient trop
souvent un motif de brouillerie, d'inimitié, u
Les amis de nos amis sont nos amis, Ceux à
qui nos amis personnels portent de l'intérêt
ne sauraient nous être indifférents, et nos
égards, nos bons procédés doivent s'étendre
jusqu'à eux. Il II est bon d'avoir des amis par-
tout, Se dit le plus souvent pour s'excuser de
ce qu'on entretient des relations presque ami-
cales avec des personnes au-dessous de soi
' rapport île la fortune ou de h
ments impossibles à prévoir. Voici, à ce sujet,
une petite anecdote men à sa place ici :
)ffrit un cierge au bienheureux Michel,
jn autre au diable. — Oh ! oh ! quelle méprise]
liais c'est au diable. Y pensez-vous? 0 ciel!
-Laissez, dit-elle; il ne m'importe guères;
Et les ai
\t partout nécessaires.
Il Ami à vendre et à dépendre, Homme d'une
affection, d'un dévouoment à toute épreuve,
c'est-à-dire, sans doute, capable de tout
vendre , do tout dépenser pour un ami. Les
Latins disaient : In œre meo est. Cette expres-
sion proverbiale, qui ne s'entend plus trop,
et qu on corrompt souvent en disant à pendre
AMI
271
et à dépendre, au lieu de à vendre et à dépendre,
vient de ce qu'autrefois dépendre se prenait
pour dépenser, d'où nous est resté le mot
dépens :A ses dépens, c'est-à-dire à sa dépense.
■L'avoir n'est fait que pour despendre.
J. de Meuno.
li Ami au prêter, ennemi au rendre, L'ami oui
aime à emprunter devient un ennemi dès
qu'il s'agit de rendre, de rembourser. Les
Anglais disent, à peu près dans le mémo
sens : Qui prête del'aryent à un ami perd au
double, c'est-à-dire l'argent et l'ami ; et l'on
trouve dans quelques-uns de nos vieux au-
teurs : Au prêter Dieu, au rendre diable.
0 Jamais honteux n'eut belle amie, En amour,
il faut être hardi, entreprenant, il Bien ser-
vir fait amis, et vrai dire' ennemis, L'obli-
geance fait naître l'amitié; la trop grande
• franchise engendre souvent la haine, n Le
faux ami ressemble à l'ombre d'un cadran,
C'est-à-dire disparaît à l'approche de l'ad-
versité,-comme l'ombre qui, visible lorsque
le soleil brille, s'efface aussitôt qu'il est voilé
par les nuages. Les anciens comparaient les
taux amis aux hirondelles, qui arrivent au
commencement do la belle saison et s'éloi-
gnent à la mauvaise. Il Pour se dire amis, il
faut avoir mangé ensemble un minot de sel.
L'amitié ne peut se former subitement ; elle
a besoin d'être cimentée par le temps.
— Le mot ami, qui répond à un des senti-
ments les plus nooles de l'âme, à un des
besoins les plus impérieux du cœur, et qui
joue un si grand rôle dans le langage de tous
les peuples, a dû aussi donner naissance, dans
tous les idiomes, à une foule do proverbes
remarquables par leur formo vive, saisis-
sante, originale, et empreints en même temps
d'un grand caractère de vérité. Pour n'en
donner qu'un exemple, nous allons citer les
suivants, empruntés au patois languedocien :
Vâou mai ami en plàsso q'arjhen en bourso
(vaut mieux ami en place qu'argent en
bourse), Les protections nous sont plus utiles
que l'argent, il A *'ami lou ségré ou lou régré
{à l'ami le secret ou le regret), On doit confier
a son ami ses secrets ou ses peines, ses
remords. Il Ami qé noun vàlio, coulel qé noun
tàlio, se lou pèrdès^noun t'en chàlio (ami qui
ne vaut, couteau qui ne coupe, si tu le perds,
ne t'en chagrine), Un ami qui n'est pas sin-
cère, dévoué, un couteau qui ne coupe pas,
ne valent pas la peine quon regrette leur
perte. Il Ami dé cadun, ami dé déyun (ami de
chacun, ami de personne), L'ami do tout le
monde n'est en réalité l'ami de personne. Il
A douro drêcho, hés d'abri, a pàour' orné jhes
d\m (à vent du nord point d'abri, à pauvre
homme point d'amis), Quand la bise ou le
mistral souffle, on ne peut trouver un abri ;
quand on est pauvre, on n'a point d'amis.
— Gramm. On a dit ami avec : Claveret,
avec qui il était ami, avait été celui qui avait
fait courir cette pièce. (Volt.) M. Littré pense
que cette construction peut être admise, parce
qu'elle ne choque pas la grammaire. Nous
croyons que !a grammaire n a rien à faire ici,
et nous préférons l'opinion suivante, de Charles
Nodier : • Comme le nom de Voltaire est une
frande autorité, à fort juste titre, et que peu
e personnes ont écrit plus purement que 1 au-
teur de la phrase citée, il n'est pas inutile de
dire aux. jeunes gens et aux étrangers que
cette construction est extrêmement mauvaise,
et qu'on n'est pas ami avec quelqu'un «. (Ch.
Nou.) Il Mais on peut dire ami à : Quelque ami
que vous lui soyez. (Mol.) "ta neutralité entre
Heu qu'avec des pronoms qui se mettent avant
le verbe. Du reste, elle a un peu vieilli.
— Syn. E«io ami, o>oir ito 1 a.uillc. Etre
ami dit plus qu'avoir de l'amitié: Citer Deleyre,
sans être votre ami , /ai de i/amitib pour
vous, et je suis alarmé de l'état où vous êtes.
(J.-J. Rouss.)
— Homonymes. Amiot.
— Eplthètes. Sincère, fidèle, sûr, discret,
• constant, dévoué, noble, honorable, solide,
vrai, véritable, sévère, cher, tendre, intime,
ardent, chaud, courageux, loyal, obligeant,
teux, inconstant, infidèle, trompeur, lâche,
perfide, tiède, froid, suspect, jaloux, envieux,
bizarre, indiscret, fâcheux, incommode, impor-
tun, fatigant.
— Anecdotes. Un ami, atteint d'une maladie
grave , disait à son ami : • Pourquoi tout ce
monde dans ma chambre ? il ne devrait y avoir
que toi, puisque mon mal est contagieux. »
• La Fontaine ayant perdu Mme de la Sablière,
près de laquelle il vivait depuis longtemps, fut
rencontré dans la rue par un de ses amis, riche
financier, oui invita l'insoucieux fabuliste à
venir s'établir chez lui ; « Mon ami, répondit le
bonhomme, j'y allai?. ■
J'ai perdu hier deux cents pistoles sur
rôle, et je dois les payer aujourd'hui; si v
les avez, envoyez-les-moi; dans le cas c
traire, enipruntez-les. a
Un jour que Philippe de Macédoine faisait
vendre comme esclaves des prisonniers de
guerre, un d'eux'lui fit remarquer que sa robe
était ouverte d'une manière indécente : « Je
ne savais pas, dit Philippe, que cet homme fût
de mes amis; qu'on le mette sur-le-champ en
liberté. »
Les jeunes gens sont ceux qui abusent le
plus volontiers du mot ami. Les Orientaux par-
tagentàcesujetl'opinionde notre fabuliste. Un
proverbe persan dit : « Cherche un véritable
ami, puis repose-toi. • Urihommedemar.daitun
jour a son fils, qui rentrait fort tard, d'où il
venait : « Mon père, répondit le jeune homme,
j'ai passé la soirée avec mes amis. — Avec vos
amis? repartit le père , vous en avez donc
beaucoup? Voilà plus de soixante ans que je
suis au monde, et je n'ai pu encore en trouver
Eudamidas, de Corinthe, touchait à sa der-
nière heure, et laissait sa mère et sa fille dans
la plus grande indigence. Il n'en fut nullement
alarmé, et jugeant des cœurs de deux fidèles
amis parole sien propre, il fit ce testament :
« Je lègue à Aréthus le soin de nourrir ma
mère et de l'entretenir dans sa vieillesse ; à
Calixène, celui de doter ma fille et de la ma-
rier. Et si l'un des deux vient à mourir, je
substitue l'autre à sa place. • Ces deux ci-
toyens généreux remplirent scrupuleusement
les dernières intentions de leur ami.
Le philosophe Aristippe s'était brouillé avec
Eschine, son ami. « Qu'est devenue votre
amitié? lui dit quelqu'un. — Elle dort, répon-
du Aristippe, mais je vais la réveiller. > Aus-
sitôt il court chez Eschino : « Attendrons-nous,
pour nous réconcilier, que le bruit de notre
rupture se soit répandu dans tous les carre-
fours et ait fait de nous la risée de ta ville ? —
Mon ami, je suis tout prêt h
vous. — N oubliez pas au moins
tjPP<y tue je suis plus ancien qi
* -• tait les premiers pas; ~
reprit Aris-
commencé la querelle, et j'ai voulu la fini;
Callisthène , qui suivait Alexandre dans ses
conquêtes, était à peu près le seul qui parlât
librement contre les honneurs divins que le
conquérant se faisait décerner. Celui-ci, après
avoir fait mutiler le philosophe, le jeta dans
une cage de fer et Je traîna ainsi a la suite
de l'armée. Lysimaque , un des généraux
d'Alexandre, ami fidèle de Callisthène, osa seul
aller le consoler; et comme Callisthène lui
visiterai tous les jours, lui dit Lysimaque. S
le roi vous voyait abandonné des gens ver
tueux, il pourrait vous croire coupable et n'é
prouverait plus de remords. »
Las amis de l'heure présente
Ont le naturel du melon :
U faut en essayer cinquante
Claude Mekmet.
— AUus.littér. :
yom nu>i», Uniui, ce
illusion à un vers célèb
de Corneille dans Cinna, acte V, scène i
Auguste, après la scène où il a montré à Cin:
qu'il connaît tous les détails de sa cons|
ration, apprend qu'il est également trahi p
ceux qu'il chérit le~plus tendrement. C'est alo
qu'il s écrie dans un transport sublime :
En est-ce asseï, o ciel! et le sort, pour me nuire,
A-t-il quelqu'un des miens qu'il veuille encor sédui]
Qu'il joigne a ses efforts le secours des enfers,
Je suis maître de moi comme de l'univers :
Je le suis, je veux l'être! O siècles! 6 mémoire!
Conservez a jamais ma dernière victoire,
Je triomphe aujourd'hui du plus juste courroux
De qui le souvenir puisse aller jusqu'à vous.
— Soyons amis,
)st moi qui I'
t'ai donné la
n lâche desse
Dans l'application que l'on fait de ce vers,
on ne cite généralement que le premier hé-
mistiche, Soyons amis, Cinna, et presque tou-
jours dans un sens plaisant et familier :
« Talma, en m'écoutant, avait des larmes
dans ses beaux yeux bleus. • Déjeunons, » me
dit-il du ton avec lequel Auguste dit à Cinna ;
« Prends un siège, Cinna t » Puis il essuya ses
yeux d'un revers de main : ■ Vous m'atten-
drissez, me dit-ii, avec ces images de père, de
mère, de sœurs, plus encore qu'avec vos beaux
vers bibliques. Soyons amis, ajouta-t-il en sou-
riant. » Lamartine.
« Allons, Gubetta , mon vieux complice, dit
VauvineJ, en prenant Bixiou par la taille, ne te
fâche pas; il te faut de l'argent, eh bien I je
| puis bien emprunter trois mille francs à mon
ami Ccrizet, au lieu de deux mille... Et, Soyons
amis, Cinna!... » Balzac.
« Puisse le génie de l'humanité qui t'a inspiré
un si beau commentaire du Soyons amis, Cinna,
convaincre ceux qui nous gouvernent qu'il ne
peut y avoir de constitution sans morale, et
que la seule bonne politique est de se montrer
juste I Ah! s'ils avaient le courage de dire à
ces deux cent mille citoyens qu'on appelle sus-
pects : Soyons amis, ces deux mots sauveraient
la république bien plus sûrement que le million
d'hommes armés pour la défendre. »
Lettre d'un patriote à C. Desmoulins.
J'allais, pour m'affranchir, vous braver, Emilie;
Mais, tout lier que j'étais, un regard m'étonna ;
Un sourire me dit : Soyons amis. Cinna!
Et je m'engageai pour la vie. Demoubtier.
— Allus. littér. :
Vers de La Fontaine dans l'Ours et l'Amateur
des jardins. L'ours, apercevant une mouche
incommode sur le nez de son ami plongé dans
Les deux vers qui font l'objet de cet article
sont passés en proverbe, et sont souvent cités
pour qualifier les fâcheux effets d'une amitié
maladroite, irréfléchie et sans jugement :
« Le marché parait d'or pour le prince, car
nous donnons et il reçoit : il n'a que la peine
de prendre ; mais lui, sans débourser de fait,
y met beaucoup du sien, et trop s'il diminue
son capital dans le coeur de ses sujets ; c'est
spéculer fort mal et se faire grand tort. Qui le
conseille ainsi n'est pas de ses amisvou, comme
dit l'autre, mieux vaudrait un sage ennemi. »
P.-L. Courier.
« Comment peut-on avoir assez peu le sen-
timent des convenances et de ce qu'on doit à
l'empereur pour aller attacher de l'importance
à savoir ce qu'étaient ses ancêtres? Soldat,
magistrat et souverain, il doit tout à son épée
et à l'amour de son peuple... Si, en donnant
dans son article généalogique la plus illustre
origine à la maison Bonaparte, l'écrivain a cru
faire la cour à l'empereur, c'est bien le cas
de dire : Il n'y a rien de dangereux comme un
sot ami. » Napoléon 1er.
— Allus. littér. : Le. Deux Aui., titre d'une
fable que La Fontaine a consacrée à l'amitié,
et qui est tout à' la fois un chef-d'œuvre de
style, de sentiment et de délicatesse. C'est dans
cette fable que se trouvent les trois vers sui-
vants, restés proverbes :
— Deux vrais amis vivaient au Monomotapa.
— Qu'un ami véritable est uni douce chose!
H bous tpari/nc la pudeur * ctBar\
Les allusions à ces vers sont très- fréquentes :
o L'amitié si tendre, si familière, que nous
voyons établie entre Vauvenargues *&l Saint-
Vincens, nous permet de nous figurer en la
personne de ce dernier un de ces amis dont La
Fontaine avait vu des exemples autre paît
encore qu'au Monomotapa.
De près, Saint-Vincens avait dû, en plus
d'un cas, lire dans les yeux de son ami ses
besoins et ses désirs, et aller au-devant de ses
paroles. » Sainte-Beuve.
t Je reçois ta lettre. Tu es de la vraie race
des amis du Monomotapa. Mais quel enfan-
tillage 1 Voilà la cause de ton brusque retour I
Un rien, un méchant cauchemar, qui, deux
nuits de suite, te fait entendre ma voix t'appe-
lant à mon secours. Ah I fruits amers de Ja
détestable cuisine allemande 1 u
Oct, Feuillet.
« Lorsque la mort vint lui enlever sa pro-
tectrice, il fut aussitôt recueilli par Mme <)e
la Sablière, dont la générosité pourvut à tous
ses besoins et dont la délicatesse prévint tous
ses désirs. C'est sans doute la reconnaissance
qu'elle lui inspirait qui arracha du cœur de La
Fontaine ce vers, que tant d'autres ont pu
depuis répéter avec amertume ;
Qu'un ami véritable est une douce chose! •
Géruzez.
« Corrupteur aimable, concussionnaire géné-
reux, Fouquet oppose encore aujourd'hui aux
sévérités de l'histoire l'amitié de Mme de Sévi-
gné, le dévouement de Pellisson, la douleur de
La Fontaine, la gratitude de Corneille. Celle-
ci fut sans réserve, parce que Corneille ne se
croyait jamais quitte envers ceux qui lui épar-
gnaient la pudeur de demander. »
GÉEUZEZ.
■mil. Vers d
les Femmes savantes , acte III, scène u.
Armande, Bélise et'Philumtnlc, en compagnie
de Trissotin, forment le plan d'une académie
où elles se proposent de faire sortir la femme
de l'infériorité littéraire, philosophique et scien-
tifique dans laquelle l'homme la tient depuis
trop longtemps, où elles seront les oracles du
bel esprit et les distributrices des réputations :
Platon s'est au projet simplement i
Quand de sa République il a Tait 1,
Mais a l'effet <
traité ;
papier en prose accommodée,
v-u. *wn.i jo ...e Gonsun étrange dépit
Du tort que l'on nous fait du coté de l'esprit;
Et je veux nous venger, toutes tant que nous sommes,
De celte indigne classe où nous rangent les hommes,
De borner nos talents & des futilités,
Et nous fermer la porte aux sublimes clartés.
ns, par nos lois, les juges des ouvrqges;
uver a rc
Ce vers, qui accuse des prétentions si ridi-
culement outrées, et qui est d'un comique si
achevé, méritait de rester proverbial et de
devenir une des perles de notre langage
figuré ;
«Depuis une "-vingtaine d'années, M. Félix
Passot lutte avec l'Académie pour lui fairo .
admettre un principe, une loi astronomique.
Mais à l'Académie les astronomes tiennent le
haut du pavé, et il n'y a pas de danger qu'ils
consentent à modifier cette règle suprême :
Nul n'aura de l'esprit, hors nous et nos amis.
« Le mémoire de M. Félix Passot a été éli-
miné. • Le Charivari.
« Mais que cet autre soit heureux dans ses
essais ; qu'à force de jouer des coudes il soit
parvenu à franchir le redoutable cordon sani-
taire qui entoure la république des lettres, qui
porte inscrit sur son drapeau ;
Nul n'aura de l'esprit, liors nous el nos amis;
qu'il y prenne pied, et ses détracteurs de la
veille deviendront ses admirateurs du lende-
main. ■ Antonio Pérès.
Le mot esprit est souvent l'objet d'une
variante amenée par la circonstance :
■ M. Duchdtel est auteur d'un livre intitulé .
la Charité, où il expose comme principe gou-
vernemental la nécessité d'empêcher le mariage
entre les prolétaires, afin de diminuer la. popu-
lation des classes pauvres. A voir la marche
que prennent les doctrinaires et M. Duchâtel
lui-même, il paraît qu'ils ont fait une variante
à un vers fameux, et qu'ils se sont dit :
Nul n'aura des enfants que nous et nos amis. ■
lieuue des Deux-Mondes.
• Je ne rabats rien aux éloges que l'auteur
donne à quelques gens de lettres, à charge de
revanche. Je crains seulement que ces louanges
ne perdent leur prix aux yeux de ceux qui
ent que l'auteur est lié avec la plupart :
JVuln
:, Ann. litt,
— Allus. littér. :
Oui, puisgue je retrouve un ami si fidèle.
Ma fortune va prendre une face nouvelle.
Vers de Racine dans Andromaque . acte I,
scène i, adressés par Oreste à Pylade en le
retrouvant à la cour de Pyrrhus. Ce passage
si touchant a été, dans une circonstance ter-
rible, l'objet de la plus poignante ironie. Ché-
nier et son ami le poète Rouchcr, qu'il n'avait
pas vu depuis longtemps et dont il ignorait le
sort, se rmcontvèrent sur la charrette fatale
qui conduisaità l'échafaud les victimes du tri-
bunal révolutionnaire. A la vue de l'auteur
des Mois, le front de l'infortuné Chénier s'illu-
mina d'un triste sourire, et le chantre de la
Jeune Captioe s'écria, en saisissant la main
lui tendait :
qu
Oui, puisque je
si fidèle,
Ce vers est devenu l'objet de fréquentes
allusions, mais dans des circonstances heureu-
sement moins funèbres.
— AllUS. littér. : L'ami du genrn humain
n'c»i point du tau* mou tait. Vers de Molière
dans le Misanthrope, acte I, scène i. Alceste
reproche énergiquement à son ami Philinte
d'avoir accueilli avec de grandes démonstra-
tions un homme qui lui était presque inconnu
et comme Philinte s'excuse en disant qu'il n a
fait ainsi que suivre les usages de la bonito
société, Alceste lui réplique par cette éloquente
De tous ces grands faiseurs de protestations.
Ces affables donneurs d'embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d'inutiles paroles.
Et traitent du môme air l'honnête homme et le fat.
Non, non, il n'est point d'ame un peu bien située
Qui veuille d'une estime ainsi prostituée;
Et la plus glorieuse a des régals peu chère,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers :
Sur quelque préférence une estime se fonde.
Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,
Morbleu ! vous n'êtes pas pour être de mes gens ;
Je refusa d'un cœur la vaste complaisance
Qui ne fait du mérite aucune différence;
Je veux qu'on me distingue, et, pour le trancher net,
L'ami du genre humain n'est point dû tout mon fait.
' Ce dernier vers est resté proverbe :
« Gardons-nous aussi d'une pente non moins
dangereuse : ne nous laissons point aller à
une admiration banale, injurieuse pource qui
mérite vraiment d'être admiré. Ne soyons
point des Alcestes grondeurs, je le veux, mais
ne soyons pas non plus de débonnaires Phi-
lintes, des amis du genre humain , comme
dirait le misanthrope de ces philanthropes lit-
téraires, car
Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le inonde. •
J.-J Ampère.
— AIIUS. llttér. : Àlloii., ferme, pousse,
mes bous mi.is do cour. Vers de Molière dans
le Misanthrope, acte II, scène v. Dans cette
fameuse scène, dite des tabourets, où Célimène
voit sa causticité et son humeur médisante
■ applaudies par Eliante, Acaste et Clitandre,
Alceste n'y tient plus, et s'abandonne h cette
boutade dont le premier vers est devenu l'ob-
jet de fréquentes allusions :
Allons, ferme, poussez y mes bons amis de cour ;
Vous n'en épargnes point, et chacun a son tour;
Qu'on ne vous voie en hâte aller à sa rencontre,'
Lui présenter la main, et d'un baiser flatteur
■ Allons, mes bons amis de cour, critiquez,
dirigez vos sarcasmes sur les traductions du
Barbier de Séville et de Robin des Bois ; déchi-
rez ces œuvres de musicien parolier, heureu-
sement accomplies malgré tant d'obstacles
que nul de vous n'a pu surmonter. »
Castil-Blaze.
— Allua. littér. : Fui.c.-vo... de. a.uU
prompt* à von* censurer. Allusion à Un VCI'S
iie Boïleau dans son Art poétique. V, Cen-
surer,
— AllUE. Httér. : Eu'nml Fouipignan pense
être quelque eboae. Allusion à un vers sati-
rique de Voltaire. V. Quelque chose.
— Allua. littér. : Etre niui de Platon, n.ai.
plus encore de In -vérité, c'est-a-dire placer
la vérité au-dessus du respect que Von a pour
une autorité quelconque. V. Amicus Plato,
par la uauire. Allusion à un vers de Legouvé
père. V. Frère.
— Allus. littér. :
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Allusion a deux vers do La Fontaine. V. Vie.
Ami de* hommes (l'), OU TRAITÉ DE LA PO-
PULATION, par le marquis Riquetti de Mira-
beau, livre d'économie politique en 4 vol. in-4<>,
qui parut en 1755. Le dauphin, fils de Louis XV,
appelait cet ouvrage « le bréviaire des hon-
nêtes gens , ■ et le savait, disait-il, par cœur.
Voici, sur ce livre indigeste, l'opinion plus
sensée de La Harpe : « Le marquis de Mira-
beau fit beaucoup de bruit dans son temps,
comme bien d'autres, par son livre de l'Ami
des hommes, titre qui se sentait déjà du char-
latanisme qui remplaçait le sentiment des bien-
séances, lilles défendent a l'honnête homme
ces sortes d'affiches, qu'on peut mettre sur les
boutiques pour attirer les chalands, mais qu'il
ne faut point mettre à la tête d'un^livre pour
attirer les lecteurs. C'est à eux , et non pas à
vous, a caractériser votre ouvrage ; c'est au
public, et non pas à vous, à juger si vous êtes
en effet un ami des hommes. . .
» Ce Mirabeau l'économiste n'avait, de l'ima-
gination méridionale, que le degré d'exaltation
oui touche à la folie ; il prit de la philosophie
du temps l'orgueilleux entêtement des opi-
nions, et une soif de renommée qu'il crut ac-
quérir en popularisant sa noblesse par des
écrits sur la science rurale. Il la possédait
assez pour dégrader de très-belles' terres par
des expériences de culture, et déranger une
grande fortune par des entreprises systémati-
ques et des constructions de fantaisie. Il se
faisait l'avocat du paysan dans ses livres, et le
tourmentait, dans ses domaines , par ses pré-
tentions seigneuriales , dont il était extrême-
ment jaloux. Il le fut encore plus de son fils,
dont il haïssait la supériorité bien plus que les
vices, et dont il aigrit le caractère et précipita
la violence par des persécutions haineuses et
continuelles. On sait d'ailleurs que cet ami
des hommes, apparemment, ne faisait pas entrer
sa famille en ligne de compte, car il fut toute
sa vie comme M»>c de Pimbêche avec la sienne,
et obtint contre tous ses proches quantité de
lettres de cachet. Son livre est un ramas indi-
geste de choses bonnes et mauvaises , bonnes
quand elles sont à tout le monde , mauvaises
Suand elles sont à lui ; sans plan ni mé-
iode, le tout écrit en style baroque, avec une.
grande envie d'imiter Montaigne, dont il n'a
pas plus le style que l'esprit, et une incroyable
ses déclamations contre la cour, un grand
désir de s'en faire remarquer. I! y parvint et
fut enfin mis à la Bastille. C'est le plus grand
honneur et le seul que lui aient valu ses écrits. »
Ami des Enfants (l'), par Berquin. Ce char-
mant recueil de dialogues, de scènes, de récits,
est un des meilleurs ouvrages que l'on puisse
mettre entre les mains de la jeunesse ; on y ad-
mire une manière simple et naïve de raconter,
toujoursàlaportêede l'âge auquel l'auteur s'a-
dresse. Le prix que l'Académie française devait
décerner en 1784 au livre le plus utile qui eut
dans l'année fut décerné à l'Ami des
Enfants. Les sujets qui composent
» |a piUpart une grande valeur morale.
principaux : la Vanité punie, drame
ont pour la plupart une granc
Voici les principaux : la Van r_ _ ,
en un acte ; le Bon Fils, drame en deux actes ;
le Petit Joueur de violon, drame en un acte ;
la Petite Glaneuse, chef-d'œuvre du genre, etc.
Ami du penpie (l'), l'une des feuilles les
plus fameuses de la Révolution, rédigée par
Marat, qui lui-même, Comme on le sait, prenait
cette qualification. Le premier numéro parut
le 12 septembre 1789, sous ce titre : le Publi-
ante parisien, journal politique, libre et im-
partial, par une société de patriotes, et rédigé
par M. Marat , auteur de l'Offrande à la
patrie, etc. ; avec la devise de Rousseau pour
épigraphe : Vitam impendere vero. L'auteur,
à Ce qu'il assura plus tard, vendit les draps de
son lit pour fournir aux premiers frais de sa
publication. Entre autres étrangetés , on lit
dans le prospectus : « Le lecteur sera souvent
surpris de la hardiesse des idées ; mais il y
trouvera toujours liberté sans licence, énergie
sans violence, et sagesse sans écarts. » Pendant
a u'ii donnait ce bon billet au public de 89, Marat
débutait par sonner le tocsin contre une partie
de l'Assemblée nationale, et proposait de régé-
nérer l'Etat en balayant les députés de la no-
blesse et du clergé. Dès le sixième numéro, il
modifia ainsi son titre : l'Ami du peuple, ou le
Publieiste parisien, journal politique, etc. La
feuille, composée ordinairement de huit pages
in-8o, parut sous ce titre jusqu'au 21 septem-
bre 92. Les collections complètes en sont,
comme on le sait, excessivement rares; elles
l'étaient même devenues du vivant de l'auteur.
Il existe d'ailleurs des lacunes causées soit
Îiar les saisies, soit par les interruptions invo-
ontaires, les fuites de Marat, en l'absence du-
quel son journal était contrefait par de nom-
breux faussaires, et qui a lui-même comblé
quelques-unes de ces lacunes après coup par
la publication de numéros antidatés, pour as-
sortir les collections de ses souscripteurs ; car
il est remarquable qu'une de ses préoccupa-
tions était la fidélité à ses engagements, fidé-
lité qui était d'ailleurs stimulée par cette infa-
tuation.de ne point enlever à la patrie le fruit
de ses méditations. En résumé, les exemplaires
complets de ce que les bibliographes nomment
le vrai Marat, augmentés des journaux qui
forment la suite, et purgés des continuations
apocryphes, sont véritablement introuvables.
On ne connaît guère que celui qui faisait par-
tie de la magnifique collection Labédoyère,
acquise récemment par la Bibliothèque impé-
riale, et celui qui est à Berlin, dans la biblio-
thèque particulière du roi de Prusse.
C'est dans son premier numéro que Marat
donna ces fameux Commandements de la Pa-
trie, dont on a fait plusieurs parodies, et qui,
après tout, n'ont rien de sanguinaire et n'é-
taient que le programme rimé de la Révolution
dans sa première phase. Nous les reprodui-
Ta liberté des & présent;
Le mot noble tu rayeras
De tes cahiers dorénavant;
Du clergé tu supprimeras
La cause et l'emploi clairement,
Et jamais tu n'en donneras
lies, sans déguisement;
le tu garderas
Tout pervers indistinctement.
Ainsi faisant, tu détruiras
AMI
A ces platitudes patriotiques fort modérées,
si on les compare aux grandes frénésies du
tribun, les royalistes répondirent par d'autres
commandements , qui contenaient, en manière
de commentaires ironiques, des aménités du
genre de celles-ci :
Les biens du peuple retiendras
C'était le ton de la polémique d'alors; et
c'est ce qu'on ne devrait pas oublier quand on
rappelle les fureurs de Marat et d'autres jour-
nalistes révolutionnaires. Nous n'avons certes
pas l'intention d'affaiblir le sentiment de répul-
sion si énergiquementprononcé à notre époque
contre les enfants perdus de la Révolution.
Mais tout en condamnant ce qui doit être éter-
nellement condamné, le fanatisme aveugle, la
furie sauvage des partis, tout en flétrissant la
folie sanguinaire de certains acteurs de nos
frandes convulsions politiques, il est équitable
e rappeler que tous les partis avaient alors
leurs énergumènes. La presse royaliste n'avait,
sous ce rapport, rien à envier à la presse révo-
lutionnaire. Elle comptait un grand nombre de
feuilles d'une violence excessive, souvent ordu-
rières et d'une obscénité immonde, qui ne par-
laient que de pendre, de rouer, de noyer, de
décapiter leurs adversaires, de régénérer la
France dans kb bain de sang, oui menaçaient
les députés, même les plus pâles d'entre les
constitutionnels, de la corde et des galères .
appelaient l'invasion étrangère, indiquaient les
points par lesquels nos frontières étaient vul-
nérables, et poussaient à l'avance des cris de
triomphe en songeant aux milliers de potences
qu'on dresserait bientôt pour guérir la France
plébéienne de sa folie de constitution, de liberté
et d'égalité. Qu'on lise les Actes des Apôtres, le
Journal de la Cour et de la Ville (nommé vul-
gairement le Petit Gautier) , Y Ami du Roi, le
Journal du Soir, le Journal de Suleau, et vingt
autres rédigés dans le même esprit, ainsi qu'une
multitude de libelles diffamatoires et de pam-
phlets"egalement frénétiques, gonflés de haine
etde venin, noirs de calomnies, etquine contri-
buèrent pas peu à envenimer les passions et à
précipiter les catastrophes : que l'histoire com-
pare et qu'elle juge.
Quoi qu'on en ait dit, l'Ami du peuple n'a
pas dépassé en violence les feuilles que nous
indiquons ici ; il les a seulement égalées, ce qui,
il faut le reconnaître, était bien suffisant pour
justifier l'effroyable renommée de son auteur..
Néanmoins Marat est resté bien au-dessous
de ses adversaires pour le cynisme des images
et des expressions ; rarement il se laisse aller
à cette grossièreté de langage que les roya-
listes ont exploitée avant le Père Duchesne ;
et il est à remarquer que c'est assez souvent
en style académique et ampoulé qu'il a prêché
l'extermination.
Dès les premiers numéros, Marat se jeta à
l'avant-garde des journalistes de son parti par
l'audace de ses attaques contre le roi, la reine,
la cour, les ministres, une grande partie de
l'Assemblée, la municipalité, Necker, Bailly,
La Fayette, la garde nationale, etc. 11 tonne-
contre le repas des gardes du corps, fait appel
à l'insurrection,, et après les journées des 5 et
6 octobre, poursuivi, réduit à se cacher, pen-
dant que le Châtelet faisait saisir ses presses,
il trouve le moyen de reprendre le mois sui-
vant la publication de sa feuille, qu'il poursuit
à travers plusieurs interruptions et au milieu
de tribulations sans nombre dont le détail ne
peut trouver place ici. Forcé de fuir en An-
gleterre, il revient quelques mois après, re-
prend de nouveau son journal avec un redou-
blement de violence (juillet 90), et dans un
écrit séparé, C'en est fait de ?ious! dénonce une
conspiration, peut-être imaginaire, de la cour,
et appelle le peuple à l'insurrection. C'est dans
ce factum que se trouve cette phrase : « Cinq
à six cents têtes abattues vous eussent assuré
le repos, la liberté, le bonheur; une fausse
sécurité a retenu vos bras et suspendu vos
coups : elle va coûter la vie à un million de
vos frères. » Tout le monde s'émut de telles
prédications. Camille Desmoulins crut devoir
faire quelques observations à son cher Marat
sur son intempérance de patriotisme : « Vous
êtes, dit-il, le dramaturge des journalistes. Les
Danaïdes, les Barmécides ne sont rien en com-
paraison de vos tragédies. Vous égorgeriez
tous les personnages de la pièce, et jusqu'au
souffleur. Vous ignorez donc que le tragique
outré devient froid? » Mais l'opiniâtre déma-
gogue demeura inflexible dans sa funeste mo-
nomanie, exalté d'ailleurs par les poursuites
et les attaques dont il était l'objet, par sa vie
fiévreuse, son tempérament maladil, sa pitié
farouche et passionnée pour les opprimés et
les misérables ; par ses haines, par son orgueil
de tribun et ses prétentions étranges de poli-
tique profond et d'homme à grandes vues, enfin
par son existence de bête sauvage constam-
ment traquée dans les caves et les souterrains.
Il faut ajouter le milieu et les circonstances,
l'exaltation universelle des esprits , les- com-
plots réels dont on était enveloppé, les périls
publics, enfin cette manie bizarre des disciples
ue Rousseau de s'assimiler la maladie noire de
leur maître et de ne voir autour d'eux que dee
AMI
traîtres, des ennemis, des embûches et des
complots. Le malheureux, plein de l'esprit im-
placable du moyen âge alors qu'il se croyait
le législateur des temps nouveaux, en arriva
à l'idée des anciens orthodoxes et des ultra-
royalistes de son temps, à. la théorie de l'épu-
ration du corps social, de la suppression des
membres gangrenés et pourris, de l'effusion d'un
sang impur pour le salut public ; il dogmatisa
la vengeance et le châtiment, érigea Te mas-
sacre en doctrine politique, et admit les sacri-
fices humains au nombre, de ses moyens de
gouvernement. « Il y a une année, dit-il, que
cinq ou six cents têtes abattues vous auraient
rendus libres et heureux. Aujourd'hui, il en
faudrait abattre dix mille. Sous quelques mois
peut-être en abattrez-vous cent mille ; et vous
ferez à merveille : car il n'y aura point de
paix pour vous si vous n'avez exterminé jus-
qu'au dernier rejeton les implacables ennemis
de la patrie. » (N° du 17 décembre'1790.)
Et dans le numéro du lendemain :
« Cessez, de perdre le temps à imaginer des
moyens de défense. Il ne vous en reste qu'un
seul, celui que je vous ai recommandé tant de
*-!" -■"- : 'ection générale e* -1-" — A"-
Et ailleurs :
« Pendez, pendez, mes chers amis, c'est le
seul moyen de faire rentrer en eux-mêmes vos
perfides ennemis... »
Mais à quoi bon réimprimer ici des citations
que tout le monde connaît, qu'on a mille fois
reproduites et qui ont si souvent servi de texte
à des déclamations contre la grande rénova-
tion inaugurée en 89? comme si les fureurs
d'un insensé avaient quelque rapport avec les
principes incorruptibles qui forment mainte-
nant la base de notre ordre social! Ces excen-
tricités monstrueuses, il est à peine nécessaire
de le dire, ne sont pas plus la grande, la glo-
rieuse, l'immortelle Révolution, que la Saint-
Barthélémy et les. atrocités du duc d'Albe ne
sont le christianisme.
Nous n'apprendrons rien à personne en rap-
pelant que 1 Ami du peuple finit par s'arrêter
définitivement au chiffre de 270,000 têtes à
fuire tomber pour assurer le bonheur du peuple
et le triomphe des idées révolutionnaires. Il
prêchait en même temps l'établissement d'un
tribun militaire, d'un dictateur, espèce de
grand justicier qui eût eu la mission terjible
d'épurer la société, d'écraser l'aristocratie, et
qui lui-même eût vécu sous la main du peuple,
le boulet au pied et le glaive sur le cou.
Cependant, si les accusations continuelles
de Marat, ses dénonciations meurtrières, ses
invectives, ses doctrines, lui avaient fait-un
grand nombre d'ennemis, il avait aussi des
partisans fanatiques, non-seulement dans le
peuple, qui le regardait comme son tribun,
maisencore dans les classes bourgeoises, chose
qu'on a trop oubliée. Certains hommes poli-
tiques, sans partager ses fureurs, le regar-
daient comme un agitateur utile au milieu de
la lutte terrible engagée contre l'ancienne so-
ciété. Peut-être même quelques-uns qui s'indi-
gnaient bruyamment ne dédaignaient-ils point
d'attiser secrètement la colère de ce dogue de
combat, qui mordait tout le monde et qui était
toujours prêt à tout dire et à tout oser. Sa
feuille était le tocsin de la Révolution, le mo-
niteur de la révolte. Mais on se tromperait
étrangement si l'on s'imaginait qu'elle ne con-
tient que ces déclamations convulsives, ces
rugissements que tant de citations ont rendus
fameux, et qui inspirent une si légitime répul-
sion. Un bon nombre de passages , il faut
loyalement en convenir, ne sont dépourvus ni
de bon sens, ni de vigueur, ni d'intelligence
politique. Nous reconnaissons de la verve et
de l'esprit aux Actes des Apôtres; je ne sais
pourquoi nous n'aurions pas la même équité
pour la feuille décriée de Marat. N'oublions
Sas que des hommes d'une intelligence très-
istinguée ont été de l'opinion que nous émet-
tons ici, et qui pourra sembler paradoxale aux
esprits étroits et exclusifs. S'il fallait citer des
exemples, nous rappellerions M. Victor Cousin,
l'illustre philosophe, qui, suivant une assertion
qui n'a jamais été démentie, que nous sachions,
a l'époque la plus éclatante de son professorat
sous la Restauration, lisait en petit comité, à
ses disciples, des fragments détachés du jour-
nal de Marat.
On peut encore juger de l'importance de
cette feuille par les innombrables contrefaçons
et imitations qui en furent faites du vivant
même de l'auteur et jusqu'à nos jours. Est-il
nécessaire de rappeler nue l'engouement du
peuple alla jusqu au fétichisme et survécut
même à la Terreur? Ce fut en effet après le
9 thermidor que Marat fut panthéonisé, et la
réaction contre sa mémoire ne commença à se
manifester que vers le milieu de Van III. Assu-
rément, cette puissance mouïe d'une feuille et
d'un journaliste , cette popularité exclusive,
despotique, et qui s'imposait a tous, n'est pas
due uniquement à des prédications sangui-
naires que sans doute on ne prenait pas tou-
jours au sérieux, et dont tous les partis ex-
trêmes se sont d'ailleurs souillés à cette époque.
Mais leur action sur les effroyables exécutions
de septembre est évidente et notoire. Cette
circonstance est plus que suffisante, on le sent,
pour justifier la réprobation de l'histoire, et
s'opposera toujours à ce qu'on tente une ana-
lyse froide et impartiale d'une œuvre qui a
produit de tels résultats. L'Amt du peuple, tant
AMI
de fois poursuivi et interrompu, se termina
comme il avait vécu, au milieu des orages
soulevés par sa polémique effrénée, et en atta-
quant de la manière la plus violente la Con-
vention, qui était a peine réunie. Il avait eu
G85 numéros.
En entrant dans la Convention, où l'avaient
porté les électeurs de Paris, Marat cessa la
publication de sa feuille ; mais quelques jours
plus tard, il en fit paraître une nouvelle sous
le titre de Journal de la République française
(25 septembre 1792), dans laquelle il jugé les
Eersonnes et les partis avec sa modération
abituelle. Dès lors, ses victimes ordinaires
sont Brissot, Roland et sa clique, les Girondins,
qu'il désigne sous le nom ironique d'hommes d'E-
tat, et qui d'ailleurs ne le ménageaient pas non
plus. La Montagne même lui semble d'une tié-
deur qui te désespère,etc. En mars 93,il changea
encore une fois son titre, et intitula son jour-
nal le Publiciste de la République française.
On sait qu'il fut l'objet de nouvelles poursuites,
et enfin décrété d'accusation, mis en jugement,
mais acquitté et ramené en triomphe au sein
de l'Assemblée. Il continua ce journal jus-
qu'à sa mort. Le dernier numéro était sous
presse quand il fut frappé, et parut le lende-
main. Lorsque le poignard de Charlotte Corday
fit tomber la plume de sa main, il en corrigeait
les épreuves, sur lesquelles rejaillit son sang.
Quelques-unes de ces épreuves existent en-
core ; elles ont fait partie de la riche collection
du colonel Maurin. Etrange monument que ces
épreuves tachées du sang de celui-là même
qui, dans ce journal, avait tant de fois prêché
1 effusion du sang humain, et qui périssait vic-
time de ses propres théories! V. Marat.
Ami du Roi (l'), journal ultra-royaliste,
fondé vers le milieu de 1790 par les continua-
teurs de Fréron, et qui n'était en quelque sorte
que la transformation de V Année littéraire. Le
prospectus portait cette épigraphe : Pro Deo,
rege et patria, et annonçait la prochaine pu-
blication d'un journal quotidien qui aurait pour
titre : L'Ami du Roi, des Français, de l'Ordre
et surtout de la Vérité. Le premier numéro de
i Ami du Roi parut le Kr juin 1790. Le journal
fut d'abord rédigé conjointement par l'abbé
Royou et Montjoye, puis par l'abbé Royou et
son frère, à partir du 1er septembre 1790 jus-
4 mai 1792, tandis qu'en même temps
. jye publiait une feuille portant le même
, depuis le 1er septembre 1790 jusqu'au
10 août 1792. Mais pour nous l'Ami du Roi se
personnifie dans l'abbé Royou, comme l'Ami
du peuple dans Marat. Royou, en effet, ne sur-
passait pas Montjoye en talent, mais il le sur-
passait de beaucoup en violence. C'est là, c'est
dans la situation des esprits, qu'il faut chercher
surtout l'explication de son succès. Royou
était et se montrait à la fois aristocrate exalté
et prêtre fanatique. A ce double titre, sa-feuille
devait être recherchée par la noblesse aussi
bien que par le clergé; et' comme elle parlait
toujours aux passions, que nulle autre ne s'ex-
prima avec autant de violence contre les
hommes et les institutions de la Révolution,
«elle : obtint sans peine les prédilections de toute
l'aristocratie. Aussi le journal de Royou ne
cessa-t-il d'être appuyé par la cour et les mi-
nistres jusqu'à la fuite du roi. Tous les jours,
il redoublait ses attaques, laissant percer à
chaque ligne l'espoir que les puissances étran-
gères et les émigrés viendraient bientôt mettre
en pièces la charte de rébellion, accablant des
invectives les plus grossières les hommes de
la Révolution, et appelant sur la tète "de ces
forcenés une prompte et terrible vengeance.
L Assemblée nationale s'émut enfin de ces pro-
vocations insolentes, et, dans sa séance du
3 mai 1792, Royou fut décrété d'accusation. U
mourut quelques '
Montjoye
titre, dept
créé par un arrêté de la Société des Amis
de la Constitution (ou jacobins), du 31 oc-
tobre 1790, pour publier par extraits la cor-
respondance des sociétés de la province affl-
. bées avec le grand centre jacobin de Paris.
Les Duport, les Barnave et les Laineth do-
minaient encore dans la société, ce quiexplique
comment la direction de cette feuille fut con-
fiée à Choderlos de Laclos, l'auteur des Liai-
tons dangereuses, l'agent connu du duc d'Or-
léans. Celait en quelque sorte un recueil
de révélations et d accusations qui venaient
de tous les points de la France contre les
ennemis de la Révolution. D'ailleurs, Laclos
ne se renferma pa3 rigoureusement dans le
cadre é.troit qui lui avait été donné. Il rendit
compte des travaux de l'Assemblée et des
événements politiques ; mais c'est à tort
qu'on a dit que cette feuille reproduisait in
extenso les séances du club. On la confondue
avec celle dont nous nous occuperons ci-des-
sous. Lors de la scission de la Société (juil-
let 1791), le Journal des Amis de la Constitution
demeura l'organe des feuillants, et cessa de
paraître le 20 septembre suivant. Déjà il avait
été remplacé comme organe des jacobins par
le Journal des Débais de la Société des Amis
de la Constitution. V. l'article suivant.
Il y eut aussi un Journal des Amis de la
Constitution monarchique, organe d'une so-
ciété du même nom, fondée par le comte de
Clermont-Tonnerre, Malouet et autres consti-
tutionnels, par opposition au club des jaco-
bins. Cette feuille, qui comptait Fontanes
parmi ses rédacteurs, n'eut que vingt-sept nu-
méros , et parut du 18 décembre 1790 au
18 juin 1791.
Ami» de la Constitution (JOURNAL DES DÉ-
BATS de la Société des), séante aux Jacobins.
II commença à paraître en juillet 1791, pen-
dant que le précédent existait encore, et de-
vint, presque à son origine, l'organe officiel
du club, dont il reproduisait les séances. En
septembre 1792, il modifia son titre de la ma-
nière suivante : Journal des Débats de la So-
ciété des Jacobins, amis de l'égalité et de la
liberté. 11 était rédigé par Defiers, qui finit
par mécontenter les jacobins par son indé-
pendance ou sa partialité, et qui fut chassé de
la société comme brissotin. Il n'en continua
Cs moins à donner dans son journal les dé-
ts du club avec la même étendue, à la
grande indignation des jacobins, et sans qu'on
sût comment lui parvenait le compte rendu
des séances. Cette feuille cessa de paraître le
24 frimaire an II (u décembre 1793), au n» 556.
C'est un des documents les plus utiles à con-
sulter pour la période qu'il comprend. Les
collections en sont assez rares. Le Journal dé
la Montagne lui succéda comme organe du
club. II ne faut pas confondre le Journal des
Débats des Jacobins avec le Journal des Dé-
bats et Décrets, qui a traversé toutes les vicis-
situdes politiques et s'est perpétué jusqu'à
nos jours. V. Débats.
Ami des Citoyen. (L'), Journal fraternel,
par J.-L. Tallien, citoyen soldat. Tel est le
titre d'une feuille politique fondée en 1791
par le héros futur du 9 thermidor. Ce n'était
d'abord qu'un placard qui s'affichait toutes les
semaines et qui. était surtout destiné aux Pa-
risiens. En octobre de la même année Tal-
lien transforma ce journal-affiche en une
feuille in-8o de 16 pages, qui paraissait deux
lois par semaine. La publication eu fut aban-
donnée plusieurs fois, et enfin reprise en fruc-
tidor an H. II fut dès lors le principal organe
du parti thermidorien, devint quotidien, et fut
placé , au commencement de l'an III , sous la
direction de Méhée fils, ancien secrétaire-
greffier de la Commune et l'un des hommes
de Tallien, qui se cacha d'abord sous l'ana-
gramme transparent de Felhémési. Peu de
temps après, le titre fut modifié de la manière
suivante : Le Spectateur Français, ou l'Ami
des Citoyens. Dans ces temps de réaction fu-
rieuse, ce journal eut quelque succès en corn- ■
battant les terroristes abattus, la queue de Ro-
bespierre; mais sa vogue s'épuisa rapidement.
Il mourut de consomption vers la fin de
Ami» (Journal des), journal publié par
l'abbé Fauchet et qui faisait suite aux feuilles
qu'il avait déjà fait paraître, la Bouche de
Fer, le Cercle social, etc. Le titre venait de
ce que Fauchet devait avoir pour collabora-
teur son ami Guéroult, qui d'ailleurs lui fit
défaut au moment de l'exécution. Le premier
numéro parut le 6 janvier 1793. Outre les
rêveries mystiques habituelles à l'auteur, ce
journal contient des attaques extrêmement
vives contre les montagnards. Il ne vécut que
quelques mois, et cessa de paraître après la
chute des Girondins (on sait que Fauchet
partagea leur sort). On y trouve des rensei-
gnements intéressants pour l'histoire de cette
période orageuse.
Ami d. la Religion et du Roi (l'), journal
fondé en mai 18H par MM. Adrien Leclère et
Picot. Suspendu pendant les Cent-Jours, il
reparut à la seconde Restauration comme
feuille semi-hebdomadaire. En 1830, il modifia
ou plutôt abrégea son titre, et s'appela simple-
ment l'Ami de ta Religion, Je roi étant devenu
de trop. Ses propriétaires successifs ont été
MAI. Adr. Leclère et Picot, de Genoude et
Dupanloup. Ses directeurs, pour faire la part
du temps, sans doute comme on fait la part du
feu, imaginèrent une nouvelle nuance politico-
religieuse, le catholicisme libéral, mots qui
durent être bien étonnés de se trouver en-
semble. L'Ami de la Religion a éprouvé bien
des vicissitudes ; toute son existence n'a été
son successeur le Monde'
Toutefois, ces discussions n'étaient que des
querelles intestines, et ne portaient guère que
sur des points de discipline ecclésiastique ;
mais dès qu'il s'agissait de la démocratie et
des principes de 89, le plus touchant accord
s'établissait entre les frères ennemis, et l'Ar-
cades ambo du poëte latin n'avait jamais trouvé
une plus juste application.
En 1862, l'Ami de ta Religion a perdu son
individualité, et s'est fondu dans le Journal
des Villes et Campagnes ; Triajuncta in uno.
Ami» des Noir» (SOCIETE DES ) , fondée à
Paris , par Brissot , en 1778, en imitation de
la société anglaise pour l'abolition de la traite.
Elle compta presque aussitôt dans son sein
les hommes les plus éminents, Mirabeau, Cla-
vière , La Fayette , Bergasse , La Rochefou-
cauld, Lacépède, Volney, Tracy, Lavoisier,
Pastoret, Condorcet, Siéyès, etc. Son but
était de préparer l'affranchissement des noirs,
et en effet, au début de la Révolution, elle
exerça une grande influence sur les colonies.
Amis do la Constitution (SOCIÉTÉ DES).
étés politiques, qui se livrèrent activement U
la propagation des principes républicains dont
AMI
écoles, la Société de l'ordre et des progrès,
Y Union, la Société constitutionnelle, recru-
tèrent partout des adeptes, et comptèrent
bientôt d'illustres représentants dans les deux
Chambres, à l'Institut, dans la presse, dans
l'armée, dans les sciences, dans les arts, dana
l'industrie. La Société Aide-toi, si célèbre sous
la Restauration, n'avait encore rien perdu de
son prestige. Mais de toutes ces sociétés popu-
laires, la plus active, la plus importante, sans
contredit, fut celle des Amis du peuple, dans
laquelle ne tarda pas à se fondre la Loge des
amis de la vérité., Hardie, bruyante, pleine
d'une fiévreuse initiative, la Société des Amis
du peuple se composait surtout de ces héroï-
ques jeunes gens qui avaient guidé en juillet
les coups du peuple ; elle fit revivre un instant
les traditions du club des jacobins. Ses séances,
d'abord publiques, se tenaient au manège Pel-
tier. C'est là qu'accouraient, pour s'aguerrir
aux délibérations tumultueuses, ceux qu'en-
traînait l'élan d'une conviction sincère, comme
ceux qui brûlaient de sortir de leur obscu-
rité et voulaient faire de la société un pié-
destal à leur ambition. Les -persécutions du
ministère ne manquèrent pas aux amis du
peuple, et ils n'existaient déjà plus comme
assemblée publique lorsque Casimir Périer par-
vint au pouvoir; mais ils étaient loin encore
d'avoir perdu leur empire sur les esprits. La
Société entretenait avec les départements des
relations assidues, soutenait les convictions
chancelantes, et tenait sans cesse le gouver-
nement en échec par une série de publications
vives, spirituelles, mordantes, auxquelles on
ne savait répondre que par des calomnies, ou.
d'impurs pamphlets émanés de la police. Les
membres de cette société célèbre eurent plu-
sieurs fois des procès politiques à soutenir,
procès dont ils sortirent toujours vainqueurs,
soit devant l'opinion, soit même en vertu des
déclarations du jury ; c'est qu'ils avaient pour
eux le prestige des principes de justice et de
liberté qu'ils défendaient avec autant de har-
diesse que de talent, et qu'ils donnaient une
voix éloquente à tant d'espérances déçues
après la révolution de Juillet. C'est dans ces
luttes judiciaires, auxquelles accusés et avo-
cats prenaient part tour à tour, que se dessi-
nèrent, avec une grandeur incontestable, des
caractères et des talents aujourd'hui respectés
de tous : Godefroy Cavaignac, Guinard, Gar-
nier-Paeès, Marie, Dupont, Ploque, Bethmont,
Michel (de Bourges), etc. En feuilletant les
annales de la Société des Amis du peuple, on
retrouve toutes les sommités républicaines de
cette époque.
Amis de la Constitution (SOCIÉTÉ DES), So-
ciété fondée sous la seconde République. Elle
se composait des républicains modérés de la
nuance du National et de Cavaignac. Son
existence fut aussi éphémère que celle de la
Constitution qu'elle s'était donné pour mis-
sion de défendre.
Ami des Lois (l'), comédie en cinq actes et
en vers, de Jean-Louis Laya, représentée pour
la première fois à Paris sur le théâtre de la
Nation, le 2 janvier 1793. Cette pièce toute
politique, obtint un succès immense, et l'em-
pressement avec lequel le public se porta à la
première représentation fut tel, qu'un nombre
considérable de curieux auxquels il avait été
impossible de pénétrer dans la salle, passèrent
à la porte toute la nuit et la journée du lende-
main pour assister à la deuxième représenta-
tion. L'auteur, rappelé par le public, dut
paraître sur la scène. Son œuvre reflétait trop
exactementles passions de l'époque pour ne pas
froisser vivement les uns et réjouir les autres.
A chaque représentation, la rivalité des deux
partis se dessinait de plus en plus, et le tumulte
allait croissant. Une lutte s'engagea bientôt
au sujet de l'Ami des Lois entre la Convention
et la Commune. Celle-ci, sur ta réquisition
d'Hébert, prit un arrêté qui interdisait l'ou-
vrage. Le lendemain , ta foule se porte
encore au Théâtre-Français. Les comédiens
font demander des instructions à Chambon,
maire de Paris, qui accourt au théâtre. Laya!
de son côté, se rend à la Convention. C'était le
12 janvier-, toutes les préoccupations étaient
pour le procès du roi. Vergmaud présidait.
Laya demande par un billet à paraître à la
barre ; il est admis ; mais à peine est-il entré
qu'il se voit forcé de sortir. Vergniaud lit une
seconde fois le billet de Laya. et demande le
vote ; l'assemblée passe à l'ordre du jour. Au
même moment arrive une lettre de Chambon.
Le maire écrit du théâtre même, au milieu de
la foule qui le retient et demande la pièce ; il
peint le désordre qui règne dans la salle et
aux alentours. L'Assemblée, sur la proposition
de Kersaint, adopte un ordre du jour motivé
qui, transmis à Chambon, est lu par lui au
public, après quoi la pièce est jouée. La Com-
mune est indignée de voir un de ses arrêtés
cassé par la Convention ; elle mande Chambon,
lui reproche d'avoir manqué à ses devoirs.
Cependant le procès de Louis XVI se pour-
suivait. Entre autres mesures de police, la
Commune ordonne la clôture des spectacles.
Le conseil exécutif provisoire casse l'arrêt de
la Commune; mais, en même temps, il enjoint
aux théâtres d'éviter la représentation des
pièces qui, jusqu'à ce jour, ont occasionné des
troubles, et qui pourraient les renouveler. On
trouvait ainsi un moyen détourné de frapper
l'Ami des Lois et de revenir sur le décret de
la Convention. Celle-ci interrompt le jugement
du roi pour discuter la décision du conseil exé-
cutif. L'ancien maire de Paris, Pétion, s'élève
AMI
273
contre les prétentions du eonseil ; il ne com-
prend pas la censure préventive; il adme*
seulement que l'on réprime des désordres, que
l'on agisse sur des faits et non sur des hypo-
thèses.. Guadet l'appuie. Dubois de Crancé dit
qu'une, foule d'aristocrates se rendent à Paris,
désertant les drapeaux de Condé, et qu'il ne
faut point leur fournir de lieu de rassemble-
ment. Il « ne juge point l'Ami des Lois; les
principes sont bons, mais le butde l'auteur est
perfide. A la dernière représentation de cetie
pièce, ajoute-t-il, il n'y avait que des valets de
ci-devant.i Enfin Danton traduitences termes
les impatiences de la Montagne : « Je t'avoue-
rai, citoyens, je croyais qu'il élait d'autres
objets que la comédie qui dussent nous occu-
per (Quelques voix : Il s'agit de la liberté!).
Oui, il s'agit de la liberté ; il s'agit de la tra-
gédie que vous devez donner aux nations ; il
s'agit de faire tomber sous la hache des lois la
tête d'un tyran ; il ne s'agit pas de misérables
comédies... » Pétion réplique que le pouvoir
exécutif a violé la plus sainte des lois, là
liberté. « C'est, dit-il, c'est toujours en inter-
disant vaguement ce qui pourrait occasionner
du trouble, qu'on a, sous l'ancien régime,
enchaîné toutes les espèces de liberté. La loi
met les pièces de théâtre sous la responsabilité
des auteurs et des acteurs; voilà la vraie, la
seule responsabilité... Où commence la respon-
sabilité? Ce n'est pas sur des suppositions;
c'est lorsqu'il y a un acte, un fait, que le pou-
voir municipal intervient. Alors il y a exercice
de la police, et sans doute il est libre au magis-
trat de suspendre la représentation d'une pièce
qui occasionne des troubles qu'on ne peut
arrêter autrement • Enfin l'arrêt du conseil
exécutif fut cassé, et, le 30 mars, la Commune
triompha de l'Ami des Lois, en suspendant les
représentations de la comédie de Laya. qui lui
paraissait de nature à corrompre l'esprit répu-
blicain.
L'Ami des Lois avait eu du retentissement
non-seulement à Paris, mais encore dans les
départements. Les royalistes y avaient vu l'oc-
casion d'une manifestation publique contre les
gouvernants d'alors. C'était une protestation"
contre ce que l'auteur appelait les anarchistes.
Ainsi il disait :
Patriotes? eh! qui? ces poltrons intrépides,
Bu fond d'un cabinet préchant les homicides,
Ces Solons nés d'hier, enfanta réformateurs.
Qui, rédigeant en lois leurs rêves destructeurs,
Pour se le partager voudraient mettre a la gène
Cet immense pays rétréci comme Athene.
Ah ! ne confondez pas le cœur si différent
Du libre citoyen, de l'esclave tyran.
L'un n'est point patriote, et vise à le paraltro;
L'autre tout bonnement se contente de l'être.
Et plus loin :
Que tous ces charlatans, populaires larrons.
Et de patriotisme insolents fanfarons,
Purgent da leur aspect cette terre affranchie.
Guerre, guerre éternelle aux faiseurs d'anarchie!
Royalistes tyrans, tyrans républicains.
Tombes devant les lois, voilà vos souverains !
Tout cela n'est pas très-fort. L'Ami des Lois
était en effet- une comédie médiocre, très-
médiocrement écrite. C'était l'opinion de l'au-
teur lui-même, qui, eu parlant de son œuvre, -
disait à vingt-cinq ans de distance : « Ce n'é-
tait pas un bon ouvrage, mais c'était une
bonne action. > Etait-ce réellement une bonne
action? Ici la réponse dépend surtout du point
de vue auquel on se place pour juger les
hommes et les choses de la Révolution. En
protestant contre le régicide, en bravant cer-
tains personnages tout-puissants, Laya faisait,
nous le voulons bien, un acte de courage;
voilà tout ce qu'il est permis de lui accorder
aujourd'hui.
Ami du peuple (l') ou les Intrigants dévoi-
lés, drame représenté pour la première fois à
Paris, sur le théâtre du Palàis-Variélés, le
6 septembre 1793 (deux mois environ après
l'assassinat de Marat). L'ami du peuple, on la
devine, c'était Mural; Marat, représenté ulors
avec idolâtrie sur tous les théâtres de Paris et
de la province. Eu même temps que l'Opéra,
^donnait des fêtes en son honneur et en l'hon-
neur de Le Peltier de Suint-Fargeau, Mole,
l'élégant comédien dont le public était en-
goué, jouait lui-même au Théâtre- Français
le rôle de l'urai du peuple, et, à ce sujet, l au-
teur ravi lui écrivait poétiquement î
Ressuscitant Marat, tu me rends à la vie.
En mars 1791, le même acteur remplit le
même rôle de l'ami du peuple. Cette fois, la
pièce nouvelle s'appelait la Mort de Marat.
Ami des Lois (LE VÉRITABLE) OU le Répu-
blicain à l'épreuve, pièce en quatre actes, à
spectacle, représentée à Paris pour la première
fois sur le Théâtre national de Molière, rue
Saint- Martin, le 23 septembre 1193. Cette
pièce était une réaction contre l'Ami des Lois
de Laya, que les aristocrates ■ déguisés et les
modérés avaient — '-"" l
commencement di
Amis de Collège (les), comédie de Picard,
en trois actes et en vers, représentée pour la
première fois à Paris, le 24 novembre 1795.
C'est la vie oisive opposée à la vie laborieuse.
L'auteur a dépeint le charme des souvenirs de
la première jeunesse, l'espèce d'égalité que les
camarades d'enfance conservent encore entre
eux dans le monde, l'empire que ces premiers
sentiments exercent sur tous les autres senti-
ments que nous éprouvons par la suite, f.t les
35
274
AMI
devoirs qu'ils imposent à notre cœur pour tout
le reste de la vie.
Ami dm Femme* (l'), comédie en cinq actes
et en prose, de M. Alex. Dumas fils, représen-
tée pour la première fois à Paris, sur le théâtre
du Gymnase, le 5 mars 1864. L'idée mère de
la pièce est dans le titre. M. de Ryons s'est
fait, non pas le chevalier servant, mais le che-
valier protecteur de la vertu chez la femme.
Quelqu un a dit (c'est une femme) : La conduite
la plus honnête est toujours ta plus habile. Le
chevalier de Ryons brode légèrement sur ce
thème. A ses yeux, la femme la plus honnête
sera la plus heureuse. Voila qui est bien-, mais
nous allons voir comment il s'y prend pour
remplir dignement cette hante mission. Tou-
tefois, avant d'aller plus loin, pénétrons d'a-
bord dans les théories intimes du héros. Per-
suadé que l'amour est une duperie, il est
en garde contre toutes les méprises de l'ima-
gination. Quant au mariage, c'est une insti-
tution scabreuse , une vulgarité dans laquelie
il ne tombera certes point. Si ce vieillard
de trente-cinq ans, momifié par l'expérience, a,
par hasard, des velléités de volupté, il sait où
logent les Phrynés, et, à quelques louis près,
ce que coûtent les aventures qui ne laissent
point de traces dans le cœur d'un homme. Ce
don Juan froid, sec et morne, ce magnifique
égoïste promène sa satiété, ses théories et ses
• vices un peu partout, mais sans se compro-
mettre, et c'est ainsi qu'analysant, disséquant
et critiquant, il vient chez madame Leverdet,
femme d'un savant, à laquelle il expose, avec
un esprit et un persiflage insolente, ses dé-
dains pour les hommes , a qui il n'a jamais été
utile ; sa mauvaise opinion des femmes, qu'il
n'a jamais su aimer, et les lieux communs des-
séchants et cruels des blasés et des impuis-
sants. Cette madame Leverdet a pour sigisbée
un certain des Targettes, héros du terre-à-terre,
parrain de sa fille, ce qui donne à penser. Ce
faquin suranné, qui veut rompre une ancienne
liaison, ne trouve plus suffisante la cuisinière
de son ami le savant. Comme on le voit, le
drôle ne découd pas, il déchire. De Ryons, qui
parait versé dans toutes les roueries fémi-
nines, devine les secrets de madame Leverdet ;
il se moque, il ricane, tout en lui faisant re-
marquer que mademoiselle Leverdet, pension-
naire de quatorze ans, a la jambe bien faite...
Survient madame de Simerose, jeune femme
séparée de son mari. Ce problème féminin
intrigue fort l'ami des femmes , qui observe
curieusement la jeune dame, en fait le tour en
amateur, et veut seulement, après l'avoir dés-
habillée des yeux, la piquer avec une épingle
dans sacollection. Il s attache à elle par amour
de la psychologie, et afin de s'assurer si elle
est honnête, ou s'il n'y a pas moyen de lui
reconnaître un , deux ou trois amants, tou-
jours, bien entendu, dans l'intérêt de la vertu
et, partant, du bonheur de la femme. Alors les
expériences commencent : il découvre que la
dame a le cœur inquiet ; elle ne veut pas en-
tendre parler de son mari , mais "elle écoute
volontiers un certain de Montègre, toutes les
fois que ce dernier se contente de l'amour
idéal. De Ryons, qui connaît les mécomptes de
l'idéal, veut préserver sa protégée d'une chute ;
" il veille sur Montègre et empêche un rendez-
vous nocturne. La petite Leverdet lui vient en
aide sans s'en douter : très-émue à l'aspect de
la barbe splendide d'un gandin ridicule , elle a
une crise nerveuse au beau milieu du salon
de madame de Simerose, et cette fille nubile,
oui rêve déjà à l'amant qu'elle aura, cette fille
d'une honnête femme qui a un amant, couche
sous le toit d'une autre honnête femme qui
brûlo d'en avoir un. Madame de Simerose, qui
n'a pu recevoir cette nuit-la le Montègre et
contempler chastement la lune avec lui, le
reçoit en plein soleil et lui pose les conditions
d'une affection séraphique. Montègre promet
d'être chaste et de ne jamais rien prendre à la
dame. Cependant la visite très-inattendue du
mari à sa femme jette le trouble dans cette
idj'llerosetendre.M. de Simerose, gentilhomme
parfait, le seul de toute la pièce, vient annon-
cer son départ subit pour des pays d'où l'on
ne revient pas ; il désire régler des affaires
d'intérêt avec sa femme, et lui confie qu'il y a*
de par le monde un enfant de quatre ans : or,
il y a juste quatre ans et neuf mois qu'il est
marié, et l'enfant est son propre fils. La pre-
mière nuit de ses noces, madame de Simerose
s'était refusée à la consommation du mariage,
et le mari, furieux... mais on verra la suite
plus loin... Madame de Simerose veillera sur
l'orphelin, et cela ne l'empêchera pas de
satisfaire ce besoin d'amour pur dont elle a fait
Taveu à Montègre. Toutefois elle compte sans
l'an»' des femmes , l'ange gardien , de Ryons
enfin, qui lui montre son amant tel qu'il est,
l'amour ? Et dans son effroi, l'aimable personne
se précipite sur de Ryons et s'offre tout sim-
plement à lui ; il parait que , dans la bonne
société, cela se pratique de la sorte. Qu'avait
donc fait de Ryons pour mériter ce bonheur?
L'ami des femmes, à l'aide d'un piège mé-
chant, avait provoqué cette brusque décla-
ration. Mais l'épreuve lui suffit, et comme il a
besoin de faire longtemps encore des essais de
ce genre, il refuse de s'envoler vers l'idéal ;
il a déjà dédaigné les millions d'une jeune
Allemande 'qui lui a demandé sa main sans plus
de façon. Ainsi, un amant à la vieille femme
mariée, une crise hystérique à la fille de qua-
AMÏ
purs à la femme vertueuse , tel est le bilan de
cette comédie, sans compter l'Allemande, qui
veut absolument s'appeler madame de Ryons,
par curiosité, et parce que M. de Ryons ne
ressemble à personne. Puis, voilà que tout à
coup madame de Simerose fait à ce vicieux,
qui vient de l'arrêter dans son élan inconsidéré,
la confidence la plus inattendue. Elevée dans
la recherche de l'amour éthéré, elle ne pré-
voyait pas que la nuit des noces pût être autre
chose qu'un chaste tête-à-tête , et elle s'est
révoltée lorsque son mari a voulu entendre
d'une autre façon les suites du sacrement.
M. de Simerose , ajournant la démonstration
des devoirs conjugaux, trouva alors chez lui,
comme compensation , la cainériste de ma-
dame, pourvue d'une intelligence plus pratique
des choses; et madame de Simerose, de plus
en plus indignée, se sépara. Il lui serait im-
possible de se retrouver en présence d'un être
aussi terre à terre que son mari. Toutefois,
après quelques explications , et sur la foi de
V ami des femmes, elle promet... l'impossible 1
La réconciliation aura lieu entre les deux
époux dès que madame de Simerose sera ren-
trée en possession d'un billet par elle écrit à
de Montègre ; mais celui-ci, dans un moment
de jalousie furieuse, envoie ledit billet au mari.
Ciell que va-t-il advenir?... M. de Simerose
accourt pénétré de joie; ce billet écrit à l'a-
mant renferme de si vagues promesses, qu'il
va parfaitement au mari : il prend pour lui ce
qui était pour l'autre, et il est heureux, car il a
la foi. Bref, la jeune femme se sacrifiera aux
réalités du mariage, tandis que de Ryons con-
tinuera d'exercer son petit métier, et l'Alle-
mande millionnaire épousera l'imbécile dont
mademoiselle Leverdet a horreur depuis que
l'ami des femmes lui a conseillé machiavéli-
quement de couper sa barbe.
Cette pièce est une révoltante analyse ; il
s'en dégage je ne sais quelle odeur de dépra-
vation sociale. Des détails dont aucun voile ne
couvre la nudité (acte II, scène l«),des confi-
dences libertines que deux viveurs peuvent se
faire entre eux quand ils ont renvoyé les do-
mestiques et tiré les verrous, mais que l'on ne
débite pas devant un parterre de roses et aux
clartés resplendissantes du lustre : telle est
la moralité de cette comédie. L'auteur com-
prendra-t- il enfin que le temps est passé
des amertumes, des sarcasmes, des négations
absolues? Les dames aux camélias, les femmes
du demi-monde, toutes ces monstruosités sur
lesquelles il raffine sont maintenant passées de
mode ; elles ont vieilli, et malgré le fard dont
il les couvre, on n'en veut plus. M. Alex.
Dumas fils a beaucoup de talent, mais il en fait
un mauvais usage, parce qu'il lui manque la
foi et l'élévation qui font les écrivains mora-
lisateurs. Dans cette pièce, ainsi que dans ses
autres ouvrages, c'est toujours le même épui-
sement, la même fatigue, le même dégoût:
l'esprit sec, le ricanement insupportable de ses
héros vous irritent à la longue; l'ironie pour
l'ironie ne convient qu'aux égoïstes. Quil y
songe , désormais nos applaudissements sont
réservés à l'amour fier et loyal, au devoir, à
l'honneur ; nous renaissons à l'enthousiasme et
à l'espérance. Que Dieu fasse paix k l'Ami
des femmes et à toutes les créations de serre
chaude qui sont sorties du même moule.
M. Th. Gautier, qui a le bonheur de rester
toujours poète alors qu'il ne croit être que
critique, a jugé très-favorablement l'Ami des
femmes. Voici le portrait qu'il trace du héros,
portrait achevé, dont l'original ne saurait in-
spirer que de l'estime, mais que le trop bril-
lant écrivain a trouvé tout entier dans son ima-
gination et nullement dans la pièce : « L'an»'
des f ermites, de Ryons, est un type qui appar-
tient si précisément à ce temps-ci, qu'il n exis-
tait pas il y a quelques années, et qu'il paraît
étrange, même aujourd'hui, car il ne s'est for-
mulé encore avec cette décision ni dans le
monde, ni dans le livre, ni sur la scène. Est-ce
un jeune premier? non. Un don Juan? non. Un
raisonneur? nullement. Un comique? pas du
tout. Aucune de ces vieilles dénominations ne
peut servir d'étiquette à un personnage de l'au-
teur du Demi-Monde et de la Dame aux camé-
lias. De Ryons est vn jeune homme de trente ou
trente-deux ans, esprit ferme et juste, cœur
chaud refroidi par prudence, qui a eu le courage
de regarder la vie en face et de ne pas lui de-
mander plus qu'elle ne saurait donner. Il craint
l'amour comme quelqu'un qui en a souffert
autrefois et ne veut plus en souffrir ; de l'ab-
sence de douleur, il se compose une sorte de
bonheur négatif. Assis sur la rive , et séché
du naufrage, U contemple la grande mer tu-
multueuse, où l'ouragan des passions fait pal-
piter tant de voiles en péril. Mais il n'éprouve
pas à ce spectacle un sentiment de satisfaction
égoïste. Il s'intéresse à ces pauvres nefs si
violemment secouées qui vont se briser aux
récifs, faute de pilote pour les conduire au port ;
il saute dans une barque, et, à travers toutes
sortes d'obstacles, malgré le vent, l'écume et
l'éclair, il les ramène et les amarre dans l'eau
tranquille aux anneaux de la jetée. Il s'est
donné lui - même charge d'âmes, et s'est fait
sauveteur des vertus. C'est lui qui soutient les
résolutions chancelantes aux heures de crise ;
il sait détruire à propos les enthousiasmes,
faire paraître l'amant sous un jour ridicule, et
montrer à l'épouse hésitante sur le seuil con-
jugal l'abandon et le malheur, si elle le fran-
chit, attirée par les appels de la passion. »
Pour ne pas être injuste envers M. Dumas
fils, disons qu'il y a entre M. et M""> de Sime-
AMI
rose une très-jolie scène, où l'émotion se fait
réellement sentir. Que l'auteur de l'Ami des
femmes nous en donne beaucoup de cette
nature, et il n'y aura plus qu'à applaudir.
Malheureusement cette scène est la seule.
Ajoutons aussi que sa comédie est écrite avec
infiniment d'esprit; les mots fins y abondent.
Toutefois , cet esprit est tiré de trop loin ,
et plusieurs traits heureux nous ont paru res-
sembler à certaines petites chevilles toutes
rondes et tout élégantes qu'une main habile a
su introduire dans ces gros pains de gruyère
qui ne sont immaculés qu'en apparence.
Les lecteurs de ce dictionnaire trouveront
peut-être que l'étendue donnée à cet article
sort un peu des proportions ordinaires. C'est
un acompte sur les lignes que nous devons
consacrer à la Dame aux camélias et au Demi-
Monde. Les défauts et les qualités que nous
avons signalés ici se retrouvent, à de légères
différences près, dans les œuvres antérieures
du spirituel écrivain.
■ Amis, In matinée est belle... Premier vers
de la célèbre barcarolle de la Muette de Por-
tici , chantée pour la première fois par Nour-
rit, au grand Opéra de Paris , le 29 février
1828. Cette charmante musique a fait le tour
du monde, et elle est restée dans la mémoire
de tous ceux qui ne sont pas indifférents à l'art
divin des Linus et des Orphée. V. Muette de
Portici.
g^^S^^lI
$=F=Fpr=p&^
gp^pÉiÉÉëipÉi
gûIÈÈlÉîripïÈÉÈi
Pécheur, parle bas.
■aï des mers ne t'échappera pas. (bis).
Pécheur, parle lias (bis).
Jette tes fileta en silence;
Pécheur, parle bas ;
Le roi des mers ne t'échappera pas (4i>).
2<s Couplet.
L'heure viendra, sachons l'attendre;
Plus tard nous saurons la saisir.
Le courage fait entreprendre ;
Mais l'adresse fait réussir.
Conduis ta barque, etc.
Ami de u Maison (i/) , opéra-comique de
Grétry , paroles de Mormon tel, en trois actes et
; libres, représenté pour la première fois
Grétry appliqua avec bonheur dans cet o
vrage sa théorie de l'accord intime de la mu-
sique avec le poème : « Ne croirait-on pas,
disaitril naïvement à propos de cette pièce,
que c'est Marmontel qui a fait la musique et
moi les paroles?» Les deux airs : Je suis de
vous très-mécontente et Bien ne plait tant aux
yeux des belles, prouveraient presque que les
accents de la parole peuvent être copiés par
les tons de la gamme, tant la musique y est
parlante, simple et naturelle. Le duo du troi-
sième acte, Tout ce Qu'il vous plaira, est
remarquable à cause du rhythmesyllabique, qui
convient parfaitement à la situation , et que
les compositeurs ont employé fréquemment
depuis. Le petit duo : Vous avez deviné cela,
est du goût le plus fin ; aussi l'auteur, dans ses
Essais sur lamusique, le reeommande-t-il aux
amateurs. Malgré la bonne opinion qu'en avait
Grétry, la pièce de Marmontel paraît longue
et froide. Toutefois, la verve mélodique du
musicien réussit à lui assurer du succès, à côté
de celui qu'obtenait à la même époque le
délicieux opéra-comique de Zémire et A-or.
Mnism, n a ™. <>ncore été repris
n que prit ei
'vois. <J ,. „ ,
x à spectacle. C'est s~.
cette scène que fut représentée la fameuse
pièce intitulée la Journée du Vatican ou le
Souper du pape (1793), où les personnages et
les choses les plus respectables étaient tour-
AMI (jko de l'). Petit jeu de société qui
peut devenir fort intéressant dans un salon
principalement fréquenté par la jeunesse.
L'explication en est fort simple : celui des
joueurs qui se dévoue le premier au rôle d'OÊ-
dipe va derrière un paravent. Pendant son
absence, les autres se donnent un mot d'ordre
susceptible de recevoir des interprétations
très-variées et qui est l'ami. Soit le mot jalou-
sie. Œdipe, rappelé, demande tour à tour ù
chacun* des joueurs : Comment aimez-vous
votre ami? Et ceux - ci de répondre , par
exemple : Je l'aime dans le cœur. — Je ne
l'aime qu'à la fenêtre. — J'aime à voir à tra-
vers. — Je l'aime verte. — Je l'aime chez mon
amoureux, etc. — Le joueur qui laisse deviner
l'ami est envoyé k son tour derrière le para- »
vent, et l'on choisit un autre ami.
On peut encore jouer l'ami en calembours,
et cette manière demande beaucoup plus de
sagacité de la part de celui qui devine. Aussi,
dans ce cas, choisit- on presque toujours
pour ami un monosyllabe, afin de rendre
le jeu moins difficile. Soit le mot cor; on
dira : je l'aime... nu (cornu) ; je l'aime... beau
(corbeau); je l'aime... bleu (corbleu); je
l'aime... doux (Cordoue) ; je l'aime... fou (Cor-
fou) ; je l'aime... sage (corsage); je l'aime...
niche (corniche); je l'aime... billard (cor-
billard), etc. Chacun des mots par lesquels on
répond étant un mot français, la difficulté
pour le devineur est assez grande; c'est alors
que l'un des joueurs, prenant le patient en pitié,
changera l'ordre d'idées, et dira, par exemple,
je l'aime... nichon, ce qui amène immédiate-
ment à l'esprit l'idée de cornichon. Il en serait
de même des mots char, pin, fort, mer, etc.
AMIABILITÉ s. f. (a-rni-a-bi-lî-té — rad.
amiable). Qualité de ce qui se fait à l'amiable :
Z'amiabilité des concordats. Il Peu usité.
AMIABLE adj. (a-mi-a-ble — rad. ami).
Doux, affectueux, gracieux : Accueil amiable.
Paroles amiables. La confraternité trop oubliée
de l'espèce humaine s'entrelacera par une cir-
culation plus amiable et plus active dans tous
les rapports politiques et commerciaux. (Mirab.)
— Pra.t. Qui est chargé d'accommoder un
différend, un procès, par les voies do la con-
ciliation : Amiablk compositeur. L'arbitre
choisi est un médiateur amiable et non un juge
de rigueur. (Fén.)
— Qui se fait de gré à gré : Convention ou
partage amiable.
— Math. Nombres amiables. Nombres dont
chacun est égal à la somme des parties ali-
quotes de l'autre : 26 et 12 sont des nombres
amiables.
— A l'amiable, loc. adv. De gré à gré, par
voie de conciliation, amicalement : Terminer,
vider un différend k l'amiable. Il valait mieux
traiter a l'amiable. (Boss.) La charité les
obligeait à s'expliquer À l'amiable avec l'au-
teur. (Boss.) J'espère que la chose pourra se
terminer k l'amiable. (Le Sage.) Adieu : sé-
parons-nous k l'amiable. (Le Sage.)
— Syn. A l'amiable, 3minl.lon.en1. Amia-
blement implique un fonds de douceur dans la
personne dont on parle : Il commençait à par-
ler plus amiablement de lui. (Boss.) A fa-
AMÎ
miable indique une manière ordinaire d'arran-
ger les affaires, sans que la douceur de l'agent,
s'étende au delà du procédé : Solon fut élu pour
terminer toutes choses a l'amiable. ( Fén.)
— Encycl. On dit d'une contestation qu'elle
a été terminée o l'amiable quand il y a eu
conciliation entre les parties sans l'interven-
tion de la justice. Lorsqu'elles sont décidées à
transiger, elles peuvent agir par elles-mêmes
ou s'en rapporter à la décision d'un amiable
compositeur. L'amiable compositeur n'est pas
tenu, comme les arbitres ordinaires, de se
conformer au texte de la loi ; il prononce sans
appel et en dernier ressort, plutôt selon les
règles de l'équité que suivant le droit strict.
amiablement adv. (a-mi-a-ble-man —
rad. amiable). D'une manière amiable; par
voie de conciliation, amicalement : Terminer
une affaire amiablement. On prend plaisir
à lui enfoncer le trait dans l'âme, d'autant plus
avant et plus sensiblement qu'on parait le faire
plus charitablement et plus amiablement.
(Bourdal.)
— Syn. Amiablemeot, à l'amiable. V. AMIA-
BLE (à 1').
AMIAN ou amihan s. m. (a-mi-an). Mar.
Petit objet quelconque en corde ou en bois
qui se trouve sous la main, et qu'on emploie
momentanément à bord; à défaut d'autre
dont ie nom est détermine.
AMIANTAOÉ, ÉE adj. ( a-mi-an-ta-sé —
rad. amiante). Miner. Qui a quelque ressem-
blance avec l'amiante.
— Méd. Teigne amiantacce. V. Teigne.
AMIANTE s. m. (a-mi -an- te —du gr.
amiantos, incorruptible). Miner. Substance
minérale, tantôt verte ou grisâtre, tantôt
blanche, qui se compose de fibres très-fines,
peu adhérentes les unes aux autres, et quel-
quefois assez flexibles pour offrir une cer-
taine ressemblance avec lés filaments du lin.
— Encycl. L amiante est un silicate de chaux
et de magnésie, principes difficilement fusibles,
ce qui fait que cette substance résiste puis-
samment à 1 action du feu : toutefois, elle fond
au chalumeau. On l'appelle aussi asbeste (du
gr. asbestos, inextinguible), mais les minéra-
logistes réservent ce nom aux. variétés dont
les fibres sont roides et cassantes, et appli-
quent le premier à celles dont les fibres sont
souples et soyeuses. Dans le langage vulgaire,
i> — .•„..*. -„i — 3j quelquefois appelé papier
les alchimistes du moyen âge lin vif ou laine
de salamandre. La propriété que possède l'a-
miante de résister au feu a été utilisée de bonne
heure. A Rome, et probablement aussi en
Grèce, on tissait avec les fibres soyeuses de
cette substance des linceuls dans lesquels on
enveloppait les cadavres des rois et des grands
personnages, afin que leurs cendres ne se
mêlassent pas à celles du bûcher. Les Romains
en faisaient encore des nappes et des ser-
viettes, que l'on jetait au feu pour les blan-
chir, et des mèches de lampes qui brûlaient
dans l'huile sans se consumer. Les modernes
ont également employé l'amiante de plusieurs
manières. Ils en ont fait des tissus, des mèches,
des dentelles, du papier et du carton incom-
bustibles, mais les objets ainsi obtenus n'ont
jamais été que des curiosités. Vers lS26^1e
chevalier Aldini, colonel des pompiers de
Rome, a imaginé de faire entrer l'amiante dans
la confection d'un vêtement propre à faciliter
l'attaque des incendies, mais cette invention
n'a pas eu tout le succès pratique que les pre-
mières expériences avaient fait concevoir. La
nature et l'origine de Vamiante étaient incon-
nues chez les Romains. Pline, qui voyait dans
ce minéral un lin particulier, le faisait croître
au milieu des déserts de l'Inde, dans une con- '
trée entièrement brûlée par le soleil et habitée
seulement par des dragons, et c'est par l'ha-
bitude devivre au milieu des ardeurs de ce
climat brûlant qu'il expliquait son incombus-
tibilité.
AMIANTIFORME adj. ( a-mi-an-ti-for-me
— de amiante et forme). Miner. Nom donné
à une espèce d'arséniate de cuivre, qui ap-
partient à l'olivénite.
AMIANTINITE s. f. ( a-mi-an-ti-ni-te —
rad. amiante). Miner. Variété d'actinote.
amiantoïde adj. (a-mi-an-tc-i-de — de
amiante, et du gr. eidos, ressemblance) . Miner.
Qui a l'apparence de l'amiante : L'arséniate
— s. f . Sorte de pierre filamenteuse comme
l'asbeste : X'amiantoïde essayée au chalumeau
se fond en un verre noir. (Brongniart.)
amiatite s. m. {a-mi-a-ti-te — de Amiata,
mont, de Toscane). Miner. Variété de silex
résinite concrétionné, d'un blanc opaque.
amibe s. f. (a-mi-be — du gr. ameibein,
changer). Zool. Genre d'animalcules infu-
soires, dont la forme est d'une instabilité
telle qu'il est à peu près impossible d'y re-
connaître et d'y caractériser les espèce». Ce
genre a été formé aux dépens des protées,
dont le nom rappelle la même particularité.
Ordinairement transparentes, les amibes sont
souvent colorées en rouge ou en vert par des
particules contenues dans leur masse : Les
AMiBiiS se produisent dans les eaux stagnantes,
au milieu des détritus formant une couche va-
seuse. (Dujardin.)
AMIBÉES OU AMÉBÉES s, f. pi. (a-mi-bé,
AMI
a-mé-bé — de amibe). Zool. Famille d'infu-
soires établie pour le seul genre amibe ou
amèbe. Elle fait partie de l!ordre des poly-
gastriques anentérés, et renferme des genres
a prolongements variables, rameux et dépour-
vus de test.
AMICAL, ALE, adj. (a-mi-kal, a-le —du
lat. amicus, ami). Qui est inspiré, qui est
dicté par l'amitié : Conseil amical-. Paroles
amicales. Offres amicales. Quand cette ami-
cale invitation me fut faite, je ne répondis
pas tout d'abord. (Balz.) Je lui portai quelques
propositions amicales de la part de son mari.
(Balz.) Je fus plus attristé qu'irrité de cette
façon d'accueillir mes avances amicales. (E.
Sue.) Est-ce donc à moi de trouver le moyen de
continuer nos amicales relations? (G. Sand.)
Son tempérament volontaire, toujours disposé
à exiger sans jamais vouloir se plier à aucune
concession, écartait de lui tout mouvement
amical. (Alex. Dum.) Il Qui annonce, qui té-
moigne de l'amitié : Air, ton amical. Poignée
de main amicale. Cette demoiselle se tournait
souvent de mon côté d'un air amical. ( Mariv.)
Il avait tendu une main amicale à Emmanuel.
(Alex. Dum.) Albert se fit prier tout juste le
temps qu'exigeait une amicale politesse, (Alex.
Dum.) Ils échangèrent une poignée de main
bien vigoureuse et bien amicale. (Alex. Dum.)
Elle lui souriait d'un air de protection ami-
cale. (G. Sand.) Fleur-de-Marte avait échangé
un signe de tête amical avec l'adolescent à
figure flétrie. (E. Sue.) Elle lui donna sur la
tète une petite tape amicale. (Balz.) Brutus
n'attendait rien de la vertu aux champs de
Philippes; il la nia, et livra son cœur au poi-
gnard amical de S traton.(Ch. Nod.)
— Gramm. L'Académie ne donne pas d'exem-
ple de ce mot au masculin pluriel; elle ajoute
même ■"- f — * =-■'— :*-~ ^^ -«■-*
AMI
275
e cette forme e
^ En effet,
au premier abord, le mot amicaux paraît dur
à l'oreille ; toutefois l'usage n'a pas confirmé
cette restriction, et l'on dit volontiers conseils
amicaux, sentiments amicaux, et nos meilleurs
écrivains semblent être de cet avis : La France
a été souvent en paix et en rapports amicaux
avecl' Angleterre. (Guizot.) L'ei/lise bouddhiste
entretenait des rapports amicaux avec celte de
Brahma. Il répondit aux saints amicaux- de
ta foule. (Balz.)
AMICALEMENT adv. ( a-mi-ka-le-man —
rad. amical). D'une manière amicale : Causer
amicalement. Vivre amicalement. Quiconque
a vu des masques dans un bal danser Air
ment ensemble, peut se faire une idée du :
(Vauven.) Giraud me souriait amicai
derrière sa moustache rousse. (Balz.) Ce tableau
représentait précisément le moment où, à cheval
vis-à-vis l'un de l'autre sur le tonneau, nous
choquions amicalement nos verres. (Champ-
fleury.) De temps en temps elle s'asseyait au
milieu de cette meute, pour caresser les uns,
pour taquiner amicalement les autres. (G.
Sand.) Il y avait des instants où je m'imaginais
reconnaître cette figure de marbre, et je me
sentais prêt à lui adresser amicalement la
parole. (G. Sand.) Allons, allons, continua l'ar-
mateur en frappant amicalement sur l'épaule
du jeune homme, vous avez bien fait de suivre
les instructions du capitaine. (Alex. Dum.)
vement professeur de mathématiques et direc-
teur général des études a Modène, enfin direc-
teur de l'Observatoire de Florence. Il a fait
dès observations très'- remarquables sur les
étoiles doubles et sur divers phénomènes as-
tronomiques ; mais il doit surtout sa réputation
aux excellents instruments qu'il a inventés ou
perfectionnés. La science lui doit notamment
le microscope achromatique, à l'aide duquel il
a fait des observations sur la circulation de la
sève dans les plantes et sur les animaux mi-
croscopiques ; le microscope par réflexion; des
chambres claires-; un appareil de polarisa-
tion, etc.
AMICIE s. f. (a-mi-sî — de Amici, n. pr.).
Bot. Genre de plantes de la famille des légu-
mineuses et de la tribu des hédysarées, dont
on connaît deux espèces, qui croissent dans
l'Amérique du Nord.
AMICT ou AMICTUS s. m. (a-mi — lat.
amictus, même sens). Antiq. Mot dont se
servaient les Romains pour designer tous les
vêtements de dessus dans lesquels ils s'enve-
loppaient, par oppos. aux vêtements de des-
sous : La figure qui est debout commence jus-
tement à se couvrir de son amictus, pièce
ample d'étoffe; un côté est déjà passé par der-
rière sur le bras et l'épaule gauche du person-
nage, pendafit qu'il glisse son coude droit sous
l'autre côté pour leramener àsoncou. (Chérucl.)
— Liturg. Linge bénit, de forme carrée,
dont le prêtre se couvre les épaules avant de
revêtir l'aube.
— Encycl. Dans l'origine, l'amict servait à
couvrir la tête, comme T'indique la prière que
le prêtre récite en le mettant pour dire la
messe : « Impone, Domine, capiti meo galeam
salulis. » Plus tard, on ne le porta ainsi que
pendant l'hiver, c'est-à-dire du 17 octobre (la
Saint-Cerboney), jusqu'au samedi saint, à l'of-
fice du matin, et cet usage existait encore dans
certaines paroisses au commencement du
xixe siècle. Aujourd'hui on ne se sert .plus de
l'amict que pour couvrir le cou et les épaules,
avant de revêtir l'aube, et il est également
porté par le diacre, le sous-diacre, et, dans
quelques églises, par les enfants de chœur.
— Homonyme. Ami.
AMICTE s. m. (a-mi-kte — du gr. amiktos,
pur). Entom. Genre d'insectes diptères, voisin
des taons, et renfermant deux espèces qui
vivent en Afrique.
AMICTOIBE adj. (a-mik-toi-re — du gr,
amiktos, pur). Entom. Qui ressemble à un
amicte : L'épéire amictoire est une aranéide
de Rio-Janeiro. (Walcken.)
AMICULUM s. m. (a-mi-cu-lomm — dimi-
nut. A'amictus). Antiq. Sorte de petit manteau
porté par les hommes et par les femmes, mais
plus particulier à ces dernières; il offrait
quelque ressemblance avec le mantelet d'au-
jourd'hui.
AMICUS PLATO, SED MAGIS AMICA VERI-
TAS, proverbe latin qui signifie : J'aime Platon,
mais j'aime encore mieux la vérité ; c'est-à-dire
il ne suffit pas qu'une opinion soit recomman-
dée par l'autorité d'un nom respectable comme
celui de Platon ; il faut encore qu'elle soit con-
forme à la vérité. Ce proverbe est le contraire
de la devise des disciples de Pythagore : « Le
maître l'a dit (magister dixit). »
Nous devons ce proverbe à Aristote, qui, à
son arrivée à Athènes, avait suivi les leçons
de Platon. L'élève ne tarda pas à devenir aussi
célèbre que le maître. Deux esprits de cette
valeur, faits pour régner l'un et l'autre dans
le domaine de la pensée, ne devaient pas
tarder à se séparer ; aussi Aristote, sans être,
comme on l'a dit, l'ennemi de son maître, n'a-
doptait-il pas toutes les conséquences de sa
doctrine; toutefois, lorsqu'il se trouvait en
contradiction avec lui, il savait exprimer son
opinion avec la sage mesure d'un philosophe,
et non l'amertume d'un rival. « J'aime Platon,
disaitril , mais j'aime encore plus la vérité. —
Amicus Plato, sed magis arnica veritas. »
■ Cet hommage, rendu a la vérité, quand on
la croit en désaccord avec les doctrines d'un
génie même transcendant, est passé en pro-
verbe , et l'on y fait de fréquentes allusions,
tantôt en latin, tantôt en français :
« Un philosophe de café, auquel le garçon
avaitapporté sa demi-tasse vide sur un plateau,
parodiait plaisamment ce dicton en disant :
« Amicus plateau, sed magis arnica demi-tasse. »
'Amicus Plato, sed magis arnica veritas;
c'est pourquoi, tout en rendant à M. Cousin
l'hommage qui lui est dû pour son talent, et en
lui payant le tribut de reconnaissance que lui
doit quiconque étudie aujourd'hui la philoso-
phie, je crois devoir expliquer et discuter ses
opinions. » Gatien Arnoult,
a Je vais examiner ces deux volumes en leur
appliquant le Amicus Plato..., devise trois fois
chère, j'en suis sûr, à Jules Janin, puisqu'elle
est honnête, spirituelle et latine. »
A. de Pontmartin.
o Amicus Palais-Royal, sed magis arnica ve-
ritas : nous sommes obligé de le déclarer, on
nous avait un peu surfait le succès de la pièce
de MM. Barrière et Sardou, les Gens nerveux. »
E. de Biéville.
« Mes observations sont de deux espèces :
les unes ont pour objet le fond; les autres, la
forme ; et il n'entre dans mes objections aucune
sorte de partialité; mais j'ai des doutes et je
cherche à les éclaircir : Platon est mon ami,
mais la vérité l'est plus encore. »
Fréron, Année littéraire.
AMIDALIQUE adj. ( a-mi-da-li-ke
amidon). Pharm. Se dit des préparatii
lesquelles entre l'amidon.
AMIDE s. f. (a-mi-de — rad. am, abrévia-
tion à.' ammoniaque). Chim. Nom donné à une
classe de composés qui diffèrent des sels am-
moniacaux par l'absence des éléments de l'eau,
et qui peuvent se transformer en ces sels en
reprenant les éléments de l'eau.
— Encycl. Les amides correspondent aux
acides des sels ammoniacaux, et sont désignés
par leurs noms. Ainsi l'on dit amide acétique
ou acétamide, amide oxalique ou oxamide, etc.
Les amides représentent des sels ammonia-
caux privés d'autant de fois deux équivalents
d'eau qu'ils contiennent d'équivalents d'am-
moniaque. Ainsi les acides monobasiques,
comme l'acide acétique, ne formeront qu'une
seule amide neutre; les^ acides bibasiques,
comme l'acide succinique,"en formeront deux :
l'une acide, dérivant du sel acide par élimina-
tion de deux équivalents d'eau ; l'autre neutre,
dérivant du sel neutre par élimination de
quatre équivalents d'eau. De même que les sels
ammoniacaux déshydratés donnent les amides,
les amides déshydratées donnent à leur tour
une classe de composés appelés nitriles, quand
ils proviennent Samides neutres, et imides,
quand ils proviennent Humides acides.
Les nitriles et les imides sont aux amides ce
que celles-ci sont aux sels ammoniacaux. Il y
a là deux séries parallèles, dont l'une a pour
termes extrêmes le sel ammoniacal neutre et
son nitrile, l'autre le sel ammoniacal acide et
son imide. Ce qui est digne de remarque, c'est
que la différence entre terme et terme consiste
toujours dans deux molécules d'eau. Traitées
par la potasse, les amides dégagent de l'am-
moniaque et donnent naissance à un sel de
potasse. Traitées par l'acide azoteux, elles
dégagent de l'eau et de l'azote, et laissent libre
l'acide d'où elles dérivent. Les chimistes uni-
taires rattachent les amides au type ammo-
niaque. La première amide a été découverte
en 1830, par M. Dumas.
AMIDÉj ÉE adj. (a-mi-dé — rad. amidon).
Chim. Qui contient de l'amidon : Acides ami-
AMIDIN s. m. (a-mi-dain — rad. amidon).
Chim. Tégument lisse formant la partie ex-
térieure de chaque grain d'amidon.
AMIDINE, AMIDONE OU AMIDONITE S. f.
(a-mi-di-ne, do-ne, do-ni-te — rad. amidon).
Chim. Principe immédiat des grains d'ami-
don. Les diverses fécules mêlées à l'eau for-
ment, à une haute température, une sorte
de sirop qui donne, en se refroidissant, des
grains d'une ténuité extrême et parfaitement
uniformes. Ces grains constituent l'amidine.
AMIDOGÈNE s. m. (a-mi-do-jè-ne — do
amidure et du gr. gennaô, j'engendre). Chim.
Radical hypothétique qui représente de l'am-
moniaque privée d'un équivalentd'hydrogène.
V. Amidure.
AMIDOLÉ, ÉE adj. (a-mi-do-lé— rad. ami-
don). Pharm. Se dit des médicaments prépa-
rés par extraction, et contenant des fécules.
AMIBOLIQUE adj. ( a-mi-do-li-ko — rad.
amidolé). Se dit de médicaments qui doivent
leur existence et leurs propriétés générales
à la présence de l'amidon, ou à celle de quel-
que autre fécule, comme les pâtes, lés colles
et les bouillies : Médicaments amidoliques.
AMIDON s. m. (a-mi-don — du gr. amulon;
de a priv. et de mule, meule; c'est-à-dire,
farine obtenue sans le secours de la meule ).
Chim. Substance organique qui se trouvo
dans un grand nombre de plantes, surtout
dans les graines des céréales.
— Encycl. L'amidon est une matière blanche,
brillante et sans saveur, formée de grains
pulvérulents généralement arrondis, parfois
ovoïdes ou allongés. Cette substance existe
dans une foule de plantes, principalement dans
les semences des céréales et des légumineuses, ■
dans les tubercules de la pomme de terre et
de l'orchis, dans les tiges de certains palmiers,
dans' plusieurs lichens, dans les fruits du mar-
ronnier d'Inde, du chêne, du châtaignier, etc.
On lui donne des noms particuliers suivant le
végétal qui l'a fournie : ainsi, on appelle ami-
don proprement dit celui des céréales ; fécule,
celui de la pomme de terre ; sagou, celui du
palmier- sagouier ; tapioca, celui du manioc, etc.
Quelle que soit son origine, l'amidon a la même
composition : il ne diffère que par la forme et
le volume de ses grains.
Le grain d'amidon doit être considéré comme
un corps organisé. Il est formé de couches
concentriques pressées les unes sur les autres.
Cette structure se traduit au microscope par
des lignes circulaires qu'on observe autour
d'un point obscur appelé hile. Le hile se trouve
placé à la périphérie du grain d'amidon, C'est
la cicatrice d'un canal que la matière amylacée
est venue peu à peu oblitérer par le dépôt de
couches successives. En faisant chauffer les
grains d'amidon au contact de l'eau, on dé-
termine la désagrégation des pellicules qui
les composent; ces pellicules désagrégées
s'appliquent fortement les unes contre les au-
tres, deviennent adhésives, et se prennent en
une sorte de gelée qu'on appelle empois. A
150», l'amidon, mélangé avec l'eau, forme un
sirop transparent, fluide, qui, en refroidissant,
laisse déposer une grande quantité de petits
grains solubles dans l'eau de 70» à 100°.
La désagrégation de l'amidon est suivie de
sa métamorphose. A 170» il se transforme en
dextrine soluble, laquelle se change elle-même,
à ISO", en sucre de raisin ou glucose. Les acides
minéraux étendus, et la plupart des acides
organiques (l'acide acétique est une exception
à cette règle), font éprouver a la matière
amylacée de semblables transformations.. Il en
est de même d'une substance quaternaire qui
se forme dans la germination et à la base des
bourgeons, et qu'on appelle diastase. Il suffit
de la présence d'une seule partie de diastase
pour convertir en dextrine deux mille- parties
d'amidon. La moindre parcelle d'iode commu-
nique à l'amidon une magnifique coloration
bleue, qui disparaît à chaud,mais qui reparaît
par le refroidissement. Aussi rien n'est-fl plus
facile que de déceler par l'iode la présence de
l'amidon, et par l'amidon la présence de l'iode.
— L'amidon des céréales s'emploie pour don-
ner de l'apprêt au linge. Les fabricants d'in-
dienne en font usage pour épaissir les mor-
dants, les confiseurs pour faire des dragées ;
il sert aussi a la préparation de la colle de
pâte. Autrefois, on eh consommait une grande
quantité pour poudrer les cheveux. En méde-
cine, on emploie l'amidon sous forme de lave-
ments (16 à 32 grammes dans un litre d'eau).
On s'en sert aussi dans le traitement des
fractures pour coller les bandes de l'appareil
inamovible. Dans l'industrie, on extrait ce
produit des blés et des orges avariés- Après
avoir grossièrement moulu le grain, on le
soumet à une longue fermentation qui détruit
le gluten et permet ainsi à l'amidon de se sé-
parer! Il ne reste plus alors qu'à laver ce der-
nier et à le faire sécher. En séchant, l'amidon
se divise en prismes irréguliers, qu'on livre au
commerce sous le nom d'amidon en aiguilles.
Ce procédé ayant le défaut de détruire le glu-
ten, M. Emile Martin, pharmacien a Vervms,
276
AMI
en a créé un autre, en 1837, qui conserve cette
substance. .
AMIDONE et AMIDONITE S. f. V. AmIDINE.
. AMIDONNANT (a-mi-do-nan) part. prés, du
v. Amidonner.
AMIB.ONNÉ, ÉE (a-mi-do-né) part, pass.
du v. Amidonner : Linge amidonné. Robe ami-
amidonnerv. a. ou tr. (a-mi-do-né —
rad. amidon). Enduire d'amidon : Amidonner
lé linge, il On dit plutôt aujourd, empeser.
S'amidonner, v. pr. Etre amidonné, en par-
lant du linge, il Autrefois, Se mettre de l'a-
midon sur la figure, dans les cheveux, se
poudrer' :
• Mais qu'un abbé tous les jours s'amidonne,
, . Et qu'à pas comptés ca poupin,
Çur la pointe d'un escarpin,
Marche toujours droit comme un pin.
C'est là ce; qui m'étonne. Panard.
AMIDONNERIE OU AMIDONNIÈRE S. f.
(a-mi-do-ne-rî, a-mi-do-ni-è-re — rad.' ami-
don), Fabrique d'amidon.
AMIDONNIER, 1ÈRE s. (a-mi-do-ni-é, è-re
— rad. amidon). Celui, celle qui fabrique de
l'amidon; marchand, marchande d'amidon.1
— adj. : La vie des ouvriers amidonnikrs j;a-
rait être moins longue que celle d'autres ou-
vriers. (Cad.-Gassic.)
AMIDONNIÈRE s. f. (a-mi-do-ni-èrre — rad.
amidon}. Techn. Fabrique d'amidon, h Sorte
d'auge allongée où l'on prépare l'amidon, dans
le procédé de M. -Emile Martin, de Vervins.
AMIDURE s. m. (a-mi-du-re — rad. am,
abrév. de ammoniaque). Chim. Combinaison
du radical hypothétique appelé amidagène avec
un métal. Les amidures représentent de l'am-
moniaque dans laquelle un équivalent d'hy-
drogène est remplacé par un équivalent de
métal.
AMIE s. f. (a-mï — du gr. amia, espèce de
thon). Ichth. Genre de poissons qui a pour
type le scombre pelamys : Le goût de la chair
de i'AMiE n'est pas assez agréable pour qu'elle
soit très-recherchée. (Lacép.) Il Le même nom
a été appliqué à tort, par plusieurs natura-
listes, à des poissons de différents genres.
AMIÉNOIS, ancien pays de France, dans la
Picardie, ch.-lieu Amiens. Il comprenait
Amiens, Corbie, Douîlens, Picquigny, Poix,
Conti.etc. II forme aujourd'hui une partie des
dép. dé la Somme et de l'Oise. Philippe-Au-
guste unit ce comté à la couronne en 1185;
Charles VII le céda à Philippe le Bon, duc
de Bourgogne, en 1435, et, en 1477, à la mort
de Charles le Téméraire, il fut réuni de nou-
veau à la France.
w Amiénois. L'industrie
AM1ENOISE.
AMIENS, ch.-lieu du dép. de la Somme, à
128 kil. N. de Paris, sur la Somme, autrefois
ville forte, cap. de la Picardie; pop.- aggl.
50,318 ; — pop. tôt. 58,780 bab. L'arr. a 13
cant., 249 comm., 192,698 hab.Evêché.acadé-r
mie universitaire, cour impériale? nombreuses
fabriques de tissus, de vefours dits à'Utrecht,
de tapis , etc. ; pâtés de canard renommés ;
patrie de Pierre l'Ermite, de Fernel, médecin
de Henri II, de Ducange, de Voiture, de Gres-
set, de l'astronome Delambre, du grammairien
Wailly, de Génin. Centre des opérations de
Jules César contre les Belges, elle fut habitée
par plusieurs empereurs romains.
Amiens est riche en monuments renrar-
La cathédrale (Notre-Dame d' Amiens) ,1'un
des plus beaux monuments religieux que pos-
sède la France. Evrard du Fouilloy, 45&éveque
d'Amiens, posa, en 1220, la première pierre de
cette magnifique basilique ; elle fut construite
sur les plans de René de Luzarches, qui mou-
rut après en avoir dirige-les premiers travaux.
Ce furent les architectes Thomas de Cormont
et son fils Renault qui poursuivirent et termi-
nèrent (1288) l'œuvre de cet homme de génie.
Toutefois, les deux grandes tours ne furent
achevées que plus de cent ans après. — Bien
qu'il soit facile de reconnaître, dans plusieurs
parties de l'édifice, les modifications subies par
le style gothique du commencement à la fin
de /entreprise, on peut considérer la cathé-
drale d'Amiens comme une des productions les
plus parfaites de l'architecture ogivale.
La façade principale est décorée des orne-
ments les plus riches et les plus délicats. Le
portail est divisé en trois porches formant
avant-corps et présentant de profondes vous-
sures, dont les arcs multipliés sont garnis de
statuettes. Le système d ornementation est
d'ailleurs le même pour ces trois porches ; mais
celui du milieu, appelé Porte du Sauveur, est
décoré avec une profusion toute particulière :
les sculptures du tympan représentent le Ju-
gement dernier, la Résurrection des morts, la
Séparation des bons et des méchants. Les Vices
et les Vertus sont mis en opposition sur les
faces latérales ; les Sept Péchés capitaux sont
représentés par des figures dont quelques-
unes ne sont rien moins que décentes, et on
remarque comme pendants les Elus, qu'un
AMI
'ange introduit dans le paradis. Des séraphins,
des prophètes, des apôtres complètent cet en-
semble si naïf. Le porche de droite n'a de re-
marquable que la figure de la Vierge écrasant
la tête d'un monstre à face humaine. Celui de
gauche, appelé Porte Saint - Firmin , parce
qu'il est décoré de la statue de ce martyr, offre
une foule de bas-reliefs dont les plus curieux
sont ceux qui représentent les douze signes du
zodiaque, les quatre saisons et les douze mois
de l'année, figurés par la représentation des
travaux auxquels on a coutume de se livrer
pendant chacun de ces mois. — Les deux ga-
leries qui décorent la partie supérieure de la
façade sont d'un style très-élégant ; dans les
entre-colonnements de l'une d'elles sont ran-
gées les statues des rois de France qui avaient
occupé le trône jusqu'à l'époque où l'église fut
construite. La grande rose pratiquée au-dessus
de cette galerie se distingue par la délicatesse
merveilleuse et l'entrelacement hardi de ses
meneaux. Une troisième galerie relie les deux
tours quadrangulaires qui couronnent l'édifice.
— Les façades latérales méritent également
l'attention : celle du nord se distingue par une
noble simplicité: elle n'a pour toute décora-
tion que la statue de saint Firmin, surmontée
d'un dais d'une structure gracieuse ; celle du
sud présente trois entrées enrichies de sculp-
tures intéressantes. De ce côté, on peut em-
brasser, du regard les proportions imposantes
de l'édifice, la prodigieuse élévation des com-
bles et la flèche octogonale qui les domine.
Cette fl<U'ne. qui ne mesure pas moins de 70
mètres de haut avec le coq, et qui a 24 mètres
de circonférence, ne date que de 1533. Elle a
été construite sur les plans d'un simple char-
pentier picard, Louis Cordon, a la place du
clocher primitif, de forme carrée, détruit par
la foudre en 1527. Bien qu'elle ne soit pas
complètement, en harmonie avec le style py-
ramidal du reste de l'édifice, on s'accorde à la
regarder comme un ouvrage des plus auda-
cieux et des plus admirables en son genre.
Elle est faite entièrement de bois de chêne et
de châtaignier, et les diverses pièces de la
charpente se soutiennent sans chevilles, les
tenons étant simplement emboités dans les
mortaises du pivot. Elle repose sur quatre
poutres de 16 mètres de longueur, appuyées
sur les quatre maîtres piliers du transept.
L'intérieur de Notre-Dame d'Amiens répond
pleinement à la majesté imposante de l'exté-
rieur. Sa longueur dans œuvre est de 138
mètres ; la nef a 14 mètres de large et34 mètres
de haut. Le plan forme la croix latine ; il com-
prend une nef, un chœur, un transept et deux
bas-côtés bordés de chapeu"? Oent vingt-six
piliers d'un seul jet, formes de colonnettes
réunies en faisceau , supportent les voûtes
terminées en ogives dont les arceaux se croi-
sent diagonalement. Une immense galerie en-
toure l'édifice, et de hautes fenêtres laissent
pénétrer un jour mystérieux à travers de
superbes vitraux. Les fenêtres des chapelles
des bas-côtés et du chœur se font remarquer
par d'élégantes nervures. L'abside est disposée
en hexagone au lieu de l'être en hémicycle,
comme la plupart de celles de la même époque.
L'ameublement religieux et les divers orne-
ments, successivement introduits dans la' ca-
thédrale, sont dignes de l'architecture.' Le
buifet d'orgues, qui date de 1422, est placé sur
une tribune en bois dont on admire la har-
diesse. La boiserie de la montre est enrichie
d'ornements dorés extrêmement curieux. Les
stalles qui garnissent les deux côtés du chœur,
et qui offrent une foule de petites figures et de
bas-reliefs dont les sujets sont empruntés à
l'Ancien et au Nouveau Testament, passent
pour des modèles achevés de sculpture go-
thique : Arnoult Boullin et Al. Huet, tous deux
maîtres menuisiers d'Amiens, terminèrent ce
beau travail en 1522. La chaire, que suppor-
tent les Vertus théologales, est encore un mor-
ceau accompli , dû au ciseau d'un sculpteur
amiénois du xvine siècle, nommé Dupuis. Nous
citerons enfin, comme méritant de fixer l'at-
tention, les grilles du chœur, les bas-reliefs
représentant la vie de saint Jean-Baptiste et
celle de saint Firmin, les tombeaux en cuivre
des évêques Evrard du Fouilloy et Godefroy
d'Eu, fondateurs de la cathédrale, les mau-
solées plus modernes du cardinal Hémard ,
de Gérard de Conchy , de Pierre Sabatier,
du cardinal Jean Delagrange, surintendant
des finances sous Charles V, et celui du cha-
noine Lucas, sculpté par Nicolas Blasset, habile
artiste qui florissait a Amiens pendant la pre-
mière moitié du xvn« siècle. — C'est dans cette
même église que reposent Gresset, l'auteur de
Vert-Vert, et le chanoine de la Morlière, qui
a publié, au xvie siècle, un livre très-curieux,
en vers et en prose, sur les Antiquités de la
ville d'Amiens.
Les autres édifices et établissements remar-
quables d'Amiens sont :
îo L'Hôtel de ville, commencé en 1600 et
terminé seulement en 1760 ; l'architecture en
est simple et de bon goût. La grande salle du
conseil renferme quelques tableaux de Van-
loo, de Vien, de Lagrenée, de Boucher, etc.,
envoyés par le gouvernement à l'occasion du
congrès d'Amiens, et laissés à la ville sur la
recommandation de Joseph Bonaparte, qui as-
sistait comme plénipotentiaire à cette réunion ;
2o La Bibliothèque, construite sous la Res-
tauration. Elle renferme 45,000 volumes et
environ 500 manuscrits. Sa façade présente,
entre deux pavillons- en saillie, un péristyle
composé de dix colonnes d'ordre dorique ;
AMI
30 La salle de spectacle, réputée pour sa
sonorité. Les sculptures de la façade font hon-
neur à M. Carpentier, sculpteur d'Amiens ;
40 Le Musée Napoléon, dont les travaux
de décoration et d'aménagement intérieur ne
sont pas encore achevés, et qui possède déjà
plusieurs œuvres d'art d'une valeur réelle.
Entre autres peintures modernes, on y re-
marque les beaux tableaux de M. Puvis de
Chavannes, Bellum et Concordïa, le Repos et
le Travail, qui ont été justement admirés, les
deux premiers au salon de 1861; les deux autres
au salon de 1863. En outre, M. Puvis de Cha-
vannes a exécuté dans ce monument diverses
peintures décoratives. Un des plafonds est dû
à M. Barrias ; il représente la Picardie invi-
tant les Arts à orner le Musée Napoléon.
Amiens (paix d'). Après le 18 brumaire, le
premier consul avait senti le besoin de calmer
les justes susceptibilités éveillées par cette
brusque substitution d'une individualité glo-
rieuse à un gouvernement faible, sans doute,
mais qui s'appuyait sur une incontestable léga-
lité. Toutefois, la guerre avec l'Angleterre
constituait une perpétuelle menace contre
cette œuvre de. pacification. Heureusement
les deux peuples ressentaient également un
besoin profond de la paix. Le premier consul,
avec cette franchise qui convient à la force
et au génie, ne craignit pas de faire les
premières ouvertures. Le moment, d'ailleurs,
était favorablement choisi : le ministère Ad-
dington avait succédé au gouvernement de
pitt , et des conférences diplomatiques s'ou-
vrirent aussitôt à Londres entre lord Haw-
kesbury et M. Otto, notre ambassadeur.
L'Angleterre afficha d'abord des prétentions
inacceptables, demandant que l'on restituât à
la Porte l'Egypte, qu'elle voyait sur le point
de nous échapper, tandis qu elle conserverait
toutes ses conquêtes, c'est-à-dire, en Asie,
l'Indoustan ; dans la mer des Indes, l'île de
Ceylan, enlevée aux Hollandais; dans les An-
tilles, la Trinité, conquise sur les Espagnols,
ou la Martinique, arrachée à la France; enfin
Malte, dans la Méditerranée. Les Hollandais
et les Espagnols étaient nos alliés, et le pre-
mier consul se refusa généreusement au sa-
crifice de leurs intérêts, qu'il soutint avec la
même chaleur que ceux de la France. Il prit
un ton menaçant, et laissa percer l'intention
qu'il nourrissait au fond du cœur, de franchir
le détroit de Calais à la tète de cent mille
hommes et de se jeter sur l'Angleterre pour
périr ou pour l'étouffer dans ce suprême effort.
En même temps, il publiait dans le Moniteur
des réflexions où, tout en caressant les minis-
tres actuels et en ménageant habilement l'or-
gueil britannique, il faisait le récit détaillé des
armements préparés sur la côte de Boulogne,
et parlait à l'Angleterre et à l'Europe un lan-
gage plein de fierté, de logique et de raison.
C'est en terminant un de ces articles qu'il écrivit
ces belles paroles, qui devaient un jour se re-
tourner si amèrement contre lui : « Heureuses
les nations, lorsqu'arrivées à un haut point de
prospérité, elles ont des gouvernements sages,
qui n'exposent pas tant d'avantages aux ca-
prices et aux vicissitudes d'un seul coup de la
fortune I » Ce langage ouvert et saisissant
produisit une sensation profonde; les deux
gouvernements se rapprochèrent en formulant
des conditions moins exclusives, et l'œuvre
pacifique reprit son cours, entravée quelque-
fois par les partisans de la guerre, mais sou-
tenue par les efforts des amis sincères de leur
pays.
Cependant la nouvelle de nos premiers re-
vers en Egypte pouvait exercer une influence
fâcheuse sur les négociations, en prêtant un
nouvel appui aux exigences du cabinet an-
glais ; mais deux échecs successifs qu'essuya
le plus grand homme de mer de l'Angleterre,
Nelson, dans sa double attaque contre notre
escadrille de la Manche (août 1801), furent un
heureux contre-poids jeté dans la balance de
la France. Les hésitations des ministres bri-
tanniques tombèrent devant les deux combats
de Boulogne, et surtout devant la cession de
l'île de la Trinité, à laquelle M. Otto avait été
enfin autorisé par le premier consul, justement
irrité de l'indigne conduite que le prince de la
Paix, dans une circonstance récente^ venait
de tenir à l'égard de la France. Bientôt il ne
resta plus que des difficultés de détail, con-
cernant larédaction des préliminaires du traité,
difficultés qui furent promptement levées
-par les négociateurs, tous deux hommes de
bonne foi, et qui avaient l'ambition bien légi-
time de placer leur nom au bas de l'un des plus
grands traités de l'histoire. L'Angleterre con-
servait Ceylan, le continent de rlnde, et l'île
de la Trinité. Aux Hollandais, elle restituait le
Cap, Demerari, Berbice, Essequibo etSurinam ;
aux Français, la Martinique et la Guadeloupe ;
aux Espagnols, Minorqne, et Malte à l'ordre
de Saint-Jean de Jérusalem; enfin l'Egypte
était évacuée par les troupes des deux nations
et rendue à la Porte. De plus, l'Espagne ga-
gnait Olivença en Portugal, la Toscane en
Italie, et la Hollande était délivrée du stathou-
der. Ainsi, dans cette lutte de dix années,
l'Angleterre s'était emparée de l'empire des
Ifldes^ sans que l'acquisition de l'Egypte par
la France en devînt le contre-poids ; mais la
France avait changé la face ou continent à
son profit, conquis les formidables lignes des
Alpes et du Rhin, arraché à l'Autriche l'éternel
objet de sa convoitise, l'Italie ; elle avait hu-
milié la Russie, et l'on peut dire qu'aucune
puissance n'exerçait dans le monde un près-
a:ji
tige égal au sien. Telles étaient les consé-
quences de ces préliminaires de paix, au bas
desquels M. Otto eut la joie d'apposer son
nom, le l«r octobre (1801), joie profonde, sans
égale, car jamais négociateur n'avait eu le
bonheur d'assurer par sa signature tant de
grandeur à sa patrie. On convint de laisser
cette grande nouvelle secrète a Londres pen-
dant vingt-quatre heures, afin que le courri"
de la légation française fût le premier à l't
noncer à son gouvernement. Il arriva le 3 oc-
tobre à la Malmaison , où les trois consuls
étaient réunis, et aussitôt l'heureuse nouvelle
se répandit a Paris avec la rapidité de l'éclair.
Le canon retentit dans les rues, la conclusion
de la paix fut affichée sur tous les théâtres,
et, le soir, les illuminations brillèrent dans
toute la capitale. Mais si le contentement était
vif et général en France, il était poussé en
Angleterre jusqu'au délire. Le peuple de Lon-
dres surtout se livra à ces transports enthou-
siastes qui sont particuliers à la nation anglaise.
Les voitures publiques partant de Londres por-
taient ces mots, écrits à la craie et en grosses
lettres : Paix avec la France. Alors on les arrê-
tait, on les dételait et on les traînaiten triomphe.
Lorsque M- Otto, et le colonel Lauriston por-
teur des ratifications, montèrent en voiture
pour se rendre chez lord Hawkesbury, la même
scène se renouvela, et le peuple s'obstina à
traîner lui-même les deux Français d'un mi-
nistre chez un autre. Dans cet instant, mal-
heureusement trop court, lesAnglais croyaient
presque aimer la France ; ils adoraient le héros
qui la gouvernait, et criaient : Vive Bonaparte!
avec tous les transports de l'enthousiasme. Il
y a des jours où les peuples, comme les indi-
vidus, fatigués de se liaïr, éprouvent le besoin
d'une réconciliation même passagère, même
trompeuse. Combien alors tous les cœurseus-
sent été glacés, si, le voile qui cachait l'ave-
nir venant à tomber tout à coup; les Français
et les Anglais avaient pu voir devant eux
quinze ans d'une guerre acharnée, le continent
et les mers inondés du sang des deux peuples!...
« Telle est la joie humaine, dit notre historien
national ; elle n'est vive; elle n'est profonde,
qu'à la condition d'ignorer l'avenir. Remercions
la sagesse de Dieu d'avoir fermé aux hommes
le livre du destin! »
Il fut convenu que des plénipotentiaires se
réuniraient dans la ville d'Amiens, point inter-
médiaire entre Londres et Paris, pour y rédiger
le traité définitif. Le gouvernement britannique
fit choix d'un des plus honorables vétérans de
l'armée anglaise; lord Cornwallis ; le premier
consul, de son coté, confia cette mission à son
frère Joseph, que son caractère plein de dou-
ceur et d aménité rendait merveilleusement
propre au rôle de pacificateur, qui lui était
habituellement réservé. Six mois après l'adop-
tion des préliminaires, le 27 mars 1805, à l'hôtel
de ville d'Amiens, les deux négociateurs appo-
sèrent leur signature au bas du traité définitif ;
puis, au nom des deux premières nations de
l'univers se réconciliant à la face du monde,
ils s'embrassèrent cordialement, aux acclama-
tiops des assistants émus et transportés. Certes,
une telle scène devait être grandiose et so-
lennelle, car elle fermait le temple de Janus
sur dix années de la plus horrible lutte qui ait
armé deux nations ennemies. Malheureuse-
ment, cette réconciliation de deux grands peu-
ples ne devait être qu'éphémère !
amierte s. f. (a-mi-èr-te). Comm. Sorte
de toile de coton des Indes.
AMIGDALE S. f. V. AMYGDALE.
AMIGNARDER v. a. ou tr. (a-mi-gnar-dé ;
gn mil. — rad. mignard). Caresser, flatter,
cajoler. Mot du vieux langage.
AMIGNONNER v. a. ou tr. (a-mi-gno-né ;
gn mil. — rad. mignon). Cajoler, flatter. Vieux
AMIGNOTER v. a. ou tr. (a-mi-gno-té ; gn
mil. — rad. mignot). Flatter, caresser. Vieux
mot.
AMIGONI (Jacopo), peintre vénitien, né en
1675, se rendit de bonne heure en Flandre
pour y
étudie]
s chefs-d'œuvre des artistes
_ nombreux portraits et diverses compo-
itions historiques ou mythologiques, entre au-
tres les Amours de Jupiter et d'Io, à More-Park,
château du comté d'Hertfort. 11 travailla aussi
en Allemagne, et devint par la suite peintre de
la cour d'Espagne : il mourut dans ce dernier
pays en 1752. Beaucoup de facilité, un coloris
plus brillant que juste, une touche spirituelle
et vive, tels sont les caractères distinctifs de
la manière de cet artiste, dont les œuvres ne
sont pas rares en Angleterre. Nous ne possé-
dons rien de lui en France.
A-MI-LA s, m. (a-mi-la). Mus. Se disait
autrefois de la note la : Air en a-mi-la. (Acad.)
Il Ce terme a vieilli.
L'air que vous entendez est Tait en ami-la.
Reonard.
u petit instrument d'acier
1! Se disait ai
à deux branches qu'on 1
diapason.
AM1LCAB, général carthaginois, fils de Ma-
gon, commanda une expédition formidable
contre la Sicile, et fut vaincu par Gélon, tyran
de Syracuse, le jour même de la bataille de
Salamine. Lui-même perdit la v;" **•"* wtl"'
aujourd'hui
s dans cette
AM1LCAR, général carthaginois, Jils de Gis-
AMI
con. Envoyé en Sicile contre Agathocle, il le
défit et mit le siège devant Syracuse. C'est
alors que ce prince, par une des diversions les
plus hardies dont parle l'histoire, alla porter
ta guerre en Afrique. Amilcar continua le siège
de la place ; mais ayant été fait prisonnier dans
une sortie, il eut la tête tranchée par les Syra-
cusains (309 av. J.-C.).
AMILCAR, général carthaginois , surnommé
Darca, père d'Annibal et le plus célèbre de
tous les généraux qui ont porté le nom d'Amil-
car, fit ses premières armes en Sicile et sur les
côtes de l'Italie. De retour à Carthage, il ré-
prima une révolte des troupes mercenaires,
puis il passa en Espagne, dont il subjugua une
grande partie, dans I intervalle de la pre.mière
à la seconde guerre punique, et où il fut tué,
l'an 228 av. J.-C. Au moment de quitter Car-
thage, il avait fait jurer à son fils, aux pieds
des autels , une haine éternelle aux Romains.
AMILCAR, général carthaginois, fils de Bo-
milcar, se battit centre les Scipions en Es-
pagne , et y fut vaincu avec Asdrubal , l'an
215 av. J.-C.
AMILLY, commune du dép. du Loiret, ar-
rond. de Montargis ; pop. aggl. 179 hab. — '
pop. tôt. 2,263 hab.
AMIMONE s. m. V. Amymone.
AMIN s. m. {a-minn — mot arab.). Syndic
do la ville d'Alger, il Nom donné, dans la
Kabylie, à un magistrat qui remplit des fonc-
tions municipales, civiles, judiciaires, etc. :
//amin représente à lui seul ce que tious nom-
mons chez nous maire , juge de paix , receveur
des contributions, etc.
— Encycl. Vamin est élu par la djemaa,
assemblée qu'on trouve dans chaque village
et qui s'occupe des questions d'intérêt général,
des affaires civiles, des causes criminelles, qui
vote les impôts, etc. (V. Djemaa.) C'est lui qui
préside cette assemblée, et ses fonctions offrent
des difficultés sans nombre et se multiplient à
l'infini. En effet, d'une part, il commande à des
hommes ombrageux , toujours prêts à so ré-
volter; de l'autre, il est chargé de donner des
renseignements sur l'esprit de la population ,
de maintenir la tranquillité publique, de livrer
aux tribunaux ceux que la rumeur publque
accuse de crimes, de protéger les orphelins ,
les opprimés, de veiller aux intérêts de l'ab-
sent, etc. Sous le rapport financier, Vamin est
dépositaire des fonds communaux ; il perçoit,
fait recouvrer les impôts, inflige et recueille
les amendes, et dresse tous les ans le budget
communal. Le gouvernement français a senti
combien les amins pouvaient lui être utiles ,
aussi les a-t-il conservés; mais, il les a asser-
mentés, il leur a donné un traitement, et par
cela même, il leur a ôté toute indépendance, et
leur a imposé une responsabilité qu'ils n'a-
vaient pas auparavant. Ils sont assistés, et
même contrôlés, surtout comme collecteurs,
par les dahmans, représentants de chaque vil-
lage ou fraction de village. V. Dahman.
si) part. pass. du v,
AMINCI, IE (a-
Amincir : Planche i
taille est amincie.
ï.'Lam,
ï. Sa
AMINCIR V. a.
mince). Rendre pli ... ......
de bois. Les corsets amincissent la taille,
{Acad.)
mot en passant l'ait froissé,
tr. (a-main-sir — rad.
1 Amincir «ne pièce
AMÎ
n'imaginèrent jamais de faire juger deux fois
un accusé pour augmenter son supplice, ou
pour le traiter en criminel après qu'il avait
été déclaré innocent; jurisprudence cruelle,
dont le contraire est raisonnable et humain ;
Aminta ou Aminie , drame pastoral , par le
Tasse. Cette charmante production forme une
époque à part dans l'histoire de la littérature
italienne. Ce n'est pas qu'on n'ait essayé, avant
le Tasse, de transporter les bergers sur la scène;
AMI
277
laminoir. (Acad.)
— Antonyme. Epaissir.
AMINCISSANT (a-main-si-san) part. prés,
du v. Amincir : Les cloisons du polypier vont
«'amincissant graduellement de dehors en de-
dans. (Milne Edwards.)
AMINCISSEMENT s. m. (a-main-si-se-man
— rad. amincir). Action d'amincir; état de ce
qui est aminci : //'amincissement d'une lame
de plomb, /-'amincissement de la taille.
AMINE s. m. (a-mi-ne). Entom. Genre de
diptères, établi sur une seule espèce trouvée
dans les environs de Paris.
AMINÉEN adj. et s. m. (a-mi-né-ain — de
Aminœa, canton de Campanie renommé pour
ses vins). Antiq. Se disait d'un vin fort estimé
des Romains. Pline le préférait à tous les au-
tres, à cause de la force qu'il acquérait en
vieillissant.
AMINÉENS s. m. pi. (a-mi-né-ain). Géogr.
anc. Peuples de la Thessalie, qui, suivant
Aristote, s'étant établis dans le Latium , y
plantèrent des vignes de leur pays.
AMINEUR s. m. (a-mi-neur — rad. minot).
Se disait autrefois des employés chargés, dans
les. greniers à sel, de mesurer le sel dont on
faisait la distribution.
A MINIMA loc. adv. (a-mi-ni-ma — du lat.
ininimus, très-petit). Jurispr. Se dit de l'appel
que fait le ministère public dans les affaires
correctionnelles, lorsqu'il croit devoir, dans
l'intérêt de la société, demander l'application
d'une peine plus forte que celle dont on a
frappé le condamné. Voici l'opinion de Vol-
taire sur cette particularité de notre légis-
lation : t ... Sorte de jurisprudence inconnuo
lux Romains, nos maîtres en législation, qui
amiralis de Linné. Lo nom d'amiral a été
donné par extension à plusieurs espèces du
condamné à mort et décapité
autres personnes réputées ses complices, mais
r l'avaient eu en réalité aucun rapport
clui.
- rad. t
de spectacle acquit un degré de perfection
jusqu'alors inconnu , et YAminte en est resté
le modèle. L'âme de l'auteur a passé tout en-
tière dans cette élégie dramatique : les carac-
tères, les mœurs, les passions, tout est idéal,
et le style en est d'une pureté et d'une grâce
exquises.
AMINTAS (fossé d') s. m. (a-main-tass).
Anc. chir. Bandage pour le nez, cité par Galien.
AMINTE s. t. (a-main-te). Entom. Genre
d'insectes diptères, voisin des faunies, renfer-
mant plusieurs espèces, dont une se rencontre
souvent sur lés fleurs des ombellifères.
ASl
Chin
1794. Ses ouvrages contiennent d'utiles ren-
seignements sur l'histoire, la littérature et les
arts de la Chine. Les plus importants sont :
Art militaire des Chinois; Vie de Confueius,
puisée aux sources authentiques ; Grammaire
tartare-mantehou, etc.
AMIOT, le traduct. de Plutarque. V. Amyot.
AMIQ BOKIIARI, poëte persan qui vivait
dans le vie siècle de l'hégire et s'était fixé
à la cour du sultan Seldjoucide Sandjar. Il
composa un poème sur l'histoire de Joseph. Il
est surtout célèbre par ses élégies, celle entre
autres qu'il écrivit sur la mort de la fille du
sultan Sandjar, nommée Mahimulk.
AMIQUE adj. (a-mi-ke — rad. amide). Chim.
Nom sous lequel on désigne souvent les
amides acides.
amiral s. m. (a-mi-ral — de l'arab. amir,
chef, ou, plus directement, de amir al bakr,
commandant de la mer, par apocope de la
dernière syllabe). Officier général, le plus
élevé en grade dans la marine de l'Etat : La
charge «{'amiral de France était une des gran-
des charges de la couronne. (Acad.) Les ami-
■ raux furent assimilés aux maréchaux de
Calmez-vous, amiral; vous, Guise, respectez
Un vieillard, ma puissance et la fol des traités.
M.-J. Chékier.
Il Ancienn. , Commandant des forces aussi
bien de terre que de mer : L' amiral de Co-
liyny. Une ordonnance de Philippe IV dispose
que chaque aile d'armée doit être conduite par
un prince ou un amiral ou maréchal. (Général
Bardin.)
— Amiral ou grand amiral, La quatrième
dignité de l'ordre de Malte, il Autrefois, Chef
niers grands amiraux de France. — Cette
dignité est aujourd'hui supprimée.
— Encycl. La dignité d'amiral parait avoir
été introduite en France par saint Louis, qui
l'emprunta aux Arabes. Florent de Varennes
en était investi en .1270. Sous l'ancienne mo-
narchie, l'amiral prenait rang parmi les grands
officiers de la couronne ; il était regardé comme
le général des armées navales et le chef de la
marine. En 1322 , Charles IV créa un grand
amiral, auquel il conféra des prérogatives
encore plus considérables. Supprimée en 1627
par Richelieu, rétablie en 1669 par Louis XIV,
cette charge fut définitivement abolie en 1791,
Ïiar l'Assemblée nationale. En 1S05, Napo-
ôon 1er conféra le titre de grand amiral à
son beau-frère Murât, mais ce ne fut qu'un
titre sans fonctions sérieuses. U en fut de
même lorsque Louis XVIII investit de cette
dignité le duc d'Angouléme, en 1814. Depuis
1830, il n'y a plus dans la marine française
que des amiraux, des vice -amiraux et des
contre-amiraux. L'amiral est l'officier le plus
élevé de la flotte : son grade correspond à celui
de maréchal de France, dans l'année de terre ;
leur nombre est très-limité. Le vice-amiral,
qui vient immédiatement après, a le même
rang que le général de division ; enfin, le grade
de contre-amiral correspond à. celui de gé-
néral de brigade.
AMIRAL , ale adj. (a-mi-ral a-le — rad.
amiral). Se dit du vaisseau ou de la frégate
montée par un amiral : Le vaisseau amiral
donna le signal de la retraite.
L'incendie, attaquant la frégate amirale.
Déroule autour des mâts son ardente spirale.
— Substantiv., L'amiral, Vaisseau établi
dans les grands norts? sur lequel se font les
inspections, où siegeni les conseils de guerre
et s'exécutent les jugements qu'ils pronon-
cent : //'amiral a tiré le coup de canon de re-
traite, //'amiral est une prison militaire pour
les Qfficiers et un lieu de séance pour les con-
seils de guerre.
amiral s. m. Conchyl. Coquillage uni valve
du genre cône , qui se trouve sur les côtes do
la mer des Indes, et qui est très-recherché
des amateurs, à cause de sa beauté et du
grand nombre de ses variétés. C'est le conus
amiralats. m. (a-i
rai). Autrefois, Dignité, fonctions, privilèges
et attributions do grand amiral : A la sup-
pression de {'amiralat, l'intendant général de
la navigation eut tous les droits de l'amirauté.
(A. Jal.)
AMIRALE s. f. (a-mi-ra-le). La femme d'un
amiral : Madame {'amiuale. Thisbé était petite-
fille delà délicieuse Thisbé, chienne de madame
{'amirale de Kergarouët. (Balz.) Il Galère que
montait l'amiral des galères.
AM1RANTES (Iles), groupe de onze îlots
mal peuplés ou inhabités, dans l'océan Indien,
archipel des Séchelles.
AMIRAUTÉ s. f. (a-mi-rô-té — rad. amiral).
Ancienn., Charge, dignité de grand amiral :
Parvenir à V amirauté, il Autrefois, en Fiance,
Cours où se jugeaient, au nom du grand ami-
ral , les affaires relatives à la marine, il Dans
quelques autres pays, Administration supé-
rieure de la marine : /.'amirauté anglaise a
pris des mesures énergiques.
— Encycl. En France, avant la Révolution,
on appelait amirauté une juridiction qui était
spécialement chargée de connaître des affaires
de marine, tant au civil qu'au criminel. Cette
juridiction avait deux espèces de tribunaux :
des amirautés particulières, établies dans tous
les ports et havres du royaume, et des ami-
rautés générales, établies près les parlements,
et remplissant , a l'égard des précédentes , le
rôle de cours d'appel. Le chef des officiers de
chaque siège prenait le titre de lieutenant de
l'amirauté. Toutes ces amirautés disparurent
au commencement delà Révolution (1790-1791).
— Il existe aujourd'hui, au ministère de la ma-
rine, un conseil d'amirauté, qui date de 1824,
et qui est chargé de la rédaction et de la révi-
sion des lois, ordonnances et règlements rela-
tifs à la marine. — Enfin, en Angleterre, on
désigne sous le nom d'amirauté une commis-
sion supérieure, qui a la direction suprême de
tout ce qui concerne la marine et les expédi-
tions navales. Les membres de cette commis-
sion prennent le titre de lords de l'amirauté,
et remplissent leurs fonctions au nom du lord
grand amiral, qui est le neuvième grand ofli-
AM1KADTÉ (île de ï.'), dans le grand Océan,
entre la côte américaine et l'archipel du Roi
George, découverte par Vancouver, en 1794.
Elle appartient aux Anglais, et a 320 kil. de
AMIRAUTÉ (îles de l'), archipel de l'Aus-
tralie , entre la Papouasie et la Nouvelle-Ir-
lande ; environ trente îles découvertes par les
Hollandais 'en 1616. La plus considérable de
ces lies est celle de la Grande-Amirauté.
AMIRDOVALT, médecin arménien, né à
Amasie , vivait dans la seconde moitié du xvc
siècle. Il est connu par un traité de médecine
intitulé Ankidatz anben (Inutile pour l'igno-
rant), écrit en arménien et publié en 1476.
AMIRÉ s. m. (a-mi-ré). Hortic. Nom de
deux espèces de poires, appelées l'amiré rouie
et Yamiré joannet.
AMIROLE s. m. (a-mi-ro-le). Bot. Genre de
plantes do la famille des sapindacées.
AMIS (Archipel ou îles des), aussi nommé
Archipel de Tonga, archipel de Polynésie, qui
se compose d'une centaine d'îles ou îlots, ré-
partis en trois groupes ; 50,000 hab. Sol très-
fertile. Ces îles furent nommées par Cook
iles des Amis, à cause de l'accueil bienveillant
que lui firent les naturels ; mais on reconnut
plus tard qu'elles étaient habitées pai»une race
cruelle, massacrant sans pitié les prisonniers
et sacrifiant des victimes humaines. Leurs
mœurs ne se sont adoucies que depuis quel-
ques années , sous l'influence de la religion
chrétienne. Ce sont des Malais robustes et
industrieux, très-attachés a leurs princes.
AMISALLEs. m. (a-mi-za-le). Entom. Genre
d'insectes coléoptères tétrameres, qui a pour
type Yamisalle tubéreux de la Nouvelle-
Hollande.
AMISSIBILITÉ s. f. (a-miss-si-bi-li-té —
rad. amissible). Jurispr. Etat de ce qui est
amissible.
amissible adj. (a-miss-si-ble — du lat.
amissibilis ; formé de amissio, perte). Jurispr.
Qui peut être perdu.
— Antonyme, Inamissible.
AMISSION s. f. (a-miss-si-on — lat. amissio,
même sens). Jurispr. Perte.
AMITE s. f. Miner. V. Ammite.
AMITERNE. très-ancienne ville de l'Italie,
au pied de 1 Apennin , patrie de l'historien
Salluste.
AMITEUSEMENT adv. (a-mi-teu-ze-man
— rad. amilieux). Avec amitié, tendrement :
Ce disant, il désignait Brulette, qui lui prit la
main bien amiteuskment en lui répondant. (G.
Sand.) u Ce mot, qui appartient sans doute au
patois berrichon , devrait s'écrire amitieuse-
ment, puisqu'il paraît venir A'amitieux.
cipe de
AMITIÉ s. f. (a-mi-tié — lat. anticitia,
même sens). Affection mêlée d'estime; senti-
ment qui attache , qui unit une personne à
une autre : Amitié pure, vive , sincère. An-
cienne amitié. Etroite amitié. lionne amitié.
Amitié feinte, trompeuse, fausse. Les nœuds,
les liens de {'amitié. Les plaisirs, lés douceurs,
les charmes de {'amitié. Bien placer son amitié.
Retirer à quelqu'un son amitié. Celui qui n'a
point éprouvé {amitié n'a point, vécu.-{Mtix.iino
latine.) C'est une personne gui fait naître de
{'amitié en fous ceux qui lavaient. (Voiture.)
Les femmes vont plus loin en amour que les
hommes; mais les hommes l'emportent sur elles
en amitié. (La Bruy.) //amitié ne peut être véri-
table, qu'elle ne se montre bientôt tout entière,.
(Boss.) Non, {'amitié n'est qu'un nom en l'air,
dont les hommes s'amusent mutuellement , et
auquel ils ne se fient guère. (Boss.) Bannir
" •'■ du monde, ce serait affaiblir lé prin-
vie dans la société. (La Rochet.). Le
beau présent qui ait été fait aux homiiies
après la sagesse, c'est {'amitié. (La Rochof.)
J'ai renoncé à {'amitié de deux hommes : l'un,
parce qu'il ne m'a jamais parlé de lui; l'autre,
parce qu'il ne m'a. jamais parlé de mol (Ha-
milton.) Veut-il un prêtre qui s'insinue dans-
l'esprit des grands, qui aime mieux gagner*
leur amitié que leurs âmes? (Fléçh.) Si. vous
peu d'AMvhè pour moi, je vous
un trésor inestimable. (M"'e'do Sôv.) Ma fille,
aimez-moi donc toujours. C'est ma aie, c'est
mon âme que votre amitié. (M">c 'de Sô'v.) Oui,
monsieur veut faire amitié avec vous et lier
ensemble un petit commerce de visites et de di-
vertissements..(M.c>\ .) Ils étaient liés d'une amitié
étroite. (Fén.) Z/amitié est une union des
cœurs si étroite, que l'on ne saurait y remw-
quer de jointure. (Dacicr.) Les douceurs de
''amitié nous consolent de nos peines. (J.-J.
Rouss.) Bien n'a tant de poids sur le cœur hu-
main que la voix de {'amitié bien reconnue.
(J.-J. Rouss.) La douce chose de couler ses
jours dans le sein d'une tranquille amitié, à
l'abri de l'orage des passions impétueuses ! (J ,-J .
Rouss.) Si quelquefois {'amitié rend" diffus
l'ami qui parle, elle rend toujours patient
l'ami qui écoute. (J.-J. Rouss.) Conseruez-nloi
une amitié dont je sens vraiment le prix. (Volt.)
J'ai pour vous ce qui s'appelle une véritable
amitié. (Le Sage.) /.'amitié ressemble à ces
arbres toujours verts, qui portent à la fois des
/leurs et des fruits. (B. de St-P.) //amitié est
un contrat tacite entre deux personnes sensibles
et vertueuses. (Vauvcn.) L amitié éclairée et
est souvent blessée du repli d'une rose. (Chamf.)
Il ne faut donner son amitié qu'avec une ex-
trême précaution. (Louis XVI.) /.'amitié 'est
comme les vieux titres , la date la rend pré-
cieuse. (Goethe.) //amitié d'une femme pour
un homme, c'est {'amitié parfaite. (De Sôgur.)
//amitié, dans les cœurs bien faits, tient lieu
des plus grands plaisirs. (Mme de Simiane.)
Son cœur endolori sentit la douceur de cette
amitié velqulée. (Balz.) La nature de l'homme
répugne à la solitude et semble chercher tou-
jours un support; elle en trouve un bieii doux
dans {'amitié. (Maury.) Z/amitié est fille de
l'égalité. (Proudh.) /'amitié est un besoin in-
dépendant de tout égoismé. (Alibert.) /.'amitié
nait d'une sympathie involontaire ou du senti-
ment de l'estime. (Bautain.) L' amitié est une
pure inspiration de l'âme. (Laténa.) //amitié
ennoblit en quelque sorte notre existence. (La-
téna.) L'amitié sincère se nourrit de souvenirs;
{'amitié intéressée, d'espérances. (Laténa.) Pu-
blius Hutilius ayant refusé ce qu'un de ses amis
lui demandait, celui-ci lui dit : <A quoi donc
me sert votre amitié, si vous refusez de faire
la chose dont je vous prie? — Et à quoi votre.
amitié m' est-elle utile, repartit Hutilius, si elle
me force à vous obliger contre l'honnêteté?"
Qu'aisément l'r
U jusqu'à 1':
Corneille.
Rarement l'amitié désarme sa colère.
Racike.
Ma funeste amitié pesé à tous mes amis.
Racine.
Pour les cœurs corrompuB \'amitié n'est point fait
Voltaire.
Vamitié d'un grand homme est un bienfait des dieu':
Voltaire.
Vamitié no convient qu'il des cœurs vertueux.
Vamitié disparaît où l'égalité cesse. Auber
Vamitié dans nos cœurs verse un bonheur pai
Est-il quelque malheur que Vamitié n'efface?
Mais enfin l'amitié n'est pas de même rang,
:ndre
Se range du parti que flatte la ford
Racine.
O dieux ! tant de respects, une amitié si tendre,
Que de raisons pour moi si vous pouvi '™ '
... Présent des dieux, doux charme des humains,
O divine amitié, viens pénétrer nos âmes.
Bernard.
Aucun bien n'est égal à la tendre amitié;
Un homme sans amis n'existe qu'a moitié.
Fkevillb.
278
Et la tendre amitié, qui ti
Cœurs dignes de sentir le prix de l'amitié.
Retenez cet ancien adage :
Le tout ne vaut pas la moitié. Florian.
I— Au plur., Liaison, rapports, union in-
time entre des personnes : Former, faire de
nouvelles amitiés. De vieilles, de solides ami-
tiés. Peu (/'amitiés subsisteraient , si chacun
■ savait ce que son ami dit de lui en son ab-
sence. (Pasc.) Le temps, qui fortifie les ami-
tiés, a/faiblit l'amour. (La Bruy.) Les ami-
tiés qui paraissent les plus fortes ne sont que
des intérêts concertés. (St-Evrem.) Les hai-
nes et les amitiés changent sans cesse avec les
intérêts. (Mass.) // avait une fidélité inviolable
dans ses amitiés. (Fléch.) Les bienfaits s'ou-
blient, (es amitiés cessent. (Fléch.) Comme les
amitiés humaines sont petites, si Dieu ne s'y
mêle! (Ste-Beuve.) Les amitiés des écrivains
entre eux ressemblent à l'amour, sinon par la
flamme, aumoinspar la jalousie. (H. Rigault.)
Les amitiés politiques sont souvent des hautes
en commun. (Petit-Senn.) Les amitiés fémi-
nines et les protestations de dévouement qui
les accompagnent ne sont souvent que faux sem-
blants. (Mme Romieu.)
— Prendre en amitié. Se dit généralement
de 1 affection qu'un supérieur peut éprouver
pour un inférieur : Mon père a pris son valet
de chambre en amitié. Cette dame prend en
amitié tous ceux qui la servent. Il Etre en ami-
tié avec quelqu'un, Etre en rapports d'amitié
avec lui : Ce saint homme était en amitié
avec M. de Louvois et quelques autres person-
nages. (Ars. Houss.)
— Accord , alliance , relations entre deux
souverains, deux. pays : L'entente cordiale a
amené une certaine amitié entre la France et
l'Angleterre. Il y a paix et amitié entre ces
deux puissances. (Acad.) •
— Fam. Plaisir, bon office, service de com-
plaisance : Faites-moi /'amitié de venir me
voir, de m'écrire. Il m'a fait /'amitié de parler
pour moi.
Pleim
is pitié,
Voiture.
— Caresses, paroles obligeantes, affec-
tueuses : Faire amitié à quelqu'un, lui faire
nulle amitiés. Ménélas me reçut avec amitié.
(I< en.) Il vient de nous quitter en nous faisant
mille sortes (/'amitiés. (Mme de Sév.) Si je
savais quelqu'un qui me voulût du mal, j'irais
tout à l heure lui faire tant d'honnêtetés, tant
<f amitiés, qu'il deviendrait mon ami en dépit
de lui. (De Choisy.) Il n'était point (/'amitiés
dont chacun ne s'empressât de me combler,
(Marmontel.)
— Attachement, affection de certains ani-
maux pour l'homme : Un chien, un cheval oui
a de /'amitié pour son maitre.
— En parlant des choses, Attraction, sym-
pathie : Il.y a de /'amitié entre le fer et l'ai-
mant. /Acad.) Z'amitié du lierre pour l'ormeau.
(Acad.) n Fort peu usité en ce sens, n Particul.
's'applique à certaines couleurs dont les
nuances et les tons s'unissent harmonieuse-
ment et produisent un agréable effet : Le
jaune a de /'amitié pour le bleu.
— Comm. Sorte de moiteur à laquelle les
marchands de blé reconnaissent la bonne qua-
lité du froment : Ce blé a de /'amitié, u On crït
dans le même sens et plus souvent : Le bon
blé a de la main. Il Drap, étoffe qui a de l'ami-
tié, qui n'a point d'amitié, Qui est ou qui n'est
point maniable.
— Prov. Les petits cadeaux entretiennent
I amitié, Les attentions, les petits soins ser-
vent à entretenir les rapports d'amitié. —
un homme d'intelligence médiocre soutenait
vivement une opinion en présence de Fonte-
nelle, et, pour donner plus de poids à ses
affirmations, il ajouta : « Si ce que j'avance
n^est pas vrai, prenez ma tête. — Je l'accepte,
répondit malignement le spirituel académi-
cien, les petits cadeaux entretiennent l'amitié. »
II II faut découdre et non déchirer l'amitié. Lors-
qu'on a sujet de se plaindre d'un ami, il faut
s en détacher insensiblement, sans éclat, et
ne pas remplacer l'amitié par la haine. Ce
proverbe est un mot de Caton, que Cicéron
rapporte ainsi : Amicitiœsunt dissuendœmagis
quam discindendœ. || Ne laissez pas croître
l herbe sur le chemin, de l'amitié, Ne négligez
pas vos amis. Ce proverbe, que l'on attribue
généralement à Mme Geoffrin, était connu
des Celtes, qui disaient : « Sachez que, si vous
avez un ami, vous devez le visiter souvent.
Le chemin se remplit d'abord d'herbes, et les
arbres le couvrent bientôt si l'on cesse tout
à fait d'y passer. . || L'amitié rompue n'est ja-
mais bien soudée, H n'y a guère de réconcilia-
aM!
tion bien sincère ; la défiance s'y mêle presque
toujours. Les Espagnols disent, en faisant
usage de la même métaphore : • Amigo que-
brado, soldado, mas nunca sano. — Ami rompu
peut bien être soudé, mais il n'est jamais sain. ■
Asmodée, parlant de sa dispute avec Paillar-
doc, a dit avec autant de vérité que de finesse :
« On nous réconcilia, nous nous embrassâmes,
et, depuis ce temps , nous sommes ennemis
mortels. »
— Encycl. I. — • Trois passions principales,
ditJouffroy, sedéveloppentdans l'homme, l'at-
tirent vers ses semblables et enchaînent l'un
à l'autre par un triple lien les membres de la
société humaine : la sociabilité, l'amour et
l'amitié. Un individu de notre espèce nous
plaît par cela seul qu'il est de notre espèce :
de là cette bienveillance fondamentale de
l'homme pour l'homme qu'on a appelée socia-
bilité. L'individu d'un sexe plaît à l'individu
de l'autre par cela seul qu'il est d'un sexe dif-
férent; de là une autre passion bienveillante
qui a pour fin la conservation de l'espèce et
qu'on nomme amour. Enfin, indépendamment
de l'humanité et du sexe, chaque individu pos-
sède certaines qualités qui le distinguent et
peuvent le rendre particulièrement aimable à
quelques-uns de ses semblables : de là un troi-
sième penchant qui est l'amitié... La sociabilité
fonde la société humaine; l'amour la conserve ;
l'amitié, en la subdivisant pour ainsi dire en
pensable. » Voltaire a dit de l'amitié : ■ C'est
un mariage de l'âme entre deux hommes ver-
tueux ; car les méchants n'ont que des com-
plices ; les voluptueux ont des compagnons
de débauche ; les intéressés ont des associés ;
les politiques assemblent des factieux ; les v
princes ont des courtisans ; les hommes ver-
tueux ont seuls des amis. » « L'amitié, dit La
Boétie, est un nom sacré, c'est une chose
sainte; elle ne se met jamais qu'entre gens de
bien, ne se prend que par une mutuelle estime ;
elle s'entretient non tant par un bienfait que
par la bonne vie. Ce qui rend un ami assuré
de l'autre, c'est la connaissance qu'il a de son
intégrité. Les répondants qu'il en a, c'est son
bon naturel, la foi et la constance. Il n'y peut
avoir d'amitié là où est la cruauté, là où est la
déloyauté, là où est l'injustice. Entre les
méchants, quand ils s'assemblent, c'est un
complot, non pas une compagnie. Ils ne s'en-
tretiennent pas, mais ils s'entre-craignent. Ils
ne sont pas amis, mais ils sont complices, •
On n'a jamais fait une plus touchante pein-
ture de l'amitié que cet hommage de Mon-
taigne au souvenir de La Boétie : « Si l'on
me presse d'expliquer pourquoi je l'aimois,
je sens que cela ne peut s exprimer qu'en
répondant : Parce que c'étoit lui, parce que
c'étoit moi... Depuis le jour que je le perdis,
je ne fais que traîner languissant; et les
plaisirs mesmes qui s'offrent à moi, au lieu
de me consoler, me redoublent le regret de sa
perte : nous étions à moitié de tout ; il me
semble que je lui dérobe sa part. J'étois déjà
si fait et accoutumé à être deuxième partout,
qu'il me semble n'être plus qu'à demi. » Rap-
pelons encore ces beaux vers de La Fontaine :
Qu'un ami véritable est une douée chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur j
De les lui découvrir vous-même;
Un songe, un rien, tout lui fait peur
Quand U s'agit de ce qu'il aime.
II. — Deux caractères principaux distin-
guent l'amitié des autres affections : c'est un
sentiment paisible, et c'est un sentiment éga-
Sans être complètement à l'abri des inquié-
tudes, des ennuis, des déceptions, des bles-
sures, des retours, des oscillations, l'amitié en
elle-même, et à part les accidents qui peuvent
la troubler, laisse à l'âme la paix et la posses-
sion d'elle-même ; sa phase de mouvement est
peu de chose relativement à sa phase de sta-
bilité ; l'union qu'elle crée est en quelque sorte
insensible. « Dans la vraie amitié, dit M. Paul
Janet, les amis ont à peine besoin de se témoi-
gner qu'ils pensent l'un à l'autre ; ce n'est que
dans les commencements de l'amitié ou dans
son ébranlement qu'un tel soin devient néces-
saire. • L'amitié n'est pas troublée comme
l'amour paternel ou maternel par la responsa-
bilité qui s'attache à l'autorité, comme l'amour
proprement dit par l'imagination et par les
sens. Montaigne exprime d'une façon piquante
la différence qui, sous ce rapport, sépare l'ami-
tié de l'amour. ■ L'amour, dit-il, est un feu
téméraire et volage, ondoyant et divers, feu
de fiebvre, sujet à accès et remises, et qui ne
nous tient qu'à un coin. En l'amitié, c'est une
chaleur générale et universelle, tempérée au
demeurant, et égale, une chaleur constante et
rassize, toute douceur et polissure, qui n'a rien
d'aspre et de poignant. »
L'analyse de l'amitié nous montre que l'éga-
lité en est le caractère essentiel. Qui dit amis,
dit égaux : amicitia pares invenit , vel facit.
Quelles que soient les inégalités extérieures,
l'amitié suppose entre deux amis mêmes droits
et mêmes devoirs. ■ L'essence de l'amitié, dit
M. Paul Janet, est que chacun donne sans
exiger ; mais cela n'est vrai qu'à condition que
l'un et l'autre suivront la même maxime, et
qu'en cela même il y aura égalité. » Cette com-
plète réciprocité de devoirs et de droits ne
peut guère exister dans l'amour, parce que la
différence des sexes se traduit dans les rela-
tions sociales par la différence des fonctions
ami
et des responsabilités. Elle est radicalement
incompatible avec l'amour paterne! et l'amour
filial, lesquels reposent sur la supériorité du
père et sur la dépendance du fils.
Nous devons ajouter que l'amitié se déve-
loppe dans une sphère tout à fait libre, et ne
relève en quelque sorte que d'elle-même. La
plupart des sentiments, 1 amour, l'amour pa-
ternel, l'amour filial, l'amour de la patrie, ont
des rapports avec la morale publique, la légis-
lation, la religion, parce qu'ils se lient à l'inté-
rêt général et font partie de la destinée de
tous. L'amitié échappe au domaine du droit,
parce qu'elle n'a pas de conséquences qui inté-
ressent visiblement la chose publique ; il sem-
ble même que la conscience n'ait rien à voir
dans un lien qui ne saurait jamais être qu'une
exception.
III. — L'amitié veut des âmes fortes et
calmes, surtout des âmes indépendantes. La
subordination , qui est la condition civile et •
économique des femmes, la vivacité de passion
qu'elles apportent dans tout ce qui les occupe,
la constante rivalité qui les --=— - ' •
leur permettent guère de connaître
l'amitié dans sa perfection. Beaucoup de fem-
mes sont de faibles amies, précisément parce
que beaucoup de femmes sont des amantes et
des mères admirables.
L'amitié peut-elle exister entre des indivi-
dus de sexe différent? Mme de Lambert le
pense et vante cette espèce d'amitié; mais
cette liaison, à moins qu'il ne s'agisse du mari
et de la femme, n'est point sans réserve et ne
s'étend pas aussi loin que doit aller toute ami-
tié réelle, c'est-à-dire qu'elle ne parvient pas
à faire que deux destinées n'en forment qu'une.
« Si cette amitié admet l'amour, dit" de Sénan-
cour, l'amour y jettera du trouble, y introduira
ses inégalités, ses craintes, sa lassitude; si
l'amour en est exclu, cette réserve, incom-
mode pour les sens, gênera l'affection, établira
une contrainte habituelle, et empêchera cet
abandon de toutes choses qui est le charme de
l'amitié. •
L'amitié, telle que l'antiquité l'a connue et cé-
lébrée, est, comme l'amour, un lien entre deux,
et seulement entre deux. C'est ce caractère
dualiste qui lui donne son énergie, sa grandeur,
et qui en même temps en fait une sorte d'ano-
malie dans l'ordre des phénomènes affectifs. 11
est très-difficile que les conditions de cette
amitié idéale se trouvent réunies, parce qu'elle
paraît incompatible avec les autres liens. « Je
veux que deux amis n'aient pas de famille, dit
de Sénancour (car s'ils en avaient, il faudrait
qu'ils n'en eussent qu'une), et qu'à l'exception
du devoir filial, qui n'est pas de notre choix, ils
ne connaissent d'autre lien que celui qui unit
tous les hommes, et d'autre asservissement que
l'obéissance aux lois de leur pays. Il faut qu ils
aient la même patrie ; il est bon qu'ils la ser-
vent de la même manière, afin qu ils ne soient
jamais séparés ou qu'ils ne le soient que pour
fort peu de temps. ■
IV. — Le développement de l'amitié et celui
de l'amour sontdans l'histoire en raison inverse
l'un de l'autre. L'antiquité offre à ce point de
vue un contraste remarquable avec le moyen
âge et les temps modernes. L'amitié fleurit
dans la Grèce païenne ; depuis l'avènement du
christianisme, le ton social est à l'amour. Il
faut chercher la raison de cette différence dans
la condition différente faite aux femmes par
les lois et les mœurs. Le mépris dans lequel,
en Grèce, l'organisation sociale maintenait les
femmes, l'impossibilité préjugée d'éprouver
Eour elles une affection élevée, la honte de
mr sembler soumis, éloignèrent de l'amour et
tournèrent vers l'amitié toutes les forces vives
des cœurs. Ajoutons que le développement
excessif de la vie publique, en absorbant
l'homme dans le citoyen, comprimait l'amour
et les affections de famille, et les subordonnait
entièrement au patriotisme, tandis qu'il accor-
dait un libre essor à l'amitié. Aussi la légende
grecque n'est-elle qu'un long poëme à cette
passion. « Tous les moralistes la vantent, dit
Paul de Flotte; tous les arts la célèbrent.
Illustre dans les eieux avec les frères d'Hélène,
illustre sur la terre avec l'ami d'Achille, elle
accompagne Oreste, indifférente à la colère des
dieux, et descend aux enfers avec Pirithous
et Thésée. Quels élans glorieux 1 Comme, jus-
qu'au dernier jour de cette civilisation si belle,
elle l'inonde d'un impérissable éclat ! Les
temps historiques se continuent dans l'histoire :
c'est Harmodius et Aristogiton, Alexandre et
Ephestion , Agis et Cléombrote , et tous ces
nobles noms qui s'avancent par couples à l'im-
mortalité... De même que les chevaliers allaient
au combat pour honorer leur dame, les Grecs
allaient à la mort pour honorer leur ami. »
Aujourd'hui cette amitié antique, aussi bien
que l'antique patriotisme, est une plante qui
ne saurait croître dans notre milieu social;
elle a fait place au règne de l'amour et des
affections de famille ; si grand même est le
changement qui s'est produit sous ce rapport
j — „t„_ mœurs, que nous comprenons à peine,
sommes parfois tentés de considérer
uuiuuiB ues mythes ces deux magnifiques pro-
duits de la civilisation païenne, l'ami, le citoyen.
V. — Les Grecs et les Romains ont élevé des
autels à l'Amitié. Les Grecs la représentaient
sous la figure d'une jeune fille vêtue d'une
robe agrafée, la tête nue, une main posée sur
le coeur, l'autre appuyée sur un ormeau frappé
AMt
de la foudre, autour duquel s'enlaçait une vigne
chargée de grappes. L'ormeau, cest l'infor-
tune ; l'amitié n'en a pas peur ; quant à la vigne,
elle symbolise sans doute la douceur des con-
solations de l'amitié.
Chez les Romains, l'Amitié était représentée
sous l'emblème d'une jeune fille, simplement
vêtue d'une robe blanche, la gorge à moitié
nue, couronnée de myrte et de fleurs de gre-
nadier, tenant dans sa main deux coeurs en-
chaînés; la frange de sa tunique portait ces
mots : La mort et la vie. Sur son front, on
lisait : Hiver et été. De la main droite , elle
montrait son côté gauche ouvert jusqu'au
cœur ; on y lisait : De près et de loin.
— Syn. Amitié, bienfait, faveur, grâce, bon
office, plaisir, service. Service exprime tout
ce que î'on fait de bon pour quelqu'un, afin de
le tirer d'affaire ou d'embarras : Les services
que d'Aquesseau rendit à l'Etat. (La Harpe.)
Le bienfait suppose un acte de générosité dun
supérieur : Un homme en place ne saurait payer
par trop de pensions et de bienfaits les secours
et les services qu'il retire des gens d'esprit.
(La Bruy.) Le bon office est une médiation :
Les anges nous rendent de hons offices auprès
de Dieu. (Boss.) La grâce ne désigne que la
puissance de celui qui l'accorde : La grâce
divine se montre grâce en ce qu'elle n'est atti-
réeparaucitnmérite.(Boss.)La.faveurtêmoigne
le sentiment avec lequel on donne : On peut
accorder une grâce, même à son ennemi; on
n'accorde des faveurs qu'à ceux qu'on aime.
(Lafaye.) Leplaisir désigne quelque chose qui
coûte peu et qui n'est pas d'un grand prix : Je
me trouve heureux de pouvoir lui faire ces pe-
tits plaisirs. (Mme de Sév.) L'amitié exprime
quelque chose que l'on accorde à une personne
avec laquelle on est lié : // faut que je vous
fasse une petite amitié, mon cher cbttsin.
(Mme de Sév.)
— Antonymes. Aigreur, amertume, ani-
madversion, animosité, antipathie, aversion,
désaffection, désunion, discorde, division, ôloi-
gnement, fiel, haine, hostilité, inimitié, mal-
veillance, mésintelligence, rancune, ressenti-
ment, ulcération.
— Épitbètes. Longue , vieille , ancienne ,
antique, étroite, ferme, constante, fidèle, sûre,
éprouvée, dévouée, inviolable, sainte, sacrée,
pure, véritable, sincère, vraie, tendre, déli-
cate, discrète, prudente, vive, chaude, coura-
geuse, intrépide, héroïque, sublime, généreuse,
désintéressée , obligeante , secourabJe , appa-
rente, feinte, équivoque, douteuse, simulée,
trompeuse , fausse , mensongère , perfide , in-
discrète, intéressée, exigeante, timide, crain-
tive, imprudente, chancelante, faible, fragile,
officieuse, stérile, vaine, ralentie, refroidie,
brisée, rompue, morte, éteinte, renouée.
— PrOV. littér. L'arailié d'un Rrnnd homme
est un bienfait des dieux. Allusion à un vers
de Voltaire dans sa tragédie A'Œdipe, acte 1er,
scène ire. Philoctète parle de son attachement
pour Hercule :
Cependant l'univf
Je marchai près dû lui, ceint du même laurier.
C'est alors, en effet, que mon âme éclairée
Contre les passions se sentit assurée.
L'amitié d'un grand homme est un bienfait des dieux.
Une anecdote historique bien connue se rat-
tache à ce beau vers. Lors de l'entrevue d'Er-
furt, entre Alexandre 1er et Napoléon, celui-ci
fit représenter devant un parterre de rois les
principaux chefs-d'oeuvre de la scène fran-
çaise. Les deux empereurs étaient assis à côté
l'un de l'autre sur une estrade élevée. A ce
vers A'Œdipe :
L'amitié d'un grand homme est un bienfait des dieux,
Napoléon, lui s
disant : « Je ne l'ai jamais mieux senti. »
L'application de ce vers est presque toujours
plaisante :
« Les deux compagnons ne s'étaient pas re-
vus depuis leur départ de la maison de Poissy.
Cœur-d'Acier, qui était toujours resté aux yeux
de Fougas l'homme aux entreprises hardies et
fructueuses , tendit la main à son acolyte ;
celui-ci se précipita dans ses bras avec un
mouvement de fierté qui semblait dire :
L'amitié d'un grand homme est un bienfait des dieux. •
Gazette des Tribunaux.
Amitié (Traité de l'), intitulé Lœlius, sive
de Amicitia, dialogue philosophique de Cicé-
ron. Le principal interlocuteur est C. La;lius,
l'ami du second Africain ; il cède à l'empres-
sement de ses gendres C. Fannius et Q. Mucius
Scévola, qui veulent l'entendre parler sur l'a-
mitié. Dans cette dissertation, que l'auteur
suppose avoir eu lieu peu de jours après la
mort de Scipion, Lœlius définit d abord l'amitié,
rerum humanarum divinarumque consensus,
c'est-à-dire l'accord des choses divines et hu-
maines ; il examine ensuite par quels motifs on
cherche à se faire des amis, quelle est l'origine
de l'amitié, entre quelles personnes elle peut
s'établir, quels en sont les lois et les devoirs,
et par quels moyens on doit la conserver.
Quelques critiques ont prétendu que, dans ce
dialogue, l'amitié n'est prise que dans un sens
politique, et qu'il y est bien moins question de
l'amitié, dans le sens moral du mot, que des
liaisons de parti. C'est une opinion qui ne de-
vient fausse que dans son exagération. Cicéron
laisse toujours entrevoir l'homme d'Etat, même
lorsqu'il écrit sur des matières philosophiques,
et par conséquent l'amitié politique tient aussi
quelque place dans le dialogue de V Amitié.
L'erreur est de dire que c'est là tout le but du
— du lat. «,„„,tl,u,
amical, aimable : li-
rions des mots si amitieux, qu'on pouvait dire
qu'il n'était plus te même. (G. Sand.) n Voilà
certainement un joli mot, qui, comme ami-
teùsement, cité plus haut, appartient au patois
berrichon, pour lequel l'illustre écrivain a une
prédilection toute filiale.
amitre s. m. (a-mi-tre — du gr. amitros,
sans bandeau). Entom. Genre d'insectes ccv
léoptères tétramères, fondé sur une seule
espèce, particulière au Pérou.
amma s. m. (amm-ma). Métrol. Ancienne
mesure de longueur qui valait chez les Egyp-
tiens s 1,6 mètres et chez les Grecs 18 mètres.
Les Hébreux donnaient aussi le nom A'amma
à la coudée royale des Egyptiens. \\ Poids en
usage dans certaines parties des Indes orien-
tales, équivalant à 3,78 gramm. On le nomme
aUSSi AMMA£ ou MAS.
AMMAN s. m. (amm-man — de l'ail, amt,
bailliage; manu, homme). Titre qu'on donne,
en Suisse, au premier magistrat du canton
de Zug. Dans les autres cantons, on dit plu-
tôt LANDAMMAN.
AMMAN, un des noms d'Ammon, ville de Pa-
lestine, la Rabbath de la Bible.
AMMAN (Jost), dessinateur, peintre et gra-
veur, né à Zurich en 1539, passa la plus grande
partie de sa vie à Nuremberg, où il acquit le
droit de bourgeoisie, et où il mourut en 1591.
Il a peint à 1 huile et sur verre, mais il est
surtout connu pour avoir fourni les dessins
d'une infinité de gravures sur bois. Il fit pa-
raître, en 1576, une Collection des portraits des
rois de France, depuis Pharamond jusqu'à
Henri III, avec une courte biographie de cha-
cun de ces princes.
AMMANATO (Barthélémy); appelé quelque-
fois Ammanati ou VAmmanati , sculpteur et
architecte florentin, naquit en 1511. II fut d'a-
bord élève de Baccio Bandinelli ; puis il alla
à Venise prendre des leçons de Sansovino.
Revenu dans sa ville natale, il fit une étude
particulière des sculptures exécutées par Mi-
chel-Ange dans l'église Saint-Laurent, et ne
tarda pas à se placer par ses propres ouvrages
au rang des maîtres les plus illustres de cette
grande époque. Son chef-d'œuvre, une des
plus belles productions de l'art moderne, est la
fontaine de la place du Grand-Duo, à Florence,
représentant Neptune traîné par quatre che-
vaux marins et entouré de tritons, monument
d|une légèreté merveilleuse dans l'ensemble,
d'un travail exquis dans les détails. Benvenuto
Cellini, Danti et Jean de Bologne avaient con-
couru pour cette fontaine , et l'opinion des
Florentins avait, dit-on, préféré leurs projets
à celui de l'Ammanato, que la faveur impé-
rieuse de Côme 1er fit exécuter. Parmi les
autres ouvrages de sculpture dus au ciseau de
cet artiste, nous citerons : le groupe d'Hercule
étouffant Antée, qui orne une fontaine de
1 ancien palais des Médicis, àCastello; les sta-
tues qui entourent le Dôme de Florence ; les
figures allégoriques du tombeau de Sannazar,
poète napolitain; le mausolée du cardinal
Monti; exécuté en collaboration avec Vasari
dans 1 église Saint-Pierre t'n Montorio, à Rome ;
le tombeau du jurisconsulte Bénavidès, dans
l'église des Ermites, à Padoue, et une statue
colossale d'Hercule, composée de huit mor-
ceaux ajustés avec beaucoup d'habileté, ou-
vrage dont le Musée du Louvre possède un
beau dessin, et qui fut exécuté pour ce même
Bénavidès, amateur passionné des arts. Comme
architecte, l'Ammanato a laissé en Italie des
monuments durables de son génie : à Rome, le
palais Rucellai (auj. Ruspoli), d'une ordon-
nance sage et pure, et le collège Romain, une
des plus grandes et des plus solides masses de
bâtiments que l'on connaisse ; à Lucques, le
Êalais ducal; à Volterra, le couvent de San-
'almatio : à Padoue, la porte en forme d'arc
de triomphe des jardins de la maison Venezze,
qui a appartenu a Bénavidès et qui est aujour-
d'hui la propriété de la famille d Aremberg ; à
Florence, l'un des cloîtres du couvent du Saint-
Esprit, l'admirable cour du palais Pitti, dont
la cour de notre Luxembourg n'est qu'une
assez lourde imitation, et le pont élégant, léger,
hardi de la Trinité, qui offrit le premier modèle
des arches à voûte surbaissée. Devenu vieux
et pris d'excessifs scrupules au sujet des nu-
dités innocentes de quelques-unes de ses sta-
tues, l'Ammanato donna tous ses biens aux jé-
Buites, et consacra les dernières années de sa
vie à la construction de l'église et du couvent
ie San-Giovaninno, à Florence. C'est là qu'il
repose, d'après son vœu, ainsi eue sa femme
Laure, fille naturelle du légiste Battiferri, per-
sonne célèbre en son temps par la pureté et
l'élégance de ses poésies sacrées et par sa cor-
respondance avec d'illustres littérateurs con-
temporains, notamment avec Caro, Varchi
Bernardo Tasso, Pierre Vettori. Barthélémy
AMM
<m
AMMANNIE s. f. (amm-ma-nî — de Am-
mann, auteur d'un traité sur les plantes de la
Russie). Bot. Genre de plantes de la Camille
des lythrariées, renfermant environ quarante
espèces, qui habitent la zone équatoriale, et
qui croissent pour la plupart dans les lieux
aquatiques.
AMMARIDES s. m. pi. (amm-ma-ri-dc).
Hist. Dynastie de princes musulmans, qui
régna àT?ripoli pendant près d'un siècle.
AMMATOCÈRE s. m. (amm-ma-tc-sè-re —
du gr. amma, atos, nœud; keras, corne).
Entom. Genre de coléoptères tétramères, de
la famille des longicornes.
ammeistre s. m. (amm-mè-stre — de
l'ail, amt, municipalité ; meister, maître). Nom
des échevins dans plusieurs villes d'Alle-
magne.
AMMÉLIDE s. f. (amm-mé-li-de —.rad.
mélam). Chim. Substance qu'on obtient lors-
qu'on dissout dans l'acide sulfurique le mélam,
la mélamine, l'amméline. L'ammélide est pré-
cipitée par l'alcool en flocons blancs ; traitée
par la potasse à chaud, elle se convertit en
cyanate de potasse et en ammoniaque.
AMMÉLINE s. f. (amm-mé-line — rad. mé-
lam). Chim. Substance blanche, insoluble dans
l'eau, dans l'alcool et dans l'éther, soluble
dans les alcalis caustiques. 1/amméline donne
avec les acides des sels cristallisables ; elle
peut être considérée comme un alcaloïde arti-
ficiel. Elle a été découverte par M. Liebig.
AMMKRSCIIW1UR, commune du départ, du
Haut-Rhin, arrond. de Colmar; pop. aggl.
1,913 hab. — pop. tôt. 2,036 hab.
AMMI s. m. (amm-mi — du gr. ammi, pre-
bablem. le cumin). Bot. Genre de plantes om-
bellifères, tribu des amminées, qui ont beau-
coup de rapports avec les carottes ; quelques
espèces passent pour d'excellents carminatifs.
Ce nom désigne aussi la grosseur de la plante.
AMM1EN MARCELLIN, historien latin, né à
Antioche vers le milieu du ivo siècle, d'une
famille grecque, mort vers 390. Il servit sous
les empereurs Constance, Julien, et peut-être
jusque sous le règne de Théodose. C'est à Rome
qu'il écrivit son Histoire (Iterum gestarum
tibri XXXI), continuation des Annales de Ta-
cite, et qui s'étendait de l'an 91 jusqu'en 37g.
Les treize premiers livres sont perdus. Ce qui
nous reste contient la partie la plus impor-
tante. C'est le récit des événements depuis 352,
dont le narrateur, aussi judicieux qu'impar-
tial, avait été souvent le témoin oculaire. Il
parle du. christianisme avec modération, et du
paganisme avec respect. On ignore au reste
quelle religion il professait, et rien ne vient
appuyer l'opinion de ceux qui ont conjecturé
qu'il était chrétien. C'est le dernier historien
latin qui ait écrit l'histoire avec autant d'éten-
due. Sa manière se rapproche un peu de celle
de Polybe. Il mêle au récit des événements
des digressions géographiques, archéologiques
et ethnographiques d'un haut intérêt sur les
Sarrasins, les Gaulois, les Huns, sur l'Egypte,
mais ne manque pas d'une certaine vigueur!
La traduction française la plus récente es t celle
de la collection Nisard. La meilleure édition
latine est celle de Wagner et Erfurdt, Leip-
zig, 1808.
AMMINÉ, ÉE adj. (amm-mi-né — rad.
ammi). Bot. Qui ressemble à un ammi.
— s. f. pi. Tribu de la famille des ombelli-
fères, qui a pour type le genre »mmi.
AMMIBATO (Scipion), publiciste, né dans le
royaume de Naples en 1531, mort à Florence
en 1601. Il est auteur d'une Histoire de Flo-
rence très-estimée, qui va jusqu'en 1574. La
première partie parut à Florence en 1600 ; la
fin fut publiée dans la même ville, quarante ans
après la mort de l'auteur, 1641.
AMMITE ou Amite s. f. (amm-mi-te — du
gr. ammos, sable). Miner. Terme général qui
s'applique à tous les minéraux à grains arron-
dis, tels que \a.pisolite, l'oolite, etc.
AMMOBATE s. m. (amm-mo-ba-te — du
gr. ammos, sable; batês, qui marche). Entom.
Genre d'insectes hyménoptères, de la famille
des mellifôres.
AMMOBIE S. f. OU AMMOBION S. m. (amra-
mo-bî, ou bi-on — du gr. ammos, sable ; biô,
je vis). Bot. Genre de plantes de la famille des
composées, qui croissent dans quelques par-
ties arides et sablonneuses de la Nouvelle-
Hollande. La seule espèce connue, l'ammobie
ailée, est cultivée dans les jardins de bota-
nique.
AMMOCÈTE s, m. (amm-mo-sè-te — du gr.
ammos, sable; koilé , gîte, demeure). Ichth.
Genre de poissons de la famille des cyclo-
stomes ou des suceurs, dont la seule espèce
connue vit dans la vase des ruisseaux, ou les
pécheurs la prennent pour s'en servir comme
d'appât. On lui donne aussi vulgairement le
nom de lamprillon , lamproyon , chatouille ,
civette. Plusieurs auteurs regardent aujour-
d'hui les ammocètes comme les larves ou le
premier état des lamproies.
ammocharis s. m. (amm-mo-ka-riss— du
gr. ammos, sable j charis, ornement). Bot.
Genre d'amaryllidees, réuni aujourd'hui aux
brunswigia.
AMMOCHOSIE s. f. (amm-mo-ko-zî — du
sable; chôsis, amas). Ane. méd.
n de sable.
AMM
AMMOCHRYSE s. m. (amm-mo-kri-ze —
du gr. ammos. sable ; c)tntsos; or). Miner. Sorte
de mica pulvérulent, de couleur d'or, qui sert
de poudre pour l'écriture.
AMMODENDRON srm. (amm-mo-dain-dron
— du gr. ammos, sable ; dendron, arbre). Bot,
Genre de plantes de la famille des légumi-
neuses, dont l'unique espèce habite les steppes
de la Sibérie méridionale.
AMMODROME s. m . (amm-mo-dro-me —du
gr. ammos, sable; dromeus, coureur). Ornith.
Genre de passereaux conirostres, qui se tien-
nent habituellement dans les îlots Das et cou-
verts de roseaux, sur le bord des côtes de la
mer Atlantique.
— Entom. Genre d'insectes hyménoptères,
de la famille des mutilliens, qui appartient à
l'Amérique méridionale.
AMMODYTE adj. (amm-mo-di-te — du gr.
ammodutêsj qui se tient dans le sable). Hist.
nat. Qui vit, qui croît, qui s'enfonce dans le
— s. m. Ichth. Nom spécifique d'un pois-
son ophidien qui a beaucoup de ressemblance
avec les murènes, soit par la forme de son
corps, soit par ses mœurs. Les pêcheurs, sur
les côtes de France, s'en servent comme d'un
appât excellent. A Dieppe, on a trouvé des
ammodytes presque entièrement argentés.
Los pêcheurs lui donnent le nom à'équille.
— Erpét. Reptile saurien, de la famille
des colubériens et de la tribu des vipères ; son
nom lui vient de l'habitude qu'il a de se cacher
dans le sable ; sa morsure est très-dangereuse.
— Paléont. Poisson fossile des terrains
modernes.
AMMOGÉTON s. m. (amm-mo-jé-ton — du
gr. ammos, sable : geitôn, voisin). Bot. Genre
de plantes do la famille des composées, tribu
des ehicoracées, et dont la seule espèce con-
nue est une plante vivace de l'Amérique
boréale, sans tige, à feuilles radicales et à
fleurs jaunes.
ammoline s. f. (amm-mo-li-ne — de am-
monium, et du lat. oleum, huile). Chim. Base
salifiable extraite de l'huileanimalcdeDippel.
AMMOLIQUE adj. (amm-mo-li-ke — rad.
ammoline). Chim. Se dit dos sels qui ont pour
base l'ammoline.
ammon s. ni. Nom donné à une espèce de
mouton.
— Conchyl, Corne d'ammon , Nom vulgaire
de l'ammonite.
AMMON, père des Ammonites, né, ainsi que
son frère Moab, du commerce incestueux de
Loth avec ses deux filles.
AMMON ou AMOCN,dieu égyptien, identifié
avec Jupiter par les Grecs, qui. le rattachèrent
par diverses fables à leur propre mythologie.
C'était le dieu-soleil, le principe vivifiant. Le
siège de son culte était Thèbes. II avait aussi,
dans l'oasis de Syouah, à neuf jours de marche
d'Alexandrie, un temple magnifique et un oracle
qui était un des plus célèbres de l'antiquité. Cet
oracle fut consulté par Hercule, par Thésée,
et dans les temps historiques par Alexandre,
qui s'y fit donner le titre de fils de Jupiter. Ce
dieu était représenté avec des cornes de bélier.
AMMON (Charles-Guillaume), auteur et vé-
térinaire allemand, né en 1777, à Trakehnen,
près Gumbinnen (Prusse), mort en 1855, entra
en 1796 dans l'administration des haras, et de-
vint en 1813 directeur en chef du haras de
Rohrenfeld, appartenant au roi de Bavière ; il
se démit de ce poste en 1839, pour passer ses
vieux jours dans son pays natal. Ce praticien
distingué a réédité et composé plusieurs ou-
vrages sur l'hippiatrique et les autres branches
de 1 art vétérinaire. Les travaux de Reitzen-
stein et de Sebald ont eu en lui un partisan
zélé, et le Traité des maladies des chevaux, de
J.-B. de Sind, refondu et maintenant connu
sous le titre de Manuel de l'aspirant vétéri-
naire, est devenu un livre classique (Francfort,
12c édition). Lesouvrages qui lui appartiennent
en propre montrent l'étendue de son savoir :
liemêdes contre tes maladies des animaux do-
mestiques ; Manuel général du Vétérinaire pra-
ticien ; Sur l'Amélioration de la race cheva-
line, etc.
AMMON (Georges-Dieudonné), vétérinaire
allemand, frère du précédent, né en 1780, an-
cien inspecteur du haras royal prussien de
Vesra, a publié quelques ouvrages estimés :
De V Elève et de l'Amélioration du cheval; Ma-
gasin des haras; Des Qualités du cheval de-
guerre, etc.
AMMON (Frédéric-Guillaume-Philippe »')
publiciste et théologien allemand, né à Erlau-
gen en 1791, appartient à une famille qui s'est
distinguée par ses travaux philosophiques et
scientifiques. Il étudia la science ecclésiastique
aux universités d'Erlaugen, Gœttingue, Iéna.
Depuis 1820, il est archidiacre dans sa ville
natale, et y professe en même temps la théo-
logie. Entre autres ouvrages, on cite de lui
les Lettres de Rodolphe Ida sur les dogmes qui
distinguent l'Eglise protestante de l'Eglise ca-
tholique; Galerie des personnages marquants
du xvie, du xvne et du xvme siècle qui ont
embrassé le catholicisme.
AMMON (Frédéric-Auguste d'), auteur et
médecin allemand, né à Gœttingue en 1799, fut
reçu docteur en 1822 et obtint en 1829 une
place de professeur à l'Académie de chirurgie
et de médecine de Dresde, où il devint aussi
directeur de la clinique ambulante. Le roi de
AMM
279
Saxe le prit pour médecin particulier en 1837
et le nomma en 1844 conseiller intime de mé-
decine. Parmi ses meilleurs ouvrages, les
suivants intéressent particulièrement les mé-
decins : Du Sommeil maladif, mémoiro cou-
ronné par l'Académie de Gœttingue; les
Premiers Devoirs de la mère et l'Education du
premier âge; De Gcnesi et Usu macula; luteœ;
De Physiologia tenotomiœ1 ouvrage qui a été
traduit en français ; Clinique des maladies et
des anomalies de l'œil humain ; De Iritide, dis-
sertation couronnée par la faculté de Paris ;
Traitement du strabisme par la myototnie;
Revue des maladies chirurgicales natives de
l'homme; Régime hydrothérapique ; la Chirurgie
plastique, en société avec le Dr Baumgarfcen*
ouvruge couronné par l'Académie de Gand.
Le Dr d'Ammon a participé à la rédaction du
Journal de chirurgie et dtophthalmologie pu-
blié par le Dr Walther, et a rédigé, de 1830
à IS36, un Journal d'ophthalmologie, et,ùo 1838
à 1840, une Revue mensuelle de médecine, d'oph- ■
thalmologie et de chirurgie. Membre de plu-
sieurs académies, il est décoré de la Légion
d'honneur et d'autres ordres étrangers. — Un
autre de ses frères, Guillaume d' Ammos, né
en 1801, à Gœttingue, est conseiller à la cour
d'appel de Dresde.
AMMON ou AMMAN, la Rabbath de la Bible,
ancienne capitale des Ammonites, à l'est du
Jourdain. Détruite pendant les guerres des
successeurs d'Alexandre, elle fut relevée par
Ptolémée Philadelphe, qui lui donna son nom,
Philadelphia. Il n en reste aujourd'hui que dé
belles et vastes ruines, qui servent de station
aux caravanes.
AMMON (oasis d'), fertile oasis de la Libye
extérieure, célèbre par son temple et son
oracle de Jupiter Ammon. L'armée de-Cam-
byse, envoyée pour le détruire, fut ensevelie
dans les sables; c'est là qu'Alexandre se fit
proclamer fils de Jupiter. Près du temple était
ta Fontaine du Soleil, dont les eaux chan-
geaient périodiquement de température.
AMmonacÉ.ÉE adj. (amm-mo-na-sé —
rad. Ammon). Moll. Qui ressemble à l'ammo-
nite, ou corne d'Ammon.
— s. f. pi. Famille do mollusques céphalo-
podes, qui a pour type le genre ammonite.
AMMONAliUN s. m. (âmm-mo-na-lun — de
ammoniaque et alun). Miner. Mot employé par
Beudant comme syn. d'alun ammoniacal.
(amm-mo-né-ai ,
Nom donné quel-
quefois aux terrains secondaires, particulière-
ment à ceux qui renferment un grand nombre
d'espèces d'ammonites.
— Antiq. Ecriture ammonéenne, lettres am-
monéennes. Se dit de l'écriture mystérieuso
des livres que Sanchoniathon trouva dans les
temples d'Egypte , et qu'il consulta pour ré-
diger son histoire.
ammonées s. f. pi. (amra-mo-né). Syn.
d'ammonidées.
AMMONIAC, AQUE adj. (amm-mo-ni-ak,
a-ke — de Ammon , l'un des surnoms de Ju-
piter, parce qu'on préparait. autrefois cette
substance dans la Libye, près du temple de
Jupiter Ammon). Chim. No s'emploie au
masculin que dans ces deux expressions : sel
ammoniac, gas ammoniac. Le gaz ammoniac
n'est autre chose que l'ammoniaque ; le sel
ammoniac, que le chlorhydrate d'ammo-
niaque, il Gomme ammoniaque, Gomme-résine
tirée du dorème ammoniac, qui croit princi-
palement en Libye.
— Encycl. La substance vulgairement ap-
pelée sel ammoniac est le produit de la com-
binaison de l'ammoniaque avec l'acide chlo-
rhydrique. On le trouve dans le commerce
sous forme de masses blanches, translucides,
à cassure fibreuse, douées d'une certaine flexi-
bilité. Ses cristaux élémentaires ont la forme
d'un octaèdre régulier. Il se volatilise sous
forme de vapeurs blanches lorsqu'il est chauffé
jusqu'au rouge; il ne se liquéfie que sous une
pression plus grande que celle de l'atmosphère.
Le sel ammoniac est soluble dans l'eau et dans
l'alcool. IL a une grande tendance à se com-
biner avec d'autres chlorures pour former des
chlorosels, où il joue le rôle de base. On l'em-
ploie dans les laboratoires pour la préparation
de l'ammoniaque. Dans les arts, il sert spécia-
lement au décapage des métaux. Le sel am-
moniac se trouve tout formé dans la nature,
notamment dans les laves des volcans en acti-
vité et dans les fissures des houillères embra-
sées. Il existe aussi dans les urines humaines
et dans la fiente des animaux qui mangent des
herbes salées. Autrefois on le tirait de cette
partie de l'Afrique où était situé le temple de
Jupiter-Ammon (d'où son nom), et où on l'ob-
tenait en sublimant la suie provenant de la
combustion de la fiente des chameaux. Aujour-
d'hui, on se le procure soit par voie directe, en
faisant agir l'acide chlorhydrique sur le car-
bonate d'ammoniaque ; soit en traitant le carbo-
nate d'ammoniaque par le sulfate de chaux
(plâtre), ce qui donne du sulfate d'ammo-
niaque, et en décomposant ce dernier par le
chlorure de sodium (sel marin).
— Pharm. La gomme ammoniaque, très-peu
soluble dans l'eau, se dissout très-bien dans
l'alcool à ïïo. On la trouve, dans le commerce,
en larmes isolées , «régulières , blanchâtres :
c'est la plus pure ; ou en masses irrégulières,
jaunâtres, parsemées de taches blanches. On
l'emploie à l'extérieur comme résolutif et fon-
pulmonaires.
ammoniacal, ALE adj. (amm-mo-ni-a-
• kal, a-Io — rad. ammoniac). Chim. Qui a rap-
port à l'ammoniaque, qui en a l'odeur et les
propriétés : Sel, savon ammoniacal. Vapeur,
odeur ammoniacale. Les sels ammoniacaux
sont presque tous volatilisables par la chaleur.
(Richerand.) Les sels que l'ammoniaque forme
avec les acides sont depuis longtemps nommés
sels ammoniacaux. (Fourcroy.) La digestion
stomacale est acide; la digestion duodénale est
alcaline; la digestion du colon est ammonia-
cale. (Raspail.) En Egypte, le sel ammoniacal
s'extrait de ta fiente desséchée de chameaux et
de bœufs vioanl d'herbages salés. (L.-J. Lar-
chor.) Un kilogramme de laine de mouton con-
naît cent soixante-quinze grammes de sels am-
moniacaux. {L.-J. Larcher.)
— s. m. pi. Nom sous lequel on désigne les
médicaments excitants diffusibles, que for-
ment l'ammoniaque et les sels ammoniacaux,
tels que le carbonate, le chlorhydrate et l'acé-
tate d'ammoniaque.
— Encycl. Chim. Les sels
(combinaisons des divers acides _
niaque ) ont tous une saveur piquante ; ils sont
volatils ou altérables par la chaleur ; mis en
contact avec une base soluble, ils dégagent
de l'ammoniaque ; enfin le chlorure de platine
détermine dans leurs dissolutions un précipité
jaune caractéristique. Nous ne parlerons ici
ni du chlorhydrate d'ammoniaque, ni de l'acé-
tate d'ammoniaque. V. Ammoniac et acétate.
— Carbonates ammoniacaux. Il existe plu-
sieurs carbonates ammoniacaux. Le plus im-
portant et le plus commun est le sesquicarbo-
nate d'ammoniaque , appelé aussi carbonate
d'ammoniaque des pharmaciens, sel volatil
d'Angleterre, craie ammoniacale, alcali volatil
concret. Ce sel a l'aspect de masses blanches,
translucides, à texture fibreuse. Il a une odeur
ammoniacale prononcée, une saveur urineuse ;
il est soluble dans deux fois son poids d'eau
froide , mais l'eau bouillante le décompose. Il
cristallise en gros octaèdres à base rhomboï-
dale. On le transforme en bicarbonate d'ammo-
niaque, en faisant arriver dans sa dissolution
aqueuse un courant de gaz acide carbonique.
La bicarbonate d'ammoniaque est isomorphe
avec le bicarbonate de potasse ; il est inso-
luble dans l'alcool et soluble dans huit fois son
poids d'eau froide. On l'emploie depuis quelque
temps pour la préparation en grand du bicar-
bonate de soude.
— Nitrate d'ammoniaque. Le nitrate d'am-
moniaque cristallise en prismes hexagonaux,
semblables à ceux du nitre. Sa saveur est
fraîche et piquante ; il est insoluble dans l'al-
cool, très-soluble dans l'eau. Il fond à 200», et
entre 240° et 250°", se décompose en eau et en
protoxyde d'azote. On l'appelait autrefois ni-
trum flammans, parce qu'il orùle avec flamme.
Le nitrate d'ammoniaque existe dans les eaux
pluviales, notamment dans les eaux d'orage. Il
s'obtient en traitant le carbonate d'ammo-
niaque par l'acide nitrique.
— Phosphate .d'ammoniaque. Le phosphate
neutre d'ammoniaque cristallise en prismes à
quatre pans ; sa saveur est urineuse ; il est
insoluble dans l'alcool, soluble dans quatre fois
son poids d'eau froide. Si l'on fait bouillir sa
dissolution aqueuse, il perd un équivalent
d'ammoniaque et devient ce que l'on appelle
phosphate acide. Si, au lieu de la faire bouillir,
on y fait arriver un courant d'ammoniaque, on
obtient le phosphate appelé basique, qui con-
tient un équivalent d'ammoniaque de plus que
le neutre. Le phosphate neutre d'ammoniaque
s'obtient en décomposant le biphosphate de
chaux avec du carbonate d'ammoniaque. Il se
trouve uni aux phosphates de soude et de ma-
gnésie dans les urines de certains animaux.
Le phosphate double d'ammoniaque et de
soude s'appelait autrefois sel fusible des urines
Qtsel microcosmique. Le phosphate ammoniaco-
magnésien, c'est-à-dire à double base d'ammo-
niaque, se trouve non -seulement dans les
urines soit fraîches, soit putréfiées, mais en-
core dans les matières excrémentitielles, dans
les calculs intestinaux du cheval, et souvent
dans les calculs vésicaux' de l'homme.
— Sulfate a" ammoniaque. Le sulfate-d'am-
moniaque est isomorphe avec le sulfate de po-
tasse. Il est insoluble dans l'alcool, soluble
dans son poids d'eau bouillante, et dans deux
fois son poids d'eau froide. On le prépare en
faisant agir du sulfate de chaux sur une dis-
solution de carbonate"d'ammoniaque. Le sul-
fate d'ammoniaque se trouve dans la nature
combiné avec le sulfate d'alumine, et dans ce
cas, il constitue l'alun à base d'ammoniaque.
— Sulfhydrate d'ammoniaque. Le sulfhy-
drate simple et le bisulfhydrate d'ammoniaque
ne s'emploient dans les laboratoires qu'à l'état
de dissolutions. Le premier est un des réactifs
les plus usités en chimie ; on s'en sert dans les
analyses, soit pour reconnaître certains sul-
fures, soit pour séparer ceux qui seraient en-
gagés dans des mélanges. Les sulfhydrates
d'ammoniaque, d'abord incolores, deviennent
jaunes à mesure qu'ils vieillissent; ils sont
fétides et vénéneux;, c'est à leur présence
qu'est due en partie l'odeur désagréable des
vidanges. La liqueur fumante de Jloyle n'est
autre chose qu'une dissolution étendue de sul-
fhydrate d'ammoniaque sulfuré.
Les sels ammoniacaux entrent dans un cer- ''
tain nombre de préparations pharmaceutiques.
AMM
Le sel volatil de corne de cerf, l'esprit volatil
de même nom, et ¥ esprit volatil de soie crue
Ont pour base le carbonate d'ammoniaque;
Yesprit de Sylvius se prépare avec le sel am-
moniac. Les sels ammoniacaux jouent un grand
rôle en agriculture comme source d'azote ; les
engrais les plus riches leur doivent en grande
partie leurs propriétés fertilisantes. ■ Tout
semble démontrer, dit M. Malaguti, que les
plantes puisent leur azote sous forme d'ammo-
niaque... La solubilité et la volatilité des sels
ammoniacaux sembleraient devoir les éloigner
des racines ; mais cela n'arrive pas, parce que
la nature, en donnant la porosité a la plus
grande partie des matières terreuses et orga-
niques, les a douées de la faculté de condenser
les gaz et même (es sels dissous ; ainsi les sels
ammoniacaux se trouvant soustraits à l'éva-
poration, et en partie à la dissolution, n'échap-
pent pas aux atteintes des racines, n
AMMONIACÉ, ÉE adj. (amm-mo-ni-a-sé —
rad. ammoniaque) Chim. Qui contient de l'am-
moniaque.
AMMONIACO (amm-mo-ni-a-ko — rad. am-
moniaque). Mot qui se joint à d'autres pour
former des adjectifs composés. Voici les prin-
cipaux : Ammoniaco-cuivreux , Qui contient
do l'ammoniaque et'du cuivre, il Ammoniaco-
ferrugineux, Qui contient de l'ammoniaque et
du fer. (i Ammoniaco-savonneux , Qui contient
de l'ammoniaque et des matières savonneuses.
H Ammoniaco-magnésien, Epithète donnée en
chimie aux sels à double base d'ammoniaque
et de magnésie, l! Ammoniaco-mercuriel, Epi-
thète donnée en chimie aux sels qui contien-
nent de l'ammoniaque et du mercure.
AMMONIADE s. f. (amm-mo-ni-a-de — rad.
Ammon). Aiitiq. gr. Vaisseau sacré sur lequel
on transportai les présents et les victimes
que les Athéniens envoyaient au temple de
Jupiter Ammon.
ammonialdÉHYDE s. m. (amm-mo-ni-
al-dé-i-de — rad. ammoniaque et aldéhyde).
Chim. Combinaison d'aldéhyde et d'ammo-
niaque. L'ammonialdéhyde , appelé aussi al-
dêhydate d'ammoniaque et acétylure d'ammo-
nium, est fort soluble dans l'eau, moins soluble
dans l'alcool, très-peu soluble dans l'éther; il
cristallise en rhomboèdres.
AMMONIAQUE s. f. (amm-mo-ni-a-ke —
rad. ammoniac). Chim. Gaz extrait du sel am-
moniac et connu autrefois sous le nom â'al-
cali volatil, o\'alcali fluor, d'esprit de sel am-
moniac. On l'appelle quelquefois gaz ammoniac.
Il Selon l'Académie, quelques-uns font ce mot
masc. Los ouvrages scientifiques ne lui don-
nent que le genre fém.
— Encycl. Vammoniaque est une combi-
naison d'azote et d'hydrogène; sa formule
est A« H' ; c'est un gaz incolore, d'une saveur
caustique, d'une odeur très-piquante, qui pro-
voque les larmes et même l'éternuement.
C'est, après l'hydrogène, le plus léger des
gaz. L'ammoniaque se liquéfie à 40" au-
dessous de zéro sous la pression ordinaire,
et à 10° au-dessus sous la pression de 6
atmosphères et 1/2. Sous l'influence com-
binée d'une très-basse température et d'une
haute pression, M. Faraday est parvenu à. la
solidifier. Le gaz ammoniac est très-soluble
dans l'eau : l volume d'eau en dissout 670 de
gaz. Lorsqu'on ouvre sous l'eau un flacon
rempli de gaz ammoniac, l'eau s'y précipite
avec une telle violence, qu'elle en brise quel-
quefois les parois. Vammoniaque est le seul
gaz qui jouisse de propriétés alcalines ; il
verdit le sirop de violette et ramène au bleu
le papier de tournesol rougi par un acide.
Dans les laboratoires, on obtient l'ammoniaque
en décomposant un sel ammoniacal, ordinaire-
ment le chlorhydrate, par la chaux vive ; il se
produit alors du chlorure de calcium, de l'eau
et de l' ammoniaque. Dans l'industrie, on l'ex-
trait des eaux ammoniacales qui se forment
dans les usines a gaz : ces eaux renferment
du carbonate et du sulfhydrated'ammoniaque ;
l'action de la chaux, aidée par la chaleur, dé-
compose ces sels et en dégage le gaz ammoniac.
Dissoute dans l'eau , l'ammoniaque prend le
nom d'ammoniaque liquide; elle a sous cette
forme la même odeur, la même saveur et les
mêmes propriétés alcalines qu'à l'état gazeux.
L'ammoniaque a été isolée pour la première
fois par le chimiste suédois Scheele, en 1774 ;
sa composition n'a été nettement déterminée
qu'en 1785 par Berthollet.
Dans les arts, on se sert de l'ammoniaque
pour nettoyer l'argenterie et pour dégraisser
les étoffes. En médecine, elle est fréquemment
employée à l'extérieur comme rubéfiant et
comme caustique ; à l'intérieur, comme sti-
mulant et diaphorétique. Comme rubéfiant, on
s'en sert pour combattre les rhumatismes chro-
niques, les tumeurs froides, etc. Comme cau-
stique, elle est d'un usage vulgaire contre les
morsures d'animaux venimeux et contre les
piqûres d'insectes. Elle sert aussi comme vési-
cant, lorsqu'on veut faire absorber certains
forment une boisson dont on obtient de bons
effets contre l'ivresse. Les vétérinaires s'en
servent pour dissiper le météorisme qui se ma-
nifeste chez les bestiaux, lorsqu'ils ont mangé
trop de légumineuses fraîches : ici l'ammo-
niaque agit en neutralisant l'acide carbonique
développé dans la panse. D'après M. Trous-
seau, 1 usage longtemps continué des prépara-
tions ammoniacales ôte au sang toute plasti-
cité, le rend incoagulable et jette dans un état
AMM
cachectique fort grave. A haute dose, l'am-
moniaque liquide est vénéneuse ; l'eau vinai-
grée est, selon Orfila, le meilleur moyen pour
Combattre l'empoisonnement causé par les am-
moniacaux.
— Type ammoniaque. L'ammoniaque est un
des quatre types auxquels les chimistes uni-
taires ramènent tous les corps classés d'après
leurs fonctions chimiques, et les rapports qu'ils
présentent dans leurs métamorphoses. Les
trois autres types sont l'eau, l'hydrogène et
l'acide chlorhydrique. Le type ammoniaque
comprend les azotures et les pnosphures.
— Ammoniaques composées. On a donné le
nom d'ammoniaques composées à des alcaloïdes
artificiels, qui se produisent lorsqu'on fait agir
la potasse dissoute sur les éthers cyaniques
des différents alcools. Chaque ammoniaque
composée représente de l'ammoniaque, plus
l'hydrogène carboné de l'alcool correspondant.
Les ammoniaques composées ont été décou-
vertes par M. Wurtz. V. Alcaloïdes.
ammoniate s. m. (amm-mo-ni-a-te —
rad. ammoniaque). Chim. V. Ammoniurb.
AMMONICO (amm-mo-ni-lso — rad. am-
moniaque). Chim. Terme employé dans un
certain nombre d'adjectifs composés , pour
exprimer une combinaison dans laquelle entre
l'ammoniaque. Voici les -principaux : Amma-
nico-argentique. Se dit d'un sel à double base
d'ammoniaque et d'oxyde d'argent. 11 Ammo-
nieo-calcique. Se dit d'un sel a double base
d'ammoniaque et de chaux. 11 Ammonico-
hydrique. Se dit d'un sel double résultant do
la combinaison d'un sel ammonique avec l'hy-
dracide du corps halogène de ce même sel :
Fluorure ammonico-hydrique. Il Ammonico-
lithique. Se dit d'un sel ammonique combiné
avec un sel lithique : Phosphate ammonico-
lithique. 11 Ammonico-magnësique. Se dit d'un
sel ammonique combiné avec un sel magné-
sique : Sulfate ammonico-magnésique. 11 Am-
monico-mercureux. Se dit d'un sel double qui
résulte de la combinaison d'un sel ammonique
avec un sel mercureux : Nitrate ammonico-
mekcureux. Il Ammonico-mercurique. Se dit
d|un sel double qui résulte de la combinaison
d'un sel ammonique avec un sel mercurique :
Sulfate ammonico-mercurique. 11 Ammonico-
potassique. Se dit d'un sel double qui résulte
de la combinaison d'un sel ammonique avec
un sel potassique : Oxalate ammonico-potas-
sique. H Ammonico-sodique. Se dit d'un set
double qui résulte de la combinaison d'un sel
ammonique avec un sel sodiquo : Sulfarsé-
niate ammonico-sodique. 11 Ammonico-urani-
que. Se dit d'un sel double produit par la
combinaison d'un sel ammonique avec un sel
uranique : Carbonate ammonico-uranique.
AMMONIDËES OU AMMONÉES S. f. pi.
(amm-mo-ni-dé — rad. Ammon), Paléont.
Famille de mollusques fossiles de la classe
des céphalopodes, qui a pour type le genre
ammonite.
AMMONIEN, ENNE adj. (amm-rao-ni-ain,
è-ne — rad. Ammon). Se dit des pays où l'on
rendait un culte à Ammon : Le sel abondait
dans l'oasis ammonienne, et les négociants
voyageurs en exportaient beaucoup de cette ile
de verdure dans les places où ils se rendaient.
(Héeren.)
AMMONIENS s. m. pi. (amm-mo-ni-ain —
rad. Ammon). Géogr. anc. Peuple de l'Arabie
Heureuse, différent des Ammonites, qui ha-
bitaient 1 Arabie Pétrée.
AMMONIFELLIQUE adj. (amm-mo-ni-foll-
li-ke — de ammoniaque , et du lat. fel, fellis ,
fiel). Chim. Se dit d'un acide qui se trouva
dans la bile abandonnée à l'air pendant un
certain temps.
AMMONIO (amm-mo-ni-o — rad. ammo-
niaque). Terme qui se joint à d'autres mots
pour former des substantifs , dont voici les
deux principaux : Ammonio-azoture, Composé
que l'on croit résulter de la combinaison d'un
azoture avec le gaz ammoniac : Ammonio-
azoture de potassium, il Ammonio-chlorure,
Composé que l'on croit résulter de la combi-
naison d'un chlorure avec le gaz ammoniac :
Ammonio-chlorure d'étain,
AMMONIO-MERCURIQUE adj. Sedit d'une
série de combinaisons d'ammoniaque et
d'oxyde de mercure. Il Oxyde ammonio-mer-
curique hydraté, Composé obtenu en traitant
le protoxyde de mercure par un grand excès
d'ammoniaque liquide , parfaitement causti-
que, à l'abri du contact de l'air. 11 Oxyde am-
monio-mercurique anhydre, Sorte de poudre
brune non décomposable par la potasse, et
que l'on obtient au moyen du vide prolongé,
ou en chauffant à 130».
AMMONIQUE adj. ( aiiini - ino - ni -ke t-
rad. ammoniaque). Chim. Se dit des sels
formés par la combinaison de l'ammoniaque
avec des acides contenant de l'eau. 11 Oxyde
ammonique, Ammoniaque considérée commo
un oxyde d'ammonium, a Sulfure ammonique,
Combinaison de soufre et d'ammoniaque con-
stituant une sulfo-base analogue à l'oxydo
ammonique.
AMMONITE s. f. (amm-mo-ni-te — rad.
Ammon). Paléont. Genre de coquilles fossiles.
On les nomme vulgairement cornes d' Ammon,
à cause de leur ressemblance avec des cornes
de bélier.
— Encycl. Le genre ammonite appartient à
la classe des céphalopodes et à la famille des
siphonifères. Comme il ne renferme que des
AMM -x
iore la structure ci tes
. , on présume seulement
qu'il devait être analogue à ceux que nous ap-
pelons nautiles. On ne peut donc caractériser
ce genre que par sa coquille discoïde, à spire
enroulée sur le même plan , enveloppante ou
non ; à tours contigus, a cloisons plus ou moins
lobées sur leurs bords par des ramifications ou
des digitations, la dernière loge occupant tout
le dernier tour de spire. On évalue à deux mille
environ le nombre des espèces d'ammonites con-
nues. Leur distribution géologique est très-
étendue ; on en trouve depuis le terrain houiller
jusqu'à la craie tufau inclusivement. Leur taille
est très-variable : tandis que quelques-unes dé-
passent à peine le volume d'une lentille, on en
cite de plus de 2 mètres de diamètre. On ne
trouve que rarement des fragments du test,
qui est mince et fragile. On ne connaît donc
guère que le moule intérieur, formé tantôt de
pyrite oud'oligiste, tantôtde quartz oud'agate.
Ces coquilles sont quelquefois si abondantes
que, dans certaines localités, elles constituent
des montagnes entières.
AMMONITES, peuples issus d'Ammon , fils
de Loth, voisins des Hébreux, avec lesquels
ils furent presque continuellement en guerre.
Battus successivement par Jephté et Saûl, ils
furent entièrement exterminés par Joad, gé-
néral de David. Leur capitule était Rabbath-
Ammon.
AMMONHIM s. m. ( amm-mo-ni-omm —
rad. ammoniaque). Chim. Nom donné à un
radical hypothétique auquel la chimie théo-
rique fait jouer le rôlo de métal, et par lequel
elle rend compte de l'analogie qui existe
entre les combinaisons ammoniacales et les
combinaisons métalliques ordinaires.
— Encycl. D'après la théorii ,
présenterait un équivalant d'azote uni à quatre
équivalents d'hydrogène , A~ H'*, c'est-à-dire
de l'ammoniaque avec un équivalent d'hydro-
gène en plus ; il serait aux métaux des alcalis,
potassium, sodium, etc., ce que le cyanogène
est au chlore, au brome, à l'iode, etc. L'hypo-
thèse de l'ammonium a été imaginée par Am-
père et développée par Berzélius. Elle est née
de ce fait qu'une molécule d'ammoniaque a
toujours besoin de la préser.ce d'une molécule
d'eau pour donner naissance à de véritables
sels, et consiste à admettre que l'ammoniaque
et l'eau constituent un oxyde métallique,
comme tapotasse et la soude. Certains laits
semblent donner le caractère d'une réalité à
l'hypothèse de l'ammonium. Plusieurs sels do
potasse sont isomorphes avec les sels ammo-
niacaux correspondants; on connaît une com-
binaison de mercure, d'ammoniaque et d'hy-
drogène qui a l'aspect et mérite le nom
d'amalgame, et dans laquelle l'ammoniaque et
l'hydrogène réunis se comportent absolument
comme un métal.
AMMONIURE s. m. (amm-mo-ni-u-re —
rad. ammoniac). Chim. Nom donné aux com-
posés résultant de la combinaison de l'ammo-
niaque avec divers oxydes métalliques : Les
ammoniurks d'or, d'argent et de platine sont
fulminants. 11 On dit aussi ammoniate.
AMMONIUS grammairien grec, né en
Egypte, où il devint pontife d'un temple con-
sacré au dieu-singe , se réfugia à Constanti-
nople en 389, après la destruction des temples
païens d'Egypte par ordre de Théodose, ety fut
le maître de Socrate, célèbre historien ecclé-
siastique. Il reste de lui deux traités, l'un sur
les Synonymes, l'autre sur les Mats impropres.
AMMONIUS, filsd'Hermias, philosophe grec,
né à Alexandrie, fut le disciple de Proclus à
Athènes, en 480 de l'ère chrétienne, et enseigna
à Alexandrie une doctrine mélangée des idées
d'Aristote et de celles de Platon. Il a laissé des
Commentaires estimés sur l'Introduction de -
Porphyre et sur divers traités d'Aristote.
AMMONIUS, surnommé Soccus, parce qu'il
avait été portefaix dans sa jeunesse. Philo-
sophe d'Alexandrie, qui florissait vers la fin du
11e siècle et au commencement du 111e. Issu
d'une famille chrétienne, il se convertit au
paganisme, étudia la philosophie, et tenta de
concilier les doctrines de Platon avec celles d'A-
ristote, qu'il amalgama avec les théories orien-
tales. On le regarde comme le fondateur de
l'école néo-platonicienne. li n'a laissé aucun
écrit. Ses principaux disciples furent Plotin ,
Longîn et Origène.
AMMONOCÉRATE s. m. (amm-mo-no-sé-
ra-te— du gr. Ammo';i, Ammon; keras, corne).
Conchyl. Genre d'ammonites; nom substitué
par Lamark à celui d'ammonocératite. Ce
: paraît pas devoir être conservé.
AMMONOÏDE adj. (amm-mo-no-i-de — du
gr. Amman, Aimnon; eidos, ressemblance).
Conchyl. Se dit des coquilles qui ressemblent
aux ammonites ou cornes d'Ammon.
— s. f. pi. Section de la famille des héli-
costègues , établie pour les genres dont la
spire est apparente des deux côtés.
AMMOPHILE s. m. (amm-mo-fi-!e — du gr.
arnmos, sable ; philos , ami). Entom. Genre
d'insectes hyménoptères, de la famille des
fouisseurs. La femelle se creuse dans le sable
un trou assez profond , dans lequel elle ap-
porte une chenille qu'elle a blessée avec son
aiguillon; puis elle pond un œuf dans ce trou,
qu'elle ferme avec des grains de sable.
— Bot. s. f. Genre de plantes de la famille
AMN
des graminées, très-commun sur les dunes et
les bords sablonneux de la mer, où ses rhi-
zomes rampants, qui s'étendent souventàune
très-grande distance, contribuent à fixer la
mobilité des terrains sablonneux.
— Adj. Qui se plaît, qui vit, qui croît dans
. les endroits sablonneux : Plante , insecte am-
mophilb.
AMMOPHORE s. m. (amm-mo-fo-re — du
gr. ammos, sabie ; phoros, qui porte). Entom.
Genre d'insectes coléoptères hétéromères, de
la famille des mélasomes, dont les espèces
connues sont toutes du Pérou.-
AMMOPTÉNODYTES s. m, pi. (amm-
mo-pté-no-di-te — du gr. ammos, sable;
ptùnos, qui vole, et dutêst plongeur). Ornith.
Famille comprenant les oiseaux non voiliers ,
et courant dans les sabtos, comme l'autruche.
AMMOTHÉE s. f. (amm-mo-té— n. myth).
Araclin. Genre de trachéennes pyenogonides,
établi sur une seule espèce, do la Caroline.
s. f. (amm-mir-si-ne — du gr.
os, qui a l'odeur de la myrrhe). Bot.
Genre de la famille des éricinecs. ,
AMNÉSIE s. f. (am-né-zî — du gr. a priv.;
mnêsis, mémoire). Méd. Diminution notable
ou perto totale de la mémoire, occasionnée
plus ou moins subitement par une maladie
ou un accident : L'amnésib s attaque généra-
lement à la vieillesse. Certaines personnes sont
frappées d'une amnésie telle qu'elles oublient
jusqu'à leur nom.
— Encycl. L'amnésie est à l'intelligence ce
que la paralysie est au mouvement ; elle peut
être générale ou partielle. L'amnésie générale
est extrêmement rare ; il existe, au contraire,
dans la science, un assez grand nombre de cas
d'amnésie partielle. On sait, par exemple, que
certains individus se plaignent d'avoir perdu
seulement la mémoire des événements, des
dates, tandis que chez d'autres le souvenir des
personnes est plus ou moins affaibli, quelquefois
même tout à fait nul. Guvier racontait dans
ses cours qu'un homme avait perdu seulement
la mémoire de tous les noms substantifs, de
telle sorte qu'il construisait régulièrement une
phrase, à cela près des mots de cette catégorie
<lu'u. "" "" f *'
:s de ir
mtenue par
i'alité des espèt _
Gall, est continuée par les phéi
nésic partielle , et fait seule concevoir com-
ment la mémoire d'une série d'idées peut dispa-
raître chez un individu qui conserve en même
temps le souvenir de toutes les autres séries
d'idées. Sous le rapport de sa nature, Y amnésie
offre quatre variétés bien distinctes: I" l'am-
nésie agénésique, résultant du défaut de déve-
loppement du cerveau : c'est celle des idiots
et des crétins; 2° l'amnésie mécanique, résul-
tant (le ht compression du cerveau, quelle qu'en
soit la cause; 3» l'amnésie hypérémique, pro-
duite par la congestion ou l'inflammation du
cerveau et de ses enveloppes; 40 l'amnésie
ast/iénique, effet de la faiblesse, de la diminu-
tion de vitalité du cerveau. L'amnésie des vieil-
lards rentre dans cette dernière variété. On
comprend que le traitement doit varier suivant
la nature et les causes de Yamnésie : ainsi,
l'amnésie hypérémique réclame une médica-
tion antiphlogistique et un régime débilitant,
tandis que Yamnésie asthénique exige l'emploi
des toniques; Yamnésie agénésique est incu-
rable et ne comporte aucun traitement; Yam-
nésie mécanique n'est susceptible de guérison
qu'autant que la cause de la compression céré-
brale peut disparaître.
amnesTique adj. (a-mnè-sti-ke — rad.
amnésie ). Pathol. Se dit des substances véné-
neuses ou des accidents cérébraux qui font
perdre la mémoire.
AMNESTOTHALÉ,ÉE adj. (a-mnè-sto-ta-Iô
— du gr. « priv. ; mnèstos, fiancé , et thaleios,
qui fleurit). Bot. Se dit des plantes dont les
(leurs sont uniscxuelles , c'est-à-dire dont
chaque sexe habite uno fleur séparée.
AMNICOLE adj. (a-mni-ko-le — du lat.
amnis , fleuve; colère, habiter). Hist. nat.
Qui vit, qui croît sur le bord des fleuves, des
rivières. Se dit des animaux et des plantes.
AMNIOMANCIE s. f. (a-mni-o-man-si — du
gr. amnion, membrane; manteia, divination).
Arrtiq. gr. Espèce de divination qui consistait
à tirer l'horoscope d'un enfant, par l'inspec-
tion du sac membraneux qui enveloppe quel-
quefois comme une coiffe la tête des enfants
nouveau-nés, ce qui a sans doute donné lieu à
ce proverbe vulgaire , lorsqu'on parle d'un
homme heureux : Il est né mffé.
AMNIOMANCIEN, ENNE s. (a-mni-o-man~
si-ain, è-ne — rad. amniomancie). Antiq. gr.
Celui, celle qui pratiquait l'amniomancie.
AMNION s. m. V. Amnios.
AMNIORRHÉE s. f. ( a-mni-o-ré — du gr,
amnion, membrane; rheô . jo coule). Med.
Ecoulement du liquide de l'amnios.
AMNIOS ou amnion s. m. (am-mni-oss,
am-mni-on — du gr. amnion; formé de ammos }
d'agneau, membrane d'agneau; nom qui lui
vient sans doute de sa mollesse). Anat. La
plus interne des membranes qui enveloppent
le fœtus : L'enfant était moins comprimé dans
f amnios qu'il n'est dans ses langes. (J.-J.
Kouss.) /Amnios rentre en lui-même, en forme
d'entonnoir, pour fermer une gaine assez ferme
au cordon ombilical. (Cuvier.)
— Bot. Nom donné par Malpighi à la liqueur
gélatineuse qui, dans les plantes, entoure
l'embryon et ne devient visible qu'après la
fécondation. Le lait d'amande du cocotier on
fournit un des exemples les plus remar-
quables.
— Encycl. L'amnios est constitué par Ses
replis du feuillet externe du blastoderme,
replis qui se soulèvent tout autour du corps
de l'embryon et se portent à la rencontre
les uns des autres , vers le milieu du côté
dorsal , où ils se rejoignent et se soudent.
Dans l'origine, Yamiiios n'entoure l'embryon
que du côté de sa face dorsale et de ses extré-
mités céphalique et caudale; plus tard, il l'en-
veloppe complètement, sauf le point où la
cavité abdominale du fœtus communique avec
la vésicule ombilicale. En ce point, V amnios se
réfléchit sur le cordon ombilical, qui a pris
naissance et forme une gaine à ce cordon.
L'amnios est une des menïbranes persistantes
de l'œuf; il augmente peu à. peu d'épaisseur, et,
vers le troisième mois, il est appliqué partout à
la surface interne du chorion. Il contient le
liquide 'amniotique.
AMNIOTATE s. m. (a-mni-o-ta-te). Chim.
Genre do sels qui portent aujourd'hui le nom
d'ALI.ANTOATK.
amniotique adj. (a-mni-o-ti-ke — Ad.
amnios). Anat. Qui appartient à l'amnios, qui
•a rapport à l'amnios : Fluide, liquide amnio-
tique.
— Chim. Syn. â'allanloique.
— Encycl. Anat. Le liquide amniotique, que
l'on appelle souvent Yeau ou les eaux de l'am-
nios, ou simplement les eaux, est d'abord une
sérosité claire et transparente qui devient en-
suite légèrement jaunâtre et visqueuse. Il ren-
ferme 99 parties d'eau sur 100, de l'albumine et
des sels, parmi lesquels du sel marin, du phos-
phate et du sulfate de chaux. A partir du sixième
mois, on y trouve du sucre de foie. Jusqu'au
cinquième mois, le liquide amniotique augmente
de quantité, et à cette époque, il présente un
poids a peu près égal a celui du lœtus. Plus
tard, le fœtus continue h s'accroître , mais la
quantité du liquide reste la même. Au mo-
ment de la naissance , l'amnios contient de
1/2 à 1 kilog. de liquide. Le liquide amniotique
nréserve l'utérus de l'action immédiate du
foetus , et le fœtus de celle de l'utérus , dans
les mouvements de la mère. On lui a attribué
encore d'autres usages. « L'embryon , dit
M". J. Béclard , étant suspendu au milieu du
liquide de la poche amniotique, pendant toute
la durée de son développement et jusqu'au
moment de la naissance, on s'est demandé si
les eaux de l'amnios ne constitueraient pas
pour l'embryon un liquide nourricier. Cela est
peu vraisemblable. Le liquide de l'amnios, en
effet, renferme une très-petite quantité de
substances organiques, et il contient souvent
des produits de sécrétion. On a cru aussi que,
à la manière des poissons , l'embryon pouvait
absorber les gaz dissous dans les eaux de
l'amnios par une véritable respiration aqua-
tique ; mais les eaux de l'amnios ne renferment
ni oxygène, ni air atmosphérique, ni acide car-
bonique, comme on le pensait. • Dans l'accou-
chement, le liquide amniotique est poussé par
les contractions utérines vers le col de l'utérus,
où les membranes qui le contiennent forment
Sa saillie appelée poche des eaux.
AMNIQOE adj. (a-mni-ke — rad. amnios).
Nom donné par quelques chimistes à l'acide
amniotique. •
AMMSIADESouAMMSlUES s. f.pl. (amm-
ni-zi-a-de). Myth. gr. Nymphes du fleuve
Amnisus, en Crète.
AMNISQUE s. m. (a-mni-ske— du gr. amnis,
petit agneau) . Entom. Genre d'insectes co-
léoptères tétramères, famille des longicornes,
dont on compte trente et une espèces, presque
toutes originaires de l'Amérique septen-
trionale.
amnistiable adj. (a-mni-sti-a-ble — rad.
amnistié). Qui peut être amnistié, qui est digne
d'être amnistié : Prisonniers amnistiables,
AMNISTIANT (am-ni-sti-an) part. prés,
du v. Amnistier : La loi du 3 brumaire, en
amnistiant tous les faits relatifs à la révolu.-
(ion, exceptait cependant les crimes parii'-.v-
liars. (Thiers.)
AMNISTIE s. f. (a-mm-stî — du gr.
amnéstia, oubli; formé de a priv., ai mnè&tis ,
souvenir). Pardon lo plus souvent collectif
que le souverain accorde, principalement pour
crime de rébellion : Amnistie générale. Loi
«TamNISTIE. Proclamer, publier une amnistie.
Presque toujours, après tes rc'uoltiiions violen-
tes, on proclame des amnisties. (B. Constant.)
/.'amnistie est provoquée par des considéra-
tions purement politiques. (Bcugnot.) Le droit
^'amnistie est inhérent à la souveraineté.
(Royer-Collard.) C'est à Thrasybule que nous
devons le beau mot e£' amnistie. (Bignon.) Les
grandes amnisties sent les actes les plus néces-
saires, et en même temps les plus difficiles à
faire accepter aux partis qui viennent de sa
sentir opprimés. (Lamart. ) Le prince Louis-
Napoléon ne peut accepter qu'une chose, la seule
qui convienne à son caractère, non comme am-
sure législative qui lui rende, en France sa
place et ses droits de citoyen. (Gîuvres de Louis-
Napol., 1S48.) Notre époque possède un trésor
inépuisable (^'amnisties pour les grandes au-
daces. (Ë. Pclletan.) Je mets en liberté/toutes
les mouches et tous les papillons que je trouve
AMN
pris dans des filets autour de moi, petite am-
nistie obscure qui, comme toutes les amnisties,
ne fâche que les araignées. (V. Hugo.)
— Par anal. Pardon , excuse : Avouez que
vous me négligez, et méritez amnistie pour un
avenir plus exact. , (Bussy-Kab.) 7Toi(i homme
qui, par le repentir, se relève de sa chute, a
droit aux encouragements et à /'amnistie de
ceux qui n'ont pas failli. (Balz.) Ces jubilés
qui amènent les pécheurs à V amnistie de la
religion. (Chateaub.)
— Encycl. Les amnisties sont générales ou
partielles, absolues ou conditionnelles. Elles
sont générales, quand elles comprennent tous
les coupables d'une catégorie ; partielles, quand
elles excluent un certain nombre d'individus
qui n'en sont pas jugés dignes ou dont on
redoute l'influence ; absolues, quand elles n'im-
posent aucune condition ; conditionnelles ,
quand elles soumettent à certaines mesures
ceux ou partie de ceux qui en sont l'objet
h' amnistie politique renferme en elfe .au-
tant et plus même que l'idée de pardon, l'idée
d'une sorte de pacte d'oubli, de traité de paix
civile. Son but est de faire cesser' l'inimitié,
l'état de guerre entre le pouvoir et les partis.
« Le droit d'amnistie, dit très-bien le Diction-
naire général de la politique, est le privilège
le plus étendu de la victoire et de la puissance,
et son exercice, en proclamant l'oubli, l'efface-
ment du passé, semble prétendre à la réconci-
liation... A la suite des déchirements civils,
lorsque la victoire s'est prononcée pour un
homme ou pour un parti, lorsque les vaincus
ont désarmé, lorsque; de la place publique, les
haines se sont réfugiées au fond des cœurs,
on demande parfois à la clémence d'achever
l'œuvre de la proscription et de l'échafaud;
et ce qu'on n'avait obtenu ni de la rigueur des
persécutions, ni de la terreur des supplices, on
l'obtient de Yamnistie, qui apaise les esprits et
endort la vengeance. »
Les eriminalistes ont soin de distinguer
Yamnistie de la grâce. « Vamnistie diffère de
la grâce, a dit la Cour de cassation dans un
arrêt du 11 juin 1825, en ce que l'effet de la
grâce est limité à tout ou partie des peines ,
tandis que l'amnistie emporte abolition des
délits, des poursuites ou des condamnations,
tellement que les délits sont, sauf l'action ci-
vile des tiers, comme s'ils n'avaient jamais
existé. » « Vamnistie prévient la condamna-
tion, ajoute M. Dupin ; la grâce fait remise de
la condamnation prononcée; Yamnistie arrête
le juge; la grâce n'arrête que le bourreau, le
geôlier et le percepteur. »
Sous la monarchie constitutionnelle, le droit
d'amnistie était considéré comme une exten-
sion du droit de grâce ; il s'exerçait d'ailleurs,
comme tous les actes du monarque, sous la
responsabilité des ministres. La Constitution
de 1848 avait accordé au président do la Répu-
blique le droit de faire grâce après avis du
conseil d'Etat; quant aux amnisties, elles ne
pouvaient être accordées que par uno loi,
c'est-à-dire par l'Assemblée nationale. Aujour-
d'hui, le pouvoir de décréter des amnisties est
conféré explicitement au souverain. L'ar-
ticle 1" du sénatus-consulte du 25 décembre
1852 est ainsi conçu : « L'empereur a le droit
de faire grâce et d'accorder des amnisties. »
Les Athéniens furent les premiers qui em-
ployèrent le terme amnistie, Us donnèrent ce
nom à la loi d'oubli {amnéstia), que Thrasy-
bule, après avoir chassé les trente tyrans d'A-
thènes, fit voter par le peuple, et par laquelle
il était défendu de troubler aucun citoyen pour
les actions passées. L'histoire nous présente
peu à'amnisties politiques sincères, c'est-à-dire
dans lesquelles l'absence de restrictions, d'ex-
ceptions, d'arrière-pensées , s'accorde vérita-
blement avec l'idée de pacification civile qui
seule donne aux amnisties un sens et une raison
d'être. Après la révolution anglaise de 1640,
lorsque Charles II monta sur le trône, uno
amnistie fut décrétée, mais on laissa la porte
ouverte aux représailles , en exceptant les
juges qui avaient condamné Charles 1". L'am-
nistie accordée aux huguenots en 1570 fut un
piège odieux, qui servit à préparer le meurtre
de Coligny et les massacres de la Saint-Bar-
j thélemy. Depuis 1789 , les amnisties ont été
I nombreuses en France ; mais elles ont raré-
fient porté les fruits d'apaisement et de con-
corde qu'on en attendait, soit à cause de la
vivacité des haines politiques, soit plutôt parce
que le vainqueur voyant dans Yamnistie qu'il
proclamait non un véritable pacte moral, mais
un expédient qui lui permettait de garder le
bénéfice de la persécution tout en en répudiant
l'apparence, réservait presque toujours des
victimes choisies qu'il sacrifiait a. ses défiances
AMO
281
— Par anal. Pardonné , excusé : Une fois
l'influence de la femme admise, tout le procédé
de son mari se trouvait naturellement amnistié.
(Balz.) Aujourd'hui le vice a été amnistié dam
les livres à cause de son côté romantique et
pittoresque. (A. Nettement.)"
— Substantiv. Celui qui a été amnistié :
C'est un amnistié. Les amnistiés de juin 1848.
Les amnistiés rentrèrent dans le pays. (Acad.)
Le gouvernement demandera-t-il aux amnistiés
de reconnaître hautement sa légitimité? Mais
alors on en conclura que cette légitimité est
douteuse. (Bcugnot.)
amnistier v. a. ou tr. (a-nmi-sti-é— rad.
amnistie. — H s'écrit avec doux t dé suite à
la 1 ris et h. la 2» pors. du plur. de l'imparf. de
l'indicatif et du prés, du subjonctif : Nous
amnistiions, que vous amntstues). Accorder
une amnistie, comprendre dans uno amnistie :
Un prince m'amnistie que ceux qu'il ne craint
plus. Lorsque Bonaparte amnistia les émigrés,
il conserva une liste permanente de mille noms.
(Beugnot.)
— Par anal. Excuser, pardonner: Lepcuple
anglais n'a vu que les résultats et a amnistié
des actes qui, d'ailleurs, étaient condamnables.
(Journ.) Dans une œuvre pareille, il fallait que
le style fût irréprochable : c'est le seul moyen
de se faire amnistier. (Balz.) Jl était inca-
pable de ces ménagements et de ces adresses
qu'il aurait fallu avoir pour se faire amnis-
tier. (Ste-Beuvc.)
— Absol. : Le prince seul peut amnistier.
Après une crise insurrectionnelle ou révolution-
naire, la clémence et la politique conseillent
également ^'amnistier. (Boistc.) Amnistier,
c'est prouverait force. (Ë. de Gir.)
s'amnistier, v. pr. Etre amnistié : Les
transfuges s'amnistient rarement.
— Par anal. : La guerre t
l'héroïsme et la gloire. (E. de Gir.)
AMNISUS, géogr. anc. Petit port de l'île de
Crète, à l'embouchure de la rivière du même
AMÎSON, fils aîné de David, outragea sa
sœur Thamar, et fut tué par son frère Absa-
lon au milieu d'un festin (1030 av. J.-C).
AMO (Antoine-Guillaume), noir de Guinée,
érudit, né en 1703, fut amené enfant à. Amster-
dam, et instruit par les soins du duc de Brun-
swick. Amo apprit plusieurs langues, publia
quelques dissertations latines, et devint plus
tard conseiller d'Etat k Berlin. Il quitta l'Eu-
rope après la mort de son protecteur. Un voya-
geur le rencontra en 1743 en Abyssinie, vivant
en ermite et ayant la réputation d'un* devin.
AMODIATAIRE s. (a-ino-di-a-tc-re — rad.
'amodier). Jurispr. Celui, colle qui prend, qui
reçoit une terre à ferme.
— Antonyme. Amodiateur.
AMODIATEUR, trice s. (a-mo-di-a-teur,
tri-sc — rad. amodier). Celui, celle qui cède
une terre par amodiation.
— Antonyme. Amodiataire.
AMODIATION s. f. {a-mo-di-a-si-on-- rad.
amodier). Bail a ferme d'une torre, sjit en
denrées, soit en argent : L'oppression du droit
de citasse s'opère à l'aide du procédé dit de
^'amodiation des enclaves. (Toussenol.)
amodié, ÉE (a-mo-di-ô) part. pass. du v.
Amodier^ : Biens amodiés. Terré, ferme
Letj
japablesde désarmer les cœurs parce qu'elles
sont partielles et restrictives, est celle qui fut
proclamée par la Restauration le 12 janvier
1810. On saitqu'elle excluait un certain nombre
de personnages marquants, tels que Ney, La-
bédoyère, Lavalette, etc.
— Syn. Amnistie, grâce. La grâce laisse
subsister la flétrissure morale du jugement
dont elle arrête les effets " -'-'-" -
même temps 1<
la punition. En outre, la grâce est toujours
individuelle , et l'amnistie le plus souvent
1 collective.
amnistié, ÉE (a-mm-sti-é) part. pass.
du v. Amnistier : Prisonniers amnistiés. Les
chefs seuls, amnistiés par te roi, regagnèrent
| leurs foyers.
amodier v. a. ou tr. (a-mo-di-ê— du lat.
ad, à; modium, boisseau. — Prend deux t de
suite à la ire et à la 2<s pers. du plur. de
l'imparfait de l'indicatif et du présent du sub-
jonctif : Nous amodiions. Que vous amodiiez).
Affermer à quelqu'un une terre moyennant
une redevance en denrées ou en argent :
Partout on défriche, on amodie, on enclôt les
terrains communaux. (Proudh.)
amoindri, ie (a-mo-ain-dri) part. pass.
du v. Amoindrir. Diminué, devenu, rendu
moindre : Les revenus sont amoindris par les
i?npots.
— Pig. Affaibli : Depuis cette époque, son
intelligence est amoindrie. L'autorité souve-
raine en fut amoindrie, tl En parlant des per-
sonnes, Qui jouitd'un crédit moindre : Lors-
qu'on a été les premiers de la ville, le moyen
d'y rester amoindris? (Balz.) Xut, un homme de
premier ordre , il ne se croit pas amoindri
parce que son nom est inscrit sur une affiche.
(E. Legouvé.)
AMOINDRIR v. a. ou tr. (a-mo-ain-drir —
rad. moindre). Rendre moindre, plus petit,
diminuer : Cela amoindrira votre revenu.
(Acad.) Ce régime a beaucoup amoindri ses
forces.
— Par ext. Faire paraître plus petit : L'c-
loignement amoindrit les objets. Il Absol. : Ces
lunettes amoindrissent.
— Fig. Affaiblir, en parlant do la gravité
d'une chose, de la puissance, do l'influence,
de la considération d'une personne : Le jour-
naliste a prodigieusement amoindri les faits.
(A. Karr.) L'opposition a tort quand elle sup-
pose à l'Europe l'intention systématique d'hu-
milier la France, de la blesser, de I'amuindriii.
(E. de Gir.) Les femmes du grand monde ont
un talent merveilleux pour amoindrir leurs
torts en plaisantant . (Balz.) Non-seulement .'e
vice de l ignorance empoisonne le foyer conju-
gal, mais il amoindrit ta maternité, il la maté-
rialise. (Û1<"0 Coignût.)
3G
s'il voua plaisait d'cntci
ro ma défense,
l'offense.
et j'ai™
Vos dédains à mes yeuxne l'ont point
Ponsard.
— v. n. ou intr. Devenir moindre : Les
forces du malade amoindrissaient tous les
jours. Votre revenu en amoindrira considéra-
blement. (Acad.)
S'amoindrir, v. pr. Devenir moindre : Mon
bien s'est considérablement amoindri. Ses reve-
— Devenir plus faible, en parlant du son :
Le galop des chevaux ébranla quelque temps
encore ta terre durcie par la pelée, il s'amoin-
drit, puis cessa entièrement. (E. Sue.) Le bruit
s'amoindrit peu à peu, tout se tait. (E. Sue.)
— Fig. Perdre de sa force, de son crédit,
de sa puissance : Les difficultés s'amoindri-
ront au grand jour de la tribune. (Guiz.)
Partout les peuples grandissent, et partout les
gouvernements s'amoindrissent. (E. de Gir.)
La Hollande trop de fois remuée s'est amoin-
drie. (V. Hugo.) Le génie de Mirabeau, qui
s'amoindrissait dans les livres, est grand dans
un discours. (V. Hugo.) Son cerveau s'était
[ dans l'esclavage. (G. Sand. ) Cet
"s traversé la misère j
sans s y amoindrir un peu au moral. (G. Sand.)
Les hommes qui ont tant de choses à exprimer
en de belles œuvres longtemps rêvées professent
un certain mépris pour la conversation, com-
merce où l'esprit s'amoindrit en se monnayant.
(Balz.)
homme excellent n'eî
:e esprit
— Antonymes. Accroître, agrandir, ampli-
fier, augmenter, exagérer, grandir, grossir,
magnifier.
AMOINDRISSEMENT s. m. -(a-moain-dri-
se-man — rad. amoindrir). Etat de ce qui est
amoindri, diminution : //amoindrissement
des forces, /-'amoindrissement du revenu, de
la fortune.
— Fig. : //amoindrissement du crédit, du
génie, de l'esprit. La fin du discours fut un
jurement de fidélité entre eux^ et /'amoindris-
sement des Guisars. (D'Aubigné.) Le devoir
violé est un amoindrissement, une déperdition
de la force humaine. (J. Sim.) Le développe-
ment de la civilisation est celui de l'homme
collectif par /'amoindrissement relatif des
individus. (C. Dollms.) La centralisation la
plus savante des ressources d'un peuple a pour
résultat fatal /'amoindrissement et la dé-
chéance du citoyen. (Reclus.)
— Antonymes. Accroissement, agrandisse-
ment, amplification, augmentation, exagéra-
amoindrisseur s. m. (a-moain-dri-seur
— rad. amoindrir). Celui qui amoindrit. Mot
nouveau, qui a été employé pour désigner
Ceux qui copient les ouvrages des autres en
les réduisant à des proportions mesquines :
Lepublic aime volontiers les amoindrisseurs,
parce que ceux-ci le vengent des génies trop
élevés oii il se tuait d'atteindre. (Marc Four-
amoise s. f. (a-moa-ze). Constr. V. Moïse.
AmoisSONnement s. m. (a-moi-so-ne-
man — rad. moisson). Féod. Droit sur la mois-
son, sur la récolte.
AMOL ou ÀMOU, ville de Perse, prov. de
Mazanderan; 30,000 hab. Belles ruines d'un
ancien palais de Schah-Abbas.
AMOLAS. f. (a-mo-la). Métrol. Mesure de
capacité pour les liquides, en usage à Gênes,
contenant 87 décilitres.
AMOLETTE OU AMELOTTE S. f. (a-mo-
lô-te). Mar. Chacun dès trous quadrangulaires
pratiqués dans la tèto des cabestans, sur les
■vireveaux, les guindeaux et à la tête du gou-
vernail, pour recevoir le bout des barres qui
doivent mettre ces machines en mouvement.
amolli, IE (a-mo-li, î) part. pass. du v.
Amollir. Rendu, devenu mou : Terres amol-
lies par les pluies. Cire amollie par le feu,
par la chaleur du soleil.
— Fig, Mou, énervé, qui a perdu toute
énergie, même au physique ; Un cœur amolli.
Une àme amollie. Homme, prince amolli par
les voluptés. Charles XII, roi de Suède, éprouva
ce que la prospérité a de plus grand et ce que
l'adversité 'a de plus cruel, sans avoir été
amolli par l'une ni ébranlé par l'autre. (Volt.)
Bernis n'a pas, en littérature, le goût aussi
timide et aussi amolli qu'on le croirait d'après
ses vers. (Ste-Beuve.)
Votre cœur amolli se refuse a la haine.
Quoi ! votre âme jamais ne peut être amollie!
Les guerriers amollis laissaient dormir leurs armes.
es descendants amollis des
s nobles. Ecoutez, mon fils, lui disait
cette petite-fille amollie du chancelier de L'Hô-
pital, ne soyez point glorieux. (Ste-Beuve.)
— Grav. Se dit de lignes, de contours équi-
voques, qui ne sont pas assez marqués, semis.
V, Affaibli.
AMO
amollir v. a. ou tr. (a-mo-lir — rad.
mol, mou). Rendre mou et maniable-: Le 'feu
amollit les métaux. La chaleur amollit la
cire. La colombe amollit dans son estomac le
grain dont elle veut nourrir ses petits. (J-.-J.
Rouss.)
.... Je vois dans les fourneaux
L'industrieux artiste amollir les métaux.
Helvêtius.
w — Fig. Affaiblir, faire perdre l'énergie,
énerver : Les plaisirs amollissent l'âme,
amollissent le cœur. Les richesses captivent
le cœur, les plaisirs /'amollissent. (Boss.) La
religion n'abat et «'amollit pas le cœur, elle
l'élève. (Mass.) La jouissance des plaisirs ne
fait qu'amollir, l'âme. (Fén.) L'oisiveté est de
tous tes vices celui qui amollit le plus le cou-
rage. (Montesq.) Je vous en conjure, n' amol-
lissez point mon courage par vos plaintes tou-
chantes. (Ballanehe. ) La société des femmes
polit nos mœurs, mais elle amollit notre carac-
tère. (Laténa.) La mollesse des mœurs tend à
amollir la langue. (De Bonald.)
Il Fléchir, émouvoir, attendrir : Les pauvres
sont obligés de contrefaire les estropiés pour
que ces maux apparents amollissent notre
dureté. (La Roehef.) Nos larmes, nos suppli-
cations, la vue de tant de malheureux proster-
nés à ses pieds, rien ne put /'amollir. (Fén.)
Une si douce image amollit insensiblement le
cœur. (J.-J. Rouss.) J'ai composé les vers que
vous venez d'entendre pour amollir un cœur
que je croyais de diamant. (Le Sage.) La beauté
amollit tout ce qui l'approche. (Lamart.)
L'amitié est une douce flamme qui amollit te
cœur et le préserve du froid de la vieillesse.
(Laténa.) llien n'augmente l'amour. et h' amol-
lit le cœur comme la confidence. (M"« do
Montolieu.)
Pour amollir son cœur je n'ai rien négligé.
Rien ne peut ai
ît esprit implacable.
— Absol. : Tout ce qui plaît sans instruire
amuse et amollit. (Fén.)
S'amollir, v. pr. Devenir plus mon, plus
maniable : La terre commence à s'amollir.
Dans les grandes chaleurs, le bitume s'amollit.
Si je la questionne, elle me répond que ses os
s'amollissent, que sa chair se fond en eau.
(Balz.)
— Fig. S'affaiblir, s'énerver : // s'est
amolli dans les voluptés. (Acad.) Ces peuples
s'étaient amollis dans .les plaisirs et dans
l'oisiveté. (Fén.) Devant les assauts répétés de
la persécution et de l'injure, on ne s'amollit
pas. (Ravignan.) Lecaractèrede fer de madame
Roland s'était amolli à ce (eu du ciel. (La-
mart.) il S'adoucir, s'attendrir : Son cœur s'a-
mollissait par degrés. (Fén.) Je sens toute
ma fermeté s'amollir. (Beaumarch.) Ton àme,
endurcie par la férocité, corrodée par le crime,
s'amollira par la commisération. (E. Sue.)
— Mar. Devenir moins violent : Le vent
s'amollît, h Dans ce cas, on dit plutôt mollir.
— Syn. Amollir, ramollir. On amollit ce
qui est dur ; on ramollit ce qui est trop ou
très-dur.
— Antonymes. Durcir, endurcir, solidifier.
amollissant (a-mo-li-san) part. prés.
du v. Amollir.
AMOLLISSANT, ANTE adj. (a-mo-li-san,
an-te — rad. amollir). Qui est propre à amol-
lir, à énerverj à affaiblir : Des voluptés amol-
lissantes. Lèducation les prémunit contre
l'influence amollissante de la civilisation
moderne. (M. -Brun.)
amollissement s. m. (a-mo-li-se-man
— rad. amollir). Actiqp d'amollir, état de co
qui est amolli : /.'amollissement de la cire.
/.'amollissement de l'asphalte, du fer.
— Fig. Affaiblissement, énervation : /Ra-
mollissement du courage, des mœurs. L'An-
gleterre elle-même laissait espérer un amol-
lissement de sa liaine contre Napoléon.
(Lamart.) Nous paraissions menacés d'un
amollissement et d'un aplatissement univer-
sels. (Mich. Chev.)
— Antonymes. Concrétion, durcissement,
endurcissement, induration, sclériase, solidifi-
cation.
AMOME s. m. (a-mo-me — du gr. amômon,
nom d'un arbrisseau de l'Inde). Bot. Genre de
plantes odoriférantes de la famille dos amo-
mées, dont les principales espèces sont le gin-
gembre, le cardamome et la maniguette ou
graine de paradis, il Parfum que l'on extrait de
la plante dece nom. Los anciens l'employaient
pour embaumer les corps, et les dames ro-
maines pour parfumer leur chevelure.
— Faux amome. Plante de la famille des
ombellifèrcs, dont les semences ont une
odeur analogue à celle de Yamome.
AMOMÉ, EE adj. (a-mo-mé — rad. amome).
Bot. Qui ressemble à un amome.
— s. f. pi. Famille de plantes qui a pour
type le genre amome.
— Encycl. La famille des amomées, connue
aussi sous les noms de balisiersiscitaminées et
AMO
drymyrhizées , appartient à l'embranchement
des monocotylédones. Elle renferme des plantes
vivaces, à rhizome tubéreux et charnu, à
feuilles simples, terminées à la base par une
gaine entière ou fendue. Les fleurs, accompa-
gnées de bractées assez larges, et disposées
généralement en épis denses ou en panicules,
ont un périanthe double : l'extérieur, à trois
divisions égales ; l'intérieur, à six divisions dis-
posées sur deux rangs, dont une, plus grande
et affectant des formes particulières , porte le
nom de labelle; une seule étamine, à filet
dilaté en forme de pétale, à anthère divisée en
deux loges distantes ; un ovaire, à trois loges
pluriovulées, surmonté d'un style simple. La
fruit est une capsule à trois loges, renfermant
chacune plusieurs graines à, embryon cylin-
drique, entouré d'un albumen farineux. Ces
plantes appartiennent généralement aux ré-
gions tropicales. Leurs rhizomes, féculents et
aromatiques , presque tous riches en huile
essentielle, fournissent k la médecine des sti-
mulants et des stomachiques ; à l'économie
domestique, des parfums et des condiments. Le
port élégant et tout particulier, la beauté du
feuillage et des fleurs de la plupart des amo-
mées les font rechercher dans lesjardins; mais
presque toutes exigent la serre chaude ou tem-
pérée, ou tout au moins l'orangerie j très-peu
d'entre elles peuvent croître en plein air. —
Celte famille, intermédiaire entre les musacées
et les orchidées, se divise en deux tribus, que
plusieurs botanistes considèrent comme deux
familles distinctes : les cannées, renfermant
les genres canna ou balisier, et maranta ; et
les amomées proprement dites , où l'on trouve
les amomes, le gingembre, le curcuma, la
zédoaire, etc.
amomocarpe s. m. (a-mo-mo-kar-pe —
du gr. amômon, amome ; karpos, fruit). Pa-
léont. Fruit fossile trouvé dans des argiles
tertiaires, et qui, par sa forme générale, a
beaucoup d'analogie avec celui de quelques
espèces du genre amome.
AMOMUM s. m. (a-mo-momm). Bot. Nom
donné improprement par les jardiniers à la
morelle faux-pimentou cerisette. C'est le sola-
num pseudo-capsicum des botanistes.
AMON, roi de Juda, fils et successeur de
Manassès, dont il imita la conduite impie. Ses
officiers l'assassinèrent après un règne de
deux ans (640-639).
amoncelant (a-mon-se-lan) part. prés,
du v. Amonceler.
AMONCELÉ, ÉE (a-mon-se-lê) part. pass.
du v. Amonceler. Entassé : Des sables amon-
celés. Des pierres amoncelées. Des nuages
amoncelés. Ces coquillages amoncelés dont
on a fait tant de bruit ne sont que de l'argile.
(Volt.) Les rues sont partout obstruées d'im-
mondices amoncelées. (Lamart.) L'avoué était
assis devant une longue table où. les papiers
étaient amoncelés. (Balz.) Des lacs de bitume
s'étendaient en bouillonnant sur les débris
amoncelés. (G. Sand.) Mlle disparut bientôt
au milieu des vapeurs amoncelées par le cré-
puscule. (B. Sue.)
Les fruits amoncelés montent en pyramides.
Deluxe.
wncclês do
Lesv
irles
■ta, les m
ir les
Delille.
- Par ext, : liiehesses, trésors, capitaux
— Fig. -• L'accusé fut accablé par la multi-
tude des preuves amoncelées contre lui. La
force est et sera toujours dans la puissance
amoncelée des masses. (Cormenin.) Une belle
pensée est un fanal qui s'élève du sein des
ténèbres amoncelées autour de l'homme par
l'ignorance et la superstition. (Ch. Nod.) Les
orages amoncelés sur sa tête passent et ne
l' ébranlent pas. (Balz.)
AMONCELER v. a. ou tr. (a-mon-se-lé —
rad. monceau. — Double la consonne / du radi-
cal amoncel devant un e muet : J'amoncelle,
ils amoncelleront, qu'ils amoncellent). Entas-
ser, mettre en monceau : Les vents amoncel-
lent des sables. Les siècles ont amoncelé sur
les Cordillières des couches de neige d'une
épaisseur incommensurable. (Buff.) Les restes
des bâtiments sont cachés enpartiesous le sable
marin qu'amoncelle l'embouchure d'une petite
rivière. (Gér. de Nerv.) Les cactus trapus,
accroupis dans les coins ou rangés en haie ,
amoncellent confusément leurs raquettes épi-
neuses. (E. About.)
— Par ext. : // avait amoncelé capitaux
— Fig. Accumuler : Amonceler des preuves,
des citations. Plus un siècle amoncelle de
systèmes sur la logique et l'idéologie, moins il
est apte à penser et raisonner sainement. (Fou-
rier.) Cette publication amoncela sur sa tête
de nouveaux orages. (Bouillct.) il Absol. : Les
ennemis de Mirabeau avaient beau faire,
avaient beau amonceler contre lui, le premier
souffle de sa bouche ouverte pour parler faisait
crouler tous ces entassements, (V. Hugo.)
— Manég. Se dit neutralem. d'un cheval
qui marche sur les hanches sans les traver-
ser : Ce cheval amoncelle.
S'amonceler, v. pr. S'entasser, se rassem-
bler : Ce n'est qu'un amas de coquilles dont les
lits s'amoncelèrent les uns sur les autres.
(Volt.) Les joueurs de clarinette, d'orgue, de
fifre, etc., grimpent en foule «/s'amoncellent
sur l'estrade. (Clémence Robert.) Les nuages
AMO
et la foudre s'amoncelaient au ciel, l'on riait
dans la campagne. (Balz.) La vague, ne trou-
vant pas d'espace pour fuir assez vite devant
l'ouragan qui la poussait, s'amoncelait sur
elle-même, retombait, ruisselait, s'éparpillait
dans tous les sens comme une mer folle. (La-
— Fig. S'accumuler : L'apostat sentait inté-
rieurement que les haines publiques s'amonce-
laient sur sa tête. (Chateaub.) A Home, par
le peu d'intérêt des événements de chaque jour,
par le som:neil de la vie extérieure, la sensi-
bilité s'amoncelle au profit des passions. (H.
Beyle.) Il Poétiq. Devenir menaçant :
— Syn. Amonceler, accumuler, nmnsscr,
enia»ser. V. ACCUMULER.
— Antonymes. Disperser, disséminer, épar-
piller.
AMONCELLEMENT s. m. (a-nion-sè-le-
man — rad. amonceler). Action d'amonceler;
résultat de cette action : /.'amoncellement
des terres, des sables, des neiges, des laves. Ils
font pleuvoir une grêle de traits sur cet amon-
cellement de guerriers éperdus de frayeur.
(E. Sue.) A travers l'atmosphère limpide des
derniers rayons du jour, on distinguait cet
amoncellement de rochers empilés les uns sur
les autres. (Alex. Duni.)
— Par ext. : //amoncellement des capitaux
dans les mêmes mains est nuisible à la prospé-
rité publique. (Acad.) De cet amoncellement
de doctrines perverses, il ne laissa pas pierre
sur pierre. (J. Janin.)
de l'aigremoine.
— Arachn. Genre d'arachnides.
AMONT s. m. (a-mon — de à et mont, ou
du lat. ad, vers ; mons, montis, montagne). Lo
côté, le point le plus élevé d'où descend un
fleuve, une rivière : Ces flotteurs sont préci-
pités immédiatement vers l amont. (L. Figuier.)
— S'empl. autrefois comme adverbe : Ils
allaient amont, et s'écrivait aussi en deux
mots : Je marche plus sûr et plus ferme K mont
qu'à val. (Montaig.)
— Vent d'amont. Nom donné, sur les côtes
et les rivières, au vent opposé à celui d'aval,
et venant de l'est ou de l'intérieur des terres.
En mer, les vents d'amont sont ceux compris
depuis le N.-E. jusqu'au S.-E., en passant par
l'E.
— En amont, loc. adv. En remontant lo
cours de l'eau : Aller en amont. Tantôt je
portais mes regards en amont sur le rivage,
tantôt en aval sur l'île qui partageait les eaux.
(Chateaub.) Les bateaux àvapeur ont fait dispa-
raître la difficulté de la navigation d'amont.
(Chateaub.)
— D'amont, loc. adv. Du point le plus haut
d'un fleuve, d'une rivière : Lepays d'amont. Ces
bateaux, ces marchandises, viennent d'amont,
du pays d'amont.
— En amont rfe,v loc. prép. Au-dessus de :
En amont de la ville, du port. En amont du
pont. Le corps principal de Rutitius campait
en amont du Liris. (Mérimée.) Une suite de
figures montrent les différents aspects que le
mascaret affecte en amont de Quillebœuf. (L. .
Figuier.)
— Fauconn. Mettre l'oiseau à mont, Le
lancer, il Tenir amont. Se dit de l'oiseau quand
il se tient en l'air à la piste du gibier.
— Antonyme. 'Aval.
AMONTAL, ALE adj. (a-mon-tal, a-Io —
rad. amont). Mar. Qui vient de l'est : Vent
amontal. Vents amontaux. Brise amontale.
AMONTONS (Guillaume), physicien, né a
Paris en 1663, mort en 1705. Aftecté de sur-
dité dans son enfance, il se livra aux mathé-
matiques et à la construction des instruments.
Des Remarques et Expériences physiques sur
la construction d'une nouvelle clepsydre, sur
les baromètres, thermomètres et hygromètres,
1C95, attirèrent l'attention sur lui, et lui ouvri-
rent les portes de l'Académie des sciences
(1699). On a aussi de lui une Nouvelle Théorie
du frottement. Làpremière idée du télégraphe
aérien lui appartient. Il est curieux de voir de
quelle manière ce nouveau mode de correspon-
dance, qui devait être appliqué par Chappe un
siècle environ après Amontons et constituer
un service important et régulier des gouver-
nements modernes, fut considéré alors dans le
sein de l'Académie. Voici comment Fontenelle
s'exprime à cet égard : ■ Peut-être ne prendra-
t-on que pour un jeu d'esprit, mais du moins
très-ingénieux, un moyen qu'il inventa, de
faire savoir tout ce qu'on voudrait a une très-
grande distance, par exemple, de Paris à Rome,
en très-peu* de temps, et même sans que lo
nouvelle fût sue dans tout l'espace d'entre-
deux. Cette proposition, si chimérique en ap-
purence, fut exécutée dans une petite étendue
de pays, une fois en présence de Monseigneur,
.i — ...i__ en présence de Madame; <••"•
,ra
: M. Amontons n'entendit nullement
mérite. Le secret consistait a disposer dans
plusieurs postes consécutit's des gens qui, par
des lunettes de longue-vue. ayant aperçu cer-
tains signaux du poste précédent, tes trans-
missent au suivant et toujours ainsi de suite,
et ces différents signaux étaient autant de
AMO
lettres d'un alphabet dont on n'avait le chiffre
qu'a Paria et a Rome. La plus grande partie
des lunettes faisait la distance des postes, dont
le nombre devait être le moindre qu'il fut pos-
sible; et comme le second poste faisait les
signaux au troisième, à mesure qu'il les voyait
faire au premier, la nouvelle se trouvait portée
de Paris à Rome presque en aussi peu de temps
qu'il en fallait pour faire les signaux à. Paris. »
AMOORA s. m. (a-mou-ra). Bot. Genre de
plantes de la famille des môliacées, dont les
espèces sont de grands arbres, à feuilles
alternes et à fleurs disposées en paniculcs,
qui habitent les Indes orientales et les grandes
îles de la Malaisie.
AMOQUE s. m. (a-mo-ke). Nom donné chez
les Indiens du Malabar aux nobles de la caste
des guerriers.
AMORÇAGE s. m. (a-mor-sa-je — rad.
amorce). Action d'amorcer : .L'amorçage d'une
arme à feu. L' amorçage d'une ligne, d'un filet.
AMORÇANT (a-mor-san) pa-t. prés, du v.
Amorcer.
AMORCE s. f. (a-mor-se — du lat. ad, à;
morsus, action de mordre). Appât pour prendre
des poissons, et quelquefois des oiseaux : Les
mouches, les vers de terre servent ^'amorce.
Mettre, attacher V amorce à l'hameçon. (Acad.)
— Amorce vive, Poisson vivant qui sert
d'appât.
— Par anal., Ce qui attire vers quelque
chose : Les coffres-forts me sont suspects, et je
ne veux pas m'y fier; je les tiens pour une
franche amorce à voleurs. (Mol.)
— Fig. Tout ce qui attire en nattant les
sens, l'esprit, le cœur : La gloire a de puis-
santes amorces pour les grandes âmes. (Acad.)
La louange est une amorce agréable. (Bou-
hours. ) L'honnête amour est une amorce à
la vertu. (J. Janin.) Le diable n'aurait guère
de prise sur nous s'il 7ious présentait les
amorces qu'il nous tend sous leur véritable
nom. (A. Karr.) Les soins qui lui avaient été
prodigués étaient une amorce pour le prendre
dans un piège. (Balz.) On jetait J'amorce de la
communauté des biens pour flatter et fanatiser
le peuple, (Lamart.)
Et le trop de bonté jette une amorce au crime.
Corneille.
Craignez d'un vain plaisir les trompeuses amorces.
Boileau.
La gloire a pour nos cœurs de puissantes amorces.
Crébillon.
Qui, pour tirer les cœurti, ont d'effroyables forces.
Molière.
D'un avide besoin qui
— Poudre à canon qu'on met dans le bassi-
net d'une arme à feu, sur la lumière d'un
canon, ou à des fusées, à des pétards, pour y
mettre le feu : L' amorce est mouillée. L'k-
moiîce ne prend pas. S'agit-il d'exercer Emile
au bruit d'une arme à feu, je brûle d'abord une
amorce dans un pistolet. (J.-J. Rouss.) L'\-
morce brûla -les moustaches du plus jeune
spahi. (Chateaub.) Nous convînmes de l'heure,
du siqnal que je ferais de la colline opposée,
eu brûlant uhè'amorce. (Lamart.) Il visita avec
affectation 2'amorce de ses pistolets. (Alex.
Dum.)
Je fus chercher le feu que l'on mit a l'amorce
Du canon qui lui Ht rendre l'âme par force.
Bouksàult.
— Brûler une amorce, En venir aux mains,
se battre en duel : Irai-je brûler une amorce
avec la dernier de la compagnie? (Beaumarch.)
Il Sans brûler une amorce, Sans tirer un coup
de fusil : Prendre une ville sans brûler une
amorce. Il ne fut brûlé une amorce d'aucun
côté. Puységur eut la gloire de l'occupation de
toutes les places espagnoles des Pays-/Jas sans
brûler une amorce. (St-Sim.) Tcssé croyait
déjà tenir le bâton de maréchal, quoiqu'il n'eût
jamais vu d'action, ni peut-être brûlé une
amorce. (St-Sim.)
— Ponts et chauss. Le commencement
d'une rue nouvelle qu'on est en train de percer.
— Teclin. Dissolution d'or, d'argent ou de
platine, dans laquelle on trempe les lames
ou les feuilles de cuivre pour les plaquer, n
Eau que l'on verse dans une pompe, afin
qu'elle fonctionne.
— Rem. Autrefois on écrivait amorse ,
orthographe plus conforme à l'étymologic :
L'ed'U seigneur se voulut venger, pourquoy
dressa une amorse à ceux de la ville. (Du
Bellay.) ,
ppat, leurre. Au propre,
s emploie généralement que pour les poissons ';
le leurre était un appât spécial à la fauconne-
rie. Au fig., l'appât présente quelque chose
d'utile : C'est par /'appât d'une somme d'ar-
gent que Judas fut amené à trahir son maitre.
(Boss.) L'amorce exprime quelque chose d'a-
gréable, de séduisant : Les cajoleries de Made-
leine étaient des amorces dont elle usait pour
précipiter les jeunes gens dans le désordre.
(Bourdal.) Ce que le leurre propose d'utile ou
d'agréable pour attirer, est vain ou chimé-
rique : L'étalage de l'espérance est le leurre
de tous les pipeurs d'argent. (Buff.)
— Epithètes. Douce , agréable , flatteuse,
séduisante, captieuse, friande, tentante, atti-
rante, attrayante, puissante, enchanteresse,
AMO
fine, grossière, dangereuse, mortelle, secrète,
trompeuse, traîtresse, perfide.
amorcé, ée (a-mor-sé) part. pass. du v.
Amorcer. Garni d'une amorce : Hameçon
amorcé. Ligne amorcée. Fusil amorcé. Cara-
bine amorcée. Athos prit à sa ceinture un pis-
tolet, regarda s'il était bien amorcé, l'arma et
approcha le canon de l'oreille de Grimaud.
(Alex. Dum.)
— Fig. Attiré : Les joueurs sont amorcés
par le gain. Amorcés par l'intérêt ou contraints
par la force, ils font semblant d'être convaincus
par laraison. (J.-J. Rouss.)
Amorcement s. m. (a-mor-se-man — rad.
amorce). Action d'amorcer : L' amorcement
d'une ligne, il On dit mieux amorçage.
AMORCER v. a. ou tr. (a-mor-sé — rad.
amorce; le c du radical prend une cédille de-
vant a et o : Nous amorçons ; j'amorçai, etc.).
Garnir d'une amorce : Amorcer un hameçon.
Amorcer une ligne. Amorcer des filets, il ve-
nait de jeter son habit sur l'herbe, et se mettait
en devoir ^'amorcer sa ligne. (G. Sand.)<il
Attirer avec une amorce : Amorcer des pois-
sons. Amorcer des oiseaux.
Quelquefois, par l'appât d'un hameçon perfide,
J'amorce en badinant le poisson trop avide.
Boileau.
— Fig. Attirer par des choses qui flattent
les sens, l'esprit, le cœur : 5e laisser amorcer
par le gain. C'est une maitresse femme pour
conduire les affaires et amorcer les gens.
(Dancourt.) Jamais aventurière n'a eu plus de
talent pour amorcer ses dupes. (Le Sage.) Nul
ne connaissait mieux que lui l'art (/'amorcer
les négociants par les charmes d'une affaire.
(Balz.) Ce n'est pas dans mon genre de me
plaire à voir le navire que je monte servir à
amorcer l'ennemi pour le faire prendre par
d'autres. (E. Sue.)
Vos raisons, comme vous, sont de si peu de force,
Que, loin de m'arrêter, cet obstacle m'amorce.
Rotrou.
— Mettre l'amorce à une arme à feu, etc. :
Amorcer un fusil, un canon, un pistolet, un
pétard, des fusées. Pendant l'incendie, j'ai été
obligé de faire noyer les poudres. Il ne m'en
reste pas un grain, pas de quoi amorcer un
pistolet l (E. Sue.) il Absol. : Vous n'aurez pas
le. temps ^'amorcer. Amorcez donc!
— Phys. Remplir un siphon de liquide, et
le renverser pour en faire plonger la courte
branche, ou encore, Faire le vide dans un
siphon pour y déterminer l'ascension d'un
liquide. Il Amorcer une pompe, Verser de l'eau
dans le corps d'une pompe qui fait air par do
petites fissures, afin qu elle puisse fonction-
ner, il Manœuvrer avec la main les premiers
coups de piston pour faciliter le jeu alternatif
des tiroirs.
— Ponts et chauss. Amorcer une rue, Com-
mencer le percement d'une rue nouvelle.
— Techn. Préparer deux morceaux de fer
pour les souder ensemble, n Aplatir un mor-
ceau de fer pour lui donner la forme d'un coin.
Il Commencer un trou dans un morceau de
fer ou une pièce de bois, avant dé faire usage
do la tarière. Il Commencer à ouvrir les dents
d'un peigne, u Commencer à ouvrir dos bran-
ches d'osier par le gros bout, il Terminer le
comble d'un bâtiment, il Mettre au pied de la
vigne une légère couche de fumier, il Tremper
une plaque de cuivre dans une forte dissolu-
tion d'or, de platine ou. d'argent.
S'amorcer, v. pr. Etre amorcé : La ligne
s'amorce avec des asticots de nature variée.
Les fusils à percussion s'amorcent Seuls.
(D'Hautpoul.)
AMORCEUR, EUSE s. (a-mor-seur, eu-ze —
rad. amorce). Celui, celle qui amorce, il S'est
dit autref. pour Séducteur, trompeur.
AMORÇOIR s. m. (a-mor-soir— rad. amorce).
Techn. Sorte de tarière dont divers ouvriers
se servent pour commencer des trous qu'ils
achèvent ensuite avec un outil plus gros, il
Petit instrument servant à amorcer les fusils
AMORDIQOE s. m. (a-mor-di-ke). Bot.
Genre de plantes de la famille des cucurbita-
cécs. Syn. de momordique.
AMORETT1 (l'abbé Charles), minéralogiste,
né à Oneglia, aux environs de Gênes, en 1741,
mort à Milan en ISIG. Il a publié d'excellents
mémoires, un Voyuge (nunéralogique) aux lacs
de Came, Luga.no et Majeur, un Traité de la
tourbe et de la lignite, et divers autres écrits,
entre autres une excellente étude sur la vie et
les ouvrages de Léonard de Vinci.
AMOREUX (Pierre-Joseph), médecin natu-
raliste, né à Beaucaire vers le milieu du xvme
siècle, mort en 1824 à Montpellier, où il était
bibliothécaire de la faculté de médecine. Il a
publié de nombreux ouvrages sur la médecine,
1 histoire naturelle, la botanique; l'agriculture
et l'art vétérinaire, ainsi que différentes dis-
sertations couronnées par les académies de
Marseille, de -Montpellier et de Lyon. Son der-
nier travail fut une édition de la Guirlande
de Julie, enrichie de nombreuses annotations.
AMOREUXIE s. f. (a-mo-reu-ksî — de Amo-
reux, n. pr.).Bot. Genre de plantes imparfai-
tement connu, placé par de Candolle à la suite
des rosacées, et dont on n'a signalé qu'une
espèce, qui croît aux environs de Mexico.
AMOBGOS, île de Grèce, dans l'archipel des
Cyclades. Elle est montagneuse , mais ses
vallées sont riches en vignes et en oliviers, u
AMO
Petite ville du même nom, avec un château
fort; patrie du poëte Simonide.
AMORIE s. f. (a-mo-ri — du gr. amoria,
voisinage). Bot. Genre ou sous -genre de
plantes, dont le trèfle hybride peut être con-
dérô comme le type.
AMORITES s. m. pi. (a-mo-ri-te). Géogr.
Peuple du pays de Chanaan. C'était le troi-
sième des cinq peuples chananéens établis en
Palestine. Les Araorites occupaient les envi-
rons d'Engaddi, à l'O. dé la mer Morte. Ils
étaient, dit un ancien poète, de haute staturo
comme les cèdres, et forts comme les chênes :
Déjà, avant l'arrivée des Hébreux sous Moïse,
les Amorites avaient conquis une partie des
Ammonites. (Munk.)
AMOIIOS (François), colonel et ministre es-
pagnol, introducteur de la gymnastique en
France, né à Valence en 1769, mort à Paris
en 1848. Il suivit la carrière des armes jusqu'en
1795, fit adopter l'institution d'un ministère de
l'intérieur, qui n'existait pas encore en Espa-
gne, appliqua dans les établissements militaires
la méthode de Pestalozzi, fut gouverneur de
l'infant François de Paule en 1807, puis inten-
dant de la police, ministre de l'intérieur et
gouverneur de plusieurs provinces sous le
règne de Joseph Bonaparte. Pour se soustraire
aux vengeances de Ferdinand VU, il passa en
France en 1814, et rendit les pluâ grands ser-
vices à sa nouvelle patrie, en y créant l'en-
seignement de la gymnastique civile et mi-
litaire. On lui doit, entre autres ouvrages
estimés : Manuel d'éducation physique, gym-
nastique, etc., 1830.
AMOROSIEN, ENNE adj. (a-mc-ro-zi-ain,
è-ne — rad. Amoros, n. pr.). Qui a été inventé,
appliqué par Amoros, créateur de la gymnas-
tique moderne : Saut amorosien. Exercice
AMOROSIEN. Perclie amorosienne. Méthode
AMOROSIENNE.
AMOROSO adv. (a-mo-ro-zo — mot ital.
signifiant amoureux). Mus. Mot qui se place
au commencement d'un morceau de musique,
et qui indique à la fois une certaine nuance
de lenteur dans le mouvement et un carac-
tère de douce langueur dans la mélodie.
— Chanter amoroso. Se dit ironiquem. pour
désigner une manière de chanter affectée et
langoureuse.
AMORPHE adj. (a-mor-fe— du gr. a priv.;
morphè, forme). S& dit, dans les sciences, de
toute substance qui n'a point de forme régu-
lière et déterminée : La pezize amorphe est
ainsi appelée, parce qu'avec l'âge ce champi-
gnon prend la forme de cupules irrégulières
qui se confondent souvent avec leurs voisines.
L'eau, en se solidifiant, peut être amorphe ou
cristallisée régulièrement. (Pelouze.) Les allu-
mettes fabriquées au phosphore amorphe sont
les seules qui doivent être admises sous notre
toit. ("*)
— Anat. Substances ou matières amorphes,
Matières organisées qui entrent comme élé-
ments accessoires dans la constitution de di-
vers tissus normaux et morbides, à côté des
cellules, fibres, tubes, mais qui iront aucune
forme particulière «utre que celle des inter-
stices qu'elles remplissent. Le microscope
nous montre une espèce de matière amorphe
fort abondante dans la substance grise de 1 en-
céphale, une autre espèco dans le tissu mé-
dullaire des os. Selon M. Robin, les matières
amorphes jouent un grand rôle dans la consti-
tution des produits morbides au point de vue
de la masse, de la consistance, de la cou-
leur, etc.
— Chim. Etat amorphe, Etat d'une sub-
stance dans lequel elle ne présente pas la
forme cristalline : Etat amorpiie du phos-
cristallisation est confuse. Les minéraux amor-
phes se présentent sous trois aspects diffé-
rents : ou ils sont compactes ; ou ils ont la
cassure et la texture terreuses; ou ils sont
en rognons, en nodules, en grains plus ou
moins arrondis.
— Tôrat. Fœtus amorphe. V. Anidien.
— s. m. pi. Entom. Dénomination sotis la-
quelle quelques auteurs ont réuni les larves
d'une grande partie des insectes hexapodes
et tétraptères. il On a aussi donné ce nom a
un groupe de papillons erépusculairos , qui
correspond au genre smérimlie.
AMORPHE s. f. (a-mor-fe — du gr. a priv.;
morphè, forme). Bot. Arbuste de l'Amérique
septentrionale, de la famille deslégumineuses,
connu des jardiniers sous le nom A'indigo
bâtard.
AMO
283
amorphes, difforme ;pous, pied). Entom. Genre
d'insectes orthoptères, de la famille des acri-
diens, dont la seule espèce connue a été trou-
vée à Cayenne.
AMORPHOPHALLE s. f. (a-mor-fo-fa-le —
du gr. amorphos, difforme; phallos, l'organe
mâle delà reproduction) . Bot.Gcnre de plantes
vivaces,de la famille dos aroïdées, à racine
tubéreuse.
AMORPHOPHYTE s. m. (a-mor-fo-fl-te —
du gr. amorphos, irrégulier ; phuton, plante).
Bot. Nom donné aux plantes a fleurs irrégu-
lières ou anomales.
- AMORPHOSE s. f. (a-mor-fo-ze). Hist. nat.
Syn, d'anamorphose.
AMORPHOSOME s. m. (a-mor-fo-zo-me —
du gr. amorphos, informe; sdmax corps).
Entom. Genre de 1 ordre des coléoptères pen-
tamères, originaire du cap de Bonne-Espé-
AMORPHOZOAIRES s. m. pi. (a-mor-fo-
zo-è-re — du gr. amorphos, informé; zàon,
animal). Zool. Division établie par Blainvillo,
qui répond, avec les actinozoaires, aux i-ayon-
nésdeCuvier:Z.adtDist'o?!(iesAMOitPiiozoAiRES
renferme les éponges et les genres voisins.
AMORRHÉENS s. m. pi. (a-mor-ré-ain).
Géogr. Peuple de la Palestine, issu d'Amor
ou Amorrheus, fils de Chanaan. Ils habitaient
à l'ouest de la mer Morte, et firent ensuite
la conquête du pays des Moabites et des Am-
monites. Moïse les chassa des territoires qu'ils
occupaient.
" AMORTI, IE (a-mor-ti, î) part. pass. du v.
Amortir. Rendu moins ardent : Le feu est
amorti. La chaleur était amortie. Il Dont la
force, la violence est affaiblie : Balle amortie.
Le coup fut amorti par ses vêtements,
— Fig. : Son amour est amorti. Vous m'en
avez réveillé le goût, qui était assez amorti.
(M"" de Maintenon.) Dans les climats chauds,
où règne ordinairement le despotisme, les pas-
sions se font plus tôt sentir, et elles sont aussi
plus tôt amorties. (Montesq.) Alors la fougue
de la jeunesse sera amortie. (Volt.) Les pas-
sions amorties dégradent les hommes les plus
extraordinaires. ( Dider.)
Molièuk.
Quand de nos jeunes ans l'éclat est amorti.
MoLlfcRK.
Dans mon cœur tout à coup ma flamme est amortie.
Reonaku.
— Jurispr. Ilente, pension amortie, Eteinte.
— Mar. Navire amorti. Se dit d'un bâtiment
qui est échoué, lorsque les mortes eaux sur-
viennent ot l'obligent à attendre les fortes
marées pour se relever.
AMORTIR v. a. ou tr. (a-mor-tir — rad.
mort). Rendre moins vif, moins ardent, moins
violent : Amortir le feu. amortir la chaleur.
On amortit le feu d'un érésipèle par des lo-
tions émollientes. (Acad.) Ce feu est trop ar-
dent, il faut y jeter de l'eau pour ^'amortir.
(Acad.) C'est un feu qu'une maladie et qu'un
accident amortissent. (Fléch.) n Affaiblir l'ef-
fet d'un coup, lui fairo perdre do sa force, do
sa violence : Son chapeau amortit le coup de
sabre. (Acad.) Il est tombé sur un matelas qui
a heureusement amorti sa chute. (Acad.) Son
buffle plié en deux amortit le coup de la balle.
(La Rochef.) Desaix s'était formé en deux car-
rés pour amortir le choc de la cavalerie enne-
mie. (Thiers.)
— Fig. Calmer, adoucir, apaiser, en par-
lant des affections; des sentiments, des pas-
sions, etc. : Le temps amortit les afflictions.
( Pasc.) Pour faire vivre et régner l amour de
Dieu en nous, amortissons l'amour -propre.
(Boss.) Ce sont mille choses que le temps de-
" amorties. (Mme de Sév.) Pour
vers. (La Harpe.) L'amitié est la seule pas~
n que le temps m'amortis — — '" J -
Deffand.) // n'y a que la v
que le temps m'amortisse pas. (M»<e du
and.) // n'y a que la vie laborieuse qui
puisse amortir les passions. (Vauvon.) L'espoir
.Ma-
>r-fî-
formité , désordre dans la conformât!
AMORPHOCÉPHALE s. m. (a-mor-fo-sé-fa-
le — du gr. amorphos, difforme; kephalè, tète),
Entom. Genre de coléoptères tétraméros, do
la famille des curculionites, formé aux dépens
du genre brente, et ayant pour type uno es-
pèce qui se trouve à la fois en Illyrie, en Italie
AMORPHOCÈRE s. m. (a-mor-fo-sè-re — du
gr. amorphos, informe; keras, corne). Entom.
Genre de coléoptères tetraraères, de la famille
des curculionites, ayant pour type Yamorpho-
cère soyeux de la Cafrerie.
AMORPIIOPE
providence qui amortit tes coups
l'infortune et des tourments. (Raspail.) L étude
des sciences seule peut amortir la douleur.
(De Lévis.) Le raisonnement tue l'inspiration ;
l'attention qu'on luipréle l'allanguit et f amor-
tit. (V. Cousin.) On voulait en ce moment
amortir sourdement le journalisme, au lieu de
l'abattre franchement. (Balz.)
. — Particulièrem . Diminuer, affaiblir, en
parlant du son, du bruit, de la couleur : Une
voûte fort basse amortit l'éclat de la voix. Le
temps amortit les couleurs et rend la peinture
plus harmonieuse. (Acad.)
— Financ. En parlant d'une rento, .d'une
pension, d'une redevance, d'un emprunt, d'une
dette. Les anéantir, les éteindre en rembour-
sant le capital , en payant le créancier : II
amortira peu à peu ses dettes. Il fallait ap-
pliquer la puissance du crédit, et dénontrer
comme quoi nous ne devons pas amortir le ca-
pital, mais les intérêts, comme font les Anqlais.
(Balz.)
— Ane. jurispr. Donner aux mainmortablos
le droit de devenir propriétaires, il Donner un
bien à la condition d'être nourri jusqu'à la fin
de' sa vie par le donataire, u Diminuer les
droits et les revenus- d'un fief, d'un domaine,
d'un héritage.
— Herbor. Infuser, en parlant des herbes ;
leur fairo perdro de leur amertume, de leur
(a-mor-fo-po — du t;r. I âcreté. Peu usité en ce sens.
284
AMO
— Art culin. Amortir les viandes, Les rendre
plus tendres.
— Dans l'anc. imprim., Amortir les cuirs,
Les faire tremper dans l'eau pour les rendre
plus souples, afin de les monter plus facile-
ment sur les balles.
— Mar. Ralentir. la marche, la vitesse d'un
bâtiment par une manœuvre , un moyen
quelconque. Il Neutral. Bâtiment (fui amortit,
Qui reste échoué pendant la marée basse.
S'amortir, v. pr. Perdre de sa vivacité, de
son ardeur : La pluie étant survenue, le feu
s'est amorti et n a fait que peu de ravages. La
fièvre s'amortit par la saignée. (Trév.) il
Perdre do sa violence, de son éclat : La balle
s'est amortie contre la cuirasse. Le coup s'est
amorti contre les buf/leteries. (Acad.) Ces cou-
leurs se sont amorties avec le temps. (Acad.)
— Fig. : Ces sentiments sublimes se sont af-
faiblis , cette flamme divine s'est amortie,
(J.-J. Rouss.) Tout ce feu estravasé de V en-
fume s'amortit dans le cœur de la jeune fille.
mari.) La correspondance avec madame de
Crét
-J. '/toi
ença, e
•s de
. Itousseau, par être vive et presqi
sinnnée : bientôt elle s'amortit. (St-MarcGir.)
— S'éteindre, en parlant d'une rente, d'une
pension, d'une dette : Les rentes viagères s'a-
mortissent par la mort du titulaire.
— Antonymes. Attiser, aviver, déchaîner,
échauffer, embraser, enflammer, envenimer,
exalter, exciter, fomenter, inciter, irriter,
provoquer, réchauffer, soulever, stimuler, sur-
exciter, susciter.
AMORTISSABLE adj .{a-mor-ti-sa-blc —jrtLd.
amortir). Qui est susceptible d'être amorti,
éteint : Rente, pension amortissable.
AMORTISSANT (a-mor-ti-san) part. prés,
du v. Amortir : Si les philosophes bouddhistes
ont adouci l'homme, c'est en {'amortissant.
AMORTISSANT, ANTE adj. (a-mor-ti-san,
an-to — rad. amortir). Qui amortit, en parlant
d'une dette, d'une redevance, etc.
AMORTISSEMENT s. m. (a-mor-ti-se-man
— rad. amortir). Action d'amortir; état de ce
qui est amorti : La satanée produit souvent
^amortissement de lu fièvre.
— Fig. : ^/'amortissement de l'imagination,
de l'intelligence. L' amortissement des pas-
sions, //amortissement d'une douleur, liona-
parte, en devenant consul, fut épouvanté de la
cohue de solliciteurs qui encombraient ses anti-
chambres. Il vit dès lors que le despotisme était
facile; il favorisa cette tendance et opéra I'a-
mortissement des hommes et de leur capacité
au moyen des bureaux, devenus la principale
espérance d'une multitude de familles. (Ph.
Chas.les.)
— Financ. Extinction graduelle, rachat
d'une rente, d'une pension, d'une redevance :
/.'amortissement de ta dette publique. L'a-
mortissement d'une rente viagère. L amortis-
sement devait donc aller rapidement par la
décroissance des intérêts. (Balz.) /.'amortisse-
ment des actions s'opère chaque année au moyen
d'un tirage. (L.-J. Larcher.) il Fonds d'amor-
tissement. Somme destinée à l'extinction d'une
rente : L'Angleterre a un fonds d'amortisse-
ment avec lequel elle peut, dit-on, payer sa
dette en trente-huit ans. (Napol. 1er.) n Caisse
d'amortissement, Caisse fondée pour l'extinc-
tion graduelle de la dette publique, au moyen
de fonds consacrés au rachat des rentes : Les
financiers ne sont pas d'accord sur l'efficacité
des caisses d'amortissement. (Encycl.)
— Archit. Toute œuvre qui finit le comble
d'un bâtiment, et, par ext., Tout ornement
de sculpture qui va en diminuant et qui ter-
mine quelque décoration : ^'amortissement
d'un édifice , d'un fronton. Les groupes placés
sur les acrotères sont /'amortissement du
fronton.
— Mar. Etat d'un navire amorti ou échoué
pendant les mortes eaux, tl Etat de la mer
pendant les plus faibles marées.
— Ane. jurispr. Faculté donnée aux main-
mortables de devenir propriétaires.
— Encycl. Ane. droit. L' 'amortissement était
le droit qu'autrefois les gens dits de main-
morte , c'est-à-dire les confréries, les églises,
les communautés religieuses, etc. , étaient tenus
de payer pour obtenir la permission de possé-
der des immeubles. Les patentes par lesquelles
on accordait cette faveur s'appelaient lettres
d'amortissement. Le droit d'amortissement s'é-
leva jusqu'au tiers de la valeur de l'immeuble
amorti. Quelques auteurs en attribuent l'ori-
gine à saint Louis ; d'autres le font remonter
jusque vers la fin de la seconde race des rois
de France. La Révolution abolit l'amortisse-
ment en même temps que les autres droits
féodaux.
— Econ. polit. Au point de vue industriel et
commercial, Y amortissement est un système
d'épargne appliqué a la reconstitution des ca-
pitaux à fonds perdu , et au remboursement
des emprunts privés. La théorie de l'amortis-
sement repose tout entière sur l'action inces-
sante de la composition des intérêts à un taux
déterminé. Ce système qui, pour être efficace,
exige le temps, la régularité des versements,
la sécurité des placements, convient particuliè-
rement aux êtres collectifs comme les com-
munes, les sociétés industrielles et de travaux
publics. Les compagnies de chemin de fer, de
canaux, d'éclairage au gaz, etc., dont les con-
cessions sont temporaires, recourent presque
toutes à X amortissement pour reconstituer leur
AMO
capital pendant la durée de la
V amortissement par annuités es* eu uauS<=
pour les prêts hypothécaires ; chaque année
l'emprunteur paye , outre l'intérêt du capital
qu'il doit, une somme pour l'amortissement de
celui-ci dans un temps donné, vingt ou trente
ans, par exemple. Il amortissement a d'autres
applications que l'analyse économique met en
lumière. Les outils, les machines s'usant par
l'emploi qu'on en fait, le propriétaire doit re-
tenir une certaine somme sur les produits de
ces objets pour être"en mesure de les renou-
veler, en un mot, pour reconstituer peu à peu
ce capital destiné àdisparaître.
Le capital qu'un fermier dépense en amé-
liorations sur le domaine qu'il a loué doit éga-
lement se trouver reformé à l'expiration du
bail , au moyen d'une partie, régulièrement
capitalisée, des profits annuels.
— Financ. En langage financier, on entend
par amortissement l'ensemble des institutions
et des opérations qui ont pour but d'éteindre
une dette publique. Dans un sons restreint, il
s'applique au système de remboursement qui
repose sur l'emploi de l'intérêt composé. Ce
système consiste à créer un fonds d'amort isse-
ment, et à le grossir incessamment des valeurs
rachetées, de telle sorte que celles-ci. restent
comme auparavant à la charge du budget jus-
qu'à l'entière extinction de la dette.
Les uns attribuent l'invention de l'amortisse-
ment à un Génois du xvie siècle, Amaldo Gri-
maldi ; les antres aux frères Paris et au contrô-
leur général Machaut, sous Louis XV. u C'est au
docteur Price, dit M. Gustave Dupuynode,que
revient surtout l'honneur d'en avoir exposé les
merveilles ; il en fit, dans son Traité sur les an-
nuités réversibles, comme une mine inépuisable,
comme une toison d'or de nouvelle sorte. Les
trésors publics ressemblaient vraiment sous sa
plume à la poche du Juif-errant; on avait
Ijeau v puiser, ils se remplissaient toujours.
Pitt s empara de l'idée d amortissement , et,
parmi les hommes de gouvernement, il a con-
tribué plus que tout autre à faire croire à ce-
décevant mirage. » En France, les premières
tentatives d'amortissement remontent à 1765 ;
mais c'est seulement en 181G qu'on fonda la
Caisse d'amortissement, en lui allouant une do-
tation annuelle de 20 millions de francs. En
1817 cette somme fut doublée. En 1825, il fut
décidé que les sommes affectées à l'amortisse-
ment ne pourraient pas être employées au
rachat des fonds publics dont le cours serait
supérieur au pair. En 1832, on répartit l'actif
de ;la caisse d'amortissement entre les rentes
5, 4 1/2 et 3 0/0, proportionnellement au capi-
tal nominal de enaque espèce de rente; en
même temps on arrêta qu'à l'avenir tout em-
prunt serait doté d'un fonds d'amortissement
égal au moins au centième du capital nominal
des rentes composant cet emprunt. De 1816 à
1848, l'amortissement fonctionne sans inter-
ruption ; après la révolution de Février, il dut
être suspendu. Repris en 1859 avec 40 millions
destinés au rachat journalier de rentes, il cessa
de nouveau de fonctionner dès 1860 ; sa dota-
tion est devenue une ressource ordinaire du
budget, destinée à couvrir chaque année une
partie de notre déficit.
En Angleterre, le système d'amortissement,
après plusieurs modifications successives, fut
complètement abandonné, en 1829, par l'acte
de George IV établissant que la dette serait
rachetée avec l'excédant des revenus sur les
dépenses du royaume.
L'amortissement est une institution aujour-
d'hui condamnée par la plupart des économis-
tes ; il est devenu évident qu'elle n'a jamais
été qu'une fiction, et, selon l'expression de
M. Dupuynode, qu'un rouage inutile, trompeur
et dispendieux ; qu'au lieu de réduire les dettes,
elle a constamment et partout servi à les aug-
menter, grâce aux illusions qu'elle a créées.
Que signifie, en effet, ce travail de Danaïdes :
amortir tandis que l'on ne cesse d'emprunter?
N'est-ce pas un plaisant commerce que celui
qui consiste à racheter fort cher des rentes
anciennes, dans le même temps où l'on est
obligé d'en émettre de nouvelles que l'on vend
à bas prix? On a calculé qu'en Angleterre, de
1793 à 1813, la perte causée par la différence
entre les sommes payées pour les rentes amor-
ties et les sommes reçues pour la même quan-
tité de rentes émises, pouvait s'élever à 14
millions de livres sterling. « L'amortissement,
dit M. E. Pereire, dans l'Encyclopédie nouvelle,
a eu certes une valeur organisatrice au mo-
ment où il a été établi; c'était un leurre, si
l'on veut, mais il a eu pour effet important de
faciliter la transition des emprunts temporaires
aux emprunts perpétuels, qui sont l'expression
de la confiance la plus grande, c'est-à-dire du
crédit le plus étendu. Maintenir la caisse d'a-
mortissement lorsqu'elle a porté tous ses fruits,
lorsqu'il est constant qu'il n'y a non-seulement
aucun avantage à la conserver, mais encore
que ses opérations occasionnent de fortes
pertes à l'Etat, c'est de la déraison, c'est de
l'aveuglement. • ,
AMOS, un des douze petits prophètes; était
un berger de la ville de Thécué , et prophé-
tisait sous les rois Osias et Jéroboam , vers le
milieu du ixe siècle av. J.-C.
AMOSE s. f. (a-mo-ze — altération de mi-
mosa). Bot. V. Inga.
AMOU, ch.-lieu de cant. du dép. des Landes,
arrond. de Saint-Sever; pop. a'ggl. 902 hab. —
pop. tôt. 1,834 hab. Eglise gothique, dont le
clocher est le plus beau du département.
AMO
AMOUILLANT (a-mou-llan ; Il mil.), part,
prés, du v. Amouiller.
AMOUILLANTE. adj. f. (a-mou-llan-te; Il
mil. — nd. amouiller). Art vétèr. Se dit d'une
vache qui vient de vêler ou qui est près do
AMOUILLE s. f. (a-mou-lle; Il mil. — rad.
amouiller). Nom vulgaire du premier lait
fourni par une vache venant de vêler.
AMOUILLÉ (a-mou-llé; II mil.) part. pass.
du v. Amouiller.
AMOUILLER v. n. ou intr. (a-mou-llé ; Il
mil. — rad. mouiller). En parlant d'une vache,
Etre près de vêler, venir de vêler : Une vache
qui amouille, qui est sur le point <f amouiller.
AMOUR s. m. (a-mour — lat. amor, mémo
sens; formé de amare, aimer). Sentiment qui
porte l'àme vers ce qui est beau, grand, vrai,
juste, et en fait l'objet de nos affections et do
nos désirs : Z/amour persuade, console, anime,
possède toute l'âme, et fait vouloir le bien pour
le bien même. (Fén.) //amour rend les hommes
généreux, sincères, obligeants. (B. de St-P.)
Z/amcur chez l'homme est un sentiment moral.
(Ballanche.) /.'amour, est une chose sainte et
auguste. (Ballanche.) '//amour, dans le sens
universel du mot, est le principe créateur de
toutes choses. (Bautain.) /.'amour doit gou-
verner la terre. (Senancour.) L'intelligence dé-
termine les actes; V amour les sollicite. (La-
menn.) /.'amour est le génie de la raison.
(Toussenel.) Z/amour est la participation du
fini à l'infini qui crée. (TouSSCncl.) //amour
est une inspiration de Dieu. (A. Karr.) /.'amour
est le sentiment de l'harmonie entre le besoin du
bonheur et l'objet du bonheur. (E. Alletz.) //a-
mour est l'acte suprême de l'àme et le chef-
d'œuvre de l'homme. (Lacord.) Z/amour est
au-dessus de la mort , comme le ciel est au-
dessus de l'océan. (Lacord.) /.'amour guide nos
actes les plus ardents. (Lacord.) Z/amour est
l'aspiration sainte de la partie ta plus éthérée
de notre âme vers l'inconnu. (G. Sand.)
a loi c(
aride.
— Souvent le mot amour est accompagné
d'un adjectif qui en détermine la nature :
Amour divin. Amour terrestre, /.'amour divin
est la source de toutes les vertus. (Mass.) Z/a-
mour purement humain est une effervescence
passagère. (Lacord.) Z/amour individuel cor-
respond au droit, l' amour universel au devoir.
(Lanienn.) L' amour rfioin ne se sert de son
flambeau que pour nous éclairer, et /'amour pro-
fane n'allume le sien que pour nous aveugler. (S.
Dufour.) il Ce complément peut consister de
même dans un substantif précédé de la prép.
de : /.'amour de Dieu. Z/amour du prochain.
Z/amour de la patrie, /.'amour de la liberté.
Z'amour de la vertu, de la gloire. L'amour des
richesses, des plaisirs, /.'amour du vin, de la
bonne chère, /.amour de Dieu fait naître toutes
tes vertus. (Boss.) N'estimez dans les hommes
que /'amour du devoir. (Mass.) Z.' amour im-
modéré de la vérité n'est pas moins dangereux
que tous les autres amours. (La Rochef.) Z/a-
mour de la démocratie, c'est Z'amour de l'éga-
lité et de la frugalité. (Montesq.) L' amour de
la patrie conduit à la bonté des mœurs, et la
bonté des mœurs mène â l'amour de la patrie.
(Montesq.) Si je n'avais pas /'amour du tra-
vail et de la gaieté, il y a longtemps que je
serais mort de désespoir. (Volt.) Le désir est
une espèce de mésaise que /'amour du bien-être
met en nous. (Vauven.) Z/amour du travail est
la vertu de l'homme en société. (M">e Roland.)
Le principal mobile de la révolution française
était /amour de l'égalité. (Mme de Staël.) Z'a-
mour de la liberté est aussi légitime que
/'amour de soi. (Laténa.) Z/ amour de la gloire
n'est qu'uuevanité ennoblie par le but. (Laténa.)
/.'amour des lettres est la source de nos plus
douces jouissances. (Beauchêne.) /.'amour de la
vérité ne se fait sentir que par le commerce
qu'on entretient avec elle. (De Gérando.) Z/a-
mour de l'étude est toujours agréable. (J.
Droz.) L'amour seul sait dompter /'amour de
l'argent. (Pètiet.) Je n'ai qu'une passion, t'A-'
mour de la liberté et de ta dignité humaine.
(A. de Tocqueville.) Bien de plus rare chez les
hommes que /'amour de la vérité. (Lamenn.)
L'amour de la vertu n'a jamais d'yeux pour l'Age.
Il S'empl. aussi avec la prép. pour : Avoir de
/'amour pour ses enfants, pour sa famille, pour
la justice, pour la vérité. Il étend sur eux Z'a-
mour infini qu'il a pour son fils. (Boss.) // sen-
tait renaître son courage et son amour pour la
vertu. (Fén.) u Le même complément peut in-
diquer celui, celle qui éprouve l'amour : L'a-
mour des pères, des mères, /.'amour d'une soeur,
d'un enfant, /.'amour des peuples. Il comptait
sur /'amour des solduts. Les pères craignent que
/'amour naturel des enfants ne s'efface. (Pasc.)
Ses vertus lui méritaient la vénération et Z'a-
mour de tous les peuples. (Boss.)
— Dans ce dernier cas, l'idée se rend plutôt
au moyen d'un adjectif équivalent au complé-
ment substantif, et l'on dit alors : Amour pa-
ternel, amour maternel, amour filial, amour fra-
ternel, amour conjugal, amour patriotique, et
mieux, de la patrie, etc. Nous allons envi-
sager séparément ces cinq applications du
mot amour, qui" tiennent une si large place
dans notre langue, et qui sont comme les
AMO
pivots sur lesquels repose l'expression de nos
rapports de famille et de société :
I" Amour paternel, maternel, Sentiment
de tendresse, de dévouement, que les pères,
les mères ont pour leurs enfants : C'est /'amour
paternel qui lui a inspiré ses traits les plus
éloquents. Z/amour maternel est le mobile le
plus fort et le plus constant du cœur de la
femme. (Bautain.) Z/amour maternel contient
tous les sentiments affectueux. (Mme Bachi.)
que le soleil est à une rose; pour l'ouvrir, il
n'a qu'à le regarder. (Le P. Félix.) Z/amour
maternel existe dans te cœur de toutes les
femmes. (J. Sim.) //amour paternkl est à la
fois le sentiment le plus digne d'un cœur généreux
et la plus douce jouissance de l'homme sensible.
(Alibcrt.) Z/amour maternel seul est inépui-
sable et ne vieillit jamais. (Descurct.) il Peut
se dire aussi des animaux : L'animal le plus
timide, le plus pusillanime devient audacieux
lorsqu'il s agit de garantir ou de défendre
l'objet de son amour. (Mirab.)
— Anecdotes. Un religieux, voulant consoler
une dame vénitienne oui avait perdu son lils
unique, lui rappelait 1 obéissance d'Abraham,
quand Dieu ordonna à ce patriarche d'immoler
son enfant. « Ah! mon père, répondit-elle avec
impétuosité, Dieu n'aurait jamais commandé
ce sacrifice à une mèrel » Jamais l'amour ma-
ternel n'avait fait entendre un cri aussi
éloquent.
Henri IV jouait un jour avec ses enfants,
qui s'étaient placés à cheval sur son dos, et
; qu'il promenait sur le tapis dans une posture
| peu royale. Survient l'ambassadeur d'Espagne :
< « Etes-vous père, monsieur l'ambassadeur? lui
demanda le Béarnais, et, sur sa réponse affir-
mative : alors, ajouta- t-il, je puis tinir le tour
de la chambre. •
Parmi des naufragés qui luttaient sur un
mince radeau contre les horreurs de la faim et
la fureur des vagues, se trouvait une jeune
mère allaitant son enfant. Les privations et les
angoisses ayant tari son lait, elle s'ouvrit les
veines pour nourrir de son sang ce petit être
chéri, et lui sauva la vie au prix de la sienne.
Zaleucus avait donné aux Locriens les lois
les plus sages et les plus salutaires. Son propre
fils ayant été convaincu d'adultère, devait, en
vertu des lois, être privé -des deux yeux ; mais
toute la cité, en considération du père, voulut
faire "grâce au fils de la punition. Zaleucus
résista Quelque temps. A la fin , cédant aux
prières de tout le peuple et au cri de l'amour
paternel, il commença par se crever un œil,
puis en creva un aussi à son fils.
L'amour de l'eider pour ses petits est une
des merveilles de la maternité. Quand son nid,
qui se compose de plantes maritimes, est
achevé, c'est le plus touchant des spectacles
que de voir l'eider s'arracher son duvet de
dessous le ventre et en remplir le nid pour
coucher et couvrir ses petits. Et, quand l'homme
a volé ce nid, la mère recommence sur elle la
cruelle opération ; puis, quand' elle s'est plu-
mée, qu'elle n'a rien à arracher que la chair,
le père lui succède et il s'arrache tout à son
tour; de sorte que le petit est vêtu d'eux, de
leur dévouement et de leur douleur.
Montaigne, en parlant d'un manteau dont
_ _ mot touchant, que rappelle ce pauvre m„ .
« Je m'enveloppais de mon père. «
— 2« Amour filial, Affection mêlée de res-
pect que les enfants rossentent pour leurs'
parents :
... Il convertit ces ténèbres en jour.
Del'i
— Anecdote. A Rome, un vieillard avait été
condamné a mourir de faim. Sa fille obtint la
faveur de le visiter tous les jours. Au bout
d'une semaine, les geôliers, étonnés de voir cet
homme encore plein de vigueur, bien que sa
fille fût fouillée avec soin h chaque visite, lps
observèrent tous deux pendant une de leurs
entrevues. Ils s'aperçurent alors que la fille
présentait le sein a son père, lui rendant ainsi
la vie qu'elle en avait reçue. Instruit de ce
trait touchant à'amnur fihal , les magistrats
romains firent mettre le prisonnier en liberté.
— 3° Amour fraternel, Affection que l'on
éprouve pour un frère ou une sœur : L'amour
fraternel dépend beaucoup de l'amour filin L
qui lui-même n'est produit que par l'amour
paternel. (B. de St-P.)
— Anecdotes. Si l'on en croit Hérodote,
deux frères, habiles architectes, furent char-
gés par un roi d'Egypte de lui construire un '
édifice' pour enfermer ses trésors. Ces deux
frères , au moyen d'une pierre mobile qu'ils
avaient su artistement disposer, venaient cha-
que nuit puiser au trésor royal. Le prince, qui
s'apercevait d'une sensible diminution, et qui
ne pouvait découvrir par quel moyen on arri-
vait jusqu'à ses richesses, ât tendre dans l'in-
AMO
teneur un plége auquel l'un des voleurs noc-
turnes ne Tarda pas à être pris. N'ayant pu se
dégager, malgré ses efforts et ceux de son
frère, il supplia celui-ci de lui trancher la tête
et de l'emporter sous son manteau, afin que,
son cadavre étant devenu par là méconnais-
sable, son frère pût échapper à la vengeance
du prince.
On sait que des méprises fatales eurent lieu
quelquefois pendant la Révolution, au sujet des
personnes, méprises produites par la rapidité
agents de la force publique, et des les premiers
mots de son interrogatoire, il s'aperçoit qu'on
l'a confondu avec son frère. Celui-ci est marié,
père de plusieurs enfants; lui, au contraire,
est libre, et sa vie n'est nécessaire à aucune
existence. Il se laisse généreusement condam-
ner, sans dire un seul mot pour tirer les juges
de leur erreur, et monte h 1 échafaud, heureux
de sauver ainsi la vie à son frère.
— 4° Amour conjugal, Tendance, affection
que les époux doivent éprouver mutuellement
1 un pour l'autre : /.'amour conjugal est un
amour sans fièvre, sans trouble, sans égarement,
(Alibert.) /-'amour conjugal Ji'e^po* l'amour.
(H. Rigault.)
— Anecdotes. On demandait à une jeune
veuve romaine pourquoi elle ne se remariait
pas : « Parce que , dit-elle , mon mari existe
toujours pour moi. »
Cœcina Pœtus, personnage consulaire, fut
condamné à mort pour avoir pris part à une
révolte contre l'empereur Claude. Aria, sa
femme, voyant qu'il n'avait pas le courage de
"" '":" ■"- "a frappa devant lui d'un poi-
de sa femme.
Un jeune Chinois, très-doux et très-paci-
fique, mais coupable de n'avoir pas voulu dé-
noncer son frère, qui faisait partie de l'armée
insurgée, avait été condamné par le mandarin
à perdre la vue. Sa jeune femme, Kora, qu'il
venait d'épouser' depuis quelques jours seule-
ment, avait obtenu la triste faveur de l'accom-
pagner au lieu du supplice, après avoir vaine-
ment essayé de fléchir le juge. C'était une
-femme, presque une enfant, d'une beauté mer-
veilleuse. Elle était de petite taille et toute
mignonne ; ses magnifiques cheveux noirs, ses
cils et ses sourcils de même couleur ^ tran-
chaient sur sa peau d'un jaune mat, ou ne se
montrait aucune trace de coloration. Ses longs
yeux, fendus en amande, avaient une expres-
sion indéfinissable de désespoir et d'égarement.
Une foule énorme encombrait la place où
devait avoir lieu l'exécution ; aucun apprêt ne
sa faisait remarquer : seulement, un Chinois,
enveloppé d'une longue robe rouge, pétrissait
entre ses mains une sorte de matière blanche
et en formait deux petites boules : c'était de la
chaux vive. Quand les boules furent préparée,.,,
le bourreau les enveloppa chacune dans un
linge fin, mouillé, qu'il replia trois fois sur lui-
même, et qu'il recouvrit ensuite d'un linge sec,
puis il plaça cet appareil sur les yeux du con-
damné, en l'assujettissant au moyen d'un ban-
deau. Le jaune des joues de Kora tourna au
blanc, tant elle devint pâle ; sans.se soucier de
la foule, que probablement elle ne voyait pointj
elle tomba à genoux devant son mari en joi-
gnant les mains. Aussi, lorsqu'au bout de trois
minutes le bandeau fut enlevé, le regard en-
core vivant du condamné tomba sur sa femme.
Alors, il y eut sans doute entre eux un moment
d'extase et de divine tendresse, car la figure
de Kora s'illumina, ses yeux brillèrent d'une
vive flamme, ses jbues se teignirent de pour-
pre, et elle revêtit dans cet instant une beauté
surnaturelle. Mais ce ne fut que la durée d'un
. Presque aussitôt le regard du jeune
homme se ternit, décrut et s'éteignit : la chaux
avait rempli son office meurtrier, elle avait
brûlé les yeux. On eût dit que Kora subissait
la même phase douloureuse, car en même
temps son brillant' regard se voila, ses yeux
se fermèrent, et elle tomba inanimée sur le
sol. Revenue à elle, l'infortunée se releva vi-
vement; elle se plaça àvcôté de son mari, mit
son bras sous le sien, et belle et fière , comme
une antre Antigone d'un jeune Œdipe, elle
dirigea les pas de l'aveugle vers le quartier
. qu'ils habitaient ensemble.
' — 5° Amour patriotique ou de la patrie,
Sentiment élevé qui porte à aimer sa patrie
et à se dévouer pour elle : Brutus, présidant
lui-même au supplice de son fils, offre un
exemple d' amour patriotique qui excite encore
plus l'horreur que l'admiration. /'amour de
la patrie est inné dans le cœur de l'homme,
et cet amour est d'autant plus fort que nous
sommes plus malheureux. (Chateaub.)
Amour sacré de la pairie.
AMO
ce qui, dans les mœurs Spartiates, signifiait :
Reviens vainqueur ou mort.
A !a suite de la révolution de 89, un jeune
émigré, qui passait une vie triste et errante
de l'autre coté du Rhin, traversait chaque nuit
le fleuve en bravant mille dangers, pour aller
respirer quelques instants l'air natal sur la rive
française.
Le Spartiate Phédarète se présente pour être
admis au conseil des Trois-Cents : il est rejeté,
et s'en retourne tout joyeux chez lui. Sa femme,
en voyant son air de contentement, le téluîite
do l'honneur que viennent de lui faire ses con-
citoyens. «Non, répondit Phédarète, je me
réjouis qu'il se soit trouvé à Sparte trois cents
hommes plus vertueux que moi. »
On raconte qu'un mousse anglais avait un
tel attachement pour le vaisseau à bord du-
quel il était né, qu'il ne pouvait souffrir qu'on
lcn séparât un moment. Quand on voulait le
punir, on le menaçait de l'envoyer à terre; il
courait alors se cacher à fond de cale en pous-
sant des cris. C'est l'amour seul de ta patrie
nui attachait ce matelot à une planche battue
AMO
285
montra un éléphant qui avait passé à Ceylan
une partie de son enfance. Il alla près de l'a-
il, et, par forme de plaisanterie, lui adressa
— Anecdotes. Une
présentant le bouche
pour la guerre : « Reviens
E. Scribe.
Spartiate disait, e:
quelques mots de salutation dans la langue de
ce pays; aussitôt l'éléphant donna les marques
les moins équivoques de surprise et de plaisir.
Il approcha du visiteur autant qu'il lui fut pos-
sible, tendit vers lui doucement sa trompe et
le caressa avec amitié. On eût dit deux compa-
triotes se rencontrant sur une terre étrangère.
— Particul., Passion d'un sexe pour l'autre :
Les douceurs, les charmes de {'amour. Les tour-
ments de {'amour. Donner, inspirer de {'amour.
Languir, brûler ({'amour. Se marier par amour.
Les femmes sont toujours constantes à {'amour,
presque jamais à l'amant. {"*) Les remèdes de
{'amour sont jeûner, attendre ou se pendre : la
faim, le temps ou la corde. (Cratès). /-'amour
est le roides jeunes gens et le tyran des vieillards.
(Louis XII.) /{ est tout aussi difficile de définir
/'amour que le bonheur. (St-Prosper.) //amour
n'a point d'âge, il est toujours naissant. (Pasc*
Tous les autres plaisirs ne valent pas les peines
de {'amour. (St-Evrem.) /.'amour qui nait su-
bitement est le plus long à guérir. (La Bruy.)
/{ faut être bien dénué d'esprit, si {'amour n en
fait pas trouver. (La Bruy.) /.'amour est le
dispensateur d'un bien près de qui la gloire et
la richesse sont des poupées. (La Font.) /{ en
est du véritable amour comme de l'apparition
des esprits : tout le monde en parle, mais peu
de gens en ont vu. (La Rochef.) /.'amour est je
ne sais quoi, qui vient de je ne sais où, et qui
finit je ne sais comment. (M'IedeScudéry.) L'k-
mour est un désir d'être aimé de ce qu'on aime.
(B.Rabutin.) /.'amour ne meurt jamais de. be-
soin, il meurt souvent d'indigestion. (Ninon de
l'Enclos.) Les suicides les plus fréquents sont
occasionnés par '{'amour; mais les statistiques
ne disent pas ceux que {'amour a empêchés.
(M«ic d'Houdetot.) La vie ne devrait avoir
d'autre limite que {'amour ; tout ce qui peut
encore aimer devrait vivre. (M'»e d'Houdetot.)
Ceux qui font la guerre pendant que les antres
font {amour mériteraient une petite distinc-
tion. (Volt.) Z'amour est de toutes les passions
la plus forte, parce qu'elle attaque à la fois la
tête, le cœur et le corps. (Volt.) Une femme
peut être surprise d'avoir pris-de {'amour ; mais
elle ne l'est jamais d'en avoir donné. (Mariv.)
/.'amour est un état de guerre continuelle ; c'est
pour cela sans doute que l'on dit : Amour vain-
queur, amour vaincu, amour invincible, etc.
(Mm» Nccker.) /.'amour, c'est l'égoïsme en deux
personnes. (Bouffiers.) L'inconstance et {'amour
sont incompatibles ; l'amant qui change ne
change pas ; il commence ou finit d'aimer. (J.-J .
Rouss.) /.'amour est le premier plaisir, la plus
douce et la plus flatteuse de toutes lesillusions.
(M»« de Lambert.) /.'amour est le roman du
cœur, et le plaisir en est l'histoire. (Beaumarch.)
L' amour est le premier auteur du genre humain.
(Vauven.) //amour ,. dans l'état social, n'a
peut-être de raisonnable que sa folie. (Rivar.)
L'hymen vient après {'amour comme la fumée
après la flamme. (Chamf.) /.'amour est comme
les maladies épidémiques : plus on les craint,
plus on y est exposé. (Chamf.) /-'amour, tel
banqueroute. (Chamf.) L'amour plait pli
le mariage, par la raison que tes romans s'ont
plus amusants que l'histoire. (Chamf.) //amour
est l'occupation de l'homme oisif, la distraction
duguerrieret l'écueil du souverain. (Napol. I".)
Les femmes aiment mieux inspirer de {'amour
que de l'estime; peut-être même ont-elles une
secrète aversion, pour ceux qui n'ont que de
l'estime pour elles. (Beaucn.) /-'amour est
l'histoire de la vie des femmes; c'est un épisode
dans celledes hommes. (Mme ûeStaèl.) Qu'est-ce
que {'amour? Une fièvre passagère qui prend
par un frémissement et. finit par un bâillement.
(Basta.) La femme qui fait payer {'amour vend
ce qu'elle n'apas. (Basta.) Se marier par amour,
c'est souvent se loger par quarante degrés de
chaleur, sans songer que l'on peut retomber au-
dessous de zéro. (Boiste.) /{ suffit d'un très-
petit degré d'espérance pour causer la naissance
de {'amour. (H. Beylc.) /'amour fait douter
des choses les plus démontrées. (II. Beyle.)
/'amour est une fleur délicieuse, mais il faut
avoir le courage d aller la cueillir sur les bords
d'un précipice a/freux. (H. Beyte.) On a de
{'amour pour les fleurs, pour les oiseaux, pour
la danse , pour son amant, quelquefois même
pour son mari. (E. Jouy.) Jadis on languissait,
on brûlait, on mourait ({'amour; aujourd'hui
on en parle, on en jase, on le fait, et, le plus
souvent, on l'achète. (E. Jouy.) /.'amour, c'est
être deux et ne faire qu'un. (Serrurier.) /.'amour
n'est plus- amour dès que l'argent lui sert
d'auxiliaire. (Custine.) Pour une àme com-
mune, {'amour est une conquête; dans une âme
élevée, c'est un sacrifice. (Custine.) /'amour,
c'est une plante rare qui nait dans certaines
âmes choisies. ( H. Rigault. ) /.'amour est la
poésie des sens. (Balz.) /'amour sans la vertu
n'est qu'une faiblesse et un désordre. (Lacord.)
Pour les hommes, {'amour n'est pas un senti-
ment, c'est une idée. (M»>c de Gir.) En amour,
la femme vertueuse dit non; la passionnée, oui;
la capricieuse, oui et non; la coquette, ni oui
ni non. (F. Soulié.) Science, esprit, beauté, jeu-
nesse, fortune : tout ici-bas est impuissant à don-
ner le bonheur sans {'amour. (X.-B. Saintine.)
La civilisation a fait de {'amour une science et
un combat. (Prév.-Paradol.) /.'amour des sens
est légitime quand il est réglé par la loi divine
et humaine. (Bautain.) Amour, amour; qui
pourra sonder un seul de tes mystères? (Ste-
Beuve.) /'amour 1 c'est être deux et n'être
qu'un; un homme et une femme qui se fondent
en un ange; c'est te ciel. (V. Hugo.) L'honnête
amour est le plus grand bien de la vie. (J. Janin.)
/'amour est {'amour, une chose qui ne ressem-
ble à aucune autre. (Michclet.) /'amour allume
en un seul et ardent foyer toutes les passions de
Mirabeau. (Lamart.) Malgré tous les petits
talents que nous lui reconnaissons, la femmen'a
pas d'autre inclination, d'autre aptitude que
{'amour. (Proudh.) /'amour a son principe
dans l'organisme et vit d'idéal. (Proudh.) Lx-
mour, comme matière d'art, est la grande
affaire de l'humanité. (Proudh.) /'amour est
l'origine, la cause et le but de tout ce qu'il y a
de grand, de beau et de noble. (A. Karr.) /{
n'y a qu'un amour dans la vie d'un homme.
(A. Karr.) Le seul amour sur lequel on puisse
compter est celui d'une femme qui a eu des
amants. (A. Karr.) Dans {'amour de Voltaire
pour Adrienne Lecouvreur, il y eut beaucoup de
haine, comme dans tous les amours. (A . Houss.)
Le véritable amour est pareil à la flamme du
bois d'aloès, qui ne donne pas de fumée. (Le Fi-
garo.) /'amour donne de l'esprit à ceux qui
n'en ont pas; il en ajoute à ceux qui en ont un
peu; mais quelquefois il en rite à ceux quien
ont beaucoup. (Le Figaro.)
Ah! qu'un„premier
Gresset.
L'amour excuse to
t, alors qu'il est extrême.
La Harpe.
L'amour est innoce
nt quand la vertu l'allume.
Lès oiseaux amour
Chansonnette d'opéra.
L'amour, dans sa p
A force de bc taire
rudence, est toujours indiscret
il trahit son secret.
Les tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
La Fontaine.
Un dépit vif ne fait que suspendre l'amour,
Mais un juste mépris le guérit sans retour.
Dufresny.
L'amour n'est doux qu'autant qu'en en inspire;
S'il n'est pas mutuel, c'est un cruel martyre.
La Chaussée.
Je ne méprise point Vamour et ses douleurs, .
Et je n'ai point l'orgueil d'insulter a des pleurs.
A. Chéniee.
L'amour est un beau champ, toujours semé de fleur
Mais qu'éternellement on arrose de pleurs.
Gilbert.
■L'amour ne peut durer qu'autant que les désirs :
Nourri par l'espérance, il meurt dans les plaisirs.
Freville.
E Ml
[m*
. . L'a
Ne vaut pas qu'on l'acheté alors qu'il est h vendre,
E. Auoiei
Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et je
Où tout ce que l'on oime est digne d'être aimé !
Baudblaii
Una)
is feinl
Est en effet le plus grand frein du vi
" >:->ns qui sait se retenir
a homme, ou va le deveni
— Se dit aussi do l'instinct qui rapproche
les animaux et même les plantes : /{ n est au-
cun insecte dont les miovrs soient aussi cachées
que celles des mouches à miel. (Del.) Les pu-
cerons ne connaissent ni {'amour ni l'hyménée.
(A. Karr.)
Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre.
Il Etre en amour, Etre en chaleur, en parlant
(les femelles des animaux : Une chatte qui est
en amour. Quand les oiseaux sont en amour.
(Acnd.)
— Par ext. Entrer en amour. Se dit lors-
qu'au printemps la terre mot en action la
force végétative des plantes.
. — Par anal. Personne qu'on aime avec
passion : Titus était {'amour de l'univers.
(.Vend.) Mous voyons avec attendrissement une
tombe sous laquelle repose une jeune femme,
{'amour et l'espérance de sa famille. (B. do
St-P.) J'ai Dit mon amour ; moisson visage était
pâle. (Chateaub.)
Brebis, mes «moi
J C ' Racine.
— Les écrivains, et surtout les poètes, ont
souvent personnifié l'amour : Un jour, je
m'avisai de médire de {'Amour ; il m'envoya
l'Jlymen pour se venger. Depuis, je n'ai vécu
que de regrets. (Rivar.) /'Amour û.î{ un grand
enfant, la femme est sa poupée. (M»"! Weillez.)
Iris s'est
Qu'eùt-cl
Nous n'étions :
Léandre, conduit par l'Amour,
En nageant disait h l'orage :
• Laissez-moi gagner le rivage.
Et, pour son âge, a tant de complaisance,
Tomber la vieillesse en enfance.
Demoustiek.
L'Amour est un enfant aussi vieux que le monde
Il est le plus petit et le plus grand des dieux.
Il remplit de ses feux le ciel, la terre et l'onde,
Et cependant Eglé le loge dans ses yeux.
Tnal
L'Amour aime les champs, et lf
Il S'empl. au pi., en parlant des frères que la
Il S'empl. au pi., en parla
Fable donne a l'Amour :
Toute la bande des Amours
— Tableau, statuo, etc., nui représente
l'Amour, des Amours : Un lit à doubles rideaux
de gaze , soutenu par quatre Amours dorés.
(Chateaub.)
— Amour platonique. Se dit ordinairement
de l'amour que deux personnes de différent
sexe ont, l'une pour l'autre, lorsque cet amour
est pur de tout désir sensuel : Z'amour pla-
tonique est plus violent que l'amour ordinaire. ■
(Laurentie.) /'amour platonique n'était que
l'amour du beau dégagé de l'amour physique.
(Mesnard.)
Quand je vois vos appas se glisser dans mon cœur.
Je nu me sens point fait pour l'amour platonique.
Demoustier.
— Il faut remarquer que ce sens s'éloigne
de la théorie do Platon sur Y amour, telle qu'on
la trouve exposée dans quelques-uns do ses
dialogues, notamment dans le Banquet. Le
mot amour y ost pris dans un sens beaucoup
plus général. C'est Vamour de la beauté, com-
mençant par s'attacher à la beauté matérielle,
à la beauté du corps, pour s'idéaliser de plus
en plus, et s'élever comme d'échelon en éche-
lon , d'abord à la contemplation exclusive de
la beauté de l'âme , puis à celle de la beauté
qui se trouve dans les lois, dans les arts, dans
la beauté qui n'est point belle s
telle partie, en tel temps, sous tel rapport, en
tel lieu; belle pour ceux-ci, laide pour ceux-là;
la beauté qui n'a rien do sensible comme uu
286
AMO
visage, des mains, mais qui existe éternelle-
ment et absolument par elle-même et en elle-
même, et de laquelle participent toutes les
autres beautés. » C'est donc par une extension
abusive que l'amour qui s'interdit la posses-
sion et la jouissance de l'objet aimé a reçu
le nom de Platon. L'amour platonique, dans le
sens où nous l'entendons, précède ordinaire-
ment l'autre amour, en constitue, à vrai dire,
la première phase ; l'amour, tel que l'entendait
Platon, commence par le réel et finit par
l'idéal, prend pied en quelque sorte sur la
terre pour s'envoler vers le ciel ; l'amour ter-
restre est le premier degré de l'initiation à
l'amour ; l'amour céleste en est le but et le
terme.
— Amour ecladonique. Nom donné quelque-
fois, et particulièrement par l'école fouric-
riste, à l'amour platonique, par allusion au
doucereux Céladon, le héros de YAstrée.
— Parfait amour. Se dit familièrement et
ironiquement de l'amour réduit au sentiment
fur. il Filer le parfait amour, S'en tenir à
amour chaste.
— Amour pur , Amour qui s'interdit les
jouissances, et jusqu'aux désirs sensuels, il
Amour platonique, amour céladonique, parfait
amour, amour pur, sont des expressions à peu
près synonymes.
— Amour libre. Se dit, par opposition au
mariage, de l'amour dégage de tout lien civil
et religieux, et n'ayant d'autre loi que le sen-
timent et les sens : De nos jours, beaucoup
protestent contre le mariage, auquel ils substi-
tuent /'amour libre. (Proudh.)
— Pur amour. Se dit ordinairement de
l'amour divin , lorsqu'il se dégage de toute
préoccupation intéressée, c'est-à-dire de toute
espérance du salut, de toute crainte do la
damnation.
— Amour mystique, Amour ressenti pour
des êtres invisibles , et qui a la vivacité et
l'ardeur de l'amour terrestre : L'amovr mys-
tique dévorait sainte Thérèse.
— Amour unisexuel, Amour que deux per-
sonnes de même sexe ont l'une pour l'autre.
V. PÉDÉRASTIE et TrIBADIIÎ.
— Amour physique, sensuel, charnel. Se dit
de l'amour qui recherche uniquement les
jouissances corporelles, par opposition à-î'a-
mour platonique, à l'amour pur.
— Amour desoi, Principe communde toutes
les passions, de tous les mouvements qui ten-
dent au bonheur individuel : £'amour de soi
bien entendu ne se sépare jamais de l'humanité.
(Volt.) Dieu n'apas seulement mis dans l'homme
V amour DE soi, mais aussi l'amour des autres.
(Joubert.) L'envie est la dépravation de 2'amour
de soi-même. (Boitard.) Z'amour de soi est le
motif de tous nos amours , et l'amour de Dieu
en est le but. (J. Simon.)
Du trop d'amour de .
— Faire l'amour, Avoir un commerce amou-
reux, se livrer à la galanterie : Il passe sa vie
à faire l'amour. Il fait l'amour à toutes les
femmes. (Acad.) Est-ce que vous croyez qu'on
puisse paire l'amour san s proférer une parole?
(Volt.) flludame la marquise, boire sans soif et
Paire l'amour en tout temps , c'est ce qui dis-
tingue l'homme des autres bêtes. (Beaumarch.)
Ah! lâche, fais l'amour et renonce à l'empire.
— Beau comme l'amour, et elliptiquem.,
c'est un amour. Se dit d'une personne d'une
grande beauté , d'une beauté accomplie, : Il
avait deux fils beaux comme l'amour. Quant à
sa femme, quant à sa petite fille, c'est un
amour. Il Dans le mèii"
. Un a
, Un a
d'enj'ant. Tu es un amour de kemme, ma
Menée. (Balz.) C'est ça un amour d'homme!
(Balz.) C'était un- amour de femme. (Balz.)
Enfin, il est à tout propos qualifié d'un amour
d'homme. {Balz.) il On l'applique même aux
choses : Cette montre est un amour. Est-ce là
un amour de presse! dit l'imprimeur. (Balz.)
— Pour l'amour de Dieu, Dans la seule vue
de plaire à Dieu : Faire quelque chose pour
l'amour de Dieu. (Acad.) il Les mendiants se
servent fréquemment de cette locution pour
solliciter la charité publique. Un moine espa-
gnol entre un jour chez un figaro de village,
et, le prie humblement de lui faire la barbe
por l'amor de Dios (pour l'amour de Dieu). Le
frater, pou soucieux de telles pratiques, mais
n'osant éconduire le religieux, le savonne à
l'eau Froide, prend le plus mauvais de ses ra-
soirs et lui ecorche impitoyablement la figure.
Pendant l'opération , on entend dans une
chambre voisine un chat pousser d'affreux
miaulements, et comme le perruquier de-
mandait quelle pouvait en être la cause : « Ah 1
dit le patient avec un gros soupir, c'est sans
doute un pauvre chat à qui l'on fait la barbe
pour l'amour de Dieu. • Il Faire une chose pour
l'amour de Dieu, La faire sans aucun intérêt.
Il Ironiq. Comme pour l'amour de Dieu, A
contre-cœur. Se dit d'une chose faite ou
donnée de mauvaise grâce, avec lésinerie :
Vous avez l'air de travailler comme pour l'a-
mour de Dieu. On lui en a donné comme pour
l'amour ce Dieu, il Employé interjeciiv., Pour
l'amour de Dieu signifie, De grâce, je vous en
prie : Pour l'amour de Dieu! ne me parlez
plus de cet homme , de cette a/faire, il Pour
l'amour de quelqu'un, En considération , par
l'affection qu'on a|iour quelqu'un : Faites cela
pour l'amour de moi. Je voudrais, pour l'a-
AMO
mour de vous, que cela me fût possible. (Acad.)
Je m'en réjouis pour l'amour de l'un et dk
l'autre, (Mol.) Je me puryerai pour l'amouiî
de vous. (Mme do Sév.)
— Avec amour. Se dit d'un ouvrage que
l'artiste a pris plaisir à exécuter, à finir avec
un soin extrême : Statue faite avec amour.
Cet artiste travaille avec amour, peint avec
amour, il Avec goût, avec grâce : Une robe de
mérinos raisin de Corinthe, à dos plat et à
manches justes, faite avec amour par lîigo-
lette. (E. Sue.) il Avec satisfaction, avec
plaisir : Il crut faire un brillant mariage, en
estimant que son beau-père ne tarderait pas à
lui laisser la terre qu'il arrondissait avec
amour. (Balz.)
—M'amour, mon amour, mon cher amour, etc. ,
Termes d'affection intime dont on se sert en
parlant à un homme ou à une femme : C'est
assez, m'amour, laissons cela. (Mol.) Oui, tu as
raison, mon amour, dit-elle à son mari. (Balz.)
Eh bien , je t'ai trompée, mon cher amour, et
tu vas nous juger. (Balz.)
— Prov. C'est un vrai remède d'amour. Se
dit d'une femme très-laide, il Froides mains ,
chaudes amours, La froideur des mains an-
nonce d'ordinaire un tempérament ardent, n
L'amour apprend aux ânes à danser, L'amour
donne de la grâce aux gens les plus grossiers.
Il Les lunettes et les cheveux gris sont des
remèdes d'amour, Lorsque les infirmités de
l'âge sont venues, on ne doit plus prétendre
inspirer de l'amour. H A battre faut l'amour,
Les mauvais traitements chassent l'amour, il
Que la nuit me prenne là où sont mes amours,
On s'attarde volontiers dans un endroit où
l'on se plaît, auprès de celle que l'on aime ;
expression poétique d'un vœu tendre et dé-
licat, qui rappelle celui de Léandre. Il L'amour
et la pauvreté font ensemble mauvais ménage,
Le ménage le plus uni cesse de l'être quand
il est pauvre ; la pauvreté tue l'amour. Les
Anglais disent plus originalement : Lorsque
la Pauvreté entre par la porte, l'Amour s'en-
vole par la fenêtre. |] On revient toujours à ses
premières amours, On pense longtemps encore
a l'objet que l'on a aimé pour la première
fois. Lebrun a rendu poétiquement cette
pensée dans le quatrain suivant:
le premier sentiment de l'âr
Ètc'
\e peut user,
Il II n'y a point de laides amours, Un cœur
épris embellit dans son imagination l'objet
de sa passion, et lui donne un éclat que la
nature lui a refusé. Ce proverbe a trouvé
sous la plume magistrale de Molière un admi-
rable développement :
...L'on voitles amants vanter toujours leur choix;
Jamais leur passion n'y voit rien de blâmable,
Et dans l'objet aimé tout leur paraît aimable.
Ils comptent les défauts pour des perfections,
Et savent y donner de favorables noms :
La pâle est au jasmin en blancheur comparable ;
La noire a faire peur, une brune adorable ;
La maigre a de l'a taille et de la liberté ;
La grosse est, dans son port, pleine de majesté;
La malpropre sur soi, de peu d'attraits chargée,
Est mise sous le nom de beauté négligée;
La géante parait une déesse aux yeux; *
La naine, un abrégé des merveilles des cieux;
La fourbe a de l'esprit; la sotte est toute bonne;
La trop grande parleuse est d'agréable humeur,
Et la muette garde une honnête pudeur,
i qu'un amant, d
— Fauconn. Voler d'amour. Se dit en par-
lant dos oiseaux qu'on laisse voler en liberté,
afin qu'ils soutiennent les chiens.
— Ilist. ecclés. Frères de l'amour. Nom
adopté par les membres d'une secte fanatique
qui parut en Hollande, vers la fin du xvie siècle.
— Jeu de l'amour, Sorte dejeu qui ressemble
au jeu de l'oie, et qui se joue avec deux
tableaux et deux dés.
— Peint. Certain duvet qui rend la toile
plus propre à recevoir. la colle.
— Constr. Onctuosité du plâtre1 qui se fait
sentir à la main quand on le manie. Les ou-
vriers disent que le plâtre a ou n'a pas d'a-
mour, selon que, par suite du degré decuisson,
il donne un bon ou un mauvais résultat.
— Métall. Syn. d'affinité. Les étameurs de
fer-blanc disent qu'i/ n'y a plus d'amour,
lorsque le bain d'étain perd son affinité pour
le fer après une succession de trempes; pour
rendre l'amour, on ajoute une nouvelle dose
— Cours d'amour, Tribunaux composés de
dames illustres par leur naissance et leur
savoir, et dont la juridiction s'étendait sur
toutes les questions de galanterie et les con-
testations d'amour. Les cours d'amour ont
existé en France du xu^ au xivc siècle. Elles
rendaient des arrêts , soit sur des questions
générales; par exemple : L'amour peut -il
exister entre gens mariés ? soit sur des cas
particuliers que les amants leursoumettaient.
Autant que je puis me figurer la parti
AMO
l'opinion eût soutenu cette institution. » Dans
un ouvrage intitulé : De Arte amatoria et
Jieprobatione amoris, André, chapelain de la
cour de France, qui vivait vers il 70, cite les
cours d'amour des dames de Gascogne, d'Er-
mengarde, vicomtesse de Narbonne (1144-
1194), de la reine Eléonore, de la comtesse de
Flandre, de la comtesse de Champagne (ii"4).
Jean de Nostradamus parle de celles qui sié-
geaient à Signe, à Pierrefeu, à Romanin, à
Avignon. « Les tensons, dit-il dans sa Vie des
poètes provençaux , étoient disputes d'amour
qui se faisoient entre les chevaliers et dames,
entre poètes parlant ensemble de quelque
belle et subtile question d'amour ; et où ils
ne s'en pouvoient accorder, ils les envovoient,
pour en avoir la définition, aux dames illustres
présidentes qui tenoient cour d'amour ouverte
et plainière a Signe et Pierrefeu, ou à Roma-
nin, ou à autres, et là-dessus en faisoient
arrests qu'on nommoit loué arrests d'amours. »
Voici le dispositif d'un jugement rendu par
une cour d'amour :
Question : « Le véritable amour peut-il
exister entre personnes mariées? »
Jugement de la comtesse de Champagne :
« Nous disons et assurons, par la teneur des
présentes, que l'amour ne peut étendre ses
droits sur deux personnes mariées. En effet,
les amans s'accordent tout mutuellement et
gratuitement sans estre contraints par aucun
motif de nécessité, tandis que les époux sont
tenus, par devoir, de subir réciproquement
leurs volontés, et de ne se refuser rien les
uns aux autres... Que ce jugement, que nous
avons rendu avec une extrême prudence et
d'après l'avis d'un grand nombre d'autres
dames, soit pour vous d'une vérité constante
et irréfragable. Ainsi jugé l'an 1174, le troi-
sième jour des calendes de mai, indiction vue.»
Presque tous les arrêts des cours d'amour
ont des considérants fondés sur les règles
d'un Code d'amour qu'André le Chapelain nous
a conservé. Ce Code d'amour est du xnc siècle
et composé de trente et un articles, dont voici
les principaux :
L'allégation du mariage n'est pas excuse
légitime contre le mariage ;
Qui ne sait celer ne sait aimer;
Personne ne peut se donner à deux amours ;
L'amour peut toujours croître ou diminuer ;
N'a pas de saveur ce que l'amant prend de
force à l'autre amant ;
On prescrit à l'un des amants pour la mort
de l'autre une viduité de deux années ;
Personne ne peut aimer, s'il n'est engagé
par l'espoir d'être aimé ;
Il ne convient pas d'aimer celle qu'on aurait
honte de désirer en mariage ;
L'amour véritable n'a désir de caresse que
venant de celle qu'il aime ;
Amour divulgué est rarement de durée;
Le succès trop facile été bientôt son charme
à l'amour : les obstacles lui donnent du prix ;
Toute personne qui aime pâlit à l'aspect de
ce qu'elle aime;
L'amour qui s'éteint tombe rapidement, et
rarement se ranime ;
Du soupçon et de la jalousie qui en dérive
croît l'affection d'amour ;
L'habitude trop excessive des plaisirs em-
pêche la naissance de l'amour;
Rien n'empêche qu'une femme ne soit aimée
par deux. hommes et un homme par deux
Quelle était la peine encourue lorsqu'on
n'obéissait pas aux arrêts des cours d'amour?
Jusqu'à quel point l'opinion sanctionnait-elle
les arrêts des cours d'amour? Y avait-il autant
de honte à s'y soustraire qu'aujourd'hui à une
affaire commandée par l'honneur? On ne
trouve rien dans André ni dans Nostradamus
qui permette de résoudre ces questions.
Le roi René d'Anjou s'efforça vainement
de soutenir les cours d'amour. « La dernière
imitation qu'on en fit, dit M. Bachelet, eut
lieu à Rueil, où Richelieu réunît une asse
*-"- - ger une question de —'---'-
ôtel de Rambouillet.
— Amour du prochain. Ordre de cheva-
lerie créé en 1708, par Elisabeth-Christine,
impératrice d'Allemagne, qui en distribua les
insignes aux principaux personnages de sa
suite. Il ne survécut pas à sa fondatrice. '
— Gramin. Le mot amour offre un des exem-
ples les plus bizarres de nos singularités gram-
maticales. Comme il est un de ceux qu'em-
ploient le plus souvent les poètes , et que
les portes se sont toujours permis des licences
pour échapper aux difficultés qu'entraînent
la rime et la mesure , il fut longtemps permis
en poésie de faire amour du masculin ou du
féminin, selon les nécessités du vers, et cela
au singulier aussi bien qu'au pluriel. Voici
d'abord des exemples pour le singulier :
Ton insolent ai
mon funeste ami
efoisenun^our
Qui fait le 1
Je plains m
Voici maintenant d'autres exemples pour le
pluriel :
Oubliez avec moi de malheureux amours.
Crébillon.
Et mes premiers amours et mes premiers serments.
Et leurs grossiers repas et leurs grossiers amours.
Delille.
La Hab
Qued
Mais les grammairiens, sans prétendre oter
aux poètes leurs licences, prirent celle de vou-
loir au moins réglementer la prose, et, sans
même expliquer les motifs d'une décision qui
fit longtemps autorité, ils déclarèrent qu'en
prose amour devait toujours être masculin au
singulier et féminin au pluriel , sauf toutefois
le cas où les amours sont de petits dieux ou de
beaux enfants, soit en réalité, soit en peinture.
Cependant on lit dans l'abbé Barthélémy : Je
voudrais vous embrasser de tous les amours
honnêtes , et Mme de Staël a écrit : Je détestais
cet art de rabattre tous les élans et de désen-
chanter tous les amours. Aujourd'hui, il y a une
tendance manifeste à faire le mot amour du
masculin partout. Cependant il faut reconnaître
que l'oreille serait choquée d'entendre pro-
noncer de fous amours, tandis que de folles
amours n'a rien qui la blesse. Le grammai-
rien éclairé doit donc reconnaître encore qu'au
pluriel amours peut être du féminin quand il
•désigne des passions légères, illégitimes, c'est-
à-dire quand il se rapproche pour le sens du
mot amourettes. Mais le masculin est seul ad-
missible quand on parle de sentiments nobles,
sérieux, durables, comme dans les phrases
citées de Barthélémy et de Mme de Staël.
Quant aux poëtes, ils n'ont pas entièrement
perdu le droit de changer le genre du mot,
selon les exigences de la rime ou de la mesure ;
cependant ils ne se permettent guère aujour-
d'hui cette licence qu'au pluriel, et l'amour
maternelle nous choquerait presque autant
chez un poste moderne que chez un prosateur.
— Encycl. Philos. I. — Définition de l'a-
mour ; des diverses espèces d'amour. Aucun
mot ne montre mieux que le mot amour le
peu de précision de la langue des sentiments.
Tantôt il se généralise, et devient synonyme
de penchant, de ^roili ; tantôt il sert à désigner
d'une façon spéciale l'affection, l'attachement
d'une personne pour d'autres personnes ; tan-
tôt il se restreint au point de n'exprimer que
l'attrait des sexes, soit inoral, soit uniquement
sensuel. Quelques philosophes croient pouvoir
embrasser les diverses espèces d'amours dans
une définition générale : « L'amour, disent-ils,
est un mouvement de l'âme qui se porte avec
bonheur vers un objet qui l'attire. » L'inconvé-
nient de cette définition, née du langage ordi-
naire, auquel elle semble vouloir donner une
■"■ileur scientifique, est de ramener arbitrai-
rement à l'unité, de faire rentrer les uns dans
les autres des phénomènes aussi différents
que les amours de choses et les amours de per-
sonnes. Nous devons dire qu'avant Descartes,
la distinction de ces deux espèces d'amours
était en quelque sorte classique : on appelait
amour de bienveillance celui qui excite a vou-
loir du bien à ce qu'on aime ; amour de conew
piscence, celui qui fait désirer la chose qu'on
Descartes compte six passions primitives :
l'admiration, l'amour, la naine, le désir, la joie
et la tristesse. Il définit l'amour « une émotion
de l'âme, causée par le mouvement des
esprits animaux , qui l'invité à se joindre de
volonté aux objets qui paraissent lui être con-
venables. » Cette expression se joindre de
volonté, il l'explique en disant qu'il o n'entend
pas ici parler du désir, qui est une passion à
part et se rapporte à 1 avenir, mais du consen-
tement par lequel on se considère dès à pré-
sent comme joint à ce qu'on aime, en sorte
qu'on imagine un tout duquel on pense être
seulement une partie, et que la chose aimée
en est une autre. • Quant à la division de l'a-
mour en amour de bienveillance et en amour
de concupiscence, bien qu'elle soit consacrée
par l'usage, il croit devoir la rejeter, parce
qu'elle lui paraît regarder seulement les effets
et les objets de l'amour, et Don point son
essence. « Les passions, dit-il, qu un ambi-
tieux a pour la gloire, un avaricieux pour l'ar-
gent, un ivrogne pour le vin, un brutal pour
une femme qu'il veut violer, un homme d'hou-
neur pour son ami ou pour sa maîtresse, et
un bon père pour ses enfants, sont certaine-
ment bien différentes entre elles ; toutefois, en
ce qu'elles participent de l'amour, elles sont
semblables. Mais les quatre premiers n'ont de
l'amour que pour la possession îles objets
auxquels se rapporte leur passion, et n'en ont
point pour les objets mêmes. Au lieu que Va-
mour qu'un bon père a pour ses enfants est
si pur qu'il ne désire rien avoir d'eux, et ne
veut point les posséder autrement qu'il fait,
ni être joint à eux plus étroitement qu'il est
déjà; mais, les considérant comme d'autres
AMO
3e que se représentant que lui et eux font un
lout dont il n'est pas la meilleure partie, il .
préfère souvent leurs intérêts aux siens, et ne
craint pas de se perdre pour les sauver. L'af-
fection que les gens d'honneur ont pour leurs
amis est de cette nature, bien qu'elle soit rare-
ment si parfaite ; et celle qu'ils ont pour leur
maltresse en participe beaucoup, mais elle
participe aussi un peu de l'autre. •
A la distinction de l'amour de bienveillance
et de Yamour de concupiscence, Descartes
propose de substituer une division de l'amour,
ingénieuse, originale et vraiment digne d'un
mathématicien. « On peut, dit-il, ce me semble,
avec meilleure raison, distinguer Yamour par
l'estime qu'on fait de ce qu'on aime, à compa-
raison de soi-même ; car lorsqu'on estime l'ob-
jet de son amour moins que soi, on n'a pour
lui qu'une simple affection ; lorsqu'on l'estime
à l'égal de soi, cela se nomme amitié; et lors-
qu'on l'estime davantage, la passion qu'on a
Seut être nommée dévotion. Ainsi on peut avoir
e l'affection pour une fleur; pour un oiseau ;
mais, à moins d'avoir l'esprit fort déréglé, on
ne peut avoir de l'amitié que pour des hommes.
Et ils sont tellement l'objet de cette passion
qu'il n'y a point d'homme si imparfait qu'on ne
puisse avoir pour lui une amitié très-parfaite,
lorsqu'on en est aimé et qu'on a l'àme vérita-
blement noble et généreuse. Pour ce qui est
de la dévotion, son principal objet est sans
doute la souveraine Divinité, à laquelle on ne
saurait manquer d'être dévot lorsqu'on la con-
naît comme il faut; mais on peut aussi avoir
de la dévotion pour son prince, pour son pays,
pour sa ville, et même pour un homme parti-
culier lorsqu'on l'estime beaucoup plus que
soi. Or, la différence qui est entre ces trois
sortes d'amours paraît principalement par leurs
effets , car, d'autant qu'en toutes on se consi-
dère comme joint et uni à la chose aimée, on
est toujours prêt d'abandonner la moindre par-
tie du tout qu'on compose avec elle pour con-
server l'autre. Ce qui fait qu'en la simple affec-
tion l'on se préfère toujours à ce qu'on aime,
et qu'au contraire en la dévotion 1 on préfère
tellement la chose aimée à soi-même, qu'on
ne craint pas de mourir pour la conserver. De
quoi on a vu souvent des exemples en ceux.
— : ie sont exposés à une mort certaine pour
r prince et de leur ville, e
la défense d
Malgré l'autorité de Descartes, nous voyons
une différence essentielle entre deux catégo-
ries de mobiles dont les uns ne nous poussent
à employer notre force que pour notre propre
intérêt, tandis que les autres dirigent cette
même force vers la bienfaisance et le sacri-
fice. L'amour de bienveillance et Yamour de
concupiscence n'ont en réalité rien de com-
mun que le nom d'amour et le caractère géné-
ral de passion attractive. V. Passion.
Leibnitz donne de l'amour cette belle défi-
nition, qui s'applique uniquement à Yamour de
bienveillance : « Aimer, c'est être porté à
prendre du plaisir dans le bien ou bonheur do
l'être aimé. • Il rejetterait volontiers, comme
impropre, le mot amour appliqué aux choses :
« On n'aime point, dit-il, à proprement parler,
ce qui est incapable de plaisir et de peine. »
Dugald Stewart divise les passions en appé-
tits (faim, soif, etc.); désirs (désir de puis-
sance, désir de supériorité, etc.), et affections
(amitié, patriotisme, etc.). Il comprend sous
le nom d'affections tous, les mobiles qui ont
pour fin et pour effet direct de causer du plai-
sir ou de la peine à nos semblables. Les amours
de personnes et les amours de choses, rangés,
les premiers parmi les affections, les seconds
parmi les app'i!'_ ' '
dans cette cla:
qui les sépare.
Auguste Comte comprend sous le nom ù'al-
Iruisme (V. ce mot). l'ensemble des penchants
oui nous portent à vivre pour autrui, c'est-à-
dire les amours de personnes, et sous le nom
A'égoîsme les amours de choses. 11 distingue
avec soin dans certains sentiments complexes,
tels que Yamour proprement dit, les deux élé-
ments égoïste et sympathique qui s'y trouvent
mêlés.
M. Jules Simon divise la sensibilité humaine
en amour de soi, amour de l'humanité, amour
divin. « Toutes nos passions, dit-il, comme
toutes nos facultés intellectuelles, ont pour
objet le moi, la créature ou le créateur. C'est
qu il est dans la nature d'un être imparfait :
lo de persévérer dans son être; 2" de soute-
nir des rapports avec le Dieu qui l'a créé, et
avec le monde dont il fait partie Je suis
fait pour tendre vers Dieu comme tous les
êtres, pour me conserver moi-même comme
tous les êtres, pour favoriser chez tous les
autres êtres l'accomplissement en commun
d'une destinée identique. De la dans mon inteL
ligence trois facultés, l'une qui se dirige vers
Dieu, l'autre vers le moi, et la troisième vers
le monde : la raison, la conscience et la per-
ception. De là dans ma sensibilité ou dans
mour de soi, Yamour des hommes. »
Il est facile de voir que Yamour des hommes
et Yamour de Dieu, absolument semblables
quant a la nature du sentiment, ont, quant à
~n objet, ce caractère évidemment commun
'.3U al
croyons-nous qu'une classification rationnelle
doit rejeter la division ternaire de M. Jules
Simon aussi bien que celle de Descartes, et
s'en tenir au dualisme : amour de soi, amour
AMO
d'autrui (égoîsme et altruisme d'Auguste
Comte), lequel reproduit l'ancienne division :
amour de concupiscence, amour de bienveil-
lance. Tous les amours de choses sont en réa-
lité des applications, des déterminations parti-
culières de Yamour de soi : aimer, en ce sens,
c'est voir dans l'objet aimé un simple moyen
de plaisir, de bonheur personnel. Tous les
amours de personnes sont des applications, des
déterminations particulières de l'amour d'au-
trui : aimer, en ce sens, c'est faire son plaisir,
sod bonheur, du plaisir, du bonheur de l'objet
aimé. Remarquons que si un tel amour peut
se déclarer en nous pour des êtres qui ne sont
pas de notre espèce, c'est parce que ces êtres
reproduisent plus ou moins quelques-unes des
qualités de la nature humaine. Nous pouvons
aimer les animaux parce qu'ils sentent comme
nous, qu'ils sont comme nous capables de
jouir, de souffrir et d'aimer ; nous les aimons
d'autant plus facilement qu'ils marquent plus
de sensibilité et d'intelligence. A mesure que
nous descendons, dans l'échelle des êtres, à
des espèces qui s'éloignent davantage de la
nôtre, notre affection trouve moins de prise,
et bientôt finit par n'en plus avoir. Mais alors
notre faculté de personnifier vient au secours
de notre faculté d'aimer et semble l'étendre
indéfiniment; l'imagination permet au cœur
de se répandre sur toute la nature et même
de s'élever au-dessus de la nature : c'est ainsi
que nous aimons non-seulement des animaux,
mais des fleurs; non-seulement des fleurs,
mais des êtres fictifs que nous créons à notre
image, des abstractions auxquelles nous prê-
tons notre vie et notre personnalité.
II. — Amour de soi. L'amour de soi est le
sentiment qui nous attache à la conservation
et au développement de notre propre indivi-
dualité. « Nous n'avons pas besoin, dit M. Jules
Simon, qu'on nous apprenne à nous aimer ;
c'est un sentiment que nous apportons en
naissant. Le premier jour où notre âme sent
et pense, c'est-à-dire le iour où elle commence
à exister et à vivre, elle se connaît et elle
s'aime. Le moi s'introduit à cette heure-là,
pour n'en plus sortir, dans la conscience et dans
le cœur de l'homme. On a beau dire que le moi
est haïssable; il ne parait si haïssable aux
autres que parce qu'il les gêne dans leur
amour-propre ; et si nous nous aimions moins,
nous verrions avec moins de répugnance ceux
qui s'aiment avec excès. »
L'analyse de la sensibilité nous montre dans
l'amour de soi la principe de deux mouvements
opposés et corrélatifs, qui se produisent dans
l'ame à la suite de la sensation : l'un qui naît
de la sensation agréable et tend à la posses-
sion de sa cause, l'autre qui naît de la sensa-
tion désagréable et tend a l'éloignement de sa
cause ; le premier attractif, le second répulsif.
Celui qui naît à la suite de la sensation
agréable commence par la joie, se transforme
en amour, et finit par aspirer dans le désir à
la possession de la cause quelconque de la
sensation ; celui qui succède à la sensation
pénible débute par la tristesse, devient haine,
et aboutit à l'aversion de la cause quelconque
de cette sensation. Ainsi le plaisir et la dou-
leur, qui naissent des sensations, engendrent
l'amour et la haine ; l'amour et la haine, à leur
tour, produisent le désir et l'aversion. Le sen-
timent du plaisir me porte naturellement à
aimer la cause qui l'a produit, et du moment
que je l'aime, il est naturel que je désire la
posséder ou me rapprocher d'elle. De même le
sentiment de la douleur m'inspire de la haine
pour la cause qui l'a produite, et me \ ir't
aisément à la rapousser loin de moi. Plaisi.',
amour, désir ; douleur, haine, aversion, telle
est la génération des phénomènes de la sensi-
bilité. « En dernière analyse , dit très-bien
Jouffroy, la sensation agréable et la sensation-
désagréable, le plaisir et la douleur v sont la
fin véritable des deux passions attractive et
répulsive qui se développent dans la sensibi-
lité : or, la sensation agréable, le plaisir, c'est
le bien sensible ;la sensation désagréable, la
douleur, c'est le mal sensible; la passion désire
l'un et repousse l'autre : la fin de la passion
est donc la jouissance du bien sensible, et
l'éloignement du mal sensible. Mais en repous-
sant le mal sensible, la sensibilité témoigne le
même esprit qu'en aspirant au bien sensible ;
le premier étant le contraire dusecond, repous-
ser l'un c'est encore aspirer à l'autre ; la pas-
sion répulsive a donc la même fin et le même
principe que la passion attractive; tous les
mouvements élémentaires qui les composent
ne sont donc non plus que les manifestations
variées de la tendance d'un même principe à
une même fin ; il y a donc unité de principe et
de fin dans tout le développement sensible.
Cette fin unique, c'est le bien sensible ; ce prin-
cipe unique qui manifeste par tant de mouve-
ments divers sa tendance uniforme à cette fin,
c'est Yamour de soi. L'amour de soi ne doit
être confondu avec aucun des mouvements
simples qui constituent les passions, ni avec
les passions elles-mêmes, ni avec la passion
considérée dans son unité. Il est le pourquoi
de tous ces mouvements ; il y a entre eux et
lui toute la différence qui existe entre la mani-
festation et la chose manifestée L'amour
de soi est la loi suprême de la sensibilité, dont
la nature est d'aspirer à son propre bien. »
L'amour de soi se trouve au fond de tous
les sentiments, même de ceux qui paraissent •
les plus désintéressés ; tous, en réalité, portent
enr «Mi* base ; on peut dire que c'est la tige
sur laquelle fleurissent les amours
e désintéressant
ive en aimant.
s le cœur,
AMO
de personnes comme les amours de choses.
Considéré à ce point de vue général, l'amour
de soi ne saurait être opposé à Yamour d'au-
trui; on ne peut même comprendre le second
sans le premier, car le pouvoir d'aimer implique
nécessairement le pouvoir de jouir de son
amour. « La raison humaine, dit Malebranche,
ne comprend pas facilement que l'on puisse
aimer autrement que par rapport à soi , et
avoir d'autre dernière fin que sa propre satis-
faction. »
« L'amour de bienveillance , dit Leibnitz,
nous fait avoir en vue le plaisir d'autrui, mais
comme faisant ou plutôt constituant le nôtre ;
car s'il ne rejaillissait pas sur nous en quelque
façon, nous ne pourrions pas nous y intéres-
ser, puisqu'il est impossible qu'on soit absolu-
ment détaché de son bien propre. ■
L'amour de soi joue dans l'ordre passionnel
et affectif le même rôle que la conscience dans
'l'ordre intellectuel. De même que la conscience
accompagne l'exercice de toutes les autres
facultés intellectuelles, Yamour de soi suit dans
leurs mouvements, sans s'oublier jamais, tous
les autres amours. Comme ji '"
mer sans m'affirmer moi-n
aimer, quoi que je fasse, en
du plaisir, du bonheur que j'é
Supprimer l'amour de soi
conscience dans l'esprit, ce serait faire le vide
dans l'un et dans l'autre, c'est-à-dire éteindre
du même coup toute espèce de sentiment,
toute espèce de pensée, a II y a, dit M. Jules
Simon, une équivoque qui empêche un obser-
vateur superficiel de voir cette persistance du
moi dans l'amour. Si je disais, par exemple,
que j'aime mon ami à cause de moi, ne paraî-
trais-je pas méconnaître le caractère et l'es-
sence même de l'amitié? L'amitié ne serait-elle
pas une hypocrisie? Donner pour recevoir, ce
n'est pas donner, c'est faire un commerce. Le
véritable ami aime donc sans songer à l'utilité
de l'amitié. Voilà donc une passion entière-
ment désintéressée. Oui, elle l'est autant
qu'une passion peut l'être. Mais il y a un plai-
sir que je ne puis sacrifier à mon ami, c'est le
plaisir de l'aimer, ou, si l'on veut, le plaisir de
me sacrifier. Mon bonheur est de n'avoir
d'autre bonheur que le sien ; mais c'est mon
bonheur. »
Considéré comme exprimant l'ensemble des
penchants personnels , 1 amour de soi comprend ,
dans la classification positiviste, l'intérêt et
l'ambition. A l'intérêt se rapportent : 1° les
instincts de la conservation ne l'individu et
de l'espèce (instinct nutritif, instinct sexuel,
instinct maternel) ; 2" les instincts du perfec-
tionnement par destruction et par construc-
tion (instinct militaire, instinct industriel).
L'ambition se divise en ambition temporelle
ou orgueil, besom de domination, et ambition
spirituelle ou vanité, besoin d'approbation,
y. Positivisme.
M. Jules Simon divise Yamour de soi en
amour de la vie, amour de la vie heureuse ou
du bien-être, et amour de la vie active ou de
l'expansion naturelle de nos facultés. L'amour
de la vie et le besoin de voir pour voir , de
connaître pour connaître, d'agir pour agir,
lui paraissent distincts de Yamour des jouis-
sances de la vie. Ce dernier comprend les
appétits qui existent dans l'état de nature et
dans l'état social, et les désirs, qui n'appa-
raissent que dans l'état social. Les appétits
nous ont été donnés pour assurer la conser-
vation des individus et la reproduction de
l'espèce ; ils sont au nombre de trois : la faim,
la soif, et l'appétit du sexe. Les désirs peuvent
se réduire sous trois chefs : l'amour de la pro-
priété, le désir de l'estime et le désir du pouvoir.
III. — De l'amour proprement dit. L'a-
mour proprement dit est le sentiment qui
donne naissance à la famille. • Ce sentiment,
dit M. Paul Janet, a deux caractères remar-
quables : une étendue extraordinaire, et une
puissance singulière de transformation. Il
prend l'homme tout entier par les sens et par
l'àme, il touche, il ébranle toutes les facultés,
les plus vives et les plus sérieuses, les plus
délicates et les plus profondes : l'imagination,
l'esprit, le cœur, la raison même C'est de
tous nos sentiments celui qui paraît avoir le
plus de regards vers les cotés mystérieux et
indéfinis de notre destinée et de notre ' être.
Voilà pourquoi, il s'associe si bien à la poésie,
à la poésie qui n'est pas seulement l'amuse-
ment de l'imagination et l'ornement de l'es-
prit, mais qui, dans les âmes élevées, est une
partie de la vie même Il s'accommode, du
reste, merveilleusement à toutes les situations
de la vie et à tous les caractères humains.
Naïf et paisible dans les cœurs simples , il
peut être passionné sans désordre dans les
âmes vives, héroïque ou contemplatif, quel-
quefois même presque religieux; il peut naître
en un instant ou résulter d'une longue fami-
liarité; il peut avoir les apparences de la
simple amitié ; il peut ne pas attendre le devoir
et n'en avoir pas besoin pour rester pur et
fidèle ; quelquefois il naît du devoir même, et
nous voyons Corneille atteindre au sublime de
la poésie et du pathétique en nous peignant
dans Pauline la passion inspirée par le seul
devoir. »
— Analyse du sentiment de l'amour. Cotte
puissance de transformation de l'amour s'ex-
plique par la complexité Oc ce sentiment : il
faut l'analyser pour comprendre la diversité
des aspects sous lesquels il se présente, des
effets qu'il produit, des jugements qu'on eu
AMO
287
peut ajouter que, si la nature a attaché à
tisfaction de l'appétit sexuel un plaisir
porte. Auguste Comte y voit un penchant
égoïste, l'instinct sensuel, uni à un penchant
altruiste, l'attachement. Selon M. Brisbarre
(Dictionnaire Bachelet et Dezobry), Yamour
suppose deux éléments et dans des propor-
tions très-variables : 1° une affection person-
nelle; 2o l'attrait de la beauté physitiue ou
morale. M. Proudhon réduit également a deux
le nombre des éléments qui constituent l'a-
mour ; lo l'attrait puissant qui, dans toutes les
espèces où les sexes sont séparés, pousse le
maie et la femelle à s'unir et à transmettre
leur vie: 2° l'exaltation idéaliste qui nous
montre dans la possession de la beauté lo
plus grand, le seul bien de îa vie.
Nous estimons, quant à nous, que l'analyse
peut saisir dans Yamour trois éléments dis-
tincts : l'appétit sexuel, l'attrait de la beauté,
l'affection personnelle. Comme l'amour incline
presque toujours vers l'un de ces trois termes,
on peut distinguer trois espèces principales
à'amours : l'amour physique, Yamour esthétique
et Yamour spiritualiste. Quand Marc-Aurèle
définissait Yamour une petite convulsion, il ne
considérait que l'amour physique. La théorie
célèbre de Platon sur l'amour se rapporte
uniquement, comme on le verra plus loin, à
Yamour esthétique.
— Appétit sexuel. L'appétit du sexe,
comme' la faim et la soif, consiste en une souf-
france d'une nature particulière, accompagnée
d'un désir. 11 cesse momentanément après
avoir été satisfait, et renaît au bout d'un inter-
valle plus ou moins long. On s'est demandé
si, comme la faim, la soif, il répondait à un
besoin réel de l'individu. A priori, l'existence
d'un tel besoin ne se conçoit guère ; on ne voit
pas, en effet, que la reproduction de l'espèce
ne puisse être assurée qu'en devenant, pour
chaque individu, une condition de conserva-
tion, et l'on ne peut admettre que la nature
ait fait une nécessité physiologique, semblable
à celle de l'alimentation, d'un acte qui réclame
le concours de deux personnes. Du reste, l'ex-
périence montre qu'ici la souffrance joue un
taible rôle, qu'elle est vague, et peu facile à
discerner, qu'elle est loin d'être en rapport
avec le désir, et qu'elle n'en explique pas l'in-
tensité, qu'elle ne s'accroît jamais, comme
celle de la faim et de la soif, jusqu'à devenir
intolérable et mortelle.
0n,
la satisfaction d, lr .... ,
beaucoup plus vif que celui qui accompajj
la satisfaction de la faim et de la soif, c'csi
précisément parce que cet appétit, ne répon-
dant pas à un besoin, reste soumis à notre
libre arbitre.
— Attrait i>e la beauté. L'appétit du sexe,
dans son développement, se trouve ordinaire-
ment lié à l'impression particulière que pro-
duit sur nous la beauté. « L'amour, chez les
animaux, dit M. Proudhon, n'est mêlé d'aucun
attrait supérieur à la sexualité même ; il est
purement physiologique, dégagé de tout sen-
timent moral ou intellectuel'. Chez l'homme
intelligent et libre, les choses ne se passent
pas de même. L'homme tend à s'affranchir du
fatalisme organique auquel sa dignité répugne;
et cette tendance est proportionnelle au déve-
loppement de sa raison. Cette répugnance de
l'esprit pour la chair se manifeste d'une ma-
nière non équivoque d'abord dans la pudeur,
c'est-à-dire dans la honte que la servitude de
la chair fait éprouver à l'esprit ; puis dans la
chasteté ou l'abstention volontaire, à laquelle
se mêle une volupté intime , résultat de la
honte évitée et de la liberté satisfaite... Eloi-
gné des fins de la génération par le progrés
de la liberté et de la dignité humaines, 1 homme
est rappelé à l'amour par la beauté, c'estrà-
dire l'idéal, dont la possession lui promet une
félicité supérieure à celle de la chasteté même.
Par l'idéal l'homme conserve sa dignité en
M. Proudhon fait jouer ici à l'idéal un rôle
qui n'est pas absolument exact. Il est très-
vrai que 1 attrait de la beauté vient au secours
de l'appétit sexuel et lui apporte une force
nouvelle, mais c'est en le déterminant, en le
spécialisant, en lui imposant une direction par-
ticulière, exclusive, des conditions de temps,
de lieu et de circonstances. A ce point de vue,
on peut dire qu'il agit dans le mémo sens que
la pudeur, laquelle doit être considérée moins
comme la manifestation d'un antagonisme en-
tre l'esprit et la chair que comme 1 instinct des
conditions normales de Yamour dans l'espèce
humaine.(V. Pudeur.) M. Proudhon, préoccupé
des dangers de ce qu'il appelle l'idéalisme , a
méconnu l'affinité qui existe entre l'admiration
inspirée par la beauté et le sentiment moral
par excellence, le respect. Ecoutons Pascal :
■ Le premier effet de l'amour, c'est d'inspirer
un grand respect ; l'on a de la vénération pour
ce que l'on aime ; il est bien juste ; on ne recon-
naît rien au monde de grand comme cela. »
Selon Pascal, l'attrait de la beauté est le
point de départ et l'unique principe de l'an
e qu'elle
Si l'homme aime la femme, c
est à ses yeux le type de la beauté,
part de l'appétit sexuel dans l'amo
des Pensées semble l'ignorer ou s
laisser dans l'ombre. > Nous n ._
avec un caractère d'amour dans nos cœurs,
?ui se développe à mesure que l'esprit se per-
ectionne et qui nous porte à aimer ce qui nous
paraît beau, sans que l'on nous ait jamais dit
ce que c'est... L'homme n'aime pas à demeurer
288
AMO
AMÔ
avec soi ; cependant il aime ; il faut donc qu'il
cherche ailleurs de quor aimer. Il ne le peut
trouver que dans la beauté; mais comme il est
lui-même la plus belle créature que Dieu ait
jamais formée, il faut qu'il trouve dans soi-
même le modèle de cette beauté qu'il cherche
au dehors. Chacun peut en remarquer en soi-
même les premiers rayons, et selon que l'on
s'aperçoit que ce qui est au dehors y convient
ou s'en éloigne, on se forme les idées de beau
ou de laid sur toutes choses. Cependant, quoique
l'homme cherche de quoi remplir le grand vide
qu'il a fait en sortant de soi-me — -A„„m„;„„
s que ce soit quelque chose qui lui r
le et qui en approche le plus près. C'est
moi la beauté qui peut contenter l'homme
n-seulement dans la convenance ,
mais aussi dans la ressemblance, celle-ci étant
restreinte et enfermée dans la différence de
sexe... Quoique cette idée générale de la beauté
soit gravée dans le fond de nos âmes avec des
caractères ineffaçables, elle ne laisse pas que
de recevoir de très-gTandcs différences dans
l'application particulière , mais c'est seulement
pour la manière d'envisager ce qui plaît. Car
l'on ne souhaite pas nûment une beauté , mais
l'on y désire mille circonstances qui dépendent
de la disposition où l'on se trouve, et c'est dans
ce sens que l'on peut dire que chacun a en soi
l'originulde sa beauté, dont il cherche la copie
au dehors... La mode même et les pays règlent
souvent ce que l'on appelle beauté. Cela n'em-
pêche pas que chacun n'ait son idée do la
beauté, sur laquelle il juge les autres et à la-
quelle il les rapporte. C'est sur ce principe
qu'un amant trouve sa maîtresse supérieure
et la propose comme exemple. La beauté est
partagée en mille différentes manières. Le
sujet le plus propre pour la soutenir, c'est une
femme ; quand elle a de l'esprit, elle l'anime et
la relève merveilleusement. »
Avant Pascal, Platon avait fait de l'attrait
du beau l'élément essentiel de l'amour. On peut
dire que, dans lu conception du philosophe grec,
l'amour n'est envisagé que sous sa face esthé-
tique. Mais remarquez cette différence, qui
mesure la distance de deux époques, do' deux
mondes ! Pour Pascal, la beauté est relative au
' sexe ; c'est dans la femme qu'il nous montre le
sujet par excellence de la beauté. Pour Platon,
la'beauté virile est le type du beau corporel;
l'amour vraiment élevé et digne de l'attention
du philosophe est celui qui se rapporte à
l'homme; aans ses spéculations sur Yamour
idéal, ne cherchez rien qui ait trait à la femme ;
la femme, dans l'antiquité , est jugée indigne
d'un tel amour et incapable de l'inspirer. Tout
s'explique, disons-le en passant, par l'immense
changement que le christianisme est venu , dans
l'intervalle, apporter àlaconditionde la femme,
aux sentiments qu'elle inspire; la femme a
grandi, elle est devenue belle, elle est devenue
la beauté.
Il n'est pas sans intérêt d'exposer ici, en la
résumant, la célèbre théorie de Yamour plato-
nique; telle que nous l'offre le dialogue intitulé
le Banquet.
L'amour n'est point un dieu, mais un de ces
démons, êtres intermédiaires entre l'homme et
le dieu, interprètes et entremetteurs de l'un
et de l'autre, liens du tout, auteurs de l'har-
monie des sphères, causes et soutiens de la
divination, de la magie et du culte parmi les
hommes. L'amour a nécessairement un objet,
tout homme aime, parce que tout homme veut
posséder le bien ; mais comme on n'appelle
poëte que celui qui fait des vers à l'exclusion
de tout autre producteur, de même on n'ap-
Selle amant que l'amant de la beauté. Pro-
uire dans la beauté, soit par le corps, soit par
l'âme, tel est le but de l'amour. Tout homme
est doublement fécond et veut produire. Mais
il ne peut produire dans la laideur, car la pro-
duction est une œuvre divine, et la laideur ne
peut s'accorder avec rien de ce qui est divin.
La beauté est, pour la génération, semblable
à Lucine. Aussi lorsque l'être fécondant s'ap-
proche du beau, plein d'amour et de joie, il se
dilate, il engendre, il produit. Au contraire,
s'il s'approche du laid, triste et refroidi, il se
resserre, se détourne, se contracte et n'engen-
dre pas. De là, chez l'être fécondant et plein
■ de vigueur pour produire, cette ardente pour-
suite de la beauté qui doit le délivrer des dou-
leurs de l'enfantement. La génération est
l'objet de Yamour, parce que c'est elle qui
donne à l'être animé la seule immortalité que
comporte sa nature mortelle. Ainsi l'amour
n'est autre chose que l'amour de l'immortalité.
Si tous les êtres animés attachent tant de prix
à leurs rejetons, c'est du désir de l'immortalité
que leur viennent la sollicitude et 1'
et la fécondité spirituelle, il y a aussi, pour
l'amour, deux directions différentes. Ceux qui
sont féconds selon le corps s'adressent aux
femmes afin d'assurer, par la procréation des
enfants, l'immortalité de leur nom. Celui qui
est fécond selon l'esprit, cherche la beauté
dans laquelle il pourra engendrer la sagesse
et les vertus, dont il porte dès l'enfance le
germe dans son âme. Il s'attache aux beaux
corps, et s'il rencontre dans un beau corps
une âme belle et généreuse , il peut donner
satisfaction a sou ardeur de produire, il s'ap-
plique à instruire son bien-aimé, il abonde au-
près de lui en
devoirs et les occupations de l'homme de bien.
Les liens qui attachent de tels amants l'un à
l'autre sont bien plus intimes et bien plus forts
que ceux de la famille, parce que leurs enfants
sont bien plus beaux que ceux des femmes.
Qui ne préférerait à toute autre postérité les
productions qu'Homère, Hésiode et les autres
poètes ont laissées, et des enfants. semblables
à ceux d'un Lycurgue et d'un Solon, enfants
immortels oui fondent des cités pour les
hommes et des temples pour les dieux ?
Ici se terminent les petits mystères de l'a-
mour. Pour s'initier aux grands mystères, il
faut suivre le progrès que peut faire en une
aine l'amour de la beauté, depuis l'homme
jusqu'à Dieu. On commence par aimer la beauté
tlans un corps, puis la beauté corporelle en
général. Ensuite on aime la beauté dans l'âme,
dans les actions et dans les lois ; on aime enfin
la beauté de l'intelligence dans les sciences.
Alors, lancé sur l'océan du beau, on aperçoit
la beauté éternelle, immatérielle, une, parfaite,
absolue. Oh ! sans doute, ce qui peut donner du
prix à la vie, c'est le spectacle de l'éternelle
beauté ! Quel ne serait pas le bonheur du mortel
qui contemplerait non plus la beauté revêtue
de chairs et de couleurs humaines, et de tous
ces vains agréments destinés à périr, mais sous
sa forme unique et face à face la beauté divine
dans son amour, il n'enfanterait plus alors des
images de vertus, mais des vertus réelles et
vraies, parce qu'il n'aimerait que le vrai. Or,
c'est à celui qui enfante la véritable vertu et
qui la nourrit qu'il appartient d'être immortel.
Pour atteindre un si grand bien, nous n'avons
guère ici-bas d'auxiliaire plus puissant que
l'amour; donc il faut honorer et bénir Yamour
et la beauté.
On peut voir, par cet exposé , que pour
Platon les idées a'amour et do beauté sont
corrélatives : de là le rapport qu'il établit entre
l'amour proprement dit, l'amour du beau en
général et Yamour divin. Dans cette concep-
tion l'attrait de la beauté n'a pas pour oftice
de diriger en le limitant l'essor de l'appétit
sexuel, de préparer et de conduire à l'affection
personnelle, au dévouement réciproque ; il est
devenu l'unique objet, le tout de Yamour.
L'amour platonique, c est-à-dire Yamour tel
que Platon l'a rèvé; au lieu de se spécialiser,
se généralise ; au lieu de se fixer, se répand ;
au lieu de se déterminer, s'échappe dans toutes
les directions, poursuivant partout les rayons
du beau; que lui importe la différence des
sexes? il s étend aux choses, il s'élève aux
abstractions, il s'élance vers l'infini ; c'est un
sentiment qui, a force de se dilater, finit par
perdre , en quelque sorte , toute densité et
toute forme.
Notons en même temps l'immoralité des con-
séquences. En séparant l'amour de sa fin natu-
relle, qui est la famille, en lui assignant une
tin en apparence supérieure, la génération selon
l'esprit, en le réduisant à un seul des éléments
qui le constituent, l'attrait de la beauté, dans
un temps où la beauté n'apparaissait à 1 esprit
de l'homme que sous des formes étrangères
à 1\ femme et à tout ce qui tient de la femme,
Pl.iton aboutit à idéaliser l'amour unisexuel, à
revêtir, comme d'une auréole philosophique,
cette anomalie de l'ordre affectif et passionnel,
dont il trouvait de si nombreux exemples autour
— Affection personnelle. L'affection per-
sonnelle vient s'ajouter aux deux éléments
dont nous venons de parler, attrait de la beauté,
appétit du sexe, pour compléter l'idée que nous
devons nous faire de Yamour. Elle constitue,
à vrai dire, l'élément essentiel de cette pas-
sion, le seul qui donne à ce beau mot d'amour
un sens sérieux, ou plutôt son véritable sens.
Réduisez l'amour à 1 appétit du sexe et à l'at-
trait de la beauté, vous avez quelque chose qui
peut s'appeler désir, admiration ; mais appli-
qué à ce quelque chose, le nom d'amour est
impropre. Rappelons-nous cette définition :
Aimer, c'est faire son bonheur du bonheur d'un
autre; voilà le critérium, -le seul auquel on
puisse reconnaître Yamour véritable, Yamour
complet. Tant que nous n'obéissons qu'à l'ap-
pétit du sexe et à l'attrait de la beauté, nous
ne sortons pas du fatalisme. « Vamour, dit
M. Proudhon, soit que nous le considérions
comme l'effet de la puissance génératrice, soit
que nous le rapportions à l'idéal, est entière-
ment soustrait à la volonté de celui qui l'é-
prouve ; il naît spontanément, indélibérément,
fatalement. Il arrive à notre insu, malgré
nous. » On ne saurait mieux dire. Mais ne
pouvons-nous considérer l'amour que comme
l'effet de la puissance génératrice et de l'exal-
tation idéaliste? N'estril pas encore aulrechose?
Ce que M. Proudhon nous décrit, c'est un
amour qui n'a pas encore atteint tout son dé-
veloppement. 11 ne veut pas voir que, par
l'affection personnelle, l'amour dépasse les sens
et l'idéal, entre dans le monde de la liberté,
dans le monde des relations humaines propre-
ment dites, et sans avoir besoin de l'interven-
tion de la justice, s'élève à la constance et à
l'exclusion à la confiance mutuelle, à l'atta-
chement sur de l'avenir, au lien indissoluble.
Ainsi l'antinomie que M. Proudhon se plaît à
nous montrer entre Yamour et la conscience
disparaît devant une analyse exacte. Les poètes
ont représenté l'amour sous les traits d'un en-
fant aveugle : symbole parfait, si l'on ne doit
considérer que l'attrait du sexe et de la beauté.
Mais l'amour sort de l'enfance, c'est-à-dire de
la spontanéité imprévoyante, du jeu, du ca-
price, lorsque l'affection personnelle prend la
première place dans le cœur et se subordonne
les deux autres éléments.
— Evolution du i/amour. On présente
assez généralement l'évolution de Yamour
comme divisée en deux périodes opposées ,
l'une d'ascension et de désir, l'autre de .satis-
faction et de décroissance. C'est, dit-on, un
drame dont les scènes peuvent être nom-
breuses, mais qui n'a pâmais dIus de deux
actes : le premier, où 1 amour s'avance plein
d'ardeur et les yeux fermés vers le but où la
nature l'appelle; le second, où, les yeux ou-
verts malgré lui sur la réalité, il se montre
impuissant à garder l'illusion qui lui a donné
naissance. • Pendant la première période, dit
M. Proudhon, l'âme livrée à l'hallucination
d'une volupté ineffable, affamée de ce qu'elle
nomme son souverain bien, haletante, s'ab-
sorbe, se confond dans la personne de l'objet
aimé; elle est prête à se sacrifier pour lui,
elle s'en fait l'esclave, elle l'appelle sa divinité.
Tout amant est idolâtre et a perdu la posses-
sion de lui-même... Mais après la satisfaction
de la chair, l'idéal s'envole. Un mouvement
inverse du premier, tout aussi fatal, se déclare.
La période de décroissance a conui
vain l'imagination fait effort pour ret
dans l'extase : la raison s'éveille et
liberté, au plus profond de la consc
entendre son rire ironique; la réalité et ses
suites, grossesse, accouchement, lactation, fait
pâlir l'idéal : heureux alors celui que le besoin
de se ressaisir ne pousse pas jusqu'à la haine
et au dégoût!.
Voilà un tableau qui serait parfaitement
exact, si, dans l'amour, nous ne devions con-
sidérer, h l'exemple de M. Proudhon , que
l'attrait du sexe et de la beauté; il est, en
effet, certain que ce double attrait peut être
considéré comme l'élément d'inconstance et
d'infidélité de l'amour. Mais nous ne devons
pas oublier l'élément de fidélité , l'affection
personnelle. Après la période d'ascension et
de désir, Yamour se soutient, grâce à cette
i, de
i, pour lier les
cœurs; qui n'a pour objet ni le sexe, ni la
beauté, mais la personne; qui ne craint point
d'exciter le rire ironique de la liberté, parce
qu'elle ne l'asservit point, et qui trouve des
motifs d'attachement dans ces suites mêmes
de la réalité, grossesse, accouchement, lacta-
tion, que M. Proudhon nous montre faisant
pâlir l'idéal. Ce n'est pas une période de dé-
croissance que nous présente Yamour véritable,
Yamour complet, c'est une période de trans-
formation. La décroissance ne porte que sur
la violence du désir, sur l'admiration sans
bornes, sur tout ce mouvement aveugle des
sens et de l'imagination qui ne laisse aucune
place à la liberté de l'esprit, qui, comme la
folie, absorbe toutes nos facultés dans une
seule pensée, dans un seul soupir, et dont le
rôle essentiellement transitoire est de nous
arracher violemment à l'égoïsme naturel, et
de préparer le terrain où i'affection doit pous-
ser des racines de plus en plus profondes. « On
dit quelquefois, fait observer M. Jules Simon,
nue Yamour ne peut durer; il est mieux de
dire qu'il se transforme. L'habitude détruit les
enchantements et la poésie des premiers jours ;
mais elle crée à la place un lien plus grave et
plus profond, qui s'accroît chaque jour de tout
te bonheur qu on a goûté, et de tout le mal-
heur qu'on a supporté ensemble. >
M. Ch. Renouvier, qui divise les passions
en passions de mouvement ou passions déve-
loppantes, et passions stables ou passions pos-
sédantes (V. Passion), fait cette remarque,
■que le même terme amour s'applique tantôt à
. une passion stable, tantôt à une passion de
mouvement non encore satisfaite. Nous disons,
nous, que le mot amour n'éveille pas dans
notre esprit l'idée de deux passions différentes,
mais d'une seule passion, qui dans son déve-
loppement présente deux phases , une phase
de mouvement et une phase de stabilité. Dans
la première, qui a surtout occupé les écrivains,
c'est l'appétit du sexe et l'attrait de la beauté
qui dominent ; dans la seconde, c'est l'affection
personnelle qui est au premier plan.
— Finalité de l'amour. Dans un travail
intitulé Métaphysique de l'amour, un philo-
sophe allemand , Schopenhauer, a émis sur la
finalité de cette passion des idées ingénieuses,
dont il convient de mettre sous les yeux du
lecteur un exposé succinct.
Dans les divers caractères de l'amour, Scho-
penhauer voit la subordination complète, ab-
solue de la volonté individuelle, do l'intérêt
individuel, à ce qu'il appelle la volonté, le
génie de l'espèce. Les amants s'imaginent
qu'ils ne recherchent que leur propre bon-
heur; mais ils se trompent : le vrai but qu'ils
poursuivent, sans en avoir conscience , leur
est tout à fait étranger et renferme la pro-
création d'un nouvel être qui ne peut arriver
h l'existence que par leur intermédiaire. Le
phénomène de l'amour appartient k la caté-
gorie des instincts. Qu'est-ce que l'instinct, en
effet? Ce n'est pas autre chose que le sens de
l'espèce chargé d'en représenter, d'en faire
prévaloir les intérêts. Dès que la volonté est
individualisée, elle doit être induite en erreur,
afin de saisir par le sens de l'individu ce qui
lui est offert par le sens de l'espèce ; de là 1 il-
lusion où elle est en croyant poursuivre un
intérêt tout individuel, alors qu'elle poursuit,
dans le sens le plus strict du mot, un intérêt
AMO
tout général. Le soin avec lequel un insecte
recherche, pour y déposer ses œufs, certaine
fleur, certain fruit, un excrément, un morceau
de viande, où, comme l'ichneumon , la larve
d'un autre insecte, et ne recule devant aucun
effort, aucun danger pour l'obtenir, a certai-
nement une grande analogie avec le soin que
met l'homme à choisir la femme dont la nature
répond à son individualité, et dans la posses-
sion de laquelle il peut satisfaire son penchant
sexuel. Les animaux se trouvent sans doute,
comme l'amoureux, sous le charme d'une illu-
sion qui leur offre l'appât d'une jouissance
individuelle, alors qu'ils ne travaillent avec
tant d'ardeur qu'au prolit de l'espèce. Pour se
convaincre que l'attrait des sexes l'un pour
l'autre , quelque objectif qu'il puisse paraître,
est purement et simplement un instinct dé-
guisé dont l'objet est la c""=°-l""*;"" *•> ,'<"î-
conditions générales ; elles sont au nombre de -
cinq : la première est celle de l'âge ; la seconde,
celle de la santé ; la troisième, celle de la forme
régulière du squelette; la quatrième, une cer-
taine plénitude des chairs ; la dernière enfin,
celle de la beauté du visage. Les femmes don-
nent la préférence à l'âge compris entre trente
et trente-cinq ans, et le mettent bien au-dessus
de celui de l'adolescence, qui offre cependant
le type le plus parfait de la beauté humaine.
Du reste, elles accordent peu d'attention à la
beauté, surtout à celle du visage ; la force et
le courage, en leur promettant des enfants
vigoureux et de puissants protecteurs , ont
beaucoup plus d'attraits pour elles. Aussi
voyons-nous souvent des femmes aimer des
hommes laids , mais jamais des hommes effé-
minés. Les deux amants doivent se neutra-
liser l'un l'autre, comme les acides et les
alcalis se neutralisent dans les sels neutres.
Pour arriver à cette neutralisation, il faut que
le degré de virilité de l'un réponde exactement
au degré de féminité de l'autre. En consé-
quence, l'homme doué de la nature la plus
virile recherchera la femme douée de la na-
ture la plus féminine, et vice versa. Après les
conditions générales des inclinations amoureu-
ses, viennent les considérations relatives qui
résultent du besoin de tout individu de neu-
traliser, par son union avec une personne de
l'autre sexe, les faiblesses, les défauts et les
altérations du type de l'espèce qu'il perte en
lui, afin de ne pas les perpétuer, ou tout au
moins de ne pas leur donner un trop grand
développement en les transmettant à l enfant.
En amour, nous aimons et recherchons les
qualités qui nous manquent. Le chois tout in-
dividuel qui résulte de ces considérations relu*
tives est beaucoup plus déterminé et plus
exclusif que le choix très-général qui résulte
des considérations absolues; les premières dé-
terminent presque toujours un amour pas-
sionné, tandis.que les autres ne donnent guère
lieu qu'à une inclination ordinaire et passa-
gère. Voilà pourquoi ce ne sont pas ordinaire-
ment les beautés régulières et parfaites qui
allument les grandes passions. La tendance de
l'amour à s'individualiser vient du rapport qui
existe entre les deux amants sous le rapport
de leur constitution physique, et qui fait de
l'un le complément indispensable et parfait de
l'autre, pour rétablir dans sa pureté primitive
le type altéré de l'espèce. Dans ce cas, la pas-
sion qui les attire l'un vers l'autre augmente
d'intensité, et, par cela même qu'elle est fixée
sur un seul objet, elle revêt un certain carac-
tère de grandeur et de noblesse. En dehors de
l'individualisation, l'amour n'est qu'un simplo
et vulgaire instinct sexuel ; il ne s'arrête sur
aucun objet en particulier, et ne cherche à
conserver l'espèce qu'au point de vue de la
quantité, et très-peu à celui de la qualité.
D'après cette conception toute physiologique
de la finalité de Yamour, Schopenhauer con-
damne les mariages de convenance qui, pour
la plupart , sont préparés et décidés par les
parents, et célèbre les mariages d'inclination
comme étant toujours conclus dans l'intérêt de
l'espèce, jamais dans celui de l'individu. «Celui
qui en se mariant, dit-il, pense plus à l'argent
qu'à l'amour, vit moins de la vie de l'espèce
que de la vie de l'individu ; une telle conduite
est contraire à la vérité et à la nature et sou-
lève justement notre mépris... La plupart des
infirmités physiques, morales et intellectuelles
qui affligent l'humanité proviennent de ce que
les mariages sont presque toujours conclus
sous l'empire de considérations extérieures
ou de circonstances accidentelles, et jamais
sous celui d'un libre choix et d'une véritable
inclination. Lorsqu'à côté des convenances on
accorde une place au sentiment, c'est une
concession qu on fait au génie de l'espèce. •
En somme, selon Schopenhauer, Yamour n'a
pas "d'autre fin que la génération. Par l'appétit
sexuel, la nature nous invite à nous repro-
duire; par l'attrait de la beauté, elle nous
invite à nous reproduire dans les meilleures
conditions possibles pour la conservation et la
perfection du type humain ; l'attraitde la beauté
n'est pas destine, comme le veut M. Proudhon,
à /îous faire vaincre la répugnance de l'esprit
pour la chair ; il sert tout simplement à diriger
l'appétit sexuel dans la voie la plus utile à
l'espèce. Nous sommes en amour les jouets
d'une illusion qui entre dans le plan de la na-
ture. L'homme s'agite, et le génie de l'espèce
le mène. C'est le génie de l'espèce qui est le
principe caché de nos affinités et de nos pré-
férences, comme de nos répulsions et do r.cs
AMO
dégoûts. A chacun de nous, le génie de l'es-
pèce vient révéler la beauté féminine qui lui
convient le mieux au point de vue de la géné-
ration, et inspirer pour cette beauté ces sen-
timents d'admiration exclusive et passionnée
qui nous paraissent dominer de si haut les
phénomènes physiologiques.
Sans contester ce qu'il y a d'original et de
profond dans ces vues , nous devons dire
qu'elles nous paraissent incomplètes. Même en
restant sur le terrain où s'est placé l'auteur,
on ne comprend pas que la finalité de l'amour
s'épuise dans l'œuvre de la reproduction. Le
génie de l'espèce ne doit-il avoir aucun souci
au résultat de cette œuvre? Après avoir tant
fait pour ia bonne composition de ceux qui
devaient naître, ne saurait-il rien faire pour
la conservation et le développement de ceux
qui sont nés? Nous disons, nous : à la finalité
morale, sociale, c'est ia création du milieu le
plus favorable à la conservation et au déve-
loppement normal des enfants, c'est la famille.
(V. ce mot.) Remarquez que si l'appétit sexuel
et l'illusion de la beauté suffisent à la première,
la seconde exige .l'affection personnelle.
La familîe t voila le point où se rencontrent
et s'unissent ces deux grandes choses, l'amour
et la justice. L'amour proprement dit est le
frère aîné des divers amours qui font de la
famille une unité, le centre autour duquel ils
se groupent, la condition de leur développe-
ment harmonique et complet. La fonction de
reproduction, il faut bien ie comprendre, de-
vait mettre en jeu les facultés élevées qui nous
distinguent de l'animal, aussi bien que celles
oui nous en rapprochent. L'amour naît sans
doute dons la région des instincts, mais il n'y
reste pas confiné; il franchit les limites que
semblait lui imposer son origine, et prend place
à côté de l'amitié parmi les affections durables
et conscientes d'elles-mêmes, qui sont pour
l'espèce humaine un caractère de noblesse et
une source de bonheur. De son but physiolo-
gique , il se fait en quelque sorte un moyen
pour agrandir et enrichir la vie de relation. Ne
parlez plus des intérêts de l'espèce, du géni
vivre en autrui, d'avoir où reposer son cœur.
■ L'homme seul est quelque chose d'imparfait,
a dit Pascal ; il faut qu'il trouve un second
pour être heureux. ■ Expression de ce besoin
moral, l'amour tend à la fixité, invoque la foi,
la justice, se plaît à l'échange des serments;
toutes choses qui dépassent la portée de l'in-
stinct, et qui même, en certains cas, réagissent
contre lui.
Terminons* en disant quelques mots du rôle
social que l'école fouriériste assigne à Vamour.
Il faut savoir d'abord que ces mots vaincre ses
passions, dompter ses passions, sont étrangers
à la langue de cette écolo. Les vrais équilibres
sociaux, selon Ch. Fourier, se fondent sur des
contrepoids et non sur des répressions; ils
doivent résulter non de !a modération des dé-
sirs, mais du libre essor donné aux quatre
passions cardinales, amitié, amour, famuisme,
ambition. C'est par une inconséquence qui
semble accuser le Créateur d'impéritie que la
philosophie, après avoir admis le principe du
vaste essor pour l'amitié, s'efforce de réduire
au plus faible développement l'ambition, l'a-
mour et le familisme. Vamour est le produit
de deux ressorts élémentaires : l'un spirituel,
la eëladonie, et l'autre matériel, la lubricité.
Le libre et plein essor de l'amour conduirait à
toutes les vertus, à toutes les .merveilles en
mécanique sociale. C'est l'amour qui possède
par excellence la propriété de ralliement ; c'est
de lui qu'on tirera les plus puissants leviers
soit pour le rapprochement et l'affection entre
inégaux, soit pour l'art de concilier les anti-
pathies naturelles ou accidentelles. Les rallie-
ments de l'amour conduisent au but que se pro-
posent les moralistes et même les romanciers,
e'os"trti-dire a faire prédominer en amour le
Frmeipe spirituel ou céladonie, et- à prévenir
influence exclusive du principe matériel ou
lubricité; ils assureront le règne de quatre
sublimes vertus, sociales : l'hospitalité compo-
sée, le civisme composé, la charité, composée, la
constance composée! > Si nos philosophes veu-
lent modérer l'amour des richesses, dit Fou-
rier, pourquoi proscrivent-ils ou réduisent-ils
au moindre développement la passion qui est
le meilleur absorbant de l'intérêt, le principal
t de la libéralité, l'amour? Harpagon,
aux amours la plus grande extension possible,
ce serait établir dans les relations sociales une
générosité universelle. •
— Intervention tje la conscience dans
l'amour. Nous avons montré dans l'amour
l'affection personnelle greffée sur le double
attrait du sexe et de la beauté. Mais pour être
à l'abri des défaillances, l'affection personnelle
doit être soutenue par l'idée du devoir, de la
responsabilité, de lajustice.Enunmot,l amour
n'échappe pas plus que toute autre manifesta-
tion de l'activité humaine à la loi morale , à
l'intervention de la conscience : de la l'insti-
tution du mariage destinée à soumettre au
droit les rapports des sexes, et à rendre Va-
mour fixe et durable, sérieux et digne, en assu-
rant la domination de l'affection personnelle
sur les séductions de la chair et de l'idéalisme.
En dehors du mariage , l'amour spiritualiste
manque d'authenticité ; la société le confond
AMO
avec la fornication et la prostitution : c'est par
le mariage qu'il s'en sépare, et qu affirmant
son droit au respect il prend tout à la fois con-
science de lui-même et possession de l'avenir.
(V. Mariage.) a Dans tous les actes, soit de
sa vie privée, soit de sa vie publique, dit
M. Proudhon, l'homme tend à réaliser en lui
et hors de lui la justice; dans les relations
amoureuses il y aura donc toujours, à un degré
si faible qu'on voudra, tendance au mariage,
à la consécration de l'amour par l'honneur et
le droit, et cette tendance acquerra son maxi-
mum d'intensité au moment qui précède la
possession. »
— L'amour dans l'histoire et dans la
littérature. De toutes les passions du cœur
humain, l'amour est celle qui a le plus changé
de caractère dans le cours de 1 histoire, et
surtout en passant de la société et de la litté-
rature antiques, dans la société et la littérature
modernes. Chateaubriand, préoccupé surtout
de l'influence que le christianisme a exercée sur
l'amour, a divisé l'histoire de cette passion en
deux grandes périodes, celle de l'amour païen
et celle de l'amour chrétien. Nous croyons
qu'on peut retrouver dans l'histoire de l'amour
la division que nous présente l'histoire géné-
rale : antiquité, moyen âge, temps modernes ;
amour antique, amour chevaleresque, amour
moderne.
Veut-on connaître l'amour antique? Qu'on
lise Ovide, Tibulle, Properce. Les maîtresses
de ces trois grands^poetes furent des femmes
coquettes , infidèles , vénales ; ils ne cher-
chèrent auprès d'elles que des plaisirs physi-
ques, et l'on peut croire qu'ils n eurent jamajs
1 idée du sentimentqui, treize siècles plus tard,
fit palpiter le cœur d'Héloïse. ■ Le brillant
génie d'Ovide, dit Ginguené, l'imagination ri-
che de Properce, l'âme sensible de ïibulle leur
inspirèrent sans doute des vers de nuances
différentes, mais ils aimèrent de la même ma-
nière des femmes à peu près de la même
espèce. Us désirent, ils triomphent, ils ont des
rivaux heureux, ils sont jaloux, ils se brouillent
et se raccommodent; ils sont infidèles à leur
tour ; on leur pardonne et ils retrouvent un
bonheur qui bientôt est troublé par le retour
des mêmes chances. » Remarquez que c'est
toujours aux formes extérieures que l'amour
antique s'attache ; la beauté d'Hélène séduit
jusqu'à la vieillesse; Didon égale Vénus en
attraits; Camille surpasse Diane en légèreté;
Néère est plus blanche que l'oiseau de Léda;
rien qui dépasse le physique ; la Vénus que le
poète adore n'est pas la déesse de la beauté
intellectuelle et morale.
Un des traits les plus frappants de ta phy-
sionomie que présente la société grecque et
romaine, c est que la femme n'inspire pas d'a-
mour dans le sens que nous donnons aujour-
d'hui à ce mot ; elle peut être désirée pour sa
beauté physique, recherchée en vue de la gé-
nération, honorée à cause des citoyens qu'elle
de l'époux au-
?fô
._ elle n'est pas l'objet et le but de
; elle n'est-pas véritablement aimée.
Et pourquoi n'est-elle pas aimée? C'est qu'elle
est faible, et comme telle jugée incapable de
dignité, de sincérité, de courage, de fermeté,
de persévérance ; c'est qu'il n'y a pas eu d'âge
héroïque pour elle, et qu'elle n'a pas pris sa
part dans le développement moral qui résulte
de cette influence; c est que, pour les anciens,
l'admiration ne s'attache qu'à la force, et qu'à
cette idée de force se lient dans leur esprit les
idées de vertu, de noblesse, de génie et même
de beauté. Ce qui, dans l'antiquité, correspond
véritablement à notre amour ardent, passionné,
prêt au sacrifice, c'est l'amitié, l'amitié qui se
change en amour, oui devient l'amour uni-
sexuel. « La guerre dans les temps héroïques,
dit M. Ch. Renouvier, la science pure ou la
dialectique dans les temps qu'on peut appeler
métaphysiques, constituèrent pour les hommes
une vie à part dans l'antiquité. Les mœurs des
camps, les usages de la palestre, plus tard les
discours académiques, l'enseignement de la
politique, de l'éloquence, de la physique, fa-
vorisèrent une séparation tranchée de la vie
des hommes et de la vie des femmes. Qu'une
guerre survînt, et les guerres survenaient
souvent, les femmes demeuraient seules dans
la cité avec les vieillards et les enfants. A
l'assemblée publique, au gvmnase, autour d'un
sophiste , les hommes goûtaient des plaisirs
ignorés de leurs femmes, et Socrate passait la
journée entière, et quelquefois les nuits, hors
de sa maison dans l'intérêt de la science, comme
il passait des mois entiers'au camp dans l'in-
térêt de la patrie. Il résulta de la transmission
de ces mœurs mâles depuis le siècle d'Homère
jusqu'au siècle de Platon et au delà, que l'a-
mour et le sentiment du beau revêtirent dans
l'esprit de l'homme des formes étrangères à la
femme ; la douceur et les grâces furent flétries
du nom d'efféminées; cet attendrissement du
cœur que nous recherchons auprès des femmes,
et les délicatesses du sentiment que nous ad-
mirons dans leur âme, furent sacrifiés au culte
de la beauté virile ; l'art imita la forme de
l'homme comme la plus parfaite, et la repro-
duisit, savamment avec tous ses caractères
dans les statues de Mars, d'Apollon, de Mer-
cure, d'Hercule ou de Bacchus ; de son coté, la
science donna toujours a la femme un rôle
subordonné àceluiael'hommedans la création ;
enfin ceux des sentiments humains qui, clans le
monde chrétien, ont produit la chevalerie, ta
galanterie et toutes les institutions relatives h
AMO
l'amour , à l'honneur et a la beauté , se dé-
ployèrent surtout dans les rapports et dans la
société exclusive des hommes, i
Nous devons faire remarquer que si l'homme
de l'antiquité n'est pas amoureux de la femme,
si cet amour, au heu de 'l'ennoblir, l'abaisse
et constitue pour lui une faiblesse , presque
une lâcheté et une honte, la passion de l'a-
mour peut intéresser chez la femme. Aussi
voyez-vous dans la littérature ancienne des
amantes , surtout des amantes dédaignées ,
abandonnées, les Ariane, les Phèdre, les Mé-
dée, les Didon; quant aux amoureux, si com-
muns dans notre littérature, vous n'en trouvez
pas chez les anciens. « Les anciens , dit Fon-
tenelle, n'ont presque pas mis d'amour dans
sentiments. Pour moi, je pense qu'ils n'ont pas
connu ce que l'amour pouvait produire , et
qu'ils ne possédaient pas la science du cœur. »
Les anciens possédaient fort bien la science
du cœur sur la place publique ; mais le cœur,
à cette époque, ne donnait qu'une importance
secondaire , qu'un rang subalterne , à cette
passion qui, chez les modernes, semble être
devenue la passion principale. Droits de
l'amour, noblesse de l'amour, autant d'expres-
sions que les anciens n'auraient pu compren-
dre. Pour eux , l'amour n'était pas un droit
•qu'on pût revendiquer, parce que l'amour n'a-
vait pas de sens social, ne jouait aucun rôle
dans la vie publique, et que, devant ce peuple
de citoyens et d'orateurs , les émotions de
ce genre n'étaient pas de mise. L'amour leur
apparaissait comme une fatalité, non comme
— -iblesse. Il était en quelque sorte
"h * "
femme mettre aux prises Grecs etTroyens;
mais dans cette guerre que l'amour a allumée,
au milieu des calamités qu'il a déchaînées,
quel rôle effacé, méprisé que celui des amou-
reux, du beau Pans et de la belle Hélène 1
Dans les tragiques grecs, l'amour tient peu de
place ; plus le poëte est ancien, moins Vamour
se montre dans ses drames. Il n'y a pas d'a-
mour dans le vieil Eschyle ; il y en a très-peu
dans Sophocle. • L'Antiqone de Sophocle,
dit M. Saint^Marc Girardmj montre l'usage
que l'ancien théâtre faisait de l'amour. Il aimait
mieux représenter l'amour comme une divinité
que comme une passion ; il aimait mieux chan-
ter avec terreur sa puissance irrésistible que
d'exprimer ses angoisses ou ses plaisirs. C'est
le chœur qui disait combien Vamour est re-
doutable aux humains; ce n'étaient pas les"
amants eux-mêmes qui le révélaient par leurs
transports. De toutes les passions du cœur
humain, l'amour est, dans la tragédie antique',
celle qui a gardé le plus longtemps la forme
lyrique, et qui est entrée la dernière, pour
ainsi dire, dans le drame. >
Un autre trait qui sépare l'antiquité du
moyen âge et des temps modernes au point
de vue de l'amour, c'est que dans les héroïnes
de l'amour antique, cette passion douce ou
violente, heureuse ou malheureuse, pure ou
impure, se montre simple, fatale, irrésistible,
tandis que l'amour moderne, moins voisin de
la nature, s'accompagne d'une agitation inté-
rieure et d'un trouble moral, qui contribuent
singulièrement à le rendre dramatique. L'âme
humaine, dans l'antiquité, ne' semble pas en
lutte avec le corps. 11 n'y a pas deux hommes
dans le moi des anciens, il n'y en a qu'un ; le
cœur ne se sent pas responsable des senti-
ments auxquels il s'abandonne ; la passion ne
connaît pas le frein intérieur ; elle n'éprouve
pas le besoin de s'interroger et de s'examiner
elle-même pour s'accuser ou se justifier; elle
ne se. preno pas tour à tour pour une vertu et
pour un vice ; elle se croit invincible et inévi-
table. C'est surtout par les scrupules, par les
inquiétudes et les tristesses de la conscience
que l'amour, chez les modernes, a pris un carac-
tère nouveau et original. Il estcurieux de voir
dans l'Odyssée cette Hélène, dont les charmes
ont causé de si grandes calamités , vivant en
paix auprès de son époux qui l'a reprise, heu-
reuse et tranquille comme elle l'était avant que
Paris l'eût enlevée. Transportez cette situation
dans le monde moderne, et le poète ne man-
quera pas de nous montrer cette Hélène portant
en elle un foyer de remords, et combattue sans
cesse entre la puissance des souvenirs et les
justes craintes de sa conscience. L'air calme et
l'apparence de chasteté que ia passion prend
chez tous les poètes de l'antiquité viennent
peut-être de cette absence d'orages dans le
cœur de la femme. Virgile, le premier, avec sa
Didon, nous a donné comme un avant-goût
des amours modernes ; les -combats qui trou-
blent le cœur de la reine de Carthage ; cet
amour pour Sichée, qui ne s'est pas arrêté au
tombeau : cette invocation de la pudeur, tout
cet épisode s'éloigne de l'amour antique tel que
nous le trouvons peint dans Homère , dans
Sophocle et même dans Euripide.
Deux grandes influences ont révolutionné
des peuple
à la feimr
, lui a donné des droits <
donnant des devoirs ; elle a pu prendr
large place dans l'histoire et le- "
cette religion. Quant aux mœui,
barbares, elles présentent deux traite remar-
quables : d'une part, le. respect général qu'in-
spirent les femmes ; de l'autre, l'ascendant par-
ticulier qu'exercent les héroïnes et les prêtres-
s légendes de
AMO 289
ses. Ces deux traits ont contribué à établir dans
la société germanique l'idée de l'égalité entre
l'homme et la femme. La polygamie n'est pas
étrangère aux mœurs des peuples du Nord,
mais elle n'y est pas générale, et surtout elle'
n'entraîne pas, comme en Orient, l'asservisse-
ment et la réclusion des femmes. La femme,
dans la société antique, est renfermée dans le
gynécée, non pas seulement pour assurer sa
pudeur, mais pour défendre sa faiblesse des
périls et des soucis du dehors , réservés aux'
nommes comme seuls capables de les suppor-
ter. La femme du Nord est vraiment là com-
pagne de l'homme dans le travail et dans le
péril, dans la paix et dans la guerre, dans la
vie et dans la mort. Du christianisme et des1
mœurs germaniques est né l'amour chevale-
resque. « Ne nous étonnons pas, dit M. Saint-
Marc-Girardin, que la chevalerie, fille des
traditions germaniques et du christianisme, ait
porté si haut le respect des femmes. Sa double
origine l'y disposait. Chrétiens, les chevaliers
trouvaient partout dans l'Evangile et dans
l'histoire de l'Eglise la femme s'égalant à
l'homme par la vertu et par la foi: ici, la divine
sainteté de Marie ; là, l'intrépidité des martyres
ou le pieux dévouement des vierges. Hommes
du Nord, les chevaliers trouvaient aussi dans
les mœurs et les traditions septentrionales la
femme s'égalant à l'homme par la guerre, par
la religion, par le conseil. > L'amour chevale-
resque, c'est-à-dire l'amour devenu l'inspira- ■
teur des grandes actions, la source de l'hon-
neur, la femme devenue la distributrice de la
gloire, et, pour ainsidire, la <
guerrier, voilà qui eût paru i
ressemble, même de loin, h cette ic
visager l'estime d'une femme comme l'objet lo
plus élevé de l'activité humaine, et d'ériger l'a-
mour en principe suprême de la moralité. Dans
l'éducation des jeunes chevaliers, les dames
avaient la grande part. C'étaient elles qui
étaient chargées de leur apprendre le caté-
chisme et l'art d'aimer, la religion et la galan-
terie, deux sciences qui semblent s'exclure, et
nue la chevalerie remettait aux mains des
femmes, sans doute pour tempérer l'une par
l'autre. Suivant ces docteurs de la nouvelle
espèce, l'amant « qui entendait loyalement
servir une dame était sauvé. • C'était donc
pour s'entendre à loyalement servir les dames
et Dieu du même coup que lo page s'exerçait
à être courageux, hardi, adroit, généreux, •
poli, aimable, galant enfin. Mais cette ga-
lanterie, qui s'adressait d'abord h toutes les
dames, prenait bientôt un objet particulier et
devenait de l'amour. Cet amour n'effrayait
pas les docteurs de la chevalerie : c'était un
des degrés de l'éducation : « 11 faut aimer,
disaient-ils, pour mieux en valoir et non jamais
pour en empirer...» Une fois qu'il avait choisi
une dame, le jeune chevalier devenait plus
valeureux et plus avenant ; il avait soin d'être
élégant dans ses habits, bien chaussé et bien
coiffé surtout. Une dame ne prenait jamais
pour amant le lâche qui fuyait le péril, ou
l'avare qui fuyait la dépense. Le moyen âge
avait fait de 1 amour le principe de la cheva-
lerie ; il essaya même d'en faire une sorte
d'institution à côté du mariage et même contre
le mariage. (V. plus haut Couns d'amour.) Selon
le code des Cours d'amour, l'amour était im-
possible dans le mariage, car dans" l'amour tout
devait être de grâce et de faveur, tandis que
dans le mariage tout était de droit.
Avec le moyen âge finit l'amour chevale-
resque proprement dit. Squs l'influence de la
Renaissance, il se confond avec l'amour pla-
tonique, remis en honneur par les érudits du
xve siècle ; il se transforme en amour roma-
nesque, en galanterie.
L'entrée des femmes dans le inonde , ou ,
pour parler plus exactement, dans la bonne
compagnie qui se forme à mesure que se
répand le goût des lettres et de la conversa-
tion, est 1 événement le plus important de
l'histoire de l'amour à cette époque. « Les
femmes, dit M. Saint-Marc Girardin, devaient
se servir de l'amour platonique pour régner
dans le monde lettré du xvi" siècle, coinme-
elles s'étaient servies de la chevalerie pour
régner dans le inonde féodal du moyen àgc, et,
tout en prenant la doctrine platonique comme
une autorité qui leur était favorable, elles de-
vaient aussi, en adoucissant cette doctrine,'
la plier aux usages du monde élégant qu'elles
allaient fonder. Elles devaient enfin , mêlant
ensemble les idées de la chevalerie et de l'a-
mour platonique, composer une science ou un
art nouveau, qui s'appela la galanterie et qui
garda longtemps son sens honnête et grave.
Cette prépondérance croissante des femmes,
qui commence au xvie siècle et qui s'accomplit
vers le milieudu xviie, a, pour ainsi dire, trois
degrés principaux marqués par trois grands
romans qui ont eu une grande influence sur les
idées et sur le ton du monde ; l'Amodia, qui re-
présente l'amour chevaleresque qui s'adoucit et
même qui s'effémine ; l'Astrée, qui mêle l'amour
platonique à l'amour chevaleresque, sous le
nom d'amour pastoral; la Clélie enfin, qui est
le code de la galanterie honnête, et qui inarque
l'apogée de la prépondérance des femmes dans
le monde et dans la littérature. Dans l'Amiidis,
les rudes chevaliers du moyen âge sont deve-
nus des amoureux sans cesser d'être grands
batailleurs. Dans l'Astrée , les amoureux de
l'Ainadis deviennent des bergers spirituels et
37
290
AMO
galants. Dans la Cléiie enfin, les bergers ren-
trent à la ville et dans les salons, prennent un
nom nouveau, celui d'honnête homme, et s'oc-
cupent plus que jamais d'amour, qui, sous le
nom de galanterie, devient la grande science
du monde et la règle de la bonne compagnie
désormais fondée... La galanterie, telle que
l'entendent les vraies précieuses du xvne siè-
cle, telle que l'entend mademoiselle de Scudéry,
est ce mélange d'empressement et de respect
envers les femmes, dont la première origine se
trouve dans la chevalerie. Seulement le che-
valier a déposé son armure à la porte des
salons , il est devenu Yhonnéte homme. La
, chevalerie s'est sécularisée, elle s'est répandue
dans le monde, et, sous le nom de galanterie,
elle règle les rapports et les habitudes du
monde entre les hommes et les femmes. Ainsi
entendue , la galanterie est un des signes les
plus caractéristiques du rang que les femmes
ont dans la société depuis le christianisme.
Relevées de l'abaissement ou de l'isolement
que leur faisaient les mœurs antiques et que
leur font encore les mœurs orientales , les
femmes ont eu une place chaque jour plus
grande dans les diverses conditions de la so-
ciété moderne. Dans la société chrétienne, et
je dirais presque dans la société ecclésiastique,
elles ont leur place comme saintes, comme
religieuses , comme vouées à la prière et à la
charité. La société ecclésiastique ne met pas
les femmes dans l'Eglise, mais elle les met tout
près ; de même que le christianisme met la
mère du Sauveur près de la Divinité , sans l'y
faire pourtant participer. Dans la société che-
valeresque, les femmes sont les inspiratrices
avouées des grandes actions et des bons senti-
ments. Enfin quand la société s'adoucit et se
polit, à mesure que la conversation devient de
plus en plus un plaisir et un signe de bon
goût, les femmes deviennent l'arbitre du bon
ton. Alors la conséquence naturelle de la place
que les femmes occupent dans le inonde est la
galanterie, non point la galanterie dans le sens
affecté ou corrompu du mot, mais la galan-
terie honnête et pure, comme l'entendent les
véritables précieuses de l'hôtel de Ram-
bouillet. »
Le xvinc siècle est celui de la décadence de
la galanterie; elle s'abaisse, se dégrade; le
mot galanterie, qui si longtemps se confondit
avec celui de bonne compagnie, devient syno-
nyme de corruption. L'amour, galant qui avait
succédé à l'amour chevaleresque, est emporté
avec les idées, les sentiments, les institutions
• de l'ancien régime par le torrent de la Révo-
lution. Ramener Yamour a la simplicité antique,
le soustraire aux influences monarchiques et
religieuses qui l'ont dénaturé, tel paraît être
l'effort des penseurs de cette époque. Ecoutez
Cabanis : • Une des causes qui ont contribué à
dénaturer l'amour par une exaltation factice,
c'est le défaut d'objets d'un intérêt véritable-
ment grand, et le désœuvrement général des
classes aisées dans les gouvernements monar-
chiques; à quoi l'on peut ajouter encore les
restes de l'esprit de chevalerie, fruit ridicule
de l'odieuse féodalité, et cette espèce de con-
spiration de la plupart des gens à talent pour
diriger toute l'énergie humaine vers des dissi-
pations qui tendaient de plus en plus à river
pour toujours les fers des nations... Sous le
régime bienfaisant de l'égalité, sous l'influence
toute puissante de la raison publique, étranger
à toute exagération , à. tout enthousiasme ,
Yamour sera le consolateur, mais non l'arbitre
de la vie; il l'embellira, mais il ne la remplira
Eoint. Lorsqu'il la remplit, il la dégrade, et
ientôt il s'éteint lui-même dans les dégoûts. »
Au commencement du xixo siècle, nous
voyons Yamour reprendre dans la littérature
et dans la société l'empire que la révolution
lui avait enlevé. L'orage a fait pencher cette
fleur; mais l'orage passé, voilà qu'elle se
relève avec des couleurs nouvelles ; ce n'est
plus l'amour chevaleresque du moyen âge ; ce
n'est plus la galanterie du xvue siècle; ce
n'est plus le libertinage élégant du xvinc ; c'est
Yamour mélancolique et rêveur, Yamour que
la, soif de l'infini fait dévier de sa fin naturelle,
Yamour qui se mêle à deux sentiments vagues
et indéterminés, le sentiment de la nature et
l'inquiéi nie métaphysique ou religieuse; Ya-
mour qui .conduit au mépris et à la haine de
l'action, de la réalité, à Pennui et au dégoût de
la vie ; l'amour qui se plaît à chanter son éter-
nelle plaie, à sentir son incurabilité, à analy-
ser son délire, tout en posant à ses désirs une
barrière infranchissable. Notre littérature con-
temporaine a donné une large place à. cet
amour alanguissant, dont on trouve le germe
dans la Nouvelle Héloïse de J.-J. Rousseau,
et que deux écrivains surtout, l'auteur de René
et d'Atala, et l'auteur des Méditations, ont
Contribué à mettre à la mode. Goethe lui-
même, malgré le caractère réaliste de son gé-
nie, paya son tribut à cette maladie du siècle,
sur laquelle Paul de Flotte a porté ce jugement
sévère : « Rien ne porte plus à la lâcheté des
cœurs que cette tendance à poursuivre et à
justifier le développement excessif d'une pas-
sion irréalisable, que cette folie contradictoire
qui consiste en définitive a aimer sa passion en
en maudissant le but final, à se complaire à la
nourrir au lieu de la combattre, à maudire le
monde au lieu de le servir, p
IV. — Affections ne famille. — Amour
paternel, maternel. « Nous n'avons besoin,
dit M. Jules Simon, que de mentionner Yamour
rternel, Yamour maternel, pour qu'on sache
l'instant qu'il s'agit du sentiment le plus
AMO
fort, le plus persistant, le plus nécessaire, le
plus sacré ; d un sentiment qui balance victo-
rieusement l'amour de la vie dans les âmes les
moins pures, sans lequel il n'y aurait ni édu-
cation, ni morale, ni honneur, ni dévouement,
ni patrie; d'un sentiment qu'on ne saurait ban-
nir du cœur de l'homme sans le dessécher, ni
de la société sans la détruire. • L'amour des
parents pour leurs enfants est d'autant plus
Fort qu'il concilie pour eux le bonheur de la
personnalité et le bonheur du dévouement, et
ôu'il se rattache, d'une part, à Yamour de soi,
de l'autre, a Yamour proprement dif.'Qu'est-ce
que l'enfant? C'est le produit et le gage de
Yamour, ou plutôt c'est l'amour réalisé, l'a-
mour qui a pris forme et vie, l'amour fait
chair. Quel meilleur symbole de l'union indis-
soluble 1 Qu'est-ce que l'enfant? C'est l'exten-
sion de la vie paternelle et de la vie mater-
nelle. On connaît la belle expression de
Mme de Sévigné écrivant à sa fille : J'ai mal
à votre poitrine. C'était bien dire que les pa-
rents vivent de la vie de leurs enfants, souf-
frent de leurs souffrances, que les enfants sont
comme des membres de nous-mêmes ; et ce
n'est pas là une pure illusion : c'est notre
chair et notre sang, mais surtout c'est notre
âme, ce sont nos exemples, nos leçons, nos
vertus ou nos faiblesses qui revivent en eux.
« La famille, dit très-bien M. Paul Janet, com-
Flète et perpétue notre être ; elle l'étend dans
espace et la durée. L'homme, seul, n'occupe
qu'un point sur la surface de la terre, et en
mourant ne laisse rien après soi. La famille
,.„ "•■ '"'" ""i reje-
tons, et plonge des racines presque „.
telles. La famille demande à 1 homme le sacri-
fice de son être, mais elle le paye par l'augmen-
tation de son être ; elle le force à s'oublier lui-
même, mais elle lui permet de se retrouver en-
Il y a dans Yamour des parents pour leurs
enfants un élément égoïste, mais cet élément
qu'il s'agit du père ou de la mère.
~. ^„* ,.„ i„„.:__4 naturel; chez
Chez celle-ci <
celui-là un sentiment qui a sans doute
germe dans la nature, mais qui se développe
dans la société, l'orgueil du nom et l'orgueil
Vamour maternel n'a pour ainsi dire pas
d'histoire. Les types de cet amour créés
par la littérature ancienne et moderne se res-
semblent. Quant à l'amour paternel, il dépend
davantage du milieu social, de l'état de la
législation. Il présente une physionomie dif-
férente , selon la constitution de . la famille ,
selon le pouvoir que les lois et les mœurs
confèrent au père sur ses enfants, selon la
conscience que le père a de la responsabilité
attachée à ce pouvoir. A Rome, par exemple,
où le père avait droit de vie et de mort sur ses
enfants, où le consulat même n'affranchissait
pas le fils des liens de l'autorité paternelle,
Yamour paternel devait être bien différent de
ce qu'il est aujourd'hui. Le père de famille
romain, pater familias, qui zo sentait magis-
trat, aurait été fort étonné et scandalisé de la
tendresse un peu molle que notre littérature
met dans le cœur des pères. La grande difié-
rence que la société avait établie entre l'amour
paternel et l'amour maternel tend à s'effacer
dans les mœurs modernes.
— Amour filial. « L'antiquité, dit M. Saint-
Marc Girardin, avait trouvé un beau mot pour
exprimer l'amour des enfants pour leurs pa-
•"■"f" "" l'appelant du nom de pieté filiale. «
c est si
.al est un
sentiment mêlé de vénération et de tendresse.
C'est la tendresse qui domine ordinairement
dans Yamour que la mère inspire, la vénéra-
tion dans le sentiment qu'on a pour le père.
La vieillesse surtout rend les parents plus
sacrés et plus chers. « Il n'est pas, dit Platon,
de pénates plus saints et dont le culte plaise
plus aux dieux qu'un vieux père, ou un aïeul,
ou une mère courbée par les années. •
L'amour filial a moins de force que l'amour
paternel et l'amour maternel. On trouve plus
de mauvais fils que de mauvais pères. « Quel
est, se demande M. Jules Simon, le secret de
cette différence? Sommes-nous plus enchaînés
par les services que nous rendons que par les
services reçus? Le çère se rattache-t-il par
son fils à la jeunesse, a la vie, à l'avenir, tandis
que le fils est obligé de remonter le cours des
temps et de s'arracher à lui-même pour repo-
ser sa pensée sur son père? Serait-ce que la
paternité nous saisit en quelque sorte dans le
plein développement de nos facultés, tandis
que l'enfant n apprend que lentement à con-
naître le sourire de sa mère et ne s'accoutume
à aimer ses parents que par leur présence et
par leurs bienfaits? » La cause immédiate de
cette différence est, selon nous, que Yamour
filial est moins un besoin et contient moins
d'éléments égoïstes que l'amour paternel.
J.-J. Rousseau a pensé que la piété filiale ne
différait pas de la reconnaissance, à laquelle se
joignait, pour la renforcer, une habitude de
déférence et de respect. Selon JVI. Jules Simon,
notre piété filiale ne ressemble à aucun autre
sentiment ; elle tient profondément à nos en-
trailles ; nous sentons qu'elle fait partie de
nous-mêmes, et qu'elle pourrait être affaiblie,
mais non effacée, par la mauvaise conduite ou
l'indifférence de nos parents.
— Amour fraternel. L'amour fraternel est
un sentiment naturel fortifié par l'habitude,
par les souvenirs, par les services reçus ou
AMO
rendus, par la communauté de l'amour filial,
par le respect du nom et les traditions d'hon-
neur domestique. L'amour fraternel présente
a peu près les mêmes caractères que l'amitié
dont il est le type. On peut dire que Yamour
fraternel est une amitié qui vient de la nature,
Un frère est un ami donné par la nalurëf-
et que l'amitié est une sorte d'amour fraternel
qui naît du libre choix. M. Paul Janet fait
remarquer, avec raison, que Yamour fraternel
est un sentiment plus précis que l'amitié. En
effet, le rapport des frères entre eux est un
rapport naturel, et par là mêise déterminé :
un frère est toujours un frère ; mais le rapport
entre amis est indéterminé : on est plus ou
moins amis ; il y a plusieurs degrés dans l'a-
mitié; quelle différence do force, par exemple,
entre ce singulier, un ami, et ce pluriel, des
amis; le plus souvent c'est en vain qu'on
désire trouver un ami, il faut se borner à des
amis. Le sentiment fraternel a donc co que
n'a point l'amitié, un point d'appui fixe. Aussi
sait-il toujours exactement où il en est. L'a-
mitié ne le sait jamais, tant que quelque cir-
constance particulière, quelque action précise
n'est pas venue donner une sanction au lien
qui unit les amis. En un mot, Yamour fraternel
n'a pas besoin, comme l'amitié, d'acquérir de
la précision et de- s'emparer de l'avenir par un
effort de la volonté, par un pacte moral. De là,
la tranquillité plus grande encore dans Yamour
fraternel que dans l'amitié. Comme on ne peut
fixer le degré précis de l'amitié, on ne peut
jamais s'assurer jusqu'à quel point on peut
compter sur elle; il reste donc toujours une
sorte de doute et, par conséquent, une certaine
inquiétude. Vamour fraternel, au contraire,
sait qu'il a droit de compter sur la réciprocité.
Ainsi, Yamour fraternel est la plus forte des
amitiés. « Tous les liens, dit Schiller, tissus
par le bonheur léger, sont incertains, mobiles
et sans force. Le caprice dénoue ce que le
caprice a noué. La nature seule est sincère ;
elle seule repose suruneancreéternelle, quand
tout le reste vacille sur les vagues orageuses
de la vie. Le penchant vous donne un ami,
l'intérêt un compagnon. Heureux celui à qui
la naissance donne un frère 1 La fortune ne
peut le lui donner. C'est un ami qui est créé
avec lui, et il possède un second lui-même pour
résister à un monde plein de guerres et de
perfidies. » « Quelle douceur ineffable, s'écrie
Silvio Pellico, n'y a-t-il pas dan3 cette pensée :
Nous sommes les enfants d'une même mère I
Avoir trouvé, à peine venus en ce monde, les
mêmes objets à vénérer et à chérir entre tous,
quelle douceur encore ! Cette communauté de
sang, et la conformité d'un grand nombre d'ha-
bitudes entre frères et sœurs, produisent na-
turellement une puissante sympathie qui ne
saurait être anéantie que par un épouvantable
égoïsme. » Le même auteur a soin de nous
montrer quelle part notre liberté doit prendre
dans la culture de l'amour fraternel. « Les
sentiments les plus exquis, dit-il, ne s'ac-
quièrent que par une volonté bien arrêtée. De
: même quon n'arrive pas, sans étude, à l'in-
telligence parfaite de la peinture , ainsi ne
comprend-on pas l'excellence de Yamour fra-
ternel sans une volonté assidue de la com-
prendre. L'intimité du foyer ne doit jamais
vous faire oublier d'être poli avec vos frères.
Soyez encore plus délicat de manières avec
vos sœurs. Leur sexe est doué d'une grâce
puissante ; c'est un don céleste dont elles usent
habituellement pour répandre la sérénité dans
toute la maison, pour en bannir la mauvaise
humeur et modérer les reproches qu'elles en-
tendent parfois sortir de la bouche d'un père
ou d'une mère. Honorez dans vos sœurs le
charme suave des vertus de la femme; ré-
jouissez-vous de l'influence qu'elles exercent
sur votre âme pour l'adoucir; et puisque la
nature les a faites plus faibles et plus sensibles
que vous, soyez d'autant plus attentif à les
consoler dans leurs afflictions, à ne pas les
affliger vous-mêmes, à leur témoigner con-
stamment du respect et de l'amour. Ceux qui
contractent à l'égard de leurs frères et de leurs
sœurs des habitudes de malveillance et de
grossièreté, restent grossiers et malveillants
avec tout le monde. Que ce commerce de la
famille soit uniquement beau, uniquement ten-
dre, uniquement saint ; et alors, quand l'homme
passera le seuil de sa maison, il portera 'dans
ses relations avec le reste de fa société ce
besoin d'estime, d'affections nobles, et cette
foi dans la vertu que produit toujours l'exer-
cice journalier des sentiments élevés. •
V. — Amour dk la patrie. V. Patrie, Pa-
triotisme.
VI. — Amour de l'humanité. V. Charité,
Humanité. .
VII. — Amour divin. V. Charité , Mysti-
cisme.
— Myth. Les auteurs ne sont pas d'accord
sur la généalogie de Y Amour. Simonide le dit
fils de Mars et de Vénus ; Alcée, de Zéphyre
et d'Eris ou de la Dispute; Sapho, de Vénus
et de Cœlus ; Sénèque, de Vénus et de Vulcain.
Platon, dans son Banquet, suppose l'Amour
fils de Poros.(dieu des richesses) et de Pénia
(la Pauvreté). Selon d'autres/la Nuit pondit
un œuf, le couva, et fit éclore l'Amour, qui dé-
ploya soudain ses ailes dorées et prit son essor
à travers le monde naissant. Les Romains dis-
tinguaient deux Amours .-l'un, l'Amour pro-
prement dit, fils de Jupiter et de Vénus ; l'au-
tre, Cupidon, fils de la Nuit et de l'Erèbe. Les
Grecs avaient également leur Cupidon, qu'ils
AMO
appelaient Himéros (désir), et leur Amour pro-
prement dit , qui portait le nom d'Erôs. Le
rapport de filiation qui .lie Y Amour à Vénus .
et qui fit associer l'un à l'autre les cultes primi-
tivement distincts de ces deux divinités, ap-
partient à un symbolisme de date relativement
moderne. Erôs, en effet, ne figure pas au
nombre des dieux d'Homère.
L'Amour devint pour les artistes le type de
la beauté de l'enfant et de l'adolescent, de
même que sa mère était celui de la beauté
féminine. Il reçut pour attributs un arc, ut
carquois rempli de flèches, et un flambeau,
allégories qui représentent les blessures que
l'amour fait au cœur. Parmi ses flèches, disent
les poëtes, les unes sont garnies de pointes
d'or et portent la joie dans les cœurs qui en
sont atteints ; les autres sont armées de plomb
et infligent à ceux qu'elles frappent de longues
et cruelles douleurs. Il faut distinguer avec
soin de l'Amour ou d'Erôs, les Amours , petits
dieux subalternes qui se confondent avec les
Ris, les Jeux, les Plaisirs et les Attraits. En
mythologie comme dans le langage ordinaire,
le mot amour a un sens bien plus sérieux au
singulier qu'au pluriel.
— Philos, anc. L'amour conçu comme prin-
cipe cosmogonique. Un des plus anciens poè-
tes de la Grèce, Hésiode, nous montre à l'ori-
gine de toutes choses 1 élément inférieur et
aveugle, le Chaos, dans lequel un principe de
vie, Y Amour, fait surgir et développe des for-
mes de plus en plus parfaites. L'Amour joue le
même rôle dans une ancienne cosmogonie
attribuée à Sanchoniaton et aux Phéniciens.
Un grand nombre de traditions cosmogoniques
du même genre avaient cours dans l'antiquité.
Elles se trouvent sur la limite de la mytholo-
gie et de l'ancienne philosophie, et forment la
transition de l'une à l'autre.
Selon Empédocle, le monde sort de quatre
éléments, le feu, l'eau, la terre et l'air, lesquels
sont mus, dirigés par deux principes, Yamour
et la haine. Par Yamour, les éléments tendent
périodique produit l'agrégation et la désagré-
gation. Mêlés et démêlés successivement avec
leurs qualités diverses et en diverses manières,
ils composent la nature, comme un tableau qui
résulterait des couleurs qu'un peintre a broyées
sur sa palette. Ainsi naissent toutes choses,
plantes et bêtes, hommes et dieux. Pendant le
cours de ce mouvement, l'amour et la haine
se balancent et en quelque sorte se neutrali-
sent ; si l'amour dominait seul , toute diversité
cesserait, et il n'y aurait plus que l'unité ab-
solue ; au contraire , l'influence de la haine
prévalant et devenant exclusive produirait la
séparation, la diffusion à l'infini de toutes cho-
ses. L'amour et la haine d'Empédocle ressem-
blent assez bien à Yattraction et à la répulsion
— Syn. Amour, amourette. L'amourette est
in amour peu sérieux, ou un petit attachement
u'on n'ose avouer, soit parce qu'on n'est plus
.'âge à se permettre l'amour, soit parce qu'on
ougit d'aimer. une personne trop au-dessous
-Syn. Amour,
— Antonymes. Abomination, animosité, an-
tipathie, aversion, désaffection, détestation,
éloignement, exécration, haine, horreur, indif-
férence, inimitié, malveillance, prévention,
rancune, répugnance, ressentiment.
— Eptthètes. Tendre , parfait, vif, ardent,
passionné, insatiable, inassouvi, vrai, légitime,
naturel, pur, chaste, épuré, platonique, éthéré,
gratuit, désintéressé, généreux, libéral, magni-
fique, fidèle, constant, timide, délicat, discret,
soumis , respectueux , calme , doux , paisible ,
tranquille, confiant, crédule, contenu, refoulé,
Erofond, secret, repoussé, dédaigné, méprisé,
umilié, blessé, offensé, rejeté, incurable, -in-
vincible, passager, volage, léger, inconstant,
frivole, éphémère , infidèle , trompeur, men-
songer, perfide, parjure, emporté, irrita-fu-
rieux, jaloux , inquiet , soupçonneux , despo-
tique, tyranpique, rallumé, naissant, amorti,
refroidi, mort, éteint, charnel, coupable, dé-
réglé, impur, impudique, criminel, adultère,
incestueux, odieux, infâme, exécrable. — Fer-,
vent, charitable, religieux, pieux, sacré, saint,
divin, extatique, éternel.
M joli)
z de 1
disait : « Si vous aviez de Yamour pour rr .
obsédée comme vous l'êtes par votre mèrej
nous aurions bien de la peine à trouver un
lieu favorable pour nous aimer. — De quoi
La reine Elisabeth ayant remarqué toutes
les prouesses que Villa-Mediana accomplis-
sait dans les tournois , sans doute pour plaire
à quelque mystérieuse dame de ses pensées,
lui dit un jour qu'elle voulait absolument con-
naître sa maîtresse. Viila-Mediana s'en dé-
fendit quelque temps; mais enfin, cédant à sa
curiosité, il promit de lui en envoyer le por-
trait. Le lendemain, la reine reçut un simple
petit miroir, et s'y voyant elle-même elle,
comprit aussitôt Yamour de l'Espagnol.
:ntiras, peut-être, dés demain,
loique l'Amour soit prié de la fête,
le l'est pas du lendemain. Regnabi».
Quand la beauté seule séduit.
On s'aime un jour, puis on languit :
L'amour s'envole, on se déteste.
Mais quand le cœur cfcde aux talents.
Au caractère, aux sentiments,
Le temps s'enfuit, et l'amour reste.
Rose et Colin s'aimaient et
L'hymen devait bientôt ce
Mille baisers ; c'étaient mille plaisirs.
■ Laissez donc \h ce beau négoce.
Disait avec humeur un de leurs grands parents :
Vous pourrez, quand viendra le temps,
— Mon vieil ami, chaque chose a son tour,
Lui répond un voisin ; ne gronde pas, écoute :
Ils auront bien le temps, sans doute,
Mais alors auront-ils l'amour ?• Deville.
— Prov. littér. :
Allusion à deux vers de la fable de La Fon-
taine , le Lion amoureux. Un lion , devenu
amoureux d'une jeune fille, se laisse, sur la
demande du père, rogner les griffes et limer
les dents :
Sans dents ni griffes le voila,
3 dents ni griffes 1
ime place démanti
On peut bien dire : Adieu, prudence 1
Dans l'application, ces deux vers se disent des
amoureux qui, dans l'ivresse de la passion, se
dépouillent volontairement d'une arme dont
plus tard ils regretteront la perte, et, géné-
ralement, de toutes les folies, de toutes les
imprudences qui sont trop souvent les consé-
quences de l'amour :
« Aussitôt que le coq de bruyère a ressenti
les premières atteintes de l'amour, il se hisse
sur la flèche la plus aiguë du plus haut sapin
de la montagne, et adresse de là son appel
passionné à toutes lès poules des alentours.
Pendant qu'il exécute sa cavatine, l'artiste est
tellement absorbé par son art et tellement
enivré du propre bruit de sa voix , qu'il en
oublie l'univers et jusqu'à la méchanceté de
l'homme, qui profite de son tapage et de son
émotion pour s'approcher de lui traîtreusement
et l'occire.-Amour, amour, quand tu nous tiens,
on peut bien dire ; Adieu, prudence. »
Toussenbl.
— Prov. littér. : Amour, ta perdu Troio, Al-
lusion à un hémistiche de La Fontaine, dans la
fable les Deux Coqs .-
Deux coqs vivaient en paix : une poule survint,
Et voila la guerre allumée.
Amour, tu perdis Troie! et c'est de toi que vint '
Cette querelle envenimée.
Où du sang des dieux même on vit le Xanthe teint.
On fait de fréquentes allusions à cet hémis-
tiche pour rappeler les malheurs causés par la
passion de amour :
« Mais l'homme propose et Dieu dispose. A
peine sorti des bancs de philosophie, Clèrisseau
se trouva chef de famille par la mort de ses
parents : il fallut recueillir et débrouiller une
succession embarrassée. Bientôt l'amour se
mit de la partie : il ne perdit pas Troie, mais
il retint mon ami , qui , pour s'en guérir , se
maria. » A. de Fontmartin.
■ Le paon, fier d'étaler l'iris qui le décore,
Du dindon rengorgé l'orgueil plus sot encore,
Pourraient a nos dépens égayer ton pinceau;
Là, de tes deux pigeons tu verrais le tableau,
Et doux coqs amoureux, a la discorde en proie,
Te feraient dire encore ; . Amour, tu perdis Troie!'
— Prov. Httér. : Pour l'amour du grec, Al-
lusion à deux vers de Molière, dans les Femmes
savantes. V. Grec.
— Prov. littér. :
Les tvurterelles se fuyaient;
Plus d'AMouR, partant plus de joie.
Allusion à deux vers de la fable des Animaux
malades de la peste. V. Animal.
— Prov. littér. : Ton amour m'n refait uno
virginité, Allusion à un vers de V. Hugo. V.
Virginité.
Amour* (les), un des quatre recueils élé-
giaques d'Ovide. Le poëte en avait d'abord
iormécinq livres qull réduisit ensuite à trois.
Les Amours sont l'œuvre de la jeunesse de
l'auteur ; aussi, bien qu'on y trouve déjà les
défauts inhérents à son talent, tels que l'abus
de lafaciïité, de fréquentes répétitions d'idées
et même du mauvais goût, on ne saurait se
refuser à y reconnaître beaucoup d'esprit et
d'agrément, de la fraîcheur et de l'éclat dans
les descriptions, une foule d'idées ingénieuses
et de détails charmants. Mais peut-être y a-t-il
aussi dans ces élégies plus de libertinage que
l'amour sensuel; il ne soupçonne même pas
ces chastes ardeurs que d'autres avant lui
rêvaient, que Virgile a presque dépeintes, et
qui ont pour fin non la brutale satisiaction des
sens, mais l'union des âmes, le sacrifice mutuel
et le dévouement. L'héroïne des Amours est
cette beauté que le poète a rendue si célèbre
sous le nom de Corinne, et qui, la première,
éveilla sou génie. Quelques auteurs ont pensé
que Corinne n'était autre que la fille d'Auguste,
cette Julie si fameuse par ses débordements,
et ce serait la découverte do cette liaison qui
aurait amené la disgrâce et l'exil d'Ovide.
Amour et Psyché (l'), charmante fable dont
Apulée paraît être l'inventeur, etqui est comme
un joyau enchâssé dans l'Ane d'or.
Voici comment cet épisode est amené dans
le roman d'Apulée. Un jeune homme, nommé
Lucius, est métamorphosé en âne; bientôt il
tombe entre les mains d'une bande de voleurs,
qui lui font prendre avec eux le chemin de
leur caverne. Un jour , après une expédition
dans les alentours, ils rentrent dans leur re-
paire, amenant une jeune personne de condi-
tion noble, etbelle comme le jour, qu'ils avaient
ravie à son fiancé au moment ou elle allait lui
donner sa foi. Une vieille servante est chargée
de prendre soin de la belle affligée et de la con-
soler. Pendant une absence des brigands , la
vieille, qui était restée seule avec la prison-
nière, essaye de la distraire en lui contant en
ces termes l'histoire de Psyché :
• 11 y avait une fois une jeune princesse douée
d'une beauté si extraordinaire, que les étran-
gers accouraient en foule pour admirer ce pro-
dige, et qu'ils se prosternaient devant elle
comme si e eût été Vénus elle-même. La déesse
des amours, irritée de voir ses honneurs divins
passer à une simple mortelle, conçut une haine
implacable contre cette rivale inattendue ; elle
chargea son fils Cupidon de sa vengeance, et
ble, pour.le dernier des misérables. Cependant
personne ne se présente pour demander la main
de Psyché, et depuis longtemps déjà ses deux
sœurs ont contracté avec des monarques de
brillantes unions. Le père de l'infortunée prin-
cesse, se croyant l'objet du courroux céleste,
interroge un astique oracle, dont il reçoit cette
cruelle réponse :
Expose sur un roc cette fille adorée,
Pour un hymen de mort pompeusement parée :
N'espère point un gendre issu d'un sang mortel,
Mais un affreux dragon, monstre horrible et cruel,
Qui, parcourant les airs de son aile rapide,
Porte en tous lieux la flamme et le fer homicide ;
Que craint Jupiter même, et qui, l'effroi des dieux,
Fait reculer le Styx et ses flots ténébreux.
Lorsque le moment d'accomplir l'oracle fut
arrivé, les parents de Psyché la conduisirent,
au milieu des apprêts d'une cérémonie funèbre,
sur le haut d'une montagne escarpée , où la
malheureuse jeune fille resta seule et aban-
donnée. Tremblante d'effroi, elle se noyait dans
les pleurs, lorsque tout à coup elle i:i
et de verdure. Psyché pénétra aîori.
dans un palais somptueux qui s'offrait à ses
regards, demeure enchantée, où des voix har-
monieuses exécutèrent pour elle de suaves
concerts, et où elle fut servie par des nymphes
invisibles. Lorsque la nuit fut arrivée , un
personnage, un être mystérieux se glissa dans
le lit de Psyché toute tremblante, et devint
son époux, après l'avoir rassurée par les pro-
testations de l'amour le plus, ardent; puis
il se retira avant que le jour parût. Chaque
soir il venait ainsi partager sa couche, lui
recommandant de ne jamais chercher à voir
sa figure, et la menaçant des plus terribles
malheurs si elle cédait à une fatale curiosité'.
Il lui annonça que ses deux sœurs étaient.à sa
recherche, qu'elles parviendraient bientôt au
rocher, et la pria tendrement de ne point les
attirer auprès d'elle, prévoyant les pernicieux
conseib que la jalousie allait leur inspirer.
Cependant il céda aux supplications de Psyché,
qui désirait vivement recevoir les embrasse-
ments de ses sœurs, et lui accorda à regret la
permission de les entretenir. Lorsque celles-ci
arrivèrent sun la montagne, le Zéphyr, par
ordre de Psyché, les transporta à ses côtés.
La vue de toutes ces merveilles, de toutes ces
richesses dont leur jeune sœur avait la dispo-
sition, fit éclore dans leur cœur le poison de
l'envie ; l'état brillant de Psyché les humilia,
et elles se promirent de détruire ce bonheur.
Dans une nouvelle entrevue, elles fortifièrent
les soupçons cruels qui assiégeaient pariois la
jeune femme sur la nature inconnue de son
époux , et lui rappelèrent l'oracle qui avait
déclaré qu'elle était destinée en mariage à un
monstre afireux. Cet époux invisible devait
être « un serpent énorme , aux replis volumi-
neux, dont le cou était confié d'un poison ter-
rible. » On l'avait vu Te soir revenir, après
avoir exercé ses ravages, et nager dan^ les
eaux du rieuve le plus voisin. Sans doute,
après avoir abusé de ses charmes , il se ferait
un jeu cruel de la dévorer, elle et l'enfant
qu'elle portait dans son sein.
Après ces révélations perfides, elles enga-
gent Psyché à se délivrer elle-même en poi-
gnardant le monstre pendant les douceurs de
son premier sommeil. Psyché, obsédée alors
par les Furies et cédant à une implacable
fatalité, se lève silencieusement la nuit sui-
vante , prend la lampe allumée d'avance ,
qu'elle a eu soin de cacher, ~' J' '
Cupidon lui-même, paré de toutes les grâces
de l'adolescence, dans tout l'éclat d'une beauté
qui s'épanouit I A ses épaules brillent de petites
ailes, où l'éclat de la rose se marie à la blan-
cheur du lis, et dont le moelleux et léger duvet
irémit avec un doux bruissement. Au pied du
lit reposent son arc, son carquois et ses flèches.
Mais, tandis que plongée dans l'extase, hale-
tante de bonheur. Psyché approche la lampe
pour mieux contempler les traits charmants du
dieu, qui repose dans un gracieux abandon ,
une goutte d'huile brûlante tombe sur l'é-
paule de Cupidon, qui s'éveille aussitôt. Voyant
que son secret a été outrageusement violé , il
s'envole loin de la malheureuse Psyché, en
lui reprochant sa défiance et sa crédulité.
Psyché , au désespoir, voulut s'ôter la vie ;
mais le fleuve dans lequel elle se précipita
la rejeta sur ses rives. Elle voulut du moins
savourer le plaisir de la vengeance, et alla
visiter successivement ses deux sœurs , à
chacune desquelles elle raconta que Cupidon,
son époux, après l'avoir chassée, avait fait
choix d'elle pour lui succéder. Abusées par ce
récit , elles se rendirent sur la montagne , et
se confièrent imprudemment à Zéphyr ; mais
elles tombèrent et se brisèrent dans leur chute.
à Junon, qui éludèrent sa prière, et fut ri
contrée enfin par l'Habitude, une des suivantes
de Vénus, qui la faisait rechercher activement
Eour se venger sur elle de ce qu'elle avait eu
i témérité d'enchaîner l'Amour même par ses
charmes. Dans sa colère, elle livra Psyché
aux tortures de l'Inquiétude et de la Tristesse,
deux autres de ses suivantes, qui mirent tout
en œuvre pour satisfaire la soif de vengeance
de leur maîtresse. Vénus enchéritencore sur ces
mauvais traitements, en soumettant la pauvre
Psyché à des épreuves oui auraient effrayé Her-
cule lui-même, mais qu elle parvint néanmoins
à surmonter, grâce à un secours invisible. Elle
aurait infailliblement succombé à la dernière ,
qui était la plus terrible, sans les conseils que
lui donna la voix mystérieuse d'une tour, du
haut de laquelle elle voulait se précipiter. La
déesse lui avait ordonné de descendre aux
enfers, avec la mission perfide de demander à
Proserpine un peu de sa beauté dans une
boîte. Parvenue au sombre empire, à travers
d'effroyables dangers, elle reçut de la divinité
infernale la boîte qu'elle était venue chercher,
mais que la voix lui avait prudemment dé-
fendu d'ouvrir. Revenue sur la terre, cette
autre Pandore ne put résister à sa curiosité,
et même au désir de prendre pour elle-même
une partie de ce que renfermait la boîte. Elle
l'ouvrit; mais aussitôt il s'en dégagea une
vapeur soporifique qui la renversa tout en-
dormie, sans qu elle pût se relever. Cupidon ,
qui ne cessait de la surveiller amoureuse-
ment, s'empressa alors d'accourir et la réveilla
avec la pointe d'une de ses flèches, après avoir
renfermé de nouveau le Sommeil dans la boîte,
qu'il ordonna à Psyché de porter à Vénus.
Pour lui, craignant d'être livré à la Sobriété,
comme sa mère l'en avait menacé, il s'envola
aussitôt jusqu'auprès de Jupiter pour im-
plorer sa protection. Le maître de l'Olympe fit
alors assembler les dieux, et, en leur présence,
il unit Cupidon et Psyché. Les noces furent
célébrées joyeusement : Vénus elle-même y
dansa; Psyché but le nectar et l'ambroisie et
fut gratifiée de l'immortalité. Au bout de neuf
mois, elle mit au monde une fille, qui fut ap-
pelée la Volupté.
Apulée a revêtu de tous les trésors d'une
riche imagination et des charmes d'un style
plein d'images brillantes tous les détails de
cette fable ingénieuse, que l'on croirait em-
pruntée aux Mille et une Nuits, si l'idée philo-
sophique et morale qui la remplit ne lui assi-
gnait une origine bien autrement élevée.
Suivant quelques mythographes, cette fable
n'appartient pas, à proprement parler, à la
mythologie; ce serait uno allégorie due à
quelque platonicien ou à quelque sectateur des
doctrines orphiques, lequel y a exposé l'amour
inspiré par la beauté de 1 âme ainsi que par
celle du corps, les effets d'une curiosité témé-
raire, et la purification de l'esprit par les souf-
frances ; et cette allégorie, Apulée n'aurait lait
que la populariser, en lui donnant la forme vive
et touchante qu'elle revêt dans l'Ane d'or.
Mais, quand on pénètre plus avant dans le
domaine des interprétations, on est loin d'être
satisfait, et jamais sans doute on n'arrivera à
expliquer complètement ce mythe religieux.
« Fulgence, évêque de Cartilage, prétend que
toute cette histoire enveloppe un sens moral
fort beau : la ville , dont il est parlé d'abord
représente le monde ; le roi et la reine de cette
ville sont Dieu et la matière. Ils ont trois filles,
oui sont la chair, la liberté et Y âme. Cette
dernière, que le mot de Psyché signifie en grec,
est la plus jeune des trois, parce que 1 âme
n'est infusée dans le corps qu'après qu'il est
formé. Elle est plus belle que les deux autres,
parce que l'âme est supérieure à la liberté, et
plus noble que la chair. Vénus, qui est l'amour
des plaisirs sensuels, lui porte envie, et lui en-
voie Cupidon , c'est-à-dire la concupiscence ,
pour la perdre; mais, parce que la concupiscence
S eut avoir pour objet le bien et le mal, ce Cupi-
on, ou la concupiscence, vient à aimer Psyché,
qui est l'âme, et s'unit intimement avec elle. Il
lui conseille de ne point voir son visage, c'est-à-
dire de ne point connaître les plaisirs sen-
suels, et de ne point croire ses sœurs, qui sont
la chair et la liberté, qui lui en veulent inspirer
l'envie. Mais Psyché, animée par leurs con-
seils dangereux, tire la lampe du lieu où elle
l'avait ' cachée , c'est-à-dire pousse au de-
hors et met à découvert la flamme du désir
qu'elle portait cachée dans son cœur ; et l'ayant
connue, ou, cequi est la même chose, ayant fait
l'expérience des plaisirs, elle s'y attache avec
ardeur. Enfin Psyché , considérant avec trop
d'attention Cupidon , le brûle d'une goutta
d'huile enflammée, tombée de sa lampe : ce
qui marque que plu3 on se livre aux voluptés
de la concupiscence, plus elle augmente, s en-
flamme, et imprime sur nous la tache du pé-
ché. Cupidon ote ensuite à Psyché ses riches-
ses , la renvoie de son superbe palais, la Hisse
exposée à mille maux et a mille dangers. C'est
la concupiscence qui, par l'expérience funeste
des plaisirs criminels qu'elle procure à l'âme,
la dépouille de son innocence et du trésor des
vertus, la chasse de la maison de Dieu, et la
laisse exposée à toutes les occasions de chute
et de malheur qui se rencontrent dons la vie.»
Mais Apulée, auquel on attribue générale-
ment la première idée de cette poétique lé-
gende, a-l-il pensé à tout cela? II est permis
d'en douter. Certains commentateurs y voient
une allusion à Pandore et à sa boîte fatale ;
d'autres remontent même jusqu'au mythe du
péché originel. Toutefois, l'idée simple qui s'en
dégage le plus clairement, c'est que Psyché
(en grec psuchè, âme) est la personnification
de l'âme en lutte ici-bas avec toutes les pas-
sions, dont elle finit par triompher sur la terre
pour s'envoler ensuite dans des régions plus
Pures, où elle reçoit enfin la récompense due
a ses efforts.
Quoi qu'il en soit, ce délicieux épisode a été
reproduit sous mille formes différentes dans
les arts, la littérature, sur le théâtre, etc., et
personne n'ignore l'imitation charmante qu'en
a donnée La Fontaine, sous le titre de Psyché.
V. Psyché.
Amour (De l'), par Plutarque. Ce petit
traité, qui a la forme d'un entretien, est une
imitation du Phèdre et du Banquet de Platon.
L'auteur y met en parallèle l'amour unisexuel.
si répandu en Grèce, et l'amour conjugal; il
conclut à la glorification de ce dernier. Un des
personnages du dialogue, Protogène, n'ap-
prouve le mariage que parce qu'il entretient
la population. L union conjugale, dit-il, est
nécessaire à la propagation de 1 espèce hu-
maine, et c'est avec raison que les législateurs
en vantent l'excellence devant la multitude ;
mais pour un véritable amour, il n'en existe
pas même l'apparence parmi les femmes. La
nature conduit l'homme par son appétit vers
les aliments, afin qu'il satisfasse modérément
ses besoins ; et s'il s'y livre avec excès, il se
rend coupable de sensualité. De même, la na-
ture a attaché du plaisir à l'union de 1 homme
et de la femme. Mais le désir effréné qui nous
y entraîne n'est pas un véritable amour. Ce
sentiment, quand il est inspiré par un jeune
homme bien né finit par l'amitié et conduit à
la vertu. L'amour d'un sexe pour l'autre, lors
même qu'il a le plus heureux succès, se borno
aux plaisirs des sens.
Plutarque combat cette honteuse doctrine.
Le mariage, selon lui, n'est pas seulement le
moyen de perpétuer la société humaine ; si le
mariage n était qu'une union sans amour et
sans amitié, ce serait la dégradation de la na-
ture humaine. L'amour a part à l'union nup-
tiale ; il la rend douce et heureuse, il en fait la
meilleure des amitiés de l'homme. L'amour
unisexuel, tel qu'un enfant illégitime, conçu
dans les ténèbres et né dans la vieillesse de
ses parents, n'a paru que tard dans la vie, et
il s'efforce d'en bannir l'amour légitime, biec
plus ancien que lui. Ce n'est pour ainsi dire
que d'hier, et depuis qu'on a dépouillé les
jeunes gens pour les exercices du corps, qu'il
s'est glissé furtivement dans les gymnases, où
d'abord il n'a gagné du terrain que peu à peu.
Mais ensuite, s élevant par degrés, il est devenu
plus hardi, s'est montré librement dans ces
lieux publics, et il n'a plus été possible de le
contenir. Fier et insolent, il ose outrager l'a-
mour conjugal, cette source féconde d'im-
mortalité pour l'espèce humaine, et qui rallume
sans cesse le flambeau de la vie à mesure que
la mort vient l'éteindre. On dit que la beauté
est la fleur de la vertu ; or, prétendre que les
lemmes ne portent point de ces fleurs pré-
cieuses, et que leur naturel ne soit pas fait
pour la vertu, c'est soutenir une absurdité.
Sans parler de leur chasteté, de leur prudence,
de leur justice et de leur fidélité, une foule de
traits éelaftints ne prouvent-ils pas assea que
la force, l'audaee et la grandeur d'âme leur
sont naturelles? Eh quoi! elles peuvent avoir
toutes les autres vertus, et l'op .voudrait
qu'elles fussent incapables d'affection et d'a-
mitié 1 Elles aiment leur mari et leurs enfants
au-dessus de tout; elles méritent de trouver
dans le cœur de leur mari le même amour.
Cet amour des maris pour leurs femmes n'est
pas seulement une justice qu'ils leur doivent,
c'est le salut et le bonheur du mariage : car
aimer est encore un plus grand bien que d'être
aimé, parce qu'il préserve le mari des fautes
qui font la ruine des maisons. Toute autre
affection est sujette à des runtures, a des se.-
parations; aucu
aussi parfaite,
conjugale:
îe peut former u
ii entière que h
t procure <"
société
plaisirs, des avantages aussi constants, un
honneur et un charme aussi considérables.
L'amour que des femmes honnêtes inspirent à
leurs maris se conserve au milieu même des
rides et des cheveux, blancs, et les suit jusque
dans le tombeau. On citerait bien peu d exem-
ples d'un attachement solide pour des jeunes
gens ; mais on ne pourrait compter tous les
maris et les femmes qui ont conservé jusqu'à
la fin de leur vie l'union la plus intime et la
fidélité la plus constante.
A l'appui de ces éloges qu'il donne aux
femmes et à l'amour conjugal, Plutarquc ra-
conte deux histoires touchantes, celle d'Epo-
nine et de Sabinus, et celle de Camma.
Sabinus, accusé d'avoir conspiré contre
Vespasien, resta caché dans un souterrain où
sa femme Eponine allait le visiter et passait
quelques jours avec lui ; puis elle revenait à
. Rome pour déjouer les soupçons, ayant fuit
croire a, tout le monde que son mari était mort,
et même en ayant porté le deuil. Les deux
époux vécurent ainsi plusieurs années dans
leur souterrain, ayant pour consolation de leur
adversité leur amour, l'espérance d'un temps
meilleur, des enfants nés pendant» leur mal-
heur et qui en adoucissaient l'amertume. A la
lin, la retraite de Sabinus fut découverte; il
fut conduit avec Eponine devant Vespasien et
condamné a mort. Eponine essaya en vain
d'obtenir la grâce de son mari, montrant ses
deux enfants qu'elle n'avait enfantés, disait-
elle, que pour avoir plus d'intercesseurs auprès
do l'empereur. Vespasien fut inflexible, et
Eponine, alors, cessant de prier, et insultant
la cruauté de Vespasien, dit qu'elle se félici-
tait de mourir, sûre d'avoir été plus heureuse,
cachée auprès de son mari dans le souterrain
qui leur avait servi de retraite, que Vespasien
lui-même dans tout l'éclat de la majesté im-
périale.
Sinatus, tétrarque de Gaule, avait pour
femme une Gauloise parfaitement belle, nom-
mée Camma. Synorix, un des plus puissants
d'entre les Gaulois, en devint amoureux, et,
désespérant ou de la séduire ou de lui faire
violence tant que son mari vivrait, il le fit
Eérir. Le sacerdoce de Diane, héréditaire dans
i maison de Camma, fut pour elle un asile
contre les poursuites de Synorix, et un adou-
cissement a son malheur. Elle passait presque
tous les jours dans le temple de cette déesse,
et refusa constamment les grands partis qui se
présentaient. Synorix ayant enfin osé lui faire
la proposition de l'épouser, elle ne parut pas
la rejeter; et, sans lui faire aucun reproche
sur la mort de son mari, elle feignit de croire
que c'était l'amour seul et non la méchanceté
qui l'avait porté à ce crime. Synorix ajoutant
foi à ce qu elle lui disait, se rendit au temple
pour la célébration du mariage. Camrna alla
au-devant de lui, le prit par la main, et le
conduisit au pied de l'autel de la déesse. Là,
après avoir fait une libation de vin et de miel
empoisonnés, elle en but la moitié et donna le
reste à Synorix. Lorsqu'il eut achevé de boire,
elle jeta un grand en, et appelant à haute
voix son époux : « Mon cher Sinatus, dit-elle,
c'est dans l'attente seule de ce jour- que j'ai
traîné, séparée de toi, une vie malheureuse*
Maintenant, reçois avec plaisir ton épouse,
qui t'a vengée du plus scélérat des hommes,
et qui est aussi satisfaite de mourir avec lui
qu'elle l'était de vivre avec toi. » Synorix s'é-
tant fait transporter dans sa litière, expira
L'histoire de Camma a fourni le sujet d'une
tragédie à l'un des plus illustres enfants de
l'Italie moderne, Montanelli.
par Louise-Marguerite de Lorraine, princesse
de Conti. Cette histoire curieuse des galante-
ries de Henri IV, que désigna ici le nom poé-
tique d'Alcandre, se distingue par la légèreté
du style et la vivacité des tableaux , et ne
laisse que le regret de voir que ces galante-
ries aient pu tenir une place si large et si im-
portante dans la vie de ce grand roi. La prin-
cesse de Conti nous le fait connaître à ce point
de vue dès le temps où il venait d'épouser
Marguerite de France. Catherine de Médicis,
qui le baissait mortellement, lui avait tendu
plusieurs pièges dont il s'était tiré avec adresse ;
qu'elle savait qu'il n'était pas à l'épreuve du
beau sexe, elle mit en jeu certaines demoi-
selles aux charmes desquelles il ne fut que
trop sensible. Cette princesse, qui n'avait que
son ambition en tête, et qui comptait pour rien
la pudeur et la religion, avait toujours un es-
cadron volant, composé des plus bejles femmes
de la cour, dont elle se servait à toutes mains
pour amuser les princes et les seigneurs, et
pour découvrir, par ce moyen, leurs plus se-
crètes pensées. — M»'c de Sauve, veuve d'un
secrétaire d'Etat, fut la première qu'elle mit
sur les rangs. Le duc de Guise devint aussi
amoureux de cette dame, et elle y répondit si
bien, qu'elle oublia pour lui le roi de Navarre.
Obligé de quitter la cour, celui-ci se rendit
en. Guyenne. Pendant son séjour à Bordeaux,
il fit connaissance de la comtesse de Guiche,
qui lui parut charmante ; il lui rendit plusieurs
visites, et bientôt il se consola de l'infidélité
de M«»« de Sauve. La comtesse répondit à son
amour, et contribua même beaucoup à l'avun-
AMO
cernent, de ses affaires, en lui envoyant des
secours considérables d'hommes et d'argent.
Cependant il s'en fatigua et ne tarda pas à
chercher d'autres amours.
En passant en Normandie, il conçut une
passion violente pour Antoinette de Pons,
veuve du comte de La Roche-Guyon; mais il
trouva plus de résistance qu'il ne s'était ima-
giné. Cette dame avait autant de vertu que de
beauté, et ne voulut jamais lui rien accorder.
Tandis qu'il était occupé au siège de Paris, il
vit Marie de Beauvilliers, fille du comte de
Saint-Aignan, abbesse de Montmartre, et crut
qu'il serait dommage qu'une personne si jolie et
si bien faite finit ses jours dans un couvent.
Cette charmante religieuse, que les austérités
du cloître n'avaient pas rendue intraitable, ne
fut point insensible aux compliments du galant
monarque. Contraint de lever le siège de
Paris, il fit conduire sa nouvelle maîtresse à
Senlis. Un jour qu'il vantait fort les charmes
de cette belle religieuse, disant qu'il la pré-
férait à toutes les autres femmes, le duc de
Bellegarde , grand écuyer de France , pré-
tendit qu'il changerait de sentiment s'il voyait
M"e d'Estrées. 11 lui en dit tant de bien et lui
en fit un si beau portrait, qu'il lui donna envie
de la voir. Bellegarde sentit la faute qu'il avait
faite; mais it n'y avait pas moyen de s'en dé-
dire, ne pouvant disputer contre son maître.
11 fit avec lui le voyage de Cœuvres, où était
Gabrielle. Le roi la trouva si charmante, qu'en
effet il oublia pour elle la belle abbesse de
Montmartre, et déclara d'un ton de maître à
Bellegarde qu'il ne voulait partager ce cœur
avec personne. La résistance de la belle Ga-
brielle rendit le roi plus amoureux encore. La
difficulté était de la voir, car il ne pouvait
aller à Cœuvres sans beaucoup de risque. Il
fallait faire sept lieues en pays ennemi, tra-
verser un grand bois, et passer à la vue de '
deux garnisons de la Ligue. Mais il résolut de
tout risquer. Il monta à cheval avec quelques
officiers de confiance, et fit quatre lieues avec
eux ; puis, il renvoya sa compagnie, s'habilla
en paysan, se chargea d'un sac plein de paille,
et acheva son voyage à pied avec son sac sur
le dos. Mlle d'Estrées le reçut avec assez de
mépris, et ne demeura que quelques moments
avec lui. Mais dans la suite, l'élévation du père
de Mlle d'Estrées et les faveurs dont le roi le
combla, la rendirent plus humaine et l'ame-
nèrent à mieux traiter un prince si libéral.
Henri l'accabla, pour ainsi dire, de ses bien-
faits. Il la fit d'abord marquise, puis duchesse
de Beaufort, et résolut même de l'épouser. H
lit à cet effet solliciter vivement a la cour de
Rome la cassation de son mariage avec Mar-
guerite. Après la fin tragique de Gabrielle, il
parut quelque temps inconsolable. Pour la lui
faire oublier, ou du moins pour le distraire,
ses favoris crurent qu'il fallait le mettre aux
prises avec une nouvelle beauté, qui pût le
consoler de celle qu'il venait de perdre. Vient
alors le récit de ses amours avec Mlle d'En-
tragues, qu'il fit marquise de Verneuil, et à
laquelle succédèrent la comtesse de Moret, la
duchesse de Nevers, M"c des Essarts, etc.
Amour conjugal (TABLEAU DE l'), OUVragC
publié en 1688, à Amsterdam, sous le pseudo-
nyme de Salociui, Vénitien (Salocini est l'a-
nagramme de Nicolas), par Nicolas Venette,
docteur en médecine et professeur d'anatomie
et de chirurgie à La Rochelle. Ce livre, fré-
quemment, trop fréquemment réimprimé de-
puis, sous le propre nom de l'auteur, est un
traité élémentaire et populaire des organes
sexuels et de la fonction génératrice dans
l'espèce humaine. 11 est divisé en quatre par-
ties. La première est consacrée à la descrip-
tion anatomigue des organes génitaux de
l'homme et de la femme, aux défauts et aux ma-
ladies de ces organes. La seconde s'occupe des
signes de la virginité, de l'âge le plus propre
au mariage , des moyens aphrodisiaques et
antiaphrodisiaq'ues , de la conception, de la
grossesse et de l'enfantement. Le troisième
traite de la menstruation, des signes de la
grossesse, des divers temps de la formation
de l'homme, de l'art de faire à volonté des
garçons et des filles; la quatrième, de l'im-
puissance et de la stérilité , de la ridicule et
immorale institution du congrès, des herma-
phrodites, etc.
Au point de vue scientifique, des notions
anatomiques à peu près exactes, mais super-
ficielles, des notions physiologiques et médi-
cales qui pouvaient être celles du xvne siècle,
mais qui, dans l'état actuel de la science, n'ont
rien de sérieux; au point de vue littéraire, un
langage de corps de garde, des histoires in-
décentes; ramassées de tous côtés : tel est ce
livre, qui n'a dû sa vogue qu'à la nature du
sujet qu'il traite, à l'ignorance du public au-
quel il s'adresse, et à la satisfaction malsaine
qu'il donne aux premières curiosités de l'ado-
lescence. Quelle qu'ait été l'intention de l'au-
teur,-bn doit condamner ce livre comme im-
moral, parce que si le respect dû à l'enfance
n'interdit pas dune façon absolue de vulgariser
certaines connaissances, le physiologiste ne
saurait s'attacher avec trop de soin dans cette
vulgarisation, qui peut, être une initiation au
mal, à conserver la chaste gravité du style
scientifique, et à ne rien accorder à la curiosité
d'imagination.
Angels), poème
Moore a emprunté le sujet de ce poëme au
deuxième verset du chapitre VI de la Genèse,
où on lit : « Les fils de Dieu virent que les
AMO
filles des hommes étaient belles, et ils prirent
pour femmes celles qui leur plurent. ■ Eclai
de style, puissance d'imagination, telles sont
les qualités qui distinguent ce poSme resté
célèbre dans la littérature anglaise.
Amour (l), pièce de vers que Voltaire com-
posa chez Mme du Châtelet. dans ce séjour
délicieux, où l'ndultère s'abritait sous le man-
temi de la philosophie. On sait que Gubrielte-
Emilie Le Tonnelier de Breteuil, après avoir
épousé te marquis du Châtelet-Lomont, lieu-
tenant général des armées du roi, fut atta-
chée à ia reine en qualité de dame de-tabou-
ret. Quoiqu'elle se livrât avec une sorte de
passion aux études les plus abstraites, elle
subit l'influence contagieuse des mœurs de lu
cour et elle devint la maltresse du duc de Ri-
chelieu. Voltaire l'avait vue tout enfant chez
son père, et quand il la rencontra de nou-
veau, en 1733, il connaissait, comme tout le
monde, les relations qu'elle avait eues avec
le duc de Richelieu. Cependant, comme elle
était nlors dans tout l'éclat de sa beauté, il
fut ému par ses charmes et, s'appuyant sur
le souvenir des amusements qu'il avait par-
tagés avec elle quand il l'avait connue en-
fant, il parvint facilement à lui faire parta-
ger sa passion. E le quitta tout pour se don-
ner tout entière à sou nouvel amant. 'Ils se
retirèrent d'abord à Montjeu, près d'Autun,
puis bientôt ils se rendirent à Cirey, vérita-
ble paradis terrestre, où ils se mettent à étu-
dier ensemble Newton, Leibniz, à lire en la
tin, les œuvres philosophiques de Cicéron, en
anglais les œuvres de Pope. On les vit niêiiic'
réunir leurs efforts pour concourir sur une
question proposée par l'Académie des scien-
ces; mais ils ne gagnèrent point le prix, qui
fut décerné au savant Euler. Quelquefois il
survenait des querelles entre les deux amou-
reux. Voltaire se surprenait à regretter Pu-
ris et les applaudissements qu'il était sûr
d'y recueillir. Mais la brouille ne durait guère
et elle était bientôt suivie d'un raccommo-
dement plus ou moins durable. Cependant
Voltaire, qui avait alors plus de cinquante
ans, voyant, à son grand regret, l'amour
prendre peu à peu, chez la marquise, la fi-
gure de l'amitié, laissa tomber de sa plume
et de son cœur ce petit chef-d'œuvre digue
de l'antiquité, et qui même, suivant M. Ar-
sène Houssuye, n'a son pareil ni chez les
anciens, ni chez les modernes. Malgré ses
neuf strophes, nous ne saurions résister au
Rendez-moi l'âge des amours
Au crépuscule dp. mes jours
Rejoignez, s'il se peut, l'nuror
îs quelque avantage.
Ses folâtres emporlemen
Desame
On meu
Quant à la marquise du Châtelet, quelque
appétissante que fût une amitié chantée en
si beaux vers, elle trouva quo l'amour valait
encore mieux, et elle continua seule cette
double culture : la première avec Voltaire ;
la seconde avec Clairaut, Saint-Lambert, etc.
Amour* du chevalier de Knubla» (LES) ,
.roman do Louvct de (Jouvray. V. Kmjblas.
Amour (de l") selon tes lois premières et selon
les convenances des sociétés modernes, par de
Sénancour. Dans cet ouvrage, publié'ponr la
première fois en 1806, l'auteur étudie 1 amour
et les diverses questions qui s'y rattachent, au
point de vue de la raison et Je la conscience
naturelle, en dehors des préjugés répandus et
consacrés par les législateurs religieux et po-
litiques. Véritable fils du xvm« siècle, il porte
dans cette étude, en face de la réaction philo-
sophique et religieuse qui commence avec
Chateaubriand, de Maistre, de Bonald, le mode
de raisonnement et de recherche, les senti-
ments et même le langage qui caractérisent
cette grande époque : ici un esprit d'observa-
tion et d'analyse qui rappelle Montesquieu;
ailleurs, une éloquence émue qui fait penser à
Jean-Jacques.
Les pensées maîtresses qu'on y trouve déve-
loppées sont : que nos affections les plus van-
qu'elles paraissent le plus s'en éloigner ; — que
les premières déterminations de l'amour doi-
vent avoir plus de suite chez les femmes d'a-
près leurs goûts plus sédentaires, et à cause
de l'assiduité agréable pour elles que demande
l'éducation des enfants; — que la disposition
à la constance est naturelle chez les femmes,
en raison des modifications que la maternité
imprime à leur existence physique, tandis'que
c'est l'ordre social qui aura fait de la persé-
vérance des hommes une qualité louable; —
que les femmes font naturellement de la chas-
teté leur première vertu, afin d'offrir une sorte
de garantie d'une fidélité sans laquelle le titre
de père de famille n'aurait rien que d'onéreux ;
sirs de l'amour n'ont en eux-même's rien d'in
pur, ni d'illégitime, mais qu'ils ne doivent pas
faire exception à la règle commune de la mo-
ralité et de l'honneur ; — que les devoirs étant
plus évidents et plus étendus en proportion des
liens, ils ne sauraient se trouver sans force entre
un homme et une femme qu'unissent les rap-
ports de l'amour ; en un mot, que ces rapports
relèvent, comme toutes les autres relations,
de la loi de justice, de responsabilité et de sin-
cérité ; — que si , dans nos sociétés , le sens
moral est perverti à cet égard , il fau
l'austérité, et dans une perfection chimérique
le but qu'il nous est commandé d'atteindre ;^-
que le mariage n'est pas fondé sur l'amour,
mais sur la procréation, et qu'il a été institué
surtout dans l'intérêt des enfants et dans celui
des femmes; — qu'on ne saurait attacher la
même importance à la fidélité des hommes
qu'à celle des femmes , et que cette dernière
est seule réellement inséparable du mariage;
— que la subordination des femmes est natu-
relle, parce que les travaux sont interdits à
leur faiblesse, et que le pouvoir, du moins en
général, sera toujours une suite de travaux ;
— que le mariage, pour être en rapport avec
notre nature et nos fins terrestres, doit cesser
d'être indissoluble, c'est-à-dire perdre le carac-
tère inflexible des institutions sacerdotales.
Nous devons signaler d'une façon spéciale
le chapitre consacré à l'analyse du sentiment
de la pudeur, celui qui justifie le mariage des
reproches que lui font ies défenseurs de 1 éman-
cipation des femmes et de l'égalité des deux
sexes , et enfin la note très-intéressante où
l'auteur plaide , avec une grande vigueur de
dialectique, la cause du divorce. En somme, le
livre de Sénancour est un de ces ouvrages qui
font penser et qu'on lit plusieurs fois; c'est
une étude sérieuse, plus sérieuse, on peut le
dire, que la plupart des écrits qui ont été faits
de nos jours sur le môme sujet. Le style est
partout d'une élégante simplicité, d'une so-
briété et d'une fermeté viriles.
Amour (i/), ouvrage de Henri Beyle, publié
en 1822. L'auteur, connu sous le pseudonyme
de Stendhal, déclare, dans sa préface, qu'il a
voulu faire une description détaillée et minu-
tieuse do tous les sentiments qui composent
la passion nommée amour, c'est-à-dire expli-
quer simplement, raisonnablement, mathéma-
tiquement, pour ainsi dire, ces divers senti-
ments qui coexistent ou se succèdent les uns
aux autres, et qu'il compare spirituellement
à ces milliers de petites étoiles dont l'amas
brillant forme au ciel la voie lactée. L'ouvrage
est divisé en deux livres et subdivisé en un
grand nombre de chapitres. Le premier livre
est consacré à l'analyse de l'amour, des con-
ditions de sa naissance et des lois de son dé-
influence sur l'amour, de l'orgueil féminin, du
naturel dans l'expression de l'amour, de ia
jalousie, de la pique d'amour-propre, de
l'amour à querelles. Nous y apprenons qu'il y
a quatre amours différents : 1 amour-passion,
l'amour-goût, l'amour physique et l'amour de
vanité ; qu'il faut compter sept époques dons
le développement de l'amour ; que l'admiration
est la première de ces époques; que le prin-
cipal phénomène, celui qui joue le /grand rôle
dans l'histoire de l'amour, est cette folie qui
nous fait orner de mille beautés, de mille per-
fections imaginaires l'objet que nous commen-
çons à aimer. A cette puissance de l'imagina-
tion l'auteur donne le nom de cristallisation,
parce qu'elle rappelle assez bien , dit-il , la
transformation qu'opère la nature sur le
rameau effeuillé que Von jette dans la profon-
deur des mines de sel de Saltzbourg, et qu'on
en retire deux ou trois mois après couvert de
cristallisations brillantes, de diamants mobilqs
et éblouissants. Dans le deuxième livre, Henri
Beyle nous montre l'amour se diversifiant
selon les tempéraments, les gouvernements et
les caractères nationaux. 11 étudie ces divei -
sites de l'amour et en marque les traits et les
couleurs chez les diverses nations ; il pro-
mène le lecteur en France, en Italie, en Angle-
terre, en Allemagne, en Espagne, aux Etats-
Unis, en Suisse, en Arabie ; il le transporta
dans l'ancienne Provence, au temps des cour»
d'amour; dans l'ancienne Rome, au temps
d'Ovide, do Tibulle et de Properce. L'Italie
lui semble le seul pays où croisse en liberté
la' plante qu'il décrit. « En France , la vanité,
dit-il; en Allemagne, une prétendue philoso-
phie, folle à mourir de rire; en Angleterre, un
orgueil timide, souffrant, rancunier, la tortu-
A.MO
rent, l'étouiïent, ou lui font prendre nne direc-
tion baroque. » Trois chapitres intéressants et
solides roulent sur l'éducation des femmes et
sur les préjugés gui les condamnent à l'igno-
rance. A chaque page du livre de l'Amour,
on trouve des pensées Jines, ingénieuses, bien
gravées , dont plusieurs frappent par leur
aspect paradoxal. Citons-en quelques-unes :
« La beauté n'est que là promesse du bon-
uiur. — On peut tout dire avec un regard, et
cependant on peut toujours nier un regard,
car il ne peut pas être répété textuellement.
— Ce qui fait que les femmes, quand elles se
font auteurs, atteignent bien rarement au
sublime, ce qui donne de la grâce à leurs
moindres billets, c'est que jamais elles n'osent
être franches qu'à demi : être franches serait
pour elles comme sortir sans fichu. — L'amour
est une fleur délicieuse, mais il faut avoir
le courage d'aller la cueillir sur les bords
d'un précipice affreux. — La délicatesse des
femmes tient à cette hasardeuse position où
elles se trouvent placées de si bonne heure,
à cette nécessité de passer leur vie au milieu
d'ennemis cruels et charmants. » Quant aux
considérations de morale, elles sont complète-
ment, écartées de cette physiologie de l'amour.
« L'homme, dit Henri Beyle, n'est pas libre de
ne pas faire ce qui lui fait plus de plaisir que
'outes les autres actions possibles. L'amour
jst comme la fièvre, il nait et s'éteint sans
que la volonté y ait la moindre part. »
Amour (Uns le mariage (l), étude histori-
que, par M. Guizot. Cet ouvrage a paru pour
la première fois dans la Ilevue des Deux-
Mondes, en 1855. Comme l'indique son titre,
ce n'est point un roman, mais une histoire'
réelle. L'héroïne de ce récit, fille du comte de
Southampton, avait épousé par devoir lord
Vaugham. Veuve après une union stérile de
quatorze années, el!e se remaria par amour
avec lord Wl Russell. Douze années s'écou-
lèrent pour les deux époux dans une parfaite
félicité , lorsque les événements politiques
vinrent troubler ce bonheur sans nuage. Lord
Russell, engagé dans les rangs de l'opposition
à la politique de Charles II , fut accusé de
haute trahison et renfermé à la Tour de Lon-
dres. Pendant sa captivité comme au jour de
son procès, il n'eut d'autre soutien ni d'autre
conseil que sa noble épouse, qui, après avoir
tout tenté pour le sauver, lui conseilla de
mourir plutôt que de commettre une lâcheté.
Le 21 juillet 1683, lord Russell subissait !a
peine capitale, et la mort mettait un abîme
entre deux cœurs si étroitement unis. Trois
enfants restaient, pour le bonheur desquels
lady Russell voulut vivre. A sa mort, sa dé-
pouille terrestre fut réunie à celle de son
époux. Simple et fidèle historien, M. Guizot
semble, dans le cours de ce récit, vouloir
s'effacer pour ne laisser parler que les faits
qu'il raconte, et laisser au lecteur le soin d'en
tirer la conclusion. On ne pouvait traiter avec
plus de goût ce touchant épisode.
Amour (l'), par M. Michelet. Cet ouvrage,
Sublié en 1858, et dont le titre complet serait,
'après l'auteur, Va /franchissement moral par
le véritable amour, a pour but « d'éclairer
deux côtés de l'amour jusqu'ici négligés : son
côté fatal et profond d'histoire naturelle, qui
influe infiniment sur son développement moral ;
son côté libre et volontaire, où l'art moral
agit sur lui. » L'idée fondamentale est la puis-
sance de durée, de renouvellement, de méta-
morphose que possède l'amour, et grâce à
laquelle il Sonne, comme toute autre force
naturelle,' une prise a la volonté, à l'art, de-
vient une puissance disciplinable, un principe
d'ordre et de progrès ; et trouve dans le
mariage son développement normal. « Si
l'amour n'est qu'une crise , dit M. Michelet
dans l'introduction , on peut aussi définir là
Loire, une inondation. Mais songez donc que
ce fleuve, dans son cours de deux cents lieues,
dans son action si multiple, si variée, comme
grande route, comme irrigation des cultures,
comme rafraîchissement de l'air, etc., influe
de mille et mille manières. C'est lui faire tort
que de le prendre uniquement par ce cô^té
violent que vous trouvez plus dramatique.
Laissons son drame accidentel , qui , réel-
lement, est secondaire. Prenons-le plutôt
dans l'épopée régulière de sa grande voix de
fleuve , -dans ses influences salutaires et fé-
- condes, qui ne sont pas moins poétiques.' Dans
l'amour, le moment du drame est intéressant,
sans doute; mais c'est celui de la violence
fatale , où l'on ne peut qu'assister , où l'on
n'influe que très-peu. C'est comme le torrent
qu'on regarde au point le plus resserré, écu-
mant et furieux. 11 faut le prendre dans l'en-
semble ot la continuité de son cours. Plus
haut , il fut ruisseau paisible ; plus bas, il
devient rivière large, mais docile. »
M. Michelet attache une très-grande impor-
tance à l'élément fatal , physiologique de
l'amour ■ en un style trop poétique pour être
chaste, il se plaît à arrêter l'imagination sur
les détails les plus secrets, à exposer au grand
jour les opérations cachées de la nature. La
femme est une personne malade, ou, pour
parler plus exactement, une personne blessée
chaque mois, et souffrant presque constam-
ment et île la blessure et de la cicatrisation :
voilà la base sur laquelle il élève le poétique
édifice de son art d'aimer. La femme est une
malade ; donc ses caprices sont le plus souvent
l'effet de ses souffrances. Chez elle , la pensée
et l'action ne peuvent être soutenues ; c est un
mauvais ouvrier; il faut lui demander peu de'
AMO
de la traiter en égale ; sa liberté et sa person-
nalité ne peuvent que difficilement se dégager
du fatalisme organique ; la justice à son égard
doit être la grâce, l'indulgence inépuisable.;
ses faiblesses, et même ses fautes les plus
graves, ont presque toujours droit aux cir-
constances atténuantes. Voila la responsabi-
lité morale de la femme diminuée, presque
anéantie, et du même coup celle du mari singu-
lièrement accrue. Ce n'est pas assez pour lui de'
pourvoir par le travail aux besoins du mé-
nage, il faut qu'il commence par créer sa
femme, qu'il ne cesse de l'entourer de soins,
qu'il vive avec elle dans la solitude, loin du
monde; qu'il cumule auprès d'elle les charges
de femme de chambre, de confesseur, de mé-
decin ; qu'il multiplie les ingénieuses et ai-
mantes précautions pour la tenir en santé
physique et morale, et pour prévenir les dé-
faillances de son amour. Evidemment, le livre
de M. Michelet n'est pas à l'usage de la classe
la plus nombreuse et la plus pauvre. S'il faut
tant de façons pour alimenter l'amour dans le
mariage , ce bonheur ne peut être à la portée
que d'un petit nombre de privilégiés réunis-
sant les conditions de sécurité, de fortune et
de loisir. «J'écris uniquement, dit M. Michelet,
pour ceux qui sont libres d'arranger leur vie. »
Hélas ! combien sont-ils ceux qui peuvent se
vanter d'être libres d'arranger leur vie, libres
de pratiquer l'art d'aimer comme l'entend
M. Michelet? A ce compte, l'amour conjugal
est une plante de serre chaude, dont la culture
ne peut jamais être qu'exceptionnelle, et l'on'
ne voit pas trop- la signification, la portée
sociale de l'ouvrage qui nous peint les délices
d'un paradis dont la clef se trouve entre les
mains d'un si petit nombre d'élus.
Un reproche d'une autre nature peut être
fait à M. Michelet. Il est douteux que le rôle
débonnaire assigné au mari idéal , l'infinité do
soins do détail auxquels il doit se livrer pour
remplir sa tâche, l'excès de complaisances, de
prévenances dont il doit se faire une habi-
tude, soit 'bien ce qui convient le mieux pour
inspirer l'amour et le conserver. Il est peut-
être plus fâcheux, en certains cas, d'être ridi-
cule que d'être dur aux yeux de la femme
aimée. Ce qu'elles aiment dans l'homme , c'est
ce qui le fait homme, c 'est-a-dire le sérieux,
la dignité , et l'on peut demander s'il sera
aimé longtemps celui qui est prêt à tout
faire, à tout comprendre et a'tout pardonner.
Ajoutons que le lyrisme sentimental qui
éclate dans le livre de l'Amour, depuis la pre-
mière page jusqu'à la dernière, fatigue par sa
monotonie. C'est partout la même note, le
même attendrissement. Le poète a dit:
Si vis me jlere, dolendum est
Primum ipsi (lit.
M. Michelet obéit par tror) au précepte. Cette
émotion qui se traduit en soupirs, en admira-
tions, en effusions si abondantes, avec si peu
de réserve et un tel parti pris, prodiguant les
métaphores et les hyperboles, ne saurait se
communiquer ; elle laisse froid quand elle ne
fait pas sourire.
Quant au style de M. Michelet, il est dans
le livre de YAmour ce qu'il est dans ses autres
ouvrages. Rien do plus éloigné du style ora-
toire, de l'ample forme classique. Pas de pé-
riodes, des propositions isolées, quelques-unes
sans verbe. On est tenté de se demander si
M. Michelet ne finira pas par réduire ses
phrases à des interjections. Notons que ce né-
gligé apparent est voulu, que cette façon de
diviser, de subdiviser l'idée, a pour but d'ac-
centuer, de souligner le plus de mots possible.
Il ne faut pas lire le livre de YAmour tout
haut, parce quo la voix est. à chaque instant
arrêtée, coupée par la ponctuation. Il est vrai
qu'on n'a pas à craindre, dans cette lecture, de
perdre haleine en poursuivant le point.
Ainsi, pour la forme comme pour le fond,
M. Michelet est dans le faux. Cette adoration
perpétuelle, co fétichisme à jet continu qu'il
exige à l'égard de la femme, est antinaturel,
antisocial et même anticonjugal. Un descen-
dant de Céladon a dit, et nous n'éprouvons
aucune répugnance à nous ranger de cet avis :
Si vous frappez une femme, que ce soit avec
une fleur. Mais personne, sans en excepter
Céladon lui-même, ne peut passer sa vie à
semer de fleurs la couche de la femme, et à
défaire jour et nuit les plis de roses qui ne
manqueraient pas d'incommoder le Sminiride
féminin.
« Le livre de YAmour, dit M. E. Montégut,
c'est véritablement le Cantique des cantiques
mélangé de dissertations physiologiques.... Le
ton général du livre manqué d'unité; on dirait
que trois personnes fort différentes y prennent
alternativement la parole : un poëte, un direc-
teur de conscience et un médecin.... Il estbeâu-
les grandes lois morales sur lesquelles le .....
riage est assis n'y apparaissent. L'absence de
ces lois fait d'autant mieux ressortir l'insécu-
rité du mariage fondé sur la tendresse char-
nelle et les simples lois de nature M. Mi-
chelet croit-il qu'il soit bien glorieux de
régner sur une aine emmaillottée de caresses
et énervée de douceurs? L'amour n'est grand
que lorsqu'il est volontaire ; il n'est intéressant
que lorsque deux âmes, à la fois unies et indé-
pendantes, se dressent en face l'une de l'autre
lières, libres, loyales, assez courageuses pour
ne rien craindre de l'exercice de la liberté,
assez altières pour repousser comme une in-
jure toute sollicitude trop inquiète, asse:
réservées pour respecter le sanctuaire de h
Le livre do l'Amour, dit M. Prévost-
Paradol, a l'air d'être fait par deux personnes :
l'une, très-sage, très-fine, très-élégante sur-
tout, et d'une incontestable élévation d'idées
et de sentiments ;. l'autre , incomparablement
naïve et même un peu. folle. Le premier de
ces deux écrivains nous éclaire et nous ravit,
nous surprend et nous échauffe ; le second
nous choque, nous blesse. Ce qu'il y a de sin-
gulier, c'est qu'ils se donnent la main, s'en-
tendent tous deux parfaitement, vont du'
même pas, atteignent a la fois le sublime et ce "
qui en est, dit-on, le plus voisin, nous rassa-
sient d'admiration et de dépit, "mais nous
entraînent bon gré mal gré, et, à force d'art et
de passion, ne nous laissent ni l'un ni l'autre
le temps de respirer. «
Amour médecin (i/), comédie-ballet de Mo-
lière, en trois actes et en prose, musique de
Lulli, représentée à Versailles le 15 septembre
1CG5. Cette pièce fut composée et apprise en
cinq iours ; il fallait être Molière pour accom-
plir de tels prodiges. C'est le commencement
de cette guerre d'épigrammes que le grand
comique ne cessera de faire aux disciples à'Ilip-
pocrate, guerre impitoyable, que la mort seule
arrêtera. On sait qu'il fut pris d'un vomisse-
ment de sang en prononçant le mot juro du Ma-
lade imaginaire, quelques heures avant d'ex-
Eirer. Molière n'a pas peu contribué à corriger
ss médecins des formes pédantesques sous
lesquelles ils travestissaient alors l'art de
guérir. C'est dans l'Amour médecin surtout
qu'il déclare une guerre à mort à leurs longues
robes doctorales, à leurs rabats, à leur pédan-
tisme hérissé de roots grecs, à l'ignorance de
la plupart d'entre eux, à tout ce qui constituait
alors le charlatanisme de leur profession , au-
quel les médecins actuels ont renoncé. Cette
comédie de V Amour médecin est pleine de traits
charmants. Rien n'est plus amusant que la
scène où les quatre docteurs, réunis pour une
consultation, s'entretiennent de leurs mules et
parlent de leurs affaires particulières.- C'est
aussi dans cette pièce que Molière a caractérisé
d'une manière si piquante les donneurs d'avis
intéressés, dans cette phrase restée prover-
biale : Vous êtes orféore, monsieur Josse. V. Or-
fèvre.
Molière logeait chez un médecin dont la
femme, extrêmement avare, voulait augmen-
ter le loyer de la portion de maison qu il oc-
cupait. Sur le refus du comédien; l'appartement
fut loué à un autre. Ce fut l'étincelle qui de-
vait mettre le feu à la mine. A partir de cette
époque, Molière ne cessa de tourner en ridi-
cule les médecins, qu'il avait déjà .attaqués
dans le Festin de Pierre. Il définissait un mé-
decin : « Un homme que l'on paye pour conter
des fariboles dans la chambre d'un malade,
jusqu'à ce que la nature l'ait guéri, ou que le.5
remèdes l'aient tué. • Pour rendre ses plai-
santeries plus agréables, dans le jeu de cette
pièce, qui fut représentée d'abord devant le
roi, l'auteur y joua les premiers médecins de
la cour avec des masques qui ressemblaient
aux personnages qu'il avait en vue. Il osait les
livrer ainsi à Ta gaieté publique, afin que eeux
qui avaient fait pleurer si souvent fissent rire
au moins une fois en leur vie. Ces médecins
étaient Fougerais, Esprit, Guénaut et d'Aquin.
Comme Molière voulait déguiser leurs noms,
il pria son ami Boileau de lui en forger de
convenables. Boileau en composa en effet qui
étaient tirés du grec, et qui indiquaient le ca-
ractère de chacun de ces messieurs. Il donna
à Fougerais le nom de Defonandrès, qui signifie
tueur a' hommes; à Esprit, qui bredouillait, celui
de Bahis, qui signifie jappant, aboyant ; celui
de Macroton à Guénaut, qui parlait avec une
lenteur savamment calculée; enfin celui de
Tomes, qui signifie un saigneur, à d'Aquin,
qui ordonnait souvent la saignée.
Amour secret (V), comédie en un acte et en
vers , de Philippe Poisson , représentée au
Théâtre-Français, en 1740. Eraste et Clitandre
sont amis. Le dernier engage Eraste à de-
mander pour lui en mariage Lucile, nièce de
Géronte; la démarche réussit; mais Eraste et
Lucile sont devenus subitement amoureux l'un
de l'autre. De son côté, Clitandre a déjà changé
de résolution ; le mariage l'effraye, et instruit
de l'amour qu'Eraste est bien résolu de cacher
et de vaincre, il s'amuse quelque temps de son
embarras, et finit par hâter lui-même l'union
des deux amants. Cette petite pièce, où il y a
de la verve et du naturel, a souvent été imitée.
Amours do BaSticu cl do Basticnue (LES),
parodie du Devin du village, en un acte, par
Favart, jouée au Théâtre-Italien en 1753.
Cette parodie, loin d'être une critique, n'est
qu'une imitation, ou plutôt une espèce do lutte
entre l'auteur comédien et l'auteur philosophe,
à qui traitera le mieux un sujet dont ndée
première est le Donec gratus eram d'Horace.
Tous nos pères ont su par cœur ces charmants
couplets ou Bastienne déplore l'inconstance de
Bastien :
Tout ça n' ir
Helns! c'est
Dres que le jour ec
Et drès que l' jour s'achève.
Au matin j* voudrais m' voir.
D'où vient q' tout roe chagrèn
Kt quej' n'ons de cœur il rien
■ Le chang'ment de c' volage
Devrait bien m' dégaRer;
Mais je n'en ona pas 1' courage,
D'un ingrat quand on s' venge.
C'est se dédommager.
. Mais, hélas! Bastieïi change
Et je n' saurais changer.
C'est dans l'habillement simple du rôle de
Bastienne qu'on a gravé le portrait et immor-
talisé les grâces de M'"« Favart.
Amour* d'Antoine cl de Cléopâtre {les),
ballet pantomime en trois actes, d'Aumer,
musique de Kreutzer, donné à l'Opéra en 1808.
Cet ouvrage, bien dessiné, monté avec magni-
ficence et parfaitement exécuté, a obtenu un
immense succès. On admirait surtout, dans le
premier acte de ce ballet, le beau spectacle do
Cléopâtre remontant le Cydnus, sur cette ga-
lère si fameuse dans l'antiquité; le deuxième
est consacré aux fêtes que cette reine donne
au voluptueux Antoine ; le troisième se ter-
mine par l'incendie du palais, sous les ruines
duquel Cléopâtre veut ensevelir son vainqueur,
Octave. Les Amours d'Antoine et de Cléopâtre
ont fourni le sujet de plusieurs tragédies, entre
autres celle de Boistel (mi), qui renferme
quelques belles scènes, des expressions fortes
et de grands sentiments, mais dont le style et
le plan sont négligés.
Le mot amour entre encore dans le titre d'un
grand nombro de pièces^ dont la plupart sont
aujourd'hui oubliées ; voici les principales :
Amour caché par l'amour (l'), tragi-comédie
pastorale, par Scudéry, 1634.
Amour à ta modo (V), comédie en cinq actes
et en vers, par Thomas Corneille, 1651.
Amours de Dion© et dlîndymion (LUS), tra-
gédie de Gilbert, auteur dramatique du xvii»
siècle, 1657. il Un opéra en cinq actes, paroles
de Guichard, musique de Sablièr-es, représenté
à Versailles, le 3 novembre 1C71, a paru sous
le même titre.
Amours do Lysls el d'IIospérle (l.iis), pas-
torale allégorique pour la paix des Pyrénées,
par Quinault, 1C60, non imprimée.
Amours de Jupiter cl de Sémolé (l.Ks), tra-
gédie de Boyer, représentée en 1GCG.
Amour cliarlntnn (l'), comédie en trois actes,
par Danoourt, jouée aux Français en 1710.
Amour et la Vérité (l'), comédie en' trois
actes, par Marivaux, jouée aux Italiens (1720).
Marivaux, en sortant d'une loge où il assis-
tait incognito à la représentation de cette
pièce , qui n'eut point do succès , dit qu'elle
l'avait beaucoup plus ennuyé qu'un autre ,
attendu qu'il en était l'auteur.
Amour précepteur (l'), comédie en trois
actes et en prose, par Gueutette (1726).
Amours de» Dieu* (lIÎS), ballet Composé de
quatre entrées, avec prologue, paroles de Fu-
zelier, musique de Mouret (1727).
Amour marin (l'), opéra-comique en un acte,
par Le Sage et Dorneval, joué à la foire Saint-
Laurent en 1730.
Amours anonymes (les), comédie en trois
actes et en vers, par Boissy (Italiens, 1735).
Amour usé (i,'), comédie en cinq actes, par
Destouches, jouée aux Français en 1741.
Amour pour amour, comédie en trois actes,
par La Chaussée, jouée aux Français en 1742.
C'est une espèce de féerie, qui reproduit en par-
tie le sujet de Zémire et Azor,et qui renferme
un commentaire assez fade de la charmante
fable de La Fontaine : Tyrr.is et Amarante.
, Amour musicien (l'), comédie en un acte et.
en vers, par Poisson, 1743. Cette pièce n'eut
que les honneurs de l'impressior '
Amour au village (!.'), opéra-cemique en un
acte de Favart, représenté à la foire Saint-
Germain en 1745.
Amours d'été (les), comédie-vaudeville de
Favart, très-vivement critiquée par La Harpe,
surtout à cause du style, que l'Aristarque
trouvait trop dépourvu de naturel. /
Amour filial (l'), opéra- comique en deux,
actes, paroles de Rosoy, musique de Raguô,
représenté en 1780. L'air de Colette, Un sen-
timent cher et paisible, chanté par M"" Des-
brosses, a obtenu un certain succès ; la caba-
lette, en si bémol mineur, ne manque pas de
Amour et mauvaise «Sic, opéra-comique en
trois actes, paroles d'Arnoult, musique de A.
Piccinni, représenté le 17 mai 1808. ,
Amour à l'encan (l'), tableau de M. Picou,
salon de 1855. L'Amour est à vendre; le mar-
chand le tient par les ailes et le montre à ses
pratiques. « Les agioteuses ne manquent pas,
dit Théophile Gautier. Voici d'abord une
délicieuse blonde qui se soulève sur son lit de
repos, et caresse de son regard chargé de molles
convoitises « l'oiseau qui n'a plume qu'aux
294
AMO
■ ailes, » Elle est demi-nue, et sa blancheur
laiteuse fait ressortir la peau bronzée d'une
brune aux cheveux d'ébène, à l'œil passionné-
ment noir, qui couvrira certainement l'en-
chère. Derrière ce groupe s'avancent curieu-
sement les tètes de quelques jeunes filles espiè-
gles et désireuses, de celles qui chuchotent
leur secret à l'oreille des Vénus de marbre. »
Voici encore une femme d'un âge mur, assise
sur un fauteuil, et qui jette à l'Amour un
regard de connaisseuse; et, de cet autre
côté, deux vieilles qui n'hésitent pas à entrer
en lice, et qui apportent de l'argent à défaut
de jeunesse. Cette composition, imitée de la
Marchande d'Amours, de Pompéi, est arran-
gée avec goût: les figures sont traitées avec
une exquise délicatesse ; le coloris est un peu
pâle, mais la gamme en est des plus harmo-
nieuses. M. Picou
le genre néo-grec.
Amour e« Psyché (l')} tableau de Fr. Gérard ,
musée du Louvre. Cette peinture traduit, sous
la forme la plus chaste et la plus attrayante,
l'allégorie quelque peu voluptueuse par laquelle
les Grées avaient exprimé les premières émo-
tions de l'âme qui s'éveille au souffle de la
passion. Psyché , presque entièrement nue ,
""* ""~: "n tertre de gazon, pressant ses
;in. Un papillon, symbole de
;atêté, et l'Amour,
' e timidement et
.... s grâce exquise
dans l'attitude de ces deux adolescents que la
pudeur tend à éloigner l'un de l'autre, mais
que rapproche un sentiment puissant, irré-
sistible. La physionomie de Psyché exprime
une joie ingénue, un étonnement naïf, et son
bel amoureux n'a rien de l'effronterie du
Cupidon de la Fable. Cette composition, expo-
sée au Salon de 1797, fut très-admirée par les
uns, et vivementcritiquéepar les autres. Après
être restée trois ans dans l'atelier du peintre,
que n'avait pas encore visité la fortune , elle
rut achetée à frais communs, au prix de
6,000 fr., par l'architecte Fontaine et Le
Breton , secrétaire de l'Institut. Elle passa
ensuite dans la collection du général Rapp,
puis dans celle de Louis XVIII, qui la paya
22,100 fr., en 1822. Bien que Gérard ait mis a
la peindre le soin le plus minutieux, et qu'il se
soit attaché à imiter la pureté et l'élégance
des formes antiques, on ne peut nier que cer-
taines parties ne laissent à désirer sous le'
rapport de la correction. A l'époque où elle
parut, le sculpteur Giraut, classique enthou-
siaste , faisant remarquer la portion du corps
au-dessous de la poitrine trop mollement accu-
sée dans Psyché, demanda malignement si
les cotes y étaient peintes en long ou en large.
Quoi qu'il en soit, ce tableau est resté une pro-
duction fort remarquable de l'époque et 1 une
des mieux réussies de Gérara. Elle a été
gravée parGodefroi et lithographiée par Aubry
le Comte.
Amour et Psyché (l'), tableau de David.
A demi couché sur un lit de forme antique, à
côté de Psyché endormie, le dieu volage
écarte doucement le bras de son amie posé
sur sa jambe. Il veut s'éloigner. L'expression
maligne de son visage contraste avec l'air de
douce béatitude qui rayonne sur les traits de
la crédule Psyché. Au-dessus des deux amants
voltige le papillon symbolique. Ce tableau,
exposé au Salon de 1823, valut à l'auteur
alors en exil , les plus vives louanges , et lui
attira les critiques les plus acerbes. « On peut
le regarder, selon M. Deléeluze , comme le
dernier des ouvrages de David qui aient eu de
l'influence sur l'esprit des jeunes artistes qui,
en ce moment, s'apprêtaient à faire une révo-
lution dans l'art de la peinture. ■ Chose sin-
gulière , ce furent les admirateurs fanatiques
de l'Enlèvement des Sabines et des Horaces
qui blâmèrent ce tableau. L'accent de vérité
que le peintre a cherché à donner aux formes
de ses personnages , à l'expression de leur
visage, la chaleur inusitée du coloris, semblè-
rent a ces partisans exclusifs du haut style
des concessions faites aux doctrines nou-
velles. Tant d'indignation à propos d'une com-
position où nous ne voyons que deux figures
académiques dessinées avec une correction
irréprochable, peut donner la mesure des
colères qui allaient fondre sur les œuvres des
romantiques. Le tableau de David a été gravé
Ïiar Potrelle ; il faisait alors partie de la eol-
ection du comte de Sommariva.
Amour ci P.ychc (l'). Sous ce titre commun,
on admire au musée du Louvre deux groupes
ravissants d'Antonio Canova. Dans le premier,
Psyché parée des grâces naïves de la première
jeunesse, la tête légèrement penchée, tient
avec précaution entre ses doigts délicats un
papillon, son emblème ou celui de l'âme, qu'elle
pose sur la main gauche de l'Amour. Celui-ci,
enlaçant de son bras droit le corps de sajeune
amie, appuie légèrement la tète sur son épaule
et regarde avec un plaisir mêlé d'attendrisse-
ment l'insecte brillant qu'elle lui confie, et que
bientôt il se fera un jeu de tourmenter. « Rien
de plus gracieux, dit M. de Clarac, rien de
plus innocent et de plus simple que la pose de
ces deux jolies figures : elles se font valoir
l'une l'autre, leurs contours charmants s'unis-
sent sans se confondre, et, de tout côté,
ce groupe offre les formes les plus coulantes
et les plus moelleuses, ainsi qu'un heureux
concours de lignes. •
Dans le second groupe, Psyché, abandonnée,
Ïiersécutée, éperdue, invoque la mort, qu'é-
oigne la cruelle Vénus; auprès d'elle est le
AMO
vase dans lequel on l'avait condamnée à aller
Êuiser de l'eau du Styx.. L'Amour l'aperçoit;
i beauté, la douleur de celle qu'il a délaissée
raniment son ardeur; il dirige son vol vers
elle, et, la soutenant au moment où elle va se
précipiter dans un abîme , il la serre dans
"" *~ — et la relève en lui prodiguant mille
Avant d'être placé au musée, ce groupe,
auquel on peut adresser les mêmes éloges
qu'au précédent, faisait l'ornement du château
de Compiègne; il date de 1793.
Amour domiuMcur (l'), statue en marbre,
l'une des dernières productions de F. Rude ;
musée de Dijon. Ce chef-d'œuvre a été exposé
au salon de 1857, dix-huit mois après la mort du
célèbre sculpteur. Rude a expliqué lui-même,
dans une lettre citée au livret de cette expo-
sition, de quelle manière il a compris ce vieux
sujet de l'Amour : « Je place l'esprit au milieu
de la matière ; cette petite figure allégorique
que nous appelons Amour, et que les Grecs
regardaient comme le plus ancien de tous les
dieux, ce génie féconde toute la création. Je
figure l'eau tout autour de la terre ; les oiseaux
représenteront l'air; le feu sera le flambeau.
Je tâcherai de décorer, sans prétention ni con-
fusion, l'Eau et la Terre : des poissons, des
coquillages pour celle-ci ; sur le promontoire,
des fleurs, de petits reptiles, enfants de la
Terre. Un serpent, faisant le tour de la plinthe,
terminera cette composition par la représen-
tation de l'éternité. « L'artiste a été fidèle à
ce programme et l'a rendu avec l'habileté d'un
praticien rompu à toutes les finesses du métier,
La composition est d'une simplicité magistrale ;
les accessoires n'enlèvent rien à l'attrait de la
ligure principale. Le jeune dieu, agitant son
flambeau sacré, est assis dans une attitude
pleine de fierté. Son carquois et son arc, attri-
buts de sa puissance, reposent à terre. A ses
pieds s'ébattent amoureusement deux colom-
bes. Son corps, modelé avec une grande science
de l'anatomie, a toute la souplesse de la nature
vivante : les formes joignent à une vigueur
juvénile une élégance et une délicatesse idéa-
les. La tète a une expression superbe. Il semble
que Rude, en créant cette admirable figure,
se soit inspiré de ces belles paroles de Pierre
Leroux : « L'amour est la plus grande chose
qui ait un nom dans la vie humaine, et la plus
intelligible en son mystère infini. ..Toute beauté
vient de lui et le reflète. C'est lui qui, embras-
sant l'univers dans une éternelle étreinte, le
fait voir beau et palpitant, et l'emplit de ger-
mes qu'il fait éclore. L'amour, en un mot, c'est
la puissance féconde, dominatrice du monde;
c'est la vie. »
Amour (Représentations diverses de i/).
La personnification de l'Amour, une des créa-
tions les plus gracieuses de la mythologie ,
semble avoir été imaginée tout exprès pour
inspirer les œuvres les plus délicates de la
peinture et de la sculpture. Les anciens comp-
taient parmi les chefs-d'œuvre de Praxitèle
un Cupidon bandant l'arc, qui appartenait à
la ville de Thespies. Il existe plusieurs copies
, ,.-. ., du musée degli Studj,
à Naples. Dans cette dernière galerie, on peut
admirer encore un groupe antique, d'une bizar-
rerie charmante, représentant un Amour aga-
çant un dauphin. L 'Amour endormi, du Vatican,
est aussi une des plus gracieuses productions
de l'antiquité qu'ait épargnées le temps. L'i-
mage de ce petit dieu malin se reproduit sans
cesse sur les murailles des édifices de Pompéi.
Nous nous contenterons de citer les Amours
dansants, jouant de divers instruments et don-
nant à manger à l'aigle de Jupiter, qui décorent
le temple d Auguste • l'A mour se plaignant à sa
mère au mépris de Diane, une des plus jolies
peintures de la Maison du poète j l'Amour
cherchant à s'emparer du panier que porte
une jeune fille, dans la Maison de la muraille
noire ; l'Amour désarmé et fait prisonnier par
deux jeunes filles, composition ingénieuse à
laquelle la Maison de l'Amour puni doit son
nom ; des Amours péchant à la ligne, des Mar-
chands et des Marchandes d'Amours, allégories
très -transparentes, fréquemment employées
par les décorateurs de Pompéi , et dont les
plus beaux spécimens figurent au musée degli
Studj, etc.
« On ne sait, dit Y Encyclopédie, pourquoi la
plupart des peintres et des sculpteurs représen-
tèrent l'Amour comme un enfant. Ce n'en était
pas un que l'amant de Psyché. Sur les pierres
gravées les plus anciennes , il parait comme
un jeune garçon ou un adolescent , avec de
grandes ailes d'aigle, telles qu'en donnait à
tous les dieux la plus haute antiquité. » Phry-
gillus, Solon et Tryphon lui donnèrent les pre-
miers une forme plus enfantine et des ailes
plus courtes ; c'est dans cette forme qu'il est
représenté sur une infinité de pierres gra-
vées, de bas-reliefs et de peintures antiques.
Les attributs qu'on lui prête sont extrême-
ment variés. Tantôt, pour désigner sa puis-
sance, on lui prête la foudre de Jupiter ou
bien les armes d'Hercule, la massue, la peau
du lion; tantôt on le figure jouant de la flûte
ou échangeant son arc contre une lyre, par
allusion aux charmes de la volupté ; ailleurs
on le montre portant un thyrse, et tenant une
coupe qu'il est sur le point de vider, en vertu
de l'adage bien connu : Sine Baccho friget
Venus. Ailleurs encore, il guide avec des cordes
la voile d'une nacelle, allégorie quelque peu
obscure où Gori reconnaît le passage des âmes
aux champs Elysées , et Vv'inckelmaiin, avec
plus de raison , ce semble , l'application dé
l'expression grecque erôtoploein, naviguer sur
la mer de lAmour : navigation féconde en
naufrages, en scènes de deuil, ainsi qu'a voulu
sans doute l'indiquer cet autre artiste oui a
représenté l'Amour renversant un flambeau
allumé.
Les peintres delà Renaissance, en introdui-
sant dans leurs compositions tout l'attirail
mythologique, renouvelé des Grecs et des
Romains , n'eurent garde d'oublier l'Amour.
Nous le retrouvons dans trois tableaux de
est occupé à lancer des traits qui excitent la
jalousie de Vulcain. Lorenzo Costa nous le
montre couronnant Isabelle d'Esté , marquise
de Mantoue, pour laquelle le Pérugin fit cette
autre peinture où, au milieu d'une prairie con-
sacrée à Vénus, on voit la Chasteté mettant
en déroute des Amours qui entraînent à leur
suite des femmes enchaînées par des cordons
de soie. Les plus grands maîtres de l'école
italienne font intervenir Cupidon dans leurs
allégories moitié païennes, moitié chrétiennes.
L'Amour profane et l'Amowr divin, de la galerie
Borghèse, comptent parmi les chefs-d'œuvre
du Titien. Le sévère Caravage a peint l'Amour
endormi ( palais Pitti ) ; le Corrége, V Amour
cherchant à se faire un arc de la massue d'Her-
cule (gravé par Van de Steen) ; Jules Romain,
des Amours montés sur des dauphins (gravé
par Adamo Ghisi de Mantoue). C'est dans
•l'école bolonaise surtout qu'il faut chercher
les peintres de l'Amour : Annibal Carrache,
qui a peint presque autant de sujets mytholo-
giques que de sujets religieux , déploya une
élégance et une grâce exquises dans les allé-
gories de l'Amour vertueux et de l'Amour dé-
réglé, qu'il exécuta dans la galerie du palais
Farnèse ; Augustin, son frère, illustra par son
pinceau et plus souvent encore par son burin,
les fables dont le héros est Cupidon; on dit
même qu'il éprouva vers la fin de sa vie les
plus vifs remords à l'idée des estampes lascives
qu'il avait faites dans sa jeunesse, et, à dire
vrai, l'Amowr céleste, l'Amour terrestre et l'A-
mour vénal, qu'il peignit peu de temps avant
de mourir, dans le palais du duc do Parme,
attestent une imagination très-calme. Le Do-
miniquin et le Guide suivirent les traditions
des Carrache', leurs maîtres. Du premier, le
Louvre possède un Amour triomphant, assis
sur un char auquel sont attelées deux colom-
bes. Nommons enfin l'Albane, qui a si bien
mérité d'être appelé l'Anacréon de la peinture,
car de son atelier s'est envolé un essaim in-
nombrable de jolis petits Amours, à'Amorini,
comme disent les Italiens. » La nature, dit
Lanzi, l'avait formé pour ce genre de sujets;
la lecture des poètes, l'y disposa encore davan-
tage , et la fortune même acheva de l'y atta-
cher, car ayant eu en partage une femme et
douze enfants d'une rare beauté, il avait tou-
jours à sa disposition les plus beaux modèles '
pour ses études. » Il serait trop^ long de citer
tous les tableaux où il a mis en scène des
Amours, tantôt formant des rondes sur le vert
tapis des prés, tantôt tressant des guirlandes,
tantôt s'exerçant à tirer de l'arc contre un
cœur suspendu en l'air, en guise de cible. Les
célèbres allégories des Quatre-Saisons', de la
galerie Borghèse, sont peuplées de ces gra-
cieuses figures d'enfants. Ici, ils aident Vul-
cain à forger des dards; là ils tendent des
pièges aux oiseaux ; ailleurs, ils volent dans
tes airs, ils nagent ou pèchent dans la mer, ils
cueillent des fleurs pour en former des cou-
Les peintres flamands du commencement
du xvi« siècle rapportèrent d'Italie le culte
des Amours. Rubens affectionnait particu-
lièrement . ces petits culs nus, qui lui four-
nissaient une excellente occasion d'exercer
son talent de coloriste ; il en a mis dans toutes
ses compositions allégoriques ; il leur a même
consacré des toiles spéciales, entre autres
cette piquante Fête de Vénus à Cythère, qu'on
voit au musée devienne. Rembrandt s'est lui-
même essayé à la représentation de l'Amour,
témoin son tableau du Louvre, où il nous
montre le petit dieu assis Sur les genoux de
Vénus : mais le marmot , malgré ses ailes ,
semble échappé de quelque taudis d'Amster-
dam, et la mère est une grosse femme d u peuple ,
vêtue à la mode hollandaise. L'illustre Van
Ryn traitait la mythologie avec autant de sans
façon que la Bible et l'Evangile.
En France, les Cupidons enfantés à Fontaine-
bleau par le Primatice et par son ami dell'Abate,
ont eu une postérité qui s'est accrue et multi-
pliée à l'infini jusqu'à nos jours. Est-il besoin
de rappeler les charmantes fantaisies dont le
pieux Le Sueur avait décoré l'hôtel Lambert,
et qui, depuis, ont été placées au Louvre : la
Naissance de l'Amour, Vénus présentant l'A-
mour à Jupiter, l'Amour réprimandé par sa
mère, l'Amour recevant les présents des dieux,
l'Amour ordonnant à Mercure d'annoncer son
pouvoir à l'univers, l'Amour dérobant la foudre
de Jupiter? Vers la fin du grand siècle, les
peintres de portraits adoptèrent l'habitude de
placer des Amours dans leurs tableaux ; Lar-
gillière excellait à peindre ces enfants aux
formes rebondies, au minois mutin. Sous la
Régence, monsieur de Cupidon devint décidé-
ment le héros à la mode : Le Moyne, Natoire,
Charles Coypel, et un peu plus tard Carie Van
Loo et Boucher furent ses peintres officiels.
Carie Van Loo, coloriste délicat, quoiqu'un
r la magie de leur
AMO
peu lâché, dépensa beaucoup de talent h varier
le sujet de ses compositions j il finit par aboutir
aux plus plates et aux plus ridicules concep-
tions , telles que : l'Aine des Amours faisant
faire l'exercice à ses cadets, un des derniers
tableaux qu'il a exposés. Le vrai maître du
genre est Boucher ; il gaspilla dans ses innom-
brables ouvrages des qualités qui auraient pu
te conduire a mieux, une imagination féconde,
une facilité d'exécution qui tenait du prodige,
un dessin toujours gracieux, sinon toujours
correct, un coloris clair et séduisant jusque
dans ses mensonges. « Cet homme est la ruine
de tous les jeunes élèves en peinture, écrivait
Diderot en 17G3. A peine savent-ils manier le
pinceau et tenir la palette , qu'ils se tourmen-
tent à enchaîner'des guirlandes d'enfants, à
peindre des visages joufflus et à se jeter dans
toutes sortes d'extravagances qui ne sont ra-
chetées ni par la chaleur, ni par l'originalité,
t.; r,™ ia gentillesse, ni p-" '" >•»>»!" <<» ' —
Jos .
les précurseurs de ta réforme académique, qui
n'ait été gagné par la contagion : il exposa,
en 1763, une Marchande d la toilette, imitée de
la Marchande d'Amours de Pompéi; c'est une
esclave romaine ayant près d'elle un panier
d'osier rempli à'Amorini; celui qu'elle tient
par ses deux ailes bleues fait un geste indé-
cent dont la signification a été précisée par
Diderot en des termes trop transparents pour
être reproduits ici. Michel Van Loo, Lagrenée,
Baudouin, Fragonard, furent les imitateurs et
les continuateurs de Carie Van Loo et de
Boucher, dans le genre erotique ; Prud'hon, qui
s'y exerça également , déploya une grâce et
une naïveté inconnues avant lui. Chassés pour
quelque temps de la peinture par les Romains
de David , les Amours ont fini par trouver un
asile dans l'atelier de l'école contemporaine
des néo-Grecs, h' Amour à l'encan et la Moisson
d'Amours, de M. Picou, l'Amour et son trou-
peau, de M. Hamon, et les jolis madrigaux
du même artiste, Ma sœur n'y est pas, Ce n'est
pas moi, la Comédie humaine , ont obtenu un
succès que justifiaient le charme des détails,
la finesse et les agréments du coloris. Mais ces
premiers tableaux sont restés ses chefs-
d'œuvre. Depuis, leur puérilité spirituelle a
fait place à l'afféterie ; la fantaisie a tourné
à l'érudition ; Cupidon a perdu sa malice en-
fantine. « Hélas [ s'est écrié M. Paul de Saint-
Victor, l'enfant vieillit et il vieillit sans gran-
dir; sa grâce s'étiole, sa gentillesse se grime,
son atticisme grimace. De grec qu'il était, il
s'est fait helléniste. Ce n'est plus qu'un viei*
marmot qui poursuit les papillons de Cythère,
un Dictionnaire d'antiquités sous le bras.
J'aime mieux les Amours de Boucher avec
leurs grâces minaudières et leurs faciles sima-
grées. Ceux-là, du moins, n'ont pas fait leurs
classes ; ils sont artificiels de naissance. A qui
voudrait reprendre leur anatomie chiffonnée
et leurs pirouettes de ballet, ils pourraient
répondre comme Henriette dans les Femmes
savantes :
Excusez-moi, monsieur, je ne eais pas le grec. ■
AMODR (le Sakhalian des Mandchoux; le
Hoen-Thoung-Kiang des Chinois), grand fleuve
de la Chine , dans la Mandchourie , affl. de
l'océan Pacifique. 3,500 kil. de cours, navigable
dans toute son étendue.
AMOUR (Territoire de i/), grande division
administrative de l'empire russe, dans la Sibé-
rie orientale, créée en 1858; comprend une
partie du bassin septentrional du fleuve de ce
nom. Ce pays est destiné à devenir le centre
d'un grand commerce avec l'Amérique, la
Chine et le Japon. Le territoire se divise en
deux provinces , dont la plus petite est d'une
étendue plus considérable que la France.
AMOUR (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Jura);
arrond. de Lons-le-Saulnier ; pop, aggl. 1,732
hab. — pop. tôt. 2,343 hab. Commerce de mar-
brerie, poterie, tannerie; restes d'un ancien
château dont les fortifications étaient jadis
considérables.
AMOURACHANT (a- mou-ra-chan) part,
près, du v. Amouracher.
AMOURACHÉ, ÉE ( a-mou-ra-ché ) part,
pass. du v. Amouracher.
AMOURACHER v. a. ou tr. ( a-mou-ra-chè
— rad. amour). Engager dans un fol amour,
une folle passion : Je ne sais qui a pu I'ahov-
racher de cette petite sotte. Si les filles vou-
laient dire la vérité, on serait bien étonné de
ce qui les amqurache. ( Balz.)
S'amouracher, v. pr. S'éprendre d'une folle
passion pour une personne ou pour une chose :
Il s'amouracha dfune femme indigne de lui. Il
vint à s'amouracher de madame de Villars,
laquelle, comme estant de la race pudique de
France, lui fit assez froid pour le commence-
ment. (Sully.) Il s'est amouraché des sciences
occultes. (Acad.) Madame Paul s'est amoura-
chée d'un grand benêt de vingt-cinq ans; elle
l'épouse; cest un garçon brutal, qui la battra
comme plâtre. (Mme de Sév.) C'était une de ces
idoles passagères dont Paris a besoin, et dont il
s'amourache pour quelques jours. (Balz.)
amourette s. f. (a-mou-rè-te — rad.
amour). Fam. Amour passager; caprice :
Avoir des amourettes en tête. Je vois bien qu'il
y a là-dessous quelque amourette. (Mol.) Une
amourette est bien peu de chose. (G. Saud.)
Ce n'est pas une amourette, monsieur; c'est
une passion. ( E. Augier.) Il eut des amou-
rettes, il fit quelques fredaines. (Ste-Beuve.)
Que de goguettes !
BÉRANDER.
Des ai
On en voit tant que c'est pitié;
Mais, de grâce, amour, amitié.
Apprenez-moi donc où vous êtes.
Chanson pop.
Qu'on lui parle d'amourette,
- Bile fait la sœur Colette,
La mignonne et la doucette
Comme une simple nonnette. Périh.
— Ancien prov., cité par Brantôme :
Mariages qui se font par amourettes
Finissent par noisettes,
c'ost^à-dire tournent mal.
— Art culin. La moelle épinière du mouton,
et surtout du veau, que Ton détache et dont
on fait des garnitures : Vol-au-vent aux amou-
rettes. Financière aux amourettes. Seruir à
quelqu'un les amourettes.
— Bot. Nom vulgaire donné à diverses
plantes des champs, qui se font remarquer
par un port gracieux : Amourette de Saint-
Christophe. Amourette bâtarde. Amourette
franche. Amourette des prés. Amourette trem-
blante, etc. Voyez les fibrilles déliées, fleu-
ries, sans cesse agitées de /'amourette purpu-
rine, gui verse à flots ses anthères presque
jaunes. (Balz.)
- Entom. Petit coléoptère dont la larve
amour. V. AMOUR.
— Syn. A™.
AMOUREUSEMENT adv. (a-
man — rad. amoureux). Avec
manière amoureuse : Regarder
ment. Soupirer amoureusement. En plt...
jour et devant sa fille, il avait trop amoureu-
sement baisé sa femme. (Amyot.) h Affectueu-
sement : Elle faisait fondre chacun en larmes,
en se jetant amoureusement sur le corps de
cette mourante, qu'elle appelait sa chère mère.
(Mol.)
Voyant son maître en joie, il (l'âne) s'en vient lour-
Lève une corne tout usée, [dément,
La lui porte au menton fort amoureusement.
La Fontaine.
— Par anal. : La brise est douce, et les vieux
chênes frissonnent amoureusement sous son
haleine. (E. Sue.) Quelque chose de pastoral et
d'AMOUItuusEMENT rêveur jaillissait pour moi
de ces mots riches en voyelles et cadencés comme
des chants d'oiseaux. (Gér. do Nerv.) J'éprou-
vais une indicible volupté à voir dans les prai-
ries humides les narcisses penchés amoureu-
sement sur eux-mêmes et se mirant dans la
rosée. (A. Houss.)
— B.-arts. Avec délicatesse, avec grâce :
Tableau peint amoureusement. Ils ont abordé
l'art en artistes, et se sSnt mis amoureusement
à créer. (Ste-Beuve.)
AMOUREUX, EUSEadj. (a-mou-reu, eu-ze
— rad. amour). Qui aime par amour : Etre
amoureux., éperdument amoureux. Elle est
amoureuse de lui. Il est tombé amoureux de
cette femme. Celui qui ne chérit pas les défauts
de celle qu'il aime, ne peut pas dire qu'il soit
vraiment amoureux. (Caldéron.) Un honnête
homme peut être amoureux comme un fou, mais
non pas comme un sot. (La Rochef.) C'est une
grande difformité dans la nature qu'un vieillard
amoureux. (La Bruy.) Vous êtes malade, vous
pleurez, vous enragez : vous êtes amoureux.
(Mme de Sév.) Je devins si amoureux de dona
Maria que je ne voyais plus qu'elle. (Le Sage.)
La moins coquette des femmes sait qu'on est
amoureux d'elle un peu avant celui qui en de-
vient amoureux. (Florian.) Blâmer un jeune
homme d'être amoureux, c'est reprocher à quel-
qu'un d'être malade. (Duclos.) A cette époque,
le duc d'Orléans était amoureux fou de ma-
dame de Buffon. (M"ie Elliott.) Quand j'étais
jeuneJ'étaisAMOVREVxtoutunjour. (V. Hugo.)
Qu'un galant homme est
st jaloux, Titus est amoureux.
tu peux et choi
is si tu l'oses.
LaChj
es gens d'esprit
et les heureux
m que les autres. (Pasc.) n Qui a rapport
~ * «niour ; qui indique de l'amour : Regard
amoureux. Langage amoureux. Style amou-
reux. Epitre, élégie amoureuse. Tout l'empire
amoureux est rempli d'histoires tragiques.
(Mme de Sév.) Dans un transport amoureux,
il se perça le sein à ses pieds. (La Bruy.) Sa-
vez-vous que ce n'est pas bien de manquer les
affaires les plus intéressantes pour suivre une
intrigue amoureuse? (Alex. Duval.) A part la
petite satisfaction que sa vanité y trouve, les dé-
sespoirs amoureux l'assomment. (Th. Gaut.)
Je servis & regret ses desseins
Un respect amoureux me jette à ses genoux.
Corneille.
• — Par ext.' Qui a un goût prononcé, une
sorte de passion pour quelque chose : Amou-
Un est toujours amoureux des choses nouvelles.
(La Font.) J'estimais fort l'éloquence, et j'étais
amoureux de la poésie. (Descartes.)
Je laisse fuir le lâche i
Tous ces pompeux amas d'expressions frivoles
Sont d'un déclamateur amoureux de paroles.
Bou-eau.
Il Etre amoureux de ses idées, de ses opinions,
de ses ouvrages, En être entiché.
— Anat. Muscle amoureux, Le muscle grand
oblique de l'œil.
— Peint. Pinceau amoureux, Celui' dont la
touche est délicate et moelleuse.
— Agric. Terre amoureust, Celle qui est
tien ameublie par les labours et les engrais.
— Manuf. Drap amoureux, Celui qui est
soyeux, doux au toucher.
— École fouriériste. Liberté amoureuse ,
Nom donné assez souvent à la liberté des
amours. H Majorité amoureuse, Age auquel la
société devrait accorder. aux femmes la liberté
complète des amours. Ch. Fourier fixe cet âge
à dix-huit ans. On devrait,- dit-il, en civilisa-
tion, distinguer les femmes en deux grandes
classes : les jouvencelles au-dessous de dix-
huitans, et les émancipées au-dessus de dix-huit
ans. || Confusion amoureuse , Nom sous lequel
Ch. Fourier désigne l'usage où l'on est, dit-il,
en civilisation, de n'admettre aucune gradation
de vices ni de vertus dans les amours. Il Cor-
porations amoureuses, Classes dans lesquelles
doivent se ranger les femmes qui ont atteint
la majorité amoureuse. Ces corporations sont
au nombre de trois : 1° les épouses qui n'ont
qu'un seul homme à perpétuité ; 2» les damoi-
selles ou demi-dames, oui peuvent changer de
possesseurs pourvu qu'elles les prennent suc-
cessivement, un seul à la fois, et que la sépa-
ration s'opère avec régularité ; 3" les galantes,
dont les statuts sont moins rigoureux encore.
Fourier divise chacune de ces trois corpora-
tions en trois genres, pour lesquels il y a des
tableaux nominaux dressés dans chaque ville
ou canton. Il ajoute que toute femme peut
changer à volonté de corporation. Tel est
l'ordre de choses que le réformateur propose
de substituer au système actuel des relations
amoureuses.
— dubstantiv. Amant, amante; fiancé,
fiancée : Elle a d'ailleurs un amoureux qui
serait au désespoir de la voir à un autre.
(Grimm.) Belle amoureuse, reprit tendrement
Phœbus, qu'est-ce que c'est que ces folies-là?
(V. Hugo.) Pour ramener à elles leurs amou-
" îles, elles faisaient les avances les plus
marquées. (Th. Gaut.)
Il Celui qui est passionné pour une chose :
Tout ce que peuvent ces misérables amoureux
des grandeurs humaines, c'est de goûter telle-
ment la vie qu'ils ne songent point à la mort.
(B08S.)
— Amoureux transi, Homme qui fait l'amour
d'une manière timide, froide, réservée :
Ils s'affligent par art, et, fous de sens rassis.
S'érigent, pour rimer, en amoureux transis.
Boilëau.
— Prov. Amoureux des onze mille vierges:
Se dit d'un homme qui devient épris de toutes
les femmes qu'il rencontre. Il On dit aussi
dans le même sens : Amoureux d'une chèvre
coiffée, d'une chienne coiffée.
Hist. Guerre des amoureux. Se dit de
cour de Henri de Navarre et à celle de Ca-
therine de Médicis.
— Art dram. Nom donné, au théâtre, aux
personnages chargés d'aimer, d'être aimés,
et de traduire les joies, les douleurs inhé-
rentes à cette double situation : Jouer les
rôles <£'amoureux, ^'amoureuses. Jouer les
amoureux.
— Jeu. Nom de la sixième triomphe, au jeu
des tarots.
— Encycl. En général, les rôles d'amoureux
sont considérés, au théâtre, comme des emplois
secondaires ; ainsi Valère , Eraste , Cléante ,
s'effacent complètement devant Scapin, Ar-
gant et Harpagon; de même Bajazet et Bri-
tannicus sont bien pâles à côté des personna-
lités vigoureuses qui occupent le premier plan.
Le théâtre antique laissait volontiers l'amour
de côté. Il en est de même chez nous, du moins
pour la comédie, où l'amour, avec, ses petites
joies, ses petits chagrins, les petits obstacles
qu'il rencontre, n'est le plus souvent qu'un ac-
cessoire confié à des sujets de second ordre.
Toutefois, dans la tragédie et la haute comé-
die, l'amour, avec ses grands mouvements,
ses tempêtes du cœur, ses dévouements subli-
mes, appartient presque toujours aux premiers
rôles. Tels sont Othello, Oreste,Hermione, Ca-
mille, Phèdre, Alceste, Don Juan, Zaïre, etc.
A ces derniers la passion, les emportements,
la fureur ; aux autres la sentimentalité et ses
fadeurs. L'emploi des amoureux exige beau-
coup de qualités réunies : une figure agréable,
un organe séduisant, de la jeunesse, un débit
animé, un maintien noble et de la distinction,
telles sont les conditions indispensables pour
le bien remplir : Valère, du Tartufe; Clitandre,
des Femmes savantes ; le marquis, de Turcaret ;
Oscar, du Jeujte mari; Saverny, de Marion
AMO
Delorme, sont de charmants rôles d'amoureux.
De grandes réputations ont été conquises dans
cet emploi difficile : Mole , Armand , Fleury,
Mlle Mars, Firmin, ont laissé des souvenirs qui
ne s'effaceront pas de sitôt. C'est qu'ils pos-
sédaient au plus haut degré cette exquise dis-
tinction, ces grandes manières que la bonne
compagnie étudiait chez eux, et que l'on re-
trouve encore aujourd'hui dans MM. Bressant
etDelaunay,delaComédie-Française.Mais,en
généraL les amoureux de nos jours se préoc-
cupent beaucoup plus du nœud de leur cra-
vate et de la coupe de leur gilet que de la per-
fection dramatique; quant à nos amoureuses,
elles s'appliquent non à avoir de la grâce ,
mais à étaler leurs diamants et les étoffes
moelleuses de leurs robes, et Apelles pourrait
leur dire : « Ne pouvant vous faire belles, vous
vous faites riches. » Aussi ne nous reste-t-il plus
guère que des amoureux de vaudeville. — Cet
emploise subdivise en premier, deuxième, 'troi-
sième amoureux, suivant l'importance des
rôles. Les artistes qui tiennent le premier s'ap-
pellent aussi jeunes premiers, jeunes premières ;
des sujets qui s'y sont distingués, soit enfin de
la nature de leur voix : ainsi l'on dit : un
Colin, un Elleviou, un ténor.
— Syn. Amoureux, amant, galant. V. AMANT.
— Epithètes. Aimable, séduisant, complai-
sant, empressé, assidu, délicat, timide, res-
pectueux, passionné, fou, ridicule, suranné,
froid, transi.
Amoureux do qnlnxo nn. (i/), OU la Douille
tîta, comédie en trois actes, en prose, mêlée
, musique de Martini,
■s en 1771. Ce charmant
ouvrage obtint beaucoup de succès dès son
apparition ; c'est le chef-d'œuvre du doyen des
vaudevillistes, et le titre qui l'a fait recevoir à
l'Académie française.
AMOURIE s. f. (a-mou-rï). Bot. Dans quel-
ques parties du midi de la France, nom vul-
gaire du mûrier et des ronces qui portent des
mûres sauvages.
AMOUROCHE s. m. (a-mou-ro-cho). Bot.
Dans quelques parties de la France, nom
vulgaire de la maroute ou camomille puante,
maruta cotula.
AMOUR-propre s. m. Respect de soi-
même; sentiment que l'homme a de sa di-
gnité, do sa propre valeur : Avoir trop d'a.-
mour-propre pour se rendre coupable d'une
bassesse. Z'amour-propre bien entendu est le
fondement de plusieurs de nos vertus, et le mo-
bile de beaucoup de bonnes actions. (Acad.)
Z'amour-propre tient à l'estime de soi et non
pas à l'estime des autres. (T. Thorô.) Z'amour-
propre est à l'esprit ce que la sensibilité phy-
sique est au corps. (Bonnin.) Z'amour-propre
est un sentiment inné d'estime et d.e préférence
pour soi. (Laténa.) Z'amour-propre est un
des plus puissants ressorts du cœur humain.
(Laténa.) .
Perd dans un froid repos son active énergie."
FONTANES.
— Se dit le plus ordinairem. dans un sens
défavorable, pour désigner le trop grand at-
tachement d un homme à ce qui lui est per-
sonnel, l'opinion trop avantageuse qu'il a de
lui-même : Amour-propre ridicule , insup-
portable. Avoir trop «^'amour-propre. Etre
pétri d' amour-propre. Z'amour-propre sait
si bien se déguiser, qu'il est presque imper-
ceptible dans le fond de notre cœur. (St-Evrem.)
AMO
295
n ballon gonflé de vt
' ~s quand on y fait une
— "t tant rf'AMOUR-
r d'être raillé.
Z'amour-
dont il sort des tempèi
piqûre. (Volt.) Les fem
propre, que tors même qu'elles ne nous aiment
plus, elles éprouvent du dépit de nous voir suivre
leur exemple. (Marq. d'Argcns.) Z'amour-
propre est le plus sot des amours. (M">e Des-
houlières.) Le premier-né de Z'amour-propre
est l'orgueil. (Rivarol.) La Rochefoucauld, en
donnant Tamouh-propre pour mobile à' tous
les sentiments, a calomnié les coeurs vertueux.
(La Rochef.-Doud.)' Z'amour-propre est pres-
que toujours un égoïsme déguisé. (La Rochef-
Doud.) Z'amour-propre con ' ' ' ' "
blâmé, mais il ne peut souff
(Villemain.) C'est I'amovr-i 3.._
■-— J -"■■— ' '" — semblables. (Bonnin.)
. dissimulés . . .
Désintéresser f amour-propre ,
la raison de son plus redoutable
(Laténa.) .
IV 'amour-propre n'est
délivr
i par dépit,
tr-propre suffit.
Andrieux.
Faut-il que Vamour-jtropre ayeugli
— S'empl. au pi., en bonne ou en mauv.
part : Il avait froissé, blessé tous les amo
i. L'homme qui porte son talent
peuvent atteindre. (Cha-
teaub.) Une femme mariée a plusieurs amours-
propres. (Balz.) Les amours-propres inté-
ressés ont beaucoup de babil: (Ste-Beuve.)
■uperbe. L'orgueil est nne enflure par laquelle
l'homme s'étend et se grossit en quelque sorte
en lui-même, et rehausse son idée par «elle
de force, de grandeur et d'excellence. La su-
perbe est le nom de l'orgueil dans le langage
de la dévotion, ou c'est un terme dont on se
sert par dérision. L 'amour-propre est un or-
gueil sensible, irritable, susceptible, qui fait
qu'on s'offense aisément ; c'est aussi un orgueil
aveugle qui nous iette dans des illusions sur
ce qui nous regarde. La morgue est l'orgueil
de la contenance ; elle consiste à prendre un air
froid, grave, austère, afin d'inspirer le respect
ou la crainte.
m. Am
•-propre,
de soi est le résultat néces-
saire de la sensibilité ; il constitue l'essence
même de l'individualité, car nul ne peut s'ab-
straire de soi-même ; il est légitime quand il
se renferme dans les limites tracées par la
nécessité de la conservation et le besoin de
sant de toute limite, de toute loi morale, et
faisant du moi le centre du monde. Le mot
amour-propre, pris dans un sens général et.'
philosophique, se rapproche du mot éç/eïsme'
et s'entend du principe personnel d'action qui
rapporte tout a soi, exclusivement aux autres.
Dans le sens restreint qu'on lui donne généra-
lement aujourd'hui, il renferme l'idée d'estime
de soi plutôt que celle d'amour de soi ; il est syno-
nyme d'orgueil, de vanité ; il exprime la satis-
faction que nous tirons de nos qualités réelles ou
imaginaires , l'opinion avantageuse , souvent
trop avantageuse , que nous avons de nous-
mêmes. Amour de soi se prend en bonne part ;
égoïsme et .amour-propre présentent générale-
ment un sens défavorable. Dans son Emile, 3. -S.
Rousseau signale l'amour de soi comme un senti-
ment bon, absolu, qui est content quand nos
vrais besoins sont satisfaits, qui est compatible
avec les passions douces et affectueuses; et
l'amour -propre comme un sentiment relatif
par lequel on se compare, qui demande des
préférences, qui n'est jamais content, et d'où
naissent les passions haineuses et irascibles.
— Antonymes. Abnégation, désintéresse-
ment, humilité, modestie.
— Anecdotes. Un bedeau disait fièrement,
à la sortie d'un sermon prêché par un prédi-
cateur célèbre : « C'est moi qui l'ai sonné. »
Marie-Antoinette demandait unjour àGluck
si son opéra A'Armide serait bientôt terminé,
et s'il en était satisfait. « Oui , madame, ré-
pondit le maestro de l'air le plus naturel, et
vraiment ce sera superbe. »
Un homme vain et pétri A' amour-propre di-
sait : « Je ris de tous ceux qui me trouvent
ridicule. — Alors, lui répliqua quelqu'un, per-
sonne au monde ne doit rire plus souvent que
Un gueux demandait noblement l'aumône
sur la route de Madrid. Un passant lui dit .
« N'êtes-vous pas honteux de faire un métier
aussi vil quand vous pourriez travailler?
— Monsieur, répondit le mendiant avec une
fierté castillane, c'est de l'argent et non des
conseils que je demande. »
Collot-d'Herbois, le fameux conventionnel,
avait un fonds inépuisable de vanité et d'a-
mour-propre. On prétend que l'acharnement
qu'il mit à poursuivre les habitants de Lyon
n'avait sa source que dans les sifflets que lui
avait prodigués le parterre de cette malheu-
reuse cité, quand il était comédien.
■Bussy-Rabutin raconte que Louis XIV ayant
fait à Mme de Sévigné l'honneur de danser
avec elle, cette dame, en retournant à sa place,
qui était auprès de son cousin Bussy, lui dit :
a II faut avouer que le roi a de grandes qua-
lités ; je crois qu'il obscurcira la gloire de ses
prédécesseurs. — Certainement, répondit Bussy
puisqu'il vient d
n saurait douter,
Un jourque l'on donnait les Petites-Danaïdes,
un critique du lundi se trouvait dans les cou-
lisses à un moment où l'actrice chargée du
rôle de l'Amour y rentrait. Elle s'approche de
lui d'un air espiègle. «Tremble, lui dit-elle, je
suis l'Amour! — Ça se peut bien, répond le
critique en examinant sou costume flétri par
quatre-vingts représentations successives;
mais, en tout cas, tu n'es pas Y Amour propre. »
Al'une des premières séances de L'Assemblée
constituante, comme il s'agissait d'élire le pré-
sident, Mirabeau prit la parole pour indiquer
à ses collègues les conditions de caractère et
de talent que devait offrir celui qui serait ap-
pelé à l'honneur de présider l'Assemblée. Il
3 pas le reconnaître lui-n
trait à ce que vient de dire M. Mirabeau ; c'est
■lue le président doit être marqué de la petite-
vérole. »
Le fameux Vestris, danseur de l'Opéra,
était Gascon, et dans les deux acceptions du
mot. Il se faisait appeler le diou de la danse,
et disait hautement : « Je ne connais que trois
grands hommes en Europe, le roi de, Prusse,
Voltaire et moi u , et l'on savait gré a Véstris
de ne pas se nommer le premier. Il eut un
fils qui ne tarda pas à l'égaler sur la scène,
et il en était si enthousiasmé, qu'il disait en
le voyant danser : « S'il ne s'élève pas plus
haut, c'est pour ne pas trop humilier ses ca-
marades ; et puis, s'il se laissait aller a son élan,
il- s'ennuierait en l'air, faute de conversation. •
AMOVIBILITÉ s. f. (a-mc-vi-bi-li-té— rad.
amovible). Qualité, étatdecequi est ambVible :
//amovibilité des places. L amovibilité des
.fonctionnaires. .L'amovibilité «tes emplois est
de l'essence de notre gouvernement. (Etienne.)
Il Ce mot, créé par J.-J. Rousseau, a été vul-
garisé par Mirabeau, il Absol. : £'amovibi-
litè est vn des éléments de' la responsabilité.
(E. Regnault.)
-Par ext. ;
e Tai
bilite de la femme dans la société
(Ventura.) ■
— Fig. Changement, instabilité : Plus il y
a ^'amovibilité dans les rapports des personnes
entre elles, plus ily a d'instabilité, de désordre,
de faiblesse dans la société. (Bonald.)
— Encycl. V. Inamovibilité,
— Antonyme. Inamovibilité.
AMOVIBLE adj. (a-mo-vi-ble — du lat.
*- -■<*-■ •, do; r, - --'■-
lin France, les sénateurs ne soni ,
Si les juges étaient amovibles, 'la justice n'of-
frirait aucune garantie d'impartialité. Celte
chambre du parlement était nécessairement
composée de membres amovibles. (Volt.) j| Se
dit aussi des charges elles-mêmes : Emploi,
fonctions amovibles. Les cardinaux pensent
obtenir du roi des pensions, mais ces pensions
sont amovibles. (Volt.) Sous le despotisme
asiatique, tout est amovible comme la volonté
du maître. (Etienne.) Il est deux sortes de
magistratures : ^'amovible et l'inamovible, celle
qui est debout et celle qui est assise; celle qui
pérore et celle qui juge. (Cormen.)
— Dans un sens particulier, Qui peut être
éloigné, séparé : Ces trois personnes sont sé-
parabtes l'une de l'autre, c'est-à-dire amovi-
bles ; elles sont amovibles dans la famille par
la faculté du divorce. (De Bonald.)
— Antonyme. Inamovible.
AMPA s. m. (aa-pa). Bot. Figuier de
Madagascar.
AMPAC s. m. (an-pak). Bot. Genre de
plantes de la famille des térébenthacéos, ori-
ginaires de l'Océanie. '
— On donne aussi co nom à une résine odo-
riférante qui découle do ces arbres.
AMPANON ou EMPANON s. m. (an-pa-
non — du lat. ««ma, plume). Mot qui, dans
l'ancienne technologie militaire, désignait
les plumes qui garnissaient une flèche.
ampanyres s. m. pi. (an-pa-ni-re) . Géogr.
Habitants de l'île de Madagascar, formant une
caste particulière et différente de celle des
Madécasses, qui les méprisent à cause de leur
malpropreté et de leur paresse.
amparLeriE s. f. (an-par-le-rî — rad.
parler). Vieux mot qui désignait la fonction
d'amparlier, et, par ext. , causerie, bavardage.
amparlier s. m. (an-par-lié — rad. par-
ler). Nom quel'on donnait, au moyen âge, à dos
défenseurs officieux auxquels étaient confiées
certaines causes devant le .parlement de Paris.
Ce mot a été remplacé par celui d'avocat.
AMPASSER ou EMPASSER v. a. ou tr. (an-
pa-sé). Ane. chirur. Faire venir à suppuration.
AMPASTELER. V. EmpaSTELER.
AMPATRES s. m. pi. Géogr. anc. Peuplade
de l'ilo de Madagascar, qui occupe la partie la
plus méridionale entre l'Onglio et le cap
Sainte-Marie.
AMPAZA, petit pays de l'Afrique orientale,
sur la côte du Zanguebar, avec une capitale
du même nom. Commerce considérable d'es-
claves, d'ivoire et de poudre d'or.
AMPÉCHONÉ s. m. (an-pê-ko-né — du gr.
ampechonè, môme sens). Antiq. gr. Manteau
à franges que les dames grecques portaient
sur leur tunique.
AMPÈDE s. m. (an-pè-de — du gr! ana, sur;
pedion, tarse). Entom. Genre d'insectes coléo-
ptères pentainères, famille des sternoxes. Syn.
de taupin.
AMPÈLE, satyre, fils d'un satyre et d'une
nymphe. Il fut un des favoris de Bacchus, qui
le métamorphosa en vigne après sa mort.
AMPÉLIDÉ, ÉE adj. (an-pé-li-dc — du gr.
ampelos, vigne). Bot. Qui ressemble à la vigne.
— s. f. pi. Famille de plantes dont le type
est la vigne.
— Encycl. La famille des ampélidées, dési-
gnée aussi sous les noms de vinifères et sar-
mentacées, appartient à la classe des dicotylé-
dones polypétales hypogynes. Elle renferme
AMP
des arbrisseaux ou arbustes volubilas, s'ar-
menteux et munis de vrilles opposées aux ■
feuilles, qui sont alternes, pétiolées, simples
ou digitées, et munies de stipules. Les fleurs,
disposées en panicules opposées aux feuilles,
ont un calice très-court ; une corolle à cinq
pétales; cinq étamines, insérées sur un disque
nypogyne, annulaire et à contours lobés; un
ovaire à deux loges biovulées, surmonté d'un
style très-court. Le fruit est une baie globu-
leuse ou ovoïde, contenant une ou plusieurs
graines, à tégument épais, à embryon très-
petit, entouré d'un albumen corné. Ces végé-
taux sont répandus dans les régions tempérées,
et surtout au voisinage des tropiques, dans les
deux continents. Ils forment un petit nombre
de genres, dont le plus remarquable est la
vigne, si précieuse pour son fruit et pour la
boisson qu'il fournit. Les autres genres, tels
que les ampélopsis, les çissus, appelés vulgai-
rement vignes Bt erg es , sont des arbrisseaux
grimpants, fréquemment employés dans les
jardins pour garnir les murs, pour couvrir les
berceaux et les tonnelles, etc.
AMPÉLINE s. f. (an-pé-li-ne — rad, ampé-
liie). Chim. Substance semblableàlacréosote,
que M. Laurent a obtenue avec l'huile de
schiste : L'xMPÉu^iianne teinte brun-jaunâtre ;
elle ressemble à ùnH huile grasse assez fluide;
elle est soluble dans l'eau, l alcool et l'éther.
AMPÉLINÉES s. f. pi. (an-pé-li-né — du
gr. ampelis, nom d'un oiseau). Ornith. Sous-
famille d'oiseaux de la famille des baccivores,
de l'ordre des dentirostres, à bec déprimé, et
qui renferme les genres cotinga, averano,
piauhau, tersine, phibalure et jaseur.
AMPÉLIQUE adi. (an-pé-li-ke — rad. am-
pélite). Chim. Se dit d'un acide que l'on ob-
tient en traitant par l'acide nitrique l'huile
de schiste rectifiée.
AMPÉLITE S. f. (au-pé-li-tc — du gr. am-
petos, vigne). Miner. Sorte de schiste argileux,
qui, dit-on, a été ainsi appelé parce qu'on le
mettait autrefois au pied des vignes, soit pour
détruire les insectes nuisibles, soit pour ser-
vir d'engrais.
— Encycl. Vampélitè est composée de sili-
cate, d'alumine et de carbone, avec des pro-
portions variables de soufre et de fer. On en
distingue deux espèces principales : Yampélite
alunifère, que l'on emploie dans plusieurs pays
pour fabriquer l'alun ; et Yampélite graphique,
ou pierre d'Italie, dont on se sert pour faire
les crayons de charpentier.
AAIPELIOS (Lucius), écrivain latin, qu'on
suppose avoir vécu sous Théodose le Grand,
au ivc siècle de notre ère, est auteur d'un ou-
vrage intitulé : Liber memorialis, composé de
cinquante chapitres renfermant des compila-
tions sur l'astronomie, la géographie, l'histoire
de Rome et de la Grèce. Cet ouvrage est or-
dinairement imprimé à la suite des éditions de
AMPÉLODESME s. m. ( an-pé-lo-dè-me —
du gr. ampelos, vigne; dnsmos, lien). Bot.
Genre de plantes de la famille des graminées,
tribu des arundinacées,qui croissent dans les
régions méditerranéennes de l'Europe et dé
l'Afrique. Ce sont des plantes très-élevées,
qui ont le port des roseaux.
AMPÉLOGRAPHE s. m. (an-pé-lo-gra-fe —
du gr. ampelos, vigne ; graphô, je décris).
Celui qui décrit la vigne, qui écrit sur la vigne.
ampélographie s. f. (an-pé-lo-gra-fî —
rad. ampélographe). Description de la vigne;
traité sur la vigne.
AMPÉLOGRAPHIQUE adj. (an-pé-lo-gra-
fi-ke — rad. ampélographe). Qui appartient,
qui a rapport à 1 ampélographie.
AMPÉLOLEUCE s. f. (an-pé-lo-leu-se — du'
gr. ampelos, vigne ; leukè, blanche ). Bot. Nom
donné par les anciens auteurs, tantôt à la
clématite des haies, tantôt à la bryone ou
couleuvrée.
AMPÉLOLOGIE s. f. (an-pc-lo-lo-jî — du
gr. ampelos, vigne; logos, discours). Traité
sur la. vigne.
AMPÉLOLOGIQUE adj. (an-pé-lo-lo-ji-ke—
rai.ampélologie). Qui appartient à l'ampélo-
logie.
AMPÉLOPSIS s. m. (an-pé-lo-psiss — du
gr. ampelos, vigne ; opsis, ressemblance). Bot.
Genre de plantes de la famille des ampélidées,
qui habite la zone équatoriale, et uont une
espèce est connue sous le nom vulgaire de
vigne vierge.
AMPÈRE (André-Marie), philosophe et sa-
vant célèbre , né à Lyon , le 22 janvier 1775,
mort en 1836. Ses premières années s'écou-
lèrent à Poleymieux-lez-Mont-d'Or , village
voisin de Lyon? où ses parents, retirés du
commerce , avaient acquis une modeste pro-
priété. L'enfant montra de bonne heure une
intelligence et une mémoire étonnantes ;
avant même de connaître les chiffres, il cal-
culait à l'aide de cailloux, et effectuait des
opérations compliquées. En peu de temps, il
dévora la bibliothèque paternelle et se 1 assi-
mila si bien que, quarante ans plus tard, il
citait par cœur et mot à mot de longs extraits
de l'Encyclopédie, qu'il avait lue tout entière.
Il avait à peine dix-huit ans, que déjà il avait
inventé une langue universelle , destinée , en
remplaçant le nombre infini des idiomes qui
couvrent la terre, à rapprocher les hommes
et à consolider la paix. En 1793, le père du
AMP
Jeune philosophe, accusé de sympathie pour
l'aristocratie lyonnaise, monta sur l'échafaud.
Ampère en ressentit une commotion si pro-
fonde qu'il fut sur le point de perdre la raison.
Pour détourner le cours de sa douleur, il s'a-
donna, et toujours avec son ardeur accoutu-
mée, à la botanique, à la poésie, à la musique.
Son cœur, comme ses facultés, eut aussi son
tour de soudaine explosion. En herborisant
pendant l'été de 1796, il rencontra dans une
prairie deux jeunes filles, dont l'une, Mlle Julie
Caron, rit sur lui une impression si profonde,
qu'il se jura à lui-même d'en faire sa femme.
Toutefois, il ne devait l'épouser que trois ans
après, le 2 août 1799; car, comme il- était
sans fortune et sans place, il ne put obtenir
la main de celle qu'il aimait qu'en se rési-
gnant à donner à Lyon des leçons particulières.
De cette union naquit un fils dont la littérature
déplore la perte récente. Ampère fut nommé
en 1801 professeur de physique à Bourg, où il
alla résider, laissant à Lyon sa femme et son
fils. C'est à Bourg qu'il écrivit ses Considéra-
tions sur la théorie mathématique dû jeu, ingé-
nieuse et savante application du calcul des pro-
babilités. Cet ouvrage valut à son auteur une
chaire au collège de Lyon, et, plus tard, une
place de répétiteur a l'Ecole polytechnique de
Paris. Membre consultatif des arts et métiers
en 1806, inspecteur général de l'Université en
1808, professeur d'analyse à l'Ecole polytech-
nique et chevalier de la Légion d'honneur en
1809, membre de l'Institut en 18 M, et, peu après,
de toutes les sociétés savantes de l'Europe, Am-
père, souvent embarrassé de ses fonctions et de
ses titres, ne se trouvait à l'aise que dans son
petit laboratoire de la rue des Fossés-Saint-
Victor (il était propriétaire de la maison qui
porte aujourd'hui le n<> 19, au coin de la rue des
Boulangers) , d'où allait sortir une des plus
importantes découvertes de la science mo-
derne. En 1819, Oersted, physicien danois,
avaitobservé que si l'on dispose, parallèlement
à une aiguille aimantée, mobile sur un pivot,
un fil métallique traversé dans sa longueur
par un courant d'électricité, l'aiguille quitte le
méridien magnétique et se met en croix avec
le fil. Toutefois, ce phénomène oiîre des aspects
divers, suivant que l'aiguille est ou n'est pas
astatique, suivant le sens du courant, suivant
les positions relatives de l'aiguille et du fil.
Ampère trouva une formule ingénieuse qui
renferme toutes les circonstances. Supposant
un observateur placé dans le courant, la. face
tournée vers l'aiguille et de telle façon que le
courant entre par ses pieds et sorte par sa
tête, il nomme droite et gauche du courant la
droite et la gauche de l'observateur, et il
énonce ainsi les divers résultats du phéno-
mène : L'aiguille tend à se mettre en croix avec
le courant, de manière que son pôle nord soit
à la gauche de ce dernier. Voilà donc une nou-
velle propriété de l'électricité, peut-être une
électricité nouvelle, l'électricité dynamique,
qu'Ampère distingue de l'électricité statique,
n étudie, il multiplie les expériences, et il dé-
couvre (1820) que les courants électriques
agissent les uns sur les autres, et sur ce fait
il crée une science nouvelle, \' électro-dynami-
que. Il monte des appareils, et imagine le pre-
mier commutateur destiné à changer le sens
d'un courant. -Il propose le premier télégraphe
électrique en faisant agir vingt-quatre courants
sur vingt-quatre aiguilles aimantées représen-
tant les lettres de falphabet. Deux fils conduc-
teurs, traversés par l'électricité, mis en pré-
sence l'un de l'autre, s'altirentou se repoussent,
suivant le sens des courants, suivant leurs
positions relatives, suivant les figures de leurs
circuits. On trouvera au mot Electro-dyna-
mique les principes dans lesquels Ampère a
résumé et condensé cette importante et féconde
partie de la science. Si les courants électri-
ques agissent sur les aimants, il doit y avoir
réciprocité ; aussi Ampère eut-il occasion de
remarquer que la terre, qui a, comme on sait,
toutes les propriétés d'un aimant, possède une
action d'influence dans toutes les expériences
d'électro-dynamique. Des faits observés, Am-
père conclut qu'il existe un système de cou-
rants .parallèles à l'équateur magnétique , et
marchant de l'est à l'ouest, et que ce sont ces
courants qui agissent sur l'aiguille aimantée
et sur les courants de nos appareils^ Ainsi la
terre agirait, non plus en qualité d'aimant,
comme le supposait Gilbert, le médecin de la
reine Elisabeth, mais par les courants élec-
triques dont elle est la source et le théâtre.
Passant aux phénomènes restés jusqu'alors
obscurs du magnétisme et de l'électro-magné-
tisme, Ampère les expliqua avec la plus grande
facilité eu faisant voir qu'ils ne sont que des
effets de courants qui circulent autour des par-
ticules des substances magnétiques, effets qu'il
réussit à reproduire à 1 aide de ses fameux
solénoïdes. La théorie d'Ampère ramène de la
sorte les phénomènes de l'étectro-dynamique,
du magnétisme, de l'électro-magnétisme et du
magnétisme terrestre, au seul fait de l'action
mutuelle de deux courants. Ampère contribua
aussi avec Arago à l'invention de l'électro-
aimant. Tant de découvertes en si peu d'aji-
nées avaient placé le nom d'Ampère au rang
des plus illustres ; mais elles ne suffisaient pas
à absorber et à, satisfaire l'infatigable activité
de son génie. Concilier la raison'et la religion,
affranchir l'esprit des obsessions du doute,
saisir et proclamer la certitude métaphysique,
éliminer les causes qui empêchent le bonheur
de l'humanité, tels étaient les problèmes qui
agitaient, non sans la meurtrir quelquefois,
l'ame naïve, triste et aimante de notre savant.
AMP
On le peint timide, désintéressé, gauche, igno*
rant des usages du monde; d'une distraction
incroyable qui, mieux que toutes ses décou-
vertes, en fit un homme populaire. Sur la fin
de sa vie, il entreprit; dans un travail gigan-
tesque, une classification de toutes les connais-
sances humaines, sous le titre i'Essai sur la
philosophie des sciences, ou Exposition analy-
tique d'une classification naturelle de toutes
les connaissances humaines, ouvrage inachevé,
dont il est rendu compte au mot philosophie.
Déjà soiiffrjint depuis plusieurs années, Am-
père partit pour inspecter le collège de Mar-
seille. C'est la qu'il mourut d'une affection de
poitrine, le 10 juin 1836. Arago raconte que
« peu d'instants avant que le mourant perdît
entièrement connaissance, M . Deschamps, pro-
viseur du collège de Marseille, ayant com-
mencé à demi-voix la lecture de quelques
passages de l'Imitation, Ampère l'avertit qu'il
savait le livre par cœur. Ce furent ses der-
nières paroles. •
Les principaux ouvrages d'Ampère sont,
outre les deux que nous avons cités et un grand
nombre de mémoires disséminés dans les jour-
naux savants et dans les comptes rendus do
l'Académie des sciences, les suivants : Traité
de calcul différentiel et de calcul intégral, sans
nom d'auteur; Démonstration des lois de la
réfraction (1810, Mém.-de l'Institut) ; Mémoire
sur l'action mutuelle de deux courants électri-
ques... (1820, Annales de chimie); Mémoire
sur la théorie mathématique des phénomènes
électro-magnétiques (1827, Mém. de l'Acad. des
sciences) ; Considérations philosophiques sur
la détermination du système solide et du sys-
tème lier veux des animaux articulés (1824,
Annales des sciences naturelles), etc.
Comme nous l'avons dit plus haut, le nom
d'Ampère est resté surtout populaire par des
distractions qui sont devenues en quelque
sorte proverbiales. Nous allons en rapporter
quelques exemples. Toujours absorbé par ses
méditations, même au milieu du bruit et du
mouvement de la capitale, il réfléchissait un
jour sur la solution d'un problème important.
Aviser un omnibus qui se trouvait alors en
station, tirer de sa poche un morceau de craie,
fut pour lui l'affaire d'un instant. Le voilà cou-
vrant d'x, déplus, de moins, de multipliés par,
un panneau qu'il prenait sans doute pour le
tableau de lamphithéatre de la Sorbonne.
Il était sur le point d'arriver à une solution
depuis longtemps cherchée, quand le sifflet
donnant le "signal du départ, le véhicule
emporta l'équation ébauchée.
— Un autre jour, Ampère se rendait a son
cours. Il trouve sur sa route un petit caillou
qu'il rainasse , et dont il se met a examiner
curieusement les veines bigarrées. Tout à coup
le cours qu'il doit faire revient à son esprit ;
il tire sa montre de sa poche, et «'apercevant
que l'heure approche, il double précipitam-
ment le' pas, remet soigneusement le caillou
dans sa poche, et lance»sa montre par-dessus
le parapet du pont des Arts.
Mais c'est surtout a son cours de l'Ecole
polytechnique, au milieu des élèves, que ses
distractions éclataient dans toute leur singu-
larité. Quand il avait achevé une démonstration
sur le tableau, il ne manquait presque jamais
d'essuyer les chiffres avec son foulard, et de
mettre dans sa poche le torchon traditionnel ;
toutefois, bien -entendu, après s'en être préa-
lablement servi.
Ces distractions égayaient beaucoup la jeu-
nesse rieuse de l'école; mais comme c'était
aussi, et avant tout, une jeunesse intelligente
et studieuse, elles ne portaient aucune atteinte
au respect profond que tous ressentaient pour
l'éminent professeur.
AMPÈRE (Jean-Jacques-Antoine), littéra-
teur et historien, fils du précédent, né a Lyon
le 12 août 1800, mort h Paris le 27 mars 1804.
Héritier d'un nom illustre dans les sciences, il
en soutint dignement l'éclat par des travaux
d'un autre ordre. 11 fit ses études a Paris sous
les yeux de son père, qui le laissa libre de suivra
son goût pour les lettres. Associé aux premiers
efforts du romantisme , il s'éprit d'une vive
passion pour les littératures étranger
1830, un cours de littérature professé à
née de Marseille, avec un succès qui ne fut
pas sans écho à Paris même, fixa sur lui l'at-
tention publique et décida sa carrière. Devenu
en 1831 et 1832 le- suppléant habile et goûté de
Fanriel et de M. Villemain dans leurs cours a
la Sorbonne, il obtint au Collège de France, en
1833, la chaire d'histoire de la littérature fran-
çaise, que venait de rendre vacante la mort
d'Andrieux. Une partie des leçons qu'il y a
faites pendant une longue suite d'années a été
résumée dans deux ouvrages importants : His-
toire littéraire de la France avant le xuc siècle
' (1839) ; fnlroductionàl'histoiredelalitiérature
française au moyen âge (1841). En" 1812, il rem-
plaça de Gérando a l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, et en 1847 Guiraud a I Aca-
démie française. Il avait été nommé en 1846
officier de la Légion d'honneur.
L'infatigable curiosité intellectuelle d'Am-
père ne pouvait s'enfermer, dans un sujet spé-
cial; elle embrassait le domaine entier des
lettres. Il l'a satisfaite, dit M. Patin, d'une
double manière : par des voyages multipliés
dans les pays Scandinaves, en Allemagne, en
Italie, en Sicile, en Grèce, en Asie Mineure,
en Egypte, en Amérique; par l'étude assidue
de la plupart des langues et des littératures de_
l'Europe, où son esprit se plaisait aussi à voya-
it l'Athé-
AMP
ger. De là, le caractère original de sa pensée
et de son talent, qui mêlaient d'une manière
piquante les impressions reçues par le tou-
riste, l'imagination du poète, l'érudition du
philologue et de l'archéologue, le goût libre et
les vues étendues du littérateur.
Outre les ouvrages cités plus haut. Ampère
a laissé : Littérature, Voyages et Poésies (1833);
Rallanche (1848) ; la Grèce, Rome et Dante,
études littéraires d'après nature (1848); César,
scènes historiques où l'histoire de César se
trouve retracée en vers ; Promenades en Amé-
rique, Etats-Unis, Cuba, Mexique (1855). Mais
le monument principal de sa vie littéraire est
l'Histoire romaine à Rome, production consi-
dérable, dont les chapitres ont été publiés d'a-
o (deu
s Tait si
rage, l'auteur ___
ment de l'histoire
quelque sorte présente et vivante, en mettant
sous nos yeux les lieux où elle s'est accom-
plie et les monuments où elle s'est traduite.
AMPÈRE (Table d'). Phys. Appareil ima-
giné par le physicien, dont il porte le nom,
et qui sert a étudier l'action des courants
électriques les uns sur les autres ou sur les
e le déyeloppe-
AMPÉRÉE s. f. (am-pé-ré — de Ampère,
n. pr.). Bot. Genre de plantes euphorbiacées,
comprenant plusieurs arbrisseaux de la Nou-
velle-Hollande.
AMPFING, village du cercle de l'Isar en
Bavière. L'empereur Louis de Bavière y vain-
quit Frédéric d'Autriche en 1322. Le général
Moreau, attaqué au même endroit parles Au-
trichiens en 1800 avec des forces supérieures,
y opéra sa' célèbre retraite, quelques jours
avant sa victoire de Hohenlinden.
• AMPHACANTHE s. m. (an-fa-kan-te — du
gr. amphi, des deux côtés; akantha, épine).
Ichth. Poisson deJa famille des teuthies, ainsi
nommé parce que sa nageoire est épineuse
des deux côtés. Ce poisson, inconnu dans nos
mers d'Europe, abonde dans la mer Rouge et
dans le grand Océan indien : jE/amphacanthe
est très-commun sur les marchés de Vile de
France et de Madagascar.
AMPHANTHE s. m. (an-fan-te — du gr.
amphi, autour ; anthos, fleur). Bot. Nom donné
- aux réceptacles dilatés qui contiennent ou
enveloppent les .fleurs, dans les figuiers, les
dorsténies, etc.
AMPHARISTÈRE adj. (an-fa-ri-stè-re — du
gr. amphi, des deux côtés ; aristeros, gauche).
Qui est maladroit des deux mains.
AMPHASIE s. f. (an-fa-zi — du gr. amphi,
autour; asis, limon, marais). Entom. Genre
de l'ordre des coléoptères pentamères, famille ■
des carabiques, qui a pour type une espèce de
l'Amérique du Nord^
amphémérine s. f. et adj. (an-fé-mé-
ri-ne — du gr. amphi, autour; êmera, jour).
Pathol. Se dit d'une fièvre quotidienne ré-
mittente.
AMPHÉRÈPHE s. m. (an-fé-rè-fe — du gr.
amphi, autour; erepho, je couronne). Bot.
Genre de la famille des composées , syn. du
genre centrathère.
AMPHI (an-fi — du gr. amphi, autour).
Préfixe, qui signifie Autour, des deux côtés,
de part et d'autre, et qui entre dans la com-
position d'un grand nombre de mots français,
tels que amphibie, amphigouri , amphibologie,
amphisciens , amphithéâtre , etc. Il ajoute au
mot principal une idée de duplication ou de
circonvolution. *
AMPHIACHYRIS s. f. (an-fi-a-ki-riss i — du
gr. amphi, autour; achuron paillette). Bot.
Section établie par de Candolle dans le genre
brachyris, famille des composées, tribu des
astérées.
AMPHIARAÏde s. m. (an-fi-a-ra-i-de). Se
dit des descendants d'Amphiaraus : A'earnas
et Amphotère étaient fils de 2'Amphiaraïde
Alcméon et de Callirhoe. (Val. Parisot.)
AMPHIARAUS, devin grec, fils d'Oïclès et
d'Hypermnestre, gendre d'Adraste, roi d'Ar-
i guerre de
AMP
AMPH1BICORISES OU AMPHIBIOCORISES
s. f. pi. (an-fi-bi-ko-ri-ze — du gr. amphibies,
qui vit dans deux éléments ; koris, punaise).
Êntom. Tribu d'insectes hémiptères, section
des hétéroptères , comprenant les punaises
aquatiques. Les amphibicorises ne s'enfoncent
jamais dans l'eau ; elles courent à sa surface •
avec beaucoup d'agilité.
AMPHIBIE adj. (an-fl-bî — du gr. amphô,
deux ; bios, vie). Qui vit, qui croît sur la terre
et dans l'eau : Animal amphibie. Plante am-
phibie. Les veaux marins, les loutres, les cas-
tors, sont des animaux amphibies. (Acad.) A
moins que les habitants de Jupiter ne soient
amphibies, je ne sais pas trop ce qu'ils devien-
nent. (Fonten.) Il s élança dans le tac avec
l'aisance d'un oiseau amphibie: (G. Sand.)
— Fig. Se dit d'un homme qui exerce en
même temps deux professions tout à fait op-
posées , qui adopte alternativement deux opi-
nions contraires, qui ménage deux partis
opposés, qui occupe' une position intermé-
diaire : Le maitre Jacques de f Avare était un
valet amphibie. Ils sont amphibies.; ils vivent
de l'église et de l'épée. (La Bruy.) Madame
Roland était née dans cette condition inter-
médiaire, où les familles sont pour ainsi dire
amphibies entre le prolétariat et la bour-
geoisie. (Lamart.) Il en était à se dire qu'il
valait mieux être ce que la société nous a faits,
que déjouer un râle amphibie entre la roture et
le patriciat. (G. Sand.) On dort et l'on ne dort
pas, on est tout à la fois dans la réalité et dans
la chimère: c'est le rêve amphibie: (V. Hugo.)
Le bailli du palais était une espèce de magistrat
amphibie. (V. Hugo.)
Souvent je bâille au tragique bourgeois,
Aux vains efforts d'un auteur amphibie,
Qui défigure et qui brave a la fois
Dans son jargon Melpomène et Thalie.
Voltaire.
gos, qu'il refusa de
Thèbes, parce que Sun an. mi avan i-oïbk
qu'il y trouverait la mort. Mais son épouse,
séduite par l'offre d'un collier de diamants, dé-
couvrit a Polynice, l'un des sept chefs, la
retraite où Amphiaraûs s'était caché. Forcé
de partir, il combattit devant Thèbes et fut
englouti avec son char dans le sein de la terre.
Après sa mort, il reçut les honneurs divins,
et on lui éleva un temple dont l'oracle demeura-
longtemps célèbre.
AMPHIARÉES s. f. pi. (an-fi-a-ré). Antiq.
gr. Fêtes que les habitants d'Orope célé-
braient en 1 honneur d'Amphiaraus.
AMPHIARTHRODIAL, ALE adj. (an-fi-ar-
tro-di-al — rad. amphiarthrose). Anat. Qui a
rapport à l'amphiarthrose.
AMPHIARTHROSE s. f. (an-fi-ar-trô-ze —
du gr. amphi, de part et d'autre; arthron,
articulation). Anat. Articulation consistant
dans l'union de deux surfaces articulaires
pianos ou presque planes, en partie conti-
guès, en partie continues par un tissu fibreux.
Telles sont les articulations des vertébrés. Les
amphiarthroses , appelées aussi symphyses, ne
sont susceptibles que de légers mouvements.
- On l'ai
i choses qui
l'applique de __ . . _ . . . t
'ont pas de nature propre, qui présentent
un double caractère, deux faces différentes :
II faisait observer que la conduite de la Répu-
blique était amphibie, et que sa politique ten-
dait à ne pas déplaire au roi d Espagne sans
se rendre suspect aux autres puissances. (St-
Sim.) C'était un code amphibie, où l'on avait
mêlé la jurisprudence française avec la loi ro-
maine. (Montesq.1 il Substantiv., au propre
et au figuré : C est un amphibie. Les vacil-
lants et autres -amphibies ont fort dénaturé
l'état de la religion. (Garasse.)
— Encycl. Zool. Dans son acception la plus
large, amphibie sert à. désigner les êtres orga-
nisés (animaux et végétaux) qui peuvent
vivre, soit indifféremment, soit alternative-
ment, dans les eaux d'une part, de l'autre dans
l'air ou sur la terre. Presque toutes les classes
du règne animal renferment des espèces am-
phibies. C'est ainsi que nous trouvons, parmi
les mammifères, les phoques et les lamentins ;
chez les oiseaux, certains palmipèdes ; chez les
reptiles, des tortues et des sauriens ; parmi les
poissons, l'anabas. Plusieurs insectes, et sur-
tout un grand nombre de larves, sont amphi-
bies dans ce sens. Il en est de même de quel-
ques crustacés et annélides , et de plusieurs
mollusques gastéropodes. — Dans un sens plus
rigoureux, le mot amphibie sert à désigner des
animaux qui vivent d'abord dans l'eau et res-
pirent au moyen de l'air qu'elle renferme, et
qui plus tard respirent l'air en nature. Tels sont
les batraciens (grenouilles, salamandres, etc.),
qu'on appelle aussi pour cette raison amphi-
' qui vivent dans leur jeunesse
, dans l'a;
adulte comme les
Cuvier a donné le nom d'amphibies à la troi-
sième tribu de la famille des carnivores , qui
appartient à l'ordre des mammifères carnas-
siers. Les animaux de cette tribu, outre les
caractères généraux des carnivores, ont les
membres courts, en partie cachés sous les
téguments, et les doigts réunis par des mem-
branes lâches, qui en font des espèces de
rames. Leurs organes du mouvement sont donc
en rapport avec le milieu dans lequel ils
vivent d'habitude ; aussi ces animaux, qui sont
lestes et agiles dans l'eau, se traînent-As avec
peine sur la terre , où il rampent plutôt qu'ils
ne marchent, et où, du reste, ils ne viennent
guère que pour se reposer et s'étendre au
soleil. Ils vivent en général dans les mers du
Nord et sont essentiellement ichthyophages.
Bien qu'ils appartiennent à l'ordre des carnas-
siers, plusieurs sont d'un naturel fort doux et
s'apprivoisent facilement. Ce groupe contient
deux genres : les phoques et les morses.
— Bot. Les plantes amphibies sont celles
qui croissent indifféremment dans l'eau ou hors
de l'eau, comme la renouée amphibie. On donne
aussi , par extension , le nom à'amphibies aux
plantes qui, croissant ordinairement dans les
terrains inondés, peuvent vivre pendant un
temps plus ou moins long dans les mêmes ter-
rains lorsqu'ils sont mis à sec oh émergés.
AMPHIBIENS s. m. pi. (an-fi-bi-ain— rad,
amphibie). Zool. Nom donné aux reptiles nus,
animaux qu'on appelle souvent aussi batra-
ciens, parce qu'ils ont pour type la grenouille
(en grec, batrakos).
— Encycl. Les amphibiens sont toujours
reconnaissables à la nudité de leur peau , ce
âui leur a fait donner par de Blainville le nom
e nudipellifères. Au heu de l'épidémie écail-
leux des reptiles, ils n'ont qu'un mince épithé-
AMP
Hum. Les membres, chez ces animaux, peuvent
manquer complètement (cécilies) ; d'autres fois
il n'y en a que deux (sirènes) ; le plus souvent
ils sont au nombre de quatre. Jamais ils ne
sont disposés en nageoires véritables comme
chez les poissons.
La plupart des amphibiens respirent avec
des branchies dans le jeune âge, et acquièrent
des poumons dans l'âge adulte. Ces poumons
sont deux sacs égaux entre eux, d'une struc-
ture f>eu compliquée, analogues à ceux des
sauriens, et communiquant avec l'extérieur
par une trachée-artère pourvue d'un appareil
laryngien plus ou moins parfait. Leur cœur
présente trois cavités , deux oreillettes dis-
tinctes et un seul ventricule. Chez les jeunes,
le cœur n'a que deux cavités, les deux oreil-
lettes étant encore confondues.
Ce'qui distingue surtout les amphibiens, ce
qui a conduit plusieurs naturalistes a en faire
une classe distincte des reptiles proprement
dits, c'est leur mode de génération et leur déve-
loppement. Les mâles n'ont pas de pénis,, et il
n'y a jamais de véritable accouplement. Tou-
tefois, les femelles de certaines espèces sont
fécondées intérieurement par suite d'un simple
rapprochement des orifices génitaux ; et, dans
- ' ' ces femelles sont même :":
mandres terrestres, pour ics écumes», ^^. im
mode ovipare est cependant le plus fréquent.
Les œufs sont mous, susceptibles de se gonfler
dans l'eau où ils sont pondus , sauf pour quel-
ques espèces , telles que le pipa, la rainette
marsupiale, etc. L'embryon est dépourvu d'am-
nios et de vésicule allantoïde.
• Enfin, les amphibiens subissent des meta-'
morphoses plus ou moins considérables suivant
les espèces. Les uns, comme la grenouille, le
crapaud, etc., présentent une forme définitive
fort différente de celle sous laquelle ils se
montrent au sortir de l'œuf. Quatre pattes, une
colonne vertébrale très-courte, aucune trace
extérieure de queue, pas d'autre organe spé-
cial de respiration que deux poumons : voilà ,
leur état parfait. A 1 état de têtards, c'est-à-
dire avant que leur métamorphose ait com-
mencé, ils ressemblent aux poissons, et pour la
forme extérieure et pour la structure inté-
rieure. Us possèdent des branchies et point
encore de poumons, une longue queue qui leur
sert d'organe locomoteur, et point encore de
pattes.
Les. autres, comme los protées, les sirènes
et les axolotls, ne subissent pas de change-
ments extérieurs, parce qu'ils conservent du-
rant toute leur vie les formes embryonnaires
qui caractérisent le premier âge des gre-
nouilles et des crapauds. C'est ainsi qu'ils
acquièrent des poumons et des pattes, sans
perdre pour cela leurs branchies et leur queue.
D'autres naissent sans branchies et déjà
munis de poumons. Cela tient à ce qu'ils subis-
sent avant la naissance (soit extérieurement
dans des loges cutanées de leur mère, où ils
sont déposés à l'état d'œufs , comme c'est le
cas pour les pipas, soit intérieurement et dans
l'oviducte môme, comme on l'observe pour la
salamandre noire des Alpes et pour les céci-
lies) les métamorphoses que les amphibiens.
privés de cette gestation prolongée éprouvent
pendant le temps qu'ils passent dans l'eau im-
médiatement après leur éclosion.
Les amphibiens sont, comme les reptiles
ordinaires, des animaux à sang froid, c'est-à-
dire à température variable. Grâce à la sécré-
tion et à la transpiration dont leur peau est le
siège, ils s'échauffent moins que les reptiles
ordinaires, lorsqu'ils sont exposés à une cha-
leur un peu considérable, ifs possèdent à un
très-haut degré la force de rédintégrttion ,
c'est-à-dire la propriété de se compléter après
qu'on les a mutilés. Spallanzani, Bonnet, etc.,
ont constaté que les salamandres et les têtards
des grenouilles peuvent reproduire non-seule-
ment la queue, comme le font les lézards, mais
aussi une partie de la tête et des membres
entiers.
Les amphibiens ne sont pas très-nombreux ;
on n'en connaît guère que deux cents espèces
vivantes. Dans la classification de Cuvier, ils
forment, sous le nom batraciens, un ordre de
la classe des reptiles. Dans la classification de
de Blainville, et dans celle de MM. Paul Ger-
vais et "Van Beneden, ils forment une classe
distincte de vertébrés, qui se place entre les
reptiles proprement dits et les poissons.
La classe des amphibiens est divisée par de
Blainville en trois ordres : l<> les batraciens,
qui se subdivisent en dorsipares ou pipadés
(genre pipa), et en aquipares ou ranidés (genres
grenouille, crapaud, rainette); 2° les pseudo-
sauriens , subdivisés en salamandres (genres
salamandre, triton, axolotl), protées (genres
protée et amphiume), et sirènes (genre sirène) ;
3» les pseudo-ophidiens , qui ne comprennent
qu'un seul genre, les cécihes.
Les trois ordres de de Blainville deviennent,
dans la classification de Duméril, trois sous-
ordres, de l'ordre des batraciens : 1° batraciens
(salamandre) ; 3° péromèles
bres (cécilie).
MM. Paul Gervais et Van Beneden divisent
les amphibiens en quatre ordres : 1° batracides
ou batraciens anoures; 2» salamandres, com-
prenant les genres salamandre, triton ; 3" cé-
cilies; 4" pseudo-salamandres, comprenant les
genres amphiume, protée, sirène, axolotl.
AMPHIBIOCORISES. V. AMPHIBICORISES.
AMPHIBIOGRAPHE s. m. (an-fi-bi-o-gra-fe
— du gr. amphibios, amphibie; graplià, j'é-
cris). Zool. Celui qui écrit sur les animaux
amphibies, qui les classe, les décrit.
AMPHIBIOGRAPHIE s. f. (an-fi-bi-o-gra-fi
— rad. amphibiographe). Zool. Traite sur
les amphibies; description de ces animaux.
AMPHIBIOGRAPHIQUE adi. (an-fi-bi-o-
gra-fi-ke — rad. amphibiographe). Zool. Qui
a rapport à l'amphi biographie.
AMPHIBIOLITHE s. m. (an-fi-bi-o-li-te—
du gr. amphibios, amphibie; lithos, pierre).
Paleont. Nom donné a des fossiles qu on sup-
posait être des restes d'animaux amphibies.
AMPHIBIOLOGIE s. f. (an-fi-bi-o-lo-jî —
du gr. amphibios, amphibie ; logos, discours).
Partie de la zoologie qui traite des animaux
amphibies.
AMPHIBIOLOGIQOE adj. ( an-fl-bi-o-lo-
ji-ke— rad. amphibiologie). Zool. Qui a rap-
port à l'amphibiologie.
amphibiologue s. m. (an-fi-bi-o-lo-ghe
— rad. amphibiologie). Naturaliste qui se
livre spécialement a l'amphibiologie.
ÀMPHIBLESTRIE s. f. (an-n-blè-strî — du
gr. amphibléstron, filet). Bot. Genre de fou-
gères à fronde herbacée, indigèno de. la
Colombie.
AMPHIBLESTROÏDE adj'. (an-fi-blè-stro-
i-de — du gr. amphibléstron , filet; eidos,
forme). Anat. Epithètc synonyme do réti-
forme, que l'on ajoute au mot membrane pour
désigner la rétine , parce qu'elle ressemble à
un filet à pécher.
AMPHIBOLE s.f. (an-fi-bo-le — du gr. am-
pAiiotos, ambigu). Miner. Substance miné-
rale, qui a été ainsi nommée parce qu'elle
ressemble à d'autres minéraux.
— Encycl. Vamphibole est essentiellement
composée de silice, de chaux et de magnésie ,
mais elle renferme souvent aussi de l'oxyde de
fer et de l'oxyde de manganèse. Elle cristal-
lise en prismes obliques à base rhomboïdale.
On en distingue trois espèces principales :
l'ampliibole blanche, appelée aussi trémolite ou
grammatite , qui est blanche ou légèrement
verdàtre ; l'amphibole verte ou actinote, qui est
d'un vert foncé; l'amphibole noire ou horn-
blende, qui est d'un vert presque noir&tre. Les
amphiboles appartiennent aux terrains anciens
et aux terrains volcaniques. Elles entrent dans
la composition d'un très-grand nombre de
roches.' Dans les arts, on en utilise plusieurs
variétés pour faire des manches de couteau ,
des boutons d'habit, et des verres noirs ou
AMPHIBOLE s. m. (an-fi-bo-le — du gr.
amphibolos, ambigu). Entoin. Genre de coléo-
ptères pentameres, do la famille des hélo-
phorides.
— Moll. Genre de mollusques testacés uni-
valves, formé aux dépens des nérites, et plus
connu sous le nom à'ampullacère.
— s. ni. pi. OrniUi. Famille d'oiseaux do
l'ordre des passereaux , renfermant ceux qui
sont munis do deux doigts en avant, do deux
en arrière , et dont le postérieur interne est
versatile II On dit aussi amphibolins.
— s. f. pi. Bot. Section établie parmi les
algues.
AMPHIBÔLIE s. f. (an-fi-bo-lî — du gr. am-
phibolia, ambiguïté). Philos. Nom donné par
Kant à une forme particulière d'équivoque,
qui .consiste à rapporter à la même faculté et
a considérer de la même façon les objets pro-
pres de deux facultés différentes. Ainsi, con-
fondre un fait d'expérience avec un concept
de l'entendoment, un jugement analytique
avec un jugement synthétique, c'est faire une
amphibolie.
AMPHIBOLIFÈRE adj. (an-fi-bo-li-fè-re —
de amphibole, et du lat. fera, je porte). Miner.
Qui contient de l'amphibole.
AMPHIBOLINS s. m. pi. Ornith. V. Amphi-
amphibole). Miner." i
lesquels l'amphibole entre comme partie con-
stituante.
AMPHIBOLITE s. f. (an-fi-bo-li-to — rad.
amphibole). Gcol. Roche composée presque
exclusivement d'amphibole:
AMPHIBOLOCARPÉES S. f. pi. (an-fi-bo-lo-
kar-pé — du gr. amphibolos, équivoque;
karpos, fruit). Bot. Groupe de la grande
famille des fougères.
amphibologie s. f. (an-fi-bo-lo-jî — du gr.
amphibolos, ambigu, douteux; logos, discours).
Sens équivoque; ambiguïté; arrangement de
mots qui présente deux sens opposes : Parler
par amphibologie. Il y a dans cette phrase
une amphibologie. (Acad.) Pour éviter /'am-
phibologie, il faut s'attacher surtout à la
construction de ses phrases. (Dumarsais.) On
décerne des mandats, comme on décerne des
récompenses ; notre langue est pleine de ces am-
phibologies. (Raspail.) Cette -amfhibologik
est sans doute un trait d'esprit du pays. (Balz.)
— Encycl. Les Grecs et les Latins avaient
des cas qui leur permettaient de ne consulter
que le nombre et l'harmonie pour la construc-
tion de leurs phrases ; il n'en est pas de même
dans nos langues analytiques, qui nous astrei-
298 AMP
gnent k suivre l'ordre rigoureux de la gêné-
ration des idées. Faut-il en conclure que l'am-
phibologie est beaucoup plus fréquente chez
nous que chez les anciens? Evidemment non?
la langue française est une langue essentielle-
ment analytique ; le complément est toujours
amené à suivre rigoureusement le terme qu'il
sert à compléter. De cette manière , les véri-
tables amphibologies doivent y être et y sont
réellement très-rares. Quand elles se présen-
tent, c'est par suite de constructions vicieuses
dont un peu de réflexion permet toujours au
lecteur de saisir le véritable sens.
En voici quelques exemples :Les voyageurs
écrivent tout ce qu'ils voient sur leurs albums.
Montesquieu comparait ses domestiques à une
horloge : Il faut, disait-il,- les remonter pour
qu'ils aillent de temps en temps. — Il faut con-
tracter l'habitude de travailler dès la jeunesse.
— J'ai fait un voyage dans toute la Suisse qui
m'a beaucoup plu. — Le directeur d'un établis-
sement de bains voulait une enseigne, et voici
celle qu'il rédigea : Bains à 4 sous pour dames
à fond de bois. Un ami lui fit observer qu'il y
avait dans cette rédaction quelque chose de
louche. Notre homme réfléchit mûrement, et,
arrivant à penser qu'après tout le public n'était
pas forcé d être aussi intelligent que lui, il mo-
difia ainsi sa rédaction : Bains à fond de bois
pour dames à 4 sous, et la lut à sa femme, qui
cria au scandale. Il prit alors son parti , et
écrivit : Bains pour dames à 4 sous et à fond de
bois.
Quelquefois les amphibologies naissent de
l'homonymie des mots, et ces sortes d'amphi-
bologies, par le contraste des deux sens qui se
présentent à l'esprit, sont une source abon-
dante de comique, comme dans les exemples
suivants : Le fameux cardinal Dubois avait un
frère qu'il avait placé dans ses bureaux, et qui
ne brillait pas par l'intelligence. Il sonne , un
laquais accourt : « Que veut monseigneur?
— Dubois, i Le domestique apporte en effet
du bois. « Ce n'est pas cette bûche-lk que je
demande, lui dit le cardinal ; faites venir mon
— Un professeur de collège, entrant dans sa
classe, un jour d'hiver, s'aperçoit que le poêle
n a pas été allumé. Il appelle un domestique,
auquel il demande du bois et du charbon
allumé. Le domestique revient aussitôt, appor-
tant une grosse bûche : « Ah ! ah ! s'écrie le
professeur, voici le principal. »'Un rire général
l'avertit sur-le-champ qu'il venait de com-
mettre une malencontreuse amphibologie, et,
ce qui est moins plaisant, le principal, informé
de la chose, tança vertement le pauvre homme.
_ Une autre sorte d'amphibologie résulte de
l'ignorance du véritable sens des mots, d'une
confusion dans leur synonymie, et c'est surtout
aux étrangers que cette faute estfamilière.Les
Ana sont remplis d'anecdotes de ce genre :
Un Anglais entre dans un restaurant et de-
mande un bifteck au célibataire. — Un autre,
ceci est historique', écrit à Fénelon pour le
remercier d'avoir eu pour lui des boyaux de
Père. — Celui-ci gourmande son bottier, qui
lui a fait des bottes trop équitables. — Enfin,
celui-là rompt définitivement avec une dame
qui lui a écrit qu'en ne venant pas à un
rendez-vous donné, il l'a obligée à croquer le
marmot pendant trois heures. •• Manger un
enfant ! s'écrie milord épouvanté , quel crime
abominable I »
Mais toutes ces amphibologies n'en sont pas,
à proprement parler, puisqu'elles résultent de
1 ignorance des règles de la syntaxe, ou de celle
de la véritable signification des mots. Voici la
vraie, la seule amphibologie que présente notre
langue ; celle-ci résulte d'un mot à doublesens;
nous allons en citer quelques exemples; ils
sont heureusement peu nombreux, et il devait
en être ainsi dans la langue qui jouit de la
réputation méritée d'être la plus claire et la
plus nette de toutes : Louer une maison (ce
qui peut s'entendre . indistinctement du pro-
priétaire et du locataire) ; la locution interjec-
tive merci, qui exprime aussi bien le refus que
1 acceptation ; ce qui amène souvent cette
question plaisante : Est-ce merci oui , est-ce
merci non? — Lalocution conjonctive rien moins
que, qui, suivie d'un substantif , peut être à
volonté affirmative ou négative : Cet homme-
n'est rien moins que votre bienfaiteur. Est-il
votre bienfaiteur ou ne l'est-il pas? la question
est pendante. — La locution comme vous, dans
cette phrase, par exemple : Comme vous, je ne
suis pas sujet aux migraines, ce qui est tout à
lait amphibologique à l'égard de la personne à
qui l'on parle. — Voilà une lettre mal écrite,
cela n'est pas lisible. Ici, il y a richesse d'am-
phibologies, deux au lieu d'une : il est impos-
sible de distinguer si mal écrite se rapporte au
style ou à la calligraphie. Lisible est absolu-
ment dans le même cas : lisable est le seul mot
qui tirerait ici d'embarras ; mais il n'est pas
français. \
Terminons par ce vers de V. Hugo :
Qui n'eût craint le tonnerre en trahissant son k/ke ?
où le mot hôte signifie également'bien celui
qui reçoit et celui qui est reçu.
— Syn, Amphibologie, ambiguïté, double
•ou», équivoque. V. AMBIGUÏTÉ,
AMPHIBOLOGIQUE adj. (an-fl-bo-lo-ji-ke
— rad. amphibologie). Ambigu, équivoque,
obscur : Discours amphibologique. Phrase,
réponse amphibologique. Les Oracles étaient
presque toujours amphibologiques. Il ne faut
pas être trop sévère sur tes tournures ou les
expressions amphibologiques. (Théry.) ' |
AMPHIBOLOGIQUEMENT adv. (an-fi-bo-
lo-ji-ke-man — rad. amphibologique). D'une
manière amphibologique : Parler, écrire am-
PHIBOLOGIQUEMENT.
AMPHIBOLOÏDE adj. {an-fi-bo-lo-i-de — de
amphibole, et du gr. eidos, forme). Géol. Qui
a 1 apparence de l'amphibole.
AMPHIBOLOSTYLE adj. (an-fi-bo-lo-sti-le
— du gr. amphibolos, ambigu; stulos, style).
Bot. Se dit des plantes dont le style est peu
apparent.
AMPHIbolure s. m. (an-fi-bo-lu-re — du
gr. amphibolos, ambigu ; oura, queue). Erpét.
Nom donné à un genre d'iguaniens. Syn. de
grammatophore.
AMPHIBRANCHIES s. f. pi. (an-fi-bran-
chî— du gr. amphi, autour; et fr. branchies).
Anat. Espaces autour des glandes des gencives.
amphibraque adj. et s. m. (an-fi-bra-ke
—•du gr. amphi, des deux côtés; brachus,
bref). Prosod. anc. Pied composé d'une longue
entre deux brèves.
amphibulime s. m. (an-fl-bu-li-me— du
gr. amphi, autour, et du lat. bulima, sorte de
coquille). Conchyl. Sorte de coquille univalve
appartenant au genre ambrette.
amphicarpe adj. (an-fi-kar-pe — du gr.
amphi, de part et d'autre ; karpos, fruit). Bot.
Qui a des fruits dé deux sortes, soit quant à la
forme, soit quant à l'époque de leur ma-
turité.
— s. m. pi. Genre de plantes de la famille des
graminées, voisin du millet, originaire de
l'Amérique du Nord, n Genre de plantes de la
famille des légumineuses, propre à l'Amer
nque septentrionale.
amphicarpide s. f. (an-fi-kar-pi-de — du
gr. amphi , autour ; karpos, fruit). Bot. Nom
donné aux fruits formés d'un gynophore
charnu, parsemé d'akènes à sa surface,
comme, par ex., la fraise.
amphicémanthées s. f. pi. (an-fi-sé-
ni-an-té — du gr. amphi, autour ; kenos, vide;
anthos, fleur). Bot. Groupe de plantes de la
famille des composées.
Amphicéphale adj. (an-fl-sé-fa-le— du
gr. amphi, des deux côtés; kephalè , tête).
Zool. Qui semble avoir deux têtes opposées.
— s. m. Lit des anciens, qui avait deux che-
vets, l'un à la tête et l'autre aux pieds. '
AMPHICHORDE s. m. (an-fi-kor-de — du
gr. amphi, autour; chordê, corde). Bot. Genre
de champignons, généralement réuni au
genre isaire.
AMPHICLÉE, ville de l'anc. Grèce, dans la
Phocide. On y voyait un temple dédié à Bac-
chus, où ce dieu indiquait en songe aux ma-
lades qui s'y rendaient des remèdes propres à
leur guérison.
( Amphicome s. m. (an-fî-ko-me — du gr.
amphi, autour; komê, chevelure). Entom.
Genre de coléoptères pentamères, famille des
lamellicornes, tribu des scarabéides, renfer-
mant une douzaine d'espèces, qui habitent les
contrées orientales du bassin méditerranéen.
AMPHICONION s. m. (an-fi-ko-ni-on — du
gr. amphi, autour; konis, poussière). Bot.
Genre de plantes qui n'a pas été adopté, et
qui a été réuni au genre chrôlèpe.
AMPHICORDIUM s. m. (an-fl-kor-di-omm
— du gr. amphi, de part et d'autre; chordê,
corde). Instrument de musique des Italiens,
ayant de douze à quinze cordes.
AMPHICORE s. m. (an-fi-ko-re — du gr.
amphikoros, qui tient le milieu). Zool. Genre
d'annélides très-voisin des amphitrites, dont
il se distingue par la présence, aux deux
extrémités, de certains points noirs. •
AMPHICRÂNE s. m. (an-fi-kra-ne— dugr.
amphikranos, qui a deux têtes ou la tête
bimrquée). Entom. Genre de coléoptères
tétramères, famille des xylophages, quiapour
type l'amphicrâne thoracique du Brésil.
AMPHICRÂNIE s. f. (an-fi-krâ-nî — du gr.
amphikranos? qui a la tête bimrquée). Entom.
Genre de coléoptères pentamères, de lafamillo
des lamellicornes, fondé sur Yamphicrànic
bidentée du Chili.
AMPHICTÈNE s. m. (an-fik-tè-nc— du gr-
amphi, des deux côtés; kteis, ktenos, peigne).
Zool. Genre d'amphitrites ou de sabulair'es,
synonyme du genre pectine.
amphictyon s. m. (an-fîk-si-on— de Am-
phictyon, n. pr.). Hist. anc. Représentant de
l'une des villes confédérées de la Grèce, qui
avaient droit de suffrage dans le conseil am-
phictyonique.
AMPHICTYON, un des fils de Deucalion et
de Pyrrha, obtint l'Orient dans le partage des
Etats de son père, régna aux Thermopyles,
vers le xvie siècle av. J.-C., et s'empara de
l'Attique après la mort de Cranails. Les Grecs
lui attribuaient l'institution des amphictyonies.
Amphictyons ( Conseil des ) , la plus cé-
lèbre et la plus importante des amphictyonies.
Son établissement remontait à une époque
fort reculée, comme le prouvent les noms
des douze peuples qui en faisaient originai-
rement partie, et dont la plupart appar-
tenaient à la première civilisation grecque,
Thessaliens , Béotiens, Doriens, Ioniens, Per-
rhœbes, Magnètes, Dolopes, etc., chacun de
AMP
ces peuples avait deux voix au conseil, et en-
voyait deux députés nommés l'un hiéromné-
mon,\'mtrepylagore. L'assemblée se réunissait
soit à Delphes, soit dans le temple de Cérès,
près des Thermopyles. Les délibérations por-
taient sur des questions religieuses et sur les
différends élevés entre les villes amphictyoni-
ques. Le conseil pouvait appeler à 1 exécution
de ses décrets tous les peuples qui faisaient
partie de la confédération. En se développant,
cette institution eût pu devenir le germe de l'u-
nité de la Grèce ; mais l'esprit d'individualisme
de la race hellénique ne permit jamais à ce con-
seil de prendre le caractère d'une diète natio-
nale, et d'être autre chose qu'une sorte de tri-
bunal de conciliation , étendant sa juridiction
sur les attentats contre le droitdes gens, punis-
sant par une sorte d'excommunication ceux qui
profanaient les temples ou violaient les terri-
toires sacrés, et armant parfois contre les cou-
pables tout le corps amphictyonique.
AMPHICTYONAT s. m. (an-fik-si-o-na— rad.
amphictyon). Hist. anc. Qualité d'amphictyon.
AMPHICTYONIDE adj. (an-fik-si-o-ntele
— rad. amphictyon). Hist. anc. Se disait de
chacune des villes qui avaient droit d'envoyer
un représentant au conseil des amphictyons :
Ville AMPHICTYONIDE.
- AMPHICTYONIE s. f. (an-fik-si-o-nî— rad.
amphictyon). Hist. anc. Droit qu'avaient cer-
taines villes de la Grèce, d'envoyer un député
au conseil des amphictyons.
— Assemblée des amphictyons.
— Amphictyonie européenne, Confédération
rêvée par Henri IV, dans laquelle devaient
être débattus les différends d'Etat à Etat :
Les cinq grandes puissances se partagent la
suprématie de l'Europe; elles en constituent
l' AMPHICTYONIE. (PrOudh.)
— Encycl. Dans l'ancienne Grèce, on don-
nait le nom <L' amphictyonies à des associations
d'Etats limitrophes, à la fois politiques et reli-
gieuses , et dont l'institution était attribuée à
Amphictyon, fils de Deucalion; Dans les temps
primitifs, ces associations étaient nombreuses.
Il y en avait en Béotie , à Corinthe, dans l'île
de Calaurie, à Délos, dans l'Ionie, etc. La
plus célèbre était celle qui avait lieu le
printemps à Delphes, l'automne aux Thermo-
pyles. Douze peuples y envoyaient leurs dé-
putés : les Thessaliens , les Béotiens, les Do-
riens, les Ioniens, les Perrhœbes, les Magnètes,
les Dolopes, les Locriens, lés jEtéens, les
Achéens-Phthiotes , les Maliens , les Phoci-
diens. Les attributions du conseil des amphic-
tyons étaient surtout religieuses, et ses déci-
sions déterminèrent plusieurs guerres sacrées.
Il réglait aussi les différends entre les villes
amphictyoniques, qui, dans les cas de guerre,
se reconnaissaient mutuellement certaines ga-:
ranties, comme de s'accorder des trêves, de ne
point détourner l'eau d'une ville assiégée, etc.
AMPHICTYONIQUE adj. (an-fik-si-o-ni-ke
— rad. amphictyon). Qui appartient, qui a
rapport aux amphictyons : Arrêt amphictyo-
nique. La ligue amphictyonique.
AMPH1CTYONIS, surnom de Cérès, tiré
d'un temple élevé à l'endroit où s'assemblaient
les amphictyons.
AMPhicygle s. m. (an-fi-si-kle — du gr.
amphi; autour de; kuklos, disque). Nom donné
au croissant de la lune : Les principaux signes
étaient une tache blanche en forme d'AMPHi-
cycle sur l'épaule gauche et un scarabée sous
la gorge. (Val. Pansot.)
AMPHICYON s. m. (an-fi-si-on — du gr.
amphi, près de ; kuon, chien). Paléont. Genre
de carnassiers fossiles de la taille du lion,
trouvés dans les terrains tertiaires lacustres
du département du Gers. Ce genre, d'après de
Blainville, est intermédiaire entre les chiens
et les ours.
AMPHICYRTE s. m. (an-fl-sir-te — du gr.
amphikurtos, convexedes deux côtés). Entom.
Genre de coléoptères tétramères, famille des
chrysomélines, fondé sur une seule espèce do
la Californie.
AMPHI DAM As, nom de plusieurs person-
nages appartenant aux temps héroïques :
1» Egyptien, fils de Busiris ; fut tué par Her-
cule sur l'autel où son père sacrifiait les étran-
gers qui tombaient entre ses mains ; 2° Guerrier
dont Patrocle tua le fils dans un emportement
de colère ; 3° Arcadien, fils de Cléobule et frère
de Lycurgue, fut un des Argonautes; 4« roi
de Chalcis, en Eubée, mort en combattant
contre les Erythréens. A sa mort, ses fils don-
nèrent des jeux dans lesquels Hésiode gagna
sur Homère le prix de poésie, consistant en
un trépied d'or.
AMPHIDASE s. m. (an-fi-da-ze — du gr.
amphidasus, velu des deux côtés). Entom.
Genre d'insectes lépidoptères, de la famille
des nocturnes, tribu des phalénites, renfer-
mant trois espèces qui habitent l'Europe.
AMPHlDE'adj. (an-fi-de — du gr. amphi, de
part et d'autre). Chim. Nom donné par Ber-
zélius aux sels qui résultent de la combinaison
d'un acide avec une base, c'est-à-dire d'un
oxacide avec une oxybase, d'un sulfide avec
un sulfure, etc. , parce qu'ils sont dus à la com-
binaison de composés produits par des corps
que co chimiste appelait amphigènes.
AMPHIDERME s. m. (an-fi-dèr-me — du
gr. amphi, autour; derma, peau). Bot. Syn.
de cuticule, épidémie des plantes.
AMP
m. (an-fi-dè-me— du gr.
amphi, doublement; desmos, lien), Zool. Genre
de mollusques acéphales de la famille des
mactracés, renfermant un grand nombre
d'espèces, répandues dans presque toutes les
mers. On en connaît aussi quelques-unes à
l'état fossile.
— Entom. Genre de coléoptères tétramères,
de la famille des longicornes. Il renferme deux
espèces exotiques.
AMPHIDESMION s. m. (an-fi-dè-m -on —
du gr. amphi, autour de ; desmos, lien). Bot.
Genre de fougères, formé aux dépens du genre
polypodion.
AMPH1DESMITES adj. et s. m. pi. (an-fi-
dè-mi-te — rad. amphidesme). Zool. Famille
de mollusques acéphales de la classe des con-
chifères, comprenant ceux qui ont un double
ligament, cardinal. Le genre amphidesme en
forme le type.
AMPHIDète s. m. (an-fi-dè-te — du gr.
amphidetos, lié des deux côtés). Zool. Genre
d'échinodermes, formé aux dépens du genre
spatangue.
AMPHIDIARTHROSE s. f. fan-fi-di-ar-trô-
ze — du gr. amphi, de chaque côté ; diarthrôsis,
articulation). Anat. Articulation qui permet
le mouvement en deux sens.
Amphidion s. m. (an-fi-di-on — du gr.
amphidein , lier autour). Genre de mousses,
syn. du genre zygodon.
AMPHIDONAX s. m. (an-fi-do-naks — du
gr. amphi, autour, proche; donax, roseau).
Bot. Genre de plantes de la famille des gra-
minées, indigène du Brésil.
AMPHIDONTE s. m. (an-fi-don-te — du gr.
amphi, autour de ; odous, odontos, dent). Moll.
Genre de mollusques qui ne diffère en rien
des gryphées de Lamarck.
AMPHIDORE s. m. (an-fî-do-re — du gr.
amphidoros, écorché tout autour). Entom.
Genre de coléoptères hétéromères, ayant pour
type Vamphidore littoral, d,u Chili.
amphidoxe s. f. (an-fi-do-kse — du gr.
amphidoxos, controversé). Bot. Plante origi-
nmro du cap, appartenant à la famille des
AMPHIDROMIE s. f. {an-fi-dro-mî — du gr.
amphi, autour ; dromos, course). Fête célébrée
chez les Grecs à la naissance d'un enfant. Le
nouveau-né était promené solennellement au-
tour du foyer et des dieux lares ; la fête était
accompagnée de présents et terminée par des
AMPHIÈTE adj. (an-fi-è-te — du gr. am-
phietês, annuel). Myth. gr. Surnom de Bac-
chus, dont les fêtes revenaient tous les ans.
AMPHIGAMES s. f. pi. (an-fi-ga-me — du
gr. amphi, autour de; gamos, mariage). Bot.
Nom donné par quelques auteurs à la qua-
trième classe du règne végétal, comprenant
les lichens, les .champignons et les algues.
Syn. de cellulaires.
AMPHIGASTRE s. m. (an-fi-ga-stre — du
gr. amphi, autour de ; gastèr, ventre). Bot. Se
dit de l'ensemble des feuilles du troisième
rang, qui, dans un grand nombre de plantes,
recouvrent la partie inférieure de la tige.
amphigastrié, ÉE adj. (an-fi-ga-stri-é).
Bot. Muni d'un amphigastre.
AMPHIGÈNE adj. (an-fi-jè-ne — du gr. am-
phi, doublement; genos, origine). Chim. Nom
donné par Berzelius aux corps simples qui
produisent des acides et des bases : L'oxygène,
le soufre, le sélénium et le tellure sont des
Corps AMPHIGENES.
— s. m. Miner. Minéral qui se rencontre
fréquemment dans les roches ignées et dans
les laves des volcans modernes.
— Encycl. Uamphigène, appelé aussi leucite,
leucolite, à cause de sa couleur blanche, se
rencontre presque toujours en cristaux translu-
cides,-de forme trapézoïdale. Haûy lui donna .
le nom à'amphigène, parce qu'il trouva que la
structure de ces trapézoèdres conduisait à deux
silicate d'alumine et de potasse ; sa cassure est
lamelleuse ou conchoïde ; il raye le verre avec
difficulté et est rayé par, le quartz; au chalu-
meau, il fond, avec le borax, en un verre trans-
parent; il est attaquable par les acides, ce qui
rend son analyse assez facile.
AMPHIGÉNIQUE adj . (an-fi-jé-ni-ke — rad.
amphigène). Miner. Se dit de substances mi-
nérales qui contiennent des cristaux d'amphi-
en grande partie, remplacé par de î'amphi-
gène.
amphiglosse s. f. (an-fi-glo-se — du gr.
amphiglossos , équivoque). Bot. Genre de
plantes de la famille des composées.
AMPHIGOURI s. m. (an-fi-gou-ri — du gr.
amphi, autour; guros, cercle). Discours, pas-
sage rendu à dessein d'une manière inintelli-
gible : Un plaisant amphigouri. Scarron, Collé,
ont fait des amphigouris. L*s deux plai-
doyers et la sentence qui se trov-mt au livre n
de Pantagruel offrent un exemple curieux
^'amphigouri. (Bouill.) h Tout écrit, tout dis-
cours, dont les idées, les phrases sont obscures,
AMP
dépourvues d'un sons déterminé : Je n'ai rien
compris à ce drame; c'est un amphigouri. Quel
amphigouri 1 La langue française est éminem-
ment contraire à /'amphigouri métaphysique.
(Malte-Brun.) Cette pièce est le plus détestable
. amphigouri qu'on puisse lire. (Grimm.) Son
goût, quoique sain et sobre en soi, ne l'empêche
pas de trouver merveilleux les amphigouris
métaphoriques de MM. Talon et de Broussel.
(Stc-Beuve.)
— Encycl. Comme exemples du style am-
phigourique, on a coutume de citer la plai-
doirie de Petit-Jean dans les Plaideurs de
Racine, le compliment de Thomas Diafoirus
dans le Malade imaginaire de Molière, et le
jargon que ce dernier met dans la bouche de
ses précieuses ridicules. — « Mon Dieu , mes
chères , dit Madelon , nous vous demandons
pardon. Ces messieurs ont eu fantaisie de nous
donner les âmes des pieds, et nous vous avons
envoyé quérir pour remplir les vides de notre
assemblée. » — « De grâce, monsieur, dit Ca-
tbos, ne soyez pas inexorable a.ce fauteuil qui
vous tend les bras, il y a un quart d'heure ;
contentez un peu l'envie qu'il a de vous em-
brasser. •
En poésie, le nom ^'amphigouri s'applique a
une pièce de vers en pur galimatias. Collé a
composé un grand nombre de couplets de ce
genre ; il les regardait comme des égarements
de sa jeunesse , delieta juventutis , et il n'a
admis que le suivant dans le recueil de ses
poésies :
Qu'il est beau de se défendre
Quand le cœur ne s'est pas rendu!
Mais qu'il est fâcheux de se rendre
Quand le bonheur est suspendu !
Ce couplet a donné lieu à une anecdote litté-
raire. Il semble tellement présenter quelque
sens, que Fontenelle, l'entendant chanter chez
madame de Tencin, crut le comprendre un
peu et voulut le faire recommencer, pour le
comprendre mieux. Mme de Tencin inter-
rompit le chanteur, et dit à Fontenelle : « Eh I
grosse bête, ne vois-tu pas que ce couplet n'est
?ue du galimatias? — Ma foi ! il ressemble si
brt à tous les vers que j'entends lire ou
chanter ici, répondit malignement Fontenelle,
qu'il n'est pas surprenant que je me sois
mépris. »
AMPHIGOURI (Jeu de l'>, petit jeu de so-
ciété , qui devient très-amusant lorsqu'il se
joue dans une réunion de personnes d éduca-
tion et de caractère différents, car le trait et
les'naïvetés y provoquent également le rire.
Mais il est essentiel qu'une de ces personnes,
au moins, joigne a une grande facilité d'in-
vention, a une imagination riche et vive, un
talent réel de conteur, car c'est elle seule qui
fait presque tous les frais de ce jeu d'esprit,
et qui doit amener les incidents, les surprises
comiques, par le tour habile de son récit. Les
autres n'ont qu'à lui fournir des matériaux et
a lui donner la réplique. Chaque joueur, à
l'exception du coryphée, se choisit un état, un
métier, une profession à sa convenance. Par
exemple, l'un dit: Je suis pâtissier ; un second,
soldat ; les autres , perruquier , chapelier ,
marchand de volailles, cordonnier, etc. ; une
dame ou une demoiselle sera lingère, frui-
tière, etc. Le conteur fait alors appel à toute
son imagination, et brode une histoire dans le
goût de celle qui va suivre. — Chaque fois qu'il
suspend sa phrase en regardant un des joueurs,
celui-ci doit la compléter aussitôt par le nom
d'une chose appartenant à sa profession. S'il
hésite, ou s'il nomme deux fois le même objet,
il doit donner un gage. — Le conteur com-
mence : « Ce matin on frappe à ma porte; je
me hâte de mettre ma... (d regarde le perru-
quier, qui dit:) perruque pour aller ouvrir.'
C'était mon cousin et sa femme, deux provin-
ciaux, deux... (il regarde la fruitière) corni-
chons, qui arrivaient pour me voir. Mon cousin
était abrité par un immense... (le chapelier)
bolivar; ma cousine était coiffée d'un... (le
soldat) shako. J'étais tellement surpris, que je
ne pouvais reprendre... (le cordonnier) alêne.
Mon Dieu! ns-je, en joignant les... (le mar-
chand de volailles) abatis , que vous êtes d'ai-
mables... (la fruitière) navets! Nous nous
sautons mutuellement au... (le perruquier)
toupet, et nous nous embrassons. Mon cousin
était un drôle de... (le soldat) pistolet, long
et plat comme un... (la lingère) ruban, le nez
•'en... (le cordonnier) forme de... (le pâtissier)
brioche; ma cousine avait la tournure .gra-
cieuse d'une... (la fruitière) citrouille. Nous
sortons. A peine dans la rue, un... (le soldat)
bancal me marche sur... (la fruitière )\'oignon.
La colère me rendit blanc comme une... (la
fruitière) cerne, puis rouge comme de... (le
pâtissier) la farine. J'avais grande envie do
lui envoyer un coup de... (le perruquier)
peigne; mais ma cousine se trouve mal de peur,
nous la portons dans un... (le pâtissier) four
pour la rafraîchir, et nous lui desserrons le...
( le marchand de volailles ) gésier pour qu'elle
n'étouffe pas. Mon cousin était furieux ; il vou-
lait se battre avec le maladroit à coups de...
(la fruitière) pommes de terre, etc. » On
comprend qu'une pareille histoire, au talent
près , peut devenir le livre des Mille et une
Nuits.
AMPHIGOURIQUE adj. (an-fl-gqu-ri-ke —
rad. amphigouri). Qui aïe caractère de l'am-r-
phigouri: Style, discours amphigourique. Vers
AMP
AMPHIGOURIQUES. A Ci
que, je vis la vérité sourir
(Gilbert.)
S'applique ai
que, et rester, quatorze cents
constamment amphigourique, Lyeoph
besoin d'un travail qui ne se peut —
(Boissonade.)
ri-ko-man — rad. amphigourique).
nière amphigourique : Parler amphigourique-
ment. Il s'est expliqué amphigouriquement.
AMPHIGOURISME S. m. (an-fi-gou-ris-me
— rad. amphigouri). Néol. Vice do ce qui est
amphigourique ; amour de l'amphigouri.
AMPHIGYNANTHÉES s. f. pi. (an-fi-ji-nan-
té— du gr. amphi, autour; gunê, femelle;
anthos, fleur). Bot. Dénomination appliquée
à un groupe de la famille des synanthérôos.
AMPHIHëXaèDRE adj. (an-fi-èk-za-è-dre
— du gr. amphi , de part et d'autre , et de
hexaèdre). Miner. Cristal qui présente doux
"hexaèdres en deux sons différents.
AMPHILASIE s. f. (an-ii-la-zî — du gr.
amphi, autour de ; /&sios,velu). Bot. Section du
genre pétalacte, de la famille des composées.
amphilepte s. m. (an-ft-lèp-te — du gr.
amphi, dos deux côtés; leptos, grêle, mince).
Infus. Genre d'infusoires polygastriques, nus,
pourvus d'un intestin avec deux orifices dis-
AMPHILOCHIE s. m. (an-fi-lo-chî — du gr.
amphi, des deux côtés; locheia, enfantement).
Bot. Genre de plantes de la famille des vo-
chysiacées, ne renfermant que deux espèces,
propres au Brésil.
AMPHILOME s. m. (an-fi-lo-me — du gr.
amphi, autour; lama, bord). Bot. Genre de
plantes de la famille des lichens, caractérisées
par des apothécics munies d'un double bord.
ANPHILOPHE s. m. (an-fi-lo-fe — du gr.
amphi, autour; lophos, crête). Bot. Genre de
plantes do la famille des bignoniacées, propre
a l'Amérique tropicale.
AMPHILOQUE s. m. (an-fi-!oke — n. myth.).
Entoin. Genre de coléoptères tétrameres, de
la famille des chrysomélines, fondé sur une
seule espèce du Brésil.
ÀMPH1LOQUE, fils d'Amphiaraûs et d'Eri-
phyle, devin comme son père, prit part a la
guerre des Epigones^ se rendit au siège de
Troie, et, à son retour, fonda avec le devin
Mopsus la ville de Mallus en Cilicie. Il eut en-
suite dans cette ville un oracle qui était en
grande réputation du temps de Pausanias.
AMPHILOQUE (saint), évêque d'Icône, né
en Cappadoce, vivait au rve siècle. Il présida
plusieurs conciles et écrivit de nombreux ou-
vrages contre les messaliens, les ariens et
autres hérétiques. L'Eglise célèbre sa fête le
23 novembre.
AMPHILOQOIENS s. m. pi. (an-fi-lo-ki-ain).
Géogr. anc. Nom d'un peuple de l'Acarnanie,
dans l'anc. Grèce.
AMPHIMACRE adj. et s. m. (an-fi-ma-kre
— du gr. amphi, autour ; makros, long). Versif.
anc. Se disait d'un pied formé de trois sylla-
bes, dont une brève entre deux longues.
AMPHIMALLE s. m. (an-fi-ma-le — du gr.
amphi, autour; mallos, laine). Antiq. rom.
Etoffe de laine épaisse et grossière avant un
long poil des deux côtés du tissu, d'où son
nom. On s'en servait pour faire des tapis, des
vêtements d'hiver, etc.
— Au iv« siècle, Coiffure que portaient les
diacres.
— Entom. Genre de coléoptères ponta-
mères, famille des lamellicornes, dont les,
espèces appartiennent à la France.
troupe de Ci
n à ban-
AMP
fondé sur une seule espèce, indigène du cap
de Bonne-Espérance.
AMPÏIINOMCS. V. AnapiUS.
AMPHIODON s. m. (an-fi-o-don — du gr.
amphi, autour; odous, odontos, dent). Ichth.
Genre de poissons de la famille des clupéoïdes,
à dents nombreuses, coniques et pointues,
AMPHION s. m.(an-fi-on— du gr. amphion,
manteau). Crust. Genre de crustacés de 1 ordre
des stomapodes, dont la seule espèce connue
a été recueillie en. haute mer dans l'océan
Indien.
— Entom. Genre de coléoptères tétrameres,
famille des longicornes, tribu des If—'""»*
fondé sur une seule espèce, l'amphi-
. delettes, de Colombie.
AMPHION, musiciei „
de Jupiter. Apollon lui fit présent
d'or. Aidé de son frère Zéthus, il s'empara de
la ville de Thèbes pour venger les injures
faites à leur mère, et bâtit alors les remparts,
dont les pierres, suivant les récits des poètes,
venaient se placer d'elles-mêmes au son de sa
lyre. Amphion était l'époux de cette malheu-
reuse Niobé, dont les quatorze enfants furent
tués à coups de flèches par Apollon. Comme
Linus, comme Orphée, Amphion était sans
doute un de ces civilisateurs qui ont policé les
hommes et leur ont donné des lois dans les
premiers siècles du monde. Suivant plusieurs
mythologues, le pouvoir merveilleux de sa lyre
n'était autre que les accords harmonieux qui
charmaient les ouvriers chargés de bâtir les
remparts, et leur faisaient oublier leurs fati-
gues. Quoi qu'il en soit, cette lyre est restée
célèbre, et sert à caractériser poétiquement la
grec, fils d'Antiope et
fit présent d'une lyre
s'accomplit un travail
i peu pli
le Scamandre par Achille.
AMPHIMÉOON, fils de Mélanthée , un des
prétendants de Pénélope, tué par Télémaqu'e.
amphiméTRIQOE adj. (an-fi-mé-tri-ke —
du gr. amphi, autour ; metron, mesure). Miner.
Se dit des substances dont les cristaux offrent
une incidence égale dans certaines de leurs
faces.
AMPHIMIMÉTIQUE adj. (an-fi-mi-mé-ti-ke
— du gr. amphi, autour; mimêtès, imitateur).
Miner. Nom donné à une variété de chaux
carbonatée dont les cristaux ■ sont composés
du rhomboïde primitif et de deux dodécaè-
.__.__. , petite de celles
du primitif.
AMPHINOME s. f. (an-fl-no-me — du gr.
amphinômô, je m'agite en rond). Annél. Genre
d'annélides renfermant plusieurs espèces,
dont une seule, Yamphinome errante, habite
les mers d'Europe.
AMPH1NOMÉES s. f. pi. (an-fi-no-mô —
rad. amphinomé). Annél. Famille des amphi-
nom.es.
AMPHINOMIE s. f. (an-fi-no-mî — du gr.
amphi, adv. de doute, nomos, loi, règle). Bot.
Genre de plantes rapporté avec doute par de
Candolle a la famille des légumineuses, et
facilité avec laquelle
pénible :
« Vous trouverez les Délices
agréables qu'elles n'étaient, vous
logé et nous tâcherons de vous faire les hon-
neurs de la maison mieux que nous n'avons
jamais fait. J'ai bâti un château dans le pays
de Gex, mais ce n'est pas avec la lyre d' Am-
phion; son secret est perdu. Je me suis ruiné
pour avoir eu l'impertinence d'être architecte. »
Voltaire. (Lettres.)
« La parole de M. Berryer, ce sont toutes
les splendeurs à la fois, le résumé de tous les
éléments qui constituent l'orateur. C'est cette
puissance de talent a. laquelle, dans l'antiquité,
tout obéissait. La parole de M. Berryer aurait
créé un peuple, comme Amphion bâtissait des
villes. » M"»s Swetchine.
« On se souvient de la folle joie des philo-
sophes en voyant le succès de leurs livres, la
foule des conversions et l'unanimité des -suf-
frages. Ils en furent éblouis au point de croire
qu'à leur voix les peuples se mettraient en
mouvement, -comme les pierres de Thèbes aux
accents d' Amphion. » Rivarol.
• Paris semble à mes yeux un pays de romans :
J'y croyais, ce matin, voir une lie enchantée;
Je la laissai déserte, et la trouve habitée ;
Quelque Amphion nouveau, sans l'aide des maçons,
En superbes palais a changé ses buissons. •
Corneille.
AMPHIONYQUE s. m. (an-fi-o-ni-ko — du
gr. amphi, des deux côtés ; onux, onuchos.
gîe). Entom. Genre de coléoptères tétrameres,
de la famille des longicornes, renfermant de
nombreuses espèces toutes exotiques.
AMPHIPHAGIE s. f. (an-fi-fa-jî — du gr.
amphi, l'un et l'autre ; phagà, je mange). Ap-
titude à se nourrir de toutes sortes d'aliments.
AMPHIPNEUSTÉ adj. (an-fi-pneu-ste — du
gr. amphi, des deux cotés; pneâ, je respire).
Zool. Se dit des animaux qui respirent en
même temps par des branchies et par des
poumons.
— s. m. pi.. Erpét. Tribu de la classe des
reptiles, comprenant ceux qui ont deux appa-
reils respiratoires.
amphipode adj. (an-fi-po-de — du gr.
amphi, doublement; pous, podos, pied). Zool.
Qui a deux sortes de pieds, au moyen desquels
il saute et nage à volonté. t
— s. m. pi. Classe de crustacés entomostra-
cés édriopnthalmes, c'est-à-dire à yeux ses-
siles, et dont la plupart sautent et nagent
avec facilité, mais toujours du même coté :
Les amphipodës sont de petits crustacés aqua-
tiques et terrestres.. (Guerin.)
— Encycl. Les amphipodës ont toujours le
thorax divisé en six ou sept segments, et l'ab-
domen en six; leurs pattes-mâchoires sont
réunies sur une base commune et constituent
une espèce de lame sternale. Les pattes am-
bulatoires sont au nombre de sept paires, et,
à l'exception des deux premières paires et
quelquefois des dernières, ils portent des ap-
pendices membraneux suspendus sous le ster-
num. La tète est presque toujours distincte
du thorax et a quatre antennes. La femelle
porte ses œufs sous la poitrine, entre des
écailles qui forment une sorte de poche, et les
petits restent attachés au corps de la mère
jusqu'à ce qu'ils aient acquis assez de force
.pour aller eux-mêmes chercher leur nourriture.
— En général, les amphipodës vivent en so-
ciété; quelquesruns sont parasites. Presque
toutes 1er espèces sont maritimes, mais plu-
AMP 299
sieurs peuvent vivre a terre pendant un cer-
tain temps ; un petit nombre de ces espèces ha-
bitent les eaux douces. — Ce groupe renferme,
entre autres genres, les crevettes, les leuco-
thoés, les talitres et les orchesties, vulgaire-
ment appelés puces de mer; les corophies, les
cérapes, les atyles, les hypéries, les anchylo-
mères, les phronimes, etc.
AMPHIPODIFORME adj. (an-fi-po-di-for-
me— -de amphipode et forme). Entom. Se dit
des larves hexapodes, herbivores, qui, avec
de longues antennes, ont un corps court, com-
primé et sauteur.
AMPHIPOGON s. m. (an-fl-po-gon — du gr.
amphi, autour; pogân, barbe). Bot. Genre de
plantes de la famillo des graminées, origi-
naires de la Nouvelle-Hollande.
AMPHIPOLES s. m. pi. (an-fi-po-le — du
gr. amphipoleà , je veille sur). Antiq. gr. Nom
de magistrats de Syracuse qui furent institués
par Timoléon, après l'expulsion do Denys lo
Tyran, et qui gouverneront pendant trois
AMPH1P0LIS, ville de l'anc. Macédoine, sur
le Strymon. patrie du critique Zoïle. Thucy-
dide fut exilé pour n'avoir pas su la défendre
contre les Lacédémoniens.
AMPHIPOLITAIN , AINE s. et adj. (an-fi-
po-li-tain,è-ne). Géogr. anc. Habitant d'Am-
phipolis en Macédoine; qui appartient à
Ampbipolis ou à ses habitants.
AMPHIPORE s. m. (an-fl-po-re — du gr.
amphi, des deux côtés; poros, ouverture).
Annél. Genre d'annélides, de la famille des
gyratriciens : X'amphiporb blanchâtre habite
la mer liouge.
AMPHIPRION s. m. (an-fi-pri-on — du gr.
amphi, autour, double; priân, scie). Ichth.
Genre de poissons do la famille des seiénoïdes,
originaires de l'Inde : Les amphiprions se
nourrissent d'herbes marines, (Valenciennes.)
AMPHIPROSTYLE s. m. et adj. (an-fi-pro-
sti-le — du gr. amphi, do part et d'autre ; pro}
devant ; stulos, colonne). Antiq. Nom donne
h certains temples ou à des édifices qui
avaient un portique ouvert et s'avançant en
saillie à chacune de ses extrémités : Comment
concevoir qu'on fasse d'un temple amphipro-
style et périptère la paroisse .du premier
arrondissement? (Vitct.)
AMPHIPTÈRE s. m. (an-fl-ptè-re — du gr.
amphi, de deux côtés ; pteron, aile). Blas. Ser-
pent qui a deux ailes. Le Camoêns : d'azur, à
un amphiptôre d'or essorant entro doux mon-
tagnes d'argent.
AMPHIPYRE adj. f. (an-fi-pi-re —du gr.
amphipuros ; forme de amphi, de deux côtés,
et pur, feu). Myth. Epithôte de Diane repré-
sentée avec une torche dans, chaque main.
— s. m. Entom. Genre d'insectes lépido-
ptères, de la famille des nocturnes.
AMPHIPYRIDES s. m. pi. (an-n-pi-ri-de
— rad. amphipyre). Entom. Tribu de lépido-
ptères nocturnes.
AMPHIRHAPIS s. m. (an-fi-ra-piss — du
gr. amphi, autour; rhapis, verge, baguette).
Bot. Genre de plantes de l'Inde, de la famille
des radiées, qui ont une grande ressemblance
avec nos plantes appelées verges d'or.
AMPHIRHOÉ s. f. (an-fi-ro-é — n. myth.).
Zooph. Genre de polypiers flexibles de 1 ordre
des corallinées.
AMPHIRHOÉ, une des Océanides.
AMPHIRRHEUX.EUSE adj. (an-fir-reu eu-
ze). Techn. Se dit de la partie sur laquelle se
dévide la corde d'une machine dont on se sert
pour lever des fardeaux, n S'empl. aussi
comme subst. masc.
amphisarque s. m. (an-fi-zar-ke — du
gr. amphi, autour; sarx, sarkos; chair). Bot.
Fruit sec, indéhiscent, ligneux à l'extérieur et
pulpeux à l'intérieur, tel que celui du baobab.
AMPHISBENE s. m. (an-fi-sbè-ne — du gr.
amphi, des deux côtés; bainô, je marche).
Nom donné par les anciens a un serpent
auquel ils attribuaient la faculté do marcher
en avant et en arrière.
— Erpét. Genre de reptiles ophidiens, non
venimeux, de la tribu des doubles marcheurs,
ayant le corps cylindrique, la tête obtuse,
.i:_ rte d'écailler ' «. _-=_-
arrondie, couverte d
les yeux a peine
' — Blas. Serpent ailé dont la queue est ter-
minée par une tête, de manière qu'il semble
pouvoir marcher dans deux directions, en
avant et en arrière.
AMPHISBÉNIEN , IEHNE adj. (an-fi-sbé-
ni-ain, è-ne — rad. amphisbèné). Erpét. Qui
ressemble à l'amphisbène.
— s. m. pi. Famille de l'ordre des ophi-
diens, établissant le passage entre ceux-ci et
les sauriens apodes ou les orvets.
AMPHISBÉNOÏDE adj. (an-fi-sbé-no-i-de —
de amphisbèné, et du gr. eidos, formo, ressem-
blance). Erpét. Syn. de amphisbénien.
amphisceps s. m. (an-flss-sèpss — du
gr. amphi, autour; skepê, enveloppe). Entom,
Genre d'insectes hémiptères do la famillo des
cigales.
AMPHISCIENS s. m. pi. (an-fiss-si-ain —
du gr. amphi, des doux côtés ; skia, ombre).
Géogr. astron. Se dit des habitants de la zono
torride, qui voient leur ombre tantôt au sud,
300
AMP
tantôt au nord, selon que le soleil est de ce
côté-ci ou de l'autre côté de l'équalour.
AMPHISCOPIE s. f. (an-fi-sko-pî — du gr.
amphi, autour; skopia, action d'observer).
Bot. Genre de plantes do la famille des aean-
thacées, formé pour un petit arbuste du Bré-
sil encore peu connu.
Amphise s. f. (an-fl-ze). Entom. Genre
de 'lépidoptères nocturnes, renfermant une
Feule espèce, qu'on rapporte aujourd'hui au
tenre tortrix (tordeuses ou pyrales).
amphisile s. m, (an-fi-zi-le).Ichth. Genre
de poissons dont le dos est cuirassé de larges
pièces écailleuses. ' ,
AMPHISMILE s. f. (an-fi-smi-le — du gr.
amphi, des deux côtés; smilê, couteau). Ane.
chirur. Scalpel ou bistouri à. deux tranchants.
AMPHISPHALSIS s', m. (an-fi-sfal-siss —
gr. ampîiisphalsis ,'< action do retourner de
l'autre côté). Anat. Mouvement circulaire
que l'on, imprime à l'os de la cuisse pour le
réduire quand il est luxé.
amphispore s. m. (an-fi-spo-rû — du gr:
amphi, des deux côtés ; spora, semence). Bot.
Genre de champignons de la taniille des gas-
téromycètes. ■.;■■■.-
AMPII1SSA ou SALONA, ville de Grèce, à
no kit- d'Athènes. Ses habitants s'étant
permis de labourer le territoire du temple
de Delphes, les Grecs entreprirent contre
Amphissa une guerre sacrée dont le comman-
dement fut confié à Philippe, roi de Macédoine,
qui prit et jasa la ville en 339 av. J.-G.
AMPHISSA, fille- de Macar et petite-fille
d'Eole, qui donna son nom à une ville.
amphistaube 's. m. (an-fi-stô-re — ■ du
gr. amphi, dos deux côtés; stauros, pieu).
Entom. fonre de coléoptères pentameres, de
la famille des lamellicornes, formé aux dépens
du genre cétoine.
AMPHISTÉGINE s. f. (an-fi-sté-ii-ne — du
gr. amphi, autour do; steqè, chambre). Zool.
Genre de céphalopodes, de l'ordre des ento-
mostègues et de la famille des astôrigônidées,
comprenant plusieurs espèces vivantes, et
d'autres fossiles, trouvées dans les sables de
la mer et- dans les couches terrestres supé-
rieures.
AMPHISTOME adj. (an-fi-sto-n
faire' front'devant et derrière
— "Helmirith. Genre de Vers intestinaux,
présentant un pore terminal ot solitaire à.
chaque .extrémité du corps.
— sl'f. pi. Bot. Ordre de la famille dos
mousses.
amphisympathie s. f. (an-fi-sain-pa-tî —
du gr. amphi, autour, et îr. sympathie). Philos.
Dans le système de Fourier, sympathie qui
s'étend à. tous les êtres qui nous approchent.
AMPHITANE s. f. (an-fi-ta-ne). Miner.
Espèce de pyrite magnétique dont parlent
,les anciens auteurs. Selon eux, elle se trouvait
dans les mines d'or de l'Inde.
AMPHITAPA s. f. (an-fl-ta-pa — du gr.
amphitapos, velu des deux côtés). Antiq. Mot
qui désignait une espèce particulière d étoffe
ayant du poil des deux cotés.
AMPHITHALAME s. m. (an-fi-ta-la-me —
du gr. amphi, autour do; tlialamos, chambre
à coucher). Antiq. gr. Nom qu'on donnait,
chez les Grecs, à une petite chambre placée
à côté du lit, dans laquelle était un autre lit
pour coucher un esclave, il Lit dont le chevet
est adossé au chevet d'un autre lit.
AMPhithalee s. f. (an-fi-ta-lé — gr.
a?nphithalês, qui fleurit tout autour). Bot,
Genre de plantes de la famille des légumi-
neuses, propre à l'Afrique australe.
AMPHITHÉÂTRAL, ALE adj. (an-fi-té-a-
trat — rad. amphithéâtre). D'amphithéâtre;
qui appartient, qui a rapport à un amphi-
théâtre : La disposition amphithéâtrale fai-
sait que chaque spectateur ne respirait pas
l'air déjà respiré par d'autres. (Nisard.) La
forme amphithéâtrale, déjà consacrée pour
nos assemblées législatives, l'a été en quelque
sorte définitivement dans la reconstruction de
la Chambre des députés. (Gourlier.) [i Inusité
au masç. pi. ...
amphithéâtre s. m. (an-fi-té-â-tre —
du gr. amphi, autour; theatron, théâtre). Chez
les anciens, Grand édifice de forme ronde ou
ovale, garni de gradins, d'où l'on assistait
aux- combats de gladiateurs ou de botes'
féroces : /-'amphithéâtre de Vespasièn ou
Cotisée. L'amphithéâtre de» Nimes, d'Arles.
Ce né fut guère que sous Auguste que les
amphithéâtres déployèrent à Borne toute leur
magnificence. (Encycl.) L'arène était la partie
de ^'amphithéâtre dans laquelle se donnaient
les combats de gladiateurs et de bêtes féroces.
(.Millin.) Les gradins inférietirs de /'amphi-
théâtre étaient pour les citoyens distingués;
les suivants pour ceux des classes inférieures
du peuple. (Millin.) Tant que Monte garda la
dépravation de ses mœurs païennes, ses amphi-
théâtres occupèrent le premier rang parmi
tous ses monuments. (Guiraud.) Vérone a un
amphithéâtre qui rappelle e
Cotisée de Home. (Ad. Paul.)
— Fig. : Le monde est un vaste
où chacun est placé tant bien que mal i
gradin; on croit que la suprême félicité
AMP *
tes gradins les plus élevés , c'est une erreur.
(M«>« de Maintonon.)
— Par ext. Ensemble des spectateurs qui
se trouvent dans un amphithéâtre : Tout
/'amphithéâtre se leva pour le regarder.
(Volt.)
— Dans nos théâtres, Partie de la salle qui
s'élève en pente devant la scène,' soit immé-
diatement au-dessus du parterre, soit aux
rangs supérieurs des loges : Billet (2'amphi-
théÂtre. Amphithéâtre des premières loges,
du parterre.
— Lieu où les professeurs d'anatomie, de
chimie, etc., font leurs démonstrations, don-
nent leurs leçons : .^'amphithéâtre du Jardin
des Plantes, ^'amphithéâtre de l'Ecole de
médecine, //amphithéâtre de la Sorbonne.
— Particulièrem., Salle où se font les dis-
sections : Que de malheureux ne sortent de
l'hôpital que pour aller à /'amphithéâtre! £a
fréquentation des amphithéâtres de dissec-
tion dispose aux maladies adtjnamiques. (Cho-
mel.) Nos amphithéâtres sont des écoles ana-
tomiques où la mort enseigne d épeler la vie.'
(Descuret.) ; -
— Se dit, par analogie, d'un terrain, d'un
site quelconque qui va en s'élevant graduel-
lement : De chaque coté, le terrain s'élève en
amphithéâtre. Ici des coteaux s'élèvent comme
en amphithéâtre. (Fén.) Naples est bâtie en
amphithéâtre au bord de la mer. (Mme de
Staël.) La petite ville de Trévoux s'élève en
amphithéâtre sur la gauche de' la Saône.
(Malte-Brun.) La partie de la ville qu'on
aperçoit en se retournant est aussi -très-bien
disposée pour le coup d'ail, et présente' un
amphithéâtre de rues et de terrasses plus
agréables avoir qu'à parcourir. (Gér. de Nerv;)
Le village au-dessous forme un amphithéâtre.
iste amphithéâtre
Saint-Lambekt.
Dëlille.
— Encycl. Chez les anciens , les amphi-
théâtres étaient de grands édifices de forme
ronde ou elliptique, présentant, comme leur
nom même 1 indique , l'aspect d'un double
théâtre. Ils étaient spécialement affectes aux
combats de gladiateurs ou de bêtes féroces, et
quelquefois aux représentations dramatiques.
Voici quelle était le plus souvent leur disposi-
tion. Au centre était X arène, réservée . aux
combattants, entourée d'un large mur, haut
de douze à quinze pieds. A partir de ce mur
ou soubassement, appelé podium, s'élevaient
en gradins, jusqu'au faîte de, l'édifice , les
sièges destinés aux spectateurs. Ces gradins
étaient coupés de distance en distance par de
petits escaliers de communication, et les divi-
sions ainsi formées s'appelaient coins (cûnei),
a. cause de leur forme angulaire. Chaque esca-
lier aboutissait à une porte de dégagement
appelée du nom énergique et pittoresque de
vomitoire. Enfin, pour faciliter la circulation,
des gradins plus hauts et plus larges que les
autres, servant en quelque sorte de paliers,
divisaient l'amphithéâtre sur sa hauteur ; .on
les nommait précinctions , ou encore baltei
(baudriers, objets dont ils affectaient la forme).
La section des gradins supérieurs s'adossait,
dans tout son pourtour, à un portique couvert,
en colonnade du côté de ^amphithéâtre, fermé
vers l'extérieur, et servant tout à la fois de
promenoir et d'abri. Deux portes situées à
chaque extrémité de l'édifice, sur son grand
axe, donnaient entrée dans l'arène : l'une se
nommait porte sanitaire (sanavioaria) ; c'est
par elle qu'arrivaient les combattants ; l'autre,
porte mortuaire (mortualis ou libitinensis) T;
elle servait à l'enlèvement des gladiateurs
mis hors de combat. Des caveaux voûtés, dis-
posés autour de l'arène, renfermaient les
bâtes féroces destinées à entrer en lice, ou
l'eau qui devait transformer l'arène en lac
pour les namnachies. (V. ce mot.) Extérieu-
rement, l'amphithéâtre offrait ' un ou deux
étages de portiques en arcades, avec des
colonnes ou des pilastres. Des mâts fixés dans
l'entablement servaient a tendre les cordages
destinés à supporter le velarium , immense
voile qui abritait les spectateurs contre le
soleil ou la pluie.
Le plus ancien amphithéâtre de l'Italie qui
ait subsisté jusqu'à nos jours paraît être celui
de Sutri (l'antique Sutrium) ; c'est un ouvrage
des Etrusques, admirable, unique en son
genre ; il est entièrement taillé dans le roc et
mesure environ mille pas de circonférence ; il
a conservé tous ses couloirs, ainsi que six
rangs de gradins. Au commencement de ce
siècle, le marquis Savorelli, possesseur d'une
villa dont fait partie ce curieux monument, a
eu le bon esprit de faire enlever le sable, les
buissons et les arbres qui avaient envahi l'en-
ceinte. On assigne également une haute anti-
quité à l'amphithéâtre de Capoue, qui présente
au centre quelques constructions dont les
archéologues n'ont pu s'expliquer la destina-
tion. Quelques auteurs attribuent aux Ca-
pouans, peuple aussi sanguinaire qu'efféminé,
l'invention des combats de gladiateurs et celle
du velarium. Leur amphithéâtre, en partie
détruit par les Romains après le passage d'An-
nibal, fut rebâti sous Jules- César, réparé,
embelli sous Adrien, et dédié à Antonin le
Pieux. Au moyen âge, il fut transformé en
citadelle ; les Sarrasins y soutinrent un siège
__it; plusieurs murs furent renversés,
dans la suite les matériaux furent employés à
la construction de la cathédrale et d'autres
édifices. Il en reste encore, toutefois, des
débris fort beaux.
L' amphithéâtre ou colisée de Pouzzoles,
où Auguste assista à des jeux célébrés en son
honneur, contenait quarante mille specta-
teurs. Il est actuellement dans un état de
dégradation presque complète ; mais le vaste
réservoir souterrain qui contenait l'eau des-
tinée aux naumachies est à peu près intact ;
les Italiens le nomment le labyrinthe.
Le grand amphithéâtre de Lucques , encom-
bré au dedans, mais assez bien conservé
au dehors, remonte aux premiers temps des
Césars : au moyen âge, les citoyens lucquois
y tenaient des assemblées politiques, ce qui le
rit appeler le Parlascio,
\ L'amphitfiéàtre de Pompéi, préservé contre
les injures des' barbares et du temps par la
couche de cendre dans laquelle il a été si
longtemps enseveli, pouvait contenir jusqu'à
vingt mille personnes, plus que la ville ne
comptait d'habitants ; mais les populations du
voisinage ne manquaient pas de s'y porter
aux jours de spectacles. Tacite nous apprend
que ce lieu de réjouissances devint le théâtre
d'une affreuse scène de carnage (atrox cœdes)
entre les habitants de Pompéi et ceux de
Nuceria, venus pour assister a un combat Me
gladiateurs.
L'Italie compte plusieurs autres amphi-
théâtres, dont les plus remarquables sont
décrits aux villes où ils se trouvent. Il nous
suffira de citer : en Italie, le célèbre Colisée
de Rome, les amphithéâtres de Vérone, de
Paestum, d^Albe, d'Otricoli, de Syracuse,
d'Agrigente, de Catane; en Grèce, ceux d'Ar-
gos et de Corinthe; en Espagne, celui d'Hi-
pella; en France, ceux de Fréjus et d'Autun,
et les arènes de Nîmes et d'Arles.
AMPHITHÉÂTRIQUE adj. ( an -fi- té- a-
tri-ke — rad. amphithéâtre). Disposé en am-
phithéâtre. Très-pou usité.
amphithÉRION s. m. (an-fi-tô-ri-on — du
gr. amphi, préposition qui marque le doute;
thêrion, animal). Foss. Fossile regardé par
quelques auteurs comme une espèce de diacl-
phe, par quelques autres comme un mammi-
fère monadelphe, et- par plusieurs, enfin,
comme un ovipare voisin des sauriens ou de
certains poissons.
amphithëTE s. m. -(an-fi-tè-te — du gr.
amphithetos, même sens). Antiq_. Coupe à
doux anses d'une grande capacité, dont les
Grecs faisaient usage.
AMPHITHOÉ s. m. (an-fi-to-é — n. myth.).
Crust. Genre de crustacés amphipodes, établi
pour plusieurs espèces de crevettes,
AMPHITHOÉ. Nom d'une Néréide.
amphitHOÏTE s. m. (an -fi-to-i-te — de
Amphithoé, n. myth.). Zool. Nom donné à un
genre de polypiers faussement établi sur un
fossile des environs de Paris. - .
AMPHITRÉTIE s. f. (an-ft-tré-tî — du gr.
amphitréSj percé des deux côtés). Bot. Genre
de champignons dont les deux surfaces sont
poreuses.
amphitriChe s. m. (an-fi-tri-che — du
gr. amphi, autour de; thrix, trichos, cheveu).
Bot. Genre de champignons qui se trouvent
sur le bois des pins et des sapins exposés à
l'air.
AMPHITRITE, déesse de la mer, fille de
Nérée et de Doris. Elle épousa Neptune, qui
la rendit mère de Triton et d'un grand nombre
de nymphes. Amphitrite avait une statue dans
un temple à Corinthe ; elle était adorée dans
l'île de Ténos, une des Cyclades. Les poètes
la représentent se promenant surles eaux, dans
un char en forme de coquille , traîné par 'des
dauphins ou des chevaux marins, tenant à la
main un sceptre d'or pour marquer son auto-
rité sur les flots. Les Tritons et les Néréides
accompagnent son char; les uns tiennent les
rênes, les autres sonnent de la trompette aveo
leurs conques recourbées pour annoncer l'ar-
rivée lie la déesse'à toutes les divinités secon-
daires. Quelques poètes la représentent por-
tant dans ses bras un jeune enfant auquel ils
donnent le nom de Palémon.
En poésie, Amphitrite signifie la mer. Les
poètes disent le sein d' Amphitrite, le dos d' Am-
phitrite, pour l'intérieur de la mer, la surface
de la mer :
Du rapport d'un troupeau, dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin A'Amphitrite.
\,k Fontaine.
Belle Aréthuse, ainsi ton onde fortunée
Roule au sein furieux d'Amphitrite étonnée-
Un cristal toujours pur et des flots toujours clairs,
Que ne corrompt jamais l'amertume des mers.
, VOLTAUIE.
AMPHITRITE s. f. (an-fi-tri-te — n. myth.).
Annél. Genre de vers marins tubicoles, de la
classe des chétopodes, dont les espèces sont
répandues dans toutes les mers.
AMPHITRITÉES s. f. pi. (an-fi-tri-té —
rad, amphitrite). Annél. Famille d'annélides
ayant pour type le genre amphitrite.
AMPHITROPE adj. (an-fi-tro-pe — du gr.
amphi, des deux côtés ; trepein, tourner). Bot.
Se dit de l'embryon dont les doux extrémités
sont recourbées.
AMFHITROPIE s. f. (an-fi-tro-pî — rad.
anfitrope). Bot. Phénomène que présente
l'embryon amphitrope.
AMPHITRYON s. m. (an-fi-tri-on — n. pr.}.
Celui qui donne à dîner ; le maître de la mai-
son où l'on dîne : Un aimable, un joyeux
amphytrion. Pour un homme riche, le plus
beau rôle en ce monde est celui ^amphitryon.
(Grimod de la Revn.) Travaillons à la gloire
des amphitryons pour en augmenter le nombre
et multiplier nos plaisirs. (Grimod de la Reyn.)
Le premier devoir d'un amphitryon est de
bien appareiller ses cmvioes. (Brill.-Sav.) La
France est la mère patrie des amphitryons.
(Carême.) Il suivit la bande joyeuse chez I'am-
phitryon de la nuit. (G. Sand.) Il fut l'ami
intime et le familier de tous les gens en place,
le patron ou /'amphitryon des gens de lettres.
(Ste-Beuve.)
S'il est un rôle noble et bien digne d'envie.
C'est celui.d'un mortel qui fait en sa maison
Les honneurs de sa table en digne amphitryon.
Berchouï.
h'amphitryon du lieu, durant ce caquelage,
Dont le tumulte l'étourdit,
plaint tout bas que ce tapage
ts lui dérobe 1
Des convives di „_,
Que le dîner se refroidit. Delille.
— Le mot amphitryon est toujours mascu-
lin ; cependant un écrivain contemporain lui
a donné la forme féminine : Une autre amphi-
tryonne promit à la société l'exhibition d'un
jeune sauvage. (Ph. Busoni.)
— Epitbètes. Civil, digne, aimable, affable,
agréable, gracieux, gai, joyeux, spirituel, soi-
gneux, attentif, délicat, expert, habile, somp-
tueux-, libéral, magnifique, prodigue, économe,
chiche, avare, incivil, maussade, grossier,
chagrin, fâcheux, caustique.
— Antonymes. Convive, invité.
AMPHITRYON, fils d'Alcée, roi de Tyrinthe,
et petit-fils de Persée. 11 épousa Alcmène,
fille de son oncle Electryon, roi de Mycènes.
Pendant une guerre qu'il soutenait contre les
Théléboens, Jupiter revêtit ses traits pour
tromper la fidélité d'Alcmène, qu'il rendit
mère d'Hercule. Amphitryon le reconnut pour
son fils, et périt dans une guerre entreprise de
concert avec lui contre les Orchoméniens.
Ampitiiryon, comédie de Plaute. Avoir vu
bu lu V Amphitryon de Molière, c'est connaître
celui de Plaute, que notre grand comique a
imité complètement, mais en surpassant l'au-
teur latin. Toutefois, la pièce de Plaute était
si estimée des Romains, que, sous le règne de
Dioclétien, on la faisait encore jouer dans les
calamités publiques pour apaiser Jupiter. Ils
pensaient sans doute dérider le iront du
maitre des dieux au souvenir de cette folie de
jeunesse, et faisaient ainsi une application
anticipée de notre vers français :
J'ai ri, me voilà désarmé.
Dans toutes les éditions de Plaute, cette
pièce est placée la première. Elle a été tra- ■
duite en espagnol par don Villalobos. Rotrou
l'a imitée en vers français, et c'est dans sa
pièce que l'on trouve ce vers :
Foin d'un amphitryon où l'on ne dine pas!
Dryden a également donné une imitation de
Y Amphitryon en anglais. Divers poètes italiens
ont approprié cette œuvre à leur théâtre. Pie-
tro Pareta en a donné une assez remarquable
traduction, ainsi que Louis Dolce, dans sa
comédie del Marito. Nous citerons la traduc-
tion française de Mme Dacier, et celle de l'a-
vocat Girauld, qui parut en 1761.
Amphitryon , comédie de Molière en trois
actes et en vers libres , représentée pour la
première fois le g janvier 1668, imitation de la
pièce de Plaute.
« Peu d'ouvrages, dit La Harpe, sont aussi
réjouissants qu'Amphitryon. On a remarqué ,
il y a longtemps, que les méprises sont une
des sources de comique les plus fécondes ; et
comme il n'y a point de méprise plus forte que
celle que peut taire naître un personnage qui
paraît double, aucune comédie ne peut faire
rire plus que celle-ci ; mais comme le moyen
est forcé, le mérite ne serait pas grand si
l'exécution n'était pas parfaite. » La pièce
repose en effet tout entière sur une double
méprise.
Pendant qu'Amphitryon, général des Thé->
bains, est allé combattre les ennemis, Jupiter,
épris' d'Alcmène, épouse d'Amphitryon, prend
la forme de celui-ci et trompe Alcmène à la
faveur de cette métamorphose. Il s'est fait
accompagner dans cette expédition de son
fidèle Mercure, qui lui-même a pris les traits
de Sosie, valet du général. De là les méprises
les plus réjouissantes.
La pièce s'ouvre par un prologue, dans
lequel Mercure commande à la nuit de ralentir
sa marche afin de permettre à Jupiter de resT
ter plus longtemps auprès d'Alcmène. On sait
que cette intrigue du volage maître des dieux
donna naissance à Hercule. Dès la première
scène, Sosie, envoyé par son maitre, s'arrête
devant la maison de celui-ci et prépare le dis-
cours qu'il doit tenir à Alcmène, en le répétant
devant sa lanterne. Rien de plus plaisant que
sa stupéfaction en voyant apparaître sous ses
propres traits Mercure, qui, non content de.
fui voler sa figure, lui vole son nom et le roue
AMP
de coups de bâton. Amphitryon, à son retour,
n'est pas moins .étonné d'apprendre, de la
bouche d'Alcmènc elle-même, qu'il a eu la
nuit précédent!- un rival reçu par son épouse
comme le véritable Amphitryon. Ses repro-
ches, la peur comique que cause à Sosie son
autre moi, donnent lieu aux scènes les plus
divertissantes. Molière ne pouvant mettre dans
ce sujet à cause de sa nature extraordinaire,
autant de vérités caractéristiques et d'idées
morales que dans d'autres pièces, y a semé,
Plus que partout ailleurs, les traits ingénieux,
agrément et les jolis vers. Enfin , les deux
Amphitryon se trouvent en présence, et le
général thébairf, en voyant son image si par-
faite, entre dans une colère très-légitime, mais
que ses amis refusent de partager, dans l'im-
possibilité où ils se trouvent de distinguer le
vrai du faux Amphitryon. Jupiter prend alors
la parole; il annonce qu'il va bientôt eclaireir
ce mystère aux yeux de tous les chefs, qu'il
invite en même temps à un festin ; et Sosie de
as, messieurs, ce mot termine
rompais
ute l'irr
Le vdri
mphitryon
Enfin Jupiter disparait, emporté par un
nuage.
La pièce de Molière est de nature à plaire
aux esprits les plus simples comme aux plus
délicats. Le sujet A' Amphitryon , étant pris
dans le merveilleux mythologique, ne saurait
blesser la morale, puisqu'il est en dehors de
l'ordre naturel: On a toléré ce qu'il y a d'un
peu licencieux dans le sujet, parce qu'il était
donné par la Fable et reçu sur les théâtres
anciens; et on a pardonné ce que les méta-
morphoses de Jupiter et de Mercure ont- d'in-
vraisemblable, parce qu'il n'y a point do pièces
où l'auteur ait eu plus de droit de dire au
spectateur : " Passez-moi un fait que vous ne
pouvez pas croire, et je vous promets de vous
tlivertir. »
C'est la première comédie que Molière ait
écrite en vers libres. On prétendit alors que ce
genre de versification était plus propre à la
comédie que les rimes plates', en ce qu'il y a
plus de liberté et plus de variété. Cependant
.es rimes plates en vers alexandrins ont pré-
valu. Les vers libres sont d'autant plus mal-
aisés à faire, qu'ils semblent plus faciles. Il y
a un rhythme très-peu connu qu'il y faut
observer, sans quoi cette poésie rebute.
Telle est cette' pièce, où Molière a semé à
pleines mains les traits d'une verve intaris-
sable; le rôle de Sosie est d'un comique achevé,
surtout dans ce ravissant monologue (acte 1er,
scène ire) , où le naïf valet fait en vers char-
mants la description d'un grand combat.
Voltaire assure que la première lecture
d' Amphitryon le fit rire de si bon cœur qu'il
se renversa sur sa chaise , tomba en arrière
et faillit se tuer. « Il y a dans cette pièce, re-
marque M. Michelet, une verve désespérée,
dans tel mot du prologue une crudité cynique
que les seuls bouffons italiens hasardaient jus-
que-là, et qui, dans la langue française, étonne
et stupéfie.
amours de Louis XIV avec madame de Mon-
tespan. La jeunesse volage et passionnée de
ce monarque continuait de fournir sa carrière
triomphale ; à Hortenso Mancini avait succédé
mademoiselle de la Vallière, et bientôt ma-
dame de Montespan. Le marquis de Montespan,
noble provincial, s'accommodait peude cet hon-
neur que lui faisait le roi, et recevait une lettre
de cachet qui l'envoyait vivre dans ses terres.
La cour, éblouie et attentive, prosternée aux
Eieds du monarque , séduite d'ailleurs par
i grâce, l'élégance, les qualités supérieures,
le don de commander et de gouverner les
hommes, était prête a tout admirer et a tout
approuver. Molière se fit courtisan à son tour.
«Amphitryon ressemblait fort a M. de Mon-
tespan, Louis XIV à Jupiter. Déjà Rotrou, dans
■ les Sosies, avait emprunté il Plaute la plupart
de ses traits comiques, et Molière ne se fit pas
faute de reprendre son bien. De là, une œuvre
puissante, infiniment supérieure, quant à la
portée, à celle de l'auteur latin, oeuvre d'une
gaieté de ton et d'une richesse d'éloquente
audace que l'on admire surtout quand on la
compare a son modèle, car Plaute laissait tout
à faire a Molière, quant au développement de
l'idée principale : la destruction de toute mo-
rale, devant la force ; l'adultère lui-môme con-
sacré par une volonté souveraine; le faible
obligé de plier la tête et d'attacher une espèce
d'honneur à ce qui déshonore dans une autre
situation. Quand il s'agit d'un dieu ou d'un
monarque, on ne doit faire aucune attention k
l'infidélité conjugale, "et M. de Montespan,
cotmno Amphitryon, ne doit pas lutter avec
» Etait-ce l'avis de Molière? excusait-il cette
brutalité du fait qu'il signalait avec tant de
génie? Nous ne le croyons pas. Les anciens
eux-mêmes, auxquels il empruntait leur cari-
cature, voyaient dans Jupiter devenu coupable
d'adultère la puissance créatrice ravalée dans
son excès ; ils ne l'approuvaient pas, puisqu'ils
se moquaient à la fois d'elle et de l'humanité,
et ce qui prouve que Molière, dont la gaieté
est si triste, pensait absolument comme eux,
ce sont les dernières paroles que Sosie adresse
aux courtisans , avertis par Vexil que M. de
Montespan venait de subir :
Voilà qui est très-bien , mais nous ferons
remarquer au savant commentateur que cette
conclusion s'accorde difficilement avec ses
prémisses : « Molière se fit courtisan a son
tour.- » Cette opinion que Molière aurait obéi
à l'inspiration de Louis XIV, qui voulait ainsi
affaiblir le scandale de ses désordres par la
poétique allégorie des y amours de Jupiter, a
été celle d'un'grand nombre de critiques. Nous
aurions quelque peine k la partager; elle est
aussi peu flatteuse pour le prince que pour
l'écrivain, et elle répugne également à ridée
que l'histoire nous inspire de Ta fierté du grand
roi et à l'élévation de caractère de l'auteur
du Misanthrope.
Parmi tes vers de l'Amphitryon qui sont
restés dans la mémoire de tous, ceux-ci :
ont passé eh proverbe, et, dans l'application,
ils servent k exprimer ce sentiment d'égoïsme
et d'intérêt qui pousse à encenser la force ot
la puissance. En voici quelques exemples :
« Aux yeux de bien des gens, l'usurpateur
est le prince détrôné ; le roi légitime est celui
qui dispose de la faveur et des emplois : l'Am-
phitryon de Sosie est celui où l'on dîne. »
Napoléon (Pensées).
« Les paysans, en quelques endroits, étaient
descendus sur la ville. Mais à peine la nou-
velle se répand qu'à.. Paris les Rouges ont le
dessous, vite les paysans se retirent et se pro-
noncent pour Bonaparte. Le véritable Amphi-
tryon est l'Amphitryon où l'on dine! Il n'y a
pas de gens plus à leur aise, dans les moments
critiques, que nos Sosies gaulois. »
P.-J. Proudhon.
• Nommez-les, Parisiens, nommea-les pour
vos représentants. Flagorneurs du peuple ,
flagorneurs de la bourgeoisie, flagorneurs des
rois, toujours prêts à saluer. Y Amphitryon où
l'on dine; ce qu'ils vous demandent au nom
de la patrie, du travail, de la famille, de Ja
propriété, c'est de l'or, du luxe, des voluptés
et des honneurs. » P.-J. Proudhon.
Ils ont tous, franchement, et purs de tels excès.
L'intérêt' pour principe et pour dieu le succès;
Changerions-nous cent fois de chef et de cuisine.
Ils tiendront pour seul vrai le César où ton dine.
V. de Laprade.
Amphitryon, opéra en trois actes, musique
de G rétry, paroles de Sedaine, représenté à
l'Académie royale de Musique en 1788. Cette
pièce n'eut aucun succès, et prouve, avec
d'autres ouvrages du même genre, que le cé-
lèbre compositeur liégeois manquait des qua-
lités nécessaires pour soutenir le ton élevé
d'un grand opéra. Excellent dans la comédie
mêlée de chants, il n'a été que médiocre cha-
que fois qu'il a abordé le grand théâtre.
AMPHITHYONIADE s. m. (an-fi-tri-o-ni-
a-de — rad. Amphitryon). Nom donné aux
descendants d'Amphitryon. H désigne plus
particulièrement Hercule :
Il On dit aussi amphitrvonide.
AMPHITRYONISME s. m. (an-fi-tri-o-ni-
sme — rad. Amphitryon). Néol. Goût, manie
d'être amphitryon , de se poser en amphi-
tryon : Il est toujours à craindre que I'auphi-
trvonisme n'arrive à ces monstruosités. (Arn.
Frémy.)
amphiume s. m. (an-fi-u-me). 'Erpél.
Genre de batraciens, originaires de l'Amé-
rique du- Nord.
AMPHIUMIDÉ, ÉE adj. (an-fi-u-mi-dô —
rad. amphiume). Krpét. Qui ressemble à l'am-
phiume. Il On dit aussi amphiumoïdk.
— s. m. pi.. Famille de reptiles du groupo
des trématodères, appartenant au sous-ordre
des batraciens urodeles.
AMPHIUMOÏDE adj. (an-fi-u-mo-i-de — de
amphiume, et du gr. eidos, forme, ressem-
blance). Syn. de amphiumidé.
AMPHODE s. m. (an-fo-de — du gr. ampho-
dous, qui a des dents des deux côtés). Bot.
Genre de plantes de la famille des légumi-
neuses, dont l'unique espèce croit aux Antilles.
amphodélite s. f. (an-fo-dé-li-te). Miner.
Variété de wernérite, d'un gris verdi tre ou
rougeâtre, à cassure lamelleuse. Vamphodé-
lite raye la fluorine et est rayée par le phos-
phate de chaux. Elle est composée de silice,
d'alumine, de chaux, de magnésie ot de pro-
toxyde de fer.
AMPHODIPLOPSIE S- f. (an-fo-di-plo-psî —
du gr. amphà , deux; diplous, double; opsis,
vue). Pathol. Vice de la vision qui fait voir
les objets doubles des deux yeux.
AMPHONix s. m. (an-fo-nîks — du gr.
amphi, des deux côtés; onux, ongle). Entom.
Genre d'insectes lépidoptères, de la famille
des crépusculaires.
AMPHORE s. t. (an-fo-re — lat, amphora,
AMP
même sens; dérivé du. gr. amphi, des deux
côtés, ctpkerô, je porte). Antiq. Vase de po-
terie à deux anses et, le plus souvent, de
grandes dimensions, dont les Grecs et les
Romains se servaient pour conserver l'eau, le
vin, l'huile, les olives, et autres substances de
même genre.
— Par. ext., S'applique à tout vase pouvant
contenir un liquide; il est alors syn. de bou-
tcille, cruche, broc, mots qu'ilsert a ennoblirc ■
Mais quelle est ma folie! est-ce qu'il faut bri-
ser V amphore quand on n'est plus ivre? (A.
Houss.) Elle rentrait portant son amphore de
grés sur sa tête. (G. Sand.)
C'est maintenant, amis, qu'il faut vider Vamphore.
Ponsard;
Un pur nectar de l'amphore a coûté.
MlLLEVOTE.
— Métrol. Chez les Romains, Unité des
mesures de capacité. Cette mesure se divisait
en 2 urnes, 3 boisseaux (modius), 6 demi-bois-
seaux (sèmimodius), S congés, 40 setiers (sex-'
tarius)> 96 hémines, m quarts de setier
(quartarius), 384 acétabules, 576 cyathes et
2,304 ligules. Suivant Letronnc, elle corres-
pondait à 26 litres t décilitres.
— Astron. Ancien nom du Verseau , signe
du zodiaque. ■
— Bot. Valve inférieure de certains fruits
AMPHORIQUE adj. (an-fo-ri-ke — rad.
amphore). Qui vient d'une amphore, d'une
bouteille.
— Méd. liésonnance amphorique, souffle am-
phorique, respiration amphorique, Son quo
l'auscultation fait percevoir dans la poitrine,
et auquel l'on donne le nom à.' amphorique parce
qu'on l'imite très-bien en soufflant dans une
amphore ou grande cruche vide, ou dans une
carafe à goulot étroit et à parois résonnantes.
La respiration amphorique se lie à l'exis-
tence d'une cavité anormale' et de grande
dimension formée par la plèvre ou creusée
dans lo poumon , cavité qui contient une
notable quantité d'air et communique avec
les bronches.
des corps appelés aussi indifférents. , ^ _
sont ni acides, ni basiques, tels que la glycose,
les gommes, etc.
AMPHOTIDE S. f. (an-fo-ti-de — du gr. am-
phi, autour; ôtis, ôtidos , coussinet). Antiq.
Calotte d'airain qui couvrait los oreilles et les
parties les plus sensibles do la tôte des lut-,
teurs, dans les combats du ceste.
AMPHRYSE; petit fleuve de la Thessalie,
sur les bords duquel Apollon garda les trou-
peaux' d'Admète et écorcha tout vif le satyre
Marsyas. Ce fut aussi là qu'il aima Lycoris et
qu'il tua Hyacinthe en jouant au palet.
AMPBYMÈNE s. m. (an-fi-mc-ne — du gr.
amphi, autour; humenion, petite membrane).
Bot. Genre de plantes de la famille des légu-
mineuses, tribu des papilionacées, qui appar-
tiennent a l'Amérique équatoriale.
AMPHYSE s. m. (an-fi-ze— du gr. amà,
ensemble; phusâ} je gonfle). Entom. Genre
do coléoptères heteromôres, famille des mé-
lasornes, comprenant une espèce du Brésil
méridional et une deuxième du Chili.
AMPIA LABIÉNA (an-pia-la-bi-é-na). Hist.
rom. Loi décrétée à Rome, l'an 59 av. J.-C,
Sour récompenser Pompée. Elle reçut son nom
es deux tribuns du peuple Ampius et Labié-
nus, qui l'avaient proposée.
AMPLE adj. (an-ple — lat. ampius. même
sons). Où l'on peut se mouvoir a l'aise, qui
dépasse en largeur et eu longueur la mesure
ordinaire • Manteau, robe , habit tris-Ktivixs.
Il portait un ample gilet jaune en poil de
chèvre. (Balz.) Les Grecs ■portaient des vête-
ments amples qui ne gênaient aucun organe.
(Maquel.)
— Par ext. Copieux , abondant : Faire un
ample repas. Quand on a copieusement déjeuné,
si l'on avale sur le tout une ample fosse de bon
chocolat , on aura parfaitement ■ digéré trois
heures après, et l'on dinera quand même.
(Brill.-Sav.) il Grand , considérable : Il faut
qu'il ait quelque part un ample magasin de
hardes. (Mol.)
La gent maudite aussitôt poursuivit
Tous les pigeons, en Ht ample carnage.
Cethc
le par la brigue au* honneurs parvei
'abuser d'un ample
Boileau.
Il Long, éteadu, complet : Détails amples et
circonstanciés. Une ample relation. Fournir
(ï'amples renseignements.
Les chroniques les plus amples
Nous fournissent peu d'exemples
D'Arténiiscs de vingt ans. ■
J.-B. Rousseau.
Il Dans ce dernier sens, Se dit particulière-
ment en jurisprudence avec le mot informé :
Remettre une cause jusqu'à plus ample informé.
Nous aurions presque toujours besoin, avant de
juger, d'un plus ample informé. ( De Bonald.)
— Fig. -: Une amplb moisson de gloire, de
lauriers. Sa conduite fournit une ample ma-
tière à la médisance. Tout le monde visible
n'est qu'un trait imperceptible dans /'ample
sein de la nature. (Pasc.) Il y trouve même
Grand est l'expression la plus générale , il
marque une étendue considérable dans toutes
les dimensions. Ample ajoute à l'idée de grand
celle de répondre largement à tous les besoins,
de fournir au delà du nécessaire. Spacieux a ;
rapport k l'espace considéré comme pouvant
contenir k l'aise tout ce qu'on petit KvVifr^be'-
soin d'y mettre. Vaste exprime l'idée d'une
grandeur indéfinie , qui étonne par l'absence
des1 limites plutôt que par le nombre ou la
qualité effective du contenu ; on dit d'un
homme qu'il a l'esprit vaste , quand on sent
qu'il est capable de grandes -pensées, quoique
1 on ne connaisse pas ses pensées d'une ma-
nière précise. .... , ,
amplectif, ive adj. (an-plck-tif; t-ve —
du lati ampleetivus ; dérivé oVamplector^ j'om-
brasse). Bot. Se dit de tout -organe qui en
embrasse un autre complètement.
— Préfoliation amplective, Celle OÙ' les
bords. d'une feuille,' pliôe longitudinalomcnt,-
embrassent les bords de deux autres fouilles
pliées de la même manière : Les iris offrent
un exemple de prèkouation amplectivb. (Le-
coq.) h On dit aussi prékoliatiqn embrassée. ■
AMPLEMENT adv. (an-ple-man — rad.
ample). D'uno manièro ample, étendue, abon^
dante : Je vous en entretiendrai plus ample-
ment. L'autel^ selon Bossuet, doit hononer et
rétribuer amplement les prêtres. (Lamart.)
La nature ordonna ces choses sagement;
J'en dirai quelque jour les raisons amplement.
La Fontaine
Il Copieusement : II leur donna amplement à
dîner. -(Acad.) Après avoir amplement dé-
jeuné, tious retournâmes dans nos chambres.
(Le Sage.) il Richement, élégamment :
AMPLEPUIS, village du dép. du Rhône,
arrond. de Villefranche; pop. aggl. 1,073 hab.
— pop. tôt. 5,31 1 hab. Fabriques considérables
de toiles de ni et de coton:
AMPLEUR s. f. (an -pleur — rad. ample).
Qualité dû ce qui est large, ample : /.'ampleur
d'une robe, d'une draperie. Ce rideau n'a pas
assez ^'ampleur. (Acad.)
t- Par ext. Développement : Le front de ce
jeune homme avait de J'ampleur. (Balz.)
Quelle couronne est faite a l'ampleur de ton front!
Il Qualité de ce qui est copieux, abondant.:
Sa maladie, un peu coûteuse d'ailleursj consis-
tait à faire quatre repas d'une ampleur mo-
nastique. ("*Jn En parlant de la. voix, Sono-
rité , étendue : Son organe manque d'éclat,
mais son chant ne manque jamais ^'ampleur.
(G. Sand.)
— Fig; : Abondance, élévation ,»en parlant
du style : Il y a beaucoup <f ampleur dans' le
style de Buffon. Il y a dans le style de Bossuet
une majesté, une ampleur, une dignité natu-
relle et sublime. (La Harpe.) Le style arabe a
une ampleur que ne connurent pas tes langues
sémitiques plus anciennes. (Renan.) Chez Ces
peuples, la poésie et la religion prennent une
ampleur magnifique et inépuisable. (H. Taine.)
AMPLEXAT1LE adj. (an-plè-ksa-ti-le —
du lat. amplexus, part, de amplecti, embras-
ser). Bot. Se dit do la radicule qui embrasse
le cotylédon.
AMPLEXE s. m. (an-plè-kse— du lat. am-
plexus, embrassé). Paléont. Genre de poly-
piers fossiles.
AMPLEXICAUDE adj. (an-ple-ksi-kô-de —
entièrementdans unemembrane tendue entre
les cuisses.
AMPLEXICAULE adj. (^an-plè-ksi-kÔ-Se —
du lat. amplexus, embrasse ; caulis, tige). Bot.
Se dit des feuilles, pédoncules, pétioles, sti-
pules, etc., lorsqu'ils embrassent la tige. S'ils
n'embrassent la tige que dans la moitié de sa
largeur, on les appelle semi-amplexicaules.
AMPLEXIFLORE adj. (an-plè-ksi-flo-re —
du lat. amplexus, embrassé; flos,floris, (leur).
Bot. Qui embrasse la lteur. Se dit des écailles
du réceptacle de certaines composées.
AMPLEXIFOUÉ, ÉE adj. (an-plè-ksi-fo-li-é
— du lat. amplexus, embrassé ; folium, feuille).
Bot. Qui a des feuilles amploxicaules.
AMPLIANT (an-pli-an) part. prés, du v.
Amplier.
ampliateur s. m. (an-pli-a-teur — rad.
amplier). Celui qui fait une ampliation.
AMPLIATIF, IVE adj. (an-pli-a-tif, i-ve —
du lat. ampliatus, part. pass. de ampliare^
augmenter). Jurispr. Qui ajoute, augmente.
Se dit d'un acte qui ajoute à ce qui a été mis
dans un acte précédent. On dit aussi acte
ifs, bulles, lettres apostoliques qui ajoutent
t. précédentes : Un bref ampliatif. Une
bulle AMPLIATIVE,
— Gramm. s. m. Nom donné par Beauzée
à ce qu'on nomme ordinairement le superlatif
absolu : Très-sage est un ampliatif.
AMFLIATIFLORE adj. (an-pli-a-ti-flo-re —
du lat. ampliatus, agrandi ; flos, floris, fleur).
Bot. Se dit de la couronne des synanthérées,
quand elle est composée de fleurs à corolles
amplifiées.
ampliatifokme adj . (an-pli-a-ti-for-mo
— du lat. ampliatus. élargi ; forma, forme).
Bot. Se dit des corolles des plantes de la fa-
mille des composées, quand elles sont sem-
blables à celles des ampliatiflores.
AMPLIATlON s. f. (an-pli-a-si-on— du lat.
ampliatio; formé de ampliare, augmenter,
étendre). Jurispr. et administ. Double d'un
acte, d*un arrêté, etc. ; duplicata qui forme
un second original.
— Pour ampliation. Formule qui se met
ordinairement au bas des doubles, des copies.
— Lettres d'ampliation, Lettres qui s'obte-
naient dans l'ancienne chancellerie, à l'effet
de pouvoir articuler les moyens omis dans
une requête civile.
— Anat. Dilatation , augmentation : On
appelle muscles inspirateurs ceux qui.par leur
contraction simultanée, concourent à /'amplia-
tion du thorax. (Encycl.)
AMPLIÉ, ÉE (an- pli -é) part. pass. du v.
Amplier : Affaire, plaidoirie •■•'—
à lai
de l'indicatif et du prés, du subjonctif
ampliions, que vous ampliiez). Augmenter une
chose, la rendre plus ample, lui donner une
étendue disproportionnée. Ce sens a vieilli.
— Ane. jurispr. Différer, en parlant d'une
condamnation, d'un payement, etc. il Amplier
un prisonnier, Lui donner plus de liberté dans
sa prison.
AMPLIFIANT, ANTE adj.(an-pli-fi-an, ac-
te — rad. amplifier). Qui grossit : Des loupes
d'un pouvoir plus ou moins amplifiant. (Arago.)
AMPLIFICATEUR s. m. (an-pli-fi-ka-teur
— rad. amplifier). Celui qui aime à amplifier,
a exagérer. Se prend en mauv. part : C'est
un grand amplificateur, un ennuyeux ampli-
ficateur, h Fam. Amplificatrice.
AMPLIFICATIF, IVE adj. (an-pli-fi-ka-tif,
x-ve — rad. amplifier). Qui sert a amplifier,'
à grossir : La puissance amplificative d'une
lunette,'d'un télescope.
AMPLIFICATION s. f. (an-pli~fi-ka-si-on
— du lat. ampli ficatio ; formé de amplificare,
étendre, augmenter). Rhét. Figure par la-
quelle on étend ou amplifie le sujet que l'on
traite, au moyen, de 1 énumération des dé-
tails : Amplification oratoire. L'amplifica-
tion est un discours qui augmente et qui agran-
dit les choses. (Boil.J La répétition est le vice
de tout ce qui n'est Qu'amplification. (Volt.)
En évitant /'amplification, craignez la séche-
resse. (Volt.) Cicéron dit que /'amplification
oratoire est le triomphe de l'éloquence. ( Mar-
montel.) C'est dans les oraisons funèbres que
/'amplification a le plus de luxe et de pompe.
(Marmontel.) L'amplification qui porte à faux
Ji'est qu'une déclamation vaine. (Marmonlel.)
Les faiseurs (/'amplifications croient avoir
tout.dit quand ils ont parlé des races latines.
(Proudh.)
— Exagération : Il y a de /'amplification
dans ce récit, Racontez-nous la chose sans \m-
plification. (Acad.)
— Discours que font les élèves sur un sujet
qu'on leur donne à développer : Amplifica-
tion latine. Amplification française. J'ai vu
autrefois dans les collèges donner des prix
(/'amplification : c'était réellement enseiuner
. l'art d'être diffus. (Volt.)
— Antonymes. Amoindrissement, apetisse-
ment et rapetissement, concision, diminution,
^ réduction, restriction.
AMPLIFIÉ, ÉE (an-pli-fl-é) part. pass. du
v. Amplifier : Récit amplifie. Une nouvelle
AMPLIFIÉE.
— Bot. Corolles amplifiées, Qui sont plus
amples que celles du disque.
AMPLIFIER v. a. ou'tr. (an-pli-fi-é — du
lat. amplificare, étendre; -prend deux i de
suite à la ire et à la ?e pers. du plur. de
l'imparf. de l'indicatif et du prés, du subjonc-
tif : Nous amplifiions , que vous amplifiiez).
Accroître, étendre, augmenter : Les rois et
les princes qui veulent amplifier leurs sei-
gneuries. (De Péronnet. ) // se moquait des
railleries, pourvu qu'il entassât des écus et que
de temps en temps fl pût amplifier ses do-
maines. (Bitlz.)
— Par ext. Développer, étendre outre me-
AMP
sure un discours, un sujet : Amplifier un
récit, une pensée. Les chansons, les récits, les
contes rustiques peignent en peu de mots ce que
notre littérature ne fait qu amplifier et dé-
guiser. (G. Sand.) il Exagérer : Amplifier une
nouvelle.
— Fig. : Les enfants, les relations, les affaires
et les intérêts ont amplifié l'existence en tous
sens. (Michelet.) L'homme amplifie, il dilate
son être dans l'espace et dans la durée.
(E. Pelletan.)
— Absol. dans ces différents sens : Les voya-
geurs ont l'habitude (/'amplifier. On «'amplifie'
pas quand on dit tout ce qu'on doit dire; mais
si l'on dit plus qu'il ne faut , c'est-à-dire si on
amplifie, on dit trop. (Volt.) Présenter aux
juges une bonne ou une mauvaise action sous
toutes les formes, ce n'est point amplifier, mais
ajouter. (Volt.)
— Optiq. Grossir : Ce microscope a
xonsidérabtement les plus petits corps.
S'amplifier, v. pr. S'étendre, s'accroître,
s'augmenter : La mélodie, ici vibrante et d'un
brûlant appel aux sens, là-bas grandit et s'am-
plifib par les effets de la brise. ( Michelet.)
A insi, à mesure que les animaux obtiennent un
plus grand nombre de sens et un système ner-
veux cérébral plus compliqué, la sphère de
leurs, sensations perçues, des idées qui en ré-
sultent, s'étend et s'amplifie. (Virey.)
— Antonymes. Abréger, amoindrir, apetis-
ser et rapetisser, diminuer, étrécir et rétrécir,
réduire, restreindre.
AMPLIPENNE adj. (an-pli-pè-ne — dû lat.
amplus, ample; penna, plume). Ornith. Se dit
des oiseaux qui ont les ailes grandes et larges.
AMPLISSIME adj. (an-pliss-si-me— superl.
lat. amplissimus, très-large). Très-ample. Fam.
et peu usité.
— Titre donné anciennem. au recteur de
l'Université de Pans.
AMPLITUDE s. f. (an-pli-tu-de — lat. am-
plitudo môme sens). Grandeur, étendue d'une
chose, d'un lieu : Dans /'amplitude et immen-
sité de la nature... (Pasc.) Que la mer était
pauvre dans la vaste amplitude de son sein,
avant qu'elle eût été faite ta retraite de tant
de poissons.' (Boss.)
— Astron. et Mar. Arc de l'horizon compris
entre le point où un astre se lève ou se cou-
che, et les vrais points de l'est ou de l'ouest.
L'amplitude est dite ortive ou orientale, quand
on la mesure du point de l'orient au point où
l'astre se lève ; et occase ou occidentale, quand
on la mesure du point de l'occident au point
où l'astre se couche. Dans les deux cas, elle
terminer la déclinaison di
Amplitude des oscillations d'un pendult
— Balistiq. Amplitude dujet, La ligne droite
comprise entre le point d'où part un projectile
et celui où il va tomber; en d'autres termes,
l'arc de la courbe que décrit un projectile.
AMPO s. m. (an-po). Espèce d'argile rou-
geâtre ferrugineuse que les indigènes des îles
de la Sonde font torréfier pour la manger.
AMPONDRE s. m. (an-pon-dre— d'un nom
malgache)". Bot. Gaîno des feuilles et des spa-
thes florales de certains palmiers d'Afrique :
Les naturels se servent des ampondres en. guise
de tuiles pour couvrir leurs cases. Les Malga-
ches se servent des ampondres comme de vases
pour conserver leurs eaux pluviales.
— Encycl. C'est surtoutdans l'île de Madagas-
car que se trouve l'ampondre. Les voj-ageurs
racontent que ces sortes de gaines, dures et
même ligneuses, en forme de cuvette, gla-
bres, polies, munies de spinules, ou couvertes
d'une sorte de bourre, tombent des arbres sur
le sol des forêts comme pour recevoir les eaux
pluviales, qui s'y conservent pures. Un am-
pondre peut contenir deux bouteilles de cette
eau précieuse ; on en trouve qui en contien-
nent jusqu'à six. On peut faire chauffer cette
eau dans l'ampondre même, au moyen de cail-
loux rougis. Les voyageurs ont souvent em-
ployé ce procédé : à défaut de poterie de terre,
ils faisaient cuire leur riz et bouillir le café
dans cette vaisselle végétale , qu'ils parve-
naient à façonner en assiettes et en petites
tasses, auxquelles ils imprimaient une forme
durable en les faisant sécher sur la braise, après
les avoir travaillées. Mais là ne s'arrête pas
l'utilité de ce curieux produit : les naturels en
font de la tuile dont ils couvrent leurs cases,
et s'en servent aussi pour obtenir du sel, par
l'évaporation de l'eau de mer dont on les remplit.
AMPOULE s. f. (an-pou-le — du lat. am-
pulla, sorte de vase). Fiole, petite bouteille.
Vieux et inusité en ce sens.
— Bot. Corpuscules globuleux et creux
qui se développent sur les racines de certaines
plantes aquatiques et leur procurent la faculté
de surnager, u Ce nom s'applique aussi aux
vésicules pleines d'air que présentent cer-
taines hydrophytes; par exemple, le fucus
vesiculosus.-
— Conchyl. Nom vulgaire d'une grande
espèce de bulle.
— Rhét. Emphase dans le style : L'ampoule
ressemble à l'emphase, ma,is elle la dépasse.
(Phil. Chasles.) Ce n'est pas que nous deman-
dions des tartines emphatiques, toutes boursou-
AMP
fiées des ampoules de l'hyperbole. (Th. Gaut.)
— Chim. Nom donné à de petites fioles de
verre, et en général à tous les vaisseaux qui
ont un col assez long et un gros ventre, et
que l'on emploie pour l'analyse élémentaire
des substances organiques volatiles.
— Physiq. Globules creux en verre, de dif-
férents volumes, qui servent à divers usages.
— Anat. Nom donné par anal, aux dilata-
tions, aux bosselures ou aux renflements que
présentent certains organes, il S'applique
d'une façon spéciale au renflement que chacun
des canaux semi-circulaires de l'oreille in-
terne présente à l'une de ses extrémités.
— Méd. Petite tumeur constituée par une
accumulation de sérosité entre le derme et
l'épiderme soulevé, il Prov. Np pas se faire
d'ampoules aux mains, Travailler mollement.
— Encycl. Méd. On distingue en pathologie
plusieurs espèces d'ampoules. Les ampoules
qui provienrent d'une brûlure, d'une phleg-
masie, prennent le nom de phlyetènes; les am-
poules qui caractérisent certaines maladies de
peau reçoivent celui de vésicules quand elles
sont petites comme dans Xeczéma, de bulles
quand elles sont volumineuses comme dans le
pemphigus. Celles qui viennent aux pieds et
aux mains par suite d'une forte pression ou de
frottements trop rudes, sont les ampoules pro-
prentent dites. Dans le langage vulgaire, on
leur donne souvent le nom de cloche et celui
de pinçon, quand un peu de sang est mêlé à la
sérosité.
Sainto Ampoule, vase sacré, conservé dans
la cathédrale de Reims, et qui contenait l'huile
intarissable qui servait au sacre des rois de
France. Suivant une tradition, elle avait été
apportée du ciel par une colombe, à la prière
de saint Rémi, lors du baptême de Clovis, en
49G. Ni Grégoire de Tours, ni Frédégaire, ni
Avitus, ni Flodoard, ni saint Rémi lui-même
ne parlent de ce miracle, dont il est question
pour la première fois dans les écrits d'Hincmar,
archevêque de Reims, qui vivait au ixe siècle.
L'huile de la sainte ampoule servit au sacre
de nos rois jusqu'à la Révolution.
En 1793, le conventionnel Rùbl brisa cette
relique à coups de marteau sur la place pu-
blique de Reims. Une parcelle du baume qu'elle
contenait fut miraculeusement retrouvée pour
le sacre de Charles X, en 1825, et renfermée
dans une nouvelle ampoule enrichie de pier-
reries, que l'on conserve encore à Reims. La Ré-
publique de 1848 laissa tranquillement dans son
antique tabernacle cette innocente futilité.
AMPOULÉ, ÉE adj. (an-pou-lé — rad. am-
poule). Enflé, boursouflé, en parlant du style :
Style ampoulé. Phrase, période ampoulée.
Vers ampoulés. Le style ampoulé apparaît
surtout aux époques de décadence littéraire.
(Thierry.) Laissez là vos phrases ampoulées
et vos mots de six pieds. (Diderot.) En lisant
l'histoire, je ne rencontre point l'éloge ampoulé
d'un prince ou d'un ministre, que je ne m'at-
tende à quelque catastrophe pour l'Etat. (Du-
clos. ) Répondre, promettre, jurer, remercier et
remettre à la belle Lélia le plus ampoulé des
billets d'amour, ce fut l'affaire de peu d'in-
stants. (G. Sand.) Ceux qui aimaient le plus
la métaphore ampoulée pleurèrent comme tes
autres. (G. Sand.)
Boileau.
Que devant Troie en flamme Hécube désolée
Ne vienne pas pousser une plainte ampoulée.
Boileau.
— Subst. et absol. : En répétant Méropc,
je disais : Voilà qui est intéressant ; ce ne sont
pas là de froids raisonnements, de /'ampoulé
et du bourgeois. (Volt.)
— Bot. Qui a la forme d'une ampoule.
— Syn. Ampoulé, boursouflé, empbutique,
euimié. Ce qui est emphatique tait valoir plus
qu'il ne faut les choses que l'on dit ; Supprimez
ce titre emphatique, qui promet trop et qui ne
tient rien. (Volt.) Le style ampoulé rièche par
un excès d'ornements, provenant a'un amas
de mots pompeux et magnifiques : On appelle
un style, un vers, un discours ampoule celui
où l'on emploie de grands mots à exprimer de
petites choses. (Marmontel.) Le style boursouflé
consiste dans une redondance de mots vides
de sens et d'idées. Le style guindé sent la con-
trainte : Les poètes du temps de Marot furent
durs et guindés sans noblesse. (Volt.)
— Antonymes. Aisé, familier, naturel, né-
gligé, simple.
AMPOULETTE s. f. (an-pou-lè-te — dimi-
nut. d'ampoule). Petite ampoule, ou petite
bouteille ; fiote. Inusité.
— Mar. Sorte de sablier qui sert à calculer
le nombre de nœuds que file un bâtiment.
— Artill. Nom donné autrefois à la fuséo
des projectiles creux, surtout quand elle n'a-
vait pas encore été chargée.
— Bot. Dans le midi de la France, un des
noms vulgaires de la valérianelle , appelée
mâche, doucette, etc., dans d'autres localités.
AMPSAGAS, ancien fleuve d'Afrique, qui sé-
parait les' deux Numidies ; il arrosait Cirta et se
jetait dans la Méditerranée. C'est aujourd'hui
le Rumine I.
AMPfïlS, commune du dép. du Rhône, à H
kil. de Lyon; 1,935 lmb. Ce petit bourg est
très-agréablement situé spr la riye droite du
Rhône, et son territoire est d'une admirable
AMP
fertilité. C'est dans les environs qu'on récolte
les vins si renommés sous le nom de Côte-
Rôtie.
AMPULEX s. m. (an-pu-lèks — du lat. putex,
puceron). Entom. Genre d'insectes hyméno-
ptères, de la famille des fouisseurs.
AMPULLACÉ, ÉE adj. (an-pul-la-sé — du
lat. ampulla, bouteille, ventouse). Qui a la
forme d'une bouteille ou d'une vessie
— Bot. Corolle ampullacée. Se dit d'une co-
rolle quand elle est renflée à la base, ou quand
son tube est gibbeux.
ampullacère s. f. (an-pul-la-sè-re —
du lat. ampulla, bouteille; et du gr. keras,
corne). Moll". Genre de mollusques gastéro-
podes, de la Nouvelle-Zélande, à coquille
ventrue, fermée par un opercule corné, il On
le nomme aussi amphibole.
AMPULLAIRE adj. ( an-pul-lè-re — du lat.
ampulla, fiole). Qui a la forme d'une petite
bouteille.
— Bot. Glandes ampullaires, Espèces d'am-
poules formées par ladilatationde l'épiderme,
et remplies d'un liquide incolore.
— s. f. Moll. Genre de mollusques à co-
quilles univalves, de la famille des trochoïdes :
Les ampullaires habitent les eaux douces des
pays chauds. (Deshayes.)
AMPULLARIÉ, ÉE adj. ( an-pul-la^ri-ê —
rad. ampullaire). Qui ressemble à une am-
pullaire.
— s. f. pi. Famille de mollusques qui a pour
type le genre ampullaire.
AMPULLINE s. f. (an-pul-li-ne — du lat.
ampulla, bouteille). Conchyl. Genre de co-
quilles voisin des natices et des ampullaires,
mais surtout des hélicines, auxquelles on les
a réunies.
ampulloïDE adj . (an-pul-lo-i-de — du lat.
ampulla, bouteille; et du gr. eidos, forme).
Qui a la forme d'une petite nouteille.
AMPURIAS, bourg d'Espagne; 2,200 hab.
C'était une ville très-florissante au temps des
Romains; de riches antiquités y ont été dé-
couvertes.
AMPUTANT (an-pu-tan) part. prés, du v.
Amputer.
AMPUTATION s. f. (an-pu-ta-si-on — rad.
amputer). Chirur. Opération par laquelle on
enlève, à l'aide d'instruments tranchants, un
membre, une portion de membre, un muscle,
un ligament , etc. ; Amputation du bras, de
la jambe. Subir une amputation. L'amputa-
tion est la dernière ressource de la chi-
rurgie. (J. Cloquet.) L'amp'jtation doit, en
général, être considérée comme une ressource
extrême de la chirurgie. (Dict. des se. méd.)
membre sain est plus douloureuse que ne l'est
celle d'un membre malade. (Balz.) Un employé
de chemin de fer , rédigeant le rapport d'un
accident arrivé à un voyageur sur la ligne,
s'exprimait ainsi : « Blessures très-graves à
la tète; on espère cependant que /'amputation
ne sera pas nécessaire. »
— Par anal. Action de couper, en général :
Les écrevisses survivent plusieurs jours à /'am-
putation de leur queue. (Maqucl.) Un indus-
triel d'un nouveuu genre a pénétré dans une
maison sous un prétexte quelconque, et y a
coupé tous les cordons de sonnette : cette am-
putation générale a singulièrement égayé tes
locataires. (Gaz. des Trib.)
— Fig. Amoindrissement, restriction : Telle
est /'amputation qu'ont fait subir au suffrage
universel les chirurgiens de la législature.
(Le Siècle.)
— Hist. judic. Amputation du poing, des
tion de certains c;
u de certains délits
— Encycl. Chirur. Quelques chirurgiens
donnent un sens général au mot amputation
et l'appliquent à l'excision de toute partie sail-
lante, comme la langue, la mamelle, le pénis, '
le col utérin, etc. ; alors il est spécifié par un
complément. Employé seul et dans un sens
absolu, il s'entend toujours du retranchement
d'un membre, et c'est ce dernier sens que nous
lui donnons ici. On doit distinguer l'amputation
de la résection, qui consiste à enlever les
extrémités articulaires des os, ou une partie
des os longs, ou même certains os tout entiers,
sans retranchement des parties molles. Il existe
deux ordres à! amputations, les unes dans la
continuité des membres, les autres dans leur
contiguïté ou dans leurs articulations : ces
dernières sont appelées amputations dans l'ar-
ticle ou' désarticulations.
I. — On connaît trois méthodes générales
à.' amputations dans la continuité : la méthode
circulaire, la méthode à lambeaux et la mé-
thode ovalaire.
La méthode circulaire est celle par laquelle
on parvient à l'os à l'aide d'une incision cir-
culaire des parties molles. Autrefois on prati-
quait l'amputation circulaire en coupant les
parties molles d'un seul trait jusqu'à l'os ; ce
procédé avait l'inconvénient de produire la
conicité du moignon par suite de la rétraction
inévitable de la peau et des chairs. Aujour-
d'hui, on a sqin de faire la section des tégu-
ments, des muscles et de l'os successivement
et à des hauteurs différentes, de manière mie
la plaie représente un cône creux au fond (lu?
quel se trouve l'extrémité de l'os, et que celle-
AMP
ci soit suffisamment recouverte pour ne point
faire saillie.
La méthode à lambeaux comprend deux
procédés : le procédé à un lambeau et le pro-
cédé à deux lambeaux. Le premier consista à
détacher un lambeau de la partie la plus
charnue de la région où l'on opère, assez long
et large pour pouvoir couvrir toute la plaie
après l'enlèvement de l'os, et assez épais pour
ne pas se gangrener. Le second consiste à
tailler deux lambeaux, l'un en avant, l'autre
ils se joignent par leurs faces saignantes, et
ferment ainsi toute la plaie.
La méthode ovalaire, appelée aussi oblique,
ne diffère de la méthode circulaire qu'en ce
que l'on fait remonter l'incision des téguments
plus haut d'un côté que de l'autre. Les ampu-
tations ovalaires sont, en quelque sorte, une
transition des amputations circulaires aux am-
putations à lambeaux.
II. — Les désarticulations sont plus promptes
et plus faciles que les amputations dans la
continuité ; elles offrent le triple avantage de
ne point exiger la section des os, de mieux se
prêter à la réunion immédiate, et de permettre
de conserver plus de longueur au moignon.
Leurs inconvénients sont de mettre à nu le
plus souvent de larges surfaces osseuses ou
cartilagineuses, d'obliger à opérer sur les
points les moins abondamment pourvus de
parties molles. Du reste, il n'est pas vrai,
comme on l'a cru longtemps, qu'elles exposent
plus que les amputations dans la continuité
aux accidents nerveux, au tétanos, aux abcès,
aux fusées purulentes, etc.
Les méthodes à lambeaux et ovalaire sont
ordinairement employées dans les désarticu-
lations ; mais la méthode circulaire pourrait, à
la rigueur, leur être également appliquée.
\IX.~V amputation faite, le chirurgien doit
se rendre maître du sang par la ligature ou la
torsion des vaisseaux artériels intéressés dans
la division des parties molles (V. Hémostati-
ques). "Vient ensuite le pansement, qui diffère
selon que l'on a en vue la réunion immédiate
ou par première intention ou la réunifin par
seconde intention (V. Plaies). On ne saurait y
apporter trop de soin, en raison des accidents
graves qui peuvent, a la suite d'une amputa-
tion, menacer la vie de l'opéré. Ces accidents
sont l'hémorragie, la 'pourriture d'hôpital,
l'infection purulents, etc.
'IV. — Les instruments nécessaires pour pra-
tiquer les amputations les plus compliquées
sont un tourniquet, un garrot, une pelote à
manches ou autres objets propres à suspendre
momentanément le cours du sang dans le
membre; des couteaux de diverses longueurs ;
un bistouri droit, un bistouri convexe ; une
scie avec des lames de rechange pour la sec-
tion des os ; des pinces à disséquer, des ciseaux
courbes ou droits? des tenailles incisives, des
érignes, des aiguilles à suture, un ténaculum.
Pour le pansement, on a besoin de fils cirés sim-
ples, doubles, triples, quadruples, dont on forme
des ligatures de longueurs et de grosseurs
différentes, des bandelettes agglutinatives, de
la charpie brute, en boulettes et en plumas-
seaux, des compresses longuettes, carrées et
d'autres formes encore, des bandes de toile.
Il faut, en outre, de l'agaric, des éponges, de
l'eau tiède et de l'eau froide dans des vases
différents, un peu de vin, de vinaigre, d'eau
de Cologne. Toutes ces pièces constituent ce
que l'on appelle l'appareil à amputation.
V. — o Dernière ressource, moyen extrême
de la chirurgie, l'amputation, dit M. Velpeau,
' ne doit être pratiquée qu'en désespoir de cause.
Déjà grave par elle-même, elle a encore
comme conséquence nécessaire la mutilation
du sujet En présence des cas qui semblent la
réclamer, l'homme de l'art ne doit point oublier
que le but de la chirurgie est de conserver,
non de détruire... Les cas qui réclament l'am-
putation méritent une attention particulière,
et ils deviendront de moins en moins nom-
breux , à mesure que la médecine fera des
.progrès. Pour justifier une amputation, il ne
suffit pas que le mal qui la réclame ne puisse
guérir d'une autre manière , il faut encore'
qu'on puisse l'enlever en totalité et qu'il y ait
des chances raisonnables de sauver la vie du
sujet. » M. J. Cloquet assigne à toute ampu-
tation l'un des trois buts suivants, dans les-
quels il fait rentrer toutes les indications :
1° débarrasser le malade d'une altération qui
met sa vie en danger, soit par la nature même.
de la maladie, soit parce qu'il y a défaut de
circonstances extérieures nécessaires à la gué-
rison, ainsi que cela se remarque souvent à la
guerre ;' 2* substituer une plaie régulière 'à
une plaie irrégulière ; 3° enlever une portion
de membre qui gêne ou rend impossibles les
fonctions que le membre doit accomplir.
VI. — Selon S. Cooper, c'est la nature elle-
même qui a indiqué à l'homme la pratique
hardie de l'amputation. Il vit que, dans cer-
tains cas, la gangrène d'un membre s'arrêtait
vers un point, que la suppuration s'établissait
entre les parties mortes et les parties saines,
- que tout ce qui était frappé de mort se déta-
chait, que les surfaces où la suppuration s'était
établie guérissaient, et qu'ainsi le malade était
rendu à la santé par les seules forces do la
nature : il n'en fallut pas davantage pour
pouver que la perte d'un membre n'était pas
un obstacle à la guérison. Pendant longtemps
on n'eut recours aux amputations que dans les
AMR
parce qu'ils ne possédaient paSjde procédés
efficaces pour prévenir l'hémorragie, soit
pendant, soit après l'opération. La ligature
des artères, indiquée par Celse, ne commença
à être pratiquée d'une façon méthodique qu'au
xvic siècle, par Ambroise Paré, L'idée de l'am-
putation circulaire en plusieurs temps, pour
éviter la conicité du moignon, appartient à
J.-L. Petit et Cheselden, chirurgiens duxvme
siècle. L'amputation à un seul lambeau fut
pratiquée pour la première fois parLowdham,
d'Oxford, en 1679 ; le procédé à deux lambeaux
est dû à Ravaton et il Vermalle (1739) ; la mé-
thode ovalaire date du commencement de ce
siècle ; elle fut généralisée en 1827 par Scout-
teten. Ajoutons que la découverte des anes-
thésiques, qui suppriment la douleur, est venue
apporter un secours très-puissant à la chirur-
gie des amputations. V. Anesthésiques.
AMPUTÉ , ÉE (an-pu-té) part. pass. du v.
Amputer : Membre amputé. Jambe amputée.
Les 'vibrations 'du cerveau reportent la douleur
à la place des membres amputés. (Boiste.) Je
me trouvais alors prés d'un ancien militaire
amputé de la jambe droite. .(Balz.) Mais, enfin,
on ne peut pas non plus en vouloir à ces pauvres
diables de ce qu'ils sont amputés, car, après
tout, ils se sont fort vaillamment conduits. (E.
Sue.)
— Par ext. Retranché, mutilé : La cathé-
drale est un noble édifice du xin" siècle, mais
presque toutes les figures ont été soigneusement
AMPUTÉES. (V. HugO.)
— Substantiv. Personne qui a subi une
amputation : On n'a pu sauver que la moitié
des amputés. J'ai vu abandonner des amputés,
des blessés, des pestiférés, ou soupçonnés seule-
ment de l'être. (Chateaub.) Les amputés éprou-
vent souvent des douleurs dans le membre qu'ils
n'ont plus. (Littré.) Il en est de cet appareil
gemme des jambes coupées, dont J'ampute
souffre toujours. (Balz.) Diable! dit te comte
en froissant la liste que le docteur lui avait re-
mise, onze amputés, c'est bien gênant. (E. Sue.)
amputer v. a. ou tr. (an-pu-té — lat.
amputare, couper). Couper: Amputer un bras,
une jambe , Un membre. Il Se dit aussi de la
personne qui subit l'opération : On J'amputa
du bras gauche. Les chirurgiens amputent
souvent les blessés sur le champ de bataille.
De l'autre côté, quelques lits en fer, quelques
cadres reçoivent les marins qu'on vient d'Ati-
puter. (E. Sue.)
— A'bsol. : Il convient, avant ^'amputer, de
bien déterminer la position du malade. (J.
Cloquet.) ^
— Fig. Diminuer, restreindre , supprimer
une partie : Je ne fais pas cause commune avec
ceux qui ont scindé, amputé le suffrage uni-
versel. (Lamart.) Au congrès de Vienne , on
s'est hâté ^'amputer la France, de mutiler
les nationalités rhénanes, d'en extirper l'esprit
français. (V. Hugo.)
— Hortic. Couper un jet, une branche
d'arbre.
ampyx s. m. (an-pi-kse — du gr. amp'vx,
môme sens). Antiq. Bandeau, filet pour re-
tenir les cheveux, il Chaîne d'or qui liait sur
la tête les crins d'un cheval.
amretseir s. m. Nom que les Indous
donnent au bassin de l'Immortalité, situé à
Amretseir.
AMRETSEIR , autrefois Tchak et plus tard
Ramdaspour , ville des Indes dans le Labore ;
ancienne cap. des Seykhs, dont elle est la cité
sainte; renferme le fameux bassin de l'Im-
mortalité, dont les eaux effacent tous les pé-
chés. Grand commerce de châles ; entrepôt
de sel gemme; 135,813 hab. en 1876.
AMiil, roi impie d'Israël (918-907 av. J.-C).
D'abord simple général, il fut proclamé roi par
ses troupes à la nouvelle de la mort d'Ela,
assassine par Zambri, général de la cavalerie.
Il marcha costre le meurtrier, qu'il força à se
brûler avec toute sa famille. Il bâtit Samarie,
et eut pour successeur son fils Achab.
AMRI , prince et poate arabe célèbre, au-
teur d'une des sept moallacah. Il était le fils
de Hadjr ben Harith, de la tribu de Rendah.
Comme poète, Amri acquit auprès de ses con-
temporains une renommée immense. Il se mon-
tra hostile-a Mahomet, qu'il poursuivit de ses
vers satiriques ; aussi les musulmans le nom-
ment-ils le porte - drapeau de la troupe des
poëtes païens qui doit se rendre aux enfers au
jour de la résurrection. La vie politique d'Amri
fut fort éprouvée ; il se vit abandonné de ses
a!lié3 , trahi par ses sujets et attaqué par le
roi de Hira. Forcé de fuir, il dut mener l'exis-
tence aventureuse du proscrit, et fut surnommé
Elmelik elDclil,le Roi errant. Enfin il se dé-
cida à aller implorer le secours de l'empereur
grec, sous la suzeraineté duquel se trouvaient
placées les tribus de la Syrie. Mais il mourut
a Amira, après avoir revêtu un vêtement em-
poisonné, qui lui avait été envoyé en présent
par l'empereur grec. Cette fin tragique lui
valut le surnom de Zoul-Goroukh, l'Ulcéré.
La moallacah d'Amri lui a été inspirée par
une jeune fille, nommée Oneisa, qu'il avait
surprise au bain avec ses compagnes, et for-
cée de se retirer de l'eau toute nue, après lui
avoir enlevé ses vêtements. La moallacah
commence par la douloureuse réminiscence des
jours passes dans la compagnie de femmes
charmantes. Puis vient la description de la
AMS
beauté de l'une d'entre elles. Ensuite le poète
raconte ses expéditions hardies, eténumère les
qualités de son noble coursier. Le morceau se
termine par la peinture d'un orage violent.
Outre cette moallacah, on attribue encore à
Amri différentes autres poésies.
AMROU-BEN-EL-ASS , capitaine arabe, un _
de ceux qui ont le plus contribué par leurs *
armes à la propagation de l'islamisme, mort
vers 662. Il servit sous Omar, soumit la Syrie,
conquit l'Egypte ; fit réparer le canal de com-
munication entre la mer Rouge et la mer
Méditerranée, et fonda la ville de Fostat (au-
jourd'hui le vieux Caire). C'est lui qui brûla la
fameuse bibliothèque d'Alexandrie, d'après les
ordres d'Omar. V. Omar.
AMROU, prince et poëte arabe, auteur d'une
des sept moallacah. Amrou était de la tribu
de Tagleb, et descendait par sa mère du
héros célébré Mohalhel. Proclamé à quinze
ans chef de sa tribu, il acquit rapidement une
grande renommée de bravoure et d'audace
dans les luttes incessantes des tribus arabes
entre elles. Fait prisonnier dans une de ces
expéditions par lésid ben Amrou, il fut noble-
ment traité et mis généreusement en liberté;
aussi chanta-t-il dans ses vers la magnanimité
de son ancien ennemi. Une guerre acharnée
ayant éclaté entre la tribu de Tagleb et celle
de Bekr, on choisit pour arbitre conciliateur
Amr ben Hind, et c'est à cette occasion
qu'Amrou composa sa moallacah, pour soutenir
les droits des Taglébites. La décision d'Amr
ben Hind fut favorable aux Bekrites, dont
Hareth ben Hellisa était chargé de défendre la
cause. Plus tard, cet Amr ben Hind tomba sous
l'épée d'Amrou. Les Taglébites admiraient
extrêmement la moallacah d'Amrou, et cet
enthousiasme leur attira les railleries des
autres tribus. Amrou mourut à un âge fort
avancé. On ne sait pas positivement s'il avait
embrassé l'islamisme.
Sa moallacah , qui est pleine d'un souffle
d'orgueil sauvage, commence par l'éloge du
vin, puis célèbre les joies de l'amour, les.fier-
tés du triomphe , le courage , la richesse , la
puissance de la tribu de Tagleb. Elle a été
commentée par les scoliastes ordinaires des
moallacah, Tebrisi, Ibn Trinakhas et Souseni.
AMSBERG
Théodore d'),
1789 , à Rostock, reçut après ses études un
emploi dans la perception des impôts en "SVest-
Fhalie , servit quelque temps sous la fin de
Empire ; puis recommença sa carrière admi-
nistrative, et devint successivement secrétaire
de la chambre du grand-duc de Brunswick,
conseiller d'ambassade, en 1832 ; directeur du
collège des finances, en 1833; conservateur
des monuments de Brunswick; et, en 1850,
directeur de la Société des chemins de fer et
des postes du même duché. Les principaux
actes de cette carrière sont : un traite de
douanes et des traités de commerce conclus
avec le Hanovre et différents Etats de l'Al-
lemagne intérieure (1828); l'appui donné à la
création des chemins de fer allemands ; dès
182S, et surtout l'essor imprimé aux lignes
ferrées de Brunswick ; enfin, l'exécution des
plans et projets des lignes
autres branches secondaires,
AMSCHASPAND OU AMSCHAPAND S. m.
(amm-cha-spandd). Myth. parse. Génie du
bien et de la- lumière, serviteur d'Ormuzd,
dans la religion de Zoroastro. Les Amscha-
spands sont au nombre de sept; ils sont op-
posés aux Darvands, serviteurs d'Ahriman ;
ils ont pour ministres les Izeds : Les sept
Amsciiaspands qui accompagnent le dieu parse
semblent n'être que la personnification des sept
rayons ou sept louanges d'Agni. (A. Maury.)
Am«cbaspanda ~e< Darvnud» , par Lamen-
nais. Cet ouvrage, qui parut en 1843, contient,
sous le voile transparent d'une lutte entre les
bons et les mauvais génies, empruntée à la my-
thologie des Perses, une critique pleine d'exa-
gération du régime constitutionnel, une satire
amère des hommes et des choses sous le règne
de Louis- Philippe. Dans la correspondance
que l'auteur prête aux Amschaspands (bons
génies), brille, à travers la tristesse qu'inspire
le présent, la foi dans l'avenir de l'humanité.
La marche de la société est comparée au vol
du passereau qui s'abaisse et se relève alter-
nativement. L'homme ne voyage pas dans la
plaine; devant lui est un mont qu'il lui est
commandé de gravir, et après celui-ci un
autre plus élevé, et ainsi toujours ; parvenu
au sommet, il faut qu'il descende pour remon-
ter ensuite. La religion ne meurt qu'en appa-
rence, elle renaît toujours, se transformant
chaque fois selon les besoins de la société dont
elle suit le progrès et dont elle caractérise
l'état. Le système social actuel est vieilli, usé,
il ne satisfait plus aux conditions de la vie des
peuples ; mais au fond de ce mal est un germe
de bien ; quelque chose naît sous ces images
de mort; sur ces ruines auxquelles tous les
peuples auront mis la main , s'élèvera une
demeure plus vaste, plus magnifique, a laquelle
chacun d eux apportera sa pierre, et que tous,
unis par une même foi, habiteront un jour en
commun. La correspondance des Darvands
exprime la joie qu'ils éprouvent au spectacle
de la corruption et de la misère de l'espèce
humaine. Le gouvernement constitutionnel,
qu'ils traitent de sot mensonge, de dure tyran-
nie voilée par des -mots, d'expédient fiscal, de
machine à pressurer le peuple , leur fournit
d'inépuisables. gaietés. Les Darvands, en mau-
AMS
303'
vais génies qu'ils sont, n'ont aucun scrupule ;
ils n'hésitent pas a donner aux choses; qu'ils
voient des noms outrageants : nos Chambres
leur offrent tous les genres de décrépitudes
physiques, intellectuelles, morales; ils font de
nos hommes d'Etat des portraits peu flattés ;
dans le cens, ils se plaisent à voir la puissance
de l'or pour .ainsi dire organisée; ils ont aussi,
en passant," quelques traits pour les chefs
d'école et leurs révélations grotesques.
Le livre des Amschaspands et Darvands ne
formule point un système; c'est plutôt un ou-
vrage de polémique contemporaine que de
philosophie sociale; le style en est coloré)
poétique, mais souvent délayé et mono'tphe,:
malgré le contraste des sentiments exprimés.'
AMSDORF (Nicolas n'), théologien allemand,
né d'une famille noble en 1483; mort en 1565.
Il étudia à l'université de Wittemberg et de-
vint professeur de théologie et chanoine de la
cathédrale de cette ville. Il prit une part activé
à la ligue de Smalkalde, concourut a la fonda-
tion de l'université d'Iéna, et soutint à diffé-
rentes reprises de vives disputes théologiques
sur le libre arbitre et le péché originel. Ses
ouvrages de controverse sont nombreux, mais
peu estimés, et il n'est plus guère connu au-
jourd'hui que parce qu'il devint un des plus
ardents collaborateurs de Luther, dont il dé-
fendit chaudement la doctrine.
AMSDORFIEN s. m. (amm-sdor-fi-ain — de
Amsdorf, n. pr.). Hist. ecclés. Membre d'une
secte de luthériens dissidents qui soutenaient
que les bonnes œuvres sont pernicieuses au
salut.
AMSTEL, petite rivière dé Hollande, traverse
la ville d'Amsterdam, qui lui doit son nom.
AMSTELLODAMOIS, OISE s. et adj. (aràm-
stèl-lo-da-moi , oi-ze — do Amstelladamwn,
nom lat. d'Amsterdam). Géogr. Qui est d'Am-
sterdam, qui concerne cette ville ou se£ habi-
tants : On Amstellodamois. Une Amstello-
DAMOiSE.CowîjnerceAMSTELLODAMOis./ndusirie
AMSTELLODAMOISE.
AMSTERDAM, principale ville du royaume
de Hollande , port de mer sur le golfe de l'Y
et à l'embouchure de l'Amstel, qui lui a donné
pilotis, est traversée par un grand nombre de
canaux qui la divisent en 90 îles réunies par
environ 300 ponts. C'est une des villes les plus
commerçantes du monde, et le port principal
de la Hollande. Elle peut inonder tout le pays
au moyen de ses écluses, et n'a pas besoin
d'autre défense ; c'est .ce qui la sauva des ar-
mées de Louis XIV; cependant les Français,
commandés par Pichegru, y entrèrent en vain-
?ueurs le 19 janvier 1795, la gelée ayant trans-
ormô les eaux en une route solide.
Au x»e siècle, Amsterdam n'était qu'un vil-
lage de pêcheurs ; mais sa population s'accrut
rapidement au commencement du xvn<= siècle,
quand elle eut secoué le joug des Espagnols;
des lors elle devint, et elle resta jusque vers
le milieu du xvrn<= siècle, l'une des premières
villes du monde sous le rapport commercial.
En fermant l'Escaut et en anéantissant le com-
merce d'Anvers , la paix de Westphalie porta
la" splendeur d'Amsterdam à son comble. Na-
poléon Icf en fit la capitale du royaume qu'il
créa en faveur de son frère Louis. Réunio'
en 1810 à l'Empire français, elle fut jusqu'en
18H le ch.-lieu du dép. du Zuyderzée. Son
commerce, très-déchu et presque anéanti pen-
dant quelques années, a repris depuis la paix
son antique activité.
Les nombreux et vastes quais de cette ville,
en grande partie plantés d'arbres, offrent un
coup d'oeil des plus animés et des plus agréa-
bles. Outre le pont de l'Amstel, sous lequel
passent les plus gros navires, elle possède
plusieurs édifices remarquables :
La Vieille Eglise (Oudekerke), construite
au xiie siècle, est un beau monument du style
ogival. Malheureusement elle menace ruine, et
on a dû la consolider au moyen de poutres
énormes qui traversent la nef. On y voit les
tombeaux de plusieurs personnages célèbres
dans les fastes maritimes de la Hollande.
La Nouvelle Eguse (Nieuwekerke) , dont
la disposition présente un chœur, un transept
et deux bas-côtés, possède aussi de belles
tombes monumentales, notamment celle de
l'amiral Ruyter.
L'ancien hôtel de ville (Stadhuis), aujour-
d'hui le palais royal, l'un des plus beaux et des
plus vastes monuments dès Pays-Bas, fut
construit au milieu du xvte siècle, sur les plans
de l'architecte Jacob van Campen. Il n'a pas
fallu moins de treize à quatorze mille pilotis
pour en soutenir la masse énorme. La façade,
ornée de pilastres corinthiens, a 38 mètres de
haut sur 94 de long: la coupole s'élève à 78
mètres au-dessus du faite ; elle repose sur des
arcades à plein cintre appuyées sur des co-
lonnes. Avant que cet édifice eût été trans-
formé en résidence royale (1808) , on y admi-
rait une foule dé tableaux exécutés par les
meilleurs artistes de la Hollande, à 1 époque
où les bourgmestres d'Amsterdam traitaient
de puissance à puissance avec les princes et
les rois. La plupart de ces ouvrages se trou-
vent aujourd'hui au nouvel hôtel de ville et
au Musée ; le Stadhuis conserve toutefois quel-
ques peintures importantes de Ferdinand Bol
(Fabricius dans le camp de Pyrrhus. l'Election
des Soixante -dix dans le camp d'Israël et
Moïse), de Govert Flinck {Dentalus refusant
304
AMS
les présents des Samnites), de Held Stockade,
de Jacques de Witt, d'Adrien Backer, etc.
Le nouvel hôtel de ville n'a rien de re-
marquable comme monument; mais il doit être
cité pour les trésors d'art qu'il renferme et qui
y sont malheureusement entassés dans le plus
grand désordre : les Régents, qu'on regarde
comme le chef-d'œuvre de Flinck ; les Archers
de Frans Hais, et plusieurs autres tableaux du
même genre (réunions de portraits), comman-
dés par des corporations et exécutés par Van
der Helst , Ravenstein , Th. de Keyser, Spil-
berg, Sandrart, etc. ; le portrait de Marie de
Médicis par Honthorst; un très-beau paysage
de Van der Hagen ; deux vues de l'ancien
hôtel de ville, l'une de Saenredam, l'autre de
Lingelbach; et divers ouvrages de Van der
Ulft, d'Ovens, etc.
Le Musée (Trippenhuisen), qui ne date que
du commencement de ce siècle, n'est point un
édifice digne de sa destination. Une précieuse
. collection d'estampes est enfouie dans les salles
obscures du rez-de-chaussée. Les tableaux,
éparpillés dans les deux étages supérieurs, ne
sont ni mieux disposés, ni mieux éclairés; on
compte -pourtant dans le nombre quelques-uns
des principaux chefs-d'œuvre de l'école hol-
landaise : la célèbre Ronde de nuit et les Syn-
dics de la corporation des marchands de drap,
de Rembrandt; le Banquet des arquebusiers et
les Arbitres de la confrérie des arbalétriers, de
Van der Helst; une Assemblée de gardes civi-
ques et Isàac bénissant Jacob, de Govert Flinck ;
les Bégenls de la maison de correction d'Am-
sterdam, tableau de lï pieds de large sur 7 et
demi de haut, de Karel du Jardin-, l'Ecole du
soir, composition très-vantée de Gérard Dow ;
la Robe de satin, de Terburg ; un Homme et une
Femme à table et un Vieux Buveur, de Metzu ;
un Vestibule, de Pieter de Hooch ; la Fêle de
saint Nicolas, un Charlatan et plusieurs au-
tres compositions humoristiques, deJan Steen-,
une Réunion villageoise, d'Adrien van Ostade,
et une autre toile très -intéressante du même
artiste, représentant l'Intérieur deson atelier;
Orphée domptant les animaux par les accords
de sa lyre, et un Paysage mon{ueux avec bétail,
de Paul Potter, deux petites peintures infini-
ment préférables à une gigantesque Chasse
aux ours, du même artiste ; le Pillage d'une
ville, une Chasse aux hérons, un Manège, et
un Cheval blanc, de Wouwerman ; le Bac et
une Halle de voyageurs, de Both; deux Ba-
tailles navales et la Vue d'Amsterdam, le plus
grand tableau que l'on connaisse, de Willem
van de Yeklo; de vigoureuses peintures d'oi-
seaux vivants, d'Hondekoeter ; du Gibier, de
Jan Weenix ; des Fleurs et des Fruits, de David
de Heem , de van Huysum et d'Abraham Mi-
gnon ; une admirable Cascade , de Ruysdael ;
d'autres paysages, de "Wynants, de Jan Hac-
kaert, d'Albert Cuyp; des marines, de Bac-
khuizen , de Zeeman; des vues de villes, de
Van dur Heylen; de très- intéressants por-
traits de Miereveld, de Moreelse , de Raven-
stein, de F. Bol, de Bramer, de Jan Lievens,
de Franz Hais, de Van der Venne.d'Honthorst,
et enfin divers ouvrages de Nie. Maes, deMié-
ris, de Schalcken, de Dusart, de Netseher, de
poelenburg, de Van der Werff, de Gérard de
Lairesse, etc. Les autres écoles ne sont repré-
sentées que par un très -petit nombre d ou-
vrages, pour la plupart de médiocre valeur.
Dans les bâtiments de l'Académie des beaux-
arts a été installée, depuis peu, la belle galerie
qu'un riche amateur, M. Van der Hoop, a
léguée à la ville d'Amsterdam, en 1854. Ce
second musée , qui ne compte pas moins de
198 tableaux, la plupart hollandais, est ouvert
au public moyennant une taxe d'entrée d'à peu
près 50 centimes, prélevée au profit des pau-
vres, conformément aux intentions du dona-
teur. Entre autres toiles capitales, on y remar-
que : la Fiancée juive , de Rembrandt ; une
Femme tenant un dévidoir, de G. Dow; une
Fileuse,àe Nie. Maes; une Consultation médi-
cale, de Samuel van Hoogstraten ; trois Inté-
rieurs de Pieter de Hooch ; une Liseuse, de
Van der Meer de Delft; un Rendez-vous de
chasse, d'Adrien van der Welde, et un autre
paysage non moins précieux, où le même
artiste a placé son portrait et celui de sa
femme; l'Abreuvoir, de Wouwerman, tableau
célèbre provenant de la collection de la com-
tesse de Verrue ; un Intérieur, de Van Ostade,
qui a appartenu au duc de.Choiseul; le Retour
de la chasse, de Metzu ; plusieurs chefs-d'œuvre
de Jan Steen, notamment une Scène de méde-
cin et une Scène d'orgie; un Moulin à eau et
un autre petit paysage, tous deux d'une grande
beauté , d'Hobberaa ; une Marine , de Ruys-
dael , qui vaut presque celle du Louvre ; des
Animaux, d'Albert Cuyp, de Paul Potter; une
Kermesse, de Téniers ; ae beaux portraits, de
Van Dyck et de Rubens ; et diverses composi-
tions de Terburg, de Mieris, de Frans Hais, de
Miereveld , de Both , d'Everdingen , de Ber-
ghem , d'Asselyn , etc. Une quarantaine de
tableaux de l'école néerlandaise contempo-
raine figurent dans la même galerie.
On trouve encore de très-intéressantes pein-
tures dans l'ancien hôpital des Lépreux (Le-
prozenhuys), notamment une Assemblée des
régents de la léproserie, qui passe pour être le
chef-d'œuvre de F. Bot. De simples particu-
liers, parmi lesquels il nous suffit de citer
MM. Van Loon , Six van Hillegom, possèdent
également des collections fort riches en ta-
bleaux de l'ancienne école hollandaise.
Amsterdam est en outre une ville savante,
dont les instituts et les écoles sont depuis long-
AMU
temps célèbres. Patrie du philosophe Spinosa,
du naturaliste Swammerdam , du voyageur
Titsengh et d'un grand nombre de peintres
célèbres : Van Huysum, Van der Welde,
Backhuizen, Van der Neer, Philip et Salomon
Koninck, Karel du Jardin, Van den Eeckhout,
Steenwyck, etc.
AMSTERDAM (île d'), dans l'océan glacial
Arctique, sur la côte nord du Spitzberg ; c'est
là qu'au xviic siècle, les baleiniers et les pê-
cheurs hollandais avaient le fameux établisse-
ment de Smeerenberg.
AMSTERDAM (NOUVELLE-) , lie et fort de
la Guyane anglaise , à l'embouchure de la
Berbice; 1,600 hab.
AMULETTE s. f. (a -mu -le- te — du lat.
amuletum;Û6 amoliri, écarter). Petit objet,
tel que figure, médaille, etc., que l'on porte
sur soi par superstition, et auquel on attribue
la vertu d'écarter les maléfices, les maladies,
les accidents, etc. : La plupart des Vendéens
portaient des amulettes pour aller au feu. On
trouva des amulettes sur les cadavres de pres-
que tous les Russes tués à la bataille de l'Aima.
Il n'y a pas de peuple au monde plus supersti-
tieux, ni qui le soit plus sottement que les
Persans... Comme Us ont de ces amulettes en
papier, ils en ont aussi gravées sur des pierres.
(Cnardin.) Mon hâte avait des amulettes sus-
pendues au cou. (Chateaub.) En continuant de
parcourir la série des Abraxas, on apercevra
le nom de Jésus répété sur plusieurs de ces
amulettes si singulièrement bigarrées de chris-
tianisme et d'antiques superstitions orientales.
(Val. Parisot.) On sait que Pascal lui-mén:e
portait une amulette. (Bouillet.) Cependant
le geste du capitaine avait mis à découvert
/'amulette mystérieuse qu'elle portait au cou.
(V. Hugo.) Elle tira d'entre les nattes tordues
autour de sa tète une de ces amulettes que
qu'un moment, animée d'une vie d'emprunt, se
jouant avec des amulettes enchantées. (Ch.
Nod:) Qu'importe à celui qui dort du doux
sommeil de la tombe, que les générations qui lui
succèdent adorent en rougissant le rosaire im-
posteur de Louis XI, ou les hideuses amulettes
de Marat? (Ch. Nod.) Sous cette corde brillait
une petite amulette ornée de verroteries vertes.
(V. Hugo.)
— Sachet rempli d'une matière odorante et
volatile, que l'on applique sur la peau d'un
malade : Il faut distinguer les amulettes
médicamenteuses et magnétiques, des simulacres
superstitieux ou des substances inertes.
— L'Académie fait ce mot masculin, malgré
sa terminaison , et, nous ajouterons , contre
l'usage général. On voit, en effet, par les
exemples ci-dessus, que les écrivains préfè-
rent le féminin, qui avait déjà été adopté
par d'Aubigné.
— Encycl. La croyance aux amulettes existe
de temps immémorial. Dans l'antiquité, ce
furent tes Orientaux, particulièrement les Per-
sans et les Chaldéens , qui l'adoptèrent avec
le plus d'ardeur et la communiquèrent aux
autres peuples. Les Juifs eux-mêmes. portail
des a
uletles , et c
fut e
et les Romains durent la
amulettes à leurs relations avec les Asiatiques.
Néanmoins, les Romains n'y -ajoutèrent foi
véritablement qu'à l'époque de l'empire. Pen-
dant le moyen âge, tontes les nations chré-
tiennes portèrent des amulettes, malgré les
défenses des conciles, oui ne cessèrent de les
anathématiser. Aujourd'hui, l'usage des amu-
lettes est encore général chez tous les peuples
musulmans , ainsi que chez les sauvages de
l'Amérique , de l'Afrique et de l'Océanie. Il
n'a pas même entièrement disparu dans cer-
taines parties de l'Europe. Il ne faut pas con-
fondre entièrement avec les amulettes les
agnus, les images et autres objets de piété
bénits par l'Eglise. En effet , ces objets sont
considérés comme de simples témoignages de
la foi chrétienne , auxquels certaines grâces
surnaturelles sont attachées , mais non comme
des préservatifs, dans le sens propre du mot.
— Syn. Amulette, talisman. Le talisman ne
se porte pas nécessairement attaché sur la
personne comme l'amulette , et il a une vertu
plus étendue. Si l'amulette peut, au dire des
Orientaux, éloigner les dangers, les maladies
et même la mort de ses heureux possesseurs,
le talisman permet non-seulement de se dé-
fendre , mais encore d'attaquer les autres au
AMUL1US, roi d'Albe et fils de Procas, des-
cendant d'Aseagne. Il détrôna son frère Nu-
mitor et força Rhéa Sylvia, sa nièce, à se
consacrer au culte de Vesta. Mais elle eut de
Mars deux enfants, Romulus et Rémus, qui
tuèrent Amulius, et rétablirent Numitor sur le
trôné, vers l'an 754 av. J.-C.
AMUNITION, première forme du mot,
mais aujourd'hui barbarisme populaire, fré-
quemment commis dans cette phrase : Pain
d'amunition pour Pain de munition.
AMUNITIONNÉ, ÉE (a-mu-ni-si-o-né) part,
pass. du v, Amunitionner : Place bien amuki-
tionnÉe. Fort AMUNITIONNÉ pour deux ans.
AMUN1TIONNEMENT s. m. (a-mu-ni-sio-
ne-man). Action d'amunitionner.
amunitionner v. a. ou tr. (a-mu-ni-si-o-
né — rad. munition). Pourvoir des munitions
AMU
nécessaires : Amunitionner une place, une
citadelle, un fort.
AMURAT 1er ou MOURAD, sultan des Turcs,
né en 1319, succéda a son père Orkhan en 1360.
Jusqu'à lui , les Ottomans , maîtres de l'Asie
Mineure, n'avaient encore fait que des incur-
sions en Europe. Amurat enleva aux Grecs la
Thrace, Gallipoli et Andrinople, dont il fit le
siège de son empire, et soumit la Macédoine
et l'Albanie. Les princes bulgares , hongrois
et valaques se liguèrent contre lui, mais il les
écrasa dans les plaines de Cassovie, en 1389.
Comme il visitait le champ de bataille, un sol-
dat servien près d'expirer ranima ses forces
et lui porta un coup mortel. Ce sultan avait
remporté trente-sept victoires. • '
AMURAT II, sultan des Turcs, fils etsucces-
seurdeMahometlcr (1421), sevitdisputerl'em-
pire par l'imposteur Moustapha, qui se préten-
dait frère de Bajazet , et pu il fit mettre à mort
après l'avoir vaincu. Il chercha vainement à
s emparer de Constantinople, mais Thessaloni-
que tomba en son pouvoir. Il dépouilla les Grecs
et les Vénitiens d'un grand nombre de places
en Asie et en Europe et emporta Belgrade.
Ladislas , roi de Hongrie , et ie célèbre Jean
Huniade tentèrent inutilement d'arrêter ses
conquêtes : le premier fut tué. à la bataille de
Varna, en 1444, par Amurat lui-même. Toute-
fois Scander-Beg, prince dTËpire et d'Albanie,
réussit à mettre un terme aux succès du sultan,
qui mourut a Andrinople en 1451, laissant la
couronne au fameux Mahomet II , son fils.
Amurat était un prince philosophe, qui fut sur-
nommé le Juste par ses sujets.
AMURAT m , sultan des Turcs, fils aîné de
Sélinr II, inaugura son avènement, en 1S74,
par le massacre de ses cinq frères. Il enleva
trois provinces à la Perse, et son vizir conquit
l'importante place de Raab , en Hongrie. Ce
prince mourut en 1595.
AMURAT IV, sultan des Turcs, monta sur
le trône en 1623, et porta au plus haut point
la puissance ottomane. Il fit la guerre aux
Polonais et aux Persans , et enleva Bagdad à
ces derniers , en 1638. Ses excès et ses dé-
bauches le conduisirent à une fin prématurée ;
il mourut à 31 ans (1640).
AMURCA. V, AMURGUE.
AMURE s. f. (a-mu-re — du lat. ad murum,
au mur, par allusion au trou pratiqué au bor-
dage du bâtiment et par lequel passe la ma-
nœuvre). Mar. Cordage servant a fixer le coin
d'une- basse voile opposé à celui qui est atta-
ché à la vergue, du côté du vent : Amures de
misaine. Les amures de bonnettes, //amure
prend le nom de la voile où elle est attachée.
(A. Jal.)
— Avoir les amures à tribord^ à bâbord. Se
dit quand la voilure est disposée pour rece-
voir le vent par la droite ou par la gauche.
On dit de même -..Prendre les amures à tribord,
à bâbord. Il Changer d'amures, Virer de bord,
AMURE, ÉE (a-mu-ré) part. pass. du v.
Amurer : Navire amure, frégate amurée. Un
navire est AMURE tribord ou bâbord, selon qu'il
est orienté pour recevoir le vent à droite ou à
gauche. (A. Jal.)
AMURÉE s. f. (a-mu-ré). Hist. ecclés. Reli-
gieuse d'une communauté de Rouen, qui ap-
partenait à l'ordre de Saint-Dominique.
d'une voile , afin de présenter celle-ci selon
l'angle qu'elle doit former avec le vent: Amu-
— A mure misaine ! Amure grand' voile ! Com-
mandement pour faire amener , à l'aide de
l'amure, le point de la voile sur le bord du
bâtiment.
AMURGUE s. f. (a-mur-gue). Comm. Résidu
de la fabrication de l'huile d olive, qui entre
dans la composition des savons communs. Il
se nomme aussi amurca.
AMUSABLE adj. (a-mu - za- ble — rad.
amuser). Qui peut être amusé : Quel supplice
d'amuser un homme (Louis XIV) qui n'est plus
amusable ! (Mme clo Maintenon. ) C'est un
caractère triste et peu amusable. (Volt.) Sa-
vez-vous ce que c'est que d'amuser un esprit qui
n'est plus amusable? (Volt.) Envoyez-en copie
pour amuser votre petite-fille, supposé qu'elle
soit amusable. (Mme du Deffand. ) Il faut
tout cela pour être homme amusable et lecteur
indulgent. (Beaumarch.)
amusant (a-mu-zan) part. prés, du v.
Amuser : Point d' importuns laquais épiant nos
discours, critiquant tout bas nos maintiens,
comptant nos morceaux d'un œil avide, s'amu-
sant d nous faire attendre à boire, et murmu-
rant d'un trop long diner. (J.-J. Rouss.)
AMUSANT, ante adj. (a-mu-zan, an-te —
rad. amuser). Qui est propre à amuser, à
divertir, à distraire : homme amusant, d'un
esprit amusant. Conversation amusante. La
société, pour peu qu'elle soit douce et amu-
sante, dédommage bien des incommodités du
climat. (Parny.) Nous cherchions dans les
papiers publics des nouvelles étrangères et
amusantes pour nous dissiper. (B. de St-P.)
Les Anglais de Poona ne sont pas amusants.
AMU
(V. Jacquem.) La lecture de ce livre est inté-
ressante, amusante, instructive. (Villem.)
— Substantiv., Ce qu'il y a d'amusant : Ci
diner fut d'une gaieté, dun spirituel, d'ur.
amusant égal an prix du souper qu'elle lut
avait donné. (Balz.)
— Antonymes. Assommant , ennuyant .
ennuyeux, fastidieux, fatigant, insoutenable',
insupportable, intolérable, somnifère, sopo-
AMUSÉ, ÉE (a-mu-zé) part. pass. du v.
Amuser : La foule ne demande qu à être amu-
sée. (Viennet.) C'est à tort qu'on croit, dam
le monde, que les femmes ont besoin d'être
amusées. (Michelet ) La société neperd jamais
ses droits, elle veut toujours être amusée.
(Balz.J Comme trois enfants amusés à des riens,
nous regardions les herbes des bords, les demoi-
selles bleues et vertes. (Balz.) C'est l'homme de
Société, le vieillard oisif et amusé, qui vidt
pêle-mêle ses portefeutiles. (Ste-Beuve.)
AMUSEMENT s. m. (a-mu-ze-man — rad.
amuser). Action d'amuser : On a élevé des
théâtres forains sur l'esplanade des Invalides,
pour ^'amusement des enfants et des badauds.
Il Tout ce qui amuse, récrée, divertit: Amuse-
ment honnête, innocent. Amusement frivole.
Amusement dangereux. C'est son amusement.
La musique est pour lui un amusement, et non
une occupation. (Acad.) Les plaisirs sont des
amusements gui ne laissent qu'un long et
funeste repentir. (Fléch.) Il se fit d'abord de
l'art militaire -une étude, et non pas un amu-
sement. (Mass.) tes amusements puérilsrape-
tissent l'esprit, a/faiblissent te cœur, avilissent
l'homme. (Fén.) L'harmonie qui ne va qu'à
flatter l'oreille n'est qu'un amusement de gens
faibles et oisifs. (Fén.) Il se fit un amusement
de travailler aux préparatifs du triomphe qu'il
étala dans cette capitale. (Volt.) On commence
à jouer par amusement, on continue par ava-
rice, et l'on finit par passion. (Brueys.) La
promenade, la chasse, la pêche, le jeu, la lec-
ture, sont nos occupations et nos amusements.
(Le Sage.) Partout la lutte, te pugilat, tes
courses, font partie des amusements du peuple.
(Malte-Brun.) Il y a des amusements pour
l'Age rfiûr comme il y en a pour l'enfance. (A.
Karr.) L'inconstante activité des enfants épuise
vile les amusements permis. (Mme Guizot.)
Anacréon chercha dans l'amour un amusement
pour les sens et pour l'esprit. (H. Beyie.) Les
personnes avides ^'amusements sont précisé-
ment celles qui ont le plus ae peine à s'en pro-
curer. (Dubay.)
— Perte de temps, retard : Pas tant d\-
Oh! jued'AMuSEMENTS 1 Veux-tu parler? (Mol.)
Le moindre amusement peut vous être fatal.
Moliêrh.
il Chose "facile à faire pour quelqu'un : Les
problèmes les plus difficiles ne sont qu'un amu-
sement pour lui. il Prétexte, leurre, trompe-
rie : Je suis las de tant tf amusements. (Acad.)
Henriette, en
lin-
n frerc,
MOUÈRE.
Il Ces deux derniers sens ont vieilli.
— Etre l'amusement d'une société, Etre l'ob-
jet de ses railleries.
tion, réjouissance. La récréation est un délas-
sement de peu de durée, qui a pour but de
distraire l'esprit de ses fatigues : Offrir une
honnête récréation à des gens continuellement
occupés. (J.-J. Rouss.) ifamusement est une
occupation facile et agréable que l'on se crée
pour échapper à l'ennui : On n'écoute plus
sérieusement la parole sainte; c'est une sorte
^'amusement et de jeu. (La Bruy.) Divertisse-
ment est le terme générique qui renferme les
amusements, les récréations et les réjouis-
sances ' publiques : Il faudrait trouver des
divertissements moins emportés que le spec-
tacle. (Ross.) La. réjouissance se tait remar-
quer par des actions extérieures, des danses,
des cris de joie, des acclamations de plusieurs
personnes : L'Eglise interdit toutes les réjouis-
sances pendant le carême. (Boss.)
— Antonymes. Ennui, fatigue, peine, tour-
ment, travail.
Amu.cucui. chompC-ire» (les), tableau de
Watteau. La composition offre une de^ces
scènes plus mondaines que rustiques, qu'affec-
tionnait le peintre des fêtes galantes : des
femmes coquettement attifées et d'aimables
chevaliers prenant leurs ébats au milieu d'uff
frais paysage. La manière piquante dont le
sujet est traité fait oublier ce qu'il a. de faux
et de conventionnel. M. Bûrger loue le coloris
harmonieux du paysage, le ciel qui perce à
gauche, entre de grands arbres, le ton déli-
cieux de la chair des femmes, assises sur la
verdure , et leurs robes aux couleurs cha-
toyantes. Ce chef-d'œuvre , qui n'a pas moins
de sept pieds de large sur plus de quatre de
haut, a fait partie des célèbres collections de
Vaudr.euil, de Montalot, du cardinal Fesch.
A la vente de ce dernier, il a été acheté par
M. Horsin-Déon, au prix de 30,000 fr., avec
son pendant, le Rendez-vous de chasse. Peu
de temps après, M. de Morny a payé ces deux
ouvrages 45 à 50,000 fr., et il a revendu, au
même prix, les Amusements champêtres à un
Anglais, M. Hertfort, qui les a exposés à Man-
chester, en 1853. Ces chiffres peuvent donner
une idée de la valeur considérable que les
AMU
œuvres de "Watteau om, acquise depuis quel-
3ues années. B. Audran a gravé un tableau
e cet artiste portant le même titre que le
précédent, mais ayant des dimensions plus
restreintes.
AMUSER v. a. ou tr. (a-mu-zé — rad.
muser). Distraire, récréer, divertir : Amuser
des enfants. Amuser une société par son esprit,
par ses saillies. Les nymphes se mirent à cueil-
lir des fleurs en chantant pour amuser Télé-
maque. (Fén.) Tous ces gens ennuyés qu'on
amuse avec tant de peine doivent leur dégoût à
leurs vices. (J.-J. Rouss.) Ceux qui font mé-
tier ({'amuser les autres sont eux-mêmes presque
toujours d'un naturel triste et mélancolique.
(Grimm.) Les livres remplis de plaisanteries
immorales et de principes égoïstes amusent le
vulgaire. (Mme de Staël.) Rien de plus facile
que de captiver l'attention et d'AMUSER par un
eonte. (Chateaub.) Le monde aime mieux un
vice qui {'amuse qu'une vertu qui l'ennuie.
(Laténa.) Les curiosités philologiques ne sont
pas les seules qui .amusent l'esprit. (L. Goz-
lan.) On ne s'ennuie jamais davantage qu'avec
ceux qu'on ne peut amuser. (Beauchenc.)
Le monde est vieux, dit-on ; je le crois, cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant,
La Fontaine.
- il Flatter, caresser, plaire à : On ne voit dans
Isocrate que de.i discours fleuris, que des
périodes faites avec un travail infini pour
amuser l'oreille. (Fén.) Tout ce qui plait ici-
bas peut amuser le cœur, mais jamais le satis-
faire. (Mass.)
Amusez les rois par des songes,
Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges;
Quelque indignation dont leur cœur soit rempli,
Ils goberont l'appât; vous serez leur ami.
La Fontaine.
Il Faire oublier, adoucir : Amuser ses peines,
ses souffrances. On doit, dans' l'état où il est,
faire ce qu'on peut pour amuser sa douleur.
(ïrév.) Jusques à quand amuserai-jc les inquié-
tudes secrètes de mon âme par de vains pro-
jets de pénitence? (Mass.)
Par ses discours trompeurs,
11 tâchait vainement à'amu.ser mes douleurs.
— Leurrer abuser : Ils prétendaient nous
amuser par des contes en l'air. (Mol.) Le czar
les amusait tous par des espérances. (Volt.)
Tandis que le ministre {'amusait par des
remises continuelles, son concurrent obtenait
l'empire. (Volt.) Vous amusez vos créanciers
par de belles paroles. (Campistron.) Il Faire
perdre le temps : N'amvsez pas ce laquais.
(Trév .\ Il ne faut qu'une mouche pour {'amuser.
(Acad.) /{ laissa tomber quelques pièces d'ar-
gent pour amuser les gardes. (Volt.) n Tromper
en préoccupant : Amuser l'ennemi.
Amuse le vieillard le mieux qu'il se pourra.
Reonakd.
— Se dit, par antiphrase, de quelqu'un
dont les discours et les actions ennuient :
Tais-toi donc, va; tu «i'aMuses. Oh! le plai-
sant corps! comme je vous en amuserais , si
j'en avais le temps! (Dider.)
— Absol. : /{ a bien de l'esprit, de celui
surtout qui plait et qui amuse. (La Bruy.)
Mille espérances amusent. (Mass.) Tout ce
qui amuse et fait rire est bon. (Dider.) On ne
peut pas dire d'une tragédie qu'elle amuse,
parce que le genre de plaisir qu'elle fait est
sérieux et pénétrant. (D'Alemb.) On dirait
5ue l'art de parler et ({'amuser est tout en
Trame, et que la recherche de la vérité ne
compte pour rien. (Phil. Chasles.)
— Amuser le tapis, Parler de choses insi-
gnifiantes, soit pour faire passer le temps,
soit pour ne pas en venir au fait : /{ sait
amuser le tapis. C'est assez amuser le tapis.
Pendant une heure, il n'a fait çu'amuser le
tapis. (Acad.) /{ écoutait les propositions de
mariage qu'on lui faisait , pour amuser le
' tapis et pour gagner du temps. (M">e de Cou-
langes.) il En termes de jeu , Jouer avec une
grande lenteur.
— Hortic. Amuser la sève, Laisser à l'arbre
plus de bois et de bourgeons que de coutume.
— T. de théâtre, Amuser l'entr'acte, Dis-
traire le spectateur quand le rideau u été
baissé, attirer son attention sur un objet
quelconque qui l'occupe dans l'intervalle qui
sépare un acte de l'acte suivant. On amuse
l'entr'acte d'une foule de manières : tantôt un
compère placé au paradis excite une dispute,
imite le cri ou le chant de quelque animal,
laisse tomber un chapeau, etc. ; tantôt des
loustics bénévoles font assaut de jeux de
mots, engagent des dialogues bouffons, etc.
En attendant, les badauds prennent patience
■et oublient la longueur de l'entr'acte.
S'amuser, v. pr. Trouver du plaisir, do
l'agrément à une chose : /{ n'est point homme
à s'amuser de si peu. On ne s'amuse pas long-
temps de l'esprit d'autrui. (Vauven.) Je lai
surprise à s'amuser d'un papillon, d'une fleur.
(Ch. Nod.)
Favorisez les jeux où mon esprit s'amuse.
La Fontaine.
il Se livrer à quelque occupation frivole pour
se distraire. Dans ce sons, il est suivi d'un
complément marqué par la preposit. à .- S'a-
muser à des riens, à des bagatelles. S'amuser
à bavarder. Il s'amuse à tout et ne se plait à
rien. (La Rochef.) Vous me demandez où je
suis, comment je me porte, et à quoi je mV
muse? Je suis à Paris, je me porte bien, et je
m'amuse à des bagatelles. (Mme de Sév.) /{ ne
AMU
s'amusbjjcw à deviner les secrets des autres.
(Fléch. ) /{ avait un serpent, qu'il s'était
amusé à élever et qu'il nourrissait de sa main.
(La Harpe.) Je me suis quelquefois amusé à
voir des pécheurs prendre des poissons la nuit.
(B. de St^P.) Ce n'est non plus sa faute, à lui,
si d'une comédie la duchesse s'est amusée à
faire une tragédie. (E. Sue.) Lorsqu'une tête
est l'enjeu d'un discours, on ne s'amuse pas à
polir une phrase. (Cormenin.) Des femmes
élégantes couvraient les quais et s'amusaient
aux lazzi des masques. (G. Sand.)
Mais à quels vains discours est-ce que je m'amuse.'
BOU.EAU.
Ne noua amusons pas, ma fille,
Qu'a
La Fontaine.
A me demander mon secret,
Si j'étais Apollon, ne serait point ma muse.
Elle serait Téthys, et le jour finirait.
Sainte-Aulaire, a la duchesse du Main*.
— Perdre son temps : Ne vous amusez pas,
on vous attend. (Acad.) Morbleu! je suis bien
sot de m'amuser à raisonner avec vous! (Mol.)
Il Se moquer : Corbleu! vous amusez-vous de
moi? On s'amuse de lui tout en acceptant ses
dîners. Les sots s'amusent des gens d'esprit,
aussi bien que ceux-ci peuvent s'amuser des
sots. (Duclos.)
A mes dépens, toujours, monsiei
Il S'aviser de : Ne vous amusez pas à le plai-
santer : il n'entend pas la raillerie. (Acad.) A
quoi vous amusez-vous de parler à un fou?
(Acad.) i
— Absol., dans ces différents sens : H est
plus facile de s'enrichir que de s'amuser.
(Prov. angl.) Les sots s'amusent sans riva-
lité; les gens d'esprit s'ennuient par jalousie.
(Boisle.) Je m'amuse dès que je le puis, et
j'ai besoin de me dél"™~"-" t*?"- * ' - -'■-
des lecteurs
e m amuse dès que je le
de me délasser. (Fén.)
La plupart
struire. (J.-J. Rouss.) Toujours samusjïr,
cela n'est pas toujours am'jsant. (M"ie E. de
Gir.) Les gens qui n'ont jamais su que s'en-
nuyer ne peuvent supporter que les autres s'a-
musent. (A. d'Houdotot.) L esprit s'amuse en
voyaye, le cœur s'ennuie. (H. Rigault.) -
— Faire dos choses contraires à la pudeur ;
se livrer à des attouchements indécents : Ce
petit garçon a la funeste habitude de s'amuser
la nuit. Il faut amuser tes enfants, de peur
qu'ils ne s'amusent. (J. do Maistre.) .
•— Prov. et fam. S'amuser à la moutarde,
S'arrêter à des bagatelles, à des choses
tilps Inrsmî'il fnnrli*ni+. cYtn/»nr»rti« Ha ni
_ — Syn. Amuser, divertir. AmUSCT , c'est
s'occuper légèrement l'esprit, de manière
qu'on ne sente pas le poids du temps ou du
travail : Les nymphes se mirent à cueillir des
fleurs en chantant pour amuser Télémaque.
(Fén.) Divertir, c'est occuper agréablement
l'esprit, de manière qu'on ne sente, en quelque
sorte, le temps que par une succession de plai-
sirs : Cette pièce m'A. beaucoup diverti. —
Employés pronominalement, ces deux verbes
sont également synonymes. Se divertir, c'est
se réjouir; s'amuser, c'est ne pas s'ennuyer.
On peut s'amuser seul; pour se divertir, il
faut être plusieurs. Le temps passe quand on
s'amuse; on en jouit quand on se divertit. On
va h la promenade pour s'amuser, et au spec-
tacle pour se divertir.
enjâlcr, en imposer, leurrer, •urprendre,
t»mper. V. ABUSER.
— Antonymes. Assommer, contrarier, en-
nuyer, fatiguer, impatienter, importuner,
taquiner, tourmenter, vexer.
AMUSETTE s. f. (a-mu-zè-to — rad. amu-
ser). Petit amusement, bagatelle qui amuse :
Ce n'est pour lui qu'une amusette. Notre
ambassadeur en Hollande, lassé de toutes les
amusettes avec lesquelles on le menait, salua
le roi le lendemain. (St-Sim.)
Chaque siècle a son amusette. Bérangeu.
Il Particulière m. , Jouet : Les poupées sont
des amusettes d'enfants. (Acad.) L'enfant de
huit ans prétend que le vrai plaisir est déjouer
aux globules; mais, à quinze ans, il sourira de
pitié à l'aspect des amusettes de l'enfance.
(Fourier.) Quelle importance ont des amu-
settes d'enfants? (Chateaub.)
le prend, l'encage bien et beau,
LaFon
Le donne à ses enfants pour se
— Par ext. : Les Zoïles osent tout, d'autant
mieux qu'on a habitué les Français à se
repaiire de détraction et à s'eti faire une amu-
sette littéraire. (Fourier.)
— Art milit. Canon léger imaginé, au
dernier siècle, par le maréchal de Saxe, qui
le destinait aux combats d'avant-poste, aux
escarmouches, et à la guerre en pays forte-
ment accidenté, h'amusette lançait un boulet
do plomb pesant environ 250 grammes. Quoi
qu'on en ait dit, il ne paraît pas qu'on s'en soit
jamais servi, du moins en France.
AMUSEUR s. m. (a-mu-zeur — rad. amu-
ser). Celui qui amuse, qui divertit : C'est un
aimable amuseur. Boisrobert était /'amuseur
AMY
en titre du cardinal de Richelieu. Il n'y a pas
de fléau plus insupportable dans la société que
les amuseurs en titre. (Richelot.) Le jeune
Rastignac était évidemment {'amuseur de cette
société. (Balz.)
AMUSOIRE s. f. ou AMUSOIR s. m. (a-mu-
zoi-re — rad. amuser). Moyen d'amuser : Cela
n'est pas sérieux, ce n'est qu'une amusoire. Il
Peu usité.
comme moyen d'arrêter les hémorragie, _.
divers ouvrages sur l'anatomie des hernies,
sur la lithotritie, les rétrécissements de l'u-
rètre, et sur le danger de l'introduction de
l'air dans les veines. Il a enrichi la chirurgie
d'instruments très-ingénieux. » Amussat, a
dit M. Isidore Bourdon, est un chirurgien de,
premier ordre, un homme profondémentdévoué
a son art, un opérateur justement célèbre, d
C'est à lui que l'on doit -l'invention de la
sonde droite, qui rendit possible l'emploi de
l'instrument de MM. Civiale et Leroy d'E-
tioles pour broyer les pierres dans la vessie,
et la substitution de la cautérisation des
tumeurs hémorroïdales à l'opération désespé-
rée de l'excision.
AMYCLÉE, ville de l'anc. Grèce, voisine de
Sparte, fut la résidence de Tyndare et la
patrie des Dioscures, d'Hélène et de Clytem-
nestre. Son climat et sa fertilité l'avaient fait
surnommer par les poëtes la verdoyante
AMYCLÉEN, ENNE s. et adj. (a-mi-clé-ain,
è-ne). Habitant d'Amyclée ; qui se rapporte à
la ville d'Amyclée ou à ses habitants, n Le
silence a perdu les Amycléens, Proverbe en
usage dans l'anc. Grèce, et dont voici l'ori-
gine : Amyclée, située près de Sparte, était
sans cesse inquiétée par ce puissant voisi-
nage, et les Amycléens croyaient sans cesse
à une invasion prochaine. A la fin, lassés de
ces fausses nouvelles, ils firent une loi contre
quiconque en répandrait de semblables. Un
certain jour, ils se virent surpris par une atta-
que dont personne n'avait ose donner l'avis.
— Myth. Surnom d'Apollon, qui avait une
statue colossale à Amyclée.
AMYCTÈRE s. m. (a-mik-tè-re — du gr.
amuktèr, sans nez, sans trompe). Entom.
Genre de coléoptères tétramères, de la famille
des curculionites, ne renfermant que des
espèces de la Nouvelle-Hollande.
AMYctique adj. (a-mik-ti-ke — du gr.
amuktikos, égratignant, déchirant). Méd. Se
dit des topiques corrosifs.
AMYCUS, fils de Neptune et de Bithynis,
inventa le ceste, et provoquait au combat tous
les étrangers. Pollux le tua, ou l'attacha à un
arbre (le laurus insana), pour lui infliger le
châtiment d'une mort lente.
AMYDEs. m. (a-mi-dc). Nom donné à un
genre de tortues fluviales, plus généralement
appelé trionyx.
AMYDÈTE s. m. (a-mi-dè-te). Entom.
Genre de coléoptères pentamères, ne renfer-
mant que trois espèces, toutes du Brésil.
AMYÉLIE s. f. (a-mi-é-li — du gr. a priv.;
muelos , moelle). Anat. Monstruosité carac-
térisée par l'absence de la moelle épinière.
amyélOnervie s. f. (a-mi-é-lo-nèr-vî —
du gr. a priv. ; muelos, moelle, et neuron,
nerf). Méd. Paralysie de la moelle épinière.
amyÉLOTROPHIE s. f. (a-mi-é-lo-tro-fî
— du gr. u priv.; muelos, moelle, et trophè,
nourriture). Méd. Atrophie de la moelle
épinière.
AMYGDALAIRE adj. (a-mig-da-lè-ro — du
gr. amugdalè, amande). Géol. Se dit de la
structure des rochers, qui présentent dans
leur intérieur des parties minérales en forme
d'amande.
amygdale s. f. (a-mig-da-le — du gr.
amugdalè, amande). Anat. Glande en forme
d'amande, située de chaque côté de la gorge :
Avoir {es amygdales enflammées. Le fluide
muqueux sécrété par les amygdales sert à
faciliter le passage du bol alimentaire. Les
amygdales sont spongieuses. (Trév. ) n Les
amygdales portent aussi le nom scientifique
de tonsillcs. n Quelques-uns, contrairement à
l'étymologie grecque, écrivent amigdale.
~ Moll. Genre de coquilles bivalves, formé
aux dépens dos moules, et qui n'a pas été
conservé.
de la forme d' ,
la gorge, de chaque côté de l'isthme un 6u31Ci -,
dans un enfoncement particulier que bornent
en avant et en arrière les piliers du voile du
palais. Les Latins les appelaient tonsillcs; les
Grecs antiates, parce qu'elles sont opposées
l'une à l'autre. Les amygdales sécrètent un
mucus demi-visqueux et demi-transparent, qui
est versé dans 1 arriére-bouche par une dou-
zaine de petites ouvertures. On les aperçoit
aisément sur les individus à qui l'on fait
ouvrir largement la bouche, et qui savent
d'eux-mêmes abaisser la langue, ou qui du
moins la laissent abaisser dans le même but
avec le plat d'une cuiller. V. Amygdalite.
AMYGDALE OU AMYGDALINÉ, ÉE adj.
(a-mig-da-lé. li-né — du gr. amugdalè,
amande). Bot. Qui ressemble à un amandier.
AMY
305
— s. f. pi. Tribu de la famille des rosacées,
ayant pour type le genre amandier.
amygdalifèRE adj. (a-mig-da-li-fè-re
— du gr. amugdalè, amande, et du lat. ferre,
porter). Bot. Se dit d'une plante qui porte
des amandes : Plante amygdalifère.
AMYGDALIN, inë adj. (a-mig-d'a-lain, i-ne
— du gr. amugdalè-, amande). Se dit des prépa-
rations dans lesquelles il entre des amandes :
Looch AMYGDALIN. SaVO» AMYGDALIN. Pâte
AMYGDALINE.
AMYGDALINE s. f. (a-mig-da-li-ne — du
gr. amugdalè, amande). Chim. Substance qui
se rencontre toute formée dans les amandes
amères, dans les feuilles du laurier-cerise, etc.
— Encycl. Uamygdaline cristallise en feuil-
lets blancs d'un éclat nacré; elle est peu
soluble a froid dans l'alcool absolu ; mais à
chaud ce liquide la dissout aisément; elle est
insoluble dans l'éther et fort soluble dans l'eau.
Elle se trouve dans les amandes amères avec
Yémulsine ou synaptase, et c'est par une sorte
do fermentation qui a lieu entre ces deux
substances que se produit l'essence d'amandes
amères. L'émulsine est le ferment, Vamygda-
line est la matière qui en subit l'action. Les
amandes douces, qui ne renferment que de
l'émulsine, ne donnent pas d'essence d'a-
mandes amères ;.mais si l'on ajoute de l'amyg-
daline à une émulsion d'amandes douces, aus-
sitôt l'essence- se forme. Uamygdaline a été
découverte par Robiquet et Boutron-Charlard,
et étudiée dans ses rapports chimiques par
MM. Liebig et Woehler.
AMYGDALINÉ, ÉE adj. (a-mig-da-li-né).
Bot. Syn. d'amygdale.
AMYGDALIQOE adj. (a-mig-da-li-lto — du
gr. amugdalè, amande). Chim. Se dit d'un
acide dans lequel entre uno solution aqueuse
d'amygdaline.
amygdalite s. '. Vmig-da-li-te — rad.
amygdale). Pathol. i 'iammation. des amyg-
dales, appelée aussi angine tonsilïaire, esqui-
nancie : 2/amygualite se montre quelquefois
sans être annoncée par aucun dérangement de
la santé. (Chomel.) L'amygdautu affecte tous
les âges, mais plus particulièrement les jeunes
gens et les hommes d'un tempérament sanguin.
— Miner. Nom donné à dos roches de
diverses espèces, dans lesquelles sont dissé-
minés des noyaux arrondis ou en forme
d'amande.
— Encycl. Méd. L'amygdalite est ordinai-
rement produite par les refroidissements subits,
par les variations de température. Les pre-
miers symptômes sont la difficulté d'avaler et
la sensation d'un corps étranger dans l' arrière-
bouche. On lui oppose un traitement antiphlo-
gistique, sangsues au cou, pédiluves irri-
tants, boissons délayantes, gargarismes émol-
lients, etc. U arrive souvent qu'à la suite
d'inflammations répétées, les amygdales s'hy-
pertrophient, et deviennent ainsi un obstacle
permanent à la déglutition, en même temps'
qu'une cause d'altération de la voix. On ne
prévient cette incommodité qu'on ayant re-
cours à une opération fort simple et fort peu
douloureuse, l'excision des amygdales.
amygdaloïde adj. (a-mig-da-lo-i-de —
corps blancs en forme d'amande.
apports géologiques qui détt
la physiologie d'un pays, je rappellerai ici que
les dômes de trachyte, les cônes de basalte, les
coulées <2'AMYGDAL0fDE à pores allongés et
parallèles, de blancs dépôts de ponces entre-
mêles de scories noires, animent, pour (;'—-
J. _, .".,_,,-. .„c. var les -— J --
(Humboldt.)
— Encycl. Le nom A'amygdaloïde s'applique
à toute masse rejetée par les volcans, dans
laquelle sont répandus, au travers d'une pâte
de wacke, de basalte, de greenstoneou autres
sortes de trapp , des nodules arrondis ou
amygdalaires de minéraux divers , tels quo
calcédoine , agate , spath calcaire , zéolithe.
« L'origine de cette structure, dit M. Lyell,
n'est pas difficile à expliquer ; des roches ana-
logues se forment dans les laves modernes.
De petites cavités ou cellules préexistaient
dans la matière en fusion et servaient à loger
des bulles de vapeur ou de gaz. Après ou pen-
dant la consolidation de cette matière, les
espaces devenus vides ont été remplis gra-
duellement par une substance qui s'est sépa-
rée de la masse ou qui s'est infiltrée par voie
aqueuse. Comme les bulles se sont parfois
allongées par la coulée de la lave avant son
refroidissement, les contenus de leurs cavités
ont la forme d'amandes. »
amygdalophore s. m. (a-mig-da-lo-fo-re
— dugr. amugdalè, amande ; phoros, porteur).
Bot. Nom scientifique de l'amandier.
amygdalotome s. m. (a-mig-da-lo-to-me
— de amygdale, et du gr. tome, action do
couper). Chirur. Instrument qui sert à exciser
les amygdales, il On le nomme aussi tonsil-
litome.
AMYLACÉ, ÉE adj. (a-mi-la-sé — du gr.
amulon, amidon). Qui est constitue par l'ami-
don, qui contient do l'amidon : Les substances
amylacées servent tantôt de matières alimen-
taires, tantôt de médicaments. (Soubeiran.)
39
s sont formés de couches
que l'on obtient en soumettant à la distilla-
tion un mélange d'acétate de potasse, d'al-
cool amylique et d'acide sulfurique concentré.
L'éther amylacétique est un liquide incolore,
insoluble dans l'eau, d'une odeur aromatique.
Il s'appelle encore acétate d'amyle.
. AMYLAMINE OU AMYLIAQUE S. f. (a-mi-
la-mi-ne — de amyle, et du rad. am, abrév.
de ammoniaque). Chim. Ammoniaque compo-
sée représentant de l'ammoniaque, plus l'hy-
drogène carboné de l'alcool amylique, ou bien
de l'ammoniaque dont une molécule d'hydro-
gène est remplacée par une molécule d'amyle.
L'amylamùie se produit par l'action de la
potasse caustique sur l'ether cyanique de
l'alcool amylique ou huile de pomme de terre.
C'est un liquide léger, très-fluide, parfaite-
ment incolore, dont l'odeur rappelle à la fois
celle de l'ammoniaque et des éthers amy liques.
AMYL-AMMONIAQUES S. f. pi. (a-mi-la-
mo-ni-a-ke — de amyle et de ammoniaque).
Chim. Alcaloïdes représentant de l'ammo-
niaque dont i( 2, 3 ou 4 molécules d'hydrogène
sont remplacées par de i'amyle.
AMYL-ANILINE s. f. (a-mi-!a-ni-li-ne — de
amyle et de aniline). Chim, Substance qu'on
obtient en distillant le bromhydraie A'amyl-
aniline, lequel est produit lui-même par la
réaction de l'éther amyl-bromhydrique et de
l'aniline. L'amyl-anitine est un liquide inco-
lore, dont l'odeur, à la température ordinaire,
rappelle celle des roses. Elle forme des sels
avec les acides.
AMYL-AZOTEUX OU AMYL-NIThEUX adj.
(a-mi-la-zo-teu, a-mil-ni-treu — de amyle et
de azoteux). Chim. Se dit d'un éther produit
par l'action de l'acide azoteux sur l'alcool
amylique. On le prépare en faisant arriver
dans 1 alcool amylique chauffé au bain-marié
un courant de vapeurs nitreuses produites
par l'acide nitrique et l'amidon.
AMYL-AZOTIQUE OU AMYL- NITRIQUE
adj. (a-mi-la-zo"-ti-ke, a-mil-ni-tri-ke — de
amyle et de azotique). Chim. Se dit d'un éther
produit par l'alcool amylique et l'acide azo-
tique. L éther amyl-azotique est une liqueur
huileuse, incolore, d'une odeur qui rappelle
celle de punaise; il s'appelle aussi . nitrate
d'amyle et nitrate d'amylène.
AMYL-BENZOÏQUE adj. (a-mil-bain-zo-i-ke
— de amyle et de benzoïqué). Chim. Se dit
d'un éther qu'on obtient en distillant une
partie d'alcool amylique et deux parties d'a-
cide sulfurique avec du benzoate de potasse.
L'éther amyl-benzoïque s'appelle encore ben-
zoate d'amyle.
AMYL-BIBOBIQUE adj. (a-mil-bi-bo-ri-ke
— de amyle; bis, deux fois, et borique). Chim.
Se dit d'un éther produit par l'action de l'a-
cide borique fondu sur l'alcool amylique.
L'éther amyl-biborique est visqueux à 20°, et
peut s'étirer en fils très-fins ; il brûle avec
une flamme verte. La formule de l'éther
amyl-biborique correspond à celle du borax
anhydre.
AMYL-BROMHYDRIQUE adj. (a-mil-bro-
mi-dri-ke — de amyle et de bromhydrique).
Chim. Se dit d'un éther produit par la réac-
tion do l'alcool amylique et de l'acide bromhy-
drique. C'est un liquide incolore, d'une saveur
acre et d'une odeur alliacée. 11 s'appelle encore
bromure d'amyle.
AMYL-CARBONIQUE adj. ( a-mil-kar-bo-
ni-ke — de amyle et de carbonique). Chim.
Se dit d'un éther que l'on obtient en traitant
par le potassium l'éther amyl-oxalique ou
-i forme d'un liquide "incolore, c.
odeur agréable.
AMYL-CHLORHYDRIQUE adj. (a-mil-klo-
ri-dri-ke — de amyle et de chlor hydrique).
Chim. Se dit d'un éther produit par la réac-
tion de l'acide chlorhydnque ou du perchlo-
rure de phosphore et de l'alcool amylique.
C'est un liquide incolore, doué d'une odeur
aromatique, insoluble dans l'eau. Il s'appelle
encore chlorure d'amyle.
AMYL-CITRATE s. m. <a-mil-si-tra-te —
de amyl-citrique). Chim. Sel formé par la
combinaison de l'acide amyl-citrique avec
une base. Les amyl-citrates sont solubles dans
l'eau.
AMYL-CITRIQUE adj. (a-inil-si-tri-ko —
de amyle et de citrique). Cliim. Se dit d'un
acide produit par la réaction de l'alcool amy-
lique et de 1 acide citrique. L'acide amyl-
citrique est soluble dans l'eau, l'alcool et
l'éther.
AMYL-CYANAMIDE (a-mil-si-a-na-mi-de
— de amyle et de cyanamide). Chim. Composé
que l'on obtient par l'action du chlorure de
cyanogène sur l'amylamine.
AMYL-CYANhydrique adj. (a-mil-si-a-
ni-dri-ke — de amyle et de cyanhjdrique).
Chim. Se dit d'un éther que l'on obtient soit
en distillant de l'amyl-sulfate de potasse et
du cyanure do potassium, soit en faisant réa-
gir le cyanure de potassium et l'éther amyl-
chlorhydrique. L'éther amyl - cyanhydrique
s'appelle encore cyanure d'amyle et capro-
nitrile.
AMYL-DISULFOCARBONATE S. m. (a-mil-
di-sul-fo-kar-bo-na-te — de amyl-disulfocar-
bonique). Chim. Sel formé par la combinaison
de l'acide amyl-disulfocaroonique avec une
base. Les amyl-disulfocarbonates s'appellent
aussi xanthamylates.
AMYL-DISULFOCARBÛNIQUE adj . (a-mil-
di-sul-fo-kar-bo-ni-ke — de amyle; dis, deux
fois, et sulfocarboniqué). Chim. Se dit d'un
acide que l'on obtient en traitant l'amyl-
disulfocarbonate de potasse par l'acide chlo-
rhydrique étendu. L'acide amyl-disulfocarbo-
nique, appelé aussi acide xanthamylique, se
présente sous la forme d'un liquide huileux,
d'un jaune pâle et d'une odeur pénétrante.
venant du gr. iheion, soufre). V. Amyl-
furkux.
AMYLE s. m. (a-mi-le — de amylique).
Chim. Radical de l'alcool amylique ou huile
de pomme de terre. Ce radical, longtemps
hypothétique, s'obtient par la décomposition
de l'éther amyl-iodhydrique, au moyen du
zinc ou du sodium. Vamyle est un liquide
incolore, transparent, insoluble dans leau,
soluble dans l'alcool et dans l'éther. .
amylÈne s. m. (a-mi-lè-ne — de amyli-
que). Chim. Carbure d'hydrogène, homologue
du gaz aléfiant, qui s'obtient soit en décom-
posant l'alcool amylique (huile de pomme de
amylique. h'amylène est un liquide incolore,
très-fluide, d'une odeur de chou pourri. Il a
été découvert en \m par M. Balard, En
1857, M. Snow, médecin anglais, a proposé
d'employer l'amylène comme anesthésique, à
la place du chloroforme, dans les opérations
chirurgicales.
AMYLÉniquE adj . (a-mi-lé-ni-ke — rad.
amylène). Chim. Qui appartient qui est pro-
pre à l'amylène; qui est produit par l'amy-
lène : L'inhalation amylénique ne provoque
pas de nausées, de vomissements ou de conges-
tions. (L. Figuier.)
AMYLIAQUE s. f. (a-mi-li-a-ke — de amyle
et de aque, terminaison du mot ammoniaque).
Chim. V. Amylamine.
AMYLIDES s. m. pi. (a-mi-li-de — de
amyle). Chim. Famille de composés ternaires
organiques, ayant pour type 1 amidon.
amyl-iodhydrique adj. (a-mi-li-o-di-
dri-ko — de amyle et de iodhydriqué). Chim.
Se dit d'un éther produit par la réaction de
l'alcool amylique et de l'acide iodhydriqué
naissant. C'est un liquide incolore, d'une
odeur éthérëe, d'une saveur piquante. Il s'ap-
pelle encore iodure d'amyle.
AMYLIQUE adj. (a-mi-li-ke— du gr. amu-
louj fécule). Chim. Se dit d'un alcool que l'on
retire surtout en distillant les produits de la
fermentation alcoolique de la fécule de pomme
de terre, mais qui se produit aussi dans la
fermentation alcoolique des céréales et du
raisin. L'alcool amylique, appelé aussi huile
de pomme de terre, hydrate d'amyle, est un
liquide huileux, incolore, doué d une odeur
forte et d'une saveur ûcre et brûlante. Il est
soluble dans l'alcool, l'éther et les huiles essen-
tielles; peu soluble dans l'eau. Le nom à'al-
cool amylique lui a été donné surtout parce
que ses relations et ses métamorphoses chi-
miques sont analogues à celles de l'alcool
proprement dit. il Se dit d'un éther qui s'ob-
tient par l'action de l'acide sulfurique sur
l'alcool amylique, ou par celle d'une solution
alcoolique de potasse sur l'éther amylrchlorhy-
drique. L'éther amylique s'appelle aussi oxyde
d'amyle. il Ondonnequelqueîbis le nom d'acide
amylique à l'acide valérique. V. Valérique, h
Se dit de tous les composés qui dérivent de
l'alcool amylique : Composés amyliques. Série
amylique. il Se dit des caractères que présen-
• tent les composés amyliques : Odeur amylique.
amyl-malate s. m. (a-mil-ma-la-te —
de amyl-malique). Chim. Sel formé par la com-
binaison de l'acide amyl-malique avec une
base. Les amyt-malates sont, en général,
solubles dans l'eau.
AMYL-MALIQUE adj. (a-mil-ma-li-ke —
de amyle et de maliqué). Chim. Se dit d'un
acide produit par la réaction de l'acide mali-
qué et de l'alcool amylique. L'acide amyl-
malique est soluble dans l'eau, l'alcool et
l'éther.
amyl-nicotine s. f. (a-mil-ni-ko-ti-ne —
de amyle et de nicotine). Chim. Alcali que l'on
obtient par la réaction de la nicotine et de
l'éther amyl-iodhydrique.
amyl-nitreux adj. (a-mil-ni-treu — rad.
amyle et nitreux). V. Amyl-azoteux.
AMYL-NITRIQUE adj. (a-mil-ni-tri-ke —
rad. amyle et nitrique). V. Amyl-azotique.
AMYL-NITROPHÉNIDINE S. f. (a-mil-ni-
tro-fé-ni-di-ne — mot composé de amyle. de
nitrique et de phénique). Chim. Base que l'on
obtient en traitant par une dissolution alcoo-
lique de sulfhydrate d'ammoniaque l'huile
pesante produite par la réaction de l'acide
nitrique et du phénate d'amyle.
AMYLOÏDE s. f. ( a-mi-lo-i-de — du gr.
amulon, amidon ; eidos, forme). Chim. Sub-
stance voisine de l'amidon, que l'on extrait
l'hymenœa courbaril et de
quelques autres plantes.
amylonine s. f. (a-mi~lo-ni-ne — rad.
amyle). Chim. Substance particulière produite
par l'action simultanée des acides sulfurique
et nitrique de l'amidon.
AMYL-OXALATE s. m. (a-mi-lo-ksa-la-te
— rad. amyl-oxalique). Chim. Sel produit par
la combinaison de l'acide amyl-oxalique avec
une base. Les amyl-oxalates sont des sels fort
peu stables; leur solution donne à l'ébullition
de l'alcool amylique.
AMYL-OXALIQUE adj. (a-mi-Io-ksa-li-ke
— de amyle et de oxalique). Chim. Se dit d'un
acide qu'on obtient en traitant l'alcool amy-
lique parun assez grand excès d'acide oxalique
cristallisé, et en faisant chauffer le mélange.
L'acide amyl-oxalique est une liqueur hui-
leuse, à odeur de punaise. Il Se dit aussi d'un
éther que produit l'acide amyl-oxalique sou-
mis à la distillation. L'éther amyl-oxalique
s'appelle aussi' oxalate d'amyle.
AMYL-PHOSPHITE s. m. (a-mil-fo-sfi-te —
de amyl-phosphoreux). Chim. Sel formé par
la combinaison de l'acide amyl-phosphoreux
avec une base. Les amyl-phosphites sont peu
définis et se décomposent facilement.
AMYL-PHOSPHOREUX, EUSE adj. (a-mil-
fo-sfo-reu, eu-ze — de amyle et de phospho-
reux). Chim. Se dit d'un acide produit par la
réaction de l'alcool amylique, du protochlo-
rure de phosphore et de l'eau. L'acide amyl-
phosphoreux est un liquide huileux , sans
odeur, d'une saveur très-acide, il Se dit aussi
d'un éther produit par la réaction de l'alcool
amylique et du protochlorure de phosphore.
L'éther amyl-phosphoreux, appelé aussi phos-
phite d'amyle, est un liquide faiblement co-
loré en jaune et dont l'odeur rappelle celle de
l'alcool amylique.
AMYL-PIPÉRIDINE s. f. (a-mil-pi-pé-ri-
di-ne — de amyl et de pipéridiné). Chim. Alcali
qui s'obtient par la reaction de la pipéridiné
et de l'éther amyl-iojhydrique. h'amyl-pipé-
ridine a l'aspect d'un liquide incolore et hui-
leux, d'une odeur à la fois ammoniacale et
amylique.
AMYL-SULFATE 's. m. (a-mil-sul-fa-te —
de amyl-sulfurique). Chim. Sel formé par la
combinaison de l'acide amyl-sulfurique avec
une base. Les amyl-sulfates sont en général
cristallisables ; ils sont tous solubles dr '"
agirTacide amyl-sulfurique sur les oxydes
ou les carbonates métalliques, soit par double
décomposition, en traitant \'amyl-sutfate de
chaux par un carbonate. Les amyl-sulfates
portent encore le nom de sulfamylates.
AMYL-SULFHYDRIQUE adj. (a-mil-Sul-fl-
dri-ke — de amyle et de sulfhydriqué). Chim.
Se dit d'un acide produit par la reaction des
amyl-sulfates et des sulfhydrates alcalins, ou
par celle du chlorure d'amyle et des mêmes
sulfhydrates. L'acide amyl-sulfhydrique s'ap-
pelle encore sulfhydrate d'amyle et mercaptan
amylique. il Se dit aussi d"un éther produit
par la réaction du chlorure d'amyle ou éther
amyl-chlorhydrique et du monosulfure de
potassium. L'éther amyl-sulfhydrique a l'as-
pect d'une huile douée de l'dUeur et de la
saveur de l'oignon. Il s'appelle encore sulfure
d'amyle.
AMYL-SULFITE s. m. (a-mil-sul-fi-te —
de amyl-sulfureux). Chim. Sel -formé par la
combinaison de l'acide amyl-sulfureux avec
une base.
AMYL-SULFURE s. m (a-mil-sul-fu-re —
de amyle et de sulfuré). Chim. Sel formé par
la combinaison de l'acide amyl-sulfhydrique
avec un métal. Les amyl-sulfures sont en gé-
néral peu solubles ou insolubles dans l'alcool
et dans l'eau, mais solubles dans l'éther.
AMYL-SULFUREUX, EUSE adj. (a-Iïlil-Sul-
fu-reu, eu-ze — de amyle et de sulfureux).
Chim. Se dit d'un acide produit par l'action
de l'acide nitrique sur l'acide amyl-sulfhydri-
que. On l'obtient très-pur par la décomposi-
tion de l'amyl-sulfite de plomb, à l'aide de
l'acide sulfhydrique. L'acide amyl-sulfureux
s'appelle encore acide sulfo-sulf amylique, acide
amyl-dithionique, acide hyposulf amylique.
AMYL-SULFURIQUE adj. (a-mil-sul-fu-ri-
ke — de amyle et de sulfurique). Chim. Se dit
d'un acide formé par la reaction de l'acide
sulfurique et de l'alcool amylique. L'acide
amyl-sulfurique se présente sous la forme
d'un sirop incolore, très-soluble dans l'eau et
dans l'alcool, d'une saveur à la fois acide et
amère. Très-concentré, il se décompose par
l'ébullition et donne de l'alcool amylique et
de l'acide sulfurique. Il est encore appelé acide
sulfamylioue. il Se dit aussi d'un éther produit
î\ ' "-"'""" ~"'V" '"" """ "
fate d'amyl
AMYL-TARTRATE
L ■ la distillation sèche des amyl-sulfates.
L'éther amyl-sulfurique s'appelle encore sul-
lyle.
(a-mil-tar-tra-te
— de amyl-tartriquc). Chim. Sel formé par la
combinaison de 1 acide amyl-tartrique avec
une base. Les amyl-tartrates se convertissent.
par l'ébullition de leur solution, en alcool
amylique et en tartrates.
AMYL-TARTRIQUE adj. (a-mil- tar-tri-ke
— de amyle et de tartrique). Chim. Se dit d'un
acide produit par la réaction de l'alcool amy-
lique et de l'acide tartrique. L'acide amyl-
tartrique s'appelle encore acide tartramy ligue.
AMY
AMYL-THIOSINAMINE s. f. (a-mil-ti-c-zi-
■na-mi-ne — de amyle et de thiosinamine).
Chim. Base incristallisable que l'on obtient
par la réaction do l'essence de moutarde et
de l'amylamine.
AMYLURE s. m. (a-mi-lu-re — rad. amyle).
Chim. Nom donné à la combinaison d'un
métal avec I'amyle.
AMYL-URÉE s. f. (a-mi-Iu-ré— de amyle
et de urée). Chim. Substance produite par la
réaction de l'ammoniaque et de l'éther amyl-
cyanhydrique.
amyl-uréthane s. m. (a-mi-lu-ré-ta-ne
— de amyle et de uréthane). Chim. Corps que
l'on prépare en traitant par de l'ammoniaque
liquide l'alcool amylique saturé de gaz chlore-
carbonique, ou bien en faisant réagir l'alcool
amylique et ie chlorure de cyanogène. L'amyl-
uréthane cristallise dans l'eau bouillante en
AMYMNÉENS s. m. pi. (a-mimm-né-ain).
Géogr. anc. Peuple <ie la Thraee.
AMYMONE s. m. (a-mi-mo-ne — n.inyth.).
Paléont. Corps fossile placé parmi les cépha-
lopodes, et dont on a fait un genre qui ne doit
pas être conservé, car on n'est pas même sûr
que ce corps appartienne à un mollusque.
— Crust. Nom donné à des crustacés qu'on
croyait former un genre particulier, et qui
ne sont que de jeunes individus du genre
cyclope.
AMYMONE, une des cinquante filles de
Danaiïs. Endormie un jour dans une plaine de
l'Argolide, elle fut réveillée par les caresses
d'un satyre qui essayait de lui faire violence.
A ses cris, Neptune accourut et changea en
rocher l'audacieux satyre. Amymoné, dan
retira
n libé-
rateur; aussi devint-elle n
porta le nom de Nauplius.
Les amours d'Amymoné et de Neptune ont
inspiré à. J.-B. Rousseau une de ses plus jolies
cantates.
AMYN (Mohammed), sixième abbasside, fils
et successeur d'Haroun-al-Raschid, né en 7S7,
mort en 813, monta sur le trône en 809. Prince
faible et incapable , il se livra à toutes ses
passions, fut dépossédé du califat par son frère
Mamoun, et massacré par les soldats de ce
dernier, qu'il avait voulu lui-même priver de
sa part de l'héritage paternel.
AMYNTAS, nom de trois rois de Macédoine:
Amyntas I",qui régna de 507 à 4S0 av.
J.-C; — Amyntas II , qui régna vers 430 ; —
Amyntas III, père de Philippe et aïeul d'A-
lexandre ; lequel régna de 396 à 370.
AMYNTAS, guerrier macédonien, mort vers
330 av. J.-C, quitta la Macédoine après la
mort de Philippe, sans autre motif que sa
haine pour Alexandre, et alla offrir ses ser-
vices a Darius. Il fut l'un des commandants
des troupes grecques auxiliaires des Perses, à
la bataille d'Issus. Après cette journée, il passa
en Egypte et tenta d'en chasser les Perses
pour y établir son autorité ; mais, après quel-
ques succès, il fut vaincu et tué par Mozarès,
lieutenant de Darius.
AMYNTHIE s. f. (a-main-tî — n. myth.).
Entom. Genre de lépidoptères diurnes, de la
tribu des piérides.
AMYNTIQUE adj. (a-main-ti-ke — du gr.
amunlikos, défensif, fortifiant). Pharm. Qui
préserve, fortifie : Emplâtre amyntique.
AMYON (Jean-Claude), conventionnel, né à
Poligny en 1735; mort en 1803. Il vota la
mort du roi, signa la protestation des 73 contre
la proscription des Girondins, et fut empri-
sonné avec ses collègues jusqu'après le 9 ther-
midor. Rappelé dans le sein de la Convention,
il siégea ensuite aux Anciens jusqu'en 1707.
AMYOT (Jacques), traducteur Se Plutarque,
évêque d'Auxerre, grand aumônier de France,
né à Melun, le 30 octobre 1513, d'une famille
pauvre et peut-être d'artisans. La plupart des
faits que rapporte Saint-Réal sur la jeunesse
de cet homme illustre ne méritent aucune con-
fiance. Ce qui paraît avéré , c'est qu'Amyot
vint fort jeune à Paris, pour se livrera l'étude
en suivant les cours publics du Collège de
France, que François If venait rie fonder. Sa
mère lui envoyait chaque semaine un pain par
les bateliers qui descendaient la Seine, et l'on
rapporte que le manque d'huile l'obligeait à
étudier la nuit à la lueur de quelques char-
bons embrasés. Bientôt, pour vivre, il se fit le
domestique de quelques étudiants riches, et il
force de privations, de persévérance et d'éner-
gie, il apprit le latin, le grec, la philosophie, "■
les mathématiques, se fit recevoir maître ès-
arts, et, grâce a quelques protections, finit par
obtenir une Chaire de grec et de latin à l'uni-
versité de Bourges. Pendant les dix ou douze
années qu'il occupa cette chaire, il traduisit le
roman grec de Théagène et Chariclée et quel
ques-unes des Vies de Plutarque. François 1*7
a qui il avait dédié ces essais, lui donna fa
riche abbaye de Bellezane, afin de lui créer
les loisirs nécessaires à ses travaux littéraires.
Il ne songea plus dès lors qu'à l'achèvement
et au perfectionnement de sa traduction de
Plutarque, suivit l'ambassadeur de France à
Venise, puis le cardinal de Tournon à Rome,
dans le but d'étudier les meilleurs textes de son
auteur ; fut envoyé par le prélat pour porter au
concile de Trente quelques réclamations du
roi de France, et s'acquitta de cette mission
AMY
délicate avec une fermeté si habile, que le
cardinal, charmé, le ramena à Paris, et le fit
agréer à Henri II comme précepteur de ses
fils. C'est pendant le cours de cette éducation
qu'il acheva sa traduction des Vies de Plutar-
que, dont il offrit la dédicace à Henri H, et
qu'il commença celle des œuvres morales de
cet écrivain. A son avènement, Charles IX
nomma grand aumônier celui qu'il appelait
son maître ( 1560), et plus tard il le fit agréer
du pape comme évêque d'Auxerre. Amyot, qui
n'avait guère étudié jusque-la que les auteurs
profanes, dut se soumettre à un noviciat de
théologie, pour être en état de prêcher devant
ses diocésains. Au reste, il remplit ces hautes
fonctions avec beaucoup de zèle et de régula-
rité. On a remarqué comme une des singu-
larités de ce grand esprit, qu'il avait coutume
de composer ses discours en latin, quoiqu'il les
prononçât en français. Henri III, qui avait été
aussi son élève, lui conserva la grande aumô-
nerie, et y ajouta le titre de commandeur de
l'ordre du Saint-Esprit, bien qu'Amyot ne fût
pas noble. Parvenu au faîte des honneurs et de
la fortune, il n'en continua pas moins, et jus-
qu'à la fin de sa vie, de s'occuper de littérature
et d'art, Sans négliger l'administration de son
église. Ses dernières années furent attristées
par les revers les plus cruels. Il se trouvait à-
Blois lors du meurtre des Guises. Accusé très-
faussement par les ligueurs d'avoir conseillé
ce crime, il dut quitter la ville (1589), fut atta-
qué et dépouillé en route, et no rentra dans
son diocèse, dévoué au parti de la Ligue, que
pour y subir toutes les amertumes. Son trou-
peau se révolta même plusieurs fois contre
lui, et pous*sa la violence jusqu'à attenter a sa
vie. Il ne recouvra un peu de calme.que lors-
3u'il eut obtenu une absolution du légat. Il en
emeura néanmoins accablé de chagrin, et
mourut d'une fièvre lente, le 6 février 1593, à
l'âge de quatre-vingts ans. Amyot était, au
reste, d'un caractère timide et faible, et son
insouciance d'érudit pour les passions ardentes
qui agitaient son époque n'était propre qu'à lui
attirer des persécutions, au milieu des orages
de la guerre civile. On lui a reproché d'avoir
obéi plus d'une fois moins aux. inspirations da
sa conscience qu'aux entraînements de la peur.
Ce qui semble bien prouvé, c'est son avarice
et son avidité. Quoiqu'il eût été dépouillé, il
laissa encore en mourant une fortune de
200,000 écus, somme énorme pour ïe temps. Il
sollicitait un jour une nouvelle abbave de
Charles IX, qui l'avait déjà comblé de Mens :
>Ne m'aviez-vous pas assuré autrefois, lui
dit le roi, que vous borneriez votre ambition
à 1,000 écus de rente? — Oui, sire, répondit
spirituellement l'âpre solliciteur ; mais l'appétit
vient en mangeant. »
Amyot a traduit en français toutes les œu-
vres de Plutarque; mais la partie la plus
estimée de ce vaste travail est la collection
des Vies des hommes illustres, dont on a dit
avec raison qu'il avait fait un livre français,
et qu'on relit toujours avec délices, malgré
les modifications profondes que la langue â
subies. Amyot fut en effet un des créateurs
de cette belle langue du xvi« siècle, originale
et naïve, souple, abondante, colorée, natu-
relle, pittoresque et harmonieuse, et sa tra-
duction , malgré quelques infidélités , n'a pas
été effacée depuis et est restée comme un" des
.plus beaux monuments de notre vieille littéra-
ture. « Elle a, dit Racine, dans le vieux style du
traducteur une grâce, que je ne crois pas pou-
voir être égalée dans notre langue moderne. »
Amyot a encore traduit la pastorale de Lon-
gus, Davhnis et Ckloé, et sept livres de Oiodore
de Sicile. Les Vies et les Œuvres morales de
Plutarque ont été souvent réimprimées : on
estime surtout les éditions de Vascosan, Paris,
1565-75; de Brotier et Vauvilliers, 1783-87,
réimprimées avec quelques additions par Cus-
sac et Clavier, en 1801-1800.
AMYRAUT (Moïse), théologien protestant,
né en 1596, à Bourgueil (Anjou), mort en 1664.
Il fut pasteur à Saumur et professeur à l'uni-
versité de cette ville. Député par sa province
au synode de Charenton (1631), il fut chargé
de réclamer auprès de la cour contre les infrac-
tions faites aux édits de pacification, et obtint
la suppression de l'humiliante obligation où
étaient les députés protestants de ne parler au
roi qu'à genoux. Il essaya de concilier les
diverses sectes du protestantisme, et composa
un traité à ce sujet. Ses nombreux ouvrages
sont oubliés aujourd'hui, par suite du discrédit
où sont tombés les écrits de controverse
religieuse.
AMYRIDACÉES s. f. pi. (a-mi-ri-da-sé —
rad. amyride). Bot. Groupe de plantes ayant
pour type le genre amyride, et que plusieurs
botanistes ont élevé au rang de famille. Il
doit être réuni, comme simple tribu, sous le
nom d'amyridées, à la famille des burséracées.
amyride s. f. (a-mi-ri-de — du gr. amu-
ros, non parfumé). Bot. Genre de plantes de
la famille des burséracées, type de la tribu
des amy ridées. Ce sont des arbrisseaux rési-
nifères, à fleurs blanches, qui appartiennent
à l'Amérique intcrtropicale.
AMYRIDE, ES adj. (a-mi-ri-dé — rad.
amyride). Bot. Qui ressemble à l'amyride.
— s. f. pi. Tribu de plantes de la famille
des burséracées , qui a pour type le genre
amyride.
AMYRINE s. f. (a-mi-ri-ne — rad. amyride).
Ohim. Substance cristallisable, insoluble dans
l'eau , soluble dans l'éther et, à chaud, dans
AN
l'alcool absolu. On l'extrait du suc résineux
do l'amyride.
AMYTIS s. m. (a-mi-tiss — n. myth.).
Ornith. Genre d'oiseaux de la Nouvelle-
Hollande.
AMYXIE s. f. (a-mi-ksi — du gr. a priv. ;
muxa, mucus). Pathol. Manque de mucus;
absence de sécrétion du mucus normal.
AN (de a priv.j et de n euphonique). Par-
ticule initiale, qui entre dans la composition
d'un grand nombre de mots dont le radical
commence par une voyelle ou par un h, et qui
marque l'absence ou la privation, comme dans
anarchie , de on priv. pour a, et archos, chef
( sans chef) ; anhydre , de an priv. pour a, et
udor, eau (sans eau), etc.
AN s. m. (an — lat. annus, même sens). Le
temps que met la terre à faire sa révolution
autour du soleil, ou que le soleil parait mettre
à parcourir le zodiaque. Il Espace de douze
mois, à partir du ier janvier jusqu'au 31 dé-
cembre : .L'an passé. L'an prochain. Je te
fournis tous les ans une somme raisonnable pour
tes plaisirs, et tu n'es pas content? (Le Sage.)
Cela duroit un monde nu bon vieux temps.
Cl. Marot.
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chômer; on nous ruine en fêtes.
La Fontaine.
— Par compar. Période de douze mois,
quelle que soit l'époque à partir de laquelle on
compte : Cet officier a quinze ans de services.
Cent ans passent, le temps, comme un nuage vide,
Les roule avec l'oubli sous son aile rapide.
Lamartine.
Il Dans ce sens, se dit particulièrement en
parlant de l'âge des personnes : Cet enfant a
deux ans. Il faut avoir trente ans pour penser
à sa fortune. (La Bruy.) Vous croyez qu'elle
n'a que vingt ans; elle a mieux. (J.-J. Rouss.)
Celui qui est déjà un petit homme à quinze
ans ne sera de sa vie un grand homme. (Beau-
chêne.) Est-ce que vous avezplus de trente ausI
En vérité, vous ne les paraissez pas. (Alex.
Dum.) Une belle passion à vingt ans désen-
chante tout le reste de la vie, (P. Limayrac.)
Héloïse et Abélard moururent tous deuco à
l'âge de soixante-trois ans. (L.-J. Larcher.)
Je porte fort gâtaient mes cinquante ans passés.
C. Delavione.
— Période de douze mois à partir d'une
époque où un événement a eu lieu, où des
faits se sont passés : Il y a un an. Il y a vingt
ans. Faites de trois ans en trois ans des assem-
blées générales. (Fléch.) Avant que quatre ans
se soient écoulés, il connaîtra une partie de vos
faiblesses et saura en profiter. (M»>e Campan.)
• — Se dit particulièrement de certaines
grandes époques historiques : L'an 250 de
Home, L'année 250 depuis la fondation de
Rome, il L'an 12 de l'hégyre. 12 années depuis
la fuite de Mahomet. V. Hegyre. il L'an III,
l'an IV de la Ilépublinue, La 3<=, la 4e année
depuis la fondation de la République fran-
çaise, en septembre 1792. il L'an au monde,
Tant d'années depuis la création du monde :
Jérusalem fut fondé l'an du monde 2023, par le
grand prêtre Melchisédech. (Chateaub.) Il l'an
de grâce, l'an de Notre-Seigneur, l'an de la
Nativité, l'an de l'Incantation, L'année tant
depuis la naissance de Jésus-Christ. On dit
plus souvent l'on, simplement : L'an 1237, la
France fut désolée par une horrible famine.
— Par exag. : Il y a cent ans , il y a mille
ans que... Ilyacent ans qu'on ne vous avu. Une
heure me dure cent ans. (Marg. de Valois.) Un
jour de satiété nous ôte un an de jouissance.
(J.-J. Rouss.) Il y a mille ans que je ne vous
ai pas écrit. (Volt.)
— Au pi. et absol. La vieillesse, la décré-
pitude amenée par uno vie déjà longue : Subir
l'injure des ans. Lorsque les ans seront venus,
vous rirez bien de toutes ces folles idées de jeu-
nesse. (Marm.) Les ans n'épargneront pas ma
tête; déjà mon front se dépouille. (Chateaub.)
Approches, je suis sourd, les ans en sont la cause.
La Fontaine.
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont ejle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
Il Certains âges, certaines périodes de la vie :
Les beaux ans. Les vieux ans. Le poids des ans.
Mourir dans la fleur de ses ans. M. de Mon-
tausier n'eut pas besoin de réparer sur ses
vieux ans les torts qu'il avait faits en sa jeu-
nesse. (Fléch.) Elle repassait avec larmes ses
ans écoulés parmi tant d'illusions. (Boss.)
l'effeuiller et jau
BÉRANOE&.
— Poétiquem. La vie elle-même :
Quand la vieillesse arrive,
Du lon^ fleuve des ans je remonte le cours,
L'âge des jeux et des amours. Lebrun.
— Une paix, une guerre de dix ans, de vingt
ans, Qui dure dix ans, vingt ans : La guerre
de Trente ans a ruiné l'Europe. Une paix de
vingt ans suffirait à peine pour cicatriser les
plaies de la dernière guerre, n Un ami de dix
ans, de qùinse ans , Que l'on connaît depuis
dix ans, depuis quinze ans : J'ai bien peur
AN
que celui qui, dès la première vue, me traite
comme un ami bb vingt ans, ne me traite au
bout de vingt ans, comme un inconnu. (J.-J.
Rouss.) il Aller sur vingt, sur trente, sur qua-
rante ans, Commencer sa vingtième, sa tren-
tième, sa quarantième année.
— S'emploie encore dans certaines locu-
tions consacrées par l'usage : Le jour de l'an,
le premier de l'an, Le i« janvier, le premier
jour de l'année : Je vousécrirai te jour de l'an.
Je ne pourrai vous voir demain; car c'est le
premier de l'an, h Bonjour et bon an, Salu-
tation familière avec laquelle on s'aborde
dans les premiers jours de l'année : Bonjour
et bon an, mon cher cousin , et bonjour et
bon an, ma chère nièce. (Mmc de Sev.) n Bon
an, mal an, Une année dans l'autre; en
moyenne : L'on m'a assuré qu'elle portait d'or-
dinaire sur elle, bon an, mal an, trente quin-
taux de chair. (Scarr.) En attendant, nous lui
payons, bon an, mal an, neuf cents millions.
(P.-L. Courier.) Il usait, bon an, mal an,
quatre paires de souliers ferrés. (F. Guil-
lcrmet.) il Par an, Chaque année : Sa terre
lui rapporte tant par an. Il gagne dix mille
Je sais ce qu'un fermier doit nous rendre par an.
Boileau.
fl Une fois l'an, trois fois l'an, Une fois, trois
fois dans le courant de l'année : Celte terre
porte deux pois l'an les riches dons de Cérès.
. (Fén.) || Service du bout de l'an, on simple-
mont Bout de l'an, Service funèbre qu'on
célèbre dans uno église un an après la mort
d'une personne.
— L'an et jour. Jurispr. Une année révolue,
et un jour de plus.
— Le grand an , Révolution de trente-six
mille ans, après laquelle les platoniciens ont
prétendu que les astres recommencent leur
— Fig et proverb. Vivre le grand an, Vivre
très-longtemps, vivre toujours.
— Je m'en soucie , je m'en moque comme de
l'an quarante. Se dit familiôrem. d'une chose
à laquelle on n'attache pas la moindre impor-
tance, d'une personne à laquelle on ne tient
nullement : Je me soucie d'Ursule comme
de Tan quarante. (Balz.) il On suppose que
cette expression vient des craintes supersti-
tieuses généralement répandues dans fo com-
mencement du xie siècle. On prétendait que
Jésus-Christ n'avait assigné à son Eglise et
au monde qu'une durée de mille ans'et plus.
Une opinion accrédités voulait que ce terme
expirât en l'an 4a du xi» siècle. Mais lorsque
l'époque redoutable fut passée, on ne fit plus
que rire de ces craintes puériles. De là l'ex-
pression : Je m'en moque comme de l'an
quarante. D'autres lui donnent une origine
beaucoup plus récente, et supposent quelle
Erit naissance vers l'an XII de la République
•ançaise, alors que tous les réactionnaires
espéraient que la pauvrette n'en avait plus
pour longtemps. La première étymologie est
plus probable, car elle peint également cet
esprit gaulois, poltron et brave tout à la fois,
qui s'épouvante de rien, sauf à rire aussitôt
et à se moquer de sa frayeur ; l'autre est une
expression d'insulte envors le vaincu, senti-
ment'qui n'est ni gaulois ni français.
— Syn. An , annéo. An n'est guère en
usage que pour les dates, et admet rarement
des èpithètes: Z'an 1863; il plaide depuis qua-
rante ans. (La Bruy.) Année marque la durée
et la série des événements, et peut recevoir
une qualification, servant ordinairement à faire
connaître les résultats bons ou mauvais qu'elle
a produits ; Une année heureuse. Des années
perdues dans de vains plaisirs. Seize années
d'une prospérité inouïe. (Boss.) Les plus tendres
années de la vie. (Fléch.)
— Homonymes. En, han.
— L'an mille. Hist. « L'an mille, dit M. E.
Chartou, fut une aimée do crise uour toutes
les nations de l'Occident. Depuis plusieurs
siècles on s'attendait à quelque événement
extraordinaire. Des traditions obscures, des
prophéties équivoques ou mal interprétées,
marquaient la fin du x<= siècle comme une
époque de grande catastrophe. » D'après une
croyance qui datait des premiers siècles de
l'ère chrétienne, et que Papias , saint Irênée,
Justin le martyr, représentent comme géné-
rale à cette époque, Jésus-Christ devait un
jour descendre du ciel où il était monté, et
régner mille ans sur la terre. Cette croyance
avait insensiblement perdu du terrain en
Orient; mais elle s'était répandue dans l'Occi-
dent, et c'était l'an mille que les chrétiens de
Gaule, d'Allemagne, d'Angleterre, fixaient
pour ce second avènement du Christ.
Alors donc, il y eut par toute la terre une
inquiétude inexprimable. Dans l'attente du
règne céleste qu'annonçaient les prophéties,
on remarqua avec un soin scrupuleux tout ce
qui pouvait sembler un avertissement ou un
présage, et les chroniques le consignèrent fidè-
lement. En 996, il y eut dans l'Océan des mou-
vements extraordinaires, et une baleine échoua
sur les grèves de Berneval, en Normandie. Au
_. grande abondance, que, dans plusieurs pro-
vinces, les chaumières des serfs furent ense-
velies, et que les hommes périrent avec les
troupeaux. Jamais peut-être la préoccupation
du surnaturel n'avait, agi d'une façon si puis-
ANA
307
sunte sur l'espèce humaine. A mesure qu'ap-
prochait l'année marquée de Dieu, la peur
augmenta, et avec la peur la piété. En per-
dant la foi à la vie terrestre, à l'avenir des
biens périssables, on songea aux trésors du
ciel > que les voleurs ne déterrent point et que
les teignes ne rongent point. • Les chartes de
l'époque nous révèlent naïvement cette piété
d'effroi, ce détachement intéressé qui fut pour
les monastères une source de richesses. « Des
désastres multipliés , disent-elles, des indices
infaillibles, attestent que la fin du monde n'est
pas éloignée ; pour dissiper les erreurs des infi-
dèles, les prophéties de l'Evangile sont au
moment de se réaliser ; il est donc juste et
raisonnable de porter ses regards sur l'avenir,
et de prévenir par de sages précautions des
malheurs possibles dans notre condition mor-
telle. A ces causes, au nom du Seigneur notre
Dieu, moi et ma femme (telle ou telle), consi-
dérant le poids des péchés dont nous sommes
chargés, et pleins de confiance dans la miséri-
corde de Dieu, qui a dit : Faites des aumônes,
et tous vos péchés vous seront remis ; nous
donnons par ces présentes, en don privé et de
notre plein droit, nous attribuons et transmet-
tons à toujours au monastère de... nos biens,
sis dans le village de..., avec les maisons, les
bâtiments, les paysans, les serfs, les vignes,
les bois, les champs, les prés, les pâturages,
les étangs, les cours d'eau , les adjonctions,
additions et appendices, le bétail de toute
espèce, les meubles et immeubles dans l'état
où nous les possédons aujourd'hui. » — A tout
moment se renouvelaient ces donations.
Au milieu de ces saints arrangements , l'an
mille s'ouvrit... Lo saint temps du carême se
passa dans le recueillement et dans la prière.
Il n'y eut enfant si tendre, femme ou vieillard
si faible, qui s'exemptât du jeûne commandé
par l'Eglise. On attendait en tremblant le jour
de la mort du Sauveur. Le vendredi saint,
avant le lever du jour, dit une chronique, les
fidèles se rassemblèrent dans les églises ou
dans les chapelles des couvents. Des proces-
sions se formèrent, et le peuple les suivit pieds
nus et la hart au cou. On sortit des villes, des
monastères, des châteaux, et les processions,
croix et bannière en tête, parcoururent les
champs. On s'arrêtait devant chaque Vierge,
on se prosternait au pied de chaque calvaire,
et là, clercs et laïques , entonnaient tous en-
semble le Miserere mei et le De profundis cla-
mavi. Cependant le temps passait, les jours
succédaient aux jours, et celui qui était 1 objet
d'une attente pleine d'angoisse n'arrivait pas ;
la nature ne mettait aucune différence entre
l'an mille et les années précédentes; sans
souci de la terrible échéance, elle épanouissait
ses fleurs et mûrissait ses fruits , comme si le
monde eût été plein d'avenir. Peu à peu on so
rassura, on finit par douter du danger en le
voyant reculer ; et la société, échappée à ce
cauchemar de la lin du monde, reprit uno vie
nouvelle, comme la campagne après un orage,
aux premiers rayons du soleil.
An 2240 (l'), Rôvo s'il en fut jnmain , par
Mercier, Dans cette production originale, qui
parut en 1770 , l'auteur se transporte, à l'aido
de la fiction d'un songe, à cinq cents ans au
delà de la date de sa naissance, et se représente
l'état de la France, à cette époque éloignée, à
peu près tel que les idées alors en crédit dans
fa masse de la nation pouvaient le faire désirer.
Quelque frappantes que fussent les allusions ,
le gouvernement ne vit dans l'auteur qu'un
utopiste plutôt qu'un prophète, et se borna à
interdire la vente de 1 ouvrage.
(i/), opéra-comique
■■'*'—•»'- '"-ulPou
é le 23 jui
croyance qu'on touchait à la fin du monde
. . , opera-c
poûme de Mélesville et Paul Foucher, r
d'Albert Grisar, représenté le 23 ji
«7. La
pendant le x« siècle donnait lieu à des fonda-
tions pieuses et non pas à des insurrections,
cfest cependant une révolte des serfs contre
leurs seigneurs qui est le-'sujet de ce livret. Il
ne fait honneur ni au bon goût ni à l'esprit des
deux auteurs. Grisar n'a guère mieux réussi
pour la musique. On ne peut citer qu'une jolie
romance : Pauvre fiancée , chantée par ma-
dame Rossi.
ana, prépos. grecque qui signifie En remon-
tant, dans, parmi, à travers, etc.. et qui entre
dans la composition d'un grand nombre de
mots dérivés du grec, tels que anachronisme,
anachorète, analyse, anatomie, etc.
ANA ou, par abrév., AA (du gr. ana, qui
marque partage). Sorte d'abréviation en usage
dans les ordonnances des médecins, et qui
signifie qu'il faut faire entrer certaines sub-
stances par parties égales dans un médicament
prescrit.
ANA, terminaison latino ajoutée au nom
d'un personnage pour indiquer un recueil de
ses pensées détachées, de ses bons mots, de
ses reparties, des anecdotes qui lui sont at-
tribuées : Notre aimable et spirituel J. J'anin
possède une bibliothèque d'une richesse extraor-
dinaire ; mais, parmi tous ces joyaux, celui qu'il
parait estimer le plus est son Ménagiana.
— Les principaux recueils do ce genre sont
le Scaligériana, le Caloiniana, le Ménagiana,
le Saitloliana, lo Segraisiana, le Pironiana, lo
Vollairiana, le Biévriana, le Chamfortiana, le
Bonapartiana, etc., ou recueils d'anecdotes
sur Scaligor, Calvin, Ménage, Santeuil, So-
grais, Piron, Voltaire, M. do Bièvrc, Cham-
Fort, Bonaparte, etc. Les anciens avaient des
recueils de ce genre, et les dialogues do Platon
308 ANA '
sont de véritables Socratiana. Les Vies de
Diogène Laërce sont également des ana.
— s. m. En général , tout recueil d'anec-
dotes, do dits plaisants, d'historiettes, etc. :
C'est un ana. Cela traîne dans tous les ana.
Défiez-vous des faiseurs <2'ana. Le pins ancien
des ana est le Scaligériana. Le Ménagiana,
revu par La Monnaye, est le seul de tous les
ana dans lequel on trouve des choses instruc-
tives. (Volt.) Pour les ana, il y en a un sur
cent qui peut contenir quelque ombre de vérité.
(Volt.) Ils lui racontèrent les anecdotes cu-
rieuses sur les grands hommes du jour, les traits
d'esprit qui seront quelque jour V ana de notre
siècle. (Bail.)
— Graram. Le mot ana reste invariable au
pluriel : Le plus mauvais de tous les ana, celui
qui mérite le plus d'être mis au rang des men-
sonqes imprimés, et surtout des mensonges in-
sipides, est le Segraisiana. (Volt.)
ANA. Myth. Satan, ou le mauvais génie, chez
les Brésiliens et les Guaranis. Ils l'appellent
aussi Ananga.
ANABACERTHIE s. 1. (a-na-ba-sèr-tî — du
gr. anabainô, je grimpe ;kerthios, petit oiseau).
Ornith. Nom commun à plusieurs espèces d'oi-
seaux grimpeurs do l'ordre des passereaux,
qui habitent les forêts de l'Amérique méri-
dionale.
ANABAINE OU ANABAINELLE S.' f. (a-na-
bè-no— du gr. anabainô, je monte). Bot. Genre
d'algues, voisin des nostocs, qui consistent
en filaments simples, muqueux.moniliformes,
articulés, droits et ilexueux, engagés en tout
ou en partie dans une masse muqueuse. Ces
cryptogames sont d'un vert plus ou moins
bleuâtre, et vivent, pour la plupart, dans les
eaux douces et thermales de l'Europe; deux
seulement se trouvent sur la terre humide ou
sur les sables vaseux.
ANABANTOÏDE adj. (a-na-ban-to-ide — du
gr. anabas, grimpant: eidos, forme). Ichth.
Qui ressemble à i'anabas, qui se rapporte à
ce poisson.
— s. m. pi. Famille de poissons, ayant pour
type le genre anabas.
anabaptisme s. m. (a-na-ba-ti-smc — du
gr. ana, de nouveau ; baptizô, je plonge dans
l'eaii). Doctrine des anabaptistes; système
religieux et politique des anabaptistes : Jean
Bokald mit fin, par sa mort, à rANABAPTis.ME
guerrier. (Encycl.) Luther approuva l'exposi-
tion de foi des frères de Bohême, â l'exception
de l'article de l'eucharislie et de ce{ui de I'a-
nabaptisme, (Trév.)
ANABAPTISTE adj. et s. ( a-na-ba-ti-ste ) .
Qui professe, qui enseigne l'anabaptisme ; qui
se rapporte a l'anabaptisme : Cet homme est
anabaptiste. Une secte anabaptiste. Les docr
u les illusions des
3S..(U
s.) Les
nivellement des classes
sous la royauté du Christ. (Trév.)
— Encycl. Hist. Les anabaptistes étaient
ainsi nommés parce qu'ils rejetaient le baptême
des enfants, limitaient aux adultes les bienfaits
de ce sacrement, et dès lors soumettaient à
un nouveau baptême tous les chrétiens qui
embrassaient leurs opinions,bien qu'ils eussent
été déjà baptisés dans leur enfance. C'était
une des sectes les plus fameuses issues du
protestantisme. La dénomination d'anabaptis-
tes, telle que l'entendaient leurs adversaires,
n'est pas rigoureusement exacte, car ils n'ont
jamais affirmé dogmatiquement qu'on dût bap-
tiser deux fois, mais seulement qu'il fallait
attendre l'âge de raison, comme dans la primi-
tive Eglise. H est vrai que dans l'origine, consi-
dérant le baptême des enfants comme ineffi-
cace, ils soumettaient leurs prosélytes à une
nouvelle immersion , mais ce point n'était
qu'un des détails de leurs doctrines. Cette
secte eut pour chef Nicolas Stork, disciple
direct de Luther, qui, vers 1520, prétendit
compléter la réforme du maitre en réclamant,
outre l'indépendance absolue en matière reli-
gieuse et l'abolition de la hiérarchie et de la
liturgie, l'établissement des principes de l'E-
vangile sur la terre ; en d'autres termes, la des-
truction de la féodalité, de tout pouvoir fondé
sur le droit de l'épée, et l'organisation de la
société basée sur l'égalité civile et politique.
Bientôt il groupa autour de lui des hommes
ardents, comme CarlostadtetThomas Muntzer,
qui soulevèrent les paysans de Souabe et de
Pranconte contre les seigneurs, et étendirent
encore les principes do Stork en prêchant la
communauté des biens. Muntzer surtout joua
un grand rôle dans le mouvement révolution-
naire de l'anabaptisme. I! se mit à la tête des
Ï>aysans, s'empara de Mulhausen, en Thuringe,
ivrade sanglantes batailles aux princes ligués,
et fut enfin vaincu, mis à la torture et déca-
pité (1525). Exterminés et proscrits par mil-
liers, les sectaires se dispersèrent de tous
côtés, répandant leurs doctrines le long du
Rhin et dans les Pays-Bas, et se multipliant
malgré les supplices et les persécutions.- En
1534, la ville de Munster, en Westphalie, de-
vint leur centre d'action. Ils en chassèrent 1 e-
véque, s'y fortifièrent, établirent la cominu-
nauté-des biens, la polygamie, et se livrèrent
à mille extravagances d'extases, de prophé-
ties et de visions, moins communes chez les
premiers anabaptistes. Leur chef était alors le
fumeux Jean de Leyde, prophète et roi de la
Jérusalem nouvelle, qui périt dans les supplices
avec la plupart de ses partisans, après que
ANA -
l'évéque eut reprisla ville. Ainsi moururent
presque tous les apôtres que ceux de Munster
avaient envoyés de tous côtés, en Allemagne
et en Hollande. Au reste, ces fanatiques
avaient fait un grand nombre de prosélytes,
surtout dans les classes populaires. A Amster-
dam, ils excitèrent un soulèvement formidable,
qui fut réprimé par les plus épouvantables
tortuses. Ces échecs successifs ruinèrent en-
tièrement l'importance politique du parti, mais
non la secte, qui se propagea encore en Mo-
ravie, en Westphalie, en Souabe, en Hollande,
en Suisse, etc., également odieuse aux catho-
liques et aux luthériens, mais déliant les bour-
reaux par l'énergie de sa persévérance et de
son fanatisme. Son esprit s'altéra sensible-
ment d'ailleurs, et elle se subdivisa en une mul-
titude de sectes interprétant chacune à leur
manière les dogmes du baptême et de l'incar-
ses prétentions jusqu'à la conquête du pouvoir
temporel. Parmi les prophètes les plus célèbres
que l'anabaptisme vit surgir depuis cette épo-
que, on remarque Melchior Hoffmann, fonda-
teur du chiliasme; Simon Mennon, chef des
diverses sectes connues soûs le nom de men-
nonites; les frères Hutter, qui établirent les
communautés religieuses des frères Moraves ;
Galénus de Haen , chef des indépendants de
Hollande, etc. Aujourd'hui, on compte encore
un grand nombre de communautés de baptistes
en Alsace, en Suisse, en Hollande, en Alle-
magne, en Angleterre, et surtout aux Etats-
Unis. Plusieurs de ces sectes ne se distinguent
des réformés que par quelques pratiques par-
ticulières, et la plupart d'entre elles n'ont con-
servé des dogmes de l'anabaptisme primitif
que l'usage de ne conférer le baptême qu'aux
adultes. Quelques-unes considèrent comme il-
licite de faire des procès, de porter des armes,
de faire un serment et de prêter à intérêts.
Leurs mœurs sont en général austères et ri-
gides. L'Amérique du Nord compte un grand
nombre de baptistes , subdivisés en une infi-
nité d'églises particulières.
ANABARA, riv. de Sibérie, qui coule du sud
au nord et se jette dans l'océan Glacial, après
un cours d'environ 600 kilom,
ANABAS s. m. (a-na-bâss — du gr. anabainô,
je monte). Ichtb. Genre de poissons de la fa-
mille des leptosomes : /,'anauas, un poisson de
l'Inde, peut rester plusieurs jours hors de l'eau.
(J. Macé.) Les jongleurs indiens se servent de
Î'anabas pour amuser le peuple. (Bouill.)
ANABASE s. f. (a-na-ba-ze — du gr. ana-
ia«'s,actiondemonter).Bot.Genredeplante?,
de la famille des chenopodées, composé do
petits arbrisseaux que l'on trouve en Espagne
et sur les bords de la mer Caspienne.
— Pathol. Période d'accroissement d'une
maladie.
— Mus. Terme de la musique des anciens
Grecs, qui indiquait une mélodie ascendante.
Anuijnso (l'), c'est-à-dire l'expédition, au-
trement dit /e récit de l'expédition de Cyrus le
Jeune dans la Haute-Asie et de la retraite des
Dix-Mille, par Xénophon, en sept livres. C'est
l'ouvrage qui a fait la réputation de Xénophon
comme historien, et assurément son chef-
d'œuvre. On sait qu'il fit partie de cette expé-
dition, et qu'il fut un des cinq chefs qui«éom-
mandèrent l'immortelle retraite. La narration
est exacte, détaillée, méthodique, suffisamment
animée : l'ouvrage est bien composé, et l'inté-
rêt se soutient d'un bout à l'autre des sept
livres. 11 n'y a pas, dit M. Alexis Pierron (/Jist.
de la Littérature grecque), de ce qu'on pour-
rait appeler des morceaux brillants : les por-
traits, même celui de Cyrus, sont dans une
manière simple, un peu nue, et ne tranchent
pas sur le ton du reste de l'ouvrage. Les ha-
rangues ne' sont guère que ce qu'elles ont dû
être dans la réalité : des exhortations, des
conseils, des explications, comme en compor-
taient et les circonstances, et les habitudes
d'une armée composée de volontaires. L'his-
torien ne s'oublie pas non plus k décrire en
détail les pays qu'il a traversés, ni à faire des
tableaux complets des mœurs et de la physio-
nomie des peuples qui les habitent : quelques
traits lui suffisent, et ceux-là seulement que
le lecteur a besoin de connaître, pour com-
prendre la nature des obstacles dont les Dix-
Mille eurent à triompher. Ce qui charme sur-
tout, c'est la modestie du narrateur, qui avait
eu lui-même une part si grande dans le salut
de ses frères d'armes; c'est son courage, c'est
sa persévérance indomptable ; c'est cette piété
non affectée, qui lui fait voir toujours présente
une sorte de providence divine, et qui lui fait
naïvement rapporter à quelque inspiration d'en
haut les résolutions généreuses et énergiques
que^lui dictait l'héroïsme de son cœur.
Annbuae (l'), récit, en sept livres, de l'ex-
pédition d'Alexandre, par Arrien. C'est une
imitation du livre de Xénophon. Cet ouvrage,
écrit d'après les relations, perdues pour nous,
d'Aristobule et de Ptolémée, qui accompa-
gnèrent ce prince dans toutes ses entreprises,
est très-estimé. Photius pense qu'Arrien doit
être rangé parmi les meilleurs historiens. « Dou-
blement défigurée par les fables populaires et
par les déclamations sophistiques, dit M. Egger,
l'histoire du héros macédonien réclamait déjà,,
au n<! siècle de l'èro chrétienne, un écrivain
sage et habile, qui sût n'en point méconnaître,
mais n'en point exagérer non plus le caractère
merveilleux, et la raconter simplement, en
écartant les erreurs de la crédulité comme les
mensonges de. la mauvaise foi. Arrien ne ré-
ANA
pond pas précisément à cette idée que nous
aimons à nous faire d'un parfait historien d'A-
lexandre ; il en a pourtant les qualités essen-
tielles : le choix presque toujours judicieux
des autorités, la sobriété souvent nerveuse et
dramatique du récit, la précision des détails
stratégiques et géographiques ; un style qui ne
reproduit pas toute la grâce des modèles atti-
ques, mais qui ne manque ni de force ni de
correction. »
ANABasé, ÉE adj. (a-na-ba-zo— rad. ana-
base). Bot. Qui a du rapport avec l'anabase,
qui ressemble à une anabase.
— s. f. pi. Nom d'une tribu de plantes de la
famille des chenopodées.
ANABASIEN s. m. (a-na-ba-zi-ain —du
gr. anabainô, je monte). Nom donné chez les
anciens à des courriers qui voyageaient à
cheval ou sur des chariots, pour des messages
importants. •
ANABASITTE, ANABASITTINE OU ANA-
BAZENOPS (a-na-ba-zi-te, zi-ti-ne, ze-nopss).
Ornith. Genre d'oiseaux voisin des sittelles
ou torche-pots. Il renferme deux espèces, qui
vivent dans l'Amérique du Sud.
ANABASSE s. f. (a- na-ba- se). Sorte do
couvertures à raies bleues et blanches, qui
se fabriquent en Normandie et en Hollande.
ANABATE s. m. (a-na-ba-te — du gr. ana-
batès, étalon). Hist. anc. Ecuyer qui disputait
avec deux chevaux le prix de la course à
Olympie.
— Ornith. Genre d'oiseaux, de l'ordre des
passereaux, famille des tenuirostres.
— Bot. Section du genre aconit.
anabathrum s. m. (a-na-ba-tromtn —
mot la t., formé lui-même du gr. anabathron,
môme sens). Nom donné par les anciens aux
escaliers et aux échelles, souvent aussi à-
une rangée de sièges de bois placés sur le
même plan et loues pour une occasion spé-
ciale, comme un concert, une lecture, etc.
Il PI. des anabathra.
ANABATINÉ, ÉE adj. ( a-na-ba-ti-né — du
gr. anabatés, étalon). Qui ressemble à l'a-
nabate. il On dit aussi anabatoîde.
— s. f. pi. Ornith. Tribu de passereaux,
ayant pour type le genre anabate.
ANABATIQUE adj. (a-na-bà-ti-ke, — du gr.
anabasis, action de monter). Pathol. Se dit
des maladies qui augmentent graduellement
d'intensité, pour décroître ensuite de la même
manière.
anabatoîde adj. (a-na-ba-to-i-de — de
anabatés, et du gr. eidos, ressemblance). Or-
nith. Syn de anabatiné.
anabazenops s. m. ( a-na-ba-ze-nops ) .
Ornith. Syn. à'anabasitte.
anabène adj. (a-na-bè-ne — du gr. ana-
bainô, je grimpe). Zool. Se dit d'un reptile
qui grimpe sur les arbres.
— s. m. Bot. Genre de plantes de la famille
des euphorbiacées, dont on ne connaît qu'une
espèce, qui est un arbrisseau du Brésil.
ANABÉnodactyle adj. (a-na-bé-no-dak-
ti-ie — du gr. anabainô, je grimpe; daktulos,
doigt). Zool. Se dit des animaux qui ont des
doigts faits pour grimper.
ANABÉNOSAURIEN adj. et s. m. (a-na-bé-
no-so-ri-ain — du gr. anabainô, je grimpe;
saura, lézard). Erpét. Se dit d'un'reptile sau-
rien qui grimpe sur les arbres.
— s. m. pi. Famille de reptiles sauriens,
syn. de caméléoniens.
ANABIBAZON s. m.(a-na-bi-ba-zon). Astron.
Nom donné à la queue du Dragon, ou au nœud
méridional de la lune.
ANABICE s. f. (a-na-bi-so — du gr. anabiô,
je revis). Bot. Partie des cryptogames qui se
trouve hors de terre, la fructification exceptée.
ANABLASTÈME s. m. (a-ria-bla-stè-me—
du gr. anablastèma, rejeton). Bot. Production
particulière du feuillage ou mieux de la fronde
de certains lichens.
ANABlastèse s. f. (a-na-bla-stè-zo — du
gr. anablastèsis, renaissance). Bot. Production
des anablastèmes.
ANABLEPS s. m. (a-na-blè-pse — du gr.
anablepô, je lève les yeux). Ichth. Nom d'un
poisson de la Guyane, voisin des loches, et
connu sous le nom vulgaire de gros-œil. Il est
vivipare, et l'examen anatomique a fait croire
à plusieurs naturalistes qu'il y avait dans
cette espèce une sorte d'accouplement.
ANABOLADION s. m.'(a-na-bo-là-di-onn —
met gr.) Antiq. Espèce de mantelet que por-
taient les femmes grecques.
ANABOLE s. f. (a-na-bo-le — du gr. ana,
en haut; bolos, jet). Pathol. Evacuation de
certaines matières par la bouche.
ANABOUE S. f. (a-na-bo-lî — du gr. ana-
bolé, terre rejetée). Entom. Genre d'insectes
■nôvroptèrcs, voisin des phryganes : .Z/anabo-
lik nervée se trouve en Europe. (A. Dupuis.)
ANABROCHISME s. m. (a-na-bro-ki-sme—
du gr. ana, à travers; brochas, nœud, lacet).
Chirur. Opération, aujourd'hui abandonnée,
qui avait pour but de remédier au renverse-
ment dos cils contre le globe de l'œil, au
moyen d'un cheveu passé avec une aiguille à
travers la paupière.
ANABROSE s. f. (a-na-bro-ze — du gr. ana,
à travers; bràsis, action de ronger). Pathol.
ANA
Corrosion des parties solides par une humeur
acre; ulcération superficielle.
ANABROTIQDE adj. et s. m. (a-na-bro-ti-
ko— rad. anabrosé). Pathol. Se disait autre-
fois des substances qui corrodent, qui rongent
les surfaces avec lesquelles on les met en
contact : Composition anabrotique. On puis-
sant ANABROTIQUE.
ANACA s. m. (a-na-ka — du gr. anax, roi).
Ornith. Sorte de perroquet du Brésil, à cou-
leurs vives et tros-variées, où dominent le
vert et le rouge.
anacaire ou anacara s. m. (a-na-kè-re,
ka-ra). Sorte de tambour en usage dans la
cavalerie orientale.
ANACALISE s. m. (a-na-ka-li-ze). Entom.
Espèce d'articulés de l'ordre des ehilopodes,
dont le corps est allongé et divisé en plusieurs
segments. Leur morsure, dit-on, est mortelle.
ANACALYPTE s. m. (a-na-ka-li-pte — du
gr. anakaluptô, je me dévoile). Bot. Genre de
mousses dont toutes les espèces sont remar-
quables par un péristome identique. Syn. de
coscinodon.
anacalyptérie s. f. (a-na-ka-li-pté-rî —
du gr. anakalupteria, action de découvrir).
Antiq. gr. Fête qui se célébrait le troisième
jour des noces, alors que la nouvelle épouse
pouvait ôter son voile et se laisser voir à son
ANACALYPTÉRIEN s. m. ( a-na-ka-li-pté-
ri-ain). Prêtre qui présidait aux anacaly-
ptéries.
ANACAMPSÈRE s. m. ( a-na-kan-psè-ro —
du gr. anakampserôs, qui ramène l'amour).
Bot. Espèce du genre orpin, plante quo l'on
employait autrefois dans les philtres amou-
reux.
ANAGAMPSIDE s. f. (a-na-kan-psi-de — du
gr. anakampsis, action de recourber). Entom.
Genre d'insectes lépidoptères nocturnes, voi-
sin des teignes, qui se logent dans les fentes
des écorces, et font usage de leurs pattes au-
tant que de leurs ailes. L'espèce type est la
teigne du peuplier, qui se trouve en Europe.
anacamptide s. f. (a-na-kan-pti-de —
du gr. anakamptâ, je recourbe). Bot. Genre
de la famille des orchidées, voisin des orchis,
qui renferme trois espèces, toutes originaires
d'Europe. La plus connue est l'anacamplide
pyramidale, qui croît sur les pelouses des
forêts.
ANACAMPTIQUE adj. (a-na-kan-pti-kc —
du gr. anakamptô, je réfléchis). Physiq. Qui
réfléchit les rayons de lumière ou le son.
— Géom. Courbe anacamptique , Courbe
produite par la réflexion de la lumière sur
une surface, la position de l'œil étant déter-
minée.
anacamptiquement adv. (a-na-kan-pti-
ke-man). Physiq. Par réflexion; d'une ma-
nière anacamptique.
ANACAMPTODON s. m. (a-na-kan-pto-don
— du gr. anakamptô, jo recourbe; odovsf
odontos, dent). Bot. Genre de mousses, forme
aux dépens du genre neckère.
ANACAMPYLE s. m. (a-na-kan-pi-le — du
gr. ana, sur; kampulos, courbé). Bot. Ecaille
étalée et recourbée au sommet qui se voit sur
quelques plantes agames, comme l'agaric
safrané.
ANACANDAÏA s. m. (a-na-kan-da-i-a).
Erpét. Nom d'un serpent de Surinam, espèce
de boa, qui atteint quelquefois la longueur de
10 mètres.
ANACANDÉ s. m. (a-na-kan-dé). Erpét.
Petit serpent do l'île do Madagascar, de la
grosseur d'un tuyau de plume. On dit aussi
ANACANDRIANS s. m. pi. (a-na-kan-d ri-an).
Rclat. So dit à Madagascar des descendants
d'un rohandrîan, ou prince blai.c, qui s'est
mésallié.
ANACANTHE s. m. (a-na-kan-te — du gr-
a priv. ; akanthos, épine). Ichth. Genre de
poissons, de la famille des raies.
— Entom. Genre d'insectes coléoptères lon-
gicornes, renfermant une seule espèco, qui
vit au Brésil.
ANACAPR1, bourgdo l'ancien roy. de Napies,
dans l'île do Capri , sur le flanc du mont
Solaro; 1,500 hab. On y arrive par un esca-
lier, appelé la Scalinata, de 552 marches tail-
lées dans le roc.
ANACARA S. m. V. ANACAIRE.
ANACARDE s. m. (a-na-kar-dc — du gr,
ana, qui marque ressemblance; kardia, cœur).
Bot. Fruit dont l'amande aplatie, noirâtre,
brillante, ressemble un peu a un cœur. Elle
était autrefois employée en médecine sous le
nom de noix d'acajou V. noix d'acajou.
ANACARDIACÉ, ÉE adj. (à-na-kar-di-a-sé).
Bot. Qui tient do l'anacardier, qui ressemble
à cet arbre.
— s. f. pi. Famille de plantes, syn. de téré-
binthacées. il On dit aussi anacardié.
ANACARDIER s. m. (a-na-kar-dié — rad.
anacarde). Bot. Genre de plantes de la famille
des térôbinthacées,qui comprend deux espèces
d'arbres, dont l'une a les feuilles larges, et
ANA
l'autre longues, et qui croissent sur les bords
des neuves de l'Inde. Il C'est aussi le nom que
l'on donne au fruit lui-même. Dans ce cas,
anacardier est syn. d'anacarde.
ANACARDIQDE adj. (a-na-kar-di-ke — rad.
anacardier). Cliim. Se dit d'un acide contenu
dans le péricarpe des noix d'acajou (fruits de
l'anacardier). L'acide anacardique est une
substance blanche, cristalline, inodore, d'une
saveur aromatique et brûlante. Il est inso-
luble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther.
ANACArdite s. t. (a-na-kar-di-tc — du
gr. ana, qui marque ressemblance; kardia,
cœur). Miner. Nom donné par Dioscoride à
un fossile argileux qui présentait la formo
d'un cœur.
anacatharsie s. f. (a-na-ka-tar-sî — du
gr. ana, en haut, kathairo, je purge). Méd.
expectoration d'une matière quelconque.
ANACATHARSIQUE Ou ANACATHARTI-
QUE adj. et s. (a-na-ka-tar-si-ke, ti-kc — du
gr. ana, en haut ; Icàthairâ, je purge). Méd.
Qui excite l'expectoration : Substances ana-
oatharsiques. Potion anacatharsique. Les
anacatharsiques font rejeter les mucosités et
autres matières gui obstruent les bronches.
(Encycl.)
ANACEE. Temps hér. Fils de Lycurgue, et
l'un des Argonautes.
ANACÉES s. f. pi. V. Anactées.
AnacÉies s. f. pi. (a-na-sé-î). V. Anactées.
ANacéiûn s. m. (a-na-sé-i-on.— du gr.
anakeion). Antiq. Temple où se faisaient Tes
sacrifices en l'honneur de Castor et Pollux.
ANACÉNOSE s. f. (a-na-sé-no-ze ~ du gr.
anakoinosis, communication). Rliét. Espèce
de synecdoche par laquelle on s'attribue une
partie de ce qui appartient on entier à d'au-
tres. C'est par anacénose que l'Intimé, dans
les Plaideurs, s'exprime ainsi :
Quand avons-nous manqué d'aboyer au larron ?
Témoin, trois procureurs, dont icetui Citron
A déchiré In robe : on en verra les pièces
Pour nous justifiek. Voulez-vous d'autres pièces ?
Racine.
Il plaide pour le chien accusé, et quand
avons-nous mangue est mis ici pour Quand
a-t-il manqué ; pour nous justifier, c'est-à-
dire Pour le justifier. Il est évident que l'a-
vocat n'était pour rien dans l'aboiement du
chien, et que ce n'était pas sa justification
qu il demandait.
s, la tête un peu légère.
Nous
ts est mis ici pour tu as.
ANACÉPHALÉOSE s. f. (a-na-sé-fa-lé-o-zc
— du gr. ana, de nouveau ; kephalâ, chapitre,
point capital). Nom donné par les rhéteurs à
une récapitulation sommaire des principaux
points d'un écrit, d'un discours. Cicéron excel-
lait dans ce genre de résumés.
ANACES s. m, pi. Myth. V. Anactes.
ANACHARIS s. m. (a-na-ka-riss — du gr.
ana, augment. ; eharis, grâce). Bot. Genre de
plantes aquatiques, de la famille des hydro-
charidées, comprenant un petit nombre d'es-
pèces, qui habitent l'Amérique du Sud.
— Entom. Genre d'insectes hyménoptères,
de la famille des gallicoles, renfermant six
espèces, qui habitent l'Europe : Les anaciia-
Ris ont de grands rapports avec les a/nips.
(Blanchard.) . J '
ANACUAUSIS,philosophe scythe, fils d'une
femme grecque et de Gnurus, roi des tribus
nomades des bords du Pont-Euxin, parut à
Athènes vers l'an 580 avant J.-C., devint
l'ami et le disciple de Solon, et se rendit
célèbre en Grèce par son désintéressement,
l'étendue de ses connaissances et l'austérité
de ses mœurs. De retour dans sa patrie, il
voulut y introduire les coutumes et les dieux
de la Grèce, et fut tué pour cette impiété par
son frère Saulius, devenu roi des Seythes. Les
Grecs l'ont compté quelquefois parmi les
sept sages. On lui attribue un grand nombre
de sentences, dont quelques-unes méritent
d'être rapportées : tes turpitudes de l'ivrogne
sont la meilleure leçon de sobriété. Voyant
qu'à Athènes les affaires les plus importantes
étaient décidées dans l'Agora par la multitude
assemblée, il disait : Ici, ce sont les sages gui
proposent et les fous gui décident. La meil-
leure'forme de gouvernement est celle où l'on
n'admet d'autre distinction que l'éclat des ver-
tus et l'opprobre du vice. Ce fut lui qui le pre-
mier compara les lois aux toiles d'araignées,
qui ne prennent que les petites mouches et
laissent passer les grosses. Il avait composé
quelques écrits qui ne nous sont pas parve-
nns. Le personnage que l'abbé Barthélémy a
immortalisé dans son Voyage du jeune Atta-
chants est purement fictif; l'auteur place son
existence au temps de Périclès, et le fait des-
cendre de celui qui fait le sujet de cet article.
La vivacité des reparties d'Anacharsis, la-force
de ses arguments, avaient donné lieu à une
expression proverbiale : Un discours scythe.
ANACHAHSIS, surnom pris, pendant la révo-
lution, par Clootz, qui était né Prussien, et
qui se donnait ainsi comme un émule du phi-
losophe scythe, cherchant la sagesse dans une
■ouvelle Athènes.
Ai.uchurel» (Voyage du jeune) .en Grèce,
par Barthélémy. Cet ouvrage, dont le temps
a confirmé le mérite, est d'une lecture aus:
agréable qu'instructive. Sous la forme d'un
fiction qui permettait à l'auteur d'exposer un
foule de faits et de notions secondaires qu
fatigueraient dans des traités, le Voyage d'A-
nacharsis nous fait connaître a fond l'histoire
, civile, littéraire et philosophique
de la nation la plus éclairée de l'antiquité;
c'est un chef-d'œuvre d'érudition, de compo-
sition et de style. 1/autenr suppose qu'un
Scythe, nommé Anacharsis, vint en Grèce
quelques années avant la mort d'Alexandre,
et que d'Athènes, où. il s'était fixé, il fait plu-
sieurs voyages dans les contrées voisines,
observant partout les mœurs et les usages des
peuples, assistant à leurs fêtes, étudiant la
nature de leurs gouvernements, quelquefois
consacrant ses loisirs à des recherches sur
l'esprit humain, d'autres fois conversant avec
les grands hommes qui florissaient alors, tels
que Phocion, Xénophon , Platon, Aristote,
Démosthène , etc. Le Voyage est précédé d'une
introduction où l'on trouve ce qu'il est utile
de savoir sur la Grèce , sur ses guerres, sur
ses mœurs, sur ses arts, depuis les premiers
temps jusqu'à l'époque où elle fut asservie par
Philippe de Macédoine, père d'Alexandre le
Grand.
Cet ouvrage, auquel Barthélémy travailla
trente années, parut en 1779 (7 vol. gr. in-8°,
avec un atlas grand in-folio). On en a fait des
abrégés qui n'ont que peu ou point de valeur,
parce qu'ils enlèvent à l'ouvrage tout carac-
tère sérieux d'érudition. Toutefois, le Voyage
d'Anacharsis aurait besoin aujourd'hui de
quelques améliorations, dues au progrès des
sciences historiques et archéologiques.
ANACHIN s. m. Hist. anc. Nom d'un ancien
peuple moabite. V, Anakim.
ANACH1S. Myth. Un des dieux lares révé-
rés par les anciens Egyptiens.
ANACHITE OU ANACHYTE S. m. (a-na-
chi-tc). Diamant magique, espèce de pierre
précieuse regardée comme un talisman qui
chasse la folie et lo venin.
ANACHORÈTE s. (a-na-ko-rè-te — du gr.
ana, h. l'écart; chôreô, je vais). Hist. relig.
Homme ou femme qui se retire dans la soli-
tude, pour se livrer à la vie contemplative :
Des anachorètes consommés dans une piété
éminente par de longues macérations et par une
vie angéhque. (Mass.) J'aperçus sur un grabat
un vieil anachorète tout étendu, pâle et mou-
rant. (Le Sage.) Qui peut comprendre les mys-
térieuses visions de V anachorète? (G. Sand.)
Z'anachoréte rustique alla vivre au désert.
D'abord il se construisit dans les bois une cahute
de ramée. (G. Sand.) Adorée à Dôme, la chair
était méprisée et foulée aux pieds dans le dé-
sert, et les mortifications des anachorètes
égyptiens expiaient les joies des voluptueux de
l'Italie. (St-Mare Gir.) La politique fait des
solitaires, comme la religion fait des anacho-
rètes. (Chateaub.)
Un bon vieillard, pieux anachorète,'
— Repas d'anachorète, Très-simple, très-
frugal, comme en faisaient les anachorètes :
Je n'ai à vous offrir qu'un repas d'anachorète.
(Le Sage.)
— Adjectivem. S'empl. dans le sens de soli-
taire : Ne craignez point que je devienne ana-
foule la plus bruyantt _
rètb que si j'étais à Formentera.
(Champfleury.) il Dans ce dernier sens, un
écrivain l'a appliqué à une plante : Le tableau
qui me valut cet éloge représentait un anacho-
rète potiron. (Th. Gaut.)
— Encycl. Hist. relig. La vie solitaire a
pris son origine en Orient, où l'antiquité la
plus reculée en offre des exemples. Nous
voyons dans l'Evangile saint Jean-Baptiste
se retirer dans le désert et y vivre en atten-
dant la venue du Messie. Le principe chrétien
de la mortification devait naturellement don-
ner naissance à l'anacliorétisme. Le premier
anachorète chrétien fut saint Paul, surnommé
YErmite ou le Thébain, qui se retira, l'an 250
après J.-C, dans le désert de la Thébaïde, en
Egypte. Il fut imité par saint Antoine, saint
Pacome, etc., autour desquels se groupèrent
une foule de chrétiens fuyant le monde pour
consacrer leur existence à Dieu. Dès lors la
vie cénobitique dut se substituer à la vie soli-
taire, et l'on vit naître les divers ordres mo-
nastiques. Parmi les premiers anachorètes,
quelques-uns se condamnèrent aux privations
les plus dures. La légende rapporte que Siméon
dit le Stylite (stulos, colonne) crut être agréa-
ble a Dieu eu passant son existence an haut
d'une colonne, et que son exemple trouva des
imitateurs.
■ ANACHORÉTIQUE adj. (a-na-ko-ré-ti-ke).
Qui a rapport aux anachorètes : Vie anacho-
rétique.
ANA
anachorétisme s. m. (a-na-ko-ré-ti-
sme). Vie, existence d'anachorète; amour pour
la vie d'anachorète.
ANACHRONIQUE adj. (a-na-kro-ni-ke —
du gr. ana, à rebours ; chronos, temps). Qui
est contraire à la chronologie; qui n'est plus
conforme aux mœurs et aux usages d une
époque.
ANACHRONISME s. m. (a-na-kro-ni-sme
— du gr. ana qui exprime interversion;
chronos, temps). Faute contre la chronologie ;
erreur dans la date des événements : Virgile
s'est permis un anachronisme en supposant
Enée contemporain de Didon. (Acad.)
— Par ext. Erreur qui consiste à attribuer,
dans les œuvres d'art, les costumes et les
meubles d'une époque a une autre époque :
Dans plusieurs scènes empruntées à l'Evangile,
les peintres flamands, par un singulier ana-
chronisme, placent des lunettes sur le nez de
certains personnages.. Les peintres italiens ont
fait beaucoup ^'anachronismes dans le cos-
tume. (Acad.) Avant Voltaire et Lekain, il y
avait un anachronisme sur la scène fr -'--
qui consiste à prêter à une époque, à un per-
sonnage historique, des idées, des sentiments
qui sont d'une autre époque : Aussi cette his-
toire est-elle pleine d' an achronismes purement
moraux, qui ne nuiront peut-être pas à son genre
d'intérêt. (Balz.) Il Dans ce dernier sens, Se
dit quelquefois des personnes elles-mêmes :
Les anachronismes sont fréquents au Sénat.
(L. Ulbach.)
— Se dit encore des institutions, des cou-
tumes, des mœurs surannées que l'on veut
transporter ou conserver à une époque où
elles n'ont plus de raison d'être : Armée et
garde nationale sont un anachronisme dans
un régime de liberté. (E. de Gir.) A notre
époque, ta guerre est unnon-sens, un anachro-
nisme. (E. de Gir.) Un cloître, un flagrant
délit d'ascétisme au beau milieu de la cité de 89,
Dôme s' épanouissant dans Paris, c'est un ana -
chronisme. (V. Hugo.) Toutes les restaura-
tions sont des anachronismes. (E. Schérer.)
Anachronismes dans les œuvres d'art.
Les peintres et les sculpteurs les plus célèbres
de toutes les époques ont commis des " "
ANA
309
toute 'conscience et de parti pris.
Au moyen âge, la manie des allégories en-
fanta des compositions bizarres, incohérentes,
où les disparates les -plus inouïes sont accou-
plées dans un but mystique souvent impossible
a pénétrer. Les artistes de la Renaissance
reproduisirent pieusement quelques-uns des
sujets traités par leurs devanciers et consa-
crés par la dévotion populaire ; ils se bornèrent
à rechercher la vérité dans l'expression de la
figure humaine, dans la peinture des objets
matériels ; ils ne se soucièrent en aucune façon
de l'exactitude historique. Italiens, Flamands,
Hollandais et Allemands ne se firent aucun
scrupule de représenter des saints et des saintes
de nations et d'époques diverses, assistant en-
semble au Couronnement ou à l' Assomption de
la Vierge , à la Passion et h l'Ascension du
Christ. Les églises ou les couvents qui com-
mandaient ces peintures aimaient à voir ainsi
leurs saints patrons réunis dans un même
cadre, destiné à prendre place sur les autels.
Lorsque le tableau était donné par des parti-
culiers, ceux-ci ne manquaient pas de se fairo
portraicturer au milieu de la sainte compagnie,
ou fout au moins sur les volets accrochés aux
côtés de la composition principale. Les nom-
breux tableaux avec figures de donateurs qui
nous sont parvenus ont, pour la plupart, été
peints par les artistes des écoles du Nord.
Autant les Van Eyck et leurs disciples se sont
montrés minutieusement exacts et franche-
ment réalistes dans la reproduction des formes
de la nature, autant ils ont fait preuve d'indé-
pendance et de naïve fantaisie dans leur façon
d'interpréter l'histoire. Quelques-uns sont allés
jusqu'à dérouler dans une même composition
plusieurs épisodes de la vie d'un même person-
nage, témoin le magnifique tableau de Memling,
du musée de Munich, les Joies et les Douleurs
de la Viei-ge, vaste composition qui offre, aux
différents plans d'un paysage orné de con-
structions romanes, les principaux événements
de la vie de Marie. Tous les ouvrages des
primitifs, Flamands et Allemands, ne sont, à
bien prendre, que des peintures de la vie fami-
lière au xve et au xvie siècle : ils nous font
connaître les mœurs, les usages, les costumes,
les meubles, l'architecture de cette époque.
Les paysages mêmes qui servent de fond à ces
compositions représentent ordinairement des
sites de la Flandre ou de l'Allemagne.
En dépit de toute leur érudition, les peintres
italiens du grand siècle n'ont guère mieux
respecté la vérité historique et la couleur
locale. Les costumes que Michel-Ange, Léo-
nard de Vinci, Raphaël, AndreadelSarto,etc,
ont donnés à leurs personnages, sont de pure
convention. Ces personnages même sont le
plus souvent des contemporains de l'artiste :
Buonarotti a placé les figures denses ennemis
dans l'enfer de son Jugement dernier; une fois
qu'il eut peint la Joconde, Léonard ne put ré-
sister au désir de répéter ce visage de sirène
dans ses compositions ; Raphaël et Andréa don-
nèrent à leurs Madones les traits de la femme
aimée. « Beaucoup d'artistes , dit M. Coindet,
exposaient a l'adoration, sous les attributs de
la Vierge, des portraits de femmes qui, de no-
toriété publique, n'auraient pas même eu le
droitde figurer en Madeleines repentantes. » De
pareilles licences ont pu blesser les esprits reli-
gieux de l'époque ; elles n'ont assurément rien
qui nous choque aujourd'hui. Mais il nous est
impossible d'accepter comme représentant les "
Noces de Cana, l'immense tableau où Paul
Véronèse a groupé sous des portiques d'ordre
corinthien les personnages les plus célèbres
de son temps, depuis la reine- Mario Tudor
jusqu'au sultan Soliman I", et où il s'est peint
lui-même , au milieu des plus habiles peintres
de Venise. Jules Romain n a pas été plus exact
en plaçant les monuments de Rome moderne
dans le fond de son Apparition du labarum à
Constantin, au Vatican. Avant lui, Cima du
Conegliano, Pomponio Amalteo et beaucoup
d'autres, suivant en cela l'exemple des artistes
du Nord, peignirent dans leurs compositions
religieuses des vues du pays natal.
Il est juste de remarquer que, même dans les
peintures italiennes où l'on rencontre le plus
d' anachronismes, l'histoire conserve du moins
sa noblesse et sa dignité, tandis, qu'elle est
complètement travestie dans les ouvrages des
peintres flamands et hollandais du xyu» siècle.
Rien de plus bizarre, de plus excentrique, quo
les compositions religieuses de Pieter Brucghel
le Vieux, et de Brueghel d'Enfer, son fils. Le
musée de Vienne a, du premier, un Portement
de croix, qui nous montre Jésus traînant un
tronc d'arbre au milieu d'une foire wallonne,
tandis qu'un moine , le crucifix à la main ,
exhorte les deux larrons à mourir saintement.
M. Marius Chaumelin décrit, dans se'S Trésors
d'art de la Provence (Marseille, 1862), une
Adoration des Mages de Brueghel d'Enfer,
conçue dans le même esprit burlesque. « La
scène se passe en plein pays flamand, sur les
bords d'un canal dont l'eau est gelée, a deux
pas d'une église en construction et d'un cabaret,
auquel un pot; accroché à un bâton, sert d'en-
seigne. La neige tapisse les rues, que bordent
des maisons en briques rouges; d'honnêtes
Wallons font cercle autour d'un brasier allumé
en plein air ; d'autres courent pour s'échauffer.
De pauvres hères ramassent du bois mort. Un
gamin, assis dans un petit traîneau, se voi-
ture sur la glace du canal. A gauche, sous un
hangar, s'abrite la sainte famille : la Viergo
tient sur ses genoux- lo divin' bambino; saint
Joseph, les mains cachées sous son manteau
a cause du froid, fait triste mine. Les rois
mages, vêtusde costumes flamands, se proster-
nent devant le Messie ; ils sont suivis par do
nombreux domestiques et par des mulets riche-
ment caparaçonnés. Des liallebardiers en pan-
talons rouges montent la carde à la porte do
la crèche...» —David Témers le Jeune, Jigno
neveu de Brueghel d'Enfer, traite avec le mémo
laisser-aller les scènes évangéliques. Son De-
niement de saint Pierre, au Louvre, n'est pas
autre chose qu'un corps de garde flamand :
des soldats sont attablés au premier plan et
jouent aux cartes ; dans le fond, le vieil apôtre
est accosté par une servante h la mine épa-
nouie et par un fumeur goguenard, qui lui
demandent s'il connaît le Nazaréen. Sans lo
coq qui est perché sur le manteau de la che-
minée et qui se met à chanter, on ne devine-
rait guère le sujet de cette singulière peinture.
— Les personnages de l'Ancien et du Nouveau
Testament, mis en scène par Rembrandt et par
ses disciples, sont accoutrés a la mode hol-
landaise.— Lorsque les peintres français du
xviir: siècle habillent, par hasard, les divinités
de la fable , ils les couvrent do colifichets
pompadour.
Ainsi, les anciennes écoles ont toutes commis
des anachronismes, erreurs sans gravité, si l'on
songe que l'art n'a- pas pour but d'enseigner
l'histoire et l'ethnologie , mais de représenter,
au sein de la nature immuable dans sa beauté,
l'homme qui garde les mêmes passions à toutes
les époques, dans tous les temps, sous tous les
costumes.
L'essor qu'ont pris au xixe siècle les études
historiques, a eu sur les arts une très-grande
influence. Les artistes contemporains se mon-
trent aussi amoureux de l'exactitude archéo-
logique et de la couleur locale, que leurs devan-
ciers v ont été indifférents. Il n'est même pas
rare de rencontrer à nos expositions des ta-
bleaux très-vantés , qui n'ont d'autre mérita
que de reproduire fidèlement des costumes et
des types de races disparues.
— Syn. Anachronisme , ni£lachronismo ,
punicliroilimiin , proetlroniame. On peut SO
tromper dans la date d'un événement en la
plaçant soit au delà, soit en deçà du temps où
il est arrivé. Deux mots ont été créés pour
désigner ces deux espèces d'anachronismes :
procttronisme et parachronisme. Le prochro- .
nisme (pro, avant) place un fait avant sa date ;
le parachronisme (para, après) le place après
sa date. Mais ces deux mots sont peu usités ;
on néglige le plus souvent de faire la distinc-
tion qu'ils établissent, et l'on emploie anachro-
7iisme pour exprimer généralementtoute erreur
dans la supputation des temps. Métachronisme
a le même sens général qu'anachronisme (meta
marquant simplement l'idée de changement,
de déplacement).
— Anecdotes. Louis XVin venait de subir
la longue et ennuyeuse harangue d'un courti-
san peu éloquent; le monarque spirituel et
railleur ne put se refuser une petite vengeance
et lui dit : i Vous venez do parler comme un
Démosthène: — Sire, répondit le courtisan, il
est possible que je n'aie pas l'éloquence de
Dans une assemblée nombreuse, où l'on
parlait des divers conquérants qui avaient
paru dans le monde, un enfant demandait
sérieusement a son père si Louis XIV n'avait
pas remporté quelque victoire sur Alexandre.
« Il était assez vaillant pour cela, répondit le
père ; mais il y avait un petit obstacle à sur-
monter ; c'est qu'il aurait fallu qu'Alexandre
fût ressuscité, car il était mort bien des siècles
avant que Louis XIV parût au monde. »
ANACHYTE S. m. V. ANACHITE.
anacinème s. f. (a-na-si-nè-me — du\gr.
ana, en haut; kincin, mouvoir, agiter). Com-
motion produite dans toutes les parties du
ANACLASE s. f. (a-na-kla-ze — du gr. ana-
clasis, action de briser). Physiq. Réfraction,
déviation.
— Prosod. anc. Particularité métrique du
vers ionique mineur dans la prosodie grecque,
consistant dans la substitution du diïaftibo
au dichorée.
ANACLASTiQUE adj. (a-na-kla-sti-ke — du
gr. anaclaô, je brise). Physiq. Qui concerne
la réfraction de la lumière. Il Tables anaclas-
tiques, Tables de réfraction, il Point anaclas-
tique, Point où un rayon lumineux réfracté
rencontre la surface qui le réfracte, il Courbes
anaclastiqu.es, Courbes apparentes que formo
le fond d un vase plein d'eau.
— s. f. Partie de l'optique qui a pour objet
les réfractions de la lumière. Syn. de diop-
ANACLET ou CLET (saint), pape et martyr,
régna de 78 à 31. Il fut le deuxième succes-
seur de saint Pierre, dont il avait été disciple.
Fête le 20 avril.
ANACLET, Pierre de Léon, antipape s fut
élu en 1130 par une partie des cardinaux, et
disputa la chaire de saint Pierre à Innocent II.
Il se soutint quelque temps, grâce à l'appui de
Roger, roi de Sicile, mais fut excommunié en
1134 par le concile de Pise. Il mourut en 1138.
ANACLÉtérien s. m. (a-na-klé-té-ri-ain).
Hist. anc. Celuiqui présidaitauxanaclétéries.
ANACLÉTERIES s. f. pi. (a-na-klé-té-ri —
du gr. anaklésis, proclamation). Hist. Fêtes
célébrées chez les. anciens à la majorité des
anaclèthre s. f. (a-na-klè-tre). Antiq.
gr. Nom donné, à Athènes, à une pierre que
l'on gardait près du Prytanée, et sur laquelle
les Grecs croyaient que Cérès s'était reposée
quand elle était à la rechercho de sa fille.
ANACLÉTICDM s. m. (a-na-klé-ti-komm—
du gr. anaklctikon). Antiq. gr. Sonnerie de
trompettes par laquelle on rappelait les
fuyards au combat.
ANACLÉTÎQUE adj. (a-na-klé-ti-ke — du
gr. ana, en arrière; kaleà, j'appelle). Qui sert
à appeler, à invoquer ; propre à rappeler, à
exciter, n Se dit particulièrement d'un chant
que les anciens entonnaient quand ils pour-
suivaient leurs ennemis : Le chant ana-
CLKTIQUE.
ANACLINOPALE s. f. (a-na-kli-no-pa-le —
du gr. anaklinomai, je me couche ;palê, lutte,
combat). Action de lutter étant couché. Les
anciens appelaient ainsi une lutte entre deux
athlètes couchés sur le sable.
ANACLINTÈRE s. f. (a-na-klain-tè-re —
du gr. anaklinomai, je me couche). Antiq.
Nom donné au dossier d'un sofa ou d'un lit
de repos supportant le coussin et l'oreiller
pour appuyer la tête.
anaclisie s. f. (a-na-kli-zî — du gr. ana,
en arrière; klino, je penche). Méd. Position
couchée, situation horizontale du malade dans
son lit ou sur une chaise inclinée.
ANACOLE s. m. (a-na-ko-le — du gr. ana,
sur ; kolos, estropié). Entom. Genre d'insectes
coléoptères tongicornes, renfermant un petit
nombre d'espèces, qui se trouvent au Brésil.
ANacollème s. m. (a-na-ko-lè-me — du
gr. anakollaô, je comprime, je recolle). Méd.
Remède propre à arrêter une hémorragie
ou à comprimer une fluxion, u On dit aussi
ANACOLLÉMATE.
ANACOLUPPE s. m. (a-na-ko-lu-pe) . Bot.
Nom d'une plante rampante du Malabar, qui
parait être une espèce de verveine, et dont le
suc, mêlé avec du poivre, guérit, dit-on, l'é-
pilepsie. On ajoute que c'est le seul remède
connu contre la morsure du serpent naja.
ANACOLUTHE s. f. (a-na-ko-lu-te — du
gr. a priv. ; acolouthos, compagnon). Rhét.
Sorte d'ellipse par laquelle on omet dans une
phrase le corrélatif, le compagnon grammati-
cal d'un mot exprimé. Dans ce vers de Racine :
Ma foi sur l'avenir, bien fou qui se fira,
et dans celui de Voltaire ■■
Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux,
l'omission du mot celui devant le relatif qui
constitue une anacoluthe. La suppression de
tôt devant quot nous on offre un autre exemple
dans ces vers de Virgile :
Le mot anacoluthe s'applique aussi à un
tour de phrase qui, au lieu d'être suivi régu-
lièrement jusqu au bout, change d'une façon
brusque et inattendue. Il y a une anacoluthe
dans ces vers de Racine :
Et vous qui lui devez des entrailles de père,
Vous, ministre de paix dans les temps de colère,
Couvrant d'un îèle faux votre ressim liment.
Le sang à votre gré coule trop lentement.
Vous semble un sujet jusqu'au quatrième
vers, où l'on est brusquement détrompé. N
C'est également faire une anacoluthe'que de
donner au même verbe des compléments de
différente nature, par exemple un substantif
et un infinitif, un infinitif et une proposition
complétive. Racine a dit ;
Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits,
anacomptiss. m. (a-na-kon-ptiss). Bot.
Arbre de Madagascar, dont le fruit sert,
comme la présure, pour faire cailler le lait.
ANACONGHYLISME s. m. (a-na-kon-kt-
li-smo — du gr. tmakoncltuliasà, je me gar-
garise). Syn. de gargarisme.
ANACONDA s. m. (a-na-kon-da). Erpét.
L'un des noms du serpent boa.
anagoste s. m. (a-na-ko-ste). Tcchn.
Etoffe dont la chaîne et la trame sont en
laine, avec double croisure: Z'anacoste s'em-
ploie pour robes de religieuses, soutanes, cos-
tumes de bains de mer, etc. jL'anacoste se
fabrique dans tapartie sud de l'arrondissement
d'Amiens. (Dict. du comm.)
478. On ne sait que peu de chose __.
Polycrate, tyran de Samos, charmé de ses
poésies, le fixa à sa cour. On rapporte, qu'ayant
reçu de ce prince quatre talents, i! ne put
dormir pendant les deux nuits suivantes. Il
se hâta de rendre cette somme à Polycrate,
en lui disant qu'il préférait le sommeil à la
richesse. Ce trait, fictif ou réel, a sans doute
fourni à La Fontaine le sujet de sa fable le
Savetier et le Financier. A la mort de Po-
lycrate, Anacréon fut attiré a Athènes par
Hipparque, et retourna a Téos, sa patrie,
quand ce prince fut tombé sous le poignard
d'Harmodius et d'Aristogiton. Il s'éloigna de
nouveau lorsque la révolte de l'Ionie contre
Darius vint troubler son repos et ses plaisirs,
et se retira à Abdère, où il mourut, âgé de
plus de 80 ans, suffoqué, dit-on, par un pépin
de raisin qui s'était arrêté dans son gosier.
On a dit de ce poète que sa vie ne fut qu'une
longue libation aux Muses, à Bacchus et à
l'Amour ; on peut ajouter que ses poésies ne
furent point des rêves de son imagination,
mais l'histoire même de sa vie. Si ses mœurs
ne furent point irréprochables, ses vers ont
une perfection qui n a jamais été égalée dans
le genre dont il est le créateur, et qui s'est
transmis à travers les siècles dans une suite
d'imitations souvent heureuses, mais toujours
inférieures au modèle. L'amour, le vin, la
gaieté insouciante et la paresse voluptueuse
ont inspiré tous ses chants. L'élégance, la con-
cision, la pureté, la grâce, la verve enjouée,
la passion, le lyrisme, telles sont les qualités
les plus saillantes de ces perles fines connues
sous le nom d'Odes d'Anacréon, et dont la
première édition a été donnée par Henri.
Estienne, Paris, 1574. C'est tout ce qui nous
reste de 'ce poète, qui écrivit, en dialecte
ionien, cinq livres d'hymnes, d'élégies, d'ïam-
bes, de chants erotiques, etc. ; et encore quel-
ques-unes de ces pièces sont-elles considérées
comme apocryphes. La dernière édition est
celle de Boissonade, 1823. Les traductions
françaises, en prose ou en vers, sont innom-
brables.
— Le nom d'Anacréon revient souvent sous
la plume des écrivains pour caractériser le
génie poétique de ceux qui ont cultivé le
même genre, une pièce de vers où respirent
la fraîcheur, la grâce et l'amour des plaisirs.
C'est ainsi que l'on dit la voix, la muse, le
luth, la lyre, etc., d'Anacréon. Quelquefois
Anacréon lui-même est désigné par une péri-
phrase : Le chantre; le vieillard de Téos; le
poète de l'amour et du vin, etc.
Anacréon, ballet héroïque en un acte, mu-
sique de Rameau, paroles de Cahusac, repré-
senté à 1 Académie royale de musique en 1754,
. ■-, jpé... „
actes, de Grétry , paroles de J.-H. Guy, repté-
"""'" à Paris le 17 janvier 1797. Il n'est resté
si du fatal rivage, etc.
Atiacrèon ou l'Amour fugitif, opéra en deux
actes, musique de Cherubini, paroles de Men-
douze, représenté à Paris le 5 octobre 1S03.
L'air : Jeunes filles aux yeux doux, est d'une
charmante mélodie et fait encore partie du
répertoire des chanteurs.
ANACRÉONTIQOE adj. (a-na-kré-on-ti-ke
— rad. Anacréon). D'Anacréon; qui est dans
le goût, le genre de ses poésies : La poésie
anacréontique est un genre de poésie lyrique
dont la grâce est le caractère, et qui respirt
la volupté. (Marmontel.)
— Vers anacréontique, Vers de trois pieds
et demi, employé par Anacréon, Le deuxième
et le troisième pied sont nécessairement des
ANA
ïambes; quant au premier, il peut être un
ïambe, un spondée, un dactyle ou un ana-
peste. Le vers anacréontique porte en proso-
die le nom de vers ïambique dimètre cata-
leptique. Il Ode anacréontique, vers anacréon-
tiques, Dans le genre d'Anacréon, c'est-à-dire
en l'honneur du vin et de l'amour. En voici
un heureux exemple, emprunté aux œuvres
mômes du poëte de Téos :
iuit cette loi sage ;
.out boit, chers compaj
x boire et boire à plein vi
— Encycl. On donne le nom de littérature
anacréontique à un genre de poésie dont Ana-
créon a créé le modèle, et qui consiste à
chanter en vers légers et gracieux l'amour
et l'ivresse, mais l'amour toujours souriant et
joyeux, mais l'ivresse toujours décente {vere-
cundurn Bacchum). Cette poésie a été cultivée
avec plus ou moins de succès chez les Latins
par Catulle, Tibulle, Horace, Properce; en
Italie, par Pétrarque et Guarini ; chez nous, par
Chaulieu,LaFare, Voltaire, Parny, Dorât, Ber-
tin, Désaugiers, Béranger, etc. M. Julas Janin
professe une médiocre admiration pour le
genre anacréontique tel qu'il est représenté
dans notre littérature : « Parce qu il avait
existé à Téos, dans l'Ionie, 540 ans av. J.-C,
un poète qui aimait- le vin et les femmes ,
et qui a chanté tout ce qu'il aimait en une
simplicité pleine de grâce, nos poètes français,
bien longtemps après Anacréon, inventèrent
une chose qui ne ressemble pas plus à Ana-
créon que le peintre Boucher ne ressemble au
Titien ; cette chose, ils l'appelèrent genre ana-
créontique. Anacréon, dont le mètre est si
exact et la grâce si peu verbeuse, ne se dou-
tait pas que, tant d années après sa mort, il
donnerait naissance à cette détestable école
de poésie, toute remplie de fleurs, de bergers,
de parfums, de guirlandes de roses, de petits
dieux aux yeux bandés, aux ailes étendues. »
ANACRÉONTISME s. m. (a-na-kré-on-ti-
sme). Genre de poésie créé par Anaoréon;
imitation de sa manière, de son style : J'ai
souvent conseillé à Gresset de sortir de son
anacréontisme. (J.-J. Rouss.) Le sentiment,
la naïveté, la grâce, un air de négligence, une
certaine mollesse voluptueuse, nul art, nul
esprit en apparence, et surtout point de ré-
flexions subtiles, point d'idées profondes, telle
est l'essence, tels sont les caractères de /'ana-
créontisme. (B. Barbé.)
ANACRISE s. f. (a-na-kri-ze — du gr. ana-
krisis, enquête). Jurispr. Enquête consistant
dans l'interrogatoire ou la confrontation des
ANACROSIS s. f. (a-na-kro-ziss). Antiq.
Partie de l'hymne pythique où le combat
d'Apollon et du serpent Python était décrit.
ANAGROUSIS s. f. (a-na-krou-ziss — du
gr. anacroî«w,intonation). Prosod, anc. Terme
qui sert à désigner dans la métrique grecque
une ou plusieurs syllabes qui se trouvent en.
tête de certains vers lyriques, avant l'arsis
ou syllabe accentuée, dont elles sont comme
le prélude.
ANACTÉES s. f. pi. (a-na-kté — du gr.
anax, anaktos, protecteur). Antiq. gr. Fêtes
célébrées en l'honneur de Castor et de Potlux,
que l'on désignait souvent sous le titre d'a-
nactes, rois ou princes. On dit aussi anacées
et anacéies.
ANACTES ou ANACES (a-nak-te, na-se —
du gr. anax, chef, patron). Myth. Surnom des
Dioscures, Castor et Pollux. On le donnait
également aux dieux, aux héros et aux princes
du sang royal.
ANACTÉRIQUE adj. (a-nak-té-ri-ke — du
gr. ana ktizô, je rétablis). Méd. Qui rétablit
les forces, qui restaure : Remède anactérique.
ANACtéSIE s. f. (a-nak-té-zî — du gr.
anaktizô, je rétablis). Méd. Convalescence,
recouvrement des forces à la suite d'une
maladie.
ANACTIDÉE s. f. (a-nak-ti-dé — du gr. a
priv. ; aktis, rayon). Bot. Section du genre
matricaire, renfermant une seule espèce, la
matricaire discoïde.
ANACTILÈNE s. m. (a-nak-ti-lè-ne — du
gr. a priv. ; aktis, rayon; laina, enveloppe).
Bot, Section du genre cassinie.
anactis s. m. (a-nak-tiss — du gr. a
priv. ; aktis, rayon). Bot. Section du genre
acarne.
ANACTOR. Myth. Fils d'Electryon et d'A-
ANACTOR1CM, ville et. promontoire de l'an-
cienne Grèce, sur la côte occidentale, avec
un port construit par les Corinthiens.
ANACUS, Phrygien, qu'on croit être le
même qu'Hénoch. Un oracle avait prédit que
le monde périrait après Sa mort. Il mourut
âgé de plus de trois cents ans , et la douleur
que causa cet événement fut si grande, qu'elle
donna lieu au proverbe pleurer Anac, pour
indiquer un deuil universel. Le déluge de Deu-
calion suivit de près la mort d'Ânacus.
ANACYCLE s. m. (a-na-si-kle — du gr. ana,
ANA
qui marque redoublement; kuklos, cercle).
Bot. Genre de plantes de la famille des com-
posées et de la tribu des sénécionidées. Il
renferme quelques petites plantes annuelles,
appartenant toutes à la région méditerra-
néenne.
anacyclique adj. (a-na-si-kli-ke — du
gr. anakukleô, je retourne en sens inverse).
Se dit de certains vers qui présentent un sens
soit qu'on les lise naturellement, soit qu'on
les lise à rebours : Il ne faut pas exiger l'élé-
gance dans les vers anacycliques. (G. Peigiiot.)
— S'emploie substantiv. : La tradition des
cloîtres rapporte que plusieurs moines perdi-
rent la raison en cherchant des anacycliques.
(L. Gozlan.)
— Encycl. Sotadès, poëte grec de Maronée,
en Thrace, passe pour être l'inventeur des
vers anacycliques : de là le nom de sotadiques
qu'on leur donnait quelquefois. On en trouve
des exemples dans l'Anthologie grecque et
dans Y Anthologie latine; Qui'ntilien en cite
quelques-uns.
Les vers anacycliques peuvent présenter le
même sens dans les deux manières opposées
de lire les mots, comme on peut le voir dans
le distique suivant :
qui, retourné, donne celui-ci :
Deficiet cito jam consumptum tempore (lumen
Tempore decurrit quod modo prœcipiti.
les mots sont lus.
Nous citerons pour second cas un exemple
tiré d'un tableau où l'on voyait un ange tenant
par un des angles supérieurs un grand rou-
leau, sur lequel étaient écrits les huit vers
suivants. De la bouche de l'ange sortaient ces
paroles : Lis à l'endroit, sauvé seras.
Carpere, sed laudi
Judicio fore te proes
Tempore : nec Christum,
Salvificum pete, nec secter
Dilige, nequaquam tu mi
conspice toto
'e rogo, despici
dnsmona, Chri
Conoupito mala, tu nequaquam dilige Christum;
Dœmona secteris, nec pete salvificum;
Despicias, rogo te, Christum : nec tempore toto
Conspice prœsentem te fore judicio ;
Veridicos preme, nec laudes, sed carpere gesta
Dispereas maie, ne'quceras tu cœlica, verum
Crimine frangàris, ne fuge delicias.
Voici un autre exemple d'anacycliques disant,
quand on les prend par la queue, juste le con-
traire de ce qu'ils disent quand on les prend
par la tète.
On fait dire à un partisan des jésuites :
Munera, n<
subdola, spernu
ix ambitio placet hi
His placet ambitio fallax, non munera spernunt,
Subdola mens illis : non amo jesuitas.
Il y a des anacycliques où ce n'est pas l'ordre
des mots, mais celui des lettres qui est renversé.
Le vers latin suivant :
Roma tibi subito motibus ibit amor.
est reproduit tout entier quand on le retourne
lettre par lettre. Il en est de même de ce vers
français :
L'âme des uns jamais n'use de mal.
Voici un distique latin dans lequel «
— * — -acyçtique -* "-'
„ , -, et l'auteur a pris soin
lui-même de l'indiquer et de l'expliquer :
a quid n
Sous Charles VIII et Louis XII, les poètes
avaient mis à la mode les rimes appelées rétro-
grades, parce qu'en les lisant à rebours on y
trouvait encore la rime. Mais on comprend
combien la langue française avec son attirail
de prépositions et d'articles, son génie con-
traire aux inversions, sa construction forcée
marche rectiligne, devait se prêter dif-
relever.
ANACYSTE s. m. (a-na-si-ste — du gr.
ana, sang"; kustis, vessie, vésicule). Bot.
Genre d'algues terrestres, voisin des nostocs,
Les anacystes présentent l'aspect de croûtes
vertes, qui se développent en général dans
les endroits humides, mais rarement dans
l'eau.
anadare s. f. (a-na-da-re). Moll. Nom
d'une coquille bivalve, qui affecte la forme
d'un navire, etqui appartient à l'espèce arche.
ANADÈME s. m. (a-na-dè-me — du gr.
anadèma, bandeau). Antiq. Nom donné chez
les Grecs à toutes les bandelettes, à tous les
liens qui servaient à contenir ou à orner la
chevelure.'
ANADÈNE s. m. (a-na-dè-ne — du gr.
anadaiô, j'incendie). Ornith. Genre d'oiseau,
voisin des coucous, et connu sous le nom
vulgaire de boubou.
ANA
ANADÉNIE s. m. (a-na-dé-nî — du gr. a
priv. ; adèn, ènos, glande). Bot. Genre de
plantes de la famille des protéacées, renfer-
mant un petit nombre d espèces propres à
l'Australie, et dont quelques-unes sont culti-
vées dans les serres d'Europe.
ANADI. Myth.ind. Un des noms de Brahma.
anadiplose s. f. (a-na-di-plô-ze — du
gr, ana, de nouveau ; diplôsis, action de dou-
bler). Rhét. Nom donné à la répétition du
mot final d'une phrase ou d'un vers au<com-
mencement de la phrase ou du vers suivant,
comme dans cet exemple de Voltaire :
Il aperçoit de loin le jeune Téligny,
Téhgny dont l'amour a mérité sa fille.
Et dans celui-ci de Bossuet :
« Et les princes et les peuples gémissaient
en vain; en vain Monsieur, en vain le roi lui-
même tenait Madame serrée par de si étroits
embrassements, etc. »
ANADOSE s. f. (a-na-dô-ze — du gr. ana,
à travers; didômi, je donne). Physiol. Distri-
bution des principes nutritifs dans toute l'é-
conomie animale.
ANADROME s. f. (a-na-dro-me — du gr.
ana, en haut; dromos, course). Pathol. Noni
donné au transport d'une humeur des parties
inférieures aux parties supérieures, il Mémo
sensqu'anosfose.
— adj. Ichth. Se dit de certains poissons
qui remontent de la mer dans les fleuves.
Tels sont les saumons, les esturgeons, etc.
ANADYOMÈNE adj. et s. (a-na-di-o-mè-nc
— du gr. anadwmai, je sors do l'eau). Myth.
Surnom donné à Venus, que la mythologie
nous représente sortant de l'écume do la mer,
qui l'avait formée.
la Méditerranée.
Aiiadyomûne (Vénus), célèbre tableau d'A-
Tava
venir mérite d'être conservé. « Ce fut, dit
M. Beulé, sur cette plage mollement arrondie
oui forme ia baie d Eleusis, et sur laquelle le
flot paresseux expire sans qu'on entende son
munnurej.en faee des montagnes de Sulamine
et de Mégare, dont les contours bleuâtres pa-
raissent aussi- transparents que le ciel , au
milieu de toutes les splendeurs et de tous les
sourires de la nature, que Ton vit tout à coup
sortir de l'onde la courtisane Phryné, nue
comme Vénus, belle comme une statue ; puis,
posée sur le sable, les pieds baignés par l'é-
cume de la mer, elle se mit à tordre dans ses
mains sa chevelure humide: Apelle fut telle-
ment frappé de ce spectacle, qu'il rentra chez
lui pour en fixer le souvenir, et peignit la
Vénus Anadyomène, c'est-à-dire son œuvre la
plus accomplie. »
D'autres racontent que cette scène était
convenue entre l'artiste et la célèbre courti-
sane. Aux fêtes de Neptune, elle se dépouilla
de ses vêtements devant toute l'assemblée, et
se baigna dans la mer pour donner à Apelle
une idée de Vénus sortant de l'onde. La Venus
Anadyomène était le chef-d'œuvre d'Apelle ;
objet de l'admiration de toute l'antiquité, elle
excita la convoitise des Romains. Auguste
l'acheta aux habitants de Cos moyennant cent
talents; qui répondent à 500,000 francs de notre
monnaie, et qui, aujourd'hui, équivaudraient
en réalité à plus de 5 millions. Ce merveilleux
tableau fut placé dans le temple de César,
car la famille des Jules prétendait descendre
de Vénus. Plus tard, il se détériora dans sa
partie inférieure, et quoiqu'on invitât les ar-
tistes à le restaurer , aucun n'osa y toucher.
Sous le rogne de Néron, le bois continuant de
se pourrir et la couleur s'altérant de plus en
plus, l'empereur en fit faire une copie par le
peintre Dorothée. En 1759, le comte de Caylus
acheta un bronze antique qu'il jugea être une
imitation de l'œuvre d'Apelle, et qu'il fit graver
dans son Recueil d'antiquités.
Ihologie renfe
l'honneur du chef-d'
C'est en s'inspirant de ces poésies, et pli ...
core des bas-reliefs antiques et des pierres
gravées, que M. Ingres a composé sa Vénus
Anadyomène, figure du style le plus pur, qu'il
a commencée en 1808, peu de temps après son
retour de Rome, et qu'il a reprise quarante ans
plus tard pour lui donner une dernière caresse
de son pinceau. La jeune déesse, debout et
tordant sa longue chevelure blonde, d'où tom-
bent quelques perles amères, se détache lumi-
neusement sur l'azur du ciel et l'azur plus
foncé de la mer. • Il y a dans cette jeune
femme, nue et humide encore, dit M. Du Camp,
dans cette chaleur torride dont on sent l'ha-
leine brûlante autour d'elle, dans la noncha-
lance de sa pose, dans les Amours qui frottent
leurs joues contre ses jambes, qui lui baisent
les pieds, qui l'admirent et la caressent, il y a
une sensualité intime et profonde que l'artiste
a trop bien rendue pour ne pas l'avoir cher-
chée... M. Ingres a usé de tout son talent pour
peindre ces seins à peine formés, ces rotules
arrondies, ces bras délicats, ces pieds éblouis-
sants, et tout ce corps merveilleux plein de la
gaucherie adorable de la jeunesse qui touche
encore à l'enfance. » La Vénus, de M. Ingres,
appartient aujourd'hui à M. Reiset, conserva-
teur du Louvre.
Anndyomcne (Vénus), tableau du Titien, à
Cleveland-House, Angleterre. Le Titien a voulu
représenter dans cette toile la Vénus Aphro-
dite, c'est-à-dire née de l'écume que produisit
sur la mer la mutilation d'Uranus. La déesse
est à peine sortie des eaux vqu'elle pense à sa
parure : elle tord ses cheveux pour en expri-
mer l'onde amère; bientôt elle va les faire
servir a relever sa beauté, en les disposant
avec grâce autour de sa tête. « Ce tableau, dit
Duchesne, est l'un des plus beaux et des plus
précieux qu'ait produits le Titien; il est de la
plus parfaite conservation. Aucun autre ou-
vrage de ce peintre ne peut donner une meil-
leure idée de la haute perfection à laquelle il
parvint dans l'art du coloris, vraisemblable-
ment par les moyens les plus simples et les
plus naturels. Rien dans cette peinture n'est
surchargé ou trop clair; rien n'y est contraire
aux vrais principes de la nature. » Ce précieux
tableau, connu aussi sous le nom de Vénus à
la coquille, a appartenu autrefois à la reine
Christine de Suède ; de là il vint dans la gale-
rie d'Orléans, passa ensuite en Angleterre, où
il fut payé 20,000 francs par le duc de Bridge-
water ; il se trouve maintenant dans la salle à
manger de lord Staiïord, à Cleveland-House.
Augustin de Saint-Aubin a gravé ce tableau
pour la galerie du Palais-Royal ; il a été gravé
une seconde fois par Réveil, dans le Musée de
peinture.
Anadyomine ( Vénus ), statue antique en
marbre, collection Torlonia, à Rome. C'est
une belle statue entièrement nue, ayant un
dauphin à sa gauche. Une abondante cheve-
lure descend très-bas sur sa poitrine ; la main
gauche en saisit une autre partie sur l'épaule.
C'est cette statue qui a inspiré à Alfred de
Musset ces beaux vers de Rolla :
ia le i
00 Vénus Astarté, fille de Tonde amère.
Et fécondait le monde en tordant ses cheveux.
ANADYK, rivière de la Sibérie d'Asie, qui
prend sa source près du cercle Arctique, dans
un lac des monts Aldan, sous le 171» 25' de
long. E. Elle court d'abord vers le sud-ouest,
puis, tournant à l'est, elle suit cette direction
jusqu'à la baie d'Anadyr, golfe de la mer de
Kamtschatka. Cours de 630 kil. Il Partie de la
Sibérie d'Asie , arrosée par le fleuve de ce
nom, montagneuse, couverte de neige pendant
neuf mois de l'année, et habitée seulement
vers l'embouchure du fleuve et dans les petites
baies des environs par une population de haute
taille, robuste et bien formée, les Tshukthes,
qui ont longtemps lutté contre la domination
russe. Le renne et le chien sont les seuls ani-
maux domestiques de cette contrée, où abon-
dent le poisson, les morses et les. autres ani-
AN^:. Pour tous les mots commençant par
ANAÉROÏDE adj. (a-na-é-ro-i-de — du gr.
a priv. j aêr, air). Physiq. Se dit d'un instru-
ment récemment inventé, qui peut remplir
l'office de baromètro.
AN.ŒTHÈNE. V. AnÉTHÈNE.
ANAPESTE (Paul-Luc), premier doge de
Venise, de 697 à 717; inaugura glorieuse-
ment une magistrature qui devait se conti-
nuer pendant onze cents ans, fonda l'unilé
des Iles vénitiennes, réprima les pirates, et
fixa, de concert avec Luitprand, les frontières
de la Vénétie.
ANAGALLIDÉ, ÉE adj. (a-na-gal-li-dé).
Bot. Qui ressemble à l'anagallis.
— s. f. pi. Section de la famille des primu-
lacées, ayant pour type le genre anagallis.
ANAGALLIDION s. m. (a-na-gal-H-di-on —
du gr. anagallis, mouron des champs). Bot.
Genre de plantes de la famille des gentianées,
renfermant une seule espèce, qui habite
l'Asie. Il doit son nom à une certaine res-
semblance extérieure avec l'anagallis ou
mouron des champs, h Quelques écrivains ap-
pellent cette plante anagallide : On a confondu
aoec le mouron une autre plante qui lui res-
semble beaucoup. On la nomme anagalube, et
on lui attribue, à tort ou à raison, la propriété
d'attirer kors des blessures le fer des /lèches.
(Sam.)
ANAGALLIS s. f. (a-na-gal-liss — du gr. ana-
gallis, mouron; formé de anagelaâ, j'éclate do
rire, parce que les anciens prétendaient que
cette plante excitait la gaieté). Bot. Genre de
plantes de la famille des primulacées et de la
tribu des anagallidées. L espèce la plus com-
mune est l'anagallis des champs, vulgaire-
ment appelée mouron des champs, mouron bleu
ou mouron rouge, à cause de la couleur de ses
fleurs, et qu'il ne faut pas confondre avec le
mouron des oiseaux ou morgeline.
ANAGÉNÈSE s. f. (a-na-jé-nè-zo — du gr.
wiagennésis, régénération). Méd. Régénéra-
tion des parties détruites.
ANAGÉNITE s. f. (a-na-jé-ni-te — du gr.
ana, de nouveau; genos, naissance). Miner.
Grauwack© à gros grains, roche dont la pâte
schisteuse ou pélro-siliceuse renferme des
fragments de roches ignées, tels que du gra-
nit, du porphyre, etc.
ANArKH (a-nan-kô). Mot grec signifiant
destin, nécessité, fatalité, et qui a passé dans
la langue littéraire. H sert d'épigraphe à
l'ouvrage de Victor Hugo, Notre-Dame de
Paris : Le guignai, en grec a/api), dispersait
mes espérances. (H. Murger.)
ANA
ANAGLYPHE s. m. (a-na-gli-fe — du gr.
anagluphos, ciselé en relief). Ouvrage sculpté
ou ciselé en relief : La table était recouverte
d'un plateau d'argent massif, orné de ciselures
et o"anaglyfhes. (Mazois.)
— Dessin gravé au burin. ,
— Antiq. Hiéroglyphe transposé ou trans-
formé : Les Egyptiens se servaient «"anagly-
phes pour écrire les louanges de leurs rois,
dans leurs fables théologiques. (Comp. de l'A-
cad.) h Dans ce dernier sens, on dit aussi
ANAGLYPTE.
— Anat. Se disait autrefois du quatrième
ventricule du cerveau.
du cap de Bonne-Espérai
ANAGLYPHIQUE adj. (a-na-gli-fi-ke — rad.
anaglyphe). Dont la surface est garnie d'élé-
vations régulières, pareilles a des sculptures.
Il On dit aussi Anaolyptiquk.
ANAGLYPTE s. m. (a-na-glip-te — du gr.
anagluptos, relevé en bosse). Entom. Genre
d'insectes coléoptères tétramères longicornes,
renfermant deux espèces, qui vivent en
France.
— Antiq. V. Anaglyphe.
ANAGLYPTIQUE adj. (a-na-glip-ti-ke).
Syn. de anaglyphique.
ANAGM, ville épiscopale des Etats de l'E-
glise, délégation, çt à 20 kil. N.-O. de Frosi-
none, 40*kil. S.-E. de Rome; 0,000 hab. —
Située sur le penchant d'une colline que do-
mine la fertile vallée du Sacco, elle occupe
l'emplacement de l'ancienne Anagnia, capitule
des Herniques, appelée la riche par Virgile, la
noble et l'ûlustre par Strabon. C'est la patrie
du pape Boniface VIII, qui y fut souffleté et
retenu prisonnier par Sierra-Colonna, en 1303.
ANAGNosigraphique adj. (a-na-gno-zi-
gra-fi-ko ; gn dur — du gr. anagnôsis, lecture ;
graphe, j'écris). Se dit d'une méthode propre
a enseigner en même temps la lecture et ré-
criture, il Néol. On pourrait dire de même
anagnosigraphie , Art d'enseigner simulta-
nément la lecture et l'écriture , et anagnosi-
graphe, Celui qui emploie cette méthode.
ANAGNOSTÉ s. m. (a-na-gno-ste; gn dur
— du gr. anagnostés, lecteur). Antiq. rom.
Esclave charge de faire une lecture a haute
voix pendant le repas. Cet usago, qui ne s'in-
troduisit à Rome que sous l'empire, est en-
core en vigueur chez nous dans certains col-
lèges, et surtout dans les séminaires et los
communautés religieuses.
— Par ext., et surtout en plaisantant,
Toute personne qui fait aux autres une lec-
ture : Il est vrai qu'à la dernière lecture ,
i'ANAGNOSTK accablé s'endormit si profondé-
ment, qu'avant qu'il pût s'en apercevoir, le ma-
nuscrit était consumé par la flamme. (Ch. Nod.)
ANAGOGE s. m. (a-na-go-je — du gr. ana,
en haut; ago, je pousse). Pathol.Vomissoment.
ANAGOGIE s. f. (a-na-go-jî— du gr. ana,
en haut ; agâ, j'entraîne). Ascôt. Elévation de
l'ame vers les choses célestes.
»— Thcol. Interprétation d'un texte des
Ecritures, par laquelle on s'élève du sens na-
turel et littéral au sens spirituel ou mysti-
que. Il On dit aussi anagogismg.
— Au pi. Antiq. Fêtes que l'on célébrait en
Sicile, afin de rappeler le départ de Vénus
pour la Libye. Le retour de la déesse donnait
lieu à d'autres fêtes, appelées, par opposition,
ANA
311
ANAGOGIQUE adj. (a-na-go-ji-ke — rad.
anagogie). Accét. Qui tient de l'anagogie, qui
a rapport à l'anagogie : Tel consume sa vie
dans une stérile contemplation anagogique,
sans qu'il en résulte rien d'utile à ses sembla-
bles. (Biar.)
— Thcol. Interprétation anagogique, Inter-
prétation qui s'êlèvo du sens littéral et vul-
gaire à un sens spirituel et mystique. Ainsi,
dans le sens littoral, Jérusalem signifie une
ville do la Judée; dans le sens anagogique, et
toujours avec un des qualificatifs céleste, nou-
velle, etc., ce mot désigne la céleste patrie,
ia cité des élus.
ANAGOGIQUEMENT adv. (a-na-go-ji-ke-
man — rad. anagogie). Dans le sens anago-
gique : Là Bible est pleine de passages qui n ont
trait à la religion que pris aNagogiquement.
anagogisme s. m. (a-na-go-ji-sme — rad.
anagogie). Théol. Syn. à'anagogie.
ANAGOG1STE s. m. (a-na-go-ji-sto — . rad.
anagogie). Théol. Celui qui s'occupe de l'ana-
gogie, de l'interprétation des saintes Ecri-
ANAGRAMMATIQUE adj. (a-na-gramm-
ma-ti-ke — rad. anagramme). Qui tient do
l'anagramme, qui a rapport à l'anagramme.
ANAGRAMMATIQUEMENT adv. (a-na-
gramm-ma-ti-ke-man — rad. anagrammati-
que). D'une manière anagrammatique , par
anagramme : Il lui répondit anagrammati-
quement. (L. Gozlan.)
anagrammatisant (a-na-gramm-ma-
ti-zan) part. prés, du v. Anagrammatiser.
ANAGRAMMATISÈ, ÉE (a-na-gramm-ma-
ti-zé) part. pass. du v. Anagrammatiser : On
croyait que les noms anagrammatisés renfer-
maient des prédictions. (Encycl. mod.)
ANAGRAMMATISER v. n. ou intr. (a-na-
gramm-ma-ti-zé — rad. anagramme). S'oc-
cuper d'anagrammes, faire souvent des ana-
grammes : Dorât' fut le premier qui s'avisa
S'anagrammatiser, à l'imitation du poète Ly-
cophron. (Du Bellay,)
— v. a. ou tr. Faire l'anagramr. e d'un mot.
Il On a dit aussi a- —
S'anagrammatiser, v. pr. Etre anagram-
matisé : Certains mots peuvent s'aNagramma-
tiser de plusieurs manières.
ANAGRAMMATISME s. m. (a-na-gramm-
ma-ti-sme — rad. anagramme). Art de fairo
des anagrammes : Artémidore te stoïque a
laissé en son livre des Songes un chapitre de
TanagrammatiSME, ou il montre que, pur l'in-
version des lettrés, on peut expliquer les songes.
(Du Bellay.)
ANAGRAMMATISTE s. (a-na-gramm-ma-
ti-ste — rad. anagramme). Celui, celle qui
fait des anagrammes.
ANAGRAMME s. f. (a-na-gra-me — dû gr.
ana, marquant une idée de renversement; .
gramma, lettre). Transposition des lettres
d'un mot ou de plusieurs mots d'une phrase,
de telle façon que ces lettres forment un autre
ou d'autres mots ayant une signification toute
différente : Parmi les travaux puérils auxquels
se sçnt livrés des esprits oisifs, ingénieux à
créer des difficultés et à les vaincre , un des
plus curieux est J'anagramme. (Encycl. cath.)
—Encycl. L'anagramme a été connue dès ta
plus limite si iniquité. Chez les Juifs,la troisième
partie de Sa cabale appelée Themura, mot qui
signifie changement, n est que l'art de fairo des
anagrammes et de trouver ainsi dans les noms
des sens cachés et mystérieux. Lyeophron
(280 av. J.-C.) faisait subir au nom du roi
d'Egypte Ptolemaios cette transformation flat-
teuse : apomelitos (qui vient du miel), et à celui
de son épouse Arsinoé, celle-ci : ion èras (vio-
lette de Junon). En France, c'est le poète Dorât
qui, sous Charles IX, mit les anagrammes à
la mode. Dès lors chacun s'adonna à cet exer-
cice, qui promettait des découvertes à l'esprit
do satire comme à l'esprit de flatterie, et qui
éveillait des curiosités sérieuses chez les gens
superstitieux. Dans Pierre dé Ronsard, on
trouva Jiose de Pindare ; dans Marie Touchet,
maîtresse de Charles IX, Je charme tout; dans
l'assassin de Henri III, frère Jacques Clément,
C'est l'enfer qui m'a créé; Cornenus Jansmuus
se transforme en Calvini sensus in are; Sacru-
menlum euckaristiœ, en Sacra Ceres viutata
in Christo; Paulvs Apostolus, en Tu salvns
populum ; Marie-Thérèse d'Autriche, en Mariée
au roi irès-ckrétien. Le P. Saint-Louis, au-
teur du poème de la Madeleine, avait anagram-
matisé les toms do tous les papes, ceux des
empereurs, des rois de France, des généraux
de son ordre et de presque tous les saints. Un
avocat du parlement d'Aix, nommé Billon,
ayant présenté à Louis XIII, lors de son entrée
en cette ville, cinq cents anagrammes qu'il
avait laborieusement composées sur son nom,
ce prince fut si enchanté du chef-d'œuvre,
qu'il fit à l'auteur une pension considérable. Il
est vrai qu'en revanche il ne donna jamais
rien au grand Corneille. Un nommé Bachet
composa un poBme en douze cents vers, intitulé
Anagrammeana, dont chaque vers renfermait
une anagramme. J.-B. Rousseau^ rougissant de
son père le cordonnier,- avait d abord changé
son nom en celui de Verniettes ; Saurin trouva
dans ce mot : Tu te renies. De Voltaire, on a fait
O alte vir; de Révolution française. Un Corse
la finira; de Versailles, Ville seras (on sait que
Versailles a commencé par être un simple ren-
dez-vous do chasse) ; de Vigneron, Ivrogne, et
cette anagramme n'est pas la moins piquante ;
enfin- de Lamartine, montant au pouvoir en
1848, Mal t'en ira. En 1789, on fit sur les deux
grands orateurs de l'Assemblée constituante
l'anagramme suivante :
On pourrait faire le pari
Qu'ils sont nés dans la même peau ;
Vous
Mirabtau.
La plus ingénieuse anagramme latine est
celle des paroles que prononça Pilate interro-
geant Jésus : Quid est veritas? (Qu'est-ce
que la vérité?) — Est vir qui adest. (C'est
1 homme qui est ici présent.)
L'histoire littéraire offre un certain nombre
d'écrivains prenant pour pseudonymes les ana- ■
grammes de leurs noms. De Maillet cachait
les témérités de son système cosmogonique
sous le nom de Telliamed ; Calyin écrivait
à la tête de ses Institutions, au lieu de Calvi-
nus,Alcunius ; l'auteur de Pantagruel, François
Rabelais, s'appelait Alcofribas Nasier. L'au-
teur du Zodiacus vitee, poëme latin qui obtint
au xvie siècle un grand succès, avait ana-
grammatisé son nom Pier-Angelo Manzolli
en celui de Marcello Palingenio. En 1815, la
reine Caroline Murât ne put sauver de sa haute
fortune qu'un titre anagrammatisé : comtesse
de Lipona ou de Lipano (Napoli).
L'abbé Catelan, non content des anagram-
mes ordinaires, en inventa une espèce nou-
velle, dite mathématique, qui lui lit découvrir
dans les huit lettres du nom du roi Louis XIV,
les mots vrai héros. On eut encore l'anagramme
numérique, nommée plus proprement chrono-
gramme, où les lettres numérales, c'est-à-dire
celles qui étaient employées dans la numéra-
tion romaine, exprimaient réunies la date de
quelque époque. Le blason , qui a largement
usé du calembour, n'a pas dédaigné l'ana-
gramme .• si la maison de Lorraine porte des
alérions (petits aiglons} dans ses armes, c'est
tout simplement, dit-on, parce qrx'alérion est
Y anagramme de Lorraine.
V anagramme a cessé depuis longtemps d'être
en faveur, et tous les esprits sensés applau-
rs de Colletet :
Ménage, e
— Anecdotes. Un homme de Marseille ayant
passé trois jours à rêver comment il ferait
l'anagramme d'un de ses amis nommé César
V Empereur, ne put trouver rien de mieux que...
l'Empereur César.
On lit sur le piédestal de la statue de saint
Jean-Népomucène, à Bruges, cette ana-
gramme :
Sanctug Joannes Nepomucenus.
M. Modéré, auquel son nom permot de s'oc-
cuper d'anagrammes, même dans nos jours de
révolution, s'étant creusé la tète pour trouver
à sa manière le sens moral de cette devise de
1848 : République démocratique, accoucha labo-
rieusement de ces deux mots, suivis de sa
signature : Craque publique (Modéré).
Lo
's-Gabriel Fardau, procureur e
ut anngc u unis uurpulence en
de famille avait déjà l'air d'une épi-
sneva de le désolei
gramme, Un de .=,.„ a„.,a alJ.iC»» uc .u u
en faisant ainsi l'anagramme de ses trois
Il a l'air du bœuf gras.
Quelqu'un ayant présenté à Henri IV l'ana-
gramme de son nom, dans l'espoir d'en être
bien récompensé, le roi lui demanda quelle
était sa profession : « Sire , faiseur d ana-
grammes, mais je suis fort pauvre. — Je n'en
suis pas étonné, dit le roi, car vous faites là
un pauvre métier. •
Le P. Proust et le P. d'Orléans, tous les
deux jésuites, s'amusaient à tirer mutuelle-
ment de leurs noms des anagrammes satiri-
ques. Le P. Proust ayant trouvé l'Asne d'or
dans le nom de son confrère, le défia de lui
rendre la pareille, attendu la brièveté de son
nom.' Le P. d'Orléans réfléchit un instant, et
s'écria tout joyeux : Pur sot. Le bon père,
affligé de cette découverte, pria immédiate-
ment le roi de l'autoriser à changer de nom.
André Rudigier, célèbre médecin de Leip-
sick, s'avisa, étant au collège, de faire l'ana-
gramme de son nom ; Andreus Itudigierus ; il
y trouva ces mots : Arare rus Dei dignus (digne
de labourer le champ du Seigneur). Il en con-
clut que sa vocation l'appelait à l'état ecclé-
siastique, et se mit à étudier la théologie. Peu
de temps après cette découverte, il devint
précepteur des enfants du célèbre Thomasius.
Ce savant lui dit un jour qu'il ferait mieux son
chemin en se livrant à la médecine. Rudigier
avoua qu'il se sentait plus de goût pour cette
science que pour la théologie, mais qu'il-avait
regardé l'anagramme de son nom comme un
avis du ciel. « Que vous êtes simple ! lui dit
Thomasius; c'est justement l'anagramme de
votre nom qui vous appelle à la médecine :
le champ du Seigneur, n'est-ce pas le cimetière ?
et qui le laboure mieux que le médecin? >
Rudigier ne put résister à cet argument, et se
fit médecin.
ANAGRAMME (Jeu de l'), petit jeu de so-
ciété qui n'exige qu'un peu d'attention de la
part de ceux qui s'y livrent. Il consiste à avoir
une grande quantité de lettres découpées ou
imprimées sur de petites planchettes ou des
morceaux de carton, et à composer avec ces
lettres un mot ou une phrase ; on les brouille
ensuite et on les donne à une personne qui
s'ingénie à retrouver le mot ou la phrase. Soit,
par exemple, le mot poule : on en tire loupe.
Mais ce jeu est susceptible d'une variante, ce
qui se produit quand on donne un mot pouvant
avoir plusieurs anagrammes ; c'est ainsi que,
dans Uranie, on trouve navire, avenir, ravine,
varier (par la substitution permise du « à l'a);
(Je genre d'amusement a été connu des an-
ciens ; il commença à être cultivé en France
sous le règne de François I«f, et chacun s'y
livra avec une espèce de fureur. *
ANAGBOS s. m. (a-na-gross). Métrol. Nom
d'une mesure de superficie en Espagne.
ANAGYRIS s. m. (a-na-ji-riss — du gr.
anaguros, nom d'une plante indéterminée).
Bot. Genre de plantes de la famille des légu-
mineuses, dont toutes les parties ont une
odeur très-désagréab!e, et qui est commun
dans toute la région méditerranéenne.
ANAIUD. Myth. Divinité orientale, que les
Grecs désignaient sous le nom d'Anaîtis, et
qu'ils identifiaient tantôt avec Diane, tantôt
avec Vénus-Uranie. v; AnaItis.
ANA
ANAHUAC, nom qui est le synonyme de
Mexico, et sous lequel on désignait, avant la
conquête du Mexique par les Espagnols, l'im-
mense plateau, composé de rochers porphy-
ritiques, élevé de plus de 2,000 mètres au-
dessus de l'océan Atlantique et de la mer
Pacifique, et qui occupe le cœur du Mexique.
U est formé par le dos même de la colossale
chaîne des Andes, et il sert de base à quatre
gigantesques volcans connus sous les noms de
Popocatepetl,'d'Iztaccihualt, de Citlàltepetl et
de Nauhcampatepetl ou de Coffre de Pérote.
Cenomd'AnaAuac s'appli^ait originairement
à la seule vallée de Mexico. Les Aztèques ap-
pelaient ainsi toute terre voisine de l'eau. Mais
ils distinguaient spécialement trois Anahuae :
le premier, Anahuae- Ayotlan, qui désignait
le rivage de l'océan Pacifique entre Tutepec
et la frontière de Guatemala; le second, qui
s'appelait Anahuae- Xicalanco ; le troisième,
qui était Y Anahuae proprement dit et qui com-
prenait les contours des lacs dans la vallée de
Tenochtitlan ; il était divisé en deux pro -
yinces indépendantes du Mexique, celle de
Toatzacoalco et celle de Xicalanco. Après la
conquête, les Espagnols donnèrent à tout le
pays le nom de sa capitale, et c'est ainsi que
prit naissance la dénomination Mexique, qui
finit par être appliquée à l'immense royaume
de la Nouvelle-Espagne. — Selon la tradition,
les habitants primitifs de l'antique Anahuae
furent les Toltèques, quij ayant été chassés de
Huehuétlapallan, ville du royaume de Tollan,
situé au nord-est du nouveau Mexique, émi-
grèrent à Anahuae et fondèrent, l'année Gfi7
de l'ère chrétienne, une nouvelle monarchie -
qui dura 384 ans, et dont la capitale fut Tollan ,
aujourd'hui Tula, la plus ancienne et la plus
célèbre ville d'Anahuae. Cette monarchie fut
anéantie par une terrible calamité : une séche-
resse générale stérilisa le pays, détruisit toutes
les cultures, et fit périr presque tous les habi-
tants de soif, de faim ou de maladies. La des-
truction des Toltèques laissa le pays d'Anahuae
presque entièrement dépeuplé durant l'espace
de plus d'un siècle, jusqu'à l'arrivée des Thi-
chimèques, originaires des contrées septen-
trionales de l'Amérique. Les derniers habitants
du pays d'Anahuae furent les Aztèques, qui y
fondèrent, en 1327, la grande Tenochtitlan ou
Mexico.
AN AIDÉE (du gr. a priv.; aidas, honte).
Myth. Déesse de l'impudence. Les Athéniens
lui avaient élevé un temple pour détourner
d'eux ses influences funestes.
ANAISTHÉSIE. V. AnestHÉSIE.
anaïte s. m. (a-na-i-te— deAnaîtis, nom
myth.). Entom. Genre d'insectes lépidoptères
nocturnes, formé aux dépens des phalènes, et
renfermant quatre espèces, dont une, l'anaïte
triple raie, est très-commune aux environs
de Paris.
— Bot. Genre de plantes do la famille des
composées, tribu des sénécionidées, la seule
espèce est un sous-arbrisseau du Mexique.
ANAÏTIS, VAnahid des Orientaux, identifiée
par les Grecs tantôt avec Diane, tantôt avec
la Vénus Uranie. En Arménie et chez les
Lydiens, on lui rendait un culte trés-impudi-
que. Les plus belles filles lui étaient consacrées ;
elles s'abandonnaient à ceux qui venaient offrir
des sacrifices à la divinité. Voici comment une
tradition rapporte l'origine de cette fét'e, où
hommes et femmes, mêlés ensemble, se plon-
geaient dans l'ivresse : dans une expédition
entreprise contre les Saces, Cyrus feignit de
fuir, abandonnant son camp à l'avidité des
vainqueurs. Ceux-ci trouvant le camp rempli
de vin et de provisions de toute sorte, s'y eni-
vrèrent et furent surpris par Cyrus, qui en fit
un horrible carnage. Ce prince consacra ce
jour à la déesse Anaîtis, en reconnaissance de
ce triomphe inespéré.
ANAJON s. m. (a-na-jon). Petite lance dont
le bout formait une espèce d'hameçon.
" anak s. m. (a-nak— mot arab.). Myth.
Nom que donnent les Arabes à un géant de
race chananéenne.
ANAKHTAR-AGA s. m. (a-nak-tar a-ga—
mots arab. qui signif. garde-clef). Titre que
porte l'intendant de la table du sultan. L/a-
nakhtar-aga est en même temps l'économe
de la première chambre du sérail.
anakim s. m. (a-na-kimm). Hist. anc.
Peuplade chananéenne qui habitait dans les
montagnes. C'était, dit la Vulgate, une race
de géants. Il On dit aussi anachin.
anakya s. m. (a-na-ki-ia). Myth. ind.
Nom' d'un mouni célèbre par son savoir et sa
piété.
ANAL, ALE adj. (a-nal — rad. anus). Anat.
Qui appartient, qui a rapport à l'anus : L'ou-
verture anale. La région anale, veines anales.
il En général, on donne ce nom à toute partie,
organe, etc., qui a son siège près de 1 anus :
Nervure anale. Tectrices anales. Nageoire
anale, etc. Il PI. anaux : Follicules ANAUX.
ANALA, un des noms donné par les Indiens
au dieu du feu.
ANALABE s. m. (a-na-la-be — du gr. ana,
par-dessus; lambanô, je prends). Sorte d'étole
que les anciens moines grecs portaient sur
leur robe.
analampe s. m. (a-na-lan-pc). Entom.
Genre d'insectes coléoptères pontamèros, éta-
bli aux dépens du genre taupin, et renfer-
mant trois espèces, qui toutes habitent le i
Brésil, |
ANALCIME s. m. (a-nal-si-me — du gr. a
priv.; alkimos, fort)., Miner. Substance miné-
rale ainsi nommée par Haûy, à cause du peu
de vertu électrique qu'elle acquiert par le
frottement. C'est une espèce d'amphigene.
grand nombre de minéraux qui ont entre eux
une assez grande analogie, et qui, d'ailleurs,
se rencontrent dans les mêmes gisements.
ïi'analcime cristallise dans le système cubiqur
de là le nom de cubieite —'— '--= J "■
est composé de sili
d'eau. Sa couleur
blanc; lorsqu'il est
communément des
feu du chalumeau
boursouflement,
i lui donnait. Il
i, d'alumine, de soude et
, plus habituelle est le
oloré, il affecte le plus
mances rougeitres. Au
il fond aisément, sans
n verre incolore et plus
transparent; il est soluble dans les
acides. Le gisement le plus habituel de l'anal-
cime est dans les amygdaloïdes trappéens et
basaltiques; quelquefois il se rencontre, avec
le grenat, l'amphibole, etc., dans les terrains
de cristallisation.
ANALCIS s. m. (a-nal-siss— du gr. analkis,
impotent). Entom. Genre de coléoptères té-
tramères, formé aux dépens des charançons,
et renfermant une douzaine d'espèces, toutes
exotiques.
ANALDIE s. f. (a-nal-dî — du gr. a priv.;
aldeà, je fais croître). Pathol. Langueur, ma-
ANALECTE s. m. (a-na-lèk-te — du gr.
analektos, recueilli). Antiq. Esclave chargé
d'enlever les restes du repas et de nettoyer
la salle à manger, u Au pi. Ces restes mômes,
ramassés sur la table ou dessous.
— Littér. Au plur., Recueil de morceaux
en prose ou en vers, choisis dans les ouvrages
d'un ou de plusieurs auteurs.
analecteur s. m. (a-na-lèk-teur — rad.
analecte). Littér. Celui qui a fait un recueil
d'analectes, qui a réuni des morceaux choisis
d'un ou de plusieurs auteurs : Le métier d'\-
NALecteur n'est pas des plus faciles : il exige
j. i..._.. j.-j.- — ., j '\deux choses qui logent
e tête de bibliothé-
de l'érudition
rarement ensemble dans
eaire. (L. Gozlan.
ANALEMMATIQUE adj. (a-na-Ièmm-ma-
ti-ke — rad. analemme). Astron. Qui appar-
tient à l'analemme. il Instrummit analemma-
tique, Instrument propre à trouver la hauteur
du soleil.
ANALEMME s. (a-na-lè-me — du gr. ana,
en haut; lemma, prise). Astron. Projection
orthographique des cercles de la sphère sur
le plan du méridien, qui permot de trouver
la hauteur d'un astre à un instant donné,
l'heure de son passage au méridien, etc. Ce
mot est à peu près le syn. de planisphère.
— Rem. L'Académie écrit analème par un
seul m. Ce mot est de la même famille que
lemme, qu'elle écrit par deux m; c'est une ir-
régularité qu'une nouvelle édition fera sans
doute disparaître. Du reste, cette différence
d'orthographe dans les mots qui se rattachent
à une même racine n'est pas la seule que pré-
sente notre langue , et quand l'Académie en
sera sur ce chapitre, elle aura fort à faire ;
d'un côté, l'usage; de l'autre, la logique :
donner, donneur; donation, donataire ; — can-
ton, cantonal, cantonade ; cantonner, cantonne-
ment; — charbon, carbone, carbonique; char-
bonnier; — gascon, gasconisme ; gasconnade ;
— son, sonore, sonorité ; sonnerie, sonnette; —
ton, intonation; entonner, etc., etc.
ANALEPSIE s. f. (a-na-lè-psî — du gr. ana,
de nouveau; lépsis, prise). Méd. Rétablis-
sement des forces après une maladie.
ANALEPTIQUE adj. (a-na-lè-pti-ke — rad.
analepsie). Méd. Se dit des médicaments,
des aliments propres à rétablir les forces
épuisées : Les fécules, les bouillons, les gelées
animales sont des aliments analeptiques. Les
personnes qui manquent d'embonpoint doivent
faire usage du chocolat analeptique. (Brill.-
Sav.)
— Miner. Nom donné, dans la nomencla-
ture de Haùy, à une variété do chaux carbo-
natée dans laquelle, par suite de l'intersection
des pans du prisme hexaèdre avec les faces
du rhomboïde inverse, les angles de 104°,
qui existent naturellement sur ces dernières,
sont remplacés par d'autres angles, pour
reparaître dans des parties différentes.
— s. m. Substance qui rétablit !a santé,
qui fortifie : Les analeptiques conviennent d
toutes les personnes qui sont épuisées par de
longues courses, par des travaux excessifs.
(Dict. des Se. méd.)
— Encycl. On groupe sous la dénomination
d'analeptiques certaines substances alimen-
taires propres à rétablir les forces diminuées
ou épuisées par suite de privations, de ma-
ladies ou d'abus des jouissances physiques, et
qui, dès lors, deviennent en réalité des médi-
caments. Parmi les analeptiques se rangent
les fécules de toute espèce, les pâtes qu'on en
fabrique, le lait, les bouillons, les consommés,
les gelées, les œufs, les viandes blanches,
bouillies ou rôties; puis les rouges, telles que
bœuf et mouton. On peut user de quelques
aromates légers dans les aliments ; c'est à ce
ANA
titra que le chocolat à la vanille peut être re-
cherché. Les vins vieux et légers, Surtout
le vin de Bordeaux , doivent être considérés
comme d'excellents et précieux analeptiques.
— Antonyme. Débilitant.
ANALGÉSIE OU ANALGIE S. f. (a-nal-jé-ZÎ —
dugr. a priv.; algos, douleur). Pathol. Absence
de douleur, insensibilité à la piqûre, au pin-
cement.
— Encycl. M. Beau a montré que l'analgésie
ou insensibilité à la douleur peut exister, la
sensibilité au tact étant parfaitement conser-
vée. On constate l'analgésie en piquant la peau
avec une épingle, .en la tordant, en tirant les
poils qui peuvent s'y trouver. L'analgésie est
souvent fort peu étendue. Elle paraît débuter
de préférence par les membres et surtout par
les avant-bras ; elle est aussi fort commune
sur le devant de la poitrine et à l'épigastre.
Les malades ne la remarquent pas, et, par
conséquent, ne l'accusent jamais spontané-
ment. L'analgésie se rencontre dans l'embarras
gastrique, la gastralgie, la fièvre tiphoxde, etc.
C'est un symptôme important de l'hystérie.
ANALGIE s. f. Pathol. V. Analgésie.
analluvion s. f. (a-nal-lu-vion). Géol.
Alluvion ou détritus produit par la décompo-
sition des roches.
ANALOGÉTIQOE s. m. (a-na-lo-jé-li-kc).
Syn. de éclectique.
ANALOGIE s. f. (a-na-lo-jî — du gr. analogia,
"rapport). Sorte de conformité, de ressem-
blance entre deux êtres, deux choses diffé-
rentes : Analogie frappante. Faible analogie.
Il y a de ^'analogie entre l'homme et l'animal,
parce que tous deux ont le mouvement et la vie.
(Acad.) Des faits pourraient prouver ^'analogie
du bois chez les cerfs avec le bois des arbres.
(Bulï.) La plus grande analogie qui existe
entre l'homme et la brute, c'est le, sentiment de
conservation qui leur est commun. (Condill.)
L'analogie a différents degrés de certitude.
(Condill.) Les scolastiques définissent i'ANA-
i.ogie une ressemblance jointe à quelque di-
versité. (Dumars. ) Les- adversaires de tout
principe constitutionnel se sentent bien plus
^'analogie avec les bonapartistes qu'avec les
amis de la liberté. ( Mme de Staël.) Z/analogik
qui existe entre les nations teutoniques ne sau-
rait être méconnue. (M">o de Staël.) Houdra
offre une analogie assez frappante avec l'A-
pollon de l'âge homérique, dieu terrible et
destructeur comme lui. (A. Maury.) Les ana-
logies sont la base des classifications inventées
pour aider la mémoire. (Mme Guizot.) L'ana-
logie est souvent trompeuse. (Chomel.) Le
nombre d'hommes capables de saisir finement
les vraies analogies des choses est impercep-
tible. (Renan.) Ce n'est que par une extension
de sens qu'on donne le même nom aux êtres et
aux faits qui ont entre eux plus ou moins d\-
nalogie. (Renan.)
— S'applique aussi aux choses morales :
Ces deux hommes se sont liés par f analogib
de leur caractère et de leurs goûts. (Acad.)
^'analogie entre tes crimes et les maladies est
visible pour tout observateur attentif. (J. do
Maistre.) La réflexion découvre une foule d'A-
nalogies entre ta durée et l'étendue. (Royer-
Collard.) Il y a dans l'intelligence un besoin de
proportion, d'équilibre, ^'analogie, d'unité,
auquel il ne faut pas tout sacrifier. (Ch. de
Rémusat. ) Les analogies gui ont conduit
l'homme du Nord n'ont pas été celles qui ont
présidé aux associations d'idées de l'homme du
Midi. (Renan.)
— Par analogie, D'après la ressemblance,
les rapports qui existent entre les choses :
Juger par analogie. Baisonner pa
On conclut beaucoup trop souvent pj
(De Lévis.)
— Philos. Analogie universelle. Dans le sys-
tème de Fourier, système d'analogies qui
embrasse toutes les formes, tous les mouve-
ments, tous les êtres de la nature, et par le-
quel ce réformateur prétendait déterminer
les origines et les destinées du monde et de
l'humanité.
— Philol. et gramm. Rapport qui existe
entre les différentes langues, les différents
mots d'une langue, les différentes locutions,
constructions, etc. : Il y a de V analogie entre
le français et l'italien. Le mot passionné est
formé de passion, par la ■même analogie ou'af-
fectionné est formé d'affection. (Acad.) Ce se-
rait témérité de chercher à concevoir l'état
originaire des langues d'après ^'analogie de
l'état actuel. ( Renan.) Entre spiritualisme et
spiritisme, «7 y a une analogie de nom qui at-
teste une communauté d'origine. (Challamel-
Lacour.)
— Dans les sciences, Procédé par lequel on
combine, dans une certaine mesure, l'identité
et la diversité : /.'analogie est le plus puissant
auxiliaire de la mémoire; c'est notre meilleure
méthode d'enseignement et de transmission.
(Charma.) L'analogie et la logique conduisent
l'esprit humain d son insu. (Ballanche.)
— Mathém. Rapport, proportion : Il y a de
et 5, et entre 5 et l. Le rapport ou /'analogib
est 2.
— Astron. Analogie différentielle, Rapports
entre les différentielles des angles et des côtés
d'un triangle sphérique.
— Jeu. On jouait dans une société aux ana-
logies et aux comparaisons. Un billet qui
portait ces mots ; carotte et tragédie, échut
à un homme do lettres, qui répondit sans
hésiter : > Toutes les deux me rappellent
Racine. »
— Enoycl. Log. « L 'analogie, dit très-bien
Condillac, est une chaîne qui s'étend depuis
les conjectures jusqu'à l'évidence. Ainsi l'on
voit qu elle a plusieurs degrés, et que tous les
raisonnements qu'on fait par analogie n'ont
pas la même force. • L'analogie joue un rôle
important dans la conduite de la vie; elle est
le fondement d'un grand nombre de raisonne-
ments philosophiques. C'est par l'analogie que
notre pensée et notre sentiment atteignent ce
que certains philosophes déclarent inaccessible,
les causes premières et les causes finales. Dans
les sciences, elle est le point de départ de
toutes les hypothèses et par là même des re-
cherches et des expériences que les hypothèses
suggèrent. C'est surtout dans les sciences qui
s'occupent des origines (origine des planètes,
origine des rochers, dés montagnes, des con-
. tinents, etc., origine des espèces, origine des
langues, des mythes, etc.) que l'analogie se
montre un de nos instruments logiques les plus
féconds. On raisonne par analogie : 1° lors-
qu'on juge du rapport qui doit être entre les
effets par celui qui est entre les causes, ou du
rapport qui doit être entre les causes par celui
qui est entre les effets ; 2° lorsque l'on conclut
de Vanalogie des moyens a celle de la fin ; 3»
lorsqu'une ressemblance partielle fait admettre
une ressemblance totale. Dans son Art de rai-
sonner, Condillac donne un exemple qui fait
sentir tous les différents degrés d'analogie.
• Je suppose, dit-il, deux hommes qui ont vécu
si séparés du genre humain, et si séparés l'un
de l'autre, qu'ils se croient chacun seul de leur
espèce. Si, la première fois qu'ils se rencon-
trent, ils se hâtent de porter l'un de l'autre ce
jugement : il est sensible comme moi, c'est Va-
nalogie dans le degré le plus faible; elle n'est
fondée que sur une ressemblance qu'ils n'ont
point encore assez étudiée. Ces deux hommes
commencent à se mouvoir, et l'un et l'au-
tre raisonne ainsi : Le mouvement que je
fais est déterminé par un principe qui sent;
mon semblable se meut; il y a donc en lui un,
pareil principe. Cette conclusion est appuyée
sur l'analogie qui remonte de l'effet a la cause ;
et le degré de certitude est plus grand que
lorsqu'elle ne portait que sur une première
marque dans mon semblable des
toujours relatifs à sa conservation ;'il recher-
che ce qui lui est utile, il évite ce qui lui est
nuisible, etc. Alors il lui supposera, avec plus
de fondement, le même principe de sentiment
qu'il aperçoit en lui-même. S'ils considèrent
ensuite qu ils sentent et qu'ils se meuvent l'un
et l'autre par les mêmes moyens, l'analogie
s'élèvera à un plus haut degré de certitude. »
— Gramm. et rhét. Le mot analogie s'ap-
plique au rapport de ressemblance ou d'ap-
proximation qu'il y a entre une lettre et une
autre lettre, ou bien entre un mot et un autre
mot, ou enfin entre diverses locutions, con-
structions, etc. :
•I. — Analogie entre les lettres. Il y a
analogie entre b et p; f et v; entre c et g ;
entre d et t; entre ch et j; entre $ et z;
entre m et n. On peut remarquer dans notre
langue Vanalogie de eu et de ou dans : preuve,
prouver; émeute, émouvoir ;■ œuvre , ouvrier;
je peux, pouvoir; je veux, vouloir; jeu,
jouer, etc. L'analogie des lettres explique
leurs permutations dans les diverses langues.
■ On observe l'analogie entre les consonnes,
dit M. Chavée : l° quand deux consonnes sont
produites à l'aide des mêmes organes de la
bouche, comme b, v; 2» quand deux consonnes
sont le résultat d'un même procédé dans le
moulage de la colonne d'air chassée des pou-
mons, comme p, k;3° quand les deux bruits
sont dé même espèce, font la paire, comme les
deux soufflantes f et v, et les deux explosives
pet b.
II. — Analogie entre mots, locutions,
constructions. Il y a analogie entre notre on
dit (formé de homme dit), et le man sagt des
Allemands; entre le proverbe grec-: Porter
une chouette à Athènes, le proverbe latin :
Porter du bois à la forêt, et le proverbe fran-
çais : Porter de l'eau à la rivière; entre cette
locution de Bossuet : Dormir son sommeil, cette
autre de Voltaire : Songer un beau songe, et
celle-ci : Combattre le bon combat.
ÀNA
change pas au féminin. Plus tard, ce fut éga-
lement Vanalogie qui soumit à une règle gé-
nérale la formation du féminin dans les adjec-
tifs, quelle que fût leur origine ; c'est Vanalogie
qui a ramené à quatre types les conjugaisons
de nos verbes ; c'est l'analogie entre les mots
dérivés et les- mots primitifs qui a fait l'ortho-
graphe indépendante de la prononciation ; c'est
l'analogie qui sert de fil conducteur à l'étymo-
logiste pour remonter à l'origine des mots, et
qui, quelquefois, l'égaré dans cette recherche,
lorsqu'il lui donne pour base des rapproche-
ments de fantaisie plutôt que la comparaison
vraiment scientifique des langues.
IV. — Analogie dans les figures. L'ana-
logie entre le son et l'idée produit l'onomato-
pée, qui forme l'élément sans doute le plus
ancien du langage, et dont l'emploi étendu à
toute une phrase constitue l'harmonie imitative ;
nous en avons des exemples dans un grand
nombre de mots français : coucou, glouglou,
tic tac, murmure, bêlement, sifflement, etc. La
métaphore et, en général, les tropes, sont le
fruit de l'analogie, qui rapproche et réunit dans
l'esprit deux objets, et applique à l'un l'expres-
sion qui sert a désigner 1 autre. Remarquons,
en passant, que cet emploi de l'analogie ne sert
pas seulement à embellir le discours , mais
qu'il a dû fournir tous les signes par lesquels
les hommes ont exprimé les idées qui s'écar-
tent des sens; nous ne pouvons en effet parler
' de l'âme sans lui communiquer en quelque
sorte les qualités des corps.
—Math. Dans les mathématiques, analogie est
'nonyme de proportion. On nomme analogies
; Napier (ou Néper) quatre formules décou-
vertes par ce géomètre pour la résolution des
triangles sphériques.Ces formules, très-usitées
dans les calculs trigonométriques, sont les
suivantes :
cos 1/2 (B-C)
tanglMb + O-coU/Eax^^^
sin 1/2 (B — C)
tangi/«(b--c)-coti/«»x
ANA
313
syni
de r
1/2 (b+c).
1/2 (b-
III. — Analogie dans la formation et les
inflexions des mots. C'est l'analogie qui a
présidé à la formation des mots dans toutes
les langues. C'est elle que l'on suit encore
" quand on crée de nouveaux mots. Ainsi affection
donne affectionner; ambition, ambitionner;
comme raison, raisonner; comme passion, pas-
sionner; de singulier, nous tirons singulariser,
comme régulariser de régulier, particulariser
de particulier. Souvent, sans recourir à un
mot nouveau, on donne aux mots déjà reçus
une acception nouvelle, fondée sur l'analogie.
L'analogie est d'un grand usage : pour tirer des
inductions sur les déclinaisons, conjugaisons,
genre, orthographe, étymologie ; pour étendre
par des règles générales à tous les cas sem-
blables les premières décisions de l'usage ;pour
en compléter ou pour en restreindre les écarts,
en les soumettant autant que possible à une
loi. Ainsi l'invariabilité primitive du mot grand,
qui nous a laissé grand'messe, grand' chambre,
grand'mère, s'explique par l'analogie de ce mot
avec le latin grandis, dont la désinence ne
tangl/2(B + C) = cotl/2Ax -
tangi/2(B-C) = cot1/2AxSs;ni/2(b+c)
— Biol. Le mot analogie a, dans la science
de la vie, deux acceptions diiîérentes. 11 peut
conserver son sens général, ou exprimer seu-
lement le rapport de correspondance que pré-
sentent dans les divers organismes les parties
qui ont la même position relative. Ce dernier
sens, plus récent, a prévalu en anatomie com-
parée. V. Analogue.
— Philos. En vertu de l'unité de système,
dont il fait un attribut du Créateur, le fourié-
risme voit dans Vanalogie un principe de la
nature, une loi positive et générale de la créa-
tion. Suivant Ch. Fourier, ce n'est pas au
hasard que les formes, couleurs, odeurs, sa-
veurs, etc., sont départies aux animaux, vé-
gétaux, minéraux. Cette distribution des pro-
priétés qui distinguent les êtres dépend d une
loi précise, qui veut que chaque fait observé
dans un règne soit symbolisé et en quelque
sorte traduit dans un autre règne. Ainsi , la
vie d'un végétal ou d'un animal raconte fidèle-
ment l'histoire d'un homme doué d'un certain
caractère et se développant dans un certain
milieu. Les" effets fâcheux que produisent sou-
vent nos penchants dans les sociétés présentes
expliquent la création des animaux et des vé-
gétaux nuisibles à l'homme. Ces êtres sont
nécessaires à la symétrie, au parallélisme sui-
vant lequel procède la nature. En un mot,
toutes les propriétés des êtres inférieurs sont
des symboles dont l'âme humaine et la société
humaine donnent le sens. Le bien et le mal de
la nature sont liés par un rapport emblémati-
que au bien et au mal de la société , parce
qu'une harmonie préordonnée existe entre les
lois physiques de chaque planète, et l'état de
justice et d*ordre où ses habitants ont su
En vertu de l'analogie universelle, chacune
des grandes époques du progrès social doit
être- marquée pat un progrès corrélatif de la
nature,' de sorte que la même loi qui explique
les origines permet de prévoir et de déterminer
les destinées. En passant à un état social su-
périeur, nous susciterons.la création de nou-
veaux êtres dont les propriétés représenteront
analogiquement les caractères qui se manifes-
teront dans la nouvelle société. Par exemple,
dans notre milieu social, tel homme devient
un bandit; il est représenté dans le règne ani-
mal par le loup, et c'est l'existence du bandit,
produit de notre société, qui donne au loup,
produit de la nature , sa significati — "' -~
— Syn. Analogie, convenance, eorrespon-
dnnee, rapport. Le rapport exprime un faible
rapprochement, et quelquefois même le con-
traire; car on dit bien un rapport de diffé-
rence, d'opposition. L'analogie est un rapport
de ressemblance : Quelques naturalistes ont
été frappés de ces traits de ressemblance et de
la grande analogie de nature qui se trouve
entre ces oiseaux. (Buff.) La correspondance
est un rapport de corrélation et de réciprocité :
Secondons la loi chrétienne par une pleine cor-
respondance. (Bourd.) La convenance est un
rapport entre choses qui vont bien ensemble :
Saint Clément, pour attirer les philosophes à
la religion, cherche toutes les convenances
entre la philosophie et le christianisme. (Boss.)
similitude. L'analogie a trait à certains rap-
ports observés, dont on tire des inductions :
Ceux qui regardent la femme comme un homme
imparfait ont tort sans doute; mais ^'analogie
extérieure est pour eux. (J.-J. Rouss.) Bes-
semblance regarde l'extérieur ou la forme :
Le nombre des ressemblances est beaucoup
plus grand que celui des différences. (Buff.l La
similitude a, lieu entre les objets corporels et
physiques : On remarque entre les animaux une
similitude de conformation. (Buff.) La con-
formité existe entre des choses abstraites, intel-
lectuelles ou morales : Conformité d'habitudes.
'— Antonymes. Contradiction, différence,
dissemblance , divergence, diversité, hétéro-
généité, opposition.
ANALOGIQUE adj. (a-na-lo-ji-ko — rad.
analogie)'. Qui a do l'analogie, qui tient de
l'analogie : Lois analogiques. Rapport ana-
logique. La métaphore doit être analogique.
(ïrév.) Les idées d'une société sont analogi-
ques, ou la société se dissout. (Chateaub.)
L'univers, considéré comme ensemble, nous offre
le rapport analogique le plus général, exprimé
par le mot création. (J.-D. Simet.)
— Miner. Dont la forme présente des rap-
ports remarquables avec des variétés du
même genre : Cristal analogique. Chaux car-
bonatée analogique.
— Lexicogr. Dictionnaire analogique , Nom
donné à un dictionnaire qui groupe les mots
selon les rapports de similitude ou de dépen-
dance mutuelle, au lieu de les présenter au
hasard de l'ordre alphabétique. Aucun autre
lexicographe n'a pu donner avant nous cette
nouvelle acception du mot analogique, puisque
le Dictionnaire analogique de la langue fran-
çaise, par M. P. Boissière, est une publication
toute récente, et que, jusqu'aujourd'hui, notre
langue ne possédait aucun ouvrage rédigé sur
ce plan. Le grand avantage qui résulte de
cette conception toute nouvelle , qui certai-
nement ne tardera pas à être appliquée aux
autres langues de VEurope , c'est qu'on peut
toujours, et presque instantanément, retrou-
ver toutes les expressions peu usuelles qui
échappent à la mémoire, pourvu qu'on sache
rattacher ces expressions à des mots mieux
connus avec lesquels l'idée qu'on veut expri-
mer offre des rapports , des analogies quel-
conques. Afin que le lecteur comprenne mieux
la nouveauté et l'utilité du Dictionnaire ana-
logique , nous allons , parmi les deux mille
groupes de mots environ dont il se compose,
en présenter deux de nature assez diffé-
rente pour qu'on puisse se faire une idée de
l'ensemble. Le premier se trouve après le
mot caprice , et le second après pont ; ca-
price et pont sont ce que l'auteur appelle des
chefs de groupes, et ces chefs de groupes sont
faciles à trouver, puisqu'ils sont rangés entre
eux selon l'ordre alphabétique. Il est évident
que, pour retrouver chacun des termes corréla-
tifs placés dans ces deux groupes, au cas où ces
termes auraient échappé à la mémoire et alors
même qu'on aurait l'idée sans avoir jamais
connu le mot, tout se réduirait à chercher
caprice ou pont, et à parcourir rapidement la
série des corrélatifs :
d'être. Supposons une société nouvelle,
où les passions et les énergies qui auraient fait
un bandit parmi nous trouvent leur place, et
pour ainsi dire leur emploi social, un homme
doué de ces passions et de ces énergies, désor-
pour emblème un animal rallié à rhomme que
Fourier nomme anti-loup.
Il est inutile de faire observer .que ces spé-
culations sur l'analogie universelle n'ont aucun
caractère scientifique ; elles ont excité souvent
la raillerie , sans la mériter plus que bien
d'autres conceptions métaphysiques ou reli-
gieuses. Ajoutons qu'elles ont agrandi le do-
maine de l'imagination et sont devenues, sous
la plume spirituelle de M. Toussenel, une
CAPH1CE,
Acte ou volonté qui paraît sans motif ou dont
le motif est bizarre.
Accès , manifestation soudaine de quelque
passion.
Arbitraire, despotique, basé sur une volonté
dont il ne faut pas chercher la cause.
Avcrtiu, accès; — Avertineux. Pop.
Bizarrerie , singularité, etc.
Botte» : à propos de bottes.
BuuBée, accès passager.
Boutade, caprice avec vivacité et brusquerie.
Califourchon (c'est son), sa manie habituelle.
CuprUont ou Copricoiu (pouls), irrégulier,
qui saute comme une chèvre. (
Coup de tète, acte qui tient du caprice.
Da<i» (c'est son), sa manie habituelle.
Enfantillage, se dit de petits caprices.
Envie de femme grosse, etc.
Extravagance, caprice insensé.
Fantaisie , caprice ; — Fantaisiste ; — Fan-
tasque, qui tient du caprice; — Fantasque-
ment, par fantaisie.
Folie; étourderie ; escapade; fredaine; fras-
que; inconséquence; incartade; tocade..
Foucade , — Fougade , se disent quelquefois
pour boutade.
GotH passager.
Gratuitement, sans motif, par caprice.
Grippe, aversion subite, non motivée : prendre
en grippe.
Humeur capricieuse*, — Humoriste, qui a de
l' — Humeur, tournure d'esprit qui tient du
caprice.
Inégalité d'humeur.
Irrêguiior, qui s'écarte de toute règle.
Journalier, dont les caprices changent d'un
jour à l'autre.
Léger, inconséquent.
Lubie, caprice maussade.
Lunatique, qui a des lunes; — Lune, caprice
qui dure un certain temps et qui tient de
1 entêtement.
Mauiaquo , qui a des manies ; — Manie, goût
bizarre et habitue! ; idée fixe.
Marotte, ce qui plaît à un fou.
Monomane, atteint de monomanie; — Monoma-
nie, manie qui se rapporte à un objet unique.
Monté pour ou contre, qui aime ou hait par
caprice. '
Musquée* (fantaisies), singulières, affectées.
Opsomane , celui qui aime un aliment avec
manie ; — Opsomanie.
Passade, goût passager. .
Pica, goût capricieux et dépravé pour certains
aliments.
Quinte, caprice passager avec mauvaise hu-
meur; — Quinteux, qui a des quintes.
Rat , caprice : avoir des rats dans la tête ; —
Ratier, qui a des caprices. Pop.
Saillie, idée qui vient subitemenf.
Tête : se mettre, se fourrer dans la tête.
Toupet : son toupet lui prend. Pop..
Travers, caprice déraisonnable..
Vapeurs, désigne quelquefois certains caprices
de femme.
Vcrtigo, caprice insensé.
Volontaire, qui a des volontés déraisonnables.
PONT,
Construction servant à traverser un cours
Aile», murs du côté de la tête des culées.
Aire, partie sur laquelle on marche.
Aphracte (navire) sans pont, non ponté.
Arcade, Arche, partie cintrée entre deux piles.
Arrière-bec et Avnnt-uoc, angles d'une pile ,
éperons.
Bajoyers , bords de la rivière et murs con-
struits près des culées.
Bandeau , corniche régnant dans toute la
Bascule, sert à lever ou baisser un pont-lcyis.
Bateaux (pont de); — pont Biais, oblique à
la rivière ; — pont de Bois.
Bouteroue, bande de fer pour recevoir les
Brise-glace, pieux pour briser les glaces.
Bmtéo , massif de pierre à chaque extrémité.
Câbles ou Chaîne», pour les ponts suspendus.
Canal (pont-), sur lequel passe un canal.
Cataphracte (navire), ponté, chez les anciens.
Chaiiie» d'un pont-levis, d'un pont suspendu.
. Chape, couche de chaux hydraulique pour
empêcher l'infiltration des eaux.
Cboriôt, formé de doux cercles concentriques,
dans les ponts tournants.
Cbovnicts (pont de), jeté rapidement sur une
rivière , pont volant.
Cintres fixes ou retroussés, pour la construc-
tion des arches.
Contre-sarde, pierres autour du pied d'une
pile. , '
Coucbis, ce qui est sous le pavé d'un pont.
Culée, massif de maçonnerie qui soutient
chaque arche extrême. , ,
Dégravoicnicnt ; — Dégravoyer, se dit de l'oaa
qui déchausse, qui dégrade les piles.
Dormant, (pont), fixe, immobile.
Encaissement ( construire par), sans épuiser
l'eau et en laissant tomber les pierres dans
des espèces de caisses ; — construire par
Enrochement et sur pilotis.
Estnehes d'un pont, solives, poutres.
Fer (pont de). — Flèche d'un pont-levis. .
Flottant (pont), ou Ponton.
Grillage en pièces de bois, remplace quelque-
fois le radier.
Harpe, espèce de pont-levis.
Jetée, qui s'avance dans la mer. — Jeter un
Levis ( pont- ) , qui se baisse et se lève , sur
Lisse , pièce courante qui couronne le garde-
fou. -
Maîtresse arche, celle du milieu. ■ .
Mascaron, tête sculptée au-dessus des arches. ■
Montée de pont, différence de niveau entre la
milieu et les extrémités.
Œil de pont , ouverture au-dessus d'une pile. '
Parapet, petit mur servant de garde-corps ou
garde-lou.
Passerelle, pont étroit et léger pourlespiétons.
Péage, droit à paver pour le pas ' '■
■ Déagei-Péager
^0„, -— 0-, - Perré,
irètement qui empêche les dégradations,
40
314
ANA
Pic<i«-<iroit->, portiques, massifs pour soutenir
ou attacher les chaînes des ponts suspendus.
Pierre ( pont de). — Pile , massif entre deux
arches.
Poncent, ou Ponccl , petit pont; — navire
Ponté, qui a un pont ; — frères Pontifes ,
corporation des anciens constructeurs de
ponts; — Ponton, poutrelles soutenues par
deux bateaux ; — Pontonage, péage ; — Pon-
tonnier, celui qui reçoit ce péage; — les
Ponts et chaussées, administration.
Poui-nerrha , pont qui conduit au ciel de
Mahomet.
Poussée de la voûte.
Quart de cercle denté, dans les ponts-levis.
Radier, sol factice sur lequel on construit les
piles.
Roulant (pont), dont le tablier se retire en
arrière en glissant sur des rouleaux.
Sniitt-aiii>izie<, pont de cordes sur les navires.
Seuil ou Sommier d'un pont-levis.
Sooiiiord , pièce de charpente posée sur des
S..biie"ie» (pont) ou Snblici..,, à Rome.
Suspensoires, tringles de fer suspendues aux
chaînes et portant le tablier.
Tnbiicr, poutres, planches, pavé, qui forment
la partie sur laquelle on marche.
Tête d'un pont. — Tillac, pont de navire.
Tournant (pont), sur les canaux.
Tiniij.poi.iin, qui est au delà des ponts, opposé
à : eispontin, qui est en deçà.
Truvéo d'un pont, partie entre deux piles.
Trottoir», de chaque côté du pont , autrefois
banquettes.
TuiMiioire .(pont), formé de tubes gigan-
tesques.
Tympan , partie entre le tablier et la rondeur
des voûtes.
Viaduc, pont sur une vallée pour un chemin
de fer. — Pont volant formé de deux parties,
dont l'une avance ou recule au moyen de
poulies ou de cordages. — Volée : pont-levis
a une ou plusieurs volées.
Ici, le Grand Dictionnaire universel du
xixe siècle a une confidence importante à
faire à ses lecteurs. On comprend, sans qu'il
soit besoin d'insister sur ce point, qu'un Vie-
ANA
Castigat ridendo mores. Devise de la comédie.
Concordia, induslria, inlegritas. Devise delà
famille de Rothschild.
Dieu et mon droit. Devise de l'Angleterre.
Ense et aratro. Devise du maréchal Bugeaud.
Etiamsi omnes , ego non. Devise de la famille
d Autichamp.
Fais ce que dois, advienne que pourra. Devise
de 1 ancienne chevalerie.
P. E. R. T. Fortiludo ejus lihodum tenuit. De-
vise de la maison de Savoie.
Fluctuât nec tnergitur (sui
de la ville de Paris.
j). Devise
Devise de la République
"" TO™'1' UU1WSL r , ^ „,,-
Uonnaire analogique, consacré exclusivement
aux mots de la langue usuelle, est une œuvre
nécessairement incomplète. Combien de fois
un nom propre historique, géographique, my-
thologique, littéraire, etc., n'échappe-t-il pas
a la mémoire? D'autre part, n'arrive-t-il pas
souvent que l'écrivain, le journaliste, celui
enfin qui tient la plume, se trouve dans la né-
cessité de faire une énumération, pour donner
à sa phrase l'ampleur, la rondeur et même la
clarté nécessaires? Il lui faut, par exemple, les
favoris célèbres, les courtisanes célèbres, les
grands traités de paix, les batailles fameuses
les découvertes importantes, les noms de ceux
qui se sont illustrés en combattant pour l'indé-
pendance de leur pays ou pour leur propre af-
franchissement : Philopœmen, Spartacus, Wi-
tikind, Pelage, Bolivar, Schamyl, Abd-el-
Ivader, etc., etc.; _ les grandes épopées, les
grandes œuvres artistiques, les grands réfor-
mateurs: Platon, Campanella, Thomas Morus,
Robert Owen, Saint-Simon, Fourier, Pierre
Leroux, Cabet, Enfantin, l'abbé de Saint -
Pierre, Babeuf, Harrington, etc., etc. ; — les
grands économistes : Malthus, Quesnay Tur-
got, Ad. Smith, J.-B. Say. Ricardo, Carey
Dufloyer, Adolphe Blanqui , Bastiat, Prou-
dhon, etc., etc.. Eh bien, dans quel livre le
journaliste, 1 écrivain, puisera-t-il ces rensei-
gnements? Aujourd'hui (août 186-4 ), ce livre
n existe pas, à vrai dire , car il n'est encore
qu en préparation. Ce Dictionnaire — non pas
analogique, car ce mot ne rendrait pas tout à
fait notre pensée, mais idéologique et mono-
graphique — formerait un supplément itu
Grand Dictionnaire universel, qu'il compléte-
rait dans toutes ses parties; ce serait, pour
iiement de l'édifice. Du reste, pour que le
ecteur puisse se faire une idée plus nette de
importance, de l'utilité , de l'étendue et de
la nouveuuté de cet ouvrage, nous allons
donner des aujourd'hui quatre groupes idéo-
logiques, qui, imprimés -u cette page par anti-
cipation, nous assurent la propriété d'une idée
neuve, dont l'auteur du Grand dictionnaire
universel se réserve tous les droits.
Hercule.
Ismaël.
Jephté.
Romulus et Rémi:
Jugurtha.
Boccace.
Danois..
César Borgia.
Léonard de Vinci.
Erasme.
L'Arétin.
Alex. Sforza.
> eélcljreil :
Don Juan d'Autriche.
César de Vendôme.
Chapelle.
Maréchal de Berwick.
Maréchal de Saxe. •
D'Alembert.
Mlle de Lespinasse.
Chamfort.
Général Championnet.
Delille.
Hégésippe Moreau.
«■ ''eGirardin.
Devise. eëïè1,res :
Ad majorem Dei gloriam. Devise de la Com-
pagnie de Jésus.
A. E. I. 0. U. Austriœ est imper are orbi uni-
verso. Devise de la maison d'Autriche,
Fraternité
de 93
Honneur et patrie. Devise de l'ordre de la
Légion d'honneur.
Honni soit qui mal y pense. Devise de l'ordre
de la Jarretière.
Inde fortuna et libertas (au-dessous d'une
plume). Devise de Scribe.
Je ne suis roi, ni prince cy :
Je suis le sire de Couaj.
Devise de la famille de Coucy.
Liberté, égalité, fraternité. Devise de la Ré-
publique de 1848.
L'union fait la force. Devise de l'ordre de
Leopold, en Belgique.
Malo mon quam fœdari (au-dessous d'une
hermine). Devise de la maison de Sicile.
Nec pluribus impar. Devise de Louis XIV.
Nutrior et extinguo (au-dessous d'une sala-
mandre). Devise de François 1er.
Omnibus unus. Devise du Grand -Orient 6e
France.
Qui ne sait pas dissimuler ne sait pas réqner.
Devise de Louis XI.
Quo non ascendam. Devise de Fouquet.
Susline et abstine. Devise des stoïciens.
Vincit quem respicit hostam (au-dessous d'une
tête de Méduse). Devise de Louis XII.
Vitam impendere vero. Devise de J.-J. Rous-
seau et de Marat.
Pour l'explication des devises latines, voir
ces devises à leur ordre alphabétique.
Singularités de caractère, d'habitudes , etc.
Ampère. Regardait toujours fixement, en fai-
sant son cours, un bouton d'habit de l'un
de ses auditeurs.
Auguste. S'entourait sans cesse de perroquets.
Bacon. Tombait en défaillance pendant une
éclipse de lune.
Bayle. Avait des convulsions quand il enten-
dait le bruit de l'eau sortant d'un robinet.
Bourdaloue. Jouait un air de violon avant de
monter en chaire.
Brézé (le maréchal de). S'évanouissait à la
vue d'un lapin.
Buffon. N'écrivait qu'en habit de cour, et
Caraccioli. Avait peur d'une souris.
Casimir Delavigne. Composait en se prome-
nant, et faisait toutes ses pièces de mé-
Crébillon. Composait ses tragédies ayant
deux corbeaux (ses conspirateurs) sur sa
Cujas. Travaillait couché par terre.
Erasme. Etait "pris d'un accès de fièvre à la
vue d'un poisson.
Haëndel. Ne composait que dans l'ivresse.
Honorius. Croyait son sort attaché à la vie
d'une poule appelée Borne.
Jacques 1er. Tremblait à la vue d'une épée nue.
Juste-Lipse. Aimait les chiens avec fureur.
Lalande. Mangeait des araignées.
Malebranche. Voyait un gigot sur le bout de
Médicis (Catherine de). Ne pouvait supporter
l'odeur de la rose.
Méhul. Plaçait sur son piano une tête de
Mbzerai. Ne travaillait qu'à la chandelle, en
plein jour, dans une chambre hermétique-
ment fermée.
Nabuchodonosor. Se croyait changé en bête.
Pascal. Croyait voir un -précipice toujours
ouvert à son côté.
Richelieu (le cardinal dis). Etait constamment
entouré de chats.
Samuel Bernard. Croyait sa vie liée à celle
Scaliger. Frémissait à l'odeur du cresson.
Siméon Stylitk. S'était retiré sur une colonne.
Socrate. Avait un génie familier.
Tycho-Brahé. S'évanouissait à la vue d'un
Walter-Scott (enfant). Ne .pouvait réciter
ses leçons qu'en tournant un de ses bou-
tons entre ses doigts.
Abimélech. Broyé par une meule de moulin.
Absalon. Suspendu par les cheveux.
Actéon. Dévoré par ses chiens.
Affre (Mgr). Tué sur une barricade.
Anacréon. Etranglé par un pépin de raisin.
Antée. Etouffé par Hercule.
Arétin (V). Mort en riant.
Bajazet. Mort dans une cage de fer.
Brunehaut. Traînée par un cheval indompté.
Charles le Mauvais. Brûlé dans l'esprit-de-
Clarence (le duc de). Noyé dans un tonneau
de malvoisie.
Clément XIV. Empoisonné dans une pastèque.
Diomède. Dévoré par ses chevaux.
vDrake (l'amiral). Dévoré par des crabes.
Eschyle. Tué par la chute d'une tortue.
Gabrielle d'Estrées. Empoisonnée par une
. orange.
Goliath. Tué d'un coup de fronde.
Henriette d'Angleterre. Empoisonnée dans
un verre d'eau.
Isaïe. Scié entre deux planches.
Jeanne d'Albret. Empoisonnée par des gants.
Laocoon. Etouffé par deux serpents.
Laurent (Saint). Brûlé sur un gril.
Marat. Assassiné dans un bain.
Marsyas. Ecorché vif par Apollon.
Milon de Crotone. Dévoré par les loups.
Pilàtre de-Rozier. Précipité d'un ballon.
Pline l'Ancien. Englouti sous les cendres du
Vésuve.
Prévost (l'abbé). Ouvert vivant par un chi-
rurgien.
Pyrrhus. Tué par une tuile.
Régulus. Roulé dans un tonneau hérissé de
pointes de fer.
Samson. Enseveli sous les ruines d'un temple.
Sisara. Eut la tête percée d'un clou.
Sophocle. Mort de joie.
Thersite. Tué d'un coup de poing.
Ugolin. Mort de faim.
évident que les petites explications
tmaires placées ici après chaque nom
propre n'ont pour objet que de rappeler à la
mémoire les développements beaucoup plus
étendus qu'on pourra toujours retrouver dans
notre Grand Dictionnaire, en y cherchant les
noms propres à leur place alphabétique. .
Les Monographies, dont nous avons déjà
publié de3 spécimens dans l' Ecole normale,
peuvent servir à prouver que depuis long-
temps déjà l'idée que nous exposons ici était
fixée dans notre esprit. Cependant, comme
nous avons entrepris une œuvre de longue
haleine qui doit passer la première, nou* avons
Cru devoir profiter de l'occasion qui se pré-
Sente pour dire que nous nous réservons la
propriété exclusive de ce domaine jusqu'à ce'
jour inexploité, et dans lequel nous venons de
planter le piquet. Et ces précautions ont leurs
raisons d'être, aujourd'hui surtout que, par
des subterfuges indignes d'une discussion sé-
rieuse, on cherche à nous disputer la priorité
de certaines parties neuves, qui figurent pour
la première fois dans ce dictionnaire.
analogiquement adv. (a-na-lo-ji-ke-
man — rad. analogie). D'une manière analo-
gique; par analogie : Raisonner analogique-
ment. Conclure analogiquement.
ANALOGISME s. m. (a-na-Io^i-sme — rad.
analogie). Manière de raisonner qui consiste
à procéder par voie d'analogie, u Abus de
l'analogie.
analogiste s. m. (a-na-lo-ji-ste — rad.
analogie). Celui qui procède par analogie:
Les analogistes grammatistes prétendent dé-
couvrir dans la forme de l'a les deux organes
nécessaires à la prononciation. (Ragon.) // n'y
a pour les peuples que deux moyens d'être heu-
reux : le premier , d'être gouvernés par des
analogistes; le second, de ne pas être gou-
vernés du tout. (Toussenel.)
ANALOGUE adj. (a-na-Io-ghe — rad. ana-
logie). Qui a de l'analogie, de la ressemblance,
de la conformité avec quelque chose : Etres
analogues. Formes analogues. Faits analo-
gues. Mener une vie analogue à son âge, à sa
fortune. C'est un cas analogue à tel autre.
(Acad.} Chaque nation a besoin d'une musique
qui soit analogue à son ciel. (J.-J. Rouss.)
Aussitôt qu'une révolution s'opère dans l'état
de la race humaine, la religion 'subit un chan-
gement analogue. (B. Const.) Les animaux,
disait Aristote, sont analogues, c'est-à-dire
semblables avec des diversités: (Flourens.) La
vue du palais du Louvre ou du Luxembourg,
celle de Notre-Dame, du Panthéon, de l'arc de
l'Etoile, nous font éprouver, malgré les diffé-
rences infinies de destination, de formes et d'é-
coles, un sentiment analogue de plaisir et
d'enthousiasme. (Ch. Dupin.) La civilisation et
ANA
la religion delaPhénicieet de l'Assyrie étaient
fort analogues. (Renan.) Toutes les facultés
de l'intelligence humaine sont analogues , en
ce sens qu'elles concourent à la formation de
la pensée. (J.-B. Gimet.)
— Philol. Langues analogues, Nom donné
par l'abbé Girard aux langues dont la con-
struction est soumise à l'ordre analytique des
idées, c'est-à-dire qui présentent dans la suc-
cession des mots une marche analogue et en
quelque sorte parallèle à celle de l'esprit.
Alors ce mot s'emploie par opposition à trans- ■
positives.
— s. m. Chose qui a de l'analogie, de la
ressemblance avec une autre : Beaucoup de
termes grecs n'ont point ^'analogues en fran-
çais. (Acad.)
— Anat. Organes qui, sans avoir les mômes
proportions, la même forme, la même struc-
ture dans les divers animaux , offrent' les
mêmes connexions avec les organes voisins.
— Mathém. Se dit d'un rapport commun
qui existe entre une suite de nombres.
— Mus. Se dit d'un rapport entre des sons
qui forment un accord.
— Gêot. Corps organisés fossiles qui, n'é-
tant point identiques aux êtres vivant ac-
tuellement, ont cependant avec eux une cer-
taine ressemblanco : Il y a des analogues
d'espèces et des analogues de genre. L'ano-
plothérium est un analogue d'espèce dans
l'ordre des pachydermes. (D'Orbigny.)
— Encycl. Anat. philos. Théorie des analo-
gues. On donne le nom de théorie des anatoaues
à la méthode par laquelle on détermine dans
les divers organismes les parties analogues. Le
principe fondamental de cette méthode de
détermination créée par E. Geoffroy Saint-
Hilaire, est la fixité des rapports anatomiques,
c'est-à-dire de la position relative des organes
entre eux. Il est connu sous le nom de principe
de la fixité des connexions. L'analogie, en ana-
tortiie comparée, est une idée abstraite d'ordre
mathématique, qui n'a rien de commun avec la
similitude des formes et des fonctions. Ainsi
les nageoires pectorales des poissons sont les
' analogues des membres antérieurs des autres
vertébrés, tandis que les branchies des pois-
sons ne sont pas les analogues des poumons
des mammifères. La chaîne des raisonnements
qui ont fondé la théorie des analogues est celle-
ci : Pourquoi certaines analogies sont-elles évi-
dentes ? Parce que la similitude porte à la fois
sur toutes ou presque toutes les conditions
d'existence des organes que l'on compare. Si,
entre d'autres organes, il existe des analogies
non évidentes, c'est évidemment parce que
ceux-ci se ressemblant par certaines conditions
d'existence, diffèrent en même temps par d'au-
tres moins importantes, moins fondamentales
que les premières. De là la nécessité logique
de rechercher quelles conditions d'existence
devront être regardées comme les plus impor-
tantes, et servir de base aux déterminations.
Est-ce la fonction? Non, car tous les anato-
mistes savent, d'une part, que les mêmes
organes peuvent remplir des fonctions très-
différentes,' et de l'autre, que des organes
très-différents remplissent la même fonction.
Est-ce la forme? est-ce la structure? Mais
l'une et l'autre varient avec la fonction; et
même c'est parce qu'elles varient, et comme
elles varient, que varie la fonction. Reste la
position relative, la dépendance mutuelle, en
un mot la connexion des organes entre eux.
E. Geoffroy Saint-Hilaire démontre sa fixité
et arrive a cette conclusion : un organe est
plutôt anéanti que transposé. Au principe de
la fixité des connexions se joint, pour constituer
la théorie des analogues, celui du balancement
des organes. ' Un organe normal ou patholo-
gique, dit Geoffroy Saint-Hilaire, n^cquiert
jamais une prospérité extraordinaire, qu'un
autre de son système ou de ses relations n'en
souffre dans une même raison. » Une augmen-
tation, un excès sur un point suppose une
diminution sur un autre, et, comme l'a dit
Goethe, le budget de la nature étant fixe, une
somme trop considérable affectée à une dé-
pense exige ailleurs une économie. Le prin-
cipe du balancement des organes est né de la
considération des organes rudimentaires ou
organes sans fonctions , longtemps négligés
par les anatomistes.
ANALOPONOTE s. m. (a-na-lo-po-no-te —
du gr. a priv. ; topos . écaille, et nôtos, dos.
— La syllabe na est superflue; ce mot est
mal formé : on devrait dire aloponote). Erpét.
Genre de reptiles sauriens, voisin des iguanes,
et qui présente cette particularité remar-
quable d'avoir la peau du dos entièrement
dépourvue d'écaillés. La seule espèce qu'il
renferme est originaire de Saint-Domingue,
et ressemble à un iguane.
an ALOSE s. f. (a-na-lo-ze — du gr. analô-
sis, perte). Méd. Dépérissement, consomption.
ANALOTE s. m. (a-na-lo-te — du gr. ana-
lôtès, qui consomme). Entom. Genre de coléo-
ptères tétramères, formé aux dépens des cha-
rançons, et renfermant une seule espèce, qui
vit au Brésil.
ANALYSABLE adi. (a-na-li-za-ble — rad
analyse). Qui peut être analysé : Cette sen-
sation était trop complète pour être mesurée,
trop une pour être divisible par la pensée et
analysable par la réflexion. (Lamart.)
ANA
ANALYSANT (a-na-li-zan) part. prés, du
v. Analyser : La froide raison, sans illusion,
en analysant tout, dessèche tout. (De Ségur.)
ANALYSE s. f. (a-na-li-ze — du gr. analu-
sis, décomposition; formé de ana, dé nou-
veau ; luâ, je délie, je résous). Resolution,
décomposition d'une chose en ses éléments,
en ses parties : //analyse d'une substance.
/.'analyse du sang, //analyse d'une fleur.
Que dire d'un architecte gui, chargé d'élever
un édifice, briserait les pierres pour y trouver
des sels, de l'air et une base terreuse, et qui
nous offrirait ainsi une analyse au lieu d'une
maison? (Rivarol.)
— Dans le sens moral, Etude approfondie':
//analyse du cœur humain. .L'analyse des
sentiments, des passions. Z'analysk éclaire la
raison et détruit le sentiment. (Pope.) C'est
par f analyse que l'esprit s'élève au-dessus des'
sens. (Condillac. ) L'esprit philosophique est
l'esprit d'expérience et d' ANALYSE. (Dumar-
sais.) L'homme parvient par la chimie, comme
par le raisonnement, au plus haut degré de J'a-
nalyse. (M»i« de Staël.) L'esprit <f analyse,
d'examen et de comparaison, est presque tou-
jours inhérent à ta supériorité de l'intelligence.
(E. Sue.) /.'analyse est une méthode d'étude,
non de création. (Guizot.) L' analyse sert à
connaitre et à détruire; elle ne construit pas.
(Guizot.) Celait un esprit qui se dégoûtait
facilemmt des jouissances tout idéales, en y
portant les clartés de f analyse. (Balz.) Pour
lui, f analyse était comme un creuset, à l'ac-
tion duquel il soumettait ce quon est convenu
d'appeler le bonheur. (Balz.) Dans J'analyse
de la connaissance humaine, il faut faire aux
sens une grande part. (V . Cousin.) //analyse
psychologique, c'est l observation lente , pa-
tiente, minutieuse, des faits cachés dans le fond
de la nature humaine, à l'aide de la conscience.
(V. Cousin. 1 II en est de /'analyse critique
comme de l analyse chimique, on est exact ou
on ne l'est pas. (Ste-Beuve.) /.'analyse ôte au
poète de sa sérénité , de sa candeur, de sa foi.
(E. Schérer.) /.'analyse, loin d'être la forme
naturelle de l'esprit humain, n'est que le lent
résultat de son développement. (Renan.)
nikre analyse, quelle utilité si grande on peut
retirer de cette découverte. (Acad.) La certi-
tude de toutes nos connaissances repose, en
m:rnierb analyse, sur la véracité supposée de
notre intelligence. (Jouffroy.)
— Chim. Décomposition d'un corps en ses
différents éléments, pour en bien connaître la
nature.
— Mathém. Manière de résoudre les pro-
blèmes, en supposant connues les quantités
que l'on cherche, pour déterminer ensuite lés
rapports qui s'établissent entre elles et les
quantités connues, puis d'exprimer les solu-
tions au moyen de signes auxquels on peut
attribuer toutes sortes de valeurs pour re-
connaître les diverses modifications dont le
résultat général est affecté. Il Analyse trans-
cendante, Le calcul différentiel et intégral.
— En littér. Extrait, compte rendu, résumé
d'un ouvrage d'esprit, d'un discours : Je n'ai
lu encore que J'analyse de ce livre. Voici le"
temps de lui apprendre à faire /'analyse d'un
discours. (J.-J. Rouss.) Votre analyse du
■ poème de Saint-Lambert a débrouillé tout ce
?ue j'en pensais; c'est un froid ouvrage, et
auteur un plus froid personnage. (M">o du
Deff.) Autant /'analyse est favorable aux bons
ouvraqes, autant elle est funeste aux prodi
" '"" ■ - ' ' ' oliersf
. . . - e font *._„
i. (Dupaty.)
— Travaux publics. Analyse des prix, No-
menclature détaillée des divers éléments qui
servent de base à la fixation des dépenses
d'un travail donné : Il y a bien peu d'ingé-
nieurs qui ne comprennent l'importance d'une
bonne analyse de prix, et qui ne la fassent
avec le plus grand soin. (Prosp. Tourneux.) Il
On dit aussi sous-détail des prix.
— Encycl. L'analyse chimique consiste à
isoler les divers éléments dont un corps est
composé, à déterminer la nature de ces élé-
ments et les proportions suivant
chacun d'eux entre dans ce corps. «
opposés, analyse et synthèse, dit M. Chevreul,
ont en chimie chacun un sens parfaitement
clair et nettement déterminé. Le peroxyde de
mercure est-il chauffé convenablement, l'eau
est-elle soumise à un courant électrique de
manière qu'on puisse recueillir sans perte les
corps qui se séparent l'r- J- 1"---J--
alors 1 analyse "du peroxyde d<
l'analyse de l'eau. Ûnit-on l'oxygène
l'oxygène avec l'hydro; '
b le
sulfure de
nue, on expulse le
lui était uni se porte
a fait à la fois une a
Enfin chauffe-t-on du
ec du fer dans une cor-
:t le soufre qui
ure , ci. le auun
le fer, de sorte ,
ilyse en isolant le mer-
cure du soufre, et une synthèse en unissant le
soufre avec le fer. Dans les deux premiers
exemples, on a déterminé la composition du
peroxyde de mercure et de l'eau par l'analyse.
Dans les deux suivants, on a confirmé les
résultats de l'analyse par la' synthèse. Enfin,
dans le dernier, on a fait concourir l'analyse
et la synthèse simultanément pour connaitre
la composition du sulfure de mercure. » LVi-
nalyse chimique est la base de la chimie, et
c'est aux perfectionnements apportés aux pro-
ANA
cédés .analytiques que cette science doit les
progrès qu'elle a faits depuis soixante ans.
L'analyse chimique est dite qualitative quand
elle se borne à déterminer la nature des élé-
ments d'un composé, sans s'occuper de leur
quantité; quantitative quand elle se propose,
de faire, connaître le poids et le volume, ab-
solus ou proportionnels, des parties obtenues
par l'analyse qualitative. Sous le rapport des
méthodes employées, on distingue l'analyse
par voie humide, dans laquelle on emploie
principalement l'eau pour véhicule et pour
réactif, les dissolutions alcalines, acides et
salines; et l'analyse par voie sèche, dans
laquelle on emploie exclusivement des réactifs
à l'état sec, dont l'action exige la chaleur des
lampes et des fourneaux.
L'analyse par voie sèche est employée exclu-
' dans plusieurs arts, particulièrement
des minerais d'argent, d'or, de fer, d'étain, de
cuivre, de plomb, etc. Les divers procédés de
l'analyse se réduisent toujours, en dernier ré-
sultat, à amener les corps que 1 on veut séparer
les uns des autres a des états différents. Si,
par exemple, deux corps sont a l'état solide, il
faut, pour les séparer 1 un de l'autre, employer
un réactif qui fasse passer l'un d'eux dans une
combinaison liquide ou gazeuse ; s'ils sont à
l'état liquide, le réactif doit précipiter ou gazéi-
fier l'un d'eux ; s'ils sont à l'état gazeux, le
réactif doit isoler l'un d'eux à l'état solide ou
liquide. Suivant la nature des substances à
analyser, l'analyse chimique se divise en ana-
lyse inorganique ou minérale, qui s'applique
aux minéraux, etjen analyse organique, qui
s'applique aux produits du règne animal et
du règne végétal.
L'analyse organique se distingue en analyse
élémentaire ou ultime, qui conduit à la con-
naissance directe des éléments d'un corps, et
en analyse immédiate, qui soumet à un traite-
ment spécial une substance organisée, pour en
extraire les composés ou principes immédiats
dont l'assemblage, le mélange, constitue cette
substance.
L'analyse immédiate présente d'autant plus
de difficultés , que beaucoup de matières or-
ganiques se transforment en général très-
promptement sous l'influence des différents
réactifs; elle procède surtout par l'emploi
successif des dissolvants. Chacun de ces dis-
solvants extrait certaines catégories de sub-
stances, et en laisse d'autres à l'état non ré-
sous. On trouve les proportions de ce qui est
dissous et de ce qui est insoluble, soit en déter-
minant la perte de poids qu'éprouve la ma-
tière soumise à l'action de l'un ou de l'autre
dissolvant, soit en évaporant la solution obte-
nue et en pesant le résidu. Les trois princi-
paux dissolvants employés sont l'éther, qui
dissout particulièrement les matières grasses
et cireuses, les résines, les matières cam-
phrées; l'alcool, qui dissout moins bien ces
substances, mais qui en dissout d'autres sur
lesquelles l'éthe
dissout les ma'
amylacées. On se sert encore du sulfure de
carbone, de l'essence de térébenthine, du chlo-
roforme, de l'acide chlorhydrique ou sulfu-
rique dilué, de l'ammoniaque ou de la potasse
L'analyse élémentaire rentre dans l'ana-
lyse inorganique. Elle a pour but de déter-
miner les divers éléments contenus dans un
principe immédiat, et, en particulier le car-
bone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote, ces
quatre éléments par excellence de tout ce qui
est organisé. Pour faire une analyse élémen-
taire, il faut dessécher la matière que l'on
veut analyser, et, après l'avoir pesée soigneu-
sement, la soumettre à la combustion en pré-
sence de corps aisément désoxydables, tels
que le bioxyde de cuivre et le chromate de
plomb. Par cette action, toutes les matières
organiques sont ramenées a quatre formes :
acide carbonique, eau, azote et ammoniaque.
On dose le carbone sous forme d'acide carbo-
nique, l'hydrogène Sous forme d'eau, l'azote à
Son état naturel ou à l'état d'ammoniaque ;
l'oxygène est dosé, par différence. Lorsqu une
matière organique contient du chlore , du
soufre, du phosphore ou des métaux, on pro-
cède comme en chimie minérale pour déter-
miner ces éléments, c'est-a-dire que d'ordi-
naire on les fait entrer dans de nouvelles com-
i binaisons dont la quantité et les proportions
; sont connues. Ainsi le soufre est dosé à l'état
; de sulfate de baryte, le chlore à l'état de
i chlorure d'argent, etc.
! On donne le nom d'analyse eudiométrique à
j l'ensemble des procédés que l'on emploie pour
■ l'analyse des gaz en général. On peut réduire
à trois les méthodes qu'on emploie dans les
laboratoires pour recueillir les gaz. La pre-
mière consiste à les recevoir dans des ballons
munis de bons robinets et vidés préalablement
au moyen de la machine pneumatique ; la se-
conde est fondée sur le déplacement de l'air
par les gaz eux-mêmes qu'il s agit de recueillir ;
d'après la troisième méthode , on recueille les
gaz sur l'eau ou sur le mercure. C'est la plus
usitée dans les laboratoires de chimie, et celle
qui présente dans les arts les applications les
plus fréquentes.
Une nouvelle méthode d'analyse, dite ana-
lyse spectrale ou analyse par les raies du
spectre, a été découverte en 1S61 par deux
professeurs d'Heidelberg, MM. Kirchhoff et
Bunsen, Elle consiste à rattacher la compo-
ANA
sition d'un corps placé- au sein d'une flamme
dont on forme et recueille le spectre lumineux,
aux raies spéciales que produit dans ce spectre
chacun des éléments de ce corps. Elle indique,
dit M. Dumas, dans tout composé ou dans tout
mélange, quels éléments s'y trouvent, quels
éléments y manquent, et, chose plus merveil-
leuse encore, elle y manifeste avec une incom-
parable précision la présence même de tout
élément inconnu jusqu'ici. La méthode est tel-
lement délicate, et le spectre se montre telle-
ment impressionnable, que la puissance de ces
nouveaux moyens d'analyse dépasse tout ce
que l'imagination aurait pu rêver. Que l'on
partage, par exemple, un kilogramme de sel
marin en un million de parties, et chacune de
celles-ci en .trots millions d'autres plus petites,
une seule de ces dernières traces si insaisis-
sables de sel marin suffira pour communiquer
à la flamme les propriétés caractéristiques par
lesquelles se révèle la présence du sodium,
qui en est la base. L'analyse spectrale a per-
mis a MM. Bunsen et Kirchhoff de trouver
dans les eaux minérales de Kreusnach,-à côté
du potassium, du sodium et du lithium, deux
métaux nouveaux, qui doivent leurs noms de
cœsium (bleu) et de rubidium (rouge) aux deux
raies qui les ont révélés. En même temps, la
chimie a pu sortir des limites où l'enchaînait
la nécessité de toucher les corps pour en dé-
terminer la nature ; elle a suivi l'astronomie
dans le ciel ; le spectre solaire est devenu,
suivant l'expression de M. Kirchhoff, le témoin
de la constitution chimipje de l'atmosphère
solaire ; le fer, le chrome, le nickel, y ont été
reconnus; l'argent, le cuivre, le plomb, le sili-
cium et l'aluminium paraissent y manquer.
— Anat. On appelle analyse anatomique ou
organique la séparation des parties consti-
tuantes d'un corps organisé, organes, tissus ,
v r ^ „ „„fl \'ana.
tûre plus ou moins complexe des parties qu'il
s'agit d'isoler. En anatomie descriptive, elle em-
ploie le scalpel et les injections ; en anatomie
générale, le microscope et les agents chimiques.
— Physiol. L'analyse physiologique déter-
mine les propriétés de chaque tissu , de
chaque élément anatomique, les fonctions de
chaque organe. Nous lui devons la découverte
des relations existantes entre certains actes
de la vie et les diverses parties des centres
nerveux, lobes cérébraux, cervelet, tubercules
quadrijumei ' " ' "" '
dans la moe
au mouvement et d'une partie propre à la sen-
sibilité, celle des diverses glandes, sous le rap-
port de leur rôle physiologique, etc.
— Mathém. En mathématiques, les mots
opposés d'analyse et de synthèse ont rapport à
la méthode suivie. La synthèse consiste à par-
tir d'une vérité mathématique déjà établie
comme axiome, ou par des démonstrations an-
térieures, pour arriver de conséquence en con-
séquence a trouver quelque nouvelle vérité
théorique ou technique. L'analyse, au con-
traire, établit tout d'abord en principe la vé-
rité cherchée; elle la suppose d priori; puis
elle développe les conséquences logiques de
cette hypothèse de manière à parvenir à quel-
que fait mathématique conforme ou contraire
à des faits mathématiques précédemment dé-
montrés. Par exemple : nous voulons trouver
le moyen de construire une ligne qui ait telles
ou telles relations de position ou de grandeur
avec d'autres lignes données. Nous supposons
que la ligne cherchée existe, nous analysons
les rapports qui la font dépendre des" lignes
connues, et, par cette analyse, nous arrivons
à la déterminer : voilà la méthode analytique
ou méthode d'invention. La méthode synthé-
tique, ou méthode de démonstration, rattache
le fait géométrique trouvé à l'ensemble de la
science. La synthèse va du connu à l'inconnu,
du simple au composé ; l'analyse va de l'in-
connu au connu, du composé au simple.
M. Renouvier remarque avec raison que la
méthode synthétique a été la première en géo-
métrie, et qu'elle en est restée le fondement,
« car, dit-il , l'analyse la suppose toujours né-
cessairement, et il serait impossible de décou-
vrir la moindre proposition ou de résoudre le
moindre problème par voie analytique, sans
présupposer des propriétés déjà démontrées
d'après nos conceptions à priori. » Dans le
langage actuel des mathématiques, le mot
analyse s'entend de l'algèbre; souvent même
on remploie, par opposition à géométrie, que
l'on fait alors synonyme de synthèse. L'analyse
pure est l'algèbre proprement dite ; l'analyse
appliquée est la géométrie ou la mécanique
soumise aux calculs algébriques. L'algèbre
élémentaire est souvent nommée analyse finie,
et l'on comprend sous le nom d'analyse infini-
tésimale l'algèbre transcendante, c'est-à-dire
le calcul différentiel, le calcul intégral, etc. On
dit que la géométrie, la mécanique, sont trai-
tées synthétiquement, lorsqu'on expose leurs
principes sans le secours de l'algèbre. On peut
remarquer ici que si, depuis Descartes, l'algè-
bre a donné à la méthode analytique un déve-
loppement, une puissance inconnue à l'anti-
quité, c'est néanmoins par une extension abu-
sive qu'elle a pris le nom de cette méthode,
avec laquelle elle ne saurait se confondre.
« Les mots analyse, analytique, disent La-
grange et Lacroix dans un rapport fait à l'In-
stitut, présentent souvent un contre-sens lors-
qu'on les emploie à désigner d'une façon gé-
nérale tous procédés de calculs ou de démons-
trations obtenues à l'aide de signes algébriques,
ANA
315
au lieu de l'être par la considération immédiate
des lignes et des figures. Tous ceux qui con-
naissent l'acception du mot analyse telle qu'elle
a été fixée par les géomètres anciens, savent
qu'on fait de l'analyse sur des figures de géo-
métrie, et de lnsynthèse avec des calculs algé-
briques, et que des méthodes dites analytiques
ont parfois une marche évidemment synthê-
— Philos. L'analyse consiste h énumérer,
distinguer et comparer entre elles les idées
partielles contenues dans une idée générale.
L'analyse est opposée à la synthèse, qui com-
pare une idée générale avec un certain
nombre d'idées partielles. Ces deux procédés
logiques, le procédé analytique ou de décom-
position, le procédé synthétique ou de compo-
sition, sont les deux mouvements alternatifs
de l'esprit humain : ils lui sont aussi naturels
et aussi essentiels l'un que Vautre. Bacon les
comparait à une échelle double, dont' le som-
met représenterait l'idée compréhensive ou
générale, et les échelons inférieurs, de plus en
plus étendus, les idées particulières. Dans une
telle échelle, on peut indifféremment monter
des faits ou des idées particulières à l'idée
générale ou culminante qui les domine et les
résume, ou redescendre de cette idée générale
aux faits qui en sont, pour ainsi dire, les par-
ties isolées et grossies. Toute connaissance
procède de l'anale, l'homme étant obligé de
diviser, d'étudier partiellement et successive-
ment tout ce qu'il veut connaître. = L'analyse,
dit Condillac, est le vrai secret des décou-
vertes, parce qu'elle tend par sa nature à nous
faire remonter à l'origine des choses. Elle a
cet avantage, qu'elle n'offre jamais que peu
d'idées à la fois, et toujours dans la gradation
la plus simple. Elle est ennemie des principes
vagues et de tout ce qui peut être contraire à
l'exactitude et à la précision. Ce n'est point
avec le secours des propositions générales ni
par des définitions qu'elle cherche la vérité,
c'est en expliquant la génération de chaque
idée Tantôt une analyse est complète en
elle-même, tantôt elle ne l'est que relativement
premier cas, elle remonte aux qualités primi-
tives, les embrasse toutes et ne présuppose
rien; dans le second, elle est véritablement
incomplète ; elle s'arrête aux qualités secon-
daires, aux effets que nous découvrons, et
elle ne peut nous rapprocher des principes.
Le géomètre donne des exemples d'analyses
complètes en elles-mêmes toutes les fois qu'il
détermine le nombre et la grandeur des angles
et des côtés .d'une figure. -Il est évident que
ces analyses ne présupposent rien ; car une
figure ne saurait avoir autre chose que des
angles et des côtés. En physique, au contraire,
les analyses ne sont complètes que relative-
ment aux découvertes que nous avons faites.
En vain décompose-t-on toutes les qualités qui
tombent sous nos sens ; il faut nécessairement
qu'il en échappe, et il en échappera toujours. »
L'analyse doit précéder la synthèse, parce
qu'elle peut seule lui fournir des matériaux
utilisables. Les phénomènes complexes que
nous avons sous les yeux produisent dans
notre esprit des idées plus ou moins compré-
hensives. qui peuvent être considérées comme
des synthèses vagues et confuses, produits
spontanés de notre activité intellectuelle; l'a-
nalyse doit d'abord les résoudre en éléments
précis et définis nettement, c'est-k-dire ayant
pour tous la même valeur et la même signifi-
cation ; et c'est seulement à cette condition et
après ce travail que nous pouvons nous élever
aux synthèses claires, fécondes et irrépro-
chables. Certaines personnes affectent de mé-
priser l'analyse et réservent toute leur admi- »
ration pour la synthèse, qui est, selon elles, le
procédé même du génie, et à laquelle seule
elles rapportent toute invention , toute créa-
tion. Rien de moins philosophique que ce culte
exclusif de la synthèse. On peut dire avec
M. Chevreul, qu'il n'est pas une analyse remar-
quable dans une branche quelconque des con-
naissances humaines qui ne porte le signe le
plus certain du génie et de l'invention.
— Gramm. La grammaire pose les règles du
bon langage, et ces règles sont basées les unes
sur la nature des mots ou sur la fonction qu'ils
remplissent dans le discours, les autres sur les
rapports qui existent entre les diverses pen-
sées dont renonciation successive contribue à
' former l'expression totale, objet du discours.
Il serait donc impossible de comprendre les
règles de la grammaire si l'on ne savait pas
distinguer la nature des mots ainsi ,que leurs
diverses fonctions, et si, de plus, on n'avait
pas appris à compter en quelque sorte le
nombre des pensées, à. en bien sentir l'impor-
tance relative, aies classer selon cette impor-
tance ou selon les rapports qu'elles, ont les
unes aveo les autres. De là deux sortes d'ona-
lyses, dont l'une est appelée grammaticale,
parce qu'elle se rapporte aux mots pris isolé-
ment, lesquels sont toujours composés de
lettres. (en grec, grammata), et l'autre est dé-
signée sons le nom d'analyse logique, parce
qu'elle considère moins les mots que les pen-
sées ou leifr enchaînement logique (en grec,
logos).
Nous ne dirons rien ici de l'analyse gramma-
ticale ; ce dictionnaire tout entier ne fait autre
chose qu'analyser grammaticalement, puisque
tous les mots qui entrent dans la nomencla-
ture de la langue sont passés en revue' par
ordre alphabétique, et la nature de chacun
d'eux, est précisément la première de toutes
ANA
sommairement les principes de l'analyse logi-
que, en les faisant connaître d'abord tels qulls
sont admis par la généralité des grammairiens,
puis avec les modifications qui nous paraissent
propres à rendre cette analyse plus exacte, et
peut-être en même temps plus simple.
En logique, on se sert plutôt du mot juge-
ment que (lu mot pensée, quand il s'agit d'une
pensée bien distincte de toute autre. Les mots
qui servent à exprimer un jugement forment
ce qu'on appelle une proposition, et la propo-
sition n'est autre chose qu'un jugement ex-
primé. Toute proposition complète suppose
trois termes : le sujet, le verbe et l'attribut; il
y a des propositions elliptiques, où l'on ne
trouve pas ces trois termes formellement
exprimés, mais ceux qui manquent sont sous-
entendus et subsistent toujours dans l'esprit,
s'ils sont omis dans l'expression. On trouvera
aux mots sujet, verbe, attribut, la définition
exacte de ces termes, et nous nous dispensons
de la donner ici.
On distingue trois sortes de propositions, sa-
voir : les propositions principales, les incidentes
et les subordonnées. La proposition principale
est celle qui ne dépend essentiellement d'aucune
autre, et qui exprime un jugement nécessaire
par lui-même ou, au moins considéré comme
tel. Une même phrase peut contenir plusieurs-
propositions principales ajoutées l'une àl'autre;
alors celle qui est énoncée la première s'ap-
pelle ordinairement principale absolue; les
autres principales prennent le nom de rela-
tives. Quanti Descartes a dit : Je pense, donc
je suis, il a exprimé deux propositions : je
pense est une principale absolue ; je suis est
une principale relative. Le mot donc, qui est
une conjonction, ne fait partie ni de l'une ni de
l'autre proposition, il sert de lien entre elles, et
c'est à 1 analyse grammaticale seule qu'il appar-
tient d'en rendre compte.
Une proposition est incidente quand elle
commence par un pronom conjonctif qui la
rattache al un des mots d'une autre proposi-
tion pour en compléter la signification. On
distingue des incidentes déterminatives et des
incidentes explicatives; les premières ajoutent
à la signification du mot auquel elles se rap-
portent une idée accessoire qui en restreint
l'étendue; les autres ne changent rien à cette
étendue, mais elles expliquent ce qui pouvait
être inconnu ou rappellent quelque point de
vue qui aurait pu échapper, à l'esprit. Dans
cette phrase : Im gloire qui vient de la vertu a
un éclat immortel ; gui vient de la vertu est
une incidente déterminative, qui restreint évi-
demment le mot gloire dans l'étendue de sa
ire]'
parle seulement d'
tincte. Dans cette autre pnrase, au contraire :
Le lion, qui est un animal féroce, se montre
sensible aux bons traitements ; — qui est un ani-
mal féroce est une incidente explicative qui se
rapporte au mot lion, pour rappeler ce qu'est
cet animal, mais en laissant subsister toute
l'étendue qu'on avait d'abord donnée à l'ex-
pression.
Enfin les propositions subordonnées sont
celles qu'une conjonction rattache à une autre
proposition pour en compléter le sens, ou pour
y ajouter l'idée de quelque circonstance; elles
commencent toujours par la conjonction que
ou par quelque autre conjonction renfermant
dans sa signification que ou un pronom con-
jonctif : Nous savons que Dieu punira les mé-
chants; Il se défend quand on l'attaque; il y a
dans ces phrases deux propositions subordon-
nées, savoir : que Dieupunira les méchants, et
quand on l'attaque.
Quand on compare entre elles les différentes
propositions principales d'une même phrase, et
qu'elles remplissent la même fonction, on les
appelle propositions coordonnées, comme dans :
L'arbre tient bon, le roseau plie; on comprend
ainsi que le mot coordonnées peut se rapporter
à des propositions principales, à des proposi-
tions incidentes, et à des propositions subor-
données. Ex. : Je crois' que Dieu, qui est bon
et qui est juste, rendra à chacun selon ses
œuvres. Je crois que Dieu est bon et qu'il
récompensera les justes.
^ Voici maintenant une autre manière de faire
l'analyse logique, qui nous semble beaucoup
plus rationnelle.
Nous admettons les propositions principales,
mais nous rejetons la dénomination de princi-
pale absolue donnée à la première principale,
et celle de principales relatives donnée à
toutes les autres quand il y en a plusieurs dans
une phrase ; ce qui est absolu est complet en
soi, et ne .peut se trouver en relation avec
rien autre chçse ; une principale absolue ne
pourrait être que celle qui formerait seule
toute la phrase, et c'est là une circonstance
tuot à fait indifférente, dont il est inutile de
s'occuper.
Quand on examine bien la fonction des
autres propositions, de" celles qu'on appelle
incidentes ou subordonnées, on reconnaît aisé-
- ment qu'elles ont un caractère commun, qui
est de jouer dans la phrase un rôle ordinaire-
ment rempli par un mot; on pourrait dire
qu'elles ont une fonction grammaticale. Les
unes font la fonction d'adjectif, ce sont celles
qui commencent par un pronom conjonctif;
les autres servent de complément direct ou
indirect, ce sont la plupart de celles qui com-
mencent par la conjonction que; d'autres,
ANA
enfin, servent de complément circonstanciel
ou adverbial, ce sont celles qui commencent
Ear les locutions conjonctives où l'on retrouve
t valeur d'un que ou d'un pronom conjonctif.
Toutes ces propositions doivent donc être
comprises sous la dénomination générale de
complétions , puisque l'adjeotif lui-même est
un complément par rapport ou substantif qu'il
qualifie.
Maintenant on doit distinguer cinq espèces
de propositions complétives, et les dénomina-
tions particulières de chacune d'elles doivent
être empruntées à l'analyse grammaticale ,
pour indiquer le rôle spécial qu'ellesjouent par
rapport au mot sur lequel porte leur significa-
tion. Donnons successivement un exemple de
chacune d'elles :
Les fables que La Fontaine a composées
sont des chefs-d'œuvre : — que La Fontaine a
composées est une complétive déterminative,
puisqu'elle complète fables en le déterminant,
absolument comme ferait le complément de
La Fontaine.
La nécessité, qui est la mère des arts, a
enfanté des prodiges : — qui est la mère des arts
est une complétive-explicative, parce qu'elle
ne fait qu'expliquer le mot nécessité sans le
déterminer.
Après la bataille de Cannes, on put croire
que Rome était perdue : — que home était
perdue est une complétive directe, puisqu'elle
sert réellement de complément direct au verbe
Aristide s'opposa À ce que l'on détruisit
la flotte lacédémonienne : — à ce que l'on
détruisît la flotte lacédémonienne est une com-
plétive indirecte, puisqu'elle fait connaître à
quoi s'opposa Aristide.
L'alouette commence à chanter dès que le
soleil est levé : — dès que le soleil est levé est
une complétive circonstancielle, puisqu'elle
exprime une circonstance de. temps pour le
verbe commencer.
Comme on le voit, cette manière de distin-
guer les propositions force a pénétrer jusqu'au
fond de la pensée, et rend parfaitement compte
des rapports du tout avec les parties, des par-
ties entre elles et des parties avec le tout.
— Littér. \J analyse littéraire a pour but de
faire connaître un ouvrage d'une manière som-
maire, en le réduisant aux idées principales
qui en forment, pour ainsi dire, la charpente,
en exposant fidèlement et clairement le plan
sur lequel il a été fait, et l'ordre suivi dans la
disposition des parties. Elle nous fait pénétrer
jusqu'au cœur d'une composition littéraire, et
nous apprend à saisir les procédés de l'écri-
vain, le but qu'il s'est proposé, les ressorts
qu'il a- fait mouvoir et les éléments qu'il a
combinés pour atteindre ce but. « C'est par
l'analyse, dit M. E. Dupaty , que l'on apprend
à juger les ouvrages des grands maîtres, aies
admirer, à les imiter. On ne comprend les
prodiges de l'horlogerie qu'après en avoir
démonté les rouages; c'est alors seulement
que l'on conçoit comment leur ingénieux as-
semblage produit le "mouvement. C'est ainsi
que l'analyse nous conduit à concevoir tout le
mérite des œuvres du génie. »
— Syn. Analyse, abrégé, extrait, précU,
raccourci, résumé, sommaire. V. AbHÉGÉ.
— Antonymes. Synthèse, composition et re-
composition, combinaison, formation.
Analyse de la beauté (l'), ouvrage d'esthé-
tique, par Hogarth. Ce singulier ouvrage, qui
fit tant de bruit, souleva tant de critiques et
fut mis à contribution par Diderot dans ses
Salons et son Encyclopédie, parut en 1753.
L'auteur, qui maniait mieux le burin que la
plume, s'était adjoint comme collaborateurs
les docteurs Ben-Hoadly, Morell et Townsley.
Selon Hogarth, les principes fondamentaux
qui servent à produire la grâce et la beauté
dans les compositions, tant de l'art que de la
nature, quand elles se marient convenablement
ensemble, sont la convenance , la variété^ l'uni-
formité, la simplicité, la complication et la
quantité. Dix-sept chapitres sont consacrés à
l'examen de ces principes. Le titre que porte
ce traité, où, suivant la remarque de Walpole,
trouvent beaucoup de vues excellentes,
à bien dire, le principe du beau analysé. L'<
Eloi de la ligne droite, qui, s'harmonisant avec
l splendeur du ciel et les cimes des monts,
produisit en Grèce des effets si grandioses,
est représenté par Hogarth comme le témoi-
gnage de l'impuissance définitive, comme la
négation de la variété, comme le type de la
nullité dans l'art. Il démontre ensuite la grâce
ondoyante de la ligna courbe, qu'il appelle
Jigne serpentine, et le charme suprême dont se
trouvent douées les formes qui s'y rappor-
tent. A l'apparition de cet ouvrage, une grande
clameur s éleva, et une nuée de ■ philosophe's,
d'esthéticiens et de peintres, se déchaînèrent
contre l'auteur de cette nouvelle théorie, qui
déplaçait les bases de l'art. Néanmoins, l'ou-
vrage obtint un grand succès ; traduit en alle-
mand parMylins, et en italien (Livourne 1761),
il l'a été en français par Jansen (Paris, an III,
2 vol. in-so).
ANALYSÉ, ÉE (a-na-li-zé) part. pass. du
v. Analyser : Substance analysée. Discours
analysé. La liberté politique, bien analysée,
est une fable convenue, imaginée par les hommes
qui gouvernent pour endormir les gouvernés.
{Proudû.)
ANA
ANALYSER v. a. ou tr. (a-narli-zé — rad.
analyse). Faire l'analyse; décomposer, ré-
soudre un tout en ses parties : Analyser une
substance, une fleur. Analyser dusang,du lait.
— Par ext., Rechercher les causes, les prin-
cipes d'une chose : La musique est un de ces
plaisirs intimes dont il faut jouir avec trans-
port, sans en analyser froidement les causes.
(Gresset.) Quand ces sortes de scènes arrivent,
l'âme savoure leurs délices sa?is les analyser.
(Balz.) La science analyse la pâle couronne de
l'aurore boréale. (E. Pelletan.)
— Fig. Etudier profondément : Analyser
le cosur humain, les sentiments, les passions.
Analysez les paroles d'un courtisan ou d'une
excellence, et vous vous apercevrez que le plus
souvent ils vous ont parlé pour ne vous rien
dire. (Dupaty.) Ce serait vouloir compter les
flots de la mer qu'analyser les combinaisons
du sort et dit caractère. (Mme de Staël.) On
ne saurait pas, au milieu de cette société ar-
dente, distiller la passion et ^'analyser. (Ph.
Chasles.) Lucien était trop jeune pour analy-
ser sa maîtresse. (Balz.) L'idéal s évanouit dès
^'analyse. (E. Schérer.) Qui peut bien
rsER ce qui se passe au fond de son cœur?
(Renan.)
— Littér. Faire l'extrait, le résumé d'un
discours ou d'un livre : Analyser un roman.
Pour bien analysur un écrit, il faudrait être
en état de le faire, ou du moins avoir asses
d'instruction pour en sentir les beautés et les
défauts, pour entrer dans la pensée de celui
qui l'a composé. (Dupaty.) Les journalistes
faiseurs trouvent toujours un thème d dévelop-
per dans l'œuvre qu'ils analysent. (Balz.) Je
suis loin de m'aveugler sur la difficulté d' ana-
lysée ce bel ouvrage. (Fr. Arago.)
— Absol. Procéder par analyse : Ceux qui
veulent toujours analyser ressemblent au chi-
miste qui, pour connaître les fleurs, en détruit
l'éclat et le parfum. (Droz.) Analyser n'est
autre chose qu'observer successivement et avec
ordre. (Condill.) Analyser, c'est décomposer,
comparer, saisir des rapports. (A, Hoffmann.)-
Analyser, c'est séparer; séparer, c'est tuer.
(S. de Sacy.) Il faut que l'historien se com-
plaise à peindre plus qu'à analyser. (De Ba-
rante.) La réflexion analyse pour mieux voir
ce qui est, pour bien observer. (V. Cousin.)
S'analyser, v. pr. Etre analysé : Cette sub-
stance ne peut s'analyser.
— Se rendre compte de : Je n'étais pas à cet
âge où l'on s'analyse à soi-même ce qu'on
éprouve, pour se donner une vaine définition du
bonheur. (Lamart.)
— Antonymes. Combiner, composer et re-
composer, former, synthétiser.
analyseur s. m. (a-na-li-zeur — rad.
analyser). Celui qui a la manie de l'analyse,
qui abuse de l'analyse : C'est une teinte dont
nous défions les plus subtiles analyseurs de se
rendre compte. (Th. Gaut.) .La petite fleur
interrogée pétale par pétale, fouillée jusque
dans son calice, se détacha tout à coup sous la
main de V analyseur, du disséqueur, et tomba
emportant avec elle le projet d'étude sur la
graine, l'espoir des semailles et la ri-
de Picciola. (X. Saintine.)
An'dyseurs damnés
de déclouer les bièr
Laissez dormir
— Se prend quelquefois en bonne part, et
est alors synonyme A'analyste : Locke, ce pro-
fond analyseur des procédés de l'esprit hu-
main. (Mirab.)
— Phys. Se dit d'un prisme biréfringent :
Ce sens se reconnaît par le mouvement de rota-
tion vers la droite ou vers la gauche qu'il faut
donner au prisme analyseur, pour éteindre de
nouveau la lumière. (Biot.)
analyste s. m. (a-na-li-ste — rad. ana-
lyse). Celui qui s'occupe d'analyses, qui est
versé dans l'analyse : Newton fut uu profond
analyste. Les deux derniers siècles ont eu
d'illustres analystes. (Raym.) Le tableau
serait digne d'exercer les subtils analystes.
(Fourier.) Michel, qui croyait à la religion du
Christ, le divin législateur de l'égalité, défen-
dait l'immortalité de l'âme contre le scalpel
de Bianehon, 1'MtM.ysTEpar excellence. (Balz.)
Tout cela composait un drame en cinq actes
fort clair , surtout pour un analyste de la
force de Grimaud. (Alex. Dum.) Il y a dans la
critique plus de juges que (^'analystes. (H.
Rigault.)
— S'emploie adjectiv.- : A cette époque, les
sciences occultes se cultivaient avec une ardeur
qui peut surprendre les esprits incrédules de
notre siècle, si souverainement analyste. (Balz . )
ANALYTIQUE adj. (a-na-h-ti-ke — rad.
analyse). Qui tient de l'analyse, qui procède
par analyse, qui contient une analyse : Mé-
thode analytique. Examen analytique. Ré-
sumé analytique. Des tables analytiques.
C'était un esprit éminemment analytique. Les
facultés de (esprit qu'on définit par le terme
analytiques sont eu elles-mêmes fort peu sus-
ceptibles d'analyse. (Baudelaire.) Mon amour
des choses naturelles ne va pas au détail et aux
recherches analytiques et opiniâtres de la
science, mais à l'universalité de ce qui est, (G.
Sand.) L'art des transformations analytiques,
aucun géomètre ne le posséda jamais à un plus
haut degré que Poisson. (Arago.) Nos habi-
tudes analytiques nous obligent à séparer le
signe et ta chose signifiée. (Renan.)
. > ANA
— Jugement analytique, Se dit, dans la philo-
sophie de Kant? des jugements dans lesquels
la notion du sujet renferme logiquement et
nécessairement l'attribut ou prédicat. Le mot
analytique est très-bien choisi, parce qu'il
suffit d'analyser l'un des termes pour en tirer
l'autre.
— Mathém. Géométrie analytique, Applica-
tion de l'algèbre à la géométrie.
— s. f. Méthode par laquelle on résout en
ses éléments un tout réel ou idéal.
— Philos. Analytique des principes, Théorie
des principes de l'entendement et de leur ap-
plication aux phénomènes, il Analytique de la
raison pratique, du beau, du sublime, Exposé
des principes qui servent à déterminer les
idées du devoir, du beau, du sublime, il Ana-
lytique transcendantale, Nom donné par Kant
à cette partie de la Critique de la raison pure
qui, d'après ce philosophe, a pour objet la
décomposition de toute notre connaissance a
priori dans les éléments de la connaissance
de l'entendement pur.
— Encycl. Linguist. Langues analytiques,
Langues qui procèdent par analyse, c'est-à-
dire qui expriment les diverses idées et les
rapports qui les lient entre elles par des mots
et des signes isolés. En général, les langues
modernes de l'Europe sont analytiques. L'ab-
sence de cas. le peu d'importance des flexions
qui marquent le genre et le nombre, l'emploi
fréquent des prépositions, articles et adjectifs
déterminatifs, la présence nécessaire du pro-
nom sujet dans la conjugaison, le recours aux
verbes auxiliaires, une marche en quelque
sorte rectiligne, une construction obligée qui
repousse les inversions et qui assigne à chaque
mot une place fixe : tels sont les principaux
caractères des langues analytiques. On com-
prend du reste que l'absence d inversions ré-
sulte de l'absence de cas : quand la fonction
d'un mot ne peut être marquée par sa termi-
naison, il faut bien qu'elle Je soit par sa posi-
tion. Les langues synthétiques sont les langues
du sentiment, de la poésie et de l'éloquence;
les langues analytiques, celles de la raison, de
la science et de la philosophie.
— Antonyme. Synthétique.
Analytique» (TRAITÉ DES), par Aristote.
C'est le troisième traité de l'Organon. (V. ce
mot.) « Le mot analytiques, dit M. Franck, que
l'on traduisait dans l'école par celui de resolu-
tiva, signifie tout ce qui est relatif à l'analyse,
à ses règles, à ses formes, à son but. Or, l'a-
nalyse, comme "Aristote la définit lui-même,
n'est autre chose qu'une opération par la-
quelle on dégage d un principe général tous
les jugements particuliers qu'il renferme ; en
un mot, c'est le raisonnement déductif ou le
syllogisme, qu'il regarde comme la forme de
démonstration la plus concluante, comme le
raisonnement par excellence. » Ainsi le sujet
général du Traité des Analytiques est tout ce
qui concerne la démonstration e{ l'art de prou-
ver. Il se divise en deux parties si bien dis-
tinctes, qu'on pourrait à la rigueur les consi-
dérer comme deux traités à part, la première
qui s'occupe de la forme de toute démonstra-
tion ou du syllogisme, la seconde qui s'occupe
de la démonstration elle-même, c'est-à-dire
de ce qui en fait le fond et la base. La pre-
mière a reçu le nom de premières analytiques,
et la seconde celui de secondes analytiques.
Dans les premières analytiques , Aristote
montre que toute proposition se compose de
plusieurs éléments appelés termes; que dans
toute proposition il y a trois termes : un attri-
but, un sujet et le verbe être, par lequel on af-
firme ou 1 on nie, selon qu'il est seul ou qu'il est
accompagné de la négation. Il définit le syllo-
gisme une énonciation dans laquelle certaines
propositions étant données, on en conclut par
cela seul quelque autre proposition différente
des premières. Un syllogisme se construit
avec trois termes qui, classés selon leur ordre
d'universalité, reçoivent les noms de majeur,
de moyen, de mineur, et avec trois proposi-
tions dont chacune renferme deux de ces
termes envisagés, l'un comme sujet, l'autre
comme attribut. Les deux premières proposi-
tions, nommées prémisses, se distinguent en
majeure et en mineure, celle-ci renfermant le
mineur avec le moyen, celle-là le moyen avec
le majeur. La troisième proposition, ou con-
clusion, renferme le majeur avec le mineur.
Les diverses manières dont on peut disposer
les trois termes donnent naissance aux figures,
qui sont au nombre de trois. Dans la première
figure, le moyen est sujet du majeur et attri-
but du mineur; dans la seconde, le moyen joue
deux fois le rôle d'attribut, une fois dans la
majeure, une seconde fois dans la mineure ;
dans la troisième, le moyen est deux fois con-
sidéré comme sujet. Tout syllogisme, à quelque
figure qu'il appartienne, a pour but de prouver ■
qu'une chose -existe ou n'existe pas. Pour
atteindre ce but, il peut admettre deux formes
différentes, l'une directe ou logique, lorsqu'on
part d'un principe reconnu vrai dont on tire
une conséquence légitime; l'autre indirecte ou
analytique, lorsqu'on renverse une hypothèse
absurde par l'absurdité de ses conséquences ;
cette dernière s'appelle, dans notre langue
comme dans celle d'Aristote, la réduction à
l'absurde. Après avoir étudié la construction
du syllogisme, Aristote enseigne a le démêler
dans le langage vulgaire ou oratoire, à le
réduire a ses éléments, à le ramener a la
forme scientifique en le dépouillant des orne-
ments sous lesquels il se déroba à l'examen ;
ANA
puis il fait connaître d'autres formes de dé-
monstration, notamment l'induction, qu'il s'ef-
force de plier a la forme syllogistique. « L'in-
duction, ait-il, est en quelque sorte l'opposé du
syllogisme ; c'est un raisonnement par lequel
on démontre le général à l'aide du particulier. ■
Dans les secondes analytiques, Aristote exa-
mine et analyse les données de la démonstra-
tion. Ces données sont de deux espèces : les
,prina'~>es et les définitions. Toute connaissance
vraiment digne du nom de principe se dis-
tingue par trois caractères : elle est univer-
selle, essentielle, nécessaire. Il y a deux espèces
de principes -. les uns généraux, qui convien-
nent également à toutes les sciences, et qui
sont la base même de la vérité et de l'intelli-
gence; les autres particuliers, qui ne peuvent
servir qu'à la solution d'un petit nombre de
problèmes. Sur les principes généraux est
fondée la science générale, à laquelle toutes
les autres empruntent leur certitude, et qui
mérite d'être appelée la science souveraine,
ou la science par excellence. Les sciences par-
ticulières sont fondées sur les principes par-
ticuliers , lesquels ne sont autre chose que
les principes généraux présentés sous une
forme moins abstraite et renfermés dans une
sphère déterminée. Gomme on peut demander
d une chose si elle est et pourquoi elle est, il y
a deux sortes de sciences :■■ sciences de faits,
sciences de causes. Les premières sont appe-
lées par Aristote .sciences esthétiques, parce
qu'elfes reposent sur le témoignage et les im-
pressions des sens ; les secondes sont les
sciences mathématiques, qui ne reposent que
sur des abstractions de la raison. Les sciences
esthétiques sont plus faciles; elles précèdent
nécessairement les autres dans l'intelligence
humaine. En revanche, les sciences mathé-
matiques sont plus dignes du nom de sciences ;
elles sont plus certaines et plus rigoureuses
dans leurs résultats, parce qu'elles n'ont qu'à
déduire les conséquences de certains principes
' évidente par eux-mêmes. La théorie de l'er-
reur est liée à cette distinction des sciences
esthétiques et des sciences mathématiques. Il
ya deux espèces d'erreurs, l'une qui résulte
d'un raisonnement vicieux , d'un syllogisme
dont les termes ou les propositions n'ont pas
été disposées selon les règles ; l'autre qui pro-
vient de la privation d'un sens ou d'un.défaut
d'observation. La définition est l'expression
des qualités essentielles d'une chose ou de sa
nature spécifique. Il faut distinguer deux
espèces de définitions : les unes, immédiates,
nous font vraiment connaître l'essence des
choses et leurs causes les plus élevées; les
autres, médiates, n'expriment que des qualités
et des propriétés secondaires. Les unes et les
autres doivent être distinguées des définitions
de noms, qui font seulement connaître la' signi-
fication des mots. Aristote trace les régies de
la définition qui consiste à rechercher les
attributs essentiels de la chose. Pour bien faire
la définition d'un objet, il faut n'admettre que
les attributs essentiels, ies classer selon l'ordre
qui leur appartient, et n'en omettre aucun. La
définition doit convenir à tout le défini et au
seul défini. Ce qu'il faut rechercher dans les
démonstrations, c'est la rigueur ; dans les dé-
finitions, c'est la clarté, et pour l'obtenir, il
faut soigneusement éviter les termes méta-
phoriques. Aristote termine les secondes ana-
lytiques en disant que les principes universels,
-■-'■*—' — ■'■- ss, indémontrable
miers principes par
de généraliser.
analytiqcjement adv. (a-na-li-ti-kc-
man— r&a. analytique). Par analyse, d'une ma
nière analytique : Procéder anai.ytiqukmunt.
— Par plaisant. : L'occupation lapins séante
me parait de ne rien faire ou de fumer analy-
tiqukmiînt son cigare. (Th. Gaut.)
ANAM , un des noms de la Cochinchine.
anamani ou anani s. m. pi. Peuple d'ori-
gine gauloise, qui habitait le nord de l'an-
cienne Italie, dans la région qui a servi à
formor les duchés de Parme ot do Plaisance.
On leur attribue la fondation do cette der-
nière ville, que les Romains nommèrent Pta-
centia {de placera, plaire), à cause de sa belle
situation.
ANAMARTÉSIE
;. f. (a-na-mar-té-zî — du
priv, ; amartèsomai, manquer, faillir).
^,1. i* pur,, uihu; icaywtKt, manquer,
Didact. Impeccabilité ; état de celui
l6i
qui n
ieut pécher : £'anamartésik n'appartient qu'à
ANAMELECH, divinité des Samaritains, qui
paraît être la même que Moloch. Quelques
rabbins la représentent sous la forme d une
caille ou d'un faisan.
anaménie s. f. (a-na-mé-'nî). Bot. Genre
de plantes de la famille des renonculacées
voisin des renoncules, et '
nom de hiowltonie.
ANAMIRTATE s. m. (a-na-mir-ta-te— rad.
■ anamirtique). Chim. Sel formé par la combi-
naison de l'acide anamirtique avec une base.
ANAMIRTE s. m. (a-na-mir-te). Bot. Genre
de plantes de la famille des ménispermacées,
, renfermant une seule espèce, dont le fruit est
connu sous le nom de coque du Levant.
ANAMIRtine s, f. (a-na-mir-ti-ne — rad.
anamirte). Chim. Substance grasso que l'on
ANA
extrait de la coque du Levant ou graine
d'anamirta cocculus. L'anamirtine est un gly-
cériûe solide qui fond à 35°. Elle s'appelle
encore siéarophanine.
ANAMIRTIQUE adj. (a-na-mir-ti-ke— rad.
anamirte). Chim. Se dit d'un acide que donno .
l'anamirtine par la saponification. On obtient
l'acide anamirtique en décomposant par l'a-
cide chlorhydrique le savon que forme l'ana-
mirtine, traitée par une lessive de potasse.
L'acide anamirtique est encore appelé acide
stéarophanique.
— Se dit d'un éther qu'on obtient en faisant
passer, pendant plusieurs heures, du gaz chlo-x
rhydriquo dans une solution alcoolique et
chaude d'acide anamirtique.
anamite. V. Annamite.
ANAMNÉSIE s. f. (a-na-mné-zî — du gr.
anamnèsis ; formé de ana, de nouveau ; mnèsis,
mémoire). Didact. Réminiscence.
— Méd. Retour de la mémoire.
ANAMNESTXQUE adj. (a-na-mnè-sti-ke—
rad. anamnésie). Qui appartient à l'anam-
— Ane. méd. Remèdes anamnestiques , Que
l'on croyait propres à rendre la mémoire.
— Signes anamnestiques ou commémorât! fs.
Se dit, par opposition à signes actuels ou pré-
sents, de toutes les conditions antérieures au
développement d'une maladie, et dont l'obser-
vateur n'a connaissance qu'en faisant appel
à la mémoire du malade , telles que la pro-
fession, l'hérédité, les maladies et les traite-
ments antérieurs, etc.
ANAMORPHIQUE adj. (a-na-mor-fi-ke —
du gr. ana, en haut: morphè, forme). Miner.
Se dit d'un cristal dans lequel, quand on le
place suivant sa position la plus naturelle, le
noyau se trouve renversé : Cristal anamor-
phique.
ANAMORPHOSE s. f. (a-na-mor-fo-ze — du
gr. ana, à travers; morphè , forme). Image,
représentation grotesque, diiforme, quand
elle est vue d'un certain point.
— Bot. Dégénérescence morbide qui se ma-
nifeste sur certains lichens et autres crypto-
games, de manière à les rendre méconnais-
sables, ot à faire placer dans trois ou quatre
genres différents les individus modifiés d'une
même espèce.
— Techn. Dans les manufactures -d'étoffes
chinées, projection d'un dessin.
ANAMORPHOTIQUE adj. (a-na-mor-ro-tï-
ke — " rad. anamorphose). Qui tient de l'ana-
morphose; qui la produit : Cristal, miroir
anamorphotique. On trouve dans les actes de
Leipzig de 1712 la description d'une machine
ANAMORPHOTIQUE. (D'Alembert.)
ANÀMPSÈS s. m', (a-nan-psèss — du gr.
anakampsis, courbure à rebours). Ichth. Genre
de poissons de la famille des labroïdes , dont
on ne connaît qu'un petit nombre d'espèces,
qui vivent dans la mer Rouge et 1 océan
Indien.
ANAMUR, ANAMOUIl ou ANÉMOUR, l'ane.
Anemurium, cap du pachalik d'Adana, dans
la Turquie d'Asie. Ce point, le plus méridional
de l'Asie Mineure, a été décrit par Strabon
comme le point le plus rapproché de l'île de
Chypre, Ce cap se termine par un rocher à.
pic, dont un côté est inaccessible ; l'autre a été
fortifié par' un château et des lignes de dé-
fense placées sur l'éminence du roc, d'où une
muraille flanquée de tours descend à la côte,
qu'elle sépare du reste du promontoire. Dans
1 enceinte des limites du château, on voit les
ruines de deux théâtres, et, par delà les mu-
railles, un grand nombre de tombes isolées,
contenant chacune deux chambres dont le toit
est voûté. Lacitéd'Anemuriura est mentionnée
par Pline ; il en reste encore quelques traces.
ANANAEL, nom d'ange ou de puissance ma-
gique que l'on a trouvé sur un abraxas.
ANANAS s. m. (a-na-na). Plante qui croît
dans les contrées chaudes de l'Asie et de
l'Amérique, n Fruit de cette plante ; il est do
forme conique et assez semblable à la pomme
de pin, mais beaucoup plus gros : Salade d'\-
nanas. Tous ceux qui ont mangé des ananas sous
l'équateur prétendent que c'est le plus exquis
de tous les fruits. (Encycl. cathol.) En 1733,
Louis X V fit seroir à sa table les deux pre-
miers ananas qui aient mûri sous- notre climat.
(Bouillet.) Le suc cf ananas, soumis à la fer-
mentation, donne un vin assez agréable, qui
produit aisément l'ivresse. (Young.) La saveur
acidulé de V ananas le rend précieux sous les
climats brûlants. (Duméril.) La chair de J'ana-
NAS est si savoureuse, qu'on y trouve le goût de
la pèche, de la pomme, du coing et du muscadet
tout ensemble. (Roques.)
— Bot. Ananas des bois. Nom vulgaire
de quelques espèces de bromôlia, de til-
landsies, etc.
— Hortic. Variété de fraise très-grosse ,
mais qui a moins de saveur et de parfum que
la fraise des jardins , et surtout que lu fraise
des bois, il On dit aussi fraise ananas.
— Polyp. Ananas de mer. Nom vulgaire
d'une sorte d'astrée.
— Paléont. Ananas fossile. Nom vulgaire
d'un fossile remarquable qu'on croit être la
tôte d'une espèce d eherine, et qui offre quel-
que ressemblance avec le fruit de l'ananas.
ANA
dont les feuilles, longues quelquefois de plus
d'un mètre, sont épineuses sur les bords. Le
fruit est surmonté d'un bouquet ou couronne
de petites feuilles. Originaire des Antilles et
des contrées chaudes de l'Amérique du Sud,
cette plante a été depuis longtemps introduite
en Europe. On l'élève en plein air dans le
midi de l'Espagne , mais les fruits sont de qua-
lité médiocre. Dans le Nord , elle est cultivée
dans des serres spéciales, appelées serres à
ananas , ou dans des bâches , chauffées soit
par les moyens ordinaires , soit simplement
avec du fumier. Comme, dans ces circon-
stances, l'ananas donne rarement des graines,
on le propage par ses oeilletons. 11- faut ordi-
nairement trois ans pour que la plante par-
coure toutes les phases de sa végétation , et
comme on la repique ou on la transplante tous
les ans, il s'ensuit qu'une serre à ananas se
divise en trois compartiments, qui présentent
des pieds a trois différents degrés de dévelop-
pement. Cette culture a pris une grande exten-
sion dans diverses localités , notamment aux
environs de Paris. Les fruits qu'elle produit,
quoique inférieurs à ceux des régions tropi-
cales , sont savoureux et parfumés ; mais le
prix en est toujours très-êlevé. Ainsi un ana-
nas' sur sa tige coûte de 20 à 30 fr. ; mais,
à certaines époques, et quand la récolte a
été abondante, on peut en trouver dans les
rues de Paris a 3 et même à 2 fr. Parmi les
nombreuses variétés damnas, on cite : l'ana-
nas de la Martinique, l'ananas de Cayenne,
l'ananas de la Jamaïque , l'ananas de Saint-
Domingue , l'ananas de la Havane et l'ananas
d'Otaïti. Mais ces différentes espèces varient
peu de grosseur et même de qualité.
Découvert au Brésil par Jean de Léry
en 1555, l'ananas passa d'abord en Angleterre,
et ce n'est que sous Louis XV, vers 1733, qu'il
fut cultivé pour la première fois en France,
où on le voyait dans les jardins royaux et sur
la table de quelques grands seigneurs. Oublié
pendant la Révolution et l'Empire, il fut cul-
tivé de nouveau sous le règne de Louis XVIII,
par un jardinier du château de Choisy-le-Roi,
qui en avait conservé' la tradition. L'ananas se
mange par tranches horizontales saupoudrées
de sucre et légèrement arrosées de kirsch ou
de rhum.
ANANCÉE s. f, (a-nan-sé — du gr. anaqké,
nécessité). Didact. Figure par laquelle, dans
une étiologie, on montre la nécessité d'une
chose.
ANANCHITE s. f. (a-nan-chi-te — du gr.
apriv.; anawcW, je serre, j'étrangle). Paléont.
Genre d'éeninides fossiles, appartenant aux
terrains crétacés.
— Pierre employée par les magiciens dans
l'hydromancie ou divination par l'eau :L'au-
musse que portait la prieure s'attachait devant
le front à un fermoir d'or incrusté d'une anan-
chite par laquelle on évoquait les figures des
dieux. (Gôr. de Nerv.)
ANANCYLE s. m. (a-nan-si-le — du gr. a
priv. ; agchulos, crochet). Entom. Genre d'in-
sectes coléoptères longicornes, renfermant
deux espèces, qui habitent Java.
ANANDATE, divinité protectrice, chez les
anciens Perses.
ANANDA- VOUHDON, fêtes qui se célèbrent
dans l'Inde la veille de lapteine lune d'octobre,
en l'honneur de la. trinité indoue , Vichnou ,
Shiva et Brahma," qui y sont adorés sons la
figure d'un serpent à mille têtes. Pendant
toute la durée de l'ananda-vourdon, les fidèles
ne doivent se nourrir que de confitures et de
tartelettes sucrées; mais on peut éluder cette
obligation au moyen d'ablutions et de purifi-
cations qui durent plusieurs jours, et surtout en
abandonnant aux brahmes une certaine somme
ANANDEN, nom d'un serpent fameux dans
la mythologie des Indous. C'est le prince des
serpents, ou le serpent royal qui porte le globe
de la terre. Dans l'immense mer de lait où il
nage, il sert de trône à Vichnou ; c'est sur lui
que repose le dieu, toujours plongé dans un
sommeil qui ne nuit point à ses continuelles
méditations. Ce serpent n'avait primitivement
que cinq têtes ; deux servaient de coussins à
Vichnou , une de point d'appui, et les mains
du dieu se posaient sur les deux autres. La
tradition indoue rapporte que le serpent vou-
lant savoir un jour jusqu'où s'étendait la puis-
sance de Vichnou, se dit : « Il repose sur mes
cinq tètes; mais que ferait-il si j en avais une
de plus? » Et aussitôt il fit sortir de son corps
une sixième tête. Vichnou s'en étant aperçu,
se donna immédiatement une main de plus,
qu'il plaça sur la nouvelle tête. Enfin, cette
multiplication des têtes d'un côté, et des mains
. de l'autre, s'étendit jusqu'à, mille. C'est ainsi
que, dans les temples des Indous, Vichnou et
le serpent sont représentés.
ANANDRAIRE adj. (a-nan-drè-re — du*gr.
a priv. ; anèr, andros, mâle). Bot. Se dit dos
fleurs qui manquent d'étamines ou d'organes
mâles. Il On dit aussi ananorb et anandriquu.
ANANDRE adj. (a-nan-dre). Bot. Syn, de
anandraire.
ANANDRIE s. f. (a-nan-drî— du gr.apriv. ;
anèr, andros, mâle). Bot. Genre de plantes
de la famille des composées , voisin des tussi-
lages, renfermant une seule espèce , plante
vivace qui croit en .Sibérie.
ANANDRIQUE adj. (a-nan-dri-ko). Bot.
Syn. de anandraire.
ANA
317
ANANGA. Myth. V. Ana.
ANANI. V. Anamani.
ANANIAS, MIZAÈL et AZARIAS, jeunes Hé-
breux captifs à Babylone. Pendant cette capti-
vité, Nabuchodonosor, enorgueilli de sa puis-
sance, se fit élever une statue d'or, et tous reçu-
rent l'ordre de se prosterner devant l'idole nou-
velle. Trois jeunes Hébreux, Ananias, Mizael
et Azarias, refusèrent de fléchir le genou.
Alors le roi, transporté de fureur, les fit jeter
dans une fournaise dont la chaleur, sept fois
plus ardente que d'ordinaire, dévora immédia-
tement les soldats qui exécutèrent ses ordres j
puis on vit les trois jeunes Hébreux marcher
au milieu des flammes en chantant un-cantique
d'actions de grâces : l'ange du Seigneur était
avec eux. Le roi, frappé d'admiration, pro-
clama Sa puissance du vrai Dieu, et combla les
trois Hébreux de ses faveurs.
La littérature s'est emparée de ce fait mira-
culeux, et elle fait de fréquentes et poétiques
allusions à la fournaise des trois jeunes Ilé-
« On n'a pas assez également départi le
tribut de nos larmes I s'écria M. de Chateau-
briand ; on a oublié ce roi enfant, ce jeune roi
martyr (Louis XVII) qui a chanté les louanges
du Seigneur dans la fournaise ardente; dont
le règne si court dans l'histoire a. été si long
par la douleur. »
Achille du Vaulabelle.
« En vain j'essayai de ranimer mon malheu-
reux compagnon, mes efforts furent inutiles.
Je m'assis à quelque distance , tenant mon
cheval en main, et n'espérant plus que dans
Celui qui changea les feux de la fournaise
d'Azarias en un vent frais et une douce rosée.
Un acacia qui croissait dans ce lieu me servit
d'abri. Derrière ce frêle rempart, j'attendis la
fin de la tempête. » Chateaubriand.
« Cette voix, d'une étendue inouïe et d'une
passion sublime, donnait à la poésie rude et
inculte de ces psaumes une magie ot une
expression que les puritains les plus exaltés
trouvaient rarement dans leurs chants , et
qu'ils étaient forcés d'orner de toutes les res-
sources de leur imagination.
Pour Fulton, cette voix était celle do l'ange
qui consolait les trois Ifébreux dans la four-
naise. » Alex. Dumas.
ANANIAS, peintre qui vivait en Mésopo-
tamie vers les premières années de l'ère chré-
tienne. Il fut chargé par Abgar, roi d'Edesse,
îf aller inviter Jésus à venir chez ce prince, qui
était atteint d'une grave maladie. Sa démarche
ayant échoué, il voulut du moins rapporter à
son roi le portrait du Messie. Il essaya doue
de le peindre tandis qu'il causait au milieu de
ses disciples , mais il n'y put réussir , soit à
cause des mouvements de son modèle, soit a
cause- du rayonnement de sa figure. Informé
des intentions de cet homme, Jésus demanda
de l'eau, s'en lava le visage et s'essuya avec
une toile qu'il remit à Ananias : or, d'après
Jean de Damas, Codrenus et" d'autres écri-
vains qui rapportent celte légende , l'image
de ^Homme-Dieu se trouva imprimée sur cette
toile. Abgar reçut avec empressement ce por-
trait et fut guéri.
Cette image miraculeuse rappelle celle qui
se fixa sur le linge avec lequel Véronique
essuya la sueur de Jésus, pendant la montée
douloureuse du Calvaire.
ANANIK, grand prêtre des Juifs, persécu-
teur des chrétiens, fit souffleter saint Paul au
moment où il se disposait à plaider sa cause
devant le grand conseil des Juifs. Il fut mas-
sacré plus tard dans une sédition, dont son fils
Eléazar était le chef.
AN AME (saint), martyr en Perse. Fête le
îer décembre. Il Martyr a Daïnas. Fête le
25 janvier.
ANANIE et SAl'MlHE, époux dont il est
parlé dans les Actes des Apôtres. Dans les pre-
miers temps du christianisme, la communauté
des biens s'était établie au sein de la société,
peu nombreuse encore, qui s'était ralliée au-
tour de la croix du Christ. Ceux des chrétiens
qui possédaient quelques biens les vendaient
pour en mettre le prix aux pieds des apôtres.
Ananie voulutse joindre àeux. S'étant concerté
avec sa femme, il vendit tout ce qu'il possé-
dait, et vint en apporter le produit à saint
Pierre, mais sans fui avouer qu'il en retenait
une partie pour son propre usage. Il ne put
tromper l'apôtre, qui lui reprocha vivement
son manque de foi : « Ce n'est pas aux hommes
que vous avez menti, dit-il, c'est à Dieu. » •
A ces mots, Ananie tomba frappé de. mort. Sa
femme s'étant présentée quelque temps après,
sans savoir ce qui s'était passé , confirma a
l'apôtre la déclaration mensongère de son
mari, et mourut elle-même à l'instant.
Cet épisode a été représenté d'une façon
remarquable par plusieurs grands" artistes,
notamment par Raphaël, dans une des compo-
sitions qu'il fit pour les Arazzi (V. ce mot) du
Vatican, Ananie expire, comme foudroyé par
saint Pierre, dont l'attitude est pleine do ma-
jesté; Saphire, qu'attend le même sort, tient
encore à la main l'argent secrètement mis en
réserve. Les apôtres qui entourent leur chef,
et les autres assistants, paraissent remplis à lu
318
ANA
fois d'admiration et de saisissement. Saint Jean
et un autre disciple, placés à l'écart, font l'au-
mône h de pauvres gens. La galerie d'Hampton-
Court possède le carton de cette belle compo-
sition.
ananite s. m. Membre d'une secte fondée
par Ananus.
"anansie s. f. Relat. Nom d'une grosse
araignée adorée par les nègres de la Côte
d'Or, qui lui attribuent la création de l'homme,
et quiia révèrent comme une divinité parti-
ANANTA. Myth. ind. Un des noms du prince
des serpents, qui sert de trône à Vichnou, et
qui porte le globe de la terre.
ANANTHE adj. (a-nan-ie — du gr. a priv. ;
anthos, fleur). Bot. Qui ne porte pas de fleurs.
ANANTHÈRE adj. (a-nan-tè-re — du gr.
a priv., et anthère). Bot. Qui n'a pas d'an-
thères.
ANANTHÉRIX s. m. (a-nan-té-rî-kse — du
gr. opriv. -, antlwrix,vp\). Bot. Genrede plan-
tes delà famille des asclépiadées, mal déter-
miné, et dont le type est l'asclépiade verte.
ANANTHOCYCLE s. m. (a-nan-to-si-kle —
du gr. a priv. ; anthos, fieur, et kuklos, cercle).
Bot. Ancien nom d'un genre de la famille des
composées, syn. de cotule.
ananthope s. m. (a-nan-to-pe — du gr,
a priv- anthos fleur, et pous, pied). Bot.
Genre de la famille des commélynees, syn. de
commélyne.
ou plutôt le restaurateur de la secte des
raïtes, qui, s'attachant scrupuleusement à la
lettre de la loi de Moïse, rejettent toutes les
interprétations allégoriques imaginées par les
talmudistes. Il ne reste que quelques fragments
des ouvrages d'Ananus ; mais sa secte existe
encore aujourd'hui.
ANAPA, port et forteresse dans la Circassie
russe, située sur la côte orientale de la mer
Noire , à vingt milles au N. du havre de Sud juk-
Kalé, et à trente milles S.-S.-O. de l'embou-
chure du Ruban; 3,000 hab. Cette ville fut
fondée par les Turcs en 1784, afin de protéger
leurs sujets tartares sur la rive gauche du
Kuban, et de maintenir leurs relations avec
les tribus du Caucase. Les produits de la Cir-
cassie commencèrent bientôt à circuler par
Anapa, de même qu'ils avaient passé autre-
fois par Taman, dont les Russes venaient de
s'emparer. En réalité, ce n'est pas un port de
commerce, mais une rade qu'il y a à Anapa.
Elle importe les tissus de laine et de coton, la
quincaillerie, le verre, le sel, etc., et exporte
les peaux de bœuf, de buffle , de vache , les
pelleteries, le suif, la cire, etc. — La forteresse
a'Anapa est construite sur un rocher escarpé,
point extrême au N.-O. des montagnes du
Caucase. Le terrain est uni et s'incline jusqu'à
une plaine qui s'étend au N. et à l'E. vers le
Kuban. La rade est protégée par une ligne de
rocs blanchâtres. Des bastions et un fossé dé-
fendent les approches du fort du côté de la
plaine. Un corps de 8,000 Russes essaya vai-
nement de prendre Anapa en 1790 ; mais ,
l'année suivante, elle tomba au pouvoir du
général Goudovitch, bien que détendue par
10,000 Turcs et 15,000 montagnards. Rendue
auxTurcs quelque temps après.elle fut reprise
par les Russes en 1807 et 1809. Parle traité
de Bukharest, elle rentra au pouvoirdesTures.
Après une opiniâtre résistance, les Russes s'en
emparèrent de nouveau en 1S28, et depuis ils
ont conservé cette place forte, qui est le der-
nier anneau de la vaste chaîne de fortifications
qu'ils ont élevée sur le littoral de la mer Noire,
afin d'isoler et d'interner, pour ainsi dire, les
Cîrcassiens dans leurs montagnes, et de rompre
toutes les relations qu'ils entretenaient avec la
ANAPALE s. t. (a-na-pa-le — du gr. ana-
patê; formé de ana, de nouveau ; paie, lutte).
Antiq. Sorte de danse exécutée à Lacédémone
par des enfants nus. C'était un exercice gym-
nastique, une espèce de lutte plutôt qu'une
' ANAPAUSIE s. f. (a-na-po-zî — du gr.
anapnuô, je repose, je me délasse). Bot. Genre
de fougères.
ANAPAVOMÈNE s. f. (a-na-pa-vo-mè-ne —
du gr. anapauomai, cesser, s'arrêter). Myth.
gr. Fontaine intermittente de Dodonc,'qui
était consacrée à Jupiter, et à laquelle on
attribuait la propriété d'allumer Tes flam-
beaux éteints et a'éteindre ceux qui étaient
allumés.
ANAPE. Myth. Amant de la nymphe Cyané,
lequel tenta de s'opposer à l'enlèvement de
Proserpine. Pluton le changea en fleuve
(l'Anape, en Sicile).
ANAPÈRE s. m. (a-na-pè-re — du gr. ana-
pèros, mutilé). Entom. Genre d'insectes
diptères, renfermant deux espèces qui vivent
en parasites sur les hirondelles.
ANAPESTE s. m. (a-nu-pè-steT du gr.
anapaistos, frappé à rebours; formé domina,
qui marque interversion, et de pair), je frappe,
parce qu'en dansant, lorsqu'on chantait des
vers de cette mesure, on frappait la terre
d'une manière toute contraire à celle dont on
battait la mesure pour des poésies où domi-
nait le dactyle). Prosod. anc. Pied composé de
deux brèves et d'une longue, en usage dans
ANA
la versification grecque et la versification
latine, comme dans le mot latin sabotes.
L'anapeste est l'opposé du dactyle, et son
nom exprime cette opposition. Les Grecs lui
donnaient encore le nom à.' antidactyle.
— Par ext. Le mot anapeste était souvent
employé comme synonyme de parabase, pour
désigner l'intermède de la vieille comédie
grecque.
— S'empl. adjectivem. comme synonyme
de anapestique : Vers, pied anapeste.
ANAPESTIQUE adj. (a-na-pè-sti-ke— rad.
anapeste). Prosod. anc. Qui tient de l'ana-
peste, qui est composé d'anapestes. Se dit
d'un vers grec ou latin où domine l'anapeste :
Les poésies d'Anacréon sont remplies de vers
ANAPESTIQUES. '
— Encycl. Il existe plusieurs variétés de
vers anapes tiques : 1 o l'anapestique monomère,
qui se compose de deux pieds, dont le premier
peut être un anapeste, un spondée ou même
un dactyle, et le second un anapeste ou un
spondée ; 2° l'anapestique dimètre, qui se com-
pose de deux anapestiques monomètres, c'est-
à-dire de quatre pieds; 3» l'anapestique di-
mètre catalectique , qui se compose de trois
pieds et demi; 4° 1 anapestique tétramètre
catalectique, ou de sept pieds et demi, qui a
reçu le nom à'aristophanien, à cause du grand
usage qu'en a fait Aristophane,
anApétie s. f. {a-na-pé-sî — du gr. ana,
à travers; petaâ, j'ouvre). Pathol. Dilatation
des vaisseaux ou de l'orifice de certains vis-
cères, de l'estomac, de la vessie.
ANAPHALANTIASIS s. m. (a-na-fa-lan-ti-
a-ziss — du gr. anaphalantos , qui n'a point
de sourcils). Pathol. Chute des poils des
sourcils.
ANAPHALE s. m. (a-na-fa-le — du gr. ana-
phalos, chauve). Bot. Genre de la famille des
composées, voisin des gnaphales, renfermant
quelques plantes vivaces, qui croissent sur
les montagnes de l'Inde.
anaphe s. m. (a-na-fe — du gr. anaphê ,
impalpable, d'une petitesse extrême). Entom.
Genre d'insectes hyménoptères, renfermant
quelques espèces indigènes de très -petite
ANAPHE ou ANAPIII, petite île de la mer
Egée, dans les Cyclades. Elle surgit soudaine-
ment de l'eau pour donner asile aux Argo- '
nautes. Aujourd'hui Namphio.
ANAPHÉE. Myth. Surnom d'Apollon, qui
avait un temple Sans l'île d'Anaphe.
ANA.PH1E s. f. (a-na-fî — du gr. a priv. ;
aphè , tact, à cause de l'absence des palpes).
Zool. Genre d'arachnides trachéennes, doiit
l'espèce type habite la Caroline du Sud.
ANAPHLASME s. f. (a-na-fla-sme — du gr.
ana, de nouveau ; phlao, je bats). Méd. Mas-
turbation, onanisme.
ANAPHLYSTE, fils de Troezen, qui a donné
son nom k un des dêmes de l'Atlique.
ANAPHONÈSE s. f. (a-na-fo-nè-ze — du
gr. anaphonésis ; formé de ana, en haut ; phonè,
voix). Anc. méd. Sorte d'exercice pour déve-
lopper la voix, pour la fortifier,
ANAPHORE s. f. (a-na-fo-re — du gr. ana-
phora, report ou retour). Rhctor. Espèce par-
ticulière de répétition, qui consiste a recom-
mencer par le môme mot divers membres
d'une phrase, afin de frapper l'esprit.
— Méd. Evacuation par la bouche.
— Encycl. Nous trouvons de très-beaux
exemples d'anaphore dans les grands classi-
ques , dans les Géorgiques de Virgile (Episode
d'Orphée et d'Eurydice) :
Te, dulcis coniux, te. solo in littore secum.
Te, veniente «lie, te decedente canebat.
Dans Corneille (Imprécations de Camille) :
Rome, l'unique objet do ton ressentiment;
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant;
Rome, qui t'a vu naître et que ton cœur adore;
Rome enfin que je hais, parce qu'elle t'honore.
ux y uoir tomber la foudre;
:endre et tes lauriers en poud
^"deVS1]'
Dans Racine (Iphigénie):
Je n'y vais que pour voies, barbare que vous Gtes;
Pour vous, a qui des Grecs moi seul je ne dois rien ;
Vous que j'ai fait nommer et leur chef et le mien ;
Vous que mon bras vengeait dans Lesbos enflammée.
Avant que vous eussiez assemblé votre armée.
Dans Louis XI, de C. Delavigne, le médecin
Coytier se plaint que le roi l'oblige h rester
continuellement près de s<
Moi, que d'un faux a
1 lit ;
i pied du lit royal,
ANAPHORIQOE adj. (a-na-fo-ri-ke — rad.
anaphore), Rhét. Qui appartient, qui a rapport
à l'anaphore,
— Période anaphorique, Période, phrase
dont plusieurs membres commencent nar le
même mot, comme dans les exemples cités à
— Méd. Se dit des médicaments qui font
• j)ar en jjaut.
ANA
— Mêean. Se dit de tout ce qu'on peut faire
mouvoir par le moyen de l'eau : Horloge ana-
phorique. Orgue anaphorique.
ANAPHORISME s. m. (a-na-fo-ri-sme —
rad. anaphore). Rhét. Abus de l'anaphore.
ANAPhrodisiaque adj. (a-na-fro-di-zi-
a-ke — rad. anaphrodisie). Méd. Qui n'éprouve
aucun désir vénérien, dont les organes géni-
taux sont frappés d'atonie.
— Substance anaphrodisiaque , Qui éteint
les désirs vénériens. V. Antiaphrodisiaque.
ANAPHRODISIE s. f. (a-na-fro-di-zî — d u
gr. a priv.; Aphrodite, un des noms de Vénus).
Méd. Absence de désirs vénériens, soit acci-
dentelle, soit constitutionnelle.
— Encycl. U anaphrodisie est naturelle lors-
qu'elle dépend de l'absence complète de tem-
pérament génital, ou qu'elle a été amenée par
les progrès de l'âge. Elle appelle l'intervention
du médecin quand elle résulte de l'atîaiblisse-
•ment de la constitution, qu'elle survient pré-
maturément sous l'influence de causes diver-
ses : onanisme, abus des plaisirs vénériens,
excès de tout genre, pertes séminales, etc. Le
traitement de l' anaphrodisie consiste à sous-
traire les malades aux causes qui l'ont amenée,
à combattre l'épuisement des forces par une
médication et une alimentation toniques, et à
ranimer la sensibilité génitale. par des moyens
locaux , tels que lotions froides, douches Sur
le périnée et les lombes , frictions sèches ou
avec des liquides irritants, massage, urtication ,
flagellation, etc. Quant aux médicaments dits
aphrodisiaques, tels que les cantharides, le
phosphore, etc., les dangers qu'ils présentent
doivent les faire rejeter complètement.
ANAPHRODITE adj. et s. m. (a-na-fro-di-
te — du gr. a priv.; Aphrodite, Vénus). Qui
est insensible à l'amour, impropre à la géné-
ration.
ANAPHRODITIQUE adj. (a-na-fro-di-ti-ke —
rad. anaphrodité). Hist. nat. Se dit d'un corps
organise qui n'est pas le produit d'une géné-
ration proprement dite, qui se développe sans
le concours des sexes.
ANAPHYSE s. f. (a-na-fi-ze — du gr. ana-
phusis , reproduction). Méd. Régénération,
action de renaître.
ANAPIESMA s. m. i a-na-pi-è-sma — du
gr. anapiesma, trappe; dérivé de anapiezô, je
pousse en haut). Antiq. Espèce de trappe au
moyen de laquelle les anciens faisaient mon-
ter les divinités de dessous le théâtre sur la
ANAPIUS et AMPHINOMDS,deux frères de
Catane, qui, lors d'une éruption de l'Etna, au
lieu de chercher à sauver leurs richesses,
emportèrent sur leurs épaules leurs parents
infirmes. L'histoire rapporte que, sur le point
de les atteindre, là lave se sépara en deux
torrents, afin de les épargner. On érigea des
statues à ces héros de la piété filiale, et on les
honora sous le nom des l'rères pieux.
ANAPLASTIE OU ANAPLASIE S. f. (a-na-
pla-sti — du gr. ana, de nouveau; plassein,
former). Chirur. Mode d'opération chirurgi-
cale qui consiste à restaurer des parties dé-
truites au moyen d'autres parties qu'on em-
prunte au même individu. Lu mot autoplastie,
qui a le même sens, est plus généralement
employé.
ANAPLASTIQUE adj. (a-na-pla-sti-ke —
rad. anaplastie). Chirur. Qui a rapport à l'a-
naplastie. Il Lambeau anaplastique, Celui qui
est taillé dans la peau saine pour servir à la
restauration des parties voisines.
ANAPLECTE s. m. ( a-na-p!c-kte — du gr.
œm, en arrière; plektos, plié, à cause d'un
pli qui se trouve aux ailes). Entom. Genre
d'insectes orthoptères, voisin des blattes, ren-
fermant quatre espèces qui vivent dans les
régions centrales de l'Amérique.
ANAPLÉROSE s. f. (a-na-plc-ro-ze — du
gr. anaplerosis, complément). Anc. chirur.
Syn. de prothèse, seul mot, usité aujourd'hui.
ANAPLÉROTIQUE adj. (a-na-plé-ro-ti-ko
— rad. anaplérose). Anc. méd. Qui a rapport
à l'anaplôrose. Il Syn. do incarnatif, seul en
usage aujourd'hui.
ANAPNOÏQUE adj. (a-na-pno-i-ke — du
gr. anapnoè, respiration). Méd. Se dit des
remèdes propres à faciliter l'expectoration.
anapodophylle s. m. (a-na-po-do-fl-le
— du gr. ana, avec; pous , podos , pied, et
phullon, feuille). Bot. Syn. de podophyiie.
ANAPORÉ, ÉE adj. (a-na-po-ré —du gr.
ana, à travers; poros, pore). Bot. Se dit des
plantes dont les anthères s'ouvrent par les
pores.
— s. f. pi. Tribu de la famille des aroïdées. ■
AtfAPOYMA, ville et département de la
Nouvelle-Grenade, à 60 kilom. de Santa-Fé-
de-Bogota.
ANAPTYSIE s. f. (a-na-pti-zî — du gr. ana,
en haut; ptuà, je crache). Méd. Salivation.
ANAPU, rivière de la province de Para,
dans l'Amérique du Sud,
ANAPORA s. m. (a-na-pu-ra). Zool. Espèce
de perroquet qu'on apprivoise aisément.
ANAR. Myth. scand.. Second mari de Nolt
ou la Nuit.
ANARABAQUE s. m. (a-na-ra-ba-ke). Antiq.
Selon l'historien Joscphc, Nom que les Hé-
breux donnaient au
sacrificateur.
ANA
ANARAÏDES s. f. pi. (a-na-ra-i-de). Nym-
Shes ou génies des eaux, qui, dans la croyanco
es Grecs, se tenaient près des fontaines.
AN ARAZGL. Dans la mythologie Scandinave,
Un des démons chargés 'de la garde des tré-
sors souterrains. Avec ses compagnons Fégor
et Gaziel , il les transporte d un lieu en un
autre, pour les soustraire aux recherches des
hommes.
ANARCHIE s. f. (a-nar-chî — du gr. a priv.;
arche, commandement). Etat d'un peuple qui
n'a plus de chef, plus d'autorité à laquelle il
obéisse , où le pouvoir gouvernemental est
entravé ou suspendu : Tomber dans {'anar-
chie. Sortir de {'anarchie. L'Etat était alors
en proie à {'anarchie. Nous étions alors en
pleine anarchie. L'égalité des possessions et
des richesses entraine une anarchie univer-
selle. (La Bruy.) /.'anarchie, sorte de chaos
social, est destructive de tout ordre, de toute
sécurité. . ( Portalis. ) /{ est plus facile d'éri-
ger une république sans anarchie, qu'une
monarchie sans despotisme. (Napol. 1er.) /,'A-
narchie ramène toujours au gouvernement
absolu. (Napol. I«.) En écrasant {'anarchie,
Bonaparte étouffa la liberté, et finit par perdre
la sienne sur son dernier champ de bataille.
„ „, le
potisme. (Ch. de Rémus. ) Le devoir s .. .. _
droit, c'est l'esclavage; le droit sans le devoir,
c'est {'anarchie. (Lamenn.) Le despotisme est
préférable de beaucoup à {'anarchie. (La-
menn.) Les passions s'abandonnant à leurs
caprices, c'est {'anarchie. (V. Cousin.) La
seule anarchie peut faire sentir l'absolu besoin
de liberté absolue. (Colins.) Le pouvoir absolu
n'est que {'anarchie sous un autre nom. (B.
Const.) //anarchie est le pire des états. (Du-
pin.) /'anarchie n'éclate en bas que lorsqu'elle
existe en haut; {'anarchie n'est dans la rue que
lorsqu'elle est dans le pouvoir. (E. de Gir.)
Toute liberté qui mène à {'anarchie ramène le
despotisme. (E. de Gir.) L'anarchie et la
servitude sont deux fléaux vengeurs qui atten-
dent, pour les punir, les fautes des rois ou les
excès des peuples. (Lamart.) Lanotion ^'anar-
chie, en politique, est tout aussi rationnelle et
positive qu'aucune autre. ( Proudh. ) Comme
l'homme chercke la justice dans l'égalité, la so-
ciété cherche l'ordre dans {'anarchie. (Proudh.)
Tous les livres de politique renferment de vio-
lentes déclamations contre {'anarchie. (J.-P.
Pages.) La tyrannie est pire que {'anarchie, ou
plutôt elle est une véritable anarchie. (Gor-
don.) La dictature n'étouffe {'anarchie qu'en
accroissant l'arbitraire. (A. Billiard.) //anar-
chie la plus complète, tel a toujours été l'état
politique de la race arabe. (Renan.)
L'anarchie en grondant a relevé sa tète.
V. nuao.
i s'est affranchie,
à Vanarchie.
Lemiebre.
— Par ext. Désordre, confusion : Colbert
eut d réparer les maux qu'avait causés {'anar-
chie des finances sous Mazarin. (Thom.) /{
me faut , comme à l'univers , un Dieu qui me
sauve du chaos et de {'anarchie de mes idées.
(Rivarol.) /{ faut opposer un frein à {'anar-
chie de la critique. (Fourier.)
— Iconol. On représente l'Anarchie sous la
figure d une femme dont toute l'attitude an-
nonce la fureur; ses yeux sont couverts d'un
bandeau ; ses cheveux en désordre et ses vê-
tements déchirés ; elle foule aux pieds te livre
do la loi et un faisceau de baguettes, symbole
d'union ; d'une main elle brandit un poignard,
et de l'autre une torche allumée ; à ses côtés
gisent un sceptre brisé et un joug rompu ; le
fond du tableau représente une lutte entre
des citoyens armés de piques, et, plus loin,
une ville incendiée.
. — Encycl. Vanarchie est caractérisée par
la division d'une société en fractions hostiles
les unes aux autres , et par l'instabilité des
pouvoirs publics, conséquence de cette divi-
sion. L'anarchie reconnaît deux causes princi-
pales : l'antagonisme des idées et l'antago-
nisme des intérêts ; il faut y joindre l'ambition
des citoyens qui veulent s'emparer du pouvoir,
l'imperfection des lois politiques , le défaut de
cohésion d'un empire trop étendu , etc. L'a-
narchie est quelquefois, pour une nation, le
prélude de la décadence et de la mort ; elle
peut n'être qu'une crise transitoire produite
par la transformation violente des institutions
sociales. Dans l'ordre économique, l'anarchie,
en diminuant, en détruisant la sécurité, tue le
crédit, tarit les sources du travail, arrête la
formation des capitaux ; dans l'ordre moral,
elle obscurcit les notions du bien et du mal,
du juste et de l'injuste, et trouble plus ou
moins profondément la conscience publique.
Du reste , c'est un état violent, qui ne peut
durer et qui conduit naturellement au despo-
tisme, d'une part en habituant les citoyens h
l'absence de garanties et de barrières légales,
de l'autre en faisant prévaloir sur le besoin de
dignité le besoin de calme et de repos. L'a-
narchie tient une grande place dans l'histoire.
C'est l'anarchie qui a amené la chute de l'em-
pire fondé par Alexandre le Grand, et celle de
la république romaine. L'histoire de notre pays
nous offre le spectacle d'une anarchie pour
ainsi dire chronique sous les rois de la pre-
mière race , après Clovis ; sous ceux de la
seconde, après Charlemagne; sous ceux de la
troisième, avant les croisades. Elle se montre
à l'état aigu au temps de la jacquerie, de la
est jetée vivante par l'ambition de ses voisins,
et dont la pierre paraît si difficile à soulever.
M. Proudhon a donné le nom, paradoxal en
apparence, d'an-arcfiieàune théorie sociale oui
repose sur l'idée de contrat, substituée à celle
d'autorité. Il faut bien comprendre que l'an-
archie proudhonienne n'a rien de commun avec
celle dont nous avons parlé plus haut. Sous ce
nom , le célèbre penseur nous présente une
organisation de la société où la politique se
trouve absorbée dans l'économie sociale, et le
gouvernement dans l'administration, où la jus-
tice commutative s'étendant à tous les faits
sociaux et produisant toutes ses conséquences
réalise l'ordre par la liberté même, et remplace
complètement le régime féodal, gouvernemen-
tal, militaire, expression de la justice distribu-
tive. Les diverses catégories de services pu-
blics : culte , force publique , agriculture ,
commerce, industrie , travaux publics, ensei-
gnement, finances, constituant autant de fonc-
tions indépendantes, centralisées de bas en haut
^ L -V. .,- -l-ie. ai,
:mblé«
e gouvernant chacune par elle-même :
met un grand jury, législature ou asseinl
nationale, nommée directement par la totalité
du pays, et chargée de vérifier les comptes,
de taire les lois, de fixer le budget, de juger
les différends entre ces administrations sépa-
rées ; telle est la conception de M. Proudhon.
« Ainsi, dit-il, le gouvernement n'existe plus,
Euisque par le progros de leur séparation, les
ïcultés qu'il rassemblait autrefois échappent à
son initiative : de l'an-archie est sorti l'ordre.»
Ainsi, aux yeux de M. Proudhon, l'an-archie
est et doit être le modèle des gouvernements :
l'initiative municipale remplaçant la centra-
lisation. On a beaucoup ri de la théorie , et
surtout du mot, que l'on ne comprenait pas, et
nous penchons fort à croire qu'il en est de
même de ces phrases fameuses, que M. Pel-
letan a qualifiées de coups de pistolet tirés dans
la rue : « La propriété , c'est le vol. — Lieu
c'est le mal. » Ajoutons que M. Proudhon, qui
se distingue surtout par une grande originalité
d'esprit, n'est peut-être pas fâché de tous ces
quiproquos. C'est un de ces hommes qui éprou-
vent une certaine jouissance à avoir raison
dans une forme hors de la portée du vulgaire.
On se rappelle sans doute ce mot célèbre, jeté
comme un défi à la Constituante , devant la-
quelle il développait , dans une orageuse séance
de nuit, ses théories socialistes : « Ce que je
dis là vous fait rire ; eh bien, ce qui vous fait
rire vous tuera! » Ce rude Franc-Comtois est
de la famille de Diogène : « Vous vous mo-
quez de moi , disait le cynique , mais moi, je
ne me sens pas moqué. »
— B.-arts. Les peintres et les sculpteurs
qui ont personnifié 1 anarchie l'ont représentée
le plus souvent sous la figure d'un serpent,
d'un dragon vomissantdu feu, quelquefois sous
la forme d'une hydre aux tètes toujours renais-
santes à mesure qu'elles sont coupées. Dans
son Apothéose de Napoléon, M. Ingres s'est
écarté de ce ponsif académique ; il a donné à
l'Anarchie une forme monstrueuse, mais qui
tient par certains côtés de celle du démon
traditionnel. A ce propos, M. Maxime Du
Camp a écrit les lignes suivantes , qui s'appli-
quent parfaitement à certaines époques de
1 histoire : « Nous sommes reconnaissant à
M. Ingres de ne pas avoir peint l'Anarchie
sous la forme consacrée d'une hydre ou d'un
serpent. Mon Dieul est-ce que depuis le temps
qu'on la terrasse en littérature, en peinture et
en sculpture, cette vieille Hydre de l'anarchie
n'est pas morte encore? Je ne sais, mais il me
semble qu'on ne l'a jamais bien comprise. Elle
est laide, j'en conviens de grand cœur; mais
sa laideur ne serait-elle pas un masque? Arra-
chons-le hardiment, et derrière nous trouve-
rons peut-être le visage pâle, extatique et
songeur de ce jeune homme éternel qu'on ap-
pelle le Progrès I Hélas 1 Galilée ne fut-il pas
un anarchiste? La société ressemble un peu à
une femme : un jour, elle se déforme, son
visage s'altère, sa santé s'épuise ; de grandes
douleurs se font en elle ; elle crie , elle prie ,
elle se désespère ; elle prend chacun à témoin
de ses souffrances ; elle croit qu'elle va mourir,
et tout à coup elle met au monde un enfant
vagissant qui la rend orgueilleuse, et qui peutr
être plus tard sauvera l'humanité. •
— Antonymes. Ordre, paix ou tranquillité
publique.'
ANARCHIQUE adj. (a-nar-chi-ke — rad.
anarchie). Qui tient de l'anarchie, qui est
livré à l'anarchie : Etat anarchique. L'ex-
pression de gouvernement anarchique impli-
quant une sorte de contradiction, la chose
semble impossible et l'idée absurde. (Proudh.)
Desmoulins est la plume la plus leste, la plus
gaie, la plus folle du parti démocratique et
ANARcniQUE. (Ste-Bcuve.)
— Qui favorise l'anarchie, qui excite à l'a-
narchie : Système anarchique. Principes anar-
chiques. Ecrit anarchiqub. Leur doctrine
anarchique tend à briser tous les liens sociaux.
(Acad.) Il vaudrait mieux rétrograder vers
l'origine des âges, que d'empoisonner des géné-
rations tout entières de doctrines anarchiques.
(A. Blanqui.)
anarchiquement adv. (a-nar-chi-ke-
man — rad. anarchique). D'une manière anar-
chique, sans autorité légitime : Vivre anar-
chiquement. Gouverner anarchiquement.
anarchiser v. a. ou tr. (a-nar-chi-zé —
rad. anarchie). Néol. Jeter dans l'anarchie,
pousser, exciter à l'anarchie : Les Girondins
poussaient à l'émeute, les Jacobins anarchi-
saient l'armée. (Lamart.)
anarchisme s. m. {a-nar-chi-sme — rad.
anarchie). Système politique d'après lequel
la société pourrait se gouverner sans gou-
vernement établi,' ou du moins sans gouver-
nement central.
— En mauvaise part, Opinion des anar-
chistes : On continua de qualifier de bousin-
gots les démocrates avancés et suspects cè'anar-
chismb. (Fr. Wey.)
anarchiste s. m. ( a-nar-chi-ste — rad.
anarchie). Partisan de l'anarchie, fauteur de
troubles : Le parti des anarchistes, des radi-
caux, des démagogues, des adulateurs de la
multitude, bouleversait Athènes. (Lamart.) Les
vrais anarchistes sont ceux qui sont impa-
tients d'avoir toujours obéi , et qui sont inca-
pables de commander. (Lamart.) De bonnes
choses, dites par un anarchiste, j^'en sont pas
moins de bonnes choses. (Colins.)
— Adjectivem. : Doctrines anarchistes. Il
ne lisait que les journaux anarchistes. Il Dans
ce dernier sens, syn. d'anarchique.
anarèTE s. m. (a-na-rè-te — du gr. a
priv. yaretê, force). Entom. Genre d'insectes
diptères, formé aux dépens des tipulos, et
renfermant une seule espèce, qui vit sur les
pins.
anargyre s. m. (a-nar-ji-re — du gr. a
\>viv.;arguros, argent). Bot. Section de plantes
du genre panargyre.
— pi, Hist. ccclés. Les Anargyres, Nom
donne à saint Côme et à saint Damicn', qui
étaient médecins et qui ne voulaient point
recevoir d'argent de leurs malades.
ANARHYNQUE s. m. ( a-na-rain-kc — du
gr. ana, eh dessus; rugehos, bec). Ornith.
Genre d'oiseaux échassiers , renfermant uno
seule espèce, l'anarhynque à front blanc, qui
habite la Nouvelle-Zélande.
ANARIENNE adj. f. (a-na-ri-è-nc — du gr.
a priv., et arienne). Linguist. Nom donné par
M. Oppert à l'écriture médique.
ANARMOSTIQUE adj. (a-nar-mo-sti-ke —
du gr. anarmostein, s'ajuster mal). Miner.
Nom donné par Haûy à des cristaux offrant
dos facettes qui ne sont pas toutes soumises
à la même loi.
anarnak s. m. (a-nar-nak — motgroën-
land. qui signif. purgatif, parce qu'on prétond
que la chair de l'animal de ce nom est un
violent purgatif). Mamm. Espèce de cétacé
voisin du nerval , que l'on ne rencontre que
sur les côtes du Groenland.
ANARRHÉE s. f. (a-nar-ré — du gr. ana,
en haut; rheô, je coule). Ane. méd. Afllux
des humeurs vers les régions supérieures.
ANARRHÉIQUE adj. ( a-nar-ré-i-ko — rad.
anarrhée). Ane. méd. Qui appartient à l'a-
narrhée.
ANARRHINE s. m. {a-nar-ri-ne — du gr.
anarrinon, nom d'une plante). Bot. Genre de
plantes de la famille des personnées, voisin
des mufliers, renfermant cinq ou six espèces,
qui habitent le bassin méditerranéen, et dont
la plus remarquable est l'anarrkine à feuilles
de pâquerette.
ANARRHIQUE s. m. (a-nar-ri-ke — du gr.
anarrichaomai , grimper). Ichth. Genre de
poissons, renfermant une seule espèce à la-
quelle la force de ses dents a fait donner le
nom vulgaire de loup marin : JS'anarrhiqub
habite l'océan du Nord, et se porte très-haut
vers le pôle. (Valenciennes.)
ANARRHISÉ, ÉE adj. fa-nar-ri-zé— du gr.
aneu, sans; rhiza, racine). Bot. Se dit des
plantes qui, privées de graines, manquent de
racines et de radicules.
— s. f. pi. Famille de ces plantes.
ANARRHOPIE s. f. (a-nar-ro-pi — du gr.
ana, en haut; rhepâ, je tends à). Méd. Ten-
dance du sang à se porter vers les parties
supérieures du corps.
ANARRHOPIQUE adj. (a-nar-ro-pi-ke —
rad. anarrhopie). Pathol. Qui appartient à
l'anarrhopie.
ANARRHYSIS s. f. ( a-nar-ri-ziss — du gr.
anarrhusis; formé de anarrhuô, je sacrifie,
j'immole). Antiq. gr. Deuxième jour des apa-
turios, fêtes célébrées en l'honneur de Bacch us.
anarte s. f; (a-nar-te). Entom. Genre
d'insectes lépidoptères nocturnes , formé aux
dépens des noctuelles, et renfermant une
dizaine d'espèces, qui habitent l'Europe. Ce
sont des papillons de petite taille, et qui,
bien Qu'appartenant au groupe des nocturnes,
volent en plein jour, au soleil, et d'un vol
très-rapide.
— s. m. pi. Géogr. anc. Peuple qui habitait
la partie nord -ouest de la Dacie, territoire
compris aujourd'hui dans la Hongrie.
ANARTHRE adj. (a-nar-tre — du gr. a priv.;
arthron, articulation). Zool. Qui est dépourvu
d'articulations.
ANARTHRIE s. f. (a-nar-tri — du gr. o
priv.; arthron, articulation). Bot. Genre de'la
famille des restiacées, renfermant cinq ou
six espèces. Ce sont des plantes vivaces, qui
habitent les côtes méridionales de l'Australie.
ANA
ANARTHROSYNE s. f. (a-nar-tro-zi-ne —
du gr. anarthrosj inarticulé). Bot. Genre de
plantes de la famille des légumineuses, voisin
des desmodies, ne renfermant qu'une seule
espèce, qui croît au cap de Bonne-Espérance.
ANAS s. m. (a-nass — mot lat.). Ornith.
Nom latin et scientifique du canard. C'est
aussi le nom du pigeon fuyard.
— Métrol. Monnaie en usage dans l'Inde.
ANASARQUE s. f. (a-na-zar-ke — du gr.
ana; à travers ; sarx , sarlcos, chair). Pathol.
Infiltration de sérosité dans le tissu cellulaire,
principalement dans les parties sous-cuta-
nées, d'où résulte une intumescence dont les
proportions varient selon la gravité ou l'état
plus ou moins avancé de l'affection.
— Agric. Maladie des plantes causée par
un fluide aqueux qui filtre sous leur écorec :
Les choux, les salades, les vignes, sont atta-
qués de 2'anasarque lorsque les pluies sont
abondantes.
— Encycl. Méd. Le nom d'anasarque sert à
désigner l'hydropisie générale ou à* peu près
générale du tissu cellulaire. L'hydropisie de ce
tissu, quand elle est limitée à l'un de nos or-
ganes, prend le nom d'osdème. Dtmsl'anasarque,
la peau est luisante, tendue, le plus souvent
froide et d'une couleur blanc de lait. Au début,
l'infiltration occupe les parties les plus déclives
et celles dans lesquelles le tissu cellulaire est
le plus abondant et le plus lâche. Les parties
tuméfiées conservent quelque temps l'em-
preinte du doigt qu'on a appuyé dessus, et lui
font percevoir une sensation d'empâtement.
L'anasarque est dite idiopathique ou essentielle
quand elle ne se rattache h aucune autre ma-
ladie; symptomatique dans le cas contraire.
Elle est active ou aiguë quand elle est due à
un accroissement de l'action sécrétoire, et
partant à un afflux anormal de sang dans les
capillaires artériels de la partie qui en est le
siège ; passive, quand elle est le résultat d'un
obstacle au cours du sang ou à l'absorption de
la sérosité produite.
1/anasarque reconnaît des causes nombreuses
et très-diverses. Elle survient souvent dans le
cours de l'érysipèle, dans la période de desqua-
mation de la rougeole et de la scarlatine. Elle
se montre constamment dans l'albuminurie ou
maladie de Bright,dansla dernière période des
maladies organiques du cœur. Elle est le ré-
sultat fréquent de toutes les maladies chroni-
ques qui ont appauvri le sang et épuisé les
forces. Dance cite un cas A'anasarque sur-
venu à la suite d'une suppression des règles
par un accès de colère. M. Bouillaud met au
nombre des causes de l'anasarque l'action du
froid humide; l'abus des boissons aqueuses, et
la répercussion de la transpiration,
L'anasarque aiguë peut se terminer en peu
de jours par des sueurs abondantes , des
urines copieuses, un flux hémorragique quel-
conque, uanasarque produite par des causes
débilitantes se guérit bien plus lentement.
Lorsque l'anasarque est due à des lésions
organiques profondes, sa durée est entière-
ment sous la dépendance de ces lésions, et
comme elles sont généralement incurables,
l'anasarque l'est également.
Le traitement de l'anasarque doit varier selon
la nature des causes qui l'ont produite. Il offre
deux indications : 1» combattre, détruire , s'il
est possible, la cause de la maladie ; 2° éva-
cuer le liquide épanché .dans le tissu cellulaire
soit en lui procurant directement une issue
par des scarifications pratiquées sur la peau,
soit en en provoquant la résorption à l'aide
de saignées, de diurétiques, de sudorifiques, de
purgatifs. Lorsque l'anasarque est le symptôme
d'une maladie organique incurable, on ne peut
lui opposer qu'un traitement palliatif.
— Artvétér. On désigne sous le nom â'ana-
sarque une maladie active ou idiopathique du
cheval, qui a aussi été appelée mal de tête de
contagion, coryza gangreneux, morve gangre-
neuse,charbon blanc. Toutes ces dénominations
doivent être rejetées comme inexactes. Cette
maladie débute brusquement par l'apparition
de plaques œdémateuses , tendues , doulou-
reuses, irrégulières, d'inégale étendue; ces
plaques saillissent à la tête, à la face interne
des cuisses, des avant-braa, aux aisselles, sous
le ventre, la poitrine, et notamment au pour-
tour des naseaux et des lèvres. Elles se réu-
nissent pour constituer lui seul et vaste oedème,
qui s'étend sur toutes les parties déclives. En
même temps, les muqueuses de la bouche et
du nez se recouvrent de pétéchies d'une cou-
leur rouge vif. Puis, la peau se distend de plus
en plus par l'accumulation de la sérosité dans
le tissu cellulaire. Vers le quatrième ou cin-
quième jour, la distension devient telle, que
le derme s'éraille à sa face interne, et on voit
alors apparaître sous l'épiderme des ampoules
qui, en s'ouvrant? donnent écoulement h. la
sérosité, et produisent ainsi la diminution de
l'engorgement. La respiration est devenue
pénible par suite du gonflement de la mu-
queuse nasale ; les battements du cœur sont
retentissants, le pouls petit et serré, et le sang
contient plus de sérosité que dans l'état nor-
mal. A cette époque, l'animal devient triste ; sa
•physionomie exprime la douleur et la souf-
france. Il reste immobile, indifférent à ce qui
se passe autour de lui. Les narines laissent
écouler des mucosités mélangées de matières
alimentaires, tenant en suspension du sang et
des débris de la muqueuse gangrenée. Sou-
vent & cette période les animaux sont pris de
ANA
319
coliques qui coïncident avec la disparition ra-
pide des engorgements , et sont suivies d'une
diarrhée séreuse et sanguinolente qui, en peu
de temps, amène la mort. Enfin, lorsque les
animaux ne peuvent plus se soutenir sur leurs
membres, ils se laissent tomber sur le sol, et
meurent après s'être livrés à quelques mou-
vements sans énergie.
Cette.maladie, qui se montre dans toutes les
saisons, est plus fréquente cependantàl'époque
des changements brusques de température.
L'action du froid .humide est la circonstance
qui développe le plus ordinairement l'anasar-
que, surtout lorsque cette action s'exerce sur
Uanasarque est si bien caractérisée, qu'il est
difficile, lorsqu'on peut la suivre dans toutes
ses phases, de la confondre avec une autre
maladie. Mais, sous quelques-unes de ses
formes, elle peut présenter des caractères de
similitude avec le charbon et la morve aiguë.
C'est à son début qu'on pourrait la confondre
avec le charbon ; mais l'état général, toujours
excellent à cette époque, la forme de l'engor-
gement et la couleur foncée des pétéchies dis-
sipent bientôt les doutes de l'observateur.
Dans l'anasarque, la pituitaire est recouverte
de pétéchies rouges ou noires, tandis que dans
la morve il n'existe qu'un pointillé rougeâtre,
qui tranche sur une coloration générale jaune
citrine. Le jetage, dans l'anasarque, est mé-
langé d'aliments, et dans la morve il n'est que
purulent. ■
Le traitement consiste â s'opposer au déve-
loppement de l'engorgement par des frictious
irritantes et des scarifications profondes.
Lorsque l'engorgement des narines rend la
respiration difficile, on a recours h des tubes
que l'on maintient dans les narines, et qui per-
mettent l'introduction de l'air dans les pou-
mons ; puis on injecte dans les cavités nasales
des infusions vineuses et astringentes. Pour
faciliter le dégorgement graduel des parties
infiltrées , on met en usage : la saignée , les
diurétiques, les purgatifs laxatifs, les tisanes
stimulantes, les sétons, les frictions excitantes,
la pommade , les scarifications et la cauté-
risation en pointes pénétrantes. Enfin pour
soutenir les forces , qui diminuent rapide-
ment dans cette maladie, on doit donner aux
animaux, dans une sage mesure, des aliments
substantiels , auxquels on associe le sel , le-
quinquina, le fer, la gentiane.
ANASCOT s. m. (a-na-sko). Comm. Sorte
de serge appelée aussi ascot. ■
ANASEH s. m. pi. (a-na-zè). Géogr. Tribu
arabe qui erre dans les solitudes de la Syrie
septentrionale.
AMASPADIAS s. m. (a-na-spa-di-ass — du
gr. ana, en haut; spaô, je divise). Anat. Vice
de conformation qui consiste dans l'ouverture
de l'urètre à la faco supérieure de la verge.
ANASPASE s. f. (a-na-spa-ze — du gr.
anaspasis, serrement, constnetion). Méd. Con-
traction de l'estomac.
ANASPE s. m. (a-na-spe — du gr. a priv.;
aspis, écusson). Entom. Genre d'insectes co-
léoptères hétéromères, formé aux dépens des
mordelles, et dont presque toutes les espèces
connues vivent en Europe. Ce sont des insectes
trôs-petits et très-agiles, qu'on rencontre or-
dinairement sur les fleurs, et qui glissent
entre les doigts.
anastaltique adj. (a-na-stal-ti-ko —
du gr. ana, en arrière; stellein, serrer). Méd.
Se dit des médicaments styptiques et astrin-
gents.
ANASTASE s. f. (a-na-sta-ze — du gr. ani-
stêmi, élevé). Méd. Elévation, transport des
humeurs d'une partie sur une autre. Même
sens qu' anadrâme.
ANASTASE 1er, in Silentiairo, empereur do
Constantinople , né h Dyrrachium vers 430,
d'une famille obscure, remplit d'abord les sim-
ples fonctions de silentiaire près de l'empereur
Zenon. Après la mort de ce prince, Ariane, sa
veuve, épousa Anastase, et le fit monter sur
le trône en 491. Attaché à l'hérésie d'Eutychès,
il persécuta les orthodoxes, et acheta honteu-
sement des Perses et des Bulgares une paix
que son courage ne pouvait leur imposer. Il
mourut de frayeur, pendant un orage, à l'âge
de quatre-vingt-huit ans, en 503. On lui doit
cependant quelques mesures utiles : il abolit le
chrysargyre, un des impôts les plus odieux au
peuple ; ht cesser l'usage barbare de livrer les
coupables aux bêtes , et bâtit une muraille
Four mettre Constantinople et sa campagne a
abri des incursions des Barbares.
ANASTASE II, empereur d'Orient (713-710),
fut revêtu tle la pourpre après que le peuple
de Constantinople eut déposé Philippe Bar-
dane, dont il avait été secrétaire. Bientôt les
troupes révoltées proclamèrent empereur un
certain Théodore, receveur des deniers. Forcé
d'abdiquer et de prendre l'habit religieux,
Anastase ne sut pas se résigner à la retraite,
et conspira pour remonter sur le trône. Mais
les Bulgares, chez qui il s'était réfugié, le
livrèrent à Léon l'Isaurien, qui régnait alors,
et qui lui ût trancher la tête (719).
ANASTASE l°r, pape de 398 à 402. Il mit fin
au schisme des Eglise? de Rome et d'Antioche,
et condamna les doctrines d'Origène. Il a été
canonisé, et est fêté le ï7 avril,
320
ANA
ANASTASE II, pape de 49G à 498, combattit
rarianisme,et félicita Clovis sur sa conversion.
ANASTASE III, pape de 911 à 913. L'histoire
ne dit rien sur lui, sinon que son gouverne-
ment fut équitable et modéré.
ANASTASE IV, pape de 1153 à 1154. Il pro-
tégea l'ordre naissant de Saint-Jean de Jéru-
salem, et déploya la plus active chapté pen-
dant une grande famine.
ANASTASE, antipape, opposé en 855 à
' Benoît Ifl.
ANASTASE (saint), la Sinaiie (du couvent
du mont Sinaï), patriarche d'Antioohe (561-
599). Il reste de lui plusieurs écrits traduits en
latin dans la Bibliotheca Palrum. — Un autre
Anastasé le Sinaïte, confondu à tort avec le
précédent, et qui florissait dans la première
moitié du vue siècle, a composé contre les
eutychéens et autres hérétiques d'Egypte et
de Syrie des ouvrages qu'on trouve également
traduits en latin dans la Diblioth. vet. Palrum.
ANASTASE le Bibliothécaire, savant écri-
vain religieux du ix« siècle, bibliothécaire du
Vatican. Il assista au huitième concile deCon-
stantinople (869), dont il traduisit les actes en
latin. On a aussi de lui une Histoire ecclésias-
tique et une histoire des papes depuis saint
Pierre jusqu'à Nicolas I".
ANASTASE (saint), surnommé Astric, apôtre
de la Hongrie, né en 954, mort en 1044. Il
avait été moine bénédictin à Rouen, et devint
évèque de Colocza, en Hongrie. C'est lui qui
sacra et couronna saint Etienne.
ANASTASE (Olivier DE SAINT-), religieux
de l'ordre des Carmélites , vécut dans le
xvn» siècle, et mourut à Bruxelles en 1674. Il
se livra à la prédication. Il reste de lui plu-
sieurs ouvrages, dont les titres bizarres mon-
trent que ses sermons devaient être dans le
goût burlesque du fameux petit P. André. Voici
le plus curieux de ces titres : Jardin spirituel
des Carmes, émaitlé des vertus des saints les
plus célèbres de cet ordre comme d'autant de
belles (leurs, et arrosé d'instructions spirituelles
comme d'une agréable rosée.
ANASTASE (HOSPITALIÈRES DE SAINTE-), OU
Fin» de StUnt-Gcrvni». Vouées au service
des hommes malades, elles avaient à Paris,
près de l'église de Saint-Gervais, un hôpital
'qui datait du xiic siècle, et dont la chapelle
fut placée en 1358 sous l'invocation de sainte
Anastasé, la même que sainte Anastasie. (V,
Anastasie.) Elles s'établirent en 1656 rue
Vieille-du-Temple, et furent supprimées à ia
Révolution. .
1319. Après q'uelqut
ns le pays;
le bon esprit . .. .
de lui demander ses inspirations. En 1846, il
exposa trois Vues de Normandie oit, à l'imita-
tion de M. Corot, son maître, il a cherché à
rendre ces-doux et poétiques effets dé brume
matinale, flottant comme une gaze impalpable
sur les prairies humides. A partir de cette
époque, le talent de M. Anastasi n'a fait
"""" "'""" ' ~' """ s Vont placé au
._... de
Paris", principalement dans la forêt de Fon-
tainebleau, qu'il a puisé les motifs de ses pre-
mières compositions : Lisière de bois, Intérieur
de forêt, Hoches et Bruyères (1847) ; Pacage du
Calvados, Bords de ta Touque, la Mare aux
corneilles. Une Lande (1848) ; Derniers Bayons,
la Vanne (1850-51) ; la Saison des foins (1852) ;
Une Matinée d'été, àBougival (1853). En 1855,
le succès qu'obtint sa vue des Bords de la
Sprce (effet de soleil couchant aux environs
de Berlin) l'engagea h faire une étude parti-
culière des paysages du Nord ; il se rendit dans
le pays des Ruysdael, des Hobbema, des Cuyp,
et se mit a peindre les sites hollandais, sous
leurs aspects les plus variés, à tous les mo-
ments du jour, mais plus particulièrement au
coucher du soleil. Ses meilleurs ouvrages en
ce genre, où il pèche seulement par un peu1 de
monotonie , sont : le Bord de la Meuse à
Zwindrecht, le Vieux Moulin et le Coucher du
soleil à Dordrecht (1857); \eWaalet la Meuse,
le Canal de Delft et le Chemin en hiver {\st>o) ;
le Village de Willemsirop, au clair de lune,
et le Soleil couchant à Lynbann (1861), etc.
M, Anastasi a exécuté, en outre, diverses
lithographies d'après MM. Duprez, Lambinet,
Diaz, Marilhat, Cabat et Roqueplan.
ANASTASIE (sainte), patricienne romaine,
souffrit le martyre sous Dioctétien, l'an 304.
Fête le 25 décembre. — Une autre sainte Anas-
tasie, aussi nommée Anastasé, fut martyrisée
à Sirmich, et l'Eglise l'honore également le
25 décembre. Enfin une troisième.sainte Anas-
tasie fut martyrisée sous Néron. Fête le
1 . 'a-
ANASTASIS s. f. (a-na-sta-zirs — mot gr.
signifiant résurrection). Antiq. Mot qui se
trouve sur divers monuments peints ou sculp-
tés, pour exprimer soit la résurrection du
Sauveur, soit sa descente aux limbes.
ANASTATICÉ, ÉE adj. (a-na-sta-ti-sé —
du lat: anastalica, l'anastatique). Bot. Qui
ressemble à l'anastatique.
— s. f. pi. Tribu de la famille des crucifères,
ayant pour type le genre anastatique.
-du
excite). Bot. Genre de ptantes de la famille
des crucifères, renfermant une seule espèce,
appelée vulgairement rose de Jéricho. Cette
plante a des rameaux qui se contractent par
la sécheresse, et s'étalent au contraire na-
ANASTATIQDE adj. (a-na-sta-ti-ke — du
gr. anastasis, résurrection). Techn. Mot gé-
nérique appliqué à divers procédés d'impres-
sion, de gravure, de décalque, au moyen des-
quels on reproduit, par un transport chimique,
les textes et les dessins imprimes. Ce nouveau
modede reproduction paraîtavoir été inventé
en 1844, par M. Baldermus, de Berlin; mais
on n'est pas encore fixé à ce sujet; et l'origine
de cette découverte est enveloppée d'un voiiè
qui n'a pas été complètement soulevé. En
1841, les propriétaires do YAthœneum, célèbre
revue anglaise qui s'imprime à Londres, re-
çurent de leur correspondantde Berlin quatre
pages reproduisant exactement une partie du
dernier numéro de leur journal. Ce fac-similé
était si parfait, que les éditeurs eux-mêmes
pouvaient croire à première vue que ces
quatre pages avaient été extraites du numéro
ou tirées sur leurs clichés. La seule différence
consistait dans l'encre, qui était moins dense,
moins épaisse que celle qui avait servi au
premier tirage. Il y avait là un mystère sur
lequel le correspondant de Berlin ne put
donner aucun éclaircissement. Tout ce qu'il
pouvait ajouter, c'est qu'il avait vu à Berlin le
fac-similé d'un manuscrit arabe du xni<= siècle,
et celui d'un feuillet de livre imprimé en 1483,
imitations parfaites des originaux, sans que
ceux-ci eussent été en rien "détériorés. En
outre, les propriétaires de YAthœneum de
Londres apprirent qu'un prospectus répandu
à Berlin annonçait à bas prix une édition con-
trefaite ^e leur revue. A la même époque
(janvier 1845), les journaux disaient que l'in-
venteur était M. Baldermus de Berlin. A
partir de ce moment, les feuilles de Londres
s'occupèrent beaucoup de la nouvelle décou-
verte, et le professeur Faraday, l'un des sa-
vants les plus distingués de l'Angleterre, ex-
pliqua complètement le procédé en 1 845, à l'In-
stitution royale. Il a pour base certaines pro-
priétés connues des matières employées :
io l'attraction de l'eau pour l'eau, !<> l'attrac-
tion de l'huile pour l'huile, 3» la répulsion réci-
proque de ces liquides. Il est aussi de principe
que les métaux se couvrent plus facilement
d'huile que d'eau, mais qu'ils s'humectent en-
core plus rapidement par une faible solution
de gomme. D'autre part, la propriété que pos-
sède l'eau de mouiller les métaux est considé-
rablement augmentée par l'addition d'un acide
phosphatique. Enfin, il est bien connu que la
pression ou le frottement fait marquer sur une
feuille blancho l'encre d'un livre ou d'un jour-
nal fraîchement imprimé ; cet accident n'est
pas rare quand un volume relié sort à peine de
la presse. De ces données bien simples le nou-
veau procédé était né. Après avoir tenu quel-
que temps le texte à reproduire, d'abord, dans
une dissolution de soude ou de potasse, puis
dans un bain d'acide tartrique, on le lave
avec soin, après quoi on l'humecte avec de
l'acide azotique, et on le soumet à une forte
pression sur une plaque de zinc très-lisse.
Sous cette pression , l'acide absorbé par le
papier attaque le métal, et l'encre du texte
se transporte sur la planche. On verse alors
sur celle-ci une dissolution de gomme et d'a-
cide phosphorique, qui se combine avec les
parties acidulées et les humecte, en sorte que
si l'on y passe un rouleau chargé d'encre d'im-
pression, cette encre ne se pose que sur l'encre
transportée et se trouve repousséo par les
parties gemmées. La planche ainsi préparée,
il n'y a plus qu'à procéder au tirage à la presse
lithographique. Lorsqu'il s'agit de reproduire
des originaux anciens, dont l'encre trop sèche
ne peut se décalquer, le manuscrit ou l'im-
primé sont trempes dans une solution de po-
tasse, puis dans une solution d'acide tartrique.
Il résulte de cette double opération une diffu-
sion parfaite de cristaux très-fins de bitar-
trate de potasse dans la pâte du papier, mais
seulement dans les parties blanches. Comme
ce sel résiste à l'huile, le rouleau encré peut
passer sur la surface sans transmettre aucun
de ses éléments, excepté aux parties impri-
mées. Le tartràte est alors extrait du papier,
et l'opération s'exécute comme précédem-
ment, en commençant par un bain à l'acide
nitrique.
Dès que ces détails vinrent à la connais-
sance du public, des réclamations de priorité
s'élevèrent. Un lithographe anglais, M. Job-;
bins, prétendit qu'il faisait des essais ana-
logues dès 1840; M. Cocks, do Falmouth ,
assura, dans le Mechanics-Magazine, que dès
l'année 1836 il avait réussi à transporter sur
pierre, zinc, fer-blanc, étain, alliage do fon-
deur, plomb, cuivre, verre, etc., les vieilles
estampes imprimées sur cuivre, ainsi que des
épreuves typographiques, etc.
L'impression anastatique fit de rapides pro-
grès, et diverses tentatives furent faites avec
succès en Allemagne, en Angleterre et aux
Etats-Unis. Cette découverte pouvait amener
des résultats désastreux pour lo commerce,
et des craintes fondées s'élevèrent au sujet
de la contrefaçon des billets de banque ; et
cependant il est reconnu aujourd'hui que
l'impression anastatique est bien inoffensive
ANA
a côté de certaines combinaisons qui, heu-
reusement, ne sont pas encore descendues des
hautes régions scientifiques.
ANASTOME s. m. (a-na-sto-me — du gr.
ona, en haut; stoma, bouche). Zoo). Qui a la
bouche ou le bec ouvert ; s'applique à diffé-
rents animaux qui offrent ce caractère.
— s. m. pi. Moll. Genre de mollusques gasté-
ropodes, formé aux dépens des hélices. « Cette
coquille, dit M. Deshayes, présente un carac-
tère des plus singuliers. La spire, après s'être
enroulée de la manière habituelle, parvenue
au dernier moment de son accroissement, se
renverse subitement sur sa base, la parcourt
transversalement, et l'ouverture vient se
placer sur le bord extérieur, se dirigeant
vers la spire, qui se trouve renversée dans
une position diamétralement opposée à celle
qui existe dans toutes. les autres espèces
d'hélices. .
ANASTOMOSANT (S') (sa-na-sto-mo-zan)
part. prés, du v. S'anastomoser.
ANASTOMOSANT, ANTE adj . (a-na-sto-mo-
zan , an-te). Bot. Qui s'amastomose : Dans
l'andromède- anastomosante , les nervures se
réunissent à la face inférieure des feuilles.
(D'Orbig.)
ANASTOMOSE s. f. (a-na-sto-mô-ze — du
gr. anastomôsis, littéralement wiion de deux
bouches.) Anat. Abouchement de deux vais-
seaux l'un dans l'autre : Je lui demande un
petit 'éclaircissement sur les veines lactées
et sur les anastomoses, et il ne me le veut pas
donner. (Fonten.) Les anastomoses sont très-
fréquentes dans h corps de l'homme et des ani-
maux. (G. Cuv.) h Réunion des rameaux ou
filets nerveux, bien qu'ils n'aient pas de com-
munication entre eux et qu'ils ne soient qu'a-
dossés : C'est par le moyen de J'anastomose des
nerfs que s'exercent les sympathies et les trans-
ports d'effets. (G. Cuv.) il Rameau vasculaire
qui sert a mettre deux vaisseaux en commu-
nication.
— Anastomose intestinale. Opération qui
consiste dans l'accolement de deux anses d'in-
testin préalablement disposées pour que leurs
cavités communiquent librement ensemble.
M. Maisonneuve a proposé de substituer cetie
opération à l'entérotomie simple, dans l'occlu-
sion intestinale; elle a été expérimentée sur
'- animaux, mais elle n'a pas encore été
à 1 homme.
— Bot. Réunion des diverses parties ra-
meuses d'une plante les unes avec les autres :
Le nombre des anastomoses est d'autant plus
grand que les vaisseaux sont plus petits.
(D'Orbig.)
— Encycl. En anatomie, on distingue quatre
espèces d'anastomoses, d'après la manière dont
elles s'établissent : les anastomoses en arcade
ou par inosculation, les anastomoses en angle
ou par convergence, les anastomoses par com-
munication transversale, et les anastomoses
mixtes ou composées. Deux branches qui s'in-
fléchissent l'une vers l'autre et s'abouchent par
leur extrémité, formant ainsi un canal unique
et curviligne, constituent l'anastomose en ar-
cade ou par inosculation. L'anastomose en angle
est caractérisée par le rapprochement de deux
vaisseaux qui se confondent par leur partie
terminale, pour en former un troisième plus
considérable. L 'anastomose par communication
transversale est celle dans laquelle deux ar-
tères sont unies par une branche perpendicu-
laire à leur direction. L'anastomose mixte ou
composée est celle que l'on observe lorsque deux
artères, après s'être divisées, s'abouchent par
les branches qui résultent de cette division en
circonscrivant un espace de figures et de dimen-
sions variables. D'après la figure de cet espace,
Yanastomose mixte est dite annulaire ou circu-
laire, elliptique, polygonale, etc. M. Sappey
donne à cette espèce d'anastomose le nom de
mixte ou de composée, parce qu'elle est le ré-
sultat de communications artérielles multiples
et associées. Suivant cet anatomiste, l'utilité
des anastomoses en angle et par communication
transversale n'a pas encore été bien définie.
Quant aux anastomoses- en arcade et aux
anastomoses composées, elles servent à régu-
lariser la diffusion du sang dans les viscères,
à multiplier les sources de la nutrition pour la
rendre plus assurée et plus à l'abri des acci-
dents, h. constituer, pour la circulation, une
voie dérivative et supplémentaire, lorsqu'elle
vient à être interrompue dans les grands cou-
rants artériels par une .cause morbide ou mé-
canique. Notons, en terminant, que ce sont les
anastomoses qui permettent de placer des liga-
tures sur les troncs artériels.
ANASTOMOSÉ, ÉE (a-na-sto-mo-zé) part,
pass. du v. S'anastomoser.
ANASTOMOSER (S') v. pr. (sa-na-sto-mo-
zé — rad. anastomose). S'aboucher, se joindre
par les bouts de manière à forme? une
anastomose.
ANASTOMOTiQUE adj. (a-na-sto-mo-ti-ke
— rad. anastomose). Anat. Qui forme une
anastomose ; qui a rapport à l'anastomose :
Hameau anastomotique.
— s. m. pi. Ane. méd. Les apéritifs,' c'est-
à-dire les remèdes qui dilatent l'orifice des
vaisseaux et rendent ia circulation plus libre.
ANASTRAPBIE s. f. (a-na-stra-fî — du gr.
anastrophê, renversement). Chirur, Inversion
ou renversement d'une partie quelconque du
corps, il Quelques-uns, plus d'accord avec l'é-
tymologie, écrivent i
— Bot. Genre de plantes de la famille des
composées, renfermant une seule espèce, qui
habite l'île de Cuba.
anastrophê s. f. ( a-na:stro-fe — du gr.
nienne, d'un mouvement qu'exécutait la sec-
tion pour revenir dans sa position première,
après avoir fait un quart de conversion (épis-
~ Rhét. Sorte d'inversion qui consiste à
renverser l'ordre naturel des mots corrélatifs,
En latin, mecum, tecum, secum, nobiscum, vo- ■
biscum, au lieu de cum me, cum te, etc.; Italiam
contra, au lieu de contra Italiam; saxaper et
scopulos, au lieu de per saxa et scopulos; en
français, me voici pour uoici moi, sa vie durant
pour durant sa vie, sont des exemples d'ana-
strophes.
ANATASE s. f. (a-na-ta-ze — du gr. ana-
tasis, extension). Miner. Substance minérale
ainsi nommée par Haûy, à cause de la forme
allongée de ses cristaux.
ANATE s. f. (a-na-tc). Comm. Teinture
rouge employée aux Indes orientales, et qui
est extraite des fleurs d'un arbrisseau qui
porte le même nom.
ANATÉ, ÉE adj. (a-na-té — du lat. anas,
anatis, canard). Ornith. Syn. A'anatide.
ANATHAME. Myth. Fils de Neptune et d'Al- •
ANATHÉMATIQCE adj. (a-na-té-ma-ti-ke
—-rad. anathème). Antiq. Qui est offert en
expiation pour combattre les effets d'un ana-
thème.
— Littér. anc. Epigramme anathématiqxte,
Epigramme dédicatoire.
— Droit can. Se dit d'une bulle, d'une con-
damnation formulée avec anathème.
ANATHÉMATISANT (a-na-té-ma-ti-zan ).
part. prés, du v. Anathématiser.
ANAThÉmatisatiOns. f. (a-na-té-ma-ti-
za-si-on — rad. anathématiser). Droit can.
Action d'anathématiser ; résultat do cette
action, il Formule employée pour anathéma-
ANATHÉMATISÉ, ÉE (a-na-té-ma-ti-zé)
part. pass. du v. Anathématiser : Secte ana-
thématisée. En France, le théâtre fut souvent
anathématisé da7is les chaires. (Chamf.) Qui
aurait jamais cru que nous verrions de nos
yeux, que nous toucherions de nos mains des
fragments de la ville aNATHÉmaTISÉE par le
Prophète? (Th, Gaut.)
ANATHÉMATISER v. a. ou tr. (a-na-té-
ma-ti-zô — rad. anathème). Frapper d'ana-
thème, excommunier : Anathématiser les
hérésiarques, les sectaires. L'Eglise anathé-
matisé les hérétiques. (Trév.) On ne bràle pas
l'hérétique, mais on f anathématisé, on le dé-
crie, on embarrasse de mille façons le chemin
où il marche. (Lamenn.)
— Par exag., Désapprouver, blâmer avec
force : L'austérité de ces nouveaux sectaires
allait jusqu'à anathématiser les plaisirs les
plus innocents. (Fleury.) La société se moque
des fils qui pleurent trop leurs pères, anathé-
matisé ceux qui ne les pleurent pas assez, puis
elle s'en amuse. (Balz.) L'Académie, en masse,
repousse le cigare et anathématisé ta pipe.
(J. Locomte.)
■ S'anathématiser, v. pr. Se lancer mutuel-
lement l'anathèmo : Deux puissances s'ana-
thématisent et se disputent le gouvernement
du monde. (Proudh.) Si toutes les religions se
réduisaient à une seule, les fractions diverses
de cette religion s'anathématiseraient l'une
l'autre. (Renan.)
anathématisme s. m. (a-na-té-ma-ti-
sme — rad. anathème). Bulle, canon, écrit, qui
frappe d'anathème une hérésie, une secte :
On ne put jamais obliger saint Cyrille à ré-
tracter la moindre partie de sa doctrine, ni
aucun de ses anathématismes, ni à laisser af-
faiblir,pour peu que ce fut, tes décrets et l'au-
torité du concile d'Ephèsc. (Boss.)
ANATHÈME s. m. (a-na-tè-me — du gr.
anathèma, offrande aux dieux). Antiq. Victime
immolée à quelque divinité j présent qu'on
lui offrait, et qu'on suspendait aux murs du
temple. Il Chez les premiers chrétiens, of-
frande analogue, correspondant à peu près à
ce qu'on appelle aujourd'hui ex-voto.
— Droit can. Sentence qui excommunie,
qui rejette du sein de l'Eglise : Prononcer,
fulminer un anathème. Frapper quelqu'un d'x-
nathème. Lever un anathème. Le concile frappa
(TanaTHÈme quatre patriarches de Constanti-
nople. (Boss.) C'est à l'Eglise à connaître quand
il est temps d'employer f anathème. (Boss.) La
cour de Rome fulmina un anathème contre ce
prince sacrilège. (Sismondi.)
— Par exn.-r., Malédiction, blâme solennel,
réprobation énergique : Je ne viens point ici
prononcer des anatkèmes contre les grandeurs
humaines. (Acad.)- Oserez-vous frapper (2'ana-
thème, pour une erreur passagère, le fils que
vous avez tendrement aimé? (Raynal.) Le mi-
nistre se tenait courbé sous cet effrayant ana-
thème. (Alex. Dum.) Cependant je continuai
d'adorer ma mère. Je l'aimais peut-être d'au-
tant plus que je la sentais plus faible, plus
exposée au secret anathème de mes parents du
coté paternel. (G. Sand.) L'avare est un fou à
qui la morale et la religion jettent leur ana-
thème. (Belouino.) Au début des hérésies, tes
fidèles avaient pour les opinions dissidentes une
ANA
M qui se traduisait par une sorte <£*ana-
ï. (A. Maury.) Pour la croyance exaltée,
le dissentiment se change presque toujours en
anathéme. (Renan.)
— Elliptiquem. et par imprécat. : Ana-
TJiisMB à vous! Anathéme sur lui! Anathéme
sur ce peuple! Tous les Pères du concile d'E-
phèse crièrent : Anathéme à Nestorius!
Anathéme sur elle, infamie et misère!
C. Belavione.
Anathéme
,u sainte du baptême!
'V. Huoo.
;n qui s
— Adiectiv. Qui appartient, qui a rap-
port à 1 anathéme , qui retranche de la com-
munion des fidèles : Bulle anathéme. Il Se dit
aussi , substantiv. et adjectiv. , de celui
même qui est frappé d'anathèrae : Vous êtes
donc là , comme un anathéme , séparé du
reste de vos frères? (Mass.) C'est ce monde gui
doit être pour vous un crucifié, c'est-à-dire un
anathéme et un objet d'horreur. ( Mass.) Qu'il
soit anathéme celui qui souille par ses mœurs
la pureté du nom chrétien! (Chateaub.) Qu'il
soit anathéme celui qui a osé lever ta main sur
l'oint du Seigneur! (Salvandy.)
— Encycl. Dans son acception la plus Adèle
à l'étymologie et la plus générale, le mot ana-
théme doit être considéré comme désignant un
homme ou un objet séparé du commerce des
hommes, que ce soit en bonne ou en mauvaise
intention. Les Pères de l'Eglise l'emploient
souvent dans ce sens. Saint Jean Chrysostome,
dans une homélie, en donne, l'explication sui-
vante, que cite Jean Reynaud dans V Encyclo-
pédie nouvelle : • Qu'est-ce donc que l'ana-
thèmeî Ecoutez saint Paul vous répondre :
Si quelqu'un n'aime pas notre Seigneur Jésus-
Christ, dit-il, qu'il soit anathéme, c'est-à-dire
qu'il soit éloigné de tous, étranger à tous ; car
ce qui a lieu à l'égard d'un anathéme, c'est-à-
dire d'un présent consacré au Seigneur que
personne n ose toucher ni même approcher, a
lieu aussi à l'égard d'un homme retranché de
l'Eglise, séparé de tous... L'anathème sacré
éloigne chacun par le respect qu'il inspire ;
mais quant à celui qui est retranché de l'E-
glise, on s'en écarte par un sentiment tout
contraire. »
Aujourd'hui , le mot anathéme est tou-
jours pris en mauvaise part, et se dit le, plus
souvent d'une sentence qui rejette hors du sein
de la société religieuse ceux contre lesquels
elle est prononcée. Au moyen âge, ce mot eut
un retentissement terrible, h'anathime était
considéré comme supérieur a l'excommunica-
tion, qui n'était qu'une séparation momentanée
de la communion des fidèles. Il fut ordinaire-
ment porté contre les hérétiques qui combat-
taient les dogmes ou l'autorité de l'Eglise. Les
actes des conciles appelés à décider les ques-
tions de foi se terminaient par une suite d'a-
nalhèmes contre quiconque nierait les articles
établis, ou soutiendrait les opinions condam-
nées. La formule ordinaire était celle-ci : Si
guis dixerit... negaverit... anathemasit! L'a-
nathème prononcé contre un hérétique par un
pape , un concile, ou un évêque, s'appelait
anathéme judiciaire. On nommait anathéme
abjuratoire celui qu'un hérétique qui rentrait
dans le sein de la foi catholique devait pro-
noncer publiquement contre, son ancienne
croyance. — Chez les Hébreux, le-terme cke-
rem, que l'on traduit par anathéme, exprimait
un arrêt de renvoi à. la malédiction de Jého-
vah : tout être vivant qu'atteignait cet arrêt
devait être mis à mort. On voit dans la Bible
Moïso dévouer à cette sorte d'anathème tout "
le pays de Chanaan.
ANATHÈRE s. m. (a-na-tè-re — du gr. a
priv. ; athêr, barbe d'épi).. Bot. Genre de
plantes de la famille des graminées, réuni
aujourd'hui au genre andropogon.
.ANATHRIPPE. Myth. Jeune fdle séduite par
Apollon, qui la rendit mère de Chius, lequel
donna son nom à l'île de Chio. -
aNathrote s. m. (a-na-tro-te — du gr.
anathrôsko, jesaute). Entom.Genrcd'insectes
coléoptères pentamères, voisin des taupins.
ANATIDE adj. ( a-na-ti-de — du lat. anas,
anatis, canard). Ornith. Qui ressemble au ca-
nard,qui tient du canard, il On dit aussi anaté.
— Fig. Bêtise anatide, Expression employée
pour rappeler, avec le même sens, la locut.
popul. bête comme une oie : Depuis quinze ans
que nous allons dans le monde en observateur,
nous n'avons encore rencontré qu'une femme com-
plètement bêle, d'une bêtise stupide, anatide.
(M">oE.deGir.) Il C'est un néologisme de pure
fantaisie, qui manque de justesse , le canard
étant bien supérieur à l'oie sous le rapport de
l'intelligence : Il aurait fallu dire ansérine.
— s. f. pi. Famille d'oiseaux palmipèdes,
renfermant toutes les espèces qui ressemblent
au canard. ^
ANATIPE s. m. (a-na-ti-fe — du lat. anas,
anatis, canard ; fero, je porte, je produis, parce
que, d'après un anc. préjugé pop., les canards
sauvages 'naissent de ces coquilles). Crust.
Genre de crustacés cirrhipèdes, regardés pen-
dant longtemps comme des mollusques, et
désignés sous le nom de conque anatifère. il
On leur donne le nom vulg. de pousse-pieds.
ANATIFÉRACÉ OU ANAT1FÉ, ÉB adj . (a-na-
ti-fô-ra-sé — rad. anatife). Crust. Qui ressem-
ble à un anatite.
— s. m. pL Famille des crustacés cirrhi-
pèdes, ayant pour type le genre anatife.
. ANA
ANATIFÈRE adj. ( a-na-ti-fè-re — du lat.
anas, anatis, canard; fero, je porte). Zool. Ne
s'emploie que dans cette locution : Conque
anatifère, ou il est synon. à'anatife : Les con-
ques anatiféres sont des espèces de coquilles
ainsi appelées, parce qu'on croyait autrefois
qu'il s'y formait des canards. (Acad.)
— s. f. Vanatifère, La conque anatifère.
ANATIFÉRIFORME adj. (a-na-ti-fé-ri-for-
me — de anatifère et forme). Crust. Qui a la
forme d'une anatifère.
ANATIGRALLE s. f. (a-na-ti-gra-le — du
lat. anas, anatis, canard; gralla, échassier).
Ornith. Genre 'd'oiseaux palmipèdes, formé
aux dépens du genre anas, canard, et ayant
pour type l'oie de Gambie.
ANATIGRALLINÉ, ÉE adj. (a-na-ti-gra-li-
né — rad. anatigralle). Ornith. Qui ressemble
à une anatigralle.
— s. f. pi. Famille d'oiseaux palmipèdes,
ayant pour type le genre anatigralle.
ANATILI s. m. pi. Peuple de l'ancienne
Gaule, dont il est parlé dans Pline, et qui ha-
bitait à l'embouchure ou sur la rive droite
du Rhône.
ANATIN, INE adj. (a-na-tain, i-ne — du
lat. anas, anatis, canard), Ornith. Qui a du
rapport avec le canard, qui lui ressemble, il
On dit aussi anatiné.
— Se- dit d'une manière de marcher en se
_>. m. pi. Ornith. Tribu de la famille des
anatides, renfermant les canards proprement
dits.
— Paléont. Genre de myaires, dont on n'a
encore trouvé qu'une espèce , à l'état fossile.
ANATINE s. f. (a-na-ti-ne — du lat. anas,
anatis, canard). Zool. Genre de mollusques
acéphales, renfermant un petit nombre d es-
pèces, à coquille bivalve, bâillante aux deux
extrémités.
ANATINÉ. V. Anatin.
ANATIPÈDE adj..(a-na-ti-pè-dc — du lat.
anas, anatis, canard; pes, pedis, pied). Zool.
Qui ressemble à une patte de canard.
ANATIQDE adj. (a-na-ti-ke — du gr. ana,
séparément). Didact. Qui est composé de par-
tics égales.
ANATOCISME s. m. (a-na-to-si-smo — du
■ gr. ana, qui marque répétition ;tokos, intérêt).
Econ. polit. Capitalisation dos intérêts d'une
somme prêtée.
— Encycl. Vanatocisme était autrefois con-
sidéré comme usuraire ; l'ordonnance du mois
de mars 1G79 interdisait de prendre l'intérêt de
l'intérêt, et spécialemeut de comprendre l'in-
térêt avec le principal dans les billets ou lettres
de change. L'économie politique, qui tend à
modifier de plus en plus les idées tradition-
nelles, classiques, des jurisconsultes sur l'u-
sure, ne voit rien d'illégitime dans Vanatocisme.
Les intérêts échus, s'ils étaient payés à celui
à qui ils sont dus, pourraient être placés par
lui comme un capital, et par conséquent pro-
duire une rente ; comme ils peuvent être ca-
Ïiitalisés entre les mains du débiteur, il paraît
ogique et juste qu'ils puissent l'être entre les
mains du créancier. Du reste, notre Code civil
a autorisé Vanatocisme , par ses art. 1154' et
1155, dans le cas d'une convention ou d'une
demande judiciaire, pourvu qu'il s'agisse d'in-
térêts échus et dus au moins pour une année
entière.
ANATOLE s. m. (a-na-to-le). Comm. Matière
colorante extraite d'une planto d'Amérique.
— s. f. Entom. Genre d'insectes lépidoptères.
ANATOLE. Myth. Une des Heures, sans
doute le Matin.
ANATOLE (saint) , évêque de Laodicée (Syrie)
de 270 à 282, né a Alexandrie, vers l'an 230,
cultiva avec succès la philosophiej les mathé-
matiques, la physique, l'astronomie, la gram-
maire et la rhétorique. 11 a écrit un canon
pascal, où il adopte" 1 opinion de l'Eglise latine
sur l'époque à laquelle on doit célébrer la fête
de Pâque,et des Recherches arithmétiques dont
il ne reste qu'un fragment. Honoré le 3 juillet.
ANATOLICO, ville du royaume de Grèce, à
6 milles O. de Missolonghi, à peu de distance
de la rive gauche de l'Aspropotamo. Elle est
construite sur un roc maritime, au milieu de
lagunes salées, sur le côté ouest du golfe de
Patras. La ville couvre l'Ile entière et renferme
environ 400 maisons, La pêche est la seule
industrie des habitants. En mars 1826, elle se
rendit aux troupes égyptiennes d'Ibrahim-
Pacha.
ANATOLIE (sainte), vierge et martyre dans
l'Abruzze, au me siècle. Fête le 9 juillet.
ANATOLIE, vaste presqu'île de l'O. de l'Asie,
qui s'étend entre la mer Noire, la mer de Mar-
mara, l'Archipel et la Méditerranée, et qui
forme la plus grande partie de l'ancienne Asie
Mineure; elle est traversée de l'E, à l'O. par
la chaîne du Taurus. Cette presqu'île, si peu-
plée et si riche dans l'antiquité, comprenait
alors la Cilicie, la Pamphylie et la Lycie, sur
•la Méditerranée ; la Carie, la Lydie et la Mysie,
sur l'Archipel; la Bithynie, la 'Paphlagonie et
le Pont, sur la mer Noire ; la Galatie, la Phry-
gie et la Cappadoce, au centre. Certains lieux
louent un grand rôle dans l'histoire, tels que
les villes de Tarse, Sardes, Nicée, Sinope, Ni-
comédie, Nicopolis, Milet, la fameuse Troie ;
ANA
les fl. ou riv. l'Issus, le Granique, le Cydnus,
le Pactole, le Xante ou Scamandre, le Si-
moïs, etc. Auj. les villes princip. sont:Brousse,
Scntari, Smyrne, Koutaleh, Angora.
L'Anatolie est divisée administrativement en
pachaliks ; sa largeur est évaluée à 388 kil.,
sa long, à 460 ki!., et sa superficie totale, sans
les îles, à 230,000 kil. carrés. L'intérieur de la
péninsule est hérissé de nombreuses monta-
gnes où prennent leur source plusieurs riv.
peu considérables, quoique fameuses dans la
mythologie et l'histoire. Le sol est générale-
ment fertile, et propre surtout à la culture de
l'olivier et de la vigne; on y cultive le riz, le'
chanvre, le lin, le tabac, l'indigo, le safran et
la garance. Presque partout le buffle remplace
le boeuf; les chevaux y sont de la plus belle
race, les ânes de forte taille; il y a des cha-
meaux dans plusieurs cantons, et les chèvres
d'Angora fournissent un poil très-fin dont on
se sert pour la fabrique des châles.
ANATOLIQUE s. m. (a-na-tc-li-ke— du gr.
.anatalikos, oriental). Entom. Genre d'insectes
coléoptères hétéromères, de la famille des
mélasomes, et dont toutes les espèces habi-
tent l'Asie.
ANATOME s. m. (a-na-to-me — du gr.
ànatomé, incision). Moll. Genre créé par Mont-
fort pour des testacês mal observes, et qui
n'a pas été adopté.
ANATOMICO-CHIRURGICAL, ALE adj. (a-
na-to-mi-ko chi-rur-ji-kal). Qui a rapporta
l'anatomie et a la chirurgie :^co/eANATOMico-
CHIRURGICALE.
ANATOMICO-PATHOLOGIQUE adj. (a-na-
to-mi-ko pa-to-lo-ji-ke). Qui appartient, qui
se rapporte à l'anatomie pathologique.
ANATOMICO-PHYSIOLOGIQUE adj. (a-na-
to-mi-ko fi-zi-o-lo-ji-ke). Qui s'occupe d'ana-
tomie et de physiologie, qui a rapport à ces
' deux sciences.
ANATOMICO-ZOOLOGIQOE adj. (a-na-to-
mi-ko zo-o-lo-ji-ke). Qui se rapporte aux ani-
maux considérés au point de vue anatomique.
ANATOMIE s. f. (a-na-to-mî — du gr. ana,
à travers; tome, action de couper). Art do
disséquer, do diviser les corps organisés, pour
connaître , étudier la structure, les rapports
des différents organes qui les constituent :
Anatomie humaine. Anatomie animale. Ana-
tomie végétale. André Vésale en était réduit
à se cacher dans un obscur souterrain pour se
livrer à l'étude de V
ANA
321
Mais pour voir si les vers cadrent à la matière.
Faisons-en, vous et moi, l'anatomie entière.
BouasACLT.
— Fig. En parlant des choses morales : On
trouve dans Montaigne l' anatomie parfaite des
passions des hommes et de leurs mouvements
intérieurs. (Mlle de Goumay.) Le prédicateur
a fait une anatomie des passions du cœur hu-
main, qui égale les maximes de M. de La Ro-
chefoucauld. (Fén.)
— B.-arts. Etude spéciale que les sculpteurs
et les peintres font des formes extérieures et
du jeu des muscles : Ce peintre, ce sculpteur
connaît bien /'anatomie. Nulle peinture 'sans
anatomie. (Michelet.) // faut avouer que cette
exposition de tableaux aurait laissé beaucoup
à désirer à la critique parisienne ; ainsi, /'ana-
tomie y manquait complètement. (Gér. de Norv.)
— Iconol. Dans les représentations symbo-
liques, on exprime l' Anatomie par une figure
armée d'un scalpel, occupée à disséquer et
environnée de cadavres, ainsi que d autres
objets relatifs à cette étude.
— Encycl. "Méd. Le mot anatomié.àans son
acception étymologique , signifie dissection ,
c'est-à-dîre séparation méthodique des diverses
parties d'un tout a l'aide d'un instrument tran-
chant : • Or, dit M. Requin , comme l'art de
disséquer est le moyen sinon unique, du moins
principal, de s'initier à la structure des corps
organisés, l'usage , ce souverain arbitre des
langues , fait généralement désigner sous le
nom d'anatomie, par préférence à d'autres dé-
nominations plus exactes (organologie, orgn-
nographie, etc.), l'ensemble des connaissances
relatives à cette composition matérielle spé-
ciale, dite organisation, qui est le propre des
'■" ■' — un mot, des êtres
Thomas.
— Action de disséquer : Faire /'anatomie
d'un homme, d'une femme. Faire /'anatomïb
d'un chien, d'un chat, d'un oiseau. Faire /'ana-
tomie d'une plante, il Dans ce sens, on no dit
plus guère que dissection.
— Ensemble des connaissances dues à la
dissection des corps organisés , et particu-
lièrement, du corps humain r Anatomie géné-
rale. Anatomie comparée. Anatomie chirur-
gicale. Anatomie pathologique. Anatomie
descriptive ou physiologique. Cours, traité
complet de /'anatomie de l'homme. Inconnue
aux anciens, qui eussent regardé comme une
profanation l'ouverture d'un cadavre, /'ana-
tomie humaine fut longtemps remplacée par la
dissection des animaux les plus rapprochés de
l'homme. (Bouillet.) V anatomie est un des yeux
de la médecine. (Raspail.)
— Ouvrage, traité d'anatomie : Z' Anatomie
comparée de Cuvier. L' anatomie générale de
Bichat.
— Corps ou partie d'un corps disséqué et
préparé de manière à pouvoir être conservé
faisaient apporter /'anatomie sèche d'un homme,
pour servir d'avertissement aux conviés. (Mon-
taig.) Personne ne doute que des anatomies
en cire colorée ne soient dès ouvrages d'habiles
artistes. (Volt.)
• — Amphithéâtre d'anatomie, Lieu destiné
aux dissections et aux démonstrations anato-
miques. tl Cabinet d'anatomie, Lieu où l'on
conserve des pièces d'anatomie naturelles ou
artificielles.
— Par anal.. Science de l'organisation d'un
objet dont la forme est quelque peu compli-
quée : Une machine à Vétat de repos est un
corps dont la vie est absente; pour y prendre
de l'intérêt, il faut en connaître /'anatomie.
(L. Reybaud.)
— Par ext. Analyse méthodique, minu-
tieuse : Faire /'anatomie d'un poème , d'une
tragédie, d'un roman. Il s'appesantit sur les
détails; il fait une anatomie. (La Bruy.) Po-
lybe raisonne trop, quoiqu'il raisonne très-bien;
il développe chaque événement dans sa cause;
c'est une anatomie exacte. (Fén.) L'objet per-
pétuel de l'optique de Newton est /'anatomie
de la lumière. (Fonten.) Si l'on faisait /'ana-
tomie de ces sortes de discours, on y trouverait
beaucoup de tendresse et d'attachement. (Mme do
Sév.) Nous voilà dans des conversations infi-
nies : nous fîmes une anatomie de toute la Bre-
tagne. (Mme de Sév.) Si je te faisais /'anato-
mie de cette pièce-là, tu tomberais dans un dé-
goût qui t'âterait l'appétit pendant tout le car-
naval. (Regn.) Aujourd'hui, l'histoire, comme
la zoologie, a trouvé son anatomie. (Taine.)
prend différents noms, suivant
l'objet particulier auquel elle s'applique. De là,
trois divisions principales qui se présentent
d'abord naturellement: Vanatômie humaine ou
anthropolomie, qui a pour but la connaissance
de l'homme matériel ; la zootomie, qui s'occupe
de l'organisation des animaux, et Vanatômie
végétale ou phytolomie, qui s'applique aux
végétaux.
I. — Anatomie hdmaine. Vanatômie hu-
maine peut être envisagée et étudiée sous un
certain nombre de points de vue différents;
de là plusieurs espèces d'anatomies : l'ana-
tomie descriptive, Vanatômie générale, Vana-
tômie du fœtus ou de développement, Vanatômie
pathologique, L'anatomie descriptive s'occuue
de décrire la forme et la couleur, d'indiquer la
situation, ta direction, l'étendue, les rapports
et la structure des différants organes. On peut
procéder dans cette étude en classant les
organes soit d'après leurs analogies, c'est-à-
dire par systèmes ; soit d'après les fonctions
auxquelles ils concourent, c'est-à-dire par
appareils ; soit en unissant, comme on le fait
ordinairement, ces deux points de vue.
M. Sappey divise Vanatômie descriptive en
sept parties :1a première (ostêologie) s'occupe
du système osseux, c'est-à-dire des'partiesqui
constituent la charpente solide du corps hu-
main ; :1a seconde {arthrologie ou syndosmo-
logie) traite des moyens d'union qui assemblent
les os entre eux: cartilages, iibro-cartiliiges,
synoviales, ligaments; la troisième (myologie)
décrit les muscles, c'est-à-dire les organes
actifs de la locomotion; la quatrième (aponé-
vrologie) décrit les membranes fibreuses, ou
aponévroses, qui servent à envelopper les
unuscles et à les maintenir dans leur position
respective; la cinquième {angéiologie) étudie
■les artères ou vaisseaux h sang rouge, les
veines ou vaisseaux h sang noir, les lympha-
tiques ou vaisseaux à sang blanc, et le cicur,
point de départ ou.de terminaison de tous les
vaisseaux; là sixième (névrologie) fait Con-
naître le système nerveux central et périphé-
rique ; enfin la septième (splanchnologte) com-
prend l'étude des organes de la digestion, de
fa respiration, de la phonation, des organes
génito-urinaires et des appareils sensonaux.
L'anatomie descriptive peut avoir pour but
spécial de déterminer les rapports et la situa-
tion des organes, afin de guider la main du
chirurgien dans les opérations qu'if pratique ;
alors elle étudie les organes dans Tordre de
leur voisinage et de leur superposition , et •
prend le nom d'anatomie topographique chi-
rurgicale ou des régions.
Lorsque l'anatomie descriptive s'occupe uni-
buement des formes extérieures, des parties
qui concourent à les produire, des différences
qu'elles présentent suivant les âges, le sexe,
les tempéraments ou les constitutions, les cli-
mats, le repos, les mouvements ou les passions
qui les modifient; elle s'appelle anatomie pla-
stique ou pittoresque , ou bien anatomie des
formes : c'est l'anatomie appliquée aux beaux-
arts.
L'anatomie générale , ou histologie, a pour
objet d'étudier à part chacun des tissus élé-
mentaires de l'organisation, de les considérer
d'une façon générale et abstraction faite des
organes que ces tissus concourent à former en
se combinant quatre à quatre, cinq à cinq, etc.
Bichat, créateur de Vanatômie générale, com-
parait l'étude des tissus à celle de l'architecte
qui, avant de construire une maison, cherche
à connaître en détail les matériaux qu'il doit
employer. L'anatomie générale prend le nom
d'anatomie microscopique lorsque, par l'emploi
du microscope, elle atteint les éléments anato-
iniques qui entrent dans la' composition des
41
322
ANA
yANA
L'anatomie de développement, appelée encore
embnjotomie, embryologie, embryogénie, orga-
nogénie, s'occupe de la description de lem-
bryon aux diverses époques de la vie fœtale ;
elle suit les organes dans toutes les périodes
de leur évolution, depuis le moment de leur
apparition jusqu'à l'époque de leur complet
développement.
L' anatomie pathologique, ou morbide, étudie
les altérations que -l'état de maladie produit
dans le corps humain, et montre la corrélation
qui existe entre ces altérations et les phéno-
mènes par lesquels elles se traduisent au de-
hors. L anatomie pathologique peut être divi-
sée en générale et en spéciale. La première
considère. les altérations et productions mor-
bides dans les tissus et les humeurs, la seconde
dans chaque organe en particulier.
II. — ZOOTOMIB OU ANATOMIE ANIMALE.
Chaque espèce animale peut devenir, comme
l'homme, le sujet spécial d'une anatomie de-
scriptive, d'une anatomie générale, d'une ana-
tomie de développement, et d'une anatomie
au médecin et au "chirurgien, n nj, a gUeiù
que V anatomie des animaux domestiques , ou
anatomie vétérinaire, qui ait été traitée jusque
dans les phi s minutieux détails. L'hippotomie,
en particulier, ou anatomie du cheval, a été
étudiée avec le plus grand soin.
Lorsque Yanatomie compare l'organisation
dans les différentes classes d'animaux, qu'elle
expose les analogies et les différences qui
existent entre eux, qu'elle suit chaque organe
dans toutes les modifications qu'il éprouve en
passant d'une espèce a l'autre, elle prend le
nom A'anatomie comparée ou comparative. C'est
Yanatomie comparée qui nous montre rangés
sur une même ligne « tous ces cerveaux qui,
selon l'expression de Vicq-d'Azyr, semblent
décroître, comme l'industrie, tous ces cœurs
dont la structure devient d'autant plus simple
qu'il y a moins d'organes à vivifier et à
nourrir. • L'anatomie comparée est le fonde-
ment réel de la zoologie, parce qu'elle permet
de fonder la classification des animaux, non
sur des similitudes et des différences purement
extérieures , mais sur la comparaison rigou-
reuse et méthodique de tous les organes, et
sur l'ordre d'importance des caractères qui rap-
prochent ou éloignent les espèces les unes des
autres. En fournissant à l'induction le prin-
cipe de la corrélation des formes , principe en
vertu duquel une partie d'un organisme étant
donnée, on peut en conclure les fonctions et
les formes de tous les autres jrganes, Yana-
tomie comparée a donné naissance à la zoologie
des fossiles, ou paléontologie, créée au com-
mencement de ce siècle par le génie de G. Cu-
vier. Ajoutons qu'elle jette de vives lumières
sur Yanatomie humaine. « Si les animaux
n'existaient pas, a dit Buffon, l'homme serait
moins connu. • Un grand nombre de faits
anatomiques , que nous présente l'étude du
corps humain, sont des énigmes dont Yanatomie
comparée peut seule donner l'explication.
Comme la méthode de comparaison s'applique
non-seulement aux. organes, mais encore aux
tissus et aux humeurs considérés dans toute
la série animale, au mode de développement
et aux altérations morbides des divers orga-
nismes, on comprend que Yanatomie eomperée
peut se spécialiser comme anatomie descriptiue
(anatomie comparée proprement dite), comme
anatomie générale (histologie comparée),
comme anatomie de développement (embryo-*
génie comparée), et enfin comme anatomie
pathologique.
Lorsque Yanatomie comparée se propose de
ramener les diversités à l'unité en s"élevant
aux lois générales de l'organisation, elle reçoit
le nom d anatomie philosophique ou transcen-
dante, ou de philosophie anatomique. L'ana-
tomie philosophique considère l'organe d'une
façon abstraite et indépendamment de la fonc-
tion ; elle s'appuie sur Yanatomie comparée pro-
prement dite et sur l'embryogénie comparée ;
c'est elle qui nous apprend à saisir l'analogie
fondamentale des parties sous les différences
do forme et de fonction : analogies entre les
organes des divers animaux ; analogies entre
les diverses parties d'un animal; analogies
entre les caractères transitoires et successifs
que présente l'embryon des animaux supé-
rieurs, et les caractères permanents que nous
observons dans la série des animaux infé-
rieurs. Les principales lois formulées par Yana-
tomie philosophique sont : le principe de la
fixité des connexions, le principe du balance-
ment des organes, le principe des inégalités
de développement, la loi de la répétition des
organes, la loi de l'attraction des parties simi-
laires, la loi de l'unité de composition orga-
nique. A Yanatomie philosophique et à l'em-
bryogénie, se rattache la tératologie, qui a pour
objet l'étude des monstruosités , c'est-à-dire
des anomalies de conformation que présentent
les animaux au moment de la
III. — Anatomie végétale. On donne quel-
quefois le nom A'anatomie végétale à l'étude
de l'organisation des végétaux. Dans ce sens,
Yanatomie végétale correspond exactement à
1 anatomie animale, et, comme celle-ci, elle se
divise en anatomie descriptive ou organ-jyo-
phie végétale, et en anatomie générale ou histo-
logie végétale. Le plus souvent, c'est cette
IV. — Anatomie .
L'anatomie, envisagée comme art, consiste,
dans l'emploi des divers procédés à l'aide
desquels on sépare les organes les uns des
autre=, et dans chaque organe les tissus et les
éléments anatomiques. Elle, est 'quelquefois
désignée par le mot sguelettopée , mot tout
à fait impropre, car il signifie simplement pré-
paration du squelette. La dissection est le pro-
cédé le plus communément employé; — :
organes creux, poumons, tube digestif, etc. ;
l'injection, qui rend les vaisseaux plus appa-
rents, et qui se fait soit avec des liquides co-
lorés, soit avec la cire liquéfiée, soit avec le
mercure; la dessiccation, la macération, et
même, dans certains cas, l'emploi des agents
chimiques. Après que les parties ont été con-
venablement préparées, c'est-à-dire disposées
de manière à être exactement observées et
décrites, on peut en conserver la plupart, soit
en les desséchant, soit en les vernissant, soit
en les plongeant dans un liquide propre à em-
Eêcher la fermentation putride, tel que l'alcool,
i solution de sublimé corrosif, etc. Une col-
lection de pièces ainsi préparées et conservées
constitue un muséum anatomique. Nous cite-
rons* comme exemple le cabinet de l'Ecole de
médecine , le muséum d'anatomie comparée
du Jardin des Plantes, et celui a'anatomie
pathologique fondé par Dupuytren.
Pour faciliter l'étude de Yanatomie, on a ima-
giné de_ représenter les préparations anatomi-
ques à l'aide de planches gravées ou lithogra-
phiées. Ces planches ne présentant les objets
que sous une seule face, ont besoin d'être mul-
tipliées pour en donner une connaissance com-
plète, et, comme elles ne montrent l'organe que
par parties, elles ne peuvent faire naître que des
idées isolées. C'est là un défaut sérieux, et l'on
dut naturellement songer à l'éviter au moyen
de figures en relief faites avec la cire colorée,
le plâtre, la pâte de carton, etc., et représen-
tant les différents organes ou les différentes
parties du corps humain dans l'état sain ou
dans l'état de maladie. Longtemps les figures
en cire colorée tinrent le premier rang dans
ces préparations artificielles. « Elles peuvent,
dit Requin, retracer jusqu'à parfaite illusion
la forme et la dimension des organes, leurs
rapports de situation, leurs couleurs, enfin,
toutes leurs qualités visibles ; elles peuvent
mentir aux regards du plus scrupuleux obser-
vateur, tant que le toucher ne vient pas con-
stater le mensonge'. » L'art de représenter
ainsi en relief les objets A'anatomie s'appelle
anatomie artificielle ou imitalive. Il a pris
naissance en Italie, à Florence, au xvie siècle :
de là le nom a'anatomie florentine , donné à la
préparation des modèles anatomique en cire.
Parmi les artistes qui se sont fait un nom cé-
lèbre dans ce genre nouveau de sculpture, nous
citerons iCigoli, Zumbo, Galli, Susini, etc., en
Italie; Laumonier et Pinson, en France.
L'anatomie artificielle est d'une incontes-
table utilité ; elle permet l'étude de Yanatomie
dans les saisons et sous les latitudes où la dis-
section est impossible ; elle épargne un travail
répugnant aux peintres, aux statuaires, et à
tous ceux qui, sans y être obligés par état,
désirent acquérir des connaissances sur l'or-
ganisation ; elle multiplie les exemplaires des
pièces rares a'anatomie pathologique.
En 1819, M. le docteur Auzoux fit une véri-
table révolution dans YanaComie artificielle, en
créant ce qu'il a appelé Yanatomie élastique. Il
découvrit une pâte , dont le liège pulvérisé
forme la base, et qui, coulée dans des moules de
même métal que les caractères d'imprimerie, y
prend les empreintes les plus délicates. Cette
pâte, très-légère, acquiert en se desséchant de
l'élasticité, se prête à des divisions infinies, se
montre aussi résistante et bien moins fragile que
le bois. Revêtue d'une'peinture à la colle qui lui
donne les couleurs appropriées, elle imite avec
une remarquable exactitude toutes les parties
du corps humain. Les pièces de M. Auzoux se
montent et se démontent avec la plus grande
facilité ; son homme élastique ( klao, je romps,
je sépare ) ne compte pas moins de cent trente
pièces séparables, représentant mille sept cents
objets différents.
Y. — Utilité de l'anatomie. Il n'est
nécessaire de s'étendre longuement sur 1
portance des études anatomiques. Sans ana-
tomie, point de physiologie : on ne peut séparer
la science des Jonctions de celle des organes ;
on ne peut comprendre le jeu et les usages
d'une machine sans l'avoir d'abord analysée,
c'est-à-dire sans avoir étudié les pièces, les
rouages qui la composent, la forme de ces
rouages, leur mode d'agencement et jusqu'à
la matière qu'on emploie pour les fabriquer.
La médecine ne devient rationnelle qu'en s'ap-
puyant sur Yanatomie, c'est-à-dire en ratta-
chant les symptômes aux lésions. C'est Ya-
natomie pathologique qui , seule , donne au
diagnostic de la précision, en faisant voir en
" ' de l'esprit, à tra-
it pas
l'organe intérieur où la maladi
et les modifications qu'elle y a produites. L'c
natomie générale jette de vives lumières sur
la pathologie. L'anatomie topographique, ou
des régions, ne saurait être trop familière au
chirurgien ; elle doit lui permettre de diriger
son instrument avec autant de sûreté que si
les tissus étaient transparents, L'anatomie pit-
toresque ou plastique, dit Gerdy, devient un
flambeau secourabîe pour l'artiste dont elle
ANA
règle l'imagination, dont elle guide et retient
la main dans les voies de la nature et de la
vérité. C'est, pour ainsi dire, un verre gros-
sissant qui rend les formes extérieures plus
distinctes aux yeux de l'artiste, en les rendant
plus claires à son esprit. En botanique, Yana-
tomie végétale (organographie et histologie) est
le fondement de la méthode naturelle, comme
la zootomie en zoologie. La paléontologie est
née de Yanatomie comparée, et la tératologie
de Yanatomie philosophique.
VI. — Histoire oe l'anatomie. «L'anatomie,
pour naître, dit Requin, eut à triompher des
obstacles que lui opposaient tout à la fois la
nature et les hommes ; elle dut braver le re-
poussant spectacle de la mort ; elle dut secouer
le joug des préjugés religieux. Abusés par le
dogme de la métempsychose et par les fausses
idées qui résultent de leurs symboles religieux,
les peuples les plus anciens (ceux de l'Inde et
de l'Egypte , par exemple) sont peints dans
l'histoire comme révérant dans le corps des
plus vils animaux la figure matérielle d'une
ame humaine ou d'une divinité, et ne pouvant,
sans sacrilège, y porter le couteau. » En Grèce
même, malgré les lumières de la philosophie
et la liberté de l'esprit, l'idée qu'une souillure
morale résultaitdel attouchement d'un cadavre
mit un obstacle invincible à la culture de Yana-
tomie humaine ; mais la zootomie ne fut point
proscrite ; elle profita même de ce préjugé qui
forçait les médecins de chercher dans l'orga-
nisation des animaux des -lumières sur celle
de l'homme. C'est ainsi que s'explique le peu
de connaissances positives du père de la méde-
cine, d'Hippocrate , sur la structure du corps
humain. Les premiers zootomistes furent Alc-
méon et Empédocle, Démocrite et Heraclite ;
mais il faut arriver jusqu'à Aristote pour
trouver une véritable science de l'organisation ;
c'est à lui qu'appartient la gloire d avoir créé
Yanatomie comparée et jeté les premières bases
de Yanatomie générale, en faisant l'histoire des
parties similaires du corps ou des systèmes.
Aristote disséquait des milliers d'animaux
qu'Alexandre lui envoyait de toutes les par-
ties de l'Asie ; toutefois, il n'est pas prouvé
qu'il ait abordé directement l'anthropotomie,
en ouvrant des cadavres humains.
Le génie anatomique d'Aristote semble s'être
réfugié, après sa mort, à la cour des Ptolémées, .
à Alexandrie, devenue le centre des sciences et
des lumières. Erasistrate et Hérophile purent
s'y livrer à l'étude de Yanatomie tiumame, et
firent d'importantes découvertes; on prétend
même, mais sans preuves suffisantes, que des
criminels condamnés à mort leur furent aban-
donnés pour être disséqués vivants. Quatre
cents ans plus tard, parut Galien, le plus grand
anatomiste de l'antiquité, qui paraît avoir écrit
la .plupart de ses descriptions d'après la dis-
section des singes, et dont les ouvrages, com-
mentés par ses successeurs et principalement
par les Arabes, furent longtemps la règle des
L'anatomie disparut entièrement durant le
moyen âge. Nous*ne la voyons renaître
qu'au xivû siècle. L'époque de cette renais-
sance peut être partagée en deux temps bien
distincts, l'un de simple érudition, l'autre d'ob-
servation directe. Dans la première période,
remplie par Mutidini de Luzzi, Zerbi1 Achilli,
Benedetti, Bérçnger de Carpi, Massa, Sylvius,
l'autorité de Galien n'est pas contestée; on ne
dissèque que pour expliquer les écrits du
maître, et. l'on ferme les yeux aux démentis
que leur donne l'observation; Sylvius va jus-
qu'à douter de la constance de la nature plutôt
que de croire à une erreur de Galien.
La seconde période s'ouvre avec André Vé-
sale, qui doit être véritablement regardé comme
le père de l'anthropotomie. Ramener les ana-
tomistes à l'observation de la nature, renverser
l'autorité de Galien, décréditer cette anatomie
humaine que les anciens avaient presque entiè-
rement fondée sur des inductions tirées de la
zootomie, délivrer en quelque sorte lu science
jusqu'alors garrottée dans les liens d'une fausse
érudition, telle fut l'œuvre de Vésale. Il fut le
chef de l'école italienne, qui compte dans son
sein les Eustachi, les Fallope, les Fabrice
d'Aquapendente, les Varole, les Colombo, etc.
•Après Vésale, on voit les découvertes anato-
miques se succéder avec rapidité. Muscles,
viscères, nerfs, veines et artères, deviennent
l'objet des plus minutieuses recherches. La
connaissance de plus en plus exacte du sys-
tème vasculaire conduit à celle de la circula-
tion. Fabrice d'Aquapendente découvre les
valvules des veines ; Michel Servet, que Cal-
vin fit brûler à Genève comme antitrinitaire ,
reconnaît par l'inspection du cœur et des
vaisseaux qui s'y rendent et qui en partent
l'existence de la petite circulation, ou circu-
lation pulmonaire. Harvey couronne ces dé-
couvertes, et fait une révolution en physio-
logie en montrant que la vieille théorie des
oscillations du sang est condamnée et par l'in-
duction anatomique, et par la méthode expéri-
mentale. Après la découverte de la circulation,
vient celle du système lymphatique, qu'avaient
entrevue les anatomistes d'Alexandrie. Aselli,
en Italie, aperçoit les conduits chylifères, qui
lui paraissent, mais à tort, aboutir au foie.
Pecquet, en France, complète et rectifie la
découverte d'Aselli, en trouvant le réservoir
du chyle qui porte son nom, et le canal thora-
cique, par où ce liquide va se mêler au sang
veineux. Olails Rudbeck, en Suède, et Thomas
Bartholin, en Danemark, démontrent presque
en même temps l'existence des'vaisseuux lyni-
ANA
phatiques dans tous les organes, ce qui ratta-
che les vaisseaux chylifères • à un système
général. Une foule de noms deviennent clas-
siques en s'attachant à certaines parties du
corps humain qu'ils servent à désigner, tels
sont ceux de Stenon, de Glisson,d'Albinus,de
Warton,deVieussens, de Schneider, de Willis,
des injections est porté par Ruysch à u
fection dont on a perdu le secret, l'invention
du microscope vient agrandir le domaine de
Yanatomie, et créer un nouveau genre d'ob-
servations. Lecuwenhoeck observe les glo-
bules rouges du sang et les animalcules sper-
matiques ; Malpighi applique le microscope à
l'étude de la structure des glandes.
En même temps la zootomie devient l'objet de
recherches spéciales et marche de front avec
Yanatomie humaine. Marc-Aurèle Severino pu-
blie le premier traité A'anatomie comparative ;
Ruysch et Stenon s'occupent de l'anatomie de
la raie ; Th. Willis faiteonnaitre celle de l'huître
et de l'écrevisse ; Malpighi celle du ver à soie et
du papillon provenant de cette chenille ; l'in-
fatigable Swamnierdam porte l'art de la dis-
section jusque sur les invertébrés les plus
petits et les plus méprisables en apparence ; il
.décrit les trachées, le système nerveux, les
viscères des insectes, et révèle le secret de
leurs métamorphoses. Les faits particuliers
s'accumulent dans les Ephémérides des Curieux
de la nature, dans tes Transactions philosophi-
ques de la Société royale de Londres, et surtout
dans les Mémoires de l'Académie des sciences
de Paris; le jour n'est pas loin où ils pourront
être réunis en corps de doctrine. Aux travaux
de Perrault, de Duverney, de Méry, de Lister,
de Caldesi, de Willoughby, etc., dont s'honore
le xviie siècle, succèdent au xvme ceux do
Daubenton, de Vicq-d'Azyr, de Hunter, do
Camper, de Blumembach, de Haller, de Ch.
Bonnet, etc. ■
Enfin, le siècle actuel voit s'ouvrir de nou-
velles voies, de nouveaux horizons pour les
investigations anatomiques ; Bichat crée Yana-
tomie générale , dont le microscope vient
reculer singulièrement les frontières ; G. Cu-
vier, réalisant le vaste plan de Vicq-d'Azyr,
donne & Yanatomie comparée sa véritable mé-
thode ; il est suivi dans cette carrière par
Duvernoy, Duméril, Meckel, Carus, de Blain-
ville, etc. L'anatomie philosophique, dont les
spéculations allemandes menaçaient de faire
un édifice sans base , reçoit d'E. Geoffroy
Saint-Hilaire les lois qui lui donnent le carac-
tère scientifique ; l'embryogénie comparée ,
grâce aux travaux de Serres, de Baer, de
Purkinje, de Coste, etc., se constitue à l'état
de science distincte; l'a?iatomie pathologique,
qui, dans les siècles précédents, n'avait compté
que de rares adeptes, tels que Th. Bonet,
Morgagni, Lieutard, etc., s'élève entre les
mains des médecins français au plus haut
degré de perfection.
— Beaux-arts. L'anatomie joue un rôle im-
portant dans les beaux -arts. Un artiste qui a
une longue expérience peut retracer de sou-
venir les lignes principales du corps humain,
mais il ne saurait reproduire avec fidélité la
contraction plus ou moins prononcée des mus-
cles, le jeu complexe des articulations, les mo-
difications innombrables et incessantes que
l'homme éprouve dans sa physionomie, dans
son attitude, suivant l'action qui l'occupe ou
l'émotion qui l'agite. Pour parvenir à donner
à une image peinte ou sculptée cette vérité
d'expression qui est le but principal de l'art,
il est absolument nécessaire de se livrer à
l'étude de Yanatomie, qui, seule, peut nous
initier à la connaissance des ressorts internes,
causes cachées des effets extérieurs, des mou-
vements apparents. Lomazzo a dit avec raison;
u L'anatomie est le secret de l'art; les plus
grands statuaires modernes sont ceux qui l'qnt
le mieux connue. » Et l'on peut ajouter avec
Y Encyclopédie: « Lorsque, dans les écoles, dans
les ateliers et dans l'opinion publique, Yanato- ,
mie et la perspective ne seront plus considé-
rées comme fondements indispensables de la
pointure, on pourra prononcer hardiment que
cet art et les parties qui en dépendent sont
menacés d'une prochaine décadence. » Le sta-
tuaire surtout a besoin de faire une étude ap-
profondie des détails anatomiques : « Comment
obtenir la vérité de la peau sans la vérité des
muscles, et comment donner aux muscles une
juste direction, une juste inflexion, une juste
valeur, de la finesse et de la fermeté, si l'on
n'a pas fixé savamment la direction, les em-
manchements, les courbures des os auxquels
les muscles s'attachent, sur lesquels ils se
ploient et qu'ils font mouvoir ? ■ Ainsi parle
Emeric David, et cet habile théoricien recom-
mande aux artistes de disséquer de leurs pro-
pres mains : « Armez-vous d'un fer studieux ;
déchirez le voile qui recouvre les ressorts inté-
rieurs; étudiez la forme des muscles, leur
position, leur entrecroisement, et particulière-
ment leurs attaches; enlevez les premiers
muscles en les soulevant par les deux extré-
mités ; étudiez la forme de ceux qui sont placés
au-dessous; enlevez -les encore; avancez,
avancez, allez au squelette... Statuaires, votre
figure est là! » Mais s'il est utile d'interroger les
parties les plus secrètes du cadavre, il importe
plus encore de consulter la nature vivante,
animée , mobile comme la passion. « Chaquo
fois que vous aurez étudié quelqu'un des mem-
bres de l'homme disséqué, continue Emeric
David, modelez ou dessinez la même partie
ANA
d'après l'homme vivant. Vous découvrirez, par
la comparaison à laquelle vous obligera ce
nouveau travail, l'usage des muscles, les effets
de leur contraction , les demi-teintes qui les
lient et les séparent. » — « Si tant de figures
peintes sont sans vérité, dit à son tour M. de
Montabert, c'est parce que les peintres ont
: é pour la plupart ï'anatomie ariistiqr- _i
u la nature te
qu'ils n ont pas
dant; c'est qu'us om cru savoir iunuiumie
parce qu'ils savaient la nomenclature des os
et des muscles ; c'est qu'ils croyaient que Vana-
tomie consistait seulement dans l'art d'atta-
cher ces os et ces muscles, et qu'ils ne firent
îamai3 leur étude particulière de la science de
l'homme. •
On s'est demandé, si les artistes de la Grèce
connaissaient Ï'anatomie : leurs statues, si par-
faites sous le rapport do la beauté et de la
justesse des formes, ne nous laissent aucun
doute à cet égard. Hippocrate, contemporain
de Phidias, nous apprend, d'ailleurs, que de
son temps on avait déjà non-seulement fait
des études, mais composé des écrits sur Ï'ana-
tomie, pour l'instruction des artistes. Voici ses
paroles (De vet. medic, 36) : « Quelques mé-
decins et quelques sophistes disent qu'il est
impossible de savoir la médecine si l'on ne
connaît pas ce que c'est que l'homme et de
quelle manière son corps est construit; quant
à moi, je pense que tout ce que ces médecins
ou ces sophistes ont dit ou décrit sur la nature
du corps humain, appartient moins a la méde-
cine qu'à l'art de la peinture. • Hippocrate
qui, si nous en croyons Pausanias (x, 2)-, avait
déposé dans le temple de Delphes un squelette
d'airain, exécuté vraisemblablement sous sa
direction, écrivit lui-même un livre sur l'usage
et la beauté des différentes parties du corps :
les profondes connaissances anatomiques con-
signées dans eut ouvrage durent profiter éga-
lement aux artistes et aux médecins. Polyclète,
peintre et statuaire qui vivait dans le même
temps, composa à son tour un traité dans lequel
il démontra quelles étaient les proportions du
corps humain, d'où naissaient tout à la fois
l'utilité, l'élégance et l'harmonie de ses diffé-
rentes parties ; il fit voir, selon les termes de
Galien, dans quel rapport de grandeur de-
vaient être le doigt avec le doigt, les doigts
avec le carpe et avec le métacarpe, toutes ces
parties avec le bras, le bras avec l'ensemble
du corps. Puis, joignant l'application au pré-
cepte, il modela une statue dans laquelle il
suivit rigoureusement les proportions indiquées
par son écrit. Cette statue fut un chef-d'œuvre :
les anciens l'appelèrent le canon, c'est-à-dire
le modèle, la règle par excellence. Il s'en ré-
pandit promptement de nombreuses et fidèles
copies qui, jusqu'à l'époque de la décadence,
furent les types auxquels les maîtres les plus
habiles compai aient leurs propres ouvrages.
Les premiers artistes de la Renaissance qui
traitèrent le nu avec quelque correction s'in-
spirèrent, selon toute probabilité, des chefs-
d œuvre de l'antiquité récemment remis en
lumière. Masaccio, Luca Signorelli et Antonio
Pollajuolo montrèrent des premiers une cer-
taine intelligence de Ï'anatomie. Il paraît même
.que ce dernier avait appris par principes le
jeu des muscles, en écorchant des cadavres.
On connaît l'aventure de Gentile Bellini, sous
les yeux duquel le sultan Mahomet II fit déca-
piter un esclave, pour fournir à cet artiste
l'occasion d'étudier sur le vif les contractions
musculaires du cou, lorsque la tète a été tran-
chée. Léonard de Vinci concourutavec son ami,
le savant Marco-Antonio délia Torre, lecteur
de Pavie, à illustrer la science de Ï'anatomie
de l'homme, et il décrivit avec exactitude celle
du cheval, dans la connaissance de laquelle,
dit Lanzi, il est regardé comme le premier
de tous. Mais aucun maître ne s'adonna avec
plus d'ardeur que Michel-Ange à l'étude du
corps humain; il y consacra, dit-on, douze
armées d'un labeur assidu, au risque de com-
promettre sa santé. Il commença, dès l'année
1492, époque où il s'engagea à travailler aux
sculptures de l'église du Saint-Esprit, à Flo-
rence, sous la condition que le prieur de cette"
église le payerait en cadavres, provenant du
cimetière contigu. La superstition populaire
ne manqua pas de s'effaroucher d'une étude
qui fut longtemps encore regardée comme une
Erofanation. On alla jusqu à faire courir le
mit que Michel- Ange avait mis un homme en
croix et l'avait laissé mourir pour pouvoir ex-
primer au naturel l'image de Jésus crucifié.
Dans ses peintures comme dans ses sculptures,
le grand maître florentin s'est attaché à accen-
tuer énergiquement le mouvement des muscles,
tout en donnant à ses figures nues les attitudes
les plus variées et les plus propres à faire va-
loir leur musculature, et en les présentant
dans des raccourcis d'une audace extrême.
Peut-être est-il permis de lui reprocher d'avoir
suivi trop aveuglément son inspiration fou-
gueuse et d'avoir consulté ses souvenirs plus
souvent que le modèle vivant, au moment où
il exécutait ses ouvrages ; il est arrivé ainsi à
produire des nudités qui offrent des masses
musculaires évidemment exagérées. C'est en
ce sens qu'Annibal Cai'rache a pu dire de cer-
taines figures du Jugement dernier, qu'elles
étaient « trop anatomiques. ■ Quoi qu'il en soit,
Michel-Ange peut être regardé comme le pro-
moteur de Ï'anatomie artistique chez les mo-
dernes ; on conserve de lui une ligure d'écorché
accroupie, d'une rare énergie, qui a servi de
modèle à beaucoup de peintres et de statuaires,
et il projetait, dit Ascanio Condivi, un de ses
ANA
ies, d'écrire un traité sur tous les mou-
du corps humain et sur tous les effets
extérieurs des os, en y joignant une théorie
ingénieuse qu'une longue expérience lui avait
fait découvrir. Malheureusement, au lieu de
n'imiter que ses qualités, ses disciples en vin-
rent pour la plupart à exagérer ses défauts ;
ils se modelèrent servilement sur ses compo-
sitions, négligeant de comparer leurs propres
ouvrages à la nature vivante. Cette façon de
travailler fut particulièrement nuisible aux
peintres. • Ils transportèrent dans leurs ta-
bleaux, dit Lanzi, cette rigidité de la sculpture,
ces formes prononcées, ce jeu des musclesj
Cette sévérité des traits, ces gestes, ces atti-
tudes pleines de vie qui rendent le Buonarotti
si imposant et si terrible... Mais, n'approfon-
dissant point les théories de cet homme inimi-
table et ne sachant pas bien quelle était la
véritable action des ressorts du corps humain
sous la peau, ils tombaient facilement dans les
plus grossières erreurs. Tantôt ils indiquaient
des muscles hors de leur place, tantôt ils les
exprimaient de la même manière, dans une
figure en mouvement et dans une figure en
repos, dans un jeune homme délicat et dans
un sujet parvenu à l'âge viril. Satisfaits de
cette manière qu'ils croyaient grande, ils n'at-
tachaient pas beaucoup d'importance au reste...
Aussi voit-on, dans la plupart de leurs com-
positions, des têtes qui n'expriment rien, des
personnages demi-nus qui n agissent point et
qui ne font que montrer pompeusement, comme
TEntelle de Virgile :
El magnos membrorum artus, maghosque lacertos.
Raphaël et ses disciples , sans avoir pénétré
bien avant dans l'étude de Ï'anatomie, ne lais-
sèrent pas de retracer, avec une admirable
perfection, la beauté du corps humain; leurs
figures nues semblent modelées d'après les
chefs-d'œuvre antiques, dont elles ont la calme
et imposante sérénité. On attribue à Fra Bar-
tolomeo , l'ami de Raphaël , l'invention des
mannequins à ressorts, qui permettentd'étudier
à loisir les draperies et de former des plis en
harmonie avec les mouvements du nu.
Les Vénitiens , plus coloristes que dessina-
teurs, ne firent faire aucun progrès à la science
ariatomique ; mais ils eurent le mérite de donner
aux carnations un éclat, et en même temps une
justesse de tons, que les écoles florentines et
romaines n'avaient point trouvés. Le Titien,
qui a peint André Vésale étudiant Ï'anatomie
au milieu des cadavres putréfiés, et qui voulut
diriger lui-même l'exécution des planches qui
accompagnent le grand ouvrage (Corporis
humani fabrica) de cet illustre savant, le
Titien n'a pas été surpassé dans l'art de colorer
les chairs.
Ce fut de Bologne que partit la réaction
contre la décadence ou l'art avait été jeté
par les imitateurs maladroits de la vigueur
do Michel-Ange et par les pasticheurs' de la
grâce de Raphaël. Les Carraches luttèrent
victorieusement contre l'exagération des pre-
miers, en enseignant un style plus sobre, un
dessin plus correct ; le maniérisme des seconds
trouva son antipode dans te naturalisme du
Caravage, de ce réaliste farouche qu'Annibal
Ûarrache appelait ■ un broyeur de chair, »
pour exprimer combien son coloris était vrai,
ses carnations pleines de vie.
A l'exemple du Caravage, les ancien^ maîtres
des écoles du nord s'efforçaient, en peignant
le nu, de reproduire la nature vivante dans
toute sa vérité ; ils se préoccupaient assez peu, •
du reste , du choix do leurs modèles. Les
figures nues d'Adam et d'Eve, que les Van
Eyck introduisirent dans leur vaste composi-
tion de l'Agneau mystique (V. la description
de ce tableau), sont traitées avec une habileté
surprenante pour l'époque. En général , les
artistes primitifs des Pays-Bas et de l'Alle-
magne manquent complètement du sentiment
de la .beauté des formes ; ils donnent aux con-
tours des membres des flexions exagérées, et
leurs nudités sont trop souvent d'une laideur
repoussante. Mats ils excellent à imiter les dé-
tails de la peau, la limpidité de l'œil, l'expres-
sion du visage : certains portraits d'Holbein
font véritablement illusion. On voit au musée
de Bàle un Christ mort, attribué à cet artiste,
corps verdâtre d'où le sang coule, et qui, selon
Waagen, a dû être peint d'après le cadavre
d'un homme assassiné. Albert Durer .pèche
souvent aussi par excès de réalité, et bon
nombre de ses figures ont un aspect dur et
anguleux ; mais s il ne sut pas se dépouiller,
dans sa peinture, de la raideur gothique, il a
prouvé, du moins, qu'il savait apprécier la
beauté et l'harmonie du corps, en écrivant son
traité des Proportions humaines, publié après
sa mort par son ami Pirkheimer. Rubens a été
le Michel-Ange de la peinture flamande; à.
l'dxemple de ce grand maître, il a donné à ses
figures nues une musculature dont on a pu
critiquer parfois l'exagération, des raccourcis
dont l'audace nous étonne; moins savant, moins
serré que son modèle, il a de plus que lui !c
prestige d'un coloris éblouissant. Nul n'a peint
des carnations plus pleines de sang, des figures
plus mouvementées, plus vivantes.
En Fiance, notre- Puget tient de Michel-
Ange et de Rubens : il en a le génie, il en a
l'audace. Ses marbres respirent; le sang cir-
cule sous l'épidémie. Les anatomistes pourront
reprocher à ses statues une certaine exubé-
rance de formes ; nous préférons répéter ce
mot de Marie-Thérèse, à la vue du Èfilon de
Cro/one déchiré par le lion : « Le pauvre
ANA
homme, comme il souffre 1 • Exclamation naïve,
qui en dit plus que tous les éloges. Hélas I le
temps est proche où les Bouchardon, les Coy-
pel, les Van Loo, les Boucher, vont traiter le nu
avec un raffinement de délicatesse, avec un
maniérisme et une mièvrerie qui pourront sa-
tisfaire les amateurs du gracieux. En étalant
complaisamment aux regards des nudités licen-
cieuses, ils n'auront pas même le mérite d'être
vrais I C'est sans doute à ces artistes de bou-
doir que fait allusion l'auteur de l'Encyclopédie
des beaux-arts, lorsqu'il s'écrie plaisamment :
n Si vous n'êtes pas assez barbares pour refu-
ser une âme aux femmes, donnez-leur donc
des ressorts par lesquels elles puisssent faire
connaître des impressions qui vous sont sou-
vent si agréables efque vous êtes occupés
presque sans cesse à faire naître. » Et plus
loin : « Lès femmes se plaignent si souvent
des tourments que les nerfs leur causent, qu'il
serait injuste de les représenter comme n'en
ayant pas. » On conçoit que l'afféterie des
petits-maîtres du xvme siècle ait provoqué la
réaction violente opérée par David. En rame-
nant l'école française à l'imitation de l'anti-
quité, cet artiste remit naturellement en faveur
la représentation exacte du nu ; mais le choix
qu'il fit des ceuvres de la statuaire pour ses
modèles, l'a conduit trop fréquemment à pro-
duire des figures dont la vie est absente ; les
lignes ont de l'élégance, le modelé est correct,
mais les carnations sont froides et incolores.
David reconnaissait toutefois là nécessité de
peindre d'après le modèle vivant. Un de ses
biographes, M. Delécluze, nous apprend qu'il
fit poser une douzaine de ses élèves, distingués
par leur stature, pour le groupe du tableau
des Thermopyles , qui se compose de divers
personnages peignant leurs cheveux, agrafant
leur chaussure ou tenant des couronnes de
fleurs; mais nous doutons qu'à cette étude
excellente, faite au point de vue du dessin, le
célèbre maître ait joint celle des chairs, d'après
nature. En tout cas, nous devons savoir gré à
David d'avoir réveillé le goût des belles et
chastes nudités : pourquoi faut-il ajouter que
la plupart de ses disciples n'ont pris , pour
ainsi dire, que les défauts de ses qualités, et
sont tombés dans un excès de froideur et de
sécheresse qu'on a qualifiées à' académiques?
Les personnages habillés que le romantisme
a mis en scène n'ont rien de commun avec le
sujet qui nous occupe. Nous ne saurions ou-
blier néanmoins que le chef de cette nouvelle
école, Eugène Delacroix, si fiévreux et si em-
porté lorsqu'il peint par hasard le nu, avait
fait une étude très-sérieuse du modèle vivant.
Nous n'en voulons pour preuves que les bril-
lantes académies qui ont figuré à la vente de
son atelier : Rubens et Caravage n'ont pas
broyé la chair avec plus d'énergie. L'école
française contemporaine compte encore un
petit groupe de peintres de nudités, dont les
œuvres ont été fort remarquées, trop remar-
quées peut-être, aux derniers Salons. 11 semble
que ce soit sur les traces de l'Albane que ces
artistes aient marché jusqu'à présent : ils ne
pouvaient choisir un plus séduisant modèle;
mais qu'ils y prennent garde 1 de l'Albane à
Boucher, il n'y a qu'un pas.'
Nous ne dirons qu'un mot des sculpteurs de
notre époque, qui, a quelques exceptions près,
se traînent encore dans les anciens errements
de l'académie : parmi les nombreuses produc-
tions mythologiques dont ils nous inondent, il en
est assurément de fort gracieuses, mai§ il faut
bien avouer qu'elles manquent pour la plupart
de caractère. La science du nu, dans laquelle
Pradier et Rude ont déployé, le premier une
grâce incomparable , le second une vigueur
— _„j. |roj, souvent négliger -■-
Struire. Indépendamment des ouvrages scien-
tifiques publiés par d'éniinents spécialistes, et
accompagnés de planchés d'une exactitude
irréprochable, nous citerons les préparations
i'anatomie élastique du docteur Auzoux, dont
les meilleurs professeurs de l'art ont proclamé
l'utilité. Suivant un rapport présenté sur ces
préparations à la Société libre des Beaux-Arts,
en 1839, la faculté de démonter et de remonter
les cent trente pièces dont se compose le mo-
dèle humain imaginé par M. Auzoux peut
remplacer pour le peintre et le sculpteur les
études de dissection auxquelles ils n'ont pas
toujours le temps ni les moyens de se livrer,
et dont ils sont éloignés souvent par des répu-
gnances insurmontables.
Anntomlo do la chenille (lu saule, mono-
graphie publiée par Lyonnet en 1762 , fort
volume in-4°, accompagné de dix-huit plan-
ches, gravées par 1 auteur lui-même, o Cet
ouvrage, a dit Cuvier, est le chef-d'œuvre de
Ï'anatomie et de la gravure. « Pour donner
une idée du travail qu'il a coûté, il suffit de
faire observer que Lyonnet a compté dans lo
rps le la chenille l ,875 muscles distincts ser-
vant x mouvements volontaires, (l'hommo
des de l'appareil digestif, ce qui fait un total do
4, Oui muscles.
Anulomie du Imnnctoi. , par M. StrauSS
Durckheim. Précédée de considérations géné-
rales sur ï'anatomie comparative des animaux
articulés, cette monographie forme un volume
in-1» , accompagné d'un atlas de dix-neuf
planches, gravées sur cuivre sous la direction
do l'auteur. Ce magnifique ouvrage, le seul, a
dit Cuvier, qui puisse être comparé à celui de
ANA
323
Lyonnet sur la chenille du saule, a été cou-
ronné par l'Académie des sciences, eu 1824.
Anatomie du chat, monographie publiée en
1845, par M. Strauss Durckheim, en deux vol.
in-4°, avec un atlas de vingt-cinq planches,
dessinées par l'auteur et gravées sur cuivre
sous sa direction. L'auteur a choisi le chat (et
non l'homme) pour type des vertébrés, parce
que c'est l'animal qui offre l'organisation la
plus compliquée, et qui est le plus parfait au
point de vue anatomique.
Analomie comparée (LEÇONS D1), de Geor-
ges Cuvier. Cet ouvrage, le premier sur cette
science qui ait jamais été publié dans aucune
langue, se compose de cinq volumes, dont les
deux premiers parurent en 1800, et les autres
en 1805. Duvernoy et Duméril furent les col-
laborateurs de Cuvier, celui-ci pour les deux
premiers volumes ; celui-là, pour les trois der- -
niers. Les Leçons d'anatomte comparée nous
offrent, à côté des faits nouveaux découverts
Ear Cuvier, tous les faits déjà connus, toutes
:s observations faites par ses prédécesseurs.
« Je crois, dit-il, dans son introduction, avoir
employé les principales découvertes des au-
teurs, qui ont traité Ï'anatomie d'une manière
philosophique. Les Stenon, les Swammerdam,
les Vicq-d'Azyr, les Daubenton, les Camper,
etc., mont fourni les données dont je suis
parti, et quoique j'aie revu par moi-même une
grande partie de ces données , ce n'est pas
inoins à ces hommes célèbres que la gloire en
est due , puisque , sans leurs écrits , le plus
grand nombre des faits consignés dans cet
ouvrage me seraient échappés. »
Nous devons dire que la méthode qui a
vraiment constitué Ï'anatomie comparée , et
animal entier,
Vicq-d'Azyr. La g)
suivie, de l'avoir appliquée dans son ouvrage. '
«L'on n'a poiut encore, dit Vicq-d'Azyr, décrit
les articulations, les ligaments, les muscles,
les vaisseaux, les nerfs, les glandes, ni la
structure interne des viscères , considérés
dans les différentes classes d'animaux. J'ai
commencé, depuis plusieurs années, ce travail,
dont les difficultés sont immenses : je conti-
nuerai de m'y livrer avec courage, espérant
que ceux qui l'achèveront un jour mn sau-
ront gré de la peine que j'aurai prise, pour
jeter les fondements d'un édifice dont les ma-
tériaux sont épars ou entassés sans ordre
dans des constructions vicieuses, ou cachés
encore dans le sein de la nature. ■
Dans les Considérations sur l'économie ani-
male, qu'il mit en tête de ses Leçons d'anato-
mie comparée, Cuvier a établi et clairement
exposé le principe des corrélations organiques,
qu il considérait comme la grande loi de l'or-
ganisation. V. CoitRÉLATION.
Àuniomie gêuémic appliquée à la physio-
logie et d la médecine, ouvrage publié par
Bichat en 1801. Démêler dans les organes les
tissus, dans les fonctions les propriétés vitales,
montrer dans ces .propriétés la cause de totjs
les phénomènes que présentent les êtres vi-
vants, comme les physiciens rapportent aux
propriétés physiques (gravité, élasticité, etc.)
tous tes phénomènes des corps bruts; en un
mot, séparer les sciences physiologiques des
sciences physiques, tout en transportant dans
les premières la méthode analytique des se-
condes, telle est l'idée féconde qui a inspiré cq
traité célébré. Une science nouvelle, il faut
bien le comprendre, n'est pas autre chose
qu'une méthode nouvelle , une manière de
grouper les faits, qui les éclaire et les fait
comprendre les uris par les autres, et qui, en
étendant les vues, prépare les découvertes.
La gloire de Bichat est d'avoir créé la mé-
thodo de Ï'anatomie générale, comme Vicq-
d'Azyr avait établi celle de Ï'anatomie com-
parée. Avant Bichat on parlait des tissus, mais
on n'en pariait qu'à l'occasion des organes où
trouvent. Uanatomie^générale de Bichat
dans leur disposition générale et leurs formes,
dans leurs propriétés et leur constitution chi-
mique, dans leur développement et dans les
divers états quils présentent depuis la vio
fœtale jusqu'à la vieillesse , soient l'objet
propre d une série d'observations et de recher-
ches. «Tous les animaux, dit Bichat, dans les
Considérations générales qu'il met en tête do
son livre , sont un assemblage de divers,
organes qui, exécutant chacun une fonction,
concourent, chacun à sa manière, à la con-
servation du tout. Ce sont autant de machines
particulières dans la machine générale "qui
constituo l'individu. Or, ces machines particu-
lières sont elles-mêmes formées par plusieurs
tissus de nature très-différente et qui forment
véritablement les éléments ds ces organes. La
chimie a ses corps simples, qui forment, par les
combinaisons diverses dont ils sont suscepti-'
blcs,les corps composés. Do mémo l'anatomio
a ses tissus simples qui, par leurs combinaisons
quatre à quatre, six à six, etc., forment les
organes... L'idée de considérer ainsi abstrac-
tivement les différents tissus simples de nos
parties n'est point une conception imaginaire ;
elle reposa sur les fondements les plus réels,
et doit avoir sur la physiologie, comme sur la
pratique médicale, une puissante influence. En
effet, quel que soit le point de vue sous lequel
on considère ces tissus, ils ne se ressemblent
nullement. C'est la nature et non la science
324
ANA
qui a tiré une ligne de démarcation entre eux...
On a beaucoup parlé, depuis Bordeu, de la vie
propre de chaque organe, laquelle n'est autre
chose que le caractère particulier qui distin-
gue l'ensemble des propriétés vitales d'un
organe de l'ensemble des propriétés vitales
d'un autre. Il est évident que la plupart des
organes étant composés de tissus simples
très différents, l'idée de la vie propre ne peut
s'appliquer qu'à ces tissus simples, etnon'aux
organes eux-mêmes. »
Bichat admet dans l'économie vingt et un
tissus simples: 1° le tissu cellulaire; 2»le-tissu
nerveux do la vie animale; 3' le tissu necveux
de la vie organique; i° le tissu artériel ; 5» le
tissu veineux ; 6" le tissu des exhalants ; 7° le
tissu des absorbants et de leurs glandes; 8" le
tissu osseux ; 9» le tissu médullaire ; 10° le
tissu eartilagineux; îl<> le tissu fibreux;, 12» le
tissu fibre-cartilagineux ; 13» le tissu muscu-
laire de là vie-animale; H» le tissu musculaire
de la vie organique; 15» le tissu muqueux ;
16<> le tissu séreux; 17° le tissu synovial ;.18<> le
tissu glanduleux; 19» le' tissu dermoïde; 20" le
tissu épidertnoïde ; 21» le tissu pileux; Depuis
Bichat, le nombre des tissus élémentaires a été
réduit par le3 uns, accru par les autres. (V.
Tissa.) i Mais, dit 'très-bien M. Flourens,
quelques progrès que l'on ait faits ou que l'on
puisse faire, soit dans l'un', soit dans l'autre
sens, ce sera toujours sa méthode qui les aura
fait faire, • Ajoutons que, depuis Bichat, le
microscope est venu étendre le domaine de
l'anatomie générale. Descendue des organes
aux tissus, T'analyse nous a montré que ces
derniers sont eux-mêmes des composés ana-
tomiques, et non, comme le croyait Bichat,
les derniers éléments de l'organisation, les
supports immédiats des propriétés vitales. ■
AuntomJe de là Mélancolie, par Robert Bur-
ton.1 Rcbért Burton était un solitaire ecclésias-
tique d« l'Université, d'une érudition et d'une
mémoire inépuisables, auquel Sterne n'a point
craint de faire d'audacieux emprunts lorsqu'il
composa son tristam Shandy. L'Anatomie de
la Mélancolie, qui parut en 1621, sous le pseu-
donyme de Democrilus Junior, est, dit-on,
l'ouvrage que Sterne amis le plus à contribu-
tion. Le sujet est traité selon les règles de
Wcole. C'est un traité aussi régulier que la.
Somme de saint Thomas, un ouvrage entière-
ment didactique, où règne un ordre admira-
ble; et si l'auteur a pris pour sujet son pro-
pre état d'esprit, nul n'a mieux mis en pra-
tique le précepte grec :" Connais-toi toUrnêrne.
Cette immense érudition, parfaitement éla-
borée dans un cerveau puissant, se subdivise,
en rameaux conduits, pour ainsi dire, géo-
métriquement. Au commencement de chaque
section, comme l'auteur appelle lui-même les
divisions de son livre, on aperçoit un tableau
à' la fois synoptique et analytique avec toutes
les subdivisions et les conséquences logi-
quement déduites les unes des autres : De la
maladie en général, et en particulier ; de son
essence, de son siège, de ses espèces, de ses
causes, de ses symptômes ; des moyens de les
reconnaître ; des diiférentes manières de la
guérir par les moyens reconnus ou non. Burton
descend dugénéral au particulier, et, suivant
cette méthode d'analyse, il case et numérote,
pour ainsi dire, chaque émotion, chaque senti-
ment,' même le plus fugitif. ■ Dans ce cadre
fourni par le moyen âge, dit M. Taine, il en-
tasse tout, en homme de la Renaissance : la
peinture littéraire des passions et la description
médicale de l'aliénation mentale, les détails
d'hôpital avec la satire des sottises humaines,
avec les conseils moraux, les remarques sur
1 amour avec l'histoire des évacuations. Le
triage des idées n'a pas encore été fait : mé-
decin et poëte, lettré et savant, Burton se
--1— sous toutes Jes faces ; faute de digues,
s viennent, comme des liqueurs diffé-
icmca, se déverser dans la même cuve avec
des pétillements et desbouillonnemenlsétran-
ges, avec une odeur déplaisante etdeaeffets
baroques. Mais la cuve est pleine, et de-ce
mélange naissent des composés puissants que
nul âge n'avait encore connus. Car- dans ce
mélange il y a un ferment efficace , le senti-
ment poétique qui remue et anime, l'érudition
énorme, qui refuse de s'en tenir aux secs ca-
talogues, qui, interprétant chaque fait, chaque
objet, y démêle ou y deviné une âme mysté-
rieuse, et trouble tout l'homme en lui présen-
■ tant, comme une énigme grandiose, le monde
âui s'agite en lui et hors de lui. » V Anatomié
e la Mélancolie, souvent réimprimée en An-
gleterre, n'a malheureusement jamais été tra-
itinta .B français.
b de
Rembrandt, v. Leçon.
ANATOMIQUE adj. (a-na-to-mi-ke — rad.
iwatomie). Qui appartient, qui a rapport à
l'anatomie : Travaux anatomiques. Piqûre
anatomiqub. Pièces, préparations anatomi-
ijuks. Descartes composa son traité sur l'homme
après quinze ans d'observations anatomiques.
(Thomas.) C'est Aristote qui, le premier, pour
faciliter l'intelligence des descriptions anato-
miques, accompagna son texte de figures avec
renvois, et créa ainsi l'iconographie anatomi-
quk. (Cruvcilher.) Les éléments anatomiques,
fibres, tubes dérivent tous, chez les végétaux,
de cellules transformées. (F. Pillon.)
-r Anatomiques (piqûres), Piqûres ordi-
nairement produites, dans les amphithéâtres
ANA
consacrés aux autopsies on à l'étude de l'ana-
tomie, par la pointe d'un os ou celle d'un
instrument de dissection, et dont les doigts
sont le siège le plus constant.
— Encycl. Le danger des piqûres anatomi-
ques vient des matières animales en putréfac-
tion dont l'instrument piquant est imprégné, et
qui constituent un véritable poison septique
dont l'absorption amène avec rapidité le déve-
loppement de l'angioleucite et de l'adénite.
L'inflammation des vaisseaux et des ganglions
lymphatiques peut se terminer par résolution
ou par suppuration. Celle-ci peut demeurer
circonscrite dans les ganglions, dans les vais-
seaux affectés, ou bien prendre le caractère
diffus et se propager aojoin. Ce mode de ter-
minaison est toujours très-fâcheux, et peut,
dans certains cas, compromettre la vie du ma-
lade. — Pour prévenir les conséquences des
piqûres anatomiques, il faut avoir soin de laver
la petite plaie , de la faire saigner, et de la
cautériser ensuite.
ANATOMIQUEMENT adv. (a-na-to-mi-ke-
man — rad. anatomique). D'une manière ana-
tomique, conforme a l'anatomie ; en anato-
miste : Un historien, un poëte, ne doit pas
décrire anatomiquement les blessures de ses
héros. (Acad.)
anatomisant (a-na-to-mi-zan) part. prés,
du v. Anatomiser.
SÂNT,
rad. anatomiser).
tomise, ou soumet à une analyse méthodique,
minutieuse : Cette littérature anatomisante
poursuit encore dans les romans le cours de ses
cliniquessentimentales. {Fr. Wey.)
ANATOMISÉ, ÉE ( a-na-to-mi-zé ) part,
pass. du v. Anatomiser. Disséqué : Cadavre
anatomisé. Les yeux des myriapodes n'ont pas
encore été anatomisés d'une manière spéciale.
(Walcken.)
— Fig. Minutieusement étudié , analysé :
Ne vous avais-je pas dit que M. Nicole était
de la même étoffe que Pascal? Jamais le cœur
n'a été mieux anatomisé que par ces messieurs-
là. (Mme do Sév.) Dans plusieurs de nos ro-
mans modernes, le cœur des femmes est mali-
gnement ANATOMISÉ. (Noël.)
ANATOMISER v. a. on tr. (a-na-to-mi-zé
— rad. anatomié). Faire l'anatomie, la dissec-
tion : Anatomiser- un cadavre. Malpighi et
Vésale sont les premiers qui aient véritable-
ment anatomisé des cadavres humains. (Cru-
veilhèr.) n On dit plus ordinairem. disséquer.
— Par ext., Analyser scientifiquement :
Newton a montré aux hommes ce que c'est que
la lumière; il a su anatomiser les rayons du
soleil. (Volt.) Il est inutile de tant anatomiser
les sons. (D'Olivet.) il Examiner avec détail,
étudier minutieusement : Anatomiser un
livre, un écrit. Anatomiser un discours.
— Fig. Etudier à fond, disséquer dans un
sens moral : Anatomiser les passions, les sen-
timents, le cœur humaine On proscrit pour im-
pudique et dangereuse la liberté que prend
Montaigne d'ANATOMiSEK l'amour. (M"e de
Gournay.) »
— Absol : A force d' anatomiser , certains
romanciers deviennent ennuyeux et fatigants.
S'anatomiser,v. pr. Etre anatomisé. S'empl.
au propre et au fig. : Certains cadavres ne
peuvent s' anatomiser sans danger pour l'opé-
rateur.. Il est des sentiments qui ne s'anato-
misent point avec lescalpel de lapensée; c'est au
sentiment à connailre le sentiment. (B. Barbé.)
anatomisme s. m. (a-na-to-mi-sme —
rad. anatomié). Tendance excessive à rendre
compte, par des particularités de forme et de
structure, des phénomènes physiologiques
que présentent les organes : i anatomisme
éloigne de la véritable méthode physiologique,
l'expérimentation. (F. Pillon.) '
—Par ext. Etude trop minutieuse : Certains
critiques, au lieu de faire de l'art, ne font que
de V anatomisme littéraire.
ANATOMISTE s. m. (a-na-to-mi-ste — rad.
_ 'occupe spécialement de cotte science
savant anatomiste. M. Duverney fut omcs
longtemps le seul anatomiste de l'Académie, et
ce ne fut qu'en 1684 qu'on lui joignit M. Méry.
(Fonten.) On parle d'un suc nerveux qui donne
la sensibilité à nos nerfs; mais ce suc n'a pu
être découvert par aucun anatomiste. (Volt.)
Descartes eut la gloire d'être un des premiers
anatomistes de son temps. (Thomas.) Un ca-
davre n'a rien de repoussant pour Z'anatomiste
qui y voit un sujet d'étude, pour l'esprit réfléchi
qui y voit un mystère, pour l'affection qui per-
siste à y reconnaître un objet chéri, (E. Bersot.)
Les anatomistes sont conïme les commission-
naires de Paris, qui connaissent toutes les rues,
mais qui ne savent point ce qui se passe dans
les maisons. (Laurentie.) L'ingénieux et savant
Coste et son habile auxiliaire Gerbe, célèbre
anatomiste, eurent la gloire et le. bonheur de
voir toute la vérité. (Michelet.) Ga'lien, le plus
grand anatomiste de l'antiquité, créa une
école nouvelle qui forma la seconde époque de
la science médicale. (B. Lunel.)
— Fig. Celui qui soumet à l'analyse les sen-
timents du cœur humain, les passions : Les
patients anatomistes de la nature humaine ne
sauraient trop répéter les vérités contre les-
quelles doivent se briser les éducations, les lois
et les systèmes philosophiques. (Balz.)
Anatopisme s. m. (a-na-to-pi-sme — du
ANA
gr. ana, à rebours ; topos, lieu). Erreur de lieu.
ANATRÉSIE OU ANATRÈSE S. f. (a-na-tré-
zî — du gr. anatrèsis, action de percer).
Chirur. Syn. de trépanation. Aujourd'hui" le
seul terme usité en chirurgie est transfixion.
ANATRIPSIS s. f. (a-na-tri-psî — du gr.
anatripsis, frottement). Chirur. Friction. "'
anatrifsologie s. f. (a-na-tri-pso-lo-ji
— du gr. anatripsis, frottement, et logos, dis-
cours). Méd. Traité sur les frictions, sur la
nature, l'usage de ce mode de médication.
ANATRIPSOLOGIQUE adj. (a-na-tri-pso-lo-
ji-ke). Méd. Qui a rapport à l'anatripsologie*
ANAtriptique adj. (a-na-tri-pti-ke —
rad. anatripsie). Méd. Qui sert à faire des
frictions : Pommade anatriptique.
ANATROPE adj. (a-na-tro-pe — du gr. ana-
tropê, renversement). Bot. Se dit de l'ovule
dans lequel le hile est placé tout près du mi-
cropyle, et qui présente sur l'un de ses dotés
un renflement linéaire en forme de cordon,
nommé raphé.
— s. m. Bot. Genre dé plantes qui paraît
le même que le genre tétradyclis.
— s. f. Méd. Soulèvement d'estomac, nau-
sées.
ANAUCIS, un des amants de Médée, tué par
Styrus.
ANAUDIE s. f.. (a-nô-dî — du gr. a priv. ;
audé, voix). Méd. Extinction de voix.
Anaulace s. m. (a-nô-la-se — du gr. a
priv.; aulax, sillon). Entom. Genre d'insectes
coléoptères pentamères, de la famille des ca-
rabiques, renfermant une seule espèce, qui
se trouve à Java.
— Moll. V. Ancillaire.
ANAURtJS, fleuve delaTroade,surlesbords
duquel Paris gardait les troupeaux de Priam.
Il Rivière qui coule au pied du Pélion, et où
Jason perdit une de ses sandales, en portant
Junon sur ses épaules.
ANAUXITE s. f. (a-nô-ksi-te). Miner. Sub-
stance d'un blanc verdàtre, que l'on trouve
en masse cristalline dans les environs de
Bilin, en Bohême. C'est un silicate hydraté
d'alumine.
ANAX, fils d'Uranus et de la Terre. C'était
un surnom que l'on donnait par honneur aux
demi-dieux, aux rois et aux néros.
ANAX s. m. (a-nak-se — n. myth.). Entom.
Genre d'insectes névroptères, voisin des
libellules, et renfermant une dizaine d'es-
pèces, dont trois seulement se trouvent en
Europe.
ANAXAB1E, nymphe qui disparut dans le
temple de Diane, où elle s'était réfugiée pour
échapper aux poursuites d'Apollon.
ANAXAGORAS ou ANAXAGORE, philosophe
grée de l'école ionienne, né à Clazomène l'an
500 av. J.-C, d'une famille riche et puissante.
Il étudia , à ce qu'on croit, les sciences et la
philosophie sous Anaximènes et Hermotime, et
vint s'établir à Athènes , où il ouvrit la pre-
mière école de philosophie. Il y enseigna trente
ans, et compta au nombre de ses disciples
Périclès, Euripide, et, suivant quelques-uns,
Socrate lui-même.
Anaxagore est généralement considéré com-
me le fondateur du théisme philosophique ; au
lieu de ramener la nature, comme Empédocle,
à un petit nombre d'éléments primitifs et dé-
terminés, tels que l'air, l'eau, etc., il y voyait
un nombre infini de parties élémentaires sem-
blables, dont le mélange donne naissance aux
divers corps, et qui portent dans l'histoire de
la philosophie le nom à'homœoméries. Mais,
au-dessus de cette infinie pluralité de la na-
ture, de cette dissémination de l'être, il plaçait
une unité souveraine, Yintelligence (nous). La
matière, disait-il, est incapable de se mouvoir
elle-même; l'intelligence est le principe du
mouvement qui l'anime et de l'ordre qu'elle
tend à réaliser. L'intelligence est simple, indi-
visible, sans mélange d'aucune autre chose;
elle a deux attributs fondamentaux, la connais-
sance'et le mouvement; elle a ordonné les ré-
volutions des astres ; elle préside à la circula-
tion universelle ; elle enveloppe et domine le
monde.
La physique et l'astronomie d'Anaxagore
sont curieuses. Il rapportait la foudre, l'éclair
et les étoiles filantes à la chute de quelques
parties de l'éther dans l'atmosphère. Il consi-
dérait le soleil comme un corps enflammé,
brûlant d'un feu réel, et un peu plus grand que
le Péloponnèse. Il voyait dans les astres des
corps pierreux et pesants situés dans les ré-
gions du feu, autrefois arrachés de la terre
par l'effet de la révolution du ciel, maintenant
entraînés et tenus à leur place par cette révo-
lution même , et brillant à nos yeux du feu
qu'ils réfléchissent. Il connaissait la cause des
éclipses de soleil et des éclipses de lune. Ses
;plicatious mécaniques des phénomènes
stes, qui faisaient tomber de l'Olympe Ap *
et Diane, délivrèrent les Grecs éclairé!
^Apollor
jtre en haine de Périclès , dont il
lui intentèrent une accusation d'impiété. Con-
damné , suivant les uns, ou exilé volontaire,
craintes superstitieuses ,
ANA
suivant d'autres, il quitta Athènes et se retira
à Lampsaque, ou il mourut l'an 428 av. J.-C.
On rapporte qu'avant cet événement, négligé
par Périclès , Anaxagore était tombé dans un
tel dénûment, qu'il voulut se laisser mourir de
faim. Périclès accourut alors pour le supplier
de changer de résolution. C'est à ce moment
que le vieux philosophe lui fit cette réponse
restée célèbre : « Ce n'est pas quand la lumière
d'une lampe est éteinte qu'il faut y verser de
Le caractère de la morale d'Anaxagore se
marque surtout à ces deux traits : la contem-
plation de la nature , une résignation sévère
à l'ordre du monde. « Dans les Belles maximes
qui lui sont attribuées , dit M. Ch. Renouvier,
se révèlent, comme dans toute l'antiquité, le
sentiment de la puissance des choses et de la
faiblesse de l'homme, et en même temps l'in-
domptable fierté de la pensée, la puissante
personnalité du sage. » La patrie même, cet
objet presque exclusif de l'attachement et des
préoccupations de l'homme ancien, n'était rien
pour Anaxagore : quand il eut quitté ses pa-
rents et renoncé à ses biens pour se livrer
tout entier à l'étude, il montra du doigt le ciel
à celui qui lui reprochait d'oublier son pays :
« L'homme est né, dit-il, pour contempler les
astres. • Condamné à mort, comme certains
historiens l'ont rapporté, il prononça cette
parole : La nature nous y a depuis longtemps
condamnés, mes juges et moi. » On fait aussi
honneur de cette belle réponse à Socrate con-
damné à boire la 'ciguë. Quand ses fils mou-
rurent et qu'il les ensevelit de ses propres
mains : « Je savais que je les avais engendrés
mortels. » Dans sa dernière maladie, ses amis
lui demandaient s'il désirait qu'on portât son
cadavre dans son pays. « A quoi oon ? leur
dit -il, le chemin qui mène aux enfers est
aussi long d'un lieu que d'un autre. »
Anaxagore avait écrit un livre, De ta na-
ture, qui se conserva longtemps dans l'anti-
quité, et dont nous ne possédons que quelques
fragments.
ANAXAGORAS, surnom pris, pendant la Ré^
volution, par Chaumette, procureur de la Com-
mune. C'est le nom du philosophe de l'article
précédent, dont le fameux démagogue s'était
affublé, pour indiquer qu'il était l'ennemi des
superstitions populaires.
ANAXAGORE, sculpteur grec de l'antiquité,
né à Egine, Il eut la gloire d'attacher son nom '
à la statue de Jupiter que les Grecs consacrè-
rent à Olympie , à la fin de la lxxvo olym-
piade (472 av. J.-C), en mémoire de la bataille
de Platée.
anaxagobÉe s. m. (a-na-gza-go-ré — de
Anaxagore, n. pr.). Bot. Genre d'arbrisseaux,
de la famille des anonacées, qui comprend
plusieurs espèces originaires de l'Amérique
du Sud.
anaxagories s. f. pi. (a-na-gza-go-rî —
de Anaxagore, n. pr.). Antiq. Jeux que les
Athéniens avaient institués en l'honneur
d'Anaxagore.
ANAXANDRE, héroïne, révérée comme
déesse à Sparte et à Athènes.
ANAXANDRIDES, roi de Sparte de 550 à
520 av. J.-C. Comme il n'avait pas d'enfants
de sa femme, il en prit une seconde, contre les
lois de Sparte et même de toute la Grèce , mais
d'après les conseils des éphores et du sénat,
pour ne pas laisser s'éteindre la race d'Eurys-
thène. De cette seconde femme il eut Cléomène,
qui devait lui succéder. Mais , peu de temps
après , sa première femme , après de longues
années de stérilité, lui donna trois fils, Dorieus,
Cléombrote étLéonidas. Anaxandrides mourut
après un règne paisible de trente années.
ANAXANDRIDES, poète comique grec, né à
Rhodes au temps de Philippe , roi de Macé-
doine. Selon Suidas, il fut le premier qui intro-
duisit sur le théâtre les amours malheureux,
féconds en catastrophes. Il périt victime d'un
trait satirique. Euripide avait écrit dans une
de ses tragédies : « La nature le voulait ainsi,
"elle qui n écoute point les lois. » Dans une
parodie de ce vers, Anaxandrides substitua le
mot ville (polis) au mot nature (phusis). Less
Athéniens, qui n'étaient plus au temps d Aris-
tophane, le condamnèrent à mourir de faim.
ANAXARÈTE, jeune fille de Cypre, qui des-
cendait de la race royale de Teucer. Elle fut
changée en pierre pour avoir vu passer, sans
éprouver la moindre émotion, le convoi d'Iphis,
qui, par désespoir de n'avoir pu se faire aimer
d'elle, s'était pendu à sa porte.
ANAXARQUE, philosophe d'Abdère, disciple
de Métrodore ou de Démocrite, dont il professa
la théorie atomistique. Contemporain et ami
d'Alexandre , il l'accompagna en Asie, et lui
parla toujours avec la plus grande liberté. Un
jour que le conquérant, qui se prétendait fils
de Jupiter Ammon, avait reçu une blessure
légère : » Voilà du sang humain , lui dit libre-
ment le philosophe , et non pas de celui qui
anime les dieux. » C'est ainsi qu'il modérait la
fougue du conquérant, et qu'il calmait les
fumées de son orgueil. Sa franchise dut néces-
sairement lui susciter beaucoup d'ennemis ; ce
fut là, sans doute , l'origine de toutes les ca-
lomnies que débitèrent contre lui les péripa-
téticiens, qui se sont plu à le peindre sous les
couleurs les plus odieuses. Le tyran de Chypre,
Nicocréon, dont il s'était attiré la haine ,1e fit
piler dans un mortier. Au milieu de cet affreux
supplice, Anaxarque insultait encore au tyran:
« Tu peux écraser mon corps, lui dit-il, mais
ÀNA
mon âme brave ta puissance. » Nicocréon alors
'm menaçant de lui faire couper la langue : « Tu
ne le feras point, petit efféminé, • repartit
Anaxarque , et aussitôt il la coupa avec ses
dents et la lui cracha au visage. Sa morale
était austère ; il faisait consister le souverain
bien dans la vertu, et pensait que le vrai sage
devait trouver son bonheur en lui-même, indé-
pendamment des influences extérieures. Cette
sage philosophie lui fit donner le surnom d'Eu-
damonicos (qui rend heureux).
ANAxeton s. m. (a-na-gzé-tonn). Bot.
Genre de plantes de la famille des composées,
tribu des sénécionidées, renfermant des sous-
arbrisseaux originaires du Cap de Bonne-
ANAXIBIE, sœur d'Agamemnon, mère de
Pylade. || Fille de Bias, mariée a Pélias. H Fille
de Craticus et première femme de Nestor.
ANAXILAS.nom de deux rois de Rhegium,
sur lesquels Hérodote débite plusieurs contes
que des différences de dates rendent invrai-
semblables.
nombreuses comédies que de courts fragm
Il C'était aussi le nom d'un philosophe pytha-
goricien , qui vivait à Rome sous le règne
3'Auguste. On peut le regarder, à cause de
plusieurs expériences curieuses, comme un
des prédécesseurs des alchimistes du moyen
âge. Ses recherches lui devinrent même fu-
nestes : accusé de magie, il fut banni par
Auguste.
ANAXIMANDRE, philosophe grec de l'école
ionienne, disciple de Thaïes, né à Milet, vers
l'an 610 av. J.-C, mort en 547. Les anciens
lui ont attribué un grand nombre d'inventions,
notamment celles de la sphère, du gnomon,
des cartes géographiques et des globes céles-
tes. Il découvrit le premier, ou du moins en-
seigna l'obliquité de l'écliptique, et parvint à
prouver presque rigoureusement que la terre
est ronde et que la lune reçoit sa lumière du
soleil. Toutes ces assertions , néanmoins , ne
sont pas rigoureusement prouvées.
Anaximandre chercha, de même que Thaïes
son maître, à découvrir le principe du monde ;
mais il ne le conçut pas comme un élément
déterminé, tel que Veau, l'air, etc.; il le nomma
infini (apeiron), terme négatif qui , dans son
esprit, désignait ce qui n'est déterminé ni en
qualité, ni en relation. L'infini d'Anaximandre
est impérissable, incorruptible ; il ne peut avoir
de commencement, parce qu'il n'a pas de fin ;
ii contient en lui-même les contraires (tels que
le chaud et le froid, le sec et l'humide), les-
quels ne font que se séparer lorsqu'ils se ma-
nifestent. Toute naissance s'explique par cette
séparation des contraires, toute mort par leur
retour à l'union dans l'infini. En un mot, le
caractère essentiel de la doctrine d'Anaximan-
dre est la thèse d'une évolution éternelle des
parties de l'univers. Sortis de l'infinité de la
nature, et distingués d'elle un instant, les êtres
tendent à rentrer et a s'absorber en elle, parce
que rien d'engendré ne doit échapper à la cor-
ruption. Les mondes, les astres, et même les
dieux, naissent et meurent; tout se range sous
les lois de la nécessité, qui soumet la nature à
un mouvement éternellement périodique.
L'infini d'Anaximandre n'a rien de commun
avec 1 infini du théisme ; il ressemble à l'absolu
de la philosophie allemande.
ANAXI MÈNES de Mile», philosophe grec,
disciple d'Anaximandre, mort vers 1 an 480 av.
J.-C. Il fit jouer à l'air, comme principe du
monde , le rote que Thaïes et Anaximandre
donnaient, le premier à l'eau, le second à """
change en feu et donne naissance aux astres ;
il est l'être unique qui compose tout de soi et
par soi ; il est la substance des dieux et des
âmes humaines.
L'astronomie d'Anaximènes était fort gros-
sière. Il croyait que la terre et le soleil sont
plats comme des disques ; que le ciel est une
voûte solide à laquelle sont fixées les étoiles ;
que le soleil doit à son excessive rapidité la
chaleur qu'il a acquise et qu'il nous commu-
nique. Pline lui attribue l'invention du cadran
solaire.
ANAXIMÈNES de Lnmpiaquo , philosophe
grec , disciple de Diogène et l'un des précep-
teurs d'Alexandre, qu'il suivit en Asie. (Jn
rapporte qu'il empêcha, par un stratagème
ingénieux , la destruction de sa patrie, qu'A-
lexandre voulait ruiner parce qu'elle avait
embrassé le parti de Darius. Ce prince venait
de s'emparer de Lampsaque ; voyant appro-
cher Anaximènes et devinant quel était 1 objet
de sa mission, il jura de ne point lui accorder
la grâce qu'il allait lui demander. Alors Anaxi-
mènes le supplia de détruire Lampsaque et de
réduire les habitants en esclavage. Lié par son
serment, Alexandre épargna la ville. 11 reste
de ce philosophe quelques fragments, dans
Stobée.
ANAX1TIIKE, une des Danaïdes, qui eut de
Jupiter un fils, Olénus, fondateur de la ville
d'Olène en Achaïe.
enlevée par Thésée.
anaxyride s. f. (a-na-ksi-ri-de — du gr.
AtiC
, même signif.). Antiq. Nom donné
aux pantalons larges, longs et plissés que
portaient les Mèdes, les Perses, les Phry-
giens, etc., surtout dans les régions froides
et montagneuses : Les prêtres des Hébreux
portaient des anaxvridës en toile de lin rouge,
piquées avec soin. (Dict. de laCcmv.) Xénophon
décrivant une procession conduite par le grand
Cyrus, donne à ce prince des anaxyrides teintes
en cramoisi. (A. Pillon.)
anâya's. m. (a-na-i-a— motarab.). Sorte
de sauf-conduit en usage chez les Kabyles.
— Encycl. «L'anâya, dit M. Mauroy, tient
du passe-port et du sauf-conduit tout ensem-
ble , avec la différence que ceux-ci dérivent
essentiellement d'un pouvoir constitué, tandis
que tout Kabyle peut donner Vanâya. • Cepen-
dant, son inviolabilité et ses effets sont en raison
de la qualité de la personne qui le délivre. Gé-
néralement, Vanâya, non-seulement préserve
de toute agression, de toute violence, l'étran-
'ger qui parcourt la Kabylie , mais il met l'in-
digène à l'abri de la vengeance de ses ennemis
et des poursuites qu'il aurait encourues pour
des délits et même pour des crimes ; aussi, loin
de le prodiguer, le Kabyle n'accorde-t-il Va-
nâya qu'avec une extrême réserve.
En général, Vanâya se manifeste par un signe
ostensible. Celui qui le confère délivre à son
protégé quelque objet bien connu de sa tribu
pour lui appartenir : c'est son fusil, son bâton,
son chien , une partie de son vêtement, etc.
Voici un exemple frappant de l'inviolabilité de
Vanâya. Une femme kabyle avait vu son mari
tomber sous les coups d'un meurtrier. Pour la
venger, ses frères assaillirent le coupable,
qui , frappé de plusieurs coups , se débat-
tait à terre , (près d'expirer. Tout à coup , il
saisit le pied de celle qu'il avait rendue veuve,
en s écriant : Je réclame ton anàya. Elle jette
sur lui son voile, et les vengeurs lâchent prise.
Si singulière que cette coutume paraisse, on
comprend cependant qu'elle ait pu s'implanter
chez un peuple très-morcelé , très-peu gou-
verné; fier, toujours en armes, où abondent les
dissensions intestines , et où les moyens de
police n'ont aucune vigueur, et n'existent en
quelque sorte pas.
ANAZAKDA , ville de l'Asie Mineure , dans
ANAZÈs s. m. pi. (a-na-zèss). Géogr. Tribu
de Bédouins nomades qui vivent pendant la
Élus grande partie de l'année entre Alep et
ïamas, et qui rançonnent également les
caravanes de la Syrie et les pèlerins do la
Mecque.
ANAZOTIQUE adj. et s. m. (a-na-zo-ti-kc
— du gr. a priv., et azote). Chim. Se dit d'un
corps non azoté.
ANAZOTURIE s. f. (a-na-zo-tu-rî — du gr.
a priv.; azote ei urée). Pathol. Affection dans
laquelle l'urine étant produite en quantité
régulière, on trouve une diminution notable,
ou même la disparition complète de l'urée.
ANBLATUM s. m. (an-bla-lomm). Bot.
Genre de plantes de la famille dos oroban-
chées, renfermant une seule espèce, qui habite
lo Caucase.
AN.CAS, département du Pérou, sur le revers
occidental des Andes. Ch.-lieu : Huazas. Pop.
155,000 hab. Nombreux débris d'antiquités pé-
ruviennes.
ANCASTER, village d'Angleterre, dans le
comté de Lincoln. Antiquités romaines, il Eta--
bassement anglais dans le haut Canada, sur le
lac Ontario.
ANCATHIE s. f. (an-ka-tî — du gr. ankathitt,
chardon). Bot. Genre de plantes de la famille
des composées, et de la tribu dès carduacées,
formé aux dépens des cirses. et renfermant
une seule espèce qui croît sur les monts Altaï.
ancÉe s. f. (an-sé — n. myth.). Crust.
Genre do crustacés isopodes, renfermant une
seule espèce, qui vit dans les profondeurs de
la mer,' aux environs de Nice.
ANCÉE, fils de Neptune et d'Astypalée. De
retour de l'expédition des Argonautes, il s'é-
tablit à Samos, où il fit fleurir l'agriculture, et
planta des vignes. Un devin lui ayant prédit
qu'il ne boirait pas du vin qui en proviendrait,
il fit appeler le devin après la vendange, et
tenant en main une coupe qu'il se disposait
à porter à sa bouche, il narguait la prédiction,
lorsqu'on vint lui annoncer qu'un énorme san-
glier ravageait son domaine. Il |ota sa coupe
et s'élança vers le sanglier, qui le tua d'un
coup de Doutoir. C'est cet événement qui a
donné lieu au proverbe : Il y a loin de la coupe
ANCELETTE s. f. (an-se-lè-te — dimin. do
ancelle). Jeune servante. Vieux mot. il S'em-
ployait aussi comme terme de caresse, de
mignardise :
Viens donc, mon cœur, mon anceleUe,
Viens, mon soûlas.
De tas doux brus.
Poésie du moyen âyc.
ANCELLE S. f. (un-sè-le — lat. ancilla, mémo
signif.). Servante : On lit dans un de nos an-
ciens historiens que l'épouse du roi Pépin ,
effrayée à l'approche du moment fatal à sa vir-
ginité , fit coucher à sa place une esclave qui
était son ancelle. (LacurnedeSte-Palaye.) il
Se disait en parlant de la sainte Vierge , qui
elle-même s'appliqua le mot de servante,
ANC
quand l'ange lui annonça qu'elle deviendrait
mère du Sauveur (Ecce ancilla Domini) : La
très -douce ancelle. Z'ançelle du Tout-
Puissant.
ANCELOT OU ANGELOT S. m, (an-SO-lo).
Sorte de fromage de Normandie.
ANCELOT ( Jacques -Arsène -Françoi»-Po-
lycarpe) , auteur dramatique, né le 9 février
1794, au Havre, fils d'un greffier au tribunal
de commerce, mort en 1854. U entra jeune
dans l'administration de la marine et fut em-
ployé dans sa ville natale , puis a Rochefort,
enfin au ministère même, a Paris. Dès ses
débuts dans cette carrière, il s'occupait de
Poésie dramatique. Un de ses essais, l'Eau
bénite de cour, comédie en vers, tomba dans
la mer pesdant une traversée. Il la recom-
mença, et cette fois elle fut jetée au feu par
un de ses oncles. Ces mésaventures ne décou-
ragèrent point le jeune poète, qui composa dès
lors l'inévitable tragédie des débutants. Cette
nouvelle production , intitulée Warbcck , eut
un sort analogue aux premières : elle fut en-
fouie dans les cartons du Théâtre-Français et
n'en est pas sortie depuis. Toutefois, Ancelot
restafidèle à la muse tragique et parvint à faire
représenter, en 1819, sa tragédie de Louis IX,
qui eut un succès de parti, et que les royalistes
opposèrent aux Vêpres siciliennes, de Casimir
Delavigne , patronné , comme on le sait , par
les libéraux. Cette œuvre , en général assez
médiocre, mais qui se distinguait par une ver-
sification correcte et quelques scènes heu-
reuses, attira sur son auteur les faveurs de la
cour, une pension de Louis XVIII et une amé-
lioration dans la position d'Ancelot. Çuel-
chevalier de la Légion d'honneur,
c'est tout ce qu'on en peut dire; lui-même la
retira du théâtre à la septième représentation.
Puis vinrent Fiesque, imité de Schiller; Olga,
Elisabeth d'Angleterre , qui eurent quelque
succès; Six mois en Russie, agréable récit
mélangé de prose et de vers ; Marie de Bra-
bant, sorte d'épopée tragique; l'Homme du
monde, roman d'où il tira, en collaboration
avec Saintine, un drame qui eut un bruyant
succès à l'Odéon ; quelques opéras ; enfin une
comédie, l'Important. Ala révolution de Juillet,
il perdit les places et les pensions dont la Res-
tauration l'avait gratifie. Il en prit gaiement
son parti : « Jusqu'icij dit-il, j'ai travaillé pro
favw (pour la gloire) ; il me faudra maintenant
travailler pro famé (par besoin). » Il se mit
courageusement à l'œuvre, et devint un des
pourvoyeurs lés plus féconds des théâtres
secondaires, pour lesquels il composa, soit
seul, soit en collaboration avec des auteurs en
vogue, plus de cinquante vaudevilles, drames
ou comédies, dans lesquels il dépensa souvent
beaucoup d'esprit, de verve et d'imagination.
La plupart de ces œuvres éphémères ont eu
un succès lucratif, sinon littéraire ; nous cite-
rons seulement : Madame du Barry, le Favori,
le Hégent, la Jeunesse de Richelieu, la Cour do
Catherine II et l'espion. Toutefois, il prouva
par sa tragédie de Maria Padilla, représentée
aux Français en 1838, qu'il n'avait perdu ni le
goût , ni le talent de la littérature sérieuse.
En 1841, il présenta pour la troisième fois sa
candidature à, l'Académie française, et fut
élu en remplacement de M. de Bonald. Il
publia encore depuis les Epilres familières,
satires assez remarquables par la verve et le
style, et reçut, en 1849, de M. de Tocquevilic,
la mission d'aller négocier en divers pays la
reconnaissance mutuelle des droits de pro-
priété littéraire. Madame Ancelot fut plus d une
lois, dit-on, la collaboratrice de son mari.
ANCELOT (Marguerite Chardon, dame Vir-
ginie), femme de lettres, auteur dramatique,
née à Dijon, épousa vers 1818 M. Ancelot,
collabora à quelques-unes des pièces de son
mari , sans prétention littéraire et no cher-
chant d'abord , comme elle le dit elle-même,
que le plaisir d'exprimer ses idées. Ses véri-
tables débuts devant le public datent de 1835.
Elle fit réprésenter alors Un Mariage raison-
nable, comédie, puis diverses autres pièces sur
la scène du Théâtre-Français, Marie ou Trois
Epoques, qui eut un succès de larmes ; le Châ-
teau de nia nièce, Isabelle ;enÇn, ad Gymnase
et au Vaudeville : Clémence , les Honneurs et
tes Mœurs, Marguerite, Y Hôtel de Rambouillet,
Une Femme à la mode , Hermance , etc. Ces
productions sont faibles d'intrigues et de situa-
tions, mais se recommandent par des détails
gracieux, des observations fines, un style élé-
gant et naturel. Madame Ancelot a écrit aussi
des romans : Gabrielle , Emerance , Menée de
Varville, la Nièce du banquier, Une Famille
parisienne, les Salons de Paris, etc.
ANCENIS, ch.-lieu d'arrond. (Loire-Infér.),
à 38 kilom. do Nantes et à 397 kiloni. S.-O. de
Paris -r pop. apgl. 3,359 hab. — pop. tôt. 4,GÎS
hab., sur la rive droite Ou la Loire. 1,'anond.
grains, vins, vinaigré', bois' dé chauffage et
de construction ; aux environs, forges et ex-
ploitations de houille ; célèbre monument drui-
dique, auquel on donne le nom do la Couvretière,
Cette petite ville est dans une situation très-
agréable ; de riantes collines , couvertes de
vignobles, l'environnent, et elle est défendue
par un château qui, commandant le fleuve,
ANC
325
l'avait fait appeler la clef de la Bretagne du
côté de l'Anjou. Elle est très-ancienne, muis
son rôle historique ne commence que vers la fin
du x« siècle. Louis XI y conclut en 1408 un
traité de paix avec François II, duc de Breta-
gne. La Trémouille s'en empara en 1488. Le
prince de Dombes en fit le siège sous Henri IV
Enfin, Ancenis joua un rôle important pendant
les guerres de la Vendée. Le 15 décembre 1793,
le général Westermann y dispersa les restes
d'une armée formidable de Vendéens, qui ten-
tèrent inutilement de passer la Loire sur des
radeaux improvisés.
ANCERV1LLE, ch.-lieu de cant. (Meuse),
arrond. de Bar-le-Duc; pop. aggl. 1,885 hab.—
pop. tôt. 2,003 hab. Commerce considérable do
cerises et de kirsch.
ANCERV1LLE-SUK-NIED. petit village do
la Moselle , arrond. et a 20 kil. de Metz ; 566
hab. Patrie d'Emile Debraux, auteur de poésies
et de chansons agréables.
ANCESSERIE s.'f. (an-sè-so-rî). Ensemble
des ancêtres ; famille. Vieux mot.
ANCESTRAL, ALE adj. (an-sè-stral — du
vieux fr. ancestre). Qui appartient aux an-
cêtres, aux siècles écoulés, inusité. .
ANCÊTRES s. m. pi. (an-sè-tro — du bas
lat. aheestor, corrupt. du lat. antecessor, celui
qui précède; formé de ante, auparavant, et
cedere marcher). Los aïeux, ceux de qui on
descend, les ascendants qui ont précédé lo
grand-père. On le dit surtout en parlant des
maisons, des familles illustres : Faire hon-
neur à ses ancêtres. Dégénérer de ses an-
cêtres. Si vous vivez dans la mollesse et l'oi-
siveté, la gloire de vos ancêtres n'empêchera
pas qu'on ne vous méprise. Tous ses 'ancêtres
se sont rendus recommandables. (Acad.) Venez
quelquefois sur le tombeau de vos ancêtres,
méditer, en présence de leurs cendres, sur la
vanité des choses d'ici-bas. (Mass.) Si tout
meurt avec nous, les annales domestiques et la
suite de nos ancêtres ne sont donc plus qu'une
suite de chimères, puisque nous n'avons pas
d'aïeux et que nous n'aurons point de neveux.
(Mass.) Quand les Juifs entrèrent dans la terre
promise, tout y célébrait leurs ancêtres. (Boss.)
La distinction la moins exposée à l'envie est
celle qui vient d'une longue suite ^'ancêtres.
(Fén.) Tant qu'on peut se parer de son propre
mérite, on n'emploie point celui de ses ancê-
tres. (St-Evrem.) Un grand seigneur est un
homme qui voit le roi, qui parle aux ministres,
qui a des ancêtres, aesdettel et des pensions.
(Montesq.) Les familles, en Chine, s'assemblent
en particulier à certains jours, pour honorer
leurs ancêtres. (Volt.) Se glorifier de la no-
blesse de ses ancêtres, c'est chercher dans les
racines les fruits qu'on devrait trouver dans
les branches. (M""> Roland.) Partout où il
s'est remué quelque chose de grand, vous trou-
verez mes ancêtres. (Chatcaub.) Chaque
homme gui vient au monde y apporte la même
nature qu'y ont apportée ses ancêtres. (E,
Schérer.) Bans une société d'égaux, il n'ij a
plus (2'ancktres ni de fortunes. (H. Taino.)
33 pommii
es travaux champêtres,
s plantés par tes ancêtres,
C. DELAVIONS.
— Tous ceux qui nous ont précédés dans la
vie, à quelque race ou famille, a quoique na-
tion qu ils appartiennent : Nos ancêtres nous
ont laissé de grands exemples. (Acad.) Les
patriarches et tous les élus des siècles passés
sont nos ancêtres. (Mass.) Si nos ancêtres
o)ii mieux écrit que nous, ou si nous l'empor-
'tons sur eux, c'est une question qui a été sou-
vent agitée. (La Bruy.) Notre esprit d'aujour-
d'hui n'a pas autant de grandeur que celui de
nos ancêtres. (B. de St-P.) Avant et après
Charlemagne , l'ignorance la plus profonde •
abrutit nos ancêtres. (Marchangy.)
— Elliptiquem., Collection d'ancêtres, De.
portraits d'ancêtres : Tout ce qui fut recueilli
pour moi dans cette succession, fut une collkc- ,
tion d'ancêtres que je ne voulais même pas '
déballer, mais que mon intendant, amoureux
de ces sortes de curiosités, prit le soin de dé-
barbouiller , de classer lui-même, et de sus-
pendre en bon ordre dans la galerie que vous
allez voir. (G. Sand.)
— S'cmpl. quelquefois au singul., dans l'un
et l'autre sons : C était justement un duc de '
Parme, ancêtke du duc régnant. (Volt.) Il \
vous passera dit travers du corps l'épée de Re-
naud de Montauban , son ancêtre. (Alex. ■
Dum.) Abraham est ^'ancêtre du peuple agri-
culteur qui doit partager la Judée entre séè
douze tribus. (Michclct.) A peine mort, Bc-J
ranger est un ancêtre ; il a déjà mille années;
on le pleure avec un sourire, on l'invoque. (J..
Janin.) Sous la Restauration, le maréchal Le-
fèvre, rallié à Louis X VIII, entendait un jour
aux Tuileries un jeune seigneur vanter une
longue suile rf'ANCÊTRES, et tomme l'ex-émigr6i
interrogeait l'illustre soldat de l'Empire sur
l'ancienneté de sa famille, « Moi, répondit, fiè-
rement le maréchal, je suis un ancêtre. » || ,
Par cxt. : Shukspcarc est ^ancêtre drama-
tique de ta société moderne. (Alex. Dum.)
Dans chacun des ramtfaux qui frissonnent au vent,
Nous descendons de nos ancêtres : C'était n.
326
ANC
coutume des Romains de porter dans les funé-
railles les images des ancêtres. (Montesq.)
Quelquefois cependant ancêtres ne désigne
que des hommes'qui ont vécu il y a longtemps,
sans indication de parenté : Bossuet reproche
aux protestants de faire des Vaudois leurs
ancêtres. Prédécesseur est plus noT)le que
devancier : Bossuet parle à Louis XIV de ses
augustes prédécesseurs, et blâme Childéric et
ses devanciers. D'un autre côté, on a plutôt
des prédécesseurs dans un poste obtenu par
faveur où par élection, et des devanciers dans
les carrières qu'on court de soi-même, après
d'autres : Un souverain, un prélat, un magis-
trat, des académiciens, ont des prédécesseurs;
des écrivains, des artistes de toute sorte, ont
des DEVANCIERS.
— Antonymes. Descendants , neveux et
arrière-neveux, postérité.
ancette s. f. (an-sè-te — rad. anse),
Mar. V. Ansette.
ANCHABIE (an-ka-ri). Myth. Nom étrusque
de Némésis, déesse de la vengeance.
ANCHARIEN s. m. (an-ka-ri-ain). Antiq.
Prêtre attaché au culte de la déesse Ancharie.
'. ANCHAU. V. Anche-vu.
ANCHE s. f. (an-che — du gr. agchà, jo
rétrécis). Lame élastique mise en vibration
par l'impulsion de l'air, et dont les battements
sont les agents du son dans certains instru-
ments à vent, tels que le hautbois, la clari-
netto, le basson, otc. : La glotte remplit les
fonctions {Tanche dans le larynx, qui est un
véritable instrument à vent. (Nystea.)
— Jeu d'anche ou à anche, Jeu d'orgues dont
les tuyaux sont munis d'anches.
— Techn. Chacun des deux montants d'uho
chèvre, qui sont coupes en bec de flûte à leur
partie supérieure. Il Petit conduit par lequel
la farine coule dans la huche d'un moulin à
blé.
— Enoycl. L'anche est presque toujours pla-
cée entre deux tuyaux, ou plus généralement
entre deux cavités, 1 une qui amène l'air,
l'autre qui lui donne issue. Elle se compose de
trois pièces essentielles : un tube demi-cylin-
drique, appelé rigole, fermé à sa partie infé-
rieure, et percé latéralement d'une fenêtre
qui établit la communication entre les deux
tuyaux; une lame vibrante ou languette, qui
a trois bords libres et qui est fixée par le qua-
trième : c'est l'anche proprement dite ; enfin
une petite tige Me métal appelée rosette, qui
appuie sur la languette, limite sa longueur et
par là détermine le nombre des vibrations.
L'air amené par le tuyau d'entrée ou porte-
vent ne peut s'échapper qu'en soulevant un
peu la languette ; celle-ci revient aussitôt en
vertu de son élasticité, pour se soulever de
nouveau, et ainsi de suite. Le son produit par
cette série de vibrations dépend essentielle-
ment, quant à l'élévation, du nombre des oscil-
lations qu'exécute la languette dans un temps
donné ; quant au timbre et à l'intensité, des
dimensions et de la forme des tuyaux.
On distingue l'anche battante ètl'anche libre.
L'anche battante est celle dans laquelle la
languette vient, dans ses oscillations, s'appli-
quer exactement et battre sur les bords de la
rigole. Le son de l'anche battante a quelque
chose d'éclatant et de nasillard. L'anche libre,
imaginée par Grenié en 1810, est celle dans
laquelle là languette ne touche pas les bords
dé la rigole, mais oscille librement des deux
côtés du plan de l'ouverture par laquelle s'é-
shappe le vent. Elle produit des sons moins
stridents que l'anche battante; on l'emploie
peu dans les grandes orgues, mais elle figure
exclusivement dans l'harmonium et dans l'or-
gue expressif. ' ■ '
Les instruments connus spécialement sous
le nom d'instruments à anche sont le hautbois,
le cor anglais, le basson, la clarinette et le
cor de'bassette. L'anche du hautbois, du cor
anglais et du basson, consiste en deux lan-
guettes do roseau amincies par l'extrémité
qui doit être pressée par les lèvres, et ajustées
de l'autre sur un petit tuyau cylindrique en
cuivre, qui s'adapte à l'instrument. L'anche de
la clarinette et du cor de bassette n'est com-
posée que d'une seule languette mince, égale-
ment en roseau, qui s'applique à la partie su -
périeure de l'instrument appelée le bec. Dans
~~ï divers instruments, ce sont les lèvres qui
font office de rasette ; la beauté du s
?, I"',01
et -de la quantité d'air qu'on y introduit.
Dans le cor, la trompette, et autres instru-
ments analogues, le son est produit par la
vibration des lèvres, qui deviennent ainsi de
véritables anches.
— Homonyme. Hanche.
ANCHEMOLE, fils de Rhétus, roi des Mar-
rubiens, chassé par son père pour avoir ou-
tragé sa belle-mère. Il se réfugia chez Tur-
nus, et fut tué par Pallas, fils d'Evandre.
ANC
ANCHER v. a. ou tr. (an-chô — rad. anche).
Mettre une anche à un instrument : Ancher
un jeu d'orgues.
ANCHIALÉ. Myth. Fille de Japet, un des
géants qui se révoltèrent contre Jupiter. Elle
a donné son nom à une ville de la Cilicie. il
Mère de Tytias et de Cyllenus, deux des
prêtres de Cybèle appelés Dactyles idéens.
ANCHIETA (Miguel), sculpteur espagnol, né
à Pampelune, fiorissait au xvic siècle. Il alla
étudier à Florence les chefs-d'œuvre de l'art
moderne. De retour dans son pays, il enrichit
les stalles du chœur de la cathédrale de Pam-
pelune d'admirables sculptures en bois repré-
sentant des figures de l'Ancien et du Nouveau
Testament. L église de Cascante, la cathédrale
de Burgos et celle de Saragosse, possèdent de
beaux ouvrages de cet artiste.
ANCHIÉTÉE s. f. (an-ki-é-té) . Bot. Genre
do plantes de la famille des violariées, ren-
fermant deux arbrisseaux, qui croissent au
Brésil.
ANCHIETTA (le P. José d'), célèbre jésuite,
né à Ténériffe en 1533, d'un père espagnol et
d'une mère insulaire, mort en 1597. Il fit ses
études à l'université de Coimbre , et entra
dans la compagnie à l'âge de dix-huit ans.
Vers 1558, les jésuites voulant établir au Brésil
un provincial indépendant de celui du Portu-
gal, envoyèrent Anchietta sur te sol de la colo-
nie portugaise, et comme il avait à catéchiser
les indigènes de la capitainerie de San-Vicente,
il écrivit dans la langue du pays plusieurs en-
tretiens, qu'il intitula Comédies, et qu'il fai-
sait jouer devant le .peuple, afin de l'instruire
et de le moraliser. Bientôt s'éleva autour de lui,
sous le nom de Saint-Paul, une ville qui de-
vint importante, et l'éloquence persuasive
d'Anchietta lui acquit une grande réputation
parmi ces jeunes peuplades. Il entreprit alors
de convertir a la religion chrétienne les tribus
sauvages qui l'entouraient, et il se jeta seul
parmi les Purys, les Guaranys, les Guaycurus,
malgré les terribles exemples de jésuites pré-
cédemment mis à mort par ces populations
barbares, et qui étaient très-irritées desenva-
liissements et des cruautés des Portugais. An-
chietta se mit du parti du faible contre le fort,
et n'hésita pas à se fixer au milieu des indi-
gènes. C'est dans la solitude de leurs forêts
qu'il composa un poème remarquable, la Vie
du la sainte Vierge, une grammaire et un vo-
cabulaire. Lorsqu'il eut t'ait conclure la paix
avec les Portugais, il rentra à Bahia, et se
rendit ensuite à Rio-Janeiro, d'où il fit expul-
ser les Français, en 1567. Nommé provincial
• du Brésil, Anchietta parcourut en cette qua-
lité toutes les capitaineries, fonda des écoles
à Pernambuco , Bahia, Espirito-Santo, visita
les tribus les moins civilisées, les Tupinambas,
les Aymores,les Papanaces, etc. Il fit élever
la plupart des monuments religieux qui exis-
tent encore au Brésil, notamment l'église et
l'hôpital de la Miséricorde, à Rio-Janeiro.
Enfin, à l'âge de cinquante-deux ans, il fut
nommé général de la Compagnie.
Rien n'avait rebuté le courage d'Anchietta
pour civiliser les sauvages indiens, et c'est
lui qui,' l'un des premiers, eut l'honneur de
jeter dans ces contrées les semences du chris-
tianisme. Sa vio a été écrite en français par D.
Morel. Parmi ies nombreux ouvrages qu'on a
de lui, et qui sont surtout intéressants au point
de vue de l'histoire du Brésil, nous citerons :
la Vie des religieux de la Compagnie en mis-
sion au Brésil, une savante Dissertation sur
l'histoire naturelle du Brésil, et ses Entretiens
ou Comédies.
ANCHIFLUHE s. f. (an-chi-flu-re). Techn.
Nom donné par les tonneliers au trou fait par
un ver à une douve de tonneau, à l'endroit où
elle est couverte par le cerceau.
ANCHILOPS s. m. (an-ki-lopss — du gr.
anchi, proche;^, œil). Pathol. Petite tumeur
située vers le grand angle de l'œil, au-devant
ou'à côté du sac lacrymal.
— Encycl. L'anchilops est situé au-devant
ou à côté du sac lacrymal, et-non a l'intérieur
de ce sac : c'est ce- qui le distingue de la
tumeur lacrymale. 11 peut être inflammatoire
ou enkysté. L'anchilops inflammatoire est un
petit phlegmon rouge, douloureux, à marche
aiguS , qui se termine par suppuration et
qui cède à un traitement antiphlogistique.
L'anchilops enkysté est une petite tumeur arron-
die, dure, ordinairement indolente, qui se dé-
veloppe d'une manière insensible, et peut res-
ter iort longtemps stationnaire. Quelquefois
l'anchilops se termine par un petit ulcère
arrondi qu'on appelle œgilops. V. ce mot.
ANCHIN, ancienne abbaye de bénédictins,
fondée au xie siècle dans une île de la Scarpe,
près de Douai. Le cardinal d'York, de la mai-
son des Stuarts, en fut le dernier abbé, au mi-
lieu du xvmc siècle.
ANC»' 10 SON PITTORE! ( ann-ki-o-sonn-
pitt-to-re). Mots ital. qui signif. : Et moi aussi
je suis peintre!
On raconté que le Corrége, jeune encore et
tout à fait inconnu, proféra cette exclamation
a la vue d'une peinture de Raphaël et dans le
premier élan dune noble ambition. Dans les
applications que l'on en fait, c'est le cri spon-
tané de l'âme tout a coup illuminée par l'irrup-
tion du charme senti, du ravissement éprouvé,
du .beau perçu et de la vocation qui se révèle.
Quand on cite cette locution en italien, on dit
indifféremment son pittore ou son poêla, sui-
vant que l'on fait allusion h la peinture ou à
« Ce sont de petits vers, me dit-il du ton dé
Vadius.
— A Iris ou à Elvire ? demandai-je.
— A Marthe.
— Marthe 1 Le nom est joli, mais ingrat pour
la rime.
— Carte, Parthe, Sparte, dit vivement le
poète.
— Charte, écarte* Sarthe, ripostai-je avec
la prestesse il'un homme qui n'est pas étran-
ger à la chasse aux rimes, et qui ademandéplus
d'une inspiration au dictionnaire de Richelet.
— Anche tu seipoeta! s'écria mon interlocu-
teur, en parodiant le Corrége. ■ Topffer.
« Au théâtre des Variétés, le nez du jeune
Hyacinthe vient d'obtenir encore un succès
dans le rôle de Réséda, maçon, poète et com-
muniste. Réséda est un galant manœuvre que
les palmes poétiques cueillies tout récemment
par quelques artistes empêchent de dormir. Il
s'est écrié à son tour : Anch' io sonpoeta! et,
mettant de côté sa truelle et son marteau, il a
saisi le trépied et la lyre. »
Bévue de Paris.
« Songez donc que les maîtres eux-mêmes
et les plus grands, c'est le plus souvent la vue
d'un chef-d'œuvre qui les a faits maîtres, et
que ce beau qu'ils n'avaient pas su voir, ou
qu'ils n'avaient vu qu'instinctivement dans la
nature, ils l'ont compris, saisi d'un coup et
d'une vue, en le rencontrant exprimé sur la
toile par un de leurs devanciers : Anch' io son
pittore! se sont-ils écriés. » Toppfer.
Cette exclamation est aussi souvent rappe-
lée sous sa forme française que sous sa forme
italienne :
• Je salue le patriarche de Ferney; je lui
souhaite longue vie. J'ai lu sa nouvelle tragé-
die, qui n'est point mauvaise du tout. Je ha-
sarderais quelques petites remarques d'un
ignorant, mais, ne pouvant pas dire comme le
Corrége : Et moi aussi, je suis peintre! je
garde le silence, en vous priant de ne point
oublier le philosophe de Sans-Souci. «
Frédéric II, à Voltaire.
Le dernier mot se modifie souvent selon la
circonstance :
« A ia vue des fortunes rapides, scanda-
leuses, qui se font de nos jours, un individu
se dit : Et moi aussi, je veux être banquier!
Il n'a ni capitaux, ni crédit, ni expérience sé-
rieuse des affaires. Que faut-il pour cela? Il
loue un appartement, il achète à crédit meu-
bles, chaises, bureaux ; grâce à la facilité avec
laquelle les marchands livrent leurs marchan-
dises, son installation est bientôt complète. «
L'Univers illustré.
« Plantez toute une année un sculpteur de
seconde main devant la Vénus de Milo,' il n'en
fera pas moins des Galatée qui ne descendront
jamais du piédestal. Au contraire, un jeune
homme qui n'a vu aucun des chefs-d'œuvre
consacrés, s'écriera : Et moi aussi , je suis
sculpteur! parce qu'il aura vu en lui, dans
les mirages de son imagination, apparaître les
images du beau comme des défis jetés à son
esprit, comme des amorces du monde futur,
comme des révélations de l'infini. •
Arsène Houssate.
« Et moi aussi, anch' io, j'étais né pour par-
courir le monde et pour lire un jour mon nom
gravé au-dessous de celui de quelques oiseaux
rares, dans les galeries vitrées du Muséum
d'histoire naturelle! J'étais né pour gagner le
prix de la gazelle mélampyre ou celui du tou-
raco blanc, et non pas des prix de thème. »
. Toussenel.
ANCIURKHOË. Myth. Fille d'Erasinus, chez
qui Britomartis (Diane) passa quelque temps.
Il Fille de Nilus et de Bélus, et mère d'Egyptus.
ANCH1SE, prince troyen, fut aimé de Vénus
et en eut Enée. Lors de l'embrasement de
Troie, il échappa a la mort, grâce à la piété
filiale d'Enée, qui l'emporta sur ses épaules
jusqu'aux vaisseaux. Virgile le fait mourir
près de Drépane, en Sicile, avantTemuarque-
ment d'Enée pour Carthage.
ANCHISIADES s. m. pi. (an-chi-si-a-dc —
rad. Anchise). Ilist. anc. Se dit de tous les
fils ou descendants d'Anchise.
ANCHISTÉE. Un des Argonautes.
ANCHIUS. Myth. Un des centaures qui sur-
prirent Polus dans sa caverne, et qu'Hercule
mit en fuite.
anchua, sec). Ichth. Genra de poissons dû
l'ordre des malacoptérygiens , famille dûs
clupéoïdes.
Par un gros poisson dilettante,
Arion fut sauvé, grâce a sa belle voix.
Maint chanteur que l'Opéra vanta
N'attendrirait pas un anchois. (***)
— Art culin. L'anchois servi sur les tables,
quand il a été conservé dans la saumure ou
dans l'huilo : Hors-d'œuvre ou salade <2'an-
chois. Bâties <f anchois il Beurre â"anchoist
Beurre qu'on a pétri avec des filets d'anchois,
et qui sert à la fois de sauce et d'assaisonne-
ment .- Filet de bœuf sauté au beurre d'an-
chois. Rognons de mouton à la brochette sur
Un BEURRE D'ANCHOIS.
ticulièrement dans la Méditerranée,
vivent en troupes nombreuses. C'est a la fin
de l'hiver, dans les mois d'avril, mai et juin,
que se fait la pêche des anchois. On choisit
les nuits obscures; les pécheurs sont pourvus
de trois barques, dont l'une porte des feux
allumés pour attirer le poisson; les deux
autres, munies de filets, sont placées de chaque
côté de la première. Cela fait, on éteint les
feux , les pécheurs battent l'eau de leurs
rames, et les poissons effrayés vont, en se
sauvant, se prendre dans les filets. Aussitôt
on leur arrache la tête, on les vide, on les
lave avec soin, puis on les place par lits dans
les barils, de telle sorte qu'il y ait successive-
ment un lit de sel et un lit i'anchois. Au bout
de quelque temps, ils se trouvent confits dans
la saumure et dans l'huile qu'ils ont rendue.
Dans cet état, ils peuvent se conserver uno
année. L'anchois est considéré comme un hors-
d'œuvre, et il passe pour exciter l'appétit et
faciliter la digestion. Les Romains préparaient
avec ce poisson, écrasé et cuit dans la sau-
mure, une sauce très-estimée, à laquelle ils
ajoutaient du vinaigre, du persil haché, et
qu'ils nommaient garum.
ANCHOITÉ, ÉE adj. (an-choi-té — rad. aii-
chois). Comm. Se dit des sardines qui sont
préparées, conservées de ia même manièro
que les anchois.
AKCHOLIE s. f. (an-ko-lî — du gr. ana,
avec; cholé, bile, et fig., tristesse). Anc. méd.
Mélancolie.
.— Bot. V. Ancolib.
anchomène s. m. (an-ko-mè-ne — du gr.
agehomenos, étranglé). Entoni. Genre de co-
léoptères pentamèros, do la famille des cara-
biques, renfermant un grand nombre d'es-
pèces, dont plusieurs se trouvent en Europe.
Ce sont des insectes do petite taille, do cou-
leurs ternes, et qui vivent dans les endroits
humides.
anchoménide adj. (an-ko-mé-ni-de —
rad. anchomène). Entom. Qui ressemble à
l'anchomène.
— s. m. pi. Tribu de coléoptères pentn-
mères carabiques, ayant pour type le genre
anchomène.
ANCHONE s., m. (anrlîb-no — du gr. ag-
choneios, qui étrangle)'. Entom. Genre, de co-
léoptères tétramères, voisin des charançons,
et renfermant une dizaine d'espèces, qui
toutes habitent l'Amérique.
ANCHONIÉ, ÉE adj. (an-ko-ni-é — rad.
anchonium). Bot. Qui ressemble à l'anehonium.
— s. f. pi. Tribu de la famillo dos cruci-
fères, ayant pour type le genre anchonium.
ANCHONIUM adj. (an-ko-iii-omm — mot
renfermant une seule espèce, qui croit sur le
Liban.
anchorelle s. f. (an-kc-rè-le — du Lit.
anchora, ancre). Crust. Genre de crustacés,
voisin des lernées, et renfermant une seule
espèce, qui vit en parasite sur les branchies
anchue s. f. (an-chù). Manuf. Nom donné
quelquefois à la trame de l'étoffe.
AIS'CHURUS. Myth. Fils de Midas; se pré-
cipita dans un gouffre qui venait de s'ouvrir à
Célène, en Phrygie, par dévouement pour le
bien public.
ANCHUSATE s. ni. (an-ku-za-te — rad.
anchuse). Chim. Sol produit par la combinai-
son de l'acide anchusique avec une base.
ANCHUSE s. f. (an-ku-ze — lat. anchusa,
du gr. agehousa, orcanctte). Bot. Genre de
plantes delà famille desborraginées, souvent
désigné sous le nom de buglosse.
ANCHUSÉES s. f. pi. (an-ku-zé — rad.
anchuse). Bot. Sous-tribu de plantes apparte-
nant à la tribu des borraginées, dans la
famille du mémo nom. Les anchusées doivent
leur nom au geïire anchuse, appelé aussi bu-
glosie; elles renferment en outre les genres
bourrache (borrago) , consoude (symphytum) ,
lycopside (lycopsis), etc.
ANCHUSINE s. T. (anrku-zi-ne — rad. an-
chuse). Chim. Matière colorante d'un rouge
foncé, non cristalline, que l'on extrait do la
racine d'orcanetto (anchusa tinctoria). L'an-
chusinCf appelée encore orcanettine et acide
anchusique, est insoluble dans l'eau, solùblo
dans l'alcool, l'éther, l'essence de térében-
thine et les huiles grasses. Elle est employée
dans la teinture et la parfumerie.
ANC
ANCHUSIQOE (acide). V. Anchusine.
ANCHYLOSTOME s. m. (an-ki-lo-sto-me
— du gr. agkulas, courbé, crochu; stoma,
bouche). Hclminih. Helminthe propre à l'es-
pèce humaine, découvert récemment par
M. Dubini. L'anchylostome est un petit ver
cylindrique, transparent dans son quart an-
térieur, jaunâtre, rougeâtre ou quelquefois
brun dans les trois quarts postérieurs, et
marqué dans la partie intermédiaire d'une
petite tache noire qui indique le commence-
ment de l'intestin. Il habite le duodénum et
les deux tiers supérieurs du jéjunum. Sa tête
porto un appareil corné arme de quatre fortes
dents; sa bouche s'ouvre en dessous. On
observe une ecchymose do la grosseur d'une
lentille autour du point de la muqueuse où il
est attaché.
ANCIEN, IENNE adj. (an-si-ain, è-ne— rad.
an ; du lat. anie, auparavant, qui semble avoir
donné naissance à un adjectif bas-lat., antia-
nus, qui a existé auparavant). Qui existe, qui
subsiste depuis longtemps : Ancienne fa-
mille. Ancien monument. Ancien meuble. Cette
croyance, cette superstition est fort ancienne.
Pourquoi conserver des lois aussi anciennes ?
De si anciennes erreurs nous font voir combien
était ancienne la croyance à l'immortalité de
l'âme. (Boss.) Ce sont des forêts aussi ancien-
nes que le monde. (Fén.) La société est aussi
ancienne que l'homme. ( J. de Maistre.) Qu'est
devenue cette ancienne amitié, qui, plaisirs
et peines, rendait tout commun entre nous?
(Mariv.) La perte de la liberté est le plus an-
cien et le plus grand de tous les malheurs.
(Valéry.) Le christianisme est aussi ancien que
le monde. (Lacord.)
, — Qui ne subsiste-plus, qui n'est plus en
•usage, en parlant des choses : Les anciennes
coutumes. Les langues anciennes. L'ancienne
monarchie. Il faut remarquer que, par les an-
ciennes' lois' le parlement n'existait plus.
(Volt.) Les Français,
itpour o
it jamais faillir. (A. de Tocq.) il Qui n'est
f>lus en fonctions, qui n'exerce plus, en par-
ant des personnes : Un ancien préfet. Un
ancien magistrat. Un ancien militaire. Une
ancienne institutrice. Une ancienne actrice. Il
Celui qui a été remplacé par un autre dans
ses fonctions : Notre ancien préfet est actuel-
lement préfet dans la Haute -Marne, n Celui
qui a été avec une personne dans des rapports
qui ont cessé d'exister : C'est mon ancien
tailleur. Il a rencontré hier son ancienne mai-
tresse. A Dieu ne plaise, mon enfant, que ce
soit moi, votre ancien instituteur, qui veuille
attaquer mon propre ouvrage. (A. de Vigny.)
il Qui est antérieur à d'autres dans des fonc-
tions, une hiérarchie, une classe déterminée :
C'est le plus ancien officier du régiment. (Acad.)
Motse est le plus ancien des historiens. (Boss.)
il Que l'on a, que l'on possède depuis long-
temps : C'est mon ancien ami. J'ai fait bâtir
une jolie maison dans mon ancien domaine de
quatre arpents. Il Se dit par opposit. à nouveau,
a moderne : Les temps anciens. L'ancien et le
nouveau Testament. L'ancienne loi. L'ancienne
Grèce et la Grèce moderne. L'ancien et le nou-
veau régime. La nouvelle mode n'est générale-
ment que la reproduction de /'ancienne mode,
de celle de nos pères. Dieu fera une nouvelle
alliance avec le Messie, et /'ancienne alliance
sera rejetée. (Pasc.) La chute du trône de
Constantin porta da?is l'Italie les débris de
/'ancienne Grèce. (J.-J. Rouss.) Le genre na-
turel aux écrivains allemands est d'une couleur
ancienne plutôt qu'antique. (Mme do Staël.)
Cicéron fut à In fois le plus grand orateur et
le meilleur philosophe dont r ancienne Rome
se glorifie. (La Harpe.)
Eh, que connaissez-vous encor des temps anciens?
Quelques pages vers nous h peine sont venues;
Les vieux siècles sont pleins île landes inconnues.
Bautiiélemy.
Il Se dit de môme en parlant des personnes :
Les anciens philosophes. Les anciens poètes.
Les anciens Pères de l'Eglise. Ces larcins,
qu'on appelle imitations des auteurs anciens,
se doivent dire des ornements qui ne sont plus
à notre mode. (Th. do Viaud.) Nous qui som-
mes modernes, nous serons anciens dans quel-
ques siècles. (La Bruy.) Les anciens 6Vecs
étaient persuades que l'âme est immortelle.
(Barthêl.) Ceux qui empruntent les tournures
des anciens auteurs pour être naïfs, sont des
vicillurds qui, ne pouvant parler en hommes,
bégayent pour paraître enfants. (Riv.)
— Eaux et for. llativeau ancien, Baliveau
qui a au moins l'âge de trois coupes, ou
soixante -quinze ans."
— Chron. Année ancienne, Année solaire
des Egyptiens, composée de trois cent
soixante-cinq jours. C'était leur année ci-
vile, et on lui donnait aussi le nom A' an-
née égyptienne.
— Ane. jurispr. Héritage ancien, Héritage
patrimonial.
— Ane. admin. Anciens et nouuet
tous, Droit levé sur chaque muid do
entrées de certaines villes.
— S'cmpj. substantiv. au maso., en parlant
de ceux qui ont vécu longtemps avant nous,
et partieuliercm. des écrivains greeset latins :
Les usages des anciens. Les ouvrages des an-
ciens. Etudier, lire les anciens. C'est un ad-
mirateur de la poésie des anciens. Les anciens
ont porté fort loin les arts et les sciences.
(Acad,) Les anciens se piquaient d'assaisonner
leurs ouvrages de ce sel attique qui était d'un
ANC
goût exquis. (SMSvrem.) C'est un homme qui,
quand il en devrait crever, ne démordrait pas
d'un iota des règles des anciens. (Mol.) On
fait un crime de contredire les anciens, comme
s'ils n'avaient plus laissé de vérité à connaître.
(Pasc.) Quoique Longin ftlt d'un siècle fort
gâté, il s'était formé sur les anciens. (Fén.)
On ne fait que glaner après les anciens et les
habiles d'entre les modernes. (La Bruy.) Les
anciens étaient plus beaux; nous sommes plus
jolis. (M<"e de Sev.) Bien n'arrête tant le pro-
?rès des choses, rien ne borne tant les esprits que
admiration excessive des anciens. (Fonten.)
Heureux est celui qui, dégagé de tous les pré-
jugés, est sensible au mérite des anciens et des
modernes, apprécie leurs beautés, connaît leurs
fautes, et les pardonne. (Volt.) Le grand pro-
cès des anciens et des modernes n'est pas en-
core vidé. (Volt.) Cujas a écrit en latin mieux
qu'aucun moderne, et peut-être aussi bien qu'au-
cun ancien. (D'Aguess.) Les anciens n'ont
connu que l'éloquence judiciaire et politique.
(Chateaub.) Les anciens, que tout matérialisait
dans leurs institutions , étaient spiritualisés
par leur poésie. (Joubcrt.) Ilippocrale fut le
plus grand et le plus sage génie (/««'anciens.
(Bonnin.) // est beau d'honorer les anciens;
mais à qui ce nom convient-il, et combien faut-il
d'années pour faire un ancien? (H. Rigault.)
Nous avons des vertus que ne connaissaient pas
les anciens. (E. Schérer.)
Qu'il trouve en vous un peu de l'air
Des anciens qu'il idolâtre.
La Foutainb.
— Se dit aussi de celui qui, avant un autre,
a exercé une charge, une fonction, a été reçu
dans un corps, etc. : // est votre ancien dans,
la compagnie, quoique plus jeune que vous.
(Acad.) Villars avait avec lui le maréchal de
Bauf fiers, son ancien. (Volt.) Je ne faisais rien
que je n'eusse auparavant consulté mon oncle,
c'est-à-dire mon ancien. (Le Sage.)
Les anciens du conseil sont mes compagnons d'armes.
Il S'empl. fam. en s'adressant à un vieillard,
et surtout à un vieux -militaire : Bonjour,
/'ancien. Comment vous portez-vous aujour-
d'hui, mon ancien 1 Salut, mon ancien 1 (Acad.)
Notre ancien, qu'a donc fait l'Espagne?
I3ÉIUNGER.
Il C'est aussi le nom que les vieux militaires
donnent souvent, et dans un sens affectueux,
à Napoléon 1er : Ah! si /'ancien pouvait re-
— Dans l'Ecriture, l'Ancien des jours, "Dieu.
Chateaubriand a dit, par analogie, l'ancien des
hommes , en parlant d'un vieux religieux :
Ainsi chantait /'ancien des hommes; sa voix
grave et un peu cadencée allait roulant dans
le silence des déserts. (Chateaub.)
— Hist. Chez les Juifs, Titre, dignité qu'on
donnait à des vieillards qui remplissaient les
fonctions les plus importantes : // s'assit à
dix-huit ans avec les anciens du peuple d'Is-
raël. (Boss.) il Titre que portaient les magis-
trats qui gouvernèrent Florence pendant la
moitié du xme siècle. Ils étaient au nombre
de trente-six.
— Hist. ecclés. Dans la primitive Eglise,
nom donné aux évéques et aux prêtres : Les
anciens, il Chez les calvinistes, on désigne
ainsi les membres du consistoire, chargés,
conjointement avec le pasteur, de veiller à
ce qui regarde le culte et au maintien de la
discipline.
— Prosod. En poésie, ce mot a le plus or-
dinairement deux syllabes; cependant quel-
ques poètes l'ont fait de trois syllabes :
Ma famille est connue, ma race est ancienne.
J'ai su tout ce détail d'un ancien valet.
Nous devons l'aj
Cokh
— Voltaire a dit : « Ancien de trois syllabes
rend le vers languissant; ancien de deux syl-
labes devient dur. On est réduit à éviter co
mot quand on veut faire des vers où rien ne
rebute l'oreille. »
si jeune que vous êtes, et je vois des gens de
vingt-cinq ans qui sont plus vieux que vous.
(Mol.) Ancien est opposé à moderne : La Grèce
ancienne et la Grèce moderne. On appelle vieux
,des hommes ou des objets qui vivent encore
quoiqu'ils existent depuis longtemps, et an-
ciennes des choses qui existaient avant l'époque
présente. Antique désigne une grande ancien-
neté : Là on voit xme vaste forêt de cèdres an-
tiques, qui paraissent aussi vieux que la terre
où ils sont plantés. (Fén.) 11 se dit, par exagé-
ration, d'une personne ou d'une chose très-
vieille, ou même qui n'est plus de mode ou de
saison. De plus, la poôsio s'arrange mieux du
mot antique, qui a plus de noblesse et d'har-
Oùsc
Je viens selon l'usage antique et solennel.
— Antonymes. Contemporain, moderne,
nouveau, présent ou actuel, récent.
Ancien» (Conseil des). La Constitution de
l'an III, votée par la Convention à la fin de sa
carrière pour remplacer la Constitution de 93,
ANC
qui n'avait jamais été appliquée, divisait le
pouvoir législatif en deux assemblées, l'une
ayant l'initiative, l'autre la décision. La pre-
mière, composée de cinq cents membres, devait
proposer la loi; la seconde, composée de deux
cent cinquante membres , devait la voter. On
donna à ces deux assemblées les noms séparés
de Conseil des Cinq-Cents et de Conseil des
Anciens, et le nom collectif de Corps législatif.
Cette application de la théorie anglaise
des deux Cnambres, que les constitutionnels
avaient vainement tenté de faire prévaloir de-
puis le commencement de la Révolution, était
déterminée, disait-on, par le désir de donner
;i la loi un caractère de maturité et de calme.
En réalité, elle était un triomphe nouveau de
l'esprit de réaction qui dominait alors.
Cependant la Convention, effrayée des ma-
noeuvres du royalisme , décréta que pour la
mise en vigueur de la nouvelle Constitution,
les deux tiers de ses membres, c'est-à-dire
cinq cents, entreraient par le choix des élec-
teurs dans le Corps législatif, et que, dans le
cas où ce chiffre de cinq cents ne serait pas
atteint, le Corps législatif le compléterait lui-
môme. Ces dispositions formèrentles décretsdu
5 et du 13 fructidor an III (22 et 30 août 1795),
qui d'ailleurs furent soumis, comme la Consti-
tution, à l'acceptation des assemblées primai-
res, mais qui n'en devinrent pas moins la cause
ou le prétexte de l'insurrection royaliste des
12 et 13 vendémiaire.
Les membres du Conseil dès Anciens furent
choisis de la manière suivante, prescrite par
la Constitution. Après la dernière séance de la
Convention et les opérations qui complétèrent
le chiffre de cinq cents conventionnels proro-
gés, ceux-ci se réunirent aux deux cent cin-
ANC
327
eux le travail qui avait pour objet de classer
les membres dans les deux conseils. On inscri-
vit à part les noms des députés âgés de plus
de quarante ans,etqui étaient mariés ou veufs,
et on en tira au sort cent soixante-sept parmi
les anciens conventionnels, et quatre-vingt-
trois parmi les nouveaux élus. Ces deux cent
cinquante membres formèrent le Conseil des
Anciens: les membres restants formèrent le
Conseil des Cinq-Cents. Les Anciens, portant
pour insigne l'écharpe en sautoir, siégèrent
aux Tuileries, dans la salle de la Convention ;
les Cinq-Cents, portant l'écharpe en ceinture,
allèrent siéger au Manège, ancienne salle de
la Constituante et de la Législative (6 brumaire
au IV, 28 octobre 95).
La question de la résidence du Corps légis-
latif avait été précédemment agitée ; niais
malgré les efforts de ceux qui craignaient la
pression révolutionnaire de Paris, rien n'avait
été décidé à cet égard, et l'on s'était borné à
donner aux Anciens le droit de changer la ré-
sidence du Corps législatif, si les circonstances
lui semblaient l'exiger. Ou sait que, au 18 bru-
maire, Bonaparte profita habilement de cette
disposition, et qu'il obtint que les deux Conseils
fussent transférés à Saint-Cloud , dans une
sorte d'isolement où un coup d'Etat lui parais-
sait avec raison plus facile à accomplir.
Quelques jours après son installation, le
Conseil des Anciens procéda à la nomination
des cinq membres qui devaient composer le
Directoire, et, conformément à la Constitution,
sur une liste de cinquante candidats présentés
par le Conseil des Cinq-Cents.
Comme il est dit plus haut, cette assemblée
n'avait que la décision de la loi ; elle approu-
vait, sans les modifier, ou rejetait purement
et simplement, après trois lectures à cinq
jours d'intervalle chacune, les résolutions du
Conseil des Cinq-Cents, qui ne devenaient des
lois qu'après son acceptation, et qui, repous-
sées, ne pouvaient être présentées de nouveau
Les membres du Conseil des Anciens rece-
vaient une indemnité de 33 francs par jour.
On sait que les deux Conseils devaient se re-
nouveler par tiers chaque année. Ces renou-
vellements partiels changèrent nécessairement
la majorité et amenèrent l'élection des roya-
listes les plus compromis, sous l'influence des
agents innombrables que Louis XVIII entrete-
nait dans toute la France, et qui étaient gorgés
d'or par l'Angleterre et la Russie. Le deuxième
renouvellement, celui do l'an V, lit entrer aux
Anciens, comme aux Cinq-Cents, les partisans
avoués de Louis XVIII etdes princes, des com-
plices des chouans, des hommes comme Piche-
gru, dont les trahisons étaient notoires , enfin
des conspirateurs comme Imbert Colomès ,
Royer-Collard , Camille Jordan, Vaublanc,
Henri Larivière, Pastoret, etc. Pichegru fut
porté à la présidence des Cinq-Cents; Barbé-
Marbois a celle des Anciens ; tout le personnel
de la conspiration royaliste, placé à la tète
des Conseils , enleva l'élection du royaliste
Barthélémy comme membre du Directoire, en
remplacement de Letourneux, membre sor-
tant. La situation était horriblement tendue.
Le Directoire, menacé d'être emporté avec la
république, prévint, par le coup d'Etat du
18 fructidor, les complots dont il était enve-
loppé. Parmi les proscrits de cette révolution
nouvelle, on compte seulement onze membres
du Conseil des Anciens, dont l'importance poli-
tique était bien moindre que celle des Cinq-
Cents, qui formaient l'assemblée active, armée
de l'initiative et do la vraie force parlemen taire.
Pouvoir conservateur et pondérateur, les An-
ciens, au moins une partie, servirent cepen-:
dant de point d'appui, et eu quelque sorte
d'instrument à Bonaparte pour 1 exécution de
son heureux coup d'état du 18 brumaire. Cet
événement mit fin à l'existence de cette assem-
blée, dont la durée avait été de quatre ans.
Mais ses membres entrèrent en foule dans le
sénat, dans les assemblées politiques du con-
sulat et dans les fonctions publiques.
Ancien Testament. V. BlBLE.
)■
failli se ranimer de nos jours sous le souffle
des classiques et des romantiques, prit nais-
sance dès qu'un long intervalle de temps permit
de distinguer des anciens et des modernes.
C'est chez les Latins qu'elle revêtit pour la
firemière fois une forme bien tranchée ; leur '
ittérature offrit même le phénomène . d'une
double antiquité, et, tandis que les contempo-
rains d'Auguste se croyaient des modernes
relativement à Eschyle, Sophocle, Euripide,
Démosthène, Thucydide, Platon, Aristotè, ib
devenaient a leur tour des anciens pour les
écrivains des époques suivantes. Parmi les
nations qui succédèrent au vieux monde ro-
main, l'Italie fut celle qui protesta la pre-
mière contre la prééminence de l'antiquité ,
à laquelle elle pouvait déjà opposer Pétrar-
que, Dante, Boccace, Arioste et le Tasse. Co
cri d'affranchissement traversa les Alpes et
trouva de l'écho en France; Boisrobert fut
le premier à le répéter, et ne craignit pas de
commencer devant l'Académie le procès d'Ho-
mère, procès poursuivi ensuite par Desmarets.
Mais le débat ne prit les formes acerbes et les
proportions qui l'ont rendu si célèbre que le jour
où Charles Perrault et Fontenelle, défenseurs
des modernes; Boileau et Racine, champions
de l'antiquité, entraînèrent à leur suite touto
la littérature de l'époque et la partagèrent en
deux camps. Toutefois Perrault, criblé par les
épigrammes de Boileau , et Fontenelle par
celles de Racine, qui mordait jusqu'au sang,
n'étaient pas de force à soutenir une lutto
contre de pareils adversaires, et, tout en ayant
peut-être la raison de leur côté, ils auraient
fini par succomber, si la réconciliation des
chefs n'eût ralenti l'ardeur des combattants
(1094). Mais la querelle n'était qu'assoupie,
et elle se ranima quelques années après, avec
plus d'ardeur que jamais, entre M'"o Dacier,
la traductrice d'Homère, et Lamotte, son abré-
viateur, qui s'était permis les vors suivants :
idolâtre,
N'est-clle plus que la marâtre
Du reste grossier des humains?
Mme Dacier apporta dans cette polémique
des formes roides et péduntesques, un ton in-
cisif et irritant, auxquels Lamotte ne répondit
que par des plaisanteries fines, une courtoisie
spirituelle, qui mirent de son parti les esprils
délicats, et purent faire croire que les bien-
séances et la politesse étaient moins connues
au temps de Périclès et d'Auguste qu'au siècle
de Louis XIV. Un grand nombre de célébrités
se mêlèrent à cotte seconde phase de la lutte,
que l'intervention de Fénelon lui-même ne put
terminer. Néanmoins, la paix se conclut do
nouyeau entre les champions (1716); mais il
ne fallut pas moins que la prépondérance toute-
puissante de Voltaire pour étouffer définitive-
ment le débat, vers le milieu du xvme siècle.
Telle fut cette fameuse querelle qui troubla
porta le levain jusqu'en Angleterre ,
passionna également les esprits. Posée dans
ces termes, c'est-à-dire restreinte à des ques-
tions de personnes, elle aurait pu se prolonger
sans lin. Il ne s'agit pas de savoir, en effet, si
le génie d'Euripide a été supérieur h celui do
Racine, si Rnphaiil a éclipsé Apelle, et Miehol-
Ango, Praxitèle ou Phidias; si l'art chrétien a
fait éclore plus do merveilles que l'art païen ;
si .Platon et Aristotè furent des intelligences
plus puissantes que Descartes ou Leibnitz : sur
ce terrain, les discussions seraient interminn-.
blés. Mais ilfaut se demander si la plupart dos
connaissances humaines, telles que la philo-
sophie, les sciences, l'histoire elle-même , np
sont pas soumises , dans leur développement,
à des conditions d'expériences, d'accumulation
de recherches et d'études, de perfectionnement
de procédés | et, en se plaçant à ce point do
v lie, la supériorité des modernes sur les anciens
se déduirait d'une manière irréfutable. Quant
à l'art proprement dit (poésie, peinture, etc.),
son histoire est loin de nous révéler un progrès,
continu ; il y a là un élément spontané, vivant,
qui parait soumis, comme tout ce qui a vie, a,
des phases do croissance et de déclin. On no
voit pas, d'ailleurs, que l'accroissement des con-
naissances et des idées ait pour conséquence
nécessaire une perfection supérieure, une plus
grande beauté dans les produits de l'imagi-
nation.
La querelle des anciens et des modernes ,
considérée à un point de vue général et phi-
losophique, appartient à l'histoire de l'idée de
progrès. V. Progrès.
Anciens et dos modernes (PARALLÈLES [SES),
par Ch. Perrault, ouvrage formant quatre vo-
lumes, qui parurent successivement de 108S a
1698. La forme adoptée par l'auteur est celle
du dialogue. Trois personnages sont introduits
sur la scène, le Président, l'Abbé et le Cheva-
lier. Le Président est un caractère doux et un
esprit timoré, qui jure sur la parole des an-
ciens, mais dont les opinions ne tiennent guère
328 ANC
devant les raisonnements de l'Abbé, défenseur
des modernes. Les anciens ont là. un représen-
tant bien prompt à rendre les armes. « Per-
rault !e vante un peu, dit H. Rigault, en le
donnant pour savant et spirituel. » L'Abbé
expose les idées dé Perrault; il apporte dans
la discussion de l'esprit, du calme, de la dex-
. térité, et une grande politesse de langage.
Quant au Chevalier, c'est un homme du monde
à demi cultivé, léger, superficiel, qui se jette
au hasard dans la discussion, avec les témé-
rités de jugement et les vivacités de langage
d'un écolier révolté contre l'autorité de ses
maîtres.
Dans le premier volume (premier dialogue),
Perrault commence par combattre le préjugé
de l'antiquité par des raisons générales. Il
développe l'argument philosophique tiré des
progrès de l'esprit humain considéré comme
un seul esprit. « Le genre humain, dit-il, doit
être considéré comme un seul homme éternel,
en sorte que la vie de l'humanité, comme la
vie de l'homme, a eu son enfance et sa jeu-
nesse, qu'elle a actuellement sa virilité, mais
qu'elle n'aura pas de déclin. » Il s'occupe en-
suite de l'architecture, de la statuaire et de la
Eeinture. Il y distingue deux sortes de beautés,
;s beautés universelles et absolues, c'est-à-
dire celles qui plaisent en tout temps et en tout
lieu, et à tout le' monde, et les beautés parti-
culières et relatives, qui ne plaisent qu'à cer-
taines personnes, en certains lieux et en cer-
tains temps. Ce qui constitue les premières,
c'est la partie matérielle et positive des arts,
et polir cette partie, les modernes l'emportent
sur les anciens. Quant aux beautés relatives,
elles ne peuvent être l'objet d'un jugement,
parce que ce sont des conventions et des ca-
prices; c'est ce qu'on nomme le goût, qui n'est
antre chose que la mode.
Le second et le troisième volume sont con-
sacrés à l'éloquence et à la poésie. Dans une
page remarquable, Perrault indique avec une
précision élevée le progrès qu'a fait !a con-
naissance du coeur humain. « Comme les an-
ciens, dit-il, connaissaient en gros, aussi bien
que nous, les sept planètes et les étoiles les
plus remarquables, mais non pas les satellites
des planètes et un grand nombre de petits
astres que nous avons découverts, de même
ils connaissaient en gros aussi bien que nous
les passions de l'âme, mais non pas une infi-
nité de petites affections et de petites circon-
stances qui les accompagnent et qui en sont
comme les satellites ; ce n'a été que dans ces
derniers temps que l'on a fait dans l'astrono-
mio et dans la morale, ainsi qu'en mille autres
choses, ces- belles et curieuses découvertes.
En un mot, comme l'anatomie a trouvé dans
le cœur des conduits, des valvules, des fibres,
des mouvements et des symptôm'es qui ont
échappé à la connaissance des anciens, la mo-
rale y a trouvé des inclinations, des aversions,
des désirs et des dégoûts que les mêmes an-
ciens n'ont jamais connus. Je pourrais faire
voir ce que j'avance en réunissant toutes les
passions l'une après l'autre, et prouver qu'il y
a mille sentiments délicats sur chacune d'elles
leurs romans et dans leurs pièces d'éloquence,
qui ne se rencontrent point chez les anciens. »
Dans le quatrième et dernier volume, Per-
rault examine les titres des anciens et des
modernes en médecine, en philosophie, en .nu-
sique, en mécanique, en physique, etc. Il prête
aux idées scientifiques dont il a besoin pour
soutenir sa thèse une langue comparable à
celle dé Fontenelle pour la clarté et la simpli-
cité. Enfin l'ouvrage se termine par ces vers
assez médiocres, que Perrault met dans la
bouche du Chevalier :
Quand le dieu des saisons aura moins de lumière
• Au milieu de son cours qu'en ouvrant sa carrière;
Aura plus de rameaux qu'un chêne de trente ans;
Qu'un fleuve roulera plus de flots à sa source
Qu'il n'en porte à la mer en achevant sa course ;
Que le rustique gland des antiques forêts
Vaudra mieux que te blé des modernes guérets ;
Quand pour trop manier ou le marbre ou l'argile,
On verra qu'un sculpteur en devient moins habile;
Qu'un pilote, en voguant, perd l'art de naviguer;
Qu'un cyclope, en forgeant, désapprend à forger;
Je croirni qu'en nos jours il n'est rien qui réponde
Aux plus faibles essais de l'enfance du monde.
Les Parallèles ne sont autre chose que le
cartésianisme appliqué à la littérature et à
l'art. Ch. Perrault y rompt avec la tradition
littéraire, comme Descartes, dans le Discours
de la Méthode,a. rompu avec la tradition phi-
losophique. « La Digression sur les anciens et
les modernes, dit H. Rigault, n'est qu'un épi-
• sodé de la vie littéraire de Fontenelle ; les
ju'a pas été le promoteur ; c'est à lui -que s'est
attachée cette espèce de renommée équivoque
de révolte contre les anciens, qui a été long-
temps un ridicule, et qui semble être devenue
aujourd'hui un honneur. C'est son nom qu'on
a invoqué dans nos dernières insurrections
littéraires, comme celui d'un ancêtre. En ré-
sumé, des vues ingénieuses, des arguments
spécieux à l'appui d'idées fausses, des juge-
ments plus que téméraires, une critique super-
ficielle , une connaissance très-imparfaite des
originaux, une instruction légère, même dans
les sciences et dans les arts, de 1 imagination,
ANC
de l'esprit, de l'urbanité, un style agréable et
naturel, voilà le livre de Perrault, livre des-
tiné à produire un effet assuré sur le public
français , en lui plaisant et en lui persuadant
que la querelle des anciens et des modernes
était la guerre des gens du monde contre les
pédants. »
Deux reproches principaux peuvent être
faits à l'auteur des Parallèles ; le premier, de
ne reconnaître rien de général, de permanent,-
d'absolu dans le goût; le second, de confondre,
à l'exemple de Fontenelle, les sciences qui ont
besoin du temps pour se perfectionner, et les
arts qui, pour être parfaits, peuvent se passer
du temps.
Anciens et les madernei. .(DIGRESSION SUR
les ) , morceau publié au commencement de
1G88, et par lequel ^Fontenelle prit part à la
querelle des anciens et des modernes. Pour
Fontenelle, la question générale de préémi-
nence se réduit à deux questions, une ques-
tion d'histoire naturelle et une question d'a-
rithmétique : les cerveaux d'aujourd'hui sont-
ils aussi bien doués que les cerveaux d'autre-
fois? Les modernes ont-ils autant d'idées que
les anciens? On ne voit pas, dit-il, que les
chênes du mojen âge aient été moindres que
ceux de l'antiquité, ni les chênes modernes
que ceux du moyen âge. Donc, nous pouvons
égaler Homère , Platon et Démosthène. La
pâte dont la nature forme les hommes, les
animaux et les plantes, est toujours la même,
et certainement elle n'a point formé Platon,
Démosthène, ni Homère, d une argile plus fine
ni mieux préparée que nos philosophes, nos
orateurs et nos poëtes d'aujourd'hui. Il est
vrai que s'il n'y a pas de différence dans la
pâte dont se sert la nature pour les arbres et
les esprits, il faut en admettre dans les cli-
mats. Les arbres de tous les siècles sont égale-
ment grands, mais les arbres de tous les pays
ne le sont pas. De même pour les esprits : les
différentes idées sont comme des plantés ou
des Heurs qui ne viennent pas également bien
en toutes sortes de climats et dans toutes les
circonstances. Mais il faut reconnaître aussi
que la culture a bien plus de puissance sur les
cerveaux que sur la terre, et que les pensées
se transportent bien plus aisément que les
plantes d'un pays en un autre. Aussi les peu-
ples voisins les uns des autres effacent très-
facilement leurs différences par le commerce
des livres; seuls, les peuples fort éloignés ne
le peuvent pas. Le climat de la Grèce et de
l'Italie, et celui de la France, sont trop voisins
pour mettre quelque différence entre les Grecs
ou les Latins et nous; et quand ils y en met-
traient quelqu'une, elle serait fort aisée à effa-
cer. Nous voilà donc tous parfaitement égaux,
anciens et modernes, Grecs, Latins et Français.
D'un autre côté, il est facile de comprendre-
que les modernes ont une bien plus grande
somme de connaissances et d'idées que Tes an-
ciens, parce qu'un bon esprit cultivé est com-
posé de tous les esprits des siècles précédents,
ou plutôt parce que ce n'est qu'un même esprit
qui s'est cultivé sans cesse, qui se cultivera
toujours, car toujours les idées justes de tous
les bons esprits s'ajouteront les unes aux au^
très, et les hommes ne dégénéreront jamais.
Non-seulement nos connaissances, nos idées
sont plus nombreuses que celles des anciens,
mais eiles sont plus vraies, parce que les an-
ciens étant venus avant nous ont épuisé la
plus grande partie des idées fausses et nous
ont acquittés du tribut qu'il faut toujours payer
à l'erreur. Donc, nos idées étant plus nom-
breuses et plus vraies , et les idées étant la
matière même de la science, de la philoso-
phie, de l'éloquence et de la poésie, la supé-
riorité des modernes dans les sciences, dans
les arts, dans la philosophie et la poésie, ne
saurait être douteuse.
La Digression sur les anciens et les modernes
se termine avec beaucoup de grâce etd'esprit:
« Un temps a été, dit Fontenelle, que les La-
tins étaient modernes, et alors ils'se plaignaient
de l'entêtement que 1 on avait pour les Grecs,
qui étaient les anciens. La différence des temps
qui est entre les autres disparaît, à notre
égard, à cause du grand éloignement où nous
sommes ; ils sont tous anciens pour nous, et
nous ne faisons pas de difficulté pour préférer
ordinairement les Latins aux Grecs , parce
que entre anciens et anciens, il n'y a pas de
mal que les uns l'emportent sur les autres ;
mais entre anciens et modernes, ce- serait un
grand désordre que les modernes l'emportas-
sent. Il ne faut qu'avoir patience, et par une
longue suite de siècles, nous deviendrons les
contemporains des Grecs et des Latins ; alors
il est aisé de prévoir qu'on ne fera aucun scru-
pule de nous préférer hautement à eux sur
beaucoup de choses. Les meilleurs ouvrages
de Sophocle, d'Euripide? d'Aristophane, ne
tiendront guère devant Ctnna, Ariane, Andro-
maque, le Misanthrope.... Cependant, il faut
tout dire : il n'est pas sûr que la postérité nous
compte pour un mérite les deux ou trois mille
ans qu'il y aura entre elle et nous, comme
nous les comptons aujourd'hui aux Grecs et
aux Latins. 11 y a toutes les apparences du
monde que la raison se perfectionnera, et que
l'on se désabusera généralement du préjugé
grossier de l'antiquité. Peut-être ne durera-
t-il pas encore longtemps ; peut-être, à l'heure
qu'il est, admirons-nous les anciens en pure
perte et sans jamais devoir être admirés en
cette qualité. Ce serait un peu fâcheux. »
Fontenelle est loin de voir toute la com-
plex ité de la question qu'il traite et résout d'une
ANC
manière si générale et si absolue. Il ne suffit
pas de tenir compte de la différence des cli-
mats : la différence- des races et des mœurs,
celle des langues, celle des gouvernements,
présente une importance qui échappe complè-
tement à l'auteur de la Digression, et que Vol-
taire a très-bien saisie, « Virgile et Horace ,
dit l'auteur du Dictionnaire philosophique ,
exerçaient leur talent dans une langue plus
riche et plus harmonieuse que les langues
modernes, qui sont un mélange de l'horrible
jargon des Celtes et d'un latin corrompu.... Il
se pourrait bien encore que le gouvernement
d'Athènes , en secondant le climat , eût mis
dans la tête de Démosthène quelque chose que
l'air de Clamart et de la Grenouillère, et le
gouvernement du cardinal de Richelieu, ne mi-
rent pas dans la tête d'Orner Talon etde Jérôme
Bignon. » Ajoutons qu'on peut reprocher à
Fontenelle de n'avoir fait aucune distinction
entre les divers genres de travaux intellec-
tuels, etd'avoir rattaché aux mêmes conditions
la supériorité dans les sciences et la supério-
rité dans les lettres et dans les arts.
■ La Digression sur les anciens et les mo-
dernes, dit M. Hippolyte Rigault, est un mor-
ceau charmant qui plaît par son agrément,
même quand il ne s'impose pas par sa justesse,
et où les idées fines et profondes peuvent à
chaque instant donner le change sur le para-
doxe. C'est, on le sent, l'œuvre d'un écrivain
qui ne veut que dire librement et agréable-
ment son opinion, et qui laisse aux partisans
de la tradition le ton de l'autorité. En le lisant,
on est séduit par cette variété de vues, par
cette modération qui tient à l'absence de parti
pris, et qui fait de Fontenelle un homme du
monde causautdans un salon, tandis que Per-
rault, malgré l'agrément de son esprit, soutient
davantage une thèse. >
Anciens cl de* modernes (HISTOIRE DE LA
querelle des) , par Hippolyte Rigault. Cet
ouvrage, « qui restera, a dit M. Saint-Marc
Girardin, comme un des meilleurs titres de la
réputation de Rigault » , n'est autre que la
thèse de doctorat, soutenue à la fin de 1856
par ce brillant écrivain, enlevé si jeune à
notre littérature. L'Histoire de la querelle des
anciens et des modernes est divisée en trois
parties , correspondant aux trois périodes de
ce débat célèbre : première période française,
au xvtie siècle, avec Desmarets, Fontenelle,
Perrault et Boileau; période anglaise avec
Temple, Bovle, Wotton et Bentley; enfin,
seconde période française au xvmc siècle,
avec La Motte et M">° Dacier.
L'auteur nous montre la controverse débu-
tant avec Tassoni par une comparaison géné-
rale des anciens et des modernes ; avec Bois-
robert, qui devait connaître Tassoni , elle
continue par une attaque particulière contre
Homère ; puis nous voyons l'idée de la per-
manence des forces de l'esprit humain et du
progrès intervenir dans le débat avec Des-
marets, Fontenelle et Perrault. Nous suivons
la querelle en Angleterre, où elle ne tarde
i quereue eu Angleterre, ou eue ne tarue pas
perdre tout intérêt philosophique en deve-
nant une simple dispute d'érudition ; enfin nous
revenons en France, où nous rappelle le duel
que Lamotte et M»" Dacier se livrent sur le
corps d'Homère. H. Rigault a très-bien vu
que la querelle des anciens et des modernes
n'était pas une frivole question de préséance ;
qu'au fond du débat il y avait deux grandes
idées, une idée philosophique , l'idée du pro-
grès intellectuel de l'humanité, et une idée lit-
téraire, l'idée de l'indépendance du goût et de
l'émancipation du génie moderne, affranchi de
l'imitation des anciens. Dans le chapitre qui ter-
mine l'ouvrage, et qui est intitulé Conclusion,
il formule sur la fameuse querelle un juge-
ment remarquable , dont le passage suivant
mérite d'être cité : « Partant de deux prin-
cipes justes, la permanence des forces de la
nature et l'accroissement perpétuel du nombre
des idées , les modernes ont témérairement
conclu du plus grand nombre d'idées à la su-
périorité des œuvres, et réduit l'art à une
àuestion d'arithmétique. Ils n'ont attaché assez
d'importance ni aux institutions politiques qui
ouvrent ou qui ferment la carrière a l'élo-
quence, ni à l'éducation publique, qui déve-
loppe ou comprime les talents naturels, ni à
l'apparition tardive d'une littérature dans le
monde , retard irréparable qui condamne le
style à se raffiner pour racheter le défaut de
nouveauté dans la pensée. Ils n'ont pas tenu
compte surtout de cette corruption des langues
vieillies, qui ne diminue pas le prix du talent,
mais qui altère inévitablement la beauté des
œuvres , et qui produit sur le style le mieux
doué l'effet délétère d'une atmosphère impure
sur les corps les plus robustes... Les anciens
et les modernes ont eu tort et raison tour à
tour. Les modernes ont eu raison d'étendre à
la littérature le principe du libre examen, de
soutenir que ni la tradition, ni la règle n'é-
taient la preuve et le fondement infaillible
de la beauté dans l'art, et de prétendre à
un autre honneur pour l'art qu'à celui d'i-
miter fidèlement l'antiquité. Les anciens ont
eu raison de réclamer le respect des modernes
pour le génie de l'antiquité , et de défendre
contre l'ignorance et l'outrage des littératures
admirables que les modernes n'avaient pas étu-
diées. Les modernes ont eu le tort de pousser
jusqu'à l'ingratitude leur rupture avec l'an-
tiquité, et les anciens d'être reconnaissants
envers elle jusqu'à la soumission. En général,
les modernes ont eu plus d'esprit que de sa-
voir; les anciens ont eu plus de savoir que
d'esprit; et, saut quelques exceptions écla-
tantes , les anciens, malgré leur savoir, n'ont
guère mieux compris l'antiquité que les mo-
L Histoire de la querelle des anciens et des
modernes- est écrite dans ce style classique et
universitaire, d'une élégance unie et soutenue
et d'une parfaite distinction, qui garde partout
le même ton , marche toujours du même pas,
et dont la perfection semble être de n'avoir pas
de caractère, pas de personnalité. Vous n'y
trouverez pas un trait, pas une image hardie,
pas un de ces mots qui arrêtent la pensée et
s'en emparent ; les couleurs y sont adoucies ,
les angles effacés ; l'idée s'y montre discrète-
ment et ne s'y élève qu'à une hauteur moyenne.
Ancien régime et la Révolution (l'), par
Alexis de Tocqueville. Cet ouvrage, publié en
1856, se divise en deux parties. Dans la pre-
mière, l'auteur s'efforce de définir la Révolu-
tion française et d'en saisir l'objet fondamental.
La guerre aux religions ne constitue pas,
comme on l'a dit, le génie propre de cette
grande révolution ; il n y faut voir qu'un trait
produit passager, des idées, des faits parti-
culiers qui l'ont "précédée et préparée. Sans
doute, la Révolution française est fille de la
philosophie du xvme siècle, mais il faut re-
marquer dans cette philosophie deux parties
qui sont distinctes et séparables. L'une se
rapporte à la condition des sociétés et aux
principes des tois civiles et politiques ; l'autre
s'attaque au clergé, à sa hiérarchie, à ses
dogmes ; cette dernière ayant pris naissance
dans des' faits que la Révolution a détruits,
devait peu à peu disparaître avec ces faits, et
se trouver comme ensevelie dans son triom-
phe ; aussi voit-on l'œuvre irréligieuse de la
Révolution se ruiner à mesure que son œuvre
politique se consolide. La Révolution française
a été une révolution politique, mais une révo-
lution politique d'un caractère tout nouveau,
une révolution politique qui a procédé à la
manière et qui a pris en quelque sorte l'aspect
d'une révolution religieuse. La Révolution
française a opéré, par rapport à ce monde, pré-
cisément de la même manière que les révo-
lutions religieuses agissent en vue de l'autre ;
elle a considéré le citoyen d'une façon abstraite,
en dehors de toutes les sociétés particulières,
de même que les religions considèrent l'homme
en général indépendamment du pays et du
temps. Son œuvre propre a été de précipiter,
par un effort convulsif et douloureux, la chute
des institutions politiques qui , pendant plu-
sieurs siècles, avaient régné sans partage chez
la plupart des peuples européens, et que l'on
désigne d'ordinaire sous le nom d'institutions
féodales.
Dans la seconde partie, qui est la plus
étendue et la plus originale, Alexis de Toc-
queville montre que la Révolution a beaucoup
moins innové sous quelques rapports qu'on no
le suppose généralement. Si radicale par cer-
tains côtés, elle n'a été à la longue par cer-
tains autres qu'une imitation exagérée de
l'ancien régime. L'ancien régime jious offre,
en effet, une centralisation administrative déjà
très-puissante, de plus en plus envahissante,
éteignant la vie locale partout, sauf dans les
pays d'état qui échappent un peu plus à son
action, mais qui forment à peine le quart de
la France, se substituant partout aux corpo-
rations, aux municipalités , aussi bien qu'aux
juridictions seigneuriales, -et toutes choses
enfin marchant déjà comme aujourd'hui par
le ministre assisté du conseil du roi ou conseil
d'état, par l'intendant de chaque province,
équivalent du préfet, et par le subdélégué,
équivalent du sous-préfet. Tutelle adminis-
trative, justice administrative, garantie des
fonctionnaires, ne sont pas des conquêtes de la
Révolution, mais des institutions de l'ancien
régime. « Sous l'ancien régime, comme de nos
jours, dit M. de Tocqueville, il n'y avait ville,
bourg, village, ni si petit hameau en France,
hôpital, fabrique', couvent, ni collège, qui pût
avoir uns volonté indépendante dans ses af-
faires particulières ni administrer à sa volonté
ses propres biens. Alors, comme aujourd'hui,
l'administration tenait tous les Français en
tutelle , et si l'insolence du mot ne s'était pas
encore produite, on avait du moins déjà la
chose... La garantie des fonctionnaires qui se
trouve dans les neuf ou dix constitutions éta-
blies à perpétuité en France depuis soixante
ans, n'est pas non plus une des conquêtes de
89 ; sous l'ancienne monarchie, le gouverne-
ment n'avait guère moins de soins que de nos
jours d'éviter aux fonctionnaires le désagré-
ment d'avoir à se confesser à la justice comme
de simples citoyens. ■
Dans cette centralisation administrative an-
térieure à la Révolution, il faut chercher la
cause de plusieurs des caractères que celle-ci
présente, par exemple, de l'esprit d'égalité.
Grâce à la centralisation, la noblesse française
se trouvait éloignée de toute participation aux
affaires publiques ; la partie politique de ses
droits avait disparu ; la portion pécuniaira
seule était restée et quelquefois s'était fort as
crue ; ses privilèges, ainsi séparés de toutb es-
pèce de pouvoir, etpar là même de toute res-
ponsabilité, de tout devoir politique, en avaient
fait une caste aussi inutile qu'insupportable à
la nation, « Considérez, je vous prie, dit de .
Tocqueville, où des principes politiques diffé-
rents peuvent conduire des peuples si proches.
Au xvme siècle, c'est le pauvre qui jouit, en
Angleterre, du privilège en matière d'impôt;
ANC
en France, c'est le riche. La. l'aristocratie a
cris pour elle les charges publiques les plus
lourdes, afin qu'on lui permit de gouverner;
ici, elle a retenu jusqu'à la fin l'imrai '"
d'impôt pour se consoler d'avoir perdu le
vernement.» Extension toujours croissante ae
la centralisation , déchéance toujours crois-
sante de l'aristocratie, voilà les deux grands
faits corrélatifs qu'AlexisdeTocqueville saisit
dans l'ancien régime, et par lesquels il expli-
que le rôle que joue dans la Révolution la
passion de l'égalité. A côté de cette passion
profonde et venant de loin, nous voyons, vers
la fin de l'ancien régime, s'en développer une
autre, la passion de la liberté ; tuais cette der-
nière est plus récente et moins enracinée que
l'autre. A l'entrée de la Révolution, ces deux
passions sont aussi sincères et paraissent aussi
vives l'une que l'autre; elles se mêlent alors
et se confondent un moment , s'échauffent
l'une l'autre dans le contact et enflamment
enfin à la fois tout le cœur de la France :
« C'est 89, temps d'inexpérience, sans doute,
mais de générosité, d'enthousiasme, de virilité
et de grandeur, temps d'immortelle mémoire
vers lequel se tourneront avec admiration et
avec respect les regards des hommes quand
ceux qui l'ont vu et nous-mêmes auront dis-
paru depuis longtemps. » Mais à la fusion de
ces deux principes de liberté et d'égalité suc-
cède bientôt leur divorce. Tandis que l'esprit
de liberté se décourage et s'allanguit au milieu
de l'anarchie et de la dictature populaire, la
centralisation est ressaisie dans ses ruines et
restaurée : les habitudes, les mœurs, les idées
qu'elle a fait naître de longue date concourent
S faciliter sa résurrection et à, rendre plus
difficile la pratique des institutions libres.
_ Un des chapitres les plus intéressants de
l'ouvrage est celui où l'auteur montre com-
ment l'absence do liberté politique jointe à
une grande liberté littéraire et philosophique
livra aux écrivains français, vers le milieu du
xvnic siècle, le gouvernement des esprits.
Dégoûtés des choses anciennes et de la tradi-
tion par les institutions irrégulières et bizarres
qu'ils avaient sous les yeux, et en même temps
éloignés de la pratique des affaires qui donne
l'expérience des ditficultés , des obstacles et
des périls , les hommes de lettres , devenus
pour la première fois une puissance , furent
naturellement conduits à mépriser les faits, à
goûter les théories abstraites et générales, à
se confier aveuglément à la logique absolue.
C'est surtout a cette circonstance, si nouvelle
dans l'histoire, de toute l'éducation politique
d'un grand peuple entièrement faite par des
gens de lettres, qu'on ddit attribuer, selon
Alexis de Tocqueville, le radicalisme de la
révolution française.
L'Ancien régime nous offre les mêmes qua-
lités de style que la Démocratie en Amérique:
un choix toujours heureux de cette expression
Juste et unique dont parle La Bruyère, et
qu'aucune autre ne remplace , une simplicité
mâle qui dédaigne toute coquetterie littéraire,
et qui subordonne toujours le mot à la pensée ;
un grand art de condenser les faits et d'élever
sur cette base des idées générales fortement
liées entre elles. En plus d'uue page on ren-
contre de ces expressions, de ces phrases qui
arrêtent l'esprit et s'y gravent : — « L'histoire
esj, une galerie de tableaux où il y a peu d'o-
riginaux et beaucoup de copies. » — « Toutes
les fois qu'on a voulu abattre le pouvoir ab-
solu , on s'est borné à placer la tête de la
liberté sur un corps servile. « — « Une nation
fatiguée de longs débats consent volontiers
qu'on la dupe, pourvu qu'on la repose, et l'his-
toire nous apprend qu il suffit alors pour la
contenter do ramasser dans tout le pays un
certain nombre d'hommes obscurs et dépen-
dants, et do leur faire jouer devant elle le
rôle d une assemblée politique moyennant sa-
laire, o — a Le goût que Von. montre pour le
gouvernement absolu est dans le rapport exact
du mépris que Ton professe pour son propre
L'ouvrage se termine par ce beau portrait
de la nation française : » Quand je considère
cette nation en elle-même, je la trouve plus
ex traordinaire qu'aucun des événements de son
histoire. En a-t-il jamais paru sur la terre une
s-mle qui fût si remplie de contrastes et si ex-
trême dans chacun de ses actes, plus conduite
par des sensations, moins par des principes ;
faisant ainsi toujours plus mal ou mieux qu'on
ne s'y attendait, tantôt au-dessous du niveau
commun do l'humanité, tantôt fort au-dessus ;
un peuple tellement inaltérable dans ses prin-
cipaux instincts qu'on le reconnaît encore dans
des portraits qui ont été faits de lui il y a deux
ou trois mille ans, et en même temps tellement
mobiledans ses pensées journalières et dans
ses goûts qu'il finit par se devenir un spectacle
inattendu à lui-même, et demeure souvent
aussi surpris que les étrangers à la vue de ce
qu'il vient de faire ; le plus casanier et le plus
routinier de tous quand on l'abandonne à lui-
même, et lorsqu'une fois on l'a arraché malgré
lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser
jusqu'au bout du inonde et à tout oser; indo-
cile par tempérament, et s'accommodant mieux
toutefois de l'empire arbitraire et même vio-
lent d'un prince que du gouvernement régulier
et libre des principaux citoyens; aujourd'hui
l'ennemi déclaré de toute obéissance ; demain
mettant a servir une sorte de passion que les
nations les mieux douées pour la servitude ne
peuvent atteindre ; conduit par un fil tant que
personne ne résiste , ingouvernable dès que
ANC
l'exemple de la résistance est donné quelque
part ; trompant toujours ainsi ses maîtres qui
le craignent ou trop ou trop peu ; jamais si
libre qu'il faille désespérer de f asservir, ni si
asservi qu'il ne puisse encore briser le joug;
apte à, tout, mais n'excellant que dans la guerre ;
adorateur du hasard, de la force, du succès,
de l'éclat et du bruit plus que de la vraie
floire; plus capable d'héroïsme que de vertu,
e génie que de bon sens,propre à concevoir
d'immenses desseins plutôt qu'à parachever
de grandes entreprises ; la plus brillante et la
plus dangereuse des nations de l'Europe, et la
mieux 'faite pour y devenir tour à tour un.
objet d'admiration, de haine, de pitié, de ter-
reur, mais jamais d'indifférence? »
Anciens partis (les), titre d'une brochure
publiée par M. Prévost-Paradol en juin 1860.
Ce titre suffit à faire comprendre 1 esprit du
livre, qui fut poursuivi comme excitant à la
haine et au mépris du gouvernement. L'auteur
fut condamné à quelques mois de prison, l'édi-
tion saisie, et l'on comprend pourquoi le Grand
Dictionnaire se contente d'une simple mention :
Initium sapientiœ timor Ûomini.
Anciens et de» moderne* (QuERELLB des).
Beaux-arts. La plupart des écrivains qui se sont
occupés de cette querelle fameuse, soit pour y
jouer un rôle militant, soit pour en raconter
l'histoire, ont à peine effleuré les importantes
questions d'art qui s'y rattachent. Et cepen-
dant, l'un des plus ardents promoteurs de la
lutte, Charles Perrault, a consacré plus de la
moitié de son premier volume à démontrer que
dans les arts comme dans toutes les autres
branches des connaissances humaines, les mo-
dernes ont été fort supérieurs aux anciens.
Cette partie du livre aurait-elle donc paru,
dès l'origine, suffisamment convaincante pour
que l'on ait cru mutile de la renforcer par de
nouveaux arguments, et l'a-t-on trouvée tel-
lement irréfutable que les partisans de l'anti-
quité n'aient osé lui opposer quelques objec-
tions? La vérité est que Charles Perrault,
contrôleur des bâtiments de Colbert et frère
de l'illustre Claude Perrault qui venait de
construire la colonnade du Louvre, avait sur
la pratique des arts des connaissances que ne
possédaient ni Boileau, ni Racine, ni Huet, ni
Mme Dacier, ni les autres écrivains du xviie
siècle qui prirent la défense des anciens. Per-
sonne n'osa contredire les assertions d'un
homme dont on redoutait la compétence ; la
Querelle se limita presque exclusivement au
omaine de la littérature. Ce ne fut que plus
tard que l'art antique trouva, comme nous le
verrons, de zélés apologistes qui triomphèrent
eux-mêmes sans combat, Emanantd'unhomme
du métier, les opinions de Charles Perrault
n'eurent que trop d'influence sur les tendances
de l'art français, a la fin du xvne siècle - à ce
point de vue, elles sont curieuses à analyser.
Le dialogue où elles sont exposées débute par
la critique des monuments de l'architecture
antique ; on y lit l'étrange paradoxe suivant :
« Je suis certain que le3 anciens n'ont jamais
pensé à la moitié des finesses qu'on leur attri-
ouvrages; ce n'a été pour l'ordinaire que la
fantaisie ou la négligence de l'architecte qui
ont causé des changements dans les propor-
tions. Cependant, ceux qui sont venus long-
temps depuis, ont trouvé du mystère à ces
changements; ils en ont marqué soigneuse-
ment toutes les différences, et les ont fait ap-
prendre par cœur à leurs disciples. Il ne faut
doue point que l'invention des ornements d'ar-
chitecture tourne à si grand honneur aux an-
ciens, puisque ces ornements se sont comme
introduits d'eux-mêmes et insensiblement ; que
si quelques-uns sont beaux, d'autres l'auraient
été également, s'ils avaient eu le bonheur d'être
choisis et employés dans des ouvrages magni-
fiques et si le temps les avait consacrés. » 11
est impossible de méconnaître d'une façon plus
flagrante le goût qui a inspiré les créations
architecturales de l'antiquité, le sentiment du
beau qui a suggéré ces améliorations succes-
sives réalisées par les Grecs dans l'art de bâtir
et adoptées depuis par tous les peuples mo-
dernes. Perrault récuse ainsi les causes tout
intellectuelles qui peuvent porter l'art à sa
Eerfection ; il ne croit qu'au métier. A ses yeux,
i Parthénon est une œuvre répréhensible parce
3ue a dan3 le portique, il n'y a peut-être pas
eux colonnes d'une même grosseur, » parce
que o les bandeaux de la1 voûte ne tombent
point à plomb sur les colonnes du grand ordre,
ni sur les pilastres de l'attique, » parce que
« cet attique a un soubassement et un cou-
ronnement d'une grandeur exorbitante, etc. »
L'inflexible critiqua n'a pas vu ou n'a pas
voulu voir ce que l'ensemble de l'édifice a
d'imposant, de majestueux, ce que les détails
ont de noble et d'élégant dans leur simplicité.
De ce que les modernes ont fait subir des mo-
difications plus ou inoins heureuses au style
qu'ils ont emprunté aux anciens, il en conclut
naïvement à la supériorité des imitateurs sur
leurs modèles. Au Parthénon il oppose tout
naturellement la colonnade du Louvre, ce chef-
d'œuvre de son frère Claude, dont il admire à
bon droit la belle ordonnance, mais que son
jugement prévenu considère à tort comme le
nec plus ultra de l'art monumental. Pour lui,
du reste, il n'y a de vraiment remarquable
que les édifices construits sous le règne de
Louis XIV ; il est indigné de ce que l'on ose
. comparer la fontaine des Innocents à la porte
Saint-Denis, et il ne témoigne aucun goût pour
ANC
le Laocoon, la Diane, V Apollon, le Gladiateur,
l'Hercule; il en admire volontiers le nu, mais
il a hâte de faire remarquer que le plus sou-
vent < les draperies sont mauvaises, les plis
disposés en lignes parallèles, comme si on les
avait faits avec un peigne ou avec un râteau. •
Puis il ajoute ces paroles devenues célèbres :
« Je suis très-bien persuadé que si jamais deux
mille ans passent sur le groupe d'Apollon, qui
a été fait pour la grotte du palais où nous
sommes (Versailles), et sur quelques autres
ouvrages de la même force, ils seront regardés
avec la même vénération et peut-être plus
grande (que celle dont les antiques sont 1 ob-
jet). • A l'appui de cette thèse singulière , il
rapporte que Michel-Ange, irrité du dédain
avec lequel les amateurs de l'antique traitaient
ses ouvrages, s'avisa un jour de casser le bras
à l'une de ses statues, et de donner au reste de
la figure, au moyen de certaines teintures
rousses qu'il savait faire, la couleur vénérable
des statues antiques ; puis il alla lui-même en-
fouir cet ouvrage ainsi mutilé dans un endroit
où l'on devait bientôt jeter les fondements d'un
édifice. « Le temps venu, et les ouvriers ayant
trouvé cette figure en fouillant la terre, il —
ANC
32Ô
disaient les uns. — Elle est de Polyclète,
saientles autres. — Qu'on est éloigné, disaient-
ils tous, de faire rien qui en approche. » Michel-
Ange survient, dit qu'il a chez lui un bras qui
peut-être pourra remplacer celui qui manque.
On se moque. L'artiste va chercher le membre
en question et confond ses détracteurs.- Cette
anecdote qui, suivant la remarque de l'un des
personnages du dialogue de Perrault «.-semble
taite exprès, » ne prouve absolument rien,
d'ailleurs, sinon que le plus grand statuaire des
temps modernes était parvenu a imiter avec
succès les productions du génie antique. Per-
rault ne s'aperçoit pas que ses critiques mêmes
tournent contre sa propre théorie ; mais, dans
son aveuglement, ne va-t-il pas jusqu'à pré-
tendre que Colbert, en consacrant des sommes
considérables à faire mouler les bas-reliefs de
la colonne Trajane, n'agit de la sorte que pour
en imposer aux Italiens sur la puissance et les
richesses de Louis XIV?...
Il semblerait que sur le terrain de la pein-
ture il dût être plus facile de combattre les
anciens. On ne saurait, en effet, concevoir une
bien haute idée de leur mérite en ce genre,
d'après les quelques ouvrages qui nous sont
parvenus. Mais si Ton réfléchit que ces
d'aucune espèce de célébrité, on reconnaîtra
qu'il y aurait injustice à trancher un débat
entre deux parties dont l'une se trouve ré-
duite à l'impossibilité de fournir les pièces
nécessaires à la défense. Perrault paraît avoir
eu assez de bonne foi pour le comprendre,
car, tout en comparant les tableaux anciens
■ à un amas de pierres ou d'autres choses
jetées ensemble au hasard, et qui pourraient
ranger autrement qu'elles ne sont, sans
qu'on s?en aperçût, » il s'attache à prouver,
par les témoignages mêmes des écrivains de
l'antiquité, que les peintres de .cette époque
sont inférieurs aux modernes. Selon lui, les
éloges que l'on a donnés à ZeuxisJ à Parrha-
sius, à Apelle, h Protogène, ont trait à des
difficultés de pratique dont viendrait à bout
aujourd'hui un écolier de quinze jours. La
pratique, le métier I Perrault persiste à ne voir
que cela dans l'art. Il nous accorde que , d ans les
Noces aldobrandines (V. Aldobrandines), les
figures sont bien dessinées, les attitudes sages
et naturelles, les airs de tète nobles et pleins
de dignité : mais il ajoute aussitôt ■ qu'il y a
très-peu d entente dans le mélange des cou-
leurs, et point du tout dans la perspective, ni
dans l'ordonnance. » C'est en partant de ce
point de vue de la préexcetlence du métier
qu'il en est venu jusqu'à oser dire : « Je sou-
tiens que la peinture en elle-même est aujour-
d'hui plus accomplie que dans le siècle même
de Raphaël, parce que du côté du clair-obscur,
de la dégradation des lumières et des diverses
bienséances de la composition, on est plus
instruit et plus délicat qu on ne l'a jamais été. »
Et pour justifier son opinion, il établit entre
les Pèlerins d'Emmaus de Paul Véronèse, et
la Famille de Darius de Le Brun, une compa-
raison qu'il fait tourner tout à l'avantage de
ce dernier tableau.
Ainsi, en tout ce qui touche aux arts, Per-
rault se constitue non-seulement le détrac-
teur des anciens, mais il semble s'être préoc-
cupé avant tout de démontrer la supériorité
de ses contemporains sur les maîtres les plus
admirés des temps modernes. Son livre est la
glorification du siècle de Louis XIV : il ne
pouvait qu'être accueilli avec faveur par les
artistes dont il faisait l' éloge, par ceux mêmes
qui devaient en grande partie leur talent à
1 imitation des chefs-d'œuvre de l'antiquité.
(V. Antique.) La jeune école, celle qui allaitoc-
cuper le xviir» siècle, se montra d'autant plus
ardente à adopter les idées nouvelles, qu elle
y trouvait un prétexte pour se dispenser des
études sérieuses et s'abandonner à sa propre
fantaisie. Un profond dédain succéda à la vé-
nération que Poussin, Claude Lorrain, Mignard
et Le Brun lui-même avaient témoignée pour
l'antique, En vain, le savant abbé Sallier, dans
un Mémoire sur la perspective lu à l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, en 1736,
essaya-t-il de démontrer que les anciens joi-
gnaient au sentiment de la beauté les connais-
sances pratiques qui leur avaient été déniées
par -Perrault; toute sou érudition ne put
triompher des préventions de l'école. Le sculp-
teur Bouchardon ne craignit pas de dire que
l'Apollon du Belvédère ressemblait à un navet
ratissé, plaisanterie monstrueuse qui obtint un
grand succès. Dandré-Bardon, disciple deVan-
Loo, écrivit de son côté, dans son Traité de
peinture, que « pour contre-poison des prati-
ques vicieuses que peut faire contracter 1 étude
de l'antique,» u fallait associer à la. noblesse
des formes grecques et romaines « ces délica-
tesses moelleuses, ces dégagements animés
qui sont du goût français. » 1" '■■'
Au moment même où le goût descendait si
bas en France, la passion de l'antiquité se ré-
veillait en Italie plus Vive que jamais. Deux
étrangers, deux Allemands, Wihckelmann et
Raphaël Mengs, se placèrent à la tête de cette
réaction qui opéra comme une seconde Renais-
sance. Le premier retraça, avec une érudition
Frofonde et un sentiment très-juste du beau,
Histoire de l'art chez lés anciens, et publia
d'autres ouvrages remplis d'excellentes leçons :
« Voulez-vous être initié dans les mystères de
l'art? écrivait-il; approchez- vous d'un esprit
prévenu en faveur de Vantique; persuadé que
vous serez d'y trouver du beau, vous le cher-
cherez, et à force de le chercher, il se dévoi-
lera à vos yeuxl Retournez, jusqu'à ce 'que
vous l'ayez trouvé, car il existe.» Raphaël
Mengs, qui a joui comme peintre d'une répu-
tation exagérée, ne se borna pas à se modeler,
dans ses ouvrages , sur les productions dés
anciens, il consigna, dans des Pensées et^es
Réflexions sur les màitr'es, dès préceptes' en-
tièrement conformes à ceux de son ami Winc-
kelmann. «Le mépris que Ton apporté ' ijiix
uiptu--
aujourd'hui... Le goût des a: ^
de la beauté et de la perfection. » D'autres sa-
vants contribuèrent à accréditer les nouvelles
doctrines, Lessirig par son étude sur le Lao-
coon, Milizia par son Histoire des architectes
anciens et modernes, le chevalier Hamilton par
la publication de son magnifique Recueil de
vases étrusques, le comte fie Caylus par celle
dé son Recueil d' antiquités'. Ces travaux firent
sentir la nécessité d'une régénération de' l'art
par l'imitation de l'antique. Reynolds, qui visita
l'Italie à cette époque, écrivait : « C'est par les
débris des ouvrages de l'antiquité que les arts
reprirent naissance chez les modernes, et c'est
par ce moyen qu'il faut chercher à les faire
revivre une seconde fois parmi nous. » ' ' ,;
Ces sages idées ne tardèrent pas à se faire
jour en France, et y trouvèrent de zélés par-
tisans, sinon immédiatement parmi les peintres
et les sculpteurs, du moins parmi les gens do
lettres ; • Les artistes modernes, disait Diderot,
se sont révoltés contre l'étude ,de l'antique,
parce qu'elle leur a été prêchée par des ama-
teurs ; et les littérateurs modernes ont été lès
défenseurs de l'étude de Y antique, parce qu'elle
a été attaquée par des philosophes... > Et le
célèbre écrivain ajoutait : « II me semble qu'il
faudrait étudier l'antique pour apprendre à
voir la nature. » Il était réservé à David de
mettre en pratique ces théories et d'écrire avec
son pinceau la réfutation la plus solide qui ait
jamais, été faite du livre de Perrault. Mais
une réaction devait en amener, une. autre :
l'exagération "où finirent par tomber les doc-
trines de l'école davidienne suscita la révolte
de la fantaisie ; la querelle des classiques et.des
romantiques, qui en fut la conséquence, con-
tinua, sous d'autres noms, la querelle des an-
ciens et des modernes;: mais il y eut cette
différence très-importante, que le mérite des
chefs-d'œuvre de l'antiquité ne fut pas mis
en doute, comme au temps de Perrault ; l'imi-
tation de ces ouvrages trouva seule des adver-
saires. V. Classiques et Romantiques, ,. 4.
ANCIENNEMENT adv. ( an-si-è-ne-man —
rad. ancien). Autrefois, dans les siècles passés :
Loi anciennement établie. Anciennement on
se battait avec des flèches. On ne prêchait an-
ciennement que le matin à la messe , après
l'Evangile. (Fén.) .
— Syn. Àncleuiieweii* , autrefois ,. jadis.
Anciennement sert à rappeler ce qui se .faisait
dans l'antiquité, ou au moins dans des siècles
déjà, éloignés de nous : L'agriculture était m
honneur anciennement à Morne et dans tout le
Latium. (Roll.) Autrefois s'emploie quand on
veut marquer un contraste entre le passé et
le présent : On dit que l'éducation de la jeu-
nesse est beaucoup meilleure qu'elle n'était au-
trefois. (J--J. Rouss.) Jadis est un terme qui
semble exprimer un regret du temps passé :
Est-ce là cette Eglise jadis si florissante et si
belle? (BouTd.)
— Antonymes. Actuellement, aujourd'hui
ou de nos jours, dernièrement ou naguère,
fraîchement, nouvellement, récemment.
ANCIENNETÉ s. f. (an-si-è-ne-té — rad.
ancien ). Qualité, état de ce qui est ancien :
L' ancienneté d'un édifice. U ancienneté d'une
loi. /.'ancienneté d'une coutume, il Chose an-
' appartient à l'antiquité : Mon fils
tique, qui
vous répm
dites du poème épique; je crains qu'il ne soit
de votre avis , par le mépris que je lui ai vu
pour Enée; cependant, tous les grands esprits
sont dans te goût de ces anciennetés. (M"" dû
Sév.) fi Antiquité d'origine, en parlant d'une
330
ANC
famille, d'une maison illustre : V ancienneté
des maisons est une marque de leur noblesse.
(Bouhours.) Il Priorité de réception dans une
compagnie, dans un corps, longue durée de
service : Droit <f 'ancienneté. Ordre d'ANCiEN-
NETB. Dans l'état militaire, la perte d' ancien-
neté de grade est infligée comme punition. Ils
marchaient par rang d'ANCiBNNETÉ. ( Acad.)
Quand les grades ne sont que la suite de /'an-
cienneté, l'émulation périt. (La Rochef.) Au
lieu de Kléber, au lieu de Desaix, c'est Menou
gui était devenu général en chef par droit
3'ancienneté. (Thiers.)
— De toute ancienneté, loc. adv. Depuis les
temps les plus reculés.
— Antonymes. Actualité, nouveauté.
Ancienneté de l'homme prouvée par la géo-
lotie (l'), par sir Ch. LyeU. V. Homme.
AN «ÈRE OU AUSSIÈRE, et mieux HAUS-
SIÈRE. Mar. Nom donné à un cordage.
V. Hadssièrb.
ANCILE s. m. (an-si-le — du lat. ancile).
Antiq. Nom d'un bouclier que le roi Numa
prétendait être tombé du ciel, pendant qu'il
offrait un sacrifice. Il persuada aux Romains
que le salut de Rome était attaché à la con-
servation de ce bouclier, et pour en rendre la
soustraction plus difficile, il en fit fabriquer
onze autres exactement semblables, et en
confia là"garde à douze prêtres saliens.
ANCILIE s. f. (an-si-lî— du lat. ancile,
bouclier). Moll. Nom d'une espèce de mollus-
que réunie aujourd'hui au genre calyptrée.
ANCILLADES adj. (an-si-lla-de; Il mil.).
Chim. Se dit des procédés employés pour pré-
parer des substances à l'analyse.
ancillaire adj. ( an-sill-lè-re — du lat.
ancilla, servante). Néol. Qui appartient, qui a
rapport aux servantes : Ménage reproche à La
Fontaine ses amours ancillaires. (Ste-Beuve.)
— Chim. Opérations ancillaires, Opérations
Eûtes avant ou pendant la leçon par les pré-
parateurs.
— s. m. Moll. Genre de mollusques gasté-
ropodes, à coquille univalve et allongée, voisin
des olives et des porcelaines. Cuvier en fait
un sous-genre du genre buccin, famille des
buccinoïdes, ordre des pectinibranches : les
coquilles cCancillaires sont rares et recker- '
chées des amateurs, u On les nomme aussi
ANAETLÀCES.
ancillariole s. m. (an-sil-la-ri-o-Ie —
du lat. ancilla, servante). Amoureux des ser-
vantes, celui qui leur fait la cour.
ancille s. f. (an-si-le — lat. ancilla,
même, sens). Servante. Vieux mot.
ANCILLON (David), publiciste français, né
à Metz en 1617, mort à Berlin en 1692. Fils
d'un jurisconsulte calviniste, il fit néanmoins
ses études au collège des jésuites, qui firent
de vains efforts pour l'amener à changer de
religion. Après la révocation de l'édit de Nan-
. tes, Ancillon se retira à Berlin, où il remplit les
fonctions de pasteur jusque, sa mort. Il est
auteur de plusieurs écrits dé controverse.
ANCILLON (Joseph), frère du précédent, né
& Metz en 1626, embrassa la profession d'a-
vocat, et suivit les membres de sa famille à
l'étranger, après la révocation de l'édit de
Nantes. Il devint conseiller de l'électeur de
Brandebourg. Ses ouvrages sur le droit ne
sont guère connus aujourd'hui que par leur
titre. Le Duchat l'appelle « un homme de
belles-lettres, bon théologien et le meilleur ju-
risconsulte de sa province. »
en 1659, mort en 1715 à Berlin, où il professa,
l'histoire & l'Académie militaire. On a de lui
divers écrits contre la mesure delà révocation
de l'édit de Nantes, des Mélanges critiques de
littérature (16^6), ou l'on trouve des remarques
curieuses, et une histoire de V Etablissement
' des Français réfugiés dans les Etats de Bran-
debourg (1690).
ANCILLON (Louis- Frédéric), petiUfils de
Charles, pasteur protestant, mort à Berlin en
1814, a laissé des oraisons funèbres, entre
autres celles de Frédéric II, de la princesse
Amélie de Brunswick-Wolfenbuttel, etc. Son
éloge de Saumaise a été couronné par l'Aca-
démie de Dijon.
ANCILLON { Jean-Pierre-Frédéric), histo-
rien, fils du précédent, né a Berlin en 1766,
mort en 1837. Destiné par son père à l'état
ecclésiastique, il se livra presque exclusive-
ment à l'étude de l'histoire, et fut nommé minis-
tre de l'Eglise française réformée de Berlin et
professeur d'histoire à l'Académie militaire. En
1803, il publia son Tableau des révolutions du
système politique de l'Europe, ouvrage qui lui
assura une place parmi les meilleurs historiens
de l'époque, et lui ouvrit les portes de l'Aca-
démie de Berlin. Chargé de l'éducation du
prince royal en 1806, il commença dès lors à
se faire connaître comme homme politique, ac-
compagna son élève en France, en 18U, fut
nommé à son retour premier conseiller des
affaires étrangères, et devint, en 1831, secré-
taire d'Etat des affaires étrangères. Outre dif-
férents ouvrages d'histoire et de politique,
Ancillon a traité avec une grande supériorité
de talent les plus hautes questions de morale
et de philosophie. On estime surtout ses Essais
de philosophe, de politique et de littérature,
«38. i ' (
ANC
ANCINE s. m. (an-si-ne). Crus! Genre de
crustacés isopodes, renfermant une seule es-
pèce, trouvée dans l'Amérique du Nord.
ANCINNES, village de France, départ, de la
Sarthe, arrond, et S 17 kil. N.-O. de Mamers,
canton de Saint>Pater. Aux environs , butte
structio
Mauny,
ANCIPITE, ËE adj. (an-si-pi-té — du lat.
anceps, ancipitis, à deux tranchants). Bot. Se
dit de tout support comprimé, qui présente
deux bords tranchants : Pétioles, tiges, ham-
pes, pédoncules ancipités. .
ancistre s. m. (an-si-stre— du gr. agkis-
tron} crochet). Bot. Genre de plantes de la
famille des rosacées, voisin des acènes, ren-
fermant environ quinze espèces , qui vivent
dans l'hémisphère austral, surtout en Amé-
rique. I
ANCISTROCARPE s. m. (an-si-stro-kar-pe—
du gr. agkistron, crochet ; karpos, fruit). Bot.
Genre de plantes dont les fruits sont recou-
verts de piquants crochus.
ANCISTROCÈRE s. m. (an-si-stro-sè-re —
du gr. agkistron, crochet; keras , corne),
Entom. Genre d'insectes hyménoptères, voi-
sin des guêpes, et dont l'espèce type est com-
mune en France.
ANCISTRODÈRE s. m. (an-si-stro-dè-re —
du gr. agkistron , crochet ; derê, cou). En-
tom. Genre d'insectes coléoptères tétramères,
de. la famille des longicornes, renfermant une
seule espèce, trouvée au Mexique.
ANCISTROÏDE adj. (an-si-stro-i-de — du
gr. agkistron, crochet; eidos, forme). Hist. nat.
Qui ressemble à un crochet, à un hameçon.
ANCISTROLOBE s. m. (an-si-stro-lo-be —
du gr. agkistron , crochet ; lobos , cosse).
Bot. Genre de plantes de la famille des hype-
ricinées, renfermant deux ou trois espèces,
qui vivent dans l'Asie équatoriale.
ANCISTROPODE adj. (an-si-stro-po-de —
du gr. agkistron, crochet ;pous, podos, pied).
Zool. Qui a les pieds en forme de crochet ; qui
a les ongles longs et crochus : Oiseaux an-
CISTROPODES.
ANCISTROSOME s. m. (an-si-stro-so-me—
du gr. agkistron, crochet; sâma, corps). En-
tom. Genre de coléoptères pentamères , voi-
sin des hannetons , et renfermant une seule
espèce, trouvée au Pérou.
ANCISTROSTIGme s. f. (an-si-stro-stig-
me — du gr. agkistron, crochet ; stigma, stig-
mate). Bot. Genre de plantes de la famille
desportulacées, renfermant une seule espèce,
qui croît en Australie.
ANCISTrote s. m. (an-si-stro-te — du
gr. agkistrotos, garni de crochets). Entom.
Genre de coléoptères tétramères longicornes,
dont l'espèce type habite le Brésil.
ANCKARSTROEM ( Jean-Jacques ) , gentil-
homme suédois, né vers 1760, assassin de Gus-
tave III, roi de Suède. Il quitta le service mili-
taire à l'âge de vingt-quatre ans, avec le grade
de capitaine. Passionné pour les privilèges de la
noblesse , il ne dissimulait point son aversion
pour le roi , qui , par les coups d'Etat de 1772
et 1789, avait ruiné le pouvoir du sénat et des
grands. Un emprisonnement qu'il avait subi,
un procès qu'il avait perdu et dans lequel l'au-
torité royale était intervenue, envenimèrent
encore ses haines politiques. U entra dans un
complot, fut désigné par le sort pour frapper,
et enfin, dans la nuit du 16 mars 1792, au mi-
lieu d'un bal masqué, le comte de Horn s'étant
approché du prince en lui disant : • Bonsoir,
beau masque » , ce qui était le signal con-
venu entre les conjurés, Anckarstroem dé-
chargea sur Gustave III un coup de pistolet
oui le blessa mortellement. U se perdit ensuite
dans la foule , parvint à s'échapper, et peut-
être n'aurait-il pas été soupçonné , si un ar-
murier n'eût reconnu le pistolet , et désigné
l'acheteur. Arrêté le surlendemain, il fut jugé,
~;~ à la torture, condamné à être battu J
complices , et subit son supplice
avec le plus grand courage. Son cadavre, ex-
posé en public, suivant la coutume suédoise,
fut retrouvé plusieurs matinées de suite cou-
ronné de laurier. Deux des principaux conju-
rés, les comtes de Horn et de Ribbing, d'abord
condamnés à mort, virent commuer leur peine
en celle du bannissement.
ANCKARSWŒRD (Charles-Henri, comte d'),
homme politique suédois , né en 1782 à Svéa-
borg, fit en 1808 la guerre de Norwége. L'an-
née suivante, il concourut a la révolution qui
mit fin au règne de la maison de "Wasa. De-
venu colonel , il fit partie , en 1813, de l'état-
major de Bernadotte. Il regarda comme im-
pohtique et peu généreuse l'hostilité que
le nouveau roi manifestait contre la France
comme membre de la coalition. Ses remon-
trances déplurent, et il eut ordre de se retirer
dans ses foyers. Élu membre de la Diète en
1817, le comte d'Anckarswoerd se rangea du
côté de l'opposition , qui le prit pour chef et
dont il fut le principal orateur. Mais, trop im-
patient dans son ambition désintéressée, et dés-
espérant d'en atteindre le but final, la liberté,
il donna sa démission , et se retira de la scène
politique. Accusé de faiblesse , il répondit par
une profession de foi : Principes politiques
(1833). Elu de nouveau en 1839, il redevint
ANC
l'adversaire opiniâtre des prérogatives de la
couronne , et u ne renonça aux luttes politi-
ques qu'après avoir épuisé au service des idées
libérales sa santé et l'énergie de son esprit.
ANCLABRE s. m. (an-kla-bre — lat. ancla-
bris, même sens). Antiq. Petite table sur la-
quelle on déposait les menus objets qui ser-
vaient aux sacrifices : Ensuite elle dut poser
dessus les deux tourterelles frappées du cou-
teau sécespite, et plumées sur ('akclabre, le
sang étant mis à part dans un vaisseau sacré.
(Ger. de Nerv.) i] La crédence des églises ca-
tholiques paraît correspondre à l'enclabre des
anciens.
ANCLAM, ville de Prusse (Poméranie), chef-
lieu du cercle de ce nom, à 86 kil. N.-O. de
Stettin. Port sur la Baltique , dans le golfe
dit : Frische-Haff; 9,500 hab. Commerce im-
portant, fabriques de drap, de toile, de savon,
préparation de tabac , tanneries , ateliers de
construction de navires.
ANCLON s. m. (an-klon). Relat. Jeu des
Japonais, dans lequel deux personnes se por-
tent des coups de baguette en cadence , jus-
qu'à ce que l'une des deux s'avoue vaincue.
ANCŒUR s. m. (an-keur). Art vét. Enflure
que les bêtes à cornes éprouvent quelquefois
au fanon, il On la nomme aussi avant-cœur
OU MAI. DE FANON.
ANCOLIE s. f. (an-ko-lî — lat. aquilegia,
même sens). Bot. Genre de plantes de la
famille des renonculacées , dont certaines
espèces sont cultivées dans les parterres, à
cause de la beauté de leurs fleurs : Le long
canal des vieux aqueducs laisse échapper quel-
ques globutes de son onde à travers les mousses,
les ancolies, les giroflées, et joint les mon-
tagnes aux murailles de la ville. (Chateaub.)
— Les poëtes prennent souvent l'ancolie
comme symbole de la tristesse :
Les poètes nouveaux, dans nos jours pâlissants,
Chantent l'amour de l'âme et la mélancolie,
Baissant leur front rêveur couronné i'ancolie,
Et marchant pas à pas sous les bois jaunissants.
, Boulat-Patï.
— Blas. Fleur imaginaire que l'on repré-
sente ordinairement la tête penchée à dextre.
Famille de Versoris : d'argent, à la fasce de
gueules accompagnée de trois fleurs d'ancolie
— Encycl. Un calice à cinq sépales péta-
loïdes, une corolle à cinq pétales bilabiés et
prolongés par leur extrémité inférieure en
autant d'éperons; un grand nombre d'éta-
mines : cinq pistils qui deviennent autant de
follicules : tels sont les caractères qui font
reconnaître les ancolies dans la famille des
renonculacées, à laquelle elles appartiennent.
Sur l'origine du mot latin aquilegia, qui nous
a donné ancolie, il y a dispute au camp des
étymologistes. Suivant les uns, ce mot veut
dit urne (aquilegium, réservoir d'eau, de aqua
et de légère), et rappelle la forme des pétales ;
les autres le font venir de la ressemblance
que présentent les éperons avec le bee et les
serres d'un aigle (aquila, aigle).
Quoi qu'il en soit, on connaît treize espèces
d'ancolies, dont sept vivent en Sibérie, quatre
en Europe et une dans l'Amérique septentrio-
nale. Toutes sont herbacées et vivaces. Les
espèces cultivées dans nos jardins sont : l'an-
colie vulgaire, l'ancolie des Alpes, l'ancolie de
Sibérie et l'ancolie du Canada.
L'ancolie vulgaire, qu'on appelle aussi ai-
glantine, colombine et gants de Notre-Dame
(les cinq éperons de la corolle simulent en
quelque sorte les doigts d'un gant), fait l'or-
nement de nos jardins par la beauté de ses
fleurs bleues, rouges, violettes ou blanches,
selon les variétés, par son feuillage bien dé-
coupé, d'un vert d'abord tendre, puis foncé.
Ses variétés doubles sont intéressantes en ce
que la métamorphose, qui faifcdoubler la fleur,
porte dans les unes sur le filet de l'étamine,
dans les autres sur l'anthère. L'ancolie vul-
gaire aime l'ombrage, mais craint la grande
humidité. On a longtemps attribué à ses diffé-
rentes parties des propriétés apéritives, diu-
rétiques et antiscorbutiques ; la médecine mo-
derne n'en fait aucun usage.
L'ancolie des Alpes s'élève moins haut que
la précédente, mais elle s'étale davantage ; ses
fleurs sont toujours d'un bleu d'azur,
L'ancolie de Sibérie présente des tiges d'un
pied, presque nues, des fleurs solitaires à fond
du plus beau bleu, et bordées d'un anneau
L'ancolie du Canada a des fleurs d'un beau
rouge safran, qui se balancent avec grâce sur
leurs pédoncules légèrement inclinés.
ANCOMARCA, portion des Andes située dans
la république de l'Equateur, et qui a une alti-
tude de 4,792 m. Station d'un poste militaire,
ANC OH s. m. (an-kon — du gr. agkôn ,
coude). Se dit de certaines choses qui sont en
forme de coude, d'encoignure.
— Anat. Courbure du bras en dehors , ou
pointe du coude sur laquelle on s'appuie.
— Archit. Pièce d'architecture qui soutient
une corniche.
— Mécan. Bras d'une catapulte
— Econ. rur. Race de moutons introduite
depuis peu en Angleterre, où elle est fort es-
timée.
ANC
ANCONAGRE s. f. (an-ko-na-gre — du gr.
agkôn, coude; agra, prise). Pathol. Douleur à
l'articulation du coudo. ~
ANCON-DE-SARDINAS, petit golfe sur le
Pacifique, dans la république de l'Equateur,
situé à. l'embouchure des rivières Mira et San-
tiago. Ce golfe étant très-ouvert est exposé à
des courants nombreux et présente, en outre,
des récifs et des bas-fonds très-dangereux.
> ANCÔNE, ville et port de mer du royaume
d'Italie, sur l'Adriatique, ancien ch.-lieu de la
province pontificale du même nom , à 190 kil.
N.-N.-E. de Rome: par 43<> 37' lat. N., no io'
long. E. D'après le- dernier recensement, la
pop. s'élève à 35,271 hab., dont 5.000 juifs, qui
habitent un quartier séparé, le Ghetto. Ancône
estbâti en amphithéâtre sur le penchant d'une
colline qui s'avance dans la mer entre les deux
promontoires de Monte - Ciriaco et Monte-
Guasco ; son port, de forme circulaire, un des
plus beaux et des plus fréquentés de l'Italie ,
est protégé par deux môles. Trajan, en faisant
agrandir le port, ordonna la construction d'un
de ces môles, et ce fut pour témoigner leur re-
connaissance à cet empereur que les habitants
érigèrent, en 112, l'arc de triomphe que l'on
admire sur la jetée du port. C'est un des plus
beaux et des mieux conservés qu'il y ait au
monde. On prétend qu'Apoïlodore de Damas
en fut l'architecte. Il est tout entier en marbre
blanc et décoré de quatre colonnes corin-
thiennes. U était autrefois surmonté de la
statue équestre en bronze de Trajan. Il n'a
qu'une ouverture ; l'attique porte une inscrip-
tion que le temps a respectée , mais la main
des barbares a enlevé un grand nombre de
statues de bronze , de trophées et d'autres
ornements accessoires.
Le port est défendu par plusieurs forts, et les
hauteurs extérieures qui dominent la ville sont
fortifiées. La citadelle célèbre dans les annales
militaires, commande la ville ; elle fut bitte au
xvie siècle , après la soumission d'Ancône au
saint-siége.
Un vaste amphithéâtre offre encore des
débris intéressants ; mais il est à regretter
qu'ils soient en partie recouverts par des con-
structions modernes.
Les églises d'Ancône sont nombreuses. La
cathédrale offre un mélange du style byzantin
et du style lombard. Elle s'élève sur une émi-
nence au-dessus de la ville, et occupe l'empla-
cement d'un temple de Vénus mentionné par
Juvénal (sat. iv) : t
e domum Veneris quant Dorica suslinet Ancon.
Cet édifice date du xe siècle, à l'exception de la
façade occidentale, qui est du xme, et, à ce
qn on croit, de Margaritone d'Arezzo. Le por-
tail gothique, bel échantillon du genre, est ri-
chement décoré de sculptures ; l'intérieur se
«ompose d'une nef et de deux ailes ornées des
belles colonnes de l'ancien temple de Vénus ;
la coupole octogone passe pour une des plus
anciennes de l'Italie. La crypte contient plu-
sieurs tombeaux anciens : celui du préteur Ti-
tus Gorgonius , les sarcophages de saint Cy-
riaque et de deux autres saints.
La petite église collégiale, Santa- Maria
délia Piazza, est intéressante au point de vfle
architectural. Sa façade, du xno siècle, est
composée de plusieurs rangs d'arcs super-
posés, et les colonnes sortent l'une de l'autre,
sans être séparées par aucune division hori-
zontale.
L'église Saint- François delta Scala a un
superbe porche dans le style gothique de la
dernière période. Cette église possède une
Vierge ; du Titien , et une Annoncia/t'on, du
Guerchin.
Un tableau de Saint Charles, qui est regardé
comme l'un des meilleurs ouvrages de Cesare •
Dandini, orne l'église du Saint-Sacrement ; et
l'on admire, dans celle de Saint-Dominique,
qui a été rebâtie en 1788, un Christ en croix,
du Titien, et une Vierge, de Peruzzini, artiste
ancônitain, disciple des Carraches.
Les autres monuments d'Ancône qui méri-
tent d'être cités sont : la belle fontaine dite
del Calamo, ouvrage de Pellegrini , élève do
Michel-Ange ; le Lazaret, construit par l'habile
architecte hollandais Vanvitelli; la Bourse,
dont la façade est décorée d'un riche portail
gothique et de colonnes torses, et dont Tinté-
rieur offre une belle fresque de Pellegrini,
représentant Hercule domptant les monstres;
l'ancien Palais du gouvernement, bâti vers la
fin du xiv« siècle ; les fortifications, élevées
sur les plans d'Antonio San Gallo, etc.
Vue du côté de la mer, Ancône présente
un beau coup d'oeil ; mais l'intérieur n'offre
rien d'agréable, les rues sont étroites, irré-
gulières et mal percées ; la rue du Môle, ou-
verte par Pie VII , fait une heureuse excep-
tion. Le climat est salubre, la contrée fertile ;
les femmes sont reconnues pour être les plus
belles de l'Italie. — Ancône fait, avec le Levant
surtout, un commerce considérable de grains,
chanvre, soie grége, huiles, cuirs vernis, sa-
von, câbles et cordes pour là marine, crème
de tartre , cotons , denrées coloniales, etc.
Avant l'annexion, en 1842, les arrivages furent
de 1,522 navireSj ayant une cargaison de
109,813 tonnes , évaluées à 26 millions de
francs.
L'origine d'Ancône est douteuse : Strabon
lui donne pour fondateurs quelques Syracu-
ANC
sains fuyant la tyrannie de Denys, vers l'an 380
avant J.-C., tandis que Juvénal attribue cette
fondation à une colonie dorienne. Le mot
primitif Ancon signifie coude, et rappelle le
pli de terrain sur lequel la ville est bâtie.
Les Romains, après (es guerres contre les
Samnites, en firent une de leurs principales
stations navales dans l'Adriatique. Jules César
s'en empara immédiatement aprèE son passage
du Rubicon, et plus tard, Marc-Antoine y établit
deux légions de vétérans ; on suppose qu'à cette
occasion, la ville devint une colonie romaine.
Sous les empereurs byzantins, elle fut l'une des
— * opales cités de l'exarchat de Ravenne.
id elle fut tombée au pouvoir des Lom-
l\
d'Ancône, corruption du mot marquisat (i
chesato). Au moyen âge, cette cité jouit d<
indépendance et se gouverna en république,
sous la protection des papes, jusqu'en 1532;
à cette époque, Clément VII 1 incorpora aux
Etats de l'Eglise.
ANCÔNE (siège, occupation et évacuation
d'). Les faits les plus remarquables qui se rat-
tachent a l'histoire d'Ancône appartiennent à
l'époque moderne. Le général Victor s'en em-
para en 1797. et en fit le siège d'une républi-
que indépendante ; mais cette action gouver-
nementale ne dura qu'un instant. En 1799, le
commandement d'Ancône fut confié au brave
général Monnier, alors que tout le pays envi-
ronnant était en pleine révolte contre la domi-
nation française. Macdonald venait d'ordonner
l'évacuation de Naples, et cette retraite livrait
Monnier, avec une faible garnison d'environ
seize cents hommes, aux attaques réunies des
Napolitains , des Russes , des Anglais et des
Autrichiens. L'intrépide général ne renonça
point à tenir la campagne , et il fit essuyer do
sanglants échecs aux rebelles ; mais le nombre
toujours croissant de ses ennemis le força à
resserrer de plus en plus sa ligne de défense ,
et enfin à se renfermer entièrement dans An-
cône. Bientôt les collines environnantes se
couvrirent d'insurgés, de Russes et d'Autri-
chiens, qui établirent des redoutes, creusèrent
des tranchées et dressèrent des batteries de
gros calibre. En peu de jours, la citadelle ne
présenta plus qu'un monceau de ruines. Cha-
que soir, après que les assiégeants avaient
' d'abord lancé des obus et des pots à feu, vingt-
deux chaloupes formaient une ligne demi-cir-
culaire devant l'entrée du port, et foudroyaient
les maisons , les remparts , les batteries du
môle, du lazaret, et jusqu'aux vaisseaux em-
bossés. Cette terrible exécution durait la plus
grande partie de la nuit. Mais le général Mon-
nier ne restait point oisif; indépendamment de
la défense opiniâtre de la place, des sorties
audacieuses semaient le désordre dans les tra-
vaux de l'ennemi et la mort dans ses rangs, et
vingt mille assiégeants ne pouvaient réduire
une poignée d'hommes intrépides, abrités par
des remparts croulants de tous côtés. Neuf
mille Hongrois ou Croates viennent alors ren-
forcer l'armée ennemie, et le général Monnier
est sommé de se rendre ; il répond par une
sortie dans laquelle ilemporte la grande re-
. doute des Autrichiens, et leur enlève sept ca-
nons et deux mortiers. Cependant le siège
durait depuis deux mois , et les munitions des
Ifcroïques défenseurs d'Ancône menaçaient de
s'épuiser bientôt. Monnier organisa une fabri-
que de salpêtre pour se procurer de la poudre,
et jusqu'à une fonderie de canons. Les Autri-
chiens lui adressent une nouvelle sommation ,
dans laquelle ils lui font connaître la reddition
de Rojne, du château Saint-Ange, de Civita-
Vecchia, et les désastres de l'armée française.
« La victoire, répondit l'intrépide général, ne
peut être longtemps infidèle a la France; il
faut qu'elle nous retrouve au poste de l'hon-
neur, i Le général autrichien Frœlich déploie
toutes ses forces : quatre-vingts bouches à feu
tonnent à la fois et vomissent une pluie de
bombes sur la ville et sur les forts. La gar-
nison résista à cet effroyable orage de feu,
mais elle acheva d'épuiser ses munitions. Le
général Frœlich envoya sommer une dernière
fois Monnier de lui rendre la place. Celui-ci
venait de soutenir un siège décent cinq jours
contre une armée infiniment supérieure , il ne
restait plus de vivres que pour quelques jours
et des munitions de guerre pour une demi-
journée ; il n'avait aucun espoir d'être secouru
ou de percer la ligne qui l'enveloppait : il con-
sentit donc à se rendre, et obtint une capitula-
tion digne d'une si glorieuse défense. La gar-
nison sortit d'Ancône avec tous les honneurs
de la guerre (16 nov. 1799) , et dut se rendre
en France, par la route qu'elle jugerait la plus'
commode et aux frais de l'Autriche. Ces vail-
lants défenseurs d'Ancône avaient trouvé des
ennemis généreux dans ceux qu'ils avaient
combattus ; mais on les retint quatorze jours à
Pavie, contre les termes de la capitulation, et
on voulut même changer leur itinéraire. Mon-
nier réclama énergiquement l'exécution du
traité, et annonça que les Français se feraient
massacrer sur la place de Pavie, plutôt que de'
suivre la nouvelle route qu'on leur assignait.
Le général autrichien , redoutant un tel éclat
de désespoir, se hâta de lever ces difficultés.
— Les événements de 1830 avaient réveillé
les inquiètes susceptibilités de l'Europe, qui
aurait voulu mettre la France au ban des na-
tions. L'Autriche avait profité de ces disposi-
tions haineuses pour s'établir solidement en
Italie, et la cour de Rome en avait, de son
côté, recueilli le bénéfice en faisant retomber
ANC
la Romagne sous le joug. Ces résultats étaient
le fruit de la politique de M. de Metternich, le
véritable centre d où partait l'impulsion im-
primée à toutes les affaires de l'Europe. On
lui attribuait l'intention d'accoutumer insensi-
blement les Italiens à la domination autri-
chienne ; mais sa vieille habileté fut soudaine-
ment déjouée par une mesure qu'on était loin
d'attendre du gouvernement français. Depuis
quelque temps, Casimir Périer, chef du minis-
tère, avait 1 œil fixé sur l'Italie, non qu'il fût
touché de l'oppression qui écrasait les États du
pape , mais 1 ambition de la cour de Vienne
l'inquiétait. Dans les derniers jours de février
1832, le capitaine de vaisseau Gallois reçut
l'ordre de prendre le commandement d'une di-
vision navale , composée du vaisseau le Suf-
fren, des frégates YArtémise et la Victoire, et
d'un brick. Sur ces divers bâtiments s'embar-
que le 66*= de ligne, commandé par le colonel
Combe, qui devaitplus tard trouver une mort si
glorieuse en Afrique. Le général Cubières
commandait en chef l'expédition , qu'il devait
diriger après avoir passé par Rome^ afin de
s'entendre avec le pape sur l'occupation d'An-
cône par les Français. Divers retards éprou-
vés par ceux qui devaient coopérer à cette
expédition, et des malentendus, laissèrent le
capitaine Gallois entièrement maître de ses
mouvements. En arrivant devant Ancône, il
avait ordre d'attendre les instructions de
M. de Saint- Aulaire , notre ambassadeur à
Rome ; mais ne recevant aucune dépêche , il
prit hardiment, sur sa responsabilité person-
nelle, le parti d'occuper la ville, et, dans la nuit
du 22 au 23 février 1832, il débarqua le 66e de
ligne, que son intrépide colonel conduisit aus-
sitôt à l'attaque de' la place. La garnison pon-
tificale refusa d'ouvrir les portes, mais elles
furent enfoncées par les sapeurs du 66e, et les
Français se rendirent maîtres d'Ancône pres-
que sans résistance ; le drapeau tricolore, si cher
aux Italiens, flotta aussitôt sur la citadelle.
Les Français furent accueillis comme des
libérateurs ; mais le pape, à cette nouvelle,
tomba dans un terrible accès de colère, et le
cardinal Bernetti s'écria : « Non, depuis les
Sarrasins, rien de semblable n'avait été tenté
contre le saint-père. » Toute l'Europe s'émut
de cet événement , et le pape exhala son res-
sentiment dans une protestation amère. Mal-
gré les proclamations amicales du général
Cubières, il fit évacuer la ville par ses troupes,
et donna ordre qu'on transportât ailleurs le
gouvernement de la province. Le cabinet
français ne sut point appuyer ses démonstra-
tions énergiques ; et ce n'est qu'au prix des plus
tristes humiliations que nos soldats prolongè-
rent leur séjour à Ancône jusqu'en 1838, sous le
ministère de M. Mole. L'évacuation d'Ancône
fut considérée comme une concession faite à
l'Autriche ; elle ajouta encore à l'impopularité
du règne de Louis-Philippe, et devint une arme
puissante entre les mains de l'opposition.
Le dernier fait militaire a été la prise de
cette ville par la flotte italienne sur les trou-
pes papales, commandées par ie général de
Lamoncière, le 29 septembre 1860.
ANCÔNE, ancienne province ou délégation
des Etats de l'Eglise, annexée au nouveau
royaume d'Italie, après la victoire de Castelfi-
dardo et la prise d'Ancône par la flotte de
Victor-Emmanuel ; limitée au N. et a l'O. par hi
"-ovince d'Urbin, à l'E. par l'Adriatique et —
par la province de Macerata, Superfk
5. par l'Adriatique et ai
e Macerata, Superficie,
15,574 hectares; pop. I76,5l9hab. Lepays est
traversé par de nombreux rameaux des Apen-
nins, séparés entre eux par de fertiles vallées.
Cours d'eau : la Misa, YEsino et le Musone, qui
sert de ligne de démarcation entre cette pro-
vince et celle de Macerata. Principaux produits
agricoles : le blé, le maïs , le chanvre, le foin,
le tabac, le vin, l'huile et les fèves; élevage
considérable de moutons et de porcs. — La
province d'Ancône comprenait la partie sep-
tentrionale de l'ancien Picenum, et une petite
portion de YOmbrie; ces deux provinces étaient
séparées par l'OSsis (Esino), ligne frontière
entre les Gaulois Sénonais et le Picénum, et
limite septentrionale de l'Italie, du côté de
l'Adriatique, jusqu'à ce que cette limite eût été
reportée sur le Rubicon. Cette province ne
renfermait qu'une partie des anciennes Mar-
ches d'Ancône, qui s'étendaient entre le duché
d'Urbin au nord, et les Marches de Fernio au
sud. Villes principales : Ancône, Jesi et Osimo.
ANCONE adj. et s. m. (an-ko-né — du gr.
agkôn, coude, olécrane). Anat. (Nom donné
aux muscles qui s'attachent à l'olécrane.
Winslow distinguait quatre muscles anconés,
le grand, l'externe, l'interne et le petit. Au-
jourd'hui les trois premiers sont avec raison
considérés, non comme des muscles distincts,
mais comme les divisions d'un seul muscle
qui a reçu le nom de triceps brachial. Le
quatrième seul a gardé le nom à'anconé. Il
est situé à la partie postérieure et supérieure
de l'avant-bras, et s'étend de la tubérosité
externe de l'humérus au côté externe de l'o-
lécrane, et au quart supérieur du bord pos-
térieur du cubitus.
ANCÔNITAIN, AINE s. et adj. (an-kô-ni-
tain, è-ne — rad. Ancône). Géogr. Habitant
d'Ancône ; qui appartient à Ancône ou à ses
habitants, il On dit aussi Anconais, aise.
ANCONOCACE s. f. (an-ko-no-ka-se — du
gr. agkôn, coude; kakos, malade). Méd. Mala-
die de l'articulation du coude.
ANCON SIN SOUDA, anse étendue et pro-
fonde sur la côte ouest de l'Amérique du Sud,
ANC
Smyth Sound, qui sépare l'archipel Adélaïde
du continent américain ; elle pénètre par un
canal sinueux dans les montagnes, et s étend,
à son extrémité orientale, en une large nappe
d'eau appelée Kirke Water, de 19 kil. de long,
et 9 de large. Le Kirkè Water se divise en
deux bras profonds : l'un, dit canal des mon-
tagnes, court au nord, abrité par une rangée
de montagnes escarpées et couronnées de* gla-
ciers étendus ; c'est ce contre-fort montagneux
qui est considéré comme étant l'extrémité mé-
ridionale des Andes; l'autre s'étend vers le
sud et se termine dans les plaines orientales
de la Patagonie.
ANCORAS, groupe d'îles dans la province
de Rio de Janeiro, au N. du cap Frio. Lat. S,
22« 46', long. O. 46» ij'.
ANCORNÉ, ÉE adj. (an-kor-né — rad.
corne). Blas. Se dit du sabot du cheval et de
la corne du bœuf, du taureau, etc., quand ce
sabot ou cette corne est d'un autre email que
le corps. Famille de Biam .- d'or, à deux
vaches de gueules passant l'une au-dessus de
l'autre, accornées, ancornées, colletées et cla-
rinées d'azur.
ANCRAGE s. m. {an-kra-je — rad. ancrer).
Mar. Endroit où les vaisseaux peuvent'jeter
l'ancre : Bon ancrage. Mauvais ancrage. Le
port de Baies offre un ancrage sûr et à l'abri
des vents. (Encycl.) Les conditions d'un bon
ancragb sont un espace suffisant pour les ma-
nœuvres du mouillage et de l'appareillage, une
profondeur modérée, des courants peu violents,
des cotes, digues ou autres obstacles assez éle-
vés ou assez rapprochés pour amortir la force
du vent ou de la mer, un fond de bonne tenue
et une protection assurée contre l'ennemi par
des batteries ou des forts. ( Bonnefoux.) Il On
dit plus communément mouillage; mais ce
dernier mot a deux sens, et, à ce titre, an-
crage mérite d'être conservé, n Temps pen-
dant lequel un vaisseau reste à l'ancre.
— Droit d'ancrage, Péage imposé aux na-
vires qui mouillent dans les ports, havres,
rades, et même sur les côtes de certains pays
maritimes : Le droit d'ancrage est fixé par
des règlements locaux. (Bonnefoux.)
ancramite s. f. (an-kra-mi-te). Miner.
Variété magnétifère de sulfate de zinc.
— Ichth. Nom d'un poisson du genre spare.
ANCRANT (an-kran) part. prés, du v.
Ancrer. ' . .
ANCRE S. f. (an-kre — du gr. agkura; d'où
le lat. anchora, même signif.). Mar. Pièce de
fer forgé, ayant une verge de forme conique,
terminée d'un côté par une boucle mobile,
et de l'autre par deux bras armes de becs
qui, s'accrochant au fond de la mer, retien-
nent un vaisseau contre l'effort du vent ou
des courants : Jeter ('ancre. Etre, demeu-
rer à Cancre. Lever, virer Cancre. Il y avait
dans cette hôtellerie un jeune capitaine anglais
dont le vaisseau était à Cancre dans te port.
(Le Sage.) On vira Cancre, mais, engagée dans
des roches, on ta perdit comme on s'y attendait.
fChateaub.) A dix pas en mer la barque se
balançait gracieusement sur son ancre. (Alex.
Dum.') A moins de permission particulière,
aucun vaisseau n'osera lever Cancre. (Alex;
Dum.) Oisifs, gais, causeurs, quand le vaisseau
est à Cancre, les matelots sont assis les bras
croisés sur les balustres du bordage, ou fument
tranquillement leur pipe. (Lamart.) Enfin
Cancre est tombée; elle chasse le fond. (La-
mart.) Les deux bâtiments arrivèrent successi-
vement dans le port et y jetèrent Cancrk.
(Jacq. Arago.)
On levé l'ancre, on part, on fuit loin de la terre.
Voltaire.
L'ancre d'un fer mordant a filé le vaisseau.
ANC
331
re mord les glaçons, vieux er
re se précipite et plonge i
Esmémard.
a fond des mers.
Delille.
ClUTEAOBRUND.
— Chasser sur ses ancres. Se dit lorsqu'un
bâtiment mouillé, par l'effort du vent ou
d'une grosse mer, entraîne ses ancres et leur
fait labourer le fond, il Couper l'ancre, Couper
le câble qui y est attaché, soit pour gagner
la pleine mer au plus vite, quand on esx trop
près des côtes, soit pour fuir quand on est
en danger d'être pris, n Maîtresse ancre, Ancre
principale à laquelle on ne recourt que quand
le navire'est en danger. Comme cette ancre
est en quelque sorte la dernière planche de
salut, et qu en la jetant il n'y a plus qu'à so
recommander à Dieu, les marins l'ont appeléo
ancre de miséricorde, ancre sacrée, ancre de
salut : Aujourd'hui on n'ose plus prier tout
haut, et au lieu de Cancre sacrée, on a Cancre
de quatre mille kilogrammes. (A. Jal. ) On
précipite au fond de la mer des sacs remplis de
pierres attachés à un cable de Tyr, et Cancre
sacrée, dernière ressource dans les naufrages,
(Chateaub.) il Fig. Dernière ressource, der-
nier espoir qui reste à quelqu'un :. Vous êtes
mon ancre dk salut. Avec le mariage de ma
fille je reconquiers ma position, ma fortune.
C'est notre dernière ancre de salut. (Balz.) Il
Jeter l'ancre, La laisser tomber au tond de la
mer pour fixer, arrêter le navire, il Ancre de
cape ou ancre flottante, Appareil qui sert à
maintenir un navire deboutàlalame, durant
un gros temps à la mer.
— Les traverses de la vie étant souvent
comparées aux agitations de la mer, le mot
ancre est entré dans plusieurs locutions figu-
rées et proverbiales : Jeter l'ancre dans un
lieu, S'y établir, s'y fixer : On ne jette point
Cancre dans le fleuve de la vie. (B. de St-P.)
Depuis deux ans, il avait jeté Cancre dans le
faubourg Saint-Germain. (A. Achard.) B Mieux
vaut couper la corde de l'ancre que perdre le
temps à la délier, Dans les circonstances dif-
ficiles, il faut employer les moyens éner-
giques, il Jeter la dernière ancre, Tenter un
dernier effort, dans une situation désespérée.
Il N'être amarré que sur une ancre, Se trou-
ver dans une position peu solide, peu stable :
Prenez garde! vous avez des ennemis, c'est-à-
dire des gens qui convoitent votre magnifique
traitement, et vous n'êtes amarré que sur une
ancre. (Balz.)
— Fig. Ce qui affermit, ce qui rend stable,
solide : Une famille vertueuse est un vaisseau
tenu dans la tempête par deux ancres, là reli-
gion et les mœurs. (Montesq.) Tout Etat, si
j'ose le dire, est un vaisseau mystérieux qui a
ses ancres dans le ciel. (Rivarol.) Les pesantes
années que nous jetons dans les flots au temps
ne sont pas des ancres; elles n'arrêtent pas
notre course. (Chateaub.)
— Constr. Barre de fer en forme de S on
de T, que l'on fait passer dans l'œil d'un
tirant, pour soutenir un mur, maintenir un
tuyau de cheminée, retenir 1 écartement de
la poussée d'une voûte.
— Métrol. V. Anker.
• — Numism. Symbole du royaume de Syrie,
sous les Séleucides, et de différentes villes, il
Sert aussi, dans les cartes géographiques
aussi bien que sur les médailles, à indiquer
les victoires navales.
— Paléogr. Ancre supérieure, Ancre dont
le corps est tourné en haut; c'est un signe
servant à indiquer un passage important. Il
Ancre inférieure, Ancre dont le corps est
tourné en bas ; signe indiquant un passage
inconvenant, obscène.
— Iconograph. L'ancre a toujours été con-
sidérée comme un symbole de fermeté et de
tranquillité. On la donne à l'espérance per-
sonnifiée, pour marquer que cette vertu nous
soutient dans le malheur. Les artistes chré-
tiens l'emploient seule pour figurer la vertu
théologale de ce nom. Dans' l'antiquité, on
plaçait souvent une ancre sur les monnaies
et sur les médailles, mais avec une autre si-
gnification. Elle exprimait alors soit des V-
— Encycl. Toute ancre ordinaire présenta
les parties suivantes : la verge bu tige, grosse
barre droite qui constitue comme le corps de
l'appareil ; Vorganeau ou la cigale, anneau fixé
au bout supérieur de la verge et sur lequel on
amarre le câble destiné à retenir le vaisseau ;
les bras, pièces un peu courbes placées à l'ex-
trémité inférieure de la verge, et s'étendant
l'une a droite, l'autre a gauche : la partie
libre de chaque bras se termine par une plaque
triangulaire appelée patte, dont l'extrémité
pointue se nomme bec; enfin le jas ou jouait,
sorte de poutre qui se trouve presque au haut
de la verge. Le point où les bras se soudent à
la verge est le collet, l'encolure etla croisée
de Vancre. La partie de la verge où vient se
fixer le jas porte la dénomination de carré. Le
jas doit être perpendiculaire au plan des bras,
pour forcer 1 ancre à s'accrocher au fond par
une de ses pattes. En effet, s'il était placé
dans le même plan que les bras, l'ancre se
trouverait à plat sur le fond, et le vaisseau la
traînerait. sans qu'elle pût s'accrocher; mais
l'action du câble fait coucher le jas horizonta-
lement, ce qui force les pattes à se mettre
debout; l'une d'elles s'apique sur le fond,
drague quelques instants en suivant le navire
qui l'entraîne, et ne tarde pas à s'accrocher
dans une anfractuosité de rocher, ou à s'enfon-
cer dans la vase ou le sable.
Une fois l'ancre jetée, le navire s'éloigne le
frlus possible du point ou elle a mordu, afin que
e câble, approchant de là direction horizontale,
tire la verge dans un sens à peu près parallèle
au fond. On dit que l'ancre est à pic lorsque le
bâtiment est au-dessus de cette ancre, et que
le câble se trouve dans une direction verticale;
que l'ancre tient bon, lorsque la patte s'engage
solidement; qu'elle dérape, lorsqu'elle cesse
de mordre ou. refuse de s accrocher; qu'elle
tourne sur sa verge, lorsqu'elle se couche alter-
nativement sur ses bras et sur son jas ; qu'elle
chasse, ou que le navire chasse sur son ancre,
lorsque l'effort du navire lui fait labourer le
Pour lever l'ancre, on approche peu à peu
le navire du point de mouillage, en tournant
au cabestan sur le câble ; lorsque l'ancre est à
pic, il suffit généralement d'un bon coup de
force donné au cabestan pour la faire déraper.
Les navires ont plusieurs ancres ." sur les
grands bâtiments, elles sont au nombre de
six, et quelquefois de sept, de poids différents.
La principale porte le nom de grande ancre ou
de maîtresse ancre; elle est aussi appelée vul-
gairement ancre de miséricorde ou de salut,
parce qn'elle n'est employée que lorsque les
autres ne peuvent pas servir. Le poids des
ancres des bâtiments dépend de la grandeur
de ceux-ci : la maîtresse ancre d'un vaisseau
de soixante-quatorze canons ne pèse pas moin»
33â
ANC
SB
de 4,000 kilogrammes. Dana les
--uerre et les forts bâtiments, il y a deux ancres
_'usage courant appelées ancres de poste ou
plutôt de bossoir, parce qu'elles sont toujours
suspendues ou a, portée d'être suspendues aux
supports nommés bossoirs, afin <f être facile-
ment jetées à la mer. Deux autres ancres dites
de veille sont placées le long des porte-hau-
bans de misaine, à proximité et sur l'arrière
des précédentes, afin qu'on puisse les remplacer
au besoin: les poids de chacune de ces quatre
ancres, à bord d'un même bâtiment, sont à peu
près égaux. Les ancres prennent diverses dé-
nominations selon leur emploi; telles sont :
l'ancre d'à/fourche, dont on se sert lorsqu'on
veut affourcherle navire, c'est-à-dire lorsque,
pour l'empêcher de tourner autour de son
ancre, on en jette une seconde, de manière que
les deux câbles représentent une espèce de
fourche ; l'ancre d'empennelle, destinée à ren-
forcer l'action d'une ancre plus grosse : Yancre
de flot, qui tient le vaisseau contre le flux;
l'ancre de jusant, qui le retient contre le re-
flux ; les ancres à jet, petites ancres employées
pour procurer des points fixes dans la mer,
fors des opérations de halage, touage ou évi-
tage; les ancres borgnes, ainsi nommées parce
qu'elles n'ont qu'une seule patte, et dont on se
sert dans les mouillages ou la mer a peu de
profondeur. Quand Yancre a plus de deux becs,
elle est de petite dimension et prend le nom de
grappin; eue sert alors pour les embarcations
et pour la manœuvre de l'abordage.
, On fabrique les ancres avec de larges barres
.de fer que Ton forge ensemble ; les diverses
parties de l'ancre sont fabriquées séparément
et ensuite soudées. Avant d'admettre une ancre
comme propre au service, on s'assure que le
soudage de chacune de ses pièces est bien
exécuté en la1 soumettant a l'action de la presse
hydraulique. Autrefois, on éprouvait les ancres
en les" laissant tomber d'une certaine hauteur
sur de vieux canons ou sur de grosse ferraille.
Lé pauvre pêcheur n'a pour ancre qu'une
pierre amarrée à un bout de cordage; c'est
simplement par le poids de cette pierre que
Son bateau çst retenu : telle fut Yancre, à l'ori-
gine de l'art naval ; les habitants de quelques
lies dés Indes orientales n'en connaissent pas
d'autres. Chez les Grecs, les premières ancres
furent de -bois, comme aujourd'hui encore
celles des Chinois et des Japonais ; pour les
rendre plus lourdes, on y fixait des masses de
plomb. Plus tard, on: les remplaça par dés
ancres en fer. Celles-ci ne possédaient d'abord
qu'une seule patte, mais avec les progrès de
la navigation elles s'enrichirent peu à peu des
divers organes dont nous avons parlé : verge,
pattes, Organeàu, jas. Depuis le xvno siècle,
la construction des ancres a été l'objet de re-
cherches importantes. En 1737 , l'Académie
des sciences de Paris proposa pour sujet de
prix les trois questions suivantes : 1» quelle
est la meilleure forme h donner aux ancres?
2° quelle est la meilleure méthode pour les fa-
briquer? 3° quelle est la meilleure manière de
les éprouver? La première de ces questions
fut pleinement résolue par Jean Bernouilli, et
la deuxième par Trésaguet ; Daniel Bernouilli
envoya un mémoire intéressant sur la troi-
sième.. Vers 1830, l'Anglais Porter inventa les
ancres à pattes mobiles, dans lesquelles les
bras ne sont pas soudés, mais articulés avec
la verge.
— Homonyme. Encre. Cette homonymie a
donné lieu à. la naïveté suivante : une Pari-
sienne, qui était en correspondance avec un
capitaine de vaisseau, en re-"< un jour le bil-
let suivant : « Madame daov nne heure je
mouillerai à Cherbourg, or1 i pourrai alors
vous écrire plus longuent-n*. sTtre.s avoir fait
jeter l'ancre à la mer. — Mnfs onmment fera-
t— il, s'écria la dame, aussi pp« in courant dé
l'orthographe française que du vocabulaire
maritime ; comment fera t ■ •'! pour m'écrire
s'il jette son encre à la mer* -t.
ANCRE (le maréchal tO. v Concini.
ANCRE (Léonore GaligaT, maréchale d'). V.
GaLMAÏ.
ANCRE, ÉE (an-kré) part. pass. du v. An-
crer. Retenu par des -.ncres : Un vaisseau
bien, mal anchb. Il Dont le vaisseau est à
l'ancre : En 1698, le capitav e Langford, au
port et bien ancré, vit la trombe venir, et sur-
le-champ partit. (Michelet.)
— Fig. Bien affermi, bien établi La vanité
est si ancrée dans le cœur de V tomme, qu'un
goujat, un marmiton, un crocheteur se vante et
veut avoir ses admirateurs. (Pasc.) Une fois
ancré dans les bonnes grâces du prince, il son-
gea à renverser ses ennemis. (Rotliû.) Il était
donc à peu près ancré dans cette société pari-
tienne, si facile à recevoir les étrangers. (Alex
Dura.) Déjà je me sens plus ancre dans mon
râle, et si nous recommencions, je crois que
vous séries étonné. (Th. Leclercq.) L'instinct
naît en mime temps hue l'animal; il est ancré
dans sa propre vie, dans sa constitution, dans
sa fibre même. ("Virey.)
— Constr. Qui est attaché avec une ancre,
retenu par une ancre : Mur solidement ancré.
Que de tombeaux grecs et romains, dont les
pierres étaient ancrées de fer, ont disparu!
(B. de St-P.)
— Blas. Se. dit des croix et des sautoirs
quand leurs extrémités sont terminées par
deux pointes recourbées analogues aux becs
des ancres. Famille d'Aubusson de la Feuil-
lade : d'or, à la croix ancrée de gueules.
ancrer v. n. ou intr. (an-kré — rad.
ANC
•ancré). Mat. Jeter l'ancre : Us trouvèrent que
le mouillage était bon en cet endroit, ils y an-
crèrent. (Acad.) Nous ancrâmes dans une
mauvaise rade. (Chateaub.) a On dit plus ordi-
nairem. mouiller.
— Absol. :
Ils abordent sans peur, ils ancrai .
CORNEILLE.
— v. a. ou tr. Constr. Attacher, retenir
avec une ancre : Ancrer un mur. Ancrer une
cheminée. Ancrer les pierres d'une jetée.
— Fig. Consolider dans une position, affer-
mir dans un sentiment, une opinion : Son
mérite Tavait de plus en plus ancré dans la
faveur du roi. (St-Sim.) Par calcul, il ancra
ce mauvais sujet dans la société la plus élevée.
(Balz.) La maladroite franchise quon mettait
a ébranler son opinion ne faisait que V ANCRER
dans cette conviction. (G. Sand.)
S'ancrer, v. pr. Constr. Etre retenu par
une ancre : Ce mur penche du côté du nord;
il doit s'ancrer du coté du midi.
— Par ext., S'attacher fortement à : Le
vacoa, qui s'ancre et se cramponne à la terre
par cent bras partis de sa tige, a du, le pre-
mier, inspirer le plan d'une cathédrale appuyée
sur ses légers arcs-boutants. (G. Sand.)
— Fig. S'établir, s'affermir, so consolider :
La vanité s'ancrera facilement dans cette
pauvre tête. Il s'était tellement ancré dons
cette maison, qu'il y était presque le maître.
(Trév.) Elle lavait mis dans plusieurs confi-
dences, et pour s'ancrer, il s'était rendu souple
à ses volontés. (St-Sim.)
Et par un cri de joie anime vos courages
A vous ancrer au port en dépit' des orages.
. Vauhuiuh de la Freshby.
— Homonyme. Encrer.
-~ Antonyme. Désancrer.
ancreur adj. m. (an-kreur). Zool. Se
dit des palpes qui, chez certaines arachnides,
font office d'ancres.
ANGRURE s. f. (an-kru-re — rad. ancre).
Constr. Syn. d'ancre. J Plus particulièrem..
Ensemble de l'ancre et de l'anneau du tirant
dans lequel il est passé.
— Techn. Pli qui se fait au drap que l'on
tond, lorsqu'il a été mal tendu.
ANCUD ou EL-ANCTJD, golfe de l'Amérique
méridionale, dans lequel se trouvent l'île et
l'archipel de Chiloé. Les côtes sont élevées,
rocheuses, et remplies d'anses et de récifs.
ANCUiES s. m. pi. (an-kù-le — du vieux
mot lat. anculari, servir). Antiq. Dieux et
déesses qui, dans la hiérarchie céleste. *""
uoeaaea 4U1, uaiib la. 111tuu.rcu.1e ceieste, uu-
saient l'office de servants, it Selon quelques
auteurs, Dieux tutélaires des esclaves.
anculote s. m. (an-ku-lo-te). Moll. Nom
donné à quelques mollusques d'Amérique,
qui appartiennent au genre mélanie.
ANCUS MARTIPS, quatrième roi de Rome
(de 640 a 617 av. J.-C), successeur de Tullus
Hostilius. A l'exemple de son aïeul Numa, il
rétablit les cérémonies religieuses, et en fit
écrire les formules sur des écorces de chêne ;
il prit aux LatiDS plusieurs villes, et, pour en
incorporer les habitants à la cité, agrandit son
enceinte en y renfermant l'Aventin, puis le
Janicule, qu'il joignit à la ville par le pont
Sublicius. Il étendit le territoire romain jus-
qu'à, la mer, et fonda aux bouches du Tibre le
port d'Ostie, établit des salines sur la côte,
construisit à Rome l'aqueduc Aqua Martia,
et fit creuser dans le tuf du mont Capitolin la
première prison qu'ait eue Rome.
ANCYLANTHE s. f. (an-si-lan-te — du gr.
agkulos, crochu; anthos, fleur). Bot. Genre
de plantes de la famille des rubiacées, renfer-
mant une seule espèce, originaire d'Angola.
ANCYLE s. m. (an-si-le r— du gr. agkulos,
crochu). Moll. Genre de mollusques gastéro-
podes , à coquille mince et transparente
renfermant un certain nombre d'espèces qui
habitent les eaux douces, et dont plusieurs
se trouvent en Europe.
— Entom. Genre d'insectes hyménoptères.
ANCY-LE-FRANC, ch.-lieu de cant., arrond.
de Tonnerre (Yonne) ; pop. aggl. 1,443 hab.—
pop. tôt. 1,839 hab. Situation fort agréable
sur le canal de Bourgogne et la rivière de l'Ar-
mançon ; magnifique ■ château , commencé en
1555 sur les dessins du Primatice, et achevé
par ses élèves en 1622. En 1688, Louvois en
fit l'acquisition. Ce château renferme un spé-
cimen remarquable de la peinture et de l'art à
l'époque de la Renaissance.
ANCYlèque adj. (an-si-lè-ghe — du gr.
agkulè, crochet ; echô, j'ai) . Qui a des crochets.
— s. f. Entom. Genre d'insectes orthoptè-
res, voisin des locustes ou sauterelles, et ren-
fermant une seule espèce, qui habite Java.
ANCYLOCERE adj. (an-si-lo-sè-re — du gr.
agkulos, crochu ; Aéras, corne). Entom. Qui a
les palpes crochus.
. — s. m. Genre de coléoptères tétramères
longicornes, renfermant deux espèces qui
habitent l'Amérique.
ANCYLOCHEIRE s. f. (an-si-lo-kè-re — du
gr. agkulos, crochu ; cheir, main). Entom.
Genre de coléoptères pentamères ,• voisin des
. buprestes, renfermant une vingtaine d'espè-
ces, dont quelques-unes habitent l'Europe.
— adj. Qui a la main crochue.
AND
ANCYLOCtADE s. m. (an-si-lo-kla-de— du
gr. agkulos, recourbé, crochu; klados, ra-
meau). Bot. Genre de plantes de la famille
des apocynées, tribn des carissées.
ANCYLODON s. m. (an-si-Io-dcn — du gr.
agkulos, crochu ; odous, dent). Ichth. Genre
de poissons de la famille des sciénoïdes, ren-
fermant deux espèces qui vivent à la Guyane.
ANCYLOGNATHË s. m. (an-si-lo-gna-te —
du gr. ;agkulos, crochu ; gnathos, mâchoire).
Entom! Genre de coléoptères hétéromères,
de la famille des mélasomcs, renfermant une
seule espèce qui vit au cap de Bonne-Espé-
rance.
ancyloïde adj. (an-si-lo-i-de — du gr.
agkulos, crochu ; etdos, forme). Qui a la forme
d un crochet.
ANCYLOMÈLE s. m. (an-si-lo-mè-le — du
gr. agkulos, courbé; mêlé, sonde). Chirur.
Sonde recourbée.
ANCYLOMÈRE s. m. (an-si-lo-mè-re — du
gr. agkulos, crochu; meris, article, partie).
Crust. Genre de crustacés amphipodes.
ANCYLONOTE s. m. (an-si-lo-no-te — du
gr. agkulos, crochu; notos , dos). Entom.
Genre de coléoptères tétramères longicomes,
voisin des larmes et des cérambyx, renfer-
mant une seule espèce, qui vit au Sénégal.
ANCYLONYQOE s. f. (an-si-lo-ni-ke — du
gr. agkulos, crochu; onux, ongle). Entom.
Genre d'insectes coléoptères pentamères, do
la famille des lamellicornes, voisin des hanne-
tons, et renfermant un grand nombre d'espè-
ces, toutes exotiques.
ANCYLOPÈRE s. f. (an-si-lo-pè-re — du
gr. agkulos, recourbé \peras, extrémité). En-
tom. Genre d'insectes lépidoptères nocturnes,
réuni aujourd'hui aux pyrales.
ANCYLORHYNQUE s. m. (an-si-lo-rain-ke
— dugr. agkulos^ recourbé; rhugchos, bec).
Entom. Genre d'msectes coléoptères tétra-
mères, voisin des charançons , et renfermant
une seule espèce, qui habite le Brésil.
ANCYLOSCÈLB s. m. (an-si-lo-sè-le — du
gr. agkulos, crochu; skelos, jambe). Entom.
Genre d'insectes hyménoptères mellifères ,
particulier à l'Amérique du Sud.
ANCYLOSTERNE s. m. (an-si-lo-stèr-ne—
du gr. agkulos, crochu; sternon, poitrine).
Entom. Genre de coléoptères tétramères lon-
gicomes, voisin dés cérambyx, et renfermant
une seule espèce, qui habite l'Amérique.
ANCYLOTOME OU ANKYLOTOME S. m.
(an-si ou ki-lo-to-me — d u gr. agkulos, courbe ;
tome, action de couper). Chirur. Sorte de bis-
touri recourbé.
ANCYRA ou ANCYRE, ville d'Anatolie (Asie
Mineure) , aujourd'hui Angora. V. ce mot.
Cette ville fut prise par les Perses en 6)9.
C'est sous ses murs, en W02, que Tamerlan
remporta une victoire signalée sur le sultan
Bajazet, qui y fut fait prisonnier. La bataille
dura trois jours. La tradition rapporte qu'au
milieu de la mêlée Bajazet, s'étant détourné du
champ de bataille pour aller se désaltérer dans
ies environs, fut très-surpris d'y trouver un
berger paisiblement étendu suri herbe,' à côté
de son troupeau. Ce contraste frappant sug-
géra au sultan de profondes et mélancoliques
réflexions. Aujourd'hui encore on fait de fré-
quentes allusions à cette curieuse circon -
stance, en parlant de quelqu'un qui reste indif-
férent, insensible au mouvement, au fracas
qui se fait autour de lui, surtout dans un temps
de révolution, de bouleversement social.
ANCYRE (Inscriptions ou monument d'),
inscriptions sur marbre trouvées à Ancyre en
1554, et qui retracent le sommaire des princi-
paux événements du règne d'Auguste. C'est
une copie des tables d'airain (aujourd'hui per-
dues), écrites par l'empereur lui-même, et qui
avaient été placées à la base de son mausolée,
à* Rome.
ANCYROÏDE adj. (an-si-ro-i-de — du gr.
ankura, crochet ; eidos, aspect). Qui a la forme
courbe d'un crochet. 11 Se dit aussi d'une apo-
physe de l'omoplate.
— s. f. Techn. Pince recourbée.
ANDA s. m. (an-da — mot qui appart. à
l'anc. brésilien). Bot. Arbre du Brésil, dont le
bois est spongieux, et dont les fruits ont la
saveur de nos châtaignes. On croit qu'il ap-
partient à la famille des euphorbiacées.
andabate s. m. (an-da-ba-te — du lat.
andabata, tiré du gr. anabainein, monter).
Antiq. rom. Gladiateur qui combattait à che-
val et les yeux bandés : A peine les andaba-
tes furent-ils sortis^ qu'un grand tumulte ré-
gna dans le cirque. (Alex. Dum.)
ANDAILLOT s. m. (an-da-llo ; Il mil.). Mar.
Sorte d'anneau en bois , disposé sur la ralin-
gue des voiles triangulaires, pour les assu-
jettir.
AND AIN s. m. (an-dain — de l'ital. andare,
marcher, aller). Agric. Espace, surface qu'un
faucheur, à chaque pas qu il fait, peut faucher
■■ longueur et en largeur : Le fauchage ne
peut être bon si l'ouvrier prend un anbain trop
large. (Math, de Domb.) il On donne aussi ce
nom à la quantité d'herbe abattue par chaque
coup de faux : Chaque andain abattu par ce
faucheur vaut une botte.
— Par ext. Chaque rangée d'herbe faite par
le faucheur dans toute la largeur ou la lon-
gueur du pré : Il a fait tant d'ANDAiNS dans
sa journée.
AND
L'herbe par les vallons en beaux andaini versée,
Le cep serrant l'ormeau d'un repti tortueux,
Ne représentent point un monde paresseux.
Perbin.
H Désigne aussi l'espace couvert par cette
herbe : Ce pré mesure quarante , cinquante
ANDAI.GALA, ville de la province argentine
de Cat£.marca, sur la chaîne de montagnes
d'Aconquija,dont le pic principal, d'une éléva-
tion de 4,692 met., est couvert de neige. Non
loin se trouve un vaste désert aride qui sépare
les hab. de l'E. et ceux de l'O. de cette con-
trée, — Nom d'une rivière et d'un lac situés
dans l'Etat du Rio-de-la-Plata.
ANDALOU, OUSE s. (an-da-lou, ou-ze).
Géogr. Habitant de l'Andalousie: Un jeune
Andalou. Une belle Andalouse. Elle marchait
de ce pas libre et franc dont marchent les Ar-
tésiennes et les Andalouses. (Alex. Dum.) Les
Espagnoles sont les plus jolies femmes de
l'Europe, et les Andalouses sont les plus
jolies Espagnoles (B. Barbé.)
Sous l'arbre a se
Dormaient les bi
Avez-vons vu, dans Barcelone,
Une Andaioust au teint bruni?
Pâle comme un beau soir d'automne!...
C'est ma maltresse, ma lionne,
La marquise d'Amaegui. A. de Musset.
— s. m. Dialecte espagnol, celui qui a con-
servé le plus de racines arabes : Et puis cela
était chanté en andalou, avec la prononciation
gutturale et sonore des Arabes. (E. Sue.)
— adj. Qui appartient, qui a rapport à
cette province ou à ses habitants : Les mœurs
andalouses. C'était une vengeance andalouse.
Une telle maîtresse doit avoir à sa jarretière
le poignard andalou. (E. Sue.)
c» cheval andalou, une jument andalouse.
Est-il rien dé plus élégant qu'un Andalou? Au
Chili, les chevaux ont acquis une fierté et une
vitesse que n'ont jamais eues les andalous
dont ils descendent. (Raynal.) C'étaient deux
' ' " barbe d'une fraî-
cheur incomparable ; l'autre , sur un andal
tout floconneux d'écume. (Alex. Dum.) Il
impossible de voir quelque chose de plus noble
et de plus gracieux qu'un étalon andalou. (Th.
Gaut.)
Andalouse (l'), boléro d'Alfred de Musset,
musique de Monpou, avec accompagnement àv
guitare par Meissonnier jeune.fChezLenioine
aîné, éditeur de musique, rue de l'Ancienne-
Comédie, 20, à Pnris. Prix 0 fr. 25.) Cette
pièce de vers est un petit chef-d'œuvre.
Avez-vous vu dans Barcelone,
C'est le cœur ivre, débordant d'amour heu-
reux et d'orgueil satisfait qui ne peut se con-
tenir et éclate publiquement.
J'ai bien fait des chansons pour elle.
Ce ne fut pas conquête facile I Que de té-
moignages d amour ne lui a-t-il pas donnés!
Elle est a moi, moi seul au monde.
Cri triomphant, délirant, cri de la possession
exclusive, presque insolente; on dirait le coq de
bruyère, chantant sa victoire perchésur la plus
haute cime. Et comme ce cri s'explique bien 1
Quel trésor que cette marquesa! L imagination
de l'amant ne tarit pas ; pour étaler son bon-
heur, il soulève tous les voiles ; la poésie devient
une peinture, ut pictura poesis ; chaque vers
est une image. Nous voyons les sourcils noirs,
la jambe ronde, le cou penché j nous passons
de la main au pied , de la mitaine blanche au
brodequin noir, double antithèse! Les doigts
ravis se plongent dans cette belle chevelure
qui traîne jusqu'à terre, et que le poète
compare magnifiquement à un manteau de
roi ; c'est Phryné sortant de l'onde et appa-
raissant toute nue aux regards éblouis d A-
pelle. — Nous voyons l'ont qui pétille sous
la frange des réseaux : Ici, un mouvement de
passion saisit l'amant et vient terminer ré-
numération qu'il fait des beautés de sa maî-
tresse. Mouvement bien naturel I L'œil n'est-il
pas la beauté par excellence?
Vrai Dieu ! lorsque son œil pétille.
Bien que pour toucher sa mantille,
Cm se ferait rompre les os.
Mais voici des souvenirs plus intimes, plu3
brûlants :
Qu'elle est superbe en son dësordre !
Et qu'elle est folle dans sa joie !
Conclusion :
Allons, mon page^ ett embuscades!'...
Sous le beau ciel du midi, la passion ne s'en
tient pas longtemps aux paroles ; elle ne rêve
pas ; elle agit ; elle a les ardeurs du cheval de
Job : Allons I allons I
Peut-être trouve-t-on dans ce tableau d'un
Anacréon en délire quelques traits hardis,
risqués même (3me couplet) ; mais ne faut-il
pas beaucoup permettre à la poésie comme on
permet à l'ivresse? Ces mots ardants au milieu
d'une strophe brûlante ne sont pas le vil in-
secte qui s étale sur le calice d'une rose ; c'est
la mouche sur un beau visage.
AND
L'Andolotne.
^^^^p^^^
vous vu, dans Barce
--■-' ~! — it j'ai fait Ben ti
rideau tremblait au vent,
2« Couplet.
1 Elle est à mot, moi seul au. monde.
Ses grands sourcils noirs sont a moi,
Son corps souple et sa jambe ronde,
Plus longue qu'un manteau de roi !
C'est à moi son beau col qui penche
Quand elle dort dans son boudoir,
Kt sa basquine sur sa hanche,
Sa main dans sa mitaine blanche,
Son pied dans Bon brodequin noir!
3e Couplet.
Vrai Dieu ! lorsque son œil pétille
Sous la frange de ses réseaux,
Rien que pour toucher sa mantille,
De pa» tous les saints de Castille,
it rompre les os.
Qu'elle ei
Quand elle tombe, les seins'r
Qu'on la voit, béante, se tord
Dans un baiser de rage, e
is!
*e Couplet.
Et qu'elle est folle dans sa joie,
Lorsqu'elle chante le matin,
I.orsqu'en tirant son bas de soie,
~ n flanc qui ploie
rset de satin!
Elle fait, s
ANDALOUSE, nom d'une plaine de l'Algérie,
située sur la côte de la province d'Oran, et
ainsi appelée parce qu'elle servit d'asile aux
Maures expulsés d'Andalousie au xve siècle.
— C'est aussi le nom d'.une petite ville mari-
time, située à 21 kil. d'Oran,
r ANDALOUSIE , anc. division politique do
l'Espagne, qui comprenait, sous la domination
(les Maures, Jaen, Cordoue, Grenade etSéville.
Son nom a pour origine le séjour passager
qu'y firent les Vandales avant leur émigration
en Afrique. C'est la Bétique des anciens ; elle
fut habitée successivement par les Phéniciens,
les Carthaginois, les Romains, les Goths, les
Visigoths, les Suèves, lesAlains et les Maures
d'Afrique ; elle est située entre la Méditerra-
née et l'océan Atlantique, dans le plus beau
climat du monde; elle forme aujourd'hui le
ressort d'une capitainerie générale ; ses villes
princip. sont Séville, Huelva, Cadix, Cordoue
et Jaen ; elle est bornée au N. par l'Estrama-
dure et la Manche, à l'E. par les prov. de
Murcie et de Grenade, au S. par le détroit de
Gibraltar , et à l'O. par le Portugal. L'Anda-
lousie a plus de 425 kil. de côtes, dont 265 kil.
baignés par la Méditerranée, et 160 kil. par
l'Atlantique. Le littoral de l'Atlantique est bas
et sablonneux. ; il s'élève du côté de Trafalgar,
et devient rocheux jusqu'à Algésiras. Cadix
est le seul port important sur l'Atlantique;
Ayamonte , Huelva, San-Lucar et Puerto
Santa-Maria ne peuvent recevoir que les na-
vires d'un faible tonnage. Sur la Méditerranée,
AND
Malaga est le seul port important. Gibraltar est .
une baie ouverte, d'un mouillage médiocre.
Cette grande section de la Péninsule espagnole,
à l'exception du bassin du Guadalquivir est
hérissée de montagnes plus ou moins élevées,
qui se relient toutes aux deux chaînes princi-
pales : la Sierra-Morena et la Sierra-Nevada.
Ces deux chaînes de montagnes ont une direc-
tion parallèle de l'ouest à l'est, et partagent
la ligne des eaux de cette contrée en deux
versants : le versant de l'Atlantique et celui
de la Méditerranée. Dans l'Atlantique se jet-
tent : le Guadalquivir ( Wad-el-Kebir), grossi
de ses affluents, le Guadalimar, le Guaaix et
le Xenil; le Rio-Tinto, l'Odiel et le Guadalete.
La Méditerranée, entre Gibraltar et le château
de Los-Torreros, limite de l'Andalousie à
l'ouest, reçoit le Guadairo, le Guadalyore,
l'Adra et l'Almanzora. Strabon a dit que les
rivières et les ruisseaux de la Bétique char-
riaient de l'or ; le sol n'en offre plus en quan-
tité suffisante pour couvrir les frais d'exploi-
tation ; mais il renferme de riches mines de
plomb et d'argent, parmi lesquelles nousjle-
vons citer celles d Adra, dans la Sierra de Ga-
dor. La Sierra-Morena contient une couche
de charbon très-importante, mais mal exploi-
tée ; le quartz, la serpentine et le marbre sta-
tuaire abondent dans la Sierra-Nevada.
Le climat de l'Andalousie est très -varié.
Les plaines du Guadalquivir sont fertiles en
céréales, mais la vigne est la principale cul-
ture de cette province, qui produit une quan-
tité considérable de vin, dont la plus grande
partie passe à l'étranger. Les crus de Xé-
rès, de" Malaga, de Puerto Santa-Maria, de
San-Lucar, sont connus dans le monde en-
tier. Le dattier, l'olivier, la canne à sucre, le
cotonnier, l'indigotier, y fleurissent vigoureu-
sement, et leurs fruits y rivalisent de qualité
avec les produits des tropiques. La canne à
sucre donne un produit plus abondant que
dans les Indes occidentales. L'oranger , le
chêne vert, le chêne-liége, le châtaignier, le
pin, lelentisque, le romarin et autres essences
odoriférantes y croissent en abondance.
Dans cette contrée do l'Espagne, on élève
une race de chevaux estimés , descendant des
chevaux arabes, et des bœufs, des moutons de
race supérieure. Les abeilles peuplent les
vallons ae la Sierra-Morena, où elles ont pour
ruches les trous creux des chênes-liéges fen-
dus dans leur longueur. Le long du rivage de
l'Atlantique s'étend un district, nommé le coto
de San-Lucar, peuplé de cerfs, de taureaux
sauvages . de sangliers et de lapins j aussi ,
est-il exclusivement réservé pour la chasse.
Malheureusement, au milieu de toutes ces ri-
chesses, l'Andalousie manque de voies de com-
munication": il n'y a dans toute la province
qu'une seule grande route; les chemins des
montagnes sont généralement difficiles , en
pente trop rapide ; ceux de la plaine , prati-
cables dans la belle saison, se défoncent aux
premières pluies ; par suite, le commerce de
cette province est peu important, presque im-
possible dans certaines saisons.
La superficie de l'Andalousie est de 70,000
kil. carrés; sa population, de 3,066,023 hab.
Parmi cette population se trouve un grand
nombre de familles de la race gitana ; l'ardeur
du climat et l'indépendance des mœurs ont
permis à cette race curieuse et originale de
se perpétuer sans aucune . altération. Quant
au caractère des Andalous, nous pouvons dire
qu'ils sont gais, d'unejmagination ardente,
ayant conservé jusque"dans le langage et la
prononciation de nombreuses traces de leur
origine arabe. Au point de vue physique,
l'Andalou est bien conformé, fort et nerveux ;
les femmes sont grandes, bien faites, leurs
manières charmantes et leur physionomie in-
telligente. Par suite des tarifs prohibitionnistes
sur les articles de nécessité, il s'était organisé
on Andalousie un système de contrebande
mieux dirigé que le système douanier du gou-
vernement. Le centre de cette industrie ex-
tra-légale était à Ronda, et les contrabandistas
de ce district, au costume des plus pittoresques,
étaient un type remarquable de beauté phy-
A.NDALOUSITE s. f. (an-da-lou-zi-te— rad.
Andalousie). Miner. Minéral qui a reçu son
nom de l'Andalousie, en Espagne, où 1 on en
a rencontré à peine quelques échantillons,
tandis qu'il se trouve assez répandu dans
d'autres pays, tels que la Bretagne, le Forez,
la Saxe, etc.
— Encycl. Il fut d'abord connu sous le nom
de feldspath apyre, à cause de son analogie
avec une certaine variété de feldspath, dont
il se distinguait toutefois par son- infusibilité
au chalumeau. D'après le nom d'une localité
où il se trouve en Bavière, on l'a aussi décrit
sous le nom de stanzaïte. L'andalousite se
présente ordinairement en prismes droits a
base carrée ; sa couleur est le brun passant au
rouge et au violet. Sa grande dureté l'avait
fait d'abord comparer au corindon ; elle raye
le quartz et même quelquefois le spinelle. Elle
est principalement composée de silicate d'alu-
mine, combiné avec un silicate multiple de po-
tasse, de chaux, de magnésie, etc. Elle appar-
tient aux terrains de cristallisation. Les miné-
ralogistes modernes la réunissent au minéral
connu sous le nom de màcle. Y. ce mot.
AND
hab. complètement sauvages, inhospitaliers et
stupides. Ces lies montagneuses , dont les An-
glais avaient fait un lieu de déportation en
1793, n'ont servi, depuis cet essai infructueux,
qu'à fournir de l'eau douce aux navires de
passage.
ANDANA s. m. (an-da-na). Sorte de pêche
à la nasse pratiquée sur lés côtes d'Espagne.
AHDANTÉ adv. (an-dan-té — part. prés, du
v. ital. andare, aller). Mus. Mot qui, placé en
tête d'un morceau de musique, indique un
mouvement modéré, tendant à la lenteur et
intermédiaire entre l'allégro et l'adagio. Il
s'accompagne souvent d'une épithète, molto,
giusto, maestoso, etc.
— s. m. Partie de la composition qui se
joue sur ce mouvement : Z'andanté d'une
symphonie. £' andanté d'une ouverture. £'an-
danté, comme l'allégro, comme le final, est
une des divisions obligées de toute œuvre de ce
genre. (Castil-Blaze.) Ce quatuor commence par
un ANDANTÉ. (MilHn.)
— Fig. : Vous avez passé de l'allégro sau-
tillant du célibataire au grave andanté du
père de famille. (Balz.) L'automne est un an-
danté mélancolique et gracieux, qui prépare
admirablement le solennel adagio de l'hiver.
(G. Sand.) il PI. des andanté.
ANDANTINO adv. ( an-dan-ti-no — dimin.
de andanté). Mus. Mot qui indique une mo-
dification du mouvement andanté : Quelques
écrivains ont cru à tort que le mouvement an-
dantino doit être plus animé que l'andanté.
(Fétis.)
— s. m. Morceau écrit dans ce mouvement :
Exécuter un andantîno. il PI. des
AND
333
ANDARÈSE s. f. (an-da-rè-ze). Bot. Nom
générique de plusieurs arbrisseaux do la
famille des verbénacées, que l'on no trouve
que dans les régions chaudes de l'Inde.
ANDARIN s. m. (an-da-rain — de l'espagn.
andarino). Coureur: M. Gennaro, Z'andarin
espagnol, éclipse d'ailleurs nos coureurs à
quatre pattes. (Ph. Busoni.)
andarini s. m. (an-da-ri-ni). Pàto de
vermicelle réduite en petits grains comme
les anis.
ANDAYE ou HENDAYE , bourg du dép. des
Basses-Pyrénées, cant. de Saint-Jean-de-Luz,
arrond. et a 32 kil. de Bayonne. Fabrique
d'excellente eau-de-vie , connue dans le corn ■
merce sous le nom d'eau-de-vie d'Andaye.
ANDAYHA, rivière du Brésil, dans la pro-
vince de Minos-Geraes, prend sa source dans
les montagnes de Bombuhi, et se jette dans le
San-Francisco, après un cours de 200 kilom.
Elle abonde en pierres précieuses, il Nom d'une
autre petite rivière dans la province de Goyaz.
Il Ville sur le San-Francisco, prov. de Minos-
Geraes.
andécaves s. m. pi. (an-dê-ka-ve — en
lat. Andecavi). Géogr. Nom d'un peuple de la
Gaule, dans la 3™e Lyonnaise, sur la rive
droito de la Loire. Le pays des Andécaves a
formé l'ancien Anjou, il On dit aussi andes.
ANDECHS, ancienne abbaye do bénédic-
tins, dans le district de Weilneim (Bavière).
Ch.-lieu d'un comté sur lequel régnaient au
moyen âge les ducs de Méranie.
ANDEER, village de Suisse (Grisons). Eaux
sulfureuses et bains. Dans les environs, ruines
du château de Boerenbourg.
andelane adj . f, ( an-de-la-ne — de an-
delang). Paléog. Charte andelane, Nom d'une
espèce de charte ainsi appeléo parce qu'elle
était mise de la main du donateur dans celle
du donataire.
Andelang s. m. (an-de-lan — du bas lat.
andelangus : dérivé de l'allem. hand, main, et
langen, donner). Diplom. Espèce de charte de
donation, qu'on appelle aussi charte andelane.
ANDELLE (bois d'). Se dit du hêtre.
ANDELLE, petite rivière qui se jette dans la
Seine, à Pitres (Eure). Cours, 64 kilom.
ANDELOT, ch.-lieu de cant. (Haute-Marne),
arrond. de Chaumont, sur le Rognon; pop.
aggl. 1,076 hab. — pop. tôt. 1,107 hab. En
587, un traité y fut signé entre Childebert II,
Brunehaut et Gontran, pour assurer aux leudes
la possession viagère de leurs bénéfices, et
fixer les possessions de l'Austrasie et de la
Bourgogne dans l'Aquitaine. Près d'Andelot
sont les ruines de la forteresse de Monteclair,
rasée en 1635.
ANDÉOL (saint), sous -diacre, martyr au
me siècle, particulièrem. honoré dans l'ancien
Vivarals. Fête le 1er me\.
;ur la Seine; pop. aggl. 3,712 hab. —
;. 5,137 hab. L'arrond. a 6 cant., 117
m., 62,537 hab. Les Andelys (le grand et
gothique de Ste-Clotilde , bâtie sur l'emplace-
ment d'une ancienne abbaye, les ruines du
château Gaillard, bâti en 1198 par Richard
Cœur de lion, et où fut étranglée Marguerite
de Bourgogne ; celles du château que la tradi-
tion donne comme celui de Robert le Diable.
Près de la se livra le combat de Brenneville,
où Louis le Gros faillit être fait prisonnier par
Henri I«r, roi d'Angleterre (1119). Patrie des
trouvères Henri et Rover d'Andely, de l'érudit
Adrien Turnèbe , de ï'aéronaute Blanchard ,
de l'ingénieur Brunel , et du peintre Nicolas
Poussin. La Calprenède et Thomas Corneille
y sont morts, après un séjour de plusieurs
années. — Commerce assez important de bes-
tiaux, grains, laine», toiles, etc.
kilom. de Namur; pop. 5,707 hab. Fabriques
renommées de faïence et de pipes.
ANDER. Myth. pers. Un des princes des devs,
dans la religion de Zoroastre.
ANDERAB , ville et ch.-lieu de district du
Turkestan, à 450 kilom. S.-E. de Samarkand ;
pop. 6,700 hab. Sur les bords du Kazan, rivière
qui porte aussi le nom d'Anderab. Carrières
abondantes de lapis -lazuli dans les monta-
gnes voisines.
ANDERLECHT,rundesfaubourgsde Bruxel-
les; pop. 7,465 hab. Le général Dumonriez y
battit les Autrichiens le 13 novembre 1792.
ANDER-LENK , village de Suisse, dans le
canton de Berne, à 975 mètres au-dessus du
niveau de la mer; pop^ 2,250 hab. Les envi-
rons de ce bourg sont" une des contrées al-
pines les plus remarquables et les plus inté-
ressantes ; on y voit les sept sources, les ma-
gnifiques chutes de la Simme, et le glacier du
Raetzli. — Dans une guerre entre Berne et lo
Valais, les Valaisans ayant surpris Ander-
Lenk turent repoussés par les femmes, qui,
en l'absence de leurs maris , s'étaient armées
à la hâte de pieux et de fourches.
ANDERLONI (Pietro), graveur italien, né en
1784 à Santa- Eufemia, dans le Bressan , mort
en 1849. Il fut d'abord élève de son père
Faustin, qui a fait de nombreuses planches
pour des ouvrages de médecine. Plus tard, il
se perfectionna sous la direction de Longhi,
auquel il succéda, en 1831, comme directeur
de l'Ecole de gravure de Milan. Ses principales
estampes sont la Vierge et la Vision à'/izéchiel,
' d'après Raphaël ; la Femme adultère, d'après
le Titien ; la Fille de Jéthro , d'après Poussin.
ANDERMATT, petit village de Suisse, cant.
d'Uri ; 690 hab. Près de là, sur la Reuss. se
trouve le fameux Pont du Diable, qui doit sa
légende au précipice affreux sur lequel il est
jeté et à l'aspect sauvage du pays qui l'entoure.
ANDERNACII , petite ville de Prusse, dans
la prov. rhénane, sur la rive gauche du Rhin ;
4.600 hab. Elle a donné son nom à la bataillo
où Charles le Chauve fut défait, en 876, par
le fils de Louis le Germanique. Elle occupe
l'emplacement de l'ancienne cité romaine An-
tunnacum, qui devait son origine à un camp
établi par Drusus. On suppose que c'est aux
environs de cette ville que César fit jeter sur
le Rhin son pont de bois.
Andernach est entouré de remparts massifs
flanqués de tours. L'église paroissiale, qui date
du xiic siècle, possède quelques sculptures cu-
rieuses et une tombe romaine. La porte de la
ville qui domine la route de Coblentz est d'un
style gothique élégant, et d'origine très-an-
cienne. Non loin de là sont les ruines du palais
crénelé de l'archevêque de Cologne, édifié vers
la fin du xve siècle. Exportation^ l'étranger do
nombreux produits volcaniques ; environs très-
pittoresques, qui intéressent particulièrement
le géologue.
anderss. m. pi. (an-dèrr). Art vét. Nom
donné,dans la haute Auvergne.à une maladie
cutanoe légère qui survient chez les veaux,
et qu'on attribue à une alimentation insuf-
fisante.
ANDERSEN (Hans-Christian), poète et ro-
mancier danois, né en 1805, à Odensée (île de
Fionie), est le fils d'un simple cordonnier.
Obligé, par la mort prématurée de son père, de
pourvoir lui-même h ses besoins, il essaya
divers apprentissages, qu'une répulsion innée
lui fit abandonner successivement. A 'l'âge de
douze ans, il faisait des vers ; puis il se ren-
dit a Copenhague, riche d'espoir et d'illusions.
Toute son ambition était de suivre la carrièro
artistique ; mais ses premières tentatives
échouèrent, et il dut se résigner h. être sim-
plement un polite. Plusieurs opuscules poéti-
ques, parmi lesquels l'Enfant mourant, lui
méritèrent la bienveillance du célèbre poète
" CEhlenschlœger et d'autres personnages, qui
obtinrent pour lui du roi une bourse dans uno
institution de Copenhague (1828). Le poète
écolier avait alors vingt-trois ans. Dans un
premier voyage en Allemagne , Andersen so
lia avec Chamisso et Tieck. Plus tard, lés
libéralités du monarque lui permirent de voya-
ger en France, en Suisse, en Italie, en Alle-
magne, en Suède, en Orient, etc. Ces voya-
ges continuels exercèrent sur son imagination
et sur son talent une influence prodigieuse,
et, sous tant de cieux différents, il recueillit
une ample moisson de souvenirs , d'impres-
sions et d'images, dont il enrichit ses compo-
sitions. Andersen est un des grands poètes
de cette littérature septentrionale encore si
peu connue chez nous, c'est un des mieux
doués et des plus complets. Au sentiment et a
la mélancolie rêveuse des races du Nord , il
joint la vigueur et l'abondance des pensées, la
fertilité de l'imagination , parfois la finesse et
l'irnnÎA vnlt.fl.îi>innn0cï nrn<ii rtn'nn p.nlnria rdâin
œuvres principales sont: Poésies, pi
cne\\(iS30);Fantaisies et Esquisses (1831), véri-
table écrin de joyaux poétiques ; Esquisses de
Voyage; l'Improvisateur, roman d'inspiration
italienne (1834), traduit en français par Mme c.
Lebrun (2 vol. in-S°, 1847) ; Bazar du Poète
(1842), scènes pittoresques de l'Orient; le Récit
de ma Vie, autobiographie ; O-T, roman dont le
titre bizarre, mais exact, désigne la maison
de réclusion d'Odensée (1835); Bien qu'un
violoniste (1837), autre rom«n ; le Mulâtre ,
drame applaudi (1840); Album sans dessina,
fantaisies pleines d'humour et d'originalité
(1840) ; Les Fleurs du bonheur, comédie (1842) ;
trois volumes de Contes, parmi lesquels il en
est qui sont restés populaires dans toute l'Eu-
rope; Ahasvérus, drame philosophique; les
Deux Baronnes, roman de mœurs danoises. La
plupart de ces productions.ont été traduites en
allemand, en français et dans plusieurs autres
langues. L'édition complète des œuvres d'An-
dersen a paru en 35 vol. (Leipsig, 1847-1848).
ANDERSON OU ANDRECE (Laurent), chan-
celier de Suède sous le règne de Gustave
Wasa, né vers 1480. Il fut d'abord prêtre et
devint dans la suite chancelier. C'est lui qui
fut chargé de représenter son souverain aux
Etats de Westeras, en 1527, et son éloquence
y fit décréter l'introduction du luthéranisme
en Suéde. Plus tard, il fut condamné à mort
pour n'avoir point révélé au roi une conspi-
ration tramée contre lui, et dont il avait eu
connaissance. Toutefois, il lui fut permis de
racheter sa vie par une somme d'argent. Re-
tiré ensuite dans ses terres , il y mourut en
1552. C'est Anderson qui donna la première
traduction , en langue suédoise , du Nouveau
Testament.
ANDERSON (sir Edmond), jurisconsulte an-
glais, né en 1540, mort en 1605, fut l'un des
commissaires nommés par Elisabeth pour pré-
parer le procès de Marie Stuart, ce qui ne
l'empêcha pas de siéger parmi les juges qui
condamnèrent Davison; accusé hypocritement
d'uvnir hâté l'exécution de la ro,no <i*R«»«<!<«>
î commencement du xvn° siècle,
1675. Animé d'une véritable passion pour les
voyages, il parcourut successivement l'Arabie,
la Perse, l'Inde, la Chine, le Japon, et revint
duc de Holstein-Gottorp, qu'il intéressait beau-
coup par le récit journalier de ses lointaines
— - — :--S- La relation en fut publiée en 1669.
né près d'Edimbourg, en 1739, mort en 1808!
Il écrivit dans V Abeille et dans divers recueils
un grand nombre d'articles qu'il signait sou-
vent de noms d'emprunt, et publia en outre :
Essais sur les plantations; Essais sur l'agri-
culture; Observations sur l'esclavage, etc.
ANDERSON (Arthur), économiste et finan-
cier anglais, né en 1792, dans une des îles
Shetland. Il gagna u-ne fortune considérable
dans les pêcheries , dans diverses entreprises,
et devint directeur de la puissante compagnie
d'armements maritimes, la Peninsular and
Oriental steamnavigation Company. Il prêta son
appui aux luttes de la Com-law-league, ligue
des chefs et partisans de l'école réformiste de
Manchester (Cobden, Bright, et autres) contre
. le système protecteur et prohibitif, et attaqua
ce système par des brochures et des articles
de journaux. Membre du Parlement de 1847
à 1852 , il vota constamment avec le parti
libéral.
. ANDERSON (Henry), géomètre et géologue
américain, né sur la. nn du siècle dernier, a
professé les sciences mathématiques et astro-
nomiques à New- York, de 1825 a 1843. Il aban-
donna l'enseignement pour voyager en Eu-
rope, et fit partie de l'expédition scientifique
du capitaine Lynch , qui devait- explorer le
Jourdain et la mer Morte. Il n'étudia le pays
qu'au point de vue géologique, conformément
a sa mission. Sa relation, intitulée : Reconnais-
sance géologique de la partie de la terre sainte
qui embrasse la région du Liban , la Galilée
septentrionale, ta vallée du Jourdain et la mer
Morte, fut publiée à New-York, 1848, aux
frais du gouvernement des Etats-Unis. —
Parmi les mémoires scientifiques de M. An-
derson, on distingue celui qui est relatif au
mouvement des solides sur les surfaces, inséré
en 1830 dans les Transactions de la Société
philosophique américaine.
ANDERSON (sir James), membre du Parle-
ment anglais, né en 1800, à Stirling. Manufac-
turier à Glasgow, il fut élu en 1849 lord prévôt
(maire) de cette importante cité, et, en 1852,
envoyé au Parlement par le bourg de Stirling.
A son voyage à Glasgow (1849), la reine con-
féra à sir Anderson la noblesse personnelle
avec le titre de chevalier.
ANDERSON (William), théologien et prédi-
cateui écossais, né" en 1800 à Kilsyth (comté
de Stirling). Il est ministre presbytérien à
Glasgow, prédicateur populaire . orateur libé-
ral des assemblées laïques, écrivain instruit,
controversiste habile, mais peu tolérant à l'é-
gard des non presbytériens. Outre des sermons,
W. Anderson a composé des traités sur la
Messe, ta Pénitence, le Génie de la papauté,
la Régénération de l'homme, etc.
ANDERSON (Robert); né dans l'Etat de
Kentucky, est aujourd'hui (1864) général de
brigade dans l'armée des Etats-Unis. Quand
il tira contre les insurgés du Sud le premier
coup de canon pour défendre l'Union améri-
caine, Robert Anderson, connu comme auteur
de plusieurs ouvrages militaires jestimés, était
simple major, commandant des troupes fédé-
rales en garnison dans le port de Charlestown.
Presque abandonné par son gouvernement,
manquant de munitions et de vivres, placé
dans un cercle de canons ennemis, attaqué de
front par une batterie flottante, Anderson ré-
pondait simplement au général ennemi Beau-
regard, qui le sommait o"e se rendre : « Mes
sentiments d'honneur et mes devoirs envers
mon gouvernement m'en empêchent. • Le 12
avril 1861, à quatre heures et demie du matin,
les Charlestoniens insurgés ouvrirent le feu
sur le fameux fort Sumter, situé au milieu de
la baie de la métropole carolinienne, et dans
lequel Anderson avait concentré les quelques
soldats dont il disposait. La guerre civile qui
désole l'Amérique depuis trois ans était alors
commencée. Mais, chose étrange, et qui de-
vait faire peu pressentir les batailles sanglan-
tes, les horribles boucheries qui depuis ont
épouvanté le monde civilisé, pas un homme ne
périt, soit parmi les héroïques défenseurs de
Sumter, soit parmi les assiégeants. Et pourtant
le feu fut terrible et sans intermittence pendant
trente-six heures. Plusieurs fois la garnison
. eut à lutter contre l'incendie, allumé par les
bombes et qui menaçait la poudrière. Quand
on n'eut plus 'de cartouches, Anderson en fit
fabriquer avec des sacs de toile, des morceaux
de vêtements, et même des chemises. Enfin, il
fallut se rendre, quand la fatigue, la faim et
la chaleur intolérable développée dans les em-
brasures par les incendies répétés, eurent dé-
montré à cette petite troupe de soldats coura-
geux que leurs efforts étaient mutiles. Le 13
avril, le drapeau de l'Union fut amené. La
garnison sortit, avec les honneurs de la guerre,
du fort Sumter en ruine, et les batteries re-
belles saluèrent Anderson quand il quitta le
fort de Charlestown pour retourner au Nord,
où sa présence excita le plus vif enthousiasme,
où il fut comblé d'honneurs et de présents par
les corporations de New- York, de Philadelphie,
de Boston, aussi bien que par les simples
particuliers.
ANDEBSONIE s. f. (an-dèr-so-nî — de An-
derson, n. pr.). Bot. Genre de la famille des
épacridées, renfermant plusieurs arbrisseaux
do l'Australie méridionale.
ANDES ou CORDILLÈRES, immense chaîne
de montagnes de l'Amérique du Sud, qui s'é-
tend le long de la côte occidentale, depuis le
cap Froward jusqu'à l'isthme de Darien, sur
une longueur d'environ 7,000 kil. Le mot andes
vient du péruvien antis, dérivé lui-même
à'anta, qui signifie cuivre. Cette grande chaîne
peut se diviser en plusieurs branches : les
Andes de la Patagonie, appelées aussi Sierra
nevada de los Andes, toujours couvertes de
neige , et dont la plus haute cime , appelée
Corcovado, s'élève a près de 4,000 mètres ; sa
constitution est généralement granitique. —
Les Andes du Chili, dont les cimes dépassent
partout les limites des neiges éternelles, et
dont le point culminant paraît atteindre 6,400
mètres. Cette partie des Andes renferme vingt-
trois volcans en activité, et les vallées qui les
traversent servent de lit à de nombreux lacs,
dont les plus considérables sont : le Villarica, le
Nahuelhuapi et le Desaguedero. Les Andes du
Chili étaient autrefois très-riches en métaux
précieux : pr, argent, etc. — Les Andes du
Pérou, connues aussi sous le nom de Cordillère
royale des Andes, qui se divisent en plusieurs
branches, dbnt l'une s'étend jusqu'aux fron-
tières de la Colombie. — Les Andes de la Co-
lombie, où se trouvent les hautes cimes du
Chimboraço, du Pichincha, du Cotopaxi, de
l'Antisana et du Cayambe ; ces Andes renfer-
ment dix-huit volcans en activité et plusieurs
solfatares, volcans à peine éteints.
Depuis le voyage de Humboldt, on considé-
rait le Chimboraço comme le sommet le plus
élevé de toute l'Amérique : sa hauteur est de
6,530 mètres; mais un voyageur anglais,
M. Pentland, a reconnu que le point culmi-
nant des Andes" est le Neuado de Soaata, situé
dans la Cordillère orientale, vers le quinzième
degré de latitude méridionale, et qui a 7,696
mètres de hauteur. Les pics les plus élevés
sont ensuite : l'Illirnani, 7,315 m.; le volcan de
Gualatieri, 7, 100 m.; l'Acosta, 6,700 m.; le Chim-
boraço, 6,530 m.
Les sommets des Andes sont couverts de
neiges éternelles ; à leur base, principalement
dans la région de l'équateur, on trouve la vé-
gétation des tropiques ; là croissent la canne à
sucre, les différents cactus, les plantes grasses ,
et surtout le ouinquina, un des végétaux les
plus fameux de cette partie de l'Amérique,
et dont on rencontre près de Quito des fo-
rêts entières. Des bois de cèdres rouges , de
pins, de cyprès, de lauriers, de myrtes et de
pellin ombragent les pentes des Andes. Le pin
(pinus araucana) y atteint, dans quelques lo-
calités, la hauteur de 85 mètres, et y occupe
les plus hautes régions ; le laurier devient assez
gros pour être employé dans les constructions ;
le myrte fournit un excellent bois pour la car-
rosserie, et le pellin s'élève souvent à plus de
30 mètres.
ANÎ>
Outre les mines d'or et d'argent, dont les
plus renommées sont celles de Potosi et de
Copiapo, on trouve dans les Andes quelques
gisements de platine.
ANDES-PARIME s. m. (an-de pa-ri-me).
Linguist. Famille de langues de l'Amérique,
comprenant , entre autres , le caraïbe et le
tamanaque.
ANDÉSITE s. f. (an-dé-zi-te — rad. Andes).
Miner. Nom donné à un trachyte des Andes.
and-guz s. m. ( and-guzz ). Métrol. Mesure
de longueur employée dans quelques parties
des Indes occidentales. — L'and-guz vaut 43
centimètres.
ANDI s. m. pi. (an-di). Géogr. Nom d'une
peuplade pannonienne de la famille des
Avares.
— s. m. Ling. Langage des Andi : Z'andi
diffère plus que les autres idiomes de l'avare
propre et de ses dialectes. (Balbi.)
ANDICOLE adj . (an-di-ko-le —de Andes, et
de colo, j'habite ): Hist. nat. Qui habite les
Andes,'qui croît dans les Andes, il On dit aussi
AND 1ER s. m. (an-dié — du bas lat. andena,
anderia, chenet). V. lang. Gros chenet de fer
servant à la cuisine. Andier n'est plus guère
usité que dans le patois bressan. 11 est devenu
landier par l'addition de l, comme dans lierre,
loriot, luette, etc., où s'est produite la môme
contraction.
ANDILEGCM, nom latin des Andelys.
ANDILLY, village de Seine-et-Oise, arrond.
de Pontoise, canton de Montmorency ; 400 hab.
Situation très-agréable, ,sur une hauteur qui
domine la délicieuse vallée de Montmorency.
Patrie d'Arnaud d'Andilly.
andin, INE adj. (an-dain, i- ne — rad.
Andes). Hist. nat. Syn. à'andicole.
ANDIRA, "ville de l'ancienne Grèce, dans la
Troade.
des césalpiniées, renfermant
pôces arborescentes, presque toutes origi-
naires de l'Amérique.
ANDIRINE adj. f. (an-di-ri-ne — rad. An-
dira). Myth. gr. Surnom de Diane, adorée
particulièrement à Andira.
ANDJALI s. m. (an-dja-li). Chez les Indiens,
Sorte de salut respectueux.
ANDJ ANA. Myth. ind. La mère d'Hanouman.
ANDLAU-AU-YAL, petite ville du dép. du
B.-Rhin, sur l'Andlau, arrond. de Schlestadt;
pop. aggl. 1,640 hab. — pop. tôt, 2,018 hab.
Ruines célèbres d'une ancienne abbaye con-
struite, à la suite d'un vœu, par sainte Ri-
charde, épouse de Louis le Gros. Il reste de cette
abbaye une chapelle, de construction romane,
très - remarquable. Aux environs se dresse
l'antique château de Spesbourg, assis sur une
roche dont le côté occidental est coupé à pic.
à une grande profondeur ; une immense fenêtre
s'ouvre sur le précipice.
ANDLAW (Henri-Bernard d'), homme poli-
tique allemand, né en 1802, issu d'une famille
ancienne, servit quelque temps dans la petite
armée du grand-duché de Bade, et entra en
] 833 à la première Chambre badoise. Dialec-
ticien subtil, orateur élégant, il a mis toutes
les ressources de sa parole et de sa plume au
service de la cause des privilèges de la no-
blesse et du clergé; mais, partisan de l'ultra-
montanisme, du pouvoir absolu, de la féodalité
et de l'Autriche, il a fait peu de disciples.
ANDOCHE (saint), martyr en Bourgogne,
au ne siècle. Fête le 24 septembre.
ANDOC1DES, général et orateur athénien,
né vers l'an 468 av. J.-C. Il fut banni par les.
trente tyrans, rappelé après leur chute, et
s'exila de nouveau pour échapper à une accu-
sation d'impiété. Il nous resté de lui quatre
discours, qui se trouvent dans les Oratores
Graci d'H. Estienne et dans la collect. Didot.
ANDOLSIIEIM, ch.-lieu de cant. du départ,
du Haut-Rhin, arrond. et à 5 kil. de Colmar;
1,039 hab.
ANDORRAN, ANNE s. et adj. (an-do-ran,
a-ne). Géogr. Habitant du val d'Andorre; qui
appartient à cette contrée ou à ses habitants :
En général, les Andorrans sont robustes et
d'une taille avantageuse. Le territoire andor-
ran n'a jamais été violé par les Espagnols,
malgré les tentatives qu'ils ont faites à diffé-
rentes reprises. Pendant la gvei-re d'Espagne,
les Andorrans ne cessèrent de fournir aux
soldats de Napoléon des guides et des secours
de toute espèce. Les mœurs des Andorrans sont
simples et sévères, elles commandent le respect.
(A. Hugo.)
ANDORRE (val ou vallée d'), petite répu-
blique sous la protection de la France, située
sur le versant méridional des Pyrénées, entre
la France (départ, de l'Ariége) et l'Espagne
(province de Lérida). Ce petit Etat s'étend sur
un espace de 44 kil. du N. au S., et environ
40 kil. de l'E. à l'O. Superf. 495 kil. carrés.
Pop. 18,000 hab, — Il a pour ch.-lieu Andorre,
à 36 kil. de Foix, et renferme 40 hameaux, di-
visés en 6 communes ou paroisses.
Le val d'Andorre offre un bassin fort élevé,
entouré de tous côtés par de hautes montagnes
AND
, „ , la seule porte de cette vallée.
Le sol, montagneux et rocailleux, est en général
peu fertile ; cependant, on y trouve des pâtu-
rages excellents, qu'abritent de vastes forêts
d^ sapins et qui nourrissent de nombreux trou-
peaux , principale richesse des Andorrans. Il
renferme aussi quelques mines de fer, dont les
produits s'écoulent en Espagne. Les habitants,
en général robustes et bien proportionnés, ont
des mœurs simples et pures, sont tous catho-
liques et parlent l'idiome catalan.
Cette petite république jouit d'une organisa-
tion politique, militaire, judiciaire et commer-
ciale ; elle est gouvernée par une réunion de
vingt-quatre membres,. appelée Conseil souve-
rain , qui nomme à vie le procureur général
syndic de la vallée d'Andorre. La justice est
rendue par deux viguiers. nommés, l'un par le
gouvernement français, l'autre par l'évêque
o'Urgel, ville d'Espagne. — De seize à soixante
ans, tout citoyen est armé ; les viguiers sont
chefs supérieurs militaires, chaque paroisse a
un capitaine qui dirige les exercices militaires.
C'est à Charlemagne que cette contrée doit
son indépendance. Vers 790, quand ce prince
marchait contre les Maures, les Andorrans di-
rigèrent fidèlement son armée vers les défilés
de la Catalogne, et c'est pour les récompenser
que Charlemagne les rendit indépendants des
princes voisins, et leur permit de se gouverner
par leurs propres lois. Son fils, Louis le Dé-
bonnaire, organisa l'administration qui subsiste
encore aujourd'hui dans les mêmes formes, et
qui offre le phénomène remarquable d'un petit
pays conservant depuis douze siècles , avec
son indépendance, les mêmes institutions au
milieu des révolutions qui ont si souvent changé
le gouvernement des deux grands royaumes
Andorre (le val d'), opéra comique en trois
actes, paroles de M. de Saint-Georges, musique
de F. Halèvy, représenté pour la première
fois, le 11 novembre 1848, à l'Opéra-Comique,
et repris au Théâtre-Lyrique, le 1 5 octobre 1860.
Comme tous les ouvrages du même composi-
teur, cette partition renferme des morceaux
où l'on reconnaît le maître d'un ordre élevé;
mais il y a peut-être trop de puissance dans le
style et trop d'ampleur dans la pensée. Halévy
regardait de haut; il détestait les vulgarités,
et cherchait sans cesse des effets nouveaux.
Cet amour du grand gênait parfois son esprit
et le rejetait hors des fantaisies libres, qui sont
seules facilement accessibles à tous les audi-
toires. Sa popularité devait souffrir du défaut
de simplicité de sa mélodie. Sa méticuleuse
conscience d'artiste se préoccupait moins du
succès que de la majesté de la forme, dût-elle
être incomprise par les ignorants.
Mais quittons ces considérations générales,
qui trouveront mieux leur place dans la bio-
graphie complète du musicien, et revenons au
Val d'Andorre, objet du présent article. Le Val
d'Andorre est un gros mélodrame, tout rempli
de pleurs et de lazzi de caporal. On y remar-
que, répétons-le, des passages qui trahissent
un talent supérieur, tels que la chanson du
chevalier, la romance de Rose de mai, l'ariette
du chasseur, le trio, le quatuor, et les cou-
plets du chevrier. Le finale a des développe-
ments qui dépassent la condition des person-
nages et la mesure du libretto.
Dans le Val d'Andorre, l'auteur a construit
ses morceaux d'ensemble avec des accords et
des modulations qui, n'étant pas toujours rat-
tachés à des dessins saisissables, apportent du
trouble dans l'économie générale de l'œuvre.
D'autres l'ont dit avant nous : « Si Halévy
s'était contenté d'écrire cinq ou six opéras
comme la Juive et la Reine de Chypre, sa ré-
putation s'en fût bien trouvée, et son génie
n'eût jamais rencontré de contradicteurs. •
D'après Fétis : « Moins riche et plus simple,
Halévy eût obtenu de plus grands succès. »
ANDOUILLE s. f. (an-dou-lle; Il mil. — de .
l'adj. bas lat. inductilis; forme de inducere,
introduire, mot qui figure dans les glossaires
du moyen âge comme syn. de saucisse. Huet
le tire du lat. edulium, mangeaille; Ménage
de induere, couvrir, revêtir; Génin le fait dé-
river de douille, adjectif qui signifiait primi-
tivement gonflé, rebondi, ayant la forme d'un
tonneau (dolium); l'initiale an ne serait autre
chose que le préfixe latin in: andouille serait
donc un boyau gonflé, farci). Sorte de char-
cuterie qui se compose d'intestins de porc ou
do sanglier, mis en morceaux, fortement épi-
cês, et enfermés dans un autre intestin : An-
douille de porc ou de cochon. Andouille de
sanglier. Andouille fraîche. Andouille fu-
mée. Andouille truffée. Andouille grillée.
Andouille au vin blanc. Ils mangèrent des
andouilles et des tranches de jambon, qui les
firent boire à triple mesure. (Le Sage.) Les an-
douilles de sanglier sont un mets de haute
saveur, surtout quand elles ont été fumées dans
l'dtre, avec du bois de genévrier, pendant
soixante-douze heures de suite. (Brill.-Sav.) a
Mets analogue, fait avec la chair de tout autre
animal : Andouille de bœuf. Andouille de
fraise de veau. Andouille de gibier. Andouillb -
de volaille. Il Andouille de carême, Andouille
faite avec de la chair de poisson, et surtout
celle du thon, de l'anguille, du saumon, et
renfermée dans une peau d'anguille, il La robr
de iandouille, Le boyau qui l'enveloppe.
— Ce mot, à cause de la qualité pou rele
vée de la chose qu'il exprime, et surtout de
AND
la bizarrerie de sa prononciation, est entré
dans plusieurs locutions populaires et même
triviales : C'est une andouille, une véritable
tmdouille. Quelle andouille! Sedit d'un homme
sans caractère, niais, imbécile, il Vêtu, ficelé
comme 'me andouille, Se dit d'un homme qui
se couvre beaucoup, qui est serré dans ses
vêtements, il Rompre des andouilles sur le
genou, Tenter une chose impossible. On dit
mieux : rompre des anguilles sur le genou, lî
Cela s'en est allé en brouet d'andouilles, Se dit
d'un grand projet qui n'a abouti à rien. Il Nul
ve peut faire bonne andouille de tels boyaux,
Un honnête homme ne cherche pas à aug-
menter sa fortune par des moyens réprouvés
par la morale. Il Grand dépendeur d'andouilles,
Homme grand et mince, par allusion, sans
doute, à rhabitude qu'on a dans les campa-
gnes de suspendre les andouilles au plafond.
— Dans nos anciens poëtes, ce mot avait
une signification obscène qu'il est inutile
d'expliquer autrement que par les deux vers
suivants empruntés à notre vieille poésie :
il Aujourd'hui encore, ce mot a conservé la
même signification abjecte dans le vocabu-
laire de la classe la plus grossière.
— Techn. Feuilles de tabac roulées en es-
pèce de corde, dont on forme les carottes.
— Papet. Pàtons adhérents à la ieuille de
papier.
— Les Andouilles, Personnages grotesques
que Rabelais place dans une île imaginaire
où aborde Pantagruel. C'est là que l'on voit
Ri/landouille, Tailleboudin, Godiveau, Cerve-
las, Mardi-Gras, etc., etc.
ANDOUILLER s. m. (an-dou-llé; Il mil.).
Véner. Espèce de petite corne qui vient au
bois du cerf, du daim et du chevreuil : Il a
été blessé dangereusement d'un coup <2'andouil-
lkr. Il jugeait un vieux cerf à la perche, à la
meule, aux andouillkrs et à l'embrunisseure.
(Ronsard.) Les cerfs se donnent des coups de
tète ou d'ANDOUILLBRS si forts, que souvent ils
se blessent à mort. ( Buff.) Une tête levée der-
rière des broussailles nous montre deux grands
bois de cinq ou six andouillkrs chacun. (L.
Viardot.) Le cerf s'arrêta plusieurs fois en
tournant çà et là sa tête chargée d'ANDOOiLLERS
énormes. (E. Sue.)
— Maître andouiller, Celui qui se trouve
placé le premier sur la tige du bois d'un cerf,
et qui se dirige en avant. C'est la principale
arme de l'animal, et ses coups sont souvent
mortels.
ANDOUILLETTE s. f. (an-dou-llè-te ; Il mil.
— dimin. de andouille). Petite andouille : Les
andouillettes de Troyes sont renommées.
— Art culin. Mets composé de chair de
veau hachée, mise en petits rouleaux, dont
on garnit les pâtés chauds et les vol-au-vent.
ANDOUILLIQUE adj. (an-dou-lli-ke ; Il mil.
— rad. andouille). Qui a rapport aux an-
douilles. Vieux mot créé par Rabelais : Elle
répondit que c'était Mardi-Gras, premier fon-
dateur de la race andouilliquk.
ANDOVER, ville des Etats-Unis (Massachu-
setts), située a 22 kil. N. de Boston, près de la
rive droite du Merrimack. Pop. 5,207 hal>.
Académie et séminaire renommés , bibliothè-
que, il Ville du comté de Hamp (Angleterre),
sur la petite rivière de l'Anton,a68 kil. O.-S.-O.
de Londres. Pop. 5,18$ hab. Elle est adminis-
trée par quatre aldermen, et envoie deux dé-
putés au Parlement. Du 10 au 16 octobre, foire
célèbre. Les environs d'Andover présentent des
vestiges de campements romains, ainsi que de
mosaïques romaines.
ANDRACHNÉ s. f. (an-drak-né — du gr.
andrachnos, pourpier). Bot. Genre de plantes
euphorbiacées, dont les feuilles charnues
ressemblent à celles du pourpier.
ANDRADA (Diego Payva d'), théologien
portugais, né à Coïmbre en 1528, mort en
1575. Fils du grand trésorier du roi Jean, il
figura avec distinction au concile de Trente. Il
est auteur de nombreux ouvrages théologi-
ques, où il a su, par la vivacité et l'élégance
de son style, éviter la sécheresse proverbiale
des théologiens. — Ses frères, François et
Thomas d'ANDRADA , ont laissé aussi quelques
ouvrages estimés. — Son neveu, fils de Fran-
çois, est avantageusement connu en Portugal
par la Chauléide, poEme latin en douze livres,
qu'il composa sur la bataille de Chaul , livrée
dans les Indes orientales. Mais quelques bio-
graphes lui contestent la paternité de cet
ouvrage.
ANDRADA (le P. Antonio d'), jésuite; mis-
sionnaire portugais, né vers 1580, mort a Goa
en 1633. Il fit partie des missions de l'Inde, et
Pénétra deux fois jusqu'au Thibet? à travers
les plus grands dangers et au prix de souf-
frances inouïes. On assure quil y prêcha
l'évangile et qu'il put même élever un temple
à la Vierge. Andrada a laissé une relation très-
curieuse de ses voyages. Elle a été traduite
en français en 1629.
ANDRADA (Jacintho Freyre d'), écrivain
portugais, né en 1597, mort en 1657. Il a écrit
une Vie de Jean de Castro, vice-roi des Indes
portugaises, ouvrage du plus haut intérêt.
Publié en 1651 , il a été souvent réimprimé
depuis, soit en portugais, soit en latin. An-
drada a donné aussi diverses poésies.
ANDRADA B SYLVA (Boniface-Joseph i/),
AND
naturaliste célèbre et l'un des fondateurs de
l'indépendance brésiliennne , né à Villa de
Santos en 1765, mort près de Rio-Janeiro en
1838. Il fit ses premières études au Brésil, se
livra aux sciences naturelles, vint se fixer
jeune encore à Lisbonne, où il se fit connaître
par d'excellents mémoires, et fut désigné en
1790 comme pensionnaire de l'Etat pour des
voyages scientifiques en Europe et dans le
Levant. A Paris , il étudia sous Lavoisier,
'Chaptal , Fourcroy, Laurent de Jussieu , et
obtint à son retour en Portugal (1800) une
chaire de métallurgie et de géognosie créée
pour lui. Il fut ensuite nommé inspecteur gé-
néral des mines, dirigea de vastes travaux-
publics, notamment la canalisation de Mon-
dego, combattit l'invasion 'française à la tête
des étudiants de Coïmbre, reprit ses occupa-
tions scientifiques à la paix, et fut nommé en
1812 secrétaire perpétuel de l'Académie des
sciences de Lisbonne. En 1819, il retourna au
Brésil et contribua puissamment à la procla-
mation de l'indépendance. Placé à la tête du
ministère, il devint le chef du parti qui voulait
entourer la monarchie d'institutions démocra-
tiques. Ce parti fut renversé en 1823, et An-
drada fut déporté- en France. Il se rendit à
Bordeaux avec quelques amis politiques qui
avaient suivi sa fortune, et ne s'occupa plus
que de littérature et de science. Pendant cet
exil, il fut nommé député pour la seconde
législature. Néanmoins, il ne rentra dans sa
patrie qu'en 1829, mais sans prendre part aux
événements politiques. Il se retira dans la
belle lie de Paquéta, et y vécut dans la re-
traite. Après la révolution du 6 avril 1831,
lors de l'abdication de D. Pedro Ier, Andrada
fut chargé de l'éducation du prince impérial, et
mourut quelques années plus tard (6 avril 1838).
Cet homme remarquable a rendu de grands
services aux sciences naturelles; mais il n'a
écrit aucun ouvrage de quelque étendue , et
n'a jamais songé k réunir les précieux mé-
moires qu'il a répandus dans les recueils scien-
tifiques des deux mondes. Parmi ces mémoires,
nous devons citer celui qui traite des qualités
des diamants du Brésil, un écrit remarquable
sur le fluide électrique, un autre sur 1 ense-
mencement des côtes du Portugal, etc.
ANDR.&: (Chàrles-Christophe-George), hom-
me politique danois, né en 1812, à Hjertebjerg,
devint lieutenant-colonel du génie en 1851.
A la suite d'un voyage scientifique en France,
fait aux frais du Danemark, il fut chargé
d'enseigner à l'Ecole militaire les sciences
mathématiques pures et appliquées(l842-l843).
Le roi l'ayant député à l'Assemblée consti-
tuante (1848-49), il proposa l'article 15 de la
Constitution. De 1850 à 1853, il siégea au Par-
lement, d'abord dans la première chambre,
ensuite dans la seconde. Opposé au ministère
Œrsted, il paya son indépendance par une
destitution (avril 1854). Mais, à la retraite du
ministère, il fut appelé à la direction du dépar-
tement des finances (décembre 1854) et à la
présidence du conseil des ministres (octobre
1856). Dans la composition du ministère Hall,
qui se forma le 13 mai 1857 , M. Andne garda
la direction des finances. Il est membre de
l'Académie des sciences de Copenhague de-
puis 1853.
ANDRAL (Gabriel), médecin, né à Paris en
1797. Il remplit successivement les chaires
d'hygiène et de pathologie interne, fut nommé
membre de l'Académie de médecine en 1824,
et enfin désigné presque unanimement par
ses collègues, pour succéder à Broussais
dans la chaire de pathologie et de thérapeu-
tique générales (1830). Son enseignement eut
beaucoup d'éclat. Esprit vaste et pénétrant,
observateur sagace et judicieux, savant de
premier ordre, le docteur Andral est cependant
tombé dans quelques erreurs, en prenant trop
exclusivement pour base l'anatomie patholo-
gique de l'homme mort. On prétend que son
dégoût pour les systèmes l'a entraîné jusqu'à
douter de la médecine. Depuis longtemps, du
moins, il garde le silence et se tient a l'écart
des grandes luttes scientifiques de notre temps.
Ses ouvrages sont extrêmement remarquables.
Le plus important est une Clinique médicale,
composée de traités distincts, et qui a eu plu-
sieurs éditions. Le résumé de ses leçons a la
Faculté a été publié sous le titre de Traité élé-
mentaire de pathologie et de thérapeutique
générales.
ANDRALOGOMÈLE s. m. (an-dra-Io-go-
mè-le — du gr. anèr, andros, homme; alogos,
privé de raison ; melon, animal domestiquo).
Térat. Monstre qui offre le corps d'un homme
et les membres d'une brute.
andralogomÉlie s. f. (an-dra-lo-go-mé-
lî — rad. andralogomèle). Térat. Monstruosité
de l'andralogomele.
ANDRALOGOMÉLIQUE adj. (an-dra-lo-go-
mé-li-ke — rad. andralogomélie). Térat. Qui
appartient à l'andralogomélie.
ANDRANATOMIE s. f. (an-dra-na-to-mî —
du gr. anèr, andros, homme ; anatomê, anato-
mie). Chir. Anatomie, dissection de l'homme.
Il On dit aussi androtomie.
AndraNATOMIQUE adj. (an-dra-na-to-
— i-ke — rad. andranatomie}. Chirur. Qui
appartient, qui a rapport à l'andranatomie.
ANDRAPODITE s. f. (an-dra-po-di-te
gr. anèr, andros, homme; pous, podos, pied).
"-"— ' ~ierre longue, cendrée, ayant la
pied humain.
Paléont. Pierre longue, cendrée, ayant
* rme d'un pied humain.
andrapodocapèLE s. m. (an-dra-po-do-
AND
ka-pè-le — du gr. andrapodokapelos, même
signif.). Antiq. Marchand d'esclaves.
ANDRASPE s. m. (an-dra-spe — du gr.
anèr, andros, homme; aspis, bouclier). Bot.
Genre de primulacées, syn. à'androsace.
ANDRATHROCACE s. f. (an-dra-tro-ka-se
— du gr. anèr, andros, homme; arthron, ar- .
ticulation; kakon., mal). Pathol. Carie des
articulations.chez l'homme.
ANDRE s. i. (an-dre — mot qui, dans le
v. fr., signif. fille de joie). Argot. Femme, en
général.
ANDRÉ (saint), l'un des douze apôtres, frère
de saint Pierre. On croit qu'il prêcha l'évan-
gile à Patras, en Achaïe, et qu'il y fut crucifié
sur une croix ayant la forme d'un X ; d'où le
nom de croix de Saint-André donné à cette
forme. Saint André est le patron de l'Ecosse.
Fête le 30 novembre.
ANDRÉ I", roi de Hongrie de 1046 à 1061,
successeur de Pierre l'Allemand, chassé du
trône par les magnats révoltés. H fit des efforts
pour introduire le christianisme dans ses Etats,
et fut détrôné par son frère Bêla.
ANDRÉ II, roi de Hongrie de 1205 à 1235.
Il partit pour la terre sainte en 1217, et pro-
mulgua en 1222 la Bulle d'or, sorte de charte
qui confirmait les privilèges des magnats et
du clergé, mais qui donnait en même temps
plus d'influence à la noblesse de second ordre.
ANDRÉ 111, roi de Hongrie de 1290 à 1301.
Il fit avec succès la guerre à l'Autriche ; mais,
malgré ses efforts, Charles Martel, fils de
Charles II, roi de Naples, s'empara d'une par-
tie de la Hongrie, et s'y maintint jusqu'à leur
mort commune, arrivée en 1301. Il fut le der-
nier roi de la race de saint Etienne.
ANDRÉ (le Petit-Pèrk). V. Boullanger.
ANDRÉ ou ANDRjK (Jean-Valentin), savant
écrivain allemand , né à Herremberg (Wur-
temberg} en 1586, mort en 1654. On le regarde
comme le fondateur ou le réorganisateur de
l'ordre des Rose-Croix. Il a écrit plus de cent
ouvrages, parmi lesquels on distingue : Invita-
tion à la fraternité chrétienne; Ménippe, cen-
turie de dialogues satiriques; le Citoyen chré-
tien, etc. Tous ces écrits sont en latin. André
fut un des hommes les plus remarquables de
son époque.
ANDRÉ (Yves-Marie, dit le Père), jésuite,
né à Châteaulin (basse Bretagne) en 1675, mort
à Caen en 1764. Il occupa pendant trente-neuf
ans la chaire de professeur royal de mathéma-
tiques à Caen. il est surtout connu par son
Essai sur le Beau, livre plein de méthode et de
tout, qui offre de la nouveauté dans le sujet,
e la noblesse dans le style et de la force dans
le raisonnement. Le P. André a aussi écrit un
Traité sur l'homme, où il cherche à expliquer
l'action de l'âme sur le corps. L'abbé Guyot a
donné une édition de ses œuvres en 1766.
ANDRÉ (Frère Jean), peintre français, né
à Paris en 1662, mort dans la même ville en
1753, se fit dominicain. Il eut l'occasion d'étu-
dier a Rome les chefs-d'œuvre de l'art, et, de
retour en France, il consacra son talent à des
compositions religieuses, dont il orna plusieurs
églises de Paris , entre autres celle des Jaco-
bins. Il refusa, par modestie, dit-on, de faire
partie de l'Académie royale de peinture. 11 eut
pour élèves Dumont dit le Homain, Chasle et
Taraval.
mire, dont Goethe avait composé la poésie. Il
manquait de science et d'originalité, mais ses
mélodies avaient de la grâce et du naturel. —
Son fils, Jean-Antoine (l775-1845),fut égale-
ment un compositeur de mérite. 'Comme son
père, il faisait en grand le commerce do musi-
que. Il avait acheté de la veuve de Mozart les
manuscrits laissés par le grand artiste.
ANDRÉ (Charles, dit Motu-e), perruquier, né
à Langres vers 1722. En 1760, il s'avisa de
faire une tragédie en cinq actes et en vers,
ayant pour titre : le Tremblement de terre de
Lisbonne. Il envoya sa pièce à Voltaire, qu'il
appelait mon cher confrère, dans le chef-
d œuvre épistolaire suivant :
A l'illustre et célèbre poète monsieur
de Voltaire.
» Mon cher confrère,
» C'est un écolier novice dans l'art de la
poésie qui s'hasarde a vous dédier son premier
ouvrage, vous ayant toujours reconnu pour
un de nos célèbres, par les pompeux ouvrages
que vous avez mis et que vous mettez journel-
lement au jour. Je me trouverai heureux si
vous voulez bien jeter un clin d'œil sur ce
petit ouvrage, en me favorisant du moindre
de vos souvenirs. Je croirais manquer à mon
devoir, si je n'avouais que je vous reconnais
pour mon maître. Si de votre support vous
daignez me favoriser, je me promets que,
franc de toute crainte, je publierai sans cesse
vos louanges, et je rendrai témoignage en tous
lieux combien je vous suis redevable de l'avoir
» Monsieur et cher confrère , votre très-
humble et affectionné serviteur,
» André. »
Le grand poète s'amusa beaucoup de cette
singulière et bouffonue confraternité. Il ré-
pondit à son cher confrère une lettre de quatre
AND
335
pages ne renfermant que ces mots, cent fois
répétés : « Maître André, faites des perruques ;
maître André, faites des perruques; maître
André, faites des perruques ; faites des peiv
ruques, des perruques, des perruques, toujours
des perruques et rien que des perruques. » '
Cette spirituelle réponse fit dire à maître
André que M. de Voltaire vieillissait , car il
commençait à se répéter.
Cette anecdote a été mise ainsi en vers : ,
Jeannot Tteiipet, pauvre d'esprit,
Atteint de la métromnnie,
Quitte le peigne, écrit, écrit,
.Accouche d'une tragédie,
Court chei Voltaire, a la folie
D'oser le prendre pour censeur.
Mais le vieillard, d'un air moqueur,
A Jeannot découvre sa nuque :
• Allez, dit-il, monsieur l'auteur,
Allez me faire une perruque. •
Voici un échantillon de la poésie de maître
André :
Mon plus jrand désir et., ma grande ambition
N'est que de partager avec toi ce bondon.
On t'en rendra un qui... sera beaucoup plus beau.
Tout le reste est de la même force.
Il paraît que ce fut un M. de Dampierre,*
dont André était le perruquier, qui conseilla à
ce pauvre homme de se faire auteur tragique,
et qui même aurait été un des principaux au-
teurs de cette singulière tragédie, dont s'amu-
sèrent un moment les oisifs du temps.
Le chef-d'œuvre de maître André avait fait
beaucoup de bruit, car, en 1805, plus de qua-
rante ans après, un directeur facétieux ayant
fait jouer le Tremblement de terre de Lisbonne
sur un petit thésUre des boulevards, la pièce
obtint un immense succès de bouffonnerie, et
eut quatre-vingts représentations, qui furent
toutes très-suivies.
Maître André avait lu sans doute les vers
suivants quand il se crut poète :
Les poètes, les perruquiers
Ont entre eux quelque ressemblance:
Et vraiment, dans ces deux métiers,
Pour réussir à chacun d'eux,
ANDRÉ (Emile), agronome allemand né en'
1790 à Schnepfeuthal, d'une famille d'agro-
nomes distingués. Sous la direction de son père,
Christian-Charles, il fit des progrès rapides,
dans les sciences naturelles. Le prince de
Salm le nomma conservateur de ses forêts,
emploi qu'il quitta pour servir dans lés guerres
de l'Autriche contre Napoléon. La ' maison
d'Auersperg le nomma ensuite inspecteur
général des vastes domaines qu'elle possède
en diverses provinces de l'Autriche. Mais ,
devenu acquéreur d'une propriété aux environs
de Prague, il y institua des expériences agro-
nomiques et zootechniques. La sylviculture fut
néanmoins sa principale étude. On doit à cet
agronome les publications suivantes : Essai
d'organisation forestière selon les besoins de
l'époque (1823) ; Des Moyens les plus avanta-
geux à employer pour retirer des forêts le plus
de profit possible (in-8°, 1828) ; Méthode de cul-
ture forestière la plus simple , produisant le re-
venu le plus élevéet le plus durable (in-8°, 1832).
ANDRÉ (l'abbé Jean-François), historien, né
en 1809, a Forcalquier (Basses- Alpes). Il
acheva sa théologie à Rome, où la protection
du cardinal-duc de Rohan, non moins que ses
succès dans les sciences ecclésiastiques, lui
fit obtenir une dispense d'âge pour être or-
donné prêtre (1831). Quelques mois après, il
était reçu docteur en droit canonique. L'in-
fluence du même prélat le fit admettre comme
précepteur chez son proche parent, le comte
de Gontaut de Biron. L'abbé André suivit la
famille de son élève dans ses voyages en Italie
et en Suisse, puis jusqu'à Pans, où le jeune
gouverneur publia un volume d un médiocre
intérêt : Promenades dans Rome chrétienne.
De retour à Avignon, il se livra avec passion
aux recherches historiques, études qu'if conti-
nua et compléta dans la bibliothèque de Car-
pentras, ville où il fut nommé vicaire en 1836.
Un grand succès local était réservé à son
Histoire de la Révolution avignonaise en 1789
(2 vol. in-8", 1844), récit des événements qui
enlevèrent au saint siège le comtat Venais-
sin. Il publia ensuite \' Histoire de la Monar-
chie pontificale au xive siècle, ou la Papauté
à Avignon (Paris, 1845, 1 vol. in-8»). Un émi-
nent critique, Eugène Pelletan, caractérisa ce
livre « une résurrection vivante des doctrines et
des mœurs religieuses du xiv> siècle. » L'abbéj
André fitaussi paraître, en 1846, un volume non
moins substantiel : Histoire du gouvernement
des recteurs pontificaux dans le comtat Venais-
sin. Ces trois ouvrages lui acquirent dans le
publie le titre d'historien du comtat. Nommé
en 1849 correspondant du ministère pour les
travaux historiques, il contribua aux publica-
tions officielles du Bulletin des Comités histo-
riques et de la Revue des Sociétés savantes.
Curé de Vaucluse depuis 1851, il n'a pas dis-
continue dans ce charmant séjour, illustré par
Pétrarque, ses travaux historiques et littérai-
res. Sa curieuse Histoire de saint Véran, ana-
336
AND
ehorite à Vaucluse, évêque de Cavaillon, am-
bassadeur du roi Gontran (publiée en 1858),
témoigne de l'étendue de ses recherches. Il a
encore donné, à-différentes époques, d'autres
travaux moins importants. L abbé André est
membre de plusieurs sociétés savantes. Le
gouvernement lui a décerné trois médailles
d'honneur pour divers actes de dévouement
pendant les invasions du choléra ( 1835, 1837
et 1854).
ANDRÉ (Jules), paysagiste français, né à
Paris, se forma sous MM. Jolivard et Watelet,
deux peintres de l'école historique, dont il ré-
pudia bientôt la fausse noblesse et le style
conventionnel, pour étudier directement la
nature. Il débuta au Salon'de 1831 par une
Entrée de forêt, et exposa, en 1833, diverses
vues champêtres, où il fit preuve d'un senti-
ment très-juste de la réalité, et qui lui valu-
rent une médaille de 2« classe. Depuis cette
époque, M. Jules André a pris part à toutes
nos expositions publiques , excepté a celles
de 1841 à 1845 ; on le compte parmi nos meil-
leurs paysagistes. A la vérité , ses ouvrages
n'ont aucune des qualités bruyantes qui ont
fait le succès de certains peintres : on y trouve,
ce qui vaut mieux, l'observation conscien-
cieuse de la nature, une grande simplicité et
une grande vérité d'effet, une exécution ferme
et soignée. On a reproché à cet artiste de ne
pas varier assez les motifs de ses paysages,
de s'en tenir aux lisières de bois, aux bords
de rivière, aux prairies marécageuses, et de
peindre ces sites aux mêmes heures du jour,
sous des ciels uniformément gris. Nous nous
contentons de répondre qu'Hobbema n'a guère
fait autre chose ; que Ruysdael affectionnait
des sujets tout à fait semblables, et qu'il
s'est immortalisé en les peignant. Il serait
trop long d'énumérer les ouvrages de M. An-
dré : ce sont, pour la plupart, des vues prises
dans la Haute-Vienne, dans la Creuse, dans
l'Indre, dans la Gironde, dans les Landes,
dans la Charente, dans le Morbihan, dans les
Vosges et aux environs de Paris. Les Bords
de la Bouzanne (Indre), qui figurent au musée
du Jjuxembourg, ont été exposés en 1851. En
1859, M. Jules André a exécuté cinq panneaux
de paysages pour le pavillon Mollien, et quatre
autres panneaux décoratifs pour l'hôtel d Albe.
11 a été fait chevalier de la Légion d'honneur
k la suite de l'exposition de 1853.
ANDRÉ (ordre militaire de SAINT-), fondé
en 1G38 , par Pierre le Grand. Les chevaliers
de cet ordre portent une croix émaillée en
bleu, qui offre l'image du martyre de saint
André, surmontée de la couronne impériale.
Sur le revers est un aigle aux ailes déployées,
avec la légende : Pour la foi et la fidélité.
Dans les jours d'apparat, le collier se compose
de croix de Saint-André et de couronnes impé-
riales alternées. On y substitue un cordon bleu
pour les jours ordinaires. Il Ordre militaire in-
stitué, en 1534, par Jacques V, roi d'Ecosse. Il
fut aboli après la chute du roi d'Angleterre,
Jacques II. Il Ordre militaire établi, en 1S08,
par Vincent de Gonzague, duc de Mantoue.
ANDRÉ-DU-CHARDON (ordre de SAINT-).
Selon quelques historiens, nom d'un ordre mi-
litaire qui aurait été institué par Hungus, roi
des Pietés.
ANDRÉ (SAINT-), petite ville de l'Autriche
(Hongrie), sur le Danube, à 15 kil. N. de Bude;
3,000 hab. Excellent vin, connu sous le nom
de vin de Bude ou d'Ofen.
ANDRE (SAINT-)
MARCHE, ch.-lieu de
d'Evreux ; pop. aggl.
1,492 hab. ; restes d ui
)U SAINT-ANDRE-LA-
cant. (Eure), arrond,
1,259 hab. — Pop. tôt.
ancien château fort.
ANDRÉ-DE-CUBZAC (SAINT-), ch.-lieu de
cant. (Gironde), arrond. de Bordeaux; pop.
aggl. 1,520 hab. — pop. tôt. 3,090 hab. Ane.
église remarquable ; beau pont sur la Dordogne.
ANDRÉ-DE-MÉOU1LLES (SAINT-), ch.-lieu
de cant. (B. -Alpes), arrond. de Castellane;
pop. aggl. 724 hab. — pop. tôt. 894 hab. Pays
très-abondant en fruits.
ANDKÉ-DE-VALBORGNE (SAINT-), ch.-lieu
de cant. (Gard), arrond. du Vigan ; pop. aggl.
802 hab. — pop. tôt. 1,812 hab. Patrie du
lieut.-général Meynadier.
ANDRÉ-DE-SANGON1S (SAINT-), commune
du dép. de l'Hérault, arrond. de Lodève; pop.
aggl. 2,199 hab. — pop. tôt. 2,392 hab.
André, roman de Mme George Sand, un de
ceux où le célèbre écrivain a semé le plus de
sensibilité vraie, d'émotions- attendrissantes,
de peintures naïves , empreintes de tous les
charmes de son talent si flexible et si fécond
dans sa dramatique simplicité. Le marquis de
Morand, sorte de rustre enté sur une souche
btasonnée, est veuf et n'a qu'un fils, André,
nature timide et sensitive, où un père inflexible
a brisé tous les ressorts de la volonté. Cet en-
fant qui, courbé sous le despotisme paternel,
n'oserait ni se lever, ni se coucher, sans l'or-
dre du terrible marquis, s'éprend cependant
d'une jeune fleuriste sans famille et sans
avenir. Mais Geneviève, âme délicate et éle-
vée , malgré son manque d'éducation , est
bien supérieure à André par la douce éner-
gie de son caractère, son tact exquis des con-
venances et la fierté de ses sentiments. André,
à qui l'amour même n'inspire pas cette har-
diesse, cet héroïsme d'une passion légitime et
pure qui subjugue quelquefois la brutalité la
plus opiniâtre, ne sait agir auprès de son père
que par un intermédiaire plus zélé qu'habile ; il
néanmoins par opérer un rapprochement entre
André et le marquis, en effrayant ce dernier
par la perspective de se voir arracher la par-
tie de ses biens qui forme la succession mater-
nelle de son fils. Mais Geneviève est désillu-
sionnée ; cet époux sans volonté, et, par con-
séquent, incapable de devenir un chef de fa-
mille , malgré son exquise sensibilité , est
tombé du piédestal qu'elle lui avait élevé. Les
duretés et les dédains de son beau-père achè-
vent l'œuvre commencée par les blessures
j. — --propre de femme et d'épouse,
Telle est cette touchante composition. George
Sand n'a déployé dans aucune de ses œuvres une
sensibilité plus réelle. Le caractère de Gene-
viève, tracé de main de maître, nous intéresse
et nous émeut profondément ; celui d'André, de
ce malheureux enfant chez lequel l'égoïsme
impitoyable d'un père n'a pu étouffer une déli-
catesse native, ne nous inspire que de la pitié.
Quant au marquis, plus rude, plus brutal que
foncièrement méchant, on lui pardonne eu le
voyant s'adoucir enfin et presque se repentir
après la mort de sa victime, et le sentiment
qui finit par dominer est le regret que la dou-
ceur et le respect de ces deux êtres char-
mants n'aient pas été assez puissants pour
percer une si grossière écorce.
André (Martyre de saint), Tableau de
Murillo. V. Martyre.
ANDREA DEL SARTO (Andréa Vanucchi,
plus connu sous le nom d") , l'un des plus
grands peintres de l'école italienne, né k llo-
rence en 1488, était le fils d'un tailleur; de
là, son surnom de del Sarto (en italien sarto,
tailleur), qui paraît, du reste, avoir été porté
par son père (Agnolo del Sarto). Placé de
très-bonne heure en apprentissage chez un
orfèvre, il montra de si grandes dispositions
pour le dessin, qu'un artiste obscur, nommé Gio
Barile, l'attira dans son atelier et lui donna les
premières leçons de peinture. Il entra ensuite
a l'école de Pietro oi Cosimo, bon coloriste,
mais dessinateur incorrect, qui n'apprit guère
a son élève que le maniement du pinceau.
Ce fut surtout par l'étude attentive des fres-
ques de Masaccio et de Ghirlandajo, des car-
tons de Michel-Ange et de Léonard de Vinci,
qu'Andréa se forma au grand art de la compo-
sition. Dès l'année l5ll , à peine âgé de vingt-
trois ans, il passait pour un des artistes les
plus habiles de Florence. Les fresques qu'il
exécuta dans le couvent des Servîtes de l'A?j-
nunziata mirent le sceau à sa réputation ; c'est
aussi la qu'il peignit plus tard la fameuse
Madone del sacco, qui, selon quelques artistes,
peut être mise au niveau des chefs-d'œuvre de
Raphaël. De 1514 a 1517, il fit divers ouvrages
js déchaussés,
l'église de San-Gallo, pour le monastère de San-
Saïvi et pour plusieurs grands seigneurs. Son
existence fut malheureusement troublée, et sa
tranquillité à jamais détruite, par le choix qu'il
fit pour épouse de la belle et coquette Lu-
crezia del Fede. Il aima passionnément cette.
femme volage, qu'il a souvent prise pour mo-
dèle de ses figures de saintes et de madones.
Selon Vasari, ce mariage éloigna d'Andréa
ses amis, ses protecteurs, ses élèves même.
La jalousie le rendit mélancolique et presque
insociable, et il se condamna à travailler dans
la solitude , pour subvenir aux dépenses rui-
neuses de Lucrezia.
Appelé en France par François 1er (1518), il
fut très-honorablement accueilli par ce prince,
qui le combla de présents et lui assigna
une pension considérable pour le retenir au-
près de lui. Après avoir exécuté quelques
peintures pour son royal Mécène, il demanda
ta permisâlbn de retourner à Florence , où
il avait laissé sa femme, s'engageant par ser-
ment à venir avec elle au bout de quelques
mois. Le roi chevalier eut foi dans sa parole ;
il lui accorda un congé et-lui confia des som-
mes importantes pour l'acquisition d'objets
d'art en Italie. Arrivé dans sa ville natale,
Andréa eut la coupable faiblesse d'employer
cet argent à satisfaire les goûts luxueux de
son indigne épouse, et quand il vit tout dissipé,
il fut saisi d un tardif remords et n'osa plus
rentrer en France. Vainement chercha-t-il à
réparer sa faute en peignant pour François 1er
le Sacrifice d'Abraham, un de ses chefs-d'œu-
vre, aujourd'hui au musée de Dresde ; le roi,
profondément blessé, ne consentit même pas
a voir le tableau. Dévoré de regrets, réduit k
une véritable gêne et plus que jamais aban-
donné de tous, le grand artiste consuma le
reste de sa vie dans des travaux assidus et
pour la plupart mal rémunérés. Il fut atteint
Se la peste en 1530 ; celle qull avait eu la fai-
blesse d'associer à sa gloire et à sa vie, s'était
enfuie, de peur, aux premiers ravages du
fléau, et le grand peintre mourut, privé de
soins et de secours, à l'âge de quarante-deux
Peu d'artistes ont mérité de plus justes
éloges qu'Andréa del Sarto ; ses contemporains
lui donnèrent le surnom d'Andréa sans repro-
che (senza errori), et Vasari, son biographe
et son élève, le qualifie de très-excellent pein-
tre, épithète dont ce célèbre historien se mon-
tre fort avare. Suivant Lanzi, la douceur na-
turelle et la sensibilité exquise de son carac-
tère se reflètent dans ses œuvres. Il ne le cède
point k Raphaël pour la pureté des contours,
la grâce de l'expression, la dégradation har-
AND
monïeùse des- teintes ; il lui est peut - être
supérieur comme coloriste dans l'exécution
des fresques, mais il reste au-dessous de lui
§our l'élévation et la noblesse du style. Les
eux peintures de sa main que l'on voit au
Louvre, et qtfil exécuta pendant son séjour à
Fontainebleau, la Charité et la Sainte- Fa-
mille (n» 438 ), sont assurément fort belles,
mais il faut aller chercher ses chefs-d'œuvre
dans d'autres galeries. Tels sont : le Christ
mort, au Belvédère de Vienne; deux Sain-
tes-Familles, k la Pinacothèque de Munich;
le Sacrifice d'Abraham, cité plus haut, et le
Mariage de sainte Catherine, dans la galerie
.de Dresde; une Vierge glorieuse, au musée
de Berlin; la Madone de saint François, à
la Tribune de Flqrence; enfin, les seize ma-
gnifiques tableaux du palais Pitti, parmi les-
quels il nous suffira de citer : le Ckrist au
tombeau, le. Dispute sur la Sainte-Trinité, deux
Annonciations, deux Assomptions, deux Sain-
tes-Familles, et le portrait de l'artiste, belle et
douce figure, un peu triste, un peu souffrante.
Un amateur anglais, le comte Cowper, possède
.un autre portrait d'Andréa, douce tête de dix-
huit ans, qui ressemble un peu au portrait de
Jeune homme, inscrit au Louvre sous le nom
Raphaël. Andréa a les yeux bleus, les che-
it | il porte i
pourpoint noirs, et tient à la
veux longs, tombant droit | il porte une toque
feuille de papier. Toute la gauche du visage
est peinte en pleine lumière. « Ce portrait, dit
M. Burger, est une merveille de modelé et de
tendre expression , qui rappelle beaucoup la
Joconde, et qui se tiendrait très-honorablement
à côté du chef-d'œuvre de Léonard. » Les
principaux ouvrages d'Andréa del Sarto ont
été fréquemment gravés, notamment par Al-
berto, Blœmaert, Kruger, Cort, Callot, Voster-
mann, Thomassin, Bonacina, Zuccarelli, Coe-
lemans, Gregori, etc.
Cette vie triste, mélancolique et tour-
mentée devait trouver un écho sympathique
dans l'âme d'un de nos plus grands poètes.
M. Alfred de Musset a fait un petit drame en
deux actes et en prose, intitulé André del
Sarto , qui a été représenté au théâtre de
l'Odéon, à Paris, le 21 octobre 1850. Cette
pièce fait énergiquement ressortir l'infidélité
de Lucrèce , l'amour passionné du grand ar-
tiste pour une épouse coupable, et les remords
terribles qu'il éprouve d'avoir dissipé les som-
mes qu'une main loyale lui avait confiées.
ANDREA P1SANO (le Pisan), sculpteur et
architecte, né a Pise en 1270, contribua puis-
samment à affranchir l'art moderne de l'in-
fluence byzantine , en s'appliquant , comme
avaient fait avant lui Jean de Pise, Arnolfo
di Lapo et quelques autres, k l'imitation des
chefs-d'œuvre de l'antiquité. Il dut au succès
de ses premiers ouvrages d'être appelé à Flo-
rence pour exécuter, sur les dessins de Giotto,
les sculptures de la façade de Santa-Maria del
Fiore. Il fit pour cet édifice plusieurs sta-
tues, notamment celles de Bomface VIII, de
Sain* Pierre et de Saint Paul, qui; depuis, ont
été dispersées dans diverses églises , et des
bas-reliefs représentant les Sept Planètes, les
Sept Vertus, et les Sept Œuvres de miséricorde.
Il remplaça Arnolfo di Lapo comme archi-
tecte de la république de Florence, et con-
struisit, en cette qualité, les fortifications de
cette ville et la forteresse de Scarpera. Il mit
le sceau à sa réputation en exécutant, d'après
les dessins de Giotto, la porte de bronze du
baptistère de la cathédrale, sur laquelle il re-
présenta, en plusieurs compartiments, l'His-
toire- de saint Jean-Baptiste. Ce grand ou-
vrage, auquel il consacra plusieurs années, lui
fit conférer par le gouvernement florentin le
droit de bourgeoisie (cittadinanza). D'un tra-
vail et d'un style admirables pour l'époque, la
porte d'Andréa Pisano , après avoir figuré
pendant longtemps à l'entrée principale du
baptistère, fut remplacée par celle de Ghi-
berti (V. ce nom), et reportée à l'une des faça-
des latérales où on la voit encore aujourd'hui.
Parmi les autres travaux d'Andréa, on cite
quelques sculptures de la façade Saint-Marc,
à Venise. Il participa à la construction de l'ar-
senal de cette ville, mais il n'en fut pas l'uni-
que architecte, comme quelques auteurs l'ont
affirmé. On s'accorde a dire qu'il donna le
modèle du baptistère de Pistoia ; mais ce serait
à tort, selon M. Valéry, qu'on lui attribuerait
le mausolée élevé dans le même lieu , à la
mémoire de Cino d'Angibolgi, ami de Dante
et maître de Pétrarque : ce tombeau serait
l'ouvrage d'un artiste siennois demeuré in-
connu. — Ce fut à Florence qu'Andréa exécuta
ses principaux ouvrages : il y mourut en 1345,
entouré de la considération publique, et fut
inhumé dans l'église de Santa-Maria del Fiore,
où son fils Nino. lui érigea un mausolée.
ANDRÉACÉ, ÉE adj. (an-dré-a-sé — rad.
andrée). Bot. Qui ressemble à une andrée.
Il On dit aussi andréoïde.
— s. f. pi. Tribu do mousses, ayant pour
type le genre andrée.
ANDRÉANOFF (îles), groupe composé de
quatorze îles principales et d'un grand nombre
d'îlots, dans 1 archipel des Aléoutes, dépendant
de l'Amérique russe. Nombreux volcans.
ANDREASBERG , ville du Hanovre; 4,500
hab. Exploitation de mines d'argent, de plomb,
de cuivre et de fer.
ANDRÉASBERGOLITHE S. f. ( an-dré-a-
sbèr-go-li-te — de Andréasberg, n. pr., et du
gr. lithos, pierre). Miner. Nom donné à des
cristaux opaques, renfermant du cobalt, et
AND
appelés aussi harmotome, que l'on trouve aux
environs d' Andréasberg. n On dit encore an-
dréolithb.
— j. Il a exécuté, en collaboration avec son
condisciple Theodoro Ghigi, plusieurs fresques
importantes de la cathédrale de Mantoue.
ANDRÉE. Myth. Fils du fleuve Pénée. Il
donna son nom à une contrée de la Béotie,
l'Andréide.
ANDEÉE s. f. (an-dré — n. mythol.) Bot.
Genre de mousses, formant le passage do
cette famille à celle des hépatiques, et qui
renferme un petit nombre d'espèces, presque
toutes européennes.
ANDREEWA ou ENDERI, ville et princi-
§auté des Tartares , dans la partie orientale
u Caucase ; la principauté s'étend la long de
la Kasma , entre la rivière Askai et la mer
Caspienne, et forme actuellement un des dis-
tricts de la Caucasie russe ; le sol présente
un mélange de steppes et de plaines fertiles.
La ville, située sur la rivière d Aktash, au pied
du mont Tshumlu, renferme 4,000 maisons et
12,000 hab. Elle était naguère l'asile avoué
des vagabonds, des voleurs et des marchands
qui font le commerce d'esclaves amenés du
Sud et de l'Est.
ANDREINI (Isabelle), une des plus célèbres
comédiennes de son temps, née a Padoue en
1562, morte à Lyon en 1604, passa en France
après avoir brillé sur les divers théâtres d'Ita-
lie, et y obtint également les plus grands suc-
cès. Elle fut célébrée par tous les poëtes de
l'époque. Elle a laissé quelques ouvrages,
poésies, lettres, dialogues, etc. il Son mari,
François Andreini, de Pistoîe, fut aussi un
comédien célèbre et un poète estimé.
ANDREINI (Jean-Baptiste) , poète et comé-
dien, fils des précédents, né a Florence en
1578, mort a Paris vers 1650, hérita du double
talent de ceux auxquels il devait la naissance.
Il obtint beaucoup de succès sous le règne de
Louis XIII, dans les rôles d'amoureux, qu'il
jouait sous le nom de Lélio. Il a laissé des
pièces de théâtre et quelques autres poèmes,
dont le style offre tous les défauts particuliers
a la poésie italienne de cette époque. On a
prétendu que , voyageant en Italie , Milton
avait puisé l'idée du Paradis perdu dans une
représentation de YAdamo d' Andreini.
ANDRÉION s. m. (an-dre-i-on — mot gr.)
Antiq. gr. A Lacédémone et dans l'île de
Crète, Repas publics, qui ne furent on usage
que dans les premiers temps de la république.
518. A l'âge de vingt-deux ans, il fut
couronné à Rome pour des poésies intitulées
Amours, et vint, en 1488, h Paris, où il ensei-
gna les belles-lettres pendant trente ans, et
où il reçut le titre de poëte du roi et de la
reine (Louis XII et Anne de Bretagne). Ses
poésies latines, qui jouirent alors d'une grande
réputation, sont oubliées aujourd'hui.
ANDRÉMON, roi de Calydon, et l'un des
chefs grecs devant Troie.
ANDRÈNE s. m. (an-drè-ne). Entom. Genre
d'insectes hyménoptères meilifères, renfer-
mant un assez grand nombre d'espèces, dont
"la plupart sont indigènes.
ANDRÉNÈTE adj. (an-dré-nè-te — rad. an-
drène). Entom. Qui ressemble à une andrène.
Il On dit aussi andrénite.
— s. f. pi. Tribu d'hyménoptères meilifè-
res, ayant pour type le genre andrène.
— Encycl. Latreille assigne k la tribu des
andrénètes les caractères distinctifs suivants :
îo languette trifido, k division intermédiaire
en forme de cœur ou de fer de lance , plus
courte que sa gaine; 2» mandibules simples
terminées au plus par deux dentelures ; 3"
palpes labiaux de quatre articles, ressemblant
a peu près aux palpes maxillaires.
Les andrénètes vivent solitaires et non en
société comme les abeilles. A ce genre de vie,
se lie naturellement l'absence de neutres ou
d'ouvrières parmi elles; aussi ne se compo-
sent-elles que de deux sortes d'individus, de
mâles et femelles : les femelles ont les pattes
postérieures garnies de poils qui leur servent
a recueillir le pollen des fleurs ; elles en font,
avec un peu de miel, une pâtée pour nourrir
leurs larves. Elles creusent dans la terre des
trous assez profonds, où elles déposent cette
pâtée avec un œuf, et ferment ensuite l'ou-
verture avec de la terre. Parmi les genres de
la tribu des andrénètes, on distingue les andiè- '
nés, les hylées, les dasypodes, les halyetes, etc.
ANDRÉNIVORE adj. ( an-dré-ni-vo-re —
rad. andrène). Entom. Qui- se nourrit d'an-
drènes. Mot créé par Walckenaër.
ANDRÉNOÏDE adj . ( an-dré-no-i-de — do
andrène, et du gr. eidos, ressemblance). En-
tom. Syn. de andrénète ou andrénite.
ANDRÉOÏDE adj. (an-dré-o-i-de — de an-
drée, et du gr. eidos, ressemblance). Bot.
Syn. do andréacé.
ANDRÉOLITHE s. f. (an-dré-o-li-te). Mi-
ner. Syn. de andréasbergotithe.
ANDRÉOSSl (François), mathématicien et
ingénieur, né k Paris en 1633, d'une famille
nrïpinnirB d'ttalm. mort à Castelnaudarv en
AND
canal du Languedoc, dont il publia, en 1669,
une carte curieuse et recherchée , qui provo-
qua une lettre de Riquet, dans laquelle celui-
ci se plaignait vivement à Oolbert de la divul-
gation de ses plans par son employé. Au com-
mencement de ce siècle, le général Andréossi
(V. l'article ci-après), arrière-petit-fils de l'in-
génieur, revendiqua en faveur de son bisaïeul
la première idée de cette gigantesque opéra-
tion, dans un ouvrage ayant pour titre : His-
toire du canal du Midi (1800). MM. de Cara-
man, descendants de Riquet, combattirent cette
prétention dans Y Histoire du canal du Langue-
doc. S'il est avéré qu' Andréossi contribua à
l'exécution de ce beau travail, il ne l'est pas
moins que tous les contemporains, Vauban,
d'Aguesseau, de Basville, Cotbert, etc., en
regardaient Riquet comme le créateur. Voir,
sur cette question, les recherches minutieuses
du lieutenant-colonel AUent, Histoire du corps
impérial du génie.
ANDRÉOSSI (Antoine -François, comte),
général et diplomate, arrière-petit-fils du pré-
cédent, né a Castelnaudary en 1761, mort en
1828. Il servit d'abord en qualité de lieute-
nant d'artillerie, et s'éleva de grade en grade
jusqu'à celui de général de division. Associé
à l'expédition d'Egypte, il fut nommé membre
de l'Institut du Caire, contribua aux beaux
travaux de la commission, revint d'Egypte en
France avec Bonaparte, qu'il seconda puis-
samment au 18 brumaire. Après le traité d'A-
miens, il fut envoyé a Londres en qualité
d'ambassadeur, ensuite à Vienne, enfin à Con-
stantinople. En 1814, Louis XVIU le rappela
de ce poste. Pendant les Cent-Jours, il reprit
du service sous Napoléon, et fut, après Wa-
terloo, un des commissaires envoyés pour sus-
pendre, s'il était possible, par la voie des né-
gociations , la marche des alliés sur Paris.
Le département de l'Aude le nomma député
en 1827. Il était aussi membre de l'Acadé-
mie des sciences. On lui doit plusieurs ou-
vrages importants, parmi lesquels nous cite-
rons son Histoire du canal du Midi, 1800, où
il disputa à Riquet l'honneur exclusif d'avoir
conçu et exécuté !e canal du Languedoc (V.
l'article ci-dessus), et de beaux mémoires qui
ont reculé les limites de l'hydrostatique, sur
l'Irruption du Pont-Euxin dans la Méditerra-
née, sur l'Ensemble des nombreux conduits em-
ployés en Turquie pour la distribution de
l'eau, etc. Il faut citer encore son Mémoire sur
les dépressions de la surface du globe, 1820.
ANDUEOZZ1 (Gaetano), compositeur de mu-
sique, né à Naples en 1763, mort en 1826. Il a
écrit beaucoup d'opéras où l'on trouve plus de
naturel et de facilité que de science et de gé-
nie. Il avait été le maître de musique de la
duchesse de Berry.
Rome en 1817. Après l'expulsion des jésuites
de l'Espagne, il se retira en Italie, où il se
livra avec ardeur à des travaux scientifiques.
Son ouvrage le plus important a pour titre :
De l'Origine, des progrès et de l'état actuel de
la littérature. C est un travail d'une vaste
érudition, écrit dans un style élégant et pur.
ANDRES (SAINT-), rivière qui naît du ver-
sant du Chimboraço et va se jeter dans le
Chambo, un des affluents du Pastaça.
- ANDHÉS1E (sainte), vierge du xvc siècle,
religieuse de l'ordre de Saint-Dominique, 'à
Mantoue. Fête le 18 juin.
ANDRESY, village de France (Seine-et-
Oise), arrond. et à 24 kil. de Versailles, cant.
de Poissy, près du confluent de la Seine et de
l'Oise. Ce village, très-ancien, eut sous les
Romains une certaine importance commer-
ciale ; c'est là que se tinrent les conférences
au sujet de la conversion de Henri IV.
ANDREDS. Temps hér. Un des généraux de
Rhadamante, donna son nom k l'île d'An-
dros, dont il fut roi. tl Fils du fleuve Pénée,
oui s'établit dans l'Orchoménie, à laquelle il
donna le nom à'Andréide ; le même que le pré-
cédent, selon plusieurs mythologues.
ANDREUS1E OU ANDREWSIE S. f. (an-
dreu-zi). Bot. Nom donné à deux genres de
ANDREWS (SAINT-), port et ville d'Ecosse,
dans le comté de Fife, à 82 kil. N.-N.-E. d'E-
dimbourg; 6,017 hab. Archevêché, université,
institution dite collège de Madras, fondée par
le R. Andrew Bell, inventeur de l'enseigne-
ment mutuel ; c'est le plus bel établissement
de ce genre dans le royaume. Ruines d'une
magnifique cathédrale détruite en un jour par
le peuple, à la suite des prédications de J.
Knox ; chapelle dite de Saint-Rule, fondateur
traditionnel de la cité.
Anitrowi (Joseph), roman do Fielding,
l'une de ses trois productions capitales , et
celle qui inaugura sa brillante réputation
comme romancier. Les personnages de ce
livre appartiennent, pour la plupart, a la plus
basse classe de la société. Le sujet est le récit
des aventures de deux jeunes amants, un
laquais et une servante, qui, après de nom-
breuses tribulations et des témoignages réci-
proques d'une constance inébranlable , par-
viennent à s'unir. Les divers incidents ne con-
sistent guère que dans une succession de ta-
bleaux épisodiques; ce sont généralement des
""" — '-" de voleurs, des scènes d'hôtellerie,
. (an-dri-a-gue). Animal
AND
des méprises comiques, des assauts nocturnes,
et surtout des combats à coups de . poing,
genre d'ornement dont l'auteur se montre fort
prodigue. Le ton de sa plaisanterie se rappro-
che de la manière de Scarron. Il parodie, quel-
quefois assez gaiement, les formes sérieuses
du récit épique, et raconte d'un ton solennel
des événements burlesques ; mais il abuse
trop volontiers de ce facile contraste, qui, à
la longue, cesse de paraître piquant. Toute-
fois, le plus grave reproche qu'on puisse
adresser à Joseph Andrews est la trivialité de
plusieurs passages et la grossièreté de certains
tableaux. L'opinion commune est que Fiel-
ding a voulu tourner en ridicule dans ce ro-
man la Paméla de Richardson, dont il avait
senti la dangereuse influence sous le rapport
moral, et qu'il entreprit de faire justice d'un
livre dont la lecture, dit-on, était recomman-
dée alors du haut de la chaire évangélique.
Cette intention d'ironie perce assez claire-
ment dés le premier chapitre, et Richardson,
pour sa part, ne s'y méprit pas. II en garda
toute sa vie une rancune qui le rendit même
injuste envers son rival.
ANDRIA, ville du royaume d'Italie (Terre de
Bari) ; évêché, belle cathédrale fondée en 1046.
15,000 hab.
ANDRIAGUE
fabuleux que n ...___
naient pour monture à leurs héros.
ANDRIALE OU ANDRYALE S. f. (an-dri-
a-le). Bot. Genre do plantes de la famille des
composées, tribu des chicoracées ou semi-
flosculouses. L'espèce principale est l'andriale
à feuilles sinuées , décrite aussi sous le nom
d'andriale à feuilles entières . d'andriale lai-
neuse. Les fleurs de cette plante sont d'un
jaune pâle: les capitules sont disposés en
corymbe; elle fleurit de juillet à septembre.
On la trouve dans plusieurs contrées de la
France, notamment aux environs de Tou-
louse et de Lyon. Elle croît dans les lieux
secs sur le bord des champs, des bois, des
chemins. La dessiccation lui donne une teinte
d'un roux prononcé.
ANDRIALOÏDE adj. ( an-dri-a-lo-i-de —
de andriale, et du gr. eidos, forme). Bot. Qui
ressemble à l'andriale.
— s. f. Bot. Nom donné par de Candolle à
une section dn genre conyze.
ANDRIAS s. m. (an-dri-ass — du gr. anêr,
andros, homme). Paiéont. Amphibien fossile
du terrain tertiaire supérieur d'CEnigen en
Suisse, appartenant, selon MM. Paul Gervais
*et Van Beneden , à l'ordre des pseudo-sala-
mandres, et qui a été autrefois décrit comme
un fossile humain.
ANDRIENNE s. f. (an-dri-è-ne). Nom donné
à une longue robe rabattue et décolletée ,
mise à la mode après la première représen-
tation de VAndrienne de Baron, où M lie Dan-
court en avait donné le modèle dans son rôle.
Andrienno (i.') , comédie de Térence. Un
jeune citoyen d'Athènes, Pamphile, a résolu
d'épouser, à l'insu de son père Simon, une
jeune étrangère appelée Glycérie. Simon soup-
çonne le projet de son fils; pour s'en assurer,
il feint de vouloir l'unir à Philomène, fille de
Chrêmes, son ami. Pamphile consent, à l'in-
stigation de Dave, son esclave, qui lui fait
entendre que ce mariage n'est qu'une feinte.
Simon, sur ta réponse de son fils, songe alors
sérieusement à lui faire épouser Philomène.
Painphite est dans la perplexité : résistera-t-il
à son père? Quittera-t-il Glycérie? Une heu-
reuse circonstance le tire d embarras. Ûriton,
voyageur, ami de Chrêmes et de Simon,
arrive d'Andros. Il leur apprend que Glycérie,
la prétendue Andrienne, nest autre que Pasi-
bule, seconde fille de Chrêmes, quon avait
crue morte, et qui avait été enlevée en bas
ilors épouse Glycérie, ou
jt de
«jnremes et de Simon. Quant à Philomène ,
elle devient la' femme de Carin, ami de Pam-
phile, et dont elle est aimée.
La pièce est habilement arrangée, les carac-
tères sont bien soutenus ; il. y a dans le dia-
logue une facilité élégante qui révèle à la
fois un travail attentif et un goût délicat ; mais
aucune verve comique ; souvent des sentences
bien formulées, jamais^un trait qui provoque
Voici quelques proverbes latins que.
uvons dans VAndrienne et qui ne sont
pas sans intérêt :
Omnes sibi malunt meliits esse quar.ii alteri.
Chacun aime mieux pour soi que pour autrui.
M. Dupin a dit plus laconiquement : Chacun
pour soi. — Amantium irœ , amoris intagràtio
est, Querelle d'amants, renouvellement d'a-
mour. — Quoniam non potest fieri , quod vis,
id velis quodpossit, Puisque tu ne peux pas ce
que. tu veux, il faut vouloir ce que tu peux.
Notre vaudeville chante :
L' \ndrienne fut représentée l'an 588 de
Rome, aux jeux Mégalésiens, c'est-à-dire
durant les fêtes en l'honneur de Cybèle. La
Harpe rapporte à ce sujet une anecdote assez
curieuse Lorsque Térence alla présenter l'An-
drienne , son premier ouvrage , aux édiles,
qui étaient dans l'usage d'acheter les pièces
pour les faire représenter dans les jeux publics
qu'ils donnaient au peuple , ces magistrats ,
avant de conclure avec lui, le renvoyèrent à
Cécilius, auteur comique à qui ses succès
AND
avaient donné en ce genre une grande auto-
rité. Le vieux poète était k table quand Té-
rence, encore jeune et inconnu, se présenta
chez lui avec un extérieur des plus modestes.
Cécilius lui fit donner un petit siège près du
lit où il était assis. Térence commença à lire.
Il n'avait pas fini la première scène, que Céci-
lius se leva, l'invita a. souper, et le fit asseoir
à sa table; et lorsque, après le repas, il eut
entendu toute la pièce, il lui donna les plus
grands éloges : exemple d'équité et dé bonna
toi d'autant plus remarquable, qu'il est rare
que les grands éérivijns soient disposés à
louer leurs rivaux et à encourager ceux qui
menacent de les éclipser. '
L'acteur Baron, l'élève et l'ami de Molière,
qui était quelque peu versé dans la connais-
sance des lettres latines, fit représenter aux
Français (1703) une imitation, en cinq actes
et en vers, de la comédie de Térence. La
Harpe vante la fidélité de cette traduction,
mais il reproche à Baron d'être resté très-
éloigné de la pureté, de la finesse et de l'élé-
gance de son modèle. La paternité de cette
pièce, intitulée aussi Y Andrienne, a été vive-
ment contestée. Baron était considéré comme
le parrain, et le jésuite La Rue comme le seul
auteur. Ce qu'il y avait de particulier, c'est
que le bon père , qui avait eu la modestie de
ne pas oser signer la pièce, ne se défendait
que très-faiblement de l'avoir faite. Quoi qu'il
en soit, ce qui reste aujourd'hui de cette pièce,
c'est le nom à' andrienne' donné à une sorte de
robe de forme très-gracieuse, que portait à la
première représentation Mlle Dancourt, qui y
remplissait le principal rôle.
ANDR1BU (Bertrand), graveur en médailles,
mort en 1810. Il a laissé plusieurs gravures en
relief sur acier et un grand nombre de mé-
dailles destinées à rappeler les principaux évé-
nements politiques de l'Empire et de la Res-
tauration, notamment les batailles de Marengo,
A'iéna, d' Austerlitz , la Conquête de la Silésie,
les Traités de paix de Vienne, de Titsitt, de
Lunéoille, le Rétablissement du culte, le Dé-
barquement de Louis XVIII à Calais, le Ma-
riage du duc de Berry, la Naissance du. duc de
Bordeaux, la Grande Minerve assise et distri-
buant des couronnes, la Statue équestre de
Henri IV, la Vaccine, etc.
ANDRIEU ( Jean-Baptîste-Auguste-Zéphy-
rin), médecin et auteur français, né à Cres-
maux (Somme), mort à Amiens en 1860,
appartenait à une famille où l'art médical
était exercé depuis trois siècles. Etabli à
Amiens, il y devint professeur-adjoint à l'Hô-
tel-Dieu, puis médecin titulaire, attaché à di-
vers établissements publics, et enfin profes-
seur de zoologie. On lui doit plusieurs mono-
graphies : Lettre sur l'Embaumement (1846);
Observations pratiques et théoriques sur l'opé-
ration de la cataracte par dépression (1846);
Mémoire à l'Institut sur l'Ethérisation (1847) ;
Conseils sur l'emplùi des Lunettes (1848); fie-
marques sur l'Ether et l'Ethérisation ; Opéra-
tion césarienne (1859).
ANDRIEU (Jean-Benoît), linguiste et pro-
fesseur, né dans la Seine-Inférieure en 1808,
mort à Paris en 1864. Une étude appro-
fondie du latin et du grec et la comparaison
de ces langues avec î'hébreUj le sanscrit, le
celtique, et les principaux idiomes moder-
nes, l'avaient convaincu, que, pour donner
une instruction solide à la jeunesse.de nos
jours, il fallait nécessairement commencer par
lui enseigner à fond une au moins des deux
langues . classiques, et surtout le latin. Dans
:, disait-il, l'ensemble.
procède pas comme la nature est nécessai-
rement mauvais et ne peut produire que dés
résultats incomplets. En France, #e qu'il faut
étudier d'abord, ce n'est pas le français, langue
tout analytique, c'est le latin, la plus synthé-
tique des langues et « la plus propre à intro-
duire les jeunes gens dans le monde du senti-
ment, de la vérité concrète, de l'émotion pas-
sionnée. » Mais l'étude du latin, pour produire
tousses fruits, doit être sérieuse, et la mé-
thode adoptée depuis longtemps par notre
université est presque complètement stérile.
Point de grammaires latines rédigées en fran-
çais, le latin appris par le latin même dès les
premières leçons, et un peu plus tard Jes au-
teurs latins lus couramment dans les classes,
puis imités dans des thèmes improvisés où le
dictionnaire lui-même devient inutile : telles
seraient les premières règles à suivre. Après
avoir longuement médité la réforme qu'il s'a-
gissait de faire, M. Andrieu voulut donner un
corps à ses idées, et il composa, sous ce
titre, EnseignemmU du discours latin, un livre
que beaucoup d'hommes compétents ont re-
gardé comme un véritable tour de force.
Toutes les difficultés, toutes les élégances,
toutes les tournures spéciales qu'offre la langue
latine sont condensées dans un texte suivi,
dontCicéron, Catilina et les principaux per-
AND
337
tion qu'il a mise en regard ; mais on dévient
nécessairement bon latiniste quand on a la
patience de s'exercer à le comprendre au
moyeu de cette traduction. 11 fallait ensuite
composer, à peu près sur le même plan, un
livre plus facile, où les jeunes gens pussent
apprendre les premiers éléments : M. Andrieu
y travaillait activement, et avant mémo que
la rédaction fût terminée, il avait commencé
d'en appliquer les principes dans plusieurs
pensionnats de. demoiselles , car il voulait
rendre le latin accessible même aux femmes.
Mais il interrompit ce travail un instant pour
appeler l'attention du public sur la faiblesse
actuelle des études latines , en publiant un
Appel aux amis des lettres latines. C'est alors
qu'une courte et douloureuse maladie vint eu-
lever M. Andrieu, au moment où les premiers
succès qu'il avait obtenus pouvaient lui faire
concevoir de belles espérances pour l'avenir.
ANDRIEUX (François-Guillaume-Jean-Sla-
nislas), poète dramatique, né à Strasbourg1 en
1759, mort à Paris en 1833. Sa famille le des-
tinait au barreau, mais les événements de la
Révolution vinrent le détourner de cette car-
rière. Après avoir rempli divers emplois subal-
ternes, il fut admis à siéger- au tribunal1 de
cassation, fit partie du conseil des Cinq-Cents
en 1798, et du Tribunat, dont il devint succes-
sivement secrétaire et président. L'indépen-
1802. Dans les différentes fonctions qu'il
remplit, Andrieux. montra un patriotisme sin-
cère, un esprit sagement libéral, du zèle, de
l'intelligence, l'amour de ses devoirs, et, comme
il le dit lui-même, la volonté constante de faira
le bien. Son caractère était indépendant et
droit, son esprit ferme et libéral. C est lui qui
répondit au premier consul, qui se plaignait de
quelques résistances du Tribunat : On ne s'ap-
puie que sur ce qui résiste ,.lui rappelant ainsi
par ce mot ingénieux que les flatteurs du pou-
voir lui font plus de mal que ceux qui lui disent
courageusement la vérité.
Depuis lors, voué entièrement à la littéra-
ture, il professa pendant dour.e ans la grain»
Collège de France, il exerça ces der-
nières fonctions jusqu'à sa mort, avec autant
d'esprit et de bon goût que de grâce et d'en-
jouement. Ses cours furent constamment sui-
vis avec un empressement voisin de l'enthou-
siasme, et quoiqu'il eût une voix extrêmement
faible, «7 se faisait entendre à force de se faire
écouter, suivant le mot charmant de M. Ville-
main. Entré à l'Instituten 1707, il devint en
1829 secrétaire perpétuel de l'Académie fran-
çaise. A toutes les époques de sa vie, Andrieux
ne cessa de cultiver les lettres avec passion.
Disciple des deux grands siècles littéraires qui
ont précédé la Révolution, cet esprit charmant
en conserva l'empreinte et les traditions au
milieu des circonstances terribles et des évé-
nements prodigieux dont il avait été témoin pt
où il avait joué un rôle. Libéral «n politique
et classique en littérature, tel il resta jusqu'à
la fin , malgré l'Empire et la Restauration, mal-
nergie juvénile de la conviction. A peine
échappé des bancs de l'école, il avait marqué
ses débuts par deux comédies agréables et
spirituelles, Anaximandre et les Etourdis, qtii
tranchaient heureusement sur les fadeurs de
Dorât et de son école. 11 donna depuis et avec
le même succès : Helvétius, le Trésor, Molière
avec ses amis ou la Soirée d'Auteuil,le 'Vieux
Fat, la Comédienne, etc. Comme- poète co-
mique, il n'a certes point la verve de Molièro
ni même celte de Regnard; mais on tronyo
dans ses pièces un style toujours élégant, une
exquise pureté de langage, une grâce facile,
un naturel piquant et ingénieux, qualités* qui
reparaissent à chaque vers dans ses C'oiUes et
ses autres poésies. Il suffira de rappeler le
Procès du sénat de Capoue, le Dialogue sur les
mots Monsieur et Citoyen, le Doyen deBad'a-
jos, et surtout \e*Meunièr de Sans-Souci, qui
est resté si populaire. Andrieiix a laissé en-
core d'autres ouvrages, qui tous portent l'em-
preinte de son talent gracieux, aimable et
facile. C'est un de nos auteurs modernes qui
ont le mieux paré do tous les charmes de l'es-
prit les conseils de la raison, lesquels ont une
double force quand ils sortent de. la bouche
d'un homme qui joint l'exemple au précepte.
Il entretint toute sa vie une étroite amitié avec
Collin d'Harleville et Picard,' ses rivaux en
talents et en succès. Ses œuvres ont été pu-
bliées en 1818 et en 1823. • " ■
ANDRIEOXIE si f. (an-dri-eu-ksî — de
Andrieux, n. d'un voyag.). Bot. Genre do
plantes de la famille des composées, tribu
des sénécionidées, renfermant une seule es-
pèce, originaire du Mexique.
stantinople, sur la Maritza, à l'embouchure de
la Tondia et de l'Arda ; pop. évaluée à plus de
1 50,000 nab., dont 45,000 Turcs, 30,000 Grecs
et Bulgares, le reste Arméniens et Juifs. Cita-
delle, arsenal et fonderie de canons; la mos-
quée iteSélim, située sur un des points les
plus élevés de la ville, est, dans le monde entier,
un des plus beaux monuments dédiés k l'is-
lamisme ; elle est surmontée d'un immense
dôme, plus haut, dit-on, que celui de Sainte-
Sophie. Les autres édifices remarquables sont :
l'Eski-Séraï, ancienne résidence des sultans ;
ie bazar d'Ali-Pacha , l'Aqueduc, le pont de lu
Tondja, quelques antiquités et plus de quatre-
vingts mosquées. Vue du haut de la grande
mosquée, Andrinople présente un aspect des
plus agréables : les dômes brillants, les miua-
43
rets élégants et majestueux, etc., forment un
tableau que l'œil ne peut se lasser d'admirer.
Industrie très-florissante ; tissus de soie, laine,
coton ; tapis qui ne le cèdent en rien aux plus
riches produits de la Perse. Les environs d An-
drinopîe ont été le théâtre de deux grandes
batailles : Licinius y fut défait par Constan-
tin en 323, et l'empereur Valens, vaincu par
les Goths en 378, y trouva la mort. Prise par
Amurat 1er SUr les Grecs en 1360, elle devint
la résidence des sultans de 1362 à U53, date de
la prise de Constantinople ; les Russes l'occu-
pèrent temporairement en 1829, et y signeront
avec les Turcs ce fameux traité par lequel
ceux-ci cédaient a la Russie les bouches du
Danube et reconnaissaient l'indépendance po-
litique de la Grèce. Le même traité fixait le
sort des principautés de Valachie, de Moldavie
et de Servie, et l'autocratie russe cernait de
tous côtés l'empire ottoman.
andriopÉtale s. m. (an-dri-o-pé-ta-le
— du gr. andreios, mâle; petalon, pétale).
Bot. Genre de plantes de la famille des pro-
téacées , renfermant quelques espèces arbo-
rescentes, qui croissent au Brésil.
ANDRISCUS, imposteur qui se disait fils de
Persée , dernier roi de Macédoine. Il défit
d'abord une armée romaine ; mais Cœcilius
Métellus le vainquit à Pydna, l'emmena à
Rome pour orner son triomphe et le fit en-
suite mettre à mort (M7 av. J.-C.).
ANDRIVAU s. m. (an-dri-vô). Ane. mar.
Petit grelin qui servait à touer la galère ,
lorsque l'espace manquait pour faire agir les
ÀNDlil VEAU-GOUJON (Gabriel-Gustave),
libraire-géographe, né à Paris vers 180S. Il a
fait exécuter un grand nombre de cartes, dont
la plupart manquaient dans le commerce. On
estime surtout son Plan de Paris et des com-
munes environnantes, exactement géométral,
et qui, depuis 1834, a figuré à toutesles exposi-
tions quinquennales, ainsi qu'à l'exposition uni-
verselle de 1855. Depuis les embellissements
successifs qui ont transformé Paris dans ces
dernières années, et surtout depuis l'annexion,
des communes environnantes, ce Plan a perdu
toute sa valeur, et n'a plus sa place que dans
les archives de la ville.
ANDROCÉE s. m. (an-dro-sô — du gr. anèr,
andros, homme). Bot. Ensemble des étamines,
constituant le troisième verticille floral : Dans
certaines plantas, la transition entre la corolle
et I'androcée est tellement insensible qu'il est
impossible de dire où finit la corolle, où com-
mence J'androcée. (F. Pillon.) n On dit aussi
ANDRŒC1E.
ANDROCÉPHALOÏDE s. f. (an-dro-sé-fa-
lo-i-dc — du gr. anèrt andros, homme ; kephalè,
tête; eidos, forme). Paléont. Sorte de pierre
qui affecte la forme d'une tête humaine.
Genre do plantes de la famille des soianées,
formé aux dépens des solanums, et qui n'a pas
été adopté.
ANDROCLE. Temps fab. Pils de Codrus et
roi d'Ephèse.
ANDROCLÉIï. Temps hér. Thébaine , fille
d'Antipœnus, se sacrifia avec sa sœur Alcis ,
pour sauver sa patrie , l'oracle ayant déclaré
que les Thébains seraient victorieux contre les
Orchoméniens, si le plus illustre d'entre eux
par la naissance se donnait la mort.
ANDROCLÈS. Temps fab. Fils d'Eole et de
Cyané. Il régna sur une partie de la Sicile.
ANDROCLÈS, esejave ancien, qui est le héros
d'une histoire touchante racontée par Aulu-
Gelle, et qui se serait passée au commence-
ment de l'ère chrétienne. Livré aux bêtes dans
le cirque romain, il, fut épargné par un lion
africain dont le seul aspect inspirait l'effroi,
et qui, au grand étonnement des spectateurs,
lui prodigua ses caresses, comme 1 eût fait un
chien docile. L'empereur se fit amener Andro-
clès, qui lui apprit qu'esclave fugitif en Afrique,
il avait délivré ce lion d'une épine qui lui tra-
versait le pied, et qu'il avait vécu trois mois
avec lui dans son antre. L'empereur lui accorda
la vie et lui fit présent du lion.
ANDROCRÀTE. Myth. gr. Héros auquel les
habitants de Platée rendaient un culte divin.
ANDROCTASIES (du gr. androktasia, meur-
tre, carnage). Myth. gr. Divinités qui faisaient
partie du cortège de Mars, dieu de la guerre.
androctone s. m. (an-dro-kto-ne — du
gr. androktonos, homicide; meurtrier). Zool.
Genre de scorpions renfermant un assez grand
nombre d'espèces, qui vivent dans les régions
chaudes de l'ancien continent. Les andro-
ctones ont cinq yeux de chaque côté du cé-
phalo-thorax, dont trois plus gros et deux plus
petits; leur queue est toujours très -forte,
ainsi que leur vésicule ; leurs peignes ont des
dents nombreuses : La piqûre de plusieurs es-
pèces d'ANDROCTONES peut occasionner des ac-
cidents graves et même la mort. (A. Dupuis.)
AMDROCYDES , peintre grec, contemporain
de Zeuxis. Plutarque (Vie de Pélopidas)
.':l — :, — :i ^- n — i.~.» j- ..-i......
meilleur ouvrage de cet artiste, si nous en
croyons Athénée, fut un tableau où il repré-
senta une vue de la mer, près du rocher de
Scylla.
AND
androcymbe s. m. (an-dro-sain-be —
du gr. anèr, andros, homme ; kumbion, petite
barque). Bot. Genre de la famille des mélan-
thacées, tribu des vératrées , renfermant un
petit nombre de plantes bulbeuses, origi-
naires du cap de Bonne- Espérance.
ANDRodame s. m. (an-dro-da-me— du gr.
androdamas ; formé de anër, andros, homme;
damaà, je dompte). Miner. Sorte de pierre
précieuse, à laquelle les anciens attribuaient
la vertu d'apaiser la colère.
ANDRODYNAME î^j. (an-dro-di-na-me —
du gr. anèr, andros, homme, mâle ; dunamis,
force, puissance). Bot. Se dit des plantes
chez lesquelles les étamines arrivent à un
grand développement.
ANDRŒCIE S. f. Bot. V. ANDROCÉE.
ANDROGÉK, fils de Minos et de Pasiphaé,
vint à Athènes, où il obtint de tels succès aux
jeux des Panathénées, que le roi Egée le fit
tuer par jalousie. Minos, pour venger la mort
de son fils, assiégea et prit Athènes, et imposa
habitants le fameux tribut annuel des
par le Minotaure.
ANDROGÉNÉSIE s. f. (an-dro-jé-né-zi —
du gr. anèr, andros, homme ; genesis, généra-
tion). Science du développement physique et
moral do l'humanité.
drogénésie, qui y a rapport.
ANDROGÉnie s. f. (an-dro-jé-ni — du gr.
anèr, andros, homme; genos, race). Suite
de descendants de mâle en mâle ; ce qui con-
cerne l'homme dans la reproduction.
ANDROGêonies s. f. pi. (an-d»>jé-o-nî—
de Androgée, n. myth.). Antiq. gr. Fêtes
expiatoires qui se célébraient tous les ans à
Athènes, en mémoire du meurtre d'Androgée.
androglosse s. m. (an-dro-glo-se — du
gr. anèr, andros, homme; glôssa, langue).
Nom donné aux oiseaux auxquels on apprend
facilement à parler.
ANDROGRAPHE s. f. (an-dro-gra-fe — du
gr. anèr; andros, homme; graphe, ligne, trait).
Bot. Genre de plantes de la famille des acan-
thacées, renfermant un certain nombre d'es-
pèces herbacées ou sous-frutescentes, origi-
nairesdes régions tropicales de l'Asie, et dont
plusieurs sont cultivées dans nos serres.
ANDROGYNAIRE adj. (an-dro-ji-nè-re —
du gr. anèr. andros, homme, mâle; gunè,
femme, femelle). Bot. Nom donné par de Can-
dolle aux fleurs qui deviennent doubles par
la métamorphose en pétales des deux sortes
d'organes sexuels.
ANDROGYNE adj. (an-dro-ji-no — du gr.
représente de fa— .... .,„,
dessus de la tète duquel surgit une autre
coiffée du calathe ou modius de Sêrapis. (Val.
Parisot.) Dieu seul est androgyne. (T. Thoré.)
— Par ext., en parlant des choses, Qui est
commun à l'homme et à la femme : La' fatuité
est androgyne. (Mme Bachi.)
— Par anal. : Un long cri de joie et d'orgueil
avait salué l'apparition de cette -ville andro-
gyne, moitié Europe, moitié Asie par ses mo-
numents et son climat. ('")
— Zool. Seditdes animaux qui sont pourvus
des deux sexes, et qui cependant ne peuvent
se reproduire sans le concours d'un autre
individu de même cspèee ; ex. : les limaces ,
les sangsues, etc.
— Bot. Se dit spécialement des plantes qui
ont à la fois des fleurs mâles et des fleurs
femelles dans la même inflorescence; le nom
(L'hermaphrodite est réservé à celles qui réu-
nissent les deux sexes dans un même pé-
rianthe.
C'est peut-être en ce temps que naquit Y an
Homme et femme à la fois, et dont le corp;
Des deux sexes formé, différait de tous deux
— Myth. Hommes primitifs qui , d'après
un mythe hellénique, avaient quatre bras ,
quatre jambes, deux visages opposés et par-
faitement semblables, sortant d'un seul cou
et tenant à une seule tête, quatre oreilles,
un double appareil de génération , etc. :
Chaque androgyne a été divisé en deux moitiés
postérieurement à sa création; l'/wmme et la
femme sont ces deux moitiés. (F. Pillon.)
— Encycl. Le mythe des androgynes était
pour les anciens une sorte de théorie de l'amour
etdu mariage. « Ils avaient imaginé, dit J. Rey-
naud , que 1 homme et la femme, incomplets et
se cherchant l'un l'autre, ne formaient dans le
principe qu'un même être double dans sa
forme, mais unique dans son consentement et
son activité, et que cet être, séparé en deux
postérieurement a sa création première, a par
là donné lieu à l'espèce humaine telle qu'elle
est aujourd'hui. •
Nous trouvons les traces de ce mythe chez
les Juifs et chez les Grecs. Eve, formée d'une
côte que Dieu détache de la poitrine,de l'homme
Fendant son sommeil, Eve, appelée par Adam
os de ses os, la chair de sa chair ; voilà le
Symbole juif. L'homme et la femme sortis de
AND
duisent naturellement l'obéissance et l'infé-
riorité de la femme dans l'état conjugal. Quant
au second, favorable à l'égalité des droits des
deux époux, il est cher aux saint-siinoniens,
qui lui accordent « une valeur sociale pro-
digieuse. »
Platon voyait dans l'amour un mouvement
naturel et invincible de retour à l'unité andro-
gynique, et comme une réminiscence de cette
unité que nous avons perdue... « L'amour,
dit-il, nous ramène à notre état primitif, et, de
deux êtres n'en faisant qu'un , rétablit en
quelque sorte la nature humaine dans son an-
cienne perfection. Chacun de nous n'estqu'une
moitié d'homme, moitié qui a été séparée de son
tout : ces moitiés cherchent toujours leurs
moitiés... Rendons-nous l'amour favorable, et
il fera trouver cette partie de nous-mêmes né-
cessaire à notre bonheur, et qui n'est accordée
aujourd'hui qu'à un petit nombre de privilé-
ANDROGYNETTE s. f. (an-dro-ji-nè-te —
rach androgyne). Bot. Genre de mousses.
ANDROGYNIE S. f. (an-dro-ji-nî — rad. an-
drogyne). Etat d'un être qui réunit les deux
Androgyniflore adj. (an-dro-ji-ni-flo-
ni — de androgyne, et du lat. flos, fions,
fleur). Bot. Qui ne porte que des fleurs andro-
gynes, qui appartient à ces fleurs : Disque
ANDROGYNIFLORE
ANDROGYNI-MASCULINIFLOREadj. (an-
dro-ji-ni-ma-sku-li-ni-flo-re — de androgyne,
et du lat. masculus, mâle; flos, floris, fleur).
Bot. Se dit des plantes qui portent des fleurs
androgynes et des fleurs mâles.
Androgynique adj. ( an-dro-j i-ni-ke —
rad. androgyne). Qui appartient, qui a rapport
à l'androgynisme.
ANDROGYNISME s. m. (an-dro-ji-ni-sme—
rad. androgyne). Etat d'un être androgvne,
qui réunit les deux sexes : Z'androgynÏsme
transporté dans la nature finie, c'est l'immobi-
lité et le néant. (T. Thoré.) Le type féminin de
Bacchus dégénérant souvent en androgynisme
décèle une moins noble origine. (Renan.) A cette
nuance si marquée d'énervation, d'impuissance,
se lie peut-être /'androgynisme dont toutes les
religions orientales furent prodigues pour .leurs
grands dieux. (Val. Parisot.)
ANDROÏDE s. m. ' (an-dro-i-de — du gr.
anèr, andros, .homme; eidos, forme). Auto-
mate qui a la figure humaine, qui reproduit
les mouvements du corps humain : Le flùteur
de Vaucanson et son joueur d'échecs étaient des
ANDROÏDES. (Acad.)
ANDROLÂTRE s. (an-drc-!à-tre — du gr.
anèr, andros, homme; tatreia, adoration).
Celui, celle qui rend à un homme les honneurs
divins.
ANDROLÂTRIE s. f. (an-dro-lâ-tri — rad.
androlàtre). Culte divin rendu à un homme.
ANDROLEPSIE s. f. (an-dro-lè-psi — du
gr. anèr, andros, homme; lèpsis7 action de
prendre). Hist. anc. Sorte de droit df repré-
sailles, en vertu duquel les Athéniens saisis-
saient trois habitants de la ville où s'était
commis un meurtre, jusqu'à ce que le cou-
pable fût puni. Si on refusait de le livrer, les
otages subissaient la peine qu'il avait en-
ANDROMACHIE s. f. (an-dro-ma-M — du
gr . Andromachè , Andromaque, n, pr.). Bot.
Genre de plantes de la famille des composées,
tribu des vernoniées, renfermant une dizaine
d'espèces, toutes originaires d'Amérique.
andromane adj. et s. f. (an-dro-ma-ne—
rad. andromanie.). Pathol. Femme qui est
affectée, atteinte d'andromanie.
andromanie s. f. (an-dro-ma-nî — du
gr. anèr, andros, homme; mania, fureur).
Pathol. Chez les ■ femmes , penchant irré-
sistible et insatiable à l'acte vénérien, ma-
ladie rangée au nombre des névroses géni-
tales de la femme, et qui survient quelquefois,
chez les femmes nerveuses, d'une imagination
ardente, exaltée par des conversations ou des
lectures erotiques, chez celles qui vivent dans
une continence forcée ou qui se livreiit à
l'onanisme. Même sens que nymphomanie.
V. ce mot.
ANDROMAQUE. Temps fabul. Un des cin-
quante fils d'Egyptus, tué par sa femme Héro.
ANDROMAQUE, surnommé l'Ancien , méde-
cin crétois, qui vivait à Rome au temps de
Néron. On lui attribue l'invention de la thé-
riaque, médicament très-compliqué, sorte d'an-
tidote pour tous les poisons.
ANDROMAQUE , épouse d'Hector. Après la
mort du héros, de son fils Astyanax et de
toute sa famille, elle tomba en partage à Pyr-
rhus, fils d'Achille, qui en eut trois fils, puis la
répudia et la donna en mariage à Hélénus,
frère d'Hector. Euripide l'a prise pour héroïne
d'une tragédie imitée*par Racine.
Andromaque est une des plus nobles figures
de YIKade. Sa profonde affection conjugale et
maternelle, ses larmes, ses malheurs, sa rési-
gnation touchante, lui donnent une physionomie
qui semble presque appartenir à une héroïne
chrétienne.
AND
Andromnqne, tragédie d'Euripide.Cette pièce
n'a guère de commun que le titre avec cetlp de
Racine. Andromaque, captive de Pyrrhus v
fils d'Achille, a été contrainte de céder à la
passion brutale de son maître et lui a donné
un fils, Molossus. Hermione, femme légitime
de Pyrrhus, est animée d'une violente jalousie
contre l'esclave trovenne. Aidée de son père
Ménélas, elle veut faire périr Andromaque et
son fils pendant l'absence de Pyrrhus. Andro-
maque et Molossus vont succomber, lorsque le
vieux Pelée, aïeul de Pyrrhus, les arrache à
la mort. Hermione, craignant le ressentiment
de son époux , s'enfuit avec Oreste , son pa-
rent, à qui sa main avait été promise autre-
fois, et tous deux font périr Pyrrhus dans une
embuscade.
Racine a créé une Andromaque moderne ,
Euripide a peint la véritable Andromaque de
l'antiquité. « Dans un sujet emprunté à des
temps barbares, et où il s'agit du meurtre d'un
enfant, Racine a introduit les délicatesses de
la passion telle que l'a faite notre politesse
sociale. On a pu, non sans raison, reprochera
Racine ce contraste entre l'acte féroce- qui
fait le fond de sa pièce et les affections ten-
dres qui la remplissent, ce déguisement des
mœurs brutales d'une société naissante sous
les formes élégantes et gracieuses de la civi-
lisation la plus avancée. Mais c'est d'après
nos idées que Racine a réformé ce rôle ; il en_
a effacé la tache que lui avaient imprimée les"
outrages de la servitude antique ; ce qu'elle n'a-
vait pu dégrader, ces sentiments déposés dans
le sanctuaire inviolable de l'âme, il l'a rendu
plus pur encore de tout mélange. » (Patin.)
Louis Racine a comparé Y Andromaque d'Eu-
ripide à celle de son père dans les Mémoires de
l'Académie des Inscriptions, tome X, page 31 1.
Andromaque , tragédie de Racine , en cinq
actes , représentée pour la première fois sur
le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, le 10 no-
vembre 1667. Il y a trois amours dans cette
pièce : celui de Pyrrhus pour Andromaque,
celui d'Hermione pour Pyrrhus, et celui d'O-
reste pour Hermione. 11 fallait que tous trois
fussent tragiques, que tous trois eussent un
caractère différent, et que tous trois concou-
russent à délier le nœud principal du sujet,
qui est le mariage de Pyrrhus avec Andro-
maque , d'où dépend la vie d'Astyanax , fils
d'Hector, Le poète est venu à bout de tout.
Le Cid de Corneille avait été la première
époque de la gloire du théâtre; l' Andromaque
de Racine en fut la seconde et n'eut pas
moins d'éclat. Cette pièce est le premier *
chef-d'œuvre de notre grand tragique. < On
vit pour la première fois dans Y Androma-
que, dit La Harpe, une tragédie où chacun
des acteurs était continuellement ce qu'il de-
vait être, et disait toujours ce qu'il devait
dire. Racine, en étalant sur la scène des pein-
tures si savantes et si expressives de cette
inépuisable passion de l'amour, ouvrit une
source nouvelle et abondante pour la tragédie
française. Cet art que Corneille avait princi-
palement établi sur l'étonnement et l'admirn-
*'-- etsurune nature quelquefois trop idéale,
La tragédie A' Andromaque opéra une révo-
lution profonde dans l'art théâtral, et révéla
une source de beautés nouvelles, qui étaient
restées étrangères au grand génie de Corneille.
Aussi fut-elle considérée en France comme un
événement, qui défraya pendant longtemps les
conversations de la plus brillante société de
l'époque; admirée parles uns, critiquée par les
autres , comme toute œuvre de génie dont le
temps n'a pas encore établi l'éclatante supé-
riorité, la pièce de Racine trouva des fron-
deurs dans le maréchal de Créqui, dont l'aver-
sion pour les femmes était connue, et dans
M. d'Olonne, qui avait peu à se louer des pro-
cédés de la sienne. Or, on connaît tout l'esprit
satirique du grand tragique ; et l'on sait que
dans ces sortes de disputes il avait l'habitude
de mettre les rieurs de son côté ; il donna dans
cette circonstance une nouvelle preuve de
cette verve mordante qui était si redoutée :
Dans le cours d'une répétition ù'Andro-
n.aque, Racine, qui faisait à chaque acteur ses
recommandations, se contenta de dire au cé-
lèbre Baron -• « Pour vous, je n'ai point d'in-
structions à vous donner; votre cœur vous en
dira plus que mes leçons n'en pourraient faire
entendre. > Tous nos lecteurs connaissent la
Champmeslé , celle que madame de Sévigné
appelait sa bru, bien à contre-cœur, il est vrai,
et l'on sait pourquoi ; à cette époque , elle
n'était pas encore célèbre, et Boileau ne de-
vait écrire que dix ans plus tard ces vers si
Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,
Que, dans l'heureux spectale a nos yeux étalé,
En a fait, sous son nom, verser la Champmeslé.
Racine le fonda si
Racine, qui était doué d'un admirable talent
pour la déclamation , lui donna des leçons et
la forma, ce que nous rappelons sans intention
ironique et sans aucune allusion à la chronique
médisante du temps. Néanmoins, à la pre-
mière représentation, elle ne dit que très-
faiblement les deux premiers actes, qui avaient
été admirablement rendus par madeinoisello
Desœitlets, excellente actrice d'alors ; mais elle
AND
se releva avec une telle puissance aux trois
actes suivants, elle répandit dans cet ad-
mirable rôle d'Hermione tant de chaleur et
de ce véritable enthousiasme qu'allument les
liassions, qu'elle fut applaudie avec fureur, ce
qui fit dire à Louis XIV » qu'il aurait fallu que
la Desoeillets jouât les deux premiers actes, et
la Champmeslé les trois autres. »
Les grands acteurs savent merveilleuse-
ment rendre la pensée du poète, et souvent
même y ajoutent une force et une grâce de
plus. Dans ce vers de Pyrrhus à Andromaque ;
Madame, en l'embrassant, songez a le sauver,
Baron employait, au lieu de la menace qui y
semble indiquée , l'expression pathétique de
l'intérêt et de la pitié ; il paraissait même, par
le geste touchant dont il accompagnait ces
mots : en L'embrassant, tenir Astyanax entre
ses mains et le présenter à sa mère. Mais c'est
surtout dans les représentations théâtrales que
le burlesque touche au sublime. Une débu-
tante , dont la figure avait le malheur de ne
point racheter la médiocrité du talent, remplis-
sait le rôle d'Andromàque d'une manière a se
rendre le parterre impitoyable. Un spectateur,
un admirateur fanatique de Racine, maugréait
tout bas d'entendre estropier d'aussi beaux
vers ; à la fin, il ne se contint plus, et, dans un
passage où Andromaque dit à Pyrrhus :
Seigneur, que faites-vouB, et que dira la Grèce?
il riposta par ce vers impromptu , très-riche-
s êtes, madame, ui
puis , enfonçant son chapeau sur sa tête, il
sortit au milieu des applaudissements du par-
terre,, laissant l'actrice fort embarrassée de
son rôle et surtout de sa figure.
V Andromaque de Racine est peut-être la
première tragédie en France qui obtint les
honneurs de la parodie. Ce nouveau début dans
lo genre .déjà mis à la mode par Scarron était
la Folle Querelle, de Subligny. Racine, dit-on,
fut de ceux qui attribuèrent cette folie a Mo-
lière, et l'on prétend que c'est à ce sujet que
quelques nuages s'étendirent sur leur ancienne
amitié. Quoi qu'il en soit, cet essai d'une litté-
rature facile et de mauvais goût trouva bien-
tôt des imitateurs, dont la race s'est perpétuée
jusqu'à nos jours.
Terminons par une anecdote, qui n'est pas
un des souvenirs les moins amusants des pre-
mières représentations orageuses ù' Androma-
que. Un grave magistrat, qui n'était jamais allé
au théâtre, s'y laissa entraîner sur l'assurance
qu'il serait émerveillé de la nouvelle pièce. Il
rut très-attentif au spectacle, qui se terminait
par les Plaideurs, et so montra en effet en-
chanté do la soirée. En sortant, il se trouva
avec l'auteur, et croyant lui devoir un com-
pliment, il lui dit : «Je suis très-satisfait, mon-
sieur, de votre Andromaque , c'est une char-
mante pièce. Je suis seulement étonne qu'elle
petits chiens m'a fait ri
trente jours. f _a o.
cinq représentations, qui furent interrompues
par l'incendie de la salle du Palais- Royal.
Mile Levasseur se distingua dans le rôle d'An-
drumaque; mais elle fut éclipsée par Mlle La-
gr.crrej dont l'organe ravissant semblait, au
dire même du compositeur, avoir emprunté les
accents de la veuve d'Hector. Le célèbre ehan-
ANDROME s. m. {an-dro-me— du gr. mod.
andrvmâ, même sens). Pathoï. Espèce d'élé-
phantiasis qui envahit le scrotum, et qui est
commune dans les îles de la Grèce.
— Zool. Syn. de vorliciale.
ANDROMÈDE s. f. ( an-dro-mè-de — n.
mytliol.). Astron. Constellation située sur le
prolongement do la diagonale du carré de
Pégase au-dessous de Cassiopée, près du pôle
arctique. Elle est composée de cinquante-neuf
étoiles, dont les trois principales sont égui-
distantes et forment une ligne un peu brisée.
Dans les cartes célestes, elle est représentée
par une femme enchaînée rappelant la fable
d'Andromède.
— Bot. Genre de plantes de la famille des
éricinées, type do la tribu des andromédées.
— Encycl. Les andromèdes sont des plantes
d'un port agréable, et dont la taille, humble
comme celle des mousses dans certaines es-
pèces, atteint dans d'autres celle de l'arbre.
Elles sont l'ornement des plages désertes, de3
lieux humides , des rochers stériles. C'est à
cette circonstance que Linné fait allusion pour
justifier le nom qu'il leur a donné. Il s'est plu à
représenter, dans une poétique allégorie, l'es-
pèce européenne dite andromède à feuilles de
pou//ot,sous le symbole d'Andromède attachée
au pied d'un rocher baigné par les eaux et
exposée aux attaques du dragon. An prin-
temps, sa fleur se penche tristement, comme"
un visage affligé , vers l'eau dont elle est
entourée. L'été est le libérateur, le Persée
qui vient la retirer de l'élément humide et
fait do la vierge une mère féconde, relevant
joyeusement sa tête chargée de fruits.
AND
Vandromède dont parle Linné est la seule
espèce qui croisse naturellement en France
dans quelques localités, telles que les environs
de Rouen, les Vosges et le Jura; elle est cul-
tivée comme plante d'ornement, et donne de
mai à septembre des fleurs rosées, disposées
en une sorte d'ombelle. Douze à quinze autres
espèces à' andromèdes contribuent aussi à l'em-
Liellissement de nos jardins, entre autres l'an-
dromède en arbre, l'andromède de Maryland,
Yandromède à feuilles de cassiné, etc. Elles se
cultivent en plates-bandes, comme les bruyè-
res, quoiqu'elles soient moins délicates ; elles
se multiplient par semence et par marcottes.
ANDROMÈDE, fille de Céphée, roi d'Ethio-
pie, et de Cassiopée. Celle-ci ayant eu la
témérité de disputer le prix de la beauté aux
Néréides, Neptune, pour venger les nymphes,
suscita un monstre marin qui désola le pays.
L'oracle d'Ammon, consulté, répondit qu'il
fallait exposer Andromède aux fureurs du
monstre. La jeune princesse fut liée sur un
rocher par les Néréides, et le monstre sortant
de la mer était prêt à la dévorer, lorsque
Persée, monté sur Pégase, tua ou pétrifia le
monstre , brisa les chaînes d'Andromède et
devint ensuite son époux.
Le beau sujet d'Andromède a inspiré la
sculpture et la peinture.
En littérature , Andromède personnifie la
femme que la faiblesse de sa nature, de son
organisation , expose à mille dangers , et qui
doit trouver dans l'homme , représentation du
courage et de la force, son défenseur naturel :
« Marie Stuart so trouve , elle se fait le
signe de ralliement du catholicisme et le point
de mire du protestantisme. Et la partie n'est
pas égale entre ces deux adversaires. Le pro-
testantisme , qui s'avance avec la rapidité
continue de la marée montante , l'environne
en grondant et l'assiège de toutes parts.
Comme Andromède sur son rocher , Marie
interroge l'horizon du regard, mais en vain.
L'horizon s'est fermé à l'espérance, et nul
défenseur ne viendra disputer sa- proie au
monstre. » F. Mallkfillk.
« L'homme est plus fort, mieux portant que
la femme. Il a une forte éducation. Il est fa-
vorisé des lois. Il a les meilleurs métiers et
gagne bien davantage. 11 a la locomotion : s'il
est mal, il vogue ailleurs. La pauvre Andro-
mède, hélas 1 doit mourir sur le rocher auquel
elle est attachée. » . Miuhelet.
« Le côté le plus faible du livre de M. Mi-
chelet, l'Amour, c'est qu'il demande trop à
l'homme; il lui trace une route longue, com-
pliquée, inextricable ; il lui conseille toute une
vie artificielle qui suppose une telle dépense
de calculs , d'efforts , qu'il ne lui restera plus
ni pensée , ni action pour la vie réelle. Le
mari, qui est toujours plus ou moins l'homme
moderne, doit délivrer la femme des liens du
passé où elle est encore engagée. C'est l'his-
toire de Persée et d'Andromède. »
Vap'ereau.
Andromède, tragédie -opéra de Corneille,
représentée pour la première fois en 1650. sur
le théâtre du Petit-Bourbon. Cest une pièce
à machines et à grand spectacle , mêlée de
nault, en donnant la première idée d'un genre
de spectacle d'où plus tard devait naître l'opéra,
avec ses machines et ses ballets. Il y avait eu
déjà, il est vrai, des pièces à machines, mais
Andromède est la première dont on ait gardé le
souvenir, quoiqu'on ait cessé de la lire. Elle eut
un grand succès, et l'auteur de Cinna se sut un
gré extrême de la magnificence du spectacle
auquel elle avait donné lieu. On remarque dans
cette pièce beaucoup de sentiments, qui, sous
la plume de Racine, ont pris, dans Iphigénie,
un caractère touchant, car il s'agit aussi, dans
Andromède, du sacrifice d'une jeune fille par
ses parents pour obéir à l'oracle.
Andromède, tableau de Rubens , Mnseo del
rey, Madrid. Andromède est attachée h, son
rocher ; Persée , couvert d'une armure sem-
blable a celle de nos chevaliers du moyen âge,
est descendu de son cheval ailé après la mort
du dragon, et s'empresse de couper les liens
de la belle prisonnière. Le corps nu dîAndro-
mède est ravissant d'attitude et d'une exécu-
tion admirable : jamais Rubens n'a plus déli-
catement rendu la chair vivante, ni donné plus
de noblesse à ce qu'on appelle, en style d'é-
cole, une académie.
D'autres œuvres (peinture et sculpture) ont
été composées sur ce sujet. V. Persée et
ANDROMEDE.
Andromède, ée adj. (an-dro-mé~dê —
rad. andromède). Bot. Qui ressemble à l'an-
dromède.
-— s. f. pi. Tribu de la famille des éricinées,
ayant pour type lo genre andromède.
ANDRON OU ANDRUM S. m. (an-dron,
omm — du gr. andrôn ; formé de anér, andros,-
homme). Antiq. Chez les Grecs, Apparte-
ment, salle de conversation ou de festin, où
les hommes seuls étaient admis; l'oppose de
gynécée, il Chez les Romains, Galerie, passage
qui séparait une maison d'une autre, ou divi-
sait une même maison en deux parties. Il Chez
:s catholiques grecs j Côté
les dans la nef de l'église.
;recs, Côté réservé a
ANDRONIC (saint), Confesseur à Jérusalem,
au ivc siècle. Fête le 9 octobre, il Martyr a
Tarse, en Cilicie, au ive siècle. Fête le 11 oc-
ANDR0N1C l" , Comnène , empereur de
Constantinople , fit étrangler Alexis II , son
pupille, et s empara du trône en 1183. Il ne se
servit du pouvoir que pour commettre les
cruautés les plus révoltantes. Lassé enfin des
caprices sanguinaires de ce monstre, le peuple
se souleva, proclama Isaac l'Ange, et fit périr
Andronic , après l'avoir torturé pendant trois
jours (1185). Il fut le dernier des Comnène.
ANDRONIC II, Pnléoiogoo , empereur de
Constantinople, monta sur le trône en 1282.
Son règne est célèbre par les invasions des
Turcs et autres barbares. Ce prince, absorbé
dans de vaines disputes théologiques, augmenta
les impôts pour aeheter la paix, altéra les mon-
naies, laissa languir le commerce et la marine,
et fut détrôné par Andronic III, son petit-fils
"(1328). Il finit ses jours dans un monastère ,
en 1332.
ANDRONIC III, Pnléologue , dit ai
dronic le Je*
l'associa à l'ei „
lui en 1328. Malgré la manie des querells
logiques, particulières aux empereurs byzan-
tins, il montra de l'activité et quelques qua-
lités guerrières , mais fut impuissant à arrêter
la décadence de l'empire et les progrès des
Turcs, qui s'agrandirent en Asie et lui enle-
vèrent Nicée. Il mourut en 1341.
ANDRONIC IV, Pnléologue, fils aîné de
esprit inquiet, il voulut détrôner son pèi
Celui-ci, aidé par les Turcs, le força en 13/3
à céder ses droits à son frère Manuel. Il finit
obscurément ses jours dans la retraite.
Andronic, tragédie de Cainpistron, repré-
sentée en 1685. C'est, sous des noms supposés,
l'aventure funeste de don Carlos, qu'il n'aurait
pas été permis à l'auteur de mettre sur la
scène sans ce changement. Le sujet était des
plus dramatiques. Voici l'analyse qu'en donne
La Harpe : « Un tyran sombre et soupçonneux,
un père barbare, un mari jaloux, faisant périr
sa femme et son fils; une femme vertueuse
promise à un prince aimable , arrachée à ce
qu'elle aime, livrée à ce qu'elle hait, brûlant
pour le fils dans les bras du père, et ne com-
battant son amour qu'à, force de vertu; un
prince jeune, sensible, ardent, et pourtant
fidèle à son devoir, et n'ayant a se reprocher
qu'un penchant que tant de circonstances ren-
dent excu'sable : quel tableau pour un grand
peintre ! Le dessin existait ; on le retrouve
dans Campistron ; mais les couleurs en sont
presque effacées. L'ordonnance est assez sage,
mais elle est petite et commune ; et un ouvrage
où l'on a tiré si peude chose d'un fonds si riche,
ne laisse guère à la postérité que des regrets,
et ce n'est pas un titre auprès d'elle. »
L'affluence des spectateurs fut telle, que les
comédiens se virent obligés de doubler le prix
des places ; mais cet engouement ne se con-
tinua pas dans les pièces qui suivirent, et
l'opéra A'Alcide eut un sort bien différent. La
chute éclatante de cette pièce valut au pauvre
Campistron l'épigramme suivante :
A force de forger on devient forgeron ;
Il n'en est pas ainsi de monsieur CampiBiron ;
Au lieu d'avancer, il recule :
Voyez Hercule.
ANDRONICIEN s. m. (an-dro-ni-si-ain —
rad. Andronic. n. pr.) Hist. ecclés. Celui qui
avait adopté les opinions d'un certain An-
dronic, appartenant à<la secte des Sévériens.
Les Androniciens prétendaient que la moitié
supérieure du corps des femmes est l'œuvre do
Dieu, et la moitié inférieure, celle du démon.
Andronlco, opéra italien de Mercadante,
représenté en 1822. Cet ouvrage n'est plus
connu des amateurs de musique que par une
délicieuse romance : Soave immagine, et deux
duos : Ne l seggio placido, et Vanne sei.
ANDRONICUS (Livius),le plus ancien poète
dramatique latin , florissait vers l'an 240 av.
J.-C. Il était Grec d'origine et avait été esr
clave. Son style était barbare, si l'on en juge
par les fragments qui nous restent; mais il eutla
gloire d'initier les Romains à l'art dramatique
des Grecs. Il jouait lui-même dans ses pièces,
et l'on rapporte que, souffrant un jour d'une
extinction de voix, il fit réciter ses vers par
un esclave, tandis qu'il l'accompagnait par ses
gestes, ce qui donna la première idée de la
pantomime chez les Romains.
ANDRONICUS CYRRHESTES , architecte
grec, né à Cyrrhus en Macédoine, vivait 100
ans av. J.-C., ou, suivant d'autres, vers 150
de notre ère. Il a construit à Athènes la Tour
des Vents, qui subsiste encore aujourd'hui.
ANDRONICUS do Rhodes, philosophe péri-
patéticien, vivait à Rome du temps de Cicé-
ron. C'est lui qui fit connaître le premier aux
Romains les ouvrages d'Aristote et de Théo-
phraste, après les avoir mis en ordre, sur l'in-
vitation de Sylla, qui les avait apportés de la
Grèce. Ses propres ouvrages ont péri.
ANDRONITIDE s. f. ( an-dro-ni-ti-de —
rad. andron). Antiq-. gr. Partie de la maison
où se trouvait l'andron : Z/andronitide était
sur le devant du bâtiment; le gynécée, ou ap-
parlement des femmes, était à la partie la, plus
élevée. (Millin.)
ANDROPADE s. m. (an-dro-pa-de). Ornith.
Espèce do merle d'Afrique.
ANDROPÉTALAIRE adj. (an-dro-pé-ta-lè-
re — rad. andropétale). Bot. Se dit des plan-
tes devenues doubles par la métamorphose
des étamines en pétales.
andropétaxe s. m. (an-dro-pé-ta-ie -y - •
du gr. anér , andros, mâle; petalon, pétale).'-
Bot. Pétale provenant do la métamorphose
d'une étamine.
androphobe adj . et s. (an-dro-fo-be— du
gr. anér, andros, homme; phobos, crainte).
Qui craint, qui fuit les hommes, il On dit plus
ordinairement m
ANDROPHOBIE s. f. (an-dro-fo-bî — rad.
androphobe). Aversion, haine pour les hom-
mes. Il On dit plutôt MISANTHROPIE,
ANDROPHOBIQUË adj. (an-dro-fo-bi-ko —
rad. androphobie.). Qui a rapport à l'andro-
phobie.
androphore s. m. (an-dro-fo-re — du
gr. anér, andros, mâle; phoros, qui porte).
Bot. Nom donné par de Mirbel aux faisceaux
formés par la soudure des filets staminaux.
— Encycl. Quand tous les filets se soudent
de manière a former un seul andropkore, les
étamines sont monadelphes (ex. : ir.auve, rose
trémière, etc.). Si les filets sont unis en deux
androphores , les étamines sont diadelphes
(ex. : fumeterre, haricot, etc.). Les deux an-
drophores peuvent être formés chacun par un
égal nombre de filets soudés (fumeterre) ou
par un nombre inégal (papilionacées). Quand
les filets sont reunis en trois ou en un nombre
plus considérable à'androphores, les étamines
sontdites triadelphes, polyadelphes (ex. : mille-
pertuis). Si les androphores sont en même
nombre que les pétales, ils sont toujours op-
posés à ceux-ci.
ANDROPHYLAX s. m. (an-dro-fi-laks —
du gr. anér, andros, mâle ; phulax, gardien).
Bot. Syn. du genre cocculus.
andropogon s. m. (an-dro-po-gon -
vulgairement nommé barbon, parce que ses
épilïots sont souvent accompagnes do poils
que l'on a comparés à la barbe d'un homme.
— Encycl. Le genre andropogon a les épil-
lets rangés par deux, et par trois à l'extrémité ;
l'un des deux ou trois est sessile, complet, fer-
tile ; l'autre ou les deux antres sontpedicellés,
imparfaits, stériles ; l'épillet complet présente
deux fleurs ; l'inférieure, neutre, h une pail-
lette; la supérieure, hermaphrodite, à deux
paillettes. Ces épillets forment une panieule
rameuse ou des épis solitaires.
Les principales espèces du genre andro-
pogon sont : Yandropogon ou barbon pied-de-
poule, Yandropogon ou barbon sorgho, Yandro-
pogon ou sorgho à sucre, Yandropogon ou
barbon d'Alep, Yandropogon muriqué et Yan-
dropogon odorant.
Vandropogon ou barbon pied-de-poule est
une herbe vivace, à souche traçante, a feuilles
étroites, linéaires, à fleurs disposées en épis
grêles, allongés, et formant au sommet de. la
tige une espèce de panieule digitée. Cette
plante fleurit de juillet à septembre ; elle croît
sur les pelouses sèches, dans les lieux incultes
et arides ; elle est recherchée de tous les
bestiaux:
Vandropogon sorgho est une plante an-
nuelle à racine fibreuse, a tige dressée, ro-
buste, pleine, à feuilles planes, longues, larges,
glabres, à épillets nombreux réunis en une
panieule rameuse, allongée. Vandropogon sor-
gho fleurit de juillet h août j il est appelé vul-
gairement grand millet, millet d'Inde, millet
d'Afrique, sorgho, dura ou doura; on le décrit
quelquefois sous le nom de houque sorgho.
Originaire de l'Inde, il est cultivé en Chine, en
Perse, en Turquie et surtout en Afrique pour
son grain, d'où l'on retire une farine qui sert
à l'alimentation de l'homme. Dans la plupart
des contrées méridionales de l'Europe, et no-
tamment dans le midi de la France, on le cul-
tive comme fourrage. Coupé de bonne heure
il convient beaucoup , surtout en vert, aux
bêtes à cornes, et particulièrement aux vaches
laitières.- Dans le Languedoc, on le récolte
ordinairement quand sa végétation est accom-
plie; on donne alors ses grains Ma volaille, et
l'on emploie ses tiges munies de leurs pani-
cules pour la fabrication de certains balais,
dont l'usage est très-répandu.
Vandropogon à sucre ou sorgho a sucre, que
Linné a nommé holcus saccharatus, est une
espèce qui a pris une certaine importance dans
ces derniers temps, a cause de la grande quan-
tité de sucre que fournit le suc de sa tige. Il
parait être appelé a rendre d'immenses ser-
vices pour la production de l'alcool. Quelques
auteurs vont jusqu'à dire' qu'il pourra rem-
placer la vigne à cet égard. On commence à
te cultiver dans nos départements méridio-
naux. M. Sicard en a extrait une belle couleur
jaune, qu'il a appelée gomme-gutte de sorgho.
V. Sorgho. ■
Vandropogon d'Alep est une herbe vivaco
cultivée dans le midi de la France, pour les
mêmes usages que Yandropogon sorgho. Cette
espèce est connue généralement sous le nom
de houque d'Alep, et plus vulgairement sous
celui de millet à balais.
340
AND
ANE
L'andropogon muriqué est connu sous le
nom de vétiver, à cause de la propriété qu'on
lui attribue de préserver les effets des vers
(du lat. veto, je défends, et vermes, les .vers).
Il est originaire de l'Inde. L'odeur agréable
que répandent ses racines sèches les fait em-
ployer en parfumeriei
L'andropogon odorant, appelé aussi jonc
odorant, est cultivé dans les serres chaudes.
Il croît spontanément dans l'Inde et dans
l'Arabie, ou ses feuilles fournissent un parfum
agréable et recherché.
ANDROPOGONÉ, ÉE adj. (an-dro-po-go-
né — rad. andropogon). Bot. Qui ressemble à
l'andropogon.
— s. f. pi. Tribu de la famille des grami-
nées, ayant pour type le genre andropogon.
ANDROS, île de l'archipel grec, la plus sep-
tentrionale des Cyclades, a 21 kil. S.-E. de Né-
grepont. 42 kil. de long, sur 11 kil. de larg.
Cette île est très-élevce et montagneuse ; mais
les coteaux sont fertiles en vins, soie, oranges,
citrons, dont elle fait une exportation considé-
rable. 15,000 hab. La cap., Andros ou Castro,
a un port excellent et une pop. de 5,000 hab.
Il Nom d'une autre île dans l'archipel des Lu-
cayes, mer des Antilles, à TE. du banc de
Bahama.
AMDROSACE s. m. (an-dro-za-se — du gr.
anér, andros, homme; sakos, bouclier). Bot.
Genre de plantes de la famille des primu-
lacées, syn. d'andraspe. il C'est aussi le nom
d'uno espèce d'agaric, et quelques auteurs
anciens Pont donné même a une algue qui
forme aujourd'hui le genre acétabulaire. il On
dit aUSSl ANDROSELLE.
ANdrosacÉ , ÉE adj. ( an-dro-za-sé —
rad. androsace). Bot. Qui ressemble à un an-
drosace.
— s. f. pi. Tribu de la famille des primula-
cées, ayant pour type le genre androsace.
ANDROSCÉPIE s. f. (an-dro-sé-pî — du gr.
anér, andros, homme ; skêpôn, bâton, canne).
Bot. Genre de plantes de la famille des gra-
minées, renfermant une seule espèce, origi-
naire des Moluquos.
ANDROSELLE S. f. V. ANDROSACE.
ANDROSÈME adj. (an-dro-zè-me — du gr.
anér, andros, homme; aima, sang). Bot. Se
dit des plantes dont les fruits ren ferment un
suc rouge comme du sang.
— s. m. Genre de plantes de la famille des
hypéricinées, formé aux dépens des milleper-
tuis, et ronfermant quelques espèces euro-
péennes.
— Encycl. La principale espèce du genre
androsème est Yandrosème officinal, décrit
aussi sous le nom d'hypéric androsème, et vul-
gairement connu sous celui de toute saine.
C'est une plante sous-frutescente à feuilles
grandes, sessiles, ovales , à fleurs jaunes ou
d'un jaune rougeàtre réunies en corymljes.
Le fruit est une baie globuleuse ou ovoïde,
nuire, presque sèche a la maturité, L' andro-
sème officinal croit dans les bois, le long des
ruisseaux, dans les lieux ombragés et humides;
il fleurit de juin à août. On lui a fait longtemps
une grande réputation comme vulnéraire.
AKDROSÉMIFOLIÉ , ÉE adj. (an-dro-zé-
mi-fo-li-é — de androsème, et du lat. folium,
feuille). Bot. Dont les feuilles ressemblent à
celles de l'androsème.
ANDRO-SPHINX s. m. (an-dro-sfainks —
du gr. anér, andros, homme, et sphinx). An-
tiq. Nom du sphinx égyptien , dont le type
ANDROStemme s. f. (an-dro-stè-me— du
gr. anér, andros, homme ; stemma couronne).
Bot. Genre de plantes de la famille des hémo-
doracées,' renfermant une seule espèce, qui
croît dans l'ouest de l'Australie.
ANDROSTYLIUM s. m. (an-dro-sti-li-omm
— du gr. anér, andros, mâle; stulos, style).
Bot. Organe formé par les étamines soudées
avec le style.
ANDROTOME adj. (an-dro-to-me — du gr.
anér, andros, mâle; tome section). Bot. Se
dit des plantes dont les étamines sont divi-
sées en doux parties par une espèce d'articu-
lation.
— s. f. pi. Nom proposé pour la famiite des
composées ou synanthérées, ot qui n'a pas été
adopté.
ANDROTOMIE S. f. V. A.NDRANATOMIE.
ANDROTRICHON s. m. (an-dro-tri-kon
— du gr. anér, andros, mâle; thrix, trichas,
cheveu). Bot. Genre de plantes de la famille
des cypéraeées, renfermant une seule espèce,
qui croît au Brésil.
ANDROUET (Jacques), surnommé d,. Cer-
ceau, à cause de l'enseigne do sa maison, sa-
vant architecte protestant du xvi= siècle, na-
quit à Orléans, si l'on en croit plusieurs de ses
biographes, et à Paris, suivant le Journal de
Henri III, écrit par La Croix du Maine. 11 a
publié divers ouvrages sur son art, accompa-
gnés de planches gravées à l'eau-forte, entre
autres trois Livres d'architecture {1559, 61 , 82),
des Leçons de perspective (IS7B), et Les plus
excellents bâtiments de France (f576 et années
suivantes). Dans la dédicace qu'il fit à Cathe-
îxième volume de rette
a !a date de 157S, il se
,e lui permet
rine de Médicis du dei
dernière publication ,
plaint de ce que son gi-uuu a.ge ne iui perniei
plus de o faire telle diligence qu'il eût fait autre-
lois. • Les auteurs de la France protestante en
ont conclu qu'il ne saurait être permis de lui at-
tribuer, comme oh l'a fait généralement sur la
foi de Dargenville,divers travaux de construc-
tion exécutés postérieurement a cette date,
notamment la continuation de la galerie du
Louvre, ordonnée par Henri IV en 159G. Jac-
ques Androuet, le fils, aurait été chargé de cet
ouvrage, ainsi que de la plupart de ceux qu'on
a regardés jusqu'alors comme étant du père.
La Croix du Maine dit positivement que le
Pont-Neuf fut commencé au mois de mai 1578,*
par le jeune du Cerceau ; cette construction,
interrompue par les guerres civiles , ne fut
achevée qu'en 160<l,par Guillaume Marchand.
MM. Haag pensent que ce fut encore le fils
qui construisit, à Paris, les hôtels de Car-
navalet, des Fermes, de Sully,de Mayenne,
de Bretonvilliers , etc. Dargenviile fait hon-
neur de ces édifices au vieil Androuet, mais il
ajoute que ce dernier eut deux fils, qui furent
d'habiles architectes, et il vante particulière-
ment Jacques pour son talent a dessiner les
bàtimentsanciens et modernes. D'un autre côté,
nous savons par L'Estoile qu'en 1585, à l'époque
des persécutions contre les protestants , An-
drouet Cerceau , excellent architecte du roi,
aima mieux quitter l'amitié de son maître que
d'aller à la messe, et après avoir laissé sa
maison qu'il avait nouvellement bâtie au Pré-
aux-Clercs, il prit congé du roi, le suppliant « ne
trouver mauvais qu'il fust aussi fidèle à Dieu
qu'il l'avoit été et le seroit toujours à Sa Ma-
jesté. » — Ce renseignement s'accorde avec le
récit des biographes , qui rapportent qu'An-
drouet le vieux tut forcé de s expatrier pour
cause de religion, et qu'il mourut à l'étranger ;
mais si ce dernier fait est vrai, il faut bien
admettre que ce fut Androuet le jeune qui fut
chargé par Henri IV, en 1506, d'achever la
galerie du Louvre.
ANDROÙSSOF, petite ville de Russie, dans
le gouvernement de Mohilew. Traité de paix
entre la Russie et la Pologne, en 1667.
andrtjm s. m. (an-dromm). V. Androk.
ANDRY (Nicolas), médecin, né à. Lyon en
1658, mort en 17-12, obtint la place de doyen a
la faculté de médecine de Paris. Il a laissé de
nombreux ouvrages, mais il n'est guère connu
aujourd'hui que par ses démêlés avec ses
confrères sur divers points de médecine : il
attaqua amèrement les beaux ouvrages de
Jean-Louis Petit, s'éleva contre la saignée, et
critiqua à outrance la chirurgie. Ses collègues
se virent contraints de le déposer de sa charge,
ski
, u. u un uoi. polonais).
Bot. Genre de crucifères siliqueuses, renfer-
mant une seule espèce, qui croit dans l'Orient.
ANDUJAR, ville d'Espagne dans lu province
de Jaen, près du Guadalquivir; fabriques de
faïence et de poterie, principalement de vases
rafraîchissants dits aicarazas; 9,353 hab. C'est
a Andujar que fut rendue, en 1S23, par le duc
d'Angoulème, l'ordoïmance ayant pour but de
concilier les royalistes et les libéraux, mais
qui resta sans effet par l'opposition de la ré-
gence de Madrid,
ANDUZE, ch.-lieu de cant. (Gard), arrond.
d'Alais,sur le Gardon et au pied des Cévennes ;
situation pittoresque. Aux environs, grotte
curieuse par ses stalactites. Pop. aggl. 4,300
hab. — pop. tôt. 5,203 hab.
ÂNE s. m. (à-nc — du lat. asintts, même
sens. On écrivait autref. asne). Quadrupède
servant à peu près aux mômes usages que le
cheval, dont if se distingue surtout par sa
taille moins élevée, ses longues oreilles et sa
queue dénuée de crins : Ane sauvage. Ane
domestique. Aller, monter sur un âne. Petite
charrette traînée par un âne. Transporter des
marchandises à dos c/'âne. //Âne résiste égale-
ment aux mauvais traitements et aux incom-
modités d'un climat fâcheux. (Buff.) L'Xsts est
de son naturel aussi humble, aussi patient,
aussi tranquille, que le cheval est fier, ardent,
impétueux. (BuIT.) On dit que les Ânes sont
guerriers en Mésopotamie, et que Mcrvan, le
vingt et unième calife, fut surnommé /'âne
pour sa valeur. (Volt.) Comme les ânes résis-
tent beaucoup mieux que tes chevaux à la fa-
tigue, ce sont des Ânes que l'on emploie com-
munément pour le pèlerinage à la Mecque.
(Encycl.) Les plus beaux ânes appartiennent
aux pays chauds; aussi les ânes d'Espagne et
ceux d Italie sont-ils bien supérieurs aux nôtres
tant pour la taille que pour la force. (J. Bru-
net.) C'est /'âne modeste qui fait la gloire et
la fortune des habitants de Montmorency.
(BnU.-Sav.) Ma foi! pour aller d'un pas doux
et tranquille, rien de tel que mon Âne. (Damas-
Hinard.) Pour trouver Tâne beau, il ne fau-
drait pas le placer à coté du cheval. (F. Pillon.)
Z/âne est la cheval du pauvre comme la chèvre
est sa vache. (F. Pillon.) Z'âne, qui est l'em-
blème du paysan grossier, pèche surtout par la
paresse d'intelligence. (Toussencl.)
Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient.
Li Fontaine.
Un vieillard
aperçut, en passant,
et fleurissant.
La Fontain
L'âne souffre la faim, un c
liardon le contente.
Rosset.
A force de malheur», l'iîne
est intéressant.
Delille.
De la peau du lion Vdnc ; ,
Etait craint partout à la ronde.
La Fontaine.
Moins vif, moins valeureux, moins beau que le cheval,
L'âne est son suppléant et non pas son rival.
Delille.
L'âne est fait pour porter les herbes à là ville,
Courir de porte en porte, et puis, à son retour.
Rapporter le fumier qui rend le champ fertile.
b, uu nuuime luru igiiurani :
homme-là! Mais votre fils n'est qu'un ÂNE !
Je laisse braire les ânes sans me mêler de leur
musique. (Volt.) Sachez que, jusqu'à ce jour,
j'ai été un âne, et, qui pis est, un sot. (G.
Sand.) Belle cohue c/'ànes et de butors que ces
Parisiens! (V. Hugo.)
Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense.
Ma foi ! de tels savants sont des ânes bien faits.
— Le mot âne entre dans un grand nombre
de locutions familières, populaires ou pro-
verbiales, consacrées par l'usage : 'Coq-à-
l'âne. V. Coq-à-l'àne. Il Ane savant,. Ane que
les saltimbanques ont dressé à faire certains
exercices, certains tours d'adresse. Il Oreilles
d'àne, Cornets de papier figurant les oreilles
d'un âne, que l'on attache aux doux côtés de
la tête d'un écolier, pour le punir d'une faute
d'ignorance. Il Bonnet d'âne, Bonnet de papier
ou de carton, garni de deux longues oreilles
que l'on met également sur la tête d'un éco-
lier, pour lui infliger une punition, il Pont
aux ânes, Certaine difficulté, certaine question
qui n'arrête que les ignorants, et qui sert de
critérium pour juger l'intelligence de quel-
qu'un, et particulièrement d'un écolier. C'est
ainsi que, dans les classes de mathématiques,
on ne manque jamais de dire que le carré de
l'hypoténuse est le pont aux ânes de la géomé-
trie. La plupart des dictionnaires entendent
par ce mot une chose si simple, si facile, que
personne ne doit l'ignorer; c'est une erreur
évidente. Quelquefois on fait de cette expres-
sion le synonyme de chemin 'battu suivi
par le vulgaire, par la généralité. En 1750,
l'Académie de Dijon avait proposé cette
question : Le rétablissement des sciences et
des arts a-t-il contribué à épurer les mœurs ?
J.-J. Rousseau avait résolu d'abord de sou-
tenir l'affirmative, et il roulait déjà ses pé-
riodes dans sa tête sur la route do Paris à
Vincennes, où il allait visiter Diderot, retenu
en prison pour sa Lettre aux aveugles à l'u-
sage de ceux qui voient. Arrivé au donjon, il
parla de son projet à son ami, qui lui dit :
o L'affirmative, c'est le pont aux ânes; prenez-
moi la négative, et je vous réponds du suc-
cès. ■ Ce fut en effet Rousseau qui obtint le
prix, il Contes de Peau-d'dne, Contes propres
a amuser les enfants; se dit par allusion a un
conte de Perrault intitulé Peau-d'âne, parce
que l'héroïne porte ce nom :
Et moi-même,
Au moment où je fais cette moralité,
Si Peau-d'ânc m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême.
il En dos d'àne, Se dit de la disposition de
certaines choses, lorsqu'elles sont formées de
deux parties qui présentent un talus de
chaque côté on se rejoignant au milieu, et en
formant ainsi un ^ renversé : Toit de maison
en nos d'âne. Mur qui se termine es dos
d'âne. Les toits se présentent en dos d'âne,
comme dans un plan à vol d'oiseau. (Th. Gaut.)
Par plaisant. : Cet homme a la figure en
dos dâne. il Ane bâté, Ane renforcé, Homme
fort ignorant : Diantre soit de /'âne bâtéI
Que l'on m'amène un âne, un âne renforcé.
Je le rendrai maître passé,
Et veux qu'il porte la soutane.
Il C'est un âne débàté, C'est un homme trop
adonné aux femmes. Vieux, il A dos d'âne, Au
moyen d'un âne : Transporter du fumier dans
une vigne A dos d'âne, il Méchant comme un
âne rouge, Très-méchant : Mais le mari était
entêté comme un âne gris et méchant comme un
âne rouge. (F. Soulie.) Comparaison bizarre,
dont on ignore l'origine. Il Brider un âne par
la queue, Faire une chose gauchement, à re-
bours : Le remède du vulgaire c'est de n'y pen-
ser pas; 'mais de quelle brutale stupidité lui
peut venir un si grossier aveuglement? Il lui
faut brides l'Âne par la queue. (Mcntaig.) il
Faire l'âne pour avoir du son. Faire l'imbécile,
le niais, pour tromper plus facilement, u Etre
sérieux comme un âne qu'on étrille, comme un
âne qui boit dans un seau, Ne rien dire, affec-
ter un maintien très-sérieux sans cause appa-
rente. Il A laver la tète d'un âne on perd sa
lessive, on perd son savon, On perd son temps
et sa peine quand on essaye d'instruire une
personne stupide, de corriger celui ou celle
qui est incorrigible. On dit souvent aussi : A
laver la tête d'un nègre... Il On ne saurait faire
boire un âne qui n'a pas soif, On ne saurait
locution a sans doute inspiré le charmant
petit conto suivant :
le fut sa
ix il cr
audets seulement,
Au lieu de la demi-douzaim
Trois fois le compte il recommence;
Et toujours oubliant l'diie qu'il a sous lui,
Trois fois, de son mortel ennui
En sanglotant le pauvre villageois
Retourne sur ses pas; il tourne à droite, il gauche;
Pendant quatre heures il chevauche
Par monts, par vaux, et jusqu'au fond des bois.
Apres s'être donné vainement la torture,
regagne ei
Et, s
: du grise
Qui lui sert de digne monture,
A sa femme il déduit sa piteuse aventure.
• Calme-toi, pauvre sot, lui dit-elle tout net;
Tu n'en comptes que cinq, et moi j'en trouve sept. •
Il Nul ne sait mieux que Vâne où le bat le blesse,
Celui qui souffre sait mieux que tout autre
où est le siège de sa souffrance, n II y a plus
d'un âne à la foire qui s'appelle Martin, Plu-
sieurs personnes peuvent porter le même
nom : Il y a tant «Tànes a la foire qui s'ap-
pellent Martin! (Volt.) il Les chevaux courent
les bénéfices et les ânes les attrapent, On arrive
plus tôt et plus sûrement à la faveur, à la for-
tune par de basses intrigues que par un mé-
rite réel et d'honorables services, il Pour un
point Martin perdit son âne, Se dit quand il
a manqué fort peu de chose à quelqu'un pour
gagner une partie de jeu , ou pour réussir
dans une affaire. — On assigne deux origines
à ce proverbe. Selon quelques auteurs, un
certain Martin, abbé de Sonane, en procès
avec un ecclésiastique qui lui disputait son
abbaye, perdit son procès parce que, dans
l'acte" de cession, on avait omis de mettre un
point, ce qui changeait totalement le sens do
la phrase. Selon d'autres, un abbé ù'Asello, en
Italie, fit inscrire sur la porte de l'abbaye :
Porta, patent esto. Nulli claudaris honeslo.
Porta, patent esto nulli. Claudaris houesto.
à l'honnête homme.
Cette inscription inconvenante fut signalée
au pape, qui donna immédiatement l'abbaye
d'Asello à un autre ecclésiastique. Celui-ci
corrigea la faute, et ajouta le vers suivant :
Comme on le voit, cette expression pro-
verbiale repose de toute manière sur un jeu
de mots. Sonane comme Asello est un nom do
lieu, et ce dernier est tiré du lat. asellus,
petit âne. Quelques chroniqueurs placent ce
fameux abbé Martin dans l'abbaye d'Aine, en
Belgique. Il L'âne frotte l'âne. Se dit de deux
ignorants qui se complimentent, qui se louent
mutuellement, parce que deux unes se frot-
tent l'un contre l'autre, pour apaiser les dé-
mangeaisons qu'ils ressentent à la peau. C'est
la traduction au proverbe latin : Asinus asi-
num fricat. (V. ces mots.) Il Mener l'âne, Re-
garder faire par les autres co qu'on voudrait
faire soi-même, il C'est un âne parmi des singes,
C'est un sot qui, sans le savoir, est le jouet des
gens malicieux, il C'est l'âne du moulin, C'est
celui sur qui retombent toujours les mauvais
traitements, les reproches, même quand il
n'est pas coupable, u Votre àne n'est qu'une
bête, Vous ne savez co que vous dites, ce que
vous faites. On dit de même : Pour vous prou-
vergue votre âne n'est qu'une bête, Pour vous
prouver que vous vous trompez, n Cela ne
vaut pas le pet d'un âne mort, C est une chose
sans aucune valeur. Il C'est vouloir tirer des
pets d'un àne mort, C'est vouloir tenter l'im-
possible. Il Chantez à l'âne, il vous fera des
pets, Conseillez, obligez une personne stupide
ou grossière, et vous n'en aurez que des désa-
gréments. On dit dans le même sens :
n vilain,
. dans la rr
sévèrement.
Il L'âne do ia communauté
Est souvent le plus mal bâté.
On s'occupe plutôt de ses propres affaires
que de celles de la communauté, de ta société
à laquelle on appartient.
Il Qui femme croit et âne mène.
On est malheureux quand on est obligé de
conduire un àne, à cause de son obstina-
tion ; on est encore plus malheureux quand
on se fie aveuglément à une femme, u Le
jour du jugement viendra bientôt , les ânes
parlent latin, Se dit lorsqu'un homme parle
avec assurance de ce qu'il ignore. D L'âne de
la montagne porte le pin et boit de l'eau, Se
avoir le profit, par ai
x montagnards
ANE
qui transportent à dos d'âne ou de mulet leur
vin enfermé dans des outres, parce que la
difficulté des chemins ne leur permet point
de le transporter sur un chariot, n Les ânes
ont les oreilles longues, parce qu'on ne leur a
pas mis de béguin, Pour que les enfants ac-
quièrent de la vigueur, il faut que leurs or-
ganes se développent en toute liberté, n Ce
sont les armes de Bourges, un âne dans un fau-
teuil, Se dit d'un ignorant qui se prélasse
dans un fauteuil. (V. Armes.) H Frères aux
ânes, Les màthurins, parce qu'originaire-
ment, d'après leur règle, ils ne devaient
monter que sur des ânes, n La mère aux
ânes, Nom que l'on donne quelquefois par
plaisanterie a une femme qui conduit des
ânes devant elle, et, ironiquem., à celle qui
mène de jeunes enfants à l'école. Voici l'ori-
gine do cette locution : Des collégiens en
promenade rencontrèrent une bonne femme
qui chassait plusieurs ânes devant elle. Ex-
cellente occasion de s'amuser et de rire.
« Bonjour, la mère aux ânes, » lui crièrent-ils
en chœur. Et la madrée paysanne de répondre
aussitôt : « Bonjour, mes enfants, bonjour! »
Il Les ânes de Beaune, Qualification injurieuse
que les Dijonnais prodiguaient aux habitants
de Beaune, auxquels ils refusaient, on ne sait
pourquoi, l'intelligence qui parait être l'apa-
nage des Bourguignons. Voici l'origine qu on
attribue à ce dicton. Vers le xiuc siècle, vivait
à Beaune une famille de négociants riches et
distingués, nommés Asne. et quand il s'agis-
sait de citer, à dix lieues a la ronde, un com-
merçant bien établi, on citait les Asne de
Beaune. Ce mot prêtait trop à l'équivoque
pour qu'il ne devint pas bientôt un terme
Elaisant et injurieux, appliqué à tous les ha-
itants de cette petite ville. Piron surtout,
en sa double qualité de Dijonnais et de sati-
rique, s'en donna à cœur joie. Un jour qu'il
assistait à la représentation d'une pièce au
théâtre de Beaune, le parterre se plaignant
bruyamment qu'on n'entendait pas les ac-
teurs: Ce n'est pourtant pas faute d'oreilles,
cria Piron. On faillit lui faire un mauvais
parti, et il fut chassé de la ville. Le long de
la route, qu'il parcourait à pied, il s'amusait
à abattre des chardons avec son bâton, et à
ceux qui lui demandaient la cause de ce ca-
price, il répondait : Je coupe les vivres aux
habitants de Beaune.
— Méd. vétér. Mal d'âne, Altération de la
sécrétion des bourrelets kératogènes, particu-
lière aux solipèdes, et qui a son siège le plus
ordinaire à la partie antérieure de la cou-
ronne. Cette affection est ainsi désignée à
cause de sa plus grande fréquence sur tes ânes
que sur les chevaux; elle est aussi connue
sous le nom de crupuudine.
— Mamm. Ane sauvage, L'onagre, il Ane
rayé, Le zèbre.
— Astron. Nom donné à deux étoiles de la
constellation du Cancer, marquées dans les
catalogues par les lettres j et a.
— Bot. Pas-d'âne, Nom vulg, du tussilage.
llTechn. Se dit aussi d'une sorte de mors
du cheval, et d'une garde d'épée qui couvre
toute la main.
— Ichth. Tète d'âne, Nom vulgaire du cha-
bot de nos rivières, et qui parait venir de la
grosseur relative de la tôte de ce poisson.
— Moll. Ane marin,. Nom vulgaire dos
poulpes.
— Comm. Nom sous lequel les marchands
désignent plusieurs espèces de coquilles. Petit
due, Espèce de cyprée.
— Teclin. Etau dont se servent plusieurs
artisans, et surtout les ouvriers en marque-
terie, pour assurer les bois et les pierres
quand ils les fendent, n Outil sur lequel les
tabletiers évident les dents des peignes, il
Espèce de coffre de relieur, où. l'on jette les
rognures, il Banc d'âne, Banc qui sert a divers
artisans pour assujettir les pièce<- dr bois
qu'ils façonnent avec la plane.
— Iconograph. Vâne a été regardé de bonne
heure comme le symbole de l'ignorance et de
la fainéantise. Aux yeux des artistes chré-
tiens du. moyen âge, il symbolisait aussi la
sobriété et l'humilité. Ces mêmes artistes en
faisaient encore l'emblème de la nation juive,
et le donnaient pour monture à la Synagoguo
personnifiée.
— Encycl. Zool. et Zootechn. T. — Carac-
tères zoologiques DE l'âne. L'âne (eguus
asinus de Linné) est une espèce du genre
equus (cheval), de la famille des solipèdes, de
l'ordre des pachydermes, de la classe des mam-
mifères. Il se distingue des autres équidés par
des oreilles très-longues, une queue nue à son
insertion, et terminée par une houppe de crins,
un pelage généralement gris cendré , et qui
présente constamment une ligne dorsale et
une bande transversale formant une croix
noire sur les épaules; cette croix semble un
vestige ou un premier essai des bandes que nous
. observons chez les espèces zèbre, couagga,
dauw, appartenant également au genre che-
val. Le cheval hennit, et l'âne brait : « ce qui
se fait, dit Billion, par un grand cri très-long,
très-désagréable et discordant , par disso-
nances alternatives de l'aigu au grave et du
grave à l'aigu. »
Comme le cheval , Vâne possède douze
molaires , huit incisives et deux canines , a
chaque mâchoire. Son squelette ressemble
tout à fait, pour le nombre et la disposition
des parties, à celui du cheval. Ainsi le
ANE
membre antérieur se compose d'un humérus,
d'un radius et d'un cubitus soudés l'un à
l'autre, d'un carpe qui compte six os sur deux
rangées , d'un seul os métacarpien , appelé
canon, et enfin d'un doigt unique. Le membre
postérieur présente un fémur, un tibia et un
court péroné, un tarse qui n'a, comme le carpe,
que six os, un métatarse ou canon, et un doigt
unique semblable à celui du membre antérieur.
Exceptionnellement, on rencontre des ânes qui
naissent avec le pied fendu ou formé de deux
doigts ayant chacun un sabot complet. Cette
anomalie établit une transition entre les soli-
pèdes et les bisulques ruminants.
La taille de Vâne varie selon les climats et
les races ; dans notre pays, elle est en moyenne
de l m. 40 c. à 1 m. 45 c. de l'entre-deux des
oreilles à la naissance de la queue. La hauteur
est de 1' m. 135 mill. à la croupe, et de 1 m.
108 c. entre les épaules. Les oreilles atteignent
une hauteur de 0,21 c, ; elles sont garnies de
poils assez longs, surtout en dedans. La tôte
de Vâne est grosse, large et plus épaisse que
celle du cheval : les orbites sont trés-écartées,
l'arcade sus-orbitaire très-saillante, le front
aplati et ombragé comme par une couronne
épaisse de longs poils ; le garrot est bas et se
continue en ligne droite jusqu'à la croupe. Le
poitrail est serré, ce qui rapproche les jambes
de devant l'une de l'autre, et imprime à la
marche quelque chose d'incertain. Les apo-
physes épineuses des vertèbres dorsales sont
très-développées, ce qui rend le dos de Vâne
fort tranchant. On ne peut l'enfourcher à nu
sans en être blessé : de la l'usage des selles et
des bâts bien rembourrés, usage répandu chez
tous les peuples qui font de Vâne une monture
habituelle. Le pas est l'allure naturelle de
Vâne; il a le trot court, dur et saccadé, et ga-
lope avec peine. > Il marche, il trotte, il galope
comme le cheval, dit Buffon ; mais tous ces
mouvements sont petits et beaucoup plus lents.
Quoiqu'il puisse aabord courir avec assez de
vitesse, il ne peut fournir qu'une petite car-
rière pendant un petit espace de temps ; et
quelque allure qu'il prenne, si on le presse, il
est bientôt rendu. » L'âne a les articulations
d'une extrême solidité; son pied muni d'un
sabot dur et étroit, et sa démarche posée, le
rendent particulièrement propre à parcourir
les montagnes escarpées et les sentiers sca-
breux. Il a la vue plus perçante et plus-robuste,
l'ouïe plus fine, 1 odorat plus développé que le
cheval. La sécheresse et l'épaisseur de sa peau
le portent à se rouler souvent sur le gazon ou
dans la poussière, et en même temps le rendent
presque insensible au fouet et aux coups. La
longévité de Vâne est de trente à trente-cinq
ans ; mais sa vie moyenne en France ne dé-
passe pas quinze a dix-huit ans. Sa croissance
dure trois ou quatre années; ses dents, qui se
développent à peu près comme celles du che-
val , fournissent des signes analogues pour
reconnaître l'âge. L'ânesse' met bas après un
an de gestation ; elle ne produit qu'un petit, et
si rarement deux, qu'à peine en a-t-on des
exemples. Par le croisement de Vâne avec la
jument, on obtient le mulet (V. ce mot) ; le
croisement beaucoup plus rare du cheval avec
Vâncssc donne le bardot. V. ce mot.
Quant au naturel de Vâne, nous ne saurions
mieux le faire connaître qu en citant Buffon :
« L'âne est aussi humble, aussi patient, aussi
tranquille que le cheval est fier, ardent, impé-
tueux : il souffre avec constance , peut-être
avec courage, les châtiments et les coups. 11
est sobre et sur la quantité et sur la qualité de
la nourriture : il se contente des herbes les
plus dures et les plus désagréables que le che-
val et les autres animaux lui laissent et dédai-
gnent. Il est fort délicat sur l'eau; il ne veut
boire que la plus claire, et aux ruisseaux qui
lui sont connus... Il ne se vautre pas, comme
le cheval, dans la fange et dans l'eau ; il craint
môme de se mouiller les pieds, et se détourne
pour éviter la boue... Il est susceptible d'édu-
cation, et l'on en a vu d'assez bien dressés
pour faire curiosité de spectacle. Dans la pre-
mière jeunesse, il est gai et même assez joli :
il a de la légèreté et de la gentillesse; mais il
la perd bientôt, soit par 1 âge, soit par les mau-
vais traitements, et il devient lent, indocile et
têtuj il n'est ardent que pour le plaisir, ou
plutôt il en est furieux, au point que rien ne
peut le retenir, et que l'on en a vu s'excéder
et mourir quelques instants après ; et comme
il aime avec une espèce de fureur, il a aussi
nour sa progéniture le plus fort attachement,
■us assure que lorsqu'on sépare la mère
petit, elle passe à travers les flammes
pour aller le rejoindr» n ='<
m^fva nuninii'il pu
Pline m
r j'attache aussi
maître, quoiqu il en soit ordinairement mal-
traité ; il le sent de loin, et le distingue de tous
les autres hommes. Il reconnaît aussi les lieux
qu'il a coutume d'habiter, les chemins qu'il a
fréquentés. •
II. — Origine de l'âme. Vâne est regardé
comme originaire de l'Asie et du nord-est de
l'Afrique , où les individus sauvages errent
encore sous le nom d'onagres (ânes sauvages).
La domestication, qui à embelli le cheval, a
déformé l'Ane. Ainsi l'onagre est plus beau que
Vâne domestique; il a les jambes plus longues
et plus fines, l'encolure plus redressée, l'oreille
d'un tiers plus courte, mobile et toujours atten-
tive ; le front plus large et plus aplati entre les
yeux : le pelage est d un beau gris et quelque-
fois d un jaune brunâtre ; la raie noire cruciale
est bien prononcée ; le flocon de crins qui ter-
mine la queue est long de 0,103 à 0,1G2. Les
onagres se réunissent dans les steppes par
ANE
troupes qui se portent du midi au nord, et du
nord au midi, suivant les saisons. Leur gran-
deur est celle d'un cheval de moyenne taille ;
leur vitesse est presque aussi grande que celle
du cheval de l'Orient.
L'âne parait être aussi anciennement domes-
tique que le cheval, ou même avoir précédé le
cheval dans le sud -ouest de l'Asie et en
Egypte. On en trouve des figures sur les mo-
numents égyptiens. A partir du voyage d'A-
braham en Egypte, Vâne est mentionné presque
à chaque page dans la Genèse ; il n'y est ques-
dit Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , relative-
ment aux lieux des premières domestications
de nos deux solipèdes, concordent très-bien
avec ce que nous savons de l'habitat du che-
val sauvage et de celui de l'onagre. On trouve
encore le cheval sauvage dans 1 Asie centrale,
et la patrie de l'onagre s'étend de l'Asie jusque
dans le nord-est de l'Afrique, < Il parait à peu
près certain que ces deux animaux n'ont pas
été domestiqués par la même race humaine;
la conquête du cheval doit être attribuée à
nos ancêtres Aryens ; celle de l'âne aux peu-
ples sémites. Selon M. Pictet, tous les noms
modernes du cheval sont dérivés du sanscrit et
du zend ; au contraire, les noms de l'âne, onos,
asinus, asino,âne, ass, esel, paraissent d'origine
sémitique.
Quoi qu'il en soit, l'espèce asine se répandit
peu à peu en. Barbarie, en Grèce, en Italie, en
Espagne, et vers les contrées plus septentrio-
nales de l'Europe. Aristote assure que de son
temps (vers 300 av. J.-C.) il n'en existait pas
en Scythie (Russie méridionale), ni même dans
les Gaules (France) ; il ajoute, ce que Buffon
répète, et ce qui paraît hors de doute, que cette
espèce dégénérée s'amoindrit dans les contrées
du nord, où le cheval acquiert au contraire de
grandes proportions. Les Espagnols ont im-
porté Vâne en Amérique en même temps que
le cheval, le bœuf, etc.
La domestication, avons-nous dit, a déformé
Vâne : il faut ajouter que, dans notre pays,
Vâne n'a jamais été soumis à un élevage intel-
ligent et méthodique. De toutes nos espèces
domestiques, c'est la plus négligée. Ce cheval
du pauvre a toujours été abandonné aux-mams
les plus ignorantes, les plus routinières et les
plus rudes. Produit et élevé presque au hasard,
privé des soins du palefrenier, mal nourri, et
surchargé de travail, sa dégradation s'explique
par la condition de son maître. Il est certain
que les ânes d'Orient, qui sont mieux traités
que les nôtres, sont en même temps plus vifs,
plus intelligents et plus beaux.
La similitude de conformation de l'âne et du
cheval conduisit Buffon à se poser la question
de l'origine zoologique de l'Aie. « A considérer
l'âne, dit-il, même avec des yeux attentifs et
dans un assez grand détail, il parait n'être
qu'un cheval dégénéré ; la grande ressemblance
du corps, des jambes, des pieds et du squelette
en entier semble fonder cette opinion. L'on
pourrait attribuer les légères différences qui
se trouvent entre ces deux animaux à l'in-
fluence très-ancienne du climat, de la nourri-
ture, et à la succession fortuite de plusieurs
générations de pe,its chevaux sauvages à
demi dégénérés, qui peu à peu auraient encore
dégénéré davantage, se seraient dégradés au-
tant qu'il est possible et auraient à la fin pro-
duit a nos yeux une espèce nouvelle et con-
stante, ou plutôt une succession d'individus
semblables , tous constamment viciés do la
même façon, et assez différents des chevaux
pour pouvoir être regardés comme formant
une autre espèce. » Remarquons ici que cette
question : l'âne est-il un cheval dégénéré?
contient le problème fondamental de la phi-
losophie zoologique, le problème de l'origine
des espèces ; elle est, en réalité, la même que
celle-ci, mise tout récemment à l'ordre du jour
par l'ouvrage d'un célèbre naturaliste anglais :
l'homme est-il un singe perfectionné? Buffon
en avait parfaitement saisi la généralité et la
portée. « Si l'on admet une fois, dit-il, que
l'âne soit de la. famille du cheval (le mot famille
est pris ici au sens propre), et qu'il n'en ditfère
que parce qu'il a dégénéré, on pourra dire
également que le singe est de la famille de
l'homme, que c'est un homme dégénéré, que
l'homme et le singe ont une origine commune,
comme le cheval et l'une... et même que-tous
les animaux sont venus d'un seul animal, qui,
dans la succession des temps, a produit, en se
perfectionnant et en dégénérant, toutes les
races des autres animaux. » Il ajoute un peu
plus loin : « S'il était acquis que dans les ani-
maux, et même dans les végétaux, il y eût, je
ne dis pas plusieurs espèces, mais une seule
qui eût été produite par la dégénération d'une
autre espèce ; s'il était vrai que l'âne no fût
qu'un cheval dégénéré, il n'y aurait plus do
bornes à la puissance do la nature, et l'on
n'aurait pas tort de supposer que d'un seul être
elle a su tirer, avec le temps, tous les autres
êtres organises. »
Ce n'est point ici le lieu d'examiner cette
grande question de l'espèce. Qu'il nous suffise
de dire qu'aux yeux de Buffon le cheval et
Vâne constituent deux espèces essentiellement
et originellement différentes, parce qu'ils ne
produisent que des individus inféconds; s'ils
venaient de la même souche, s'ils étaient de
la même famille, on pourrait les rapprocher,
les allier de nouveau, et défaire avec le temps
ce que le temps aurait fait. Sans doute on ne
peut démontrer que la production d'une espèce
le nombre des probabilités
quelque espèce a été produite par la dégéné
ration d'une autre, si 1 espèce de Vâne vient de
l'espèce du cheval, cela n'a pu se faire que
successivement et par nuanees; il y aurait eu
entre le cheval et Vâne un grand nombre d'a-
intermédiaires, dont les premie:
i énorme que, pbifosophique-
n n'en peut guère douter : » cr~ ~!
:e a été produi'
peu à peu de celle de Vâne. Et pourquoi n
verrions-nous pas aujourd'hui les représen-
tants, les descendants de ces espèces intermé-
diaires? Pourquoi n'en est-il demeuré que les
deux extrêmes ? » Donc, conclut Buffon. « l'âne
est un âne, et ce n'est point un cheval dégé-
néré, un cheval à queue nue ; il n'est ni étran-
ger, ni intrus, ni bâtard ; il a, comme tous les
autres animaux, sa famille, son espèce et son
rang; etquoiquesanoblessa soit moins illustre,
elle est tout aussi bonne, tout aussi ancienne
que celle du cheval. »
III. — Utilité de l'Ane. Vâne est l'animal
qui, relativement à sa taille, peut porter les
plus lourds fardeaux. Sa patience au travail,
sa sobriété, sa santé robuste en font naturel-
lement le compagnon du pauvre. C'est lui qui
rend à la petite propriété et à la culture ma-
ratchère les services que la grande culture
réclame du cheval et du bœuf. Transporter aux
marchés voisins les fruits de la campagne,
desservir les carrières de plâtre et les mou-
lins : voilà son emploi le plus ordinaire. Les
pays vignobles trouvent en lui un auxiliaire
que nulle autre espèce animale ne saurait
avantageusement remplacer. Comme il a les
allures douces, il sert souvent de monture;
dansles gorges des montagnes, par les sentiers
difficiles, on se confie volontiers à la sûreté do
Leî ânesses sont plus recherchées par les
cultivateurs que les mâles de leur espèce, quoi-
qu'elles aient moins de taille et de vigueur.
C'est que l'âne est utile seulement par son
travail, tandis que la femelle, tout en faisant
le service dont elle est chargée, enrichit son
possesseur par la vente de ses nourrissons et
de son lait. Le laitd'ânesse est très-recherché :
la médecine le recommande aux poitrines et
estomacs faibles ou qui sont le siège d'ur~
Beurre. ....
3,80
Beurre
Caséine ....
Caséine
Albumine. . .
1,30
Albumine. . . .
Sucre de lait
7
Sucre de lait.
0,18
Sels
Eau
87,38
Eau •.
100,00
100,00
Pour avoir du lait danesse de bonne qua-
lité, il faut choisir une jeune bête accouchéo
depuis peu, empêcher le mâle de l'approcher,
la laisser paître en liberté dans un bon pâtu-
rage, et fui donner le soir de l'orge ou do
l'avoine et un peu de fourrage sec. L'usage
du lait d'ânesse ne date, en France, que de
François Ier. Ce roi, se trouvant depuis long-
temps faible et malade, fit venir de Constan-
tinople un docteur juif dont ou lui avait vanté
l'habileté, et qui, pour tout remède, lui ordonna
du lait d anesse. Ce régime eut un pleui succès,
et devint bientôt à la mode parmi les courti-
sans des deux sexes.
La chair de l'âne adulte est très-dure; celle
de l'ânon est assez tendre ; elle supplée, dit-on,
quelquefois, dans les auberges et -les restau-
rants, à celle du veau. Il paraît aussi que la
charcuterie lyonnaise en fait d'excellents sau-
cissons. La peau de l'âne, à cause de sa dureté
et de son élasticité, est employée à une foule
d'usages ; elle sert à faire des cribles, des tam-
bours, des tamis, des souliers ; enduite d'une
couche légère de plâtre, elle entre dans la
composition des tablettes de poche. C'est en-
core avec cette peau que les Orientaux pré-
parent le sagri, que nous appelons chagrin, et
dont on fait des étuis, des gardes de sabre et
d'épée, etc. Les Arabes nomades se servent
de peaux d'ânes pour faire des tentes. Le
fumier de l'âne est regardé comme très-actif,
et convient, comme celui du cheval, pour éta-
blir des couches, ou échauffer des terrains
froids. Les anciens employaient les'os de l'âne
a composer des corps de flûtes, sans doute
parce qu'ils les estimaient plus durs et plus
sonnants que les autres os.
IV. — L'ÂNE CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE
la production mulassiere. Ce qui fait sur-
tout la -valeur de l'âne, c'est la facilité de son
accouplement avec la jument; c'est comme
père du mulet qu'il est précieux ; aussi ne s'oc-
cupe-t-on de l'élever en France qu'en vue de
l'industrie mulassière. Sa lasciveté prover-
biale (La Fontaine l'appelle paillard), ses
vertus prolifiques, qu'il conserve jusque dans
l'âge le plus avancé, lui ont fait assigner pres-
que exclusivement ce rôle contre nature, do-
venu une source de richesses.
D'après certaine tradition, la production des
mulets fut le monopole de l Espagne jusqu'au
règne de Philippe V. A cette époque, la fraude
introduisit en France quelques baudets (l'àue
342
ANE
étalon prend plus spécialement le nom de bau-
det) qui devinrent les ancêtres de nos deux
/ races françaises de Gascogne et de Poitou.
Ils auraient été importés par mer sur les cotes
de la Vendée, ou dans le golfe de Gascogne.
Un engagement secret entre les deux souve-
rains d'Espagne et de France aurait favorisé
cette importation. Il est naturel ducroire que
l'Espagne, où les conditions du sol exigeaient,
pour les communications, des animaux réunis-
sant à la solidité du pied «la résistance à la
fatigue, se servit de mulets longtemps avant
la France ; mais tout porte à penser que l'in-
troduction du baudet dans notre pays remonte
a une époque plus reculée que le xvmc siècle.
De nombreuses légendes poitevines constatent
la présence de mulets dans les fermes de cette
province au xvc siècle. Quoi qu'il eh soit, c'est
dans le Poitou qu'on trouve aujourd'hui les
meilleurs baudets mulassiers et les plus belles
mules du monde. Il convient de donner ici
quelques détails sur cette belle race de bau-
dets du Poitou, qui est une des richesses de
notre pays.
Les baudets du Poitou ont une taille moyenne
de 1 m. 40 c. à 1 m. 48 c. ; ils sont tous noirs
ou bai brun ; le bout du nez est blanc cen-
dré et recouvert d'un léger duvet; les bau-
dets qui ont le bout du nez noir sont dits man-
quer d'espèce ou d'origine. Les caractères
auxquels on s'attache et qui indiquent de bons
reproducteurs sont les suivants : poii fin ,
épais et frisé , aplombs réguliers, tête courte
et carrée, oreilles longues et peu épaisses,
oMl vif, naseaux ouverts, encolure assez lon-
gue, garrot peu arrondi, ligne vertébrale peu
saillante, reins droits, croupe peu tranchante,
jambes sèches, larges et tendineuses, pieds
petits, mais sans tendance à l'encastelure. Il
en est quelques-uns qui sont tenus en grande
estime et dont on a voulu fairô une variété k
part : ce sont ceux qui portent le nom de
oourailloux et de guenûloux. Ils ont une^orte
de pelisse qui les recouvre depuis le garrot
jusqu'à la queue, et qui descend souvent jus-
qu'à terre. Cette enveloppe est formée par le
feutrage des poils laineux de l'hiver qu'on né-
glige u'emever au moment de la mue, et qui,
restant sur le corps, s'entrecroisent avec les
nouveaux, se collent ensemble a l'aide des
produits de la transpiration, et forment un
véritable tissu. Elle ne caractérise pas une
race , mais elle distingue les individus qui ,
n'ayant pas de démangeaisons à la peau, ne
se frottent pas contre les angles des murs ,
et peuvent, de cette manière, conserver les
poils de plusieurs années. Ainsi affublés, les
baudets ont l'air de pauvres couverts de gue-
nilles : de là, sans doute, le nom de guemlloux.
Notons que ce singulier manteau vient com-
battre heureusement les conséquences fâ-
cheuses de la malpropreté dont il est le pro-
duit ; c'est le remède naissant du mal même : à
l'abri de la poussière et du fumier, la peau
des guenilloux peut exécuter normalement ses
fonctions, et se trouve préservée des maladies
qui déshonorent l'espèce.
Lesl
tcnt le
nimausc. L'atelier est un emplacement assez
vaste et carré, ayant une porte pour toute
ouverture. De chaque côté se trouvent les
loges où sont renfermés les baudets. La loge
est un parallélogramme entouré de planches.
Elle a 3 m. de longueur sur 2 m. de lar-
geur. La mangeoire et le râtelier sont placés
en face de la porte. La cloison dans laquelle
est pratiquée la porte ne va pas jusqu'au plan-
cher supérieur; c'est par cette ouverture
qu'arrive l'air; quant à la lumière, elle n'y
pénètre que lorsque la porte de l'atelier est
ouverte, car il n'existe pas de croisées don-
nant à l'extérieur. L'atelier proprement dit
est formé par deux chevrons de is à 15 cent,
d'épaisseur, placés parallèlement à un mètre
de distance 1 un de l'autre, et réunis ensemble
à leur partie supérieure par une planche
étroite et transversale à laquelle on attache la
jument qu'on veut faire saillir. Ces deux mor-
ceaux de bois de 2m.de longueur sont incrus-
tés dans le mur par leur partie supérieure, et
par l'autre extrémité reposent sur le sol, en
formant un angle de 45». Dans l'écartement
des deux chevrons est placée la jument sur
un sol légèrement excavé, et derrière elle on
amoncelle du fumier pour élever le baudet et
rendre l'accouplement plus facile.
La monte commence le l« mars et finit le
15 août. Dans les premiers mois, toutes les
juments pleines n'ont pas encore mis bas, et
l'atelier n'est fréquenté que par celles qui n'ont
pas été fécondées, et qu'on appelle vassioes,
et par celles qui ont avorté. Quand arrivent
les mois de mai et juin, la cour des haras est
tous les jours remplie par des juments. Il n'est
pas rare que les baudets bons ou francs d'al-
lures (ceux qui entrent promptement en érec-
anime les fermiers pour que leurs juments
aient la faveur de la première bridée ou sail-
lie. Un grand nombre partent de chez eux à
minuit, une heure du matin, pour prendre le
premier rang. Il y a déjà quatre ou cinq heures
qu'ils sont arrivés dans la cour quand com-
mence la serte ou monte. Il en est beaucoup
qui sont ainsi absents de chez eux pendant
douze heures. Ils apportent leur repas et man-
gent dans la cour de l'atelier. »
Le jeune baudet porte le nom de fe'don; il
est sevré à neuf ou dix mois. Ceux qui nais-
ANE
sent dans les fermes en dehors des ateliers,' et
qui doivent être vendus, sont nourris de pa-
nades faites avec du son, de la farine d'orge
ceux-ci ne les emploient à la monte qu'à l'âge
de trente mois. A cette époque, ils ne font
qu'une ou deux saillies par jour; à trois ans
ils ont demi-service à faire, et a quatre ans
ils prennent rang parmi les étalons d'âge.
Pendant la saison de la monte, le baudet re-
çoit une nourriture abondante : trois à quatre
Kilogrammes de foin par jour, et un kilo-
gramme et demi d'avoine, sans compter le
picotin qui suit chaque saillie.
Les baudets ne sont jamais menés à la foire.
La vente se fait chez l'éleveur. Les marchands
de baudets ne sont autres que des maîtres de
haras habiles, industrieux et très-connaisseurs.
Ils achètent les jeunes baudets de douze à
quinze mois et les revendent à leurs collègues.
Ils parcourent tant de fois et battent si bien le
pays, qu'ils connaissent toutes les naissances
asines du Poitou. Sans tenir note écrite de la
ferme ou des naissances, ils ne manquent
guère de se présenter à l'époque ou ils sup-
posent que le jeune baudet doit être vendu.
« Toutes ces démarches, dit M. Ayrault, sont
faites très -secrètement. Ils veulent qu'on
ignore le lieu où ils ont acheté et surtout le
prix qu'ils ont payé. Ils craindraient d'effrayer
les acheteurs par les énormes bénéfices qu'ils
veulent réaliser. Comme il s'agit de sommes
considérables, la vente d'un baudet prend la
proportion d'une affaire de la plus haute gra-
vité. Deux jours et deux nuits ne suffisent pas
toujours a la conclusion d'un marché. Il en est
peu qui se terminent en vingt-quatre heures. »
Les meilleurs baudets se vendent de 3 à A ,000 f. ;
quelques-uns vont jusqu'à 5 ou 6,000 f.
Un mot, en terminant, sur les maladies par-
ticulières au baudet. Celles qu'on observe le
plus fréquemment sont les paralysies du train
postérieur et les affections chroniques de la
peau et du sabot. Les premières ont pour
cause l'exploitation abusive qu'on fait de l'ar-
deur génésique,du baudet, le service laborieux
qu'on lui demande; les secondes tiennent sur-
tout aux défauts de soins hygiéniques.
V.-— L'ÂNB DANS L HISTOIRE ET DANSLA UT-
tiïrattjre. Certains peuples de laCaramame,
au dire de Strabon, conduisaient des ânes à la
guerre. Les Grecs et les Perses les employaient
dans les armées à leurs convois militaires. Plus
d'une fois leur voix bruyante a fourni l'idée
d'un stratagème heureux : abandonnés au
camp, les ânes des convois faisaient retentir
l'air de leurs clameurs, et l'ennemi ne s'aper-
cevait pas du départ de l'armée.
Les Orientaux ont toujours tenu l'âne en
grande estime. Dans la Bible, il est souvent
question de l'âne : on y voit que, chez les pa-
triarches de la descendance d'Abraham, la
richesse se mesurait d'après le nombre des
chameaux, brebis, bœufs et ânes qu'ils possé-
daient. Job comptait dans ses troupeaux cinq
cents ânesses et de nombreux ânons. Jacob
offre à son frère Esail, pour apaiser sa colère,
vingt ânesses et dix ânons. Anna, fille d'Esail,
laisse errer ensemble dan," le désert les cavales
et les ânes de son père, et>lu mélange des deux
espèces naissent les premiers mulets. Le déca-
logue défend de convoiter le bœuf et l'âne du
prochain. Une mâchoire d'âne devient entre
les mains de Samson une arme terrible contre
les Philistins. L'ânesse de Balaom refuse de
prendre la route que son maître veut lui faire
suivre, et lui reproche en parlant son obsti-
nation contre les ordres cju Seigneur. Une
ânesse suivie de son ànon est la monture sur
laquelle Jésus fait son entrée triomphale à Jé-
rusalem, au milieu des acclamations du peuple.
L'ancienne Egypte, qui adorait le bœuf,
symbole d'Osiris, exécrait l'une, dans lequel
elle voyait la figure de Typhon, dieu du mal.
La domination arabe a changé tout cela : au-
jourd'hui l'âne vit et multiplie paisiblement sur
la terre des Pharaons et n'est plus en butte
aux persécutions religieuses. Allez au Caire, à
Alexandrie : des Arabes tiennent tout sellés
des Unes de louage pour le service des prome-
neurs ; c'est l'âne d'Egypte qui porte en ce
moment sur son dos les sables du désert de
Chez les Grecs, les ânes de l'Arcadie étaient
renommés ; ils se vendaient fort cher. Les Ro-
mains, au dire de Varron, donnèrent beaucoup
de soin à l'éducation des bonnes races d'ânes.
Un sénateur romain paya une ânesse d'une
beauté rare plus de 2,000 fr. de notre monnaie;
et dans les marchés on vit des ânes payés
quatre-vingt fois le prix ordinaire d'un esclave.
L'âne n'a pas toujours ni partout été réputé
une monture d'honneur, comme en Palestine.
A Cumes, on promenait sur un âne la femme
convaincue d'infidélité conjugale. L'impéra-
trice Augusta, fille d'^Enobarbus, ayant péné-
tré à Milan pour connaître cette ville, fut
prise par les Milanais, qui la promenèrent avec
ignominie sur un âne; elle fut vengée de' cette
insulte par le sac de la ville.
La mythologie nous apprend que les païens
dédiaient l'âne à Priape; et il faut
x Bacchus, à cause de
n goût pour certaines ombellifères qui cal-
;nt les effets du vin.
'apologue a fait de l'âne un de ses types les
ANE
ridicule par ses oreilles, ridicule par sa voix,
ridicule par sa lenteur, par sa patience et sa
rétivité ; rien de moins noble j pas plus de dis-
tinction dans l'esprit et dans les sentimants
que dans la figure, la voix, la démarche; et
remarquez que le rire tue la pitié et prépare
les mauvais traitements ; les coups suivent les
quolibets et pleuvent sur ce dos résigné ; il est
victime , parce qu'il est jouet. Uàne, c'est le
vilain, le vilain français, sur lequel pèse une
oppression doublée de mépris et d'ironie. Il n'a
ni esprit, ni grâce ; il ne brille pas par la vail-
lance : le moyen de s'intéresser à lui ? Ouvrez
La Fontaine : ici c'est l'âne qui se revêt de la
peau du lion, et qui, bien qu'animal sans vertu,
fait trembler tout le monde; mais
Un petit bout d
le échappé
par malheur
Ailleurs, c'est l'âne qui aide le lion à chasser
en lui faisant office de cor ; lorsqu'il se vante
du rôle qu'il a rempli :
Oui, reprit le lion, c'est bravement crié;
Si je ne connaissais ta personne et ta race,
J'en serais moi-même effrayé.
Dans une autre fable, l'âne veut, comme le
petit chien, caresser son maître :
11 s'en vient lourdement,
La lu
Non sans accompagner, pour plus grand <
Hélas ! l'accueil n'est pas encourageant : le
maître ne tient pas compte de !'•—'■-->■•■-- •-• —
moque et se fâche :
Le spirituel auteur de l'Esprit des bêtes,
M. Toussenel, a consacré k l'âne quelques
jolies pages. Dans l'âne, contempteur souve-
rain de la parure et du beau langage, et qui,
pour la nourriture et le domicile, se contente de
tout, la Zoologie passionnelle voit l'emblème du
paysan. Le porteur d'eau , dit-elle , compa-
gnon de peine de l'âne, et natif des monts
d'Auvergne, ne brille pas précisément non plus
par l'atticisme du langage, l'élégance des ma-
nières et le purisme de la gastrosophie. Il y a
parenté entre l'âne et l'Auvergnat, comme
entre le gentilhomme et le cheval arabe. L'âne
a peu de confiance aux eaux nouvelles-, et se
fait prier pour boire aux abreuvoirs inconnus ;
il s'entête dans sa voie, et répugne a\i chan-
gement; ainsi, le paysan reste dans l'ornière
de la routine, par paresse d'esprit et par hor-
reur du nouveau. En donnant un âne pour
monture à l'écuyer du seigneur Don Quichotte,
Cervantes a fidèlement observé les lois de l'a-
nalogie universelle, qui étaient en même temps
celles de la convenance littéraire. "Je ne con-
nais pas, ajoute M. Toussenel, d'identification
de bete et d'homme plus complète que celle
qui existe entre Sancho Pança et sa monture.
Même grossièreté de bon sens de part et
d'autre, même égoîsme, même sécheresse de
cœur, même besoin de se gausser des prin-
cipes d'équité et des idées généreuses, même
mépris du droit, même respect du fait. Je vou-
drais rédiger en huit jours un traité complet
de morale et de politique, à l'usage du trem-
bleur rien qu'avec les a'phorismes les plus po-
pulaires du- baudet. Qu on inspecte l'arsenal
de la politique de la peur, qui prend habituel-
lement pour pseudonyme sagesse , on recon-
naîtra que la plupart des armes défensives y
incluses portent la marque de fabrique de
maître Aliboron. Le chacun chez soi de M. Du-
pin aîné n'est pas venu d'ailleurs L'âne,
comme l'Auvergnat, est plus rusé et plus igno-
rant que sot, et l'histoire a recueilli de lui une
foule de mots irréprochables, notamment celui-
ci : Notre ennemi , c'est notre maître. Ce qui
prouve que la maligne bête s'exprime aussi en
très-ion français quand elle veut. La sottise
pivotale que je reproche à l'âne est de ne pas
conformer son vote h cette opinion, et de don-
ner toujours sa voix à celui qui le malmène le
plus brutalement. Cette contradiction bizarre
entre ses bons mots et ses votes démontre que
l'âne ne fait d'opposition que par tempérament,
et que cette opposition, chez lui, s'en tient
volontiers à l'épigramme et à la rétivité. »
— Méd. vétér. Le mal d'âne ou crapaudine
est une inflammation chronique des bourre-
lets kératogènes , notamment du bourrelet
périoplique. Cette inflammation est suivie de
la perversion de la sécrétion de la corne. Le
produit sécrété, au lieu de rester diffluent, se
concrète et forme une corne anfractueuse et
tourmentée à, sa surface. Le mal d'âne a une
tendance à se propager de proche en proche ;
ses progrès se traduisent par une exagération
de la sécrétion de la corne et par une trans-
formation, sur la peau de la couronne, de la
sécrétion épidermique en une sécrétion cornée
anormale.
Les influences extérieures de toute sorte ,
les coups , les blessures , les irritations, suc-
cessivement invoqués comme causes de cette
maladie, ne sont pas susceptibles de la dé-
velopper. Ces causes donnent naissance h.
diverses altérations, mais qui n'ont avec le
mal d'âne que des analogies extérieures. L'é-
tiologie de la crapaudine est donc encore très-
obscure. Après les ânes, chez lesquels cette
maladie se montre le plus souvent, viennent
les mulets et les chevaux méridionaux.
Le mal d'âne consiste dans une série de
ANE
gerçures transversales et trrégulières, situées
ordinairement aux régions de la pince et de la
mamelle (V. ce mot), et qui ne se propagent que
très - rarement sur toute la circontérence du
doigt. U arrive quelquefois qu'une ou plusieurs
de ces gerçures creusent jusqu'au vif, et que
leur fond devient le siège d'une sécrétion humo-
rale persistante. Ce mal est très-lent dans ses
Progrès, et ne s'accompagne pas dès le principe
e phénomènes de sensibilité. Mais, plus tard,
la corne irrégulière qui se forme k la surface
du bourrelet s'épaissit, devient dure, rigide,
comprime la peau à l'origine de l'ongle, et dé-
termine une vive souffrance qui se traduit par
une claudication. Dans ce cas, la peau de la
couronne peut se tuméfier, se creuser un
sillon, et devenir le siège d'une souffrance si
vive que tout appui du membre devient im-
Cette maladie est sérieuse, non pas en ce
qu'elle compromet la vie des sujets, mais parce
qu'elle nuit à leur service par suite des boi-
teries qu'elle produit. Elle est difficile à guérir;
mais par des moyens palliatifs appropriés, on
peut utiliser les animaux qui en sont affectés.
La corne originaire des points malades doit
être maintenue mince et souple afin d'éviter
les compressions. On place le pied malade dans
un cataplasme pendant quelques jours, puis on
recouvre la partie tuméfiée avec un topique, tel
que le goudron, la térébenthine liquide ou l'on-
guent de pied. S'il existe des parties ulcérées,
il faut les cautériser avec de l'acide nitrique;
du goudron caustique, ou une solution de po-
guérir le ~ ,
pallie toujours les conséquences les ph
blés, et l'on obtient que le travail des "
ne soit point interrompu.
santés pénitences d'action. Celui qui
cette pénitence se réserve ordinairementd'ètre
le maître de l'âne savant, ou'bien il se fait
remplacer par celui qu'il juge le plus apte à
remplir ce rôle. L'âne savant est toujours
un monsieur. Après qu'il s'est mis à quatre
fiattes, son maître, prenant un ton de char-
atan, dit à la société : • Messieurs , mesda-
mes et mesdemoiselles, voici un âne qui mé-
riterait d'être docteur, car il lit au fond des
cœurs. » Puis, s'adressant à l'animal : ■ Allons,
mon âne, promenez-vous, et sautez pour la
société. ■ Alors l'âne fait un ou deux tours
dans la pièce, et lève les jambes comme pour
ruer. Le maître reprenant la parole : « Voici,
mon âne, l'instant de montrer votre savoir;
voyons , dites-nous quelle est celle de ces
dames qui est la plus coquette. « A cette de-
mande, l'âne examine toutes les dames, flaire
leurs robes, va et vient autour d'elles, puis
hoche plusieurs fois la tète devant celle qu'il
regarde comme la plus coquette. Ce mouve-
ment est généralementaccueilli avec de grands
éclats de rire. Le maître pose ensuite d'autres
questions semblables à son animal, qui y ré-
pond toujoursJe la même manière, sans parler,
s'arrètant, suivant le cas, tantôt devant un
monsieur, tantôt devant une dame, et cher-
chant le plus souvent à égayer la société aux
dépens de la personne qu'il a choisie. Le maître
termine quelquefois la pénitence par cette
demande singulièrement indiscrète : « Quel est
le moins trompé? » ou par celle-ci : « Quelle
est la plus innocente ? » Alors l'âne se promène
plusieurs fois autour du salon, ilaire tout le
monde en branlant négativement la tète, et
revient droit à son maître, la tête basse, ce
qui veut dire qu'il n'a trouvé personne dans les
conditions voulues.
On comprend avec quelle facilité ce jeu doit
se prêter aux allusions malignes, à des anti-
phrases en action , qui ne doivent être mises
en usage qu'avec la plus grande réserve. Par
exemple, le maître dit à l'âne : ■ Faites-nous
connaître le plus heureux en ménage , le plus
spirituel; la plus belle, la plus fidèle, la moins
bavarde, la plus discrète, etc. ;■ et, dans ces
cas, ce n'est jamais qu'une antithèse qui a la
vertu d'exciter le rire.
La pénitence de l'âne savant, appelée aussi
du cheval savant, est une imitation d'un genre
de spectacle que les saltimbanques donnent
souvent dans les foires. Ici l'animal prétendu
savant s'arrête, à un signal du maître, convenu
d'avance, devant la personne que le montreur
juge, à la physionomie, se rapporter le mieux
a la question qu'il a faite.
— Syn. et périphrases. Âne; bnntlct; cour-
rouanin d'Arcadie ; gridu.i ; martin ; monture
de Sa.tr.bo, de Sîlcne :
A ces mots, on cria haro sur le baudet.
La Fontaine.
Un ânier, son sceptre à la main,
Menait, en empereur romain.
Deux coursiers à longues oreilles.
La Foktaine.
II chante comme un rossignol,
Mais un rossignol iTArcaaie. _
La Fontaine.
iya. Âne, balourd, bête, buée, lmlor,
s, ganache, ignorant, lourdaud, mû-
,. Le balourd manque de légèreté et de
. Ca T»imicn oil ttflwil rtl'/iJrCSJTW ï»l
ANE-
d'un
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
La Fontaine.
La oéte manque d'esprit : C'est la plus sotte
bête qui se soit mêlée de raisonner. (Mol.)
L'âne, de savoir : Jl lui avait promis un joli
garçon , et il ne lui avait donné qu'un Âne.
(J.-J, Rouss.) La buse, de jugement : On ap-
pelle buse un homme très-simple, qui se laisse
surprendre. (Volt.) Le butor, de finesse dans
la pensée, d'adresse et de douceur dans la ma-
nière d'agir : Et mon butor, sans soupçonner
cette manamure, va toujours prudemment $011
train, toujours ignorant qu'on se moque de lui.
{J.-J. Rouss.) La cruche, de toute espèce d'en-
tendement ou de qualité mentale :
La ganache, de la moindre habileté .; Nous
nous moquions de lui, nous le regardions comme
une ganache, tout ce qu'il y a de plus ga-
nache. (Balz.) La mâchoire est un homme d'un
esprit médiocre : M. le duc d'Orléans était
ensorcelé par Noailles, Effiat, Canillac, jusque
par cette mâchoire de Uesons. (St-Sim.) L'i-
gnorant ne sait pas : Dieu et les rois sont mal
servis et mal loués par les ignorants. (Con-
dorcet.)
Disons, toutefois, qu'il y a dans la plupart
de ces distinctions plus de subtilité que de
justesse. De toutes ces expressions, butor est
peut-être la seule qui tranche véritablement,
car elle rend plutôt une idée de brutalité que
de sottise ; ou mieux, elle marque une sottise
faite brutalement. Cette multiplicité d'expres-
sions pour rendre une même idée prouve, il est
vrai, ta richesse de notre langue , mais plus
encore la malignité de cet esprit gaulois, qui,
lorsqu'il s'agit d'attaquer le ridieule , croit
n'avoir jamais un arsenal trop bien garni,
îe. Anne.
— Epithètes. Grossier, stupide, lent,, lourd,
tardif, indolent, paresseux, laoorieux, patient,
sobre, frugal, souple, modeste, pacifique, ro-
buste, courageux, rétif, indocile, têtu, obstiné,
opiniâtre, bâté.
— Anecdotes. Un Normand, nouvellement
arrivé k Paris, demandait à un procureur, en
regardant le Palais : Qu'est-ce que c'est donc
que ce bâtiment-là? — C'est un moulin, ré-
pondit le procureur. — Ah ! reprend le paysan,
^o ne m'étonne donc plus de voir tous ces ânes
à la porte, avec leurs sacs. »
Un Italien racontait, avec une ostentation
ridicule, ses voyages dans les diverses parties
de l'Europe : « J'ai été, disait-il, oun' ann' à
Madrid, oun' ann' à Rome, oun' ann' a Lon-
dres, oun' ann' à Pétersbourg, oun' ann' à
Vienne, oun' ann' à Stockholm. » La maîtresse
de la maison, que ce détail ennuyait, lui dit :
■ Je vois qu'en dernière analyse vous avez
été un âne partout ! »
Un paysan passant devant la boutique d'un
changeur et ne comprenant pas le genre d'o-
pérations qui s'y faisaient, parce qu'il n'aper-
cevait aucune marchandise, entra et demanda
à un homme qu'il vit assis : « Monsieur, qu'est-
ce que vous vendez donc? — Mon ami, répondit
le changeur, je vends des têtes d'ânes. — Ah I
ah ! reprit le paysan , il paraît que vous en
qu'ui
r je r
partie, et à la gloire de laquelle d'illustres sa-
vants ont tant contribué par leurs immortels
travaux. Entre autres souvenirs évoqués par
le célèbre naturaliste, on aime à rappeler le
trait suivant. L'insouciance des savants en
face du péril et surtout la considération que
leur témoignait le général en chef leur avaient
concilié l'affection et le respect du soldat, qui
manifestait ces sentiments d'une manière sin-
gulièrement pittoresque. Pendant les marches,
les membres de l'Institut d'Egypte étaient
montés sur des ânes (plus dignes en Orient que
chez nous d'un teLfardeau). Quand, à l'appro-
che de l'ennemi, nos bataillons se formaient en
carrés, nos soldats, pleins de sollicitude pour
leurs amis les savants, et glorieux de les dé-
fendre, s'écriaient tout d'abord : « Au centré,
les ânes! » et l'Institut se retirait au milieu de
ces citadelles vivantes. C'était une sorte de
compliment par antiphrase , mieux senti de
ceux auxquels il s'adressait que la plupart des
compliments académiques.
Un malade, après avoir épuisé inutilement
toute la science des médecins, fut guéri par
ix dnes qu'a la faculté. •
En faisant sa visite, un évéque assuré
De l'ignorance d'un curé,
., Lui demanda d'un Ion de maître
Quel dne de prélat l'avait pu faire prêtre.
L'autre, d'un ton humble et civil :
. C'est vous, monseigneur, ■ lui dit-il.
— Allus. hiat. Mâchoire d'âne de Samson,
mâchoire d'âne restée proverbiale et dont
Samson se servit comme d'une massue pour
assommer mille Philistins. Cet épisode de la
vie de l'Hercule hébreu est un texte fécond de
plaisanteries et de reparties piquantes. En
voici un exemple entre mille :
Dans un repas auquel assistait Piron, qui, à
l'exemple de Fontenelle,soupait rarementchez
lui, un parasite connu par sa gloutonnerie sa
vantait d'avoir mangé autant de petits pois-
sons que Samson avait tué de Philistins. Ce
trait d'érudition lui coûta cher, car Piron re-
partit aussitôt : « Avec les mêmes armes. »
Le glouton
N'était pas content, ce dit-on.
< De tous ses rivaux, le chevalier n'en haïs-
sait pas un plus que le prince de Marsillac.
Il appelait les amants de Mme d'Olonne les
Philistins, et disait que le prince de Marsillac,
parce qu'il avait peu d'esprit, les avait tous
défaits avec une mâchoire d'âne. »
Bussy-Rabutin.
« Moi qui viens d'accuser M. Pommier d'ex-
centricité , j'en suis cruellement puni , et le
châtiment ne s'est pas fait attendre, puisque
je me vois bien et dûment convaincu d'être
un cuistre, un pédant, et qui plus est un Phi-
listin.' Encore si j'étais un Philistin avant la
mâchoire, je me consolerais peut-être ; mais,
après un pareil coup, je ne dois pas me dissi-
muler que je suis bien bas et que j'ai peu de
chances de m'en relever. »
Victor Chauvin,
• Quelquefois le pamphlétaire s'embusquera
aux abords du palais Bourbon, et là, s'armant
comme Samson d'une mâchoire d'âne, il lui
plaira d'abattre à ses pieds trois cents Philis-
tins. Ou bien il ébranlera de ses robustes
épaules les colonnes du temple, et il renver-
sera sous leur chute les ministres et leurs pro-
jets, dût-il périr avec eux dans les décombres. »
Cormenin.
— Prov. littér. Âno de IWida» , façon de
parler qu'on emploie communément pour pein-
dre la situation d'un homme sollicité de deux
côtés à la fois, et qui ne sait a quoi se résoudre.
Pour l'origine de cette locution, V. Buridan.
« M. Fabuleux, candidat légitimiste ; M. Ver-
tigo, conservateur, et M. Gibraltar, radical,
briguent la députation dans mon arrondisse-
ment. Chacun d'eux m'a envoyé sa profession
de foi, et, chose étrange ! ces trois déclarations
promettent, en termes identiques, une indé-
pendance complète, un dévouement absolu aux
intérêts du pays. Lequel cho'isir? La position
embarrassante où je me trouve n'est pas sans
rapport avec celle où se trouva jadis l'âne de
Buridan. Il y a pourtant une différence ; en-
core est-elle a mon préjudice. L'âne de Bu-
ridan n'hésitait qu'entre deux... et moi je ba-
lance entre trois. • Albéric Second.
— « Oh! le pouvoir, le pouvoir, Paturot,
c'est la servitude 1 Vous connaissez la situa-
tion de l'âne de Buridan ; eh bien , entre le
Château et les Chambres, un ministre joue le
même rôle. Il a. peur que ce qu'il fait en vue
de l'un ne Jéplaiso aux autres, et réciproque-
ment. » ' LOUIS Reybaud.
« Voilà la Suède, de menaçante qu'elle était
autrefois, devenue mesurée ; la voilà embar-
rassée de sa liberté, et indécise entre l'argent
d'Angleterre et celui de France, comme l'âne
de Buridan entre deux mesures d'avoine. »'
Voltaire, à Frédéric II.
« L'aristocrate Bobiîier du côté droit , le
tribun Toussaint Gilles du côté gauche, et, au
centre, le méticuleux maire Amoudru, ne sa-
chant de quel côté pencher, et aussi embar-
rassé que l'âne de Buridan entre ses deux
picotins d'avoine ! Pauvre commune 1 Du reste,
c'est comme partout. •
Charles de Bernard.
— « Nous avons le bonheur de posséder
parmi nous des représentants des deux Eglises.
— Il est vrai, pdssez-moi cette saillie, que
nous voilà exactement placés, comme le sym-
ANE
bolique. animal de Buridan, entre deux bois-
seaux d'exhortations évangéliques. »
Ch. Nodier.
— Allus. littér. Le plus Ane des trois n'est
pas celui qu'où pense, allusion à un vers de
la fable de La Fontaine, le Meunier, son Fils
J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils,
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
Allaient vendre leur Ane un certain jour de foire.
Afin qull fût plus fraiB et de meilleur débit,
On lui lia les pieds, on vous le suspendit;
Puis cet homme et 60n fils le portent comme un lustre.
ANE
343
Pauv
s gens! i
Quelle farce," dit-il, von
Le plus dne des trois n'<
Dans l'application, le mot âne est presque
toujours remplacé par le nom du défaut ou de
la qualité qui fait 1 objet de l'allusion :
■ Morbleu! vieux maraud, n'as-tu pas honte
de ta gaucherie? Buch est taquin , mais pas
méchant, et tu ne sais pas le prendre... Tu
l'attaques brusquement, au lieu de lui rendre
un peu la main et de lui donner le temps de
réfléchir sur ce que tu attends de lui,.. Ventre
de loup ! le plus raisonnable des deux n'est
pas celui qu'on pense I » Eue Berthbt.
* Lorsqu'on lit les lettres de Mous des Ursins,
en les entremêlant de celles de Mme de Main-
tenon qui y correspondent, le caractère de ces
deux femmes s'y dessine avec un contraste
qu'elles sont elles-mêmes les premières à sentir
et à nous indiquer. M™e c]e Maintenon affecte
de paraître moins qu'elle n'est, et aime à lais-
ser deviner plus qu'elle ne montre. Mme des
Ursins se met en avant volontiers et s'engage
de toute sa personne. Elle veut être et pa-
raître â la fois. Leur idéal d'avenir à toutes
deux est différent et marque bien leur opposi-
tion de nature, bien que l'ambition peut-être ne
soit pas moindre chez l'une que chez l'autre.
• La plus humble des deux n'est pas celle qu'on pense. ■
Sainte-Beuve.
Il ne s'agit pas de l'impôt sur les entreprises
théâtrales, mais de l'impôt sur les billets d'au-
teur. Ces billets "sont un complément de rému-
nération pour V«uteur; ils sont vendus au
profit de l'auteur, pour les besoins de l'auteur.
Vous ne réduirez pas sa part, souvent si petite.
« C'est pour les pauvres, » dites-vous.
• Le plus pauvre des deux n'est pas celui qu'on pense. •
GUSTAVJS ChadeuiL.
« Hier, je montais la rue Saint-Martin, per-
ché sur l'impériale d'un omnibus. Un serin,
échappé de sa cage, avait mis tout le quartier
en émoi; il volait d'une fenêtre à l'autre, et
plus de mille personnes rassemblées contem-
plaient, bouche béante, cet intéressant et
magnifique spectacle, ce qui fit dire à mon
Journal.
— Prov. Httér. L'Âuo ruiirsé de reliques,
allusion à une table de La Fontaine. V. Re-
— A11U3. littér. L'Âne vêtu de lu peau du
lion , allusion à une fable de La Fontaine.
V. Peau.
— Allus. littér. Le Coup do pied de l'une,
allusion à une fable de La Fontaine. V. Pied.
— Allus. littér. :
Avant l'affaire.
Le roi, J'àne (m moi, nous mourrons.
Allusion à un vers de La Fontaine dans sa
fable le Charlatan. V. Mourir.
Âne (i/) ou Luc.ius, roman fantastique de
Lucien. V. l'art, suivant.
Âne d'or (l'), ou la Métamorphose, roman
fantastique d'Apulée , en onxe livres , dont la
magie forme le principal ressort. Le héros,
Lucius , y raconte lui-même ses aventures.
S'étant rendu pour des affaires particulières
dans une ville de la Thessalie, il logea chez
un vieillard nommé Milon , auquel il était
recommandé , et dont la femme était une ha-
bile magicienne. Il eut bientôt conquis les
bonnes grâces de Fotis, servante de la maison,
qui lui procura le moyen de voir à travers les
fentes d'une porte les opérations de sa mal-
tresse , un soir que celle-ci, parla vertu d'une
certaine pommade, se changeait en hibou.
Cédant aux vives instances de Lucius , Fotis
l'introduisit dans la chambre et mit à sa dis-
position les drogues de la magicienne. Mal-
heureusement la servante se trompa déboîte,
et, à peine le jeune homme se fut-il frotté le
corps de cet onguent, que sa figure s'agrandit,
ses narines s'élargirent , ses oreilles s'allon-
gèrent d'une façon démesurée et devinrent
mobiles; en un mot, il fut métamorphosé en
âne. Désolée à la vue de son amant ainsi
transformé, Fotis lui apprit qu'il ne pouvait
reprendre sa forme humaine qu'en mangeant
des roses. Revêtu de l'extérieur d'un âne sans
avoir perdu ses facultés intellectuelles, le
malheureux jeune homme ne vit rien de mieux,
néanmoins, que de se rendre au seul domicile
qui lui convînt désormais , c'est-à-dire à l'é-
curie. Cette nuit-là même, des voleurs tirent
irruption dans la maison de Milon, et emme-
nèrent le pauvre âne dans leur caverne, où il
se vit accablé de mauvais traitements. Le len-
demain, les brigands se remirent en campagne
et rentrèrent accompagnés d'une jeune fille,
belle comme le jour, qu'ils avaient enlevée à
son fiancé. Pour la distraire, la vieille ser-
vante qui préparait le repas des hôtes farou-
ches de la caverne, lui raconta l'admirable
épisode de Psyché (V. Amour et Psyché), que
l'âne entendit aussi, y trouvant un plaisir dont
personne ne pouvait se douter. Après une
tentative infructueuse pour s'échapper avec
la jeune fille, il recouvra enfin sa liberté,
grâce au fiancé de la belle affligée, qui se pré-
senta dans la caverne sous le nom d'un bri-
gand fameux, décida les voleurs à le prendre .
pour chef, et les égorgea pendant leur
A partir de sa délivrance, l'âne passa entre
les mains de différents maîtres, et subit mille
vicissitudes dont un récit trop rapide serait
dépouillé d'intérêt. La déesse Isis, touchée
enfin de son infortune, lui apparut en songe,
et lui ordonna de se présenter le lendemain
au milieu d'une procession instituée eu son
honneur, de s'approcher du grand prêtre, qui
porterait des roses à sa main droite, et de
manger de ces fleurs sans crainte de sacri-
lège. Il suivit ponctuellement cet avis salu-
taire, et, grâce au bouquet de roses qu'il dé-
vora avidement, il recouvra sa forme humaine,
au milieu d'un peuple émerveillé. Pénétré de
reconnaissance pour la déesse, Lucius se con-
sacra à son culte, et se rendit aussitôt à Rome,
où il se dévoua au dieu Osiris. Il ne tarda pas
à occuper un rang élevé dans la hiérarchie
sacerdotale, et, en même temps qu'il exerçait
la profession d'avocat, il fut prêtre d'Isis et
pastophore d'Osiris.
L'âne, ou Lucius, comme on voudra l'appe-
ler, est de la famille plus moderne des Gil-
Blas et des Asmodée. Plusieurs savants ont
vu de l'allégorie dans ce roman fantastique,
fenre qui ouvre à l'écrivain de plus vastes
orizons, en l'affranchissant des exigences
sévères de la réalité ou de la vraisemblance,'
mais qui, comme compensation, lui impose
plus de finesse, plus de piquant, plus d im-
prévu dans la vérité des détails. < Les hommes,
dit BéroaldOj deviennent des brutes, des ânes,
quand ils se livrent sans mesure aux voluptés,
véritables drogues et poisons magiques, et les
roses qui doivent leur faire perdre la forme
hideuse de brutes représentent l'étude et la '
science, dont le parfum est si délicat, et qui
les rendent à la forme humaine dès que leurs
lèvres en ont approché. » Mais tout porte à
croire que YAne d'or n'est qu'une fantaisie de
l'imagination, et qu'Apulée n'a point songé,
dans son humeur sceptique et railleuse, aux
allusions dont des commentateurs trop enthou-
siastes lui font honneur. Ce qui est inoins
douteux, c'est que le roman d'Apulée oflVo
une peinture excessivement intéressante des
mœurs et des habitudes chez les Romains à
cette époque. > On y trouve, dit P.-L. Cou-
rier, des notions sur la vie privée des anciens,
que chercheraient vainement ailleurs ceux
qui se plaisent à cette étude. Là se voit une
vive image du monde, tel qu'il était alors :
l'audace des brigands, la fourberie des prêtres
d'Isis, l'insolence des soldats sous un gouver-
nement dur et despotique, la cruauté des maî-
tres, la violence des esclaves ; tout est vrai
dans ces fictions si frivoles en apparence, et
ces récits de faits, non-seulement faux, mais
impossibles, nous représentent les temps et
les hommes mieux que nulle chronique, à mon
sens. • Il est regrettable qu'à ce mérite ne se
joigne pas toujours celui du style, qui se res-
sent trop de la barbarie des temps et aussi de
l'origine africaine de l'écrivain. Il est bizarre,
parfois inintelligible ; on y trouve surtout cette
enflure africaine, qui n est guère tempérée
par une simplicité de bon goût que dans l'épi-
sode de Psyché. On reconnaît tout d'abord
qu'on n'a pas affaire à un Romain de Rome,
et surtout que les beaux jours de la littérature
latine sont passés sans retour. Ajoutons que
l'Ane d'or, au point de vue moral, est un livre
d'autant moins estimable, qu'on y trouve des
peintures d'un cynisme révoltant, Tétalage
effronté de la débauche la plus grossière. Ce
sont là sans doute ces tableaux trop fidèles do
la corruption d'une société en décadence qui
out fuit dire au sévère Boileau :
Le latin dans les mots brave l'honnêteté.
Cependant, et peut-être même à cause de cette
débauche d'une imagination brillante, Apulée
devint, pour ses contemporains, l'objet d'un vé-
ritable enthousiasme. Son livre, intitulé d'abord
simplement l'Ane, s'appela bientôt emphati-
quement l'Ane d'or, c'est-à-dire l'âne par ex-
cellence; l'âne qui, par son prix, vaut son pe-
sant d'or. Cette locution ambitieuse, d'ailleurs,
n'est point spéciale à l'ouvrage dont nous
nous occupons : c'est ainsi qu'on appelle vers
dorés (chrusaepè) certains vers gnomiques
de Pythagore. De niême Cicéron, dans ses
Académiques, appelle un livre libellum aureo-
lum; de même Pline le Jeune appelle un récil
auream fabellam; de même enfin Apulée ap-
pelle un bel enfant infantem aureum,et un bel
appartement, thalamus aureus. Ne disons-nous
pas de même en français Vàge d'or, et, pour
désigner un homme parfait : C'est un homme
d'or, un cœur d'or? On trouve cette phrase
dans le dictionnaire de l'Académie : « Le Ma-
344 ANE
nuel d'Epletète est un livre d'or. • On connaît
aussi le Livre d'or de Venise, tien qu'on puisse
attribuer une autre origine à cette dernière
appellation. Certains commentateurs, par une
préférence dont la raison est évidente, don-
nent a l'Ane le nom de Métamorphose ; dans
quelques éditions, il est intitulé les Milésien-
nes, parce que, dès les premières lignes, Tau -
teur annonce qu'il écrit dans le genre milésien,
c'est-à-dire dans un style plein de légèreté et
de badinage. Mais, de tous ces titres, le plus
connu est incontestablement celui que nous
lui avons conservé dans cette notice.
Quelle est, maintenant, la part d'originalité
que notre auteur a le droit de revendiquer
dans le fond même du sujet? c'est ce que la
lecture la plus attentive des commentateurs
ne permet pas de déterminer? Lucien, contem-
porain d'Apulée, a également écrit un roman
de l'Ane, dont le héros porte le même nom et
traverse les mêmes épreuves. Est-ce l'auteur
grec qui s'est inspiré de l'auteur latin, ou réci-
proquement? Adliuc sub judice lis est. Mais
peut-être sont-ils restés étrangers l'un à l'au-
tre, et ont-ils puisé, sans le savoir, à la même
source. Le patriarche Photius, qui écrivait au
ixc siècle , rapporte qu'il a lu la Luciade ou
l'Ane de Lucius de Fatras, mais qu'il n'a pu
découvrir lequel, do Lucien ou de Lucius, a
copié l'autre, car ce dernier vivait aussi au
ii" siècle. Comme l'ouvrage de Lucius de Pa-
tras est aujourd'hui perdu, toute comparaison
est devenue impossible, et la critique moderne
n'a pu trancher la question. Toutefois, des au-
teurs recommandables inclinent à croire que
Lucius est le modèle, l'original, et que Lucien
et Apulée sont ses traducteurs ou imitateurs,
tous deux suivant la nature de leur talent et
de leur esprit. Lucien a éloigné une foule de
détails qui lui ont paru fastidieux ; il semble
avoir tiré son ouvrage de celui de Lucius ,
comme d'un bloc, duquel il a abattu et retran-
ché tout ce qui ne lui convenait pas, tandis
qu'Apulée a reproduit plus fidèlement les su-
perstitions païennes, les prestiges, enchante-
ments, métamorphoses, au récit desquels se
complaisait l'auteur primitif. Lucien et Apulée
ne se touchent que par un point, nous vou-
lons dire le scepticisme moqueur, impitoya-
ble, qu'ils ont versé à pleines mains sur leur
œuvre respective.
L'Âne mort el la Femme guillotinée, roman
de J. Janin, qui parut en 1S29. L'Ane mort a
rlque analogie avec le Voyage' sentimental
Sterne, mais pour la manière seulement.
C'est une parodie sérieuse et excellente d'un
livre de V. Hugo, où le chef de l'école roman-
tique venait d'inaugurer le nouveau genre de
littérature qui puisait ses émotions dans la
peinture de l'horrible. Cette production est
aussi originale qu'intéressante, et l'on est sur-
pris, en songeant à l'âge qu'avait l'auteur, d'y
trouver une aussi grande quantité d'observa-
tions et une connaissance aussi approfondie
du cœur humain.
L'Ane mort est l'histoire d'une jeune fille
qui, sortie sage et pure de son village, débute
a Paris par le vice élégant, tombe de chute en
chute jusqu'à la prostitution et au crime, et
finit par arriver à la place de Grève. Dans ce
cadre étroit et monotone, qui ast celui de tant,
de malheureuses créatures, moins l'assassinat
et l'échafaud, l'auteur a trouvé moyen de
faire entrer un grand nombre de tableaux qui
se rattachent plus ou moins directement à son
œuvre, mais qui se distinguent tous par une
peinture vive, piquante, semée de traits im-
prévus, d'observations fines et originales. Il
ne fallait pas moins que la magie de ce pin-
ceau brillant et délicat pour faire oublier le
cynisme et l'horreur des situations par la co.u-
leur dramatique, et élever ce livre à la hau-
teur d'une véritable étude, sous le voile de
la parodie.
Par une belle matinée du mois de mai, l'au-
teur se promenant sur la route de Yanves
aperçoit une jeune fille, une enfant encore,
emportée par un âne qu'elle cherche en vain
à retenir. Chariot, c'est le nom du baudet,
s'enfuit à travers champs, après avoir ren-
versé Henriette , sa maîtresse. On le rattrape
enfin, Henriette remonte sur Chariot, et, dit
le conteur, un coup de bride, un grand coup
de pied, et adieu ma vision!
Cette jeune fille, il la retrouve à Paris, à la
Morgue, devant le cadavre d'un jeune homme
qui s'était tué pour elle-; plus tard, dame de
charité protégée par un amant puissant; dans
le jardin d'un cabaret deVanves, où elle re-
fuse impitoyablement l'aumône à ses vieux
parents, qu'elle dédaigne de reconnaître; puis
dans un de ces hôpitaux où le vice lui-même
n'entre qu'en rougissant, et dont on n'ose pro-
noncer le nom. Au sortir de ce laboratoire
infâme, elle se jette dans ce gouffre qu'on
appelle la prostitution, l'ensanglante par la
mort de l'un de ces amants que chaque soir
lui amenait l'orgie, et en qui elle avait reconnu
l'homme qui l'avait séduite, traverse raukle-
ment la cour d'assis
nés à mort , et ne
cimetière des suppli
Et Chariot?... L'auteur raconte, dans son
premier chapitre, que se trouvant un jour à la
barrière du Combat, et étant entré dans un de
ces théâtres que les saltimbanques promènent
de foire en foire, le directeur lui offrit le spec-
tacle d'un âne dévoré par des chiens. Quand
l'âne tomba, déchiré par quatre dogues furieux,
l'auteur reconnut Chariot I
h' Ane mort et la Femme guillotinée; lapre-
À„c (Fête de l'). V. Fête.
Ane» d'Orient (les), tableau de Decamps,
collection particulière. Cette charmante com-
position est exécutée dans toutes ses parties
avec un soin presque méticuleux. « Mais il n'y
n là rien qui enoque, dit M. Marius Chaumelin,
l'un des biographes de Decamps : l'artiste a
su nous intéresser aux moindres détails, aux
masures pittoresques qui servent de fond, à un
coin de muraille, aux moellons qui apparais-
sent dans les endroits où le crépi s'est effrité,
au blanc pilier qui supporte l'angle d'un toit.
Les dites, groupés au premier plan, sont par-
faits d'attitudes : l'un, planté sur ses quatre
jambes, n'attend que le moment de se mettre
en rouie; un autre s'est couché, et rêve mé-
lancoliquement (si tantest que les ânes rêvent) ;
le. troisième allonge le cou et se met à braire.
L'ânier, un jeune gars bruni par le soleil,
laisse errer devant lui son regard nonchalant;
il semble attendre que quelque voyageur vienne
lui louer ses bêtes. ■ Tout cela est on ne peut
mieux observé ; c'est la nature prise sur le vif.
ANÉANTI, IE (a-né-an-ti) part. pass. du v.
Anéantir : Que toute chair demeure atterrée et
anéantie. (Boss.) La mort les mettra dans
l'horrible nécessité ou d'être éternellement
anéantis, ou malheureux. (Pasc.) Je ne conçois
pas qu'une âme, que Dieu a voulu remplir de
son être infini et souverainement parfait, doive
être anéantie. (La Bruy.) Si le feu était
anéanti sur la terre, le genre humain périrait.
(B. de St-P.) Que de germes anéantis avant
leur développement ! (Buff.) Bien dans lemonde
moral n'est perdu, comme dans le matériel rien
n'est anéanti. (Joubcrt.)
— Par ext. -Abattu, détruit : Royaume
anéanti. Fortune anéantie. J'ai vu ta foi des
contrats bannie, les lois tes plus saintes anéan-
ties, toutes les lois de la nature renversées.
(Montcsq.) La marine anéantie depuis des
siècles, rétablie un peu par le cardinal de Ri-
chelieu, fut ruinée sous Alazarin. (Volt.) La
Pologne anéantie livre l'Europe à l'invasion
des jtusses. (Vavin.) Certes, la religion chré-
tienne est loin d'être anéantie de nos jours,
comme quelques-uns l'ont prétendu. (Villem.)
t faible qu'il est, n'est peint at
— Par exagér. Accablé, excédé de fatigue :
Je suis anéanti. (Acad.)
Leurs yeux anéantis ne s'ouvraient plus qu'à peine.
I] Moralem. Confondu, stupéfait ; Je demeurai
anéanti devant une effronterie aussi auda-
cieuse. (Raym.) Téméraire, ton âme est-elle
anéantie? (J.-J. Rouss.)
D'un sinistre avenir parait être avertie.
A. Chénier.
— T. de dévotion. Humilié profondément de-
vant Dieu : Ame anéantie. Attentive et immo-
bile, anéantie en elle-même. (Fléch.) Je me
prosternai devant le sanctuaire, et j'y restai
comme anéanti. (Chateaub.)
ANÉANTIR v. a. ou tr. (a-né-an-tir — rad.
néant). Réduire au néant : Dieu .ve«f peut
anéantir les êtres qu'il a créés. (Acad.) La
mort le dépouille de tout, /'anéantit dans tout
qu'il avait de grand aux yeux des hommes.
■tulle apparence que Dieu veuille anéantir
atome, (t'en.) L'homme seul anéantit plus d'in-
dividus vivants que tous les animaux carnas-
siers n'en déuorent. (Buff.) Le Fils de l'homme,
en les précipitant dans l'abime, retient à moitié
sa foudre, de peur de les anéantir. (Chateaub.)
0 ciel! anéantis ma fatale existence.
■ Voltmre.
— Absol. : Le verbe anéantir n'a aucun sens
pour nous. (L. Pinel.) L'homme ne peut pas
plus créer qu'anéantir. ( De Bonald.)
— Par ext. Excéder de fatigue : Ce travail
îji'a anéanti, ii- Jeter dans l'abattement, dans
l'accablement : Cette affreuse nouvelle «avait
sait. (Buff.)
— Par exagér. Détruire entièrement, abo-
lir, en parlant des choses physiques et des
choses morales : Anéantir un Etat, un empire.
Anéantir une coutume, un usage. Il n'y a point
de fortune si élevée qu'un revers ne puisse
anéantir. (Acad.) La oix de J :ms-Christ est
faite pour anéantir danïnos cœurs tout ce qui
n'est point Dieu. (Boss.) Les délais éternels,
les rebuts, anéantissent tout le prix d'une
grâce. (Mass.) Anéantissez la mémoire de
votre attentat. (Fléch.) Le cardinal de Riche-
lieu anéantissait, par son pouvoir et par son
faste royal, la majesté personnelle du rat .(Card.
de Retz.) La trop grande humidité anéantit
à la longue toute espèce de ressort dans l'éco-
nomie animale. (Raym.) Insensés, qui croyaient
étouffer, anéantir à la fois dans les mêmes
.flammes la voix du peuple romain, la liberté
du sénat et la conscience du genre humain/
(Bureau de la Malle._) Ce monstrueux armevient
eût anéanti l'Angleterre; un coup devent l'em-
porta, (V. Hugo.) iVos chefs durent éluder un
combat inégal, dont la perte pouvait en un seul
jour anéantir la monarchie. (Marchangy.)
Combien ceux qui ont cru anéantir le chris-
•ANE
allumant des bûchers, ont méconnu
son esprit! (Chateaub.) On ne parvient jamais
à anéantir tout remords. (Larochef.-Doud.)
Le chef-d'auvre des véritables grands écrivains,
c'est d anéantir le talent en eux et de n'expri-
mer que l'homme. (Lamart.) Le temps matériel
de tracer des caractères anéantissait toutes
ses facultés. (G. Sand.) La tyrannie serait in-
vincible si elle réussissait à anéantir l'idée du
droit avec son nom, à créer sur là terre le si-
lence du droit. (Lacord.) Un jour de revers
anéantit un siècle de conquêtes. (E. Mcnne-
chet.) Vouloir anéantir l'individualisme, c'est
vouloir anéantir la liberté de l'homme, c'est
anéantir l'homme. (Mcsnard.) Il ne faut point
soulager le paupérisme, il faut /'anéantir.
(Colins.)
perfide, après tant de miracles,
s'anéantir, v. pr. Etre aboli, détruit, de-
venir à rien ou presque à rien : Que de puis-
sants Etats ont fini par s'anéantir! Cette ob-
jection s'anéantit d'elle-même. (Acad.) Le
présent s'anéantit dans le moment où nous
parlons. (Fén.) Cette fortune, que
avaient si longuement amassée , me\
s'anéantir dans ses mains. (Volt.) La' science
s'étend et la foi s'anéantit : tout le monde veut
enseigner à bien faire, et personne ne veut l'ap-
prendre. (J.-J. RouSS.) L'erreur se répand,
l'athéisme s'accrédite, et le culte se perd et
s'anéantit. (Frédéric II.) C'est à Paris que
les ambitions, les préjugés, tes haines et les
ANE
les plus grands honneurs et les plus dures con-
tradictions. (Fén.) Il s'astreignit à tous les
anéantissements de ta vie. ou plutôt de la
mort lente des cénobites. (Lamart.) il Etat do
Jésus-Christ devenu honime pour se mani-
fester au monde, pour le racheter : O Jésus-
Christ! à sa mort! ô son a ' ~*
sa croix! (Boss.)
le St-P.)
Ainsi leurs grandeurs éclipsées
S'anéantiront à nos yeux. •*?.
— T. de dévot. S'humilier, s'abaisser pro-
fondément devant Dieu -. Anéantissez-vous ;
demeurez ensevelie et cachée en Jésus-Christ.
(Boss.) Les saints s'anéantissent continuelle-
ment en présence de Dieu. ( Nicole.) Etre des
êtres , le plus digne usage de ma raison est de
s'anéantir devant toi. (J.-J. Rouss.) La piété
nous porte à nous anéantir devant Dieu,
(Joubert.) H Dans l'Ecriture : Jésus-Christ s'est
anéanti de lui-même, Il a daigné se faire
homme pour se manifester au monde.
— Syn. Anéantir, abolir, détruire, exter-
ANÉANTiSSANT(a-né-an-ti-san) part. prés.
cipes funestes, sapant les fondements de la foi
et anéantissant la vertu. (J.-J. Rouss.)
ANÉANTISSEMENT s. m. ( a-né-an-ti-se-
man — rad. anéantir). Etat de ce qui est
anéanti, réduit au néant : /.'anéantissement
des créatures dépend de Dieu seul. (Acad . ) Selon
vous, un anéantissement éternel va bientôt
égaler le juste et l'impie. (Mass.) Si votre esprit
ne vous démontre pas rigoureusement une tin,
il est également impossible de démontrer /'a-
néantissement de la moindre parcelle de ma-
tière. (Balz.) il Absol. : Epicure, qui était si
persuadé de /'anéantissement, ne laisse pas
que d'être inquiet de ce qui se passera après
lui. (Bayle.) L'incrédulité brave la mort, parce
qu'elle préfère /'anéantissement d la douleur.
(La Luzerne.)
— Par ext. Etat de faiblesse, d'abattement,
qui paralyse les forces physiques et l'énergie
morale : Le malade est tombé dans un anéan-
tissement qui donne les plus vives inquiétudes.
Ne cherche point à me tirer de /'anéantisse-
ment dans lequel je suis tombé. (J.-J. Rouss.)
Vous me représentez le mari de la duchesse
de Lude dans un étrange anéantissement.
{Mme de Sév.)
J'étais dans cet état, sans entendre, sans voir,
Il Etat d'abaissement, d'humiliation : Le roi
s'anéantit lui-même peu à peu par /'anéantis-
sement insensible des peuples dont il tire ses
richesses et sa puissance. ( Fén.) Plus un peuple
est libre, moins il a de cérémonies, moins de
titres fastueux, moins de démonstrations d'h-
néantissement devant son supérieur. (Volt.)
L'histoire aura l'air d'être altérée, quand elle
racontera à la postérité ces anéantissements
plutôt que ces morts des hommes célèbres des
plus grandes années de ta France. (Lamart.)
— Par exagér. Ruine, destruction totale :
L'anéantissement d'un empire. Depuis l'x-
néantissement de so fortune, il est tombé dans
le dernier mépris. (Acad.) Le salut de tous est
dans l'harmonie sociale et /-anéantissement de
l'esprit de parti. (Mirab.) Le premier cri de la
Révolution fut /'anéantissement des privilèges.
(Mme de Staël.) Le triomphe de la science sera
/'anéantissement de la politique. (E. de Gir.)
La multitude des religions, c'est J' anéantisse-
ment de toutes les religions. (Colins.) L'infâme
banqueroute et /'anéantissement complet des
valeurs du papier monnayé, complétèrent la
triste expérience du public et le malheur de •
tous les travailleurs. (Ch. Dupin.)
— T. do dévot. Humilité profonde, abaisse-
ment devant Dieu : Elle porte l'humilité jus-
qu'à /'anéantissement d'elle-même. (Fléch.)
Saint François de Sales recevait avec la même
paix et dans le même esprit (/'anéantissement
ÀNEÀCJ (Barthélémy), dit Annul-a, poète
français, né à Bourges, vers le commencement
du xvio siècle, professa la rhétorique à Lyon,
au collège de la Trinité, dont il devint prin-
cipal en 1542. Il fut massacré dans une émeute,
sur le soupçon qu'il professait secrètement le
protestantisme (1561). Il a laissé un grand
nombre de poésies latines et françaises pleines
de pointes et d'équivoques, dans le goût dit
temps. Quelques-uns de ses ouvrages sont
encore recherchés par les bibliomanes, mais
ne sont plus lus depuis longtemps.
ANÈBE adj . et s. (a-nè-be — du gr. anêbos,
même sens). Méd. Impubère, qui n'est pas
nubile.
ANECDOTE s. f. (a-nèk-do-te — du gr.
anckdolos , non publié). Particularité d'his-
toire peu connue : Les grands hommes de l'an-
tiquité ne nous sont guère connus que par des ■
anecdotes. Les Nuits Attiques d'Aulu-Gclle
ne sont pour ainsi dire qu'un recueil (/'ankc-
I dotes. M. le duc d'Anlin me fit part de pln-
; sieurs anecdotes, que je n'ai données que pour
ce qu'elles valaient, (Volt.) En général, ce sont
, les anecdotes que la plupart des lecteurs, et
■ même des lecteurs graves, recherchent dans
l'histoire. (De Féletz.)
I — Plus généralem., Récit succinct, rapide,
j d'un-fait particulier plus ou moins piquant,
d'une aventure plus ou moins curieuse, amu-
sante : Une anecdote vraie, hasardée, scan-
■ daleuse. Une anecdote fausse, insipide. Ra-
conter une anecdote. Recueillir des anecdotes.
C'est un colporteur (/'anecdotes. Les recueils
(/'anecdotes ont surtout été composés à l'usage
de ceux qui n\mt point d'esprit. (Montesq.)
Vous trouverez dans cet écrit des anecdotes
curieuses et instructives. (Volt.) Les anecdotes
sont l'esprit des vieillards et le charme des en-
fants et des femmes. (Rivarol.) La légèreté, la
vérité, la rapidité du récit, l'heureux choix des
expressions, telles sont les principales règles
et les conditions de l'art de conter des anec-
dotes. (De Féletz.) J'ai semé mon ouvrage
(/'anecdotes dont plusieurs me sont person-
nelles. (Brill.-Sav.) Aujourd'hui, tes anecdotes
«on/ le passe-port de toute morale et l'antinar-
cotique de tous les livres. (Balz.) Il faisait un
recueil de toutes les anecdotes bouffonnes, mais
chastes, qu'il avait pu récolter pendant sa
tournée. (Lamart.) Les anecdotes ne valent
que ce que le caractère et la destinée de l'homme
les font ensuite. (Ste-Benve.) // y avait dans
cette lettre deuœ-ANECDOTES impayables, et qui
me font rire encore. (Joubert.)
Contre ce ri
es anecdotes ?
— S'einpl. quelquefois adjectivem. dans lo
premier sens : L'histoire anecdote de Procope.
(Acad.) Depuis madame de la Vallière jusqu'à
madame de Pompadour, l'histoire anecdote
des deux règnes nous passa sous les yeux. (Mar-
montel.) i! On ne dit plus que anecdotique.
— Syn. Anecdote, histoire, historiette. Une
histoire est un récit complet qui embrasse Sou-
vent une longue suite de faits accomplis par
un nombre plus ou moins grand de person-
nages ; ce peut être quelquefois lé récit d'un
fait particulier, mais il faut toujours que ce
fait embrasse une suite de détails liés les uns
aux autres. Une historiette n'est autre chose
qu'une petite histoire, ou une histoire qui ne
présente qu'une importance très- minime.
L'anecdote est toujours le récit d'un fait par-
ticulier, ou plutôt, c'est ce fait lui-même ; mais
elle suppose que le fait est peu connu, qu'il a
quelque chose de curieux et qu'il peut servir
à faire juger le vrai caractère d'un personnage
illustre, d'une époque, d'une certaine classe
d'hommes.
e Murât
t le P. i
; auteurs, ce
tenne, ont-ils donné ce titre d'anecdote à des
ouvrages inconnus dont ils se faisaient les
éditeurs. Il fut ensuite appliqué aux particu-
larités secrètes d'histoire , particularités qui
piquaient vivement la curiosiié en ce qu'elles
faisaient mieux connaître le caractère et les
mœurs do certains personnages historiques.
Enfin, modifié par le temps, le sens du mot
s'est de plus en plus éloigné de l'étymologie,
et lui est devenu tout à fait étranger; de sorte
qu'aujourd'hui ce mot éveille uniquement l'i-
dée d'un récit court, piquant, le plus souvent
fai etépigrammatique, d'un mot remarquable,
'une repartie vive, d'un trait touchant, d'un
fait extraordinaire et à dénuement imprévu.
Rien de moins inédit, on le sait, que le plus
grand nombre des anecdotes.
L'histoire nous montre les grands faits dans
leur filiation, les lois qui président à la marche
des événements ; l'anecdote nous introduitdans
les coulisses du grand théâtre, nous dit les
petits mobiles et les petites causes, nous fait
voir le jeu des passions de l'homme privé sous
ce masque que l'homme public est obligé de
ANE
porter. « Je n'aime dans l'histoire que les anec-
dotes, dit M. Mérimée, et parmi les anecdotes
je préfère celles où j'imagine trouver une pein-
ture vraie des moeurs et des caractères a une
époque donnée. Ce goût n est pas très-noble j
mais, je l'avoue à ma honte, je donnerais vo-
lontiers Thucydide pour des mémoires authen-
tiques d'Aspasie ou d'un esclave de Périclès ;
car les mémoires, qui sont des causeries fami-
lières de l'auteur avec son lecteur, fournissent
seuls ces portraits de l'homme qui m'amusent
et qui m'intéressent. Ce -n'est point dans Mé-.
zerai , mais dans Montluc , Brantôme , Ta-
vannes, La Noue, etc., que l'on se fait une
idée des Français au xvic siècle. »
Malheureusement l'histoire sérieuse est tenue
de se défier des anecdotes, parce que ce ne
sont bien souvent que des récits faits à plai-
sir. Rien de plus naturel h l'homme que d'aï-*
térer la vérité, s'il n'est obligé de la présenter
appuyée de preuves ; rien de plus naturel que
de se montrer crédule quand il s'agit d'une
histoire brève, amusante, et surtout quand le
narrateur ou l'écrivain a de l'esprit. «Je crois
peu aux anecdotes, et moins encore à celles
de mon temps qu'à celles de l'antiquité, disait
un général de 1 Empire; les anecdotes ne sont
le plus souvent que des fictions qui dénaturent
l'histoire pour faire ou défaire des réputations ;
tous ces grands mots qu'on prête à tels et tels
n'ont jamais été dits par eux, et pourtant ils
ont été si souvent répétés qu'ils se sont incor-
porés à l'histoire à tel point qu'il serait impos-
sible de les en détacher. ■
L'anecdote a été connue et goûtée de tout
temps. Les Vies de Plutarque sont remplies
d'anecdotes du plus grand intérêt. V Histoire
des douze Césars de Suétone mérite d'être ap-
pelée anecdotique, parce qu'elle ne se rap-
porte guère qu'à leur vie privée. Cicéron nous
apprend, dans une lettre à Atticus, qu'il avait
composé un recueil d'anecdotes auxquelles il
attachait un grand prix. Procope, qui avait
écrit une histoire do l'empereur Justinien et
de ses guerres contre les Perses, les Vandales
et les Goths, écrivit ensuite une histoire anec-
dotique de ce même prince et de sa femme
Théodora. Diogène Laerce n'a pas hésité à
intituler son livre : Des vies, doctrines et apo-
phthegmes des philosophas célèbres.
L'anecdote semble avoir trouvé dans notre
beau pays de France sa patrie naturelle ; nous
l'y voyons fleurir de bonne heure ; elle s'épa-
nouit dans les Mémoires, qui furent long-
temps notre seule littérature historique. Au
xvni« siècle, elle règne dans les salons, occupe
les esprits les plus distingués, depuis Fonto-
nelle jusqu'à Rivarol. A notre époque, la cri-
tique littéraire, on peut s'en assurer en lisant
lesintéressantescauseriesde M. Sainte-Beuve,
lui donne une large,place.
Les premiers recueils d'anecdotes imprimés
en France furent les Anecdotes de la cour de
Florence, par Varillas, et les Anecdotes de la
cour de Philippe-Auguste, par Mlle de Lussan.
Voltaire, dans son Dictionnaire philosophique,
s'élève contre les anecdotes apocryphes et
contre les recueils d'anecdotes. 11 fuit excep-
tion en faveur du Ménayiana, » le seul, dit-il,
dans lequel on trouve des choses instruc-
e sorte de pâtis communal, o
t jqur-
presse ; et l'abus que l'on fait de cette litté-
rature facile, le peu de respect avec lequel
on en use, le défaut de sincérité qui marque
tous ces emprunts, la manie que l'on. apporte
à dénaturer l'anecdote pour la rajeunir et lui
donner un intérêt d'actualité, tout cela expli-
que le discrédit dans lequel est tombé ce genre,
qui est un des caractères les plus marqués de
notre littérature et de notre esprit national.
Voici quelques exemples de cet abus. Tout le
monde connaît l'anecdote charmante, mais
trop peu gazée pour qu'elle puisse trouver
place ici, dont le roi Louis XVI, Marie-Antoi-
nette et le comte de Saint-Germain sont les
véritables héros. Eh bien , tout récemment
encore, ce trait spirituel a été présenté dans
la plupart des petits journaux comme lancé
de Saint-Cloud, et les personnages que nous
venons de citer étaient maladroitement rem-
placés par deux autres têtes couronnées et,le
duc de Malakotf. — Second exemple : L'évèque
de Québec s'était égaré dans les forêts du
Canada. Ceux qui le cherchaient rencontrè-
rent une troupe de sauvages , auxquels ils
demandèrent s ils connaissaient l'évèque. « Si
je le connais? répondit l'un d'eux, j'en ai
mangé!» Dans nos petits journaux, le sauvage
est métamorphosé en commis-voyageur, et tout
le sel do cette réponse si plaisante et si carac-
téristique est remplacé par une niaiserie et un
non-sens.
Dernièrement un journal annonçait bruyam-
ment qu'un procès en séparation menaçait
d'avoir un grand retentissement dans une de
nos villes du Midi, et il promettait de tenir ses
lecteurs au courant du dénoûment de cette
piquante affaire. Voici les griefs sur lesquels
étaient basée la poursuite : Un bon mari disait
à sa femme : a Je crois qu'il n'y a qu'un seul
homme dans toute cette ville qui ne soit pas
c. . . — Qui donc? demanda la femme. — Eh quoi 1
répliqua vivement le mari un peu piqué, tu ne
le connais pas? — Ma loi, répondit-elle, j'ai
beau chercher... •
Eh bien,, cette anecdote se trouve racontée
dans les œuvres de l'abbé Prévost, né en 1697.
ANE
Dernier exemple. Les ambassadeurs Japo-
nais qui vinrent. dernièrement à Paris, por-
taient de longues épées dont la poignée mena-
çait le menton, et un Tintamarre quelconque
d'imprimer : ■ Notre spirituel Méry voyant
passer hier sur le boulevard les ambassadeurs
Japonnais , adressa cette question désopilante
à Alexandre Dumas, qui l'accompagnait : ■ Qui
est-ce qui a donc attaché les Japonais à leur
épée? » Certainement M. Méry a assez d'esprit
pour faire le mot: on ne prête qu'aux riches.
Mais ce trait n'est ni plus ni moins que de
Cicéron , qui l'a lancé , non pas précisément
contre des ambassadeurs Japonais, mais
jsontre son gendre, très -petit de taille, qui
"traînait un jour derrière lui une épée d'une
longueur démesurée. Vraiment, n'y a-t-il pas
là de quoi vous faire dresser les cheveux sur
la tête ?
Mais voici qui couronne l'œuvre. Qui est-ce
qui ignore celte charmante anecdote sur Tu-
renne : « ... Et quand c'eut été Georges, il ne
fallait pas frapper si fort, » si bien racontée
par J.-J. Rousseau? Si une anecdote devait
être respectée par nos faiseurs de nouvelles
à la main, c'était assurément celle-là, ne se-
rait-ce qu'à cause des deux grands noms
qui la consacrent. Point du tout; Turenne est
devenu un jeune marquis du faubourg Saint-
Germain, dont on a voulu faire ressortir la
douceur de caractère. Ajoutons que Jean-
Jacques n'a pas eu plus que Turenne à se
féliciter de sa doublure.
11 nous serait facile de multiplier à l'infini
ces tricheries littéraires. Tout le secret du
procédé consiste à rajeunir l'anecdote d'un ou
même de plusieurs siècles, et à remplacer les
noms anciens par des noms contemporains :
Ménage, Bouhours, Vaugelas, Roquelaure,
Piron, Duclos, Collet, etc., subissent, sans s'en
douter, l'opération de la métempsycose, et res-
suscitent sous les noms d'AIfrea do Musset,
Gérard de Nerval, M. Thiers, M. Guizot,
M. Dupin, M. de Rambuteau, etc. Voilà pour-
tant où peut conduire la passion du bien
informé, dont nos petites plumes semblent
aujourd'hui possédées.
— Anecdotes. Peu de jours avant sa mort,
la jeune M">e d'Houdetot avaitl'air très-pensif.
• A quoi rêvez-vous? lui dit-on. — Je me re-
Un homme tomba en démence dans sa vieil-
lesse, et quand il passait devant une glace, il
s'écriait d'un ton de pitié : « Le pauvre vieil-
lard 1 i Voilà notre histoire.
Un marchand de vin étant allé à la messe
de minuit, s'y endormit. "A l'élévation, il en-
tendit la sonnette, et, croyant être encore dans
sa boutique, il s'écria : ■ On y val on y val»
Un millionnaire à qui la satiété avait enlevé
l'appétit, rencontra un jour un pauvre diable
qui lui dit : « Monsieur, je meurs de faim. —
L'heureux coquin 1 ■ s'écria le millionnaire.
Deux banquiers se querellaient : » Appr
M""! du Deffant disait de quelqu'un qui traî-
nait ses paroles d'une manière lourde et in-
supportable : « Cpt homme-là a l'air de s'en-
nuyer à la mort de ce qu'il dit. »
Une demoiselle du grand monde, parlant de
son père, disait à chaque instant : « Mon père,
M. le marquis de *"*. — Comment appelez-vous
l'autre, mademoiselle? » lui demanda-t-on.
Un général qui avait été battu en Allemagne
et en Italie, aperçut un jour au-dessus de sa
porte un tambour qu'on y avait représenté
avec cette devise : • On me bat des deux
Un huissier de Saumur, faisant parader son
cheval, roula à terre avec sa monture. Une
dame le voyant en cet état, lui cria ; « Eh I
leur, vous auriez dû demander ce qu'il
fallait, sans vous baisser si bas. »
Montmaur étant un jour à table avec nombre
de ses amis qui parlaient, chantaient et riaient
tous ensemble : « Eh 1 messieurs, dit le para-
site, un peu de silence, on ne sait ce qu'on
lisait l'affiche de l'Opéra, et lui dit : « Monsieur,
il paraît que l'on joue aujourd'hui O-edipe? —
O-u-i, monsieur t ■ répondit l'autre.
Duclos, pour exprimer le mépris, avait une
formule favorite ; il disait toujours : C'est l'a-
vant-dernier des hommes. « Pourquoi l'avant-
dernier? lui demandait-on. — Pour ne décou-
rager personne, » répondait-il.
Talleyrand, à son Ut de mort, reçut la visita
de Louis-Philippe, qui lui demanda comment
il se trouvait. < Aht sire, répondit le célèbre
diplomate, je souiîre comme un damné. —
Déjàl » reprit le roi en souriant avec malice.
Un Limousin, maître maçon, avait un ap-
prenti gâcheur qui mangeait ordinairement
— pain sec. L'apercevant un jour trempf-
Un homme allait depuis vingt i
ses soirées chez M "'c R... 11 perdit
et l'on crut qu'il épouserait celle _
quelle il s'était montré jusque-là si assidu.
Comme on l'y encourage"1' -1 "•«■*■—>« • - *<» «■-
saurais plus, dit-il, où ail «
refusa: « Je n
Le fameux Bontemps, premier valet de
chambreye^Louis XIV, était si accoutumé à.
dire à ceux qui le sollicitaient : • J'en parlerai
au roi, > que, l'abbé de Choisy lui ayant un
jour demandé quelle heure il était, il repondit :
« J'en parlerai au roi. ■
Une dame, chaussée par un cordonnier à la
.mode, s'aperçoit que, dès le premier jour,
ses souliers sont déchirés. Elle porte ses
plaintes. Le cordonnier prend les souliers, les
examine, et, après avoir réfléchi : ■ Je vois ce
que c'est, dit-il; madame aura marché. •
Une jeunepersonne, de mœurs un peu libres,
se hâtait d'amasser, en disant que c était pour
se faire religieuse. Un homme d'esprit dit
à cette occasion qu'elle imitait les rameurs,
qui tournent le dos à l'endroit où ils veulent
aborder.
Une servante présentait à son maître le mé-
moire du mois. Celui-ci s'apercevant qu'il y
avait pour trente francs de lait, en témoigne
sa surprise à la ménagère, qui lui répond :
« Monsieur ne sait donc pas qu'il n'y a rien qui
Le régent voulait aller au bal et n'y être
F as reconnu. • Je connais un moyen, d dit
abbé Dubois. Et, dans le bal, il donnait de
grands coups de pied au duc. Le régent, qui
les trouvait trop forts, lui dit : « L'abbé, tu me
déguises trop. •
On faisait une procession avec la chasse de
sainte Geneviève pour obtenir de la sécheresse.
A peine la procession fut-elle en route, qu'il
commença a pleuvoir; sur quoi l'évèque do
Castres dit plaisamment : « La sainte se trompe,
elle croit qu'on lui demande de la pluie. ■
L'abbé Cœur prêchait à Saint- Roch. Un
soldat désœuvré entre et prend une chaise.
Pendant le sermon , la loueuse s'approche et
lui demande cinq sous. Le soldat répond d'un
air étonné : « Cinq sousl si je les avais, je ne
serais pas ici. ■
Un bon bourgeois ayant appris que plusieurs
de ses parents s'étaient trouvés à un repas de
famille auquel il n'avait pas été invité, s'écria
en colère : « Eh bien, pour les faire enrager,
je vais donner un grand repas... où je serai
tout seul. •
Une dame avait un enfant fort gâté et fort
incommode ; mais elle avait la faiblesse de le
trouver charmant. «Cet enfant est bien gentil,
dit un jour à la mère une personne qui était
venue lui rendre visite; a quelle heure le
couche-t-on ? ►
On louait devant l'abbé Trublet la bonté et
les manières douces de madame de Tencin ,
qui cachait sous des apparences trompeuses
une femme sans principes : « Oui , dit l'abbé,
si elle avait intérêt à vous empoisonner, elle
choisirait le poison le plus doux. •*
Un libertin, attaqué d'une maladie mortelle,
fit son testament. Suivant la formule, il v mit
ces mots : « Premièrement, je donne et lègue
mon âme à Dieu. • Aussitôt un plaisant de
is bien que Dieu ne r<
ibus. Un cocher de fiacre, qui s<
bien ces nouvelles voitures devaient' nuire à
son industrie , voulut entrer en c
avec elles, et il fit écrire sur la cais
modeste véhicule : Fiacribus à guat
Lady Carteret, femme du lord lieutenant
d'Irlande , disait un jour au docteur Swift :.
« L'air de votre pays est fort bon. • Swift se
mettanfaussitôt à genoux : « Pour l'amour de
Dieu, s'écria-t-il, n'allez pas le dire en Angle-
terre, car on mettrait un impôt dessus. »
Le père Hardouin pensait que tous les écrits
des anciens avaient été composés par des
moines. « Je n'aime pas beaucoup les moines,
disait à ce sujet Boileau; cependant je n'au-
rais pas été fâché de vivre avec frère Horace,
dom Virgile et père Démosthène. »
On trouvait, il y a quelque temps, rue des
Petits-Champs, une pension de jeunes filles
et un charcutier dont les deux enseignes u'eii
faisaient qu'une, si bien qu'on lisait sur laménio
ligne : Pension déjeunes demoiselles. A la. re-
nommée des bonnes langues.
Louis XIV maria M»° de L...,un de ses ca-
prices, à Roquelaure, ce qui fit donner à celui-
ci le titre de duc. Quatre ou cinq mois après, la
duchesse de Roquelaure accoucha d'une fille.
« Soyez la bienvenue, mademoiselle, dit l'heu-
reux époux ; je ne vous attendais pas sitôt. »
Un Allemand jouait aux échecs. Un de ses
amis entre dans le café, s'approche, et lui
demande comment il se porte. 'L'Allemand ,
tout à son jeu, ne dit mot. Deux heures après,
la partie finie, il se retourne tranquillement
et répond : « Pas mal, et toi?,.. »
A une table d'hôte, on apporta un potage
dans lequel là cuisinière avait laissé tomber
un cheveu. Un des habitués s'adressant à la
maîtresse de la maison , lui dit : « A votre
place, je ferais servir les cheveux sur une
assiette à part; en prendrait qui voudrait. »
Une dame d'esprit, qui aimait les enfants,
vit un jour, chez une marchande de la me
Saint-Denis, un petit garçon et une petite fille
qui avaient l'air fort sérieux. « Vos enfants
sont bien tristes , dit-elle à la mère. — Ah 1
madame, répondit la bourgeoise, ce n'est pas
faute que nous les fouettions bien pour cela. »
Un jeune homme, accoutumé depuis long-
temps à la soumission, était contrarié par sou
père pour des liens de mariage qu'il voulait
former. Pressé d'obéir et pensant concilier le
respect filial' avec son amour, il répondit :
« J épouserai qui vous voudrez, mon père,
pourvu que ce soit M"c Hortense. i
Une dame qui, par un trop grand usage d'une
certaine liqueur oui n'était pas de l'eau sucrée,
avait acquis un de ces nez à teinte rubiconde
qui sont le désespoir du beau sexe, se con-
sidérant au miroir, s'écriait : «Mais où donc
ai-je pris ce nez-là? « Quelqu'un lui dit : « Au
buffet, madame, au buffet. «
Mme de Girardin avait un frère ; elle le sur-
prit un jour le front dansses mains, une feuille
de papier devant lui : « Que faites-vous donc,
mon frère? — Des vers, ma sœur. — Mais,
mon cher ami, en voici un qui est trop long.
'— Comment, trop long? dit-il avec stupéfac-
tion, mais il n'est pas encore fini 1 ■
Un Français qui comprenait un peu l'espa-
gnol, mais qui ne le parlait pas du tout, voya-
geait en Espagne. Il entre dans une auberge,
et entame avec l'hôte un dialogue assez diffi-
cile. Un marmiton fait entendre cette excla-
mation judicieuse : « Sont-ils bêtes, ces Fran-
çais, de ne pas savoir l'espagnol 1 >
Dans un souper avec des Hambourgeois, où
Rivarol prodiguait ses saillies, il les voyait
tous chercher a comprendre un trait spirituel
qui venait de lui échapper. 11 se retourna vers
un Français qui était à côté de lui, et lui dit :
«Voyez-vous ces Allemands? ils se cotisent
pour entendre un bon mot. ■
Îihin que cette dame parlait parfaitement l'al-
emand. « Oui, sire, lui dit le prince ; mais on
trouve qu'elle écorche furieusement le fran-
çais. » Ce bon mot lui valut l'exil à Meudon.
C'était par la culture des arts et des lettres
que Philippe IV se consolait de la perte du
Roussillon , du Portugal et de la Catalogne.
Quand il monta sur le trône , on le surnomma
le Grand, et, pour emblème, on lui donna un
fossé avec cette devise : « Plus on lui ôte, plus
il est grand. »
derie et le peu d'attention qu'il apportait à ses
remontrances. L'enfant, baissait la tête et
avait l'air fort attentif. ■ Ah I papa, s'écria-
t-il tout à coup, une de plus et cela faisait
centl » Le drôle regardait et comptait des
fourmis qui entraient dans un trou.
tJn naufragé anglais, après avoir longtemps
erré à travers des îles désertes ou habitées
par des sauvages, aborda enfin dans une terre
où le premier objet qui frappa ses regards fut
une potence avec son pendu : « Grâce à Dieu ,
s'écria - 1 - il , me voici enfin dans un pays
civilisé ! .
le jardin des Tuileries derrière Mlle Mars, et
répétaient en ricanant, de manière à ce qu'elle
entendît : ■ Ah I voilà Mars, voyez donc Mars.
— Eh bien, dit en se retournant la spirituelle
actrice, qu'y a-t-il de commun entre Mars et
i„ — j-s ^u «
les gardes du corps?»
Socin , célèbre jurisconsulte , négligeait
beaucoup ses études depuis qu'il était marié.
Comme on lui alléguait l'exemple de Socrate,
qui depuis son mariage n'avait pas moins
étudié qu'auparavant : « Je n'en suis pas sur-
pris, dit-il, Xantippe était laide et méchante;
ma femme est bonne et d'une grande beauté. •
Pendant la Révolution, lorsqu'on eut sub-
stitué un nouveau calendrier a Vancien , un
particulier se présentant à la commune, on lui
demande son prénom : « Symphorien. — Il n'y
a plus de saint, dit brusquement le sans-culotte;
dorénavant tu t'appelleras Pkorien. — Ahl
reprend le pétitionnaire, c'est gulier, ça. •
Une dame, marchandant une chaise percée,
en offrait trop peu. Le bahutier, pour l'enga-
ger, la priait de considérer la bonté de la ser-
rure et de la clef. " Pour ce qui est de cela, dit
la dame, je n'en fais pas grand cas, car je n'ai
pas peur qu'on me dérobe ce que j'ai dessein
d'y mettre. »
TJn jeune prince se promenait un jour dans
la campagne, environné de toute sa cour. Il
aperçut un derviche qui examinait une tête
de mort : » Que fais-tu là ? lui dit le monarque
surpris. — Je voudrais savoir, répondit le
derviche , si cette tête a appartenu à un roi
ou à un mendiant, et je ne puis y parvenir. •
Un écolier se prend de querelle au collège
avec le jeune La Trémouille ; ils se gourment.
Celui-ci dit à l'autre : ■ Sais-tu bien que je
suis fils de duc?" L'autre, lui donnant un grand
coup de pied au derrière : «Tiens, lui dit-il,
quand tu serais prince, je ne saurais te le don-
ner meilleur. »
Le célèbre Huet, évêque d'Avranches, vi-
vait presque constamment enfermé avec des
livres, et il faisait répondre à ceux qui ve-
naient lui parler d'affaires , qu'il étudiait :
« Ehl disaient ses diocésains, pourquoi le roi
ne nous a-t-il pas donné un éveque qui ait fait
ses études? »
Benoît XIV disait un jour d'un prélat animé
d'un zèle impétueux, qui, pour faire valoir des
brefs de Rome, ne gardait aucune mesure :
• Je crains qu'il ne soit comme ce gentilhomme
napolitain, qui soutint quatorze duels pour
"'* t que le Dante valait mieux que l'A-
Dumarsais professait les sentiments anti-
religieux des encyclopédistes, qu'il fréquen-
tait.. Appelé pour faine l'éducation de trois
frères appartenant à-l'une des premières fa-
milles du royaume, il demanda dans quelle
religion on voulait Qu'ils fussent élevés. Cette
question, qui mettait à nu l'indifférence philo-
sophique, nuisit beaucoup à sa fortune.
Un financier dont la fortune s'élevait à plu-
sieurs millions, perdit en un seul jour ses im-
menses richesses. Il ne lui restait plus que
cent mille francs. Il mourut en apprenant cette
terrible nouvelle. Son frère, qui avait toujours
langui dans la pauvreté , hérita de cette
somme, et mourut à son tour de la joie qu'il
éprouva de se voir si riche.
Un auteur dramatique qui venait d'obtenir
un beau succès reçut la visite d'un de ses con-
frères, très-connu par la malignité de son es-
*"■'* "+ """ sentiments de ialousie : « Voilà ■—
C'est précisément à vous que je le demande, »
répondit spirituellement l'auteur.
Voici un échantillon des demandes qu'on lit
quelquefois dans les Petites-Affiches : » Une
jeune personne, ayant reçu une bonne édu-
cation , sachant lire , écrire , la géographie ,
l'histoire, la musique , la danse, les premiers
éléments des mathématiques, désirerait entrer
dans une maison comme il faut, pour faire la
cuisine et repasser. »
Duclos, le philosophe, celui que Louis XV
appelait un honnête homme, était connu par une
certaine vulgarité dans ses goûts et ses habi-
tudes. Un soir qu'il se trouvait dans le cercle
habituel de Mme du Deffant, chacun se mit a
détailler ce qu'il désirerait pour être heureux.
« Pour vous, Duclos, dit la reine du salon , du
pain, du fromage et la première venue. •
« Que comptez-vous demander à l'Assem-
blée? disait M. de Coigny, en 1789, à un
paysan de son bailliage, élu député. — La sup-
pression des pigeons, des lapins et des moines.
— Voilà un rapprochement assez singulier? —
Il est fort simple, monseigneur; les premiers
nous mangent en grain, les seconds en herbe,
et les troisièmes en gerbe. •
Mme Dudevant (George Sand), désirant visi-
ter la Trappe, ou les femmes ne sont pas
admises , s imagina de prendre un costume
d'homme. Confondue dans une assez nom-
breuse réunion , el;e comptait passer inaper-
çue, lorsque le père portier la distinguant, lui
dit : « Monsieur, je suis bien fâché , mais les
dames n'entrent pas ici. »
Un officier ayant donné un soufflet des
mieux appliqués à un fanfaron qui voulait le
tourner en ridicule : « Est-ce sérieux, mon-
sieur, ce que vous faites là, lui dit celui-ci ?
— Oui, corbleu ! reprit l'officier en mettant la
main sur la garde de son épée. — A la bonne
heure, car je n'aimerais pas des plaisanteries
comme celle-là. »
Mme de Maintenon et Mme de Caylus se pro-
menaient autour de la pièce d'eau de Marly.
L'eau était très-transparente, et on y voyait
des carpes dont les mouvements étaient lents,
et qui paraissaient aussi tristes qu'elles étaient
maigres. Mme de Caylus le fit remarquer à
M">c de Maintenon, qui répondit : « Elles sont
comme moi; elles regrettent. leur bourbe. »
Henri IV, roi de France, rencontra un jour,
dans les appartements du Louvre, un' homme
qui lui était inconnu, et dont l'extérieur pa-
raissait très-commun. Il lui demanda à qui il
appartenait. « A moi-même , s répondit cet
homme d'un ton fier et peu respectueux.
» Mon ami, repartit le roi, vous avez un sot
maître. »
de l'instruction sont arides et
tortueuses. Pour s'en former une idée, il suffit
de se rappeler ce mot d'un enfant qui, se pro-
menant avec son précepteur, rencontra un
petit mendiant qui lui demanda l'aumône en
ajoutant qu'il était le plus malheureux des
êtres ; l'enfant lui répondit : « Tu apprends
donc le latin ? »
Un mendiant, qui n'était affligé que d'une
légère infirmité , rencontre un jour un autre
mendiant dont la vue faisait horreur. « Com-
bien gagnes-tu par jour? lui dit-il. — Qua-
rante sous. — Quarante sousl reprend l'autre,
je ne donnerais pas ma journée pour vingt
francs, si j'avais le bonheurd'ètre aussi infirme
M. d'Argenson disait à M. le comte de Sé-
bourg, qui était l'amant de sa femme : « Il y a
deux places qui vous conviendraient égale-
ment : le gouvernement de la Bastille et celui
des Invalides. Si je vous donne la Bastille,
tout le monde dira que je vous y ai envoyé ;
si je vous donne les Invalides, on croira que
c'est ma femme. »
Pontenelle n'était point impie, mais indiffé-
rent sur la religion comme sur tout ce qui se
passait dans le monde ; quelquefois satirique,
et pour ainsi dire involontairement. Un ecclé-
siastique, causant f.vec lui sur la religion, lui
disait : « Dieu a fait l'homme à son image ! —
Oh ! l'homme le lui a bien rendu, » répondit
Fonten'elle.
Un Athénien qui portait une poutre sur
l'épaule, ayant heurté violemment Diogène,
l'avertit ensuite en lui criant : « Gare 1 » Un peu
étourdi du coup , notre philosophe, s'éloigna
sans mot dire. Mais quelques jours après ayant
rencontré ce même homme, il lui asséna un
frand coup de bâton sur la tète en lui criant
son tour : ■ Gare ! gare I »
La reine Christine avait des traits mascu^
lins. Etant arrivée à Fontainebleau en habit
d'amazone, plusieurs dames de la cour la vin-
rent saluer et s'avancèrent pour l'embrasser.
La princesse, un peu blessée de cette fami-
liarité , se contenta de dire : « Quelle fureur
ont donc ces dames de m 'embrasser ? Est-ce
parce que je ressemble à un homme? ■
tionna beaucoup, et mit tout en œuvre pour
engager la conversation. Rousseau , qui ne
voulait s'entretenir que de choses indifféren-
tes, comme c'était sa coutume, lui dit : « Mon-
sieur Gresset, vous avez fait parler un perro-
quet, mais vous ne ferez jamais parier un ours. •
Un fat qui faisait le beau parleur, racontant
à Vadé ses bonnes fortunes, disait toujours :
« J'ai ëû la comtesse de...; j'ai dû la belle ma-
dame de... » Ennuyé de sa fatuité et de sa
Un matelot, à bord d'un vaisseau, ayant eu
la maladresse de laisser tomber une théière
d'argent, alla trouver le capitaine et lui dit :
« Peut-on dire d'une chose, lorsqu'on sait où
elle est, qu'elle est perdue ? — Non, mon ami.
— En ce cas, vous n'avez rien a craindre
pour votre théière; car je sais qu'elle est au
fond de la mer. ■
Sébastien Zamet, qui avait été cordonnier,
devint, sous Henri IV, le plus riche financier
de son temps. Au contrat de mariage d'une de
ses filles, qui épousait: un grand seigneur, le
notaire lui témoigna son embarras pour le
qualifier, car il n'avait aucun titre de no-
blesse : "Mettez, lui dit froidement Zamet, sei-
gneur de dix-sept clnt mille écus. •
Un poëte gascon, parvenu à un âge très-
avancé , rencontra quelques jours avant sa
mort, dans le cloître des Augustins, un de ses
amis qui lui demanda comment il se portait et
ce qu'il faisait là. ■ Vous le voyez, répondit-il
en frappant contre terre de la pointe du bâton
sur lequel il s'appuyait, je heurte afin qu'on
L'équipage de M. de Clermont-Tonnerre
rencontra sur un pont étroit celui de M. de
Pontchartrain. Le postillon de celui-ci ayant
nommé son maître, afin que l'autre s'arrêtât,
le cocher de M. de Clermont répondit brus-
quement : i Je me moque de ton pont, de ton
char et de ton train; je mène le tonnerre, il
faut que je passe. »
Un jour Mignard , le célèbre peintre , se
trouvait chez Ninon deLenclos en compagnie
de Ménage et d'autres érudits. Comme il se
plaignait que sa fille, qui fut depuis la com-
tesse de Feuquières, était complètement dé-
pourvue de mémoire : « Tant mieux, lui dit
Ninon en lançant un "regard malin à messieurs
de l'Académie, oh! tant mieux! elle ne citera
pas. ■
Une femme de chambre de Mm? la mar-
quise de Saisseval disait : « Il y a des per-
sonnes qui s'en soucissent, d'autres qui ne s'en
soucissent pas. » M. de Saisseval lui dit :
« Comme vous parlez ! il faut dire : des per-
sonnes s'en soucient, d'autres ne s'en soucient
pas. — Oh I monsieur, je le sais bien ; mais
monsieur le marquis ne prend pas garde que
je parle au féminin. »
Le duc de Duras, voyant un jour Descartes
qui faisait bonne chère, lui dit en raillant :
« Eh quoi ! les philosophes usent-ils de ces
friandises? — Pourquoi pas? répondit Descar-
tes ; vous imaginez-vous que la nature n'ait
produit les bonnes choses que pour les igno-
rants?» —On prête à peu près la même réponse
à Danton, surpris par un septembriseur alors
qu'il avait une perdrix sur sa table.
« Ernestine, disait une mère à sa fille, laisse
ce chien ; tu sais bien que je t'ai défendu de
toucher aux animaux que tu ne connais pas.
ANE
— Mais, maman, celui-là, je le connais ; c'est
un caniche. » — On défendait a une autre petite
fille de s'approcher d'un perroquet qui ne la
connaissait pas, et oui pouvait la mordre :
o Eh bien, réponditrelle, dites-lai que je m'ap-
pelle Eugénie. »
Un seigneur anglais ordonna à son cocher
d'aller chercher de la crème au village. Cet
homme , offensé de la proposition , répondit
que c'était l'affaire des servantes. « Ah ! quelle
est donc la vôtre? demanda le maître. — Pan-
ser mes chevaux, les atteler et conduire la
voiture. — Eh bien, mettez donc les chevaux,
prenez une des filles dans ma voiture , et
qu'elle aille chercher de la crème. «
e fierté insultante.
Elle en fut si affligée qu'elle alla s'asseoir dans
un coin, et que des larmes coulèrent de ses
yeux. Je m'approchai d'elle, et cette mère
sensible me dit : « Toi qui tranches aujour-
d'hui du grand avec moi, ne te souvient-il pas
combien je fai vu petit? »
Quoique âgé de quatre-vingt-trois ans, Ra-
meau ne mourut point résigné. Le curé de
Saint-Eustache ne s'épargna pas dans cette
circonstance j il assista Rameau jusqu'au der-
nier moment. On rapporte que, dans son délire,
le malade, fatigué des exhortations du pas-
teur, lui dit : « Que diable venez-vous chan-
ter là, monsieur le curé ? vous avez la voix
fausse. «
Un dilettante s'extasiait, au Café de Paris,
sur la beauté de Mlle Henriette Sontag, qui
venait de débuter aux Bouffes. Un monsieur
qui avait écouté l'enthousiaste, fit timidement
observer que Mlle Sontag était en effet très-
jolie, mais qu'elle avait un œil plus- petit que
l'autre. « Un œil plus petit ! s'écria l'amateur, .
un œil plus petit! Vous ne l'avez pas vue;
elle en a au contraire un plus grand. >
Un gentilhomme prenait congé de Louis XIV,
qui l'envoyait comme ambassadeur près d'une
puissance étrangère; le roi lui dit : « La prin-
cipale instruction que j'ai à vous donner est
que vous observiez une conduite tout oppo-
sée à celle de votre prédécesseur. — Sire, je
vais faire en sorte que Votre Majesté ne donne
pas une semblable instruction à celui qui me
succédera. »
Mme la princesse de... demandait k une
dame de province combien elle avait d'en-
fants. «Madame, j'en ai trois.» Un quart
d'heure après, ne sachant que dire, la prin-
cesse demanda encore à la même dame com-
bien elle avait d'enfants. « Madame, répondit
la provinciale, comme je ne suis pas accou-
chée depuis que vous m'avez fait l'honneur de
me le demander, je n'en ai encore que trois. »
Dans une assemblée chez M">
du Maine, chacun étant convenu de faire soi-
même- son portrait avec sincérité, M'io de
Launay, depuis Mme de Staal, s'en acquitta à
son tour avec beaucoup d'esprit. M. de Malé-
zieux lui ayant fait observer qu'elle avait passé
sous silence tout engagement de cœur : • Ah !
répliqua- t^elle avec franchise , je me suis
peinte en buste. »
Un soldat, blessé d'une balle à la cuisse,
avait été porté à l'ambulance. Là, pendant deux
jours, les chirurgiens ne firent que sonder. Le
soldat, que cela faisait souffrir, finit par leur
demander d'un ton d'impatience ce qu ils cher-
chaient. « On cherche la balle, répondirent-
ils. — Mille bombes, s'écria le soldat, il fallait
donc me dire cela plus tôt; je l'ai dans ma
Mme de Staël, qui partageait avec une au-
tre dame les préférences de Talleyrand, voulut
un jour savoir de lui-même laquelle des deux il
aimait le mieux, et comme le rusé diplomate se
taisait : « Avouez , lui dit-elle , que si nous
tombions toutes deux ensemble dans la rivière,
je ne serais pas la première que vous songeriez
a sauver.— Je pane, friponne, que vous savez
nager comme un ange. > .
D'Aubigné, couchant dans' une chambre à
côté de celle du roi, qu'il croyait" endormi, dit
à son voisin la Force : «Notre maître est bien
le plus ingrat mortel qu'il y ait sur la terre. »
La Force, qui sommeillait, lui (
disait. «Sourd que tu es, or-
donnait pas , il te dit que je suis le plus
ji demanda ce qu'il
Un fermier général avait invité La Fontaine
à dîner, dans la persuasion qu'un auteur dont
tout le monde admirait les contes, ne pouvait
ANE
• manquer de faire l'amusement de la société.
La Fontaine mangea, ne parla point, et se leva
- de fort bonne heure, sous prétexte de se rendre
à. l'Académie. On lui représenta qu'il n'était pas
encore temps : ■ Je le sais bien, répondit-il ;
aussi prendrai-je le chemin le plus long. •
La scène se passe dans une. bibliothèque
publique. Un monsieur qui n'a pas Vair d'être
un habitué de l'établissement, s'adresse b un
des conservateurs : < Voulez -vous me faire
donner un gros livre, s'il vous plaît ? — Deman-
dez un bulletin, monsieur, et indiquez le titre.
— Je ne tiens pas au titre, pourvu que le livre
soit gros. — Mais enfin, monsieur, pour quel
genre de travail demandez-vous ce gros livre?
— C'est pour ra'asseoir dessus. •
Un homme avait fait, dans
une immense fortune ; mais il n'avait jamais
changé sa manière de vivre , qui avait tou-
jours été plus que modeste. Quelqu'un lui fai-
sait un jour des observations a ce sujet :
o Mais, répondit-il au donneur d'avis, savez-
vous que je dépense par an près de trente
mille francs ? Le compte en est clair ; d'abord
je paye plus de vingt-sept mille francs de
contributions... »
Raynal a prédit quelque part, dans un de
ses ouvrages, qu'il viendrait un nègre qui ven-
gerait les outrages faits aux hommes de sa
couleur. Toussaint-Louverture, qui fit la fa-
meuse révolution de Saint-Domingue , tenait
un jour le livre ouvert à cette page , et , le
montrant aux Européens, il leur disait : « Moi,
là. » C'est lui qui, écrivant à Napoléon 1er, mit
en suscription : Le premier des noirs au pre-
mier des blancs.
Thouin, le pépiniériste du Jardin des Plantes, '
avait chargé un domestique fçrb simple de
porter h Buffon deux belles figues de primeur.
En route, le domestique se laissa tenter et
mangea un de ces fruits. Buffon, sachant qu'on
devait lui en envoyer deux, demanda l'autre
au valet, qui avoua sa faute :« Comment donc
as-tu fait? » s'écria Buffon. Le domestique prit
Ja figue qui restait, et, l'avalant : «J'ai fait
comme cela, ■ dit-il.
Un jeune homme timide, ne sachant com-
ment lier conversation avec une jeune per-
sonne assise devant lui dans un jardin public,
saisit adroitement le moment où un insecte
venait de s'abattre sur son châle , pour lui
dire : « Mademoiselle, je vous préviens que
vous avez une bête derrière vous. — Ah, mon
Dieu ! monsieur, dit la jeune fille en se retour-
nant vivement et comme effrayée ; je ne vous
Quelqu'un mena chez Mme du Deffûnl Vau-
canson, l'inventeur du fameux automate. La
conversation fut extrêmement stérile. Quoi
qu'on tentât pour faire causer le célèbre mé-
canicien, on ne put en obtenir que des mono-
syllabes insignihants. « Que pensez-vous de
ce grand homme? » demanda-t-on à Mme du
Défiant, quand il fut sorti. «Ah! dit-elle, j'en
ai la plus grande idée ; je pense qu'il s'est fait
Un jour, a Berlin, Napoléon faisant la ban-
que au vingt-et-un, avait devant lui un tas
assez considérable de napoléons de 20 fr.,
qu'il prenait à poignée et laissait tomber né-
gligemment sur la table. « N'est-il pas vrai,
dit-il en s'adressant au général Rapp, que les
Prussiens aiment bien ces petits napoléon»? —
Beaucoup plus que le grand, » répondit Rapp,
avec la tranchise d'un militaire, et peut-être
aussi l'esprit d'un courtisan.
Saint Patrice ayant converti un prince païen
d'une tribu irlandaise, lui administra le bap-
tême avec les solennités ordinaires. Le saint
évoque voulant s'appuyer sur son bâton pas-
toral, qui était garni par le bout d'une pointe
de fer, perça le pied du roi, qui souffrit hi dou-
leur saijs se plaindre jusqu'à la fin. Le prélat
ayant su l'accident, en témoignait son afflic-
tion. » J'ai cru, répondit lu prince, que cela
faisait partie de la cérémonie. •
Un jour, deux gentilshommes affamés arrivè-
rent chez un. curé de village. Celui-ci, après
avoir fait mine d'envoyer un de ses domesti-
ques à la cave et l'autre au colombier, prit
son surplis et son bréviaire, en disant aux im-
portuns : « Je suis a vous dans un instant,
messieurs, le temps seulement de réconcilier
avoc Dieu un pauvre pestiféré que j'ai déjà
confessé ce matin. » 11 n'est pas besoin de dire
que M. le curé dîna seul.
Un vétéran de l'armée de Condé montrait
un jour à Martainville, le spirituel journaliste,
an sonnet commençant par ce prétendu vers :
Marie-Thértso dont tes vertus....
ÂNE
» Le début est heureux, dit Martainville, mais
malheureusement Marie-Thérèse ne peut pas
entrer dans un vers. — Monsieur, repartit le
vétéran en colère, vous êtes un mauvais roya-
liste. Apprenez , pour votre gouverne , que
Marie-Thérèse peut entrer partout. »
L'abbé d'Aubignac avait fait jouer Zénobie,
tragédie en prose et en cinq actes. Jamais
pièce n'ennuya plus méthodiquement. Le
prince de Condé en faisait l'observation :
« Pourtant, répondit quelqu'un, la tragédie de
l'abbé est faite selon les règles d'Aristote. —
Soit, répliqua le prince , je sais gré k l'abbé
d'avoir suivi les règles d'Aristote; mais je ne
pardonne pas aux règles d'Aristote de lui avoir
fait faire une si méchante tragédie. »
déjà un cigare. Déconcerté un moment à l'as-
pect de la nouvelle venue, il s'arma de courage
et lui dit : • Madame, estree que l'odeur Su
cigare vous incommode? — Je ne sais pas,
monsieur, répondit la dame avec une sim-
plicité digne, on n'a jamais fumé devant moi. »
Un petit garçon, adoré de sa mère, était
avec elle chez M'"e Geoffrin,oùse trouvait un
homme de la meilleure compagnie. On portait
alors des gants à franges; 1 enfant en prit un
et en donna un soufflet de toutes ses forces
à cet homme respectable. Les graines d'é-
pinards entrèrent dans ses yeux et lui firent
beaucoup de mal. pour toute correction, la
mère s'écrie : « Eh bien, mon fils, toujours de
la main gauche ? « ' .
Le jésuite Adam, prédicateur du xvne siè-
cle, se déchaîna avec un zèle burlesque con-
tre saint Augustin, qu'il appelait l'Africain
échauffé, le docteur bouillant, tandis qu'il
comparait le cardinal Mazarin à saint Jean-
Baptiste , et Anne d'Autriche à la sainte
Vierge. Une femme spirituelle ayant entendu
un jour ce prédicateur, s'écria en sortant du
sermon : ■ Ce discours prouve que ce Père
Adam n'est pas le premier homme du monde!'
Un vieux président, nommé Goussault, était
si dépourvu d'esprit, que sa sottise était de-
venue proverbiale. Se trouvant un jour dans
une société où l'on jouait, et dont Bautru faisait
partie, le célèbre académicien, ayant mal
écarté, s'écria, sans remarquer la présence du
président : « Parbleu I je suis un vrai Goussault.
— Monsieur, vous êtes un sot, lui répondit ce
dernier. — Eh t c'est précisément ce que je
voulais dire, à répliqua Bautru.
Au commencement de la Révolution, Rivarol
se trouvant en société avec M. de Créqui et
quelques autres grands seigneurs, affectait de
répéter à tout propos : Nous avons perdu nos
droits, nous avons perdu notre fortune, etc.
M. de Créqui, impatienté, disait a voix basse :
Nous... nous... « Eh, bien, reprit Rivarol, que
trouvez-vous donc de singulier dans ce mot?
— Parbleul s'écria M. de Créqui, c'est votre
pluriel que je trouve singulier.''
Louis XVIH voulant se remettre à l'étude
de la chimie, pour laquelle il avait du goût, fit
prévenir un' des plus "savants professeurs de
cette époque du désir qu'il éprouvait de sui-
vre ses expériences. Le célèbre praticien
s'empressa de se mettre aux ordres du roij et,
après avoir tout préparé pour sa démonstra-
tion, il commença ainsi la première séance :
« Sire, ces deux corps vont avoir l'honneur
de se combiner devant Votre Majesté. »
La prodigalité du prince de Conti le rédui-
sait quelquefois aux expédients. Un jour, son
écuyer vint lui' dire qu'il n'y avait plus de
fourrage pour son écurie ; il fit vcnii- son in-
tendant, qui s'excusa sur ce qu'il n'y avait
point d argent chez le trésorier, et qu'il ne
trouvait plus de crédit, « Tous les fournis-
seurs le refusent aussi, ajoûta-t-il. excepté
votre rôtisseur. — Eh bien, dit le prince
qu'on donne des poulardes à mes chevaux. » '
Un jeune abbé était aux premières loges
d'un théâtre. Plusieurs cris s'élevèrent du
parterre : » A bas l'abbé ! » Comme les clameurs
redoublaient, l'abbé so leva, et, s.'adressant au
parterre : <i Messieurs, dit-il, depuis qu'on rn'a
voté ma montre en votre compagnie, j'aime
mieux qu'il m'en coûte une place aux premières
loges que de risquer encore de voir disparaître
ma tabatière. » Les huées se changèrent en
applaudissements, et l'abbé reprit sa place.
Piron s'était fait la plus haute idée de la
profession d'homme de lettres. Il ne souffrait
jamais qu'on osât la rabaisser en sa présence.
ANE
347
qui s'arrêtait par politesse ; passez, c'est
poète. — Puisque les qualités sont connues,
repartit Piron , je prends mon rang ; » et il
passa fièrement le premier.
Une dame de province avait écrit à M«"e Cor-
nuel pour la prier de lui chercher un pré-
cepteur. Celui-ci devait être doué de qualités
dont le dénombrement ne finissait pas. M«>° Cor-
nuel répondit spirituellement à sa correspon-
dante : « Madame , j'ai cherché un précepteur
tel que vous me le demandez. Je n ai pas en-
core été assez heureuse pour le rencontrer;
mais je continue activement mes recherches?
et je vous promets que, dès que je l'aurai
trouvé... je répouserai. »
M. de..-, avait le malheur d'adorer sa femme,
qui le détestait. Toutefois, cette antipathie ne
s'exprimait toujours que cérémonieusement,
avec une imperturbable dignité et des manières
très-polies ; Mme de. .. ne se serait pas permis de
tutoyer son mari. « Ah l si du moins, lui disait
un jour l'époux infortuné, vous ne m accabliez
pas de ce langage cérémonienx qui tue le sen-
timent; si vous consentiez à me tutoyer, je
serais le plus heureux des hommes 1 — Eh bien ,
soit, lui dit la dame, va-t'en! »
Par-devant le tribunal de police correction-
nelle d'une ville du Midi', comparaissaient deux
jeunes voleurs qui s'étaient laissé prendre la
main dans le sac. Le gendarme, qui s'enor-
rieillissait de cette capture, était la tout prêt
répondre aux questions du président. « Gen-
darme, quand avez-vous arrêté ces deux in-
dividus?— Z hier, mon président.— Gendarme,
vous venez de résoudre un grand problème, la
postérité s'en souviendra : vous avez trouvé le
moyen de faire un cuir avec un seul motl »
Le fameux Dominique avait l'esprit subtil
et la repartie prompte. Lorsque les comédiens
de la Nation voulurent empêcher les Italiens
de parler français, Louis XIV fit venir devant
lui Baron et Dominique, pour entendre les rai-
sons de part et d'autre. Baron passa le pre-
mier. Quand il eut cessé de plaider, Dominique
dit au roi : « Sire, comment parlerai-je? —
Parte comme tu voudras. — Il ne m'en faut
pas davantage , j'ai gagné ma cause, »
Le chancelier Séguier avait pris l'habit de
chartreux dans sa jeunesse. Comme il était
tourmenté de tentations que la solitude n'a-
mortissait pas, le supérieur lui permit, lors-
qu'il se sentirait pressé, de tinter la cloche du
chœur, afin d'avertir ses frères de se met-
tre en prières peur lui obtenir la victoire sur
le malin esprit. Mais le jeune moine recou-
rut si souvent à cet expédient que le voisinage
fatigué s'en plaignit , et que Ton fut obligé
de lui interdire cet exercice.
Un Arabe, égaré dans le désert, n'avait pas
mangé depuis deux jours, et se voyait menacé
de mourir de faim. En passant près d'un de
ces puits où les caravanes viennent abreuver
leurs chameaux, il voit sur le sable un petit
sac de cuir, il le ramasse et le tâte. « Allah
soit béni 1 dit-il; ce sont, je crois, des dattes
ou des noisettes. » Plein de cette douce espé-
rance, il se hâta d'ouvrir le sac ; mais, à la
vue de ce qu'il contenait : « Hélas l s'écria-t-il
douloureusement, ce ne sont que des perles I »
Un vieux soldat de l'Empire, après avoir
parcouru l'Europe, avait quitté l'épée pour le
rasoir; mais la politique avait toujours un»
place dans le cœur du glorieux barbier. Sa
plus fidèle pratique était l'ancien chirurgien
de son régiment, qui lui dit un beau matin de
1830 : « Eh bien ! Viguel, savez-vous la grande
nouvelle? Les Pays-Bas se sont soulevés. —
Tant mieux, répond l'artiste en brandissant
son cuir, tant mieux 1 ils ne seront plus si sou-
vent inondés. » y
Un jour que l'abbé de Beauvais, qui prêchait
le carême a. la cour , avait tonné fortement
contre les vieillards vicieux qui conservent
encore, au milieu des glaces de l'âge, les feux
impurs de la concupiscence, le roi, en apos-
trophant le duc de Richelieu après le sermon,
lui dit : « Eh bien 1 monsieur le maréchal, il
me semble que le prédicateur a jeté bien des
pierres dans votre jardin? — Oui, sire, répon-
dit le vieux renard, et si fortement, qu'il en
est rejailli jusque dans le parc de Versailles.»
Louis XV visitait les bureaux de la guerre;
il aperçut des lunettes sur une table et les
prit en disant : «Voyons si elles sont bonnes.»
En même temps sa main se porte sur un pa-
pier qui paraissait négligemment laissé sur
cette même table, et qui n'était autre chose
qu'un éloge pompeux du monarque. Après
avoir lu les premières lignes, il rejette l'écrit
et les lunettes, et ajoute en riant : « Elles ne
sont pas meilleures que les miennes; elles gros-
sissent trop les objets. »
Un de nos bons écrivains, auquel la critique
ne reproche guère que la longueur de son
nez, jouait, affligé d'un gros rhume, aux
échecs avec un autre homme de lettres.
Comme force lui était de renifler de temps en
temps nour lutter contre la dilatation inté-
rieure des muqueuses nasales : « Mouchez
donc votre nez, mon chéri lui dit son adver-
saire impatienté. — Mouchez-le vous-même ,
répondit-il gaiement, il est plus près de vous
que de moi. •
Une laitière de Bruxelles a commis un mot
remarquable, qui révèle bien tous les mystères
de son commerce. Elle apporta un matin sa
ration de lait accoutumée à une cuisinière ,
qui demeura stupéfaite en voyant qu'on ne
lut avait servi que de l'eau claire. • Dites
donc, laitière, mais c'est de l'eau que vous
me donnez là!... » La laitière se penche pour
vérifier le fait, et s'écrie avec une brusque
naïveté : « Ahl sapristi! on a oublié d'y met-
tre le lait t >
Lorsque sir Robert Walpole voulait faire
passer son opinion à la Chambre des pairs
d'Angleterre , il avait pour habitude d'in-
viter à dîner les membres dont il voulait s'as-
surer les voix; il leur prodiguait les bens
mets, et surtout les bons vins. Un de ses amis
lui ayant un jour demandé pourquoi il arrosait
si bien le gosier de ses convives : « C'est, ré-
pondit le rusé ministre, afin d'imiter le van-
nier , qui fait tremper l'osier avant de s'en
servir, pour le mieux faire plier. »
_ On disait à l'abbé Terrày, relativement à
l'une de ses opérations financières : « Cela
ressemble fort à prendre l'argent dans les
poches. — Eh 1 où voulez-vous donc que je le
prenne?» répondit-il.
Ceci nous remet en mémoire un trait plai-
sant de Malherbe. Comme on lui reprochait
d'entretenir sans cesse, en bon Normand, des
procès avec des membres de sa famille : <c Eh !
s'écria le poète, avec qui voulez-vous que j'en
aie? Ce nest pas avec les Turcs et les Tar-
tares, qui ne me connaissent point. »
Dans les premières années du g
ment de Juillet, M. de Talleyrand se trouvait à
une soirée, où assistait également le baron de
Ferretti, parent du pape Pie IX, lequel avait
des jambes d'une longueur et d'une maigreur
effrayantes. « Ne trouvez-vous pas, dit le pre-
mier en se penchant à l'oreille d'un de ses
voisins, que M. de Ferretti est l'homme le plus
courageux qu'il y ait aujourd'hui en France?
— Pourquoi cela, monseigneur? — Parce qu'il
n'y a que lui d'assez hardi pour oser marcher
sur de pareilles jambes. »
On raconte que le cardinal M... so trouvant
à causer avec le pape Grégoire XVI dans
l'embrasure d'une fenêtre du Vatican , vit
passer sur la place la princesse B..., dont la
rare beauté faisait alors l'admiration de tous
les Romains, et en particulier de tous les mon-
signori; sur sa gorge découverte était une
croix d'or élincelante : « Sa Sainteté, dit le
cardinal, remarque-t-elle la bella croce (la
belle croix) de la princesse B...? — Epiù bello,
dit le pape,i'2 calvario che la croce » (le calvaire
est encore plus beau que la croix ).
Un matin, un cuirassier alla trouver Horace
Vernet. Le brave garçon voulait se faire tirer
en pied pour s'envoyer au pays ; mais il dési-
rait savoir avant tout ce que cela lui coûterait.
■ Combien veux-tu y mettre? demanda Ho-
race. — Trente sous! — Ça va. » En quelques
coups de crayons il eut bien vite terminé une
charmante esquisse du guerrier, que celui-ci
emporta triomphant, en disant toutefois à un
camarade qui t'attendait a la porte : « J'ai eu
tort de ne pas marchander; il me l'aurait peut
être laissé pour vingt sous. »
Lorsque le consulat fut créé, et son per-
sonnel nommé, M. de Talleyrand proposait k
ceux qui trouvaient trop longue la formule de
citoyen premier consul, citoyen second consul
et citoyen troisième consul , de l'abréger par
ces trois mots latins : hic, h<ec, hoc. M. de
Montrond complétait sa pensée en ajoutant :
« hic pour le masculin, hœc pour le féminin,
hoc pour le neutre, » faisant allusion au rôle
que chacun des personnages, Bonaparte, Cam-
bacérès et Lebrun, devaient jouer dans cette
trinité de pouvoirs.
On rapporte que les députés de la ville de
Troie, chargés d'aller faire un compliment à
l'empereur Tibère sur .la mort de son neveu
Germanicus, mirent si peu d'empressement a
348
ÂNE
remplir leur mission, qu'ils n'arrivèrent à
Rome que plus d'une année après la mort du
ieune prince. L'empereur écouta froidement
les harangueurs phrygiens : « Mes amis, leur
dit-il, je vous remercie de la part que vous
Erenez à ma douleur; et moi aussi je pleure
i perte irréparable que les Troyens ont faite.
— Quelle perte , seigneur? — Celle d'Hector,
votre grand capitaine. »
Une dame, entourée de toute sa famille,
étant un jour au chevet d'une de ses fîlîes
qu'un abcès intérieur mettait en danger de
mort, s'écria dans l'excès de son désespoir :
« Mon Dieu 1 rendez-la moi, et prenez tous mes
autres enfants. > Un homme, qui avait épousé
une sœur de la mourante, s'approcha, et, ti-
rant la mère par Sa manche : « Madame, dit-il,
les gendres en sont-ils? » Le sang-froid avec
lequel il prononça ces paroles fit éclater de rire
tous ceux qui étaient présents ; la malade elle-
même ne put s'empêcher de partager l'hilarité
générale, et l'abcès creva sur le champ.
Un duc de Calabre condamna un jour un
gentilhomme à payer cent florins d'or à une
fille qu'il avait séduite. Elle emporta la somme.
Alors, le gentilhomme, par ordre du duc, la
poursuivit et essaya de reprendre son argent,
mais sans pouvoir réussir. La jeune tille ,
revenant alors sur ses pas, s'en plaignit vi-
,u prince, qui lui dit: «Si
apporté
que pour défendis .u„^,
oz pas perdu. Restituez c
i pour les pauvres , et
Lulli avait les mouvements très-impétueux.
Un jour, en battant la mesure avec sa canne,
il se fit au pied une blessure qu'il refusa da
soigner, et qui s'aggrava au point de devenir
mortelle. Désespérant de revenir à la vie , il
prit pour confesseur un casuiste très-sévère,
qui commença par exiger le sacrifice d'un
opéra que Lulli allait bientôt mettre en répé-
tition. Au moment où le confesseur jetait
l'opéra au feu, le fils de Lulli se désolait de la
perte de ce chef-d'œuvre, t Tais-toi, lui dit
tout bas l'illustre compositeur, Colasse en a
une copie. » Et il expira peu de temps après.
Un poète , plus riche d'imagination que
d'argent, entendit un voleur qui pénétrait au
milieu de la nuit dans sa chambre a coucher.
11 se tait, tandis que le survenant force le
secrétaire, cherche dans l'obscurité, ouvre
tous les tiroirs et ne trouve que des papiers.
Le poète part tout à coup d'un éclat de rire,
en se figurant .sans doute sa déconvenue.
« Qu'avez-vous donc à rire ainsi? dit le quidam
presque en colère. — Imbécile, je ris de ce
que tu cherches, à minuit, dans mon secrétaire
une chose que je ne pourrais pas y trouver à
!, parce' qu'ils se refusent systémati-
quement à s'ouvrir et non moins systématique-
ment à se fermer. Naturellement, ce meuble
progressif ne fonctionnait pas, ou fonctionnait
si mal, que l'acquéreur dut le reporter au mar-
chand et se plaindre de l'inutilité de l'achat."
■ Cela est vrai, dit l'industriel essayant vaine-
ment de faire jouer les ressorts, ce parapluie
ne va pas, mais ce doit être votre faute. — Com-
ment cela ? — C'est l'humidité qui en est cause ;
il aura été mouillé. ■
M. de Garneran, premier président du par-
lement de Trévoux, était un magistrat savant,
intégre, éclairé, mais vif, impatient, emporté
même, quand il éprouvait la plus légère con-
tradiction. Se trouvant à une assemblée pu-
blique de l'académie de Lyon , dont il était
membre, il annonça qu'il allait lire un discours
sur la modération. On fit le plus grand silence
et il commença ainsi : « Messieurs, la modéra-
tion... Fermez cette porte... Messieurs, la mo-
dération est une... Voulez-vous bien fermer
cette porte... Messieurs ,- la modération est
une vertu... Sacrebleu, fermerez-vous cette
porte? »
Henri IV , voulant faire connaître en un
instant le caractère de ses différents ministres
à un ambassadeur étranger, les fit venir suc-
cessivement l'un après l'autre et leur dit :
« Voilà une poutre qui menace ruine. • Ville-
roi, sans même lever les yeux, conseilla de la
faire changer sur-ie-champ. Jeannin , après
avoir regardé avec attention, avoua qu'il n'en
apercevait pas le vice , mais que pour ne rien
risquer, il croyait prudent de la faire voir aux
gens du métier. Sully vint ensuite, qui, con-
sulté à son tour, répondit brusquement. : « Sire,
qui a pu vous donner cette terreur? cette
poutre durera plus que vous et moi. »
« Sergent , qu'est-ce que c'est que cette
graisse, qui est dans des terrines jaunes chez
le marchand de comestibles ? — De la graisse,
ANE
simplet! C'est du pâté de foie gras, tout ce
qu'il y a de plus délectable ; ça coûte 27 francs
la demi-livre, sans les truffes. — Oh! et avec
les truffes? — Au poids de l'or. — Que vous
en avez mangé, vous, sergent? — Approxi-
mativement. — Je ne sais pas ce que ça veut
dire. — Ça veut dire que je n'en ai pas mangé
personnellement moi-même , mais j'avais dans
les temps un camarade de lit, qui avait un pays
qui était brosseur d'un capitaine qui en man-
geait très-souvent. »
La Judith de l'abbé Boyer eut, pendant
un carême entier, beaucoup d'applaudisse-
ments. L'auteur l'ayant fait imprimer aux
vacances de Pâques, elle fut sifflée à la ren-
trée. L'actrice Champmeslé , étonnée d'en-
tendre une pareille symphonie, à laquelle ses
oreilles étaient si peu accoutumées, s'avança
sur le bord du théâtre, et dit au parterre :
« Messieurs , nous sommes surpris que vous
receviez aujourd'hui si mal une pièce que vous
avez applaudie pendant le Carême. > Au même
instant, une voix perçante cria du milieu du
parterre : « C'est que les sifflets étaient à Ver-
sailles, aux sermons de l'abbé Boileau. »
A une exposition des beaux-arts, David se
trouvait par hasard confondu dans la foule,
qui admirait une.de ses meilleures toiles. Il
remarque un homme dont le costume annon-
çait un cocher de fiacre et dont l'attitude indi-
quait le dédain. « Je vois que ce tab'.eau ne
vous plaît pas, lui dit le grand artiste. — Ma
foi, non, — C'est pourtant un de ceux devant
lesquels tout le monde s'arrête. — N'y a pas
de quoi. Voyez cet ignorant de peintre, qu'a
fait un cheval dont la bouche est toute cou-
verte d'écume, et qui, pourtant, n'a pas de
mors. > David se tut ; mais, dès que le salon
fut fermé, il effaça l'écume.
Quelques personnes se souviennent peut-
être de ce comité des recherches qui fut établi
à Paris vers la fin de 1"89. Deux individus
traversaient une rue à peu près à cette épooue :
l'un d'eux fut- éclaboussé de la tête aux pieds
par un chiffonnier qui venait de ramasser un
vieux torchon au milieu da ruisseau, et qui, à
l'aide de son crochet, l'avait jeté dans sa hotte.
Le particulier, dont l'habit se trouvait gâté
par l'eau fangeuse qui. imprégnait le torchon,
leva la canne et allait corriger le chiffonnier
de sa maladresse, lorsque son compagnon le
retint en lui disant : « prends garde à ce que
tu vas faire ; ne vois-tu pas que ce monsieur
est membre du comité des recherches? »
Une dame de Provence disait qu'elle n'ai-
mait pas les hommes de belle taille, qu'elle
aurait plus de goût pour un homme d'une taille
un peu au-dessous de la médiocre. Un homme
fort grand, qui était présent à ce discours, en
fut piqué, et s'en vengea en rendant des soins
à cette dame. Les mêmes discours continuèrent
longtemps de la part de la dame , et les soins
furent redoublés de la part du cavalier. Un
jour qu'il la trouva seule, après quelques dis-
cours généraux, la conversation tomba, et la
dame parut rêveuse. Le cavalier lui demanda
poliment à quoi elle rêvait. « Songi, lui dit-elle
en provençal, que vous fé tous les jours plus
pichon {plus petit). »
Charles XII, roi de Suède, perdit un jour,
dans l'ivresse, le respect qu'il devait à la reine,
son aïeule ; elle se retira, pénétrée de douleur,
dans son appartement. Le lendemain, comme
elle ne paraissait pas, le roi en demanda la
cause; on la lui dit. Alors il fit remplir un
verre et alla trouver cette princesse. • Ma-
dame, lui dit-il, j'ai appris qu hier, dans le vin,
je me suis oublié à votre égard ; je viens vous
en demander pardon ; et afin que je ne tombe
plus dans cette laute, je bois ce verre à votre
santé : ce sera le dernier de ma vie. « Il tint
parole, et, depuis ce jour jusqu'à sa. mort,
ce prince, dont toute la carrière montra une
trempe de caractère peu commune, ne but
jamais que de l'eau.
Dans une expédition que les Français exécu-
taient dans le nord de l'Amérique, un officier fut
fait prisonnier par un sauvage, qui lui enleva sa
montre. Le Français ayant été conduit devant
le chef des Peaux-Rouges, le pria de lui faire
rendre le bijou qu'on lui avait dérobé et auquel
il tenait beaucoup , parce que c'était un sou-
venir de famille, offrant de dédommager am-
plement celui qui l'avait en sa possession. Le
sauvage fut appelé, et son chef lui ayant fait
connaître la demande du Français, il tira la
montre de sa poche et la donna d'un air insou-
ciant, en disant : « Je n'y tiens plus : la bête
est morte- ■ En effet, la montre que le mon-
tagnard prenait pour un être animé avait cessé
son tic-tac, faute d'être remontée.
Un riche savant étranger commanda un jour
à un peintre une série de tableaux représen-
tant les costumes des diverses nations. Après
en avoir reçu plusieurs, dont il fut très-con-
ANE
tent, l'artiste lui en apporta un qui représen-
tait un homme en chemise, avec une pièce de
drap sous chaque bras et une paire de ciseaux
à la main. • Que veut dire cela? demanda le
savant ; j'attendais le tableau du costume fran-
çais.—C'est aussi celui-là que je vous apporte ;
mais comme les Français changent tous les
jours de mode, j'ai donné à mon modèle du
drap et des ciseaux pour qu'il se taille lui-même
son habit à sa fantaisie chaque fois qu'il le
voudra. » L'étranger trouva la plaisanterie
assez bonne pour prendre et payer le tableau.
Un grave magistrat réunit un jour à sa table
quelques amis; son fils, jeune enfant-de six
ans, s'apprêtait à s'asseoir près de lui : « Que
fais-tu la? lui dit le père, tu n'as pas encore
la barbe assez longue pour dîner avec nous ;
retire-toi bien vite. » L'enfantseretiratoutcon-
fusets'en alla conter sa peine à sa mère. Celle-
ci, pour le consoler, lui fit dresser une petite
table sur laquelle elle eut soin de faire servir
force gâteaux et confitures. Pendant que l'en-
fant mangeait, un vieux chat, commensal ha-
bituel du logis, osa porter sur le petit dîner
une patte audacieuse. Indigné d'une telle fami-
liarité, l'enfant frappa avec, sa fourchette la
tête de l'insolent et lui dit : « Va-t'en, va-t'en
manger avecpapa; tabarbe est assez longue.»
Un maréchal ferrant ayant été condamné à
être pendu pour assassinat, les habitants du
village se rendirent auprès du juge , qu'ils
supplièrent de ne le point faire mourir, parce
qu'il était le seul maréchal ferrant du pays, et
que désormais ils ne sauraient à qui s'adresser
pour ferrer leurs chevaux et pour leur fabri-
quer des instruments d'agriculture. Comme le
juge leur faisait observer qu'un si grand crime
ne pouvait rester impuni et que la justi.e
devait être satisfaite. « Eh bien , monsieur,
reprirent-ils naïvement, nous avons deux tis-
serands dans le village, et un seul suffirait
assurément. Faites pendre celui des deux qui
vous plaira, à la place de notre maréchal fer-
rant, et la justice aura ainsi son compte. »
iplé
aveugle, avait contracté l'habitude de recon-
naître ses amis en leur palpant le visage , et
elle attachait une certaine coquetterie à l'in-
faillibilité qu'elle apportait d'ordinaire dans ces
sortes d'occasions. Gibbon, de passage à Paris,
demanda à lui être présenté. Or, l'illustre
historien anglais était affligé d'une obésité qui
s'était développée principalement sur le visage.
Ses joues avaient acquis une telle ampleur,
que le nez s'était trouvé complètement enfoui,
et que la saillie avait été remplacée par une
sorte de sillon. A peine Mme du Deffant eût-elle
commencé à palper la figure du nouveau pré-
senté, que «e reculant précipitamment, elle
s'écria, rouge de colère : « Voilà une infâme
plaisanterie. »
« La belle chose que la probité I disait un
épicier à sa femme, un soir après la clôture,
de la boutique ; jamais nous n avons retardé
un effet d'une minute ; aussi avons-nous le
crédit le plus étendu , la réputation la mieux
fondée. A propos, Marie, avez-vous mis de
l'eau dans le tabac? — Oui, monsieur. — De
la terre dans le sel? — Oui, monsieur. — Du
poivre dans l'eau-de-vie? — Oui, monsieur.
— De la chicorée dans le café moulu? — Oui,
monsieur. — De la poudre de buis dans lo
poivre? — Oui, monsieur. — De la graisse de
mouton dans le beurre salé? — Oui, monsieur.
— Je crois que c'est là tout. Venez faire avec
ANE
nant alors la précaution de se lever, il joua le
coup décisif, tandis que, par un bond rapide, il
se réfugiait à l'autre extrémité de la chambre,
au milieu des éclats de rire de'tous ceux qui
prenaient part à une scène si singulière.
Dans une communauté où l'on r
un chien pour la garde de la maison, tous les
religieux qui arrivaient après l'fcsure du repas
devaient tirer une petite sonnette; le frère
chargé des fonctions culinaires leur passait
alors leur portion au moyen du tour. Le chien,
qui observait souvent le jeûne plus rigou-
reusement que personne, bien que la régie ne
sonne, et aussitôt un morceau appétissant lui
est servi. Heureux s'il avait su se renfermer
dans de justes limites! Mais ii tira si souvent
le cordon, que le cuisinier s'avisa un jour de
regarder quel était le retardataire. Peu s'en
fallut qu'il ne criât au miracle. On mit remède
à la chose; mais les religieux, charmés de l'in-
stinct de leur gardien, se plurent depuis à l'en-
tretenir dans l'abondance. •
«' Faites
merles, dit
La dispute
nt abattre
Un aumônier de régiment était fort aimé du
roi, qui se divertissait à le. plaisanter. Un jour,
il le rencontra et lui demanda d'où ii venait.
« De voir un malade , .répondit l'aumônier.
— Ah! mon ami, lui dit le roi, faites-moi le
plaisir d'aller voir aussi mon cheval, qui est
malade. — Volontiers, répondit le prêtre. » En
effet, il alla à l'écurie , demanda à voir le
cheval que montait ordinairement le roi,
l'examina et donna des conseils à l'écuyer
pour le traitement. Après cela, il présenta à
la caisse des écuries un mémoire ou il deman-
dait cent écus pour une visite faite à la mon-
ture de Sa Majesté, et des conseils donnés sur
sa maladie. Le caissier envoie le mémoire au
roi, qui dit, en fronçant le sourcil r » Bon pour
cette fois; mais, dorénavant, je le dispense de
Un gentilhomme portugais avait ramené
des Indes un singe de la plus remarquable
intelligence. Entre autres gentillesses, il lui
avait appris à jouer aux échecs, et si bien, que
le disciple battait souvent le maître. Celui-ci
ayant un jour invité quelques amis à ce diver-
tissement, le singe joua avec une telle habileté
qu'il fit le gentilhomme échec et mat. Le Por-
tugais, dépité, frappa à la tête son partenaire,
cuire ces grives pour notre
la femme. — Que si. — Que
s'échauffa si bien, que le m:
sa moitié d'importance. L'année suivante ,
celle-ci se rappelant ce qui s'était passé, dit à
son mari : « Il y a aujourd'hui un an , vous
m'avez frappée bien injustement à cause de
ces merles que vous aviez achetés pour mon
malheur.- — Mais c'étaient des grives. — C'é-
taient des merles. • Même dispute, même dé-
noùment. Cela dura ainsi huit ou dix années,
la femme s'.obstinant à rappeler les merles à
époque fixe, et le mari s'opiniâtrant à battre sa
femme pour lui prouver que c'étaient des gri-
ves. Il mourut, et sa veuve put enfin dire
impunément qu'elle avait mangé des merles.
Roger de Bellegarde, un des mignons de
Henri III, avait été envoyé avec une forte.
armée contre les religionnaires du Dauphiné.
Mais comme ce général n'avait jusqu'alors
fait la guerre que dans les ruelles, il manquait
de la bravoure et de l'habileté nécessaires pour
une pareille expédition. Cependant, animé par
les conseils ou plutôt par les cris de ses offi-
ciers subalternes, il osa attaquer Livron,
petite place qui n'était défendue que par ses
habitants; mais il fut repoussé à trois assauts
consécutifs. Un nouvel assaut fut ordonné
pour le lendemain. Les femmes de la ville
ayant appris cette résolution, firent retirer
tous les nommes pendant la nuit. Le lende-
main, au point du jour, quand Bellegarde et
son armée arrivèrent au pied des murs pour
planter les échelles, ils aperçurent toutes les
dames assises sur le haut des remparts, où elles
filaient tranquillement leurs quenouilles. Bel-
] legarde, confus, se retira. C'est ce qu'il avait
A une représentation du théâtre de Lille,
le public avait témoigné à plusieurs re-
prises , par des murmures, le peu de plaisir
, que lui causait un jeune débutant que le
, directeur voulait lui faire accepter. Enfin,
| au beau milieu d'une scène qui demandait du
i pathétique, et où l'acteur ne fut que ridicule,
; un violent coup de sifflet partit d'un coin
1 obscur de la saiie, où bientôt régna une con-
fusion extrême. L agent de police chargé de
maintenir l'ordre et de protéger les débuts du
jeune acteur, veut imposer silence. « On ne
vient pas au théâtre pour siffler, » s'écrie-t-il.
• C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant, •
lui répond une voix du parterre, a Qui a dit
cela? qui a dit cela? répond l'agent tout en
colère. — C'est Boileau, dit une autre voix.
— Eh bien , reprend l'agent, que l'on arrête
Boileau et qu'il soit mis à la porte de la salle I «
Ce furent alors des éclats de rire, des trépi-
gnements universels. » Oui , oui , arrêtez Boi-
le toutes parts. Après
recommença la partie. Toutefois , il
pas plus heureux. Le singe n'avait plus qu'
fut
tacle possible, et le rideau baissa.
Frédéric II, roi de Prusse, aimait beaucoup
les enfants, et permettait que les fils du prince
royal entrassent chez lui à toute heure. Un
jour qu'il travaillait dans son cabinet, l'aîné
de ces princes jouait au volant autour de lui.
Le volant tomba sur la table du roi, qui le prit,
le jeta à l'enfant et se remit à écrire. Le petit
prince continue son jeu et le volant tombe
encore sur la table; le roi le rejette encore,
regarde d'un air sévère le petit joueur , "qui
promet que cela n'arrivera plus. Enfin, pour
fa troisième fois, le volant vient tomber jusque
sur !e papier sur lequel Frédéric écrivait.
Alors le roi prit le volant et le mit dans sa.
poche. Le petit prince demande humblement"
pardon, et prie qu'on lui rende son volant. Le
roi le refuse; il redouble ses instances, on ne
l'écoute point. Enfin, las de prier, le petit prince
ANE
s'avance fièrement vers le i
poings sur ses côtés et dit d'
net ses deux
Je demande à Votre Majfcstt
rendre mon volant, oui ou non : • i_,t: rm se
mit à rire, et, tirant le volant de sa poche, il le
fui rendit en disant : «Tu es un brave garçon,
ils ne te reprendront pas la Silésie. »
A la quatrième représentation A'flcrnani,
deux amis descendaient l'escalier du Théâ-
tre-Français, causant de l'œuvre nouvelle.
Un tiers survint : « Comment trouvez-vous la
pièce? lui demanda-t-on. — Admirable; mais
l'ai cependant remarqué quelque chose dont
les journaux, dans leurs critiques, n'ont pas
dit un seul mot. — Qu'est-ce donc? — Il faut
d'abord que vous sachiez que j'ai vu les trois
représentations précédentes. — Nous aussi.
— Ah ! vraiment ; et vous n'avez pas remar-
qué?... — 11 y a tant à remarquer. — Oui,
irais cela est choquant au dernier point, et doit
sauter aux yeux de tous ceux qui ont vu deux
fois la pièce. — Eh bien , parlez donc vite.
— Vous savez qu'au quatrième acte il y a une
scène de conspiration ; on tire au sort pour
savoir qui des conjurés tuera Charles-Quint?
— Oui. — A la première représentation ; le
nom d'Hernani est sorti, c'est très-bien ; j'as-
siste à la deuxième , il sort aussi ; oh ! oh I
voilà qui commence à m'étonner; j'assiste à
la troisième , il sort encore. Pour le coup ,
voilà qui est trop fort! Une fois, deux fois
même, cela passe ; mais trois fois, c'est impos-
sible : le hasard n'est pas si malin. »
Dans un village de Normandie, un cabare-
tier avait une pie des plus babillardes. Ce caba-
retier ayant dit un soir à sa femme que leur
cidre était éventé, Margot retint la leçon, et,
le lendemain , perchée sur le devant d'une
fenêtre, elle ne manqua pas de crier à tous
ceux qui approchaient : « Le cidre est éventé I
le cidre est éventé ! » tant et si bien que pas
un buveur ne se présenta. Comme l'hôte, sur-
pris de cette solitude inaccoutumée, se tenait
le soir sur le seuil de sa porte, il vit venir à
- lui une jeune fille avec un broc , mais la pie
ayant crié aussitôt : « Le cidre est éventé ! »
la jeune fille retourna sur ses pas- Le mystère
était éclairci. Notre homme, furieux, prend
l'oiseau bavard et le plonge à cinq ou six
:s dans un baquet d'eau glacée. Il faisait
s-froid; la pauvre Margot n'eut rien de
plus pressé ensuite que de se réfugier derrière
le poêle, pour y sécher ses plumes trempées,
Quelques instants après, on amena vers elle
un petit veau qui venait de naître, afin de le
réehauifer. Le voyant tout mouillé et tremblo-
tant, la pie se retourna vers lui en disant :
• Jean veau, est-ce que tu as crié : Le cidre
est éventé?»
ANE
ainsi pendant quelque temps; mais enfin les
auditeurs, ou plutôt les spectateurs, ne pou-
vant plus maîtriser leur hilarité, partirent de
grands éclats de rire, au milieu desquels ils
apprirent à Le Brigant que son interlocuteur
était un sauvage do la rue Saint-Marceau,
i N'importe, s'écria notre savant sans se dé-
"'--, celtiea negata, riegatwr orbis. »
Un ventriloque, nommé Saint-Gilles, se pro-
menait un jour dans la forêt de Saint-Germain
avec un vieux militaire qui marchait toujours
tête levée et avec de grands écarts de poitrine,
parlait et il ne fallait parler avec lui que
î garnisons et de
rimer un peu cette
_.r toujours de Son
i de lui servir un
très-fr
de batailles, de marches
combats singuliers. Pour ré]
fureur assommante de pari
métier, Saint-Gilles
plat de sa façon.
Arrivés à un endroit assez découvert de la
forêt, notre militaire crut entendre qu'on lui
criaitdu haut d'un arbre : *On ne sait pas tou-
jours se servir de l'épée qu'on porte. — Qui est
cet impertinent? dit aussitôt le vieux militaire.-
— C'est apparemment, lui dit Saint-Gilles,
quelque pâtre qui déniche des oiseaux. — C'est
un drôle, répliqua le premier, en fronçant le
sourcil. — ■ Approche , dit la voix qui semblait
descendre le. long de l'arbre: tu as peur?i
— Oh ! pour cela, non, dit le militaire en enfon-
çant son chapeau sur sa tète et en se disposant
à l'attaque. — Qu'allez-vous faire? lui dit
Saint-Gilles en le retenant; on se moquera de
vous. — « La bonne contenance n'est pas tou-
jours un signe de courage, ■ continua la voix,
toujours en descendant. — Ce n'est pas là un
pâtre, lui dit Saint-Gilles. — Je le ferai bientôt
repentir de ses impertinences, reprit le mi-
litaire. — « Témoin Hector fuyant devant
Achille, i cria la voix du' bas de l'arbre.
Aussitôt le militaire, tirant son épée, la
plonge à bras raccourci dans un buisson qui
se trouvait au pied de l'arbre, et il en sort...
un lapin qui se met à courir à toutes jambes.
«Voilà Hector, lui dit Saint-Gilles, et vous
êtes Achille. » Cette plaisanterie désarma et
fondit le vieux militaire. C'est que rien ne
corrige mieux qu'une ridicule action.
Des chiens, il belles dents, se disputaient des os.
• Mon Dieu ! dit une femme , en quel siècle nous
11 est tout perverti ! Ces vilains animaux [sommes !
Sont aussi méchants que les hommes. •"
Un moribond, d'un ton plein d'an
Interrogeait sa dolente moitié :
■ Sincèrement, Marton, daigne m
Si ta vertu n'a point fait de faux
Il t'aimait bien, notre voisin Lucas!
On donnait, sous le règne de Louis XVI, à
l'occasion du baptême du dauphin, un bal h
Versailles. Un buffet immense était chargé
d'une collation magnifique. Quelque animation
et quelque entrain qu'il y eût dans le bal ; on
ne tarda pas fe remarquer un masqua d une
taille élevée, d'une forte carrure et couvert
d'un domino jaune, qui, pour la troisième ou
quatrième fois abordant le buffet, paraissait
doué d'un appétit de Gargantua et d'une soif
à l'avenant. Mais la surprise augmenta lors-
qu'un instant après, le même domino iaune
reparut et recommença à manger de plus belle ;
puis il revint encore, à plusieurs reprises, se
placer devant le buffet, ou il officiait d'une
façon redoutable pour les assistants. On se
demandait : Quel est donc ce masque b. l'ap-
pétit si prodigieux? C'est un véritable phéno-
mène. Enfin, quelqu'un le suivit, et vint ap-
prendre à la société que les cent-suisses, de
farde au château, endossaient tour à tour le
omino jaune, afin de participer également
aux joies delà collation. La reine, instruite de
cette plaisante mascarade , en rit beaucoup,
et recommanda aux ordonnateurs du bal de
fermer les yeux sur cette escapade, et de
veiller à ce que le buffet fût toujours suffisam-
ment garni.
Le fameux linguiste Le Brigant prétendait
que lo celtique a donné naissance à toutes
les autres langues de l'univers, et il se vantait
de pouvoir conférer, au moyen de son patois
de la basse Bretagne, avec un indigène de
quelque partie du globe que ce fût. Un jour
quelques-uns de ses amis vinrent lui annoncer
qu'un navire marchand avait amené en France
un naturel de je ne sais quelle Ile de l'Océanie,
et que ce naturel était à Paris. « Nous l'avons
vu, ajoutèrent-ils, mais la langue dont il se
sert est tellement différente de toutes celles
que nous connaissons, qu'il nous a été impos-
sible de comprendre un seul mot de toutes ses
réponses. — Amenez-le-moi, dit Le Brigantd'un
ton assuré; vous verrez que nous pourrons
nous entretenir ensemble aussi bien que vous
.. et moi. ■ Dès le lendemain l'insulaire fut pré-
senté à Le Brigant. Il débuta par de nom-
breux salamalecs, après quoi il prononça quel-
ques«paroles inintelligibles pour tous les as-
sistants, excepté toutefois pour le savant
breton. « Il me présente ses respects, dit-il, et
me demande comment je me porte. » Lo Bri-
, gant ne fit point attendre sa réponse, dans une
langue tout à fait aussi inintelligible qu'avait
été-faite la demande, et le colloque continua
? Dans i
— Mais, cher époux, si
Les nôtres toujours languiss
le pouvant souffrir
irt de qualité, je lu
e fâcheux voisinage.
de m'approcher ains
1 d'une arrogance c:
is ailleurs, coquin ta
Qui ne sut onc prose ni mètres,
Vit sur la carte, en grandes lettres,
Bien imprimé : Le Pont-Euxiti.
• Un pont sur mer, c'est du mécompte;
On n'y doit pas monter souvent.
Peut-on nous bercer d'un tel conte !
— Quoi 1 dit Biaise d'un ton savant,
c Mars vaquant au doux m
Smit... mais le couple Cripoi
railler : - Eh bien! notre £
Qu'il s'agit de veille
au salut de l'empire,
e zele, e
t prendre
Sur les dest
peuples conq
Agiter avec
la guerre :
Vainsprojut
•avez qu'à vou
11 s'agit d'u
i turbot
daiïneï
Jeliberer
lie on doi
le préparer.
Le sénat mi
îx cette affaire importan
Et le turbo
fut mis
a la sauct
piquante.
LES TR
tlSTB!
« Enfin Mostaganem et Blidah sont a nous;
Peuz à peut, le Bédouin tombera sous nos coups, ■
Disait un vieux troupier, connu par son courage.
Son camarade, affectant l'érudit :
■ T'es dans l'erreur, mon brave, à l'endroit du langage.
Ce n'est pas peuz à peuz, c'est peut d peut qu'on dit.
— Que non. — Que si. — T'as tort. — Raison sans con-
— Voici le caporal, tiens, prenons-le pour juge, [tredit.
Et que la palme reste a qui sa voix l'adjuge. .
L'autre arrive : • Cessez de grâce vos débats;
Votre science est trop mal inspirée.
Moi, j'ai tant lu Don Quichotte et Gil-Blas!...
Dites donc : peuh d peuh, car Vh est aspirée. ■
Latet, chanoine honoraire.
Qu'a c<
ANE
a vois qui s'arrête; elle sonn
D'un alchimiste, son voisii
Or, le savant, d'humeur at
Ouvre, lui sourit, et déjà
• Monsieur, voulez-vous b
-efeuî
.. Mais,
[m<
- Volontiers,
Attendez qu'on vous cherche .
Monsieur, ne oougez pas : je l'emporterai bien, [rie
Là, sur ma main.— Comment, que dites-vous, ma bel!
Sur votre main!... • A peina il avait achevé,
Que, prompt et prompt, mademoiselle
Vous fait, en moins de temps qu'on ne dit un ave
Dans lo creux do sa main un petit lit de cendre,
Sur lequel aussitôt d'étendre
Sa braise ardente, et zest! avec un ris moqueur,
Elle ti
■ Bon D
le docteur,
irdem
Avec des héritiers,
. Pardon, mes bons
- Plus haut,
Gros-Jean, de ce pi
S'approche, et, grossi
Répète bien plus fort
. Monsieur Denyï
Notre tabellion, que
Gras-Jean croyar
Auprès du garde-noti
répond l'homme d'affaire.
! — Plus haut, • répond et!
LIS PAYSAN, LE SEIGNEUR ET SO;
SINGK.
De quelques fruits de la primeur,
Un paysan à son seigneur
Se disposait a faire hommage.
Dans la cour de l'hôtel, comme un joli monsicui
Debout sur ses deux pieds, fait a ce bndinage,
En justaucorps, chapeau sur tète,
Se carrait d'un air de conquête.
Arrivé, le manant va poser dans un coin,
Mon gourma
dan
mal tourne autour du dernier.
Tr
vaille, écarte.
ouille, et gruge sans quartier.
Thomas riait
■ Grand bien, lui disait-il, vous fasse
Unsau
Est la
épon
se de Bertrand.
te à l'appartement
Du seis
°u„r
et dans sa cervelle
bout de compliment.
Le
seigneur 1
aperçoit; il était accueillant.
r,Th
-Ah! m
neur, n* faut point -Ï rem anime-
Vous mé
-Ces
otre petit jardin.
Gn'avaii
,-sans faire ici le fin,
Des fi g
uesq
ue j'amons rangées,
M
is monsie
re fils, tù-bas, les a mangées. .
Guichakd.
PETITE PILLE f
Où va-t-elle de grand matin?
Que chose vt
Moi qui, depuis trente a
Médite, spécule, étudie,
oi, docteur en Sorbonhe, à c
Zenon dit vrai : le plus sage n'est guères
Les choses les plus vulgaires. •
Ces jours passés, chez i
Damis vantait un "écho
neuf ou dix fois? — Tarare!
— Plus rare... ? — Oh ! oui. — Parbleu
Car, dès demain, sans faute, nous iroi
— J'y compte ; soit, demain, et point d'i
La marquis sort, méditant quelque rui
Rentre a l'hôtel, et demande Snncho,
Son vieux laquais. ■ Tu pas!
le fallait,
- Oui-dit, m
cho?
>!jey
i répéter ho!
ït plus facile
— Ecoute donc l'ordre que _
Demain matin nous irons au château ;
Dans un bosquet, près de la pièce d'éau,
. Va te cacher, sans rien dire a personne;
Lu, par degrés affaiblissant ta voix,
Comme, un écho, répète trente fois
Ce que 'viendra te crier l'un ou l'autre.
- Suffit, monsieur, vous serez satisfait;
J'entends cela mieux que ma patenotre. •
i, placé dans un bosquet.
•eille e
te lace
it lo gue
Qu'un tel écho. — Vous l'entendrez. — Chansons !
J'aurai bientôt dissipé vos soupçons.
Nous y voici, madame; commençons :
A mon écho parlez donc la première ;
Mais songez bien qu'il faut enfler vos sons,
Et les ennVr d'une bonne manière.
— A vous, marquis; pour cette épreuve-là,
Les grosses voix Eont toujours les meilleures. ■
Lors le marquis de crier : ■ Es-tu là? ■
L'écho répond : . J'y suis depuiB deux heures. •
Pons de Verdun.
A
e'faTser
t-^sttZX,
ur suprême !
Bi
n 'ÏÏÏÏ
Z'd«n«tout"'
nos gens, [gents,
nous montrer indul-
El
Puisqu'on
dépit du t
r Bonnaud tout le premjer,
lent pense de même,
jur quliier lui flt son cuisinier.
En rentrant de la chasse, il va
. Eh ! Jean ! — Monsieur 7 — Tu
Ces trois lapins? prends-les; me
vois dans mon carnier
s-les dans un panier ;
Comme tu vois, ils ont fort bonne mine.
Dispose-toi sur-le-champ à partir...
Ah !... je te charge aussi de lui remettre.
Avec les trois lapins, ce petit mot de lettre ;
Tu m'entends? — Oui, monsieur. — Avant la fin du
Tu peux, je crois, être ici de retour; [jour.
N'est-il pas vrai ? — Monsieur, la course est un peu
[forte,
Les chemins sont mauvais, le paquet lourd :n'import(
Je vas me dépécher...— Ah! ah' je te comprends.
Tu voudrais boire un coup! Tiens, voila de quoi
[prend
Surtout, soiB sobre, Jean! — Monsieur, soyez tran-
Vous savez bien d'ailleurs que jamais ma raison
N'a chancelé ; chacun dans la maison
Me rend justice. Et puis tout me semble facile
- Tu V(
... Tu m
Ès-honnête garçon,
Veut que sur ce chemin je n'en rencontre pas...
Mais quel est ce bouchon de si belle tournure?
Je connais cette auberge : entrons-y de ce pas ;
Je vais me reposer, et casser une croûte.
Mon maître m'a permis de boire un coup en route ;
Mais je ne boirai pas sans manger; c'çft tout clair.
J'ai de l'argent ; le vin n'est pas trop cher :
Je vais me régaler. Mettons-nous en dépense...
Oui! mais l'auberge du Bel-Air
N'est pas trop bien fournie; on a maigre pitance
Pour son argent... Eh! parbleu ! quand j'y pense,
Je suis bien sot, ma foi! j'ai là de quoi manger!
Je porte trois lapins : pourquoi les ménager î
L'ami, si j'en mange un, en aura deux de reste :
C'est bien assez, deux iapins... Malepeste'....
Et d'ailleurs mon panier en sera' plus loger ;
parait bien suffisante...
as!... Holà! garçon! servante!
' Apportez-moi de suite un broc du meilleur vin
Qu'on le mette a la broche, et qu'on se diligente !
Je suis pressé, je meurs et de soif et de fa'
Cette se
La fille, le valet, la
Tout, enfin, dans l'auberge est sens dessus dessous
Pour le lapin. — Tandis qu'on le prépare,
Voyez ce que c'est que de nous !
Du cœur de Jean un scrupule s'empare :
• Comme bientôt notre raison s'égare, .
En bravant son devoir satisfaire son goût!
L'ombre de ce lapin va inc suivre partout !... [croche.
Mais d'un autre coté, j'entends tourner la broche;
11 f
u diable le
i j'aille j
le-fete :
Pendant ce temps sur la table on apprête'
Nappe, pain, broc, couvert et caetera;
Et puis après on apporte la bête...
Bien que gourmand , Jean craint d'arriver tard,
n hâte, il mange, boit, se lève, paye et part,
u but de son voyage.
II pos.
es donc
Ji dit l'<
— Les
Trois lapins. — Oui, monsieur, trois lapins. — C'est
[au mieux,
Mais dans votre panier, moi, je n'en vois que deux...
• - - ns. — Eh bien! par cette lettre
-Oui, m
x lapins
Vous m'apportez deux lapins a cette h
— Oui, monsieur,' deux lapins. — Il m'en faut, au total
Trois, vous di's-je. — Oui , monsieur, trois lapins. -
Si j'ai vu de ma vie un tel original '. [Que je meuri
Ecoutez-moi, mon cher, avec vous je m'explique
Très-clairement, je crois...
Voici bien deux lapins ; le fait est sans réplique.
" ' r, deux lapins. — Eh bien! il m'ei
[faut trois
ami retournez au plus M ""^
Repart. Au milieu du chemin
Il revoit son auberge ; il pense à son lapin,
Et ne peut s'empêcher de rire.'
. Jean ! qu'est-ce donc? Que veut dire
Tantôt dans ce panier ne t'ai-je pas fa
Mon ;
- Le fait
Mais cependant tu devais lui remettre [veilleux !
De ma part trois lapins? — Oui, monsieur, trois lapins.
Mais je te dis que mon ami Charpins
M'écrit n'avoir reçu que deux lapins..-. Pécore!
Tu m'entends? — Oui, monsieur, oui, deux lapins.
[— Encore,
Lourdaud... Ma' '
-Oui, n
-Ah!
cette
Tes répons.
11 en manque un!... Mais, tout examiné,
De ce lapin, dis-moi, n'aurais-tu point dîné?...
— Ah ! ah ! monsieur, vous n'êtes pas si bête
Nota
- Puisque n<
lecteurs comprendront que
renthese, pour avoir avec eux un moment d'entretien
sur la chose même qui fait l'objet de cet article. Dès
l'apparition de nos premiers fascicules, les anecdotes
ont éveillé quelques craintes dans l'esprit de cer-
tains lecteurs timorés. ■ A quoi bon des anecdotes
dans un livre sérieux? — Les anecdotes sont-elles
nous ont été adressées, et auxquelles nous allons
essayer de répondre.
Nos anecdotes sont de plusieurs' sortes : les unes
offrent de l'intérêt, du piquant, sans être d'une
ANE
utilité réelle; ce» sortes d'anecdotes viennent se
ranger naturellement sous certains mots très -im-
portants de notre langue, comme naïveté, repartie,
jeu de mots, raillerie, finesse, mariage, mari, igno-
rance, saillie, épigramme, etc. Placées dans .un dic-
tionnaire , elles égayent une matière aride, un peu
monotone, comme le sont tous les livres assujettis
à l'ordre alphabétique, où ni l'imagination ni la
fantaisie ne peuvent se donner carrière. Ce sont,
au milieu d'un désert immense, de fraîches oasis à
l'ombre desquelles le voyageur aime a se reposer
quelques instants avant de poursuivre sa route dans
une immensité poudreuse. Les esprits les plus sé-
rieux ont aimé et cultivé le genre anecdotique: J.-J.
Rousseau y prenait un plaisir extrême, et il excel-
lait à les raconter. Presque toutes celles qui sont
tombées de la plume de Voltaire sont des chefs-
d'œuvre de style, d'esprit et de goût. Les anecdotes
entraient dans le plan des auteurs de la grande Ency-
clopédie. Enfin, pour terminer par un sentiment tout
personnel, nous connaissons un littérateur d'un esprit
très-distingué qui place le Ménagiana au premier
rayon de sa bibliothèque. Mais nous n'en sommes pas
réduit & ces seules autorités ; il en est une autre
devant laquelle nous devons tous nous incliner : bon
gré malgré, le Français est né malin,' c'est-à-dire
gaulois. « Rions avant d'être complètement heureux,
si nous ne voulons pas mourir sans avoir ri, • telle
a toujours été la devise de nos pères. Oh! sans doute",
si cet ouvrage était allemand ou simplement anglais,
les colonnes que remplissent nos anecdotes seraient
bourrées de philosophie et de récits de voyages ; mais
le Grand Dictionnaire est de son pays, et il ne doit
jamais oublier qu'il a pour parrains Rabelais, Mon-
taigne, La Fontaine, Molière.Vohaire, Beaumarchais,
Rivarol.Chamfort, etc., dont les noms émaillent cha-
Voilà ce que nous avions 4 dire en faveur des anec-
dotes qui sont purement amusantes. Mais, et c'est
un cas qui milite en faveur des circonstances atté-
nuantes, nous en donnons d'une autre catégorie. A
côté de ces anecdotes/où nous ne faisons en quelque
sorte que de l'art pour l'art, viennent se classer l'a-
necdote historique, l'anecdote littéraire, l'anecdote
grammaticale; en un mot, l'anecdote véritablement
utile. Pense-t-on, par exemple, qu'à la suite du verbe
observer, qu'il faut se garder de confondre avec faire
observer, l'anecdote suivante soit un hors-d'œuvre?
Sou» la Restauration, un député, fort irrité contre
le ministère, monta un jour à la tribune, et, prenant
directement à partie M. de Villèle, qui, comme on le
sait, était défiguré par la petite vérole : « Monsieur
le ministre, dit-il, je vous observerai que... Monsieur
la ministre, je vous ooscruerai que... Monsieur le mi-
nistre, je vous observerai que... • M. le ministre, a
la fin, impatienté, se lève et, du ton le plus froid, il
répond : • Et moi, monsieur le député, je vous ferai
observer qu'en m'observant vous n'observes pas un
Adonis. - Et toute la chambre de rire, et le mal-
heureux orateur de descendre de la tribune pour n'y
jamais remonter de sa vie.
Eh bi
:r plusie
l'anéedotes de cette nature, qui toutes se n
t la place qui leur est réservée, pour fixe
règle de
avait toujours oubliée.
Passona.à la deuxième objection : • Quelques-unes
de vos anecdotes seront libres, un peu risquées, et
complètement ce qui peut paraître fondé dans cette
objection, nous ne croyons pas qu'il soit impossible d'y
répondre. Ceux qui l'ont formulée ont perdu complè-
tement de vue le champ immense que doit parcourir
le Grand Dictionnaire. Sous peine, d'être incomplet et
de donner un abrégé dans une matière qui n'en com-
porte pas, l'auteur est placé dans la dure obligation
d'aborder de front tous les sujets; il doit des explica-
tions, des développements sur toutes choses. Est-ce
sa faute si, dans notre langue, l'or et le sable, l'ivraie
et le bon grain, le sublime et le trivial, se trouvent
à chaque pas mêlés et confondus? I! ne faut pas
oublier non plus que, si la langue française est la
langue des poètes, des chevaliers et des troubadours ;
si elle plane sur les sommets les plus élevés, elle fré-
des Miracles,' et que c'est là surtout que cette gau-
loise à verte allure étale ses hardiesses, ses fortes
images et l'éclat de ses plus riches métaphores.
Remarquons, en outre, que rien ici n'a lieu de gaieté
de cœur et de parti pris; l'auteur ne fait qu'obéir
ANE
consciencieusement et forcément aux exigence d'un
plan qui ne lui permet aucun oubli, à une voix qui
lui crie sans cesse : . Marche! marche! • Du reste,
chaque fois que ces nécessités se présenteront, le
toujours apporté pour atténuer la hardiesse du fond
par la délicatesse de la forme.
Et puis, pour parler franchement, nous nous dé-,
fions un peu de ces susceptibilités, disons le mot, de
ces sévérités à l'égard d'un livre qui, par sa nature
même, est obligé de tout dire. Et, à ce propos, nous
risquerons cette petite anecdote : Une dame félicitait
Boiste d'avoir écarté de son dictionnaire tous les
mots obscènes. « Eh! mais, madame, répondit l'im-
pitoyable et peu galant lexicographe, vous les avez
donc cherchés? . Que ceux-là donc qui ont peu d'a-
mour pour les anecdotes, ou qui s'en défient, ne les
lisent pas, et tout sera dît. Cependant nous n'avons
.pas le courage de finir sur ce conseil un peu dur, et
grand soin présidera désormais à notre choix. Quand
une anecdote viendra frapper à la porte, le Grand
Dictionnaire lui dira en fronçant le sourcil :
« Mademoiselle, montrez-moi patte blanche, ou bien
je n'ouvre pas. »
tentés de voir un trop grand nombre de traits mis h
l'article anecdote. Ce groupe est et devait être pour
nous une sorte d'égout collecteur. Tout ce qui no
trouvait pas une place déterminée dans l'ouvrage a
dû être casé ici, sous ce terme vague, élaslique, gé-
néral ; peut-être même nous fera-t-on la justice de
remarquer que quelque scrupule a présidé à notre
choix, et que le mot égout collecteur ne doit pas être
ici un rapprochement avec cette magnifique artère
. souterraine, qui est aujourd'hui une des merveilles
de la capitale, et à la visite de laquelle l'édilité pari-
sienne ne craint pas de convier les dames les plus
élégantes, sans que le mouchoir et le flacon soient
obligés d'y jouer le moindre rôle.
ANECDOTIER, 1ÈRE s. (a-nèk-do-tié —
rad. anecdote). Celui, celle qui recueille des
anecdotes, qui sait beaucoup d'anecdotes, qui
raconte habituellement des anecdotes. Il se
prend ordinairement en mauvaise part : C'est
un anecdOtiER insupportable. Je suis très-fà-
ehê que vous enterriez votre génie dans une
traduction de Suétone, auteur, à mon gré, assez
aride, et anecdotier très-suspect. (Volt.) Il
est Z'anecdotier du scandale. (Waïckonaër.)
Le docteur Corvisart, qui était fort aimable
quand il voulait , ne buvait que du vin de
Champagne frappé de glace; aussi, dès le
commencement du 'repas , et pendant que les
autres convives s'occupaient à manger, il était
bruyant, conteur, anecdotikr. (Brill.-Sav.)
Tallemant était né anecdotier , comme La
Fontaine était nêfablier. (Ste-Beuve.) Il était
dre, amusant; il était curieux, causeur, anec-
dotier. {P. d'ivoi.)
ANECDOTIQUE adj. (a-nèk-do-ti-ke— rad.
anecdote). Qui appartient , qui a rapport à
l'anecdote; qui contient des anecdotes: Fait
anecdotique. Histoire anecdotique. Les ana
sont des recueils anecdotiques. Procope écri-
vit une histoire secrète, privée, anecdotique,
de l'empereur Julien. (De Féletz.) Ce récit
était déjà l'histoire de la révolution, mais in-
time, anecdotique. (Vitet.) Parmi tes person-
nages anecdotiQues du commencement du
xvme siècle, il n'en est pas qui ait plus excité
la curiosité que le comte de Bonneval. (Ste-
Beuve.)
— Par ext. : Il semble qu'on n'avait jamais
ainsi raconté l'histoire anecdotique de l'âme,
en surprenant ses plus vagues désirs, ses plus
furtives émotions. (Villemam.)
— En parlant des personnes. Qui sait, qui
raconte des anecdotes : Monsieur Beugnot ,
esprit érudit, anecdotique et répandu... (La-
mart.)
— Au théâtre, Pièce anecdotique, Pièce
.dont une anecdote a fourni le sujet.
— B.-arts. Genre anecdotique. La critique
d'art range sous cette dénomination les ta-
bleaux retraçant des sujets historiques d'une
importance secondaire, des épisodes de la vie
des personnages célèbres, des anecdotes .plus
ou moins authentiques. Les compositions de
eette espèce tiennent en quelque sorte le milieu
entre la peinture d'histoire et le genre propre-
ment dit. Elles doivent être traitées dans des
proportions restreintes, et joindre a l'intérêt
de l'action qu'elles représentent celui d'une
exactitude archéologique dans les détails de
costume et d'ameublement.
Ainsi défini, le genre anecdotique est incon-
testablement une création de l'art du xixe siè-
cle. Nous pourrions citer bon nombre de
tableaux historiques des anciens maîtres, qui
ne sauraient être classés dans la grande pein-
ture ; par exemple, la plupart des batailles de
Salvator Rosa , du Bourguignon , de Yan
ANE
Bloemen , quelques-unes des toiles où Van
der Meulen a retracé les promenades militai- .
res de Louis XIV, les scènes bibliques peintes
par Rembrandt et les autres néerlandais, etc.;
mais ces ouvrages, où le fait historique n'a par
lui-même, ou par la manière dont il est déve-
loppé, qu'une faible importance, n'appartien-
nent pas davantage à la catégorie des scènes
anecdotiques ': leurs auteurs n'ont certaine-
ment pas eu en vue de nous initier aux mœurs
et aux coutumes de telle ou telle époque , à la
vie intime de tel ou tel personnage ; ils ne se
sont préoccupés en aucune façon de vérité et
de couleur locales ; ils n'ont eu d'autre guide
que leur fantaisie. De nos jours, au contraire,
on s'est pris d'une belle passion pour les par-
ticularités les plus insignifiantes de la biogra-
graphie des grands hommes ; on a voulu con-
naître jusqu'aux moindres détails de leur
personnalité et du milieu social où ils ont
vécu; on est parvenu, à force d'érudition, à
reproduire la physionomie des lieux qu'ils ont
habités. Les artistes qui se sont livrés à ce
travail rétrospectif ont été tout naturellement
entraînés à sacrifier parfois la poésie à l'ar-
chéologie; ils n'ont pas toujours compris que
l'art a le droit de mentir , pourvu que ses
mensonges soient parés de brillantes couleurs.
M. Delécluze raconte, dans son intéressante
Etude sur David, que le goût de ce genre de
peinture a pris naissance dans le Musée des
monuments français, formé vers la fin du der-
nier siècle dans l'ancien couvent des Petits-
Augustins, et où furent classés les monuments
à la fois religieux et historiques échappés au
vandalisme révolutionnaire. » C'était un grand
malheur, dit-il , que tant d'ouvrages eussent
été enlevés aux églises de France, pour les-
quelles ils avaient été faits originairement; ce-
pendant, on ne peut nier que leur réunion en
un seul lieu, que la comparaison immédiate
que l'on put en faire, n'aient donné à ces mo-
numents une importance qu'ils n'auraient ja-
mais acquise sans cette circonstance. Ils exci-
tèrent d'abord la curiosité, puis un intérêt
très-vif, chez quelques hommes qui s occu-
paient d'art, d'antiquité et d'histoire, et, à l'é-
poque du consulat et dans les premiers temps
de l'empire, ce musée rassemblait déjà, un cer-
tain nombre d'hommes qui firent une étude
sérieuse des moeurs et de l'histoire de notre
Eays.... C'est à compter de cette époque que
i genre anecdotique, traité avec quelque talent
Far plusieurs peintres, commença à détourner
attention du public dirigée presque exclusi-
vement jusque-là sur la peinture de haut style.i
Parmi les artistes qui fréquentaient assidû-
ment le musée des Petits-Augustins, et qui
commencèrent à mettre h. la mode les sujets
anecdotiques , nous citerons Richard-Fleury,
Révoil, Granet, le comte de Forbin, Bergeiet,
Vermay , presque tous élèves de David. Ce
dernier, loin de contrarier la prédilection quo
plusieurs de ses disciples montraient pour le
musée moderne, les encouragea à suivre leur
penchant. « Il vaut mieux, disait-il, faire de
tons tableaux de genre que de médiocres
peintures d'histoire.
Le romantisme, en mettant à la mode la
passion du moyen âge, favorisa le développe-
ment de la peinture anecdotique. Paul Dela-
roche et M. Robert Fl«ury contribuèrent à
donner à ce genre beaucoup d'éclat, le pre-
mier par son Cardinal de liiehelieu et Cinq-
Mars, Mazarin mourant, Henri IV surpris
par l'ambassadeur d'Espagne et la Mort de
Léonard de Vinci; le second par ses Scènes
de V Inquisition, le Colloque de Poissy, Charles-
Quint au monastère de Saint-Just , Benvenuto
Cellini dans son atelier, les Derniers Moment
de Montaigne, etc.
Après ces maîtres, les artistes qui ont ob
tenu le plus de succès en traitant des sujets .
du même genre sont : MM. Comte et Jacquand
qui mettent d'ordinaire en scène des person-
nages de la Renaissance -, MM. Caraud et de
Courcy, qui peignent le siècle de Louis XIV ;
M. FaustinBesson, qui peint celui de Louis XV,
et M.Ch.-L. Muller, qui nous raconte les anec-
dotes dramatiques de la Révolution ; MM. Ca-
bane!, Barrias, L. Benouville, Fauveletet Jean-"
ron, qui ont retracé des épisodes de la vie des
grands artistes; MM. Meissonnier, Vetter ,
Leraan, qui ont pris pour héros des célébrités
littéraires ; MM. Gérôme , Picou , Isambert ,
Hamon, et la plupart des néo-pompéiens, qui
ont entrepris de faire passer sous nos yeux
les histoires intimes de 1 antiquité.
ANECDOTISANT (a-nek-do-ti-zan) part,
prés, du v. Anecdotiser.
ANECDOTISÉ (a-nèk-do-ti-zé) part. pass.
du v. Anecdotiser.
anecdotiser v. n. ou intr. (a-nèk-do-ti-
zé — rad. anecdote). Néol. Conter à tout pro-
pos dos anecdotes; recueillir des anecdotes.
ANECDOTOMANE s. (a-nèk-do-to-ma-no).
Néol. Celui, celle qui est possédé de l'anecdo-
tomanie, ou manie de recueillir, de raconter
des anecdotes : Z'anecdotomane vous coupait
à chaque instant la parole en disant : A propos
de cela, écoutez cette anecdote; et l'anecdote
n'avait aucun rapport avec le sujet de la con-
versation, i
ANECDOTOMANIE s. f. (a-nèk-do-to-ma-
ni — de anecdote, et tnanii). Néol. Manie do
rechercher, de raconter.des anecdotes : L'\-
necdotomanie ne peut se nicher que dans l'es-
prit d'un sot. (Mercier.)
ANECT (saint), martyr à Corinthe, pendant
la persécution de l'emperCur Dcce. Fête le 10
ANECTASIE s. f. (a-nèk-ta-zî — du gr. a
priv.; ektasis, extension). Méd, Manque d'ex-
tension habituel d'un organe.
AIV'IÏCTE (saint) , martyr à Césarée , sous
Dioclétien. Fête le 27 juin.
anède s. m. (a-nè-de — du gr, anaidès,
impudent). Entom. Genre d'insectes coléo-
ptères hctéromères, voisin des ténêbrions, et
renfermant trois ou quatre espèces, qui habi-
tent les régions centrales de 1 Amérique.
ANÉDOÉ, ÉE adj. (a-né-do-é — du gr. a
priv. ; aidoion, parties génitales). Térat. Qui
manque des organes sexuels, ou seulement
des organes sexuels externes.
ânée s. f. (à-né — rad. âne). Charge d'un
âne; co qu'un âne peut porter.
— Métrol. Ancienne mesure de capacité en
usage dans quelques provinces do la France,
et particulièrement dans le Lyonnais et le
Maçonnais: il C'est aussi une mesure de su-
perficie.
ANEf.ADA, ou l'ILE NOYEE, l'une des peti-
tes Antilles, ou îles Caraïbes, la plus septen-'
trionale du petit groupe portant le nom d'îles
de la Vierge. Elle a 12 kil. de long, et 5 <le
large, et se trouve presque submergée pendant
les hautes marées ;" sol peu productif, habi-
tants peu nombreux.
anÉILÈme s. m. (a-né-i-lè-me — du gr.
aneiléma , développement). Bot. Section du
genre commeline.
ANÉHÈSE s. f. ( a-né-i-lô-ze — du gr.
aneilô, je développe, je déroule). Méd. Pas-
sage des gaz intestinaux dans la partie supé-
rieure du canal digestif.
ANÉIMIES. f.(a-né-'mî— du gr. aneimdn,na).
Bot. Genre de fougères, voisin des osmondes,
renfermant plus de vingt espèces, qui crois-
sent dans les régions chaudes do l'Amérique,
et dont plusieurs sont cultivées dans nos ser-
res à cause de l'élégance de leur port, il On
dit aussi anémie,
anei» s. m, (a-nèl), Techn. Anneau de fer
oui maintient rapprochées les doux branches
d'une tenaille, et épargne la peine de les ser-
rer constamment, quand elles ont saisi un
objet.
ANEI. (Dominique), chirurgien français, né
à Toulouse en 1G79, mort vers 1725. 11 exerça
pendant longtemps à l'étranger, et est connu
surtout pour avoir inventé une nouvelle mé-
thode de guérir les fistules lacrymales, mé-
thode qui porfo son nom, et qui a été perfec-
tionnée par Hun ter.
ANÉLASTE s. m. (a-né-la-ste — du gr. a
priv. ; clastos, qui saute). Entom. Genre do
coléoptères pentamères serricornes, renfer-
mant une seule espèce qui habite l'Amérique
dû Nord.
anélectrique adj. ( a-né-lèk-tri-ke —
du gr. a priv., et électrique). Physiq. Qui
peut retenir les propriétés électriques. Ep.
thète donnée aux corps qui, étant bons con-
ANÉLOPTÈRE OU ANÉLYTRE adj. (a-né-
lo-ptè-re — du gr. aneileô, je développe ; pte-
ron, aile). Entom. Se dit dos insectes à qua-
tre ailes, dont les supérieures n'ont jamais la
consistance d'élytres, et peuvent, par consé-
quent, se déployer.
— s. m. pi.. Ordre d'insectes comprenant
les lépidoptères, les hyménoptères, les né-
vroptercs et les diptères.
ANEMABOU, ville de la Guinée supérieure.
V. Annamaboe.
anémagrostide s. f. (a-né-ma-gro-sti-
do — du gr. anemos, vent ; agrostis, espèce do
gramen, de gazon). Bot. Genre de graminées,
formé aux dépens des agrostides.
ANÉMARRHÈNE s. f. (a-né-ma-rè-ne — du
gr. anemos, vent ; arrhèn, mâle). Bot. Genre
de liliacees, renfermant une seule espèce, qui
habite les montagnes de la Chine.
ANÉMASIE ou ANÉMASE s. f. (a-né-ma-zî
ANÈME adj. (a-nè-me — du gr. a priv.;
aima, sang). Pathol. Qui n'a point la quantité
de sang suffisante. Il Syn. de anémique.
— Zool. Se dit des animaux privés d'orga-
nes circulatoires et de sang, comme, par ex.,
les vers intestinaux.
Anémère s. m.'(a-né-mè-re — du gr. anè-
meros, sauvage). Entom. Genre d'insectes co-
léoptères tôtramères, de la famille des curcu-
lionitcs.
anémie ou ANHÉmie s. f. (a-né-mî — du
gr. a priv. ; aima, sang). Pathol. Etat opposé"
a la pléthore, et consistan'frsoit dans la dimi-
.nution de la masse totale du sang, soit seu-
lement dans la diminution des globules san-
guins.
— Antonymes, Euhémie, hyperhémie, plé-
impossible ; mais il sert à désigner tantôt une
diminution dans la masse totale de ce liquide,
tantôt seulement la diminution des éléments
anatomiques qu'il tient en suspension, c'est-à-
dire des globules sanguins, la quantité du sé-
rum restant la même ou se trouvant parfois
augmentée. Ces deux états morbides peuvent
être confondus sous une dénomination com-
mune, car ils déterminent les mêmes symptô-
mes, et ne peuvent guère être distingués l'un
de l'autre. Toutefois, on exprime souvent le
premier par le mot hypémie (aima, sang, et
upo, au-dessous), et le second par le mot hy-
droémie ou hydrémie (aima, sang, et udàr,
L'anémie se distingue en idiopathique et
en symptomatiqua , suivant que l'altération
du sang constitue toute la maladie, ou qu'elle
est elle-même le symptôme d'une autre lésion.
On a encore admis une anémie générale et
une anémie locale. On voit, dit M. Grisolle,' un
exemple de cette dernière dans la décolora-
tion et l'état de flaccidité et de langueur que
présententjes membres qui ont été longtemps
enveloppés d'appareils.
Le caractère fondamental et constant de \'a-
némie est, comme l'ontétabliMM. AndraletGa-
varret, dans la diminution des globules qui, de
127, moyenne normale, peuvent descendre à 60,
50, 27 et même 21. Pâleur, décoloration géné-
rale de la peau et des muqueuses, langueur,
maigreur, absence d'appétit, digestions péni-
bles, douleurs gastralgiquos , essoufflement,
palpitations, bruit de souffle doux que l'aus-
cultation fait percevoir à la base du cœur et
au premier temps, bruit de souffle intermittent
et de souffle continu dans '"" ~~: — J "
alimentation insuffisante v ,
l'habitation dans des lieux bas, humides, insa-
lubres, la respiration d'un air vicié, la priva-
tion de lumière solaire, etc. Elle peut dépen-
dre d'un trouble delà nutrition, causé par une
maladie chronique, telle que phthisie pulmo-
naire, cirrhose du foie, cancer, fièvre intermit-
tente prolongée, syphilis constitutionnelle, etc.
Vanëmie idiopathique n'offre généralement
rien de grave. Quant au pronostic de V ané-
mie symptomatique , on comprend qu'il est
nécessairement subordonné à celui de la ma-
ladie dont l'anémie est une des manifestations.
Le traitement de l'anémie consiste : 1° à'éloi-
gner ou à combattre les causes qui l'ont pro-
duite et qui l'entretiennent; 2« a réparer le
sang en augmentant sa masse et la proportion
de ses principes vivifiante. Les moyens les
plus efficaces pour remplir cette dernière
indication sont : un régime analeptique gra-
dué et proportionné aux forces de l'estomac ;
les toniques ; les frictions sèches, aromatiques ;
les bains de mer, l'hydrothérapie, et surtout
les préparations ferrugineuses.
ANÉMIE s. f. (a-né-mî — du gr. anémia,
vent). Entom. Genre d'insectes coléoptères
hétéromères , de la famille des taxicornes ,
ayant pour type une espèce qui vit au Sénégal.
"anémique ou anhémique adj, (a-né-mi-
ke — rad. anémie). Pathol. Qui appartient à
l'anémie; qui est causé par l'anémie;: Consti-
tution anémique. Affection anémique."
— En parlant des personnes, syn. de anème :
Gilles est pâle et anémique, à la vérité, comme
les convalescents du célèbre docteitr Broussais.
(Ch. Nod.)
anémobate s. .(a-né-mo-ba-te — du gr.
anemos, vent, air ; baino, je marche). Antiq.
Nom donné a des bateleurs qui, voltigeant
à l'aide de cordes ou de machines, parais-
saient marcher dans l'air.
ANÉMOCÈte s. m. (a-né-mo-sè-te — du gr.
anemos, vent; koitazâ, je dors). Antiq. gr.
Magicien qui prétendait pouvoir à son gré
apaiser les vents.
ANÉMOCORDE OU ANIMOCORDE S. m.
(a-né-mo-kor-de — du gr. anemos, vent}
cfiordé, boyau ). Instrument à cordes, invente
par Schnell, qu'on faisait raisonner à l'aide
d'un courant d'air, et qui avait quelque rap-
port avec les harpes éoliennes : £'anémo-
COEDis est disposé de manière à faire croire
que la musique est dans l'éloignement, et qu'elle
approche insensiblement.
ANÉMOCYMÈTRE s. m. (a-né-mo-si-mè-"trc.
— du gr. anemos, verft ; ôkus, rapide ; metron,
mesure). Syn, de anémomètre.
ANÉMODROME s. m. (a-né-mo-dro-me —
du gr. anemos, vent ; dromos, course). Nom
que, dans un de ses romans, Lucien donne
aux habitants de la constellation de l'Ourse,
parce que, selon lui, ils volaient dans les
airs au moyen de longues robes que le vent
gonflait.
ANÉMOGRAPHE s. m. (a-né-mo-gra-fe —
du gr. anemos, vent ; graphe, je décris, j'écris).
Celui qui décrit les vents, qui écrit sur les
ANÉMOGRAPHIE s. f. (a-né-mo-gra-fi —
rad. anëmographe). Description des vents;
science de l"anemographe.
ANÉmographique adj. (a-nc-mo-gra-fi-
ke — rad. anémographie). Qui appartient, qui
a rapport à l'anémographie : Observations
ANÉMOGEAPHIQUES.
ANÉmologie s. f. (a-né-moTlo-jî — du
gr. anemos, vent; logos, discours). Traité sur
les vents.
ANÉMOLOGIQUE adj. (a-né-mo-lo-ji-ke —
rad. anémologie). Qui appartient à l'anémo-
logic.
anémomètre s. m. (a-né-mo-mc-tre —
du gr. anemos, vent ; metron, mesure). Physiq.
Instrument destiné à faire connaître la force
ou la vitesse des vents, comme les girouettes
en indiquent la direction, il On dit quelque-
fois ANÉMOCYMÈTRE.
celle des anémomètres de pression, suivant la
manière dont ils reçoivent le vent. Dans les
anémomètres de rotation, le vent agit sur un
moulinet à ailettes obliques et le fait tourner
avec une rapidité qui dépend de sa propre
vitesse ; un compteur marque sur 'un cadran
le nombre de tours effectués dans un temps
donné. Ces sortes à' anémomètres, perfection-
nés, sont appelés anémomètres de Combes. Le
plus ancien instrument de ce genre paraît avoir
été construit, en 1708, par le physicien Wolf.
Dans les anémomètres de pression, c'est une
plaque de bois, de carton ou de métal, que l'on
oppose au vent, et qui en indique la vitesse
selon les différentes positions qu'elle prend.
Parmi les plus exacts, on cite celui du P. Bou-
guer, qui date du dernier siècle, et celui de
Li'nd, qui appartient à notre époque. Quelque-
fois, on dispose les anémomètres de manière
qu'ils écrivent eux-mêmes leurs indications :
les instruments ainsi construits se nomment
anémomètres enregistreurs. M. Liais en a décrit
un, il y a quelques années, qui donne, au bout
de la journée, les différentes variations des
vents qui se sont succédé, leur durée et leur
intensité. Enfin, dans ces derniers temps, on
a eu l'idée d'appliquer l'électricité aux ané-
momètres enregistreurs. C'est à l'exécution de
cette idée que l'on doit l'anémomètre enregis-
treur électrique de M. Théodore du Moncel,
qui indique, à chaque instant, la direction et
la force du vent, ainsi que l'heure de l'obser-
vation. Nous citerons, seulement à cause de
son originalité, le jouet imaginé au siècle der-
nier ^ous le nom ^'anémomètre musical, lise
composait de vingt et un tuyaux, calibrés et
disposés de telle sorte qu'en pénétrant dans
leur intérieur, le vent produisait toute la série
des notes musicales , dans une étendue de
' trois octaves.
ANÉMOMÉTRIE s. f. (a-né-mo-mé-trî —
rad. anémomètre). Physiq. Mesure de la vitesse
et de la force du vent.
ANÉMOMÉTRIQUE adj. (a-né-mo-mé-tri-ke
rad. anémométrie). Physiq. Qui appartient,
qui est relatif à, l'anémometrio : Observations
anémométeiqdes. Chaque contrée a son régime
anémométrique particulier, et, suivant sa po-
sition, tel ou tel vent prédomine à telle ou telle
époque de l'année. (Maury.)
ANÉMOMÉTROGRAPHE s. m. (a-né-mo-
mé-tro-gra-fe — du gr. anemos, vent ; metron,
mesure; graphe, je décris). Physiq. Nom
donné à un anémomètre enregistreur inventé
par M. Taupenot, de Paris : £'anémomêtro-
graphk fait connaître en même temps la vitesse
et la direction du vent.
— Celui qui écrit sur les variations du vent.
ANÉMOMÉTROGRAPHIE S. f. (a-né-mo-
mé-tro-gra-fî — rad. anëmoméirographe).
Physiq. Science de l'anémométrographe. il
Résultat des observations anémométrogra-
phiques.
ANÉmométrographique adj. (a-né-mo-
mé-tro-gra-fi-ke — rad, anémomètrographie).
Physiq. Qui appartient à l'anémométrogra-
phie.
ANÉMONE s. f. (a-né-mo-ne — du gr. ane-
mos, vent, parce que l'anémone ne s'épanouit
qu'au souffle du vent, et que la plupart des
plantes de ce nom se plaisent dans les lieux
élevés. Cette étymologie est de Pline). Genre
de plantes de la famille des renonculacées,
tribu des anémonées, et dont plusieurs espèces
sont cultivées à cause de la beauté do leurs
fleurs: Une plate-bande garnie ^'anémones, il
Fleur de cette plante : Anémone blanche. Ané-
mone rouae. Anémone violette. Cueillir des ané-
mones. Elle avait entre ses deux tétons un beau
bouquet de tulipes, de roses, <? anémones, de
renoncules, d'hyacinthes et d'oreilles d'ours.
(Volt.)
— Patte d'anémone, Nom donné à la racino
de l'anémone, qui ressemble à une patte d'ani-
mal. Il On dit aussi griffe d'anémone.
— Zool. Anémone de mer, Nom donné, par
comparaison, aux actinies, parce que, par un
temps serein, on les voit paraître dans la mer,
sur les rochers ou sur le sable, en beaux
zoophytes épanouis, ressemblant aux jolies,
fleurs de ce nom qui ornent nos jardins.
— Vanémone est entrée dans le domaine
de la poésie. La mythologie fait naître cette
fleur du sang d'Adonis :,
Veuve de son amant, quand jadis Cythérée
Mêla ses pleurs au sang de son cher Adonis,
Du sang naquit, dit-on, Vanimone pourprée,
Des pleurs naquirent les soucis.
Constant Dubos.
A peine de son char Vénus -voit Adonis,
Dans son sang qui ruisselle en liquides rubis,
Sans vie et sans couleur couché sur la verdure,
Elle se précipite, observe sa blessure.
Arrache ses cheveux, les voiles de son sein,
Le frappe, le meurtrit, et s'écrie : 0 destin !
Enfers qui le cache: dans vos ombres funèbres.
Son nom sera du moins sauvé de vos ténèbres!
Je veux qu'un deuil public, fête de mes douleurs,
Par des pleurs annuels solennise mes pleurs.
Tu naîtras de son sang, belle et tendre anémone.
Une nouvelle fleur que la pourpre colore,
Pareille a la beauté dans son fragile éclat ;
Du v.
>bile.
Desaintange.
— Encycl. Les anémones sont des plantes
herbacées, vivaces, a feuilles radicales, au mi-
lieu desquelles s'élève une hampe portant une
fleur solitaire. Elles habitent les bois, les prai-
ries découvertes, le bord des eaux. Générale-
ment acres et corrosives, elles ne sont broutées'
Ear les bestiaux que lorsqu'une faim pressante
:s y invite ; elles perdent leur àcretô par la
dessiccation, et peuvent alors se mêler aux
nombreuses plantes qui composent les foins.
Un involucre à, trois folioles, situé au-des-
sous do la fleur et à une distance variable ;
un périanthe simple présentant de cinq à
quinze sépales pétaloïdes ; des étamines nom-
breuses dont les filets sont de moitié, plus
courts que les séjiales; des carpelles nom-
breux, surmontés d'un style persistant, tantôt
court et glabre , tantôt long et plumeux : tels
sont les caractères qui distinguent le genre
anémone. Les principales espèces sont : l'ané-
mone pulsatille, l'anémone de montagne, l'ané-
mone des bois, l'anémone fausse renoncule,
l'anémone couronne des fleuristes.
Vanémone pulsatille (anémone pulsatilla),
désignée vulgairement sous les noms de pul-
satiïle, de coquelourde, de coquercllc, d'herbe ,
au vent, de fleur de Pâques, est une jolie plante
assez commune dans la plupart de nos con-
trées. On la trouve dan3 les bois, sur les pe-
louses des coteaux arides et découverts, où elle
fleurit de mars à mai. Elle présente dos feuilles
pétiolées, deux ou trois fois pennatiséquées ;
une fleur grande dressée ou légèrement pen-
chée, dont le périanthe campanule, d'un violet
pâle et lilacé,-est composé de six sépales velus
sur leur face externe, recourbés en dehors
"dans leur moitié supérieure. L'anémone pulsa-
tille était autrefois employée en médecine
contre les paralysies , les rhumatismes , les
maladies de la peau ; elle est encore en faveur
auprès des médecins homéopathes. Ses feuilles
servent à fabriquer une encre verte, et ses
fleurs à teindre les œufs de Pâques.
Vanémone de montagne (anémone montana)
est souvent confondue avec la précédente,
dont elle diffère assez peu. On l'appelle vul-
fairement pulsatille de montagne. Sa fleur est
'un beau violet noirâtre et velouté ; les divi-
sions du périanthe d'abord dressées, rappro-
chées en cloche, s'étalent en étoile avant de
se faner et de tomber,
Vanémone des bois (anémone nemorosa), qui
reçoit communément le nom de si/lvie, est une
jolie petite plante très-répandue dans les bois,
sur le bord des eaux, dans les lieux ombragés
et humides," où elle forme par ses feuilles et
ses fleurs de belles touffes couvrant ça et là
la surface du sol des le commencement du
printemps. Sa fleur est d'un blanc rosé. Elle
est quelquefois employée comme révulsif dans
le rhumatisme, la sciatique, etc.
Vanémone fausse renoncule (anémone ra-
nunculoîdes) ne diffère de la précédente que
par ses fleurs, qui sont d'un beau jaune : de
là le nom de Sylvie jaune, sous lequel on la
désigne vulgairement,
Vanémone couronne des fleuristes ou ané-
mone des fleuristes (anémone çoronaria) , parait
avoir été apportée de l'Orient en Europe. Elle
a fourni par la culture plus de trois cents
variétés à fleurs doubles, de formes , nuances
et couleurs différentes. Ce grand nombre de
variétés a dpnné lieu dans les collections à la
classification suivante : anémones 'dénommées,
anémones premier émail, anémones deuxième
émail, anémones troisième émail. Les anémones
dénommées sont colles qui, possédant toutes
les qualités qui constituent une belle anémone,
reçoivent pour cette raison un nom particu-
lier. Les anémones de premier émail, appelées
aussi anémones premier ordre, première beauté,
premier mélange, premier assortiment, sont
choisies parmi les anémones dénommées, de
manière à produire le .plus beau coup d'œil • il
doit s'y trouver beaucoup de fleurs cramoisies,
pourpres, rouges panachées de blanc, agates
panachées de rouge et de blanc. Dans les ané-
mones deuxième émail se rangent les couleurs
bleues extraites des anémones dénommées,
auxquelles on adjoint les doubles emplois du
"premier émail. Les anémones troisième émail
comprennent les couleurs bizarres prises dans
les anémones dénommées et tes doubles em-
plois du deuxième émail.
L'amateur d'anémone; a inventé une langue
spéciale et bizarre pour désigner les diverses
parties de sa plante do prédilection. Ainsi, il
appelle pampre le feuillage : fane, l'in volucre ;
baguette, la tige ; manteau, la réunion des sé-
pales extérieurs ; culotte, 'l'onglet do chaque
sépale; bëquillons,lo premier rang d'ovaire?
changés en sépales; panne ou peluche, les
352
ANE
ovaires du centre qui ont subi la même trans-
formation. Aux yeux d'un connaisseur, une
anémone n'est belle qu'autant qu'elle réunit les
qualités suivantes : baguette haute , ferme et
droite ; pampre épais, bien découpé, d'un beau
vert; fane éloignée de la fleur du tiers de la
longueur de la baguette ; manteau épais , ar-
rondi, d'une couleur franche, avec le limbe et
la culotte d'une autre couleur ; béquillons nom-
breux, peu pointus, etc.
Les anémones se multiplient par graines ou
par la séparation de leurs racines, que les jar-
diniers appellent pattes ou griffes:
ANÉMONE, ÉE adj. (a-né-mo-né — rad.
anémone). Bot. Qui ressemble à l'anémone, il
On dit aussi anémonoïde.
— s. f. pi. Tribu de la famille des renon-
culacées, ayant pour type le genre anémone.
Le principal caractère de la tribu des anémo-
nées est un périanthe simple, pétaloïde, à
préfloraison imbriquée:
ANÉMONELLE s. f. (a-né-mo-nè-le— dimin.
d'anémone). Bot. Genre de renonculacées, in-
termédiaire entre les anémones et les pi-
gamons.
anémonidion s. m. (a-né-mo-ni-di-on —
de anémone, et du gr. eidos, forme). Bot. Sec-
tion du genre anémone.
. ANÉMONIFOLIÉ; ÉEadj. (a-né-mo-ni-fo-
li-é — de anémone, et du lat< folium, feuille).
Bot. Dont les feuilles ressemblent à celles de
l'anémone.
ANÉMONINE s. f. (a-né-mo-ni-ne — rad.
anémone). Chim. Substance blanche, inodore,
découverte dans les feuilles d'anémone. L'a-
némonine cristallise dans le système rhom-
bique- elle est vénéneuse. Peu soluble dans
l'eau, l'alcool, l'éther, elle se dissout dans les
alcalis aq..cux, en se changeant en acide ané-
monique. ,
ne). Chim. Se dit d'un acide qui se dé-
• pose dans l'eau distillée d'anémone en même
\emps que l'anémonine. L'acide anémonique
est une substance non cristalline, à peine so-
luble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Il paraît
renfermer les éléments de l'anémonine, plus
deux équivalents d'eau.
• ANÉMONOÏDE adj. (a-né-mo-no-i-de — de
anémone, et du gr. eïdos, ressemblance). Syn.
de anémone.
ANÉMONOSPERME s. m. (a-né-mo-nor
spèr-me — de anémone, et du gr. sperma, se-
mence). Bot. Syn. du genre oriba.
Anémosgope s. m. (a-né-mo-sko-pe —
du gr. anémos, vent ; skopeô, j'examine). Phys.
Instrument destiné à faire connaître la direc-
tion du vent.
— Encycl. La girouette ordinaire est le plus
simple de tous les anémoscopes, mais elle n'est
pas assez^ mobile pour obéir aux faibles agita-
tions de l'air. De plus, sa position au sommet
des édifices rend les observations très-incom-
modes. Un des meilleurs anémoscopes est celui
de M. Liazzi-Smyth, perfectionné par M. Sal-
leron. Les anémoscopes dits enregistreurs sont
ainsi nommés parce qu'ils tracent eux-mêmes
leurs indications. Le plus ancien, et aussi le
meilleur, a été inventé en 17.63. 11 est muni de
crayons qui écrivent sur une bande de papier.
anémoscopie s. f. (a-né-mo-sko-pî — du
gr. anemos, vent; skopeô, j'observe). Divina-
tion qui se faisait par l'observation du vent.
ANÉMOSCOPIQUE adj. (a-né-mo-sko-pi-ke
— rad. anëmoscope, anémoscopie). Physiq. Qui
a rapport à l'anemoscope.
— Qui appartient à l'anémoscopie.
anémotrope s. m. (a-nô-mo-tro-pe — du
gr. anemos, vent; irepô, je tourne). Techn.
Moteur par le vent, approprié à une méca-
nique destinée à fabriquer le. chocolat.
ANEMOTIS, qui apaise les vents. Surnom
donné à Minerve, qui avait un temple à Mo-
thone, où l'on supposait que cette déesse avait
calmé des vents violents qui ravageaient ce
pays. Il On dit aussi quelquefois Minerve Ané-
motide.
ANEMORIUM, ancienne ville de l'Asie Mi-
neure, située sur un cap du même nom, point
le plus rapproché de l'île de Chypre. Aujour-
d'hui Anamur.
ANENCÉPHALE adj. et s. m. (a-nan-sé-fa-le
— du gr. a priv. ; eghëphalos, cerveau). Térat.
Nom donne à des monstres privés du cerveau
et de la moelle épinière, et qui étaient autre-
fois désignés sous le nom A*acéphales incom-
plets. Ils conservent les os de la base du
crâne, quelques nerfs ou tous les nerfs dos
sens, les parties inférieures du cerveau et
même la face entière.
anencéphalie s. f. (a-nan-sé-fa-lî —
rad. anencëphale). Térat. Monstruosité carac-
térisée par l'absence du cerveau et do la
moelle épinière.
anencéphalien s. m. (a-nan-sé-fa-li-ain
— rad. anencéphalie). Térat. Nom qui, dans
la classification d'Isidore Geoffroy-Saint-Hi-
laire, s'applique à tous les monstres privés
d'encéphale.
anencÉPHALIQUE adj. (a-nan-sé-fa-li-ke
— rad. anencéphalie). Térat. Qui appartient,
qui a rapport à l'anenccphalic.
ANE
et aima, sang). Pathol. Défaut du sang au
cerveau. C'est la syncope désignée par sa
ANencéphaloneurie s. f. (a-nan-sé-fa-
lo-neu-rî — r du gr. a priv. ; egképhalos, encé-
phale, et neûron, nerf). Méd. Défaut d'action
nerveuse de l'encéphale, il On dit aussi anen-
CEPHALONERVIE.
ANENCÉPHALOTROPHIE s. f. (a-nan-sé-
fa-lo-tro-fî — du gr. a priv,; egképhalos,
encéphale, et trophê, nourriture). Méd, Dimi-
nution de volume du cerveau.
ANENCHÉLON s. m. (a-nan-ké-lon ou lonn
— du gr.ana, préposit. indiq. l'affinité; egehe-
lus, anguille). Foss. Poisson fossile des terrains
antérieurs à la craie, ainsi nommé parce qu'il
offre quelque ressemblance avec l'anguille. .
ANENTÉRÉ, ÉE adj. (a-nan-té-ré — du
gr. a priv. ; enteron, intestin). Zool. Se dit
des animaux qui n'ont point de canal in-
testinal.
— s. m. pi. Infus. Famille d'infusoires poly-
gastriques, caractérisée par l'absence de tube
intestinal'.
ANENtérotrophie s. f. (a-nan-té-ro-
tro-fi — du gr. a priv. ; enteron, intestin ; tro.-
phé, nourriture). Méd. Diminution de volume
des intestins. *
ANÉPIGRAPHE adj. (a-né-pi-gra-fe — du
gr. a priv. ; épigraphe, inscription). Qui n'a
point d'inscription, de titre : Médaille aké-
pigraphe. Monument anépigraphe. Bas-relief
anÉpigraphe. Ily a de.spsaume.s anépigraphes.
ANÉPIPLOÏQUE adj. (a-né-pi-plo-i-ke —
du gr. a priv., et ëpiploon). Térat. Qui n'a
noint. nui mnnrïnfi rrpnînlrio-n . F/rtu* ivrl-nr-
ANÉPISCHÈSE s. f. (a-né-pi-skè-ze — du
gr. a priv.; epischesia, interruption, cessa-
tion). Méd. Paralysie d'un sphincter.
ANÉPITHYMIE s. f. (a-né-pi-ti-mi — du
gr. a priv., et epithumia, désir). Méd. Perte
des appétits, des désirs, et spécialement des
désirs vénériens.
ANÉRÈTE s. f. (a-né-rè-to — du gr. anai-
retés, destructeur). Entom. Genre de coléo-
ptères pentamères lamellicornes, renfermant
deux espèces, qui habitent l'Amérique du
Nord. || Se dit aussi, en astrologie, d'une
planète qui annonçait la mort, par oppos. à
aphète.
ANÉRÉTHISME s. m. (a-né-ré-ti-sme —
du gr. a priv., etérélhisme). Méd. Défaut d'é-
réthisme, d'irritabilité.
ÂNERIE s. f. (à-ne-rî — rad. d.ne; on écri-
■vait autref. asnerie). Grande ignorance de ce
qu'on devrait savoir, ignorance crasse : On
s'aperçut tout de suite de son ânerie. Quelle
ànerie à un médecin de ne pas connaître les
remèdes qu'il ordonne! (Acad.)
Et pour le faire, il faut de
Un mot de trop, un fait mal présenta
Met au grand jour toute votre dnerie. '".
Il Faute commise par suite de cette ignorance,
balourdise : C'est un ouvrage, c'est un livre
plein d'ÂNERiES. Qui fagotteroit suffisamment
un amas des asneries de l'humaine sapience, il
dirait merveille. (Montaig.) Eh bien! coquin,
voilà de tes âneries! (Mol.) Il nous faut ava-
ler ces puériles àneries. (Chateaub.) De pa-
reilles âneries font grand tort. (P.-L. Cour.)
Ce que je viens de dire est une ânerie. (H.
Beyle.) Il Imbécillité, stupidité : Il est d'une
âneiîie incroyable.
— Anecdotes. « Madame, disait à sa maî-
tresse une domestique qui voyait marcher un
télégraphe, est-ce signe de pluie ou de beau
temps ? •
Il n'y a pas bien longtemps encore i
lisait sur une porte de la rue Saint-Honc
Paris : B***, chirurgien-accoucheur des an
:s auprès des grandes villes.
Un capucin disait que Dieu avait bien fait
de mettre la mort à la fin de la vie, parce qu'on
avait ainsi le temps de s'y préparer.
Un homme disait, en parlant d'un chien qui
ne voulait pas le suivre : » C'est étonnant,
lorsque je suis avec son maître, il me suit
toujours. ■
Un homme de la campagne se plaignait à
Une dame se désolait de n'avoir pas eu
d'enfants. « C'est bien fâcheux, lui dit un
et madame votre mère en a-t-elle
ANE
• Est-il peureux? demandait-on à un homme
n lui partant d'un cheval qu'il venait d'ache-
Quelqu'un ayant appris qu'on allait dresser
l'obélisque sur la place de la Concorde, à Pa-
ris, demanda sérieusement qui aurait l'hon-
neur d'en poser la première pierre.
M. G... venait de la comédie; on lui demanda
quelle pièce on avait donnée. « Ma foi, dit-il,
il pleuvait si fort quand je suis entré, que je
n'ai pas pu lire l'alfiche. ■
« Cette année, disait un homme quelque peu
superstitieux, le carnaval ne sera pas gai : le
mardi gras tombe le 13. — Il ne manquerait
plus, s écria quelqu'un, que ce fut un ven-
dredi 1 »
Un homme venait de se faire prendre la
mesure d'un habit brun. Comme le tailleur
s'en allait, il le rappela. « A propos, j'oubliais
otl'il fflnt. AU<:3i mp iirpnrirA m^nrA d'un haVif
On plaisantait un chasseur sur sa mala-
dresse : « Hier encore, lui disait-on, vous êtes
revenu bredouille. — Bredouille!... pas du
tout : j'ai tué, hier, une Aoutarde. — Avec une
H? — Non, monsieur; avec mon fusil. »
Un perruquier, qui avait fait peindre sur le
devant de sa boutique une longue et pom-
peuse enseigne, avait mis au bas, en forme de
post-scriptum ; > Si vous ne savez pas lire,
adressez-vous à l'écrivain public qui est en
A
A la première représentation des Pêcheurs
de Catane, au Théâtre-Lyrique, un spectateur
laissa échapper cette observation étonnante :
« Pêcheurs de catane! sont-ils bêtes I Coihiup.
s'ils n'auraient pas pu trouver un poisson pli
Dans un roman historique, intitulé. Marie
de Médicis, on lit la phrase suivante : n Avant
1607, Paris restait pendant la nuit plongé dans
une complète obscurité; les réverbères, qui
n'étaient pas alors inventés, rendaient la nuit
plus obscure. •
> Le soleil a du mérite sans doute, disait un
Irlandais ; mais la lune vaut beaucoup mieux ;
le soleil ne se montre que pendant le jour,
tandis que la lune brille pendant la nuit,
alors que nous avons vraiment besoin d'être
éclairés. »
Un papa très-sévère à l'endroit de l'obéis-
sance filiale , réprimandait son fils , jeune
t arçon de dix ans, qui était allé prendre un
ain sans permission. « Tu sais pourtant, lui
disait-il, que je t'ai défendu d'entrer dans l'eau
avant que tu saches nager. »
Un bon bourgeois fit creuser un puits dans
son jardin, et comme les ouvriers lui deman-
daient où ils devaient transporter l'énorme
tas de terre qui en résultait : « Parbleu! ré-
pondit notre homme, faites un trou à coté et
mettez-la dedans. »
Un médecin avait prescrit à un de ses ma-
lades une tisane fort, amêro, dont il fallait
chaque jour boire deux verres, et, pour l'en-
courager, il lui disait : « 11 n'y a que le pre-
mier verre qui coûte. — Eh bien, docteur, ne
pourrais-je pas me contenter de ne boire que
le second verre? »
« Vous avez détruit la beauté de votre che-
val en lui coupant les oreilles, disait un par-
ticulier à un de ses amis ; quelle raison pou-
viez-vous avoir? — Mon cheval était ombra-
geux, il dressait les oreilles à chaque objet
qu'il rencontrait; je les lui ai coupées pour le
guérir de sa peur. »
Une grande dame représentait depuis long-
temps à son mari que leur dépense excédait
le chiffre de leur revenu, et elle accusait l'in-
tendant d'infidélité. » Madame, lui répondit le
duc, je l'ai bien soupçonné, mais ayant exa-
miné les additions, je les ai toujours trouvées
exactes? »
Un journal avait inséré l'annonce suivante :
Un enfant, sourd-muet de naissance, âgé de
quatorze ans, a disparu de la maison pater-
nelle depuis trois jours. Los personnes qui le
rencontreraient sont priées de le reconduire
chez ses parents, telle rue, tel numéro. 11 ré-
pond au nom de Martin.
ANE
Quelques années avant la Révolution, on
composa et on joua à Limoges un opéra à la
louange du gouverneur. Le théâtre représen-
tait une nuit semée d'étoiles, et le poème com-
mençait par ce vers, qui fut entonné avec une
emphase merveilleuse :
Soleil, vis-tu jamais une pareille riuit?
« François, qu'est devenue la lettre qui était
sur cette table? demandait un capitaine à son
brosseur. — Je l'ai mise il la poste, mon capi-
taine. — Mais il n'y avait pas d'adresse? —
Oh ! reprend finement François, je m'en suis
bien aperçu ; mais j'ai pensé que vous ne vou-
liez pas qu'on save à qui que vous écriviez. ■
Jocrisse va au marché, il demande des per-
drix. « C'est t fr. la pièce si vous les prenez
toutes, répond la marchande, ou bien 1 fr. 50 c.
à choisir. » Jocrisse en prend quatre qu'il
choisit, et, aux reproches de son maître qui
lui dit que pour 6 fr. il pouvait les avoir
toutes: «Oui, répond Jocrisse, maisj'ai choisi.»
Catherine va au marché ; elle e: „
temps des homards si bien vivants qu'ils s.
promenaient sur le trottoir; elle demande le
prix, le débat en bonne ménagère, et finit par
.acheter deux de ces crustacés. Un soupçon
lui vient au dernier moment. « Au moins, dit-
elle à la marchande avant de la payer, sont-
ils bien frais? »
Un jeune campagnard, en se présentant un
matin à la classe, fut interpellé par l'institu-
teur : «Holà! Michel, vous étiez singulière-
ment distrait en vous levant, ce matin. Pour-
riez-vous me dire pourquoi vous avez mis vos
bas à l'envers? — Je l'ai bien fait exprès, ré-
pondit Michel d'un air fin et entendu ; c'est
parce qu'il y avait des trous de l'autre coté. •
On jouait la comédie en société dans une
petite ville de Suisse. Une jeune lille devait
remplir le rôle principal. Un peu avant qu'on
levât la toile, la mère de la jeune personne
s'avance, et s'adressant à l'assemblée : "Mes-
dames, dit-elle, je voudrais bien que vous
eussiez la complaisance de permettre que ma
fille dît son rôle la première, parce que nous
soupons en ville. »
Dans une ville de province, où venait d'é-
clater un incendie, les pompes, amenées sur
le lieu du sinistre, ne purent être d'aucun se-
cours, à cause de l'état de négligence dans
lequel elles étaient longtemps restées. Aussi-
tôt le capitaine des pompiers adresse à sa com-
pagnie un ordre du jour prescrivant de tenir
s en état de manœuvrer, surtout les
*o:
Un homme très-crédule disait qu'il n'avait
pas de confiance dans la vaccine. « A quoi
sert-elle? ajouta-t-il; je connais un enfant,
beau comme le jour, que sa famille avait fait
vacciner... eh bien! il est mort deux jours
après... — Comment! deux jours après?... —
Oui... il est tombé du haut d'un arbre, et s'est
tué roide... faites donc vacciner vos enfants,
après celai •
Un commissionnaire s'est chargé de porter
une lettre et de rapporter la réponse. « Vous
demanderez M. X... père; s'il est absent, vous
remettrez la lettre a son fils. » L'émissaire
reparaît au bout d'une heure. « Et ia ré-
ponse? — M. X... n'y était pas. — Eh bien!
ne vous avais-je pas recommandé dans ce
cas de remettre la lettre à s
s pas n
z pas dit le nom du fils. »
On sait qu'à Paris les maisons de librairie
adoptent ordinairement une spécialité; c'est
ainsi qu'il y a librairie religieuse, librairie
classique, nbrairie militaire, librairie agri-
cole, etc. Un monsieur se présente un jour
dans une librairie et demande le Jardin des
Racines Grecques, de M. P. Larousse : « Mon-
sieur, répond le commis, nous n'avons pas ce
livre ; vous le trouverez à deux pas d'ici, à la
librairie agricole. »
Jean-Pierre Bonacin, rémouleur à Marly,
auquel ses parents ont oublié de donner le til,
reçoit une lettre de son fils, Athanase-Jocrisse
Bonacin, sous-moucheur au théâtre du Palais-
Royal. Mais, autre oubli, le père Bonacin ne
teur de Marly, et lui dit : » Monsieur le maître,
voici une lettre d'Athanase que vous allez me
lire tout haut, mais en vous bouchant les
oreilles, afin qu'il n'y ait que moi qui entende. •
Le père d'un paysan se mourait. Celui-ci
alla chez le curé et demeura trois heures à -sa
porte à heurter tout doucement. Le curé \\x\
dit : « Que ne frappiez-vous plus fort? — J'a-
que faire. — Oh! non, monsieur, reprit le pay-
san; Pierrot, mon voisin, m'a prorais qu'il
l'amuserait en vous attendant. »
• Je suis très-mécontent de X..., qui est
d'une négligence impardonnable. Ecrivez-lui
une lettre verte , disait un jour „un chef de
bureau à Bordognon, son subordonné. — Oui,
monsieur, tout de suite, fit Bordognon. « Et
sur ce, il se dirigea vers le placard a lettres,
dans lequel il se mit à fureter de tous les cô-
tés. « Mais que cherchez-vous donc là? lui dit
au bout de dix minutes un de ses collègues. —
Parbleu 1 une lettre. — Vous ne voyez donc
pas? il y en a devant vous. — Je le sais bien,
mais c'est une lettre verte qu'il nie faut. «
Un Nemrod parisien allant passer quelque
temps dans un des départements où la chasso
était ouverte, avait emporté un équipement
complet, et, entre autres choses, deux paires
de bottes, l'une ordinaire, l'autre à l'écuyère.
Descendu à.l'hôtel, il ordonne à son domes-
tique d'aller lui chercher une de ces paires de
bottes laissées dans la voiture. Barnabe lui
rapporte aussitôt une petite botte et une
grande, i Imbécile, que veux-tu que je fasse
de ces chaussures dépareillées? Allons, va-t'en
m'en chercher d'autres. — C'est inutile, mon-
sieur, les autres sont pareilles à celles-ci. »
Un jeune Alsacien, domestique à Paris, re-
çut la visite de son père. Le jeune homme,
retenu par les exigences de son service, en-
voya le brave homme se promener au Jardin
des Plantes. Comme celui-ci n'avait pas re-
paru depuis trois ou quatre jours, le fils se
rendit à la Morgue, et, ne reconnaissant rien
sur les dalles du funèbre monument, il s'adressa
au gardien et lui dit : » Si mon pauvre père
vous arrive,' faites-le-moi savoir chez M. le
comte de X. , où je suis valet de chambre. Vous
reconnaîtrez facilement mon père, car il est
sourd comme un pot.
Un droguiste, qui avait réalisé une grande
fortune rue des Lombards, s'était retiré à la
campagne. Se trouvant un jour indisposé, son
médecin lui conseille un peu d'exercice, deux
heures de cheval tous les matins. Quelques
jours se passent et notre droguiste s'en va ré-
gulièrement et quotidiennement dans son écu-
rie ; un beau matin, sa femme, fort intriguée de
son séjour prolongé dans ce salon de nouvelle
espèce, y pénètre a son tour et trouve son
mari monté sur son cheval et contemplant
d'un air mélancolique le râtelier. Elle s'étonne.
« Qu'y a-t-il donc de surprenant? dit le dro-
guiste; je suis les prescriptions du docteur;
ne sais-tu pas qu'il m'a ordonné deux heures
de cheval tous les matins? »
Un jour, dans le conseil de Florence, on
avisait aux moyens de créer de nouvelles
ressources pour soutenir la guerre que l'on
faisait aux Pisans. Aucune des mesures pro-
posées ne semblait réalisable, et le conseil
était dans le plus grand embarras, lorsqu'un
membre se leva vivement, comme éclaire par
■ une idée subite : « Citoyens, dit-il, j'entrevois
la possibilité de doubler nos revenus. Vous
savez que, parmi les impôts établis à Florence,
aucun n'est plus profitable que celui qui se
perçoit aux portes de la ville. Nous avons dix
portes, qui nous empêche d'en ouvrir dix
autres? Par là nos ressources augmenteront
de moitié, et nous ferons une guerre hono-
rable. »
Un jeune séminariste, qui devait subir sa
dernière épreuve pour la prêtrise, avait en-
tendu cette. question posée dans un précédent
examen : « Que feriez-vous si une araignée
tombait dans le calice au moment de la consé-
cration? — Je la prendrais délicatement avec
les deux doigts, avait répondu l'élève- inter-
-■ ;é; je la poserais sur la patènej je la brùle-
stjei
s les c
mêlée;
du calice. » Notre trop naïf candidat, qui avait
entendu l'examinateur applaudir à cette ré-
ponse , s'en était emparé, se promettant in
petto d'en faire son profit à l'occasion. Elle
se présenta en effet. « Que feriez-vous, lui
demanda-t-on le jour de l'examen, si un àne
venait boire au bénitier? — Je le prendrai
délicatement entre les deux doigts,.. • Le
reste se deviné.
Une école régimentaire était réunie dans
la salle destinée à ses exercices. Le maréchal
des logis, faisant les fonctions de moniteur,
présidait à la leçon d'écriture, lorsque le com-
mandant Rondonneau se présente pour inspec-
ter l'école. « C'est bien, très-bien, dit-il en
voyant les magnifiques bâtons que dessinaient
les recrues, voilà au moins qui est aligné I »
En faisant le tour de la salle, il aperçoit, dans
un coin, un banc rompu qu'on y avait relégué,
t Qui a cassé ce banc? dit l'officier. — Mon
ANE
commandant, répond le moniteur, ce banc &
été cassé par... vétusté. — Vétusté I fit le com-
mandant, en rembrunissant sa figure et tor-
'dant sa moustache, consignez Vétusté pour
quinze jours à la salle de police. — Pardon,
mon commandant, dit timidement le sous-offi-
cier, mais c'est que... peut-être... — Comment!
prétendez- vous l'excuser? — Non, mon com-
mandant, seulement je voulais me permettre
de vous faire observer que... — Vous répli-
quez, maréchal des logis ; c'est de l'insubordi-
nation ; vous garderez trois jours les arrêts. »
Et le commandant Rondonneau acheva gra-
vement son inspection, sans autre incident.
Quand on n'entendit plus retentir les talons
de ses grosses bottes sur les dalles du vesti-
bule, alors les rires, que la crainte avait com-
primés, éclatèrent sur tous les bancs, et le
maréchal des logis ne' put s'empêcher de
prendre part lui-même à l'hilarité générale.
Quant au commandant, on échangea, dans les
entretiens intimes de la caserne, son nom de
Rondonneau contre celui de Vétusté, qu'on lui
conservajusqu'à ce qu'il fût mis à la retraite...
par vétusté. On dit qu'il charme maintenant
ses loisirs par l'étude des belles-lettres, qu'il
avait furieusement négligées dans les camps,
comme il l'avouait ingénument lui-même.
Peut-être apprendra-Ml , en lisant La Fon-
taine, que le Pirée n'est pas un homme, pas
plus que vétusté n'est un dragon.
Biaise voyant à l'agonie
Lucas, qui lui devait cent franc»,
Lui dit : • Toute honte bannie,
Ça, pavez-moi vite, il est temps.
— Laissez-moi mourir à mon aise
Répondit faiblement Lucas.
Que je ne sois payé, » dit Êlaise.
Ayant a faire un assez long voyage,
A son valet, tout frais débarqué du village,
Maître Robert dit: ■ Il faudra demain
M'éveiller de fort grand matin. •
Des la pointe du jour le valet ne fait faute,
A la chambre du maître, en quatre pas, il saute;
Mais l'entendant qui ronflait rudement,
A pas de loup il redescend.
Longtemps après, maître Robert s'éveille J
Il se rappelle que la veille
11 a recommandé Cependant i! est tard!
Il sonne son valet : • T'ai-je pas dit, pendard,
Do venir m'éveiller aujourd'hui des l'aurore?
ANERIO (Félix), compositeur de musique, né
à Rome vers 1560, mort vers 1630. Il succéda
à Palestrina comme compositeur de la chapelle
pontificale. On a de lui un grand nombre de
morceaux de musique d'église. Son frère ,
Jean-François, fut également un compositeur
distingué.
ANÉROÏDE adj. (a-né-ro-i-de — du gr. an
pour a priv. ; aér, air, et eidos, forme). Phy-
siq. Mot qui s'applique à un genre particulier
de baromètre, fonde sur l'élasticité des mé-
taux, principe très-différent de celui sur le-
quel repose le baromètre ordinaire.
—Peut s'employer substantiv. : Z/anéroïde-
Vidi , du nom de l'inventeur, auquel cette
ingénieuse idée a été aussi vivement qu'in-
justement disputée. V. Baromètre.
anerpOnte adj. (a-nèr-pon-te — du gr.
anerpà, je gravis, je grimpe). Zool. Qui peut
grimper le long des arbres, des murailles.
— s. m. pi. Ornith. Famille de l'ordre des
passereaux.
Anervé, ÉE adj. (a-nèr-vé — du gr. a
priv. : newon, nerf). Entom. Se dit d'insectes
dont les ailes sont sans nervures.
ANERVIE s. f. (a-nèr-vî — du gr. a priv. ;
neuron, nerf)- Pathol, Défaut d'action ner-
veuse, paralysie, it On dit aussi aneurie.
anérythroblepsie s. f. (a-né-ri-tro-
blè-psi — du gr. a priv. ■ eruthros, rouge, et
blepein, voir). Pathol. Vice de la vue, qui con-
siste à ne pas pouvoir distinguer le rougo,
qui reste confondu avec le gris cendré. C'est
un des cas du daltonisme ou dyschromatopsie :
Le chimiste Dation était affecté d'une anéry-
ANESE (saint), martyr en Afrique. Fête le
31 mars.
ANÉSIDOHE. Myth. gr. (Qui prodigue ses
dons.) Surnom de Cérès, adorée particulière-
ment chez un petit peuple de l'Attique.
anésie s. f. (a-né-zî — du gr. anesis, relâ-
chement). Méd. Rémission, amélioration dans
les symptômes d'une maladie.
ANÉSIPOME adj. et s. m. (a-né-zi-po-ine
— du 6r- anesis, relâchement ; pâma, oper-
cule). Ichth. Se dit des poissons qui ont l'o-
percule mobile.
ANESIS s. m. (a-né-ziss). Espèce de cheval
appartenant à la race arabe : i' anesis est
très-rare aujourd'hui. La race la plus recher-
chée des chevaux arabes, et gui est aujourd'hui
presque éteinte, est celle des anesis. (O. De-
lafond.)
ÂNESSE s. f. (à-nè-se — rad.'dne}. Femelle
de l'âne : Se promener sur une ânesse. Un
conducteur «Z'ânesses. Z'ânesse est recherchée
pour son lait, très-facile à digérer, et que l'on
prescrit aux- convalescents et aux poitrinaires.
I L'impératrice Poppée avait dans ses écuries
ANE
cinq cents ânesses, dont le lait lui fournissait
chaque matin un bain destiné à entretenir la
blancheur et la finesse de sa peau. L'ânesse ,
lorsqu'on la sépare de son petit, passe à
travers les flammes pour aller le rejoindre.
(Buff.) i'ÂNESSE ne produit qu'un petit, et si
rarement deux, qu'à peine en a-t-on des exem-
ples. (Buff.) Les anbsses sont plus recherchées
par les cultivateurs que les mâles de leur es-
pèce, quoiqu'elles aient moins de taille et de
vigueur. (Encycl. mod.)
— Syn. Anpgse, bourrique. L'ânesse est le
nom ordinaire de la femelle del'àne. Bourrique
est le nom qu'on lui donne quand on la consi-
dère comme une bête de charge. Anesse ne
s'emploie point au figuré ; bourrique, au con-
traire, se dit de personnes ignorantes, sans
distinction de sexe : A ces paroles, notre petit
bossu traita son contradicteur de bourrique,
et les disputeurs se prirent au collet. (Le Sage.)
— AUus. hist. Aaoaae do Italaain, ânesse
dont il est parlé dans l'Ecriture, et qui,
dans une circonstance demeurée célèbre, ac-
quit tout a coup le don de la parole. V. Ba-
laam. Les écrivains se sont emparés de cet
épisode miraculeux, et en font le sujet d'ap-
.plications toujours plaisantes :
« Jusqu'à quel degré d'infirmité a-t-il donc
fallu que descendît l'esprit d'oppression d'un
gouvernement, puisqu'un Frédéric de Raumer
lui-même en a perdu patience, est devenu ré-
tif, n'a plus voulu trotter plus loin, et même a
commencé à parler en langage d'homme? Au-
rait-il vu l'ange avec son glaive au milieu du
chemin, tandis que les Balaam de Berlin,
éblouis qu'ils sont, ne le votent pas encore? »
Henri Heine.
t Le rustre qui montait ce .cheval distrait le
frappa du fouet et le gourmanda en disant :
« Voilà encore un de ses caprices 1 ce maudit
« animal n'en fait pas d'autres : il faut qu'il
«regarde tout; on jurerait qu'il veut s'in-
« struire ; un peu plus, et il parlerait allemand
« comme l'ânesse de Balaam. i
v Alphonse Esquiros.
« Cette pauvre idiote était assurément la
plus simple et la plus ignorante créature que
nos montagnes eussent jamais produite. Quand
on me dit qu'elle prêchait, mais qu'elle prê-
chait à merveille, je n'en crus rien du tout.
Il ne pouvait pas me tomber dans l'esprit
qu'elle pût seulement joindre quatre mots de
français ensemble, ni même qu'elle eût la har-
diesse de parler dans une compagnie. Cepen-
dantj'ai été témoin plusieurs fois qu'elle s'ac-
quittait, de tout cela miraculeusement bien.
Cette pauvre folle, véritable ânesse de Balaam,
avait une bouche d'or quand l'intelligence cé-
leste la faisait parler. » Louis Figuier.
de Saiil.
Sous le pontificat de Samuel, le peuple, se
lassant du gouvernement des juges, vint dire
au prophète : « Donnez-nous un roi, comme en
ont toutes les nations. » Samuel essaya de les
détourner de ce dessein contraire à la loi mo-
répondit : « Fais ce que ce peuple te demande,
car ce n'est pas toi, c'est moi qu'il rejette. »
En vain Samuel dépeignit aux Israélites le
joug qu'un roi appesantirait sur eux : « Il
prendra vos enfants, il les fera monter sur ses
chevaux et sur ses chariots de guerre ; il fera
de vos filles ses servantes ; il prendra ce qu'il
y aura de meilleur dans vos champs, dans vos
vignes, dans vos plants d'oliviers ; il lèvera la
dîme de vos troupeaux et vous serez ses es-
claves. • Le peuple s'obstina dans sa demande,
et le prophète jeta les yeux sur une obscure
famille de la plus petite tribu d'Israël.
Il y avait alors en Benjamin un homme du
nom de Cis, dont le fils, appelé Saiil, était
d'une taille avantageuse et d une beauté re-
marquable. Un jour, les ânesses de son père
s'étant égarées, Saûl, fatigué de les chercher,
s'en alla consulter le voyant. Samuel, averti
dès la veille par le Seigneur, reconnut aussi-
tôt celui que Dieu destinait à la royauté, et,
l'ayant tiré à. l'écart, il lui répandit une petite
fiole d'huile sur la tête en disant : ■ Le Sei-
gneur, par cette onction, te sacre prince sur
son héritage. »
L'énorme disproportion entre la chose cher-
chée et l'objet trouvé se prêtait trop à l'anti-
thèse pour ne pas tomber dans le domaine lit-
téraire, et y devenir l'objet d'allusions presque
toujours plaisantes :
« Il y a toujours dans les proverbes quelque
trait particulier qui en indique le sens, et ce
sens n'est jamais impénétrable pour qui sait
le chercher. En cherchant bien on finit par
trouver, et quelquefois mieux que ce qu'on
cherchait. C'est le cas d'appliquer le proverbe :
Saiil cherchait des ânesses et il trouva une cou-
ronne. » Quitard.
■ 11 ne manque plus maintenant au préten-
dant français que de reparaître, comme autre-
fois le prétendant anglais, dans sa patrie.
ANE
353
Eh! mon Dieu, qu'il vienne! je lui prédis la
sort inverse- de celui de Saûl, qui cherchait
les ânes de son père et qui trouva une couronne :
le jeune Henri viendra en France pour y cher-
cher une couronne et il n'y trouvera que les
ânes de son père. > Henri Heine.
ANESTHÉSIANT (a-nè-sté-zi-an) part,
prés, du v. Ancsthésior.
ANESTHÉSIATION s. f. (a-nè-sté-zi-a-
si-on — rad. anesthésie). Méd. Action d'anes-
thésier ; résultat de cette action.
ANESTHÉSIE s. f. (a-nè-sté-zî — du 'gr. a
priv.; aisthèsis, sensibilité). Privation géné-
rale ou partielle de la faculté de sentir : L'k-
nesthésib est un fait acquis à la science, mais
ses dangers présentent un certain nombre de
problèmes, dont la solution intéresse surtout la
sécurité des nombreux malades qui viennent
réclamer les secours de la chirurgie. (Journ.)
L'action du chloroforme est rapide et quelque-
fois instantanée; ('anesthésie est persistante
sans rêve, sans période habituelle d'excitation.
(Sédillot.) La peur combattit un instant les
effets de /'anesthésie. (Ed. About.) .
— Par ext., en parlant des plantes : Im-
primez à cette fleur un choc léger, aussitdt
elle remuera ses folioles, et dans quelques se-
condes celles-ci seront refermées les unes sur
les autres, J'anbsthésie aura cessé. (V.
Meunier.)
— Antonyme. Hypéresthésie.
— Encycl. On entend par anesthésie toute
privation ou toute diminution de la sensibilité
en général, ou de la sensibilité d'un organe en
particulier.' Il peut arriver que Yanesthésie
consiste uniquement dans la perte de la sensi-
bilité à la douleur, la propriété du toucher
restant intacte. Elle reçoit alors le nom d'a-
nalgésie. (V. ce mot.) Dans Yanesthésie. la sen-
sibilité peut être détruite au point que les ma-
lades ne sentent absolument pas la contact
des corps. Bérard ci taitdans ses cours l'exemple
.d'un homme qui avait si complètement perdu
la sensibilité de la lèvre intérieure, que le
verre dont il se servait en buvant lui parais-
sait ébréché dans le point où il touchait cette
lèvre. D'autres fois, la sensibilité est seule-
ment diminuée : on peut alors observer, si
Yanesthésie siège aux pieds, que les malades
ne sentent pas uien le sol en marchant, qu'ils
croient marcher sur du coton , sur quelque
chose d'élastique ; si elle siège aux mains, ils
saisissent mal les objets et les lâchent facile-
ment, croyant les bien tenir.
sions des troncs nerveux, maladies organiques
des centres nerveux et surtout ramollissement
du cerveau. Elle peut être produite par l'ac-
tion sur le système nerveux de certains agents
dits anesthésiques, tels que l'éther, le chloro-
forme, l'amylène, etc., agents précieux dans
la pratique chirurgicale. (V. Anesthésiques.)
Elle survient dans tous les genres d'asphyxie
proprement dite, c'est-à-dire dans les diverses
conditions où l'oxygène de l'air cesse d'être
introduit dans le sang, et de remplacer l'acide
carbonique produit par désassimilation.
ANESTHÉSIE, ÉE (a-nè-sté-zi-é) part,
pass. du v. Aneslliésier : Les malades anes-
thésiés reviennent vite à l'état normal. (Acad.
des se.)
anesthésier v. a. ou tr. (a-nè-sté-zi-é
— rad. anesthésie). Priver quelqu'un partiel-
lement ou totalement de la faculté de sentir,
par l'emploi de substances anesthésiques :
Cet expérimentateur a pu anesthésjer lemème
animal un grand nombre de fois sans que sa vie
ait été compromise. (L. Figuier.) il On dit aussi
ANESTHÉTISER.
anesthésique adj. (a-nè-sté-zi-ke — rad.
anesthésie). Qui produit l'anesthésio : Sub-
stances, vapeurs, inhalations anesthésiques.
La propriété anesthésique de l'amylène, du
gaz acide carbonique. (C. Figuier.) Il lui pro-
posa d'employer l agent anesthésique dont il
possédait le secret. (Balz.) il Qui a pour objet
l'anesthésie : La découverte de la méthode
anesthésique a été l'une des plus magnifiques
conquêtes de la science moderne ; mais ses bien-
faits sont contre-balancés par certains périls.
(L. Figuier.)
— Sommeil anesthésique, Sommeil produit
par l'inhalation de l'éther, qui produit une
insensibilité générale ou partielle : Le som-
meil anesthésique est plus calme, plus natu-
rel, sans sterteur. (Acad. des se.)
— s. m. Substance qui produit l'anesthé-
sie : Le chloroforme est j'anesthésique le plus
en usage aujourd'hui. Les journaux de méde-
cine ont annoncé divers résultats obtenus par
l'emploi de nouveaux anesthésiques. (L. Fi-
guier.) Si dans une opération on a recours aux
anesthésiques, l'emploi en est confia à une
personne sûre et expérimentée, ou surveillé et
dirigé par l'opérateur. (Sédillot.)
— Encycl. On désigne sous le nom A'ancs-
thésiques des agents qui, introduits dans la
circulation, le pins souvent au moyen de l'ab-
sorption pulmonaire, et portés vers l'axe cé-
rébro-spinal, jouissent de la propriété d'affai-
blir ou d'éteindre la sensibilité et de suspendra
les mouvements volontaires. En thérapeutique,
on utilise cette propriété pour supprimer la
douleur dans les opérations chirurgicales, et
pour combattre les maladies caractérisées par
45
354
ANE
une excitation des fonctions sensorielles ou
locomotrices. Les principaux anesthesiqu.es sont
l'éther et le chloroforme.
« L'usage des anesthésiques, dit M. Gosselin,
est de date récente j jusqu'à notre époque on
avait bien cherché quelquefois des moyens
propres à diminuer la douleur dans les opéra-
tions ; les uns avaient, par exemple, conseillé
dans ce but l'opium ; les autres avaient profité
de l'ivresse alcoolique dans laquelle étaient
plongés les malades ; mais la plupart des chi-
rurgiens ne croyaient pas à la possibilité de
'généraliser l'emploi de ces moyens. » L'éther
sulfurique est la première substance dont on
ait constaté les propriétés anesthésiques. Cette
chirurgiens Warren, Bigelow, Hayward
de l'année 1847 à l'Académie de médecine par
M. Malgaigne. Vers la fin de la même année
(1847), M. Flourens flt connaître les propriétés
• anesthésiques du chloroforme, et M. Simpson,
chirurgien à Edimbourg, l'introduisit dans la
pratique chirurgicale et obstétricale, où son
action, plus rapide, plus sûre et plus persis-
tante que celle de l'éther, ne tarda pas à le
faire employer à peu près exclusivement.
On produit l'anesthésie en faisant respirer
au malade les vapeurs que dégage l'éther
ou le chloroforme. L'administration de l'éther,
à cause de la très-grande volatilité de cette
substance, nécessitait l'emploi de petits appa-
reils appropriés. Pour chloroformiser, aucun
appareil n'est nécessaire. Un peu de liquide
versé à l'intérieur d'une éponge taillée en
ereux ou sur un mouchoir de poche, sur une
compresse, et appliqué par-dessus la bouche
et les narines de manière à être largement
respiré, suffit ordinairement, en une ou deux
minutes, pour produire le sommeil anesthésigue.
Les phénomènes produits par l'administra-
tion des agents anesthésiques sont rapportés
par les chirurgiens à deux périodes distinctes :
l'une d'excitation , pendant laquelle on voit
surtout l'agitation, les secousses convulsives,
les mouvements comme tétaniques ; l'autre de
sommeil, pendant laquelle les malades se mon-
trent calmes et insensibles. Le moment où la
seconde période est atteinte est la limite que
l'anesthésiation ne doit pas dépasser. Conti-
nuée imprudemment au delà de cette limite,
l'inhalation d'éther ou de chloroforme ne tar-
derait pas à affecter les fonctions organiques,
la respiration et la circulation; on entrerait
dans une troisième période, période d'anéan-
tissement ou de stupeur bientôt suivie de la
mort. M. Bouisson, de Montpellier, voit dans
l'anesthésie prolongée jusquà la mort deux
périodes naturelles : période de l'anesthésie de
la vie animale ; période de l'anesthésie de la
vie organique. Û divise la première en trois
temps : 1» excitation générale; 2<> abolition de
l'intelligence et de la sensibilité; 3» abolition
des mouvements volontaires, puis des mouve-
ments réflexes. L'anesthésie de la vie orga-
nique comprend également trois temps :
1° abaissement de la température du corps;
20 ralentissement de la respiration ; 3° ralen-
tissement, puis cessation de l'action du cœur,
et mort.
La plupart des physiologistes regardent les
phénomènes anesthésiques produits par l'éther
et le chloroforme comme le résultat de l'ac-
tion de ces substances sur les centres nerveux.
Cette action abolit successivement les fonc-
tions des lobes cérébraux, du cervelet, de Ja
protubéranca.annulaire, de la moelle épinière
et de la moe!le,allongée. L'anesthésie des lobes
cérébraux et du cervelet correspond à la perte
de l'intelligence et au désordre des mouve-
ments; l'anesthésie de la protubérance, à la
perte de la sensibilité et des mouvements vo-
lontaires; l'anesthésie de la moelle épinière, à
la cessation des mouvements réflexes ; l'anes-
thésie du bulbe rachidien, à l'arrêt de la respi-
ration et à la mort. M. Amussat suppose que
la perte de la sensibilité et du mouvement est
due, non à l'influence directe et spéciale des
agents anesthésiques sur les centres nerveux,
mais au commencement d'asphyxie que déter-
minent ces agents en abolissant les propriétés
physiologiques du tissu pulmonaire. Cette
théorie s'appuie sur une série d'expériences
dans lesquelles le sang des artères a été trouvé
noir chez des animaux soumis pendant un cer-
tain temps aux inhalations.
L'introduction des agents anesthésiques dans
la médecine opératoire a réalisé un immense
progrès. La douleur, que l'on retrouvait tou-
jours comme un obstacle, désormais endormie,
vaincue, laisse au chirurgien toute la- liberté
de son action ; les opérations nécessaires ne
sont plus d'affreuses tortures. Outre l'avan-
tage de faire disparaître l'élément douleur,
les agents anesthésiques offrent dans certains
cas, par exemple dans la réduction des luxa-
tions et dans celle des hernies étranglées, celui
de supprimer l'obstacle que la contraction
musculaire apporte aux efforts du chirurgien.
L'utilité de' l'anesthésiation se mesure, non pas
seulement sur la gravité des opérations et sur
les douleurs qu'elles occasionnent, mais aussi
sur leur durée, leur délicatesse et l'immobilité
qu'elles nécessitent.
Les agents anesthésiques peuvent présenter
des dangers sérieux ; ils ne doivent être ma-
niés que par des mains expérimentées, et ad-
ministrés en général que pour des opérations
ANE .
longues et douloureuses. 11 est imprudent d'y
recourir dans un certain nombre d'états pa-
thologiques, par exemple dans ceux qui ex-
posent a la syncope.
Dans l'administration des anesthésiques , il
faut, pour éviter les accidents^ observer exac-
tement les précautions suivantes : 1" surveiller
attentivement, pendant toute la durée de l'in-
halation, l'état des organes de la circulation
et de la respiration, en explorant le pouls, la
face, et les mouvements du thorax; 2» prendre
soin que l'air se mêle suffisamment aux va-
peurs anesthésiques, et que la respiration
s'exécute avec une entière liberté; 3° sus-
pendre l'inhalation aussitôt l'insensibilité ob-
tenue, sauf à y revenir quand la sensibilité se
réveille avant la fin de 1 opération.
L'éther et le chloroforme ne sont pas les
seuls agents anesthésiques connus ; et bien que
le dernier soit aujourd'hui à peu près exclusi-
vement employé, nous devons dire ici quelques
mots des essais compaVatifs faits par les phy-
siologistes et les médecins sur dautres sub-
stances analogues : éther chlorique ou chlo-
rure d'hydrocarbone, éther nitrique, benzine,
aldéhyde, bisulfure de carbone, amylène. L'é-
ther chlorique produit une violente irritation
de la gorge; l'éther nitrique et le bisulfure de
carbone une grande céphalalgie et des éblouis-
sements; la benzine une sensation intolérable
de bruit dans la tête ; l'aldéhyde une sensation
très-pénible de dyspnée, de constriction de la
poitrine. Aucune de ces cinq substances ne
peut être comparée, ni pour ses effets, ni pour
la facilité de l'emploi, au chloroforme ou à l'é-
ther sulfurique. Quant à l'amylène, elle a été
employée et vantée par le ' docteur anglais
John Snow en 1857. Elle paraît amener l'anes-
thésie sans produire, comme le chloroforme,
des phénomènes d'excitation, mais 'son action
résolutive sur les muscies est moins puissante,
et ses effets moins durables.
— Anesthésiques locaux. Parmi les moyens
employés pour produire l'anesthésie locale se
placent les topiques émollients, narcotiques,
sédatifs, et en premier lieu la réfrigération.
M. Velpeau a essayé plusieurs fois l'application
sur la partie malade d'un mélange de sel et de
glace pilée; mais il a pu voir que l'anesthésie
ainsi produite ne s'étendait pas au delà des
téguments, et n'atteignait pas les couches pro-
fondes. On a vanté les bons effets du camphre
en dissolution dans l'huile, de l'éther chlorhy-
drique chloré et de l'acide carbonique. Ce der-
nier, d'après un grand nombre d'expériences,
n'aurait aucune action sur la peau ; il agirait
sur les organes recouverts de membranes mu-
queuses en calmant les douleurs qui se lient
soit aux névralgies, soit aux inflammations de
ces organes; il serait surtout un excellent
analgésique pour les surfaces dénudées et
ulcérées.
ANESTHETE s. f. (a-nè-stè-te — du gr.
anaisthêtos , hébété). Entom. Genre de- co-
léoptères tétramères longicornes, renfermant
une seule espèce, qui habite la France.
ANESTHÉTISER v. a. OU tr. (a-nè-sté-ti-zé
— rad. anesthésie). Syn. peu usité de anes-
•ANESTHÉTique adj. (a-nè-sté-ti-ke) . Se
dit pour anesthésique.
ANET s. m. (a-nè). Mar. V. Hanet.
ANET, ch.-lieu de cant. (Eure-et-Loir),
arrond. de Dreux; pop. aggl. 1,370 hab. —
pop. tôt. 1,406 hab. Ruines d'un magnifique
château. V, l'article ci-dessous.
merveilles de l'art fiançais à l'époque de la
Renaissance. Henri II le fit bâtir en 1552 pour
Diane de Poitiers, sur les plans de Philibert
Delorme, et le fit décorer par Jean Goujon et
le peintre Cousin. Diane s'y retira après la
mort de son royal amant pour y finir ses jours,
en 1566. Ce château, qui passa ensuite à dif-
férentes familles, était la propriété du duc de
Penthièvre lorsque la Révolution éclata. Il fut
alors confisqué et livré au vandalisme de quel-
ques forcenés. Au mois de juin 1795, la popu-
lace, ayant à sa tête les nommés Moulins, com-
missaire du comité de sûreté générale, et Bon-
jour, son adjoint, pénétra dans la chapelle,
brisa le tombeau de Diane de Poitiers et la
plupart des chefs-d'œuvre représentant des
sujets religieux. Les marbres de l'autel, les
bas-reliefs, les statues, les colonnes, furent
vendus à vil prix à des entrepreneurs de ma-
çonnerie. L'admirable sarcophage de marbre
noir où reposaient les restes de la maîtresse
de Henri II fut acheté par un laboureur, qui en
fit une auge pour faire boire ses chevaux.-Les
autres parties du château furent successive-
ment pillées, saccagées, détruites. En 1798,
l'administration fit faire l'inventaire des meu-
bles et des objets d'art qui avaient échappé à
la dévastation; mais les plus beaux avaient
disparu. Deux ans après, Alexandre fut chargé
de restaurer le portique du château et de l'ap-
pliquer à la porte d'entrée de la salle d'intro-
duction du Musée des monuments français,
dont ce savant était alors conservateur. Ce
bel ouvrage est aujourd'hui un objet d'étude
pour les élèves de l'Ecole des Beaux-Arts, qui
occupe l'ancien local du Musée.
Le château d'Anet, qui, depuis la Révolu-
tion, a appartenu à divers propriétaires, no-
tamment a M. Passy et à M. de Caraman, a
été restauré dans quelques-unes de ses par-
ANE
ties ; mais il est bien loin d'offrir le même inté-
rêt artistique qu'autrefois.
^ On admirait dans cette magnifique résidence
l'architecture de trois ordres de colonnes ; le
portique, orné d'une figure de Diane, d'un cerf
et de quatre chiens ; la galerie régnant autour
d'une admirable horloge ; les fenêtres, ornées
d'un croissant; la chapelle, rotonde décorée
de pilastres en marbre blanc et des statues
des apôtres ; le tombeau de Diane ; les pein-
tures des vitraux ; le grand escalier, orné de
bustes de marbre; l'appartement du roi, la
salle des gardes, le portrait du duc de Ven-
dôme, le tableau de toutes ses conquêtes en
Italie, le cabinet des singes, avec des tapisse-
ries représentant les occupations de ces ani-
maux; le salon de marbre, le cabinet des
Muses, le cabinet entouré de glaces ; l'oran-
gerie, le parc, les canaux, la fontaine de
Diane, avec sa figure en marbre; un bois de
haute futaie percé de grandes allées, et les
bords d'un canal ; l'île d'Amour, les bosquets,
le labyrinthe. L'imagination peut seule conce-
voir le goût et les merveilles de ce château,
qui n'était qu'un riche boudoir ; le fameux ca-
dran où le pied d'un cerf frappait l'heure, que
répétaient les aboiements des chiens ; les fon-
taines, les colonnes, les peintures, les balus-
trades de pierres finement découpées, les allé-
f pries mythologiques, et mille autres chefs-
'œuvre a jamais perdus.
ANETH ou ANET S. m. (a-nètt— gr. anèthon,
fenouil)1. Bot. Plante de la famille des ombel-
lifères, qui croit dans le raidi de l'Europe, et
que l'on- cultive dans les jardins, pour ses
graines aromatiques : Quelques plantes comme
le fenouil, i' aneth, le panais , sont à, fleurs
jaunes. (J.-J. Rouss.) L'indigent ne sème dans
son étroit jardin gue J'aneth, la menthe et le
cumin. (J. de Ma^stre.)
— Encycl. Le genre aneth présente les ca-
ractères suivants : fleurs jaunes, sans invo-
lucres ni involucelles ; calice monosépale à
cinq dentelures ; cinq pétales entiers et roulés ;
style court, recourbé; fruits ovoïdes, compri-
més : graines piano-convexes appliquées deux
par deux l'une contre l'autre.
L'anetk odorant, appelé vulgairement fenouil
bâtard, est le type du genre aneth. C'est une
plante aromatique qui croît dans nos départe-
ments du midi, en Espagne et en Italie. Elle a
une odeur forte assez agréable et une saveur
piquante. Ses graines sont employées dans nos
cuisines àmariner les viandes et forment un des
ingrédients de la choucroute. Elles sont quel-
quefois substituées à l'anis par les confiseurs.
Elles figurent dans la matière médicale comme
semences chaudes, toniques, résolutives, car-
minatives. On en exprime une huile essen-
tielle utilisée en médecine, et dont se servaient
autrefois les gladiateurs pour se frictionner,
parce qu'elle avait la réputation non-seule-
ment d'assouplir, mais encore de fortifier les
membres. Dans leurs festins, les Romains se
couronnaient d'aneth , probablement à cause
de la bonne odeur qu'il exhale.
ANÉTHÈNE OU AN.ŒTHÈNE S. m. (a-né-
tè-ne — rad. aneth). Chim. Partie la plus
volatile do l'essence de fenouil amer.
ANÉTIE s. f. (a-nê-tî — du gr. anaitia,
innocence). Entom. Genre de coléoptères
tétraraères longicornes , renfermant trois
espèces, qui vivent en Europe.
ANÉT1QDE adj. (a-né-ti-ke — du gr. ane-
tikos;da anièmi, je relâche). Méd. Qui éprouve
de la diminution, du relâchement, surtout en
parlant des fièvres.
ANETZ, village du dép. de la Loire-Inf.,
arrond. d'Ancenis; 1,150 hab. On y remarque
les ruines du château de Vers, et en face, de
l'autre côté de la Loire, le vaste château de la
Baugonnière , où s'élèvent une tour et un
donjon du plus beau gothique.
ANEOGMÈNE s. m. (a- neu - gmè-ne).
Entom. Section du genre emphyte.
ANEURE s. f. (a-neu-re — du gr. a priv. ;
neuron, nerf, nervure). Bot. Genre d'hépati-
ques, voisin des jungermannes, et renfermant
une dizaine d'espèces, qui habitent en général
les régions tempérées des deux hémisphères.
— s.f. pi. Entom. Genre d'hémiptères hété-
roptères, voisin des brachyrhynques,et ren-
fermant deux espèces, dont une se trouve en
Europe.
ANEURE, ÉE adj. (a-neu-ré— rad. aneure).
Bot. Qui ressemble à une aneure.
— s. f. pi. Tribu d'hépatiques , ayant pour
type le genre aneure.
ANEURHYNQUE s. m. (a-neu-rain-ke — du
gr. aneu, sans ; rhugehos, bec). Entom. Genre
d'insectes hyménoptères, voisin desdiapries,
et renfermant six espèces , qui habitent
l'Europe.
ANEURIE s. f. (a-neu-rî). Pathol. V. Aner-
ANEURISQTJE s. m. (a-neu-ri-ske— du gr.
aneurisko, je découvre). Bot. Syn. de mono-
ANÉVRISMAL OU ANÉVRYSMAL, ALE
adj. (a-né-vri-smal — rad. anévrisme). Pathol.
Qui appartient, qui a rapport à l'anévrisme :
Tumeur anévrismale. Sac anévrismal. Pal-
pitations anévrismales. Une tumeur ané-
vrismale qui aura à son pourtour la forme
régulière et la consistance presque osseuse d'un
kyste, est quelquefois prise pour ce mode de
ANÉ'
dégénérescence. (Cruveilher.) Les tumeurs ans-
vrismales offrent un volume très - variable ,
depuis celui d'une noisette jusqu'à celui d'une
tête d'homme. (Velpeau.)
ANÉVRISMATIQUE OU ANÉVRYSMATI-
QUE adj. (a-né-vri-sma-ti-ke — rad. ané-
vrisme). Pathol. Qui a les caractères de l'ané-
vrisme: Tumeur d'apparence anêvrismatique.
Une disposition anêvrismatique.
ANÉVRISME OU ANÉVRYSME S. m. (a-né-
vri-sme — du gr. aneurusma, dilatation).
Pathol. Tumeur formée par du sang ot com-
muniquant avec une artère.
— Par compar. Plénitude, encombrement :
Carlyle étudie cet anévrisme commercial,
comme un médecin qui reconnaît que la force
de la vie accumulée sur un point va devenir
dangereuse. (Ph. Chastes.)
— Gramm. La forme scientifique du mot
est anévrysme; on le trouve écrit par un y
dans tous les ouvrages de médecine. Cette
orthographe est plus en rapport avec l'étymo-
logie, l'upsilon (u) se changeant toujours en y
quand il passe dans un mot de notre langue.
Toutefois, cet y tend chaque jour à disparaître
de notre alphabet et à céder la place à lï
simple, comme dans abîme, asile, etc., et au-
jourd'hui la forme généralement acceptée est
— Encycl. M. Nélaton donne le*nom A'ané-
■ vrisme â toute tumeur formée par du sang
artériel contenu dans une artère dilatée, ou
sorti du vaisseau , mais communiquant tou-
jours avec lui et pénétrant ou non dans une
veine. Les anévrismes se divisent en deux
grandes classes, les anévrismes spontanés ou
par causes internes, et les anévrismes irauma-
tiques ou par causes externes.
L'anévrisme spontané comprend : l° l'ané-
dans leque\ la poche sanguii
rupture des trois tuniques, et dans lequel la
pOche est extra-vasculaire ; 3o l'anévrisme
mixte, formé par la dilatation de l'une des tu-
niques interne ou externe, et par la rupture
des deux autres. Ce dernier se subdivise en
mixte externe, dans lequel la tunique externe
est dilatée consécutivement à la rupture des
tuniques interne et moyenne, et en mixte in-
terne,, dans lequel la tunique interne dilatée
fait hernie à travers la moyenne et l'externe
éraillées et rompues. L'existence de l'anévrisme
mixte interne a été contestée. L'anévrisme
mixte externe prend le nom de disséquant,
quand , au lieu de soulever la tunique exté-
rieure, il la décolle et la dissèque en quelque
Les anévrismes traumatiques sont tous des
anévrismes faux, parce qu'ils résultent tous
d'une solution de continuité de l'artère. Ils com-
prennent : l° l'anévrisme faux primitif; 2° l'a-
névrisme faux consécutif; 3» l'anévrisme vari-
queux. L'anévrisme faux primitif, appelé en-
core anévrisme faux diffus, tumeur hémorragi-
que non circonscrite, est produit par l'épanche-
ment du sang dans le tissu cellulaire, à la suite
d'une blessure récente faite à une artère par un
instrument piquant ou tranchant. Vanévrisme
faux consécutif, appelé encore anévrisme faux
circonscrit, enkysté, sacciforme, tumeur hémor-
ragique circonscrite, succède ordinairement à
une plaie faite à une artère par un instrument
piquant ; il survient plus ou moins longtemps
après la blessure de 1 artère, et consiste en une
tumeur bien limitée à parois membraneuses,
sorte de kyste que le sang, en s'épanchant peu à
peu par une ouverture étroite, est venu former
sur le côté du vaisseau. L'anévrisme variqueux,
vrïsmale , anévrisme artérioso-vevieux , ané-
vrisme par transfusion, est produit lorsqu'à la
suite d'une blessure qui a intéressé en même
temps une artère et une veine voisines , le
sang passe du premier vaisseau dans le se-
cond. Lorsque le sang, au lieu de passer direc-
tement de l'artère dans la veine, forme, en
s'épanchant peu à peu dans le- tissu cellulaire
qui sépare les deux vaisseaux, un sac ané-
vrismal en tout semblable au sac d'un ané-
vrisme faux consécutif et présentant deux ori-
fices , dont l'un communique avec l'artère et
l'autre avec la veine, l'anéorisme reçoit le nom
à'anévrisme variqueux faux consécutif. Envi-
sagés au point de vue de leur siège, les ané-
vrismes peuvent se diviser en externes et en
internes. Le nom d'externes a d'abord été
donné à ceux qui se développent sur les artè-
res des membres, puis à tous ceux qui sont
accessibles aux moyens chirurgicaux ; le nom
d'internes désigne ceux dont le siège rend
toute opération impossible.
Les symptômes des anévrismes varient sui-
vant l'espèce particulière , le volume et le
siège de l'affection. On peut dire d'une façon
générale qu'un anévrisme externe présente à
la vue une tumeur de forme arrondie ou
ovoWe, qui disparaît quand on la comprime
pour reparaître dès que la compression cesse,
et qui présente des pulsations isochrones à
celles du pouls. Ces pulsations cessent ou de-
viennent plus fortes suivant que l'on comprime
l'artère principale du membre au-dessus ou au-
dessous de la tumeur. Elles s'accompagnent
d'un mouvement d'expansion produit par une
dilatation propre du sac, et correspondant à
chaque ondée Sanguine qui le pénètre sous
l'impulsion du cœur. L'oreille appliquée sur la
tumeur perçoit un bruit de râpe ou de soufflet
dû au passage du sang par l'orifice de corn-
• ANP
munication de F artère avec le sac. A mesure
que le volume de Yanévrisme augmente, il agit
sur les parties voisines et détermine des phé-
nomènes qui sont de véritables complications :
douleurs, empâtement, engourdissement, re-
froidissement du membre, résultant de la dis-
tension des nerfs, de la compression des vei-
nes et des vaisseaux lymphatiques, usure et
destruction des os qui limitent l'accroissement
de la tumeur. Il est mutile de faire observer
que les anévrismes internes échappent généra-
lement à l'exploration par la vue et par le
toucher, et qu ils ne peuvent se reconnaître
que par les caractères tirés de l'auscultation.
L'étiologie des anévrismes spontanés est
assez obscure. Les causes que l'on accuse ha-
bituellement sont : l'hypertrophie du ventricule
gauche du cœur ; certaines professions, par
exemple, celle de postillon ; l'usage immodéré
des boissons spiritueuses ; les affections rhu-
matismales, la syphilis, et surtout les dégéné-
rescences calcaires, athéromateuses, fongueu-
ses des parois artérielles.
Après avoir acquis un certain développe-
ment, un anëvrisme peut rester stationnaire
pendant un temps très-long et même jusqu'à
la mort, sans causer d'incommodité. La gué-
rison spontanée n'est pas non plus impossible.
Elle s'opère ordinairement par la formation de
caillots sanguins qui remplissent la cavité de
la tumeur, s'y consolident et amènent l'oblité-
ration de l'artère dans une étendue plus ou
moins considérable; tandis que les vaisseaux
anastomotiques se dilatent et fournissent une
voie nouvelle a la circulation. Ces deux modes
de terminaison, état stationnaire et guérison
spontanée , sont malheureusement très-rares ;
le plus fréquent est la rupture du sac sui-
vie d'une hémorragie, presque toujours fou-
droyante. Un anévrisme, dit M. Nélaton, est
toujours une maladie grave, alors même que
son siège le rend accessible aux moyens chi-
rurgicaux, parce que ces moyens ne sont pas
sans danger. Il est d'autant plus grave, qu'il
occupe une artère plus volumineuse et plus
voisine du cœur. L anévrisme spontané offre
plus de danger que Yanévrisme traumatique,
parce qu'il a été précédé d'une lésion organique
de l'artère. Le volume considérable d'un ané-
vrisme aggrave le pronostic. Quant à la durée
de la tumeur avant la rupture, elle dépend en
partie du "genre de vie que mène le malade.
Le traitement des anévrismes est fondé sur
l'observation du travail de la nature dans la
guérison spontanée de cette affection ; il se
divise en traitement médical et en traitement
;ical. Le traitement médical, dit trai-
tement de Valsalva, parce qu'il fut mis en
usage par ce médecin, est seul applicable "•—
ancarism.es internes. 11 consiste dans les
gnées spoliatives répétées, le repos, la diète,
et pour toute boisson, l'eau pure ou addition-
née de quelques substances astringentes. Le
but de cette méthode de traitement est d'a-
mener le retrait de la tumeur et la formation
des caillots dans l'intérieur du sac, en dimi-
nuant la quantité de sang et par suite l'é-
nergie de la circulation. On l'a appliqué aux
anévrismes externes en y joignant des topi-
ques réfrigérants, styptiques et astringents,
tels que glace pilée, décoction de tannin, solu-
tion d'alun, etc. Le traitement chirurgical con-
siste surtout à intercepter, par des moyens
mécaniques, le cours du sang dans l'artère
affectée. Les moyens employés sont la com-
pression et la ligature. La compression s'ap-
plique en général au-dessus de la tumeur; elle
peut être exercée au moyen d'un tourniquet,
mais surtout à l'aide du compresseur de Du-
puytren. Elle doit, autant que possible, n'agir
que sur le vaisseau et sur le point diamétrale-
ment opposé, afin de ne pas gêner la circula-
tion dans le reste du membre. La ligature se
place ordinairement au-dessus du sac anévris-
mal (méthode d'Anel), et même a une certaine
distance (procédé de Hunter) ; mais lorsqu'il
est impossible de lier l'artère entre Yanévrisme
et le cœur, on pratique la ligature au-dessous
de la tumeur (méthode de Brasdor).
— Anévrismes du cœur. Sous la dénomina-
tion d'anévrisme, qui leur était très-familière,
les anciens médecins comprenaient à la fois et
confondaient l'hypertrophie et la dilatation du
cœur. Corvisart distinguait Yanévrisme actif
et Yanévrisme passif du cœur, le premier con-
stitué' par la réunion de l'hypertrophie et de
la dilatation; le second, parla dilatation avec
amincissement des parois.
ANÉVRISME, ÉE OU ANÉVRYSME, ÉE adj.
(a-né-vri-smé — rad. anévrisme). Pathol. At-
teint, affecté d'anévrisme : Un cœur ané-
vrisme. (Corvisart.)
ANÉVROSE s. m. ( a-né-vro-ze — du gr.
aneurisis, même sens). Pathol. Syn. peu usité
de anëvrisme.
ANFORA s. f. (an-fo-ra— mot ital., tiré du
lat. anphora, cruche). Métrol. Mesure ita-
lienne c*o caDacitô mur les liauides. valant
ANFOSSI (Pascal), compositeur italien, né
à Naples en 1729, mort à Rome en 1795, jouit
d'une grande vogue en son temps et mourut
comblé par la .fortune et la renommée. Son
meilleur opéra est Y Inconnue persécutée.
ANPRACTUEDX, EGSE, adj. (an-frak-tu-
eu,eu-ze-lat. an/raciuosiis, même sens). Plein
de détours et d'inégalités: Chemin, sentier an-
ANG
fractueux. Les rivages de la Grèce, anfrac-
tueux et découpés, en font un pays essentielle-
ment propre à la civilisation. (Barthél.) Au
milieu des bruyères et des roches anfractueu-
ses... (Em. dclaBédoll.) Des rocs anfractueux
et pétris en formes bizarres bossuaient çà et là
l'étendue. (Th. Gaut.)
— Anat. Se dit des conduits dont les dé-
tours sont irréguliers : La superficie exté-
rieure du cerveau est anfractuguse. (Ambr,
Paré.) Le conduit de l'oreille «(anfractueux.
(Trév.)
— Bot. Se dit dos anthères , lorsqu'elles
offrent des sinuosités remarquables.
— Antonymes. Uni, droit, plein, plat.
ANFRACTUOSITÉ s. f. (an-frak-tu-o-zi-té
— rad. anfractueux). Inégalité, détour, en-
foncement : Les anfractuosités d'un chemin.
Les anfractuosités des cotes de la mer. Se
mettre à l'abri sous Tanfractuosité d'un ro-
cher. Un grand nombre de montagnes, de val-
lées, de cavernes et ^'anfractuosités se, sont
formées dès les premiers temps dans les cou-
ches extérieures de la terre. (Buff.) Ils étaient
tapis dans une des anfractuosités du chemin.
(E. Sue.) Les anfractuosités d'un sol découpé,
le déchirement des vallons, des rocs fracassés,
l'entassement des montagnes, 'en un mot, tous •
les accidents topographiques qui se remarquent
à la surface du globe, furent alors regardés
comme l effet du déluge de No'é. (Bory de St-
Vinc.) Les anfractuosités de cette colline dé-
chirée sont habitées par une population de
vignerons. (Balz.) Elle arriva la première à la
roche et s'assit dans une des anfractuosités, à
l'ombre. (Balz.) Nous aperçûmes du côté du
nord un aigle qui s'échappait de /'anfractuo-
sité des rochers. (Michelet.) Dans une anfrac-
tuosité du roc,j ai remarqué unepetit.e touffe
d'herbe desséchée. (V. Hugo.)
— Anat. Chacun des enfoncements sinueux
qui séparent les circonvolutions du cerveau.
ANFRACTURE s. f. (an-frak-tu-rel. Syn.
inusité do anfractuosité. N'a guère été em-
ployé que par Buffon.
ANGACO, ville de la prov. argentine de
San-Juan, sur une rivière de même nom, dans
une vallée des Andes qui s'étendent dans cette
province.
ANGAD, plaine qui s'étend à l'ouest de l'Al-
gérie, entre la province d'Oran et le Maroc.
C'est moins un désert qu'un steppe qui se
couvre, aux premières pluies d'hiver, d'un
gazon épais, nourriture des troupeaux de cha-
ANGADRESME ou ANGADR1SMA, sainte qui
sauva Beauvais des Normands , et mourut
vers 690. Elle était devenue la patronne de la
ville, qui, tous les ans, le 14 octobre, célébrait
autrefois en son honneur une fête pendant la-
quelle les jeunes- filles mettaient elles-mêmes
le feu aux canons.
ANGALA s. m. (an-ga-la). Ornith. Oiseau
grimpeur du Sénégal, mentionné par Buffon :
Langala est presque aussi gros que notre bec-
figue. (Buff.)
angalade s. m. (an-ga-la-de) . Variété de
châtaigne des environs de Périgueux : L' an-
galade est plus gros que la châtaigne com-
mune, mais beaucoup moins savoureux.
angar s. m. V. Hangar.
ANGARA, nom de deux rivières de la Russie
d'Asie, la basse Angara, qui sort du lac Baï-
kal, passe à Irkoutsk et se jette dans le Je-
nisséï, après un cours de i,<oo kil. ; ta haute
Angara, qui a ses sources dans les montagnes
de Nertchinsk ; cours de 500 kil.
ANGARIANT (an-ga-ri-an) part. prés, du
v. Angarier : Angariant, ruinant, mal vexant
et régissant avec verge de fer. (Rabelais.)
/.'angariant , le vexant , l'excédant de cent
façons. (J.-J. Rouss.)
ANGARIE s. f. (an-ga-rî — dugr. aggareia,
servitude). Féod. .Obligation où l'on était de
fournir des voitures, des chevaux, à un roi, à
un seigneur puissant.
— Par ext. Corvée, vexation : Soyons dé-
chargés des décimes , angaries et impositions
pour l'avenir. (Mém. de Condé.)
— Mar. Retard imposé à un bâtiment pour
l'obliger à recevoir un chargement.
ANGARIÉ, EE (an-ga-ri-é) part. pass. du
v. Angarier.
angarier v. a. ou tr. (an-ga-ri-é — rad.
angarie ; il prend deux t de suite à la i« et à
la ze personne du pi. de l'imparf. de l'indic. et
du prés, du subjonct. : Nous angariions; que
vous angariiez). Forcer à une angarie, mettre
en réquisition ; soumettre à une vexation.
— Retarder un bâtiment pour l'obliger à
recevoir un chargement.
ANGAT. Nom du mauvais principe, chez les
ANGE s. m. (an-je — du gr. aggelos, mes-
sager ; d'où le lat. angélus). Etre purement spi-
rituel, intermédiaire entre Dieu et l'homme,
et qu'on représente sous la figure d'un beau
jeune homme avec des ailes : Ange fidèle.
Ange de lumière. Les anges environnent le
trône de Dieu. (Acad.) Les anges se couvrent
de leurs ailes comme d'un voile, et jettent leurs
couronnes auprès de Dieu, pour lui témoigner
leur profonde humilité. (***) L'homme n'est ni
ange ni bête, et le malheur veut que, qui veut
faire J'awgb fait la bête. (Pasc.) Vous m'avez
ANG
appris ce que je dois demander : c'est de psal-
modier avec les anges, d'en désirer la compa-
gnie et l'amitié sainte et pure. (Boss.) Anges
saints, rangez à l'entour vos escadrons invisi-
bles, et faites la garde autour du berceau d'une
princesse si grande et si délaissée. (Boss.) Les
anges se reposent dans la patrie, à la source
même du bien, dans le centre même du repos
qu'ils possèdent par la claire vue. (Boss.) Ces
anges de paix portent vers le trône de Dieu les
vœux des justes et les encens de leurs sacrifices,
(Boss.) Ce qui attire les anges, ce qui les fait
descendre du ciel en la terre, c'est le désir d'y
exercer la miséricorde. (Boss.) Saint Dent/s
l'Aréopagite fixe le nombre des anges à neuf
chœurs, dans trois hiérarchies. (Volt.) Les
anges sont des amis invisibles que Dieu nous a
donnés pour nous protéger. (Chateaub.) Les
anges jouissent de la vision de Dieu. (L'abbé
Vidal.) Les anges louent Dieu, ils lui rendent
la louange la plus parfaite et l'adoration la
plus profonde. (L'abbé VidaL) Au moyen âge,
Ï'angiï, ainsi que nous l'offrent les monuments
figurés, est devenu un jeune et beau guerrier.
(À. Maury.)
J'ignore si de Dieu l'ange, se dévoilant.
Est venu lui montrer son glaive étincelant.
Racine,
Un amje est descendu sur le trône des airs,
Couronné de rayons, nageant dans la lumière.
ANG
355
Anges du Tout-P
Mon:
reillez si
elle!
saints concerts des anges
Lamartine.
... SI les démons nous menacent,
Les anges sont nos boucliers. V. Hugo.
Leurs six ailes au vent, pareilles a des voiles,
Les anges sont épars dans les chemins du ciel.
De Banville.
— Est souvent suivi d'un adjectif ou d'un
complément déterminatif qui en modifie la
signification ; Ange gardien, bon ange, ange
tutélaire , ange protecteur , etc. , Celui que
Dieu a particulièrem. attaché à la personne
de chaque chrétien, pour le conseiller, le pro-
téger, le guider dans le sentier de la vertu,
et le conduire au salut : Il n'y a personne qui
n'ait son ange gardien. (Richelet.) Non, elle
?ie vient pas des ténèbres de la superstition,
cette doctrine consolante qui nous montre dans
J'angb gardien un tuteur dévoué, prêt, en toute
occasion, à prendre nos intérêts et notre dé-
fense. (Boss.) Les anges gardiens ne voient
jamais une âme tombée, qu'ils ne songent à la
relever. (Boss.) C'est le parti que son bon ange
et le mien nous suggéraient. (J.-J. Rouss.)
ons tous un ange tutélaire,
fidèle, ami de chaqv- !— -
---■- idi
Gardier
Dont te flambeau nous guide
bon ange ainsi
De cet homme à prétenti
Qui, commandant l'atten
moindres propos attache u
Lahotte.
Tout mortel a le sien : cet ange protecteur,
Cet invisible ami veille autour de son cœur,
L'inspire, le conduit, le reiève s'il tombe,
Le reçoit au berceau, l'accompagne à la tombe,
Et portant dans les cieux son âme entre ses mains,
La présente en tremblant au juge des humains.
Lamartine.
Il Absol. dans le même sens : J'ai recours à
vous comme à mon ange.
Prince aimable, dis-nous si quelque ange au berceau
ît je suis gardé.
Lamartine.
Le pont miné, tremblant, résonne sous nos pas ;
Notre oeil tourne, nos mains cherchent, notre pied
Et notre ange à nos yeux voile le précipice, [glisse ;
Lamartine..
Il Par compar,, Personne qui veille sur nous,
qui nous guide, qui nous protège : Vowr êtes
mon ange gardien. (Acad.) Oui, vous serez mon
âme les vertus que vous avez su m'inspirer.
(Mme de Staël.) Démosthène veut~il soulever
les Athéniens contre Philippe; ce n'est plus
un orateur qui parle, c'est un général, c'est un
roi, c'est un prophète, c'est J'ange tutélaire
de sa patrie. (A. Maury.) il Se dit môme en
parlant des choses morales, métaphysiques :
La religion est Tance gardien de la chasteté.
La poésie est ï'ange gardien de l'humanité à
tous ses âges. (Lamart.)
— Ange exterminateur, Celui qui frappa de
mort tous les premiers-nés d'Egypte, lors du
départ des Israélites pour la terro promise.
Il Par ext. Tout instrument destructeur :
Attila passe dans le monde comme /'ange ex-
terminateur. Ne contraignons pas ces esprits
célestes de forcer leur naturel bienfaisant, et de
devenir des anges exterminateurs. (Boss.)
L'tmje exterminateur est debout avec nous.
. Des voûtes suprêmes
l'ange des anathèmes,
La Harpe.
oi donné dans ta colfcre ;
Viens des cieux enflami
— ' ' T Jil l'anae exter.
VOLTAIRE.
— L'ange déchu, l'ange de la mort, l'ange des
ténèbres, le mauvais ange, l'ange rebelle, etc.,
Celui que Dieu & précipité du ciel dans les
abîmes pour le punir de sa révolte : Le mau-
vais ange dispute cette belle âme au ciel. (Balz.)
Il était beau, mais sinistre comme Fange déchu.
(Salvandy.)
Des voûtes suprême»
Descendit à l'instant Vange des anathèmes.
La Harpe.
A ce cri, Vange des ténèbre»
Applaudit au fond des enfers^
Il Par allus. Ange déchu, Toute personne qui
a perdu le prestige dont l'entouraient son ,
génie, ses talents, ses vertus : C'est un ange,
oui, mais un ANGE UECHD. Il Mauvais ange, Per-
sonne qui donne à une autre des conseils per-
nicieux, qui la pousse à de mauvaises actions,
à. la perte de son honneur ou de sa fortune :
... Mesdames d'Heudicourt et de Dangeau, le
mauvais ange et le bon ange de madame de
Maintenon. (St-Sim.)
— Partirai., selon les théologiens, Ange
qui appartient au dernier chœur dans la hié-
rarchie céleste : Les anges sont au-dessous des
archanges. (Acad.)
— Fig. Personne d'une piété, d'une vertu,
d'une douceur extraordinaires, douée d'une
perfection qui approche de celle des anges :
Sa fille est un ange. C'est un angb de piété,de
vertu; un ange de bonté, de douceur. Ce sont
des anges que ces sanirs de charité. (Acad.)
Tantôt j'étais un homme noir, tantôt un angb
de lumière. (Beaumarch.) Monsieur Rodolphe,
vous êtes donc un ange du bon Dieu, que vous
faites tant de bien aux malheureux sans les
connaître? (E. Sue.) La femme est un monstre
lorsqu'elle n'est pas un ange. (Ventura.) Les
hommes, s'ils ne sont pas des diables tout à fait,
sont bien loin d'être des. anges. (Th. Gaut.)
Anges pour ceux qu'elles aiment, les femmes
sont de vrais démons pour ceux qu elles détes-
tent, (De Banville.)
Sols donc par ta bonté l'ange qui nous rapproche.
e dit aussi des choses :
Molière.
Amour et poésie, anges purs de beauté,
Reprenez votre essor vers la Divinité.
A. Barbier.
— On le dit aussi d'une personne d'une
grande beauté : Que cette jeune fille est
belle! avoues que c'est un ange. Vous voilà
belle comme un petit anse. (Mol.) C'était, avec
une figure d'ANGE, une dépravation de cœur in-
croyable. (Mme do Sév.) Il se mit pieusement
à aimer cet angb de grâce et de beauté. (Balz.)
Par cet ange aux jeux bleus je me laissai conduire.
— S'emploie comme terme d'affection , de
caresse : Mon ange, mon bel ange. Mais tu
veux donc me rendre folle de bonheur, folle
d'amour pour toi, ange... ange adoré"/ (E. Sue.)
Quelle folie étrange
Vous a frappé l'esprit, mon bien-aimé, mon ange ?
' A. de Musset.
— Est aussi un terme du vocabulaire amou-
reux : Deux vrais amis, pas de ceux qui vivent
au Monomotapa, dinaient en compagnie de
leurs femmes et d'un petit enfant de cinq ans.
Tout à coup notre espiègle s'écrie .* « Mais,
papa, pourquoi dis-tu donc toujours Madame
Oscar, et qu'aux eaux tu lui disais mon ange? »
— Quelques écrivains ont fait ce mot du
féminin en parlant d'une femme : O mon angb
adorée. (V. Hugo.) Esther, cette ange qui
voulait monter au ciel, est là qui t'attend.
(Balz.) n D'autres, tout en lui conservant le
genre masculin l'ont fait suivre d'un pro-
nom féminin, qui s'y rapporte par catachrose.
Ainsi, on trouve dans Marmontel : Si vous
saviez quel ange /ai auprès de moi, et comme
elle sait endormir mes douleurs!
— Le mot ange entre dans un assez grand
nombre de locutions familières et prover-
biales : Comme un ange, Très-bien, parfaite-
ment : Parler, écrire, chanter comme un ange.
Peindre, dessiner comme un ange. Vous chan-
teriez ces airs-là COMME UN ange. (Mme de
Sév.) il Selon Ménage, on n'aurait dit primi-
tivement que. Ecrire comme un ange, par allu-
sion à Ange Végèce, un des plus habiles cal-
ligraphes connus. La Bibliothèque impériale
possède de lui trois manuscrits grecs, qui
sont en effet d'une rare perfection. Ce serait
donc par extension qu'on aurait employé plus
tard les locut. Parler, chanter, danser, etc.,
comme un ange. Il Etre aux anges, Etre
dans la joie, le ravissement, l'extase : Sou-
vent elle était aux anges quand son mari
mangeait ses confitures, quand il trouvait le
dîner bon. (Balz.) Il Rire aux anges, Rire niai- •
sèment et sans sujet : II rit aux anges d'un
sot rire. (Volt.) il Boire aux anges. Boire sans
plus savoir quelle santé on peut porter.
Suivant saint Césaire, évêquo d'Arles, cotte
superstition d'ivrogne, renouvelée des Grecs
qui, à la fin d'un repas, vidaient une der-
nière coupe en l'honneur des dieux, vient
de ce que, vers le commencement du vie siècle,
nos pores poussaient si loin l'amour du vin,
que, fatigués de boire et ne sachant plus à
qui porter une santé, ils s'excitaient encore en
buvant aux saints et aux anges. Rabelais a
pittoresquement caractérisé cette locution en
disant : ïotre pour la soif d venir, il Voir des
anges violets, Avoir un éblouissement causé
ANG
0 t de même,
dans le premier sens, Envoir trente-six chan-
delles. Il Faire d'un ange deux , Faire deux
bonnes choses d'un seul coup. On disait, dans
le sens contraire, Faire d'un diable deux, il
C'est un ange qui passe, Se dit, dans les com-
munautés de femmes et les pensions de demoi-
selles, quand, au milieu d'une nombreuse
compagnie, il se fait un moment de silence.
ou, ironiquement, quand une "élève ne peut
répondre a une question : Ecoutez... C'est un
ange qui passe, comme on dit au couvent. (G.
Sand.) u Ange à Véglise et diable à la maison,
" Se dit d'une personne qui, en public, .paraît
bonne et douce, et qui, dans son intérieur,
se montre méchante et acariâtre, il Auprêter,
ange; au rendre, diable, prov. qui répond à
cfelui-ci : Ami auprêter, ennemi au rendre. V.
— Ane. modes. Manches d'anges, Manches
de robes de femme, très-larges et n'allant
qu'à la moitié du bras. Il Lit d'ange ou lit à
tange, Lit sans colonnes et à rideaux relevés.
"— B.-arts. Représentation, soit en sculp-
ture, soit en pointure, que l'on fait de ces
esprits : Les anges de Haphaël, de Michel-
Ange, de l'Albane, du Poussin.
— Hist. Le principal étendard de l'armée
dans l'empire d'Occident. On le portait devant
l'empereur.
—Hist. relig. Anges de VEglise, Nom donné,
dans l'Apocalypse ae saint Jean, aux évèques
des sept Eglises d'Orient. Il L'Ange de l'école,
Surnom donné à saint Thomas d'Aquin, à
cause de la profondeur de son génie et de
l'ardeur de sa piété. On l'appelle aussi le
Docteur angêliqùe.
— Liturg. Fête des saints anges, Fête insti-
tuée pour, honorer les anges. L'Eglise latine
la célèbre le 2 octobre, et l'Eglise grecque,
le il janvier.
— Philos. La partie spirituelle, intelligente
dans l'homme : Chez l'homme, 2'angë. enseigne
à la brûle l'art de se satisfaire. (De Tocquev.)
— Ane. pharm. Eau d'ange, Essence de
fleurs et d'aromates, à laquelle on attribuait
la qualité d'embellir et de rajeunir.
— Ichth. Ange de mer ou simplement ange,
Poisson du genre des squales, dont la peau
sert à polir les ouvrages de bois et d'ivoire.
Suivant certains auteurs, c'est le nom vul-
gaire de la squatine.
^-Artill. Mitraille formée de plusieurs mor-
ceaux de boulet enchaînés ensemble, et qu'on
emploie pour avarier le. gréement des bâti-
ments ennemis.
— Môtrol. Monnaie d'or qui avait cours en
France sous les Valois, et qui valait un peu
plus de vingt et un francs de notre monnaie
actuelle.
— Argot. Ange gardien, Nom donné à ceux
qui hantent les faubourgs et les banlieues, et
qui s'offrent pour reconduire à leur domicile
les individus attardés et pris de vin, avec
intention de les dévaliser. Si .l'on en croit
l'anecdote suivante, cette industrie constitue
à Paris une sorte de profession : Dernière-
ment un rôdeur de barrière, surpris en état
de vagabondage, comparaissait a la sixième
chambre. « Votre profession? demande le
È résident. — Ange gardien, mon président. »
est probable que la justice, qui n'avait pas
lu Privât d'Angiemont, invita le délinquant
à s'expliquer plus clairement.
— Encycl. La croyance aux anges, c'est-à-
dire à des êtres supérieurs à la nature humaine,
n'est pas particulière au judaïsme et au chris-
tianisme ; elle tient une grande place dans les
théories religieuses de 1 Inde, de la Chine, de
l'Egypte et de la Perse; en un mot, c'est une
des croyances sur lesquelles la tradition géné-
rale de l'humanité montre le plus d'accord. On
peut remarquer que les livres de Moïse, les
annales des Juges, les poésies de David et
'celles de Salomon, font intervenir les anges
en diverses occasions, à titre de messagers de
Dieu, mais sans rien nous apprendre sur leur
nature et leur histoire. Le monothéisme ju-
daïque, avec son austère et rigoureuse simpli-
cité, était un terrain peu favorable aux florai-,
sons mythologiques. C'est a partir de la capti-
vité de Babylone, c'est-à-dire, à la suite d'un
. contact prolongé avec les Chaldéens et les
Mages, qu'on voit, chez les Hébreux, l'idée des
anges acquérir, en se précisant, des développe-
ments qui trahissent une influence étrangère.
Jusque-là anonyme, Yange commence alors à
avoir une personnalité, une histoire, un nom ; il
s'appelle Michel, Gabriel, Raphaël, Uriel; il
appartient au bien ou au mal. L'histoire de Tobie
nous montre de mauvais démons tourmentant
les hommes et venant étouffer les fiancés dans
le lit nuptial ; un bon ange indique le secret
d'un foie de poisson que l'on fait griller sur des
charbons pour les chasser. Isaïe dit que Dieu
esLporté sur des nuées de chérubins, que des
séraphins chantent ses louanges, et qu'un ange
nommé Michel défit un ange déchu nommé
Asmodée. Daniel, qui avait vécu dans le palais
du roi.de Babylone, mentionne ce même ange
Michel comme le protecteur spécial de la na-
tion juive ; il parle en même temps de deux
autres anges, dont l'un préside à la nation perse
et l'autrea la nation grecque. Le livre d'Esdras
fait mention d'Uriel et de Jérémiel ; le livre de
Zacharie donne aux mauvais anges un chef
qu'il désigne sous le nom de Satan.
La tradition des Juifs, avec les. amplifications
ANG
dont elle s'était enrichie sous l'in-
fluence des idées orientales, passa tout entière
dans le christianisme. De nouveaux traits s'y
ajoutèrent, dans lesquels la critique indépen-
dante reconnaît la même influence ; et la chute
d'un certain nombre d'anges liée à l'histoire de
la chute de l'homme, devint un des points fon-
damentaux de la métaphysique chrétienne.
Voici maintenant. un résumé de l'enseigne-
ment catholique sur les anges. Il existe trois
sortes de créatures : les créatures spirituelles,
les créatures matérielles et les créatures qui
tiennent à la fois du matériel et du spirituel ;
les premières forment les anges; les secondes,
la nature physique et animale ; les troisièmes,
le genre humain. Les anges sont des substan-
ces incorporelles, intelligentes et supérieures
à l'âme de l'homme. Clément d'Alexandrie,
Tertullien , Origène , etc. , les croyaient re-
vêtus de corps très-subtils. Bien que discré-
ditée depuis longtemps, cette opinion, d'après
Pétau, est exempte d'hérésie. Le nombre des
anges est incalculable. Saint Denys l'Aréo-
pagite les distribue en trois hiérarchies, et
divise chaque hiérarchie en trois chœurs. La
Première hiérarchie comprend les séraphins,
is chérubins et les trônes ; la deuxième, les
dominations, les vertus et les puissances ; la troi-
sième, les principautés, les archanges et les
anges. Cette classification n'a d'ailleurs aucun
caractère de foi. Les anges n'existent point de
toute éternité. Ils ont été créés dans un état
de bonheur et de grâce, mais avec la liberté
de choisir entre le bien et le mal. C'est un
article de foi, que plusieurs péchèrent et furent
condamnés à un supplice qui ne doit pointavoir
de fin. De là cette distinction des bons anges
et des mauvais, anges ou anges déchus, que 1 on
appelle encore diables ou démons. L'opinion la
plus commune voit dans l'orgueil la cause de
cette déchéance; mais l'Eglise n'a point fait
un dogme de cette opinion. Elle n'impose pas
non plus la croyance à la lutte des bons anges
conduits par saint Michel, contre l'armée des
démons commandée par Satan. 11 est de foi
qu'entre le monde angélique et le monde hu-
main, il y a des rapports mystérieux, que les
bons anges dirigent et soutiennent les hommes
dans la voie du bien, tandis que les mauvais
anges sont les instigateurs du mal. Une opinion
très-répandue veut même qu'un ange soit pré-
posé à la garde de chaque nomme. Mais cette
croyance aux an ges gardiens, fondée sur divers
passages de l'Ecriture et conforme à l'ensei-
gnement des Pères, ne fait pas partie des
certitudes catholiques, et aucune décision
ecclésiastique n'autorise à accuser d'hérésie
ceux qui la rejettent. L'Eglise catholique rend
un culte aux anges et célèbre leur fête le
2 octobre.
Les scolastiques se sont posé un grand
nombre de questions sur la nature angé-
lique : Jusqu'où s'élève la connaissance de ces
esprits? Pénètrent-ils la pensée des hom-
mes 1 Lisent-ils eux-mêmes dans la conscience
de leurs égaux? Voient-ils Dieu dans son es-
sence intime? Savent-ils l'avenir? Le peuvent-
ils calculer à l'inspection des corps célestes ?
Jusqu'à quel point ont-ils connu et connais-
sent-ils les mystères surnaturels de notre
Christ? Comment se parlent-ils entre eux?
Sont-ils dans un lieu déterminé? Peuvent-ils
être présents en plusieurs lieux? etc., etc., etc.
Telle était la direction étrange qu'avait prise,
au moyen âge, la curiosité humaine. Nous ne
pouvons ici passer en revue les réponses di-
verses faites à ces questions, sur lesquelles
l'Eglise, d'ailleurs, ne s'est jamais prononcée.
Le Guide de la peinture, ouvrage byzantin,
indique la manière de représenter les anges.
Les Trônes doivent être peints sous la forme
de roues de feu ayant des ailes alentour et le
milieu des ailes parsemé d'yeux, le tout simu-
lant un trône ; u faut donner deux ailes aux
Chérubins, six ailes aux Séraphins, avec un
flabelluni portant écrit trois fois le mot saint.
Les Dominations, les Vertus, les Puissances
doivent porter de longues robes blanches, avec
ceintures d'or et étoles vertes. Quant à la troi-
sième hiérarchie, on doit lui donner le costume
guerrier, des ceintures d'or, des haches, des
javelots terminés en fer de lance. On repré-
sente les anges avec des ailes et un vêtement
blanc, pour exprimer leur essence immatérielle
et la pureté de leur nature. En Orient, la cou-
leur bleue, couleur céleste, a prévalu sur le
blanc, comme symbole de pureté. (V. ci-des-
sous l'article consacré aux beaux-arts.)
— Epithètes. Céleste, divin, aérien, ailé,
rayonnant, radieux, glorieux, gracieux, sou-
riant, bon, consolateur, propice, bel, léger,
prompt, rapide, mauvais, exterminateur, re-
belle, de la paix, de la nuit, de la mort, de la
guerre, des combats, etc.
— Périphrases. Messager céleste, messager
divin, messager du ciel, envoyé céleste, en-
voyé de Dieu, esprit pur, milice céleste, etc.
— Antonymes. Démon, diable, esprit malin
AnSes (Représentations diverses des). La
Bible nous apprend que Salomon, sur l'ordre
qu'il en avait reçu de Dieu, fit faire deux ché-
rubins en bois d olivier, lesquels, après avoir
été recouverts d'or, furent placés dans le
temple. On ignore quels- étaient les attributs
et les caractères distinctifs de ces images.
Quant aux ancres du christianisme » on ne peut
nier, dit M. Raoul Rochette, qu'ils n'aient été
figurés sur les monuments funèbres absolu-
ment sous les mêmes traits que les génies des
ANG
l'image du défunt, tantôt le cartel avec l'in-
scription; c'est ce qu'a reconnu le judicieux
Bottari, dans l'explication des deux beaux
sarcophages chrétiens, extraits du cimetière
du Vatican. Ce point d'archéologie sacrée une
fois admis, il ne reste plus à l'antiquaire chré-
tien qu'à rattacher à des sources bibliques,
comme l'a fait le P. Marangoni (Délie cose
gentelische), la notion des génies altérée par
l'idolâtrie. » Les anges, introduits dès le qua-
trième siècle dans la composition des ta-
bleaux, dit à son tour Emenc David, étaient
toujours représentés jeunes, beaux, quelque-
fois les pieds nus, quelquefois chaussés d'un
cothurne , les ailes déployées , entièrement
vêtus de blanc, ou portant un manteau blanc
et une tunique bleue. C'est à peu près ainsi
que saint Grégoire de Nazianze (Orat. 23 et 25)
les dépeint, et que plus tard Molanus (Hist.
imag. sacr.) recommande de les représenter.
Ce aprnier ajoute qu'ils doivent être suspendus
dans les airs, entourés de nuées, tantôt armés
du glaive de la colère céleste, tantôt portant
la croix et les autres instruments de la passion ;
il veut de plus qu'ils soient placés sur les au-
tels, comme témoins du sublime sacrifice. Ces"
différentes manières de figurer les anges ont
été, en effet, suivies par les artistes du moyen
âge et de la Renaissance.
A la catégorie des anges chargés d'un mi-
nistère de châtiment, appartiennent les anges
exterminateurs de l'Apocalypse, écrasant les
grands de la terre (figures du plus beau style
d'Alb. Durer, et vitraux de la chapelle de
Vincennes par Jean Cousin) ; l'Ange de feu,
préposé à la garde du paradis (fresque de
l'église de Monreale); les anges frappant
milieu de la mer Rouge (tableau de Mazzolini,
publié par d'Agincourt) ; les sept anges des
églises d'Asie, sonnant de la trompette (minia-
ture du IX» siècle, publ. par d'Agincourt, et
gravure d'Alb.. Durer) ; les anges i pleins de
force et de beauté, brillants de gloire et riche-
ment vêtus » qui fustigèrent Héliodore et le
chassèrent du temple ; 1 Ange de la mort, armé
d'une faux (sculpture d'un tombeau du l'ancien
couvent des cordeliers, à Champaigre, xv«
siècle). Un ange tenant une tête de mort et
une épée flamboyante, figure sur les médailles
du pape Alexandre VII.
De très-belles miniatures de YEortus deli-
ciarum (manuscrit du xn» siècle, à la bjbl. de
Strasbourg), représentant la Création des an-
Îjes et le combat des anges fidèles à Dieu contre
es anges révoltés. La Chute des anges rebelles
est encore figurée dans les rosaces de la ca-
thédrale de Lyon, et dans un beau tableau de
Frans Floris. V. Chute et Lucifer.
Ce sont des anges qui, dans la plupart des
nombreux Jugements derniers exécutés au xvc
et au xvic siècle, pèsent les âmes danslabalance
de la justice divine, et, suivant leurs mérites,
les accompagnent au paradis ou les précipi-
tent dans l'enfer. L'archange Michel remplit
ordinairement les fonctions de peseur d'âmes et
Préside aux combats de la milice céleste. On
a représenté souvent terrassant Lucifer.
(V. Michel.) Il y a aussi les anges messagers
dont Gabriel est le chef (V. Annonciation) ;•
puis les anges gardiens, représentés quelque-
fois armés d'uu bouclier, symbole de la pro-
tection dont ils entourent celui qui est confié
à leur garde ; ce sont eux qui accompagnent
les élus au paradis. Fra Angelico, dans son
Jugement dernier, nous en montre un qui em-
brasse tendrement l'âme qu'il a guidée à bon
port. Dans une magnifique allégorie du Domi-
niquin, au musée Degli Studj, à Naples, on voit
un ange gardien sous les ailes duquel se réfu-
gie une âme tentée par le diable.
C'est un de ces guides vigilants que la Bible
a donné pour compagnon au jeune Tobie,
allant chercher le poisson miraculeux dont il
devait se servir pour guérir son père aveugle.
Ce pèlerinage des deux voyageurs a servi de
sujet à plusieurs grands artistes, à Claude
Lorrain et à Decamps, pour ne citer que des
Français. Le Louvre possède un précieux ta-
bleau où Rembrandt a représenté la Famille
de Tobie se prosternant devant l'Ange, au mo-
ment où ce dernier révèle son origine céleste.
Parmi les anges des poèmes bibliques, il faut
encore citer celui qui, sous la figure d'un
étranger, vint provoquer Jacob à la lutte. Cet
épisode a été traité avec beaucoup de poésie
par le Lorrain, dans un tableau qui est à l'Er-
mitage de Saint-Pétersbourg. De nos jours,
Eugène Delacroix en a fait le sujet de l'une
des admirables fresques qu'il a peintes dans
la chapelle des Saints-Anges, à Saint-Sulpice ;
il a représenté comme pendant Héliodore
chassé au temple, et au plafond l'Archange
saint Michel vainqueur du démon.
Les anges figurent dans une foule d'autres
compositions religieuses et y remplissent les
rôles les plus divers : ils forment des chœurs
et des concerts dans les Assomptions et dans
les Couronnements de la Vierge ; ils emportent
au ciel les" bienheureux , ils. entourent Dieu
dans sa gloire ; ils interviennent dans la pas-
sion de Jésus-Christ, au jardin des Oliviers; ils
assistent à la mort du Sauveur, dont ils re-
çoivent le sang dans des calices ; ils pleurent
sur le corps du divin crucifié, portent les in-
struments de la passion et gardent le saint
sépulcre. Au moyen âge, les Séraphins ont des
ailes semées d'yeux ; les Chérubins portent des
ANG
flammes dans les mains ; les Trônes sont re-
présentés par des roues flamboyantes et ailées.
Dans les peintures des artistes du nord , les
anges sont revêtus de magnifiques habits sa-
cerdotaux, de dalmatiques, de chapes, de sur-
plis, d'étoles; les Italiens de la Renaissance
enveloppent leur taille élancée de draperies
ondoyantes, comme pour indiquer qu'ils sont
d'une nature céleste, aérienne. A dater du
xvie siècle, on les représente nus, comme les
génies de l'antiquité païenne : les anges de
l'Albane ressemblent à des amours. Il y aurait
injustice, toutefois, à ne pas reconnaître que
plusieurs artistes modernes ont su donner une
Euretô vraiment idéale à la nudité des anges ;
i plus souvent, d'ailleurs, ce sont de char-
mants enfants qui sont ainsi figurés, comme
dans la célèbre Conception immaculée (V. ces
mots), de Murillo, où, loin d'éveiller la moindre
idée profane, ils ravissent l'imagination par
la fraîcheur de leur coloris, par la naïveté et
la grâce de leurs attitudes. Murillo, dans son
genre chaud, a excellé à peindre ces milices
enfantines, environnant le trône du Tout-Puis-
sant, ou formant un cortège à la Vierge et
aux saints ; en revanche, ses tableaux du genre
froid offrent des anges qui n'ont absolument
rien de céleste dans la forme, et qui parfois
même, comme dans la Cuisine des Anges (V.
Cuisine), du Louvre, se livrent à des occupa-
tions très-prosaïques.
La statuaire moderne a produit bon nombre
d'anges du style le plus élégant, du caractère
le plus chaste : pour ne citer que des œuvres
d'artistes contemporains, quoi de plus gracieux
?ue les deux chérubins du bénitier que M. Jouf-
roy a sculpté pour Saint-Germain l'Auxerrois,
d'après un dessin de Mme de Lamartine? Quoi
de plus sévère que l'Ange portant la couronne
d'épines et l'Ange portant le calice d'amertume,
dont le ciseau de M. Michel-Pascal a décoré
la chapelle du château de Vincennes?
ANGE, famille byzantine qui a fourni trois
empereurs à Constantinople. V. Isaac II ,
Alexis III et Alexis IV.
ANGE (CHATEAU SAINT-), forteresse de
Rome, sur la rive droite du Tibre, dans le quar-
tier du Vatican. C'était autrefois un monument
bâti par l'empereur Adrien pour servir de sé-
pulture à la famille impériale et remplacer le
mausolée d'Auguste, dont la mort avait comblé
les vides. Aujourd'hui, il ne reste plus de cet
édifice qu'une tour, qui a été convertie en
forteresse, et d'où le canon retentit dans toutes
les grandes cérémonies.
de Saint-Joseph, né à Toulouse en 1636, i
en 1G97, prêcha pendant dix ans l'évangile
en Perse et en Arabie, et devint ensuite su-
périeur des missions de Hollande à Paris, et
prieur d'un couvent des carmélites à Perpi-
gnan. On a de lui : Pharmacopea Persica, ou-
vrage traduit du persan par le P. Mathieu,
dont le P. Ange a tu le nom, et Gazophylacium
lingual Persarum, cité avec éloges par Bernicr
et Chardin.
ANGE DE SAINTE-ROSALIE, augustin dé-
chaussé de la maison des Petits-Pères, né à
Blois en 1655, mort à Paris en 1720, auteur do
l'Histoire de la maison de France et des grands
officiers de la. couronne t rédigée en grande
partie sur les matériaux laissés par le P. An-
selme, et d'un Etat de la France, achevé par
les bénédictins de Saint-Maur.
ANGE P0LIT1EN. V. Politien.
anged s. m. (an-jèdd). Ichth. Poisson qui
appartient au genre chanos.
ANGÉIA. Une des neuf vierges géantes^ dans
la mythologie Scandinave.
A.NGÉIAL, ALE adj. (an-jé-i-al — du gr.
aggeion, vaisseau). Anat. Vasculaire, plein de
ANGÉIOGRAPHE, ANGÉIOGRAPHIE, AN-
GÉIOGRAPHIQUE. V. ANOlOGHAI'nE, ANGIO-
GRAPHIE, ANGI0GRAPH1QUE.
ANGÉIOLOGIE, ANGÊIOLOGIQUE , AN-
GÉIOLOGUE. V. Angiologie, Angiologique,
Angiologub.
angéiosperme. v. angiosperme.
ANGÉIOSPERMIE. V. ANGIOSPERMIE.
ANGEKOK s. m. (an-je-kokk). Relat. Devin,
sorcier, chez les Groënlandais.
ANGEL (lit d') ou à la duchesse, sorte de lit
sans colonnes et à rideaux relevés. Vieux.
AngélaOU l'Atelier do Jean Cousin, Opéra
comique en un acte, paroles de Monseloun
d'Epinay, musique de M™e Gail et de Boïel-
dieu, représenté le il juin 1814.. On signale
dans cet ouvrage un joli duo.
ANGÉLATE s. m. (an-jé-la-te — rad. angé-
lique). Chim. Sel formé parla combinaison do
l'acide angélique avec une base. Les angélates
sont en général très-solubles dans l'eau aussi
bien que dans l'alcool. Il On dit aussi angé-
licate.
ANGELAUME (saint), confesseur de la foi,
honoré particulièrement à Auxerre. Fête le
7 juillet.
ANGÈLE s. f. (an-jè-le — du gr. aggelos,
ÀNG
ANGÈLB MEBICI (ia mère), née aDesen-
zano, sur le lac de Garde, en 1511, morte en
1540. Elle fonda à Brescia, en 1537, l'ordre des
ursulines, qui se propagea si rapidement, qu'en
moins d'un siècle il comptait, seulement en
France, plus de cent maisons.
Angèle, drame en cinq actes et en prose,
de M. Alex. Dumas, représenté pour la pre-
mière fois en 1833. La pièce était d'abord inti-
tulée : Angèle ou l'Echelle des Femmes , mais
ce second titre, qui expliquait trop nettement
le sujet réel et l'intention de l'auteur, fut sup-.
primé après un certain nombre de représen-
tations. Le principal personnage, Alfred d'Al-
vimar, est un fanfaron de vice, un sceptique, .
qui se fait une échelle de femmes pour parvenir,
et en entraîce trois dans le tourbillon de son
égoïste ambition. Après avoir froidement aban-
donné sa maîtresse, inutile désormais à son
avancement, il séduit une jeune fille innocente,
Angèle, avec une vivacité dont le spectacle a
son danger, puis forme presque aussitôt le
projet d'épouser la mère de sa victime, dont
le crédit à la cour lui laisse entrevoir un bril-
lant avenir. Le mariage était sur le point d'être
déclaré, lorsqu' Angèle arrive chez sa mère;
Alfred apprend qu'elle est dans une chambre
voisine et près d'accoucher ; on pourrait mémo
entendre ses cris s'ils n'étaient couverts -par
l'orchestre du bal, et cet accouchement, qui a
lieu presque sur la scène, ajoute encore à l'in-
convenance d'un tel sujet. Bientôt Alfred,
vaincu par les prières de la mère, lui jure
d'épouser Angèle, mais un instant après il de-
mande des chevaux pour s'éloigner et s'affran-
chir en même temps de la mère et de la fille.
Heureusement un autre personnage, Henri de
Muller, un jeune poitrinaire sur lo point de
s'éteindre et qui aime secrètement Angèle,
consacre ce qui lui reste de vie à lui sauver
l'honneur. Il enferme Alfred et le défie, et au
moment où Angèle arrive pour signer son
contrat, on entend une détonation. Henri
épouse Angèle et reconnaît l'enfant de son
Telle est cette pièce, faite du reste avec une
grande habileté, et qui ne cesse de captiver
l'attention malgré les invraisemblances qu'elle,
présente à chaque instant. On remarque de
fort belles scènes, parmi lesquelles nous cite-
rons celle où Angèle avoue sa faute à Henri,
et celle, plus émouvante encore, où elle en
renouvelle l'aveu à sa mère.
angelet s. m. {an-je-16 — diminut. de
ange). Petit ange. Vieux mot.
— Parext. Il a été employé de nos jours
dans le sens de petit enfant : Lady Peel avait
des enfants, véritables angei.ets. (Chateaub.)
ANGELETTE s. f. (an-je-lè-te— dimin. fém.
de ange). Terme d'affection, de caresse, de
mignardise, dont on s'est servi autrefois en
parlant ou en écrivant à une jeune fille.
ANGEI.I (Pietro degli), poète latin moderne,
hé en 1517 à Barga, en Toscane (d'où son sur-
nom latin de Bargœus), mort à Pise en 1506.
11 fut appelé dans cette ville par Corne I" de
Médicis, pour y professer les belles-letCres,
puis la morale et la politique d'Aristote. En
1554, il défendit vaillamment Pise à la tête des
écoliers de l'université, contre l'armée sien-
sur la chasse, très-estimé, et Syrias, poème
dans lequel il traite le même sujet que Le Tasse.
ANGIîl.l (FilippoD1), peintre, né àTlome vers
la fin du xvi« siècle, mourut jeune sous le pon-
tificat d'Urbain VIII. Un long séjour à Naples
le fit surnommer le Napolitain (Filippo Napo-
litano). Corne II de Médicis l'appela à Florence
en 1612 et lui confia divers travaux.. On attri-
bue à cet artiste le mérite d'avoir été un des
premiers à peindre le paysage avec des cou-
leurs exactes et suivant tes règles rigoureuses
de la perspective. Il a laissé aussi quelques
batailles. Ses tableaux, « ornés de petites ligu-
res qui, selon Lanzi, y produisent le meilleur
effet, » sont aujourd nui très-rares.
angÉLICAL, ale adj. (an-jé-li-kal— rad.
ange). Syn. de angélique. On ne le trouve que
dans nos anciens poëtes :
qu'on retire de la racine d'angélique. n On dit
aUSSi ANGÉLIQUE.
ANGELICO ( Giovanni da Fiesole , plus
connu sous le nom de Fra Beato ou de Fra
Giovanni), l'un des plus célèbres peintres do
l'école italienne, naquit en 1387, à Vicchio, vil-
lage de la province de Mugello, en Toscane.
n" "" sait presque rien de sa jeunesse : Vasari
Homme ou femme
Parlant entre eus, on y p „.,
Tant est chacun plein de mauvaise vie.
Eust. Deschamps.
angélicate s. m. (an-jé-li-ka-te — du
lat. angelica, l'angélique). Chim. V, Angé-
late.
ANGélICÉ, ÉE adj. (an-jé-li-sé — du lat.
— Encycl. Les angélicées se distinguent par
les caractères suivants : fruit comprimé à
bords dilatés ; carpelles à cinq côtes, dont trois
dorsales filiformes et deux latérales dévelop-
pées en ailes membraneuses ; graines un peu
convexes sur la face dorsale et planes sur la
face antérieure. Les genres principaux de la
tribu des angélicées sont les genres lirècke,
angélique et archangélique.
ANgélicine s. f. (an-jé-li-si-ne). Chim.
Substance cristallisée qu'on tire de la racine
d'angéliquo.
ANgéucique adj. (an-j6-li-si-ke — dulat.
angelica, angélique). Chim. Se dit d'un acide
âme, qui lui fit rechercher 1'
du cloître. En 1407, Giovanni prit l'habit
pureté d(
bre du c -,
de dominicain à Fiesole, petite ville des
rons de Florence, d'où il reçut, suivant une
coutume très-répandue alors , son surnom de
da Fiesole. D'après une tradition qui parait
sûre, il commença à peindre des miniatures
sous la direction d'un frère de son couvent, et
il acquit dans cet art une très-grande habi-
leté. Les troubles qui éclatèrent en Italie; vers
1409, l'ayant forcé de quitter sa retraite pour
aller dans l'Ombrie, il eut l'occasion d'étudier
les œuvres de Giotto, à Assise, et se mit à
peindre en détrempe, dans un style où il asso-
cia aux qualités pratiques de ce maître les
mérites qu'il ne tenait que de son propre génie.
Doué d'une piété ardente, d'une simplicité et
d'une candeur qui lui valurent le doux nom de
Fra Angelica (frère angélique), regardant la
peinture comme une des fonctions de la vie
claustrale et ne se mettant jamais à l'œuvre
sans avoir fait sa prière, il fit rayonner dans
ses compositions la grâce exquise, le tendre
mysticisme et la sainte ferveur qu'il portait
en lui. Ses tableaux sont comme des aspira-
tions vers le ciel ; ses personnages n'ont rien
de terrestre ; leurs visages reflètent la paix,
les délices, les joies et les espérances de l'âme
en communion avec Dieu. Alors même qu'il
aborde les sujets dramatiques et qu'il met en
scène des méchants, il conserve son ineffable
mansuétude : il n'excite jamais en nous l'hor-
reur et la colère ; il ne fait que nous attendrir
et éveiller notre compassion en faveur des
coupables. « Ce qui nous frappe dans l'ensem-
ble de l'œuvre de Fiesole , dit M. Paul de
Saint-Victor, c'est une impuissance absolue a
reproduire les mouvements et les expressions
du mal, Les enfers de ses Jugements derniers
sont d'adorables 'caricatures de sainte igno-
rance et de puérile bonté. Les damnés font des
mines de contrition touchante, et les démons
ont beau dresser leurs cornes et fendre leurs
bouches jusqu'aux oreilles, ils n'en sont pas
moins, au fond, de fort bons diables, qui ne de-
mandent qu'à s'attendrir. Ne pouvant les faire
terribles, Angelico les fait gras. L'obésité de-
vait être, en effet, la suprême laideur pour le
maître des élancements et des soupirs de la
forme dardant au ciel. • Mais c'est surtout
dans les scènes de la passion que se déploie
l'imagination fervente de Fra Giovanni. On
rapporte qu'il fondait en larmes chaque fois
qu'il avait à les retracer, et qu'on le surprit un
jour défaillant d'angoisse et de douleur devant
un Christ dont il venait d'esquisser les con-
tours. Ce saint artiste embellissait encore
ses figures aux formes si suaves, aux physio-
nomies si expressives dans leur touchante
naïveté, par un coloris d'une finesse et d'une
clarté exquises. Fidèle à ses premières études,
il apporta dans l'exécution a la détrempe de
ses retables, de ses grands tableaux et de ses
fresques même, la délicatesse et la scrupu-
leuse minutie du miniaturiste. Et pourtant peu
d'artistes ont été plus féconds : mais, pour lui,
peindre n'était-ce pas prier? Il orna de fres-
ques les divers couvents qu'il habita. Suivant
I heureuse expression de M. Paul de Saint-
Victor, il a comme emparadisê le monastère
de Saint-Marc, a Florence, ■ en déroulant sur
ses murailles le ciel qu'il avait en lui.» Il rem-
Elit de peintures les dortoirs, les corridors et
:s cellules : entre tant de chefs-d'œuvre, dont
la plupart ont subi malheureusement de gra-
ves altérations, une Annonciation se fait re-
marquer. Il exécuta aussi, à la demande de
Côme de Médicis, de nombreux ouvrages pour'
l'église de l'Annonciade ; c'est de là que pro-
viennent les magnifiques tableaux de l'Acadé-
mie des Beaux-Arts de Florence, qui représen-
tent les principaux épisodes de la vie du Christ
(V. Massacre des Innocents, Passion, Juge-
ment dernier). A Rome, où il fut appelé par le
papeNicolas V,il peignit, dans une chapelle du
Vatican, divers traits tirés de la vie de saint
Etienne et de saint Laurent, ouvrage qui a
beaucoup souffert des injures du temps, mais
qui offre encore d'admirables parties. Nico-
las V lui confia encore d'autres travaux, et fut
si vivement frappé de ses vertus et de ses ta-
lents, qu'il voulut le nommer à l'archevêché de
Florence. Fra Angelico sollicita instamment
d'être laissé à l'humilité et aux travaux de sa
cellule, et désigna lui -même, pour les fonctions
dont il ne se croyait pas digne, un religieux
de son couvent qui fut depuis saint Antonin.
II mourut à Rome, en 1455, et fut enterré
dans l'église de la Minerve. Son tombeau con-
traste par son extrême simplicité avec les
mausolées fastueux de cardinaux inconnus;
c'est une simple pierre, mais les quatre vers
latins qui lui servent d'inscription ont été
composés par Nicolas V, touchant hom -
mage qui honore le. pape autant que l'artiste.
Quelques années avant sa mort, Fra Angelico
avait commencé des fresques (un Chœur de
prophètes) dans la cathédrale d'Orvieto, mais
il ne les termina pas. Ses tableaux portatifs
né sont pas rares dans les galeries italiennes:
les plus beaux, après ceux do l'Académie de
Florence, se voient aux Offices de la même
ville (Naissance de saint Jean- Baptiste et Ma~
done entourée de saints), et au Vatican (His-
toire de saint Nicolas de Bari, tableau à plu-
sieurs compartiments). Nous citerons encore
une Mise au tombeau et la Légende de saint'
Came et de saint Damien, à la Pinacothèque
de Munich; une Apparition de la Vierge à
saint Bernard et une Adoration des Bois, à la
National Gallery. de Londres ; un Jugement
dernier, au musée de Berlin, et enfin le célè-
bre Couronnement de la Vierge, qui est l'un
des plus précieux trésors du. Louvre. V. Cou-
ronnement.
Fra Angelico n'a formé qu'un très -petit
nombre de disciples ; Benozzo Gozzoli, qui tra-
vailla avec lui à Orvieto, est le seul qui ait
suivi ses traces avec succès. Depuis que
l'école mystique, dont Overbeck est le chef, a
admis pour principe que l'art, au lieu de se
proposer l'imitation de la nature pour but, de-
vait viser à être à la fois une prière et un en-
seignement, l'Ange de Fiesole a été proclamé
le modèle par excellence de la peinture reli-
gieuse, et des enthousiastes se sont attachés
à imiter jusqu'aux Imperfections de son ar-
chaïsme naïf.
ANGÉLICOÏDE adj. (an-jé-li-ko-t-de — du
lat. angelica, angélique, et du gr. eidos, res-
semblance). Bot. Syn. de angélicé.
ANGÉLIN, INE adj. (an-jé-!ain, i-ne —rad,
ange). Qui appartient à l'ange. Vieux mot.
— Dame angéline, ou substantiv. angëline,
Nom donné à la sainte Vierge, à causa do la
salutation qu'elle reçut de l'ange Gabriel.
— s. m. Bot. Arbre do l'Amérique méridio-
nale. Il Nom vulgaire des semences de plu-
sieurs plantes de la famille des légumineuses.
ANGÉlina s. m. (an-jé-li-na). Ane. mod.
Sorte do mantelet de femme.
ANGÉLINE DE COBBÀBA, fondatrice des
religieuses cloîtrées du tiers-ordre de Saint--
François, au xv° siècle. Son culte a été auto-
risé par le pape Léon XII. Fèto le 22 dé-
cembre.
ANGÉLIQUE adj. (an-ié-li-ke — du lat.
angelicus; formé de angélus, ange). Qui ap-
partient à l'ange, qui est propre à l'ange :
Les chœurs, les esprits Angéliques. La perfec-
tion Angélique. La tristesse saisit les esprits
Angéliques fidèles, et la douleur fut connue
pour la première fois dans le ciel. (Volt.) Vous
auriez dit quelques concerts Angéliques. (Ch.
Nod.)
— Par ext. Qui semble tenir de l'ange par
son excellence, par ses perfections: Une femme
Angélique. Une vertu angélique. On» beauté
Angélique. Une pureté Angélique. Etre d'une
douceur, d'une résignation angélique. Elle
mène une vie Angélique. La virginité est un
état Angélique. (Boss.) La véritable coupable
gui fut découverte fut cette femme, qui avait
toujours mené en apparence une vie Angélique,
(Le Sage.) Je sais qu'il supporte la chose avec
une patience Angélique; (volt.) J'entends en-
core ces chants Angéliques de fraîcheur, n'est-
ce pas le rossignol après l'orage? (Balz.) Af-
freuse éducation de souffrance, qui n'a jamais
manqué aux natures Angéliques. (Balz.) £'an-
gélique créature a eu la force de nous cacher
son désespoir. (G. Sand.) On croit sentir, en le
lisant, une nature Angélique et légère. (Stc-
Beuve.)
Tu rayonnes pour moi d'une angélique flamme.
— Salutation angélique, Paroles que l'ange
Gabriel adressa à la sainte Vierge, quand il
vint lui annoncer qu'elle serait la mère du
Sauveur, u Prière qui commence par ces pa-
roles, et que l'on nomme plus ordinairem. Ave
Maria : Nous nous mîmes à genoux pour réciter
la salutation angélique (Cl. Robert.)
— Hist. Couronne angélique, royaume angé-
lique. Couronne du royaume de Hongrie.
(I Siéye angélique. S'est dit pour Siège apos-
tolique. (| Ordre angélique. Nom d'un ordre
decfievalerie institué, en U9i, par l'empereur
d'Orient Isaac l'Ange.
— Hist. relig. Le docteur angélique, Saint
Thomas , aussi nommé l'Ange de l'école. \\
Ecole angélique, L'école des thomistes, n
Habit angélique, Froc porté par des moines
grecs appartenant à l'ordre de Saint-Basile.
Quelques personnes s'en faisaient revêtir à
l'approche de la mort, par piété et par esprit
de componction.
— s. m. Nom qu'avaient pris des hérétiques
. du m* siècle, parce que, suivant Epiphane,
ils croyaient qu'on ne peut arriver a Dieu
que par l'entremise des anges; ou, suivant
saint Augustin, parce qu'ils prétendaient vi-
vre aussi purement que les anges.
— s. f. Religieuse appartenant à un ordre
fondé par la comtesse de Guastalla, et qui a
plusieurs maisons en Italie, il On dit aussi
ANGKL1TE.
— Mus. Vota: angélique, Sorte de jeu d'or-
gue, composé de tuyaux cylindriques à an-
che. Il s. m. Instrument a clavier qui fut
inventé au commencement du xv»e siècle, et
qui était formé de dix-sept cordes montées
par demi-tons.
— Antonymes. Diabolique, satané , satanique.
ANGÉLIQUE S. f. (an-jé-li-ke — rad. ange,
à cause des grandes vertus médicinales qu on
lui attribuait). Bot. Plante cultivée dans les
jardinSjàcausedelabeautéde son port, de son
ANG
357
odeur et de sa saveur aromatiques, n Tige de
cette plante confite dans le sucre : Un bâton
d'ANGKLiQUE. Manger de ^Angélique. Offrir
à quelqu'un un morceau d'ANGÉi.iQuu. L An-
gélique parfume la bouche et fortifie l'esto-
mac. (Acad.)
— Ratafia d'angélique, Liqueur de table
qui se prépare en faisant macérer des tiges
fraîches d'angélique et des amandes amères
dans de l'eau-de-vie, mêlant au produit du
sirop de sucre, et filtrant après quelques
heures de repos.
— Petite angélique, Nom vulgaire du bon-
cage à feuilles d'angélique. it Angélique épi-
neuse, L'aralie épineuse. Il Angélique de Bor-
deaux, .Poire fondante qui mûrit tard et est .
propre à faire de la compote.
—adj. Chim. Se dit d'un acideqùi se trouve
dans la racine de plusieurs espèces d'angéli-
que, et qui se produit par la réaction de l'es-
sence decamomilloetdc la potasse caustique.
L'acide angélique cristallise en gros ot longs
prismes incolores, d'une saveu r acide piquant e
et d'une odeur aromatique particulière. II est
pou soluble dans l'oau froide, trÔs-solublc
dans l'eau bouillante, l'alcool, l'éther, l'es-
sence de térébenthine et les huiles grasses.
L'acide angélique s'appelle encore acide sum-
buli^ue. n se dit d'un éthër que l'on obtient
en distillant l'angclate de soude avec un mé-
lange d'acide sulfurique et d'alcool. L'éther
angélique, appelé encore angéiate d'éthyle,
présente une saveur douceâtre et épicée, une
odeur-qui rappelle celledes pommes pourries.
■ u On dit aussi angélicique.
— " Encycl. Bot. L'angélique forme, dans ki
famille des ombellifèrcs, un genre qui renferme
une douzaine d'espèces. Les principales sont;
{'angélique Mazouts, Vangélique des montagnes,
l'angélique sauvage, Vangélique luisante et .
l'angélique officinale.
L'angélique Rasouls doit son nom a Razouls,
qui la trouva dans les Pyrénées ; c'est une
herbe vivace, dont les fleurs blanches s'épa-
nouissent de juin en. août.
L'angélique des montagnes se distingue par
ses feuilles acuminées, glabres et bordées de
fines dentelures.
L'angélique sauvage, décrite aussi sous le
nom A'impératoire sauvage, présente une tigo
dressée, rameuse supérieurement, largement
fistuleuse, lisse ou finement striée , souvent
glauque et violacée , quelquefois haute de
2 mètres; des ombelles très-amples, formées
d'un grand nombre de rayons inégaux, des
fleurs d'un blanc rosé. Elle croit au bord des
eaux, dans les prés couverts et dans les bois
des montagnes; elle fleurit de juillet à sep-
tembre ; les bestiaux la mangent sans la re-
chercher quand elle est jeune; ils la dédai-
gnent dès qu'elle est en fleur. On lui a reconnu
dans la tannerie des propriétés analogues à
celles de l'écorce de chêne.
L'angélique luisante est originaire du Ca-
nada: ses tiges sont glabres, et ses fouilles à
segments égaux, incisés et dentelés.
L'angéliquù officinale a été détachée par
Hoffman du genre angélique, et constitue lo
genre archangélique ; elle est surtout employée
par les confiseurs. On lui attribue aussi quel-
ques vertus médicinales. Les tiges, confites au
sucre, font des conserves très-recherchées;
les plus estimées viennent de Niort. La racine
fournit une liqueur spiritueuse , et elle est
employée quelquefois comme diurétique. Les
graines sont vermifuges, et les feuilles servent
h. parfumer l'haleine.
Voici la méthode a employer pour préparer,
confire l'angélique, qui est a'un usage si géné-
ral sur nos tables et dans la pâtisserie. On
choisit les tiges les plus tendres, on les coupe
sur une longueur de 15 centimètres, on les ietto
dans l'eau froide, puis dans une eau prête à
bouillir, où elles restent à peu près une heure.
On les retire de l'eau pour enlever la peau et
les filandres ; ensuite on les fait baigner dans
une bassine et bouillir jusqu'à, ce qu'elles flé-
chissent sous les doigts. Une demi-poignée do
sel fait reverdir les tiges; quand elles sont
suffisamment égouttées, on les fait macérer
dans un sirop ou le sucre entre pour un poids
égal à celui de Vangélique.
ANGÉLIQUE (LA MÈRE) V. AKNAULD (la
mère Angélique),
ANGÉLIQUE (la Belle), une des plus gra-
cieuses héroïnes du Roland furieux, de l'A-
rtoste. Elle était reine du royaume de Cathay,
dans les Indes, lorsque le fameux paladin
Roland, dans ses courses à travers l'Orient,
qu'il avait rempli de la terreur de son nom,
s'éprit de cette charmante princesse et l'amena
en France dans l'espoir d'y voir couronner son
amour. Au camp de Charlemagne, Angéliquo
retrouva le non moins fameux Renaud de Mon-
tauban, l'aîné des quatre fils Ay mon, qui s'était
aussi enflammé pour elle. Charlemagne, sur le
point de livrer bataille aux Sarrasins, qui
avaient envahi la France, craignit que la riva-
lité de ses deux plus vaillants guerriers ne de-
vint un obstacle a la victoire ; il s'empara d'An-
gélique, confia cette trop séduisante pomme do
discorde au vieux duc de Bavière, et la pro-
mit à celui des deux paladins qui s'illustrerait
par de plus brillants exploits contre les rois
africains. Mais, dès que la bataille est engagée,
la princesse, qui n'aime ni l'un ni l'autre de ses
redoutables prétendants, profite du tumulte
pour recouvrer sa liberté. Dès lors, sa fuite
358
ANG
devient, sous la plume féconde et enchante-
resse de l'Arioste, une suite d'aventures les plus
extraordinaires. Poursuivie par ses amants,
puis par Je sarrasin Ferragus et par le roi de
Circassie, Sacripant, qui ressentent pour elle
un égal amour, elle se confie à ce dernier afin
de trouver en lui un protecteur, mais en se
promettant bien de payer sa passion des mêmes
rigueurs. Bientôt Renaud arrive, et pendant
le combat terrible que se livrent les deux en-
nemis, Angélique s échappe de nouveau et se
réfugie auprès d'un vieil ermite qu'elle ren-
contre au fond d'un vallon. Ce vieil ermite est
un nécromant, qui convoite les charmes d'An-
gélique ; il la fait transporter par un démon à
ses ordres dans une grotte obscure sur les
rivages de la mer de Gascogne ; puis il se pré-
sente à ses regards et l'endort par enchante-
ment. C'est alors qu'arrivèrent près d'elle des
pirates de l'île d'Ebude, dans la mer d'Irlande.
Leur île était ravagée par un monstre, une
orque énorme, suscitée par la vengeance de
Prothée, et chaque jour les Ebudiens devaient
lui offrir une jeune fille en pâture. Ces pirates
emmènent Angélique et l'attachent toute nue
sur un rocher isolé, appelé Vile des Plaintes,
pour y être dévorée par l'orque. En ce mo-
ment l'illustre Roger traversait les airs, monté
l'hippogriffe ; il aperçoit la charmante An-
félique baignée de larmes et le monstre prêt
en faire sa victime. Il abaisse aussitôt le vol
de sa monture fantastique et fond sur l'orque,
alors à ses regards un bouclier mystérieux
dont le seul aspect suffit à renverser ceux que
frappe son éclat éblouissant; mais auparavant
il a eu soin de passer au doigt d'Angélique un
anneau enchanté qui doit la préserver des
effets de ce bouclier redoutable, dont la vue
abattit l'orque aussi rapidement que la foudre.
' Roger détacha alors Angélique et l'emporta
avec lui sur l'hippogriffe.
Cet épisode de l'Arioste a fourni à M. Ingres
le sujet d'un de ses plus gracieux tableaux.
V. l'art, suivant.
Cependant Roger, traversant les airs avec
celle qu'il vient d'arracher à la mort, s'arrête
et descend dans un bois épais de la Petite-
Bretagne. Mais alors Angélique va se trouver
exposée à un autre danger; Roger est jeune,
beau et enflammé de désirs ; déjà elle ne se
défend plus qu'avec peine de ses baisers brû-
lants, lorsqu'en jetant les yeux sur l'anneau
que son libérateur lui a passé au doigt, et qui
avait le don merveilleux de rendre invisible
celui qui le mettait dans sa bouche, elle recon-
naît son propre anneau, celui qu'elle portait
dans un voyage qu'elle avait fait autrefois en
France avec son frère Argail , ce précieux
anneau au moyen duquel elle avait brisé les
enchantements de Maugis,dans la caverne de
Merlin, et qui lui avait été dérobé dans le Ca-
thay. S'en servir et échapper plus prompte-
ment nue l'éclair aux embrasseinents du paladin
stupéfait fut la première pensée d'Angélique,
aussitôt mise à exécution. Elle résolut aie
de retourner dans ses Etats, sans autre secours
que celui de cet infaillible talisman. En pas-
sant près de Paris, elle aperçoit un jeune
homme baigné dans son sang et près de rendre
le dernier soupir. Elle éprouve alors un sen-
timent inconnu ; tout émue, elle emploie néan-
moins à propos l'art de guérir les blessures,
qu'elle avait appris dans l'Inde; elle rappelle
le mourant à la vie, et le conduit dans la ca-
bane d'un berger. Ce blessé était le, beau
Médor, jeune Sarrasin qui s'était dévoué avec
son ami Cloridan, pour aller rechercher dans
le camp des chrétiens le cadavre de son prince,
tu^ la veille dans une bataille entre les deux
armées. C'est un épisode évidemment imité de
celui de Nisus et Euryale, dans VEnéide.
Angélique guérit Médor, auquel elle déclare
l'amour qu'il lui a inspiré ; elle lui révèle son
rang, sa naissance, et l'épouse dans ce lieu
sauvage, où ils passent encore un mois au mi-
lieu des plus doux transports, parcourant les
plus frais ombrages, visitant tous les jours de
nouvelles grottes , et gravant des chiffres
amoureux sur tous les arbres d'alentour. Ils
partent enfin pour les Indes, où Angélique se
propose de faire couronner Médor. A peine
s'étaient-Us éloignés, que Roland arrive en
ces lieux, après avoir abandonné l'armée pour
se mettre ( à la recherche d'Angélique. En
lisant sur l'écorce des arbres les noms entre-
lacés des deux époux; à la vue de tous ces
souvenirs de bonheur si cruels pour son amour,
le héros se livre au désespoir, et, saisi tout à
coup d'une folie furieuse, il ravage toute la
campagne,
Angélique est véritablement, dans le roman,
3e l'Arioste, le type poétisé de la femme,
offrant un gracieux contraste avec la guerrière
Morphise et la fière Bradamanle. C'est bien
la femme tendre et capricieuse, faible et forte
en même temps, jouet des événements et n'o-
béissant néanmoins qu'à ses instincts, dédai-
fnant les hommages des plus valeureux pala-
ins, qui se disputent l'honneur de la servir,
pour s éprendre tout à coup d'un inconnu, dont
l'état douloureux a éveillé les nobles senti-
ments de générosité et de dévoûment, au fond
desquels 1 amour dort si souvent dans le cœur
de la femme.
Angélique délivrée par Koger, tableau de
M. Ingres, musée du Luxembourg. L'Andro-
mède chrétienne a les mains enchaînées au
rocher par un anneau de fer. C'est une déli-
cieuse étude de femme nue. Le chevalier, re-
ANG
vêtu de son armure d'or et monté sur l'hippo-
griffe, se précipite la lance en arrêt contre
FOrque, monstre farouche qui est sur le point
de dévorer la captive. Les deux bêtes aux
formes fantastiques sont parfaitement ren-
dues. Ce tableau a été exposé pour la pre-
mière fois au Salon de 1819, époque à laquelle
M. Ingres entrait dans la maturité de son ta-
lent. Dans ce tableau, dont le sujet est em-
prunté au roman de l'Arioste, le corps d'An-
félique est une véritable statue antique, il
école un élève de Phidias: les mains et les
pieds surtout peuvent défier la critique la plus
sévère ; on voit que le peintre a appris à l'école
des maîtres athéniens le grand art de la per-
fection.
Angélique «< Médor , opéra-bouffe en un
acte, paroles de Sauvage, musique d'Ambroise
Thomas, représenté pour la première fois à
Paris, sur le théâtre de l'Opéra-Comique, le 10
mai 1843. Angélique et Médor précéda le Caïd,
dont le succès populaire lit oublier cette gra-
cieuse partition. Elle a été publiée en grand
format par l'éditeur Escudier.
ANGÉLIQUEM5NT adv. { an-jê-li-ke-man
— rad. angélique). D'une manière angélique,
comme les anges : Vivre angéliquement. Il
était angéliquement beau. (V. HugoJ. il Peu
usité.
— Ironiq. : Que le sourire des femmes est
angéliquement menteur.1 (Lacretelle.) Certes,
aucune bourgeoise n'aurait su dire angélique-
ment comme elle au jeune comte : Mettez au
jeu pour moi! (Balz.)
ANGELIS (Pietro de), publiciste distingué,
né à Naples vers 1798, tut d'abord secrétaire
du roi Murât, passa en France en 1818, puis,
allant chercher fortune dans le nouveau
monde, il s'arrêta à Buenos-Ayres, où il se fit
imprimeur et journaliste. Il mit au service de
Rosas, le dictateur, un journal politique, l'Ar-
chivo americano, 'qu'il publia en trois langues
"(espagnol, français et anglais), avec une infa-
tigable persévérance. Mais la chute de Rosas
porta un coup mortel à cette feuille, et son
directeur eut la prudence de s'effacer dans la
retraite. Le séjour de M. Angelis au milieu de
ces peuples en guerre, ou en révolution per-
manente, n'a pas été perdu. Mémorialiste judi-
cieux et chercheur, il a recueilli une Collec-
tion des ouvrages et documents relatifs à
l'histoire ancienne et moderne des provinces
du Rio delà Plata, avec notes et commentai-
res. (Collection de obras y documentes relati-
vos a la historia antiqua yntoderna de laspro-
vincias del Rio de la Plata.) Ce recueil, qui
comprend sept vol. in-folio, fut publié à Bue-
nos-Ayres, en 1836 et années suivantes. Cette
immense collection de documents historiques
et géographiques est un des ouvrages les plus
précieux dont on ait doté l'Amérique.
angélisant (an-jé-li-zan) part. prés, du
v. Angcliser.
ANGÉLISÉ, ÉE (an-jé-li-zé ) part. pass.
du v. Angéliser : l'ertullien, parlant de la
chair ressuscitée, l'appelle une chair angélisée.
(Boss.)
ANGÉLISER v. a. ou tr. (an-jé-li-zé — rad.
ange). Néol. Assimiler à l'ange, donner la na-
ture de l'ange : Dès cette époque, elle commen-
çait à tout typiser, poétiser, angeliser, néolo-
giser et tragiquer, car il faut violer pour un
moment la langue, afin de peindre des travers
nouveaux que partagent quelques femmes.
(Balz.)
ANGÉLITE s. m. (an-jé-li-te — rad. ange).
Hist. ecclés. Nom donné à des sectaires, dis-
ciples de Sabellius, qui rendaient un culte
aux anges.
— s. f. Religieuse d'un ordre fondé en Ita-
lie. V. Angélique.
ANGELO. Myth. Fille de Jupiter et de Ju-
non ; elle déroba un des cosmétiques de sa
mère et le donna à Europe ; c'est ce qui fait
que, depuis, tous les entants d'Europe ont eu
la peau excessivement blanche.
. Angelo, drame de M. V. Hugo , en trois
journées et en prose, représenté pour la pre-
mière fois sur le Théâtre-Français, le 28 avril
1835. La scène se passe à Padoue, en 1549,
sous le doge Francisco Donato. Voici le sque-
lette de cette pièce, qui compte parmi les plus
beaux succès dramatiques de l'illustre auteur
A'JIernani. Tisbé, une tille du peuple, une bohé-
mienne, est devenue riche, grande comédienne,
et enfin célèbre courtisane. Elle est depuis peu
à Padoue, dont elle a fait le théâtre de ses ex-
ploits, et où elle a pour amant un jeune homme,
qu'elle fait passer pour son frère. C'est qu'elle
craint de porter ombrage au tout-puissant po-
destat de Padoue, à Angelo Malipieri, un de
ses plus fervents adorateurs, auquel elle n'a
jamais rien accordé, bien, qu'elle passe publi-
quement pour sa maîtresse. Seul, Rodolfo
possède son amour et jouit de ses faveurs. Et
pourtant cette passion n'est pas payée de re-
tour ; la Tisbé n'est pour Rodolfo qu'une dis-
traction, un passe-temps ; il en aime une autre.
Rodolfo n'est qu'un nom d'emprunt, sous lequel
se cache celui d'Ezzclino da Romana, le vrai
nom de sa famille, autrefois souveraine de
Padoue, aujourd'hui bannie et proscrite. Un
jour que le désœuvrement et l'ennui l'avaient
conduit dans une église de Venise, il s'était
épris subitement d'amour pour une jeune fille
dont.il n'avait pu savoir le nom. Pendant sept
ans, il avait aimé ce bel ange comme on doit
aimer au ciel, et ces relations séraphiques
ANG . ,
avaient été brusquement rompues par le ma-
riage de la jeune fille avec un homme qui lui
était également inconnu. Rodolfo chercha pen-
dant quelque temps à étouffer dans des amours
faciles ia flamme qu'un seul regard avait allu-
mée dans son âme; il se fit aimer de Tisbé,
que son cœur malade ne lui permettait pas de
payer de retour. L'actrice soupçonne le secret
de la froideur de celui pour lequel elle brûle,
et c'est dans cette situation qu'un espion du
redoutable conseil des Dix, Homodei vient lui
proposer de lui prouver lîinndélité de Rodolfo.
Elle devra se procurer une clef que le podestat
Angelo porte toujours suspendue à son cou.
Quelques instants auparavant, le même agent
était venu offrir à Rodolfo de lui montrer le
soir même la femme qu'il cherchait partout sans
pouvoir' la découvrir. Rodolfo est, en effet,
introduit chez celle qu'il n'a pas cessé d'aimer
depuis si longtemps. Cette femme, c'est Cata-
rina Malipieri, la propre épouse d'Angelo.
Toute cette trame est ourdie avec une habileté
satanique : l'espion qui s'est introduit chez la
courtisane en qualité de guitariste et d'idiot,
veut se venger de Catarina, sur laquelle il
avait jeté des regards impurs, et qui Ta fait
chasser honteusement de chez elle. Il obtient
la confiance de Rodolfo, qui lui a sauvé la vie,
dans un guet-apens nocturne, et il souffle la
jalousie dans le cœur de la Tisbé. Ainsi sa
toile est admirablement tendue, Catarina doit y
tomber infailliblement. A peine Rodolfo est-il
chez elle, qu'un bruit de pas se l'ait entendre.
Il se cache. C'est la Tisbé, qui pense le trouver
chez sa rivale. Bien qu'elle ne le'voie pas, elle
est sûre de sa présence dans la maison ; mais
au moment où elle va se venger par un scan-
dale, elle aperçoit un crucifix de cuivre au-
dessus d'un prie -dieu. Sa colère tombe. Ce
crucifix, c'est celui qu'elle cherche depuis bien
des années avec une persistance soutenue par
un souvenir sacré. Sa mère avait été condam-
née au gibet pour une faute légère, et c'est à
l'intercession d'une jeune fille qu'elle avait dû
son salut. La pauvre femme ne possédait qu'un
crucifix de cuivre qu'elle avait donné à l'en-
fant. « Il vous portera bonheur, » lui avait-
elle dit. La Tisbé, quoique bien jeune alors,
n'avait pas oublié la dette de reconnaissance
que sa mère lui avait transmise. Le crucifix
est devant elle : le souvenir de sa mère étouffe
instantanément dans son cœur toute idée de
vengeance , et lorsque Angelo paraît dans la
chambre de sa femme, amené par le bruit qui
a frappé ses oreilles, la Tisbé sauve Catarina en
prétextant une conjuration imaginaire qu'elle
venait dénoncer. Mais l'espion poursuit sa
vengeance ; il a fait tenir cette lettre à Cata-
rina : • Il y a des gens qui ne s'enivrent que
de vin de Chypre. Il y en a d'autres qui ne
jouissent que de la vengeance raffinée. Ma-
dame, un sbire qui aime est bien petit, un
sbire qui se venge est bien grand. » Il fait
tomber dans les mains d'Angelo la preuve que
sa femme en aime un autre; cependant il
meurt sans pouvoir livrer le nom de Rodolfo
à la vengeance du podestat. N'importe, à dé-
faut de deux victimes, Angelo se contentera
de celle qui ne peut lui échapper : sa femme
mourra par le fer ou par le poison ; il lui
laisse le choix. Mais Tisbé n'est pas généreuse
à demi. Elle feint de vouloir assister Angelo
dans sa vengeance, et conseille à Catarina de
choisir le poison ; elle le versera elle-même.
Mais au heu du breuvage mortel, c'est un
puissant narcotique qu'elle fait boire à sa
rivale. Catarina tombe foudroyée. Le linceul
est prêt à l'envelopper; la tombe s'ouvre pour
la recevoir. Angelo est vengé ; il laisse à Tisbé
le soin de faire disparaître le corps de la vic-
time, et c'est chez elle que la courtisane fait
transporter Catarina. Rodolfo, apprenant tout
ce qui s'est passé, accourt fou de rage chez
Tisbé. C'est elle qui a assassiné Catarina; les
dénégations seraient inutiles : une femme l'a
vue versant elle-même le poison. Tisbé ne se
défend pas; trop sûre, à présent, de ne pas
être aimée, elle ne demande qu'à mourir :
« Tu ne m'aimes pas, tue-moi, » dit-elle à Ro-
dolfo debout devant elle, furieux, haletant,
lui redemandant la femme, la seule femme
qu'il ait jamais aimée. Et comme il hésite en-
core : h Je l'ai tuée, te dis-je ; frappe donc. »
Rodolfo, éperdu, la frappe au cœur. Au même
moment, Catarina se réveille; elle aperçoit
Rodolfo et se jette dans ses bras. « Grand
Dieu ! s'écrie-t-il, par qui as-tu été sauvée? —
Par moi, pour toi, » répond Tisbé en rendant
le dernier soupir.
Voilà le drame. N'avions-nous pas raison
d'annoncer tout à l'heure un squelette? Que
vont dire ceux qui ont lu la pièce, et mieux
encore ceux qui l'ont entendue avec les grâces
inimitables de M'ie Mars et la passion exubé-
rante deMœeDorval? A chaque scène, l'auteur
côtoie l'adultère, et jusqu'à la fin il sait l'éviter :
il faut savoir gré de ces délicatesses au grand
romantique. Que nous importent Tisbé et Ro-
dolfo? ifs sont maîtres de leurs actions. Du
reste, le dénoûment ouvre à notre imagina-
tion un horizon empourpré, car Angelo, ce ty-
ran stupide dont une comédienne s'est jouée,
et qui tremble au seul nom de Venise, n'in-
spire aucun intérêt. Le style de M. Victor
Hugo brille surtout par la couleur, et malheu-
reusement les couleurs s'évanouissent au
souffle de l'analyse. Chaque scène déborde de
passion, et çà et là la belle littérature y trouve
son compte. Le tableau d'amour maternel, la
peinture du conseil des Dix et les fureurs de
Tisbé (acte II, scène v) sont des chefs-d'œuvre.
ANG
Quand l'auteur écrivit cette pièce, il venait
d'avoir trente ans ; son génie était dans toute
sa fleur : c'était le mois de mai du romantisme.
Il est aisé de comprendre le but que s'est pro-
posé M. Victor Hugo dans cette pièce. Ici,
comme avant, dans Marion Delorme, et plus
tard dans Buy Blas, c'est à une antithèse so-
ciale qu'il a demandé les deux éléments indis-
pensables au drame, l'intérêt et l'enseigne-
ment, et voici comment il explique lui-même
ce double but et les moyens qu'il a mis en
œuvre pour l'atteindre ; laissons-lui la parole,
il parle d'or : • Mettre en présence, dans une
action toute résultante du cœur, deux graves
et douloureuses figures, la femme dans la so-
ciété, la femme hors de la société, c'est-à-dire,
en deux types vivants, toutes les femmes,
toute la femme; montrer ces deux femmes,
qui résument tout en elles , généreuses sou-
vent, malheureuses toujours; défendre l'une
contre le despotisme, l'autre contre le mépris j
enseigner à quelles épreuves résiste la vertu
de l'une, à quelles larmes se lave la souillure
de l'autre ; rendre la faute à qui est la faute,
c'est-à-dire à l'homme, qui est fort, et au fait
social, qui est absurde ; faire vaincre dans ces
deux âmes choisies les ressentiments de la
femme par la piété de la fille, l'amour d'un
amant par l'amour d'une mère, la haine par le
dévoûment, la passion par le devoir; en
regard de ces deux femmes ainsi faites, poser
deux hommes, le mari et l'amant, le souverain
et le proscrit, et résumer en eux par mille
développements secondaires toutes les rela-
tions régulières et irrégulières que l'homme
peut avoir avec la lemme d'une part, et la
société,de l'autre ; et nuis, au bas de ce groupe,
qui jouit, qui possède et qui souffre , tantôt
sombre, tantôt rayonnant, ne pas oublier l'en-
vieux, ce témoin fatal, qui est toujours là, que
la Providence aposte au bas de toutes les so-
ciétés, de .toutes les hiérarchies, de toutes les
prospérités, de toutes les passions humaines ,
éternel ennemi de tout ce qui est en haut,
changeant de forme selon le temps et le lieu,
mais au fond toujours le même : espion à Ve-
nise, eunuque àConstantinople, pamphlétaire
à Paris ; placer donc, comme la Providence le
place, dans l'ombre, grinçant des dents à tous
les sourires, ce misérable intelligent et perdu •
qui ne peut que nuire, car toutes les portes
que son amour trouve fermées, sa vengeance
les trouve ouvertes ; enfin, au-dessus de ces
trois hommes, entre ces deux femmes, poser
comme un lien, comme un symbole, comme un
intercesseur, comme un conseiller, le Dieu
mort sur la croix ; clouer toute cette souffrance
humaine au revers du crucifix : Voilà ce que
l'auteur de ce drame a tenté de faire... »
Quant aux moyens employés par le grand
écrivain pour arriver à ce résultatj tous n'ont
pas trouvé grâce devant la critique. Le cru-
cifix, la fiole, la résurrection, les apparitions
et disparitions subites d'un personnage presque
fantastique, tout cela a été taxé d'invraisem-
blance et renvoyé aux scènes mélodramati-
ques du boulevard ; une plume aussi féconde
aurait pu les dédaigner, etc. etc. Nous allons
essayer de répondre à ces critiques. Tous ces
engins sont les accompagnements forcés du
drame; il n'y a la ni exagération, ni manque
de goût, ni invraisemblance, « Rien de cela
n'existe dans la réalité. ^-Vraiment, non; mais
le drame a-t-il jamais été l'image de \n mono-
tonie de la vie réelle, même la plus accidentée,
la plus tragique? Dans ces conditions de vul-
garité bourgeoise, il faudrait tout simplement
renoncer au théâtre. Et puis, on doit se re-
porter à l'époque de la représentation d'An-
gelo. Sans doute tous ces moyens avaient déjà
été mis en œuvre ; mais on n'en avait pas en-
core abusé comme on le fait aujourd'hui, et une
critique rétrospective à ce sujet risquerait
d'être injuste. Au reste, rien ne manque à ce
dramts pour justifier l'immense succès qu'il
obtint. Les scènes s'y succèdent rapides, ingé-
nieuses, délicates, toujours émouvantes: le
pathétique s'y mêle au naïf, l'élégance à l'é-
nergie, et l'imprévu ne cesse pas un instant de
tenir 1 intérêt en suspens. Toutefois il faut re-
connaître que la pièce fut représentée avec
un soin digne du génie de l'auteur et de la
vieille réputation du Théâtre-Français. Voici
en quels termes M. Victor Hugo a remercié
lui-même les artistes éminents qui ont inter-
prété son œuvre, et c'est par ces lignes élo-
quentes que nous voulons finir : « La pièce est
jouée dans ses moindres détails avec un ensem-
ble et une dignité qui rappellent les plus belles
époques de la vieille Comédie -Française.
M. Provost a reproduit avec une fermeté sculp-
turale le profil sombre et mystérieux d'Homo-
dei. M. Geîfroy réalise avec un talent plein de
nerf et de chaleur ce Rodolfo mélancolique et
violent, passionné et fatal, frappé comme
homme par l'amour, comme prince par l'exil.
M. Beau vallet, qui peut mettre une belle voix au
service d'une belle intelligence, aposé puissam-
ment la figure haute et sévère de cet Angelo,
tyran de ta ville, maître de la maison. La créa-
tion de ce rôle place pour tout le monde M . Beau-
vallet au rang des meilleurs acteurs qu'il y ait au
théâtre en ce moment. Quant à M'ic Mars, si
charmante, si spirituelle, si pathétique, si pro-
fonde par éclairs, si parfaite toujours; quant
à Mme Dorval, si vraie, si gracieuse, si péné-
trante, si poignante, que pourrions-nous en
dire après ce que dit, au milieu des bravos,
des acclamations, des applaudissements et des
larmes, cette foule immense et émerveillée
qu'éblouit chaque soir le choc étincelant des
deux sublimes actrices? »
ANGÉlo- acétique adj. (an-jë-lo-a-sé-
ti-ke — de angclique et acétique). Chim. Se
dit d'un acide anhydre que l'on obtient par
l'action du chlorure d'acetyle sur l'angélate
de potasse. Il s'appelle encore angélate d'ace-
tyle et acétate d'angélyle.
angÉlo-benzoÏQDE adj, (an-jé-lo-bain-
zo-i-ke — de angëlique et benzolque). Chim,
Se dit d'un acide anhydre que l'on obtient en
chauffant légèrement du chlorure de ben-
«oïle avec de l'angélate de potasse. On l'ap-
pelle encore angélate de benzoîle et benzoate
d'angélyle,
ANGÉLOGONIE s. f. (an-jé-lo-go-nî — du
gr. aggelos, ange ; gonos, origine). Théorie de
l'origine et de la nature des anges.
gélographie*
ANGÉLOGRAPHIB s. f. (an-jê-lo-gra-fî —
"du gr. aggelos, ange ; graphe, description).
Didaet. Traité sur les anges, il On dit aussi
ANGÉLOLOGIB.
angélolâtre s. ro. (an-jé-lc-lâ-tre — de
angëlolâtrie). Hist. ecclés. Sectaire qui pra-
tiquait t'angélolàtrie, qui avait embrassé
cette croyance.
ANGËLOLÂTRIE s. f. (an-jé-lo-lâ-trî —du
gr. aggelos, ange; latreia, culte). Hist. ecclés.
Adoration, culte des anges : L'Eglise a mis
f angëlolâtrie au nombre des hérésies.
ANGÉLOLÀTRIQUE adj. (an-jé-lo-la-tri-ke
— rad. angëlolâtrie). Hist. ecclés. Qui appar-
tient, qui a rapport à l'angélolâtrie.
angÉlologie s. f. (an-jé-lc-lo-jî — du
gr. aggelos, ange; logos, discours). Croyance
a l'existence des anges, à leur médiation :
Nous aurons l'occasion de revenir sur £'angé-
lologie des Juifs après l'exil, qui n'a aucune
base dans la doctrine mosaïque. (Munck.) Il
Traité sur les anges. Dans ce sens, on dit
ANGÉlonie s. m. (an -je -lo- ni). Bot.
Genre de plantes de la famille des personnées
ou antirrhinées, renfermant cinq ou six es-
pèces, qui habitent l'Amérique, et que la
beauté de leurs fleurs a fait admettre dans
nos serres.
angélophanie s. f. (an-jé-lo-fa-nî — du
gr. aggelos, ange ; phainomai, je parais). Ap-„
parition des anges : Ainsi, dès qu'on veut
assurer aux angelophanies un caractère ob-
jectif, on se réduit logiquement à faire des
anges des imposteurs, puisque l'on consent à ce
çuils ne se révèlent à nous que sous des dehors
gui ne leur appartiennent pas, et qui sont jus-
tement le contre-pied de leur nature. (J.
Reynaud.) <■
angelot 3. m. (an-je-lo — diminut. de
ange). Petit ange. Dans ce sens on dit aussi
ANGELET.
— Ancienne monnaie de Franco qui offrait
la figure d'un ange foulant aux pieds le dra-
gon, c'est-à-dire le démon. Il y avait des an-
gelots d'or et des angelots d'argent, et leur
valeur a varié suivant l'époque.
— Comra. Fromage fabriqué dans le pays
d'Auge en Normandie, et que l'on nommait
primitivement augelot.
— Techn. Pelle ou petit bassin dans lequel
les matières étrangères et les parties ter-
reuses du sel se précipitent.
— Ichth, Poisson qu'on appelle aussi ange.
V. ce mot.
ANGELOTTE S. f. V. ÀnGELETTE.
ANGELUS s. m. (an-jé-luss). Prière en
l'honneur du mystère de l'incarnation, ainsi
nommée du mot par lequel elle commence,
Angélus Domini,e.tc. : Dire J'angelus. Iléciter
^'angélus, il Son de la cloche qui se fait en-
tendre le matin, à midi ou le soir, pour indi-
quer aux fidèles le moment où ils doivent ré-
citer cette prière : 5e lever, se coucher à V an-
gélus. La cloche de Notre-Dame avait sonné
f angélus. (A. de Sorr.) En rêvant ainsi, Jean
entendit la cloche qui sonnait ï'angelus du
soir. (G. Sand.) Le marguillier a pris les clefs
de l'église, I'angelus a tinté dans le clocher
du hameau. (Lamart.) Mais comment se passer
de deux cloches, une pour les angélus, l'autre
pour la grand'messe? (Proudh.)
inte et rappelle <
ît à Dieu.
C'est Vangelus qu
Que le matiii des.
A ce pieux appel le laboureur s'i ,
Joint ses robustes moins d'où tombe l'aiguillon,
Elève un peu son âme au-dessus du sillon,
Tandis que les enfants, a genoux sur la terre.
Joignent leurs petits doigts dans les doijts de leur
Lamàrtihe.
— Encycl. On croit que ce fut Louis XI qui
introduisit à Paris l'usage du triple son de
I'angelus, dont quelques érudits font remonter
la première origine au pape Urbain II. Il n'est
point contestable que Louis XI, en 1472, ait
consacré la douzième heure au culte de la
sainte Vierge. Chacun devait s'agenouiller au
son de midi, et réciter un ave Maria, comme
cela se pratiquait depuis longtemps vers la
chute du jour. L'usage de sonner trois fois
i'angelus ne fut pas institué dans toutes les
provinces à la même époque. Il était déjà
établi à Soissons en 1375. On donnait le nom
de pardon a la sonnerie de Vangelus, à cause
des indulgences attachées à la récitation de
cette prière. Le pardon tinté par la grosse
ÂNâ .
cloche de Notre-Dame de Paris, à sept heures
du soir, était vulgairement appelé le couvre-
feu des chanoines.
fit à Bruxelles pour voir
trouvèrent seuls au milieu de la campagne.
Midi sonne. Rousseau se met à genoux pour
dire I'angelus. • Monsieur, lui dit Piron, cela
est inutile, Dieu seul nous voit. ■
Deux jeunes Français se cherchaient un
jour de grande fête sur une place de Milan
sans pouvoir se retrouver. Tout à coup Yange-
lus sonne; tout le monde tombe à genoux,
excepté deux hommes qui restent debout.
C'étaient, on le devine, nos deux Français,
qui ne comptaient pas sans doute sur ce nou-
veau genre de reconnaissance.
Angélus (l'), opéra comique en un acte, pa-
roles de Ader et de Rey-Dusseuil, musique de
Gide, représenté le 7 juillet 1834.
ANGELY <l'), fou en titre du roi Louis XIIL
Il était noble, mais fort pauvre, et commença
par être valet d'écurie du prince de Condé.
Ses saillies spirituelles et piquantes lui valu-
rent !a faveur de son maître, qui le présenta
à Louis XIII. Le roi se l'attacha et le revêtit
des fonctions de bouffon de cour. L'Angely
fit une fortune très-considérable. Boileau cite
son nom dans une de ses satires, où il fait la
personnification d'Alexandre :
Qui î cet écervelé qui mit la monde en cendre,
Ce fougueux ISAnijely qui, de sang; altéré,
Maître du monde entier, s'y trouvait trop serré?
L'esprit de ce personnage, qui fut peut-être
le dernier des fous patentés par les rois, était
surtout porté à la satire. Un jour qu'il était
au dîner du roi avec M. de Nogent, qu'il n'ai-
mait point, il lui dit effrontément : ■ Monsieur
le comte, couvrons-nous; cela est sans consé-
quence pour nous. «.Une autre fois, il accueil-
lit M. de Bautru d'une insolence aussi forte :
o Vous venez bien à propos pour me seconder ;
je me lassais d'être seul. » On prétend qu'il ne
se faisait ainsi craindre par ses saillies mor-
dantes que pour s'enrichir des présents de ceux
qui voulaient être' ménagés par lui.
ANGELY (Louis), acteur et dramaturge
allemand, mort en 1835, débuta aux théâtres
de Riga et de Saint-Pétersbourg, et devint
ensuite régisseur d'un théâtre de Berlin, pour
lequel il écrivit des comédies et des vaude-
villes dont plusieurs obtinrent un immense
succès. Il a traduit en allemand un grand
nombre de pièces françaises.
ANGÉLYLE s. m. (an-jé-li-Ie — rad. angë-
lique). Chim. Radical hypothétique de l'acide
angélique.
ANGEMME s. f. (an-jè-me — du lat. ingem-
mare, orner de pierres précieuses). Blas.
AMd
AKO
359
ANGENNES, famille noble qui tire son nom
de la terre d Angennes, dans le Perche, et
qui remontait au xiv° siècle. Elle a fourni un
grand nombre de grands officiers de la cou-
ronne, de dignitaires civils, militaires et ecclé-
siastiques. Ses membres les plus connus
furent : Jacques d' Angennes, seigneur de Ram-
bouillet, capitaine des gardes du corps de
François 1er et de ses successeurs, lieutenant
général, gouverneur de Metz, etc. Il mourut
en 1562. — Charles, cardinal de Rambouillet,
évêque du Mans, ambassadeur à Rome, mort
en 1587. — Nicolas d'Angennes, ambassadeur
de Charles IX en Angleterre, mort vers 1611.
— Claude d'Angennes, né en 15S4, mort en
1601. Evêque du Mans, ambassadeur, pair de
France, il fut choisi par Henri III pour aller
annoncer à la cour 3e Rome le meurtre des
Guises. Il a' publié quelques écrits. — Louis
d'Angennes, marquis de Maintenon, ambassa-
deur en Espagne. Son petit-fils, Charles-Fran-
çois, fut gouverneur de Marie-Galante de 1679
à 1686. Ce fut lui qui vendit le marquisat de
Maintenon à Françoise d'Aubigné. — Fran-
çois d'Angennes, seigneur de Rambouillet,
favori de Catherine de Médicis, ambassadeur
en Suisse. Il servit fidèlement Henri IV. —
Charles, comte d'Angennes, tué à Malplaquet.
— Philippe d'Angennes , gouverneur du Maine ,
tué au service de Henri IV pendant le siège
de Laval (1590). Son fils, Charles d'Angennes,
ambassadeur en Espagne de 1620 à 1624, signa
avec cette puissance Te traité de Monçon. — ,
Julie d'Angennes. V. Montausier.
ANGEOLEMENT s. m. (an-jo-le-man):
Agric. Binage léger qu'on donne aux jeunes
plantations.
ANGERBODE. Myth. scand. Géant avec
lequel la divinité malfaisante a engendré trois
• monstres : le loup Fenris, le serpent Iormun-
gandur, et la déesse du monde souterrain,
Héla.
ANGERMAN, fleuve le plus considérable de
la Suède, prend sa source près de la frontière
de Norwége, reçoit la rivière de Vengel et se
jette dans le golfe de Bothnie, après un cours
de 340 kil., dont 50 seulement sont navigables
pour les gros bâtiments. Des cataractes et de
nombreuses chutes s'opposent à la navigation
dans" la partie supérieure de son cours. Ce
fleuve, dont les rives pittoresques dépassent
en beauté et en grandeur les vues des bords
du Rhin, arrose Asèle, Liden et Torsaker.
elle est bornée au nord par'l'UméarLan et la
Bothnie, à l'ouest par l'Ostersund, au sud par
la province de Géfie, et à l'est par le golfe de
Bothnie; superficie, 20,574 kil. carrés; pop.
95,000 hab. L'Angermanie est l'une des parties
de la Suède les plus remarquables pour les
beautés naturelles : vers l'est, le sol, couvert
de montagnes peu élevées, est entrecoupé de
vallées profondes et fertiles; arrosées par des
cours d'eau sinueux ; dans la partie occiden-
tale, les montagnes ne sont plus isolées, elles
s'élèvent progressivement jusqu'à ce qu'elles
rejoignent les monts Scandinaves sur la fron-
tière de Norwége. Trois fleuves, l'Angerman,
l'Indals et le Ljungan, arrosent l'Angermanie.
Le climat, quoique salubre, est très-rigoureux ;
l'hiver dure huit à neuf mois. Dans les vallées,
sur les rives des fleuves, aux environs des
lacs nombreux qu on trouve dans cette con-
trée, le terrain est fertile, mais une grande
partie du pays est stérile, couverte de bruyères
ou de rocs. Gibier estimé, animaux à fourrures
très -recherchées, pêche très- abondante et
productive sur le littoral, dans les rivières
et dans les lacs; éducation des bestiaux en
pleine prospérité, culture du lin et fabriques
de toiles fines sur-une grande échelle.
ANGERMUNDE, ville de Prusse, ch,-lieu du
cercle du même nom, à 65 kil. N.-E. de Ber-
lin, dans la régence de Potsdam; 45,000 hab.
Fabrication de toiles, lainages, bonneterie. Il
C'est aussi le nom d'une petite ville de la
Prusse rhénane, à 10 kil. nord de Dusseldorf,
sur l'Auger; 3,000 hab.
ANGERONA. Myth. Déesse du Silence, chez
les Romains.
angéronales s. f. pi. (an-jê-ro-na-le —
du lat. angeronalia; formé do Angerona, n.
de la déesse). Antiq. rom. Fête que l'on célé-
brait, le 21 décembre, en l'hctaneur d' An-
gerona.
ANGÉRONE s. f. (an-jé-ro-ne — de Ange-
rona, n. myth.). Entom. Genre d'insectes
lépidoptères nocturnes, voisin des phalènes,
et comprenant une seule espèce, qui vit sur
le prunier : £'angérone du prunier se trouve
dans une grande partie de l'Europe. (Du-
ponchel.)
ANGERS, ch.-lieu du départ, de Maine-et-
Loire, anc. cap. de l'Anjou, à 302 kil. S.-O.
de Paris (334 par le chemin -de fer); port
très-fréquenté sur la Maine, un peu au-dessous
du confluent de la Mayenne et de la Sarthe.
Evêché, cour d'appel ; école des Arts-et-Mê-
tiers; bibliothèque composée de 45,000 vol.;
51,797 hab. L'arrond. a 9 cant-, 89 comra,,
159,981 hab. On a longtemps appelé Angers
la ville noire, à cause des ardoises dont la plu-
part de ses maisons étaient couvertes. Com-
merce de vins blancs dits vins d'Anjou, de
grains, de légumes secs. Il s'y est tenu neuf
conciles et les célèbres conférences connues
sous le nom de conférences d'Angers. Patrie du
bon roi René, du voyageur Beruier, de Mé-
nage, de J.-F. Bodin, du médecin Béclar, du
statuaire David, etc.
Capitale des Andegavi pendant la période'
gauloise, Angers reçut, après la conquête de
Jules César, le nom de Juliomagus. Childéric
réunit cette ville au royaume des Francs. Sac-
cagée au îxe siècle par les Normands, elle
passa à différentes reprises sous la domination
des Bretons, des Anglais et des Français. Une
armée vendéenne tenta vainement de s'en
emparer en 1793. (V. l'article ci-après.)
On gardera longtemps le souvenir de l'hor-
rible catastrophe dont Angers fut le théâtre
le 16 avril 1850: le pont de fer de la Basse-
Chalne s'abîma sous les pas du 3° bataillon du
i ie léger ; deux cents militaires de tous grades
se noyèrent dans les eaux de la Maine.
Angers possède plusieurs monuments dignes
de fixer l'attention :
La cathédrale , dédiée à Saint-Maurice,
est bâtie sur une éminence. Son plan est en
forme de croix latine. Cet édifice, dont la con-
struction s'est poursuivie pendant plusieurs
siècles, n'a qu'une seule nef, qui passe pour
être l'une des plus vastes qu'il y ait en France.
Elle a une longueur de 90 m. 50 c. dans œuvre,
sur 16 m. 50 c. de largeur, et 25 m. de hau-
teur. Elle est éclairée par des fenêtres gémi-
nées à plein cintre, et s'appuie extérieurement
sur des contre-forts plats. Hugues de Vendôme,
évêque d'Angers, commença la construction
de cette nef à ses frais; il la fit couvrir d'un
toit provisoire et la consacra le 16 août 1030.
Un siècle après, sous l'épiscopat d'Ulger, le
chanoine Hugues de Semblançay orna toutes
les fenêtres, excepté trois, de vitraux coloriés ;
ce genre de décoration était alors extrême-
ment rare; Suger, abbé de Saint-Denis, venait
à peine de l'introduire dans l'église de son
abbaye et à Notre-Dame de Pans. Normand
de Doué, successeur d'Ulger, entreprit la con-
struction des voûtes de Ta nef; elles furent
achevées peu de temps après sa mort : divi-
sées en valves" nombreuses par des nervures
toriques, elles n'ont d'autre appui que les murs
auxquels sont adossés, de distance en distance,
des faisceaux de colonnettes. Le choeur, en-
touré d'arcs en tiers-point, fut construit vers
la fin du xn« siècle par l'évêque Raoul de
Beaumont. Un peu plus tard, le chanoine
Etienne d'Azaire fit bâtir les deux ailes (1225) :
celle de droite, reliée au palais épiscopal par
un escalier intérieur, porté le nom de chapelle
des évèques /celle de gauche, où étaient autre-
fois placés les écussons des chevaliers du
Croissant, s'appelle Voile des chevaliers. Chaque
aile est éclairée par' une belle rosace de 9 m.
de diamètre. La façade, yjui est de la pre-
mière époque, a un beau porche ogival, décoré
de figures d'anges, de saints et de prophètes,
L'évêque Foulques de Mathefelon avait, en
133G, fait construire devant ce portail un grand
vestibule à voûtes ogivales qui, après avoir
longtemps menacé ruine, fut démoli en 179t.
Une grande fenêtre romane s'ouvre au-dessus
du porche, entre cinq arcades ogivales bou-
chées, Plus haut, la muraille forme des encor-
bellements supportant un frontispice composé
de huit niches, où sont placées des statues de
guerriers qui, selon quelques érudits, repré-
senteraient d anciens comtes angevins, et dans
lesquels la croyance populaire voit saint Mau-
rice et ses compagnons. Aux deux extrémités
de cette série de niches, s'élèvent des tours en
pierre, avec flèches, bâties de 1518 à 1523 à
la place des anciens clochers, qui étaient en
bois. La tour du sud a 69 m. de haut, celle du
nord 65 m., y compris la croix. Une troisième
tour, moins élevée, surmontée d'une coupole
que termine une lanterne, a été construite
entre les deux précédentes par Jean de Lé-
pine, élève de Philibert Delorme (1540); elle
forme avec le style des autres parties de l'é-
difice une disparate choquante. baint-Maurice
avait autrefois un ambon, qui a été démoli en
1699. Le maître-autel, reconstruit en 1753 par
Antoine-Denis Gervais, est dàcoré de six co-
lonnes corinthiennes en marbre rouge, sup-
portant un baldaquin richement sculpté. Les
boiseries du chœur, ouvrage de Gaultier,
sculpteur de Mayenne (1778-1783), sont dans
le même style grec ; l'exécution des bas-relief*
et des autres ornements n'est pas sans mérite.
Tout autour de l'église règne une balustrade
en fer qui a été posée en 1783.
L'Eglise Saint-Sergue , autrefois dépen-
dante d'une abbaye de bénédictins , offre ,
comme la cathédrale, le mélange de plusieurs
styles. Le chœur, dont les voûtes ogivales sont
appuyées sur six colonnes d'une grande légè-
reté, a été construit au xie siècle sur les plans
de Vulfrin, abbé de Saint-Sergue. La nef ne
date que du xve siècle ; d'énormes piliers car-
rés, à nervures prismatiques, en soutiennent
les arcades ogivales, que couronne une cor-
niche délicatement travaillée. Les fenêtres, en
élevée que le chœur, en est séparée par quatre
piliers qui, d'après quelques archéologues, se-
raient d architecture carlovingienne. Il n'y a
pas à proprement parler de transsept. Les
sculptures de la porte d'entrée ne manquent
s la plus
grande c
lum du xv* siècle,
armoire placée au fond du chœur et destinée
à renfermer les vases et les ornements sacrés.
L'Eglise de la Trinité, commencée en
1062, offre l'emploi simultané du plein cintre
et de l'ogive (style romano-byzantin de tran-
sition) ; elle n a pas de bas-côtés. Son clocher,
quadrangulaire dans la partie inférieure, a un
second étage octogone surmonté d'une flèche,
qui a été construit par Jean de Lépine.
Parmi les autres édifices et établissements
remarquables d'Angers, nous citerons :
lo Le Château, commencé sous Philippe-
Auguste et achevé sous Louis IX. Il est bâti
sur un rocher, à cent pieds environ au-dessus
de la Mayenne. Il est flanqué de dix-huit tours
massives qui lui donnent un aspect, des plus
pittoresques et des plus imposants.
2» L'Hôtel-Diisu, fondé en 1 1 55 par Henri II,
roi d'Angleterre, au bord de la Mayenne. L'ex-
térieur n'a rien de monumental ; les murs sont
formés de pierres brutes ; mais l'intérieur offro
çà et là de oelles colonnes à bases attiques et
à chapiteaux corinthiens, que l'on croit prove-
nir de ruines romaines. La chapelle est con-
struite dans le même style que le chœur de
Saint-Sergue. Les salles des malades ont des
voûtes ogivales soutenues par des colonnes
d'ordre grec.
30 Le Musée. Ce musée ne renferme qu'un
petit nombre d'ouvrages des écoles étrangères;
de grandes toiles attribuées au Caravage, au
Guerchin, à Carie Moratte; un petit tableau
assez fin du Guide ; quelques têtes vigoureuses
de Ribera et de Murillo ; un Silène de Rubens,
un Saint Sébastien de Jordaens, un Chien de
Snyders, un intérieur attribué à G. Dow, et un
paysage d'un beau sentiment, digne de Ruys-
dael, à qui on l'attribue. L'ancienne école
française n'est guère représentée que par
Suelques productions secondaires de Mignard,
e Philippe de Champaigne et de Desportes.
En revanche, les artistes du xvin» siècle et
ceux de l'Empire forment une intéressante
série, qui ne se retrouve peut-être nulle part
aussi complète. Ce sont d'abord les peintres
des fêtes galantes : Watteau, avec un Concert
en plein vent ; Lancret, avec une Danse de noces
et un Repas de noces, spirituellement traités ;
Boucher, avec un grand tableau allégorique :
la Jléunion des arts, tout rempli de petits
amours; J.-B. Vanloo. qui nous montre lie-
naud dans les jardins d Armide. Carie Van Loo
n'a qu'un sujet religieux ; Sainte Clotilde.
Viennent ensuite les maîtres qui ont préparé la
réforme davidienne : Vien, dont le principal
ouvrage représente lo Corps d'Hector ramené
360
ANG
à Troie; Lagrenee, qui a peint Alexandre
visitant la famille de Darius. Rien de David,
mais quelques productions intéressantes de ses
élèves, Gros, Girôdet et Gérard,- entre autres
de ce dernier un curieux portrait de La Re-
veillère-Lépeaux. C'est à cet ancien membre
du Directoire que le musée d'Angers doit la
plupart des ouvrages de l'école de David dont
il est orné. Les peintures des artistes du
xvme siècle ont été données, en grande partie,
par M, de Livoye, amateur enthousiaste; h
celles que nous venons de citer il faut ajouter
'melques toiles de Chardin, de Joseph Vernet,
de Casanova, et une délicieuse Jeune Fille, de
Greuze. Parmi les ouvrages des artistes con-
temporains, on remarque de beaux paysages
de MM. Aligny, Charles Lecomte, Chintreuil,
Charles Jacques ; une Jeune Fille à demi nue,
de M. Appert, et une vaste toile de M. Deve-
ria, la Mort de Jeanne Darc, qui est loin de
valoir la Naissance de Henri IV, du Luxem-
Le buste de Voltaire, par Houdon, est le
seul morceau à citer parmi les productions des
anciens statuaires. Mais l'école contemporaine
est brillamment représentée par l'œuvre de
David (d'Angers), que sa ville natale possède,
tout entier, et qu'elle a placé dans une galerie
spéciale qui porte son nom. On retrouve là,
moulés avec beaucoup de soin, les meilleurs
morceaux du maître, depuis le Monument du
général Foy jusqu'au Fronton du Panthéon,
et un assez grand nombre de terres cuites ori-
ginales, notamment les bustes de Goethe, de
Victor Hugo, de Rossini, de Talma, de Lamen-
nais, de Nodier,, etc.
ANGERS (attaque d'). Après leur double
victoire à Pontorson et à Antrain, les Ven-
déens menacèrent de soulever toute la Bre-'
tagne, et la République craignit un instant
qu ils n'offrissent aux Anglais un redoutable
point d'appui sur nos côtes. Heureusement ces
pandes_ indisciplinées furent prises d'un désir
irrésistible de revoir leur pays, et elles forcè-
rent leurs chefs à reprendre le chemin de la
Vendée en traversant la Loire. Mais tous les
passages étaient hérissés d'obstacles ; les ponts
avaient été coupés et les bateaux propres à
la navigation enlevés. L'armée catholique pro-
jeta alors de s'emparer d Angers, poste de la
f)lus haute importance, car il lui assurait le
ibre passage du fleuve pour la retraite ou
pour Poffensive. La ville ne renfermait qu'une
garnison de 4,000 hommes, auxquels se joignit
la garde nationale. Le 3 décembre 1793, le son
de la générale Annonça l'approche des Ven-
déens, qui se répandirent aussitôt dans les
faubourgs et ouvrirent un feu meurtrier contre
le corps de la place. Les républicains y répon-
dirent par celui de vingt pièces de canon,
tandis que l'infanterie, bordant les remparts,
prenait une part énergique à. la fusillade. Aux
postes les plus périlleux combattent les Ange-
vins, dont les femmes bravent le danger pour
aller distribuer aux soldats les munitions et
les secours. Néanmoins les royalistes, proté-
gés par les maisons des faubourgs, d où ils
portent te ravage parmi les défenseurs de la
ville, s'étonnent de cette résistance opiniâtre
et s efforcent de provoquer une sortie de la
garnison, afin de terminer cette lutte sanglante
par un combat décisif. Mais les Angevins re-
fusent prudemment de se livrer aux coups
d'un ennemi désespéré, et élèvent derrière
leurs portes des contre-murs à l'épreuve du
canon. Le lendemain, les chefs vendéens dé-
cidèrent un assaut général contre la place ;
mais, quelle que fût l'ardeur des troupes ca-
tholiques à s'ouvrir un passage vers leur
pays, dont elles n'étaient plus séparées que par
la Loire, elles se brisèrent contre un patrio-
tisme supérieur a leur fanatique exaltation. En
même temps, l'avant-garde de Westermann
arrivant sur eux à marche forcée, les Ven-
déens perdirent tout espoir et levèrent le
Siège, laissant devant Angers trois canons et
plusieurs centaines de morts. En vain les chefs
voulurent rallier leurs soldats dispersés au
loin dans la campagne, ils ne purent y parve-
u en Bretagne, où ils jonchèrent les
routes de leurs débris, n'ayant ni vivres, ni
souliers, ni voitures pour traîner leurs familles,
décimés par une maladie épidémique, et ne
trouvant pas plus d'asile où se réfugier que
d'issue pour s'échapper. Cet échec et cette
retraite désastreuse portèrent un coup fatal à
l'insurrection vendéenne.
ANGERVILLE, jolie petite ville de France,
dép. de Seine-et-Oise, arrond. d'Etampes;
1,550 hab. Filature de laine, faïencerie, com-
merce de grains.
angevin, INE s. et adj. (an-je-vain^i-ne
»- rad. Angers). Géogr. Celui, celle qui ha-
bite Angers ou l'anc. prov. d'Anjou; qui ap-
partient à cette ville, à cette province, ou à
leurs habitants : C'est un Angevin. Voilà une
belle Angevine. Vous ne connaissez donc pas
les coutumes angevines? Il passa toute la nuit
à banqueter avec son Altesse Royale et les
gentilshommes angevins, et à faire la rêvé'
rence aux dames angevines. (Alex. Dum.)
Tu es, belle Angevine, un bel astre des cieux.
mieux et ne pouvait prononcer plus nettement
ÀNG
le français angevin que le rusé vigneron.
(Balz.)
— Hist. Formules angevines, Recueil des
formules d'actes publics du pays d'Anjou.
— Mouton angevin. V. Mouton.
— Cheval angevin. V, Cheval.
— s. m. Monnaie de peu de valeur, frappée
autrefois à Angers, li On disait aussi ange-
vine, s. f.
ue des six commen-
in dit aussi Védangga.
ANGGADA. Myth. madéc. Fils de Bali, et roi
des singes qui aidèrent Rama dans son expé-
dition contre Ravana.
ANGGIRAS. Myth. ind. Fils de Brahma, et
l'un des sept richis.
Art'GHIARI , petit village de Toscane. En
1425, défaite des Florentins par le général
milanais Gui Torello; en 1440, victoire des
Florentins sur le général milanais Piccinino. il
Village de la Vénétie, près de Legnago, où les
Français battirent les Autrichiens, le 14 jan-
vier 1796.
angianthe s. m. (an-ji-an-te — du gr.
aggeion, petit vase). Bot. Genre de plantes de
la famille des composées, voisin des gnapha-
les, et comprenant une seufe espèce, qui croît
sur les côtes de l'Australie.
angianthe, ée adj. (an-ji-an-té — rad.
angianthe). Bot. Qui ressemble a un angianthe.
— s. m. pi. Tribu de la famille des compo-
sées, ayant pour type le genre angianthe.
ANGICA s. m. (an-ji-ka>. Techn. Nom
donné par les ébénistes a un bois très-dur et
de couleur rougeàtre, fourni par l'àilante
glanduleux.
remarquable -par l'originalité de ses détails.
ANGIDION s. m. { an-ji-di-on — du gr.
aggeidion, petit vase). Bot. Section du genre
cymbidium, de la famille des orchidées.
ANGIECTASIE s. m. (an-jik-ta-zî — dugr.
aggeion, vaisseau; ektasis, dilatation). Pa-
thol. Nom générique donné aux dilatations
des vaisseaux.
ANGIECTASIQUE adj. ( an-jik-ta-zi-ke —
rad. angiectasie), Pathol. Qui a rapport à
l'aiigiectasie.
ANGIECTOPIE s. f. (an-jik-to-pî — du gr.
aggeion i vaisseau; ek topos, déplacé). Med.
Déplacement accidentel d'un vaisseau.
ANGIELCOSE s. f. (an-jil-ko-ze — du gr.
aggeion, vaisseau; elkosis, ulcère plaie).
Pathol. Ulcération d'un vaisseau.
ANGIEMPHRAXIE s. f. (an-jimm-fra-ksî—
du gr, aggeion, vaisseau ; emphràxis, obstruc-
tion). Pathol. Engorgement des vaisseaux.
ANGIITE s. f. (an-ji-i-te — du gr. aggeion,
vaisseau, avec la termin. Ue). Pathol. In-
flammation des vaisseaux, en général, u On
dit aussi angéite et angite.
ANGIKO ou ANZ1KO, peuple du Congo, qui
habite, au nord du fleuve Zaïre , une contrée
de ce nom, où l'on trouve de hautes montagnes
riches en mines de cuivre. Les habitants pas-
sent pour les plus adroits montagnards de cette
partie de l'Afrique ; ils sont anthropophages.
Ce pays est appelé Miccoco, dans les récits de
quelques voyageurs, du nom de son gouver-
neur ou chef.
ANGILBERT, ministre de Charlemagne,dont
il épousa la fille Berthe. Plus tard, il se fit
moine et mourut abbé de Centule, en 814. Il
reur le nommait s<
Homère.
ANGIMACURIEN s. m. ( an-ji-ma-ku-ri-
àin). Hist. relig. Membre d'une secte d'ascé-
tiques indiens. Les anyimacuriens méditent
jour et nuit, en se tenant dans la position la
plus incommode, la plus fatigante. Ils ne vi-
vent que d'insectes, assaisonnés avec le suc
de plantes amères ou fétides.
ANGINE s. f. ( an-ji-ne — du lat. angere,
suffoquer). Pathol. Inflammation des mem-
branes muqueuses comprises entre l'arrière-
bouche, le cardia et l'origine des bronches.
— Encycl. Autrefois, le mot angine était
employé comme terme général pour désigner
toute difficulté d'avaler ou de respirer, pro-
duite par une cause placée au-dessus des pou-
mons ou de l'estomac; aujourd'hui, ce mot
s'applique uniquement aux inflammations des
membranes muqueuses comprises entre l'ar-
rière-bouche, le cardia et l'origine des bron-
ches. Les angines ont reçu des noms particu-
liers , selon leur siège et selon leur nature.
D'après la différence de nature, on peut ad-
mettre trois espèces principales à'angines :
l'angine inflammatoire simple, 1 'angine pseudo-
membraneuse et Vangine gangreneuse.
îo Angine inflammatoire simple. Les an-
gines inflammatoires simples sont caractéri-
sées par les phénomènes locaux de rougeur,
de tuméfaction, de chaleur, que présente toute
phlegmasie franche. Leurs causes les plus
communes sont les brusques-variations atmo- .
sphériques et le refroidissement du corps. D'a-
près le siège de l'inflammation, on distingue
l'angine gutturale, Vangine pharyngée, Vangine
tonsillaire ou amygdalite , Vangine œsopha-
ANG
gienne ou œsophagite, l'angine laryngée ou
laryngite, l'angine trachéale ou trachéite. On
peut remarquer que ces diverses angines for-
ment deux groupes naturels selon la fonction
qui est lésée: les unes (angines gutturale,
pharyngée, tonsillaire, œsophagienne) ont leur
siège dans les voies alimentaires, et sont sur-
tout caractérisées par la gêne de la dégluti-
tion ; les autres (angines laryngée, trachéale)
affectant les voies respiratoires, ont pour prin-
cipal symptôme la difficulté de respirer. Dans
Vangine gutturale l'inflammation occupe la
muqueuse qui revêt l'isthme du gosier, le voile
du palais, ses' piliers, la luette et les amygda-
les. Sentiment de sécheresse dans la gorge,
déglutition difficile , nasonnement , bouche
arrière, haleine désagréable, pas d'appétit, peu
de fièvre, tels sont les symptômes ae Vangine
Cutlurale. Elle se termine ordinairement au
out de quelques jours, par résolution. Dans
Vangine pharyngée ou pharyngite, l'inflamma-
tion occupe la membrane muqueuse du pha-
rynx. On la distingue en pharyngée supérieure
et en pharyngée inférieure, selon qu'elle affecte
la portion supérieure ou la portion inférieure
du pharynx. La première est remarquable par
le sentiment de cuisson brûlante que les ma-
lades éprouvent dans la gorge: Dans l'angine
pharyngée inférieure, la difficulté de la déglu-
tition, et la douleur qui l'accompagne se font
sentir au niveau de l'ouverture supérieure du
pharynx. Dans l'une et l'autre espèce d'angine
pharyngée, la voix et la respiration sont libres,
et le caractère guttural de la toux montre que
le larynx n'est pas atteint. Des boissons dou-
ces, des gargansmes émollients, quelques pé-
diluves irritants, un laxatif, voilà, dit M. Gri-
solle, le seul traitement actif à opposer' aux
angines gutturales et pharyngées, lorsqu'elles
se présentent a l'état aigu. Quand elles pren-
nent la forme chronique, il faut leur opposer
des gargarismes astringents, de l'alun en pou-
dre, quon insuffle dans la gorge, quelques
purgatifs, des bains de vapeur, etc. Nous ren-*
voyons pour les angines tonsillaire, œsopha-
gienne, pharyngée et trachéale aux mots amyg-
dalite, œsophagite, pharyngite et trachéite.
Vangine inflammatoire est souvent sympto-
matique de plusieurs affections plus ou moins
graves ; on la rencontre presque toujours dans
les fièvres exanthémateuses, et notamment
dans la scarlatine, dont elle signale ordinaire-
ment le début; son intensité est dans ce cas
en rapport avec celle de la maladie dont elle
est le symptôme. Quelques auteurs ont donné
le nom de rhumastismales, &' arthritiques aux
angines qui alternent ou coïncident avec des
douleurs rhumatismales ou goutteuses, aux-
quelles elles paraissent liées. L'angine guttu-
rale ou pharyngée suivie d'ulcérations est une
.des manifestations les plus ordinaires de la
syphilis.
S» Angine pseudo-membraneuse. L'angine
pseudo-membraneuse, appelée encore angine
couenneuse, angine diphthéritique, est une in-
flammation spécifique occupant communément
le pharynx, les amygdales, le voile du palais et
ses piliers. Elle est caractérisée par la forma-
tion de fausses membranes généralement gri-
sâtres. Ces fausses membranesont beaucoup
de tendance a se propager aux parties voisi-
nes, et s'accompagnent de l'engorgement des
ganglions sous-maxillaires. Les symptômes
généraux dénotent une maladie grave ; la
figure, dit M. Grisolle, exprime l'abattement
et la souffrance ; le pouls est fréquent, petit,
dépressible \ les forces sont prostrées ; il y a
de la constipation ou une diarrhée fétide' et
des vomissements bilieux. L'angine pseudo-
membraneuse règne fréquemment sous forme
épidémique. Des observations nombreuses
montrent qu'elle est contagieuse. C'est une
maladie fort grave, surtout à l'état épidémique.
Quand la mort se produit, elle est presque tou-
jours causée par 1 extension des fausses mem-
branes au larynx, ou la gravité des symptô-
mes généraux. L'insufflation * de l'alun en
poudre et du calomel, la cautérisation sou-
vent répétée au moyen d'un pinceau de char-
pie trempé dans une solution concentrée de
nitrate d'argent ou d'acide chlorhydrique ,
l'administration d'éméto - cathartiques pour
provoquer l'expulsion des fausses membranes,
tel est le traitement employé pour combattre
l'angine pseudo-membraneuse.
3° Angine gangreneuse. L'angine gangre-
neuse ou gangrène du pharynx est une affec-
tion extrêmement rare. Elle se reconnaît aux
taches livides, noirâtres, que présente le fond
de la gorge, à l'odeur fétide qui caractérise
toute gangrène, aux escarres qui se détachent
çn laissant à nu une perte de substance plus
ou moins étendue. Elle est accompagnée de
symptômes généraux très-graves, et se ter-
mine presque toujours par la mort. Pour com-
battre les symptômes généraux de l'angine
gangreneuse, on a recours aux toniques ; à la
lésion locale, quand elle est accessible, on
oppose la cautérisation, les lotions avec les
acides, les chlorures, la solution de quinquina,
d'alun, etc.
Angine de poitrine. Vangine de poitrine
ne ressemble en rien aux angines dont nous
venons de parler. C'est une maladie caracté-
risée par une douleur constrictive, déchirante
de la poitrine, «'étendant souvent jusque dans
l'épaule et dans le bras, s'accompagnant d'un
sentiment de suffocation, d'angoisse. et de dé-
faillance, et revenant par accès plus ou moins
éloignés. L'angine de poitrine a.ét» désignée
sous des noms différents par les différents au- |
ANG
tours : on l'a appelée cardialgie, asthme ar-
thritique, asthme douloureux, goutte diaphrag-
matique , sternodynie syncopale , sternalgie ,
sténocardie. Le principal symptôme de l'angine
de poitrine est la douleur sternale, que les ma-
, lades comparent à une pression pénible exer-
cée sur le sternum, qui tendrait à l'enfoncer
et à le rapprocher de la colonne vertébrale.
Les auteurs ne sont pas d'accord sur la nature
et le siège de Vangine de poitrine. Comme elle
coïncide souvent avec une lésion organique
du cœur, de l'aorte, ou avec l'ossification des
artères du cœur, quelques-uns la font dépen-
dre de ces altérations ; la plupart la rangent
dans la classe des affections nerveuses. Des-
portes et Jurine en font une névralgie des nerfs
pneumo-gastriques et du plexus cardiaque.
M. Piorry lui donne pour siège les nerfs du
plexus* brachial, les nerfs thoraciques et le ■
nerf cubital. Le pronostic de l'angine de poi-
trine est toujours grave, bien que la guénson
ne soit pas impossible. Quant à la durée de.
cette afîection, on l'a vue, dit Desportes, se
Prolonger sept et dix -huit mois, sept ans,
ix et onze ans, enfin vingt ans et plus. En
général, la mort arrive subitement, soit dans
un accès, soit, et c'est te plus souvent, dans
l'intervalle des accès. La médecine est à peu
près .impuissante contre l'angine de poitrine.
Un grand nombre de moyens ont été essayés :
sudorifiques, toniques, purgatifs, antispasmo-
diques , narcotiques , dérivatifs , électricité,
sulfate de quinine, etc. On a obtenu quelques
bons effets des préparations d'opium.
ANGINEUX, EUSE adj. (an-ji-neu, eu-ze—
rad. angine). Pathol. Qui est accompagné d'an-
gine ; qui a rapport à cette maladie : Affections
angineuses.
ANGIOCARDITE s. f. (an-ji-o-kar-di-to —
du gr. aggeion, vaisseau ; kardia, cœur, et de
la termin. Ue, qui, en pathologie, exprime
l'état inflammatoire ). Pathol. Nom donné
par M. Bouillaud à la fièvre inflammatoire, .
ou synoque, que ce médecin fait consister
essentiellement en une inflammation du cœur
et des gros vaisseaux. V. Synoque.
ANGIOCARPE adj. (an-ji-o-kar-pe— du gr.
aggeion, petifvase ; karpos, fruit). Syn. d'an-
giocarpien.
— s. m. Le fruit des plantes angiocar-
piennes.
— s. m. pi. Ordre de la famille des lichens,
caractérisé par des apothécies closes, renfer-
mant un nucleus.
ANGIOCARPIEN , ENNÊ 0(1 ANGIOCARPE
adj. (an-ji-o-kar-pi-ain, è-ne —du gr. ag-
geion, vaisseau; karpos, fruit). Bot. Se dit
d'un végétal qui porte des fruits couverts, en
tout ou en partie, d'un organe qui trompe
sur leur forme réelle, comme dans le figuier.
Angiodiastase s. f. (an-ji-o-di-a-sta-ze—
du gr. aggeion, vaisseau; diastasis, dilata-
tion). Pathol. Dilatation des vaisseaux.
ANGIOGASTRE adj. et s. m. (an-ji-o-ga-
stre — du gr. aggeion, vaisseau ; gastèr, ven-
tre). Bot, Se dit des champignons dont les
corpuscules reproducteurs sont cachés par
une enveloppe membraneuse.
ANGIOGénie s. f. (an-ji-o-gé-ni -r- du gr.
aggeion, vaisseau; genos, naissance). Anat.
Formation ou développement des vaisseaux.
ANGIOGÉNIQUE adj. (an-ji-o-jé-ni-ke —
rad. angiogénie). Anat. Qui a rapport à l'an-
giogéniè.
ANGtOGRAPBE OU ANGÉIOGRAPHE s. m,
(an-ji-o-gra-fe — de angiographie). Anat. Ce-
lui qui s'occupe d'angiographie, qui s'adonne
à cetto branche de la science.
ANGIOGRAPHIE OU ANGÉIOGRAPHIE S. f.
(an-ji-o-gra-fî — du gr. aggeion, vaisseau ;
graphâ, j'écris, je décris). Anat. Description
des vaisseaux du corps de l'homme ou de l'a-
nimal.
ANGIOGRAPHIQUE OU ANGÉIOGRAPHI-
QUE adj. (an-ji-q-gra-fi-ke — rad. angiogra-
phie). Anat. Qui se rapporte à l'angiographie :
Etudes angiographiques. Dessins angiogra-
PHIQUES.
ANGIOHÉMIE s. f. (an-ji-o-é-mî — du gr.
aggeion, vaisseau ; atma, sang). Pathol. Con-
gestion sanguine.
ANGIOHYDROGRAPhë s. m. ( an-ji-o-i-
dro-gra-fe — de angiohydrographie). Anat.
Celui qui s'occupe particulièrement d'angio- .
hydrographie.
ANGIOHYDROGRAPHIE S. f. (an-ji-O-i-dro-
gra-fî — du gr. aggeion, vaisseau ; udor, eau,
et graphe, description). Anat. Description des
■r"""'"*-"'" lymphatiques.
Anat. Qui concerne l'angiohydrograplne, qui
s'y rapporte.
ANGIOHYDROLOGIE s. f. (an-ji-o-i-<3ro-lo-
ji — du gr. aggeion , vaisseau ; udor. eau, et
logos, discours). Anat. Traité sur les vais-
seaux lymphatiques.
ANGIOHYDROLOGIQUE adj. (an-ji-o-i-dre^
lo-ji-ke — rad. angiohydrologie). Anat. Qui
concerne l'angiohydrologie, qui s'y rapporte.
ANGIOHYDROTOMIE s. f. an-ji-o-i-dro-to-
mi — du gr. aggeion, vaisseau; udâr, eau, et
tome, action de couper). Anat. Dissection des
vaisseaux lymphatiques.
ANGIOHYDROTOMIQUE adj. (an-ji-o-i-dr>
cerne cette branche de la
ANGIOLEUCITE S. f. (an-ji-o-leu-si-to —
du gr. aggeion, 'vaisseau ; leukos, blanc). Pa-
thol. Inflammation des vaisseaux lymphati-
ques, il On dit aussi angiolymphite.
— Encycl. Les symptômes de l'angioleucite
sont locaux et " ' ' * "' ' " '
eaux diffèrent s<
lymphatiqi
c'est-à-dire quand l'angioleucite est SUu*-bu-
tatiée, on voit se dessiner sur la surface de
la peau des stries, des bandes, dont la couleur
varie du rose tendre au rouge vif. Ces stries,
ces bandes sont irrégulières, sinueuses, et cir-
conscrivent des espaces plus ou moins grands
de peau saine. On la voit presque toujours
partir d'une plaie, d'une ulcération de la peau,
et se diriger du côté des ganglions. Ceux-ci
ne tardent pas a se tuméfier et à devenir dou-
loureux. Quant à la partie malade, elle est le
siège d'une douleur brûlante qui s'exaspère h.
la moindre pression. Quand l'angioleucite est
profonde, la douleur est le premier symptôme
qui fixe l'attention; elle est vive, lancinante,
fixe, mais disséminée comme par foyers. La
rougeur de la peau se montre ensuite, mais
toujours d'une manière tardive,; elle est uni-
formément répandue, et, à "moins que l'inflam-
mation ne gagne les lymphatiques superficiels,
e dépasse pas la nuance du rose pâle.
un peu de fièvre, de la soif, de l'inappétence,
et quelquefois des vomissements. Quand la
mort doit s'en suivre, on observe les phéno-
mènes de l'infection purulente.
Le pronostic de l'angioleucite n'est généra-
lement pas grave -, elle se termine le plus sou-
vent par résolution, quelquefois par suppura-
tion. Dans quelques circonstances cependant,
l'issue est fâcheuse : c'est ce qu'on observe
spécialement quand il y a eu absorption d'un
principe septique , par exemple , a. la suite
d'une piqûre anatomique.
Les causes qui déterminent l'angioleucite
superficielle peuvent être toutes rapportées à.
une violence extérieure ; les blessures à la
suite desquelles elle se développe le plus sou-
vent sont les excoriations produites par le
frottement brusque d'un corps rugueux, les
piqûres faites par la pointe d un instrument,
d'une épine, d'une esquille osseuse, etc. L'an-
gioleucite profonde succède fréquemment aux
plaies avec écrasement d'un os, aux fractures
comminutives, etc.
Le- traitement que réclame l'angioleucite
consiste en saignées locales, topiques émol-
lients, simples ou laudanisés, frictions mercu-
rielles, vésicatoire volant. Lorsque l'angioleu-
cite est superficielle, la compression peut être
employée avec avantage.
ANGIOLOGIE OU ANGÉIOLOGIE S. f. (an-
ji-o-lo-jî — du gr. aggeion, vaisseau; logos,
discours ). Anat. Partie de l'anatomie qui
traite des organes de la circulation. Elle
comprend l'étude, 1» du cœur, agent d'impul-
sion du sang ; 2» des artères, qui, du cœur, por-
tent le sang dans toutes les parties du corps;
30 des veines, (iui, de toutes les parties du
corps, ramènent le sang dans le cœur; 4« dos
vaisseaux lymphatiques, que l'on peut consi-
dérer comme une dépendance du système
veineux, auquel ils apportent incessamment
un liquide réparateur. On'donne le nom d'ûT--
tériologie à la description des artères ; celui
de phlébologie, à celle des veines ; celui ù'an-
gio-hydrologie ou d'angioleucologie , à colle
des vaisseaux lymphatiques.
— Se prend aussi pour le sujet sur lequel
on étudie les rapports et la direction des
vaisseaux : Préparer une angiologie. C'est
par le moyen de l'injection que les anatomistes
préparent une angiologie.
— Livre qui traite do l'angiologie : Une
bonne angiologie.
ANGIOLOGIQUE OU ANGÉIOLOGIQUE adj.
( an-ji-o-lo-ji-Ue — rad. angiologie). Anat.
Qui a rapport à l'angiologie : Etudes angio-
logiques.
ANGIOLOGUE ou ANGÉtOLOGUE S. m",
(an-ji-o-lo-ghe — de angiologie). Anat. Celui
qui étudie particulièrement l'angiologie, qui
s adonne à cette branche de la science.
ANGIOLYMPHITE s. f. (an-ji-o-lain-fl-to
—du gr. aggeion, Vaisseau, et du lat. lympha,
eau, lymphe). Pathol. Syn. de angioleucite.
ANGIONOSE s. f. (an-ji-o-no-ze — du gr.
aggeion, vaisseau; nosos, maladie ). .Pathol.
Maladie qui a son siège dans le système vas-
culairc sanguin, il On dit aussi angiose.
ANGIOPATHIQUE adj . (an-ji-o-pa-ti-ke —
rad. angiopathie). Pathol. n~' * -
l'angiopathi
rad. angiopathie). Pathol. Qui a rapport à
ANGIOPLAN1E s. f. (an-ji-o-pla-nî— du gr.
aggeion, vaisseau ^ plané, erreur). Pathol.
Structure irréguliere et distribution anor-
male des vaisseaux.
ANGIOPLANIQUE adj. (an-ji-o-pla-ni-ke—
rad. angioplanie). Pathol. Qui a rapport à l'an-
gioplanic.
ANGIOPLÉROSE s. t. ( an-ji-o-plé-rô-ze —
dn gr. aggeion, vaisseau \plirôsis, rôplétion).
Pathol. Rôplétion des vaisseaux, congestion
sanguine.
ANGIOPLOCE s. f. (an-ji-o-plo-se —du gr.
aggeion, vaisseau; plokè, plissement). Pathol.
Nodosités morbides des vaisseaux,' causées
par des caillots.
ANGIOPTÈRE s. f. (an-ji-o-ptè-re— du gr.
aggeion. vaisseau; pteron, aile). Bot. Genre
de fougères arborescentes, dont le port rap-
pelle celui des palmiers. L'espèce la plus inté-
ressante croit à Madagascar, et se cultive
dans nos serres.
ANGIOPYRIQUE adi. { an-ji-o-pi-ri-ke -
rad. angiopyrie). Pathol. Qui a rapport à l'an
giopyrie.
ragio
Flux do sang par excès de force
ANGIORRHÉE s. f. (an-ji-or-ré — du gr.
aggeion} vaisseau ; rheô, je coule). Pathol. Hé-
morragie, flux de sang par défaut de force.
ANGI&RRHÉIQOE adj. (an-ji-o-ré-i-ke —
rad. angiorrhée). Pathol. Qui concerne l'an-
giorrhée.
ANGIOSCOPE s. m. (an-ji-o-sko-pe — du gr.
aggeion, vaisseau; skopeà, j'examine). Anat.
Instrument à l'aide duquel on peut examiner
de près les vaisseaux capillaires.
ANGIOSCOPIE s. {.'{an-ji-o-sko-pi — rad.
angioscope). Anat. Etude des vaisseaux capil-
laires, au moyen de l'angioscopo.
ANGIOSCOPIQUE adj. (an-ji-o-sko-pi-ke —
rad. angioscope). Anat. Qui a rapport à l'an-
gioscopie.
ANGIOSES. f. (ah-ji-o-ze). Pathol. V. An-
ANGIOSPERME adj. (an-ji-o-spèr-ino— du
gr. aggeion, petit vase, réceptacle; sperma,
semence). Bot. Nom donné par Linné aux
plantes de sa quatorzième classe, dont les
graines sont revêtues d'un péricarpe dis-
tinct : c'est l'opposé do gymnosperme. Il On dit
ANGIOSPERMIE s. f. (an-ji- o-sper- mi
— rad. angiosperme). Bot. Nom donné au
deuxième ordre de la quatorzième classe dans
le système de Linné. Il comprend les plantes
à étamines didynames et à fruits capsulaires
et correspond aux personnées de Tournefort
et aux scrofulariées de Jussieu. Ce nom d'an-
giospermie, qui signifie graines revêtues d'un
péricarpe distinct, était opposé par Linné à
celui de gymnospermie ( graines nues ), qu'il
donnait au premier ordre de la même classe,
considérant, à tort, comme des graines nues,
les petits akènes que présentent les plantes
comprises dans cet ordre, it On dit aussi
ANGIOSPORE adj. (an-ji-o-spo-re— du gr.
aggeion, petit vase; spora, semence). Bot. Se
dit des champignons dont les sporules sont
enveloppées dans un péridium.
ANGIOSTÉNOSE s. f. (an-ji-o-sté-nô-ze —
du gr. aggeion, vaisseau; stendsis, rétrécisse-
ment). Pathol. Resserrement des vaisseaux.
angiostéose s. f. (an ji-o-sté-ô-zc —du
gr. aggeion, vaisseau; esteon, os). Pathol.
Incrustation calcaire des vf :
ANGIOSTOME s. m. ( an-ji- o-sto-me —
du gr. agcliô, je serre; stoma, bouche). Zool.
Genre de vers de la famille des anguillulidés,
classe des nématoïdes. Les angiostomes sont
do très-petits vers, à œsophage musculeux, à
tête tronquée, soutenue à l'intérieur par une
capsule cornée, et qui se développent soit
dans la terre humide, soit dans dans le corps
d'animaux terrestres, comme les lombrics et
les limaces. L'angiostorne de la limace vit
enkysté et agame dans le corps de co mol-
lusque; il s'y complète, et, à la mort de son
hôte, devient libre et apte à se reproduire.
ANGIOSTROPHE s. m. (an-ji-o-stro-fo —
du gr. aggeion, vaisseau; strephè, action de
tordre). Méd. Torsion des artères pour arrêter
les hémorragies.
ANGIOTÉniqoe adj. (an-ji-o-té-ni-ke —
du gr. aggeion, vaisseau; teinein, tendre).
Pathol. Nom donné par Pinel à la fièvre
inflammatoire ou synoque, qu'il attribuait à
une irritation du système vasculaire.
ANGIOTOM1E s. f. ( an-ji-o-to-mî — du
gr. aggeion, vaisseau ; tome, action de cou-
per). Anatomie du système vasculaire, chez
l'homme ou chez les — :~
angiotomIQUE adj. (an-ji-o-to-mi-ke —
rad. angiotomie). Anat. Qui concerne l'angio-
ANGIOVE S. f. (an-ji-O-ve— du gr. aggeion,
vaisseau, et du lat. ovum, œuf). Anat. Appa-
reil génital de la femme.
ANGIRELLE OU ANGIROLLE S. f. ( an-ji-
rè-le, ou ro-ie). Mar. Palan frappé sur une
pantoire capelee à un mât de treon, pour en
porter la vergue.
ANGITE s. f. Pathol. V. Angiite.
ANGIVILLEIt (le comte Charles-Claude La-
billarderie n'), directeur général des bâtiments
et jardins de Louis XVI, membre des acadé- :
ANG
de peinture et de sculp-
ture, mort en 1810. Il doit être compté au
nombre des protecteurs les plus éclairés des
artistes, des savants et des gens de lettres.
Son influence sur Louis XVI était fort grande.
En 1791, ses biens furent confisqués; il émigra,
passa quelques temps en Russie, et mourut en
Allemagne.
ANOLADE (Clément), homme politique, né a
Urs (Ariége), en 1805. Député de l'opposition
sous le gouvernement de Louis-Philippe, re-
présentant du peuple après la révolution de
Février, il vota constamment avec l'extrême
gauche, combattit avec ardeur la politique de
1 Elysée et la réaction royaliste, et rentra dans
la vie privée après le coup d'Etat du 2 décem-
bre. Ce fut lui qui présenta l'amendement en
vertu duquel fut réduit l'impôt du sel, à dater
du 1" janvier 1349.
ANGLAIS, AISE adj. (an-glè, è-ze— du lat.
Anglus, même sens). Qui a rapporta l'Angle-
terre ou à ses habitants : Gouvernement an-
glais. Commerce anglais. Modes anglaises.
L'esprit anglais est extrême en tout : quand il
ne descend pas à la cave, il monte au grenier.
(Swift.) Le peuple anglais vaut moins de près
que de loin. (De Fontanes.) Il me semble que
l'orgueil d'un mari anglais exalte très-adroi-
tement la vanité de sa femme. (H. Beyle.) Cette
femme était vêtue d'une amazone à la mode
anglaise. (E. Sue.) Il répondit avec la rai-
deur et la politesse anglaises. (Alex. Dum.)
Elle ouvre et ferme son emur avec la facilité
d'une mécanique anglaise. (Balz.)
— Ilippiatr. Cheval anglais. V. Cheval.
— Substantiv. : Et pourtant ce coureur, ce
n'est pas un arabe, un anglais de pur sang.
(Th. Gaut.) Je vous demande pardon de n-'avoir
pas un anglais, mais vous pouvez aller de
confiance, il fait régulièrement sa poste à
l'heure. (H. de Lacret.)
— Écriture anglaise. V. Anglaise. Il Ma-
ladie anglaise. Nom donné au spleen. V. co
— Suhst. Habitant de l'Angleterre; celui,
celle qui est originaire de co pays : Les An-
glais sont gens de bien pour leur propre compte,
et gens sans foi pour le compte de leur pays.
(Joubert.) Une Anglaise se croit insultée si l on
prononce devant elle le nom de certains vête-
ments. (H. Beylc.) Les Anglaises mettent tout
dans la forme. (Balz.) L' Anglaise reconnut sa
rivale et fut glorieusement Anglaise. (Balz.)
La Française plie le monde à son amour; /'An-
glaise, au contraire, plie son amour au monde.
(Balz.) ^.'Anglais veut avant tout être bien
nourri. (Bastiat.) IJ Anglaise, chaste, solitaire,
rêveuse, immuable au foyer, si loyale, si ferme
et si tendre, est un idéal d'épouse. (Michelet.)
Une assemblée d' Anglaises réalise le paradis
de Mahomet. (F. Wey.) L' Anglais est devenu,
de tous les hommes, le plus capable d'agir uti-
lement et puissamment dans toutes les voies, le
travailleur le plus productif et le plus efficace,
comme son bœuf est devenu la meilleure bête à
viande, son mouton la meilleure bête à laine,
et son cheval le meilleur coureur. (H. Taine.)
— Fam. Créancior dur, impitoyable : Bap-
tiste, s'il vient des anglais pour moi, vous
direz que je suis dans les Basses-Pyrénées.
(H. Murgcr.) Assure-toi que ce n'est point un
anglais. (Montépin.) Les anglais sont les
créanciers dans le patois d'un certain monde,
(About.) li On le dit aussi quelquefois dos
huissiers, recors, gardes du commerce, qui
agissent au nom 'du créancier : Je suis venu te
voir ce matin à dix heures; là, j'ai su que les
anglais t'avaient emmené dans une de leurs
petites iles, dont la capitale s'appelle Clichy's
Castle. (Balz.) J'irai prendre mon violon ,
pourvu que les anglais ne m'aient pas déva-
lisé ce matin. — Les ANGLAIS! — Oh! c'est un
petit nom d'amitié qu'on donne aux huissiers,
recors, etc. (Biéville.)
— Le mot anglais , dans le sens de créan-
cier, est très-anoion dans notre langue ; Mé-
nage cito ces vers d'un vieux poète .-
Et aujourd'hui ie faicts soliciter
Tousr
Et le]
Clément Marot a dit a'
Mais quelle est l'origine do cette significa-
tion? Suivant Morel, le mot anglais pris dans
ce sens fut introduit à l'époque de l'occupa-
tion de la France par les Anglais. Ceux-ci,
s'étant emparés de tout l'argent du pays,
prêtaient aux habitants aux conditions les
plus rigoureuses. D'autres ôtymologistes pen-
sent que ce mot fut employé à l'occasion des
impôts extraordinaires établis pour la rançon
du roi Jean. Suivant Etienne Pasquier. cette
rançon, fixée par le traité do Brétigny a trois
millions d'écus d'or, fut lesujet de nombreuses
et vives réclamations de la part des Anglais,
qui prétendirent qu'elle n'avait jamais été en-
tièrement payée. Quant à nous, nous croyons
que c'est une allusion à cette prétention sin-
gulière de nos voisins, qui, de tout temps, so
sont considérés comme nos créanciers, récla-
mant tantôt la Guyenne, tan tôt la Normandie,
tantôt le Poitou, jusqu'à ce que vînt Jeanne
Darc , qui leur a prouvé que nous no leur
devions rien du tout.
ANG 361
forme militaire des Anglais. H Pour rendre la
même idée, quelques poètes ont employé dos
périphrases qui ne manquent ni do graco, ni
surtout d'adresse :
Ton seizième printemps et ton cœur vient d'éûlore.
Des Grâces, doub dit-on, séparent les amours
Dbmoustieh.
— Linguist. L'anglais, La langue anglaise :
Parler anglais. Pour savoir Sanglais, il faut
l'apprendre deux fois, l'une à te lire, l'autre à
le parler. (J.-J. Rouss.) Je parle assez facile-
ment /'anglais pour soutenir la conversation
dans cette langue. (Alex. Dum.)
— Homonyme. Anglet.
— PrOV. hlSt. Aprèa votia , menicurs 1c«
Anglais, phrase courtoise qui date de la ba-
taille de I'ontenoy, gagnée le il mai 1745 par
les Français sur les Anglais, alliés des Hollan-
dais et des Autrichiens. L'armée anglaise avait
déjà beaucoup souffert, lorsque le duc de Cuni-
berland eut Vidée de masser en une formi-
dable colonne l'infanterie anglo-allemande, et
de charger en lignes serrées le centro de
l'armée française. Cette sorte de bataillon
triangulaire, qui est resté célèbre, s'avançait
lançant la mort de toutes ses faces. Quand lu
tête de la colonne fut arrivée à cinquante pas
des gardes françaises, les officiers se saluèrent
réciproquement, et lordHay,sortantdesran£s,
dit en otant son chapeau : » Messieurs des
gardes françaises, tirez I » Alors lo comto
d'Auteroche, s'avançant à son tour, répondit
à haute voix : « Après vous; messieurs les An-
glais; nous ne tirons jamais les premiers. ■
Cette politesse intempestive coûta cher aux
Français : une épouvantablo décharge em-
porta complètement la première ligne.
Les écrivains font souvent allusion, d'une
manière plus ou moins directe, à cet épisode
de la bataille de Fontenoy :
« Sir John, fit Roland avec une expression
presque féroce , je ne comprends pas toutes
ces délicatesses en matière do duel. Quand on
se bat, c'est pour se tuer. Qu'on se fasse aupa-
ravant toutes sortes de politesses, comme vos
ancêtres et les miens s'en sont fait à. Fontenoy,
très-bien ; mais une fois que les époes sont
hors du fourreau ou les pistolets chargés, il
faut que la vie d'un homme paye la peine que
l'on a prise et les battements de cœur que l'on
a perdus. • Alexandre Dumas.
' < Courage ! murmura tout bas lo comman-
deur en poussant le coude d'Enguerrand , qui
venait de s'incliner respectueusement sous l'œil
scrutateur et le salut froidement poli du prince ;
l'ennemi paraît prêt à rendre les armes, h moins
pourtant qu'il ne veuille nous donner d'abord
un coup' do chapeau, comme à Fontenoy. »
Alexandre de Lavergne.
n Je me promenais triste et découragé,
comme on l'est toujours après une grande
espérance déçue, lorsque, levant les yeux,
j'aperçus un vol de grues qui passaient sur ma
tète. Je m'arrêtai pour les examiner. Elles
s'avançaient en ordre triangulaire , comme la
colonne anglaise à la bataille de Fontenoy. »
Xavier de Maistre.
« Il est aujourd'hui parfaitement constaté
que l'armée manqua d'ordres. Lo peuple de
Paris a vu, le 23 février, les barricades s'é-
lever sous les yeux de la troupe. Il a entendu
les dialogues plaisants de l'insurgé, derrière
ses pavés, avec le soldat à son rang. Ce n'était
pas tout à fait comme à Fontenoy entre les
Français et les Anglais, à qui tirerait les der-
niers; mais il s'établissait une sorte de con-
vention qu'on ne tirerait pas sans prôve
Hir
tk Cas
— Anecdotes. On connaît la réputation
d'excentricité, d'originalité et d'égoïsme na-
tional dont jouissent chez nous les Anglais.
Ce sont ces divers côtés du caractère britan-
nique que les petites anecdotes suivantes sont
destinées à mettre en relief:
lagune dans l'eau de laquelle il trempa
doigt. « Ah ! ah I dit-il, l'eau est salée, ceci
Un Anglais passant par Blois, descendit
dans une auberge dont l'hôtesse était ronsso
et très-revêche. En partant, il écrivit sur son
album : « Toutes les femmes do Blois sont
rousses et acariâtres. »
Un Anglais s'était fait expliquer qu'a tt
)n disait indifféremment du bœuf ou du Itou
î, quel beau troupeau de bouilli! «
Un soldat anglais prisonnier à Newgate pour
vol et homicide , voyant passer un de ses ca-
marades dans la rue, l'appela par la grille de
sa prison, et lui demanda ce qu'il y avait de
nouveau. « On dit que les rebelles remuent en
Ecosse, répondit le passant. — Goddam ! que
deviendra notre liberté 1 » s'écria le prisonnier,
qui avait en ce moment les fers aux pieds et
Un riche Anglais venait de descendre dans
un des meilleurs hôtels de la Suisse, après une
excursion au mont Blanc. Un domestique se
présente pour tirer ses bottes : « Nô, nô , lit
milord ; dites à votre maître de venir remplir
cette petite fonction. » Le domestique réclame ;
l'Anglais persiste. Le maître de l'hôtel est ap-
pelé, et, sans mot dire, obéit à la fantaisie de
l'étranger. Le lendemain, comme l'Anglais se
disposait à partir, il lut sur sa note de dépense
ce petit article additionnel : « Pour avoir retiré
les bottes de milord : 500 fr. a
promenait dans les rues de la capitale, suivi à
distance de son groom. Tout d'un coup notre
insulaire a un léger besoin à satisfaire ; un
sergent de ville s approche et lui dit : « Mon-
sieur, c'est 50 centimes d'amende. » L'Anglais
tire de sa poche une pièce de un franc qu'il
donne à l'agent. Celui-ci répond qu'il n'a pas
de monnaie ; milord fait signe à son domes-
tique , et l'on comprend l'ordre qu'il lui intime.
«De cette manière, dit-il au sergent de ville,
vous n'avez rien à me rendre. »
Deux Anglais se rencontrent, chacun dans
sa voiture, au milieu d'une des rues les plus
étroites de Londres. Impossible de passer,
mais plus impossible encore à l'un des An-
glais de céder le pas à l'autre. Tous deux
allument un cigare, qu'ils fument avec un
flegme imperturbable ; puis un second , puis
un troisième. Quand les cigares furent épuisés
de part et d'autre, le premier tire de sa poche
_î, dit-il, je suppose, pour deux ou trois
heures. Eh bien, quand vous aurez fini, faites-
moi la politesse de me passer votre journal. «
Celui-ci n'y tint plus, et se décida à tourner
bride. Mais l'amour-propre national était sauf :
il avait été vaincu par un Anglais.
ANGLAIS-CANADIEN. V. Anglo-Canadien.
ANGLAISE s. f. (an-glè-ze). Sorte de danse
de caractère, très-vive et exécutée par un
homme seul. Au théâtre, l'acteur qui dansait
l'anglaise portait le costume des jockeys, avec
une cravache à la main, il Sorte de redingote.
— Calligr. Sorte d'écriture cursive , dont
les traits vont en obliquant de la droite vers
la gauche.
— Comm. Gros galon de fil ou de soie dont
on garnit les étoffes pour meubles, et mémo
les vêtements : Sur une redingote bleue dont
les anglaises effrangées ont depuis longtemps
fait divorce avec leurs boutons, il a eu l'idée
d'attacher des torsades de ficelle qui se croi-
sent comme des brandebourgs. (Gér, de Nerv.)
— Au pi. Modes. Boucles de cheveux très-
longues que les femmes font tomber le long
des tempes : Ah! être aimée! dit-elle en refri-
sant ses anglaises et allant se regarder dans
la glace. (Balz.) Je vais y aller, dit-elle en
arrangeant ses anglaises sous son joli cha-
peau. ( Balz. ) Une femme aux anglaises
blondes lui heurte le bras. ( Monselet. ) il
S'empl. quelquefois au singulier : Elle aoait
une longue anglaise de chaque côté du visage.
— A l'anglaise, loc. adv. A la modo an-
glaise, à la 'manière anglaise : Il essayait de
trotter À l'anglaise , le corps plié sur son
chenal, se balançant des rênes aux étriers, et
^'affaissant rudement sur la selle à chaque pas.
(Csse Merlin.) Les dames des vauxhalls et
des amphithéâtres, gui rentrent à pied, vous
coudoient À l'anglaise, et vous laissent éblouis
d'une désinvolture depairesse. (Gér. de Nerv.)
Sa coiffure À l'anglaise lui parut être trop
significative. (Balz.) En Orient , l'on mange
sans nappe, mais on vous donne, pour essuyer
vos doigts, de petits carrés de mousseline, bro-
cliés d'or, assez semblables aux serviettes à thé
en usage dans nos soirées À l'anglaise. (Th.
Gaut.)
— S'empl. encore dans plusieurs autres
locutions : Gants à l'anglaise, Gants retroussés
sur le poignet, it Pipe à l'anglaise, Pipe dont
le talon est pointu. Il Bifteck, entre -côte,
petits pois , haricots verts , flageolets à l'an-
glaise , C'est-à-dire servis simplement avec
un morceau de beurre qui fond sur le plat où
l'on a mis la viande ouïes légumes, il Lieux
à l'anglaise, Lieux d'aisances , avec robinet
tl oau et soupape, d'importation anglaise, il
faire un lit à l'anglaise, Ne pas se donner la
peine d'&ter les draps de dessus les matelas :
En mettant des draps blancs tous les jours ,
madame est sûre que son lit n'est pas fait À
:..(E. Sue.)
— S'empl. quelquef. comme syn. de angli-
cisé : Le sportsman vous répond de sa voix lente
et anglaisée que cela n'est rien. (D'Ornano.)
ANGLAISER v. a. ou tr. (an-glèrzé — rad.
anglais, littéralem. d'après le système an-
glais). Art vétér. Enlever à un cheval les
muscles abaisseurs de la queue, afin que les
muscles releveurs, se trouvant sans antago-
nistes, maintiennent cet organe dans une
position horizontale. Cette opération, qui se
nomme encore nieguer, niqueler, a été ima-
ginée par les marchands de chevaux de l'An-
gleterre, pour imiter le port naturel des races
les plus distinguées. Elle n'est pas sans dan-
ger ; elle a été suivie quelquefois d'abcès, de
fistules, de la carie des vertèbres caudales, de
la gangrène, du tétanos.
ANGLARDS, commune du dép. du Cantal,
arrond. de Mauriac; pop. aggl. 3-12 hab. —
pop. tôt. 2,230 hab. Territoire fertile en grains
et en fourrage.
angle s. m. (an-gle — du lat. angulus,
angle, coin). Partie saillante ou rentrante,
arête, coin, encoignure : Angle droit. Angle
aigu. Angle rentrant. Angle sortant. Angle
obtus. Il s'est blessé au front en se heurtant
Contre V angle de la cheminée. En poussant
une petite porte vermoulue qui se voyait à
Sangle de ce mur, on se trouvait dans un
jardin touffu, couvert. (E. Sue.) Cette nuit ,
trouvez-vous à l'extrémité du petit chemin qui
aboutit à un pavillon situé dans un angle de
notre parc. (F. Soulié). Une lueur blafarde et
terreuse s'accroche çà et là aux angles de la
voûte. (V. Hugo.) Le prisonnier, plongé dans
un angle du carrosse, ne donnait pas signe
d'existence. (Alex. Dum.)
Et la lune en croissant découpe dans la rue
Les angles des maisons. A. de Musset.
— S'empl. de même en parlant des formes
saillantes et irrégulières des corps : Ses joues
caves, livides, plissées de mille rides, se collent
à ses pommettes et aux angles saillants de sa
mâchoire. (E. Sue.) L'a toilette la plus recher-
chée, la couturière la plus sublime, ne peuvent
masquer certaines absences ni dissimuler cer-
tains angles. (Brill.-Sav.) Tout se confondait
dans mon cerveau, les angles de son dessin,
avec ceux de sa personne. (G. Sand.)
— Fig. Se dit des côtés désagréables de
l'esprit , du caractère , etc. : Il voulut bien
emousser les angles aigus de son ironie. (H.
Castille.) Tout ce peuple de fades adulateurs
vint se heurter le front et se briser aux angles
un peu rudes de la Iiéoolution. (Cormen.) Il y
a dans nos deux natures quelque chose qui me
semble s'emboîter et s'adapter assez bien ; les
angles sortants et rentrants de nos caractères
coïncident. (A. Karr.) Le lointain enleva les
angles de toutes les difficultés. (Lamart.) il
Obstacle : Si vous saviez avec quelles anxiétés
je vous suivrai dans votre route, quelle joie si
vous allez droit, quels pleurs si vous heurtez
à des angles I (Balz.) L'artiste voit à l'état
d'idée pure ce qui apparait au critique avec
ses ANGLES, ses contradictions, ses aspérités.
(Renan.)
— Géom. Ecartement formé par deux
lignes ou par des plans qui se coupent : Angle
aigu, obtus, droit, saillant, rentrant, dièdre,
solide , etc. V. l'article encyclopédique.
— Physiq. Angle d'incidence, Angle formé
par le rayon incident avec la normale, c'est-
à-dire avec la perpendiculaire élevée au point
d'incidence. V. Réflexion, il Angle de ré-
flexion, Angle formé par le rayon réfléchi
avec la normale, il Angle de réfraction, Angle
formé par le rayon réfracté avec la normale.
V. Réfraction. Il Angle limite, Nom donné
au plus grand angle que puisse faire le rayon
réfracté avec la normale, lorsque la lumière
passe d'un milieu dans un autre plus réfrin-
gent, par exemple, de l'air dans l'eau; cet angle
est aussi le plus grand angle d'incidence sous
lequel un rayon de lumière doive rencontrer
un milieu transparent pour le traverser et
passer dans un autre moins réfringent , par
exemple, de l'eau dans l'air. La lumière inci-
dente ne peut passer d'un milieu dans un
autre moins réfringent , lorsque l'angle d'in-
cidence est plus grand que l'angle limite ,
parce qu'alors, aulieu de donner naissance à
un rayon réfracté, elle revient en quelque
sorte sur ses pas, en se réfléchissant. Cette
réflexion inténouro est désignée sous le nom
de réflexion totale. V. Réfraction. Il Angle de
polarisation maxima, Angle d'incidence cor-
respondant au maximum de polarisation de
la lumière par réflexion. V. Polarisation, il
Angle optique, Angle formé par les axes des
deux yeux, lorsqu'ils sont dirigés simultané-
ment vers un même point; ce point est le
sommet de l'angle optique. Pour que la vision
simple s'accomplisse, il faut que le sommet
de langle optique soit sur le corps observé.
Il Angle visuel, Angle sous lequel on voit un
objet, c'est-à-dire angle formé au centre
optique de l'œil par les rayons partis des
extrémités de l'objet. A distance égale, la
grandeur de l'angle visuel dépend de la gran-
deur de l'objet. A grandeur égale, l'angle
visuel est d'autant plus petit que la distance
de l'objet est plus grande. C'est pour cela
que la grandeur apparente d'un même objet,
placéàdiflcrentesaistances.diminueàmosure
que cet objet s'éloigne, et qu'il est impossible
ANG
de juger, par la comparaison des diamètres
apparents, les rapports des grandeurs de plu-
sieurs corps situes à des distances différentes.
— Astron. Angle de position, Angle formé
au centre d'un arc par son cercle de longitude
et son cercle de déclinaison. Il Angle horaire,
Angle au pôle, formé par un cercle horaire
quelconque et le plan du méridien du lieu, il
Angle parallactique , Angle formé au centre
d'un astre par l'intersection de son cercle de
déclinaison et du plan vertical.
— Géol. Angle d'inclinaison , Le plus petit
des angles que fait l'aiguille d'inclinaison
avec l'horizon.
— Physiol. Angle facial, Angle formé par
deux lignes fictives, l'une horizontale, qui
serait menée du conduit auditif externe à
l'épine nasale inférieure ; l'autre verticale,
appelée faciale, qui passerait par l'épine na-
sale inférieure et par la partie la plus sail-
lante du front.
— Anat. Se dit de diverses parties qui pré-
sentent la forme d'angles plus ou moins régu-
liers : Angles des lèvres , Angles que les lèvres
forment de chaque côté de la bouche, à leur
point de réunion, il Angles de l'œil, Angles for-
més par la jonction des paupières. On les dis-
tingue en interne et externe. L'angle interne,
c'est-à-dire celui qui se trouve du côté du nez,
est aussi nommé le grand angle de l'œil, h An-
gles de lamâchoire, Angles formés par les bran-
ches dîi maxillaire inférieur avec le corps de
cet os. n Angle du pubis, Angle que forment
entre elles l'es deux branches horizontale et
descendante du pubis. Il Angle sacro-vertébral,
Angle résultant de la jonction de la surface
concave du sacrum avec la surface convexe
des lombes. Vangle sacro-vertébral joue un
rôle important dans le mécanisme de la sta-
tion et dans celui de l'accouchement, il Angles
tubaires de l'utérus. Ce sont les deux angles
latéraux supérieurs de cet organe.
— Bot. Angle de divergence; Angle dièdre
intercepté 'par deux plans partant de l'axe
d'une branche et aboutissant sur sa surfaco
auxdeux lignes qui passent par les points d'at-
tache de deux feuilles consécutives. V. Peiyl-
— Artill. Angle de mire, Angle formé par
la rencontre de la ligne de tir d'une bouche à
feu , avec la ligne de mire. Il Angle de pro-
jection, Angle formé par l'axe d'une bouche à
feu et l'horizon, ou, en d'autres termes, angle
forme avec l'horizon par la ligne droite dé-
crite par un boulot ou une bombe au com-
mencement de sa course.
— Tecbn. Angle de pavé, Le point où le
pavé d'une rue, cessant d'être en chaussée,
se continue en double revers.
— Métrol. V. Angula.
— Encycl. En géométrie, on distingue prin-
cipalement quatre sortes d'angles :
]o L'angle rectiligne} formé par l'intersec-
tion de deux lignes droites ;
2" L'angle curviligne, formé par l'intersec-
tion de deux lignes courbes;
3» Vangle dièdre, formé par la rencontre
de deux plans ;
40 L'angle solide, formé par la rencontre de
deux ou plusieurs plans.
— Angle rectiligne. On appelle angle rec-
tiligne, ou simplement angle, l'écartement for-
mé par deux lignes qui se coupent.
Quand deux lignes droites , indéfinies , se
coupent sur une; surface, elles déterminent
sur cette surface quatre segments disposés
autour de leur point d'intersection, et opposés
deux à deux. Mais l'écartement des lignes, et,
par suite, l'angle est différent selon le segment
que l'on considère. La rencontre de deux lignes
droites produit donc nécessairement quatre
angles. Or, ces quatre angles sont tellement
liés entre eux qu'il suffit d'en connaître un pour
connaître du même coup les trois autres. C'est
pour cela qu'on dit toujours Vangle de deux
droites, et non les angles; et que des quatre
quelles forment on se borne à ne considérer
u prennent l'angle en sont
les cotés'. L'intersection des côtés est le som-
met de l'angle. On désigne un angle au moyen
de trois lettres , deux pour les côtés et une
pour le sommet , cette dernière s'énonçant
entre les deux autres.
On ne doit pas oublier que la grandeur d'un
angle est indépendante de la longueur des cô-
tés; elle dépend seulement de la quantité dont
ces côtés s'écartent l'un de l'autre de 'leur
ouverture.
Deux angles sont égaux lorsqu'ils sont dans
des conditions telles qu'on pourrait les faire
coïncider exactement. Un angle double , tri-
ple... d'un autre est celui qui peut renfermer
entre ses côtés deux, trois... angles égaux à
— Angle droit. Si une droite en' rencontre
une autre de manière que les quatre angles
formés soient égaux , un quelconque d'entre
eux est dit angle droit. Il résulte de cette dé-
finition que l'angle droit est une grandeur con-
stante : caractère qui l'a fait choisir pour être
la mesure des autres angles.
— Angle obtus. Tout angle plus grand qu'un
angle droit est un angle obtus.
— Angle aigu. Tout angle plus petit qu'un
angle droit est un angle aigu.
— Angles complémentaires. Deux angles
dont la somme vaut un droit.
Lorsque deux droites AB EF sont coupées
par une transversale CD (fig. 1), il y a huit
angles formés aux points d'intersection G et H.
Les quatre angles AGD, DGB, CHE, CHF,
compris entre les deux droites AB, EF, sont
appelés angles internes.
Les quatre autres angles sont appelés angles
externes.
Deux angles, tels que BGD, CHE, situés de
part et d'autre de la sécante, internes et non
adjacents, sont appelés alternes-internes.
Deux angles, tels que CGB, CHF, non adja-
cents , situés d'un même côté de la sécante,
l'un externe et l'autre interne, sont appelés
angles correspondants.
Deux angles, tels que AGC, DHF, situés de
part et d'autre de la sécante, externes et non
adjacents, sont appelés alternes-externes.
— Dans un polygone on nomme angles in-
térieurs ceux qui sont formés par la rencontre
de deux côtés adjacents, et angles extérieurs,
ceux qui sont formés par un côté du polygone
et par le prolongement du côté adjacent;
angles saillants, ceux dont l'ouverture est
tournée à l'intérieur de la figure, et angles
rentrants , ceux dont l'ouverture est tournée
en dehors.
Nous allons énoncer, sans démonstrations,
les principaux théorèmes relatifs aux angles.
Toutes les fois que deux lignes droites se cou-
pent, la somme des angles formés autour de
leur point de concours vaut quatre droits; les
angles opposés sont égaux ; par suite, la somme
de deux angles adjacents est égale à deux
angles droits. Si un nombre quelconque de
droites , toutes situées dans le même plan, se
rencontrent en un même point, la somme de
tous leurs angles sera égale à quatre angles
droits. Deux angles qui ont leurs côtés paral-
lèles ou perpendiculaires chacun à chacun,
sont égaux ou supplémentaires. La somme des
angles intérieurs d'un polygone convexe est
égale à autant de fois deux angles droits qu'il
y a de côtés moins deux. Si l'on représente
par n le nombre des côtés d'un polygone quel-
conque, la somme des angles sera
2(n — 2) = 2n — 4.
Il en résulte que la somme des angles exté-
rieurs d'un polygone est égale à quatre droits.
— Mesure des angles. Dans le même cercle
ou dans des cercles égaux, les angles égaux
dont le sommet est au centre interceptent sur
la circonférence des arcs égaux. Et récipro-
quement. D'où ce principe fondamental : dans
un même cercle, ou dans des cercles égaux, les
angles au. centre sont entre eux comme les
arcs compris entre leurs côtés. Mesurer un
anyle, c'est évaluer le rapport de cet angle à
l'angle unité ou angle droit. Mais, puisqu'au
rapport des angles on peut substituer celui
des arcs compris entre leurs côtés, au lieu de
comparer directement un angle à l'angle droit,
on comparera l'arc compris entre ses côtés an
quart de la circonférence, ou arc de 90°. Si
lare intercepté par le"* côté
centre r"~' '""
s côtés d'ui
angle a
î 15°, la mesure de cet angle
sera — ou - d'anale droit. Le plus souvent on
90 6
désigne un angle par le nombre de degrés, mi-
nutes, etc., de l'arc intercepté. On dira, par
exemple, angle de 48» 25' 5G". C'est ce qu'on
énonce d'une manière abrégée en disant :
I'angle au centre apour mesure l'arc intercepté
par ses côtés.
Si l'on considère dans leurs positions rela-
tives un angle et une circonférence, il peut se
présenter quatre cas : 10 l'angle qui a son
sommet au centre de la circonférence, a pour
mesure l'arc intercepté entre ses côtés: 2.0
l'angle qui a son sommet dans l'intérieur de la
circonférence , mais non au centre , a pour
mesure la demi-somme des deux arcs compris
entre ses côtés; 3° l'angle qui a son sommet
sur la circonférence a pour mesure la moitié
de l'arc intercepté ; 4° langle qui a son som-
met hors du cercle, mais dont les côtés cou-
pent néanmoins la circonférence, a pour me-
sure la demi-différence des arcs compris entre
ses côtés.
— Mesure des angles sur le papier. Soit
AOB l'angle à mesurer. On porte le rappor-
teur (fig. 2) sur cet angle, de manière que son
centre tombe au sommet O, et que le dia-
mètre de l'instrument coïncide avec la direc-
tion de l'un des côtés, OB. Le côté OA coupe
alors la circonférence extérieure du rappor-
teur en un certain point M , et l'on note le
nombre de degrés compris de 0" à M. Ce
nombre de degrés est la mesure de l'arc inter-
cepté par les côtés OA, OB, et par conséquent
celle de l'angle proposé. S'agit-il, au contraire,
de faire en un point O d'une droite donnée 01>
un angle égal à un angle donné? Après avoir
ANG
mesuré l'angle donné comme il vient d'être dit,
on place le diamètre de l'instrument sur la
droite OB, de manière que le centre tombe au
point O, qui doit être le sommet de l'angle
demandé. On marque sur le plan un point M
vis-à-vis de la division du rapporteur qui cor-
respond au nombre de degrés trouvés, on tire
OMA, et l'angle AOB est l'angle voulu, puis-
qu'il a la même mesure que l'angle donné.
'— Mesure des angles sm
commence par jalonner les côtés de l'angle à'
mesurer. Il sufïit pour cela de planter trois
jalons, un au sommet O, et les deux autres
dans les directions des deux côté3, en A et B,
par exemple. On place un graphomètre de
manière que le centre du demi -cercle soit
précisément au-dessus du sommet O. On dirige
ta ligne de foi CB dans le sens d'un des côtés.
On l'ait ensuite tourner l'alidade jusqu'à ce
que, regardant par les pinnules qu elle porte,
on aperçoive le jalon A coupé dans le sens de
sa longueur par les fils des deux pinnules
réunis. L'arc MN, qu'on peut lire sur le limbe
à moins d'une minute près avec le secours du
vernier, donne la mesure de Yangle cherché.
On voit aisément quel serait, à l'aide du gra-
phomotre, le procédé à suivre pour construire
sur le terrain un angle d'une grandeur donnée.
Quand on veut obtenir la mesure d'un angle
avec une grande précision, comme cela est
nécessaire en astronomie, on remplace le gra-
phomètre par le cercle répétiteur de Borda.
Avec cet instrument, on cherche, non la me-
sure de l'angle donné, mais la mesure d'un
angle 10, 20, 30... fois plus grand. On divise
le résultat obtenu par 10, 20, 30... Si, en opé-
rant ainsi, on commet une erreur dans la lec-
ture de l'angle multiple, cette erreur se trou-
vera ensuite divisée par 10, 20, 30... et il n'en
résultera qu'une erreur d'autant moindre sur
Yangle simple. La boussole est uussi fréquem-
ment employée dans la mesure des angles,
principalement lorsqu'on a besoin d'un résultat
prompt, sans tenir à une exactitude rigoureuse.
A
— Division de l'anglb. S'il faut diviser un
angle en deux parties égales, on commence
par décrire du sommet comme centre un arc
qui s'arrête aux deux côtés. Puis, de chaque
point de rencontre de l'arc avec les côtés ,
et avec la même ouverture de compas , on
décrit deux arcs qui se coupent; la ligne qui
joint ce dernier point d'intersection avec le
sommet de Yangle, partage cet angle en deux
angles égaux. On peut, par des subdivisions
successives, partager ainsi un angle en 4, 8,
16... parties égales.
Quant au partage de Yangle en 3, 5... par-
ties égales , il s'obtient par tâtonnements, ou
par des méthodes particulières d'analyse. Le
problème de la trisection de l'angle, si célèbre
dans l'antiquité, se résout à l'aide d'une équa-
tion trigonométrique du 3c degré.
— Angle curviligne. Le plus important est
l'angle sphérique, formé par l'intersection de
deux arcs de grand cercle sur la sphère.
Vangle sphérique a pour mesure Yangle rec-
tiligne formé par les tangentes menées au
point de rencontre des deux arcs qui le for-
ment, ou encore, il a pour mesure l'arc décrit
de son sommet comme pôle entre ses deux
Bornons-nous à nommer l'angle mixtiligne,
qui.a un côté droit et un côté courbe.
— Angle dièdre. L'intersection de deux
plans se nomme Y arête -de l'angle dièdre , et
les deux plans en sont les faces. On désigne
un angle dièdre au moyen de quatre lettres :
deux pour l'arête et une pour chaque face. Les
deux lettres de l'arête s'énoncent entre les
lettres des deux faces. Deux angles dièdres
sont dits égaux, lorsqu'on peut faire coïncider
leurs faces. Si, dans les deux faces d'un angle
dièdre et au même point do l'arête, on mène
deux perpendiculaires à cette arête (une dans
en fournit la mesure. Lorsque" deux dièdres
adjacents sont égaux, chacun d'eux est dit
angle dièdre droit. Tous les angles dièdres
droits sont égaux. V. le mot Plan.
— Angle solide. On appelle angle solide ou
polyédrique l'ouverture formée par plusieurs
plans qui se coupent en un même point. Les
intersections des plans sont les arêtes de l'an-
ANG
gle solide; le point
est le sommet. Les angles rectilignes formés
par les arêtes sont les faces ou les angles
plans de Yangle solide. Lorsque le nombre des
plans est égal à trois, l'angle solide s'appelle
trièdre. Un angle solide étant donné, si l'on
prolonge ses arêtes au delà du sommet, on
forme un nouvel angle solide qui est dit symé-
trique du premier. Deux angles solides sont
dits égaux lorsque leurs angles plans sont
égaux, chacun a chacun, et semblablement
disposés, fv. aux mots Polyèdre, Pyramide,
Solide.) Quelques auteurs appellent piano-
linéaire Yangle formé par l'inclinaison d'une
droite sur un plan.
— Physiol. Vangle facial constitue un moyen
ingénieux et commode de comparer les têtes
des hommes et des animaux. Les deux lignes
qui forment cet angle (ligne faciale menée de
la partie la plus saillante du front à l'épine
nasale inférieure, ligne horizontale menée de
l'épine nasale inférieure au conduit auditif
externe) sont en quelque sorte les coordon-
nées d'une physionomie. Camper, qui le pre-
mier les imagina, s'en servait uniquement
pour déterminer et faire comprendre d'une
façon très-simple les différences des visages.
« L'examen d'une tête de Kalmouk, de nègre,
d'Européen et de singe me fit découvrir, dit-il,
qu'une certaine ligne tirée du front et de la
lèvre supérieure démontre la différence entre
les visages des diverses nations, et fait voir la
conformité de la tête du nègre avec la tête du
singe. Tirant avec soin l'esquisse de quelques-
unes de ces faces sur une ligne horizontale,
j'y traçai les lignes faciales suivant les angles
qu'elles font avec la ligne horizontale. Aussi-
tôt que je faisais tomber la ligne du visage en
avant, j'avais une tête antique ; si je la faisais
pencher en arrière, j'avais une tête de nègre ;
si je la faisais encore plus inclinée, il en ré-
sultait une tête de singe. En l'inclinant davan-
tage encore, j'avais celle de chien, puis enfin
celle de bécasse. »
On a fait de Yangle facial de Camper un
moyen de mesurer la capacité du crâne, c'est-
à-dire, le développement du cerveau, et, par
suite , celui de 1 intelligence. Plus l'angle-
facial est aigu, plus le cerveau de l'animai est
censé petit. L'homme , le plus intelligent des
êtres créés, est celui de tous les animaux dont
Yangle facial est le plus grand. Cette corréla-
Cependant il ne faut pas lui accorder ui
leur absolue, parce que le développement pms
ou moins grand des saillies du front et des
mâchoires peut être parfaitement indépendant
du développement du cerveau.*"
Vangle facial mesure en général, chez les
Européens, de 80» à 85" ; il est de 75° dans la
race mongole ; de 70° à 72° chez les nègres; il
varie de 65» à 30« dans les diverses espèces
de singes, et il s'éloigne de plus en pli" '
l'angle droit à rr»0""" "*••> i1™ ' J
Téchelle animale.
Avant Camper, les artistes de la Grèce pa-
raissent avoir deviné l'importance de YangU
facial au point de vue de la physionomie. T-s
tête des dieux dans lesquels ils ont symboli
H descend dans
ouvert, l/angle facial du Jupiter
Olympien et de l'Apollon du Belvédère dépasse
90°. L'ouverture de Yangle facial explique la
beauté de ces chefs-d'œuvre ■ mais a-t-elle été
calculée pour exprimer l'intelligence ? M. Gerdy
ne le pense pas. D'après cet anatomiste, si les
Grecs ont donné de la saillie au front, c'est
parce que cette forme leur plaisait davantage
et parce qu'elle se lie nécessairement à d'au-
tres pour lesquelles ils avaient la môme pré-
dilection, savpir : un nez droit et à peu près
perpendiculaire, une échancrure à peme sen-
sible à la racine de cet organe, et des yeux
profondément enchâssés dans leur orbite.
« Observez, dit-il, les belles têtes grecques,
ces caractères vous frapperont toujours , et
sur les têtes des hommes comme sur les têtes
des femmes, et sur les images des simples
mortels comme sur celles des dieux. Reculez-en
le front par la pensée, le nez deviendra obli-
que, une échancrure distincte en marquera la
racine, et les yeux resteront à fleur de tête.
Ce qui me porte à penser que la forme sail-
lante du front "était, chez les Grecs, le résultat
d'un caprice du goût et non un calcul de la
raison, et qu'ils ne la destinaient point à don-
ner au front une étendue qui annonçât une
vaste intelligence, c'est qu'ils le resserraient
latéralement et surtout dans sa hauteur en
abaissant la chevelure. »
— Art milit. En fortification, on appelle
angle saillant tout angle dont le sommet est
tourné vers l'extérieur, et angle rentrant tout
angte dont le sommet est tourné vers l'inté-
rieur. Dans un angle rentrant, on donne le
nom d'angle mort à l'espace qui est privé de
feux. Dans les bastions et les lunettes , on
nomme angles d'épaule les deux angles formés
par les faces et les flancs. Dans un front bas-
tionné, on distingue deux angles saillants, qui
Sont aussi appelés angles flanqués, parce qu'ils
sont défendus par les flancs des demi-bastions
voisins ; deux angles flanquants ou de flanc,
qui sont formés par les flancs et la cour '
;n angle de tenaille, qui est formé,
ant du milieu de la courtine, par le prolon-
;nt des faces.
ANG
ANGLE, ÉE (an-g)é) part. pass. du v.
Angler.
— Blas. Se dit de la croix, du chevron et
du sautoir, quand ces pièces ont des figures
longues à pointes, qui sont mouvantes de
leurs angles. Famille de Clérambault : d'ar-
gent, à la croix alésée d'azur, anglée de
quatre clous de passion de sable.
ANGLÉE s. f. (an-glé — rad. angle). Mor-
ceau , coin terminé en angle : Nous avons
vendu une anglée de notre pré. (Carpentier.)
il Peu usité.
AN
Dispc
angle.
— Techn. Former exactement les mou-
lures dans les plus petits angles du contour,
dans une tabatière de métal.
ANGLES, ancien peuple de la Germanie, qui
habitait une partie du Holstein actuel. Au vie
siècle, ils passèrent dans la Grande-Bretagne,
chassèrent les Bretons de ce pays et fondèrent
les royaumes de Northumberland, Estanglie,
Mercie , qui , réunis aux royaumes de Kent,
Sussex, Wessex et Essex , formèrent l'IIep-
tarchie. C'est des Angles qu'esj, venue la dé-
nomination générale d'England ou Angleterre,
terre (land) des Angles.
ANGLES, ch.-lieu de cant. (Tarn), arrond. de
Castres, sur l'Arn: pop. aggl. 550 hab. — pop.
tôt. 2,663 hab. Fabriques de drap, de coton-
nades ; teintureries ; commerce de bestiaux.
ANGLESEY ou ANGLESEA, ancienne Mona,
île d'Angleterre dans la mer d'Irlande , unie à
la principauté de Galles par un pont tabu-
laire jeté sur le détroit de Menai; 57,327 hab.
Les druides y avaient une école célèbre et
y ont laissé de- nombreux vestiges de leur
culte. Sol bien cultivé et très-fertile, exploi-
tation de beaux marbres verts , de cuivre
et de plomb argentifère, les plus riches du
monde; fabrique d'étoffes de laine; élève de-
gros bétail et de moutons; riches mines de
cuivre. La capitale de l'Ile est Beaumaris, avec
un port sur le détroit de Menai ; à l'autre ex-
trémité de l'île, au N.-O., se trouvent la ville et
le port à' Hplyhead, lieu d'embarquement pour
Dublin.
ANGLESEY (Henry Paget, marquis o'),pair
d'Angleterre, né en 1797, es' un des représen-
tants de la famille Paget, f ppelée à la pairie
héréditaire en 1550. Son pè re s'étant distingué
à Waterloo, fut créé marq as d'Anglesey. Il lui
succéda dans ce titre en 1854, après avoir
porté le nom de comte d'Uxbridge , deuxième
titre nobiliaire de sa maison. Il entra égale-
ment dans l'armée, et devint, en 1838, colonel
de cavalerie. Marié en 1819 à la fille du co-
lonel Campbell, il fit partie du parlement de-
puis l'année 1820, et prit place à la chambre
des lords en 1832. Dans 1 une et l'autre as-
semblée, il appuya le développement des prin-
cipes libéraux et réformistes, et son fils, le
comte d'Uxbridge, qui a siégé aux Communes
pour le comté de Strafford, de 1834 à 1857, a
' même ligne. Quand le ministère Mel-
, fonctions qui lui donnèrent u
conseil privé (conseil d'Etat). Depuis 1854, il
est lord lieutenant (préfet) du comté d'An-
glesey.
ANGLÉSITE s. f. (an-glé-zi-te — rad. An-
glesey, n. pr.). Miner. Sulfate de plomb nar
turel , dont on trouve de beaux échantillons
ANGLETs. m. (an-glè— rad. angle). Petit
angle, potit coin : Il mettait le pouce de la
main gauche sur /'anglet de l'œil. (Rabel.)
— Archit. Petite cavité fouillée en angle
droit, comme sont celles qui séparent les
Bossages ou pierres de refend : Refend coupé
ANGLET, commune du dép. des B.-Fyrénées,
arrond. de Bayonne ; 3,605 hab. Bons petits
vins blancs.
ANGLETERRE s. f. (an-gle-tè-re). Comm.
Nom donné par métonymie à certaines choses
qui proviennent ou sont censées provenir
d'Angleterre : Elle est venue s'asseoir auprès
de moi pour admirer mes dentelles. « C'est de
"'Angleterre, a-t-etle dit. Cela vous coûte-t-il
cher, madame? » (Bak.)
— Hortic. Variété de poire d'automne, qui
est savoureuse et très-fondanto : Acheter,
manger de "'Angleterre, h On dit aussi poire
d'Angleterre, et quelquefois plus simplement
anglais. Les marchands des quatre saisons do
Paris ont trouvé dans cette ellipse une occa-
sion de lancer un traiteontre laperfide Albion,
et on les entend crier sur tous les tons : Trois
anglais, trois anglais pour un sou!
— Comm. Point d'Angleterre, Sorte de den-
telle très-estimee. On croit vulgairement quo
lo point d'Angleterre se fabrique dans la
Grande-Bretagne. La vérité est qu'il se fait
exclusivement à Bruxelles. Cette erreur est
née à une époque où la législation douanière
frappant les dentelles bruxelloises d'une pro-
hibition absolue, les marchands anglais ima-
ginèrent de les importer en contrebande, et
do les vendre ensuite, on les baptisant, comme
le produit de leur propre fabrication. Depuis
ce temps, l'usage s'est maintenu d'appeler
points d'Angleterre, les plus belles dentelles
faites à Bruxelles.
ANG
363
jogr. C
ralement ce nom à l'ensemble des îles Britan-
niques , comprenant l'Angleterre proprement
dite, l'Ecosse, l'Irlande et les archipels qui en
dépendent; nous ne l'appliquons ici qu'à l'An-
gleterre proprement dite (England),o est-à-dire
à l'ancien royaume conquis par Guillaume le
Conquérant sur les Anglo-Saxons. Pour les dé-
tails omis à dessein dans cet article, nous ren-
voyons le lecteur aux mots Grande-Bretagne,
Ecosse, Galles, Irlande. Néanmoins, comme
aucune division réelle ne sépare géographique-
ment l'Angleterre de l'Ecosse, nous nous place-
rons à un point de vue général en traçant les
limites du Royaume-Uni, et nous détermine-
rons ainsi la position et le périmètre de ta
Grande-Bretagne, dont le nom a précédé chro-
nologiquement ceux d'Angleterre et d'Ecosse.
De nombreuses et longues recherches ont
été faites pour jeter quelques lumières sur
l'origine des noms de Britannia et d'A Ibion, que
les anciens donnèrent à la Grande-Bretagne,
mais qui s'appliquent surtout à la partie méri-
dionale de cette île, puisque le reste était
connu sous le nom de Caledonia. Quelques
savants font venir Britannia d'un mot celtique
qui signifie couleur, parce que les premiers
habitants de ce pays avaient coutume de se
peindre le corps ; d'autres prétendent que Bra-
tanac, qui en langue phénicienne veut dire
pays de l'étain, est l'étymologie de' Britannia;
on sait en effet que les Phéniciens allaient
chercher dans ce pays l'étain qu'ils livraient
au commerce. Quant à là dénomination d'Al-
bion (lat. albus, blanc), il est reconnu qu'elle
provient de la blancheur des côtes de cette île.
Avant l'invasion romaine, la Grande-Bre-
tagne était peuplée par des colonies apparte-
nant à la race celtique ; elle était divisée en
dix-sept petits Etats ayant chacun un chef qui
prenait le titre de roi. Après la conquête, les
Romains, qui ne purent jamais soumettre la
Calédonie, et qui construisirent sous Adrien et
Sévère deux murailles' pour défendre leurs
nouvelles possessions, partagèrent la Grande-
Bretagne en cinq provinces : 1° Britannia
prima; 2° Britannia secunda; 3° Flavia Cœsa-
riensis; 4° Maxima Cœsariensis ; 5« Valencia.
Pendant l'invasion des Barbares, les Ro-
mains, forcés de retirer leurs légions de la
Grande-Bretagne pour défendre les autres
parties de l'empire, cèdent la place aux Saxons
et aux Angles, qui, venus du Danemark au
secours des Bretons contre les habitants de la
Calédonie, fondent successivement les sept
royaumes de ICent, Sussex, œst-Anglie, Wessex,
Northumberland, Essex et Mercie. Cet ensem-
ble d'Etats a été communément appelé IIcp-
tarchie. Ce mot, qui n'est qu'une désignation
posthume, a le tort de donner le change ; il
semble en effet impliquer une union ou une
confédération de tous ces Etats; ils ne for-
maient nullement un corps, un système poli-
tique, comme quelques historiens modernes
l'ont avancé. Leurs annales les montrent au
contraire perpétuellement en guerre les uns
contre les autres, à tel _point que lorsque
Guillaume le Conquérant fit son expédition,
l'Heptarchie n'existait plus depuis longtemps.
î France, et Chenal anglais (English Chan-
el) par les Anglais. La mer du Nord la sépare
e la Belgique, de la Hollande, de l'Allemagne,
bras de mer appelé Manche et Pas-de-Calais
en France, et Chenal ano'";° 't,-»w1"<a <.hu„_
nel) par les Anglais. La ni
de la Belgique, de la Hotla
du Danemark et de la Norvège. Au nord e
sud, elle est baignée par l'océan Atlantique;
à l'ouest se trouvent une infinité de petites îles
parmi lesquelles une plus grande, l'Irlande,
séparée de la Grande-Bretagne par le canal
de Saint-Georges.
La pointe Lizard, k l'extrémité méridionale
de la Grande-Bretagne, est sous le 49" 57' de
lat. N. ; et le cap Dunnet, à l'extrémité septen-
trionale , sous le 580 43' de lat. N. Le point
le plus extrême sur la côte orientale est
Lowestoft, situé par 1<> 44' de long. E. ; et sur
la côte occidentale, c'est le cap Ardnamarcham,
situé par 6« 14' de long. O. (méridien de
Greenvrich). Le premier de ces deux points
est situé par 0» 35', et le second, par 8° 34' de
long, occidentale du méridien de Paris. De la
pointe nord à la pointe sud, la longueur est de
608 milles anglais, environ 972 kil. ; dans la
partie méridionale, la plus grande largeur est
d'environ 300 milles ou 480 kil. Le périmètru
des côtes est de 1,460 milles ou 2,33G ki). ;
mais les sinuosités du littoral, surtout sur la
côte occidentale; sont telles que ce chiffre peut
être porté au triple. La figure de la Grande-
Bretagne représente approximativement un
triangle dont le sommet est au cap Dunnet. La
surface totale de l'Ile est de 89,644 milles car-
rés : l'Ecosse mesure pour sa part 31 ,324 milles.
La ligne qui sépare l'Angleterre de l'Ecosse
commence vers l'ouest de l'angle nord-est de
Solway-Frith, et court le long des rivières
Esk, Liddel et Kershope, suivant une chaîne
de montagnes qui reçoit successivement les
noms de Lauriston-Hiils, Peel-TeH, Carter-
Tell et Cheviot-IIills. Jusqu'à l'avant-deinior
groupe, la ligne de démarcation court dans la
direction nord-est, mais aux monts Cheviot
elle tourne au nord-nord-ouest et conserve
cette direction jusqu'aux rives de la Tweed,
quelques milles au-dessus de Coldstreum. Le
surplus de la ligne est formé par le cours de
la Tweed jusqu h son embouchure, excepté la
ville de Berwick, qui appartient à l'Angleterre,
bien que située sur la rive nord de la rivière.
Les contours de la Grande-Bretagne offrent
364
ANG
plusieurs caps importants. Vers l'extrémité
sud -ouest, le Land's-End, le cap Lizard; les
côtes au nord du Pas-de-Calais préscntentdeux
autres caps : le Sùuth-Foreland et le Norlh-
Foreland. Le cap Flamboroun, à l'entrée du
golfe de Mumiy ; le Kinnairdrs-llead, le Dun-
casby-Head et le Dunnet-IIead, enfin le cap
Wrath, qui s'avance entre les Hébrides et
les Orcades.
De nombreuses baies, plusieurs golfes, dé-
coupent les cotes de ce pays. Parmi les golfes
nous citerons celui d'Exetcr, au midi; a l'est,
l'enfoncement sablonneux où se jette la Ta-
mise ; le "H Wi, l'échancrurc par laquelle l'Hum-
ber se jette dans l'Océan ; les golfes d'Edim-
bourg , de Tay, de Murray et de Dornoch ; sur la
cote occidentale, ceux de Clydc,da Sotway ;la
baie de Cacrnarvon, celle de Cardigan, et enfin
le canal de lirislol.
Les montagnes de la Grande-Bretagne for-
ment un système auquel se rattachent celles
de toutes les îles Britanniques. Elles compo-
sent trois groupes : le premier, situé au nord,
est formé par les hauteurs de Cailhncss et de
YInverness; le second se compose des monts
Grampians et d'autres «îontagnes qui se ter-
minent au golfe de Porth et à celui de Clyde ;
le troisième comprend les monts Cheviot et
toutes les aspérités qu'on rencontre dans le
pays de Galles et dans la partie méridionale
de l'île. La (dus grande élévation du premier
de ces groupes est de soo mètres; celle du
second est de 1,300 mètres ; enfui le point cul-
minant du troisième, le Snowdon, ne dépasse
guère 1,100 mètres. Ces différents groupes de
montagnes partagent l'Angleterre, sous le rap-
port hydrographique, en huit bassins peu con-
sidérables. Dans le versant de la mer du Nord :
l ° le bassin de la Tweed, situé partie en Ecosse,
partie en Angletere ; 2" le bassin de la Tees, où
l'on trouve les petites rivières de Coquet et de
Tync; 3° le bassin de YHumber, fleuve formé
par la réunion de YOusà et du Trenl : dans ce
bassin coulent aussi le Glen, qui se iette dans
leHW; la Dérivent et YAyr, qui se jettent
dans ï'Ouse; 4<> le bassin de la lamise, fleuve
formé par la réunion de la Thames et de YJsis :
dans ce même bassin nous remarquons encore
les petites ri vières de Yare et de S tour ; 5» dans
le versant de la Manche, le bassin de Y Avon,
rivière sans affluent important; G° dans le
versant de la mer d'Irlande, le bassin de la
Nith, rivière située en Ecosse et ayant son
embouchure dans le golfe de Sohvay, qui reçoit
aussi YEden; 7° le bassin de la Dee, dans le
pays de Galles, arrosé aussi par la Hibble, le
Wever et la Mersey; enlin fi° le bassin de la
Savent, le plus grand fleuve de l'Angleterre.
Les affluents de la Savern sont : le Liddon,
à droite, et le Stour, à gauche. Ce bassin est
encore arrosé par la T'omet la Wye.
Dans l'Angleterre proprement dite, les lacs
sont d'une faible étendue ; le plus considérable
est celui de Derwent, long de 4 kilom. et large
d'environ 1,500 mètres ; ses bords enchanteurs
et les agitations violentes que présentent ses
eaux sans cause apparente attirent un grand
nombre de curieux.
Jetons maintenant un coup d'œil rapide sur
l'aspect général de l'Angleterre proprement
dite, nous esquisserons ensuite sa constitution
géologique.
La partie septentrionale est la plus monta-
gneuse ; la direction des monts qui la sillon-
nent est du nord au sud. Ces montagnes ap-
partiennent surtout au Northumberiand t au
Cumberland et à l'Yorkshiro; leurs ramifica-
tions se prolongent dans le? ;omtés de Lan-
castro, de Durham, de Derby et de StaiTord.
A l'ouest des montagnes Pennines s'étend
la plaine Cambrienne, sur une superficie de
30,000 acres, d'un terrain très-léger et sablon-
neux. Au sud de la rivière Coquet s'étendent
; considérables, qui occupent presque
Northumberiand et quelques parti--
;omtés de Durham et de York. Le
le tiers du Northumberiand et quelques partie
des comtés de Durham et de York. Leur
étendue varie de 10 a 30 milles ; ils sont situés
à iso et à 300 mètres au-dessus du niveau de
la mer. Dans le Yorkshire, ces marécages sont
coupés de grandes vallées contenant des
espaces considérables de terre arable.
L'Angleterre intermédiaire présente une sé-
rie de vallées et de plaines, parmi lesquelles
nous citerons celles du Cheslure, de Worcester,
d'Evcsham, de Gloucester et de. Berkeley. La
vallée de la Savern forme un des plus fertiles
districts de l'Angleterre, sur une longueur de
120 milles en ligne droite. De nombreux ca-
naux traversent cette région Centrale, qui,
à cause de son peu d'élévation, est exposée aux
inondations. Des digues et autres ouvrages
hydrauliques ont été construits dans ces pré-
visions. Le long de la mer du Nord, entre
Louth et Burgh, s'étend une forêt sous-marine,
visible à marée basse.
La partie méridionale, située au sud de la
Tamise et du canal de Bristol, présente un
sol productif et bien cultivé ; la plaine de Chi-
chester surtout est caractérisée par un haut
degré de fertilité. L'extrémité orientale, entre
Douvres et FolUestone, est haute et crayeuse.
Le reste de cette région, qui s'incline progres-
sivement vers le sud-ouest, est distribuée en
plusieurs vallées larges et longues, parmi les-
quelles quelques-unes, notamment celle de
Tone, rappellent les plaines plantureuses de
la Normandie.
La partie occidentale de l'A ngleterre, le pays
de Galles compris, est la plus raboteuse et la
plus escarpée ; quelques contrées d'un aspect
ANG
triste et désolé rappellent la Bretagne ; ce-
pendant, celle qui remonte de la baie de Car-
digan vers les montagnes, au nord de la petite
rivière Ystwith, est citée pour la beauté et le
pittoresque de ses sites, et le pont du Diable
attire un grand nombre de voyageurs.
La constitution géologique de l'Angleterre
offre un très-grand intérêt, en ce sens qu'elle
renferme des roches de tous les âges. La
houille et l'ardoise sont les productions miné-
rales les plus importantes de l'île ; au nord
comme au sud, les mines de fer et de plomb
sont également nombreuses ; celles de cuivre
et d'étain s'étendent vers le sud-ouest. Sur
toute la côte occidentale on trouve des schistes
ardoisiers, tandis qu'un vaste dépôt de marne
rouge et de grès entoure au sud et a l'est
d'immenses amas de houille. Nous donnerons
une idée assez exacte des richesses colossales
de ce pays en disant que le bassin de New-
castle seul fournit annuellement 3,700,080 ton-
nes ou 37 millions de quintaux métriques de
houille. Plus do 200 millions de francs sont
engagés comme capitaux dans cette exploita-
tion, qui occupe environ 18,000 personnes. La
quantité de fer exploité en Angleterre s'élève
à plus de 1 million de tonnes, d'une valeur de
prés de 100 millions de francs; 225,000 ou-
vriers sont employés à extraire et à trans-
Sortcr le minerai ; un nombre a peu prés égal
e personnes travaillent dans les hauts-four-
neaux, les forges et les laminoirs. Depuis
l'Humber jusqu'à l'embouchure de la Savern
s'étend, du nord-ouest au sud-est, une longue
bande de marne bleue appelée lias par les
Anglais. Une bande parallèle de calcaire à
polypiers et de calcaire oolithique, une autre
de marne bleue, sont suivis jusqu'à la Manche
pardes bancs sableux ùe glaucome, par la craie,
l'argile plastique et des terrains analogues à
ceux du plateau parisien.ee qui prouve d'une
manière à peu près certaine la réunion primi-
tive de la GrandeBretagne au continent.
Dans les temps les plus reculés, l'Angleterre,
comme l'Amérique septentrionale, était cou-
verte de forêts vierges; les glands, les pom-
mes, les baies sauvages, étaient la nourriture
des habitants. Les plantes et les animaux les
plus utiles furent plus tard importés du con-
tinent. L'ours, le loup, les sangliers, vivaient
paisiblement dans ces forêts ; les cerfs et les
taureaux sauvages parcouraient les bois et les
étangs. Vers le xi« siècle, les loups et les ours-
furent détruits ; on rencontre encore dans les
bois des sangliers, des cerfs et des daims con-
servés pour le plaisir des grands; le renard,
le lièvre et d'autres gibiers se trouvent dans
les chasses réservées. Les chèvres sont presque
un objet de curiosité en Angleterre, mais elles
abondent dans le pays de Galles, où elles sont
à l'état sauvage; les habitants du pays les
chassent avec ardeur. Les animaux domesti-
ques sont, en Angleterre, l'objet d'un très-grand
soin; on connaît ce chien au museau gros et
court, au nez retroussé, au poil ras et zébré,
ce bull-dog (canis molossus) renommé pour sa
force et sou courage; le cochon domestique,
croisé avec le porc d'Indo-Chine, a fourni aux
Anglais une race fort estimée ; les bœufs, les
moutons, et surtout les chevaux de ce pays,
sont connus dans le monde entier. Presque
tous les oiseaux du continent se trouvent en
Angleterre, et il y a peu de pays en Europe
aussi favorisé par la nature en poissons d'eau
douce et d'eau de mer.
L'Angleterre, surtout dans la partie septen-
trionale, renferme de vastes forêts de chênes
et de sapins ; les arbres fruitiers y donnent de
beaux produits ; mais si le sol se montre favo-
rable à la croissance des végétaux, l'état de
l'atmosphère est souvent un obstacle à leur
maturité; ainsi la pluie et les brouillards vien-
nent y détruire l'espérance, trop tôt fondée
sur l'apparence, d'une riche récolte. Néanmoins
les pâturages sont plantureux, les céréales de
toute sorte abondent, et les fruits des climats
tempérés ne font point défaut. Terminons ce
rapide aperçu des richesses minérales, ani-
males et végétales, en disant que la propriété
foncière en Angleterre étant très-peu divisée,
■et le sol appartenant à quelques milliers de
propriétaires, la culture en grand y applique
aisément toutes les inventions dont l'industrie
agricole s'est enrichie depuis quelques années ;
aussi est-il peu de pays aussi bien cultivés
que l'Angleterre.
Située presque au milieu de la zone tempé-
rée, l'Angleterre possède les avantages inhé-
rents a sa position géographique. Les rigueurs
de l'hiver et les chaleurs desséchantes de l'été
s'y font sentir avec beaucoup moins d'intensité
que dans les pays du continent placés sous les
mêmes parallèles; les vents de mer y tem-
pèrent les saisons les plus opposées, mais les
variations de la température sont subites et
fréquentes. L'air y est humide, et les journées
pluvieuses dominent. Au commencement de ce
siècle, la population de l'Angleterre, du pays
de Galles et do l'Ecosse n'était que de 10 mil-
lions et demi; le recensement de 1851 a donné
le chili're de 21 inilions. (Pour l'industrie, l'or-
ganisation sociale, le gouvernement, la consti-
tution , l'armée, la marine, l'organisation fi-
nancière, le caractère, etc., V. ci-après.)
Le territoire de l'Angleterre proprement dite
est divisé en quarante-trois comtés ou shires,
dont nous donnons ici les noms, la superficie
et la population.
Noïa. Dans la transformation des acres en
kil. carrés, nous avons négligé les fractions.
ANG
provinces. C c'est à'-dir^en*' kil. 1851.
mesure légale, carrés.
Bùdford 295,582 ou i,200 121,478
Berks 450,358 — 1,800 170,OC5
Buckinsham 464,930 - 2,000 163,723
Chester. .°. 707,078 — 2,800 ' 435,72,",
Cornwall 873,000 — 3,400 355,558
Cumberland 1,001,273 — 4,100 195,492
Derby 658,803 — 2,700 296,084
Devon 1,057,180 - 6,500 567,008
Dorset 632,023 — 2,000 184,207
Durham 622,476 — 5,500 390,997
Esses 1,060,549 — 4,300 369,318
Gloucester 805,102 — 3,200 458,805
Hereford 534,823 — 2,200 115,459
llcrtford 391,141 — 1,700 167,298
Hunlin^don 230,865 — 1,000 64,183
Kent 1,041, 479 — 4,200 615,706
Lancaster '. 1,219,221 - 4,900 2,031,230
Leicester 514,164 - 2,000 " 230,308
Lincoln 1,776,738 - 7,200 407,222
Middlcsex 180,168— 700 1,880,570
Monmouth , . 308,399 — 1,600 157,418
Norfolk 1,354,301 — 5,100 442,714
Northampton 630,358 — 2,500 212.380
Northumberiand 1,219,299 — 5,000 • 303,568
Nottingham 520,070 — 2,100 270,427
Oxford 472,387 — 2,000 170,430
Rutland 95,805 — 400 22,933
Salop , . . . 826,055 — 3,000 229,341
Somerset 1,047,220 — 4,000 443,910
Southampton 1,070,216 — 4,400 405,370
StaiTord 728,408 — 2,900 603,716
Suffolk 947,681—3,800 337,215
Surrey 478,792 - 2,000 683,082
Susses 934,831 — 3,700 336,844
Vorwick 563,946 - 2,400 473,0!3
Wcstmoreland 485,432 — 2,000 58,287
Wilts 805,092 — 3,360 231,221
-Worcesler 472,165 — 1,900 276,926
York, East Riding. . . 708,419 - 2,900 220,983
York, City 2,720 — 1 10 36,303
York, North Riding. 1,350,121 — 5,100 215.2H
York, Wesl Riding. . 1,708,026 — 6,900 1,325,495
Totaux.. . 32,036,945—130,210—10,913,878
— Colonies et possessions anglaises. En
Europe, l'Angleterre possède Gibraltar, Héii-
goland et Malte. — En Asie : Aden, Ceylan,
Hon-Kong (en Chine) , l'Indoustan et l'Inde
transgangétique. — En Afrique : Ascension,
cap de Bonne-Espérance, Côte-d'Or, Fer-
nando-Po, Gambie, Côte de Natal, Sainte-Hé-
lène, Sierra Leone et Maurice. — En Amérique:
le haut et le bas Canada, le Nouveau-Bruns-
wick, Labrador, -Nouvelle -Ecosse et Cap-
Breton, Terre-Neuve, Colombie, Antigua,
Barbade, la Dominique, Grenade, Jamaïque,
Montserrat, Nevis, Saint- Christophe, An-
guille, Sainte-Lucie, Saint-Vincent, Tabago,
Tortola et îles Vierges, Trinité, Bahama, les
Bermudes, Guyane, Honduras, les Malouines
ou Falkland , Turques et Laïques. — Dans.
YOcéanie : l'Australie occidentale, Australie
méridionale, Nouvelle-Galles du Sud, Nouvelle-
Zélande, Terre de Van-Diemen, Victoria,
Queen's land, Labuan.
— II. Hist. Un historien anglais, Geoffroy de
Monmouth, raconte que quelque temps après
la destruction de Troie, un arrière-pelit-fils
d'Enée, nommé Brutus, amena dans la Grande-
Bretagne une colonie de Troyens fugitifs, et
que telle est la première origine du peuple qui
tut connu plus tard sous le nom de Bretons.
Mais ce n'est là qu'une légende qui ne mérite
aucune confiance. Les mœurs des anciens
Bretons avaient beaucoup d'analogie avec
celles des Gaulois ; leur religion était la même,
et leurs prêtres s'appelaient également druides ;
ils avaient aussi des druidesscs, qui plongeaient
leur glaive dans le cœur des prisonniers de
guerre et prédisaient l'avenir par l'observation
du sang des victimes de ce barbare sacrifice.
Lorsque Jules César eut achevé la conquête
de la Gaule, il voulut s'emparer aussi de la
Grande-Bretagne, et il y transporta des trou-
pes, qui triomphèrent aisément des Bretons
commandés par Cassivelaunus ; ceux-ci furent
obligés de devenir tributaires des Romains et
de donner des otages pour garantir leur sou-
mission. Cependant le tribut ne fut jamais payé
avec exactitude : Jules César fut obligé de faire
une seconde invasion dansla Grande-Bretagne.
L'empereur Auguste et Tibère, son successeur,
songèrent aussi à venir châtier ce peuple, qut
voulait toujours reprendre sa liberté dès que
ses oppresseurs s'éloignaient; Caligula fit con-
tre eux une expédition ridicule, et l'empereur
Claude en fit une plus sérieuse, à la suite do
laquelle il laissa dans l'île un corps de troupes
qui y éleva des forteresses et maintint quelque
temps la domination romaine. Bientôt cepen-
dant les Bretons voulurent de nouveau secouer
le joug de l'étranger, et leur roi Caractacus
tint tête aux Romains pendant neuf ans.
Sous le règne de Néron, Boadicée, reine des
Icéni (peuples du comté d'Essex), ayant été
odieusement outragée par les soldats romains,
excita un soulèvement général parmi les Bre-
tons. Elle se mit elle-même a la tête d'une
armée qui bientôt, dit-on, s'éleva à 230,000
. hommes ; elle s'empara de plusieurs places et
■s'avança jusqu'à Londres, qui était déjà l'une
des positions les plus fortes occupées par les
Romains. Paulus, général romain, accourut
pour la défendre, mais voyant qu'il avait de-
vant lui une armée si considérable, il n'osa pas
engager la lutte et se retira sur un autre pomt.
ANG
Londres fut brûlé, et tous les Romains qui s'y
trouvaient passés au fil de l'épée. Enivrée de
ces premiers succès, Boadicée osa s'avancer
contre Paulus, qui s'était retiré dans une po-
sition très-avantageuse, avec les vingt mille
soldats qu'il commandait. La lutte fut longue
et sanglante; mais la bravoure indisciplinée
des Bretons succomba enfin devant la tactique
exercée des Romains : quatre- vingt mille pé-
rirent sur le champ de bataille; la reine et ses
filles s'empoisonnèrent pour ne pas tomber
vivantes entre les mains du vainqueur.
Malgré cet effroyable désastre, de nouvelles
révoltes vinrent encore troubler la domination
romaine, et plusieurs généraux furent envoyés
contre les rebelles. Enfin Julius Agricola par-
vint a soumettre définitivement le pays, en
joignant à la forcé des armes l'autorité plus
puissante encore de la douceur et de la justice.
Il étendit la domination romaine sur l'île pres-
que tout entière, et la gouverna sous les règnes
de Vespasien, do Titus et de Domitien. C est
dans cet intervalle, vers la fin du n* siècle et
sous le pontificat du pape Eleuthèro, que lu
christianisme fit sa première apparition dans
la Grande-Bretagne. Sous l'empereur Valen-
tinien le Jeune, Rome, menacée par les bar-
bares, rappela ses soldats et rendit aux Bretons
leur indépendance complète. Bientôt attaqués
par les Pietés et par les Calédoniens, peuples
du nord qui n'avaient pas été soumis par les
Romains, les Bretons mirent à leur tête Vor-
tigern, qui crut devoir appeler à son secours
les Angles et les Saxons. Les Pietés et les
Calédoniens, ou Ecossais, furent vaincus ; mais
les Saxons firent payer cher leur appui;
Hengist et Horsa, leurs chefs, devinrent les
oppresseurs du pays qu'ils étaient venus dé-
fendre; Horsa périt dans une bataille, mais
Hengist resté seul, après avoir fait couler des
flots de sang, fonda le premier royaume saxon
dans la Grande-Bretagne. Un grand nombre
d'habitants, pour se soustraire à ce joug étran-
ger, abandonnèrent leur île et se réfugièrent
sur les rivages voisins de l'Armorique, où ils
devinrent la souche des Bretons de !a Gaule.
Six autres royaumes anglo-saxons se formèrent
encore successivement dans la Grande-Bre-
tagne, et les sept principautés constituèrent
ce qu'on appelle lheptarchie saxonne. Les
Bretons essayèrent plusieurs fois de recon-
quérir leur indépendance; leur roi Arthur,
dont les exploits ont été si souvent chantés
par les bardes, fit des prodiges de valeur ; il
défit les Anglo-Saxons dans douze batailles,
et tua de sa propre main quatre cent quarante
soldats ennemis, selon la tradition populaire,
mais sans pouvoir parvenir à chasser les usur-
pateurs.
En 827, environ quatre cents ans après la
première irruption des Anglo-Saxons, Egbert,
roi de Wessex, réunit sous son sceptre les sept
Etats qui composaient l'heptarchie, et fut cou-
ronné roi d'Angleterre. Peu de temps aupara-
vant, le pape Grégoire I" avait envoyé dans
la Grande-Bretagne le missionnaire Augustin
pour entreprendre la conversion des Saxons
au christianisme, et les prédications du nouvel
apôtre avaient produit les plus heureux résul-'
tats. Les dernières années du règne d'Egbert
furent troublées par les incursions des Danois,
qui parvinrent à s'établir dans l'île de Thanet.
Ils pénétrèrent ensuite dans le cœur même de
l'Angleterre, qui se trouvait menacée d'une
ruine prochaine lorsque Alfred, petit-fils d'Eg-
bert, fut proclamé roi a la mort de son frère
Ethelred. Ce prince, qui mérita le surnom de
Grand, eut d'abord bien des difficultés à vain-
cre; mais après avoir montré un courage à
toute épreuve dans une suite d'aventures
extraordinaires, il parvint à chasser les Danois
du pays, et il s'appliqua ensuite à rétablir la
paix et la sécurité dans son royaume, à créer
des lois pleines de sagesse, à répandre par-
tout les lumières de la civilisation, l'amour de
la justice, les bienfaits de l'industrie. Il mourut
àC Oxford, l'an- 900, après un règne de vingt-
... de bien remarquable sous
_._ d'Alfred le Grand jusqu'au
. _D l'Ethelred II, surnommé l'Irrésolu. Alors
les Danois, commandés par leur roi Sweyn ou
Suénon, recommencèrent leurs incursions; ils
pénétrèrent jusqu'au centre du royaume et
forcèrent le faible Ethelred à chercher mo- •
mentanément un refuge en Normandie. Ed-
mond, son fils, avait plus de courage; mais
les Danois étaient alors commandés par Canut
le Grand, et tous les efforts qu'il fit pour dé-
fendre sa couronne furent vains. Le pays passa
sous la domination danoise ; Canut se fit re-
connaître, en 1015, comme roi de Danemark,
de Norvège et d'Angleterre. Deux fils de Canut
régnèrent successivement après lui. La cou-
ronne revint ensuite à Edouard, qui descendait
des anciens rois saxons, et que sa piété fit
surnommer le Saint ou le Confesseur. Comme
ce prince mourut sans enfants, il eut pour
successeur un descendant de Canut, nommé
Harold ; mais le peuple, en proclamant celui-
ci, ne respecta pas la volonté d'Edouard, qui,
au dire de plusieurs historiens, avait laissé un
testament par lequel il instituait Guillau
duc de Normandie, comme héritier de
royaume. Harold se rendit d'abord très-pop
laire par une victoire qu'il rempoiJ~ ' <r'"
, >pu-
Sial-
fleterre par son propre trere losti; ma
ientôt Guillaume de Normandie, s'appuyai
du testament qu'Edouard avait fait en sa fa
veur, descendit en Angleterre a !ft tète d'un
ANG
nombreuse armée. Harold vint à sa rencontre ;
un combat terrible fut livré à Hasting, et l'in-
fortuné Harold fut tué après avoir, vu périr le
plus grand nombre de ses défenseurs. C'est en
10G6 qu'eut lieu cette fameuse bataille qui mil
la couronne d'Angleterre sur la tête des princes
normands.
Nous ne dirons rien ici des événements qui
signalèrent le règne de Guillaume le Conqué-
rant; nous ne ferons également que nommer
ses successeurs, Guillaume le Roux, Henri 1er,
Etienne, Chacun de ces noms aura, dans ce
dictionnaire, son article spécial, où l'on trou-
vera tous les détails quon peut désirer de
connaître. La maison de Plantagenet ou d'An-
jou fut ensuite appelée sur le trône en 1154,
dans la personne de Henri II, qui agrandit .
considérablement ses possessions françaises
en épousant Eléonore de Guyenne, lorsque
cette princesse eut été répudiée par Louis le
"Jeune, à son retour de la deuxième croisade.
Les principaux événements de ce règne furent
l'assassinat de Thomas Becket, archevêque de
Cantorbéry, et la conquête de l'Irlande. Ri-
chard 1er, surnommé Cœur de Lion, lui- suc-
céda. Ce prince, dont le courage fougueux et
chevaleresque ne respirait que les batailles,
quitta son royaume pour aller combattre, las
infidèles dans la nouvelle croisade a laquelle
prit aussi part le roi de France Philippe-Au-
guste. Une rivalité ardente ne tarda pas às'é-
levcr'entre les deux princes. Philippe-Auguste,
plus sage, crut bientôt nécessaire de revenir
en France pour s'occuper des intérêts de son
royaume, et Richard, resté Seul en Palestine,
s'y couvrit de gloire par les faits d'armes les
plus éclatants. Lorsqu'il voulut a son tour re-
venir dans ses Etats, il traversa l'Allemagne ;
mais l'empereur Henri VI, son ennemi, le retint
près d'un an dans une étroite captivité. Pendant
ce temps-là, Jean, son frère, essayait de lui
ravir la couronne ; mais Richard obtint enfin sa
liberté et reparut au milieu de ses sujets, qui
lui firent l'accueil le plus enthousiaste. Il alla
ensuite guerroyer contre Philippe - Auguste,
qui, pendant son absence, avait mis la main
fut atteint d'une flèche en. faisant le siège du
château de Chalus, dans le Limousin, et mou-
rut des suites de sa blessure, en 1199. Jean
sans Terre lui succéda. Il se rendit odieux tout
d'abord par lemeurtre de son neveu Arthur,
qui avait cherché à faire valoir ses droits à la
couronne ; il indisposa, par d'injustes tracasse-
ries, le pape Innocent 111, qui crut devoir mettre
le royaume en interdit ; enfin il mécontenta
les barons, qui offrirent la couronne à Philippe-
Auguste pour un de ses fils, et fut obligé, pour
apaiser leur révolte^de leur accorder la grande,
charte, qui est le fondement de la liberté dont'
jouit encore aujourd'hui l'Angleterre. Henri III
succéda à Jean, son père, en 1216. Tout ce
règne fut rempli par de violentes discussions
avec les barons, à la tête desquels se trouvait -
l'orgueilleux comte de Leicester. Une assem-
blée des barons, convoquée à Oxford, fut l'o-
rigine de ce qu'on appela plus tard le Parle-
ment; mais comme it ne tut pas possible de
rétablir l'accord entre les partis, Louis IX, qui
régnait alors sur la France et dont la sagesse
était renommée par toute la J.erre, fut choisi
pour arbitre. Sa décision ne contenta pas les
barons, qui levèrent l'étendard de la révolte, et
la guerre civile ne put être évitée. A Henri III
succéda, en 1272, son fils Edouard I«f, dont le
règne fut illustré par la conquête du pays de
Galles et de l'Eco'sse. Il convoqua le Parlement
pour obtenir des'subsides, et la Chambre des
communes fut appelée dès lors à voter les lois
des finances. Edouard II fut moins heureux
que son père ; il perdit l'Ecosse, après avoir
été vaincu par le fameux Bruce, fut déposé
par le Parlement et mourut au château de
Berckeley, qui lui servait de prison. Son lils
Edouard III lui succéda en 1327. Après la mort
de Charles le Bel, roi de France, il voulut faire
valoir ses .droits à cette couronne , comme
petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isa-
belle ; mais Philippe de Valois lui fut préféré
par application do la loi salique. Il n en prit
pas moins le titre de roi de France, et com-
mença contre ce pays la guerre connue dans
l'histoire sous le nom de guerre de Cent ans.
Il gagna la bataille de Crécy,où le jeune prince
de^ Galles fit ses premières armes, prit Calais
après un siège de onze mois, vainquit encore
les Français à Poitiers et fit prisonnier le roi
Jean , que le prince Noir (prince de Galles)
emmena ensuite à Londres, où il resta quatre
ans prisonnier. Le règne de Richard II (1377-
1399) vit naître la querelle qui dura si long-
temps entre lès maisons d'York et de Lan-
castre. Henri de Lancastre, cousin de Richard,
ayant été banni du royaume et dépouillé de
son héritage, se révolta, lit déposer Richard
et fut proclamé roi sous le nom de Henri IV.
Henri V, son fils et son successeur," profitant
du triste état où se trouvait la Franccpar
suite de la démence du malheureux Charles VI,
voulut fuire revivre les prétentions d'E-
douard, III. Il gagna sur les Français |a ba-
taille d'Azincourt, s'empara d'un grand nombre
de villes, fit avec Isabeau de Bavière, femme
de Charles VI, un traité qui consacrait ses
droits sur la Franco, et alla fixer sa cour à
Paris, pendant que le dauphin , retiré dans la
ville de Bourges, essayait faiblement de con-
server quelques restes de ce beau royaume
passé presque tout entier, aux mains d'un
prince étranger. Sous Henri VI (1422 à 1401),
les Français, réveillés de leur apathie par le
courage extraordinaire d'une jeune paysanne,
ANG
songèrent enfin à reconquérir leur indépen-
dance. L'intrépide Jeanne Darc força d'abord
les Anglais à lever le siège d'Orléans; elle
conduisit le dauphin Charles VII à Reims, où
il fut sacré, puis tomba à Compiègne entre les
mains des Bourguignons, qui la vendirent aux
Anglais. Ceux-ci 1 emmenèrent à Rouen, où
ilsla firent condamner comme sorcière et la
brûlèrent toute vive, sentence inique et hon-
teuse, qui sera toujours une tache sur les pages
de leur histoire. Bientôt les Anglais perdirent
une à une toutes les villes françaises' dont ils.
s'étaient emparés, à l'exception de Calais, qui
devait rester encore longtemps en leur pou-
voir. Les dernières années de ce règne furent
troublées par la guerre des deux roses, ainsi
nommée parce que Richard, duc d'York, qui
disputait le trône à Henri VI de Lancastre,
avait pris pour emblème une rose blanche,
tandis que la maison de Lancastre portait une
rose rouge. Ce fut la maison d'York qui triom-
pha, et elle fournit trois rois : Edouard IV
(1461), Edouard V.et Richard III (H83), qui
se rendit odieux par une foule de crimes, entre
autres par le meurtre des enfants d'Edouard,
ses neveux. Mais Henri Tudor, de la maison
de Lancastre, vint attaquer le cruel Richard,
qui périt à la bataille de Bosworthfield, ce qui
mit lin à la querelle des deux roses ; Henri fut
proclamé roi d'Angleterre sous le nom de
Henri VII, en 1485. Henri VIII, son successeur,
fut un odieux tyran. Après avoir comblé de
faveurs le cardinal Wolsey, il le' disgracia dès
qu'il montra la moindre résistance à ses volon-
tés, et Wolsey mourut bourrelé de remords pour
ses complaisances passées. Henri épousa suc-
cessivement six femmes : Catherine d'Aragon,
qu'il répudia ; Anne Boleyn, qu'il fit périr sur
1 échafaud ; Jeanne Seymour, qui mourut des
suites d'une couche ; Anne de Clèves, qu'il ré-
pudia; Catherine Howard, qui finit comme
Anne Boleyn? et Catherine Parr, qui proba-
blement aurait eu" le même sort si le tyran
n'était pas mort lui-même en 1547. C'est parce
que le pape Clément VII n'avait pas voulu
consentir à déclarer nul le premier mariage de .
Henri, que ce despote débauché rompit avec
l'Eglise romaine et força l'Angleterre à em-
brasser les principes de la réforme, que Luther
et Calvin travaillaient alors à répandre. Le
chancelier Thomas Morus fut une des victimes
les plus illustres que leur résistance aux
sanglants caprices de ce prince fit périr
du dernier supplice. Le règne d'Edouard VI
n'est remarquable que par la condamnation
capitale de Somerset, qui avait d'abord gou-
verné le royaume sous le titre de Protecteur,
et par l'ambition de Warwick, devenu duc de
Northumberland, oui, après avoir fait épouser
à son fils Guilford Dudley, la jeune et belle
princesse Jeanne Grey, la fit reconnaître pour
héritière présomptive de la couronne. A la
mort d'Edouard Vl.'en 1553, Marie Tudor, fille
de Henri VIII, fit aisément reconnaître ses
droits, et l'infortunée Jeanne Grey périt sur
l'échafaud à l'âge de dix-sept' ans. La nouvelle
reine , qui avait été élevée dans la religion
catholique, voulut rappeler l'Angleterre à ses
anciennes croyances ; elle persécuta les pro-
testants,'fit périr sur le bûcher l'archevêque
Cranmer? l'évèque Latimer et une foule d'_
ANG
365
victim
que des , _
douces auraient peut-être réussi à faire revi-
vre dans ce royaume, jadis célèbre pour sa foi,
puisque la Grande-Bretagne fut quelquefois
nommée l'île des Saints. A Marie Tudor. suc-
céda Elisabeth en 1558, et ce règne peut être
mis au nombre des plus glorieux que présente
l'histoire d'Angleterre. Si la mort cruelle du
brillant comte d'Essex, longtemps son favori , et
surtout celle de l'infortunée Marie Stuart, sont
des taches pour samémoire, elle gouverna avec
tant d'habileté que l'Angleterre se vit placée
au premier rang des puissances. Philippe II,
roi d'Espagne, vit disperser -son invincible ar-
mada, avec laquelle il devait à, la fois conquérir
l'Angleterre et étouffer l'hérésie. Shakspeare,
l'un des plus grands poètes qui aient jamais
paru, écrivit ses drames immortels ; François
Bacon jeta les bases d'une nouvelle philoso-
phie ; Drake et Raleigh découvrirent des pay3
nouveaux, et donnèrent à la mère patrie de
nouvelles possessions lointaines. Le siècle
d'Elisabeth fut presque pour les Anglais ce
qu'a été pour nous le siècle de Louis XIV.
Le règne de Jacques Ier, de la maison des
Stuarts(l603, 1625), n'offre rien de bien remar-
quable, si ce n'est la fameuse conspiration des
poudres, organisée par les catholiques exaltés
pour faire sauter, au moyen d'une mine, le roi
et tous les membres du Parlement, Guy Fawkes
fut découvert au moment où il disposait .la
poudre et la mèche dans une cave située sous
ta salle même des séances. Chaque année
le peuple anglais promène encore dans les rues
de Londres un mannequin qu'il appelle Guy
Fawkes et qu'il brûle ensuite en souvenir de
cet événement. Charles I»f succéda à son père
en 1C25. 11 commença à mécontenter ses sujets
par. l'aveugle engouement qu'il montra pour le
duc de Buckingham, son favori. 11 augmenta
ensuite ce mécontentement en demandant sans
cesse de nouveaux subsides pour subvenir à
de folles dépenses, en dissolvant le Parlement
qui les lui refusait, en faisant arrêter plusieurs
membres des communes dont l'opposition l'ir-
ritait, et en voulant se jeter en travers pour
arrêter le mouvement des idées religieuses ou
pour en changer la direction. Les puritains et
tous les mécontents s'organisèrent pour la ré-
sistance; ils furent désignés. sous le nom de
royalistes, qui se distinguaient par leurs lon-
gues chevelures, reçurent le nom de cavaliers.
La guerre civile éclata, et l'armée royaliste
éprouva une déroute complète à Marston-
Moor, où le puritain Olivier Cromwell. com-
mença à donner des preuves éclatantes de ses
talents militaires. Après avoir subi un second
échec à Naseby, Charles se réfugia chez les
Ecossais, qui eurent la lâcheté de le vendre, et
il fut conduit sous escorte à Holdenby-Castle,
où il subit la captivité la plus rigoureuse. Ce-
pendant Cromwell, qui ne trouvait pas le Par-
lement assez docile a ses volontés, en expulsa
violemment tous ceux qui lui étaient suspects,
et composa avec ses créatures un nouveau
Parlement qui .reçut la dénomination de Rump-
parliament ou Parlement croupion. Charles fut
forcé de comparaître comme accusé devant
Après la mort de Charles I", la république
fut proclamée, et Cromwell devint tout-puis-
sant. Le fils de Charles voulut revendiquer ses
droits les armes à la main, mais Cromwell, à
la tête de ses puritains dévoués, lui fit éprou-
ver deux déroutes complètes, en Ecosse d'a-
bord, puis en Angleterre, et le malheureux
prince n'eut d'autre ressource que.de se réfu-
gier en France. Bientôt Cromwell, qui trouvait
de la résistance dans le Parlement, le dé-
clara dissous après l'avoir expulsé par la force
du lieu de ses séances , et il se ht déclarer
lord-protecteur de la république. Dès lors il
gouverna avec une autorité plus despotique
que ne l'avait jamais été celle des rois ; mais
il montra, dans cette, haute position, tous les
talents de l'homme d'Etat et de l'administra-
teur. L'Angleterre ne fut jamais plus' puissante
ni plus respectée que pendant les neuf années
protectorat, qui ne finit que par sa mort,
en 1658.
Richard, fils aîné de Cromwell, lui succéda
en qualité de protecteur, mais il ne conserva'
l'autorité que quelques mois, et sur la demande
du Parlement, qui avait été convoqué de nou-
veau, il abdiqua pour rentrer dans la vie'pri-
vée. Quelque temps après, l'armée, constitua
une espèce de gouvernement militaire, où
Monk remplit les. fonctions de major-général.
Celui-ci, qui n'avait jamais approuvé le zèle
fanatique des puritains , et qui , d'ailleurs ,
obéissait peut-être en secret à des vues d'am-
bition personnelle, prêta l'oreille aux propo-'
sitions que lui fit faire le prétendant, et il usa
habilement de son pouvoir pour préparer une
restauration qu'appelaient depuis longtemps
les vœux de toutes les classes éclairées.
Charles II fit son entrée solennelle à Londres
le 29 mai 1C60, et il reçut un accueil enthou-
siaste. Monk fut créé duc d'Albemarle et reçut
le cordon de l'ordre de la Jarretière. L'Angle-
terre se trouva d'abord heureuse de vivre
sous un gouvernement'régulier;mais bientôt
Charles II mécontenta ses sujets par ses pro-
digalités, par sa légèreté et surtout par les
tendances catholiques qu'il avait rapportées
de son séjour en France. Des ■ conspirations;
la guerre civile au dedans, et au dehors de
graves échecs subis par la marine anglaise en
lutte avec l'amiral hollandais Ruyter. troublè-
rent la suite d'un règne qui s'était d'abord an-
noncé sous les plusheureux auspices, mais que
deux iléaux terribles avaient d'ailleurs attristé
dès les premières années : une peste qui, à Lon-
dres seulement, fit périr, dit-on, 80,000 person-
nes, et l'incendie de 166G, qui consuma treize
mille maisons. C'est sous CharlesII que furent
créées les dénominations politiques dewhi/js
et de tories; c'est aussi à cette époque que
vécut Newton, ce génie sans rival à qui nous
devons les plus grandes découvertes des temps
modernes en astronomie et en physique. Une
courte maladie emporta Charles en 1G85, et
son- frère Jacques II lui succéda. On savait
. que le nouveau roi n'aimait pas les protestants ;
son. avènement fut regardé comme une cala-
mité'publique. Lé duc de Mpnmouth et le duc
d'Argyle se mirent à la tête d'une conspiration
oui lit couler des flots de sang. Ils périrent
1 un et l'autre sur l'échafaud, et le juge Jeffery
ou JefTrys se signala par l'odieuse férocité avec
laquelle il poursuivit tous ceux qu'on accusait
d'avoir pris part à la révolte. Guillaume, prince
d'Orange , qui avait épousé la fille aînée de
Jacques et qui aspirait à la couronne d'Angle-
I . terre, crut le moment favorable pour mettre à
| exécution ses projets. ambitieux. Après avoir,
réuni une Hotte sur laquelle il embarqua qucl-
! ques milliers de soldats, il n'eut qu'à se pré-
| senter aux Anglais, qui l'accueillirent comme
un libérateur, surtout lorsqu'il eut' signé la
I fameuse déclaration . des droits, qui consa-
I crait les libertés politiques du pays. Jac-
I ques II s'enfuit honteusement en France, où
| Louis XIV le reçut avec honneur. Quelque
] temps après, ce prince lui fournit une flotte
! pour aller se mettre à la tète, des Irlandais;
S car ceux-ci, restés catholiques, n'avaient pas
| voulu reconnaître Guillaume III. Mais la ba-
■ taille de la Boyne, où les troupes de Jacques
1 furent défaites en 1690, ruinèrent complète-
ment ses espérances et l'obligèrent à revenir
habiter le château de Saint- Germain, que
I Louis XIV lui avait donné pour résidence,
; Guillaume ne s'occupa plus qu'à lutter contre
i la France, dont il voulait abaisser la prépon-
! dérance et qui refusait de le reconnaître.
Louis XIV céda enfin, et le traité de Ryswick,
en 1097, consacra l'usurpation de Guillaume,
qui mourut en 1702 des suites d'une chute de
cheval et sans laisser d'enfants.
Anne, seconde fille de Jacques II, fut alors
appelée au trône. Elle fit contre la France une
guerre dans laquelle le duc de Marlborough se
couvrit de gloire en Allemagne, tandis qu'en
Espagne l'Angleterre prenait possession de
Gibraltar, et devenait ainsi maîtresse du dé-
troit qui unit l'océan Atlantique à la Méditer-
ranée. Le traité d'Utrecht (1712) lui assurait
en outre la possession de Minorque , de la ,
Nouvelle-Ecosse et de Terre-Neuve.
George 1er, électeur de Hanovre et fils
d'une petite-fille de Jacques 1er, succéda à la
reine Anne en 1714. Ce fut un prince sage et
habile. Le chevalier de Saint -George, lils
de Jacques II , fit une tentative malheureuse
pour faire valoir les droits dé sa naissance: il
descendit en Ecosse avec des armes et qes
munitions, trouva d'abord quelques partisans,
mais n'ayant pu. obtenir aucun avantage, dé-'
cisif et jie se voyant pas soutenu avec l'ardeur
qu'il espérait rencontrer chez les Ecossais, il
abandonna lui-même son entreprise..
George II succéda à son père en 1727 et
régna jusqu'en 1760. Pendant ces trente-trois
ans , 1 Angleterre prit part à la guerre des
Impériaux contre la France, la, Prusse, la
Saxe, la Hollande et la Sardaigne; cette pre-
mière guerre se termina en 1748 par le traité
d'Aix-la-Chapelle. Le prétendant Charles-
Edouard descendit en Ecosse en 1745, et eut
d'abord quelques succès ; mais vaincu à Cullo-
den, il fut obligé de revenir en France, et ce
fut la derniôretentative des Stuarts; Une se-:
conde guerre entreprise contre la Francefut
surtout remarquable par la bataille de Fonle-
noy, perdue par les Anglais et gagnée par
Maurice de Saxe. De 1757 à 1759, lord Chvo
fonda l'empire britannique dans les Indes, et
l'Amérique septentrionale devint une, immense
colonie anglaise. Parmi les hommes remar-
quables de ce temps, il faut citer le ministre
William Pitt, ou lord Chatam, qui se distingua,
par son éloquence et ses talents politiques, lé
philosophe Hume et les littérateurs Goldsmith,
Pope, Thompson, Swift, etc.
George III, petit-fils de George II, régna
ensuite de 1760 à 1820. Après avoir soutenu
une guerre contre l'Espagne et la France,
l'Angleterre obtint, par le traité de Paris, la
possession du Canada et de plusieurs autres
colonies cédées par la France. Cependant .les
finances étaient épuisées par cette longue suite
de guerres, quelque glorieux qu'en eussent été
les résultats ; l'Angleterre , écrasée par sa
dette publique, voulut contraindre ses immen-
ses colonies d'Amérique d'en supporter en
grande partie le poids. Le mécontentement
fut extrême; les colons se préparèrent à la
résistance et formèrent à cet effet la Lùjue
solennelle. Bientôt le général anglais i Gage
ayant envoyé un détachement pour s'emparer
le détachement fut attaqué, et il aurait été
complètement détruit si lord Percy n'avait
envoyé de nouvelles troupes pour le secourir.
Ce premier succès encouragea les Américains ;
ils levèrent une armée, et George Washington
fut nommé leur général en cher. Franklin vint
en France demander des secours au 'gouver-
nement de Louis XVI. Par ses soins, un traité
d'alliance offensive et défensive fut signé entre •
la France et les Etats-Unis d'Amérique. Rp-
chambàau et La Fayette, à la tête de 6,000
Français, vinrent renforcer l'armée de Wash-
ington, et après une suite de combats, lord
CornwaUis ayant été obligé de capituler dans
Y'ork-Town, l'Angleterre se vit obligée, en
1783, de reconnaître l'indépendance des Etats-
Unis. Pendant que ces ëvénemenis se passaient
°n Amérique, 1 Angleterre se voyait ai""1 >""-
•e acharnée
Saeb lui faisaient ui
vent heureuse.'
Mais la Révolution française de 1789 fut
pour elle une source d'embarras bien plus
grands encore. William Pitt, fils de lord Cha-
tam , grand orateur et homme d'Etat comme
son père, avait hérité de sa haine acharnée
contre la France. Malgré l'opposition' que lui
firent dans la Chambre des communes Fox et
Shéridan, il fit entrer l'Angleterre dans trois
coalitions contre la, nouvelle république, et
dépensa des sommes immenses pour lui susci-
ter des ennemis dans toutes les parties de
l'Europe. Pitt mourut en '.800, avec la douleur
d'avoir vu échouer tous ses efforts, etde laisser
la France agrandie et glorieuse entre les ma'ms
de Napoléon 1er, empereur , qui avait place
trois de ses frères sur les trônes de Naples, de
Westphalie et d'Espagne, et qui en mémo
temps s'était fait reconnaître comme protec-
teur de la confédération du Rhin. Tant de re-
vers n'étaient compensés que par les victoires
navales de l'illustre amiral Nelson, qui main-
tinrent du moins la domination maritime de
l'Angleterre; mais le blocus continental dé-
crété par Napoléon menaçait de rendre illu-
soire cette domination elle-même. Alors le roi
George, dont l'esprit avait toujours été faible,
tomba dans une tristesse profonde , qui se
changea peu à peu en une véritable démence,
et bientôt il fallut appeler le prince de Galles
à la régence. En 1812, Napoléon entreprit la
funeste campagne de Russie. Vaincu par les
éléments, il lit une retraite désastreuse qui se
termina en 1814 par son abdication, et celui qui
366,
AM<*
avait été le maître de l'Europe fat contraint
de se renfermer dans une petite ile, seul débris
qui lui fut laissé de son immense empire. On
sait qu'il n'y resta pas longtemps, et que pen-
dant Cent jours encore il ht trembler l'Europe
coalisée contre lui et toujours soudoyée par
l'or'de l'Angleterre. L'a déroute de Waterloo
mit fin à cette nouvelle épopée," et dans cette
lesley) exerçait le commandement en chef.
Napoléon, alors forcé d'abdiquer une seconde
fois, se confia à. la générosité de ceux qui
l'avaient' toujours combattu, et se rendit à
lord' du navire anglais lé Bellérophon ; mats
au' lieu d'y trouver l'accueil dû au génie et
à une grande infortune, il fut traité en prison-
nier et se vit bientôt relégué sur le rocher de
Sainte-Hélène, où on lui donna pour geôlier
sir Hudson Lowe, dont la morgue hautaine et
lés dédains odieux contribuèrent,' avec les
intempéries du climat, 'à abréger ses jours.
George III mourut en 1820, un an avant Na-
poléon, et son fils George IV échangea le titre
de régent contre celui de roi d'Angleterre.'
'Les faits les plus remarquables de' ce nou-
veau règne sont la part que prit l'Angleterre
à la victoire de Navarin contre les Turcs, l'af-
franchissement de la Grèce, qui fut érigée en
royaume indépendant, les' efforts du grand
agitateur O'Connell pour soustraire l'Irlande
à l'oppression de ses dominateurs protestants,
et ''enfin lebill'de l'émancipation des catholi-
ques, qui ouvrit l'entrée du Parlement aux
, députés catholiques de l'Irlande. •
En'lSÎO, Guillaume IV, duc de Clarence et
//ère de George IV, lui succéda: 'Le bill de la
réforme, après de longs débats parlementaires;
fut adopté en 1832, et l'extinction définitive de
l'esclavage fut proclamée en 1834. ' •
'.'En] 1837, Victoria, fille du duc de Kent,
monta sur le trône, qu'elle occupe encore aù-
.purd'hui'(août 1864); '
depuis la réunionde l'heptarchie en un, seul royaume,
;827 EgbeK'I". ' ' '• • " ' ■ - -'•■'
837 Ethelwolf; ','•-'■ >
853 Ethelbald et Ethelbèrt. . ' ■ '
865 Etlielrefl 1er. "
871 Alfred le Grand. ' '
900' Edouard I«r l'Ancien.
024 Adelstan où Athelstan. ' '
940 Edmond 1er. ■ •
946 Edred.
;e Pacifique
975' Edouard II lé Martyr.
1 978 Ethelrëd II l'Irrésolu. '
1015 Canut le Grand.
1016 Edmond II, Côte de fer.
103G Harald 1er.
1040 Hard-Canut. ' '
1042 Edouard III 1b Confesseur.
1066 Harald II ou Harold.
1066 Guillaume 1er ie Conquérant.
1087 Guillaume II l'e Roux.
1100 Henri 1er Beau-Clerc.
, 1135 Etienne.
1154 Henri II Plantagenet. •
1189, Richard Ier.Cœur de Lion.,
1199 Jean sans Terre.
1216 Henri III.
1272 , Edouard 1er (ou IV).
1307 Edouard II (ou V). '
1327 Edouard III. , ,
,1377 Richard II.
,1399 Henri IV de Lancastre
1413 Henri V..
1422 Henri VI.
• 1461 Edouard IV.
-1483 Edouard V.
1 1483 Richard III.
.1485 Henri VII.de Tudor.
„ 1509 Henri VIII.
1547. Edouard VI. , ( , " .
1553 Marie Tudor. ' .
,1558 Elisabeth. ■
1603 Jacques 1er, de la maison des Stuarts.
,1625 Charles 1er.
'.1649 La République. ' ','
1653 Olivier Cronvweli; protecteur.'
1C60 Charles II. . . !
1685 Jacques II.
1089 Guillaume III, prince .d'Orange.
1714 George 1er. dé Hanovre,
1727,'George IL , '.''..
1760 George III. .
1820 George IV.
1S30 Guillaume IV.
1837 'Victoria. , ' '
« La
constitution anglaise, dit lord Brougham, est
mixte et non pas pure dans sa forme; c'est
une monarchie mixte, née de ce principe qu'au-
cune-des' formes pures de gouvernement,
monarchie, aristocratie ou démocratie, ne suffit
à la sécurité des droits d'un peuple et à -la
bonne administration de ses affaires. ■ La con-
stitution anglaise reconnaît et établit nettement
les deux principes fondamentaux de tout gou-
vernement mixte : ]o délégation du pouvoir
suprême à plusieurs corps différents entière-
ment séparés et indépendants ; 2° nécessité du
consentement de chacun de ces corps pour la
validité de tout acte législatif. Sa grande
force, et en même temps son imperfection
logique, vient de ce qu'elle est le produit de
ANG
ia vie, du développement historique de la na-
tion anglaise, et non une création du rationa-
lisme politique, un contrat- savamment rédigé
d'après nos idées françaises: « C'est, dit très-
bien' M. le duc d'Ayen, un ensemble un peu
obscur de lois nouvelles ; ou anciennes non
abrogées et parfois contradictoires, un assem-
blage de traditions d'esprit public, d'usages et
de formes neuves ou surannées, reliés par un_
amour du progrès égal au respect du passé,'
et qu'il faut étudier dans lès faits comme dans
les luttes de chaque jour 'depuis les temps les
L'histoire ' de la constitution anglaise re-
monte à la Grande Charte que les barons
anglais forcèrent le roi Jean sans Terre à
signer, le 19 juin 1215, à Runnigmead, près de
Windsor. Voici les principaux articles de-cet
acte fameux : ■
« 2. Nous avons accordé à tous nos hommes
libres du royaume d'Angleterre, pour nous et
pour nos héritiers à jamais, toutes les libertés
spécifiées ci-dessous, pour être possédées par
eux et par leurs héritiers comme les tenant de
nous et de nos héritiers.
» 14. Pour tenir le commun conseil du
royaume à. l'effet d'asseoir des aides, nous
ferons convoquer lés archevêques,, évoques,
abbés, comtes et grands barons, individuelle-
ment et par lettres de nous, et nous ferons
convoquer en masse par nos vicomtes et baillis
tous ceux qui tiennent de nous directement. .
» 15. 11 en sera de même à l'égard des sub-
sides que nous lèverons sur la ville de Londres,
et' la ville de Londres jouira de ses anciennes
libertés et libres coutumes.
» 22. La cour des plaids communs ne suivra
plus notre personne, mais elle demeurera fixe
en un lieu certain.....
» 25. Un tenancier libre ne pourra pas être
mis, a l'amende pour de'petites fautes, si ce
n'est proportionnellement aii délit, ni pour de
grandes fautes, si ce n'est suivant la gran-
deur du délit, sauf ses moyens indispensables
de subsistance ; il en sera usé de même h l'é-
gard des marchands, auxquels on ne'pourra
enlever ce qui leur est nécessaire pour entre-
tenir leur commercé.
» 20. Semblablement les vilains, tant de nos
domaines que des domaines d'autrui, ne pour-
ront 'être mis à l'amende, s'ils tombent sous
notre merci, que sauf les moyens de gagnag'e.
Aucune des susdites amendes ne sera imposée
que sur le serment de douze hommes du voi-
sinage, loyaux et de bonne réputation.
» 38. Aucun bailli, comte ou autre, notre
officier , ne prendra par force ni chevaux ,
ni chariots pour porter notre bagage , qu'en
payant le prix stipulé par les anciens règle-
ments, savoir : dix deniers par jour pour un
chariot à deux chevaux, et quatorze deniers
pour un chariot à trois chevaux.....
». 43. Il y aura une seule et même mesure par
tout le royaume pour le vin et pour la bière,
ainsi que pour, le grain, et cette mesure sera
conforme à celle dont on se sert à Londres. Il
pour le poids de même que pour les
. Aucun homme libre r
ibrement, ou de ses libertés . . . _ .
coutumes, ni ne sera mis hors la loi, ni exilé,
ni privé de quelque chose en aucune façon, ni
nous ne marcherons contre lui, ni ne l'enver-
rons en prison, que par le légal jugement de
ses pairs ou par la loi du pays.
» 49. A nul ne refuserons, à nul ne vendrons,
à nul ne différerons de rendre le droit et la
» 52. Il sera permis à l'avenir à toutes per-
sonnes de sortir du royaume, et d'y revenir
en toute sûreté et liberté, par terre. et par
eau, sauf le droit de fidélité qui nous est du. »
En 125S, la Grande Charte fut confirmée
par lés Provisions d'Oxford, rédigées par vingt-
quatre barons, dans la première assemblée qui
ait été réunie à Londres sous le nom de Par-
lement. Cet acte dispose, entre autres choses.:
1" Que les barons nommeront eux-mêmes
annuellement les ^uges, le chancelier, le tré-
sorier et autres officiers du roi ;
2» Qu'ils auront. la garde des châteaux
royaux ; . .
3° Que trois parlements seront convoqués
chaque année , aux mois de février, de juin
et d octobre ;
40 Qu'il sera nommé une commission per-
manente de douze barons chargés de se rendre
à ces parlements, et de traiter avec le conseil
royal de toutes les affaires;
5° Qu'on désignera quatre chevaliers par
comté, chargés de recueillir les plaintes contre
les shériffs ou autres officiers du roi, et d'en
rendre compte au prochain parlement;
6« Que les shériffs à l'avenir seront nommés
par les cours de comté.
En 1264, fut convoqué le premier parlement
véritablement complet, c'est-à-dire composé
non-seulement des nobles, des pairs, mais des
députés des comtés et des bourgs. « C'est à
cette époque, dit l'historien Macaulay, que le
grand peuple anglais se forma, que le carac-
tère anglais commença à montrer ces singu-
larités qu'il a conservées depuis; c'est alors
que nos pères devinrent des insulaires dans
toute l'acception du mot, non plus seulement
dans leur position géographique, mais par leur
politique, leurs sentiments, leurs
ANG
C'est alors qu'apparut distinctement, pour la
première fois, cette constitution qui, à travers
tous ses changements, a conserv.é son identité,
et qui, en dépit de quelques défauts, mérite
d'être regardée comme la meilleure sous la-
quelle ait vécu, depuis des siècles, une grande
société. C'est alors que la Chambre des com-
munes, ce type de toutes les assemblées repré-
sentatives des deux mondes, tint sa première
session. »
Sous Edouard III, apparaît la première sé-
paration des deux chambres du Parlement,
qui jusque-là avaient siégé ensemble. Sous'
Richard II, on reconnaît aux communes le
droit de spécifier l'emploi des subsides, et'sous
son successeur, Henri IV, l'acte de 1406 oblige
le roi à ne gouverner qu'avec l'avis d'un con-
seil permanent, dont les membres doivent
venir en personne jurer au Parlement d'ob-
server fidèlement tous les statuts. Pendant la
fuerre des Deux-Roses, et sous la tyrannique
omination des Tudors, le Parlement se con-
tente d'exister ; aucun bruit ne trahit sa pré-
sence. Sous les Stuarts, il se réveille, sort
d'un long asservissement, résiste à l'autorité
royale et finit par la briser après une lutte
terrible. Supprimé par Cromwell, en 1653, il
est rétabli et respecté sous Charles IL Avec
Jacques II , nouvelle lutte entre le pouvoir
royal et. l'autorité parlementaire ; le pouvoir
royal succombe en 1688. Le 25 décembre 1638,
le Parlement offre la couronne à Guillaume
d'Orange, et le 24 février 1689, le Bill des
droits consacre d'une façon définitive les bases
fondamentales de la constitution actuelle de
l'Angleterre. Les principes de ce bill sont
Le prétendu pouvoir de l'autorité royale, de
suspendre les lois et l'exécution des lois sans
le consentement du Parlement, est illégal. De
même en est-il de la prétention de dispenser
des lois ou de l'exécution des lois.
Toute levée d'impôt pour et à l'usage de la
couronne sous ombre de prérogative, sans le
consentement du Parlement, ou pour, un temps
plus long et d'une manière autre qu'il aurait
été arrêté par le Parlement, serait illégale.
C'est un droit des sujets de présenter des
pétitions au roi, et tous les emprisonnements
et poursuites de pétitionnaires sont illégaux.
La levée et l'entretien d'une armée dans le
royaume en temps de paix, si ce n'est du con-
sentement du Parlement, seraient contraires
à la loi.
Les élections des membres du Parlement
doivent être libres.
La liberté de parler des débats, ou actes
dans le sein du Parlement, ne peut Être répri-
lieu hors du Parlement.
On,ne peut exiger une caution, ni imposer
une amende excessives, ni infliger de peines
cruelles et inusitées.
La liste des jurés choisis doit être dressée
en bonne et due forme et notifiée; les jurés
qui prononcent sur le sort des personnes dans
les questions de haute trahison, doivent être
francs-tenanciers.
Enfin, pour remédier à tous les griefs, et
pour l'amendement, l'affermissement et la con-
servation des lois, il sera tenu fréquemment
des parlements.
Le Bill des droits, qui règle la succession à
la couronne, ajoute l'importante clause que
'« toutes personnes unies a l'Eglise de Rome,
ou qui se marieraient à un papiste, seraient
exclues, et à jamais incapables de posséder la
couronne, d'en hériter ou d'en jouir, ainsi que
du gouvernement du royaume, et qu'en tel
cas le peuple de ces royaumes serait délié de
sa fidélité, et la couronne réversible au plus
proche héritier. » Peu après fut voté le pre-
mier bill de Mutiny, qui, aujourd'hui encore,
doit être approuvé chaque année par les
chambres pour autoriser le gouvernement a
tenir des troupes sous les armes.
Sous le règne de la reine Anne,
bill fut voté par le Parlement en t
nement de la maison de Hanovre,
de cet acte sont les suivants :
n Quiconque parviendra à l'ave
der la couronne s'unira a la „.
l'Eglise anglicane, comme elle est établie par
" ' ' ~ ' cas où la couronne et la dignité
ce royaume viendraient à quel-
serait pas né en Angleterre, la
rait obligée de s'engager dans
guerre pour la défense d aucun do-
" territoire qui n'appartiendrait pas à
me d'Angleterre, sans le consente-
ment du Parlement.
« Nulle personne qui arrivera désormais à
la possession de cette couronne ne sortira des
domaines d'Angleterre, d'Ecosse ou d'Irlande,
sans le consentement du Parlement.
» Toutes les affaires et choses relatives au
bon gouvernement du royaume, et dont le
conseil privé doit connaître d'après les lois et
coutumes du royaume, seront traitées dans
ledit conseil, et toutes les résolutions qui y
seront prises- seront signées par telles per-
sonnes du conseil privé qui auront délibéré et
donné leur consentement.
de parents anglais), ne pourra être du conseil
la loi. Dans le
impériale de
nation r
ANG
bre, ni jouir d'aucun emploi
fiance civile ou militaire, ni . . _ . .
don de terres, possessions ou héritages de la
couronne, soit par elle-même, soit par fidéi-
commissaires.
» Nul ne pourra se prévaloir d'un acte de
grâce scellé du grand sceau, pour repousser
une accusation portée par les communes en
Parlement. »
2o Pouvoir exécutif. Le pouvoir exécutif
appartient au souverain, qui 1 exerce par l'in-
termédiaire dé ses ministres. Le trône de la
Grande-Bretagne est héréditaire par ordre de
primogéniture, les hommes étant préférés aux
femmes, mais seulement au même degré de
parenté. Le souverain d'Angleterre est qua-
lifié : roi, par la grâce de Dieu, du royaume-
uni de la Grande-Bretagne et de l'Irlande,
défenseur de la foi. Il doit nécessairement
appartenir à la religion anglicane. Chef de
l'Eglise, il choisit les archevêques et les évê-'
ques et convoque les synodes. Chef de l'Etat,
il nomme à. tous les grades dans l'armée et
dans la marine, donne tous les titres de no-
blesse, les décorations et autres récompenses
civiles ou militaires , et autorise l'acceptation
des distinctions accordées par les souverains
étrangers ; il envoie des ambassadeurs et re-
çoit ceux des puissances étrangères; il fait
des proclamations, déclare la guerre, conclut
les traités, frappe monnaie , donne des sauf-
conduits, confère le titre de citoyen anglais,
possède le droit de faire grâce, etc.
L'exercice de tous ces pouvoirs, qui, en droit,
appartiennent à la royauté, est, en réalité, re-
mis presque entièrement aux ministres, ceux-ci
étant seuls responsables devant le Parlement.
En vertu de ce principe de la responsabilité
ministérielle, le roi est tenu de n'agir jamais
sans le conseil des ministres, lesquels, de leur,
côté, ne peuvent demeurer au pouvoir qu'à \»
condition d'être soutenus par la majorité dans
les Chambres, en sorte que la couronne se
trouve, en fait, obligée de suivre la volonté du
Parlement.
Les membres du cabinet, ou ministres, sont
nommés par le roi; ils doivent siéger dans
l'une des deux Chambres du Parlement. En .
fait, le chef du parti qui a la majorité (whiy
ou tory) est chargé de former le ministère et
prend le titre de premier ou premier ministre.
droite du speaker (président); les députés
du parti opposé sont a gauche. Lorsque le
ministère échoue devant le Parlement sur une
question politique, ou lorsqu'une des Chambres
émet contre lui un vote de manque de con-
fiance , le premier ministre se retire , et sa
démission entraîne celle de ses collègues.
Le cabinet se compose toujours des membres
suivants : le premier lord de la trésorerie, qui
est en général premier ministre, le lord prési-
dent du conseil privé, le lord haut chancelier,
le chancelier de l'échiquier, les cinq secré-
taires d'Etat de l'intérieur, des affaires étran-
gères, des colonies, de la guerre, et de l'Inde.
On adjoint à ces neuf membres un certain
nombre de hauts fonctionnaires choisis parmi
les grands officiers do l'Etat. Les traitements
alloués aux membres du cabinet sont fort iné-
gaux ; ils varient entre 50,000,fr. et 250,000 fr.
Le cabinet administre, sous les ordres du sou-
verain , les affaires extérieures du pays et
dirige les relations avec les puissances étran-
gères, tout en restant soumis à la haute di-
rection du Parlement, devant lequel il est
responsable.
3» Pouvoir législatif1. Le pouvoir légis-
latif est exercé en Angleterre par le souverain
et le Parlement. Le Parlement se compose de
la Chambre des lords et de la Chambre des
communes. Il se réunit chaque année àl'époque
fixée par la couronne. Les membres du Pur-
des discours prononcés dans l'une des deux
Chambres. Limprimeur qui reproduit les
séances ne peut non plus être recherché pour
ce fait. Tout citoyen a le droit d'adresser au
Parlement une pétition sur un sujet quel-
conque. La session finit lorsque la couronne
proroge le Parlement. La Chambre des com-
munes peut être dissoute à une époque quel-
conque par le souverain. Cette dissolution
s'opère de plein droit à l'expiration de la pé-
riode de sept ans pour laquelle les membres
ont été nommés, ou six mois après la mort du
souverain. Endroit, les séances du Parlement
ne sont pas publiques ; mais en fait, il suffit
d'être muni d'un billet pour être admis à y
assister, et les journaux en publient régulière-
mont le compte rendu.
Deux éléments concourent a la formation
ques de Cantorbéry et d'York, et vingt-quatre
évoques d'Angleterre, un des deux archevê-
ques et trois évêques d'Irlande. Les lords tem-
porels sont les princes de la famille royale
appelés à la pairie, tous les pairs d'Angleterre
(créés avant l'union avec l'Ecosse), de la
Grande-Bretagne (créés après l'union de l'An-
gleterre et de l'Ecosse) et du Royaume-Uni
(créés postérieurement a l'union de l'Irlande),
ainsi qu'un certain nombre de lords d'Ecosse
et d'Irlande. L'Ecosse est représentée par
seize lords élus pour chaque session par la
pairie écossaise, et l'Irlande par vingt-huit
ANG
lords nommés h vie par les lords d'Irlande.
Ces lords sont nommés pairs représentants
Le titre de lord peut s'acquérir par naissance
ou par nomination; il appartient de droit au
fils aîné de celui qui en est investi, après la
mort de ce dernier; les pairies viagères, jadis
conférées par le souverain, n'existent plus
aujourd'hui. Le souverain peut toujours créer
des pairs du Royaume-Uni en aussi grand
nombre qu'il le désire ; mais il ne peut pas
nommer de lords écossais , et il ne peut insti-
tuer qu'une pairie irlandaise sur trois va-
cances. Les pairs ne peuvent siéger à la
Chambre des lords avant d'avoir atteint l'âge
de vingt et un ans. Ils ont le privilège de
n'être jugés que par la Chambre des lords
pour tous les cas de trahison ou de félonie.
Devant la justice, les lords déposent, non sur
leur serment , mais sur leur honneur. Ils ne
peuvent perdre leur titre qu'en vertu d'un acte
du Parlement qui prononce la dégradation.
Les pairs peuvent voter, soit par eux-mêmes,
soit par procuration, au moyen d'un bulletin
signé d'eux qui est déposé par un autre pair,
et ils ont le privilège, lorsqu'ils le désirent,
d'inscrire au journal de la Chambre leurs pro-
testations contre les votes. Les lords ne peu-
vent être arrêtés pour dettes. Le jugement
des personnes mises en accusation par la
Chambre des communes appartient a la Cham-
bre des lords. Enfin, la Chambre des lords est
la cour suprême de justice.
La Chambre des communes, ou Chambre
basse, se compose de la réunion des personnes
. choisies par la nation pour faire partie du
Parlement. Le système représentatif actuel a
été établi par le bill de réforme de 1832. Avant
cette époque, beaucoup de grands comtés, tels
que ceux de Chestcr, Lancastre, Surrey et
Cornwall , qui nomment aujourd'hui quatre
membres, n'en envoyaient que deux au Par-
lement ; quelques villes d'une importance
commerciale considérable, comme Manchester,
Birmingham , n'avaient pas de députés dans
la Chambre des communes. D'autre part,
nombre de petites localités sans importance,
possédant a peine vingt électeurs ou moins
encore, et placées sous la main de quelque
personne noble ou riche, envoyaient un ou
deux membres au Parlement. On les appelait
bourgs pourris, et ceux qui les possédaient ou
les entretenaient étaient nommés marchands
de bourgs. Le marchand de bourg faisait
nommer qui bon lui semblait. Le reform-bill a
fait cesser en grande partie cet état de choses.
Les députés sont nommés par les comtés ,
les cités, les bourgs et les universités. Les
députés des comtés , appelés chevaliers de
comtés, représentent plus particulièrement la
propriété foncière; ceux des cités, des bourgs
et des universités, appelés citoyens ou bour-
geois, sont les représentants du commerce et
de l'industrie. Dans les comtés, le droit de
voter appartient aux francs-tenanciers possé-
dant un revenu de 50 fr., aux copyholders dont
le revenu atteint 250 fr., aux locataires ou
fermiers ayant un bail de soixante ans, pour
une propriété d'un rapport de 250 fr., ou do
1,250 fr., si la durée du bail est moindre de
soixante ans. Dans les cités et bourgs, le droit
d'élection est attaché à un revenu de 250 fr.
et à certains privilèges, tels que la franchise
ou la bourgeoisie. Le titre de maître ès-arts
confère le vote dans les universités. Le
scrutin n'est pas secret. Ne peuvent voter :
les pairs du royaume, les étrangers,' les mi-
neurs, ceux qui ont été convaincus de parjure
devant la justice, ceux qui ont reçu pendant
l'année des secours de la paroisse , ceux qui
sont chargés de percevoir, lever, ou conserver
les droits de douane ou d'accise, ou les impôts
communaux, les employés des commissaires
du timbre ou autres commissaires du fisc, les
employés des postes, les constatées, enfin ceux
oui ont été convaincus de manœuvres illicites
dans les élections. Ne peuvent être nommés :
les étrangers, les juges des cours supérieures,
des cours de comté et des cours de police, les
avocats de révision, les citoyens âgés de moins
de vingt et un ans, les membres du clergé
d'Angleterre , d'Ecosse ou du clergé catho-
lique, les citoyens proscrits par les cours cri-
minelles , ou convaincus de trahison ou de
félonie, les fonctionnaires des comtés , cités
ou bourgs , pour le pays où ils remplissent
leurs fonctions , les personnes employées à la
perception des taxes créées depuis lfi92, ou
occupant des emplois rétribués par la cou-
ronne et créés depuis 1718, les pensionnaires
de l'Etat, et enfin les agents de l'armée , les
fournisseurs du gouvernement et les officiers
des shérifFs. La Chambre des communes est
présidée par le speaker, lequel est nommé -par
la Chambre, au commencement de chaque
législature.
Tous les bills (projets de loi) peuvent être
présentés indifféremment à 1 une des deux
Chambres , mais c'est presque toujours devant
les communes qu'ils viennent en premier lieu.
Chacune des Chambres peut adopter, rejeter,
modifier les bills qui lui sont présentés ; il n'y
a d'exception que pour les bills qui touchent
aux privilèges de la noblesse, et pour les bills
de subsides, tels que le budget de chaque
année; les premiers sont d'abord portés à la
Chambre des lords, et l'usage veut que les
communes ne leur fassent subir aucune modi-
fication ; les seconds sont d'abord votés par
les communes et peuvent ensuite être rejetés,
mais non modifiés par les lords. Dans la
Chambre des lords, les pairs ont toujours le
ANG
droit de présenter un bill ; mais les membres
de la Chambre des communes doivent y être
Eréalablement autorisés par la Chambre. Les
ills qui touchent à un grand intérêt public
sont généralement portés au nom du gouver-
nement. Dans la Chambre des lords, les pairs
votent par les mots : content et non-content, et
beaucoup d'entre eux, comme nous l'avons
déjà dit, votent par procuration. A la Chambre
des communes, les membres doivent être pré-
sents et exprimer leur vote par les mots : aye
(oui), ou no (non). Après avoir été adopté dans
les deux Chambres, le bill est soumis à la sanc-
tion royale. Cette sanction est donnée par le
souverain personnellement, ou par des lords
commissaires qu'il délègue à cet effet. Le fait
seul de l'assentiment royal change le bill en loi
exécutoire, sans qu'aucune promulgation soit
nécessaire.
40 Libertés publiques. Trois grandes liber-
tés assurent à tous les citoyens une partici-
pation réelle au contrôle des actes du gouver-
nement et a la direction des affaires publiques :
droit de pétition au Parlement, liberté des
réunions publiques, liberté de la presse. Ces
trois libertés sont, on peut le dire, illimitées.
«Le droit de s'assembler en meeting ne reçoit
de restriction, dit lord Brougham, que si les
citoyens qui en usent prétendent en faire un
moyen d'intimider les autorités constituées,
de terrifier les hommes paisibles, et de pré-
parer des forces pour la rébellion. » Lorsque
la réunion menace la tranquillité publique, le
magistrat a le droit de faire usage du Riot act,
en lisant la proclamation suivante : « Notre
seigneur et souverain le roi charge et com-
mande a toutes les personnes assemblées, de
se disperser immédiatement, et de rentrer pai-
siblement dans leurs habitations ou à leurs
occupations légales, sous les peines autorisées
par 1 acte fait dans la première année du roi
George, pour prévenir les désordres et les
assemblées tumultueuses. Dieu sauve le roi ! »
Lorsque, dans le délai d'une heure, le rassem-
blement n'est pas dispersé, on peut user de
la force et arrêter les rebelles. Nous devons
dire qu'on a très - rarement recours à ces
moyens.
La droit d'imprimer et de publier ses opi-
nions n'éprouve pas plus d'entraves que le
droit de réunion. Aucune autorisation préa-
lable n'est nécessaire pour éditer un livre ou
créer un journal. « La seule garantie qu'on
exige de ceux qui exercent ce droit, dit lord
Brougham, est qu'ils fournissent le moyen de
constater leur identité dans le cas où ils feraient
de la presse un instrument pour satisfaire des
haines personnelles et privées, ou pour exciter
à l'insurrection et à d'autres crimes. » Le noble'
écrivain que nous citons signale à cet égard
une lacune dans la loi anglaise ; il regrette
qu'elle no fasse aucune distinction entre l'au-
teur et l'éditeur, de manière à décourager les
publications anonymes.
5" Organisation judiciaire. Nous signa-
lerons tout d'abord, dans l'organisation de la
justice en Angleterre, deux traits qui la dis-
tinguent profondément de ce qui existe en
France. Les Anglais ne connaissent ni la jus-
tice administrative, ni la garantie des fonc-
tionnaires. « Toutes les affaires, dit M. Pran-
queville, auquel nous empruntons en grande
partie les détails qui précèdent et qui suivent
sur les institutions de l'Angleterre, quelle que
soit d'ailleurs leur nature, sont soumises à la
justice et au jury. La validité des élections
municipales, et en général toutes les questions
réservées en France au conseil de préfecture,
sont du ressort des cours supérieures du banc
de la reine, des plaids communs et de l'échi-
quier. D'un autre côté, tous les fonctionnaires,
quel que soit leur titre, et quelle que soit leur
position , sont responsables de leurs actes et
peuvent toujours être poursuivis devant les
tribunaux ordinaires sans aucune autorisation
préalable, par toute partie qui se prétend
lésée , alors même que les actes incriminés
auraient été commis dans l'exercice de fonc-
tions publiques. •
Disons maintenant quelques mots des diffé-
rents corps qui concourent soit directement,
soit indirectement, à l' administration de la
justice anglaise: magistrature, jury, juriscon-
sultes de la couronne, shériffs, coroners, avo-
cats, avoués.
A la tête de la magistrature se trouvent le
lord haut chancelier, président de la chainbre
des lords, membre du cabinet, le vice-chan-
celier et les lords juges des cours supérieures.
Au-dessous des lords juges sont les juges des
cours de comté et des cours de police. A côté
du corps judiciaire rétribué, se trouvent les
juges de paix ou magistrats , choisis , en
nombre illimité, parmi les propriétaires fon-
ciers résidant sur leurs terres. Les magistrats
de chaque comté forment un ou plusieurs col-
lèges ; ils composent des cours trimestrielles
et de petites sessions, et réunissent entre leurs
mains, d'une façon presque complète, tous les
pouvoirs locaux en ce qui concerne la justice
aussi bien que l'administration. Leurs fonc-
tions sont entièrement gratuites.
Le jury joue un rôle considérable dans la
justice civile aussi bien que dans la justice
criminelle. Avoir plus de. vingt et un ans et
moins de soixante ans, posséder un revenu
foncier de 250 fr., ou payer un loyer de 500 fr. ,
ou enfin être imposé a la taxe des pauvres, à
raison d'une rente de 750 fr., telles sont les
ANG
conditions requises, en général, pour être juré.
Les jurés ne reçoivent aucune indemnité.
Le ministère public n'existe pas en Angle-
terre : les actions criminelles sont intentées
pur les parties lésées, ou, dans les cas graves,
par la couronne. Les ofliciers légaux ou con-
seillers de la couronne sont Vaitorney général,
le soliciter général, et l'avocat de la reine.
Les conseillers ou jurisconsultes de la cou-
ronne donnent leur avis sur toutes les ques-
tions légales qui leur sont soumises, particu-
lièrement en ce qui concerne les points de
droit international. L'attomey général est
spécialement chargé de poursuivre les crimi-
nels dans les affaires les plus importantes.
Le shériff est chargé de veiller à l'exécution
des décisions de la justice. Au-dessous de lui
se trouve le coroner, dont les principales fonc-
tions consistent à s'enquérir de tous les cas de
morts accidentelles ou violentes.
Chacun peut plaider personnellement ses
affaires ; mais le ministère des avocats est
presque toujours employé. Le privilège de
conférer le titre d'.avocat appartient à quatre
anciennes corporations appelées inns of court :
ce sont des associations libres régies par d'an-
ciennes coutumes. Les avoués sont partagés
en deux classes, les attorneys et les solicitors ;
ils sont chargés de suivre les affaires et d'en
préparer la procédure.
— Justice criminelle. M. Franqueville ré-
duit à deux degrés les cours oui composent le
système de la justice criminelle. Les cours qui
jugent, sans l'assistance du jury, forment le
premier degré ; ce sont les magistrats ou juges
de paix jugeant seuls, les cours de petites ses-
sions, et les cours de police; ces cours ne
jugent que les causes dites sommaires, telles
?ue contraventions aux lois sur la pêche, les
abriques, la chasse, la salubrité, les apprentis,
le vagabondage, les routes, les chemins de fer,
les poids et mesures, etc., attaques et voies
de fait, ivrognerie, bris de clôtures, etc. Le
second degré est constitué par les cours qui
jugent, avec l'assistance du petit jury, les indi-
vidus mis en accusation par le grand jury : ce
sont, pour les faite les moins graves, les cours
de sessions trimestrielles ; pour les autres, les
cours d'assises; dans les comtés et à Londres,
la cour centrale criminelle. Ces cours jugent
les causes dites indiclables, telles que crimes
contre les personnes, crimes contre les pro-
priétés, faux, etc.
La poursuite des actes criminels peut être
exercée par les particuliers, par les constables
ou par la couronne. Lorsqu un crime ou un
délit a été commis, toute personne privée,
alors même qu'elle n'est pas lésée, peut- en
poursuivre l'auteur, en obtenant du magistrat
un mandat de comparution, et si l'accusé n'y
obéit pas, un mandat d'amener. Les constables
ont également le droit d'arrêter et de conduire
en prison les gens errants et vagabonds qui
troublent la paix publique, ceux qui leur sont
signalés comme s étant rendus coupables d'une
agression, d'un vol, ou dû tout autre délit, etc.
Enfin la couronne peut poursuivre aussi bien
que les particuliers; elle use de ce droit dans
les cas graves, et pour les crimes affectant la
sûreté de l'Etat. Ces poursuites sont exercées,
nous l'avons déjà dit, par l'attorney général.
Toutes les fois qu'il y a eu mort d'homme,
le coroner commence aussitôt une enquête. A
cet effet, il réunit un jury chargé d'examiner
le cadavre, et de statuer sur la cause du décès.
Tous les accusés sur lesquels pèse une incul-
pation d'homicide sont renvoyés directement
par le coroner devant les cours d'assises.
Dans tous les autres cas, les individus arrê-
tés sont traduits soit devant un magistrat ou
juge de paix, soit devant la cour de petites
sessions ou la cour de police. Toute cour de
justice sommaire doit accorder la liberté sous
caution à l'accusé qui la réclame. La caution
imposée doit être suffisante pour assurer la
comparution des prévenus ; mais elle ne peut
être excessive, de façon à rendre illusoire le
droit de l'accusé. Lorsque la cour estime que
les charges produites contre l'accusé ne sont
pas suffisantes, elle ordonne la mise en liberté
immédiate. Si le délit ne peut être matérielle-
ment prouvé, et que la cour considère néan-
moins comme vraisemblable la culpabilité du
prévenu, elle prononce son acquittement en
le forçant a fournir une caution de bonne con-
duite pour l'avenir. Cette caution consiste
dans rengagement que prend une personne
connue de cautionner le prisonnier pour une
somme fixée, laquelle n'a d'ailleurs pas besoin
d'être déposée. Si la caution ne peut être
trouvée, la cour a le droit de faire emprison-
ner le prévenu pour un délai qui n'excède
pas un an. Si la cour estime laccusé cou-
pable, elle prononce elle-même sur la cause,
lorsque celfe-ci appartient à la catégorie des
causes sommaires. S'il s'agit d'une cause indic-
table, elle recueille les charges, entend les
témoins sous serment, et renvoie l'accusé de-
vant les cours 'de sessions trimestrielles ou
devant les assises. L'instruction est toujours
publique, et le prévenu peut dès le commen-
cement être assisté de ses avocats ; non-seu-
lement il ne peut être mis au secret ni inter-
rogé en dehors des audiences, mais encore, à
ces audiences, le juge l'avertit de prendre
garde de ne point s'accuser !ui-m"ine, et lors-
qu'il l'interroge, il commence par lui adresser
ces paroles : « Avez-vnus quelque chose à
dire Y vous n'y êtes pas forcé, faites-le si vous
le voulez ; seulement, ce que vous allez dire va
ANG
367
être écrit et pourra servir contre vous. » Dans
les cas (prévus par la loi) où l'accusé no
peut réclamer la liberté sous caution, il est
placé dans une maison de détention préventive,
où il a le droit de garder ses habits, de se pro-
curer la nourriture qu'il désire, de recevoir
tous les jours ses parents et ses amis, de voir
son avocat sans aucun témoin, aussi souvent
qu'il le veut. Dans sa prison, aussi bien qu'à
1 audience, il n'est jamais appelé d'un autre
nom que le prisonnier.
Au jour fixé pour le jugement, le shériiî
convoque le grand et le petit jury. L'acte
d'accusation, qui a été dressé par le greffier
de la cour, est lu au grand jury ou jury d'ac-
cusation, composé généralement de vingt-trois
membres. Les jurés examinent seulement s'il
y a des charges suffisantes contre le prison-,
nier pour justifier sa mise en jugement. Si la
majorité vote pour l'affirmative, le chef du
jury écrit : acte vrai (truc bill) sur l'acte d'ac-
cusation. Les prisonniers contre lesquels les
charges ont été déclarées suffisantes sont
appelés ; l'acte d'accusation qui .les concerne
leur est lu par l'oflicier de la cour, qui leur
demande s'ils veulent plaider guilty ou not
guilty (coupable ou non coupable). Lorsqu'un
accusé plaide coupable, le juge l'avertit immé-
diatement , avec bienveillance , des consé-
quences de son aveu , et l'engage même à se
rétracter; s'il persiste, il est jugé immédiate-
ment par la cour sans l'assistance du jury et
sans plaidoirie. Les accusés qui plaident non
coupable sont renvoyés devant le petit jury.
Les membres du petit jury sont au nombre de
douze. Lorsqu'ils ont prêté serment entre les
mains de la cour, les débats commencent.
L'avocat de l'accusation parle le premier,
en exposant les charges et en faisant entendro:
les témoins. Ceux-ci prêtent tous serment au
commencement de l'audience, et ils restent
dans la salle même du jugement, de telle sorte
que chacun peut entendre les dépositions de
ceux qui le précèdent. L'accusé et son avocat
peuvent ensuite contredire l'accusation , et
interroger directement les témoins, en leur
posant toutes les questions qu'ils désirent sans
être obligés de les faire passer par l'intermé-
diaire du président. Le président ne peut faire
connaître les antécédents de l'accusé. Si ce
dernier est en état de récidive, le iiige ne peut
donner connaissance de ce fait qu après la lec-
ture du verdict rendu par le jury. Les témoins
ne peuvent être entendus qu'à l'audience, et
le juge ne peut lire aucune déposition écrite.
Après l'audition des témoins à charge, l'ac-
cusé fait entendre les témoins à décharge et
présente sa défense. L'accusateur réplique
et interroge ces nouveaux témoins. La dé-
fense parle en dernier lieu, à moins que la
poursuite ne soit exercée par la couronne. Les
débats finis, le président pose la question au
jury. Pendant tout le temps de leurs délibéra-
tions, les jurés ne peuvent avoir ni rafraîchis-
sements, ni feu. ni lumière, à moins d'une auto-
risation spéciale du juge. Le jury ne peut
.rendre un verdict qu'à 1 unanimité.
— Justice cimle. Le système de la justice
civile anglaise est très-compliqué ; aussi n'a-
vons-nous pas l'intention de le faire connaître
ici dans tous ses détails. On distingue d'abord
les tribunaux de toi commune et les tribunaux
A'équité. Les tribunaux de loi commune ont
une autorité moins grande que les tribunaux
d'équité, ■ Ainsi, dit M. Franqueville, dans le
cas d'un procès pour tort causé, les cours de
loi commune peuvent seulement accorder an
plaignant des dommages-intérêts; les cours
d'équité, au contraire, peuvent ordonner les
mesures nécessaires pour faire cesser le tort
à l'avenir... En un mot, les cours d'équité peu-
vent souvent prévenir, tandis que les cours do
loi commune -ne peuvent que réparer. Les
cours de loi commune consacrent en quelque
sorte les droits légaux;\es cours d'équité, les
droits équitables. » Les cours qui composent
la juridiction d'équité sont les cours de chan-
cellerie et la chambre des lords.
La juridiction de loi commune peut se ré-
duire à quatre degrés : 1° les cours de comté,
qui jugent en premier ressort les causes infé-
rieures à 1,250 fr. ; 2" les trois cours supé-
rieures de loi commune (banc de la reine ou du
roi, plaids communs, et échiquier), nui connais-
sent en appel des jugements rendus par les
cours de comté, et en première instance des
causes supérieures à 1,250 fr. ; 3" la cour de la
chambre de l'échiquier, qui reçoit les appels
contre les jugements des trois cours supé-
rieures de loi commune ; 4° enfin la- chambre
des lords, qui est la cour suprême d'appel.
Le personnel des cours de comté comprend :
le juge, le trésorier, le greffier, le haut baiili
et les baillis. Les juges sont nommés par le
lord haut chancelier. Us sont choisis parmi les
avocats ayant pratiqué pendant sept ans au
moins; ils ne peuvent être révoqués qu'en
vertu d'un jugement public, et après une en-
quête. Les trésoriers des cours de comté sont
chargés d'examiner les comptes des greffiers.
Le greffier reçoit toute demande (plaint) et
l'inscrit sur un registre tenu h cet effet, en
indiquant les noms et prénoms, et le domicile
des parties. Le haut bailli et les baillis sont
chargés d'assurer l'exécntii n des jugements ;
ils assistent aux audiences, lélivrent les assi-
gnations et procèdent aux si isies de biens et
autres formalités judiciaires.
Chacune des parties a le dr >ït de demander
que la cause soit jugée par le jury, lorsque la
368 ANG
somme en litige est de 125 fr. au moins ; ce
jury civil est composé de dix membres; ses
verdicts doivent être rendus à l'unanimité. Au
jour indiqué pour l'examen de la cause, le de-
mandeur et le défendeur doivent comparaître
devant la cour ou se faire représenter, soit
par un avoué, soit par un avocat. Le deman-
deur commence par exposer soit en personne,
soit par l'organe de son conseil, l'objet de sa
demande, et il appelle les témoins pour confir-
mer ses assertions. Chaque témoin est ensuite
interrogé par le défendeur ou son conseil
{cross examination), puis, pour la deuxième
fois, par le demandeur (re-cxamination). Le
•défendeur présente alors sa défense et fait
entendre les témoins cités à sa requête; ces
témoins subissent, comme les premiers, la
cross examination et la re-examination. Enfin
...chacune des deux parties a encore le droit de
répliquer.
eo Constitution de la famille et de
la propriété. Les individus de l'un ou de
l'autre sexe, âgés de plus de vingt et un ans,
peuvent contracter mariage sans avoir besoin
d'obtenir, ou même de demander le consente-
ment de leurs parents. La nullité d'un mariage
peut être demandée pour les causes suivantes :
violence ou défaut de consentement, erreur
sur la personne , impuissance antérieure au
mariage. La loi considère le mari et la femme
comme ne formant qu'une seule personne. Elle
accorde au mari, pendant toute la durée du
mariage, et après la mort de sa femme, lors-
qu'il v a un ou plusieurs enfants issus du
;, la propriété de tous les biens pei
ne donne pas lieu a une action criminelle. Le
mariage peut être dissous par le divorce ; les
cas de divorce sont : l'adultère du mari accom-
pagné de cruautés, l'adultère de la femme, les
sévices de l'un des époux envers l'autre, la
condamnation prononcée contre eux pour so-
domie ou bestialité, ou enfin une absence non
motivée prolongée pendant deux ans. Si le
divorce a été prononcé pour cause d'adultère,
l'époux coupable peut épouser son complice.
Le système de l'adoption est inconnu en An-
gleterre.
La loi anglaise divise les biens en deux
catégories : les biens réels, et les biens per-
sonnets ou chattels. Les biens réels — * '
e divisent eux-mêmes en chattels réels,
et chattels personnels. Les premiers sont les
biens tenus en loyer; les chattels personnels
se composent des objets mobiliers. La pro-
priété immobilière, en Angleterre, est de trois
espèces : freehold, copykold, leasekold. Toute
propriété tenue sans condition est qualifiée
freehold. Toute propriété tenue comme dépen-
dance de franchise , honneur ou manoir, et
passible de redevance en certains cas, s'ap-
pelle copyhold. La tenure en loyer pour un
terme quelconque, porte le nom 5e leasehold
En fait, les différences qui séparent le freehold
des registres publics. Il n'y a "pas n°n plu-
d[cnregistrcment pour les transmissions de
biens; l'acte suffit pour prouver la vente. La
loi autorise toute personne à disposer par tes-
tament de tous ses biens sans aucune restric-
tion. Elle permet aussi d'établir des substitu-
tions en faveur de tout individu vivant ou à
naître du donataire ou du. légataire , vivant
lui-même au moment où la donation est fuite.
La seule condition requise pour l'exercice du
droit de tester est que le testateur ait atteint
l'âge de vingt et un ans, et qu'il soit sain
d'esprit. Les femmes ne peuvent faire de
donations ou de testaments sans le consente-
ment de leur mari. Dans les successions ab
intestat, les biens réels sont dévolus à l'aîné
des fils, h. l'exclusion de ses frères ou soeurs;
les biens personnels, au contraire, sont parta-
gés également entre tous les enfants de l'un
et de l'autre sexe.
Les étrangers n'ont le droit de posséder, en
Angleterre , que des biens mobiliers. Ils ne
• peuvent même prendre un immeuble en loca-
tion pour une durée supérieure à ving) et un
7» Organisation de la force puuliqtje.
— Armée. » La constitution anglaise, dit
M. Franqueville, pose le principe que tout sujet
britannique doit prendre les armes pour la dé-
fense du pays, lorsqu'il en est requis. • En cas
d'invasion étrangère, le souverain peut ordon-
nei une lovée en masse de tous les homme3 va-
lides, depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de
soixante ans. En temps normal, le recrute-
ment de l'année anglaise repose sur l'enrôle-
ment volontaire. Les engagés reçoivent une
somme d'argent dite munificence (bounty),et
sont habillés par l'Etat, Ils prêtent serment de
fidélité devant un juge de paix ; ce serment
doit être postérieur à l'enrôlement d'au moins
vingt-quatre heures, » tant la loi, dit M. John
Milton, veille avec soin sur le respect du droit
des citoyens, et a pris ses précautions contre
l'introduction d'un système d'enlèvement, et
contre toute surprise des esprits simples par
les recruteurs de profession. » Les engagés
doivent être âgés de dix-sept ans au moins, et
ANG
pour les autres corps. Ce temps de service
expiré, le soldat peut être admis, s'il est en-
core en état de servir, à renouveler son enga-
gement pour une seconde période de neuf à
onze ans. Après vingt et un ans de service, il
a droit à une pension, dont le minimum est
fixé à 80 centimes, et le maximum à i francs
25 centimes par jour.
L'armée anglaise comprend deux sortes de
troupes : l'armée active et les forces auxiliai-
res. Cavalerie, artillerie, ingénieurs royaux,
train militaire et infanterie, forment l'armée
active. L'état-major d'un régiment de cavale-
rie comprend en général : un colonel, un lieu-
tenant-colonel, un major, huit capitaines, huit
lieutenants , huit cornettes , un payeur , un
quartier-maître, un maître d'équitation , un
chirurgien, un aide-chirurgien, un vétérinaire.
L'état-major d'un régiment ordinaire d'infan-
terie comprend: un colonel, un lieutenant-'
colonel, deux majors , dix capitaines , onze
lieutenants, neuf enseignes, un adjudant, un
quartier-maître, un payeur, un professeur de
mousquet, un chirurgien, e*t deux aides-chi-
rurgiens. Dans les régiments de cavalerie et
d'infanterie, les grades d'officier (commissions)
peuvent s'obtenir par achat. Ainsi, tel officier
supérieur, qui se retire du service, vend sa
commission; la vente se répète dans chacun
des grades inférieurs, jusqu à ce qu'elle arrive
h mettre une commission d'enseigne ou de
cornette entre les mains d'un nouveau venu.
Par exemple, lorsqu'un lieutenant- colonel
veut vendre sa charge , le plus ancien des
majors peut l'acheter, s'il le veut ; le plus an-
cien capitaine achète celle du major, et ainsi
de suite. Toutefois , aucun officier ne peut
avancer de cette façon sans le consentement
du commandant en chef, et sans avoir servi
un certain temps dans le grade qu'il peut
quitter. Les candidats au dernier grade doi-
vent passer un examen avant de pouvoir en-
trer dans l'armée. Les commissions dont les
titulaires exercent dans l'armée des fonctions
plus administratives que militaires, telles que
celles de payeur, d'adjudant, de quartier-maî-
tre, de chirurgien, etc., ne se vendent pas. Il
en est de môme des grades supérieurs à celui
de lieutenant-colonel. Dans les régiments
d'artillerie et de génie, aucune commission ne
s'achète. L'état-major général comprend : un
feld-maréchal commandant en chef, huit lieu-
tenants-généraux , vingt-neuf majors-géné-
raux, et dix brigadiers-généraux.
L'effectif de l'armée active n'est jamais voté
que pour un an, les lois conservatrices de la
discipline militaire (notamment le rnutiny act),
ayant besoin, pour conserver leur force légale,
En dehors de l'armée régulière, la Grande-
Bretagne a encore des forces auxiliaires assez
considérables, savoir : la milice, la yeomanry,
ou milice a cheval, les pensionnaires enrôlés,
le corps de réserve et les volontaires.
La milice est une force purement locale,
levée dans chaque comté, et qui ne doit pas
servir en dehors du comté, sauf les cas de
nécessité, ou d'invasion du pays par une puis-
sance étrangère. C'est la force permanente
du pays. Aux termes de la loi, un tirage au
sort doit avoir lieu tous les ans dans chaque
comté, et les jeunes gens que le sort désigne
sont astreints à servir pendant cinq ans. Pen-
dant la plus grande partie de 1 année, la
milice est ordinairement, a l'état de licencie-
ment; chaque régiment n'est représenté que
par un ou deux officiers, quelques sous-offi-
ciers et tambours. Les autres officiers et
tout le corps des soldats restent dans leurs
foyers et vaquent à leurs occupations person-
nelles j muis au printemps ou dans les pre-
miers jours de l'été de chaque année, tous ceux
qui sont portés sur les listes des régiments
réunissent à un endroit indiqué dï
fonciers aisés, qui font
frais de leurs chevaux et pourvoient à leur
entretien.
Les pensionnaires enrôlés et le corps de
réserve ne forment pas un chiffre très-consi-
dérable. Ce sont des soldats en retraite qui
font inscrire leurs noms et résidence sur des
listes spéciales, afin de pouvoir, au besoin,
être appelés au service de la milice.
Les volontaires constituent la force mili-
taire la plus récente d'origine ; le mouvement
qui lui a donné naissance, et qui date du prin-
temps de 1858 , fut, selon M. John Milton, une
réponse aux adresses envoyées à l'empereur
des Français par quelques-uns des plus ar-
dents colonels de l'armée française , qui ,
après l'attentat d'Orsini, demandaient qu'on
leur permît de marcher contre la capitale de
l'Angleterre, pour en arracher les fauteurs de
complots contre la vie de l'élu du peuple
français. Le mouvement des volontaires fut
tout à fait spontané. En un espace de temps
incroyablement court, près de deux cent mille
jeunes gens, appartenant aux classes les plus
intelligentes et les plus énergiques, se consa-
crèrent au pénible et laborieux exercice du
champ de manœuvre. On sait leur belle de-
vise : Défense et non défi. Les corps de vo-
ANG
lontaires reçoivent maintenant une subvention
considérable sur les fonds de l'Etat.
— Marine. L'état-major général de la ma-
rine anglaise comprend des amiraux, des vice-
amiraux, et des contre-amiraux. Au-dessous,
viennent les commodores , les capitaines, les
commandants et les lieutenants, les maîtres,
les seconds et les midshipmen (aspirants). Les
commissions de la marine ne s'achètent pas
comme celles de l'armée. Les officiers se re-
crutent parmi les jeunes gens qui, après avoir
passé un examen, sont nommés cadets de la
marine. L'avancement a lieu à l'ancienneté ou
au choix. La marine se recrute, comme l'armée,
par le système des engagements volontaires.
Les engagements se font pour des périodes de
sept et de dix ans. Chaque année, 2,500 mous-
ses environ sont admis, à l'âge de quatorze
ans, après un examen scrupuleux de leurs
forces physiques et de leur savoir, à faire un
apprentissage régulier de la profession de
marin. Enfin , tout matelot de la marine
marchande est enregistré par le gouverne-
ment, et doit servir dans la marine royale,
s'il y a nécessité, depuis l'âge de dix-huit ans
jusqu'à l'âge de cinquante-cinq ans, pourvu
qu'il ait été en mer plus de deux -ans, et qu'il
ne soit pas le maître d'un bâtiment do pêche.
Les vaisseaux de la marine sont divisés en
Six classes, suivant jeurs dimensions : 1<> vais-
seaux de 1 10 canons et plus, portant 050 hom-
mes et plus ; 2o yachts de Sa Majesté, de 80 à
110 canons, de 750 à 950 hommes; 3° petits
yachts de Sa Majesté, de 70 à 80 canons, de
620 à 750 hommes; 4° vaisseaux de 50 à 70
canons , de 450 a 620 hommes ; 5° vaisseaux
de 30 à 40 canons, de 300 à 450 hommes; 6°
tous les vaisseaux portant un capitaine, sloops
et canonnières, ships , commandés par des
lieutenants.
Nous empruntons à M. l'Vanqueville le ta-
bleau suivant des forces maritimes de l'An-
gleterre :
Nombre Force
de Canons de
Angleterre 71 .2,148 10,340
Indes orientales et
Chine 65 845 18,841
Méditerranée. ... 23 5S5 5,758
Côtes d'Afrique . 22 129 3,934
Amérique du Nord
et Indes occi -
dentales 16 350 2,830
Océan Pacifique. . 12 346 1,540
Services spéciaux. 12 50 2,300
Brésil 7 125 500
Cap de I3onne-Es
pérance 5 137 930
Australie 3 149
Totaux. . . 236 4,864 46,973
8° Organisation financière. — lieaenns.
Les sources des revenus publics se rap-
portent àquatre chefs principaux : 1° droits de
douanes; 20 postes ;'3o biens de la couronne;
4" revenu intérieur.
Les droits de douanes ne sont aujourd'hui
levés que sur les marchandises importées. Les
anciens droits sur l'exportation ont été abolis
en 1845. Le nombre des articles assujettis aux
droits d'importation a été, dans ces dernières
années, considérablement réduit. En 1841, le
tarif contenait environ douze cents articles ;
aujourd'hui, il n'en renferme plus que qua-
rante, parmi lesquels il n'y en a guère que neuf
qui présentent une sérieuse importance. Ce
sont le sucre, le thé, l'eau-de-vie et autres
spiritueux, les vins, le café, les blés et farines,
le tabac , le poivre et les raisins. Tous les
droits de douanes s'appliquent également au-
jourd'hui aux produits des possessions britan-
niques et à ceux des pays étrangers, et il n'est
établi aucune distinction, sous le rapport de la
nationalité , entre les bâtiments sur lesquels
les marchandises sont transportées. Les droits
de douane ont fait partie des revenus de l'An-
gleterre depuis les temps les plus reculés : de
là leur nom de droits de coutumes (eustoms).
Ils sont désignés dans la Grande Charte comme
antiquœ et recta: consuetudines (bonnes et an-
tiques coutumes). L'administration des douanes
constitue l'un des principaux services placés
sous l'autorité de la trésorerie : un président,
un vice-président, trois commissaires, un se-
crétaire et un secrétaire-adjoint sont placés à
L'Etat a le monopole des postes en Angle-
terre comme en France. L'administration'des
postes a été fondée en 1657, par Cronrwell. Elle
est dirigée par le post master gênerai (maître
général des postes), fonctionnaire politique qui
fait généralement partie du cabinet. De tous
les pays, l'Angleterre est celui où la taxe pos-
tale est le moins élevée. Depuis 1840, une
lettre circulant dans l'intérieur du royaume
est transportée, quelle que soit la distance,
moyennant une taxe uniforme de'lO cent. Les
droits de timbre payés par les journaux ne
sont que la représentation du droit de poste,
qui est fixé, comme pour les lettres, à 10 cent.
L'administration des bois, forêts et terres de
la couronne est confiée à un office spécial,
celui des commissaires des eaux et forêts,
lesquels sont placés sous le contrôle de la
trésorerie.
Le revenu intérieur (inland revenue) se dé-
compose en plusieurs branches, savoir : l'ac-
cise (excise), le timbre (stamps), l'impôt foncier
(land tax), les assessed taxes, l'impôt sur le
ANG
revenu et la propriété (property and income
tax).
Sous le nom d'accise, on comprend les impots
établis sur la consommation de certains pro-
duits, et quelques autres droits fiscaux perçus
dans l'intérieur du royaume. Les principaux
articles actuellement soumis à l'accise sont
les spiritueux, le malt ou la drèche, la chicorée
et le sucre. Les autres sources de cet impôt
consistent dans les droits sur les licences, les
permis de chasse, les voitures publiques, les
chemins de fer, les chevaux de course. Un
grand nombre de droits d'accise ont été abolis
dans les trente dernières années; parmi les
principaux, on peut citer ceux sur le sel, les
cuirs, la chandelle, la bière, les ventes aux
enchères, le vinaigre, la brique, le verre, le
savon, le papier et le houblon.
Les droits de timbre portent sur les objets
suivants : vérifications de testaments et de
lettres d'administration, lettres de change,
billets des banquiers, abonnement des banques
d'Angleterre et d'Irlande et des banquiers do
province pour tenir lieu du droit sur les billets ;
reçus et traites, assurances maritimes, licences
et certificats , assurances contre l'incendie,
vaisselle d'or et d'argent, cartes et dés.
L'impôt foncier frappe directement sur la
terre ; il est peu considérable, la propriété fon-
cière étant surtout soumise à des taxes locales.
Divers actes ont donné aux propriétaires lo
droit de se racheter de cet impôt moyennant
une somme une fois payée.
Les assessed taxes (taxes assises) portent
sur les maisons habitées, les domestiques, les-
voitures, les chevaux et mulets, les chiens,
les armoiries et la poudre pour les cheveux.
Ces taxes ne sont pas applicables à l'Irlande.
L'impôt sur le revenu et la propriété (income
tax) porte sur cinq classes de revenus : 1» re-
venus du sol, des maisons et de toutes autres
propriétés immobilières ; 20 revenus provenant
de l'occupation des terres par des fermiers ou
par des propriétaires exploitant leurs propres
fonds; 3" revenus provenant de rentes sur
l'Etat; 4» revenus provenant du commerce ou
de professions diverses ; 50 revenus provenant
d'emplois salariés. La déclaration de chaque
citoyen sur la quotité de ses revenus, est la
seule base adoptée pour la fixation de l'incomo
tax. La perception et le recouvrement de cet
impôt sont confiés à des commissaires répartis
en trois classes et à des assesseurs et col-
lecteurs. L'impôt sur le revenu a été établi
en 1842.
Les recettes de toute espèce et de toute ori-
gine sont versées à la banque d'Angleterre
dans un fonds commun désigné sous le nom
de fonds consolidé, dans lequel on peut puiser
de l'argent pour le compte de l'Etat, sous la
direction du contrôleur de l'échiquier.
— Dépenses. Les dépenses publiques de la
Grande-Bretagne peuvent être divisées en
trois grandes branches : 1° dette nationale;
20 dépenses fixes dites consolidées; 3« services
publics. Les deux premières catégories de dé-
penses sont consolidées, c'est-à-dire qu'elles
sont fixées par des actes du Parlement, qui
n'ont pas besoin d'être renouvelés, et qui restent
en vigueur tant qu'ils n'ont pas été abrogés.
Les dépenses des services publics dites non-
consolidées sont soumises chaque année au vote
des Chambres, qui en déterminent le montant.
Les services publics comprennent les ser-
vices civils et les services maritimes et mili-
taires. Ils se divisent en chapitres, eux-aièmes
subdivisés en articles, sur chacun desquels le
Parlement émet un vote spécial. Les dépenses
afférentes aux services civils forment huit
chapitres : 1° travaux et bâtiments publics;
2o personnel et matériel des administrations
publiques; 3° justice et prisons; 40 éducation,
sciences et arts; 50 services consulaires et
coloniaux; 60 retraites, assistance publique et
secours; 7° dépenses diverses et temporaires;
S» frais de perception des impôts. Les services
militaires et maritimes forment deux chapitres :
îo marine; 2<> armée.
Les dépenses dites consolidées sont la liste
civile, la dotation des princes de la famille
royale, les pensions pour services civils et
militaires, les appointements du speaker, du
contrôleur général de l'échiquier, des audi-
teurs, des commissahes pour les aliénés, des
fonctionnaires civils de l'île de Man.des agents
diplomatiques, des juges des diverses cours du
royaume, etc.
La dette nationale se divise en dette conso-
lidée et en dette flottante. La dette consolidée
a été contractée en partie à titre perpétuel,
en partie en annuités à terme. Les annuités
perpétuelles sont rnchetables moyennant paye-
ment du capital qu'elles représentent. Mais
pour une grande partie d'entre elles, le gou-
vernement ne peut pas exercer le droit de ra-
chat sans donner, une année au moins d'avance,
avis de son intention à cet égard. Lesannuités
à ternie sont ou bien des reliquats d'annuités
dont le terme a été originairement fixé, ou
bien des rentes viagères que le gouvernement
crée en échange des sommes d argent appli-
cables au rachat de la dette.
L'origine de la dette publique d'Angle-
terre remonte à l'année 1660. Au moment de
la révolution de 16S8, la dette s'élevait à
2,120,000 fr. La guerre contre Louis XIV, la
guerre de Sept ans, la guerre d'Amérique, les
grandes guerres contre la République française
et contre Napoléon 1er, eurent pour résultat
d'augmenter prodigieusement ce chiffre; en
ANG
1815, elle dépassait 21 milliards. Le tableau
suivant, que nous empruntons à M. Frànque-
ville, fait connaître le chiffre de la dette
anglaise à diverses époques :
Année 1GS8 2,120,000 fr.
— 1702 319,180,625
— 1724.-. . . . 1,333,080,250
— 1749 1,037,223,500
— 1775 3,171,070,275
— 1800 11,772,357,000
— 1815 21,525,976,225
— 1830 19,G20,099,925
— 1810 19,716,110,025
— 1850 19,675,979,050
— 18C0 20,065,215,225
— 1863 19,582,668,375
L'intérêt de la dette est aujourd'hui, par
suite de diverses réductions, ramené au taux
de 3 pour 100. 11 s'est élevé pour l'année 1862-
18C3 au chiffre de 595,640,675 fr.
Autrefois on conservait un fonds d'amortis-
sement pour racheter la dette dans une pro-
portion annuelle déterminée, et l'on attachait
tant d'importance à ce fonds qu'il est arrivé
souvent d'emprunter pour le maintenir. On a
■ renoncé aujourd'hui à ce système, et l'on n'em-
ploie plus k l'amortissement que les excédants
des recettes de chaque année.
lia dette non consolidée ou flottante com-
prend les billets do l'échiquier et les bons de
l'échiquier. Il y a diverses espèces de billets
de l'échiquier qui se distinguent par les mots
; de billets de subsides (supply bills), billets de
déficit (deficiency bills), et billets de voies et
moyens (ways and means bills). Les billets de
subsides sont émis en vertu d'une autorisation
directe du Parlement. Ce sont des titres de
gage portant un intérêt fixé de temps en temps
par le trésor et payables à. des époques déter-
minées. L'émission de ces titres a lieu géné-
ralement en mars et en juin de chaque année,
et ils ont cours pour une année h partir de leur
date. Les billets do déficit et les billets de voies
et moyens sont destinés à faire face à des dé-
ficits survenus dans les revenus trimestriels ;
ils sont remis à la banque en garantie des em-
prunts qu'on lui lait dans ce cas, et remboursés
au moyen des recettes du trimestre suivant.
Ils sont émis sans recours au Parlement, en
vertu de l'autorisation générale qui a été
donnée au gouvernement pour cet objet. Les
bons de l'échiquier sont des titres portant inté-
rêt et remboursables à des époques détermi-
nées. Ils ont été émis pour des périodes do
■erie. L'administration des finances
au bureau de la trésorerie (board of
omposé du premier lord de la tré-
. . ie"d'u chancelier de X échiquier et de trois
lords de la trésorerie, assistés de deux secré-
taires et d'un secrétaire adjoint. Les fonctions
de premier lord de la trésorerie sont habituel-
lement dévolues au premier ministre, qui se
consacre presque exclusivement aux questions
politiques. Le chancelier de l'échiquier, au
contraire , est le véritable ministre des finances ;
il prépare le budget et dirige l'administration
financière du pays.
Le service central de la trésorerie comprend
cinq divisions. La première division a dans
ses attributions les questions financières géné-
rales, la monnaie, l'échiquier, le service du
payement des dépenses, la banque, la commis-
sion de prêts pour les travaux publics, la
commission de réduction de la dette nationale,
l'office des auditeurs, les pensions civiles et la
révision générale des comptes. La deuxième
division traite les affaires relatives à la liste
civile, aux dépenses extraordinaires (non
votées) des services militaires et maritimes.
Elle est chargée de la correspondance avec
les départements des biens de la couronne, des
travaux publics, et de l'éducation. Dans la
' troisième division sont traitées les affaires
relatives aux frais de justice et aux prisons.
La quatrième division traite les questions re-
latives à la perception des revenus publics,
aux télégraphes et aux paquebots du service
postal. Enfin la cinquième division est chargée
de la correspondance avec tous les autres dé-
partements publics, et en particulier des
affaires relatives aux colonies, à l'Irlande et
au département des affaires étrangères.
De la trésorerie dépendent l'office de l'échi-
?uier et l'ofrice do l'audition des comptes
audit office). L'office de l'échiquier a pour
mission de constater les versements faits cha-
que jour h la Banque au compte de l'échiquier,
par les divers départements chargés de la
perception des revenus. Il a a sa tête un con-
trôleur général, fonctionnaire d'un haut rang
et d'une position indépendante, qui no peut
être relevé de son poste que par une adresse
Srésentéc à la couronne par les deux chambres
u Parlement. Cet officier fait délivrer au
payeur général les sommes qui doivent être
payées, d'après les ordres de la trésorerie, pour
taire face aux dépenses prévues par les actes
du Parlement. Il doit veiller à ce que les fonds
demandés à l'échiquier, pour chacun des cha-
pitres du budget, n'excèdent pas les crédits
votés pour le même chapitre. L'échiquier est
encore chargé d'émettre les bons et les billets
de l'échiquier qui, comme nous l'avons dit plus
haut, constituent la dette flottante. L'origine
de l'échiquier remonte, dit-on, à l'époque de la
— Très
IrcasZy) c
ANG
office) a pour mission d'examiner les comptes
présentés par les comptables des services
civils. Il se compose de quatre commissaires,
qui sont inamovibles comme le contrôleur de
l échiquier. Les comptes détaillés de la marine
ot de l'armée sont revisés par des contrôleurs
militaires, mais les commissaires de l'audition
vérifient si l'emploi des fonds a été conforme
aux crédits votés.
— Budget. Quelque temps avant la réunion
du Parlement, les chefs des divers départe-
ments, de concert avec les lords de la tréso-
rerie, préparent les évaluations {estimais) re-
latives aux dépenses de leur administration
pour l'année suivante. Il y a quatre catégories
principales d'évaluations : une pour la marine,
une autre pour l'armée, une troisième pour le
département des revenus, une quatrième pour
les services civils. Ces évaluations sont pré-
sentées à la Chambre des communes, qui se
réunit en comité des subsides pour les exa-
miner. Les articles sont ensuite proposés ,
discutés et arrêtés l'un après l'autre. Chaque
semaine, un certain nombre de séances sont
consacrées a ces travaux : on les appelle nuits
de subsides (supply niijhts). A la fin de la ses-
sion, tous les votes de subsides sont réunis en
un acte dit bill des subsides, qui est voté par
la Chambre des communes, et envoyé à la
Chambre des lords. Lorsqu'un certain nombre
de services ont été votés, une loi est rendue
pour autoriser les lords de la trésorerie à
appliquer a ces services une partie déterminée
des revenus publics. Cette loi est appelée acte
des voies et moyens. « Le montant des sommes
qui y sont spécifiées, dit M. Stafford Northcote,
ne dépasse jamais les votes déjà, portés au
comité des dépenses. Plusieurs actes des voies
et moyens sont ordinairement rendus dans le
cours de chaque session, de manière à prévenir
toute interruption des services publics, mais
sans remettre à la couronne des fonds suffi-
sants pour la rendre indépendante du Parle-
ment. A la fin de la session, on rend un acte
général des voies et moyens, qui, sous le nom
d'acte d'appropriation, récapitulant tous les
votes de crédits , autorise la trésorerie à
affecter les revenus publics aux dépenses des
services énumérés dans ces votes. » Le gou-
vernement ne peut dépasser le crédit ouvert
pour les dépenses d'un article du budget.
Avant 1862, les actes d'appropriation permet-
taient aux lords de la trésorerie d'opérer des
virements de crédit entre deux articles du
même chapitre, seulement pour les services
maritimes et militaires, et en rendant compte
au Parlement des motifs de ces virements.
Cette disposition a été supprimée en 18G2.
Durant la guerre, quand il devient impossible
de prévoir les dépenses qui peuvent devenir
nécessaires, il est d'usage de prendre un vote
de confiance d'une somme déterminée, pour
faire face aux dépenses extraordinaires né-
cessitées par la guerre. Les fonds ainsi alloués
no peuvent être employés à aucun^ objet
n'ait pas un rapport direct
existante.
3 la guerre
&
— Banque d'Angleterre. La banque d'An-
gleterre fut fondée sous le règne de Guil-
laume III, en 1G94. Elle naquit d'un emprunt
de 1,200,000 livres fuit à cette époque par le
gouvernement. Il fut stipulé que les souscrip-
teurs de cet emprunt formeraient une corpora-
tion ayant pour raison sociale : le gouvernement
et la compagnie de la banque d'Angleterre. La
banque d'Angleterre est aujourd'hui régie par
l'acte de 18-14. Elle forme deux départements,
dont chacun a ses administrateurs, ses em-
ses comptes distincts : le département
.„sions (issuing departmeni),et ledépar-
de la banque proprement dite (banking
départaient). Elle est autorisée à émettre des
billets pour une somme de 361,875,000 francs,
sans avoir la représentation de cette somme
en numéraire. Le mentant de ces billets est
garanti par la dette de l'Etat envers la banque.
Au delà du chiffre que nous venons d'indi-
quer, aucun billet ne peut être mis en circulation
si la banque n'a pas une somme équivalente
en espèces d or ou d'argent. La banque d'An-
gleterre est chargée de recevoir le montant des
revenus et d'acquitter les dépenses publiques.
de loi des pauvres (poorlaw). Une taxe locale,
nommée taxe des pauvres (poor rate), servant
de base à presque tous les impôts locaux ,
fournit les sommes considérables auxquelles
s'élève le budget annuel de ce service. L'ori -
gine de cette taxe, rendue nécessaire par la
suppression des couvents, remonte au com-
mencement du xvne siècle. L'acte de 1601
invitait les juges de paix à nommer tous les
ans deux inspecteurs des pauvres , choisis
parmi les propriétaires de chaque paroisse.
Ces inspecteurs devaient s'entendre avec les
inarguilliers, à l'effet de donner du travail aux
enfants des pauvres, de faire travailler les
personnes n'ayant aucun moyen d'existence
et n'exerçant aucun commerce, de secoi--'-
les indigents incapables de travailler, et d'
poser à cet effet les habitants et locataires uc
terres ou de maisons. Ce système fut complété
en 1023 par la fondation de workhouses (mai-
sons de travail), et en 1C02 par la loi de domi-
cile (seulement), en vertu de laquelle le pauvre
infirme ou valide n'avait droit aux secours
ou au travail que dans la paroisse où il avait
son domicile légal. Enfin l'acte du 14 août 1S34 ,
nommé poor law amendment act , a organisé
l'administration de la taxe des pauvres sur les
bases qu'elle présente aujourd'hui.
L'autorité centrale est exercée par le bureau
de la loi des pauvres (poor law board), qui
forme un véritable ministère. Ce bureau est
composé d'un président, de quatre commis-
saires, de deux secrétaires, de deux secrétaires
adjoints et d'un certain nombre de commis de
diverses classes. Douze inspecteurs visitent
les districts qui leur sont assignés, pour sur-\
veiller l'exécution des lois sur les pauvres, et
pour recevoir les plaintes qui pourraient être
portées contre les divers agents. Ils rendent
compté de leurs tournées dans des rapports
adressés au bureau de la loi des pauvres. Le
président du bureau de la loi des pauvres fait
partie du cabinet. Les commissaires siègent
ex officio : ce sont le secrétaire d'Etat de l'in-
térieur, le lord de la bourse privée, le chan-
celier de l'échiquier, et le lord président du
conseil ; ils ont le pouvoir de faire des règle-
ments pour les distributions de secours, de
guider et de contrôler les agents locaux de la
taxe des pauvres, de grouper un certain
nombre de paroisses contigues en unions, pour
faciliter la création de workhouses, de fixer
le nombre, les titres, les appointements et la
durée des fonctions des agents des unions et
des paroisses isolées.
Pour chaque union, il y a une assemblée
d'administrateurs dos pauvres qui porte le
nom de board of guardians (bureau des gar-
diens). C'est ce bureau d'administrateurs, com-
posé des juges de paix do la localité et de
membres élus par les contribuables des diverses
paroisses formant l'union, qui, pour celle-ci,
décide toutes les questions relatives aux se-
cours à donner. Dans les paroisses isolées,
l'inspecteur (overscer) exerce les fonctions
attribuées dans les unions aux bureaux d'ad-
ministrateurs. Les bureaux d'administrateurs
nomment un certain nombre d'agents des deux
sexes qui agissent sous leur autorité, mais qui
ne peuvent être révoqués que par le bureau
de la loi des pauvres. Ce sont : le secrétaire,
le trésorier, le médecin de district, le médecin
de la maison de travail, le directeur de la
maison de travail, la matrone, le chapelain,
l'instituteur, l'institutrice, la nourrice, le por-
tier, l'agent visiteur, le surintendant du travail
extérieur.
Les secours distribués sont de deux sortes :
les uns, donnés dans les maisons de travail,
sont dits in-door relief; les autres, accordés
en dehors de ces établissements, s'appellent
out-door relief. Les plans des maisons de tra-
vail doivent être soumis au bureau de la loi
des pauvres. Le soin de prononcer les admis-
sions dans ces maisons appartient en principe
au bureau des administrateurs; mais il est
rempli le plus souvent, en raison de l'urgence,
ou par le directeur ou par l'agent visiteur, et
les admissions ont lieu tous les jours; à toute
heure, même pendant la nuit, sauf à être sou-
mises plus tard à l'approbation du bureau. Ces
admissions s'étendent aux vieillards, aux in-
firmes, aux enfants abandonnés, aux mères de
famille délaissées, aux femmes en couche,
aux aliénés, aux gens valides sans moyens
d'existence, et enfin aux malades. Ceux-ci se
présentent directement au workhouse ou sont
envoyés par les médecins visiteurs, qui ont
constaté l'impossibilité de les traiter à domi-
cile, ou bien ils viennent des hôpitaux privés,
d'où ils ont été renvoyés avant guérison, parce
que le temps de leur séjour était accompli. Les
aliénés sont reçus à titre provisoire et pour
être soumis a un commencement de traite-
ment, jusqu'à ce qu'on reconnaisse s'il y a lieu
de les envoyer dans un asile spécial. « Mal-
heureusement, disent MM. Blondel et Sor,dans
un rapport sur les hôpitaux de Londres, la
conséqi
mblable charité est l'<
possible, -
règles restrictives qui réduisent
ce qui est indispensable, qui fassent que la po-
pulation répugne à demander asile aux work-
houses. Le jour où cette répugnance, par une
cause ou par une autre, viendrait à cesser, il
faudrait, pour exécuter la loi, décupler ces
établissements et accroître en proportion la
taxe des pauvres. »
D'après les règlements généraux sur les
•workhouses, tout nouveau pensionnaire doit
être baigné et revêtu de linge et de vêtements
propres ; ceux qu'il a apportés sont nettoyés et
serrés pour lui être rendus au moment de sa
sortie. Il est ensuite examiné par le médecin,
qui juge s'il est capable ou non de travailler,
puis installé dans la partie de la maison des-
tinée aux pauvres de sa catégorie. Ces caté-
gories sont au nombre de sept : l° vieillards
et infirmes; 2° hommes et jeunes gens au-
dessus de quinze ans, capables de travailler;
3" garçons de sept à quinze ans ; 4° femmes
âgées ou infirmes ; 5° femmes et jeunes filles
au-dessus de quinze ans, capables de travailler ;
G" jeunes filles de sept à quinze ans ; 7° enfants
au-dessous de sept ans. Les pauvres de chaque
classe sont séparés de tous les autres, et ne
doivent avoir, avec eux, aucune communica-
tion. Il n'y a d'exception a cette règle que
pour les gens mariés qui peuvent demeurer
ensemble dans une partie séparée de l'établis-
sement, et pour les enfants qui sont avec leur
père ou avec leur mère. Le classement des
malades s'opère d'après l'avis du médecin. Les
admis sont astreints à des règles de bonne
conduite, de décence et de propreté, et doivent
être punis s'ils manquent à les observer. Oa
ANG 369
remarque, parmi les punitions qu'ils peuvent
encourir, la privation ou le remplacement de
certains aliments, l'isolement dans une cham-
bre, la réclusion pendant un temps fixé suivant
les circonstances, enfin un châtiment corporel
s'il s'agit de garçons au-dessous de quatorze
ans. Ceux qui peuvent être occupés sont tenus
de s'employer aux services mêmes de la mai-
son ou dans des ateliers : les heures de travail,
le temps des repas, les heures du lever et du
coucher sont fixées d'une manière uniforme.
Les enfants reçoivent pendant trois heures au
moins, chaque jour, îles leçons de lecture,
d'écriture, de calcul et de religion.
Les secours donnés au dehors des work-
houses (out-door relief) doivent consister pour
moitié et plus, si faire se peut, en nourriture
et en conitmstible, et moitié seulement en ar-
gent. Lorsqu'ils doivent être donnés pendant
plus de huit jours, ils sont distribués par se-
maine. Les secours médicaux sont souvent
donnés aux vieillards et aux infirmes en dehors
des maisons de travail. Le montant des secours
extérieurs est fixé, dans chaque cas, par le
bureau des administrateurs ; ils sont ensuite dis-
tribués par des agents visiteurs, qui reçoivent
du trésorier les sommes nécessaires à cet effet.
Aucun secours ne doit être donné aux pauvres
qui n'ont pas leur domicile légal dans l'union
ou dans la paroisse. Le domicile s'acquiert par
la naissance ou par une résidence de cinq
années, pendant lesquelles on n'a reçu aucun
secours. Il y a un certain nombre d'exceptions
à cette règle. Ainsi, des secours peuvent être
donnés dans une paroisse autre que celle du
domicile dans les cas d'urgence et d'accident;
aux veuves pendant les six premiers mois de
leur veuvage; aux enfants au-dessous de seize
ans; aux femmes et enfants dont le mari ou
le père réside hors de l'union et est incapable
de travailler, etc.
La taxe des pauvres, ce type des taxes
locales de l'Angleterre, est un impôt essen-
tiellement foncier. Elle a pour base le revenu
net annuel des terres, maisons, houillères, bois
taillis, situés sur le territoire de la paroisse.
La taxe des pauvres atteint ceux qui occupent
les biens imposés, qu'ils en soient ou non pro-
priétaires. Nul n'est exempt de cet impôt, et
les compagnies de chemins de fer doivent le
payer pour les terrains qu'elles occupent. Le
montant de la taxe des pauvres est fixé par
les autorités locales ; la loi n'a établi aucun
maximum. La répartition de la taxe est faite
par lés inspecteurs des paroisses, d'après l'état
du revenu imposable de chaque contribuable ;
cet état est dressé par un comité d'évaluation
(assessment committee), composé de six a douze
membres choisis par le bureau des adminis-
trateurs.
10» Instruction pubi.iq.uk. » L'Angleterre
est à l'heure qu'il est, dit M. Louis Gottard
( Dictionnaire général de la politique ) , le
seul pays de l'Europe où l'instruction publique
ne soit pas encore considérée comme l'un do
ces grands services sur lesquels l'Etat doit so
réserver un droit de haute surveillance, sinon
de direction absolue. L'importance do l'in-
struction y est sentie tout autant qu'ailleurs.
Nulle part, peut-être, les particuliers ne s'im-
F osent h cet égard autant de sacrifices, mais
esprit de la nation n'en continue pas moins it
so refuser à toute systématisation , à touto
centralisation de l'enseignement. » Avant 1834,
le soin de répandre les premiers éléments do
la lecture et de l'écriture parmi les classe»
populaires, était complètement abandonné aux
individus et aux associations particulières. En
1834, le Parlement vota une faible somme do
500,000 fr. pour aider la création d'écoles fon-
dées par ces associations, et chaquo année lu
budget continue a ouvrir un crédit pour la
même objet. En 1839, un "ordre du conseil
privé constitua le bureau d'éducation (board
of éducation), qui a pour président le lord pré-
sident du conseil privé, et dont les membres
sont généralement au nombre de neuf. Lo
bureau de l'éducation est uniquement chargé
de propager l'instruction primaire en venant
en aide à l'initiative individuelle ou collective
des citoyens. Les subventions qu'il accordo
sont de deux espèces : les unes destinées il
favoriser l'établissement et la construction do
nouvelles écoles; les autres, dites annuelles,
ayant pour objet de subvenir à l'entretien de- "
coles existantes. Les subventions allouées pour
la construction d'écoles ne peuvent dépasser
le montant des contributions locales et sous-
criptions particulières recueillies pour le mémo
objet. Quant aux subventions annuelles, elles
sont réglées d'après te nombre des élèves et
le chiffre des classes auxquelles ils ont assisté,
et no sont accordées que sur le rapport d'in-
specteurs du gouvernement.
Outre les instituteurs brevetés, c'est-à-dirè
qui ont subi un examen public à la suite du-
quel ils ont reçu un brevet, on a établi, en
1846, des élèves-maîtres (pupil teachers). Ces
élèves-maîtres sont des enfants âgés de plus
de treize ans, choisis parmi ceux qui montrent
d'heureuses dispositions; ils assistent l'institu-
teur et apprennent de lui à enseigner. Après
avoir tfirminé cette sorte do noviciat, ils vont
finir leurs études, aux frais de l'Etat, dans une
Depuis quelques années, des écoles ont été
fondées pour l'enseignement des sciences et des
arts appliqués à l'industrie. L'administration
qui s'occupe de ces écoles est le département
i _• ■ —(s (science and art department)^
47
370
ANS
Dans les écoles d'art industriel, l'enseignement
comprend six degrés : 1° dessin linéaire;
2« peinture et principes d'ornement ; 3° dessin
et peinture de la figure: <» mcdelage d'orne-
ments ; 50 modelage de figures ; 6° instruction
technique. Dans les écoles établies pour l'en-
seignement des sciences, les matières sur les-
quelles portent les cours sont réparties en huit
groupes : 1" géométrie plane, géométrie des-
criptive, dessin de machines, constructions
civiles, architecture navale; 2» mécanique
théorique et appliquée; 3° acoustique, lumière,
chaleur, magnétisme et électricité ; 4° chimie
organique et inorganique ; 5» géologie et mi-
néralogie ; 60 physique animale et zoologie ;
tion secondaire ou d'instruction supérieure. Les
établissements d'instruction secondaire portent
le nom d'écoles classiques (grammar schools).
Ils se divisent en écoles publiques et écoles
privées. Les écoles publiques sont entretenues
au moyen de fondations qui leur assurent des
revenus presque toujours considérables. Elles
doivent recevoir gratuitement un certain nom-
bre de jeunes gens remplissant les conditions
exigées par l'acte de fondation. L'administra-
tion de ces établissements est entre les mains
des représentants des anciens fondateurs, qui
sont très-souvent de grands personnages. Les
actes de fondation pourvoient au règlement
des études, à l'organisation de la discipline
intérieure : des commissaires veillent à ce
que les administrateurs et directeurs de ces
écoles exécutent fidèlement les volontés des
fondateurs.
Les écoles privées sont des entreprises par-
ticulières formées, soit par des individus, soit
par des associations ou des souscriptions par-
ticulières. Elles ne sont soumises à aucun con-
trôle, à aucune inspection. Pas d'autre garantie
four leur bonne organisation intérieure que
intérêt de ceux qui les dirigent et la sollici-
tude des parents. 1
Les écoles classiques se distinguent de tout
ce que nous avons d'analogue en France par
deux caractères : leur antiquité et leur empla-
cement à la campagne. Les voyageurs du con-
tinent qui les ont visitées ont tous remarqué la
liberté dont y jouissent les écoliers. « En de-
hors de la légitime surveillance qui préside aux
heures de renseignement, dit M. Montégut.
l'enfant se gouverne lui-même ; il se défena
lui-même contre les attaques et les empiéte-
ments de ses camarades, forme des ligues,
contracte des alliances, engage des luttes,
essaye sur une petite échelle le combat do la
vie réelle. L'école segouverne comme l'Etat
par la délibération parlementaire, la lutte des
partis, le conflit des opinions, les meetings et les
discours après dîner. » Les plus célèbres écoles
classiques sont celles d'Eton, d'Harrow, de
Rugby, de Westminster, de Charterhouse, etc.
L'enseignement supérieur est donné par les
universités. < L'indépendance la plus absolue
à l'encontre du pouvoir, dit M. de Monta -
lombert, la variété dans l'unité, la diversité
des règlements , la liberté des études , l'an-
tiquité et le caractère religieux de l'origine,
l'opulence et la stabilité du patrimoine, telles
sont les bases sur lesquelles repose cet ensei-
gnement. » Chaque université se compose d'une
série de collèges, dont chacun est absolument
indépendant de tous les autres, peut librement
faire ses règlements , ou administrer ses pro-
priétés , et forme une sorte de petite répu-
blique, dont le fondateur a été le législateur.
Les élèves, qui se comptent par milliers,
sont répartis dans les divers collèges. Ces
collèges, qui n'étaient dans l'origine que des
maisons ou les élèves logeaient sous la sur-
veillance de leurs professeurs et répétiteurs,
devinrent, avec le temps, des établissements
d'instruction complets. L'université d'Oxford
possède vingt-quatre de ces collèges, et celle
de Cambridge dix - sept. Les élevés y sont
divisés en quatre catégories : 1» les pairs,
fils aînés dç pairs et héritiers présomptifs
d'une pairie ; 2» les fils puînés de pairs et (ils
aînés de baronnets ; 30 les gentlemen-commo-
11ers et les felloio-commonars, qualités qui s'ob-
tiennent en payant une certaine redevance ;
4° les commoners. Chefs de l'université, direc-
teurs et professeurs de collèges sont élus par
leurs pairs, sans aucune intervention, présen-
tation ou approbation du.pouvoir. Ils ne reçoi-
vent du gouvernement ni mandat ni salaire.
Chaque université se gouverne elle-même au
moyen d'un sénat formé de tous les maîtres es
arts et divisé en deux chambres, la convocation
et \n congrégation. Aucun mémoirenepeut être
soumis au sénat sans avoir été préalablement
approuvé par le conseil hebdomadal, composé
de directeurs de collèges, de professeurs et de
docteurs. A la tête de chaque université est un
chancelier élu par le sénat, et généralement
choisi parmi les grands personnages du pays.
Le duc de Wellington a été chancelier de
l'université d'Oxford. La plupart des univer-
sités comprennentquatre facultés : arts (lettres
et sciences), médecine, droit et théologie.
Les universités anglaises et l'université de
Dublin ont le privilège de se faire représenter
au Parlement.
110 Culte. L'Eglise anglicane, appelée en-
core Eglise établie, Eglise épiscopale, haute
JCglise, est l'Eglise nationale de l'Angleterre.
(V, Anglicanisme.) Les divisions ecclésiasti-
ANG
ques du territoire sont les provinces, les dio-
cèses, les archidiaconés, les doyennés ruraux
et les paroisses. 11 y a deux provinces : Can-
torbéry et York ; à la tête de chacune d'elles
se trouve un archevêque. Les provinces se
divisent en vingt-huit diocèses, dont deux sont
E lacés sous l'autorité directe des archevêques ;
;s vingt-six autres sont gouvernés par des
évêques suffragants. Les évèchés suffragants
delà province de Cantorbéry sont au nombre de
vingt ; ceux de Londres, Winchester, Roches-
ter, Oxfordj Bristol et Glocester, Bangor, Lin-
coln, Norwich, Salisbury, Ely, Exeter,Chiches-
ter,Bath et Galles, Lichtfield.etCoventry, Wor-
cester , Hereford , Llandaff, Peterborough ,
Saint-Asaph, Saint-David. Les six évèchés
suffragants de la province d'York sont ceux
de Durham, Carlisle, Chester, Manchester,
Ripon, Sodor et Man,
Les archevêques et évêques , autrefois élus
par le clergé et le peuple, sont aujourd'hui
nommés par la couronne ; ils siègent , nous
l'avons déjà dit, à la Chambre haute comme
lords spirituels. L'archevêque de Cantorbéry
est chargé de sacrer les souverains. L'arche-
vêque d'York a le privilège de sacrer la reine
Au siège de chaque évèché se trouve une
cathédrale. Un certain nombre de chanoines
emprébendiers, formant le chapitre de la cathé-
drale, assistent l'évêque dans le gouvernement
de son diocèse. A la tête du chapitre est le
doyen.
Les diocèses sont divisés en archidiaconés,
dont le nombre est de soixante-onze pour l'An-
gleterre. Les fonctions de l'archidiacre con-
sistent à assister à l'examen des candidats aux
ordres, à réprimer les irrégularités et à ré-
former les abus du clergé paroissial, à investir
de leurs bénéfices ceux qui y sont appelés, etc.
Les archidiaconés se divisent en doyennés
ruraux, et les doyennés ruraux en paroisses.
L'Angleterre et le pays de Galles comptent
quatorze mille six cents paroisses. Le clergé
paroissial se compose de recteurs, vicaires,
bénëficiers ou curés perpétuels et curés.
Les ministres du culte ne peuvent être
arrêtés pendant la durée des offices, non plus
que lorsqu'ils vont célébrer le service divin.
Ils ne peuvent siéger à la Chambredes com-
munes. Leurs fonctions sont incompatibles
avec celles d'alderman , conseiller municipal,
shériff, bailli , juré. ■ It leur est interdit d'être
commerçants, industriels, de prendre à ferme
une propriété excédant quatre-vingts acres.
Ils sont jugés pour tous les faits relatifs à leur
ministère par les cours ecclésiastiques. Ces
cours sont de plusieurs espèces, savoir : 1» le
tribunal de l'archidiacre, qui occupe le rang
inférieur; 2<> la cour consistoriale de l'évêque,
présidée par un juge nommé chancelier du
diocèse; 3° la cour des arches, cour provin-
ciale de l'archevêque de Cantorbéry, où sont
portés les appels de toutes les cours infé-
rieures. Les questions dont ces cours con-
naissent sont principalement celles d'hérésie,
de schisme, de blasphème; celles qui sont
relatives à la célébration du service divin,
aux émoluments du clergé fixés par la loi, aux
taxes d'église , aux vérifications des testa-
ments et des legs, à l'administration des biens
laissés par des personnes mortes intestat. Les
cours ecclésiastiques sont d'ailleurs soumises
à la surveillance générale et au contrôle des
tribunaux civils du royaume.
A la tête de l'Eglise nationale sont des
assemblées ecclésiastiques, sortes de parle-
ments spirituels appelés convocations. 11 y en
a deux pour le royaume , une pour chaque
province. Chacune de ces assemblées se com-
pose de deux chambres , une chambre haute
et une chambre basse. La première est com-
posée des évêques et présidée par l'arche-
vêque: la seconde se compose des représen-
tants du clergé inférieur. Les assemblées des
deux provinces sont convoquées par lettres de
la couronne , en même temps que les deux
Chambres du Parlement. Leurs délibérations
portent sur les matières très-diverses qui inté-
ressent le gouvernement ou la discipline de
l'Eglise, et quelquefois sur des points de doc-
trine. Mais elles n'ont le droit de publier aucun
canon ecclésiastique sans l'approbation et l'au-
torisation expresse de la couronne.
L'Eglise nationale possède do vastes do-
maines , sources de revenus considérables
pour les bénëficiers, vicaires et recteurs,- et
surtout pour les chapitres, évêques et arche-
vêques. L'inégalité choquante avec laquelle
les revenus ecclésiastiques étaient répartis
entre les divers membres du clergé, fit insti-
tuer, en 1835, une commission chargée d'ar-
rêter les bases d'une distribution plus équi-
table , en même temps que de rechercher les
réformes à introduire dans l'Eglise et d'aviser
aux moyens d'astreindre les bénëficiers à une
résidence effective. La composition de cette
commission a été fixée de la façon suivante :
les archevêques de Cantorbéry et d'York, cinq
membres du gouvernement, tous les évêques
d'Angleterre, trois doyens, six juges des cours
supérieures et huit commissaires laïques. La
mission des commissaires ecclésiastiques est
de présenter au souverain, en conseil, les pro-
jets relatifs aux créations d'évêchés, réunions
ou divisions de paroisses, suppression de cano-
nicats, doyennés et sinécures. Ils ont le pou-
voir de reviser, tous les sept ans, le taux des
revenus des évêques , de façon à les mettre
en rapport avec l'étendue et l'importance des
diocèses, et h les renfermer autant que pos-
ANG
sible dans une moyenne de 100,000 à 125,001
fr. par an. Le tableau suivant, que nous em-
pruntons à M. Franqueville, donne les chiffre:
du revenu des archevêchés et évèchés d'An-
gleterre.
Cantorbéry.
375000 f.
Chester, . .
112500
York
250000
Chichester.
105000
Londres. . .
250000
Eiy
Durham. . .
200000
125000
Winchester
175000
Bristol' e
Bangor . . .
105000
Glocester.
125000
Bath et Gai
Hereford . .
les
125000
Lichtfield. .
112500
Llandaff. . .
105000
125000
Norwich . .
112500
Manchester
105000
Peterborough
112500
Oxford. . . .
125000
Rochester .
125000
Ripon ....
Salisbury. .
St-David . .
112500
St-Asaph. .
105000
125000
Worcester .
125000
112500
Carlisle. . ^
112500
Sodor et Man
50000
En dehors des revenus ecclésiastiques, cer-
tains impôts sont appliqués< aux dépenses de
l'Eglise nationale. Ces impôts sont de deux
sortes : les dimes, qui servent de rémunération
aux ministres du culte, et les taxes d'Eglise
{church raies) destinées k l'entretien et à la
construction des édifices religieux. Les dîmes
sont uu legs du moyen âge. " Le clergé an-
glican, a dit spirituellement Voltaire, a retenu
beaucoup de cérémonies catholiques, etsurtout
celle de recevoir les dîmes avec une attention
très-scrupuleuse. » A une époque encore peu
éloignée de la nôtre , elles étaient levées en
nature ; elles sont aujourd'hui converties en
sommes fixes payées chaque année par les pro-
priétaires fonciers. Les dimes et les taxes
d'Eglise sont très-impopulaires, parce qu'elles
pèsent sur tous les citoyens, quelles que soient
leurs croyances. Les dissidents, dont le culte
ne reçoit aucune subvention de l'Etat, ne peu-
vent, on le comprend, trouver juste que la loi
les contraigne de payer le salaire des ministres
anglicans, de fournir à l'entretien des temples
anglicans.
L'Eglise anglicane, malgré le nombre rela-
tivement très-petitde ses adhérents en Irlande,
est considérée comme l'Eglise nationale de ce
fiays. Son organisation y est d'ailleurs abso-
ument la même qu'en Angleterre. Le nombre
des provinces est de deux : Armagh et Dublin ;
celui des diocèses est de douze. Quant à l'E-
cosse , son église nationale , aux termes de
l'acte d'union , est l'Eglise presbytérienne.
V. Presbytérianisme.
On voit, par ce qui précède, que l'Angleterre
est assez loin de la séparation de l'Eglise et
de l'Etat. Il y a plus, chez ce peuple tradition-
naliste et conservateur, la liberté des cultes
fut longtemps repoussée comme la négation
des traditions et des institutions nationales;
on peut dire qu'elle est née, non de principes
généraux et philosophiques, mais du dévelop-
pement des autres libertés.
Avant le règne de Guillaume III, il était
interdit aux dissidents de se réunir pour la
célébration de leur culte. L'ocre de tolérance
de Guillaume III (toleration act) leva cette
interdiction, mais en exceptant les catholiques.
Tout sectaire dut'même, pour profiter des dis-
positions de l'acte, commencer par prêter ser-
ment contre le papisme. En 1779, ce serment
fut remplacé par une déclaration de croyance
à la doctrine protestante d'une secte quel-
conque. Ce fut seulement en 1828 et 1829 que
toutes les dispositions légales qui avaient pour
effet d'exclure les catholiques et les protes-
tants dissidents des fonctions publiques furent
abolies par le Parlement.
lord-lieutenant, le shériff, les juges de paix et
les coroners. Nous avons déjà parlé (V. plus
haut organisation judiciaire) des shérifTs, juges
de paix et coroners. Nous ferons remarquer,
en passant, que les fonctions administratives et
judiciaires se trouvent placées dans les mêmes
"mains, ce qui explique peut-être l'absence de
justice administrative en Angleterre.
Le lord-lieutenant est le gouverneur mili-
taire du comté ; ses fonctions ont été instituées
par Edouard III, en 1549. Il est nommé et peut
être révoqué par le souverain. Choisi ordinai-
rement parmi les pairs, il ne reçoit aucun
traitement. Il est assisté par un ou plusieurs
adjoints qu'il nomme lui-même et qui compo-
sent avec lui ce qu'on appelle la heutenance
du comté. Il lève la milice et en nomme les
officiers. Gardien de la paix (keeper of the
peace), il fait les présentations au lord haut
chancelier pour la nomination des magistrats.
Le shériff est le premier fonctionnaire civil
du comté ; autrefois il était élu par les francs-
tenanciers réunis en «our de comté. Mais de-
puis Edouard II, il est nommé par la couronne ;
ses fonctions ne durent qu'un an ; elles sont
entièrement gratuites. Le shériff est chargé
du maintien de la paix publique ; il a droit de
:quérir, pour l'assister, toute personne âgée
de plus de quinze ans, à l'exception des p:
il. fait opérer les arrestations pour dettes^
dresse la liste du jury, convoque les jurés
pour les sessions, préside aux élections qui
ont lieu pendant la durée de ses fonctions.
Les juges de paix ou magistrats sont nommés
par le lord haut chancelier sur la présentation
du lord-lieutenant de comté; ils sont toujours
choisis parmi les principaux propriétaires
ANG
fonciers. Leurs fonctions sont gratuites ; l'u-
sage consacre leur complète inamovibilité;
leur nombre est illimité. Nous avons déjà parlé
de leurs fonctions judiciaires : quant à leurs
fonctions administratives , elles consistent
surtout dans le vote des impôts du comté et
dans la nomination à la plupart des emplois
L'administration des comtés embrasse les
services suivants : établissement et entretien
de prisons pour les individus condamnés à des
peines correctionnelles, police du comté, con-
struction et entretien des ponts, construction
et entretien des asiles d'aliénés, conservation
des étalons et modèles des poids et mesures.
Les dépenses de ces services sont couvertes au
moyen des taxes du comté, des taxes de police
et des taxes d'asiles d'aliénés,
On peut remarquer que l'administration des
comtés n'est pas entre les mains d'un corps
électif. « En théorie, dit M. Hastings (Diction-
naire général de la politique), ce système est
en contradiction avec le principe fondamental
de la constitution anglaise, qui exige que l'im-
position des taxes et la représentation mar-
chent ensemble. Mais, en pratique, il est satis-
faisant, l'assemblée des juges de paix se
composant de tous les principaux propriétaires,
et même d'un grand nombre de petits... Les
taxes du comté étant levées sur la propriété
sonnes qui en payent la part la plus considé-
rable. » Nous devons ajouter que la question
d'introduire le système représentatif dans les
comtés a été soulevée plusieurs fois au Par-
lement.
— Bourgs et cités. Le nom de bourgs est
donné d'une façon générale aux localités qui
ont le privilège d'être représentées au Parle-
ment, ou d'être régies par des institutions
indépendantes du comté. Certains bourgs, qui
sont le siège d'un évêché ou qui ont reçu ce
titre en vertu d'une charte, sont appelés cités.
La plupart des bourgs sont aujourd'hui régis
par l'acte du 9 septembre 1835. L'autorité y
est exercée par le maire (mayor), les aldermen
et le conseil municipal (town council). Les
bourgeois se composent de tous les individus
majeurs qui résident effectivement dans le
bourg depuis trois ans, et qui sont imposés à
la taxe des pauvres. La liste des bourgeois est
revisée chaque année.
Pour être élu conseiller, il faut posséder un
capital de 25,000 fr., ou être imposé à lu taxe
des pauvres pour un revenu dont le minimum
est fixé à 750 fr., ou enfin avoir un capital de
12,500 fr., et être imposé en outre à la taxe
des pauvres à raison ue 375 fr. de revenu. Le
mandat de conseiller est incompatible avec la
qualité d'ecclésiastique et celle de fonction-
naire salarié par le bourg à un titre quelconque.
Les entrepreneurs de travaux publics ou les
fournisseurs ne peuvent non plus être élus
membres du conseil pendant la durée de leur
contrat. Chaque conseiller est élu pour trois
ans, et le conseil se renouvelle par tiers chaque
Les aldermen sont élus par le conseil muni-
cipal ; ils sont élus pour six ans et sortent par
moitié tous les' trois ans. Le maire est élu tous
les ans par le conseil ; on le choisit indifférem-
ment parmi les aldermen ou les conseillers. Il
préside aux élections avec deux assesseurs
élus chaque année par les bourgeois. Il est
juge de paix pendant l'année de ses fonctions
et l'année suivante. Ses fonctions sont gra-
tuites ; cependant le conseil peut lui accorder
un traitement ou des frais de représentation.
Les bourgeois que l'élection a investis des
fonctions de maire, d'alderman, de conseiller
municipal ou d'assesseur, sont obligés de i'ac-
cepter sous peine d'une amende de 2,500 fr.
pour le maire, et de 1,250 fr. pour les autres
fonctionnaires.
Les principaux services administratifs des
bourgs sont : l'administration des biens et
revenus communaux, l'entretien des maisons
de détention et de correction, la police du
bourg, la conservation des étalons et modèles
des poids et mesures, la construction et l'en-
tretien des asiles d'aliénés, l'éclairage et le
pavage des rues, l'approvisionnement des
On subvient aux dépenses du bouig au
moyen des revenus des propriétés commu-
nales, auxquels vient s'ajouter, lorsqu'ils sont
insuffisants, le produit lies taxes suivantes :
taxe de bourg, taxe de police, taxe pour les
asiles d'aliénés, taxe d'éclairage et de pavage,
taxe d'égouts, taxe des eaux, taxe des musées,
taxe générale, et enfin taxe privée. Le budget
du bourg est voté par le conseil municipal.
— Paroisse. A la base de l'organisation
administrative se trouve la paroisse. « La pa-
roisse, dit M. Franqueville, est une division à
la fois politique et religieuse, dont les limites
se trouvent fixées par d'anciennes coutumes,
et qui existe sur toute la surface de l'Angle-
terre, dans les comtés comme dans les bourgs
ou dans les cités. » Les affaires de la paroisse
sont administrées par l'assemblée générale des
contribuables payant la taxe des pauvres;
cette assemblée se nomme vestry; les simples
habitants (inhabilants) non imposés à la taxe
des pauvres n'en font pas partie. Les contri-
buables de la paroisse ne sont pas égaux
devant le scrutin. Ceux qui sont imposés pour
un revenu inférieur à 1,250 fr. ont une voix;
ANG
ceux qui payent une taxe supérieure ont une
voix do plus par 625 fr. de revenu imposable,
sans toutefois que ce nombre puisse dépasser
six par électeur.
Les principales branches de l'administration
paroissiale sont relatives au culte, aux cime-
tières, aux routes, a l'enregistrement des
naissances et décès, enfin k la taxe des pauvres.
L'administration temporelle de l'église est
confiée à la vestry, et dans les paroisses popu-
leuses à un conseil de fabrique et aux mar-
guilliers. Le conseil de fabrique et les mar-
guilliers sont nommés par la vestry. Les
marguilliers sont chargés d'administrer les
affaires temporelles de 1 église, de veiller a sa
décoration, et d'en faire la police; à la fin de
l'année ils rendent leurs comptes à la vestry.
Ils subviennent aux dépenses de leur service
avec le produit des stalles et les autres reve-
nus de l'église. Lorsque ces revenus sont
insuffisants, on a recours à une taxe spéciale
appelée churck rate, qui doit être votée par la
majorité de la vestry. Les fonctions des mar-
guilliers sont gratuites et ne peuvent être
refusées.
Les cimetières sont administrés par un bu-
reau d'enterrement (burial board) nommé par
la vestry, composé de trois k neuf contri-
buables , et dont le ministre desservant est
membre de droit. Ce bureau pourvoit k ses
dépenses au moyen de droits sur les enterre-
ments ou d'un prélèvement sur la taxe des
pauvres.
Les routes autres que celles à barrière sont
k la charge des paroisses. Une taxe spéciale,
appeiéo higltway rate, perçue sur les mêmes
bases et dans les mêmes conditions que la taxe
des pauvres, est appliquée k leur entretien.
Elles se divisent en trois catégories : les
routes de piétons ayant moins d'un mètre de
largeur, les routes de chevaux larges de trois
mètres, enfin les routes carrossables, dont la
largeur doit être d'environ sept mètres, lors-
qu'elles conduisent à une ville de marché. Les
surveillants des routes paroissiales sont nom-
més par la vestry. Leurs fonctions sont gra-
tuites et ne peuvent être refusées.
Avant 183G, les ministres des divers cultes
tenaient seuls les registres de l'état civil. Au-
jourd'hui, pour cette administration , il y a
dans chaque union de paroisses un archiviste
surintendant , nommé par le secrétaire du
bureau des administrateurs des pauvres , et
qui choisit lui-même dans chaque paroisse un
archiviste chargé de l'enregistrement des
divers actes. L'archiviste surintendant relève
d'un archiviste général placé sous les ordres
du secrétaire d'État de 1 intérieur.
Le service des pauvres est la plus impor-
tante des branches de l'administration pa-
roissiale. Nous en avons parlé plus haut.
V. 9° Assistance publique.
— Cite de Londres. Au point de vue admi-
nistratif, la ville de Londres est divisée en
deux parties, la Cité de Londres et les bourgs
métropolitains. La Cité de Londres représente
moins de 200,000 habitants. C'est un bourg
ayant les privilèges de comté, et qui, seul
aujourd'hui dans toute l'Angleterre, a conservé
ses anciens droits corporatifs consacrés depuis
1041 par un grand nombre de chartes. La Cité
renferme cent huit paroisses, et se divise en
vingt-six quartiers ou wards. Tous les pouvoirs •
municipaux appartiennent au lord-maire, aux
aldermen et au conseil communal icommon
council).
Le maire de Londres a le titre de lord ; il
est le premier juge de paix de la Cité; en
outre il est coroner, clerc des marchés, jau-
geur des vins, mesureur des charbons de terre,
des grains, du sel et des fruits, conservateur
de la Tamise, de la Medway et de la Lea,
amiral du port de Londres et président de la
cour centrale criminelle ; dans la Cité, il a
droit de préséance sur les membres de la
famille royale , le souverain excepté. Les
aldermen sont juges de paix de la Cité. Réunis
au maire, ils forment un conseil qui s'occupe
des questions relatives aux franchises de
citoyen, aux guildes ou corporations, aux
dépenses communales, aux prisons et à la
police. Le conseil communal est un corps tout
a la fois législatif et exécutif. 11 décide avec
une autorité absolue toutes les questions rela-
tives à l'organisation de la Cité. Il vote le
budget et administre les biens communaux.
Toute dépense supérieure k 2,500 fr. doit être
soumise à son approbation.
C'est l'élection qui confère les fonctions de
lord-maire, d'alderman, de conseiller munici-
pal. La qualité d'électeur appartient aux per-
sonnes ayant la franchise de la Cité, et dési-
gnées sous le nom de citoyens. Les citoyens
ou frcem.cn se classent en corps des métiers
ou guildes. Chaque guilde nomme parmi les
freemen qui la composent un certain nombre
de chefs qui portent le nom de liuerymen. Ci
sont les hveryf"^" **"""'° «"v ni/iomnan ^..
élisent chaqr~
s aldermen q
électeurs des wards ; chaque ward nomme
alderman. L'alderman élu est tenu d'accepter
ses fonctions sous peine d'amende. Les con-
seillers communaux sont également nommés
par les électeurs des wards. Chaque ward est
divisé en ■precincts, et chaque preciuct élit un
conseiller.
Les revenus communaux consistent en rentes
et loyers d'immeubles, droits de place sur les
ANG
marchés, amendes, droits de licences, droits de
Sort, droits sur les grains et les charbons,
roits de mesurage des blés et des fruits,
droits de jaugeage des vins, spiritueux, huiles,
etc., droits de vérification des poids et me-
sures; enfin, en produits de taxes spéciales,
telles que taxe de police, taxe consolidée des-
tinée à pourvoir aux frais de l'éclairage, du
balayage , de l'arrosage , etc. , taxe > des
égouts, etc.
— Bourgs métropolitains. Les paroisses qui
forment les bourgs métropolitains s'adminis-
trent séparément, si ce n est pour deux ser-
vices : les travaux publics et la police. L'au-
torité paroissiale y est confiée, comme dans le
reste du royaume , a la vestry. Mais ici la
vestry forme un conseil d'administrateurs élus
par les contribuables, et qui se renouvelle an-
nuellement par tiers.
Toutes les paroisses métropolitaines {y com-
pris la Cité de Londres) sont groupées, pour le
service des travaux publics, en trente-huit dis-
tricts, pourvus . chacun d'un bureau des tra-
vaux, dont les membres sont élus pour trois
ans par les contribuables. La Cité forme k elle
seule un district; il en est de même de cer-
taines paroisses importantes. Dans ces pa-
roisses, c'est la vestry qui fait elle-même fonc-
tion de bureau des travaux ; dans la Cité , c'est le
conseil communal. Au-dessus des bureaux des
districts est un bureau métropolitain des tra-
vaux, qui embrasse le service de toute la mé-
tropole et qui est composé de quarante-trois
membres nommés par les bureaux de district,
et les vestries qui en ont les attributions. Le
bureau métropolitain se renouvelle annuelle-
ment par tiers comme les bureaux de district
et les vestries métropolitaines.
Les services placés sous l'autorité de cette
administration sont : la construction, la sur-
veillance et la réparation des égouts et aque-
ducs publies, le pavage, le balayage, l'arro-
sage et l'éclairage des rues, la fixation des
alignements, l'ouverture des voies nouvelles,
l'élargissement ou le redressement des voies
existantes, etc., et enfin, depuis 1858, l'assai-
nissement de la Tamise et le drainage de
Londres.
Des taxes spéciales, levées par les agents
de la loi des pauvres, notamment la taxe des
égouts, sont appliquées aux dépenses de ces
services. Chaque district doit fournir une
somme dont le chiffre est fixé par le bureau
métropolitain.
Toutes les paroisses métropolitaines (à l'ex-
ception de la Cité) sont groupées pour le ser-
vice de la police. Ce service est placé sous la
direction d'un commissaire et de deux com-
missaires adjoints, qui ont sous leurs ordres
18 surintendants, 160 inspecteurs, 833 sergents
et 5,337 constables. Le commissaire et les
agents de police ne peuvent prendre part aux
élections pour le Parlement; il leur est dé-
fendu d'inlluencer les électeurs d'une façon
quelconque , sous peine d'une amende de
2,500 fr. Les dépenses du service de la police
sont couvertes en grande partie par une taxe
locale, la taxe de police, laquelle est établie et
perçue de la même façon que la taxe des
pauvres.
— IV. Langue anglaise. Il est assez dif-
ficile de rattacher l'anglais k une souche
unique, ou tout au moins principale, comme on
peut le faire pour le français, l'italien, l'alle-
mand, le polonais, et autres langues de l'Eu-
rope. A le prendre tel qu'il est constitué
actuellement, il offre une réunion complexe
d'éléments hétérogènes qui déroutent l'esprit
de recherche. C'est l'histoire qui sert ici à ré-
soudre le problème philologique (ordinaire-
ment les rôles sont intervertis). Les plus
anciennes traditions de la Grande-Bretagne
parlent de l'invasion des Cambriens (Kymris-
Cimbres), et des Lloëgrooys, qui auraient
refoulé en Irlande et dans l'Ecosse actuelle
une nation connue sous le nom de Galls ou
Gaels. En 55 av. J.-C. , Jules César soumet
à son tour les populations conquérantes. Au
moment de la désagrégation de l'empire ro-
main et de l'irruption des Barbares, les deux
chefs, Hengist (henyst, étalon) et Horsa
(liorse, cheval), descendent en Bretagne à la
tête des Saxons. Quelque temps après , les
Angles, également de race germanique, imi-
tèrent l'exemple des Saxons, Les deux peuples,
réunis sous le nom d'Anglo-Saxons, luttent
pendant près de trois siècles contre les atta-
ques réitérées des pirates danois, et suc-
combent enfin sous la grande invasion des
Normands, commandés par Guillaume leCon-
auérant. Chacun de ces peuples, en abordant
ans l'île, y apportait sa langue, qui s'entait
sur celle du peuple vaincu, et c'est ce qui
explique l'hétérogénéité de la langue anglaise.
La race gaélique, presque entièrement ex-
pulsée, n'a pas eu une très-grande influence
sur la formation de la langue ; les légions
romaines ont bien pu introduire quelques mots
bretonne. L'anglo-saxon est le fond réel de la
langue; cela permet donc de classer l'anglais
parmi les langues germaniques; mais, d'un
autre côté, la conquête normande a apporté
tant de termes français, qu'on pourrait aussi
bien le rattacher au groupe latin, si l'on ne
considère que le nombre des mots. L'inva-
sion danoise, antérieure a l'invasion française,
a modifié surtout le génie grammatical de
l'anglo-saxon. Voici, d'après M. Thommerel,
dans quelles proportions exactes se sont com-
ANG
binés ces divers éléments : sur 43,500 mots,
l'anglais en a emprunté 1,330 aux langues
tentoniques, 29,854 aux langues romanes,
88 aux langues celtiques, 294 à des sources
incertaines. On voit, (fans cette énumération,
quelle place importante occupent les langues
romanes. C'est qu'outre les mots pris au fran-
çais, l'anglais en a emprunté d'autres immé-
diatement au latin.
11 fallut encore assez de temps pour que le
peuple conquis et le peuple conquérant se
réunissent, afin de constituer un peuple inter-
médiaire. La durée de la fusion des deux lan-
gues fut en raison directe de celle de la fusion
des deux races. La phase de transition est
difficile k déterminer, parce qu'elle ne s'est
pas opérée d'une manière uniforme. Les hautes
classes de la nation adoptèrent promplement
un idiome qui, du reste, ne leur était pas in-
connu même avant la conquête, puisque nous
voyons que dès le Xe siècle, il était de bon ton
chez la noblesse anglaise d'envoyer ses en-
fants en France, pour y apprendre la langue
d'oïl, car le saxon était dédaigné à cette
époque : c'était pure affaire de mode ; de sorte
que les Normands trouvèrent la moitié de la
conquête faite en descendant en Angleterre.
Les classes inférieures, au contraire, chez
lesquelles les souvenirs nationaux persistaient
plus vivement, n'acceptèrent pas sans lutte la
langue des maîtres. Pendant quelque temps
les deux idiomes restèrent en présence ; mais
peu à peu ils se firent de mutuelles conces-
sions, et finirent même par opérer leur fusion
complète. Dès le xu« siècle, l'anglo-saxon
présente des traces évidentes de l'influence
normande. On cite comme monuments de la
langue anglaise un hymne à la Vierge et une
paraphrase des évangiles datant de 1160 en-
viron. D'après Augustin Thierry, « cet idiome
intermédiaire, dont la formation graduelle fut
un résultat nécessaire de la conquête, eut
d'abord cours dans les villes, ou la population
des deux races était plus mêlée, et où l'inéga-
lité des conditions était moins grande que dans
les campagnes. • Cependant, la nouvelle langue
attendit longtemps sa consécration officielle.
Jusqu'en 1362, la langue française fut la seule
en usage dans la rédaction des décrets, des lois,
de tous les actes publics ; quand on n'employait
pas le français, c'était le latin. Dans la collec-
tion des actes de Rymer, les originaux sont
presque tous écrits en latin ou en français. Le
français était aussi la langue du barreau. « Il
n'y avait, dit Augustin Thierry, que les chan-
teurs de ballades et de romances qui fissent,
usage de l'anglais pur, ou du langage mêlé do
français et d'anglais, qui était le moyen habi-
tuel de communication entre les hautes et les
basses classes. » Mais pendant le xnic et le
xiv<! siècle, la nouvelle langue se répand de
plus en plus. La noblesse continuait toujours,
par fierté, à parler le vieux patois français,
qu'avaient apporté en Angleterre ses ancêtres.
Mais auxive siècle, un statut d'Edouard III
tolère l'existence officielle de la nouvelle
langue; Chaucer la constitue langue natio-
nale. Toutefois, ce n'est que de 1425 que date
le premier acte en langue anglaise de la
Chambre basse du Parlement. En 1483, la
Chambre haute adopte également l'anglais
pour la rédaction de ses bills. Pendant le
xvu siècle, l'anglais gagne encore du terrain.
Augustin Thierry attribue k la guerre san-
glante des Deux-Roses de féconds résultats
pour la popularisation de la nouvelle langue ,
parce que la grande majorité de la noblesse
faisant remonter son origine a la conquête
fut décimée dans les combats, ou forcée de
faire des alliances de parti, et, par conséquent,
d'usages avec les gens de condition inférieure.
La langue fait de nouveaux progrès durant le
xvii* et le xviie siècle; auxviiic siècle elle est
complètement formée et définitivement fixée.
L'anglais, au point de vue grammatical, est
une langue essentiellement germanique ; sans
nous oii'rir le savant mécanisme de l'allemand,
il en contient les principes caractéristiques.
L'anglo-saxon était une langue à flexions;
l'invasion danoise a eu pour résultat immédiat
de simplifier la grammaire, sans influer nota-
blement sur le vocabulaire. Les éléments
latins que s'est assimilés l'anglais ont été
forcés de se plier au génie grammatical des
idiomes germaniques. La prononciation an-
glaise est généralement sourde et cependant
accentuée. La langue contient de nombreux
monosyllabes. Elle a adopté l'alphabet latin en
y apportant quelques modifications : w a la
valeur de ou; ch se prononce tch; sch se pro-
nonce sk, sh, ch; le th et le r médial et final
n'ont pas d'équivalents dans nos articulations
françaises. Les voyelles a e i o u, sont sus-
ceptibles de représenter toute une gamme de
sons spéciaux à l'anglais. La prononciation
s'éloigne beaucoup de l'écriture.
Tout en conservant quelques traits caracté-
ristiques, l'anglais arejeté la construction com-
pliquéeque présente 1 allemand-, la phrase' s'est
assouplie, et est devenue plus alerte , tout en
restant aussi énergique. L'anglais, k cause de
l'extrême simplicité de sa syntaxe, s'apprend
assez rapidement; la principale difficulté con-
siste dans la différence^ entre l'orthographe et
la prononciation, qui, considérée en elle-même,
n'offre , en somme , que des intonations qui
peuvent être reproduites par tout le monde.
La langue anglaise est une des plus répan-
dues du monde. Elle est, au point de vue des
relations commerciales et marmmes, le véri-
table idiome international. On la parle spécia-
ANG
371
lement en Angleterre , en Ecosse, en Irlande,
dans les Iles de la Manche, aux Etats-Unis ,
aux Indes; eUe est très-cultivée dans le Ha-
novre , les îles Ionienne^, Malte, le Portugal,
te Brésil, Haïti, etc., dans toutes les colonies
anglaises, partout enfin où l'Angleterre a fait
sentir son influence.
L'anglais comprend de nombreux dialectes :
les dialectes d'Oxford, de Somerset, de Suf-
folk, de Norfolk, le cookuey de la cité de Lon-
dres, le jowring du Berkshire, etc., l'anglais
ultra-européen des colonies anglaises et surtout
des Etats-Unis; le border-language des fron-
tières méridionales de l'Ecosse. En outre, dans
le pays de Galles et l'Irlande, on parle encore
des idiomes celtiques, dont les débris forment
alors un groupe a part. Y. Gallois et Irlan-
— V. Prosodie anglaise. La versification
anglaise offre assez d'analogie avec la versifi-
cation allemande. Elle repose sur la valeur et
l'accentuation des syllabes, qui sont ou brèves
ou longues, et dont la combinaison forme des
pieds. Les trois pieds admis par l'anglais sont
h'ambique, le trochaïque, l'anapestique.
L'ïambe se compose d'une brève et d'une
longue ( les voyelles longues sont, comme en
allemand, celles qui reçoivent l'accent).
Vers ïambique :
Achïlles wrâth, to Grêëce the dira full aprïng.
Le trochée est composé d'une longue et
Fairëst pièce of wëll form'd earth.
L'anapeste est composé de trois syllabes ,
dont la dernière est longue et les deux pre-
mières sont brèves •.
If I wrTte any more, it -will maka my poor muse sick.
Le vers ïambique peut être de dix, de huit,
de six ou de quatre syllabes. Il y en a aussi de
douze syllabes.
Le vers trochaïque peut être de sept, cinq,"
ou trois syllabes.
Le vers anapestique peut être de douze ou
de neuf syllabes. Quelquefois le premier pied
ne contient que deux syllabes.
Dans le vers alexandrin de douze syllabes,
la césure est toujours, comme en français,
après la sixième syllabe. Dans les vers hé- •
roïquesdedix syllabes, la césure peut so placer
sur la quatrième, la cinquième, la sixième et
quelquefois la septième syllabe.
Les Anglais ne font pas toujours rimer leurs
vers. Ce sont alors des vers blancs (blank
Les licences poétiques sont très-nombreuses
et très-larges en anglais. Les principales sont
les inversions, les élisions, les abréviations, les
synérèses, etc.
— VI. Grammaire anglaise. La connaissance
de la langue anglaise étant aujourd'hui d'une
utilité générale, sinon d'une absolue nécessité,
le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle
ne pouvait se dispenser de présenter quelques
considérations pratiques sur l'étude, de cette
langue si répandue. En moins de trois colonnes
de texte, nous donnons un cours élémentaire, .
mais un tableau complet , qui prouvera , du
moins, combien il en coûterait peu d'appren-
dre parfaitement et rapidement une langue
simple et facile, s'il en est une au monde.
Itemarques préliminaires : Le vocabulaire
existe, mais la syntaxe n'existe pas... Quel-
ques principes, mais aucune complication de
règles et d'exceptions, comme ailleurs.
Axiomes ou notions fondamentales :
1" Le verbe anglais se transforme en nom
ou substantif, et le nom devient verbe, chacun
de ces deux éléments prenant alors les dési-
nences affectées k la partie du discours qu'il
indique; ex. : water (eau), to water (arroser).
2» Le verbe devenant substantif se met au
participe présent, terminé en ingt et se fait
presque toujours précéder d'un article o
adjectif possessif; ex. : to corne '■'-"•""»
coming, your coming (l'arrivée, vi __,,.
privé de l'article, ou d'un adjectif possessif,
le participe présent équivaut simplement à
l'infinitif français : cette expression,/ hâve the
honour of requesiing, absolument la même que
celle-ci : / hâve the honour to request, n en
diffère que par l'emplof du participe présent
(j'ai l'honneur de demandant), tout en indi-
quant une intention d'élégance de style.
30 Un très-grand nombre de mots primi-
tifs sont tantôt adjectifs, tantôt verbes, tels
•, près ; blind, aveugle, mots qui ser-
: to near, s'approcher J '" '
vent à forn
ar),the
'o blind,
4» Tous les substantifs terminés en ion ,
ance, ant, once, ent, ment, âge, ude, our, lire,
et presque tous les noms communs en id, if,
im, ist et on, sont textuellement français, k
une lettre près.
5° La très-grande majorité des substantifs
en ty, deviennent français en changeant l'y
final en é.
6» Tous les adjectifs en able, ible, ive et al
reproduisent exactement le mot francs
l'addition, le retranchement ou le déph
d'une seule lettre.
7° Restreint k ses racines celtique
mandes, saxonnes et Scandinaves, le
372
ANG
laîre anglais se réduit à trois mille six cents
mots simples , les roots empruntés au grec
étant de toutes les langues.
8» Les mots composés se forment souvent
par des adjonctions "faciles à reconnaître ;
tiess, same, dom, wick, hood, ajoutés aux mots
simples blind, trouble, king, bailif, priest, en-
gendrent les composés : bltndness ( cécité ),
troublesome (pénible), kingdom (royaume 1,
bailiwick ( bailliage ) , priesthood ( prêtrise ).
L'anglais, a l'instar de l'allemand, forme aussi
des mots composés en faisant simplement pré-
céder le mot déterminé par le mot détermi-
nant : un pot au lait, a mil/: pot, en allemand
ei'ii milchtopf. Quoique mille et pot ne soient
pas intimement liés comme milchtopf, \\s con-
stituent néanmoins un véritable mot composé.
(On remarque le même procédé en persan.)
9° La langue anglaise est une langue syn-
thétique; ex. ; kin, ou kùid, signifiant relation,
famille, Classe, parent, a pour congénères :
itind, bon , obligeant ; kind, genre , espèce ;
kindly , obligeamment; kindly , homogène,
doux; kindlincss, faveur, affection ; kindness,
bonté, obligeance; wi-kindly, méchamment;
over-kind, trop bon ; mankind, le genre hu-
main ; marmikin, petit homme, nain (d'où man-
nequin); akin, allié, semblable (ejusdem fa-
rince). Comme autre exemple plus probant
encore du génie synthétique de la langue an •
glaise, on peut citer le radical will (volonté,
vouloir), qui ne crée pas moins de vingt et un
dérivés ; sans compter les composés des noms
propres pour le radical kin , précédemment
mentionné, tel que Thomkin, parent ou enfant
de Thomas, composé analogue au mot grec
Jléraclides , fils ou peuple d'Hercule , et au
mot russe Aler.androwitch, ou Alexandrowna,
fils et fille d'Alexandre.
1 0° Beaucoup de mots viennent du latin ;
mais un plus grand nombre sortent du saxon
ou vieux allemand ; le lecteur tant soit peu
versé dans la connnaissance de l'une ou l'au-
tre de ces langues originelles, ne change pas
de famille : ainsi, pour le latin, dismal vient do
dies malus; dismiss, de dimissus ; egress, d'e-
gressus ; mob, de mobilis; elaie, d'elatus; enc-
lio Bien que l'anglais possède un grand
nombre de mots dérivés du latin, de l'alle-
mand et du français , il est a observer que
beaucoup de ces mots, s'écrivant ou se pro-
nonçant de même, ne conservent pas rigou-
reusement leur signification primitive ; ainsi ,
plaint répond à complainte et non à plainte,
et comptaint signifie maladie , indisposition
physique ; absent veut dire distrait , plutôt
qu absent, tandis que distraction signifie géné-
ralement folie, égarement d'esprit.
Remarques et notions générales. De
l'Article. L'article, tel que nous l'entendons et
le comprenons (voir plus loin l'autre variété
ou espèce), n'a qu'une forme, t/w , que le
substantif soit du genre masculin, féminin ou
neutre; qu'il représente plusieurs personnes,
o\i objets; ou une seule personne ou chose.
En anglais , le substantif est souvent privé
d'article, et est pris alors dans le sens géné-
ral le plus illimité; en ce cas, il énonce la
matière, abstraction faite de la quantité: iron,
fer, le fer, du fer, signifie toute espèce de
1er. Il arrive même que l'article the précédant
le substantif le détermine si nettement qu'il
joue en certains cas le rôle d'un pronom dé-
monstratif; ex. : where is the lady?... où est
cktte dame?— En anglais, il existe encore
un article fréquemment employé, a (an devant
une voyelle),. qu'on pourrait appeler article
énonciatif de l'espèce, et qu'il ne faut pas con-
fondre avec one, signe de l'unité opposé à
plusieurs ; ex. : a butterfly isupon the tree, un
papillon est sur l'arbre (cet arbro que voilà) ;
cet exemple explique l'emploi et la valeur
réciproque des deux articles.
De l'Adjectif. Eu anglais, l'adjectif pré-
cède toujours le substantif, et si, par une
exraption fort rare, il vient après, c'est qu'a-
lors l'attribut ou la qualité exprimée par rad-
jeetif (royal, par exemple) domine le sens ou
l'idée que rend le substantif, à moins aussi
que l'adjectif n'ait un régime. — L'adjectif,
comme l'article, reste invariable, et ne con-
naît ni genre, ni nombre. Le superlatif et le
comparatif peuvent se marquer, comme en
allemand, par l'addition au radical des suffixes
est et er, ou bien comme en français, par the
most, le plus ; more, plus.
pronoms possessifs s'accordent en genre et
en nombre, non avec le substantif possédé,
niais avec le substantif possesseur, d'où les
méprises dos Anglais parlant français ; ainsi
l'on dit : lier husband, et non Iris husband (le
mari d'elle et non son mari) ; si le substantif
possesseur est du genre neutre , le pronom
prend également sa livrée. Une forme du pro-
nom possessif, c'est le 's possessif, qui corres-'
pond au génitif de quelques langues,' et en
français à la préposition de placée entre deux
substantifs dont l'un est le complément de
l'autre (le livre nu maître). On dit donc en an-
glais : Jamcs's estate, le domaine de Jacques;
il est vicieux d'imiter certains auteurs célèbres
(Pope, Addison), qui ont remplacé ce signe,
une ou deux fois, par le pronom his ; la termi-
naison originelle du cas possessif était is, et
ie mieux pour les Anglais serait d'écrire :
Jamesis estate; mais , dans leur habitude de
tout abréger, ils préfèrent souvent élider le '*
de la langue allemande, on peut
affirmer que l'anglais ne possède qu'une forme,
qu'une conjugaison, qu'un mode. A juger
de lu langue anglaise par le développement
du verbe, l'a principale partie du discours, on
la croirait parlée par quelque peuple primitif
incapable de compter au delà de ses dix doigts,
et de trouver autre chose, pour toute la série
des modes et des temps, que Yinftniiif et ses
trois désinences. A cette grave imperfection,
la langue anglaise supplée par des artifices,
grâce à plusieurs verbes auxiliaires ; elle peut
donc établir un semblant de conjugaison nor-
male par la pro-position des auxiliaires : let
(laisser, permettre), attribué aux l^s et ses
personnes de l'impératif ; will (vouloir) ; shall
(devoir) ; may (pouvoir, avoir la permission
de) ; can (pouvoir, avoir la puissance de) , dont
les passés would, should, might et could ser-
vent au conditionnel et au passé du subjonc-
tif, ainsi que must et ought (il faut, on doit).
Si la négation not est jointe aux verbes, elle
précède les trois temps de l'infinitif et suit tous
les autres. Les passés et participes passés de
tous les verbes réguliers se terminent invaria-
blement en ed, si l'infinitif finit par une con-
sonne ; et en d, s'il finit par un e muet. — Les
participes passés voulu, dâ, pu, fallu, man-
quant on anglais, il faut, dans la traduction,
reconstruire la tournure employée; ex. : J'au-
rais voulu faire, traduisez : Je voudrais avoir
fait (/ would hatic donc). — Observation gé-
nérale sur le Verbe anglais. Le verbe intran-
sitif français revêt très-fréquemment la forme
du verbe réfléchi ; alors il se conjugue avec le
double pronom. Il ne faut pas oublier que dans
les temps composés, soit des verbes neutres,
soit des verbes actifs ou réfléchis, notre verbe
être est toujours remplacé par l'auxiliaire
avoir, to HAVE; ex. : Il s'est tué (he has killed
himsolf), et non pas lie is killed, qui signifie,
il est tué.
Des Adoerbes. L'adverbe peut suivre un
verbe sans régime direct; autrement, il se
place après ce dernier ou après le régime indi-
rect, s'il y en a un. Quelques adverbes et locu-
tions adverbiales, when, quand ; tlxen, alors,
ensuite; hère, ici; therefore, c'est pourquoi,
commencent fréquemment la phrase. Les mots
alike, too, enough, only et both, sont tantôt
adverbes et tantôt adjectifs. Enfin, certains
adverbes tiennent souvent lieu d'un second
Des Prépositions. Simples ou composées ,
elles sont au nombre de trente -six: quel-
ques-unes, qui traduisent différemment les pré-
positions françaises de, à, par, réclament une
attention particulière du commençant ou de
l'étranger. Il est inutile de les citer ici. L'usage,
la conversation , la lecture, en apprendront
plus en une heure que vingt pages d'observa-
Des Particules. Les particules , préfixes
ou suffixes , jouent un grand rôle dans la
langue anglaise; tantôt elles précèdent, tantôt
elles suivent le verbe qu'elles modifient. Ainsi,
employées, ces particules sont l'équivalent —
oui, par exemple,— 1° d'un adverbe, 2° d'une
interjection, 3° d'une préposition, 4° d'un
verbe, S0 d'un adjectif participe passé. La
particule up fait l'office 1» d'un adverbe, a«
d'une interjection, 3° d'une préposition. Le
mécanisme de ces particules, qui paraît peu ,
compréhensible, sert au contraire à l'intelli- j
gence rapide des mots composés, les verbes '
surtout.
Dans cette dissection sommaire de la gram-
maire anglaise, nous avons négligé h dessein'
de mettre en relief certaines particularités,
certaines définitions ou distinctions que toutes
les grammaires supposent, admettent et four-
nissent : des genres et des nombres ; de la for-
mation du pluriel des substantifs ; de la divi-
sion des pronoms ; ce sont là des chapitres
accessoires, que tout traité développe à loisir,
et qu'on peut reconstruire soi-même à l'aide
d'un simple vocabulaire anglais. Nous n'avons
rien dit non plus des quatre futurs anglais,
uue les professeurs rendent si redoutables à
1 élève, quand le bon sens , l'attention d'un
moment, démontrent la puérilité de ces terri-
bles difficultés ! Il est impossible de se trom-
per , même une seule fois , sur le choix du
verbe auxiliaire qui doit figurer au futur avec
l'infinitif d'un autre verbe, si l'on grave d'a-
bord dans sa mémoire la signification respec-
tive des auxiliaires ou signes : will (volonté,
éventualité), shall (devoir, obligation, garan-
tie), jiay (permission), can (puissance propre,
effective), dont les signes correspondants, aux
Conditionnels, sont : would , should , might,
could , plus deux autres : ought to (obliga
tion morale) et must (inévitabilité).
Pour achever ce précis (la syntaxe propre-
ment dite n'existe pas en anglais), il ne nous
reste plus qu'à citer certains idiotismes ou
singularités. Une bizarrerie, que les Anglais
trouvent toute naturelle, est la suppression <le
que, régime direct; ex. : le frère que fo'me,
the brotlier (whom) / love. — Idiotismes : there
ivas a cliild ( il y avait un enfant ) ; it is two
mont lis sinec (il y a deux mois que); he had
i père ) ; nor did 1 expect 1
ANG
soon (je ne l'attendais pas non plus sitôt); he
is a man to be rewarded (c'est un homme à
récompenser) , etc.
Conclusion : La prononciation de l'anglais
ne peut s'apprendre que dans la fréquentation
de la bonne société; mais la langue elle-même
est la plus facile de toutes celles qu'on parle
aujourd'hui en Europe.
— VII. Littérature anglaise. L'histoire de la
littérature anglaise ne commence réellement
qu'à l'époque où la langue anglaise elle-même
se forma par l'introduction de l'élément fran-
çais dans l'idiome anglo-saxon, lorsque Guil-
laume le Conquérant voulut imposer sa langue
à ceux qu'il avait vaincus. On verra à l'article
anglo-saxonne (littérature), tout ce qui con-
cette littérature primitive, et
tion qui s'opère peu à peu dans la langue.
Les poèmes ou ballades de la première
moitié du xivc siècle présentent souvent une
particularité assez curieuse: un couplet est en
français et un autre couplet en anglo-saxon,
alternativement; quelquefois même un vers
français est suivi d'un vers anglo-saxon qui
rime avec lui; les deux langues semblent se
faire des concessions réciproques :
On peut faire et défaire come fait-il trop souvent
T'is rather well ne faire therefore England is Kent.
Ces deux vers sont (ires d'une pièce com-
posée sous le règne d'Edouard II. Mais sous
Edouard III, quand la guerre de Cent ans
excite la haine entre les deux pays, l'amour-
propre national se réveille, la langue française
est rejetée et la littérature devient réellement
originale. « Les poètes anglais , dit Augustin
Thierry, prenaient pour sujet de leurs merry
taies ( contes joyeux ) des aventures plé-
béiennes, telles que celles de Peter Plough-
man (Pierre le garçon de charrue); et un
caractère commun à presque tous ces poètes
est une sorte de dégoût national pour la langue
de la conquête. » L'ouvrage intitulé les Vi-
sions de Guillaume à propos de Pierre le labou-
reur, ou le Garçon de charrue, fut composé
vers 1362 par un prêtre séculier nommé Ro-
bert Langland ; on y trouve une peinture sati-
rique et vraie des moeurs du clergé et des
classes populaires de l'époque. Vers le même
temps parut Chaucer, un des poètes dont l'An-
gleterre s'enorgueillit avec le plus de justice.
Il puisa dans les traditions populaires les sujets
très-variés de ses Contes de Canterbury, qui
offrent des analogies avec le Décaméron de
Boccace, et où l'on trouve des peintures char-
mantes mêlées à des morceaux du ton le plus
élevé. Aussi, comme poète, Chaucer-a-t-il sa
place marquée entre Spenser, Shakspeare,
Milton et Byron. Cependant, John Wickliffo
et Mandeville contribuaient à fixer la langue,
l'un par sa traduction, de la Bible, l'autre par
ses Récits de voyages,'en prose.
Le xve siècle n'oil're que des écrivains de
second ordre , parmi lesquels on peut citer le
fabuliste- Henryson; Lydgate, qui raconte
l'histoire de Thèbes et la prise de Troie;
Surrey, qui imite Pétrarque, comme Chaucer
a imité Boccace; sir Thomas Wyatt, auteur
de sonnets et de chansons , et sir John For-
tescue, qui écrit en prose un traité sur la
Différence entre une monarchie absolue et une
monarchie limitée.
Dans le siècle suivant, Thomas Morus, outre
divers écrits religieux remarquables par l'élé-
gance du style, composa sa fameuse Utopie,
où l'on voit apparaître pour la première fois
les doctrines d'un républicanisme très-avancé
et presque communiste. Hugh Latimer et
Leland publièrent aussi de savants écrits reli-
gieux, et Guillaume Tyndale donna une excel-
lente traduction de la Bible. Mais le nom le
plus glorieux de ce siècle est celui du grand
poète dramatique Shakspeare, qui suffirait
seul à illustrer le règne d'Elisabeth, de « cette
belle vestale assise sur le trône d'Occident, »
comme il la nomme lui-même. Avant lui John
Hcywood, Udall, Sackville , Lyly, Nash,
Grecne, Lodge , et surtout Christophe Mar-
lowe, s'étaient déjà distingués par quelques
productions dramatiques qui n'étaient pas sans
mérite; Marlowe surtout, dont le Faust a été
traduit en français par M. François-Victor
Hugo. Mais, comme les étoiles pâlissent et
disparaissent devant les clartés de l'astre du
jour, ils sont aujourd'hui tombés dans un
oubli presque complet. Le théâtre de Shak-
speare se compose de trente-cinq pièces, dont
une douzaine au moins sont des œuvres de
génie ; nous en parlerons plus longuement dans
l'article spécial qui sera consacré à ce grand
poète. A coté du nom de Shakspeare il faut
placer celui de Spenser, auteur de la Reine
des fées, poëme où sont reproduites les plus
brillantes fictions du moyen âge , et qu'on
admire encore aujourd'hui pour le luxe des
images et la mélodie du rhythme. Après
Spenser, Thomas Carew, Daniell et Fairfax
tiennent un rang honorable. Ben Jonson ,
Webster, Middleton, Thomas Heywood, Shir-
ley, travaillèrent pour le théâtre : les tragé-
dies, toutes romaines, et les comédies de Ben
Jonson, jouissent encore aujourd'hui de l'es- I
time des connaisseurs. Parmi les prosateurs I
de la même époque, il faut remarquer Knox, j
ANG
prédicateur énergique, en Ecosse; Buchanan
et Hooker, qui se distinguèrent dans la polé-
mique religieuse; François Bacon, lord de
Verulam, dont le Notium Organum , écrit en
latin, contribua si puissamment à ouvrir une
ère nouvelle pour la philosophie et pour les
sciences ; sir Walter Raleigh, auteur de V His-
toire du monde; Howell et sir Thomas Herbert,
qui racontèrent d'intéressants voyages; Hob-
bes , philosophe matérialiste; Burton, auteur
de l'Anatomie de la mélancolie, et Jérémie
Taylor, surnommé le Shakspeare de la théo-
Les détails que nous venons de donner nous
conduisent jusqu'au milieu du xvne siècle;
car le règne si tourmenté du malheureux
Charles 1er fut un temps d'arrêt pour la litté-
rature. Après la restauration de Charles II,
Cowley, Waller et Denham composèrent quel-
ques poésies qui furent goûtées du public;
mais Milton , 1 auteur du Paradis perdu , se
plaça par cette œuvre de génie au premier
rang des poètes épiques. Il avait débuté par
la polémique religieuse, puis il avait composé
des pamphlets politiques , et quelques poèmes
dans le genre descriptif, tels que Cornus, Ly-
cidas, V Allegro et le Penseroso. Mêlé à la poli-
tique active sous Cronrwell, il fut disgracié
après le retour des rois-; pour comble de mal-
heur il perdit la vue, et composa son immortel
chef-d'œuvre en le dictant vers par vers à
l'une de ses filles, qui lui servait de secrétaire.
Il fut longtemps sans pouvoir trouver un édi-
teur; celui qui consentit enfin à se charger de
publier le Paradis perdu n'en voulut donner
à l'auteur que dix livres sterling (environ
250 fr. ). Ce ne fut qu'après sa mort que les
Anglais comprirent la valeur d'une œuvre qui
se place immédiatement après Ylliade et l'E-
néide, dans un genre de poésie si difficile que
presque toutes les tentatives n'ont abouti nu'à
de honteux échecs. Samuel Butler publia
dans le même temps le poème satirique A'IJu-
dibras, qui eut beaucoup de vogue. C'est un
ouvrage plein d'allusions contemporaines, très-
difficiles à saisir aujourd'hui. Dry den, poète
froid, mais rigoureux observateur de la forme
et des traditions classiques, ne ressemble guère
aux écrivains du siècle précédent; on lui as-
signe cependant une place honorable sur le
Parnasse anglais ; il traduisit Virgile, Perse,
Juvénal, composa des satires, des fables, des
odes, des tragédies, où se fait toujours sentir
l'imitation de la poésie régulière et classique
de notre grand siècle littéraire. Otway, poète
dramatique , sut mieux parler le langage des
passions ; deux de ses pièces, l'Orpheline et
Venise sauvée, firent couler plus de larmes que
les drames les plus pathétiques de Shakspeare.
Les écrivains en prose les plus remarquables
de ce temps sont : Algernon Sidney, Thomas
Burnett , Locke , dont Y Essai sur l'entende-
ment humain opéra une révolution dans la phi-
losophie et servit de base aux travaux de
Thomas Reid, d'André Rudiger, de Condillac,
de Condorcet, etc. ; le chancelier Hyde, lord
Clarendon, et enfin le chaudronnier Bunyan,
dont le Voyage du pèlerin est encore aujour-
d'hui très-populaire en Angleterre.
Nous arrivons à l'époque littéraire qu'on a
coutume de désigner sous le nom de siècle de
la reine Annç; elle est remarquable surtout
par sa fécondité. Prior se présente le premier ;
sil prend Horace pour modèle et compose des
odes, des épîtres, des épigrammes,des contes
en vers. Pope, aussi classique que notre Boi-
leau, s'est également illustré dans la poésie
lyrique, la satire, la philosophie; il tradr'-''
Ylliade et l'Odyssée, et ses traductions lui i
portèrent autant d'argent que de
Sa Dunciade est une mordante et spirituelle
satire ; sa Boucle de cheveux enlevée a été com-
parée au Lutrin de Boileau, et son Essai sur
l'homme fut vanté par Voltaire, au delà peut-
être de son mérite réel. Parnell, Gay, Green,
de Sommerville , méritent encore d'être cités
pour leurs poésies.
Les œuvres dramatiques sont assez pâles :
Addison, Southerne, Wickerley, Congrève,
composent des pièces régulières, où l'esprit ne
manque pas, mais qui n'offrent rien de trans-
cendant. La prose, au contraire, entre dans
une phase nouvelle ; la presse périodique se
fonde ; Steele, le premier, créa pour les whigs
le Babillard, le Spectateur, le Mentor; Addison
collabora au Babillard et au Spectateur, et il
acquit dans ce nouveau genre de littérature
une réputation justement méritée ; c'est un des
écrivains les plus corrects et les plus élégants
que puisse citer l'Angleterre. Swift, remar-
quable par sa verve humoristique, a été ap-
pelé par Voltaire le Rabelais anglais ; tout le
monde connaît son Voyage de Gulliver, et ses
Lettres d'un drapier, bien que moins connues
chez nous, ont eu une vogue extraordinaire.
Robinson Crusoé , ce roman si plein d'intérêt,
qui plaît a l'âge mûr comme à l'enfance , est
1 œuvre de Daniel de Foe, qui s'était déjà fait
connaître par divers pamphlets politiques.
Arbuthnot et lady Montagu se font un nom
dans le genre épistolaire. Le docteur Clarke,
l'adversaire de Hobbes et de Spinosa, montre
un talent plein de vigueur pour les discussions
théologiques. Berkeley et Sliaftesbury repré-
sentent dignement la philosophie.
Un peu plus tard, Young compose ses Nuits,
œuvre sombre et lugubre d'une âme écrasée
par le malheur ; Thomson publie le poème des
Saisons; Collins, Akenside, Gray, Churchill et
Chatterton se fontaussi remarquer par diverses
productions poétiques; on sait que ce dernier
&"
ANG
mourut misérablement à dix-huit ans. C'est
alors aussi qu'apparaît la publication du poSme
ô'O.isian, dont on attribue la composition' à
l'éditeur Macpherson, et qui n'est qu'une imi-
tation très-habile des anciens chants gaéliques.
Le roman, cette forme de littérature essentiel-
lement moderne, commence a attirer vivement
l'attention et l'intérêt du public. Richardson
publie Clarisse Harloice, qui est presque aus-
sitôt traduit dans toutes les langues; le Tom
Jones de Fielding a presque autant de succès ;
Smollett produit Uodri/c Handom et Pere-
grine Piclcle ; Sterne fait le Voyage senti-
■ mental, et Goldsmith le Vicaire de Wakefield.
Mackonsie, Samuel Johnson, Horace Walpole
marchent sur leurs traces. Plusieurs de ces
écrivains travaillèrent aussi pour le théâtre ;
ils réussirent moins dans la tragédie que dans
la comédie, et comme auteurs comiques ils
furent dépassés par Sheridan, a qui 1 on doit
V Ecole du scandale.
Parmi les historiens, nous citerons Hume,
dont l'Histoire d'Angleterre est écrite avec
élégance et clarté; l'Ecossais William Ro-
bertson, qui a composé VHistoire d'Amérique,
Y Histoire d'Ecosse et celle de Charles V, son
meilleur ou vrage;Tobia$ Smollett, auteur d'une
Histoire complète de l'Angleterre depuis la
descente de Jules César jusqu'au traité d'Aix-
la-Chapelle, et surtout Edouard Gibbon, dont
Y Histoire de la décadence et de la chute de
l'empire romain est une oeuvre capitale.
En philosophie, David Hume composa des
Essais, où il créa un scepticisme nouveau;
Hutcheson publia un Système de philosophie
morale; Reid fit sensation par ses liecherches
sur l'esprit humain et son Essai sur lapuis-
_' sauce intellectuelle, La Théorie des sentiments
moraux d'Adam Smith le met aussi au nombre
(les philosophes de ce temps, mais il est sur-
tout célèbre comme économiste, et son prin-
cipal ouvrage est intitulé liecherches sur la
nature et les causes de la richesse des nations.
Enfin Warburton, Whitefield, Wesley, le doc-
teur Blair et le docteur Campbell, furent des
théologiens ou des prédicateurs distingués,
pendant que William Pitt, Edmond Burke,
Charles Fox, Erskine , Châtain et Sheridan se
firent un nom dans l'éloquence politique. Les
fameuses Lettres de Junius, qui parurent en
I769, se rattachent aussi à la politique; on
peut les considérer comme le plus spirituel et
. le plus incisif des pamphlets ; on n'a jamais su
d'une manière certaine quel en était l'auteur,
mais on les a souvent attribuées à sir Philip
Francis.
Vers la fin du xvine siècle, on vit se pro-
duire une véritable révolution dans la littéra-
ture anglaise , et ce fut l'Allemagne qui en
donna le signal. Réagissant contre les tradi-
ditions classiques que l'influence de l'école
française avait longtemps imposées aux polîtes
allemands, Lessing, Herder, Gœthe, Schiller,
avaient essayé de trouver dans leur pays môme
des sources d'inspiration moins banales et plus
conformes au génie germanique. L'impulsion
donnée par eux ne taçda pas à se propager en
Angleterre ; on se mit à relire Shakspëare et
les vieilles ballades ; on y chercha les éléments
d'une école nouvelle, l'école romantique, dont
Cowper est généralement regardé comme le
créateur. Ses poésies portent ce cachet de'
personnalité et de lyrisme qui constituent la
manière propre du romantisme. Darwin , Bloom-
lield et Grahame s'adonnèrent spécialement
au genre descriptif. Wordsworth se montra
supérieur à tous ses rivaux , c'est un des plus
grands poëtes de l'Angleterre. Robert Southey
est un versificateur fécond ; Coleridge, un cise-
leur et un coloriste amoureux de la forme ;
Thomas Moore s'est acquis une popularité
légitime par ses Mélodies irlandaises, et sur-
tout par son poëme oriental de Lalla Itookh.
Thomas Campbell et Walter Scott, comme
poète, n'eurent pas moins de vogue. Enfin
nous arrivons à Byron, qui a fait école dans
l'école, et qui a créé un genre tout nouveau :
le scepticisme lyrique. Childc-Harold, Don
Juan et d'autres poèmes du même genre pro-
duisirent une impression extraordinaire ; ils
furent traduits et imités dans toutes les langues.
Pendant que la poésie entrait dans cette
nouvelle phase, l'histoire, basée sur les pro-
cédés d'une critique toute philosophique, comp-
tait d'illustres représentants. Mitford compo-
sait une savante Histoire de la Grèce; Macin-
tosh donnait une Histoire de la révolution
ie 1688 et une Histoire d'Angleterre, qui sont
restées inachevées l'une et l'autre ; Lingard
s'est montré érudit, mais trop partial ; enfin Ma-
caulay, aussi connu en France qu'en Angle-
terre, s'est acquis la réputation méritée d'un
historien hors ligne. La philosophie trouvait
un brillant interprète dans Dugald Stewart;
Jéréinie Bentham et Malthus se distinguaient,
l'un comme moraliste et jurisconsulte, l'autre
par des ouvrages sur l'économie politique. La
roman, de son côté, conquérait de plus en plus
la faveur générale, en se pliant aux goûts
variables de la foule et aux exigences de l'es-
prit moderne. A Simple Histoire, de mistress
Incnbald , succèdent les romans terribles
d'Anne Radeliil'e ; le Moine, production étrange
de Lewis; Caleb William dn Godwin, et les
romans historiques de Walter Scott, le plus
célèbre des romanciers, et celui dont le nom et
les ouvrages sont le mieux connus dans toutes
les parties du monde. De nos jours encore le
roman est cultivé par des hommes qui jouis-
sent d'une célébrité incontestable : on peut
citer Charles Dickens, sir Bulwer Lytton,
ANG
Fenimore Cooper, Thackeray, qui vient de
mourir récemment. Mais nous ne devons pas
nous permettre de juger des auteurs vivants,
qui n ont pas donné toute la mesure de leur
talent, et pour qui la postérité n|est pas encore
ouverte. Nous terminerons donc ici ce rapide
résumé de l'histoire littéraire de l'Angleterre,
en faisant seulement remarquer que, dans ce
pays comme dans tous les autres, le roman
et l'histoire sont aujourd'hui les deux formes
sous lesquelles la plupart des écrivains aiment
surtout à manifester leurs idées et leurs
sentiments.
— VIII. Peinture anglaise. On ne sait que
très-peu de chose de l'état des arts en An-
gleterre pendant la période anglo-saxonne.
Au ix« siècle, Biscops, abbé de Wiremouth,
fit venir d'Italie une grande quantité de ta-
bleaux, dont il remplit les églises dépendantes
de son monastère.- Un peu plus tard, Alfred
le Grand, cherchant à polir ses guerriers,
multiplia les manuscrits et les fit orner de mi-
niatures. Vers la fin du xe siècle, Dunstan,
évoque de Cantorbéry, avait la réputation
d'être un habile facteur d'instruments de.mu-
sique et un habile miniaturiste : la bibliothèque
Bodtéiènne conserve quelques-unes de ses en-
luminures. Guillaume le Conquérant introdui-
sit en Angleterre le luxe et les arts de la
France. Sous son règne et celui de ses deux
fils, la grande peinture commença a être cul-
tivée. Lanfranc, né en Lombardie, un des lit-
térateurs les plus renommés de son siècle,
devenu archevêque de Cantorbéry, rebâtit son
église et orna la voûte de peintures dont la
beauté, suivant l'expression d'un chroniqueur
contemporain, ravissait les esprits. Anselme,
français, continuèrent de faire décorer cette
cathédrale. De nombreuses miniatures des
xiue et xivî siècles sont parvenues jusqu'à
nous; l'exécution en est grossière, mais le style
ne manque pas d'originalité. Les chartes font
souvent mention de peintures murales exécu-
tées dans les églises à la même
que suscita plus tard le puritanisme
anglican.
Les quelques peintures du xvc siècle qui ont
échappé à la destruction trahissent l'influence
de la grande école de Bruges. Jan Gossaert,
dit Mabusc, sectateur des Van Eyck, est le
peintre étranger le plus ancien dont on ait
conservé une œuvre authentique exécutée en
Angleterre ; la galerie de Hampton-Court a de
lui un petit tableau avec portraits des enfants
de Henri VII, qui est daté de 1405. Au com-
mencement du xvie siècle, quelques Italiens
furent appelés, entre autres Luca Penni, frère
de Giovanni-Francesco Penni, l'élève et le
légataire de Raphaël. Mais il semble que l'art
de la peinture n'ait été sérieusement cultivé
en Angleterre qu'à partir du jour où Holbein
arriva dans ce pays, et remit à Thomas Morus
une lettre et le portrait d'Erasme , leur ami
commun (1520). Accueilli de la façon la plus
amicale car le chancelier,. le célèbre peintre
fut bientôt admis dans les bonnes grâces de
Henri VIII; il fit plusieurs fois le portrait de
ce prince, ceux des divers membres de la
famille royale et de presque tous les seigneurs
de la cour. Il exécuta aussi diverses composi-
tions historiques et allégoriques, et ne cessa
de jouir d'une grande faveur jusqu'à sa mort,
arrivée à Londres en 1554. Les tableaux reli-
gieux ayant été proscrits par la réformation,
la peinture de portrait fut 1 occupation presque
exclusive des artistes étrangers qui vinrent
en Angleterre à la suite d'Holbein. Parmi les
autres portraitistes employés par Henri VIII,
on cite le Flamand Gérard Horebout et le Hol-
landais Lucas-Cornelisz Engelbrechtsen, un
des fils de Cornelis Engelbrechtsen, qui passe
pour avoir formé Lucas de Leyde. Sous le
règne de Marie Tudor, Antonio Moor arriva
d'Espagne pour peindre le portrait de cette
princesse, dont Philippe II avait demandé la
main. Le succès qu'obtinrent les ouvrages de
• cet artiste troubla, assure-t-on , les facultés
mentales de Joost van Cleef, qui a laissé en
Angleterre des portraits dont le style rappelle
beaucoup celui d'Holbein. Après avoir tra-
vaillé pour la reine Marie, le Flamand Lucas
de Heere devint le peintre d'Elisabeth ; mais
sa réputation fut éclipsée par celle de l'Italien
Frederico Zucchero, qui vint à Londres en
1574. Cornelis Ketel, de Gouda, et Marc Gé-
rard, de Bruges, travaillèrent aussi à la cour
d'Elisabeth. A côté de ces maîtres étrangers
se formèrent quelques portraitistes indigènes,
entre autres Nicolas Hilliard et Isaac Oliver,
qui peignirent en miniature. Le seul portrait
authentique de Shakspëare est l'œuvre d'un
Anglais : il a été exécuté d'après nature par
l'acteur Burbadge, l'ami du poète et son inter-
prète dans le rôle de Richard III. Sous le
règne de Jacques I", nouvelle génération de
portraitistes étrangers. Paul van Sommer,
d'Anvers, qui vint à Londres en 1606, a laissé
entre autres ouvrages le portrait de lord Ba-
con et ceux très-connus de lord et de lady
Arundel. Les Hollandais Cornelis Janson van
Ceulen et Daniel Mytens, arrivés quelques
années après, travaillèrent principalement
pour Charles l«r. Ce prince, qui ne dédaignait
pas de s'occuper lui-même de dessin, et qui
réunit dans son palais une magnifique collec-
tion de tableaux et de statues, ne négligea
rien pour attirer à sa cour les artistes les plus
renommés du continent. Rubens, que les dis,-
ANG
tinetions les plus flatteuses et l'amitié même
du roi ne purent retenir plus d'une année à
Londres, y exécuta quelques portraits et des
peintures assez importantes pour la salle de
festin de White-Hall. A Van Dyck, son élève,
était réservé l'honneur d'exercer sur les arts
en Angleterre une influence égale et peut-
être supérieure à celle d'Holbein. En 1632, il
entra au service de Charles Ier, qui lui assigna
une pension de 200 liv. st., le fit chevalier, et
le nomma premier peintre de la cour. Lord
Arundel, amateur passionné des arts, ami de
Rubens et de Van Dyck, ne fut sans doute pas
étranger à la faveur qui accueillit ces illustres
artistes. Tous deux ont fait de lui d'admirables
portraits. Van Dyck ne séjourna pas moins do
neuf ans en Angleterre. Parmi les peintres
flamands et hollandais qui s'étaient groupés
autour de lui, nous citerons Jan van Reyn, né
à Dunkerque, et David Beck, d'Arnheiin, qu'il
employa souvent à l'exécution de ses portraits.
Plusieurs artistes indigènes suivirent égale-
ment sa manière. Walpole nomme, entre
autres : Georges Jamesone, qui avait étudié
sous Rubens, a Anvers, et qui travailla avec
succès h. Edimbourg ; l'Irlandais James Gandy ;
Henry Stone, qui mourut à Londres en 1653 ;
William Dobson, qui fut un des plus habiles
imitateurs du maître, et qui lui succéda comme
peintre en titre de Charles I", et enfin Robert
Walker, le peintre affectionné de Cromwell,
dont il nous a transmis de fort beaux por-
traits. Mais les artistes étrangers continuèrent
de M. W. Bnrger, ïut le plus étonnant
Sosie de Van Dyck, vint en Angleterre après
la mort de ce dernier, et jouit, durant près de
quarante années, d'un succès égal à celui de
son modèle : il peignit Charles l" et sa cour,
le Protecteur et son entourage, Charles II et
toutes les « beautés de Windsor ». Largillière
travailla pendant quatre ans sous sa direction
et son patronage. Un autre portraitiste fran-
çais, Claude Lefèvre, passa les dernières an-
nées de sa vie en Angleterre, et y mourut en
1675. En 1680, Charles de la Fosse, Baptiste
Monnoyer, le peintre de fleurs, et Rousseau,
peintre d'architecture, furent appelés en An-
gleterre par lord Montaigu, qui leur confia la
décoration de son palais. Ce travail achevé,
Monnoyer resta à Londres, où il termina sa
carrière en 1699. Il avait fait la connaissance
de l'Allemand Gottfried Kneller, et collabora
souvent avec cet artiste, qui avait hérité de
la vogue de Lely, et qui tut successivement
employé par Jacques II, Guillaume III et la
reine Anne. Au xvne siècle, la marine, le
paysage et le genre furent cultivés en Angle-
terre par quelques artistes hollandais, notam-
ment par les Van de Velde, Dirk Stoop, Jan
et Thomas Wyck ; mais le goût public avait
surtout favorisé la peinture de portraits. Tous
les efforts avaient d'ailleurs été impuissants à
faire surgir une école nationale : on eût dit
que l'Angleterre était fatalement impropre aux
arts plastiques, et surtout à la peinture. Le
xvine siècle, cependant, devait voir cesser
cotte infériorité. Vers latin du trop long règne
de Kneller, l'Italien Verrio avait importé une
sorte de peinture architecturale, décorative
et lâchée, qu'un autre étranger, le Fiançais
Laguetre, avait contribué, par sa facilité ex-
cessive, à mettre à la mode, et où un Anglais,
James Thornill (1676-1734), s'était fait, à leur
suite, une grande réputation, en peignant la
coupole de Saint- Paul et la salle d'armes de
Greenwich. Tout semblait indiquer que la dé-
cadence où les arts étaient tombés à cette
époque dans les divers pays d'Europe dût
être plus complète en Angleterre, lorsque le
génie britannique se révéla soudain. « Les
Anglais sont très-excentriques, dit à ce propos
M. Biirger. Ils ne font rien comme les autres
ni au même moment que les autres. Tant que
les peuples du continent eurent de bonnes
écoles et de bons maîtres, impossible de natu-
raliser l'art en Angleterre. Pendant plus de
deux siècles, c'est une procession d'étrangers
qui, à défaut de peintres indigènes, viennent
prêter leur talent à la cour et à l'aristocratie.
Même aux temps de Shakspëare et de Milton,
la peinture est toujours un produit exotique
dans ce pays fertile en poëtes, en littérateurs,
en savants, en politiques, en inventeurs de
toute sorte, en hommes d'un génie profond et
original... Mais, tout à coup, quand l'Italie et
l'Espagne, l'Allemagne, la Flandre et la Hol-
lande n'ont plus d'art, quand la France seule
a quelques peintres de fantaisie légère, —
Watteau était même déjà mort, —voilà quo
paraît à Londres un esprit singulier, qui crée
presque un nouveau genre de peinture où
s'entremêlent dans une forme vive et popu-
laire la morale et la satire ; voilà que naissent
presque en même temps deux portraitistes
qui rappelleront, sous d autres costumes, l'é-
légance de Van Dyck. »
Hogarth (1698-1764), Reynolds (1723-17S2)
et Gainsborough (1727-1788) , tels sont les ini-
tiateurs et les véritables fondateurs de l'école
anglaise. Le premier, qui fut sans contredit
le plus original des trois, le plus riche de l'Au-
mour national, peignit et grava des scènes do
mœurs tour à tour dramatiques et risibles,
nobles et triviales, piquantes et sentimentales,
toujours attrayantes et empreintes de vérité
et de force. Reynolds, né en 1723, l'année
même de la mort de Kneller et trois ans après
l'apparition de la première gravure d'Hogarth,
sut se créer un style personnel, tout en s'el-
forçant d'imiter les maîtres les plus renom-
ANG
373
mes des diverses écoles, le Corrége, le Titien,
Léonard- de Vinci, Velasquez, Murillo, Ru-
bens, Van Dyck et Rembrandt. En formant
son talent d'après ces modèles si opposés, il
resta anglais de caractère, de tournure, de
goût et de style. Il s'adonna spécialement à la
peinture de portraits, et, en ce genre, il attei-
gnit à la puissance d'interprétation des plus
grands maîtres. Il composa aussi des tableaux
d'histoire, et peignit parfois aveu une couleur
magique des sujets empruntés à la fable et à
la poésie : mais' là n'était pas sa véritable su-
périorité, et ceux qui, de son temps ou après
lui, ambitionnèrent les succès de la grande
peinture, Benjamin West, H. Fusely, Copley,
Barry , Opie , Northçote , Wright , etc. , ne
réussirent pas davantage à implanter le style
héroïque en Angleterre. Benjamin West (1738-
1 820) eut du moins le mérite de contribuer à
l'organisation des expositions de peinture,
qui propagèrent le goût des arts parmi le pu-
blic anglais. Coloriste fin et délicat, physiono-
miste doué d'une grande pénétration, poilte
sensible et élégant, Gainsborough fut le rival
de Reynolds dans la peinture de portraits ; il
fit aussi des paysages et des paysanneries où
il traduisit avec beaucoup de sentiment et de
simplicité les spectacles variés de la nature et
les épisodes de la vie rustique. C'est do lui que
procèdent les deux meilleurs paysagistes de
l'école anglaise : Morland etConstable. Avant
lui, Richard Wilson avait composé très-habi-
lement des paysages classiques dans le style
de Poussin et de Claude; mais, malgré son
mérite, il fut sans influence sur l'école de son
pays ; tout au plus pourrait-on citer comme
ayant suivi plus tard la même voie, Turner,
que les Anglais comparent à notre Lorrain,
bien qu'il n'en ait ni 1 éclat ni la transparence.
La peinture de portraits fut, au xviii" siècle,
laspécialité la plus brillante de l'école anglaise.
En même temps que Reynolds et Gainsbo-
rough, vivaient George Romney , qui les
égala presque, l'Ecossais Raeburn, qui a quel-
que chose de la vigueur de Velasquez, Hopp-
ner, dont la manière a beaucoup de charme
et de distinction, Barry, Opie, Copley, qui
montrèrent plus de talent en peignant de
simples portraits qu'en s'essayant aux compo-
sitions historiques. Autant Pieter Lely avait
approché de Van Dyck, autant Thomas Law-
rence (17S9-1830) approcha de Reynolds, qu'il
remplaça comme peintre de la cour, et dont il
reproduisit, non sans un peu de maniérisme,
le style élégant et le brillant coloris; il fut
lui-même imité par la plupart des portraitistes
de son temps, Harlow, Beechey, Martin Shee,
Th. Philipps, John Jackson, Georges Dawe,etc.
De nos jours, les portraitistes les plus notables
en Angleterre sont sir John Watson, Gordon,
M. Francis Grant et M. Henry- William Pic-
kersgill, tous quatre membres de l'Académie
Parmi les quelques artistes qui suivirent
dans la peinture historique les principes de /
l'école de David, Westall est le seul dont les /
travaux aient obtenu quelque succès; Hilton,
Etty, Briggs, Stothard, llaydon, montrèrent
plus d'indépendance. Il y a environ trente ans,
John Martin fit sensation par ses immenses (
panoramas , où il déroula les scènes impo- •
santés de la Bible; mais sa gloire a été de
courte durée : on se lassa bien vite de ses
effets de lumière fantastiques et do ses con-
ceptions bizarres. On a senti récemment en
Angleterre le besoin de provoquer, s'il était
possible, la renaissance de la grande pein-
ture : une commission royale a été instituée
pour diriger les travaux de décoration du nou-
veau palais de Westminster ; on a fait appel
aux artistes, on a ouvert des concours, un a
donné des commandes. Tous les efforts, tous
les encouragements ont abouti à faire ressor-
tir d'une façon plus éclatante l'infériorité do
l'école anglaise, son impuissance à combiner
les éléments d'une vaste composition, à s'éle-
ver à la conception du beau. MM. F.-R. Pic-
kersgill, J. Cross, E.-M. Ward, A. Johnston,
Foggo et Desanges, qui ont pris la plus large
part aux travaux de Westminster, ont fait
preuve sinon d'un talent supérieur, du moins
d'une certaine hardiesse qu'il est permis de
louer. M. Armitage a exécuté des tableaux
d'histoire et des batailles dans le style de Paul
Delaroche, dont il a, du reste, été l'élève.
M. Stanfield est le Bellangô de l'Angleterre :
il s'est montré français jusque dans le choix
de ses sujets, et il a plusieurs fois exposé à
Paris des épisodes militaires du premier Em-
pire. De tous les peintres anglais contempo-
rains, sir Charles Eastlake est celui qui, par
la pureté de son dessin, la chaleur de son colo-
ris et l'élévation de ses idées, aurait pu triom-
pher le plus sûrement, ce semble, des difficul-
tés de la grande peinture : il s'est borné, tou-
Hogarth n'avait pas eu de continuateur im-
médiat dans la peinture familière. Ce genre re-
parut avec éclat au commencement de notre
siècle: David Wilkie (1785-1841), un des talents
les plus populaires et les plus justement estimés
de l'Angleterre, débuta à l'exposition de l'Aca-
démie, en 1806, par les Politiques de Village, ta-
bleau d'unegrande finesse d'observation, d'une
exécution naturelle et vigoureuse. A dater de
cette époque , l'école anglaise semble avoir
trouvé sa véritable voie : elle a compris que les
petites scènes de famille les petitsdrames bour-
geois, les petites comédies domestiques, con-
venaient mieux quo les sujets héroïques à la
374
ANG
tournure particulière de son génie. Parmi les
peintres qui ont obtenu les plus brillants suc-
cès en marchant sur les traces de Wilkie, il
nous suffira de citer MM. Mulready, Charles
Leslie, Webster, Goodall , Maclise, Eg;
Frith, Elmore, Cope, Horsley, Redgràv
...: i , ....= . -„tàpE
sfest
acquis une réputation bien méritée comme
peintre d'animaux. Dans le paysage, MM. Glo-
ver, Havell, Chalon, Tennant, Jutsum, John
Lindell, ont déployé une véritable originalité.
MM. Calcott et Danby se sont fait remarquer
comme peintres de marines. Les vues d'édinces
sont traitées avec supériorité par M. D. Ro-
En général, les tableaux de l'école an-
glaise contemporaine se distinguent par une
perfection de détails extraordinaire ; ils sont
composés avec assez d'adresse, mais le coloris
en est trop souvent faux et criard. Les aqua-
rellistes se sont beaucoup multipliés depuis
quelques années; plusieurs ont poussé très-
loin l'habileté pratique ; tels sont : MM. Cor-
bould, Wild, Nash, Cattermole, Essex, Haag,
Wehnert, Prout, Robston, Haaghe , peintres
de genre et de sujets anecdotiques ; sir W.
Ross et R. Thorburn, peintres de portraits ;
Ricbardson et Fripp, peintres de paysages;
Fielding, Warren, Robins, Duncan, peintres de
— IX. Sculpti
porte que les anc
sculpter avec soin des ornements de divers
genres sur leurs chariots de guerre, mais
qu'ils ignoraient absolument l'art de couler
des statues en métal, ou d'en tailler en pierre.
Le seul spécimen de sculpture que nous aient
laissé les Anglo-Saxons est la corne d'Ulphus,
que l'on conserve à York. Après la conquête
des Normands, la sculpture tomba aux mains
des artistes français et italiens, qui exécutè-
rent les plus beaux ouvrages de cette époque.
Ce fut au xiii» siècle que la sculpture natio-
nale, tout en restant auxiliaire de l'architec-
ture, commença à produire des œuvres vrai-
ment remarquables. Durant la guerre des Deux
Roses, cet art subit un temps d'arrêt et ne fut
guère cultivé jusqu'à l'époque de la Renais-
sance, où Torregiano , venu d'Italie, fit deux
chefs-d'œuvre, le tombeau de la mère de
Henri VII et celui de ce prince lui-même,
à Westminster. La révolution amena une
nouvelle stagnation de l'art, et, chose plus
fâcheuse encore, un prétexte à la destruction
d'œuvres précieuses. La Restauration des
Stuarts produisit deux artistes d'un véritable
talent, Gibbons et Cibber, l'un sculpteur sur
bois, le second auteur de deux statues de la
Démence, qu'on peut admirer à la maison d'a-
liénés de Bedlam.
Le xvme siècle nous offre encore deux bons
sculpteurs anglais , Busnell , qui fit des sta-
tues plus originales que belles, et Francis
Bird, dont Westminster renferme quelques
bas-reliefs remarquables; mais le succès de
ces artistes fut dépassé par celui qu'obtinrent
le Français Roubilliac et le Flamand Ry sbrack :
le premier, élève de Coustou , exécuta un
§rand nombre de statues, entre autres celle de
hakspeare, au Bristih-Museum, et celle du
compositeur Hsendel, à Westminster; le se-
cond, parent du peintre Pieter Rysbrack,
d'Anvers, sculpta les tombeaux de Newton,
de Prior, de Vernon, etc. La plupart des pro-
ductions de la sculpture anglaise du xvmc
siècle trahissent, par la mollesse de l'exécution
et le maniérisme du style , l'influence de l'art
français. John Flaxman (1755-1826) fut un
des premiers à réagir contre le faux goût qui
dominait alors; il s'était formé a Rome par
l'étude des chefs-d'œuvre de l'antique, à l'é-
Soque même où David s'y préparait à son rôle
e réformateur. De retour à Londres (l79i),
il ne tarda pas à se faire remarquer par la
noblesse et la sévérité de son talent : son
Ugolin , ses Six Prières , son monument de
lord Mansfield, ses statues de Pitt et de Rey-
nolds, sont les premiers beaux ouvrages qu'ait
produits la sculpture anglaise. Il eut pour
émule et pour continuateur Francis Ghantrey
(1781-1842), qui toutefois s'inspira bien plus
de la nature que de l'art grec , et dut surtout
«a réputation aux statues-portaits qu'il fit de
Macdonald, Barry et West ont été, après
Flaxman et Chantrey, les meilleurs statuaires
de l'Angleterre pendant la première moitié du
xixe siècle. A ces noms, nous devons ajouter
celui de sir R. Westmacott, le doyen des
sculpteurs anglais contemporains, l'auteur du
monument d'Elisabeth Warren , a Westmin-
ster, et des statues allégoriques des Proyrès
de la Civilisation qui ornent le fronton du
British-Museum. A côté d'une Nymphe et d'un
Enfant endormi, exposés par lui au Palais de
l'Industrie, en 1S55, nous avons vu figurer
quelques ouvrages des sculpteurs les plus ré-
putés aujourd'hui au delà du détroit, notam-
ment de MM. John Bell, P. Macdowel, T.
Campbell, J. Gott, J. Gibson, W.-C. Marshall,
T. Sharp, E.-B. Stephens, J.-H. Foley , P.
Hollins, É.-H. Baily, Westmacott junior, J'.
Hanckock, etc. Parmi ces artistes, les uns,
suivant la voie indiquée par Flaxmann, s'atta-
chent à l'imitation de 1 antique; les autres,
comme Chantrey, demandent leurs modèles à
la société contemporaine, et n'hésitent pas à
reproduire, dans des sujets de pure fantaisie,
nos types et nos costumes modernes : les pre-
ANG
miers tombent pour la plupart dans le pas-
tiche ; les seconds ne savent pas toujours
éviter la trivialité. Ils se distinguent, en gé-
néral, par une sorte de grâce élégante et ro-
manesque qui est comme le cachet de l'école,
et travaillent le marbre avec une finesse et
une perfection de détails vraiment extraor-
dinaires. Us sont, du reste, d'une grande fai-
blesse dans le modelé des parties nues, surtout
lorsqu'ils sculptent des ligures de femmes :
cela tient, selon la remarque de M. de Calonne,
à ce que le cunt leur interdisant l'usage des
modèles féminins, ils sont obligés, la plupart
du temps, d'étudier la nature de seconde main,
d'après des statues ou des dessins. N'oublions
pas de' signaler parmi les causes principales
de l'infériorité de l'école anglaise, tant en pein-
ture qu'en sculpture, le caractère positif de la
nation, qui ne saurait favoriser les productions
purement idéales, et le puritanisme anglican
qui interdit l'accès des temples aux statues et
aux tableaux.
— X. Architecture anglaise. De nom-
breuses pierres druidiques et quelques-unes
Aa "" mystérieuses constructions auxquel-
les savants ont donné le nom de monuments
pélasgiques , tels sont , avec quelques tours
grossières, les seuls vestiges de l'architecture
des anciens Bretons. Il ne reste guère de la
domination romaine que d'imposants débris
d'ouvrages militaires , de chaussées et de mu-
railles fortifiées, destinées à arrêter les incur-
sions des peuplades belliqueuses de la Calédo-
nie. Vers la fin du vie siècle, le moine Augus-
chrétienne. Le monastère de Wiremouth et la
cathédrale d'Hexham, qui datent du siècle sui-
vant, offrent une ornementation bizarre, fan-
tastique, mélange confus d'animaux mons-
trueux et de figures symboliques : quelques
archéologues prétendent y reconnaître les
caractères d'un style anglo-saxon ; mais il est
bien avéré que non-seulement ces édifices,
mais toutes les constructions religieuses éle-
vées depuis cette époque jusqu'au xie siècle,
furent 1 ouvrage d'artistes français. C'est ainsi
qu'Alfred le Grand appela un certain Grym-
baud pour bâtir la crypte de l'église de Can-
torbéry, et qu'Edouard le Confesseur, qui ré-
sidait en France avant son élévation au trône,
inir de ce pays les architectes auxquels il
confia les premiers travaux de son abbaye de
Westminster. Guillaume le Conquérant im-
porta à son tour le style romano-byzantin, qui
venait à peine d'éclore sur le continent. C'est
dans ce style que furent construites les cathé-
drales de Glocester, d'Exeter, de Durhara, de
Peterborough, d'Oxford et de Sainte-Croix,
près Winchester. On attribue à l'évêque de
cette dernière ville, Henri de Blois, frère du
roi Etienne, l'introduction de l'ogive, dont on
trouve les premières traces dans les cathédra-
les de Rochester et de Northampton, dans les
monastères de Cantorbéry et de Château-d'A-
cre. Bientôt ce nouveau mode architectural
devint dominant, et, du xii" au xv« siècle, pro-
duisit une quantité considérable d'édifiées
religieux , parmi lesquels nous citerons les
cathédrales d'York, de Wells, de Winchester,
de Liehfield, de Worcester, de Chichoster, de
Lincoln, de Glocester, de Westminster, etc.
Les beautés de premier ordre que l'on admire
dans la plupart de ces édifices ont fait penser
à plusieurs archéologues anglais, à Minier en-
tre autres, que l'architecture gothique avait
pris naissance en Angleterre ; mais, ainsi que
le fait remarquer judicieusement un autre sa-
vant anglais, Hope , « si cette opinion était
fondée, 1 Angleterre présenterait les premiers
modèles de ce style, aussi bien dans la simpli-
cité de ses traits primitifs que dans la compli-
cation de ses développements ultérieurs. Elle
eût créé des modifications inconnues aux au-
tres pays, ou, du inoins, il n'y manquerait
aucune de celles qu'on rencontre ailleurs.
Enfin, selon toute vraisemblance, les princi-
paux architectes des églises gothiques, cons-
truites même hors de l'Angleterre, auraient
été Anglais : or, loin de donner des modèles,
l'Angleterre fut toujours la dernière à adopter
les modifications introduites dans le style ogi-
val ; elle ne peut présenter le moindre détail
dont on ne trouve, sur le continent, un type
plus ancien; elle n'a point de cathédrales go-
thiques qui approchent, pour l'étendue, de
celles d'Anvers de Paris, de Cologne et de
Milan; pour l'élévation, de celles- d'Amiens,
de Beauvais, de Paris et de Reims ; pour la
richesse des ornements, de celles d'Amiens
encore, de Reims, de Ratisbonne et de Côme. »
Le seul caractère bien distinct de l'architec-
ture gothique, en Angleterre, consiste dans la
forme des fenêtres, dont les meneaux mon-
tent droit jusqu'à l'arcade mère de la croisée,
ce qui a fait donner le nom de perpendiculaire
au style ogival anglais. Il est à remarquer aussi
qu'un certain nombre d'églises ont des absides
carrées, que les tours ont constamment cette
même forme, et qu'elles sont d'ordinaire cré-
nelées comme celles des manoirs féodaux. En
général, l'ornementation manque de légèreté,
et, loin d'accuser une conception indigène et
originale, révèle, par le défaut d'harmonie
entre les parties d'un même édifice, des em-
prunts faits à des constructions antérieures.
Il est permis de croire du reste que, tout en
employant ses propres architectes, l'Angle-
terre dut revenir plus d'une fois aux artistes
du continent. C'est à un Allemand, nommé
Klauss ou Kloos, que l'on attribue la construc-
ANG
tion de Kings' Collège, à Cambridge, l'un des
plus remarquables monuments de la fin de
l'ère gothique. La Tour de Londres, le palais
de Windsor et la grande salle du palais d'E-
douard III, a Westminster, sont les plus belles
productions de l'architecture militaire et de
l'architecture civile pendant la même période.
Le style de la Renaissance fit son apparition
sous les Tudors et fut associé à l'architecture
gothique. Les palais de Richmond et d'Hamp-
ton - Court , la chapelle d'Henri VIII et les
tombeaux des reines Elisabeth et Marie à
Westminster, la chapelle de l'évêque West
dans la cathédrale d'Ely, les six cercueils pla-
cés par l'évêque Fox autour du chœur de la
cathédrale de Winchester, le portail de l'U-
niversité, a Oxford, sont les principaux mo-
dèles de ce style mélangé, où l'on ne retrouve
ni l'élégance de détails, ni la capricieuse fan-
taisie qui distinguent les productions de l'art
continental à la même époque. Inigo Jones
donna, sous Charles I", l'exemple d'un ordre
unique, en imitant le style gréco-romain dans
la construction de Saint-Paul à Covent-Gar-
den, de l'hôpital de Greenwieh, etc. L'archi-
tecture, négligée sous la République et le Pro-
tectorat, reprit une nouvelle faveur après la
Restauration. Wien^construisit une quantité
prodigieuse d'édifices, notamment l'église de
Saint-Paul de Londres, tes tours de Westmin-
ster, la Theatrum d'Oxford, l'hôpital de Chel-
sea, etc. D'autres architectes de son temps ne
furent pas moins féconds. On remarque parmi
eux : Hawskmoor, Gibbs, Thomas Archer,
John "Vanbrugh, Talman. Au xvm« siècle, le
style Louis XV lit invasion en Angleterre : les
architectes les plus distingués de cette époque
ont été W. Chambers et Robert Taylor.
La révolution qui ramena le goût aux pro-
ductions de l'antiquité fut puissamment aidée,
en Angleterre, par la publication de l'ouvrage
de James Stewart sur les monuments de la
Grèce, et par les travaux de divers savants
sur les ruines de Pompéi et d'Herculanum.
Mais la plupart des édifices religieux ou
civils, construits sous l'influence de cette ré-
action, ne sont que des pastiches ridicules. De
notre temps, les architectes anglais se sont
mis à copier indifféremment tous les styles,
grec, romain, byzantin, gothique, renaissance,
poinpadour, égyptien, chinois même, et, ce
qui est plus déplorable encore, à les accoupler
entre eux de la façon la plus monstrueuse.
Le dix-neuvième siècle a vu s'élever toutefois
trois constructions très-remarquables en leur
genre : le pont de Waterloo sur la Tamise,
le tunnel bâti sous ce fleuve par l'ingénieur
français Brunel, et le fameux Cristal - Palace
qui, après avoir abrité sous ses murs de fer et
de cristal l'exposition universelle de 1851, est
devenu le palais de Sydenham. V. Londres
(Monuments de).
— XI. Gravure anglaise. Jusqu'au dix-
huitième siècle, la gravure n'a guère été culti-
vée en Angleterre que par les artistes venus
du continent. L'Allemand Wenceslas Hollar,
qui y passa la plus grande partie de sa vie, y
exécuta des travaux considérables. Amené à
Londres, en 1637, par lord Arundel, il .grava
les principaux chefs-d'œuvre de la collection
de cet amateur célèbre, fit pour les éditeurs
d'intéressantes estampes représentant les mo-
numents les plus remarquables de la capitale
et les divers costumes des dames anglaises
( Ornatus muliebris Anglicanus et Theatrum
mulierum), grava plusieurs portraits d'après
Van Dyck, et concourut à illustrer les meil- '
leurs ouvrages qui furent publiés en Angle-
terre pendant son séjour, notamment la Bible
polyglotte, le Monasticon, le Virgile d'Ogilby, .
le Juvénal de Stapleton , la cathédrale de
Saint-Paul et le Warwickshire de Dugdale.
Francis Place est le seul élève anglais que
nous lui connaissions. William Faithorne ,
John Smith, Robert White, qui travaillèrent
en même temps que lui, n'eurent qu'un talent
très-secondaire.
A côté de l'école nationale de peinture,
créée au dix-huitième siècle par Hogarth,
Gainsboroug et Reynolds, se forma presque -
simultanément une école de graveurs. Hogarth
fut lui-même un burinisteN spirituel et mor-
dant; mais ses estampes, il faut l'avouer,
n'ont d'autre mérite que l'invention. D'autres
praticiens plus habiles se chargèrent de re-
produire les compositions des peintres anglais.
Quelques-uns , comme Robert Strange , In-
gram, William Ryland et Woolett, suivirent
le style français. D'autres, Richard et Robert
Earlom, Ardell, Green, etc., portèrent la ma-
nière noire à un haut degré de perfection. Un
Italien, Francesco Bartolozzi, amené en An-
gleterre, en 17G4, par Richard Dalton, secré-
taire intime de George III, mit à la mode la
gravure au pointillé, et forma de nombreux
disciples, dont le meilleur fut Sherwïn. John
Webber, William Sharp, J. et C. Heath, Med-
man, Fittler, etc. furent, avec les précédents,
les meilleurs graveurs de l'Angleterre au dix-
huitième siècle. Tous, à l'exception de Strange,
élève de Le Bas, qui travailla d'après les an-
ciens maîtres, prirent pour sujets de leurs es-
tampes les compositions des peintres anglais.
John Boydell, riche marchand de gravures et
graveur lui-même, contribua puissamment à
favoriser cette tendance par les publications
de sa Galerie de Shakspeare, à laquelle colla-
borèrent les dessinateurs et les graveurs les
plus habiles de l'Angleterre. Cet éditeur intel-
ligent fit paraître, en outre, dix-neuf volumes •
d/estampes, exécutées d'après les chefs-d'œu-
ANG
vre de l'école anglaise (177S et années suiv.),
et confia à Robert Earlom la reproduction du
célèbre Livre de vérité' de notre Lorrain. Les
estampes en manière noire, exécutées par les
artistes anglais de cette époque, se distinguent
par leur velouté et leur moelleux ; quelques-
unes, celles de Ryland et d'Earlom notam-
ment, sont brillantes et colorées. Woolett as-
socia, à l'imitation de'Vivarès, l'eau-forte , la
pointe sèche et le burin, et arriva, dans la
gravure de paysages, à une chaleur, une légè-
reté, une transparence extraordinaires.Strauge
inventa une méthode par laquelle, au moyen
de quatre couleurs, ir savait rendre les dessins
originaux de manière à opérer l'illusion la plus
frappante. En 1775, Thomas Bewick ressuscita
la gravure sur bois, qui, depuis, a fait des
progrès considérables et a servi à l'illustra-
tion d'une multitude de publications périodi-
ques : Thomas Hood, Sears, Branstone, Har-
vey, Tabagg, Nesbit, Clennell, etc., se sont
particulièrement distingués en ce genre. Les
gravures sur bois que, de nos jours , M. J.
Thompson a exécutées d'après Mulready ,
Wilkie , Landseer , Calcott , Maclise , etc. ,
sont d'une élégance et d'une finesse merveil-
leuses.
La plupart des graveurs anglais contempo-
rains se sont presque exclusivement attachés
à reproduire les peintures de leurs compa-
triotes. Les estampes de MM. Georges Doo et
L. Gruner, d'après les maîtres classiques, ne
manquent pas de distinction, mais elles n'ont
pas toute la science désirable. M. J. Weber a
gravé avec talent les célèbres cartons de Ra-
phaël (à Hampton-Court); M. Lewis a fait, en
manière noire, de très-belles reproductions do
Rosa Bonheur. MM. John Burnet , Samuel
Cousins, H.-T. Ryall, Atkinson, W.-B. Cooke,
William Holl, James Wilmore, Goodall, Wil-
liam Miller, J. Outrim, Thomas Landseer, Bar-
low, Robinson, Frederick Bacon, Walt, Prior,
John Pye, etc., ont interprété avec succès les
compositions de Wilkie, de Turner, de "Sant,
de Calcott, de Leslie, de Mulready, d'Edwin
Landseer, etc. Ce dernier, qui a exercé le bu-
rin des plus habiles graveurs de l'Angleterre,
gagne beaucoup à être ainsi traduit. Il en est
de même de la plupart des peintres anglais de
notre époque, dont les productions originales
ont un coloris faux et déplaisant. Les estam-
pes anglaises brillent, au contraire, par la
légèreté de la touche, la finesse des nuances,
la transparence et l'harmonie de la couleur.
Les graveurs de paysages excellent particu-
lièrement à représenter les fonds embrumés,
les montagnes voilées et comme estompées
par de légères vapeurs , les ciels mêlés de
nuages. Les effets auxquels ils parviennent ne
sont peut-être pas plus vrais que ceux des
peintres, mais, du moins, ils sont plus agréa-
bles. Nous avons surtout en vue ici la gra-
vure sur acier, dans laquelle les artistes de
l'Angleterre ont acquis une véritable supé-
riorité. C'est dans cette manière délicate- et
suave, employée avec succès à l'illustration
des Keepsake, que MM. G. Ward, Shenton,
Thomas Vernon, Francis Holl, et quelques
autres ont gravé des portraits fort séduisants.
Quelques artistes ont déployé un talent réel
dans la lithographie. Nous pouvons citer,
parmi les meilleurs ouvrages qui aient paru
en ce genre, les Collections de vues architec-
turales d'Angleterre et de Belgique , par
MM. Haghe et Nash, des portraits et des com-
positions diverses d'après les peintres anglais,
par MM. R.-J. Lane et Maguire. Ce dernier a
reproduit beaucoup de portraits de personna-
ges de la famille royale, peints par J. Win-
terhalter.
Angleterre (l') jugée pnr Jncqac. Bo.,-
homme. Deux courants d'idées, tout a fait
opposés, se manifestent en France à propos
de l'Angleterre. L'un est éminemment sympa-
thique aux lois et à la constitution anglaises;
l'autre, qui prend sa source dans les vieilles
rancunes nationales, ne voit dans l'Anglais
qu'un rival, un ennemi qu'il faut combattre a
outrance. Pour cesdeux tendances différentes,
quand elles arrivent à l'état de sentiment, de
passion, deux mots ont été créés : anglomanie,
anglophobie. Il y a l'anglomanie des équili-
bristes politiques, l'anglomanie des écono-
mistes, etc.; il y a l' anglophobie socialiste,
l'anglophobie cléricale , l'anglophobie mili-
taire, etc. Nos publicistes de la démocratie
libérale penchent généralement du côté de
l'anglomanie ; de temps en temps ils jettent
des regards d'envie sur les institutions et les
libertés de nos voisins. Ils doivent savoir gré
au Grand Dictionnaire universel du XIX'
siècle de s'être étendu longuement et avec une
sorte de complaisance sur ces institutions et
ces libertés. Mais Jacques Bonhomme, qui a
cependant la prétention d'être libéral jusqu'à
la moelle des os (il ne comprend, il est vrai,
que la liberté unie à l'égalité), est affligé
d'une incurable anglophobie. Il l'a puisée ,
dit-il, dans l'étude de l'histoire. Aussi, sa tète
se monte, son sang bout, sa veine s'allume,
quand il entend préconiser ce qu'on appelle
les institutions libérales de l'Angleterre. Donc
il'demande à protester ici et à dire une bonne
fois pour toutes à John Bull tout ce qu'il a sur
le cœur. Nous lui laissons la parole, en récla-
ANG
tnant pour lui l'indulgence du lecteur. Jacques
est assez mal éduqué; dans ce bon pays de :
France, il n'a pas encore reçu les bienfaits de
l'instruction obligatoire. Aussi ne prend-il pas
toujours la peine de polir sa phrase : il ne met
pas de mitaines et ne mâche pas les vérités
qu'il veut dire. Et puis, ne faut-il pas par-
donner quelque chose à celui qui n'a jamais
oublié la mort de sa fille Jeanne, que John Bull,
ditril, a fait brûler à petit feu?
Jacques Bonhomme à John Bull : John, je
vais débuter par des compliments ; quand on
veut causer amicalement avec quelqu'un, il ne
faut pas commencer par lui sauter à la gorge.
J'entrerai donc en matière en te parlant de tout
ce qui peut chatouiller ton orgueil national, de
ta puissance , de ton commerce , de ton éton-
nante activité. Cependant, ne te hâte pas de m'a-
dresser des remercîments. Tout cela, comme
on dit chez .nous, ce n'est qu'une précaution
oratoire : «Si tu veux qu'un âne te suive, donne-
lui du chardon ; on prend plus de mouches avec
du miel qu'avec du vinaigre. » Attends donc que
le pain soit cuit pour juger de la qualité de la
mouture ; et tu n'attendras pas longtemps, car
voilà que le four chauffe, et je vais te servir
une brioche que tu ne digéreras pas facile-
ment, toi pourtant à qui l'on accorde un si
robuste appétit.
Un vaste réseau de voies navigables; un
sol qui regorge de fer et de houille, masses
énormes de matériaux offerts par la nature à
l'industrie de l'homme; un climat triste et
brumeux qui semble prescrire l'action, inter-
dire l'oisiveté, sous peine d'énervement moral
et de spleen ; des côtes découpées en sinuosités
innombrables et qui offrent d'admirables faci-
lités au développement de la marine ; un ter-
ritoire limité, enserré par l'Océan, dont les
vastes solitudes ont toujours sollicité les hom-
mes aux expéditions lointaines, aux grandes
aventures de la mer : telles sont, avec les éner-
gies de ton caractère national, les causes prin-
cipales qui ont concouru au développement de
ta puissance maritime, et surexcité ton acti-
vité commerciale et cet esprit exclusivement
mercantile, passe-moi ce mot, qui est un des
traits distinctifs de ta race. On sait à quel
degré de prospérité et de grandeur matérielle
elle est parvenue. Toutes les mers sont sillon-
nées par tes vaisseaux; ton pavillon flotte
fièrement dans les cinq parties du monde. Cent
villes industrielles inondent l'univers de tes
produits manufacturés : tissus de laine de
Leeds, de Wakefield, d'Halifax, de Salisbury,
d'Exeter, de Coventry, de Leicester; tapis
de Kinderminster ; tissus de coton de Man-
chester, de Blackburn, de Preston, de Londres ;
toiles de Barnsley, de Maidstone et d'Irlande;
soieries de Macclesfield, de Londres, de Bea-
ding, de Nottingham; coutellerie de Birming-
ham et de Sheffield; aiguilles et armes de
Londres; horlogerie du Lancashire; poteries
de Wedgwood ; porcelaine de Worcester et de
Derby; machines de Birmingham, etc. Il faut
ajouter à cette kyrielle l'étain de Cornouailles,
le fer, l'acier, le cuivre, le plomb, les salines,
et ces inépuisables bassins de houille qu'on a
nommés les Indes noires de l'Angleterre, et
qui sont en effet une des sources les plus im-
portantes de ta richesse, en ce qu'ils alimen-
tent tes usines, les moteurs de ton industrie,
et tes innombrables vaisseaux, instruments de
la puissance coloniale et de ta prépondérance
maritime et commerciale.
On aura une idée de l'importance de tes colo-
nies, dont quelques-unes, comme l'Inde et l'Au-
stralie, sont aussi vastes que les plus grands
empires, quand on saura qu'elles forment une
population qui n'est pas moindre de 13G millions
d'habitants. Ces colonies, foulées, pressurées
avec cette impitoyable avidité qui te caracté-
rise, produisent d'incalculables richesses. Mais
toi, et c'est ici que tu vas trouver quelques
arêtes dans le poisson, toi, pauvre John, vile
multitude industrielle et agricole, tu n'en es pas
moins l'un des peuples les plus misérables de la
terre ; en dépit de ton travail obstiné, tu languis
dans la misère et l'abjection. Cette misère est
surtout navrante en Irlande et parmi tes
populations rurales. La quotité de la taxe
des pauvres, et le nombre des établissements
de charité (plus de vingt mille), disent assez
quelle est l'étendue du mal, pour lequel de tels
palliatifs sont bien insuffisants. A Londres
même, où tes maîtres étalent un luxe insolent,
dans cette ville qu'alimentent les cinq parties
du monde, tu es exténué par la faim, et tu
affliges l'œil des étrangers par le spectacle de
ta misère et de ton avilissement. Ces spectres
déguenillés, mornes, entourés d'enfants pâles
et maladifs, sont les ilotes de la grande indus-
trie. Tes femmes se jettent par milliers dans
ang
la prostitution ; tes hommes dans l'abrutisse-
ment des liqueurs fortes, du gin meurtrier,
dans le suicide ou le vol. Dans aucun pays la
bataille de la vie n'est plus âpre et plus obsti-
née, la défaite plus tragique. Quiconque fléchit
tombe écrasé. Dans ta société d'airain, nulle
pitié pour le faible, pour l'inhabile ou l'impré-
voyant. La pauvreté est méprisée comme le
serait un vice ou une mauvaise action.
Tiens, je vais te peindre le tableau de Lon-
dres, la nuit, en empruntant mes couleurs à une
enquête solennelle qui a été faite récemment
sur les plaies sociales de cette Sodome mo-
derne : « La nuit, sur les bancs des parcs, dans
les niches des ponts, sur la litière des marchés,
arrive, se presse, s'entasse pêle-mêle un peuple
entier de malheureux, sans asile, sans pain,
sans vêtements. Sous la vestibule des palais,
sous le péristyle des maisons, se groupent, se
pelotonnent de pauvres enfants demi-nus, qui,
dans la journée, n'ont pu obtenir le sou que
coûte le lit des plus infâmes taudis. Plus loin,
d'autres cherchent à réchauffer leurs mem-
bres glacés à la flamme qui éclaire les pierres
empilées au milieu du chemin. Le silence des
rues n'est plus troublé que par la marche d'un
peuple de mendiants et de ces pâles et misé-
rables créatures qui, grelottant de froid, es-
pèrent arracher un morceau de pain au vice
attardé. Pendant ce temps, des milliers de
jeunes filles luttent contre le sommeil, la ma-
ladie, le froid et la faim pour tenir encore leur
aiguille dans leurs doigts roidis par quinze
heures de travail ; des vieillards frappent vaine-
ment à la porte du workhouse, leur der-
nière ressource ; des hommes et des femmes
succombent d'inanition ou s'arrachent la vie
pour échapper au besoin... Oui, l'aspect de
Londres est vraiment solennel alors, quand la
Faim s'y promène et tue hommes, femmes,
enfants à la porte des palais de l'aristocratie I
Londres est transformé en un parc à bêtes
humaines : les rues sont hantées par une mul-
titude d'êtres plus misérables encore que ceux
qui habitent les ignobles refuges où l'on obtient
pour deux sous le droit de dormir sur un plan-
cher nu, pêle-mêle dans une petite chambre
avec une trentaine d'autres infortunés ; masse
de pauvreté, de fange, de vice et de crime ;
assemblage de tout ce qui est physiquement
et moralement nauséabond; chaos de dénû-
ment, d'intempérance, d'ignorance, de mala-
dies, de libidinisme et de dépravation.
» Eh bien, il y a quelque chose de pire encore
et des lieux plus infects , ce sont les places
publiques et les arches de Blackwall-raihvay.
Là, on peut voir des familles entières qui gre-
lottent aux injures du temps, des enfants bercés
par le vice et le crime côte à côte avec les plus
viles prostituées et les plus infâmes voleurs.
L'aspect de cette foule en guenilles, dénuée
de tout, lorsqu'elle est engourdie par le som-
meil, vers les trois heures du matin , inspire
les pensées les plus désolantes!... »
Ce phénomène économique d'un peuple qui
regorge de richesses, qui s'assimile la substance
de vingt nations , dont l'industrie gigantesque
suffirait à la consommation d'une grande partie
du globe, et qui cependant ne peut nourrir ses
pauvres et impose une destinée si dure à ses
travailleurs, est extrêmement remarquable et
tient à des causes bien connues. La première,
on n'en saurait douter, est l'existence de ton
aristocratie dévorante, qui concentre en ses
mains la propriété foncière, les capitaux et la
puissance politique. C'est ta constitution même.
Presque partout, en Europe, l'aristocratie n'est
plus qu'une tradition historique, un colifichet
passe i
e mode, t
. lambeau vieilli et u:
nippe qui est allée rejoindre la culotte du roi
Dagobert; chez toi, elle est demeurée une in-
stitution ; institution vivace , persistante , im-
plantée dans tes entrailles mêmes, et consé-
quemment cent fois moins facile à déraciner
qu'un gouvernement. Tes membres en sont
enlacés comme d'un lierre qui tient solidement
au sol par mille attaches ; une secousse , tant
violente fût-elle,. ne pourrait l'arracher tout
En apparence, ton gouvernement est con-
stitutionnel; en réalité, c'est une véritable
oligarchie. Ta royauté n'est qu'un brillant fan-
tôme, qui n'a guère du pouvoir que les hon-
neurs. Le pouvoir actif réside dans tes hautes
classes, dans ta noblesse proprement dite, qui,
remplit la Chambre de tes lords, occupe les
grandes dignités, les sièges épiscopaux, et
possède ces vastes propriétés foncières com-
parables aux latifundia des Romains, et qui
leur donnent une prépondérance quasi-féodale ;
il réside encore dans ta gentry ou classe des
gentlemen, qui forment une sorte de noblesse
inférieure ou plutôt de haute bourgeoisie, et qui
exercent également une influence décisive dans
ANG
les districts où ils ont leurs propriétés. Ils peu-
plent en grande partie ta Chambre des com-
munes, et remplissent la plupart des charges
secondaires., Tes classes commerçantes et
financières suivent le plus ordinairement l'im-
pulsion de ces deux catégories. Il y a d'ail-
leurs, en général, une entente parfaite entre
tes classes riches et privilégiées, lorsqu'il s'a-
git de maintenir des institutions et des usages
qui sont pour toi autant de servitudes légales.
C'est au nom du respect des lois que l'injus-
tice et l'arbitraire sont consacrés. La division
de tes partis en wighs et en tories, c'est-à-dire
en libéraux et en conservateurs, n'est au fond
qu'une compétition du pouvoir, dont les uns
et les autres se disputent et exploitent tour à
tour le riche monopole. Quels sont, dis-le-moi,
les avantages que tu as tirés de leur opposi-
tion? Tes wighs sont tout aussi conservateurs,
tout aussi aristocrates que tes tories, ou du
moins leur opposition n'a jamais porté que sur
des objets secondaires. Ils professent le même
respect calculé pour la constitution de ta vieille
Angleterre, c'est-à-dire pour les lois et les
coutumes gothiques qui te maintiennent dans
la dépendance étroite de la grande propriété
et de la grande industrie.
Et cependant tu as la liberté de la presse,
un parlement, la tribune , la liberté de réu-
nion et d'association. Hein! ceci ne contredit-il
pas un peu l'opinion de ceux qui croient que
le régime représentatif seul est une sorte de
panacée pour toutes les maladies sociales?
Sans aucun doute, ces prérogatives sont extrê-
mement précieuses ; mais elles demeureront
une fiction pour toi tant que ta constitution
sociale n'aura pas été profondément modifiée
dans le même sens qu'elle l'a été pour moi en
1789, et notamment en ce qui touche la divi-
sion de la propriété. Jusque là,la liberté n'exis-
tera réellement que pour tes hautes classes,
qui même en ont su faire en plusieurs circon-
stances l'instrument de ton oppression.
Des considérations qui précèdent et d'autres
encore que je pourrais énumérer, il est facile
de tirer la conclusion que ta civilisation, mal-
gré son éclat, est surtout extérieure et maté-
rielle, et que tout, chez toi, s'est montré jus-
qu'ici réfractaire à la loi qui préside à lamarche
des sociétés, c'est-à-dire à l'élargissement
progressif de la cité, à l'émancipation morale
et physique des classes inférieures, à la con-
vocation d'un nombre de plus en plus grand
d'élus au banquet social, où il y aura place un
jour pour tous, malgré l'arrêt cruel et impie
de ton économiste national ; car, vois-tu, John,
le progrés est éternel ; il a des haltes dans la
gloire; il en a même dans la boue; mais il ne
recule jamais. Il ne ressemble pas, comme on
l'a dit, à ce rocher mythologique qui monte,
monte, monte pour toujours retomber; c'est le
termite qui gratte , qui ronge , qui mine , qui
avance jour et nuit, jusqu'à ce que, à un mo-
ment marqué , alors que le calme régne dans
l'air, un bruit formidable éclate, et tout cela
tombe en poudre comme un échafaudage
vermoulu.
Puisque j'ai évoqué ici le nom de Mal-
thus , nous allons , avec ta permission , nous
arrêter un peu sur cette triste page de ton
histoire; la chose en vaut la peine. Tu vas
voir , mon pauvre John , comment tu es
traité par tes philosophes et- tes économistes,
et, puisqu'ils l'écrivent en Angleterre, pour-
quoi ne le dirions-nous pas en France ? Exa-
minons tout d'abord tes jouissances matériel-
les : ton travail suffirait à nourrir vingt na-
tions, et tu es le plus mal logé, le plus mal
nourri, le plus mal vêtu de la terre entière.
Tu manges , non pas pour vivre , mais pour
ne point succomber; tes vêtements, à toi qui
tisses des montagnes de soie, de laine et de.
coton , sont les rebuts de ta classe riche.
Tu me ferais rire si tu no me faisais pas pitié,
quand je te vois affublé, toi, tes femmes et tes
filles, d'oripeaux grotesques, défroques de tes
maîtres. J^e soir, tes rues sont des coupe-
gorge où l'on ne se hasarde qu'armé jusqu'aux
dents : je me croirais plus en sûreté dans ma
forêt de Bondy. Londres, la superbe , compte
annuellement plus d'incendies qu'il n'y en a
dans la France entière ; les aliénations menta-
les y sont deux fois plus nombreuses que dans
aucun autre pays. Trois cent mille de tes
enfants, amaigris et affamés, fuient chaque
année le sol de la patrie, et deux cent mille
ont leurs noms inscrits sur le livre officiel de
la misère. Viens voir à Paris mes Savoyards
et mes Auvergnats ; quand ils secouent la
poussière de leurs souliers ferrés aux barriè-
res de ma capitale, c'est pour s'en aller joyeu-
sement dans leur village, acheter une maison
et un lopin de terre.
Si nous passons maintenant à ta condition
ANG
375
morale, le tableau est plus lamentable encore.
Chez toi, celui qui ne possède rien est un en-
nemi public, et il est traité comme tel. « La
pauvreté , dit Sidney Smith , est, en Angle-
terre , une chose infâme », et il cite cette
preuve, qu'il exprime d'une manière très-pi-
quante : « Tant qu'il n'y aura que des millions
de prolétaires éclopés et tués sur les che-
mins de fer par la mauvaise administration
des compagnies, le Parlement ne songera pas à
légiférer ; attendons pour cela qu'un lord ou
un évêque ait les os rompus 1» Un autre publi-
ciste affirme qu'un homme pauvre peut être
honnête, mais que c'est une vérité à laquelle
on ne croit pas en Angleterre. Il n'y a
point de place au banquet de la vie pour,
l'enfant du pauvre, a dit Malthus, ministre
de l'église anglicane; « le pauvre ne doit
pas se marier.» En 1809, M. Fuller, un des
membres de ton Parlement, fit adopter par la
majorité une motion contre les pauvres, qui
se plaignaient de ne pouvoir vivre, et il ter-
mina son discours par cette fusée britan-
nique : « Si votre condition en ce pays ne
vous convient pas, quittez -le et allez au
diable ! » Sir Samuel Romilly présenta un bill
interdisant de placer les enfants en appren-
tissage à plusde quarante milles de la demeure
de leurs parents. Sir Robert Peel et Worthley
combattirent ce bill par ces arguments :
a Dans les rangs élevés de la société, la cul-
ture des affections de" famille est une bonne
chose , mais non dans les classes populaires.
La mise en vigueur de cette loi élèverait
le prix du travail, et, comme conséquence,
celui des produits manufacturés. Il faut laisser
aux manufacturiers l'entière disposition des
enfants qu'ils emploient. « Les enfants des
pauvres sont systématiquement détruits dans
les workhouses. Ce fait, dénoncé en plein Par-
lement, publié avec de minutieux détails par
la presse, n'a été ni démenti, ni contredit par
le gouvernement ou par l'administration des
workhouses. « De quatre-vingts enfants entrés
cette année au workhouse de Saint-Gilles, a
dit le Financial Reformer, on peut affirmer
qu'il n'en restera pas un vivant l'an prochain. »
Ces doctrines barbares ont porté leurs fruits;
un quart de la population ouvrière se compose
d'enfants naturels, et un tiers des enfants légi-
times est abandonné par les parents.
En Ecosse, une marquise deStafford vou-
lant convertir en terrain de chasse tout un
district qui lui appartenait, fit mettre le feu a
trois cents maisons, ce moyen lui paraissant le
plus expédjtif pour se débarrasser de ses fer-
miers. L'incendie dura trois jours, accompagné
des hurlements des bestiaux et des cris lamen-
tables des habitants sans asile. Une vieille
femme fut brûlée vivante dans son lit. Cela
s'est fait, non pas au moyen âge, non pas en
Turquie , mais il y a vingt ans , dans le
royaume-uni de la Grande-Bretagne, dans ta
patrie, John Bull.
Frappé de cet ilotisme moderne de tout un
peuple, un de mes fils de la presse française,
démocrate sincère, s'écriait, au retour d'un
voyage à Londres : « Pays étrange 1 Sol de
liberté où les hommes sont esclaves ! les lois
libérales et les usages barbares ! Le moyen
âge à côté du xix» siècle ! Ce pays, c'est la
Chine de l'occident! Je défie le Français le
plus entiché de préjugés de castes, le plus
conservateur , de n'être pas douloureuse-
ment impressionné en face de cette antithèse
sociale : la plèbe anglaise et l'aristocratie an-
glaise. Il n'est pas besoin d'être descendu dans
les profondeurs de cette société monstrueuse
pour en surprendre les vices cachés, et pour
en sonder les abîmes. » Voilà, mon pauvre
John, le bilan de ta situation intérieure.
Te parlerai-je maintenant de ton armée?
Tes fils sont braves. Poitiers, Crécy et Azin-
court pourraient en dire quelque chose; ils
pénètrent dans un régiment ennemi avec le
même sang-froid et la même roideur que tes
gentlemen entrent dans un salon, et il ne m'en
coûte aucunement de te faire cet aveu , car
moi, Jacques Bonhomme, je ne suis pas ton
vaincu. Avant l'héroïque manifestation de ma
fille Jeanne, on ne me considérait que comme
de la ribaudaille , et ce n'est qu'à partir de
Charles Vit que nous avons commencé tous
deux à nous regarder face à face ; jusque-là,
tu as eu facilement raison de cette brave,
mais trop bouillante noblesse, qui aurait dé-
daigné une victoire due à la discipline et à.
l'emploi des engins nouvellement découverts.
Aujourd'hui, mon organisation militaire est
enviée de toutes les nations. Chez moi, chaque
Français doit son sang à la patrie, et c'est le
sort qui en décide. Mes enfants disent avec
fierté : J'ai servi sous tel drapeau; j'étais à
Marengo, à Friedland, à Austerlitz, à Mafenta.
376
ANG
Chez toi, les marins et l'armée de terre ne se
renouvellent que par enrôlements volontaires,
et tes corps de milice ne sont formés par voie
de tirage que si la loi déclare que le territoire
est en danger, et alors ton gouvernement de
liberté, qui n'hésite devant aucune mesure de
despotisme, fait appel à. cette anomalie mons-
trueuse qu'on appelle lapresse. Aussi, comment
assoup!it-on tes recrues à la discipline? Tes
seuls moyens de persuasion sont la schlague,
la corde, le fouet, en un mot, les arguments
corpcrels, et si quelqu'un de tes philanthropes
veut toucher à cette arche sainte, il trouve
dans tes Chambres à qui parler. On disait
autrefois chez moi : « Pas d'argent , pas de
.Suisse; » on peut dire aujourd'hui en Angle-
terre : « Pas de schlague, pas de marin. » C'est
là, John Bull, un signe évident et irrécusable
d'infériorité morale. Mais ce qui confond toutes
mes idées sur le mérite mijitaire, c'est l'achat
des grades. Dans ton armée, le droit de porter
l'épaulette de lieutenant se paye 17, 500 fr.; pour
être capitaine, il faut 80,000 fr., et 225,000 fr.
pour commander un régiment dans la garde à
pied. Ma jeunesse estime beaucoup moins cher
de payer tout cela de quelques examens et de
quelques cicatrices. Mille cartouches ! Place
un colonel de cet acabit à la tète d'un régi-
ment de mes zouaves, et tu verras les gri-
maces que lui feront leurs moustaches rousses.
Quant à tes soldats, tout le monde connaît le
tarif de leur courage : ils n'avancent qu'en
grognant si le gin est de "médiocre qualité et
si le roastbeef n'est pas cuit à point. Un jour,
mes zouaves escaladeront tes côtes, et, par-
dessus le marché, ta tour de Londres, l'estomac
vide et en sabots, comme leurs anciens de
Sambre-et-Meuse.
Touchons maintenant une autre corde, qui
ne te sera pas moins sensible. Si je t'examine
dans tes rapports avec les nations étrangères,
je vois que le principe traditionnel de ta poli-
tique, le mobile unique de ta conduite, la doc-
trine professée de tout temps par tes pubiieis-
tes, tes orateurs, et pratiquée partes hommes
d'Etat, wighs ou tories, est ton intérêt exclu-
sif (c'est-à-dire celui de tes lords et de tes mar-
chands), patriotisme antihumain, plus étroit
que celui de la cité antique, et qui forme le
fond de tes théories sur la justice, la morale
internationale et le droit des gens. La vérité
de cette assertion est si universellement re-
connue, et justifiée par un si grand nombre de
faits, qu'il serait impossible de rappeler tous
les exemples fameux de violence, de perfidie,
d egoïsine implacable et de déloyauté dont
ton histoire nationale est souillée. Voici deux
taches de sang bien autrement indélébiles que
celle qu'a immortalisée ton grand potite, et qui
exhalent une odeur que tous les parfums de
l'Arabie ne suffiraient pas non plus à dissiper. H
te souvient sans doute de ce bombardement de
Copenhague, exécuté froidement et en pleine
paix. Pendant trois jours et trois nuits, les
bombes foudroyèrent la malheureuse cité ; près
de trois mille maisons furent endommagées ou
incendiées, deux mille personnes périrent vic-
times de cette sauvage aggression, jusque-là
sans exemple. Enfin, oublieras-tu jamais le
nom de Tippo-Saëb, de ce Mithridate indien
dont tu mis la tête à prix... à prix la tête d'un
homme qui avait commis le crime de lutter
glorieusement pour le salut et l'indépendance
de son pays ? Ne m'est-il pas permis de reposer
ici mon regard indigné sur cette belle et noble
figure du héros arabe que je sus toujours com-
battre loyalement, et qui, vaincu, ne professe
aujourd'hui pour la France que des sentiments
amis et n'a pour elle que des souvenirs recon-
naissants? C'est déjà ainsi que Witikind, tou-
jours vaincu, mais jamais trahi, était devenu
l'un des ornements de la cour de Charle-
magne. Voilà mes victoires, à moi; je puis
toutes les rappeler, sans avoir à en rougir.
Je combats avec l'épée : jamais un poignard
assassin n'a servi à me débarrasser, d'aucun
ennemi. Pour l'honneur : telle est ma devise
et la raison qui me détermine. Jacques Bon-
homme est assez riche, d'aucuns disent assez
sot, pour payer sa gloire. Tandis que toi...
Ventre-saint-gris ! la colère me mord au cœur,
quand je remonte à travers les pages de ton
histoire et de la mienne.
Troubler les nations, fomenter chez elles des
dissensions intestines, afin de les épuiser et de
ruiner leur prospérité commerciale et indus-
trielle , semer la discorde entre les peuples,
profiter de tous les conflits pour consommer
quelque nouvelle usurpation , ou détruire les
forces maritimes des Etats rivaux, armer des
peuples au nom de leur indépendance nationale
et les abandonner sans pitié, comme tu le faisais
encore hier ; soudoyer des trahisons , caresser
et tromper tour à tour les rois et les sujets, écra-
ANG
ser, exproprier, décimer des races conquises ou
annexées, tous ces actes et bien d'autres encore
abondent dans tes annales ; jamais tu ne les as
considérés autrement que comme des manifes-
tations légitimes de ta puissance et de ton droit ;
et c'est très-sincèrement que tu as toujours en-
tendu subordonner les principes de la morale et
du droit à l'arche sainte, au dépôt sacré de ce
que tu appelles les intérêts anglais. Cette
étonnante infatuation de la légitimité de ta
domination sur tous les points de l'univers
est même un trait particulier à ta race. Le
monde est ton domaine, l'Océan t'appartient,
les peuples sont tes ennemis quand ils se refu-
sent à être tes humbles auxiliaires. Partout
où l'un des tiens pose le pied, partout où il
peut puiser une goutte d'eau salée dans le
creux de sa main, il se sent chez lui, et il dit :
« Ceci est à moi. • Tous les intérêts doivent s'a-
baisser devant le sien, toutes les convenances
même doivent se plier à la sienne : il est
Anglais I dois romanus surn!
Les voyageurs rapportent qu'au fond des
eaux, sur les bords de la Méditerranée, vit
silencieuse et cachée une masse hideuse et
informe : c'est le poulpe. Ses tentacules, armes
terribles dont tout son corps est recouvert,
ont l'effrayante propriété de faire le vide par-
tout où ils touchent. Le malheureux qui
tombe au milieu de cet engrenage , mille fois
plus avide que celui d'une machine en mou-
vement, est à l'instant étouffé et dévoré. Eh
bien, l'Angleterre est ce poulpe, et ses mille
tentacules enserrent et sucent le monde.
Ta politique, John, est cauteleuse; elle ne
vous regarde pas en face, et l'on ne sait jamais
l'heure que marque son cadran. Ma loyauté et
ma franchise sont proverbiales ; c'est un héri-
tage de ces braves chevelus qui vivaient pri-
mitivement dans les forêts et les montagnes
de la Franconie. Quand j'ai dit oui, il ne vient à
l'idée de personne qu'un autre petit mot puisse
se cacher derrière ces trois voyelles.
La France de 03 dénonçait ta nation au
monde comme la Carthage moderne et l'enne-
mie du genre humain. Les illusions de Mon-
tesquieu, des philosophes et de l'école consti-
tutionnelle étaient alors bien évanouies ; on
avait fait la cruelle expérience du peu de sincé-
rité de ton libéralisme. Les pamphlets convul-
sifsdoBurke, soldés parPitt, tous mes ennemis
gorgés d'or, le monde entier soulevé contre
moi, la Vendée en flamme, mon pays enveloppé
d'un cercle de fer, témoignaient de l'intensité
de ta haine contre une révolution qui avait osé
abolir chez moi les droits féodaux, et inaugurer
dans le monde- les principes de la liberté popu-
laire. Cette haine, avivée jusqu'au délire par
mes succès, fortifiée par ta jalousie séculaire,
te soutint, pendant les vingt ans que dura une
guerre sans merci, dan? tes sacrifices et tes
prodigieux efforts. Le puissant capitaine qui
n'avait pu t' abattre et qui devait mourir ta vic-
time, ce Prométhée moderne, que tu as cloué
sur un rocher, avec Hudson Lowe pour vau-
tour, et dont je dois être un jour l'Hercule ven-
geur, sais-tu comment il te nommait avec un
mépris de soldat : une nation de boutiquiers.
Ah ! comme il te connaissait bien !
Le vice radical de ta race, ton égoi'sme, tant
national qu'individuel, explique à la fois ta ten-
dance à l'envahissement et à l'exclusion, à l'ac-
caparement des richesses et à l'isolement. Tu
né t'associes jamais avec une autre race , ni
par les intérêts ni par les idées. Tes con-
quêtes s'opèrent par voie de substitution, non
de fusion et d'assimilation. Dans tes colonies,
tu fais le vide autour de toi, soit en refoulant
ou en exterminant les populations, soit en leur
imposant des conditions de vie qui les font
disparaître successivement. Ta politique est
ici d'accord avec ton tempérament national,
car, tu n'as nulle préoccupation d'associer et
de civiliser, mais" de posséder et d'exploiter.
Chez toi-même, tu ne peux parvenir à fondre
les races. Après tant d'années, la malheureuse
Irlande, écrasée vingt fois, n'est pas absorbée,
et elle garde contre un implacable vainqueur
une haine aussi vivace qu'au premier jour.
Dans les questions générales , tu mets en
œuvre la même politique tortueuse et machia-
vélique, et l'on peut dire que, lorsqu'on te voit
soutenir la cause de la justice et du droit, c'est
qu'avant tout tu y trouves un intérêt particulier;
tes sympathies, ta philanthropie et ton enthou-
siasme ne sont jamais gratuits. Si tu as par-
ticipé à l'expédition de Crimée, ce n'était certes
pas pour garantir la sécurité de l'Europe, dont
tu te souciais comme un poisson d'une pomme ;
ce n'était que pour couvrir tes Indes. Tu as,
dit-on, favorisé secrètement l'expédition de
Garibaldi en Sicile; mais pn sait que dépuis
longtemps tu convoites le protectorat de cette
île, avec !a possession d'un port. Pendant quf
ANG
je prodiguais généreusement mes trésors et
mon sang pour l'affranchissement de l'Italie,
tu observais mes vaisseaux dans l'Adriatique,
et. méditais, sans aucun doute, quelque perfidie
ouquelque usurpation, quand la victoire de Sol-
ferino vint te rappeler aux lois d'une sage ré-
serve et te réduire à l'impuissance. Récemment
encore , tes meetings retentissaient de vœux
bruyants en faveur de la Pologne ; mais on
pouvait être assuré que tu ne brûlerais pas
un grain de poudre pour l'indépendance de
cette nation, et qu'au milieu des luttes qui
pourront éclater, tu seras moins touché de la
délivrance d'un peuple héroïque arraché à ses .
bourreaux, que de voir la guerre allumée
entre lé Russe et moi, les deux nations dont
tu redoutes le plus l'alliance.
Un mot de cette alliance, suspendue sur ta
tête comme une épée de Damoclès, et qui se
cimentera un jour ou l'autre aux dépens de ta
puissance et de ta domination usurpées. Le
Russe, je puis te lç, déclarer franchement,
ne m'a jamais été antipathique, et c'est peut-
être par suite d'un malentendu que mes
zouaves ont escaladé si bravement les crêtes
de l'Aima, où, entre parenthèse, tu as fait,
mon pauvre John, assez triste figure. Non, je
ne redoute pas cette alliance : c'était le rêvo
de Napoléon 1er, c'était l'opinion de Chateau-
briand; c'est encore celle d'un de nos plus
éminents publicistes d'aujourd'hui, et de l'il-
lustre démocrate qui est tout à la fois la
gloire de la chambre et du barreau, sans par-
ler de cet enfant terrible de notre première
assemblée, dont les boutades ont le privilège
de dérider ta gravité britannique, mais qui
te lance en même temps les plus dures vé-
rités. Et ne va pas me corner aux oreilles
qu'un tel pacte avec ce que tu appelleras sans
doute le despotisme, serait le tombeau de mes
libertés; non, non; 89 est immortel, 89 est
contagieux : la fleur sauvage qui a séjourné
quelque temps au milieu d'un bouquet de roses
acquiert le parfum de la rose.
Faut-il te rappeler encore que l'inquiétude
pour tes possessions de l'Indoustan t'entraîna
à faire une opposition scandaleuse contre le
percement de l'isthme de Suez, mon oeuvre, il
est vrai, mais œuvre d'un intérêt universel!
Telle est ta politique invariable. Toi qui tiens
une place si considérable dans le monde mo-
derne , cite-moi dans l'histoire de tes relations
extérieures un seul acte de dévoûment, d'en-
thousiasme spontané et de désintéressement ;
toutes tes manifestations sont le produit net de
savants calculs ; le droit, la justice, l'humanité,
la liberté des peuples, la paix, la guerre, sont
traités comme des affaires de finance ou de
commerce, au point de vue exclusif de tes
intérêts, qui sont pour toi le critérium, la
pierre de touche de la vérité. Tout ce qui, dans
les relations internationales ou les négocia-
tions, ne se rapporte pas directement à cet
objet, est écarté par toi avec dédain comme
n'étant point pratique. Ton opiniâtreté, ta
fixité sur ce point fait ta force. Il ne se signe
pas un traité, que tu n'attrapes un lopin de
mer ou d'île. On finit toujours par faire quelque
concession à qui ne cède jamais et à qui de-
Les angloinanes les plus déterminés, ceux qui •
ont la naïveté de prendre au sérieux tes hâble-
ries de libéralisme et les parades innocentes de
tes meetings, conviennent tous que ta politique
étrangère est digne de réprobation. Les peu-
ples s'élèvent contre toi avec le ressentiment
des injures que tu leur as fait subir ; il n'est pas
une nation sur la terre qui n'ait été victime de
ton orgueil, de ton insatiable ambition, de tes
violences, de ton avidité, des perfidies de la- foi
britannique, et qui n'ait souvent proféré contre
toi le delenda Garlhago. Mais tu as déjà bravé
tant de périls à l'abri de tes falaises blanches,
que tu peux croire à la perpétuité de ta puis-
sance. Au besoin, d'ailleurs, tu pourrais, Vé-
ritable oiseau de mer, t'envoler vers d'autres
rivages avec tes , vaisseaux et tes trésors, et
aller fonder une nouvelle Angleterre dans les
jungles de l'Indoustan.
En tout état de cause, on peut être certain
que la perfide Albion , pour employer une
expression populaire et classique, ne modifiera
en rien une politique à laquelle elle doit sa
grandeur. Dominer ou cesser d'être : telle est
la condition que ton intraitable orgueil et tes
traditions t'imposent.
D'un autre côté, John, on saitque tu n'es plus
inattaquable ; on connaît les parties faibles du
colosse, le défaut de l'armure, c'est-à-dire l'Ir-
lande, l'Inde, le combat sur la terre ferme;
on sait aussi, par le souvenir de plusieurs
invasions heureuses faites sur ton territoire ,
que la mer n'est pas pour toi une barrière
\ sérieuse que tu puisses opposer victorieu-
ANG
.émis, et q
sèment à tes ennemis , et que tu résisterais
difficilement à une attaque vigoureuse dans
ton île et dans tes foyers. On n'ignore pas
non plus la fragilité de ces monstrueux em-
pires maritimes éparpillés sur tous les riva-
ges, et fatalement destinés par leur étendue
mémo à une dissolution totale. Il est donc
probable que les peuples oseront. un jour re-
garder en face l'impérieuse dominatrice des
mers, et que des chocs terribles auront lieu.
En ce qui me touche, il est certain que, mal-
gré les trêves décorées du nom de paix, mal-
gré la fameuse entente cordiale, qui n'était
qu'une œuvre d'art, malgré les alliances plus
ou moins sincères et solides, la lutte a tou-
jours été permanente, en ce sens qu'une
étincelle eût toujours suffi pour la rallumer.
Qu'un événement surgisse, et il est hors de
doute qu'on verrait les haines de race, les
rivalités séculaires, assoupies, mais non pas
éteintes , se réveiller avec une violence qui
étonnerait cet âge d'indifférence et de scep-
ticisme. Les philosophes , les philanthropes ,
peuvent gémir d'une telle éventualité; mais
les politiques, les hommes d'Etat, doivent la
prévoir et s'y préparer, car il semble diffi-
cile de la conjurer. Cette éventualité est d'au-
tant plus grave, qu'en l'état actuel des choses
et avec un adversaire aussi puissant que toi,
il s'agirait cette fois d'un duel à mort qui par-
tagerait l'univers en deux camps, comme la
lutte d'Athènes et de Sparte, comme celle de
Rome et de Carthage ; et qu'on verrait en pré-
sence non-seulement deux intérêts, mais en-
core deux races, deux principes, et en quelque
sorte deux civilisations.
On ne saurait nier que tes prétentions des-
potiques ne soient inconciliables avec le droit
nouveau dont je suis l'apôtre et le soldat de-
puis S9. Pour prévenir l'effrayante conflagra-
tion qui n'est que trop probable, i! faudrait
donc que toi, te pays des lords et des tradi-
tions féodales et mercantiles tout à la fois, tu
fusses profondément modifié dans ta constitu-
tion intérieure, que ton insatiable aristocratie
fût pour jamais renversée, et que le peuple
anglais fût enfin appelé à jouir réellement de
cette liberté dont tu fais un si fastueux étalage.
Or, espérer cette concession de ton aristo-
cratie est une chimère ; elle n'existe que
parce qu'elle est injuste, et elle tient à son
existence : être ce qu'elle est ou n'être point,
suit ut sunt, aut non sint : telle est sa devise.
Le xix" siècle ne peut rester enfermé dans
ce cercle de contradictions. Voilà pourquoi je
terminerai cette petite conversation amicale
par les deux apologues suivants :
Il y a quelques années, le Times, une de tes
voix les plus retentissantes, s'est mis en frais
d'imagination et nous a placés l'un et l'autre
sur la scène. Pour prouver que mon caractère
est antipathique a une entente cordiale, il a
supposé que le chien et le hérisson faisant
route ensemble, celui-ci disait au chien :
« Pourquoi donc te tiens-tu si loin de moi, qui
ne cherche qu'à marcher côte à côte avec
toi? » Et le dogue répondit : « Goddam ! je ne
puis m'approcher qu'aussitôt tu ne me piques. »
Cet apologue repose sur une image fausse.
Je te crains, John, surtout quand tu fais patte
de velours. Tes docteurs d'Oxford et de Cam-
bridge t'exprimeront cela en latin. Tiens, et
c'est ainsi que je terminerai, voici un apologue
beaucoup plus juste, que je livre à tes plus
profondes méditations.
Un serpent avait établi son repaire au mi-
lieu d'un grand lac, et près delà, sur la rive,
habitait un chien de forte taille et de noble
race. Or, chaque nuit, surtout quand le dogue
était malade ou en lutte avec quelques mâtins
du voisinage, le serpent quittait sa caverne et
venait tout ravager chez son voisin. Depuis
longtemps le chien gémissait en silence ; car
comment se venger d'un ennemi insaisissable,
qui se cachait au point du jour dans un asile
inabordable? Cependant, de fortes lianes pous-
saient et s'entrelaçaient au milieu des eaux
dormantes... Un matin, le brigand se réveilla
épouvanté à la vue d'une chaussée solide qui
unissait son repaire au continent. Il s'en vint
donc, en rampant, gratter à la porte de son
ennemi, et lui proposer désormais une alliance
éternelle. « Va-t'en, lui dit le chien sur un ton
qui ne souffrait pas de réplique; je connais les
sentiments qui' t'animent, et je dédaigne de me
venger; mais à la moindre injustice que tu te
permettras, d'un bond je tombe dans ton re-
paire et je le détruis à jamais. »
— Bibliogr. Parmi les nombreux ouvrages
qui traitent de la législation, des institutions,
des mœurs, de l'histoire et de la littérature
anglaises, nous citerons :
Lettres sur les Anglais, par Voltaire;
• ANG
Commentaires sur les lois de l'Angleterre,
par Blakstone ;
Constitution de l'Angleterre, par Delolme ;
Institutions (des) judiciaires en Angleterre
comparées avec celtes de la France et de quel-
ques autres Etats anciens et modernes, par Rey ;
Droit anglais ou Résumé de la législation
anglaise sous forme de codes, par Laya ;
. Résumé de ta législation anglaise en matière
civile et commerciale, par Westoby ;
Essai sur la constitution anglaise, par lord
Brougham ;
Irlande (V) sociale, politique et religieuse, par
de Beaumont ;
Etudes sur l'Angleterre, par Léon Faucher ;
Décadence (de la) de l'Angleterre, par Lëdru-
Rollin ;
Avenir (de 1') politique de l'Angleterre, par
DE MONTALEMBERT ;
Institutions (les) politiques, judiciaires et ad-
ministratives de l Angleterre, par Franque-
ville ;
Angleterre (Y), Londres et les Anglais, par
, Angleterre (V) et la vie anglaise, par Es-
' quiros ;
Etudes sur l'Angleterre, par John Lemoine ;
Etudes sur l'Angleterre, par Philahéte
Chasles ;
Anglais (les) il y a cent ans et les Anglais
chez eux, parFRANcis Wey ;
Grande charte (la), ou X Etablissement du
gouvernement constitutionnel en Angleterre,
par Rousset ;
Etudes comparées sur l'histoire parlemen~
taire de France et d'Angleterre, par Duver-
gikr de Hauranne;
Essais sur l'histoire parlementaire de la
Grande-Bretagne, par L. de Viel-Castel ;
Histoire d'Angleterre, par D. Hume;
Histoire d'Angleterre, par Lingard ;
Histoire d'Angleterre, par Macaulay ;
Histoire d'Ecosse, par Robertson;
Histoire d'Ecosse , par W. Scott ;
Histoire de la révolution d'Angleterre, par
Guizot ;
Histoire de la conquête de l'Angleterre par
les Normands, par Augustin Thierry ;
Histoire d'Angleterre , par E. de-Bonne-
Histoire de la littérature anglaise, par
Niohols ;
Histoirede lapoésieanglaise, parCoQUEREL;
Origine du drame anglais, par Hawkins ;
Lectures sur les poètes anglais, par Guzzlitt ;
Essai sur la littérature anglaise, par Cha-
Publicistes et écrivains anglais, par de Ré-
Ilistoire critique de la littérature anglaise,
par Méziere ;
Histoire de la littérature anglaise, par Taine.
Un certain nombre de ces ouvrages seront
analysés dans le Dictionnaire- universel du
xix^ siècle ; ainsi on trouvera à leur ordre ceux
' qui suivent :
Lettres sur les Anglais ou Lettres philoso-
phiques, par Voltaire. V. Lettres ;
Commentaires sur les lois de l'Angleterre,
par Blakstone. V. Commentaires ;
Histoire d'Angleterre, par Macaulay. V.
Histoire ;
Histoire de la conquête de l'Angleterre par
les Normands, par Augustin Thierry. V. His-
toire;
Etudes sur l'Angleterre, par Léon Faucher.
V. Etudes;
Décadence (de la) de l'Angleterre, par Le-
dRU-Rollin. V. Décadence ;
Avenir (de V) politique de l'Angleterre, par
DE MONTALEMBERT. V. AVENIR:
ANGLETEttRE (NOUVELLE-) ou NEW-EN-
GLA.ND, nom que l'on donnait autrefois à la
Eartie des Etats-Unis quj forme aujourd'hui
îs Etats de New-Hampshire, Massachusetts,
Rhode-Island, Connecticut, Vermont et Maine.
ANGLEURIE s. f. (an -gleu- rî). Entom.
Genre d'insectes diptères, renfermant une
seule espèce, qui vit en Europe.
ANGLEUX, EUSE adj. ( an-gleu, eu -26 —
rad. angle). Se dit de certains fruits dont la
chair est tellement enchâssée dans de petits
coins, de petits angles, qu'il est difficile de
l'en détacher : La plupart des noix sont an-
gleuses. (Acad.)
l, ANE adj. (an-gli-kan, a-ne —
du lat. anglicanus, syn.de anglus , anglais).
Qui appartient, qui a rapport à l'anglica-
nisme : Religion anglicane. Culte anglican.
Rit anglican. Le clergé anglican. La véritable
religion des Anglais est la secte des épiscopaux,
appelée l'Eglise anglicane. {Volt.) L'Eglise
ANG
anglicane tient le milieu entre les pompeuses
cérémonies romaines et la sécheresse des calvi-
nistes. (Volt.) Elisabeth eut le titre de chef de
la religion anglicane. (Volt.)' Le clergé an-
glican est le plus riche de toute la chrétienté.
(E. Texier.) La religion anglicane semble avoir
été inventée tout exprès pour l'aristocratie an-
glaise. (E. Texier.) Le rit anglican est suivi
par la grande majorité des Anglais. (Encycl.
des gens du m.) Cette grande comédie angli-
cane. (Proudh.) L'économiste anglican nous
aurait-il déjà fait perdre le sens de V histoire?
(Proudh.) L'envoyé du préfet de police présenta
à lord Wilmore sa lettre d'introduction ; celui'
ci la lut avec un flegme tout anglican. (Alex.
Dum.)
— Subst. Celui, celle qui professe l'angli-
canisme : Un anglicaNj une anglicane. On ne
peut avoir d'emploi m en Angleterre, ni en
Irlande, sans être du nombre des fidèles angli-
cans. (Volt.)
AnglicaniSANT (an-gli-ka-ni-zan) part,
prés, du v. Anglicaniser.
ANGLICANISÉ, ÉE (an-gli-ka-ni-zé) part,
pass. du v. Anglicanisar. ■
ANGLICANISER v. a. ou tr. (an-gli-ka-ni-
zé — rad. anglicanisme). Néol. Ramener au
type anglican.
— S'emploie quelquefois, mais abusive-
ment, dans le même sens que angliciser, c'est-
à-dire donner aux mœurs, aux manières,
quelque chose qui tienne des Anglais.
ANGLICANISME s. m. (an-gli-ka-ni-sme —
rad. anglican). Religion suivie par les angli-
cans, et qui est la religion officielle de l'An-
gleterre : L' anglicanisme ne serait pas complet
s'il n'était qu'hypocrite' : il est intolérant.
(Vacqùerie.) L'histoire de f anglicanisme tou-
che aux questions les plus vives du peuple an-
glais. (B. Barbé.)
— Encycl. L 'anglicanisme date du règne de
Henri VIII. Ce roi, après être resté dix-huit ans
uni à Catherine d'Aragon, qui lui avait donné
plusieurs enfants, s'enflamma d'une vive pas-
sion pour Anne de Boleyn ; dès lors il se rap-
pela que Catherine d'Aragon avait été d'abord
la femme de son frère, et, feignant d'éprouver
des scrupules bien tardifs, il demanda au pape
Clément VII de casser son premier mariage
comme incestueux, afin de pouvoir en contrac-
ter un autre avec celle dont il était épris.
Clément VII ne voulut point accéder a une
demande évidemment inspirée par le liberti-
nage, et Henri VIII, qui jusqu'alors ne s'était
occupé des affaires religieuses que pour dé-
fendre l'Eglise romaine contre les idées nou-
velles propagées par Luther et Calvin, résolut
tout à coup de rompre avec le pape et de se
placer lui-même à fa tête de l'Eglise d'Angle-
terre. Il trouva dans l'archevêque Cranmer un
instrument docile et complaisant de toutes ses
volontés. Du reste, il était soutenu par un
mouvement d'opinion publique puissant et déjà
ancien. On sait que la Réforme avait eu, dès
le xin° siècle, en Angleterre, un précurseur
dans Wiclef. . En 1530, l'assemblée du clergé
(convocation) adressa au roi une pétition, dans
laquelle .elle le qualifiait de « suprême protec-
teur , seigneur et chef de l'Eglise d Angle-
terre. » Peu de temps après, le Parlement
abolit les appels à la cour romaine, les dis-
penses, les provisions, les bulles d'institution
pour les évêchés ; le payement du denier de
saint Pierre et' des annales. En 1534, l'assem-
blée du clergé et les deux universités décla-
rèrent que « l'évêque de Rome n'était pas en
Angleterre supérieur à tout autre évêque
étranger. » C'est alors que le serment de supré-
matie royale, qui reconnaissait le roi pour
« l'unique maître du royaume, aussi bien en
matière spirituelle et ecclésiastique qu'en ma-
tière temporelle » , fut imposé pour.la première
fois, et fut prêté sans hésitation par la plupart
des hauts fonctionnaires de l'Eglise. C'était le
schisme,~mais ce n'était pas encore l'hérésie;
car Henri VIII ne voulut changer presque rien
aux dogmes ni aux rites, et il fit périr également
dans les supplices les catholiques fidèles et ceux
qui, ne se contentant pas du catholicisme déca-
pité qu'il avait formulé en six articles, voulaient
s'écarter davantage des anciennes croyances.
Mais lorsque son lils Edouard VI fut appelé à
lui succéder, le duc de Somerset, chef du
conseil de régence, voulut donner un caractère
plus tranché à la religion nouvelle; le Parle-
ment, a son instigation, abolit le statut royal
des six articles ; Cranmer rédigea'en quarante-
deux articles une nouvelle profession de foi
qui, niant l'infaillibilité des conciles, ne con-
servant que deux sacrements, le baptême et
la cène, rejetant la présence réelle, l'invoca-
tion des saints, la prière pour les morts, le
purgatoire, le célibat des prêtres, et créant
une liturgie nouvelle où la langue vulgaire
était substituée à la langue latine, constitua
un corps de doctrines nettement définies. Après
Edouard VI, Marie Tudor, qui était catholique,
essaya d'étouffer l'œuvre de ses deux prédé-
cesseurs; mais le sang qu'elle fit couler ne
servit qu'à rendre plus odieuses les anciennes
croyances, qu'on regardait comme entachées
d'idolâtrie, et quand Elisabeth lui succéda, elle
trouva la nation parfaitement disposée à adop-
ter définitivement un culte indépendant de
l'autorité romaine. Elle invita les évêques et
les théologiens du royaume à se réunir pour
reviser la profession de foi de Cranmer; un
nouveau symbole en trente-neuf articles fut
rédigé sous le nom de Confession de foi de
ANG
l'Eglise anglicane, et définitivement approuvé
dans le synode de Londres, en 1562.
Les trente-neuf articles de la confession de
1562 (articles of religion), et le livre des prières
publiques (common prayer. book), contiennent
tout \ anglicanisme. La confession de foi re-
connaît le symbole des apôtres, celui de Nicée
et celui de saint Athanase ; elle professe que
l'Eglise est l'assemblée des fidèles et ne peut
rien décider que par l'Ecriture ; elle condamne
et rejette formellement la doctrine des œuvres
surérogatoires , du purgatoire et des indul-
gences ; le culte des images et des reliques,
l'invocation des saints et de la Vierge, la trans-
substantiation, l'adoration de l'hostie, le sacri-
fice de la messe et le célibat obligatoire du
clergé. Enfin elle fait du souverain le chef
suprême de la religion. Le livre des prières
publiques contient les prières du jour, du
matin et du soir ; des oftices pour le baptême,-
la confirmation, l'eucharistie, la célébration du
mariage religieux, la Visitation des malades,
l'inhumation des morts, l'ordination des évo-
ques, des prêtres et des diacres. La communion
doit être administrée sous les deux espèces
aussi bien aux laïques qu'aux ecclésiastiques.
La confession auriculaire faite à un prêtre n'a
pas le caractère de sacrement et n'est pas com-
mandée aux fidèles comme une pratique indis-
pensable. Tous les ecclésiastiques au moment
de leur ordination, ou quand ils reçoivent la
charge d'une cure paroissiale, sont obligés de
signer les trente-neuf articles.
Nous avons parlé ailleurs de la hiérarchie
de l'Eglise anglicane, des rapports de cette
Eglise avec l'Etat, de ses privilèges, de ses
revenus. V. Angleterre (Institutions de V).
Bornons -nous ici à signaler le lien qu'elle
établit entre la" royauté et l'aristocratie an-
glaise, lien qui la rend précieuse à l'une et à
l'autre, et qui lui promet une longue durée.
D'une part, elle offre aux cadets de la noblesse
ses évechés, ses doyennés et ses cures ; d'autre
part, la couronne trouve dans le droit qu'elle
possède de disposer de ces places lucratives,
un puissant moyen d'influence sur la classe
dirigeante du pays.
On le voit, la religion anglicane est une insti-
tution plus politique que religieuse ; elle ne peut
commander la foi aux esprits qui raisonnent,
puisqu'elle émane de l'autorité royale, qu'elle-
même n'ose pas proclamer infaillible ; c'est une
loi du pays plutôt qu'une véritable religion.
Mais cette loi, cette coutume est généralement
respectée, et les églises d'Angleterre sont
pleines tous les dimanches ; chaque famille y
a un banc, où le père et la mère ne manquent
pas de conduire eux-mêmes leurs nombreux
enfants et souvent leurs domestiques. C'est
que le peuple anglais est plein de respect pour
des lois qui lui laissent une somme de libertés
dont beaucoup d'autres nations, qui se croient
plus avancées, sont encore privées et le seront
longtemps peut-être ; c'est aussi que le culte
protestant, débarrassé d'une foule de cérémo-
nies extérieures, réduit a des lectures pieuses,
à des prédications plus morales que théologi-
ques, peut être accepté sans répugnance par
ceux mêmes* qui n'ont conservé de la foi des
■ anciens temps que certaines aspirations reli-
gieuses, réputées comme une véritable incré-
dulité chez les catholiques.
Nous devons dire, en terminant, qu'aujour-
d'hui, comme doctrine religieuse, l'anglica-
nisme est, dans l'inconséquence où il se repose
depuis si longtemps, menacé par un double
mouvement : mouvement rationaliste et soci-
nien, qui tend de. plus en plus à réduire le
domaine de la révélation et du surnaturel ;
mouvement autoritaire et traditionnaliste, dit
mouvement d'Oxford, qui a abouti, il y a quel-
ques années, à d'éclatantes conversions catho-
liques. V. Puséisme.
ANGLICISANT (an-gli-si-zan) part. prés,
du v. Angliciser.
ANGLICISÉ, ÉE (an-gli-si-zé) part. pass. du
v. Angliciser : La langue du turf a été telle-
ment et si maladroitement anglicisée, que les
seuls initiés connaissent le sens du mot handi-
cap, et de mille autres du même genre.
ANGLICISER v. a. ou tr. (an-gli-si-zé —
du lat. anglicus, anglais). Néol. Donner à son
langage, à son style, quelque conformité avec
la langue anglaise, sous le rapport de la con-
struction, de la prononciation, de l'ortho-
graphe. Il Absol. Se servir d'expressions an-
glaises : C'est angliciser que de dire rail-way,
au lieu de chemin de fer,
— Faire prendre le ton, les manières, les
modes anglaises : Aujourd'hui on cherche à
nous angliciser de toutes manières.
S'angliciser, v. pr. Prendre le ton, les ma-
nières anglaises : Les Français, qui ne savent
jamais s'arrêter dans les effets de leur enthou-
siasme,' s'angliciseront, et nous perdrons de
nos grâces en acquérant quelque chose de leur
hardiesse. (D'Argenson.)
anglicisme s. m. (an-gli-si-sme — du lat.
anglicus, anglais). Philol. Façon de parler
particulière à la langue anglaise, il Locution
propre à la langue anglaise et transportéo
dans une autre langue : Les traducteurs d'ou-
vrages anglais se garantissent difficilement des
anglicismes. (Acad.) Elle faisait de si plai-
sants anglicismes, que je ne songeai plus à voir
Alizia dans cette jeune lady, à la fois prude et
téméraire. (G. Sand.) Cette expression, lune
de miel, est un anglicisme qui passera dans
toutes les langues, tant elle dépeint avec grâce
ANG
377
la nuptiale saison. (Balz.) Si l'on veut sortir
un peu de ^'anglicisme insipide et de la vul-
garité qui se prétend positive, qu'on aille s'as-
seoir au promontoire de Penmark. (Michelet.)
il Ce mot est de la même famillo que galli-
cisme, germanisme, latinisme, etc.
anglifiant (an-gli-fi-an) part. prés, du
v. Anglifie-.
anglifie, ée (an-gli-fi-é) part. pass. du
v. Anglifier.
ANGLIFIER v. a. ou tr. (an-gli-fi-é — du
lat. anglus. anglais; fieri, devenir). Néol.
Rendre anglais : Le jeune Charpentier, dont on
avait anglifie le nom en celui de Carpenter...
(Journ.) a Peu usité.
ANGLISANT (an-gli-zan) part. prés, du v.
Angliser.
ANGLISÉ, ÉE (an-gli-zé) part. pass. du v.
Angliser.
ANGLISER v. a. ou tr. (an-gli-zô — du lat.
anglus, anglais). Néol. Rendre anglais; syn.
A" fier : Lequel des gouvernements suc-
us a valu l'affreux malheur de nous
1 (H. Beyle.) ti Pou usité.
ANGLO (an-glo — du lat. anglus, anglais).
Elément invariable que l'on fait entrer facul-
tativement dans la composition d'un grand
nombre de mots, soit comme substantif pour
exprimer le mélange des Anglais avec un
autre peuple, comme dans Anai.o- Français,
Anglo - /fusse , Anglo - Espagnol , etc.; 'soit
comme adjectif, pour indiquer le mélange de
ce qui est propre, particulier à l'Angleterre,
avec ce qui est propre, particulier a tel ou
tel peuple, comme dans (lotte anglo-Ao/ lan-
daise, mœurs AHGi.o-canaaiennes, alliance an-
QLO-danoise , etc. Voici , par ordre alphabé-
tique, les locutions de ce genre le plus souvont
usitées dans notre langue :
Anglo-Allemand, ande, Celui, celle qui tient
de l'Anglais et do l'Allemand; qui a rapport
à l'Angleterre et à l'Allemagne : Eh bien! ce
mot n'est-il pas français? Vous comprenez, ce
sont des Anglo-Allemands qui écrivent. (Alex.
Dum.) il Anglo-Américain, aine, Habitant do
l'Amérique du Nord, et qui est de race, d'ori-
gine anglaise ; qui a rapport aux Anglo-Amé-
ricains: Une insociabilité radicale forme le fond
du caractère des Anglo -Américains. (Buff.)
Elevées avec plus de soin que dans les Etats
méridionaux, les Anglo-Américaines ont la
conversation agréable et facile. (M. -Brun.)
Si noiis avons devancé notre collaborateur pour
signaler au public les quatre Anglo-Américains
de la Gaité , c'est qu'ils ne sont à Paris que
pour peu de temps, et qu'il faut se hâter d'aller
les voir et les admirer. (B. Jouvin.) fl Adj. :
Caractère anglo -américain. Mœurs anglo-
américaines. Ce n'est que depuis une quaran-
taine d'années que la république anglo-améri-
caine figure parmi les puissances. (M. -Brun.)
Bien que le commerce des caravanes constitue
tout le mouvement industriel de Santa-Fé,
cependant les deux races anglo-américaink et
espano- indienne se haïssent instinctivement.
(E. de la Bédoll.) Les médecins anglo-améri-
cains administrent l'aristoloche contre les
fièvres typhoïdes. (Spach.) il Anglo-Arabe, Qui
tient de Panglais et de l'arabe, de l'Angleterre
et de l'Arabie, surtout en parlant de chevaux
importés d'Orient en Angleterre, au com-
mencement du xvmii siècle, et dont les Anglais
ont propagé la race en les préservant de toute
mésalliance. Ce sont les coureurs anglais
d'aujourd'hui. Par suite de l'action du climat
combinée avec des soins intelligents et une
nourriture convenable, ces animaux ont acquis
plusde taille, de membres et d'ampleur que les
chevaux arabes : Ces chevaux ont formé ta race
ingla;
li Vm
i doute, mais qui n est pas
celle des coursiers des déserts de l'Arabie.
(Grognier.) Nous voulons parler de la famille
anglo-arabe, fondée au haras de Pompadour.
(E. Gayot.) u Ce mot s'emploie particulière-
ment en parlant du cheval anglo-arabe : Pro-
duit intermédiaire entre l'arabe et l'anglais,
^'anglo-arabe se présentait avec des lignes plus
longues, un corps plus développé. (E. Gayot.)
Il Anglo-Bourguignon, onne, Qui tient de l'An-
glais et du Bourguignon. Se dit, dans notre
histoire, du parti composé d'Anglais et de
Bourguignons, qui, au xv<= siècle, était opposé
au roi de France. Il Anglo-Brésilien, enne,
Qui est composé d'Anglais et de Brésiliens :
Les papiers publics nous annoncent qu'une com-
pagnie anglo-brésilienne s'est fait concéder
la navigation du Rio-Doce et du Delmonte.
(F. Denis.) Il Anglo-Breton, onne, Qui est de
race à la fois anglaise et orotonne v Cheval,
poulain anglo -breton, il Anglo - Canadien,
enne, Se dit des Anglais qui habitent le
Canada : Des marchands de fourrures anglo-
canadiens. (Groslicr.) n On dit aussi Anglais-
Canadien. Il Anglo-Chinois, oise, Qui se rap-
porte, qui est commun aux Anglais et aux
Chinois : La question anglo-chinoise. Il Anglo-
continental, aie, Qui a rapport à l' Angleterre
et au continent : La compagnie anglo-conti-
nentale, n Anglo-Danois, oise, Qui tient de
l'anglais et du danois, qui est composé d'An-
glais et de Danois, il Anglo-épiscopal, aie,
S'est dit de l'Eglise anglicane, parce qu'elle
avait conservé les évêques, et de ceux qui
appartiennent à cotte Eglise : Eglise anglo-
épiscopale. C'est un anglo-épiscopal. il An-
glo-Espagnol, oie, So dit des Anglais nos en
Espagne ou qui habitent l'Espagne : Il y avait
en 18*9, en Algérie, six cent quatre-vingt-sept
48
378
ANG
• Anglo-Espagnols, ii Sg dit aus.si des Anglais
mêlés aux Espagnols : C'est sur les Anglo-
Espagnols que Soult remporta la fameuse vic-
toire de Toulouse, il Anglo-Français, Qui tient
de l'anglais et du français; qui est composé
d'Anglais et de Français. : La flotte anglo-
française a détruit Bomarsund. Henri VI, le
roi de funeste mémoire, le monarque anglo-
français. (Fr. Michel.) Le parler anglo-
français de Perlet faisait pouffer de rire toute
la salle. (Balz.) Il Anglo-Indien, enne, Se dit
des Anglais qui habitent l'Inde : Les honneurs
de la sépulture ne furent donnés qu'aux soldats
' anglo-indiens. (Méry.) II fallait prévoir aussi
qu'une bataille formidable s'engagerait entre
les spectres chauves et les soldats anglo-indiens.
(Méry.) Ce serviteur anglo-indien laissait fort
difficilement deviner son âge. (Méry.) Depuis
deux ans j'aime une jeune Anglo-Indienne, miss
Arinda. (Méry.) Il Anglo-Maltais, aise, Se dit
d'un habitant de Malte qui est d'origine an-
glaise : Parmi les Européens établis en 1849
en Algérie, il y avait, d'après le Moniteur
algérien, 6,943 Anglo-Maltais, il Anglo-mé-
rinos. V. Mouton, h Anglo-Normand, ande.
Se dit des Normands qui, après avoir suivi
Guillaume le Conquérant en Angleterre, s'a-
malgamèrent avec l'élément anglo-saxon qui
jusqu'alors avait dominé dans ce pays. Se oit
aussi de leurs descendants ou de ce qui leur
est propre : Les Anglo-Normands forment
encore une partie de l'aristocratie anglaise.
Poésie anglo-normande. Les lois anglo-nor-
mandes, ii V anglo-normand, La langue parlée
en Angleterre depuis la conquête de ce pays
par Guillaume, duc de Normandie, jusque
vers le milieu du xme siècle, et qui a servi de
base à l'anglais moderne : £' anglo-normand
domine dans le langage de l'aristocratie, l'an-
glo-saxon dans celui du peuple. Il Iles Anglo-
Normandes, Groupe d'ues anglaises situées
vis-à-vis de la côte de Normandie et compre-
nant Jersey, Guernesey, Aurigny et Sark. a
Anglo - normannique. Diplom. Se dit d'une
écriture qui se composait de caractères saxons
et de caractères français. Au moyen âge, on
s'en servait-pour rédiger les actes publics, n
Anglo-russe. Qui est composé d'Anglais et de
Russes : L'armée anglo-russe. La flotte ANGLO-
RUSSE.
— Il est facile de comprendre que la liste
de ces alliances de mots pourrait être beau-
coup plus longue. Supposons que les Anglais
fassent alliance avec les Hurons, avec les
Lapons, avec les Patagons, les Caraïbes, les
Iroquois, etc., on dirait, pour exprimer ce
bizarre amalgame, les Anglo- Hurons', les
Anglo-Lapons, les Anglo-Patagons, les Anglo-
Caraïbes, les Anglo-Iroquois, etc.
anglo-saxon, onne adj. Qui appartient,
qui a rapport aux Anglo-Saxons : Race an-
glo-saxonne. Langue anglo-saxonne. Dia-
lecte anglo-saxon. Lois, coutumes anglo-
saxonnes. Cemot est d'origine anglo-saxonne.
C'est un homme de taille moyenne, dont la
figure offre le type de la race anglo-saxonne.
(Th. Gaut.)
Angles et des Pietés dans l'île de Bretagne,
eurent pour résultat l'introduction dans ce pays
des mœurs, des coutumes, des races et des
idiomes germaniques. Les trois peuples que
nous venons de nommer appartenaient à une
même souche, et leurs langues ne présentaient
ciens dialectes germaniques que l'on parlait
dans la basse Allemagne tout entière. Elle est
sœur du mésogothique et de l'islandais. Le
plus ancien monument qui nous en ait été con-
servé est un fragment de la traduction de la
Bible faite par Csedmon, moine anglo-saxon
du vue siècle, qu'a reproduite Alfred le Grand
dans sa traduction de Bède. La langue anglo-
saxonne, importée dans la Grande-Bretagne,
subit quelques légères modifications en s' assi-
milant un certain nombre d'éléments cimbri-
cues, et en recevant quelques mots latins et
francs que les missionnaires apportèrent au
peuple païen avec le christianisme. L'invasion
danoise contribua aussi à donner à la nouvelle
langue son génie caractéristique, en y intro-
duisant certaines tournures Scandinaves ; tou-
tefois , l'anglo-saxon de Bède et d'Alfred le
Grand se maintint pur jusqu'à l'apparition de
Guillaume le Conquérant. On retrouve les
débris de l'anglo-saxon non-seulement dans
l'anglais actuel, mais encore dans les idiomes
des Frisons, du bas Allemand, du Jutland, et
surtout dans les patois de l'Ecosse méridio-
nale. En même temps que la langue, disparut
l'écriture dite anglo-saxonne, qui ressemblait
beaucoup au genre d'écriture usité en Italie
et en France dans le vio et le vue siècle, et
qui dut être apportée en Angleterre par les
prêtres sortis de ce pays.
L'anglo-saxon possédait tous les traits ca-
ractéristiques des idiomes germaniques. Dans
les plus anciens monuments qui nous en res-
tent, on retrouve le th moderne, et un autre
son analogue, le dh. Il est probable que les
voyelles sonores qu'on remarque en assez
grand nombre dans l'anglo-saxon devaient se
Srononcer d'une manière moins éclatante que
ans les langues du Midi. Les aspirations y
étaient aussi plus nombreuses que dans l'an-
glais moderne. '
— Littérature anglo-saxonne. Le chris-
tianismo apporta aux Anglo-Saxons les pre-
ANd
miers éléments de civilisation. Les nouveaux
convertis apprenaient à lire et à écrire. Au-
gustin établit à Canterbury une école qui
servit de modèle à toutes celles qui furent
créées ensuite. Cependant l'instruction était
plus exclusivement réservée au clergé. L'Ir-
lande était aussi renommée par l'enseignement
que saint Patrik y avait institué, et nombre
déjeunes Anglo-Saxons s'en allaient étudier
à < l'île Sainte. » Quand on voulait acquérir
une instruction tout à fait supérieure, on se
rendait en France et en Italie. La théologie,
le latin, l'anglo-saxon, l'arithmétique, l'astro-
nomie et la musique étaient les principales
sciences cultivées en Angleterre. Aldhem, le
premier savant saxon dont parle l'histoire,
s'était acquis une grande réputation par
son habileté à écrire l'anglo-saxon et le
latin; joueur de harpe et'- chanteur , il est
connu par un remarquable poëme en l'hon-
neur de, la Vierge. Un Grec de Tarse, Théo-
dore, et un abbé nommé Adrien, vinrent en
Angleterre en 668 et donnèrent une nouvelle
impulsion aux études littéraires. Us apprirent
à fond à leurs élèves le latin et le grec, et ils
commencèrent k former une bibliothèque,
dans laquelle on trouvait les textes originaux
d'Homère, de saint Chrysostome, etc. L'ini-
tiative de ces deux hommes contribua beau-
coup à répandre en Angleterre le goût de
l'antiquité grecque et romaine. Les écoles
minster, Saint-Atbans , "Worcester, Malmes-
bury et Glastonbury. Parmi les théologiens et
les savants les plus renommés qu'elles pro-
duisirent, on cite Wilbrod, qui se rendit en
Frise ; Boniface ou Winfried, en Allemagne ;
Bède le Vénérable (mort en 735), auteur de
l'histoire ecclésiastique de son pays ; Alcuin,
qui vint à la cour de Charlemagne, et fit —
mort de Bède, le mouvement intellectuel
mmença à se ralentir en Angleterre. Les
Danois, dans leurs descentes réitérées, brû-
laient les monastères , pillaient les biblio-
thèques, massacraient les prêtres. La Bretagne
allait retourner à l'état de barbarie, dont elle
était sortie à grand'peine. A ce moment ap-
paraît le roi Alfred le Grand, qui s'était instruit
dans ses voyages et qui venait en Angleterre
plein d'enthousiasme pour les lettres et les
sciences. Il ordonne la création de nouvelles
écoles, ou l'extension de celles qui étaient
déjà créées. Il rend l'enseignement obliga-
toire, et réunit à sa cour les savants les plus
renommés de tous les pays. Parmi eux se
trouvait le moine Asser de Saint-Davids, qui
a écrit la vie d'Alfred. Encouragée par l'exem-
ple du roi, la nation se créa une littérature
écrite, plus riche que celles de tous les autres
contes, des légendes, etc., qu'il composa lui-
même, il a traduit en anglo-saxon de nom-
breux et importants ouvrages, tels que les
fables d'Esope, l'histoire d'Ûrosius, ainsi que
ses notices géographiques ; la Consolation
philosophique de Boèce, l'histoire ecclésias-
tique de Bède le Vénérable, etc. Mais ses
successeurs n'héritèrent pas de son goût pour
l'étude, et lathéologiescolastiquevintentravef
le progrès des lumières. En même temps, les
Danois renouvelaient leurs terribles incur-
sions, et débarquaient pour mettre à sac les
monastères, les villes et les bibliothèques;
c'est ainsi qu'en 1009 ils brûlèrent Oxford, et
l'année suivante Cambridge. Alors les ténèbres
de l'ignorance envahirent de nouveau l'An-
gleterre, et l'archevêque d'York, Oswald, fut
obligé de faire venir de France des maîtres
pour enseigner le droit canonique et la gram-
maire. Canut le Grand rétablit les écoles, mais
■ses fils furent loin d'imiter leur père, et Ha-
rald pilla même Oxford. Enfin les sciences et
les lettres trouvèrent quelque protection sous
Edouard le Confesseur, qui avait été élevé en
Normandie et qui reproduisit à sa cour les
usages de politesse et d'élégance qu'il avait
pratiqués sur le continent.
C'est alors que l'invasion normande intro-
duisit violemment la langue et la littérature
françaises. On a déjà vu comment la langue
des vainqueurs et la langue des vaincus se
sont fusionnées en une langue intermédiaire,
qui est l'anglais moderne. Quelquetemps après
Ja conquête, le peuple anglo-saxon conserva
encore les débris de ses vieilles légendes, et
continua à les chanter dans sa langue. Mais
peu k peu ces dernières protestations" contre
les maîtres disparurent, et l'anglo-saxon passa
à l'état de langue morte.
ANGLO-SAXONS, nom donné aux peuples
germaniques qui envahirent la Grande-Bre-
tagne au yi<J. siècle, y fondèrent l'Heptarchie
ANGLOBEBT s. m. (an-glo-bèr). Ornith.
Espèce de canard qui appartient à la Perse,
ANGLOIR s. m. (an-gloir — rad. angle}.
Techn. Fausse équerre ; instrument propre à
prendre toutes sortes d'angles.
ANGLOIS s. m. (an-gloi). Tourte de dessert
garnie de prunes.
ANGLOMAN adj. m. (an-glo-man). Syn.
inusité de anglomane. Il n'a guère été em-
km
ployé que par Rivarol : Les Anglais se sont
ravisés sur leur Shakspeare, et ont voulu le
mettre fort au-dessus de notre Corneille; en
France, des esprits chagrins et anglomans ont
pris la chose avec enthousiasme.
ANGLOMANE adj. (an-glo-ma-nc — de an-
glomanie). Qui donne dans l'anglomanie ; qui
— :'-î, adn ■ ■ ■ ■ ' ■ '■- J -— ■
rons anglomanes. (Champfleury.) Alfredpassa
près de lui, appuyé sur le bras aun jeune chc-
valier anglomane, dont la cravate blanche avait
sixpoucesde hauteur. (P. Fév.) il On l'applique
même quelquefois aux choses : Je comprends
très-bien que madame Dupin ait préféré les
utopies de l'abbé de Saint-Pierre aux doctrines
anglomanes de Montesquieu. (G. Sand.)
— Substantiv. Celui, celle qui est anglo-
mane : C'est un anglomane; une jeune anglo-
mane. Certains anglomanes se sont imaginé
qu'il n'était pas de mot anglais qui ne pût être
naturalisé français par leur protection. (Ar-
nault.) On souffre de voir /'anglomane se
donner tant de mal pour étaler l'exiguïté de
ses habits. (A. Rabot.) Un anglomane arrive de
Londres plein d'enthousiasme pour les chemins
de fer et les voitures à vapeur. (G.. Davidson.)
ANGLOMANIAQUE adj. et s. (an-glo-ma-
ni-a-ke — rad. anglomanie). Syn. de anglo-
mane : D'ans un voyage que Garrick fit à Paris,
tous les anglomaniaques de cette capitale l'eni-
vrèrent d'adorations. (Mercier.) Il Ce mot n'a
pas fait fortune.
ANGLOMANIE s. f. (an-glo-ma-nî — de
anglo et de manie). Admiration exclusive,
exagérée de tout ce qui appartient à l'Angle-
terre , aux Anglais , langue , institutions ,
usages , modes , etc. : Ne pourrait-on , sans
être accusable «'anglomanie, accepter le mot
fashionable pour désigner un homme de bon
goût en fait de mode? (Arnault.) Un violent
accès ^'anglomanie introduisit dans nos jar-
dins une grande quantité d'arbres exotiques.
(Vitet.) Ce voyage, recouvert comme tant d'au-
très du spécieux prétexte de /'anglomanie ,
n'avait pas cependant pour but les modes an-
glaises. (R. de Beauv.) A son air aristocratique
se mêlait je ne sais quel' parfum d' anglomanie
visible au premier coup d'œil. (Alex. Dura.) Ce
n'est pas assez d'avoir emprunté à l'Angleterre
■ses chapeaux puritains, ses habits étriqués, son
régime constitutionnel , ses ignobles tabagies;,
la France, dans le paroxysme de son anglo-
manie, a voulu posséder son cheval de pari.
(Toussenel.)
infcins Vnnnltym<mie,
— Encycl. Voltaire et Montesquieu furent
chez nous les premiers admirateurs passion-
nés des idées anglaises, et leur admiration
s'explique aisément par ce seul fait, que les
Anglais jouissaient de la liberté quand nous
en étions privés. Mais ce n'était point là de
l'anglomanie proprement dite, ce n'était que
l'appréciation juste d'un état politique et social
dont la France d'alors ne pouvait fournir les
éléments. Voltaire ne fut pas plus anglomane
quand il popularisa chez nous le système de
Newton ; toutes les nations du monde envient
Newton à l'Angleterre, et toutes ne font ainsi
que rendre justice au génie du grand homme.
Shakspeare mérite aussi d'être admiré comme
un grand poëte; mais ceux qui disent qu'il
éclipse Corneille et Racine sont de véritables
anglomanes, car ils ne sont pas justes pour
leur pays, et si Shaksçeare les a surpassés
par la fécondité de son imagination créatrice,
il s'est placé trop souvent au-dessous d'eux par
le désordre même de ses fantaisies, où le bon
goût n'est pas assez respecté. C'est en ce
sens que Voltaire disait : « Je sais bien qu'on
trouve de l'or dans son fumier. » A une époque
plus rapprochée de nous, les poésies de lord
Byron eurent une vogue extraordinaire, et
tous nos jeunes poëtes, marchant sur ses
traces, se crurent obligés de maudire la société,
en se posant au-dessus d'elle comme des gé-
nies méconnus, blasés, révoltés contre toutes
les lois divines et humaines : c'était encore de
Yanglomanie. Aujourd'hui les jeunes gens du
grand monde, ou qui veulent paraître tels,
ont des grooms, des Jockeys, des chevaux pur-
sang ; ils se font jockeys eux-mêmes pour
courir dans les steeple-chases, au risque de s'y
faire casser bras et jambes ; ils ont toujours a
la bouche les mots turf, handicap, sport,
stud-book, etc. ; ils ne les comprennent pas
bien peut-être, mais ils les prononcent devant
des gens qui ne les comprennent pas mieux,
et s'ils les emploient de travers, personne ne
s'en aperçoit : c'est Yanglomanie poussée jus-
qu'au ridicule. Enfin il y a une autre sorte
d'anglomanie qui consiste à préférer les mots
anglais alors que notre langue en fournit d'ex-
cellents : par exemple, il y a des gens qui,
trouvant l'expression chemin de fer trop vul-
gaire, diront plutôt rail-way, en prononçant
raille la première syllabe, ce qui fait qu'ils
taise, gentleman pour nomme uu monae, eic,
Dujours en défigurant la prononciation des
lots. Ne comprendra-t-on jamais que chaque
euple a son génie particulier, qu'il est sage
d'emprunter aux' étrangers ci
avoir de bon, mais que c'est t<
d'emprunter des mots quand i]
n'ils peuvent
-~ i une folie
sont pas
nécessaires , et qu'enfin les choses mêmes ,
quand on les emprunte, doivent être traduites,
c'est-a-dire modifiées, pour se plier à nos
idées et à nos mœurs?
anglomanisant (an-glo-ma-ni-zan) part,
prés, du v. Anglomamser. N
ANGLOMANISÉ, ÉE ( an-glo-ma-ni-zé )
part. pass. du v. Anglomaniser.
ANGLOMANISER v. n. ou int. — rad. an-
glomatiie). Imiter servilement les mœurs, les
Parisiens ont encore le ridicule d'ANGLO-
MANiSER.(Mercier.) il Cemot n'a pas été admis.
S'anglomaniser, v. pr. Se faire, s'habituer
aux mœurs, aux coutumes anglaises.
ANGLOMÈTRE s. m. (an-glo-mè-tre — de
angle, et du gr. metroh, mesure). Géom. In-
strument propre à mesurer les angles.
anglomÉTRIE s. f. (an-glo-mé-tri — rad.
anglomètre). Géom. Théorie, pratique do la
mesure des angles.
ANGLOMÉTRIQUË adj. (an-glo-mé-tri-ke
— rad. anglométrie). Géom. Qui concerne
l'anglométrie.
ANGLOPHILE s. et adj. (an-glo-fl-le — de
anglo, pour Anglais, et du gr. philos, ami).
Partisan des Anglais : Naurais-je point sujet
à mon tour d'accuser de félonie les abolition^
nistes anglophiles? (Proudh.) || Il ne faut pas
confondre ce mot avec anglomane, qui indique
l'abus, la manie d'imitation de tout ce qui
est anglais.
anglOphilie s. f. (an-glo-fl-lî — rad. an-
glophile). Affection pour les Anglais, qui
porte à les défendre, à les loyer, à les citer
comme modèles : Z'anglophilie est fort à ta
mode en haut lieu. (P. Fév.)
anglophobe s. et adj. (ah-glo-fo-be — de
anglo, pour Anglais, et du gr. phobos, crainte,
Eeur). Qui déteste les Anglais, qui les a en
orreur.
ANGLOPHOBIE s. f. (an-glo-fo-bî — rad.
anglophobe). Haine, horreur des* Anglais :
Vous êtes atteint ^'anglofiiobie. L'angloma-
nie et J'anglophobie sont deux néologismes qui
expriment deux vieilles choses. (B. Barbé.)-
ANGLOU, lieu d'Arménie où, l'an 543, une
armée de 30,000 Romains, commandée par
Narsès, fut défaite et taillée en pièces par
4,000 Perses.
ANGLHBE, eh.-lieu de cant. (Marne), arrond.
d'Epernay, sur l'Aube ; pop. aggl. 859 hab. —
pop, tôt. 878 hab. Charmante situation; com-
merce de grains.
ANGO ou APJGOT (Jean), riche armateur de
Dieppe, né vers la fin du xv= siècle, fut nommé
gouverneur de la ville par François I", qu'il
avait reçu avec une magnificence inouïe dans
un de ses voyages en Normandie. Les Por-
tugais ayant pris et pillé un de ses vaisseaux
en pleine paix, il arma pour son propre
compte, fit voile vers l'embouchure du Tage
et répandit la- terreur jusque dans Lisbonne.
Le roi de Portugal fut obligé de payer une
indemnité aux bourgeois de Dieppe. Ango
seconda les armements contre l'Angleterre,
fit des prêts considérables à François 1er et
mourut presque ruiné, en 1551.
ANGO (Madame). V. Angot.
Ango, drame en cinq actes, de MM. Félix
Pyat et Auguste Luchet, représenté pour la
première fois sur le théâtre de l'Ambigu -
Comique, à Paris, le 29 juin 1835. Cette pièce,
qui, comme toutes celles de M. Félix Pyat,
renferme des intentions philosophiques et des
allusions politiques, fut fort applaudie, quoique
la censure l'eût mutilée. On y voit François I"
entrant dans la chambre d une jeune femme
et se trouvant en présence du célèbre arma-
teur dieppois. Interdit et confus, il refuse de
se battre, et, dans sa frayeur, il se trouve
mal. Alors Ango accable ce corps inerte d'im-
précations qui rappellent, -par leur violence,
celles que Triboulet lance sur le sac qui renfer-
me, du moins il le suppose ; le royal cadavre.
Le lendemain de la première représentation
à! Ango, le ministère exigea du directeur des
suppressions; ce dernier obéit, malgré la ré-
sistance des auteurs. Le drame avait réussi,
il ne voulait pas le voir interdire. La commis-
sion des auteurs dramatiques s'émut et pro-
testa ; protestation inutile. Quelques jours
plus tard, l'attentat de Fieschi (28 juillet)
fournit l'occasion de déployer une sévérité
plus grande, et, au milieu de la panique du
ministère, Ango disparut définitivement de
l'affiche. Du reste, nous ne mentionnons cette
pièce, tombée aujourd'hui dans l'oubli, qu'à
cause des circonstances dans lesquelles elle
fut représentée.
ANGOISSANT (an-goi-san) part. prés, du
v. Angoisser.
•ANGOISSE s. f. (an-goi-se — du lat. an-
gustia, resserrement ; à'angustus , étroit, le-
quel vient d'ango, je serre. Ce mot a passé
par un grand nombre de transformations :
Rabelais donne angustie; puis sont venus
angussie, angusse, angosse, et enfin angoisse;
mais la racine primitive paraît être le bas-
breton ancou ou angou, qui signifie étroit,
pressé , vexé ). Sentiment de tristesse ,
d'anxiété, accompagné d'une grande diffi-
culté de resjiirer et d'une sorte de resserre-
ment à l'épigastre : Dans les crises nerveuses,
on éprouve presque toujours de C angoisse.
ANG ^ -
— Au pi. et pareit., Souffrances physiques
très-violentes : Nous regardons la mort, non-
seulement comme le plus grand malheur, mats
encore comme un mal accompagné de la plus
vive douleur et des plus pénibles angoisses,
(Buff.) Atteint d'une maladie douloureuse, il en
supporta les longues et cruelles angoisses avec
une sérénité sloïque. (Mignet.)
Fjg. Douleur morale profonde, affliction
mêlée d'inquiétude , de crainte : Vivre dans
d'extrêmes, de mortelles angoisses. Le roi de
France avait grande angoisse au cœur, quand
il voyait ses gens ainsi descendre. (Froissart.)
Mille douleurs, mille afflictions nous persé-
cutent sans cesse, et les angoisses nous trouvent
toujours trop facilement. (Boss.) Immobile,
coilé sur mon stëge, compassé de tout mon corps,
je suais d' angoisse. (StrSim.) Toute la terre
est un lieu de tribulations et «'angoisses pour
une mauvaise conscience. (Fén.) Les angoisses
de l'amour maternel se peignent dans tous les
traits de Niobé. (M«»e dé Staël.) Clisson éprou-
vait des angoisses de repentir et désirait qu'on
ne lui eût-pas obéi. (Anquet.) Déjà les peuples
n'habitent que des décombres ;ils sentent en eux
comme une grande angoisse. (Lamenn.) Le
bonheur tranquille disparut, elle fut en proie
à toutes les angoisses des passions. (H. Beyle.)
Moi, sans croyances décidées, j'ai souvent in-
spiré de splendides visions de l'éternité qui fai-
saient oublier aux malheureux les terreurs de-
là mort ou les angoisses de la vie. (E. Sue.)
C'est avec une inexprimable angoisse que cha-
cun attendait le moment où Othello reparaîtrait.
(E. Sue.) Quelle terrible angoisse agitait son
cœur! (Balz.) Toute joie terrestre est suivie
d' angoisses, de mécontentement. (Balz.) En ce
moment, une sueur plus froide lui passa sur le
front, une angoisse plus mortelle lui serra le
cœur. (Alex. Dum.) Mais c'est là que l'embar-
ras devint plus insoluble et ï angoissé plus dé-
chirante entre nous. (Lamart.) Il faut à celui
qui gouverne la manœuvre ou le feu, la sérénité
du visage dans J'angoisse du cœur, pour faire
lire la confiance dans les jeua? du chef. (La-
mart.) Le but de la femme est la maternité,
avec lotîtes ses angoisses et toutes ses sollici-
tudes. (G. Sand.)
st à deiï
..Angoisse prévu
2e n'est pas ce qu'on croit qued'.
in Charties.
., er chez les dieux;
it de mortelles angoissçs.
L'air résonne des cris qu'au ciel chacun envoie :
Albe en jette d'angoisse, et les Romains de joie.
Corneille.
Quelle angoisse mortelle
ses bras l'étreinte paternelle!
C. Delavh
ANG
maux d'aultrui
dés aultres
taigne.)
— Ce mot, que la plupart des lexicographes
traitent de néologisme, est très -ancien, de
plus très-expressif, et l'on doit savoir gré à
M«ie George Sand d'avoir cherché à le rajeu-
nir : Il ne s'agit pas de cela , mais de Joset,
dont la santé «m'angoisse beaucoup le cœur.
(G. Sand.) Ce qui m' angoisse et à quoi je ne
veux pas me soumettre, c'est que je vois venir
vos peines. (G. Sand.)
S'angoisser, v. pr. Exprimer la douleur,"
l'angoisse ; se dit ides choses : Et sa voix s'an-
goissa, une larme brilla dans ses yeux : je ne
l'oublierai de ma vie. (A. Chevalier.)
ANGOISSEUSEMENT adv. an-goi-seu-ze-
man — rad. angoisse). Avec angoisse, avec
anxiété, douleur : Il faut acquérir son vivre
angoisseusement en mariage pour plusieurs
personnes. (Gerson.)
ANGOISSEUX, EUSE adj. (an-goi-seu, eu-
ze — rad. angoisse). Tourmenté, inquiet, cha-
grin : Celle nuit fut la royne bien angoisseusb
quant ton lui dist qu'ils ne viendraient huy.
(Lancelot du Lac.) Vous êtes trop angois-
seusb. (Boss.) il Pénible; douloureux, en par-
lant des choses : Je tiendrai la partie.de grâce
si me faites promptement mourir, plutôt que me
laisser languir plus longtemps en ces angois-
seuses misères. (Montaig.) Celui qui assemble
richesses est toujours angoisseux et en souci.
(Le Songe du Vergier.) Ne vous faites pas de
la confession un exercice angoisseux. (Boss.)
Dans tous les temps , l'homme a enfanté des
pensées vaines [et gratuitement angoisseuses.
(Ballanche.)
Dame, fait-il, je meurs pour vous;
Mon cœur en est moult angoisseux.
Marie de France.
Mon corps et mon esprit vaquoient sans nulle cesse,
Les soucis me faisoient une angoisseuse presse.
Ph. Desfortes.
vante : ■ On ne dit plus guère angoisse. Quel
mot lui a-t-on substitué? Douleur, peine ,
affliction ne sont pas des équivalents. An-
goisse exprime la douleur pressante et la
crainte à la fois. » Cette dernière partie de
l'observation de Voltaire est d'une grande
justesse; mais les exemples que nous venons
de citer prouvent surabondamment que ce
mot est d un emploi très-fréquent, du moins
en prose.
— Hortic. Poire d'angoisse, Espèce de poire
très-âpre, même quand elle est arrivée à sa
complète maturité. Dans certains pays , on
appelle ces sortes de poires trivialement, mais
énergiquement, des serre-gueule.
— Par anal. Instrument de torture dont on
se servait autrefois pour bâillonner quel-
qu'un. On introduisait dans la bouche du
patient la poire d'angoisse, qui s'ouvrait au
moyen d'un ressort, se développait en forme
do poire et étouffait complètement les cris.
Les voleurs s'en servaient également pour
bâillonner ceux qu'ils dépouillaient. Cet in-
strument paraît avoir été inventé par un
"certain Gaucher, capitaine qui servait au
temps de la Ligue dans le parti espagnol, et
on 1 aurait ainsi appelée à cause de sa res-
semblance, avec la poire d'angoisse, qui, elle-
même, devrait son nom à Angoisse, petit vil-
lage du Périgord où ce fruit a été trouvé.
Mais il est plus probable que le fruit doit son
nom à son apreté, et l'instrument, à sa forme
d'abord, puis à la douleur qu'il cause.
— Fig. Manger, avaler des poires d'angoisse,
Eprouver des mortifications sensibles, de
grands chagrins : Le poète Villon se plaignait
de ce qu'en prison on lui avait fait manger
maintes poires d'angoisse. Il lui a fait avaler
des poires d'angoisse. (Acad.) Ceux de Cuise,
ayant ainsi commencé avec les princes de Bour-
bon , 'leur voulurent faire avaler d'autres
poires d'angoisse. (Régnier de la Planche.)
— Syn.Angoî«»e», offre», trun.cï.V. AFFRES.
ANGOISSÉ , ÉE (an-goi-sé ) part. pass. du
v. Angoisser : L'homme est tourmenté par le
présent, ennuyé du passé, angoissé par /.'adve-
nir. (Charron.) Nous sommes affligés au dedans
et au dehors par la tentation; mais nous ne
sommes pas angoissés , c'est-à-dire resserrés
dans notre cœur. (Boss.)
ANGOISSER v. a. ou tr. (an-goi-sé— rad.
angoisse). Causer de l'angoisse, tourmenter,
chagriner : Olivier sent que la mort moult
J'angoisse. (Chanson do Roland.) La vue des
' ANG
ANGOPHORE s. m. (an-go-fo-re — du gr.
agkôn, coude, angle; phoros, qui porto). Bot.
Genre de myrtacées, renfermant quelques
originaires d'Angora, remarquables par leur
poil long et soyeux : Un chat , une chèvre
angora. Je lui ai parlé du beau chat angora
que j'ai vu dans votre salon, et il lui a pris une
si grande envie de l'avoir que vous devriez lui
en faire cadeau. (G. Sand.)
— S'empl. substantiv. : Là dominait un AN-
GORA, lechat favori de madame Popinot. (Balz.)
Elle avait une petite jeannette en velours, qui
brillait sur son cou comme l'anneau noir que la
fantasque nature met à la queue d'un angora
blanc. (Balz.)
Chaque nouveau guerrier si
l'anjora s'élance.
n. (an-go-la). Ling. Langue
parlée dans le royaume d'Angola.
ANGOLA, contrée de l'Afrique, dans la Ni-
gritie méridionale, baignée à VO. par l'Atlan-
tique, bornée au N. par la rivière Danda,
qui la sépare du Congo ; au S., par la rivière
de Coanza, qui la sépare du Benguela, et à
l'E. par le pays de Malemba, encore peu ex-
ploré ; situé entre 8<>20' et 9° 15' de lat. S-, et
entre ll"40' et 16<>40'de long. E. ; environ
560 kilom. de longueur de VE. à l'O., et 100
kilom. du N. au S. ; pop. 2,000,000 hab. Ville
principale, St-Paul-de-Loanda, dont la popu-
lation indigène est évaluée à 15,000 hab., et la
population européenne à 1 ,200 hab. Ce pays,
sillonné de montagnes peu élevées, est arrosé
par de nombreux cours d'eau, dont les princi-
paux sont : le Danda, le Coanza, la Benga; le
sol est très-fertile en productions des régions
tropicales; on y trouve des mines de fer et
des mines .de cuivre , de l'or en poudre , du
pétrole en abondance, de la gomme, etc., que
les indigènes échangent avec les Portugais.
Les Angolais obéissent à un chef nommé
Angola , d'où le pays tire son nom ; ils sont
soumis aux grossières superstitions du féti-
chisme ; cependant on rencontre quelques
familles chrétiennes , restes des missions flo-
rissantes que les jésuites firent autrefois
dans ces parages. Il La côte d'Angola, qui
comprend généralement, dans les cartes ma-
rines , le littoral depuis la baie d'Ambriz
jusqu'à St-Philippe-de-Benguela , fut décou-
verte en H86, par le navigateur portugais
Diego Cam ; peu; après les Portugais fondè-
rent des établissements sur divers points du
littoral et bâtirent St-Paul-de-Loanda (1578),
gui est resté la résidence du gouverneur.
Leurs possessions s'étendent à l'intérieur jus-
qu'à une distance de 450 kilom., néanmoins
tout ce territoire n'est pas sous la domination
du Portugal, qui ne possède en somme que
quelques forts et des comptoirs ou feiras,
situés à de grandes distances les uns des
autres.
angolan ou ANGOLAM s. m. (an-go-lan).
Bot. Nom vulgaire du genre alangion.
ANGOLI s. m. (an-go-li). Ornith. Poule
sultane des Indes.
ANGON s. m. (an-gon — du gr. agkos, cro-
chet). Antiq. Javelot ou demi-piquo des
Francs : On lançait J'angon, ou l'on s'en'ser-
vait pour combattre de près. (Acad.) Les Francs
tiennent une espèce de javelot nommé angon,
où s'enfoncent deux fers recourbés. (Chateaub.)
Quand nos aïeux élevaient sur le pavois les rois
de la première race, ils leur mettaient dans la
dextre l' angon. (Gén. Bardin.) Il On dit aussi
ANCON.
— Angon catabalistique^ Machine de guerre
formée d'un arbre sur pied dépouillé de ses
branches, ou d'un montant debois vert, planté
verticalement en terre et courbé de force au
— Pêch. Espèce de lance barbelée dont on
se sert pour tirer les crustacés d'entre les
rochers.
ANGONE s. f. (an-go-ne — du gr. agehonê,
suffocation). Pathol. Constriction du larynx,
qui'fait craindre la suffocation : X'angone est
un symptôme fréquent de l'hystérie et de quel-
ques autres affections nerveuses. (Nysten.)
— Gramm. On dit souvent chat, lapin, etc.,
angola. Alors on confond Angola, contrée de
l'Afrique , avec Angora , ville do la Turquie
d'Asie. C'est une faute que signalent toutes
les grammaires.
ANGORA, ancienne Ancyre, en turc Engour,
ville forte de la Turquie d'Asie, dans le pa-
chalik d'Anatolie , ch.-lieu de district, à 330
kilom. S.-E. de Constantinople; pop. 60,000
hab. Evéché arménien ; commerce d'opium, de
miel, de cire et de fruits excellents ; fabriques
d'étoffes en poil .de chèvre, dites angora.
Ville très-ancienne, fondée, dit-on, par le roi
Midas, Angora fut, avant la conquête romaine,
le ch.-lieu des Gaulois Teetosages établis en
Asie Mineure ; son importance s accrut encore
sous la domination de Rome ; mais au déclin
de l'empire, elle fut exposée aux ravages de
divers ennemis : les Perses, les Arabes, les
Turcs s'en emparèrent successivement ; enfin,
en MOI, elle fut témoin de la victoire de Ta-
merlan sur Bajazet. Nombreux restes de mo-
numents romains, qu'explique la prédilection
qu'Auguste avait pour cette ville.
ANGOSTURA ou SANTO TOME DE LA
NUEVA GUYANA, ou BOLIVAR , ville de la
république de Venezuela, sur l'Orénoque, ch.-
lieu de la province de Guyane , à 55 kilom.
S.-E. de Caracas; 8,000 hab. Evéché, com-
merce de cacao , indigo, coton, sucre, tabac,
bœufs, chevaux, peaux et viandes.dessé-
chées ; tout le commerce se fait par la voie de
l'Orénoque, bien que la côte du Nord soit peu
éloignée, mais elle est séparée d'Angostura
par une chaîne de montagnes élevées et sans
ANGOSTURE s. f. (an-go-stu-re). Bot. Syn.
à'angusture. V. ce mot.
ANGOT (Jean). V. Anûo.
ANGOT (Madame), un de ces types popu-
laires dans lesquels se résument tous les
ridicules d'une époque. On a souvent comparé
les révolutions à ces mouvements violents
qui se produisent quelquefois au sein des
eaux et qui amènent à la surface , du fond de
la vase, des objets,' des détritus inconnus dont
onnepouvaitsoupeonnerl'existence.Lemème
{ménomène se manifeste à la suite de nos bou-
eversements sociaux. M"»e Angot semble :
sortirent comme par enchantement de la rue
Quincampoix ; puis elle grandit pendant la
Révolution , et s'épanouit enfin dans tout son
lustre sous l'Empire. Mme Angot, comme per-
sonnalité distincte , n'a certainement jamais
existé; mais elle n'en reproduit pas
d'un
c de fi
: coté ridicule
impitoyable justesse. A chaque
phase que le cours des événements fait ainsi
parcounA à nos habitudes et à nos mœurs
nationales , il surgit un type nouveau dont
s'empare la malignité publique ; c'est une sorte
de bouc émissaire que le peuple moqueur,
railleur, frondeur, satirique par excellence ,
accable de tous les traits d'une verve inépui-
sable. Après 1815, ce fut Chauvin qui défraya
cet impérieux besoin du rire et de la plaisan-
terie; depuis 1830, ère nouvelle ouverte à la
classe moyenne, nous avons mis sur la scène
May eux, ce garde national fier de lui-même
et gonflé (de ses nouveaux droits ; puis
M, Prudhomme, ce type du bourgeois igno-
rant et prétentieux, pédant, à. maintien d'une
gravité grotesque , déclamateur de phrases
creuses et sonores. M""' Angot vivait à une
époque de déplacement dans les fortunes,
époque où il n'était pas rare de se lever valet,
ou pis encore, pour se coucher millionnaire, et
réciproquement. M"" Angot devait donc four-
nir à la médisance et à la raillerie un aliment
bien autrement fécond. Partie de bas étage
pour arriver subitement a la richesse, habitant
des hôtels superbes, se pavanant à Long-
champ, à l'Opéra, à la Comédie-Française,
partout, sans avoir eu le temps de mettre son
ton et ses manières au niveau de son appareil
extérieur, elle présente à tous les moments
une suite de contrastes des plus divertissants.
Après avoir été tour à tour vivandière, dame
de compagnie sur un corsaire, dame de comp-
toir à un Lion-d'Or quelconque, puis dame de
la halle, à Paris, elle s'enrichit
du s
ANG .
.laides et
jolies, brunes et Blondes; il leur manquait à
toutes la modestie. Un jour, on vit l'une d'elles
paraître dans un char élégant^auLongchamp
régénéré ; sur ce'trône que n'eut pas dédaigné
de décrire Parny,elle régnait demi-nue dans '
les fleurs, le front ceint d'un diadème de per-
les , laissant flotter a tous vents sa robe d'a-
zur étoilée d'or. Parée, adulée, titrée quel-
quefois, faisant noble souche et presque dy-
nastie, M"8 Angot se fit appeler femme de la
nouvelle France; elle laissa prudemment dans
l'ombre le nom de son père, celui de son pre-
mier mari, celui du second; prit un ton,
des airs, instruisit ses valets à lui parler avec
respect, à lui porter la queue, mais ne fit que
rendre plus réjouissante l'antithèse de sa per-
sonne et de sa fortune. Femme d'embonpoint
superbe et de proportions athlétiques, à lèvre
moustachue, elle imite lourdement les ma-
nières des petites-maîtresses, dont elle outre
toutes les nuances délicates, qu'elle fait tom-
ber dans la caricature. Cette 'virago à voix
enrouée prend du lait d'ânesse, parce que sa
faible constitution l'exige. Si, de temps en
temps, pour achever la contrefaçon ( elle juge
,à propos de se trouver mal ou d avoir ses
nerfs, c'est à un verre d'eau-de-vie qu'elle
demande le rétablissement de son état normal.
Voilà pour le ton et les habitudes ; quant à sa
conversation, on peut juger qu'elle n'avait
jamais passé par Tétamine de l'Académie.
Mme Angot aimait à vanter sa rondeur, sa
franchise ; elle n'était point façonnière , et
vous prenait vite on amitié ; elle vous de-
mandait vos affaires et vous contait les siennes
à l'oreille. Vous appreniez d'elle que sa com-
pagne — une. autre dame Angot — était fillo
d'un pêcheur de Saint-Malo, et qu'elle avait
gagne du tien à brocanter des assinats contre
du solide. Celle-ci, en revanche, vous racon-
tait sur l'autre une légende qui brillait encore
moins par la charité. Cependant M»"> Angot
découvrant qu'elle faisait rire à ses dépens,
prit des leçons au cachet, copia les airs et le
langage des femmes des anciennes grandes
maisons , et se décida à exhumer son époux,
qu'elle représenta comme tué à l'armée des
princes. On ne vit plus que des veuves de
généraux et de colonels. Ces dames de la
nouvelle France avaient loge à. la Comédie,
où elles venaient étaler leurs diamants. Alors,
on faisait avancer leur carrosse , et un valet
en livrée demandait : « Où va madame ? — A
l'Enfant du malheur, c'est bien plus mignon, p
Le mélodrame devint leur passion favorite ;
c'était bien plus mignon que les Uoraces.
Qu'on juge, d'après ce qui précède, et dans
un pays comme le nôtre, quelle avalanche de
railleries , de sarcasmes et de brocards dut
tomber sur ces parvenues de mauvais aloi.
Quelle mine à exploiter pour le roman et le
théâtre 1 Bientôt Mmc Angot eut envahi toutes
les affiches, et elle y régna à plus juste titre
que dans les salons, où ses pieds glissaient
à chaque instant et s'embarrassaient dans les
tapis des Gobelins. Une parade, représentée
en 1795, à la Galté, fut-le point de départ des
pièces nombreuses dont M>"° Angot a fourni
le sujet ; elle était intitulée la Nouvelle' par-
venue , et fut reprise en 1797 sous le titre de
Madame Angot ou la Poissarde parvenue. Un
acteur, Labenette-Corsse, se fit une grande ré-
putation dans lerôle de M 'ne Angot, et la pièce
rapporta cinq cent mille francs au théâtre ; elle
avait été payée cinq cents francs à l'auteur,
Eve, dit Maillot, qui donna ensuite : Le Ilepentir
de madame Angot ouïe Mariage de Nicolas,
1799, et Dernières folies demadame Angot ,1803.
Cette même année, Aude fit jouer à T Ambigu-
Comique Madame Angot au sérail de Constan-
tinople , drame , tragédie , facétie, pantomime
en 3 actes, qui eut deux cents représentations
successives, et qui acheva de populariser le
nom et le personnage de M"»» Angot. Le même
auteur donna ensuite Madame Angot au Ma-
labar où la Nouvelle veuve. Toute la bonne
société de Paris, toutes les dames Angot qui
ne voulaient pas l'être se pressèrent à. ces
représentations bouffonnes, dans des loges
d'apparat, étalant des éventails appelés la
Grammaire des rentiers, où était conjugué en
lettres d'or : Je fus, tu fus, il fut, etc. La
province accourut h son tour, puis l'étranger ;
ce fut une vogue inouïe.
En dehors du théâtre, nous retrouvons
Mme Angot dans les Œuvres badines et Pois-
sardes de Vadé (Paris, 1798), dans le Déjeuner
de la Dapée , par l'Ecluse, et dans divers ou-
vrages de la même époque, dont le plus connu
est l'Histoire populaire de madame Angot;
reine des Halles. La belle poissarde avait une
fille qui lui ressemblait en tout point, et qu'ello
maria a un jeune homme de Marseille, nommé
Fanfan. Les nouveaux époux, partis pour la
cité phocéenne, en compagnie de M"»e Angot,
sont pris par des corsaires dans une prome-
nade en mer et emmenés en captivité à Tunis,
puis vendus au pacha comme esclaves. Celui-
ci reconnaît M"" Angot pour l'avoir vue jadis
à Paris. Dans un moment de belle humeur, il
lui laisse croire qu'il est amoureux d'elle, et
lui fait rendre les mêmes honneurs qu'à ses
favorites. Mais lorsque Mme Angot enivrés
croit toucher au faite des grandeurs, elle re-
çoit tout à coup, sous prétexte d'une feinte
conspiration, l'ordre de s'étrangler elle-même.
Après avoir joui rie ses terreurs, le pacha lui
380 ANG
fait grâce et luirend sa liberté , que son mari
vient de racheter au prix d'une forte rançon.
C'est là, sans doute, que Aude aura puisé l'idée
de la pièce que nous avons citée tout à l'heure :
Madame Angot au sérail de Constantinople.
Aujourd'hui, il n'est plus guère question de
M"o Angot ; mais le type n en est pas perdu
pour cela ; il vit encore , seulement il a perdu
•ses aspérités saillantes au rude frottement
d'une génération sceptique et moqueuse ; les
éclats du vieux rire gaulois l'ont étourdi. Les
daines Angot de notre temps ne vont plus au
banc d'œuvre aspirer la fumée de l'encens,
elles ne font plus fracas de leurs équipages à
Longchamp ; ce monopole a passé en d'autres
mains. Mais elles donnent des professeurs de
danse et de piano k leurs filles, et, quelquefois,
elles-mêmes quêtent pour les bureaux de bien-
faisance et se font dames de charité.
ANGOT (Jeu de madame). Nom d'un jeu d'ac-
tion qui se joue quelquefois dans les salons,
pendant les longues soirées d'hiver. La société
s'étant assise en rond, celui qui dirige le jeu
raconte de la manière la plus burlesque l'his-
toire d'une pauvre dame dont la vie a été
remplie d'aventures impossibles. A chaque
aventure , l'héroïne de l'histoire a été atteinte
d'une infirmité ' incurable. D'abord c'est un
branlement de tête, puis un clignementd'yeux,
puis un tournoiement de bouche, etc. A me-
sure qu'il annonce une infirmité, le narrateur
la simule, et il faut que chacun des assistants
fasse comme lui , sous peine de donner un
gage. Quand l'histoire est avancée, le salon
ressemble à une réunion de possédés, tous,
hommes et femmes , exécutant à qui mieux
mieux les mouvements les plus comiques.
"Enfin, comme toute chose doit avoir un terme,
la pauvre Mme Angot succombe à tant de se-
cousses, et son historien engagera société à
lui faire ,des obsèques dignes de sa haute
célébrité. Les mouvements cessent alors. Les
joueurs se lèvent, et chacun, saisissant son
siège à deux mains, le traîne autour du salon
en suivant son voisin jusqu'à ce qu'il se
retrouve à sa place. Le jeu de Mme Angot
est aussi quelquefois appelé jeu de mère
Bobinette.
mère \le berçait avec son pied, tandis qu'elle
s'amusait à lui faire tin collier avec des pois
d'ANGouLE rouges et noirs. (B. de St-P.)
ANGOULÊME, ch.-lieu du dép. de la Cha-
rente, anc. cap. de l'Angoumois, à 439 kil.
S.-S.-O. de Paris, sur une montagne au pied
de laquelle coule la Charente; évêché, lycée:
pop.-aggl. 22,363 hab. — pop. tôt. £4,961 hab.
L'arrond. a 9 cant., 137 comm., 138,944 hab.
Distilleries d'eaux -de-vie, dites de Cognac ;
papeteries importantes: entrepôt du com-
merce de Bordeaux et des dép. du Midi. Pa-
trie de Marguerite de Valois, du fanatique
protestant Poltrot de Méré, de J.-L. de Bal-
zac, des deux Saint-Gelais , de l'ingénieur
Montalembert , du régicide Ravailiac et du
physicien Coulomb. On y avait établi, sous !a
Restauration, une école de marine qui fut
transférée à Brest en 1830.
Mentionnée pour la première fois par le
poète Ausone (ive siècle), sous le nom d'Incu-
■ lisvta, Angoulême est appelée Civitas Ecolis-
mensium dans la Notice des Gaules. Elle passa
successivement sous la domination, des Wisi-
goths, des Francs et des Anglais. Elle chassa
ces derniers sous Charles V, et se donna à ce
monarque. Erigée en duché par François I"
et cédée depuis, comme gage, à Charles de-
Valois, elle fut réunie à la couronne en 1710.
A dater de cette époque jusqu'en 1830, elle
devint l'apanage des princes de la maison
royale.
- Angoulême conserve quelques restes inté-
ressants de ses anciennes fortifications et
d'un vieux château. L'église Saint-André,
qui date du commencement du xi" siècle, et
1 antique abbaye de bénédictins fondée par
saint Cybard, sous le règne de Charlemagne,
méritent l'attention. Mais le monument le plus
remarquable est sans contredit la Cathé-
drale, dédiée à saint Pierre. Cet édifice, qui
appartient au style romano-byzantin de tran-
sition, date du xn« siècle. Elle n'a qu'une nef
voûtée en berceau; et dont la longueur dans
œuvre est de soixante - douze mètres. Le
«hoeur est terminé par une-abside semi-circu-
laire. Les deux ailes étaient primitivement
plus allongées; celle du nord est surmontée
d'une tour à sept étages superposés en re-
traite ; une autre tour placée à l'extrémité de
1 aile du sud aété détruite par les calvinistes, en
1568. Au centre du transsept s'élève une lan-
terne percée de douze fenêtres à plein cin-
tre. La façade, large de vingt mètres, est fort
belle : elle offre trois rangs d'arcades super-
posés. Les arcades de la rangée inférieure
sont séparées par des colonnes à chapiteaux
ornés de feuillages ; celle du milieu, plus large
et plus élevée que les autres, donne entrée
dans l'église ; les quatre autres sont aveugles.
Une fenêtre, la seule de la façade, est prati-
quée dans l'arcade placée au-dessus de la
porte. Les arcades a droite et à gauche de
cette fenêtre et celles de la rangée supé-
rieure sont garnies de statues. Un entablement
droit, à corniche saillante, couronne ce fron-
tispice ; deux clochetons de forme ronde s'élè-
vent aux extrémités.
, ANG
chet, né en 1573, mort en 1650. Il porta d'a-
bord le titre de comte d'Auvergne, qu'il quitta
en 1619, après avoir reçu lé duché d' Angou-
lême. Il s'attacha de bonne heure à la fortune
de Henri IV; et combattit glorieusement k
Arques, à Ivry et à Fontaine-Française. En
1602, il fut impliqué dans la conspiration de
Birôn, reçut sa grâce, seconda néanmoins les
' intrigues de la marquise de Verneuil, et fut
condamné à une prison perpétuelle. Remis en
liberté par Louis XIII (1616), il rendit d'im-
portants services k ce prince, au siège de La
Rochelle et dans les guerres du Languedoc,
d'Allemagne et de Flandre. Ce prince avait
hérité des goûts littéraires de son père, et il a
laissé divers écrits, entre .autres : Mémoires
très-particuliers du duc d' Angoulême, pour
servir à l'histoire des règnes de Henri III et
Henri IV. Ces Mémoires forment le tome 1er
des Mémoires particuliers pour servir à l'his-
toire de France. — Un de ses fils, Louis-Em-
manuel de Valois, duc <ï'Angoulême ( 1596-
1G53), d'abord évêque d'Aede, puis colonel
général de la cavalerie et gouverneur de
Provence, se distingua aux sièges de Mon-
tauban et de La Rochelle, et dans les guerres
d'Italie et de Lorraine.
ANGOULÊME (Louis-Antoine de Bourbon,
duc d'), dernier dauphin de France, fils du
comte d'Artois, depuis Charles X, né à Ver-
sailles en 1775, mort à Goritz en 1844, eut
pour gouverneur M. de Sérent , suivit son
père dans l'émigration en 1789, acheva son
éducation militaire à Turin, reçut, en 1792, le
commandement d'un corps d'émigrés, mais ne
se fit remarquer par aucune action d'éclat. En
1799, il épousa, à Mittau, sa cousine Marie-
Thérèse, fille unique de Louis XVI, et il resta
constamment, avec elle, auprès de LouisXVII r,
jusqu'au mois de janvier 1814, époque à la-
quelle il débarqua à Saint-Jean-de-Luz. De
cette ville, il adressa à l'armée une proclama-
tion libérale où l'on remarquait ces mots : « Je
viens briser vos fers... Marchons tous ensem-
ble au renversement de la tyrannie. » Le 12
mars, il prenait possession de Bordeaux au
nom du roi, et recevait, le 15 mai suivant, le
titre de grand amiral de France. Il se trou-
vait encore à Bordeaux en mars 1815, lors-
qu'on apprit le retour de Napoléon de l'Ile
d'Elbe. Nommé alors lieutenant général du
royaume, on peut dire qu'il justifia, autant
qu'il était en lui, cette marque de haute con-
fiance. Il se rendit en toute hâte à Toulouse,
y organisa un gouvernement, courut à Nîmes,
et, avgc trois mille hommes, tant troupes de
ligne que volontaires, il s'avança sur Lyon,
espérant y arrêter la marche triomphale de
Napoléon ; mais, quelques succès, qu il obtint
d'abord furent suivis d'une entière défaite,
et il se vit avecdouleur abandonné des siens.
Après avoir été retenu six jours prisonnier au
Pont-Saint-Esprit, il fut conduit au port de
Cette , par ordre de l'empereur , et lit voile
pour Barcelone. Le désastre de Waterloo lui
rouvrit les portes de la France. Envoyé par
Louis XVIII dans les départements méridio-
naux, il parvint à mettre un terme à l'odieuse
réaction qui ensanglantait ces belles contrées.
Lorsque, en 1823, le cabinet des Tuileries eut
résolu de renverser le gouvernement libéral
des Cortès, le duc d' Angoulême fut mis à la
tête de l'armée. Cette campagne, à laquelle
ne se rattache guère aujourd'hui que le suc-
cès du Trocadero, fut aussi courte que facile.
Le généralissime sut racheter ce que cette
guerre avait d'impopulaire par la modération
qu'il mit dans son triomphe. Bientôt il eut à
arrêter les excès de ceux mêmes qu'il était
venu secourir : dans une ordonnance rendue
à Andujar , il flétrit la conduite de Ferdi-
nand VII et de ses conseillers. A la mort de
Louis XVIII, le duc d' Angoulême prit le titre
de dauphin, et eut voix délibérative au Con-
seil. Le 29 juillet 1830, il prit le commande-
ment des débris de l'armée royale, après avoir
outragé le duc de Raguse. qui avait été im-
puissant à dompter la révolution, puis il signa,
avec Charles X, sa renonciation au trône en
faveur du duc de Bordeaux. Il suivit ensuite
son père, sous le nom de comte de Marnes,
- k Holyrood, à Prague et à Goritz. Ce prince
n'était dépourvu ni des qualités du cœur, ni
de celles de l'intelligence. Il avait de la bra-
voure, et même un certain esprit d'k-propos.
On lui prête ce mot d'une beauté antique,
qu'il aurait adressé au bailli de Suffren, lors-
que l'illustre marin, de retour de sa campagne
de l'Inde, vint le visiter : « Je lisais en ce
moment même les vies des hommes illustres
de Plutarque ; je quitte mes héros anciens
avec plaisir, puisque j'ai le bonheur d'en avoir
un devant les yeux. »
ANGOULÊME ( Marie -Thérèse -Charlotte ,
duchesse d'), fille de Louis XVI, épouse du
précédent, née à Versailles en 1778, morte à
Frosdorf en 1851, reçut en venant au monde,
le titre de Madame Royale, et fut élevée par
Mme» de Rohan-Guémenée, de Polignac, de
Tourzel et de Mackau. Enfermée au Temple
avec ses parents, après la journée du 10 août,
elle eut la douleur de voir son père et sa mère
monter sur l'échafaud ; son lrère lui-même
(Louis XVII) lui fut enlevé le 9 juin 1795.
Vingt jours après, la Convention, par un dé-
cret, chargeait le comité de salut public de
proposer à la cour de Vienne l'échange de la
fille du dernier roi des Français, contre les
conventionnels Bancal, Quinette, Camus et
Lamarqne, le ministre de la guerre Beurnon-
ville, livrés par Dumouriez, le :
ANG
Drouet, l'ambassadeur Sémonville et autres,
arrêtés par l'Autriche, contre le droit des
cens. Ce n'est qu'au bout de six mois, le 19
décembre, que la princesse sortit de prison.
Un capitaine de gendarmerie la conduisit à
Baie en chaise de poste, et avec tous les
égards dus à son rang et a ses malheurs. On
arriva dans cette ville le 25, et dès le lende-
main l'échange eut lieu. La duchesse d' An-
goulême, réunie aux siens, suivit leur fortune,
errant avec eux en Allemagne, et se fixant
enfin en Angleterre. En 1814, elle fit son en-
trée dansParis aux côtés de Louis XVIII, et fut
saluée par les vieux royalistes comme l'ange
tutélaire de la France. Ils se plaisaient k ré-
péter ces mots tracés par elle sur les murs du
Temple, en quittant cette prison : « O mon
Dieu! pardonnez à ceux qui ont fait mourir
mes parental » Le retour de Napoléon, en
mars 1815, la surprit à Bordeaux. Son mari
partit, le 9, pour organiser la résistance dans
le Midi ; elle resta à Bordeaux, et, par sa fer-
meté, conserva cette' ville à la cause royale,
dix jours encore-après la rentrée de l'empe-
reur aux Tuileries. On la vit animer les auto-
rités civiles, passer des revues entourée d'offi-
ciers généraux , visiter les troupes dans les
casernes, présider à l'organisation de la dé-
fense et de l'attaque. Elle ne partit que le 1er
avril , lorsque l'armée eut fait défection , et
que les habitants eurent été refroidis eux-
mêmes par le voisinage d'un petit corps en-
voyé contre la ville, sous les ordres du géné-
ral Clausel. C'est dans cette circonstance que
Napoléon, qui savait buriner un mot comme
on burine sur l'acier, a dit que la duchesse
était le seul homme de sa famille. Un navire
la transporta à Londres, d'où elle alla rejoin-
dre la cour fugitive à Gand, puis elle rentra
en France après le désastre de Waterloo. Sa
vie n'offre plus rien de particulier. On dit
pourtant que, le 29 juillet 1830, elle s'opposa
avec beaucoup de fermeté à l'évacuation de
la capitale par les troupes. Cette pr
était peu populaire. Le parti libéralle
dait généralement comme l'inspiratrice ae
tous les actes de vengeance, de toutes les
mesures rétrogrades, de toutes les
sions faites au clergé. Il y avait dans son ca-
ractère, dans sa physionomie même, quelque
chose de dur, peu fait pour inspirer la sympa-
thie. Elle était douée de connaissances assez
étendues ; on lui attribue l'écrit suivant : Mé-
moires particuliers formant, avec l'ouvrage de
M. Hue et le Journal de Cléry, l'histoire com-
plète de la captivité de la famille royale au
Temple, 1817, in-8°.
ANGOULEVENT , nommé aussi Nicolas
Joubert, fou et valet de chambre de Henri IV,
prenait le titre de prince des sots ou de prince
de la sottise. Il eut avec les comédiens de
l'hôtel de Bourgogne use contestation fort
vive au sujet de la Principauté des sots, qu'il
déclarait sa propriété exclusive. Quelques
opuscules, très-rares aujourd'hui, se rattachent
à ce singulier personnage.
ANGOUMOIS , anc. province de France ,
cap. Angoulême; forme aujourd'hui le dép.
de la Charente et une partie de celui de la
Dordogne. Le comté et le duché d' Angoulême
répondaient k peu près k l'Angoumois. Pépin,
roi d'Aquitaine, l'érigea en comté au ix« siè-
cle, et, après avoir été possédé quelques an-
nées par les Anglais, il fut réuni à la couronne
sous Charles V, et n'eut plus que des comtes.
ou des ducs apanagistes.
angoumois, oise s. et adj. (an-gou-moi,
oi-ze). Géogr. Habitant de l'Angoumois; qui
appartient a cette anc. prov. ou à ses habi-
tants : C'était un Angoumois fort poli. Nous
étions entourés de fort jolies Angoumoises.
Le bositf angoumois se rapproche du bœuf
limousin par ses cornes et par son pelage. I) On
dit aussi Angoujioisin, ine.
— Sylvicult. Nom vulgaire d'une espèce de
chêne. . ,
— Hortic. Variété d'abricotier qui donne
un fruit dont la chair est savoureuse, bien
que légèrement acide.
angoumoisin, ine s. et adj. (an-gou-
moi-zain, i-ne). Géogr. Syn. de angoumois,
oise : Les Angoumoisins ne t'en demandent pas
davantage, (Balz.) Je soupçonne fort ma vieille
robe de velours et ma figure angoumoisine
d'amuser les Parisiennes. (Balz.)
:t d'Héli
ANGOURIE s. f. (an-gou-rî — du gr. ag-
gourion, sorte de melon d'eau). Bot. Genre
de cucurbitacées, renfermant un petit nom-
bre d'espèces, qui croissent dans l'Amérique
équatoriale. il On dit aussi angurie.
angouya s. m. (an-gou-ia). Ratdu Brésil.
ANGOXA, région maritime de l'Afrique
orientale, sur la côte de Mozambique. Les
Portugais y ont établi des comptoirs, et y
font, avec les nègres et les Maures, un grand
commerce de riz, d'ivoire et'd'or. il Nom d'un
groupe d'îles, situé dans le canal de Mozam-
bique, vis-à-vis du district de ce nom.
ANGRA, ville et port de l'archipel des Aço-
res, dans l'île Terceire, cap. de tout l'archi-
pel, par 38° 38' lat. N. et 29» 32f long. O. ;
place forte, siège du gouvernement général
des Açores et d'un évêché ; arsenal, collège
militaire, exportation de vins et de grains;
ANG
.14,000 hab. Il Petite ville de l'Afrique occiden-
tale, sur la côte de Gabon, dans la Guinée
supérieure; factorerie hollandaise. On donne
aussi le nom à Angra k la baie qui baigne la
ANGRA-DOS-REYS, ville du Brésil, dans la
province et à 110 kil. S.-O. de Rio-Janeiro,
■sur la baie de son nom ; commerce considéra-
ble de riz, maïs, manioc, sucre et indigo. Pop.
3,000 hab. il Baie de la province de Rio-Ja-
neiro, la plus considérable de celles que pré-
sente la côte du Brésil, par 23° de lat. S. et
46« long. O.; elle est formée par deux pro-
montoires, entre lesquels s'élèvent deux lies,
qui séparentlabaiede la pleine mer, en laissant
trois passes.
ANGRAJY D'ALLER AV ( Denis - François ) ,
magistrat français, né k Paris en 1715, mort
en 1794 , occupa successivement différentes
charges dans la magistrature, et fut membre
de l'assemblée des notables en 1787. La Ré-
volution le trouva lieutenant civil au Chàtelet
et conseiller d'Etat. Dans toutes ces circon-
stances, il joignit k une grande élévation
d'idées, k une éloquence douce et persuasive,
une grande simplicité de mœurs et une bonté
d'âme peu commune ; c'est k un trait de sa vie
que Chastenet - Puységur emprunta le sujet
d'une comédie intitulée le Juge bienfaisant.
Pendant, la Terreur, il fut traduit au tribu-
nal révolutionnaire et eut pour accusateur
Fouquier-Tinville, qui voulait le sauver. Inter-
rogé s'il avait fait passer des secours aux en-
nemis de l'Etat, il répondit sans hésiter qu'il
'avait envoyé de l'argent k M. de la Luzerne,
l'un de ses gendres. « Ignorais-tu la loi qui le
défend? lui dit un des jurés. — Non, répli-
qua-t-il courageusement, mais la loi de la na-
ture a parlé plus haut k mon cœur que la loi
de la république. » Cette noble réponse fut
son arrêt de mort.
ANGREC s. m. (an-grèk— du malais an-
garek, même signif.). Bot. Genre de plantes
de la famille des orchidées, dont les différen-
tes espèces vivent dans les contrées intertre-
picales de l'ancien et du nouveau monde :
Z'angrec odorant fournit les feuilles connues
dans le commerce sous le nom de fahani, et de
thé de l'île Bourbon.
ANGR1, ville d'Italie, dans l'ancien royaume
7 hab. Ch.-lieu de cant.
duché de Saxe.
angrivariENS s. m. pi. (an-gri-va-ri-
ain — du lat. Angrivarii, forme de Angria).
Géogr. anc. V. l'art, suivant.
ANGRIVARII, nom latin des Angrivariens,
peuple de l'ancienne Germanie établi sur les
bords du Weser, au nord des Chérusques;
leur territoire, appelé Angrie au moyen âge,
fut le domaine de Witikind, et forme actuel-
lement la partie méridionale du royaume de
Hanovre.
ANGROIS s. m. (an-groi). Techn. Petit
coin au moyen duquel on affermit le manche
d'un marteau.
ANGSTER s. m. (an-gstèr). Petite mon-
naie de Suisse, de la valeur d'un quart de
kreutzer, ou un peu moins de 1 centime.
ANGUICHORE s. f. Blas. et Chass. V. En-
ANGUICIDE adj. ( an-ghi-si-de — du lat.
anguis, serpent ; cœdere, tuer). Qui a la pro-
priété de faire périr les serpents.
ANGUIDÉ, ÉE adj. (an-ghi-dé — du lat.
anguis, serpent). Erpét. Qui ressemble à un
orvet.
— s. m. pi. Famille de reptiles sauriens
qui a pour type le genre orvet.
ANGDIER (François), sculpteur, né à Eu
en 1604, mort à Paris en 1669. Son père, qui
était menuisier, le plaça d'abord dans l'atelier
de Carron d'Abbeville, sculpteur et architecte;
puis il l'envoya k Pans, où il étudia sous Si-
mon Guillain , ainsi que son frère Michel.
Après être allé passer quelque temps en An-
fleterre, il se rendit à Rome, où il resta pen-
ant deux ans, et vécut intimement avec
Poussin, Dufresnoy, Mignard et Stella. De
retour à Paris, il obtint de Louis XIII un
logement au Louvre et la garde du cabinet
des antiques. François Anguier, comme beau-
coup d'artistes de son temps, n'a guère exé-
cuté que des mausolées. Celui de Henri Jet
duc de Longueville, qu'il exécuta pour l'église
des Célestins, s'élève aujourd'hui au milieu de
la salle qui porte son nom et celui de son frère
Michel, au musée de sculpture du Louvre : ce
monument comprend un obé! -que en marbre,
orné de trophées et de quatre statues symboli-
ques, la Vérité, l'Union, la Justice et la Force.
On a placé dans ta même salle la statue de
Jacques-Auguste de Thou, qui figurait autre-
fois sur le tombeau de ce personnage dans
l'église Saint-André-des-Arts, et celle qui
ornait également le- tombeau de Charlotte de
la Trémoille, princesse de Condé. Parmi les
autres ouvrages de François Anguier, qu'on
voyait autrefois dans les églises de Pans, on
cite le Tombeau du cardinal de Bérulle, à l'O-
ratoire, et la statue du duc de Bolian-Chabot,
aux Célestins. On regarde comme son chef-
d'œuvre le mausolée qu'il éleva, dans l'église
ANG
de la Visitation, à Moulins, à la mémoire du
duc Henri de Montmorency (décapité à Tou-
louse, en 1632) : ce tombeau, comme celui du
duc de Longueville, est orné de quatre statues,
personnifiant la Piété, la Valeur, la Libéralité
et la Noblesse. Le ^tyle de ces divers ou-
vrages ne manque m de'noblesse, ni de gra-
vité religieuse, mais il pèche par une certaine
lourdeur dans les formes. François Anguier
refusa, dit-on, de faire partie de l'Académie
des Arts. Il fut le maître de Girardon.
ANGUIER (Michel), sculpteur, né à Eu en
1612, mort à Paris en 1686. De bonne heure,
il s'exerça, sans maître, à l'art difficile de la
sculpture. Il étudia ensuite, avec son frère
' aîné, François, sous Simon Guillain, à Paris,
et de là, il se rendit a Rome, où lAlgarde lui
donna des conseils et lui confia l'exécution de
divers bas-reliefs. Le talent dont il fit preuve
lui valut d'être employé aux travaux de scul-
pture des églises de Saint-Pierre et de Saint-
Jean des Florentins ; il . travailla aussi pour
plusieurs riches particuliers. Pendant le sé-
jour de dix a
qu'il fit à Rome, il s'appli-
\ assidûment à 1 étude des chefs-d'
de l'art antique. Revenu en France, en 1651,
il- fut chargé de faire le modèle d'une statue
colossale de Louis XIII , qui fut coulée en
bronze et érigée à Narbonne. Il exécuta en-
suite un assez grand nombre de statues et de
bas-reliefs, destinés a accompagner les pein-
tures décoratives de Romanelli, dans l'appar-
tement d'Anne d'Autriche, au vieux Louvre.
Reçu à l'Académie en 1068, il en fut nommé
recteur en 1071. Son morceau de réception
était une terre-cuite représentant Hercule et
Atlas. En 1674, il fit, d après les dessins de
Le Brun, les sculptures de la Porte Saint-
Denis, ouvrages conçus dans le goût pompeux
de l'époque, mais ou l'on ne saurait mécon-
naître une grande correction de style. Michel
Anguier avait pris aussi une large part aux
travaux du Val-de-Grâce. Il exécuta notam-
ment les sculptures des pendentifs et les re-
liefs qui décorent les arcades des neuf cha-
pelles de cette église, et fit pour le maître-
autel une Nativité (Jésus au berceau entre la
sainte Vierge et saint Joseph), qui est placée
aujourd'hui sur l'autel de la Vierge, dans
l'église de Saint-Roch. On voit encore dans
ce dernier édifice, où Michel repose à côté de
son frère aîné, un très-beau Christ en marbre
qui décorait autrefois le maître-autel de la
Sorbonne. Cet ouvrage est d'un beau senti-
ment, d'une exécution savante, et a plus de
souplesse que n'en montrent en général les
productions du même artiste. Les seuls ou-
vrages que le musée de sculpture du Louvre
ait de Michel Anguier sont un buste de Col-
bert et le tombeau de Jacques de Souvré de
Courtenvaux.
ANGUIFORME adj. (an-ghi-for-me -
lat. anguis, serpent; forma, forme). C":
.... ^ .. — !— alaforr
semble à un serpent, qui eh a la forme.
— s. m. pi. Erpét. Famille de reptiles qui
tiennent des batraciens par la peau, et des
ophidiens par la forme de leur corps.
anguigÈne s. m. (an-ghi-jè-ne). Espèce
de serpents.
ANGUIGÈNES s. m. pi. Nom donné par
Ovide aux Thébains , parce que la fable les
fait naître des dents d'un dragon (anguis, ser-
vent, dragon , et yenus, naissance).
_ ANGUILLA ou ANGUILLE, île i des Antilles
anglaises, la plus au nord du groupe des Ca-
raïbes, par 18» 20' lat. N. et 65° 42' long. O. ;
8,000 hab., disséminés dans plusieurs villages,
dont le principal est Anguilla. Cette île, qui
doit son nom a sa forme tortueuse, est très-
basse, unie, sablonneuse, peu productive, et
manque d'eau douce ; on y cultive néanmoins
letabac,lecotonetla canne à sucre. Elle a été
occupée en 1659 par les Anglais, qui depuis,
en sont restés les maîtres.
ANGUILLADE s. f. (an-ghi-lla-de ; Il mil.
. — rad. anguille). Coup donné avec une peau
d'anguille, et par ext. avec un fouet, un mou-
• choir tortillé, ou toute autre chose sembla-
ble : Le pâtissier lui bailla Z'anguillade si
bien que sa peau n'eût rien valu à faire corne-
muse. (Rabelais.) /
Ce beau valet m'eût donné Vanguillàde
Et puis m'eût laissé la.
Pendant qu'on donne au maître 'Vanguillàde,
Le mulet fait sur l'herbette gambade.
La Fontaine.
ANGUILLAIRE adj . (an-ghi-llè-re ; Il mil.
— rad. anguille). Bot. Syn. d'ardisie.
ANGUILLARA (Giovanni-Andrea'DELl/) ,
poste italien , né à Sutri (Toscane) vers 1517 ,
mort vers 1570, fut correcteur d'imprimerie à
Rome, et eut une existence assez agitée. On
lui doit une traduction en vers des Métamor-
phoses d'Ovide, qui jouit en Italie d'une grande
Réputation, grâce à la facilité, à l'élégr *
quelques odes, quatre satires dans le genre
burlesque, un Œdipe-Roi, mauvaise imitation
du chef-d'œuvre de Sophocle, etc.
ANGUILLARA (Louis), médecin et botaniste
italien, né à Anguillara (Etats de l'Eglise)
vers le commencement du xvie siècle, mort
en 1570, a été mis avec raison au nombre de
ceux qui ont le mieux réussi à rattacher les
ciennes. Pour arriver a reconnaître les plantes
ANG
mentionnées dans les auteurs grecs et latins,
il parcourut l'Italie, l'Illyrie, la Turquie, plu-
sieurs lies de la Méditerranée, la Crète, Chy-
pre, la Corse et la Sardaigne, l'Helvétie trans-"
alpine et les environs de Marseille. Il acquit
ainsi de vastes connaissances et une grande
célébrité. Il consigna le résultat de ses tra-
vaux dans quatorze lettres sur les. simples,
où sont décrites exactement une vingtaine de
plantes nouvelles; il y cite, en grec, plusieurs
passages de Cratevas, qu'il avait copiés sur
un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc,
à Venise, et ce sont les seuls de cet auteur
qui aient été imprimés.
ANGUILLARA, ville des Etats romains, sur
le lac Bracciano, à 28 kil. N.-O. de Rome ;
7,800 hab. [| Gros bourg, de la Vénétie, à 28
kil. sud de Padoue, sur la rive gauche de
l'Adige ; 2,250 hab.
ANGUILLARD s. m.'(an-ghi-llar ; Il mil. —
rad. anguille). Erpét. Espèce de batracien du
genre protée.
ANGUILLE S. f. (an-ghi-lle; Il mil. Pour
tous les mots où se rencontrent de suit
CCS trois lettres gui, et qui ont pour radical
le mot lat. anguis, la prononciation est très-
contestée : les uns veulent que ui se pro-
nonce comme dans huile; les autres comme
dans margmllier. ' C'est *cette dernière pro-
nonciation que nous avons adoptée , comme
plus conforme au génie de notre langue, et
nous n'avons fait d'exception que pour le mot
anguis (gu - i) , à cause de sa physionomie
toute latine. — du lat. anguilla-, formé de an-
guis, serpent). Poisson d'eau douce à. peau
visqueuse et très - glissante , dont la forme
rappelle celle du serpent, et qui est recher-
ché pour la délicatesse et. la saveur de sa
chair : Pécher des anguilles. Ecorcher, dé-
pouiller une anguille. Anguille à la pou-
lette. Anguille à la tartare. Matelote d' an-
guilles. Pâté, tourte d' anguilles. Filets d'AN-
guillës roulés. Anguille à la broché. Servir
un tronçon d' anguille à quelqu'un. L' anguille
vit dans les eaux' courantes. (Valenciennes.)
Les anguilles ayant moins de 75 millimètres
de tour au milieu du corps ne peuvent être pè-
chées et seront rejetées en r,ivière. (E. Chapus.)
C'est l'anguille argentée errant en longs anneaux,
Dëlii-le.
L'anguille aucorps d'argent •
Qui s'arrondit, serpente, et glisse en Rallongeant.
Boisjoljn.
— Prov. et fig. Échapper comme une an-
guille, Se dit, au propre, et surtout au fig.,
d'une personne qui échappe au moment où on
croit la tenir : J'avais traité avec lui, je croyais
en être à la conclusion, il m'a échappé comme
une anguille. (Acad.) 11 Femme se retourne
mieux qu'anguille, L'esprit d'une femme est
plein de souplesse pour tromper, pour cacher
ses projets, il Ecorcher l'anguille par la queue,
Commencer par où il faudrait finir, ou bien
commencer par le plus difficile. Il Par trop
presser l'anguille on taperd, En exigeant trop,
on risque de tout perdre, il Rompre l'anguille
sur le genou, Tenter l'impossible. On dit'
aussi , dans le même ■ sens , Rompre des an-
douilles sur le genou. Il II ressemble à l'an-
guille de Melun , il crie avant qu'on l'é-
corche, Se dit de celui qui crie, qui se plaint,
avant d'avoir souffert aucun mal, avant d'a-
voir éprouvé aucun préjudice. Selon quelques
étymologistes, ce proverbe vient d'un nommé
L'Anguille ou plutôt Languille^ bourgeois de
Melun. Il jouait, dans un mystère, le rôle de
saint Barthélémy, qui fut écorché vif, comme
on sait.Dès que Lanyuille aperçut le bour-
reau, il' fut saisi d'une telle frayeur, qu'avant
d'avoir été touché, il poussa les hauts cris et
se sauva, il II y a quelque anguille sous roche,
Il y a quelque chose de caché là-dessous, ce
n'est pas clair : Le bonhomme fut si surpris de
se voir chancelier encore par-dessus, quil crut
qu'il y avait quelque anguille sous roche.
(Mme de Sév.)
Il Toujours pâté d'anguille, La meilleure chose
lasse, dégoûte, quand elle revient trop sou-
vent; allusion à la chair de l'anguille, très-
savoureuse, il est vrai, mais qui rassasie bien-
tôt, dont on se lasse facilement. Il Faire avaler
des anguilles, des couleuvres à quelqu'un, Lui
faire éprouver des mortifications, des cha-
Sotte ignorance et jugement léger
Vous ont jadis, on le voit par vos œuvres,
Fait avaler anguilles et couleuvres.
J.-B. Rousseau.
— Jeu. Anguille. Jeu d'écoliers, dans lequel
un d'eux poursuit les autres en les frappant
avec un mouchoir roulé en forme d'anguille.
— Zool. Nom vulgaire donné à plusieurs
animaux dont la forme approche plus ou
moins de celle de l'anguille. Anguille aveugle,
le gastrobranche aveugle, il Anguille élcc-
' trique, anguille de Cayenne, anguille trem-
bleuse, La gymnote électrique. Il Anguille de
haie, Périphrase qui sert à désigner la cou-
leuvre. Il Anguille de mer, Le congre, il An-
guille de sable, L'ammodyte, employé comme
appât, tl Anguille du vinaigre, Nom vulgaire
donné à une espèce du genre rhabdites, fa-
mille des anguillidées. Il Anguille du blérachi-
tique, Nom vulgaire donné à l'anguillulé du
blé.
Hé jus
ANG
rants électriques, acquiert un mouvement
— Mar. Pièce de bois qui sert à soutenir,
à maintenir un navire quo l'on va lances, à la
mer. Syn. de coitte. Il Pièce de la coulisse du
canon de chasse appelé coursier, p Nœud
d'anguille, Espèce de nœud coulant dont on
peut se servir pour débarquer les futailles de
peu de poids.
— Manuf. Faux pli que prend quelquefois
le drap, quand on le foule.
— Art culin. Anguille à la tartare, Accom-
modée avec oignons, carottes , gousse d'ail,
thym, laurier, persil, clous de girofle, poivre,
sel, vin blanc, launes d'oeuf, ce qui compose
une sauce des plus relevées.. U Anguilleàla mi-
nute, Cuite en moins d'un quart d'heure dans
de l'eau mêlée de sel, puis dressée sur une
maître d'hôtel, avec pommes de terre frites. n
Anguille en matelote , Préparéo à la sauce
matelote, il Anguille à la poulette, Préparée
avec beurre , farine , vinaigre , vin blanc ,
poivre, champignons et bouquet garni. |] An-
guille à la broche, Marinée dans huile, sel,
laurier, oignons et persil ; grillée, puis servie
avec une sauee poivrade ou une remolade. il
Anguille frite, Cuite dans du vin blanc avec
oignons, carottes, thym; laurier; refroidie,
puis frite dans beurre, farine, muscade râ-
pée , et enfin servie avec jaunes d'œuf et
mie de pain, sur une sauce tomate ou ita-
lienne. Il Anguille marinée grillée, Sautée pen-
dant deux minutes dans une casserole avec
morceaux de beurre, puis marinée pendant
deux heures dans sel, poivre, muscade, per-
sil, fines herbes, champignons, échalotte,
ciboule, hachés ensemble; ensuite panée,
grillée et servie sur une sauce piquante ou
aux anchois.
des malacopterygiens apodes, ou elle est le
type de la famille des anguilliformes. C'est un
poisson 'de forme cylindroïde, très-allongé,
couvert d'un enduit visqueux ou limoné, comme
disent les pêcheurs, et qui est répandu dans
les eaux douces, saumâtres ou salées de l'Eu-
rope. On en connaît plusieurs espèces et plu-
sieurs variétés distinctes, mais qui n'ont pas
m'a présent caractérisées d'une manière
nte : sur nos côtes, les principales sont
le plat-bec, le verniaux et le long-bec. Les
jeunes anguilles qui se trouvent à l'embouchure
des cours d'eau sont appelées civelles, bouirons
h'anguillese trouve dans les eaux dormantes
comme dans les eaux courantes, mais elle peut
vivre longtemps dans l'herbe ou la terre hu-
mide ; aussi enectue-t-elle quelquefois de vé-
ritables migrations en traversant des espaces
assez considérables , pour aller trouver les
eaux qui lui conviennent le mieux. C'est sur-
tout la nuit et par les temps couverts qu'elle
voyage ; le jour, elle se blottit dans les touffes
d'herbe. On a vu souvent des anguilles cou-
pées en deux par la faux ou par le soc de la
charrue. Ces migrations expliquent, l'appari-
tion ou la disparition subite des anguilles dans
des eaux sans aucune communication avec les
rivières.
Le mode de reproduction de l'anguille n'est
pas encore connu ; on ignore si ce.poisson est
vivipare, ovipare ,ou ovovivipare ; aussi les
contes les plus invraisemblables ont-ils été
débités à ce sujet. Beaucoup de pêcheurs sont
convaincus que Yanguille est produite par le
goujon; toutefois, on sait qu'elle se reproduit
dans les eaux salées. Tous les ans, au prin-
temps, on voit des myriades de jeunes anguilles
ou civelles remonter les fleuves en masses
compactes, qui se divisent en arrivant au
confluent des rivières. La tendance de ces
poissons a remonter les cours d'eau, la facilité
avec laquelle ils franchissent les courants les
plus rapides et même les pentes les plus
abruptes, pourvu qu'elles soient humides ou
herbues, expliquent leur présence dans des
lacs intérieurs situés quelquefois à une très-
grande altitude. Arrivée dans les eaux qui lui
conviennent, Yanguille grossit très-rapide-
ment, car elle est très-vorace et douée d'une
puissance digestive très-énergique. Dans un
temps déterminé, elle donne des produits abon-
dants, et devient une source de richesse pour
ines localités, telles que Comacchio, par
pie. Là, indépendamment des anguilles
m-w 1 on exporte pour être mangées à l'état
frais, on en sale, on en fume des quantités
considérables qui sont expédiées dans les di-
verses régions de l'Europe.
La chair de Yanguille est saine, nourris-
sante, assez difficile à digérer, mais d'un ex-
cellent goût , surtout quand elle a vécu dans
des eaux vives et courantes. Elle entre pour
une grande part dans le régime alimentaire
des populations des côtes maritimes.
Anguille (pâté d')j titre d'un conte de La
Fontaine, l'un de ses plus jolis et de ses moins
licencieux. Le fabuliste commence par expri-
mer en quatre vers sa théorie sur la constance
Mainte beauté, tant soit exquise,
Rassasie et soûle a la an.
ie faut d'un et d'autre pain :
On mit au repas près du sire
Un pâté d'anguille
Notre valet, on le devine, ne tarda pas a sa
lasser d'un mets aussi délicieux ;
Pas une anguille de rôtie!
Pâtés tous les jours de ma vie !
J'aimerais mieux du pain tout sec
Et le maître de lui répondre :
Vous me l
Un mets q
Et vous ei
ue vous croyez friand,
faites tout autant.
Mon doux
Que ce n'e
En fait de
De chong
certains appétits,
r son pain blanc en bi
i h. répondre
i maître •
Le valet, qui ne trouve plus ru
à cet argument, se console en
même en pratique la devise de si
Par où le drôle en put croquer,
Il en croqua ; femmes et filles,
Nymphes, grisettes, co qu'il put.
Toutes étaient de bonne prise;
Et sur ce point, tant qu'il vécut,
Diversité fut sa devise.
Ce conte est imité des Cent Nouvelles n
— s. m. pi. V. Anguilliforme.
ANGUILLER s. m. (an-ghi-llé; II mil.).
Mar. Petit conduit pratiqué .à tribord et à
bâbord de la carlingue, et destiné à conduire
l'eau de la cale au pied des pompes. Il On dit
c'est i
C'était aussi celle d'un mari qui, fatigué
des beautés de sa femme, jette les yeux sur
la femme de son valet. Celui-ci se fâche :
H fait a son maître un sermon.
Monsieur, .dit-il, chacun La sienne;
ANGUILLÈRE s. f. (an-ghi-llô-ro; Il mil.).
Vivier dans lequel on conserve des anguilles.
Il Vanne placée dans une petite rivière, au-
dessous de laquelle on a pratiqué un coffre
où se prennent les anguilles lorsque l'eau est
trouble, u On dit aussi ang ; —
— Mar. V. Anguiller.
hareng.
ANGUILLIER s. m. (an-ghi-llié ; Il mil).
Nom vulgaire d'une espèce do canard qui
ressemble au souchet.
— Mar. V. Anguiller.
ANGUILLIÈRE S. f. V. ANGUILLÈRE.
ANGUILLIFORME adj. (an-ghi-lli-for-me
— de anguille, et forme). Qui rassemble, à
l'anguille. Il On dit ausssi anguille et anguil-
— s. m. pi. Ichth. Ordre de poissons mala-
copterygiens,.renfermant des espèces à forme
alfongee, à peau visqueuse, toujours dépour- •
vues de nageoires ventrales et le plus sou-
vent aussi de nageoires pectorales.
ANGUILLOÏDE adj. (an-ghi-llo-i-de — do
anguille, et du gr. etdos, forme). Syn. de an-
guilliforme.
' ANGUILLONNEUX, EUSE adj. (an-ghi-llo-
neu, eu-ze; Il mil. — rad. anguille). Souple
comme une anguille, trompeur, rusé, u Peu
ANGUILLULE s. f. (an-ghi-llu-le ; Il mil.
— dimin. de anguille). Zool. Genre dé vers
nématoïdes, de la famille des.anguillulidôs.
— Enoycl. Le mot anguillule sert assez, sou-
vent à désigner tous les nématoïdes de la famille
des anguillulidés- M. Ehrenbergen restreint'le
sens et l'applique à un genre de cette famille
présentant les caractères suivants : corps fili-
forme, cylindrique , asse2 roide , bouche orbi-
culaire et nue, spirale mâle simple, rétractile,
et sansgaîne. Il faut remarquer que Yanguillule
du blé n'appartient pas au genre anguillule,
I mais au genre anguilluline. V. ce mot.
I ANGUILLULIDÉS s, m. pi. (an-ghi-llu-li-
! dé — rad. anguillule). Zool. Famille de vers
nématoïdes qui vivent dans la terre, dans
l'eau, sur des animaux ou sur des plantes. Les
I principaux genres de cette famille sont : le
\ genre hemipsile, dont la principale espèce ost
désignée sous le nom d'anguillule marine; lo
genre angiostome; le genre anguillule , dont
la principale espèce est Yanguillule fluviatile;
le genre rhabditis, dont la principale espèce
est désignée sous le nom d'anguille du vi-
naigre; enfin le genre anguilluline , dont la
principale espèce est Yanguillule du blé.
ANGUILLULINE s. f. (an-ghi-llu-li-no — rad.
anguillule). Zool. Nom donné par MM. Paul
Gervaiset Van Beneden à un genre de néma-
toïdes de la famille des anguillulidés. >
— Encycl. Dans le genre anguilluline sont
compris tous les nématoïdes qui vivent sur les
végétaux. L'anguillulé du blé est l'espèce la
plus curieuse de ce genre. Elle est la cause
de la maladie du blé connue sous le nom de
■nielle; on l'a nommée anguille du blé rachi-
tigue ou faux ergot. Découverte au xvm»
382
ANG
siècle par Needham, l'anguillule du blé pos-
sède la curieuse propriété de mourir et de w-
susciter alternativement, selon qu'on la des-
sèche ou qu'on lui rend l'eau nécessaire à
l'exercice de la vie. Il est bien entendu que ces
mots, mourir et ressusciter, ne sont pas em-
ployés ici dans un sens rigoureux. Ce qui est
certain, c'est que la dessiccation entraîne
pour l'anguillule du blé la suspension des
phénomènes de la vie organique, et qu'en lui
rendant de l'eau ou fait reparaître pour elle
ces phénomènes.
ANGUIN, INE adj. (an-gain, i-ne— dulat.
anguineus; formé de anguis, serpent). Qui est
long et flexueux.
ANGUINAIRE s. .m., (an-ghi-nè-re — du
lat. anguis, serpent). Conchyl. Syn. de sili-
quaire.
ANGUINE s. f. (an-ghi-ne — du lat. anguis,
serpent). Bot. Syn. de trichosanthe.
. ANGUINÉE s. f. (an-ghi-né). Géom. Nom
donné par Newton à certaines hyperboles du
troisième ordre, qui, ayant des points d'in-
flexion, coupent leur asymptote et s'étendent
à l'infini vers les côtés opposés.
ANGUINOÏde adj. (an-ghi-no-i-de — du
lat. anguis, serpent, et du gr. eidos, forme).
Erpét. Qui ressemble à un anguis ou orvet.
— s. m. pi. Groupe d'ophidiens, ayant pour
type le genre anguis ou orvet. ,
ANGUINOLE s. f. (an-ghi-no-le). Hortic.
"Variété de guigne blanche, à peau colorée
d'un coté.
ANGUIPÈDE adj. (an-ghi-pè-de — du lat.
anguis, serpent; pes, pedis, pied). Se dit de
toute divinité, do tout être mythologique
représenté avec une queue de serpent à la
place de jambes : Abraxas anguipèdb semble
être Esculape, et, comme tel, rentre dans la
classe des agathodémons. (Val. Parisot.)
— Sutratantiv. : A sa gauche se voit un an-
Guipède mutilé par en haut et à peine recon-
naissable. (Val. Parisot.)
ANGUIS s. m. (an-gu-iss — du lat. anguis,
serpent!. Erpét. Nom appliqué par Linné à
divers reptiles , tels que les orvets, les rou-
loaux, les éryx, etc., et réservé aujourd'hui
au premier de ces genres.
— Mar. Espèce de palan ou de moufle qui
sert à souquer les drosses et les racages.
ANGUIS IN HERBA, mots que les Latins
citaient proverbialement et qui signifient : Un
_ serpent est caché sous l'herbe. C'est un conseil
" qui s'adresse a ceux qui pèchent par trop de
confiance— Défiez-vous des apparences les
plus séduisantes, elles ne recouvrent bien sou-
vent que chagrins et déceptions; le chemin du
plaisir est attrayanfret fleuri, mais latet anguis
in herba. ■ Le serpent se cache sous l'herbe. ■
Ce proverbe latin reçoit de fréquentes ap-
plications dans notre langue :
• Ces métaphores comiques d'un financier
en détresse cachent, comme de juste, une de-
mande d'argent, anguis in herba, qu'il ne dé-
couvre que dans son discours suivant, »
Lanfkey.
« Peu à peu tout s'est apaise. On boit, on
mange comme de coutume, mais je pense que
les fleurs cachent quelquefois des serpents;
qu'en dites-vous? anguis in herba; je veille
■ donc sur les fleurs, » A. Maquet.
a Madame Sand devina peut-être que les
doctrines subversives, cachées jusque-là dans
ses pages sentimentales et pittoresques, comme
un serpent dans l'herbe, anguis in herba,
allaient passer du monde des rêveries dans
celui des faits. » De Pontmartin.
ÀNGUISSOI.A (Sophonisbe), née à Crémone
en 1530, étudia la peinture sous Bernardino
Campi et le Sojaro, et devint l'un des meil-
leurs portraitistes de son temps. Elle fut ap-
Selée à Madrid par Philippe H, qui la chargea
a faire son portrait et ceux de la famille
royale. Revenue en Italie, elle peignit le pape
Pie IV et un grand nombre de princes et de
personnages de distinction. Sa réputation et
sa beauté la firent rechercher en mariage par
un membre de l'illustre famille des Moncade,
avec lequel elle vécut plusieurs années a Pa-
ïenne. Etant devenue veuve, elle alla se fixer
à Gênes, où elle épousa en secondes noces un
Lomellino, et où elle mourut en 1620. Bien
qu'elle eut perdu la vue dans sa vieillesse,
elle ne cessa pas, dit Lanzi, de rendre des
services à l'art par les conversations qu'elle
se plaisait à avoir avec les peintres. On rap-
porte que Van Dyclt, qui la fréquenta à cette
époque, disait qu'il en avait plus appris de
cette vieille aveugle que de tous ceux qui y
voyaient clair.
ANGUITIA. Temps fab. Sœur de Médée et
de Circé, qui apprit aux peuplades d'Italie à
connaître les principes vénéneux des plantes.
ANGUIVIPÈRE s. m. (an-ghi-vi-pè-re —
du lat. anguis et vipera, désignant deux
espèces de serpents). Erpét. Nom donné par
Slusieurs naturalistes aux serpents venimeux
ont le corps est anguilliforme.
ANGULA s. m. (an-gu-la). Mètrol. Mesure
de longueur usitée dans certaines parties do
l'Inde, et équivalant à environ 2 centimètres.
angulaire adj. (an-gu-lè-re — du lat. an-
ANG
gulus, a.ng\e). Qui a un ou plusieurs angles, qui
forme un angle, des angles : Corps angulaire.
Figure angulaire. L'aveugle-né, opéré, ne
pouvait distinguer ce qu'il avait jugé rond
d'avec ce qu'il avait jugé angulaire. (Volt.)
On apporta bientôt un grand fromage blanc,
dans lequel il fit une brèche angulaire de
quatre-vingt dix degrés. (Brill.-Sav.) '
— Archit. Qui est situé à l'angle, à l'en-
coignure d'un bâtiment : Pierre angulaire.
Colonne angulaire. Un pilastre angulaire.
Il Pierre angulaire, signif. plus particulièrem.
la pierre fondamentale qui fait l'angle exté-
rieur d'un édifice, d'une maison, il Fig. Dans
ce sens, Ce quiLait le soutien, la force d'une
institution, d'une entreprise, etc. : Le respect
de la dignité individuelle devrait être la pierre
angulaire de la société. Le bourreau, nous
disait-il, est un être sublime, c'est la pierre
angulaire de la société. (J. de Maistre.) La
femme est la pierre angulaire de la société
morale. (Belouino.) Faire passer le moribond
pour fou, c'était une des pierres angulaires
de l'édifice bâti par l'homme de loi. (Balz.)
La logique a deux pierres angulaires, la
théorie de la définition et la théorie de la
preuve. (H. Taine.)
— Dans l'Ecriture, la pierre angulaire, Jé-
sus-Christ, qui a fonde l'Eglise et qui la
soutient.
— Astrol. Se dit des plus puissantes des
douze maisons qui 'composent le thème gc-
néthliaque.
— Bot. Aiguillons angulaires, Ceux qui
naissent sur les angles d'une tige.
— Mécan. Vitesse angulaire, Angle dont un
corps tourne autour de son axe pendant l'u-
nité de temps. Quand on dit que la terre,
dans son mouvement de rotation autour de
la ligne des pôles, a une vitesse angulaire de
15» par heure, cela signifie qu'une ligne qu'on
imagine, menée à l'intérieur de la terre per-
Sendiculairement à son axe, décrit un angle
o 15° en une heure.
— Anat. et méd. Se dit des parties d u corps
qui ont quelque rapport avec un angle, ou
qui sont placées dans un anglo. Il Dents angu-
laires, Celles qui correspondent à l'angle des
lèvres, c'est-à-dire les canines ou crochets, u
Artères angulaires, Celles qui passent près
du grand angle de l'œil, ou sous l'angle de la
mâchoire inférieure. Il Veines angulaires,
Cclles'qui accompagnent ces artères, u Muscle
angulaire de l'omoplate, Muscle qui s'étend
de l'angle de l'omoplate aux apophyses trans-
verses des premières vertèbres cervicales, il
Nerf angulaire, Filet nerveux fourni par le
maxillaire inférieur, et qui passe pres^ du
grand angle de l'œil.
ANGULAIREMENT adv. (an-gu-lè-re-man
— rad. angle). D'une manièro angulaire, en
forme d'angle.
ANGULÉ, ÉE adj. (an-gu-lé — rad. angle).
Bot. Qui est pourvu d'angles, qui a un nombre
d'angles déterminé : La tige- de la sauge est
angulée.
anguleuse s. f. (an-gu-leu-ze — rad.
angle). Erpét. Espèce de couleuvre propre à
l'Asie.
— s. f. pi. Dans les arachnides, division du
genre thomise.
anguleux, euse adj. (an-gu-leu, eu-ze
— lat. angulosus, même sens). Qui a, qui pré-
sente des angles : Corps anguleux. Surface
anguleuse. Terrain, sol anguleux. Les bran-
ches anguleuses des vieux arbres, hérissées
de pâles lichens, s'étendaient et s'avançaient
sur ta tête de nos voyageurs. (E. Sue.) Leur
lit, c'est le bord du torrent, la prairie humide
ou le roc anguleux. (L. Gozlan.) Il reprit à
pied, par des rues étroites et anguleuses, le
chemin de sa boutique. (G. Sand.)
Par anal. Se dit en parlant de certaines
parties du corps humain : Visage anguleux.
Tête anguleuse. Des coudes, des genoux angu-
leux. Elle voyait toujours cet homme avec son
large crâne sans cheveux, ses moustaches rele-
vées, sa figure anguleuse, dévastée, et surtout
le calme effrayant de sa démarche. (Balz.) La
tête petite et anguleuse de cet homme, ses
cheveux blanchissants, sa moustache épaisse et
grise, le firent reconnaître par Baptistin. (Alex.
Dum.) Il avait le visage maigre et anguleux.
(F. Soulié.)
— Par ext., Dont les mouvements man-
quent de rondeur, do souplesse, de grâce :
Ses cheveux noirs, forts, roides et hérissés sans
être crépus, jusqu'aux habitudes brusques et
ANGULEUSES de son corps nerveux, qu'on aurait
cru servi par des muscles métalliques, faisaient
de lui un des types les plus extraordinaires de
force et d'intrépidité dont on puisse se compo-
ser l'idéal. (Ch. Nod.) C'était un Grecmaigre,
pointu, anguleux, à museau de renard. (Th.
Gaut.)
— Fig. En parlant du caractère, Dur, sus-
ceptible, caustique : J'aime mieux votre sur-
face anguleuse et raboteuse que le poli maus-
sade et commun de tous ces gens du monde.
(Dider. ) Les femmes auxquelles la nature a
refusé l'aptitude aux jouissances du goût sont
anguleuses, s'ennuient à table, et ne vivent
que de boston et de médisance. (Brill.-Sav.) [i
Périlleux, difficile, scabreux : Le terrain an-
guleux et dur de la chicane blesse les pieds
délicats des femmes. (Beaumarch.)
ANG
Entom. Se dit des ailes'dont les angles
saillants dépassent les bords.
. — Bot. Qui a un nombre d'angles indéter-
miné : La tige de cette plante est anguleuse.
(Acad.) La fleur de l'anissilo a un calice an-
guleux. (Jussieu.)
ANGULICOLLE adj. (an-gu-li-ko-le — du
lat. angulus, angle; collum, cou). Zool. Qui a
le col ou le corselet anguleux.
ANGUUFÈRE adj. (an-gu-li-fè-re — du lat.
angulus, angle; /ero, je porte). Qui présente
des angles.
angulinervé, ÉE adj. (an-gu-li-nèr-vô
— dulat. angulus, angle ; nervus, nerf). Bot.
Qui a les nervures anguleuses. Ce terme s'ap-
plique aux feuilles de la plupart des dicoty-
lédones.
ANGULIROSTRE adj. (an-gu-li-ro-stre —
du lat. angulus, angle; rostrum, bec). Ornith.
Qui a le bec anguleux.
— s. m. pi. Famille de l'ordre des passe-
reaux, comprenant les espèces à bec angu-
leux et pointu.
ANGULITHE s. m. (an-gu-li-te — du gr.
oooos, urne-, Uthos, pierre). Moll. Genre de
céphalopodes, formé aux dépens des nautiles
ou des ammonites, et qui n a pas été adopté.
ANGULOA s. f. (aî)-gu-lo-a — de l'esp,'
Angulo, nom d'un directeur des mines du
Pérou, a. qui ce genre avait été dédié). Bot.
Genre de plantes de la famille des orchidées,
renfermant un petit nombre d'espèces, qui
croissent au Pérou.
ANGULO-BRACHIAL adj: et s. m. (an-gu-lo
bra-ki-al). Zool. L'un des muscles de la larve
de la salamandre.
anguri s. m. (an-gu-ri). Bot. Plante
d'Amboine et de Java, dont les graines sont
soporifiques, et, prises à forte dose, peuvent
même donner la mort.
ANGURIE s. f. (an-gu-ri). Bot. V. Angourie.
ANGUS, comté d'Angleterre. V. Forfar,
ANGCS (Race d'), Race bovine, se trouve
en Angleterre et en Eéosse , et que l'on croit
originaire de l'Asie. Les animaux de cette race,
qui sont sans cornes, constituent la race sans
cornes de Suffolk, dans le comté de ce nom,
et la race de Gallovay ainsi que celle à'Angus
où de Forfar, en Ecosse ; mais tous ces ani-
maux forment en général la race d'Angus. Ils
se distinguent par un corps long et bien pro-
portionné, épais, à poitrail ouvert, à dos large
et bien soutenu, à épaules charnues, à cuisses
épaisses, formant en arrière une ligne perpen-
diculaire qui descend de l'ischion jusque prés
du jarret; les membres sont forts et courts;
l'encolure est un peu proéminente à son bord
supérieur, et la tête est assez forte ; le poil est
noir, brillant; dans quelques sujets, on trouve
des taches blanches : 1 animal dont la robe
n'est point tachée est considéré comme le type
le plus pur de la race.
Les bœufs d'Angus, surtout ceux que l'on
élève dans les riches herbages d'York, de
Norfolk et de Suffolk, spnt parvenus à un haut
degré de perfectionnement au point de vue de
la Doucherie, car ils fournissent une viande
abondante, de première qualité, tendre et suc-
culente. Les vaches sont en général médiocres
pour le lait.
En 1814, on possédait à Rambouillet un trou-
peau de cette race, qui fut détruit parle typhus.
Les importations, depuis cette époque, ont été
renouvelées sans but bien arrêté et sans suite.
L'absence de cornes chez ces animaux est
d'une assez grande valeur, car les nombreux
accidents qu'occasionnent les bêtes à cornes
en se battant entre elles, ou en frappant tes
poulains, les juments et même leurs gardiens,
ne se produisent pas avec les animaux d'Angus.
On dit que les Indiens ont trouvé le moyen
d'empêcher la croissance des eornes chez les
animaux d'une race assez répandue dans
l'Inde. Ils pratiquent, dans un temps conve-
nable, une petite incision à l'endroit où les
cornes doivent paraître et y appliquent le feu.
Le directeur de l'école royale vétérinaire d'U-
trecht, M. Numan, s'oppose au développement
des cornes en enlevant, au moyen du trépan,
la partie de l'os frontal qui leur sert de base.
Il arrive au même but en détruisant le périoste
de cette partie.
ANGUS (William), graveur anglais", né vers
17G0, mort en 1821. Il a reproduit un grand
nombre de paysages, et notamment une collec-
tion de Vues des Résidences de la grande et de
la petite noblesse.
ANGUSTATÎON s. f."(an-gu-sta-si-on — du
lat. angustus, étroit). Pathol. Rétrécissement,
resserrement d'un organe.
ANGUSTICLAVE s. m. (an-gu-sti-kla-ve
— du lat. angusticlavum ; forme de angustus,
étroit; clavus, clou). Antiq. rom. Ornement
consistant en une pièce de pourpre que les
chevaliers romains ajoutaient à leur tunique..
Selon quelques auteurs, Yangusticlave res-
semblait à une tête de clou ; selon d'autres au
clou lui-même, u La tunique même où se
trouvait cet ornement distinctif.
— Par ext. Celui qui avait le droit de por-
ter cette marque de distinction : Suétone nous
apprend que son père était angusticlave.
„ — Antonyme. Laticlave.
" ANGUSTICOLLE adj. (an-gu-sti-ko-le —
du lat. angustus, étroit; collum, cou). Entom.
I Qui a le corselet étroit.
ANH -
angustidentÉ, ÉE adj . (an-ga-sti-dan-té
— du lat. angustus, étroit; dens,dentis, dent).
Zool. Qui a les dents étroites.
ANGUSTIE s- f. (an-gu-stî — du h.t. an-
gustia, difficulté do respirer). Inquiétude,
anxiété, souffrance mofale qui serre le cœur.
Vieux mot.
— Méd. Rétrécissement.
ANGUSTIE, ÉE adi. (an-gu-sti-é — du lat.
angustus, étroit). Se dit d'un chemin resserré.
ANGUSTIFOLIÉ, ÉE adj. (an-gu-sti-fq-li-é
— du lat. angustus, étroit; folium, feuille).
Bot. Qui a les feuilles étroites.
ANGUSTIMANE adj. (an-gu-sti-ma-ne —
du lat. angustus, étroit; manus, main). Zool. '
Qui a les mains étroites.
AHGUSTIPENNE adj. ( an-gu-sti-pè-ne —
du lat. angustus, étroit; penna, plume, aile).
Zool. Qui a les ailes étroites, les élytres ré-
trécies par le bout.
ANGUSTIRÈME adj. (an-gu-sti-rè-me —
du lat. angustus, étroit ; remus, rame). Entom.
Se dit des insectes qui ont les pattes en forme
de rames étroites.
ANGUST1ROSTRE adj. (an-gu-sti-ro-stre
— du lat. angustus, étroit; rostrum, bec).
Ornith. Qui a le bec étroit.
ANGUSTISEPTÉ, ÉE adj. (an-gu-stî-sé-pté
— du lat. angustus, étroit; septum, cloison).
Bot. Se dit des çlantos qui produisent des
fruits à cloison tres-étroite.
ANGUSTISILIQUÉ, ÉE adj. (an-gu-sti-si-li-
ké — du lat. angustus, étroit; siliqua, gousse).
Bot. So dit des plantes qui portent pour fruits
des siliques étroites et allongées.
— Encyel. On distingue en médecine la
vraie et la fausse angusture.
L'écorca d'angusture vraie fut apportée en
Europe en 178S ; elle provient du galipea eus-
paria, grand arbre de l'Amérique méridionale,
de la famille des rutacées, de la tribu des cus-
pariées. Sa couleur est d'un brun jaunâtre, sa
saveur très-amère, son odeur nauséeuse. Elle
contient de la gomme, de la résine , une ma-
tière amère, une huile volatile. On en a extrait,
par l'alcool absolu, un principe cristallin au-
quel on a donné le nom de cusparin. L'écorce
A'angusture vraie figure dans la. matière mé-
dicale au nombre des fébrifuges; on l'a em-
ployée dans les fièvres intermittentes comme
succédané du quinquina. M. Bouchardat con-
seille de l'administrer dans les affections ato-
niques du tube digestif.
L'écorce a'angusture fausse est un poison
très-violent qui provient d'une espèce de
strychnos ; elle fut apportée de l'Inde en An-
gleterre en 1806. Elle contient, suivant l'ana-
lyse de MM. Pelletier et Caventou , de la
matière grasse , de la gomme , une matière
jaune soluble dans l'eau et l'alcool, du sucre,
du ligneux, et un alcaloïde appelé brucine.
C'est à cet alcaloïde qu'elle doit ses propriétés
vénéneuses. V. AlcaloIde, Brucine.
ANGUSTURINE s. f. (an-gu-stu-ri-ne —
rad. angusture). Chim. Syn. de brucine.
angystome s. m. (an-ji-sto-me — du gr.
ar/chein, étreindre, serrer; stoma, bouche).
Moll. Nom proposé pour un genre de coquilles
à bouche étroite, et qui n'a pas été adopté.
ANHALONIE S. f. { a-na-lo-nî — du gr. a
priv.; alônion, petite aire). Bot. Genre de
plantes de la famille des cactées, voisin des
mamillaires, et renfermant une seule espèce,
qui croit au Mexique.
ANHALT, maison princière d'Allemagne, qui
se divisa en plusieurs branches, et dont les
membres les plus célèbres furent : Christian I^T,
prince d'Anhalt-Bernbourg, né en l5G8,mort
en 1630. Il conduisit en 1591 un corps d'armée
que les princes allemands envoyaient au se-
cours de Henri IV, entra dans la suite au ser-
vice du roi de Bohême et perdit la bataille de-
Prague (1620); — Léopoldfa , prince d'Anhalt-
Dessau, feld-maréchal de Prusse, né en I67fi,
•mort en 1747. Il se distingua dans toutes les
guerres de son temps , défendit le pays de
Brandebourg pendant l'expédition de Silésie,
sous le grand Frédéric, et, par sa belle victoire
de Kesselsdorf sur les Saxons et les Autrichiens
Dessau, petit-fils du précédent, né en 1740,
mort en 1817. Il accomplit beaucoup de progrès
dans sa principauté, et fonda a Dessau l'éta-
blissement d'instruction connu sous le nom de
Philanthropinum. — C'est à une princesse
d'Anhalt-Dessau, nièce du grand Frédéric, que
sont adressées les Lettres à une princesse
d'Allemagne, de l'illustre Euler.
ANHALT, Etat de la Confédération germa-
nique, composé de plusieurs parties isolées et
enclavées dans les provinces prussiennes de
Brandebourg, de Saxe et de Brunswick, situé
entre 51<> 37' et 52° 7' lat. N., et entre 8° 34' et
en équilibre, était dans ces dernières années
de 1,051,593 thalers; sa dette de 1,549,500 th.
et 500,000 th. de papier-monnaie, et son con-
tingent fédéral de 617 soldats ; cap. Bernbourg.
Le duché renferme 7 villes, 1 bourg et 54 vil-
lages ; S° Ashalt-Dessau-Cœthen, formé en
ANË
1853 par la réunion d'Anhalt-Dessau et d'An-
halt-Cœthen, conformément au traité de fa-
mille de toute la maison ducale d'Anhalt ; su-
perficie 1,445 kit. carrés; cap. DesBau ; pop.
120,000 âmes, réparties en 12 villes , 3 bourgs
et 202 villages. Le budget des recettes était
naguère de 1,303,500 thalers, celui des dépenses
de 1,259,500 th.; la dette publique s'élève a
4,320,000 th. ; le contingent fédéral est d'envi-
ron 1,900 hommes, répartis en deux bataillons.
— Le pays d'Anhalt, qu'aucun Etat allemand
ne surpasse en fertilité, forme une plaine soi-
gneusement cultivée, excepté dans la direction
de Bernbourg, où se projettent les derniers
contre-forts du Harzy il est arrosé par l'Elbe,
qui coule de l'est à l'ouest, et par la Mulde et
la Saale, affluents de ce fleuve; récoltes sur-
abondantes de céréales, fruits, lin, chanvre,
houblon, tabac; chaux, fer, cuivre et pîomb:
houille et bois de construction ; forêts occupant
le cinquième du sol; l'élève des races bovine3
et ovines s'y fait sur une grande échelle, mais
l'industrie manufacturière est peu importante.
Le chemin de fer de Berlin a Leipzig traverse
les deux duchés et joint leurs capitales. — Un
burgh, ou château fort, construit en 040 sur
le Ilarz par Esico de Ballonstedt, et dont il ne
reste que quelques vestiges souterrains, passe
pour le.berceau de ta famille d'Anhalt, appelée
aussi maison ascanienne. Henri d'Anhalt fut
le fondateur des trois lignes réunies en 1570 ;
mais à la mort de Joachim d'Anhalt, 1586, ses
?uatre fils se partagèrent la principauté, qui a
orme depuis les petites souverainetés de Ces-
sait, Bernbourg, éerbst et Cozthen. La maison
d'Anhalt-Zerbst s'éteignit en 1793, et ses pos-
sessions furent morcelées en parties égales qui
revinrent aux trois branches existantes. Leur
érection en duchés est de date récente : le
prince do Bernbourg fut créé duc en 180S, et
les princes de Dessau et Cœthen obtinrent la
même faveur en 1807. En 1847, le duc Henri
étant mort sans postérité mâle , le duché
d'Anhalt-Cœthen, conformément aux stipula-
tions d'un pacte de famille (1853), fut remis au
duc d'Anhalt-Dessau, qui, comme ligne aînée,
dirige les affaires des trois familles. Kéunis à
Oldenbourg, Swarzbourg et Lichtenstein, les
duchés ont une voix dans la diète de la Con-:
fédération germanique , et chacun' une voix
distincte dans les assemblées plénières. Le
gouvernement est monarchique ; les lois fon-
damentales sont promulguées par les princes.
Le pouvoir exécutif et le pouvoir administratif
sont exercés par un ministre d'Etat qui n'est
responsable qu'envers le prince. En 1848, à la
suite de la révolution, des constitutions furent
accordées aux duchés, mais depuis elles ont
été révoquées.
ANHALTIB s. f. (a-nal-tî). Bot. Genre de
mousses, qui n'a pas été adopté.
ANHALTIN, 1NB s. et adj. (a-nal-tain,i.ne).
Géogr. Habitant de l'Etat d'Anhalt; qui ap-
partient a Anhalt ou à ses habitants.
— Ane. pharm. Eaux anhaltincs, Eaux dis-
tillées, aromatiques, que l'on employait
comme analeptiques.
anhamme s. m. (a-na-me). Entom. Genre
de coléoptères tétramères longicornes, ren-
fermant une seule espèce, qui habite Java.
. ANHAPHIE s. f. (a-na-fî — du gr. a priv.;
aphé, tact, toucher). Méd. Diminution, priva-
tion du sens du toucher.
ANHARMONIQUE adj. V. Inharmonique.
ANHBBÉCARPÉE s. f. (a-né-bé-kar-pé —
du gr. a priv.; hèbè, duvet; karpos, fruit).
Bot. Section du genre félicie, do la famille
des composées, renfermant les espèces à fruits
glabres.
ArtHELANT, ANTE adj. (a-né-lan, an-tc
— rad. anjiéler). Laborieux, pénible, en par-
lant du souffle, de la respiration : // fallait voir
M. Jaubert, ardent à la poursuite de M.Thiers,
et touf couvert de poussière, baigné de sueur ,
le souffle aniiélant, presser les talons du petit
ministre. (Cormon.) Leur respiration aniié-
lantb pouvait à peine suffire à la conservation
ie la chaleur animale. (H. Berthoud.)
anhélation s. f. (a-né-la-si-on — lat. anhc~
latio. même sens). Pathol. Respiration courte
et fréquente, essoufflement. V. Dyspnée.
ANHÉLER v. n. ou intr. (a-né-lé— lat: an-
helare, même sens. — Il change l'é fermé du
rad. en è ouvert devant une syllabe muette:
J'anhèle ; que tu anhètes. etc., excepté au futur
et au conditionnel, où l'on conserve \'é fermé).
Respirer fréquemment et avec difficulté : être
essoufflé, hors d'haleine.
— Teehn. Dans les verreries, Entretenir le
feu au degré convenable.
ANHÉLEUX, EUSE adj. (a-né-leu , eu-ze -
rad. anhëler). Pathol. Se dit d'une respiration
trop fréquente, laborieuse, n En parlant des
personnes, Qui respire avec peine, qui est
essoufflé.
anhémase s. f. (a-né-ma-ze — du gr. a
priv., et aima, sang). Méd. vétér. Syn, d'à.-
ÀNH
jeunes mulets, observée par lui dans le dépar-
tement des Deux-Sèvres, où elle se montra
sous la forme épizootique. Tristesse, prostra-
tion, pouls petit, accéléré, respiration fré-
quente, ventre douloureux, excréments secs
et noirs, tels étaient les symptômes de cette af-
fection, qui durait de six à vingt-quatre heures,
et qui se terminait presque toujours par la
mort. A d'autopsie, on trouvait le sang rose
très-pâle, séreux, dépourvu de fibrine; les
poumons étaient pâles et blafards ; les organes
de l'aboVmen offraient quelques ecchymoses.
ANHÉJWATOSB s. f. (a-né-ma-tc-ze — du
gr. a priv., et hématose). Pathol. Défaut d'hé-
matose, n On dit aussi, mais moins bien,
ANHÉHJATOSIE,
ANHéMIE h. f. V, Anémie.
AKHÉMIQUE adj. V. ANÉMIQUE.
ANHÉRAGE s. m. (a-né-ra-ie). Techn. Sorte
d'arrhes que l'on donne à des ouvriers qui
La longueur démesurée de son cou lui a fait
donner quelquefois le nom vulgaire de oiseau-'
serpenf.
— Encycl. Les anhingas appartiennent à
l'ordre des palmipèdes, famille des pélicoïdes.
Ils ont le cou mince, allongé, surmonté d'une
tète petite , effilée , cylindrique , portant un
long bec droit, aigu, en forme de fuseau ; la
queue grande et large; les pieds gros, courts,
robustes, à quatre doigts réunis par une seule
membrane. A terre, ils se traînent péniblement ;
mais ils sont excellents nageurs, et en même
temps très-bien conformés pour le vol ; leurs
doigts palmés ne les empêchent pas de percher
sur les arbres, et c'est toujours sur les bran-
ches les plus élevées qu'ils établissent leurs
nids, Défiants et sauvages, ils se laissent diffi-
cilement approcher, plongent rapidement dans
l'eau pour en ressortir beaucoup plus loin, et
échappent ainsi aux poursuites du chasseur.
Du reste, leur chair est détestable, et on ne
peut la comparer qu'à celle du cormoran. Le
cou est d'une longueur démesurée chez ces
oiseaux, et, dans l'action du vo|, il est tendu
en avant; au repos, it est agité d'oscillations
continuelles, qui Vont fait comparer à un ser-
pent greffé sur le corps d'un canard de très-
petite taille. Les plumes qui le recouvrent sont
douces au toucher comme du velours, soyeuses
et argentées ; les yeux sont d'un noir brillant,
avec l'iris doré. Ces oiseaux se trouvent au
Brésil, à la Guyane, au Sénégal, à Ceylan,
dans les îles de la Sonde. Ils habitent surtout
les lieux inondés , les lacs et les marais , le
bord des fleuves et des rivières.
anhingaïba s. m. (a,nain-ga-i-ba — mot
brésil.). Bot. Petit arbrisseau du Brésil, de la
famille des balisiers, dont le fruit, do la gros-
seur d'un œuf d'autruche , est rempli d'une
pulpe blanche excellente à manger.
ANHI3TE adj. (a-ni-ste — du gr. a priv.,
et istos; tissu). Anat. Qui n'a pas de texture
déterminée. *
tzootigue a
e des très-
gr. a priv., et historique). Néol. Qui est ._..
traire à l'histoire, qui n'est pas soumis au
développementhistorique : Ce progrès échappe
aux perceptions d'une intclligenceînfinie,etpar
conséquent anhistorique. (Proudh.)
ANIIOLT, petite île danoise dans le Kattegat,
ayant un phare, située par 56» 44' lat. N. et
9o 15' de long. E. Longueur, 9 kil. ; largeur,
6 kil. ; pop. 200 hab.., occupés à la pêche.
ANHOLT, petite ville de la Westphalie prus-
sienne, à 14 kil. N.-E. de Nimègue. Beau pa-
lais, résidence du prince de Salm-Salm; pop.
2,000 hab.
ANHOMOMÉRÉ, ÉE adj. (a-no-mo-mé-ré
— du gr. a priv. ; omos, semblable, et meros,
portion). Zool. Se dit de certains animaux
dont- le corps est formé d'articulations dis-
semblables.
Acide sulfurimie anhydre. Silice
anhydre. Les s.els' auxquels on a enlevé leur
eau de cristallisation sont anhydres. (Nysten.)
On paye une tasse de lait vingt-cinq centimes
quand il est baptisé; cinquante centimes quand
il est anhydre, comme disent les chimistes.
(Balz.)
ANHYDRIDE s. m. (a-ni-dri-de — rad,
.anhydre). Chim. Terme générique par lequel
on désigne les acides anhydres, c esUà-dire
qui ne sont pas combinés avec de l'eaù.
— Antonyme. Hydraté.
— Encyel. Les anhydrides sont sans aetion
sur le tournesol ; ils forment pour les chimistes
unitaires une classe de corps distincte de celle
des acides. Ils sont, dit Gerhardt, aux acides
hydratés ce que les éthers simples sont aux
alcools. Au contact de l'eau, ils en fixent les
éléments plus ou moins rapidement, pour se
transformer en acides hydratés ou acides nor-
maux.' On les distingue en deux grandes
classes : les anhydrides,monoatomiques ou ma-
nobasiques, qui proviennent des acides mono-
atomiques ou monobasiques par suite d'un phé-
nomène de double échange; les anhydrides,
biatomiques ou bibasiques, que donnent les
acides biatomiques par un phénomène de
déshydratation. Dans les deux cas, la diffé-
rence entre les anhydrides et les acides nor-
maux consiste dans une ou deux molécules
d'eau en moins. Soumis h l'action de l'ammo-
niaque, les anhydrides monoatomiques donnent
naissance a des amides neutres, et les anhy-
drides biatomiques à. des amides acides.
ANHYDRIQUE adj. (a-m-dri-ke — rad.
anhydre). Néol. Imporméablo à l'eau : Le
caoutchouc est anhydrique. Manteau anhydri-
que. Peu usité.
ANHYDHITE s. f. (a-nUri-te — rad. anhy-
dre). Miner. Minéral cristallin, blanc ou gris,
formé de sulfate de chaux anhydre, et dont
une variété, connue dans le commerce sous
le nom de marbre de Bergame ou de Bardiglio,
est employée pour faire des tables et des
cheminées : Z/anhydkitk se désagrège , dé-
ment spongieuse et finit par' se convertir en
gypse. (Ch. d'Orb.)
— Encycl. h'anhydrite raye le calcaire ; elle
est insoluble dans tes acides et n'y fait pas
u«s rOChe aSSeZ i«tc, 10 jjiua auuicui mçu
morph.ique. L'acide sulfurlque s'échappant pi
une fissure du sol primitif atteint les couches
de calcaire compact et produit ainsi Vanhy-
drite. h'anhydrite, en s'hydratant, devient du
gypsa qu'on appelle gypse épigène. Le plâtre
est une anhydritc non cristallisée.
anhVdrohÉmie s. f. (a-ni-dro-ô-mî — du
gr. a priv.; udor? eau, et aima, sang), Pathol.
Défaut de sérosité dans le sang.
ANHYDROMÉLIE s. f. (a-hi-dro-mé-U —
du gr. a priv.; udàr, eau, et muelos, moelle).
Pathol. Défaut de liquide dans la cavité rachi*
dienne; absence du liquide céphalo-rachidien.
ANHYDRO-SULFATÉ, ÊE adj. (a*ni-dro-
sul-fa-té), Miner. Se. dit d'une base qui, à
l'état de sulfate, no contient pas d'eau de
cristallisation.
ANI s. m. (a-ni — nom donné dans le pays).
Oiseau grimpeur auquel les naturels du pays
ont donné les noms vulgaires de bout de pe-
tun, ou bout de tabac, à cause de la coulour
do son plumage. • '
— Encycl. Les- anis appartiennent a la
famille des grimpeurs, et se rapprochent beau-
coup des coucous. Ils habitent tes contrées les
plus chaudes de l'Amérique, ou on les ren-
contre par troupes de quarante environ, serrés
' contre les autres. Ils ont un vol faible,
odeur repoussante et d'i _. . . .._ ._
testable. Ils vivent dans les endroits décou-
verts, et se nourrissent de petits reptiles et
d'insectes. Ils ont même l'instinet d'aller s'a-
battre, comme les pies, sur le dos des ani-
maux, pour les débarrasser de la vermine qui
les dévore. L'ani a des mœurs douces, fami-
lières, sociables, qui ont fait regarder cet
oiseau comme le modèle des vertus domesti-
ques. On voit un grand nombre de couples
vivre en commun ; toutes les femelles pondent
leurs œufs dans le même nid, et, à peine éclos,
les petits sont adoptés par la société tout
entière, et soignés par tous avec une égale
sollicitude. Quand 1 ani est pris jeune, il se
familiarise et s'apprivoise facilement ; . il ap-
prend même à parler presque aussi bien que
les perroquets. Dans la nomenclature scienti-
fique, cet oiseau a reçu le nom de erotophage,
— Homonyme. Anis.
ANI ou ANI9I, ville de la Turquie d'Asie,
près de Kars, sur la frontière de l'Arménie
russe; autrefois cap. de toute l'Arménie, et
très-florissante; elle fut presque entièrement
détruite au xiiit* siècle par un tremblement de
terre ; vastes ruines.
AN UN (détroit d'), nom nue l'on donnait
au détroit de Behring, entre 1 extrémité N.-E.
de l'Asie et la pointe N.-O. de l'Amérique,
avant le passage de ce détroit par le capitaine
danois Behring. Quelques géographes l'ont
confondu avec le détroit d'Hudson.
ANIANE, ville de France, eh.-lieu de cant.
(Hérault), arrond. et à 25 kil. N.-O. de Mont-
pellier; pop. aggl. 2,501 hab. — pop. tôt.
3,557 hab. Ancien couvent servant de maison
de détention. Commerce considérable de cuirs ;
Tabrique de crème de tartre, de vert-de-gris,
de savon noir, d'essences et de produits chi-
miques.
ANI ANUS, astronome et poète latin du
xvo siècle, auteur des vers mnémotechniques
si connus sur les signes du zodiaque :
Sunt Aries, Taurut, Gmini, Cancer, Léo, Virgo,
Libraque, Scorpius, Arcitenem, Capcr, Amphora,
[Jtttti.
On a de lui un poemfe astronomique intitulé
Computus manualis , traitant des cycles so-
laires et lunaires, ainsi que des fêtes mobiles.
ANIANUS IAÇUS, lac d'Italie, dans la Cam-
panio, non loin de Cumes, appelé aujourd'hui
Agnano. Aux environs se trouvaient les Aniana?
tftermœ des Romains, que remplacent aujour-
d'hui les étuves sulfureuses de San-Germano.
Non loin se trouve la fameuse grotte du Chien.
ANÏ 383
C'est aussi près de VAnianus lacus que les
poètes anciens plaçaient l'entrée des enfers.
ANIARE s. m. (a-ni-are — du gr. aniaros,
.triste). Entom. Genre d'inseetes coléoptères
hétéromères, de la famille des taxicornes,
renfermant sept ospèces, toutes exotiques.
ANIBE s. m. (a-ni-be). Bot. Arbre de la
Guyane, peu connu, et qui parait être une
espèce de laurier.
ANIÇET, affranchi de Néron , commandait
la flotte de Misène l'an 60 de notre ère. On
lui attribue l'invention du navire a soupape
destiné h noyer Agrippine. Il mourut exilé en
Sardaigne.
AN1CET (saint), pape de 157 a 168, souffrit
le martyre sous Marc-Aurèle.
ANICET-BOUItGEOIS (Auguste), auteur dra-
matique, né à Paris en 1800. Il commença dès
1S25 a travailler pour le théâtre. Depuis, il n'a
cessé de produire une infinité de pièces dont
beaucoup ont eu une vogue populaire. Ces
firoductions ne sont pas sans doute des œuvres
ittéraires, mais elles eurent le mérite lucratif
d'attirer et de passionner la foule. Elles ont
été écrites en collaboration avec MM. Vander-
buch, Lookroy, Brisebarre, Victor Ducange,
Michel Masson, Dennery et autres. Nous allons
citer ici celles qui ont eu le succès la plus re-
tentissant : Passé minuit, les Trois Epiciers,
JobetJean,\e Maître d'école, Pascal et Cham-
bord , le Premier Coup de canif, vaudevilles
ou bouffonneries pleines de jovialité. Mais
c'est surtout comme dramaturge que M. Ani-
eet-Bourgoois, aidé de ses collaborateurs ha-
bituels, a conquis la popularité. I) est un des
maîtres du genre, et l'on n'a pas oublié la
Vénitienne, le Grenadier de Vile d'Elbe, ffé-
loîse et Abailard, Nabuchodonosor, Périhet
Péchés capitaux; le Médecin des enfants ; dos
féeries restées fameuses, telles-que les Pilules
du diable, etc. L'heureux auteur est un des
classiques de l'ancien boulevard du crime, et
il alimente encore aujourd'hui plusieurs théâ-
tres de ses émouvantes productions. M. Amc'et
Bourgeois excelle surtout dans la manière de
charpenter le drame , et dans la conduite des
incidents ; son nom tiendra une place distin-
guée dans l'histoire du théâtre actuel, et sur-
tout du mélodrame, qui est, aussi bien que le '
vaudeville, une production toute française.
anicÉTON s. m. (a-ni-sé-tonn — du gr.
anikétos, invincible). Sorte d'emplâtre d un
usage très-fréquent chez les anciens.
ANICETUS (en gr. anikétos. invincible).
Myth. Fils d'Hercule et d'Hébé.
ANICH (Pierre), paysan du Tyrol, astronome
et géographe, né près d'Inspruck en 1723, mort
en 1766. Il cultiva la terre pendant une partie
de sa vie, et gagna, par son goût pour 1 étude
des sciences, la protection des jésuites d'In-
spruck, qui lui enseignèrent les mathémati-
ques et le recommandèrent h Marie-Thérèse.
L'impératrice le chargea de dresser la qarte
du Tyrol. Malgré des difficultés inouïes, il
accomplit ce travail avec une exactitude qui
n'a guère été surpassée dans la grande carte
dressée récemment par l'état-major autrichien,
AN1CHE, commune du départ, du Nordj
arrond. et cant. de Douai ; pop. aggl. 8,740 hab,.
— pop. tôt. 4,158 hab. Importante exploitation
de nouille.
Ange, en voyant ses médailles de Henri II, roi
de France, et du pape Paul III, dit que l'art
de la gravure avait atteint la perfection dans
ces deux ouvrages.
ANiciLLO s. m. (a-ni-sil-lo ~- mot esp.).
Bot. Poirier de l'Amérique du Sud, dont les
feuilles et les fruits rappellent le parfum et
la savour do l'anis.
ANICROCHE s. f. (a-ni-kro-cho — nom
d'une ancienne arme en forme dû croc). Diffi-
culté, obstacle, embarras -, lly a quelque ani-
croche dans cette affaire. (Acad.) De quelque
côté que. l'on se tourne, ce monda est rempli d'ANi-
croches. (Volt.) Il n'est pas si facile amour
qui n'ait parfois son anicroche. (St-Real.)
J'ai conté très en détail à notre père te anicro-
ches de mes pérambulations. (V. Jacquom.)
Tous ces gens-là sont fa
Il Mauvaise difficulté suscitée à dessein : C'est
un chicaneur qui vous fera mille anicroches,
(Acad.)
ANIDE s. m. (a-ni-de— du gr. a "priv.;
eidos, forme, espèce). Térat. Genre de mons-
tres unitaires, type de la famille des anidiens :
L'illustre Ruysch a figuré, il y a un siècle, ur,
ANIDE né d'une vache, et un cas analogue ches
l'homme a été décrit, il y a cent cinquante ans,
en Angleterre par le docteur Bland. (G-. St-
Hilaire.)
ANIDIENS s. m. pi. (a-ni.di-ain » rad.
anide). Térat. Famille de monstres dont l'or-
ganisation est indéterminée, et qui se pré-
sentent sous l'aspect d'une masse informe.
ANIDION s. va, (a-ni-di-on). Bot. Syn. de
■ b'ifore, genre d'ombellifèrea.
ANIDRQ8E s. f. (a-ni-drô-za — du gr. a
priv,, et idrtSst sueur). Pathol, Absenco d&
sueur.
384 ANI
ANIE s. f. (a-nî — du gr. ania, chagrin).
Bot. Genre d'orchidées épiphytes, renfermant
un petit nombre d'espèces, qui croissent
dans l'Inde.
ANIELLO (Thomas). V. Mazaniello.
ANIEN, AN1ANCS, jurisconsulte romain,
mort vers 507 de l'ère chrétienne. Il fut chargé
par Alaric 11, roi des "Wisigoihs d'Espagne,
d'abréger le code théodosien et de dresser le
recueil connu sous le nom de Code d 'Alaric.
ÂNIER, 1ÈRE s. (â-nié, i-ère — rad. âne).
Celui, celle qui conduit un ou plusieurs ânes :
Un ânier, une ànièRE. Il y a un café en face;
un peu plus loin, une station <2'âniers, qui
louent leurs bêtes à raison d'une piastre l'heure.
(G. de Nerv.)
L'iînfer l'embrassait, dans l'attente
D'une prompte et certaine mort.
L* Fontaine.
Au fond, il estimait qu'un âne
Pour Dieu, qui nous voit tous, est autant qu'un Anier.
A. de Musset.
Un dnicr, son sceptre a la main,
Deux coursiers à longues oreilles.
La Fontaine.
- ânier, 1ère, adj. (â-nié, iê-re — rad.
âne). Qui tient de l'âne, qui ressemble à l'âne
par les défauts que l'on attribue à cet animal,
la bêtise, l'entêtement, etc. Vieux mot ; Je
ne m'émeus pas une fois l'an des fautes de ceux
sur lesquels j'ai puissance; mais sur le point
de la bêtise et opiniâtreté de leurs allégations,
excuses et défenses ânieres et brutales, nous
sommes tous les jours à nous en prendre à la
gorge. (Montaig!)
ANIGOSANTHE s. m. (a-ni-go-zan-te — du
gr. anoigô.je développe; anthos, fleur). Bot.
Genre de la famille des hémodoracées, ren-
fermant un petit nombre d'espèces origi-
naires de l'Australie, et dont plusieurs sont
cultivées dans nos serres, pour la beauté et
surtout la singularité de leurs fleurs,
les qui ha
_ „ s passaient pour
guérir les blessures, et surtout les maladies
de la' peau.
■ ANIGRDS. Géogr. ane. Fleuve de l'Elide",
dans la Triphylie.
anil ou anir s. m. (a-nil, a-nir). Bot.
Espèce d'indigotier.
ANILE s. m. (a-ni-le— rad. aniline). Chim.
Se dit des anilides qui correspondent aux
amides.
anilide s. f. (a-ni-li-de — rad. aniline).
Chim. Nom donné aux amides qu'on produit
avec l'aniline. Les anilides sont quelquefois
désignés sous le nom de phényl-amides. On
obtient les anilides par l'action de la chaleur
sur certains sels d'anilinine, ou par celle des
acides anhydres sur l'aniline.
ANILIDÉ adj. m. (a-ni-li-dé — rad. aniline).
Chim. Joint au mot acide, se dit des amilides
qui correspondent aux acides amides.
ANILINE s. f. (a-ni-li-ne — du portug. anil,
indigo). Chim. Alcaloïde artificiel que l'on
obtient, soit en chauffant de l'indigo avec un
excès de potasse-, soit en faisant agir le bisulf-
hydrate d'ammoniaque sur la nitro-benzine.
— Encycl. L'aniline est un liquide incolore
ayant une odeur vineuse agréable et une sa-
veur brûlante. Elle est peu soluble dans l'eau,
soluble en toute proportion dans l'alcool et
l'éther. Elle représente, pour les chimistes
Unitaires, de l'ammoniaque dans laquelle un
équivalent d'hydrogène est remplacé par du
pnényle. Ses réactions sont parfaitement sem-
blables à celles de l'ammoniaque : ainsi, paral-
lèlement aux amides et aux sels ammoniacaux,
marchent les anilides et les sels d'aniline.
1/aniline a été découverte par le Suédois Un-
verdorben, en 1826. Elle est très-employée en
teinture. C'est le chimiste anglais Perkins qui,
modifiant un procédé imaginé par notre com-
patriote Béchamp , a réussi le premier, en
1S56, à la fabriquer ■ industriellement. Depuis
cette époque, V aniline est devenue la matière
première d'un grand nombre de substances
colorantes, violettes, rouges, brunes, bleues,
vertes et jaunes, d'un éclat éblouissant, dont
l'usage s'est répandu promptement dans tous
les pays.
, • L'aniline est encore appelée phényl-amine,
phémjl-ammoniaque , amide phénique , benzi-
dam, Icyanol.
ANILIQUE adj. (a-ni-li-ke — 'du portug.
anil, indigo). Chim. Nom donné à l'acide indi-
gotique.
ANILLE s. f. (a-ni-lle; Il mil. — du lat.
anellus, petit anneau). Hydraul. Anneau de
fer qui sert à retenir les poteaux de garde
poses sur les faces de l'avant-bec des piles.
— Techn. Pièce en fer scellée dans la meule
courante d'un moulin à farine, et qui sert à
suspendre l'arbre vertical ou fer de meule.
• — Bot. Se dit des petits filets des plantes
sarmenteusesqui ceignent de plusieurs tours
les branches qu'elles embrassent.
— Blas. Figure en forme de deux crochets
adossés et liés ensemble.
ANILLE s. f. (a-ni-le — du lat. anilis, de
vieille femme). Vieille femme qui porte des
béquilles. Mot employé par Mercier.
ANILLE, ée adj. (a-ni-lléj II mil. — rad.
mille). Bot. Qui est pourvu d'anilles, qui est
ANI
disposé en anille : Tige anillée. Le sarment
de la vigne est pourvu de filets anillés.
— Blas. Se dit des croix et des sautoirs
ancrés, quand ces pièces ont leur milieu percé
desn_
vau : d'argent , à la croix ancrée et anillee
de sable.
ANILLeros s. m. pi. (a-nil-lé-ross — mot
espagn.). Hist. Nom donné en Espagne, pen-
dant la révolution de 1820-23, a ceux qui
appartenaient au parti modéré.
ANILOCRE s. m. (a-ni-lo-kre). Crust. Genre
de crustacés isopodes, voisin des cymothoés,
renfermant trois espèces, dont deux vivent
dans la Méditerranée.
ANILOCYANIQUE adj. (a-ni-lo-si-a-ni-ke —
de aniline et de cyanique). Chim. Se dit d'un
acide que l'on obtient en soumettant à la
distillation l'oxamélanile. L'acide anilocya-
nique, appelé encore carbonile et cyandte de
phényle,.es,t un liquide jaunâtre, d'une odeur
très-forte rappelant celle do l'aniline, de
l'acide cyanhydrique et du cyanogène.
ANILURÉE s. f. (a-ni-Iu-ré). Chim. Sub-
stance produite par l'action du chlorure de
cyanogène gazeux et de l'eau sur l'aniline :
jÎ/anilurée est en cristaux aciculaires,peù S0-
lubles dans l'eau froide, très-solubles dans l'eau
chaude, sans action sur tes acides'et les alcalis
étendus. (Orfila.)
animadversion s. f. (a-ni-ma-dvèr-si-on
— du lat, animadversio ; formé de animus,
esprit; adoertere, tourner). Réprimande, ob-
jurgation : Cette démarche lui attira ^animad-
version de ses supérieurs. L'allégation témé-
raire d'un fait mérite I'aniMADVERSiON de la
cour. (Trév.) .
— Plus ordinairem., Improbation, censure
sévère, haine persévérante : Ce procédé mérite
^'animadversion publique. Je vous demande si
une action aussi basse ne doit pas éveiller Z'am-
madversion de tous les gens de bien! (J.-J.
Rouss.) Z'animadversion se manifeste par des
signes qui, chez une nation libre, ne sauraient
être ni méconnus, ni bravés. (Sismondi.) En-
veloppé dans I'animadversion qu'on portait à
son père, il fut sévèrement puni d'une faute qui
n'était pas la sienne. (E. Sue.) La faveur de
madame du C*" était l'objet des conversations
et des an im ad versions publiques. (Lamart.) Il
n'offrit pas les biens de son ordre en holocauste
aux besoins publics, sans encourir son animad-
version. (Mignet.)
— Phiîol. S'est dit autrefois des remar-
ques, des notes faites sur le texte d'un auteur
ancien : Des animadversions sur Homère, sur
Salluste, sur Juvénal, etc.
— Antonymes. Bienveillance, sympathie.
ANIMAL s. m. (a-ni-mal — lat. animal,
même sens ; dérivé de anima, souffle, principe
de vie). Tout être vivant, doué de la faculté
de sentir et de se mouvoir, c'est-à-dire
l'homme aussi bien que la brute : L'homme
est le seul des animaux qui soit obligé de se
vêtir. (B. de St-P.) L'animal le plus dange-
reux pour l'homme, c'est l'homme. (Beauchêne.)
/.'animal est tout entier dans le système nef'
veux. (G. Cuv.) //animal est, pour ainsi dire,
un végétal sensible. (P. Leroux.)
L'homme est, je vous l'avoue, un méchant animal.
Molibre.
Le plus sot animal à mon avis, c'est l'homme.
— Dans un sens plus restreint et pourtant
plus généralement employé, Etre animé,
mais privé de raison : Animai, terrestre. Ani-
mal aquatique. Animal amphibie. Animal fru-
givore, carnassier, Carnivore, omnivore. Un
animal sauvage. Un animal domestique. Faire
la chasse aux animaux féroces. Détruire les
nuisibles. Chez presque tous les peu-
créa l'homme. (Acad.) Les
maux ont une raison naturelle, mais elle est
faible et trouble. (Amyot.) Encore que nous
ayons quelque chose au-dessus de V animal, nous
sommes animaux, et nous avons l'expérience
tant de ce que fait en nous {'animal, que de ce
qu'y fait le raisonnement et la réflexion. (Boss.)
0 Dieu! j'ai considéré vos ouvrages et j'en ai
été effrayé : qu'est devenu cet empire que vous
nous aviez donné sur les animaux? On n'en voit
plus qu'un petit reste, comme un faible mémo-
rial de notre ancienne puissance, et un débris
malheureux de notre fortune passée. (Boss.)
On ne peut assez admirer la nature, dans l'ar-
rangement des corps et dans les différents or-m
ganes qui composent la machine des animaux.
(Malebr.) L'homme sait dominer par force ou
par industrie sur tous les animaux, et les plier
à son usage. (Fén.) Les animaux nuisibles à
l'homme sont les moins féconds. (Fén.) Dieu a
soumis à l'empire de l'homme les animaux qui
rampent sur la terre. (Mass.) Z/animal est
l'ouvrage le plus complet de la nature , et
l'homme en est le chef-d'œuvre. (Buff.) Les
jeunes animaux se modèlent sur les vieux.
(Buff.) Les animaux éprouvent, comme l'homme,
les influences du ciel et de la terre. (Buff.) La
plupart des animaux ont plus d'agilité, plus de
vitesse, plus de force et même plus de courage
que l'homme. (Buff.) Aristote avait remarqué,
avant nous, que, de tous les animaux qui ont
des griffes, aucun n'allait en troupe. (Buff.) Les
hommes sont comme les animaux : les gros
mangent les petits, et les petits les piquent.
ANI
(Volt.) Tous tes animaux sont perpétuellement
en guerre : chaque espèce est née pour en dé->
vorer une autre. (Volt.) L'homme est né pour
régner sur tous les animaux. (Volt.) Les ani-
maux, vivant d'une manière plus conforme à la
nature, doivent être sujets à ----- J
domestiques. (B. de St-P.) La nature
l'infini, parmi les animaux, les moyens de se
défendre, comme ceux de subsister. (B. de St-P.)
Si les animaux connaissaient Dieu, ils parle-
raient. (Lamenn.) C'est du régime auquel sont
soumis les jeunes animaux que dépend princi-
palement la taille qu'ils acquièrent. (Math, de
Domb.) L' animal sait tout ce qu'il doit savoir ;
l'homme doit tout apprendre. (Ballanche.) Ma
mère croyait, et je le crois comme elle, que ces
habitudes d'endurcissement du cœur à l égard
des animaux les plus doux, nos compagnons,
nos auxiliaires, sont faites pour brutaliser et
férociser les instincts du cœur. (Lamart.) Per-
sonne aujourd'hui n'est tenté de regarder les
animaux comme des machines. (A. Fée.) Ne
frappez les animaux que pour les conduire, et
non pour le plaisir de les battre. (Corm.) Tous
les animaux domestiques sont, de leur nature,
des animaux sociables. (Flôurens.) Les espèces
de plantes et ^'animaux n'ont presque pas
d'histoire. (Renan.)
Je me sers d'animaux pour instruire les hommes.
Sur tous les animaux, enfants du Créateur,
J'ai le don de penser, et je sais que je pense.
La Fontaine.
— Appliqué à l'homme, le mot animal
est presque toujours déterminé soit par un
adjectif, soit par une proposition : \fhomme
est un animal raisonnable. Platon ayant défini
l'homme un animal à deux pieds, sans plumes,
Diogène pluma un coq et le jeta au milieu de
l'Académie, en disant : Voilà l'homme de Pla-
ton. L'homme est un animal sensible, intelli-
gent, doué de raison et de volonté. Aristote a
défini l'homme un animal sociable; mais, dans
l'esprit du philosophe, le mot sociable avait
une signification politique.
— Fam. Personne grossière, brutale : C'est
un vrai animal, un franc animal. Quel animal !
Quel sot animal l-Je ne puis souffrir cet àni-
■là. Arrêtez, animal, laissez-la monter!
. 1.) -" ""
triste et rêveur; en un moi,
(Le Sage.) Quel animal I II n'a jamais été
plus ridicule. (DancQurt. ) Je vous trouve
admirable, de me faire essuyer la brutalité
de cet aNimal-M,' (Mariv.) Ah çd, mon ami,
se dit-il en s' apostrophant lui-même, un homme
qui te dirait que tu es un grand animal aurait
raison. (Balz.) Nous avons un colonel , assez
malplaisant animal. (P.-L. Cour.) il Expres-
sion triviale et familière d'amitié ou de con-
tentement: Ah! que cet ANiiikirld racontebien!
Qu'on est aisément amadoué par ces diantres
d'ANIMAUX-te.' (Mol.)
— Entre dans quelques périphrases qui
appartiennent au style badin ou même au
style burlesque, et se dit des animaux et des
hommes : L'animal porte-jupe, la femme;
l'animal à tête frivole, le peuple ; l'animal à
longue échine, la belette :
. . . Tout est souvent feinte dans une fllle;"
Ne vous y fiez pas : l'une parait gentille
Pour savoir se servir d'une beauté d'emprunt,
Mettre un visage blanc sur un visage brun;
L'autre de faux cheveux compose sa coiffure;
Cette autre de ses dents bâtit l'architecture;
Celle-ci doit sa-taille à son patin trompeur;
L'autre, sa belle gorge à l'art de son tailleur.
■ Des charmes apparents on est souvent la dupe,
" Et rien n'est si trompeur qu'animal porte-jupe.
Et sans les portes étroites
De leurs habitations,
L'animal à longue èçhme
De grandes destructions.
La Fontaine.
— Hist. nat. S'associe à certains mots avec
lesquels il forme des expressions qui se
trouvent souvent non-seulement dans le lan-
gage scientifique, mais encore Sans le langage
ordinaire : Animaux supérieurs, animaux infé-
rieurs, Expressions corrélatives qui s'ap-
pliquent généralement, la première, aux ver-
tébrés, la seconde aux invertébrés. !l Animaux
à sang rouge, animaux à sang blanc, Expres-
sions corrélatives employées autrefois pour
désigner, la première, les vertébrés, la seconde
les invertébrés, il Animaux à sang chaud, ani-
maux à sang froid, Expressions corrélatives
employées pour désigner , la première , les
animaux qui jouissent d une température
constante (mammifères et oiseaux), la se-
conde, les animaux dont la température dé-
pend de celle du milieu dans lequel ils vivent
(poissons, reptiles, invertébrés), il Animaux
terrestres , animaux aquatiques, Expressions
corrélatives qui s'appliquent, la première aux
animaux qui vivent sur la terre, la seconde à
ceux qui vivent dans les eaux. Il Animaux
parasites, Animaux qui vivent à la surface
du corps ou dans les cavités internes des
animaux. (V. Parasites.) Il Animaux hiber-
nants, Animaux qui passent l'hiver engourdis
et dans un sommeil plus ou moins profond.
ANI.
V. Hibernants, il Animaux fossiles, Animaux
dont les débris ont été enfouis dans la terre
par des causes naturelles. V. Fossiles, il Ani-
maux perdus ou antédiluviens, Animaux appar-
tenant à des espèces qui ont vécu à telle ou
telle époque géologique, et qui sont actuelle-
eteintes. \\_Animaux domestiques, ani-
corrélatives qui
ment e
— Encycl. Zool. — I. Analogie et diffé-
rences ENTRE LES ANIMAUX ET LES VÉGÉTAUX.
« Pendant bien des siècles, dit M. de Quatre-
fages , aux yeux du savant comme aux yeux
de l'homme du monde, le règne animal et le
règne végétal ont été séparés par des limites
absolues. Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi.
A mesure qu'on a cherché à préciser davan-
tage les différences prétendues qui devaient
exister entre ces grandes divisions de la créa-
tion animée, on les a vues s'effacer une à une.
Sans doute, au sommet des deux règnes, le
naturaliste ne saurait se méprendre sur la
nature animale ou végétale de l'être qu'il exa-
mine ; mais à mesure qu'il descend en s'éloi-
gnant de ce point de départ, des analogies
apparaissent, des ressemblances se pronon-
cent, et un moment arrive où l'examen le
plus scrupuleux ne suffit plus pour donner
une certitude complète. A l'extrémité des deux
séries existent des familles entières que lès
botanistes et les zoologistes se disputent depuis
des siècles, et dont leurs efforts combinés
n'ont pu déterminer encore la nature ambi-
guë. » — «Dès la plus haute antiquité , dit Re-
quin, le3 êtres vivants furent divisés en deux
vastes groupes, savoir les animaux et les vé-
gétaux : division bien nette, bien tranchée ,
tant que l'on ne considère pas ces animaux-
plantes, dits zoophytes, qut lient les extré-
mités de l'un et de l'autre règne. Mais, en
vérité, où tracer la ligne de démarcation?
Est-ce chose facile pour les zoologistes et les
botanistes que d'arrêter la délimitation des
frontières de leurs empires respectifs? Il n'y
a point là de barrières naturelles , point de
Pyrénées. » — ■ L'animal, dit Carus , tend à
l'unité de la spontanéité par un système ner-
veux, et à celle de la nutrition par un canal
intestinal, tandis que la plante ne s'élève
jamais jusqu'à la spontanéité, et se nourrit,
s'accroît par une absorption plus ou moins géné-
rale , sans bouche ni canal intestinal. Or, de
même qu'on doit supposer partout un état
d'indifférence avant au il apparaisse deux op-
positions tranchées, de même il y a une série
entière d'êtres organiques dans lesquels la
nature végétale et la nature animale sont en-
core si peu distinctes l'une de l'autre, que le
nom d'animal ou de plante qu'on leur donne
par pure convention ne saurait leur être atta-
ché d'une manière absolue, et que le mieux est
d'en faire un règne intermédiaire entre les
végétaux et les animaux, sous le nom de corps
vivants primaires ou proto-organismes. »
Un parallèle des végétaux et des animaux
établi sur le volume, sur la forme, sur le
nombre et la disposition des organes, sur la
composition physique et chimique, sur la
texture, sur la mort et l'état cadavérique, et
sur les différentes fonctions , nous permettra
de marquer les analogies et les'différences des
deux règnes.
îo Volume. Dans le règne animal, le volume
propre de chaque espèce n'est pas susceptible,
d'osciller entre des limites aussi larges que
dans le règne végétal.
20 Forme. Dans toutes les classes supé-
rieures du règne animal, nous rencontrons la
forme symétrique, c'est-à-dire que le corps est
composé de deux moitiés latérales, qui pa-
raissent s'être réunies sur la ligne médiane.
La forme des végétaux est, au contraire, cir-
culaire etrayonnée. Mais cette forme rayonnée
se trouve également chez un grand nombre
d'animaux inférieurs, tels que les acalèphes,
les actinies, etc.
3° Nombre et disposition des organes. Si l'on
compare un animal quelconque des classes
supérieures au végétal le plus parfait, on
remarque que le nombre des organes diffé-
rents est beaucoup plus considérable dans le
premier que dans le second. Chez le premier,
on distingue des organes centraux et des or-
ganes subordonnés; les organes centraux sont
renfermés dans des cavités intérieures dites
viscérales ou splanchniques. Chez le végéta),
les organes sont tous situés à l'extérieur et
doivent, pour l'importance , être placés à peu
près sur la même ligne. De plus, le végétal
supérieur, l'arbre dicotylédoné, n'est point un
individu comme l'animal supérieur, mais unu
collection d'individus semblables. Quand on
descend l'échelle animale, toutes ces diffé-
rences s'affaiblissent et s'effacent; le nombre
des organes spéciaux diminue ; les organes cen-
traux disparaissent; l'individualité s'amoin-
drit ; chaque anneau d'un lombric porte en lui,
comme chaque rameau, l'ensemble d'organes
nécessaires à sa vie ; comme les grands végé-
taux dicotylédones, les zoophytes à polypiers,
désignés sous le nom de coraux, présentent
une ramescence qui résulte de l'agglomération
d'individus semblables.
<o Composition physique. Tous les êtres vi-
vants sont composés essentiellement de par-
ties molles imprégnées de liquides et contenant
des ga2. Les plus parfaits dans les deux règnes
présentent en outre des parties dures qui con-
ANL
stituent une condition de résistance aux causes
de destruction. On a dit que les solides prédo-
minent chez les végétaux, les iluides chez les .
animaux ; mais cette différence cesse d'être sen-
sible si l'on considère le ligneux non comme
une substance vivante , mais comme un pro-
duit de l'élaboration végétale , lequel reste
fixé dans l'organisme.
S" Composition chimique. Les principes im-
médiats des végétaux sont le -plus souvent
ternaires, c'est-à-dire composés d'oxygène,
d'hydrogène et de carbone. Généralement, au
contraire, les principes immédiats des animaux
sont quaternaires , c'est-à-dire composés de
quatre éléments : oxygène, hydrogène, car-
bone, azote. On peut dire, d'une façon géné-
rale, que le carbone caractérise les végétaux,
et l'azote les animaux. M. Payen a réduit à sa
juste valeur cette différence, qui paraît essen-
tielle, en montrant qu'au moment de leur ap-
parition, les jeunes tissus végétaux sont aussi
fortement azotés que les tissus animaux, et
que_ c'est seulement en vieillissant qu'ils s'en-
croûtent, pour ainsi dire, d'éléments carbonés.
6« Texture. Dans les deux règnes, nous
trouvons le même élément fondamental : la
cellule. Les autres éléments anatomiques ,
fibres, tubes, dérivent tous chez les végétaux
de cellules transformées; chez les '-animaux,,
les fibres, tubes, coexistent avec les cellules ,
mais n'endérivent pas par métamorphose. En
un mot, la théorie cellulaire applicable aux
végétaux ne l'est pas aux animaux. Chez les
premiers, par exemple, les vaisseaux ne sont
que des cellules qui, d'abord sphériques, vien-
nent plus tard à s'allonger et a s'aboucher les
unes avec les autres: chez les seconds, les
vaisseaux paraissent être d'abord de simples
lacunes creusées dans la substance des tissus,
lesquelles plus tard se revêtent d'une mem-
brane tubuîeuse.
70 Mort et état cadavérique. Nous ne trou-
vons dans le règne animal aucun exemple de
cette longévité merveilleuse que présentent
certains arbres. Quanta l'état cadavérique,
disons que le cadavre végétal est lent a se
décomposer, tandis que le cadavre animal se
putréfie rapidement, en donnant naissance aux
produits les plus infects. Cela tient à la diffé-
rence de composition chimique : chez les végé-
taux, en effet, c'est un corps solide, le carbone,
qui prédomine ; chez les animaux, un principe
essentiellement gazeux, l'azote.
. 8» Génération. Certains zoophytes se repro-
duisent par la division de leur propre corps,
dont chaque partie devient un individu vivant:
c'est la' génération fissipare, que nous retrou-
vons aussi chez tant de végétaux. L'un et
l'autre règne nous offrent également la géné-
ration gemmipare et la génération sexuelle,
l'hermaphroditisme et la-séparation des sexes.
Mais nous pouvons remarquer que chez les
végétaux l'hermaphroditisme est la règle, et la
séparation des sexes l'exception, tandis que
chez la majorité des espèces animales , les
sexes sont séparés. Ajoutons que chez les
plantes et les animaux, l'hermaphroditisme
semble lié à la forme rayonnée et à l'absence
de locomotion ; la séparation des sexes , à la
forme symétrique et à la faculté de se mou-
voir. Chez les animaux, les sexes se recon-
naissent en général pendant toute la vie à des
caractères extérieurs ou intérieurs ; il n'en est
pas de même pour les végétaux, qui poussent
leurs fleurs, c eskà-dire leurs organes sexuels,
à une certaine époque de leur vie. Chez les
végétaux, les organes sexuels ne servent
qu Une fois ; ils tombent après la fécondation ;
chaque année une nouvelle floraison fait appa-
raître de nouvelles étamines et de nouveaux
pistils. Chez les animaux, les mêmes organes
sexuels persistent et servent pendant toute la
vie. Ces différences ne sont pas absolues. Dans
certaines espèces d'animaux, on voit des indi-
vidus parfaitement neutres produire , à un
moment déterminé, des bourgeons qui donnent
naissance à des individus secondaires, chargés
de la génération sexuelle. Ceux-ci, formés
uniquement pour servir de machines à repro-
duction, périssent en remplissant la tâche qui
leur a été assignée par la nature ; on peut les
considérer comme de ^véritables fleurs ani-
males venues sur l'individu primitif.
9° Absorption. L'absorption, chez les végé-
taux, se fait toujours à l'extérieur. Le végétal,
à l'aide de ses extrémités radicellaires, puise
dans la terre les matériaux qui doivent servir
à le composer; aussi se nournt-il uniquement
de liquides. Chez presque tous les animaux, la
présence d!une cavité creusée dans le corps
rend l'absorption surtout intérieure. C'est ce
qui a fait dire à Hippocrate : « L'estomac est
aux animaux ce que la terre est aux arbres ; »
et à Boerhaave : « Les animaux ont leurs ra-
cines nourricières dans l'intestin. » Grâce à la
présence d'une cavité interne, les animaux
peuvent se nourrir d'aliments solides, ils onV
un appareil physico-chimique pour dissoudre
ces aliments, et en même temps un réservoir
pour en faire provision, ce qui leur' permet de
se mouvoir sans suspendre le travail de la
nutrition. Nous devons dire qu'ici encore, par
son extrémité, le règne animal touche au
règne végétal : certains animaux inférieurs
sont dépourvus d'estomac et de canal alimen-
taire, et doivent nécessairement absorber par
la surface externe de leur corps les substances
propres à leur nutrition.
100 Respiration: Sous le rapport de la res-
piration, noua trouvons entre les végétaux et
ANI-
les animaux une différence très-importante ,•
on peut dire un véritable antagonisme. L'ani-
mal dépouille l'air de son oxygène, et expire
de l'acide carbonique. La plante, au contraire,
par ses feuilles, et, en général, par ses par-
ties vertes, absorbe de l'acide carbonique, le
décompose, en fixe le carbone et en dégage
l'oxygène. Il est vrai que, pendant la nuit et à
l'ombre , c'est le contraire qui s'observe :
l'oxygène est absorbé, et l'acide carbonique
exhale. Mais la fixation diurne du carbone
l'emportant de beaucoup sur l'expiration noc-
turne d'acide carbonique, on peut dire que,
par ses résultats, l'action respiratoire du rè-
gne végétal fait équilibre à celle .du règne
animal. Les végétaux fournissent de l'oxy-
gène aux animaux ; les animaux de l'acide
carbonique aux- végétaux ; cet échange est
une des plus belles harmonies de la nature.
Il» Circulation. La circulation chez les
plantes paraît être un phénomène d'ordre
purement physique; elle s'explique par l'en-
dosmose, la capillarité^ l'évaporation qui se
produit à la surface des feuilles. Chez les
animaux, la circulation a son principe dans
l'appareil circulatoire lui-même ; elle dépend
d'une propriété vitale, la contractilité , qui,
comme nous le verrons .plus loin, appartient
en propre au règne animal. Les animaux su- .
périeurs nous présentent un appareil circula-
toire très'-compliqué, dont les principales par-
ties ont reçu le nom de cœur, d'artères, de
veines; mais en descendant l'échelle animale,
on voit la circulation se simplifier de plus en
plus : chez un grand nombre à'animaux infé-
rieurs, elle se réduit a une agitation vague du
liquide nourricier, déterminée par les mouve-
ments généraux de Y animal.
120 Nutrition. La plante se nourrit de com-
posés inorganiques binaires, qu'elle combine
et transforme en composés organiques ternai-
res et quaternaires. Uanimal doit emprunter
ses aliments aux composés ternaires et qua-,
ternaires préparés dans l'organisme végétal
ou animal. Remarquons qu'à cette différence
dans les. aliments se lie naturellement celle
que nous avons signalée dans les conditions
de l'absorption. Ces composés organiques dont
l'animal doit se nourrir étant solides, il faut
nécessairement qu'il possède en lui-même
le moyen de les dissoudre ; en un mot, il faut
qu'il digère avant d'absorber. On a cru que la
différence des aliments et de l'action respira-
toire révélait un antagonisme de nutrition en-
tre les deux règnes. « Les végétaux, disait-on,
sont des appareils de réduction, des produc-
teurs : les animaux, des appareils de combus-
tion, des consommateurs. L'expiration d'acide
carbonique et la chaleur animale sont les ré-
sultats des phénomènes de combustion qui
caractérisent l'animalité. L'expiration d'acide
carbonique est le résultat des phénomènes de
réduction que présentent les végétaux.. Les
animaux ne créent pas de" matières organi-
ques; ce. sont les végétaux qui forment ces
matières, en réduisant l'acide carbonique,
l'eau, l'ammoniaque et l'acide azotique, c est-
à-dire en prenant à l'acide carbonique son
carbone, à l'eau son hydrogène, à Vammonia*
que son ammonium, à l'acide azotique son
azote. Des. plantes, les matières organiques
façonnées au moyen de ce carbone, de cet
hydrogène, de cet ammonium et de cet azote,
passent dans les animaux herbivores, et de
ceux-ci dans les animaux carnivores. En un
mot, les animaux trouvent dans les végétaux
tous les principes immédiats qui les consti-
tuent : principes azotés neutres , principes
gras, principes amylacés ou sucrés; la diges-
tion les introduit dans le sang; l'assimilation
utilise les principes azotés ; la respiration
brûle les autres. • La physiologie générale ne
saurait admettre cet antagonisme de nutrition
entre le règne animal et le règne végétal. D'une
part, on peut observer que dans la germina-
tion et dans la floraison, la plante devient,
comme l'animal , appareil de combustion ,
qu'elle brûle du carbone et de l'hydrogène,
qu'elle développe de la chaleur; d'autre part,
on trouve chez les animaux des principes im-
médiats qui n'existent pas chez les végétaux,
et que, par conséquent, les animaux nont pu
trouver tout formés dans leurs aliments. Enfin,
les belles expériences de M. Bernard sur la
fonction glycogénique du foie ont montré que
les animaux produisent directement et con-
stamment, comme les plantes, des principes
amylacés et sucrés.
130 Excrétions. On a remarqué que le vé-
gétal excrète les matières les plus hydrogé-
nées, telles que les baumes, les gommes, les
résines, les essences, etc. ; l'animal, au con-
traire, les matières les plus azotées, telles que
l'urée, l'acide urique, etc.
14» Sensibilité et mouvement volontaire. Lès
végétaux sont dépourvus de sensibilité et
de mouvement volontaire. Les animaux sen-
tent pour se mouvoir, et se meuvent parce
qu'ils sentent. Voilà la grande différence qu'on
a toujours signalée entre les végétaux et les
animaux. Linné la formulait en ces termes
Cette différence se lie à celle du mode d'ab-
sorption. Le végétal devait être fixé au sol
pour y puiser incessamment des matériaux
absorbables. Adhérent au sol, immobile, il ne
fallait pas qu'il fût sensible, qu'il pût souffrir.
L'imagination des poètes, en créant des végé-
" ANI
taux sensibles, capables de souffrir, et livrés
ainsi à toutes les blessures du monde exté-
rieur, sans pouvoir fuir et sans pouvoir se
plaindre, nous a donné l'image du plus épou-
vantable supplice. L'animal^ au contraire, de-
vait faire effort, se mouvoir en tout ou en
partie pour aller au-devant de la masse ali-
mentaire, l'atteindre et l'introduire dans son
tube digestif. Ces mouvements nécessaires à
la nutrition de l'animal avaient besoin, à leur
tour, d'une certaine sensibilité pour les déter-
miner et les diriger. On a objecté, d'une part,
que certains zoophytes adhèrent à jamais à la
masse pierreuse sur laciuelle ils ont pris nais-
sance, qu'ils absorbent Irrésistiblement l'eau
environnante, et que rien, chez eux, ne fait
présumer la sensibilité et la locomotilité ;
d'autre part , que certains végétaux présen-
tent des mouvements oui semblent déterminés
par le sentiment, que la sensitive, par. exem-
ple (mimosa pudica) ferme son feuillage, pl'ie
ses pétioles,. lorsqu'on la touche. Examinons
en quoi les mouvements de l'animai diffèrent
de ceux qui paraissent s'en rapprocher, chez
certains végétaux. Cette différence est tout
entière dans la nature du mouvement qui,
chez l'animal, est produit par la contractilité.
Uanimal le plus simple a la propriété de se
contracter, c'est-à-dire de se resserrer sur
lui-même, de modifier les dimensions dès par-
ties qui le constituent. Rien de semblable chez
les végétaux : la feuille d'une sensitive qu'on
a touchée se plie à> son articulation, mais ses
dimensions restent absolument les mêmes. Qui
dit contractile ne dit pas locomotile : les mou-
vements de translation ne sont pas le résultat
nécessaire de la contractilité ; la contractilité
n'est pas l'unique condition de ces mouve-
ments ; beaucoup d'animaux se contractent
sans se transporter d'un lieu à un autre ; cer-
taines plantes se transportent d'un lieu k un
autre Sans se contracter. Nous constatons la
contractilité chez les animaux ; quant à la seh-
sibilité'et à la volonté, nous ne la connaissons
directement que dans notre propre moi ; nous
ne l'admettons dans un. autre individu que par
analogie. Notre sensibilité se manifeste par
des mouvements qui résultent de la contrac-
tilité ;' quand nous observons dans un animal
des mouvements de même nature, nous som-
mes portés à leur attribuer le même sens. De
plus, cette sensibilité est liée, chez nous, à
l'existence d'un système nerveux, nous sup-
posons naturellement que le même lien existe
ailleurs, et nous estimons sensible tout être
qui présente un système nerveux plus ou
moins développé. Ainsi, pour la sensibilité,
nous avons deux critérium : un critérium
physiologique , la contractilité ; un critérium
anatomique, l'existence d'un système nerveux.
Les •animaux sont contractiles; ils ont un sys-
tème nerveux : donc ils sont sensibles. De ces
deux critérium, le plus sûr est celui que nous
fournit l'anatomie : le nerf prouve la sensibi-
lité, comme le vaisseau prouve la- circulation.
C'est précisément celui qui fait défaut, quand
• on arrive aux derniers représentants de' la
création animale : il y
rieurs chez lesquels
découvert de système
qu'on peut espérer cette découverte des pro-
grès de l'observation. La vue de la science
devient de plus en plus perçante. On a cru
longtemps tous les rayonnes dépourvus de
nerfs; aujourd'hui, il est démontré que les
échinodermes, les acalèphes, les némertes,
les planaires, les vers intestinaux, en possè-
dent aussi bien que les animaux supérieurs.
Certains animaux , à qui Lamarck refusait
toute sensation, et qu'il désignait sous le' nom
d'apathiques , présentent des yeux parfaite-
ment caractérisés, et quelquefois même en
grand nombre. « Plusieurs d'entre eux , dit
M. de Quatrefages, réalisent la fable d'Argus,
ou l'étrange conception de Fourier relative
au cinquième membre qui doit compléter l'être
humain, quand le globe sera couvert de pha-
lanstères. » Enfin , la physiologie comparée
nous apprend que la fonction n'est pas tou-
jours et partout dépendante de l'organe ; en
d'autres termes, qu une fonction peut très-
bien exister même là .où il n'existe pas d'in-
strument spécial pour l'accomplir. Voilà des
raisons qui permettent d'étendue la sensibilité
au delà de ses limites apparentes, et en quel-
que sorte authentiques ; mais ces raisons n'ex-
cluent pas le doute. On peut se demander jus-
qu'où elle descend, où elle s'arrête. Si elle n'a
pas besoin d'être attestée par l'existence d'un
système nerveux, ne peut-elle se passer éga-
lement de l'être par la contractilité ?
Somme toute, le seul caractère qui nous
paraisse séparer nettement, scientifiquement
l'animal de la plante, c'est la contractilité. La
contractilité et l'absence de contractilité se
constatent ; la sensibilité et l'absence de sensi-
bilité se présument. On a défini l'animal un
être vivant, qui digère, qui sent et qui se meut
volontairement. Comme une définition doit
embrasser tout le défini, nous croyons qu'on
doit dire simplement : un animal est un être
vivant contractile.
II. — Classification des animadx. « A lia
surface des îles et dds continents, dit Requin,
dans la profondeur des mers, des lacs et des
rivières, et, pour ainsi dire, jusque dans le
sein de l'air même, vit et s'agito.une immense
population d'animaux divers, dont l'étude
n'est possible qu'à l'aide d'une coordination
méthodique qui répartisse ces millions d'indi-
vidus en espèces, ces myriades d'espèces en
ANI-
385*
genres, ces milliers de genres en familles, ces
familles en ordres, ces ordres en classes. Une
telle distribua n est la première condition et
le .principal fondement de la zoologie... La
classification doit représenter, autant que pos-
sible, l'ordre même de la nature, grouper les
animaux d'après • leurs légitimes rapports ,
c'est-à-dire d'après la plus ou moins grande
ressemblance de leurs plus importantes par-
ties. •
Aristote avait divisé les animaux en deux
coupes principales, savoir : les animaux ayant
du sang, et les animaux exsangues (privés de
sang). La première coupe comprenait deux
classes, les vivipares et les ovipares. Les vivi--
pares étaient subdivisés en bipèdes, quadru-
pèdes aiapodes ;les ovipares en ailés (oiseaux), •
et écailleux (reptiles et poissons). La seconde
coupe était nettement partagée en quatre sub-
divisions : les mollusques, les crustacés, les
testacés et les insectes. ■■ -
Linné conserva la division primaire d'Aris-
tote, mais sous les dénominations d'animaux à
sang rouge et d'animaux à sang blanc. Il sub-
divisa les animaux % sang rouge en animaux
à satig chaud, comprenant- les mammifères et
les oiseaux, ei' animaux à sang froid, compre-
nant les amphibies (quadrupèdes ovipares et
serpents) et les poissons. Dans la seconde
coupe, il n'établit que deux classes, les insec-
tes (tous nos articulés pourvus de membres)
et les vers.
C'est à.Lamarck que la division primaire du
règne animal doit d'avoir été caractérisée
d'après la présence ou l'absence d'une colonne
vertébrale, beaucoup mieux qu'elle ne l'était
d'après la couleur du sang. Lamarck divise
' les animaux en invertébrés et vertébrés: Les
invertébrés sont les animaux les moins par-
faits; ils n'ont point de squelette; ils se divi-
sent en deux grandes sections : les animaux-
apathiques -et les animaux sensibles. Les ani--
maux apathiques comprennent les infusoires,
les polypes, les radiaires et les tuniciers. Lea
animaux sensibles forment huit classes : les
insectes, les arachnides, les crustacés, les an-
nélides, les cirrhipèdes, les conchifères et les
mollusques. Quant aux vertébrés ou animaux
intelligents, ils comprennent quatre classes:
les poissons, les reptiles, les oiseaux et les
. mammifères. Il faut remarquer que la classifi-
cation de Lamarck procède du simple au com-
posé; s'attachant à suivre le progrès de la
nature dans ses créations ; elle part de l'infu-
soire pour monter jusqu'à l'homme, au lieu de
commencer par l'homme pour descendre jus-
qu'à l'infusoire. De plus, elle ne dispose pas ■
les animaux sur une seule ligne; elle en
fait deux séries parallèles, celle des animaux
inarticulés, qui. comprend lea infusoires, les
polypes, les radiaires, les tuniciers, les con-
chifères et les mollusques ; celle des animaux
articulés, qui comprend les vers, les annéiides,
les arachnides, les insectes, les crustacés e*
les cirrhipèdes, .
des inarticulés
1 Infusoires,
RalS.
Tuniciers.
Conchifères.
Insectes.
Crustacés.
Cirrhipèdes.
f ( Poissons. ^
Vertébrés Intelligents . { g^;
V. ' Mammifères.
Cuvier divise les animaux en quatre em-
branchements ou types principaux : 1<> les
animaux vertébrés, subdivisés en quatre clas-
ses (mammifères, oiseaux, reptiles, poissons) ;
2» les mollusques, en six classes (céphalopodes,,
gastéropodes, acéphales, ptéropodes, brachio-
podes, cirrhopodes) ; 3° les articulés, en quatre
classes (annéiides, crustacés, arachnides, in-
sectes); 40 les zoophytes ou animaux rayonnes;
en cinq classes (échinodermes, vers intesti-
naux, acalèphes, polypes, infusoires).
Les vertébrés ont une moelle épinière qui
s'épaissit à son extrémité antérieure pour for-
mer l'encéphale ; cette moelle épinière est ren-
fermée dans un canal composé de vertèbres
osseuses ou cartilagineuses. Tous ont le sang
rouge, un cœur musculaire, des sens au nom-
bre de cinq, des mâchoires au nombre dodeux
et horizontales, les sexes séparés, un foie, une
rate, un pancréas, des reins, etc. ■ > > <
Les mollusques n'ont pas de moelle' épinière,
et par suite pas de vertèbres. Leur "système
nerveux consiste en .'un certain 'nombre de
représente 'le cerveau, au-dessous du canal
digestif; leurs muscles sont attachés à la
peau, enveloppe générale, molle et contractile,
tantôt nue, tantôt recouverte d'une coquille
de forme très-variable. Ils n'ont ni rate , iii
pancréas, ni reins ; l'organe de l'odorat manque
a tous, celui de la vue à plusieurs ; une seule
classe possède celui de louïe; mais ils ont
tous un système complet et double de circula-
tion, etc.
Les articulés ont une sorte de moelle épï-
49
386 ANI
Bière composée de deux cordons, qui régnent
de la tète à l'anus, au-dessolîs du canal diges-
tif, et s'unissent d'espace en espace par des
nœuds ou ganglions d'où partent des nerfs.
Leur corps, et leurs membres, quand ils en
ont, sont formés d'anneaux. Ils ont une peau
-plus ou moins solide, quelquefois cornée, à
laquelle s'attachent des muscles intérieurs.
Les zoophytes ou rayonnes sont formés sur
tin plan tout différent dés précédents, car, au
lieu d'avoir leurs organes des sens et du mou-
vement placés de chaque côté d'un axe, symé-
triquement, ils les ont autour d'un centre,'ce
quileur donne la forme et la disposition circu-
laire des fleurs.
Il faut remarquer que, dans la classification
de Cuvier, ce sont les modifications du sys-
tème nerveux qui donnent les embranche-
ments, et les modifications des organes de la
circulation et de la respiration qui donnent les
classes.
TABLEAU »B LA CLASSIFICATION DE CUVIER
[Mammifères.
*> Vertébrés...}™™™-
(Gastéropodes.
/ Brachioi *
! Annélides.
Crustacés.
Arachnides.
iEchinodermes.
Intestinaux.
Acatèphes.
Polypes.
Infusoires.
11 place dans la série les articulés avant les
mollusques, et immédiatement après, les ver-
tébrés. Il subdivise l'embranchement des arti-
culés en deux sous-embranchements : celui
des articulés proprement dits, comprenant cinq
classes, les insectes, les myriapodes, les arach-
nides, les crustacés, les cirrhipèdes; et celui
des vers, renfermant trois classes, les annéli-
. «tes, les rotateurs et les helminthes.
L'embranchement des mollusques est égale-
ment subdivisé en deux sous-embranchements .-
les mollusques proprement dits, comprenant
cinq classes, les cépnalopodes,\es gastéropodes,
les ptéropodes , les acéphales lamellibranches
et les brachiopodes ; les molluscoldes, qui ren-
ferment les deux classes des tuniciers et des
bryozoaires.
Enfin le quatrième embranchement est aussi
partagé en deux sous -embranchements : les
radiaires, qui renferment les trois classes des
échinodermes , des acalèphes et des polypes;
et les zoophytes globuleux, qui comprennent
les deux classes des ipfusoires et des spon-
giaires.
A côté de la classification de Cuvier, nous
devons placer celle de Blainville, qui est beau-
coup moins connue. Ce naturaliste, au lieu de
- quatre embranchements de même valeur ,
forme trois sous-règnes : le premier, celui des
zygomorphes, ou animaux pairs, comprend
les trois embranchements de Cuvier; ce sont
les animaux formés de parties paires symé-
triques de chaque côté d'un axe; le second,
celui des actinomorphes, comprend les zoo-
phytes dont le,s parties sont disposées autour
d'un centre comme les rayons d'un cercle ; le
troisième, celui des hétéromorphes, comprend
les animaux qui n'offrent ni l'une ni l'autre de
ces deux dispositions.
Le sous-règne des zygomorphes se par-
tage en trois types : les ostéozoaires (ver-
tébrés ) , qui sont articulés intérieurement ;
les entomozoaires (articulés), qui sont articulés
extérieurement; les malacozoaires (mollus-
ques), qui sont inarticulés. Les ostéozoaires
comprennent sept classes : 1<> les pilifères
(mammifères), animaux à mamelles ou vi-
vipares, revêtus de poils; 2° les pennifères
(oiseaux), sans mamelles ou ovipares, ayant
des poumons et revêtus de plumes ; 3<> les
ptérodactyles, animaux fossiles ayant dû être
ovipares, avec, des poumons, des ailes et des
écailles; 40 les squammifères (reptiles), ovi-
pares a poumons, revêtus d'écaillés, mais sans
ailes ; 5« les ichthyosaures, animaux fossiles
ayant dû être ovipares, avec des poumons et
un corps pisciforme , muni de nageoires ;
6<> les nudipellifères ou amphibiens, ovipares à
poumons, avec la peau nue ; 70 les pinnifères
\poissons) , ovipares qui respirent dans l'eau
par des branchies et qui sont munis de na-
geoires.
Les entomozoaires so,nt divisés en neuf
classes, d'après la présence, le nombre et la
structure de leurs appendices ambulatoires :
îo les hexapodes (insectes), qui ont des appen-
dices ambulatoires articulés au nombre de
six; 2» les octopodcs (arachnides), qui en ont
huit; 30 les décapodes, qui en ont dix ; 4° les
hétéropodes, qui en ont un nombre variable ;
50 les tétradécapodes, qui en ont quatorze ;
go les myriapodes, qui en ont au moins autant
de paires que d'anneaux ; 70 les malacopodes.
ANI
dont les appendices ambulatoires sont mous
et subarticulés ; 8» les chétopodes, qui ont des
pieds inarticulés: 9<> les apodes, qui manquent
de pieds. Les décapodes, les hétéropodes et
les tétradécapodes correspondent à la classe
des crustacés de Cuvier ; les chétopodes et les
apodes a celle des annélides.
Les malacozoaires forment trois classes :
1° les céphaliens, qui ont une tête trèsniis-
tincte ; les céphalidiens, qui ont une tête peu
distincte; les acéphaliens, qui n'ont pas de
tête.
Le sous-règne des actinomorphes ne ren-
ferme qu'un seul type, celui des actinozoaires,
lequel se divise en cinq classes : 1" les cirrho-
dermaires, qui ont la peau munie de suçoirs ;
£0 les arachnodermaires, qui ont la peau ex-
trêmement fine ; 30 les zoanthaires, dont les
tentacules sont gros, creux et en grand nom-
bre ; 40 les polypiaires, à tentacules filiformes ;
50 les zoophytaires, à tentacules pinnés. Les
cirrhodermaires et les arachnodermaires sont
libres ; les actinozoaires des trois autres clas-
ses sont ordinairement agrégés.
Le sous-règne des hétéromorphes forme une
seule classe, les amorphozoaires, qui comprend
les infusoires et les spongiaires.
II
ANI
i3° Ptérodactyles.
•40 Squammifères.
50 Icnthyosaures.
6» Nudipellifères.
70 Pinnifères.
iS° Hexapodes.
90 Octopodes.
I0o Décapodes.
1 10 Hétéropodes.
12» Tétradécapodes.
130 Myriapodes.
140 Malacopodes.
150 Chétopodes.
i6o Apodes.
(170 Céphaliens.
.! 18» Céphalidiens.
[190 Acéphaliens.
{ 40 Actinozoaires. .
\22o Zoanthaires.
/23oPolvpiaires.
(240 Zoophytaires.
1250 Amorphozoaires.
MM. Paul Gervais et Van Beneden divisent
le règne animal en trois grands embranche-
ments, comparables à ceux que l'on a établis
parmi les végétaux, et fondés, comme ces der-
niers, sur des caractères fournis par l'embryo-
génie : 1» les animaux hypocotylés ou verté-
brés, dont l'embryon présente une vésicule
ombilicale ou vitelline, insérée à la face ven-
trale du corps, et qui possèdent une moelle
épinière sus-intestinale et un squelette inté-
rieur; 20 les animaux épicotylës ou articulés
proprement dits, dont l'embryon présente une
vésicule vitelline placée sur le dos et non
sous le ventre, qui sont articulés extérieure-
ment, possèdent une chaîne nerveuse sous-in-
testinale de forme ganglionnaire, et des pattes
articulées ; 30 les animaux allocotylés ou mol-
lusco-radiaires, dont l'embryon, généralement
cilié, ne présente ni la disposition hypocotylée,
ni la disposition épicotylée.
L'embranchement des hypocotylés ou ver-
tébrés se divise en deux types, celui des
allantoldiens (pourvus d'une vésicule allan-
toïde), comprenant trois classes : les mammi-
fères, les oiseaux et les reptiles; et celui des
anallantoïdiens (sans allantoïde), comprenant
deux classes : les amphibiens et les poissons.
L'embranchement des épicotylés ou arti-
culés se divise en deux types, celui des hexa-
podes, qui ne renferme qu'une seule classe,
les insectes; et celui des hétéropodes , qui
comprend quatre classes, les myriapodes, les
arac/mides,\es crustacés, les rotateurs.
L'embranchement des allocotylés ou mol-
lusco - radiaires est partagé en cinq types :
1° celui des mollusques, qui comprend six
classes : les céphalopodes, les céphalidiens, les
brachiopodes, les lamellibranches, les tuniciers
et les bryozoaires ; 20 celui des vers, qui com-
prend quatre classes : les annélides, les néma-
loïdes, les cotylides et les turoellariés ; 30 le
type des échinodermes ,• qui renferme trois
classes : les échinides, les stellêrides et les ho-
phores, les zoanthaires, les cténocères
spongiaires ; 50 enfin le type des protozoaires,
qui renferme'deux classes : les infusoires et les
rhizopodes.
Anallantoïdiens.
' [30 Hexapodes ....
[ 30 Reptiles.
4"> Amphibiens.
50 Poissons.
70 Echinodermes .
' 90 Protozoaires. .
!8o Arachnides.
90 Crustacés.
100 Rotateurs.
/no Céphalopodes.
1 12» Céphalidiens.
113» Brachiopodes.
,/i4°LamelliÉran-
fl 50 Tuniciers.
\16» Bryozoaires.
170 Annélides.
ISO Nématoïdes.
,190 Cotylides.
200 Turbellariés.
2fo Echinides.
220 Stellêrides.
230 Holothurides.
'24oCténophores.
|25oDiscophores.
260 Zoanthaires.
I270 Cténocères.
280 Spongiaires.
,290 Infusoires.
30o Rhizopodes.
On a pu voir que; pour les zoologistes fran-
çais, la classification doit être Pexpression
fidèle et rigoureuse des faits observés ; les
naturalistes allemands ont fait une plus large
part à l'idée pure, à la spéculation philosophi-
que. Carus représente le développement du
règne animal au moyen.de trois cercles con-
centriques, dont l'organisation humaine est le
centre, et dont le premier, le plus éloigné de
l'homme , embrasse les animaux qui expri-
ment un état de persistance de l'œuf par la
prédominance de l'albumine, la tendance &
conserver la forme globuleuse, le peu d'hété-
rogénéité de l'organisation, et surtout l'ab-
sence d'opposition prononcée entre des nerfs
et un système sanguin. Il donne le "nom d'oo-
zoaires aux animaux de ce premier cercle
(infusoires, zoophytes, radiaires).
Dans le second cercle du règne animal, on
observe un antagonisme clairement exprimé
entre le système nerveux et le système san-
guin ; le ventre (estomac intestins et organes
génitaux) et la poitrine (branchies, poumons,
trachées, cœur), réunissent^ dans l'idée du
tronc, les organes les plus importants de la
vie végétative. Les animaux de ce second
cercle sont désignés sous le nom de corpo-
zoaires. Ils se partagent en deux classes : les
gastrozoaires ( mollusques) , chez lesquels
prédominent les organes abdominaux : les
thoracozoaires (articulés), caractérisés d'une
manière spéciale par le développement des
organes pectoraux.
Dans le troisième cercle, les organes cen-
traux de la vie animale prennent, chez les
animaux supérieurs, la forme d'une tète, dans
laquelle sont réunis les organes sensoriaux les
plus parfaits, le système nerveux se déploie
en un cerveau, et la colonne vertébrale, sup-
port de tous les organes locomoteurs, acquiert
son plus haut degré de développement. Les
animaux compris dans ce troisième cercle
prennent le nom de céphalozoaires. Ils se par-
tagent en quatre classes : les céphalo-cedoio-
zoair.es (poissons), qui se distinguent par la
prédominance de la forme animale primaire,
c'est-à-dire de la forme ovarienne des orga-
nes génitaux ; les céphalo-gastrozoaires (rep-
tiles), qui, parla prédominance d~-
abdominaux, répètent les gastroi
cépkalo-tkoracozoaires (oiseaux), qui, par la
prédominance des organes pectoraux, répè-
tent les thoracozoaires ; enfin les céphalo-cé-
phalozoaires (mammifères), qui sont les véri-
tables représentants du cercle. « Tous les
développements disséminés dans ces sept
formes fondamentales du règne animal, dit
Carus , se réunissent, sous la lumière de la
liberté et de la conscience de soi-même, dans
une organisation qui représente le centre des
cercles de l'animalité , l'organisation de
l'homme. Mais comme la lumière pure, que
nous obtenons en réunissant les couleurs du
spectre au foyer d'une lentille, ne porte pas le
nom de couleur, quoiqu'elle renferme en elle
la possibilité de toutes les couleurs, de même,
l'homme , quoique répétant en lui tous les
__: __ peuj néanmoins être
Nous dev
de Carus, le„ „ „ ,
dres, et que ceux-ci sont fondés sur les rap-
ports de chaque classe avec les classes infé-
rieures qu'elle répète, et avec les classes plus
élevées qu'elle semble préparer. Ainsi, par
exemple, la classe des thoracozoaires ou arti- |
ANI
culés renferme un ordre, les hexapodes on
insectes , qui se rapproche des céphalo-thora-
cozoaires ou oiseaux ; dans celle des céphalo-
gastrozoaires ou reptiles, ceux qui ont des
branchies forment un ordre qui répète les cé-
phalo-œdoiozoaires ou poissons; enfin, dans la
classe des céphalo-céphalozoaires , les trois
premiers ordres' désignés sous les noms de
nageurs, de rampants et de votants, ont des
rapports, le premier avec les céphalo-œdoio-
zoaires, le second avec les céphalo-gastro-
zoaires, le troisième avec les céphalo-thoraco-
zoaires. Ces trois ordres se répètent deux fois
de suite dans les ordres suivants : les nageurs
dans les plongeurs et dans les pachydermes,
les rampants dans les marsupiaux et les rumi-
nante, les volants dans les rongeurs et dans les
carnivores. Un dixième ordre, celui des qua-
drumanes, comprend les animaux qui ont des
rapports avec la forme humaine.-
■ III. — Tendances de la nature dans la
CONSTITUTION DU REGNE ANIMAL. V. ANALO-
GUES, Arrêts de développement, Balance-
ment organique, Connexions, division du
travail physiologique, Organes hudimen-
t aires, série animale, unité de composi-
TION, etc.
IV. — Distribution géographique des ani-
maux. — Diversité des faunes. • Dans les ani-
maux, dit Buffon, les différences des espèces
semblent dépendre des différents climats ; les
unes ne peuvent se propager que dans les pays
chauds , les autres ne peuvent subsister que
dans des climats froids; le lion n'a jamais ha-
bité les régions du Nord , le renne ne s'est
jamais trouvé dans les contrées du Midi ; et il
n'y a peut-être aucun animal dont l'espèce soit,
comme celle de l'homme, généralement ré-
pandue sur toute la surface de la terre : chacun
a son pays, sa patrie naturelle,' dans laquelle
chacun est retenu par nécessité physique;
chacun est fils de la terre qu'il habite, et c'est
dans ce sens qu'on doit dire que tel ou tel
animal est originaire de tel ou tel climat. »
Ainsi les animaux sont sous la dépendance du
sol; leurs espèces changent avec le climat;
chacune des grandes divisions géographiques
du globe présente une faune d'un aspect par-
ticulier, et qui peut être facilement caracté-
risée par la présence de certaines espèces plus
ou moins remarquables.
On peut compter onze centres principaux
de populations animales distinctes : 10 Asie
centrale ; 20 Asie du Nord et Europe du Nord ;
'30 Europe centrale: 40 Afrique du Nord;
50 Afrique méridionale ; (jo Inde ; 7» archipel
indien ; so lie de Madagascar ; 90 Amérique du
Nord"; 10° Amérique méridionale; il» Nou-
velle-Hollande.
L'Asie centrale nous donne le cheval, l'hé-
mione, l'âne, le chameau, le dromadaire, l'ours
du Thibet, le yack ou vache grognante de Tar-
L'Asie du nord, jointe à l'Europe du Nord,
nous offre l'hermine , la marte zibeline , le
lemming, l'élan, le r<
le renard, la genette, lé blaireau d'Europe, etc.
L'Afrique du Nord, jointe à l'Arabie et à la
Perse, possède l'hyène rayée, le lion, la pan-
thère, 1 once, la gerbille des Pyramides, celle
de Nubie, la gazelle, le caracal, le lynx des
marais, le lynx botté, plusieurs antilopes, etc.
L'Afrique méridionale a l'éléphant aux
grandes oreilles, l'hippopotame, le rhinocéros
à deux cornes, la girafe, le zèbre, le couagga,
le daw, le buffle du Cap, l'oryctérope, le pan-
golin à longue queue, le chimpanzé, le papion
noir, le babouin, le drill, le mandrill, 1 hyène
tachetée, l'hyène brune, la civette, le léo-
pard, etc.
Dans l'Inde, nous trouvons l'éléphant' à
courtes oreilles , le rhinocéros unicorne , le
tigre de Bengale, le zibeth, le paradoxure,
l'ours jongleur, le pangolin à queue courte, le
guépard, etc.
L'archipel indien nous présente te rhino-
céros de Java,, celui de Sumatra, l'orang-
outang, le gibbon, l'ours malais, etc.
L'Ile de Madagascar, bien que voisine de
l'Afrique, ne possède aucun des grands qua-
drupèdes de cette partie de l'ancien continent,
mais elle est l'habitation exclusive des makis)
de l'indri, de l'aye-aye, etc.
L'Amérique du Nord a plusieurs écureuils,
AN!
plusieurs marmottes, l'ondatra, le lëmming de
la baie d'Hudson, un blaireau, plusieurs re-
nards, plusieurs martes, l'ours noir, le cerf du
Canada, le bison, l'ovibos, etc.
L'Amérique méridionale est la patrie des
singes à queue prenante, du puma, du Jaguar,
i, des four-
du
r, de f ocelot, du lama, de lavi
uu uoUguar, ue i uuciul, uu lauiu, i
du cabiai, de l'agouti, des sarigi
miliers, des paresseux, des tatous,
des tapirs, etc.
Enfin, la Nouvelle-Hollande nous présente
une faune qui n'est pas moins étrange que sa
flore. On n'y voit plus d'espèces analogues a
nos bœufs, à nos chevaux, à nos moutons, à
nos ours, plus de quadrupèdes de grande
taille ; mais des kanguroos, des phascolomos,
des dasyures, des péramèles, des phalangers
volants, l'échidné au corps armé de piquants,
aux pieds courts et aux longues griffes, l'orni-
thorhynque au museau en bec de canard.
— Conditions qui ont déterminé la distribu-
tion primitive des espèces animales. Pour expli-
quer la différence des faunes, la plupart des
naturalistes supposent des centres de création
distincts, où les diverses espèces auraient pris
__! > "orjgine des choses, et d'où elles
occuper une portion pL_ ._
rable de la surface de la terre. «En effet, dit
M, Milne Edwards, la présence d'un animal
particulier dans un -point restreint du globe
suppose nécessairement , lorsque cet ani-
mal ne se rencontre pas ailleurs, qu'il est
originaire de ce point, ou bien qu'il y est arrivé
par émigration d'une région plus ou moins
éloignée, et qu'ensuite il aura été complète-
ment détruit là où était le berceau de sa race ,
précisément là où, suivant t:>ute probabilité,
devaient se trouver réunies toutes les condi-
tions les plus favorables à son existence. Rien
ne milite en faveur de cette dernière hypo-
thèse, et il répugne au sens commun de croire
que. dans le principe, le même pays a vu naître
le cheval, la girafe, le bison et le kanguroo,
par exemple , mais que ces animaux l'ont
ensuite quitté sans y laisser de traces de leur
passage pour aller se cantonner, l'un dans les
steppes de l'Asie centrale; l'autre dans l'inté-
rieur de l'Afrique, un troisième dans le nou-
veau monde , et un autre encore dans les :
grandes îles de l'Australie. » |
Les conditions qui, dans l'hypothèse de la i
■ pluralité des centres de création, ont déterminé j
primitivement la distribution géographique des
espèces animales sont : 1° les climats; 2» les
habitats-; 30 les flores; 4» les faunes; 50 enfin,
des conditions d'origine jusqu'ici inconnues. j
1° La richesse zoologiqtie d'un pays est en j
rapport avec le climat de ce pays. « Le nombre !
des espèces, tant marines que terrestres, dit
M. Milne Edwards, augmente en général à |
mesure que l'on descend des pôles vers l'équa- j
teur. Les terres polaires les plus reculées !
n'offrent guère au voyageur que quelques j
insectes, et dans les mers glacées de ces cli-
mats, les poissons et les mollusques sont pe.u
variés; dans les climats tempérés, la fauiie j
devient plus nombreuse en espèces; mais c'est j
dans les régions tropicales que la nature s'est
montrée le plus prodigue a cet égard, et le
zoologiste ne peut voir sans étonnement la
diversité sans fin des animaux qui s'y trouvent
accumulés. >
On peut constater également l'influence du
climat sur la nature des animaux et sur leur
perfection organique. C'est dans les climats
chauds que vivent les animaux les plus remar- .
quables par la grandeur de leur corps, la
beauté de leurs couleurs, la variété de leurs
formes. On y trouve les espèces les plus voi-
sines de l'homme, et celles qui, dans chaque
division zoologique, présentent l'organisation
la plus compliquée. Les climats tempérés ont
une faune plus restreinte ; les formes y sont
moins développées, moins variées, les couleurs
moins brillantes. Les pays froids ne nourris-
sent guère que des animaux de petite taille.
Ajoutons que l'analogie des climats entratne
l'analogie des faunes : ainsi on observe une
frande ressemblance entre les animaux qui
abitent la région boréale et la région australe,
et l'on voit prédominer des formes semblables
, dans les contrées tropicales des deux mondes.
Les régions soumises à la même température
n'offrent pas, il est vrai, des espèces identi-
ques, mais des espèces voisines, et qui sem-
blent représenter le même type.
jo Les habitats sont les centres où vivent
les animaux d'espèce et d'organisation déter-
minées. Les principaux centres d'habitation
sont la mer, les eaux douces courantes ou
stagnantes, les eaux saumâtres, les terres
élevées et sèches, les montagnes, les terres
, . basses et humides, les bords de la mer, les
bords des eaux douces.
On peut, au point de vue de l'habitat, diviser
les animaux en deux grandes classes : les ani-
maux, aquatiques et les animaux terrestres ou
aériens. La vie terrestre exige des conditions
organiques spéciales, une grande complication
de structure. Elle est impossible aux animaux
dont les tissus sont trop mous pour se soutenir
par eux-mêmes dans l'air, et s'y affaissent au '
point de devenir inaptes à remplir leurs fonc-
tions dans l'économie. ,Elle l'est également à
tous ceux dont l'organisation n'a pas été cal-
culée de manière à prévenir les effets nuisibles
de la dessiccation des tissus produite par l'éva-
poration qui se fait dans l'air. Nous pouvons
ajouter que, chez les animaux aériens, les
organes le la préhension et de la locomotion
AM
doivent nécessairement'ètre plus parfaits que
chez les animaux aquatiques, le transport des
matières étant plus difficile a opérer dans l'air
que dans l'eay. En un mot, la vie est plus pas-
sive et demande moins d'efforts ( par consé-
quent, des instruments physiologiques plus
simples) au sein des eaux qu'à la surface de
la terre; aussi les eaux sont-elles l'élément
naturel des animaux les plus inférieurs dans
la série zoologique, et, d'après une induction
naturelle, l'élément dans lequel ont dû se pro-
duire les premières manifestations de la vie.
« L'animalité, a dit M. Toussenel, a pris nais-
sance au sein de l'onde, comme Vénus. »
considérations d'habitat se rattache le
quelles on les trouve. L'ancien continent, qui
remporte de beaucoup en surface sur le nou-
veau, est aussi celui qui nourrit les plus grands
animaux ; on ne retrouve pas ailleurs l'élé-
phant, le rhinocéros, l'hippopotame, le cha-
meau, le lion, le tigre, 1 autruche, le casoar.
L'Amérique ne renferme que des tailles secon-
daires : les trois grands pachydermes ne s'y
trouvent pas ; le chameau y est représenté par
le lama , le lion par le puma , le tigre par le
jaguar. La Nouvelle-Hollande ne possède pas
de plus grands mammifères que les Kanguroos.
A Madagascar, on trouve des formes encore
moindres. La loi s'applique aux animaux aqua-
tiques comme aux animaux terrestres : ainsi,
les eaux de la mer, qui occupent la plus grande
surface du globe, renferment les espèces les
plus volumineuses que l'on connaisse , la ba-
leine, le cachalot, etc. ; les poissons des neuves
sont plus grands que ceux des rivières, et ces
derniers remportent sur ceux des ruisseaux.
Comment expliquer cette relation entre les
formes et les milieux? Est-ce un rapport de
, __ jveloppement des
formes est-il préordonné en vue des milieux ,
ou bien les milieux déterminent-ils le déve-
loppement des formes? M. Gérard (Diction-
naire universel d'histoire naturelle) se prononce
dans ce dernier sens. Suivant ce naturaliste,
cette proposition : la taille des animaux est en
rapport avec l'étendue des régions qu'ils habi-
tent, peut se traduire ainsi : le développement
des formes animales dépend de l'abondance
des sources de nutrition.
3° La population zoologique d'un pays est
en rapport direct avec la flore de ce pays.
Aux lieux où croissent les plantes aquatiques
dont les graines servent de nourriture aux
palmipèdes, se trouvent des oiseaux de cet
ordre. Les bois ombragés sont les lieux pro-
pres à la croissance des champignons, et par
là même des insectes myeétophages vivant
entre les lames ou dans les tubes de ces'cham-
pignons. Les lieux dont la flore est pauvre
sont peu riches sous le rapport zoologique ,
tandis que les pays riches en végétaux ont
une faune très-étendue. Que l'on compare,
par exemple, l'Amérique du Sud, boisée, tra- .
versée par de grands fleuves, avec les plaines
de sable de l'Afrique. Les climats septentrio-
naux présentent une faune pauvre et rabougrie
comme leur flore.
40 Cette solidarité qui existe entre la faune
et la flore de chaque pays se retrouve entre
les parties d'une même faune, de sorte que
l'étude d'une partie de faune permet de dé-
duire le reste de la population zoologique. La
distribution de telle ou telle espèce est natu-
rellement subordonnée à celle des espèces qui
lui servent • de nourriture. A côté de chaque
groupe phytophage se trouve un groupe créo-
phage. Partout où vous trouvez des insecti-
vores, il y a nécessairement des insectes;
partout où vous trouvez des insectes, il y a
probablement des insectivores. Les arachnides
annoncent les diptères ; les petits carnassiers
annoncent les gallinacés, les oiseaux d'eau, etc.
50 Tout, dans la distribution géographique
des animaux, ne saurait s'expliquer par l'ac-
tion prolongée des milieux et des climats, ni
par les considérations de finalité et d'harmonie.
Pourquoi les climats et les habitats identiques
ne possèdent-ils pas des espèces identiques?
Pourquoi les singes du nouveau continent ont-
ils tous trente-six dents, tandis que tous ceux
de l'ancien continent ont trente-deux dents
comme l'homme? Pourquoi dans l'un trouve-
t-on des éléphants, et n'en trouve-t-on pas
dans l'autre? Pourquoi le type des marsupiaux
prédomine-t-il parmi les mammifères de l'Au-
stralie, et non ailleurs? Il est impossible d'allé-
guer ici la différence des climats, des habitats,
des flores ; car l'éléphant, dont l'espèce ou les
espèces congénères ont jadis vécu en Amé-
rique, y vivrait aussi bien, à des latitudes con-
venables , qu'en Asie ou en Afrique ; car le
bœuf et le cheval, depuis qu'on les a trans-
portés en Amérique, y vivent et s'y propagent
a l'état sauvage comme à l'état domestique,
non moins bien que dans l'ancien monde, d'où
ils proviennent. La raison de tous ces faits
est, selon M. Cournot, dans des faits antécé-
dents, dans des données que ce savant nomme
historiques ; « non, diUil, qu'elles puissent être
connues pour la plupart Historiquement, at-
tendu que les monuments d'une telle histoire
ont presque tous péri , mais parce que nous
concevons une série d'événements ou de faits
qu'un témoin intelligent aurait pu noter en
leur temps, et qui donneraient lafclef des faits
actuels. Les organismes vivants , ajoute-t-il,
gardent l'empreinte de certaines particularités
2'origine et des faits auxquels a donné lieu le
ANÎ
— Causes qui ont modifié et modifient la dis-
tribution primitive des animaux en favorisant
leur dissémination. La distribution primitive
des animaux n'a cessé, ne cesse d'être modifiée
par les diverses causes qui favorisent la dissé-
mination d'un certain nombre d'espèces ; aussi
est-il souvent difficile de connaître le lieu
d'origine de tel ou tel animal, en raison des
échanges multipliés qui' peuvent avoir eu lieu
entre des faunes analogues et primitivement
distinctes. Lorsqu'une espèce est répandue au
loin, comme le bœuf, le cheval, la orebis, on
ne peut lui assigner sa véritable patrie qu'à
l'aide de documents historiques : or, ces docu-
ments, quand ils ne font pas défaut, sont
presque toujours insuffisants.
Les circonstances qui favorisent la dissémi-
nation des espèces sont de deux ordres : les
unes tiennent a la nature de l'animal lui-même,
les autres à des causes qui lui sont étrangères.
Au nombre des premières, on doit mettre en.
première ligne le développement de la puis-
sance locomotive. Les espèces qui possèdent
des organes de locomotion imparfaits doivent,
on le comprend, toutes choses égales d'ailleurs,
n'occuper qu'une portion bien restreinte du sol,
comparées aux espèces qui ont les mouve-
ments de translation rapides et énergiques :
aussi est-ce dans la classe des oiseaux parmi
les animaux terrestres, et dans celle des pois-
sons parmi les animaux aquatiques, que nous
trouvons le plus d'espèces cosmopolites. Les
reptiles, au contraire; sont en général confinés
dans des limites étroites, et il en est de même
de la plupart des mollusques et des crustacés.
Parmi les causes étrangères à l'animal, la
plus active est l'influence de l'homme. Il a
modifié partout les conditions climatériques,
les habitats et les flores ; il a détruit, refoulé
les animaux qui lui étaient nuisibles ; il a mul-
tiplié, transporté«d'un bout du monde à l'autre
ceux qui lui étaient utiles; il a importé en
Europe, de l'Amérique, le dindon et le hocco.:
de l'Inde, le paon; de la Chine, le faisan dore
et le faisan argenté ; de l'Afrique, la pintade ;
il a jeté sur les côtes d'Amérique des bœufs et
des chevaux qui y sont redevenus sauvages
et peuplent d'immenses savanes.
Des circonstances fortuites ont souvent per-
mis à certains animaux de franchir des bar-
rières qui pouvaient sembler insurmontables.
« Rien n'est plus commun, dit M. Milne
Edwards, que de rencontrer en mer, à des
centaines de lieues de toute terre, des fucus
flottant à la surface de l'eau et servant d'appui
à de petits crustacés incapables par eux-
mêmes de se transporter à la nage loin des
côtes où ils ont pris naissance. • Le même na-
turaliste nous montre le' grand courant ma-
ritime, connu sous le nom de gulf-stream]
entraînant des côtes d'Amérique aux côtes
d'Europe des troncs d'arbre habités par des
larves d'insectes ou donnant attache à des
œufs de mollusques ou de poissons. Enfin cer-
tains animaux deviennent, comme l'homme,
des agents de diffusion des espèces inférieures.
Ainsi les oiseaux, oui souvent ne digèrent pas
les œufs qu'ils avalent, les évacuent parfois à
des distances considérables du point où ils les
avaient trouvés, apportant ainsi à certaines
contrées les germes de races qu'elles ne con-
naissaient point jusqu'alors.
— Causes qui contribuent àmaintenir la dis-
tribution primitive des animaux en s'opposant
à leur dissémination. Les causes qui ont main-
tenu et tendent à maintenir un grand nombre
d'espèces confinées dans leur habitat primitif
consistent en des obstacles mécaniques ou phy-
siologiques. Parmi les premiers, on doit signaler
d'abord les mers. La laune terrestre de PAmé-
rique tropicale trouve dans l'océan Atlantique
une barrière infranchissable qui ne lui permet
pas de se mêler aux espèces de la zone cor-
respondante de l'ancien continent. Le mélange
ne peut se produire que vers le pôle boréal, où
les terres des deux mondes se rapprochent, où
l'Amérique n'est plus séparée de l'Asie que par
le détroit de Behring, et se trouve liée au nord
de l'Europe par le Groenland et l'Islande. Aussi
n'est-ce qu'aux pôles que l'on trouve des es-
pèces communes aux deux continents : l'ours
blanc, le renne, le castor, l'hermine, le faucon
pèlerin, l'aigle à tête blanche, etc. Le même
obstacle arrête la dispersion des espèces aqua-
tiques vivant près des côtes : c'est ainsi qu'il
y a peu d'espèces de poissons communes aux
côtes opposées de l'Atlantique. La hauteur des
montagnes s'oppose également au mélange des
faunes, malgré le voisinage des régions aux-
quelles elles appartiennent : ainsi les deux
versants de la Cordillière des Andes nourrissent
des espèces qui, pour la plupart, sont diffé-
rent»!) ; et les insectes de la région brésilienne,
par exemple, sont presque tous distincts de
ceux que l'on rencontre au Pérou ou dans la
Nouvelle-Grenade.
Les obstacles physiologiques, qui tendent à
maintenir la diversité des faunes, se rapportent
aux conditions mêmes qui les ont primitivement
limitées, c'est-à-dire à la diversité des climats
et des flores. Si quelques espèces, comme
l'homme et le chien, supportent également le
froid et la chaleur, il en est d'autres, comme le
singe, le lion, le renne, qui ne peuvent vivre
que sous l'influence d'une température déter-
minée, et qui sont naturellement arrêtées dans
leur marche de la ligne vers les pôles, ou des
pôlesvers la ligne, par les différences de climat.
AN!
38?
L'influence de la température sur l'économie
animale explique pourquoi certaines espèces
restent cantonnées et pour ainsi dire empri-
sonnées dans une chaîne de montagnes sans
pouvoir se répandre au loin dans des localités
analogues; ces espèces ne pourraient des-
cendre dans les plaines basses pour gagner
d'autres montagnes sans trouver des pays où
la température est bien supérieure à celle qui
leur convient.
Dans un grand nombre de cas, c'est la nature
de la végétation et de la faune préexistantes
dans un pays qui s'oppose à l'envahissement
de ce pays par des espèces étrangères. La
dissémination de telle ou telle espèce est né-
cessairement limitée par celle des végétaux
et des animaux dont elle se nourrit : c'est
ainsi que le ver à soie s'arrête forcément où
s'arrête le mûrier; que la cochenille ne peut
se répandre au delà de la zone où croissent les
cactus ; et qu'on ne peut s'attendre à trouver
de grands carnassiers dans les régions polaires
uvre pour nourrir un nom-
quadrupèdes herbivores.
— Opinion de M. Darwin sur les centres de
création. Un naturaliste anglais, dont les tra-
vaux occupent etdi visent depuis quelque temps
les savants et les philosophes, M. Darwin, a
exposé, dans son ouvrage de l'Origine des es-
pèces (V. Espèce, Origine des espèces), des
idées qui contredisent ce qu'on a lu plus haut
sur la diversité primitive des faunes, sur la
pluralité des centres de création. M. Darwin,
qui nous montre toutes les diversités du règne
animal sortant successivement de l'unité, grâce
à l'action des milieux et au principe de la sé-
lection naturelle, devait être conduit naturel-
lement à nier la théorie des actes -de création
indépendants, et à voir dans la pluralité des
faunes, non un fait primitif, mais un fait se-
condairement produit par les révolutions qui
ont donné aux continents et aux mers leur
configuration actuelle.
Des migrations possibles à une certaine
époque, plus tard devenues impossibles par
suite de changements géographiques et clima-
tériques, telle est l'hypothèse par laquelle il
explique la distribution des animaux sur le
globe. Vous trouvez dans telle contrée un
animal particulier : cela suppose, d'après
M. Darwin, que les parents de cet animal y
sont arrivés par émigration d'une région plus
ou moins éloignée, que ces colons ont été en-
suite séparés de leur patrie par une barrière
quelconque, et que leur race, sous l'influence
de l'habitat nouveau où elle était emprisonnée,
est devenue peu à peu une espèce distincte,
souvent très-différente de ses ancêtres.
• Le fait le plus frappant de la géographie
zoologique, dit M. Darwin, c'est que les bar-
rières de quelque espèce qu'elles soient, ou les
obstacles de toute nature aux libres migra-
tions des espèces , sont en connexion de la
manière la plus étroite et la plus importante '
avec les différences qu'on observe entre les
productions des diverses parties du monde. >
Que signifie ce rapport? — Cesontlesbarrières
naturelles, dit M. Milne-Edwards, qui empê-
chent le mélange des faunes primitivement
distinctes : elles ne créent pas la diversité des
faunes, elles la maintiennent. — Elles la créent,
dit M. Darwin : ces barrières naturelles qui
séparent actuellement les espèces animales
n'ont pas toujours existé; la diversité des
faunes dépend uniquement des phénomènes
qui ont produit cette séparation.
M. Darwin montre comment on peut se
rendre compte, d'après l'hypothèse des migra-
tions suivies de modifications, des principaux
fàit3 de la géographie zoologique. « Nous
apercevons, dit-il, pourquoi il existe un paral-
lélisme frappant entre la distribution des êtres
organisés dans l'espace et leur succession
géologique dans le temps; car, en l'un et
"autre cas, les êtres sont demeurés liés par
le fil d'une génération régulière, et les moyens
de modification ont été les mêmes pour tous.
Nous voyons toute la portée de ce fait mer-
veilleux qui doit avoir frappé chaque voya-
geur : c'est que, sur le même continent, sous
les conditions de vie les plus diverses, malgré
la chaleur ou le froid, sur les montagnes ou
dans les plaines, dans les déserts ou dans- les
marais, la plupart des habitants de chaque
grande classe sont étroitement alliés ; car, le
plus généralement, ils doivent être les descen-
dants des mêmes ancêtres, les premiers colons
de la contrée. Nous comprenons pourquoi
deux contrées qui ont été pendant une longue
Sériode de temps complètement séparées l'une
e l'autre renferment des habitants qui dif-
fèrent complètement, bien qu'elles présentent
des conditions de vie aussi semblables qu'il
est nécessaire à l'existence des mêmes es-
pèces ; car les relations d'organisme à orga-
nisme étant les plus importantes, et les deux
contrées ayant sans doute reçu des colons
d'une troisième source, ou l'une de l'autre, à
différentes époques et en diverses proportions,
le cours des modifications dans 1 une et dans
l'autre aire organique ft dû inévitablement
être différent. Nous voyons clairement pour-
quoi les îles océaniques doivent être peuplées
de rares espèces ; pourquoi des animaux inca-
pables de traverser de larges bras de mer,
tels que les grenouilles et les mammifères
terrestres, ne peuvent habiter ces îles ; pour-
quoi, d'un autre côté, des' espèces nouvelles
et particulières de chauves-souris , genre au
contraire doué de la faculté de traverser les
mers, doivent se trouver fréquemment sur de»
388 ANI
fles éloignées de tout continent. La présence
de ces espèces particulières de chauves-souris
et l'absence d'autres mammifères sur les îles
océaniques sont deux faits entièrement inex-
plicables d'après la théorie des actes de créa-
tion indépendants. • ■
— Distribution géographique 'des' mammi-
fères. 10 La géographie des cétacés est assez
peu connue. Les plus grands animaux de cet
ordre sont réfugiés aux deux extrémités oppo-
sées du monde, et l'on n'en peut citer qu un
seul qui soit cosmopolite dans toute l'acception
du mot : c'est le cachalot. Le lamantin habite
de préférence l'embouchure des grands fleuves
de l'Amérique méridionale, qu'il remonte rare-
ment plus haut que l'eau salée. Le dugong
paraît nabiter exclusivement les côtes de l'A-
frique et de l'Inde. Le narval est une espèce
rare qui ne s'aventure guère en deçà du quatre-
vingtième degré de latitude nord. Les diodons
et les hypérodons sont exclusivement propres
aux mers d'Europe. La baleine du nord ne des-
cend jamais vers le sud plus bas que les côtes
duJutland; celle du sud descend jusqu'au Cap.
Il faut remarquer que les cétacés font exception
à la loi d'après laquelle la taille des animaux
.diminue à mesure que la latitude augmente.
ï" Les ruminants ont, en général, pour centre
d'habitation les parties chaudes de l'Afrique
et de l'Asie. Les cerfs et les mouflons atteignent
des latitudes assez élevées ; les rennes et les
élans habitent les régions les plus froides. Le
lama n'appartient qu'à l'Amérique du -Sud.
La girafe caractérise la faune de l'Afrique
australe. On ne trouve aucun ruminant en
Australie.
3° Les pachydermes sont représentés dans
•le nouveau monde .par le tapir, le pécari, etc.
On n'en trouve aucun dans l'Australie. L'élé-
phant et le rhinocéros sont propres à l'Afrique,
aux Indes, et à l'archipel indien. Le sanglier
appartient à l'Europe et à l'Asie. Le genre
cheval a deux centres d'habitation distincts,
l'Afrique australe et l'Asie centrale ; l'Afrique
possède les espèces au pelage zébré, le dauw,
le couagga, le zèbre ; 1 Asie , les espèces au
pelage uni, l'âne, le cheval, l'hêmione.
40 Les édentés appartiennent spécialement à
l'Amérique méridionale. Ils ne se trouvent ni
en Europe, ni dans l'Amérique septentrionale,
ni dans r Australie.
5» Parmi les rongeurs, un grand nombre sont
répandus dans presque toutes les parties du
globe : tels sont les genres écureuil, rat, cam-
pagnol, lièvre, etc. Le cabiai et l'agouti ap-
Fartiennent en propre à l'Amérique du Sud ;
ondatra, à l'Amérique du Nord ; le chiromys,
à 111e de Madagascar; l'hydromys et le pseu-
domys, à la Nouvelle-Hollande. " ■
6<> Les marsupiaux sont surtout propres à la
Nouvelle-Hollande, qui possède les trois quarts
des animaux de cet ordre. On ne trouve de
marsupiaux ni en Europe ni en Afrique.
70 Les carnassiers abondent dans les régions
tropicales. L'Afrique est le pays qui en possède
le plus grand nombre. Le lion, le tigre, le léo-
part et la panthère sont exclusifs à l'ancien
continent: le puma et le jaguar, au nouveau
monde. L Australie ne possède aucun animal
du genre felis. Le loup est commun à l'Europe
et à l'Amérique du Nord. On trouve des espèces
du genre ours dans les régions les plus froides,
ainsi que dans les plus brûlantes.
8° La géographie des insectivores présente
peu d'intérêt. Les musaraignes ont des repré-
sentants sur tous les points du globe. Les
genres taupe et desman paraissent exclusifs à
rEurope. Madagascar a ses tenrecs. On ne
trouve aucun insectivore dans l'Australie. ■
9» L'ordre des chéiroptères est représenté
dans tous les centres de populations animales.
Les vespertilions et les oreillards sont cosmo-
polites. Les roussettes ne se trouvent que dans
les parties chaudes de l'ancien continent. L'A-
mérique possède en propre les noctilions, les
phyllostomes, les vampires, etc.
10» L'ordre des quadrumanes offre trois sys-
tèmes bien distincts : celui des singes de
l'Océanie, de l'Asie et de l'Afrique ; celui de
l'Amérique méridionale, et celui de l'île de
Madagascar. Tous les singes anthropoïdes ap-
Êartiennent à l'ancien continent. • Sumatra,
ornéo et' Java nourrissent l'orang-outang,
représenté en Afrique par le chimpanzé et le
gorille. Les singes américains, sans abaji
ni callosités, sont tous de Detite tr:"
l'Amériqi
i callosités, sont tous de petite taille : c'est
Amérique du Sud qui nourrit les pygmées de
l'ordre, les charmants ouistitis. Les makis ca-
ractérisent la faune de l'Ile de Madagascar.
On ne trouve de quadrumanes ni en Europe,
ni dans l'Amérique septentrionale, ni dans
l'Australie.
■ — Distribution géographique des oiseaux.
1. La plupart des palmipèdes, oiseaux na-
feurs et plongeurs, appartiennent aux régions
oréales et australes, trou ils se répandentdans
les pays tempérés, lorsque la rigueur du froid
les chasse de leur demeure d'été. On peut
citer un grand nombre de genres à vaste dif-
fusion : les genres oie, canard, cygne, pétrel,
cormoran, frégate, etc. Le genre pingouin
appartient en propre à l'Europe ; le genre
manchot aux mers de l'hémisphère austral.
L'Afrique a en commun avec l'Amérique
australe les genres anhinga, gorfou., ete. ;
■ avec les Indes et l'Océanie, le genre pélican ;
avec le Japon, la mer des Indes et l'Australie,
[ le genre albatros.
t. Les échassiers comprennent les oiseaux
ANI
riverains, et las coureurs ou brévipennes. Ces
derniers, qui sont les géants de la classe des
oiseaux, appartiennent aux contrées équato-
riales ; l'Afrique possède les autruches, 1 Amé-
rique les nandous ; les casoars sont particuliers
aux lies Moluques, et les émeus à la Nouvelle-
Hollande. Les oiseaux riverains sont plutôt
propres aux climats tempérés qu'aux régions
tropicales ; presque tous les genres sont repré-
sentés en Europe. Les diverses espèces des
genres héron, cigogne, grue, etc., lui sont
communes avec les parties chaudes de l'an-
cien continent. On peut considérer comme à
peu près cosmopolites les genres macroule,
pouîe d'eau, pluvier, courlan, etc.
3. L'Amérique méridionale est la région la
plus riche en gallinacés : elle contient le quart
des espèces connues; on y trouve les hoccos,
les pauxis, les top ros, les eudromies, les agamis,
les mégalonyx, etc. L'Amérique du Nord pos-
sède en propre le genre dindon. L'Afrique est
la patrie exclusive des piniades. L'Asie ren-
ferme les plus brillants gallinacés; les paons,
les éperonniers, les plectropèdes, les trago-
pans, les lophophores, la plus grande partie
des faisans, et les coqs sont essentiellement
propres au midi de cette région. Les tétras, les
perdrix, les colins, les cailles, les pigeons, etc.,
sont à peu près cosmopolites.
4. Lzsgrimpeurs appartiennent aux contrées
brûlantes des deux hémisphères. On ne trouve
d'espèces à grande diffusion que dans le genre
coucou. L'Europe ne possède en grimpeurs
que des coucous, des pies, une espèce du genre
torcol, un guêpier et un raartin-pêcheur. Le
sous-ordre des perroquets est représenté en
Afrique, en Asie, à Madagascar, dans les îles
de l'Océanie, à la Nouvelle-Hollande et en
Amérique ; c est cette dernière région qui en
contient le plus grand nombre ; on n'en trouve
ni en Europe,. ni dans l'Amérique septentrio-
nale, ni dans l'Asie septentrionale.
5. Les passereaux sont répandus sur tous
les points du globe , et s^lèvent jusqu'aux
régions boréales les plus rapprochées du pôle ;
mais leur centre véritable d'habitation se
trouve dans les régions tropicales des deux
mondes. Si l'on range les divers pays dans
l'ordre de leur richesse en passereaux, on a :
l» l'Amérique méridionale ; 20 l'Afrique ; 30 l'O-
céanie ; 40 l'Inde ; 5° l'Europe ; 6» l'Amérique
du Nord; 7» la Nouvelle-Hollande. Les passe-
reaux cosmopolites sont assez nombreux, ce
qui s'explique par les moyens de locomotion
dont ils sont pourvus. Parmi les espèces à
diffusion étendue,nôus citerons ; l'alouette com-
mune, qui se trouve en Europe, en Asie et en
Afrique; le moineau dit d'Espagne, qui habite
l'Egypte et les Moluques ; les pies, les cor-
beaux, les corneilles, qui appartiennent à la fois
à l'Europe et à l'Amérique septentrionale ; le
loriot, qui appartient à l'Europe centrale et à
l'Inde ; la grive, qui est commune à l'Europe et
aux Etats-Unis ; enfin plusieurs espèces de
fauvettes, que l'on trouve en France et dans
les climats chauds de l'Afrique, de l'Asie et de
l'Amérique. L'Amérique méridionale possède
en propre les pityles, les chipius, les bécardes,
les cotingas, les piauhaus, les guit-guits, les
picucules , les grallaries , les caciques , les
troupiales, les colibris, etc.
6. Les rapaces ou accipitres paraissent faire
exception, comme les cétacés dans la classe
des mammifères, à la loi de .la décroissance
de la taille suivant les latitudes. Dans les
genres aigle, faucon et vautour, se trouvent
des espèces a diffusion très-étendue. L'ancien
continent n'a pas de rapaces qui lui soient
propres; l'Amérique méridionale possède les
caracaras, les rancancas, les eymindis , etc.
Le genre effraye dans les rapaces nocturnes
est 5 peu près cosmopolite.
— Distribution géographique des reptiles.
1. "Parmi les batraciens, les crapauds et les
grenouilles sont répandus sur presque toute la
surface du globe ; le genre protée est propre
à l'Europe ; les genres sirène , amphiume ,
axolotl, etc., appartiennent exclusivement à
l'Amérique du Nord.
2. Les ophidiens appartiennent spécialement
aux régions chaudes et humides. Les vipères
proprement dites sont répandues dans presque
tous les pays. Les najas sont propres à I E-
gypte et a 1 Inde. Les crotales habitent l'Amé-
rique, où ils sont répandus depuis les Etats-
Unis jusqu'à la Guyane. Les pythons, qui sont
les plus grands ophidiens de l'ancien continent,
appartiennent aux îles de la Sonde et à l'Afri-
que. Les boas se trouvent principalement dans
1 Amérique du Sud ; il y en a aussi quelques
espèces dans les autres parties du monde ,
l'Europe exceptée.
3. Les sauriens habitent les régions tropi-
cales des deux hémisphères ; on en trouve peu
dans les pays tempérés, et ils ne dépassent pas
le 50me degré ûe latitude. Les iguaniens
sont presque tous de l'Amérique du Sud ; les
caïmans appartiennent aux deux Amériques ;
le genre crocodile à l'Afrique, à l'Asie et à
l'Amérique australe, et le genre gavial à la
presqu'île indienne.
4. D'après leur habitat, les chéloniens se
divisent en terrestres, palustres, fiuviatiles et
marins. Les chéloniens marins sont les plus,
grands, et les chéloniens terrestres les plus
petits. On trouve un grand nombre d'espèces
du genre tortue (chéloniens terrestres) en
Afrique ; l'Europe méridionale en possède
aussi quelques espèces. Les chéloniens pa-
lustres sont représentés en Asie par les genres
ANI
tétronyx et platysterne ; dans l'Amérique du
Nord par les genres éinysaure et staurotype ;
dans 1 Amérique du Sud par les peltocéphales,
les podoenémides, les chéïydes, les chélodines,
les platémydes. Le genre cryptopode (chélo-
niens fiuviatiles) est commun à l'Inde et à
l'Afrique. Le genre dermochélys (chéloniens
marins) appartient à la mer des Indes, k l'océan
Atlantique et accidentellement k la Médi-
terranée.
— Distribution géographique des poissons.
On a, sur les nombreuses espèces de poissons
qui peuplent les eaux douces et salées, trop
peu de renseignements pour qu'une esquisse
de leur distribution géographique puisse avoir
un véritable caractère d'exactitude. Le milieu
dans lequel ils vivent rend leurs mouvements
de translation faciles , et leur permet de se
répandre au loin sans être arrêtés par les obs-
tacles que présentent aux quadrupèdes le sys-
tème orographique et le système hydrogra-
phique. On peut remarquer pour les poissons,
comme pour les cétacés, que le développement
de la taille n'est pas en raison de l'élévation
de la température ; c'est dans les mers boréales
qu'on trouve les formes les plus gigantesques.
Ajoutons que les poissons des régions tropi-
cales sont ornés des plus vives couleurs, qu on
voit les teintes pâlir à mesure qu'on s'éloigne
de ces régions, et que dans le Nord on ne
trouve plus que des poissons gris , bruns ou
blanchâtres.
Parmi les genres à vaste diffusion, nous
citerons les raies, les squales- (chondroptéry-
giens), les anguilles, les murènes (malacopté-
rygiens apodes), les ménides, les sparoïdes
(acanthoptérygiens), etc. — Parmi les genres
qui habitent les climats froids et tempérés,
*•"<" citerons les lamproies et les esturgeons
harengs, les saumons, les brochets, les carpes
(malacoptérygiens abdominaux), les maque-
reaux, les thons, les espadons, les épinoches,
les perches (acanthoptérygiens), etc. — Parmi
les genres qui sont particuliers aux pays
chauds, nous citerons les torpilles, les diodons,
les triodons et les tétrodons (chondroptéry-
giens), les silures, les eï — *~ ' — ' *~—
giens abdominaux), les s
(acanthoptérygiens), etc.
— Distribution géographique des invertébrés.
— Insectes. Cette grande classe, la plus nom-
breuse du règne animal, comprend des êtres
si divers, que leur répartition à la surface du
globe comporte peu d'indications générales.
Pour en traiter, il faudrait utilement entrer
dans des détails qui ne seraient point ici à leur
place. Bornons-nous à dire qu'aucun ordre
d'insèçtes n'est circonscrit dans une région
déterminée ; que les pays équatoriaux sont
ceux où les formes sont à la fois les plus nom-
breuses et les plus favorisées, sous le rapport
de la taille et de la richesse des couleurs ; que
la moitié des diptères connus appartiennent ù
l'Europe; que les lépidoptères sont répandus
avec profusion sur toute la surface du globe ;
que les abeilles (hyménoptères) sont exclusi-
vement propres à l'ancien continent ; que les
termites (névroptères) habitent spécialement
le sud de l'Afrique; que les criquets, les sau-
terelles et les. blattes (orthoptères) sont à peu
près cosmopolites; que la cochenille (hé-
miptère) appartient à l'Amérique; enfin que
la cantharide (coléoptères) est européenne.
— Myriapodes. La distribution géographique
des myriapodes est peu connue. La plupart
des scolopendres appartiennent -aux régions
tropicales.
— Arachnides. Les phalangides ont pour
patrie l'Amérique du Sud. Les scorpionides
sont répandus sur toute la surface du globe,
surtout dans les pays chauds. Les aranéides
appartiennent plutôt aux régions tempérées.
— Crustacés. Les crabes sont indigènes des
chaudes régions de l'Afrique et de l'Asie.
Presque tous les genres d amphipodes sont
étrangers à l'Europe, à l'exception des genres
crevette et amphithoé. La moitié des déca-
podes macroures sont représentés en Europe.
Le homard et l'écrevisse se trouvent en Eu-
rope, dans les deux Amériques et en Australie,
mais on ne les a observés ni en Afrique, ni en
Asie. Les langoustes sont à peu près cosmo-
polites.
— Cirrhipèdes. Les cirrhipèdes, qui s'atta-
chent aux corps flottants, se -trouvent à peu
près dans toutes les mers.
— Annélides. Les genres d'annélîdes les plus
répandus sont les sangsues, qui existent par-
tout, excepté dans l'Amérique du Nord et la
Nouvelle-Hollande ; les siponcles, qui habitent
la Méditerranée, les mers de Chine, des Indes
et de la Malaisie ; les lombrics, qui se trouvent
jusqu'au Groenland; les albions, les sabelles,
les eunices, les amphinonies et les polynoes.
L'Europe possède presque tous les genres
d'annélides.
— Mollusques. La distribution géographique
des mollusques présente peu d'intérêt, à cause
de la passivité de ces animaux, et du grand
rôle que jouent dans leur diffusion les courants
ou les mouvements accidentels des eaux. Du
reste, la statistique des mollusques telle que
nous la donnent les species est loin d'avoir dit
son dernier mot. On remarque que le nombre
des espèces^st d'autant plus grand dans une
région que cette région est plus explorée ; la
ANI
— Tuniciers. Les biphores, qui deviennent
de plus en plus nombreux à mesure que les
voyages d'exploration se multiplient, habitent
spécialement les pays équatoriaux; on les
trouve cependant aussi dans la Méditerranée.
Les ascidies sont en plus grand nombre dans
les mers froides ; elles y sont d'une taille bien
plus grande que celles qui se trouvent dans
les mers équatoriales.
— Echinodermes. L'Europe, l'Inde et l'Au-
stralie sont plus riches en echinodermes que
l'Afrique et l'Amérique; le genre" holothurie
domine en Europe, le genre oursin dans les
mers de l'Iude, et le genre astérie en Australie.
— Acalèphes. D'après les species, l'Asie et
l'Amérique n'auraient que vingt-sept espèces
d'acalèpnes, tandis que les mers d'Europe en
nourriraient cent soixante-trois. On pourrait
conclure de ces chiffres que ces animaux sont
propres surtout aux régions tempérées et bo-
réales, ce qui est démenti par les assertions
des voyageurs. On peut remarquer que ceux
des mers équatoriales brillent des plus belles
couleurs, tandis que ceux des mers du Nord
sont pâles et décolorés. Les genres cassiopée,
rhizostome,calpe,pélagte,rhizophyse,agalmc,
vélelle, porpite, sont cosmopolites, quoique
représentés dans les divers lieux où ils se
trouvent par des espèces différentes. Parmi
les genres dont l'habitation paraît jusqu'ici
exclusive, nous citerons, les suivants : lem-
nisque (Océanie), polyptére (Cap), leucothoë
(Açores)j pandore (Japon), noctiluque (Man-
chel, bipinnaire (Norvège), épomis (Taïti), eu-
ryale (Nouvelle-Gu'méej, éginopsis (détroit de
Behring), linuche (Jamaïque), limnorée (Nou-
velle-Hollande), etc.
— Polypes. L'Europe est le pays qui fournit
le plus grand nombre de polypiers ; elle est
riche surtout en alcyons, en gorgones, en
coràllines, en sertulaires, en dynamènes, en
flustres, en cellépores et en tubulipores. Une
grande partie des espèces qui s v trouvent
appartiennent en même temps a la faune
d autres régions. Elle possède en propre les
genres hydre, alcyonelle, orbitolite, corail, etc.
Après l'Europe, viennent, rangées dans l'ordre
de leur richesse en polypes, l'Australie, l'Amé-
rique du Sud, l'Asie, l'Afrique. Parmi les po-
■ lypes qui affectent le cosmopolitisme dans leur
diffusion, nous citerons : l'alcyon arborescent,
l'orange de mer, l'oculine vierge, l'astrée
ananas, etc.
— Difusoires. Nous ne pouvons rien dire de
la répartition géographique des infusoires,
sinon qu'on les trouve dans les eaux douces
stagnantes ou courantes, dans la mer, dans les
infusions, dans les 'déjections animales et les
fluides animaux. Certaines espèces paraissent
répandues dans les climats les plus opposés.
— Spongiaires. Il en est des éponges comme
des mollusques, des acalèphes, etc. : les régions
qui en possèdent le plus grand nombre, d'après
les species, sont celles qui ont été le mieux
explorées. Les espèces cosmopolites appar-
tiennent" surtout à l'Europe.
. — Origine de la géographie zoologique. L'é-
tude de la distribution des animaux sur le
globe, ou géographie zoologique, est née de la
grande vue de Buffon sur les animaux propres
à chacun des deux continents. Le premier,
Buffon établit ce grand fait que les animaux
des parties méridionales de l'ancien continent
ne se trouvent pas dans le nouveau, et que
réciproquement ceux de l'Amérique méridio-
nale ne se trouvent point dans l'ancien conti-
nent. Remarquons qu'il fallait démêler les es-
pèces véritablement américaines sous une
double confusion : confusion des mots, car lors
de la découverte de l'Amérique, on avait ap-
pliqué, d'après des ressemblances grossières,
les noms des espèces connues à celles que l'on
voyait pour la première fois; confusion des
choses, car depuis la découverte de l'Amérique
les Européens n'avaient cessé d'y transporter
les animaux de l'ancien monde. Buffon, selon
l'expression de M. Flourens, mit un terme à ce
grand désordre en faisant Yénumëration com-
parée de tous les animaux quadrupèdes connus
de son temps. Il montra que l'éléphant, le rhi-
nocéros, l'hippopotame, le chameau, le dro-
madaire, la girafe, appartiennent à l'ancien
monde, et ne se trouvent point dans le nou-
veau ; qu'aucune espèce de singes ni de félins
n'est la même dans l'un et l'autre continent ;
qu'aucun de nos animaux domestiques ne se
trouvait en Amérique avant que les Européens
les y eussent transportés. « Plus on fera de
recherches et de comparaisons exactes à ce
sujet, dit-il, plus on se convaincra que les ani-
maux des parties méridionales de chacun des
continents n'existaient point dans l'autre, t II
ne se contente pas de constater le fait, il l'ex-
plique. « Nous pouvons prononcer sans scru- -
pule que le lion, le tigre et la panthère ne sa
sont pas plus trouvés en Amérique que l'êlé-
phantT le rhinocéros, l'hippopotame, la girafe
et le chameau. Toutes ces espèces ayantbesoin
d'un climat chaud pour se propager, et n'ayant
jamais habité dans les terres du Nord, n'ont
pu communiquer ni parvenir en Amérique. ■
Il dit ailleurs : « Il y a environ cinq cents heues
de mer entre les côtes du Brésil et celles de
la Guinée; il y en a plus de deux mille des
côtes du Pérou à celles des Indes orientales;
tous les animaux qui, par leur nature, ne peu-
vent supporter le climat du Nord, ceux mêmes
qui pouvant le supporter ne peuvent produire
dans ce même climat sont donc confinés do
deux ou trois côtés par des mers qu'ils ne
ANI.
Eeuvent traverser, et d'autre côté par des
irres trop froides qu'ils ne peuvent habiter
sans périr ; ainsi l'on doit cesser d'être étonné
de ce fait général, qui d'abord parait très-
singulier, et que personne avant nous n'avait
même soupçonné, savoir qu'aucun des ani-
maux de la zone torride dans l'un des conti-
nents ne s'est trouvé dans l'autre... Il n'y a
que les animaux qui habitent ou fréquentent
les terres du nord qui soient communs aux
deux mondes. » '
En comparant les uns aux. autres les ani-
maux du nouveau monde et ceux de l'ancien,
Buffon remarque que les espèces-, les genres
de l'un sont les analogues, et, pour ainsi dire,
les représentants des espèces, des genres de
■ l'autre, ce qui revient à dire que les grandes
coupes du règne animal, classes, ordres et
même familles, sont lès mêmes dans les deux
continents. Ainsi l'Amérique possède, comme
l'ancien continent, des pachydermes, des féli-
dés, des ruminants, des. stages. Dans l'ordre
des pachydermes, son tapir, son pécari, répon-
dent à notre cochon, à notre sanglier ; dans la
famille des félidés, son jaguar et son puma
répondent à notre lion et a notre tigre ; son
laina, son alpaca, sa vigogne, représentent
nos ruminants ; ses sapajous et
Une autre remarque de Buffon mérite d'être
notée : c'est que la nature animale est au
nouveau monde beaucoup moins grande, beau-
coup moins forte que dans l'ancien. Par exem-
ple, on ne peut comparer pour la grandeur le
tapir a l'éléphant, le lama au chameau, le
puma et le jaguar au lion et au tigre. Cette
différence de grandeur, Buffon le reconnaît,
n'existe que pour les quadrupèdes. > Nous ne
devons pas dissimuler, dit-il, que, si la nature '
a rapetissé dans le nouveau monde tous les
animaux quadrupèdes, elle paraît avoir main-
tenu les reptiles et agrandi les insectes. » Il
ajoute avec raison que les plus crosses arai-
gnées, les plus grands scarabés, les chenilles
les plus longues, les papillons les plus étendus,
se trouvent au Brésil, à Cayenne, et dans les
autres provinces de l'Amérique méridionale :
qu'ils l'emportent sur presque tous les insectes
<îe l'ancien inonde, non-seulement par la gran-
deur du corps et dos ailes, mais aussi par la
vivacité des couleurs, le mélange des nuances,
la variété des formes, le nombre des espèces,
et la multiplication prodigieuse 'des individus
dans chacune.
Pour Buffon, le fait était toujours une occa-
sion d'idée. Pourquoi, se demande-t-il, de si
■ grands reptiles, de si gros insectes,' de si petits
quadrupèdes dans le nouveau monde? La ré-
ponse qu'il fait à cette question est intéres-
sante et mérite d'être connue. Il accuse le
degré de chaleur et d'humidité, l'absence du
travail humain, enfin la jeunesse .relative, la
récente émersion de cette partie de la terre.
■ L'Amérique, dit-il, est située et formée de
façon que tout y concourt à diminuer la cha-
leur et h augmenter l'humidité ; on y trouve
les plus hautes montagnes, et par la même
raison les plus grands neuves du monde... Il
y a beaucoup plus d'eaux courantes dans le
nouveau continent que dans l'ancien, propor-
tionnellement à l'espace, et celte quantité d eau
se trouve encore prodigieusement accrue par
le défaut d'écoulement ; les hommes n'ayant ni
borné les torrents, ni dirigé les fleuves, ni
séché les marais, les eaux stagnantes couvrent
des terres immenses, augmentent encore l'hu-
midité de l'air et en diminuent la chaleur :
d'ailleurs, la terre étant partout en friche et
couverte dans toute son étendue d'herbes
grossières, épaisses et touffues, ne s'échauffe,
ne se sèche jamais ; la nature cachée sous ses
vieux vêtements ne montra jamais de parure
nouvelle dans ces tristes contrées... Dans cet
état d'abandon, tout languit, tout*se corrompt,
tout s'étouffe; l'air et la terre, surchargés de
vapeurs humides et nuisibles, ne peuvent s'é-
purer ni profiter des influences de l'astre de la
vie; le soleil darde inutilement ses rayons' sur
cette masse froide ; elle est hors d'état de ré-
pondre à son ardeur ; elle ne produira que des
êtres humides, des plantes, des reptiles, des
insectes, des quadrupèdes faibles... Lorsqu'on
réfléchit sur ces différences si marquées qui se
trouvent entre l'ancien et le nouveau monde,
on serait tenté de croire que celui-ci est en
effet bien plus nouveau, et qu'il a demeuré plus
longtemps que le reste du globe sous les eaux
de la mer. .. Tout semble s'accorder pour prou-
ver que l'Amérique était une terre nouvelle
dans laquelle la nature n'avait pas eu le temps
d'établir tous ses plans, ni celui de se déve-
lopper dans toute son étendue. »
Buffon termine sa comparaison des animaux
du nouveau monde avec ceux de l'ancien par
des considérations curieuses, où il abandonne
le principe de la fixité des espèces, qu'il a dé-
fendu ailleurs, et où l'on peut signaler le germe
de la théorie célèbre de M. Darwin. (V. Espèces,
Origine des espèces.) « La forme des ani-
maux n'est pas inaltérable ; leur nature peut
ae varier et même se changer absolument avec
le temps; les espèces les moins parfaites, les
plus délicates, les plus pesantes, les moins
agissantes, les moins armées, etc., ont déjà
disparu ou disparaîtront..... Combien d'espèces
s'étant dénaturées, c'est-à-dire perfectionnées
ou dégradées par les grandes vicissitudes de
la terre et des eaux, par l'abandon ou la cul-
ture de la nature, par la longue influence d'un
climat devenu contraire ou favorable, ne sont
plus les mêmes qu'elles étaient autrefois Il
ANI
ne serait pas impossible que tous ces animaux
du nouveau monde ne fussent dans le fond
les mêmes que ceux de l'ancien, desquels ils
auraient autrefois tiré leur origine ; on pour-
rait dire qu'en ayant été séparés dans la suite
par des mers immenses ou par des terres im-
praticables , ils auront avec le temps reçu
toutes les impressions, subi tous les effets d'un
climat devenu nouveau lui-même, et qui aurait
aussi changé de qualité par les causes mêmes
qui ont produit la séparation ; que, par consé-
quent, ils se seront, avec le temps, rapetisses,
dénaturés, etc. Mais cela ne doit pas nous em-
pêcher de les regarder aujourd'hui comme des
animaux d'espèces différentes : de quelque
cause que vienne cette différence, qu elle ait
été produite parle temps, le climat et la terre,
ou qu'elle soit de même date que la création,
elle n'en est pas moins réelle; la nature, je
l'avoue, est dans un mouvement de flux con-
tinuel; mais c'est assez pour l'homme de la
saisir dans l'instant de son siècle et de jeter
quelques regards en arrière et en avant, pour
tâcher d'entrevoir ce que jadis elle pouvait
être, et ce que dans la suite elle pourrait
devenir. »
-Doi
:s animaux. V.Do-
Hist. Culte des animaux. Le culte des
aux, si naturel au fétichisme (V. ce mot),
semble avoir été général dans toute l'Afrique.
C'est surtout dans l'ancienne Egypte qu'il prit
tout son développement. Placer des animaux
aumilieu des temples, les nourrir avec soin,
punir de mort ceux qui leur étaient la vie, les
embaumer et leur élever des tombeaux , tels
.Sont les actes bizarres qui donnent à la reli-
gion égyptienne sa physionomie caracté-
ristique. Parmi les animaux ainsi divinisés, il
y en avait dont le culte s'étendait à presque
toute la nation ; d'autres n'étaient adorés que
dans certaines villes. Les premiers étaient
généralement des animaux utiles a l'homme,
soit par les services qu'ils lui rendaient à l'état
domestique (bœuf, chien, etc.), soit parla
guerre continuelle qu'ils faisaient aux espèces
nuisibles {chat, ibis, etc.). Strabon nous ap-
prend que la brebis recevait des hommages à
Saïs et à Thèbes, le loup à Lycopolis, le singe
à Hermopolis. D après le témoignage d'Héro-
dote, tel animal a qui l'on érigeait des autels
dans un pays était partout ailleurs en abomi-
nation : les Mendésiens honoraient les boucs
et leur immolaient des brebis; les Thébains
offraient des boucs en sacrifice aux béliers, etc.
Il paraît certain que chez les Egyptiens le
culte des animaux s'éleva toujours au-dessus
de ce fétichisme grossier qui attribue l'in-
fluence et l'autorité aux vertus internes des
objets les plus prochains et les plus sensibles.
Sous des /ormes animales, ils personnifiaient
le soleil, le ciel, la puissance constructive, la
force génératrice, etc.L'idée de l'incarnation
leur permettait de voir des essences supé-
rieures, des dieux cosmiques dans les animaux
qu'ils adoraient. Ainsi le nœuf (V, apis) était
I incarnation d'Osiris, dieu du soleil, de la fer-
tilité et de l'agriculture ; le bélier, celle d'Am-
mon, dieu de la génération, tout-puissant
organisateur • du monde, etc. Entre le dieu
incarné et Yanimal en qui ce dieu venait rési-
der, on dut tout naturellement chercher une
relation d'attributs : de là le passage insensible
de l'idée d.incarnation à lidée de symbole,
Les animaux adorés avaient d'abord été conçus
comme "réellement animés par la divinité; la
réflexion théologique et philosophique en fit
peu à peu de simples figures.
Mais comment s'expliquer ce phénomène
étrange, si éloigné de nos habitudes mentales,
l'adoration de l'animal? Les anciens l'attri-
buèrent à la crainte ou à la reconnaissance.
II est nécessaire d'ajouter que pour l'homme
primitif, la crainte, la reconnaissance, tous les
sentiments qui naissaient de la contemplation
de la nature, non limités par la réflexion, ten-
daient à se confondre dans un sentiment
unique, le sentiment du divin, à prendre, pour
ainsi dire, la forme et la couleur de l'adora-
tion. « Le culte égyptien des animaux, dit
très-bien M. Ch. Renouvier, ne manque jamais
de nous confondre à première vue. Il n'est
pourtant pas un seul d'entre nous qui n'ait
la faculté d'en retrouver la semence obscure
au plus profond des instincts-do l'humanité,
dont il porte en son propre cœur sa part ina-
missiblo. Peut-être en aviverions-nous quelques
traces en rappelant la mémoire de nos impres-
sions enfantines, en nous laissant aller avec
plus de philosophie a l'oubli de nos doctrines
et de nos habitudes, pour nous perdre un mo-
ment dans la contemplation des admirables
attributs de la bête : tendances constantes,
lins assurées, passions tantôt douces, tantôt
fougueuses, toujours simples, droites, toutes-
puissantes, transmises sans variation à l'in-
flexible et identique postérité;... et cette
suprême naïveté dans la colère ou dans l'af-
fection, ce fatalisme, cette innocence, ce sé-
rieux continu, cette imperturbable sagesse 1
L'homme primitif put bien trouver quelque
chose d'imposant et de merveilleux dans cette
ANI
bête aux voies infaillibles qu'il comparait à
lui, être déjà complexe, incertain, agité; et le
merveilleux, l'imposant, œuvre de Ta nature
ou nature même, il put bien l'appeler divin, et
le divin, c'est ce qu'on adore. Lorsqu'en même
temps cet être, entré dans la carrière d'une
lutte pénible pour s'assurer des ressources
alors si chancelantes , avait conscience de
l'indispensable secours des animaux coopéra-
teurs, comme le taureau ou le chien, l'intérêt
et la reconnaissance se joignaient à ses autres
sentiments, et contribuaient à lui suggérer la
notion du divin dans celle du bienfait reçu
Les affections nobles furent le mobile domi-
nant de l'adoration, mais non le seul. La_
puissance, même malfaisante, quand elle se'
manifestait avec une redoutable énergie, dut
avoir un genre de prestige, exercer une fasci-
nation, et, à titre d'objet de terreur, entrer
en partage de la Divinité. Sans doute il fallait
aussi conjurer le mal par la soumission et dés
actes de respect : de la la part de latrie accor-
dée à des animaux nuisibles a l'homme, au
crocodile, par exemple. »
— Sacrifices d'animaux. V. Sacrifice.
— Philos, mor. — Devoirs de i/homme
envers les animaux. L'idée que l'homme se
fait de ses devoirs envers les animaux dépend
des facultés qu'il leur reconnaît, de la distance
qu'il met entre eux et lui, des rapports qu'il
croit voir entre leur origine et la sienne, entre
leur . destinée et la sienne. V. Hommis, In-
Les littératures primitives sont pleines de
la sympathie des nommes anciens pour les
animaux. L'Inde panthéiste fonda cette sym-
pathie sur le dogme de la métempsycose, et
lit de l'inviolabilité de la vie des animaux une
loi religieuse. Quelque chose de cet esprit
passa en Grèce avec Pythagore, dont la doc-
trine interdisait la nourriture animale et les sa-
crifices sanglants. Plutarque regardait comme
une chose barbare de vendre les vieux che-
vaux lorsqu'ils ne pouvaient plus être d'aucun
usage. Suivant lui, c'était manquer de recon-
naissance pour les services rendus ; 41 ajoute
qu'il est digne d'un homme vraimentbon de
garder ses chevaux et ses chiens dans leur
vieillesse et malgré leur inutilité.
Nous trouvons des sentiments semblables
dans le judaïsme.Le Pentateuque, code mo-
ral et politique des Hébreux, en imposant à
l'homme le repos du septième jour; entend que
son bœuf et son âne se reposent. Ailleurs il est
écrit dans la Bible : Le juste s'inquiète de la
vie des animaux; mais les entrailles de l'impie
sont sans pitié. (Prov.) 11 résulte même d'un
texte de Josèphe, que les mauvais traitements
envers les animaux étaient punis de peines
correctionnelles.
se trouve également dans te chris-
tianisme. Dans la doctrine des Pères de l'E-
glise, Dieu, après le déluge, ne fit pas alliance
seulement avec l'homme, mais avec les ani-
maux; cette alliance est leur titre à notre
respect et à nos égards. Mais dans notre Occi-
dent, la dureté barbare unie à la dureté ro-
maine ne devait pas tarder à étouffer, au sein
du , christianisme , cette sympathie pour la
création animale , et à rendre vain , sous ce
rapport, le grand progrès moral marqué par
l'abolition universelle et définitive des sacri-
fices sanglants. Le moyen âge fut l'âge de
fer pour les animaux comme pour les hommes.
Au xvic siècle , nous voyons Montaigne , en
même temps qu'il accorde aux bêtes des fa-
cultés semblables aux nôtres, proclamer qu'un
certain respect, un devoir général d'humanité
nous attache à tout ce qui a vie ; mais cette
voix reste sans écho. Au xvne siècle, la ques-
tion des devoirs dé l'homme envers les* ani-
maux est, en quelque sorte, supprimée en
Europe par la philosophie régnante ; le carté-
sianisme, dont 1 esprit géométrique réduit toute
rer la spiritualité et l'immortalité de notre
âme en nous séparant des animaux, fait de ces
derniers des automates.
" Quant à l'Orient, il est resté la terre clas-
sique de la charité pour l'animal. « L'attrait
moral de l'Asie , dit M. Michelet, c'est le sen-
timent d'unité qu'on sent dans un monde où
l'homme n'a pas divorcé, avec la nature, où la
primitive alliance est entière encore , où les
animaux ignorent ce qu'ils ont à craindre de
l'espèce humaine. » Le respect des mahomé-
tans pour les animaux est chose bien connue.
Quand les dévots musulmans vont en pèleri-
nage, il leur est défendu de tuer sur leur route
aucun animal, d'en forcer aucun à s'enfuir ou
d'en montrer aucun de manière à attirer sur
lui la destruction ; une fois revêtus de l'habit
blanc rayé de rouge du pèlerin , ils doivent
éviter d'écraser même un insecte. Les villes
turques abondent en chiens errants que per-
sonne n'oserait tuer^ et pour lesquels les dé-
vots font des fondations d'eau et de pain. Au
Caire , les tourterelles font leur nid dans les
maisons, et • les enfants mêmes, dit Volney,
n'y touchent pas. » Au siège d'Athènes par les
Grecs insurgés, si l'on en croit le colonel Vau-
thier , les assiégés , au moment de manquer •
d!eau, firent descendre au moyen de cordes et
avec toutes sortes de précautions, du haut des
murailles de l'Acropole, un grand nombre de
mulets j d'ânes , de chevaux, de chiens, etc.,
qu'ils aimaient mieux livrer a l'ennemi que de
les tuer.
Cette question des devoirs de 'l'homme ea-
ANI 389
Vers les animaux qui, comme on le voit, a
préoccupé toutes les grandes religions, devait
se poser devant la conscience moderne. C'est
le xvnie siècle , on peut le dire , qui l'a intro-
duite dans la morale rationnelle, en faisant
justice de l'automatisme des bêtes.
Voyons comment les écrivains du xix» siècle
l'ont résolue. .
Suivant une femme de talent. Daniel Stern,
l'homme doit rapprocher de lui les êtres moins
avancés, ennoblir les races animales, déve-
lopper en elles, par une éducation affectueuse
et par des soins bien entendus, toute l'intelli-
gence, toute la vigueur et toute la grâce dont
elles sont susceptibles. > Si l'homme sauvage;
ditrelle, reste trop voisin de l'animai, l'homme
des civilisations raffinées s'en éloigne trop. »
M. Michelet croit à une antique alliance entre
la race humaine, orgueilleuse et dominatrice,
et les humbles tribus animales qu'elle a ré-
duites en servitude ou dépossédées. Il prêche
le retour à cette alliance, • à ce pacte que
notre brutalité , nos inintelligentes violences,
n'ont pas pu déchirer encore. « Parmi les buts
qu'il assigne au progrès, il marque « le rallie-
ment de- toute vie, lequel doit s'opérer à la
longue par un grand art d'éducation et d'insti-
tution que l'homme commence à entrevoir. »
M. Proudhon n'admet pas qu'il ait des de-
voirs envers les bêtes ; son ironie s'exerce sur
le retour à l'antigue alliance; la douceur, la
charité indienne et pythagorique pour les ani-
maux ne le touche pas; il est insensible à
l'attrait moral de l'Asie. « L'homme fait la
chasse aux bêtes, dit-il : c'est une de ses pré-
rogatives. A ces êtres d'ordre inférieur il
tend des pièges; il use à leur égard de 'violence
et de perfidie ; il les traite en despote selon
son bon plaisir ; il les dépouille, les exploite,
les vend , les mange : tout cela sans crime
ni remords ; sa conscience n'en murmure
point ; ni son cœur ni son esprit n'en souf-
frent : pour lui, il n'y a pas là d injustice. Et la
raison, s'il vous plaît? La' raison est qu'il ne
reconnaît pas de dignité aux animaux, ou,
pour parler rigoureusement, qu'il ne sent pas
sa dignité dans leur personne... Maintenant,
ajoute-t-il, que la notion du droit et du devoir
entre nous autres humains s'est obscurcie ,
quelques moralistes ont jugé à propos de nous
parler de nos devoirs envers les animaux ; on
nous annonce le retour de la grande .alliance,
de l'antique alliance, de la charité universelle,
comme un des caractères de l'ère nouvelle...
Je ne puis voir en tout cela qu'un verbiago
panthéistique, un des signes 'les plus déplo-
rables de notre décadence morale et intellec-
tuelle. L'antique alliance conservée parmi les
Hindous, les Arabes et les Turcs, n'est autre
chose que l'état primitif et bestial de l'huma-
nité. A mesure que l'homme s'élève, il s'éloigne
des bêtes, et s'il perd ses inclinations de chas-
seur et de bourreau, il prend vis-a-vis d'elles
les habitudes de l'exploiteur le plus endurci. »
A notre tour, examinons la question. Nous
dirons d'abord, avec M. Proudhon , qu'entre
l'homme et les animaux ne se trouve pas ce
sentiment de considération et de respect qui
existe entre l'homme et l'homme, et qui dis-
tingue tranchément notre espèce, comme la pa-
role, la poésie, la dialectique, l'art. L'animal
n'a pas de droits; il est au-dessous de la jus-
tice : pourquoi ? parce qu'il n'est pas -dans sa
nature d'avoir des devoirs, une responsabilité,
une conscience; parce qu'il ne peut ni tra-
vailler (dans le sens psychologique du mot),
ni échanger, ni contracter. L'animal peut être
l'ami ou l'ennemi de l'homme ; il n'est pas? il
ne peut devenir son associé. L'idéo de justice
implique celle d'une communauté de con-
science, d'une réciprocité dans les actions et
les abstentions ; elle ne régit que les relations
de l'homme avec des semblables, avec des
égaux. L'animal étant au-dessous de la jus-
tice fait nécessairement partie de ce milieu
dans lequel l'homme est appelé à vivre, dans
lequel il a le droit de puiser tout ce qui est néces-
saire a ses besoins : au point de vue du droit
pur, l'animal n'est, ne peut être qu'une chose.
Mais cotte chose est douée de sensibilité
comme l'homme ; cette chose est , comme
l'homme , capable de souffrir. La commune
faculté de sentir et de souffrir, voilà ce qui
établit entre l'homme et l'animal des rapports
d'une nature spéciale, qui, sans être des rap-
ports de justice, se distinguent des rapports
purement économiques. En faisant bon marché
de nos devoirs envers les bêtes, M. Proudhon
oublie que l'idée du devoir a plus d'extension
que l'idée du droit; que la même où l'on ns
dit plus : C'est injuste, on peut encore dire:
C'est mal; que progrès moral no signifie pas
seulement accroissement de justice entre les
hommes, mais accroissement de bonté et de
pitié, diminution de la souffrance sur le globe.
M. Proudhon reconnaît que l'homme tend à
perdre ses inclinations de chasseur et de bour-
reau.' Nous demanderons si cette tendance
intéresse ou non la morale et le progrès, s'il
est inutile et ridicule de l'encourager.
Nous n'invoquerons en faveur des animaux
ni la transmigration des âmes, ni la vie uni-
verselle, ni la fraternité d'origine, mai3 uni-
quement leur sensibilité semblable à la nôtre.
Sous ce rapport, nous trouvons dans ranimai
notre être; en ses souffrances, nous voyons
nos souffrances ; en ceux qui abusent de leur
supériorité, de leur force pour le torturer, une
lâcheté et une cruauté menaçantes pour la
société. Remarquons bien que 1 idée de ne pas
violer un droit est plus élevée, plus abstraite,
390
Ara
et par là mémo sera toujours moins accessible
aux natures grossières, que l'idée très-siinple
de ne pas infliger une souffrance, de ne pas
faire de mal. pn peut douter que celui qui se
montre sans scrupule violent et cruel à l'égard
des animaux, se souvienne toujours de la dif-
férence qu'il doit mettre entre une personne
et une chose.
L'importance, au point de vue de la morale
publique, du respect de la sensibilité chez les
bêtes , a inspiré l'établissement des sociétés
protectrices fies animaux. Habituer l'homme à
certains égards pour les animaux, provoquer
des mesures législatives pour la répression
des actes de cruauté dont ils sont trop souvent
les victimes, et moraliser les générations nou-
velles en leur inspirant l'horreur de ces actes ;
tel est le but que poursuivent ces sociétés.
L'Angleterre eut l'honneur de l'initiative
dans une voie où la plupart des nations euro-
péennes l'ont suivie : au xvme siècle, le peintre
Hogarth avait vivement impressionné ses
contemporains par la publication de quatre
gravures qui représentaient, dans ce qu'elles
avaient de plus hideux, des scènes de cruauté
envers les animaux : on y voyait aussi l'habi-
tude du crime et du meurtre se développant
chez l'homme qui, dès l'enfance, avait pris
plaisir à torturer de pauvres bétes. Cet en-
seignement ne fut pas perdu pour les classes
élevées : en 1809, lord Erskine éleva la voix
dans le Parlement anglais pour obtenir justice
en faveur des animaux; ce ne fut qu'en 1822
.que Richard Martin , reprenant cette idée
généreuse, obtint l'acte qui porte son nom
(Martin's act), et qui prononce des peines
contre les auteurs de mauvais traitements en-
vers les animaux. En 1824, il fonda à Londres
la première société protectrice, qui prit une
rapide extension : en 1850, elle se composait
de six mille membres. Ses ressources, pour
lesquelles des legs importants viennent se
joindre fréquemment à des cotisations volon-
taires, sont employées à veiller à l'exécution
de l'acte Martin, à rétribuer des agents auto-
risés par la justice, à dresser des procès-ver-
baux et à répandre dans le peuple des livres
' destinés à former le jugement sur l'usage ra-
tionnel à faire des animaux. En 1S38, la pre-
mière association de ce genre sur le continent
fut fondée à Dresde par le baron d'Ehrens-
tein, et servit de modèle à beaucoup de
sociétés semblables dans le nord de l'Europe :
il s'en établit même à Philadelphie et a la
Havane. En France, une association protec-
trice se constitua à Paris le 3 avril 1846 : ses
membres, dispersés après 1848, se réunirent
de nouveau plus tard, et lorsque M. le général
de Grammont proposa a l'Assemblée consti-
tuante, en 1849, un projet de loi pour réprimer
les mauvais traitements envers les animaux,
ils se mirent en rapport avec la commission et
lui fournirent le tribut de leur expérience et
de leurs idées propres : ce projet fut adopté
et devint la loi du 6 juillet 1850. (V. plus loin.)
L'organisation judiciaire, en France, ne permet
pas à des associations particulières de veiller à
l'exécution des lois : ce soin appartient aux
agents de l'administration publique ; aussi
l'objet de la société protectrice ne peut-il être,
comme en Angleterre, d'unir son action à celle
de la justice : elle se contente de répondre à la
pensée de sa fondation en se mettant en rap-
port avec les agriculteurs et les producteurs, et
en appelant leur attention, ainsi que celle des
pouvoirs publics, sur des réformes à opérer et
sur les meilleures méthodes àsuivre pour élever
et soigner convenablement les animaux utiles ;
en résumé, son but est d'accroître à la fois la
moralité et la richesse publiques.
Placée sous le patronage du ministre de
l'agriculture, la société protectrice décerne,
chaque année, des médailles et autres récom-
penses: 1" aux auteurs de publications utiles
a la propagation de ses principes; 2» aux in-
venteurs d'appareils propres à diminuer la
. souffrance des animaux dans leur travail;
30 aux serviteurs et servantes de ferme, ber-
gers, cochers, charretiers, palefreniers, ayant
fait preuve à un haut degré de bienveillance,
de bons traitements et de soins assidus envers
les animaux.
Tous les deux ans, les sociétés protectrices
établies en Europe envoient des délégués à
" un congrès où sont traitées toutes les Ques-
tions d un Intérêt général. L'œuvre de la
protection se fortifie dans cet échange inces-
( sant d'idées utiles et de sentiments généreux.
La première session de ce congrès s est tenue
à Dresde, la seconde à Hambourg, la troisième
à Vienne. La quatrième aura lieu à Paris, au
mois d'août 1866.
Récemment, les zoophiles d'Angleterre et de
France se sont émus des expériences faites
sur les animaux vivants. (V. Vivisection.) Ils
ont appelé a grands cris l'attention^du lé-
gislateur sur la nécessité de mettre des limites
et des conditions au droit d'expérimentation
physiologique. Leurs efforts, en cette circon-
stance, ont été vains ; ef, c'était raison. Le
zèle philozoîque a bien autre chose à voir, il
nous semble, que les abus du scalpel et du
bistouri ; il a bien autre chose à faire que de
venir attaquer, dans un pays où le besoin de
réglementation ne se fait nullement sentir, la
liberté la plus sacrée , celle de travailler au
progrès de la science. En vérité, les animaux
ont bien d'autres ennemis que la physiologie
expérimentale. Est-ce que l'homme a cessé de
jouer avec leur vie? Est-ce que la chasse a
— Droit. Un grand nombre d'animaux n'ap-
partiennent à personne : la loi ne s'en préoc-
cupe que pour commander ou permettre leur
destruction, soit parce qu'ils peuvent servir,
aux besoins de l'homme, soit parce qu'ils lui
sont nuisibles ; on doit donc dire d'une manière
générale, sauf les règlements de chasse ou de
pêche (V. ces mots), que le droit n'envisage
les animaux qu'autant qu'ils constituent une
propriété privée. Comme tels, ils peuvent être
loués, vendus, donnés ou légués en usufruit,
constitués en gage, saisis, etc. De leur nature,
ils sont meubles : il en était ainsi en droit"
romain. Toutefois, le Code Napoléon (art. 524)
classe parmi les immeubles par destination les
animaux attachés à la culture, les pigeons des
colombiers, les lapins des garennes, les ruches
à miel et les poissons des étangs, lorsqu'ils ont
été placés par le propriétaire pour le service
et 1 exploitation d'un fonds. Ceux que le fer-
mier, locataire ou usufruitier y place, conser-
vent le caractère mobilier. L intérêt pratique
de cette distinction toute moderne apparaît en
matière de saisie-exécution : les animaux im-
meubles par destination ne peuvent être saisis
que pour aliments fournis à la partie saisie ou
pour sommes dues aux vendeurs desdits ani-
maux (art. 592 et 593, C. de croc. civ.). Le
légataire de meubles ne pourrait pas non plus
les réclamer si , au décès des testateurs , ils
étaient encore affectés à la destination ci-dessus
indiquée. L'immobilisation cesse lorsque cette
affectation disparaît.
Le croit des animaux appartient de droit au
propriétaire : toutefois; lorsque les animaux
ont été l'objet du bail dit cheptel, les produits
se partagent généralement entre le bailleur
et le fermier (art. 547, 1800 et s., C. Napoléon).
En tant que propriété privée, les animaux
doivent être respectés : tout dommage qui leur
est causé donne droit contre celui qui en est
l'auteur à une action en dommages-intérêts,
sans préjudice d'une action criminelle, s'il y
De tout temps, celui auquel les animaux
d'autrui ont occasionné un dommage, soit dans
sa personne, soit dans ses biens, a eu droit
d'eu réclamer la réparation contre celui auquel
ils appartiennent ou sont confiés. Dans le droit
romain, ce dommage, appelé paup'eries, pou-
vait être réparé soit par le payement d'une
indemnité, soit par l'abandon de l'animal, dit
abandon noxal (Digeste, 1. IX, tit. 1") ; l'action
d'ailleurs s'éteignait par la mort de l'animal
survenue avant tout jugement.
L'abandon noxal n'a pas passé dans notre
droit : quelques coutumes, celle de Bretagne
(art. 640), et celles d'Acs et de Saint-Sever
sont les seuls textes de législation où on le
retrouve. Il existe de nos jours dans tes Codes
du grand-duché de Bade (art. 1385), de la
Louisiane (ar,t. 2301), et de la Bavière (liv. IV,
ch, xm? art. 7). Les Etablissements de Saint-
Louis (ch. cxxi) prévoyaient le cas où une
bête menée au marché blessait ou mordait
quelqu'un : l'animal pouvait être confisqué au
profit de la justice, sans préjudice d'une
amende do 100 sols et il deniers, s'il y avait
mort d'homme, et niême de la pendaison," si le
propriétaire de la bête, sachant qu'elle était
vicieuse , le reconnaissait devant le juge.
Quel que fût le dommage souffert, la législ
tion ancienne ne donnait pas le droit de r
tenir l'animal qui en était la cause : on devait,
dans les vingt-quatre heures, le faire mettre
en fourrière. Toutefois, certaines coutumes,
celle de Normandie entre autres, accordaient
provisoirement au seigneur du lieu les bêtes
trouvées en dommage et dont le maître était
inconnu : celui-ci avait un an et un jour pour
les réclamer. La loi du 28 septembre 1791
(art. 12) consacre le principe général, en
permettant cependant de tuer les volailles qui
sont trouvées sur la propriété d'autrui, mais
seulement sur le lieu et au moment du dégât.
La même loi, qui réglait la police rurale etla
règle encore dans tous les points où il n'a pas
été ultérieurement et expressément dérogé ;
prononce, sans préjudice des dommages-inté-
rêts, des peines corporelles et des amendes
contre ceux qui blessent volontairement les
animaux d'autrui, qui laissent paître ou passer
leurs bestiaux dans les champs non dépouillés
de leurs récoltes ; qui, dans les pays de vaine
pâture, envoient leurs troupeaux sur le ter-
rain d autrui ou dans ses récoltes, ou les
laissent pacager avec les autres s ils sont
atteints de maladies contagieuses.
L'art. 1385 du C. Nap. pose nettement le
principe de la -responsabilité civile contre
tout propriétaire ou détenteur d'animaux, soit
que ceux-ci soient sous sa garde , soit qu'ils
soient échappés ou égarés. Dans tous les cas,
il doit la réparation du préjudice causé par
l'animal insuffisamment surveillé : à plus forte
raison doit-il en être ainsi s'il y a faute ou
imprudence grave. L'aubergiste est respon-
sable des accidents dont les animaux placés
dans son écurie sont causes ou victimes, s'il
n'a pas pris les précautions nécessaires pour
prévenir de pareils événements.
Quoique l'art. 1385 (C. Nap.) ne s'applique
qu'aux animaux possédés privativement , la
même responsabilité incombe au propriétaire
qui, ayant sur ses terres des terriers de lapins,
refuse de les détruire ou de les laisser dé-
ANI
truire , -ou favorise leur multiplication , lors-
qu'ils sont nuisibles aux propriétés voisines.
Mais il y a là plutôt une application du
principe général de responsabilité , qu'une
extension du cas prévu par l'art. 13S5.
Il est inutile de dire que si l'accident ou le
dommage a eu pour cause une imprudence de
la personne qui en a-sotitfert, celle-ci n'a droit
à aucune indemnité.
Au point de vue pénal, les dommages volon-
tairement causés aux animaux d'autrui tom-
bent sous l'application des lois. L'art. 452 du
Code pénal punit d'un emprisonnement d'un à
cinq ans, d'une amende de 16 à 300 fr. et de la
surveillance, l'empoisonnement des chevaux,
bêtes de somme, de voiture et à cornes, ainsi
que des poissons dans les étangs et réservoirs.
Le fait de tuer, sans nécessité, un de ces ani-
maux, ou même tout animal domestique, est
puni d'un emprisonnement qui varie de six
jours à six mois, et d'amendes (art. 453 et 454).
Des peines graves sont aussi prononcées contre
les détenteurs ou gardiens de bestiaux infectés
ou soupçonnés d'être infectés de maladies con-
tagieuses, qui n'a pas averti le maire de la
commune, ou qui, malgré ses défenses, a laissé
communiquer ses bestiaux avec d'autres ou a
été cause que la contagion s'est propagée. Le
vol d'animaux est puni des peines applicables
au vol ordinaire, sauf lorsqu'il a été commis
dans les champs, cas spécialement prévu par
l'art. 388. Des peines de simple police sont
édictées par les art. 471 et 475 contre ceux qui
ont laissé errer ou divaguer des animaux fé-
roces ou malfaisants, qui ont excité ou négligé
de retenir leurs chiens lors même qu'il n'en
serait résulté aucun dommage , qui ont fait
passer leurs bestiaux dans des champs ense-
mencés ou chargés de récoltes, et par l'art. 479
contre ceux qui ont occasionné la mort ou les
blessures des animaux d'autrui par l'effet de la
divagation de bêtes malfaisantes ou féroces, et
qui ont mené leurs bestiaux dans des oseraies,
vignes, plants d'arbres fruitiers, etc. Le Code
forestier, art. 199, punit les propriétaires d'a-
nimaux trouvés de jour dans un bois de dix
ans et au-dessus : l'amende, qui varie de 1 à
5 fr., selon la nature de l'animal, est doublée
si le dégât a eu lieu la nuit ou dans des bois
de moins de dix ans. Au point de vue de la
salubrité, des peines sont aussi portées contre
ceux qui négligent d'enterrer les animaux
morts accidentellement ou de maladie.
— Loi Grammont. Jusqu'en 1850, on n'avait
considéré en France les animaux que comme
une propriété privée à laquelle nul ne pouvait
attenter, mais sur laquelle le propriétaire avait
le droit d'usage et d'abus. Laloidu 6 juillet 1850,
rendue sur l'initiative de M. de Grammont, et
appelée souvent loi Grammont, punit de 5 à
15 fr. d'amende et d'un à cinq jours de prison
les mauvais traitements exercés publiquement
et abusivement envers des animaux domesti-
ques. La peine de l'emprisonnement, faculta-
tive dans les cas ordinaires, est obligatoire en
cas de récidive : l'application de l'art. 463 du
Code pénal permet (Tailleurs de proportionner
la punition à la gravité du fait. On ne peut
qu'applaudir à la pensée hautement morale qui
a dicté cette disposition législative, obtenue
grâce aux efforts de la Société protectrice des
fantet l'homme fait àla vue du sang. «L'homme
qui s'amuse à torturer des animaux se prépare
peut-être à devenir un grand criminel. » (M. de
Grammont, rapporteur de la loi.) Des disposi-
tions répressives semblables existaient déjà en
Angleterre, en Suisse, en Bavière, et dans
quelques Etats de l'Allemagne.
— Procès faits à des animaux. Il semble
qu'au moyen âge et même plus tard on n'ait
pas fait de la culpabilité morale une condition
indispensable de la responsabilité pénale :
entraîné par cette pensée vraie en elle-même,
que toute violence mérite un châtiment, on est
allé jusqu'à prononcer régulièrement et à faire
exécuter des sentences de mort contre des
animaux, et le plus souvent contre des porcs,
convaincus d'avoir donné la mort à des en-
fants. M. Berriat Saint-Prix, dans un travail
spécial, a relevé plus de soixante condamna-
tions de ce genre, du xnc au xvme siècle.
Ainsi, en 1266, un porc fut brûlé à Fontenay-
aux-Roses, sur l'ordre des officiers de justice
du monastère de Sainte-Geneviève, pour avoir
dévoré un enfant. En 1386 , sur une sentence
du juge de Falaise, une truie fut mutilée à la
jambe et pendue. En 1499, un jugement du
bailliage de l'abbaye de Beaupré, près Beau-
vais, condamna à la potence un taureau cou-
pable d'avoir tué un jeune garçon de quatorze
ans. On a conservé une attestation fort cu-
rieuse du bailli de Mantes, du 15 mars 1413,
par laquelle il taxe et certifie les frais de la
pendaison d'une truie. On y voit que le bour-
reau de Paris était venu à Meulan pour exé-
cuter l'animal : l'exécution avait coûté 69 sols
8 deniers parisis, y compris 2 deniers pour une
paire de gants ; il résulte de cette pièce et de
plusieurs autres analogues, que des gants
étaient fournis au bourreau pour lui éviter
un contact immédiat avec l'animal. C'était
respecter la dignité humaine, lors même qu'on
paraissait la compromettre par des actes indi-
gnes d'elle. (V. Magasin pittoresque, t. XIII,
p. 66.) Cet usage ne s'était pas maintenu sans
ANI
protestations. Beaumanoir, bailli de Clermont,
s'éleva avec force contre cette erreur de l'é-
poque, dans son ouvrage sur la coutume de
lieauvoisis, écrit en 1283 ; mais ce fut en vain.
Le bon sens et l'appréciation plus éclairée du
droit de punir n'eurent raison qu'avec le temps
d'une jurisprudence aussi bizarre. (M- Léopold
Delisle, auteur d'Etudes sur la condition de la
classe agricole en Normandie au moyen âge
(Evreux, 1851, in-S°), cite, p. 107, divers,
jugements de ce genre, avec preuves à l'ap-
pui, résultant de comptés de dépense déposés
aux Archives impériales.)
— Syn. Animal, bê<o , iiruio. Animal est
l'expression générique employée pour désigner
tous les êtres animés, par opposition aux vé-
gétaux et aux minéraux, et comprend l'homme "
par conséquent. La bâte est l'animal considéré
comme ayant des facultés bornées. La brute est
l'animal considéré comme complètement dénué
d'intelligence. Animal ne se dit que des êtres
d'une certaine grandeur ; bête se dit des grands
comme des petits. Brute est un terme de mé-
pris, qui ne s'emploie qu'en mauvaise part. Ces
mots s'appliquent à l'homme d'une manière
injurieuse. Animal s'emploie pour lui repro-
cher les défauts des purs animaux ; bête, pour
l'accuser de déraison, dfincapacité, de sottise ;
brute, pour le représenter comme tombé au
dernier degré de bêtise et d'abrutissement.
— Antonymes. Minéral, végétal.
— Llttér. Les Animaux malades do la peste,
fable de La Fontaine, un de ses chefs-d'œuvre,
et son chef-d'œuvre, s'il n'avait pas fait le
Chêne et le Roseau. La plupart des vers de cet
inimitable apologue sont devenus proverbes ;
nous allons donc le citer en entier, en ayant
soin de souligner chaque vers passé dans la
langue, et en faisant suivre, cette fable des
nombreuses applications qu'on en trouve dans
les écrivains. Pour plus de clartéj nous répé-
terons en tête de chaque genre d allusions le
passage de la fable dui y donne lieu :
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste [puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie :
Les tourterelles se fuyaient;
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le lion tint conseil, et dît : Mes chers amis,
Je crois que le ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune.
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste ce
itoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévoûments.
mus flattons donc point; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
oi, satisfaisant mes appétits gloutons.
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? nulle offense;
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le berger.
Je me dévoûrai donc, s'il le faut : mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi ;
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
Que le plus coupable périsse.
Sire, ditle renard, vous êtes trop bon roi;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché? Non, non. Vous leur fîtes, seigneur.
En les croquant, beaucoup d'honneur;
~ quant au berger, l'on peut dire "
Etant de ci
Qu'il itait
Sefo
1 gens-la qi
Ainsi dit
(
d; et flatteurs d'applaudir,
trop approfondir
surs, ni des autres puissances,
s pardonnables offenses :
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins.
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'âne vint à son tour, et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je petise.
Quelque diable aussi me poussant.
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue;
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots, on cria haro sur le baudet.
Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui! quel crime abominable!
Bien que la mort n'était capable
D'expier son forfait. On le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable.
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
1° Les Animaux malades de la peste. Les
allusions à la fable elle-même, à la moralité
qui en ressort, ont lieu pour montrer que le
bon droit ne doit attendre ni justice ni impar-
tialité, lorsqu'il est en lutte avec la force et la
puissance :
■ La morale de la fable des Animaux malades
de la peste sera la flétrissure éternelle des
iniquités juridiques et des juges vendus. »
Toussenei..
S° Puisqu'il faut l'appeler par «1
.,8e
ÂNI
dil toujours, dans l'application, d'une chose
mauvaise que, par précaution oratoire, on
parait ne vouloir pas nommer, ce à quoi l'on
se décide cependant comme à contre-cœur, et
en jetant entre parenthèses la phrase qui fait
l'objet de cette allusion ;
• On sait que le mouton n'est pas immortel,
et qu'il paye, comme l'homme, un tribut à la
maladie et à la destruction. La clavelée, puis-
qu'il faut l'appeler par son nom, exerce surtout
des ravages dans les rangs des bêtes à laine. »
L. Rkybaud.
« En convenant que les anciens ont eu beau-
coup de vices qui nous sont étrangers, j'ai
presque dit inconnus, il faut avouer, pour être
juste, qu'il en est un, sinon le plus odieux,
du moins le plus méprisable; sinon le plus
effrayant, du moins le plus à craindre : l'hy-
pocrisie, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
qui semble appartenir plus particulièrement à
nos temps modernes. » . De Jout.
« Ni dans ses doctrines, ni dans ses actes, le
clergé français ne donne le moindre prétexte
aux accusations d'envahissement amassées
contre lui. Les preuves de son esprit d'enva-
hissement seraient-elles donc dans une puis-
sance occulte qui est partout et nulle part, en
un mot, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
dans la congrégation? » Frayssinous. '
3° lia ne mouraient pas. «oui , mais loua
étaient frappés. Allusion qui se fait le plus
souvent sur le ton de la plaisanterie :
« Un des amis et des correspondants de
Mme Récamier, qui se montre le plus à son
avantage et qui est tout à feit nouveau pour
le public, est le duc de Laval, cousin de M. de
Montmorency. C'est lui qui, amoureux long-
temps de M">« Récamier, comme l'avait été
son cousin et comme l'était son fils, disait que
c'était dans la destinée des Montmorency, et
ajoutait agréablement :
Ils n'en mouraient peu lous,mais tous étaient frappés. »
Sainte-Beuve.
• Pendant un trimestre, la fusillade fut si
bien'nourrie, que chaque samedi comptait ses
morts. Nulle part on n'a vu un pareil carnage.
C'est tout juste s'ils ne mouraient pas; mais
tous étaient frappés, Julio et Présalé, Camélio
et Cascarin, Orviétan et Molossard, Choufleury
et Perruchon, et chacun se disait en frisson-
nant-: Il va y avoir, un de ces matins, une
tuerie épouvantable; cet imprudent Argyre
n'en sera pas quitte à moins de dix affaires. »
A. CE PONTMARTIN.
« Tout le reste de Paris est enrhumé :
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés,
comme vous disiez. Adieu, ma chère enfant,
je vous embrasse tendrement, et toute votre
grande et petite compagnie. ■
Mme de Skvionb, à sa fille.
• Quand nos troupes vinrent en Italie, ceux
qui usèrent sans précaution des femmes et du
pain du pays, s'en trouvèrent très-mal. Les
uns crevaient d'indigestion , les autres cou-
laient des jours fort désagréables.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. •
P.-L. Courier.
Plu» d'o«
il plu* do Joie
ANI
« Assez souvent M. de la Bédollière et les
siens, affichant des teneurs qui ne les ont
jamais empêchés de dormir, gémissent sur le
tort que les catholiques feraient au monde s'ils
conduisaient la chose publique : les arts bannis,
les sciences proscrites, tous les agréments de
la société perdus, plus d'amour, partant plus
de joie, et nulle autre lumière que celle des
bûchers. » Louis Veuillot.
» Que m'a.
aient-Ils fuit? nulle
Dans l'application, ces deux vers se rappel-
lent en guise d'épiphonème, et servent à ca-
ractériser un état de tristesse, ou simplement
de contrariété, qui bannit des esprits l'idée des
plaisirs. L'allusion est quelquefois directe, pour
exprimer l'absence même de l'amour :
« Aussi, dans quel état de consternation ma
pauvre commune de Gigondas se présentait à
mes regards effarés 1 Une terreur morne avait
succédé aux espérances éveillées par ma no-
mination. On s'abordait en tremblant; les tour-
terelles se fuyaient; le café était désert. Cauvin
ayant organisé, disait-on, une police secrète,
chacun se méfiait de son voisin comme d'un
dénonciateur : les femmes mêmes se taisaient.
On se serait cru a Venise, au plus formidable
moment du Conseil des Dix. >
A. DE PONTMARTIN.
« Ce sont là les nouveaux horizons que nous
ouvre la Femme (de M. Michelet), horizons
pleins encore de variété et d'infini ! L'esprit à
côté du cœur !... C'en est trop cette fois ; l'idole
est trop séduisante et trop belle pour ne point
mériter l'universelle adoration. Lés hommes
vont se rendre enfin ; ils sont tristes, ils s'en-
nuient :
Plu* d'amour, partant plus de joie.
3e ne doute pas qu'ils ne se convertissent
bientôt tous au dieu d'hymen, et que le ma-
riage, si longtemps, hélas! en discrédit, ne
refleurisse bientôt avec une force et une vertu
Singulières. » P. Delacroix.
■ Il y a, de l'homme à la bête et a tout ce qui
existe, des sympathies et des haines secrètes
dont la civilisation ôte le sentiment. J'aimais
mes vaches, mais d'une affection inégale ; j'a-
vais des préférences pour une poule, pour un
arbre, pour un rocher. On m'avait dit que le
lézard est ami de l'homme, et je le croyais
sincèrement. Mais j'ai toujours fait une rude
guerre aux serpents, aux crapauds et aux
chenilles.
Que m'avaient-ils fait ? nulle offense. •
Proudhon.
En le* croquant, beaucoup d honneur.
Vers d'une application toujours ironique, pour
faire comprendre que le petit doit toujours
se trouver très-honoré des libertés, des licen-
ces, si loin qu'elles aillent, que le grand se
.permet a son égard. Cejte idée est spirituelle-
ment exprimée dans le Sénateur de Béranger,
qui avait le privilège de dérider le front de
Napoléon 1er :
« En quel pays la maxime la plus abomina-
ble, la plus contraire au bien public, n'est-elle
pas tolérée du puissant auquel elle est favo-
rable? En quel pays a-t-bn constamment puni
l'homme vil et bas qui répète au prince, après
Vous leur files, seigneur,
■ En les croquant, beaucoup d'honneur.
Helvétios.
70 Au dire do chacun étaient de petite saints.
Vers qui exprime malicieusement le travers de
ceux qui, en- présence d'une accusation, s'at-
tribuent au plus haut degré la veçtu opposée
ut au plus uaui uegre ul
:e qu'on leur reproche :
« J'aime mieux encore qu'on dénonce à tort
et à travers, j'ai presque dit qu'on calomnie
même, comme le père Duchesne,' mais avec
cette énergie qui caractérise. les âmes fortes
et d'une trempe républicaine, que de voir ces
ménagements pusillanimes de la monarchie,
cette circonspection, ce visage de caméléon et
de l'antichambre, pour les plus -forts hommes
en crédit ou en place, ministres ou généraux,
représentants du peuple ou membres influents
des jacobins, qui, au dire de chacun d'eux, sont,
tous de petits saints. »
Camille Desmoulins.
8" La faim, l'occasion, l'nerbe tendr
■&;:,
Quelque diable aussi ne poussant. ,
Vers qui se rappellent pour expliquer une
faute, dont on cherche Vexcuse dans des cir-
constances alléchantes, irrésistibles :
« Le désœuvrement, l'inexpérience, Vherbe
tendre et le reste ont tenté les sens d'Emma
sans toutefois remuer son cœur', si bien qu'une
charmante petite fille est venue au monde et
n'a point demandé à l'état civil la permission
de naître. • B. Jouvin.
< Le poète a rencontré sa 'Philis dans un
bois, et l'ombre, l'occasion, l'herbe tendre,
tout le favorisant, il en a obtenu ce qu'il ne
croyait jamais obtenir.
Théophile Gautier,
« J'ai dû vous marquer, si tant est que je
vous aie écrit de Milan, comment arrivé là je
quittai sagement mon vilain métier. Mais k
Paris, la rencontre d'un homme que je croyais
Et, je pense.
Quelque diable aussi me poussant,
je partis pour l'armée d'Allemagne, dans le
dessein extravagant de reprendre du service. »
P.-L. Oourier.
• A la fin, je suivis un groupe de nouveaux
arrivants et j'entrai dans le bal.
• Ne vous hâtez pas trop de me crier haro,
car, en vérité, j'étais à peu près dans la même
position que ce pauvre baudet de La Fontaine.
Il pleuvait, je n'avais point de parapluie, et je
craignais de gâter mon chapeau neuf. Joignez-y
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,
Quelque diable aussi me poussant;
que de circonstances atténuantes, et où est le
pharisien qui oserait me jeter la première
pierre? • Victor Fournkl.
9° Puisqu'il faut parler net. Hémis-
ANI
tiche devenu la formule qui termine une con-
fession pénible à l'amour-propre :
« A la distribution des prix , auxquels je
n'avais aucune prétention, et que sans regret
je voyais donner à mes qamarades plus jeunes
que moi, n'eus-je pas le malheur insigne d'être
gratifié do la croix de sagesse , cet éternel
partage des ânes de collège? J'y avais bien
quelque droit, puisqu'il faut parler net, car je
n'étais ni joueur, ni bruyant, ni indocile. Mais
les élèves ne manquèrent pas de crier haro
sur le baudet. » . Béranger.
10" Haro iiur le baudet. Clameur
qui s'élève contre quelqu'un sur qui on fait
retomber, le plus souvent avec injustice, toute
la responsabilité d'une faute générale :
• Et quand enfin la toile était levée et que
l'œuvre allait à son but, splendide, éclatante,
à travers ses sentiers plus que divins , quel
misérable eût osé, je ne dis pas pousser un
murmure, mais simplement fermer un œil? Ah 1
le malheureux, qu'il eût été bien a plaindre 1
Damnation ! il n'a pas écouté Hernani! 11 est
resté froid à Bernani! tJïaro sur le baudet! »
Il y allait véritablement de la vie et de la
mort. » J. Janin. .
■ Ceux qu'il avait le plus aidés se montraient
les plus vils et leS plus amers. Encore s'il n'a-
vait été que malhonnête homme I mais c'était
bien pis, il avait été maladroit t Uaro sur le
baudet!» A. Achard.
« Pour fêter pieusement l'anniversaire du
24 février, le peuple s'était rendu de tous les
points de Paris en pèlerinage à la place de la
Bastille. Il avait suspendu des couronnes fu-
néraires aux grilles de la colonne. La police
de M. Carlier enleva pendant la nuit ces pieuses .
offrandes. L'indignation cette fois fut sérieuse.
Le ministre de l'intérieur lui-même crut devoir
flétrir un pareil acte. Bref, le haro tomba sur
un pauvre officier de paix, qui joua le rôle de
l'âne dans cette autre fable des animaux ma-
lades de la peste. » H. Castille.
11° Dn loitp, quelque peu clerc... Mots iro-
niques à l'adresse du pédant qui, dans quelque
circonstance que ce soit , s empare du rôle
d'accusateur public :
« A Nogent-le-Rotrou, il ne faut point dan-
ser, ni regarder danser, de peur d'aller en
prison. Gendarmes aussitôt arrivent ; en prison
le bal et les violons, danseurs et spectateurs,'
en prison tout le monde. Un maire verbalise ;
un procureur du roi (c'est comme qui dirait un
loup quelque peu clerc) voit là -dedans des
complots, des machinations, des ramifications!
Que ne voit pas le zèle d'un procureur du roi ! »
P.-L. Courier.
« Paul-Louis, quelque peu clerc, écoute leurs
récits, recueille leurs propos, sentences, dits
notables, qu'il couche par écrit, et en fait des
articles, sans y mettre du sien, sans y rien
sous-entendre. » P.-L. Courier.
120 Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur
mal. Vers qui résume, avec autant d'énergie
que d'injustice, la réprobation générale dont
une personne ou une chose est 1 objet :
» Je suis convaincu qu'on exagère l'influence
pernicieuse du tabac, qui joue dans le concert
des récriminations contemporaines le rôle do
l'âne de la fable. Il est le pelé, le galeux, soit,
et vous criez haro ; mais ce n'est pas de lui que
nous vient tout le mal. Les moralistes savent
cela aussi bien que moi. »
Edmond Texier.
13» Mmigcr l'herbe d'nutrui t Exclamation
qui sert à exprimer pittoresquement le pré-
tendu crime d'un pauvre diaule qui, le plus
souvent, n'a commis qu'une peccadille ;
Mais si, pour ce métier, un hiJmrae a trop de cœur.
S'il veut tout du mérite, et rien de la faveur,
Si, mis entre sa place et l'honneur, il résigne
L'emploi dont il vivait, pour rester "dans sa ligne ;
Après un mot d'estime et de compassion,
Nul ne se souviendra de sa belle action ;
Il est pauvre, inutile, et chacun le délaisse;
Et qu'il se garde alors d'avoir une faiblesse!
Un harr- général s'élève contre lui :
Il a, le malheureux, mangé l'herbe dautrui!
Ponsard,
140 Quelcrimo abominable! Phrase
exclamative qui sert à exagérer plaisamment
la gravite d'une faute très-légère :
« Le procès de la sculpture serait bien long
à faire. On connaît son obstination k revêtir
tout le monde du costume antique, et son hor-
reur pour le vêtement moderne n'est un mys-
tère pour personne. Un frac à une statue, quel
crime abominable! Vite une cravate blanche à
ce magot de bronze ! »
Jïevue de l'Instruction publique.
15° Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait.
Vers auxquels on fait allusion dans les
mêmes circonstances que pour l'application
précédente :
« Notez ceci, je vous en prie. Altiéri vend
tes manuscrits dont il a la garde ; il est pris
sur le fait; on trouve cela fort bon ; personne
n'en dit mot ; on lui donne un meilleur emploi.
Moi, je fais un pâté d'encre ; tout le monde,
crie haro! J'ai beau dépenser mon argent,
traduire, imprimer à ifbs frais un texte nou-
veau, je n'en suis pas moins pendable, et rien
que la n.ort n'est capable, etc. Je vous em-
brasse. Mille respects à M">e Clavier. » .
P.-L. Courier.
1G0 Sel,
a puis
Ces deux vers, qui résument la moralité de
toute la fable, sont d'une application fréquente,
et, le plus souvent, dans un ordre d'idées
sérieux :
« L'histoire de Jean-le-Blanc, sorte d'aigle,
nous apprend à nous défier do la sottise des
jugements humains, qui ne sortent guèro de
l'orbite fixée par la morale de la fable,
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Un jugement de cour vous rendra blanc ou noir.
Le mépris que le civilisé eut toujours pour
Jean-le-Blanc, rapproché du respect qu'il porte
à l'aigle, n'est qu'un autre mode d'adhésion à
cette morale impie. Il est bien difficile de ne pas
se laisser aller à une série de réflexions décou-
rageantes, au sujet de ce rapprochement. »
Toussenel.
— Allus. littér.
Cet animal est Irès-mécliani :
Quand on l'attaque, il se dé rend.
Allusion à deux vers d'une chanson burlesque
intitulée la Ménagerie. Cette bouffonnerie ,
déjà ancienne et très-peu connue, mérite d'être
citée ici tout entière, moins certainement à •
cause de sa valeur littéraire, qui est toute né-
gative, que pour les deux vers très-plaisants
et très-souvent cités qui en ont été tirés :
La Ménagerie, chanson-parade, paroles de
M. Théodore P... K..., musique d'Edmond
Voici l'heure, c'est le moment;
Venez voir la ménagerie,
Le superbe tigre royal,
Le grand lion du Sénégal,
L'ours blanc natif de Sibérie,
Le pélican, saignant ses flancs
Pour en nourrir tous ses enfants
Parlé ; — Entrez, entrez, î
dames, et comme il y a plus de petites bourses
que d' grosses,
2» COUPLET.
Vous allez voir le grand serpent,
Le fameux boa tout vivant,
.Le même qui perdit la via
A l'incendia du grand bazar ;
De plus, le cruel léopard,
Venant du fond de l'Arabie.
Cet animal est trés-méchanl :
Qztand on l'attaque, il se défend.
Parlé: — On prie l'honorable socilliété de ne
pas confondre le serpent boa avec le fameux
serpent a sonnettes, ainsi nommé parce que sf
morsure fait venir des cloches ! Et combien
mon ami Paillasse?
Ça n' coût' que deux sols, etc.
:t combien,
Vous
pourrez voir en
néme temps
Unir
Itro
gc tout, rien ne
Lep'
bien sa cage en
Tout
exprès pour cela
fut faite.
■ Nous l'apporta dernièrement.
Parlé : — Nous aurons aussi l'honneur de
présenter à l'honorable compagnie le grand
hareng voyageur, animal surprenant qui a fait
cinq cent vingt-cinq lieues sur mer dans un
tonneau de moutarde... .sans éternuer; d'au-
cuns disent qu'à son arrivée , on lui dit :
Hareng... sorsl... Le nom lui en est resté. Et
combien, mon ami Paillasse, pour voir toutes
ces merveilles?
Ça n' coût' que deux sols, etc.
4« COUPLET.
Y a d' plus, que j' n'ai pas compté.
Les animaux d' socilliété;
C'est une chose trop connue
Que r singe, la pie et l' pierrot,
L'âne, la mouche et l'étourneau;
On en trouve dans chaque rue.
Sur les dindons, je coups court,
On n' voit plus qu' {a dans tout'» les cours.
392 ANI
Parlé : — Y en à-t-il, y en a-t-il aujour-
d'hui des dindons ! ! I Messieurs ! mesdames I
on n'attend jilus que l'honneur de votre pré-
sence... Mon ami Paillasse , fais placer ces
messieurs aux premières sur des chaises...
On trouve, mais écrit de bonne foi, un autre
exemple des deux vers bouffons qui font l'objet
de' cet article, dans une ancienne relation du
Voyage de Vaséo de Gama. Il s'agit de loups
marins «d'une grosseur surprenante, avec des
dents fort longues, « qui furent rencontrés en
1497 : « Ces animaux, dit l'auteur delà relation,
sont si furieux, qu'ils se défendent contre ceux
qui les attaquent. ■
Dans l'application , ces vers se disent de
celui qui riposte à une attaque quand il a cent
bonnes raisons pour le faire :
« Si regrettables que soient ces vengeances,
elles peuvent être, non pas justifiées, mais
expliquées par les souffrances inouïes qui pous-
sèrent au désespoir le peuple des campagnes.
Oui, le paysan fut cruel, et le sang qu'il a
versé souille son histoire. Mais il ne fut meilleur
ni pire que ses oppresseurs, et, quand on en-
tend certaines diatribes h la mode, on ne peut
s'empêcher de les taxer d'exagération, et l'on
se dit avec une ironie amère :
Cet animal est fort méchant:
Quand on l'attaque, il sp défend. ■
H. d'Audigier.
Animaux (DISCOURS SUR LA NATURE DES),
par Buffon. Ce discours, publié en 1753, et qui
ouvre le quatrième volume des oeuvres de
Buffon, édition in-4<> de l'imprimerie royale
(V. Histoire naturelle de Buffon), contient
une étude générale de l'organisation et des
facultés des animaux. L'auteur s'y montre le
précurseur de Bichat dans la distinction phy-
siologique de la vie animale et de la vie orga-
nique; il s'efforce en outre d'établir d'une
façon précise et rigoureuse la distinction psy-
chologique de la vie animale et de la vie
humaine.
En comparant les deux manières d'être que
présente 1 animal, état de mouvement et état
de repos, veille et sommeil, Buffon fait cette
remarque importante que, dans le premier
état, tous les ressorts de la machine animale
sont en action, tandis que "dans le second il
n'y en a qu'une partie. Cette partie, qui est en
action pendant le sommeil, est aussi en action
pendant la veille ; elle est donc d'une nécessité
absolue, puisque l'animal ne peut exister d'au-
cune façon sans elle ; cette partie est indépen-
dante de.l'autre, puisqu'elle agit seule ; l'autre,
au contraire, dépend de celle-ci, puisqu'elle
ne peut seule exercer son action ; l'une est la
partie fondamentale de l'économie animale,
puisqu'elle agit continuellement et sans inter-
ruption ; l'autre est une partie moins essen-
tielle, puisqu'elle n'a d'exercice que par inter-
valles et d une manière alternative. L'action
du cœur et des poumons dans l'animal qui
respire, l'action du cœur dans le fœtus forment
cette première partie de l'économie animale;
l'action des sens et le mouvement du corps et
des membres constituent la seconde. Le som-
meil, en suspendant la sensibilité et le mou-
vement, réduit momentanément l'animal à
cette première partie; des êtres qui y seraient
réduits d'une façon permanente ne différe-
raient en rien des animaux qui dorment. Un
végétal n'est dans ce sens qu'un animal qui
dort, et en général les fonctions de tout être
organisé qui n'aurait ni mouvement ni sens
pourraient être comparées aux fonctions d'un
animal qui serait par sa nature contraint a
dormir perpétuellement.
Ainsi ces deux états différents, veille et
sommeil, nous révèlent dans l'animal deux
Sarties : une partie intérieure, qui est la base
e l'économie et qui appartient a tousdes ani-
maux sans exception ; une partie extérieure,
une enveloppe plus ou moins riche de sens et
de membres, et par laquelle les animaux dif-
fèrent entre eux. Dé là deux vies distinctes :
une vie intérieure, commune à l'animal et au
végétal, une vie extérieure, vie animale pro-
prement dite, d'autant plus complète que l'en-
veloppe extérieure contient plus de sens et
de membres^ Le cœur est le centre de la vie
intérieure; ,1e cerveau est le centre de la vie
extérieure. ' .
comparaison des facultés de l'animal avec celles
de lhomme. L'animal, selon Buffon, est un
être purement matériel qui ne pense ni ne
réfléchit; ses facultés les plus élevées s'ex-
pliquent par les ébranlements que reçoivent
ses sens, qu'ils transmettent au sens intérieur
ôt général, au cerveau, et que celui-ci con-
serve et communique 'aux nerfs. Dans l'ani-
mal; il n'y a que l'appétit; dans -l'homme, il y
%} outre l'appétit, la connaissance. Dans l'a-
nimal, les degrés d'excellence des sens suivent
un autre ordre que dans l'homme. Le. sens le
F lus relatif à la connaissance est le toucher ;
homme a ce sens plus parfait que les ani-
maux. L'odorat est le sens relatif a l'appétit;
l'animal a ce sens infiniment meilleur que
l'homme. Dans l'homme, le premier des sens
pour l'excellence est le toucher, et l'odorat est
le dernier -dans l'animal, l'odorat est le pre-
mier des sens, et le toucher est le dernier :
cette différence est relative à la nature de
ANI
l'un et de l'autre. Les animaux n'ont qu'un
moyen d'avoir du plaisir-, c'est d'exercer leur
sentiment pour satisfaire leur appétit; nous
avons cette même faculté, et, de plus, un
autre moyen de plaisir, c'est d'exercer notre
esprit, dont l'appétit est de savoir. Les ani^
maux ont des sensations, mais ils ne forment'
pas d'idées, parce que les idées ne sont que
des sensations comparées, et que l'homme seul
a la faculté de comparer ses sensations. Il y a
deux espèces de mémoires : la mémoire des
idées, qui est la mémoire véritable, et la rémi-
niscence des sensations : les animaux n'ont
que cette dernière'. Leur imagination ne s'ap-
plique également qu'aux sensations. Leur
conscience d'existence est simple, elle dépend
uniquement des sensations qui les affectent
actuellement. Privés d'idées et pourvus de
sensations, ils ne savent point qu ils existent,
mais ils le sentent. L'état dans lequel nous
nous trouvons par instants lorsque nous
sommes violemment agités par une passion, et
dont nous exprimons l'idée en disant que nous
sommes hors de nous, peut être considéré
comme leur état habituel. La puissance de
réfléchir, se manifeste par deux opérations ;
elle compare les sensations pour eu former
des idées; elle compare les idées mêmes pour
en former des raisonnements. Par la première
de ces opérations, nous acquérons des idées
particulières et qui suffisent à la connaissance
des choses sensibles ; par la seconde, nous nous
élevons à des idées générales nécessaires pour
arriver à l'intelligence des choses abstraites.
Les animaux n'ont ni l'une ni l'autre de ces
facultés, parce qu'ils n'ont point d'entende-
ment, et l'entendement de la plupart des
hommes paraît être borné à la première de ces
opérations.
L'homme intérieur est double {Homo duplex);
il est composé de deux principes différents par
leur nature, et contraires par leur action : le
principe spirituel, l'aine, et le principe animal
et purement matériel. Le principe animal se
développe le premier ; le principe spirituel se
manifeste pins tard ; il se perfectionne au
moyen de 1 éducation ; c'est par la communi-
cation des .pensées d'autrui que l'enfant en
acquiert et devient lui-même pensant et rai-
sonnable. C'est parce que la nature de l'homme
est composée de deux principes opposés, qu'il
a tant de peine à se concilier avec lui-même ;
c'est de là que viennent son inconstance, son
irrésolution, ses ennuis. Les animaux, dont la
nature est simple et purement matérielle, ne
ressentent-ni combats intérieurs, ni opposition,
ni trouble; ils n'ont ni nos regrets, ni nos
remords, ni nos espérances, ni nos craintes.
Dans les passions de l'homme, il faut distinguer
le physique et le moral ; le physique des pas-
sions n'est produit que par le sens intérieur
matériel. 11 y a des passions", comme la peur,
l'horreur, la colère, l'amour ou plutôt le désir
de jouir, qui sont purement physiques et doi-
vent naturellement nous être communes avec
les animaux. Il en est de même de- certains
attachements qui ne supposent nullement la
puissance de^ penser et de réfléchir. Mais l'a-
mitié, qui vient de l'âme, est le propre de
l'homme. Quant au talent d'imitation que
montrent certains animaux, ce n'est quun
effet mécanique, un résultat purement machi-
nal, dont la perfection dépend de la vivacité
avec laquelle le sens intérieur, matériel reçoit
les impressions des objets, et de la facilité de
les rendre au dehors par la similitude et la
souplesse des organes extérieurs. Les hommes
les mieux doués sous ce rapport sont ordinai-
rement ceux qui réfléchissent le moins ; il n'est
donc' pas surprenant qu'on trouve ce talent
dlimitation dans les animaux, qui ne réflé-
chissent point du tout.
Le Discours sur la nature des animaux se
termine par la comparaison de l'homme en
société avec l'animai en troupe. Ici Buffon,
faisant allusion à Réaumur, à Lyonnet, à
Lesser, s'élève contre l'admiration qu'il voit
accorder par les naturalistes à l'intelligence et
aux talents des insectes. Il n'estime "rien de
plus gratuit que ces vues morales qu'on vou-
drait prêter aux abeilles, que cet amour du
bien commun qu'on leur suppose, que cet
instinct singulier qui équivaut a la géométrie
la plus sublime; il. déclare avec un dédain
superbe qu'une mouche ne doit pas tenir plus
de place dans la tête d'un naturaliste quelle
n'en tient dans la nature. La société humaine,
ajoute-t-il, suppose la faculté raisonnable ;
elle dépend moins <les convenances physiques
que des rapports moraux ; elle est l'œuvre
réfléchie de l'homme, et le meilleur usage
qu'il ait fait de sa raison. La société, dans les
animaux qui semblent se réunir librement et
par convenance, comme les éléphants, les
castors, les singes, suppose l'expérience du
sentiment. Enfin , la société des bêtes, qui ,
comme les abeilles, se trouvent ensemble sans
s'être cherchées, ne suppose rien : quels qu'en
puissent être les résultats, il est clair qu'ils
n'ont été ni prévus, ni ordonnés, ni conçus
par ceux qui les exécutent, et qu'ils ne dé-
fiendent que du mécanisme universel et des
ois de mouvement établies par le créateur. «
Animaux (Traité des.), par Condillac. Cet
ouvrage . publié en 1755 , se divise en deux
parties : la première , où l'auteur combat les
idées de Buffon sur les facultés des animaux ;
la seconde, où il explique à sa manière l'ori-
gine, et marque les limites de ces facultés.
La première partie s'ouvre par une réfuta-
tion du système cartésien de l'automatisme
ANI
des bêtes. Quand il s'agit de sentiment, dit
Condillac, il n'y a d'évidemment démontré pour
nous que celui dont chacun a conscience. Ce-
pendant nous ne révoquons pas en doute le sen-
timent dans les autres hommes; nous sommes
tout aussi fondés, à le reconnaître dans les
animaux que nous voyons veiller, comme nous,
à leur propre conservation et dont les actions
paraissent réglées par des sens tout à fait
semblables aux nôtres. Ainsi, il y a dans les
bêtes autre chose que du mouvement; ce ne
sont pas des automates : elles sentent.
Si les bêtes sentent, elles sentent comme
nous, car ou ces propositions, les bëtes sentent
et l'homme sent, doivent s'entendre de la même
manière, ou sentir, lorsqu'il est dit des bêtes,
est un mot auquel on n'attache point d'idée.
On ne saurait admettre , avec Buffon , que
l'homme intérieur soit double, qu'il soit formé
de deux principes sentants, l'un simple, l'autre
étendu, car l'unité de personne suppose néces-
sairement l'unité de l'être sentant. Voir un
être purement matériel dans l'animal, un effet
purement mécanique dans ses déterminations,
ne saurait se concilier avec le sentiment qu'on
lui accorde. Vainement Buffon parle-t-il d'é-
branlements : on ne conçoit pas de liaison
entre ces ébranlements et le sentiment. Des
idée de mouvement, et tout ce méca-
nisme n'offre qu'une machine sans âme, c'est-
à-dire une matière incapable de sentir.
Le sentiment ne peut suffire pour expliquer
tous les actes des animaux. La connaissance
est nécessaire pour rendre raison des mou-
vements par lesquels ils. fuient ce qui leur est
contraire et recherchent ce qui leur convient,
mouvements qui varient suivant les circon-
stances. Invoquer l'instinct, l'appétit, c'est
prendre des mots pour des raisons. Qu'y-a-t-il
sous ces mots? Tout simplement des habitudes
formée* dtais le premier âge et qui ont échappé
à l'observation. Telles sont les habitudes de
toucher, de voir, d'entendre, de sentir, d'évi-
ter ce qui est nuisible , de saisir ce qui est
utile, de se .nourrir; ce qui comprend les mou-
vements les plus nécessaires à la conservation
de l'animal.
Dans la seconde partie, Condillac s'efforce
de montrer que, dans les animaux, les habi-
tudes supposées naturelles sont dues à l'ex-
périence, sont acquises; en d'autres termes,
que l'instinct peut se ramener à l'intelligence.
Chez l'animal, dit-il, le besoin est le prin-
cipe des connaissances; c'est le besoin oui le
fait essayer ses organes sur chacun des oojets
qui l'entourent, et lorsque nous le croyons tout
occupé à jouer, c'est proprement la nature
qui joue avec lui pour l'instruire. Il étudie,
mais sans avoir. le dessein d'étudier; il ne se
propose pas d'acquérir des connaissances pour
en faire un système; il est tout occupé des
plaisirs qu'il recherche et des peines qu'il évite.
Cependant, sans faire d'efforts pour s instruire,
il s'instruit. Lès objets se distinguent à ses
yeux, se distribuent avec ordre ; les idées se
multiplient suivant les besoins, se lient étroi-
tement les unes aux autres. En un mot, chez
l'animal, toutes les facultés naissent d'une
même origine, la sensation ; s'engendrent par
un même principe, le besoin ; s'exercent par
un même moyen, la liaison des idées. Sensa-
tion, besoin, liaison des idées : tel est le sys-
tème auquel il faut rapporter toutes ses opé-
rations comme les nôtres. Les bêtes inventent
comme nous, si ïnuenfer-eignifie la même chose
que juger, comparer, découvrir. Elles inven-
tent même encore, si par là on entend se re-
présenter d'avance ce qu'on va faire. Mais
elles ont infiniment moins d'invention que
nous , soit parce qu'elles sont plus bornées
dans leurs besoins, soit parce qu'elles n'ont
pas lés mêmes moyens pour multiplier leurs
idées et pour en taire des combinaisons de
toute espèce. On croit communément que les
animaux d'une même espèce ne font tous les
mêmes choses que parce qu'ils cherchent à se
copier, et que les nommes sont d'autant plus
différents les uns des autres que l'imitation
joue un plus faible rôle dans leurs actes. Sui-
vant Condillac, c'est le contraire qui est vrai ;
l'uniformité des habitudes chez les animaux
tient précisément au peu de commerce d'idées
qui existe parmi eux, c'est-à-dire a l'impuis-
sance où ils sont de se copier ; les différences
que l'on observe entre les hommes viennent
de la faculté qu'ils ont de se communiquer
leurs besoins, leurs expériences, et de former
linsi, en se copiant mutuellement, une. masse
de connaissances communes ; chacun, en effet,
pourquoi il ne ressemble exactement à
Condillac voit dans ce qu'on appelle instinct
un commencement de connaissance. Pour
nous donner une idée exacte de l'instinct, il
nous montre deux moi dans chaque homme,
le moi d'habitude et le moi de réflexion. Le
moi d'habitude, voilà l'instinct; le moi de
réflexion, voilà la raison. Mais cette habitude
où la réflexion n'a plus de part, c'est en ré-
fléchissant qu'on l'acquiert. Aussi bien dans
l'animal que dans l'homme , la réflexion pré-
cède et produit l'habitude ; à mesure qu'elles
naissent, les habitudes sont soustraites à la
réflexion qui, après les avoir formées, les aban-
donne en quelque sorte à elles-mêmes pour
se porter sur d'autres actions ; c'est ainsi que
ANI
sur ce qu'il fait. Ce qui distingue l'animyl,
c'est qu'en lui, à cause de son peu de besoins,
la réflexion épuise de bonne heure son activité,
finit par se transformer toute entière en habi-
tude, en instinct, au lieu que l'homme conserve
toujours au-delà de ses habitudes une cer-
taine mesure de réflexion. Ce qui distingue
l'animal, c'est que, par la nature de ses besoins,'
il ne s'intéresse qu aux objets extérieurs, c'est
que son instinct 1 entraîne toujours au dehors ;
au lieu que l'homme , capable d'abstractions
de toute espèce, peut se comparer avec tout
ce qui l'environne , rentrer en lui-même et en
sortir. En deux points surtout éclate la supé-
riorité de l'homme sur les bêtes : la connais-
sance de la divinité et la connaissance de la
inorale.
L'homme s'élève aux idées du juste et de
l'injuste: l'animal n'a d'autre règle que la
force : de là une différence essentielle que
l'induction permet de mettre en l'âme des
bêtes et celle de l'homme. L'âme de l'homme
doit continuer d'exister après la mort, parce '
que Dieu est juste. L'âme des bêtes est mor-
telle, parce qu'incapable de mérite et de démé-
rite, elle n'a aucun droit sur la justice divine.
V. Homme, Instoct.
Animaux (Lettres sur les ),. par Georges '
Leroy. V. Lettres.
Animaux ( Histoire des ) , par Aristote.
V. Histoire.
Animaux parlants (les), poiime allégorique
de Casti, en vingt-six chants. C'est une satire
amère des cours, dans laquelle le ltèvre-roi,
tyran imbécile, a le renard pour ministre
d'Etat; le loup est le ministre des finances; le
tigre commande les armées , etc. Prêtant ,
comme Esope, les passions humaines aux ani-
maux, Casti a parodié assez plaisamment
toutes les phases des révolutions politiques :
les beaux sentiments affichés et ta cupidité
secrète des chefs qui se succèdent; l'intolé-
rance de ces cabales qui n'admettent point de
salut hors de leur sein, et qui regardent comme
des principes éternels les sentiments à ta mode.
Il a représenté d'une manière piquante l'élo-
quence démagogique duchien, la morgue aris-
tocratique de l'ours, etc. Mais la plaisanterie
est beaucoup trop prolongée : on soutient dif-
ficilement l'attention pendant vingt-six chants,
et le style lâche et négl
à réveiller l'attention.
L'auteur était à Vienne, auprès de l'empe-
reur Joseph II, lorsqu'en 1794 il résolut d'é-
crire son poème; dont le plan occupait depuis
longtemps sa pensée. Mais, quelle que fût sa.
faveur auprès du monarque allemand, il sentit,
qu'il ne pourrait conduire à bonne fin son
entreprise, tant qu'il ne serait pas complè-
tement indépendant. Il lui semblait difficile,
surtout, de publier son ouvrage. Casti n'hé-
sita pas : renonçant au titre et aux appoin-.
tements de poëte impérial, il se retira en
Toscane, où il séjourna une année, puis vint
à Parts chercher le loisir et la tranquillité né-
cessaires pour mettre la dernière main à son
poème. A peine les Animaux parlants eurent-
ils paru, que les éditions s'en multiplièrent avec
une étonnante rapidité, soit en Italie, soit dans .
les pays étrangers. On porta sur ce poSrne un .
jugement plus que favorable, et la Décade
philosophique disait en 1802 : « Le succès sera
durable ; l'importance du sujet, sa nouveauté,
et le rare talent déployé dans l'exécution, re-
commandent ce poème unique à la postérité. ■
Reconnaissons que la postérité n'a pas corn-'
plétement confirmé ce jugement; l'œuvre de
Casti a été, au contraire, vivement critiquée.
' Il existe une traduction en vers de L. Ma--
réchal, publiée en 1819, et plusieurs autres
en prose.
-De
Animaux fabuleux et symbolique
tout temps , les animaux ont été choisis ,
vant leurs instincts, pour symboliser telle
vertu ou tel vice ; partout, la superstition po-
pulaire les a consacrés et donnés pour attri-
buts aux dieux, aux héros et aux saints.
Il n'est peut-être pas un animal connu des
anciens, dont la mythologie grecque n'ait
fait l'emblème ou l'image même de quelque
divinité. Il nous suffira de citer : l'aigle,
consacré au maître des dieux; le paon, à
l'orgueilleuse Junon ; le hibou, a la vigilante
Minerve; le bouc, à l'impudique Cypris; le-
porc, à la féconde Cérès ; la biche, à Diane la-
chasseresse ; le coq et la couleuvre, à Escu-,
lape ; les colombes, les moineaux attelés au
char de Vénus; les tigres, les lynx et les pan-
thères, à celui de Bacchus; les lions, à celui
de Cybèle; les chevaux marins de Neptune;
les chevaux noirs de Proserpine; les chevaux'
brûlants du Soleil ; le'double serpent ou caducée
de Mercure; les vipères de l'Envie; les ser-
pents qui coiffent la Discorde et les Euménides ;
fa chèvre Amalthée, nourrice de Jupiter;
l'aigle qui ronge le foie de Prométhée; le
vautour qui fait subir le même supplice au
géant Tityus ; le serpent Python, percé par
les flèches du fils de Latone; le sanglier de,
Calydon, tué par Méléagre; le lion de'Némée,
le sanglier d Erymanthe, les oiseaux du lac
Stymphale, l'hydre de Lerne, et autres bêtes
plus ou moins fantastiques et redoutables, ex-
terminées par Hercule: puis une foule de
monstres, participant de la nature de plusieurs
animaux : les satyres, moitié hommes, moitié
chèvres; les centaures, chevaux à figure hu-
maine; la Chimère, tête de lion, corps do
chèvre et queue de dragon; la Renommée,
couverte dyeux, d'oreilles et de bouches;
ANI
Argus, aux cent yeux ; Pégase, cheval ailé ;
le Sphmx, tête de femme, corps do lion et de
chien avec des ailes ; le Minotaure, las Gor-
gones , les Harpies , Hécate ; les monstres
marins envoyés par Neptune contre Iîippolyte,
contre Laoconn,etc. A cette énuinération,nous
pouvons joindre celle (les métamorphoses les
plus célèbres et les' plus fréquemment repré-
sentées par les artistes : l'indiscret Actéon
changé en cerf; Cycnus, l'ami de Phaéton, en
cygne ; Alcyone et son mari , en alcyons ;
Alectryon, en coq; Aédon, en chardonneret;
Progné, en hirondelle; Philomèle, en rossi-
gnol; Térôe, en épervicr ; Itys, en faisan;
les compagnons de Diomède, en hérons; ceux
d'Ulysse, en pourceaux ; Picus,en pivert; l'in-
dustrieuse Arachné, en araignée ; les paysans
qui avaient refusé de l'eau a Latone, en gre-
nouilles ; Lycaon, en loup; Arcas, en ours;
Tithon , l'amant de l'Aurore, en cigale ; lo, en
vache ; Lyncus, en lynx ; Myrmex, la mère
des Myrmidons, en fourmi ; fes Cercopes, peu-
plade débauchée, en singes; Jupiter prenant
la forme d'un cygne pour séduire Léda, celle
d'un aigle pour enlever Ganymède, et celle
d'un taureau pour enlever Europe, etc. Plu-
sieurs animaux fameux dans la fable prirent
place dans le zodiaque : le Scorpion, qui piqua
et fit mourir Orion ; le Bélier à la toison d or,
qui transporta Phryxus dans laColchide; le
Taureau, dont Jupiter avait pris la forme; le
Lion de Némée; l'Ecrevisse ou Cancer, que
Junon avait envoyé pour mordre Hercule
pied tandis qu'il combattait l'hydre de L
les Poissons, qui portèrent Vénus et so
i delà de l'Euphrate, lorsque cette c
fils
fuyait les poursuites du géant Typhon.
On sait que les animaux furent honorés d'un
culte particulier en Egypte; aussi les voyons-
nous figurer non-seulement dans les hiérogly-
phes, mais, comme emblèmes, dans les sculp-
tures des temples , dans les peintures des
hypogées, sur les cercueils des momies; plu-
sieurs eurent leurs statues. Le bœuf Apis est
la plus fameuse de ces divinités. Le dieu
Anubis avait une tête de chien.
Parmi les animaux qui jouent un rôle dans
les récits bibliques, nous citerons : le serpent
tentateur, la colombe de Noé, le corbeau de
l'arche, le bélier d'Isaac, regardé comme la
figure de l'humanité de Jésus-Christ immolée
sur la croix ; la baleine de Jonas, emblème de
la résurrection ; l'ânesse de Balaiim ; le chien
du jeune Tobie ; les lions, au milieu desquels
fut jeté Daniel; le veau d'or, le serpent_d'ai-
La plupart des autres peuples de l'antiquité,
notamment les Assyriens, les Persans, les In-
diens offrent des exemples d'animaux divinisés
ou -pris pour attributs des dieux. Un grand
nombre de villes avaient choisi des animaux
pour symboles, pour armoiries. La louve ro-
maine est célèbre; Athènes avait adopté un
hibou, l'oiseau de Minerve; Ephèse, des
abeilles; Egine, une tortue; Rhegiuin, un mulet;
Messine, un lièvre ; Agrigente, des aigles fon-
dant sur un lièvre, etc. De nos jours encore,,
on sait que la ville de Berne a adopté l'ours.
L'allégorisme chrétien a eu fréquemment re-
cours à l'emploi des animaux. (V. Alléooriks.)
Jésus-Christ a été représenté sous les figures
symboliques de l'agneau (victime innocente),
du lion (la force), du pélican (la charité), du
poisson. A propos de cette dernière figure,
Raoul Roehette fait remarquer qu'elle était
devenue, dans les premiers siècles de l'Eglise,
d'un usage universel, à raison de la circon-
stance toute- fortuite qui faisait que le mot
grec i.cfi.Tii.u. s, poisson, offrait, par les
lettres dont il se compose, les initiales des mots
lesous Christos Theou Uios Sôter, qui signi -
lient : Jésus Christ fils de Dieu Sauveur.
» Grâce à cette circonstance, le nom aussi
bien que l'image du poisson était devenu, et
cela par un procédé analogue à celui des an-
ciens Egyptiens, une sorte de signe phonétique,
propre ù exprimer toute une série de mots-
consacrés. ■ Cet emblème, qu'on rencontre sur
plusieurs pierres tombales des catacombes et
dont on fit même une sorte d'amulette ou de
tessère, fut aussi employé pour désigner le
chrétien régénéré par les eaux du baptême.
Les catéchumènes, ceux qui aspiraient a boire
à la source de vie, furent représentés par des
brebis, des cerfs, des oiseaux venant se désal-
térer dans une fontaine.^ Parmi les autres ani-
maux ligures sur les monuments primitifs de
l'art chrétien, quelques-uns, comme le paon et
l'aigle, sont des symboles d'éternité et d'apo-
théose renouvelés du paganisme ; le phénix est
l'emblème de la résurrection des morts ; le
cheval courant vers une palme est une allusion
au cours de la vie humaine heureusement ac-
compli. Quelquefois , l'image de tel ou tel
animal placée sur un sarcophage n'a pas
d'autre but que d'indiquer le nom du défunt :
c'est ainsi qu'on voit figurer un âne sur la
pierre sépulcrale d'un certain Onager, un dra-
gon sur celle d'un Dracontius,'une petite truie
sur celle d'une femme nommée Porcella, une
ancre et des poissons sur celle d'une autre
femme appelée Maritima. Plus tard, le lion,
emblème du courage, fut représenté sous les
pieds des chevaliers, et le chien, symbole de-
là fidélité, sous ceux des femmes.
L'art chrétien eut, comme l'art grec, ses
bêtes fantastiques : les quatre animaux, ayant
chacun six ailes et couverts d'yeux, placés
par l'apocalypse aux quatre angles du trône
ne Dieu; les quatr- "' j -«-
ANI
l'aigle à saint Jean, le bœuf à saint Lue,
l'homme ailé à saint Mathieu ; la licorne, em-
blème de la virginité de Marie ; la tarasque de
sainte Marthe, la gargouille de saint Romain,
le dragon de saint Georges et celui de saint
Victor, etc. L'imagination des artistes du
moyen âge et, en particulier, des sculpteurs
romans, multiplia à l'infini ces créations
étranges que saint Bernard a condamnées en
ces termes : « A quoi bon ces ridicules mons-
truosités, ces admirables beautés difformes, ou
ces difformités si belles? Que font là ces
figures de singes immondes, de lions féroces, de
monstrueux centaures, de moitiés d'hommes,
de tigres tachetés, de guerriers combattants,
de chasseurs sonnant de la trompette? Vous
pourriez y voir plusieurs corps sur une seule
tête, puis plusieurs têtes sur un seul corps; là
un quadrupède avec une queue de serpent, ici
un poisson avec une tète de quadrupède : là
une béte affreuse, cheval par devant, chèvre
par derrière ; ici un animal à cornes qui porte
la croupe d'un cheval. C'est enfin une telle
variété de formes bizarres et merveilleuses,
qu'on a plus de plaisir à lire dans les marbres
que dans les livres, et à passer tout le jour à
ces œuvres singulières qu'à méditer la loi
divine. » Ainsi, même en les réprouvant, le
célèbre abbé de Citeaux avouait son admira-
tion pour ces compositions singulières aux-
quelles, du reste, s attachait toujours un sens
symbolique.
Les modernes ont abandonné toute cette
zoologie fantastique, mais ils ont conservé
l'habitude de donner des animaux pour attri-
buts à divers saints. Ces emblèmes sont expli-
qués aux noms mêmes des animaux ou à ceux
des personnages auxquels ils se rapportent;
nous nous bornerons a signaler ici ceux qui
ont été le plus souvent employés. La figure de
la colombe est celle sous laquelle on repré-
sente ordinairement le Saint-Esprit; c'est aussi
l'attribut de saint Grégoire le Grand, de sainte
Scolastique et de saint Rémi ; le coq est
l'attribut de saint Pierre; le corbeau, de saint
Paul ermite, de saint Antoine et de saint Be-
noît ; le cochon, de saint Antoine ; le chien, de
saint Biaise, de saint Roch, de saint Domi-
nique, de saint Godefroy ; le cerf crucifère, de
saint Hubert et de saint Eustache ; les abeilles,
de saint Ambroise; l'âne, de saint Antoine de
Padoue et de saint Philibert; l'agneau, de
sainte Agnès ; les rats et les loirs, de sainte
Gertrude ; les poissons , de saint André , de
saint Pierre, de saint Qdon, de saint Ulric; le
lion, de saint Jérôme, etc.
— Peintres et sculpteurs <J'
peinture d'animaux ne parait pas avoir été
cultivée d'une façon spéciale par les artistes de
" " " vouèrent surtout à la
des dieux ou des héros. Nous savons seulement
que ceux-d'entre eux qui introduisirent des ani-
maux dans leurs compositions, s'efforcèrent de
leur donner l'apparence de la nature vivante.
De nombreux témoignages semblent attester
qu'ils y réussirent. C'est ainsi qu'Apelle, si
nous en croyons Pline, représenta une cavale
si parfaite de ressemblance, que des chevaux
hennirent à la vue de cette peinture. Les por-
traits équestres d'Alexandre et de ses géné-
raux, exécutés par le même artiste, excitèrent
la plus grande admiration. Pausias, condisciple
et émule d'Apelle, peignit de face un bœuf
entièrement noir, tour de force nui révèle chez
ce maître une science profonde des raccourcis
et de la dégradation des couleurs. Bien avant
Apelle et Pausias, les sculpteurs s'étaient ap-
pliqués avec succès à représenter les animaux,
principalement le cheval, ce noble compagnon
des. travaux et des victoires de l'homme. On
fit des ligures iconigues d'après de beaux che-
vaux, comme d'après de beaux athlètes. Olym-
pie,la ville des combats de chars, était peuplée
de coursiers de marbre et do bronze, dus au
ciseau des plus habiles statuaires : on y voyait
entre autres, selon Pausanias, un cheval
sculpté par Dyonisius , d'Argos. Ce bronze
offrait une imitation si fidèle de la nature et
produisait sur les chevaux vivants une illusion
si vive qu'on soupçonna l'artiste d'y avoir
renfermé un philtre propre à irriter leur ar-
deur. Un Chien, du même artiste, était consi-
déré encore comme un chef-d'œuvre de vérité.
Peu d'ouvrages ont été plus vantés que la
vache d^airain , sculptée par Myron : Rome
l'enleva à la Grèce vaincue et la conserva
jusqu'au vi" siècle. Nous pouvons juger par
nous-mêmes du degré de perfection auquel
avaient atteint les sculpteurs de l'antiquit'
dans la représentation des animaux. Indé-
pendamment des chevaux , que le ciseau de
Phidias a sculptés sur les métopes du Par-
thénon, le temps a respecté bon nombre de
figures d'animaux divers, traitées avec une
habileté, une science, un goût que les mo-
dernes n'ont pas dépassés. Le Vatican possède,
en ce genre, une collection unique au inonde,
toute une ménagerie de bronze et de marbre,
où l'on distingue, entre autres sujets : un aigle
qui prend son essor, un lièvre oui fuit, un
chat qui a peur, une vache qui broute, une
autre qui allaite son veau, un taureau attaqué
par un ours, une chèVre attaquée par un tigre,
un aigle tenant un lièvre sous sa serre, une
cigogne défendant une chèvre contre deux
serpents, un lévrier courant, un cerf saisi par
des chiens, un tigre furieux, un tigre couché,
une truie et ses petits, une panthère dont le
pelage est imité d'une façon merveilleuse, un
cavalier aux prises avec un lion, un berger
ANI
endormi (Endymion) au milieu de son troupeau
de chèvres, etc. Plusieurs de ces ouvrages
sont de la belle époque romaine. L'art grec,
transplanté à Rome vers la fin de la Répu-
blique , s'y développa sous les Césars , et y
produisit une foule de chefs-d'œuvre. II était
même réservé aux Romains, nouvellement ini-
tiés aux règles de la peinture, de prendre pour
sujet exclusif de certains tableaux ce qui jus-
qu alors n'avait été que l'accessoire. Lorsque
Ludius, contemporain d'Auguste, eut imaginé
de peindre les murailles ùr. ses appartements,
on vit naître, sous le pinceau des décorateurs
de son école , non-seulement des animaux
isolés, des fleurs, des fruits, mais des paysages
tout entiers animés par la présence d'oiseaux
et de quadrupèdes les plus variés. L'exhuma-
tion de Pompéi a amené la découverte d'un
grand nombre de spécimens de cette peinture
décorative : mais si la plupart de ces ouvrages
ne se ressentent que trop de la rapidité de
l'exécution , il se trouve parmi eux quelques
morceaux, — des animaux domestiques, des
volailles, des bêtes féroces, des poissons, des
crustacés , — traités avec une remarquable
entente de la réalité.
Au moyen âge, l'art retombe dans l'enfance
et finit par s'immobiliser dans les types byzan-
tins; l'imitation de la nature n'est pour rien
dans les allégories obscures dont la religion
est le prétexte. Les animaux fantastiques
créés par le ciseau des sculpteurs romans se
reproduisent avec les variantes les plus ca-
pricieuses et les plus bizarres dans les minia-'
tures qui ornent les manuscrits. On peut voir,
dans" le magnifique album publié par M, de
Bastard, de curieux échantillons de l'alphabet
zoomorphe (V. ce mot), imaginé par les enlu-
La grande et admirable école desVanEyck,
qui s'appliqua avec un soin particulier à imiter
la réalité, n'a pas produit d'artistes qui aient
adopté pour spécialité la peinture d'animaux;
mais ses principaux maîtres, notamment Jean
Von Eyck et Memling, se sont montrés pleins
d'exactitude lorsqu'ils ont eu l'occasion d'en
placer dans leurs compositions. En Allemagne,
Mans Holbein le vieux et Stephan Lochner
peignirent les oiseaux avec une habileté sur-
prenante. Un peu plus tard, Albert Durer ap-
porta à la représentationdes animaux d'espèces
diverses sa science profonde du dessin et son
amour de la vérité : il réussit particulièrement
à dessiner les chevaux, témoin ceux qui figu-
rent dans ses estampes célèbres : le Chevalier
et la Mort) la Légende de saint Eustache, le
Char de Maximilten. Mais déjà l'Italie comp-
tait quelques maîtres renommés dans le même
genre : Facio, qui écrivait au xve siècle, dit
que Vittore Pisanello, de Vérone, peignait les
chevaux et les autres animaux de manière à
les faire paraître vivants. Paolo Uccello ne
fut pas moins habile : le musée Napoléon III
a de lui une Bataille où l'on voit des chevaux
dessinés avec une réelle supériorité , entre
autres un cheval noir qui se cabre. Francesco
Monsignori, élève de Mantegna, fut l'Apelle de
que le Milanais Bernazzano, élève de
Léonard de Vinci, ayant exposé au soleil un
tableau où il avait représenté des oiseaux oc-
cupés à chercher à' terre leur nourriture, de
véritables oiseaux accoururent comme pour
rejoindre leurs compagnons. Vasari dit que
Francesco Ubertino,dit le Bachiacca, peignait
les plantes et les oiseaux d'une manière divine.
Andréa del Sarto a reçu aussi les plus grands
éloges pour un tableau où il avait représenté
César, assis sur son trône, et recevant, comme
tribut de ses victoires, une multitude variée
de bêtes sauvages et d'oiseaux exotiques. On
cite encore comme de bons peintres d'animaux
au xvis siècle : Jean d'Udine, le Florentin
Antonio Mazzieri, Giovanni Neri, surnommé
degli uccelli, à cause de son aptitude particu-
lière pour figurer les oiseaux ; le Cremonini et
César Baglione, tous deux de Bologne. Mais
Jacopo Ponte, plus connu sous le nom do
Bassan, surpassa tous ses rivaux par la facilité
et l'exactitude avec laquelle il imita les ani-
maux de diverses espèces, particulièrement
les moutons, leschèvreSj les bœufs, tes ânes,
les chevaux, les chiens, la volaille et les pois-
sons; il fit véritablement sa spécialité de ce
genre, car parmi les sujets religieux auxquels
le goût de l'époque l'astreignait, il choisit tou-
jours ceux qui lui fournissaient l'occasion de
grouper des quadrupèdes, des oiseaux : c'est
ainsi que ses tableaux du Louvre : l'Entrée
dans l'arche, le Frappement du rocher, Y Ado-
ration des bergers et les Noces de Cana, sont
peuplés d'animaux, aussi bien que les Travaux
de la moisson et les Travaux de la vendange,
deux compositions du genre rustique. Le Bas-
san fut imité, avec succès, par son fils Fran-
cesco Bassan, dont le Louvre possède un
Marché aux poissons, et par son petit-fils
Leandro.
x maîtres néerlandais, que
rang dans un genre où le principal mérito
consiste à reproduire fidèlement la nature.
Rubens, le roi de l'école- flamande, réussit, par
la hardiesse de son dessin et la puissance de
sa couleur, k donner l'aspect de la vie et l'in-
térêt d'une scène dramatique aux tableaux
d'animaux ; il peignit avec un égal talent des
chevaux, des chiens, des loups, des renards,
des sangliers, des cerfs, et surtout les bêtes
féroces, les lions, les tigres, les panthères, qu'il
aimait à représenter en lutte avec l'homme :
la Chasse aux lions, de la galerie de Dresde;
celle du musée de Munich : la Chasse aux cerfs,
du musée de Berlin ; la Chasse aux loups, de
la collection de lord Ashburton, et la Chasse
au sanglier de Calydon, du musée de Vienne,
valent pour l'énergie et le pittoresque de la
composition , pour la vérité et la magie do
l'effet, les meilleurs tableaux historiques ou
religieux du maître. Frans Snyders, qui servit
souvent de collaborateur à Rubens, l'égala
dans la peinture d'animaux à laquelle il s'a-
donna exclusivement; il aimait aussi à repré-
senter les bêtes fauves luttant entre elles ou
traquées par l'homme, comme dans sa Chasse
au cerf et dans sa Chasse au sanglier, du
Louvre ; dans son Combat d'ours et de chiens,
du musée de Berlin; dans ses Lionnes pour-
suivant une gazelle, de la pinacothèque de
Munich. Ses Chiens dans un garde-manger
(Louvre) ne sont pas moins fidèlementobservés
et rendus. Waagen dit qu'il apprit l'art de
grouper les animaux d'une façon pittoresque
pendant son séjour en Italie et surtout à Rome.
Il eutpour imitateur son beau-frère Paul de
Vos, dont le musée de Caen possède un Cheval
dévoré par les loups, et le musée de Madrid,
un curieux Combat de chats. Breughel de Ve-
lours, dans les paysages duquel Rubens plaça
souvent des figures, fut très-habile lui-même
à représenter les animaux, mais dans de pe-
tites dimensions : il réussit particulièrement à
imiter le plumage brillant des oiseaux qu'il
met quelquefois par centaines dans le même
tableau, comme dans celui du Louvre, intitulé :
l'Air. Il fut imité par son neveu Van Kessel.
La Chasse au héron, qui figure au Louvre sous
le nom de Téniers, suffirait pour prouver que
ce maître ne le céda point aux précédents dans
l'imitation scrupuleuse de la nature vivante ;
mais la véritable originalité de cet artiste con-
siste à avoir donné aux animaux les mœurs,
les passions et jusqu'aux vêtementsde l'homme.
Son Biner de singes et son Concert de singes
et de chats, du musée de Munich, sont des
morceaux où la finesse de l'exécution le dis-
pute à la verve humoristique de la conception.
Le dernier, qui a été gravé par Quiryn Boel,
représente une table ronde sur laquelle six
chats, entourant un livre de musique, miaulent
en chœur; au premier plan, des singes ha-
billés accompagnent le chant sur des instru-
ments. Après Snyders, le plus habile maître
qui ait fait sa spécialité de la peinture d'ani-
maux, qst Jean Fyt : il a fait des Chasses
(galerie de Munich) pleines d'animation, mais
il peignaitde préférence les lévriers et le gibier
mort, apportant dans le rendu de la plume et
du poil un fini et une vérité extraordinaires.
Nommons encore Pierre Boel et Van Duynen,
d'Anvers; le premier, imitateur de Snyders;
le second, excellent peintre de poissons.
Au lieu de figurer isolément les animaux,
les Hollandais se bornèrent le plus souvent à
les employer pour étoffer leurs paysages, leurs
intérieurs : ils atteignirent en ce genre à la
perfection. Les chevaux que Wouwermaii
place dans ses Jiatailles, dans ses Chasses,
sont peints avec beaucoup d'art, dans les atti-
tudes les plus variées ; le Cheval qu'il a gravé"
à l'eau-forte est une admirable étude. D'autres
maîtres représentèrent les bestiaux, les mou-
tons, les chèvres et les chiens, tantôt dans
l'étable, tantôt en plein air, au milieu des
grasses prairies du pays natal. A leur tête so
place Paul Potter, un des peirttres qui ont ap-
proché le plus près de la vérité par la science
du dessin, la puissance du modelé, le soin
extrême des détails, l'harmonie de la couleur,.
Ses animaux sontordinairementde proportion?
restreintes : il faut en excepter le célèbre
Taureau, du musée de La Haye, peint de gran-
deur naturelle, h côté d'une vache couchée, de
quelques moutons et d'un berger. La descrip-
tion des œuvres principales do cet illustre
artiste devant trouver place dans ce diction-
najre, nous n'insisterons pas ici sur leurs mé-
rites éminents.
A côté de PÔtter vient se placer Adrien
Van de Velde,qui lui 'est inférieur en énergie,
mais qui le", surpasse par la variété de ses
compositions : le Louvre a de lui un Paysage
avec trois vaches, des moutons et des chèvres
(no 538), et un autre Paysage avec des bœufs
pataugeant dans une rivière, et d'autres bes-
tiaux sur la rive (n° 539), deux chefs-d'œuvre
de délicatesse et d'harmonie." Adrien Van de
Velde eut l'honneur d'étotrer de ses charmants
animaux les paysages de Wynants , d'Hob-
bema, de Van der Heyden, de Moucheron, etc.
Albert Cuyp a sacrifié le plus souvent à la
beauté de ses"paysages les animaux qu'il y
plaçait : toutefois son tableau du Louvre,
intitulé la Promenade, nous oll're des chevaux
d'une excellente couleur. On a beaucoup vanté
les paysages avec^ animaux de Nicolas Berg-'
hem, mais si on les'compare à ceux des maîtres
que nous venoris-de nommer, on remarque que
ces animaux sont rarement peints d'après na-
ture, et que, s'ils sont groupés avec goût, ils
affectent des tournures uniformes et conven-
tionnelles. Karel du Jardin est plus vrai et
aussi plus varié : il peint avec beaucoup d'es-
Srit et de justesse les ânes, les mulets chargés
g leur bât, et les rosses poussivesf attelées à
do méchantes carrioles. JeanWeemx s'est fait
une réputation bien méritée en peignant le
gibier mort, principalement les lièvres, dont il
imite le pelage avec une merveilleuse exacti-
tude. Michel Hondekoeter n'a guère de rivaui
pour représenter les oiseaux vivants, de gran-
50
394
ÀNI
deur naturelle, poules, «oqs, canards, dindons,
paons, faisans, pigeons, etc. Enfin rien déplus
vrai que les reptiles, les oiseaux, les papillons
et autres insectes qu'Abraham Mignon a intro-
duits dans ses tableaux de fleurs.
L'exemple des maîtres flamands et hollan-
dais ne fut pas perdu pour l'Italie; toutefois,
l'influence du Bassanprédominagénéralement.
Parmi les peintres d animaux les plus réputés
des xvne et xvmo siècles, on distingue Pierre
Cittadini, peintre d'oiseaux morts ; Paul-An-
toine Barbieri, frère du Guerehin, Dominique
Bettini, Raymond Manzini, Vital Crespi, An-
giolmaria Crivelli , Le Cerano et son élève
Carlo Cane, qui, par allusion à son nom,j?laça
un chien dans toutes ses compositions reli-
gieuses, « même dans le Paradis, > dit Lanzi,
et qui fut habile, d'ailleurs, à peindre toutes
sortes d'animaux. Le Génois Benedetto Casti-
glione. élève de Van Dyck, a droit à une mention
Spéciale : on le regarde comme le plus grand
peintre d'animaux de l'Italie, après le Bassan.
Nommons encore Philippe Roos , Allemand
italianisé, comme l'indique son surnom de Jiosa
di Tivoli : il approcha souvent de la vigueur
et de !a vérité des maîtres du -nord, et eut
d'ailleurs pour modèles les remarquables ou-
vrages de son père Henri Roos, peintre et
graveur d'un rare mérite.
La France ne commença guère à se distin-
guer dans la représentation des animaux avant
le xvne siècle, Les chevaux de Van der Meulen,
un Flamand que l'école française a bien le
droit de réclamer comme une de ses gloires ;
de Pierre Parrocel, de Lebrun et des autres
peintres de batailles, sentent trop la conven-
tion ; ceux que Guillaume Coustou etCoysevox
ont taillés dans le marbre conservent quelque
chose d'épique, malgré la vigueur et la beauté
du mouvement. Mais quoi de plus vrai que les
chiens et le gibier de Desportes et d'Oudry , ces
deux émules de Snyders? Oudry fut le peintre
officiel des meutes de Louis XV, comme Des-
portes avait été celui des meutes de Louis XIV.
Après ces maîtres , il faut arriver jusqu'à
Chardin pour trouver un bon peintre d'ani-
maux. Mais celui-ci fut un artiste consommé :
nul ne s'est appliqué avec plus de soin à rendre
fidèlement la nature. Quelquefois il s'est amusé
à peindre des singes habillés, à l'imitation de
Ténicrs ; plus souvent il a représenté des ani-
maux morts. Diderot dit avoir vu de lui un
tableau de gibier qu'il n'acheva jamais, parce
que de petits lapins, d'après lesquels il tra-
vaillait étant venus à se pourrir, il désespéra
d'arriver avec d'autres a l'harmonie dont il
avait l'idée. Tous ceux qu'on lui apporta étaient
ou trop bruns ou trop clairs. Le même écrivain
a dit d une raie dépouillée, peinte par Chardin :
« L'objet est dégoûtant; mais c'est la chair
même du poisson, c'est sa peau, c'est son sang;
l'aspect même de la chose n'affecterait pas
autrement. » A la même époque, Loutherbourg
peignait des bestiaux avec un talent presque
égal ; mais, dans le même temps aussi, Demarne
§ laçait des animaux de petites dimensions dans
es compositions maladroitement imitées des
Hollandais, et dont le succès dura jusqu'au
moment où Géricault, par ses études de che-
vaux si puissamment colorées et si exactes,
ramena 1 école française à l'observation de la
nature. Les articles spéciaux consacrés dans
ce recueil aux artistes de l'école contempo-
raine et à leurs principaux ouvrages, nous
dispensent de nous arrêter longuement sur la
révolution qui s'est opérée, depuis quelques
années, dans la peinture et dans la sculpture
d'animaux. Nous citerons seulement parmi les
peintres qui se sont le plus distingués en ce
genre : Mme R0sa Bonheur, MM. Troyon,
Brascassat et Coignard, qui représentent d'or-
dinaire des bestiaux et des bêtes de somme au
milieu de verts pâturages ; MM. Jadin, Mé-
lin et de Balleroy, qui peignent les chiens;
MM. Jacques et Couturier, les coqs, les poules
et les canards; M. Palizzi, les anons et les
chèvres ; M. Salmon, les dindons; M. Philippe
Rousseau, qui interprète les fables de La Fon-
taine avec esprit et fidélité, et invente lui-
même d'amusantes compositions, comme son
Singe alchimiste, du Salon de 1863. A propos
de ce dernier ouvrage, n'oublions pas les spi-
rituelles singeries de Decamps, que Téniers et
Chardin n'eussent pas désavouées. Dans la
sculpture, M. Barye est le maître par excel-
lence : ses lions et ses autres animaux féroces
ont une fierté de style incomparable. M. Le-
chesne sculpte avec délicatesse les reptiles, les
oiseaux. M. Jacquemart cherche à mettre du
sentiment dans ses compositions de marbre, té-
moin son Lion flairant un cadavre à demi ense-
veli sous le sable du désert (Salon de 1855).
Enfin, MM. Caîn, Mène, Frémiet et Fratin, pro-
duisent avec facilité des bronzes charmants,
destinés à l'ornement des riches demeures.
Pour être juste, nous devons dire que nos maî-
tres comptent plus d'un émule parmi les étran-
gers. M. Ansdell, peintre anglais, s'est acquis
une belle réputation par des compositions
vigoureusement dessinées et énergiquement
peintes, entre autres par son Tueur de loups,
exposé à Paris en 1855. En Belgique, MM. de
Cock , Verlat et Stevens , sont des peintres •
d'animaux distingués, mais qui? disons-le,
tiennent par plus d'un côté à l'école française.
ANIMAUX (jeu des), jeu d'action à l'usage
des jeunes garçons. Les joueurs doivent être
assez nombreux, au moins dix ou douze. L'un
d'eux est choisi pour être le diable, un second
pour être le vendeur : tous les autres sont des
animaux. Le vendeur réunit ces derniers dans
ANI
une enceinte dont les limites sont tracées sur
la terre, et donne à chacun un nom d'animal,
comme tigre, lion, cheval, serpent, etc. Le
diable, qui s'est tenu à l'écart et n'a rien en-
tendu, arrive alorg. « Pan, pan, dit-il. — Qui
est là? répond le vendeur. — C'est le diable
avec sa fourche, ou — c'est le diable avec ses
cornes. — Que veut-il? — Un animal. — En-
trez. » Le diable entre dans l'enceinte et nomme
un animal. Si le nom qu'il dit se trouve appar-
tenir à l'un des joueurs, le vendeur crie à
haute voix : • Partez , » et l'animal désigné
sort aussitôt de l'enceinte, et prend la fuite.
Pendant ce temps, le vendeur se fait compter
par le diable le prix de la vente, que celui-ci
solde en frappant dans la main au vendeur
autant de fois qu'il y a de francs dans la
somme convenue, après quoi il se met à la
poursuite de son animal. Ce dernier cherche à
ne pas se laisser prendre, et à rentrer dans
l'enceinte : s'il y réussit, le vendeur lui donne
un autre nom, et le diable fait un nouvel
achat. Si, au contraire, il est atteint, le diablo
est censé lui couper la queue et les oreilles, en
le frappant de trois petits coups sur les reins
et sur la tête, et il devient le chien du diable.
Le jeu se termine quand tous les animaux ont
été pris par le diable, et sontdevenus ses chiens.
animal, ale adj. (a-ni-mal — lat. ani-
malis , même sens). Qui appartient, qui a
rapport à l'animal; qui tient de l'animal:
L'objet réel de l'analomie esî la science de l'é-
'" animale. {BuS.) La puissance animale
tissu spongieux dans lequel toutes les autres
parties sont passées ou épanchées. (G. Cuv.) La
faculté de sentir et de se mouvoir forme le ca-
ractère de la nature animale. (Cabanis.) Les
caractères de la forme animale sont essentiel-
lement en rapport avec les deux attributs de
l'animalité : la locomotion et la sensibilité.
(Lamart.) L'organisme animal se distingue
encore de l'organisme végétal sous le rapport
de ta forme. (Duvernoy.) L'âme nous avertit
de sa puissance par des volontés contraires à
nos passions animales. (Le Sage.) On a admis
la dégénérescence des espèces animales, comme
on a admis celle de l'homme. (A. Maury.)
— Qui appartient à l'être matériel, par
opposition a ce qui appartient à l'être intel-
ligent : La partie animale de l'homme influe
souvent sur la partie raisonnable. (Acad.) En'
morale, on oppose la partie animale, qui est
la partie sensuelle et charnelle, à la partie
raisonnable , qui er' >'■-»-"-• /m.—i- *
Dominons en nous ti
animal vieillit toujour
de rampant. (Boss.) L'homme
toujours, parce gu'il tend con-
tinuellement à la mort. (Boss.)
ivie anim, a_t
et l'incrédulité naturelle
de l'homme animal qui vous séparent de nous.
(Pellisson.)
— Poétiq. La gent animale, Les animaux :
Le lion, pour bien gouverner,
Se fit un beau jour amener
Le singe, maître es arts chez la gtnt animale.
La Fontaine.
— Dans la langue scientifique, l'adjectif
animal se joint à un certain nombre de sub-
stantifs pour former des locutions dont voici
les principales : Matière, substance, etc., ani-
male, Qui entre dans la constitution des ani-
maux : Les SUBSTANCES ANIMALES SOHt des-
composés d'hydrogène, de carbone, d'azote et
mâle, i Alimentation animale, Qui est tirée,
qui provient des animaux : Les aliments ani-
maux sont plus multipliés que les aliments vé-
gétaux. (Fourcroy.) I! S'emploie surtout par
opposition à alimentation végétale.
— Charbon animal, Mélange de charbon
très-divisé et de sel terreux, provenant de
la calcination des os en vases clos : Le char-
bon animal possède à un très-haut degré des
propriétés décolorantes gui le rendent très-
précieux pour le raffinage et la purification du
sucre, il Le charbon animal est vulgairement
appelé noir animal.
— Règne animal, Ensemble des animaux ;
se dit corrélativement à règne végétal, règne
minéral.
— Echelle animale, série animale, Ensemble
des animaux, conçu comme formant une suite
de termes d'une perfection croissante, à partir
de l'éponge jusqu'à l'homme inclusivement.
(V. Série) : L'unité de la série animale est
une chimère. (De Quatrefages.) Ces mots série
ployés par l'immense majorité des naturalistes
que dans un sens figuré et tout relatif. (De
Quatrefages.)
— Chaleur animale, Chaleur que les ani-
maux ont la faculté de produire en eux-
mêmes. (V. Chaleur.) il Se dit substantiv.
d'une manière plaisante et triviale, en obser-
vant une pause entre les deux mots : Tu n'as
•pas de chaleur, animal. Le même jeu de mots •
a lieu avec œillet dinde, chicorée sauvage:
Aimes-tu la chicorée, sauvage? Tiens, voilà
— Anatomie animale, Etude de l'organisa-
tion des animaux; se dit par opposition à
végétale.
Chimie animale, Partie de la chimie qui
cfti'wn
•ah.
Vie animale, Ensemble des fonctions do
relation ; se dit par opposition à vie organique
ou végétative.
— Fonctions animales. Fonctions de rela-
tion ; se dit par opposition à fonctions végé-
tatives.
— Magnétisme animal, Nom donné à un
fluide, à un agent hypothétique quo l'on a
assimilé au magnétisme des physiciens, et
qui, émanant à volonfé d'un individu pour
passer dans un autre, produirait dans ce der:
nier des phénomènes tout à fait insolites.
V. Magnétisme.
— Esprits animaux, Nom donné autrefois
à un fluide subtil hypothétique formé, disait-
on, dans le cerveau, et circulant dans les nerfs.
V. Esprits.
animal-plante s. m. Animal qui offre
quelque analogie avec la plante, soit par sa
forme, soit par son organisation . V. Zoopii yte.
ANIMALCULAIRE adj . (a-ni-mal-ku-lè-re
— rad. animalcule). Qui tient des animalcules,
qui a rapport aux animalcules : Vos micros-
copes ne descendent pas à tous les degrés de la
nature animalculaire. (V. Hennequin.)
ANIMALCULE s. m. (a-ni-mal-ku-le —
diminut. de animal). Animal d'une excessive
petitesse ; on ne le dit guère que des animaux
qui ne sont visibles qu'à l'aide du micros-
cope : Il y a une quantité inépuisable d' ani-
malcules qui flottent dans l'air que nous res-
pirons, gui se jouent dans l'eau que nous buvons,
ou qui sont attachés aux différents objets que
nous voyons et que nous touchons. (Trév.)
Chaque année, les animalcules des madrépores
élàcent, au fond des eaux de l'Océan, de nou-
veaux lits de marbre. (B. de St-P.) On a attri-
bué à l'invasion (/'animalcules malfaisants les
maladies épidémiques. (Bouill.) Tous les liqui-
des qui tiennent en suspension des matières ani-
malesou végétales contiennent des animalcules.
(Nysten.) V. Infusoires.
— Se dit ironiquement et comme terme de
mépris, pour qualifier un homme de très-peu
de mente : Il y avait là, par malheur, un pe-
tit animalcule en bonnet carré. (Volt.)
— Physiol. Animalcule spermatique.V. Sper-
matozoïde.
ANIMALCULISME s. m. (a -ni -mal -ku-
li-sme — rad. animalcule). Système d'après
lequel l'embryon animal ne serait qu'un ani-
malcule spermatique développé, il Onditaussi
ANIMALCCLISTE s. m. (a-ni-mal-ku-li-ste
— rad. animalcule). Partisan de l'animal-
culisme.
ANIMALCULOVISME OU- ANIMOVISME S.
m. (a-ni-mal-ku-lo-vi-sme — de animalcule,
et du lat. ovum, œuf). Système qui attribue
la production de l'embryon animal au con-
cours de l'animalcule spermatique du mâle et
de l'œuf de la femelle.
ANIMALCULOVISTE s. m. (a-ni-mal-ku-
lo-vi-ste). Partisan de l'animalculovisme.
— Adjectiv. Qui appartient à l'animalculo-
visme : Opinions, doctrines animalculovistes.
animalesque adj. (a-ni-ma-lè-ske —
rad. animal). Qui tient de l'animal : Un ca-
ractère animalesque. Des habitudes anima-
animalicide s. m. (a-ni-ma-li-si-de — du
lat. animal; cado, je tue). Meurtred'un animal.
„ ANIMALIER s. m. (a-ni-ma-li-é — rad.
animal). Néol. Peintre d'animaux : Quel ani-
malier dessinerait une truie plus drôlement
que celle de la page 248? (J.-J. Rouss.)
M. Stevens, V animalier, marche de près sur
les traces de M. Jadin ; il se montre, en quelque
sorte, le Paul Véronèse des chiens. (Th. Gaut.)
M. Éaffner n'est pas un animalier de profes-
sion. (Th. Gaut.) On pourrait placer aussi
bien ce peintre parmi les paysagistes que parmi
tes animaliers (qu'on nous permette ce mot
nécessaire). (Th. Gaut.)
AnimalifèRE adj. (a-ni-ma-li-fè-re — du
lat. animal; fera, je porte). Physiol, Qui
porte, qui renferme des animaux.
ANIMALISABLE adj. (a-ni-ma-li-za-ble —
rad. animaliser). Physiol. Qui peut être ani-
malisé : Substance animalisable. Il a bien
fallu chercher aussi, dans les végétaux, les affi-
nités par suite desquelles ils deviennent eux-
mêmes animalisables. (Brill.-Sav.)
. animalisant (a-ni-ma-li-zan) part. prés,
du v. Animaliser.
ANIMALISANT, ANTE adj. (a-ni-ma-li-
zan, an-te). Physiol. Qui animalisé, qui trans-
forme les aliments en substance animale :
Le lait étant un produit peu animalisé, les
aliments sont propres à le produire sans subir
complètement l'action animalisante de la res-
piration. (Magne.)
animalisation s. f. (a-ni-ma-li-za-si-on
— rad. animaliser). Nutrition animale, trans-
formation des aliments en substance ani-
male : ^'animalisation, qui est un des plus
beaux phénomènes de la nature , est une
véritable opération chimique. (Fourcroy.) L'\-
nimalisation suit une marche opposée à la
végétation; elle brûle les substances suscep-
tibles d'être brûlées. (G. Cuv.) L'animalisa-
fait à peu près de la
que la végétation
it-à-dire que le courant
km
réparateur formé par la digestion est aspiré
de diverses manières par les cribles ou suçoirs
dont nos organes sont armés. (Briiî.-Sav.) Pen-
dant le travail de /'animalisation, l'hydrogène
et le carbone se dissipent en partie et sont rem-
placés par l'azote. (Brill.-Sav.)
ANIMALISÉ, ÉE (a-ni-ma-li-zé) part. pass.
du v. Animaliser. Transformé en substance
animale : L'aliment altéré par une série de
décompositions, animalisé et rendu semblable
à la substance de l'être qu'il va nourrir, s'ap-
plique aux organes dont il va réparer les
pertes. (Richorand.) La mer a sa puissance
tonique, tout animalisée, dans sa plus féconde
tribu, les gades. (Michelet.) Un régime trop
animalisé et l'usage des vins généreux pré- '
disposent à la formation du calcul. (Nysten.)
L'aliment animalisé s'applique aux organes
dont il doit réparer les pertes. (Richer.) Il a
plu au Tout-Puissant de. faire sortir les géné-
rations l'une de l'autre, et de les faire vivre
toutes sur un fonds commun , depuis que la
matière a été animalisée. (Ivératry.) il Se
prend en mauv. part, dans le sens d abruti :
Plaisants métaphysiciens, qui ont passé leur
vie à prouver qu'il n'y a point de métaphy-
sique; brutes illustres en qui le génie était
animalisé ! (X. De Maistre.)
ANIMALISER v. a. ou tr. (a-ni-ma-li-zé —
rad. animal). Physiol. Transformer en sub-
stance propre au développement ou à l'en-
tretien du corps de l'animal : La digestion
commence et la respiration achève </'anima-
liser les aliments. Le but commun des fonc-
tions d'organisation serait peut - être rendu
d'une manière plus expressive par le mot de
fonction d' animalisation, parce que toutes ten-
dent à animaliser les substances étrangères, à
les approprier à l'animal. (Bichat.)
— Fig. Donner la vie, animer : Cuvier
fouille une parcelle de gypse, y aperçoit une
empreinte et vous crie : Voyez/... Alors il dé-
roule des mondes, animalisé les marbres, vivi-
fie la mort. (Balz.) il Réduire aux instincts,
aux appétits, aux goûts de l'animal : Le phi-
losophisme animalisé l'homme, la religion le
divinise. (Boiste.)
S'animaliser, v. pr. Etre animalisé, trans-
formé en substance propre à l'entretien du
corps de l'animal : On entend par aliments
les substances <fui, soumises à l'estomac, peuvent
s'animaliser par la digestion. (Brill.-Sav.) Les
particules dont se compose la diète animale
peuvent s'animaliser de nouveau, lorsqu'elles
sont soumises à l'action vitale de nos organes
digesteurs. (Brill.-Sav.)
— Par ext. Se rabaisser à l'état de l'ani-
mal : Négliger la culture.de l'esprit pour se
livrer aux passions brutales, c'est, à vrai dire,
ANIMALISME s. m. — rad. animal. V. Ani-
, _ . _, de
animai)- Néol. Qui est stupide, grossier, bru-
tal au suprême degré.
ANIMALlSTEs. m. (a-ni-ma-li-ste — rad.
animal). Partisan de l'animalisme.
ANIMALITÉ s. f. (a-ni-raa-li-té — rad. nui-
moi)- Nature animale, ensemble des pro-
priétés ou facultés qui caractérisent les êtres
composant le règne animal : /.'animalité des
éponges est douteuse. La terre dépend du
monde; mais la végétalité et f animalité dé-
pendent de la terre. Les végétaux ne sont pas
des animaux renversés, comme on l'a prétendu,'
car ils n'ont point les facultés ni les organes
qui constituent /'animalité. (B. de St-P.) Au-
cun être doué de /'animalité n'offre moins de
quatre principes constituants : l'oxygène, l'hy-
drogène, le carbone et l'azote. (Richerand.) H
Ensemble des facultés purement animales ,
par opposition aux facultés humaines : îXous
ne distinguons pas bien nettement les qua-
lités que 7ious avons en vertu de notre ani-
malité, de celles que nous avons en vertu de
notre âme. (Buff.) La sagesse ou la science nous
fait sortir de /'animalité. (Virey.) Le travail
amèite, par la division parcellaire, l'affaisse-
ment de l'esprit, diminue l'homme de ta plus
noble partie de lui-même, et le rejette dans l'\-
nimalité. (Proudh.) C'est la loi de /'animalité,
c'est l'amour exalté de lui-même qui porte
l'homme à l'injustice et au crime. (Bail tain.) Il Le
règne animal, par opposition au règne végé-
tal : Nos propres expériences nous ont convaincu
que /'animalité n'est point une chose assez dé-
terminée pour qu'on puisse établir le point où
elle finit et celui où le végétal commence. (Bory-
de St-Vinc.) Tout, dans les plantes marines,
est santé et salubrité, bénédiction de la vie : ces
innocentes ne demandent qu'à nourrir /'anima-
lité. (Michelet.) X'anImalité est partout, elle
emplit tout, elle peuple tout. (Michelet.)
— Encycl. En comparant les principaux
traits de la face humaine avec ceux des ani-
maux, on ne peut s'empêcher de reconnaître
que ces derniers ont aussi une -' — : :~
que grossière que soit cette ressemblance."
elle est suffisante pour nous rappeler , en
voyant la -face des animaux, les idées de
finesse, de courage , de douceur, de férocité,
que nous donnent les traits analogues de cer-
taines physionomies humaines.'
C'est sur cette simple observation que La-
vnter a prétendu fonder une science tout en-
tière. V. Ph
ANI
Lavater a posé en principe que tout homme
a une ressemblance plus ou moins prononcée
avec quelque animal, dont le caractère pri-
mitif indue sur le sien ; à tel point que « si
les âmes étaient visibles aux yeux, on verrait
distinctement cette chose étrange, que cha-
cun des individus de l'espèce humaine corres-
pond à quelqu'une des espèces- de la création
animale; si bien que l'on pourrait reconnaître
' aisément cette vérité, à peine entrevue par
le penseur, que, depuis l'huître jusqu'à l'aigle,
depuis le porc jusqu'au tigre, tous les ani-
maux sont dans l'homme, et que chacun d'eux
est dans un homme, quelquefois même plu-
sieurs d'entre eux à la fois. » Sans vouloir
préconiser ce système comme incontestable,
on peut dire qu'il est loin d'être aussi chimé-
ANI
395
i qu 01
listes, ces deux grands peintres, s'en sont
faits les plus éloquents interprètes. Le pre-
mier, en prêtant aux bêtes le langage des
hommes; le second, en prêtant aux hommes
le visage des bêtes; et cela avec la variété
d'expressions que comporte la variété de pas-
sions, d'intelligences, de mœurs, de carac-
tères des diverses espèces ou des diverses
individualités animales que tous deux avaient
à peindre. Qui peut nier, en effet, que notre
monde ne soit composé de moutons et de loups,
de tigres, de" lions, de vautours, de pies, de
renards, de coqs, de chiens, de colombes,
d'ânes, de dindons, a forme humaine, avec
les instincts et les signes caractéristiques de
douceur et de cruauté, de bêtise et de ruse,
de vanité et de modestie, de candeur et de
cynisme, etc. , que la nature a attribués à cha-
cun de ces animaux? » Il y a du veau et du
renard dans cette tête, mais le veau domine,»
disait un physionomiste du dernier siècle, après
avoir examiné de face et de profil le visage
d'un homme d'Etat. C'est que la physionomie
humaine ne fait souvent que refléter les
instincts, les inclinations qui viennent , pour
chaque homme, de son analogie avec certains
types d'animalité. Aussi le caractère des ten-
dances animales se lit-il tout aussi bien, mieux
jieut-ètre, dans la conformation squelettolo-
gique de la face que dans les reliefs partiels
et les contours du crâne. C'est ce qu ont vu
avec tant d'intelligence les statuaires de l'an-
cienne Grèce, pour qui, néanmoins, l'anatomie
du cerveau était un livre inconnu. A ce sujet, il
importe de remarquer que,, pour étudier les
rapports physiologiques de l'homme avec ses
habitudes extérieures, les artistes grecs se
sont toujours placés au point de vue commun
de l'animalité. Dès lors qu'un penchant décidé,
une affection irrésistible ont déterminé le ca-
ractère d'un animal, toute leur habileté s'est
appliquée à les exprimer sur la figure de
l'homme, et mémo de la divinité qu'ils avaient
à produire, en les représentant fidèles et
aimants comme le chien, cyniques comme le
singe, nobles et forts comme le lion.
ANIMANT (a-ni-man) part. prés, du v.
Animer : On voyait les officiers animant les
soldats par leur exemple.
Louis, les animant du feu de son courage,
Se plaint de sa grandeur, qui l'attache au rivage.
Boileau.
Anim
oyeux pipeaux,
e voix légère.
Et, les animant tous de ses clartés fécondes,
De ses renés de feu guide et retient les mondes.
Chënedollé.
ANIMANT, ANTE adj. (a-ni-man, an-te —
rad. animer). Qui anime, excite : Récit, dis-
cours animant. Boisson, liqueur animante.
animateur, TBlCE s. et adj. (a-ni-ma-
teur, tri-se — rad. animer). Qui anime, qui a
la faculté d'animer : Dieu est /'animateur
souverain de toutes choses. Adieu, mille fois,
cher et digne ami, le compagnon, le consola-
teur de majeunesse, 2'animateur de mes efforts,
et l'objet constant de ma tendresse. (J. de
Maistre.) Tout vient d'un souffle, quand ce
souffle est animateur. (Joubert.) Les médecins
ne peuvent pas méconnaître l'existence d'un
principe animateur, qui vient s'unir à la ma-
tière organisée pour lui donner lavie. (Brachet.)
ANIMATION s. f. (a-ni-ma-si-on — du lat.
animatio, âme, vie). Action d'animer, produc-
tion de la vie, et résultat de cette action :
/.'animation du fœtus n'arriva qu'après qua-
rante jours. (Trév.) Dieu, de son soufflé puis-
sant, a donné /'animation à la matière. (Fôn.)
On en a conclu que notre vie et celle des plantes
et des animaux n'étaient qu'une dépendance
nécessaire de cette animation universelle. (Vi-
l'Cy.) On dirait qu'à l'approche du lourd som-
meil de l'hiver, chaque être, chaque chose
s'arrange , fonctionne , pour jouir d'un reste
de vie et d' animation, avant l'engourdissement
fatal de la gelée. (G. Sand.)
— Par est. Eclat des couleurs, vivacité
dans l'expression de la physionomie : //ani-
mation du teint annonce la honte, la colère ou
le plaisir. liosamonde ne doit qu'à l'esprit l'.\-
mmatton de ses traits (mot nouveau que je lui
dédie), car ses traits ne pai-aissent pas assez
prononcés pour exprimer si bien. (Prince do
Ligne.) u Dans le sens moral,. Vivacité, cha-
leur : Le comte gagna la porte' cochère, accom-
pagné du mulâtre auquel il parlait avec une
certaine animation. (E. Sue.) Sa figure em-
preinte d'intelligence semblait rayonner, tout y
respirait cette animation particulière aux
Corses, et qui n'exclut pas le calme. (Balz.) u
Emportement colère : Apaiser V animation
de quelqu'un. Cette animation est très-dépla-
cée. Celui qui se c
son ennemi doit s'oc
mer son animation. '
— Alchim. Se disait, dans la transmuta-
tion des métaux, lorsque la terre blanche
foliée devait fermenter avec l'eau philoso-
phique ou céleste du soufre.
ANIME s. f. (a-ni-me). Ancienne cuirasse,
composée de lames de métal, que l'on appo-
lait aussi garde-cœur,.
animé s. f. (a-ni-mé). Pharm. Résiné d'un
jaune de soufre, très-odorante, qui découle
d'incisions faites au- tronc de certains arbres
de l'Amérique du Sud : £'animé est en frag-
ments jaunâtres, demi-transparents, d'une odeur
suave, et ressemble à la résine copale, dont
elle ne diffère que par sa grande solubilité
dans l'alcool. (Nystcn.) Il On dit aussi résine
animé : La résine animé, qui est souvent em-
ployée dans la fabrication des vernis, leur
donne de très-mauvaises qualités. (Dumas.)
ANIMÉ, ÉE (a-ni-mé) part. pass. du v.
Animer. Qui est doué de la vis : Etre animé.
Créature animée. La matière animée. Les corps
animés. Dans un être animé, la liberté des mou-
vements fait la belle nature. (Buff.) Chaque
plante, chaque graine, chaque particule de la
matière organique contient des milliers d'a-
tomes animes. (Lamart.) Quelques savants phy-
siciens ont pensé sérieusement que la terre
était un corps animé. (Aimé Martin.) Ani-
mées d'une vie nouvelle, les herbes poussent et
se multiplient avec profusion. (Deleuzc.)
Des êtres animés dont l'univers abonde
— Substantiv. : Le vivant et J'anime, au
lieu d'être un degré métaphysique des êtres,
est une propriété physique de la matière. (Buff.)
— Par cxt. Qui parait avoir le mouve-
ment, l'activité que donne la vie : A Paris,
les rues sont aussi animées à minuit qu'en plein
jour. Un siècle s'est à peine écoulé, et ces
bosquets, qui retentissaient du bruit des fêtes,
ne sont plus animés que par la voix de la
cigale et du rossignol. (Chateaub.) A vingt-
cinq que nous étions, nous donnions à Vile un
aspect animé. (Lenorm.) il Rempli, pénétre,
possédé : Etre animé de zèle, de courage. Etre
animé de courroux, de haine. Le rayon divin
dont l'homme est animé l'ennoblit et l'élève au-
dessus de tous les êtres matériels. (Buff.) Les
enfants des hommes, pétris de la même argile,
animés du souffle de V Eternel, ont tous reçu
de lui l'intelligence, la sensibilité, le discerne-
ment du bien et du mal (Portalis.) Ses dis-
cours sont toujours animés de la passion la
plus éloquente. (Deleuzc*.) Quel beau rôle que
celui d'un pape vraiment animé de l'esprit apos-
tolique! (Chateaub.) Le style du Dante est
une œuvre animée d'une vie immortelle. (Vil-
lem.) Ici, les anciens bardes, ravis en extase,
étaient animés par un souffle divin, (Deleuzc.)
U Encouragé , excité : Animé ou travail.
Animé au combat. Animé au carnage. L'infati-
gable ministre, animé des ordres du prince,
établit la règle, la discipline, le concert, l'es-
prit de justice. (Boss.) Il faut que l'homme
puisse transmettre son héritage à ses enfants,
car autrement il ne serait animé que d'une
demi-ardeur pour le travail. (Thiers.)
Et par l'espoir du gain votre muse animée
Boileau.
Que cette multitude, au carnage animée.
Se levé devant nous, et devienne une armée.
Il Emporté, irrité, courroucé*: Je ne l'avais
jamais vu si animé. Le peuple était si animé,
que l'on appréhenda qu'il ne forçât les portes
de la grand' chambre. (De Retz.) Il était fort
animé contre les Syriens. (Fén.) Je voulus
avoir sur l'émigration l'opinion de M. de Ma-
lesherbes;je le trouvai (rès-ANi.MÉ. (Chateaub.)
Il est impossible de peindre une femme animée
par la danse. (Balz.)
— En parlant des choses, Qui a une couleur
éclatante, qui a de la vivacité, de l'expres-
sion : Un teint animé. Des yeux animés. Des
traits animés, il Doué, en parlant de la force
d'impulsion d'un corps : Un projectile animé
d'une grande force, une comète animée d'une
vitesse extraordinaire.
— En littérat. et dans les arts. Qui a du
mouvement, de la vivacité, du feu : Style
animé. Description animée. Les tableaux d'Uê-
rodott sont animés et pleins de cette douceur
qui le distingue éminemment. (Ste-Croix.) La
langue italienne a quelque chose de séduisant,
d'ANiMÉ, de brillant, de sonore. (Yillem.)
La toile est animée, et le marbre respire.
— Blas. Se dit des yeux du cheval et de
la licorne, quand ils sont d'un autre émail
que la tète-
— Antonymes. Apathique, engourdi, indo-
lent, inanimé, languissant, lent, n
, pares-
ANiMELLESs. f. pi. (a-ni-mè-le). Artculin.
Sorte de ragoût composé de parties détachées
d'une pièce principale, comme abatis, fraise,
foio : Animelles de mouton. Il Autrefois, Tes-
ticules du bélier, mets très-recherché au
temps de Louis XV.
— Anat. Glandes salivaires " situées au-
dessous de l'oreille, le long de la mâchoire
inférieure.
animer v. a. ou tr. (a-ni-mé — du lat.
animare ; formé de anima, âme) . Donner l'âme,
le principe de la vie : Il y a dans les corps
vivants un principe qui les anime. (Acad.) La
Fable dit que Promélhée anima la statue d'ar-
gile qu'il venait de former. L'auteur de notre
être avait d'abord animé notre boue d'un souffle
d'immortalité. (Mass.) Une âme serait-elle
embarrassée «"animer un tel corps? (LaBruy.)
On peut considérer la nature comme une puis-
sance vive, immense, qui embrasse tout, qui
anime tout. (Buff.) Un même souffle, en nous
formant, nous anima d'une même intelligence.
(Mme Guizot.) Quelle est cette puissame incon-
nue dans son existence qui organise, qui anime,
qui répare, et perpétue les innombrables créa-
tures qui embellissent les différents domaines
de la nature? (Virey.)
D'un souffle créateur il (Dieu) anime l'argile.
Toi qu'en vain j'interroge, esprit, hôte inconnu,
Avant de m'nmmer, quel ciel habitais-tu?
Lamartine.
Il Féconder : Le soleil anime tout de sa cha-
leur. (Fonten.)
Dieu commande au soleil d'animer la nature.
Racine.
— Par ext. Donner un semblant de vie à
des choses inertes par leur nature : La Fable
dit qu'Orphée animait les forêts et les rochers
au son de sa lyre, (Acad.) Avec elle s'éclipsè-
rent joie, plaisirs, amusements même, et toutes
espèces de grâces; les ténèbres couvrirent la
surface de la cour; elle /'animait tout entière.
(St-Sim.) Le cerf semble être fait pour embel-
lir, animer la solitude des forêts. [Buff.) Jadis
une multitude vivante animait cette enceinte.
(Voln'ey.J Shakspeare, doue de la puissance
créatrice, anima jusqu'aux objets inanimés.
(Chateaub.) L'eau anime le paysage, (A. Karr.)
Epars comme une décoration vivante, des trou-
peaux de. brebis animent ces solitudes. (Sal-
vandy.) n Donner du mouvement, de l'acti-
vité, de la chaleur, en parlant des personnes
et des choses : Animer une tirade, un dialogue.
C'est un orateur qui n'a point d'action, il k'a-
hë point ce qu'il dit. (Acad.) Il y a dans cet
orage quelques endroits qu'il faudrait ani-
:r. (Acad.) C'est un homme indolent que rien
peut animer. (Acad.) Il voulait une grande
-'été de jeux et de spectacles, qui animassent
nétrer sans cesse des mouvements qui l'agiti
(Barthél.) Mirabeau parle, et tout le génie des
soulèvements populaires anime ses discours.
(Villem.) Dans ces premiers débats, le nom de
la France animait singulièrement les orateurs.
(Villem.) Saint Vincent de Paul anime tout,
propose les bonnes œuvres, discute les moyens,
indique les ressources, écarte les obstacles, cor-
respond à la fois avec le gouvernement, avec
les riches, avec les malheureux. (Maury.) La
concurrence est la force vitale qui anime l'être
collectif, (Proudh.) Il Encourager, exciter, sti-
muler : Animer des soldats au combat. Animer
le peuple à la révolte. Animer des lutteurs de
la voix, du geste, du regard. Le zèle de Dieu
anime cet homme. (Acad.) Les méchants persé-
cutent les bons en suivant l'aveuglement de la
passion qui les anime. (Pasc.) L'émulation et
l'espérance du succès les anime au travail.
(Fen.) Votre application à chercher des hommes
habiles et vertueux excite, anime tous ceux qui
ont du talent et du courage. (Fôn.) Ils les ani-
mèrent à publier contre moi une satire. (La
Brùy.) Il anime les âmes les plus t'èdes à se-
courir le prochain. (Fléch.) Son exemple et ses
paroles animaient (es autres. (Boss.) Animez
leur mollesse et leur pusillanimité par l'espé-
rance des secours de la grâce. (Mass.) On com-
mence à se défaire, parmi les chrétiens, de cet
esprit d'intolérance qui les animait. (Montesq.)
Il y a des gens dont l'esprit ne se trouve qu'à
mesure qu'on les anime. (Volt.) La vanité est,
après la faim, ce qui anime le plus les hommes.
(Mme du Deffant.) On permet seulement aux
assistants Ranimer par leurs cris les coureurs
auxquels ils s'intéressent. (Barthél.) Il faut
des variations de prix pour animer l'industrie
de l'agiotage. (Mirab.) C'est le désir du pou-
voir qui anime l'ambitieux. (Dumarsais.) L'es-
prit de réforme animait alors l'Angleterre. ('")
Une grande confiance J'anime dans ses auda-
cieuses entreprises. (Mignet.)
x grands exploits
Une mouche survient, et des chevaux s'approche,
Prétend les animer par son bourdonnement.
Dans le hardi projet de mon pénible ouvrage,
Daigne au moins d'un regard animer mon courage.
L. Racine.
il Irriter, exciter à la colère, à la haine : On
a animé le père contre le fils. {Trév.) On a pris
plaisir à les animer les uns contre les autres.
(Acad.) Si quelqu'un est notre ennemi, nous
voudrions armer contre lui tous les autres
hommes; de là nous les animons par nos médi-
sances. (Boss.) Le sang et les harangues de
Brutus animèrent les Romains. (Boss.) Les
pontifes et les pharisiens animaient contre Jé-
sus-Christ lé peuple juif . (Boss.) Si vous aviez
vu quelle fureur «'animait au seul nom de son
frère! (Dider.)
Quel mortel ennemi
Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ?
. . . Et Cérès, que fit-elle?
— Cérès? Un prompt courroux
L'anima d'abord contre vous.
n Donner de la vivacité, do l'éclat : Animer
le teint. Animer les yeux, les regards. Ce
peintre ne sait pas animer son coloris. L'exer-
cice anime le teint. (Acad.) Le dépit animait
ses regards. (Acad.)
Mon pere... Ah! quel courroux ammai(sç3 regards!
Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre
Anime la fin d'un beau jour!
Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre;
Peut-être est-ce bientôt mon tour.
A. CnÉNlEK,
— Animer une personne de son esprit, Lui
communiquer, faire passer en elle ses idées,
ses propres sentiments, il Animer la conversa-
tion, La rendre plus vive, plus intéressante,
plus attrayante.
— B.-arts. Donner une apparence de vie,
de mouvement : Animer une figure.
L'homme anime le marbre et fait vivre l'airain.
BouchardOD dans la fonte anime le métal. ***
— Méd. Animer un vésicatoire, Irriter la •
plaie, pour activer la suppuration.
— Mus. Animer «n instrument, Lui faire
rendre des sons plus éclatants, plus intenses :
Cet artiste anime les instruments qu'il touché.
Il Quelquefois simplement en tirer dos sons.
— Chorég. Animer un pas, Lui donner un
air plus vif, en s'élovant davantage sur la
pointe des pieds.
— Manég. Animer un cheval. L'aiguillon-
ner, l'excitor quand il ralentit ses mou-
vements.
S'animer, v. pr. Prendre de la vie, du mou-
vement ; A la voix de Dieu, l'homme s'anima.
La statue de ta déesse lui parut s'animer et se
mouvoir. (Acad.) La nature .s'animerait sous
vospinceaux. (M.-Brun.) n S'exciter, s'échauf-
fer, prendre de la vivacité, du courage, do
l'audace : Cet acteur s'anime, son jeu s anime
quand il est applaudi. (Acad.) Le cheval de
bataille s'anime au bruit de la trompette.
(Acad.) Condé s'anima avec ardeur aux grandes
choses. (St-Evrcm.) Nos ennemis et nos en-
vieux s'animent par nos pertes. (Fléch.) Alors
vous le voyez tout à coup s'animer, prendre
feu : il parle et rien ne résiste à cette parole
puissante et convaincue. (Fonton.) Mes che-
-• — -■* - mirent peu à peu en
brûlant de charité, s'animer eux-mêmes contre
leurs supplices. (Boss.) Je m'animai à les suivre.
(Mass.) Les esprits s'aigrissent, les disputes
s'animent. (Mass.) A ce discours vous voyez
toute la multitude s'animer. (St-Réal.)
Que de danses, le soir, égayaient la pelouse!
Plus le jour retirait sa lumière jalouse.
Plus elles «'animaient. Lamaktine.
Il S'emporter, s'irriter : C'est faiblesse que de
s'animer de cette sorte; la force est dans la
raison tranquillement exposée. (Boss.)
Contre ce cher époux Valere en vnin s'anime.
Il Prendre de l'éclat : Je vis, à ce récit, son
teint s'animer. (Acad.) Soudain, son visage a
changé, son teint s'est éclairci, ses yeux se
sont animés. (Mol.) En me parlant ainsi, son
œil s'animait, son cœur tremblait démotion.
(La Harpo.)
Le couchant s'embellit et j'anime à son tour.
Bernis.
— v. récipr. : Ils s'animaient l'un l'autre à
supporter leurs disgrâces. A la chasse, les
chiens s'animent les uns les autres. (Acad.)
— -Antonymes. Enerver, engourdir, pa-
ralyser.
— Syn. Aulmor, nigaHIonuer, encourager,
exciter, inciter, porter a, pousser a. V. AI-
GUILLONNER.
animeux, BUSE adj. (a-ni-meu, eu-ze —
rad. animer). Qui annonce l'animation, 1 irri-
tation, la colère. Vieux mot.
ANIMINE s. f. (a-ni-mi-no — du lat.
anima, principe de la vie animale). Chim.
Une des quatre basos saîifiablos trouvées
dans l'huile animale do pippcl.
AN1MIQUE adj. (a-ni-mi-ke— du lat.
anima, l'âme). Néol. De l'âme, qui a rap-
port à l'âmo : Passions animiques. La justice,
conçue comme réalité animiquk. (Proudh.) Les
générations sont entraînées par un lien animi-
que qui rend leurs membres solidaires, et, pour
ainsi dire, les identifie. (Proudh.)
— Chim. Qui a rapport à l'animiiio. •
ANIMISME s. m. (a-ni-mi-sme — du lat.
anima, âme, principe de la vie animale).
Physiol. Système qui considère l'âme comme
la. cause première non -seulement des faits
396
ANI
intellectuels, mais encore dos faits vitaux :
StaAl créa V animisme et l'autocratie de la na-
ture. (Brachet.)
— Encycl. Philos, et méd. — I. Définition
de l'animisme. L'impossibilité de trouver dans
le seul jeu des forces mécaniques, physiques
et chimiques, une explication satisfaisante des
phénomènes de |a vie, l'idée de finalité et
d'harmonie que ces phénomènes offrent à l'es-
prit, la nécessité de reconnaître une force
propre, une, identique, qui aforméles organes,
qui les conserve, qui les répare : tel est le
point de départ du vitalisme (V. ce mot) et de
l'animisme. Mais, tandis que les vitalisles voient
dans l'homme, outre la matière toujours chan-
geante, deux forces, deux principes immaté-
riels qui persistent, un double dynamisme,
comme ils disent : d'abord le principe vital,
qui préside à la vie organique, puis au-dessus,
le principe constitutif du moi humain, de la per-
sonne humaine, les animistes attribuent à une
cause unique, à l'àme, les phénomènes vitaux
aussi bien que les phénomènes de l'ordre intel-
lectuel et moral-
L'animismc trouve l'âme des philosophes et
des théologiens en possession de produire et
de gouverner la pensée ; il la charge en outre
du soin de produire et de Gouverner la vie ; le
vitalisme, au contraire; déuarrasse l'âme pen-
sante d'un soin qu'il regarde comme indigne
d'elle. « Les animistes, dit M. Cournot, ont
pour eux cette grande maxime, qu'il ne faut
pas multiplier les êtres sans nécessité, moins
encore les êtres incompréhensibles ou insai-
sissables pour notre entendement. Mais, de
leur côté, les vitalistes ont à invoquer cette
autre maxime, qu'il faut rapporter les effets
analogues à des causes analo'-ues. Or, quoi de
plus analogue à la vie animale et végétative
que la vie animale et végétative des autres
espèces vivantes? »
It. — Les ancêtres nu l'animisme. Stahl a
fait de l'animisme une grande théorie physio-
logique, médicale et philosophique ; mais on
peut dire que l'idée mère de cette théorie,
idée qui consiste a faire de l'àme le principe
de la vie, et à confondre l'une avec l'autre,
remonte à Aristote. « Platon, dit M. Saisset,
avait enseigné que l'âme est d'origine céleste,
que son essence est de vivre d'une vie toute
spirituelle, qu'elle est tombée dans le corps à
la suite d'une chute mystérieuse, que sa des-
tinée en ce monde est de s'affranchir des
organes, et, à travers une série de voyages
et d'épreuves corporelles, de reconquérir sa
vie primitive en Dieu. Contre cette haute doc-
trine, chère aux âmes mystiques, s'éleva le
génie critique d'Aristdte. Il ne voyait dans la
préexistence des 'âmes, dans la chute et la
métempsycose , que des mythes ingénieux ,
des métaphores poétiques; il se moquait de
ces âmes qui voyagent à la recherche d'un
corps et changent d'organes comme on change
d'hôtellerie. Pour lui, l'âme, en général, est
naturellement dans le corps, et telle âme est
appropriée à tel corps et non à un autre.
L àme, disait-il, c'est la forme du corps, enten-
dez l'énergie, la force qui anime le corps et se
sert des organes pour sentir, penser et agir.
Lors donc qu'Aristpte énumère les facultés de
l'âme, il compte parmi elles la faculté nutri-
tive. C'est la plus humble, il est vrai, mais
cette faculté pourtant est la base solide sur
laquelio s'élèvent la faculté dé sentir et la
faculté de penser. » Cette doctrine d'Aristote
passa dans lascolastiqne, mais en s'y dénatu-
rant ; les facultés que le philosophe grec avait
distinguées dans la force qui anime le corps,
devinrent, en se substantialisant, trois âmes
distinctes. V. Ame.
Un autre précurseur de Stahl' assez peu
connu, est Claude Perrault, médecin et archi-
tecte, l'auteur de la colonnade du Louvre.
Claude Perrault nous apprend que l'âme d'un
enfant, dès sa naissance et même dans le sein
. de sa mère, a résolu de faire circuler le sang
louable et si constante, qu'elle s'en est fait une
habitude. Il ajoute qu'en acquérant l'habitude,
l'âme perd la conscience, et ne s'aperçoit plus,
après quelque temps, des actes qu elle accom-
plit dans l'économie.
III. — Exposition de iU doctrine de Stahl.
La doctrine animiste de Stahl se trouve ren-
fermée à peu près complètement dans son
grand ouvrage intitulé : Thëoria medica vera
(Théorie médicale véritable). Réagissant contre
là médecine mécanique et la médecine chi-
mique de son temps, et en môme temps contre
la métaphysique cartésienne, leur source com-
mune, Stahl part de cette idée que la vie n'est
pus dans le jeu d'une machine, qu'elle ne s'é-
labore pas dans le creuset du. chimiste, eh un
mot, qu'elle ne peut être ramenée ni aux lois
générales du mouvement, ni à un système de
combinaisons chimiques. « Elevé, dit-il, dans
les principes de Sylvius et de Willis, qui rap-
portaient toutes les causes des maladies a des
acretfis particulières des'humeurs, je m'éton-
nais que les humeurs no s'altérassent pas
malgré leur tendance naturelle et continuelle
à la putréfaction,- et que le sphacèle, qui est
une putréfaction complète, n'eût lieu que très-
rarement,.... je ne pouvais rapporter a une
altération quelconque dans les humeurs les
maladies particulières aux âges et, aux tem-
péraments; je reconnus donc la fausseté de
toute application des sciences chimiques à la
théorie des maladies; je ne pouvais d'ailleurs
ANI
expliquer par les lois de la mécanique ces
changements extraordinaires et subits que les
passions occasionnent, et qui produisent dans
diverses parties du corps des actions tout
autres que celles qui résultent naturellement
de leur conformation mécanique, actions qui
tiennent si évidemment à un désordre des
mouvements vitaux , qu'il me paraissait absurde
d'admettre là coopération d'une cause maté-
rielle quelconque.. Je sentis donc la nécessité
de reconstruire la théorie médicale et de l'as-
seoir sur des fondements plus solides que des
idées de mécanique et de chimie. »
Suivant Stahl, le mélange dont le corps se
compose est essentiellement corruptible. Il faut
donc, pour que le corps subsiste, qu'il échappe
à cette corruption sans cesse imminente. Il y
échappe par la vie. La vie est la conservation
de ce mélange corruptible; elle ne supprime
pas la corruptibilité, mais elle empêche la
corruption. L'instrument nécessaire de cette
conservation est le mouvement.
Il y a trots sortes de mouvements : le pre-
mier est le perpétuel mouvement ou la circu-
lation de la masse universelle des humeurs,
qu'on appelle vulgairement circulation du
sang; le second est la sécrétion; le troisième,
l'excrétion des humeurs. Le sang, mélange
plus corruptible que les autres, a aussi bien
plus besoin d'être préservé de la corruption.
La sagesse du Créateur a pourvu à ce besoin,
car le sang est mù perpétuellement ; il est mû
pour sa propre conservation, et en même
temps pour la conservation du tout. L'anti-
quité a ignoré la circulation, du sang; les mo-
dernes Font connue, mais ils n'en ont pas
saisi le principu et la fin. Selon Stahl, le sang
se meut parce que rien n'est plus propre que
le mouvement à empêcher la corruption. Pré-
venir la corruption est le premier but de la
vie; aussi la principale source des maladies
est-elle la stase du sang, parce qu'elle facilite
la corruption. Cette stase du sang se produit
facilement dans le système de la veine porte,
parce que c'est, de toutes les parties du système
vasculaire, celle où le sang trouve le plus de
difficultés à circuler, a cause de l'absence de
valvules et de la grande quantité de sang que
. . . . . 3 PlUi
plus étroits : aussi la veine porte est-elle pour
Stahl la porte de tous les maux.
Stahl fait observer que Harvey, en faisant
de la circulation du sang un phénomène pure-
ment mécanique , a négligé de considérer le
ton des parties, qui, en changeant sans cesse,
fait varier la quantité de sang distribuée aux
divers organes. Le mouvement est l'unique
cause de la chaleur du sang ; aussi cette cha-
leur augmente-t--.i|le lorsque le corps ou quel-
qu'une de ses parties est mue violemment. La
respiration sert à échauffer et non à refroidir
le sang, cqmme on l'a pensé jusqu'à Stahl, ce
que prouvent le sang froid des animaux qui
ne respirent pas avec des poumons, et l'aug-
mentation de la chaleur par l'accélération de
la respiration.
La sécrétion et l'excrétion sont les deux
autres instruments de la vie. C'est une illusion
de la chimie de croire que la vie puisse être
conservée par le mélange et la transformation
des humeurs. La matière, une fois corrompue,
doit être séparée du sang, c'est-à-dire sécré-
tée, y1- -*-—*- -1--
des émunctoires et en donnant aux humeurs
corrompues de libres issues.
Tous ces mouvements, surtout celui de la
circulation, sont aidés parle mouvement toni-
que auquel ils s'ajoutent. Qu'est-ce que le
mouvement tonique? C'est le changement in-
cessant du ton, c est-à-dire de la force ou ten-
sion des parties. Le mouvement tonique est
très-différent, et du mouvement vital conserva-
teur et du mouvement local ou de locomotion.
Jusqu'ici Stahl s'est borné à nous montrer
dans le mouvement le moyen, l'instrument de
la vie. Il va se demander maintenant quel en
est le principe. Cet instrument de la vie, le
mouvement, ne vient pas des humeurs, car il
a besoin d'être dirigé par une cause intelli-
gente vers une fin déterminée, qui est préci
essentiellement passif et inerte; c'est donc
une chose incorporelle et qui suppose un prin-
cipe de même nature, c'ést-à-dtre également
Ici Stahl s'élève contre les inventions par
lesquelles les anciens et les modernes ont tenté
d'expliquer la vie : âmes végétatives et sensi-
tives , distinguées de l'âme raisonnable , ar-
chées, esprits animaux. Ecoutons-le :«On a des
nausées, rien qu'à entendre parler des indigna-
tions et des joies des esprits animaux et des
archées... C'est une distinction absurde que
celle qu'on établit entre une matière plus
grossière et une autre plus subtile,- qui serait
ainsi plus capable d'entrer en commerce avec
ce qui est incorporel. De telles inventions
supposent dans ces agents une intelligence
égale et même supérieure à celle de lame
raisonnable au service de laquelle on les met...
Ils doivent non-seulement savoir ce qu'ils ont
à faire, quand comment, dans quelle mesure,
mais comprendre aussi les petits mouvements
les plus exquis, les proportions les plus déli-
cates que veut l'àme.... Il n'est pas plus rai-
sonnable de supposer que tous les mouve-
ments .qui se font dans le corps sont prédé-
terminés par l'absolue volonté de Dieu.. C'est
ANI
à tort qu'une ancienne doctrine ajoute àl'âine
raisonnable une 'âme végétative et une autre
sensitive. D'autres, plus anciens encore, pen-
saient avec plus de raison qu'à une seule âme
humaine, dite raisonnable, à cause de sa puis-
sance spéciale et supérieure, il fallait- attri-
buer, en outre, ces puissances inférieures, par
ce motif excellent que qui peut le plus peut le
moins. Mais ils ont eu le tort, grâce à cette
tendance des anciens à multiplier au hasard
les abstractions, de faire de ces diverses facul-
tés comme autant de forces substantielles. La
multitude des stériles conceptions qui naquirent
de là s'accrurent encore de l'invention des
esprits animaux. Car, comme cette première
et absurde prétention qu'il n'y a point de com-
merce possible entre ce qui est matériel et ce
qui ne l'est pas, paraissait mettre en danger
1 immatérialité de l'âme raisonnable, les méde-
cins essayèrent d'étouffer le scandale et, de
satisfaire par un mot sonore et une idée vide
les moines, toujours prêts à enfoncer les ongles
plutôt que la faux dans la moisson- dJ autrui,
en interposant comme un moyen terme la
fiction des esprits. »
Ainsi , âmes inférieures , archées , esprits
animaux, sont, aux yeux de Stahl, des hypo-
thèses inutiles. Le principe du mouvement
vital, c'est lame, l'àme raisonnable, la seule
qui constitue l'homme et soit manifestement
unie au corps. Les organes ne sont, comme
leur nom l'indique, que de simples instruments ;
c'est l'àme qui fait respirer les poumons, battre
le cœur, circuler le sang, digérer l'estomac,
sécréter le foie ; c'est elle qui sépare du sang
les matières corrompues et les rejette au de-
hors ; c'est elle qui nourrit le corps, lui assi-
mile des substances étrangères, fait succéder
le repos au mouvement et le sommeil à la
veille. Nous voyons la puissance que l'âme
exerce manifestement sur certains organes
par la volonté ; nous voyons l'influence invo-
lontaire de l'âme sur le corps dans les effets
des passions. Eh bien ! cette action de l'âme
s'étend à toutes les fonctions, à tous les or-
ganes corporels.
Mais, dira-t-on, l'influence que l'âme exerce
sur les organes des sens et de la locomotion,
elle a conscience de l'exercer, tandis qu'elle
n'a pas conscience d'agir sur l'estomac, le foie
ou le cœur. Stahl répond à cette objection en
distinguant dans l'âme deux manières de con-
naître et d'agir, deux formes de la raison. Il y
a, dit-il, le logos et le logismos, la ratio et la
ratiocinatio. Logismos , ratiocinatio , c'est la
raison réfléchie, ayant conscience et mémoire ;
logos, ratio, c'est une raison antérieure et
supérieure, une raison qui agit d'une manière
simple, sans trouver une sorte de miroir dans
la conscience, et c'est pourquoi ses opérations
ne peuvent être représentées à l'imagination,
ni rappelées par la mémoire. C'est le logos
qui éclaire l'àme quand elle dirige les organes
avec tant de spontanéité, de sûreté, de préci-
sion; quand, au contraire, l'àme agit d'une ma-
nière indécise, laborieuse, inégale, c'est qu'elle
se sert du logismos. Notons en passant que le
logos de Stahl correspond à ce que nous appe-
lons instinct; le logismos, à ce que nous appe-
cominenl
__ fonctions de l'économie dépendent
de l'action de l'àme. Les trois mouvements
circulatoire, sécrétoire et excrétoire préser-
vent, comme nous l'avons vu, le corps de la
corruption , mais en l'appauvrissant par la
déperdition continuelle de matières excrétées :
de là pour le'sang le besoin d'une restauration
et d'une restitution matérielle. C'est à quoi
servent la nourriture et la boisson qui four-
nissent les matières réparatrices. La nécessité
de la nourriture et de la boisson entraîne celle
de la sensibilité et de la locomotion, lesquelles
viennent s'ajouter aux mouvements intérieurs
et vitaux, la première pour percevoir au de-
hors les choses, utiles et nuisibles au corps, la
seconde pour procurer au corps ce qui lui est
utile, et pour le soustraire à l'action de ce qui
lui est nuisible. Le repos, c'est-à-dire la sus-
pension de l'acte locomoteur, et le sommeil,
c'est-à-dire la suspension de l'acte de sentir,
sont également nécessaires pour réparer, par
l'inaction, l'énergie dépensée à sentir et à se
mouvoir. C'est l^me qui accomplit tout cela
dans les organes et restaure le corps, qu'elle
est déjà chargée de conserver. ou plutôt de
préserver. Le rôle de l'âme dans la nutrition
est visible. La fa'un et la soif, ce n'est pas autre
chose que la volonté de manger et de boire,
volonté tellement manifeste que, si elle n'est
pas satisfaite, l'esprit ne peut s'occuper d'autre
chose. La preuve, c'est que l'attention à un
autre objet, le jeu, le spectacle, etc., font
oublier 1 appétit, et qu'au contraire, lorsqu'on
ne fait rien, on a faim, on veut manger, pour
ne pas rester oisif. Ainsi l'appétit est évidem-
ment un acte de ce principe qui, attentif à la
restauration de son corps, veut les moyens qui
répondent à cette fin. La salivation est encore
un acte de l'àme ; il est absurde de la vouloir
expliquer par le seul mouvement de la masti-
cation ; tout le monde sait que l'eau vient à la
bouche à la vue d'un mets agréable, et que la
salive ne se mêle pas aux mets insipides, même
longtemps mâchés. C'est l'àme qui dissout les
aliments dans l'estomac et qui stimule cet or-
gane à se contracter : la simple pensée d'une
médecine suscite en effet ces contractions.
Enfin, tous les actes organiques témoignent,
aux yeux de Stahl, de l'intervention de l'àme.
. ANI
Il la voit dans l'assimilation, dans la sécrétion
des humeurs nourricières , par exemple du
lait, dans l'excrétion du reliquat des matières
ingérées, dans le sommeil, etc.
Ce n'est pas assez. Ce corps que l'âme con-
serve en le préservant de la corruption et en
le restaurant, faudra-t-il recourir, pour le for-
mer, soit à un archée, soit à un esprit parti-
culier, soit à une intervention immédiate de
Dieu lui-même? Non, répond Stahl; c'est pour
l'âme que le corps est construit, donc il est
construit par elle. Il n'y a pas plus de diffi-
cultés à attribuer b lâmn In nnisinnCA rie.
et d
de diriger les mouvements de ce même corps.
Voilà toutes les hypothèses de préexistence et
de préformation de germes écartées, i II faut
laisser de côté, dit Stahl, cette vaine hypo-
thèse selon laquelle tous les corps humains,
animaux ou végétaux, qui naissent ou peuvent
naître, sont enfermés dans un premier individu,
ou toute autre supposition de mémo valeur
suivant laquelle les corps individuels de toutes
espèces, avec leur structure entière et parfaite,
mais d'une petitesse extrême, formés dès la
création, remplissent en nombre fabuleux le
monde entier, l'air, l'eau, etc. •
Ici se pose la question de la génération.
Quelle part le père et la mère ontrils dans lu
formation du corps de l'enfant? D'où vient
l'âme de ce dernier? D'après Stahl, c'est l'âme
de la mère qui fournit la substance, la matière,
et aussi les idées ou le plan général du corps ;
c'est l'âme de l'enfant qui met la matière en
œuvre et exécute le plan; enfin c'est le père
qui suscite, pour ainsi dire, l'àme de l'enfant
par l'acte de la génération. Mais comment
l'âme peut- elle être communiquée avec le
sperme ? Question embarrassante : Stahl côtoie
prudemment l'écueil qu'elle présente, n L'é-
nergie active, dit-il, est communiquée réelle-
ment et substantiellement dans la génération ;
d'où résulte celte conception, la plus probable
de toutes, que ce principe est transmis par le
sperme; quoiqu'il ne soit pas nécessaire de
supposer qu'il est dans le sperme matérielle-
ment, et qu'il y existe toujours. »
Construire les organes, les réparer, diriger
les mouvements vitaux , telles seraient les
seules attributions de l'âme , si le corps ne
connaissait ni la maladie ni la mort. « La
maladie, dit M. Albert Lemoine, ouvre à
l'animisme un nouveau champ. » Le système
de Stahl a fait rentrer la physiologie tout
entière dans la psychologie ; nous allons main-
tenant le voir ramener la pathologie et la thé-
rapeutique à la physiologie. L'action de l'âme
est le principe commun qui relie toutes ces
sciences. Qu'est-ce que la maladie pour Stahl?
Une corruption qui dépasse certaines limites
et que néglige ou traite maladroitement l'âme
conservatrice. Notons ces mots : que l'àme
traite maladroitement ; c'est que, d'après Stahl,
le fait pathologique, quand il éclate an
plus souvent les symptômes du mal, tels qu'il:
nous apparaissent, ne sont autres que les effets
de cette action môdicatrice de l'âme. On voit
le lien qui unit la thérapeutique naturelle à la
pathologie. L'âme est le premier des médecins,
et tout l'art de la médecine consiste à épier
les démarches de l'âme et à la seconder dans
son ministère réparateur. Quels sont les pro-
cédés thérapeutiques employés par l'âme? Ces
procédés consistent : l" à mûrir les matières
étrangères; 2" à les séparer ou sécréter; 3° à
les éliminer ou excréter. Ils ne diffèrent pas
essentiellement du procédé conservateur ; 1 :
Un exemple remarquable de cette
confusion est la fièvre, qui n'est pas une mala-
die, comme on a coutume de le dire, mais un
effort puissant et fréquent de l'âme contre le
mal. ■ La marche de la fièvre, dit Stahl, est
l'unique ressource par laquelle la nature peut
se secourir elle-même... Les vraies actions fé-
briles tendant à la conservation de la vie par
des sécrétions successives proportionnées , et
des excrétions opportunes, et par l'expulsion, à
l'aide de ce moyen, de la matière morbide,
doivent non- seulement être tolérées, mais
même respectées, gouvernées, et de toutes
façons aidées et suscitées, plutôt que négligées
et surtout empêchées. »
La fièvre n'est pas le seul acte de la nature
que l'on confonde avec les effets nuisibles do
la maladie. L'insomnie, l'inquiétude, sont en-
core des efforts de l'âme qui, incertaine sur
l'issue du mal, veille avec attention et s'ap-
plique au péril présent et à venir. Les con-
vulsions qui se produisent au moment de la
mort sont un effort de l'énergie vitale de l'àme.
Les vieillards, chez qui cette énergie est épui-
sée, meurent sans convulsions; mais les jeunes
gens, à l'heure suprême, font un dernier et
énergique effort pour chasser le mal.
Quant aux causes générales de la maladie,
elles sont très-variées : ce sont le trouble et
l'empêchement des excrétions; le défaut ou
l'excès des aliments, du mouvement, du repos,
du sommeil; les qualités mauvaises de l'air ot
de lfeau ; ce sont surtout les passions de l'àiiio.
L'action des passions est particulièrement nui-
sible en co qu'elle est la source des erreurs
que lame commet dans la direction des mala-
dies et dans les procédés qu'elle ô^ploie pour
les guérir.
ANI
La maladie nous conduit à la mort. Dans la
Joctrine de Stahl, toute mort qui est la termi-
naison d'une maladie peut etro considérée
comme un meurtre que l'âme exerce sur son
corps par ignorance ou par imprudence. Mais
pourquoi l'homme meurt-il de mort naturelle?
Pourquoi la vie a-t-elle des limites fatales, une
évolution déterminée ? Pourquoi l'âme , agent
du mouvement, doit-elle un jour tuer ou laisser
mourir le corps? Faut-il croire que l'àme elle-
même s'affaiblit, s'épuise a la longue, et finit
par s'éteindre? Stahl reconnaît que la mort
naturelle n'a pas de raison d'être dans son
système. « On ne peut trouver
nant à l'âme pour attribut l'activité organisa-
trice et vitale, ce qui conduit h identifier, à
confondre l'âme avec cette activité, V animisme
ne saurait rien comprendre, s'il reste. sur le
terrain de la raison, à cette chose si simple aux
jeux du spiritualisme classique : la séparation
de l'âme d'avec le corps, la séparation des
destinées de l'àme d'avec celles du corps. Nous
sommes loin de Platon, qui'nous montre l'âme
captive pendant la vie et délivrée par la mort.
Aussi Stahl nie-t-il l'immortalité naturelle,
essentielle de l'àme. Il n'y a que la foi, dit-il,
qui puisse nous assurer de notre immortalité ;
toutes les raisons qu'on en donne, en dehors
de la révélation, sont vaines, parce qu'elles
vont contre cette vérité, que tout ce qui com-
mence peut finir.
IV. - L'animisme de Stahl jugé par
Leibnitz. La doctrine de Stahl fut, dès sa
naissance , vivement attaquée par Leibnitz ,
qui y trouvait la négation radicale de toutes
ses idées : monades , harmonie préétablie ,
préexistence des corps organisés. Quelques
mots suffiront pour faire ressortir l'opposition
des deux systèmes. Suivant Stahl, l'âme forme
le corps et le conserve; suivant Leibnitz, les
corps organisés le sont de toute éternité; ils
des fonctions organiques ; suivant Leibnitz,
elle n'est pas même la cause directe des mou-
vements'volontaires. Suivant Stahl, l'âme fait
tout dans le corps ; elle agit sur l'estomac
comme sur les membres; suivant Leibnitz, il
n'y a aucune action de 1 âme Sur le Corps ; le
commerce de' ces deux substances consiste
dans une simple harmonie préétablie dès la
création.
Leibnitz accuse Stahl de matérialisme ; mais
il est facile de réduire cette accusation a sa
juste valeur. Pour Leibnitz, l'âme de Stahl est
matérielle, non parce qu'elle gouverne les
actes vitaux, mais uniquement parce qu'elle
agit directement et efficacement sur le corps;
cest l'action de l'âme sur le corps, et ._..
plus ou moins d'étendue de cette action qui
' ' .lia A «n ,.^.„,ï/„ S(„M n'^f «
rond matérielle. A ce compte, Stahl n'es't pas
plus matérialiste que tous les philosophes qui
affirment, sans l'expliquer, la réciprocité d'ac-
tion des deux substances.
Un autre reproche que Leibnitz adresse à
Stahl et qui parait mieux fondé, porte sur la
tendance de Vanimisme a absorber la lin de
l'âme dans la production et la direction des
actes vitaux.
Remarquons que Leibnitz est animiste à sa
manière. L'âme, suivant lui, n'agit pas sur le
corps, mais elle n'en est pas moins comme la
raison de la vie, comme le 'principe idéal par
la présence duquel le corps est formé et con-
servé. « Il est très-vrai, dit-il, que l'âme agit
par sa perception et son appétit, comme si
elle seule formait le corps, en sorte qu'on
pourrait lire dans l'àme tout ce qui se fait dans
la formation du corps, s'il était possible de voir
en elle assez proiondément... A cette ques-
tion : que peut-on attribuer à l'àme de l'admi-
nistration des actions vitales organiques? Je
répondrai d'après mon système de l'harmonie
préétablie .'tout, si l'on entend que le corps
est d'accord avec l'âme ; rien, si Ion veut que
celle-ci lui commande quelque chose à quoi il
répugne. »
V. — L'animisme contemporain, n Qui est
animiste aujourd'hui? Personne que je sache,
dit Requin dans V Encyclopédie nouvelle, a
Requin s'est trompé : un certain nombre d'es-
prits distingués, M. Bouillier, M. Tissot, en
France ; Ilerman Ficlile, fils du célèbre Fichte,
en Allemagne, ont repris de nos jours l'idée
stahlienne pour leur propre compte. Ecoutez
Mermann l< ichte : « A chaque corps organique
et limité en soi, il faut accorder son âme.
Chaque âme se forme un corps organisé qui
répond de la manière la plus étroite, la plus
spéciale, à ses particularités. Le corps n'est
par suite que l'âme elle-même tournée vers le
dehors, l'Aine se manifestant dans le temps et
dans 1 espace... Les éléments chimiques du
corps changent constamment ; ils entrent dans
son cercle d'assimilation, et ils en sortent de
nouveau. Après un délai déterminé, ce corps
extérieur, ce produit de leur assemblage s'est
si complètement renouvelé, que même la plus
minime partie de cet ancien corps n'y est point
demeurée, et qu'il existe un corps parfaitement
nouveau. Ce corps, néanmoins, reste pendant
toute la durée de' notre existence, aussi bien
dans son type extérieur que dans le caractère
fondamental de sa constitution organique in-
terne, entièrement le même dans cette trans-
formation permanente de ses éléments. Ce
is simplement
ANI
n'est donc pas dans les éléments matériels que
l'on peut trouver cette permanence réelle, cette
substance unitaire du corps qui se montre active
pendant toute notre vie. Aussi peu la pourrait-
on trouver dans la simple combinaison de ces
éléments , car ce serait une contradiction
logique de faire résulter d'une simple combi-
naison une chose nouvelle qui ne se trouve
exister pour soi en aucune partie isolée de
cette combinaison... Cette chose, qui dure en
notre corps et qui en unit les éléments, ne
peut être conçue que comme une force, mais
comme une force liée sans nul doute a une
base réelle, à défaut de laquelle la force s'a-
néantirait dans une impossibilité idéaliste.
Seulement cette base ne peut elle-même être
une substance matérielle, un élément simple,
sans quoi nous rentrerions de nouveau dans
le cercle des contradictions. »
Vanimisme . de MM. Bouillier et Tissot est
une réaction contre le spiritualisme de Maine
de Biran et de Jouffroy. Ce spiritualisme avait
élevé une barrière entre les phénomènes intel-
lectuels et les actes vitaux, entre la psycho-
logie et la physiologie ; nos nouveaux animistes
prétendent renverser cette barrière,
M. Bouillier reproche b. Maine de Biran et a
Jouffroy de réduire l'âme humaine à la per-
sonne morale, au moi. Il montre que le
n'est pas l'âme tout entière, •""io •!"">'■"■
un état particulier de l'âme, lotai ou eue se
manifeste à, elle-même. Le moi, c'est, pour
ainsi dire, ce qui est éclairé de'l'âme et de ses
actes; mais, outre ce qui est éclairé, il y a co
qui est obscur ; derrière le moi, il y a un prin-
cipe plus profond, une source de vie, dont le
moi n'est que la manifestation. Nous ne pou-
vons en douter si nous considérons qu'entre
cette obscurité et cette lumière il n'y a pas de
ligne de démarcation absolue, mais des transi-
tions insensibles. L'instinct, qui précède la con-
science, et l'habitude, qui la suit, nous offrent
deux séries de phénomènes analogues et in-
verses, qui ne sauraient se rapporter à une
autre causé qu'à celle de la conscience elle-
même ; car il est facile de voir que le passage
de l'instinct à l'activité réfléchie, celui de l'ac-
tivité réfléchie à l'habitude, se font par uno
série continue de degrés, » Entre les deux
termes extrêmes de la conscience réfléchie et
de l'inconscience absolue, dit M. Bouillier, il y
a une multitude de nuances diverses et de de-
grés intermédiaires. L'être organisé le plus
infime, du moment qu'il souffre et qu'il jouit,
n'est-il pas doué d'une sorte de conscience
plus ou moins confuse ? A mesure qu'on monte
dans l'échelle des êtres, tout indique que la
conscience devient plus noble et plus vive.
Combien, en chacun de nous, ne varie-t-eile
pas suivant les divers états de notre esprit,
depuis la réflexion la plus profonde jusqu à la
plus vague rêverie, jusqu'aux confins indécis
entre la veille et le sommeil. Quoi de plus
faible que la première lueifr de la conscience,
si ce n est la dernière? Comment dans cette
zone si vaste et si incertaine qui s'étend entre
la pleine conscience et l'inconscience absolue,
dans cette région du demi-jour et des demi-
ténèbres, tracer une, ligne assurée de démar-
cation entre la lumière et l'obscurité absolue.
C'est par des gradations, et des dégradations
insensibles que la conscience commence et que
la
Si la conscience n'est pas le
de l'activité de l'âme, ajoute IV
temporain, si nous ne pouvons méconnaître
cette activité dans les phéi
is la rs
actes vitaux? L'induction
t-elle pas à étendre même i
l'empire de l'âme, comm
étendu au delà de la
invoquer un double dyi
suffit-il pas pour tout expliqi
delà de l'instinct
l'observation l'a
ce? Pourquoi
? Un. seul ne
r~F --■"■ ■. dans l'homme,
pensée, l'instinct et la vie? Les faits de la
finalité instinctive ne tiennent-ils pas , en
quelque sorte, le milieu entre ceux de la fina-
lité organisatrice et vitale et ceux de la fina-
lité' intellectuelle et raisonnée ? Pourquoi scin-
der la série téléologique au lieu de la rapporter
tout entière a un morne principe? Si, comme
le fait très-bien remarquer M. Ch. Renouvier,
on croit pouvoir se fonder sur la nature hété-
rogène de la constructivité plastique et de la
représentation raisonnée, pour les attribuer à
des causes substantielles différentes, n'a-t-on
pas autant de motifs d'introduire une cause
propre de la passion, une de la volonté, etc. ?
ANIMISTE s. m. (a-ni-mi-sto — rad. ani-
misme ). Partisan de l'animisme : Les ani-
mistes admet taictit une âme intelligente nui
préside à tous les actes vitaux, (Raticr.)
— adjectiv. Qui appartient à l'animisme,
qui a rapport à co système : Doctrine ani-
mistk. Des opinions animistes.
ANIMOCORDE. V. AnÉMOCORDE.
animosité s. f. (a-ni-mo-zi-té — lat. ani-
mositas, même sens). Ressentiment, rancune
Frofonde, haine prononcée et vivace, que
on conserve contre une personne : Avoir de
r animosité, une grande animosité contre quet-
f/u'un. Agir par animosité, sans animosité. Il
y a dans le cœur de l'homme une source natu-
relle et malheureuse ^'animosité et de violence.
Les animosités se perpétuent quelquefois dans
les familles. (Acad.) Leur animosité était
grande aussi contre le roi. (Vaugclas.) Cette
façon d'agir est injuste, et masque une animo-
sité étrange, et qui n'est point chrétienne.
(Pasc.) Le cardinal ne pouvait se résoudre
ANI
d'exposer sa personne à ce qui pouvait rester
d'ANiMosiTÉ contre lui. (La Rochef.) Que vous
revient-il de votre animosité et de votre amer-
tume? (Mass.) Quelle est la manie de quelques
hommes qui, sans aucune animosité, se font un
devoir d'attaquer les grandes réputations?
(Vauven.) //animosité a beau enflammer un
auteur, elle ne peut tenir lieu d'éloquence et
de talent. (Grimm.) Cette animosité compri-
mée n'en rongeait que plus profondément leurs
âmes. (Lamart.) Cette animosité éclatait de
temps en temps sous la politesse de leurs pa-
roles. (Lamart.) Toutes ces animosités, toutes
ces discordes qui fermentaient au sein de l'as-
semblée, ne se trahissaient point au dehors.
(M"i« d'Agout.) //animosité ne s'empare que
des âmes communes ; c'est la fièvre de la colère.
(St-Réal.) Le comte de Strafford a toujours
été l'objet de Z'animositë du peuple. (M'"c do
Staël.) L'histoire ne doit point s'abaisser jus-
qu'à devenir l'écho des animosités et des ran-
cunes contemporaines. (De Barantc.) Le public
est un étourdi, souvent de mauvais ton, capri-
cieux, crédule, variable, passager comme les
générations humaines, emportant avec lui ses
animosités de hasard et ses admirations de
commande. ( Vïennot. ) Lfinimitié s'aigrit et
s'exaspère, elle devient de Tanimositb. (La-
téna.) Leur animosité a tout fait pour empoi-
sonner la vie. (Sto-Beuve.)
— Chaleur excessive, emportement, dans
uno discussion, uno contestation ou dans un
débat que l'on soutient avec la plume : L'o-
rateur, l'avocat, a mis trop rf' animosité dans
l'attaque, dans la réplique. On peut discuter
sans mettre de part et d'autre tant (Ï'animo-
sité. /.'animosité véhémente, mais habile de
Fox ne s'exhale pas en injures vagues, (Villem.)
Il lui faut un peu d'ANiMOSiTÉ, pour avoir toute
sa valeur. {Ste-Bcuve.)
— Syn. Ailintoaitc, inimitié, rancune, rcl-
■etitiincni. L'inimitié paraît toujours ouver-
tement. La rancune dissimule. L'animositë est
une sorte de colère croissante contre quel-
qu'un. Le ressentiment est le souvenir d'une
injure qu'on n'a pas pardonnée. ,
— Antonymes. Bienveillance , cordialité ,
prédilection, sympathie.
ANIMOVISME s. m. V. Animalculovismk.
ANIMUS MEMINISSE IlOMtBT , mots lat.
qui signif. : « Mon âme frémit d'horreur a ce
souvenir. . (Enéide, liv. n.)
Enée commence le récit de la ruine de Troie;
tous ses souvenirs douloureux se réveillent et
lui arrachent ce cri : Animus meminisse horret.
Virgile a imité le début de X Odyssée ; c'est à
peu près en ces termes qu'Ulysse, a la table
d'Alciiioùs, commence le long récit de ses
voyages et de ses malheurs.
C'est ainsi que, dans la Henriade, lorsque
Elisabeth veut connaître le tableau des. mal-
heurs delà France, Henri s'écrie :
ANI
397
Fau
Mais v(
r fr«mi
z, il faut
Les applications que l'on fait de ces mots
peuvent appartenir au style sérieux", mais
elles sont presque toujours plaisantes. On
prend ce ton grave pour rendre plus piquant
le récit d'une aventure, d'un accident, qui
n'offre rien de tragique :
« Vous voulez que je vous donne quelques
détails sur ce bain forcé : Animus meminisse
horret. Mon pied glissa, et... je bus un litre
d'eau de Seine, moi qui n'en avais jamais bu
de ma vie. » (Journal.)
«Je ne vous dis rien de tout ce qui vient do
se passer : Animus meminisse horret! Ce n'est
pas qu'il n'y eût beaucoup à dire, et dans un
sens fort éloigné des lamentations ordinaires. »
Joseph de Maistre.
AISIO , aujourd'hui Teverone , rivière de
l'ancienne Italie, passait à Tibur, où elle for-
mait une belle cascade qui n'existe plus. Affl.
du Tibre. Deux batailles de ce nom ont été
gagnées par les Romains sur les Gaulois : la
première, par Camille, l'an 367 av. J.-C. ; la
seconde, l'an 307.
ANION s. m. (a-ni-on — du gr. aria en
haut, et ion, allant). Physiq. Corps qui so
rend au pôle négatif de la pile électrique ;
par opposition à cation, il Ce mot a vieilli.
AN ION. Temps hér. Un des généraux de
Rhudamante , qui lui donna le gouvernement
de l'île de Déhs.
AMRAN. Myth. pers. Ange qui préside au
trentième jour de chaque mois , et aux ma-
riages.
— s. m. Nom donné au trentième jour du
(a-ni-ri-dî — du gr, a priv.;
iris, iridos, l'iris). Anat. Absence do l'iris,
ANIS s. m. (a-ni — du gr. anison, même
sons). Bot. Plante de la famille dcs'ombclli-
fères et du genre boucage. il Graine de cette
plante.
— Anis étoile, La badiane. Il Auis aiûre ou
acre, Le cumin. Il Anis de Paris, Graine de
fenouil généralement employée à Paris au
lieu de la graine d'anis : //anis i>k Paris a à
peu près les mêmes propriétés que l'unis véri-
table:
— Hortic. Pomme d'anis, Nom donné quel-
quefois au fenouillet.
— Comm. Bois d'anis, Bots blanc, tendre
et odorant, qui provient du laurier avocatier.
Il est employé en tabletterie et en marque-
terie. Los pharmaciens font entrer son écorec
dans diverses préparations, n Dragées d'anis,
Petites dragées qui so préparent avec des
graines d'anis vert et du sirop de sucre cuit
au lissé. Les meilleures sont colles que l'on .
appelle anis surfins de Flavigny, du nom de
la localité où on les a d'abord confectionnées.
Il Jiatafia d'anis, Liqueur do table, que l'on
obtient en faisant macérer 45 grammes d'anis
dans 1500 grammes d'eau-dc-vie à 24 degrés,
après quoi on ajoute 80 grammes de sucre
dissous dans un litre d'eau, on laisse reposer
et on filtre. Il Ratafia d'anis, appelé aussi
huile ou crème d'anis, Autre liqueur de table,
qui se prépare en distillant le macéré d'anis
ci-dessusctenmôlantle produit avec ledouble
de son poids de sirop de sucre. Y. Anisl-ttb.
— Homonyme. Ani.
— Encycl. L'am's ou boucage anis est une
plante annuelle qui. présente les caractères
suivants : tige dressée, cylindrique, rameuse ;
feuilles caulinaires , découpées en lanières
d'autant plus étroites qu'on approche davan-
tage du sommet de la tige ; ombelles à rayons
nombreux ; fleurs blanches ; fruits ovoïdes,
striés longitudinalement, légèrement pubes-
cents et blanchâtres. Originaire de l'Orient,
Yanis est cultivé dans plusieurs provinces de
la Franco, notamment aux environs de Tours,
pour ses akènes, qui sont aromatiques, d'une
saveur chaude, sucrée, assez agréable. La
médecine les emploie en infusion contre les
dyspepsies, flatuosités, etc. (à la dose de 5 a
10 gr. pour i litre d'eau). On' fait quelquefois
usage des préparations suivantes : Eau dis-
tillée d'anis (anis, l p. ; eau, 0 p.) ; alcoolat
d'anis (anis, 1 p.; alcool à 21 degrés, 8 p.) ;
teinture d'anis (anis, 1 p. ; alcool à 31 degrés, ■
4 p.) ; essence d anis. Enfin, les graines d'anis
entrent dans des dragées et des liqueurs de
table. V.plus haut.
ANISACANTHE s. f. (a-ni-za-kan-te — du
gr. anisos, inégal ; acantha, épine). Bot. Gonro
de la famille des chénopodees, renfermant
une seule espèce, originaire de l'Australie.
ANISACTIS s. m. (a-ni-za-ktiss—dugr.
anisos, inégal ; aktis, ravon). Bot. Division du
genre daucus, de la famille des ombellifèrcs,
renfermant un petit nombre d'espèces, pres-
que toutes originaires de l'Amérique du Sud.
ANISAMATE s. m. (a-ni-za-ma-te — rad.
anisamique). C'him. Sel formé par là combi-
naison de l'acide anisamique avec une base. -
ANISAMIQUE adj. { a -ni-za-mi-ko — rad.
anisique et amique). Chim. Se dit d'un acido
que Ion obtient en faisant agir le sulfhydrate
d'ammoniaque sur l'acide nitranisique. L'a-
cido anisamique cristallise en prismes inco-
lores et brillants, très-peu solublos dans l'eau,
feu solubles dans l'éther, fort solublos dans
alcool.
ANISANT (a-ni-zan) part. prés, du v. Ani-
ser :■ En anisant les médicaments par l'usage
de l'huile essentielle d'anis, les pharmaciens
ne doivent pas perdre de vue les propriétés de
cette huile.
anisant, ânte adj, (a-ni-zan, an-te —
rad. aniser). Qui anise, qui donne le goût de
1 anis : Les propriétés anisantes de plusieurs
semences analogues à l'anis permettent de les
employer aux niâmes usages.
ANISANTHE adi. (a-ni-zan-te — du gr.
anisos, inégal; anthos, fleur). Bot. Se dit dos.
plantes dont les fleurs sont inégales.
— s. m. Nom donné à doux genres, l'un do
la famille dos caprifoliacéos et syn. de sym-
phorie, l'autre de celle des iridéés ot syn. de
glaïeul.
ANISARTHRIE s. f. (a-ni-zar-trî — du gr.
anisos, inégal ; arthron, article). Entom.
Genre d'insottes coléoptères péntamèrés, voi-
sin des mycôtophiigcs.
ANISARTHRON s', m. (a^ni-zar-tron -r- du
gr. anisos, inégal ; arthron, article)'. Entom".
Genre de coléoptères tétrânières longicornes,
voisin des cérambyx , et renfermant uno
seule espèce, qui vit en Autriche. ...
ANISATE s. m. (a-ni-za-tc — r&A anisique).
Chim. Sut formé paria combinaison do l'acide
anisique avec une base. Les anisates alcalins
et terreux sont solubles et cristallisablcs;
ceux de plomb, do mercure ot d'argent sont
insolubles dans l'eau froide, mai3 so dissolvent
en petite quantité dans l'eau bouillante.
anisatON s. m. (a-ni-za-ton — rad. -anis).
Ancienne liqueur que l'on préparait avec.
ANISCHURIE s. f. (a-ni-sku-rî — du gr. a
pri-v. ; ischn, je retiens, et ouron, urine). Pa-
thol. Incontinence d'urine.
ANISE s. ni. (a-ni-ze — du gr. anisos, iné-
gal). Entom. Nom propose pour un genre de
coléoptères tétrameres, voisin des charan-
çons, et qui n'a pas été adopté.
ANISÉ, EE (a-ni-zô) part. pass. du v. Anir
ser : Une liqueur aniséë, des bonbons anisés.
Chacun sdvpc ainsi, se servant pour pain de
gâteaux anisés ou glacés de sel, qui excitent
beaucoup à boire. (G. do Ncrv.)
ANISÉIE s. f. (a-ni-zé-î — du gr. anisos,
inégal). Bot. Genre de lu famille des convol-
vulacées, formé aux dépens des genres lise-
ron et ipomée. Il renferme un petit nombre
ANI
d'espèces, propres aux régions tropicales de
l'Asie et de l'Amérique, et dont plusieurs
sont cultivées dans nos serres.
ANISER v. a. ou tr. (a-
Donner le goût ou le parfum de l'anis; mêler
avec de l'anis : Aniser une liqueur, un gâteau.
8'aniser, v. pr. Etre anisé; prendre le
goût, l'odeur de l'anis.
ANISETTE s. f. (a-ni-zè-te — rad. anis).
Liqueur spiritueuse faite avec de l'anis :
ire un peu.
(G. Sand.)
— Encycl. L'anisette s'obtient en distillant
un mélange d'anis étoile, de coriandre, de
fenouil, d'eau et d'alcool, et en ajoutant au
produit du sirop de sucre. Une recette plus
simple, qui a été donnée par Virey, supprime
la distillation, et consiste à mêler de 1 alcool,
du sucre et de l'eau, après quoi on aromatise
avec quelques gouttes d'huile volatile d'anis.
L'anisette de Bordeaux jouit d'une grande
réputation ; quelques personnes, toutefois, lui
préfèrent celle d'Amsterdam. Nous allons
donner deux recettes exactes, l'une pour l'a-
nisette ordinaire , l'autre pour l'anisette de
Bordeaux.
Anisette ordinaire : Mettre dans une cru-
che, avec deux litres d'eau-de-vie et un kilog.
de sucre, GO grammes d'anis vert concassé,
30 gr. de coriandre, 2 gr. de cannelle et 1 gr.
de macis. Laisser infuser pendant un mois,
puis filtrer.
Anisette kine de Bordeaux : Prendre
itigr. de uéroli, et
6 centigr. de cannelle, 4 centigr. de uéroli, et
mêler cette préparation à 2 litres d'alcool à
83 degrés. D'autre part, préparer un sirop
composé de 2 kilog. 1/2 de sucre blanc et de
I litre 3/4 d'eau, que l'on peut fondre indiffé-
remment à froid ou sur. le feu ; puis mélanger
le tout, filtrer au papier et mettre en bouteille.
On obtient ainsi cinq litres environ d'anisette.
ANISHYDRAMIDE s. f. (a-ni-zi-dra-mi-do
— de anis, hydrogène et amide). Chim. Sub-
stance que l'on obtient en mélangeant de'
l'hydrure d'anisyle avec une dissolution
d'ammoniaque.
ANISIDINE s. f. (a-ni-zi-di-ne— rad. anis).
Chim. Substance cristalline qui se combine
avec les acides pour former des sels, et qui
s'obtient par la réduction de l'anisol nitré.
Vanisidine s'appelle encore méthyl-phénidine.
ANISIÈRE s. f. (a-ni-zi-è-re — rad. anis).
Champ ensemencé d'anis : Former une ani-
ANISINE s. f. (a-ni-zi-ne — rad. anis).
Chim. Substance cristalline, qui se produit
par la transformation isomérique de l'anishy-
dramido élevéo à la température de 165 ài70<>.
ANISIQUE adj. (a-ni-zi-ke — rad. anis).
Chim, Se dit d'un acide que l'on prépare en
faisant bouillir l'essence d anis avec de l'acide
nitrique. L'acide anisique, appelé aussi acide
draconique, cristallise en prismes incolores,
inodores, presque insipides. A peine solublo
dans l'eau froide, il se dissout en assez grande
quantité dans l'eau bouillante,' dans l'alcool
et l'éther.
— Se dit d'un éther que l'on obtient en
faisant passer un courant d'acide chlorhydri-
que dans une dissolution alcoolique d'acide
anisique. L'éther anisique , appelé aussi ani-
snte d'éthyle, se présente sous la forme d'un
liquide incolore, doué d'une odeur analogue
à celle de l'essence d'anis. Il est insoluble
dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther.
— Se dit, en général, des composés que l'on
produit avec l'essence d'anis : Composés ani-
siques. Groupe anisique. Série anisique.
ANISOCEPHALE adi. ( a-ni-zo-sé-fa-lo —
du gr. anisos, inégal ; kephalè, tête). Bot. Se
dit des plantes dont les têtes, les sommités,
sont disposées inégalement, sans aucune sy-
métrie.
ANISOCÈRE s. m. (a-ni-zo-sè-re — du gr.
. anisos% inégal ; kéras, corne). Entom. Genre
de coléoptères tetramères longicornes, formé
aux dépens des lamies, et renfermant un
petit nombre d'espèces , qui vivent dans
l'Amérique méridionale.
ANISOCHÉIRE s. f. (a-ni-zo-kô-i-re — du
gr. anisos, inégal; cheir , main). Entom.
Genre de coléoptères hétéromères taxicor-
nos, voisin des diapères, et renfermant une
seule espèce, qui vit au Brésil.
ANISOÇHÈLE adj. (a-ni-zo-kè-lo — du gr.
anisos, inégal; chêle , pince). Zool. Qui a des
serres ou des pinces de grandeur inégale.
- — s. f. Bot. Genre de la famille dos labiées,
voisin des basilics, et renfermant quelques
espèces qui croissent dans l'Asie équatoriale.
II Quelques naturalistes écrivent anisochiles.
ANISOCRÉPIDE s. f. (a-ni-zo-kré-^pi-do —
du gr. anisos, inégal _; kripis, chaussure).
Entom. Genre de coléoptères hétéromères
taxicornes. renfermant une seule espèce,
dont la. patrie est inconnue.
ANISOCYCLE s. m. (a-ni-zo-si-kle— du gr.
anisos, inégal; kuklos, cercle). Machine ba-
listique, usitée dans les armées byzantines.
C'était un moteur qui avait la forme d'un
ressort de montre, et qui lançait des flèches
».n se débandant.
ANÎ
ANISODACTYLEadj. (a-ni-zo-da-kti-le—
du gr. anisos, inégal ; daktulos, doigt). Or-
nith. Qui a les doigts inégalement distribués.
— S. m. pi. Groupe de passereaux, caracté-
risé par les pieds, qui ont trois doigts dirigés
en avant et un en arrière, et sont organisés
pour grimper ou se cramponner au moyen
d'ongles puissants, comme les zygodactyles.
— Entom. Genre de coléoptères penta-
mères carabiques , voisin des harpales, et
renfermant un assez grand nombre d'es-
Fèces, dont la plupart habitent l'Europe ou
Amérique. ' -»
anisode s. f. (a-ni-zo-de — du gr. anisos,
inégal ■ odous, dent). Bot. Genre de la famille
des solanécs, voisin des jusquiames et des
nicandres, renfermant une seule espèce, qui
croit au Népaul, et que l'on cultive dans les
jardins d'Europe.
ANISODÈRE s. m. (a-ni-zo-dè-re — du gr.
f. pi. Groupe de plantes, section du
genre barkhausie, de la famille des compo-
anisodonte s. m. (a-ni-zo-don-te — du
gr. anisos, inégal; odous, odontos, dent).
Zool. Qui a des dents inégales.
— s. f. pi. Bot. Genre de plantes de la famille
des labiées, formé aux dépens des marrubes,
et dont l'espèce type se trouve on Crète.
ANISODONTINS s. m. pi. (a-ni-zc-don-tain
— du gr. anisos, inégal ; odous, odontos, dent).
Zool. Nom donné par MM. Duméril et Bi-
bron à un groupe de serpents appartenant „
la tribu des colubridés opistoglyphes. Les
anisodonlins ont les crochets lisses, inégale-
ment distribués, inégalement proportion-
nés sur les deux mâchoires , et souvent sé-
parés par des espaces vides. Les principaux
genres de ce groupe sont les suivants : bucé-
phale , hétniodonte , psammophes , lycogna-
the, etc.
ANISODYNAME s. m. (a-ni-zo-di-na-me—
du gr. anisos, inégal; dunamis, force). Bot.
Terme proposé comme syn. de monocotylé-
dones, et qui n'a pas été adopté.
ANISOGONION s. f. (a-ni-zo-go-ni-on — du
gr. anisos, inégal ; gônia, angle). Bot. Genre
de fougères, de la tribu des aspléniées, ren-
fermant une dizaine d'espèces, toutes origi-
naires des régions tropicales de l'Asie.
ANISOÏNE s. f. (a-ni-zo-i-ne — rad. anis).
Chim. Substance solide, très-blanche, ino-
dore, que l'on obtient en traitant l'essence
d'anis par le bichlorure d'étain.
ANISOL s. m, (a-ni-zol — rad. anis). Chim.
Liquide incolore . d'une odeur aromatique
agréable, insoluble dans l'eau, très-soluble
dans l'alcool et l'éther, que l'on obtient en
distillant l'acide anisique avec un excès de
baryte caustique. L'anisol s'appelle encore
phènate de métiiyle.
ANISOLÊME s. m. (a-ni-zo-lè-mc — du gr.
anisos, inégal; laïmos , gosier, cou). Zool.
Genre d'annélides tubicoles, de la famille des
sabulaires, renfermant une seule espèce, qui
vit sur les cotes de l'île Maurice.
AN1SOMÈLE s. f. (a-ni-zo-mè-le — du gr,
anisos, inégal; mêlé, coupe). Bot. Genre de
labiées, renfermant un petit nombre d'espè-
ces, qui croissent dans l'Asie équatoriale et
en Australie.
ANISOMÈRE adj. (a-ni-zo-mè-re — du gr.
anisos, inégal ; meros, partie). Zool. Qui est
formé de parties inégales, irrégulières, il On
dit aussi anisomérique.
— s. f. Entom. Genre d'insectes diptères,
voisin des tipules, et renfermant quatre es-
pèces, qui vivent en Europe.
— Bot. Genre de rubiacées, renfermant
une seule espèce; c'est un arbrisseau à fleurs
blanches, qiii vit au Brésil.
ANISOMÉRIE s. f. {a-ni-zo-mé rî — du gr
anisos, inégal ; meris, section). Bot, Section
du genre phytolaque.
ANISOMÉRIQUE adj. V. ANISOMÈRE.
ANISOMÈTRE adj. (a-ni-zo-mè-trc — du
gr. anisos, inégal; métro», mesure). Miner.
Qui n'a pas la même étendue, dont les par-
ties ne sont pas proportionnées.
aniSOMÉtrique adj. (a-ni-zo-mé-tri-ko
— rad. anisomètre). Miner. Se dit d'un sys-
tème de cristallisation qui offre trois angles
inégaux.
ANISOMORPHE s. f. (a-ni-zo-mor-fe — du
gr. anisos, inégal ; mornfté, forme). Entom.
Genre d'insectes orthoptères, de la famille
des phasmiens, renfermant deux espèces, qui
vivent dans l'Amérique du Nord.
ANISONÈME s. f. (a-ni-zo-nc-me — du gr.
anisos , .inégal ; nêma , filet). Zooph. Genre
d'infusoires d'une organisation très-simple et
analogue à celle des monades. Ces animaux
sont revêtus d'une enveloppe résistante non
contractile, et pourvus de deux filaments iné-
gaux, qui paraissent servir, l'un de rame,
l'autre de gouvernail : Une espèce o"aniso-
néme se rencontre fréquemment dans l'eau des
marais , autour des débris de végétaux. (Du-
jardin.)
— Bot. Genre d'euphorbiacées, renfermant
^ itameres lamellicornes .
voisin des hannetons, et renfermant un petit
nombre d'espèces , qui vivent au Cap de
Bonne-Espérance.
ANISOPAPPE s. m. (a-ni-zo-pa-pe — du gr.
anisos, inégal ; pappos, aigrette). Bot. Genre
de la famille des composées, renfermant une
seule espèce peu connue.
anisope s. m. (a-ni-zo-pe — du gr. ani-
sos, inégal ; pous, pied). Crust. Genre do crus-
tacés amphipodes, voisin des crevettes.
— Entom. Genre d'insectes coléoptères
longicornes, renfermant six espèces, toutes
propres à l'Amérique méridionale.
ANISOPELME s. m. (a-ni-zo-pô-lme — du
gr. anisos, inégal; pelma, plante des pieds).-
Entom. Genre d'insectes hyménoptères, voi-
sin des ichneumons. Il renferme deux es-
pèces indigènes.
ANISOPÉTALE adj. (a-ni-zo-pé-ta-le — du
fr. anisos, inégal, et de pétale). Bot. Qui a
es pétales de grandeur inégale.
— s. m. pi. Section du genre euphorbe,,
renfermant les espèces dont les feuilles ont
les deux bords inégaux.
ANISOPHYLLE adj. (a-ni-zo-fi-le— du gr.
anisos, inégal ; phullon, feuille ). Bot. Qui a
des feuilles do grandeur inégale.
ANISOPHYSE s. f. (a-ni-zo-fi-ze — du gr.
anisos, inégal ; phusis, nature, sexe). Entom.
Genre d'insectes diptères, voisin des mou-
ches, renfermant deux espèces communes
dans le nord de la France, où elles vivent
sur les fleurs des carottes.
ANISOPLIE s. f. (a-ni-zo-plî — du gr. ani-
sos, inégal; hoplè , ongle, sabot). Genre
de coléoptères pentamères lamellicornes ,
formé aux dépens des hannetons. Il renferme
environ vingt-cinq espèces, la plupart pro-
pres à l'Europe ou à l'Orient, et dont les
mœurs sont analogues à celles des hannetons
proprement dits, avec lesquels on les confond
dans le langage vulgaire.
ANISOPOGON s. m. (a-ni-zo-po-gon — du
gr. anisos, inégal ; pôgân, barbe). Bot. Genre
de graminées, voisin des avoines, et renfer-
mant une seule espèce, qui croît dans l'ouest
de l'Australie.
AKISOPOGONE adj. (ani-zo-po-go-ne — du
gr. anisos, inégal ; pôgôn, barbe). Ornith. Se
dit des plumes dont les barbes ne sont pas
égales des doux côtés.
ANISOPS s. m. {a-ni-zops — du gr. ani-
sos, inégal; opsis, aspect). Entom. Genre
d'insectes hémiptères, de la tribu des hydro-
corizes, ou mieux, simple section du genre
notonecte.
ANISOPTÈRE s. m. (a-ni-zo-ptè-re— du
gr. anisos , inégal ; pteron , aile ). Entom.
Genre d'insectes orthoptères, voisin des sau-
terelles, et qui n'est aujourd'hui qu'une sim-
ple section du genre dectique.
ANISORAMPBE s. m. (a-ni-zo-ran-fo — du
gr. anisos, inégal: rhamphos, aigrette). Bot.
Genre de la famille des composées, et de la
tribu des chicoracées, voisin des épervièros,
et renfermant une seule espèce, qui croît au
Cap de Bonne-Espérance.
ANISOSCÈLE s. m. (a-ni-zo-sè-le — du gr.
anisos, inégal ; skelos, jambe). Entom. Genre
d'insectes hémiptères, voisin des punaises,
renfermant un grand nombre d'espèces, qui
vivent presque toutes dans l'Amérique du Sud
Il On dit aussi anisoscélite et anisoscéloïde.
ANISOSCIADION s. m. (a-ni-zo-si-a-di-on
— du gr. anisos, inégal ; skiadion ombelle).
Bot. Genre d'ombellifères, voisin des échino-
phores, renfermant une seule espèce, qui
croît en Syrie.
ANISOSPERME adj. (a-ni-zo-spèr-me— du
gr. anisos, inégal; sperma, semence). Bot.
Dont les semences sont de grosseur inégale.
ANISOSTÉMONE adj. ( a-ni-zc-sté-mo-ne
— du gr. anisos, inégal; stêmàn, filet). Bot.
Se dit des fleurs dans lesquelles le nombre
des étamines est différent de celui des pétales.
ANISOSTémopétale adj. ( a-ni-zo-sté-
mo-pé-ta-le — du gr. anisos, inégal ; stèrnon,
étamine, et de pétale). Bot. Se dit des plantes
dont les étamines no sont point en nombre
égal à celui des divisions de la corolle.
anisosticte adj . ( a-ni-zo-sti-kte — du
gr. anisos, inégal; stiktos, ponctué). Miner.
Se dit des substances dont les lois de forma-
tion sont irrégulières,
— s. f. pi. Entom, Genre d'insectes coléo-
ptères trimères, formé aux dépens des cocci-
nelles, et renfermant un petit nombre d'es-
pèces, qui vivent en Europe ou en Amérique.
ANISOSTOME adj. V. Anisotome.
ANISOTAQUE adj. (a-ni-zo-ta-ke — du gr.
anisos, inégal; tachus, rapide). Méd. Se dit du
pouls, lorsqu'il est à la fois inégal et rapide.
ANISOTARSE s. m. ( a-ni-zo-tar-se — du
gr. anisos, inégal; tarsos , tarse). Entom.
Genre de coléoptères pentamères carabiques,
voisin des harpales, et renfermant deux es-
pèces, qui vivent au Mexique.
ANISOTÈLE s. m. (a-ni-zo-tè-lê— du gr.
ANI
anisos, inégal ; telos, fin). Entom. Genre do
coléoptères pentamères malacodermes, voisin
des lampyres ou vers luisants, et renfermant
une seule espèce, qui vit au Népaal.
ANISOTIQUE adj. (a-ni-zo-ti-ke — du gr.
anisos, inégal). Miner. Se dit de corps dont la
cristallisation offre des lois fort irreguliôres.
ANISOTOME adj. (a-ni-zo-to-me — du gr.
anisos, inégal; tome, section). Bot. Se dit du
périanthe, lorsque ses divisions ne sont pas
égales.
— s. m. pi. Entom. Genre de coléoptères
hétéromères, voisin des sphéridies, renfer-
mant une quinzaine d'espèces, dont la plu-
part vivent en Europe, il Quelques natura-
de anisotome, et du gr. eidos, aspect, ressem-
blance). Entom. Qui ressemble à un aniso-
— s. m. pi. Entom. Famille d'insectes co-
léoptères, ayant pour type le genre aniso-
ANISOTRICHIE s. f. (a-ni-zo-tri-kî — du
gr. anisos, inégal; thrix, trichos, cheveu).
Bot. Section du genre albertinie, renfermant
les espèces chez lesquelles les poils de la
rangée extérieure de l'aigrette sont plus
courts que ceux de la rangée intérieure.
ANISSILO s. m. (a-ni-si-lo). Bot. Plante
ombellifère propre au Chili.
AN1SSON , ancienne famille originaire du
Dauphiné, établie à Lyon et à Paris, et qui a
fourni beaucoup d'hommes qui se sont distin-
gués dans la librairie, l'imprimerie et les fonc-
tions publiques, et dont les derniers ont porté
le nom d'Am'ssoii-Zlujieron. V. les art. suivants.
ANISSON (Laurent) , typographe et échevin
lyonnais, célèbre surtout par sa Bibliothèque
des Pères, 1677.
ANISSON (Jean), fils du précédent. Il im-
prima le Glossaire grec de Ducange (16S3),
auquel il avait collaboré, et obtint, en 1691, la
direction de l'imprimerie royale (établie alors
au Louvre), fonction qui devint en quelque »
sorte héréditaire dans cette famille, et dont il
se démit, en 1707, en faveur de Claude Rigaud,
son beau-frère. Il était intendant du com-
merce et conseiller honoraire au parlement.
ANISSON (Jacques), frère du précédent,
était échevin de Lyon en 1710.
ANISSON (Louis-Laurent), fils duprécédent,
Il obtint, en 1723, la direction de l'imprimerie
royale, que la maladie ne permettait plus à
son oncle, Claude Rigaud, d'exercer. Il mou-
rut en 1761, sans laisser de postérité.
ANISSON (Jacques), frère du précédent,
auquel il fut adjoint dans la direction de l'im-
primerie royale, en 1733. Il obtint sa survi-
vance et mourut en 1783.
ANISSON-DUPÉRON ( Etienne-Alexandre-
Jacques), fils du précédent, né à Paris en
1748. Il fut associé à son père, en 1783, dans
la direction de l'imprimerie royale, et lui suc-
céda en 17S8. Il soutint dignement la réputa-
tion que sa famille s'était acquise dans l'art de
la typographie. A la suite du 10 août, il rési-
gna ses fonctions, fut traduit devant le tribu-
nal révolutionnaire en 1794, et condamné à
mort. Pour recouvrer sa liberté, il avait fait
la proposition de sacrifices pécuniaires consi-
dérables ; mais ce moyen n'eut d'autre résultat
que d'accélérer sa perte. Il avait ajouté à son
nom, avec l'autorisation du roi, celui de Bu-
péron , d'un domaine qu'il possédait. On a de
lui un Mémoire sur l'impression en lettres, lu
à l'Académie des sciences en 1783, et inséré
dans le tome X du recueil de cette compagnie.
ANISSON-DUPÉRON ( Alexandre-Jacques-
Laurent), fils aîné du précédent, économiste,
directeur de l'imprimerie royale , député et
pair de France, né en 1776, mort en 1852. Il
fut préfet de l'Arno sous l'Empire, réorgi
imprimerie n
i 1S09, et e
de- 1815, U s;
... _jr _, iquêtes
avaient enrichi cet établissement, se démit, en
1827, quand le ministère rétablit la censure;
représenta le Puy-de-Dôme à la Chambre en
1S30, et devint pair en 1844. Il vota constam-
ment avec les ministres de Louis-Philippe,
mais défendit avec chaleur le principe de la
liberté commerciale. Parmi ses ouvrages d'é-
conomie politique, nous citerons : De l'affran-
chissement du commerce et de l'industrie, 1829,
is-8°; Essai sur les traités de c
Méthucn, l""" ;~ ""
ANISTIOPHORE adj. (a-ni-sti-o-fo-re -
gr. a priv. ; istion, toile ,^et pherà, je poi
du
Se dit' d'une famille de chauves-souris qui ne
présentent pas d'appendice sur le nez.
ANISUS , rivière de l'empire romain, dans
la Norique 2c , affluent du Danube ; aujour-
d'hui YÈns.
ANISYLE s. m. (a-ni-zi-le — rad. anisique).
Chim. Radical hypothétique de l'acide anisi-
que. Le nom d'hydrure d anisyle est donné à
une huile incolore (anisyle + 1 équiv. d'hydro-
gène) qui se forme en même temps que l'acide
anisique, lorsqu'on fait bouillir l'essence
d'anis avec de l'acide nitrique.
AN1TORGIS, petite ville d'Espagne près de
laquelle, l'an 212 av. J.-C, Asdrubal remporta
une victoire sur Cnèus Corn. Scipion, qui y
perdit la vie ; c'était l'oncle du grand Scipion.
AMUS. Selon quelques mythographes , fils
>i de Délos.
e Lavinic.
AN1VA (gowe) , baie ou golfe de l'île russe
Tarakaî ou Sachalian, dans la mer du Japon,
•visitée par La Pérouse en 1787; littoral très-
boisé; comptoir japonnais. Il Cap de l'île Tara-
kaî sur le détroit de La Pérouse, au S.-E. de
l'île, par 45° lat. N. et ui° long. E.
akixie s. f. (a-nï-ksî — du gr. anoïxis ,
ouverture). Bot. Genre de champignons, ren-
fermant une seule espèce croissant sur les
feuilles qui couvrent la terre à l'automne.
ANIZY- LE- CHÂTEAU, ch.-lieu de cant.
(Aisne), arr. de Laon; pop» aggl. 967 hab. —
pop. tôt. 1,055 hab. Fabriques de poteries, il
Bourg très-ancien donné par Clovis a saint
Rémi en 496. Cette petite place protégea la
retraite de l'armée française les 10 et 11 mars
18M, après le désastreux combat de Laon.
ANJAR ou ANDJAR, "ville de l'Indoustan
anglais, présidence de Bombay, ch.-lieu de
district, sur le golfe deCutch ; pop. 10,000 hab.;
place forte. Il District de l'Indoustan anglais,
dépendant de la présidence de Bombay, sté-
rile et aride , mais s'améliorant de jour en
jour par la construction récente de réservoirs
considérables.
ANJÉÉLA s. f. (an -je -la). Embarcation
composêo de doux pirogues réunies par un
Font surmonté d'une cabane , et qui , dans
île de Ceylan, sert au transport des passagers.
s, duc d'), quatrième fils
.. ._ .. Catherine de Médicis, né
en 1554, porta le titre de duc d'Alençon jus-
qu'à J'avénement de son frère le duc d'Anjou
( Henri 111), dont il parut vouloir empêcher le
retour de Pologne, pour s'emparer du trône.
Un moment emprisonné, il rentra en grâce en
sacrifiant son favori La Mole, qui fut décapité.
Sa faiblesse et sa versatilité en firent d'ailleurs
constamment l'homme des entreprises avor-
tées. Dans les guerres civiles, il combattit les
protestants, après les avoir longtemps leurrés
de son concours, se mit à la tête des Flamands
révoltés contre Philippe II et se fit reconnaître
comme souverain des Pays-Bas (1582). Il
passa ensuite en Angleterre , où de vaines
négociations avaient été ouvertes pour lui
faire épouser la reine Elisabeth. De retour en
Flandre , il fut chassé par une révolte de ses
nouveaux sujets. Il mourut en 158-1.
ANJOU , ancienne province de l'ouest de la
France, avait pour cap. Angers et portait le
titre de duché. Elle forme aujourd'hui le
départ, de Maine-et-Loire, et une petite partie
des départ, de la Mayenne, de la Sarthe et
d'Indre-et-Loire; bornée an N. par le Maine,
à l'O. par la Bretagne, à l'E. par la Touraine
et au S. r-1- "-■■' "-'■ "" '
Childéric, ..
les débris de la puissance romaine au delà de
la Loire, en fit la conquête et le réunit à la
couronne des Francs. Sous les rois de la
seconde race , l'Anjou fut divisé en deux
comtés : le comté d'Outre-Maine, qui compre-
nait le territoire situé sur la rive gauche de la
Mayenne et avait pour cap. Châteauneuf , et
le comté d'Anjou proprement dit, cap. Angers.
Charles le Chauve donna le comté d'Outre-
Maine à Robert le Fort, duc de France, pour
l'engager aie défendre contre les Normands, et
le comté d'Anjou proprement dit, à Ingelger,
petit-fils d'un paysan, pour prix de services
rendus par lui et sa famille dans la guerre
contre les Bretons et les Normands. Ingelger
fut le fondateur de la puissante maison d'An-
jou, d'où sont issus les Plantagenets , qui
régnèrent en Angleterre de 1154 à 1483. Geof-
froy V, onzième comte d'Anjou, surnommé
Plantagenet parce qu'il portait toujours une
branche de genêt à sa toque, ayant épousé la
fille de Henri I«, roi d'Angleterre, transmit le
duché d'Anjou à son fils Henri, qui devint roi
d'Angleterre sous le nom de Henri II, en 1154.
Los rois d'Angleterre possédèrent ainsi l'An-
jou jusqu'en 1203, époque à laquelle Philippe-
Auguste l'enleva à Jean sans Terre. Ainsi
linit la première famille des comtes d'Anjou.
Eu 1220, le roi de France, Louis VIII, laissa
le Maine et l'Anjou àson neuvième fils, Charles,
qui devint le chef d'une nouvelle maison d'An-
jou, et fit avec les Angevins la conquête du
royaume des Deux-Siciles (1266). La petite-
fille de ce prince, Marguerite, apporta en dot
le Maine et l'Anjou à Charles de France ,
comte de Valois, dont 16 fils , devenu roi de
France sous le nom de Philippe VI de Valois,
réunit ces deux provinces à la couronne (1328).
En 13G0, le roi Jean le Bon érigea l'Anjou en
duché et le donna pour apanage à son second
fils Louis, qui devint le chef d'une seconde
branche de rois de Naples de la maison d'An-
jou. Le roi René, possesseur de l'Anjou et de
la Provence, étant mort en 1480 , Louis XI
réunit irrévocablement l'Anjou à la
et, depuis cette époque, il ne fut pli
: fils
_e France ; par le quatrième fils de
ri 11, d'abord duc d/Vlençon ; par deux fils
de Louis XIV, et par celui de ses petits-fils
qui devint Philippe V, roi d'Espagne.
ANJOUAN ou JOANNA, île de l'archipel des
Comores, dans la partie de l'Océan indien qui
forme le canal de Mozambique, au N.-O. de
ANK
Madagascar; lat. S. 12» 15', long. E. 42° 9';
longueur 42 kilom. , sur 20 kiloin. de large ;
pop. 20,000 hab. mahométans. Cette île forme
un petit Etat dont la capitale est Makhadou.
Climat sain, sol fertile, bananiers,- cocotiers,
citronniers , cannes à sucre , poivre , indigo ;
montagnes boisées et peuplées de bisons,
chèvres, pintades, perroquets et singes de
toute espèce.
ANKA s. m. (an-ka). Oiseau fabuleux qui
joue chez les Orientaux à peu le môme rôle
que le phénix, le griffon, etc., dans l'antiquité
et au moyen âge. En persan, il porte souvent
le nom de simurg anka. Du reste, il est pro-
bable que les légendes sur le griffon provien-
nent autant des traditions de Yanka que de
celles du phénix. Les Juifs se sont, eux aussi,
emparés de cet animal fantastique et en ont
fait leur iuknehx sur lequel les ouvrages rab-
bi niques nous débitent tant de choses extraor-
dinaires. Les Orientaux nous font de Yanka
une description tout à fait analogue à celle
du griffon (corps participant à la fois de la
forme de l'aigle et du lion, etc.) ; ils lui assi-
gnent pour résidence habituelle la célèbre
montagne de Kaf, pairie obligée de tous les
•êtres surnaturels créés par la superstition
orientale. Au surplus, de même que le phénix
Yanka est devenu un type essentiellement
poétique qui figure dans plusieurs épopées.
Saadi en parle assez longuement dans son
fameux poiime du Boston. Dans le Caherman-
Namè, ou Roman de Caherman, écrit en turc,
Yanka tient une place considérable et parle
fort longuement sur des sujets historico-fabu-
leux, comme un simple mortel.
Voici un exemple de l'usage que les poètes
orientaux font du mot anka; il est emprunté
au Poème du néant de Akif Effendi ; « Je sou/fre
de telles douleurs que je ne pourrais trouver le
repos, quand même j'aurais pour abri l'aile de
ANKARSTRŒM. V. ANCKARSTR02M.
ANKER s. m. (an-kèr). Métrol. Nom d'une
mesure de capacité usitée dans plusieurs
parties de l'Allemagne, en Danemark et en
Russie. Berlin, 37 litres, 450; Mecklem-
bourg,30 litres, 139 ; Danemark 37 litres, 646 ;
Revel, 42 litres, S76 ; Riga, 39 litres, 097.
ankérite s. m. (an-ké-ri-te). Miner.
Variété de dolomie cristallisée.
ANKITAR, nom sous lequel les chroniqueurs
musulmans qui se sont occupés de l'histoire
des croisades désignent Richard Cœur de lion,
roi d'Angleterre. Ce nom n'est au fond qu'une
altération du mot Angleterre, servant à dési-
gner d'une manière générique ce roi cheva-
leresque. Quelquefois on trouve écrit Anghitar.
On l'appelle souvent aussi Malek Ankitar,
roi d'Angleterre; ce serait donc par abrévia-
tion que peu à peu l'on aurait retranché le mot
Malek, roi, pour ne conserver que Ankitar.
Les historiens musulmans s'accordent à recon-
naître et à admirer le courage de Richard. Ils
racontent avec de grands détails la trêve que
Saladin fut obligé de demander au roi d'An-
gleterre. Ils ajoutent aussi que Malek-el-Adel,
frère de Saladin, devait, à la suite de cette
trêve, épouser la sœur de Richard , mais que
l'opposition des évéques chrétiens, qui exi-
geaient l'apostasie de Malek-el-Adel, empêcha
ce mariage.
AN CLAM. V. ANCLAM.
ANKOBER , ville de l'Afrique, dans l'Abys-
sinie, cap. du roy. deChoa, à 425 kilom. S.-E.
deGondar; 5,000 hab. .C'est a Ankobe*que
la littérature et les mœurs éthiopiennes se sont
conservées avec le plus de pureté.
ANKOBER (ROV. d'). V. Choa.
ANKTBRIASME s. m. (an-kté-ri-a-sme —
du gr. agkteriasmos, rapprochement). Antiq.
Nom donné à une sorte d'anneau ou de ban-
dage au moyen duquel, avant l'usage de la
castration, on cherchait à conserver aux chan-
teurs leur voix, aux danseurs et même aux
gladiateurs toute leur énergie, en rendant
impossible l'énervement amené par certaines
jouissances prématurées ; c'est ce que les La-
tins nommaient infibulatio.
ANKYLENTÉRIE s. f. (an-ki-lan-té-rî — du
gr. aglculê, frein; enteron , intestin). Anat.
Adhérence accidentelle des intestins, causée
par de fausses membranes.
ankyloblépharon s. m. (an-ki-lo-blé-
fa-ron — du gr. agkulè, frein ; blepharon, pau-
pière). Pathol. Adhérence soit congénitale,
soit accidentelle, du bord libre des doux pau-
pières.
— Encycl. V ankyloblépharon est rarement
simple : à l'adhérence des paupières entre
elles se joint ordinairement l'adnérence des
paupières avec le globe de l'oeil. Vankyloblé-
pharon est presque toujours le résultat de
plaies, d'ulcérations chroniques du bord pal-
p'ébral, de brûlures plus ou moins étendues et
mal soignées. L'adhérence des paupières entre
elles n'est d'ordinaire que partielle, de sorte
que les larmes s'écoulent par une fissure plus
ou moins étendue. Le traitement de Yankylo-
blépharon consiste a diviser le tissu qui réunit
les deux paupières, et à éviter ensuite une
réunion par première ou par seconde intention.
ANKYLOCHILIE OU ANKYLOCHEILIE S. f.
(an-ki-lo-chi-lî — du gr. agkulè, frein ; cheilos,
lèvre). Pathol. Adhérence accidentelle des
ANKYLOCOLPE s
. (an-ki-lo-kol-pe -
ANK
du gr. agkulè, frein ; kolpos, vagin). Pathol.
Occlusion du vagin,
AHKYLOCORE s. f. (an-ki-lo-ko-re — du
gr. agkulè, frein ; koré, pupille). Pathol. Obli-
tération de la pupille.
ankylodonte s. m. (an-ki-lo-don-te —
du gr. agkulè, frein ; odous , odontos , dent).
Pathol. Soudure des dents.
ANKYLOGLOSSE s. m. (an-ki-lo-glo-se —
du gr. agkulè, frein; glôssa, langue). Chir.
Adhérence de la langue, soit avec la paroi
inférieure de la bouche , soit avec la face
postérieure des gencives.
ANKYLOGLOSTOME s. m. (an-ki-lo-glo-
sto-me — du gr. agkulè, frein ; glôssa, langue,
et tome, section). Chir. Instrument dont on
se sert pour opérer ceux qui sont atteints
d'ankyloglosse.
ANKYLOMÈLE s. f. (an-ki-lo-mè-le — du
gr. agkulos, courbé ; mêlé, sonde). Méd. Sonde
recourbée.
ANKYLOMÉRISME s. m. (an-ki-lo-mé-ri-
sme — du gr. agkulè, frein; meros, partie).
Pathol. Se dit de toute adhérence contre
nature.
ANKYLOFODIE s. f. (an-ki-lo-po-di — du
gr. agkulè, frein; pous, podos, pied). Pathol.
Ankylose du cou-de-pied.
ANKYLOPROCTIE s. f. (an-ki-Io-pro-kti
— du gr. agkulè, frein; prôktos, l'anus).
Pathol. Rétrécissement du rectum ou de
ANKYLORRHINIE s. f. (an-ki-Io-ri-nî —
du gr. agkulè, frein ; rhin,rhinos, nez). Pathol.
Adhérence des parois des narines.
ANKYLOSANT (an-ki-lô-zan) part. prés,
du v. Ankyloser : Ce travail a l'inconvénient
de déformer pour leur vie les ouvriers, en an-
kylosant leurs vertèbres. (Raspail.)
ANKYLOSE s. f, (an-ki-lô-ze — du gr. ag-
kulàsis; formé de agkulos, courbé). Pathol.
Etat des articulations mobiles qui ne permet
plus le libre exercice de tous les mouve-
ments, ou qui s'accompagne d'une immobi-
lité quelquefois complète.
— Encycl. L'immobilité des articulations
affectées d'ankylose peut être plus ou moins
complète : de là la distinction de Yankyk
caractérisées au point de vue anatômique , la
première par la soudure des os, la seconde
par l'induration des tissus fibreux normaux
ou par la création d'adhérences fibreuses.
Dans la première , la soudure osseuse ne
permet pas le moindre mouvement; dans la
Fausse ankylose, les os n'étant pas soudés, les
surfaces articulaires jouissent encore dune
certaine mobilité.
Un grand nombre de causes peuvent donner
naissance à Yankylose. Elle peut être la suite •
de la plupart des maladies qui atteignent les
jointures : fractures dans les articulations,
luxations non réduites ou incomplètement ré-
duites , tumeurs blanches , cane , affections
rhumatismales, goutteuses, etc. Dans ces di-
vers cas, elle se produit, soit par le moyen de
fausses membranes survenant après les in-
Hammations des' synoviales, soit par la ré-
sorption des cartilages d'encroûtement et la
formation d'une sorte de cal osseux résultant
de bourgeons charnus, soit par des stalactites
ou végétations osseuses unissant les extré-
mités des os. En général , tout ce qui peut
altérer le poli des surfaces articulaires , faire
cesser la sécrétion de la synovie, diminuer la
souplesse des ligaments ou des parties molles
qui environnent une articulation, peutproduire
Yankylose. L'immobilité longtemps prolongée
suffit, en dehors de toute cause pathologique,
pour déterminer non-seulement Yanlcylose in-
complète, mais encore la soudure osseuse. Les
fakirs de l'Inde, qui se condamnent par dévo-
tion à rester immobiles pendant des années,
finissent souvent, dit-on, par avoir les mem-
bres ankylosés. Vankylose arrive souvent par
l'ossification des tissus fibreux etcartilagineux,
due aux seuls progrès de l'âge. Elle affecte
alors principalement les articulations peu mo-
biles, par exemple, celles dés vertèbres entre
elles , l'articulation sacro-coccygienne , etc.
Dans certains cas, pour lesquels il faut ad-
mettre une singulière prédisposition, on voit
Yankylose envahir à la fois toutes les articu-
lations du corps.
Vankylose incomplète est la seule qui offre
Quelques chances deguérison. Vankylose vraie
oit être considérée comme incurable.
Rendre aux ligaments et aux muscles leur
souplesse naturelle, tel est le but qu'on s'ef-
force d'atteindre dans le traitement de Van-
kylose incomplète. Pour cela, on emploie les
douches, les bains d'eaux minérales, les fric-
tions résolutives , le massage , etc. Lorsque
Yankylose est due non-seulement a l'induration
et à f'épaisissement des ligaments existants ,
mais aussi à la formation accidentelle de tissus
fibreux, il faut recourir à des appareils méca-
niques dont l'action douce, mais permanente,
soit dirigée dans un sens contraire à celui où
les os se trouvent fixés. Dans certaines affec-
tions, telles que les tumeurs blanches, les
plaies suppurantes des articulations , etc. ,
Yankylose doit être considérée comme une
terminaison fort heureuse. Dans ce cas, loin
de s'opposer à sa formation, le chirurgien doit
prendre tous les moyens possibles pour l'ob-
ANN
399
tenir. Ce qui importe, c'est qu'elle s'effectue
dans une position favorable aux fonctions
ordinaires du membre ankylose.
ANKYLOSE, ÉE (an-ki-lô-zé) part. pass.
du v. Ankyloser : Il était un peu chiragre, et,
quand il dormait, ses vieux doigts ankyi.osks
par les rhumatismes s'arc-boutaient dans les
plis de ses draps. (V. Hugo.)
ANKYLOSER v. a. ou'tv. (an-ki-lô-zé— rad.
ankylose). Pathol. Déterminer rankyioso,
ôter à une articulation sa mobilité : On eût
— Par exagér. : Il n'y a pas de danger que
certaines personnes s'ankylosent la langue.
Trouves un ftomme gui ne s'aSkylose, A ce
métier, ni les genoux, ni les apophyses du
bassin. (Balz.)
ANKYLOTIE s. f. (an-ki-lo-tî — du gr.
agkulè, frein ; oûs, ôtos, oreille). Pathol. Adhé-
rence des parois du conduit auditif.
ANKYLOTOME S. m. V. ANCYL0T0.MU.
AKKYLORÉTHRIE s. f. (an-ki-lu-ré-tri —
du gr. agkulè, frein ; ourèthra, urètre). Pathol.
Rétrécissement do l'urètre.
ANKYROÏDE. V. ANCYROÏDK.
à Calcutta, pour peser les matières d
d'argent, o,729 gram. ; à Bombay, pour peser
les perles, 0,01215 gram. 11 Monnaie des Indes,
valant un seizième de roupie, et d'une valeur
variable dans la proportion de celle de cette '
unité principalo : à Bénarès, 0 fr.,1520; à
Bombay, 0 fr., 1534 ; à Calcutta, 0 fr., 1583 ; à
Madras, 0 fr., 1587. Vanna do la Compagnie
des Indes vaut uniformément 0 fr., 1484.
ANNA (SANTA-), nom de deux petites villes
du Brésil, l'une située dans la province do
•Matto-Grosso, Vautre dans la province do
Goyaz. C'est aussi le nom de trois petites
rivières du même pays : la première coule dans
la province de Rio-de-Janeiro ; la deuxième
dans la province de Matto-Grosso, et la troi-
sième dans la province de Minas-Geraes.
Anna Bolrua , opéra italien , musique do
Donizetti, poème de Romani, représenté en
1828 à Milan, et, à Paris.le l«r septembre 1831 .
Mme Pasta, Rubini, et surtout Lablache dans
le rôle d'Henri VIII, partagèrent le succès du
compositeur. La partition d'Anna Bolena ,
restée au répertoire, a un caractère plus élevé
que les autres ouvrages de Donizetti. Elle
renferme des morceaux de premier ordre.
L'air Vivi tu est un des plus suaves qu'on
puisse entendre.
ANNA PEBENNA, sœur de Didon , quelle
avait suivie à Carthage, et après la mort de la-
quelle elle s'enfuit en Italie, pour échapper aux
persécutions de larbas. Accueillie par Enée,
elle excita la jalousie de Lavinie, qui trama sa
perte ; elle prit alors de nouveau la fuite, par
•une nuit obscure, et tomba dans te fleuve Nu-
micius, dont elle devint la nymphe. Lors de la
retraite des plébéienssur le montsacré, elle leur
apparut sous les traits d'une vieille femme, é"t
leur distribua les vivres dont ils avaient besoin.
Le peuple reconnaissant lui éleva un temple
et institua une fête en son honneur. Cette fête
se célébrait aux ides de mars, et elle était
caractérisée par de copieuses libations.. Par
une superstition singulière, les Romains s'ima-
ginaient qu'ils vivraient autant d'années qu'ils
videraient de coupes en l'honneur d'Anna.
Dans le célèbre tableau de Guérin, Enée et
Didon, on remarque la jolie figure d'Anna
accoudée sur le dossier du lit où Didon , à
moitié couchée, prête une oreille aVide au
récit du héros troyen.
ANNABEHG , ville du roy. de Saxe, dans le
cercle de Zwickau, à 70 kilom. S.-O. do
mines , gymnase et bibliothèque , fabriq. de
passementeries , rubanneries, dentelles , soie- *
ries, mines d'argent et de fer, connues et
exploitées depuis le xv« siècle ■ étàih, cobalt,
marbre ; belle église, hospice d'orphelins.
ANNABOB ou ANN-ABBOH, ville des Etats-
Unis, dans le Michigan, ch.-lieu de district, à
05 kilom. N.-O du détroit de Michigan, sur le
Huron; 3,500 hab. Université , l'acuité de
médecine.
ANNAII, ville de la Turquie d'Asie, paehallk
,et à 125 kilom. N.-O. de Bagdad, sur la rive
gauche de l'Euphrate; 4,000 hab. Station pour
les caravanes qui vont de Bagdad à Alep ou
d'Alep à Bassora : territoire fertile en ri?, vins,
blé et coton; fabriques de gros burnous
arabes, lainages, etc.
an N Al re adj. (ann-nè-re — du lat. anna-
rius; formé de annus, année). Antiq. roni.
Loi annaîre, Loi qui fixait V'âgo auquel on
pouvait exercer une charge publique, tl Loi
qui fixait à quarante-trois ans l'âge où un
citoyen pouvait briguer le consulat ; £q loi
annaîre fut rendue l'an 575 de la République.
Il Loi qui défendait aux magistrats de rester
plus d un aji dans la môme charge. 11 On dit
aUSSi LOI ANHALB.
400
ANN
qu'un an; qui n'est valable que pendant un
an : Possession annale. Procuration annale.
Les lettres de chancellerie sont annales, et ne
valent vieil après un an. (Furetière.)
— Loi annale. V. AnNAIRE.
— Le pluriel masc. annaux est inusité. On
ne dirait pas non plus des baux annals.
Dans ce cas, il vaut mieux recourir à une
périphrase.
ANNALES s. t. pi. (ann-na-le — lat. annales,
qui a le même sens et dont le rad. est annus,
année). Histoire rédigée par ordre chro-
nologique, c'est-à-dire, année par année : Les
annales de France, d'Allemagne. Les annales
politiques. Les annales ecclésiastiques. Les an-
nales littéraires. Les annales d'un peuple.
Les annales d'une province, d'une ville. Les
annales descendent dans de plus grands dé-
tails que l'histoire. (Acad.) Tacite intitule la
première partie de son ouvrage annales ; c'est
qu'il y parle des temps qui l'avaient précédé;
et la seconde partie, où il décrit les événements
de son siècle, il l'appelle histoire. (Trév.)
C'est à moi à vous remercier, mon révérend
père, du présent précieux de vos annales ; il
fallait un aussi profond savoir et une main
aussi adroite que la vôtre, pour faire un si
beau, tissu. (Boss.) Un sec et triste faiseur
iCannales ne cannait pas d'autre ordre que
celui de la chronologie. (Fén.) Nous ne pouvons
appeler annales des morceaux d'histoire va-
gues et décousus, sans aucune date, sans suite,
sans liaison, sans ordre. (Volt.) Il ne reste pas
une ligne des anciennes annales égyptiennes,
chaldéennes, persanes , ni de celles des Latins
et des Etrusques. Les seules annales un peu
antiques sont les ijidiennes, les chinoises, les
hébraïques. (Volt.) Pans son Histoire de Flo-
rence, Machiavel raconte, en observateur con-
sommé, les instructives annales de son ora-
geuse et brillante patrie.(Larm\n.) Les annales
ne sont pas de l'histoire. (Lamart.) Pans celui
de ses ouvrages qui porte le nom ^'annales, la
manière de Tacite n'est pas moins large , son
style n'est pas moins éclatant que dans celui
qu'il a nommé histoire. ("*)
11 s'est fait apporter ces wmales célèbres.
Où les faits de son règne, avec soin amassés,
Par de fidèles mains chaque jour sont tracés.
Racine.
—Dans le style élevé, l'histoire d'un peuple,
d'une religion, d'une institution, etc. : Les
annales des peuples. Prenez vos plumes sa-
crées, vous qui composez les annales de l'E-
glise. (Boss.) Son nom sera écrit dans les
annales de la postérité. (Mass.) Ouvrez les
annales de tous les peuples, et nulle part vous
ne verrez la dépravation publiquement approu-
vée. (Volt.) Les annales humaines se compo-
sent de beaucoup de fables mêlées à quelques
vérités. (Chateaub.) On ne traverse les longues
annales de la religion juive qu'en marchant
dans le sang et sur des ruines. (B. Const.) Le
temps des troubadours et des trouvères est la
seule époque de nos annales ml l'imagination
puisse se reposer du récit des événements politi-
ques, des combats et des révolutions. (Mar-
changy.) Dans les annales de tous les pays,
on trouve des crimes, des excès, des trahisons
sans nombre. (De Montalemb.) Presque tous
les peuples placent en tète de leurs annales une
lutte contre l'élément humide représenté par un
cataclysme principal. (Renan.) Les Phéniciens
devaient avoir des annales et des cosmogonies,
gui auront péri lors de l'envahissement du pays
par l'esprit grec. (Renan.)
D'où vient tant de courage a cet ambitieux?
Croit-il impunément loucher à nos annales ?
y. Huoo.
— Tradition, souvenir écrit ou non, se rap-
portant à des actions morales, à une institu-
tion, une science, un art, etc. : Les annales
de lA vertu, de la bienfaisance. Les annales
du crime. Les annales de la magistrature. Les
annales de la police. Les annales de la phi-
losophie. L,es annales de la peinture, de l'in-
■ dustrie, de l'art dramatique, etc. C'est le plus
célèbre dénicheur de comètes dont les annales
de l'astronomie aient eu à enregistrer les succès,
(Arago.) Parcoures les annales judiciaires de
tous tes peuples, de tous les temps : combien de
décisions étranges rendues par la justice hu-
maine! ('") Il y a presque dans chaque village
un érudit qui aime à raconter ses rustiques
annales. (B. Const.)
— Prov. Etre bien, être mal dans les annales
de quelqu'un , Etre bien, être mal dans son
esprit. On dit plutôt aujourd'hui, dans les
papiers de quelqu'un.
— Hist. Grandes annales, appelées aussi
Livres des pontifes et Commentaires des pon-
tifes; Recueil où le grand pontife inscrivait
année par année les événements qui intéres-
saient la république romaine.
— Encycl. Si nous ouvrons Tacite , nous
voyons que cet historien donnait au mot an-
nales un sens tout différent de celui qui est
aujourd'hui consacré ; les Annales de Tacite
contiennent le récit des faits et des événe-
ments antérieurs à l'époque où l'auteur a
vécu; ses Histoires racontent les événements
■ contemporains. Aujourd'hui nous appelons
annales les écrits qui enregistrent les faits
suivant un ordre purement chronologique.
h'annaliste ne montre entre les événements
qu'un rapport de succession ; Yhistorien met
en lumière l'enchaînement, le développement
logique des faits, les rapports de causalité et
de finalité qui les font dépendre les uns des
ANN
autres. Les annales sont à V histoire ce que les
matériaux sont au monument où ils doivent
être mis en œuvre. On est fondé à admettre,
avec Cicéron, que la méthode d'écrire l'his-
toire année par année a été la première mise
en usage parmi les hommes : c'était l'enfance
de l'art. Toutes les nations ont eu des annales.
Les plus anciennes dont nous ayons connais-
sance sont celles de la Chine. Elles remontent
jusqu'au règne de Fo-hi, c'est-à-dire jusqu'à
l'an 3331. Chez les Egyptiens, les Hébreux,
les Persans, il y avait des personnes chargées
spécialement de recueillir et d'enregistrer les
faits importants de l'histoire de ces peuples.
On lit dans les Ecritures qu'une nuit le roi
Assuérus ne pouvant dormir, se fit apporter
les annales de son royaume , et y lut qu'un
Juif, nommé Mardochée, qui l'avait sauvé du
poignard de deux assassins, n'avait reçu au-
cune récompense. Hérodote et Diodore de Si-
cile avaient consulté les annales égyptiennes.
Les Chaldéens inscrivaient sur des briques
cuites leurs observations astronomiques. Los
marbres dits d'Arundel, découverts dans l'Ile
de Paros, au commencement du xvmc siècle,
contenaient les annales des Athéniens'. A Rome,
c'était le pontife qui tenait les annales de la
république, sous le nom d'annales maximi. Ces
fastes historiques, d'après lesquels l'histoire
de Rome a été presque entièrement. composée,
restèrent dans les mains des prêtres pendant
400 ans ; ils n'en sortirent qu'après la mort
de MuciusScœvola. Les Péruviens et les Mexi-
cains, qui n'avaient point d'écriture, tenaient
pourtant des annales régulières : les premiers
au moyen de cordelettes nouées, ou quipos,
« ce qui, dit plaisamment Voltaire, ne devait
pas permettre d'entrer dans de grands détails; »
les seconds à l'aide de plumes de différentes
couleurs figurant de véritables tableaux , ou
au moyen de figures tracées sur des écorces
ou des peaux préparées. Ces figures n'étaient
point, comme les hiéroglyphes, des emblèmes
ou des signes convenus, mais bien la repré-
sentation exacte des objets dont il s'agissait.
On conçoit que cette méthode était peu propre
à conserver le souvenir de faits complexes ou
appartenant à l'ordre moral ; aussi l'origine de
ces nations est-elle enveloppée d'un voile assez
épais, qu'on soulèvera d'autant plus difficile-
ment que Sumarica, premier évéque de Mexico,
fidèle _à l'esprit de l'Eglise, fit jeter sur le feu
des bûchers ces documents historiques, que
dans SQn ignorance il prenait pour des carac-
tères cabalistiques , œuvre du démon. Au
moyen âge, la décadence des lettres fait re-
culer l'histoire jusqu'à sa forme primitive.
Des annales d'une simplicité aride nous sont
transmises par les moines ; elles portent tantôt
le nom de. leur auteur, tantôt celui de la ville
ou du couvent où elles ont été rédigées. Parmi .
les annalistes du moyen âge , nous devons
citer particulièrement G régoire de Tours, Saxo
Grammaticus, Adam de Brème et Nestor.
L'histoire des premiers règnes de la monar-
chie française a été faite presque entièrement
sur les écrits de Grégoire de Tours. On sait
que les annales de certains peuples leur assi-
gnent une antiquité que repoussent nos Livres
Saints. Nous devons dire que la critique indé-
pendante se défie également, et de la vanité
qui porte un peuple, une race à reculer ses
origines, et d'une autorité dont le siège est
toujours fait en ces sortes de matières, et qui
entend limiter d'une façon absolue l'âge du
inonde et des peuples en dehors de toutes les
recherches scientiliques. ■ Bans tous les temps,
dit M. Saint-Amand, une multitude de causes
se sont réunies pour dérober au public, et par
conséquent à l'histoire, le véritable caractère
des faits. Toutefois, depuis la découverte de
l'imprimerie, depuis surtout la diffusion des
lettres qui en a été la suite, et qui a amené de
si grandes révolutions dans l'organisation des
sociétés, les annales des peuples sont deve-
nues assez nombreuses et assez certaines pour
que l'historien de bonne foi puisse facilement
y trouver la vérité.
» Aujourd'hui, tous les faits qui sont du
domaine de l'histoire sont constates et repro-
duits par mille mains et sous mille formes
différentes. Les lois, les règlements, les mani-
festes, les journaux , les mémoires particuliers
sont autant d'annales que leur multiplicité met
à l'abri du zèle barbare des Omar et des
Sumarica futurs. »
Depuis longtemps, ce titre d'Annales n'est
plus donné qu'à des publications périodiques,
où l'on enregistre par ordre de date tous les
faits qui peuvent intéresser un art ou l'une
des branches de la science. Nous citerons entre
autres : les Annales et Histoires des troubles
des Pays-Bas, par H. Grotius, Amsterdam,
1662 ; les Annales galantes, par Mme de Ville-
dieu, Paris, 1698; les- Annales de l'Empire,
depuis Charlemagne, par Voltaire, Bâle, 1753 ;
les Annales typographiques, par Morin d'Hé-
rouville, Paris, 1758, 17G0-17G3; les Annales
politiques, civiles et littéraires du xvuie siècle,
publiées à Londres par Linguet, de I777ài79l,
et dont on a réimprimé des extraits en 1787 ;
Les Annales poétiques, rédigées par Saute-
reau de Marsy et Imbert, Paris, 1778-1788;
les Annales de chimie, fondées en 1789 par
Guyton-Morveau, Lavoisier, Berthollet et
Fourcroy, dont la publication deux fois inter-
rompue se continue encore aujourd'hui;. les
Annales catholiques, Paris, Le Clère, 1795-
1811 ; les Annales des arts et manufactures, ou
mémoires technologiques, par O'Reilly et Bar-
bier de Vémars, publiées du 1" germinal
ANN
an VIII, iusqu'en juin 1815; les Annales du
Muséum d'histoire naturelle, par les profes-
seurs de cet établissement, Paris, 1802-1835;
les Annales du crime et de l'innocence, ou
choix de causes célèbres, par Aristide Val-
cour et Roussel, Paris, 1813; les Annales
maritimes et coloniales, recueil de lois et
ordonnances , mémoires , observations et no-
tices particulières, concernant tout ce qui
peut intéresser la marine et les colonies, fon-
dées par MM. Bajot et Poirré en 1816; les
Annali universali di viaggi, geografia, storia,
economia pubblica e statistica, fondées à Milan
en juillet 1824, et dont la publication se con-
tinue toujours; enfin les Annales de l'Agri-
culture française, les Annales des Chemins de
fer, les Annales Forestières, Métallurgiques,
Hydrographiques, Législatives; les Annales
des Mines ; les Annales des Ponts et Chaussées ;
les Annales de la Société entomologiquc ; les
Annales de la Société d'hydrologie médicale,
et les Annales de la propagation de la foi,
publiées' par les missionnaires de la société
— Astron. On donne le nom d'Annales astro-
nomiques à des recueils d'observations de phé-
nomènes célestes, recueils continués d'année
en année, qui se conservent, et que chaque
nouvelle génération enrichit de ses décou-
vertes. Si les premiers hommes qui obser-
vèrent le ciel furent des bergers, les premiers
qui enregistrèrent les faits observés furent des
prêtres. Les plus anciens documents de cette
nature sont les observations chaldéennes,
celles qu'on trouve dans les livres sacrés des
Indiens, et celles des Chinois. Callisthène, qui
accompagna Alexandre le Grand dans son
.pédition (334 av. J.-C), rapporta de Baby-
Les annales des Chine , ..
de'Ma-touan-lin, ont été en partie traduites
par M. Biot; elles embrassent une suite de
1,835 ans, à dater de l'an 613 av. J.-C. Mais
elles sont bien inférieures à celles des Chal-
déens pour l'exactitude et la précision. Les
Grecs et les Arabes eurent des astronomes et
des traités d'astronomie , mais point de corpo-
rations d'astronomes se perpétuant, et, par
suite, point d'anna les continuées. Aujourd'hui,
chaque observatoire possède ses annales
astronomiques.
— Syn. Annale*, archives , chroniques ,
vie. Les annales sont des récits où l'on rap-
porte les faits année par année, uniquement
pour en conserver le souvenir, sans en cher-
cher les causes , sans en prévoir les consé-
quences. Archives signifie proprement des
titres anciens, des Chartres, et quand il devient
synonyme des mots qui lui sont joints ici, il
conserve toujours quelque chose de sa valeur
primitive, il présente les récits comme pou-
vant tôt ou tard être invoqués à l'appui de
certaines thèses; de plus, il diffère de fastes
en ce qu'il s'applique souvent, à des faits bas,
odieux, criminels : On trouve encore ces his-
toires absurdes dans nos dictionnaires, qui ont
été longtemps, pour la plupart, les archives du
mensonge. (Volt.) Chroniques est un terme
érudit qui ne s'applique guère qu'aux histoires
écrites dans le moyen âge, et dans lesquelles
l'auteur raconte souvent ce qui est arrivé de
son temps ; néanmoinSj il se dit aussi des pre-
mières traditions écrites d'un peuple. Les
commentaires ue sont qu'un canevas d'histoire,
une suite de notes écrites par un homme
illustre, sur les faits dont il a été le principal
acteur : Les Commentaires de César. Les
fastes étaient, chez les Romains, des tablettes,
des registres publics où l'on inscrivait tous les
faits importants, avec leur date; chez nous ce
mot s'applique toujours à des faits glorieux,
dont il importe de conserver le souvenir.
h'histoire est l'exposition savante, la narra-
tion littéraire des taits ; elle est plus ou moins
parfaite, selon le mérite de l'historien. Les mé-
moires sont des récits personnels comme les
commentaires , mais celui qui les écrit peut
n'avoir qu'une illustration secondaire ; il ra-
conte ce qu'il a vu , ce qu'il a fajt, ce qu'il a
pensé, afin que cela puisse servir de maté-
riaux pour l'histoire. Une vie n'est que l'his-
toire particulière d'un homme, et elle n'attache
aux faits d'autre importance que celle de bien
faire connaître le personnage : Les Vies de
Plutarque.
Annales, titre d'un vaste ouvrage que l'on
ne connaît aujourd'hui que par les citations
qu'en ont faites les écrivains latins du siècle
d'Auguste, et où le vieil Ennius avait chanté
l'époque des Scipions , c'est-à-dire jûsqû'i
moment où vivait Ennius. Cette épopée histo-
rique, qui se composait de dix-huit livres, est
une œuvre de l'âge mûr et même de la vieil-
lesse de l'auteur. Il n'y faut point chercher le
mérite de l'invention, puisque les faits y sont
fidèlement rapportés selon l'ordre chronolo-
gique que leur assignait la tradition; c'était
une chronique en vers plutôt qu'un poëme
épique, si l'on ne veut donner ce titre nu'aux
œuvres conçues sur le plan de Y Iliade, de
l'Odyssée ou de V Enéide; mais c'était un
poEme , et un beau, poëme, si la poésie con-
siste surtout dans la noblesse des sentiments,
dans la vivacité des peintures. On y trouve
certainement des expressions et des tournures
qui paraissent barbares, des vers qui cho-
quent les oreilles accoutumées à l'harmonie
ANN
de ceux de Virgile; mais ces défauts doivent
être attribués au temps où vivait Ennius , et
quand il en est exempt, il peut encore êlrc
cité à côté des poëtes du temps d'Auguste.
» Les Annales, dit M. Victor Fournel, étaient
en si grand prix parmi les Romains, dont elles
flattaient l'orgueil patriotique , qu'à certains
jours fixes, à Rome et dans les provinces , on
même une classe d'hommes, nommés Ennia-
nistes , qui se consacraient exclusivement à
étudier, à commenter les Annales d'Ennius ,
comme avaient fait autrefois les rapsodes pour
le divin Mélésigène : cet usage subsistait en-
core au temps des Antonins. » On sait que
Virgile lui-même n'a pas dédaigné d'emprun-
ter à Ennius des demi-vers, peut-être même
des vers tout entiers; et si l'on a dit qu'il
ramassait l'or au milieu du fumier, il est per-
mis de penser qu'il ^- avait une hyperbole
outrée dans ce dernier mot : les vers a Ennius .
n'auraient pas conservé si longtemps l'estime
et l'admiration du peuple le plus poli de la
terre, si ce n'eut été qu'un vil tumier.
Annales, de Tacite. C'est le titre de la plus
importante composition historique de cet écri-
vain. Les Annales se composaient de seize
livres et renfermaient l'histoire des quatre em-
pereurs Tibère, Caligula, Claude et Néron.
Les quatre premiers livres que l'on possède
entiers , le cinquième qui est incomplet , et
le sixième, dont il ne s est rien perdu, con-
tiennent le règne de Tibère depuis l'an 14
jusqu'à l'an 37. Les quatre livres suivants ,
dans lesquels était compris le règne de Cali-
gula, nous manquent, ainsi que le commen-
cement du onzième; l'ouvrage Se continue
ensuite sans interruption notable jusqu'au
trente-cinquième paragraphe du livre xvi ; la
fin du seizième livre n'existe plus. C'est avec .
ce livre que finissaient les Annales et le règne
de Néron. Le récit des temps écoulés depuis
la mort de Néron jusqu'à l'avènement de
Nerva (69) forme les Histoires.
Les Annales furent composées sous le règne ■
de Trajan, après les Histoires, bien que l'ordre
des événements les fasse placer en tête des
œuvres de Tacite. Il n'est pas facile de dire
pourquoi l'auteur a donné deux titres si diffé-
rents à deux ouvrages si parfaitement ana-
logues. On peut penser, avec M. Daunou, que
la différence consiste surtout en ce que les
faits sont plus serrés dans les Annales, plus
développés dans les Histoires.
Les Annales nous offrent le modèle du style
concis, c'est-à-dire du style fort, du style
viril. Comme artiste, comme peintre, comme
observateur de la nature humaine, Tacite est
et sera toujours au premier rang des écri-
vains les plus justement admirés. Personne n'a
jamais, aussi bien que lui, su trouver le mot
simple et profond, le mot qu'on n'oublie pas, le
mot qui peint, le mot qui juge; personne n'a
vu plus avant dans l'égoïsme ; personne n'a
éclairé d'une plus implacable lumière les mo-
biles honteux des actes qu'il raconte. L'histoire
devient sous sa plume un miroir terrible pour
le despotisme , et pour les infamies de zèle ,
d'adulation, de perfidie, de lâcheté que le des-
potisme suscite. Remarquez qu'il nés' agit point
ir»i rl'unp nnnlvsp. finn «t. sèche : I- ' :
dyse fine et sèche ; le h
de Tacite est ému, passionné; ce n'est pas un
bel-esprit, c'est une conscience qui parle ; ce
stoïcien ne voit pas seulement le bien et le
mal; il le sent profondément; il méprise, il a
pitié, il s'indigne, il admire; ses mépris, ses
indignations , ses admirations ont d'autant
plus d'autorité qu'ils sont moins répandus,
moins verbeux , plus contenus , plus sous-
entendus. Ajoutons que, tout en descendant
jusqu'au fond du vice, il garde la foi à la
vertu, à l'humanité; à côté de la perversité,
il montre la grandeur morale ; Gennanicus le
console de Tibère, Thraséas le console de
Ouvrons les Annales : nous y voyons sénat,
chevaliers, tous les Romains se précipitant
vers la servitude ; l'œil terrible de la délation
toujours ouvert sur toute vie qui veut rester
pure ; les citoyens accusant pour n'être pas
accusés, et, non contents de s'abaisser eux-
mêmes, acharnés en quelque sorte à se pousser
à genoux les uns sur les autres; Gennanicus
vengeant la perte des légions d'Auguste, puis
puni par le poison de ses triomphes et de l'a-
mour du peuple ; l'historien Crémutius Cordus
forcé de mourir pour avoir loué Brutus et
Cassius ; Britannicus , Octavie , Agrippine ,
victimes d'un tyran trois fois parricide ; Sénè-
que se faisant ouvrirles veines conjointement
avec Pauline , son épouse ; Thraséas , aux
prises avec la mort, offrant une libation à
Jupiter Libérateur, et prescrivant la vie comme
un devoir à la mère de ses enfants. «Dans ces
divers tableaux, dit Marie -Joseph Chénier,
Tacite se, montre tour à tour, ou à la fois,
énergique, sublime, variant ses récits autant
que le permet la monotonie du despotisme, et
toujours également admirable; imitant Thucy-
dide et Salluste, mais surpassant ses modèles
comme il surpasse tous ses autres devanciers,
et ne- laissant à ses successeurs aucun espoir
de l'atteindre Son livre est un tribunal où
sont jugés en dernier ressort les opprimés et
les oppresseurs : c'est à l'immortalité qu'il les
consacre ou les dévoue; et dans cet historien
des peuples , par conséquent des princes qui
savent régner, chaque ligne est le châtiment
des crimes, ou la récompense des vertus. » —
« Tacite , dit La Harpe , peint avec des cou-
ANN
leurs si vraies tout ce que la bassesse et l'es-
. clavage ont de plus dégoûtant, tout ce que le
despotisme et la cruauté ont de plus horrible ;
les espérances et les succès du crime ; la pâ-
leur de l'innocence et l'abattement de la vertu ;
il peint tellement tout ce qu'il a vu et souffert,
que l'on voit et que l'on souffre avec lui. Cha-
que ligne porte un sentiment dans l'âme : il
demande pardon au lecteur des horreurs dont
il l'entretient ; et ces horreurs mêmes attachent
au point qu'on serait fâché qu'il ne les eût
point retracées. Les tyrans nous semblentpunis
quand il les" peint. Il représente la postérité et
la vengeance, et je ne connais point de lec-
ture plus terrible pour la conscience dés mé-
chants. « — « L'éloquence de Tacite, dit Tho-
mas, n'est pas une éloquence de mots et
d'harmonie; c'est une éloquence d'idées qui
se succèdent et se heurtent. Il semble partout
tue la pensée se resserre pour occuper moins
'espace. On ne la prévient jamais, on ne fait
que la suivre. Souvent elle ne se déploie pas
'tout entière, et elle ne se montre , pour ainsi
dire, qu'en se cachant. Qu'on imagine une
langue rapide comme les mouvements de
l'âme ; une langue qui, pour rendre un senti-
ment, ne se décomposerait jamais en plusieurs
mots ; une langue dont chaque son exprime-
rait une collection d'idées : telle est presque
la perfection de la langue romaine dans Tacite.
Point de signe superflu ; point de cortège inu-
tile. Les pensées se pressent et entrent en
foule dans l'imagination; mais elles la rem-
plissent sans la fatiguer jamais. Le style est
hardi, précipité, souvent brusque, toujours
plein de vigueur : il peint d'un trait. La liaison
est plus entre les idées qu'entre les mots. Les
muscles et les nerfs y dominent plus que la
grâce. C'est le Michel-Ange des écrivains.....
Dix. pages de Tacite apprennent plus à con-
naître les hommes que les trois quarts des
histoires modernes ensemble. i-iA côté du
poète condamnant (Juvénal), dit M. Victor
Hugo, se dresse l'historien punissant (Tacite),
Tacite , assis sur la chaise curule du génie,
mande et saisit dans leur flagrant délit ces
coupables, ces Césars. L'empire romain est un
long crime. Ce crime commence par quatre
démons, Tibère, Caligula. Claude, Néron:
Tibère, l'espion empereur, l'oeil qui guette le
monde; Caligula, la folie monstrueusement
unie à la toute-puissance ; Claude, une ébauche
d'homme couronnée ; Néron, la plus formidable
figure de l'ennui qui ait jamais paru parmi les
hommes C'est à ces quatre-là que Tacite
dédie ses quatre premiers poteaux. Il leur
accroche leur règne au cou. Il leur met
toujours sa plaie au lieu voùlu.'Plaie profonde.
Il a la concision du fer rouge. »
On peut remarquer que l'historien, le peintre
du césarisme; du despotisme de lassitude, n'est
pas un classique comme un autre. Il a le don
d'exciter chez les modernes d'autres passions
que la curiosité littéraire. Tout le xvme siècle
professe pour lui un culte où l'on sent la haine
de la tyrannie, l'ambition de réformes et de
libertés. Napoléon en prend ombrage, et donne
ordre à ses journaux de l'insulter, à ses acadé-
miciens de le réfuter. De nos jours, un procu-
reur impérial, M. Dubois-Guchan, a écrit un
livre ( Tacite et son siècle) pour réhabiliter les
Césars et réviser le jugement de Tacite. Ce
nouvel adversaire de l'historien romain nous
apprend que toute la vie de Tibère atteste son
mépris de la fausse grandeur : que l'on voit tou-
jours ce prince ménager plutôt son pouvoir que
l'outrer ; que Claude n'avait pas 1 étoffe d un
tyran; que malgré des difficultés de famille, le
règne de Néron mérita longtemps d'être popu-
laire; que les Césars furent le frein nécessaire
de l'univers ; que c'est une coalition d'iniquités
aui a sévi contre eux et les a calomniés auprès
e la postérité ; que l'esprit d'opposition contre
les empereurs était l'esprit grec, l'esprit uto-
piste, l'esprit philosophique et dénigrant; que
les stoïciens, tels que Thraséas, Hetvidius,etc,
pouvaient' causer au pouvoir des embarras, et
<tu'\\ failait bien s'en .défaire ; qu'il fallait des
délateurs pour défendre les empereurs contre
les complots et les coups d'opinion. M. Dubois-
Guchan n'hésite pas à nous montrer l'idéal
social dans cette autocratie césarienne si ad-
mirablement peinte dans les Annales. Malheu-
reusement il vient un peu tard pour nous faire
oublier Tacite, pour nous faire aimer les Cé-
sars. Son livre passera avec les circonstances
où il est né et dont il porte la marque : les
Annales restent.
Annales patriotiques et liltcruirea (LES),
journal publié par Mercier et Carra, et dont
le premier numéro parut le 5 octobre 1789. Il
avait pris pour épigraphe cette phrase du
Contrat social : On peut acquérir la liberté,
mais on ne la recouvre jamais. C'est un petit
in-40 à deux colonnes, plus complet que beau-
coup des feuilles de ce. temps et assez sem-
blable à nos journaux actuels. Il donnait le
résumé des travaux de l'Assemblée nationale,
de la Commune de Paris, des administrations
départementales et des municipalités , le récit
des événements publics, des nouvelles étran-
gères, l'analyse des écrits politiques et litté-
raires, des articles de polémique, des anec-
dotes, etc. C'était un journal a'avant-garde,
qui fit une guerre très-vive à la royauté, à la
cour et au parti contre-révolutionnaire. Carra,
alors peu connu, en était le principal rédac-
ANN
teur. C'esUlui qui a été si plaisamment chan-
souné par le malin auteur des Sabots jacobiles :
Oh! c'est un phénomène •
Si jamais il en fut!
Il bégayait a peine
. Qu'un Caton il se crut,
Qu'un Ca {bis) ton il.se erut.
Rien de mieux (bis) que cela.
Mercier, l'auteur du Tableau de Paris, ne
prêtait guère à cette feuille que la célébrité
de son nom. Cependant, il écrivit aussi un
certain nombre d articles. Les Annales eurent
un succès très-brillant, surtout parmi tes so-
ciétés jacobines des départements , mais de-
vinrent ensuite un des organes des Girondins,'
dont Carra partagea la destinée tragique.
Après lui, le journal eut pour principal rédac-
teur Salaville, et poursuivit sa carrière jusqu'à
la fin de l'an V, à travers mille vicissitudes et
plusieurs interruptions. Mercier en avait alors
repris la direction. Cette feuille, qui était com-
plètement éclipsée par les Actes des Apôtre
ANNALISTE s. (ann-na-li-ste — rad. an-
nales). Celui qui écrit des annales : L'histo-
riographe tient plus de J'aNNALISTk simple, et
l'historien semble avoir un champ plus libre
pour l'éloquence. (Volt.) Les annalistes de
l'antiquité ne faisaient point entrer dans leurs
récits le tableau des différentes branches de
l'administration. (Chateaub.) Le plus ancien
annaliste russe est un moine de Ktev, Nestor.
(Chateaub.) Un écrivain touche à bien des
plaies, en se faisant V annalistes de son temps.
(Balz.) Les annalistes orientaux n'ont com-
mencé à rédiger des corps de chroniques que
longtemps après l'établissement de l'islamisme.
(*") La politique a des historiens, les profes-
sions populaires devraient avoir leurs anna-
listes. <*") Laissons mentir en pâte ces anna-
listes d'état-major et de caserne. (Lamart.)
0 savants biographes, greffiers patients et trop
éprouvés des vicissitudes de l opinion et des
partis, annalistes dociles et souvent trop res-
pectueux de nos sottises et de nos misères.'
(Ch. Nod.)
ANNAL1TÉ s. f. (ann-na-li-té — rad. an-
nal). Etat de ce qui dure un an : Z/annalitk
d'une charge, d'une possession.
ANNAM (empire d'), Etat situé dans la pres-
qu'île de l'Indo-Chiiie et appelé Cochinckine
dans beaucoup de géographies et dans les
annales des missionnaires , qui ont surtout
contribué à faire connaître ces contrées loin-
taines. Nous renvoyons le lecteur au mot
Cochinchine pour les détails géographiques
sur l'empire d'Annam , bien que cette der-
nière désignation ait prévalu dans les rapports
commerciaux et politiques que la France a eus
dans ces dernières années avec ce pays.
ANNAMABOE ou ANEMABOU, ville et fort
de l'Afrique occidentale , en Guinée , sur la
côte d'Or, dans l'ancien royaume des Fanti, à
10 kilom. E. du cap Corse; 4,000 hab. Fort et
établissement anglais. Prise et pillée en 1808
par les Achantis.
ANNAMITAIN , AINE s. et adj . V. Annam ite.
annamite s. et adj. (ann-na-mi-te — rad.
Annam). Géogr. Habitant d'Annam; qui ap-
partient à l'empire d'Annam ou à ses habi-
tants: Un Annamite. L'armée annamite. Lois,
coutumes annamites. I! On dit quelquefois
ANNAMITAIN.
— s.m.Ling. L'idiome parlé par les Anna-
mites.
ANNAMITES, peuples qui habitent l'empire
d'Annam ou Cochinchine. Nous allons donner
quelques détails sur ces peuples, qui ont été
jusqu'ici très-peu connus des Européens, et
avec lesquels r ancien monde paraît vouloir lier
de nombreux et utiles rapports au double point
de vue industriel et social. Les Annamites, dit
M. Léopold Pallu , à l'excellent travail duquel
nous allons beaucoup emprunter , appartien-
nent à la variété de fespèce humaine que les
anthropologistes désignent sous le nom de race
mongole. Ils sont de taille moyenne, ont les
membres inférieurs bien constitués, le bassin
peu développé, le buste long et maigre, les
épaules larges , la poitrine en saillie , la tête
d une grosseur proportionnée au reste du corps,
les mains étroites, longues et les doigts noueux.
Leur teint varie beaucoup suivant "éducation,
le rang ou les travaux, depuis la couleur de la
cire d église jusqu'à celle de la feuille morte
ou de l'acajou. Le front est petit, évidé vers
les tempes ; les pommettes sont très-proémi-
nentes; les yeux noirs, assez peu bridés, ont
une expression douce , chagrine et timide. Le
nez est trop large vers le haut, et produit
l'effet de pièces anatomiques rapportées après
coup : c'est , du reste , le trait distinctif du
visage asiatique. Les Annamites sont imberbes
jusqu'à l'âge de trente ans environ; même
alors leur oarbe est peu fournie et ne vient
qu'aux lèvres et au menton. Ils portent les
cheveux longs, se teignent les dents en noir,
et mâchent constamment, ainsi que tous les
peuples de la Malaisie, un aromate dans
lequel il entre du poivre -bétel, de la noix
ANN
d'arac , du cardamome , de la chaux et quel-
quefois du tabac. Le costume des Annamites
est loin d'être compliqué ; il se compose d'une
blouse boutonnée sur le côté, d'un pantalon
coupé à la mode chinoise , et de sandales de
cuir rouge. C'est là le costume des Anna-
mites en place, des riches , des commerçants ;
mais la plupart des -hommes du peuple,
paysans ou bateliers, ont pour tout vêtement
une pièce d'étoffe qu'ils relèvent au moyen
d'une ceinture, et qu'on nomme cai-chan. Le
costume des femmes ne diffère pas sensible-
ment de celui des hommes : une robe de soie
et un pantalon. Celles qui se piquent d'élé-
gance portent des pantalons de quatre cou-
leurs éclatantes , disposées en bandes verti-
cales. La soie, qui modèle exactement leurs
formes , les montre telles que la nature les a
faites. Les jolies femmes annamites ont une
figure ronde, des yeux bien fendus, une pâleur
mate et une sorte" de délicatesse enfantine;
elles ont la passion des bijoux et en ornent
différentes parties de leur corps : les oreilles,
le cou, les bras et les pieds. Les Annamites
donnent un très-grand soin -aux sépultures ;
leurs tombeaux sont des constructions assez
compliquées, où la forme arrondie domine, et
qui sont enluminées de couleurs roses ou lilas,
d'une expression tendre ou agréable; mais
leurs maisons ont quelque chose de sombre,
de retiré et de triste : elles sont bâties en quin-
conce, et n'ont qu'un rez-de-chaussée. Le toit
s'élève seulement à quelques pieds du sol, ce
qui rend l'intérieur obscur, même en plein
jour, mais ce qui produit aussi une fralcneur
agréable dans les plus grandes chaleurs. C'est
sur les fleuves que le naturel ouvert et sym-
pathique des Annamites se retrouve et se
manifeste. Les bateliers s'y croisent en se
parlant et se racontant au passage les der-
nières courses des Français ; la pièce d'étoffe
bleue ou fauve qu'ils ont sur le corps, la cou-
leur de brique de leur buste toujours décou-
vert, et le noir brillant de leurs cheveux,
composent un ensemble de couleurs harmo-
nieux et sobEfi. Toutefois, dans ce costume si
simple , exposés sans précaution au soleil qui
tombe d'aplomb sur leur front, et qui ne pro-
voque jamais chez eux ces insolations fou-
droyantes qui frappent souvent les Européens,
Us sont bien les fils de leur sol, et paraissent
à leur place sur la terre. .
Les Annamites sont d'un caractère doux;
ils sont timides et assez gais. Ils ont hâte
de jouir dès qu'ils ont gagné quelque argent,
et c'est là un trait qu'il importe de mettre
en relief, parce qu'il les distingue des autres
peuples de la Chine. Ils n'ont aucun goût,
aucune aptitude pour le cornu
principal objet de trafic est le
dant , abandonnés à eux-mêmes, us ne culti-
veraient de ce grain que ce qu'il leur en
faut pour vivre. .Ils sont presque tous agri-
culteurs ou bateliers, et cette vie est en
parfaite harmonie avec leurs goûts et leurs
aptitudes. Ils plantent aussi la canne à sucre,
mais seulement ce qui est nécessaire à leurs
besoins. Il y a dans le pays quelques planta-
tions d'indigo et du coton de bonne qualité.
La crainte de l'esclavage ou une pression
politique suffit, dans certaines conditions,
pour faire abandonner aux Annamites toute
une province. Ils ne laissent alors que des
déserts entre les mains de leurs ennemis. C'est
ainsi qu'à la suite d'une invasion des Cambod-
giens en Cochinchine , la province de Giadink
se dépeupla tout d'un coup. Les Annamites se
battent bien quand ils se croient sûrs de
repousser l'ennemi. Mais battre en retraite,
disparaître comme une volée d'oiseaux , se
glisser dans les broussailles à la façon 'du
tigre , n'est point chez eux un déshonneur,
quand il paraît évident que la résistance est
impossible. C'est ainsi qu'une journée glo-
rieuse pour les armes françaises a ébranlé
fortement leur confiance dans leurs moyens
de défense. C'était, en effet, une opinion accré-
ditée après les affaires de Tourane et de
Saïgon, en 1859 et 1860, qu'assez solides der-
rière des retranchements , ils ne tenaient pas
ou ne se hasardaient pas en plaine. Toute-
fois, cette opinion tend à se modifier, et lés
affaires de.Go-cung en 1861, les épisodes des
insurrections de 1861 et de 1862, ont montré
qu'ils peuvent non-seulement soutenir la lutte
sans at>ri, mais encore la provoquer.
La guerre que les Annamites ont soutenue
pendant près de six ans a modifié leur'sys-r
tème général d'attaque et de défense, mais
non leurs instruments de destruction. Leur
artillerie est la seule partie de leur armement
qui ait quelque valeur. Du reste, ils aiment le
bruit de la poudre, et ils ont pour les feux
d'artifice , pour les détonations dé l'artillerie,
la passion enfantine des Chinois. Quant aux
combattants eux-mêmes , on peut dire qu'ils
se sont aguerris, et que les derniers événei
ments ont fait connaître le fond du caractère
de ce peuple. Ils ont sur le courage , sur la
manière dont un chef intrépide peut le trans-
mettre, une superstition extraordinaire. Quand
l'un d'eux est tué, ils lui ouvrent le corps, lui
arrachent le cœur, et le dévorent encore pal-
pitant. Alors ils .marchent, rien ne peut les
arrêter : ils ont du gan. La coutume qu'ont
certains chefs de bandes annamites de manger
le gan, les supplices usités dans cette partie
de l'Asie, donneront sans doute à croire que
la nation entière est inhumaine, et qu'elle est
portée à répandre le sang. C'est le contraire
qui a lieu, et les Annamites ont horreur du
sang versé. Les voleurs dépouillent les gens
qui tombent entre leurs mains ; mais il n'y
avait peut-être pas, avant l'année 1859, trois
assassinats par an dans la basse Cochinchine.
Le crime irrémissible dans l' Annam, celui de
rébellion à l'empereur, est puni du lan-/t;le
coupable est coupé en cent morceaux, et son
cadavre ainsi mutilé est mis dans une jarre à
la porte de sa maison. Dans les idées de ces
peuples, l'insulte faite au cadavre augmenta
la rigueur du châtiment. Ils acceptent le der-
nier supplice d'un air simple, tranquille, admi-'
rable, sans gestes, sàiis accent de désespoiri
de crainte ou de faiblesse.
Chez les Annamites, le mariage et les funé-
railles sont considérés comme les choses les
plus importantes de la vie, et les pauvres ont
dans ces circonstances les privilèges des grands
et des riches : ils peuvent porter des robes
longues avec les couleurs et les dessins ré-
servés aux seuls mandarins ; ceux-ci descen-
dent de cheval et cèdent la place, s'ils rencon-
trent le cortège du plus simple paysan. Les
Annamites révèrent, sous le double titre de père
et de mère (c hame), un empereur, prince sacer-
dotal, souverain plutôt despotique qu'absolu.
La forme du gouvernement n'est autre que le'
despotisme patriarcal de la Chine, et les Anna-
mites y sont façonnés. L'empereur est un
père; ses agents sont revêtus, par délégation.
du pouvoir du chef de famille; ses sujetssont
dans une enfance indéfinie. Lorsque l'empe-
reur monte sur le trône , il perd son ancien
nom et en interdit l'usage , en même temps
que celui des caractères qui l'expriment. L'em-
pereur actuel, Tu -Duc, s'appelait Haong-
Giam : le caractère haong est prohibé dans
tout l'empire. Si l'empereur annamite peut
changer la prononciation de tout un peuple, ce
n'est point par un acte de fantaisie despotique,
et la règle s'accorde ici avec les mœurs : les
noms ont dans l'Annam une importance très-
singulière et différente de celle qu'ils ont même
Toute la vie annamite se manifeste et se
concentre dans le village. C'est le refuge où
les Annamites peuvent jouir d'un peu de
liberté individuelle ; c'est aussi l'institution qui
leur permet de se grouper et de se réjoindre.
« Voici le village oui arrive » , est une expres-
sion qui s'emploie lorsque le plus pauvre pay-
san et sa femme se dirigent vers le prétoire.
L'institution du village a fait les paysansan-
namites plus habiles que nos paysans d'Europe.-
Ils savent parler de leurs affaires, les traiter
avec intelligence. Us connaissent leurs droits y
ils lés exercent. Ils usent de leur droit d'élec-
tion à l'égard du maire et des autres agents
de l'administration communale. D|après la loi,-
leur domicile de feuilles de palmier-nain est
inviolable. Si un agent de l'autorité en franchis-
sait le seuil, les femmes l'attaqueraient. Mais
dès que la volonté impériale se manifeste direc-
tement, tout change, et c'est à peine s'il reste
l'ombre de toutes ces garanties ; l'homme n'est '
plus que passif; il devient-la partie insensible
d'un tout; il n'existe plus, à vrai dire.. Ainsi
administrés, les Annamites sont sous le joug
sans paraître s'en douter et sans trop en sentir
le poids. Au moindre écart, le fouet les ramène,
et, sous une apparence deliberté, cette vie com-
munale-n'existe . qu'autant que le maître le
supporte. Le sens politique, l'esprit de satire, ■
d'allégorie ou de parabole, unique ressource
des peuples .opprimés, est absent chez le
peuple de l'Annam, sans doute parce que lui-
même ne se trouve point opprimé. Toutes ses
aspirations sont contenues par la dévotion
filiale à l'empereur. Les Français ont trouvé
les Annamites régis par des lois où la religion,
l'hygiène, la politique et la morale sont sou-
vent confondues.' La plupart d'entre elles sont
justes, souvent ingénieuses, et nullement en
désaccord avec la loi naturelle.
— Langues a „ ,-
mite est formé par les idiomes du Tonkin, de
la Cochinchine , du Cambodge et du Laos. Il
appartient à la branche monosyllabique.
Le tonkin, quoique monosyllabique comme
le chinois , admet un beaucoup plus grand
nombre de consonnes finales : s, g, kh^ h, m,
i 'êtement inva-
beaucoup des
p,' t. Lés mots sont complètement i
rtables, et- la prononciation use beaucoup d<
.tons, chinois qui permettent d'attribuer a ï
_ n d'une modification pres-
que imperceptible. Ainsi ba voudra dire, selon
1 accentuation , maître, quitter, trois, présent,
concubine de roi,- etc. Quoique les mots soient
étrangers à toute flexion, on remarque des
tentatives d'agglutination plus prononcées et
plus méthodiques qu'en chinois. Par. exemple,
l'ablatif est représenté par la particule prêuxe
boy, le pluriel par les syllabes tchung, mo.
rtgung ou dung. Ainsi toi voulant dire je, il
s ensuit que boy tchung, toi signifiera de
nous. On remarque aussi des traces de conju-
gaison imparfaite effectuée au moyen du même
système. Ce dialecte secondaire a donné nais-
sance à de nombreux dialectes tertiaires, qui,
surtout dans la partie montagneuse, s éloi-
gnent beaucoup du tonkin.
Le coehinchinois se rapproche sensiblement
du tonkin, dont il reproduit les traits carac-
téristiques, de même que le cambodgien et le
laos. Le cambodgien est mêlé de mots malais,
japonais et portugais. Il faut remarquer, en
général , que les langues annamites ont des
sons relativement compliqués qu'un Chinois
ne saurait prononcer. Les peuples qui parlent
ces langues ont adopté les caractères chinois,
51
402
ANN
et naturellement la littérature n'est autre que
la littérature chinoise. Pour l'usage, on em-
■ ploie (les caractères un peu différents, ou plutôt
Ses groupes nouveaux formés par des combi-
naisons qu'on évalue à trois mille environ. Il
existe dans le kan-bang ou chaîne de montagne,
des restes de populations qui se prétendent abo-
rigènes, parlent une langue spéciale et regar-
dent les Annamites comme une colonie chi-
noise, qui serait venue s'établir là vers le iw
siècle av. J.-C.
ANNAMITIQUE adj. ( ann-na-mi-ti-ke —
rad. annamite). Syn. de annamite : Alphabet
annamitiquë. La langue annamitique a un
grand nombre de mots chinois , et autant pour
le moins dont la racine appartient à une autre
langue. (M.-Brun.)
ANNAN, ville maritime d'Ecosse, comté et à
Si kilom. S.-E. de Dumfries, sur le fleuve du
même nom, près de son embouchure, dans le
golfe de Solway; 5,000 hab. Construction de
navires, pêcheries de saumon, exportation de
salaisons. Ancienne résidence des ancêtres de
Robert Bruce, il Petit fleuve d'Ecosse, prend
sa source au massif qui forme la limite sep-
tentrionale du comté de Dumfries, coule vers
le sud à travers une étroite vallée, et se jette
dans Solway Frith, après un cours de 55 kilom.
ANNAPES, commune du dép. du Nord, ar-
rond. de Lille; pop. aggl. 1,985 hab. — pop,
tôt. 2,118 hab.
ANNAPOLIS, ville des Etats-Unis , ch.-lieu
du Maryland ; bâtie à l'embouchure de la Se-
vern, sur la baie de Chesapeake ; 6,000 hab.
Académie navale, théâtre, collège , bibliothè-
que, u Ville de la Nouvelle-Ecosse, dans l'A-
mérique septentrionale, à 135 kilom. N.-O.
d'Halifax; 1,200 hab.; son port est l'un des
Elus beaux du monde ; le plus ancien des éta-
lissements européens dans l'Amérique du
Nord, fondé par les Français en 1604 ; ancien
ch.-lieu de la colonie française d'Acadie, cédée
à l'Angleterre en 1713. Il Fleuve de la Nou-
velle-Ecosse, prend sa source à 80 kilom. N.-O.
d'Halifax , passe à Annapolis et se jette dans
la baie de Fundy, après un cours de 88 kilom.,
dont 22 sont navigables pour les gros navires.
ANNAS s. f. (ann-nass). Métrol. Monnaie
de l'Indoustan, dans les possessions anglaises.
Vannas vaut environ 16 centimes.
ANNAT (François), jésuite, confesseur de
Louis XIV, né à Rodez en 1607 , mort à Paris
en 1670. Il fut un des adversaires les plus vé-
héments de Port-Royal et des jansénistes, et
fit condamner par la Sorbonne les deux pro-
positions qui provoquèrent l'expulsion du
grand Arnaud. Pascal lui adressa les 17">e et
I8ine Provinciales. Le plus singulier de ses
écrits de controverse est le fameux Rabat-joie
des Jansénistes.
ANNATE s. f. ( ann-na-te — du lat. annus,
année). Taxe ou redevance particulière que
payaient autrefois, à l'autorité ecclésiastique
supérieure, à l'occasion de leur nomination,
tous ceux qui étaient pourvus d'un bénéfice.
— Encycl. Le nom A'annate avait été donné
à cette taxe, parce que , dans le principe, la
quotité en était fixée au revenu d'une année,
et que , dans tous les temps , elle fut propor-
• tionnelle aux produits annuels des bénéfices.
L'origine des annales et l'époque où elles fu-
rent établies sont incertaines. On est fondé
à admettre, avec quelques historiens, que
jusqu' au xn« siècle, les amiaiesn'étaient payées
que par les évoques qui venaient se faire sacrer
à Rome, et que ce fut seulement sous Alexan-
dre IV qu'elles prirent la consistance d'un droit
rigoureux et d'un impôt général.
On distinguait quatre espèces principales
à'annates : Vannate proprement dite ou annate
bonifacienne , Yannate commune, la petite an-
nate, Vannate de quinze ans. •
Vannate proprement dite était celle qui se
percevait sur tous les' bénéfices, à l'exception
des évêchés et dès 'bénéfices consistoriaux.
Elle se payait généralement au pape: cepen-
dant des évêques, des abbés, des chapitres,
par un privilège ou par une coutume parti-
lière, recevaient les annates des bénéfices va-
cants, relevant de leur diocèse, de leur cha-
pitre ou de leur abbaye. Boniface IX ayant
changé le mode de percevoir cette annate, et
mis un terme aux exactions révoltantes que se
permettaient les commissaires envoyés jus-
qu'alors pour la prélever, elle reçut et con-
serva depuis le nom à'annate bonifacienne.
Vannate commune était la redevance payée,
conformément à un ancien règlement, par les
évêchés et les bénéfices consistoriaux. La
moitié des revenus qu'elle produisait était
attribuée au pape, l'autre moitié au Sacré
Collège.
La petite annate consistait dans une légère
fraction additionnelle à Yannate commune ;
elle était destinée a quelques officiers du pape
et répartie entre eux.
Vannate de quinze ans fut établie par une
bulle du pape Paul II, en 1469. Cette bulle por-
tait que les bénéfices unis à certaines commu-
nautés payeraient le droit à'annate de quinze
années en quinze années, et non à chaque
nomination des bénéficiers.
Les annates étaient l'impôt de la grande
centralisation catholique. Elles produisaient
des revenus si considérables, qu'au dire de
Zabarella, évéque de Florence, on proposa en
1312, dans le concile de Vienne, d'y renoncer
moyennant le vingtième des revenus ecclé-
ÀNN
siastiques , qui aurait été accordé au pape eh
compensation de cette suppression.
On comprend toute l'importance que la pa-
pauté devait attacher à cet impôt. Deux compa-
raisons servaient d'arguments pour le défen-
dre : 1'
corps; le pape
nature — i—
la' tète ; or, il est dans la
ire que tous les membres soutiennent la
; l'Eglise romaine est la mère de toutes les
autres églises, puisque c'est à elles qu'elles doi-
vent la naissance ; le pape est l'époux de l'E-
glise ; or, il est de droit naturel que les enfants
fournissent des aliments au mari de leur mère.
Cette logique triomphante ne réussissait pas à
Eorter la conviction dans tous les esprits sur
i. légitimité' des annates; et souvent elles fu-
rent qualifiées d'abusives et de simoniaques,
par les théologiens et les jurisconsultes. A me-
sure que l'Etat grandit , que par, ses organes,
c'est-à-dire par ses rois , par ses états géné-
raux, par ses parlements, souvent même par
son clergé , il tend à affirmer son indépen-
dance contre la domination universelle de la
Rome papale , on voit s'accroître la répulsion
qu'inspirent les annates. Henri VIII, en Angle-
terre t prélude au schisme en les supprimant.
Charles-Quint fait de vains efforts pour les
abolir en Allemagne. En France, nous voyons
se succéder, sous Charles VI, Charles VII,
Louis XI et Henri II, des édits qui défendent
de les payer. Malgré ces résistances de nos
rois , les annates se maintiennent ; elles sont
confirmées, en 1596, par Henri IV; elles tra-
versent les règnes de Louis XIII , Louis XIV,
Louis XV. C'est à la Révolution française qu'il
est réservé de les faire disparaître. En 1789,
les deux ordres de la noblesse et du tiers-état
demandaient aux états généraux, dans leurs
cahiers la suppression des annates pour les
bulles des bénéfices consistoriaux , ou l'appli-
cation de leur produit aux réparations et re-
constructions des église^ paroissiales et des
presbytères, et au soulagement des pauvres.'
L'Assemblée constituante, par son fameux
décret du 4 août, abolit sans distinction toutes
les annates et toutes les perceptions analogues,
en même temps que les privilèges et le régime
féodal. Les articles 12 et 13 de ce décret sont
ainsi conçus : ' Art. 1 2. A l'avenir, il ne sera
envoyé en cour de Rome , en la vice-légation
d'Avignon, en la nonciature de Lucerne , au-
cuns deniers pour annales, ou pour quelque
autre cause que ce soit j mais les diocésains
s'adresseront à leurs éveques pour toutes les
provisions de bénéfices et dispenses, lesquelles
seront accordées gratuitement, nonobstant
toutes réserves , expectatives et partages de
mois, toutes les églises de France devant jouir
de la même liberté. — Art. 13. Les départs,
droits de cote-morte, dépouilles, vacat, droits
censaux, deniers de saint Pierre, et autres de
même genre établis en faveur des évêques,
archidiacres, archiprêtres , chapitres, curés
primitifs et tous autres, sous quelque nom que
ce soit, sont abolis, sauf à pourvoir, ainsi qu'il
appartiendra, à la dotation des archidiaconés
et des archiprêtres qui ne seraient pas suffi-
samment dotés. »
Depuis le concordat de 1801 , la France paye
une modique somme à la cour de Rome pour
l'expédition des bulles des ecclésiastiques nom-
més aux évêchés et archevêchés.
ANNB, reine d'Angleterre, fille de Jacques II,
née en 1664 , morte en 1714. Elle fut appelée
au trône en 1702, après la mort de Guillaume
III, époux de sa sœur Marie. Les victoires du
duc de Marlhorough, dans la guerre de la suc-
cession d'Espagne, illustrèrent son règne et
lui permirent de dicter en quelque sorte les
conditions du traité d'Utrecht (1713). Mais elle
tenta vainement de rouvrir aux Stuarts le che-
min du trône, et ne put laisser sa succession
à son frère Jacques III (le chevalier de Saint-
Georges). Elle se montra faible et versatile,
a règne eut cependant beaucoup d"
il fn + un Aov vil.ic V,i.:iloTifo A*> ln 1j£t
s de
Gibraltar et 1'
à l'Angleterre.
ANNE D'AUTRICHE, reine de France, fille
de Philippe III , roi d'Espagne, née en 1602,
épousa Louis XIII en 1615. Ce mariage ne fut
point heureux pour la reine ni pour la France,
et fut même impuissant à maintenir longtemps
la paix entre les deux nations. Anne ne sut
pas se faire aimer de son époux , soit que sa
conduite, comme on l'a dit, n'ait pas été con-
forme à ses devoirs , soit pour toute autre
cause. Richelieu persuada à Louis XIII qu'elle
était entrée dans la conspiration de Chalais,
et découvrit plus tard ses correspondances
secrètes avec 1 Espagne et avec les ennemis de
l'Etat. Tant que vécut le puissant ministre, elle
eut l'existence la plus misérable : elle fut humi-
liée par le dédain, irritée par les soupçons
légitimes dont elle était l'objet, jetée dans de
nouvelles intrigues par la surveillance qui
pesait sur elle, et reléguée le plus souvent
dans sa retraite du Val-de-Grâce. La nais-
sance de Louis XIV (5 septembre 1638) la
rapprocha un moment de son époux, qui ce-
pendant ne lui laissa la régence qu'en limitant
son pouvoir par celui d'un conseil sans lequel
elle ne pouvait agir. Mais le parlement cassa
cette disposition, et donna àla régente tous les
droits de la souveraineté (1643). Elle accorda
dès lors un empire absolu a Mazarin, dont l'ad-
mimstration souleva les orages de la Fronde;
elle résista avec courage et persévérance
à la faction des grands , et put ainsi trans-
mettre intacte à Louis XIV la monarchie telle
que l'avait faite Richelieu, ce mortel ennemi
dont elle honorait le génie politique et dont
elle se fit une loi de continuer l'œuvre centra-
lisatrice. Il est juste aussi de reconnaître que
dans ses relations extérieures et dans la guerre
contre l'Espagne, elle se montra plus française
que sa conduite passée ne pouvait le l'aire
espérer. Depuis la majorité du roi, elle ne prit
aucune part aux affaires et passa ses dernières
années dans les pratiques d'une dévotion mi-
nutieuse, qu'elle s'imposait comme une répa-
ration des fautes de sa vie. Elle mourut d'un
cancer au sein, le 20 janvier 1666. C'est elle
qui fit bâtir l'église du Val-de-Grâce.
ANNE DE BRETAGNE, fille du duc Fran-
çois II et son unique héritière, née à Nantes
en 1476, morte à Blois en 1514. Elle épousa
Charles VIII et gouverna l'Etat pendant l'ex-
pédition du roi en Italie ; s'unit ensuite à
Louis XII, dont elle eut Claude de France, qui
fut mariée au duc d'Angoulême (depuis Fran-
çois 1er) t lequel réunit la Bretagne à la cou-
ronne. Cette princesse était hautaine; mais
elle avait beaucoup de grandeur d'âme, et son
nom est encore béni en Bretagne.
ANNE DE BODLEN. V. BouleN.
ANNE DE CLÈVES, reine d'Angleterre. V.
Henri VIII.
ANNE COMNÈNE, fille de l'empereur Alexis
Comnène 1er, née en 1083, morte en 1148.
Elle étudia l'éloquence, la poésie, les mathé-
matiques, la physique, la philosophie, mais n'y
puisa point le mépris de la grandeur et du
pouvoir, car elle conspira, en 1118, pour arra-
cher la couronne à son frère Jean, et la placer
sur la tête de son époux, Nicéphore Bryenne,
à qui la culture des lettres avait, au contraire,
donné le goût de l'obscurité, et qui se refusa
aux projets de son ambitieuse épouse. Anne,
pardonnée par son frère , vécut depuis dans
la retraite, entourée de philosophes et de rhé-
teurs, et y composa une Vie de l'empereur
Alexis Comnène, son père, l'A lexiade , d'un
style plein de recherche et d'affectation , et
qui est inspiré par la piété filiale plutôt que
par la vérité historique. On y trouve cepen-
dant quelques renseignements curieux qui ne
sont point ailleurs. Elle y montre , au reste,
une partialité passionnée contre les Croisés.
VAlexiade fait partie de la Byzantine.
ANNE DE FRANCE ou DE BEA UJEU, fille
de_ Louis XI, née vers 1462, morte en 1522.
avec fermeté , s'appuya sur les états , résista
à la faction des grands et termina la guerre
folle par la défaite du duc d'Orléans (depuis
Louis XII), à la bataille de Saint-Aubin-du-
Cormier (14SS). Elle le retint deux ans pri-
sonnier dans la tour de Bourges. Devenu roi ,
ce prince ne vengea pas les injures du duc
d'Orléans, et il traita avec bonté Anne de
ANNE DE HONGRIE , fille de Ladislas VI,
épousa l'empereur Ferdinand d'Autriche, en
1527 , et lui apporta les couronnes de Hongrie
et de Bohême. Pendant le siège de Vienne par
Zapolski , vayvode de Transylvanie , et par
le sultan Soliman, Anne se défendit comme le
guerrier le plus intrépide. Elle mourut à
Prague en 1547. Marie de Médicis et Anne
d'Autriche étaient ses petites-filles.
ANNE 1WANOWNA , tzarine de Russie , née
en I693, fille d'Ivan V, frère aîné de Pierre le
Grand, régna de 1730 à 1740, au détriment des
deux filles de Pierre le Grand , par les intri-
gues du chancelier Ostermann. Pendant ces
dix années d'un règne qui ne fut pas sans
gloire, elle resta constamment livrée à son
favori Ernest-Jean de Biren.
ANNE PÉTROWNA , fille aînée de Pierre le
Grand et de Catherine Ire, née en 1706, morte
en 1728. Elle épousa en.1725 Charles-Frédéric,
duc de Holstein-Gottorp, et en eut l'infortuné
Pierre III. Appelée au conseil de régence
après la mort de l'impératrice Catherine, elle
n y assista qu'une fois, et fut exilée à Kief par
le crédit de Menschikoff,
ANNE DE RUSSIE, reine de France, épouse
de Henri 1er, mère de Philippe 1er. Veuve en
1060, elle se remaria dans la suite à Raoul de
Péronne. Elle était fille de Jaroslaf , grand-
duc de Russie. Toutefois, il y a quelque incer-
titude sur son origine, car l'annaliste russe
Nestor ne fait pas mention d'elle, non plus que
du mariage d'une princesse russe avec le roi
de Fiance.
ANNE DE SAVOIE, fille du duc Amédée V,
née en 1320, morte en 1359. Elle devint impé-
ratrice d'Orient par son mariage avec Andro-
ses fils dépouillés pi
Jean Cantacuzène. Vers la fin de — -:- -■
mêla à ces disputes
elle
nent une si grande place dans l'histoire de la
société byzantine.
ANNE (Théodore), publiciste et auteur dra-
matique , né à la fin du siècle dernier, servit
dans les gardes du corps jusqu'à la révolution
de Juillet, s'enrôla ensuite dans la presse légi-
timiste, écrivit des brochures dans l'intérêt de
son parti, et composa des romans et des pièces
de théâtre dont les plus connus sont : Marie
Stuart, opéra, musique de Niedernieyer ; Y En-
fant du, régiment, la Chambre rouge, drames,
ANN
et YEspion du grand monde (1856), en collabo-
ration avec M. de Saint-Georges.
ANNE, nom porté par plusieurs saintes
femmes de l'Ecriture : Mère de Samuel, qu'elle
mit au monde après une longue stérilité vers
l'an 1124 av. J.-C. il Nom de la femme du
vieux Tobie. Il Sainte Anne , épouse de saint
Joachim et mère de la sainte Vierge. Saint
Epiphane est le premier Père de l'Eglise qui
ait révélé son nom ; les Pères des trois pre-
miers siècles n'en parlent dans aucun de leurs
ouvrages. Ce fut Grégoire XIII qui, par une
bulle du 1er mai 1584, ordonna et fixa au 8
juillet la fête de sainte Anne. Il Prophétesse,
fille de Phanuel, se consacra au service de
Dieu et reçut le Sauveur du monde quand il
fut présenté au temple par sa mère.
Représentations diverses de sainte Anne.
— La figure de sainte Anne, mère de la Vierge,
se rencontre très-fréquemment dans les œu-
vres des peintres chrétiens, tantôt isolée, no-
tamment sur les volets des triptyques , tantôt
placée dans les scènes de la vie de Marie, et
quelquefois dans celles de l'enfance de Jésus.
Le Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg,
possède un très -beau tableau de l'Espagnol
Juan Ribalta, représentant la Rencontre d'Anne
et de son époux Joachim ; Albert Durer a con-
sacré au même sujet une de ses meilleures
estampes, dont Hans do Culmbach s'est in-
spiré pour peindre son chef-d'œuvre, tableau
k fond d'or' qui orne la chapelle de Saint-
Maurice à Nuremberg. On voit encore à l'Er-
mitage une excellente peinture de Juan de
Joannes, qui représente Sainte Anne à gui
l'ange annonce la fin de sa stérilité'. Un tableau
capital de l'Allemand Mathias Rimbrecht,
Anne et Joachim enseignant à lire à la Vierge,
orne la galerie des Etats de Prague; ce der-
nier sujet a été souvent traité par des artistes
de différentes écoles. Il en est de même de la
Nativité de la Vierge, où sainte Anne joue
naturellement un rôle fort important. Quant
aux Saintes Familles où il n'est pas rare de
voir figurer une vieille femme parmi les person-
nages groupés autour de l'enfant Jésus, c'est à
tort que ceux qui décrivent ces tableaux
désignent cette vieille femme comme étant
sainte Anne ; c'est presque toujours sainte
Elisabeth, la mère de saint Jean , que les ar-
tistes ont voulu représenter, comme on peut
le voir, par exemple, dans les deux Saintes
Familles du Ûorrége qui sont au Louvre, et
dans une Sainte. ^Famille de Raphaël, qui est
au Musée de Naples, et où Elisabeth semble
être le personnage principal. Il est à remar-
quer, du reste, que le Précurseur figure pres-
que toujours à côté de sa mère et explique sa
présence. Une belle gravure, de Luca Gior-
dano, représente sainte Anne transportée au
ciel par ces anges, et accueillie par la Vierge
qui lui tend un sceptre ; un peu plus haut, le
Christ tient une couronne destinée à son
aïeule.
Une autre Anne, mère du prophète Samuel,
a été peinte par Van der Leckhout, dans un
intéressant tableau qui appartient au Musée
du Louvre : elle est à genoux et présente son
fils au grand prêtre Héli, qui se dispose à le
consacrer au Seigneur ; près d'elle, son mari
Elcana est debout. Héli est assis sur un trône.
ANNE (Ordre de SAINTE-). Ordre de che-
valerie créé à Kiel, en 1735, par Charles-
Frédéric, duc de Holstein-Gottorp, qui lui
donna le nom et le mit sous l'invocation de la
patronne de sa femme, la duchesse Anne, fille
de Pierre le Grand. Il fut introduit en Russie,
en 1762, par le fils du fondateur, le tzar
Pierre III, et, depuis cette époque, il n'a cessé
d'être conféré par les souverains de ce pays.
Il ne se composait primitivement que d'une
seule classe ; mais, depuis 1815, il en renferme
quatre. C'est un ordre civil et militaire. Le
ruban est rouge clair liséré de jaune, et la
devise : Amantibus pietatem,justitiam et fidem
(pour ceux qui aiment la piété, la justice et
la fidélité). — En 1816, au retour d'une expé-
dition contre les' Dominicains, Faustin 1er,
empereur d'Haïti, établit un ordre de cheva-
lerie auquel il donna le nom de Sainte-Anne.
Cette institution a disparu, en 1859, avec la
couronne de son fondateur.
ANNE (Sœur). V. Barbe-Bleue.
ANNE (SAINTE-), rivière du Bas-Canada,
Amérique septentrionale, prend sa source dans
les montagnes, à l'O. de Québec, coule au S.,
puis au S.-E. , et se jette dans le Saint-Laurent,
après un cours de 192 kilom.; peu profonde et
entrecoupée de rapides qui la rendent impropre
à la navigation, il Nom de plusieurs villages
de France et d'une montagne près d'Alençon
(Orne) ; chapelle et lieu de pèlerinage.
ANNEAU s. m. (a-nô — lat. anellus, mémo
sens). Cercle d'une matière dure, qui sert à
attacher , à retenir quelque chose : Anneau
de fer, d'acier. Anneau d'or, d'argent. Les
anneaux d'une chaîne. Les anneaux d'un ri~
deau. Passer un ruban, une corde dans un an-
neau. On attache les bateaux avec de gros
anneaux de fer. (Trév.) Si, dans une chaîne,
vous détachez un seul anneau, vous brises la
chaîne entière. (Raym.)
— Particul. Sorte de petite bague : Un an-
neau d'or ciselé. Il lui mit au doigt un anneau.
(Acad.) L'anneau de fer sans pierreries, indiqué
par Pline comme étant dV> ancien usage, était
devenu dès le deuxième siècle, un riche anneau
d'or, tes chrétiens l'adoptèrent. (L.deLaborde.)
Z'anneac est de tous les ornements le plus on-
Corrompre d'un an
Fi! messieurs, c'est un trait infArae;
Mais pour nos dames de Paris,
Si douces, si spirituelles,
Qui ne sont guère plus fidèles
A leurs amants qu'à leurs maris,
pien fou qui s'en ferait scrupule.
Ce n'est qu'un anneau qui circule
Et que chacun met à son doigt.
— Bague d'or unie que les chevaliers ro-
mains portaient au doigt comme marque de
leur dignité : Après la bataille de Cannes,
Annibal envoya à Carlhage un boisseau «"an-
neaux d'or, enlevés aux chevaliers -'--
restés sur le champ de bataille.
— Par anal. Boucle de cheveux roulés
spirale : Ses beaux cheveux, tombant par g,
anneaux, ombrageaient ses épaules. (Fén.)
En noirs anneaux flotte sa chevelure.
Les nymphes
'aient de myrte
Les anneaux onduleux se jouaient sur leur sein.
Fayol.
Il Se dit aussi des ondulations que les reptiles
forment en rampant :
Un horrible serpent, reptile monstrueux,
Déroulait a longs plis ses ormeaux tortueux.
Tel le serpent trahi sous l'herbe qui le cache,
Et qu'a tranché soudain un pâtre h coups de hache,
Il se dresse, il se tord en cent tronçons cuisants,
Et rejoint ses anneaux au soleil tout luisants.
— Pig. Enchaînement moral force, consi-
dérée comme reliant entre elles plusieurs
choses : La vie nous parait courte, et les heures
longues ; nous voudrions allonger la chaîne et
rétrécir les anneaux. (Addison.) Ici se ferme
le premier anneau de cette longue chaîne dont
l'ordre social est formé. (J.-J, Eouss.)_2es
vices forment une chaîne dont le premier an-
neau est l'égoïsme. (De Ségur.) L'attention est
captivée, en voyant les anneaux par gui se
touchent tant d'hommes inconnus les uns aux
autres. (Chateaub.) Le curé meurt, et il a
servi «"anneau à une chaîne immense de foi et
de vertu. (Lamart.) En pensant qu'elle allait
bientôt se trouver seule dans le monde, Eugé-
nie se 'tint, pour ainsi dire, plus près de son
père, et serra plus fortement ce dernier an-
neau d'affection. (Balz.)
— Anneau conjugal ou de mariage, chez les
catholiques, Anneau d'or ou ci'argcnt que le
prêtre Bénit, dans la cérémonie du mariage,
et que le mari passe ensuite au doigt de sa
femme. C'est un symbole de l'union qui doit
rogner entre les deux époux. On le nomme
aussi alliance : Quelques commentateurs ont
fait remonter à Moïse l'usage de /'anneau de
mariage. Les anneaux de .maiîiage s' ouvrent
ordinairement en deux parties, et, à l'inté-
rieur, se trouvent gravés les noms des deux
épouse, ainsi que la date de leur union.
C'est un serpent doré qu'un anneau conjugal.
A. de Musset. v
Il Anneau épiscopal ou pastoral, Anneau d'or
orné d'une pierre précieuse non gravée, que
les prélats catholiques portent au doigt, et
qu'ils donnent à baiser dans certaines céré-
monies. C'est l'emblème de leur alliance avec
l'Eglise. Il Anneau du pêcheur, Anneau qui
porte l'image de saint Pierre, péchant dans
une barque, et dont se sert la chancellerie
romaine pour sceller les brefs du pape et les
bulles apostoliques:
Par Vanneau du pèchnur autorisant ses lois,
Au rang de ses enfants l'Eglise met les rois.
L. Racine. __
Il Anneau, de la mort, Nom que l'on donne en
Italie, particulièrement à Venise, à une sorte
de bague dont on faisait usage à l'époque où
les empoisonnements y étaient, si fréquents.
A l'intérieur de cette bague se trouvaient
fixés deux petites griffes du plus pur acier
et garnies de poches renfermant un poison
subtil. Dans une assemblée, au milieu d'un
bal , le porteur de cet anneau fatal, s'il vou-
lait exercer sa vengeance contre quelqu'un,
lui serrait la main de façon à exercer sur les
grifTes une pression assez forte pour lui faire
une légère piqûre. Cela suffisait, et on était
sûr do trouver la victime morto le lende-
main.
— Anneau de virginité, de chasteté, de fidé-
lité, appelé aussi Anneau de Venise, parce
que c'est- dans cette ville qu'on on faisait
principalement usage, ou enfin Anneau d'in-
fibutation (V. ce dernier mo/), Nom donné à
un anneau dont on faisait .usage pour empê-
cher le rapprochement d/is sexes, du com-
battre un penchant à _«âes jouissances pré-
maturées : .
envers leurs viar^
server là voix/à" leurs chanteurs, la vigueur
à leurs danseurs, à leurs histrions et même
a leurs gladiateurs. En Italie et en Espagne,
on fait encore usage de ceintures ayant h
peu près/ la même destination. En partant
pour layeroisado , les chevaliers du moyen
âge usaient également de ceintures ou de ca-
denas dïis de fidélité, pour arriver à un même
ANN
but. Le musée do Cluny, à Paris, offre aux
visiteurs un curieux spécimen de ces sortes
d'appareils. On s'en est servi de tout temps
avec les animaux dans les pays d'élève, où
les pouliches vont au pâturage avec les mâles.
On traverse les lèvres de la vulve avec trois
anneaux placés à une certaine distance les
uns des autres, ou bien on se sert de 'fils de
laiton retenus, en 'dehors de chaque lèvre, par
une plaque de métal ; cela se nomme boucler,
et l'opération prend elle-même le nom de
bouctement. ( V. Boucler et Bouclement. )
Mais il peut résulter de graves inconvénients
par suite des tentatives d'accouplement faites
par les étalons.
— Proverbialem. :
c'est-à-dire, ne fais pas d'alliance trop iné-
gale , ou , ne t'impose point d'assujettisse-
ment trop dur.
— Zool. Pièces qui forment, par leur ré-
union, la partie extérieure du corps de cer-
tains animaux que, pour cette raison, on a
nommés annelés : Dans les insectes parfaits ,
les anneaux sont nettement séparés en trois'
groupes, constituant une tête, un-thorax et un
abdomen. (Blanchard.) Les anneaux qui se
remarquent au plus haut degré dam certains
insectes, ne sont guère apparents dans les crus-
tacés-, et encore moins dans les arachnides.
(Fbcillon.)
— Bot. Rebord plus ou moins saillant qui
garnit l'orifice de l'urne dans '— —
— Hortic. Greffe en anneau, Application,
sur un sujet en pleine sève, d'une portion
d'écorce plus ou moins grande, de longueur
différente, garnie d'un œil ou gemme.
— Anat. Ouverture à peu près circulaire,
que présentent les muscles ou les aponévro-
ses, pour le passage de quelque vaisseau:
Anneau ombilical, inguinal, etc.
— Mach. à vap. Portion de métal fusible à
un degré do température que l'on ne doit
pas dépasser, et qui se place ordinairement
sous la soupape de sûreté d'une machine à
vapeur, h Mar. Bague, boucle, cercle de buis
ou de fer, ou cordage employé à divers usa-
ges à bord, il Anneau de brague, Ouverture
circulaire pratiquée entre le bouton et la cu-
lasse, et destinée à recevoir la brague ou
corde de manœuvre, dans les pièces de bord.
— Mathém. Dessin qui figure un anneau,
ou, en général, espace compris entre deux
circonférences concentriques : L'aire d'un .
Anneau plan est égale à la différence des car-
rés des rayons, multipliée par le rapport du
diamètre à la circonférence.
— Phys. Anneaux colorés, Nom donné à
des colorations , généralement très-vives ,
que présentent tous les corps diaphanes, so-
lides, liquides ou gazeux, lorsqu'ils sont ré-
duits en lames suffisamment minces : Newton
a donné des anneaux colorés une explication
ingénieuse. 11 Anneaux de Nobili, Anneaux qui
se produisent à l'aide de fortes décharges
électriques, et remarqués pour la première
fois par Priestley et Nobili.
— Astron. Anneau de Saturne, Corps de
forme annulaire, qui entoure la planète Sa-
turne : Huyghens découvrit Panneau de Sa-
turne, et en calcula les apparences. (Volt.)
H Anneau solaire ou horaire, Espèce de cadran
portatif, il Anneau astronomique , Instrument
pour mesurer la hauteur du soleil et de la lune.
— Métrol. Cercle do 1,949 met. de circonfé-
rence, qui servait autrefois à Paris à la me-
sure des bois. L'anneau valait un tiers de la
voie.
— Monnaie. Cercle de métal qui servait de
monnaie chez les Gaulois et les Scandinaves,
ce qui avait introduit chez eux cette locution
proverbiale : Etre sans anneaux, pour dire
N'avoir pas d'argent.
— Mag. Anneaux magiques, Anneaux aux-
quels on attribuait des propriétés merveil-
leuseSj et qui jouent un grand rôle dans
l'histoire et la littérature des Orientaux.
— Blas. Cercle tantôt uni, tantôt garni de
pierres précieuses, dont on meuble les écus.
— Encycl. Hist. Les mots annulus et anellus,
qui nous ont donné celui à'anheau , sont les
diminutifs de l'ancien mot latin anus ou annus,
cercle. Ces cercles paraissent avoir été dans
l'origine un signe de servitude et de lien,
comme le prouve la fable de Jupiter imposant
à Prométhée l'obligation de porter au doigt
un anneau de métal, pour lui rappeler qu il
l'avait enchaîné sur le Caucase: ils devinrent
dans la suite un des ornements des deux sexes
les plus usités et les plus variés. Tout prouve
l'antiquité des anneaux. « Leur apparition, dit
l'Encyclopédie nouvelle, marque le moment où
les hommes parviennent à se rendre maîtres
des métaux, et il semble que ce soit une satis-
faction bien permise à leur vanité que da
s'attacher ainsi d'une manière permanente les
fruits de leur précieuse conquête. Les anneaux
étaient en usage chez les Hébreux; il est
question dans leur histoire des bagues et des
boucles d'oreilles dont ils se dépouillèrent pour
les fondre et en former l« veau d'or. Les Hé-
breux avaient probablement emprunté cet
ornement des Egyptiens : on conserve au musée
du Louvre des anneaux qui remontent au temps
dos vieilles dynasties égyptiennes.
ANN
En Grèce et a Rome, nous trouvons égale-
ment l'usage dus anneaux dès la plus hante
antiquité. Les Grecs les appelaient dactylioi
{ornements des doigts). Les Romains donnaient
aux anneaux ordinaires les noms de annulus,
. anellus, condalium (ce dernier mot dérive de
kondulos, lequel désigr
tions des phalanges de;
gulus s'appliquait à eev
l'origine près de l'ong
première phalange; le
une pierre gravée, dont on se servait comme
d'un cachet, prenaient le nom de symbolus'
(signe) ou à'annulus sigillarius [anneau sigil-
laire). Vanneau à cachet était employé, chez
les Grecs et les Romains , pour sceller les
écrits, les contrats, tous les objets qui devaient
être exactement fermés, tels que coffres, bou-
teilles, bourses, etc., môme l'entrée des mai-
sons et l'appartement des femmes. Cet emploi
de Vanneau, qui en faisait le signe de la person-
nalité, de la propriété, de l'autorité, témoigne
d'un grand progrès social. On s'explique, par
l'importance du cachet, pourquoi le prêt d un
anneau équivalut en certains cas à la déléga-
tion du pouvoir : la Genèse nous apprend que
le roi d'Egypte voulant accorder plein pouvoir
à Joseph, lui passa au doigt son anneau royal.
En mourant, Alexandre le Grand remit son
anneau à Perdiccas, indiquant par ià qu'il lui
confiait le gouvernement. En général, on fai-
sait graver sur son -anneau ou un animal sym-
bolique, ou la tête d'un grand homme, ou ceile
d'un dieu, ou un événement dont on' tirait
vanité :Pompée avaitsur son anneau un/.Iion,
César une tête de Vénus, Auguste iuri sphinx
ou une tête d'Alexandre j Sylia fit représenter
sur le sien Bocchus lui livrant Jugurtha.
La manière de porter les anneaux à beau-
coup varié : les Hébreux en ornaient leur main
droite; les Romains, leur main gauche; les
Grecs plaçaient l'anneau à l'annulaire, ou qua-
trième doigt de la main gauche ; les Gaulois,
au médius. Le fer fut dans l'origine la seule
matière employée à la confection des anneaux;
les triomphateurs mêmes n'avaient primiti-
vement au doigt qu'une bague de fer. Plus
tard, on jugea nécessairo d'accorder des an--
neaux d'or aux ambassadeurs et à ceux qui
.avaient rendu de grands services à l'Etat.
Cette innovation finit par s'étendre aux séna-
teurs et aux chevaliers. Ces derniers portaient
Vanneau au Quatrième doigt. Sous l'empire,
le luxe multiplia les anneaux : il 3' en eut pour
chaque doigt, même pour chaque phalange ;
on en chargea les doigts des pieds comme ceux
des mains ; tout le monde en porta a sa fan-
taisie et sans souci des vieux règlements qui
avaient déterminé la matière pour chaque
rang de la société. On les surchargeait de
pierreries , et l'on alla jusqu'à modifier leur
poids suivant les saisons : de là les dénomina-
tions d'anneau semestriel et d'anneau d'été, em-
ployées par les satiriques. Il en est venu
jusqu'à nous qui pèsent près d'une once, et
paraissent être par conséquentde vrais anneaux
Les statues antiques nous offrent souvent
la représentation d anneaux aux bras et aux
jambes. Cet ornement ainsi placé était parti-
culièrement affecté aux esclaves, aux gladia-
teurs et aux femmes. Chez les premiers, il se
plaçaitau bas de la jambe, etétait accompagné
d'une lourde chaîne; signe de l'esclavage. Les
gladiateurs le mettaient au bras, et l'on sup-
pose que c'était pour donner à leurs muscles
plus de force et plus de roideur. Chez les
femmes', les bracelets étaient un pur objet
d'ornement; elles en mettaient deux d'ordi-
naire, l'un au milieu de l'avant-bras,et l'autre
au poignet.
Vanneau figure au nombre des ornements
les plus recherchés des peuples sauvages. Les
indigènes de l'Afrique, de l'Amérique et des
îles de la mer du Sua, s'en mettent au nez, aux
oreilles, aux lèvres, aux orteils, aux chevilles,
partout où ils peuvent. Ils y voient une dé-
monstration de richesse et de puissance. C'est
ainsi qu'ils se distinguent, qu ils se classent,
qu'ils s'élèvent, qu'ils sortent de la nature,
qu'ils se séparent des animaux. C'est par l'abus
des anneaux et par le tatouage, c'est-à-dire
par le laid, que l'art a commencé dans l'es-
pèce humaine.
— Anneau de mariage. Chez les anciens,
dans la cérémonie des fiançailles, l'homme
donnait à sa future un anneau, usage qui s'est
perpétué jusqu'à nos jours. Nous donnons le
nom d'avance à cet anneau de mariage, qui
ordinairement s'ouvre et se dédouble en deux
parties sur lesquelles on grave les noms des
époux et la date de leur union. Dans l'origine,
l'anneau de mariage était de fer, avec chaton
d'aimant, pour symboliser l'attraction que les
époux exercent l'un sur l'autre. Il se porte au
quatrième doigt de la main gauche, parce que,
suivant une ancienne superstition, ce doigt est
en rapport direct avec le cœur.
— Anneaux mystérieux. Les premiers chré-
tiens portaient- un anneau sur lequel les deux
lettres grecques Xl> (cr) étaient gravées en
monogramme signifiant Christus redemptor
(le Christ rédempteur). C'était un signe de
reconnaissance entre eux dans les temps de
persécution, où ils ne pouvaient se réunir que
secrètement.
ANN
403
„ -, La fable
avait donné à Gygôs, roi de Lydie, un anneau
avec lequel il pouvait se rendre invisible. Les
anneaux magiques et constellés jouent un
i grand rôle au moyen âge. Les grimoires et les
! livres cabalistiques en mentionnaient un grand
nombre que les esprits crédules s'acharnaient
en vain a trouver. On distinguait en ce genre
Vanneau du voyageur, avec lequel on pouvait
parcourir de grandes distances sans en éprou-
ver aucune fatigue, mais surtout Vanneau ou
sceau de Salomon, considéré par les astrologues
comme le talisman par excellence. Il parait
que c'est dans le chaton de cet anneau que Sa-
lomon avait vu tout ce qu'il désirait savoir.
« Les recherches pour se le procurer ayant
toujours été infructueuses, il n'est pas éton-
nant, dit VEncyclopédie nouvelle, que les des-
criptions en aient été fort diverses. Les uns
disent qu'il portait l'empreinte du nom sacré
■de Dieu, d'autres veulent qu'il représentât
deux triangles croisés l'un sur l'autre. Quoi
qu'il en soit, ses vertus étaient admirables; il
avait entre autres celle de rendre invisible la
personne qui le portait, et de lui conférer tout
pouvoir sur la nature. »
; — Astron. On désignait jadis sous les
noms d'anneau astronomique , horaire, so-
laire, universel, différentes sortes de gnomons
portatifs, ayant des dispositions plus ou moins
compliquées. Un de ces instruments étant sus-
pendu immobile au soleil, un rayon lumineux,
hlant par une mince ouverture, tombe sur un
anneau divisé en parties représentant les heu-
res , et indique , par son incidence même ,
l'heure qu'il est a ce moment-là. La montre a
remplacé l' anneau-cadran, et l'a relégué dans
les cabinets de vieilles curiosités.
— Anneau de Saturne. V. Saturne.
— Phys. Anneaux colorés. Quand la lu-
mière tombe sur une laine assez mince (lames
de mica, de verre, d'acier , lames cristallines
clivées en feuillets ténus , ailes diaphanes
d'insectes, minces couches de vernis, d'huile,
d'éther, bulles de savon, etc.), les* rayons ré-
fléchis présentent des couleurs vives et chan-
feaiites, dont l'éclat dépend de l'épaisseur et
e la nature de la lame. Si celle-ci est inco-
lore, une partie de la lumière incidente passe
au travers , est transmise . et produit aussi
des couleurs, mais moins vives que celles des
rayons réfléchis.. Les lois de ces curieux phé-
nomènes, connus sous le nom d'anneaitr colo-
rés, ont été pour la première fois exposées par
Newton. Pour les rendre évidents, on appli-
que la face courbe d'un — :
roir plan-convexe sur
glace bien plane, et l'or
çoit normalement aux faces I
planes un filet de lumière I
simple. La réflexion de cette I
lumière fait voir d'une ma- I
nière très-nette des anneaux I
concentriques disposés au- i
tour d'une tache centrale, et *
alternativement brillants"et obscurs (flg. 1).
Si l'on se sert de lumière blanche, les amieatix
sont irisés comme des arcs-en-ciel. La lame
mince , .nécessaire à la production du phé-
nomène, est ici le fluide interposé entre la
glace et le miroir, ou môme le vide, « car, dit
M. Pouillet, une lame mince de vide donne
des couleurs comme les lames des différents
corps. » Les diamètres des anneaux et la cou-
leur de la tache centrale dépendent de la dis-
tance des deux verres superposés. On appelle
anneau de premier ordre celui qui entoure la
tache centrale quand elle est noire, et que les
verres se touchent: anneau de dt'-uxième ordre,
celui qui entoure le premier, etc.. Voici les
lois de Newton relatives aux anneaux colorés
vus par réflexion : 1° Dans chaque substance,
les couleurs changent avec l'épaisseur de la
lame et avec l'obliquité sous laquelle on la re-
garde. Elles disparaissent quand la lame est
trop mince ou trop épaisse, et quand l'obliquité
est trop grande ; 2° Dans les différentes cou-
leurs simples, les anneaux du même ordre ont
des diamètres d'autant plus grands que les
couleurs qui les forment sont moins réfrangi-
bles; 30 Vans deux lames de substances diffé-
rentes, tes épaisseurs qui correspondent aux
anneaux du même ordre , produits avec la
même lumière, sont entre elles en raison in-
verse des indices de réfraction de ces substan-
ces ; 4" Les carrés des diamètres des anneaux
brillants sont entre eux comme la série des
nombres impairs 1, 3, 5, 7... tandis que tes car-
rés des diamètres des anneaux obscurs sont en-
tre eux comme'la série des nombres pairs, 0, î,
4, 6... : cette dernière loi peut se formuler en
fonction des épaisseurs de la lame mince em-
ployée ; elle s'énonce alors : Dans une lame
mince quelconque, les épaisseurs correspondant
aux anneaux brillants des différents ordres
sont entre elles comme la série des nombres
impairs 1, 3, 5, 7..., tandis que les épaisseurs
correspondant aux anneaux obscurs sont entre
elles comme la série des nombres pairs 0, 2, 4,
6... Ces lois ont permis à Newton d'évaluer
des épaisseurs que leur petitesse rend maté-
riellement inappréciables. Nous avons dit que
les anneaux formés par transmission sont beau-
coup plus faibles que ceux qui sont vus par
réflexion ; seulement, dans cesanneaux, l'épais-
seur de la lame qui paraît noire par -réflexion
est celle qui se trouve colorée par transmission,
etutee versa. Les anneaux transmis suivent les
mêmes lois que les anneaux réfléchis ; mais,
en chaque point d'une lame mince, la teinte
transmise est complémentaire de la teinte
réfléchie, c'est-à-dire que, par leur combinai-
son , elles formeraient une teinte blanche.
Newton s'est efforcé d'expliquer les phénoniè-
— colorés à l'aide d'une théorie
404
ANN-
célèbre dans l'ancienne physique, sous le nôhl
de théorie des accès, aujourd'hui complètement
• abandonnée, mais qui montre « combien il est
difficile de généraliser ou même d'exprimer
des faits sans y rien mêler d'hypothétique, et
qui montre aussi qu'un système peut conduire
a des résultats importants ou à des rappro-
chements heureux, même quand il est faux ou
incomplet. » (Pouillet.)
Young a, le premier, fait voir que la forma-
tion des anneaux réfléchis est due aux interfé-
rences des rayons réfléchis à la première et à
la seconde surface de la lame mince ; et que la
formation des anneaux transmis résulte de
l'interférence des rayons transmis directement
avec ceux qui ne l'ont été qu'après deux ré- .
flexions consécutives dans la lame mince ; et
qu'ainsi ils doivent être , conformément à
1 expérience, complémentaires des anneaux
réfléchis. Si l'on fait tomber normalement un
rayon de soleil sur un miroir sphérique con-
cave en verre étamé, dont la surface anté-
rieure a été dépolie ou ternie, on obtient, réflé-
chis sur un écran, une série d'anneaux irisés,
qui présentent, quant à leurs diamètres, la loi
suivante, formulée par Newton et confirmée
par MM. Biot et Pouillet : Les carrés des dia-
mètres suivent, pour les anneaux brillants, la
série paire 0, 2, i, 6..., et, pour les anneaux
obscurs, la série impaire l, 3, 5, 7... Ces an-
neaux, <jui cette fois paraissent sur des lames
épaisses, sont produits par la combinaison des
rayons réfléchis à la seconde surface du miroir
avec les rayons diffus renvoyés par la pre-
mière surface dont on a terni l'éclat. La pro-
duction des anneaux colorés dans les lames
minces donne lieu- à des phénomènes de
lumière polarisée, dont l'explication complète
exigerait des calculs assez compliqués. Les
lames mince} cristallisées observées à travers
deux cristaux, dont l'un sert de polarisateur
et l'autre de polariscope, donnent aussi lieu à
des anneaux colorés, qui présentent des par-
ticularités singulières , mais fort diverses ,
selon le nombre d'axes optiques de la lame.
Nous nous bornons à donner la représentation
Fip. 2. Anneaux colorés dans les cristaux
Mentionnons
la théorie des
vision que tout le monde a pu
Quand on regarde la flamme d'
peu d'instants après s'être éveillé, on la voit
entourée d'anneaux irisés. Ces anneaux sont
dus aux interférences produites par les mem-
branes diverses et les substances dont l'œil
est, composé.
La théorie des anneaux colorés, clairement
développée par Young et Fresnel , confirme
de tout point le système des ondulations
lumineuses.
— Anneaux produits par l'électricité. Les
anneaux colorés dus h l'électricité sont de deux
espèces, ceux qui sont produits par l'électricité
statique, et ceux qui proviennent de l'électri-
cité dynamique. Les premiers sont dits anneaux
de Priesiley, et les seconds, anneaux de Nobili,
du nom des savants qui les observèrent les
premiers.
Priestley, en faisant passer des décharges
électriques dans une plaque métallique, vit se
produire sur cette plaque des anneaux concen-
triques colorés. Ces anneaux étaient formés
de points brillants et de petites cavités pré-
sentant des indices de fusion, et les intervalles
qui les séparaient étaient recouverts d'une
poussière noire non adhérente. Les anneaux
de Priestley s'expliquent par l'action calori-
fique de l'électricité. Les métaux les plus fusi-
bles donnent généralement le plus grand nom-
bre à'anneaux avec la même décharge.
Les anneaux de Nobili sont dus à l'action
chimique de la pile sur telle ou telle dissolution
saline dont est recouverte une plaque métal-
lique. Us s'obtiennent en promenant sur cette
plaque l'extrémité d'un rhéophore. Formés '
ANN
par un dépôt d'oxyde ou de métal, quand la
plaque communique avec le pôle négatif, ils
reconnaissent pour cause, quand elle est en
rapport avec le pôle positif, une altération de
la surface par les acides. Ils sont souvent al-
ternativement clairs et foncés. Quand on em-
ploie une dissolution d'acétate de plomb, ils
présentent les couleurs de l'arc-en-ciel. Un
frand nombre d'expériences ont été faites avec
es dissolutions de divers sels, ou de substances
animales et végétales. Les matières organiques
donnent généralement les plus belles couleurs.
Nobili avait donné aux anneaux qui portent
son nom celui d'apparences électro-chimiques.
— Mag. Les propriétés merveilleuses que
l'on attribue à certains anneaux, dits magi-
ques, paraissent évidemment provenir de tra-
ditions d'origine orientale. Dès les temps
les plus reculés, nous voyons en effet les an-
neaux jouer un rôle important dans l'histoire
fabuleuse et primitive des peuples sémitiques,
et l'on peut affirmer sans trop de présomption
que toutes ces histoires de bagues merveilleu-
ses que nous ont transmises les Grecs et les
Romains ont été empruntées par eux aux
peuples orientaux, et appliquées à des faits
qui leur étaient propres. Quelquefois même,
comme dans l'histoire de Vanneau de Gygès, la
légende grecque" a respecté la nationalité du
héros asiatique. On sait que le talisman tout
puissant au moyen duquel le grand Salomon
accomplissait les prodigieux miracles que lui
attribuent les musulmans était un anneau, un
cachet, un khatim, comme disent les Arabes.
Ce khatim , sur lequel était gravé le grand
nom de Dieu, était composé moitié de fer,
moitié de cuivre. C'est avec la partie en fer
que Salomon scellait les ordres qu'il donnait
aux génies rebelles, et avec la partie en cui-
vre qu'il scellait les ordres.donnés aux bons
génies. A propos de cet anneau, il existe une
légende qui rappelle singulièrement celle de
Polycrate. Un jour Salomon étant au bain,
et avant ôté l'anneau de son doigt, il lui fut
dérooé par un esprit malin qui le jeta dans la
mer. Pendant quarante jours Salomon ne put
monter sur son trône. Mais un poisson ayant
avalé l'anneau, et ayant été pris dans un filet,
le précieux talisman fut rendu au fils de Da-
vid. Les conteurs arabes ont repris plusieurs
fois en sous-œuvre ce thème ingénieux, et il
y a même dans les Mille et une Nuits une
histoire (hikaïat Abi sir ou Abi kir) qui
rappelle , avec des coïncidences de détails
furt curieuses, l'accident arrivé au tyran de
Samos. Aujourd'hui encore, la confection des
anneaux magiques tient une place importante
dans les pratiques superstitieuses des Arabes,
et il y a une science tout entière (ilm elkha-
watim) qui est basée sur l'usage des anneaux
magiques. Il existe même un traité complet
s.ir cette science, intitulé : Kitab Assakathat.
— AUUS. littér. Annenu do Didon, allusion
à l'anneau que la légende prête à Didon, et
que cette princesse conservait comme le sym-
bole de la fidélité jurée à la mémoire de son
époux Sichée. Dans le tableau où le peintre
Guérin représente Enée racontant ses mal--
heurs à Didon, Cupidon, sous les traits du
jeune Ascagne, se tient auprès de la reine,
qui lui entoure le cou de son bras gauche.
L'amour pénètre peu à peu dans le cœur de
Didon à mesure que le héros troyen fait le
récit de la ruine d'Ilion, et ses yeux, d'une
langueur et d'une volupté indéfinissables, font
pressentir le moment où Sichée sera tout à
fait oublié. C'est cette transition d'un amour
qui s'éteint à un amour qui s'éveille que l'ar-
tiste a éloquemment rendue, en montrant les
efforts que fait le jeune Ascagne pour déta-
Dans l'application, l'anneau de Didon dési-
gne un affaiblissement dans le culte du sou-
venir, au profit d'une passion nouvelle :
« Un homme peut appartenir à une pre-
mière femme par le souvenir, et à une se-
conde par une douce communauté d'existence;
une femme ne parait point née pour un tel
partage. Lorsqu'elle se remarie, et il en est
peu qui ne se dévouent a de secondes noces,
l'anneau du premier hymen, qu'elle répudie, en
emporte les dernières traces ; c'est l'anneau
de Didon, auquel s'attachait la mémoire de
Sichée. • Eug. Roch.
— Allus. bist. Anneau de Gygès. Gygès
était un simple berger de Lydie devenu roi,
selon la légende (70S-670 av. J.-C). Un jour,
ayant vu la terre s'fentr'ouvrir, il descendit
dans cette ouverture et aperçut, entre autres
merveilles, un cheval de bronze entièrement
creux, qui avait des portes à ses flancs. Les
ayant ouvertes, il vit un cadavre de grandeur
plus qu'humaine, qui avait au doigt un anneau
d'or. Cet anneau, dès qu'on en avait tourné
le chaton en dedans de la main, avait le pou-
voir de rendre invisibles ceux qui le por-
taient. Gygès s'empara de ce précieux talis-
man et se rendit à la cour du roi Candaule,
où son anneau devint pour lui la source d'une
brillante fortune ; il ne tarda pas à devenir
favori et premier ministre.
Les circonstances ne sont pas rares où l'on
désirerait avoir au doigt l'anneau de Gygès :
quel est celui qui n'a pas été placé dans quel-
ques-unes de ces circonstances critiques, qui
font souhaiter, comme on dit vulgairement,
«d'être a cent pieds sous terre? « D'autres
fois, que ne donuerait-on pas pour se trouver, |
ANN
invisible, en certains lieux où se débattent
nos intérêts les plus chers et notre destinée ?
De là l'application fréquente que l'on fait de
l'anneau de Gygès, en littérature et dans la
conversation.
M. Alphonse Karr a voulu voir dans l'an-
neau de Gygès une allégorie, qu'il explique à
sa manière dans cette boutade poétique :
Celui qui met Gygès, son anneau merveilleux ,
Au nombre des récits faux et des contes bleus,
(Je le Bais maintenant) et se trompe et divague.
Des exemples frappants ont dessillé mes yeux.
Si vous êtes méchant, stupide, laid et vieux, •
Mettez à votre index, un beau soir, une bague,
: diamant paraît et de ses feux éclaire
is charmes ignorés, vos modestes vertus
lus étiez bête et laid, mais vous ne l'êtes
tes n'importe quoi, les femmes applaudi:
plus!
« Où êtes-vous, monsieur Marat? Adam ,
où es-tu? Quand Dieu appelait ainsi Adam, il
se moquait de notre premier père, car Dieu,
qui voit tout, ne pouvait ignorer où était
'Adam. Pour ,moi, j'ignore où est l'ami du
peuple. Il ne se passe point de jour qu'on ne
me demande de ses nouvelles. Je commence à
croire qu'il possède l'anneau de Gygès; il faut
qu'il soit bien sûr de mettre en défaut tous
les espions de l'ancienne police et tous les
observateurs de la nouvelle. »
C. Desmoulins.
« Qu'eût-il donc pensé, craint et redouté, ce
prudent Germain, si, le jour où, d'après son
calcul, il devait voir arriver Othbert à Ins-
pruck, il eût pu, muni pour vin moment du
miraculeux anneau de Gygès, se trouver trans-
porté à Venise, et reconnaître son protégé
appuyé sur le balcon de marbre du palais
Bastiglia, au milieu des douces pénombres
d'une soirée italienne?... »
Jules Lecomte.
» Les voleurs me prirent mes cent écus.
J'espérais sauver le solitaire que je portais
au doigt, et je l'avais tourné en dedans. Mal-
heureusement il n'avait pas la vertu de l'an-
neau de Gygès. On vit mon pauvre solitaire et
on me le prit. » Alex. Dumas.
« Pour faire un recueil d'observations cu-
rieuses sur la poésie, il faudrait, à l'aide de
■Vanneau de Gygès , pénétrer dans ces arrière-
boutiques de confiseurs où se confectionnent
les innocentes devises, les quatrains sucrés,
les madrigaux candides , destinés à servir
d'enveloppes aux pralines ; dans l'échoppe de
ces écrivains incompris, qui rédigent au ra-
, bais des distiques ou des tercets galants pour
les fabricants de mirlitonsN
Victor Fournel.
« Franz passa une partie de la nuit à rêver
et à désirer Je lendemain. En effet, le tende-
main tout devait s'éclaircir; et cette fois, à
moins que son hôte de Monte-Cristo ne pos-
sédât l'anneau de Gygès, et, grâce à cet an-
neau, la faculté de se rendre invisible, il était
évident qu'il ne lui échapperait pas. »
Alex. Dumas.
— Allus. hist. Annenu de Polycrole. Poly-
crate, tyran de Samos (536-523 av. J.-C),
jouissait depuis plus de quarante années
d'une prospérité inouïe, qu'aucun revers n'a-
vait encore troublée. Il suffisait qu'il entre-
prît une guerre, la victoire le suivait de près ;
il n'avait qu'à vouloir les choses les plus diffi-
ciles, elles se faisaient comme d'elles-mêmes.
Ses richesses immenses se multipliaient cha-
que jour ; tous ses ennemis étaient à ses
pieds. Amasis, roi d'Egypte, son allié, s'in-
quiéta pour lui d'un bonheur trop constant
pour ne"pas présager quelque infortune écla-
tante. Frappé de cette crainte , Polycrate
résolut d'interrompre lui-même le cours de
ses prospérités par une perte volontaire. It-
tira de son doigt son anneau, qui était d'un
très-grand prix et orné d'une riche émeraude
gravée par le célèbre Théodore de Samos, et
le jeta du haut d'une tour dans la
rant par cette perte «"«i- ••♦:■>*'•>:♦
site de subir, au moius une mis en sa vie, îes
rigueurs de la Fortune. Mais c'était un aveu-
glement causé par sa prospérité : les maux
qu'on choisit et qu'on se fait soi-même ne
sont plus des maux ; nous ne sommes affligés
que par les peines forcées et imprévues qui
nous frappent. Polycrate ne savait pas que le
vrai moyen de prévenir la Fortune était de se
détacher, par sagesse et par modération, de
tous les biens fragiles qu'elle donne. La For-
tune, à laquelle il voulut sacrifier son anneau,
n'accepta point ce sacrifice , et Polycrate,
maigre lui, parut plus heureux que jamais.
Un poisson avait avalé l'anneau; le poisson
avait été pris, porté chez Polycrate, pré-
paré pour être servi à sa table : et l'anneau,
trouvé par un cuisinier dans le ventre du
poisson, fut rendu au tyran, qui pâlit à la vue
d'une fortune si opiniâtre a le favoriser. Mais
le temps s'approchait où ses prospérités de-
vaient se changer tout à coup en des adver-
sités affreuses. Le grand roi de Perse, Darius,
r satisfait à la n
ANN
flls d'Hystasno, entreprit la guerre contre les
.Grecs : il subjugua bientôt toutes les colonies
grecques de la côte d'Asie et des lies voisines
qui sont dans la mer Egée ; Samos fut prise,
Polycrate fut vaincu ; et Oronte, qui comman-
dait pour le grand roi, ayant fait dresser une
haute croix, y fit attacher le tyran.
C'était une croyance générale , chez les
anciens, que la Fortune était une déesse es-
sentiellement capricieuse, et qu'elle aimait à
faire tomber ses rigueurs sur ceux pour qui
elle n'avait eu longtemps que des sourires.
Parmi les traits nombreux que nous pourrions
citer à ce sujet, nous ne rapporterons que le
suivant : Philippe était absent de Macédoine,
lorsqu'on lui apporta, suivant Plutarque, ces
trois nouvelles à la fois : un fils lui était né ;
Parménion, l'un de ses généraux, avait rem-
porté une grande victoire sur les Illyriens ;
enfin, il avait été couronné aux jeux olympi-
ques. Effrayé d'un si prodigieux bonheur :
« Grand Jupiter 1 s'écria-t-il, envoie-moi au
plus tôt quelque légère disgrâce. •
Vanneau de Polycrate est devenu pour les
écrivains une mine féconde d'ingénieuses
allusions :
« Bien , ma fille , reprit la marquise. Tu
viens de te dessaisir, en faveur de ta cousine,
d'une propriété magnifique et d'une valeur
considérable : c'est un sacrifice que tu as cru
devoir faire a ton bonheur ; maintenant, voila
une affaire finie, tu as jeté à la mer ton anneau
de Polycrate. Sois tranquille, aucun poisson
ne te le rapportera, » Kératry.
« Telle est notre confiance dans l'instabilité
de la Fortune, que la prospérité démesurée
de nos ennemis nous réjouit comme le signal
de leur chute prochaine. Nous aimons à leur
dire : « Il est temps, Polycrate, de jeter ton
anneau dans la mer, » assurés que nous som-
mes qu'ils n'éviteront pas la croix. »
Prévost-Paràdol.
« Quiconque est heureux ou le parait doit
être sans cesse à genoux pour en demander
pardon. Je ne vois guère que cette considé-
ration qui ait pu porter un homme aussi
irascible que Beaumarchais à ne pas relever
les insultes de Mirabeau. Il crut devoir faire
à l'envie le sacrifice d'un outrage, comme le
tyran de Samos, faisant à la Fortune le sacri-
fice de son plus beau diamant. »
« Je n'ai jamais su si j'étais superstitieux,
le temps m'a manqué pour faire cette étude ;
mais la simple logique me conduit à penser
que cette chance inouïe qui me protège ne
peut pas durer éternellement. Mon bonheur
m'épouvante, et parfois il me prend envie de
faire à la mauvaise fortune quelque sacrifice
volontaire, comme le tyran de Samos. Mais tu
verras que cet argent rentrera dans ma caisse
comme un poisson rapporta la bague. »
Amédée Acuard.
« Le ciel fut constamment pur, le vent bon,
la mer brillante. Des vivres frais, des gre-
nades excellentes, du vin de Chypre, du café de
la meilleure qualité, nous tenaient dans l'a-
bondance et la joie. L'excès de ma prospérité
aurait dû me causer des alarmes ; mais, quand
j'aurais eu Vanneau de Polycrate, je me serais
bien gardé de le jeter à la mer, à cause du
maudit esturgeon. » Chateaubriand.
Anneau de Mariette (l') , Opéra-Comique
en un acte, paroles de Laurencin et Cormon,
musique de Gautier, représenté sur le théâtre
de Versailles, le 25 novembre 18-»5.
Anneau delà Fiancée (l'), Opéra-comique
en trois actesj paroles de Brisset, musique de
Blangini, représenté sur le théâtre des Nou-
veautés, le 28 juin 1828.
ANNEAU (Jeu de l'), jeu des gens du peu-
ple, en Russie. Il consiste à lancer un gros
clou de fer, armé d'une large tête, de manière
qu'il se fiche en terre , dans l'intérieur d'un
petit anneau de même métal. Ce jeu demande
une main très-exercée et un coup d'œil d'une
extrême justesse. On le joue de différentes
manières; mais, en général, le gagnant est
celui qui a rencontré l'anneau un nombre de
xiste e
i jeu
analogue. Seulement ici, c'est un stylet qu'il
faut planter dans un rond tracé à la craie ou
autrement sur une porte, il Dans ces dernières
années , deux jongleurs chinois , venus en
France, excitèrent 'vivement la curiosité pu-
blique par un jeu àspeu près analogue, mais
bien autrement dramatique. L'un des Chinois
se plaçait immobile et ^debout contre un pan-
neau de bois, traçant une\sorte de cercle avec
les lignes extérieures de s'a tête. Alors le jon-
gleur, placé à une distancè\assez considéra-
ble, lançait douze poignards, contre le pan-
neau, de manière que la tête^ du patient se
trouvait emprisonnée entre les \louze iaines,
et sans avoir été atteinte. Beaucisup de per-
sonnes ont pensé qu'une jonglerie tirés-adroite
se cachait sous ce prétendu tour dfe force, il
On connaît en France, sous le nom dwjet des
' 'e qui consiste » lancer
planche où des clputeaus
ANN
ouverts sont plantés perpendiculairement.
Chaque couteau entouré par l'un des an-
neaux appartient au joueur. C'est un jeu
que l'on remarque, a toutes nos fêtes publi-
ques, il Jeu d'adresse , ou plutôt de presti-
digitation, dû à l'esprit inventif de M. Robert-
Houdin, et qui consistait à former instanta-
' nément une chaîne au moyen d'anneaux
complètement isolés, et sur chacun desquels
l'œil le plus exercé ne découvrait aucune
solution de continuité.
ANNEBAUD (Claude n'), maréchal de France,
suivit François I" dans ses campagnes, fut
fait prisonnier à Pavie, et administra sage-
ment les finances avec le cardinal de Tournon.
H mourut à La Fère en 1552. il Son ûls, Jean
d'ANNEBAUD, fut tué en 1562, à la bataille de
ANNECY, ch.-l. dudép. de la Haute-Savoie,
sur le lac du même nom ; évêché j à 18 kil.
N.-E. de Chambéry: pop. aggl., 8,606 hab.
— pop. tôt. 10,737 hab. I/arr. a 7 cant. ,
98 comm., 84,986 hab. Saint François de Sales
et le chimiste Berthollet sont nés dans les en-
virons. Cathédrale bâtie vers 1523 ; église
Saint-Dominique, inaugurée en 1445; château,
ancienne résidence des comtes de Genève;
restes du couvent de Sainte-Claire ; bibliothè-
que publique et muséum ; statue de Berthollet.
ANNÉDOTES, nom donné a quatre divinités
chaldéennes : Eudoque, Kneugame, Eneubule,
Aneinonte, moitié homme, moitié poisson, et
qui exerçaient sur les peuples primitifs une
mission civilisatrice.
année s. f. (a-né - du lat. annus, dont le
sens primitif était cercle). 1» Dans le sens le
plus général, Temps d'une révolution com-
plète de la terre dans son orbite autour du
soleil; 2» dans un sens exclusivement scien-
tifique, Période de temps calculée sur le mou-
vement d'un astre : Les peuples anciens avaient
chacun une manière différente de compter les
années, il Période de douze mois, commen-
çant le îer janvier et finissant au 31 dér
cembre : Le commencement de /'année. Le mi-
lieu de /'année. La fin, le bout de /'année.
U année passée. La présente année, //année
prochaine. Les quatre saisons de /'année. Le
la comète, a été remarquable par l'excellence
du vin que les vignes ont produit. Les années
se poussent successivement, comme des flets.
(Boss.) Je prie Dieu qu'il vous renouvelle, à ce
renouvellement (/'année. (Boss.) Les années
paraissent longues, quand elles sont encore loin
de nous; arrivées, elles disparaissent et nous
échappent en un instant. (Mass.) Je deviens un
petit homme bien chargé (/'années, et qui ne
conviendra plus guère dans les jeunes et belles
compagnies. (Coulanges. ) Les années m'ont
tellement mise à la raison, que, si j'en avais
encore beaucoup à passer, je crois que je me
retirerais dans quelque petit désert. (M'"c de
Coulanges.) Cette année et toutes celles de
ma vie sont à vous. (M»'« de Sév.) Un des sou-
haits que je fais au renouvellement de cette
année, c'esr que mes verbiages vous plaisent
autant que les vôtres mesont agréables. (Mme de
Sév.) Elle a quarante ans accomplis, mais les
années ont pour elle moins de douze mois, et
ne la vieillissent pas. (La Bruy.) //année
s'ouvre enfin, les travaux reprennent leur cours.
(P.-L. Cour.) C'est un grand mal pour l'homme
que d'arriver trop tôt au gré de ses désirs, et
de parcourir dans quelques années les illusions
d'une longue vie. (Chateaub.) Les années sont
des degrés qui croulent à mesure qu'on les
monte. (Mme Swetchinc.)
Quelle n
Les jours perdus ne comptaient pas!
Minuit! Vannée expire et Vannée est tfclose,
Une reine nouvelle entre dans l'univers.
M""* Desbordes-Vauiore.
Je vois mes rapides années
S'accumuler derrière moi
Comme le chêne autour de sot
Voit tomber les feuilles fanée»,
Lamartine.
— Poétiq. :
signes divers notre te
Les m
année
— Espace de douze mois, sans égard à l'é-
poque ou il commence et ou il finit : Il y a
bien des années que je ne vous ai vu. Après
une année passée en province, il est revenu à
Paris. Il y a dans Shakspeare des pièces qui
durent plusieurs années. (Volt.) André Ché-
nier succomba dans la trente et unième année
de son âge. (Ste-Beuve.) Savez-vous que j'ai
fini hier ma soixante-neuvième année, et qu'à
l'heure où je vous parle je suis dans ma soixante-
dixième? (Th. Leclercq.)
Des moments les heures 6ont nées,
Et les heures forment des jours,
Et les jours forment des années
Dont le siècle grossit son cours.
Lamartine.
— Espace de temps indéterminé : Malheur
à nous si nous excusons des années de vanité
eu faveur de quelques jours de pénitence.
(Floeh.) Que l'on donne quelques années, si
ANN
l'on veut, à cette première soif de gloire.
(D'Aguess.)
— Se dit aussi : io par rapport à la tempé-
rature : Année chaude, orageuse. Année de
sécheresse. Année froide^ venteuse, pluvieuse.
Il 2<> Par rapport aux récoltes, aux produits
de la terre : Année abondante. Année médio-
cre. Année mauvaise. Année de disette. Une
bonne année répare les dommages de deux
mauvaises. (Volt.) La perfection qu'a de nos
jours obtenue l'organisation du travail permet
de franchir avec un bonheur inespéré les années
les plus calamiteuses. (Cli. Dupin.)
L'eau tarit, l'herbe meurt, et la stérile année
Voit sur son front noirci sa guirlande fanée.
C. Délavions.
Il Revenu, somme qu'on doit recevoir ou
payer par an : L' année de ce rentier ne peut
le faire vivre six mois. Ce fermier doit une
année entière.
— plur. Durée do la vie de l'homme : Ce
sont les vœux que nous faisons pour la prospé-
rité et la longueur de ses années. (Flech.) Le
ciel le combla (/'années paisibles et fortunées.
(J.-B. Rouss.)
J'ai vu mes tristes journées
Décliner vers leur penchant;
J.-B. Rousseau.
Il Ages, diverses époques de la vie :" Jeunes
années, premières années, belles années,
tendres années, dernières années. Il ne perdit
pas ses jeunes années dans la mollesse et la
volupté. (Fléch.) Quoique les dernières années
se traînent tristement, elles paraissent toujours
trop rapides. (La Bruy.)
— Année littéraire, scientifique^ historique,
agricole, musicale, astronomique, etc., Recueils
péripdiques publiés au commencement de
chaque année, qui donnent sur la littérature,
los sciences, l'histoire, l'agriculture, la mu-
sique , l'astronomie, etc. , un tableau exact
de tout ce qui s'est produit dans ces diffé-
rentes branches pendant l'année précédente.
Il Année du chrétien, Recueil d'exercices pieux
appropriés à chaque jour de l'année.
— Bonne année et fam. année, Souhait de
prospérité en usage au commencement de
chaque année : Lettres de bonne année. Com-
pliments de bonne année. N'oublie pas de sou-
haiter la bonne année à maman. Désespérée de
ces lettres de bonne année, il me prend envie
de souhaiter toute sorte de guignon à ceux à
qui j'écris, pour varier un peu la phrase. (Mme
de Simiane.)
— Année scolaire, Temps qui s'écoule de-
puis l'ouverture des classes jusqu'aux va-
cances, pour les établissements d'instruction
publique : On reconnaît qu'une année scolaire
a été Sien remplie, lorsque les prix sont parta-
gés entre un grand nombre d'élèves. R Année
judiciaire, Temps pendant lequel les tribu-
naux sont ouverts : // année judiciaire com-
mence le 1" novembre et finit le 31 août, il
Année ecclésiastique, Temps qui s'écoule
depuis le premier dimanche de l'avent jus-
quau même jour de l'année suivante : //an-
née ecclésiastique peut être, de quelques
jours, un peu plus longue ou un peu plus
courte que l'année civile. Il Année théâtrale,
Temps qui s'écoule depuis la réouverture des
théâtres (le jour de Pâques) jusqu'à leur
clôture, qui avait lieu autrefois le dimanche
des Rameaux. Aujourd'hui les théâtres ne res-
tent plus guère fermés que le vendredi saint.
— Dans l'anc. méd. Année médicale, Année
considérée. sous le rapport de la santé, et qui,
selon Hippocrate, commençait à l'équinoxe
'du printemps.
— Année juh
. ïr Jules Ces; ,
365 jours, 6 heures, ce qui lui donnait, sur
l'année solaire, une avance de u m., 12 s. — .
100
Cette année moyenne s'obtenait en interca-
lant une année bissextile sur quatre. H Année
grégorienne, Année moyenne introduite"" par
le pape Grégoire XIII, et dont là durée est de
365 jours 2425, ce qui réduit la différence de
l'année civile et de l'année solaire à 20, 56 s.
Cette année moyenne s'obtient en suppri-
mant trois années bissextiles sur 400 ans au
calendrier julien. Parmi les années repré-
sentées par un nombre multiple de 100, on
n'a laisse bissextiles que celles qui sont divi-
sibles par 400. U Année russe, Année julienne
conservée par les Russes et différant à la fois
do l'année grégorienne par la durée et par le
point de départ. Il Année républicainej Année
civile adoptée en France sous la première
république. Elle commençait à l'équinoxe
d'automne et se composait de 12 mois de
30 jours, plus 5 ou' 6 jours complémentaires :
L'idée de faire commencer /'année républi-
caine à l'un des passages du soleil dans l'équa-
teur était juste et naturelle. (V. Calendrier
républicain.) Il Année sabbatique, Année qui
revenait après une période de 7 ans, et pen-
dant laquelle les Juifs devaient laisser repo-
ser les terres, comme ils se reposaient eux-
mêmes le jour du sabbat : La septième année
sabbatique ou la quarante-neuvième était par-
ticulièrement solennisée. Il Année émergente,
Première année d'une ère; point de départ
pour compter las années : L année émergente .
des Français a été longtemps celle de la mort
de saint Martin, 401-402 de l'ère chrétienne. Il
Grande année. Suivant les platoniciens, Pé-
ANN
riode après laquelle toutes les planètes de-
vaient se retrouver dans les mêmes positions
relatives. Des calculs modernes ont donné à
que la marche des planètes n'est pas assez"
exactement connue pour qu'un semblable
calcul ait pu se faire sans quelque erreur
dans la durée des révolutions. Année olym-
pique, Année des Grecs, qui équivalait au
quart d'une olympiade : La durée de /'année
olympique est excessivement difficile à. déter-
— Astron. Année solaire, ou tropique, ou
<7sZr0Jï0TOtçue,Tempsque met laterre à accom-
plir sa révolution autour du soleil, ou que
met le soleil à accomplir une révolution sur
l'écliptique , dans son mouvement apparent
autour de la terre. Il Année lunaire, Espace de
temps qui comprend un certain nombre de
mois lunaires, généralement douze; mais los
mois lunaires étant de deux sortes, il y a aussi
deux espèces d'années lunaires : 10 Année lu-
naire synodique, Année composée de douze
mois lunaires synodiques, c'est-à-dire de douze
lunaisons. : Après dix-neuf ans, /'année lu-
naire (synodique) et rannée solaire recom-
mencent ensemble. (Arago.) 20 Année lunaire
sidérale, Année do 12 mois lunaires sidé-
raux. Le mois lunaire sidéral est le temps
employé par la lune à reprendre la même
position par rapport aux étoiles. 11 Année
lunaire embolismique, Année de 13 mois lu-
naires synodiques, qu'on intercale six fois
dans une période do 10 ans, pour obtenir une
année lunaire moyenne se rapprochant do la
durée de l'année solaire. Il Année lunaire com-
mune, Année lunaire de 12 mois. Se dit par
opposition à l'année lunaire embolismique. 11
Année sidérale, Temps que met la terre à
reprendre sa position par rapport au soleil et
aux étoiles fixes : L'écart entre l'année solaire
vraie et /'année sidérale est de 20 m., 20, 3 s.
Il est produit jpar le phénomène de la préces-
sion des équtnoxes. Il Année anomalistique ,
Temps que met la terre à revenir à la mémo
apside, c'est-à-dire à la même extrémité du
grand axe' de son crbite : Le déplacement
progressif du grand axe de l'orbite terrestre
produit, entre l'année solaire et /'année ano-
malistique, un écart de 25, 12 m. 11 Année fau-
tive, Année de 12 mois de 30 jours adoptée
d'abord par les Grecs, il Année civile, Espace
de 365 jours, formant l'année telle qu'on la
considère dans Jes rapports de la vie, abstrac-
tion faite des fractions astronomiques : on la
nomme ainsi par opposition à l'année solaire
ou astronomique. Il Année commune, Année do
365 jours, par opposition à année bissextile, if
Année bissextile, Année de 366 jours : Dans
les années bissextiles, le mois de février a
29 jours, ti Année vague, Année de 365 jours,
ainsi appelée parce qu'elle déplaçait rapide-
ment les saisons par son écart de près de
6 heures avec l'année solaire : /.'année vague,
se composant de 365 jours, supposait déjà des
observations assez délicates, à une époque qui
manquait de moyens précis pour les faire. Il
Année mixte, Année lunaire corrigée par des
intorcatations de mois ou de jours, de façon
à obtenir une année moyenne plus ou moins
conforme à l'année solaire. Il Année planétaire.
Durée de la révolution d'une pianote. On dit
dans ce sens : Année do Mercure, de Vénus,
de Saturne, etc. La durée des années plané-
taires est indépendante, en ce sens, du mou-
vement propre de la terre.
— Année' d'exercice, ou quelquefois année,
Année pendant laquelle un fonctionnaire a le
droit ou 'l'obligation d'exercer à son tour :
Je pourrais entreprendre ce voyage, si je ne
voyais arriver mon année d'exercice. Mon
année est là; nous parlerons après de nous
amuser, La tête tourna au duc d'Aumonl, qui
se mêla de toutes ces fêtes, au lieu du duc de
Beauvilliers, qui était en année. (St-Sim.)
— Année de deuil, Année pendant laquelle
il est d'usage de porter des vêtements de
deuil : Cette dame n'attend, pour se remarier,
que la fin de son. année de deuil;
— Année de probation , Année pendant
laquelle on éprouve la vocation d'un religieux
ou d'une religieuse : Cette personne ne pourra
atteindre la fin de son année de. probation.
— Année moyenne ou commune , Evaluation
moyenne du. produit ou des récoltes d'une
année, en faisant compensation des mau-
vaises années avec les bonnes : En fait de
céréales, /'année moyenne est en France à
peine suffisante pour l'alimentation du pays.
— Année sainte ou année chrétienne, Année
pendant laquelle on ouvre à Rome le grand
jubilé : /.'année sainte, qui n'arrivait que tous
les 100 ans, se reproduit aujourd'hui tous les
25 ans. Il Années éternelles, L'éternité : Je n'ai
plus rien à faire en ce monde qu'à méditer les
années éternelles. (Rancé.) Si je sais qu'il
n'y a plus qu'un petit nombre de jours pour
moi, je sais aussi qu'il y a des années éter-
nelles. (Fléch.)
— Astrol. Année climatérique, Annéo fatale
qui arrivait 'tous les sept ans, et pendant
laquelle on courait los plus grands dangers;
on redoutait surtout la 9e année climaté-
rique ou la 63c de l'âge de l'individu, qu'on
appelait grande climatérique : La croyance à
/"année climatérique est due à Pythagore.
(De Pontée.)
— D'année en année, loc. aàv. Successive-
ment, insensiblement.
ANN
405
— Encycl. Astron. L'année est l'anneau, le
circuit du temps, suivant Macrobc. Suivant
les astronomes, c'est la durée complète d'une
révolution du soleil ou de plusieurs révolutions
de la lune autour de la terre. De là de*ux sortes
d'années : l'année solaire, produite par le mou-
vement du soleil, et l'année lunaire, engendrée
par le mouvement de la lune. Les différentes
espèces d'années lunaires ont été suffisamment
expliquées plus haut ; occupons - nous donc
surtout de 1 année solaire , qui a été la plus
généralement adoptée. 11 y a trois manières
de la déterminer, d'où résultent trois sortes
d'années solaires :
lo année anomalistique. L'ellipse solaire,
sans quitter son plan , tourne avec lenteur
comme une roue, de façon qu'un point quel-
conque de cette courbe se meut dans le même
sens que le soleil d'environ 11". Lors donc que
le soleil part d'un point de son ellipse apparente,
il lui faut, pour revenir au même point, plus de
temps que si ce point n'avait pas bougé; il
faut plus qu'une révolution complète. Llnter-
valle de temps qui s'écoule entre deux pas-
sages consécutifs du soleil en un même point
de son orbite constitue l'aimée anomalistique,
qui est de 365 jours 6 heures 13 m. 58 s., 6.
20 Année sidérale. On sait que les équi-
noxes ne sont pas des points iixes dans le
ciel. Si l'on considère, par exemple, celui du
printemps, on reconnaît qu'il a un m"" "»■"->"*
■il n'a point
n. Si donc on .
observe deux coïncidences consécutives du
centre du soleil avec une même étoile fixe
située sur l'écliptique, l'intervalle de temps
compris entre ces deux coïncidences constitue
Vannée sidérale, dont la durée est de 365 jours
6 heures 9 m. 11 s., 5.
30 Année tropique ou équinoxiale. Si l'on
observe deux coïncidences consécutives du
centre du soleil avec l'équinoxe du prin-
temps, l'intervalle de temps compris entre ces
deux coïncidences constitue l'année tropique
ou équinoxiale. En vertu du mouvement de
nutation des points équinoxiaux, leur rétro-
gradation est tantôt accélérée, tantôt retar-
dée, ce qui fait varier la longueur de l'anne'e
tropique. On évalue donc seulement sa durée
moyenne ; elle est de 365 jours 5 heures 18 m.
Quelle que soit l'année que l'on emploie,
il en résulte pour les usages civils un même
inconvénient, savoir que le dernier jour d'une
année est en même temps le premier de l'année
suivante, puisqu'il appartient pour environ
i à la première, et pour - à la seconde. Il
serait donc difficile de préciser la date d'un
événement survenu ce jour-là. De là la néces-
sité et l'origine de l'année civile, formée d'un
nombre de jours arbitraire, rapproché du
nombre de ceux do Vannée astronomique. 11 im-
porte que les différentes phases de l'iuinéc civile
concordent avec les variations climatériques
temps à l'heure où le soleil passe à l'équinoxe
d'automne. Or, comme Vannée tropique est
l'intervalle de temps compris entre deux prin-
temps consécutifs, c'est elle qui marque natu-
rellement l'époque de chaque saison, et c'est
avec elle que Vannée civile doit, autant que
possible, se mettre d'accord.
Les Egyptiens firent leur année civile do
365 jours exacts, la terminant ainsi 6 heures
avant que le soleil eût achevé siv révolution.
Au bout de 1,4G0 ans, leur retard était do
1,460 fois 6 heures, soit juste une année de
365 jours, en sorte que chaque 1461* année
commençait, sauf quelques légères différences'
provenant des minutes mises en trop, au point
où le soleil s'était trouvé lors du commence-
ment delà première. La concordance revenait
ainsi d'elle-même entre l'année civile et l'année
astronomique.
L'année civile des Romains, établie par ïlo-
mulus, perfectionnée par Nuina et bouleversée
par les pontifes chargés de la maintenir en con-
cordance avec le soleil, fut enfin réformée par
Jules César. Il fut établi que, sur quatre an-
nées consécutives, les trois premières seraient
de 365 jours exacts, et la quatrième de 366,
ce qui revenait à faire des années moyennes
de 365 jours 6 heures. Le jour complémentaire
introduit dans la quatrième année par la ré-
forme julienne fut intercalé, entre le 23° et le
24e jour de février; et, comme le 24c jour
s'appelait sexto-calendas, le jour intercalaire
fut désigné sous le nom de bis sexto-calendas,
d'où le nom d'année bissextile est resté à
celles qui comptent 306 jours. Pour ramener
le commencement du printemps au moment do
l'équinoxe, César dut augmenter l'année cou-
rante (45c av. J.-C.) de 85 jours, ce qui fit
donner à cette année le nom d'année de confy-
L'Eglise adopta l'année julienne pour les be-
soins civils , mais en la compliquant d'une
année lunaire pour la détermination des fêtes
religieuses. Or, d'une part, l'année julienne
étant un peu trop longue, et, d'autre part, la
concordance entre le mouvement du soleil et
celui de la lune n'ayant été que très-insuffi-
' établie, on vit peu a peu le calen-
drier ecclésiastique
406
ANN
une autre. C'est ce qui porta, en 15S2, le pape
Grégoire XIII à tenter une nouvelle réforme
qui, sous Je nom de réforme grégorienne, est
restée définitive. A cette époque, par suite de
l'excès de l'année julienne sur l'année tropique,
les équinoxes arrivaient 10 jours plus tôt que
le calendrier ne les attendait. Pour faire dis-
paraître cette avance de 10 jours , Gré-
goire XIII abrégea l'année 1582 de 10 jours,
qu'il supprima au mois d'octobre, en sautant
du 4 octobre au 15. Puis il décida que les
années bissextiles tomberaient tous les 4 ans
comme dans le calendrier julien, mais que sur
4 années séculaires consécutives, il y en aurait
trois communes et seulement une bissextile.
Par exemple,.les années 1700, 1800, 1900, qui
seraient bissextiles dans le calendrier julien,
sont communes dans le nôtre , tandis que l'an
2000 reste bissextile. De cette façon, une pé-
riode de 400 années grégoriennes est plus
courte de 3 jours qu'une période de 400 années
juliennes. La valeur moyenne de l'année civile
se trouve par la ramenée à 365 jours 5 heures
49 m. 12 s., valeur tellement peu différente
de l'année tropique, qu'il faudra plus de 4000
ans pour produire une discordance d'un jour
entre les retours de leurs équinoxes. Mainte-
nant, a quel caractère reconnaît-on les années
séculaires bissextiles? Sur i années séculaires"
consécutives, il y en a nécessairement une,
et une seule, dont les centaines prises isolé-
ment constituent un nombre divisible par 4.
C'est celle-là qui est bissextile. Ainsi, les
années 1200, 1000, 2000, 2400... sont bissex-
tiles, parce que les nombres 12, 16, 20, 24...
sont exactement divisibles par 4. Les Russes
sont le seul peuple de l'Europe qui ait con-
servé l'année julienne, laquelle est aujour-
d'hui de 12 jours en avance sur la nôtre. Lors
donc qu'ils comptent le 1er janvier, nous
comptons le 13 , ce qui , dans les corres -
pondances internationales, s'énonce ainsi :
1/13 janvier.
Vannée des Grecs était fort compliquée,
parce qu'elle était à la fois lunaire et solaire.
L'intervalle de temps écoulé entre deux nou-
velles lunes est de 29 jours 12 heures 44 m.
2 s., 8, et s'appelle lunaison. En négligeant
les fractions d'heure, les Grecs établirent une
série de 12 mois ayant alternativement 29 et
30 jours, ce qui fit une année de 35'4 jours,
Mais, pour ramener l'accord entre le mouve-
ment du soleil et celui de la lune, chaque pé-
riode de 19 ans comprenait 7 années dites
embolismiques, qui avaient 13 mois. De cette
façon, chaque 20" année commençait à la néo-
ménie qui suit le solstice d'été.
L'année civile des musulmans est purement
lunaire, c'est-à-dire composée de 12 mois
ayant alternativement 29 et 30 jours. Mais
chaque fois que l'année doit finir un jour avant
la nouvelle lune, on lui donne 355 jours, ce
qui fait que sur 30 ans il y en a 11 qui comp-
tent 1 jour de plus que les autres. Aussi
30 années musulmanes valent à très-peu près
30 fois 12 lunaisons.
Quel jour convient -il d'adopter pour le
1" de l'an? Le gouvernement républicain de
1792 est le seul qui ait fait à cette question
une réponse rationnelle, en décrétant que l'an-
née commencerait le jour où le soleil fran-
chit le point équinoxial d'automne, et ce jour,
qui se trouvait être le 22 septembre 1792, fut
appelé : 1er vendémiaire de l'an I de la Répu-
blique. Vannée comptait 12 mois de 30 jours
chacun, plus 5 ou 6 jours complémentaires,
selon qu'elle étaitcommune ou bissextile. On lui
a reproché les nouvelles dénominations qu'elle
donna aux mois et aux jours; mais son crime
capital était d'être émanée d'un gouvernement
républicain. En 1806, un décret du sénat réta-
blit l'année grégorienne, qui commençait au 1er
janvier. Quel que soit le jour adopté pour l'ou-
verture de Vannée, il importe qu'entre le 1" de
l'an et l'époque équinoxiale suivante le nombre
de jours écoulés soit constant. Romulus avait
fait commencer l'année au 1" mars ; Numa et
César au 1er janvier. En France, le 1" de l'an
était, sous Charlemagne, fixé au 1er mars. Dès
le xne siècle, il fut, grâce à l'influence de l'E-
glise, transporté à Pâques ou plutôt au sa-
medi saint; a l'instant qui suit la bénédiction du
cierge pascal. Mais la détermination du jour de
Pâques ayant été mal faite, il arriva maintes
fois que le nombre de jours compris entre
deux pâques consécutives subit des variations
smbarrassantes. Ainsi, par exemple, le jour
'Je Pâques étant tombé, en 1347, le 1« avril,
5t en 1348 le 20 avril, l'année comprise entre
ces deux époques se trouva avoir 12 mois et
20 jours, surplus dont on se débarrassa en
attribuant 48 heures aux 20 premiers jours de
l'an 1348. C'est Charles IX qui restitua au
l« janvier l'honneur d'ouvrir l'année (1564),
malgré l'opposition du parlement. Les Anglais
gardèrent la division julienne jusqu'en 1752.
Les Juifs commencent encore l'année à Pâques,
„ pourvu que ce ne soit ni un dimanche, ni un
nercredi, ni un vendredi ; aussi ont-ils, comme
'Eglise du moyen âge, des années de longueurs.
brt différentes.
Année vague. On appelle ainsi celle qui,
n'admettant pas d'intercalations, ne concorde
pas avec le mouvement du soleil, et dont le
de 365 jours chez les Egyptien
ANN
la période de temps encore a venir que les
planètes (et alors il n'y en avait que sept) em-
ploient à revenir aux mêmes positions rela-
tives, positions qui, au dire des Chaldéens,
doivent être représentées par une ligne droite.
Selon quelques philosophes, la grande année
ramènera le même ordre de phénomènes mo-
raux, physiques, politiques, militaires, etc.,
de sorte que l'histoire d'une seule grande an-
née sera celle de toutes les grandes années.
Selon d'autres, elle inondera la terre de toutes
les calamités imaginables. Quelle en sera la
durée? c'est ce que ni Platon, ni Cicéron, ni
Sénèque, ni Plutarque, n'osèrent déterminer.
Le vieil Hésiode affirme sagement que Dieu
seul peut la connaître. V. "" "
— Byn. Année, an. V. AN.
Année littéraire (i/), feuille de critique
fondée par Fréron, et qui est resté célèbre
par son hostilité contre les philosophes du
xvme siècle.
Cette feuille commença à paraître en 1749
sous le titre de Lettres sur quelques écrits de
ce temps. En 1754, Fréron l'intitula l'Année lit-
téraire, et la rédigea jusqu'en 1776, c'est-à-
dire jusqu'à sa mort. Fréron fils et ses col-
laborateurs , parmi lesquels il faut surtout
compter Geoffroy, la continuèrent jusqu'en
1790. L'Année littéraire paraissait tous les dix
jours par cahiers de 72 pages, formant 8 vo-
lumes par an. La collection de 1754 à 1790
comprend 292 volumes in-12. Pendant plus de
vingt-huit ans, Fréron lutta seul contre les
encyclopédistes, la plus formidable puissance
littéraire qu'on ait jamais vue, qui avait pour
roi Voltaire, et pour généraux des hommes
tels que d'Alembert, Diderot, Grimm, Mar-
montel, etc. Le but de Fréron, et tout le
monde le savait, c'était, pour ainsi dire, la
démolition de Voltaire 'et des encyclopédistes,
et ce but, il le poursuivit pendant toute sa vie
avec une persévérance, avec une animosité,
mais, il faut bien en convenir aussi, avec un
courage , avec une énergie, dont les annales
de la littérature n'offrent pas d'autre exemple.
Il ne laissait échapper aucune occasion de
montrer que Voltaire était injuste dans ses
critiques, indécent dans ses diatribes, et que
ses ouvrages n'étaient pas tous des chefs-
d'œuvre, il accusait les encyclopédistes d'être
intolérants , égoïstes , pleins de morgue et
vindicatifs ; il leur reprochait de corrompre
le goût par leurs paradoxes , et les mœurs
par des principes qui tendaient au renver-
sement de l'ordre social: de ne respecter
dans leurs écrits ni la religion, ni les lois,
ni le trône , et il semblait annoncer la pro-
chaine révolution. Aussi, il est impossible de
se figurer le torrent d'injures que ses enne-
mis, Voltaire en tête, firent tomber sur lui;
souvent même ils ne craignirent pas, pour
l'accabler, de descendre à des imputations et
à des expédients que l'honneur réprouve aussi
bien que la délicatesse. « La haine de Voltaire
et des encyclopédistes est honteuse, ditM. Ni-
sard. Ils étaient, sans contredit, les plus forts
par le nombre et par le talent, et, toutefois,
tous leurs efforts, toutes leurs intrigues n'a-
vaient qu'un but, celui d'écraser Fréron sous
le poids de la force brutale. On ne voit pas
qu il y en ait un seul qui daigne raisonner avec
lui. Et pourtant ce Fréron, traqué par eux
comme une bête fauve, opposait a toutes les
injures la patience d un Socrate, discutait
avec un admirable sang-froid le mérite litté-
raire des pamphlets ou ils travaillaient à le
déshonorer; et, peu sensible à l'accusation
d'ignorance qu'ils portaient contre lui, il s'at-
tachait à les convaincre qu'en fait de bon
goût, de tenue et de savoir-vivre, il était plus
riche à lui seul, quand il le voulait, que tout
leur bataillon réuni. »
« Vous savez, dit encore avec plus d'énergie
M. Jules Janin, comment s'est exhalée cette
colère de Voltaire, qui n'a jamais eu d'égale...
Tout ce que la haine a de fiel, tout ce que la
rage a de venin, tout ce que la langue des
halles a d'jnsolentes injures,' tout ce que. le
mépris peut imaginer dans ses accès de bruta-
lité, tout ce que des crocheteurs pris de vin,
tout ce que des femmes de la halle brûlées de
soif peuvent trouver dans leur gosier dessé-
ché, d'horribles, de sales et infâmes men-
songes, tout cela a été prodigué et versé à
plein vase sur la tête de Fréron le journaliste, u
Il n'est pas étonnant qu'après un tel flux de
colère et d'invectives, le rédacteur de l'Aimée
littéraire n'ait pas toujours conservé une juste
mesure dans son langage, et qu'il y ait mis
quelquefois l'àcreté que devaient soulever en
lui de semblables attaques. Toutefois, il fau-
drait être aveugle pour ne pas reconnaître les
services qu'il a rendus aux lettres en démas-
quant, en signalant des écrivains médiocres,
des novateurs dangereux, des réputations usur-
pées, en défendant les principes de la saine
littérature, en se montrant l'ennemi du néolo-
gisme, du style emphatique, des dramaturges
qui menaçaient de ramener vers la barbarie
la scène où avaient brillé Corneille, Racine et
Molière, o C'est Fréron, dit encore M. Jules
Janin, qui, le premier, a trouvé la critique
dramatique comme il a trouvé le style de la
critique littéraire. Fréron est le plus habile
analyste de ce monde; son coup d'oeil est
prompt et sûr ; sa parole est rapide et vive ; il
a bientôt trouvé le fort et le faible des ou-
vrages; il est peu facile à éblouir, et jamais
ANN
homme ne s'est mieux tenu eh garde contre
les étincelles du faux bel esprit et les efforts
grandioses du mauvais goût. • •
Après cette justice rendue à Fréron, au
critique éminent qui sut presque toujours
rester digne, et qui garda une certaine me-
sure relative au milieu des polémiques les
S lus passionnées, ajoutons qu'il est difficile
'accepter complètement les deux jugements
portés par MM. Nisard et Jules Janin. L'é-
minent critique, dont la plume est toujours si
contenue, si décente, si sobre, n'est certaine-
ment pas de la famille de Fréron, et il serait
impossible d'établir le moindre degré de pa-
renté entre un feuilleton des Débats et un
article ^le l'Année littéraire. Mais M. Jules
•Janin est un critique; il a pris la place de
Geoffroy , qui était lui-même l'héritier direct
de Fréron. M. J. Janin plaide donc ici pro
domo sua, et, à ce titre, son jugement ne sau-
rait être accepté sans quelque restriction.
Quant à M. Nisard, ancien voltairien, aujour-
d'hui légèrement converti, sa colère doit nous
être un tant soit peu suspecte.
Fréron, et c'est là seulement qu'il faut cher-
cher la raison de cette sorte de mésestime qui
s'est attachée à son nom ; Fréron vivait à une
époque de rénovation qu'il ne comprit pas, et
ses adversaires , qui avaient à renverser des
montagnes d'erreurs et de préjugés accumulés
par dix siècles d'injustices et d'hypocrisie, ont
pu manquer plus d une fois de mesure envers
les pygmées qui osaient se placer en travers
de leur œuvre de transformation sociale. En
un mot, les encyclopédistes, violents, agressifs
jusqu'à l'invective, se donnaient tort par la
manière dont ils avaient raison, et Fréron,
toujours retenu et mesuré dans l'erreur, se
donnait raison par la manière dont il avait
tort.
Voici deux petites anecdotes qui prouvent
que Voltaire savait apprécier Fréron au' be-
soin. Un soir que le patriarche soupait à Fer-
ney, entouré de ses satellites, un bruyant coup
de sonnette retentit à la grille. « Que feriez-
vous, lui demanda quelqu'un, si c'était Fréron 1
— Ce que je ferais? répliqua Voltaire rouge
de colère... Puis, se radoucissant tout à coup :
Je l'inviterais à souper en face de moi, à cette
table, et je lui ferais préparer le meilleur lit
du château. • Un autre jour, un Allemand de
distinction, qui Se rendait à Paris pour la pre-
mière fois, et qui s'était arrêté à Ferney ,
demandait au philosophe de lui indiquer quel-
qu'un qui pût lui donner une idée exacte de la
littérature de l'époque. Voltaire réfléchit un
instant : « Ma foi, dit-il, tout bien pesé, je ne
connais que ce coquin de Fréron. »
En 1800, on tenta de ressusciter la feuille
célèbre de Fréron ; mais il n'a paru de cette
continuation que quarante-cinq numéros.
Depuis 1859, une nouvelle Année littéraire,
rédigée avec beaucoup de talent et de goût
par M. Vapereau, paraît, à la fin de chaque
année, sous la forme d'un volume in-18. Dans
cette publication, à laquelle préside un esprit
beaucoup moins agressif (les circonstances
d'ailleurs sont loin d'être les mêmes que du
temps de Fréron), l'auteur passe en revue les
diverses productions littéraires écloses dans
le cours de l'année, et accorde à l'analyse de
chacune l'étendue que lui mérite son impor-
jn hâte, en beaux cheveux annulés, chantaient
au piano. (Chateaub.)
Qu'on voie aussi sur votre oreille
Vos beaux cheveux bien annelés.
D'un fin ruban entortillés.
il Se disait particulièrem. des cuirasses faites
de mailles ou d'anneaux.
— Hist. nat. Se dit des parties de plantes
qui ont un anneau au collet ; de certains
reptiles et de certains insectes, dont le corps
présente des raies circulaires [d'une couleur
différente de celle des parties voisines : Les
pattes de cette aranéide sont fortes, annulées
de noir et de brun. (Walken.) Sa queue, pa-
reille à un gros serpent rougeâtre annexé d'é-
bène, tantôt se collait à ses flancs, tantôt les
battait par un mouvement lent et continu. (E.
Sue.)
— Archit. Colonne anncléc, Colonne qui est
coupée par des espèces d'anneaux.
— s. f. Erpét. Nom d'une couleuvre de la
Caroline et de Saint-Domingue.
— s. m. pi. Zool. Syn. de articulés.
ANNELER v. a. ou tr. (a-no-lé — rad. an-
neau ; double la consonne l devant une muet:
fannelle; nous annelons). En parlant des che-
veux, Disposer, tourner en anneaux, en
boucles : Cette femme annelle élégamment ses
cheveux.
— Econ. rur. Anneler une jument, Lui passer
un anneau dans la vulve, pour l'empêcher
d'être saillie. Il Anneler un porc, Lui passer
un anneau dans lo groin, pour qu'il ne puisse
S'anneler, v. pr. Etre annelé ; être disposé
en anneaux.
ANNELET, s. m. (a-ne-lè — diminut. du
v. fr. annel, anneau). Petit anneau.
• .— Archit. Petits filets ou listels qui ornent,
en nombre variable, les chapiteaux d'ordre
ANN
dorique : On compte trois annelets aux cha-
piteaux doriques du théâtre de Marcellus.
(Millin.)
— Blas. Petits anneaux qui ornent un grand
nombre d'écus : De gueules, à trois ai
— Manuf. Petits anneaux on matière dure
destinés à préserver les fils contre les effets
du frottement.
ANNÉLIDAIRE adj. (ann-né-li-dè-re — rad.
annélides). Zool. Qui ressemble à une annélide.
— s. m. pi. Nom donné à un groupe d'hel-
minthes ou vers intestinaux, qui ressemblent
aux annélides; tels sont les planaires, les
douves, les ténias, etc.
ANNÉLIDES s. m. pi. (ann-né-li-de— du lat.
annellus, anneau). Zool. Classe d'animaux
articulés, longtemps confondus avec les vers,
et caractérisés surtout par la couleur rouge
de leur sang et par leur système nerveux,
formé, comme celui des insectes, d'un double
cordon noueux : Les annélides sont les seuls
de tous les animaux sans vertèbres qui aient le
sang rouge. (L. Rouss.) il On dit aussi au sin-
gulier un annélide. quand on veut désigner
un individu appartenant à cette classe.
— Gramm. L'Académie , ainsi que la plu-
part des auteurs, donne au mot annélides lo
genre masculin. Cependant quelques natura-
listes le font féminin, sans doute par une
simple raison de finale. Nous donnons la pré-
férence au masculin.
— Encycl. Les annélides sont des 'animaux
articulés, à' corps plus ou moins mou, presque
toujours divisé en un très-grand nombre d'an-
neaux ou segments, ordinairement long, étroit
et de couleurs très-variées. Plusieurs espèces,
telles que les sangsues, sont privée- J" ~'"~
e les lombrics ou vers de terre,
ont, des poils ou crochets pour tout organe
locomoteur ; d'autres enfin, comme les néréides
et les serpules, ont de véritables pieds, dont
la structure est très-compliquée. Le système
nerveux des annélides ne diffère pas essen-
tiellement de celui des insectes et des autres
articulés. Leur sang est rouge, et leur respi-
ration s'opère tantôt par des branchies, tantôt
par des espèces de poches pulmonaires, situées
sur les deux côtés du corps. Les annélides sont
généralement carnassiers. Ils paraissent aussi
être tous hermaphrodites, et pour la plupart
Les mœurs de ces animaux sont peu con-
nues et paraissent peu variées. Ils vivent,
tantôt enfoncés dans la terre humide, comme
les lombrics; tantôt dans les eaux douces,
comme les sangsues, ou salées, comme les
néréides ou les amphitrites. Plusieurs espèces
sont sédentaires, et se logent dans les cavités
des pierres, des madrépores ou des coquilles,
qu'elles perforent, ou dans des tuyaux formés
de molécules calcaires ou siliceuses. D'autres
sont errantes et vagabondes, nagent très-bien
à l'aide de leurs pieds, et se défendent contre
leurs ennemis au moyen de poils acérés qui
couvrent leur corps ou leurs pattes, tandis que
les espèces sédentaires sont timides, et ne
savent ni fuir ni se défendre lorsqu'on les
retire de leur demeure.
C'est à Lamarck que l'on doit l'introduction
dans la zoologie du mot annélide; voici com-
ment il enexplique la formation : « M. Cuvier
nous ayant fait connaître les faits d'organisa-
tion qui concernent les sangsues, les né-
réides, etc., assigna à ces animaux le nom de
vers à sang rouge; mais, reconnaissantla néces-
sité de' les écarter considérablement des vers
et de leur assigner un rang plus élevé qu'aux
insectes, j'en formai tout de suite une classe
particulière que je plaçai après les crustacés,
et à laquelle je donnai le nom d'annélides. »
On a proposé diverses classifications pour
les annélides. Cuvier, se basant sur'Ies organes
de la respiration, répartit ces articulés en trois
ordres : les tubicoles, à branchies en forme de
panaches ou d'arbuscules, fixées sur la tête,
ou à la partie antérieure du corps (ex. : am-
phitrite) ; les dorsibranches , à branchies en
forme d'arbuscules ou de lames fixées sur la
partie moyenne du corps, ou tout le long des
côtés (ex. néréide) ; les abranches, dépourvues
de branchies apparentes (ex. sangsue).
En observant l'ensemble des caractères et des
mœurs des annélides, MM. Audouin et Milne-
Edwards ont établi une classification plus na- ■
turelle. Ils divisent cette classe en quatre
ordres : 1° les annélides errants, ayant des
appendices respiratoires très - développés et
fixés en général à tous les anneaux du corps ;
des pieds saillants, armés de soies; une tète,
une trompe et des mâchoires distinctes; ces
espèces ne sont presque jamais sédentaires;
ex. les néréides; 2° les tubicoles, ayant des
appendices respiratoires sur plusieurs de leurs
anneaux antérieurs; des pieds distincts, mais
peu ou point saillants ; pas de tête, de trompe
ou de mâchoires ; essentiellement sédentaires,
ces espèces vivent presque toujours dans l'in-
térieur de tubes solides que leur organisation
les condamne à ne point.quitter; ex. :jes ser-
pules ; 3° les terricoles , dépourvus d'appen-
dices respiratoires, de tête distincte, de trompe,
de mâchoires, de pieds, et ayant seulement
quelques soies pour s'aider dans leurs mouve-
ments; ces espèces, chez lesquelles la dégra-
dation de tous les organes destinés à la vie de
relation est poussée au dernier degré, vivent
toujours df " r
ANN
d'appendices respiratoires, de tète distincte,
de pieds et même de soies , mais ayant des
yeux, des mâchoires et une cavité préhensile,
en forme de ventouse, à chaque extrémité du'
corps; ces espèces mènent une vie errante, et
peuvent être considérées comme parasites, car
elles se nourrissent aux dépens d'autres ani-
maux vivants; ex. les sangsues.
La classe des annëlides, telle que l'ont éta-
blie et définie MM. Paul Gervais et Van
Beneden, ne répond pas complètement aux
annëlides de Guvier, de Lamarck et de la plu-
part des naturalistes ; elle forme une des quatre
classes du type vers, et se divise en trois
ordres : chêtopodes , géphyriens et tomopté-
rides; les sangsues et autres hirudinées n'en
font pas partie.
Les applications des annëlides sont assez
bornées : on connaît l'usage et l'utilité des
sangsues ; les lombrics, ainsi que les néréides
et les autres annëlides marins, servent d'appât
pour la pêche. Voir, pour plus de détails, les
différents noms cités dans cet article; voir aussi
les mots ARTICULÉS, VERS, HELM1NTHOLOGIE.
«1er).
-rad. a
ANNEMASSE, ch.-lieu de cant. (Haute-Sa-
■ voie), arrond, de Saint-Julien; pop. aggl. 578
hab. — pop. tôt, 1,124 hab. Sur la route de
Chamouny et à 7 kil. S.-E. de Genève.
•ANNÈSE (Gennaro), chef populaire, un des
successeurs de Masaniello dans le commande-
ment du peuple napolitain révolté contre la
domination espagnole (16-n). C'était un ouvrier
armurier. Il fit proclamer la république, né-
gocia hubilement la protection de la France
et reconnut le duc Henri de Guise comme chef
militaire, pendant que lui-même demeurait
chargé du gouvernement civil. Bientôt cepen-
dant, jaloux de l'autorité que s'arrogeait le
prince lorrain, il traita avec les Espagnols,
leur rouvrit les portes de Naples (6 avril 1648)
et n'en fut pas moins envoyé à l'échafaud par
eus, au mépris de l'amnistie proclamée.
ANNESLEY (Arthur), comte d'Inglesey, écri-
vain anglais, né à Dublin en 1614, mort en
1686. Il changea plusieurs fois de parti pen-
dant la guerre civile, et devint sous la Restau-
ration trésorier de la marine et lord du sceau
privé. Ses Mémoires ont été publiés à Londres
ANNESLIE s. f. (ann-nè-sli — de lord An-
nesly). Bot. Nom donné à deux genres de
plantes : l'un de la famille des théacées, ren-
fermant une seule espèce, originaire du Mar-
taban ; l'autre do la famille des légumineuses,
et syn. du genre inga. il Genre de la famille
des nympheacécs, syn. A'euryale.
ANNÉLIPÈDE adj. (ann-né-li-pè-de — du
lat. annellus, anneau ; pes, pedis, pied). Zool.
Qui a les pattes en anneau.
ANNÉSORHIZE s. f. (a-né-zo-ri-ze — du gr.
annésortj aneth ; rhiza, racine). Bot. Genre
d'ombellifères, voisin des œnanthes, et ren-
fermant une seule espèce, dont la racine a
ulie odeur d'anis, et qui croit au cap de Bonne-
Espérance.
Aun<stie et lubln, comédie de Favart, en un
acte et en vers, mêlée d'ariettes, représentée
pour la première fois en 1762. Cette pièce est
le conte de Marmontel mis en action, auquel
l'auteur a ajouté quelques scènes êpisodiques.
Il y a du sentiment, de la grâce et de la gaieté.
Les noms d'Annette et Lubin sont restés
deux types dans les amours champêtres,
Auuetie et Lubia, opéra-comique en un acte,
paroles de Mme Favart, musique de Delaborde,
représenté le 15 février 1762. .
Auuotto et Lubln (la Suite d'), opéra-co-
mique en un acte, paroles de Favard, musique
de Sadin, représenté au théâtre Feydeau le
10 mars 1791.
A miette et Lubin, opéra-comique en un acte,
paroles de M™« Favart et de Lourdet de San-
terre, musique de Martini, représenté en 1800.
annexant (ann-nè-ksan) part. prés, du
v. Annexer.
ANNEXATION s. f. (ann-nè-ksa-si-on —
rad. annexer). Syn. inusité de annexion, bar-
barisme qui ne figure ici que parce qu'il a
été employé exceptionnellement par quelques
auteurs. /
ANNEXE s.f. (ann-nè-kse — du lat. annexus,
attaché à). Ce qui dépend d'un objet principal,
sans en faire partie essentielle : Les annexes
d'un Etat. Les annexes d'un bâtiment. L'auteur
entend, par le mot de France, le royaume tel
qu'il est aujourd'hui avec ses annexes. (Volt.)
Chez la race brahmanique, la grammaire ap-
paraît comme une annexe des Védas. (Renan.)
il Chapelle, église détachée d'une paroisse
pour la commodité d'un certain nombre d'ha-
bitants, et dont le desservant dépend du curé,
comme un vicaire ordinaire : Les communes
ou sections de communes qui ont obtenu l'érec-
tion d'une annexe ne sont pas dispensées de
concourir aux frais d'entretien de l'église et du
presbytère, et autres dépenses du culte du
chef-lieu de la cure ou succursale. (Belèzo.) Il
Hameau dépendant d'une commune : Deux
jeunes gens du hameau d'Allet, annexe de La
■Broque, nés le même jour, ont été tués le même
jour à Solferino. (Journ.)
— Anat. Organes accessoires dépondant
d'un organe principal : Les paupières, les cils,
ANN
sont tes annexes de l'œil. La pie-mère et l'a-
rachnoïde sont les annexes du cerveau. Les
trompes, les ovaires, les ligaments sont les
annexes de l'utérus. Chaque organe de l'animal
correspond avec une partie quelconque du cer-
veau et de ses annexes, celui-ci se trouve ainsi
comme l'abrégé de tout l'organisme. (Yirey.)
— Jurispr. Pièces jointes à l'appui d'un
rapport, d'un procès-verbal, etc. : j ai égaré
l'une des annexes de mon contrat. (Legouvé.)
Il Ane. jurispr. Droit d'annexé, Droit qui con-
sistait dans l'enregistrement des brefs, bulles,
dispenses, jubilés, indulgences et autres sem-
blables rescrits venant de Rome ou d'Avi-
gnon. Le parlement d'Aix était le seul en
France qui jouît de ce droit.
— Dr. féod. Terres attachées à une sei-
gneurie dont elles ne dépendent pas.
— S'empl. adj, : La péninsule péloponésienne
et la Livadie actuelle, dont le Cithéron et les
villes annexes étaient comme l'ombilic. (Val.
Parisot.} C'est un établissement annexe de
l'arsenal. (Ad. Meyer.)
— Encycl. D'après une circulaire du 11 mars
1809, l'église qui forme une annexe n'a pas de
fabrique ; ses biens sont administrés par quel-
ques habitants que choisit l'évêque ; elle doit
— itribuer aux frais du culte de l'église pa-
trésorier
cepter les donations qu'on lui tait. On ne peut
obtenir l'érection d'une annexe sans mettre
en mouvement toute notre machine adminis-
trative. Ici se révèlent ces exigences de notre
centralisation, qui semblent prendre à tâche
d'arrêter au passage la moindre erreur de
l'initiative individuelle, comme si cette erreur
devait être irréparable. 11 faut produire : une
demande adressée à l'évêque diocésain, avec
indication des motifs, du traitement proposé
pour le prêtre, et des dépenses annuelles ; le
rôle des souscriptions des habitants ; l'inven-
taire des meubles, linge et ornements de l'é-
glise; les délibérations du conseil municipal
de la commune et du conseil de fabrique de la
ANN
407
chaussées constatant la distance entre
l'église paroissiale et la localité oui est en
instance, avec l'état des chemins; l'avis mo-
tivé de l'évêque ; l'avis du préfet en forme
d'arrêté. Le ministre des cultes transmet ce
dossier avec un rapport au Conseil d'Etat, sur
l'avis duquel l'annexe est érigée, s'il y a lieu,
par décret impérial.
ANNEXÉ, ÉE (ann-nè-ksé) part. pass. du
v. Annexer : Le droit de corriger les abus était
annexé à la royauté. ( Boss.) Voyez la note
annexée à cet article. (Fourier.) Deux étuves
destinées au séchage des moules sont annexées
à la fonderie. (Laboulaye.) Un coup d'œil sur
la table généalogique annexée à l'article Ina-
chus, fera saisir les rapports d'Abas avec Da-
naûs son aïeul. (Val. Parisot.) L'employé se leva
pour transmettre au fonctionnaire les pièces
annexées à l'acte de mariage. (Balz.) Un ma-
gnifique potager d'un arpent fut annexé d la
propriété. (Alex. Dum.)
— Versif. Rime annexée, Répétée au com-
mencement du vers suivant, comme dans cet
exemple :
n'apj»rocfte
t placé au com-
Proche i
— Gramm. Précédé de c
mencement d'une phrase,
riable. Au milieu d'une phrase, il est inva-
riable devant un substantif employé sans
article et sans adjectif détorminatif ; il varie
quand le substantif est déterminé ou placé
avant. V. Inclus. .■
— Syn. Annexé, adhérent, attaché. V. ADHÉ-
RENT.
ANNEXER v. a. ou tr. (ann-nè-ksé — du
lat. annexus, part. pass. de annectere, attacher
à). Joindre à un objet principal : Annexer une
nouvelle province à un royaume. Annexer une
terre à une ferme. Annexer une chapelle à une
paroisse. Annexer une pièce à un dossier, un
article à un contrat. Le roi Charles VIII an-
nexa la Provence à la couronne. (Trév.) Il
avait annexé ce droit à sa terre. (Acad.) La
force morale n'empêche plus ^'annexer les
provinces ni de rompre les traités. (L. Veuillot.)
Quant à présent, la combinaison qui annexerait
à la France la Savoie et le comté de Nice ne
saurait avoir d'autre caractère que celui d'une
véritable conquête. (Journ.)
S'annexer, v. pr. Etre annexé, s'ajouter à
un objet principal : Tous les jours de nouveaux
documents viennent s annexer au dossier du
grand procès qui vase juger enEurope. (Journ.)
Il n'est pas sans intérêt de rappeler ce que fu-
rent, dans le passé, les Etats qui viennent de
s'annexer au Piémont. (Journ.)
ANNEXION s. f. (ann-nè-ksi-on — rad. an-
nexer). Action d'annexer: résultat do cette
action : £' annexion d'un État faible à Un Etat
plus puissant, //annexion d'une ferme à une
propriété, //annexion d'une pièce au procès.
Il est hors de doute que V annexion de la Savoie
a une bien autre importance que ^'annexion des
Batignolles, qui a commencé la série des an-
nexions. (L. Ulbach.) L'assemblée a voté à
l'unanimité des voix Tannexion des provinces
parmesanes au Piémont. (Journ.)
— Absol. : La banlieue de Paris se plaint de
subir les charges de f annexion, sans en avoir
les avantages. (T. Delord.) L' annexion violente
est encore un mode de civilisation. (Rev. Germ.)
— L'Académie ne donne pas annexion, bien
qu'elle ait admis annexer, avec des exemples
indiquant les différents usages do ce verbe.
— Encycl. Polit. Le mot annexion, comme
lé remarque M. Maurice Bloch, n'est pas nou-
veau dans la langue politique. Le moyen âge
nous présente souvent l'annexion d'une terre
à un fief, d'un fief à la couronne d'un suzerain.
Parmi les annexions modernes, il suffit de men-
tionner celle de Brème et de Hambourg à
l'Empire français sous Napoléon 1er, celle de
Craeovie à l'Autriche, celle du Texas à l'Union
américaine, les annexions récentes qui ont fait
l'unité italenne, celle de la Savoie à la France.
Depuis la guerre d'Italie (1S59), le mot an-
nexion a pris un sens bien déterminé : il
signifie acquisition d'un territoire, d'un pays ,
avec l'adhésion formellement exprimée des
populations de ce territoire, de ce pays. Ainsi
comprise, l'annexion a été érigée en système ;
elle s'est élevée à la hauteur d'un principe. La
révolution italienne et le second empire fran-,
çais l'ont introduite dans le droit public euro-
péen. Ce n'est pas autre chose que la souverai-
neté du peuple appliquée aux transformations
territoriales des Etats. Elle menace les Etats
secondaires créés par l'arbitraire diploma-
tique en vue, non des peuples, mais des
princes ; elle ouvre l'espérance aux nationalités
partagées, déchirées ; elle apporte une direc-
tion nouvelle" à la politique, une base nou-
velle aux contrats internationaux. Un certain
nombre d'esprits y voient le point de départ
"" grande et féconde révolution, qui doit
V '» •
déterminer le nombre et les limites des Etals
européens d'après les affinités de race, de
langue , et les indications de la géographie
naturelle.
Pour d'autres, l'annexion est la forme que
prend au xixc siècle l'éternel droit de la force,
un rajeunisement du droit de conquête , un
prétexte pour violer les traités, une machine
de guerre aux mains des Etats puissants contre
l'indépendance des petits. V. Nationalités
(principe des).
ANNEXIONNISME OU ANNEXIONISME S.
m. (ann-nè-ksi-o-ni-sme — rad. annexion).
Polit. Théorie moderne, en vertu de laquelle
on prétend devoir réunir les petits Etats aux
plus grands, leurs voisins, sous prétexte d'af-
finité de'langage, d'intérêts, etc.
ANNEXIONNISTE OU ANNEXIONISTE S.
m. ( ann-nè-ksi-o-ni-sto — rad. annexion).
Polit. Partisan de l'annexion : Nous croyons,
une fois de plus, que l'illusion du désir prend
aux yeux des annexionnistes les apparences
pour laréalité. (Journ.) Le parti des annexion-
nistes se/ait un grand auxiliaire de la nota-
tion universelle. (Journ.)
— Adjectivem. Qui regarde les annexion-
nistes, ou l'annexion ; qui veut l'annexion : Le
parti annexionniste, les idées annexionnistes.
Tout Etat est, de sa nature, annexionniste,
( Proudh.) Sur la foi des journaux annexion-
nistes, deux solliciteurs ont déjà demandé, l'un
la préfecture du Mont-Blanc, l'autre la recette
générale des Alpes-Maritimes. (Journ.) La
nomination de ce candidat reste évidemment in-
spirée par la politique Annexionniste. (Journ.)
Le chiffre des votes annexionnistes à Pise, à
Sienne, à Livourne, est dans la proportion de
cent contre un. (Journ.) Ce procès ne servira
probablement qu'à montrer l unanimité de l'o-
pinion annexionniste, (Journ.)
AISNEYRON , commune du dép. de la Drôme,
arrond. de Valence; pop. aggl. 1,138 hab. —
pop. tôt. 3,152 hab. Près de là sont les ruines
du château de Mantaille, où se tint, en 879, ce
concile fameux dans 'lequel on dépouilla les
enfants de Louis le Bègue de la couronne de
Bourgogne pour la donner à Boson.
ANNI, ville ruinée de la Turquie d'Asie, dans
l'Arménie, district de Kars; les murailles, les
tours et les églises sont bien conservées, mais
aucune maison particulière n'est debout; à
distance, la ville ne parait pas être déserte.
Ancien siège des rois d'Arménie depuis le vnie
siècle jusqu'à 1064, et des patriarches armé-
ANNIBAL ou HANN1BAL, général carthagi-
nois et l'un des plus grands capitaines de l'an-
tiquité , né à Carthage l'an 247 av. J.-C. Il
n'avait que neuf ans lorsque, voyant son père
aller au temple pour offrir un sacrifice aux
dieux et leur demander d'être favorables dans
la guerre qu'il allait porter en Espagne, il se
jeta à son cou, et le conjura de le meneravec
lui. Attendri et vaincu par les caresses de son
fils, en qui il voyait déjà un futur héros,
Amilear le prit entre ses bras, et, arrivé dans
le temple, il lui fit jurer au pied des autels une
haine éternelle aux Romains. On va voir com-
ment le vainqueur de Cannes devait tenir son
serment. (V. Serment.) Il se distingua telle-
ment dans cette guerre d'Espagne, qu'à la
mort d'Asdrubal, son beau-frère, l'armée car-
thaginoise l'élut pour son général, quoiqu'il
eût à peine vingt-six ans (521). Carthage ra-
tifia (peut-être à regret) cette élection mili-
taire, et Annibal ne songea plus dès lors qu'à
réaliser la pensée de son père, qui fut aussi la
pensée et 1 œuvre de toute sa vie : la destruc-
tion de la puissance romaine. Son plan, aussi
simple que grandiose et hardi, consistait à
porter la guerre en Italie même et à frapper
Rome à son foyer. Ne voulant rien laisser
d'hostile derrière lui, il se hâte d'écraser les
peupfades espagnoles, et, sans même consulter
sa p'atrie, espérant qu elle ne désavouerait pas
ses victoires , il va mettre le -siège devant
Sagonte (219), ville alliée des Romains, puis
rassemble une armée considérable, barbares
de toutes nations, Africains et Ibériens, fran-
chit les Pyrénées, traverse la Gaule, domptant
les peuples ou les gagnant par des présents,
s'engage audacieusementdans les Alpes, qu'au-
cune armée n'a jamais franchies, escalade à
travers les abîmes et les précipices ces cimes
glacées d'où il montre à ses soldats, pour les
encourager, les riches plaines arrosées par le
Pô (V. Alpes (passage des), et paraît enfin
dans la Gaule cisalpine, après cinq mois de la
marche la plus extraordinaire que nous offre
l'histoire militaire de l'antiquité. 11 avait payé
de la moitié de son armée la seule acquisi-
tion de son champ de bataille ; 26,000 hommes
épuisés lui restaient à peine, tandis que Rome
pouvait lui opposer 800,000 combattants ! Mais
il comptait sur son génie et sur les Gau-
lois cisalpins, ces vieux ennemis de Rome,
qu'il entraîna en effet après quelques combats,
et avec lesquels il gagna ses grandes batailles.
Le consul Scipion l'attendait sur le Tésin : il
l'attaque, et, grâce à sa cavalerie numide,
l'oblige a se replier derrière le Pô , puis
attire l'autre consul, Sempronius, dans les
plaines voisines de la Trébie (218), et lui tue
30,000 hommes, après lui avoir dressé une
de ces embuscades qui lui devinrent si fa-
milières et qui déconcertaient la tactique
régulière des Romains. La Cisalpine était
presque entièrement a lui. L'hiver était à
peine fini qu'il franchit l'Apennin et s'en-
gagea dans les marais de l'Ame- pour pé-
nétrer en Etrurie. Pendant quatre jours et
trois nuits, ses soldats marchèrent dans l'eau
et la vase, enfonçant jusqu'à la ceinture, tan-,
dis que lui-même, monté sur son dernier élé-
phant, perdit un œil par les veilles, les fatigues
et l'humidité des nuits. Mais il avait atteint
son but. Il laissa reposer un moment son armée
dans un pays fertile, trompa ensuite par des
marches simulées le consul Flaminius, l'attira
dans des défilés au bord du lac Trasimène et
gagna sur lui cette sanglante bataille (217)
qui lui ouvrait le chemin de Rome, et pendant
laquelle les deux armées combattirent avec
tant d'acharnement, qu'elles ne ressentirent
pas la commotion- d un tremblement de terre
qui, en ce moment même, renversa des villes,
entr'ouvritdes montagnes et changea le cours
de plusieurs rivières. Pendant que la conster-
nation régnait à Rome et qu'on y nommait
prodictateur le prudent Fabius Maximus, qui
devait, dans cette guerre, mériter le surnom
peut-être ironique de Temporiseur , Annibal
gagna le Picenum et descendit le long de
l'Adriatique jusqu'en Apulie, dévastant tout
sur son passage, mais souvent déconcerté par
la tactique de Fabius, qui se contentait de le
suivre et de le harceler, sans jamais engager
d'action décisive. Cette conduite, habile sans
doute avec, un ennemi aussi redoutable, irritait
l'orgueil militaire des Romains, qui nommèrent
consuls le plébéien T. Varron et Paul-Emile,
avec ordre d'attaquer Annibal. Le rusé Car-
thaginois sut les attirer dans les plaines de
Cannes, où sa redoutable cavalerie numide
pouvait manœuvrer librement, et prit ses dis-
positions avec tant d'art que les Romains
avaient au visage le vent, la poussière et lo
soleil. Il en massacra 60,000, parmi lesquels
80 sénateurs et 6,000 chevaliers (216). Les
. chevaliers
qui périrent dans ce combat. On a longtemps
considéré comme une faute du héros cartha-
ginois de n'avoir pas marché à l'instant sur
Rome, plongée dans le désespoir et l'effroi ; on
a répété à satiété ce mot de Maharbal, un do
ses officiers : « Tu sais vaincre, Annibal, mais tu
ne sais pas profiter de la victoire, u (V. Vaincre.)
Cependant, il a été démontré plus récemment
qu'il avait sagement pensé et agi : affaibli par
ses victoires mêmes, ne recrutant que diffici-
lement son armée, ne recevant aucun secours
de sa patrie, ne possédant dans l'Italie méri-
dionale ni places fortes, ni magasins, ni ports,
il ne pouvait espérer ■ enlever par un coup
d'audace Rome, dont il était d'ailleurs séparé
par plus de quatre-vingts lieues, par des fleu-
ves, des montagnes, des forteresses, des popu-
lations hostiles, et qui était en outre protégée
par son prestige militaire, par de hautes mu-
railles, des fossés profonds, et tout un peuple
en armes prêt à défendre ses foyers avec le
courage du désespoir.
Annibal se dirigea dans la Carapanie, afin de
rprendre Naples, il e:
il passa l'hiver, après a
dans Capoue, <
enlevé quelques
lit aussi que son
armée s'était amollie dans les délices de Capoue
(V. Délices), et n'avait plus été depuis lors
en état de rien accomplir de grand et de dé-
cisif. Le fait ne paraîtra pas invraisemblable,
si l'on considère que c'est là ce qui est arrivé
à toutes les armées de barbares qui ont envahi
l'Italie. Cependant, il ne faut pas oublier non -
plus qu'Annibal et ses bandes redoutables
guerroyèrent encore pendant treize années en
Italie, sans qu'on pût les en chasser, et firent
pâlir au dernier moment les soldats de Scipion
a Zama.
Quoi qu'il en soit, la bataille de Cannes ter-
mina la grande guerre : aucun général romain
n'osa plus depuis camper en plaine en face d*
ces mercenaires de toutes races, unis par l'as-
pendant de l'indomptable capitaine ; d'un autre
côté, Car,thage,: où dominait une faction en-
vieuse, n'envoyait que des secours insignifiants
à. son général, qui ne pouvait dèstlors rien
lenter de décisif. Les années suivantes né furent
remplies .que de sièges de villes, de surprises,
de, stratagèmes, d'attaques et de combats sans
résultat. Annibal ,y montra constamment la
même habileté et la même grandeur, luttant
seul; au milieu; d'un pays ennemi, contre le
peuple le plus vaillant de la terre, maîtrisant
l'indiscipline-de ..ses soldats, soutenant la foi
^chancelanteid'aliiésmcertalns, tenant tête aux
meilleures- troupeâtet aux plus, habiles généi-
raux de la république, et" remuant le mondé
de ses négociations pour susciter partout des
ennemis aux Romains. * ■ ■'....,,
'En. 207, emjprispnné dans un cercle de fër
par trois armées romaines qui lui fermaient la
.route dé.la haute'Italiej il cherchait a opérer
s'a jonction avec son frère Asdrubal, qui lui
amenait d'Espagne un secours considérable
'par la route qu'il avait suivie lui-même, lorsque
le consul Néron fit jeter dans ses retranche-
ments la tête d'Asdrubal, qu'il avait vaincu et
dont il avait" détruit l'armée." * Je reconnais là.
^dit-il amèrement, la fortune de Carthage. » Il
se retira alors'dans le Brutiùm, à l'extrémité
dé 'l'Italie, s'y défendit encore pendant plu>
sieurs années avec avantage, etn'en fût arra-
ché que par la diversion que tenta Scipiorï en
allant menacer Carthage en Afrique. Rappelé
au 'secours de sa patrie, il quitta en pleurant
de rage cette terre où il luttait depuis seize
ans, et vint perdre à Zama cette bataille mé-
morable qui termina la deuxième guerre pu-
nique, et prépara la ruine" de Carthage: et la
grandeur de Rome (202). . ,■■■!> - y,
trNommé suffète dans sa patrie, Annibal^ré-
forma l'administration, punit lés concussions
.des fonctionnaires, occupa ses vieux compa-
gnons de guerre à planter, des.-oliviers sur.là
.terre d'Afrique ,, en attendante de nouveaux
événements, et entama de tous côtés .des néT
gociations secrètes pour nouer. une ligue for-
midable de l'Orient et de TOccident contre
Jlome, qui commençait la conquête du iflonde.
Poursuivi a Carthage même , par une faction
puissante vendue aux Romains, il s'exila vo-
lontairement et se retira d'abord auprès d'An-
tiochus, roi de Syrie, puis de Prusias, roi de
Bithynie, persévérant dans sa haine indomp-
table, .et continuant ses efforts pour liguer les
rois de l'Asie et les nations menacées par les
'Romains. Rome, qui rie se croyait pas assurée
de. vivre tant que respirerait ce formidable
exilé, envoya demander sa tête à Prusias, qui
se montra disposé à obéir à cette injonction:
Annibal lui épargna cette lâcheté en s'empoi-
sonriant avec une substance qu'il portait tou-
jours dans sa bague, « pour délivrer,' dit-il, les
Romains de' la terreur que leur inspire un
vieillard dont ils n'osent pas même attendre la
mort. • Il avait alors soixante-quatre ans (183
Napoléon professait la plu{ haute admiration ■
pour le génie d'Annibal, qu'il regardait comme :
l'un des plus, grands et peut-être comme le
plus grand capitaine de toute l'antiquité.
- 'ANNIBAL APPORTAS',' mots tat. quisignif.
Annibal est à, nos portes! < \.
Cri d'alarme des Romains après la bataille de
Cannes, et qu'ils faisaient entendre toutes les
foisquele péril était imminent. Le souvenir
de. la 'terreur, qu'ils avaient éprouvée- s'était
transmis dans cette phrase 'proverbiale, dont
on effrayait les, enfants.' ■ '. < , , ' i
Ces mots se sont trouvés souvent dans la
bouche des orateurs- politiques, dans les mo- '■
ments.où quelque grande catastrophe semblait '
à craindre. On-reneontre 'cette expression dans '
Tite-Live, •F)orus,-"Juvénal/ Valère-Maximé,
Plutarque. Àu^ lieu d'Annibal , les orateurs
mettent souvent Catilina: -.>: ■ . |
Mirabeau termine un de ses discours lès plus
éloquents par ces mots : ■',/-
'."'« Èh.l. messieurs, a^propps, d'une, ridicule
.motion jdu PalaisiRoyal; d'une risible insur-
rection qui <n!eut jamais d'importance que dans <
'les'imagîhations faibles ou les desseins pervers ,|
de q'uelques'hommes de mauvaise foi',, Vous i
ayez 'entendu nagnère.'ces mots forcenés': Ca- i
tilina est aux portes de Home, et l'on délibère! j
Et certes, il n'y avait autour, de nous ni Cati- ,j
lina?/ m .'périls,' ni factions, ni Rome. Mais'
aujourd'hui la fbanqueroute,f la hideuse ban- ;
queroùte^e'st la; ,'èlié menace , 4e, .consumer,
-vous, -vos propriétés, vos'familles, votré-hon- i
neur:; et vous délibérez II!-» '• , ,■• > • ,
"^ «^Carthage franchit les, Àl'pes, Rome passe :j
les^iners. Les deux peuples, personnifiés en ''
deux hommes, Annibal st Scipion, s'étreignent j
et s'acharnent pour en finir. C'est un duel à
outrance, un combat à" mort'. Rome chancelle, |
elle pousse un cri d'angoisse : Annibal, ad jj
portas! Mais 'elle se' relève, épuise ses "forces 'j
par un dernier coup, se jette sur Carthage et I'
l'efface du monde. » V. Hugvo.
"probablement a:l'instigati<
•'^ANNICÉRIS^philosbphe 'grec.de'^Cyrè'ne, j
•vivait1 vers l'an' 330 av;'J.'-C:W' paraît- avoir J
■ km
été contemporain. d^Epicure et fut disciple
d'Aristippe, fondateur dé l'école cyçénaïque,
auquel il succéda. Il faisait du plaisir. le. sou-
verain bien, mais en lui assignant comme élé-
ments l'amitié , la reconnaissance , l'amour
paternel et filial et l'amour de la patrie. Il
créa lui-même , une secte ; qui prit le nom
d'ànniçérienne, et qui se fondit' de Donne heure
dans celle d'Epicure. Il Un autre Arinicéris,
antérieur à celui-ci et contemporain de Pla-
ton, acheta l'illustre philosophe au moment
où Denys'le Jeune le faisait vendre .comme
esclave à Egine,'et lui rendit généreusement
la 'liberté. Ce fait'seul à sauvé de. l'oubli' là
mémoire d'AhnicérisJ' ' ' ' " -
ANNICUNS , rivière , du Brésil , . prov. . de
Goyaz, prend sa source dans les montagnes
près de Villa-Boa,, reçoit les eaux.de plusieurs
affluents, et.se jette dans le Paranahyba.àprès
un cours d'environ 240' kil„ du N/au S. , ",',
ANNIHILABILITÉ s. f.. (ann-ni-i-ïa-bi-li-té
— rad. annihilable). Qualité de ce qui est an-
nihilable : Z'annihilabilité de cet acte vient
4'être prouvée. (Sirey.)
ANNIHILABLE adj. (ann-ni-i-la-ble— rad.
annihiler). Qui peut s'annihiler : La plupart
des actes des mineurs sont —
A-NN
' annihilant (ann-ni-i-lari) part. prés, du
v. Annihiler. ■' , , ' ' ' '"
ANNIHILANT, ANTE àdj. (ann-ni-i-ian,
an-te ■— rad. annihiler). Qui , annihile, qui
réduit à rien : Ainsi que dans tout ce qui; de
'près ou de loin, subit l'acliçh compressive et
annihilante de ces hommes, l'animation, la oie
manquait dans cette maison d'une tranquillité
morne. (E. Sue.)
■ ANNIHILATEUR s. m.-{ann-ni-i-k-teur —
rad. annihiler). Appareil destiné à Kextinction
du- feu par la vapeur d'eau, produite par des
agents chimiques. d'une combustion rapide.
ANNIHILATION s. f. (ann-ni-i-la-si-on ^~
rad. annihiler). Action d'annihiler; résultat
de cette action ; anéantissement : U annihi-
lation d'un acte, d'un testament. Le commu-
nisme, ce n'est pas -la science, c'est J'annihila-
tion. (Proudh.) On dira peut-être qu'il est aisé
d'empêcher V annihilation absolue des bénéfices
du capital, en arrêtant à un moment quelconque
l'effet de la progression. (Proudh.) C'était de
la dépendance, du servage, de ^'annihilation.
(E; Gonzalès.) , , . -
— Par exagérât. ■: Le pàlétot-sàc est le per-
fectionnement de ■ ^'annihilation du costumé.
(E. Chapus.) ■ •
annihilé, ÉE (ann-ni-i-lé) part.pass.dù
V. Annihiler : Acte \snimLÈ.'Testàment anni-
hilé. Un acte nul n'est pas' un acte 'annihilé.
La campagne d'Italie a donne lieu' de rèçonr
nàitre que l'action de ta grosse cavalerie était
annihilée par celle de l'artillerie. (Journ.)
annihiler v, a. ou tr. (ann-ni-ij-lé — du
lat. ad.s.; nihil, rien.— Dans la basse latinité,
A simple devenait quelquefois.cA .- annichilare,
nichil, michi, pour dnmhilare, n'hil,.mihi. De
là; cette forme «nmcAiter pour annihiler, que
l'pn.trouve dans le vieux français. Marot lui-
même en offre encore des exemples). Réduire
àxienjianéantir : Annihiler tin privilège^ un
droit.- Annihiler un acte, un testament. Aux
yeux du vulgaire, une seule, une imperceptible
tache , déparait, annihilait même toutes ces
rares perfections. (E. Sue.), Je veux un contrat
gui annihile tout ton passé de rêves et de chi-
mères. (E.. Sue.). Dieu n'a placé nulle part une
force pour qu'elle- se laisse annihiler par l'i-
naction. (J. Sim.) L'homme est placé entre la
raison et les passions, qui cherchent à annihiler
.la,, raison.' (Mesnard.) Mailongue. souffrance
avait, presque annihilé les facultés ordinaires
de mon esprit. J'étais un imbécile, un idiot.
(Baudelaire.) .;
• S'annihiler, v. pr. Etre réduit à rien; être
anéanti : Le prix du prêt est incompatible avec
les lois de la circulation, et tend incessamment
à s'annihiler. (Proudh.) Il est impossible que
le prince consente à seréduire et à s'annihiler
'devant les principes en émergence et les droits
'nouveaux qui se posent. (Proudh.) ! "' ;
— Fig. S'effacer, faire abstraction de sa
personnalité : L'homme d'esprit sait que pour
se faire valoir ;il 'convient de s' annihiler' quel-
quefois. ' '.' ' ' 'j' ; 'l ■' .'■' V','' ,"" ' ' ''"
. — Antonymes. .Confirmer, consacrer, con-
server, consolider; maintenir, sceller, valider,
. ANNILLE S. f. V. AniLLE. 1- ;im 1 -,
; ANNILLÉ, ÉE adjl V. Ànille. '"''';''
'.' ANtilN , interj . (annmain). . Mot qui, .'dans
plusieurs patois du Midi, correspond à notre
exclamation Allons : Des paysans révoltés en
1848 attaquèrent la garde nationale de Guérèi,
~èn criant :'i Annin'! Annin ! »' c'est-à-dire :■ t'En-
levons! Allons, enlevons!' , ' ' , ,"',"', ''
. . ANNION s. m. (ann-ni-^n — - du lat. annus,
année). Ane. juri'spr. Espace d'un, àn,: délai
,' d'un, an. 11 Bénéfice, d'ANNioN, Délai d'un an
accordé au débiteur, pour empêcher la vente
de ses meubles à vil prix. ^
ANN lus do Viierbe (Jean Nanni, dit), maître
du sacré palais sous le pape Alexandre VI, né
à Viterbe yers 143S, mort en 1502, peut-être
empoisonné par César Borgia, qu'il, avjait mé^
^contenté par sa franchise. Q est surtout connu
'par un recueil, &' Antiquités (Rome U98),' où il
rassembla de prétendus fragments retrouvés
"d'auteurs anciens; tels que 'Manéthon, Bérose,
*Fàbius Pictdrj Archiloque, etc. De .longues i
e victime de faus-
ANNIVERSAIRE adj. (a-ni-ver-sè-re — du
lat. annus, année ; versus, tourné). Qui rappelle
le souvenir d'un événement arrivé à pareil
jour une ou plusieurs années auparavant, qui
est destiné a en conserver la mémoire : /ouï-
anniversaire. Fête anniversaire. Epoque an-
niversaire. Les usages anniversaires, en con-
voquant les peuples en certains lieux, à certains
temps, en ajournant les sociétés entières pour
un ralliement solennel, leur montrèrent qu elles
ne sont qu'une famille. (Lemierre.) Les amis
superstitieux prétendaient que la nuit anniver-
saire de ses funérailles, cet oiseau revenait
encore se percher sur le. sommet de la tour.
(G. Sand.) 'Le maître de poste donnait un grand
dîner lejour^de la ^naissance de son fils, un bal
au carnaval, un autre au jour anniversaire
de son mariage. (Balz.) Il me légua tout cela,
■à condition que je ferais dire des messes anni-
versaires. (Alex. Dum.)
■ — s. m. Retour annuel du jour signalé par
quelque événement, et qui le rappelle
L' anniversaire d'une bataille. C'est V
saire de ma naissance, de mon mariage.
.//anniversaire de sa mort est un jour de deuil
pour toute la famille. Ches la plupart dès
peuples de l'Europe, on fête en famille les anni-
versaires de la naissance. (Arnault.) V anni-
versaire du ijour, de Van était une fête de
famille' et Fiorian en était de droit. (Ste-
-Beuve.)' La famille ne revint en ville que pour
s'y ■ occuper de la fête par laquelle le père
voulait, comme jadis, célébrer f anniversaire
de son mariage. (Balz.) C'est /'anniversaire
des funérailles de mon frère le curé.~(G. Sand.)
C'est /'anniversaire de la mort de sa mère, et
tous les ans, à pareille époque, elle s'enferme
et ne voit personne, pendant sept ou huit jours.
(Scribe.)
ÏW
;. Delavione. ■
-i — Service religieux que l'on célèbre an-
nuellement pour une personne décodée : Tous
ses amis ont été invités à son anniversaire.
•Fbrtdej-.tin anniversaire dans telle église. Con-
stituer une rente pour un anniversaire.
-la Pàque était, V anniversaire de la sortie
d'Egypte, la Pentecôte celui de la promulga-
tion de la loi. Chez les chrétiens, les solennités
de Noël, de l'Epiphanie, de Pâques.'de l'As-
cension, de la Pentecôte, se rattachent au jour
■même de l'année où fut accompli le mystère
qu'elles célèbrent. Le calendrier n'est à. pro-
prement parler qu'une série A' anniversaires. A
•Athènes; on célébrait l'anniversaire' dés ba-
tailles de 'Marathon, de Salamihe, de Platée.
Le premier jour de l'année, chez les Romains,
était l'anniversaire de la fondation de Rome,
époque d'dù datait l'ère romaine (aburbe con-
udita). Le premier jour de l'année, chez lès
mahométans ,' est 1 anniversaire du jour où-
Mahomet fut obligé de fuir de la Mecque.
Virgile nous montre, dans l'Enéide, Enée cé-
lébrant , l'anniversaire de la mort d'Anchise.
.Cette coutume se retrouve chez un grand
nombre de peuples. Aujourd'hui, dans la plus
grande partie de l'Europe, on fête en famille
les anniversaires de la naissance. Rappelons,
en {terminant, que Napoléon célébra, par la
victoire d'Austerlitz, Tannitiersair* de son cou-
ronnement; et que Tanm'aersaire de la Saint-
Barthélémy, qui donnait chaque année la fièvre
à Voltaire, et l'obligeait à garder le lit tout le
jour, lui a inspiré, le 24 août 1772, les vers
suivants ; . ■
Tu reviens, après deux cents ans.
Jour affreux, jour fatal au monde;
Que l'abîme étemel du temps.
- Te couvre de sa nuit profonde !
Tombe à jamais enseveli
Dans le grand fleuve de l'oubli,
- ■ 1 Séjour de notre antique histoire.
Mortels, à.souffrir condamnés,
:. Ce n'est que des jours fortunés '
Qu'il faut conserver la mémoire. '
ANNIVIERS (val d'), belle vallée de Suisse,
canton du.Valais, arrosée par l'Usenz, affluent
.du Rhône) longue de 28 kilomètres, et remar-
quable par ses perspectives magnifiques et son
entrée taillée dans le roc, qu'on nomme Portes.
Elève considérable de bétail.
ANNOBON, ANNABON ou ANNABOA, lie de.
■l'Afrique occidentale, située dans le golfe de
Guinée par 10 23' lat. S. et 30 59? long. E., à
300 kilom. O. du cap Lopez. Pop. 3,000 hab.
renviron, rassemblés dans un village appelé
aussi Annobon, sur la côte N.-E., et gouvernés
ipar un chef-indigène indépendant. Climat sain,
sol montagneux, mais fertile,-,' 'oranges, gre-
nades, tamauiu, coton. Découverte par les Por-
tugais en 1473, cédée par eux en 1778 aux Espa-
gnols, qui n'y établirent jamuis leur domina-
tion. Longueur, G kilom., sur 3 kilom. de large.
" ANNŒULL1N, ville de France (Nord), cant.
et à'7 kilom. de Seciih,'arrpnd. et à 15 kilotn.
de Lille par le chemin de fer, sur la haute
Deùle; pop. aggl., 3,324 hab.
3,980 hab:, Briqueteries et "
église daté de 1574.
natio). Rhét. Sorte de jeu de mots sur un
nom propre, gui consiste à opposer le mot à
luirmême, soit avec la même orthographe, si
ce mot peut présenter plusieurs sens, soit en
y changeant une ou plusieurs lettres. Ainsi
quand saint Mathieu fait dire à Jésus-Christ :
« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai
mon Eglise... ■ c'est une véritable annomi-
. En rhétorique, l'annomination prend plutôt
le nom de paronomase., On donne quelquefois,
mais par abus, le- nom d'annomination à cer-
tains jeux de mots où i! y a simplement addi-
tion, suppression ou permutation de lettres .-
Ma fille a des convictions (convulsions). C'est
un archiduc (aqueduc) qui conduit l'eau dans
mon jardin, Je viens d'entendre les ogres^
(orgues) à Saint-Suplice (Sulpice). On a com-
mis des délires (délits) affreux dans mes bois;
on a coupé jusqu'aux balivernes (baliveaux).
Buvez sans crainte cette ligueur, elle n'est
point du tout captieuse (capiteuse). Dans les
grandes villes, les professeurs font ordinaire-
ment leurs cours dans un amphithéâtre garni
de gredins (gradins). Une édition du Voyage
du jeune Anacharsis offre l'affreuse coquille
suivante: Le dévoiement (dévouement) do
Léonidas aux Thermopyî^s. Une belle-mère •
travestissait ainsi un vers célèbre :
Tous les vendrez (genres) sont bons, hors le gendre
— Anecdotes. Mme Chalgrin était une très-
jolie et aimable femme, qui faisait les délices
de la société ; quelqu'un dit : • Sans elle ( l),
il n'y a que chagrin.
Racine aima longtemps la Champmeslé, qui
lé quitta pour M. de Clermont-Tonnerre. C'est
" qui fit dire alors de cette actrice que le
tonnerre l'avait déracinée.
Camus, évèque de Belley, refusa les évêchés
d'Arras et d'Amiens. < La petite femme que
j'ai épousée, disait-il par une annomination un
peu risquée, est assez belle pour un camus. >
Gacon, poëte satirique qui disait du mul de
tout le monde , ayant obtenu le charmant
prieuré de Bâillon : « Ce n'est pas là, dit-on
a ce sujet, le bâillon qu'il méritait. ■
Un avocat nommé Coqueley plaidait un jour
contre Linguet, et affectait, en le nommant,
de dire maître Lin-gu-uet. Celui-ci riposta en
disant à son tour maître Cocu-et-laid,
On parlait, devant Sophie Arnould, de trois
sœurs qui avaient chacune un nom de fleur :
Rose , Marguerite et Hyacinthe. « Ah ! mon
Dieu, s'écria la spirituelle actrice, quelle plate-
bande! '
Le père Coton, jésuite fin et rusé, avait pris
un grand ascendant sur Henri IV, ce qui donna
lieu, dans le temps? à ce jeu de mots : « Notre
foi est bon prince ; il aime la vérité. C'est dom-
mage qu'il ait du coton dans les oreilles. »
de l'abbaye de Nugent, il cessa de prêcher; ce
qui fit dire à Louis XV, qui l'avait si bien doté :
« Quand la.poule est grasse, elle ne pond plus. ■
Ménage, se moquant de ceux qui affectent
de dissimuler leur origine en faisant précéder
leur nom de la particule de, disait : ■ Je con-
nais un avocat appelé Loyal; celui-là se gar-
dera bien de suivre la ridicule méthode d'ajouter
un de en tête de son nom. •
La tragédie des Brahmes, de la Harpe, n'eut
que deux représentations , tandis que le Séduc-
teur, assez mauvaise comédie du marquis de
Bièvre, eut un grand succès ; ce qui fit dire à
celui-ci : « Le Séducteur réussit, les bras me
(Brahmes) tombent. •
Une jeune veuve était dans l'intimité du
maréchal d'Ancre; des dames, qui savaient
qu'elle venait de perdre son mari, trouvèrent
mauvais qu'elle parût a la cour sans voile.
• Mesdames, dit un seigneur, un vaisse
est à l'ancre n'a pas besoin de voiles. *
bourreau, en face du couteau fatal ;
t'appelles Sanson, dit-elle; puis, montrant la
populace affamée en ces temps d'anarchie,
voila sans farine. » Cette annomination est quel-
quefois attribuée à Mme Roland.
Les fournisseurs des a
is Napoléon 1er, un grand renom de probité :
'appelait' Voilant. « Singulier nom
-«V t..i ^4. r«™„«-«.n« ._ Aki
< Monsieur Boileau, disait le cardinal de
Janson au poète Despréaux, ont eût mieux
fait de vous appelé- ™--* --'- ~— '- -: *
■ meilleur que l'eau. ■
gneur, repartit le poète,
qu'on eût dû ""•"•
que Janson,
Dans une pièce jouée eh 1730, à la foire
Saint-Germain, et qui était la parodie d'une vie
de Marie Alacoque , une. servante , appelée
Marie, venait demander à son maître, malade,
comment il voulait qu'on lui servit les œufs de
son déjeuner. Le maître répondait : ■ Marie,
à la coque. » Cette allusion irrévérencieuse fit
supprimer les représentations.
Patru avait la réputation d'être fort rigide
sur la langue française; c'était un censeur
éclairé, mais un peu trop sévère. Quand Racine
faisait à Despréaux des observations sur ses
ouvrages, le satirique, au lieu de .lui citer le
proverbe latin, Ne sis patruus mïhi (N'ayez
pas pour moi la sévérité d'un oncle), lui disait:
Ne sis Patru mihi (N'ayez pas pour moi la
sévérité de Patru),
La tendresse que Louis XV témoignait au
dauphin dans sa plus tendre enfance, fit juger
à plusieurs particuliers que déjà il pourrait
être pour eux le canal des grâces. Un jour
que le roi était allé dans l'appartement du
jeune prince, il y trouva cette petite pièce de
vers, que lui avait présentée un pauvre offi-
cier dont on avait réduit la pension :
Si le Ma du roi notre maître
L b ,1
é la vie.
ANNON (saint), archevêque de Cologne,
chancelier de l'empereur Henri III, mort en
1075. 11 seconda Grégoire VII dans la question
du célibat des prêtres ainsi que dans ses autres
réformes ecclésiastiques.
ANNOiNA, déesse romaine qui présidait aux
récoltes de l'année. On ta représentait tenant
dans la main droite des épis et dans la gauche
une corne d'abondance.
ÀNNONACÉES s. f. pi. (ann-no-na-sé) . Bot.
Nom général sous lequel on désigne les
plantes dont le grain sert aux provisions ali-
mentaires, comme froment, orge, soigie, etc.
ANNONAIRE adj. (ann-no-nô-re — du lat.
annonurius ; formé de annona, récolte de l'an-
née). Qui a rapport à la récolte du blé, et, en
général , aux approvisionnements : Loi an-
NONA1RE.
— Provinces annonair es, Provinces de l'Italie
qui étaient tenues de fournir à Renie une cer-
taine quantité de blé. n s. m. pi. Nom donné
à ceux qui étaient chargés d'amener à Rome
ces provisions.
ANNONALES s. f. pi. (ann-no-na-le). Antiq.
ANNON'AY, ch.-l. de cant (Ardèche>,arrond.
de Tournon, au confluent de la Cance et de la
Déaume; pop. aggl. 14,295 hab. — pop. tôt.
16,271 hab. Ville remarquable par son activité
commerciale et manufacturière; fabriques de
drap, bonneterie de laine, gants ; filatures de
coton et de soie ; blanchisseries de cire ; nom-
breux moulins à blé; importantes papeteries
dont les produits sont très-estimés ; tanne '
mégisseries , teintureries , etc. Elle doit
origine à des magasins de blé qu'y avaient
formés les Romains (annona). On remarque
principalement à Annonay : l'église de Traehi,
bel édilice gothique du xive siècle ; l'hôtel de
ville, construction assez massive ; le collège,
en face duquel on trouve le monument en
forme d'obélisque élevé à la mémoire des
frères Montgolfier. Pairie des frères Mont-
golfier, inventeurs des ballons, de Boissy-d* An-
glas et du jurisconsulte Abrial.
annonçant (a-non-san) part. prés, du v.
Annoncer : C'est en annonçant aux Athéniens
la victoire de Marathon qu'un soldat grec
tomba mort. Vous me surprenez, monsieur, en
^'annonçant un certain oncle. (Mme de Si-
ANNONCE s. f. (a-non-se— rad. annoncer).
Avis d'un fait quelconque, supposé ignoré
jusque-là : /.'annonce d'une victoire, d'une
défaite, /.'annonce de la naissance, de la mort
d'un prince, /.'annonce de ce funeste événe-
ment ne lui ôta rien de son calme. Content ou
mécontent, il souriait à vne nouvelle désas-
treuse , aussi bien qu'à J'annonce d'un événe-
ment heureux. (Balz.)
— Avis par lequel on fait savoir quelque
ANN
avis de ce genre inséré dans les
Annonce d'une vente aux enchères. Plaire une
publique. Faire mettre une annonce dans les
journaux. Les annonces sont soumises à un
tarif exorbitant. Qui voudrait aujourd'hui ju-
ger sur i annonce le mérite de la chose annon-
cée? (J. de Maistre.) Au lieu de vivre de l'a-
bonnement, les journaux ont été réduits à vivre
de J'annonce. (Guéroult.) Les annonces insé-
rées dans les journaux ont pu donner une fausse
idée de mon ouvrage. (Lamart.)
vent
rage :
. . . prospectus qui fasse du tapage.
Jupiter eut jadis une ferme a. donner.
Mercure en fit l'annonce, et gens se présentèrent,
Firent des offres, écoutèrent.
IiA -Fontaine
— Par ext. Signe , indice : Une élévation
soudaine de la colonne thermométrique est sou-
vent une annonce de neige. Le retour des oi-
seaux, au printemps, est le premier signal et
la douce annonce du réveil de la nature vi-
vante. (Buff.) Cette apparente stupidité est sou-
vent J'annonce des âmes fortes. (J.-J. Rouss.)
Le son de la trompette se fait entendre : c'est
J'annonce de l'apparition des bêtes féroces.
(Chateaub.)
— Feuille d'annonces, Publication pério-
dique qui ne renferme que des annonces : Les
Petites- Affiches- passent pour la plus ancienne
de toutes les feuilles d'annonces, il Annonces-
omnibus, Nom donné, dans les journaux, à
des annonces faites à prix réduit, et, par
conséquent, à la portée de tous. Il Annonces
anglaises. Genre particulier d'annonces em-
prunté à l'Angleterre, et dans lequel toutes les
annonces sont imprimées sur une justification
et avec un caractère uniformes. H Annonces
clichées ou de fantaisie^ Celles que le parti-
culier fait composer lui-même, avec le carac-
tère, la justification et la disposition qui lui
conviennent, et dont il livre le cliché a l'im-
primerie du journal. |] Annonce-enveloppe, En-
veloppe de lettre sur laquelle étaient impri-
mées des annonces, genre de spéculation
qui n'a pas réussi.
— Au théâtre, Annonce du spectacle, Aver-
tissement qu'un acteur donnait au public,
pour lui indiquer la pièce ou les pièces qui
seraient jouées le lendemain. Elle se faisait
à la^ fin de la représentation. 'Cet usage
n'existe plus que dans quelques villes de
province.
— Diplom. Déclaration que portent les
chartes et les diplômes, et qui a pour objet
do constater telle ou telle condition.
— Encycl. Nous distinguerons l'annonce à
son de trompe, V annonce-affiche, et enfin Van-
nonce par avis inséré dans les journaux et les
recueils périodiques. L'annonce à son de trompe
ou de tambour doit avoir été autorisée par
l'autorité municipale: l'annonce - affiche est
soumise au timbre ; le droit est de 10 cent,
pour une feuille entière (25 déc.im. carrés), de
5 cent, pour une demi-feuille, de 2 cent, et 1/2
pour un quart de feuille, et de 1 cent, pour un
demi-quart ou moins. Lé timbre doit être apposé
avant l'impression. Toutefois, l'annonce-affiche
échappe au timbre, quand elle est placardée à
chose au public /soit verbalement, oul„
la voie de l'impression, et, particulièrem<
en effet, on vit dans les gazettes
à côté de la nouvelle politique.
:! livre qui venait de paraître,
Notre siècle' l'a portée à son plus haut degré
de développement ; mais c'est surtout en An-
gleterre que l'annonce est véritablement une
puissance. Dans les journaux les plus impor-
tants de Londres , elle occupe la place d'hon-
neur, la première page.
Dèsl'oi' '
l'annonce
On annonçait tel t . t ,
telle découverte qu'on venait de faire; il y
avait place pour les sirops et les pilules ; le
vieux Mercure de France ouvrait sans scru-
pule la voie aux pâtes Begnault de l'avenir.
A la fin de la Restauration , les lois sur le
timbre poussèrent les journaux "à. agrandir
leur format et à vendre la place qui leur
restait. Des courtiers d'annonces , des entre-
preneurs de publicité organisèrent une nou-
velle industrie. La révolution de Juillet, en
doublant l'importance de la presse, donna une
plus vive impulsion à l'annonce ; la quatrième
page des journaux se remplit de plus en'plus
d'avis au public. Enfin, l'annonce finit par de-
venir pour le journal la source la plus certaine
de ses revenus. C'est alors qu'on vit paraître ces
journaux h prix réduit qui demandent a peine
aux abonnés la rétribution du timbre, du papier
et de l'impression , afin d'en avoir un plus
grand nombre et d'attirer plus' d'annonces, car
l'annonce recherche naturellement la plus
grande publicité possible, et celle-ci est cal-
culée en raison du nombre des abonnés du
journal.
D'abord les journaux 'recevaient eux-mêmes
les annonces dans leurs bureaux. En 1845, une
société se forma à Paris pour exploiter l'an-
nonce; moyennant un prix fixe payé à chaque
journal, elle concentra entre ses mains une
grande partie de la publicité des journaux.
Elle se proposait pour but de dégager la rédac-
tion du journal de tout ce qui pouvait s'y
mêler de mercantile, et d'élever entre la partie
exclusivement réservée aux intérêts généraux,
et la partie réclamée par les intérêts privés,
une barrière qui ne devait plus permettre de
confondre ces deux parties du journal. « Van-
ANN
nonce, disait-elle, judicieusement comprise et
régulièrement constituée, est et doit être à
la rédaction d'un journal quotidien ce que
l'impôt judicieusement assis et librement voté
est au gouvernement d'un pays : la source de
son existence, le principal agent du dévelop-
pement de toutes ses forces. Pas d'impôt, pas
de gouvernement;' pas i'annonc* -, pas de
journal. •
La révolution de 1848 amena la disso-
lution de cette société générale d'annonces;
mais d'autres sociétés se sont formées de-
puis, et ont constitué de puissants monopoles.
On doit remarquer que les journaux pos-
sèdent, en matière d'annonces, un véritable
privilège : le timbre qu'ils payent est beaucoup
moins élevé que celui vquon exige de l'avis
imprimé par les intéressés eux-mêmes. La
justice voudrait, il nous semble, que le timbre
des journaux fût proportionné à l'espace oc-
cupé par leurs annonces.
Les journaux et écri
périodiques, même quand
ment consacrés aux lettres,
aux arts, ne peuvent publier à'annonces com-
merciales et industrielles qu'à la condition
d'acquitter les droits de timbre ; mais ils n'y
sont pas soumis si les annonces concernent
exclusivement la librairie. Telles sont la lievue
germanique, la Revue britannique, la Bévue
contemporaine, etc. En principe, un journal
peut refuser les annonces qu'on lui propose.
Disons quelques mots sur les annonces lé-
gales et judiciaires. La loi exige l'insertion
d'une foule d'actes judiciaires dans un journal
de la localité. Sous-le roi- Louis - Philippe ,
une loi , présentée par M. Vivien , donna
aux tribunaux le droit de déclarer dans quel
journal seraient placées ces annonces. Un
décret du 17 février 1852 a conféré ce droit
aux préfets , oui l'exercent chaque année et
règlent le tarir de l'impression.
Un mot encore, mais un mot important. Il
existe à Paris une administration riche et
puissante, qui a affermé les annonces de nos
six grands journaux : le Siècle, la Patrie, la
Presse, le Constitutionnel, les Débats et le
Pays. Ces six journaux représentent toutes
les nuances politiques, et sont entre les mains
de toute la France lettrée, industrielle ou sim-
plement ouvrière. Il en résulte que quiconque
a voué sa vie à la découverte de quelque
chose. d'utile : livre, invention, matière de
première nécessité, etc., doit forcément re-
courir à ce levier', qui est l'instrument le plus
puissant de l'industrie et du commerce, et aller
frapper à la porte de cette agence générale,
Là n'est pas le mal; mais le mal sera grand,
si cette agence s'est constituée en un mono-
pole qui peut établir des tarifs arbitraires.
C'est ce que nous allons prouver de la manière
la plus irréfutable. Le fermage de l'annonce
des six grands journaux constitue un mono-
pole; voyons comment ce monopole est
exploité. Les agents, quijouissentd'uneliberté
illimitée, établissent leurs tarifs eux-mêmes;
ils sont propriétaires de la quatrième page des
six grands journaux; or, l'un de ces journaux
se répand à près de cinquante mille exem-
plaires ; un autre est tiré à peine a deux mille.
Voilà donc MM. les fermiers menacés de voir
les colonnes de la première feuille envahies,
et celles de la deuxième complètement dé-
sertes; à moins, cependant, qu'une juste pro-
portion dans les tarifs ne vienne rétablir
l'équilibre. Mais ceux qui rêvent cette répar-
tition comptent sans le monopole, qui, comme
Midas, a l'admirable propriété de métamor-
phoser en or tout ce qu il touche. Le secret est
des plus simples. L'agence à laquelle le mono-
pole permet de faire la pluie et le beau temps,
et d'envoyer, comme Jupiter, du sec et du
mouillé; établit pour tous ses journaux un
tarif uniforme, avec cette clause anodine que
celui qui aura choisi un journal devra les
prendre tous les six. Il existait jadis un hono-
rable industriel, nommé Gobseck, d'autres
disent Shylock , qui prêtait sans intérêts de
l'argent aux futurs héritiers. Il vous fallait
mille francs; le brave homme vous donnait
cinq louis tout luisants et frais sortis des
presses de la Monnaie ; les neuf cents francs
restants vous étaient comptés en casse-noi-
sêttes hors de service et en. peaux d'ours ava-
riées. Or, le Pays est la peau d'ours de l'agence.
« Vous voulez le Siècle, dit-elle à l'inventeur
qui a soif d'annonces — c'est faim peut-être
que nous devrions dire — soit; mais prenez
mon ours. ■ Et voilà pourquoi le Pays, dont la
publicité n'a jamais fait vendre un mètre de
percale , fourmille chaque jour d'annonces
comme s'il avait cent mille abonnés, ni plus ni
>ns, pour un moment, qu'une com-
pagnie monopolise entre ses mains les che-
mins de fer du Nord , de l'Est , de l'Ouest,
de Lyon et d'Orléans, et qu'elle en organise
un sixième allant droit à Quimper-Corentin;
or, Quimper-Corentin, c'est La Fontaine qui
l'a dit,
Est le paya où l'on enrage :
Dieu vous préserve du voyage !
Un particulier se présente à l'agence générale
des six gTandes lignes, et demande une troi-
sième pour Fontainebleau : soit, répond l'em-
ployé, mais vous allez prendre en même temps
une première pour Quimper-Corentin.
Revenons au sérieux. Cet arbitraire
ANN
409.
fixé lui-même les tarifs de ces lignes, qui sont
des monopoles obligés; et l'Etat, qui est la
gardien naturel des intérêts de la société, ne
saurait tarder, non pas à tarifer les annonces ;
chez nous, les lois du maximum n'ont jamais
été heureuses ; mais à dire au Siècle, à la Pa-
trie, à la Presse, au Constitutionnel, aux Débats
et surtout au Pays .• « Soyez vous-mêmes les
administrateurs de vos annonces, et fixez-en
le prix comme vous l'entendrez ; mais fan-
nonce est aujourd'hui un moteur de première
nécessité, et, en cela, je n'autorise pas plus
iparement, que je ne l'autoriserais de la
annoncé, ée (a-non-sé) part. pass. du y.
Annoncer : La vie éternelle était annoncée
aux nations. (Boss.) La doctrine de Jésus-
Christ , constamment annoncée par ses disci-
ples, dut faire un très-grand effet dans lé
monde. (Volt.) Cieux, éloignez de moi les maux
qui me sont annoncés I (La Harpe.) On croit
reconnaître une vérité la première fois qu'elle
nous est annoncée. (M-ne de Staël.) Les fruits
de la terre sont annoncés par tes fleurs.
(Barthél.) Le monument souterrain est ai -
n règne est annoncé par la voix des oi
et l'air sont d'abord a:
Boileau.
annoncement s. m. (a-non-se-man).
Action d'annoncer. Vieux mot.
annoncer v. a. ou tr. (a-non-sé — du lat.
annuntiare; formé do ad, à; nuntius, messa-
ger ; — le c prend la cédille toutes los fois qu'il
est suivi d un a ou d'un o: Il annonça; nous
annonçons). Apprendre, faire savoir, infor-
mer : Annoncer à quelqu'un une bonne , une
mauvaise nouvelle. Il nous annonça que la paix
venait d'être signée. (Acad.) C'est la doctrine
que Dieu avait résolu ^'annoncer à tout l'u-
nivers. (Boss.) Les courriers venaient l'un sur
l'autre annoncer au roi que l'ennemi entrait
dans la ville. (Boss.) Comment annoncer à
madame de si méchantes nouvelles? (Mol.) J'ai
quitté l'Olympe pour /'annoncer les ordres de
Jupiter. (Fén.) Il s'empressa (J'annoncep. à
l'Europe entière que le prince daignait s'occu-
per d'un misérable gazetier. (Volt.) On vint
annoncer à Xénophon , au milieu d'un sacri-
fice, que son fils venait de mourir. (Thomas.)
Croirai-je le bonheur que ta bouche m'annonce ?
Racine.
et j'ai pris
M qu'elle vo
L'Etre suprême, en ces mots solennels,
Leur annonça ses drdres éternels.
J.-B. Rousseau,
— Faire connaître par avance , prédira ,
présager : Annoncer une éclipse , une marée,
une comète. L'ange vint annoncer à la Vierge
qu'elle concevrait un fils. (Trév.) Les prophètes
ont annoncé ta venue du Messie. (Acad.) L'au-
rore, depuis des milliers d'années, n'a pas man-
qué une seule fois ^'annoncer le jour. (Fén.)
Lui annoncer sa dernière heure, n'était-ce
pas l'avancer? (J.-J. Rouss.) Tout semblait
annoncer des succès heureux. (Mass.) Dès que
le coq annonçait le retour de l'aurore , Vir-
ginie allait puiser de l'eau à la source voisine.
(B. de St-P.) Une belle aube annonce un beau
jour. (B. de St-P.) La scène qu'il nous a don-
née l'année dernière annonçait quelque détra-
quement dans celte cervelle. (Gnmm.) Le sujet
que je traite m'ANNONCE que j'exciterai l'atten-
tion de mes concitoyens. (Thomas.) Les com-
mencements de Néron semblaient devoir an-
noncer à l'univers un règne bienheureux. (La
Harpe.) Saladin n'ANNONÇAiT pas dans son
enfance ce qu'il devait être un jour. (Mme Cot-
tin.) L'enfant annonce de bonne heure non ce
qu'il saura, mais ce'qu'il fera. (Vauvon.) Tout
annonce la fin prochaine de l'empire turc. (De
Bonald.) Souvent un siècle de politesse et de
raffinement annonce un siècle de corruption,
(Alex. Dum.)
annoncent ta ruine !
— Donner publiquement avis d'une chose,
la faire connaître par annonce : Annoncer à
haute voix. Annoncer par affiches. Annoncer
au son du tambour. Les comédiens annoncent
la pièce qui doit être donnée au premier spec-
tacle. (Trév.) Le curé annonce au prône les
fêtes et les jeûnes. (Acad.) Ayes soin cJ'annon-
cer dans votre prochain numéro comment les
philosophes entendent la tolérance à notre
égard. (Fabre d'Eglant.)
Sitôt que de ce jour
La trompette sacrée annonçait le retour, f
Du temple, orné partout de festons magnifiques.
Le peuple saint en foule inondait les portiques.
' Racine.
— Manifester, proclamer : Les deux annon-
cent la gloire de Dieu. (Pasc.) ()ue l'impie re-
garde autour de lui, toute la terre lui annon-
cera Dieu. (Mass.) Dieu a établi les cieux sur
nos têtes, comme des hérauts qui ne cessent
cf annoncer sa grandeur. (Mass.) Ce langage
muet, mais si frappant, annonce aux hommes
la puissance de votre nom et de votre gloire.
52
Vois ces murs, vois ce temple envahi par tes maître
Tout annonce le Dieu qu'ont vengé te» ancêtres.
Voltaire.
Voltaire.
— Prêcher, faire connaître : Annoncer
l'Evangile. Annoncer la parole de Dieu. Saint
Paul annonça la nouvelle religion aux Gentils.
J'ai annonce aux bons habitants des campagnes
les vérités les plus effrayantes de ma religion.
(Brîdaine.)
— Prévenir de l'arrivée, de la présence
d'une personne : Le domestique annonça mon-
sieur un tel. (Acad.) Je vous ai annoncé, et
l'on se fait un grand honneur de vous recevoir.
{La Bruy.) Nous étions tous réunis, lorsqu'on
annonça monsieur te prince. (De Retz.)
parui
-Se/
e annoncer, Faire dire s
qu'un, il Annoncer comme, Donner pour : Je
vous /'annonce comme un honnête homme,
comme un homme instruit, intelligent. On 2ious
/'avait annoncé comme un écrivain, comme un
artiste. > '
— Par ext. Etre le signe , la marque de,
indiquer : Cette action annonce un mauvais
cœur. (Acad.) Son port majestueux, sa dé-
marche ferme et hardie, annoncent sa noblesse
et son rang. (Buff.) Les plus pompeuses parures
annoncent le plus souvent de laides femmes.
(J.-J. Rouss.) Ses yeux annonçaient le con-
tentement et le bien-être. (J.-J. Rouss.) Lés
lambris dorés, le luxe et la magnificence ^an-
noncent que la vanité de celui qui les étale.
(J.-J. Rouss.) Son silence et sa gravité annon-
çaient l'austérité de son caractère. (Barthél.) "
Un arc de triomphe en pierres rouges annonce
l'entrée de Heidelberg. (Chateaub.) Le costume
des plus simples paysans castillans annonce
plus d'opulence que celui des hommes riches
chez nous'. (De Custine.) La discussion annonce
le doute. (Guizot.) L'aristocratie britannique,
sans trancher sur le caractère national , an-
nonce une race supérieure, (L. Faucher.) Son
visage fortement coloré annonçait un tempé-
rament sanguin et vigoureux. (E. Sue.) L'into-
lérance peut être digne de ceux qui s'en ser-
vent , mais elle «'annonce jamais une bonne
cause. (S. Dubay.)
— Jeu. A la bouillotte, à l'impériale, au pi-
quet, etc., Faire connaître, déclarer son jeu :
Qu'avez-vous à annoncer ? Annoncez donc.
S'annoncer, v. pr. Se manifester, se faire
voir, se faire connaître : Mahomet s'est an-
noncé lui-même , sans aucun témoignage pré-
cédent. (Boss.) Malgré tant d'afflictions, le
siècle de la politesse et des arts s'annonçait.
(Volt.) fi y a des caractères qui s'annoncent
presque en naissant. (J.-J. Rouss.) Les sciences
s'annoncent tous les jours par de nouvelles
lumières. (Barthél.) La bienfaisance s'annonce
moins par une protection distinguée et des li-
béralités éclatantes que par le sentiment qui
■ nous intéresse aux malheureux. (Barthél.) Nous
arrivâmes bientôt au bord de la cataracte, qui
s'annonçait par d'affreux mugissements. (Cha-
teaub.) L'appétit s annonce par un peu de
langueur dans l'estomac. (Brill.-Sav.) La pein-
ture des mœurs, dans la comédie , s'annonce
de loin par des allusions piquantes aux ridi-
bien. Son règne s'annonçait de la manière la
plus brillante. Cette entreprise s'annonçait
bien, elle a mal tourné. (Acad.) Cet intrigant
s'était annoncé par des manières insinuantes
et polies. (Lavaux.) il Se présenter soi-même :
Je n'ai pas besoin qu'on me suive, je m'annon-
cerai bien moi-même. (Scribe.)
— v. récipr. Se donner mutuellement avis :
On s'éveillait les uns les autres pour s'annon-
cer ce qu'on avait appris. (La Bruy.)
— Syn. Annoncer, dénoncer. Annoncer,
c'est faire connaître à quelqu'un une chose
qu'il avait ignorée- jusque-là : Mon journal an-
nonce la guerre. Dénoncer, c'est annoncer
d'une manière expresse, avec autorité : L'am-
bassadeur a dénoncé ta guerre à cette puis-
sance. Le légat a dénoncé l'excommunication
à cet hérétique. Mais le plus souvent l'action
de dénoncer est faite à l'autorité ; c'est alors
une accusation, une délation : Les Athéniens
dénoncèrent Ânaxagoras devant les magis-
trats, et l'accusèrent publiquement. Quand on
vint lui annoncer que les Athéniens l'avaient
condamné à mort, il n'en parut point plus ému.
(l'en.) * . . , •
.— Syn. Annoncer, déclarer , découvrir ,
. Déclarer, c'est faire connaître
, e chose d'une manière nette et hardie :
Jacques II aurait pu protéger les catholiques,
sans le déclarer ouvertement. (Cond.) Annon-
cer, c'est communiquer quelque chose de nou-
veau : Je vous annonce une chose qui vous sur-
prendra. (Acad.) Découvrir, c'est faire con-
naître ce qui était caché : Des vérités longtemps
cachées se découvrirent enfin. (J.-J. Rouss.)
Manifester, c'est montrer avec éclat, mettre
au grand jour : Sa fierté l'empêcha de vous
.manifester pleinement son désir. (Malebr.)
Manifester enchérit sur découvrir : Des gens
intéressés à découvrir et à manifester une
fraude. (J.-J. Rouss.) i» ,
annonceur s. m. (a-non -seuf — rad.
quelque cl
Jacques h
ANN
annoncer). Celui qui annonce , qui se plaît à
annoncer telle ou telle chose : // faisait outre
cela le métier ^'annonceur de nouvelles.
(Scarr.) Il Inusité.
— Autrefois, Acteur chargé d'annoncer au
public le spectacle du lendemain : Holà! ho!
monsieur /'-nnonceur, un petit mot, s'il vous
plait .' n'étes-vous point las de nous donner
toujours la même pièce? (Regn.)
. ANNONCHALANT (a
prés, du v. Annonchalii
■dnnoneno/an/ son cœur,
H s'habilla des habits d'une femme.
Ronsard.
ANNONCHALI, IE (a-non-cha-li) part. pass.
du v. S'annonchalir.
ANNONCHALIR (S'}, v. pr. ( sa-non-cha-lir
— rad. nonchalant). S'amollir, devenir pares-
seux ; s'énerver : L'homme s'annonchalit ,
lorsque rien ne l'excite au travail.
— S'emploie aussi activement : Le repos
annonchalit les hommes, il Ces trois mots
ont vieilli.
annonciaDE s. f. (a-non-si-a-de — vieux
mot qui se disait pour annonciation). Hist.
ecclés. Nom commun à plusieurs ordres reli-
gieux, institués dans le but d'honorer le
mystère de l'incarnation : L'ordre de Z'An-
nonciade. Religieuse de Z'Annonciade. Service
de /'Annonciade. il Religieuse d'un couvent
de l'ordre de l'Annonciade : Une annonciade.
Entrer chez les annonciades. h Société de
l'Annonciade, Confrérie fondée à Rome par
le cardinal Torquemada, pour marier les
filles pauvres.
— Encycl. Hist. relig. On connaît sous le
nom à'annonciades plusieurs ordres religieux :
1» les Servîtes, institués à Florence par sept
marchands de cette ville, en 1232 ; 8° les An-
nonciades de Bourges, instituées .par Jeanne de
Valois, fille de Louis XI, en 1500, dans le but
d'honorer les dix vertus de la Vierge ; 30 les
Annonciades célestes ou Filles Bleues, établies
à Gènes en 1604, par Marie-Victoire Fornaro.
Ces religieuses portaient un habit blanc et un
manteau bleu , ce qui leur fit donner le nom
de Filles bleues ou Annonciades célestes. Elles
vinrent s'établir à Paris, rue Culture-Sainte-
Catherine, en 16Ï2 ; elles ont encore aujour-
d'hui une maison à Saint-Denis.
ANNONCIADE (ordre de l'), Ordre cheva-
leresque de la maison de Savoie. L'origine de
cette institution a donné lieu à un grand
nombre d'opinions contradictoires. Toutefois,
les écrivains les plus sérieux pensent qu'il
a été fondé, en 1518, par Charles III, duc
de Savoie, pour remplacer l'ordre du Col-
lier, créé en 1355, par un de ses ancêtres. Le
fondateurplaçacetordre sous l'invocation de la
Vierge, et fit représenter sur la décoration une
image de l'Annonciation. C'est de cette der-
nière circonstance qu'est venu son nom. De-'
puis son origine, l'ordre a subi des modifica-
tions assez importantes, mais il a toujours
conservé une organisation essentiellement
féodale. Aujourd'hui même, on n'y est guère
admis si l'on ne justifie d'une noblesse an-
cienne. La décoration présente quatre lettres,
F. E. R. T., que l'on considère comme une
ancienne devise dont le sens est oublié.
Quelques auteurs prétendent qu'elles signi-
fient : Frappes ; entrez , rompez tout, ou bien,
Fortitudo ejus Rhodum tenuit, mais ces expli-
cations ne reposent sur. aucune base. Suivant
ceux qui les ont imaginées , la seconde serait
une allusion aux exploits d'Amédée V contre
les Turcs, au siège de Rhodes, en 1610, mais
la devise se trouve sur des monnaies de Louis
de Savoie, mort en 1301 , et même de Thomas
de Savoie, mort en 1233.
annonciateur s. m. (a-non-si-a-teur—
du lat. annuntiator, celui qui annonce). Dans
l'Eglise grecque, Sorte d'officier qui est chargé
de faire l'annonce des fêtes.
ANNONCIATIF, IVE adj. (a-non-si-a-tif,
i-ve — rad. annonciation). Qui est destiné à
annoncer, il Très-peu usité.
ANNONCIATION s. f. (a-non-si-a-si-on —
lat. ànnûntiatio, même sens). Action d'an-
noncer : Dans /'annonciation que Charles le
Chauve fit au peuple de la partie de ce traité
qui le concernait... (Montesq.) il Inusité en ce
sons. N
— Dans la religion eathol. , Message de
l'ange Gabriel à la Vierge Marie, pour lui
annoncer le mystère de l'Incarnation, n Fête
instituée par l'Eglise, dès les premiers siècles,
en mémoire de ce mystère : L' Annonciation
se célèbre le 25 mars , mais quand elle tombe
dans la quinzaine de Pâques, on la remet au
second lundi gui suit cette fête.
— B.-arts, Tableau, estampe, image, qui
représente l'ange apparaissant à Marie : On
a tant fait «/'annonciations, qu'il semble que
ce thème ne puisse plus être varié. (Th. Gaut.)
— Encycl. La fête de l'Annonciation se cé-
lèbre le 25 mars, jour anniversaire, d'après
saint Augustin, du grand événement auquel
elle doit son origine. L'institution de cette fête
remonte à une époque fort ancienne, puisque
saint Athanase en faisait déjà mention dans
un de ses sermons. Une constitution du pa-
triarche Nicéphore ayant permis de rompre le
jeûne si cette fête arrivait le jeudi ou le ven-
dredi de la semaine sainte, un concile tenu à
Tolède en 656, pour conserver l'intégrité du
carême, ordonna de la transférer dans la se-
-_ tu cet uàiu^t;: les o) -
'ont fixée au lit décembre, et les Armé-
niens au 5 janvier; mais dans l'Église latine,
elle a repris son ancienne place au calendrier
ecclésiastique.
Annonciation (représentations diverses
de L'). Il n'est guère de sujets religieux qui
-!-— ' été traités plus fréquemment que l'An-
nonciation ou Salutation angélique, cet épisode
gracieux qui est comme le prologue de l'épopée
chrétienne. Les catacombes nous en offrent
e peinture où les iconographes font r*
quer que l'ange annonciateur n'a pas d'anes.
ce qui est contraire aux prescriptions de saint
Jean Chrysostome : ce Père de l'Eglise, voulant
éviter que le messager céleste ne fût confondu
avec un mortel, avait recommandé de le repré-
senter planant au-dessus de la terre.
Entre autres monuments remarquables de
l'antiquité chrétienne, où Y Annonciation a été
figurée, nous citerons : un bas-relief de l'église
Saint-Michel, à Pavie (vue siècle) ; une mo-
saïque du grand arc du chœur de Sainte-Marie-
Majeure, à Rome (publiée par Ciampini) ; une
sculpture en creux de la porte de bronze de la
basilique de Saint-Paul hors les murs, à Rome,
ouvrage byzantin du ix« siècle ; un très-beau
bas-relief de la façade de l'église d'Orvieto,
attribué'à Nicolas de Pise (xme siècle). Nous
pourrions compléter ces indications par celles
d'un très-graud nombre de miniatures , de
sculptures sur bois et de vitrajix, dus à des
artistes du moyen âge ; mais le détail en serait
fastidieux, et ne révélerait d'ailleurs aucune
particularité intéressante au point de vue de
l'iconographie.
L'Annonciation devint la sujet favori des
maîtres primitifs de l'Allemagne et des Flan-
dres. Elle figure dans une foule de triptyques,
tantôt au centre de la composition, tantôt sur
les volets, le plus souvent au revers des van-
taux, et dans ce dernier cas elle est assez
ordinairement peinte en grisaille. Nous la
trouvons représentée avec des détails d'une
naïveté charmante dans un grand' retable du
musée de Dijon, exécuté à la fin du xve siècle,
par ordre de Philippe le Bon, et attribué a Mel-
chior Brodlain : la Vierge, assise devant un
pupitre sur lequel est ouvert un livre, occupe
l'intérieur d'un oratoire roraano-byzantin, en
dehors duquel l'ange Gabriel s'est agenouillé
sur le gazon, tenant a la main une banderole
où sont écrits les premiers mots de la Saluta-
tion angélique. Dans un coin du ciel apparaît
Dieu le Père, coiffé d'une tiare et environné
de têtes d'anges : de sa bouche s'échappe un
rayon lumineux qui renferme le Saint-Esprit,
figuré par la colombe. A quelques pas de l'ora-
toire, l'artiste nous montre sainte Elisabeth et
la sainte Vierge s'embrassant (la Visitation),
et tout à fait au fond, des montagnes cou-
ronnées par une forteresse.
Dans l'Annonciation qui orne le revers
du célèbre retable de l'Agneau mystique
(V. Agneau) des frères Van Eyck, la Vierge
et l'ange sont tous deux vêtus de robes blan-
ches flottantes ; ce dernier, tenant à la
r , ... mbe est posée
sur sa tête. Le lieu de la scène est une vaste
salle, terminée au fond par des arcades qui
laissent voir la ville de Gand.
C'est un paysage italien que Juste d'Alle-
magne a placé dans sa curieuse Annonciation,
qui est au Louvre. Ici, l'ange est suspendu en
lair; la Vierge, vêtue d'une robe d'or que
recouvre une draperie noire, se recule trem-
blante et s'appuie contre une colonne.
On voit au Louvre une autre Annonciation
très-intéressante, qui figure parmi les œuvres
des inconnus de l'école flamande (no 595) , après
été pendant longtemps attribuée à Lucas
est suspendu un médaillon qui représente le
Christ assis sur un trône et tenant le globe
du monde sur ses genoux.
V Annonciation que Stephan Lochner a
peinte à l'extérieur de son magnifique trip-
tyque de la cathédrale de Cologne (Adoration
des. mages), est regardée par M. Waagen
comme un chef-d'œuvre, sous le double rap-
port de la forme et du sentiment. La Vierge,
a genoux dans son oratoire, aune beauté, une
candeur vraiment célestes.
L'église de la Madeleine, à Aix en Pro-
vence , possède une Annonciation qui , si elle
n'est pas d'Albert Durer, à qui on l'attribue,
mérite du moins d'être citée parmi les plus
intéressantes productions de l'ancienne école
flamande. La Vierge, revêtue d'une chape de
drap d'or à grands ramages noirs, est age-
nouillée devant un élégant prie-dieu, dans la
chapelle latérale d'une église gothique. Elle a
les mains jointes et détourne timidement ses
regards de son livre d'heures. Un bel ange, à
cheveux roux, les ailes déployées, les genoux
en terre, lui annonce la nouvelle de sa ma-
ternité ; une magnifique chape rouge déroule
autour de lui ses plis "ondoyants. Par une
rosace de l'église, Dieu le Père, revêtu aussi
d'une chape dont un ange soutient la queue,
fait descendre sur Marie les effluves de sa
grâce. Les détails allégoriques abondent dans
la mise en scène. Un vase de cuivre, dans
lequel est placé un lis, emblème de la chasteté,
ANN
est posé à terre auprès de la Vierge. Un singe
est sculpté au-eommet du prie-dieu. Au fond
de l'église, un prêtre célèbre a l'autel le sacri-
fice de la messe... Et, ce qui dépasse toute
naïveté, un bambino microscopique nage dans
les flota de lumière qui vont du Très-Haut à
Marie. L'opinion que le Fils de Dieu était ainsi
desceWu tout formé dans le sein de la Vierge,
trouva, au xve siècle, des partisans assez nom-
breux pour que saint Antonin, archevêque de
Florence, crut devoir les combattre dans sa
Summa historialis. Plus tard , Canisius (De
deipara VirgineMaria,l\v. III,ch.xiv) s'éleva
à son tour contre cette hérésie , qu'avaient adop-
tée les anabaptistes allemands, à la secte des-
quels pourrait bien avoir appartenu l'auteur
du tableau que nous venons de décrire.
Les peintres italiens péchèrent sinon contre
le dogme, du moins contre le récit évangélique,
en plaçant dans la scène de l'Annonciation
des personnages autres que la Vierge et l'ange
Gabriel. C'est ainsi qu'Andréa del Sarto (ga-
lerie de Florence) plaça, à côté de ce dernier,
l'archange saint Michel, tenant une épée et les
balances de la justice divine, et, derrière Marie,
un vieillard qui, suivant la remarque de M. Gue-
nebault. < ne peut être saint Joseph , puisqu'il
ignorait tout ce qui se passait. » Francia alla
plus loin encore, en faisant accompagner le
messager céleste par saint Jérôme et saint
Jean-Baptiste (musée de Bologne). De même,
l'Annonciation de Fra Bartolommeo, au Lou-
vre, nous montre la Vierge ayant près d'elle
plusieurs saints et saintes, au moment où elle
reçoit la nouvelle de sa conception immaculée :
elle est assise sur une estrade placée dans un
enfoncement en' forme de niche, et contemple
l'ange qui paraît dans les airs, tenant à la main
une branche de lis. Le roi David et sa harpe
ont été introduits, sans plus de raison, dans
un tableau du même musée, peint par le Hol-
landais Bloemaert. Mais les anachvonismes de
ce genre, que se permettaient souvent les
artistes du xvic siècle, n'ont rien qui nous
choque en pareille matière. Nous ne blâme-
rons pas davantage Paul Véronèse et l'Al-
bane de s'être écartés de la vraisemblance, le
premier en plaçant la Vierge et l'ange au-
devant d'un magnifique palais (Académie des
Beaux-Arts, à Venise), le second en transpor-
tant la scène au milieu d'un de ces frais et
verdoyants paysages qu'il savait si bien
peindre (Ermitage, Saint-Pétersbourg).
Outre les Annonciations dont il vient d'être
parlé, nous pourrions en citer beaucoup d'au-
tres qui ont été peintes par les plus grands
artistes de toutes les écoles. Il nous suffira de
dire que Vasari, Louis et Annibal Carrache,
le Guide, l'Albane, Bon Boullongne, Charles
de la Fosse et Lesueur, sont les auteurs des
principales Salutations angéliques qu'on voit
au Louvre. Au sujet de la représentation de
ce même sujet par l'allégorie de la Licorne,
V. ce mot."
Murillo a composé deux Annonciations que
possède le Museo del Rey; la plus petite est
ta plus remarquable et la plus célèbre. Au
milieu d'une atmosphère vaporeuse et céleste,
le bel archange Gabriel apparaît à la Vierge
agenouillée ; le messager du ciel se prosterne
à son tour devant elle et salue la divine mère.
Un brillant chœur d'anges, sur lequel ces deux
figures semblent se détacher en relief, rem-
plit tout l'espace; et, sur ce fond luniineux,-
brille comme un astre resplendissant l'Esprit
saint, qui vient sous la figure d'une blanche
colombe accomplir le mystère de l'incarnation.
« Jamais, si je ne l'eusse vu, dit M. Viardot, je
n'aurais imaginé qu'avec les teintes d'une pa-
lette on pût imiter a ce point l'éclat d'une
lueur miraculeuse, et faire jaillir de la toile
des rayons de lumière. C'est le triomphe du
coloriste. •
Annonciation «m berger». On désigne SOUS
ce titre l'apparition de l'ange venant annoncer
aux pâtres de Bethléem lanaissancedu Messie.
Ce sujet a été fréquemment traité par les
artistes du moyen âge et de la Renaissance. On
le voit figurer sur les volets de plusieurs trip-
tyques allemands et néerlandais, et le plus
souvent comme épisode secondaire, dans le
fond d'une autre composition. C'est ainsi que
dans la Nativité de Jules Romain, au Louvre,
on aperçoit, à travers une ouverture de l'é-
table, des bergers gardant leurs troupeaux, et
un ange qui les instruit de la bonne nouvelle.
La scène est disposée d'une façon presque
analogue dans une superbe peinture du même
musée, que le catalogue intitule : l'Annonce
aux bergers, et qui, T>