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Full text of "Lettres entre Omar II et Leon Isaurien"

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Correspondance 

entre 

Omar II, 

8e calife Omeyade 

et 

Léon III risaurien, 

empereur de Constantinople, 

sur la foi des chrétiens 




d'après 
l'Histoire de Ghévond 



Numérisé et mis en ligne 

avec une introduction 

par 

Albocicade 

2009 



Introduction 

En 1856, G. Chahnazarian publiait, sous le titre "Histoire des 
guerres et des conquêtes des arabes en Arménie tirée du 
manuscrit du Vardabed Ghévond" (1), la première traduction 
française de "l'histoire de Ghévond". 

Ghévond raconte la conquête de son pays par les Arabes, 
commençant à la mort de Mahomet en 632 et terminant par 
l'intronisation du Catholicos Stépanos Dvnetsi en 788. C'est, à 
proprement parler, la seule source arménienne de ce siècle sur 
les incursions arabes. Mais les envahisseurs ne se limitaient, 
certes, pas à l'Arménie. C'est l'Empire byzantin qui était 
menacé : dès 673, la flotte du Calife de Bagdad assiège 
Constantinople, même si elle dut renoncer à prendre "la Ville". 

En 717, ce sont les troupes de Sulayman qui assiègent de 
nouveau Constantinople, et c'est son successeur, Omar II qui, la 
même année, lève le siège. C'est aussi en cette année que Léon 
III "l'Isaurien" (qui, en 726 fut l'initiateur de l'iconoclasme) 
devint empereur de Constantinople. 

Au cours de son Histoire, Ghévond rapporte (2) une 
correspondance entre Omar II (Umar ben Abd al-Aziz), Ville 
calife Omeyade et Léon III dit "l'Isaurien" empereur de 
Constantinople, portant sur la foi des chrétiens. 

Authenticité du texte 

L'authenticité de cette correspondance fut cependant 
rapidement mise en doute (3). 

Se pourrait-il qu'un tel échange de lettres n'ai laissé de trace ni 
en grec, ni en arabe (langues supposées originelles des 
missives), mais uniquement chez un obscur historien arménien 
(ainsi, il est vrai, qu'un texte syriaque nettement plus court qui 
ne nous est parvenu qu'à travers une traduction latine) ? 



D'autre part, la longueur de cette correspondance (4) pose un 
incontestable problème d'équilibre dans la construction d'un 
récit qui a pour objet l'invasion du conquérant musulman en 
Arménie, et non les relations épistolaires entre l'islam et 
Byzance. 

Aussi, certaines traductions récentes, considérant cette 
"correspondance" comme une interpolation postérieure, 
l'excluent-elles du texte de Ghévond (5). 



D'un autre côté (6), l'existence d'une telle correspondance est 
signalée dès le IX siècle par Théophane le Chronographe, et au 
Xe siècle, par l'évêque syriaque Mahbub (Agapius) de Manjib 

Par ailleurs, Thomas Artsruni (Xe siècle) et Kirakos de 
Gandzak (XlIIe siècle), qui dépendent l'un et l'autre de 
Ghévond pour leurs sources, font explicitement référence à 
cette correspondance, attestant qu'à leur époque, ladite 
correspondance était partie intégrante de l'œuvre de Ghévond. 
Il en est de même de Vardan Arewelt (XlIIe siècle) qui insère 
des citations de Ghévond dans son "Histoire universelle". 

Enfin, ce que l'on sait par ailleurs du "zèle religieux" de Léon 
et Omar ne contredit en rien cette hypothèse. 



Alors, authentique ? Difficile de se prononcer 

Jean Meyendorff, qui penche pour l'authenticité (7), note que le 
ton, en ce qui concerne la vénération de la croix et des icônes 
correspond tout à fait à l'ambiance théologique des milieux pré- 
iconoclastes, avant que les partis ne développent et n'affinent 
leurs arguments. 

Tandis que l'auteur de la lettre justifie la vénération de la Croix 
- qui est resté un symbole important même pour les 
iconoclastes - il n'accorde pas plus qu'une valeur éducative aux 



icônes. Un tel texte a toutes les chances de dater d'avant le 
décret iconoclaste de 726. 



Aussi, quels que soient les auteurs (ou l'auteur) et la période 
d'insertion de cette "correspondance" (ou de ce traité) - à 
supposer qu'il ne fasse pas partie du texte original de Ghévond 
- nous sommes incontestablement en présence d'un des plus 
anciens (du plus ancien ?) écrit de polémique islamo- 
chrétienne, antérieur à la crise iconoclaste. 



La présente édition 

J'ai repris intégralement la traduction de Chahnazarian : c'était 
la première fois que ce texte était édité et traduit. Depuis, les 
divers manuscrits arméniens de Ghévond ont été collationnés, 
et une base plus sûre a été établie pour la traduction. Toutefois, 
le dommage n'est pas bien grave (d'autant, qu'à ma 
connaissance, aucune autre traduction française n'a été réalisée 
depuis). 

Je me suis seulement permis de découper le texte en sections 
très approximatives, et d'octroyer à chaque section un titre, 
histoire de rendre la lecture de ce long traité plus aisée. 



Pour titre, "Correspondance sur la foi des chrétiens, entre un 
musulman et un chrétien" aurait probablement été suffisant. 
Cependant, puisque ce texte nous est parvenu sous les noms 
d'Omar et de Léon, pourquoi les aurais-je ôtés ? Par ailleurs, 
pour la photo de la"couverture", j'ai choisi ce cliché d'une Bible 
arménienne du XlVe siècle. 

J'ai aussi conservé les notes... malheureusement, elles sont un 
peu "datée". 



Ainsi, par exemple, le texte porte " Dieu, par la loi ancienne, 
ordonnait de circoncire tout mâle au huitième jour de sa 
naissance, tandis que chez vous ce ne sont pas les mâles seuls, 
mais les femmes aussi... "Chahnazarian indique, note 77, "Pour 
ce qui concerne la prétendue circoncision du sexe féminin 
pratiquée chez les Musulmans, toutes mes recherches sont 
restées sans résultat ..." Il ignorait donc tout de l'excision, 
pratique héritée de l'Egypte pharaonique, et - hélas - 
immensément répandue dans le monde islamisé. . . 



A mon sens, l'auteur n'a pas la finesse d'un Abu Qurrah : le ton 
est parfois hargneux, méprisant, la construction confuse... 
Cependant, par son ancienneté même, ce texte mérite de ne pas 
rester ignoré... 



Un denier mot : un grand merci à Robert Bedrosian qui non 
seulement a mis sa traduction de l'Histoire de Ghévond (sans la 
"correspondance de Léon et Omar) à disposition sur internet 
(8), mais a eu l'amabilité de faire parvenir les informations que 
je lui ai demandé. 



Albocicade, 2009 



Notes sur l'introduction 

1. Ghévond, ou Lewond est un "vardadet" (titre qui 
correspondrait peu ou prou à "docteur en théologie" dans 
l'Eglise d'Arménie) du Ville siècle, qui a laissé un récit des 
invasions arabes en Arménie. 

2. Chapitre 7 de l'édition de Chahnazarian, sections 13 et 14 
dans les autres éditions 

3. A. Jeffery : Ghevond's Text of the Correspondence between 
'Umar II and Léo III, Harvard Theological Review, 37 (1944) 
Je n'ai malheureusement pas pu consulter cet article, et me fie à 
ce qu'en écrivent Bedrosian et Arzoumanian. 

4. 58 pages sur les 164 que compte "l'Histoire des guerres..." 
dans l'édition de Chahnazarian 

5. Par exemple, la traduction anglaise de Robert Bedrosian, 
2006 

6. History of Lewond, the eminent vardapet of the Armenians, 
translation, introduction, and commentary by Zaven 
Arzoumanian, 1982 

7. Dumbarton Oaks Papers, 18, 1964 ; cité par Arzamounian 

8. http://rbedrosian.com/ghewint.htm 



"Histoire des guerres et des conquêtes 
des arabes en Arménie" 

par G. Chahnazarian 
1856 



Chapitre 7 



Omar se montra, dit-on, plus humain et plus généreux qu'aucun 
autre de sa nation tout entière; aussitôt qu'il fut monté au trône, 
il publia une amnistie et autorisa tous les captifs arméniens, 
hommes et femmes, à retourner dans leur patrie. Leur captivité 
remontait au temps où Mahomet avait fait brûler l'aristocratie 
arménienne (dans les églises de Nakhitchevan et de Kramé), et, 
devenant ainsi maître de plusieurs châteaux, avait emmené en 
captivité tous ceux qui s'y étaient réfugiés, hommes et femmes. 
Après leur avoir rendu la liberté, Omar II mit tous ses soins à 
faire régner, dans toute l'étendue de son empire, le calme et la 
sécurité. 

Il adressa à Léon, empereur des Grecs, un message dans lequel 
il lui faisait différentes questions sur la religion chrétienne, et 
manifestait son désir d'en apprendre l'essence. 

En voici l'extrait : 



Omar, 

au nom de Dieu, calife des musulmans, 

à Léon, empereur de Byzance. 

Il m'est venu souvent le désir d'apprendre les dogmes de votre 



religion imaginaire et d'étudier à fond vos croyances. 
Cependant, je n'ai pas pu arriver à réaliser mes intentions. Or, 
dites-moi, en vérité, pourquoi Jésus dit-il à ses disciples qu'ils 
sont venus au monde nus et retourneront à lui de même ? Pour 
quelle raison n'avez-vous pas voulu accepter tout ce que Jésus 
dit de sa personne, et préférez-vous faire des recherches dans 
les livres des prophètes et dans les psaumes avec l'intention d'y 
trouver des témoignages pour constater l'incarnation de Jésus. 
On peut, à cause de cela, vous soupçonner d'avoir douté, 
d'avoir regardé comme insuffisant le témoignage que Jésus se 
rend à lui-même, pour n'ajouter foi qu'à ce que les prophètes 
ont dit. Or Jésus était, en vérité, plus digne de foi, se trouvant 
près de Dieu et connaissant mieux sa personne que les hommes 
dont les écrits ont été d'ailleurs falsifiés par des peuples 
inconnus de vous. Comment pouvez-vous justifier, du reste, les 
Ecritures, et les suivre en ce qui répond à vos intentions ? Vous 
dites que le Code (la Bible) fut plus d'une fois écrit par des 
enfants d'Israël, qui le lisaient et qui le connaissaient, et autant 
de fois perdu, de sorte qu'il n'en resta rien pendant longtemps 
chez eux jusqu'à une époque bien postérieure, où quelques 
hommes le recomposèrent par leur génie. Vous dites qu'il fut 
continué de génération en génération, de race en race, par des 
créatures charnelles, vu leur condition d'enfants d'Adam, 
oublieuses, sujettes à se tromper, agissant peut-être sous 
l'inspiration de Satan et de ceux qui, par leurs actes d'hostilité, 
lui ressemblent. Pourquoi ne trouve-t-on, dans le Code 
mosaïque, aucune indication à propos du paradis ou de l'enfer, 
ou de la résurrection et du jugement ? Ce sont les évangélistes 
Matthieu, Marc, Luc et Jean, qui en ont parlé selon leur talent. 
N'est- il pas vrai que Jésus, en parlant dans l'Evangile de la 
mission du Paraclet ou Consolateur à venir, indiquait la 
mission de notre Mahomet ? Pour quelle raison les peuples 
chrétiens se sont-ils , après la mort des disciples de Jésus, 
partagés en soixante douze races (sectes) ? Pourquoi ont-ils fait 



de Jésus l'associé et l'égal du Dieu unique et tout puissant, en 
professant trois Dieux, et en changeant arbitrairement toutes les 
lois, comme celle de la circoncision en baptême, celle du 
sacrifice en eucharistie, celle du samedi en dimanche ? Est-il 
possible que Dieu ait habité dans la chair et dans le sang, et 
dans les entrailles souillées d'une femme ? Pourquoi adorez- 
vous les ossements des apôtres et des prophètes, ainsi que les 
tableaux et la croix, qui anciennement servait, selon la loi, 
d'instrument de supplice ? Le prophète Isaïe rend témoignage 
en faveur de notre législateur comme étant égal et semblable à 
Jésus, lorsqu'il parle, dans sa vision, de deux cavaliers, montés, 
l'un sur un âne, l'autre sur un chameau; quant à vous, pourquoi 
ne voulez-vous pas croire à cela ? Faites-moi parvenir des 
explications sur tous ces points, afin que je puisse connaître 
vos opinions religieuses." 



Telles étaient les questions, qu'avec beaucoup d'autres encore, 
Omar, souverain des Arabes, adressait à l'empereur Léon, qui, à 
son tour, se crut obligé du lui répondre dans ces termes : 



Flavien Léon, empereur, 

serviteur de Jésus-Christ, notre vrai Dieu et le souverain de 
ceux qui le connaissent, 

à Omar, chef des Sarrazins. 



Préambule 

Quelle réponse exacte puis-je faire à tous les arguments que tu 
avances contre moi ? Dieu lui-même nous commande 
d'enseigner avec douceur nos adversaires pour voir s'il ne leur 
accordera pas le temps de la repentance. Nos lois civiles, du 



reste, ne nous imposent point le devoir de frapper, par des 
paroles dures comme des pierres, ceux qui manifestent le désir 
de s'instruire du merveilleux mystère de la vérité, mais comme 
ta lettre ne montrait pas même, dans son commencement, la 
plus faible apparence de vérité ; il est nécessaire de ne pas 
appeler juste ce qui ne l'est pas. Tu dis, dans ta lettre, que nous 
t'avons entretenu plus d'une fois sur les mystères divins de 
notre religion chrétienne, et que tu n'as pas réussi à en étudier 
les dogmes, appelés par toi imaginaires; mais ces deux 
affirmations sont inexactes. En effet, rien ne pouvait nous 
pousser à t'entretenir de nos dogmes, puisque notre Seigneur et 
Maître lui-même nous ordonne de nous abstenir d'exposer notre 
unique et divine doctrine devant les hétérodoxes, de peur 
qu'elle ne soit tournée en ridicule, surtout devant ceux qui sont 
restés étrangers aux prédictions des prophètes et aux 
témoignages des apôtres; cette même règle est pratiquée par 
nous à l'égard de tous les autres. Certes, nous t'avons écrit 
plusieurs fois, et nous t'écrirons davantage si la nécessité nous 
y engage, mais toujours sur les affaires mondaines et jamais sur 
les affaires divines. Cependant, la Parole divine nous apprend à 
répondre à tous ceux qui nous questionnent, et à nous taire 
devant ceux qui ne le font pas; quant à vous, ce n'est pas 
d'aujourd'hui que nous avons appris la substance de vos 
opinions (religieuses); c'est Dieu qui nous a commandé 
d'examiner tout et de retenir ce qui est bon. Or, nous possédons 
des documents historiques, composés par nos bienheureux 
prélats qui ont vécu à la même époque que Mahomet, votre 
législateur, et ces écrits nous dispensent de vous importuner au 
sujet de votre religion ; mais pour que tu ne croies pas que nous 
ayons honte de professer une religion si merveilleuse, écoute, 
s'il te plaît, et si tu m'écoutes, tu mangeras les bons produits de 
la terre, comme l'écrit Isaïe. 

Il est vraiment très difficile, ô homme, de réfuter le mensonge 
le plus palpable lorsque l'adversaire ne songe continuellement 



qu'à le soutenir avec opiniâtreté. Je vais t' expliquer cette thèse : 
Supposons deux hommes se tenant près du feu; l'un d'eux 
reconnaît réellement cet élément pour du feu; l'autre, poussé 
par un esprit de contradiction, dit : C'est une source d'eau. La 
mauvaise foi de celui-ci est évidente. De même, tu avances que 
notre Seigneur a dit dans l'Evangile que "nous sommes venus 
nus dans ce monde et que nous le quitterons tels." Cependant 
nous ne trouvons pas dans l'Evangile un pareil commandement 
émané de notre Seigneur, bien qu'il nous conseille de méditer 
souvent sur la mort; au contraire c'est Job le juste qui, après 
avoir été tenté par Satan a dit : "Je suis né nu et je mourrai tel ; 
le Seigneur l'avait donné (des biens), le Seigneur l'a repris. Que 
le nom du Seigneur soit béni." Voici, vous êtes habitués à 
éluder et à mutiler les témoignages des saintes Ecritures que 
vous n'avez pas lues, et que vous ne lisez pas. Vous aimez à 
trafiquer des choses de Dieu et de la foi en dérobant, dans les 
saintes Ecritures, quelque mot paraissant favorable à vos 
opinions et à l'employer pour votre défense. Tout enorgueilli 
que tu sois par ton despotisme, écoute cependant mes 
réponses : Tu as dit que nous avons trouvé dans les psaumes de 
David et dans des livres de prophètes des témoignages à propos 
de notre Seigneur; mais ce n'est pas aujourd'hui que nous y 
avons fouillé et trouvé de pareilles paroles du Saint-Esprit, qui 
les a prononcées par la bouche des prophètes; c'est par ces 
paroles, aidées parla grâce de Dieu, que le christianisme, dès 
son origine, fut prêché, fondé, propagé, et cru; par ces paroles, 
dis-je, qu'il prospéra et qu'il prospérera encore par la puissance 
du Dieu Créateur Tu écris que nous nous sommes contentés de 
ces paroles, et que nous y avons ajouté foi sans faire attention à 
ce que Jésus avait dit de sa propre personne, le regardant 
comme douteux et incertain; il serait bien désireux que tu 
eusses ajouté foi, selon ta propre parole aux récits infaillibles et 
positifs de l'Evangile plus qu'à tout autre; quoiqu'il n'existe 
aucune contradiction entre le Nouveau et l'Ancien Testament, 



vu que Dieu, source unique de bonté, ne pouvait produire à la 
fois le bon et le mauvais, la vérité et le mensonge; or Dieu, 
pour rendre plus facile au peuple juif l'acceptation de sa Parole 
incamée, avait mis dans la bouche des prophètes des 
déclarations, des paraboles et des prédictions très claires, afin 
que son peuple fût instruit d'avance et préparé à recevoir Jésus- 
Christ, et à ne pas s'opposer à lui, comme il le fait. C'est de la 
même manière que le Seigneur, dans son Evangile, a rendu 
témoignage de sa personne, et, une fois incarné, il a cité, de la 
manière la plus expresse, tous les témoignages que les 
prophètes lui avaient rendus avant son incarnation. 



Sur Jésus 

Je me propose, avec l'aide de la grâce de Dieu, de te montrer 
tout ceci successivement dans ma présente lettre, en attribuant 
les plus glorieuses de ces prédictions à sa nature surhumaine, et 
les plus humbles à sa nature humaine. Tu écris que Jésus 
méritait notre confiance puisque, se trouvant près de Dieu, il le 
connaissait mieux que tous ceux qui ont écrit de lui, et dont les 
écrits ont été falsifiés du reste par des peuples que nous ne 
connaissons pas. 

Réponse : La vérité ne sait pas nier ce qui existe, et affirmer ce 
qui n'est pas ; tandis que le mensonge est capable de tout : il 
ose nier, non-seulement les êtres visibles, mais aussi le 
Créateur lui-même en proférant qu'il n'y a point de Dieu. Par 
conséquent, il n'est pas étonnant que le mensonge nie 
l'existence des saintes Ecritures ou qu'il les accuse de fautes. 
Jésus était en vérité digne de confiance, mais non pas comme 
homme simple et privé de la Parole de Dieu, mais comme 
homme parfait et Dieu parfait; de même que ses 
commandements, proférés par la bouche des prophètes, 
méritent aussi notre confiance entière, non parce qu'ils ont été 



prononcés par des hommes, mais parce que c'était la Parole de 
Dieu elle-même qui les a dictés avant son incarnation, et, 
comme c'était Elle seule qui les inspirait dans l'Ancien et dans 
le Nouveau Testament, c'est pour cela qu'on n'y trouve aucune 
contradiction. Quant à ce que tu affirmes sur la falsification de 
ces écrits, si c'est le chef de ta religion qui t'a enseigné cela, il 
s'est oublié ; si c'est un autre, il n'en a que menti davantage. 
Ecoute donc et réfléchis : Le chef de ta religion convient qu'il 
ne faut rien constater sans témoins ; il ajoute que le Code (de 
Moïse) ordonne la même chose ; et en effet, le Code ordonne 
que toute parole soit constatée par deux ou trois témoins. Nous 
savons que ce fut Abraham qui reçut autrefois la promesse de 
la mission du Christ, et à qui Dieu dit: "Toutes les nations de la 
terre seront bénies en ta semence" (1) qu'Isaac, nourri de la 
même espérance, bénit Jacob, et que celui-ci, toujours dans le 
même but, bénit Juda en lui disant : "Le sceptre ne se départira 
point de Juda, ni le législateur d'entre ses pieds, jusqu'à ce que 
le Silo vienne, et à lui appartiendra l'assemblée des peuples." 
(2) Nous savons que Moïse, dans le même but, avait ordonné et 
désigné Josué. Rappelle-toi, David, Salomon, les douze 
prophètes avec Samuel, Eliazar, Elisée, Esaïe, Jérémie, Daniel, 
Ezéchiel, Job le juste, Jean-Baptiste, fils de Zacharie ; ajoute à 
ceux-là les douze apôtres et les soixante-dix disciples du 
Seigneur, en tout cent et onze personnes dans l'Ancien et le 
Nouveau Testament. Tu méprises donc tant de personnages 
saints et chéris de Dieu, qui ont prédit l'avènement du Christ, 
auxquels ton Mahomet lui-même avait rendu ce témoignage 
qu'ils étaient de saints serviteurs de Dieu, afin que Mahomet 
paraisse plus digne de foi que Dieu parlant par leur organe, et 
que la Parole de Dieu manifestée en chair. Or, je te fais la 
question suivante, réponds, je t'en conjure, si c'est le 
témoignage rendu par cent et onze serviteurs de Dieu, parlant 
unanimement d'un même Sauveur, qui est le plus digne de foi, 
ou celui d'un dissident ou d'un hétérodoxe, qui en mentant 



croyait dire la vérité ? Rappelle-toi que Mahomet, en parlant 
d'eux, les représente comme de saints et favoris ministres de 
Dieu, et qu'il vous oblige à les regarder comme tels ; quant à ce 
que Dieu a dit par leur organe, il le rejette lui-même et 
empêche les autres de l'admettre. 



Sur la Bible 

Tu demandes comment nous pouvons nous appuyer sur le livre 
des Juifs, qui est l'Ancien Testament, et tu prétends que nous 
croyons que ce livre fut plusieurs fois écrit et perdu, jusqu'à ce 
qu'après de longues années quelques individus entreprirent de 
le recomposer à leur guise. Ainsi, suivant l'opinion que tu nous 
prêtes, cette œuvre aurait été continuée de génération en 
génération, et ceux qui la faisaient étaient exposés à toute sorte 
d'erreurs et aux séductions de Satan et de tous ceux qui lui 
ressemblent par leur esprit haineux. 

Réponse. Je suis fort étonné non-seulement de votre 
incrédulité, mais encore de la manière dont vous exposez sans 
rougir vos idées, qui vous rendent ridicules, et dont vous 
prétendez nous séduire par nos propres paroles. 

C'est dans ce but que tu commences ta lettre en citant une de 
nos opinions, prétendant en tirer tout ce qui suit, comme si 
c'était émané de nous. Cependant si tu crois à nos opinions il 
faut y croire entièrement, parce que personne ne peut s'appuyer 
sur un mensonge, et c'est un mensonge que d'adopter la moitié 
d'un témoignage et de rejeter l'autre; mais comme tu n'en es pas 
instruit, écoute et apprends : quand nous disons que ce sont les 
Hébreux qui ont composé l'Ancien Testament, nous ne voulons 
pas dire qu'ils l'ont produit par leur imagination, mais qu'ils 
l'ont composé dans le sanctuaire, sur la foi des documents 
authentiques des hommes saints et pieux de leur nation, et 



puisant dans les livres des Prophètes eux-mêmes. Le chiffre des 
êtres créés par Dieu aux premiers six jours monte à 22 ; de 
même l'Ancien Testament renferme 22 livres reçus par les Juifs 
aussi bien que par nous; leur alphabet est composé de 22 
caractères, dont cinq peuvent être doublés, et cela non sans une 
signification importante. Dieu inspira cela par ses prophètes, 
pour que toutes les vérités fussent constatées les unes par les 
autres; de ces 22 livres, 5 sont connus sous le nom de Loi ou de 
Code, et appelés par les Hébreux Thora (3), par les Syriens 
Orathas (4) par nous Nomos. Ils renferment l'enseignement de 
la connaissance de Dieu, le récit de la création du monde par 
lui, la défense d'adorer les divinités des païens, l'alliance 
conclue avec Abraham, dont le but était le Christ, et les 
règlements relatifs à la jurisprudence et aux sacrifices, 
règlements qui les éloignaient des habitudes du paganisme, 
pour lesquelles ils professaient tant d'attachement. Les livres de 
Josué, des Juges, de Ruth; les quatre livres des Rois (5) et des 
Paralipomènes, contiennent les œuvres miraculeuses de Dieu, 
opérées de temps à autre; la généalogie exacte de la famille des 
Justes, descendant régulièrement jusqu'au Christ. Ils racontent 
aussi l'histoire des rois d'Israël, ou indiquent ceux d'entre eux 
qui ont été agréables à Dieu, et ceux qui ne l'ont pas été ; ainsi 
que la séparation du peuple des Juifs, à cause de leurs péchés, 
en deux royaumes : celui de Juda et celui d'Israël, et enfin leur 
captivité. Les psaumes de David, les livres de Salomon, 
appelés par les Juifs Koheleth (6) et Schir-Ashirim (7), par 
nous Parimons (9) et Samatans (9); ceux des douze prophètes, 
d'Isaïe, de Jérémie, de Daniel et d'Ezéchiel, contiennent toutes 
les prophéties sur l'avènement du Christ. Donc si quelqu'un 
d'entre les Juifs avait voulu falsifier (l'Ancien Testament), le 
nombre des livres aurait dû subir quelque changement, les 
sacrilèges auraient dû en supprimer quelques-uns, ou le réduire 
en un, en deux, ou tout au plus en trois livres, et retrancher 
ainsi le reste, parce qu'il était beaucoup plus facile de les 



anéantir de cette manière. 

Je suppose, au reste, que tu n'ignores pas l'inimitié qui existe 
entre nous Chrétiens et entre les Juifs. La cause unique en est 
notre croyance en la divinité de Jésus-Christ, que nous 
regardons comme le Christ et le Fils de Dieu annoncé par les 
prophètes ; tandis que les Juifs, tout en admettant l'avènement 
futur du Christ, se sont élevés contre l'indication des prophètes, 
et n'ont pas voulu reconnaître dans la personne de Jésus le Fils 
de Dieu. Or, comment peut-on admettre que Ceux qui auraient 
falsifié des livres auraient consenti à y laisser intactes ou à y 
ajouter d'eux-mêmes tant de témoignages indubitables, qui, 
malgré qu'on leur fasse violence, ne peuvent être appliqués à 
aucune autre personne qu'au Fils de Dieu incamé. Ecoute 
encore ma troisième réponse : La captivité des Juifs eut lieu 
longtemps avant l'avènement du Christ en chair; cependant 
comment se pourrait-il qu'alors, c'est-à-dire à l'époque du 
Christ, le Temple, le Testament et le Sacerdoce aient continué à 
exister, comme nous l'affirme l'Evangile, suivant lequel le 
Seigneur lui-même avait subi la circoncision et les autres 
cérémonies, très exactement comme tu le confirmes toi-même, 
et tout cela, sans doute, dans le but de prouver que c'était lui- 
même qui avait ordonné ces cérémonies par l'organe des 
prophètes, et que loin de lui être contraires elles lui étaient fort 
agréables, et qu'elles servaient de solides témoignages à son 
dessein et à sa mission ? Les Juifs possédaient-ils un autre 
Testament que les livres des prophètes, qui, après avoir traversé 
la double captivité d'Israël et de Juda, continuèrent à exister 
jusqu'au temps de notre Sauveur, et desquels, en prêchant aux 
Juifs endurcis, il tirait la plupart de ses témoignages, comme 
nous le fait voir son Evangile ? Le peuple des Juifs fut emmené 
en captivité par Nabuchodonosor. Cependant la protection 
divine ne l'abandonna pas, et ne permit pas qu'il fût dispersé, 
comme nous le voyons de nos jours ; Dieu l'établit tout entier 
dans le pays qu'il avait déterminé. Non-seulement ce peuple 



portait avec lui le Testament, mais il était accompagné encore 
par quelques-uns des prophètes. Ainsi, Ezéchiel dit de lui- 
même qu'il s'est trouvé sur les bords du fleuve Kébar au milieu 
des captifs; ainsi les bienheureux Ananiens ont été jetés à 
Babylone dans la fournaise ; ainsi Daniel, l'éminent, commença 
à Babylone sa carrière de prophète; c'est là qu'il fut jeté dans là 
fosse aux lions ; c'est aussi là que tous les événements de 
l'histoire d'Esther ont eu lieu. Pour te convaincre que les captifs 
portaient avec eux le Testament, je t'invite à porter ton attention 
sur ce que le Saint-Esprit dit par l'organe du Prophète dans les 
Psaumes, relativement à l'esclavage des Juifs. Cet esclavage 
n'était pas encore arrivé; cependant il l'y annonce d'une manière 
infaillible dans le psaume CXXXVI (10), en disant : "Nous 
nous sommes assis auprès des fleuves de Babylone, et nous y 
avons pleuré; nous souvenant de Sion, nous avons pendu nos 
harpes aux saules, quand ceux qui nous avaient emmenés 
prisonniers nous ont demandé de chanter des cantiques et de les 
réjouir par le son de nos harpes que nous avions pendues, en 
nous disant : Chantez-nous quelque chose des cantiques de 
Sion" 

Tu prétends-que le Testament fut composé par le génie humain, 
et je sais que tu attaques la seconde édition qu'Esdras composa. 
Cet homme, cependant, possédait la grâce du Saint-Esprit, et 
tout ce qu'il a composé porte un cachet d'infaillibilité, ce qui est 
prouvé par le fait que, quand tout le peuple, délivré de la 
captivité, revint à Jérusalem en portant avec lui le Testament, 
on vit alors l'œuvre miraculeuse de Dieu, lorsqu'on le compara 
avec l'édition d'Esdras, et qu'on trouva cette édition 
complètement conforme à la première. 

Tu as dit que les écrivains du Testament, en leur qualité 
d'hommes, étaient exposés à manquer de mémoire; je conviens 
que tout homme est toujours et en tout faible, imparfait et 
oublieux. Cependant Dieu, qui est étemel, dont la puissance est 
grande et la sagesse sans bornes, parlait aux hommes par la 



voix des prophètes, ses ministres. Lui, qui est exempt d'oubli et 
de conjectures, c'est Lui qui parlait dans les prophètes, sans 
avoir besoin de la sagesse humaine. Mais toi, ton Mahomet, ne 
le regardes-tu point comme un homme ? Cependant, appuyé 
d'une simple parole de Mahomet, tu dédaignes les témoignages 
si nombreux des saints de Dieu ? Tu dis encore que Satan se 
trouve près des serviteurs de Dieu ; quant à Dieu lui-même, il 
ne s'approche point d'eux, et les gens raisonnables savent bien 
qu'il s'approche plutôt d'une personne dépourvue complètement 
du témoignage des saintes Ecritures que de tant de gens saints 
et recommandables. Pour ce qui concerne les saintes Ecritures, 
cela suffit. 



Sur le paradis, l'enfer. . . 

En disant qu'on ne peut pas trouver dans le Code mosaïque des 
traces du paradis, de l'enfer, de la résurrection et du jugement, 
tu ne veux pas comprendre que Dieu instruisait l'humanité à 
mesure que son intelligence se développait. Dieu ne s'est pas 
entretenu avec les hommes une seule fois, ni par un seul 
prophète, comme tu le prétends, en supposant que tout ce qui 
était nécessaire Dieu l'institua par le ministère de Moïse. Point 
du tout. Ce qu'il ordonna à Noé, il ne l'ordonna point à ceux qui 
vécurent antérieurement à lui; tout ce qu'il ordonna à Abraham, 
il ne l'ordonna pas à Noé ; tout ce qu'il ordonna à Moïse, il ne 
l'ordonna pas à Abraham ; tout ce qu'il ordonna à Josué, il ne 
l'ordonna pas à Moïse ; et ce qu'il ordonna à Samuel, à David et 
à d'autres prophètes, dans chaque époque, il ne l'ordonna pas à 
Josué, et ainsi de suite, puisque, comme nous l'avons dit 
précédemment. Dieu a voulu se révéler ainsi peu à peu aux 
hommes auxquels il était impossible de percevoir et de 
s'approprier d'un seul coup cette merveilleuse connaissance. Or, 
si Dieu devait ordonner tout par un seul prophète, pourquoi 



alors en envoyait-il d'autres, ou s'il devait permettre que tout 
fût falsifié, comme tu le prétends, pourquoi alors l'ordonnait- 
il ? La révélation faite par Dieu à Moïse n'était qu'une sorte de 
préparation pour l'instruction des hommes, et non pas un 
enseignement complet ; toutefois. Dieu y fait mention de la 
résurrection, du jugement et de l'enfer. A propos de la 
résurrection. Dieu y dit : "Regardez, maintenant, c'est moi- 
même, et il n'y a point de Dieu avec moi ; je fais mourir, je fais 
vivre, je blesse et je guéris, et il n'y a personne qui puisse 
délivrer de ma main." (11) A propos du jugement, il dit : 
"J'aiguise la lame de mon épée, et si ma main saisit le 
jugement, je ferai tourner la vengeance sur mes adversaires, et 
je le rendrai à ceux qui me haïssent." (12) A propos de l'enfer : 
"Le feu enflammé, dit-il, de ma colère, les brûlera jusqu'aux 
enfers intérieurs." (13) Ces doctrines ont reçu plus de 
développement et d'éclaircissement dans la suite, par d'autres 
prophètes. 



Des "altérations" dans l'Evangile... 

Nous reconnaissons Matthieu, Marc, Luc et Jean pour les 
auteurs de l'Evangile, et pourtant je sais que cette vérité, 
reconnue par nous, chrétiens, te blesse, et que tu cherches à te 
trouver des complices de ton mensonge ; bref, tu soutiens que 
nous le disons écrit par Dieu et descendu des cieux, comme tu 
le prétends pour ton Forkan (14), quoique nous sachions que 
c'est Omar, Abou-Thourab et Salman (15) le Persan, qui l'ont 
composé ; cependant, on a répandu le bruit chez vous que Dieu 
l'avait fait descendre des cieux. Reconnais donc en cela la 
franchise des chrétiens, et quand nous la professons, comment 
oses-tu inventer des calomnies en prétendant qu'il a été 
introduit depuis dans l'Evangile des altérations, soit par nous, 
soit par d'autres ? Qu'est-ce qui pouvait nous empêcher d'en 



retrancher les noms des évangélistes, ainsi que d'y ajouter que 
c'est Dieu seul qui l'a fait descendre des cieux. Fais encore 
attention à ceci, que Dieu n'a pas voulu instruire le genre 
humain, ni par son apparition spirituelle, ni par la mission de 
ses anges ; il a choisi entre eux les prophètes qu'il leur envoya; 
c'est pour cela que le Seigneur, après avoir terminé tout ce qu'il 
avait décidé antérieurement et annoncé par l'organe des 
prophètes avant son incarnation, sachant que l'humanité avait 
besoin de l'assistance de Dieu, promit de lui envoyer le Saint- 
Esprit sous le nom de Paraclet (consolateur), pour la consoler 
de la détresse et de la douleur qu'elle ressentait à cause du 
départ de son Seigneur et Maître ; je répète encore que c'était 
pour cette cause seulement que Jésus appela le Saint-Esprit du 
nom de Paraclet, car il devait consoler ses disciples de son 
départ et leur rappeler tout ce qu'il avait dit, tout ce qu'il avait 
fait devant leurs yeux, toutes choses qu'ils étaient appelés à 
propager dans tout l'univers par leurs écrits : or, Paraclet 
signifie Consolaleur, tandis que Mahomet (16) veut dire 
"eucharistie ou rendre grâce" ce qui n'a aucun rapport avec le 
mot Paraclet. 

Ce blasphème est en effet impardonnable, comme le dit le 
Seigneur lui-même dans l'Evangile, que "le blasphème contre 
l'Esprit ne leur sera point pardonné." (17) Y a-t-il un blasphème 
plus affreux que celui qui consiste à remplacer le Saint-Esprit 
par un individu ignorant complètement les saintes Ecritures ? 
Pour comprendre que le Seigneur parlait dans ce passage du 
Saint-Esprit, fais attention à ce qu'il y dit : "Le Consolateur, le 
Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera 
toutes choses, et il vous rappellera le souvenir de toutes les 
choses que je vous ai dites." (18) Peu après, il ajoute "que le 
Père enverra en mon nom ;" tandis que ton Mahomet n'est pas 
venu au nom de notre Seigneur, mais en son propre nom. Jésus 
a promis le "Saint-Esprit" aux saints, c'est-à-dire à ses 
disciples, et non pas aux hommes en général, et tu sais bien que 



les disciples n'ont pu voir ton Mahomet. J'avais dit ci-devant 
que notre Créateur répandait successivement et peu à peu la 
lumière de sa connaissance par ses prophètes; cependant il n'a 
pas achevé même par eux toute la justice étemelle à venir. Par 
le ministère du prophète Daniel, Dieu nous indique trois 
périodes pour que le monde arrive à une connaissance très 
positive de Dieu. Il sort d'abord des ténèbres de l'idolâtrie, et il 
arrive à un certain degré de connaissance par la Loi, de là à la 
lumière plus éclatante de l'Evangile du Christ, et enfin de 
l'Evangile à la lumière perpétuelle du monde à venir. Aucun 
des prophètes n'a annoncé au monde une quatrième période, 
soit pour la doctrine, soit pour les promesses; au contraire, nous 
sommes prévenus souvent par notre Sauveur de n'admettre 
aucun autre prophète ni aucun apôtre après la mort de ses 
disciples. 



Les divisions chez les chrétiens et dans l'islam 

Tu prétends, en outre, qu'après la mort des disciples du 
Seigneur nous avons été divisés en soixante-douze parties; ce 
n'est pas vrai, et tu ne penses pas à te consoler à l'aide d'un 
mensonge. Je vais expliquer cela : Au dire des tiens, il y a cent 
ans à peine, un peu plus ou un peu moins, que votre religion a 
paru au sein d'une seule nation parlant une seule langue; 
cependant cette religion, si jeune encore et professée par une 
seule nation (19), présente déjà des schismes très nombreux 
dont nous ne rapporterons ici que quelques uns qui sont 
parvenus à notre connaissance, les voici : la secte de Qouaz 
(20), celle des Djobbâiens (21) ou de Sabar, de Thourab (22), 
des Kadariens (23), des Morgiens (24), de Vàsel (24), des 
Djàhediens (26), qui nient également l'existence de Dieu et la 
résurrection avec ton prétendu Prophète, et des Harures (27). 
Une partie de ces sectaires est assez paisible ; mais les autres 



sont tellement animés contre vous qu'ils ne vous qualifient que 
d'infidèles et d'ennemis; qu'ils préfèrent à toute autre justice 
l'assassinat commis sur vos personnes, et regardent la mort 
reçue de vos mains pour la première des œuvres méritoires; de 
pareils actes se font habituellement parmi vous. Quant à toi, en 
exterminant ceux qui diffèrent un peu de tes opinions, tu ne 
penses nullement commettre un crime devant Dieu ; or, si de 
pareils actes se passent chez vous, qui ne formez qu'un seul 
peuple parlant une seule langue et ayant à votre tête une seule 
personne, qui est en même temps le chef, le souverain, le 
pontife et le bourreau, serait-il étonnant, si la foi chrétienne 
était une invention quelconque de la sagesse, humaine, qu'elle 
devînt pire que la vôtre ? Cependant voilà environ 800 ans que 
Jésus-Christ a paru, et que son Evangile a été propagé d'un bout 
de l'univers à l'autre parmi tous les peuples et toutes les 
langues, depuis les pays civilisés de la Grèce et de Rome 
jusqu'aux pays lointains des Barbares ; et s'il se trouve (entre 
les Chrétiens) quelque divergence, la cause en est dans la 
différence des langues; j'ai dit quelque divergence, et jamais 
une hostilité acharnée comme celle que l'on voit enracinée 
parmi vous. Il paraît que sous ce nombre de soixante-douze tu 
entends tous les voluptueux, les impurs, les immondes et les 
impies qui se conduisent comme des païens, et au nombre 
desquels tu nous renfermes nous-mêmes ; mais ce sont des 
gens qui déguisent sous le très saint nom du Christ leurs 
abominations en se donnant pour des Chrétiens, et dont la foi 
n'est qu'un blasphème et le baptême une souillure; et lorsqu'ils 
manifestent leur intention d'abandonner leur détestable vie, la 
sainte Eglise ne les reçoit dans son sein qu'en leur administrant 
le baptême comme aux autres païens, et il y a déjà longtemps 
que Dieu les a fait disparaître complètement, de sorte qu'on ne 
les voit plus. Quant à nous, nous sommes habitués à désigner 
les chrétiens comme formant soixante-dix races, qui toutes ont 
reçu le saint baptême, gage de la vie étemelle; et s'il s'agite 



dans leur sein quelque question de peu d'importance, 
spécialement parmi ceux qui vivent loin de nous et qui parlent 
une langue autre que la nôtre, surtout qui sont tombés sous 
votre tyrannie, ils n'en sont pas moins chrétiens et n'ont pas 
besoin d'être rebaptisés. Au reste, il n'est pas étonnant que les 
chrétiens étrangers et éloignés n'aient pu acquérir une 
connaissance plus approfondie des traditions de la vérité, 
comme ils devraient l'avoir. Cependant les saintes Ecritures 
sont les mêmes, conservées intactes dans chaque langue ; 
l'Evangile est le même, sans aucune variation; je laisse donc de 
côté les diverses langues dans lesquelles la merveilleuse et 
salutaire religion chrétienne a été répandue; j'en indique 
seulement quelques-unes : 1° notre langue grecque, 2° la latine, 
3° celle des Badaliens (28), 4° (29), 5° celle des Syriens, 6° 
celle des Éthiopiens, 7° celle des Indiens, 8° celle des Sarrazins 
qui est la vôtre, 9° celle des Persans, 10° celle des Arméniens, 
11° celle des Géorgiens, et 12° celle des Albanais. Supposons 
donc que suivant ton dire un ou deux de ces peuples ait 
introduit des changements dans les livres de sa langue, 
comment peut-on supposer que ces changements se retrouvent 
aussi dans les livres des autres peuples habitant, comme tu le 
sais, très loin de nous, et différant de nous par leur langue 
particulière et par leurs habitudes. Quant à vous, vous avez déjà 
donné des exemples de ces falsifications, et on connaît entre 
autres un nommé Hadjadj, nommé par vous gouverneur en 
Perse, qui fit ramasser tous vos anciens livres qu'il remplaça 
par d'autres livres composés par lui-même, suivant son goût, et 
qu'il propagea partout dans votre nation, parce qu'il était 
beaucoup plus facile d'entreprendre une pareille œuvre au sein 
d'un seul peuple parlant une seule langue. De cette destruction 
s'échappa cependant un petit nombre des ouvrages d'Abou- 
Thourab, car Hadjahj ne put les faire disparaître complètement. 

Quant à nous, cela nous était impossible; d'abord, parce que 
Dieu nous a défendu expressément de songer jamais à une 



entreprise si audacieuse ; ensuite, parce que si même quelqu'un 
osait agir contre la défense de Dieu, il lui aurait été impossible 
de faire ramasser tous les livres répandus dans tant de langues 
différentes, de se procurer et de réunir des interprètes habiles, 
ensuite de faire examiner les livres par ces interprètes, pour y 
ajouter ou y retrancher à son gré. Au reste, tu n'ignores pas non 
plus, puisque tu en fais mention, qu'il existe parmi les chrétiens 
une sorte d'inimitié, quoique à propos de questions peu 
importantes, mais qui pourraient également inspirer à chaque 
nation le désir de faire introduire des changements dans des 
livres de sa langue, suivant ses opinions. Cependant, cela n'a 
pas eu lieu ni parmi ceux qui se trouvent loin de nous, ni parmi 
ceux qui habitent dans notre voisinage. Cesse donc de 
multiplier ces impostures, de peur que tu ne rendes inutile le 
peu de vérité que tu avances. 



De l'usage des Ecritures 

Une chose qui m'étonne, du reste, excessivement, c'est qu'après 
avoir manifesté tant de dédain à l'égard de l'Evangile de notre 
Seigneur et des livres de prophètes, les regardant comme 
falsifiés et recomposés par des hommes suivant leurs idées, tu 
ne cesses cependant, pour appuyer tes opinions inconstantes, 
d'y puiser des citations que tu tords et que tu modifies à ton gré. 
Toutes les fois, par exemple, que tu y rencontres le mot Père, tu 
le remplaces par celui de Seigneur, et quelquefois de Dieu. Si 
c'est dans l'intérêt de la vérité que tu y fais des recherches, il te 
faut, avant de les citer, respecter les Ecritures, ou si tu les 
dédaignes comme corrompues, il ne te convient pas d'en faire 
des citations. Tu es obligé de les citer telles que tu les trouves 
dans les livres, sans les modifier à ta manière. 

Il est en effet très difficile aux serviteurs de Dieu, qui sont 
soumis à ses ordres, d'avoir quelque relation avec vous; les 



païens, en entendant les noms des prophètes ou des apôtres, se 
mettent à rire; vous autres, quoique vous ne méprisiez pas leur 
noms, vous tournez en ridicule leurs paroles. Cependant, 
pouvons-nous nous dispenser de vous citer les passages 
suivants, adressés à Moïse : "Je suis l'Eternel... le Dieu 
d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob." (30) "Faisons 
l'homme à notre image, selon notre ressemblance." (31) "Venez 
donc, descendons et confondons là leur langage." (32) Encore : 
"L'Etemel fit pleuvoir des cieux, sur Sodome et sur Gomorrhe, 
du soufi'e et du feu de la part de l'Eternel." (33) Je les tire des 
livres de Moïse que vous n'avez pas lus, ni toi ni ton législateur 
Quoi ! crois-tu que c'est aux anges, qui n'osent pas le regarder, 
que l'Eternel adresse les paroles ci-dessus mentionnées ? Nous 
ne nous permettons pas de penser, comme tu le fais si souvent, 
que de pareils passages de la sainte Ecriture soient vides et 
futiles. A qui donc convenait-il que Dieu adressât ces paroles, 
si ce n'est à sa Parole, image de sa substance et rayon de 
lumière de sa gloire, et au Saint- Esprit qui sanctifie et éclaire 
tout; et pourtant nous sommes accusés par vous de reconnaître 
trois dieux ? 

Le soleil est-il différent des rayons qui en dérivent ? Oui, sans 
doute. Cependant, retranche ces rayons, ce n'est plus le soleil ; 
et si quelqu'un disait que les rayons naissent directement du 
soleil, de lui seul, sans le concours d'aucune puissance, à la 
différence des générations humaines qui procèdent de 
l'accouplement des sexes ; en un mot, qu'il les tire de sa propre 
substance ; certes, celui qui dirait cela ne se tromperait pas. En 
effet, quoique le soleil soit autre chose que ses rayons, leur 
union ne fait pas deux soleils. Et toi-même, n'est-ce point là ton 
opinion ? Or, si cette lumière visible et créée, cette lumière 
qu'obscurcit la nuit, qu'intercepte la hauteur des édifices, nous 
semble procéder d'une naissance si pure, quelle sera donc la 
pureté de la naissance divine, elle qui procède de cette lumière 
dont rien ne ternit l'étemel éclat. 



J'ai été forcé d'emprunter cet exemple pour te convaincre, parce 
qu'il m'a paru que tu apportes peu d'attention à ce que Dieu 
nous ordonne dans les saintes Ecritures. Tu leur préfères ta 
volonté ; tu en prends ce qu'il te plaît, sans craindre de les 
modifier à ton caprice et de changer ce qui n'est point dans tes 
vues. Qu'il soit maudit, l'homme qui admet deux ou trois 
divinités, émanées d'origine différente. Pour nous, nous ne 
connaissons qu'un seul Dieu, Créateur des cieux et de la terre ; 
un Dieu intelligent, dont la parole toute sainte et pleine de 
raison a créé tous les êtres et les gouverne. Et cette parole n'est 
point comme la nôtre, qui, tant qu'elle n'est point sortie de nos 
bouches reste incompréhensible aux autres, et dès qu'elle en est 
sortie, se décompose et se dissipe. C'est cette parole que nous 
reconnaissons pour la Parole de Dieu, par le rayon de la 
lumière que rien ne ternit, rayon qui n'est pas simplement 
comme ceux du soleil, mais d'une qualité si éminente qu'elle 
déconcerte l'intelligence et échappe à l'explication. C'est cette 
parole que l'Ecriture divine appelle Fils de Dieu, engendré par 
lui, non point sous l'empire d'une passion terrestre, mais 
comme les rayons naissent du soleil, comme la lumière sort du 
feu, et comme la parole émane de la raison. En somme, voilà 
ce que le langage humain est capable de dire à propos de la 
Parole-Dieu émanée de Dieu et de leur cosubstance. 



Sur l'homme et l'incarnation 

Puis, parmi toutes les créatures il n'y a aucun être plus précieux 
devant Dieu que l'homme, ce que tu avoues toi-même en 
ajoutant que Dieu ordonna aux anges de se mettre à genoux 
devant Adam, fait inconnu dans les saintes Ecritures. Adam 
était homme, et en lui rendant un pareil témoignage, tu as bien 
accusé ton orgueil ; qu'on sache donc maintenant quelle place 
doivent occuper ceux, qui ne veulent pas rendre hommage à 



l'homme, selon ta propre expression. Il est évident qu'Adam fut 
créé à l'image de Dieu ; cependant crois-tu que ce fut son corps 
matériel et plein d'infirmités que Dieu créa à son image ? Point 
du tout; c'étaient au contraire l'âme, la raison et la parole que 
Dieu a créées à la ressemblance de son Esprit et de sa Parole. 
L'homme créé de cette manière, et recevant de plus l'honneur 
de l'indépendance, devint l'image de Dieu; mais, trompé 
ensuite par le tentateur, il fut dépouillé de l'honneur auquel il 
était destiné par son Créateur, et, méprisé pour son coupable 
oubli, il s'abandonna à une vie extrêmement blâmable de 
débauche et de luxure. La volupté devint son occupation 
unique, et toute sa vie ne présenta plus qu'un tissu de haine, de 
rapine, d'assassinats et d'avidité. Il a fini par se plonger dans 
l'idolâtrie, qui est le comble de toutes les iniquités, et dans une 
telle volupté qu'il me répugne d'en parler ici. Dans son 
égarement il s'est mis à rendre un culte, non-seulement à des 
êtres fantastiques et visibles, mais encore à ses vices, à 
l'adultère, à la sodomie, auxquels il a rendu les honneurs 
divins; c'est ainsi que le tentateur est parvenu à réduire 
l'humanité à ce point de dégradation, et il triomphe se voyant 
adoré sous la forme des idoles du paganisme, et excitant de 
plus en plus l'homme voluptueux à ce culte pervers par des 
augures et des talismans trompeurs. Dieu voyant son image si 
dégradée par l'adoration rendue au tentateur, et par 
l'avilissement où l'homme était tombé en faisant ce qui plaisait 
à Satan, se laissa toucher de compassion pour la misère de 
l'homme, car il est le seul véritable bienfaiteur et ami de 
l'humanité; mais comme il n'existait d'autre chemin de salut 
pour l'homme que celui de connaître son Créateur et de 
s'éloigner de son ennemi, dans ce but, il se manifesta à 
l'humanité en se faisant connaître d'abord par l'intermédiaire 
des prophètes, ses ministres, comme par une lumière qui 
brillait peu à peu au sein des ténèbres du paganisme. 
L'aveuglement de l'esprit de l'homme était si grand qu'il ne 



pouvait pas contempler à la fois complètement toute la lumière 
de la connaissance de Dieu ; c'est pour cette cause que Dieu 
commença, comme je l'ai rapporté ci-devant, à l'éclairer peu à 
peu jusqu'à ce que le temps fixé arrivât. Ainsi Dieu éclaira 
l'homme tant qu'il le trouva bon, et il lui promit d'avance, par 
l'organe des prophètes l'avènement de sa Parole incarnée qui 
devait revêtir notre corps, notre âme et tout ce qui est propre à 
l'homme, sauf le péché. 

Toutefois, comme personne d'entre tous les hommes n'a pu 
descendre plus bas que lui dans l'humiliation, nous lui 
attribuons tout ce qui est dit de son abaissement ; et, en retour, 
tout ce qui est dit de sa gloire, nous le lui attribuons comme à 
Celui qui est véritablement Dieu. Tu te rappelles probablement 
ce que nous avons rapporté ci-dessus des livres de Moïse, 
concernant l'égalité de la Parole avec Dieu lui-même; écoute, 
maintenant, ce que dit encore Moïse, relativement à la future 
apparition de la Parole revêtue du caractère humain : 
"L'Etemel, ton Dieu, te suscitera un prophète d'entre tes frères, 
vous l'écouterez comme moi... et il leur dira tout ce que je lui 
aurai commandé. Et il arrivera que quiconque n'écoutera pas 
mes paroles, lesquelles il aura dites en mon nom, je lui en 
demanderai compte." (34) On sait, au reste, que depuis la mort 
de Moïse, au lieu d'un seul prophète, il y en parut un très grand 
nombre ; cependant, le passage qui nous occupe ne devait 
s'appliquer qu'à un seul ; savoir, à celui qui serait le plus 
puissant et qui annoncerait des choses difficiles à croire. Je vais 
te citer maintenant une multitude de passages des prophètes 
indiquant l'avènement du Christ, et je préfère te proposer 
d'abord ceux qui en parlent dans des termes humiliants, 
convaincu que tu les accueilleras avec beaucoup de plaisir. 
J'espère que je parviendrai à te faire monter, de cette manière, 
si Dieu le veut, comme par un escalier des profondeurs de cette 
terre jusqu'aux lieux les plus élevés, en la présence même de 
Dieu. David, en parlant de lui, dit comme étant à sa place : 



"Mais, moi, je suis un ver et non point un homme, l'opprobre 
des hommes et le méprisé du peuple. Tous ceux qui me voient 
se moquent de moi; ils me font la moue, ils branlent la tête. Il 
s'abandonne, disent-ils à l'Eternel ; qu'il le délivre et qu'il le 
retire, puisqu'il prend son bon plaisir en lui." (35) Cette 
prophétie ne s'est pas accomplie en David, mais en la personne 
du Seigneur, pendant qu'il était attaché à la croix. Le même 
David parle du Christ dans des termes éminents : "L'Eternel 
m'a dit : Tu es mon fils, je t'ai aujourd'hui engendré." (36) Pour 
indiquer la conversion complète de tous les païens dans la foi 
chrétienne, le même prophète ajoute : "Demande- moi, et je te 
donnerai pour ton héritage les nations, et pour ta possession les 
bouts de la terre." (37) Voici un autre passage encore : 
"L'Etemel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite 
jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis pour le marche-pied de tes 
pieds... Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour 
que tu assembleras ton armée en sainte pompe, la rosée de ta 
jeunesse te sera produite du sein de l'aube du jour." (38) Le 
même prophète s'exprime ainsi sur l'unité de la nature divine 
(de la sainte Trinité siégeant dans les deux) : "La terre est 
remplie de la gratuité de l'Eternel, les cieux ont été faits par la 
Parole de l'Eternel, et toute leur armée par le souffle de sa 
bouche." (39) Jérémie s'exprime ainsi : "Le Seigneur m'envoya 
et son Esprit." Il dit aussi, à propos de l'incarnation de la Parole 
de Dieu : "II est notre Dieu, et il a trouvé tous les chemins de la 
sagesse, et l'a donnée à Jacob, son serviteur, et à Israël, son 
favori; puis il parut au monde et marcha avec les hommes." Le 
prophète indique, dans ce passage, deux espèces de lumière : la 
première est celle de son extrême abaissement par laquelle il 
éclaira l'univers tout entier, en y propageant les rayons de la 
connaissance de Dieu, et la seconde celle de la résurrection 
générale qu'il annonce au peuple hébreu, en l'exhortant à rester 
fidèle au premier lever de la lumière, et à ne pas se révolter 
contre elle (comme cela eut lieu réellement), de peur que les 



étrangers, c'est-à-dire que les païens n'entrent dans la 
possession de leur gloire." II leur dit donc : "Retourne à Jacob, 
et saisis-toi de lui pendant la naissance de sa première lumière, 
ne donne pas ta gloire et ton intérêt à un autre." 

J'appelle ton attention sur ce passage ; le prophète y annonce 
non-seulement la future incarnation de la Parole de Dieu, mais 
il y prédit aussi, de la manière la plus claire, la révolte future 
du peuple charnel d'Israël. Cette prophétie ne nous empêche 
pas d'en recevoir encore une autre, faite, malgré lui, par un 
homme étranger, et mentionnée par Moïse : "Que tes 
tabernacles sont beaux, ô Jacob ! et tes pavillons, ô Israël !" II 
ajoute un peu après : "L'eau distillera de ses eaux, et sa 
semence sera parmi les grandes eaux, et son roi sera élevé par- 
dessus Agag, et son royaume sera haut élevé." Encore : "Je le 
vois, mais non pas maintenant ; je le regarde, mais non pas de 
près. Une étoile naîtra de Jacob, et un sceptre s'élèvera d'Israël : 
il transpercera les chefs de Moab et détruira tous les enfants de 
Seth." (40) Cette prophétie parle de lui comme d'un homme. 
Cependant, tu vois bien qu'elle indique d'une manière précise la 
future domination qu'il doit exercer sur tous les païens, c'est-à- 
dire que tous les peuples devront croire en lui, comme tu le 
vois toi-même. Sous le nom des chefs de Moab, on peut 
entendre Satan avec tous ses démons, entretenant au sein des 
peuples le culte menteur de l'idolâtrie, mais finalement battus et 
remplacés par le Christ, parce que le polythéisme des Moabites 
et des peuplades soumises à leur domination était plus 
détestable que celui de tous les autres peuples, puisqu'ils 
adoraient, entre autres, les parties génitales de la femme et de 
l'homme, instruments de la plus détestable volupté. Quant à ce 
qu'il est dit qu'il "sera élevé par-dessus Agag," il faut se 
rappeler que, quelle que soit l'étendue d'Agag et sa force, sa 
puissance n'est que temporaire, tandis que celle du Christ est 
étemelle. Que tel soit réellement l'empire du Christ, lu le 
verras, si tu fais attention aux paroles du Saint-Esprit à cet 



égard, lorsqu'il dit par l'organe du roi David : "O Dieu ! donne 
tes jugements au roi et ta justice au fils du roi !" Cela montre 
que le Christ était par sa divinité Fils de Dieu, roi céleste, et par 
son caractère humain fils de David, roi terrestre, comme nous 
te l'avons dit souvent. Un peu après, le prophète ajoute : "Ils te 
craindront tant que le soleil et la lune dureront dans tous leurs 
âges... même il dominera depuis une mer jusqu'à l'autre, et 
depuis le fleuve jusqu'aux bouts de la terre... Tous les rois aussi 
se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront... On 
fera des prières pour lui continuellement et on le bénira chaque 
jour... Sa renommée durera à toujours, sa renommée ira de père 
en fils, tant que le soleil durera, et on se bénira en lui : toutes 
les nations le publieront bienheureux." (41) Après avoir 
entendu des expressions si sublimes, quelqu'un peut-il, sans 
effroi, les attribuer à un homme ordinaire, descendant de 
David, et non à celui qui, dans sa nature humaine, est fils de 
David, et dans sa nature divine est le Fils et la Parole de Dieu, 
et qui à la fin doit régner, non par la force des armes, ni par 
l'effusion impitoyable de sang, ni par l'esclavage, mais par la 
foi pacifique, ce qu'indique plus clairement le passage suivant 
des Psaumes: "En son temps, le juste fleurira, et il y aura 
abondance de paix jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de lune." (42) 
Dieu continue à annoncer le Messie par l'organe du prophète 
Michée, en ces termes : "Mais, toi, Bethléhem Ephrata, petite 
pour être entre les milliers de Juda, de toi me sortira quelqu'un 
pour être dominateur en Israël, et ses issues sont d'ancienneté 
dès les jours éternels." (43) L'issue d'un simple homme peut- 
elle être datée dès les jours étemels ? Voici encore une 
prédiction que Dieu nous fait par l'organe de Jérémie : "Le 
cœur est rusé et désespérément malin par-dessus toutes choses. 
Qui le connaîtra ? Etemel ! qui es l'attente d'Israël, tous ceux 
qui t'abandonnent seront honteux; ceux qui se détoument de 
moi seront écrits en la terre, parce qu'ils ont délaissé la source 
des eaux vives, l'Eternel." (44) Sous le nom d'Israël, on ne doit 



pas comprendre les Juifs obstinés, mais ceux qui ont vu la 
Parole de Dieu, et qui ont cru qu'elle était Dieu engendré de 
Dieu, parce que, dans la langue hébraïque, le mot Israël signifie 
clairvoyant (45). Cette explication est donnée à ce mot par 
Dieu, lui-même, dans un passage d'Isaïe où II dit : "L'Enfant 
nous est né, le Fils nous a été donné et l'empire a été posé sur 
son épaule, et on appellera son nom l'Admirable, le Conseiller, 
le Dieu fort et puissant, le Père d'éternité, le Prince de paix, 
l'Ange de grand mystère". (46) II s'appelle ^«g^e (47) par motif 
de son caractère humain, complètement pur, admirable ; 
Conseiller et Dieu fort sont les expressions de sa nature divine. 
Ensuite le prophète ajoute : "Il n'y aura point de fin à 
l'accroissement de l'empire et à la prospérité sur le trône de 
David, et sur son règne, pour l'affermir et l'établir en jugement 
et en justice, dès à présent et à toujours." (48) On sait 
cependant que Jésus n'est pas monté sur le trône de David, qu'il 
n'a point régné sur Israël, parce qu'il ne s'agissait pas d'un trône 
passager, mais de celui dont Dieu avait parlé à David en ces 
termes : "Je rendrai éternelle sa prospérité, et je ferai que son 
trône sera comme les jours des ci eux." (49) On pourrait 
demander maintenant quel est ce trône de David, comment il 
est éternel et comme les jours des ci eux ; mais c'est, sans aucun 
doute, l'empire céleste du Christ, qui selon sa nature humaine, 
était fils de David, comme cela a été annoncé d'une manière 
précise par l'organe d'Isaïe : "II n'y aura point de fin à 
l'accroissement de l'empire et à la prospérité sur le trône de 
David et sur son règne, pour l'affermir et l'établir en jugement 
et en justice, dès maintenant et à toujours." Ce passage nous 
fait voir que le plus puissant et le plus glorieux empire du 
Christ, fils de David par sa nature humaine, sera dans les cieux 
où il transportera son royaume étemel et inaccessible. Il ne faut 
pas non plus négliger ce que dit Isaïe à cet égard : "Voici une 
vierge qui sera enceinte, et elle enfantera un fils, et appellera 
son nom Emmanuel." (50) J'avais encore beaucoup d'autres 



passages à citer pour ce sujet; cependant, j'ai préféré les 
abréger pour ne pas t'ennuyer. Maintenant écoute, s'il te plaît, 
quelques citations, à propos de son extrême humiliation dans 
les souffrances qu'il supportera spontanément, selon 
l'indication antérieure des prophètes: Le Saint-Esprit parle ainsi 
par l'organe d'Isaïe : "Je n'ai point été rebelle et ne me suis 
point retiré en arrière. J'ai exposé mon dos à ceux qui me 
frappaient, et mes joues à ceux qui me tiraient le poil. Je n'ai 
point caché mon visage en arrière des opprobres ni des 
crachats." (51) Il parle encore par l'organe de Zacharie : "Et je 
leur dis : S'il vous semble bon, donnez-moi mon salaire ; sinon, 
ne me le donnez pas. Alors ils pesèrent mon salaire, qui fut 
trente pièces d'argent." (52) Cette prédiction, avec toutes les 
autres, fut accomplie sur la personne du Sauveur ; il fut vendu 
par son disciple, et livré à la mort, dont les évangélistes nous 
ont conservé le récit, que tu peux lire et examiner 
soigneusement si tu le veux, et tu le trouveras tel que nous 
l'avons présenté. Entre beaucoup d'autres, David prédit ainsi les 
souffrances du Christ. "Celui, dit-il, qui était en paix avec moi, 
sur lequel je m'assurais, et qui mangeait mon pain, a levé le 
talon contre moi." (53) Isaïe parle du même sujet d'un manière 
plus détaillée : "Qui est-ce qui a cru à notre prédiction, et à qui 
est-ce qu'a été visible le bras de l'Etemel ? Toutefois, il est 
monté comme un rejeton devant lui, et comme une racine 
sortant d'une terre altérée ; il n'y a en lui ni forme ni apparence 
quand nous le regardons; il n'y a rien en lui, à le voir, qui fasse 
que nous le désirions. Il est le méprisé et le rejeté des hommes, 
homme de douleurs, et sachant ce que c'est que la langueur ; et 
nous avons comme caché notre visage arrière de lui, tant il est 
méprisé, et ne l'avons rien estimé. Mais il a porté nos langueurs 
et il a chargé nos douleurs ; et nous avons estimé qu'étant ainsi 
frappé il était battu de Dieu et affligé. Or, il était navré pour 
nos forfaits et froissé pour nos iniquités. L'amende qui nous 
apporte la paix a été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons 



la guérison. Nous avons tous été errants comme des brebis; 
nous nous sommes détournés, chacun en suivant son propre 
chemin ; et l'Etemel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous. 
Chacun lui demande, et il en est affligé; toutefois, il n'a point 
ouvert sa bouche; il a été mené à la boucherie comme un 
agneau, et comme une brebis muette devant celui qui la tond, et 
il n'a point ouvert sa bouche. Il a été enlevé de la force de 
l'angoisse et de la condamnation ; mais qui racontera sa durée ? 
Car il a été retranché de la terre des vivants, et la plaie lui a été 
faite pour le forfait de mon peuple. Or, on avait ordonné son 
sépulcre avec les méchants, mais il a été avec le riche en sa 
mort, car il n'avait point fait d'outrage, et il ne s'est point trouvé 
de fraude en sa bouche." (54) Tu oses donc, en t' appuyant sur 
une simple parole de ton Mahomet, nier et démentir les 
témoignages si nombreux du Saint-Esprit rendus par les 
prophètes, ses ministres ! Il te faut au moins te conformer aux 
prescriptions de ton législateur, qui ordonne de ne rien affirmer 
qui ne soit constaté par deux témoins ; du reste, cette 
circonstance est une des plus importantes. Comment donc, tu 
n'as pas eu honte, appuyé d'un simple mot de ton prophète, de 
proférer un si éclatant blasphème ? Est-ce que tu avais oublié 
(mais probablement tu ne la connais guère) cette énorme 
imposture accréditée par ton prophète, suivant laquelle Marie, 
fille d'Amram et sœur d'Aaron, serait la mère de Notre- 
Seigneur, tandis que, entre la première et la seconde, il y a la 
distance de 1370 ans et de trente-deux générations ? Si tu avais 
eu, en effet, la figure sensible et non pas de pierre, tu aurais dû, 
en vérité, rougir pour avoir proposé tant d'impostures 
complètement dénuées de fondement. Le Christ, selon la 
promesse de Dieu, devait sortir de la tribu de Juda, tandis que 
Marie, fille d'Amram, appartenait à celle de Lévi. Vos 
objections sont pleines d'inconséquences et n'offrent qu'une 
multitude de grossières et d'inadmissibles faussetés. La source 
de tant de subterfuges, de contradictions, n'est qu'une pure 



invention ; mais je tâcherai bien, à l'aide du petit sceau de la 
vérité, de la faire tarir. 

Relativement au Code mosaïque, aux Psaumes et à l'Evangile, 
tu prétends que les Hébreux et nous, nous les avons altérés, 
quoique tu reconnaisses que ces livres sont d'origine divine. 
Admettons que les nôtres aient été falsifiés, corrompus; où se 
trouve le vôtre, auquel tu ajoutes créance ? Montre-nous 
d'autres livres de Moïse, des prophètes, des psaumes de David 
ou de l'Evangile, afin que nous puissions les voir. Oh ! cette 
imposture est des plus monstrueuses et des plus ignobles ; du 
moins il t'aurait fallu ajouter que tu ne les as pas vus. Mais toi, 
qui aime à fouiller dans l'Evangile que nous possédons pour y 
trouver quelques citations que tu produis en les forçant et les 
altérant, tu oses encore prétendre que nous l'avons falsifié ! 
Cite du moins cet Evangile qu'avait connu ton législateur, alors 
je serai convaincu que tu dis la vérité. 

Il n'y a qu'une seule foi, dis-tu ! Oui, sans doute, il n'y a qu'une 
seule foi, qu'un seul baptême, et aucune autre foi ou 
commandement n'a été donné aux hommes par Dieu. Puis tu 
nous reproches de ne pas nous tourner en priant vers la région 
indiquée par le Code, et de ne pas communier comme la 
législation l'ordonne : cette objection est complètement vaine et 
pleine de folie. La région vers laquelle se tournaient les 
prophètes lorsqu'ils faisaient leurs prières n'est pas connue; 
c'est toi seul qui es porté à vénérer l'autel de sacrifice de païens, 
que tu appelles maison d'Abraham ; l'Ecriture sainte ne nous dit 
nullement qu'Abraham soit allé jusqu'à l'endroit qui devint plus 
tard, par ordre de Mahomet, le centre d'adoration de tes 
coreligionnaires; quant au sacrement de la communion, tu 
auras ma réponse plus loin. 



Témoignages des Ecritures sur Jésus 

Nous examinerons, pour le moment, les différents passages de 
l'Evangile qui ont rapport à l'une de tes prétentions : Jésus- 
Christ, comme Dieu, n'avait pas besoin de prières; mais, 
comme homme, il en a fait pour nous apprendre à prier, à nous 
dont il partageait la nature : mais en priant il ne disait 
nullement ce que tu lui attribues. Il disait, au contraire : "Père ! 
si tu voulais transporter cette coupe loin de moi. Toutefois que 
ma volonté ne soit point faite, mais la tienne." (55) Par là Jésus 
constatait qu'il était vraiment homme, puisqu'il est essentiel de 
croire à la Parole de Dieu, homme parfait et Dieu; et quiconque 
la prive de l'une ou de l'autre de ces qualités, se prive 
également de l'espérance de posséder la vie étemelle. La vérité 
de l'Evangile et la fidélité des chrétiens se manifestent d'elles- 
mêmes, en conservant également intacts les traits les plus 
éminents comme ceux qui sont les plus humiliants (de la vie de 
Jésus-Christ) ; et si nos devanciers avaient eu, ou si nous 
avions la pensée de tenter d'introduire dans l'Evangile quelques 
variations, ne devions-nous y supprimer les traits humiliants ? 
Jésus a dit : "Le Fils ne peut rien faire de soi-même ; mais le 
Père qui demeure en moi, c'est celui qui fait les œuvres." (56) 
Or, si tu crois que "le Fils ne peut rien faire de soi-même," tu 
dois croire aussi que "le Père qui demeure en Lui est celui qui 
fait les œuvres." De même, si tu crois à la peur dont il était 
saisi lors de sa mort vivifiante, et à la sueur dont il était couvert 
et qui n'était pas celle d'Adam, dont il avait dit avant son 
incarnation : "Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage ;" 
(57) enfin, si tu crois à l'assistance qui lui fut donnée par les 
anges, bien que ce ne fût pas pour l'encourager, mais pour 
dissiper l'opinion de ses disciples, qui le regardaient comme un 
simple homme, tandis qu'une pareille apparition leur faisait 
voir qu'à plusieurs titres il était au-dessus des conditions d'un 
simple homme; si, je le répète, tu crois à tout cela, il te faut 
croire aussi à ce qu'il a dit dans le même livre : "Personne ne 



m'ôte ma vie, mais je la laisse de moi-même ; j'ai la puissance 
de la laisser et la puissance de la reprendre." (58) Il n'a jamais 
dit, comme tu le prétends, que Dieu l'envoya vers l'univers, et 
qu'il retourne vers lui. Au contraire, il a dit : "Le Père qui l'a 
envoyé est avec lui," et il a ajouté : "Je suis issu du Père et je 
suis venu au monde," et encore : "Je laisse le monde et je m'en 
vais au Père." (59) Quant à toi, dans tous ces passages que je 
viens de citer, partout où tu rencontres le mot Père, tu le 
changes, tu le remplaces, soit par le mot Seigneur, soit par le 
mot Dieu, et tu t'imagines pouvoir te justifier de cette manière. 
Au milieu des modifications trompeuses que tu opères dans les 
Ecritures, il est cependant un passage que tu cites avec une 
certaine fidélité, mais sans y avoir ajouté foi ; ce passage le 
voici : "Celui qui croit en moi ne croit pas seulement en moi, 
mais en celui qui m'a envoyé." (60) Ce qui veut dire que ce 
n'est pas en son caractère humain et visible qu'on croit, mais en 
son caractère divin en tant qu'il est la Parole de Dieu. Puis II 
ajoute ce qui suit : "Celui qui me rejette rejette celui qui m'a 
envoyé," et : "Celui qui me contemple contemple celui qui m'a 
envoyé." (61) Il fut envoyé comme homme, et II envoie ses 
disciples, comme Dieu, en leur disant que "le Père est plus 
grand que lui," (62) c'est-à-dire plus grand que son caractère 
humain; sinon II n'aurait pas dit, peu après, que "lui et le Père 
sont un." (63) Et de même dans sa prière que tu rapportes toi- 
même, Jésus dit : "Ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que 
tu as envoyé Jésus-Christ." (64) Dans ce passage, nous voyons 
Jésus-Christ portant le titre de Dieu ; s'il n'était qu'un simple 
prophète, il lui aurait fallu dire "qu'ils te connaissent comme un 
seul vrai Dieu, et Moïse avec les autres prophètes et ensuite 
Jésus." Laissez donc de côté toutes ces balivernes, parce que 
Jésus, Dieu parfait, devint après, par l'admission de la nature 
humaine, un homme parfait auquel nous attribuons les 
expressions humiliantes de la sainte Ecriture comme à un 
homme, de même que les expressions glorieuses comme au 



vrai Dieu, ainsi que j'en ai fait mention mainte fois. Il se laisse, 
sous l'enveloppe de son corps humain, être tenté par Satan, qui, 
lors du baptême de Jésus, entendant la voix divine disant : 
"Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai pris mon bon 
plaisir," (65) fut saisi d'épouvante, ne pouvant deviner à qui 
elle était adressée. Cependant Jésus, par son jeûne de quarante 
jours comme par la voix divine, prouvait que c'était à lui seul 
que cette voix était adressée. Alors Satan, ennemi déclaré de 
ceux qui pratiquent la vertu, désolé et dévoré par la jalousie, 
s'approcha de la personne du Seigneur, et ne trouva en lui qu'un 
homme qui connaissait tout ce qui se passait dans l'adversaire, 
et qui ne lui répondit qu'en le dédaignant comme un ennemi de 
l'humanité et ne voulut point lui révéler le mystère de ses 
desseins. Mais pourquoi n'as-tu pas lu ce qui suit, et comment, 
lorsque Satan eût vu sa tentation inutile, il s'en retira pour le 
moment, et comment les anges s'approchant du Seigneur 
l'adorèrent : les anges adorent-ils un simple homme ? C'est la 
vérité seule, à ce qu'il paraît, que tu fuis, et tu t'efforces de créer 
tous les obstacles imaginables pour ne pas reconnaître notre 
Seigneur comme Dieu en le présentant toujours comme un 
homme ordinaire, le comparant à Adam, qui, suivant toi, fut 
aussi créé immédiatement par Dieu sans qu'il eût de parents. 

Quant à sa mort vivifiante, que du reste tu n'ignores pas, tu 
fabriques une autre imposture en disant que personne ne 
pouvait le mettre à mort; mais je te demande, si Jésus n'était 
qu'un simple homme selon ta supposition, est-ce une chose 
incroyable qu'un homme pouvait mourir ? Fais-y bien 
attention, réfléchis-y mûrement, tu accueilles avec satisfaction 
tous les traits humiliants de la vie de notre Seigneur, et tu 
méprises et rejettes tous les traits glorieux. Je t'invite à porter 
ton attention sur quelques points de l'Evangile à cet égard. Jean 
l'évangéliste, en parlant de Jésus, dit : "Qui croit au Fils, a la 
vie éternelle; mais qui désobéit au Fils ne verra point la vie, 
mais la colère de Dieu demeure sur lui." (66) Jean, fils de 



Zacharie, dit : "Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du 
monde." (67) Jean l'évangéliste lui-même commence son 
Evangile par ces mots : "Au commencement était la Parole, et 
la Parole était avec Dieu, et cette Parole était Dieu. Elle était au 
commencement avec Dieu; toutes choses ont été faites par elle, 
et sans elle rien de ce qui a été fait n'a été fait." (68) La Parole 
de Dieu elle-même, venue en chair au monde, s'exprimait de la 
manière suivante : "Celui qui m'a vu a vu mon Père." (69) 
"Comme le Père me connaît, je connais aussi le Père." (70) "Le 
Père (qui m'a envoyé) est avec moi." (71) "Je monte vers mon 
Père et vers votre Père, vers mon Dieu et vers votre Dieu." (72) 
Il est son Père par sa nature divine, le nôtre par la grâce, parce 
que "tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être faits 
enfants de Dieu; savoir à ceux qui croient en son nom." (73) Il 
est son Dieu à cause de sa nature humaine, qui lui est commune 
avec nous. Jésus fut envoyé en sa qualité d'homme, et II envoie 
ses disciples en sa qualité de Dieu : "Comme mon Père m'a 
envoyé, ainsi je vous envoie." (74) C'est ainsi que tous les 
passages de l'Evangile se trouvent d'accord sur ces points. 



Sur la circoncision et l'eucharistie 

Relativement à la circoncision et au sacrifice, tu prétends que 
nous les avons changés, notamment la première en baptême, la 
seconde en communion de pain et de vin bénits. Nous n'avons 
rien altéré ni modifié dans ces institutions ; c'est le Seigneur 
lui-même qui, d'après la prédiction de Jérémie, changea la 
figure ordonnée dans l'Ancien Testament et établit la véritable 
loi. Ecoute cette prophétie : "Voici, les jours viennent, dit 
l'Etemel, que je traiterai une nouvelle alliance avec la maison 
d'Israël et avec la maison de Juda, non selon l'alliance que je 
traitai avec leurs pères au jour que je les pris par la main pour 
les faire sortir du pays d'Egypte" (75). Quelle alliance traita-t-il 



avec leurs pères, sinon celle qui était rappelée par le sang des 
agneaux le jour de Pâques et qu'il avait donnée à garder au sein 
de leur peuples (76). 

Or les enfants d'Israël furent préservés du destructeur par le 
sang d'un agneau sans raison; quant à nous, ne serions-nous pas 
aussi sauvés de la mort éternelle par le sang de l'Agneau 
immaculé ? Jésus-Christ, avant ses souffrances, prit le pain, le 
bénit et le distribua à ses disciples. Il fit de même avec la coupe 
remplie de vin. Il les appela son corps et son sang, et ordonna 
qu'on en prît et qu'on en bût en souvenir de lui, annonçant par 
là sa mort comme le sacrifice de l'agneau innocent et pur, 
sacrifice annoncé bien souvent dans l'Ancien Testament. Les 
saintes Ecritures, que certainement tu n'as pas lues, donnent à 
Jésus différents noms, par exemple : la Parole, le Fils, le 
Rayon, l'Image de Dieu, l'Image de serviteur, le Dieu, 
l'Homme, l'Ange, la Perle, le Hameçon, le Seigneur des 
seigneurs, le Serviteur, l'Agneau, la Brebis, le Berger, l'Aîné 
parmi des frères, l'Aîné d'entre des morts, etc. ; rien ne pourrait 
m'empêcher de donner à chacun de ces noms une explication 
détaillée en indiquant leur vrai sens, leur portée et leur étendue, 
si je te connaissais pour quelqu'un qui ne cherche que la justice. 

Touchant la circoncision, tu prétends que nous l'avons 
remplacée par le baptême; le mystère de la circoncision, par 
lequel Dieu avait voulu traiter son alliance dans ce membre 
secret et non pas dans d'autres plus visibles et plus glorieux 
t'est resté inconnu, à ce qu'il paraît. Est-ce que tu ignores 
également l'autre circonstance qu'Abraham avant d'avoir été 
circoncis s'attira la faveur de Dieu, et qu'il ne reçut l'ordre de 
circoncision que pour qu'elle servît seulement de signe de sa foi 
et de sort attachement à Dieu. Quant à la cause principale pour 
laquelle ce membre secret fut choisi pour servir à cette 
institution, tu ne peux pas la savoir, comme je l'ai dit ci-dessus. 
Nous autres, nous n'avons pas reçu l'ordre de circoncire nos 
membres extérieurs, mais notre cœur, d'une manière spirituelle, 



comme nous l'annonçait la promesse de Dieu ci-devant citée de 
rétablir une nouvelle alliance ; en effet, si la véritable loi de 
Jésus-Christ notre Maître n'avait pas détruit complètement la 
circoncision, le sacrifice et le sabbat, quelle nouvelle alliance 
nous promettait-il ? Néanmoins, tu aurais dû avoir honte de ce 
qu'à une époque si récente où Dieu a délivré la race humaine en 
brisant les liens des lois, tu t'es déclaré défenseur de la 
circoncision et tu l'as pour cela couverte d'opprobre; car Dieu, 
par la loi ancienne, ordonnait de circoncire tout mâle au 
huitième jour de sa naissance, tandis que chez vous ce ne sont 
pas les mâles seuls, mais les femmes aussi, n'importe à quel 
âge qu'elle soit, qui sont exposés à cette honteuse opération 
(77). Pour la divine institution du baptême. Dieu nous l'avait 
annoncée longtemps à l'avance par le prophète Ezéchiel, en ces 
termes : "Je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez 
nettoyés; je vous nettoierai de toutes vos souillures et de toutes 
vos idoles" (78). Jésus-Christ ordonna le même baptême dans 
son Evangile en disant à ses disciples : "Allez donc et 
enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et 
du Fils et du Saint-Esprit" (79). Par là fut accomplie la 
prédiction du prophète : "Je t'ai établi en flambeau aux 
peuples," et "le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une 
grande lumière." 



Sur le dimanche 

Nous n'avons pas non plus substitué au sabbat le dimanche, 
comme tu le prétends sans que tu y aies réfléchi, bien que chez 
vous on ait établi le vendredi pour le jour de réunion, sans 
aucune raison qui puisse justifier ce choix; quant à nous, nous 
nous réunissons le jour de la résurrection de notre Seigneur, qui 
par là nous a promis la résurrection, pour faire nos prières et 
rendre grâce à notre Créateur pour un si grand mystère. Ce jour 



est celui où le Créateur avait dit au commencement : "Que la 
lumière soit, et la lumière fut." (80) C'est dans le même jour 
que brilla la lumière de la bonne nouvelle de la résurrection du 
genre humain, par la résurrection de la Parole et du Fils unique 
dans son corps humain ; du reste, nous n'avons reçu aucun 
autre ordre pour y chômer et pour y préparer notre nourriture 
comme les Juifs. Cependant, toi qui manifestes tant 
d'incrédulité, soit à l'égard des prophètes, soit à l'égard de notre 
Seigneur, pour quelle raison attaches-tu tant d'importance aux 
traditions véridiques des chrétiens ? Je pense que c'est pour toi 
et pour ceux qui te ressemblent, que Dieu a dit par son 
prophète : "Regardez, vous gens outrageants, et vous serez 
outragés et réduits vous-mêmes. Je vais entreprendre, dans 
votre temps, une œuvre à laquelle vous n'ajouterez pas foi si on 
vous la raconte." 



Sur l'Incarnation du Verbe et les reliques 

Je n'ai pas oublié non plus l'autre objection soulevée par toi en 
ces termes : "Comment est-il possible à Dieu de demeurer dans 
le sein d'une femme, au milieu du sang, de la chair et de la 
souillure." Je suppose que tu sais qu'il y a une multitude d'êtres 
que Dieu créa du néant par son simple ordre, comme nous 
l'assure le CXLVIIIe chapitre des Psaumes, ainsi conçu : "II a 
commandé, et elles ont été créées, et il les a établies à 
perpétuité et à toujours" (5 et 6.). Parmi ces créatures figurent 
le ciel avec le soleil, la lune et d'autres astres, corps célestes, et 
la terre avec sa végétation, et les animaux. Tous ces êtres, à ce 
qu'il paraît, occupent dans ta pensée une place éminemment 
supérieure, et te semblent plus purs et plus précieux que 
l'homme, qui, cependant, bien que considéré par toi comme un 
être si impur, fut créé non par un simple commandement, à 
l'exemple des êtres ci-dessus mentionnés, mais par la main 



toute- puissante de Dieu, et animé par son souffle tout saint. 
Par conséquent la nature humaine, créée par la sainte main du 
Créateur et honorée par lui de sa ressemblance, ne peut être 
nullement souillée devant lui. Ne fais donc pas de semblables 
injures à leur bon Créateur, aux yeux duquel il n'y a rien 
d'immonde parmi tout ce qui a été créé par lui, sauf le péché, 
qui non-seulement n'a pas été créé par lui dans l'homme, mais 
n'a pas même été ordonné; au contraire, il n'y a rien de plus 
précieux que l'homme, pour lequel tout fut créé. Or Dieu, qui a 
tant honoré l'homme en le créant à son image, n'a pas cru 
honteux de prendre l'image de l'homme pour le sauver, parce 
que, comme je l'ai dit, il n'y a rien d'immonde dans la nature 
humaine, sauf le péché, et tout ce que tu considères dans 
l'homme comme des choses immondes , Dieu les a organisées 
pour notre bien ; par exemple, les règles du sexe féminin 
servent à la reproduction du genre humain, et les évacuations 
des excédants de nourriture et de boisson, à la conservation de 
notre vie ; c'est toi seul qui considères ces choses comme 
impures, tandis qu'aux yeux de Dieu c'est le pillage, 
l'assassinat, le blasphème, et d'autres crimes pareils, qui sont 
considérés comme souillés, et non pas les choses mentionnées 
ci-dessus, et destinées à la reproduction et à la conservation de 
la vie humaine. Outre tout ce dont je t'ai entretenu jusqu'à ce 
moment, je vais te faire observer encore une chose, c'est que si 
le buisson allumé par le feu divin, à l'époque de Moïse, ne fut 
pas consumé, l'homme doit être regardé comme plus précieux 
qu'un buisson et que toutes les choses créées; car c'est pour les 
saints hommes que Dieu a dit : "Je demeurerai au milieu 
d'eux." Et ailleurs : "En qui demeurerai -je, sinon dans les 
hommes doux et humbles, et dans ceux qui craignent mes 
paroles." (81) On voit bien que Dieu appelle les hommes justes 
son habitation, et qu'il ne s'offense pas de leur infirmité 
naturelle, que tu appelles souillures, puisqu'il convenait à l'Etre 
toujours vivant d'avoir pour habitation un temple vivant. Je te 



soumets encore la proposition suivante, d'autant plus volontiers 
que je te vois surtout porter envie à la gloire des saints de Dieu 
et de leurs reliques, que Dieu déclare être sa demeure : Si Dieu 
prend soin de tous les os du genre humain pour la résurrection 
générale, comment ne prendra-t-il pas un soin spécial de ceux 
de ses saints dont plus d'une fois il a parlé dans des termes si 
glorieux et si majestueux , surtout de ceux d'entre eux qui ont 
souffert la mort à cause de lui ? C'est de ces martyrs que le 
Saint-Esprit dit, par la bouche de David, "que toute sorte de 
mort des bien- aimés de l'Etemel est précieuse devant ses 
yeux." (82) Et dans un autre passage : "Le juste a des maux en 
grand nombre, mais l'Etemel le délivre de tous. Il garde tous 
ses os, et pas un n'en est brisé." (83) La puissance divine qui 
habite dans ses saints affirme que leurs os ne seront pas brisés ; 
cependant, nous savons qu'un grand nombre des os des saints 
ont été broyés et même réduits par le bûcher en cendre. Quant à 
toi, occupé que tu es comme un enfant de tout ce qui est 
visible, tu n'y penses pas du tout. Le Saint-Esprit parle encore 
dans un autre passage : "Dieu est merveilleux sur ses saints." Et 
Salomon en parle aussi dans ces termes : "Les justes vivront 
étemellement et recevront leur récompense du Seigneur Ils 
sont morts, mais aux yeux des impies ; cependant ils jouissent 
du repos." (84) Je suppose que tu n'ignores pas non plus 
l'histoire de cet étranger non circoncis, dont le cadavre, aussitôt 
qu'il fut jeté dans "le sépulcre du prophète Elisée et qu'il eut 
touché ses os, revint en vie, et se leva sur ses pieds." (85) Or, si 
la puissance divine ne demeurait pas dans les os du saint 
prophète, comment ceux d'un simple mort pourraient-ils 
ressusciter un cadavre ? Ainsi donc, le Dieu vivant n'a pas cru 
être souillé en demeurant dans la tombe d'un mort, car Dieu 
juge les hommes d'une manière opposée à nous. Toutefois, quel 
respect pour les saints pourrai -je attendre de ta part, lorsque je 
te vois, même actuellement, excité par une sorte de fanatisme 
digne d'un païen, exercer tant de cruautés envers les fidèles de 



Dieu, dans le but de les forcer à l'apostasie, et mettre à mort 
tous ceux qui résistent à tes desseins, de sorte que la prédiction 
de notre Seigneur : "Le temps vient que quiconque vous fera 
mourir croira servir Dieu" (86) s'accomplit tous les jours; car 
tu es loin de penser qu'en tuant tous ceux qui te résistent tu te 
tues toi-même d'une mort éternelle. C'est ainsi que Mahomet, 
ton oncle, agissait autrefois, lui qui, le jour même où il allait 
immoler le profane sacrifice du chameau, fit décapiter en 
même temps nombre de chrétiens serviteurs de Dieu, et mêler 
leur sang avec celui de l'animal offert en sacrifice ; et 
cependant tu te fâches quand nous faisons recueillir les restes 
des martyrs qui ont scellé la profession de leur foi par leur 
sang, afin de les inhumer dans des lieux consacrés à Dieu. 



Sur la Croix et les "images" 

Il se trouve encore dans ta lettre des paroles à propos de la 
croix et des tableaux. Nous honorons la croix à cause des 
souffrances que la Parole de Dieu incarnée y a supportées; ce 
que nous avons appris d'un commandement donné par Dieu à 
Moïse et des prédictions des prophètes. La lame sacrée qu'en 
conséquence d'un ordre de Dieu, Moïse avait fait poser sur le 
front du pontife ou de l'archiprêtre, portait l'empreinte de croix 
ayant la forme d'un être vivant; c'est à l'imitation de ce signe 
que nous autres chrétiens, nous scellons nos fronts de la croix 
comme de la Parole de Dieu qui a souffert pour nous dans sa 
nature humaine. Le prophète Esaïe indique même le bois dont 
devait être formée la croix, couronne sublime dont se glorifie à 
jamais l'Eglise. "Le sapin, l'orme, et le buis ensemble pour 
rendre honorable le lieu de mon sanctuaire, et je rendrai 
glorieux le lieu de mes pieds." (87) Salomon en parle aussi. 
"Béni soit le bois, par lequel la justice est exercée" (88) et dans 
un autre endroit : "Il est l'arbre de vie pour tous ceux qui 



l'embrassent, et qui s'y appuient solidement comme sur le 
Seigneur." (89) Quant aux tableaux, nous ne leur attribuons pas 
un respect semblable, n'ayant reçu de la sainte Ecriture aucun 
commandement quelconque à ce sujet; cependant, trouvant 
dans l'Ancien Testament l'ordre divin qui autorise Moïse à faire 
exécuter dans le Tabernacle les figures de chérubins ; et, 
animés d'un sincère attachement pour les disciples du Seigneur, 
brûlant d'amour pour le Seigneur incarné lui-même, nous avons 
toujours éprouvé le besoin de conserver leurs images qui nous 
sont parvenues depuis leur temps comme leur vive 
représentation. Leur présence nous charme, et nous glorifions 
Dieu qui nous a sauvés par l'intermédiaire de son Fils unique 
paru au monde sous une semblable figure, et nous glorifions 
ses saints; mais quant au bois et aux couleurs, nous ne leur 
rendons aucune vénération. Mais toi, tu n'as pas honte d'avoir 
vénéré par des sacrifices la maison qu'on appelle Kaaba, 
habitation d'Abraham, qui en réalité ne l'a pas vue, même en 
songe, avec son désert aride et diabolique. Cette maison 
existait longtemps avant Mahomet et elle était l'objet d'un culte 
de la part de tes concitoyens, et Mahomet, loin de l'abolir, 
l'appela demeure d'Abraham. Pour ne pas paraître t'offenser à 
tort et à travers, je vais te le prouver par les passages du saint 
Evangile et même par ta propre histoire. Jésus-Christ chassa 
souvent une multitude de démons dans le désert en question. "Il 
(le démon) va par des lieux secs." (90) Ces esprits immondes 
vous y apparaissent tantôt sous la forme de serpents et tantôt ils 
semblent entretenir de vilaines relations avec des femmes, 
selon leur habitude, se donnant l'apparence de faire des 
mariages. Vous autres, trompés par une illusion, et tombés 
imprudemment dans le piège, vous vous faites leurs égaux ici- 
bas et dans le monde à venir, éloignés, comme vous l'êtes de 
comprendre que dans l'autre monde il leur est absolument 
défendu, par l'Evangile du Sauveur, d'entretenir un pareil 
commerce. Jésus-Christ enchaîne ici-bas leur violence 



révoltante, et bien que constamment malveillants comme leur 
père Satan, cependant ils ne peuvent causer ouvertement de 
mal à personne, puisque s'ils l'osaient ou le pouvaient, ils vous 
auraient anéantis infailliblement comme par le feu dans une 
seule journée. Ils ne peuvent donc rien faire de plus que vous 
entraîner, par des machinations occultes, à la perte de vos 
âmes; par exemple, par le moyen d'une pierre qu'on appelle 
rokun (91), que vous adorez sans savoir pourquoi; par le 
moyen du carnage des démons que les bêtes et les oiseaux 
fuient en toute hâte avec une extrême aversion ; par le moyen 
des pierres jetées, de la fuite, en vous faisant raser la tête et par 
d'autres superstitions ridicules; je ne peux pas passer non plus 
sous silence l'abominable autorisation qui vous est accordée par 
votre législateur d'avoir avec des femmes un commerce qu'il a 
comparé, j'ai honte de le dire, au labourage de la terre. 



Sur la polygamie 

Par suite de cette licence, bon nombre d'entre vous ont 
contracté l'habitude de multiplier leur commerce avec des 
femmes, comme s'il s'agissait de défricher des champs. Puis-je 
encore oublier la chasteté de votre Prophète et la manière 
artificieuse dont il parvint à séduire la femme Zéda. De toutes 
ces abominations, la pire consiste à accuser Dieu comme 
moteur de toutes ces saletés, ce qui sans doute a introduit parmi 
vos compatriotes cette loi dégoûtante. Y a-t-il en effet un 
blasphème pire que d'alléguer que c'est Dieu qui est la cause de 
tout ce mal ? Quant à l'exemple de David, qui avait pris Urie 
pour femme, et dont tu me parles, on sait bien qu'il commit là 
un péché devant l'Eternel, et qu'il en fut puni sévèrement. 

En somme, votre législateur et vous tous, continuez à résister à 
la vérité. Vous faites bien ! Je ne connais rien de pire que de ne 
pas tenir le péché pour tel, et c'est ce que vous faites réellement 



en ne cherchant et en ne recevant point le pardon. Dieu a 
ordonné dans l'Evangile au mari de ne répudier sa femme que 
pour cause d'adultère; cependant vous agissez tout autrement. 
Lorsque vous êtes rassasiés de vos femmes comme d'une 
nourriture quelconque, vous les abandonnez selon votre 
fantaisie; j'avais aussi l'intention de cacher, s'il était possible, la 
manière honteuse dont vous vous remariez, et comment avant 
de reprendre vos femmes répudiées vous les forcez de coucher 
dans le lit d'autrui. Que dirai -je des exécrables débauches que 
vous commettez avec vos concubines ? Pour elles, vous 
prodiguez toutes les dépouilles du monde et toute votre 
fortune; et puis, quand vous en êtes fatigués, vous les vendez 
comme des bêtes de somme. On dit que le serpent entretient 
des relations intimes avec le murines (92), reptile de mer: 
arrivé au bord de la mer, le serpent laisse échapper son venin 
avant de se livrer à ses amours; mais vous, vous êtes plus 
venimeux que le serpent. Jamais vous n'apportez de limites à 
votre mauvaise foi, et ne pouvant satisfaire vos passions 
déchaînées tant que vous êtes en vie, à l'heure dernière de votre 
mort, vous faites mourir violemment vos femmes, suivant 
l'inspiration du mauvais esprit. 



Sur la mort et la résurrection du Christ 

En parlant de Satan et des âmes des justes, tu prétends que 
nous avons représenté le premier comme le trésorier de Dieu ; 
c'est une erreur : nous disons, au contraire, que Satan était fort 
joyeux, voyant que l'humanité, dans l'horreur que lui causait la 
mort, se plongeait dans les abîmes du désespoir. Il croyait 
même les justes abandonnés par Dieu et perdus après la mort. 
Plein de cette pensée, et frappé de l'extrême humiliation du 
Christ, il le crut soumis à la condition des hommes, et poussa 
son disciple à le trahir et les Juifs à le mettre à mort. Mais 



voyant le Seigneur marcher volontiers au-devant du supplice de 
la croix, il fut saisi d'épouvanté ; et pour empêcher le salut de la 
race humaine, il tenta d'effrayer par des remords la femme du 
juge (Pilate). Malgré toutes ces artifices, le Verbe de Dieu 
goûta la mort dans sa nature humaine, restant dans sa nature 
divine toujours immortel et inséparable de son humanité, et 
comme vrai Dieu engendré du vrai Dieu. Il ressuscita ou plutôt 
ressuscita sa nature humaine selon la prophétie de David : 
"Que Dieu se lève, et ses ennemis seront dissipés," (93) et 
selon une autre prédiction faite par un des douze prophètes. 

Le Verbe de Dieu étant ainsi ressuscité, moins pour lui-même, 
puisqu'il était esprit, immortel et incorruptible, que pour le 
genre humain dont il avait revêtu la nature, assura par cette 
résurrection la résurrection des hommes, et il rendit certaine 
l'espérance que les morts, délivrés de l'influence de l'ennemi 
spirituel, revêtiraient de nouveaux corps, parce que les âmes 
obtiennent beaucoup de grâces de la part du Créateur par le 
mérite de l'incarnation de sa Parole. 

C'est donc ainsi que Satan, affaibli, perdu et entraîné par son 
désespoir et par celui de ses légions, s'est enfin vu réduit à 
l'impossibilité d'entraîner dorénavant le monde aux cultes 
étrangers et contraires à la volonté de Dieu ; il n'attend plus que 
le supplice du feu étemel. 



Sur la prophétie d'Esaïe 

Je vais enfin t'expliquer cette vision d'Isaïe où un cavalier lui 
apparut monté sur un âne et un chameau ; en voici le sens. 
L'aspect du désert maritime indique que c'est là ton désert situé 
au bord de la mer, voisin et limitrophe de la Babylonie ; un peu 
après, le prophète dit qu'il voit deux cavaliers montant l'un sur 
un âne, l'autre sur un chameau; ces deux cavaliers ne faisaient 



réellement qu'un seul, comme le même prophète l'affirme de la 
manière la plus claire dans le même passage. Sous le nom d'âne 
le prophète entend le peuple juif, qui, bien qu'il lût la loi et les 
prophéties, infiuencé pourtant par l'enseignement de Satan, 
refusa de se soumettre et d'accepter l'Evangile destiné à sauver 
tout l'univers. C'est de cette désobéissance du peuple juif que le 
même prophète se plaint dès le commencement de son livre : 
"Le bœuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son 
maître ; mais Israël n'a point de connaissance." (94) Sous le 
nom de chameau, le prophète désigne les Madianites et les 
Babyloniens, parce que ces animaux sont très nombreux chez 
vous; et le même ennemi qui a entraîné les Juifs dans l'erreur, 
sous prétexte de conserver la loi, vous a aussi fait tomber dans 
l'idolâtrie. J'ai dit ci-dessus que les deux cavaliers ne 
représentaient qu'une seule personne, ce que nous montre 
aussitôt après le même prophète, en disant : "Je voyais le même 
cavalier qui venait monté sur deux chevaux : voici, le cavalier 
qui paraissait auparavant deux n'était qu'un seul, et monté à 
deux chevaux." II désigne par ces deux chevaux les Juifs et les 
païens dominés par lui. Or d'où venait cet homme ? que disait- 
il ? Il venait monté sur deux chevaux, et criait à gorge déployée 
: "Babylone est tombée, et ses ouvrages ont été renversés." 
C'était donc l'ennemi qui déplorait sa désolation, qui, ne 
trouvant plus de refuge que dans ton désert, vous a amené les 
deux chevaux de son iniquité, c'est-à-dire l'inconstance 
judaïque et les débauches des païens. Il parvint enfin à l'aide de 
ces deux éléments, d'une manière occulte et non pas de vive 
force, à vous entraîner dans son erreur C'est ainsi que vous 
vous faites circoncire, mais sans admettre la divinité du Fils et 
du Saint- Esprit créateurs et sanctificateurs. Quant à la 
divination, à la connaissance de l'avenir et aux démons qui ne 
conduisent qu'au supplice de l'enfer, vous y ajoutez foi comme 
les païens, dont les abominables débauches vous sont très 
familières. Vous appelez chemin de Dieu ces excursions 



dévastatrices qui portent chez tous les peuples la mort et la 
captivité. Voilà votre religion et sa récompense ; voilà votre 
gloire, à vous qui prétendez vivre d'une vie angélique. Quant à 
nous, instruits et convaincus du merveilleux mystère de notre 
rédemption, nous espérons après notre résurrection jouir du 
royaume céleste, nous qui sommes soumis aux doctrines 
d'Evangile et qui attendons humblement un bonheur tel que 
"les yeux ne l'ont point vu, que les oreilles ne l'ont point 
entendu, et que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment." (95) Nous 
n'espérons pas y trouver des sources de vin, de miel ni de lait; 
nous n'espérons pas y jouir du commerce des houris (femmes 
restées éternellement vierges) et y avoir des enfants, nous 
n'ajoutons aucune foi à de pareils bavardages engendrés par 
une extrême ignorance et par le paganisme; loin de nous toutes 
ces rêveries, toutes ces fables. "Le royaume de Dieu ne consiste 
point dans le manger ni dans le boire," (96) comme dit le Saint- 
Esprit, "mais dans la justice;" (97) et "lors de la résurrection" 
les hommes n'épouseront pas des femmes, ni les femmes des 
hommes, mais ils seront comme les anges." (98) Pour vous qui 
êtes abandonnés aux vices charnels, et qui n'avez jamais su y 
mettre fin, vous qui préférez vos plaisirs à tous les bonheurs, 
c'est précisément pour cela que vous tenez pour rien le 
royaume céleste s'il n'est peuplé de femmes. 



Conclusion 

Voilà la courte réponse que je t'adresse. Pour la profession de 
notre inébranlable et impérissable foi, nous avons subi de votre 
part et nous subissons encore bien des souffrances ; nous 
sommes prêts encore à mourir, uniquement pour porter sur 
nous le nom saint, précieux et incomparable, selon la 
prédiction d'Esaïe : "Tu porteras un nom nouveau que le 
Seigneur te donnera." (99) Le Seigneur lui-même, lorsqu'il se 



trouvait sur la terre, nous a prévenus de ces souffrances en nous 
disant : "S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; 
s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre ; ils vous 
feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu'ils ne 
connaissent point celui qui m'a envoyé ;" (100) et encore : 
"Vous pleurerez et vous vous lamenterez" (101). Jésus-Christ, 
dans sa prière adressée à son Père, disait : "Ils étaient tiens, et 
tu me les as donnés. . . Ils ne sont point du monde, comme aussi 
je ne suis point du monde." (102) "Si vous eussiez été du 
monde, le monde aimerait ce qui serait à lui; mais parce que 
vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai élus du monde, à 
cause de cela le monde vous hait." (103) 

Parce que telle est notre espérance ; vous nous prodiguez les 
menaces, vous nous frappez de mort, mais nous ne répondons à 
vos coups que par la patience parce que nous ne comptons ni 
sur nos bras ni sur notre épée pour nous sauver, mais sur le bras 
et la droite du Seigneur et sur la lumière de sa face; et s'il le 
veut encore, nous sommes prêts à souffrir davantage dans ce 
monde pour être récompensés dans le monde à venir : oui, qu'il 
fixe l'heure et le mode des supplices; encore une fois nous 
sommes prêts. 

Pour vous, persistant dans votre tyrannie et vos empiétements, 
vous attribuez à votre religion les succès dont le ciel vous 
favorise ; vous oubliez que les Persans ont aussi prolongé leur 
tyrannie durant 400 ans. Quelle fut la raison d'un aussi long 
règne ? Dieu seul le sait; assurément ce n'était pas la pureté de 
leur religion. Nous autres, nous accueillerons avec 
empressement toutes les souffrances et toutes les tortures qui 
peuvent nous arriver pour le nom glorieux de Jésus-Christ, 
notre Seigneur et Sauveur, afin que nous puissions parvenir au 
bonheur du monde futur avec tous ceux qui ont aimé à voir 
l'avènement du jour du grand jugement de Dieu, pour la 
louange et la gloire de ses bien-aimés. Puissions-nous être 
dignes de contempler alors avec eux l'unique divinité du Père, 



de la Parole son Fils unique, et de son Saint- Esprit, dès 
maintenant et à jamais. Amen. 



L'empereur Léon expédia par un de ses intimes officiers cette 
réponse : A Omar, souverain des Arabes. Après l'avoir lue, le 
calife fut très confus. Cette lettre produisit sur lui un effet 
heureux. Dès ce moment, il commença à traiter les chrétiens 
avec beaucoup de bienveillance ; il améliora leur état et se 
montra très favorable à leur égard, de sorte qu'on n'entendait 
partout que des manifestations de reconnaissance pour lui. Il 
donna, comme j'en ai fait mention ci-devant, la liberté entière à 
tous les captifs, et leur remit leurs délits sans leur demander 
aucune rançon ; il se montra aussi envers ses propres sujets 
beaucoup plus généreux que tous ses prédécesseurs; il distribua 
à ses troupes de grandes sommes d'argent, renfermées 
jusqu'alors dans les coffres du trésor. Après tous ces actes de 
bienfaisance il mourut. 



Notes 

1. Genèse XXII, 18 

2. idem 49. 10 

3. Mot hébreu qui signifie la Loi ; les Juifs désignent par là le 
Pentateuque. 

4. Les Syriens appellent le Pentateuque Ouroïto. Voy. le 
Lexicon syriac, de Castel, édit. Michaëlis, p. 386. Les 
Chaldéens prononcent Ouraïta. 

5. Deux des quatre livres des Rois sont connus dans la version 
française de Martin sous le titre de 1° et 11° livres de Samuel. 

6. Koheleth, c'est le nom hébreu du livre de l'Ecclésiaste. 

7. C'est le nom hébreu du Cantique des cantiques. 

8. Le livre des Proverbes de Salomon est appelé en grec : 
napoi|iia 

9. Cantique des cantiques. 

10. Le texte arménien le portait ainsi, mais la version française 
indique le psaume CXXXVII. 

ll.Deutér XXXII, 39. 

12. Idem, XXXII, 41. 

13. Jér. XVII, 4. 

14. Forkan, ou Al Forkan, est un des différents noms qu'on 
donne généralement au Koran ; ce mot, dérivé du mot arabe 
faraka, signifie diviser ou distinguer, et Koran. vient du verbe 
karaa, lire (Panthéon littéraire. Les livres sacrés de l'orient, p. 
485). 

15. L'auteur principal du Koran est Mahomet, prophète et 
législateur des Musulmans; cependant ce fut Abou-Béker, son 



vicaire, qui fit faire la complète Collection des divers passages, 
écrits sur des feuilles de palmier et sur des peaux, et il en 
confia la garde à Hafsa, fille d'Omar et veuve du Prophète. 
Othman, un autre calife, voyant qu'il existait de grandes 
différences dans les copies de Koran, ordonna de faire 
plusieurs exemplaires de celle d'Abou-Béker sous l'inspection 
de Zeid-Ebn-Thabet, d'Abd' Allah- Ebn-Zobaïr, de Saïd-Ebn- 
Al-As, et d'Abd' Abrahman-Ebn-Al-Hareth, le Makzoumite 
(Panthéon littéraire. Les livres sacrés de l'Orient p. 489). 

16. Mahomet ou Mohammed est un mot d'origine arabe et 
signifie loué, comblé de grâces. 

17. Matthieu XII, 31. 

18. Jean XVI, 26. 

19. Il me paraît que, dans cette circonstance, l'empereur grec se 
trompe, puisque à cette époque l'islamisme était professé, outre 
les Arabes, par les Persans, par les Egyptiens, par les Syriens et 
par d'autres peuples encore. 

20. Si mes recherches sont exactes, ce sont les sectateurs de 
Khoréjites qui se séparèrent d'Ali, la 37° année de l'hégire. Ils 
attribuaient à Dieu le bien comme le mal, et avaient une 
opinion erronée concernant la prédestination. 

21. Sectateurs d'Abou-Ali-Mahomet-Ebn-Abd-All-Vahhab, 
surnommé Al-Djobbaï; il soutenait que Dieu connaît par son 
essence, etc.; entendant par là qu'affirmer que Dieu est 
connaissant, ce n'est pas lui donner un attribut, tel que la 
connaissance, ni lui assigner un état qui rende obscur cette 
connaissance nécessaire. Il soutenait que la parole de Dieu était 
créée in subjecto, comme sur une table conservée, par exemple, 
ou dans la mémoire de l'ange Gabriel, ou dans celle de 
Mahomet (Panthéon littéraire. Les livres sacrés de l'Orient, p. 
528). 



22. Nom très commun dans le monde musulman, cependant je 
n'ai pas pu trouver que l'auteur d'une secte quelconque le 
portât. 

23. Kadariens, parce qu'ils nient al kadr ou le décret absolu de 
Dieu. Cette secte rejette la prédestination absolue, disant que le 
mal et l'injustice ne doivent point être attribués à Dieu, mais à 
l'homme, qui est un agent libre, et qui peut en conséquence être 
puni ou récompensé de ses actions. Dieu lui ayant donné le 
pouvoir d'agir ou de n'agir pas (Panthéon littéraire. Les livres 
sacrés de l'Orient), p. 529. 

24. Les Morgiens, appelés dans notre texte Mourdjs, qui 
dérivent à ce que l'on dit des Djàbbariens. Ils enseignent que le 
jugement de tout vrai croyant qui a été coupable d'un grand 
péché sera renvoyé jusqu'à la résurrection ; c'est pour cela 
qu'ils ne jugent point dans ce monde et ne prononcent sur lui 
aucune sentence, soit d'absolution, soit de condamnation. Ils 
soutiennent aussi que la désobéissance ne court point risque 
d'être punie si on a la foi, et, d'un autre côté, que l'obéissance 
avec l'infidélité ne sert de rien (Panthéon littéraire. Les livres 
sacrés de l'Orient, p. 533). 

25. Vassel-ben-Ain,ou Vâsel-Ebn-Atâ, suivant M. G. Sale, 
célèbre docteur de l'Islamisme, qui, s'élevant contre Hanbal, 
autre docteur distingué, pendant le règne de Mamoun, fit 
adopter dans les écoles publiques son opinion sur le Koran, en 
disant qu'il participe de la nature humaine, qu'il est créé et 
périssable. (Les Hommes illustres de l'Orient, t.l, p. 214.) Les 
sectateurs de Vasêl-Ebn-Ata soutenaient que des grands 
pécheurs se trouvent dans un état mitoyen, c'est-à-dire qu'ils 
n'étaient ni infidèles ni croyants, et ils sont connus sous le nom 
de Motazalites. (Panthéon littéraire. Les Livres sacrés de 
l'Orient, p. 527.) 

26. La secte des Djâhedhiens ou sectateurs d'Amrou-Ebn-Barh, 
surnommé Al-Djâhedh, grand docteur des Motazalites, et fort 



admiré pour l'élégance de ses compositions. Il différait de ses 
frères en ce qu'il croyait que les damnés ne seraient pas 
tourmentés dans l'enfer pendant toute l'éternité, mais seraient 
changés en feu, et que le feu les attirerait de lui-même sans 
qu'il fût nécessaire qu'ils allassent dans le feu. Ils enseignent 
aussi que tout homme qui croirait que Dieu était son Seigneur 
et que Mahomet était l'apôtre de Dieu, serait mis au rang des 
fidèles, sans être tenu à quoi que ce soit de plus. (Panthéon 
littéraire. Les Livres sacrés de l'Orient, p. 528.) 

27. Sous le nom de Harures je n'ai pu trouver aucune secte 
fameuse aux premières époques de l'Islamisme, et je pense 
qu'au lieu de Harures il faut lire Khorrem (Bàber-al-Horremi) 
qui, en l'an 201 de l'hégire, et par conséquent au temps de Léon 
l'Isaurien ou un peu après, se donna le titre de Prophète et 
établit une religion extravagante. A la tête de ses prosélytes il 
fit la guerre pendant vingt ans contre les califes, et il défit 
souvent les troupes d'Al Mamùn ; défait enfin dans une 
bataille, il s'échappa sur le territoire grec, et, fait prisonnier par 
Sahel, officier arménien, il fut remis entre les mains du calife 
Al-Motazem, qui le fit mourir d'une manière ignominieuse. 
Outre Khorrem on trouve chez les Mahométans, dans un temps 
antérieur, une autre secte sous le nom de Halùliens, qui 
croyaient que la nature divine pouvait être unie avec la nature 
humaine dans une même personne; car ils convenaient que 
Dieu pourrait paraître sous une forme humaine, comme a paru 
l'ange Gabriel; et pour confirmer leur opinion, ils allèguent la 
parole de Mahomet, qui vit son Seigneur sous une très belle 
forme, et à l'exemple de Moïse, parlait à Dieu^ce à face. 
(Panthéon littéraire. Les Livres sacrés de l'Orient, p. 532 et 
534.) 

28. Il paraît que cette langue était en usage à cette époque sur 
les côtes orientales de la mer Noire et appartenait à la famille 
géorgienne. Actuellement elle est morte. (Chronique 
géorgienne, p. 108-109. ¥A2i^rot\\, Reise II, p. 5.) 



29. La quatrième langue manque dans le texte arménien. Est-ce 
celle des Chaldéens ou des Coptes ? 

30. Exode III, 14. 

31. Genèse 1,26. 

32. Genèse XI, 7. 
33.Idem.XIX, 24. 

34. Deut. XVIII, 15, 18,19. 

35. Psaume XXII, 6-8. 

36. Idem, II, 7. 

37. Idem, 11,7 et 8. 

38. Psaume, ex, 1 et 3. 

39. Psaume XXXII, 5 et 6. 

40. Nombres XXIV, 5, 7 et 17. 

41. Psaume LXXII, 1, 5, 8, 11, 15 et 17. 5 

42. Psaume LXXII. 7. 
43.MichéeV,3. 

44. Jérémie XVII, 9, 13. 

45. Le mot Israël, dérivé du mot hébraïque sara, signifie au 
contraire combattre; ce nom fut donné, selon la Bible, à Jacob, 
après sa lutte avec l'Angi;. 

46. EsaïelX, 5. 

47. Les versions grecque et arménienne portent "Ange de grand 
mystère." 

48. Esaïe IX, 6. 

49. Psaume LXXXIX, 29. 



50. Esaïe VII, 14. 

51. Esaïe L, 5 et 6. 

52. Zacharie XI, 12. 

53. Esaïe, XL1,9. 

54. Esaie LUI, 1-9. 

55. Luc XXII, 42 

56. Jean V, 19 ; XIV, 10. 

57. Genèse m, 19. 

58. Jean X, 18. 

59. Idem, XIV, 28 et 32. 

60. Jean XII, 44. 
61.1dem, XII, 45et48. 
62. Idem, XIV, 28. 
63.1dem, X, 30. 

64. Idem, XVII, 3. 

65. Matthieu, III, 17. 

66. Jean III, 35. 

67. Idem, 1,29. 3 

68. Idem, 1,1-3. 

69. Idem, XIV, 9. 

70. Idem, X, 15. 
71.1dem, XVI, 32. 

72. Idem, XX, 17. 

73. Idem, I, 1 . 

74. Jean XX, 21. 

75. JérémieXXXI, SI. 



76. Exode XII, 21-28 

77. Pour ce qui concerne la prétendue circoncision du sexe 
féminin pratiquée chez les Musulmans, toutes mes recherches 
sont restées sans résultat, et je n'ai pu trouver aucun auteur 
sérieux et consciencieux parmi les anciens qui constatât ce fait; 
par conséquent, tout ce que les écrivains grecs et arméniens ont 
débité de cette prétendue circoncision doit être attribué aux 
informations inexactes, aux préjugés et à la haine réciproque. 
Si toutefois il existait chez quelques-uns des anciens 
Musulmans de pareilles pratiques, elles doivent être 
considérées comme des cas exceptionnels, des actes de 
sectaires, puisque nous n'en trouvons aucun vestige dans le 
Koran, répertoire de toutes les doctrines et des cérémonies du 
peuple musulman. 

78. Ezéchiel XXXVI, 25. 

79. Matthieu XXVIII, 19. 

80. Genèse I, 3. 
81.EsaieLXVl,3. 

82. Psaume CXVI, 15.3 

83. Idem. XXXIV, 19-20. 

84. Sagesse de Salomon III, 1 et 2 ; V, 16. 

85. 2 Rois XII, 21. 

86. Jean XVI. 2. 

87. EsaieLX, 13. 

88. Sagesse de Salomon XIV, 7, 

89. Prov. m, 18. 

90. Matth. XII, 4S. 

91. La pierre noire est appelée aujourd'hui chez les Arabes 
hajera-el-assouad, du mot hajar ou el-hajar, pierre. C'est la 



fameuse pierre noire enchâssée dans de l'argent et placée à 
l'angle du sud-est de la Kaaba. Les Mahométans vénèrent 
extrêmement cette pierre, et les pèlerins la baisent avec une 
grande dévotion. On dit que c'est une des pierres précieuses du 
paradis, qu'elle tomba du ciel en terre avec Adam, qu'elle en fut 
retirée, ou du moins préservée pendant le déluge, et que l'ange 
Gabriel la rapporta à Abraham lorsqu'il bâtissait la Kaaba. 
(Panthéon littéraire. Les Livres sacrés de l'orient p. 310.) 

92. Murines, nom grec ; en latin : myrinus 

93.PsaumeCXVII, 2. 

94. Esaïe, I, 3. 

95. 1 Cor XI, 9. 

96. Rom. XIV, 17. 

97. Idem. 

98. Matth. XXII, 30. 

99. Esaïe, LXII, 2. 

100. Jean XV, 20-21. 
lOl.Idem, XVI,20. 

102. Idem, XVII, 6-16. 

103. Idem, XV 20