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Full text of "Notre-Dame de Lorette [microform]. Etude historique sur l'authenticité de la Santa Casa"

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ÉTUDE HISTORIQUE 



SUR 



L'AUTHENTICITE DE LA SANTA CASA 



PAR 



Le Chanoine Ulysse CHEVALIER 

Correspondcml de rinstilul. 




PARIS 

Alphonse PICARD & FILS, Libraires 
82, Rue Bonaparte, 82 



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ÉTUDE HISTORIQUE 



SUR L 



AUTHENTICITÉ DE LA SANTA CASA 



PAU 



Le Chanoine Ulysse CHEVALIER 

Correspondant de l'Inslilut. 




PARIS 

Alphonse PICARD & FILS, Libraires 
82, Rue Bonaparte, 82 



1906 



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NOTRE-DAME DE LORETTE 



ETUDE IIISTOUIQUE 

SUK J/ 

Au-tlxorLtlcito de la, sauta Oasa 



... ut, quantum ad cognitionem rcrum pcrlinct, 
ctiam prcclcritis soîculis vixisse videarnur, 

QuiKTiLiEw, Inst'U. oral., xii, h. 

OTRE-Dame de Lorette et son pèlerinage offrent, depuis 
plusieurs siècles, un aliment constant à la piété et à la 
dévotion des fidèles. Sans être aussi ancienne, la foi en l'au- 
thenticité du miracle de la translation de la s. Casa ne s'est 
guère démentie, et le pape Léon XIII a pu convoquer l'uni- 
vers chrétien au sixième centenaire de son arrivée à Lorette 
sans éprouver le besoin d'en rappeler les preuves. On peut 
dire qu'elle est attestée parla presque unanimité des histo- 
riens ecclésiastiques qui s'en sont occupés depuis quatre 
siècles, aussi bien qu'admise parles théologiens et les cano- 
nistes qui en ont parlé incidemment. L'opposition contre 
elle s'est manifestée dès l'origine plus vivement — mais non 
exclusivement — de la part des hétérodoxes. Contester dans 
ces conditions l'exactitude du récit légendaire peut sembler 
assez délicat et compromettant. En entreprenant l'étude de 
cette question, j'ai eu — on peut me croire — uniquement 
pour but la recherche de la vérité et je me suis appliqué à 
réaliser les règles tracées à l'historien par Cicéron : ne quid 
falsi dicere aadeat, ne quid veri non audeatK Aucun point de 
doctrine n'est engagé dans ce récit : on n'a donc pas, pour 
l'apprécier, à recourir aux lumières de la théologie et à exa- 

' De Oralore, u. i5. Voir la lettre de Léon XIII, du i8 août i883, aux 
cardinaux de Lucca, Pilra et Hergenrœther, sur la science historique 
{Revue d. quest. hislor., t. XXXIV, p. 353-63). 



6 MOTIIE-DAME DE LOUETTE 

miner sa conformité avec les décisions de la foi. La puissance 
de Dieu est illimitée, mais il reste à démontrer qu'il en ait 
usé dans ce cas. C'est une question de fait, qui rentre dans 
le domaine de la critique historique, et l'on est en droit de 
s'étonner que, dans son ensemble, elle n'ait jamais été étu- 
diée à fond à ce point de vue *. 

Ce n'est pas que plusieurs travaux n'aient eu la prétention 
d'être « critiques » ; mais il est aisé de constater, dès les pre- 
mières pages, que leurs auteurs n'avaient ni connaissance, 
ni compétence, ni pratique en cette matière. Partant de la 
certitude du miracle de la translation comme fondée sur une 
tradition indiscutable, ils se sont efforcés de réunir des preu- 
ves en sa faveur ; puis ont cherché à répondre aux objections. 
L'intention pouvait être bonne, la méthode l'était sûrement 
moins. Les procédés de la critique historique sont tout diffé- 
rents : on va loyalement à la recherche de tous les documents 
sur la question, on s'entoure pour les apprécier de tous les 
instruments d'information que l'érudition a mis de nos jours 
en si grand nombre à la disposition des travailleurs, on fait 
le départ de ce qui est authentique d'avec ce qui est faux, et 
on arrive ainsi à une conclusion dégagée de tout parti pris. 

Comme le fait qui va nous occuper se rapporte à une reli- 
que réputée insigne, il y a lieu de rappeler les règles de cri- 
tique formulées naguère par le comte Riant et dont l'appli- 

1 II y a lieu de faire une exception en faveur de l'initiative récente du 
P. Léop. de L'IBIS, barnabitc de Florence, dans ses deux brochures extraites 
de la Rassegna nazionale (igoS, t. GXLIII, pp. 67-102 et 4o5-32) : La s. 
Casa di Nazareth ed il saiitaario di Loreto (Firenze, 1905, 2 p. in-8° de 38 
et aô.p.). Une « nuova edizione con aggiunt(3 e varianti » vient de paraître 
(ibid., igoâ, pet. in-S' de 2 f.-i6o p.). — Mon étude était rédigée quand 
une « adaptation libre» du premier article du P. deFeis a été donnée par 
M. l'abbé A.. Boudiniion dans la Revue du clergé Français (igoS, t. XLIV, 
p. ii3-/io) et tirée à part : La sainte maison de Lorette (l^aris, igoS, in-8° 
de 3g p.) — Déjà M. Gaston Le Hardy, dans son Histoire de Nazareth et de 
ses sanctuaires, élude, chronologique des documents (Paris, igo5, in-i2° de 
xvj-237 p.), sans étudier directement la question de la s. Gasa, avait 
« projeté sur elle certaine lumière jaune qui gênera plus d'un regard 
timide» {Eludes... des Pères de la Compagnie de Jésus, igoS, t. GIV, p. a64). 



ÉTUDE IlISTOR. SUR LA S. G-4SA 7 

cation au saint Suaire de Turin m'a amené à des conclusions 
auxquelles le monde savant n'a pas hésité à donner son adhé- 
sion : « Tout en ne professant pas certaines docti'ines indé- 
pendantes sur Thistoire des temps apostoliques, tout en 
s'inclinant, sans discussion, devant les traditions léguées 
par les premiers chrétiens, tout en reconnaissant pour au- 
thentiques les reliques que tenaient pour telles, sans preu- 
ves écrites, les Pères de l'Eglise, il me semble que l'on peut 
faire passer au second rang, pour les temps postérieurs et 
dès que commence la série continue des témoignages histo- 
riques écrits, la tradition orale, et demander que l'authenti- 
cité d'une relique de premier ordre, solennellement olTerte à 
la vénération des fidèles, soit établie par une chaîne non inter- 
rompue de témoignages écrits, recueillant directement l'hé- 
ritage de la tradition des temps apostoliques, pour nous la 
transmettre sans lacune... » ^ Ces considérations s'appliquent 
exactement à la s. Casa, puisqu'elle ne fait qu'un, d'après 
la légende, avec la maison de Nazareth, 

Les derniers travaux parus en faveur de Lorette ne sont pas 
meilleurs que les premiers.Ily a, dans cette histoire, une série 
de pièces d'une fausseté criante, que certains auteurs, au xvin" 
et au xix° siècles, quoique partisans de la réalité de la transla- 
tion, étaient parvenus à reconnaître : de nos jours encore, on 
plaide pour elles les circonstances atténuantes, quand on ne les 
déclare pas parfaitement authentiques. Cette étude n'offrait 
aucune difficulté extrême : bien que dispersés, les documents 
ont presque tous été publiés; il suffisait d'apporter à leur 
appréciation cette sérénité d'esprit, qui est le bénéfice de 
l'âge et de l'expérience, sapientam teinpla serena. 

Après quelques hésitations, je me suis persuadé que l'or- 
dre chronologique était le seul applicable à ce travail. Seul, 
en effet, il me permettra de montrer : 

i" par les récits des voyageurs et pèlerins a) qu'avant 
l'époque assignée à la première translation (1291), la mai- 

' Revue des questions historiques, 1870, t. VIII, p. 281. 



8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

son de la sainte Vierge à Nazareth avait du être détruite, ou 
du moins b) que le lieu qui avait été le témoin du mystère 
de l'Annonciation continua à être, comme par le passé et 
dans les mômes conditions, l'objet de la vénération des visi- 
teurs et le but de leurs pèlerinages ; 

2" par les chroniques orientales et les récits des mêmes 
voyageurs et pèlerins que le fait de l'enlèvement de la maison 
de la sainte Vierge est demeuré inconnu à Nazareth et dans 
tout l'Orient, et que le récit du miracle y a été une importa- 
tion de l'Occident au xvi" siècle ; 

3" par les chartes, qu'il existait à Lorette une église de 
Sainte-Marie avant cette même translation ; 

/i" par un classement rigoureux des documents et par l'éli- 
mination légitime des pièces fausses concernant la s. Casa, 
qu'il n'a pas été question à Lorette ni ailleurs de cette trans- 
lation avant 1/172 ; 

5" que les papes et la congrégation des rites ont été très 
réservés à se prononcer sur le miracle de la translation : la 
première bulle qui l'affirme est de lôoy, l'inscription au 
Martyrologe de 1669, le premier office propre de 1699. 

En commençant cette étude, j'ignorais — tout en m'en 
doutant un peu — quelle serait sa conclusion. Si j'en com- 
munique les résultats au public, c'est que l'examen des 
preuves sur lesquelles on prétend appuyer cette légende a 
fait évanouir toute probabilité en sa faveur. Je ne me bor- 
nerai donc point à formuler des objections contre des preu- 
ves de détail chancelantes : cela n'aurait aucune utilité, 
serait même déplacé. C'est tout l'ensemble de la preuve do- 
cumentaire dont le monument croule à la fois. La certitude 
en sera produite, je n'en doute pas, dans l'esprit de tous les 
lecteurs instruits qui prendront la peine de me suivre dans 
l'examen des textes: ceux-ci seront tous reproduits intégra- 
lement, pour la première fois, jusqu'à l'époque oii la légende 
fut définitivement acceptée. 

Cette publication rendra, je crois, service à l'Eglise catho- 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. G.\.SA 9 

lique, en la débarrassant d'un fait controuvé, car p^r là 
tombera chez nos frères séparés une des plus fortes objec- 
tions à leur retour, contre ce qu'ils ont appelé « le miracle 
de la superstition » et que le docteur catholique Funk a qua- 
lifié d' « attentat contre la vérité » *. 

Lorette n'en restera pas moins le plus célèbre pèlerinage de 
la fin du moyen âge et des temps modernes. La confiance en 
l'intercession de la sainte Vierge ne dépend pas du fait maté- 
riel de la translation et on continuera, comme par le passé, 
de l'y invoquer au nom du mystère de l'Incarnation, comme 
on l'y honorait primitivement sous le vocable de sa Nativité. 






Une légende, qui a eu de nombreux historiens, est diffi- 
cile à saisir avec précision dans ses détails : chacun a pris 
dans le fonds commun ce qui concordait mieux avec son 
génie Imaginatif. Il est cependant nécessaire de fournir ici au 
lecteur un cadre, dans lequel il puisse retrouver les faits qui 
seront discutés dans le cours de cette étude critique. Il serait 
peut-être difficile d'offrir un meilleur résumé de la légende 
de Lorette que celui donné par Darras (d'après Gailla.u) dans 
sa Légende de Notre-Dame-. Auteur d'une Histoire de t'Ègtise, 
qu'on a qualifiée à bon droit à'hortus apocryphoriim, il a le 
style imagé et fécond qui convient à pareille littérature; sous 

1 Frevel an dei- Wahrheit {Theologische Quartalschrift, igoi, p. ^72). 

2 La Légende de Notre-Dame, histoire de la sainte Vierge, d'après les 
monuments et les écrits du moyen âge, par l'abbé J.-E. Dauuas, 2= édit. 
considér' augm., Plancy, i852, in-12, p. 268-82. Malgré le titre de son 
livre, l'auteur a la prétention de faire œuvre d'historien, car il engage son 
lecteur à consulter (( au sujet de rauthenlicitc et de l'identité de Notre- 
Dame-de- Lorette les Annales de Tersatz, de Fiume et de Récanati ; les ouvra- 
ges de Martorelli, de Jér. Angolita, Raph. Riera, Hor. Turseliini, Vinc. 
Murri, Kcnrick, l'abbé Gaillau, Tim. Lacombc » (p. 2(i8, n. i). 



lo iNO'rUE-DiVMI*; DE LORETTE 

sa plume lïicilc, les développements se présentent avec iin 
naturel qui l'ail un instant oublier que les documents auto- 
risés ne disent rien de semblable. Son récit n'a été, que je 
sache, l'objet d'aucune protestation : on peut donc le tenir 
comme représentant avec exactitude les convictions du 
public. 

Le bruil des croisades s'éleignil en Occident au milieu des larmes 
de douleur arraclices aux cbréticns par la nouvelle des désastres de 
la l'alesline. Saint Louis avait été le dernier pèlerin coiuonnc qui eût 
conduit des armées à la conquête du tombeau de Jésus-Christ. Le 
jour de l'Annoncialion, l'an laôa, le pieux monarque avait reçu la 
communion dans la chambre sacrée de la Mère de Dieu. Par cet hom- 
mage solennel du plus grand et du plus saint roi de la chrétienté, la 
Providence sembla vouloir fixer les yeux des fidèles sur la sainte mai- 
son de Nazareth, afin de les rendre plus attentifs aux merveilles 
qu'elle devait bientôt opérer pour l'arracher au pouvoir des infidèles. 

Le lo mai 1291, un mois après la prise de Tripoli etde Plolémaïde, 
les deux dernières cités qui fussent demeurées encore au pouvoir 
des Latins en Palestine, sous le pontificat de Nicolas IV, pendant que 
le sceptre de l'empire était entre les mains de Rodolphe 1°'', noble 
rejeton de l'auguste famille d'Autriche, entre Tersatz et Fiume, sur 
les rivages de l'Adriatique, dans un lieu appelé vulgairement Rau- 
niza par les habitants du pays, loin des regards des hommes et du 
tumulte du monde, la miséricorde divine préparait de grandes cho- 
ses. Au lever de l'aurore, quelques habitants aperçurent avec éton- 
nement un édifice déforme étrangère, placé dans un lieu où jamais 
l'on n'avait vu jusque-là ni maison ni cabane. On accourt, on 
examine, on admire le bâtiment mystérieux, construit de petites 
pierres rouges et carrées, liées ensemble par du ciment ; on s'étonne 
delà singularité de sa structure, de son air d'antiquité, de sa forme 
orientale; on ne peut surtout expliquer comment cette maison se 
tient debout, posée sur la terre nue san§ aucun fondement. Mais 
la surprise augmente quand on pénètre dans l'intérieur. La chambre 
formait un carré oblong. Le plafond, surmonté d'un petit clocher, 
était de bois, peint en couleur d'azur, et divisé en.plusieurs compar- 
timents parsemés çà et là d'étoiles dorées. Autour des murs et au- 
dessous des lambris, on remarquait plusieurs demi-cercles qui 
s'arrondissaient les uns près des autres, et paraissaient entremêlés 
de vases diversement variés dans leurs formes. Les murs, épais 
environ d'une coudée, construits sans règle et sans niveau, ne sui- 



Ï^TUDE HISTOR. SUR fA S. CASA ri 

valent pas exactement la ligne verticale. Ils étaient recouverts d'un 
enduit où l'on voyait en peinture les principaux mystères de la vie 
de Noire-Seigneur. Une porte assez large, ouverte dans une des 
parties latérales, donnait entrée dans ce mystérieux séjour. A droite, 
s'ouvrait une étroite et unique fenêtre. En face, s'élevait un autel 
construit en pierres fortes et carrées, que dominait une croix grec- 
que antique, ornée d'un crucifix peint sur une toile collée au bois, 
où se lisait le titre sacré de notre salut : Jésus Nazarenus rex 
Judœoruin. Près de l'autel, on apercevait une petite armoire d'une 
admirable simplicité, destinée à recevoir les ustensiles nécessaires 
à un pauvre ménage; elle renfermait quelques petits vases sembla- 
bles à ceux dont se servent les mères pour donner la nourriture à 
leurs enfants. A gauche, une espèce de cheminée ou de foyer, sur- 
montée d'une niche soutenue par des colonnes ornées de cannelures 
et de volutes, et terminée par une voûte arrondie formée comme 
par cinq lunes qui se joignaient et s'enchainaienl mutuellement. 
Là était placée une statue de cèdre représentant la bienheureuse 
Vierge debout et portant l'enfant Jésus dans ses bras. Les visages 
étaient peints d'une espèce de couleur semblable à l'argent, mais 
noircis par le temps et sans doute par la fumée des cierges brûlés 
devant ces images. Une couronne de perles posée sur la tète de 
Marie relevait la noblesse de son front ; ses cheveux, partagés à la 
nazaréenne, flottaient sur son cou et sur ses épaules. Son corps était 
vctu d'une robe dorée, qui. soutenue par une large ceinture, tom- 
bait flottante jusqu'aux pieds; un manteau bleu recouvrait ses 
épaules. Ces ornements étaient sculptés du même bois que la statue 
elle-même. L'enfant Jésus, d'une taille plus grande que celle des 
enfants ordinaires, avec un visage où respirait une divine majesté et 
qu'embellissait une chevelure partagée sur le front, comme celle 
dont il portait l'habit et la ceinture, levait les premiers doigts de la 
main droite, comme pour donner la bénédiction, et de la gauche 
soutenait un globe, symbole de son pouvoir souverain sur l'univers. 
L'image de la sainte Vierge, au moment de son arrivée, était cou- 
verte d'une robe de laine de couleur rouge, qui se conserve encore 
aujourd'hui et demeure sans altération. Telle était la disposition du 
nouvel édifice posé par des mains inconnues dans ce coin de la Dal- 
matie. 

La stupeur était générale parmi la foule assemblée de tous les vil- 
lages voisins, lorsque tout à coup s'élance au milieu du peuple le 
vénérable pasteur de l'église de Saint-Georges, l'évêque .Alexandre, 
natif de Modrusia. Sa présence est elle-même un étonnement nou- 



13 NOTRE-DAME DE LORETTE 

veau, car on savait le saint prélat gravement malade, sans espérance 
presque de guérison ; et cependant le voilà plein de vie et de santé, 
d'une vigueur pareille à celle de sa jeunesse; le mal a disparu, la 
fièvre n'a pas laissé la moindre trace. 

Pendant cette même nuit, Notre-Dame s'était montrée à lui envi- 
ronnée d'une légion d'anges, et d'une voix dont la suavité ravit les 
cœurs : « Mon fils, lui dit-elle, ma demeure de Nazareth, l'humble 
maison où j'ai pris naissance et où s'est écoulée la première partie 
de ma vie, vient de passer sur ces rivages. C'est là que le Verbe s'est 
fait chair. L'autel est celui que dressa l'apôtre saint Pierre. La statue 
de cèdre est mon image faite par la main de l'évangéliste saint Luc. 
Du reste, afin que tu sois le témoin et le prédicateur de cette mer- 
veille, reçois ta guérison. Ton retour subit à la santé au milieu d'une 
si longue maladie fera foi de ce prodige ». 

Après cette vision, l'évêque s'était levé plein de force et de joie, et 
il accourait à ce sanctuaire auguste offrir à sa bienfaitrice les plus 
vives actions de grâces. La nouvelle de cet événement mystérieux se 
répandit bientôt dans la foule, qui unit ses vœux à ceux du saint 
pontife ; elle franchit rapidement les montagnes et les mers ; et 
l'Occident, étonné, apprit le legs que la Palestine, qui lui échappait, 
avait voulu laisser entre ses mains. 

Nicolas Frangipani, gouverneur de Dalmatie, accompagnait alors 
dans une expédition militaire son suzerain, l'empereur Rodol- 
phe l"''. Un courrier lui est envoyé pour lui mander le prodige. Du 
consentement de l'empereur, il accourt à Tersal/, où, sans se laisser 
entraîner par un premier enthousiasme, il prend les plus minutieu- 
ses informations. Ce n'est pas même encore là à ses yeux une 
démonstration assez assurée : quatre de ses sujets choisis de sa 
main, hommes sages et prudents, entre lesquels on remarquait, 
outre l'évêque Alexandre, Sigismond Orsich et Jean Gi'égoruzchi, se 
transportent à Nazareth pour examiner et rapprocher les circons- 
tances dé ce fait extraordinaire. Leur mission fut remplie avec 
autant de fidélité que de diligence : leur rapport fut concluant. A 
Nazareth de Galilée, la maison natale de la très sainte Vierge ne se 
trouvait plus; elle avait été détachée de ses bases, qui existaient 
encore ; nulle différence entre la nature des pierres restées dans les 
fondements et la qualité de celles qui composaient le saint édifice ; 
conformité parfaite dans les mesures pour la longueur et la largeur 
du bâtiment. Leur témoignage est rédigé par écrit ; il est confirmé 
par un serment solennel, il est authentique selon les formes voulues 
par la loi. Plus de doute, plus d'incerlilude. La dévotion a pris un 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GàSA. r3 

rapide essor. Les provinces de la Bosnie, de la Servie, de l'Albanie, 
de la Croatie, semblent verser tous leurs habitants sur cette terre 
favorisée du Ciel, 

Cependant le ro décembre 1294, trois ans et demi après ces der- 
niers événements, la sainte maison de Noire-Dame disparut de Ter- 
satz. Les habitants, les pèlerins ne la retrouvèrent plus. 

Donc, le 10 décembre 1294, sous le pontificat de Célestin V, trois 
jours avant qu'il donnât au monde le premier exemple d'un pape 
se dépouillant volontairement de l'empire spirituel de l'univers, 
vers la dixième heure de la nuit, le vénérable sanctuaire parut sur 
les rives de l'Adriatique, dans le territoire de Recanati, petite ville 
de la marche d'Ancône, et, s'enfonçant un peu dans les terres, s'ar- 
rêta dans une forêt de lauriers, d'où s'est formé sans doute par la 
suite le nom de Loretta. D'autres historiens racontent que ce bois 
appartenait à une dame illustre nommée Loreta, qui se distingua 
surtout par sa dévotion envers la pieuse chapelle, et mérita ainsi de 
la très sainte Vierge la gloire de voir son nom uni avec celui de la 
Mère de Dieu. 

De simples bergers qui veillaient à la garde de leurs troupeaux 
furent les premiers, comme autrefois lors de la naissance du Fils 
de Dieu, à contempler les prodiges du Seigneur. Une lumière inac- 
coutumée a frappé leurs yeux. Ils approchent, ils voient une maison 
environnée d'une splendeur céleste. Une maison dans ce lieu désert ! 
Ils n'en ont jamais aperçu ; et d'ailleurs d'où lui viendraient ces 
rayons lumineux? Parmi ces pasteurs que l'éclat du prodige a réu- 
nis de divers points de la campagne^ ilen est un qui prétend l'avoir 
vu traverser les airs et planer sur l'Océan. Ils s'animent, ils entrent. 
Tant d'objets rehgiexix rassemblés dans l'auguste sanctuaire leur 
ont fait pressentir quelque chose de divin. Us tombent à genoux et 
consacrent à la prière le reste de la nuit. A peine l'aurore a com- 
mencé à rougir l'horizon qu'ils courent à la ville pour annoncer à 
leurs maîtres cette heureuse nouvelle. On hésite d'abord, leur récit 
paraît suspect; puis la curiosité l'emporte. On veut s'assurer de la 
vérité. Bientôtla conviction et l'étonnement remplacent les doutes et 
l'incertitude. Le bruit de cet événement extraordinaire ne tarde pas 
à se répandre ; la foule s'y porte avec ardeur. La solitude semble 
vivifiée ; la forêt, autrefois déserte, paraît changée en un lieu peuplé 
d'une multitude d'habitants. C'était un beau et touchant spectacle 
de voir dans cette retraite, dépourvue de tout refuge, des troupes de 
fidèles pèlerins passer les nuits, sans autre abri que le ciel, dans 
l'oraison et dans la prière, ne trouver dans leurs fatigues d'autre lit 



i4 NOTRE-DA.ME DE LORETTE 

de repos qu'une terre couverte de gazon, et, divisés par familles ou 
par compagnies, prendre un modeste repas, assis sur la verdure, à 
l'ombre des pacifiques lauriers. 

Cependant ce mouvement de foi n'était pas un penchant capri- 
cieux et irréfléchi : déjà des lumières surnaturelles étaient venues 
éclairer l'obscurité et dissiper les ombres qui environnaient ce mys- 
térieux sanctuaire. Deux révélations aussi célèbres qu'authentiques 
avaient commencé à lever le voile qui couvrait encore le secret divin. 
La première fut la récompense des prières d'un pieux solitaire, dont 
le nom n'a pas été conservé dans l'histoire^ mais dont les faits ont 
pleinement justifié l'assertion. Il avait choisi sa retraite sur une col- 
line assez rapprochée que l'on appelle Monlorso, et oîi Dieu lui ma- 
nifesta les hauts desseins de sa providence dans ce miraculeux 
événement. La seconde fut accordée à saint Nicolas de Tolentino, 
un des hommes les plus vénérables de l'Ordre des Servîtes et qui fai- 
sait alors sa résidence à Récanati. Souvent déjà, dans un esprit 
prophétique, il s'était acheminé vers la mer, et avait tourné vers elle 
ses regards accompagnés de brûlants soupirs, parce que de là, 
disait-il, devait venir un riche et précieux trésor. Ce trésor ne se fit 
pas longtemps attendre, et, dès qu'il fut transporté sur les terres 
heureuses de l'antique Italie, Marie lui apparut pour lui annoncer 
qu'elle était arrivée, et que sa maison n'était plus ni à Nazareth en 
Galilée ni à ïersatz en Dalmatie, mais dans les bois des Lauriers 
près de Récanati, où il devait se hâter d'aller lui offrir ses hom- 
mages. 

Un prodige visible confirma la réalité de cette translation de la 
Sania Casa à travers le bois des Lauriers. Au passage de la sainte 
maison, les arbres, respectueux, s'étaient inclinés devant elle. Cette 
ancienne tradition, recueillie par le père Tursellini, n'était pas un 
bruit sans fondement : c'était un fait notoire, dont les yeux des pèle- 
rins pouvaient être témoins tous les jours. Tous avaient la facilité 
de s'en convaincre; car les longues files de lauriers continuèrent à 
demeurer ainsi courbées par une espèce de vénération jusqu'à ce 
que le temps ou le fer les fit tomber ; et vingt ans après l'événement, 
plusieurs de ces arbres avaient encore été vus par des témoins 
respectables qui attestaient la vérité du prodige. 

La présence inattendue de cet auguste sanctuaire fut regardée par- 
tout comme un heureux présage, au milieu des guerres civiles qui 
désolaient l'Europe, et des milliers d'étrangers venaient se joindre 
aux indigènes pour confondre ensemble leurs larmes, chercher un 
soulagement à leurs peines et recueillir l'abondance des consolations 
célestes. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR LA S. CASA i5 

Or, la sainte chapelle se perdait dans le plus profond de la forêt, 
au milieu d'un amas d'arbres élevés et touffus ; les sentiers qui y 
conduisaient étaient rares, tortueux, étroits, ténébreux ; les pèlerins 
arrêtés trop longtemps par la dévotion s'y trouvaient engagés au 
milieu des ombres de la nuit. La cupidité s'alluma dans l'âme de 
quelques hommes pervers ; des pièges sont tendus aux pieux voya- 
geurs ; les vols se multiplient, les brigandages s'accroissent, le sang 
des visiteurs de Marie coule plus d'une fois sous le poignard d'un 
avide assassin. L'appréhension du péril devient bientôt plus forte 
que la dévotion ; les routes sont abandonnées, le bois reste désert, 
le silence règne autour du sanctuaire béni. 

Huit mois s'étaient écoulés depuis l'arrivée de la Santa-Casa en 
Italie, lorsque tout à coup elle apparut à trois milles de la ville de 
Récanati, sur un petit monticule qui domine une agréable colline, 
cultivée avec soin, séparée des bois voisins, et à mille pas envi- 
ron de la forêt de lauriers où la sainte demeure s'était d'abord 
reposée. 

Rien ne paraissait devoir cette fois troubler la paix de l'auguste 
sanctuaire. Cependant la malice des hommes lui disputa encore cet 
asile. 

La colline de Récanati était la propriété de deux frères illustres 
dans la cité ; ils la possédaient par indivis avec un égal pouvoir ; leur 
famille paraît avoir été celle des marquis Antici, car les procès ver- 
baux du temps les appellent Siméon et Etienne Rinaldi de Antiquis. 

Unis d'abord par les liens de la religion comme de la nature, les 
deux frères vivaient dans le calme d'une heureuse concorde, parta- 
geant ensemble les biens que le Seigneur leur avait départis. Mais 
les riches dons déposés dans la chapelle de Marie excitèrent bientôt 
dans leurs cœurs la soif de l'opulence, et le désir des biens terres- 
tres alluma entre eux la plus funeste dissension. Leurs mains, fra- 
tricides, s'arment de glaives criminels ; ils sont sur le point de bai- 
gner de leur sang cette terre devenue si auguste par la présence de 
Marie et de sa pieuse demeure, lorsque soudain les murailles sacrées, 
s'élevant dans les airs, abandonnent les malheureux qui se sont 
rendus indignes des bienfaits du Ciel et vont se placer au milieu de 
la voie publique. 

A peine la très sainte Vierge eut-elle transféré son glorieux sanc- 
tuaire sur le sommet de la montagne qui semble dominer la terre 
et la mer, que les révélations, les miracles, les témoignages authen- 
tiques, les hommages des peuples vinrent encore augmenter et 
relever sa splendeur. Les Dalmates ont appris au-delà de l'Océan 



lO: NOTRE-DAME DE LORETTE 

les prodigieuses translations de la chapelle miraculeuse: ils accou- 
rent en foule pour reconnaître le trésor dont ils déploraient la perte, 
et ils élèvent la voix pour raconter les grandeurs de cette demeure 
si humble et si modeste en apparence. Un pieux ermite suscité par 
Marie va de toutes parts proclamant les hauts mystères qui se sont 
opérés jadis dans ces augustes murailles. Cette étonnante nouvelle est 
comxnuniquée au pape Boniface VIII, qui, agissant avec réserve et 
prudence, se contenta d'abord d'ordonner à Nicolas de Giovanni, 
évêque de Récanati, de prendre un soin particulier de ce précieux 
dépôt, et d'élever à l'enlour des maisons et des hospices pour la 
commodité des ministres sacrés et des pieux pèlerins. Ce fut d'après 
son. conseil que, dans l'année 1296, fut dirigée d'abord vers la Dal- 
matié et ensuite jusqu'à Nazareth une célèbre députation composée 
de seize chevaliers choisis, pour aller visiter les lieux et s'assurer 
de l'identité du sanctuaire miraculeusement transporté à Lorette. 
Ces illustres envoyés, dont les annales de Récanati ont conservé 
les noms, traversent la mer Adriatique et considèrent avec surprise 
l'emplacement qu'avait occupé autrefois la chambre bénie, et que 
les habitants leur montraient en fondant en larrhes au souvenir du 
bien qui leur avait été ravi. Ils examinent avec soin la chapelle bâtie 
sur ce terrain d'après le modèle de celle qui durant plus de trois ans 
y avait reposé. Ils appliquent à ce monument les mesures de la mai- 
son de Lorette, qu'ils avaient apportées avec eux, et ils trouvent par- 
tout une entière fit parfaite conformité. Ils s'informent avec sollici- 
tude de l'époque précise où avait été enlevé le sanctuaire vénéré 
longtemps à Tersalz, et ils se convainquent que le même jour qui 
l'avait vu disparaître de ces rivages l'avait vu paraître sur le terri- 
toire d'Ancône. Après avoir échangé avec les pieux habitants de la 
Dalmalie la narration des événements miraculeux dont ils avaient 
été respectivement témoins, ils mettent de nouveau à la voile et se 
dirigent vers les rivages fortunés où se sont accomplis les mystères 
de notre rédemption. La Syrie était inondée d'armes et de soldats ; 
les Turcs, répandus çà et là. occupaient tous les passages ; nulle 
sûreté pour les pèlerins dans ces contrées, ravagées par les fureurs 
du fanatisme. Un- sauf-conduit est acheté à prix d'argent. Protégés 
par cette concession salutaire, les députés de Récanati parviennent à 
Jérusalem, où ils vénèrent le Saint-Sépulcre, De là ils marchent à 
Nazareth, où ils cherchent avec anxiété la maison natale de la sainte 
Yierge. Presque tous les chrétiens avaient disparu ; il n'en restait 
que quelques-uns dont la religion s'était soutenue, quoique faible- 
ment, au miUeu de ce peuple dégénéré. On recueille de leur bouche 



ÉTUDE HISTOR. SUR Lk S. CASA. 17 

les notions qu'ils avaient reçues de leurs ancêtres et les particularités 
qu'ils avaient pu voir eux-mêmes de leurs propres yeux. Le terrain 
est découvert, les murailles n'existent plus, les fondements, seuls 
demeurent encore. Les pierres sont entièrement semblables à celles 
qui composent le bâtiment de Lorelle ; les dimensions des deux édi- 
fices se rapportent entre elles avec une admirable précision. A cette 
vue, la joie éclate, les cœurs tressaillent d'allégresse ; on se hâte de 
regagner le A^aisseau ; sa course paraît trop lente, les vents semblent 
enfler trop faiblement les voiles qui le poussent : on voudrait déjà 
être de retour dans la patrie pour raconter cette consolante nou- 
velle. Enfin la terre natale apparaît au bout de l'horizon ; on a fran- 
chi l'espace, on est dans le port. 

Si la foule se portait à Lorette avant ce voyage, combien ne dut- 
elle pas s'accroître après une démonstration si évidente? Aussi vit-on 
bientôt les peuples de la Marche sortir en troupe des portes de leurs 
villes pour remplir les chemins qui conduisaient à la sainte demeure. 
Les hommes, les femmes, les enfants, les jeunes filles, les malades 
eux-mêmes, précédés de bannières, de tambours, de flûtes et d'autres 
instruments de musique, se dirigeaient en ordre vers les murs qui 
leur présentaient de si doux gages d'espérance. Exposés aux trou- 
bles des révolutions et aux désastres de la guerre, ils demandaient 
avec instance la précieuse faveur du repos et de la paix. Ils priaient 
Marie de devenir pour jamais leur mère et leur patronne, titres sacrés 
qu'elle a daigné recevoir et conserver jusqu'à ce jour, où Lorette et 
les villes de la même province se font encore une gloire et un 
bonheur de regarder leurs habitants comme les enfants privilégiés 
de Celle dont ils se plaisent à orner les autels et à défendre les droits. 
Cet empressement des fidèles, que l'on voyait traverser Rome en 
foule pour aller jusqu'à la maison de Marie, fut, si l'on en croit le 
cardinal Valère de Vérone, un des motifs qui décida le pape Boni- 
face VIII à établir pour l'anniversaire de la sixième année de son 
pontificat le célèbre jubilé de l'année sainte, a Alors, dit Tursellini. 
il se fit un tel concours de toutes les nations que la ville de Rome, 
malgré son étendue, pouvait à peine les contenir. Il ne se passait 
presque aucun jour qu'elle ne reçût dans son sein deux cent mille 
pèlerins, sans compter la multitude innombrable qui couvrait au 
loin les routes. Or de ces pieux voyageurs un grand nombre, attirés 
par le bruit des miracles opérés à Lorette, venaient en visiter la cha- 
pelle, d'oii ils allaient ensuite, comme témoins et hérauts de sa 
grandeur, annoncer à leurs concitoyens le prodige inouï dont ils 

N.-D. DE I,OnETT>; 2 



1.8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

avaient acquis la certitude, non par des assertions étrangères, mais 
par le témoignage de leurs propres yeux. » 

Cependant les pieux habitants de Récanati Aboyaient avec anxiété 
la faiblesse des saintes murailles. Posées sur la terre, elles n'avaient 
point de fondements pour les soutenir. N'était-il pas à craindre que, 
subissant peu à peu les effets du temps, elles ne vinssent à s'écrou- 
ler et à priver ainsi le pays d'un de ses plus beaux ornements ? Ce 
qui augmentait encore leur crainte, c'était la situation même du lieu, 
exposé à de violents tourbillons et à dé fréquents orages, où les tor- 
rents de pluie semblaient conspirer avec la fureur des vents. Ils se 
décidèrent en conséquence à élever autour de ce frêle édifice une 
forte muraille établie sur des bases solides et construite en briques 
durcies au feu. Ils firent plus, et, instruits chaque jour des miracles 
nombreux que Dieu opérait par la vertu de cette sainte maison, ils 
appelèrent des peintres habiles pour représenter par le pinceau sur 
cette muraille, particulièrement du côté du nord, tous les détails de 
cette prodigieuse histoire, afin de donner à tous, et surtout aux igno- 
rants, la facilité de connaître ces merveilles. 

(( Le bruit public, dit le Père Riéra, a propagé dans les proyinces 
d'Ancône comme un grand miracle qu'au moment même où l'ou- 
vrage venait d'être terminé on trouva les nouvelles murailles telle- 
ment séparées des anciennes, qu'un petit enfant pouvait y passer 
facilement un flambeau à la main pour montrer à la foule, quand 
l'occasion se présentait, la vérité de. cet écartement. Ce prodige 
frappa vivement les esprits, d'autant plus que l'on savait avec cer- 
titude qu'auparavant elles étaient si étroitement unies qu'il n'y 
avait pas entre les deux l'épaisseur d'un cheveu. De là cette opinion 
commune que rien ne peut rester attaché aux murailles de l'auguste 
maison de Lorette, la sainte Vierge le voulant ainsi, pour montrer 
qu'elle n'a pas besoin du secours des hommes pour soutenir sa véri- 
table demeure. Quelle que soit la cause de ce phénomène, la vérité 
du fait est au-dessus de toute controverse, car aujourd'hui encore 
vivent plusieurs témoins qui ont contemplé de leurs yeux cet admi^ 
rable spectacle. Aussi, quand, au temps de Clément VII, Rainero 
Nerucci, architecte de la sainte chapelle, et qui depuis est resté avec 
moi dans une douce intimité,, voulut, par ordre du pontife, abattre 
ce mur de briques, que le temps avait déjà presque renversé, pour 
élever à la place ce magnifique monument en marbre que l'on voit 
aujourd'hui, il remarqua non sans grand élonnement que, contre 



^A 



ÉTUDE IITSTOR. SUR LA S. CASA 19 

les règles de l'architecture, toutes les pierres étrangères à la sainte 

maison s'étaient éloignées comme par respect pour l'auguste lieu. » 

' On lient également d'une ancienne tradition que le crucifix anli- 

,: que apporté avec les saintes murailles opérait de fréquents et d'écla- 

)■ tants prodiges, parmi lesquels on remarque particulièrement que, 

i transporté par l'évêque et les habitants de Récanati dans un plus 

! brillant sanctuaire préparé pour le recevoir, il retourna de lui-même 

\ occuper sa place primitive. Plusieurs fois on renouvela la même 

tentative, et toujours elle fut également inutile ; en sorte que l'entre- 

\ prise dut être abandonnée. 

f\ 

I La longueur de cette citation se justifie par sa nécessité 

I môme. D'après ce récit, qui résume tous les historiens de 

I Notre-Dame de Lorette, la maison de la sainte A^ierge aurait 

I été transportée par les anges de Nazareth en Dalmatie en 

f 1291 et de là à Lorette en 1295, avec deux stations inter- 

I médiaires. Avant d'établir que ces dates ont été inconnues 

I antérieurement à i525, il y a lieu de rechercher ce que les 

i documents nous apprennent sur l'histoire du sanctuaire de 

l'Annonciation à Nazareth et sur celui de la Nativité à Lo- 
rette : ce sera l'objet des deux premières parties de ce tra- 
vail ; une troisième et dernière étudiera le développement de 
la légende et en fixera, s'il se peut, l'origine. 



PREMIERE PARTIE 



Le sanctuairo clo i'A.iiiionciatioii 
h IVa2;ar*etli.. 



I 

Âpres le dernier effort pour rindépendancc de la Judée, 
terminé par la substitution dVElia Capitolina à Jérusalem 
(i32 à i36), les débris de la nation Juive se concentrèrent en 
Galilée. Tout un gouvernement civil et religieux s'y forma 
peu à peu. Les grands rabbins de la race de Hillel, avec les 
chefs du sanhédrin, recueillaient les impôts et exerçaient la 
justice civile et criminelle. Les Juifs obtinrent le privilège de 
ne souffrir parmi eux personne qui ne fût de leur reljgion '. 
Dans ces conjonctures il est bien improbable que les souvenirs 
matériels de l'incai'nation aient pu se conserver ; aussi les 
premiers pèlerins semblent-ils avoir ignoré les lieux saints 
de Galilée ^. 

Sainte Hélène visita la Palestine, peu avant sa mort, en 826. 
Un historien byzantin du xiv° siècle, Nicéphoke Calixte, 
moine à Sainte-Sophie de Constantinople, lui attribue la cons- 
truction de vingt-quatre églises, une entre autres à Nazareth ■' : 

1 Voir plus loin le texte de saint Epipiiane (p. 28) et Alph. Gouuet, La 
Palestine sous les empereurs Grecs, 326-636, thèse..., Grenoble, 1869, in-S" 
de 3 f.-376-xxvj p. (p. 0-7). 

- Par exemple le Pèlerin de Bordeaux, en 333 (Reinh. Rôniucur, Bifaiio- 
fjraphia geographica Palaestinae, Berlin, 1890, in-8°, p. 2-3). 

3 « Nazareth, en grec Na^apsT et Na^aokÛ, en latin Nazareth, en arabe 
Nasarah ou Nasirah, n'est mentionnée ni dans L'Ancien Testament ni dans 
l'historien Joscphe, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne remonte point à 
une antiquité reculée » (V. Guérin, Description géographique, historique 
et archéologique de la Palestine, 3" part., Galilée, 1880, t. I, p. 97). Cf. 
Franc. Quauesmius, Hislorica... Terrai Sanctx elucidatio, Antverpice, 1639, 
t. II, p. 817. 



22 AOTRE-DAME DE LORETTE 

« Elle arriva à Nazareth et, ayant trouve la maison delà Saluta- 
tion, elle fit construire un temple élégant à la Mère de Dieu » '. 
Ce renseignement tardif est contredit par les historiens pri- 
mitifs, dont un contemporain, Eusèbe de Gésarée "^, Socr.vte '^ 
et Sozomène'', qui s'accordent à faire honneur à la mère de 
Constantin de deux églises seulement : une à Bethléem, au 
lieu de la naissance de Jésus ; l'autre au mont des Oliviers, 
au lieu de l'Ascension. Elle n'eut certainement pas le temps 
de faire davantage ^. 

C'est à un juif converti, le comte Joseph, que Constantin 

1 Ecclesiast. histor., 1. viii, c. 3o : Elç NaÇaoàO yivera'.. Kai tôv toZ 
ya'.osTiaixou oiyov sûpoOffa, vaôv yaptevxa tyj OeotÔxw avicta [ou avicxTi]. 
[Palrolocjia grœcaàQ Migne, t. CXLVI, c. ii3). Cf. Kkumbacheu, Gesc/iic/iic 
der byzantinischen Litteratur, 2 Aufl. (1897), p. 291-3. Les historiens de 
Loretic ont découvert d'un voyage de sainte Hélène à Nazareth une preuve 
beaucoup plus ancienne : « Eusebio iiel cap. Aa. e hb. dèl lib. 3. in vlta 
Costant. parla jiur troppo délia di Lei [Sauf Blena] andala a INazarelte 
di Galilca » (Vinc. Muuui, Dissertazione critico-istorica siilla idenlità délia 
sanlaCasa di Nazarelle ora veiierata in Loreto, Loreto, 1791, in-/!", p. i4)- 
Il est facile de s'assurer qu'aux endroits indiqués de sa Vila imper. Goiis- 
tantini Eusèiœ parle seulement du voyage à Bethléem. 

- Ecclesiast. histor., l. ni, c. /|3 : AÙTijca 0' oùv tw TroocrxuvriOsvTt Osoj oûo 
v£0); aci'.îoou, tôv [j.ïv tïooi; tw ttiç Yevvv^ffswç avToco, tov S' iiû toù' ttjç 
ivaXY|']/£wç oçouç (Pairo^ f/î'œca, t.' XK, c. I ici). 

^ Ecclesiast. histor., 1. 1, c. 17 : 'Il oè xou pac.XÉtoç piTYip, oîv-ov akv 
ô'jy.x-qc'.ov sv -oi tou av/jp-aTOç tÔttcj ttoXut£X'?[ jcaxscjxeûaffev... •^-' 'H oà 

Tou pac'.ÀÉoj? p.'/^TTjp , x«l £v, Tw àvTow TTi? B'^OÀ£à[;., 'évôa "/] xatà 

(ï7.p/.a ysvvTl'î'.ç Toîi Xocctoù', sTspav £>'.xX-/)C''av oùy 7|Ttov (lire '/)TTOva) 
xaTSGXôûa^sv. Où aT|V àÀÀà xal èv xco opsi Tf|Ç àvaÀr,'|i£ojç {Patrol. grseca, 
t. LXVII, c. i2o). La troisième église, qu'il fait bâtir par Hélène au 
Saint-Sépulcre, eut pour auteur, d'après Sozomène, son fils Constantin. 

^ Ecclesiast. histor. ,1- n, c. i : '0 8£|3a(iiÀ£Ù;..., coY|0-ri o£Ïv oh.ov tùxxr^o'.ov 
T(o 0£(o -/ca-aa/CEuâcra'. sv 'Iîpo(7oXijij(.o'.;, àp-a-c tôv xaXoû[j.£vov Kpavt'ou tottov 
(PairoL (/raca, t. LXVH, c. 929).— C. 2 : 'Ev ij.£p£i oè y.oO. 'EÀ£vY| f, auTOÙ' 
(Ba^jiXîojç) ;xT,-r|p, aûo ^iv.ol)i; (oxoOÔij,'f)<i£, tôv ij,£v Iv B"fiOX££[J!., àij.tpi tô 
T'7|Ç Y£vvr|ij£co; XptdTOu crvf/^Xa'.ov tov oà, Tcpoç Tatç àxpojpôiatç tou ooouç 
Twv 'EXauov, oOcv èttI tôv oùpavôv àvsXrjCpO'r) (Ibid., c. gSS). 

•' Un observantin, Félix Beaugkand, qui lit en 1699 le pèlerinage de la 
Terrc-Sainlc — -ol le icnouvela deux fois encore — , lui attribue la cons- 
truction de quatre cents églises en Palestine, dans sa Relation nouvelle et 
1res fidelle {[\omiicnT, p. 2S8J. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 28 

donna l'ordre, vers 029, d'établir des chrétientés en Galilée. 
Nous en avons comme témoin saint Epiphaise, qui, né en 
Judée, y vécut jusqu'en 356 et recueillit le fait de la bouche 
même de Joseph à Scythopolis en oSg. L'empereur avait 
donné mandat de construire des églises au Christ dans les 
villes et bourgs des Juifs, où personne n'avait pu en élever, 
parce que ni gentil, ni samaritain, ni chrétien n'était autorisé à 
habiter parmi eux. Ceci avait surtout lieu à Tibériade.àDiocé- 
sarée, appelé aussi Séphoris, à Nazareth et à Çapharnaum,où 
ils se faisaient une règle de n'accorder le domicile à aucun 
étranger ^ A raison de l'opposition qu'il éprouva à Tibériade, 
il est douteux que le comte Joseph soit parvenu à constrmre 
le sanctuaire de Nazareth dont nous constaterons l'existence 
au vi" siècle. 

On ignorera peut-être toujours s'il en était question dans 
la PeregnnaUo ad loca sancia (entre 38 1 et 38/|), qui, publiée 
d'abord par M. Gamuhrini, d'après le manuscrit incomplet 
d'vVrezzo, sous le nom de Silvie, sœur de Rufin -, a été res- 
tituée à une vierge galicienne du nom d'ErnEiuA (Céleste) ou 

1 Adversus hœreses Panaruim, 1. 1, t. Il, h;cr. xxx, c. ii : '0 os ar/cw 

II» 

ucTEGOv Àourpoù' àyiou xaxaaouTaf èccoO'Ai y^-p- "Avscat os IttI to y-oix-riTarov, 
x.al paci'.Âîl K(ovGTavTiv(p otXiouTat, /.al avsOîTO aûxo) xà xaO' eauxov aTravra, 
(00 YjV T(ov xaT 'louSoctouç k^oyM'T7.T'qi; a^i'aç, xal w; al OeoTtriat aÙTw 
TcavTTj £cpa(vovTo, Kup(ou auTOV TtoocxaXoutxsvou £'.ç Tr|V iy'av xlr^aiv xaV 
(jWT'/jpt'av TY|Ç xat' auTOv TitcrTsioç t£ xal yywcrsoj;. '0 8à àyaGôç paciXcùç, 
ooÎjXo; ojv XptcTTOu èv à/i'/^Oe-'a, xat tôv xarà 0£Ôv Cf|Xov èv pacjcXsiîcji ij.£xà 
AaSiB xat 'E^sxtav xai 'Iwccav xexT'ri[;L£Vo; yépaç aÙToi St'Sojff'.v, toa 'ri'B-q 
TTfosÏTrov, a^!a)[j.aTOç èv tt) aùroS paGiXsix. Kô,aT)Ta yàp auTÔv xaT£GT'f)crci 
cpTjCiai; aùxw aÎTsiv uaXcv PouÀ£t«!. '0 oà oùùiv r^Tr^aoLXO 7:Xt,v touto 
[xÉviGTOv yy.oiaiJ.y. luysXv Trapà tou paG'.X£o><;, xb ÈTrtxpaTrTivat, xœt otà 
TrpoCTxayixaxoç pacrîXïxoù' olxoBofJiTiGa'. Xp'.crxco £xxX'/)c(aç Èv xaï; tïoXecj'. xaï 
xco(xac; xoJv louSaitov. "EvOa xcç oÙSettote ïayvaew o!xoûo;ji,T|(Tai £xxX'/)cr''aç, 
oià xb jXYjX£ "EXXYjVa iXY,x£ Saij.aps-'x'fiv [jlT|X£ Xptcrxtavov [xlcrov ayxwv 
Etvat. TouTO 'Bè uâXtcxa àv TtScotâoi, xaV àv Aioxatcaoéta, xy, xal 
ilôTtcpouplv, xal èv Naçaosx, xat èv Ka<papva6Ù(jL, ûuXâffCïcxai Ttap' aùxotç 
xoïï IJ.Y, clv7.t xcva àXXou sOvouç {Patrol. fjrxca, t. XLI, c. 42/1-5). 

2 Rôuiucirr, Btbliog raphia geographica Palaesliiiae, iSc^o, p. 5-0, 



a'j NOTRE-DAME DE LORETTE 

mieux Elciiiîuia ', Son abréviateur, le moine VALÉRius(f 695), 
se borne à dire : 

Pervenit ad sacratisslma et desiderabilia loca Nativitatis, Passio- 
nis et Resurrectionis Domini 2. 

On a conjecturé — sans fondement certain — que Pierre 
diacre trouva au Mont-Gassin un exemplaire complet de la 
Peregiincdio et en tira la seconde partie de ce qu'il écrivit, en 
1 107, sur Nazareth. 

A la même époque (386), sainte Paule vint en Palestine et 
visita tous les Lieux Saints. Dans V Epitaphium qu'à sa mort 
(4o4) saint Jérôme envoya à sa fille sainte Eustochie, on lit 
cette courte phrase : 

Inde cito itinere percucurril Nazareth, nutriculam Domini, Gana 
etCapharnaum, signorum ejus lamiliàres '. 

Dans une lettre de la môme année (386) à leur amie la veuve 
Marcelle, restée à Rome, Paule et Eustochie l'engagent à les 
rejoindre, en lui donnantla perspective des merveilles quelles 
lui montreront : 

Ibimus ad Nazareth et, juxta intcrpretationem nominis ejus, llo- 
rem videbunus Galilaiœ *. 

Dans sa lettre xxxi, écrite à Sulpice Sévère en 4o3, saint 
Paulin de Noie raconte bien que sainte Hélène orna d'églises 
les lieux de l'Incarnation, de la Passion, delà Résurrection et 
de l'Ascension, mais son récit paraît plus oratoire qu'histo- 
rique ; en tout cas, il est contredit par des historiens plus 
anciens et plus autorisés. Le voici : 

Qua3 (lielena) divino, ut exitus docuit, inspirata consilio, cum 

1 Voir les articles Ethérie et Euctiei-ia de la nouvelle édition de mon 
Répertoire des sources historiques du moyen âge, Bio-bibliograptile, 190^, 
col. i368 et i3g4. 

2 Patrologia latiiia de Migne, t. LXXXVII, c. 421. 

3 Adasanct. Borland., i643, janu. t. II, p. 716''; Patrol. latina, t. XXII, 
c. 889 ; T. ToBLEu, Itinera et descriplioiies Tcrrœ Sanctœ, Genevœ, 1877, 
in-S", 1. 1, p. 38 (leçon fautive : « percurrit »). Cf. Rôuiugiit, p. 5. 

+ Patrol. talina, t.. XXII, c. Agi ; Tobleu, op. cit., p. 40. Cf. Quaresmius» 
Terrée Sanctœ elucidatio, iGSg, t. 1, p. 3». 



ÉTUDE niSTOR. SUR LA. S, CASA. 30 

Ilierosolymam agnosceret nomine qiueAugusta cum filio conregha- 
batScum rogavit ut sibi facilita tem daret cuncta illic loca dominicis 
impressa vestigiis, et divinorum erga nos opet'um signata monu- 
mentis purgare, destructis templis et idolis, ab omni prophanai 
impietatis conlagio, et religioni suœ reddere ; ut Ecclesia tandem 
in terra originis suœ celebraretur. Itaque prompto fdii imperatoris 
assensii mater Augusta, paiefactis ad opéra sancta Ihesauris, toto 
abusa fisco est : quanloque sumptu atque cultu reginapoteratet reli- 
gio suadebat, œdiflcatls basilicis contexit omnes et excoluit locos, 
in quibus salularia nobis mysteria pietatis sua^, Incarnationis et 
Passionis, et Rcsurrectionis atque Ascensionis sacramentis Domi- 
nus Redemptor impleverat -. 

On a attribué, récemment encore '\ à saint Jérôme et fait 
remonter à Eusèbe de Gésarée un opuscule sur lés noms de 
lieux contenus dans les Actes des Apôtres, qui est en réalité 
l'œuvre du vénérable Bêde (vers 720). Celte erreur a été de 
grande conséquence, en faisant remonter au iv" siècle des 
édifices dont la description ne remonte qu'au vu". 

Le laconisme des textes précédents est dépassé par l'ab- 
sence presque complète de témoignages pour la période sub- 
séquente ; et cependant les pèlerinages en Terre-Sainte se 
multiplièrent au v° siècle '\ MM. Molinier et Kohleu en ont 

' G. de 11auti';l conjecture qu'il faut lire : « noinine conregn[ans Au- 
gusltC cum rog]abat » (voir n. 2). 

2 Palrol. Mina, t. LXl, c. 327-8 ; Gvil. de Hautel, S. Ponlii Meropu 
Pavlini Nolani opéra (Corpus scriplor. ecclesiastic. latin, acad. Viadobon., 
t. XXIX), 1895, pars I, Epistulae. Cf. Béperl., 1" éd., c. 1745-6. 

•■' Gast. Le Hakdy, Histoire de Nazareth, p. 27-8. En fait, l'auteur a attri- 
bué le texte qu'il cite — de Bède — au Liber de situ et nominibus loco- 
runi Ilebraicoriim, qui est bien d'EusiiBE et de saint JÉaÔME, mais dans 
lequel il n'est pas question d'églises construites à Nazareth {Pairot. lalina, 
t. XXIII, c. 91/1). 

* Ce n'est point que les historiens de Lorctte en ignorent. Ainsi Vinc. 
Muuui nous affirme : « Ncl sccolo V. 4io. vi andô S. Petronio, d'onde recô 
anche le misurc délia S. CASA; le quali di poi fatto Vcscovo di Bologna 
collocô nella Ghiesa di S. Stefano dclla stcssa Gittà » (op. cit., p. 17). La 
vie anonyme de saint Pétrone, évoque de Bologne, tirée précisément de 
la Chronique des moines de Saint-Etienne de cette ville, dit bien qu'il 
mesura la distance entre le Golgotha et le mont des Olivici's, mais il n'y 
est nullement question de Xazareth, non plus que dans le commentaire 



26 ISOTRE-DAIME DE LORETTE 

catalogué cent trente dans leurs Itihera llierosotymUana et 

descripUones Terme Sanctae bellis sacris anteriora ^ 

A peine pourrait-on citer les Ituiera Hievosolymilana de 

yiHGiLius,que ni eux ni M.KôuRicHrn'ont inscrits dans leurs 

nomenclatures, dressées cependant avec un soin extrême. 

On y lit ces simples mots : 

De Dioca}Stiria usquc Nazaret, mil. v. 
De Nazarel usque ïhaburi, mil. vu... - 

Mais le cardinal Pjtra., qui a tiré ce texte du manuscrit i65 
de La Haye, a été victime d'une méprise. Il a cru trouver le 
nom. de l'auteur dans ces mots : Virgilius moriens diclamt, qui 
ne s'y rattachejit en aucune façon ; d'après lui, cet itinéraire 
ne serait pas postérieur au v" siècle. Gomme on va le cons- 
tater, c'est une variante de l'ouvrage suivant'^. 

L'archidiacre Théodose (vers 53o) n'est guère explicite dans 
son Liber de silu Terrœ Sanctœ. Sa rédaction nous est parve- 
nue sous ti'ois formes. La plus courte et la plus ancienne 
est celle du manuscrit de La Haye, qu'on vient de lire ^ 
Voici les deux autres : 

A Dioctesarea usque in Nazareth millia quincjue. A Nazareth usque 
in Itabyridri... millia septem. 

. :De Caîsaria usque ad Nazaret mil. v, ubi natus est Joseph, spon- 
sus beatœ Mariœ virginis. De Nazaret usque in Sicetaburimil. vu.... 
De Nazaret usque ad locum ubi baptizavit sanctus Philippus eunu- 
chum mil. xvi ^. 

cl les autres documents dont le boUandisle Jacq. de Bue a enrichi la bio- 
graphie de ce saint {Acla sand. Bollakd., 1866, oclob. t. II, p. 423-70). — 
La vérification des autres pèlerinages allégués a produit la même consla- 
lalion négative en ce qui concerne saint Simon Salus (op. cit., julii t. I, 
p. i38) ; la patricienne Rusliciana (Bauonius, Ann. écoles., a. àga, n° 19) ; 
saint Anaslasc le Persan (Bolland., jan. t. Il, pp. 427' et 432'' ) ; saint Jean 
Damascène (ibid., maii t. II, p. ni-g) ; saint Jean Calybite (ibid,, jan. 
t. I, p. io3i-8). 
> Genevic, i885, t. II, p. ii3-8o. 

2 PiTiiA, Analeda sacra et dassica Spidlcglo Solesinensi parala, Paris- 
Rome, 1888, t. V, 1'= pari., p. 119; cf. p. n6. ■ 

3 Ch. KoHLKu.dans /îei'Hc Biblique, 1901, t. X, p. gS-G. 
i- ToBLEii, llinera, 1880, t. l, 11, p. 060*. 

s Ibid., t. 1, pp. 71 et 355. Cf. Rôiuugut, p. g. 



ÉTUDE MTSTOR. SUR LA S. CAS\ 27 

Nous trouvons enfin la première mention de la basilique 
construite sur le lieu de l'Annonciation dans la relation du 
pèlerin de Plaisance ^ connu sous le nom d'ÂNTONm le mar- 
tyr (vers 070). Elle nous est parvenue sous deux formes prin^ 
cipales : 

Venimus in fînibus Galilicte, in civitatem quœ vocatur Diocœsarea, 
in qua adoravimus... amiila et canistellum sanctie Mariic; in quo 
loco erat et catliedra, iibi sedcbat quando ad eam angélus vcnit. 
Deinde milia tiia venimus in Gana.... Deinde venimus in civitatem 
Nazareth, in qua sunt multaj virtules.,., Domus sarictaî Maria; basi- 
iica est, et multaibi sunt bénéficia dç vestimenlisej us,... -. 

At vero de Tyro venimus in civitatem Nazareth, in qua sunt mul- 
tcc virtutes... Domus sanctaî [Mariai] basilica (uar. D-s est ibi, ubi 
b-a magna) est et multa ibi sunt bénéficia de vestimentis ejus<*. 

Arculphe, évêque (de Périgueux !) sacré en France, visita 
durant neuf mois la Terre-Sainte vers 670. Il n'a pas rédigé 
lui-même le récit de son pèlerinage ; mais, poussé par la 
tempête vers les Hébrides (Ecosse), il reçut l'hospitalité dans 
le monastère de Hy (lona). L'abbé Adàmnan (f 70/1) mit par 

' Voir [H. Gkisau], La pielra di Gana c VUinerario dcl cosidetto Anto- 
nino di l'iacenza, dans GJyt'ità caltolica, igoS, ser. 18, t. XI. p. 600-9. 

2 ToBLER, liinera, t. I, p. gS ; Antonini Placentini itinerarium, im 
unenlstcUten Text m. deutschcr Uebeisctzung hrsg. v. J. Gildemeistkk, 
Berlin, 1889, gr. 8°, xxiv-68 p. ; Pavl. Ge^ek, Itinera Ilierosolymitanci 
saec. firi-VIII {Corpvs scriptor. ecclesiastic. latin, acad.' yindôbon., 
t. XXXIX), 1898, p. 161. Cff. RôHuiciiT, p. lo-i, et mon Répertoire, c. 28-. 
— L'éditeur viennois a corrigé (scripsij, contre l'autorité de tous les 
manuscrits, « sunt » de la (in en « fiunt » ; il a d'ailleurs omis ce change- 
ment dans le texte suivant. . . , 

•' ToBLEK, pp. I30 et 362 ; Geyer, p. 196-7. — !■ Un abrégé donné par 
ToBLEu (p.. i35) porte simplement : « At vero de Tiro venimus in civita- 
tem Nazareth, ubi angélus Gabriel adhunciavit sanct<e Maria) incarnatio- 
nem Domini ». — Je serais tenté de demander à M. Guil. Garratt, 
maître es arts de l'université de Cambridge,' où il a trouve la source de 
ce qui suit : «Saint Antonin, martyr, a vu, en 620 [sic], l'admirable Ba- 
silique : Adinirandam Basilicain magiiam in Nazareth » {Loretle, le nou- 
veau Nazareth, Lille, iSgS, p. 74, n. 0). Cette variante ne se rencontre 
nulle part, mais le comte Melchior de Vogué a donné en note, dans Les 
églises de la Terre Sainte (Paris, 1860, in-/i<) de 2 f.-/i6-'i p. et 28 plan- 
ches) ces mots comme extraits de l'Itinéraire d' Antonin : « Admiranda... 
Basilica magna » (p. 000), sans indication de source. 



26 NOTRE-DA!\IE DE LORETTE 

catalogué cent trente dans leurs limera Illerosolymilana et 
descripiiones Terrae Sanclae hellis sacris aaleriora ^. 
' A peine pourrait-on citer les Itiiiera Hierosolymilana de 
yiRGiLius,que ni eux ni M.RôHRicirm'ont inscrits dans leurs 
nomenclatures, dressées cependant avec un soin extrême. 
On y lit ces simples mots : 

De Diocaosaria usque Nazaret, mil. v. 
De Nazarel usque Thabnri, mil. vu... '^ 

Mais le cardinal Piïra, qui a tiré ce texte du manuscrit i65 
de La Haye, a été victime d'une méprise. Il a cru trouver le 
nom, de l'auteur dans ces mots : Virgilius moriens diclcwit, qui 
ne s'y rattachent en aucune façon ; d'après lui, cet itinéraire 
ne serait pas postérieur au v" siècle. Gomme on va le cons- 
tater, c'est une variante de l'ouvrage suivant"^. 

L'archidiacre Théodose (vers 53o) n'est guère explicite dans 
son Libei' de silii Terrœ Sancix. Sa rédaction nous est parve- 
nue sous trois formes. La plus courte et la plus ancienne 
est celle du manuscrit de La Haye, qu'on vient de lire '^ 
Voici les deux autres : 

A Diociesarea usque in Nazareth millia quinque. k Nazareth usque 
in Itabyridil... millia seplem. 

. De Cœsaria usque ad Nazaret mil. v, ubi natus est; Joseph, spon- 
sus beattc Mariœ virginis.De Nazaret usque in Sicetaburimil. vu.... 
De Nazaret usque ad locum ubi baptizavit sanctus Philippus eunu- 
chum mil. xvi^. 

et les autres docuraenls dont le boUandiste Jacq. de Bue a enrichi la bio- 
graphie de ce saint {Acta sanct. Bollakd., i866, octob. t. Il, p. h22--jo). — 
La vérification des autres pèlerinages allégués a produit la môme consta- 
tation négative en ce qui concerne saint Simon Sains (op. cit., julii t. I, 
p. i38) ; la patricienne Rusticiana (Bauonius, Anii. écoles., a. 693, n° 19) ; 
saint Anastase le Persan (Bolland., jan. t. II, pp. /i27' et dSa'' ) ; saint Jean 
Dama.sccnc (ibid., maii t. II, p. in-g) ; saint Jean Galybite (ibid., jan. 
1. 1, p. io3i-8). 

1 Gencvic, i885, t. Il, p. ii3-8o. 

2 PiTiiA, Analeda sacra et classica Spicilefjio Solesinensi paraln, Pai'is- 
Rome, 1888, t. V, 1" part., p. 119; cf. p. ii6. 

3 Ch. K0KLV.11., dans, Revue Biblique, igoi, t. X, p. 98-6. 
* ToBLEii, Itinera, i88o, 1. 1, 11, p. 36o*. 

s Ibid., t. 1, pp. 71 et 355. Cf. Rôiuucht, p. g. 



ÉTUDE riTSTOR. SUR Lk S. CAS\ 27 

Nous trouvons enfin la première mention de la basilique 
construite sur le lieu de rAilnonciation dans la relation du 
pèlerin de Plaisance ^ connu sous le nom d'ÂNToSm le mar- 
tyr (vers 570). Elle nous est parvenue sous deux formes prin- 
cipales : 

Venimus in finibus GaliUcaî, in civitatem quœ vocatur Diocajsarea, 
in qua adoravimus... amula et canistellum sanctœ Mariœ; in que 
loco erat et cathedra, ubi sedebat quando ad eam angclus vonit. 
Deinde milia tria venimus in Gana.... Deinde venimus in civitatem 
Nazareth, in quasunt raulta3 virtutes.... Domus sanctœ Mariœ basi- 
lica est, et multaibi sunt bénéficia dç veslimentis ejus.... -. 

At vero de ïyro venimus in civitatem Nazaretli, in qua sunt mul- 
tœ virtutes... Domus sanctœ [Mariœ] basilica (uar. D-s est ibi, ubi 
b-a magna) est et multa ibi sunt bénéficia do veslimentis ejus^. 

AncuLPHE, évêque (de Périgueux !) sacré en France, visita 
durant neuf mois la Terre-Sainte vers 670, Il n'a pas rédigé 
lui-même le récit de son pèlerinage ; mais, poussé par la 
tempête vers les Hébrides (Ecosse), il reçut l'hospitalité dans 
le monastère de Hy (lona). L'abbé ADAMiVAiv (f 70/1) mit par 

! Voir [H, GiusAii], La pielra di Gana e V Uinerario dcl cosidetto Anlo- 
nino di Piacenza, û.àn?> Givillà caltoUca, igo3, ser. 18, t. XI, p^ 600-9. 

- ToBLER, Ilinera, t. I, p. 98; Antonini Placentini itinerarium, im 
uiienlstellten Texl m. deutscher Uebersclzung hrsg. v. J. Gildemisistku, 
Berlin, 1889, gr. 8°, xxiv-68 p. ; Pavl. Gbyek, Itlnera Hlerosolyinitand 
sàec. IHI-VUI (Corpws seviptor.ecclesiastic. latin, acad. Vindûbon., 
t. XXXIX), 1898, p. i6i. G(î. RôHRiGUT, p. lo-i, et mon Répertoire, 0.287. 
— L'éditeur viennois a corrige (scripsij, contre l'autorité de tous les 
manuscrits;, « sunt » de la fin en « fiunt » ; il a d'ailleurs omis ce change- 
ment dans le texte suivant. . . 

•' ToDLEu, pp. 120 et 362 ; Geyeu, p. 196-7. — + Un abrégé donné par 
ToBLEH (p. i35) porte simplement : « At vero de Tiro venimus in civita- 
tem Nazareth, ubi angélus Gabriel adhuiiciavit sanctic Marifu incarnalio- 
ncm Domini ». — Je serais tenté de demander à M. Guil. Garratt, 
maître es arts de l'université de Cambridge, où il a trouvé la source de 
ce qui suit : «Saint Antonin, martyr, a vu, en Sao [sic], Vadmirable Ba- 
silique : Adinirandam Basilicam magiiam in Nazareth » {Lorette, le nou- 
veau Nazareth, Lille, 1898, p. 74, n. 3). Gette yarianlc ne se rencontre 
nulle part, mais le comte Melchior de Vogué a donné en note, dans Les 
églises de la Terre Sainte (Paris, 1860, in-4" de a f.-40-'i p. et 28 plan- 
ches) ces mots comme extraits de l'Itinérau'e d' Antonin : « Admiranda.. . 
Basilica magna » (p. 35o), sans indication de source. 



28 NOTRE-DAME DE LORETTE 

écrit, plus ou moins sous sa dictée, ses souvenirs de Pales- 
tine, les illustrant de dessins tracés par son hôte sur des 
tablettes de cire. Il a tout un chapitre, le 26° {al. 2/1") du 
second livre, de sa Relalio de Locis Sanctis qui traite 

De Naza-ueth et ecclesiis {al. ecglesia) e,ius. 
Civilas Nazareth, ut i\rculfus, qui in ea hospitalus est, narrât, et 
ipsa, ul Capharnaum, murôrum ambitum non habet, supra mon- 
tera posita; grandia lamen lapidea liabet aîdificia, ibidemque dua:; 
pergrandes habentur constructœ ecclesiaî : unain mediocivitatisloco 
super duos fundata cancres, ubi quondam illa fuerat domus œdifî- 
cata, in qua Dominus nosternutritus estSalvator. Ha)c eadem eccle- 
sia duobus, ut superius dictum est, tumulis et inlerpositis arcubus 
suffulta, habet inferius inter eosdem tumulos hicidissimum fon- 
tem coUocatum, quem lotus civium fréquentât popuhis, de illo 
exhauriens aquam, et de latice eodem sursum in ecclesiam super- 
œdificatam aqua in vasculis per trocldeas subrigitnr. Altéra vero 
ecclesia in eo labricata habctur loco, ubi illa fuerat domtis con- 
structa, in qua Gabriel archangelus ad beatam Mariam ingressus, 
ibidem eadem hora solam cstallocutus inventam.IIanc de Nazareth 
expericntiam didicimus a sancto Arculfo, qui ibi duabus hospitalus 
est noclibus et tolidem diebus, et idcirco in ea diulius hospitari 
non poterat, quia ipsum cogebat locorum perilus Chrisli miles fes- 
linare,deBurgundia ortus, vitamducens solitariam, Pelrusnomine, 
qui inde in circuilum ad illum, in quo prius commoratus erat, rever- 
sus est solitarium locum ^. 

Cette relation authentique, dont les auteurs subséquente 
ne feront que reproduire les termes, sans être allés sur les 
lieux, nous permet de constater pour la première fois l'exis- 
tence à Nazareth de deux très grandes (pergrandes) églises, 
bâties Tune sur le lieu de la Nutrition, l'autre sur celui de 
l'Annonciation ; cette dernière, là môme où avait été cons- 
truite la maison oii l'archange Gabriel rencontra Marie et lui 
parla -. Les mots « ubi quondam illa fuerat domus aîdifîcata » 

' Pcdrol. latina, t. LXXXVIll, c. 8o4 ; ïobleu, op. cit., p. 18/I; Geyeh, 
op. cit., p. 27/i. Cfl". Beda, Hist. ecclesiasL, 1. v, c. lô; 1\ôiiiught, p. i2-3 ; 
Répert., ce. /|0 et 3o1. 

2 On a cru échapper aux conséquencos de ce texte embarrassant, en 
déclarant qu'il n'y a pa.s incompuUbUUc entre T « aadilicatio ccclesitc in 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA aç, 

et « ubi illa f'uerat domus constructa » ne sauraient s'appli- 
quer, quoi qu'on en ait dit, à des habitations encore subsis- 
tantes. 

Cinquante ans plus tard, vers 720, le vénérable Bède, 
anglo-saxon dont l'Eglise vient tardivement de rendre le 
culte universel (1899), rédigea un Libellas de locis sanctis, qui 
n'est point un simple abrégé d'Arculphe; néanmoins, le cha- 
pitre relatif à Nazareth n'a rien d'original : 

XVI, De... Nazareth kt de logis ibidem sakcïis. 

... Nazareth mures non habet, sed magna a3dificia duasque gran- 
des ecclesias. Una est in mcdio civitatis, supra duos fundata can- 
cios, ubi quondam i'uerat domus, in qua Dominus nutritus est 
infans. Ha;cautem ecclesia,duobus, ut dictum est, tumulis elinler- 
positis arcubus suffulta, habet inlerius inter eosdem tumulos fon- 
tèm lucidissimuin, unde cives omnes aquas in vascuUs per Irochleas 
eKlraliunt. Altéra vero est ecclesia, ubi domus erat, in quam angé- 
lus ad Mariam venit •. 

Dans un autre opuscule, Liber nominum locoram ex Actis 
ou Exposilio de nominibiis locoram vel civitalum quœ leganlar in 
libre Aduum apostoloram, attribué jusqu'à notre temps à saint 
Jérôme -, mais qui est aussi du vénér. Bède (j 735), on 
trouve, à Tarticle Nazareth, ces lignes qui confirment les 
textes précédents : 

loco, in quo domus crat beatissimœ Virginis, cjus subscquens destructio 
et permansio partis domus sive cubiculi, in quo Virgo dcgebat et in quo 
salutationem angelicam excepit » (Benedictus XIV, De servoriim Dei bea- 
tificatione et beatonim canonizatione, Mb. IV, part. 11, cap. x, n» 20). 
Cf. Gauratt, ouvr. cité, p. i3/i, n. i. 

1 .T. A. GiLES, Compl. luorks ofven. Bede, London, i843, t. IV, p. ^402 
[d'après Rôiiriciit, Pottiiast et A. Molinier, ce texte aui-ait été reproduit 
dans la Patrol. lat., t. XCIV, c. 1179-90 : à la col. 1179 commence l'Index 
rerum de ce tome : y a-t-il eu un tirage plus'complet?] ; Tobler, op. cit., 
p. 23o;Geyer, op. cit., p. 819-20. Cf. Rôhricht, p. i3-4; Répert., c. 493-5. 

- Voir plus haut (p. 20, n. 2). Hensghex et Papenbuoecr l'ont admis 
sans hésiter en traitant de la fête de l'Annonciation {Acta sandonim 
Rolland., 16G8, mart. t. III, p. 539). Benoît XIV a commis une méprise 
plus surprenante {De festis heatce Mariœ Virginis, cap. iG, no 4), en don- 
nant le texte qui suit comme tiré de l'Epist. do s' Jérôme ad Eiislochiani' 
dont l'extrait est plus haut. 



3o ^OTRE-DAME DE LORETTE 

Nazareth, viculus in GalilfEa, juxta montem ïliabor, unde et 
Dominus noster Jésus Chrislus Nazarenus vocatus est. Habetque 
ecclesiam, in loco quo angélus ad beatam Maviam evangelizaturus 
intravit; sed et aliam, ubi Dominus est nutritus ^. 

Le moine anglais Willibald se mit à voyager dès 720 : il 
parcourut la Palestine de novembre 72/1 à mars 726. A son 
retour, il entra au Mont-Gassin ; envoyé en Germanie par le 
pape Grégoire III (739), il devint évoque d'Eichstâdt en 741 
et mourut en 786. Son Hodoeporicon a donné lieu à deux 
récits de valeur inégale. Une religieuse d'Heidenheim (sainte 
Walburge?, t 779) écrivit le premier, de mémoire, bien des 
années après les événements. Yoici ce qui concerne la cité 
de l'Incarnation : 

Et illic [Damasci] oi-anles ambulabant in Galilœam in iUum 
locuni, ubi Gabriel primum venit ad sanctam Mariam et dixit : 
Ave Maria, et rebqua. ïbi est nunc ecclesia ; et ille vicus, in quo 
est ecclesia, est Nazareth, lllani ecclesiam cbristiani homines sœpe 
comparabaht a paganis Sarracenis, quando illi volebant eam dcs- 
truere. Et ibi Domino se commendantes... "2. 

L'autre récit a sans doute pour auteur un des disciples de 
Willibald, ÂDALBERT ou WuNiBALD. Le passage sur Nazareth 
se rapproche beaucoup du texte précédent-: 

Venerunt in Galilœam, in vicum Nazareth, de quo et Jésus dici- 
lur Nazarenus, ubi aichangelus Gabriel, sancta) Marite perpétua; 
virgini apparens, ei de incarnandoin ejus ventre Dei fdio prœdixit, 
et ubi Spiritu sancto obumbrante imprœgnata intestimabiliter Dei 
fdium concepit. Ibi digna; sanctitatis constat ecclesia, saspè per 
christianos a Sarracenis eam dejicere aggredientibus pretio rede- 
mpta ^. . 

Le Commemoralorium de cash Dei vel monasteriis est une 
sèche statistique, rédigée probablement par un missus domi- 
nicus de Gharlemagne (vers 808). On y lit : 

1 Patrol. Mina, t. XXIII, c. 1802 ; t. XGII, c.^ io38. 

3 Mabillon, Acia ss. ord. S. Bened., 1672, sœc. III, part, n, p. 874 ; To- 
-DLEu, op.cit.,ii, p. 2G0 ; Monum.German. histor., 1887, Script. t.XV.p.gS. 
Gfï. RûtiiUGiiT, p. 1/1-5 ; Rêperl., 1' éd., c. 2344. 

s Mabillon, op. cit., p. 385 ; Toblku, op. cit., p. 289. Cl", Rôhricht, p. i4. 



♦ ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA .ii 

In Galilaîa, in ciYit[ate sancta Nazareth, monachi] xii. Uno millia- 
rio a Nazareth, ubi Ghristum Dominum Judœi prœcipitare Yol[ue- 
rimt, constructum monasterium et ecclesia in] honore Sanctœ Ma- 
ritu, monachi vni '. 

Un noble franc, Froinond, fit, comme pénitence, le pèle- 
rinage de Jérusalem en 868. L'auteur des Gestes de saint 
GonAA'oyon dit de lui et de ses frères : « Ubicumque Domi- 
nas pedibus humanis ambulavit, peragraverunt » "-. On s'at- 
tendrait à les voir à Nazareth : il n'en est rien. 

L'arménien saint Macaire, qui fut archevêque d'Ântioche 
et hiourut à Gand en ibia, visita la Palestine avant dé s'ache- 
miner vers l'Europe. Son biographe gantois s'est inspiré. de 
saint Jérôme et de Paule : 

Festinat (Macarius) terram quondam praesentia Domini insigni- 
tam intrare, Capharnaum familiarem signorum Domini, et omnem 

pariter GaliUuam ccrnere ; videre Nazareth, juxta interpretatio- 

nem nominis ejus, florem totius Galilaiœ... . ■*. 

Après la prise de Jérusalem, Godefroy de Bouillon con- 
céda la principauté de Galilée à Tancrède qui y fonda et dota 
des églises, entre autres celle de Nazareth; elle remplaça 
bientôt comme métropole Scythopolis. 

Concessit autem et solita liberalitate donavit, jure hœreditario in 
perpetuum possidendam, urbem Tiberiadensem super lacum Ge- 
nesar sitam, cum universo principalu Galilœaî, simul et Gaypham, 
quaîaUo nominedicitur Porfiria, urbem maritimam, cum suis per- 
tinentiis, prîcdicto domino Tancredo. In quo principatu ita Deo 
placide et laudabiliter se habuit, quod usque in prœsentem diem 
memoria ejus in benedictione est apud iUius homines provinciaî. 
Sedet ecclesias ejusdem dioceseos ingenti fundavit solUcitudine et, 
amplis dotavit patrimoniis, Nazarenam videlicet et Tiberiadensem, 
sed et montis Thabor ; et insuper ecclesiastica contuUt ornamenta, 
quorum portionem non modicam, per i'raudem et calumnias subse- 

1 G. B. DE Rossr, Ballet, di archeol. crisL, i865, t. III, p. 87; Tobler, 
op. cit., p. 3o3. Cf. RôHuiciiT, p. 10-6. 

2 Mabillon, Ada ss. on./. S. Bened., 1G80, sœc. IV, part. 11, p. 220; To- 
bler, Bibliogr. geograph. PalaesL, 1870, p. sC). 

■J Aola sanct. BoLLAjio., 1G75, april. l. I, p. 880'' . 



3a NOTRE-DAME DE LORETTE 

quentium principum, prasdicta amiserunt loca venerabilia (Guillel- 
Mus Tyrien., Hisloria rerwn Iransmar., 1, ix, c. i3) i. 

L'anglo saxon Saevulf débarqua à Jaffa le 12 octobre 1102 
et visita Nazareth dans le courant de l'année suivante ; il y 
trouva un monastère : 

Civitas autem Nazareth omnino a Sarracenis devastata alquc prœ- 
cipitala. Sed tamen locum Dominicœ Annunliationis monasteriuni 
demonstrat valdc pra3clarum, Fons aulem juxta civitatem ebulHt 
limpidissimus, marmoris cokimnis et tabuhs adhuc ut erat cir- 
curaquaque munilus -. 

Un higoumène [abbé] russe, nommé Daniel, fit en 1 106-7 
(al. II 10-5) un pèlerinage en Ïerre-Sainte, dont le récit a 
eu un grand succès, à en juger par le nombre des manus- 
crits conservés et des versions publiées. J'emprunte la tra- 
duction de quelques chapitres à la Société de l'Orient latin : 

CiiAP. 89. — De la ville de Nazabeth. — Nazareth est un petit 
bourg situé dans un vallon, au fond des montagnes, et on ne l'aper- 
çoit que lorsqu'on est au-dessus. Une grande et haute église à trois 
autels s'élève au milieu du bourg; en y entrant, on voit à gauche, 
devant un petit autel, une grotte petite, mais profonde, qui a deux 
petites portes, l'une à l'Orient et l'autre à l'Occident, par lesquelles 
on descend dans la grotte ; et, pénétrant par la porte occidentale, on 
a à droite une cellule, dont l'entrée est exiguë et dans laquelle la 
sainte Vierge vivait avec le Christ. 11 fut élevé dans cette cellule sacrée, 
qui contient la couche sur laquelle Jésus se reposait ; elle est si 
basse qu'elle paraît être presque de plain-pied avec le sol. 

ChAP. 91. — De LA GROTTE OU ÉTAIT ASSISE LA SAINTE ViERGE . — 

Dans cette même grotte, près de la porte occidentale, se trouve la 
place oîi la sainte Vierge Marie était assise près de la porte et filait 
de la pourpre, c'est-à-dire du fil écarlate. lorsque Farchange Gabriel, 
l'envoyé de Dieu, se présenta devant elle. 

ChaP. 99. — Ou l'archange ANiNONÇA LA BONNE NOUVELLE A LA 

SAINTE Vierge. — 11 apparut (ce heu) devant mes yeux, non loin 

1 Patrol. latina, t. CGI, c. 445-6 ; Recueil des historiens des Croisades, 
Occident, t. I, p. 384 ; cf. pp. 827 et logS. 

2 Recueil de voyages et de mémoires publié par la Société de géographie, 
1839, t. TV, p. 85o; V. Gukuin, Description de la Palestine, S" part., (Gali- 
lée, t. [, p. 100. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR LA. S. Gk.Sk 33 

du lieu où était assise la sainte Vierge. Il y a trois sagènes de la porte 
à l'endroit où se tenait Gabriel; là est érigé, sur une colonne, un 
petit autel rond en marbre, sur lequel on célèbre la liturgie. 

Ghap. 90. — De la MAisois de Joseph le fiancé. — L'emplace- 
ment occupé par cette grotte sacrée était la maison de Joseph, et 
c'est dans celte maison que tout se passa. Au-dessus de cette grotte 
est érigée une église consacrée à l'Annonciation. Ce saint lieu avait 
été dévasté auparavant, et ce sont les Francs qui ont renouvelé la 
bâtisse avec le plus grand soin ; un évêque latin très riche y réside 
et a ce saint lieu sous sa dépendance. Il nous fit bon accueil... ' 

Saint TiiÉoTONio, qui fut ensuite prieur de Sainte-Croix à 

Coïmbre (Portugal), parcourut la Terre Sainte vers 11 12 : 

Âppulsus ad urbem Joppen et longissimis maris amfractibus cir- 
cuivit per sepulclirum b. Georgii martyris, quousque pervenit 
Nazareth, quœ nutrivit Dominum Salvalorem 2. 

Belardo d'Ascoli (de Esculo) visita la Terre Sainte entre 
II 15! et 1120. Il parle de Nazareth dans sa Descriptio Terrœ 
Sanclœ, mais le texte en était encore inédit. J'en dois la 
transcription à l'obligeance du R. P. Franz Ehiie, bibliothé- 
caire du Vatican : 

Nazareth est in provincia Galilée majoris, distans a Jérusalem 
forte Lx m. et amplius, et non est clvitas magna, tamen arcbiepi- 
scopalum babct. Cella Domine nostre, in quam ingrcssus est angé- 
lus ad eam, cripta fuit syta exlatere civitatis, intus tamen ex parte 
orienlis non ex lapidibus facta, sed sic in saxo cavata, longa .q. 
passus nu. et totidem ampla 3. 

Jusqu'ici on a surtout enregistré des relations de voyages, 
d'un caractère personnel. Les compilateurs qui vont suivre, 
en coordonnant les éléments, rédigeront des espèces de 
guides à l'usage des pèlerins. 

1 Itinéraires Russes en Orie/ii!, traduits par M"" B. de Khitrowo, Genève, 
1889, t- I' P- 69-71 ; Abrah. de Nouoff, Pèlerinacje en Terre Sainte de 
l'Iiigoumène nisse Daniel, S. Pétersbourg, 18G.4, p. ii3-5. Gtî. RôniuciiT, 
p. So-a ; Répert., c. im. 

^ Acta sanct. Rolland., i658, febr. t. III, p. m'» ; Portug. moniim. 
histor., i856, Script, t. I, p. 79. Cf. Répert., !•= éd., c. 2188. 

3 Ms. iiro du fonds du Vatican, fo ris. Gff. Guil. Ant. Neumakn, 
dans Archives de l'Orient latin, 1881, t. I. p. 229 ; Rôuuicuï, p. 82. 

N -D. DE LORETTK i 



S4 NOTRE-DAME DE LORETTE 

La description de la Terre Sainte, copiée à la suite de la 
Chronique de Robert le Moine dans le ms. latin 5129 de la 
Bibliothèque nationale, paraît antérieure à ii3o : 

Duodecimo miliario a Tyberiade Nazareth, civitas Galilée, in qua 
Ihesus nutritus fuit. Nazareth interpréta tur flos. In synagoga Naza- 
reth Ubrum Ysaie aperuit Ihesus, ex eo ludeis exponens. In summis 
Nazareth contra orientem ions oriturexiguus, ex quoin pueritia sua 
Iliesus haurire solebat, ministrans matri sue et sibi^. 

Le diacre Pierre, bibliothécaire du Mont-Cassin, composa 
en 1137 ^ un Liber de locis sanclis, d'après les descriptions 
antérieures, « ex omnibus, ut ita dicam, libris collectum », 
comme il Taffirme lui-même dans son prologue à Guibald. 
abbé du Mont-Cassin et de Stavelot. Ce qu'il dit de Nazareth 
est puisé à deux sources : Bède et peut-être la Peregrinalio 
Silviae ; il distingue trois églises et deux foiitaines : 

In Nazara vero est ortus, ubi Dominus fuit, postquam reversus 
est de yEgypto , 

Nazareth murum non habet, sed magna œdificia, duasque gran- 
des ecclesias, unam in medio civitatis, supra duos fundata cancros, 
ubi quondam fuerat domus, in qua Dominus nutritus est infans, 
liaic autem ecclesia duobus, ut dictum est, tumuHs et interpositis 
arcubus suffulta, habet inferius inter eosdem tumulos fontem luci- 
dissimum,unde aquam in vasculis per trocheas in ecclesia extraunt. 
Altéra vero est ecclesia, ubi domus erat, in qua angélus sancta; 
Maria; locutus est. 

Spelunca vero, in qua habitavit, magna est et lucidissima, ubi est 
positum altarium, et ibi intra ipsam speluncam est locus, unde 
aquam toUebat. In eadam autem civitate, ubi fuit synagoga, nunc 
est ecclesia, ubi Dominus legit librum Esayaî. Foris autem castel- 
lum fons est, unde aquam sancta sumebat Maria 3. 

Rorgo Frbtellus (var. Fetellus, Fratellus) était chancelier 

5 M. DE Vogué, Les églises de la Terre-Sainte, p. 423 ; cf. p. 4o8. 

2 Par distraction, M. Le Hardy imprime quatre fois (pp. 82, 33, 53, 54) 
1087 pour 1137, et, en conséquence, classe Pierre au xi'' siècle. 

3 Palrol. lalina, t. GLXXIII, c. 1127 ; lob. Franc. Gamviuuni, S.Hilarii 
Tractalus... el s. Siluiae Aquil. Peregrinalio ad loca sancta {Bibliol. d. 
accad. stor.-giurid., t. IV),. Romac, 1887, .p. 129-80 ; Geyeu, op. cit., 
p. 113. Clï. RôiaucHT, p. 33 ; Répert., 1' éd., c. 182O-7. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 35 

de Galilée en 1119^. Il avait la dignité d'archidiacre d'Antio- 
che quand il rédigea, vers ii/i8, son Liber (var. Tractalus de 
distanUis) locoruni Terrœ Saiiclœ ; par malheur, en ce qui 
concerne Nazareth et les autres localités, il ne fait aucune 
allusion aux églises : 

Decimo milliario a Tyberiade est Nazareth civitas Galilcai, domus 
propria Salvaloris, eo quia nutritus in ea fuit. Nazareth interpreta- 
lur ilos vel virguUum, nec sine causa : cum in ea flos ex fructn, 
cujus sajculum replelum est, flos, inquam, ille quem virgini Mariœ 
Gabriel archangelus in eadem Nazarelli Filium Altissimi de ea 
nasciturum nuntiavit, inquiens : Ave, Maria, gralia plena, Domimis 
lecum, benedicla la in mulieribus et Lenedictus fructus ventris tui.... 
In Nazareth labitur fons exiguus, ex que in pueritia sua puer Jésus 
aquam haurire solebat, et inde niinistrare matri suœ et sibi 2. 

Jean, attaché sans doute comme prêtre à l'église de Wurtz- 
bourg, rédigea sa Descriptio Terrœ Sanctse vers 11 65. Il com- 
mence par Nazareth et en donne la raison : 

Principium hujus descriptionis propter exordium nostrœ redemp- 
tionis in civitate Nazareth per Incarnationem Domini angelica enun- 
tiatione celebratum, ab eadem civitate, quœ Jerosolymis 1ère 
sexaginta milliaribus distat, conslituere... volumus... 

Ilœc itaque eadem civitas, decem railhariis a ïyberiade dislans, 
caput est Galilœaî, et proprie civitas Salvaloris dicitur, eo quod ipse 
in ea conceptus et nutritus fuit ; unde et ipse Nazarenus nuncupa- 
tur. Nazareth interprctatur flos vel virguUum. Nec sine causa, cum 
in ea flos sit ortus, ex cujus gratia est repletus mundus. Flos ille, 
Virgo Maria, ex qua Gabriel archangelus in eadem Nazareth Filium 
Altissimi nasciturum nuntiavit, inquiens : Ave, Maria, etc. Gui et 
illa : Ecce ancilla Domini, etc. Ga^terum de Nazareth, alias natalitia 
Davidis urbe, eo tempore in ore ferebatui; hominum : De Nazareth 
potest aliquid boni esse? quasi vero magnœ et sancta; animœ, non 
nisi in magnis urbibus nascerentur '^. 

1 Reinh. Rôiimciit, Regesta regni Hierosolymitani, Ocniponti, iSgS, 
p. 20, n° 87. 

2 Patrol. Mina, t. CLV, c. loM. CIT. Vogué, p. 409-10 (qui place l'au- 
teur vers le commencement du xni' siècle) ; RômucnT, p. 33-5 ; Réperl., 

c. 161T. 

'■> Patrol. Mina, i. CLV, c. 1006-7. GCf. RônRicHT, p. SS-g; Répert., 

c. 25l3. 



30 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Le Cretois Jean Phogas, moine clans l'île de Patmos, lit en 
1177 (plutôt qu'en ii85) un voyage en Terre Sainte, dont le 

récit a pour tllre : ^Exfpoactç èv (juvô'j^ct tûv àvi' 'Avxîoyeiaç p-É^ptÇ 
'Iepoffo)vup,()>v xâcïTpwv xoù yMOhiW Supt'aç, <I>otvtVriç xac twv xaxà 
îlaXatCTiv/iv àyt'cov tôttwv. 

'.'. — ... Kai ouTwç jj.i(jOV Siatpôpcov ^ouvoiv £7:1 tïo pàOei tT|Ç â^ auTwv 
^àpayyoç V) Na^apèO ttôXiç T£0£[ji,sÀcojTat', èç ' Yj to [/.Éya [xucr/jotov 8tà toiÎ 
àpyayyÉÀou FaêorriX tT] IlaoOsvoj Heotoxoj £Ù'riyy£X''cO'^ Stà [xéya xal 
TrAoucrtov eXeoç, tou 8tàT'(]v r|[j.wv crw-^fjoiav aaoxojOévTOç Xpicxoï! tou 0eo\j 
r,ii.(Jiiv. 'Ev yoijv xio eiciÉvai t'Jjv Tîou)T'f|V 7iûX'/jV tY|Ç TOiaûx'^ç y.waoTrôXewç 
u-rtâpyet vaciç Tou ao^'ayyÉXou Paêpr/^X" xa"t Tiepl ta sùwvup,a p.ép7) tou èv tw 
vaw ôuffiaax'^piou bpatat ij.txpbv aTr'/^Xatov, ev w Tr'^iy^ àvaêXuaTOCvfit, 8i£[S£ç 
psïôpov ÈxTtTiJOUCTa, £v '/) Tiavây pavTOç ©eotoxoç 67r-/]vtx« uvrô twv [Epstov 
TiapaSoOstaa tw S'.xaîco 'laxï'^cp, YjV Tiap ' aùrou cpuXaTT0|/.£V7) xaO ' exàcx-fiv 
a7r£o^o[A,£V'ri, tô uSwp a7tr|VTX£t, £v Se tw sxtw ]J-'f)vl tyiÇ tou IIpoSpôiJLOU 
(7uXXt|'J'£wç, [xéXXouffx 10 u8(op cuv^Ocoç apûaacOa!, tov TrpwTov acuacrii-ov 
ÛTîb Toù' FaSpf^X eZiqcczo, xal oiaTapayfJEÏca, ffûvTpoii-oç £tç t'/)v oîxc'av tou 
'I(ocrr|0 aTCTiXOEV, ev •/] to, « Xa?p£, XE^aotTcojxÉv/), » Traoà tou àyyÉXou 
£7rr^xouc7£, y.où xo, « 'ISoù 7j SoûX'f) Kupiou, yÉvotTO piot xaxà TO p-ïi[xà(îou, « 
Trpoç auTov àvTÉcp-/)ff£, xàvT£uÔ£v tov tou Qeou Xôyov èvt-7| TT:avajJ.{))[j.oj xauT'/jç 
ISÉ^axo v/]5uï, AuT'fi "rj xoïï 'IwcyjÇ; olxta [xsxà xaùxa sic vaov [j.£T£ffX£uà(iO'/] 

TTEpiXaXXYj, OÛTTEpTCi eÙwVUJJ-OV [i-ÉpOÇ lyyÛç TTOU TTEpt TO Ou(7ia(7T"(^ptOV UTlàp^Et 

c7:-/)Xaiov, où xaxà to pâûoç tY|Ç yY|Ç '/jVEwyjjLÉvov, àXX ' ÈTTtTroXac'coç 
oaivdii.£vov où TO (ïtÔixiov XeuxoÏç [i.ap[;.apotç TTEptxaXXûvETai, xat toutou 
uTTEp Sià TYi? TOÙ ijwypâfflou /£ipô; uttôtïtegoç àyyEXoç xaxeXOojv Tïapà tY(V 
av£u ffuvoi'xou [j//]T£oa [/,Y|7:co y£V0[j.£V'r]V, EÛayyEXiotç àouài^ETat, (7£[j.vyi 
c£[J.vw<; TaXac'.oupyoûcY| TtspiTuytov" xat (jy/j[/.aT((^£Tat i/.£v O'.âTtçTcpôç xauTYjV 
SiaX£yoiJt,£voç, £X7rXay£''(j-f|ç §1 Trpbç tYjV avÉXTi'.crTOV OÉav, aOpoojç te tw 
OopûÊco ;j.£Ta(TTpaî5£''ff'/)ç, atxpou ty,ç /£tpôç àlÉTTEffcv '^ Tto'pcpupa" yj xatTOu 
6aXaiJ.ou èçioùcra crùv (poSco, yuvatxï cuyyEve? xai ç''Xy| TïpOGUTîï.vTa xal 
à(J7ca(7;j.oïç oEçtoùxat TaÛT'fjV cpiXton;. E'.geXOwv oùv toù cToij-aTo; IcwOev toù 
GTi'rjXa(ou, xaTEpyri p«0[j,{Saç oXi'yaç, xat ootwç bpaç t'/jv TrâXai TaÛT'rjV 

ÈX£tVY|V Olxiav TOÙ 'Iwcï'^tp, £!p' ■/) [XETV. Tb ÛTTOffTpaCpYjVat àvrb TYjÇ 7C"/iyYlÇ TTj 

IlapOÉvtp b àpyocyyEXoç, xaOwç Étp'fiv, TauT"f)v £Ù"/]yy£X''(jaTO. 

"E(7Ttv OÙV xaTàTbv tôttov èxeïvov, xaO ' bv b £Ûayy£Xcc:[ji.bi; yÉyovs, cxau- 
ûbç £x XiÔou aÉXavoç syxExoXXau-txsvoi; èttI Xeuxoj ij.apij.apw, xal uirepOEV 
TOUTOU Ou(jLacrTY|p'.ov, xal ev toiç Seçioïç [xépeai toù aÙTOÙ Ou(jta(îT'/)p''ou 
tx'.xpbi; otxicxoç Eu-tpaivETai, £v w Y| a£'.7râpO£voç0£OTÔxoç èOaXa[;.£Û£TO.''Ev 
oà Tw apicTTEpoj iJ-Épst TOÙ EùayyEX'.cjfxoù £T£poç OEwpETTat otxiffxoç 
àoo'jTicïTOç, £v w b A£(j7rÔT'f|ç Yjixwv Xp'.ffTbç [XETà T'/jv £^ AiyuTTTOu EiràvoSov 
û'.XY|ijat XÉyETac w-^/p'- xY|s toù lloooooaou à7roTOu.Yiç. Tote yào, xaOfijç 



ÉTUDE lilSTOR. SLR hk S. CASA 87 

oxGi rà isoà Aôyia, à'/toùca; b T/^ffoCiç ô'ti 'Ito7.vvfi(; 7:ap£OoOT|, xaxaÀmwv 

On a attaché une importance, peut-être exagérée, à cette 
longue description, car il est difficile de la faire concorder 
avec ce qu'on sait d'ailleurs. A l'entrée du bourg de Naza- 
reth, dit en substance Pliocas, on trouve l'église de Saint- 
Gabriel ; à gauche de l'autel est une petite grotte, d'où sort 
une source, à laquelle venait puiser Marie, depuis qu'elle 
avait été confiée par les prêtres à Joseph. C'est là qu'elle fut 
saluée par l'archange; intimidée, elle revint à la maison de 
Joseph. Celte maison de Joseph a été transformée en une 
superbe église ; également à gauche de l'autel, il y a une 
autre grotte, de peu de profondeur. Après y être entré et 
avoir descendu quelques degrés, on se trouve dans l'ancienne 
maison de Joseph, où Gabriel annonça la bonne nouvelle : 
le lieu de l'Annonciation est marqué par une croix en pierre 
noire, qui supporte un autel. A droite de cet autel, un petit 
cdicule, où Marie se tenait toujours ; à gauclie de l'Annon- 
ciation, une petite chambre, sans ouverture, où le Christ a 
demeuré depuis le retour d'Egypte jusqu'à la décollation de 
son Précurseur. 

Vers 1180, on dressa une statistique des Patriarcals de 
Jérusalem et d'Antioche : 

L'arcevesclùez de Nazareth a soz lui : Tabane. 

En Galilée, li second siège : Slicople, c'est à dire le Betsan ; mais 
cist sièges erl translatez à Nazareth, soz laquele simt ix eveschiez : 
Capitoile, Mirul. Gardirom, Pelon, Guillaume, (.hricppus, Telra- 
coine, Tabarie, Gomano^. 

' Palrol. grœea, t.GXXXIII, c. g33, -0; Recueil des historiens des Croisa- 
des, Grecs, 1876, t. I. p. 533-5. Traduction française par M. de Vogué, 
p. 35o-i ; reproduite dans V. Guérin, Galilée, t. I, p. ici ; autre par 
Le Haudy, p. 74-6. Cff. RôHuiGHT, p. tu ; Répert., c. 2^71. 

- MicuELAiST et Raynaud, Itinéraires à Jérusalem et descriptions de la 
Terre Sainte rédigés en français aux XI", XII' cl XIll' siècles {Soc.de l'Orient 
latin, sér. Géograph., t. III), Genève, 1882, pp. 11-2, i5. Mazareth figure 
comme évèché lalin dès 11 10 (Rôhiucht, Reg. regni Hieros., n" 67) ; son 
premier lilnlaire, Bernard, paraît eu 1 1 la (ibid., n" (ig). Guillaume prend 
pour la première fois le litre d'arclievcquc en iiaS (ibid., n" 131). 



38 NOTRE-DAME DE LORETTE 

En septembre ii83, Nazareth fut menacé par les troupes 
de Saladin ; les habitants se réfugièrent dans la grande église. 
Voici le récit de Guillaume de ïyu : 

Ascenderunt... exeodem comitalu (Salahadini) in eum montem, 
super quem Nazarena sita est civitas ; ila ul de prominentibus colli- 
bus universam infra se positam aspicerent" civitatem ; qui tanlœ 
formidini fuerunt'' muberibus et parvulis, senibus aut debilibus.qui 
in urbeerant relicti, ut, dum cerlalim in majorera ecclesiam inve 
nienda3 gralia^salutis se conferre nilerentur, multi a turi)a prœibcati 
inleriisse dicerentnr. Armipotentium enim magna pars civium, aut 
castra secutierant et expeditionem publicam, aut ad urbes mariti- 
mas, maxime Ptolomaïdam ■*, cum suis se Iranstulerant tamicoHs ' 
(liisloria reriiin transmarin. , l. xxu, c. 26)*. 

L'Esloire de Brades empereur et la conquesle de la Terre 

d'outremer en donne la traduction : 

... Une autre compaignie de Turs s'en alerent seur la montengne 
ou siet la cité de Nazareth, et montèrent si en haut seur les tertres 
que il regardoient à plein la cité qui desoz aus estoit. Quant les 
famés et li enfant de la vile et les autres foibles genz les virent si près 
d'aux, trop furent eslVée et s'en commencierent à foïr à la mestre 
yglise; à l'entrée fu la presse si grant qu'il i ot assez genz mortes. 
11 n'i avoit se menu pueple non, quar une partie de ceux qui armes 
povoient porter estoient en l'ost, li autre s'en estoient alez es citez 
de la marine, raeismeement dedenz Acre 2. 

Au printemps de 1187, les négociateurs du roi de Jérusa- 
lem, Guy de Lusignan, se trouvaient à Nazareth quand ils 
apprirent que les Sarrasins allaient traverser le pays, avec 
Tautorisalion du comte de Tripoli. Le grand maître de l'or- 
dre du Temple réunit à la hâte, aux 90 templiers delà maison 
de Gaco (Kakoun?), 10 hospitaliers avec leur grand maître 
et /|o chevaliers « qui estoient en garnison de part le roi » à 
Nazareth. Avec cette petite troupe il s'obstina à attaquer, le 

1 Jac. BoNGARSius, Gesta Dei per Francos, Hanoviœ, i6i i, t. II, p. 1087- 
8 ; Patrol. latiiia, t. CCI, c. 882 ; Recueil des historiens des Croisades, 
i8/|/i. Occident. 1. 1, a" part., p. 1120. Gff. Rôiiuight, p. 23-4; Répert., c. 
1984-5. — Variantes : — * rcspicerent. — " fuerunt formidini. — " gra- 
tiaî. — * Tolomaïdam. — ' famulis. 

3 Recueil des historiens des Croisades, 1. c. 



ETUDE HISTOR. SUR Là S. GlSl Sg 

i"' mai, 7.000 Sarrasins, commandés par le fils de Sala- 
din, Malek-el-Afdlial, à la « fontaine du Craisson » : le 
o-rand maître de Tllôpital et tous les templiers, sauf leur 
o-rand maître, y trouvèrent la mort, et « li xl chevalier, qui 
estoient en garnison à Nazareth de par le roi, furent tuit 
pris ». En passant à Nazareth, le maître du Temple avait fait 
convoquer au combat les habitants de la ville : 

Lors s'en issirent cil de Nazareth, tuit cil qui aler i porent et coru- 
rent tant que il vindrent la ou la bataille avoit esté. 

Les Sarrasins victorieux les firent prisonniers, puis, por- 
tant sur leurs lances les têtes des morts, repassèrent avec 
leurs captifs en vue de Tibériade. Balian d'Ibelin apprit ces 
tristes nouvelles en se rendant de Naplouse à Nazareth; il fit 
ensevelir, dans cette ville, les chevaliers morts au combat K 

Après la bataille de Ilattin (« Garnehatin ») et « celui jor 
meismes envoia Salahadin de ses gens à Nazareth et li rendi 
l'en ces 11. citez, en celi jor que la bataille fu » '^. 

On rapporte à cette même année, 1187, une description 
anonyme de h la citez de Jherusalem » '' et un itinéraire « des 
pèlerinages de la Sainte Terre », dont la seconde partie ren- 
ferme des détails qu'on retrouvera plus loin sous une forme 
équivalente. 

Or lairons à parler de la sainte terre de Iherusalem et du pais 
enlor et vendrons à Acre. Là sont li pèlerinage que l'on doit requerre 
par ordre ; qui droitement les veut requerre, si doit droitement aler 
d'Acre en Nazareth, où il a vu. lieues ; en ce chemin est Safran, ou 

il a d'Acre m. lieues ;et du lieu de Safran à Saphorie a m. lieues, 

et d'iqui a une lieue à Nazareth. 

llueques vint Nostre Sire en la Virge Marie, et 1 est le lieu où 
l'angele li anunca, et en celui lieu est faite une chapele en l'onor de 

* Recueil des historiens des Croisades, Occident, t. II, p. 35-45. 

2 Ibid., p. 68. Var. : « Celui jor meismes envoia Salaadin ses homes a 
Nazareth, si li rendi l'en le jor meismes » (p. 70). 

■' Beugnot, Assises de Jérusalem, i843, t. II ; Tit. Tohleu, Topographie 
von Jérusalem, Berlin, i853, et Gotha, iSôg; M, de Vogué, Ecjlises de la 
Terre Sainte, 1860, p. 436-44. 



40 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Nostfe Dame. {Var. Là est li leus ou ele manoit : là est la fontaine 
dont ele apofla l'iaue dont ele nourrissoit ÎNostre Seigneur ; au ruis- 
sel de celé fontaine lavoit NostreDame les drapeles de coi ele enve- 
lopet Nostre Seigneur. De celé fontaine envoioit querrc Nostre Dame 
par Nostre Seigneur quant il fu un peu grant et il y aloit volontiers, 
et l'en aporloit en pos ou en buires ou en autres vessiaus, et fu après 
(pianl il furent revenus de la terre d'Egypte). Après diqui à un 
trait d'arc est la fontaine de Saint Gabriel. De Nazareth au Saut 
Noslre Seignor si a i. lieue K 

Jacques de Vitry était évoque de Saint-Jean-d'Acre quand 
il écrivit son Hisloria Orienialis seii Hierosolymiiana, vers 
1226; il y parle deux fois de Nazareth, mais reste muet sur 
ses sanctuaires : 

Nimc aulem de his locis, quœ inter alia loca venerabilia majorem 
habent sanctitatis prieminentiam, breviter subjungamus. 

Lix. Nazareth civilas est modica ferè in introitu Galilœœexparte 
Occidentali juxta montes sita. Inler ipsara autem et Sephor est fons 
irriguus et perspicuus, aquas ex se copiosas emittens, qui fons 
Sephoritanus appellatur : in quo loco forte reges Hierusalem fré- 
quenter propter aquarum et herbarurn commodilalem soient exer- 
citus suos congregare. In hac autem civilate à quibusdam beata 
Virgo nala fuisse perhibetur. Hoc autem non est dubium, quod in 
ea postquam desponsata fuit Joseph, virgo sancta morabatur, ad 
quam missus est angélus, salutis nostrœ nuncians primordia. Ilœc 
aulem sancta et Deo amabilis civitas, (in qua Verbum caro factum 
est; cl ilos omnia vincens aromala, in utero virginali germinavit ; 
unde et merilô Ilos inlerpretalur), in hoc super omnes speciali gaudet 
priviiegio, quôd salulis noslnc Dorainus in ea principium procu- 
ravit; et in ipsa i^rcclereanulriri, et parentibus subjici dignatus est, 
cui pater omnia quœ sunt in cœlo et in terra subjecit. (Jacobi de 
Vii'uiAco, Acconensis episcopi, Hisloria lUevosoliinitaaa) ^. 

i3... Et iicet terra Jerosolymilana tola sit sancta et solemnis, 
utpote in qua apostoli, prophetaj, et ipsc Dominus conversati sunt: 
tamen in ea sunt quosdam loca prairogaliva,quœ homines speciali- 
ter diligunt et venerantur : quorum nomina et mérita prosequimur : 
Nazareth scilicel, in qua nata estB. Virgo Maria, in qua etiam an- 
gelo pra>missolegalo Christus descendit in uterum Yirginis, in qua 

1 M. de VoGiiÉ, Les églises de la Terre Sainle, p. /|/ig ; cf. p. /j33-4. 
-' BoisGAUsius, Gesla Del per Francos, l. II, p. 1078. 



ÉTUDE HISTOU. SUR U.\. S. CAS.V U 

niitfilus est, et actatis humancno incremenla suscepit. (Jacohi, de 
ViTRiAco, episcopi Acconensis,... Uislorise Orientalis lib. m) K 

En septembre 12 17, maître Thietmar, croisé, partit pour 

Saint-Jean-d'Acre et y passa la moitié d'octobre : 

Arripui iterab Accon..., transiens Sophoram oppidum...; tran- 
siens quoque civilatem GaliUctc Nazaretii, ubi annuncialio Domini 
fada est et ubi Dominus nutritus est et in puerilia conversatus. 

Il est à remarquer qu'il ne mentionne aucune église à 
Nazareth, tandis que, parlant ensuite dû Saut du Seigneur, il 
ajoute : « ubi quœdam capeila est constructa », puis de Cana : 
« et in eo loco constructa est ecclesia '^ ». 

En novembre suivant, l'armée des Croisés, fortifiée par 
des secours venus d'Europe, tenta, sans grand succès, de 
reprendre la Galilée ^. 

Parti d'Ancône le 2/1 juin 1219, François d'Assise débarqua 
à Saint-Jean-d'Acre vers le milieu de juillet ; il se rendit peu 
après en Egypte, fut présent à la défaite des Croisés (29 aoi^it) 
et assista à la prise de Damiette (5 novembre); il repartit, vers 

1 Maktene et DuuAND, Tlwsaurus noviis anecdotonun, 17 17, t. 111, c. 
278. Gif. Rôiiiuciiï, p. 48-00 ; RéperL, c. 233o-i. — Voici comment le 
coryphée des historiens de Lorctle, Torsellini, transforme ces textes : 
(( Jacobus Victriacus l'atriarcha Hicrosolymitanus tradit, crebro se Naza- 
retlmm l'cligionis crgô pcrrcxissc, ac sicpc in ii'.de.ubi ab Angelo sahilala 
est B. Maria, rem divinain fccisse, ipso anniversario Angelica^ salutationis 
die » (Pict. Val. M.vutouelu, Teat.ro islorico delta s. casa Nazarena, 17.32, 
t. I, p. i53 ; Jo. Ghrys. Tuomcelli, Marix ss. vila et (jesla eullusqiie, 
1705, l VI, p. 195). — ^ Sur lo traité De domo b. Vivginis Laurelanx. attri- 
bué faussement à Jacques de Vitry, voir Tkomiîelli, op. cit., t. VI, p. 
248-9 ; Mon. Leopaudi, La sauta casa di Loreto, discussionl isloviclie e 
criticlie, i84i, p. 25i-2. 

- J. G. M. Laurent, Mag. Thielinari Peregrinalio (à la suite de ses Pcre- 
grinatores m. a., iv), p. 3-4. Thietmar mentionne plus loin (p. 53) les 
quatre archevêques dépendant du patriarche de Jérusalem : « tcrcium 
in Galitea : îs'azarclum... Nazarenus unum habet sutTraganeum : episco- 
pumTybcrienscm ». GQ". Rôhuicut, p. 47-8 ; Répert., i" éd., c. 2199. 

:' Les historiens de Lorelte afQrment, sans hésiter, que les Croisés repri- 
rent Nazareth et décrivent avec émotion la joie sijirituelle qui les inonda 
(Mautokelli, op. cit., t. I, p. 12). 



.42 NOTRE-DAME DE LORETTE 

le mois de mars 1220, pour la Syrie et les Saints Lieux *. 
Son séjour à Nazareth est fort problématique ^. 

L. de Mas Latrie a établi que fJ Estât de la cité de Jérusalem 
a été écrit par Eunoul, écuyer de Balian d'Ibelin, en 1228 
et continué par Bernard en laSi ^. Voici les fragments qui 
concernent notre ville de Galilée : 

A V liues de celé Mer de Tabarie a une cité c'on apiele Nazareth, 
et si est a vj liues d'Acre. A celle cilé fu îNostre Dame sainte Marie 
née. Et en celle cité meïsmes li aporta li angeles le novele que Ihesu 
Cris prenderoit car et sang en li 'k 

En vertu de la trêve conclue, le 18 février 1229, par Fem- 

1 Waddingus, Annales Minorum, an. 1219, | 20 ; Léon Lk Monnier, 
Histoire de saint François d'Assise, 5" édit., 1891, t. I, p. 409-10 ; l^aul 
Sabatier, Vie de saint François d'Assise, 1894, p. a58-64 ; Girol. Golu- 
Hovicu, Biblioicca bio-bibliografica délia Terra Santa e delV Oriente Fran- 
cescano, 1906, t. I, p. 92-5 (feuilles communiquées par M. P. Sabatier). 

2 Le R. P. Leop. de Feis l'affirme : « Quindi la (s. casa di Nazareth) 
visitarono S. Francesco d'Assisi verso il 12 19 secondo l'autorità di ïom- 
maso da Celano, il quale dicoche il Santo « tandem Nazarethum pervcnit 
adoraturus domum illam » (La S. Casa di Nazareth ed il santaario di 
Lorelo, p. 16-7). Le biograjjhe de saint François ne dit rien de semblable 
au cliap. vu du I" liv. de sa Vita, seul endroit où il parle de ses voya- 
ges en Orient (Acta sa/icL Bolland., 1866, oclob. t. II, p. 699"; voir le 
commentaire de Suyskenius, p. 619). 11 n'en est pas davantage question 
dans la Vita seconda ovvero appendice alla Vita prima di s. Francesco d'As- 
sisi, del b. Tommaso da Celano, volgarizzata pcr la prima volta da Leop. 
Amoki (Roma, 1S80, in-S° de 335 p.). M. Sabatier a bien voulu m'assurer 
en outre que cette phrase n'existe « dans aucun dos biographes de saint 
François du xîii'= siècle »; il ajoutait : « Le P. Golubovich, quia cherché 
récemment avec un zèle du meilleur aloi tout ce qui concerne les traces 
du voyage de S. F. en Syrie, n'a trouvé aucune phrase de ce genre dans 
aucune des biographies anciennes ». Pour la bibliographie des Vies de 
Thomas de Celano, voir la Bibliotheca hagiographica latina des Bollan- 
DiSTES, n"" 3096 et 3io5. Le P. de Feis "a dû être induit en erreur, comme 
d'autres avant lui, par un annaliste des frères Mineurs, qui, en marge de 
la phrase cilée, a mis en manchette : « Thomas de Celano ». 

3 Bibliothèque de l'école des Chartes, 1860, 5" scr., t. I, p. 01-72. 

* MicuELANT et Raynaud, Itinéraires cités, p. 60. Cf. Rôiiriciit, p. 5i. 
— La rédaction abrégée (p. 81) reproduit, à peu de chose près, le texte 
précédent. 



,^î 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA .43 

pereur Frédéric II avec le sultan de Babylone, Nazareth fut 
rendu aux chrétiens ^ 

C'est par pure conjecture que le comte Riant a daté des 
environs de 1281 Les Pèlerinages por aler en Ihevasalcni^^. Il 
en a publié deux recensions : 

... Si doit dioitement aler d'Acre en Nazareth, où il y a vij lieues : 
en ce chemin est Safran où il a d'Acre iij lieues, à laquelle montai- 
gne est l'yghse S. laque et S. lohan, où il furent nés, et i apert encore 
la trace ; et du lieu de Safran à Saphorie a iij lieues et d'iqui a une 
lieue à Nazaretli. 

llueques vint Nostre Sire en la Virge Marie et i est le lieu où l'an- 
geleli anunça, c'est assavoir en cave roche qui est dedenz l'yglise 
à la main senestre, et en celui heu est faite une chapele en l'onor 
de Nostre Dame. Après d'iqui, à un trait d'arc, est la fontaine de 
Saint Gabriel. 

Et à Tortouse est la première yglise de Nostre Dame, et là furent 
h apostre, et est faite l'yglise à la semblance de celé de Nazareth, et 
cetera •'. 

Si doit aler premièrement d'Acre à Nazaret, où il i a vij heues 

De.... Safourie .... vait l'on à Nazaret, où il i a une hue ; et illue- 
quesvint Nostre Segneur Ihesu Crist en nostre dame sainte Marie, 
et là est le leu où l'angele Gabriel l'anunça, ce est à savoir en une 

1 Colle clause ne ligure pas dans le texte (Ironquc) du Iraité envoyé par 
Gérold, patriarche de Jérusalem, au pape Grégoire IX, mais elle est rela- 
tée dans des lettres du mois suivant, émanées d'tlermann dcSalza, grand'- 
maître des chevaliers Tculoniques, vers 12 mars (Huillaud-Buéiiolles, 
Historia diplomatica Friderici H, i852, t. III, p. 9a) ; de l'cnipcrcur lui- 
même, 18 mars (ibid., p. 97), du patriarche de Jérusalem, a6 mars(ibid . 
p. 100) ; enfm dans deux chroniques du xm' siècle : une Relation fran- 
çaise de la croisade de l'empereur Frédéric' II (ibid., p., 488), et des 
Annales de Terre Sainte {Archives de l'Orient latin, i884, t. II, 2" part., 
p. 438). L'Estoire de Brades empereur (chap. vui) dit simplement : « Les 
quels trivcs furent tels comecle avoient esté devant, forz tant que li so- 
tans li rendi la cité de Jérusalem et celé de Bellecm, et celé de Nazareth... » 
{Rec. d. hist. d. Croisades, Occident, t. II, p. 37/i). G(î. Quaresmius, op. 
cit., t. I, p. 762 ; et surtout J. F. Bôhmer, Regesta imperii, hrsg. v. Jul. 
FicKER, 1881, t. V, p. 35o-i, n" 1736. 

3 D'après Rôhright (p. 5i) l'incipit serait : « Premièrement l'en va 
d'Acres a Gayfas et est faite ryglise à la semblance de celle de Nazareth 
et caetera ». 

' MiGiiELANT et RAYNA.UD, Itinéraires cités, pp. 100 et io3. 



41 ÎNOÏIIE-DAME DE LÔRETTE 

qiiaverole qui est declens l'eglyse à la main senestre, et en celui leu 
si est faite une petite chapele,et près d'ilueques come à j. Irait d'arc, 
si est la fontaine de Saint Gabriel ^. 

L'accord passé avec les Sarrasins après le désastre de Man- 
sourah (8 février laSo) rendit aux chrétiens Nazareth, occupé 
précédemment par les infidèles '^. 

Avant de quitter la Palestine, le roi saint Louis se rendit, 
la veille de l'Annonciation (24 mars 1261), d'Acre à Naza- 
reth : il y fit célébrer les offices divins avec une solennité 
inouïe, et édifia l'assistance par sa profonde humilité et son 
incomparable piété. Nous en avons comme témoin et garant 
Geoffroy de Beauueu, son confesseur alors et plus tard son 
biographe : 

xxn. De peregri^atione ejus (s. Ludovici) i?s' Nazareth. 

Nec silendum arbitrer quam humililer, quam catholice se habuit 
Rex dévolus, dum esset ultra mare, in peregiinatione quam fecil 
de Acon in sancta ac devota civitate Nazareth. Nam in vigilia An- 
nunciationis Dominicte ivit indulus ad carnem cilicio, de Sophera^, 
ubi ea nocle jacuerat, in Cana Galilea;, inde in monlem Thabor,inde 
eadem vigilia descendit in Nazareth. Gum autem a longe locum 
sanclum videret, descendens de equo, llexis genibus devoLissime 
adoravit, et sic pedes incessit doncc humiliter civitatem sacram et 
pium locum incarnationis intravit. Ea die in pane et aqua dévote 
jcjunavit, quamvis plurimum laborasset. Quam dévote ibidem se 
babuerit, quam solemniter et gloriose fecerit celebrari Vesperas, 
Matutinas, Missam, et caîtera quaj ad solemnitatem tam celebrem 
perlinebant, testes esse possunt qui alTuerunt ; de quibus nonnuUi 
atlcstari veraciter, sive credere potuerunt, quod poslquam Filius 
Dei in eodem loco de gloriosa Virgine carnem sumpsit, numquam 
tam solemne tamque devolum olficium fuerit ibi factura. Ibidem 
devotus Rex, Missa in altari Annunciationis à confessore suo cele- 
brala, sacram communionem accepit. Et domnus Odo Tusculanus, 
aposlolica; sedis legatus, ad majus allare ecclesia; Missam solem- 
nem celebravit et sermonem devotum fecit '>■. 

1 MiciiEhAKT et Raykaud, Uinérnires cites, p. 10^. 
- Lettre des Templiers à leurs frères de France, du i5 mai environ 
(llôHUicuT, Reg. rpgni HicrosoL, p. 3iiî, n" ngi). 
■'• Séplioris ou l3Jocésarce. 
* Acla sand. Bolland., 17/11, augusti t. V, p. 35o'' ; Dauaou et Naudet. 



ÉTUDE HISTOR. SUU LA S. CASA 45 

GUILLA.UMR DE Nangis, dans le texte latin de ses Gesla 
sancli Ludovici, n'est qu'une réplique de Geofïroy : on romet 
en conséquence ; mais la traduction française qu'il en fit lui- 
même mérite, d'être reproduite : 

Liroys se parti d'Acre et vint jusques a Gepbore, qui est en la 
Ghane de Galilée, ou Nostre Sires fit de liaue vin ; puis iluecques en 
avant vesti la haire sus sa cliarnue, et vint par le mont de Thabor, 
la vegile de l'Asumption ^ Nostre Dame, en la citéde Nazareth ; mays 
de si loins come il pot veoir la cité, il descendi desëus son cheval 
et s'agenoilla a terre dévotement et aoura JN'oslre Soigneur. Dès iluec- 
ques on avant qu'il vint au lieu ou Nostre Sires Jhesu Criz fu nez ; 
icelui jour meimes jeûna en pain et en yaue, ja soit ce que il feut 
de la voie travaliés. Gomme dévotement il fit chanter la messe, et 
solempnellcment glorieuses vespres et matines, et tout le service a 
chant et a dechant, a ogre et a treblc, ce pueent tesmongnier cil qui 
i furent; que puisque li fîeux Dieu prit incarnacion en sa glorieuse 
mcre la benoite Vierge Marie, ne fu iluec si sollempnel service fet 
ne chanté. A l'autel ou li angres fit l'annunciation a la Vierge Marie, 
fu la messe chantée, et iluecques reçut moult dévotement son Sau- 
veur, et puis s'en retourna a Japhe ou il demoura longuement -. 

Aucun autre historien contemporain de saint Louis, pas 
même Joinville, ne parle de cet événement. 

Le continuateur anonyme de Guillaume de Tyr (dit de 
Rothelin), dans son traité de La sainle cilé de Jérusalem, les 
saints Lieux el le pèlerinage de la terre, écrit en 1261 , recueille 
les légendes relatives à l'enfance du Sauveur; il mentionne 

Recueil des historiens de France, iS/lo, t. XX,.p. i4. Cf. Répert., c. 1701-2. 
— A CCS délails, l'abbé A. Milogiiau (La sainte maison de Lorette, Tour- 
nai, 1875, in-j2 de xxx-35i p., 2 plans) ajoute les suivants : « Le saint roi 
voulut laisser à Nazareth un témoignage de sa reconnaissance et de sa 
piété. Il se fit représenter sur la muraille de la sainte Maison, en prières 
devant l'image de la très-sainte Vierge. Il était recouvert de son man- 
teau royal, et vêtu par -dessous d'un habit rayé de rouge et de blanc. Il 
■tenait à la main droite les fers qu'il avait portés et, à la gauche, une ba- 
guette en guise de sceptre » (p. 10). L'auteur a oublié, comme d'ordi- 
naire, de dire à quelle source il les a puisés. Des pointures de la s. casa, 
il sera question dans la seconde partie. 

1 Lire : Annancialion. 

-' Ibid., p. 38/|-5. Cf. Répert., c. 1964. 



46 NOTRE-DAME DE LORETTE 

les lieux de rAnnonciation et de la Nutrition comme un 

simple souvenir. Chap. xi. Ici devise des Sainz Leus de la 

Sainte Terre de Jérusalem. 

D'ileuc vcrz oriant estoit la citez de Nazareth. Là estoit li leuz où 
Gabriel, li sainz angez, anunça à Nostre Dame que li filz Dieu pran- 
droitchar dedenz lui. Là estoit li Icuz où ele manoit. Là estoit la 
ibnlainne dont ele aporta l'iaue dont ele norrissoit Nostre Seigneur. 
Au ruissel de celé Ibntainne lavoit Nostre Dame les drapiaus dont 
ele envelopoit Nostre Seigneur. De celé fontainne envoioit qucrre 
Nostre Dame par Nostre Seigneur, quant il fu j. pou granz, et il i 
aloit volantierz, et l'en aportoit en poz et en boirez ou en autrez ves- 
siaux ; et lu aprcz quant il furent revenu de la terre d'Egypte *. 

Il faut peut-être supposer son récit postérieur, car c'est 
peu après le 8 avril i263 que le sultan du Caire, Bibars Bou- 
dokhar, fît détruire de fond en comble par Témir Ala ed-Din 
Taïbar ^ la vénérable église de Nazareth ^. Nous apprenons 
par une lettre du pape Urbain IY à saint Louis, en date du 
20 août suivant, qu'elle fut rasée jusqu'au sol. 

Perfîdus soldanus Babylonie,... caslrametalus inter montera 
Thabor et Naym, et tota Ghristianorum terra usque ad portas Âcco- 
nis occupata hostiliter..., per varies nuntios a cliristiane fidei cul- 

1 Recueil des historiens des Croisades, 1859, Occident, t. II, p. 5i3, avec 
cette note : « Tout ce qui précède est emprunté aux Evangiles apocryphes. 
Suivant l'Evangile grec-latin de Thomas l'Israélite, ch. xi ; « Quumvero ipse 
sexennis esset, misit eum mater ejus ad hauriendam aquam, quam fer- 
ret domum, dans illi hydriam : quumque in turba collisa esset hydria, 
fracta est. Jésus autem expandit pallium quo indutus erat, idque impie- 
vit aqua, et tulil ad malrcm suam. Yidens autem mater ejus miraculum 
quod factum erat, osculata est eum, cl conservabat intra se mysteria quic 
videbat eum facientera ». Tiin,o, p. 3oi-3 de la traduction latine. Voyez 
aussi Baldeksel, p. 354 ». Migiielant et Raynaud, Itinéraires à Jérusalem, 
p. 172. 

2 Les sources ijrincipales sur cette campagne ont été indiquées par 
Reinh. RôHuiGiiTdans les Arc/iiues ciei'0;ne/îf latin, i884, t. II, i" part., p. 
374, n. 33. 

3 Bibars vint lui-même, le 16 du même mois, inspecter le travail de 
démolition de Nazareth (ibid., p. 376). D'après VEracles, « A. M et GC et 
LXIII, à xnij jors d'avril, vint le soudan de Babilone devant Acre.... 
L'endemain s'en parti et s'en ala, et abati le moustier de Nazareth, puis 
s'en ala au Crac » {Archives citées, i884, t. II, 2" part., p. 43o). 



ÉTUDE lîTSTOR. SUR LA. S. CASA. ^7 

toribus aditus, sollicitatus muUipliciter et sollicite requisitus, in 
aliquo inclinari non potuit nec moveri quin idem prophanus hos- 
tis, radicati prosecutor odii, quod conira christianum nomen et 
cultum, de iniqua editus radice, conceperat, dolos preparans, ini- 
quilatem pariens, sic in venerandam ecclosiam Nazarenam, infi'a 
cujus ambitum Virgo virginum salutata per angelum, de Spirilu 
sancto concepil et ipsius partus angelico extitit prenuntialus atatu, 
manus non solum occupatrices sed eliam destructrices injecerit, 
quod ipsam per sacrilegos nefandos iniquitalis suc ministros lolali- 
ler destruens, redegit ad solum, ejus structura nobili omnino des- 
tructa... Ad extcrminandum onmino in supradictis parlibus chris- 
tianitalisreliquias.civilatem predictam [Accon],ejusdem christiani- 
tatis in parlibus ipsis robur, tam potenter, tain ardenter invasit, ad 
abolenduni pro posse nomen Domini omnino de terra, annuntia- 
tionis et conversationis loca deslruxit;; et quasi matrem piissimam 
tam carissimi non affîcerent injurie fdii vel eam in olTensam ipsius 
preterirent offense, predictam Nazarenam ecclesiam, utprœmittitur, 
deslruendo, specialiter se vivit in ipsara i. 

Les choses restèrent en l'état jusqu'au 22 avril 1272, où 
une trêve partielle fut conclue entre le sultan Bondokhar 
et les rois de Jérusalem et de Chypre ; elle comprenait 
Nazareth ; 

A. M. ce. LXXII, a xxii. jors d'avril, fa faite la trive du roi 
de Jherusalem et de Ghipre Ilugue de Liseignen et du soudan 
Bandocdar, et n'avoit en la trive que le plain d'Acre sans plus et le 
chemin de Nazareth 2. 

Un itinéraire dressé avant 1266 (très probablement anté- 
rieur à la destruction de 1263), sous le titre : Les chemins et 
les pèlerinages de la Tevve Sainte, nous est parvenu en deux 
rédactions. 

Primerament l'on doit aler d'Acre à Nazaret, ont ilh i a vu lieuas... 

' Raynaldus, Annales ecclesiast., an. 1268, § 7 et 9 ; Jean Guihaud, 
Les Registres d'Urbain IV, 1901, t. II, p. 161-2. Cf. Pottiiast, Recj. pont. 
Rom., n" i8G2à- Malgré ce texte formel, Benoît XIV n'en maintient pas 
moins la survivance de la maison transférée à Loreltc : (( Verumtamen 
liicc et similia antccedcntem non probant deslructioncm sacrte aîdis 
subinde in Dalmatiam, et deinde ad Marcliiam mirabiliLcr Iranslalte » 
(l. c.), et cela par défaut de l'incompalibillté signalée plus haut. 

- Recueil des historiens des Croisades, Occid., t. II, p. 462. 



/i8 iNÛTRE-DAME DE LOllETÏE 

De SsalVan à Ssatbrie ssi'a iij lieuas, e d'illueq va l'en à Nasaret ont 
ihl i a lina lieua. Etilluoqvint Nostre Sseignor en la virgen Maria.... 
A Tortosa est la primera yglise, que firent l'aire les apostles à la 
ssemblance de celé de Nazaret. 

De Cana Galilée à Nazaret ad iij liues. Uekes fu anuncie seinte 
Marie de l'aungele Gabriel, en un liu k'est à senestre de denz le 
église, à l'entrant en une caverote de denz la roche où il i a une clia- 
pelè e apert lepartns par de sus là où le angle la salua. 

De l'église est la Anunciacion de Seinte Marie ad un grant tret 
d'ark iekes à la Fontaigne Seint Gabriel, la quele est mult seine e 
soleit eslre iadis mult bcle, e la cité de grant renom, sur la quele est 
la Mont loie '. 

Un itinéraire analogue a été rédigé A^ers 1280, sous le 
titre : Pelrinages el pardouns de Aci^e: 

De ileque (Chastiel Magdalon) poez aler à Nazarez, là où Nostre 
Dame nasqui, e al lu où le annunciatioun fust fet à Nostre Dame, 
qe ele concevereit le Salveour de ciel e de terre. Là est une fon- 
teyne de Seint Gabriel ; là soleit Nostre Dame et soun fitz Ihesu 
quere eawe ; e là près est le saut là où le Gyws commandèrent 
Ihesu sayler pur ce que il lur aprist la parole Dieu, e ileque dist 
Dieu qe nully serra tenu pur prophète in soun pays demeyne^. 

Le dominicain Burchard de Barby, dit du Mont-Sion. à 
raison de son séjour en Palestine, écriAdt vers 1288 une Des- 
cripiio Terrœ sanctœ ; on s'accorde à reconnaître de la valeur 
à son témoignage : 

De Sephora ad duas leùcas contra austrum fere, modicum decli- 
nando ad orienlcm, est Nazareth, civitas Galikeœ illa benedicta, in 
qua « virga de radiée Yesse » , focta ad eam angelica salutatione, de Spi- 
ritu Sancto concepit ventris fructum, benedictum Jhesum Christum, 
distans aulem ab Accon per septem leucas. Est hodie in ea perma- 
nens locus, in quo angélus Gabriel beatœ virgini attulit nuncium 
salutarem, dicens : Ave, gralla plena ! Dominus Tecuin, benedicta Tu 
in muUeribiis ! Plures missas dixi in loco isto, immo ipsa die, sci- 
licet sanctœ annunciationis, quando fuit Verbum caro lactum. Sit 
nomen Domini Jhesu Chrisli benedictum in a)ternum et ultra ! 

Tria altaria sunt in capella, et est excisa de rupe in petra, sicut 
et locus nalivitatis, passionis et resurrectionis, et magna pars civi- 

1 MiGHELAKT ct Rayxaud, Itinéraires cités, pp. 187, i88 et igS. 

2 Ibid.,p. 234. 



ÉTUDE HISTOR. SUR Là; S. CASA. Vj 

talis Nazareth erat anliquitus excisa de rupè ; quod adhuc apparet. 
Et est adhuc in ea synagoga, sed in ecclesiam commutala, in qua, 
Jhesu docenle traditus est hber Ysaiic prophetœ, quando legit : Spi- 
rilas Domiiii super me eo quod unxerit me, et cœtera. Est insuper 
in fine civitatis in ecclesia Sancti Gabrielis tons quidam, qui ab 
incolis veneranter habetur, de quo hausit aquam sœpe, ut dicitur, 
puer Jhesus ministrans dilecta3 matri sua;^. 

D'après la trêve conclue, le 3 juin i283, entre le sultan 
d'Egypte Malik al-Mansûr et les princes chrétiens, ceux-ci 
restèrent en possession de l'église de Nazareth, avec quatre 
maisons pour les clercs et les pèlerins -. 



* 

* * 



Nous voici arrives à l'époque fixée par la légende pour 
la translation de la maison de Nazareth, en Dalmatie d'abord 
(1291), enfin à Lorette (i2g5). 

Je viens de reproduire, avec une scrupuleuse exactitude 
et d'après les meilleures éditions, tous les documents à ma 
connaissance concernant l'état des sanctuaires de Nazareth 
avant le moment oii la s. Casa aurait pris son vol par le mi- 
nistère des anges. Le lecteur eiàt peut-être désiré de les lire 
accompagnés d'un commentaire, qui en aurait fait ressortir la 
portée respective. Ce procédé avait l'inconvénient de donner 
lieu à des redites, sans dispenser du résumé récapitulatif 
qui va suivre. 

Ces documents sont au nombre de quarante-cinq (les dou- 
bles leçons du même texte comptant pour un). Parmi eux 
quatre appartiennent au iv" siècle, deux au v", autant au vi", 
un au vii% quatre au vin% deux au ix°, autant au xf , quatorze 
au xn°, treize au xni" et un au xiv" -*. 

1 J. G. M. Laurent, Peregrinatores inedii aevi quatuor, edit-. 2", Lipsiac, 
1873, p. 46-7. Gff. RôHRiciiT, p. 56-Go ; Répert., c. 729. 

2 Reinh. Rôhrigiit. Regesta regni Hierosolym., p. 378-9, n" i45o. 

3 Dans le travail de slalislique qui va suivre, ils seront désignés par des 
numéros : i, Nicéph. Calixte ; 2, Epiphanc ; 3, Ethoria ; 4, Jérôme; 

N.-D. DE LORETTE A. 



00 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Rappelons d'abord que « pendant les trois premiers siècles, 
les Juifs, concentrés en Galilée, écartent impitoyablement de 
Nazareth tout étranger à leur secte ; donc, trois siècles sans 
pèlerins, sans documents, dans un village haineux, fréquem- 
ment bouleversé : lacune irréparable, qui ôte à nos sanc- 
tuaires la certitude de remonter aux temps évangéliques et 
de fixer la trace des pas du Christ » *. 

Il est évident qu'après le triomphe du Christianisme, à 
Nazareth comme ailleurs en Palestine, surtout à Jérusalem, 
la piété des fidèles s'est efforcée de localiser tous les souvenirs 
évangéliques : dans ces déterminations, ne s'est-il produit 
aucune erreur, mêlé aucune fraude ? Le contraire serait éton- 
nant, surtout si l'on remarque combien les identifications 
furent lentes et tardives. 

Il est fort douteux que l'intention de sainte Hélène de cons- 
truire une basilique à Nazareth (6) ait été suivie d'exécu- 
tion (i). L'ordre donné par Constantin, au comte Joseph, de 
construire des églises au Christ en Galilée, semble aussi avoir 
avorté (2). Les premières mentions du bourg de Nazareth, du 
iv° au vi" siècle, n'y signalent aucun sanctuaire (3, 4,5,7,8): 
il en est de même d'autres textes postérieurs, soit que les 
monuments religieux eussent été détruits, soit qu'il ne ren- 
trât pas d'ordinaire dans le cadre des pèlerins ou des histo- 
riens de les décrire (16, 17, 21, 23, 25, 26, 28, 3i, 33, 34, 
35, 36, 4o, 42, 44). 

5, Paule ; 6, Paulin de Noie; 7, Virgilius = 8, Théodose (2) ; 9, pèlerin 
de Plaisance (2); 10, Arculphe ; 11-2, Bode; i3-4, Willibald ; i5, Gom- 
mcm. de oasis Dei ; 16, Fromond ; 17, Macaire ; 18, Guill. de Tyr ; ig, 
Saevulf ; 20, Daniel ; 21, Theotonio ;, 22, Belaido ; 28, Descriptio Terric 
Sancta:^; 2/4, Pierre dia. ; 20, Fretellus; 26, Jean d& Wurtzbourg; 27, Jean 
Phocas ; 28, Patriarcats ; 29, Guill. de Tyr ; 3o-i, Brades ; 82, Pèleri- 
nages ; 33-/), Jacq. de Vitry ; 35, Thietmar ; 3G, Ernoul ; 87, Pèlerina- 
ges (2) ; 38, Geoffroy de Beaulicu ; 89, Guill. de Nangis ; 4o, Contin. de 
Guill. de Tyr ; /ii, Urbain IV ; /|2, Cont. de G. de Tyr; 43, Pèlerina- 
ges (2) ; lil\, Pclrinages ; 45, Burchard. 

1 J. GouDAiiD, dans /?/w/<?s... des Pères de la Compagnie de Jésus, 1905, 
t. CIV, p. 2G4. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. . 5i 

Le pèlerin de Plaisance nous apprend le premier, vers 670, 
que la maison de Marie est devenue une basilique (9) et il 
ne paraît pas qu'il y ait lieu de révoquer en doute son lémoi- 
onage. Vers 670, Arculphe, suivant le récit d'Adamnan, ad- 
mire deux églises très grandes (pergrandes) : Tune, avec une 
Ibntaine intérieure, au milieu de la ville, à l'endroit où avait 
été édifiée la maison dans laquelle le Sauveur fut nourri ; 
l'autre, là oii avait été construite la maison dans laquelle 
Marie reçut la visite de l'archange Gabriel. On s'est efForcé 
d'établir que les termes « ubi quondam fuerat domus œdifi- 
cata » et « ubi fuerat domus constructa » doivent s'entendre 
de maisons encore subsistantes. Si le narrateur avait voulu 
donner à comprendre que les églises enveloppaient chacune 
la maison primitive toujours debout, il aurait sûrement em- 
ployé d'autres expressions. Pour lui, les églises en question 
occupaient la place des demeures antérieures (10) ^ Les 
textes suivants, qui offrent les mêmes données, ne provien- 
nent point de témoins oculaires (11, 12, 24). 

Pour en finir dès maintenant avec la maison de la Nutri- 
tion, dont l'étude ne rentre pas dans notre sujet, elle ne 
disparut pas vers le vni'' siècle, comme on l'a affirmé na- 
guère ^, puisque l'higoumène Daniel a encore vu, au com- 
mencement du xn" siècle, au milieu du bourg « une grande 
et haute église à trois autels », enclavant une grotte qui ren- 
fermait la cellule où la sainte Vierge vivait avec le Christ (20). 
A la fin du même siècle (11 83), Guillaume de ïyr se sert d'un 
comimvalif (majoi'em ecclesiam), qui laisse peut-être entendre 
que l'église de l'Incarnation n'était point unique à Nazareth 
(29, 3o). Récemment, en i885, on a cru retrouver les fonde- 
ments de cette église dans le couvent des Dames de Nazareth^. 

1 Voir celle dëmonstralion longuement développée dans Monaldo Leo- 
PARDi, Lettera al prev. Anl. Riccardi sopra le disciissioni Lauretnne, Lu- 
gano, 18I11, p. 12-3. 

- J. GouDARD, dans revue cilée, p. 265-6. 

» Les fouilles de Nazareth, dans La Terre Sainte, 1888, pp. 279, 299 et 
329 ; Elude sur les sancluaires vénérés à Nazareth, ibid., 1889, pp. 88, 99 
loi et 122 . 



52 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Mentionnons encore l'église conslruite à la place de la 
Synagogue (2/4, /jB), celle de saint Gabriel (27, /|5), et reve- 
nons au sanctuaire de rincarnation. 

Dans les plus anciens textes, il ne reçoit aucune déno- 
mination (i3, i4, i8). Vers 808, apparaît un monastère, 
halailé par 12 religieux (i5) ; ce monastère porte le nom de 
l'Annonciation en 1102 (19). Aux xn° et xni' siècles, on parle 
explicitement de l'église de l'Annonciation (20, 27, 07, 43, /|5). 
En 1187, ce n'est qu'une simple chapelle (32). Parfois, on ne 
mentionne que l'autel de l'Incarnation, où saint Louis fit 
solennellement célébrer les offices en i25i (38-9). L église 
est dite vénérable en i263 (/|i). 

Au point de vue qui nous occupe, une seule question se 
pose : la maison qui fut le témoin du mystère de l'Incarna- 
tion est-elle demeurée intacte jusqu'à la fin du xni'' siècle et 
peut-on la reconnaître dans la s. casa vénérée à Lorette ? 
Plusieurs des textes, qui vont être mis à profit en vue de ré- 
soudre ce problème historique, sont produits pour la pre- 
mière fois dans ce débat ; il est étonnant que les derniers 
historiens de Lorette les aient ignorés : peut-être auraient- 
ils refroidi leur conviction. 

La maison de Joseph et de Marie avait-elle la configura- 
tion et surtout les dimensions de celle qu'on vénère à Lorette? 
On a cru pouvoir l'affirmer d'après des traces approximati- 
ves de fondations remarquées à diverses époques à Nazareth. 
L'admission de cette hypothétique coïncidence ne rendrait 
ni plus sûre ni même plausible la conséquence qu'on a voulu 
en tirer en faveur de la persistance de la sainte maison : elle 
avait siirement été détruite. '' 

En quoi consistait la chambre qui aurait été le témoin du 
colloque angélique ? Quelles en étaient les dimensions .^ Un 
texte, jusqu'ici inédit, va nous le dire avec toute la clarté 
désirable. La maisonnette ou petite chambre (cella) de Notre- 
Dame, dans laquelle l'ange s'avança vers elle, écrivait Belardo 
d'Ascoli, fut une grotte (cripla) située sur le flanc intérieur 



ÉTUDE HISTOR. SUR L.\ S. CAS/S. 53 

de la ville, du côté de rorient, non faite de pierres, mais 
creusée dans le roc, longue de [\ pas et large (ampla) d'au- 
tant (22). Ce récit est original : il précise l'état du lieu au 
commencement du xn'' siècle. Sa concordance avec les des- 
criptions de pèlerins postérieurs lui donne une portée consi- 
dérable et exclut l'hypothèse d'une maison à quatre pans de 

muraille. 

Le mot maison (domiis) est employé quatre fois seulement 
dans nos textes : le sens des plus anciens (10, 11, 2/1) a été 
éclairci plus haut. Le quatrième est péremptoire dans la 
question en litige : la maison de Joseph, dit Jean Pho- 
cas en 1177, avait été tuaîvsformée en une très belle église 
(■/) Toîi 'Ioj(7"r)0 oixfa elç vabv ij.£T£(jX£uàaO-f) Ti£f-ixaXXT|) ; elle n'existait 
donc plus alors. Les phrases précédentes pi^ouvent qu'il 
s'agit bien de celle où Marie fut saluée par l'ange. 

Le mot lieu (locus) figure quatre fois plus fréquemment 
(3, 6, 10, 12, 10, 19, 20, 32, 37, 38, 39, lio, l[i, l\'6, l\li, /j5). Il 
est pris dans un sens plus ou moins large, tantôt pour la 
localité de Nazareth, d'ordinaire pour l'endroit qui fut le té- 
moin de l'Incarnation. Laissant de côté lès passages dont il 
n'y a aucune conclusion positive à tirer, j'insisterai sur ceux 
qui décrivent l'état du lieu. Quand, vers 1201, un pèlerin 
nous dit qu'à Nazareth « i est le lieu où l'angele li anunça, 
c'est assavoir en cave roche (var. quaverote) qui est dedenz 
ryglise à la main senestre » (37), n'est-il pas évident que, y 
eût-il erreur dans la tradition locale sur le lieu de l'Incarna- 
tion, ce lieu était une grolle comprise dans l'église et qu'il 
n'y avait pas de maison? La même conclusion i^essort d'un 
itinéraire analogue dressé avant i263 : « Fu amincie sainte 
Marie del'aungele Gabriel, en un liu k'est à senestre de denz 
le église, à l'entrant en une caverote de denz la roche » (43). 
Burchard déclarait expressément, vingt ans après, qu'une 
grande partie de la ville avait été creusée dans le rocher : 
y Magna pars civitatis Nazareth erat antiquitus excisa de 
rupe » (45). 



54 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Si l'on veut bien joindre, comme force probante, à cette dé- 
monstration topographique, l'affirmation du pape Urbain IV, 
que l'église de TNazareth fut, en 1268, rasée jusqu'au sol par 
le sultan du Caire (redegïl ad solum, ejiis slraclura nobilL om- 
nino desirucla) (/ji) ^ il demeurera établi qu'en 1291 il n'y 
avait ou ne restait rien à transporter en Dalmatie, à moins 
d'arracher de la montagne le rocher lui-même^. 

Je ne m'arrêterai pas à réfuter les sophismes à l'aide des- 
quels on a prétendu prouver que tous les textes connus jus- 
qu'ici étaient en somme favorables à la translation et les 
plus formels contre elle susceptibles d'une interprétation 
favorable : il y a là un cas ... d'illusion, qui fait voir dans 
les textes ce que Ton a intérêt à y trouver. 

1 On a essayé de soutenir que l'église a pu être détruite, sans que sa 
ruine entraînât celle de la maison intérieure. Outre que les Sarrasins, 
poursuivant de leur haine le nom et le culte chrétien, ne pouvaient lais- 
ser subsister une chambre où cette religion aurait eu son origine, il y 
a dans cette lettre un autre passage péremptoire : « infra cujus ambi- 
tum, dit-elle en parlant de l'église de Nazareth, Virgo virginum salulata 
pcr angclum de Spiritu sancto concepit » ; l'église comprenait donc 
alors, non la maison, mais l'endroit où avait eu lieu l'Incarnation du 
Verbe. 

2 C'est ce que dira en propres ternies Franc. Suriano en i485 : « Ne non 
se poteria asporlar ne Icvarc, salvo chi non portasse el monte ». 



ÉTUDE HISTOR. SUR Là S. CASA 55 

II 

Reprenons maintenant la série des voyageurs en Terre 
Sainte : ils nous montreront qu'on continua de voir à Naza- 
reth pendant plusieurs siècles ce qu'on y avait vu avant la 
translation prétendue, à laquelle d'ailleurs aucun d'eux ne 
fera l'ombre d'une allusion. 

RiGOLDO Di Monte di Croce entra chez les dominicains de 
Florence ; missionnaire en Orient, il vit à Nazareth la cham- 
bre de l'Annonciation l'année môme (129/1) où elle aurait fait 
son apparition dans les Marches. 

Et pertranseimtes Naym festinavimus in Nazareth, tredecim 
miliaria 

IL De Nazauetii. — Inde vcnimus in Nazareth. Et invcnimvis 
magnam ecclesiam, quasi tolam dirulam, et nihil crat ibi de pri- 
mis œdificiis nisi sola colla, ubi fuit annvniciata domhia; illam 
superrcscrvavit Dominus ad mcmoriam humilitatis et paupcrta- 
tis. Est a\Ucm ibi allare dominœ in loco, ubi orabat domina, 
quando missns csl Gabriel angélus ad cam, et allare archangeli 
Michaelis, ubi stctil Gabriel annimtians. Et in ulroqnc célébran- 
tes missas et prœdicanlcs vcrbum Dci circnivimus et perambii- 
lavimus civilalem, maxime loca illa, quva magis frœquenlabant 
domina et puer Jésus. Invenimus aulem ibi juxta civilatem fon- 
lem, qui est ibi in maxima vencrationc pro eo, quod domina 
aliquando ad fonlem illum, et puer Jésus fréquenter porlabat 
inde aquam matri. Ivimus eliam ad synagogam, in qua legit 
Jésus Isaïam prophetam, Iriginla miliaria. 

Omnia isla loca Galilea) de primo usque ad ultimum inveni- 
mus in possessione Sarraccnorum pacifice et quietc *. 

En voici la traduction française faite, en i35i, par Jean 
Le Long, d'Ypres, qui prit l'habit bénédictin à Sain t-Ber tin 
en i33/i, en devint abbé en i366 et y mourut en i383 : 

De Nazaueïh. — Quant venismes à Nazareth la grant cité, 
nous la Lrouvasmez depechie et dolereusement deschirée. Et n'y 
trouvasmes riens des premiers édifices, fors seulement la chelle 

1 Laurent, op. cit., p. 107. Gff. RôHniciiT, p. 61-2; Répert., 1° éd., 
c. 19/(8 ; Archives de l'Orient latin, 1884, t. II, 2" part., p. aSp, n. 7. 



56 NOTRE-DAME DE LORETTE 

en laquelle se fist le commencement de nostre salul, quanll'ange 
Gabriel salua la benoistc vierge Marie de ce doulx salut : Ave 
Maria etc., et lui annonça que le Saint Esprit descendroit en lui, 
dont elle concevroit sans œuvre d'omme le benoit filz de Dieu, 
et demouroit vierge pure au commanccmcnt et à l'enfanter. Et 
après lors rcspondi humblement la doulcc vierge royaulx et dist : 
Veez cy l'anceUe et la meschlne N. S. ; comme tu, Gabriel, os dit, 
ainsi soit. A ccslc responce disent lez maistrez que nostre Dame 
conccupt et devint mère de Dieu sans corrupcion. De ce ne se 
esmaie ne Juyfs ne Sarrasins, ne autres quiconqucs créans ou 
mcschréans. Car œuvre d'omme ne y list mestier. Là toute la 
benoîte Trinité fist le ouvrage par deseure toute nature, qui meis- 
raez fist et ordonna nature. En ceste chellc a un autel de Dieu , 
droitement ; en ce lieu là N. Dame fist ses oroisons en l'eure 
que Gabriel l'archangelle fut envoyé à lui et le salua, comme 
ditt est. En ce lieu là Gabriel l'archangelle es toit quant il le 
salua, et un autel de ?aint Michel ; sur chacun de ces .11. au- 
tieuls dcismcs nous messe et feismcs prédicacion. Lors cherça- 
mes et alasmes par toute la cité, et espccialement en ces lieux 
la N. D. et ses doulz filz saloient le plus hanter. Bien près de 
la cité trouvasmes nous une ibntayne, laquelle on tient en très 
grant révérence, pour ce que Nostre Sires y aloit souvent pvi- 
chier de l'eaue pour sa digne mère. De là à .xxx. milles alas- 
mes à la synagogue, en laquelle Jlicsucrist Icut Ysaïe le prophète 
et disputa aux maistrez de la loy. Touz ces lieulx de Galilée dont 
nous avons fait mémoire trouvasmes nous es mains et tenances 
des Sarrasins, qui lez possessoicnt paisiblement *. 

Maiun Sanudo l'ancien, dit ïorsello, écrivit en 1821/2 "^ 
son Liber secreloriim Jideiuim Crucis. Il ne parait point parler 
de Nazareth de visu ; ce qu'il en rapporte provient pour 
une bonne part de ses prédécesseurs, Jacques de Vilry et 
Burchard : 

Lib. m, pars vu, cap. n. — ... Nazareth vero parvula est civi- 
tas, sed magnificata a Domino : quœ juxta montes sita est, in 
introitu Galileœ ex parte Occidentali. Inter ipsam autem et 

1 Louis de B.\.gk.er, L'extrême Orient au moyen âge (Paris, 1877, in-S» 
de 2 f.-5o2 p.), p. 261-2, d'après le ms. franc. 2810 de la lîibliotti. Nation. 
CS.Blbliotti. Iinpêr., Catalogue des manuscrits français, 1868, 1. 1, p. 486", 9°. 

2 Voir H. SiMONSi-ELD, Sludlen zu Marlno Sanuto dcm Aelleren, dans 
Neue Arcliiv, 1881, t. VII, p. .43-72; Gir. Goluboyigii, op. cit., p. 58. 



ÉTUDE IlISTOR. SUR LA. S. CASA 37 

Scphorum, pcrspicuœ émanant aquœ, ubi reges Isracil proptcr 
hcrbanim commodilatcs consucverunt cxercilus congrcgarc. Ad 
hanc civilalem, sccreli divini conscius, Gabriel de cœlo descen- 
dit : Yirgini nuntiavit de Sancto Ibrc Spiritu lœcundandam, 
c.vemplo inslruens rœcundalœ sterilis et anliquo!. llœc est illa 
amabilis civitas Nazareth, quaj jlorida inlerpretatur : in qua flos 
canipi oritur, duni in Virgine Yerbura caro efTicilur. ...Invenlus 
quoquc in Icmplo duodennis puer, cum parentibus descendit 
Nazaret, et erat subditus illis, oui dédit omnia Pater in rnanus : 
ila nt de ibntc Scphorilano dilecta; matri porlaret aquam ; Ions 
autcm in fine civitatis est, et ibi écdificata est ccclcsia ad hono- 
rcm archangeli Gabrielis. Ibi dicitur puer Jesvs scmel, vase fictili 
IVacto, aquam portasse in gremio matri sutc.... Ibi quoquc prœ- 
dicaturus decb'nans ait : Neino propheLa ' acceptas in palria sua, 
nec fecit virtutes multas, propter incrcdulilalem corum ; undc et 
adduxerunt eum ad supercilium mentis ut priecipi tarent eum. 
In monte erat civitas aîdificata, cacumen verô montis civitati 
eminebat, ubi adbuc locus ostenditur, qui Saltus Domini dicitur : 
per qucm Dominus descendons impressit se rupi : rupes verô ei 
cedens locum fecit quasi latibulum, ubi adbuc vestigia rugarum 
caiciamentorum cjus olim impressa notatur : de hoc part, xiiii, 
cap. VII 1. 

Lib. III, pars xiv, cap. vu, coaUnei peregrinalionem de Plolo- 
inayda, per Nazareth, iisque in Jérusalem. — Sacra loca elecla) Terne 
Promissionis visitare cupiens à Nazareth sumat exordium, ubi 
nostra salus sumpsit initium. îlccc distat à Plolomayda scptem 
leucis, et in via Saphar castrum reperitur, ubi nati dicuntur Jaco- 
bus et Johannes filii Zebedei. In Nazareth locus ostenditur ubi 
aiigelus Gabriel, Dei nuntius, beatic Virgini antiquum pro mundi 
redemptione implendum nuntiavit fore consilium : de hoc supra 
part. VII, cap. n ; et in capella ibi aidificata, crant tria altaria ; 
et capella erat excisa in petra de rupe, sicut et locus Nativilalis 
et Resurrectionis ; et magna pars civitatis erat antiquitus excisa 
de rupe, quod ctiam nunc apparet. Ibi etiam ostenditur Syna- 
goga, sed in ecclesiam conversa, in qua Christus tradito sibi 
Isayâ Icgit : Spiriius Domini super me, etc. Extra civitatem ad 
Austrum, ad quatuor jactus sagittœ est locus dictus Saltus Do- 
mini : ubi Yolucrunt eum prœcipitare Judei ; sed exivit de mani- 
bus eorum, et subito inventus ostenditur in latcre montis oppo- 

1 BoNGAusius, Oricntalis hislorix t. II (Hanoviœ, lOii), p. 176. Cff. 
RoiuuciiT, p. 67-8; liépert., 1' éd., c. 2089. 



58 NOTRE-DAME DE LORETTE 

siti ad jactum sagittœ, et vicletur ibidem vestigium corporis ejus 
lapidi impressum ^ 

Théodore Hyrtacêne, rhéteur byzantin (vers i32o), est 
l'auteur d'une Description du jardin de Sainte-Anne à Naza- 
reth ^, 

Le bienheureux Odorico Mattiuzzi, de Pordenone, mis- 
sionnaire franciscain en Orient vers iSao, dicta le récit de 
ses voyages à son confrère Guillaume de Solagna, en i33o, 
l'année qui précéda sa mort : 

Descripturi disposltionem terrœ sanclœ seu proraissionis dig- 
num est, ut a Nazareth civilate, in qua nostra3 redemptionis fuit 
initium, descriptionis sumamus exordium. 

Cap. I. xxim" miliario ab Accon civitate Nazareth in introitu 
Galilea3 ex parle orientali juxta montes est sita, et diçitur pro- 
prie civitas Salvatoris, eo quod in ea conceptus et niitritus fuit. 
Ubi ctiam, postquam desponsala fuit, virgo sancta Maria mora- 
batur, ad quam missus est Gabriel archangelus a Dec, salutis 
nostrœ nuntians primordia. Hœc autem amabilis et sancta Dco 
civitas est, in quaVcrbum caro factum est, et flos omnia vincens 
aromata in utero virginis gerniiiiavit. Undc Nazareth lies inler- 
pretatur. In Nazareth oritur fons irrigiius, qui fous Gabrielis 
vocatur. De que Jésus haurirc solcbat ; et sibi et matri suœ mi- 
nistrabat ■'. 

Jean de Mandeville, à qui les travaux récents de la criti- 
que ont contesté sa qualité de voyageur, pour lui laisser 
celle de simple compilateur, aurait visité (après i322) Naza- 
reth et trouvé un monceau de ruines ''. 

Guillaume de Boldensele, de Minden, avait été domini- 
cain sous le nom d'Otton de Nienhusen ; il entra ensuite dans 
l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et partit pour l'Orient 
en i332. A son retour, il offrit son Hodoeporicon ad Terrain 
Sanciam au cardinal Elle Talleyrand de Périgord, en i336. 

1 B0NGA.RSIUS, op. cit., p. 253. 

2 Paris, Bibliotti. Nation., ms. grec 1209, f"" 36-44- Cf. Répert., i" éd., 
c. 2171. 

3 Laurent, Peregrinatores med'ii aevi qualuor, p. i46. Cfï. Rôiiricht, 
p. 69-71; Répert., i° éd., c. 1669. 

♦ Gff. RôHUicuT, p. 79-85 ; Répert., c. 2438-9. 



ÉTUDE HISTOR. SUR Lk S. CASA ôcj 

Bien que noyée dans des considérations pieuses, sa descrip- 
tion de Nazareth offre beaucoup d'intérêt pour notre sujet : 

Nazareth. — îîis visis, qiiodam monte transllo, dimissa pla- 
11! lie Galilœœ, vcni ad sacralissimam civitatem Nazaretii, quaj 
nunc villa campestris est, immunita, domibus et habitaculis non 
coUeclis, scd ab invicem distantibus et dispersis. 

Est aiitcm Nazareth sita in valle parvula, phirimùm gratiosa, 
montibus undiqiie circumchisa; liaic est propria civilas Redemp- 
loris, unde secunduni carnem traxit originem, unde et diciliir 
Nazaveniis . 

In hoc loco florido initiuni nostra) saliitis efîloruit, .... 

Breviler : in lioc loco conceptio Cliristi, omnium operum Dei 
mirabilior, in virginali utero celebratur, et obumbratione sancti 
Spiritus fœcundalur, fructu nobilissimo, cursum natura) ordinem 
ac limites excedente. 

In hoc loco pulchra fuit ccclesia atque magna, sed (heu) quasi 
destructa est ; parvuhis tamen locus in ca coopertus est, et à 
Saracenis diligentius cusloditur; ubi circa quandam columnam 
marmoream, asserunt esse perfecta Conceptionis divinœ mysteria 
veneranda. 

In Nazareth sunt pessimi Saraccni, et videtur quôd hierinl ab 
antiquo; lit rationabiliter dictum sit in Evangelio : A Nazarelh 
polesl aliquld boni esse ? Ad infinilam siquidem Dei bonitatem 
pertinet, lit ex niahs bona eliciat et ex pessimis oplima disposi- 
tione suavissima proferantur. 

In prœdicto loco Chrisli infantia peragitur, à parenlibus cdn- 
calur, proficit ailale et gratia, ac pro no]3is parenlibus subdilur, 
cujus nutui obediunt universa. 

Fons ibidem ostenditur, ubi puer Jésus balnealur, A'csles quo- 
quc per matrcm Virgiiiem abluuntur, de quo et portarc aquam 
ad hospitium, pro humanis necessitatibus, làm mater, quàm filius 
consueverunt. 

In loco Conceptionis pulchram teci celebrari raissam de An- 
nunciatione gloriosa) Yirginis i. 

1 Henr. Ganisius, Antiqiiœ Lectiones, Ingolstadii, i6o4, t. V, part, ii, 
p. i36; Jac. Basnage, Thésaurus inonuineiitoruin ecclesiasticorwn et hislo- 
riconun, Antvcrpiœ, 1726, t. IV, p. 35/i. CIT. Rôhuiciit, p. 73-/i ; Répert., 
c. 1933. — Dans ce texte, Gaet. Mouoni a lu {Dizionario cli erudizione 
storico-ecclesiastica, Venezia, 1846, t. XXXIX, p. 221") que « Guglieimo 
Baldhenesel..., corne pure altri viaggiatori e pellegrini, in Nazareth non 
lro\arono più la santa Gasa, ma bensi l'aica, le traccie délie mura svelle, 



Go NOTRE-DAME DE LORETTE 

LuDOLPiiE, curé DE SuGiiEN (Sudlieiin en Westphalie), avait 

fait en Orient, de i336 à i3/|i, un voyage, dont le récit, 

dédié à Baudouin de Steinfurt, évoque de Paderborn, sous le 

titre : lier et descripli.o Terrœ Sanciœ, eut du succès, à en 

juger par le nombre des manuscrits et des éditions ; 

De civriATii Naxaretii. — [H]ijs" ilaque omnibus '' visis, dimissa 
planicie Galilée, pci" qnamdam ' montcm Iransilur et pervcnitur 
in Nazarclii, que quondam iuil civilas l'amosa cL adhuc est mul- 
liim pidchra, in valle florida et miillum grossa '', monlibus undi- 
quo circumclusa, et non munila °. Sed domus cjus sunt hinc 
Inde disperse ad invicem, sed est benc inhabilala. In hac civitate 
Deus homo per Gabriclem boa le Marie Virgini annunciari digna- 
lus est. In hac civilale magna et pulclierrima ccclesia facla est^ 
in qua prope choruni est capella niullum pulchra, in loco quo 
Deus homo nostri causa fîeri annunciatus est, qua ^ cliam beata 
virgo Maria'' Deum et hominem concepit. In hac ctiani eccle- 
sia ■ slat parva columpna, contra quam stetit Gabriel dum Xpis- 
tuni annunciavit, et cjus figura columpne ut in sigillo est 
impressa in présentera dicm. Rétro ecclcsiam est fons de quo 
beata J Maria sempcr aqnani haurire solebat, et prope enm sepis- 
simc allocutiones angelicas et consolacioncs rccepit. Hune fontem 
Sarraceni temporibns meis ob invidiam peregM-inorum et xpistia- 
nornm ^ mnltum obslruxerant. ïamen nninquam sibi fluxnm anf- 
Icrrc potucrunt. Ilanc etiani sanctam ecclcsiam ' et gloriosam 
Sarraceni multipliciter vitupérant. Nam cadavcra pecorumet'' mor- 
luorum, scilicef" asinorum, camelorum, canum et boum in ea exco- 
riant (add. et projiciunt; itaquc préc lœcorc corum vix loca sacra- 
tissima possunt visilari. Dcgunt in) et '' Nazareht Sarraceni pes- 
simi neq\iam et nobiliores" qui vocanlur Dclios", soldanum quasi 
non curantes, et prc omnibus in introitu civitatis sempcr indi- 
gent'' eorum conductu et securitate speciali*. 

e presse un pilastro délia distratta chicsa, scolpita una memoria, la qualc 
attesta va esserc stata di cola svelta la santa stanza ». On pourrait se de- 
mander s'il est possible de mentir davantage. 

1 LuDOLPHUs rcctor in Suchen, De Terra Sancta et itinere IherosoU- 
milaiio, [iVrgcntorati, cire. 1/170], n. chif. ; Ford. Deycks, Ludolphi, rcc- 
loris ecclesico parochîalis in Suchom, de itinere lerraj sanclse liber, nach 
alten Handschriften beiichtigl herausgcgeben (Bibliothek des lUerarischen 
Vereiiis in SliiUgarl, B, XXV), Stuttgart, i85i, in-8" de xvij-xxv cl io4 
p. (p. 94-5). Gff. Rôuiucirr, p. 76-9 ; Répert., c. agaS-zi. — Variantes et 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. C\SA. (h 

Un abrégé en fut fait par frère Nicolas db Hude (i3/i8?) : 

Ibi, prope quendam monlcm, sita est civitas honesta Nazareth 

; in florida valle posila, domibiis hinc inde dispersis. In loco ubi 

< Gabriel Mariée appaïuit pulchra stal ecclesia a ncquam Sarrace- 

\ nis, qui soldanum ibi non curant, dcturpatact cadaveribus fedata. 

l In ilîa ecclesia est capella (cum columna), juxta quam stclit an- 

J gclus, cum bcatam Virginem salutavit. Et juxla ecclesiam est 

l Ibiis, cujus usum Maria scmper Irabuit et de quo bibit '. 

■l Le franciscain Nicolas de Poggibonsi visita la Terre Sainte 

i vers le même temps (i345); la description de Nazareth, 

-| dans son Libro d'Ollrainare, est des plus détaillées : 

'I Cap. cxxviT. — Ritornando a piè di dette monte (le ïbabor) si 

le ne vai alla città di Nazareth, dovc la gloriosa Vcrghic Maria 
j fu annunziata. La città è guasta molto, e non ci ha muro d'in- 

j lorno, e nell' entrata si paga per testa xu drame; dentro si è 

j una bclhssima chiesa nel proprio luogo dov' era la casa di nos- 

I Ira Donna, quando l'Angolo l'annunciô; ma ora si è abbatlula là 

chiesa, salve clic la caméra della nostra Donna. La dotla caméra 
si è piccola mollo, ed è lavorala di musaica opéra; e era ia casa 
appoggiala ad una grolla di sasso. Denti-o si è la colonna chc ab- 
braccio S. Maria per la paura quando l'Angiolo l'aunnuciô; la 
delta colonna si è grossa quanlo l'uomo pnole abbracciai-c. Dap- 
piè della colonna si è un poco di murclla, dovc ella usava di 
stare in orazioni; da lato si è un piccolo altare, di sopra alla 
grolta; e di sopra alla colonna si è una finestra grande donde 
l'Angclo enlrô, quando l'annunciô. La colonna si è di color 
bigio ; sappi chc ella è Ibrlissima che niènle se ne puotc avère. 

Gap. Gxxviii. E usccndo dalla sopradetla chiesa e andando a 
parte destra per una balestrata si truovi una bcUa fonte chc si 
chiama di S. Gabriello; ed ivi andava alcunc volte la Vergine 
Maria per l'acqna. E dicono i Cristiani che stanno in quelle parti, 
che la Vergine Maria andando ivi per la acqua e l'angelo l'ap- 
parve, la Vergine Maria piena di panra lascioe stare l'acqua c an- 
dossenc a casa senz' acqua, e serrô l'nscio per la paura c andos- 

addilions de Inédit, de i85i : — » Ilis. — '' o. et singulis. — " quemdam. 

— '1 et graliosa, sLla. — " murata. — f pulchra c. est f. — e annunliatus, 
quo. - '■ omis. — ' capolla. — J b. virgo. — " fc. m. S. ob i. Glirist. et p. 

— ' e. s. — ■" vidclicet. — " nobiles. — " Dehcs. - Pjndigctur. 
1 G. A. Neumann. dans Archiues de l'Orient latin, i884, t. II, 2= part., 

p. 358. GIT. Rôiiuicirr, p. 87 ; Uéperl., c. 3387. 



62 NOTRE-DAME DE LORETTE 

sene (alF orazione) a piè délia delta colonna, e rangelo in quelF 
ora venne dentro e disse : Ave Maria, ecc. '. 

Le P. Martinov a traduit du slavon un « Récit sur les 
lieux saints de Jérusalem », dont le manuscrit est daté de 
i36o : 

De l'aulre côté du Jourdain, il y a.... à Nazareth, oij l'archange 
a annoncé à la s. Vierge la naissance du I^'ils, le tombeau de 
Joseph, époux de Marie ^. 

Un anonyme italien du xiv*" siècle s'exprime ainsi : 

E indi n'andarele in Nazaret, dove la beata Yergine Maria fue 
nala ; e ivi trOA^erete lo luogo dove lo Spirito Santo venne in Ici 
e fue annunziala dall' Angelo ^. 

Voici des vers de Dolcibene de Florence, poète italien de 

la seconde moitié du xiv" siècle : 

Cafarnaum trovai e Nazai-ette 
E '1 marte di Tabor, ov 'egli stette, 
E vidi dove forte annunziala 
Da l'angel Gabi'iello e salulata '^ 

Léonard di Niccolô Fhescobaldi était aussi florentin. Son 
Viaggio in Egillo e Terra Santa, commencé le lo août i384, 
s'acheva en mai i385 : 

Di poi n'andamo a Nazareth, dove nostra Donna fu annunziala 
dair Angelo Gabriello... Qui allato alla terra si è dove nostra 
Donna fu annunziala, e questa è una caverna sotterra ; la quale si 
assomiglia assai a quella di Betelem, dove nacque Gristo, ed è 

1 Publié par Alb. Bacchi della Lega, dans la Scella di curiosità leite- 
rarie (Bologna, i88i), disp. CFAXXII, p. aSo-i. Clï. Rôiiricht, p. 86-7 ; 
Répert., c. 33 5o. 

2 Archives de l'Orient lutin, i884, t. II, 2" part., p. 3g3. Cf. Rôhricht, 
p. 89, pour le texte russe. 

3 Micli. Melga, Viaggî in Terra Sânta descritti da anonimo trecentista 
e non mai fin qui stampato ; Napoli, 18G2, in-S" de 16 p. Le P. de Feis 
reproduit deux fois ce même texte (pp. Sa et 54) et ajoute à la seconde 
fois : « Fu edito dal Del Prête in Lucca », sans doute dans la publication 
qu'on trouvera dans mon Répert. au mot San-Severino (Jacques de). 

♦ Le santé cose che si trovavano nel viaggio del Sepolcro, cd. di G. Tou- 
tou (Prato, igo/f), p. 7- Cf. Répert. , c. 1207. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 03 

dcvotissimo luogo ; ed al dirimpeUo fece farc santa Elena una 
bellissima chiesa, la quale lianno quasi clie disfatta i Saracenii. 

Georges Gucci fit le pèlerinage de Terre Sainte de concert 
avec le susdit Frescobaldi et André di Francesco Rinuc- 
cini ; il arriva à Nazareth le 6 décembre i384 : 

Di poi ai di vi di dette mese (décembre) fummo in Nazaret, 
dove Nostra Donna fu annunziata delF agnolo Gabriello ; ed evvi 
il proprio luogo, dove Noslra Donna era, quando fu annunziata; 
c per memoria di ciô v'è una colonna ritta, ed è falta un segno 
d'un buco dondc l'agnolo la vennc ad annunziare. Queslo luogo 
sccndc più scaglioni sotlerra, cd è una voila di sopra, ed è assai 
piccolo luogo, e quasi tanlo quanto una comune cappella. Poi 
allato a queslo luogo e appiccato ad esso è la grande e bella 
chiesa di Nostra Donna, nclla quale non istà persona, se non i 
Saracini di parte hanno falto i loro abituri ed ivi abitano. Ed è 
qucsla chiesa in buona parte rovinata e massimamente il cielo 
di sopra; ma il luogo è devolissimo e la chiesa è molto bolla, ed 
il paese è moKo bello e dovizioso 2. 

Un troisième florentin, Simon Sigoli, fit, la même année, 

un Viaggio al monte Sinai : 

Apprcsso a Galilea si Iruova la ciltà di Nazareth, ed evvi una 
cappella sotlerra in voila, ncl quale luogo è dove l'angclo Ga- 
briello annunzio la Yergine Maria, dicendo : Ave ecc. '^. 

Barthélémy Albizzi, dit de Pise, constate, en i385, la fon- 
dation à Nazareth d'une maison de Franciscains, que Tintolé- 
rance des Sarrasins avaient contraint d'abandonner : 

In Nazareth fuit etiam locus [Minorum], etsi modo ob pravita- 
tem Saracenorum sit dimissus '^ 

Un chevalier anglais, Thomas de Swinburne, qui fut plus 
tard maire de Bordeaux, fit en Orient un voyage qui dura 

1 Edilions de Guil. Mansi (Roma, 1818, in-8° de xiij-ig6 p.) et de Gar- 
GioLLi, Viaggi in Terra Santa (Firenze, 1862, in-8°, p. i-i/tg). Cff. 
RôinuciiT, p. gi ; Répert., c. 161 1. 

" Gargiolli, op. cit., p. /i48. Cff. Rôhright, p. 91-2 ; Béperl., c. 1907. 

•* Gargiolli, op. cit., p. 892. CIT. Rôhright, p. 92 ; Répert., 1"= éd., 
c. 2087. 

* Liber confornntatnm, fruct. 11 : de conventibus provinciaî Terrte 
Sanctœ. Cf. Béperl., c. 119-20. 



()/f ^'OTRE-DAME DE LORETTE 

1 59 jours. Un récit très bref en fut rédigé par son écuyer ou 
chapelain, Thomas BnycG. Le 20 décembre 1892, ils étaient 
à Nazareth : 

Ilein, die veneris xx decembris, venimus ad sanctam civitatem 
Nazareth, ad locum videlicet in quo bcata A^irgo Maria, angclo 
nvnicianlc, concepit dominum Iliesum Gliristum ^. 

Un anonyme allemand fit, à la fin du xiv" siècle, un pèle- 
rinage en Terre Sainte, dont le court récit n'est point à ma 
disposition ^. 

Grethenios, archimandrite russe du couvent de la Sainte- 

Yierge, en fit un, vers i/joo, dans lequel on lit : 

xxni. De Nazauetii. — La ville de Nazareth est au nord de 
Jérusalem ; c'est un grand village. L'église oii eut lieu la sainte 
Annonciation est en ruines. Nous vîmes le puits où la 1res pure 
vint puiser de l'eau... •*. 

On doit à un anonyme du commencement du xv° siècle, 

peut-être florentin, un Viaggio in Terra Santa e perdonanza : 

E in Galilca è nna città Nazaret, in la quale è una cappella 
dove l'agnolo salulù la vcrgine Maria, dicendo : Ave Maria, gra- 
lia plena ^. 

En i/|o3, Tamerlan, vainqueur de Bajazet et du sultan de 
Babylone, permit aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem 
de relever les monuments chrétiens au Mont-Sina'ï, à Naza- 
reth, etc. ^. 

Il n'est point question de iNazareth dans le Voyaige d'Oul- 

1 Anonyme Bescbreibungdcs hoil. Landes ans dcm Endc des i4. Jahrh., 
zum erslenmalc éd. V. A. Papadopulos ICeuameus mit russ. Uebers. y 
G. Destunis {Schrift. russ. Palâstinages, t. XXVI); Petcrsburg, 1890, 8" 
XYJ (i-usse)-3i p. 

2 Riant, dans /Irc/iives de l'Orient /a/tn (i884), t. II, 2° part., p. 38G. Gff. 
Rômucirr, p. 94 ; Répert., c. 719. 

3 Itinéraires russes en Orient, traduits par M"" B. de Kiiituowo fSocié/e 
de l'Orient latin), Genève, 1889, t. I, p. igo. Gff. RôiiniciiT, p, 102 ; 
Répert., c. 1891. 

■* L. de Feis, p. 53 (d'après le ms. xix. i3, p. iC5 de la bibliolh. Pala- 
tine de Florence, f" 57'). 
" Raynaldus, Annales ecdesiasl., an. ilioi, S a5- 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA Co 

[renier en Jhérusalem, par le seigneur de Caùmont, l'an 
M cccc xvni*. 

Un chevalier lillois, Guillebert deLANNOY, voyagea comme 
ambassadeur en Palestine à diverses reprises ; ce qu'il dit de 
Nazareth est puisé dans son deuxième voyage (i/|2i-3) : 

Cy s'ensieuvknt les pèlerinages be la crrÉ de Nazauetm. — En 
]a sain le cite de Nazareth est I'esgh"sc de la Yicrgc Marie, en la- 
quelle csglise est la chapelle et le lieu où la \ieige Marie estoit 
en oi-oison quand l'angèlc Gabriel la salua. — Item, le lieu Du- 
quel l'angèle Gabriel estoit. — Item, la fontaine de laquelle Jhé- 
suci'ist prenoit eaue et le portoit à sa mère. — Item, la sinago- 
gue et esglise convei'se... — Item, l'esglise du saint angèlc Ga- 
briel... -. 

Marc di Bartolomeo Rustici, orfèvre florentin, également 
connu sous le nom de Marc Orafo, fit le voyagé du Saint- 
Sépulcre en i/|25 : 

Ritornando alla santa città di Nazareth, dove la Vcrgine fu 
annunziata, la detta cipta è guasta c non vi sono mura, e pa- 
ghasi di Iributo viiii fiorini per persona. Quivi era una bella 
chiesa e quivi stetle la Yerginc Maria quando Ghabriello la sa- 
luto; ora è guasta e vi è la chamcra ovc ella stava in orationc; 
la detta chamcra è lunga vui piedi e larga picdi vu, lutta lavo- 
rata di mosaico c cacciata dentro un sasso ; evvi nella chamera 
una cholonna che Maria abbracciô per paura quando l'angelo la 
salutô, dicendo : Ave, donna, tu sei di grazia piena ; e nella cha- 
mera vi è un aliare ed evvi una grande fmeslra, dove venue lo 
Spirito Sanlo ^. 

Mariano, prêtre de Sienne, rédigea un Viaggio in Terra 
Santa en i/ioi : 

1 Publié pour la première fois d'après le manuscrit du Musée britan- 
nique par le marquis de la Ghange ; Paris, i858, pet. in-/*° de xix-194 p. 
en". RôiiRiciiT, p. io5 6; Réperl., c. 819. 

- OEuvres de Ghillebert de Lannoy, voyageur diplomate et moraliste, re- 
cueillies et publiées par Ch. PoTviN,avec des notes gcograpliiquos et une 
carte par J. C. Hotjzeau ; Louvain, 1878, in-S" de xcj-55i p. (p. 88-9). 
Gff. RôiinicnT, p. 102-0 ; Réperl., c. 2758-9. 

^ L. de Feis, p. 54 (d'après le ms. inédit du Séminaire florentin al 
Cestello, fo i5"). Cf. Réperl., 1' éd., ce. 1680 ot 2017. 

N -D. DE LORETTE 5 



tic» NOTHK-DAMK \)K \.()\\KTVK 

In iNiiznriM, dovc l'af^iiolo iuimiii/iù i;i hcîilfi Ncr^'iiHî iVliiri;i ^ 

HKU'i'HANnoiN 1)1'; i.a Hhocoiiihhk, coiisoillcr du ducdo lionr 
gof^uo, passa dcvix aiiiicos en Oricnl, ; il visila NazaroUi en 

item, j(> nw paiiy d'Acic, el [)()iir alcr (ui Na/.arctli, (!L passay 
par im(V{^n'anl plaine, puis vins à la Ibnlaiiie on Noslnj fSoifj'nenr 
lisl (le l'canci vinacc, anx nochcs de; Arcluîtcclin.... -■— lUiin, delà 
in'on alay à Na/arclh, ([iii (!sL nn f,a'()s viliaijf(; (ifiln; doux rnon- 
laj,Mies, et csl la place où ranf,f(>,le (Jabriel fisl rannnncialion à la 
\ i(>rf>(' Marvc, cpii est une. pitié à vcoir, ciiv l'oglisc; qui y souloil 
esliT csl toute vwvv, jus cl n'y a (juc, la plaei; qui (!sl un(! petilt; 
eliosc, là ou iNostrc Dame (isloit quant l'anj^^olo luy apparut ^. 

Etienne de Gumi'knhkug, noble de V\^uiizl)ourg, se rendit 
en PalesUnc avce deux compagnons en 1/1/19; il y était en- 
core l'année suivante. A Nazareth, il passa la nuit dans la 
chapelle où l'ange avait salué Marie : l'église, fort belle, 
était en ruines : 

Darnacli ri tien wir vbcr vil Gcbirgs, dakamcn wir gen Nazareth, 
das ist auch cin schôncGcgcnd vnd hgt in (JcJjirg, gar ein hubschc 
Slatt vnd bat scliôncr Uicsscndcr Brunncn zwccn, wir lagen dcss 
naclils in dcr Capellon da der Engcl vnscr Frauwcn den Gruss 
verkûndigt. Das Volckdaselbst hall langzcitkeincTeutschegcschcn, 
hctïen vns dcrhalben nachvn besahen vnsals wcrcn wir Meerwun- 
der, musslen einem Ilcyden lohnen dcr sie von vns Irieb. Es istgar 
ein schône Ivirclie da gcwesen, aber sie ist gar zerslôrt, ein Capellen 
ist noch blieben vnler der Erden, da ist nicht mehr dcnn noch ein 
Priesler vnd sonst zween Christen vnd die steinerneKirchen, wcre 
die nicht so zcrgieng das Capellin auch ^. 

Robert de Sanseverino était, sans doute, napolitain ; il exé- 
cuta son Viaggio in Terra Santa en i/|58. Son témoignage est 

1 Edition de Domen. Moreni (Fircnzc, 1822, in-80), p. 116. GfT. 
Rôiiaicirr, p. 92, 108 ; Répert., c. 3o8o. 

- Le voyage d'Outremer de Bertrandon de la Broqaière, premier éciiyer 
tranchant et conseiller de Philippe le Don, duc de Bourgogne, publié et 
annoté par Cli. Sciiefer ; Paris, 1892, gr. ia-8° do lxxviij-325 p. (p. 45). 
GIT. RôiiRicnT, p. 108; Répert., c. 5ç)3. 

3 Reyssbuch dess heyligen Landes ; Franckfort am Mayn, i584, in-folio, 
r 242'. Gir. llôHRicnT, p. 112 ; Répert., c. 1996. 



KTCDE UISTOlî. SLP. LA S. CAS.V G; 

d'un grand prix : soil h Nazaret}i, soit à Lorelle, il ignore 
la translation : 

\] piirtili d;i lui l'un urabc) iricomirici;irorio sulir iimm rnoritagria 
;issai l'encrosaivolo, por la quai cariiniiriando alqiiarilo, laridoni 
capilarnno a Nazai-elli. E lolla la pcrdoriariza ad uria ciiiosia assay 
florupala, fîdiiïicala allro voltc [a] qiiello Halulinoio. rniiabile et 
slriclissimo mislfîi'io df; la Noritialiorio facta pei- riif-zr» do l'anj-'olo 
(jahriollo a la gUtriosissiriia vorgene Mai-ja no.stia advocala. ot vi<i- 
lala quella t'onUt clin se dicc Ibnff de Gahriello, do\e esso no.slio 
S|igfiore| Idio o.sserido pulo (= piiUoj solova cavare de Tacqua per 
si e per la predicla gloriosissirna sua madré, ad la quale cliiesia è 
iridulgcnlia plonaria, volseto fir areslali e Iributati da quelli cani 
Saraceiiy '. 

Un franciscain anonyme, peut-être de la famille Mezza- 

vacca de Bologne, décrit ainsi iSazareth en i/i63 dans .sa 

Topographia Terris Promisslonis : 

Super quos [montes] in sexto lapide est viens Nazareth, ducen- 
tarum ibrtassis doniorurn, inler quas ruinosa adhuc extat a-des 
Sancli Gabrielis. Cujus in descensu x circiter ^Taduuni ostendi- 
tur columna, jnxta quam angélus Virgini nunciavit dignissinium 
illum et ineloquibilem Verbi conceplurn -. 

Jean Tucher, bourgeois, puis sénateur de Nuremberg, 
partit pour l'Orient par Venise et visita Jérusalem, Sainte- 
Catherine du mont Sinaï et Alexandrie, en i^jg-^o : 

Darnacli zu Nazareth, das ist drey Tagreyss von Jérusalem, ist 
ein Rirch in vnser Framven ehr geweyhet, die elAvan in grossen 
chren gehallen, vnnd ein Christlicher Bischofî da gexvesen ist ; 
darinn ein kleines Capellcin kaum z^veyc^ Klafftern xveit, darin- 
nen slehet ein Marmetsteinin Seul, daraufT hat Maria geleynet, da 
jr der Engel Gabriel die Bottschafît bracht vnd sprach : Ave gra- 
tia plena, da ist vergebung aller Sûnd von schuld vnnd von 
Peyn. Zu neclist darbey ist dcr Berg da die Jiiden Chrislum ab- 
gestossen Avolten haben, das er jhn aber nicht verhengen wolt, 
dcnn seine zoit zu leyden noch nicht kommen war, darunib er 

' Edité par Giovaccli. Mauuffi, dans Scella di curiosità letterarie (Bo- 
logna, i8S8)j disp. ccxxix, p. 176. Cf. Rôhricht. p. 116. 

- Historia Mariana, pars l\ sect. iv, cap. xiv, S 17. Cf. Tuombelli, 
t. YI, p, 332-3. 



08 NOTRE-DAME DE LORETTE 

milteii' aiissgicng tlurch sie, da ist Ablass sibcn jai- A'nnd siben 
Karen. Darnach ist der Briinii von dem Ghrislus seiner Mutter 
Marie offt Wasser zii gelragen, da ist Ablass siben jar. vnd siben 
Karen ^. 

Un parisien fit, en 1/480, à Jérusalem, un pèlerinage, dont 
le récit a été imprimé pour la première fois en i5i7 ; il 
ne mentionne pas Nazareth dans son parcours ^. 

Bernard de Breidenbach était chanoine de plusieurs églises 
de Mayence, quand il fit son voyage de Palestine en r/i83 ; il 
devint doyen de la cathédrale, l'année suivante, et mourut 
en 1497 : 

De Tybcriade, redeundo contra occidentem ad sex Icucas et de 
Ghana Galilée ad duas leucas conlra aiislrum, est Sephorum 
oppidum... De Scpboro ad duas leucas conlra auslrum fere, sed 
modicum declinando conlra orienlem, est Nazareth, ilineredierum 
Irium ab Hierusalem. Givilas Galilée illa vicz ^ bcnedicla, in qua 
Virgo de radiée Ycsse cxorta, ad eam facla angclica salulatione, 
de Spirilu sanclo concepit venlris fruclum benedictum Jesum 
Xpislum. Dislal aulem ab Accon leucis sepleni. Est hodie in ea 
permanens locus, ecclcsia scilicet qucdam in honore Virginis glo- 
riosc, consecrala olim quidem, in veneralione mulla habita, sed 
hodie valde desolata. In eadem ecclesia parvula quedam est ca- 
pella, exlrucla in loco dominice Annuiicialionis, ubi etiam hodie 
marmorea qucdam manel columna, cui Yirgo ipsa luit appodiala 
quando angélus Gabriel missus a Deo sibi allulit nuncium salu- 
tare, dicens : Ave, gratta plcna, Domiiius teciiin, benedicla lu in 
miilieribus . Tria allaria sunt in capella et est excisa de rupe in 
petra, sicut et locus Nativitatis, Passionis et Resurrectionis. 
Magna quoque pars civitatis Nazareth erat antiquitus excisa in 
rupe, que adbuc apparet. Ibi etiam quondam fuit synagoga, in 
quam cum post baptismum Dominus venisset Nazareth, ubi erat 
nutritus, intravil secundum consucludinem suam in die sabbali 

1 Reyssbuch dess heyligen Landes, i584, f" SGo". Gff. Rôiiuight, p. 127-8 ; 
liépert., I" éd., c. 22/16. 

- Le voyage de la saincte cylé de Hierusalem, avec la dpscriplion des 
lieux, porlz, villes, citez et aultres passai(jes,fait l'an mil quatre cens quatre 
vinglz..., publié par Ch. Sciiefer ; l^aris, 1882, gr. 8" de i53 p. Cf. Rôii- 
luciiT, p. 129-80. 

3 Videlicot !' 



ETUDE HISTOR. SUR TA S. CIS^V fig 

et surrexil légère... Et insupcr in fine civilatis, ubi qviondam erat 
ecclcsia Sancli Gabriclis nuncupata, fons quidam sivc puteus, qui 
ab incob's vencrationi habetur, de quo hausit aquam sepc, ut di- 
citur, puer Jcsus, ministrans dilectc malri suc ^. 

Né à Venise en i/|5o, François S uriano naviguait en Orient 
dès 1^62 ; il prit l'habit franciscain dans sa ville natale en 
1/175 ; nommé gardien du couvent de Beyroutli, il s'embar- 
qua pour son poste le 11 août i/i8i, fut missionnaire à Jéru- 
salem en 1483 et partit de Jafla pour l'Occident le 11 août i/iS/i: 
il n'arriva à Venise qu'en décembre. Au chapitre de Flo- 
rence, tenu le 24 mai i/igo, il fut nommé supérieur général 
de Terre Sainte et délégué apostolique pour tout l'Orient 
(-i/tgS), fonctions qu'il remplit de nouveau en i5i2-5; on le 
fait vivre jusqu'en lÔag. Il se reprit à trois fois pour la rédac- 
tion de son Traltato di Terra Santa e delV Oriente, en i/i85 à 
Sant-Antonio de Piscignano, en i5i4 au mont Sion près de 
Jérusalem, et en iBa/i en Italie : 

In questa cita [Nazareth] alcuni hano dicte la Vcrzene Maria csser 
nata.... La casa in la quai lei habitava, et in la quai fo anontiala 
da l'Agnolo, alcuni falsamenle hano dicto csser Sancta Maria de 
Lorito, la quai è facta de quadreli matoni et è copcrta de copi ; 
et in quel paese non se trovano tali cosse '^. La casa adumquc 
vera de la b. Verzene è cavata nel montGj lo quai è de luplio, et 
c solo terra, grande pcr quadro sedece braza, cum due stantiolete, 
l'una accanto Faltra ; in una de la quale dimorava loseph et in l'al- 
tra la b. Verzene. E quella casa medesima che era in quel tempo, 
quando la Ib anuntiata, è al présente. Ne non se poteria asportar 
ne Icvare salve chi non portasse el monte. Questa casa sanctissima, 
in tempo de Ghristiani. fo dedicata- al culto divino ; sopra la quai 
casa edifficorono una grande giesia, la quai al présente è tutta 

1 Sandarum pere(jrinalionum... opusciiliim [Spire, i5o2], f" 27 v". Pour 
la traduction française de Aie. Le Huen, voir à l'année 1487. Une version 
allemande est xîomiîrise dans le recueil déjà cité de i58.1, Reyssbiich cless 
heyligen Lands, f" 68 v". CIT. Rôhuigut, p. t32-G ; Bépert., c. 544. 

2 On peut, dès maintenant, vérifier l'exactitude de cette affirmation 
de l'abbé A. Milochau (à la suite d'autres historiens de Lorette) : « Jus- 
qu'à la Réforme, Lorette n'a pas rencontré d'adversaires » {De l'authen- 
ticité de la sainte maison de Lorette, Tournai, 1S81, pet. in-8°, p. 89). 



70 INOTRE-DAME DE LORETTE 

scarcala '. In mezo de qucsta chiesia cra la capcUa sancla, la 
quai in sino al présente è tenuta cum grande vcneratione da 
luti Christiani c Machomclani. In quesla capella sono fonda te- doe 
colonne de porphido, le quale passano de sopra la chiesia, l'una 
dovc slava l'Anzolo o 1' altra dove slava la b. Yerzene, quando la 
fo anunliala,.lonlano l'una da l'allra doi braza e mezo. In quesla 
casa sanctissinia più volte in dlversi tempi vi sono stalo, dormito 
di denlro più volte, mangiato e cclebrato più volte la messa c sta- 
tovi per mia singular dcA'otione 2. 

Je ne puis me dispenser de faire ressortir, avec le P. de 
Feis, rextreme importance de ce témoignage, qui se produit 
précisément à l'époque où la légende de la translation 
commence à se divulguer. Avant de retourner en Palestine, 
Suriano rédigea sa première édition à Piscignano, au dio- 
cèse de Spolète, en Ombrie par conséquent, province voisine 
des Marches, oii se trouve Lorette. Il était donc compétent 
pour parler de l'ancienne et de la nouvelle casa. 

INicolas Le IIuen, de Lisieux, carme à Pont-Âudemer, se 
rendit en Terre Sainte en 1/187. Son livre Des saintes pevegri- 
iialions de Jérusalem cl des lieux prochains, du Mont Synai et la 
glorieuse Calerine est tiré, pour une bonne part, de celui de 
Bernard de Breidenbach : 

Les lieux principaux où Notre Seigneur fit grands miracles sont 
dessous la terre en plusieurs lieux, et descend on en la crypte par 
plusieurs degrés, comme est au lieu de l'Annonciation, de la Na- 
tivité et cetera. La cause est, à mon cuider, pour tant que les égli- 
ses ont été détruites par plusieurs assauts, et sont demeurées au 
dessus des Saints Lieux. Et devez savoir que les bons Chrétiens, 
qui veullent vraiment visiter les dits lieux, ont nettoyé et visite la 
place pour y parvenir. 

De Scphoroà deux lieux au midy, ungpcu déclinant vers orient, 

1 Variante : c ruinata, cxcepto una dellc aie indentro la qualc tengono 
lo bcstiamc lovo : ma la capella sta honorifiicamcntc, in la quale conti- 
nuamente cclebrano 11 Clirl.stiani che ivi liabilano. 

2 Edito per la prima volta nclla sua integrità su due codici délia co- 
munaledi Pcrugia esul testo Bindoni dal P. Girol. Golubovicii; Milano, 
1900, gr. in-8° de lxiij-287 p. (p. 146-7). Ctî. Hôiirigut, p. i38; Répevi., 
c. 2117. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GA.S.'V 71 

la est Nazareth, trois jornccs de Jhcrusalcm. Icellc biencurée cité, 
en laquelle la Vierge, pucello née de Yessc, de Gabriel salue Ht la 
noble portée de nostrc salut, le doux Jliesucrist, distant de Accon 
de septz lieux. En ce lieu est la chappclle glorieuse et belle, ou 
fut faicte l'Anunciation de nostrc Rédemption. Et la est une colompne 
de marbre, où estoit appodiée la Vierge honnoréc, quant l'ange la 
salua, disant : Ave gralla. 11 j a trois aules en la dicte chapelle, 
formés en la roche comme a Bethléem. La grande quantité de la 
dicte cité de Nazareth est en roche édifice, comme il appert. En 
ce lieu avoit une synagogue, ou Nostrc Seigneur, après le bap- 
tesme, retourna en Nazaret dedcns la synagogue 

Davantage au bout de la cité avoit rcsgiisc de Sainct Gabriel. La 
avoit ung puis ou une fontaine, ou souvent alloit Jhesus, et que- 
roi t de l'caue a sa mcrc. A chascun se repaire c[s]t en dévotion. 

Hors de la cité, à quattre pors d'arc est le Saull qui se dit de 
Notre Seigneur.,.. Au dedens de la roche on voit la protraction de 
ses vestements, et grandeur de son corps impressés en la pierre*. 

Le patricien Louis de Vartiiema fit, en i5o3, un grand 
Voyage en Orient, dont l'original italien parut pour la pre- 
mière fois en i5jo ; il ne mentionne pas Nazareth -. 



* 



Parvenus à l'époque où un acte ponCilical va authentiquer 
— malgré une erreur de détail, d'une importance énorme : 
Bethléem pour Nazareth, — aux yeux des chrétiens d'alors 
le fait légendaire de la translation de la s. Casa et réper- 
cuter dans toute la chrétienté cet étonnant miracle par les 
cent voix de la renommée, il importe de faire une nouvelle 
récapitulation pour établir que les pèlerins postérieurs à 1291 

1 Des saincles pérégrinations de llienisalem et des anuirons et des lieux 
prochains, du mont de Synay el de la rjlor. Caterine..., Lyon, i488, in-fol., 
f" II r"; Paris, iSi-j, in-fol., f"^ xxix (pour le i"' %) et xxx. Gff. Rôhiucht, 
pp. i33-4 et i/io ; Répert., ce. aigo et 335i. 

-' Les voyages de Liidovico di Varlhema ou le Viateur en la plus grande 
partie d'Orient, traduits de l'italien en français par , T. Balarin de Raconis..., 
publiés et annotés par Gh. Sghefer; Paris, 1888, gr. in-8°.Xf>*ïlôHRiGiiT, 
p. 1G2-6. "^ 



72 NOTRE-DAME DE LORETTE 

ont vu à Nazareth le lieu de l'Incarnation — ou du moins 
ce que tous regardent comme tel — d'une manière identique 
aux observations écrites des précédents voyageurs. 

Les documents compris dans ce 2" chapitre sont au nom- 
bre de trente-cinq : un du xiit siècle, vingt du xiv" et qua- 
torze du XV" ^ Sauf cinq (5o, 67, 65, 68, 77), tous fournissent 
de précieuses et assez concordantes indications. 

Les pèlerins sont unanimes à s'extasier sur la beauté et les 
vastes proportions de l'église primitive de l'Incarnation ^, 
mais ils constatent en même temps avec douleur sa ruine 
presque complète '^. A certain moment, les Sarrasins (ou 
Mahométans), toujours maîtres du pays (46-79), y ont établi 
leurs habitations (61). 

Le lieu de l'Incarnation porte des noms fort divers, mais 
les pèlerins sont d'accord pour le mettre au-dessous de l'é- 
glise. 

Des édifices primitifs, dit Ricoldo, il ne reste que la cham- 
brette (cella, chelle), où se fit l'Annonciation : le Seigneur 
l'a conservée comme mémorial de son humilité et de sa 
pauvreté (/16-7). Poggibonsi la décrit avec toute la précision 
désirable : au milieu des ruines de l'église, construite sur le 
lieu propre où était la casa de iNotre-Dame, qui y reçut le 

1 lis seront désignés par les numéros qui suivent : 40, Ricoldo; /17, 
Le Long; 48, Sanudo ; /i()-5o, Ilyrtacène ; 5i, Odorico ; Sa, Mandeville ; 
53, Boldenscle; 54, Ludolphc ; 55, Hudc ; 56, l'oggibonsi; 07, Lieux 
saints ; 58, Italien ; ôg, Dolcibene ; 60, Frescobaldi ; 61, Gucci; 63, Sigoli ; 
63, Pisani ; 64, Swinburne ; 65, Allemand; 66, Grethenios; 67, Floren- 
tin; 68, Gaumont; 6g, Lannoy ; 70, Ilusiici; 71, Mariano ; 72, Broc- 
quière ; 73, Gumpenbcrg ; 74, Sanseverino ; 75, Franciscain ; 76, ïucher ; 
77, Parisien; 78, Breidenbaeh ; 79, Suriano ; 80, Le Iluen. 

' Magna, 46, 53, 54 ; pulchra, 53, 55 ; pulcherrima, 54 ; belissima, 56, 
60 ; bella, 61, 70; grande, 61, 79 ; schône, 78; consecrata, in veneratione 
multa habita, 78. 

•■• Quasi tola dirula, 46 ; quasi destrucla, 53 ; deturpata, 54 ; abbat- 
tuta, 56 ; disfatta, 60 ; in buona parte rovinata e massimamente il cielo 
di sopi'a, Qi ; ruinée, 66 ; guasta, 70 ; toute ruée jus, 72 ; gar zerstôrt, 73 ; 
assay derupata, 74 ; valde desolata, 78; scarcata, ruinala, 79; églises dé- 
truites par plusieurs assauts, 80. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA -S 

message de l'ange, il ne reste que la caméra de Marie, très 
petite et ornée de mosaïques ; la casa était appuyée à une 
grotte de roche (56). Frescobaldi la qualifie de caverne sou- 
terraine, semblable à celledc Bethléem (60). Suivant Rustici, 
de l'église ruinée il reste la chambre 011 Marie était en orai- 
son, laquelle est longue de huit pieds et large de sept, ornée 
de mosaïques et enfoncée (cacchiala) dans le rocher (70). 
D'après Suriano, qui proteste déjà contre Lorette, la vérita- 
ble maison (la casa vera) de la bienh" Vierge est creusée dans 
la montagne, laquelle est de tuf; elle est sous terre, grande 
en carré de seize brasses, avec deux chambrettes (staiiziolete) , 
l'une à côté de l'autre. Cette casa très sainte est devenue une 
chapelle (70). Sanudo avait dit également que la chapelle 
était creusée dans la pierre de roche (iig). Pour expliquer 
cette position de la chambre attenante au rocher, on répète 
le mot de Burchard (45) : « Magna pars civitatis erat antiqui- 
tus excisa de ou in rupe » (^g, 78). 

De la chapelle il est fréquemment question (67, 69, 78). 
D'après Ludolphe, elle était fort belle (nmltam pulchra) et 
située près du chœur de l'église, au lieu de l'Annonciation 
(54-5). Sigoli la dit souterraine, en voûte (62). ïucher la 
qualifie d'exiguë {Ideiiies, 76) ; Breidehbach, de petite (par- 
uufaj, construite sur le lieu de l'Annonciation et creusée 
dans le roc (excisa de rupe in pelra, 78). Cette sainte cha- 
pelle, dit Suriano, au milieu de l'église, a été tenue en 
grande vénération par les chrétiens et les mahométans (79). 
Le Huen la qualifie de glorieuse et belle, et la dit érigée au 
lieu même où se fît l'annonce de notre rédemption (80). 

Du temps de Ricoîdo, il y avait deux autels : l'un de Notre- 
Dame, là où elle reçut la salutation de l'ange: l'autre, dédié 
à saint Michel, là où se trouvait Gabriel (/16-7). Sanudo en 
indique trois, sans préciser le vocable d'aucun (5o) ; Brei- 
denbach, de même (78). Poggibonsi ne parle que d'un petit 
(piccolo) autel, placé au-dessus de la grotte (56); Rustici en 
indique un dans la chambre (70). Ces deux voyageurs font 



74 AOTRE-DAME DE LORETTE 

mention d'une grande fenêtre, par laquelle vint Gabriel ou 
le Saint-Esprit; d'après Gucci, Tange serait entré par une 
fente (baco) du rocher (ôi). 

Les documents antérieurs n'ont jamais fait mention de 
colonne dans la chapelle de Tlncarnation. 11 en apparaît une 
en i332 *, puis deux en i/i85 "^, dont je donne en note les 
caractéristiques. 

Gomme conclusion, ce résumé nous montre, sauf les 
diversités provenant de l'imagination ou du défaut de mé- 
moire des visiteurs, que la chambre de l'Incarnation ou son 
équivalent subsista à Nazareth jusqu'à la fin du xv" siècle 
telle qu'on l'avait vue avant 1291. Par un bonheur rare, 
nous avons même un texte la mentionnant qui correspond 
exactement (129/1) avec la date de l'arrivée de la s. Gasa dans 
les Marches : c'est celui de Ricoldo (/i6) et à lui seul il serait 
décisif dans l'espèce. Enfin, il ressort de tous ces documents 
qu'aucun des pèlerins qui ont visité Nazareth pendant deux 
siècles, n'y a remarqué l'ombre d'une trace de l'enlèvement 
de la sainte maison. 

Encore une considération. Parvînt-on à éluder la portée 
démonstrative de tous ces textes, en révoquant en doute 
l'exactitude, sinon la véracité, de témoins la plupart oculai- 
res, il resterait un fait inéluctable qu'on n'est point parvenu 
à expliquer : je veux parler du silence absolu des chroni- 
ques orientales sur la réalité de la translation qui, inouïe 
dans les fastes de l'Eglise, aurait dû laisser dans les imagi- 
nations un souvenir impérissable : on est en droit de se 
demander comment, même dans les circonstances les plus 
défavorables, un événement aussi mémorable aurait pu tom- 

i Marmorca, 53 ; parva, avec figure de l'ange Gabriel ut in sigillo im- 
pressa, 5/|-5 ; grossa quanto l'uomo puote abbracciare, 56: ritta, Gi ; 70, 
76 ; marmorca, 78 ; de marbre, 80. 

2 Doe colonne de porphido, le quale passano de sopra la chicsia, l'una 
dove slava l'anzolo e l'allra dove stava la b. Verzene, quando la fo anun- 
liata, lontano l'una da l'altra doi braza e mczo, 79. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 75 

ber clans un oubli universel *. Aussi, quand, au commence- 
ment du xvi" siècle, il y sera fait une allusion discrète et 
dubitative, il sera évident qu'on a affaire à une importation 
occidentale. 

1 On pourrait appliquer à celle disparition de la maison de l'Incar- 
nation les exclamations indignées de l'abbé A. Milogiiau contre ceux qui 
soutiennent qu'en 1291 elle n'existait plus : « Les Pères... n'auraient pas 
une parole de regret, pas une larme pour la perle de la maison de Marie ! 
Aucun de ces innombrables pèlerins, qui de toutes les parties du monde 
visitaient Nazareth avec la même foi, la môme piété que Bethléem et 
Jérusalem, ne nous aurait fait part de sa surprise et de sa tristesse, lors- 
qu'il n'y retrouva pas la demeure sacrée qu'il allait vénérer ! » {De l'au- 
thenlicité de la s° maison de Lorette, p. /|6). — Il est mieux dans le vrai 
quand il dit : « Les Orientaux, depuis le xiv° siècle, ont transporté dans 
la grotte qui leur est restée le lieu précis de l'Incarnation » (ouvr. cité, 
p. 5i). 



-G MOrilK-DAMli; \)K LOIUÎITK 



III 



Reprenons nnc ilcrnicrc Ibis la série des lénioignages des 
voynyeiirs, pour la poursuivre jusqu'à nos jours; on pourrait 
assuréuieul en augmcnler le nouibre, le doid)lcr pcul être, 
mais le résultai de l'enquête resterait le même. 

Lin franciscain polonais, connu sous le seul nom d'AiN- 
sKi.JUi:. alla en Terre Sainte à la fin de iBoy et quitta Jéru- 
salem à la fin de i5o8. Son témoignage, — le premier, comme 
on le remarquera — en faveur de la translation, cori'espond 
exactement avec la première bulle (du pape Jules II) qui en 
fasse mention, plus de 210 ans après l'événement prétendu; 
toutefois ce n'est pour lui qu'un on dit (ut/erlur) : 

De Zophot ad duas leucas contra austrum, sed aliquanlulum de- 
clinando ad oricntem, est illa gloriosa civilas Nazareth, ubi lies 
ilnrum de radiée Jcsse pullulavit. {n Nazareth labitur egregius fons, 
ex quo in puerilia Jésus solebat haurirc et malri suœ déferre. Et 
haic civilas distat ab Jérusalem pcr 1res dictas vel circa, quasi quin- 
decim miliaria nostra. Erat quondam civilas, nunc est oppidulum 
parvum, siciit et Bclhicem, paucas domos habens. Ibi esl locus ubi 
angélus Gabriel nunciavit b. Virgini incarnationem V'ûVi Dei, sed 
illa capella, ut ferlur, de illo loco est translata ad Lorelum per ange- 
los ; et distat Nazareth sepleni leucis ab Achon. 

Extra Nazarelli versus austrum ad dimidium leucœ est locus in 
rupe in monle, qui vocatur sallus Domini, ubi Judœi volebant 
Christum prœcipilare, et exivil de manibus eorum, et in rupem 
aliam prosiliit, in quamonslranlur vestigia pedum e']\^s.(DescripUo 
Terns sanclxj *. 

Un vénitien, qualifié de « valente huomo », fit au com- 
mencement du xvi" siècle un pèlerinage en Terre Sainte, qui 
fut publié à Venise en 1020, sous le titre : Viagio da Venetia 
al sanlo Sepalcro et al monte Syiiai; son auteur ignore la 
translation et décrit Nazareth comme ceux qui Tout précédé : 

• Camsics, .Anliq. leclion., t. VI, p. i3oo ; Basxagk, Thés, inonuin., t. IV, 
p. -S!(. Cf. IloiiiuciiT, p. i(38. 



KTIJUE JIISTOH. S(J|{ lA S. CAS/V 77 

DlO LA GITA DB |\a/.AUETII IJOVK I.'aXGELO l'OIiSK Kf, HMAJTO Al.f,,V VliU- 

f;iNi3 JVLvuiA. — Oia valence dticlo iil predicto rnonlc ri'lial)or) p,t Iro- 
vorai la cita de iNazarelli, dove la gloriosa vergino Maria ricevelo la 
salulalione de l'angelo (Jabrielo ; la cita In già grande e non lia cinto 
rmiro d'inloi-no. Al'inlrala se paga xiii dragnne pcr iionrio e drenlo 
lu già una bclla cliicsii. Et l'a el primo luogo dove l'angelo venne 
a salulare la gloriosa verginc Maria. La qualc cliiosia e disfalla, sollo 
(= solo) gli c la cannera di noslra Donna, la qiialc c pichola et e 
dipinta. Ella (= E la) casa e posta in una grotla del declo monte 
dov' è imo grandissimo saxo et in quesla grotta gli e la colonna, la 
qnalle si relirô la vergine Maria pcr la paura quando lei senti l'an- 
zelo chc la salulo. Ella (= E la) dccla colonna e grossa cl grande 
pcr modo chc appena una pcrsona la puo abraciare; al lato a la decta 
colonna glic una pietra,dove la nostra slava coritinuamenlc a tutte 
l'ore dicendo le suc sancte oratione. E da uno lato ce uno piccolo 
altare, e su di sopra de la grotta c de la colonna c'c una finestra per 
la quale l'angelo gl'intro quando lui saluto la vh'gine Maria ; la decla 
colonna si e de colore bisio, et sappi che non se ne potrebbe despi- 
care punto. E quivi la perdonanza de pona e de colpi K 

La Bibliothèque nationale de Paris possède, sous le n° ôG^a 
du fonds français, un manuscrit intitulé : Le voyage de Jéru- 
salem el du Monl Sinaï, fail el accompli Van de grâce el salai 
1533 par messire GreJ'fui Arfagarl, chevalier du Sainl Sépulchre 
el seigneur de Courlellles en Normandie el Courleilles au Maine, 
avec lui frère Donavenlure Brochard, de l'ordre des frères Mi- 
neurs de la province de France, du couvenl de Bernay -. L'au- 
teur séjourna à Jérusalem le jour de la Pentecôte, 2/i mai i53/i ; 
le 27, il arriva à Nazareth. Sa protestation contre la trans- 
lation de la maison de llncarnation à Lorette, a une valeur 
exceptionnelle, à cause de sa date tardive : 

1 L. de Feis, op. cit., p. 60-1, qui croit l'auteur différent du francis- 
cain NoÈ, lequel a dû faire son voyage en Palestine avant i.'j70 (Marcel- 
LiNO DA GivEzzA, BibUografici Sanfrancescana, 1879, p. AaS ; Calalogiie de 
la bibliothèque du comte Riant, 1899, t. II, i, p. 27G-81) et ne doit pas être 
confondu avec le P. Noe Biango, de l'ordre des Servîtes. Celui-ci s'em- 
barqua pour la Tcri'C Sainte au port de Malaniocco (Venise) le 18 juil- 
let 1027 (RôiiRiGHT, 13. 180; Catal. Riant, p. 289-90). 

- LiiioN, Singularités historiques, 1789, t. III, p. 4ô5 ; B. IIauréau, Hist 
littér. du Maine, 1878, t. VI, p. iG-8. 



78 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Kinablement, le quatriesme jour nous arivasmes en ceste très 
saincle et glorieuse cité de Nazareth. 

Nazaretli est au regard de llierusalem vers septentrion, déclinant 
en occident, à (roys petites journées de llierusalem, située en lieu 
de montaignes. Le lieu est fort désolé et gaslé ; y a environ de cent 
maisons sans closlure ; les habitans sont Mores, chrestiens qui sont 
demyz Mores. 

En ceste bien fortunée cité est la chambretle noble et digne, en 
laquelle estoyt la très sacrée Vierge quant l'ange Gabriel tant révé- 
rentementla salua en disant : Ave gralia plena, etc., lui dénonczant 
comme par le hault conseil de la court souveraine estoyt esleue 
entre toutes les femmes du monde pour estre la mère au fllz de 
Dieu. 

Sur ceste prédicle chambrette avoyt esté édiffié le temps passé 
par les chrestiens une grande solennelle église cathédralle et archi- 
épiscopalle. Mays après l'expulsion des chrestiens de la Terre Saincte, 
par succession de temps, elle est ruynée. et les ruynes sont tombées 
sur la prédicte chambre, laquelle estoyt en forme de chappelle au 
meiUieu de l'éghse, et ont faict comme une petite raonticolle : la 
dicte chambre estoyt voultée et faicte de bonne pierre, et est tou- 
jours demeurée en son entier, dessoubz la terre et ruynes de l'église ; 
mays l'on y a faict un pertuys dedans terre pour trouver l'huys, par 
lequel nous descendismes avecques la lumière, et là sont encore 
troys autiers pour dire messe, et pour y entrer fault payer troys 
madins, qui vallent troys solz neuf deniers. 

Aucuns ont voullu dire que ceste prédicte chambre avoyt esté 
apportée et est de présent à Nostre Dame de Laurette près le mar- 
que d'Anconne, mays il me semble estre un gros abus. Je ne diz 
pas que ce ne soyt ung lieu de grand dévotion, auquel il plaist à 
Dieu que sa Mère soyt honorée, mays que ce soyt la chambre de 
l'Annuntiation, je ne le puys croire, car il n'y a poinct d'apparence 
que jamays on en levast une pierre, et davantaige saincte Ilélaine 
fist mettre deux piUiers ou coullonnes de porphyre dedans en icelle ; 
l'une où estoyt la Vierge Marie, l'autre où estoyt l'ange quant il la 
salua, en mémoire perpétuelle, laquelle chose y est encore de pré- 
sent. 

Oullre plus, celle de Laurette est faicte de bricque, de laquelle 
matière ne s'en trouve en tout le pays de Gallilée, et singulièrement 
à Nazareth, n'en ont pas besoing pour ce qu'il est tout fondé sur 
rocher et mesmement la chambre prédicte, en partie dedans une 
roche qui sert de muraille; par quoy il me semble que ce n'est pas 



ÉTUDE inSTOR. SUR LA. S. CASA. 79 

bien faict faire entendre telles choses, car telz abuz sont cause de 
mespi'iser les autres lieulx de dévotion et donnent occasion aux 
héréticques et ennemys de l'Eglise de mal parler. 

A deux traicts d'arc y a une belle fontaine, en laquelle on dict que 
le petit Jésus, humblement servant à sa bien heurée mère, souvent 
alloyt chercher de l'eau, et davantaige les Mores et Chrestiens du 
pays disent que à icelle l'ange la trouva premièrement, mays le 
voyant en forme humaine eut paour, avecques honte virginalle se 
voyant seule avecques ung homme, par quoy elle se retira en sa 
chambrclle, et alors l'ange lui apparut de rechef, la saluant tant 
humblement, et ilz rappellent la fontaine Sainct Gabriel jusqiies à 
présent, combien que ce dire n'est pas auclenticque,car l'Escripture 
n'en fait nulle mention •. 

Jérôme Beck von Leopoldsdorf, conseiller impérial, fit, à 
l'occasion du jubilé de i55o, un voyage en Orient ; il alla 
jusqu'à Nazareth 2. 

Louis Vulcano dalla Padula, mineur observantin, publia, 
en i563, Vera e nuova descriUione di lutta Terra Santa e père- 
grinaggio del sacro monte Sinai, compilata da verlssuni aulori; 
on y lit : 

Et poco discosto di qui sopra il fonte fù un beUissimo monastc- 
rio fabricato in onorc di csso arcangclo (Gabriel), ma hora gli è 
tutto in rovina, et solo si vcde una piccola grotta per memoria. E 
di qui partit! andammo per sotto la città, e quasi nel fine noi tro- 
vammo la casa délia Madonna, ov'era un bellissimo monasterio ; 
ma hora gli è tutto sotterrato, e sol si vede una parte délie mura 
délia chiesa, e li suoi fondamenti molto fermissimi, fatli di piètre 
quadrate : e qui di sotto gli è una picciola grotta o cameretta mollo 
devota, ove stava la Madonna. E quivi la salutô l'Angelo,... 

Queste colonne avanzano sopra la cameretta, e sopra le ruine 
délia chiesa, assai più che non è la statura di un uomo ^. 

1 Relation de Terre Sainte (i533-/i), par Greffin A.ffagart, publiée 
avec une introduction et des notes par J. Ghavanon ; Paris, 1902, in-8° 
de xxvij-247 p.. 3 pi., fig. (p. 23i-3). L'introduction avait paru dès 1898 
dans le Bulletin historique et philologique du Comité des travaux histori- 
ques et scientifiques, Paris, 1899, p. 502-22, cf. p. ii8. 

2 Préface de Jean Laiveisklau fLeunclaviusJ, édit. de i588. Cf. l\ôn- 
RicHT, p. 190-1. 

3 iSapoli, i563, pot. in-8°, f"^ 46 et 48. Cf. Rôiiricht, p. 198. 



8o . ^OTRE-DAME DE LORETTE 

BoMFACE SïEFANi (dc Sleplianis, Slephaims), franciscain de 
Raguse, devint cveque de Stagno (Dalmatie) en i564 et mou- 
rut en i582. Son Liber de perenni cvltv Terrae Sanciae et de 
fruduosa dus Peregrinalione parut à Venise en ib'jo et y a 
été réimprimé de nos jours : 

A monte ïliabor, desccndcntes ad Occidentem, parum pcr pla- 
niliem Galilœtii pi-occdcntes, devenicmus ad viam pcr quam scan- 
dilur ad monlcm, super queni civitas Nazaretii Cluisli nulricula 
posita est : in que monte ista sunt. Primo, in supercilio hujus 
montis est lociis ad quem perducliis fuit Chrisliis, ut priiocipita- 
rent illnm, et ipse transiens per médium illorum iloat. Juxla 
eliam est Ecclesia erecla a prisais Regibus Clirislianis in lionorem 
sanGlî.e Annœ. Non longe ab ea est Ecclesia Annuntiationis beataî 
Virginis Marias. Ad locum Annuntiationis, qui est in inferiori 
Ecclesia, pcr duodccira gradus dcscenditur 

Et sunt duœ columna3 porphyriaca) pretiosissimœ : una in loco 
posita, ubi manebat Virgo Maria, dum ab angelo salutaretur ; 
altéra ubi'angclus salutans cam stabat. Peregrini autcm cum eo 
pervenerint, partem diei qua veniunt, et totam npctem in ora- 
lionc consumunt. Fratres saccrdotes qui sunt cum eis, sequenti 
die mane célébrant, et alla voce cantant Evangelium, Missus est 
Angélus Gabriel, et totum olBcium dicunt de Annuntiatione Vir- 
ginis. In eodem monte est Ecclesia sub invocalione Sancti Gabrie- 
lis, in qua aliœ nationes orant, et sacrum faciunt ; et sunt l'un- 
damenla domus Joseph, in qua Chrislus nutritus et educatus fuit. 
Fundamenta dico, quia domus illa Dei voluntatc delata ad christia- 
nas partes fuit, et nunc est in Italia, et Sancta Maria de Loreto 
vocatur. Juxta est fous oplimas cmanans aquas ; qui etiam ab infi- 
delibus fons Jesii et Virginis Mariai dicitur. Dicunt enim viri et 
muliercs Nazareni, quod B. Virgo Maria hauriebat ab illo fonte 
aquam et domum deferebat, et Angeli in via custodiebant illam, 
et salutabant, dicentes : Salech Maria. Dicunt etiam quod ipse 
Jésus ab isto fonte domum afferebat Matri aquam ; quapropter 
vocant fontem Jesu et Mariaî K 

Il faut noter en passant que, dalmate, Boniface ne fait au- 
cune allusion au séjour, de trois ans. et plus, de la s. Casa 
en Dalmatie. 

1 Venetijs, 1578, in-S" dc 8 f.-aSG p.-i 1'.; edit. 2' cur. p. 1<\ Cypriano 
dc Tarvisio, ibid., 1875, iiiS° de Sao p., pi. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 8r 

Christian van Adricitkm f/ldric/iomius, Cruciiis), né ù Délit 
en i533, fut ordonné prêtre en i56o ; persécuté par les pro- 
testants, il dut se réfugier successivement à Matines, à 
Utrecht et à Cologne, oii il mourut en i585. Son Thealrvm 
Terrai Sanclœ el biblicarvm hislorlarvm parut d'abord en i584 
sous le titre : Jervsalem, slcvt ChrisU tempore Jlorvil, etsiibur- 
hanoriim insignionimque historiarwn ejus brevis descriptio ; il 
eut d'innombrables éditions et fut traduit en huit langues. Il 
répandit partout l'histoire de la translation : la légende était 
alors établie et il n'est pas étonnant qu'il s'en soit fait l'écho: 

Nazareth, quod interpréta lurflos, pulcra ac florens Galilœœ civi- 
tas est... Hic beata Maria, candens flos virginum, nata est. IIîc 

Cliristus Dominus noster et Salvator conceptus et educalus est, 

ac viginli quatuor annis liabitavit Ob liœc igitur, qua? in hac 

urbe peracta sunt mysteria, Apostoli post Christi in cœlos Ascen- 
sionem, ]3. Mariœ Yirginis domiciUum, in quo ab angelo salutala, 
Christum Salvalorem concepit, sacris usibus dedicaverunt, el sacra 
etiam ibidem nonnunquam opevati sunt. Eodemque loco postmo- 
dum Dei Genitrici peramœnum, et quod arcliiepiscopali cathedra 
praîcelleret, excitatum luit templum : in quo tna, ex rupe excisa 
sunt altaria. Sicut etiam in fine civitatis Arcliangelo GabrieU tem- 
plum ajdiiîcatum fuit, ubi fons scaturit, qui ab incolis venerationi 
idcirco habetur, quod puer lESUS matri sUa3 ministranssœpe ex eo 
dicatur hausisseaquam. I^orro quod ad sacrum angelicaî salutatio- 
nis domicilium attinet, id ciàm multo tempore hic frequentatum et 
in honore habitum fuisset, Palœstina Ghristianam religionem répu- 
diante, ab Angehs, admiranda ratione Flumen, quod Illyrii oppi- 
dum luit, delalum est*. 

La suite d'Adrichem sera reproduite dans la 2" partie. 

Un Avalion, chevalier du Saint-Sépulcre, Jean Zuallart 
{Zuallardo), fit, en i586, en compagnie de Philippe de Mérode, 
dont il était gouverneur, // devotissimo Viaggio di Giervsa- 
lemme : 

Poco lontano di li è la chiesa dell' Annunciazione délia Vergine 
Maria, eper andar al luogo, ove fu fatta l'Annunciazione, che è nel 

1 Tribus Zabulon, S 78 ; Goloniaî Agripp., 1C82, in-fol., p. ik\. L'édi- 
tion originale a été reproduite à Paris en 1869, in-8°, carte. Cf. IIôhuicht, 
p. 2og-ii. 

N -D. DE LQRETTE 6 



82 NOTRE-DAME DE LORETTE 

piu bassG, si discende per dodici scaliui : li sono ibndamenti délia 
Casa di Gioseffo, nella quale, come si e dette, il Salvatore, essendo 
fanciullo, è stato alievato e nutrito, e délia quale il restante miraco- 
losamente per 11 Angeli è stato trasportato in cristianità, ed al 
présente in Italia nella Cilla chiamata Santa Maria di Loreto *. 

Giovanni Francesco Algarotti, chanoine de la cathédrale 
de Novare, dans son Del Viaggio di Terra Santa ^, daté de 
1587, prétend qu'après la translation delà s. Casa, les fidè- 
les ont construit à Nazareth, sur son emplacement, une très 
spacieuse église, sous le vocable de l'Annonciation : précisée 
de la sorte, elle n'a existé que dans son imagination. 

Jean van Kootwyck (Colovicus), d'Utrecht, s'embarqua à 
Yenise, le 2 août 1698, pour les Saints Lieux : il arriva à 
Nazareth le 8 novembre. Son Itinerarivm Hierosolymitaiwm et 
Syriacvin ne parut à Anvers qu'en 161 9 : 

Ubi ad montis verticem venimus, planitiem amœnam et herbi- 
dam offendimus : qua superata, paulô post Urbem Nazareth leeti 
eminus conspicimus. Inde via declivi ad imam vallem descendi- 
mus : eaque pone relicta, collem rursum (cui Urbs ipsa insidet) 
adscendimus, Hœc pulcbra quondam et ilorens Galilœa3 civitas, 
Christi in primis conceptione, educatione, ejusque Matris Mariai 
habitatione clarissima, omni hodie orna tu et cultu destituta, ac suis 

pœne ruinis sepulta, vix humilem et abjectum refert pagum 

In vertice Montis Oppido proximi, meridiem versus, Templum 
cernitur semidirutum, a Christianis extructum, juxta locum qui 
Saltus Doniini appellatur, que Judaîi Christum Salvatorem prœci- 
pitem dare volentibus, ipse transiens (ut sacrjE referunt litteras) per 
médium illorum ibat. Ad radicem ejusdem montis, juxta Mauro- 
rum tuguriola, in ipso Oppidi ingressu, ubi Deipara Virgo ab An- 
gelo salutata fuit, inclytum religione templum extitit, Annuntiationi 
Virginis sacrum, Archiepiscopali olim sede prœcellens ; ex quadrato 
constructum saxo, columnis marmoreis, porphyreticisque sublime 

1 Roma, 1687, pet. in-4° de 18 f.-4o2 p. -5 f. Cf. Rôhright, p. 2ia-3. 

2 Da Venétia à Tripoli di Soria per mare et de là per terra à Gierusa- 
léine per la città di Damasco et per le provintie delV Iturea, Galilea supe- 
riore et inferiore, Samaria et Giudea, co'l rilorno in Cliristianità per via di 
Constâtinopoli, nova et reale descriiione . . . ; Novara, 1587, in-S", lib. II, 
cap. 19. Gff. Rôhright, p. 2i3; et les explications de Quaresmio, op. cit., 
t. II, p. 835-0. 



ETUDE inSïOR. SUR LA. S. CASiV 83 

et peramplum, siimptu atque magnificenlia insigne : uli ex ingen- 
tibus columnis, parlim confractis, partim ruinis sepullis, cœtevis- 
queTemplireliquiis,aUîssimisquepaiietibus, etiamniim extanlibus, 

colligitur Intérim prœcuviunt aliqui (Mauri), ut ostiimi Sacelli 

Annuntiationis Virginis (quod sub majori Ecclcsia est) occupent, 
atque ingressum prohibcant Dcscenditur aulcm per gradus la- 
pidées duodccim ad locum sublenancum, rupi incisum, ubi Yivgo 
Maria ab Angelo salulata dicitur. Is sub ipso Clioro superioris 
Ecclesiœ (ut diximus) in très dividitur Cellulas subterraneas sibi 
cohairentes, quarum prima longitudine pedes decem continet, lali- 
tudine scx; estquc altari decorata lapideo, sicut et média ; sed sex 
tantum per quadrum habct pedes, utpostrema quatuor. In média 
ab occidentali latere duas ingénies videre est columnas marmo- 
reas, fusci coloris, candidis intervenientibus maculis, distantes 
inter se pedes circiter quatuor, quarum una meridiem respiciens 
co ferturposila loco, que Angélus beatissimam salutavit virginem, 
opposita illi ubi precibus intenta sedebat, dum ab Angelo saluta- 
retur i. 

Bien que la Peregrinalione di Terra Santa e d'allre provincie 

de don Aqvilante Rocchetta, chevalier du Saint-Sépulcre, 

n'ait été imprimée qu'en i63o, son voyage date de 1699 : 

In questa Gittà (Nazaret) mi disse in Aleppo il P. Guardiano di 
Gerusalemme, che ci era stato nel passar, che fece, e non vi vide 
altro, se non i fondamenti délia Santa Casa, ch' oggi si ritrova in 
Loreto 2. 

Arrivé au xvii° siècle, il y a lieu de se borner à indiquer 
sommairement les principaux voyageurs favorables ou con- 
traires à la translation. 

Stefano Mantegazza ^, originaire de Milan, fit profession de 
dominicain dans le couvent de Saint-Eustorge. De concert 
avec un de ses confrères et plusieurs Franciscains, il s'em- 
barqua à Venise pour Jérusalem, le 7 septembre 1600 ; il fut 
de retour à Milan, le 28 mai de l'année suivante. Il parle de 
Nazareth dans le chap. 65 du 2" livre de sa Relation : 

1 Liber III, cap. vi (in-4" de 5i8 p ). Cf. Rôhright, p. 220. 

2 Palermo, i63o, in-4°, figg. Cf. Rôhright, p. 221-2. 

3 Et non MoNDEGAzzA ou MoNTEGAzzA, comme l'ont imprimé Marto- 
RELLi (t. I, p. 672 ; t. ni, p. i44) et d'autres après lui. 



84 NOTRE-D.iME DE LORETTE 

Di quà parlendosi si va pcv solto la Ciltà, e quasi nel fine si 
trova la Casa délia Madonna, dovc altre voltc era un altio bellis- 
simo Monastero, e nondimeno al présente è tutto soterrato per le 
gran ruine, scoprendosi solamenle una parle délie mura délia 
Ghiesa con i suoi fondamenti bon sodi, e forti. Di sollo vi si vede 
una picciola Grotta in forma d'una Caméra, che ha molto del di- 
voto, sopra la quale era la stanza, nella qualc la BB. Vergine 
Maria lu dallo stesso Angelo Gabriele salutata. 

Dentro di qucsta Santa Cappella vi sono due Colonne di gros- 
sezza quanto potrebbeabbracciare un' uomo, e sono di color bigio, 
distante una dall' altra un braccio, o poco piii, ed ivi, corne pu- 
plicamente da tutti si dice, furono piantate per memoria del Col- 
loquio, che fece l'Angelo con la Vergine quando la salulô, le 
quali avanzano delta Cappella, ed anco le ruine délia Chicsa quanto 
sarebbe l'allezza d'un' uomo. 

Or in quel luogo dove abbiamo accennato esservi le due Colonne, 
e dove altre voile era la Casa del S. Patriarca Giosef (avanti clie 
dalli Angeli fosse trasportata dove al présente si ritrova) sono i 
fondamenti di delta Casa, che già tant' anni sono a Loreto si trova, 
per amore délia quale poche personc sono, che non vi concorrino 
a visitarla, e iargli rivcrenza, ed anco per sodisfare ai voti loro ^. 

1606. Gyprianus Eiciiovius, Delillavain Germaniae... index 
simili et viaiorias, qui renferme, p. 196-216 : « iter Caire 
Gazaram, Ramam, Hierosolymam, Nazareth, Damascum, 
etc. » 2. 

Pierre délia Yalle, il Pellegrino, fit part à un ami de ses 

impressions à Nazareth, le i5 juin 1616 ; ses Viaggi, con 

minuio raggaaglio di tuile le cose noiabili osseruate in essi. . . ont 

eu de nombreuses éditions : 

La città la trovai nella cima d'un bel colle, in sito irrigato di 
acqua e molto galante, ma è rovinata del tutto e solo vi restano 
alcuni pochi tuguri di contadini. Si vedono ancorà le reliquie di 

1 Relalione Iripartila del viaggio di Giervsalemme, nella quale si raccon- 
tano gli amienimenli deW autore, l'origini e cose insigni de' liioghi di pas- 
saggio visitati... ; Milano, 1616, in/i° de 47O p- (p- 380). Cf. Quetu;' et 
EgiiakUj Scripiores ordinis Prcedicalorwn, 1721, t. Il, p. 408. Rôiiricht 
mentionne (p. 22G-7) une édition antérieure, également de Milan, lOoi, 
in /|°. 

2 Ursellis, iGi/i, in-/i°. Cf. Rôiuuciit, p. 23o. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 85 

vna bella Chiesa, l'abricata ncl luogo, doue staua già la San la Casa 
di Loreto ; c sotto la Chiesa, vi è una Cappella solleiTanca, inQn' 
adesso assai ben conseruata, che da' pacsani si dice csserc slala la 
Casa délia Madonna. E mostrano anche un luogo rilevato da lerra, 
come un poggiolo lungo, che dicono che fosse il suo Icllo o dove 
dormiva ; e due colonne di poiTido che vi sono, dicono che vi siano 
poste per segni dei luoghi, dove slavano in uno la beata ^'ergine e 
neir altro rarcangelo Gabricle, quando le annunziô Fesser falla 
madré' del Kedenlore. Ma io, non pregiudicando alla Santa Casa 
di Loreto, credo, che la Cappella solterranca di Nazareth, fosse il 
Ibndamento, ô la parte bassa, e sotterranea délia Casa, che da i 
Christiani poi fosse ridotta in forma di Cappella, come credo che 
sia succeduto in moltri altri luoghi délia Terra Santa : che per con- 
servar la raemoria del luogo proprio, hanno cavato sotto terra, e 
là sotto i'atto lechicse c le cappelle e non sopra terra, dove facil- 
mente, con mutazioni del tempo, potevano guastarsi '. 

Le franciscain Thomas de Novare, gardien du Mont-Sion, 
ému de pitié en présence des ruines amoncelées à Nazareth, 
sollicita du prince de Sidon, Témir Fakhr ed-Din, la conces- 
sion de l'ancien monastère ; il fut mis en possession le 19 dé- 
cembre 1620 '^. Dans sa relation latine, imprimée à Venise 
en 1620, tout en affirmant la concordance des dimensions de 
la s. Casa de Lorette avec celles de la maison de Nazareth, 
il dénie toute autorité à la vérification qui aurait été faite par 
les délégués de Recanati en 1292. Le morceau est à retenir : 

Pra)dictus Frater Jacobus Monasterii custos, cum eam sanctaî 
domus partem, quai ad Occidenlem erat sub fenestra Angeli, et 
ad Meridiem prope domus januam ruinai proximam restaurare 
vellet, ad fondamenta usquc solvit vetustatera ; quippe qua; dili- 
genter et attente considerata, sancttc Laurctana3 domus fundamcn- 
tum duobus palmis crassum seorsum ab alio adinventum est ; 
quod quidem ad sustentandam fabricam et exornandam interius 
domum, duobus item palmis latum, ex politis lapidibus compac- 

1 Roma, i65o, in-Zi" de 780 p. ; ibid., i66a, in-/i°, p. 33o ; Bologna, 
1672, 1. 1, p. 4i5. Cil'. Ign. GiAMPi, Délia v'da e délie opère di Pietro délia 
Valle il PeUecjrino, Roma, 1880, gi-, in-8° ; Rôukicht, p. 337-8. 

2 QuAiiESMius, op. cit., t. II, 1). 807-8 (le texte porte comme date « die 
19. Noveinbris in Sabbato » ; il faut lire « Dccembris )>, comme dans 
le récit de Q.) ; M. de Vogué, ouvr. cité, p. 35r. 



86 NOTRE-DAME DE LORETTE 

t.um a priscis illis Chrisli fîdelibiis ex interiori parle acljectum 
reperinius. Ilocigitur dimisso, a vetusto ac vero incipienles funda- 
menlo, lineamque mensuralionis reclam ab ipso ducenles, sunima 
omnium exultatione planta) sanctaj Laurelanœ donius per omnia 
œqualis invcntus est Nazareth locus, et fundamcnta mûris, et 
domus fundamentis, locusque loco, situs situi, spatiumque spatio, 
Nazareth inquarn et Loreti, dempto quod dixi, omnino convenire 
ac comniensurnri, divina stipulante gratia, vcracitcr invenimus. 
Ilis itaque ex eisdem fontibus pure haustis, ad fidelium consola- 
tionem fideliter promimus, ut nullus deinceps in re tam gravi 
dubitandi locus supersit. Sed qualiter illi viri, qui tempore Nico- 
lai IV summi Pontificis ob hoc Nazareth missi, taie inde probatum 
lulerinttestimonium, penitus ignoro ; oum id quod nos, Deo dan te, 
expérimente fecimus, ipsi tune temporis sic facere minime potu- 
erint. Nihilominus ncc Nazareth, nec Loreti apparet, quod lecerint. 
Nunc igitur id quod multis abhinc annis religionis zelo a quibus- 
dam desiderabatur, abaliis vero curiositatis et indagandœ veritatis 
titulo quierebatur, sole clarius diebus nostris probatum remanet i. 

En 1621, Louis des Hayes, baron de Couimenin, fut en- 
voyé par le roi Louis XIII à Jérusalem pour y établir un 
consulat français et faire rendre aux Franciscains le service 
des Saints Lieux qu'avaient accaparé les moines arméniens. 
Il publia à son retour, en 162,^, la première édition du Volage 
de Levant fait par le commandetnenl dv Roy en l'année i62i 
par le siear D. C. Il arriva d'Acre à Nazareth par Sepphoris: 

A rextrcmilc orientale de ce village est le lieu de l'Annonciation. 
L'on y voit encore les ruines d'une grande église que les Chrétiens 
y firent bâtir pour couvrir la chapelle, qui est à la môme place oi^i 
était la chambre de la Yierge qui a été portée à N°-D° de Lorctte. 
On descend dans cette chapelle par dix degrés. Le lieu où était la 
Vierge, et celui où était l'Ange quand il parla' à elle, se remar- 
quent encore par deux colonnes que les anciens Chrétiens y firent 
mettre pour en conserver la mémoire. Les miracles qui y sont 
assez ordinaires n'émeuvent pas les Chrétiens seulement, car les 

1 QuARESMius, op. cit., t. II, p. 886-7. Cf. Mautouelli, t. II, pp. /ti3-4 
et 4 16. Cette relation ne figure pas dans Rôuiught, qui mentionne 
(p. 177) à l'année lôao (par erreur pour 1620 ?), la relation du voyage à 
Jérusalem de Tliomas de îSovase (sic), d'après Bernardino Aniico de 
Gallipoli (p. 219). 



ETUDE HISTOR. SUR LÀ S. G\SA 87 

Mahomélans mÔQics y accourent en plusieurs de leurs maladies 
pour y trouver guérison. 

Ce saint lieu a été longuement abandonné des Chrétiens^ car il 
n'y a que cinq ans que les religieux Cordeliers y demeurent ; ce 
qui est arrivé par le soin et la diligence du P. Thomas de Novare, 
alors gardien de la Terre Sainte, qui, au nom du Roi, en obtint 
la permission de l'émir Facardin K 

Bien que l'ouvrage de François Quaresmio ^ soit qualifié 
de « rare et fort recherché » par les bibliographes 3, il n'a 
pas encore valu à son auteur une place dans les biographies 
générales ''. L'auteur était franciscain ; originaire de Lodi 
(Laadensis), il fut gardien de Terre Sainte et commissaire 
apostolique. II écrivait en 1626 ^, Son livre, c rempli de 
détails curieux sur la Terre-Sainte n, est l'arsenal dans lequel 
ont puisé et puiseront longtemps encore ceux qui ont à par- 
ler des antiquités de la Palestine. Ces motifs seront la justi- 
fication des extraits copieux qui vont suivre : 

Libr. Vil, cap. i. — ..., De Ecclesia Annuntiationis quœ pluries 
cum aliis observavi, hœc accipe : et, quantum ad situm, est in ultima 
dcclivitatc coUis et vilkc versus Meridiem : longitudo est ab Occi- 
dente adOrientem; materia est alba, mollis rupes, et lapidea struc- 
turai forma : primo est ibi specus in rupc ipsa excisa; vel ita a 
natura producta, et arte adjuta et pcrfecta : qUœ fulcitur vetus- 
lissimis mûris a parte Aquilonari, Meridionali et Occidentali. In 
Orientaliest altare majusAnnuntiationi beata) Virginis Maria) dica- 

1 Paris, 1624, in-4o de 4o4 p. ; 2° édit. corrig, et augm., ib. 1629 et 
1662, in-/i°, 2 cart. ; 3° édit., ib. i643, in-4°. Cf. Rôhright, p. 342. 

2 Hisloi'ica, theologlca et moralis Terrss Sanctce elucidatlo, in qiia ple- 
raqiie ad velerein et prœsentem eiusdein Terrse statiiin spectanlia acciiratè 
cxplicaniur, varij crrores refellunlur, veritas fidelitcr exadeqiie discidi- 
tur ac comprobatur, opiis non iantàin ad Terrain sanctam proficiscentibus, 
sed etiam sacrœ Scriptvrœ studiosis et divini verbi prœconibas vtilissimum ; 
Ântuerpiaj, 1689, 2 vol. in-fol. de xl-934 P--49 f- et ioi4 p--6o f., avec 
carte et planclies ; edit. 2" a p. F. Gypriano de Tarvisio recognita et 
adnotata, Venetiis, 1880 -a, 2 tom. en 4 vol. in-4°. Gff. Margkllino da Gi- 
VEZZA, Bibliofjvafia Sanfrancescana, 1879, p. 479-80 ; Rôiiricut, p. 289. 

•'' Brunet, Manuel du libraire, i803, t. IV, c. 797. 

'^ Il est absent de Phillips, Dlclionary of biographical référence, Lon- 
don, 1871. 

3 « ... Abanno Dom. 1G20. usque ad prtesentem 1626 » (t. II, p. 836""). 



§8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

tum. Alla quœsunt, rccenlcr sunt construcla post sancU loci recu- 
pcratioiicm. 

E regione allaris, vcl fornicis sacelli, ad Mcfidicm declinando, 
sunt dutC marmorea) columnœ mixti sivc grisei coloris ad nigrum 
niagis lendcntis : altéra, et magis iiiterior, erecta, pendens c foniicc 
sine fundamcnto, distans ab co ad quinquc circiter palmes ; altéra 
intégra in angulo : illa Marias A'^irginis dicitur, quod pie creda- 
tiir, ibi sanclam Virginem fuisse, quando fuit ab angelo salutata: 
isla angeli appellatur, quia ibi in adolescentis babilu Archange- 
lum Gabrielem sletisse, quando Virginem salutavit, traditio est. 
Sacellum quadralum est ; projeclura demissa satis ; testudo ipsa 
rupes. 

In parte Meridionali appositum est alterum sacellum, altius, 
longius, meliusque elaboratum. quod Angeli nunc appellatur. 
Olim, quando primo sacrum locum invisi, erat ingressus ex hujus 
angulo Orienlali; nunc clausum est illud ostium, et per alterum 
factum c regione illius in eadem parte per sex gradus ingredi- 

mur : est enim ferme subterraneum 

Sacelli hujus pavimentuni stratum erat opère tesscllato, ut ex 
parte stratum et nosvidimus ; inter hoc et alterum Annuntiatio- 
nis erant olim cancelli, nunc dumtaxatillorum signa extant. . . 

Sacram hanc œdiculam sancti Christi discipuli, postMagistri sui 
in cailos admirabilem Ascensionem, in Ecclesiam dedicarunt : 
posteà vero, crescenle cum pietatc fidelium numéro et potenlia, 
circa et supra ipsam magnilica et illuslris Ecclesia cum episcopali 
palatio a3diricala fuit, ut statim cum Adrichomio dicemus. 

Ecclesia ista fere tota coUapsa et destructa est, muro aquilonari 
excepto, cui annexa erat Antistitis domus, et in pra3sentia restau- 
rala, in qua habitant Fratres D. Franscisci. In purgatione sancti 
loci, multa eruta terra pavimentum ex dolatis quadratis marmo- 
ribus deprchensum est, cum basibus et fundamentis columnarum: 
et earumdem partes similes duabus, de quibus antea ; ex his et 
superstite muro talem fuisse Ecclesiam dijudicatum fuit. Longitudo 
erat ab Occidente in Orientem : duos habebat ordines columna- 
rum : sacrum antrum et sacellum Annuntiationis erat in lœva in- 
gressus Ecclesiœ, navi videlicet aquilonari, ad quod per sex gradus 
descendebatur : et ex hac parte erant annexœ habitationes, ut et 
in praîsentia ex parte restauratœ ; undc ex hac aquilonari parte 
ex domo possumus per scalam reccntcr factam descendere. Longa 
satis ; et in Occidentali plaga campanile habebat, quod adhuc extat. 
Omnia quidem demolita et consumpta ; nihilominus ex supersti- 



ETUDE HISTOR. SUR L.^ S. CASA 89 

libiis reliquiis, riiinis et fundamcntis, egregia aedificia ibi olim 
fuisse ccrlù compcrimiis. 

liane autem Ecelcsiam esse illam Annuntialionis beatte Marioe 
Virginis, non videtui" dubio Ycrlcndum ; lum quia ut esse debuit 
pra^cipua inter omnes Nazarethas, propter prœcipuum Incarnalio- 
nis Verbi De! rnysterium in ea operatura, talis vere dignoscitur, et 
non alia : si cnim non lalis fuisset, forte née esset illius memo- 
ria ; tuni quia cîim in sancta civitale Nazareth alia3 memorenlur 
Eccicsia) cum suis nominibus, et niilla, isla excepta, Annuntiatio- 
nis appellatur nedum ab Orientalibus Christicolis, sed etiam ab 
istis Mahometistis. Tum dcnique, quia semper ab omnibus iideli- 
busetperegrinis pro tali habita est, et tali intuitu venerationi ha- 
bita, ut et hoc ipso ni pra^senlia honoratui. Nomina et tempora 
in ipso fracto marmorc peregrinorum cernuntur, ab anno i386 * 
et infra : ex quibus datur intelhgi antiquitas illius peregrinationis ; 
et quod postquam sub Mahometistarum tyrannidem redacla fuit, 
nihilominus, ob Incarnationis rnysterium in ea operatum, semper 
a fidelibus venerationi sit habita . 

Columna illa beata; Mariœ appellata, fracla dicitur fuisse in infe- 
riori parte a Mauris, quod sub ea magnum absconditum fuisse 
thcsaurum credercnt. Dicam quod ibi manens aliquibus mensibus 
observavi, et audivi. Ab incohs hujus regionis plurimi œstiniatur ; 
ingrcssique Ecclesiam pietate et fide eam deosculantur, cingulis 
suis eam metiuntur et cingunt : et si doloribus in humeris reni- 
busquc lorquentur, ad eam accedunt, et continuo adhœrent, spe- 
rantcs se contactu illo sanandos ; et sanantur : dixilque mihi 
P. l*\ Jacobus Varedosona, de que infra, loci prœfeGlus, scandalum 
csseapud illos quœrevc, an sintsanitalem consecuti ; quasi dubium 
sit, eam modo pra3diclo contingentes non sanari "^. 

Dans le chap. ni, Quaresmio recherche les causes qui ont 
amené la destruction du superbe (eximil) temple de l'Annon- 
ciation (comparé par lui dans le chap. précédent à celui de 
Salomon) et sa translation en Occident. Il n'hésite pas à dé- 
clarer que ce fut « in pœnam iniquorum hominum » ; « ad- 

' Le P. de Feis a imprimé trois fois par erreur « 386 » au lieu de i386 
(p. 92 ; p. 28 ; p. 71), ce qui serait de conséquence. Ce marbre, si pré- 
cieux pour riiistoire du pèlerinage, cité ici pour la pi'emière et la der- 
nière fois, subsiste-t-il encore !* on pourrait presque dire : a-t-il jamais 
existé ? 

2 T. II, p. 825-6 (lib. Yll, cap. i). 



90 NOTRE-DAME DE LORETTE 

dunt alii, dit-il plus loin, nimiam regnandi libidinem, effre- 
nem lasciviam et ssevam crudelitatem ». Et ils le prouvent 
par une légende des Nazaréens (ex quadam tradilione Naza- 
rœoram, en marge : Mauronim relalio), que Quaresrnio s'em- 
presse de reproduire : 

Gum Episcopus quidam (quem incola3 Imjus regionis in refe- 
renda hisloria sive traditione, Fesco/ appellant) circa annuni Do- 
mini 1268 prœesset sacraî Nazarenœ urbi, et aliis circumjacentibus 
oppidis et villis a chrislianis habitatis, habitaretque in œdibus 
episcopalibus sacri lempli dominicœ Incarnationis, in quibus nunc 
habitant Fiansciscani Fratres : cum, inquam, intellexisset hic Epis- 
copus excei'citum quemdam numerosissimum Mahometistarum 
occupasse raagnam Palœstinœ partem, suœque ditioni appropin- 
quare, nec posset hostis illam expugnare, proi:)ter optimam habi- 
tantium unionem et concordiam ; impiura hoc saivus et callidus 
hostis excogitavit et implevit consiUum, corrumpere secreto Epis- 
co})um pollicitationibus et muneribus, ut illius opéra regio ad 
illius manus deveniret. Facile quod intendebat Mahometista obti- 
nuit ab impio et proditore Episcopo, qui etiam timebat unà cum 
officie et vitani amittere. Itaque ob temporale commodum tradi- 
dit urbem et cives infidelium direptioni. Quod in hune modum 
accidisse dicitur : Erat in sancta civitate campanile (et illud cre- 
ditur quod nunc extat, de quo jam diximus Cap. I.) et supra 
ipsum magna campana, quœ pulsabatur ad congregandos nedum 
in urbe, sed etiam in proximis villis habitantes, vel ad sacra fa- 
cienda in templo, vel ad se muniendum contra hostium insultus, 
vel ad alia negotia quœ ad commune bonum specfant. Itaque 
vehementi sono aliquando, jussu episcopi, fuit pulsata campana ; 
et collecti cives, et dispersi in pagis et villis ad sacrum templum 
convenerunt ; et, clausis januis, ita illos est allocutus Episcopus : 
« Durum et difficile nobis est lam numeroso militum exercilui 
Icrram islam vastanti et opprimenti resislere : videle quomodo 
brevi banc sibi tolam f'ere regionem comparavil, suoque cultui 
subjecit, et quid nos pauci lacère poterimus ? Melius est ut ani- 
mabus vestris, uxorum et fdiorum parcatis, vos tradendo potes- 
tati illorum, eorumdemque religionem suscipiatis, quam ferro et 
igné ab illis.consumi. Unum ergo ex bis ehgite, vel crudelem mor- 
tem, vel Mahometistarum im'perium et legem juxta ducis excerci- 
tus prœscriptum ». 111e (qui forte schismaticus et haîreticus erat) 
mahomctica vivendi licentia illectus ; et ne protinus dominio pri- 



ÉTUDE HISTOR; SUR LA S. CASA 91 

varetur, ainplexus mahomclicam irnmundiliam et superstitioncm, 
tiarani in dulibanluin convertit; et ex pastore, non quidem merce- 
narius, sed lupus effectus, hostium auxilio desajviit in chrislianos 
illos, et interfecit illos; quoniam maluerunt magis gloriosam mor- 
teni pro Christo sulTerre, quam veram religionem pro impia et im- 
munda superstitione deserere. Et non solum in oves illas innoxias 
suam exercuit sœvitiam et rabiem immanis ille lupus ; sed, ut 
araplius conlestaretur se Christi et ejus sanctissima) Matris hoslem, 
sanctam Givitatem, quaî utrumqiie aluit, et teniplum egregium et 
illustrissimuni vastavit, parte Septemtrionali excepta, ubi suum erat 
palatium et annexum sacellum : quod forte ctiam funditus evertis- 
sel, nisi fuissel a Deo prohibllus, et suœ domus jacturam non 
timuisset. Atque hoc pacte cum tanla Christianorum cœde Yaslala 
fuitsancta Givitas, et magna Ecclesia Annuntiationis Sancta) Mariœ 
Virginis desolata, totaque regio sub Mahomctistarum tyrannidem 
redacta. Et hœc quidem senes Nazareni, ut acceperunt a suis ma- 
joribus, tradiderunl Fratribus nunc in sancta desolata civitatehabi- 
tantibus ^. 

Il convient, avant de poursuivre les extraits de Quaresmio, 
d'apprécier la valeur historique de ce récit. Cette légende 
de l'évêque qui, par crainte de la mort, renie sa foi et tro- 
que sa mitre contre un turban, est restée endémique à Naza- 
reth : M. G. Le Hardy la recueillie sur place à son pre- 
mier pèlerinage. Cet érudit l'a discutée et a cru la réduire 
à néant par la simple étude du titulaire de Tarchevêché de 
Nazareth à cette époque : Guy. un dominicain, élu en 1271, 
mourut en Occident en 1298, ayant obtenu du pape le trans- 
fert du titre archiépiscopal de Nazareth à Barletta -. La date 
de 1268 environ donnée à la légende par Quaresmio ne fait 
point obstacle, car lui-même datera plus loin la translation 
de 1294. Mais les dernières recherches sur les archevêques 
de Nazareth confirment-elles ces données? Le catalogue des 
actes du royaume de Jérusalem fait constater la présence de 
Guy à Saint-Jean-d'Acre les 11 mars 1270/1 et 22 juin 1273''. 

1 T. II, p. 833-ii (lib. VII, cap. m). 

2 Histoire de Nazareth et de ses sanctuaires, pp. 106-7, ^^^' 160-3, i64 
(d'après Gaais, Séries episcoporum ecclesiae calholicae, 1878, pp. 453 et 908). 

^ RôiiRicHT, Regesta refini Ilierosolymitani, 1890, pp. 358 et 36i, n°' 1378 
et i388. 



92 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Il eut pour successeur, à sa mort, un frère de l'ordre du 
Temple, Guillaume de Saint-Jean, qui fut pourvu par Nico- 
las IV, le i/| juin 1288. Dans sa bulle, le pape, en qualifiant 
Guy de frère « bone memorie » ^ rend absurde l'accusation 
d'apostasie que cette légende a fait planer sur lui. Son suc- 
cesseur, Pierre, contraint par les malheurs dés temps de 
s'exiler, se rendit à Padoue, dont la commune lui fournit un 
logement; Clément V chargea le monastère de Sainte-Jus- 
tine de pourvoir à son entretien. En iSiy, sous Jean XXII, il 
résidait encore à Padoue : le siège de ïNazareth n'était donc 
point dès lors fixé à Barletta'^. 

Il serait sans doute injuste d'accuser Quaresmio d'avoir 
inventé cette « abominable légende », mais il demeure indu- 
bitable qu'il a été le premier à la mettre en circulation et on 
ne saurait trop le blâmer d'avoir ramassé cette vilaine inven- 
tion levantine, forgée pour amuser la crédulité des Occiden- 
taux ; le miracle de la translation n'avait pas besoin d'être 
justifié par une historiette souillée d'une atroce calomnie. 
Quand elle a été fabriquée, on ignorait — puisqu'on a parié 
d'un simple évéque (episcopus quidam), omettant, pour ne pas 
se tromper, un nom qui aurait dû être dans toutes les mémoi- 
res — que Nazareth avait été érigé, depuis près de deux siè- 
cles, en métropole. Les faussaires sont toujours trahis par 
quelque expression inexacte : on en rencontrera de nom- 
breux exemples dans la suite de cette étude. 

Reprenons nos extraits de Quaresmio : 

Ilœc tam enormia crimina deteslalus Dominus et sanclisshiia 
ejus ^laler, jussil angelis ut inde sacrum suum domicilium, solis 
reliclis fundamenlis,adChnslianorum partes déferrent. Elprobabile 
hoc videlur ; quia postea, ob similia crimina, eadem sacra domus, 
quia non multum œslimabalur, quia multi illius occasione occide- 
banlur, et ex lanlo tliesauro inler ipsos Fratres jurgia oriri cœpe- 
runt, secundo, tertio et quarto translala fuit 'î. 

' Ernest Lakglois, Les Registres de Nicolas IV, 1886, t. I, p. 27". 
2 Conrad Eubel, llierarcida caUiollca medll aevi, 1S98, p. 870. 
^ T. II, p. SS^" (lib. VII, cap. m).. 



ÉTUDE inSTOR. SUR LA. S. CASA 98 

Dans son chap. v, l'auteur cherche à répondre aux dif- 
ficultés qui résultent de la vénération simultanée du lieu de 
rincarnation à Nazareth et à Lorette. 

La première réponse a été donnée plus haut par le cha- 
noine de Novare, G. F. Alcarotti (1587). 

La seconde, par l'évoque de Stagno,Bonifacio Stefani(i573). 

La troisième réponse fut suggérée à Quaresmio par le 
P. Jacques de Vendôme, qui fut gardien de Nazareth en 1620 
et l'était encore en 1626 : 

Post multam indaginem et considcvationem ad difTiculla- 

tem rcspondit, Lauretanam donium fuisse esancto Nazareth loco, 
ubi nuiic est capella Angeli supcrœdificata, Iranslatam. 

Nec obslat, quod ista non recentior Lauvetana appavcat ; quia 
id accidit, quod non ut illa custodita fît, ut antea dictum fuil; 
nec quod ista illa aTigustioi- fit, quoniam non adœquate supra 
vetera fundamenta fuit superœditicala, sed infra super ipsum pavi- 
menturn prœexistentis domus : et ex eo probat, quod infcrius in 
Meridionali et Occidentali parte juxta portam recenter factam, c 
muro ablalis lapidibus, dcpiehensum fuit vêtus pavimentum, oui 
dicti lapides liœrebant : quare cubiculum proximum antro quod 
superfuit, et nunc in Nazareth invisitur, ablatum fuit ministerio 
Angelorum et in situ illius, etsi non ei ada3quctur, quod nunc est 
saccllum Angeli superaîdificatum : et illud mihi postea ostendit^. 

Esprit Julien, né à Malaucène (Vaucluse) en i6o3, entra 
chez les carmes déchaussés de Lyon en 1620 et fit profession 
l'année suivante, sous le nom de Philippe de la Très-Sainte- 
ÏRiNiTÉ. 11 partit pour Ispahan et Bassora en 1629, revint 
des Indes à Rome en 1689 et repartit bientôt pour l'Orient, 
oîj il parcourut les trois Arables, la Syrie, la Mésopotamie, 
la Chaldée, l'Arménie et la Médie : 

In extrcma clvitatis parte est conventus patrum Sancti Francisci, 
in eodem. loco aîdificatus, ubi olim domus Lauretana beatissirnœ 
Virginis extabat. ... Conventus nunc est destructus, decem prius 
continebat cellulas et officinas conventui proportionalas ; horlu- 
lum habet et ecclesiam, sed combustam, ejusdem magnitudinis 
ac est domus Lauietana, quœ in ipsomct loco fuisse dicilur. Sub- 

1 QuAiiESMius, t. Il, p. 830" (lib. VII, cap. iv). 



9^1 NOTRE-DAME DE LORETTE 

tus ecclesianî esl locus subleri-ancus, ecclesiîB in dimensione cor- 
respondens ; niuri ejus ul pluriraum non sunt lapidei, sed in na- 
tive excavati solo : hic creditur ab aliquibus celebratuni sacro^ 
sanclum Incarnalionis mysterium, quod et ab eis tmditione et 
ratione confirniatur ; ibi quippc in extveniitate septenttionali loci 
suntduœ colinnticU marmoreaî, circitcr quinque palmas crassa; et 
duodecini altct; : una in loco ubi sanclissima Virgo orabat, quando 
angélus ad cam salulandam ingressus est ; alia verô ad occiden- 
taleni illius prioris partem, in loco ubi archangelus sanctus Ga- 
briel slabat, cum sanclissimam Yii-ginem salutavit : hœ duœ co- 
lumnaî \ix tribus palmis distant. Hic collocalœ et ercctœ tradun- 
tur a sancla Helena, ad perpetuam hujus sacrosancti mysteiii 
venei-ationem : sed quod ibi mirabile dictu videtur, esl, quod illa 
columna quaj esl in loco bcalissimœ Virginis a Turcis fracla est 
in inferiori parte, credentibus infra earn esse aliquem tliesaurum, 
ex eo quod Christian! eam lanta veneralione colebant : sic \oro 
fracla distat a solo quinque palmis, parieti non adhœret, superio- 
rem lantum loci partem attingit : undc miraculose in aëre cre- 
ditur subsistere. De illa etiam traditur, quod peregrinus volens 
devotionis causa lanlillum assumere, viderit angelum, qui incre- 
pans dixit ei : « Vide ne sub prelextu devotionis, et fîlium et 
matrem offendas. » 

Hic locus creditur esse maximum totius orbis sanctuarium ; et, 
merito, cum maximum ibi mysterium, videlicet Dominicae Incar- 
nalionis, celebratuni sit. In eo tria sunt altada, duo in extremi- 
tate australi prœdictis columnis opposita : primum est Annuncia- 
tionis, correspondensprimœ columnœ ; secundum est sancti Joseph, 
correspondens secundjB. In parle occidentali loci est parvum ai- 
tare sanctae Annte dicatum ; in angulo occidentali est janua, qua 
per aliquot gradus ascenditur ad hortum, ibique est feneslra qua 
locus aliquantulum illustratur ; in parte vero orientali est porta 
qua, per gradus: obscuros. ascenditur in conventum. 

.... Unde sacra domus Lauretana ab angelis (eo tempore quo 
noatri religiosi, qui hujus domus curam habebant a barbaris tru- 
cidati sunt) in Europam tam insigni miraculo fuit translata : ibi 
quotidie célébra tur processio, ac in singulis allaribus singulœ fumt 
slationes ; ubi anliphonaî, versiculi et orationes juxtaloci exigen- 
liam decanlàntur. 

Non tamen ex dictis sacrée œdis Lauretanin honor et revorenlia 
diminuilur : nam licetin hoc loco jam delinealoineffabileac sacro- 
sanctum Incarnalionis myslerium celebralum esse dicatur (traditur 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CA.S\ ^5 

éniiii bealissimairi Yirginem in illo Idco tariquam secretiori, ut in 
oratorio solitarn orasse), tamen tota domus lioc mysterio sanctiii- 
cata, ac dedicata fuit; maxime cum Christus Dominus, ejusque 
sanctissima parens, sancti Joseph, Joachim et Anna hanc domum 
Lauretanam incoluerint, millies ejus muros tetigerint ; erat enim 
locus habitationis ipsorum, ut ex ipso camino, aliisque apparat. 
Quaî circa liœc dicta sunl, non mea authoritate fulcio ; sed solum 
refero, quœ traditione ac relatione aliorum percepi (IllnerarUim 
Orientale, lib. X, cap. ix) *. 

Sed hœ omnes civitates vix, ubi fuerint, suis apparent vesli- 
giis ; solœ aliquai ut Nazareth et Bethléem, ob sanctuaria, quai 
continent, divina providentia conservantur ; iHa enim, quia patria 
Christi Jesu, Mariœ, Joseph et Joachim ; hœc vero, quia locus 
nalivitalis Christi fuit, œternam merentur durationem. 

Quantum ab antiqua illa decidit gloria, quotidie vident, qui 
ibi peregrinantur {Itinerarbin Orientale, lib. XI, cap. ii). 

Nel principio di Novembre m' inviai perla sanla Gittà di Naza- 
ret venti miglio distante da Tolemaide... La Gittà di Nazavet è 
nella discesa di un monte, e nell' ultima parte di essa è il Con- 
vento de' PP. Francescani, fabricato nello stesso luogo, dove era 
altre volte la Casa di Loveto délia Bealissima Vergine {Vlaggi Orien- 
tali, lib. X, cap. ix) -. 

Les Franciscains firent imprimer en Europe, en i63i, un 
manuel contenant leurs processions quotidiennes en Terre 
Sainte ^. 

Le P. Eugène Roger, récollet, « missionnaire de Barba- 
rie », parcourut tout l'Orient (Egypte, Arabie, Syrie et Grèce) ; 
il passa cinq années en Terre Sainte et vécut vingt mois à 
Nazareth en compagnie du P. Jacques de Vendôme, qui vient 
d'être nommé. Il demeura en Palestine jusqu'en i634, ami 
de l'émir Fakhr ed-Din, prince des Druses, dont il joignit la 
vie à sa Description de la Terre Sainte : 

1 Lugdvni, 1649, pet. in-S" de 43i p. (p. 48). Gtî. Gâtai Riant, t. II, 
I, p. 309- to ; RoHRictiT, p. 247. 

2 Roma, 1G66, in-8", p. 68. 

3 Manvet processional ov sont contenues les Processions qui se font tous 
les iours en la Terre Saincte par les Pères de S. François, es Saincts lieux 
de Nazareth, Bethléem et du S. Sepulchre de nostre Seigneur lesvs-Christ en 
la saincte cité de Hierusalem ; Lyon, i03i, in-8" de 27-1 p., mus. 



9tJ NOTRE-DAME DE LORETTE 

On lient qiie la maison où l'ange salua la Sainte Vierge, et où 
elle demeura avec Nolrc-Seigneur et saint Joseph, était du patri- 
moine de sainte Anne. Elle est au milieu de la ville, toutefois en 
la partie basse qui est vers orient. Toute cette sacrée demeure con- 
siste en une salle basse, dont une partie est de brique et l'autre est 
taillée dans la pierre de la montagne. Il n'y a ni cave ni chambre. 

On tient que les Anges ont enlevé et porté à Lorette la maison 
qui était faite de carreaux en forme de briques. Les fondements 
en étant restés à Nazareth, on a bâti sur iceux une chapelle qui se 
trouve de la même longueur et largeur que celle de Lorette, à sa- 
voir : environ vingt cinq pieds de longueur, et onze de largeur, ou 
un peu plus, et environ douze ou treize pieds de hauteur. Pour y 
entrer il faut descendre quatre degrés. La porte est au midi, n'y 
ayant qu'une fenêtre, laquelle avec la porte fournit la clarté de la 
maison . 

L'autre partie de la maison joignant celle-ci est une grotte faite 
en forme de voûte, qui a quatorze pieds de longueur, cinq pieds 
et deux pouces de largeur, et huit ou neuf de hauteur. Le tout 
dedans œuvre. C'était en cette grotte que la Sainte Vierge était lors- 
que l'archange Gabriel lui annonça l'ineffable mystère de l'hicar- 
nation. 11 était à deux pas de la Sainte Vierge quand il la salua. 
Elle avait la face tournée vers Jérusalem. 11 n'y a point de sépara- 
lion entre la maison et la grotte. Le tout n'étant qu'une chapelle 
où il y a quatre autels, à saA'oir : un de Sainte Anne, un autre de 
Saint Gabriel, lesquels sont en la maison. Les deux autres sont en 
la grotte, savoir : un dédié à la sacrée Vierge où repose le Très 
Saint Sacrement, et l'autre est de Saint Joseph. 

Il faut dévaler une marche seulement pour entrer de la maison 
en la grotte, n'y ayant aucune séparation, l'une et l'autre ne faisant 
qu'une chapelle, non plus qu'elles ne faisaient qu'une salle ou 
chambre. Du côté de l'Occident, il y a vingt cinq ou trente briques 
ou pierres taillées, toutes semblables à celles de quoi la chapelle 
de Lorette est bâtie, et ces pierres ou briques servent pour soute- 
nir un petit coin de la grotte. Ces briques y ont été posées par 
saint Joseph ^ 

Un gentilhomme normand, François-Charles du Rozel, 

seigneur du Gravier, fît le pèlerinage de la Palestine en i644- 

^ La Terre Saincte, ov description lopographiqve tres-particuliere des 
Saincts Lieux et de la Terre de Promission... ; Paris, i646, in-li" ; Ibid., 
i664, in^" de 6 f.-AgS p.-i4 f., carte, grav. (p. 56-7). CfF. Marcellino da 
CivEZZA, op. cit., p. 5oo ; Rôhriciit, p. 248-9. 



ÉTUDE lîISTOR, SUR LA. S. CASA 97 

Parti de Venise le 7 août, il débarqua à Saint Jean-d' Acre le 
23 septembre ; le lendemain il était à Nazareth : 

Nazareth a esté autrefois une des plus belles villes de Galilée ; elle 
était située sur une montagne, mais à présent il n'y a plus qu'un 
chétif village dont les maisons ne sont la plupart que des grottes 
laites sur le coteau du dit mont. Au bas duquel village est le cou- 
vent des religieux (les mêmes qu'en Jérusalem d'où ils sont tirés), 
qui a été fort grand, oii étaient une quantité de religieux qui avaient 
une fort belle église bâtie sur la même place, oii était la Sainte-Case 
de la Vierge, où le mystère de notre Rédemption s'est opéré. Mais 
à présent, tout est ruiné, et n'y a plus qu'une petite chapelle sur 
la place de la dite Sainte-Case, où il y a trois autels. Il s'y voit en- 
core deux belles colonnes de marbre fort rare, qui sont l'une au 
même lieu où était l'Ange quand il fit la salutation, et l'autre à l'en- 
trée, où était la Vierge lui faisant réponse; et dans la place où était 
la fenêtre par laquelle l'ange entra, il y en a encore une autre. Les 
Turcs ont rompu à environ deux pieds de la terre celle du lieu où 
était la Vierge, croyant qu'il y eut de l'argent dedans, et le haut 
s'est merveilleusement tenu suspendu par le chapiteau à la voûte. 

Le couvent est aussi presque tout abattu 1. 

Bernardin Sunius, récollei, fut « président du Sainct Sepul- 
chre et commissaire de la Terre Saincte » de i644 à 1647. 
Son manuel des pèlerins de Jérusalem parut d'abord en fla- 
mand ^. La traduction française fut imprimée d'abord à 
Bruxelles en 166/i : 

Les Apostres (comme on dit) bastirent de leurs propres mains la 
grande Croix de bois, qui se voit encore à présent dans la Chapelle 
de Lorctte, et S. Luc fit la sainte Image de bois de Cèdre. 

L'an 1291... cette chapelle fut eslevé de ses fondemens miracu- 
leusement par les Anges et portée en un lieu nommé TersaUo... ^. 

Jean Doubdan n'était pas encore « chanoine de l'église 

1 Voyage de Jérusalem et autres Lieux Saincts, effectué et décrit..., pu- 
blic avec préface, annotations et commentaires par Bokneseure de Saint- 
Denis ; Paris, 186/1, in-S" de 106 p. (p. 3o-i). Cf. Rôiiuicht, p. 256. 

s Den Godvnrchiujhen pekjrim of te Jerusalemsche Reyse... ; Brûssel, 
i65o, in-8° de xlviij-gio p. Cf. Rôhhicht, p. 257. 

3 Le pieux pèlerin ou voyage de lerusalem..., contenans la description 
topographique de plusieurs royaumes, pais, villes... ;liiv\sselles, 16OG, in- 
h" de 5g6 p., port., carte (pp. BoG-g et 070-3). 

N.-D, DE LORETTE 7 



gS NOTRE-DAME DE LORETTE 

royale et collégiale de S. Paul à Saint-Denis en France » quand 
il se rendit en Palestine en i652. Il arriva à Nazareth le 6 mai, 
sur les huit heures du soir : 

Ce qu'il y a de plus considérable à présent, que la place est pres- 
que toute ruynée, c'est la Chapelle où la sainte Vierge cstoit lors- 
que l'archange s. Gabriel l'alla saluer, et luy porter les heureuses 
nouvelles de l'Incarnation du Verbe divin qui se devoit faire en son 
sein virginal. C'est une grotte creusée dans la roche au penchant 
de la montagne, laquelle contient seize pieds de longueur, cinq et 
demy de largeur du costé de l'autel à l'Orient, et dix à l'autre bout 
vers l'Occident, à cause que les murs sont un peu de biais, et envi- 
ron neuf à dix de hauteur, et qui faisoit partie de la maison où la 
Saincte Vierge demeuroit en ce temps-là... Ainsi estoit la maison de 
la Saincte Vierge composée d'une grotte taillée dans la roche comme 
un cabinet et d'une sale basse par le devant..,. Aussi est-ce la 
mesme que les vVnges ont transportée miraculeusement de Nazareth 
en Italie, à Lorele, où elle est à présent honorée et visitée de toutes 
les nations de la terre... La Diuine Providence ayant voulu parta- 
ger cet Auguste Tabernacle de saincteté, en a l'ait transporter une 
partie par les Anges à Lorete... et a laissé l'autre partie sur le 
lieu... 1. 

Il s'exprime différemment dans sa 3" édition : 

L'an 1291... les anges par vm miracle sans pareil enlevèrent la 
première partie de cette Sainte Maison ...et par dessus les mers 
la portèrent... Pour en conserver la mémoire, les Ghrestiens, quel- 
ques années après, furent (= firent) rebastir à la mesme place de 
Nazaret, une Chapelle presque semblable à celle qui est à Lorete, 
de mesme longueur de vingt-six pieds, mais non de mesme lar- 
geur, parce qu'elle n'en a que huict, ce qui est arrivé de ce que 
les murs, qui ont trois pieds et demy d'épaisseur, sont compris 
dans l'espace de la première, qui en a treize et qui par ce moyen 
doit estre plus large 2. 

1 Le Voyage de la Terre Sainte, contenant vne véritable description des 
lieux plus considérables que Nostre Seigneur a sanctifié de sa présence, pré- 
dications, miracles et souffrances, l'estat de la ville de Jérusalem..., où il 
est traitté dujleuue Jourdain, de la Mer-morte, de la Quarantaine, de Naza- 
ret, du Mont Thabor et autres places célèbres ; l'aris, 1657, in-4°; 2'= édit., 
ib. 1661, in-4°, p. ^84-91. Cf. RômiiGHT, p. 2O2. 

2 3° édit. reueue, corrigée, augmentée, Paris, 1666, in-A", p. 5i2, 



ÉTUDE IITSTOR. SUR LA. S. CASA 99 

A propos d'une maison occupant l'atelier de saint Joseph : 

Celte maison me fait souvenif qu'il y a des authem-s qui ont 
escril qu'il y a deux églises à Nazareth et qucNostre Seigneur a esté 
conçeu en l'une cl qu'il a esté nourry et eslevé en l'autre, prenant 
celle de la Yicrge où il a esté conçeu pour la première, et cellc-cy de 
saint Joseph, où il a esté nourry et eslevé pour la seconde... Il me 
semble qu'on doit plustot dire que ces deux églises ... sont les 
deux chapelles de la maison de la Vierge, je veux dire la grotte 
où il a esté conçeu, et la sale où il a esté nourry, parce qu'elles 
sont deux chapelles différentes, quoy qu'elles ne soient qu'une seule 
maison où demeuroit cette sainte famille, Jésus, Marie et Joseph'. 

Joseph Besson, naissionnaire jésuite, originaire de Gar- 
pentras, débarqua à Sidon le 5 avril lôSg. La crédulité qu'il 
témoigne à l'égard des légendes répandues en Palestine est 
faite pour surprendre : 

A Dieu ne plaise que je diminue, ni que je veuille partager la 
gloire de la sainte chapelle de Lorette .... Je ne doute point de 
la vérité de cet admirable transport de la chambre angéliquc et 
divine, et même je la confirme par la tradition de NazarçUi et 
par une histoire bien surprenante, qu'on tient néanmoins très- 
certaine. — Un évoque de celte ville, selon les apparences schisma- 
tique ou hérétique, ou plutôt athée, ayant appris le progrès que 
l'armée des Mahométans avait fait dans la Terre-Sainte, touché 
de désespoir et d'un amour furieux de conserver sa vie malheu- 
reuse, convoqua au son des cloches tout le peuple de Nazareth et 
des villages voisins dans la grande église, et après avoir l'aconté 
ce qu'il savait des nouvelles du temps et de la déroute des armées 
chrétiennes, il prit le turban et déclara haxitemcnt qu'il se faisait 
de la religion victorieuse, invitant ses diocésains à siùvre son 
exemple. Le ciel et la terre eurent horreur de, cette désertion, et 
les anges transportèrent la sainte chapelle au haut d'une monta- 
gne voisine, éloignée de Nazareth de deux ou trois jets de pierre. 
En mon voyage de Nazareth, je me fis un ctiemin au milieu des 
chardons extrêmement hauts et épais, dont cette place était rem- 
plie : j'y trouA'ai, ce me semble, des restes de maison, dont la 
forme et les mesures avaient quelque rapport avec la sainte cha- 
pelle de Lorette "2. 

1 3° édit. reueue, corrigée, augmentée, Paris, 166G, în-zi", p. âao-i. 

2 La Syrie Sainte ou la Mission de Jesvs et des Pères de la Compagnie 



100 A'OTRE-DAME DE LORETTE 

Si ce li'était sortir du sujet, on pourrait ajouter à cette 
découverte par le P. Besson d'une station ignorée de la 
s. Casa avant son départ pour l'occident, celles d'un sanc- 
tuaire dédié à saint Joseph ^ nulle part ailleurs mentionné, 
de la place spéciale à chaque apôtre autour de la mensa 
Chrisli '^, d'une image rayonnante du visage de Jésus sur le 
rocher ^, de la trace de ses pieds imprimés également sur 
la pierre '\ etc. 

Gabriel Bremond, marseillais, fit le pèlerinage de Terre 

Sainte en 1666 : sa relation française ne semble pas avoir 

été publiée : 

La Sacra Casa délia Bcala Vergine consisteva in ima sala bassa 
fabricata di maltoni, cd una caineretta intagliata nello scoglio del 
monte a Icrren piano, non vi essendo altro alloggio da considerarc 
in tutlo questo santo luogo spettante a quesla Casa. Gli Angioli 
lianno levata la sala, clie è a Lorcto ^. 

Le P. Michel Nau, jésuite, fut missionnaire en Orient à 
partir de 1666 ; ce qu'il dit de la s. Casa mérite d'être 
reproduit : 

... Après sept ou liuit marches on se trouve dans une petite 
cour, qui est le devant de la Chappellc qu'on a bâtie à la place de 
celle qui fut enlevée par les Anges, et qu'on revet'c a Laurette. La 
maison ... esloit composée de deux parties. La première estoit ce 
corps de bâtiment qui a esté transporté .... La Chapelle qu'on a 
élevée à la place de la sainte Maison qui est à présent à Lorette, a 
donné quelque sujet aux incrédules et aux sçavants de mauvaise 
humeur, de douter si en effet ce petit bâtiment qu'on voit à Lorette 
est celuy où la Mère de Dieu demeuroit à Nazareth. 

La Chappelle de Nazareth semble à l'œil avoir la même longueur 

de Jesvs en Syrie ; Paris, 1660, 2 part. in-8° ; nouv. édit. revue par le 
P. Aug. Gauayon, Poitiers-Paris, 1862, in-8°, p. 332-3. Cf. IIôhrigiit, 
p. 266-7. 

1 P. 395. — 2 p. 253. — a P. 253. — '> P. 255. 
■ •' Viaggi fatli neW Egitlo svperiore et inferiore, nel monte Sinay e Ivoghi 
piv conspicvi di qiiella regione, in Gierosalenime, Givdea, Galilea, Samma- 
ria, Palestina, Fenicia, monte Libano et altre provincie di Stria... ; Roma, 
1679, in-hr". Cf. RôiuucuT, p. 271. Les Biographies (Mictiaud et Didot) 
font de l'auteur une femme. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CAS.V loi 

que la sainte Maison de Lorctte, mais elle a bien moins de largeur, 
comme me l'asseura M'' de Bonnecorso, nôtre Consul; et en second 
lieu, on ne voit là, ni dans aucun endroit de Nazareth aucune bri- 
que ; et cependant la maison de Lorctte en est toute bàlic. Comme 
cet honnesle homme est sçavant et curieux, il voulut que nous 
examinassions luy et moi, mais sans préjugé ce qui en pouvoit 
estre au vray. D'vn costé, nous croyons qu'on ne poinoit sans 
tenicritc contredire le sentiment gênerai de toute l'Europe, appuyé 
du témoignage de tant de personnes doctes, cl confirmé par le 
grand nombre de miracles bien avérez, qui se sont faits dans la^ 
sainte Maison de Lorette. L'Histoire nous apprcnoit qu'après qu'elle 
eût esté apportée en Dalmatie l'an lagi. le 9. de may (suit le 
résumé des trois confrontations des dimensions de la chapelle de 
Lorette sur les fondations de la maison de Nazareth)... Vn hon- 
nesle homme de la Compagnie, nommé M'' de Villeneuve, qui 
faisoit pour la seconde fois ce Voyage de Dévotion, nous dit que 
pour ce qui estoit des briques, nous ne devions point avoir de 
difficulté; qu'il en avoit tiré vne luy-mesme des fondemens... 
Raisonnant ensuite sur les dimensions, nous creûmes que ceux qui 
avoient bâti la Chappellc qu'on voit aujourd'huy à Nazaret, ne 
s'ctoient pas arrestez si précisément aux dimensions de la Maison 
qui avoit esté enlevée... Ce qui est de plus cstonnant c'est que 
dans tout Nazareth il n'y ait aucune marque qu'il y ait ou autrefois 
d'autres maisons faites de briques... K 

1 Voyage nouveau de la Terre Sainte, enrichi de plusieurs remarques 
particulières servant à l'intelligence de la Sainte Ecriture. La 1" édition 
parutsous les initiales M[icbol] îS[au] l[ésuite] ; l^aris, 1O79, in-is de 671 p. 
Celle de 1702 (ibid., in-12) lui est identique, sauf le titre et le privilège 
do 1O78. Mais ce qui concerne la Galilée et Nazareth (p. 60/1 -23) avait 
paru bien auparavant dans un volume intitulé : Le Voyage de Galilée ; 
l^aris, 1670, pet. in-8°. Les initiales de l'auteur, le s"^ de S. A., ont clé 
interprétées (avec doute) : Savinion d'Aigunî;, par Iîaubier {Dictionnaire 
des ouvrages anonymes et pseudonymes, iSa/^, t. III, p. /i3/i'' ; 1879, t. IV, 
c. 1078) et par QuKUAUD {Supercheries littéraires, 1S80, t. ill, c. /192). 
C'était une erreur : sauf une différence dans le paragraphe initial, ce 
volume renferme le texte complet du v" livre du P. Kau. A première 
vue, on pourrait croire à des différences, les chapitres étant au nombre 
de xxiY dans l'un et de xxv dans l'autre : il est aisé de constater qlie dans 
l'édition de 1670 il y a deux chapitres vu, dont le second forme le 
chap. \m dans celles qui portent le nom de l'auteur. En réalité, LeVoyage 
de Galilée a pour auteur le P. jNau, comme il était facile d'en avoir la 
preuve en lisant ces lignes, qui précèdent son v" livre : « Pour donner au 



101! ^OTRE-D;\.ME DE I.OHETTE 

Eti 1670, les Franciscains confièrent aux successeurs de 
Plantin à Anvers l'impression d'un Processionnal pour la 
Terre Sainte '. 

Le docteur Angelo Leguenzi fit en Asie un voyage, qu'il 
divisa en 02 « pcllegrinaggi » et qui dura de 1671 à 1675 ^. 

Un noble brandebourgeois, Otto Friedrich von der Guo- 
UEN, donna un plan de iNazareth dans le récit de son pèle- 
rinage exécuté en 1675 •'. 

Gornelis de Bmuyix, peintre de La Haye, arriva à Nazareth 
le 2-i avril 1678. Le récit de son Voyage au Levant parut en 
hollandais à Delft en 1688 ; une traduction française (ibid.) 
en 1700 : 

Nazareth ii'csl à présent qu'un simple village qui ne consiste 
qu'on quelques maisons de paysans. ...On montre ici l'endroit où 
a demeuré saint Joseph, dont la boutique est taillée dans le roc. 
Je dessinai la caverne de l'Annonciation. Elle est renfermée dans 
l'enccinlc des Religieux. On y voit deux colonnes; les Turcs en ont 

Lecteur un éclaircissement entier des Saints Lieux, il me reste à parler de 
la Galilée ; mais comme on en a déjà donné au Public à mon insceu, 
un récit que j'en fis il y a quelques années, et qu'il est assez exact, je le 
l'eray ajouster icy, l'augmentant seulement de quelques Remarques que 
j'ay faites au second voyage que j'y ay fait avec M. le Marquis de INoinlel, 
Ambassadeur de France à la Porte Ottomane » (éd. de 1702, p. 53o). .le 
me serais dispensé d'éclaircir ce petit problème bibliographique si sa 
solution n'avait échappé au savant bibliographe de la Compagnie de 
Jésus, le P. SoMMEuvoGEL (iSg/;), t. V, c. iSgS. Cf. Rôuuight, p. 271-3. 

' Proccssiones qvtc livnt qvotidie a PP. Franciscanis ad SS. Nascenlis 
Ghristi Pnesepe in Bethlehem : in ccclesia Annvntiationis B. Virginis 
.Mari.T in Nazareth : in ecclesla SS. cl gloriosissimi Sepvlchri Ghristi : in 
ecclesia S. Salvatoris in lervsalem ; cuuï aliis Processionibus et Otïiciis 
Diuinis, qua; fiunt suis temporibus in sacro monte Oliveti, in Scpvlchro 
B. V. Maritc, in loco nativitatis s. loannis Baptistaj, in monte Thabor, in 
Antro AgoniiG Ghristi, in loco Immacvlatic Gonceptionis, et Nativitatis 
B. V. Marite, et aliis locis ; Antverpite, 1670, in-S" de 4 f.-64 p. 

- H pellerirùio neW Asia, cioè Viaggi..., coii U raggaarili dello stalo délia 
sania cilla di Gierusaleinine, Bethelemme, Nazarelh et allri luoghi sanli e 
cilla maritime; Venetia, 1705, a vol. in-8". Cf. l\ônRicuT, p. 27/1, 

3 Orienlalisclie Reise-Beschreibung... ; Marienwerder, 169/1, in-/i° de 
399 p. Gf. RôuuicuT, p. 275. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA io3 

rompu une, clc. La caverne est en grande partie revêtue de bois de 
menuiserie '. 

Il est également question de Nazareth dans le Viaggio in 
Levante al sanlo Sepolcro di N. S. G. Crisio et allri luoghi di 
Terra Santa de Domenico Laffi, exécuté en 167g "^. 

Un vénétien, qui s'est dissimulé sous le nom de Olmoriga 
CoTTiGiAME Ratizano — peut-être Girolamo Cimegiatto Zara- 
tino — fît en 1681 un voyage, qui eut spécialennent comme 
objectif Nazareth ■*. 

L'abbé Biagio ïeuzi, de Lauria, fît paraître, en 1695, sa 

Siria Sacra, qui donne la description des deux patriarcats 

d'Antioche et de Jérusalem avec leurs sulï'ragants : 

Ilauea queslo (tcmpio di S. Elena) le radici nel pendino Orien- 
tale dclla Città. Il Santuario componeasi di due sole stanzc ; vna, 

ch'è la minore, incauata nellc viscère del sasso L'altra ch'è la 

maggiore, et arlclatta, vniuasi à quella ne duc angoli csterioi:!, e 
corne si hà per traditione, tïï dagli Apostoli conuertita in Oratorio, 
quella per à punto, clie per virtù ângelica, suelta dalle radici, 
fù trasportata in Tarselto luogo délia Dalmetia l'anno di Chrislo 
129t..., indi à tre anni, con vgual prodiggio da Tarsetto passé 
aile riue del Mare Anconitano prcsso Racanati... ''. 

Un « fellovv » de l'université d'Oxford, Henry Maundrell, 
chapelain de marchands levantins à Alep, alla passer les fêtes 
de Pâques à Jérusalem en 1697. Ssl Journey from Aleppo to 
Jérusalem parut cette même année à Oxford : sans parler de 
versions allemande et hollandaise, son récit fut traduit en 
français en 1705 : 

1 Edit. d'Amsterdam, i-iS, t. H, p. 3i3, avec ^ planches sur Nazareth. 
Cfî. RôiiRicHT, p. 377-8 ; Gâtai. Riant, t. II, i, p. 3o6. 

2 Bologna, i683, in-8° ; etc. Cf. Rôiiricht, p. 276. 

3 Nazaret (iloriosa. Relatione de vicujgi di Levante... per lutta la Soria, 
con la descrittione... specialinente délia città santa di Nazaret, doue Maria 
Verfjine fii dall' anc/elo salulala Madré di Dio... ; Venetia, 1700, ia-8° de 
6 f.-3o/i p. Gff. GicoGNA, Bibliogr. Veneziana, iSlq, n" 2545; Rôhuicht, 
p. 278-9 ; Catat. Hor. de La/iftou (Florence, 1890), 2* part., p. 483. 

1^ Siria sacra, descrittione istorico-geografica, cronolo(/ico-topo(/rajica, 
délie due chiese patriarcali Antiochia e Gervsalemme, primatie, meiropoli e 
suffraganee... ; Roma, 1696, pet. m-fol. de 4 f. 448 p., 4 cart. (p. 297). 



lo.'i ?s'OTRE-DAlME DE LORETTE 

(11 visita le sancUiairc do l'Annoncialion presque entièrement 
enseveli sous les décombres. On lui fil remarquer les colonnes à 
l'entrée de la grotte, dont le fût de l'une est rompu, et ne tient ([ue 
par le haut à la voûte.) Il y a apparence qu'il y est attaché, mais 
les moines disent qu'il est soutenu par miracle. Au sortir de là, 
nous allâmes à la maison de saint Joseph qu'ils prétendent être la 
même où le Fils de Dieu vécut près de trente ans sujet à l'homme. 
Un peu au delà de celle maison, on nous montra l'endroit de la 
Synagogue où Notre Sauveur fit le sermon mentionné par saint 
Luc, qui rempht les Juifs de colère. Ces deux lieux-là sont au nord- 
ouest du couvent. Ils ont été honorés l'un et l'autre d'une belle 
église, mais ces monuments de la piété de l'impératrice Hélène ne 
sont aujourd'hui que des ruines *. 

Peeters, Description des principales villes, havres et isles... 
et en saille quelques places renommées de la Terre Saincte... : 
îSazareth "^. 

L'ouvrage du hollandais Adrian Reland sur la Palestine 
est « très estimé », mais les textes rais par lui en œuvre sont 
tous connus ^. 

En 1700, les Franciscains furent autorisés par le cheikh 

Dhaher à reconstruire Tcglise de rAnnonciation ; le gardien 

de Terre Sainte vint de Jérusalem pour la consécration, le 

i5 octobre. Celte époque ne brillait point par le souci 

de conserver les monuments anciens ; des modifications 

graves furent apportées à la disposition de diverses parties. 

Nous en avons comme témoin le P. Elzéar Houn : 

Palaestina Rehgionem Christianam répudiante, preliosissimus 
thésaurus S. Domus B. V. ipsis indigenis vclut indignis possesso- 
ribus ab Angehs creptus est; quinimo innumeris Saracenis 1291 
redeuntibus, tolam Tcrram S. denuo perdiderunt, quo tempore 
major ista Ecclesia Nazaraca, quac fundamenta Sacrac Domus 
adhuc utcumque custodiebat, demolita fait, muro aquilonari 

1 Ulrcclit, 1705, in-S", Paris, 1706, in-S", p. 188; I-.E Haudy, ouvr. cité, 
p. 200. Cf. RôiuuciiT, p. 286-7. 

2 S. 1. n. d. [fin du xvn° siècle], in-S" oblong. 

■■' PakœsUna ex inonwneiilis veleribus iUiislrala ; Trajecli Batavorum, 
1714, 2 vol. m-k" (sur Nazaretli, pp. /197-8 et 905-7). Cf. Rôhuigut, 
p. 29G-7. 



ÉTUDE IIISÏOR. SUR Il-iV S. CS\.\ io5 

exccplo, cni annexa crat Anlistitis donius, cujus loco CoavenUis 
nosLcr successu tcmporis exaccUficatus et biiiis vicibus amplifi- 
calus est. Ejus ruinac, columnarurh aiiquanim bases, et capitella 
cum porta occidcntali (quac nunc porta major Convcntus est) 
ctiamnum videri possunt. Subintrantibns id aetatis Fralribus nos-, 
tris, duce praevio S. P. Francisco, Loca Sancla permissu Sullani 
Aeyypti coeperunt ab ois posslderi ; qui cum prinauni ad hune 
Sacium locum venissent, eum niinarum materic, ac luderibus 
expurgarunt quoad miseris illis lemporibus potuerunl Ghristiano- 
luni pauperum adjutorio. Hic non praclereundum est, quod diclae 
ruinac, quasnoslri IValres invcnerunt, non fuernnl Ecclcsiao S. lle- 
lenae Imperatricis, scd alterius post illam excitatac ab invictissinio 
Principe ïancredo, totius Galilaeac Domino post annum i ;.... 

Mos est Oricntalium, devexa montium incolentium, lit sibi pro 
cellis relrigeratoriis ad evitandum calorem aestivuin accommodent 
cavernas, aut rupcs, quibus dein adstruant domum ante oslium, 
per quod sit hinc et inde transitus ; eodem modo Domus Lauretana 
luit extructa ante secundam Nazarethani Sanctuarii capcllam, quae 
ob'm proprie luit specus, vel naturaliter aperta, vcl arle scalpris in 
rupc excisa. Modo post lot devaslationesinfideb'um parlima nalura 
producta, pavlim arle adjuta, et accommodala capeUac ad instar... 

In oricntali parle fuit antiquissimum Allare Annunliationis 
B. \. Mariae, nam caetera rcccntcr constructa fuerc post S. Loci 
recuperationem. Unde colligi potcst, vcteres Christianos insinuare 
voluisse posteris suis, in liac specu, et non alibi 13. Virginem ab 
Angelo fuisse salutatam, et opéra Spiritus S. concepisse Sa) valorem, 
quod magis confirmatur ex columna,quac ad occideiitem parlem e 
demissa projectura pelrosae lesludinis depcndet in aëre, ad desig- 
nandum locum stationis B. V. M. cum coUoquerelur cum Angelo 
de prodigiali Dominicae Conceptionis mysterio 

In Ironie et incdio diclae specus est angustus loccllus hemi- 
sphaericus long, ab occid. ad orient. 1 1, lat. ab aquil. ad merid. 7, 
ait. 9 1/2 ped., ubi aliquamdiu stelit allare S. Josephi, quod fuit 
ablatum propter scalam, quam Fratres e rupe excidcre, et ads- 
truclis mûris superius ad ingressum accommodarc curarunt, ubi 
porta speciosa ex antiquorum ruderumfragmcntis confccta. P. Ma- 
rianiis de Maleo, lib. VI, c. i3, refert, infra fuisse allare S.Gabrieli 
Arcli. dicalum et post aliquod annorum curriculum ablatum, ut 
darent locum scalae, per quain c Conventu descenderent ad Sanc- 
luarium ejusque chorum, ne videri possent a Turcis : nunc au- 
lem, quod alibi palcat ainplior accessus ad Ecclesiam c Convenlu, 



io6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Fralres rarissime transeunfc ad Sanctuariiim per hanc scalam, 
iilpole cujus Iransitus anguslus est et obscurus, ac lampadibus 
acccnsis non amplius illuminatur. 

Columnae S. Gabvielis etB. V. sunt ejusdcm marmoris, videli- 
cet mixti scu grisei coloris ad nigrum tendenlis ; ambae distant 
ab invicem versus aquilonem 2 pedib. et i quadr. : illa extra 
S. Specum sub rudi fornice lalitud. (ère 3 ped. intra parvuluin 
murum ab illo dicli Specus 2 ped. minus 1/2 quadr. distanlem, 
quoad mcdietatem(ut jam in pracced. Stalione diclum est) occul- 
tatur parsque prominens ob loci obscuritatem videri nequit, nisi 
quis accenso lumine intra praefatos muros accédât. Haec vcro 
quantum ad eminenteni parleni circunicirca conspicua est in 
S. Specu 6 ped. i q. extra testudincm, cui inhaeret 7 ped. et 
1/2 quadr. ac dépendent in aère sine fundamento et basi propria, 
quia nec suffulta solo, nec innixa lateri, ubi enim in rudem conum 
desinit, abest a pavimento Sanctuarii 3 1/2 ped. Scapus ejus in 
circuitu 6 1/2 ped. complectitur, et dcsuper adaequat pavimentum 
Ghori, ubi in medio quadratum foramen patet cum canaliculo, per 
quem infuso plumbo quondam capitellum erat obfirmatum. Post- 
quam ïurcae sub Selimo eorum Imperatore i5i7, tota Galilaea 
simuletJudaeapotili essent, nonnulli superstitiosi Mauri Africani, 
cum vidèrent, hanc columnam omnium Christianorum concursu 
frequentari, arbitrât! sunt eam. magnum continere thesaurum abs- 
conditum, unde partem ejus inl'eriorem confregerunt, et vana spe 
delusi, nihil invenerunt. Ex eo tempore ad praesens usquc co- 
lumna sic in aëre suspensa permansit. Sub eadem columna extra 
pavimentum Sanctuarii, IVagmentum columnae alterius marmoris 
prominet allum i ped. 2 1/2 quadr., quam dimensioncm eliam 
complectitur per diametrum. In circuitu continet 5 ped. et parum 

ultra 1/2 quadr. ac distat a muro S. Specus i 1/2 pede 

Porro columna haec a priscis fidelibus hoc in loco collocata fuit 
ad illius SS. Loci conservandam memoriam, in quo B. V. Maria, 
Dei Mater mox lutura, in abdito orans, ab Angelo fuit salutata, et 
aeternus Dei Filius ante tempora natus ex Deo Pâtre sine ma- 
tre 1. 

1 Ichnocjraphiac loconiin et monumentorum velenvn Terme Sanctae, 
acciirate delineatae et descriptae (l725-^i!ij, e codicc Vaticano latine 
n" 9233 excerpsit, adnotavit et edidit (cum 75 flguris et Appendice histo- 
rica ex codem codice) llieron. Golubovicii; Romae, 1902, in-/i°delx-3oi p. 
(pp. 168 9, 172-7). 



ÉTUDE IIISTOR. SUR Ll S. CASA. 107 

Le capucin Joseph-Romain Joly, dans ses Lettrés sur divers 
sujets bnportans de la géographie sacrée et de l'histoire sainte, 
est un témoin convaincu de la translation : 

C'est dans la ville basse qu'ctoit la maison de la sainte Vierge, 
pratiquée dans un crcux où l'on descend, ainsi que dans une cave, 
par une ouverture et seize degrés taillés dans le roc. Elle avoit 
deux parties : la première étoit ce corps de bâtiment qu'on croit 
avoir été transporté par les anges à Lorette. La seconde est une 
grotte creusée dans le rocher. On a bâti une église qui occupe 
toute la place; sçavoir la grotte et le lieu où étoit la maison de 
Lorette... A l'égard de la chambre qu'on révère à Lorette, on en 
voit encore les fondemcns dans le lieu d'où elle l'ut enlevée L 

En 1786, les Franciscains firent imprimera Venise un opus- 
cule liturgique spécial à la sainte maison de Nazareth '^. 

En 1799, les Français occupèrent un instant Nazareth, et 
Bonaparte se fit montrer la grotte de rAnnonciation^. 

Dans l'Itinéraire de Paris à Jérusalem (1806-7) de GnâTEAU- 
BiuAND, on aurait désiré rencontrer un mot sur Nazareth, ori- 
gine du Christianisme : il n'y est pas. 

James Silk Buckingham a consacré « a journey from Naza- 
reth to the mountains heyond the Dead sea », dans ses Travels 
aniong the Arab tribes inhabiti/ig the countries easl of Syria and 
Palestine (1816) K 

Un franciscain de l'Observance de la province de Portugal, 
fra JoAO DE Jésus Guuisto, constate en 181 7 qu'on vénère à 
Nazareth une église construite à l'endroit où aurait été l'ate- 

• l'aris, 1772, 10-4°, p. 177. Auteur fécond, Joly n'a pas obtenu de 
notice dans les biographies générales, mais il en a une assez longue dans 
I^'elleu (i83/i, t. VJl, p. 11-2). Il a publié une Histoire de l'imcuie miracu- 
leuse de Notre-Dame d'Onnoz, près d'Orgelet en Franche- Comté (Besançon, 
1757, in-12), qui a échappé à Okttikgeu. 

2 Processio quotidiana quae, finito completorio, in loco sacerrimae Na- 
zarenae Doinus, abi immacidala Vinjo Maria aelernum concepit Verbuin, a 
frairibus Minorlbus S. P. N. Francisci celebratar ; Vcncliis, 1786, pot. in-8". 

^ V. GuÉniN, Description... de la Palestine, Galilée, 1. 1, p. 102. 

i London, 1825, in-4° de xvj-679 p. Cf. llônuiciiT, p. 348. 



io8 NOTI{R-DAi\IE DE LORETTR 

lier dp saitil Joseph el distante de 200 pas de eellc de TAii- 
noiicialion '. 

Les pages consaerées à Nazareth par Lamautink dans son 
Voyage en Oricnl (1802-0) sont dignes du grand poêle; elles 
témoignent de eonvictions religieuses profondes "■^ : je re- 
grette de me borner à ces lignes relatives au sanctuaire de 
l'Incarnation : 

Un P. ilalicn vint nous conduire à l'église el, au sanctuaire son 
terrain qui i'uljadis la maison de la sainte N'ierge Marie et do saind 
Joseph... Il n'est pas douteux cpic le couvent, et surtout l'église, 
n'aient été priinitiveinent construits sur la place même qu'occupe 
la maison du divin héritier de la terre et du ciel •'. 

Andréas Bram publia à Bfde, en i83/|, sa Deschreibiing des 
heil. Land; F. de Rougemont en donna une traduction fran- 
çaise : 

Une église... renferme une grotte. où, suivant la tradition, l'ange 
apparut à Marie, et une autre qu'on prétend avoir été la cuisine 
dans la demeure de la Sle Vierge ''. 

Fr. SLAwrrscHEK a écrit en tchèque, en i836, un livre sur 
'( les villes éminentes du Christianisme, Jérusalem, Beth- 
léem et Nazareth » ^. 

Le livre de Gi\. et A. Egrok, La Terre Sainte el les lieux 
illuslrés par les Apôlres '', est contraire à la légende de la 
translation. 

La Syrie, la Palestine el la Judée, pèlerinage à Jérusalem el 
aux Lieux Saints , du P. Laokty-Hadjy, parut pour la première 
fois à Paris, en iSSg : 

1 Viaçjem de hum peregrino a JcrusaUm e visita que fez nos Lwjares 
Sanlos ; Lisbon, iSaa, iii-8", p. (j^. Cf. Rôiiuicirr, p. S.'ig. 

2 La cause de la mise h V Index (22 sepl. i836) de son livre est ailleurs. 
■i OEuvres, Paris, 1849, i'^-S", t. IX, p. 333. Cf. Rôiuuciit, p. 371-3. 

* Description de la Terre Sainte ; Ncuchàlel, 1837, in-i2°, p. 224. Cf. 
RôuiiicHT, p. 375. 

3 Cf. l\ôHuicnT, p. 384. 

" Paris, 1887, i'i-8°, avec carte et 48 vues pittoresques. Cil". Bagker, 
Biblioth. de la Comp. de Jésus, 1872, l. II, c. 8o5; Rôuuicirr, p. 386. 



ÉTUDE IlISTOR. SUR LA. S. C-VS^V loij 

Un grand nombre de témoignages aulhentiqucs établissent que 
ce l'ut laque s'accomplit le mystère de l'Incarnation de Notre-Sei- 
gneur ^ (pas un mot sur la translation). 

Jean-Bapt. Mouot, dans son Journal de voyage de Paris- à 
Jérusalem, i839 et iSW, ne fait pas d'allusion à cet événe- 
ment '^. 

Ullisloria de la PalesUna ô Tierra Sanla, par Matthias 

RonaiGUE/ Sobhino, parut à Barcelone en i8/|2, in-8". Elle a 

été traduite en français par L. Poillo^ : 

Cette maison de la Vierge était divisée en deux parties : l'une .. 
est celle que l'on montre aujourd'hui à Lorelte, en Italie, et que les 
anges ont déplacée trois fois : cette partie de la maison était l'anti- 
chambre... Telle est la tradition •'*. 

Une visile à la sainte maison de Nazareth, par Jos. Louis 
Hon. Herbet, est un opuscule ascétique (Paris, i8/i4). 

Dans Les Saints Lieux, pèlerinage à Jérusalem {iSl^S et i855), 
en passant par l'Autriche..., M«'' Mislin se borne à raconter la 
translation de la s. Casa d'après la tradition légendaire '*. 

Arthur Penrhyn Stanley, « fellow » de l'université d'Oxford 
(iSSg), était chanoine de Cantorbéry (1801), quand il fît son 
premier voyage en Orient (i852-3). Il y retourna, avec le 
prince de Galles, en 1862, et mourut doyen de Westminster 
(i86/i), en 1881. Son livre, Sinai and Palestine in connexion 
loilh iheir history, qui a eu plusieurs éditions, est fortement 
opposé à la légende de la translation : 

... At Nazareth there are three counters-theories, each irréconci- 
liable with theother in relation to the spécial scène, which has been 
selected for pecuhar révérence. From the entrance of the Francis- 

1 27e édit., Paris, i854, in-ia", p. 4o6. 

2 Paris, 1869, in-8 de 458 p.; 2e édit., ib. 1878, in-8°, pp. 227, 280. 

3 Histoire de la Terre Sainte; Paris-Tournai, 1837-8, 2 vol. in-So 
(t. II, p. 492). Gf. RôHuiGiiT, p. 4o5. 

t Lyon-Paris, i852, 2 vol. in-80 ; ae édit., Paris, i858, 3 vol. in-80 
(t. III^ p. 387-400). Il y a des versions allemande, italienne, espagnole et 
russe. Cf. Rôhuiciit, p. 432-3. Le même auteur a publié : La très sainte 
Vierye est-elle née à NazaretJi ou à Jérusalem ? ; Paris, i863, in-8o de 58 p. 



iio A'OTRE-DMIE DE LORETTE 

can Church a lliglit steps descends to an altar, Avhich stands wi- 
thin a recess, partly cased in marble, but parlly showing llie natu- 
lal rock ont ol" Avliich it is formed. On a marble slab in front of 
Ihis altar, Avorn with Ihe kisses of many pilgrims, are the Avords : 
« Verbum caio hic factuni est », and intended lo mark the spot on 
Avhich the Virgin slood when slie received Ihe angelic Visitation. 
Close by is a broken pillar, Avhich in like manner is poinled ont 
as indicating the spacc occupied by the celestial A^sitant, who is 
supposced to hâve entered througli a hole in the rocky aa^iII forming 
the Aveslern iront of the cave, close by the opening which noAV unités 
it Avith Ihe church. ïhe back, or eastern side of the grotto behind 
the altar opens by a narroAV passage into a further cave, left much 
more nearly in its natural state; and said by an innocent tradi- 
tion, Avhich noone Avould care eithcr to assert or to réfute, to hâve 
been the résidence of a friendly neighbour aaIio looked after the 
adjacent housc Avhen Mary departed on hcr journey to seeElizabeth 
in Juda3a. 

But the tradition of the latin church bas to undergo a yet ruder 
trial. Therc is anothcr scène of the Annonciation, not at the otlier 
extremily of theliltle Ioaahi of Nazareth, but in another Continent 
not maintained by a rival and hostile sect, but fostcred by the 
suprême Hcad of the Roman Church itself. On the slope of the 
eastern Apennines, ovcrlooking the Adriatie Gulf, stands Avhat 
may be called (according to the belicf of the Roman Catholic 
Church) the European Nazareth. Forlified as if by the bastions of 
a huge Castle, against the approach of scracenic pirates, a vast 
Church, even noAv gorgeous Avith the olferings of the faithful, con- 
tains the « Santa Casa », the Holy House in which the Virgin lived 
and (as is attested by the same inscription as that at Nazareth) 
received the Angel Gabriel. Every onc knoAvs the Avorld, and the 
ridicule of the other half, bas made us ail acquainted with the 
slrangc story, Avritlen in ail the languages of Europe round the 
Avallo of that rcmarkable sanctuary : hoAV the house of Nazareth 
Avas, in the close of the thirteenth Century, conveyed by Angels, 
first to the heights above Fiume, at the head of the Adriatie Gulf, 
Ihen to the plain, and lastly to the hill of Loreto. But this « Avond- 
rous flitling » of the Holy House is not featurc in its history Avhich 
is most présent to the pilgrims Avho fréquent it. It is regarded by 
them simply as an actual fragment of the Holy Land, sacred as the 
vcry spotonAvhich the mystery of the Incarnation, AA'as announced 
and begun. In proportion to the sinccrity and exlent of this belief 



ÉTUDE IlISTOR. SUR LA. S. CASA m 

is the vénération Avhich attaches to what is imdoubtedly thc most 
frequented sanctuary of Ghristendom. 

No one Avho lias ever witnessed the dévotion of the Italian people 
on this singular spot, can wish to speak lightly of the feelings 
which it inspires. Buta dispassionatc statementof the real facts of 
tiic case may not be without use. Into the gênerai question of the 
story Ave need not enter hère. It lias been ably proved elscAvliere 
first, thaï of ail the pilgrims, who record thcir visit to Nazareth 
from the Iburth to the sixteentli century, not onc alludes lo any 
house of Joseph as standing thcre, or as having stood there, Avithin 
human memory or record; secondly, that the records of llaly 
conlain no mention of the house, till thc fiftcenth century; thirdly, 
that the représentation of the story, as it noAv stands, Avith the 
double or triple transplantation of the sanctuary, occurs first in a 
bull of Léo X in the ycar i5i8. But it is the object of thèse rcmarks 
simply to confront the house as it stands atLorelto, Avith the house 
as it appcars at Nazareth. It has been already said, that each pro- 
fesses to contain the exact spot of the Angelic Visitation, lo bc the 
scène of a single event Avhich can only hâve happcned in one ; each 
claims to be the very house of the Annuncialion, and bases its 
claim to sanctity on that spécial ground. But this is not ail : even 
should either consent to surrender something of this peculiar 
sacredness, yet no one can visit both sanctuaries, Avithout percei- 
ving that by no possibility canr)ne be amalgamated Avith thc other. 
The house at Loretto is an édifice of thirty-six feet by sevcntecn : its 
walls though externally, cased in marble, can be seen in their origi- 
nal state from the inside, and thèse appear lo be of a dark red 
polished stone. ïhe Avest Avall has one square windoAv, through 
Avhich it is said the Angel flcAv ; the east Avall contains a rude 
Chimney, in front of vvhich is a mass of cemented stone, said to bc 
the allar, and Avhich S' Peter said mass, Avhen the aposties, after 
thc Ascension, turned the house into a Ghurch. On the noth sidc 
is (or rather AA^as) a door, now^ Avalled up. The monks of Loretto 
and of Nazareth could not be altogether ignorant of the mighty 
sanctuary which, under the highest authorities of their Ghurch, 
professes to hâve once rested on' the ground, they now occupy. 
They shoAV, therefore, to any traveller whotakes the ])am toinquire, 
the space on Avhich the holy house stood before its flight. That 
space is a vestibule immediately in front of the sacred grotto ; and 
an attempt is made to unité the Iaa^o localities, by supposing that 
there Avere openings from the house into the grotto, Avithout laying 



112 NOTRE-DAME DE LORETTE 

any stress on the obvious variation ol" measuremenls, tlic position 
cl' the grotto is, and must ahvays havc been, absoliitely incompati- 
ble Avith any su ch adjacent building as that at Loretto. Which- 
soever Avay the house is-supposed lo abut on the rock, it is obvions 
that such a house, as has been described, would hâve closcd up, 
with blank Avalls, the very passages, by Avhich alone the commu- 
nication could be afTected. And it may bc added, that allhougli 
there is no traditional masonry of the Santa Casa left at Nazareth, 
Ihere is the traditional masonry close by the so-called workshop of 
Joseph, of an entircly différent character. Wbilc the former is of a 
kind Avhally unlike anytliing in Palestine, the latter is, as might 
be expected, of the natural gray limestone of the country, of which, 
in ail times, no doubt, the bouses of Nazareth Avere built. 

ïhe house of Loretto is the pétrification, so to speak of the « last 
sight of the Crusades >■> suggested possibly by the holy bouse of 
S' i'' rancis at Assisi, thcn first acquiring its European cclebrily. 

What, in a more poelical and ignorant âge was in the case of the 
holy house, ascribed to the hands of Arigels, was actually intented 
by Sixtus V, to bave been litlerally accomplishcd in the case of the 
holy Sépulcre, by a treaty Avilh the Sublime Porta for transferring 
it bodily to Rome, so that Ilaiy might then bave the glory of pos- 
sessing the actual sites of the Conception, the bivth and the burial 
of our Saviour '. 

Il a paru difficile de scinder ces extraits, pour en reporter 
ce qui concerne Lorette à la 2" partie, où il sera question de 
la réfutation de Stanley par le cardinal Bartolini. 

Louis Enault donna La Terre-Sainle, voyage des quarante 
pèlerins de 1853, Tannée suivante : 

Le Sanctuaire de l'Annoncialion est la partie saiilerraine de la mai- 
son de Marie. Cette maison même, remplacée par l'église, n'existe 
plus aujourd'hui à Nazareth.... Saint Paul et, treize siècles plus tard, 
notre roi saint Louis, vinrent visiter cet auguste sanctuaire (suit le 
récit des translations)... L'empereur Rodolphe 1" envoya des experts 
à Nazareth.... Cette tradition, généralement acceptée en Italie, n'est 
pas un article de foi '. 

1 London, i85G, in-8°, pp. /l/i3-5 et 45o. Cff. Rôiiaicnï, p. 455; DicUo- 
nary of national biography, t. LIV, p. lik. 

2 Paris, i854, in-ia" de !\a!\ p. carte, panor. (pp 870, 378). 



ÉTUDE IITSTOR. SUR LA S. CASA iiB 

En i855, les Franciscains firent imprimer à Jérusalem un 
nouvel opuscule liturgique K 

Une Lettre de Nazareth, en date du 25 septembre i856, par 
L. Fichant, a été publiée dans le Bulletin de l'Œuvre des pèle- 
rinages "2. 

La même année, parut en Suède : Resesbekrifningar fùver 
Palestina och Egyplen innehallande visiandet i Gethsemane, Gol- 
gatha, Chrisli Graf, Nazarel, Beihlehem, Jordans Jlos, etc. ^. 

P. GÉRAUDY Saintine, daus Trois ans en Judée ('1856-9), se 
borne à dire : 

... Nazareth est le sanctuaire où commença le rachat de l'huma- 
nité '». 

Ce que dit de la translation l'abbé J. J. Bourassé, dans La 

Terre-Sainte, voyage dans l'Arabie Pétrée, la Judée, la Samaiie, 

la Galilée et la Syrie (1860), ne témoigne d'aucune recherche 

personnelle : 

La maison de la sainte Vierge, personne ne l'ignore, n'est plus 
à Nazareth. En 1291,... elle disparut tout d'un coup, au grand cha- 
grin des chrétiens de Nazareth.... Elle fut transportée miraculeu- 
sement, suivant des légendes insérées dans le supplément au Bré- 
viaire romain... ^. 

L'importance exceptionnelle du livre du marquis Melchior 

de VoGiiÉ, Les églises de la Terre Sainte, nous fait un devoir 

de reproduire ce qu'il dit du sanctuaire de rincarnation : 

L'église principale est celle de l'Annonciation, élevée sur l'em- 
placement traditionnel de la maison de la Sainte Vierge. Gomme 
beaucoup d'habitations modernes de Nazareth et de la Palestine, 
cette maison était adossée au rocher, et une petite grotte naturelle 
servait de lieu de retraite. La maison a disparu, la grotte est restée. 
Après la paix de l'Eglise, on la transforma en chapelle, c'est-à-dire 
on la prolongea du côté du midi, par la construction d'une petite 
pièce voûtée d'arêtes et ornée de colonnes en granit gris ;puis on 

1 Quotidiana processio quse celehralur a PP. Franciscanis in sanctuario 
Nazareth ubi Verbum carofadum est...; Hierosolymis, i855,pet.in-8'',mus. 

2 Année i856, t, I, p. 82. — a Vadstena, i856, in-S". — ^ Paris, 1860, 
in-i2°, p. 826. — " Tours, 1860, gv. in-8°, illustr., p. 368. 

N.-B. DE LORETTE 8 



ii4 NOTRE-DAME DE LORETTE 

façonna le fond de l'excavation pour en faire une abside, et on la 
tapissa d'une voûte en cul-de-four en petit appareil romain ; le 
caractère antique de ces constructions ne saurait se méconnaître, il 
reporte invinciblement jusqu'au vi° siècle la tradition qui place en 
ce lieu l'Annonciation de Marie. Le mur laisse voir en beaucoup 
d'endroits la surface du roclicr; c'est un calcaire blanc, friable, 
dont les pèlerins emportent de petits fragments comme un précieux 
souvenir de Nazareth. Une seconde grotte entièrement taillée dans 
ce rocher, est en communication avec la première, au moyen d'un 
étroit couloir; elle n'offre rien de particulier à noter (plan avec 
légende). Le sanctuaire, ainsi disposé, se trouvait dans le bas côté 
nord d'une grande basilique dirigée de l'est à l'ouest ^ 

J. G, D'Aquin, Pèlerinage en Terre-Sainte TiSG/i) : 

Le Sauveur... envoya ses anges, ministres de ses volontés et le 
12 mai 1291, pendant la nuit, ils la (maison de saint Joseph) trans- 
portèrent en Dalmalie... 11 est inutile de rapporter ici les pièces du 
célèbre procès-verbal où fut constatée l'authenticité de la sainte mai- 
son... -, 

Amédée de Damas, Voyages en Orient : la Galilée (i86/j) : 

Le mystère s'est-il réellement opéré dans la grotte ? J'ai peine à le 
croire. Les témoignages des souverains Pontifes en faveur de Lorette 
semblent témoigner le contraire (suit l'histoire de la translation) •*. 

Laurent de Saint- Aignan, La Terre Sainte, description topo- 
graphique, historique et archéologique de tous les lieux célèbres 
de la Palestine : 

On sait que, suivant la tradition reçue, cette sainte maison, Santa- 
Casa, fut transportée miraculeusement en Dalmatie, en 1291, et 
plus tard en Italie, à Lorette... ^. 

A. Letremble = Ubald, Les récits du pèlerin ou voyage en 
Terre Sainte et dans le Liban : 

Par un privilège spécial, Dieu voulut dérober à ces outrages la de- 
meure de sa très-sainte mère. Le 10 du mois de mai 1291, elle fut 

1 Paris, 1860, in-d" de 2 f.-464 p- et 28 planclies (p. 35o-i), Cf. Rôh- 
RICHT, p. 456. 
■2 Paris, 1866, in-S", p. 284-5. Cf. Rôhkigiit, p. 5i3. 
3 Arras-Paris, 18G6, in-8° ; nouv. édit., Paris-Lyon, s. d., in-8°, 

p. l45-52. Cf. RÔIIRIGHT, p. 464- 

i Paris-Orléans, i804, gr. in -8", p. 894. Cf. Rôumcirr, p. 517. 



ETUDE IIISTOR. SUR L.\; S. CASA ii5 

airachée miraculeusement de ses fondements et transportée à tra- 
vers les airs... i. 

F. ZiMPEL, Slrassen-Verhindung des Millellândischen mit dem 
Todlen Meere iind Damascus liber Jeriiscdem, mil Ileranziehung 
von Belhlehem, Hebroii, Tiberias, Na^arelli, etc. ^. 

A. de Macedo, Pèlerinage aux Lieux saints, suivi d'une 
excursion dans la Basse Egypte, en Syrie et à Constantinople ; 
parle seulement de l'atelier de saint Joseph, de la synago- 
gue, de la fontaine de la Vierge, de la mensa Christi ^. 

Emmanuel Tabuteau, Nazarelh et les voyages ''. 

Titus ToBLER, Nazareth in Palastina, nebst Anhang der vier- 
ten Wanderung ^. 

LiÉviN DE IIamme, Guide-indicateur des sanctuaires et lieux 

historiques de la Terre-Sainte : 

En déblayant le terrain pour cette construction (de 1620), on dé- 
couvrit les fondements de la maison qui est actuellement à Lorette, 
ainsi que ceux de l'ancienne église, avec les bases de deux rangées 
de colonnes '"'. 

Abbé Verrier, Journal d'un pèlerin de Terre Sainte, complété 

par des études subséquentes sur les lieux : 

Le Père Patrice de Sainte-Marie ^ raconte qu'en creusant le ter- 
rain pour jeter les fondements de l'église actuelle, on trouva une 
citerne sèche, remplie d'ossements humains qui portaient particu- 
lièrement les têtes, la trace de cicatrices. Ils furent recueillis avec 

^ Tournai, i865, 2 vol. in-12", t. Il, p. adi. Il cite ce texte comme tiré 
de Guillaume de Tyr, liv. ix : « Eam (Nazaretli). non magis opulentia 
quam loci sanclitas metropolim fecit » (t. Il, p. 240). Cf. RôHRiciiT,p. ôao. 

2 Frankfurt a. M., i865, 80, 47 p., plan. 

3 Paris, 1867, in-8°, p. 209. Cf. Rôhricht, p. 542. 
■* Lyon, 1867, in-8°. 

= Berlin, 1868, in-S" de vij-344 p. et plan. 

6 Jérusalem, 1869; 3e édit. revue, augmentée..., ibid., 1887, 3 vol. 
pet. ln-8°, t. III, p. 91. Cf. RômuciiT, p. 546. 

■? Pathitius a Sancta Maria (alias de Coutona), Elenchus avreinoniarum 
Terrœ Sandœ, in quo non solwnritus toti Ecclesiœ communes enucleanlar, 
imo et particulares qui sancluariorum (jratia per Praires Minores peragun- 
tur ; Lisbona, 1754, in-4°. 



ii6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

respect et honneur comme pouvant être les corps des martyrs. 
D'après une tradition que les Religieux tenaient des habitants de 
Nazareth, l'évèque.... etc. Ce fait, cité comme une des grandes pré- 
varications qui avaient pu donner lieu à l'émigration de la demeure 
de la Sainte Vierge, est au moins inexact en ce qui regarde la date 
indiquée. iS^azareth avait dû tomber aux mains des Infidèles avant 
le siège de Ptolémaïs, et depuis 1268 la basilique de l'Annonciation, 
renversée par Bibars, n'était plus qu'un monceau de ruines K 

Vie. Eug. Melcli. de Vogué, Syrie, Palestine, mont Aihos, 
voyage aux pays dupasse (1872) ; simple mention de la fon- 
taine '^. 

Augustin Albouy, Guide da pèlerin aux Lieux Saints^ esquisse 
sur Jérusalem et la Terre Sainte ^, cite bon nombre de bulles 
sur Lorette, entre autres de Paul II (i/;64 et 1471) comme 
insérées au Bullaire romain (t. I, p. 334-5) ! 

LoRTET, La Syrie d'aujourd'hui, résumé d'un voyage accom- 
pli en i875--i878 : 

Le couvent des Franciscains renferme l'église de l'Annonciation. . . , 
dans laquelle les religieux font voir la place où l'ange annonça à 
Marie la naissance du Messie. Derrière l'autel on descend dans une 
petite grotte qui servait d'habitation à Marie ; on montre même 
l'endroit qui lui servait d'oratoire et celui où se trouvait sa couche ! 
Pour qui connaît l'immutabilité des choses de l'Orient, il est bien 
plus probable, au contraire, que Joseph et Marie habitaient une 
maisonnette semblable à celles que l'on rencontre dans les quartiers 
pauvres de la ville.... *. 

Laurent de Saint-Aignan, L'église de l'Annonciation à Naza- 
reth, dans la revue La Terre Sainte ^. 

La 3° partie de la Description géographique, historique et 
archéologique de la Palestine, Galilée, par Victor Guérin, a été 
plusieurs fois déjà mise à profit ; elle renferme sur le sanc- 

1 Paris, 187 1, 2 vol. in-80, t. II, p. 176. 

2 Paris, 187G, in-S" ; 3e édit., ibid., 1887^ in 12°, p. 121. 

3 Toulouse-Paris, 1878-5^ 2 vol. in-80. Le même auteur a donné un 
ai-ticle sur Nazareth dans La Terre Sainte, 1877, n°= 4i et 43. 

* Dans Le Tour du Monde, 1881, t. XU, p. 53" ; Paris, 1884, in-4o. 
2 Année 1878, t. III, n" 68. 



ÉTUDE lilSTOR. SUR LA. S. CASA 117 

tuaire de l'Annonciation une page qui, par sa précision, mé- 
rite d'être reproduite : 

... Le sanctuaire de rAnnonciation. On descend dans cette crypte, 
du milieu de l'église où elle est renfermée, par un escalier de dix- 
sept marches en marbre blanc. Au bout des quinze premières mar- 
ches, on rencontre une chapelle appelée la Chapelle de l'Ange, qui 
forme un rectangle de 8 mètres de long sur 2"'70 de large. A droite 
de cette chapelle est un autel dédié à sainte Anne et à saint Joachim, 
et à gauche, un autre autel, sous l'invocation de l'archange Gabriel. 
Chacun de ces autels est orné d'une colonne monolithe en granit, 
provenant de la basilique primitive. Traversant ensuite une arcade 
ogivale qui s'appuie sur deux colonnes torses en marbre, on des- 
cend deux autres degrés et l'on arrive au sanctuaire proprement dit 
de l'Annonciation. Cette seconde chapelle est entièrement creusée 
dans le roc, mais elle a été revêtue de marbre, à l'exception de la 
voûte. Elle est constamment éclairée par des lampes qui, jointes à 
la faible clarté que donne l'escalier, y répandent une sorte de lumière 
mystérieuse, favorable à la prière et à la méditation. Suivant une 
tradition non interrompue depuis de longs siècles, ce serait soit 
dans cette grotte, soit dans la sainte maison transportée à Lorette, 
qu'aurait eu lieu la salutation de l'ange à l'humble vierge de Naza- 
reth.... 

L'autel est décoré de quatre colonnes en marbre gris-vert ; il est 
lui-même en marbre blanc élégamment sculpté. Sous la table de 
l'autel et dans la paroi du fond sont gravés ces mots : Verbuin caro 
hic faclam esl. 

A gauche, on voit une colonne de granit engagée dans la voûte, 
et dont la partie supérieure atteint la surface du chœur des reli- 
gieux. Celte colonne est mutilée vers le bas, à i"'5o du sol, et se 
tient comme suspendue en l'air par la force du ciment et par des 
barres de fer. Un tronçon appartenant à une autre colonne d'Un 
diamètre moindre a été placé juste au-dessous d'elle, mais néan- 
moins sans la toucher. Elle représenterait, selon la tradition, l'en- 
droit où se tenait Marie lorsqu'elle vit apparaître l'archange Gabriel. 
Deux autres colonnes de granit s'élèvent dans un enfoncement voi- 
sin, celles-là reposant sur le sol. L'une, d'après la même tradition, 
indiquerait l'endroit d'où l'ange aurait adressé à Marie les paroles qui 
lui annonçaient sa mission. Cette pieuse croyance, bien qu'ancienne, 
n'est reproduite toutefois qu'avec une discrète réserve par les reli- 
gieux. Ce que l'Eghse latine regarde comme indubitable, c'est que 
le grand mystère de celte apparition et de l'Incarnation du Verbe 



ii8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

s'est accompli clans l'enceinte de la crypte de l'Annonciation, puis- 
qu'il s'est réalisé, soit dans la grotte proprement dite, soit dans la 
sainte maison de Lorette, laquelle, d'après les témoignages les plus 
authentiques, et avant sa translation miraculeuse, occupait le de- 
vant de la grotte, à la place où se trouve maintenant la chapelle de 
l'Ange et la plus grande partie de l'escalier dont j'ai parlé. 

Un assez beau tableau représentant l'Annonciation, et enfermé 
dans un cadre d'argent, se voit au-dessus de l'autel. A l'extrémité 
orientale de celui-ci, une porte, à laquelle on monte par deux degrés, 
conduit à un enfoncement voûté en forme d'abside, qui, primitive- 
ment, ne faisait qu'un avec le compartiment qui est devenu le sanc- 
tuaire de l'Annonciation, et dont.il est séparé par un mur de refend. 
On y remarque un autel adossé au précédent et dédié à saint 
Joseph. 

De là on pénètre, par un escalier d'une dizaine de marches, dans 
une grotte supérieure, dépendance de la grotte principale et qui 
autrefois communiquait avec le couvent des Franciscains, lorsque 
les religieux voulaient descendre dans le sanctuaire de l'Annoncia- 
tion sans être vus ni molestés par les Musulmans. 

Mais rentrons actuellement dans l'éghse. Divisée en trois nefs, 
elle forme un rectangle long de 22 mètres sur 17 de large. Quares- 
mius nous apprend qu'elle était jadis orientée de même que le sanc- 
tuaire souterrain. Celui-ci se trouvait alors dans le bas côté nord 
d'une grande basilique tournée de l'ouest à l'est 

11 y a quelques années, les Franciscains, en pratiquant des fouil- 
les dans leur jardin, ont retrouvé plusieurs colonnes de granit et 
des arasements de gros murs ayant appartenu à cette ancienne basi- 
lique. 

Indépendamment de la petite maison dont la partie construite se 
trouve maintenant à Lorette, et dont la partie creusée dans le roc se 
voit en(3ore à Nazareth, au milieu de l'église de l'Annonciation, 
saint Joseph et sa virginale épouse possédaient encore dans cette 
ville une autre maison, qui servait d'atelier au père adoptif de 
Notre-Seigneur 1. 

V. M0U11ET5 La Terre Sainte et le pèlerinage de pénitence en 
1882, impressions et souvenirs : 
Cette demeure a été transportée miraculeusement à Lorette... 2. 

' Paris, 1880, 2 vol. gr. in-8° de 2 f.-53o p. et 2 f.-563 p., carte (t. I, 
p. 83-8). 

- 2P édit., Paris, s. d., 2 v. in-iao, 1. 1, p. i25. Inconnu à Rôiirigut. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR Ll S. CASA 119 

H. C. ToupiN, Pèlerinage populaire de péiiilence aux Saiids- 

Lieux, du 25 avril au 8 Juin 1882 : 

Après avoir descendu quinze marches, on se. trouve dans le sanc- 
tuaire bâti sur l'emplacement delà Sanla Casa, dont tout le monde 
connaît la merveilleuse translation à Lorette •. 

Franc. Amodru, Visites aux Lieux Saints dans l'ordre desjaits 

évangéliqaes... : 

La pièce la plus considérable de cette liabitation a été transportée 
par les Anges à Lorette (sauf à dire à la p, suivante que dans la) 
chapelle de FAnnoncialion (à Nazareth) le Christ a été conçu dans le 
sein virginal de Marie 2. , ' 

Vengeon, Souvenirs d' un pèlerin de Terre Sainte en 188^f : 

Chacun sait que la Santa Casa fut miraculeusement transportée, 
à la fin du xiii° siècle, par les anges sur la terre d'Italie. A Nazareth 
il ne reste que les fondations... '^. 

Phiiipp WoLFF, Skizzen aus Palastina :... Nazareth''. - 

Zéphyrin Blanchard, Visites aux Lieux-Saints, relation du 
Vl" pèlerinage de pénitence à Jérusalem en 1887 : 

C'est dans la maison de Marie que le Fils de Dieu s'est fait homme. 
Elle n'est plus à Nazareth. Elle a été transportée par les anges, 
d'abord en Ualmatic .... Je n'ai pas à prouver ici cette translation 
miraculeuse. Sept Papes... l'ont examinée et déclarée un fait incon- 
testable... '». 

GuENioT, Notes d'un pèlerin de Terre-Sainte : 

Courons encore au sanctuaire de l'Annonciation, c'est là le cœur 
de Nazareth. El d'abord, un mot sur la translation de la sainte 
maison à Lorette (suit l'histoire de la légende) ". 

Chacun sait que la partie antérieure de la maison de la sainte 

' Montélimar, 1882, in 8", p. ig. L'auteur raconte à cette occasion, 
d'après les Annales de N.-D. de Sion (no 16, p. i3-6), la conversion à 
l'Eglise catholique du « R'' pasteur F., docteur anglican forcené ». 

- Paris, i88/i, 2 v. in-120, t. I, pp. 2/1 et 20. 

" 3e édit., Caen, 1891, in-8°, p. 3o. 

^ Dans Ausland, i885, n" 18-9, 35, 52. 

" 26 édit. revue, Paris, 1888, in-12, p. 38. 

« Remiremonl, 1888, 3 vol. gr. in-i6o, t. I, p. 67. 



I20 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Vierge fut transportée miraculeusement il y a six siècles, par les 
anges, sur la colline de Lorette, après avoir fait diverses stations *. 

HuARD, De Paris à Jérusalem, impressions et souvenirs da 
Ypnc Pèlerinage de Pénitence : 

La maison se composait de deux grottes, communiquant entre 
elles par un étroit couloir, et précédées d'une chambre, construite 
de main d'homme. Cette dernière pièce fut transportée par les an- 
ges, à Lorette, en 129 1... ^. 

Gandellier, Pèlerinage national à Rome et à Jérusalem en 
1889 ou guide pratique des futurs pèlerins : 

La crypte ... renferme quatre autels; c'est la grotte même où se 
trouvait, d'après la tradition, la très Sainte Vierge quand l'ange 
la salua de la maison où il se tenait 

La maison de saint Joachim et de sainte Anne occupait en partie 
l'égHse de l'Annonciation : c'était, nous le répétons, la Sanla-Casa'^ . 

Baron Jehan de Witte, En Palestine : 

C'est dans la crypte que l'on vénère le lieu de l'Incarnation du 
Verbe, mais la maison, on le sait, a été transportée à Lorette. 11 ne 
reste ici que la grotte, contre laquelle était plaquée sans doute la 
Santa Casa de Lorette ''■. 

E. Le Camus, Notre voyage aux pays Bibliques. Une page ou 
deux de cet auteur, connu et apprécié, — aujourd'hui évê- 
que de La Rochelle, — reposeront le lecteur des insignifiances 
qui précèdent : 

Ce matin, nous avons visité les divers sanctuaires que les pèlerins 
se plaisent à vénérer ici. Ils me frappent médiocrement. On les a 
multipliés, en subdivisant sans motifs plausibles les incidents de 
l'histoire évangélique. Les Franciscains occupent la grotte où se 
serait accompli le mystère de l'Incarnation. Or, comme la maison 
de la sainte Vierge se trouve à Lorette en Italie, ils ont conçu la 
scène biblique de saint Luc, de façon à laisser quelque gloire au 
sanctuaire que l'on prétend conserver ici. Ainsi, au dire de ces bons 
Pères, l'archange Gabriel se serait tenu dans la maison miraculeuse 
de Lorette, quand il adressa sa céleste salutation à Marie, qui se 
trouvait elle-même dans la grotte restée à Nazareth. Par conséquent, 

1 Remii-emont, 1898, gr. in-b», p. 89. ~ 2 Lille, 1888, in-130, p. 63-à. 
■1 Amiens, [1890], in 8°, pp. i-4i et 106. — * Paris, 1889, pet. in-80, p. 355. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR LA S. GA.SA 121 

c'est dans le sanctuaire actuel de Nazareth, et non dans celui d'Ita- 
lie, que le Verbe se serait fait chair. La prétention est un peu vio- 
lente en face de la vénération del'Eghse romaine pour la Santa Casa, 
qui aurait été tout simplement le lieu où apparut l'archange Gabriel 
remplissant son céleste message, tandis que nous serions ici dans 
l'oratoire trois ibis béni où Marie accepta d'être l'épouse du Saint 
Esprit, et où s'accompht le mystère de l'Incarnation. 

En outre, les Grecs schismatiques sont, depuis plus de dix siècles, 
en possession d'un site traditionnel, où l'ange aurait une première 
fois salué Marie puisant de l'eau à la fontaine. Ceux-ci supposent 
donc un prélude à la réalisation définitive dé l'œuvre divine en 
Marie, et la jeune Vierge ne serait devenue l'épouse del'Esprit-Saint 
qu'à son retour dans sa maison. 

Ce n'est pas tout. Les Dames de Nazareth viennent de découvrir, 
dans les fouilles faites à leur couvent, l'antique grotte visitée par 
Arculfe au vu° siècle, et sur laquelle fut l'église « située, d'après ce 
pèlerin, au milieu de la ville », par opposition, sans doute, à une 
autre qui devait être en un lieu excentrique, probablement là où 
se trouve le sanctuaire grec de saint Gabriel. La première, au dire 
de l'illustre visiteur, s'élevait au lieu même où Jésus avait été 
nourri, et par conséquent sur la maison de saint Joseph ; la se- 
conde, à l'endroit où l'ange avait parlé à Marie toute seule. Est-ce à 
la fontaine ? Est-ce chez ses parents ? Arculfe ne semble pas avoir 
envisagé l'hypothèse où, au moment de l'Incarnation, la jeune 
vierge aurait été non pas l'épouse, mais seulement la fiancée de Jo- 
seph et se serait trouvée encore dans sa famille, et non chez son futur 
époux. C'est pourtant la supposition qui, d'après les textes évangé- 
iiques, semble la plus naturelle. 

Quoi qu'il en soit, nous avons commencé par visiter, en compagnie 
de la vénérable supérieure des Dames de Nazareth, cette troisième 
maison de la Sainte Famille, qui peut bien être la plus authentique, 
à condition d'y chercher non pas l'habitation de Joseph, mais les 
citernes ou les caves qui furent sous celte habitation 

L'église des Grecs à la fontaine, où, selon leProtévangile apocry- 
phe de saint Jacques, Marie allant remplir sa cruche entendit, pour 
la première fois, la salutation de l'ange, sans savoir d.'où elle lui 
venait, n'a de remarquable que le mauvais goût de sa décoration 
intérieure. Dans une chapelle souterraine, se trouve la source qui 
fut, peut-être, celle de l'antique Nazareth, la fontaine pubUque acT 
tuelle en étant visiblement dérivée. La tradition, qui désigne ce site, 
remonte à plus de treize siècles ; mais vaut-elle plus que l'écrit apo- 
cryphe et le récit puéril du Protcvangile d'où elle procède ? . 



132 NOTRE-DAME DE LORETTE 

L'église franciscaine de l'Annonciation est belle. Des piliers car- 
rés la divisent en trois nefs, tandis que la crypte, le parvis et le 
chœur y forment trois étages différents. La crypte, seule, nous in- 
téresse. En suivant la nef du milieu, on y descend sous le chœur 
par dix-sept degrés qui traversent au quinzième la chapelle de 
l'ange, correspondant, dit-on, à la partie inférieure de la maison 
transportée à Lorette. A gauche, est l'autel de saint Gabriel, et à 
droite, celui de saint Joâchim et de sainte Anne. Par deux degrés 
et une arcade ogivale, on arrive au sanclnaire de l'Annonciation. 
Sous l'autel, à la paroi du fond, on a gravé : Hic, Verbum carofac- 
tuin est. Depuis quelque temps, on cesse de donner à deux frag- 
ments de colonnes encastrées dans la voûte ou dans le mur, la 
signification ridicule qu'on leur attribuait précédemment. L'un 
aurait marqué la place de l'ange, l'autre celle de Marie, durant le 
sublime entretien. Cornme on le voit, le Hic atteignait ici des pro- 
portions désobligeantes. On pourra aussi définitivement sacrifier, 
sans crainte de déplaire à la piété des catholiques, la cuisine de la 
sainte Vierge, où l'on arrive en aA'ançant dans la grotte, à travers la 
chapelle de saint Joseph et une série de quatorze marches. Les reli- 
gieux auront assez à faire de maintenir l'authenticité de leur sanc- 
tuaire vis-à-vis des souterrains que les Dames de Nazareth ont mis 
à jour. 

Il ne s'agit pas, en efCet, de savoir s'il a pu y avoir deux sanc- 
tuaires, l'un sur la maison de saint Joseph, l'autre sur celle de la 
sainte Vierge, mais bien s'ils ont réellement et simultanément existé 
côte à côte, à cent mètres d'intervalle. Le témoignage d'Arculfe, le 
plus explicite que nous ayons parmi les anciens, dit positivement le 
contraire. Au milieu de la ville, il n'y avait, au vu" siècle, qu'une 
église. Or il décrit la crypte de cette église telle que nous la trou- 
vons chez les Dames de Nazareth. Hi mcdio civitatis loco, saper duos 
fundala cancros, etc. Comme on sait que, depuis cette époque, Na- 
zareth a été entièrement saccagée au commencement du xii° siècle, 
et plus particulièrement que l'église de l'Annonciation, détruite en 
1263 par le sultan Bibars,ne fut rebâtie qu'en 1620, on se demande 
à bon droit si un déplacement de cent mètres ne s'est pas produit 
quand on a édifié le présent sanctuaire, et si l'on n'a pas cru 
occuper à l'orient l'antique crypte ou grotte qui se trouvait vers 
l'occident, sous la maison de quelque particuher, devenue récem- 
ment la propriété de nos religieuses de Lyon. 

Après cela, faut-il tenir pour absolument authentique les site? 
qui furent désignés comme tels, même au vn° siècle, à moins qu'un 
signe miraculeux ne soit venu les proposer à la vénération publi- 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 128 

que ? Saint Epiphane nous atteste qu'il n'y eut pas un seul chrétien, 
et par conséquent pas un seul sanctuaire vénéré dans Nazareth, 
jusqu'après Constantin. Quand trois siècles d'oubli furent passés 
sUr Jésus et sa famille dans cette ville hostile au christianisme, qui 
fut autorisé à marquer la place où ils avaient vécu ? Faut-il dire que 
la haine, elle-même, des Nazaréens contre leur illustre compatriote 
avait été assez vivace pour suppléer à la tradition des amis ? 

On nous conduit, malgré toutes ces objections, à un quatrième 
sanctuaire qui complète ce groupe déjà compliqué des diverses mai- 
sons de la Sainte Famille : c'est l'atelier de saint Joseph. On s'est 
imaginé que l'usage actuel de reléguer la femme hors de la boutique 
de l'ouvrier et des relations sociales inhérentes à la vie des petits 
commerçants était ancien. Je ne le crois pas '. ^ ., 

Ml'""] SoDAR DE Vaulx, Lcs splendeups de la Terre Scdnte, ses 
sancUiaires et leurs gardiens ; ' 

Sainte Hélène ... ordonna que la Santa-Casa lut renfermée dans 
un temple magnifique, sous le titre de VAnnoncialion. Elle Ht gra- 
ver au frontispice cette inscription aussi brève qu'éloquente : Hxc 
est ara, in qiia primo jactam est hiimanœ salutis fiindamenlum. 
... Saint Louis ... voulant perpétuer le souvenir de sa visite, com- 
manda de peindre sur la paroi occidentale de la Sania-Casa la 
Vierge avec l'enfant Jésus ,... Le Seigneur, en la confiant aux 
chrétiens de l'Occident, la leur donna-t-il comme un gage parti- 
culier de son amour, comme une compensation à la perle dou- 
loureuse des Lieux Saints pour le rachat desquels ils avaient géné- 
reusement versé leur sang? De graves auteurs l'affirment; d'autres, 
au contraire, attribuent la mystérieuse translation, non à la misé- 
ricorde, mais à la colère divine, provoquée par la scandaleuse apos- 
tasie d'un évêque de Nazareth, qui renia le Christ pour embrasser 
la foi de Mahomet. Ce prévaricateur, rejetant la mitre et le bâton 
pastoral, se couvrit la tête du turban et invita la population à sui- 
vre son exemple. Tous les historiens ont rapporté ce fait et l'Eglise, 
en témoignage d'un tel opprobre, supprima l'évêché de Nazareth, 
dont le titre fut simplement réuni à celui de Barletta dans la 
Fouille -'. 

En Egypte et en Palestine. Souvenirs du pèlerinage de 1891, 
par un pèlerin Lyonnais : 

' Paris, 1890, 3 vol. in-120, t. II, p. 196-201, 2 pi. 
- Paris, 1890, in-8", p. 364-5. 



124 NOTRE-DAME DE LORETTE 

La pièce bâtie devant la grotte a été transportée à Lorelte : une 
dalle noire, placée dans l'escalier qui conduit à cette grotte, indique 
aujourd'hui la place du raccord. D'après la tradition franciscaine, 
l'ange se tenait dans cette pièce ; Marie, au contraire, se trouvait dans 
celle du fond i. 

J. DE Martrin-Donos, Le pays du Sauveur, impressions de 
voyage d'un pèlerin en Egypte el en Palestine (1891) : 

Déjà, à cette époque [iSoo], la maison de la Sainte Famille avait 
disparu : elle avait été transportée miraculeusement par les anges 
en Dalmalie d'abord, et enfin à Lorette en Italie '^. 

E. Levesque, article Annonciation dans le Dictionnaire de la 

Bible, publié par F. Vigouroux : 

La vérité de cette translation repose sur des témoignages con- 
temporains dignes de foi, sur des miracles bien avérés et sur la 
comparaison... pour la nature des pierres employées et des dimen- 
sions... 3. 

Louise Marquette, A travers la Syrie, souvenirs de voyage : 

Je pense aussi à cette copie de la Santa Casa que nous possédons 
à Liesse '^ 

Lucien Trotignon, De Jérusalem à Conslanlinople, journal 

d'un, voyageur : 

Dans leur rage habituelle de reconstitutions pieuses, les francis- 
cains ne manquent pas de montrer, çà et là, la cuisine de la Vierge, 
l'atelier de saint Joseph, la place exacte oîi apparut l'ange Gabriel, 
etc.. Mais, sans grande conviction, il nous a semblé ^. 

Le même, L'Orient qui s'en va, Egypte, Palestine, Syrie, 
Conslanlinople, noies de voyage^. 

L. L. MoTHERE, Mon pèlerinage en Orient: 

Suivant une tradition non interrompue depuis de longs siècles, 
c'est, soit dans celle grotte, soit dans la sainte maison transportée à 
Lorette, qu'eut lieu la salutation de l'ange à l'humble vierge de Na- 
zareth.... ''. 

) Paris-Lyon, 1892, gr. in-S", p. i25. — 2 Nouv. cdit., Lille-Paris, 

1892], in-8", p. 1^9. — 3 Paris, 1892, gr. in-80, t. I, c. G^g-o/l. — * Lille, 

1892, pet. in-80, pj,-^5, — il Paris, 1892, in- 12», p. 70. — « Paris, f8g3, 

in- 12°, p. ig/j-o, même phrase. — '' Paris-Sens, iSgS, gr. in-S", p. 2tiC). 



ÉTUDE HISTOR, SUR LA. S. GA.SA i35 

P,-L. PÉCHENARD, De Reiiiis à Jérusalem en 1893 *." L'au- 
teur, aujourd'hui recteur de l'Institut catholique de Paris, 
n'a pas un mot pour ou contre la s. Casa. 

G. PoLYDOiiE, Voyage en Orient, xiv° pèlerinage populaire 
de Pénitence à Jérusalem, décembre-janvier 1894-5 : 

La maison où la Sainte Vierge reçut la visite de l'Ange n'est plus 
en ce lieu ; elle est à Lorette en Italie, où elle a élé portée par les 
anges, jaloux de la soustraire aux profanations des infidèles ^V 

A. Sagary, Sur mer et sur terre. Notre pèlerinage XIV de 
pénitence à Jérusalem, 5 déc. 189^-18 janv. 1895 : 

L'église, Mtie par sainte Hélène, fut rasée par les musulmans. 
C'est alors que, pour soustraire la maison aux profanations des in- 
fidèles, Dieu la fît transporter par les anges, d'abord en Dalmatie, 
puis à Lorette.... Les croisés rebâtirent l'église, plus tard détruite 
par le farouche Bibars ^. 

Léonie de Bazelaire, Chevauchée en Palestine : 

11 est très probable, presque certain, dit le Frère Liévin, que la 
maison de Lorette, détachée de la grotte par les Anges, reçut la visite 
de l'archange Gabriel... ^. 

L. Alazard, En Terre Sainte, monographie des Saints Lieux, 
souvenirs de pèlerinage : 

Il lui [à Dieu] plut de consoler l'Occident de la perte des Lieux 
Saints en lui confiant la garde de la sainte maison de Nazareth. 

Le lo mai de l'année 1291, les anges détachèrent de leurs fonde- 
ments la pieuse demeure et la déposèrent en Dalmatie, entre Fiume 
et Tersatz 

Ce n'est pas le cas de dire par quelle multitude de miracles le Ciel 
a prouvé que cette sainte demeure est bien celle de la sainte Fa- 
mille. — Encore moins raconterai-je les innombrables enquêtes 
qu'ordonna l'Eglise pour constater l'invincible authenticité de cette 
prodigieuse translation s. 

Vital GuiNEï, Syrie, Liban et Palestine, géographie adminis- 
trative, statistique, descriptive et raisonnée : 

1 Reims, 1898, in-8° ; Nazareth occupe les pp. loS-g. — 2 Périgueux, 
1895, in-I2^ p. 102. — 3 Paris, [1896], gr. in-8", p. 47- — * 5° édit., Saint- 
Dié, 1895, m-8<', p. G3. — s Rodez, 1895, gr. in-8°, p. 65-6. 



12G NOTRE-DAME DE LORETTE 

Là jaillit la source préférée qu'on nomme encore aujourd'hui la 
fontaine de Marie, en souvenir de la vie cachée de l'humble Vierge 
à Nazareth ^ . 

Jacinto Yerdaguer, En Terre Sainle, traduit du catalan par 

Jules Delpont : 

Les anciennes maisons de Nazareth,., possèdent chacune une 
excavation..,; c'est ce qui est resté, à Nazareth, de l'habitation de 
la sainte Vierge, lorsque sa maison fut transportée, par les anges, 
à Lorette -. 

Marcellin de Givezza, Histoire universelle des Missions 
Franciscaines, ouvrage traduit de l'italien et disposé sur un 
plan nouveau par Victor-Bernardin de Rouen : 

C'était le i8 mai 1291 que croulait le dernier boulevard des 
Croisés ; neuf jours après, le 27, se produisait à Nazareth un fait qui 
jetait la consternation parmi les rares chrétiens que conservait la 
Palestine, mais inondait d'une douce consolation les fidèles d'Occi- 
dent. — Au nombre des édifices rehgieux dont la piété de sainte 
Hélène avait doté les Saints-Lieux, figurait dans un rang distingué 
la basilique de l'Annonciation, sanctuaire élevé sur le lieu où 
l'ange avait annoncé à Marie qu'elle deviendrait mère de Dieu .... 
Six degrés placés au midi permettaient de descendre dans la 
demeure de l'auguste reine des anges. — Or, neuf jours après la 
prise de Saint-Jean d'Acre, les Sarrasins jetaient à terre cette somp- 
tueuse bâtisse. Ainsi privée de son écrin, la sainte maison se trou- 
vait exposée à tomber sous le marteau destructeur des fils de 
Mahomet. Ce fut alors que pour la soustraire sans doute aux profana- 
lions sacrilèges de ses ennemis. Dieu commanda à ses anges de la 
transporter sur les rives de l'Adriatique, entre ïersatz et Fiume, 
dans un lieu appelé Baunica (sic) -K 

Hon. L. M1NGASS0N, hnpressions et souvenirs de mon pèleri- 
nage en Terre-Sainte : 

La petite maison bâtie a été transportée à Lorette, par les anges ; 
la grotte est demeurée, naturellement, et une tradition veut que la 

1 Paris, 1896, gr. in-S", p. 118. — 2 Perpignan, 1896, in-8°, p. i34. 

3 Paris, i8g8, t. III, 1' part., p. 103-6; cf. a'^part., p. i Sa :« Nazareth,.., 
maison bénie, trésor de Lorette ». L'original italien, Storia imiversale 
délie Missioni FrancescanCy a paru, I\oma e Pralo, de 1857 à 1892, en 
7 vol. in-8". 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. GiVSA 127 

Sainte Vierge ait été dans cette grotte, lorsque rx\rchange lui appa- 
rut _,. — L'emplacement de la sanla casa de Lorette est en avant : 
les fondations existent encore, mais elles sont masquées par l'esca- 
lier de marbre qui descend à la grotte, et par les murailles qui por- 
tent au-dessus d'elles le sanctuaire et le grand autel de l'église.... 
— Les religieuses de Saint-Joseph, qui possèdent à Nazareth un bel 
établissement, auraient retrouvé les ruines de cette basilique [do- 
mas nutritionis], en fouillant dans leur enclos, elles preuves d'au- 
thenticité paraissent irréfutables 1. 

G. GouGEON, Notes de pèlerinage et de voyage, 17 aoiit-3i 

oct. 1900 : 

L'archange Gabriel, au moment de l'Incarnation, se tenait dans 
la maison qui est maintenant à Lorette, et la Sainte Vierge était dans 
la grotte à laquelle la maison était attenante. Voilà pourquoi la 
maison de Lorette et la grotte de Nazareth sont également vénéra- . 
blés 2. 

Rampillou, La Terre Sainte, souvenirs et impressions d'un 
peterin : 

Cette maison de Marie, vulgairement appelée la santa casa (la 
sainte maison), n'est plus à Nazareth depuis six cents ans. Elle fut 
miraculeusement transportée parles anges, en 1291 (après la prise 
de Saint-Jean-d'Acre par les Turcs), en Dalmatie d'abord, où elle 
resta trois ans et demi, puis en Italie... (Suit l'histoire de la « Trans- 
lation de la Santa Casa » d'après l'abbé Grillot, du diocèse d'Au- 
tun.) 3. 

Renard, Au pays du Sauveur, XX" pèlerinage de la pénitence 

à Jérusalem et à Rome, ... : 

Le maître autel recouvre entièrement l'emplacement de la sainte 
maison que les anges emportèrent miracialeusement à Lorette, en 
Italie, en 1291, et dont on peut voir les fondations et les dimen- 
sions '\ 

Sertillanges, des Frères Prêcheurs, Jésus : 

Nous y sommes entré, dans cette Nazareth ; nous avons suivi les 
l'ues étroites, ju'.qu'à cette maison, — est-ce une maison? — où 
viA'ail dans le silence l'Enfant-Dieu. C'est un enfoncement sous le 
rocher, avec, jadis, un petit avant-corps en maçonnerie, peut-être. 

» Bourges, 1898, gr. in-8°, p. 107-8. — 2 Blois. 1904, in-8°, p. ii/). 
a Tours, 1900, in-8", p. Sa-O. — * Paris, 1900, gr. in-8", p. 81. 



128 ?<OTRE-DAME DE LORETTE 

Aujourd'hui, c'est une chapelle, et l'on vient prier là, sous la voûte 
obscure Marie était là.... Elle allait et venait, par un petit esca- 
lier pratiqué clans le roc, de la pièce principale, — combien étroite ! 
— à une autre plus étroite encore qu'on appelle sa cuisine ^ 

Gaston Bonneuy, Croquis de roule. Vers Jérusalem par 

l'Egyple et la Syrie : 

L'église de l'Annonciation, aux Latins, s'élcA^e sur l'emplacement 
delà maison de la Vierge. Saint Louis, en laôa, fut l'un des der- 
niers pèlerins français qui vit l'humble maison avant sa translation 
en Dalmatie par les anges, en 1:291, et à Lorette en 1295 2. 

A. Hue, Vers l'Orient : 

Depuis quelques années, les dames de Nazareth font des fouilles 
dans les sous-sols du couvent. Elles ont à moitié déblayé l'ancienne 
basilique dite de la Nutrition, qui aurait été bâtie à l'emplace- 
ment de la seconde maison habitée par la sainte Famille au retour 
d'Egypte^. 

ïh. V., En Terre Sainte (daté de Saint-Pétersbourg, décem- 
bre 1902) ; 

Il n'y a qu'un sanctuaire dont personne ne conteste l'authenticité: 
c'est celui de l'Incarnation '<-. 

Bessède, Souvenirs d'Orient : Terre Sainte et Palestine ... : 

Sur l'emplacement de la maison delà Sainte Famille est construite, 
en élévation, en face de la vallée, l'éghse de l'Annonciation. Elle a 
succédé à plusieurs églises, tour à tour ruinées par les infidèles et 
restaurées par les chrétiens. C'est dans Une crypte peu spacieuse 
que s'élève l'autel même de l'Annonciation... ^. 

Joseph Lémann, La Vierge Marie dans l'histoire de l'Orient 

chrétien (hommage au Saint-Siège pour le cinquantenaire de 

la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception) : 

Un siècle avant la prise de Constantinople, alors que les Turcs 
étaient déjà maîtres de Jérusalem et de la Palestine, une douloureuse 
séparation pour l'Orient avait eu lieu, sous la forme d'un prodige. 
Nous voulons parler de la translation de la Sanla Casa (maison de 
la Sainte Vierge à Nazareth) en Occident. 

1 Paris, 1900, in-i2, p. 69-60. — 2 Paris, 1901, pet. in-8% p. i38. 
3 Albi, 1908, gv. in-S", p. 2i-3. — ^ Paris, 1908, pet. in-8°, p. 121. 
5 Lille, 1904, pet. in-8°, p. 55. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 129 

La tradition, appuyée sur le contrôle des souverains pontifes, rap- 
porte ainsi cette miraculeuse translation. En 139 1 

Mais pour quel motif Dieu avait-il permis à ses anges d'opérer 
cette translation ? Les événements d'alors doivent on fournir l'expli- 
cation. En effet, la maison de Marie était à la veille d'être livrée à 
l'ignominie et à la destruction,... Le ciel et l'espace ne le souffrirent 
pas. Ils se liguèrent : des anges descendirent, la maison de Marié 
fut doucement enlevée sur leurs ailes de flammes, et faisant voyage 
dans les aii's, elle fut déposée en Occident au sein de la catholicité *; 

Fernand Gabuol, article Annonciation dans le Dictionnaire 
d'archéologie chrétienne et de liturgie publié par lui : 

La maison, on le sait, fut transportée à Lorette au xnf siècle 2. 

Cette citation finale montre que, jusqu'en ces derniers 
temps, de bons esprits dans le monde savant catholique 
n'avaient pas su ou ne s'étaient pas cru autorisés à réagir 
contre la croyance commune. 






En terminant cette énumération, j'éprouve une crainte : 
le lecteur n'aura-t-il pas trouvé ces extraits trop copieux et 
surtout trop multipliés? Le résumé qu'il me reste à faire le 
fera changer d'idée, j'en ai la confiance ; comme je l'ai déjà 
dit, on pourrait en augmenter passablement le nombre : 
c'eût été superflu. Les citations qu'on, vient de lire étaient 
nécessaires à deux points de vue : pour établir l'inanité des 
arguments en faveur de la translation et la mentalité d'un 
trop grand nombre d'écrivains religieux sur un sujet légen- 
daire ^. 

1 2° édifc., Paris-Lyon, igo^, pet. in-8° de xvj-64o p. (p. 442-4). 

2 Paris, 1905, gv. in-S", t. 1, c. 3246. 

3 Les auteurs ou ouvrages cités dans ce 3° chapitre sont au nombre de 
cent treize. Les noms de ceux qui ne pourront être utilisés dans ce 
résumé ne figurent pas ci-après à la suite de leur numéro. — xvi'' siècle : 
81; 82, Ansehne; 83, Vénitien; 84, Greffin Affagart ; 85; 86, Yulcano ; 

N.-D, DE LORETTE O 



laG NOTRE-DAME DE LORETTE 

Là jaillit la source préférée qu'on nomme encore aujourd'hui la 
fontaine de Marie, en souvenir de la vie cachée de l'humble Vierge 
cà Nazareth ^ . 

Jacinto Verdaguer, En Terre Sainte, traduit du catalan par 
Jules Delpont : 

Les anciennes maisons de Nazareth... possèdent chacune une 
excavation...; c'est ce qui est resté, à Nazareth, de rhabitation de 
la sainte Vierge, lorsque sa maison fut transportée, par les anges, 
à Lorette -. 

Margellin de Giyezza, Histoire universelle des Missions 
Franciscaines, ouvrage traduit de l'italien et disposé sur un 
plan nouveau par Victor-Bernardin de Rouen : 

C'était le 18 mai 1291 que croulait le dernier boulcA^ard des 
Croisés ; neuf jours après, le 27, se produisait à Nazareth un fait qui 
jetait la consternation parmi les rares chrétiens que conservait la 
Palestine, mais inondait d'une douce consolation les fidèles d'Occi- 
dent. — Au nombre des édifices religieux dont la piété de sainte 
Hélène avait doté les Saints-Lieux, figurait dans un rang distingué 
la basilique de l'Annonciation, sanctuaire élevé sur le lieu où 
l'ange avait annoncé à Marie qu'elle deviendrait mère de Dieu .... 
Six degrés placés au midi permettaient de descendre dans la 
demeure de l'auguste reine des anges. — Or, neuf jours après la 
prise de Saint-Jean d'Acre, les Sarrasins jetaient à terre cette somp- 
tueuse bâtisse. Ainsi privée de son écrin, la sainte maison se trou- 
vait exposée à tomber sous le marteau destructeur des fils de 
Mahomet. Ce fut alors que pour la soustraire sans doute aux profana- 
tions sacrilèges de ses ennemis, Dieu commanda à ses anges de la 
transporter sur les rives de l'Adriatique, entre ïersatz et Fiume, 
dans un lieu appelé Baunica (sic) 3. 

Hon. L, M1NGASSON, Impressions et souvenirs de mon pèleri- 
nage en Terre-Sainte : 

La petite maison bâtie a été transportée à Lorette, par les anges ; 
la grotte est demeurée, naturellement, et une tradition veut que la 

1 Paris, 1896, gr. in-8°, p. 118. — s Perpignan, 1896, in-8% p. i34. 

•> Paris, 1898, t. III, l'^part., p. 102-6; cf. 2'=j)art.,p. 162 :« Nazareth..., 
maison bénie, trésor de Lorette ». L'ori^jinal italien, Storia iiniversale 
délie Missioni Francescane, a paru, Roma e Pralo, de 1807 à 1892, en 
7 vol. in-8". 



ÉTUDE IIISTOR. SUR LA S. GiVSA 127 

Sainte Vierge ait été dans celte grotte, lorsque rArchange lui appa- 
rut.... — L'emplacement de la santa casa de Lorette est en avant : 
les fondations existent encore, mais elles sont masquées par l'esca- 
lier de marbre qui descend à la grotte, et par les murailles qui por- 
tent au-dessus d'elles le sanctuaire et le grand autel de l'église.... 
— Les religieuses de Saint-Joseph, qui possèdent à Nazareth un bel 
établissement, auraient retrouvé les ruines de cette basilique [do- 
mus nutritionis], en fouillant dans leur enclos, et les preuves d'au- 
thenticité paraissent irréfutables 1, 

G. GouGEON, Noies de pèlerinage et de voyage, i7 aoûl-3i 

oct. '1900 : 

L'archange Gabriel, au moment de l'Incarnation, se tenait dans 
la maison qui est maintenant à Lorette, et la Sainte Vierge était- dans 
la grotte à laquelle la maison était attenante. Voilà pourquoi la 
maison de Lorette et la grotte de Nazareth sont également vénéra- , 
blés 2. 

Rampillou, La Terre Sainte, souvenirs et impressions d'an 
pèlerin : 

Cette maison de Marie, vulgairement appelée la santa casa (la 
sainte maison), n'est plus à Nazareth depuis six cents ans. Elle fut 
miraculeuseriient transportée parles anges, en 1291 (après la prise 
de Saint-Jean-d'Acre par les Turcs), en Dalmatie d'abord, où elle 
resta trois ans et demi, puis en Italie... (Suit l'histoire de la « Trans- 
lation de la Santa Casa » d'après l'abbé Grillot, du diocèse d'Au- 
tun.) 3. 

Renard, Au pays du Sauveur, XX" pèlerinage de la pénitence 

à Jérusalem et à Rome, ... : 

Le maître autel recouvre entièrement l'emplacement de la sainte 
maison que les anges emportèrent miraculeusement à Lorette, en 
Italie, en 1291, et dont on peut voir les fondations et les dimen- 
sions *. 

Sertillanges, des Frères Prêcheurs, Jésus : 

Nous y sommes entré, dans cette Nazareth ; nous avons suivi les 
rues étroites, jusqu'à cette maison, — est-ce une maison ? — où 
vivait dans le silence l'Enfant-Dieu. C'est un enfoncement sous le 
rocher, avec, jadis, un petit avant-corps en maçonnerie, peut-être. 

1 Bourges, 1898, gr. in-8°, p. 107-8. — 2 Blois, 1904, in-S", p. n^. 
a Tours, 1900, in-8°, p. 32-6. — * Paris, 1900, gr. in-8^ p. Si. 



128 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Aujourd'hui, c'est une chapelle, et l'on vient prier là, sous la voûte 
obscure Marie était là.... Elle allait et venait, par un petit esca- 
lier pratiqué dans le roc, de la pièce principale, — combien étroite 1 
— à une autre plus étroite encore qu'on appelle sa cuisine K 

Gaston Bonneuy, Croquis de roule. Vers Jérusalem par 
l'Egyple et la Syrie : 

L'église de l'Annonciation, aux Latins, s'élève sur l'emplacement 
delà maison de la Yierge. Saint Louis, en 1262, fut l'un des der- 
niers pèlerins français qui vit l'humble maison avant sa translation 
en Dalmatie par les anges, en 129 1, et à Lorette en 1295 ^. 

A. Hue. Vers r Orient : 

Depuis quelques années, les dames de Nazareth font des fouilles 
dans les sous-sols du couvent. Elles ont à moitié déblayé l'ancienne 
basilique dite de la Nutrition, qui aurait été bâtie à l'emplace- 
ment de la seconde maison habitée par la sainte Famille au retour 
d'Egypte a. 

Th. V., En Terre Sainte (daté de Saint-Pétersbourg, décem- 
bre 1902) .• 

Il n'y a qu'un sanctuaire dont personne ne conteste l'authenticité : 
c'est celui de l'Incarnation 'k 

Bessède, Souvenirs d'Orient : Terre Sainte et Palestine ... : 

Sur l'emplacement de la maison delà Sainte Famille est construite, 
en élévation, en face de la vallée, l'église de l'Annonciation. Elle a 
succédé à plusieurs égUses, tour à tour ruinées par les infidèles et 
restaurées par les chrétiens. C'est dans une crypte peu spacieuse 
que s'élève l'autel même de l'Annonciation... ^. 

Joseph Lémainn, La Vierge Marie dans l'histoire de l'Orient 
chrétien (hommage au Saint-Siège pour le cinquantenaire de 
la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception) : 

Un siècle avant la prise de Constantinople, alors que les Turcs 
étaient déjà maîtres de Jérusalem et de la Palestine, une douloureuse 
séparation pour l'Orient avait eu lieu, sous la forme d'un prodige. 
Nous voulons parler de la translation de la Santa Casa (maison de 
la Sainte Vierge à Nazareth) en Occident. 

1 Paris, 1900, in-i2, p. 69-60. — 2 Paris, 1901, pet. in-8°, p. i38. 
3 Albi, 1903, gr. in-8^, p. 2i-3. — + Paris, igoS, pet. in-8°, p. 121. 
s Lille, igo/t, pet. in-8°, p. 55. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 129 

La tradition, appuyée sur le contrôle des souverains pontifes, rap- 
porte ainsi cette miraculeuse translation. En i agi 

Mais pour quel motif Dieu avait-il permis à ses anges d'opérer 
celte translation ? Les événements d'alors doivent en fournir l'expli- 
cation. En effet, la maison de Marie était à la veille d'être livrée à 
l'ignominie et à la destruction.... Le ciel et l'espace ne le souffrirent 
pas. Ils se liguèrent : des anges descendirent, la maison de Marie 
fut doucement enlevée sur leurs ailes de flammes, et faisant voyage 
dans les airs, elle fut déposée en Occident au sein de la catholicité^; 

Fernand Cabrol, article Annonciation dans le Diclionnairè 
d'archéologie chrétienne et de liturgie publié par lui : 

La maison, on le sait, fut transportée à Lorette au xnf siècle ^. 

Cette citation finale montre que, jusqu'en ces derniers 
temps, de bons esprits dans le monde savant catholique 
n'avaient pas su ou ne s'étaient pas cru autorisés à réagir 
contre la croyance commune. 



* 
* * 



En terminant cette énurnération, j'éprouve une crainte : 
le lecteur n'aura-t-il pas trouvé ces extraits trop copieux et 
surtout trop multipliés? Le résumé qu'il me reste à faire le 
fera changer d'idée, j'en ai la confiance ; comme je l'ai déjà 
dit, on pourrait en augmenter passablement le nombre : 
c'eût été superflu. Les citations qu'on vient de lire étaient 
nécessaires à deux points de vue : pour établir l'inanité des 
arguments en faveur de la translation et la mentalité d'un 
trop grand nombre d'écrivains religieux sur un sujet légen- 
daire ^. 

1 a" édit., Paris-Lyon, igo/j. pet. in-8° do xvj-64o p. (p. 442-4). 

2 Paris, 1905, gr. in-8°, t. ï, c. 2246. 

3 Les auteurs ou ouvrages cités dans ce 3° chapitre sont au nombre de 
cent treize. Les noms de ceux qui ne pourront être utilisés dans ce 
résumé ne figurent pas ci-après à la suite de leur numéro. — xvi° siècle : 
81; 82, Anselme; 83, Vénitien; 84, Grefiin Atîagart ; 85; 86, Yulcano ; 

N.-D. DE LORETTE Q 



i3o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Observation générale : à bien peu d'exceptions près, les 
historiens et plus encore — ce qui est assez naturel — les 
pèlerins ne se sont imposé ni efforts ni recherches pour 
arriver à la vérité. Jamais ils n'indiquent la source de leurs 
dires. On affirme des choses dont il n'existe nulle part 
le moindre vestige. Oij a-t-on trouvé, par exemple, la 
mention d'un pèlerinage de saint Paul à Nazareth (i3/i) ? 
ni l'Ecriture ni la tradition n'en parlent. On a recueilli sur 
place des racontars inventés par les gens du pays « pour 
amuser la crédulité des Occidentaux », comme celui qui 
concerne des briques, conformes à celles de Lorette, posées 
par saint Joseph pour soutenir un petit coin de la grotte 
(loi). La légende de l'évêque de Nazareth, qui apostasie en 
1291 pour sauver sa vie et ses biens, figure pour la pre- 
mière fois dans Quaresmio en 1626 (98) ; le crédule Besson 
s'en est fait l'écho dans le même siècle ; après avoir som- 
meillé, elle s'est réveillée de notre temps (i5o), mais où 
M"'" Sodar de Vaulx a-t-elle pris que « tous les historiens 

87, Bonif. Stefani ; 88, A.drichera; 89, Zuallart ; 90, Alcarotti ; 91, Koot- 
Avyck ; 92, Rocchelta. — xvii" siècle : gS, Maategazza ; gd; g5, Valle; 96, 
Thomas de Novare ; 97, Hayes ; 98, Quaresmio ; 99, PhilipjDc de la 
T. S. Trinité ; 100; ici, Roger ; 102, Rozel ; io3, Surius; io4, Doubdan ; 
io5, Besson ; 106, Bremond ; 107, Nau ; 108-10; m, Bruyn ; ii2-3 ; 
ii4. Terzi ; ii5, Maundrell ; 116. — xvni'' siècle : 117 ; 118, Horn ; rig, 
Joly; 120 ; 121, Chateaubriand ; 122 ; 128, Joao de J. G. ; 124, Lamar- 
tine ; 125, Brâm ; 126 ; 127, Gr. et A. Egron ; 128, Laorty-Hadjy ; 129, 
Morot ; i3o, Rodriguez Sobvino ; i3i ; iSa, Mislin ; i33, Stanley ; i34, 
Enault ; i35-7; i38, Gérardy Saintine ; iSg, Bourassé; i4o, Vogué ; i4i, 
Aquin ; ih, Damas ; i43, St-Aignan; i44, Letremble ; i45; i46, Macedo; 
147-8 ; 149, Liévin ; i5o, Verrier ; i5i. Vogué; 162, Albouy ; i53, Lortet ; 
i54 ; i55, Guérin ; i56, Moui'ot; 157, Toupin ; i58, Amodru ; iSg, Ven- 
geon ; 160, 161, Blanchard; 162, Gueniot; i63, Huard ; i64, Gandellier; 
i65, Witte ; 166, Le Camus ; 167, Sodar de Vaulx ; 168, Lyonnais ; 169, 
Martrin-Donos ; 170, Levesque; 171, Marquette ; 172-3, Trotignon ; 174, 
Mothere; 175, Péchenard ; 176, Polydore ; 177, Sagary ; 178, Bazelaire ; 
179, Alazard ; 180, Guinet ; 181, Vcrdaguer; 182, Marccllin de Givezza ; 
i83, Mingasson ; i84, Gougeon; i85, Rampillou; 186, Renard; 187, Ser- 
tillanges. — \\° siècle : 188, Bonnery; 189, Hue ; 190, V.; 191, Bessèdo ; 
192, Lémann ; 198, Cabrol. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA i3( 

ont rapporté ce fait » et qii' « en témoignage (!) d'un tel 
opprobre, l'Eglise supprima l'évêché de Nazareth » (167)? 
Que dire encore de la couche ou du lit de la sainte Vierge 
(95, i53), de sa cuisine (i25, 166, 172-3, 187) et de sa che- 
minée (99) ; — d'une première translation de la s. Casa, qui 
se serait produite à deux ou trois jets de pierre dans la 
montagne (io5) ; — d'une inscription sur un marbre brisé 
donnant les noms des pèlerins depuis i336 (98) ? 

On parle- comme avant le xvi" siècle du lieu de l'Incarna- 
tion (82, 83, 87, 88, 89, gi, 97, 99), qui se trouvait au-dessous 
de l'église. Les pèlerins italiens distinguent la casa ou stanza 
(maison) de la caméra ou camerelta (grotte) de la sainte 
Vierge (83, 86, 93, gô, io5). La chambrette « noble et digne », 
témoin de l'Incarnation, avait été transformée en chapelle 
(82, 84, 93, 95, 97, 98, 101, 102); les ruines de l'église en 
firent un monticule (84). Cette description est conforme à 
tout ce qu'ont écrit les voyageurs depuis le désastre de i263. 
Les auteurs qui croient à la translation cherchent à concilier 
les droits respectifs de Nazareth et de Lorette (90, 98, io5). Il 
est bien évident que, si l'ange était dans le corps de bâtiment 
avancé (ce qui est afïîrmé par de nombreux textes) — à 
Lorette — et la Vierge dans la partie reculée — à Nazareth, 
— le lieu où s'accomplit le mystère de l'Incarnation est bien 
resté en Orient. On l'a si bien compris que PmuppE de la 
T. -S. Trinité, pour ne point diminuer l'honneur et la révé- 
rence dus à Lorette, établit que c'est la demeure tout entière 
qui fut « sanctifiée et dédiée » (99). 

Dès après l'Ascension, les apôtres (88, ii4) ou les disciples 
du Christ (98) auraient converti le « domicile » de la sainte 
Vierge en oratoire et y auraient célébré les saints mystères. 
La basilique qui le recouvrit est attribuée, tantôt à sainte 
Hélène (ii4, 167, 177, 182) S tantôt aux premiers chrétiens 

1 Par une interprétation trop littérale de Guillaume de Tyr (voir le 
texte p. 3i), Elz. Horn suppose que Téglise dite de sainte Hélène avait 
été reconstruite par Tancrède (118). Inutile de discuter une affirmation 



i3a NOTRE-DAME DE LORETTE 

(84, 97). Jusqu'à sa reconstruction par les Franciscains en 
1780 ^ elle présenté aux yeux des pèlerins le même aspect 
que pendant la période précédente : c'était un majestueux 
édifice '^, comme en témoignaient ses ruines ••. On mentionne 
encore son beffroi {campanile, 98), le « bellissimo monaste- 
rio » qui y était joint (86, gS) et le palais épiscopal adossé 
(98, 118). 

Le nombre des autels contenus dans la chapelle varie un 
peu suivant les visiteurs : un seul (piccolo) au commence- 
ment du xvi" siècle (83) : Quaresmio n'indique que celui de 
l'Annonciation (98) ; deux (91) ; puis trois (84, 88, 102) : 
l'Annonciation, saint Joseph et sainte Anne (99) ou saint 
Gabriel (118) ; enfin quatre : sainte Anne, saint Gabriel, la 
sainte Vierge et saint Joseph (loi). 

On continue de montrer aux pèlerins la fenêtre (83, 96, 
102) ou la fente du l'ocher (i33), par laquelle l'ange pénétra 
dans la virginale demeure ''. 

récente, d'après laqueUe « l'église de l'Annonciation a succédé à plusieui'S 
églises tour à tour ruinées par les infidèles et restaurées par les chré- 
tiens )) (191). 

1 Sa destruction est fixée par erreur à l'année 1291 (i 18). 

- Bella chiesa, 83 ; grande solennelle église calhédralle et archiépisco- 
palle, 84 ; U suoi fondamenti molto fermissiini, fatti di piètre quadrale, 
86 ; perainœnum... excitatum fuit templum, 88 ; inclytum templum, 
ex quadrato constructuin saxo, columnis marnioreis porphyreticis- 
que sublime et pei'amplum, sumptu atque magnificentia insigne, 91 ; 
bella chiesa, 96 ; grande église, 97 ; magnifica et illustris ecclesia, 98 ; 
cff. 149, 167, 182. 

3 La chiesa e disfatta, 83 ; ruynée, 84 ; ex ingentibus columnis, partim 
confractis, partim ruinis sepultis, cœterisque templi reliquiis altissimisque 
parietibus..., 91 ; reliquie, 95 ; ruines, 97 ; ecclesia fere tota collapsa et 
destructa est, muro aquilonari excepto, pavimentum ex dolatis quadra- 
tis marmoribus, cum basibus et fundamentis columnarum..., duos habe- 
bat ordines columnarum, 98 ; (sanctuaire enseveli sous les décombres), 
ii5 ; major ecclesia Nazarœa... demolita fuit, muro aquilonari excepto, 
ejus ruinœ, columnarum aliquarum bases et capitella cum porta occi- 
dentali... videri possunt, 118; bases de deux rangées de colonnes, 1/19. 

* M. de Mély a trouvé la mention de reliques de la pierre de la fenê- 
tre dans quelques sanctuaires, à Bouillac au xni' siècle et à Saint-Omer 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GÂ.S.\ i33 

On l'a vu plus haut (p. 7/1), une colonne est signalée pour 
la première fois dans la chapelle en i332, deux en i/i85 seu- 
lement. Au commencement du xvi" siècle, un voyageur 
vénitien n'en mentionne qu'une' ; ceuxqui le suivent en voient 
toujours deux, de marbre ou de porphyre "^. Comme les pèle- 
rins veulent connaître l'origine de toutes choses, on ne leur 
a pas laissé ignorer l'histoire de ces colonnes : c'est sainte 
Hélène qui les a fait placer là (84, 99) ou ce sont les anciens 
chrétiens (97, 118). Elles provenaient simplement, ce semble, 
de l'ancienne basilique, car Quaresmio les déclare semblables 
à celles dont on avait retrouvé les bases et les fondements 
(98). L'une d'elles, qui indiquait la place de Marie, fut brisée 
par les Turcs, à qui la dévotion dont les chrétiens l'honoraient 
fit croire qu'elle recouvrait un trésor (gg, 102, m, 118). Elle 
reste donc suspendue en l'air et on y voit un miracle (99, 102), 
ou simplement un fait très naturel, car elle est fixée à la 
voûte par du ciment et des crampons de fer (i55). Elz. Horn 

au xiv° : « De fenestra per quam Gabriel angélus intravit, salutans bea- 
tani virgiiicm Mariam ». Il est même question de plumes laissées par 
l'ange. Cette dernière relique a été ridiculisée par un auteur peu recom- 
mandable au point de vue religieux, Jean Bocgace : « Vi mosterrô una 
santisima c bella reliquia, la quale io medesimo (frate CipoUa) già recai 
dalle santé terre d'oltre mare ; c questa c una délie penne dello Agnolo 
Gabriello, la quale nella caméra délia vergine Maria rimase, quando egli 
la venue ad annunziare in Nazaret » {Il Decaineron, giorn. vi, novellax). 
11 en est question dans Henri Estienne, Apologie pour Hérodote ou traité 
de la conformité des merveilles anciennes avec les modernes, et dans Tliéod. 
Agrippa d'AuBiGNÉ, La confession de M. de Sancy, chap. vu. 

' La colonna e grossa et grande, per modo clic appcna una persona la 
puo abraciare {83). 

2 Deux pilliers ou couUonnes de porphyre, 84 ; duœcolumnœ porphy- 
riaccC preliosissimie, 87 ; duas ingénies columnas marmoreas, fusci colo- 
ris, candidis intervenientibus maculis, 91 ; due colonne di grossezza 
quanto potrebbe abbracciare un' uorao, e sono di color bigio, 98 ; due 
colonne di porfido, 96 ; duic marmoreaî columntc, mixti sive grisei colo- 
ris ad nigrum magis tendentis, 98 ; dute columntu marmoreœ, circiter 
quinque palmas crassœ et duodecini altœ, 99 ; deux belles colonnes de 
marbre fort rare, loa ; columntc marmoris, mixti seu grisei coloris ad 
nigrum tendentis, 118 ; une colonne de granit..., deux autres colonnes 
de granit, i55; deux fragments de colonnes, 166. 



i34 NOTRE-DAME DE LORETTE 

dit que cet acte de vandalisme eut lieu après que les Turcs 
furent devenus maîtres absolus de la Galilée et de la Judée 
en i5i7 (ii8) : nos documents sont muets à cet égard jus- 
qu'en i63o. H s'y faisait des miracles (97), On mentionne 
parfois une troisième colonne (102, i55). 

Les partisans de la réalité de la translation sont beaucoup 
plus nombreux que les opposants ; ceux-ci sont au nombre 
de trois : Greffîn Affagart en i534 (84), Gr. et A. Egron en 
i836 (127) et l'anglican Stanley en i85o (i33). Mais vingt se 
taisent sur le miracle et leur silence ne doit pas toujours être 
pris pour un acquiescement tacite (83, 86, 91, 102, ii5, 121, 
124, 128, 129, i38, i4o, i5i, 172-3, 176, 180, 187, 189, 190, 
191) '. lien reste quarante-quatre favorables à la translation. 
Pour apprécier la valeur de leur opinion, il est naturel de re- 
lever les raisons qui l'ont déterminée. Le plus grand nombre 
se contente d'affirmer, sans esquisser l'ombre d'une preuve 
(82, 89, 90, 92, 93, 95, 96, 97, 99, io3, 106, 119, i32, 1/19, 
i56, i58, i63, 164, i65, 168, 169, 171, 174, 178, 181, i83, 
184, i85, 1S6, 188, 193). Quelques-uns se bornent à ajouter 
des banalités, comme « on tientque... )>(ioi), « tout le monde 
connaît... » (107), « chacun sait que... » (iBg, 162). 

Généralement, nos historiens et surtout les pèlerins sont 
plus empressés d'indiquer à leurs lecteurs les causes du 
transfert que d'en fournir des preuves. Il sera curieux de 
réunir ici les inventions de ces légendaires, qui se croient 

' Il faut y ajouter Pierre Belon, du Mans, Les observations de plv- 
sievrs singvlarilez et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, 
Egypte, Arabie, et autres pays estranges, rédigées en trois Hures. L' «Epis- 
Ire » est datée « en l'abbaye de sainct Germain des prez les Paris, i553 », 
année de l'édition princeps ; reueuz de nouueau et augmentez de figures, 
Paris, i588, in-/i° : « Nazareth... est un petit village ou nous vismes le 
lieu ou l'ange salua NostreDame... La chapelle qui a esté faite au lieu ou 
fut l'Annonciation Nostre Dame, est petite, en voûte, ou il faut descen- 
dre par degrez : car elle est dessouz terre. Lon y voit les ruines d'une 
Eglise qui fut autresfois faite du temps que les Ghresticns y dominoyent » 
(p. 827). Cf. RôHRicHT, p. 186-7. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR LA. S. CA.S\ i35 

autorisés à puiser dans le trésor des secrets de la Providence, 
pour expliquer cet événement extraordinaire entre tous : 

Domus illa Dei voluntate delata ad christianas partes fuit (87) ; 
Sacrum angeliccc salutationis domicilium..., Palœstina christia- 
nam religionem répudiante, ab angelis admiranda ratione Flu- 
men... delatum est (88) ; Hœc enormia crimina (voy. p. 89-90) dc- 
testatus Dominus et sanctissima ejus Mater, jussit angelis ut inde 
sacrum suum domicilium... déferrent (98)1 ; La divine l^rovidence 
ayant voulu partager cet auguste tabernacle de sainctetc... (loZi) ; 
Palaîstina religionem christianam répudiante, pretiosissimus thé- 
saurus s Domus B. Y. ipsis indigenis velut indignis possessoribus 
ab angelis ereptus est (118); Par un privilège spécial, Dieu vou- 
lut dérober à ces outrages la demeure de sa très-sainte Mère (t44) ; 
La maison... a été portée par les anges, jaloux de la soustraire 
aux profanations des infidèles (176) ; Pour soustraire la maison 
aux profanations des infidèles, Dieu la fît transporter par les an- 
ges... (177); Il piut à Dieu de consoler l'Occident de la perte des 
Lieux Saints en lui confiant la garde de la sainte maison de Naza- 
retb (179) ; Pour soustraire sans doute la sainte maison aux profa- 
nations sacrilèges de ses ennemis, Dieu commanda à ses anges de 
la transporter .. (182); La maison de Marie était à la veille d'être 
livrée à l'ignominie et à la destruction... Des anges descendirent, 
la maison de Marie fut doucement enlevée (192). 

Il est clair que les auteurs des extraits qui précèdent se 
félicitent d'avoir trouvé l'explication providentielle de ce 
mémorable événement. Dieu aurait pu assurément conser- 
ver intacte, au milieu des ruines amoncelées par les inva- 
sions mahométanes, la maison de l'Annonciation et personne 
n'oserait dire qu'il eût été indigne de sa sagesse de réserver 
aux siècles chrétiens et, si l'on veut, de transférer en Occi- 
dent un témoin matériel de l'Incarnation du Verbe dans la 
chambre ori s'était passé ce sublime mystère ; mais l'exis- 
tence de faits aussi exceptionnels a toujours chance d'être 

1 En disant plus loin que la 2" translation eut lieu « ob similia cri- 
mina, quia sacra domus non multum œslimabatur », Quaresmio avance 
une ctiose qui n'est pas même conforme à la légende officielle, d'après 
laquelle les Dalmates avaient bien mérité de Marie par leur ardente dévo- 
tion. 



i36 NOTRE-DAME DE LORETTE . 

plutôt exagérée que dissimulée par la postérité. Ceux-ci 
nous seraient parvenus par une multitude de témoignages et 
on a vu qu'il n'en était rien. 

Pour prendre un exemple, quoi de plus vénérable aux 
yeux du chrétien que les livres de la sainte Ecriture ? Eh 
bien ! Dieu a laissé agir, dans la conservation de leur texte 
original, les causes secondes. Pour plusieurs il est perdu 
(parties deutérocanoniques de Daniel, Tobie, Judith, parties 
d'Esther, Ecclésiastique) et c'est une protestante qui a dé- 
couvert, il y a peu d'années (i8g6), la majeure partie de ce 
dernier ^ Lespertes ont été plus considérables pour la litté- 
rature chrétienne primitive, et aussi les recouvrements"^. 

Les pèlerins n'éprouvèrent qu'assez tardivement le besoin 
d'alléguer des preuves de leurs affirmations catégoriques 
touchant la translation ; il est nécessaire de montrer par des 
citations textuelles le vague et l'imprécision de leurs réfé- 
rences, la nullité ou la fausseté de leurs preuves : 

On ne pouvait sans témérité contredire le sentiment général de 
toute l'Europe, appuyé du témoignage de tant de personnes doctes 
et confirme par le grand nombre de miracles bien avérés (107) ;, 
Telle est la tradition (i3o); Cette tradition, généralement acceptée 
en Italie, n'est pas un article de foi (i34) ; Suivant des légendes 
insérées dans le supplément au Bréviaire romain (i3g) ; 11 est inu- 
tile de rapporter ici les pièces du célèbre procès-verbal où fut 
constatée rauthenticilé de la sainte maison ^ (t/ii) ; Les témoigna- 
ges des souverains iiontil'es... (i/ja) ; Suivant la tradition reçue 
(i/i3) ; Bulles de Paul II insérées au Bullaire romain '^ (102) ; La 
sainte maison de Lorette, d'après les témoignages les plus authen- 
tiques et avant sa translation miraculeuse... (i55) ; Sept papes... 

' E. JacquieUj dans L'Université catholique, Lyon, igoS,!. XLII,p. 281-6. 

2 Voir Alb. Eiuuïaud, Die altchristliche Lilevatur wid ihre Erforschang 
seit 1S80 {Stvassbiirger theologische Stiidien, t. IV et V) ; Frciburg i. Br., 
1894-1900, gr. in-8° de xix-aSg et ... p. 

••' On n'a jamais publié aucune pièce de ce procès-verbal, lequel n'a 
probablement jamais existe (voir la 2" partie). 

* Il n'y en a aucune sur Lorette de ce pape dans le Magnum BuUarium 
Romanum, qui n'en contient que dix de lui (Augustuî Taurin., iSôo.in-d". 
t. V, p. 182-203). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA i3- 

l'ont examinée et déclarée un fait incontestable (t6i); ... la véné- 
ration de l'église Romaine pour la santa Casa (166); La vérité de 
celte translation repose sur des témoignages contemporains dignes 
de foi, sur des miracles bien avérés... (170) ; ... par quelle multi- 
tude de miracles le Ciel a prouvé..., les .innombrables enquêtes 
qu'ordonna l'Eglise pour constater l'invincible authenticité decette 
prodigieuse translation 1 (179) ; La tradition, appuyée sur le con- 
trôle des souverains pontifes... (192). 

Dans la 2" partie, il sera établi par les documents que le 
sanctuaire de Marie à Loreltc n'a pas eu besoin d'être trans- 
porté de Nazareth pour y exister, et que les pièces mises en 
avant pour prouver la réalité de la translation n'ont aucune 
consistance historique. 

1 On ne peut attribuer à l'Eglise que l'enquête de Clément VII (i533) ; 
les autres « innombrables » se réduisent à deux (1292 et 1296), qui n'ont 
probablement jamais eu lieu (voir la 2" partie) . 



DEUXIEME PARTIE 



Lo saixctuair'o clo la IVativito 
à Lorette. 



Avant d'aborder l'histoire du sanctuaire de Lorette, je tiens 
à prévenir une objection qu'on ne manquerait pas, sans 
doute, de me faire : « Vous n'êtes point allé à Lorette, et là 
vous auriez pu recueillir des données qui eussent peut-être 
apporté dans l'étude de votre sujet de nouvelles lumières et 
modifié vos conclusions ». Non, je n'ai pas cru indispensa- 
ble pour mon travail un pèlerinage au sanctuaire des Mar- 
ches. Gomme on le verra, les sources d'information auxquel- 
les j'ai puisé sont tellement sûres et abondantes, qu'elles me 
permettront de traiter mon sujet de manière à contenter toutes 
les exigences de la critique. Il est douteux que j'eusse réussi 
à pénétrer dans les archives, quand on se rappelle les peines 
infructueuses du comte Leopardi, de Recanati même, pour 
s'y introduire *. L'historien du diocèse de Lorette, Jos. Ant. 
Vogel, affirme d'ailleurs qu'il existait, soit à Recanati, soit 
dans le reste du Picenum, des milliers d'autres documents 
pour justifier ses dires '^. Gomme on l'appréciera, ceux qu'il 
nous a fournis co/iire la translation sont surabondants. Quant 

1 II dit, à propos de « Diplomata sub plumbo (bulles), quae apud Lau- 
relum servantur » : ma lo non ho avuta la facoltà di portare.le mie ispe- 
zioni su quelle carte {La santa Casa di Loreto, i84i, p. 261). 

2 De ecclesiis Recanatensi et Lauretana eariimque episcopis commentarius 
historicus, 1859, *■ I, pp. 3ii et 3i3, Voir la notice sur ce consciencieux 
érudit, à l'année 1800. 



i4o NOTRE-DAME DE LORETTE 

à ceux qui sont pour, il est à croire que les tenants du mira- 
cle n'en ont laissé échapper aucun ^ puisque, pour sup- 
pléer à leur absence, ils en ont fabriqué de faux. On consta- 
tera, du reste, que, grâce à d'obligeants correspondants, je 
suis parvenu à réunir beaucoup de pièces inédites. Ce défaut 
de recherches sur les lieux ne m'empêchera pas, j'en ai la 
conviction,' d'arriver à des conclusions qui satisferont plei- 
nement la conscience du lecteur. 



I 



Parmi les manuscrits de Vogel, conservés dans la famille 
Solari de Loreto, figure un « Index historicus documento- 
rum ad almam Domum Lauretanam spectantium ab an. 1097 
usque ad an. 181 1 » ^. Je ne saurais dire ce que l'examen 
de ce dossier révélerait pour le xi" siècle : les documents 
publiés par cet auteur ne nous permettent pas de remonter 
au delà de la fin du suivant ^. Cependant le nom de Laare- 

1 Leopardi montre que les historiens orficiels delà translation ont eu, 
par leur position, toute latitude pour pénétrer dans l'Archivio Laure- 
tano : « L'Angelila fu segretario dol comune di Recanati, il Girillo era 
arciprcte di Loreto e vi faceva la sua dimora, il Riera aveva uffizio di peni- 
tenziere in quel Tempio, il Torsellino fu rettore del coUegio dei Gesuiti 
a Loreto ; il padre la Forest vi fu anch' esso penitenzicre ed ebbe libero 
accesso ail' archivio del Santuario, c finalmentc il Gaudenti fu arcidia- 
cono c il Murri fu benefiziato in questa medesima Ghiesa » (op. cit., 
pp. 212 et 2(5i). 

2 Fil. Raffaelu dei sign. di Golmullaro, Su la vila e su rjli scrlU'i del 
canon. Giuseppe Antonio Vogel, comenlario storico (Recanati, 1867, in-z'i" 
de 35 p., port.), p. 33. 

•'' Jean Ckoiset (Exercices de piété pour tous les jours de l'année, 1740) 
et autres attribuent à saint Maïeul, abbé de Gluny en 948, un pèlerinage 
à N.-D. de Lorette. Leopardi a pris la peine de vérifler que les biogra- 
phes du saint parlent de ses dévotions à N.-D. du Puy et au tombeau des 
Apôtres à Rome, mais nullement de Lorette (p. 252-3). Il fait remarquer 
à cette occasion que Marïorelu attribue volontiers un pèlerinage au 
sanctuaire des Marches à tous les saints ou bienheureux qui sont venus 
en Italie et dans les Etats du Pape. 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S, GA.SA. i4i 

/«m, lieu planté de lauriers, — qui exclut l'étymologie que 
proposeront les documents faux — apparaît, non seulement 
dès 1018 aux diocèses de Sinigaglia et de Fermo et au comté 
d'Ancône *, mais en 1179 au diocèse d'Umana, dont dépen- 
dit Recanati avant son érection en évêché : 

Alium finem ... locavimus a parte podii qui vadit ad fonlem 
trevi et pergit ad Sanctum Johannem de Loreto 2. 

Le 4 janvier iigS (119/i n. st.), Jordan, évêque d'Umana, 
donna, de concert avec son chapitre, ecclùsiam Saiicie Marie 
que est sita ^ in fundo Laureti, avec ses appartenances à Marc; 
prieur camaldule deFonteAvellana,etcelaparrintermédiaire 
(per manus) de Raynier, prieur et recteur de Notre-Darne de 
Recanati ^ D'après ce document, dont l'authenticité n'a 
jamais été mise en question, Notre-Dame de Lorette existait 
donc à la fin du xn" siècle. Pour échapper à cette conclusion 
écrasante, on a imaginé toute sorte d'arguments — « si affa- 
ticarono mani e piedi », comme dit Leopardi. On a plaidé 
d'abord Valibi, en soutenant qu'il s'agissait dans cette charte 
d'une autre église de Sainte-Marie de Lorette ; mais, fait 
remarquer l'auteur qui vient d'être nommé, « la diocesi di 
iJmana era sommamente ristretta, e non si sa ne puô facil- 
mente supporsi che in essa esistessero due colli o contrade 
col noine di Loreto, una nel territorio di Recanati " e un' 

1 Trombelu, op. cit., t. YI, p. 278, Jli. b ; Milochau, Aulhenticité de 
la s° maison de Loretle, p. 59-76. 

2 VoGEL, t. il, p. 8 (ex A.rchiv. Almae Domus Lauretanac). 
i Le texte de Vogel (t. II, p. lo) porte « que exita ». 

* Cette charte, envoyée par Mauro Sarti, abbé des Camaldules, au 
Giornale de' liai, letlerali de Rome (1755, p. 248 suiv.), fut reproduite la 
même année par Yr. Ant. Zaghauia, dans ses Anecdot. medii aeui, p. 3o3 ; 
puis par Trombelli (1765), t. VI, p. 2o4-6 (cf. pp. 291 et 824, n. a) ; Mit- 
TAUELLi et GosTADONi, Awiales Camaldulenses (1778), t. IX, p. 87 ; Gappei.- 
LETTi, Le chiese d'Italia (18/18), t. VII, p. 90-1 (cf. p. 289) ; Yogel, t. Il, 
p. 9-1 1; BouRASSÉ, Summa aurea de laudihus B. V. Mariœ (1866), t. II, 
c. 780-6; Milochau, Auihent., p. 186-8; Garuatt, ouvr. cité, p. 281-2 
(cf. p. 262). 

5 II est utile de prévenir le lecteur que le siège épiscopal de Recanati 
ne fut érigé, transféré d'Osimo, que le 22 décembre 1240 (Potthast, Re- 



1^3 NOTRE-DAME DE LORETTE 

altra nel luogo in cui fosse posta la chiesa donata dal ves- 
covo Giordano » *. La petite république ou commune de 
Recanati était divisée enfondi ou cortl, dont celui de Loreto ; 
il a pu y aA'oir dans le diocèse plusieurs églises sous le voca- 
ble de Notre-Dame, mais non deux églises S. Mariae infundo 
Laureii. L'objet essentiel de tout acte de donation ou de vûnte 
est de bien préciser la situation de la chose donnée ou ven- 
due ; en se bornant aux expressions relatées plus haut, l'évê- 
que Jordan laisse clairement entendre que cette église ne 
pouvait être confondue avec aucune autre du même nom. 
Cet argument vaut, je le reconnais, seulement contre ceux 
qui placent la translation avant la date traditionnelle de 
1291 : sous l'empereur Héraclius, d'après Baptiste le Man- 
touan ^ ; au x" ou au xi" siècle, suivant le comte Leopardi ^. 
Mais il reprendra toute sa force dans les documents ulté- 
rieurs, qui ne parleront jamais que d'une seule église de 
Sainte-Marie de Lorette. 

A.U sujet de la donation de iigk, Leopardi fait remarquer 
qu'elle était d'autant plus naturelle que les camaldules pos- 
sédaient l'église de S. Maria à Recanati au moins depuis 
iiSg *. Il observe encore que le sanctuaire de Lorette devait 
être antique et célèbre, si l'on tient compte des biens lui 
appartenant que l'acte énumère ^. Mais ces propriétés don- 
nent lieu à une objection : sont-elles compatibles avec la 
modestie de l'église du pèlerinage? La réponse est obvie. 
Les proportions exiguës de la maison de Lorette n'étaient 

gesta pontif, Roman., n" 10976 ; Eubel dit le 4 juillet) ; Lorette fut com- 
pris dans son ressort jusqu'en i586. 

1 La santa Casa di Loreto, p. 21. 

2 « Sub Eraclio Romanorum imperatore... Tune fuit ipsum Gubicu- 
lum angelorum ministerio relictis fundamentis elevatum, et ad Illyricos 
prope castellum, cui nomen est Flumen, divino judicio transportatum » 
(Martorelli, t. I, p. 5ii). 

■t « La santa Caméra .., si trattenne per un certo tempo nelP Illiria, 
e di là nel secolo X, owero ncl secolo XI fu trasferita nella campagna di 
Recanati » (p. i3i, cf. pp. i5 et 5i). 

^ P. 20. — s p. lôo ; cf. p. 266-7. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CA.SA. i43 

nullement un obstacle à sa qualité de paroisse au xii' et au 
xiii" siècles. Au moyen âge, pour une population moins dense 
que de nos jours, les centres religieux étaient plus nombreux ; 
mais il n'y avait de monuments véritables pour le culte que 
dans les centres importants. Dans nos POuillés du xiv" siècle, 
les curés ruraux portent encore le nom de chapelains (capel 
lanus). Lorette était une chapelle de ce genre, dans une loca- 
lité de très minime importance : ce qui le prouve à l'évi- 
dence, c'est qu'en i3x5, comme on le verra, le sanctuaire 
aura encore à sa tête un chapelain. Il n'est pas d'ailleurs dif- 
ficile de trouver, encore subsistantes de nos jours, des églises 
paroissiales du moyen âge de moindres dimensions que la 
maison de Lorette. 

Le II mars 1285, on fit mesurer par des géomètres les pro- 
priétés de la mense épiscopale de l'ex-diocèse de Recanati 
(res et possessiones ecclesiae Sancti Flamani olim ^ Episcopa- 
tus Bacanatensis) . La même église de Notre-Dame de Lorette 
y figure : 

Item habet in fundo Laureti, juxta ecclesiam Sanctae Mariae de 
Laureto 2 et viam, M[odiolos] m, staria vu. 

Des expéditions de ce document furent délivrées le 12 du 
même mois et le 10 mai 1292 ^. 

1 Ce mot donne à entendre que Recanati avait été dépouillé de son 
titre d'évêché en juin/juillet 1268 (Potthast, Regesta pontif. Roman., 
n"^ 18672 et iSSgg), pour avoir adhéré au roi Manfred, et réuni au dio- 
cèse d'Osimo, qui fut érigé à nouveau le i3 mars 1364 ; cette situation 
dura jusqu'au 12 décembre 1289 (op. cit., n° 23189), où Recanati recou- 
vra son ancienne dignité. 

2 Leopardi s'est évertué en vain à expliquer comment cette église de 
Lorette avait fait retour des Gamaldules à la mense épiscopale de Reca- 
nati (p. 276). Le texte ne dit rien de semblable : l'église est simplement 
mentionnée comme confia topographique. ~ Il est certain cependant 
que le sanctuaire de Notre-Dame rentra sous la juridiction immédiate 
de l'évêque de Recanati ; à quelle date et dans quelles circonstances ? on 
l'ignore. Le fait est de peu de conséquence, quand on songe que les 
Carmes, chargés de la direction du pèlerinage au moment de toute sa 
splendeur, le quittèrent au bout de dix ans. 

3 Leopardi, p. 270-8 (d'après le suivant, encore ms.) ; Vogel, t. II, 
p. 5i-5) ; MiLOCHAU, Authent., p. 189-41. 



i44 NOTRE-DAME DE LORETTE 

C'est six ans seulement après cet acte qu'auraient dom- 
mencé à se produire, d'après la légende, les événements 
mémorables relatifs à la maison de Nazareth. Ils se rédui- 
raient aux dates et faits qui suivent : 
. '9/10 mai 1291. Arrachée de ses fondements parles anges, 
la s. Casa de Nazareth est transportée par eux à Rauniza, 
entre Fiume et ïersatto (Dalmatie). Apparition et discours 
de là sainte Yiergé au curé (?) Alexandre. 

1292; Envoi de quatre délégués illyriens de Tersatto à 
Nazareth pour vérifier les dimensions respectives du sanc- 
tuaire et de ses anciennes fondations. 

10 décembre 129/i. La s. Casa reprend son vol, traverse 
la mer Adriatique et vient se poser dans le territoire de 
Recanati. 

10 août 1296; Nouveau transport de la s. Casa à peu de 
distance, dans le domaine des frères Antici. 

9 septembre 1295. Envoi par la ville de Recanati d'un am- 
bassadeur au pape Boniface VIII, pour lui annoncer l'arrivée 
de la maison de Nazareth sur son territoire. 

2 décembre 1296. Quatrième et dernière translation delà 
s. Casa au lieu de Lauretum. 

1296. Apparition de la vierge Marie à un anachorète. 

Même année. Envoi de seize délégués à Nazareth, pour 
vérification comme dessus. 

Nul document, contemporain d'aucun de ces huit évé- 
nements, ne nous étant parvenu, n'ayant même probable- 
ment existé, nous discuterons ces faits au fur et à mesure 
qu'ils figureront dans des pièces apocryphes ou que des his- 
toriens postérieurs prétendront les constater ; mais je tiens 
à prévenir le lecteur qu'il cherchera vainement — comme je 
l'ai fait moi-même — aucune de ces dates précisée avant i525. 

La venue de la maison de Nazareth aurait été prédite par 
saint Nicolas de Tolentino, durant son séjour à Valmontone, 
Recanati ou Fermo ; il plongeait, avec de profonds soupirs, 
ses regards anxieux dans le lointain de la mer, annonçant 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. i/iS 

qu' (( un grand trésor viendrait de là » ; il aurait même été 
présent à l'arrivée de ?a s. Casa en 1294. De ces faits, dignes 
cependant de mémoire;, on ne trouve pas la moindre trace 
dans les anciens biographes du saint, dont Leopardi proteste 
avoir fait un examen attentif'. Ces affirmations, qu'on ren- 
contre chez certains annalistes de l'ordre de Saint-Augustin, 
ne remontent pas au delà du xvn" siècle : des peintures 
l'attestent également, mais point antérieures. La source indi- 
quée par le plus ample historien de saint Nicolas,, Fil. Giorgi 
(1866-9), ne mérite pour ce motif aucune créance^. 

Martorelli attribue à Pierre Célestin, qui avait renoncé 
au souverain pontificat le i3 décembre 129/1, un pèlerinage 
à la s. Casa, u che in lai tempo stava nella Selva di Reca- 
nati j)-*. L'itinéraire du saint de Naples à Fumone, où il mourut 
le ig mai 1296, tel qu'il ressort des documents contempo^ 
rains réunis par les Bollahdistes *, écarte cette hypothèse 
comme une fausseté. 

Le 9 septembre i2g5, les prieurs de la commune de Heca- 
nati auraient accrédité un ambassadeur auprès du pape Boni- 
face VIII, pour lui annoncer la translation de la s. Casa dans 
le domaine des frères Antici et obtenir de lui le transfert de 
la propriété du sol à la commune. Voici le texte de leur 
lettre : 

In Dei nomine '. Prières communitalis Recanati, etc. " Commis- 
sione '' libi facta magislro ° Alexandre quondàm Antonii de Ser- 
vannis *, oratori nostro dilecto et ' honorando civi nostro, etc. *. 

1 P. 261-4. Cff. Acla sanctor. Bollakd., 1750. sept. t. III, p. 636-743; 
Répert., c. 3355-6. 

2 Voir l'extrait de Rome et Lorette de L. Veuillot à l'an. i84i. 

3 T. II, p. 63, d'après les noies d'Ârmorico Renalo Lagogueo aux Fas- 
tes de François DiNi, lib. 6, n. 56. — Au t. III, p. 148-9, -il cite Lelio 
Mabino, Vila e miracoli di s. Pietro de Morrone, già s. Celestino V, scritta 
e cavata da antichissimi manoscritli e monumenti ; Milano, i63o, p. 896 
(lib. 3, capo 18) : il n'est pas question de Lorette dans la traduction latine 
qu'en ont donnée les Bollandistes. 

* Acla sanctorum Bolland., i685, maii t. III, pp. 44o^ 475-6, 495-6, 
surtout 524-7. Cf. Répert., c. 83o-a. 

N.-D. DE LORETTE 10 



ifiG NOTRE-DAME DE LORETTE 

Postquam Romam perveneris ciim sainte, loqueris cum magnifico * 
Milite " Bonjovannis ", nostro honorando agente, et simul quam- 
pi'imum ibis nomine istius civitalis ante suain Bealiludinem, re- 
prœsentando ei nostras litteras testimoniales, qua3 tibi datas l'uerunt 
à nobis ; et faclis debitis reverentiis, humiliter ipsius pedes deos- 
culando, et dando ci noliliatn quoinodo diebus prœterilis sancta 
Domus à situ nemoris mirabiliter ' translata fuit ad coUem mag- 
nificorum Simeonis et Stephani Rinaldi ^ de Antiquis, nostrorum 
honorandorum civium ; et deinde pelés gratiam ab ipsa, quod 
dictus coUis et situs perlineat et debeatur nostro publico, ut possit 
ibi asdificaro propter commoditatem populi devoti '', qui quotidie 
venit ad visitandum ' illam, et quod data dona possint impendi 
in beneiîcitim fabi;icœ, lantô magis quod inter diclos fialres non 
est çoncordia, seeundùm atlestationes tibi datas; et prtEsentabis 
illud ampiius, quod tibi orc " significalum est, ut talem graliam 
obtineas. Operaberis lamen totum cum intercessione domini Car- 
dinalis nostri Benevoli, quod jani tibi data) fuerunt littera? cre- 
dulitatis, et negotiabis J ita, ut fiaties prœfati non sint informali 
de boc negotio. Et Deus mittat et remittat le salvum. Datum " 
Recanali, 9 seplembris lagS. — Franciscus Pa;nta, cancellai-ius ^ 

Avant de parler de l'authenUcité de cette lettre, examinons 
son origine. Deux auteurs l'ont publiée d'après un soi-disant 
original : Martorelli et ïrombelli. Le premier invoque le 
témoignage d'autrui : il en a troiivé le texte dans les manns- 
crits (chd si conservano presso Monsignore Maggi -) de 
Ginelli ^ qui le fait suivre de cette note (écrite en 1705) : 

1 Martorelli, t. Il, p. 49-5o ; Montani (Fil.), La sanla Casa di Naza- 
reth in Loveto città del Piceno, disserlazione (l''ano, 1758), p. G ; Trom- 
BELLi, t. VI, p. 227-8; MoRRi, p. /il ; Leopardi, p. 81-2 ; A. B. Caillau. 
Histoire critique et retigieuse de Notre-Dame de Lorelie (Paris, i843), p. 3o- 
i (Iraduclion) ; Bourassé, t. If, c. 8o3-4 ; Milochau, p. 3o5 ; Vuillaume 
(Jean-Bapt.), La Sainte-Maison de Lorette, preuves authentiques de la trans- 
lation {Komc, 1884), p. 26-7; Garratï, p. 2S5 (traduction, p. 358). — 
Variantes : — 'omis. — " comiinione. — " magnilico. — '' Servandis. 

— ' magistro. ^ miraculosi. — s Rinaldis. — '■ devotè. - ' visitandam. 

— i negôliaberis. 

? Nommé gouverneur de Lorelte le 10 octobre 1713 (Vogel, 1. 1, p 3/tG) ; 
cf. Martorelli, t. I, p, 499. 

' 3 En marge : « II Cinelli n. quinternetlo 4 dclla sua Istoria al cap. 2 ». 
Il s'agit d'un livre inédit do Taulcur bien connu de la Bihlioteca volante : 



ÉTUDE HISTOR. SUft.LiV S. GA.SA. i/, 



Il Signor Febo Febi, raoderno Segretario délia Ciltà, mi onorô 
moslrarmi la copia autentica di quesla Leltera, esistente in Cancel- 
laria. E ricercando con maggior anzielà ediligenza, restai gra- 
zialo di poterla copiare dal suo originale esislenle nei mani de' 
Signori Marchesi Girolamo, Filippo e Tornaso Anlici, che gen- 
tilmente mi favorirono ; e quesla è scritta in foglio, sigillala col 
sigillo délia Gommunità in cera, die clirei verde anzi che rossa, 
benche per il tempo di /|io anni, sia divenlata, quando anche non 
fosse, nera. La sola visla di essa fà ampla fede di sua antichità, ac- 
crescendoli credilo. Fîi quesla rilrovata in un cassone anlico in 
certo nascondigiio, che era in esso in parle segrela, rnentre per 
essere il cassone lulto lacero di darlo aile fiamme ragionavasi. 

Tronnbelli s'exprime ainsi ; 

Quoniam vero egregius Marchio Abbas Thomas Anticus autogra- 
phum ipsum exemplar a Doniinis Anticis posscssum mihi oslendtt 
et per summam humanitalem diu in manu reliquit, ulillud diligen- 
ter et accurate observarem, eo usus sum ut errores cmendarem, 
qui in illud apographum irrepserunt, quo usus est piissimus Philip- 
pus Montani,qui hoc quoque monumento validiorem eflîci putavit 
vulgalissimam de sacrœ a3dis Nazarelhanœ in Lauretanum agrum 
translatione scntenliam. 

En résumé, Martorelli a publié la transcription de Ginelli, 
prise sur une copie authentique conservée à la chancellerie 
de la commune de Recanati et sur l'original retrouvé dans les 
archives de la famille Anlici. Trombelli a reproduit ce der- 
nier ; à s'en rapporter aux variantes qu'il a soigneusement 
reproduites de Montani, — dont le texte est identique à celui 
de Martorelli, — on serait porté à croire que Ginelli a forte- 
ment amendé le texte qu'il avait sous les yeux. A mon avis, 
les différences de lecture proviennent de ce que le faussaire, 
pour donner à cette lettre une apparence archaïque, y avait 
introduit des abréviations insolites, prêtant à des interpré- 
tations diverses, comme court'"', mag°. 

Quant à la fausseté de la pièce, bien qu'elle reste insoup- 
çonnée des derniers historiens du sanctuaire, elle n'a fait 

Le bellezze délia cilla di Lorelo (Martorelli, t. I, p. 499 ; Trombelli, 
t. VI, p. aa/j, n. b). 



lis NOTRE-DAME DE LORETTE 

ducun douté pour Trombelli et pour Leopardi. Celui-ci a 
enchéri Sur les preuves données par l'abbé bolonais * : il 
qualifie cette lettre de « falsa, facciata e goffa », et poursuit' 
en détail l'examen de toutes ses formules '^. L'invocation In 
De'i nomine, ameii^, en tête d'une lettre, est inouïe à cette 
époque dans les Marches... et ailleurs. Les magistrats deReca- 
nati s'intitulaient : Priores senatas populiqae reipublicœ Reca- 
nalensis. Les termes oraior pour ambassadeur, nemus pour 
forêt, les qualificatifs honorandus et magnijicus étaient alors 
inusités. Rien n'est moins sûr qu'à cette époque les Recana- 
tins entretinssent en cour de Rome un agent, à qui l'on 
adressait des liUerœ tesUmonialès ; ils n'avaient pas non plus 
de cardinal protecteur, sous le nom de benevolus. Les gens 
de Recanati, qui se vantait d'êlve juslifsima civitas Becineli, 
n'auraient jamais fait une pareille proposition au Pape ; 
d'ailleurs, ils réglaient eux-mêmes toutes leurs affaires inté- 
rieures, sans l'intervention de Rome. N'est-il pas enfin étrange 
que cette lettre, dirigée contre les frères Antici et dont l'exé- 
cution devait leur rester inconnue, soit entrée précisément 
dans les archives de celte famille? Nous verrons plus loin à 
quelle époque il faut attribuer la fabrication de ce faux et de 
ses congénères. 

En voici un autre, d'une importance majeure, puisqu'il 
renferme le récit des trois dernières translations. C'est une 
lettre, adressée, le 8 juin 1297, P^^' u" ermite Paul au roi de 
Naples, Charles II le Boiteux ; elle est accompagnée d'une 
attestation de véracité, délivrée parles prieurs de Recanati le 
12 du même mois. Il importe d'en donner le texte intégral, 
malgré sa longueur : 

Rex! Ob satisfaciendum tuœpiaî curiositali, qua3 mihi commisit 
narralionem magni miraculi deTranslationeVirgineœ Domus facta 
per Angeles ad ora llaliœ in Piceni provincia, in territorio Raca- 

, 1 P. 279-80. — 2 p. 81-5. 

'3 Ces mots sont bien dans Mautorelli, mais non dans Trombelli ni, 
ce qui est plus étrange, dans Leopardi, qui cependant en relève l'anomalie. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA idg 

nati, in ter flumina Aspidis seù Muscionis et Potentiae, res ita 
successit prout ssepius ego audivi a viris fide dignis ipsius i\aca- 
nati, scilicet a Francisco Pétri, canonicoRacanatensi, et Uguccione, 
clerico exemplari, et etiam ab eximiis legum doctoribus Cisco de 
Gischis et Francisco Percivallino, de Racanato, qui omnes cum 
aliis multis popularibus, cum quibus habui discursum, \ivebant 
tempore miraculi, quod quoque in publicis Codicibus attente legi. 
Anno ab Incarnato Domino Jesu MCCLXXXXIV, die sabbati x. 
decembris, « dum médium silentium tenerent omnia, et nox in 
SUD cursu médium iter haberct » *, hix de Gœlo circumfulsit 
oculos multorum commoranlium prope littus maris Adrlalici, et 
dulcisona canentium armonia somnolentes et pigros traxit ad 
videndum prodigium, et rem supra naturam. Viderunt igilur et 
conspexerunt Domum circumfusam magnis splendoribus ab Ange- 
lis sustenlatam, et per aerem deportalam. Steterunt villici et pas- 
tores, et obstupuerunt admirantes rem tam grandem, et proni ce- 
cidcrunt et adoraverunt eam.expectantes videre finem et exitum 
adeo stupendum ; intérim sacra illa Domus ab Angelis portata in 
medio magni nemoiis posita fuit, et ipsimet arbores se inclinantes 
adorabant Reginam Cœiorum, et usque nunc conspiciuntur proni 
et recurvati, quasi exultantes ligna silvarum. In hoc loco fama 
extat fuisse templum dicalum cuidam falsas deitati lauris multis 
recinclum, et ideo locum hoc Lauretum usque nunc vocatur. In- 
térim vix mane facto rustici nuncii. velociter perrexcrunl Racana- 
tum, et narraverunt quœ facta sunt, et omnis populus ad nemus 
Lîiureti iter arripuit et vidit qua3 audivit. Aliqui ergo de nobilibus 
et alii de populo, partim obstupefacti mutescebant, partim non 
credebant miracuiura : meliores pro la^litia lugentes cum Profeta 
dixerunt : a Invenimus eam in campis silvœ »2, et(( non fecit taliter 
omni nationi » -^j et colentes illara sanctam Domunculam et dévote 
inlrantes, simulacruni ligneum diva) Virginis Mariœ sanctum Fi- 
lium amplexanlis adoraverunt. Igitur redierunt Recanatum, quod 
magna lœtitia impleverunt; iinde populus sœpe sœpius ibat et redi- 
bat circumfluens ad adora tionem illius sanctœ Domunculœ, et beala 
Maria continua prodigia et miracula faciebat. Fama tam magni 
miraculi ad viciniores et longinquiores partes perrexit, et omnes 
currebant ad silvam lauriferam, quaî populata fuit variis habituris 
ligneis, ut peregrini devoti hospitium haberent. Dum hcec fièrent, 

1 Introïts du dimanche dans roclave de Noël et de la veille de l'Epi- 
phanie ; cf. Sapienlia, c. xvui, v. i4. 
^ Psalm. cxxxi, v. 6. — 3 Psalm. cxlvii, v. 30. 



100 NOTRE-DAME DE LORETTE 

quia seniper infernalis « leo circuit quœrens quem devoret » ^ 
praïdones et impii ab isto moli. sacraïn illam silvam latrociniis et 
homicidiis fœdabant, ila ut devotio multorum lepesccrel timoré 
lalronum. Post mensès octo novo iniraculo fuit confirmatum no- 
vum prodigium. Sacra enim Domuncula rôliquit silvam prol'ana- 
tam, et in medio coUis duorum nobilium fratrum, comitis Stephani 
et Simonis Rainaldi Anliqui, de Rccaneto, collocala luit ministerio 
Angelorum. Intérim crescebat devotio fidelium, et magnis donis 
et muneribus augebatur sacra Domuncula, et nobiles et devoti 
fralres custodiebant; u sed declinaverunt post avaritiam, acceperunt 
munera et perverterunt judicium » 2, et statim « fada est contentio 
inter eos, quis corum videretur esse major » ^. Disccssit ergo sacra 
Domus post quatuor menses à colle duorum fratrum, et tertio 
miraculo Angeli asportaverunt eam in situ novo, distante» quantum 
est jactus lapidis » *, in média via publica per quam itur Recanato 
ad' littus maris, et ibi etiam hodie video existentem, et propriis 
octxlis cerno continuas gratias poscentibus facientem. 

Quamquam vero cœlestia prodigia autenlicabant hoc tugurium 
pro Domo Matris Dei, ubi Yerbum caro fticlum est, atlamen ad 
vcritatem inveniendam, facto prius gcnerali parlamento Recanati, 
ubi intervenerunt proceres totius provinciye, fuit decretatum trans- 
mittere sexdecim illustriores viros ad uniformandas mensuras 
ipsius sanclœ Domus, tam in vestigiis ïersacti quam Nazareth, ubi 
prius fuit aîdificala et per longum tempus extitit. 

Quaî decretata fucre facta sunt, nam ex numéro sexdecim legati 
fuerunt pro Recanato scilicet : Quarterii Sancta3 Mariœ, Politus Co- 
mitis Martii de Politis; Quarterii Sancti Flaviani, Marchio Juvenis, 
cornes Mattœus Comitis Simonis Rainaldi de Anliquis ; Quarterii 
Sancti Angeli, pra3clarus legum doctor Cicotus Monaldutii de Mo- 
naldutiis, qui cum aliis colleghis abierunt, viserunt, redierunt, et 
omnia esse conformia tam ratione mensuraî quam testium ab ipsis 
auditorum in illis partibus asseruerunt. 

Ilœcpauca, o Rex, libenter accipe in testimonium Domus mira- 
culosae, et meaî erga te observantia3; et ut certus sis hue pervenisse 
tuam pecuniam in eia3mosinam transmissam, certiorem facio illam 
récépissé, et tu in cœlis recipies mercedem. In Nomine Patris, et 
Filii, et Spiritus Sancti. Amen. Apud Sanctam Domum, anno Do- 
mini MCCLXXXXVIl, die octava Junii. 

« Paulus, scrvus Jesu Christi » ^. 

1 I Pétri, c. v, v. 8. — - I Regiim, c. vm, v. 3. — s Luc, c. xxu, v. 24. 
<■ Luc, c. XXII, v. 4i. — = Roinaiv., Cl, \r i. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA Si GÂ.Si^ i5i 

Populi prioi'es ci vi ta lis Recanati. 
Omnibus notum lacimus, cl a t tes la mut" om nia narrala esse vera 
et concordare cum nostris Annalibus, et scripturis publicis. In 
quorum leslimoniim et fidem bas nostro sigillo mandavimus su- 
geilari et subscribi a nostro publico imperiali auctoiitale notario et 
magistro noslro Actoruni, hac die xii junii, anno a Circumcisione 
Domini Nostri Jesu Christi MGGLXXXXVII. 

Franciscus Jacobi, maglster Actorum*. 

Leopardi, qui a tenu entre ses mains le prétendu original' 

de cette lettre^, conserve dans les archives de la famille 

Antici. est d'accord avec ïrombelli '^ et Vogel '' pour là dé-- 

clarer de la plus insigne fausseté : l'apparence externe dé 

l'écriture de ce parchemin trahit une époque bien éloignée 

du xni° siècle. Une remarque générale, c'est que '■ 

Alla sola leltura di quella lettera lo stile si manifesta studialo, 
afFettalo, sproporzionalo; e in cui l'àsluzia e la menzogna tentano; 
di cuoprirsi con le apparenze délia yeritàe délia semplicilà •'. .,,,, 

Pour venir à quelques points de détail, a-t-on jamais ren- 
contré une lettre du moyen âge commençant parle seul mot 
Hex! (Sire)? Et qu'on n'invoque pas la simplicité de ce pseu- 
do-ermite, car il a l'imagination fournie de rémiriiscénces. 
bibliques et liturgiques, qui trahissent dans le faussaire un 
ecclésiastique; homme du monde, il sait distribuer à chacun 
les titres honorifiques qui lui conviennent. N'cst-il pas étrange 

' Mautouelli, t. I, p. 5oo-i ; Mointani, p. 7 ; Tuombei,li, t. VI, p. 224- 
7 ; GaudeiNti, p. 64; Muuiii, p. 43-6 ; Leopardi, p. 70-2 ; Gaillau, p. Sg- 
43 (traduction); Bouiiassé, t. Il, c. 8oi-3; Miloghau, p. 006-8 ; Gakhatt, 
p. 283 4 (traduction, p. 250-7). Les variantes sont sans importanco. 

2 Voir p. 69-80 et aussi pp. 89-41 et 224-6 (il retrouve cet ermite Paul 
en i455). 

^ T. YI, p. 275-8 ; son texte provient de Montani, qui"dit : « Trovasi 
queslo monumento in caria pergamcna presso la famiglia Antici diReca- 
nali. Un' esemplare conservas! nell' Arcliivio Prioralc di quella Gittà, e 
fu inscrite ancora in un manoscrilto del Cinelli Fiorcnlino, accadeinico 
Apalisla... » (p. 234, n. b). 

* T. I, p. 3o4, n. I : « cujus |Tuombelu] probationibus complura, si 
opus foret, ex Ârclmis Recanalcnsibus addere argumenta in proclivi 
foret ». Il est à regretter qu'il ne l'ait pas fait. 

» Leopardi, p. 78. 



i52 NOTRE -DÂ.ME DE LORETTE 

qu'écrivant, en son nom particulier, à un roi, il prenne le 
soin de faire authentiquer sa missive par l'autorité publique? 
Et comment cette lettre, qui se donne les apparences de 
l'original *, a-t-elle quitté les archives Angevines deNaples"^ 
pour venir en possession de la famille Antici? Et, à supposer 
que ce ne fût qu'une copie, quelle idée a eue l'ermite de la 
faire authentiquer? Pourquoi ? etc., etc. En ce qui con- 
cerne l'attestation, on a vu comment s'intitulaient les magis- 
trats de Recanati. Leur secrétaire portait la dénomination de 
cancellarius ou iiotarias reformalioiium et n'a jamais pris celle 
de magisler aclorum. Le terme dlvœ appliqué à Marie est de, 
la i-enaissance. Les familles Antici et Politi, auxquelles 
l'ermite attribue des titres de comtes et de marquis, n'en 
jouissaient pas alors. Le faussaire, à qui l'on doit la fabrica- 
tion de cette rapsodie, s'est, sans conteste, inspiré de Tera- 
meno (voir à l'année i^ya). Je crois inutile de suivre le 
comte Leopardi dans l'examen minutieux auquel il s'est 
livré ^5 pour faire le départ entre ce qui a été pris à l'un et 
inventé par l'autre : autant vaudrait comparer la valeur 
relative de deux zéros. 

1 « Adest sigillum ill™" civitalis Recanati, circum circa cujus adsunt 
infrascripta vcrba : SIGILLYM RECANATI, in medio adest Léo cum 
Ense », porte l'expédition notariée du 21 juin 167/i, communiquée par 
Melchior Maggi, gouverneur de Lorette, à Mautouelli (pp. /igg et 5o2), 
lequel se vante d'avoir été le premier à mettre au jour le texte intégral 
de ce précieux monument (p. 5oo). 11 va sans dire que les historiens de 
Lorette en font grand état à l'appui de leur thèse. 

2 Le nom du roi Charles de Naples est une pure conjecture de Cinelli 
ms. cité), qui mourut en 1710 : « Il nome di detto Re non si k potuto 

rinvergare, perche in un mezzo verso dove questo csser dovea, le letterc 
sono State dal tempo divorator d'ogni cosa consumatc, corne attesta il No- 
tajo, che ne fè la copia : nondimeno per ragionevoli congetture si trova 
esserc stato il Rc di Napoli Carlo II, che, come dicc il Seragli, in quel 
tempo regnava » (Mautouelli, t. I, p. 5oo). Il faut noter : 1° le notaire 
de 1674 ne dit rien dans son attestation de relatif à une lacune dans le 
ms. (ibid., p. Soa) ; 2° Leopaudi, qui a eu l'original en mains, n'en a 
point constaté (p. 72) ; Trombelli nie cette lacune, le contexte ne la jus- 
tifiant pas (p. 276). — » Pp. 39-/I0, 69-70 et 224-6. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA i53 

A quelle époque peut remonter la fabrication de cette pièce 
apocryphe? Leopardi l'avait d'abord attribuée au milieu du 
xvi" siècle* : il s'est ensuite ravisé, en constatant qu'elle ne 
figure, — non plus que la lettre de 1290 et certains diplômes 
de Frédéric II (qui ont la même origine, mais n'intéressent 
pas Lorette) — dans aucun historien du sanctuaire avant le 
xvin" siècle, et il n'est point à. supposer qu'on l'eût inventée 
pour la garder si longtemps secrète. Martorelli en signale 
une traduction italienne dans l'édition de 1716 des Glorie 
maeslose de Bald. Bahtoli : celle de 1700 n'en parle pas. En 
1697, Be>'zoli n'en dit pas encore mot. Cependant ces pièces 
devaient déjà exister, car on peut les reconnaître dans ces 
mots de Fel. Nelli {Arcaiiœ Donuis Lauretanae perslricla rela- 
lio, Firmi, i65o) : « Paucis ab hinc annis Recineti mem- 
branœ repertée paginœ ha3C eadem affirmantes » ; il s'agit de 
la translation. Leopardi a cru voir une protestation contre 
leur contenu dans ces mots de VHislor'ia Irlpariila venerandœ 
Domus Laurel anse, manuscrit de Pierre Bongiovanm (i663) : 

Restant adhuc quaidam pro curiosilato et vcritate. admonenda, 
quin nemo singulai'iter sibi sumal honorcmdcejusmodi nunciatura 
fructum fuisse, cura ulique scripturaî liaud sint qiiœ nominatim 
constituant pricfatos oratorcs 2. 

Si on ne les a pas dits détruits par l'incendie de Recanati 
en i332 •*, c'est qu'ils n'existaient pas alors. 

D'après Martorelli '' et son copiste Moroni ^, Charles II 
d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence, aurait fait éri- 
ger deux églises à la Vierge de Nazareth, à la suite de la lettre 
de l'ermite Paul, l'une à Naples, l'autre à Aix : le malheur 
est que cette dernière avait été transférée de Marseille à Aix, 
en vertu d'une bulle d'or de ce prince, le 2/1 septem- 
bre 1289^, huit ans par conséquent avant l'épître du pseudo- 
ermite. 

1 P. 72. — 2 p. 237-/(0. — 3 L. de Feis. pp. 3(3, iA3, n. i. 
* T. I, p. 5oo. — îi T. XXXIX, p. 228-. 

" Archives des Boucties-du-Rhônc, St-Sauvcui"-d'Aix, reg. 062, f i5. 
Il y a aux mêmes archives (Nazareth, liasse 81), un diplôme apocrijje, en 



i54 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Si cette réunion de prodiges, concentrés en si peu d'an- 
nées, avait eu réellement lieu, comme le veut la légende, 
ils auraient fait, dès lors, un bruit énorme dans le monde et 
l'histoire du temps en aurait gardé le souvenir. Aussi le 
silence absolu et universel des chroniqueurs contemporains 
est-il un argument formidable contre la véracité des historiens 
primitifs de Lorette. Les annalistes de cette période, qui ont 
enregistré les faits année par année, ne pouvaient ni ignorer 
ni taire des événements aussi publics et retentissants que 
l'enlèvement par les anges de la maison de Nazareth. Par- 
tant, si les translations miraculeuses et les prodiges qui en 
furent la suite avaient eu lieu du temps du florentin Jean 
ViLLAM, il en aurait fait mention dans sa Chronique. Conçoit- 
on, en effet, qu'après avoir parlé, à l'année lagi, de la prise 
de Sainl-Jean-d"Acre par les Sarrasins, du massacre de 
60.000 chrétiens, des prières et pénitences ordonnées à cette 
occasion par le Pape, toutes choses d'Orient, dont il dit 
avoir eu connaissance par des marchands dignes de foi qui 
étaient à Acre ^ il ne dise pas un mot de la disparition 
prodigieuse de la s. Casa de Nazareth? En 129/1, il s'étend 
longuement sur la fondation de la grande église des Frères 
Mineurs à Florence, au 8 septembre sur la pose de la pre- 
mière pierre de la restauration de la cathédrale de S. Maria 
del Fiore "^, et il n'aurait pas dit un mot de l'arrivée mira- 
culeuse de la s. Casa à Recanati ! Au cours de son histoire, il 
l'elate maints miracles arrivés en France, en Espagne, en 
Italie et dans d'autres parties du monde, et cela u in edifi- 
cazione délia noslra sanla fede » ^. On ne saurait compren- 

dalc du 24 novembre de la même année. Les Annales de Ra\naldus, dans 
le passage invoqué par MAUToiiKLLi comme preuve de son dire (§ 55 de 
l'an. i3o3), donnent le lexle d'une bulle de Benoît XI approuvant le trans- 
fert, dans l'intérieur de la ville, de la cathédrale S. Marise de Luceria 
(Lucera, dédiée, en effet, à Notre-Dame de la Victoire; et non Nocera de' 
Pagani, dont saint Prisque était le vocable). 
' Cronica di Giovanni Villani, libro VII, cap. gxlv. 

2 Ibid., lib. VIII, cap. vu et ix. 

3 Ibid., lib. VII, cap. xlvi ; cf. capp. cxun et glv. 



ÉTUDE HISTOR. SUR TA S. GÀSÂ. i55 

dre qu'un annaliste, tout occupé d'églises et de miracles 
de la Vierge, ait ignoré et négligé de mentionner les faits 
extraordinaires dont la Marche d'A.ncône aurait été le té- 
moin à son époque ^ 

En instituant le grand jubilé de l'an i3oo, BonifaceYlII 
aurait eu en vue, au dire des tenants de la légende, l'accrois- 
sement du pèlerinage de Lorettc et les historiens du sanc- 

1 Ce silence des chroniqueurs italiens n'a pas laissé que d'embarrasser 
les historiens de Lorelte ; il est curieux de lire leurs cxplicaliotis em- 
brouillées. Celle de Caillac (p. 338-f)) est en particulier à reproduire : 
rt Quels sont, pour la plupart, les hommes que l'on nous objecte ? C'est 
un l'ctrarque, qui a insulté Rome comme la Babylonc nouvelle, et souillé 
SCS écrits de satires indécentes ; c'est un Boccace, qui a prêté sa plume à 
des fables impies et à des attaques violentes contre la cour romaine ; c'est 
un Villarii, auteur partial et violent qui, pour plaire à Louis de Bavière 
dont il était la créature, faisait de Clément VI un portrait aussi faux 
qu'abominable; c'est Platina, écrivain ^lon moins passionné que le précé- 
dent, et qui se vengea par de liideuscs diatribes des disgrâces qu'il avait 
eu à souffrir sous Paul II, dont le gouvernement l'avait deux fois fait 
arrêter et mettre en prison. Qui ne voit que ces auteurs étaient occupés 
d'écrire sur des sujctsbien dilîércnls do celuiqu'on semble étonné de leur 
voir passer sous silence ? Que dis-je ? qui ne voit que leur silence même 
est une marque de la vérité ?... Si saint Antonin a omis ce fait, ne peut- 
on pas supposer qu'il ne se croyait pas encore assuré de son authenticité, 
et qu'il attendait, pour en parler sciemment, le jugement de l'Eglise 
romaine ». Go dernier trait est cliarmanl; il est vrai qu'on pourrait le 
retourner contre tous les historiens de Lorette antérieurs à i632, date de 
la première concession d'un office (sans leçons propres) de la translation. 
Gaillau a oublié que le saint archevêque de Florence n'a pas éprouvé les 
mêmes scrupules, quand il a inséré dans son Chronicoii la fable de la 
papesse .lean ne. Quant à Pétuauque, dont je n'ai pas à prendre la dé- 
fense, il n'est pas permis d'ignorer qu'il a composé des canzoni délicieu- 
sement religieuses, entre autres à la Vierge Marie ; quel beau thème, 
d'ailleurs, à antithèses poétiques, aurait fourni la coïncidence du nom 
du pèlerinage, s'il avait alors été si célèbre, avec celui de la belle Laure 
(Loretta) 1 — Pour établir, une fois de plus, à ce sujet, jusqu'où est allé 
le défaut de sincérité chez certains historiens de Lorette, il me reste à no- 
ter que l'ancien barbier de Grégoire XVI, devenu « secondo aiudante di 
caméra » de Pic IX, Gaet. Mouoni, cite avec assurance Villani parmi les 
historiens qui ont rendu témoignage à la réalité de la translation : « 'So- 
tereino che gli annali dell' Illiria e lo storico Villani altestano, che la 
santa Casa nell' anno stesso in cui i cristiani furono totalmente espulsi di 
JN'azarelh, comparvc aTcrsatto » (t. XXXIX, p. 221'). 



i56 NOTRE-DAME DE LORETTE 

luaire racontent avec complaisance le grand concours de 
peuple qui s'y fit, mais qui n"a existé que dans leur imagi- 
nation *. 

En août et septembre i3i3, février et mars de Tannée sui- 
vante, l'église de Notre-Dame de Lorette l'ut mise à sac par 
les gibelins du pays. Un extrait do la sentence du juge qui 
condamna ces nobles malfaiteurs, le 23 octobre i3i5, nous 
montrera l'église de Notre-Dame soumise de nouveau à l'au- 
torité épiscopale, et donnera la première attestation à l'image 
de la Vierge, que nous retrouverons souvent : 

Nos Jacobus de iNûrsia, judex (in Anconitana Marchia super 
maleficiis generalis per venerab. virum dom. Vitalem, archidiaco- 
nuin Gamerinensem, per sanctam Romanam ecclcsiam Marchie 
Anconitanc super spirilualibus et temporalibus generalem recto- 
rem.... dcputalus), pro tribunali scdens in palalio commuais Ma- 

cerataî sentenlialilcr pronuntiamus... conlra Adiolectum Cru- 

ciani, Burgaresscum Sympritiani, Jacobum et Berardum domini 

PercevalU,<?/c In eo et super eo quod ad aures et notiliam ipsius 

judicis, noslram et nostre curie pervenit auditu, fama publica refe- 
rcnlo et clamosa insinualione précédente, quod ipsi et ipsorurii 
quilibet diabolico instigati spiritu, Deum non habentcs pre oculis, 
ausu temerario et malo modo pensale et deliberale publiée mani- 
feste ac notorie, evidenlia facli ila quod non potest aliqua tergivorsa- 
lione celari, cum comiliva multorum hominum armalorum, equi- 
lum et pedilum, deanno Domini millesimo CCG.XllI, de mensibus 
augusti et septembris, pluries de quolibet mense, et de mensibus 
februarii et marlii sequentis anni, et in omnibus festivitatibus beale 
Virginis et in oclavis ejusdem a dicto tempore cilra, accesserunt ad 
Ecclesiam Sancte Marie de Laureto, ad Racanalensem Ecclesiara et 
Domini Episcopi mensam immédiate speclanlem, sitam indistrictu 
el diocesi Recanal., et per vim et violenliam dictam ecclesiam intra- 
verunl; et conlra Yoluntatem Cappellani sive Presbyleri positi per 
dictum Dominum Episcopum, ad coUigendas oblaliones dicte 
ecclesie, totam pccuniam que eratin trunco dicte ecclesie, accepe- 
runt et asporlarunt, rapiendo etiam super altare dicte ecclesie et de 
dicta Ecclesia undiqueomnes oblaliones et omnes tortitios et facu- 

1 Martorelli, t. II, p. 5o-i ; t. III, p. 206. Inutile, cela va sans dire, 
de cherclier un mot sur Lorette dans la bulle d'indiction du jubilé 
(PoTTHAST, Reg. pont. Rom., n° 24917). 



ÉTUliE HIStOR. SUR LA. S. G.\SA. j'j- 

las et ymagines de cera et de argento, accipiendo etiam et aspor- 
tando super ymaginem béate Virginis et de Cona ejus, et super 
ymaginem Domini nostri Jesu Christi que ei'atin dicta cona omnes 
guillandras oblatas de argento cum pernis et sine pernis et bindas 
et velictos de syrico et omnes tobaleas de syrlco et sine syrico de 
dicta Ecclesia derobando et asportando, et dlctani Ecclesiani a diclo 
tempore citra iisque modo predicti Adiolectus, Burgaresscus, Bor- 
donus, Percevallus et Berardus cum favore predictorum et auxilio 
et consilio tenuerunt et detinent occupatam in non modicum 
dampnnm etprcjudicium dicli domini episcopi et episcopatus. . . ' 

Voilà le fondement solide de la dévolion à Notre-Dame de 
Lorette — on verra que les premières bulles des papes n'en 
connaissent pas d'autre — : une statue avec figure de la 
Vierge et de l'enfant Jésus : les archéologues, qui igno- 
raient ce texte, l'avaient datée exactement du xiv" siècle. 
Notons bien qu'il n'est nullement question de son mira- 
culeux transfert ^. 

Dante, ce génie incomparable qui embrasse tous les siè- 
cles et dont les moindres terzines donnent, encore de nos 
jours, matière à d'interminables commentaires, ne pouvait 
manquer d'être appelé comme témoin en faveur de Lorette. 
Parvenu au 7° ciel dans la sphère des esprits contemplatifs, 
le poète florentin rencontra saint Pierre Damien, qui lui dit. 

In quel loco fu' io Pier Damiano 

E Pietro peccator, fui nella casa 

Di Nostra Donna in sul lito Adriano •*. 

Malgré le nombre toujours grandissant des ouvrages con- 
sacrés à Dante et à ses œuvres '% on n'est pas encore arrivé 
à donner de la Divine Comédie un texte critique. En dehors 

1 Leopardi, p. i52 ; Vogel, 1. 1, p. 806-7 ; t. II, p. 68-77 (Arcliiv. civi- 
lat. Recanat.) 

-' S'il était permis de sortir un instant du sérieux des discussions scien- 
tifiques, on pourrait se demander pourquoi la s. Casa, si prompte à quit- 
ter le champ des frères Antici à cause de leurs dissensions intestines, 
n'abandonna pas Lorette à l'occasion des brigandages prolongés de 
i3iS-4. 

s Paradiso, canto xxi, terz. 4i, vers 121 -3. 

* Voir mon Répertoire, Bio-bibliogr., 2e édit., c. iii4-5o. 



i58 NOTRE-DAME DE LORETTE 

des variantes orthographiques, la seule importante à noter 
dans ces trois vers est pescator au lieu de peecalor au 2« ; elle 
figure dans l'édition d"Alde de i5o2, mais a été reconnue 
depuis comme absente de la majorité des meilleurs manus- 
crits. Ces vers ont donné lieu à une grande controverse : 
G. A. Scartazzini ne compte pas moins de six interprétations 
différentes, sans compter la sienne ^. Le premier personnage 
est, sans aucun doute, le camaldule saint Pierre Damien, 
mort cardinal évêque d'Ostie en 1072. Mais le second ? 
est-ce le même ou un autre? 

Martorelli fait remonter à l'année 1701 et à un obscur 
littérateur, René Lagogueo, l'application du second vers à 
saint Pierre Gélestin, qui prenait volontiers le titre de pé- 
cheur et se serait rendu à Lorette après avoir abdiqué le sou- 
verain pontificat. J'ai montré plus haut le mal fondé de 
cette dernière assertion. L'auteur du Tealro isior. délia s. 
casa Nazarena assure en outre qu'au témoignage d'un pré- 
lat romain, bien connu, mais désireux de rester anonyme, 
Antoine Magliabecchi, bibliothécaire du duc de Toscane à 
Florence, n'hésitait pas à voir dans la « Casa di Nostra Donna 
in sul lito Adriano » Notre-Dame de Lorette. Inutile de dire 
si cette découverte a fait fortune auprès des historiens du 
sanctuaire, qui ont exploité en outre la variante « pescator » 
comme une allusion à l'anneau du pêcheur^. Pour trouver la 
vérité en cette matière, sujette à interprétations diverses et 
fort opposées, le mieux n'est-il pas de la chercher en dehors 
des tenants et des adversaires de la translation, auprès des 
Dantistes de profession, qui résument la tradition des com- 
mentateurs et ont étudié la question sans préoccupation ha- 
giographique ou autre. Or il est aisé de constater qu'aucun 

1 Dante AUçihieri, la Divina Commedia riveduta nel testa e commenlata, 
4' ediz. novamenle riveduta da G. Vandelli. . (Milano, U. Hocpli, igoS, 
in-8° de xxxij-1042-124 p.), 13. 9i4- 

s MAUTOUELLi.l.lI.p.Sgi-g; t. III, p.Sg-Zii ; Trombelli, t. VI, pp. 240 i, 
295-807 (réfulalion); Leopaudi, pp. i3G-40, i5i-2, 17G, a-'ia-So : Lettera, 
p. 33-4; MiLocHÀu, p. 81. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA ikj 

deux n'a songé ni à Pierre Gélestin ni à Lorelte '. Leur 
hésitation a porté sur les deux points indiqués, le « pecca- 
tor » du 2" vers et le sanctuaire du 3°. Pour le premier, on a 
proposé le vénérable Pierre degli Onesti ~^, fondateur, en 
1096, de l'église de S. Maria in Porto à Ravennc, où il est 
mort le 29 mars 11 19 ^. L'abbé Giov. Mercali, docteur de 
la bibliothèque Ambrosienne, vient d'établir que les deux 
documents, dans lesquels le surnom de u peccator » est 
accolé à Pierre degli Onesti, sont controuvés *. Par contre, 
saint Pierre Damien s'est qualifié de « peccator », soit dans 
ses traités, soit dans ses lettres, même dans celles du pape 
qu'il a contresignées comme cardinal^: « Petrus monachus 
peccator ». Quant à la u Casa di INostra Donna ** in sul lito 
Adriano », c'est le monastère de S. Maria in Pomposa, dans 
une petile île aux embouchures du Pô, près de Comacchio, 
plutôt que S. Maria in Porto de Ravenne '. Le sens de ces 

1 Carin. Galanti, Osservazioni sul terzelto : « Tn quel luogo fui io 
Pler Dainiano, E Pietro peccator fui nellaCasa diNostra Donna in sul Hto 
Adriano (Par. c. xxi, vv. lai sgg.), lettcre ; Ripalransone, 188O, 2 fasc. 
in-8° de iii et 20 p. 

s Voir Répertoire, i" édit., c. 182 1 (dans la 2° édit. à Pierre degli 
Onesti). 

3 Luigi Magnani, Pietro degli Onesti detlo « Pietro Peccatore », dans 
la Sciiola caltolica (1897), 2' ser., t. XIII, p. 484-96; Monza, 1897, in-8°, 
i5 p. — Le môme, Pier Damiani e Pietro Peccatore, ossia illustrazione 
lelteraria dei versi 121-3, Par. xxi ; Modena, 1898,, in-S", 8 p. 

■* Stiidi e documenti di storia e diritlo, iSgS. t. XYï, p. 11-20. 

5 JAia^'É, Regesta pontificain Romanoriim, pp. 384, 889 ; 2" edit., l. I, 
pp. 557, 566. 

11 y a, dans rappcndice à la Vie do Pierre Damien par Jean de Lodi, 
une réponse du saint qui montre que les termes caméra et domus n'étaient 
pas exclusivement le privilège de Lorette : « An noscis quod in Caméra 
S. Mariœ Virginis habito,et in iliius sacrario demoror ? Nam in cjus domo 
habito, et iliius Gamerarium esse me profiteor » {Acta sanct. Rolland , 
i658, febr. t. III, p. 427"). 

1 Giov. Mergati, « Pietro peccatore », ossia délia ver a interpretazione 
di Paradiso xxi, 121-3, dans Sludi e documenti di storia e diritlo, 1896, 
t.XVI,p. 3-34; Roma, iSgS, in-4''de 34 p. GCf. Analecta Bollandiana (1896), 
t. XV, p. 3G2-3 ; Rampaldi, dans Biillet. d. société Danlesca ilal. (iSgâ), v. 
m, p. i5-8 ; Paget Toynbee, dans The Academy (1896 avr.), p. 3oo. — Le 



i6o NOTRE-DAME DE LORETTE 

trois vers serait, d'après Cornoldi et Scartazzini : En ce lien 
(au monastère de Fonte Avellana) je demeurai moi, Pierre 
Damien, (qui pri&en même temps le nom de) Pierre Pécheur, 
je suis i-esté (aussi deux ans, sur Tordre de mon abbé,) dans 
la maison de Notre-Dame sur le rivage de l'Adriatique (aii 
monastère de S. Maria in Pomposa, chargé par le pape de 
ramener la ville de Ravenne à l'obédience du pontife Ro- 
main).- 

Arrivé- à ce point, le problème philologique n'offre plus 
de point de contact avec Lorette : inutile de l'approfondir. 

Recanati iavait perdu de nouveau son évêché en 1820, 
pour cause- 'd'indignité de ses habitants, et son territoire 
avait. été réuni une deuxième fois à celui do Macerala. Yers 
i33o, l'évoque de ce dernier siège, dont la mense avait l'ad- 
ministration de N.-D. de Lorette*, Pierre Muluzzi (non Com- 
pagnoni), de l'ordre de Saint-François '2, aurait rédigé, à 
l'usage des fidèles, une notice sur l'origine du pèlerinage 
confié pour lors à ses soins. Donnons-en le texte, avec son 
titre tel qu'il figure dans fe plus ancien auteur, sauf à suppri- 
mer à la fin six pieuses invocations qui n'importent pas à 
l'histoire : 

Legenda antica délia santa Casa di Loreto, sopra l'origine e san- 
tità délia sagra Cappella, cavata dal libro di Gian Paolo Ciriilo 
stampato in Macerata apprcsso Sebastiano Martellini l'anno 1576, 
alla pag. 117 e seguen. 

même, Ancora Pielro Peccatore (Parad. xxi, i2i-3), dans La Scuola calto- 
lica (1897), 2" ser., t. XIII, p. 646-5i ; Monza, 1897, in-8". — Le même, 
Ancova uiia volta « Pietro Peccatore », dans Rivista bibliografica Italiana 
(1898), t. m, pp. 225-3i, 293-8. Cf. Anal. Rolland. (1899), t. XVIII, p. 288. 
— Dans sa première brochure, l'auteur démontre (p. 33-4) que les docu- 
ments du xiie siècle relatifs à l'histoire de la Madonna greca de Ravenne 
ont été fabriqués dans la seconde moitié du xiv" siècle. 

1 Voir le document du 23 octobre i3i5. 

2 Pierre n'est ni bienheureux ni vénérable, titres que lui attribue Mau- 
TORELLi (t. I, p. 5o2), incontestablement poui- relever la valeur de son 
témoignage : les qualités et les vertus que lui reconnaît sa bulle de no- 
mination ne sortent pas de la banalité des formules habituelles de la 
chancellerie curiale. Cf. Répert., 1° édit., c. 1824. 



ÉTUDE HISTOR. SUR' LA. S. CASA iGi- 

Trà gl' altri Luoghi délia Cristianilà, che sogliono essere da' Pe- 
regrini con grande religione visitât! , è molto principale e di singo- 
lare venerazione la Santa Casa di Lorelo, nella Marca d'Ancona, 
ne' confini del teniloiio délia città di Recanali, la quale è la mie- 
desima Caméra, dove la SS. Yergine Maria Madré di Dio e Signora 
noslra nacque, e fù annunciata dall' Angelo Gabriello, e dove s' 
incarné il Verbo Divino, nel suo virginal ventre, e dove abitô la 
maggior parte délia sua santissima vita : e questo si sa per diverse 
informazioni autentiche fatte sopra di ciô con molla diligenza. 11 
modo corne questa Sanla Caméra fù miracolosamente trasportata 
in questo luogo fù questo. 

Gonsiderando li Sanli Apostoli dopo l'Ascensione di Cristo Re- 
dentor nostro quanta cra la santità e dignità di questa beata Casa, 
li parve cosa giusta dedicarla al culte Divino, e cosi la consecra- 
rono per un lempio o cappella, dove l'Apostolo S. Pietro e gY allri 
Apostoli alcuna voila cclebrarono, e poi li successori loro feccro il 
medesimo : ed il popolo Gristiano, che in quelle parti si trovava 
concorreva con gran divozione a questo santo Luogo a' divini officj, 
che in cssa si cclebravano, e quanto più cresceva il popolo Gris- 
tiano, tanlo più cresceva la divozione di questo santo Luogo, ed il 
desiderio e fervore, con che da lonlan paese venivano a visitarlo e 
onorarlo. iQuesto durô per longo tempo infmo a tanlo, che succe- 
dendo dapoi per li peccati nostri la perfidia délia setta Maomet- 
tana, ed altri diversi errori, eresie, guerre e dissensioni, che abon- 
davano nel mondo, e specialmente nelle parti di Oriente, mancando 
il fervore e divozione che prima era, ed essendo pericolo che questa 
santa Gasa venisse ad essere profanata, volse l'Onnipolente Iddio 
riservarla, ordinando che per ministero degl' Angioli fusse trasfe- 
rita aile parti di Dalmazia o Schiavonia, presso una città, che si 
chiama Fiume. 

Questo fù ed avvenne nel tempo dell'ImperadoreAstolfo edi Papa 
Nicolô IV, nell'anno del Signore 1291 : e non sapendo li abitatori 
di quelle terre vicine, d'onde ne corne quel sacro-Tesoro fosse ve- 
nuto nel loro paese, ne anche che cosa fosse, volse ïddio che si fosse 
verificato per rivelazione fatta al paroco Alesandro, al quale una 
notte apparve la Santissima Yergine, e li manifesta il misterio di 
quella santissima Casa, ottenendoli sanità d'un infermità, che 
pativa questo rettore. 

Poi con molla allegrezza detlo sacerdote notifîcô alli popoli di 
quella provincia, ed al Vice Re loro, chiamato Nicolo Francesco 
Frangipane, quello gli cra avvenuto, c questo principe ordinô che 

H.-D. DE LORETTE I I 



i62 NOTRE-DAME DE LORETTE 

alcuhi andassevo a Nazareth per ineglio inibrmarsi délia veritâ, e 
trà loro andô questo medesimo paroco Alesandro, portando le mi- 
sure délia santa Cappella, le quali trovorono poi, che paveggiavano 
col luogo che restô vuoto in Nazareth d'onde lu levata, ed infor- 
mati d' ogni cosa tornarono al loro paese, dove diedero piena inibr- 
mazione délia verità conosciuta, e questa lu causa che tanlo più 
crescesse la divozionee venerazione di quella santa Cappella, mas- 
sime con li molti e grandi miracoli, che si degnô fare Iddio nostro 
Signore in testimonio di questa verità. Ma questo li durô pochi 
anni ; imperciocchè o per mancar la divozione o per divino giudi- 
zio, nell'anno 1294 o 1295 fù loro tolto questo prezioso ïesoro, 
et per il medesimo ordine e ministère Angelico fù trasferita in Ita- 
lia, nellaMarca di Ancona, prima inuna selva di Loreto, dalla quale 
pighô il nome, che ancora tiene, di poi ad un monticello di là dis- 
costo un miglio, che era di due fratelli di Recanati,e flnalmente per 
gl' inconvenienti, che nell'una e nell'altra parte successero, fù per 
il medesimo ordine e ministère collocata nella via publica, che va 
da Recanati al Porto, dove al présente si ritrova. E tutto questo si 
sa per tradizioni antiche di testimonj degni di fede, li quali di 
mano in mano tutto ciô hanno tesliflcato ; ne accade dubitar punto 
di questa verità ricevuta ed accettata dal consenso di tutti ; e mas- 
sime essendo confermata con tanti e si stupendi miracoli, e col 
continue universale concorso da tutte le parti délia Cristianità, che 
vengono a visitarla, etc 1. 

Examinons d'abord la source de cette pièce. Le premier 
qui en parle est le jésuite Raphaël Riera : 

Unum illud scio, multis modis mirificasse Dominum Sanctua- 
rium suum, excusumque fuisse libellum Recinetensis Antistitis 
jussu, qui miraculosum adventum Sanctissimae Domus, aliaque 
insigniora facta simplici stilo continebat.... Ejus autem pervetusta 
exemplaria usque ad nostram œtatem Recineti sunt inventa 2. 

Je n'insiste pas sur l'anomalie qui existe entre le mot 
exciisum (imprimé) et les pervetusta exemplaria ^ : il s'agît 

1 Martorelli, t. I, p. 5o3-5 ; Montani, p. 3i ; Trombelli, t. VI, 
p. 229-31 ; Leopardi, p. 91-2 ; Mi LOCH AU, p. 309-11 ; Vuillaume.p. io3-5; 
Garratt, p. 286-7. 

2 Historise. almse domus Lauretanx liber singularîs (composé vers i565), 
dans Martorelli, t. 1, p. 35. 

3 On remarquera plusieurs fois dans le cours de cette étude l'empres- 
sement des faussaires et de leurs défenseurs à qualifier de pervetusta et 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA i63 

bien de la légende en question et on ne saurait s'y tronfîper. 
Les paroles d'un autre jésuite, Horace Torsellini, le confii*- 
meraiént au besoin : 

Maceratensis porrô Episcopus (qui idem illa tempestale et Reci- 
netensis erat) prodendam postcris /Edis Laurotana) mcmoriam 
ralus, libellum edendum curavit, qui admirabilem sacrosancta) 
Domusin Italiam adventum, tripliccmque cjus in Recinetcnsi agro 
migrationem ; pra3cipua insviper B. Maria) Lauretana) prodigia, ac 
miracula contineret K 

Mais ni l'un ni l'autre n'en donnent le texte. Leopaz^di a 
cherché àéclaircir la mention de Gio. Paolo Cirillo comme 
premier éditeur de cette légende et voici le résultat de ses 
investigations. D'après Scip. Serraglio "^, Bernardino Cirillo 
aurait rédigé une relation sur la s. Casa en iSyS : date 
inexacte, puisque l'auteur déclare avoir écrit aSo ans après 
la translation, soit vers i5/i6. De ce Traltalo sopra l'istoria 
délia sania Chiesa e Cmsu délia gloriosa Vergine Santa Maria 
diLoreio, Nice. Borgolesi donna une édition à Bologne (vers 
i563) à l'insu de l'auteur, qui en fut mécontent. Gio. Paolo 
Cirillo fît, sans l'assentiment de son oncle, les corrections 
opportunes et réédita le livre, à Venise d'abord en 1672, 
avec préface datée de Rome, 2 octobre 1671, puis à Bolo- 
gne en 1573 : dans la première édition, que j'ai examinée à 
la Bibliothèque nationale de Paris, comme dans la seconde, 
la seule vue par Leopardi, il n'y a pas trace de la légende 
en question ; il est cependant difficile de révoquer en doute 
l'existence de celle de 1676, dont on précise l'imprimeur. Mon- 
tani, qui la reproduit d'après Martorelli, en mentionne un 
exemplaire manuscrit, dont il aurait dû nous faire profiter^. 

illisibles des documents remontant à deux siècles à peine ; ils montrent 
bien que la paléographie et la critique leur sont absolument étrangères. 

1 Lauterance historisu libri quinque (Romœ, 1697), dans Martorelli, 
t. I, p. 176. 

- Relazione istorica délia s'^ casa délia beata Vergine Maria di Loreto, 
divisa in libri III (Macerata, iG33, in-i2°), p. 35. 

3 « Questa relazione trovasi in casa Martorelli di Osimo, fra le Memo- 
rie antiche, cbe ivi consei'vansi... » (p. 8). Je n'arrive pas à m'imaginer, 



m N0T1\E-DA.ME DE LORETTE 

Les plus anciens historiens — authentiques ceux-là, sinon 
véridiques — de Lorette : Teramano, Baptiste le Mantouân 
et Angelita, ont ignoré ce document et cela paraît fort 
étrange, car ils étaient en bonne position pour avoir sous 
la main tout ce qui concernait les annales du pèlerinage. 

Venons-en aux preuves de fausseté : elles sont sans nom- 
bre. D'abord cet italien n'est point celui de la première moi- 
tié du xiV siècle : c'est du pur quintocento. On l'aura mo- 
dernisé, dira-t-on. Dans quel but, puisqu'on le produisait 
comme un document probant.^ Le style du début ressemble 
moins à un mandement pastoral qu'à un traité sur les pèle- 
rinages ; et voici précisément qu'on le retrouve mot pour 
mot dans celui du jésuite Gaspar Loarte : Tvatialo délie sanle 
Peregrinalioni ^ : il sufiît de comparer les deux textes dans 
Marlorelli '^ ; nous tenons là probablement l'origine de la 
pièce. A quoi bon parler de v diverse informazioni autenti- 
che latte... con molta diligenza » pour des événements qui 
ne remontaient pas à quarante ans et dont les témoins de- 
vaient être encore nombreux ! Encore moins pouvait-on dire 
alors ; « questo si sa per tradizioni antiche di lestimonj... 
di mano in mano ». Adolphe ^ de Nassau et Nicolas IV ne 
peuvent être dits contemporains; le second était décédé 
(4 avril 1292) quand le premier fut élu roi des Romains 
(i" mai suivant) ; en outre, il ne fut jamais empereur. Où 
a-t-on pris qu'il y eut en 1291 un vice-roi d'Illyrie ou de 
Dalmatie qualifié de prince, ayant nom Nicolas-François 
Frangipane ^ ? Il est triste de voir admettre l'authenticité 
d'un document aussi compromis, non seulement par les 

comme Trombelli (t. VI, p. 280), que cette phrase se réfère à un texte 
latin. S'adressanl au peuple, l' évoque n'avait pas à lui parler latin et c'est 
ce qu'a compris le faussaire. 

1 Venelia, 1575, in-12 de i64 p. (cap. ui, p. 83), 

2 T. I, pp. 5o3 et 577. 

3 Astolfo, réminiscence du roi des Lombards do ce nom. 

i TUOMBELLI, t. VI, p. 280-/4; LeOPARDI, p. QO-lOO ; VOGEL, t. I, p. 3o4. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. G.\SA i05 

historiens officiels de Lorette, mais encore par Gappelletti ^ 
Que dire enfin de la tradition d'après laquelle la commune 
de Recanati aurait décrété que cette légende servirait de livre 
çie lecture courante dans les écoles : Riera l'a avancé le pre- 
mier (1. c.) et tous l'ont répété. Leopardi a parcouru atten- 
tivement les annales de son pays, de iliib à son temps, pour 
en trouver trace et n'y est pas parvenu. 

C'est encore Riera qui décrit, en termes ampoulés, un pè- 
lerinage énorme qui serait venu à Lorette en i33g, mais sans 
alléguer aucune preuve pour confirmer son récit "^. 

Du pieux voyage à Lorette, vers i3/io, de Marc Gornaro 

— qui fut doge de Venise en i365 et mourut deux ans après, 

— on n'a pas trouvé d'autre preuve que l'affirmation de 
Wadding, non confirmée par les sources qu'il invoque ''. 

La commune de Recanati fit peindre, paraît-il, une image 
de la Vierge de Lorette dans l'église de l'archange Saint- 
Gabriel, située sur la place de la ville. En i34i, Benoît XII 
aurait attaché des indulgences à la visite de ce sanctuaire. 
La chose n'a rien que de naturel, mais voici ce qui com- 
promet l'existence du fait. Angelita, le premier à en parler, 
dit : u Rachanatenses ... impetrarunt ... literas aureis cha- 
racteribus exaratas, quas carie et vetustate penè consump- 
tas in Archivio hoc Rachanatensi repéri » ''. La diplomatie 
pontificale ignore l'usage de lettres d'indulgences ... et autres 
écrites en caractères d'or ; et comment admettre que la bulle 
tombât en poussière après 190 ans d'existence seulement, 
quand les pareilles subsistent encore intactes de nos jours? 
Leopardi plaide en vain les circonstances atténuantes, en 
supposant qu'il s'agit d'une copie ^ ; Vogel l'aurait vue. 

' Le chiese rf7taiia (Venezia, i8/i5), t. III, p. 679, et t. VU, p. 243. 

3 Mautorelli, t. I, p. 54 ; t. Il, p. 4o8. 

3 Ann. Minor., a. i34o, S 17-9 ; cr. Leopaudi, p. 259-60. 

f Martorelli, t. I,pp. 525 et 539; t. Il, p. 4o8; Riera (p. 47) et Torsel- 
UKi (p. 175) n'ont pas manqué de reproduire ces mots à effet : « aureis 
characleribus exaralas ». — s p. 162. 



i66 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Voici crailleurs, pour trancher la question, une lettre de 
M. Tabbé J. M. Vidal, ancien chapelain de Saint-Louis-des- 
Français à Rome : 

C'est avec grand plaisir que je puis vous donner l'assurance, — 
après avoir revu mon Recueil imprimé des Communes de Benoît XII, 
et le dépouillement lettre par lettre des Registres de Bulles secrètes 
du même pape, que j'ai dans mes papiers, — qu'il n'y a point de 
trace, dans le BuUaire de Benoît XII conservé au Vatican, de 
lettre d'Indulgence accordée au sanctuaire de Lorelte. 

Mon savant et gracieux correspondant convient lui-même 
que toutes les bulles de ce pape n'ont pas été enregistrées, 
mais ou verra plus loin que celle qui nous occupe ne figure 
pas dans le recueil général de Pie IV. 

Vogel mentionne en iS/ja : « Dompnus Joannes, rector 
ecclesiee S. Mariae de Laureto » ^. 

Martorelli fixe à la même année un pèlerinage de sainte 
Brigitte de Suède, en compagnie de sa fille, sainte Cathe- 
rine, à Lorette ^. Il se fonde, après d'autres, sur un passage 
de la iS" révélation du V" livre : 

Ego scio quinque loca : omnis qui ad illa accesserit, habebit 
quintuplicem fructum ... In primo loco fuit Vas clausum... ; ergo 
qui ad locum istum, scilicet ubi Maria nata est et educata fuit, ve- 
nerit, non solum raundabitur, sed erit vas in honorem meum, Sc- 
cundus locus est Bethlera. Tertius locus est Calvariai.... 

Croire Lorette visé par ce texte est une pure conjecture. 

Jean Bocga.ce n'est pas aussi muet sur la translation de la 
s. Casa qu'on l'a cru (voir p. i55, n. i), car il me semble Fex- 
clui'c formellement dans la nouvelle citée plus haut (p. i33, 
n.), où il suppose que fra Cipolla a rapporté de Terre Sainte 
une plume laissée par l'ange Gabriel dans la maison de Naza- 
reth : celle-ci n'était donc pas de son temps à Lorette. On 
sait que les nouvelles du Décaméroii furent récitées, dans 
une villa près Florence, durant la peste de i3/i8 ^. 

Le même Martorelli veut que l'empereur Charles IV, après 

1 T. I, p. 333. — 2 T. II, pp. 66 et 4o8 ; Leopardi, pp. 264-6. 
3 TiuABoscHi, Storia delta IcLleratura Uatiana, 1807, t. V, p. 563. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 167 

son couronnement à Rome, en i355, soit allé faire ses 
dévotions à Lorette * : il suffît de parcourir l'itinéraire de 
ce prince "^ pour être convaincu que c'est là une inA^ention 
gratuite. 

Le 29 décembre de la même année, « Theolus Bartholo- 
maei de Àffocatis, de Racanato, reliquit ecclesiae S. Mariae 
de Laureto et ecclesiae seu monasterio S. Johannis de Lau- 
reto, pro qualibet ipsarum in hedifitio, solidos decem » ^. 

Sur le pèlerinage à Lorette qu'aurait efFectué, l'année 
même de sa mort (i364), la bienheureuse Micheline de 
Pesaro ^, il n'y a rien dans ses biographes : ils mention- 
nent brièvement son voyage à Jérusalem ^ et c'est tout. 

Né à Recanati en i338, le bienheureux Placide se décida, 
vers i36/i, à entrer dans l'ordre des Apostolins, après avoir 
accompagné deux pieux ermites de cet institut, qui de Rome 
allaient en pèlerinage « à la sainte maison de Lorette » *^. 

Le bienheureux Urbain V serait le premier pape qui aurait 
honoré de sa religieuse présence le sanctuaire de N.-D. de 
Lorette, en 1367 ''. On en donne comme garant un franciscain 
croate, Claro Pasconi ^. Les Vies de ce pontife, publiées 
par Baluze ^ et recueillies plus nombreuses par le chan. 

1 T. II, p. 98 ; cf. t. III, p. 1/I9. 

2 J. F. BôHMEU, Recjcsta imperii, VIII : Alf. IIubeb, Die Regeslen des 
Kaiserreichs unter Kaiser /ifar/ /F (Innsbruck, 1877, in-4°), p. i63-6. 

3 Leopardi, p. i5/( ; Vogel, t. I, p. 3io-i. 
+ Martouelli, t. Il, p. 67. 

'■> Acta sandow Bolland. (1701), junii t. III, pp. {)32", gSS". 

" Acta sanctor. Rolland. (i6f)5), junii t. I, p. 558" ; Martouelli, t. II, 
p. /107-8. II faut toutefois noter que Papekbroecr a dû se contenter de 
traduire en lalin la Vie italienne publiée par Louis Jacobilli à Foligno 
en 1628, sans pouvoir recourir aux manuscrits antiques auxquels celui-ci 
se réfère. — Au dire de Franco Sacghetïi, en i365, à Florence, un fran- 
ciscain. Nicolas de Sicile, ne craignit pas de s'élever en chaire contre 
l'aulhenlicité du Volto Santo (Isid. Cauiîsi, dans Archivio storico Siciliano, 
1890, nuova ser., t. XV, p. ii3-5). 

' Martorelli, t. II, pp. i5, 67, /io7 ; Tuombelli, t. VI, p. 235. 

** Triumphus coronatse reginse Tersactensis, signis prodigiis iibiqiie niten- 
tis... (Venetiis, s. d.), cap. ui, S 5. 

» Vilœ Paparvin Aveiiionensivm, iligS, t. I, c. 363-424- 



i68 NOTRE-DAME DE LORETTE 

J. H. Albanès ^ enlèvent toute probabilité à cette affirma- 
tion : son itinéraire ne laisse aucune place pour un voyage 
à Lorette^ et peut-être n'y songea-t-il jamais ^. 

La fête principale du sanctuaire de Lorette était, non 
l'Annonciation, mais la Nativité : de nombreux textes le 
prouveront. Leopardi a trouvé, dans le Liber condemnatio- 
iium variarum un acte du 20 septembre 1872, sous le podes- 
tat deRecanati « nobilis et potens vir Bartholomeus Golae 
Sîmonis, de Spoleto », et le juge « ïhebaldus Lolli, de 
Bictonico », qui condamnent Antonio di Corraduccio di 
Monte Santo 

De 60 et super eo quod dictus Antonius, de anno e niense prae- 
sentibus, in festo sanctae Mariae fuit furatus apud ecclesiam Sanc- 
tae Mariae de Laureto, sub tecto logiarum dictae ecclesiae... *. 

Nicolas de Recanati sollicita, le 17 mars 137/4/5, l'autori- 
sation de construii'e un pont sur la Potenza, entre Recanati 
et Monte Santo,, « pro communi omnium transeuntium utili- 
tate, devotionisque augmentum gloriosissimse A'^irginis Mariœ 
de Laureto » ^. 

En i383, le 7 juin, Elisabeth, fdie de Jean de Flandre et 
veuve de Denys de Flandre, fixée à Recanati, laisse à l'église 
de Sainte-Marie de Lorette 25 florins d'or; — le 11 juin, 

• Actes anciens et documents concernant le bienheureux Urbain V pape, 
sa famille, sa personne, ses miracles et son culte, publiés par le chan. 
Ulysse Chevalier, 1897, t. I, p. 3-ii3. 

2 Baluze a aussi publié (t. Il, c. 768-75) son Iter Ilalicum, auctore Ga- 
Rosco DE Ulmoisga : sous ce nom fantaisiste, on a reconnu récemment 
Jacques d'âyellino (Gallia christiana novissima, 1901, c. 704 ; Répert., 
c. 1657). Voir encore Trombelu, t. VI, p. aSli-Q ; de xMas Latrie, Trésor 
de chronologie (i88q), c. ii3i-2. 

3 MoRONi émet à ce sujet une étrange hypothèse ; ayant constaté que 
Ant. Sever. Ferlone (De' viaggi dai sommi Pontefici intrapresi) a omis 
d'indiquer le passage des Papes à Lorette, — par la bonne raison qu'au- 
cun avant Nicolas V n'y est allé — il conclut : « su questo punto la sua 
testimonianza non ha valore » [Dizion., t. XXXIX, p. 234"). 

"^ Leopardi, p. i63; Vogel, t. I, p. 160. 

s Leopardi, p. i63 ; Vogel, t. II, p. 117-8 (d'après le Liber Reforma- 
tionum terrye Montis &ancti an. 1874, f" 4o''). 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 169 

Pellegrin di Scambio ordonne une distribution de pain et 
de vin en aumône « in festo sanctaj MarisB de Laureto adve- 
niente post ejus rnortem » ; il lègue en outre « in fabbrica 
ecclesiœ Sancta3 Marias xxv libras denarioruin » ; — le 9 juil- 
let, Marino di Andréa laisse « in fabbrica et concimine 
SanctsB Marias de Laureto n 4o ducats d'or ; — le 22, Coluccio 
di Vanni lègue 12 ducats d'or, « qui expendi debeant pro una 
campana, majori illa quae ibidem modo est » ; — le 23 août, 
Vanne di Paolo, à raison du vœu fait par lui, donne 5 ducats 
d'or pour faire « figurara Virginis Mariœ cum ejus Filio in 
brachiis apud ecclesiam Sanctas Maries de Laureto, in tus seu 
extra, ubi inelius fîeri poterit, honorifice et dévote » ; et 
également « liguram s. Antonii, figuram s. Jacobi Majoris », 
etc. ; — le 8 septembre : 

Dna Isabecta Giles de Clasio de Flandria, uxor quondam Joannis 
de Flandria, reliquid in fabrica et cuncimine ecclesiee S. Mariae de 
Laureto octo ducatos auri ; item, pro cereis quatuor Rendis et 
tenendis continue ante Corpus Chrisli, dum celebratur in dicta 
ecclesia S. Mariae de Laureto, quatuor ducatos auri. Item reliquid 
pro uno indumento et vestito de scrico fiendo pro imagine Nostri 
Doniini Yhesu Chrisli, quem retinet in brachiis sancta magestas 
Nostrae Dominae Virginis Mariae de Laureto, 1res ducatos auri '. 

Le 19 octobre io83, u d. Diana, filia qu. Benedicti, de 
Castro Siroli, et uxor Gonlucii castellani civitatis Humanœ », 
par testament « reliquit operi ecclesiœ Sanctœ Mariœ Laureti 
unum tlorenum auri » "^. 

Le i4 janvier i385, l'évêque d'OsimcJ solda à celui de 

Recanati 

In una manu unum ducatum auri reliclum per dict. ser Millia- 
rinum [Brascoli, d'Osimo] in suo testamento ecclesias Sanctœ 
Marias de Laureto, pro uno voto eidem ecclesiaj facto ; et in alia 

' Leopaudi, p. i5^-5 ; Vogel, t. I, p. 3ii (d'après le protocole d'An- 
toine di Giovanni, notaire de Recanati, qui, pour la seule année x383, 
renferme quarante dispositions testamentaires en faveur de Lorette, mais 
sans aucune allusion à la translation) . 

- Martorelli, t. II, p. 407 ; ïuombelli, t. VI, p. 238-9 (il est étonnant 
qu'on n'ait pas pu lire le nom du notaire). 



170 NOTRE-DAME DE LORETTE 

manu xxx solidos denariorum relictos per dict. Milliarinum ... 
dictae ecclesiaj S. M. pro uno alio cereo cera3 K 

En 1887, le 20 janvier, « Gicus Retiutii » laisse « pro qua- 
dam gratia sibi facta, videl. pro una imagine cerea quam 
promisit, in libras denariorum» ; — le i" juillet, Francesco 
di Yanni u alias Jonno », lègue 3o ducats d'or « secundum 
promissionem et votum quod fecit » et en outre 10 ducats 
d'or ; — le 22 novembre, Bellafiore délia fu Grazia donne 
un ducat d'or « pro voto quod fecerat in cambium unius 
metri olei » "^. 

La première concession authentique d'indulgences à 
l'église de Notre-Dame de Lorette fut accordée par le pape 
Urbain YI le 5 novembre 1887, an 10 de son pontificat. 
Pour une cause inconnue, qui laisse perplexe — Urbain 
ne mourut que le 18 octobre 1889 3, — la bulle ne fut pas 
expédiée. On n'en possède donc ni original ni copie ; mais 
elle est formellement rappelée, avec sa date et son contenu, 
dans celle du successeur d'Urbain, Boniface IX (9 novem- 
bre 1089). Il convient d'en mettre tous les termes sous les 
yeux du lecteur : 

Dudum siquideni felicls recordationis Ui'banus papa VI, pve- 
decessoi" noster, cupiens ut ecclesia Sancte Marie de Laureto, Raca- 
nalensis diocesis, que sicut acceperat a christifidelibus illarum 
partium ejus notitiam liabenlibus in magna veneratione habeba- 
lur, a fidelibus ipsis congruis honodbus frequentaretur et ut fidèles 
ipsi causa devolionis eo libentius confluèrent ad eandem, que ex 
lioc ibidem dono celestis gralic uberius conspicerent se refectos, 
de omnipolenlis Dei,misericordia ac bealorum Petd et Pauli apos- 
tolorum ejus auctorilale confisus, videlicet nonis novembris, pon- 
tilicalus sui anno decimo, omnibus verc penitentibus et confessis, 
qui in fesLo Nalivitalis ejusdem sancte Marie ad eandem ecclesiam 

1 l'omp. Compagnon!, Meinorie istorico-crUiche dclla chiesa e de' ves- 
covi d'Osiino... (Roma, 1788, 5 vol. in-zl", pi.), t. Ifl, p. 282; Leopaudi, 
p. 267. 

-' Leopaudi, p. io.5 (d'après le protocole d'Antoine di Giovanni). 

3 IjB texte ci-api'ès donne h entendre que le pape avait déjà fait à Lo- 
rette une concession d'indulgences, qui se trouva caduque. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GA.S.\ 



m 



dévote accédèrent, anniiatim illam indulgentiam Tet] rernissionem 
peccatorum conccssit quam ad ecclesiamSanctiQuiriaci Anconitan. 
in i'esto ejusdem sancli accedentes aiictoritate Litlerarum pie memo- 
rie Gregoni pape XI, predecessoris nostri, conseqniinlur ; et voluit 
quod, si alias visitanlibus diclam ecclesiam Sancte Marie vel ad 
ejiis iabiicam maniis porrigenlibus adjutriccs aut alias inibi pias 
elemosinas erogantibus, seu alias per ipsum Uibanum predecesso- 
rem aliqiia alia indulgentia in perpctuum vel ad oertum teinpus 
nondum lapsum duratura concassa fuisset, hajusmodi concessio, 
super qua dicti Urbani predecessoris Liltere confectç non fucrunt, 
nullius esset roboris vel momenli K 

Le sanctuaire de Lorette était donc mis simplement sur le 
même pied, pour les faveurs spirituelles, que la cathédrale 
Saint-Cyriaque d'Ancône "^. 

Boniface IX devait être afle.ctionné à N.-D. de Lorelte, car 
le jour même de son couronnement à Saint-Pierre de Rome 
(9 novembre i38g), il fit expédier sous forme authentique la 
concession de son prédécesseur : 

Bonilalius, episcopus, servus servorum Dei, universis christifide- 
libus présentes lilteras inspecturis, salutem etaposlolicam benedic- 
tionem. Ralioni congruit et convenit equitati, ut ea que de Romani 
pontificis concessione processerunt, licet littere apostolice super 
illis confecte non fuerint, suum consequanlur c'fTectum : « Dudum 
(ai supra)... » Ne autem pro eo quod super.concessionc et vokmtate 
hujusmodl ipsius Urbani predecessoris, ejus superveniente obi tu, 
apostolice Liltere confecte non fuerunt, concessio et volunlas pre- 
dicte debito irustrentur effectu, volumus et apostolica auclorilale 
decernimus quod eedem concessio et voluntas ab ipsa die, videlicet 
nonis novembris, perinde suum consequantur effeclum ac si super 
illis ejusdem predecessoris Littere sub ejusdem diei data confecte 
fuissent proul superius cnarratur, quodque présentes Littere ad pro- 

' Archives du Vatican, vol. 192/1 (Reg. Pii IV t. 70), f" 33. Vogel, t. II, 
p. 119-20. — Je dois les nombreuses pièces tirées des Archives du Vatican 
à l'inépuisable complaisance du R. P. doni Ursmcr Berlicrc, directeur 
de l'Institut historique Belge à Rome. 

2 II faut lire dans Martorelli (t. I^ p. 17(3, et t. II, p. 53) les dévelop- 
pements lyriques que Torselum et An t. Salt {Sanlaario Lauretano de la 
Virgen naestra Sehora, Loreto, 1647, in-S") ont donnés à cette concession, 
avec des dates erronées. 



173 NOTRE-DAME DE LORETTE 

bandum plene concessionem et voluntatem hujusinodi ejusdem 
Urbani predecessoiis plene sufficiant, necad id probationis alterius 
admiiiiculutn requiratur. Nulll ergo otnnino hominum liceat hanc 
paginam nostre voluntatis et decreti infringere vel ei aiisu temera- 
rio contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit, indigna- 
tionem omnipotentis Dei ac beatorum Pétri et Pauli apostolorum 
ejus se noverit incursurum. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, 
quinto idus novembris, pontifîcalus nostri anno primo K 

En iSgo, le i'' mai, Antoine de Marcuccio laisse 5 ducats 
d'or « pro uno paramento vel uno calice » ; — le 2g octobre, 
Gonsolo di Petruccio donne « pro uno voto quod fecernt pro 
Jacobo ejus filio, centum libras denariorum » 2. 

L'année suivante, d. Nutola légua « operi ecclesiœ Sanctae 
Marise Laureti, solidos quinque ^. 

Les officiers du recteur de la Marche d'Ancône, André 
Tomacelli, délivrèrent à Fermo, le 26 août 1899, un sauf- 
conduit 

Omnibus et singulis hominibus et personis, de quibuscumque 
provinciis sive locis, volentibus venire ad festum gloriosaj s. Mariai 
do Laureto sive visitare limina ecclesiœ ejusdem Beatœ Mariée, sive 
die festo sive pcr octavam ejusdem *. 

Le 8 octobre i/ioo, 

D. Jacovina Lippi, uxor quondam Albrici Massii de Percivallis, 
reliquit pro fabrica ecclesiae S. Mariac de Laureto, produobus mil- 
libus (Leop. milliaribus) lapidum, quatuor ducatos. Item, pro 
fabrica pontis (L. délia fonte), qui est in via Bricciarum (L. Bru- 
ciarum) per quam itur ad ecclesiam S. Mariae de Laureto, ducatos 
quatuor^. 

1 Archiv. Vatic, vdl. 192/» (l^iilV t. 70), f" 33-4. Vogel, t. II, p. iig-20. 
Mautouelli ne manque pas l'occasion (t. II, p. 53) de fausser la date 
(iSgo) et d'exagérer la portée de la concession, en y croyant voir men- 
tion de la fête de l'Annonciation. 

2 Leopardi, p. i55 (d'après le protocole du notaire Antonio di Gio- 
vanni), dont je crois inutile de poursuivre les extraits, sauf le cas où ils 
prouA'ent l'absence de toute croyance à la translation. 

' MAaTOHELU, t. Il, p. /1O7 ; TUOMDELLI, t. VI, p. 289. 

* Fel. Paoli, Lellem pastorale publicala al popolo per prepararlo allô 
imminente ritorno delV antica statua di S. Maria di Loreto... (Loreto, 1802, 
in-/l), p. i4 ; Leopardi, p. i64 ; Vogel, t. I, p. 807. 

" Leopardi, p. 106-7 ' Vogel, t. I, p. 3ii-2. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. 178 



Le 22 janvier i/ioi, Catherine, veiive de Pierre, laisse 
« ecclesise Sanctse Mariée de Lauveto, ubi dicantur missse 
sancti Gregorii per presbyteros ibi inorantes, i dacatum » ^ 

Un conteur ilalien, mort en i/joa. Franco Sacchetti, dans 
sa 208" nouvelle, fait jurer un pécheur de Civitanova (dans 
les Marches) « Per Santa Maria del Oreno ! » Leopardi estime - 
qu'il y a là une faute de copiste ou d'imprimeur : la lecture 
vraie serait : Per Santa Maria di Loreto ! Ce qui l'a confirmé 
dans cette supposition, ce sont deux manuscrits de la biblio- 
thèque Corsini, dont l'un porte del Orelo et l'autre del Loveto ; 
il a eu la loyauté d'avouer que ces codices sont du xvn" siè- 
cle, ce qui n'est pas sans leur ôter beaucoup d'autorité ^. 

Ange Cino, de Bevagna (Mevania), évoque de Recanati et 
Macerata depuis i385, rédigea son testament le 9 mai i4o2 : 
« reliquid Cole Berardilli dé Mevania, factori in ecclesia 
Sanctœ Marise de Laureto, quinquaginta libras denariorum » . 
Devenu cardinal en il\oS et légat du Pape dans la Marche 
d'Ancône, il fit un codicille, le 20 juin i4i2, par lequel il 
légua « d. Andréas de Atria, capellano ecclesise Sanctœ Marise 
de Laureto, pro ejus labore et mercede, 25 ducatos auri » '^ 

Les Statuts de la commune de Recanati, compilés à nou- 
veau en i/joo, renferment sous la rubrique 126 du 3" livre 
un chapitre intitulé : « De pœna committentis aliquid turpe 
et inhonestum in die festi sacratissimse Virginis de Lau- 
reto ». Le texte peut en être donné en latin : 

Nullus sit tantœ temeritatis et audacias quod^n festo bealaî Vir- 
ginis Mariœ audeat vel présumât aliquod peccatum, aut crimen 
inhonestum committere, nec ad dictam Ecclesiam ducere aliquam 
mulierem meretricem, nec aliquam mulierem non bonœ famœ, 
causa taciendi aliquod inhonestum, nec eam retinere a tribus milia- 

1 Leopabdi, p. i56. — 2 p. 269-70. 

3 Sans vouloir entreprendre une étude philologique svu- ce point (cf. 
Répart., le éd., ce. 2023 et aSoS), qui ne lire à aucune conséquence pour 
notre sujet, je constaterai qu'il existe en Lombardie une localité du nom 
d'Oreno. 

^ Leopardi, p. 2G7 ; Vogel, t. K, pp. 128 cl i34. 



i7/t iNOTRE-DÂ^ME DE LORETTE 

ribus prope ipsam Ecclesiam. Possinl lamen ipsaî mulieres non 
bona3 famae ibidem permanere modo honeslo, et statim facta obla- 
lione in ipsa Ecclesia, reverlantur et inde discedant. Nec etiam 
ludere ad ludum azardi, nec jurare, nec blasphemare, etc. ^. 

Le 3 (ou 5) septembre de la même année, le cardinal Ange 
Corraro (depuis Grégoire XII), patriarche de Gonstantinople 
et vicaire général du Pape dans la Marche d'Âncône, accorda 
un sauf-conduit 

Yolentibus accedere ad ecclesiam Sanctae Mariae de Laureto de 
Racanalo, in festivilatibus ipsius de mense martii, augusti et sep- 
tembris, per decem dies ante festa praedicta et per decem dies post 
ipsa -. 

Louis Migliorati, de Sienne, successeur de Corraro comme 
recteur de la Marche d'Ancône, se rendit en pèlerinage à 
Lorelte à la fin de mars 1/407 ; à son retour, les gens de Monte 
Santo lui fermèrent leurs portes. De Givitanuova il manda 
aux communes du pays de lui porter secours : 

Die .. mensis martii, dum proposuimus limina Sanctae Mariae 
de Laureto pro nostra devolione visitare..., in reditu nostro al3 
Ecclesia memorata etc.^. 

En i4ii) le 1"' mars, Goluccio di Manfredutio laisse 2 du- 
cats d'or à l'église de Lorette, plus i5 autres pour faire 
« unam pincturam muratam et cum trasanna » dans une 
rue conduisant au sanctuaire ; — le 21, Paul di Rinalduccio 
lègue un ducat d'or pour « solvei'e et tenere unum hominem 
adservienlem ecclesiam Sanctae Mariae de Laureto, pro tribus 
mensibus » ; — le 1 5 juillet, Simonuccio di Filippo da Massa 
fait don de 20 ducats d'or prour faire une peinture dans la 
rue qui vient de la mer à Saint-Michel, « videl. in illa parte 
ubi capitur viam causa eundi ad ecclesiam Sanctae Mariae 

1 Leopardi, p. 164. 

2 Paoli, Lettera cit., p. i/i ; Leopardi, p. i64 (a tort d'en suspecter 
l'autlienlicité) ; Vogel, t. I, p. 3o8. 

s GoMPAGNONi (Ponip.), Im rccjgia Piceiia ovvero de presidi délia Marca, 
con tutti i vescovi, podestà e altri cjiudici di Macerata (iGGi, in-fol.), p. 281 ; 
Mauïorelli, t. II, p. .'loG ; Leopaudi, p. iGo. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 



il'o 



de Laureto ; — ^le 21 août, Thomas di AUegruccio charge sa: 
fille Catherine de donner chaque année, sa vie durant, « in 
festo Sanctse Mariée de mense septembris, v salmas vini 
Tribiani, amore Dei » ^ 

En 1417, le 9 mars, Antoine di Saluto institue une aumône 
de pain et de vin « in die festo beatasMaria; Virginis de Lau- 
reto )) ; — le i" avril, Foscarello di Cola, de Matelica, laisse 
A ducals d'or pour peindre « apud ecclesiam S. Mariœ de 
Laureto figuram Nostree Dominée Yirginis Marias cum Filio 
in brachiis, cum figura ipsius testatoris apud eam » -. 

Grégoire XII, après sa déposition, vint mourir à Recanati, 
le 18 octobre 1417. L'archevêque de Brindisi, Paul de Rome, 
chargé de régler sa succession, déclara que les grains et le 
vin provenaient de ses deniers « et in parte de pecunia quse 
obvenit ex oblationibus Sancta3 Mariée de Laureto » (10 jan- 
vier 1/118) : il fit don à l'église de pièces de vin récolté 
« ex vineis ecclesiee Sanctse Mariée de Laureto (18, 19 et 
22 mars) » ^. 

En i/ii8, le 2 avril, Nicolas di Rinaldo, chanoine et éco- 
nome épiscopal de Recanati, ouvrit, en présence du vicaire 
capitulaire, des chanoines et autres ecclésiastiques, « qui 
habebant unam clavem, pro quolibet, cippi existentis in 
ecclesia Sanctae Marias de Laureto », le tronc en question, 
« in quo cippo erant ducati undecim in auro, in ter quos 
erant très ducati Romani ; item, ducati decem et septem in 
Bononensis, et très ducati in moneta Verîetiana ; item, certa 
quantitas piccolorum, quee propter taedium non fuit nume- 
rata, sed reposita in quadam saccula sigillata ; — le 2/1, 
Pierre di Giulio laisse un ducat d'or « pro una figui^a Vir- 
ginis Maries dipingenda apud ecclesiam » ''. 

Le 3i octobre i/ii8, Jean di Simone Gorradi, de Gingoli, 
lègue pour u quod per ejus heredes debeat salariare unum 

1 Leopardi, p. io6. 

2 LEOPAum, p. i57 ; Vogel, t. I, p. 211. — 3 Leopaiidi, p. i65-6. 
* Leopabdi, pp. i6G et 157. 



176 NOTRE-DAME DE LORETTE 

hominem, qui homo debeat servire ecclesiae Sanctàe Mariaè 
de Laureto per unum mensem » ^ 

Dans son i""" sernion sur l'Assomption (§ 21), saint Vingent 
Ferrieu (j- 1/Î19), a un passage qui a fort réjoui les partisans 
de la translation : « Yisitabat et beata Maria Nazarethica loca 
sancla in caméra, ubi Filium Dei conceperat... n'^ ; la caméra 
en question ne serait autre que la s. Casa de Lorette. 11 sem- 
ble d'abord étrange que le saint ait hésité à prononcer le 
nom de Lorette s'il l'avait en vue. De plus, le contexte mon- 
tre qu'il ne s'agit aucunement de Lorette. Il s'élève contre 
les pèlerinages, à cause des scandales et des périls qu'ils 
entraînent : « homines et mulieres peregrinando frangunt 
sibi collum et efficiuntur pejores ». Il conseille, de préfé- 
rence, les pèlerinages en esprit, comme il l'explique d'ail- 
leurs lui-même et il conclut : « Ideo spiritualiter fîat illa 
peregrinatio. Hodie et qualibet die potestis ire Nazarethum 
ad cameram, ubi Filius Dei fuit incarnatus ; et sic de aliis 
locis )) ^. 

Des indulgences qu'aurait accordées le pape Martin V, en 
i/i20, nous n'avons qu'un témoin dépourvu d'autorité, Tor- 
sellini ''. 

Le 2 août de la même année, Antoine di Allegrotto Menu- 
tii légua « ecclesise Sanctte Mariœ de Laureto unum calicem 
valoris 12 ducatorum, ad divinum cultum perpetuo tenen- 
dum in dicta ecclesia » ^. 

Le 20 juin i423, le Conseil communal deRecanati décida : 

Fiant duo pallia, valoris sex' ducatorum pro quolibet, unum in 
sancla Maria de mense septembris, aliud in festo sancti Viti, 
saint protecteur de là commune, honoré le i5 juin ^. 

1 VoGEL, t, I, p. 3i2. Voir ce qu'il dit des Servites de Lorette. 

2 Martorellt, t. II, p. 2o4; Trombelli, t. VI, p. 33i-2; Leopardi, p. 
200 ; MiLOCHAU, p. 339. 

3 Samti Vincentii Sermones de sandis, Colonise Agiipp., 1675, p. hk ; 
Valentiae, 1696, t. III, p. 4o2. — Le Catalogue de la biblioth. Riant indique 
d'assez nombreux « Pèlerinages mystiques en Terre Sainte » (t. II, i, 
p. 356-8). — ^ Mautorelli, t. I, p. 177 ; t. II, pp. 53 et 406. 

5 Leopardi, p. 167; VoGEL, t. I, p. 3ii. — 6 Leopaudi, p. 4i. 



ETUDE HISTOR. SUR Lk S. CASA. 177 

En i424, la cour de Rome songea, à raison de l'impor- 
tance que prenait le sanctuaire de Lorette, à le donner en 
commende à un cardinal. Le 5 septembre, au Conseil de la 
commune, 

Lecta fuit littera domini Gubernatoris, quod debcat eligi unus 
idoneus civis ad sequestrandum rcdditum ecclesiae Sanctae Mariae 
de Laureto, ad petitionem Camerae Aposlolicae ; et etiam lecta fuit 
littera commissionis Papalis in personam domini Gubernatoris. 

La commune et l'évêque furent très affectés par cette ten- 
tative d'innovation : elle n'eut, pour le moment, aucune 
suite ^. 

En 1428, il se forme une nouvelle confrérie, « Fraternitas 
Frustra torum S. Mariae de Laureto » '^. 

En 1/J12, André di Giacomo di Andréa, d'Âdria, était 
« capellanus ecclesiai S. Mariaî de Laureto » ; ayant contribué, 
vers 1428, à fonder un hôpital, il prit le titre de « guberna- 
tor et administrator domorum et hospitalis almae et gioriosœ 
Virginis Mariae de Laureto » ^. 

Le i3 mars 1429, Pierre de' Pirovani, ambassadeur du duc 
de Milan, Philippe-Marie Visconti, se présenta au Conseil de 
Recanati et lui exposa u quod intentio ducis erat facere pic- 
turam ad Sanctam Mariam de Loreto, et quod ibi celebretur 
quotidie missa, et volebat expendere in possessiones pro dote 
usque ad 5oo ducatos ». Il demanda pour cela le concours 
des citoyens ; on répondit : « Eligat ipse cives et, si non vult, 
eligant Prières duos aut quatuor cives, qui habebunt esse 
cum eo, ne decipiatur in emendo », Pirovani acheta des 
terrains pour 417 ducats et chargea, le 20 novembre, AUe- 
guccio Ciccarelli, d'Ancône, de peindre un tableau d'autel 
représentant la crèche avec les rois Mages '' ; il coûta 5o flo- 

1 LeOPARDI, p. 166. — 2 VOGEL, t. ï, p. 3l2. 

3 VoGEL, 1. 1, p. 333, n. 3. — Voir au 7 octobre i44i. 

'^ « Quisti sono li pacti infra Jolianni de Carnage, famegUo de illustris- 
simo segnore messer lu Duca de Milano, et mastro Aliguccio de Ancona, 
])ictore, supra l'ornamento de la cappella per lui fia depincta, coino stai 
de socto, cio è per prezo di fiorini cinquanta d'oro a le spese dcl dicto 

N.-D. DE LORETTE 12 



178 NOTRE-DAME DE LORETTE 

rins d'or et subsiste encore. Pirovani demanda une attesta- 
tion de sa bonne gestion et offrit à la commune le patronage 
du bénéfice, pour empêcher celui-ci de se confondre avec 
les biens de l'Eglise, « quia sic non servaretur voluntas 
Ducis » : le Conseil accorda le bon témoignage, mais se récusa 
quant au patronage : « Super facto Ducis fiât littera. De facto 
cappellani dentur verba generalia et grata, non tamen obli- 
gativa » ' . 

En mai de cette année, Elisabeth de Mantoue, femme de 
Charles Malatesta, seigneur d'Osimo, demanda à la commune 
de lui députer un conseiller qui lui garantirait la conserva- 
tion d'un collier qu'elle voulait donner à la Vierge de Lorette; 
pour ne pas entrer en conflit avec l'évêque, on déclina la 
garantie : « Et finaliter tantum fecerunt, quod non obligavit 



se comune » ^. 



Le 21 août suivant, avant la fête de la Nativité : 

Dom. Raynaldus de Beataj postulat mansionem ad S. Marlam de 
Laureto pro isto festo venturo. Item dom. Tliesaurarius postulat 
mansionem quam habuit anno prœterito pro uno die ex his diebus 
festivis, provideatur, etc. Item cum sittempusprovidendi de armata 
pro festo etc. Mittantur ad stipendium xxv, et in vigilio, et in festo 
servetur mos consuetum 3. 

En i,43o, saint François de Paule, âgé de i4 ou i5 ans, 
aurait accompli un pèlerinage à Lorette. On l'a conjecturé, 
parce qu'au sortir du couvent de S. Marco en Calabre, il se 
rendit en pèlerin à Rome et à Assise. Ses biogi'aphes primitifs 

mastro Aliuccio. Imprima che cl piftgha Madonna sancta Maria con lo 
flglolo sLio in gremio seconde l'usanza, con lu mantello de azurro flno 
ultramarino facto ad malta virde, pretio de ducati dui in oro per qua- 
lunqua uncia, con frigi d'oro larghezza de un deto facta ad lettera per li 
perfdi del dlcto mantello, con la veste de sopto de brochato d'oro, con le 
diadème d'oro flno in tucto relevato » (Vogel, t. II, p 149). Suit l'indica- 
tion des particularités relatives à saint Joseph, aux trois Mages, à leurs 
cavaliers, à la crèche, à la campagne (Vogel, t. Il, p. i^g-So, d'après le 
protocole de ser Jacobus M. Petrutii, 1° 98''). 

1 Leopardi, p. 166 7; Vogel, t. I, p. 3ia. — 2 Lkopaudi, p. 167. 

a Leopardi, p. 4i • 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 179 

et les nombreuses personnes appelées à témoigner pour sa 
canonisation, n'en font nullement mention. Aucun auteur 
antérieur au xvn" siècle n'en a parlé ^ et il y a lieu de 
s'en tenir à la remarque de Papenbroeck, qui connut à mer- 
veille les sources de la vie du saint : 

Romam atque Assisium peregrinabundus abiit et ad alia loca... 
In ils fuisse sacram œdem Lauretanam, licet nemo diceret, credi- 
bile faceret loci sanclilas prœcipua, si qua uspiam ejus rei extaret 
memoria, aut sua eo sanctum via duxlsset; nunc sola Isidori 2 
auctoritas non persuadet, Apenninum fuisse hoc itinere transi- 
tum 3. 

Il ne faut point oublier qu'on a publié (en i655) sous le 
nom de ce saint une centaine de lettres, dont la collection a 
été réprouvée par la congrégation de l'Index le 10 juin lôSg, 
« cum multa apocrypha, falsa et ficta contineat » ''. 

Le ï 6 août i/i33, Antonia, femme d'Antoine de Rigotio, 
donna 2 ducats « pro fabrica hospitalis in pertinentiis eccle- 
siee Santse Marias de Laureto » ^. 

Dès les premiers jours de i434, François Sforza avait ma- 
nifesté l'intention de visiter « celeberrimum gloriosai Virgi- 
nis in Laureto sacellum » ®. Il existe en effet une lettre de 
lui à son commissaire Georges, du 11 janvier, écrite « in 
ecclesia Sanctœ Mariae de Laureto » . La dévotion n'était qu'un 
prétexte : Sforza voulait s'emparer de la personne de l'évê- 
que de Recanati, Jean Vitelleschi, qui,. prévenu à temps, 
s'embarqua pour Ravenne et se rendit de. là à Rome, 011 
Eugène IV le fit patriarche d'Alexandrie. Vitelleschi donna à 
son ancienne cathédrale tout l'argent qui avait été offert 
durant son épiscopat au sanctuaire de Lorette, à l'effet d'en 

1 Martorelli, t. Il, p. 69-70. 

- Isid. ToscANO, Délia vita, virtù, miracoU e deW istiluto di s. Francesco 
di Paola, fondatore delV ordine de' Minimi ; Roma, i648, in-4o ; etc. 

3 Acta sanctor. Rolland., 1676, aprilis t. I, p. 198-9. 

^ Ibid., t. cit., p. 197", — ^ Leopardi, p. 167. 

« Flavius Blondus, Historiarum Romanarum deeades très (i483), dec. m, 
lib. V. 



i8o NOTRE-DAME DE LORETTE 

fabriquer un reliquaire pour le chef de sainte Marguerite, 
vierge et martyre ^ 

Antoine ser di Vanni Stefani, de Recanati, fonda le béné- 
fice de Saint-Antoine en 1437 2. 

Le 2 avril liiSy, on apprit à Recanati que le marquis de 
Ferrare (Nicolas III), le comte Alexandre Sforza et Sigis- 
mond Malatesta se dirigeaient sur Lorette, avec une escorte 
de 4oo cavaliers ; on fit les préparatifs convenables et, le 21, 
les députés allèrent au sanctuaire pour les recevoir ^. Le 
marquis de Ferrare donna une reproduction de sa ville en 
argent ''■. 

Le i5 février i/i38, Jacques Giuliani, de Gingoli, vicaire 
général de Tévêque d'Osimo, imposa à un blasphémateur 
comme pénitence « semel Domum sacratissimam Sanctœ 
Mariée de Laureto corporaliter visitare » ". Le mot domus 
paraît ici pour la première fois dans un document authenti- 
que ; on a voulu y voir une allusion (tardive) à la maison 
de Nazareth : il doit être pris simplement dans le sens du 
mot italien daomo, maison du Seigneur, église, cathédrale. 
On remarquera d'ailleurs, dans la suite, — comme déjà 
plus haut (p. 177) — qu'il est très souvent mis au pluriel, 
mais alors il indique les propriétés ou dépendances du sanc- 
tuaire. 

En 1439, Antoine Casini, cardinal du titre de Saint-Marcel, 

1 LeOPARDI, p. 167-8. — 2 VOGEL, t. I, 3l2. 

a Leopardi, p. 168 ; il fait remarquer (n. 3) qu'on pourrait, à l'aide 
des registres de la commune, dresser une liste plus longue et surtout 
plus exacte que celle de Ma RTORELu (t. II, p. 61-91) des pèlerinages à 
Lorette ; ceux qui sont mentionnés ici suffiront au but proposé. 

"t Elle figure dans l'acte du 28 octobre i44o : « Item Givitas Ferrarien- 
sis argentea.quam obtulit magnificus dominas Nicolaus marchio Exlen- 
sis, ponderis cum tabula grossa inferiori llbrarum dccem et septem cum 
dimidia ». 11 donna (( item una imago plana viri argcnlea, oblata per 
eundem dom. Marchionem, ponderis novem unciarum » (Vogel, t. Il, 
p. i58). 
. ii Paoli, Lellera cit., p. 18 ; Leopardi, p. 1G8-9 ; Vogel, t. I, p. 3i3. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 



i»i 



fit avant de mourir (à Florence, le 4 février) la fondation du 
bénéfice de Saint-Marcel à Lorette '. 

Thomas (Tomassini), nommé évêque de Recanati en i435, 
quitta son église sans l'avoir visitée, en i44o, pour celle de 
Feltre et Belluné. Il eut néanmoins des scrupules à garder 
la propriété des joyaux 

Quai donata et oblata fuerimt in ecciesia Beatœ Mariœ Virginis 
de Laureto de Racanato, spectalitia etperlinentia ad jus et proprie- 
tatem ipsius diîi Thomœ,utpote suc tempore quo fuit episcopus... 
oblata. 

Il n'y avait pas moins de dix calices en argent doré, — 
ornés d'émaux et d'ornements en relief, plusieurs aux armes 
des donateurs — , un encensoir en argent, les dons du mar- 
quis de Ferrai-e mentionnés plus haut, etc. En son nom, 
Févêque de Pedena (ou Biben, Pedenensis), Pierre (Giusti- 
niani) fit don de toutes ces richesses à la cathédrale de Saint- 
Flavien le aS octobre i/i4o ^. 

D'après un acte notarié de i44i, il y avait un cimetière 
contigu à l'église. Vogel, qui Fa vu, ajoute : u imo in ipsa- 
met sacra Aedicula ossa reperta sunt hominum in ea sepul- 
torum » ^. Ces faits établissent avec évidence que l'église 
de Sainte-Marie de Lorette était paroissiale. 

André di Giacomo, d'Adria, avait fondé, on l'a vu, vers 
1428, un hôpital tout proche de l'église de Notre-Dame de 
Lorette. Les ressources réunies « tamex patrimonialibus 
quam aliis per eum ex ipsius industria acquisitis bonis, piis 
etiam Ghristifidelium largitionibus sibi suffragantibus », ne 
suffisant pas à l'entretien de la multitude de pauvres qui 
affluaient, il eut l'idée de demander au pape d'unir à cet 
hôpital les biens de l'église rurale « Beatse Maria3 de Mon- 

1 VOGEL^ t. I, p, 3l2. 

- LÈoPARDi, p. 169 ; Vogel, t. II, p. 157-9; F. de Mély et E. Bishop, 
Bibliogr. génér. des Inventaires imprimés, 1894, t. I, n° 5654. 

^ T. I, p. 333, n. 2 (ex instrumento in Actis Thotnae Gabriellis de 
Percivallis notarii). 



i83 NOTRE-DAME DE LORETTE 

teurso )), ce que Eugène IV accorda par bulle du 7 octo- 
bre i/l/ii K 

Nicolas (degli Asti), évêque de Recanati et Macerata, con- 
sidérant « quod prope et immédiate ad sacratissimam eccle- 
siam Sancta3 Mariœ de Laureto sint aJiqua altaria, inter 
quae est unum altare erectum et non est dotatum nec sub 
vocabulo alicujus sancti vel sanctorum nominatum », fit 
don d'une vigne, le 20 avril i/i46, « volens et intendens ibi 
esse unum aUare dotatum ob reverentiam omnipotentis Dei 
et Domini nostri Jesu Ghristi et beatissimse Matris ejus vir- 
ginis Mariœ, quod intitulavit sub nomine Sancti Jeronimi, 
presbyteri et doctoris sanctœ matris Ecclesise » . Philippe « de 
Astis » ajouta une pièce de terre à la donation de son oncle '^. 

Le recteur André di Giacomo, d'Adria, fit son testament 
le 17 août 1/1/17, " Jii domibus almœ et gloriosissimœ Virgi- 
nis Mariée de Laureto de Rachaneto residens, sanus per gra- 
tiamJesu Christi mente, sensu et corpbre, timens divinum 
judicium, cum dies hominis brèves sint et defluant velut 
umbra, etpericulum mortis, et nolens decedere intestatus ». 
Il laisse « presbyteris et sacerdotibus residentibus in supra- 
dictis almis Domibus gloriosa3 Virginis ducatos duodecim 
monetœ », à la condition qu'une messe quotidienne sera dite 
pendant un an pour le repos de son âme ; il lègue diverses 
propriétés « prsedictae ecclesise almse semper Virginis », sous 
la clause « quod in perpetuum fructus ipsarum possessionum 
distribui debeant prosubstentatione et subsidio ac guberna- 
tione pauperum Jesu Christi confluentium ad hospitale dictée 
gioriosissimee Virginis et etiam ad domus dictas ecclesiœ 
S. Mariée, situm in villa dictée ecclesiee et quasi prope ipsam 
ecclesiam » . Ce dom recteur a l'air d'avoir été un fort brave 
homme ^ ; il supplie l'évêque et ses successeurs « quatenus 

1 VOGEL, t. II, p. 160-2. — - VOGEL, t. 11, p. l6/i. 

3 En iij/(i, il déclarait <c neo bona, pro substentatione Hospitalis et 
pauperum deputata, in litium prosecutionem applicare velle » (Vogel, 
t. 11, p. i6i). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA i83 

meritis prœfataî gloriosas Virginis Mariée, et etiam attentis 
gratis suaî devotionis obsequiis, quae loto temporc vitaî ipsius 
testatoris iinpendit et adhuc impendere non desinit, pvœsen- 
tem piam dispositionem nolint infringere » ^. 

Leopardi place au mois d'octobre i448 le miracle arrivé 
à un Hongrois qui, poursuivi par les Turcs, fit un vœu à la 
Vierge de Lorette, puis se précipita avec son cheval dans la 
mer et parvint sain et sauf à l'autre rive '^. Le fait est raconté 
par Jérôme de Raggiolo, dont le récit sera apprécié à l'an- 
née 1/178. 

Nicolas V, qui avait été évoque de Bologne, est le premier 
pape dont le pèlerinage à Lorette soit avéré. Nous en avons 
comme garant la Cronica Riminese (ii88-i385-i/i53) publiée 
par MuRATORi ^ : 

MGGGGXLIX. Nel dette millesimo, del mese di giugno, si parti 
papa Niccolo da Roma per la Moria, e venne a Spoleti, e li morii-ono 
molli Cortigiani. Del detto mese, si parti il Papa, e andô a Tolen- 
tino nella Marca, e poi ando a visîtare la nostra graciosa Madonna 
Santa Maria di Loreto, e poi andô a San Séverine... *. 

Ange Ronconi, chef des troupes pontificales, ionda, le 
23 mars de l'an i/|5o, le bénéfice dé Notre-Dame de l'Annon- 
ciation dans une chapelle contiguë à l'église ^. Cette date 
est à noter, car l'Annonciation figure ici pour la première 
fois, toutefois comme vocable, non du sanctuaire vénéré, 
mais d'un nouvel oratoire adjacent ^. 

Elle serait plus encore à retenir, s'il était vrai que la pre- 

1 Leopardi, p. i58; Vogel, t. Il, p. 169-74. — ^ Leopaudi, p. 188-9. 

3 Rerum Italicarwn scriplores (1729), t. XV, c. 964' ; Mautouelu, 
t, II, p. 71. 

* Leopardi (p. 170) place ce voyage en i45o, parce que le conseil dq 
Rccanati s'occupa, le i3 juillet de cette année, des préparatifs pour rece- 
voir le pontife et des députés à envoyer à sa rencontre : « Oratores ante- 
quam vadant, sciant a Rev""'' Gardinalibus si poterant ingredi, ne frus- 
tra vadant ». L'attrait de Nicolas V pour Lorette lui a peut-être donne 
l'idée d'y revenir. 

"> VoGEL, t. I, pp. 208 et 3ia. 

." Voir toutefois au 3 sept. i4o5 et à mars 1407. 



i84 NOTRE-DAME DE LORETTE 

mière mention authentique de la translation de la s. Casa 
fût de cette année ^ On avait cru, en effet, la trouA^er dans la 
Mappemonde spirituelle de Jean Germain. Né à Gluny vers 
i/ioo, doyen de la Sainte-Chapelle de Dijon en 1/129, il était 
évêque élu de Nevers quand Philippe -le-Bon, duc de Bour- 
gogne, qui rappréciait fort, le nomma chancelier de Tordre 
de la Toison d'or (i43o) ; il devint ensuite évêque de Chalon- 
sur-Saône (i/i36) et mourut le 2 février 1^61 (n. st.). Sur 
ses nombreux ouvrages, restés presque tous manuscrits, il 
me suffira de renvoyer aux sources indiquées dans mon 
Répertoire "^, en parijiculier à la notice de l'abbé Bugniot 3. 
Il les avait légués à sa cathédrale par son testament, fait au 
château de Champforgueil (Campi Ferreoli) le 12 août 1/460 : 
Inter ca3tera legat... ducentos francos ecclesiee Gabilonensi, pro 
constructione biblioUiecœ, oui dat inter alios libres vnam Mappam 
Mundi Spiritualem, cum libre super eam elucubrato, dicatam Phi- 
lippe Bono, Burgundiœ duci : extat in codice pergameno et scriniis 
templi cathedralis picturâ adornata *. 

L'œuvre originale de la Mappemonde spirituelle s'est retrou- 
vée à la bibliothèque du palais Saint-Pierre, à Lyon, dans 

' TuoMBELLi a varié dans l'appréciation de l'époque où elle commence 
à paraître: «Scriptores qui antePauli II [1/(64-1/171] temporapostDantem 
adducuntur (qui tamen Paulus dubitariter loquitur, et ad vetustorum 
Scriptorum monumenta valde dubia lectorem rejicit) temere adducun- 
tur... » (p. 291) ; plus loin : « Facile dabimus anno i436 aut i44o inva- 
luisse piam opinionem, quée censet translatam per mare fuisse ab Illyrio 
Laurelanam œdem, et in Recinitensi agro consedisse (p. 807). 11 ne visait 
aucun document Irréels. Cf. Leqpaudi, p. 189, n. 2. 

2 G. 1754. 

3 Jehan Germain, évêque de Chalon-sur-Saône (i436-6o), dans Mé- 
moires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône (i863), 
t. IV, p. 877-401. 

'^ Gallia christiana vêtus. Lutet. Paris., i656, in-folio, t. II, p. 452". Ce 
précieux renseignement n'a pas été reproduit dans la Gallia christiana 
nova (ibid., 1728, t. IV, c. 982), qui ne dispense pas toujours de recourir 
à la vêtus. Le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques 
de France (1887, t. VI, p. 359-79) permet de constater que la bibliothè- 
que municipale de Glialon-sur-Saône n'a pas recueilli les manuscrits de 
Jean Germain ; ils avaient dû quitter la cathédrale avant la Révolution. 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 



150 



le manuscrit coté 2.1.02 ^ Il s'ouvre par une dédicace au 
duc de Bourgogne, qu'il est bon de reproduire en entier : 

A TRES excellent prince, mon tresredoubtc seigneur et niaislre, 
Phelippe de France '^ le second, par la grâce de Dieu duc de 
Bourgoingne, de Lothrin, de Brabant et de Lemboarg, conte de 
Flandres, d'Artoiz, de Bourgoingne, palatin de Haynau, de Hol- 
lande, de Zellande, de Namur, de Gharoloiz, Masconnoiz, Auxer- 
roiz, de Ponlhieu, Bolongne et d'Ostre\ant, marquis de Sainct 
Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Matines, marnbour gou- 
verneur de la duchié de Luxembourg et conté de Ghigny, Jehan 
Germain, docteur en théologie a Paris, par la grâce de Dieu eves- 
que de Chalon sur la Sone, vostre très humble soubget et chancel- 
lier de vostre ordre de la Toyson d'or, tout honneur et révérence. 
Eue considération que pluseurs se sont occupez a pourtraire 
diverses mappemondes temporelles et en icclles ont consigné les 
provinces, pays, aucunnez citez, villes, chasteaulx, mers, rivières, 
ysles, lacz, goufîrez, boys, forestz, desers, montaignes, roches, val- 
lées, diverses formes d'ommes et figures de bestes, serpens, 
oyseaux, poyssons et monstres, affin de congnoistre les merveilles 
du monde, desirans a nostre povivoir que soubz la morson et pêne 
du désir naturel que ont les hommes de scavoir Testât d'estranges 
contrées, leurs puissons baillier aucunne bonne doctrine servant 
au bien de nostre saincte foy xpestienne et confusion des ennemis 
d'icelle, avons l'an de nostre seigneur Jhesucrist mil quatre cens 
quarente neuf fait ceste présente Mappemonde et icelle a la diffé- 
rence des autres appellée spirituelle. Car, neantmoins qu'elle con- 
tienne en partie l'efTect des autres comme provinces, citez, mers, 
fluves, montaignes, boys,. desers et autres, 'touteffoiz nostre propos 
a esté singulièrement de noter et consigner esdicles provinces, lieux 
et citez d'icelles les places ou nostre Seigneur Jhesucrist a fait 
et acompli en sa parsonne le mistere de nostre Rédemption, et 
après lui ou ont esté nez, vescu, presché et mors la glorieuse 
vierge Marie sa mère, les sains apostres, les plus renommez niar- 
lirs, confesseurs, vierges et vesves, pour donner entendre la parole 

1 II provient du legs de l'antiquaire et bibliophile lierre Adamoli. 
mort le 5 juin 1769, qui fit héritière de sa bibliothèque et de son médail- 

. lier l'Académie des sciencea et arts de Lyon. A la dissolution de cette 
compagnie savante, les livres d'Adamoli furent transportés à la biblio- 
thèque de la ville, mais lui furent restitués à sa reconstitution en i8a5. 

2 Ces deux mots ont été écrits sur un grattage. 



i86 NOTRE-DA.ME DE LORETTE 

de saincl Pol estre acomplie quant il disoit que la prédication du 
sainct Euvangile estoit de son temps ja venue a la cognoissance 
de toutes les parties du monde, et qu'il n'est province, royaume ou 
pays qui n'ait r[e]ceu la saincte foy xpestienne, baplizé leurs en- 
fans en nom de la saincte Trinité, usé des sacremens et cryé a 
haulte voix : Vive Jhesucrist ! Sachans que se n'avons tenu la 
droite règle de eslargir ou restraindre aucunes provinces ou la dis- 
tance des citez et régions et laissé pluseurs, ce n'a esté a sinistre 
fin, ains a cause de plus ou du moins des sains trouvez esdictes 
provinces et citez. Et se avons obmis pluseurs sains en diverses 
provinces et citez, ce a esté par ignorance et deffault de livres. Et 
nous a soulïït que ayons ouvert le chemin aux autres de quérir par 
hystoires et matirologes de la xpestienté l'acomplissement de ceste 
nostre euvre, et ce qu'estoit couvert et ensevely en coffres et libraries 
soit mis en publique et patron de mappemonde. Et car ne seroit 
ligier a porter pour sa largeur ladicte mappemonde, avons fait 
d'icelle ce présent extrait réduit en forme de livre. Et neantmoins 
adiointune mappemonde contenant seulement les provinces et ci- 
tez pour en tous lieux plus a son ayse avoir cognoissance de tout le 
contenu en nostre dicte grande mappemonde. Si vous prions, noslre 
tresredoubté seigneur, pour la révérence de ceulx dont avons mis 
avant les glorieux noms en nostre présent labeur, ycellui aggrea- 
blement recevoir et diligemment faire signer en voz provinces et 
citez et autres les renommez sains d'icellez, esperans que par ce 
moyen prendra bref son acomplissement nostre entencion et en- 
semble serons participans des mérites d'iceulx, dont selon nostre 
diligence aurons par nouvelle manière de faire mis en publique 
leurs haultes victoires et triomphes. A la gloire de nostre signeur 
Jhesucrist, le sainct des sains, louenge d'iceulx et salut de nostre 
ame. Amen i. 

Cette préface renfermé tous les renseignements désirables 
sur l'époque (il\l\g) de la rédaction de cet ouvrage et sur le 
but spécial de l'auteur : consigner les lieux témoins de notre 
rédemption et de la vie de la sainte Vierge et des saints. 
Le témoignage de Jean Germain en faveur de Lorette ne 
serait point pour nous étonner; il avait une dévotion par- 

i Folios 1-2. La moitié de la i" page est occupée par une belle mi- 
niature, représentant l'évèque en ornements pontificaux, mitre en tête, 
offrant à genoux au duc, vêtu de rouge, une mappemonde dessinée sur 
un parchemin. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CA.SA. 187 

ticulière à la sainte Vierge : cette année même, il érigea dans 
sa cathédrale de Saint-Yincent une chapelle à Notre-Dame 
de Pitié, qui jouit pendant des siècles d'une grande célé- 
brité *. Mais l'examen le plus attentif n'a pas permis de 
retrouver dans le ms. original de sa Mappemonde ni Loretle, 
ni aucune des localités d'alentour. Au f° 5i r", on trouve : 
« Brendis, Gizotum, Anthona, Firme, Terracine » ; plus loin 
((" 62 v°), à Chalon : « Gy fut saint Marteaul, des disciples 
de saint Jehan euvangeliste... Gy fut nez s. Gesaire, evesque 
d'Arle, conf ». 

Il y avait encore une ressource. En 1857, on avait vendu 
à Paris, salle Sylvestre, un autre exemplaire de cet ouvrage, 
petit in folio sur parchemin, du xv" siècle, au prix de 
2i5 francs. Je conjecturai qu'il pouvait bien être resté à la 
capitale ; j'eus bientôt la preuve de l'exactitude de ma suppo- 
sition par la lettre suivante de M. Gh. B. de la Roncière, 
sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale : 

Je me suis empressé de donner suite à la demande que vous 
adressiez à M. Léopold Delisleet qu'on m'a transmise. Nous possé- 
dons effectivement un manuscrit de l'œuvre de Jean Germain, en 
français : la Mappemonde Spirituelle. C'est un exemplaire du xv" siè- 
cle, sur parchemin, dédié à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et 
coté Français i3.235 2. L'Italie y occupe les feuillets 56 à 62 recto. 
Mais je regrette d'ajouter que, parmi les nombreuses villes qui y 
sont citées, Recanati, non plus que Lorettë, ne figure pas. La dédi- 
cace ne porte non plus aucune date. 

Peu de semaines après, je constatais de mes yeux qu'au 
feuillet 56 il est seulement question des localités suivantes : 
« Brendis, Gizotum, Anchona, Firme, Terracine », comme 
dans l'exemplaire de Lyon. 

Mais alors comment a-t-on pu invoquer Jean Germain 
comme témoin dans la question de la translation de la s. Gasa? 
Voici l'explication du mystère. Inédite dans sa rédaction 

1 L'abbé Bugniot a consacré à cette cliapelie une notice qui fait suite 
à celle sur Jehan Germain (p. 4o:i-3o). 

' Ancien Supplément français a54", de ,77 feuillets. 



i88 NOTRE-DAME DE LORETTE 

originiale, la Mappemonde fut traduite en latin et imprimée, 

soit à la suite de la Cosmographie de Ptolémée *, soit plus 

souvent aA'ec le Martyrologe de François Maurolico ^. Dans 

les éditions du premier on lit d'abord à la lettre C : 

Cabulium .... Hic Dominas Primus 3 Germani, Episcopus, 
Sacrœ Tlieologiie professer, qui anno Domini MGCCCL '<■ iios Sanc- 
tos composuit in sua Mappa Mundi, qua) Spiritualis dicitur. 

Puis à l'arlicle relatif à Recanati : 

Recanata .... moderna Italiœ. Hicprope hanc Civitatem est Eccle 
sia Beataî Virginis Maria), qua3 transportata ab Angelis de Ilistria 
per mare Veneticum iisque ad locum prœdiclum. Secundum ali- 
quos est Caméra sive Capella Beataj Virginis, in qua ei annunciata 
est Angelica salutatio per Gabrielem Arcliangelum. Nunc autem 
dicitur Maria de Loretli. 

Dans le second " le titre est : 

1 Leopardi cite (p. 178) les éditions d'Ulm, 1^86 (à la Gasanate ou à 
r Angelica de Rome) ; de Rome, i/igo (à la Gasanate) ; et aussi de Rome 
i5o8 (à la Vallicelliane), 

* Editions de Venise de ï564 à 1677 {Répert., t. Il, c. 1866). La Bio- 
graphie universelle cite une édition à part de la Spiritualis mappa mundi, 
Paris., 1573, in-4°- 

3 Ge mot, souvent répété pour Joannes, provient d'une bévue facile- 
ment explicable : au moyen âge, on désignait souvent les personnages 
par l'initiale de leur nom ; I ou J a été interprété comme le chiffre i. 
Claude Perky avait de bonne heure donné cette explication : « Une 
mappe monde qui a esté imprimée en beaucoup de lieux sous le nom de 
Primus Episcopus Cabilonensis, nommément à Paris par ,Iean Kerver. On 
doit croire qu'il n'avoit mis qu'un I, qui est la première lettre de son 
nom, lorsqu'il donna l'origjnal à son imprimeur. Ge qui a esté cause que 
plusieurs sçavans s'y sont trompez et luy ont donné un nom qu'il n'a 
jamais porté, et créé sons ce nom un evesquc de Ghalon qui ne fut 
jamais» {Histoire civile et ecclésiastique... de la ville et cité de Chaton sur 
Saône...; Ghalon, iGôg, in-folio, p. 287). 

^ Martorelli a cherché inutilement (t. II, p. 4o3-4) à corriger cette 
date, sous prétexte que l'auteur de la Mappa avait été créé cardinal en 
i/i;48 ; il l'a confondu avec son prédécesseur Jean Rolin. 

5 Maurolico dit dans l'épîlre dédicatoire de ses éditions in-S" et in- 12 : 
« Ad ha3c mullum mihi contulit, quaîdam Primi Gabilunensis episcopi 
ïopographia.'qui cenlesimo ferè abhincanno uixit. Qua3 olim cum Geo- 
graphia Ptolomœi consueuerat imprimi, atque Romœ bis aut plurios 
impressa est. Visum aulem fuit mihi opportunum, eam huic subnectere 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. GA.S.\ 189 

Topograpliia | sanclorvm Cbristi j martyrvm, j per Primvm Ga- 
bilvnensem 1 Episcopum, ac Theologum. ) Anno salutis MCCCG L 
olim composita. | Et nunc demutn recognita 1. 

On lit à la lettre C : 

GaLulinm siuo Cabilunum Eduorum Ciuitas in Gallia Lugdu- 
nensi... Hic fuit et Primus Episcopus et Theologus, qui hanc Toi^o- 
graphiam scripsit anno salutis i/i5o, quam Mappam Mundi Spiri- 
tualem vocauit 2. 

Ensuite à Recanati : 

Recanalum ciuilas ïtalia? propè Anconem, et Polentiam. Hic est 
aîdes Sancta) Maria) de Loreto, quœ fuit caméra ciuilalis Nazaret, 
in qua ipsa beata Virgo ab Angelo fuit salutata, hucusque ab 
Angelis transportata ^. 

On aura remarqué dans la première version la réserve 
seciindam aliqiios appliquée à l'identité de la maison de 
Nazareth avec celle de Lorette. En ajoutant la translation de 
la s. Casa à la version latine de la Mappemonde de Jean 
Germain, les éditeurs ont cherché à la mettre au courant des 
connaissances de leur temps, comme il arriA^e d'ordinaire 
pour les livres de géographie. 

Nicolas V donna une nouvelle preuve de sa sollicitude 
pour le sanctuaire de Lorette par sa constitution du 
18 avril i45o ; elle peut être considérée comme l'origine du 
trésor de la Madone et l'évêque Nicolas Asti en fut réelle- 
ment le fondateur : 

Piis venerabilis fratris nostri Nicolai Episcopi Racanatensis votis 
per que presertim fidelium devotio vigeat et augeatur, ac ecclesiis 

Martyiologio, tum propter correctionis testimonium, tum propter Sanc- 
lorutn quorundam, quorum dies ignoratui-, notitiam... Messana), il\. lu- 
lij. M D LXIIII {Marlyroîogivm \ Rêver en. Domini | Francisa Mavrolyci 
\ Abbatis Messanensis : \ Multo quàm antea purgatum, et locupletatum. 
1 Venetiis, Apud luntas. j MDLXX,in-i6, f''*2). Dans rin-/(0, par contre, 
on lit : « Multa locorum vocabula correxi ex Topographia Primi Gabi- 
lunensis Episcopi ». 

1 Edition citée de Venise, 1670, f" 100". — 2 Même édition, f" m'. 

■•' Même édition, f 129". Martorelu, t. 1, p. 556-7 ! Benedigtus XIV, 
1. c, s 21 ; MuRRi, p. 53; Leopardi, p. 177-83. 



iQO NOTRE-DAME DE LORETTE 

decus et honor succédant libenter annuimus atque favoribus prose- 
quiiïiur opportunis. Satie sicut exhibita nobis nuper pro parte dicti 
Episcopi petitio continebat, sepe contingat ab ipsis fidelibus ex 
ingenti, quam ad Ecclesiam Béate Marie de Loreto, Racanatensis 
diocesis, gerunt devotione, eidem ecclesie nonnuUa aurea et argentea 
jocalia, lapides pretiosos, calices, planetas et alia ornamenta, ex 
quibus dicta ecclesia plurimum decoratur, pia largitione erogari et 
donari ac quamplurima jam erogata et donata sint, que dictus 
Episcopus ob augmentum devotionis hujusmodi ac ad decorern et 
ornatum dicte ecclesie ibidem perpetuo conservari desideraret ; sed 
quia Episcopi Racanatenses pro tempore existentes donata et ero- 
gata hujusmodi in suos ac suorum usus convertere et alias de illis 
pro libito Yoluntatis disponere possunt, idem Nicolaus Episcopus 
veretur, ne ejus successores, qui pro tempore fuerint Racanatenses 
Episcopi, jocalia, lapides et alia ornamenta predicta Ibrsan alienare 
présumèrent, undefîdelium devotio hujusmodi satis diminueretur. 
Quare pro parte dicti Nicolai Episcopi nobis fuit humiliter suppli- 
catum, ut super hiis oportune providere de benignitate apostolica 
dignaremur. Nos igitur hujusmodi supplicationibus inclinati pre- 
senti perpetuo valitura Constitutione statuimus et ordinamus, quod 
ipsis Episcopis Racanatensibus pro tempore existentibus, qui dein- 
ceps jocalia, lapides, calices, planetas et ornamenta hujusmodi, que 
ad decorern dicte ecclesie cedunt usque in presentem diem eidem 
ecclesie donata et erogata, post dicti Episcopi obitum alienare, dis- 
trahere, vel in alios usus convertere et deputare présumèrent, in- 
gressus Ecclesie interdictus existât, et si dicti Episcopi pro tempore 
infra unius mensis spatium a die aliéna tionis hujusmodi compu- 
tandi alienata vel distracta hujusmodi non récupéra vérin t illo elapso 
regimine et administratione Ecclesie Racanatensis cui tune pre- 
fuerint eo ipso privati existant. Et nichilominus dilectis filiis Gom- 
munitati Civitatis nostre Racanatensis harum série committimus et 
mandamus, ut jocalia et alia donata et erogata predicta ne alienen- 
tur justis quibus melius poterunt modis provideant et alienato- 
rum recuperationi assistant, et recuperata défendant ac tueantur i. 

Flavio BioNDO, de Forli, qu'Eugène IV avait dépêché à 
Florence et à Venise, en i434, avec l'évêque de Macerata, 

1 Leopaudi, p. 169-70, d'après l'original aux archives de la commune 
de Recanati; Vogel, t. II, p. i74-5. — Voir en outre les bulles de Jules II, 
du 20 avril i5io, et de Paul III, du 18 février ï535. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 191 

composa vers i45i ^ sur les instances d'Alphonse V, roi 
de Naples, un livre sur les antiquités de la péninsule, inti 
tulé : ItalisR illastraise Ubri VIII sive descripiio XIV regioniim 
Italise ; cet ouvrage fut imprimé en i474- H parle de Lorette 
dans la V" région (Picenum) : 

Recanetum intérêt Adriaticum mare, paululum a Musione fluvio 
resedit celeberrimum totius Italiae, ut in aperlo immunitoque vice, 
sacellum gloriosœ Virginis Mariée in Laureto appellatum ; que in 
loco preces supplicantium a Deo, Genitricis suae intercessione 
exaudiri, illud maximum certissimumque est argumentum, quod 
eorum, qui, votis emissis, exauditi fuerunt, ex auro, argento, cera, 
pannis, veste linea laneaque appensa donaria, magno luenda pre- 
tio, basilicamque omnem pêne complentia, Episcopus in Dei Vir- 
ginisquegloriam intacta conservât 2, 

Ces derniers mots font allusion à la bulle « conservatrice » 
du 18 avril i/t5o. 

Martin Frangipane, de concert avec sa femme Orsa, don- 
nent de grands biens, le 7 avril i/i5i,pour la construction 
d'une église, en l'honneur de Notre-Dame, près de leur 
château de Tersatto : 

Decrevimus œdifîcare a fundamento œdifîcium et ecclesiam in 
honorem intemeratae et gloriosissimœ Dei genitricis Virginis Maria?, 
prope castrum nostrum vocatum ïersactum. 

Ce sanctuaire, dont le pape Nicolas V approuva la cons- 
truction par une bulle du 12 juillet i453, représente dans 
l'histoire celui que la légende attribue à la fin du xm" siècle, 
à l'arrivée de la s. Casa ^. 

La célébrité de la fête du 8 septembre à Lorette est attestée 
par une Chronique d'Ascoli : « Anno praedicto 1/461 et die 

1 TiuABOSCHi, Storia délia letteratura Italiana, 1809, t. VI, p. 637. 

2 Martorelli, t. I, p. 178; t. II, p. 270; Trombelu, t. VI, 25. 242 ; 
MuRRï, p. 02-3; Leopardi, p. 177 ; Milochau, p. 319-20. 

3 Vigil. Greiderer, Germania Franciscana, Oeniponte et Augustae 
Vindelicorum, 1777-81, in-fol., t. I, p. 98 ; t. II, p. 665 ; Leopardi, Let- 
tera, p. 36. Les studieux franciscains de Quaracchi ont extrait du t. II : 
Chronica réf. provinciae S . Leopoldi Tyrolensis... demio édita; ad Claras 
Aquas, 189/i, gr. in-S" de xj-447 p. 



192 iNOTRE-DAME DE LORETTE 

8 septembris, die Sanctee Marias Laureti factus est tumultus 
in civitate Ascolana » S mais elle n'a aucune connexion 
avec la translation. 

Anno eliam iA52, dit Riera, Nicolaus V. concessit duos annos et 
totidem quadragenaslndulgenliœet remissionis injunctarum pœni- 
tenliarum lis, qui in die Annunciaiionis ejusdem Beatissimœ Dei 
Genitricis Mariaî lociim illum Sanctum alque terribilem (in quo 
tanliim mysterium noverat adimpleiuni) visitarent, et aliquid subsi- 
dii in usum FabrictB largirentur -. 

La concession d'indulgences est possible, mais ce résumé 
renferme sûrement des faussetés. 

Les historiens de Lorette attribuent un pèlerinage à la 
santa Casa à l'empereur Frédéric III, qui reçut la cou- 
ronne de Lombardie au centre de la catholicité, le i5 mars 
1452. Son itinéraire, dressé dans les plus minutieux détails 
par Chmel, ne le mentionne pas ^ ; on constate, par ailleurs, 
sa présence à Lorette le 20 mai. Le rédacteur des fiegesla a 
oublié de metti'e à profit le document suivant, ignoré, bien 
entendu, des annalistes du sanctuaire : 

Oraïio, pvo vicario Cremonœ N., ad imperatorem Fridericum 
advenlantem habita, pênes Lauretum xm. Kalendas Junii mgcgglu. 

Sumniam Deani alque virginemMariamjexqua Ghristus miriflce 
natus est, ab bis opem expostulo ; fer opem, summe rerum, favete 
superi reliqui, ut quai mente concepi, diclurus ad summum terra- 
rum Principem, grate pôssim in bac corona exprimere, Tuque, 
Gœsar, annue et benigna fronte exhibe te nobis, utquod rei magni- 

1 Paoli, Letiera pastor. cil,; Leopardi, p. 182. 

2 Martorelli, t. I, p. 47, cf. p. 178-g. 

3 Jos. Chmel, Eegesta chronologico-diplomatica Friderici III. Romano- 
rum imperatoris. (régis IV.); Wien, i84o, in-4" de viij-802-clxxix p. Fré- 
déric entra à Rome le 9» mars et y résida jusqu'au 8 avril ; du 9 au 1 5 de 
ce mois, on le trouve à Naplcs ; dès le iG, il était de retour à Rome. Il fit 
une excursion à Acquapendente le 28, mais revint le même jour à Rome, 
qu'il quitta le 6 mai pour Florence ; il était à Ferrare le 11, à Venise le 
23. Il séjourna à Pordenone du 2 au 5 juin ; le 28, il était de retour à 
Neustadt, sa résidence favorite alors (p. 282-96). Il revint une seule fois 
en Italie, en 1489, mais no dépassa pas la Vénétie; à Trente, les 19-20 juin; 
à Vérone, les 28-9 ; à Pordenone, du 10 juillet au 17 août (p. 767-8). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. GASiS. 198 

tudine éfficere non confido, instante tua benignitate àc cleùienlia 
audeam . . ....,.,.,, '. 

On voit encore ù Rome, près de la colonne Trajane, dans 
une église construite en 1 607, pour remplacer celle qu'Alexan- 
dre VI avait donnée à la confrérie dei Fornari, un tableau 
représentant des anges qui soutiennent en Tair la maison 
de Nazareth. On l'a attribué à Angelico de Fiesole : il serait 
donc antérieur à i455, époque de la mort du beato. Marto- 
relli fut très fier d'en obtenir l'assurance, en 1783, de 
trois membres de l'académie de Saint-Luc, P. L. Ghezzi, 
G. P, Melchiorri et D. M. Muradori, qui déclarèrent connaî- 
tre « benîssimo « la « maniera » de ce peintre et la recon- 
naître dans cette « opéra bellissima » : ils jugeaient cette 
œuvre « fatta non nella vecchiaja di quell' insigne pittore, 
ma inqueU'età più vigorosa », etc. Leopardi a eu la curiosité 
d'en appeler de ce jugement, peut-être de complaisance, à 
l'appréciation de peintres célèbres de son temps (i8/ji), 
Giov. Datt! Borani et Luigi Durantini, également de l'aca- 
démie de Saint Luc : ils se sont accordés pour attribuer ce 
tableau, non à fra Angelico, mais à l'école du Pérugin 
(•j- i52/i)i Gius. Melchiorri {Guida meiodica di Roma, Roma, 
i838) et Ant. Nibby (Guida meiodica di Roma, Roma, i838), 
avaient déjà été de cet avis "^. Au surplus, la question doit 
être tranchée par l'autorité de Vincent Marchese, dont les 
Memorie dei più insigni pittori, scultori e archiielii Domenicani 
renferment la meilleure monographie artistique du bienheu- 

1 Marq. Freherus, Rerum Germanicarum scriptores aliquol insignes, 
cdit. S" cur. B. G. Struvio; Argentorati, 1717, t. II, p. 44-7- On lit à la 
p. 26 : « Sexta Oratio nomine Vicarii Ci'emonensisadlmp.advcntantem, 
pênes Lauretum fuit habita, Auctorem cum Freliero ignoramus, rector 
vei'o Gremonœ lllo tempore dicitur Joannes Tolentinas » ; et en note : 
« Prout discimus ex Ludovici Gwitelui Annalibus Cremonensibus ad 
annum i45r » [Gi'emonai, i588, in-Zj"]. 

2 Martorelli, t. II, p. 4o4-6 (on se demande comment la déclaration 
du I" novembre 1783 a pu être légalisée le 24 août de la même année) ; 
MoNTANi, p. 9; Trombelli, t. VI, pp. 24i-2, 807 ; MuRRi, p. 54 ; Leopardi, 
p. 198-4 ; Feis, p. 92-5. 

N.-D. DE LORETTE I 3 



igi NOTRE-DAME DE LORETTE 

reux Angelico ^ : il ne fait aucune mention de ce tableau 
parmi ses œuvres, spécialement au nombre de celles conser- 
vées à Rome ^. G. B. Cavalgaselle et .1. A. Growe n'en 
parlent pas davantage dans leur Histoire de la peinture en 
Italie 3, 

La population de Fermo se rendit en procession solennelle 
à Lorette en i/i56 '^ 

Le 25 avril, 

Pro honorando et celebrando die festivo sanctœ Maria; mensis 
septembris, magnifiai domini priores una cum vocatis capiant re- 
rnissionem, et quidquid per eos gestum fuerit valeat ac si factum 
esset in prœsenti consilio ^. 

Le 28 du même mois, 

Per Leopardus Péri, consulter, invocato divino pfœsidio omni- 
potentis Dei, ut decet, dixit et consuluit quod festum sanctœ Mariœ 
de mense septembris custodiatur, veneretur et celebretur annua- 
lim ; quod non aperiantur apotliecœi mercantiarum, et non fiât 
mercatum animalium, ita quod nullae mercantiœ dicto die neque 
animalia vendantur, pœna deceni llbrarum denaviorum sive Anco- 
nitanorum de iacto. Item non possint vehi mercantiaî a portu 
Recanatensi et a Sancta Maria de Laureto ad civitatem Recaneti et 
econverso, pœna viginti librarum denariorum sive Anconitanorum 
et de facto exigenda a contrafacente. Item capitaneus et scribanus 
portus, qui pro tempore erunt, non debeant facere buUectas valen- 
tibus vehi mercantias et alias res, pœna decem librarum denario- 
rum, pro quolibet contrafacente et de facto exigenda. Item possint 
vehi et vendi panes, vinum, carnes, acqua, cera laborata pro obla- 

1 4' ediz. accresciuta e migliorata, Bologna, 1878, t. I, p. 245-4oi. 

2 P. 397. — L'abbé A.. Milochau esquive la portée de cet argument : 
« Le tableau du Beato. . a disparu sans laisser de traces : les guides mo- 
dernes n'en parlent p9s; on voit, à sa place, un tableau de l'école du 
Pérugln, qui ne ressemble en rien à la description que nous en ont donnée 
les académiciens de. Saint-Luc » (p. 75). Un tableau d' Angelico de Fiesole 
qui disparaît « sans laisser de traces » I Qu'il faut avoir confiance dans la 
naïveté de ses lecteurs pour leur servir de pareilles affirmations ! 

i* Geschichte der italienisehen Malerei ; Leipzig, 1869-76, 6 vol. gr. in- 
8°. Sloria délia pithira in Italia dal secolo II al secolo XF/; Firenze, i883, 
in-8-, t. n, pp. 353-4t9 et 498-9. 

> VoGEL, t. I, pp. 3o8 et 3i3. — s Leopardi, p. 4o. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA igS 

tionibus ; per aromatarios de civitate possint vendi res médicinales 
habentibus necessitatem, sine pœna et bapno. Item dictus dies sic 
custodiendus et venerandus, restituatur mercatoribus in fine ferias. 
Item meretrices dicta die abstineant a luxti ac operatione meretri- 
candi, pœna decem librai-um denariorum, sine diminutione et de 
facto exigenda ; et a quolibet possint accusari contrafacientes, cum 
probatione duorum testium, et habeant quartam partem pœnœ. Et 
hœc lex intelligaturtamin civitate, quam in districtu civitatis Reca- 
neti, et bapniatur sevi preconizetur tempore feriœ tribus vicibus 
ante dictum diem, et irrevocabiliter observetur ab omnibus, sub 
jam dictis pœnis in qualibet parte seu etc. — Gonclusio, Ut supra 
consultum fuit a PerLeopardo, sic observetur ^ 

Le 6 février i/i58, Marin di INicolo, noble de Recanati, 

Pie considerans maxima ac pêne infinita miracula gloriosissi- 
mœ Virginis dcLaureto, Recanatensis diœcesis, quaî jam fere tolius 
orbis lervavum Christi fidelibus innotescunt, 
donna des biens considérables au sanctuaire ; il parle dans 
Tacte du concours des pèlerins 

In dies et sedulo ultra gloriosum festum prajfata) Yirginis ad 
ipsam Ecclesiam confluenlium... ; et insuper elemosinarum copio- 
sam largitatem, qua peregrini ipsi, egeni aliique potissime infirmi 
et débiles in Hospitali prœfatae Virginia degentes, in dies de almis 
Domibus sustinentur... ; nec non personarum multitudinem inter 
sacerdoles et clericos, et alios laicos et agricolas, qui prœfatBe Eccle- 
siœ et negotiis Domus et agriculturis pôssessionum continue ser- 
viunt 2. 

Robert de Sanseverino, que nous avons rencontré en pèle- 
rinage à Nazareth en i/i58, revint en Italie la même année. 
Aux approches d'Ancône, le bateau fut assailli par une 
furieuse tempête : on parvint néanmoins à aborder, et les 
mariniers déclarèrent que c'était « per grâtia et opéra de la 
gloriosissima nostra Madonna da Loreto, ad chi quasi tutti 
erano vodati ». Ils allèrent ensuite à Lorette : 

Giovedie xxvni di décembre, essi s. Roberto et d. Giovannima- 
theo, acompagnati da li sopra scripti, andarono ad udire la messa 
ad Sancta Maria da Loreto, longe da SiroUo circa miglia viii. La 
quale udita divotamente et facte quelle devotione volsero fare, desi- 

1 Leopardi, p. 4o-i. — - Leopardi, p. 170-1 ; Vogel, t. I, p. 333. 



igC NOTRE-DAME DE LORETTE 

naronb li et poy subito ascesero ad cavallo. El facenclo la via di 
Recanati longe da Nostva Donna da Loveto circa migliaiii, anda- 
rorio ad Macéra ta longe da Recanati circa miglia x ^. 

Rien de la translation, ce qui paraît bien significatif. 

L'évêque Nicolas Asti, que Martorelli fait à tort mourir 
en ilfùli, enrichit d'une importante donation le sanctuaire 
de Lorette, le 3 décembre i/iog. Cette charte parut fonda- 
mentale, car le prévôt en sollicita la confirmation du pape 
Sixte IV et l'obtint le 6 avril 1/178 : 

In Dei nomine, amen. Anne ejusdeni a Gircumcisione millesimo 
quaddngentesimo quinquagesimo nono, indictione seplima, tem- 
pore domini nostri domini Pii divina providentia pape II, die vero 
tertio mensis decembris, reverendissimus in Christo pater et domi- 
nas, doniinus N[ic,olaus], Dei et apostolice sedis gratia Episcopus 
Racanatensis et Maceratensis, ac rector ccclesie gloriosissimc vir- 
ginis Marie de Laureto, sue Racanatensis diocesis, pic considerans 
devotionem continuam etdilectionem sinccram quam sedulo habet 
adversus dictam ecclesiam, etperegrinoruni etaliarum personarum 
qui et que tam ex votis quam propter indulgentiam consequen- 
danij et aliorum debilium et paupcriimorum hominum nume- 
rum copiosum in dies, ad ij)sarn almam ecclesiam ultra diem festi 
dicte gloriosissime Virginis adveniunt, et eleemosinas immensas 
quas Christi pauperes in dies ex domibus prefate ecclesie suscipiunt 
et necessado recipere liabent, cum dicta ecclesia distet a civitate 
Recanati per tria milliaria, adeo quod onus sulsventionis prediclo- 
rum pauperum acinfirmorum in hospitali dicte ecclesie degentium 
totum ad dictam ecclesiam spectet et pertineat, et per consequens 
expedit necessario quod dicta ecclesia eleemosinis plurimis conti- 
nuisque largitionibus adjuvetur, ac insuper non minus considerans 
grata devotionis sincereque fidelitatis obsequia et diligentiam valde 
grandem, que et quam virivenerabiles et circumspecti doni. Petrus 
Georgii, prepositus eœlesic Sancti Amidei - de Teramo, gubernator 
aime domus dicte ecclesie, necnon dom. Antonlus Pétri Spene^ 
canonicus Racanatensis, dom. Anlonius Pauli, nepos prcfati dom.~ 
prepositi domus, et donnus Antonius Gicchi, cantor de Monte- 
lupone, Firmane diocesis, presbiteri résidentes in dictis almis do- 
mibus, tam longo tempore ipsi ecclesie in spiritualibus et in rébus 

1 Même source qu'à la note t de la p. G7 (pp. ago-i et 298-9). 

2 Le manuscrit igM porte Si;/î(/(^(. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. C\SA 197 

et negoliis ipsius ecclesie et dicte aime domus in temporalibus 
eliam impenderunl, et adhuc cura vigill et diligenti ac soleriibiis 
studiis et soliciludinibus impendere et impartiri non desinunt, et 
quod valde inhumanum et ingratissimum foret ut ipsoriim bene 
gestorum et continue gerendorum condignam retribulionem non 
consequerentur. Idcirco prcfalus dom. Episcopus, his consideratis, 
ac eliam pro sainte anime sue, sponle et ex certa scientia, titulo 
donalionis irrevocabililer inler vivos, dédit, tradidit et donavit, àc 
cessit et concessit supradicle ecclesie Sancte Marie de Lorelo, et 
miclii notario infrascripto ut publiée persone récipient! et stipu- 
lanti nomine et vice dicte ecclesie, totam possessionem Morlonghi 
cum palatio, domibus, fornacibus. vinea, terris laborativis, cum 
olivis etaliis arboribusfructiferis, silva et nemoribus, et rébus aliis 
ac juribus et pertinentiis suis, quam prefatus dom. episcopus 
émit a Jacobo Francise! Cisci et domina Gcnevera ejus vixore de 
Racanato, prout patet manu mei notarii infrascripli ; item totam 
fcnariam quam prefatus dom. episcopus simililer cmit a Gregorio 
Soldato, albergatore sive hospitatore in villa Sancte Marie pre- 
dicte, de qua emptione similiter patet manu mei notarii infra- 
scripli ; item silvam quam émit a Brunorio Laurentii de Raca- 
nato. de qUa emplione plene palet manu ser Joannis Francise! de 
Racaneto, notarii public! inde rogati : quarum vero rerum donata- 
rum confmes et vera lata singula singulis referendo prefatus dom. 
Episcopus haberi voluit hic pro sulïicientcr expressis et declara- 
lis. Et hoc quoad proprietalem ipsarum rerum donalarum, et sic so- 
lum et dumlaxat prefatus dom. Episcopus proprietalem dictarum 
rerum donavit et concessit dicte ecclesie imperpetuum ; et cum 
ista condilioné, quod dicte res donate et quelibet ipsarum non de- 
beant per aliquem vend!, alienari, permulari vel in alicujus domi- 
nium transferri, ila quod imperpetuum, ut supra dicitur, earum 
proprielas sit et esse debeat ecclesie predicle. De usufructu vero 
ipsarum rerum donatai'um et cujuslibet earum prefatus dom. Epis- 
copus sic fier! voluit, disposuit et mandavit, videlicet quod ipse 
ususfructus totus sit et esse debeatpro substentatione dictorum dom. 
Prepositi et aliorum presbiterorum supranominatorum, necnon 
celerorum omnium et singulorum servientium etcomniorantium 
in domibus predicle ecclesie, et etiam pro eleemosinis et subventio- 
nibus imperpetuum Rendis et elargiendis et omni tempore chrisli- 
fidelibus pauperibus qui veniunt ad dictam ecclesiam et egenis 
supra specificalis, qui sedulo ut supra dicitur sunt in numéro 
copioso. Pro quibus quidam presbileris anlelibalus dom. Episco- 



if)8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

pus omnes successores siios summopere rogavit in visceiibus Jesn 
Chrisli, quatenus eos et ipsorum quemlibet permitlant vivere et 
mori in sei'vitio dicte ecclesie, siculi ipsi ita fideliter et studiose 
tam longo tempore l'uerunt ; et casn quo successor aut succes- 
sores prefati dom. Episcopi nollent quod predicti vel aliquis pre- 
dictorum starenl vel staret in servitio predicte ecclesie et iiabeant, 
prout consueveriint habere, expensas in ipsa domo, tune dictas 
dom. episcopus voluit et mandavit, quod totus ususfructus predic- 
tus sit illius vel illorum qui non liaberent vel haberet expensas modo 
consueto in domo predicta. Item voluit et mandavit prefatus dom. 
Episcopus, quod si dicti presbiteri starent extra domum predic- 
tam et postea revertentur ad domum predictam vel décédèrent, 
quod dictus ususfructus revertatur ad dictam domum dicte eccle- 
sie. Et amplius declaravit et voluit prefatus dom. Episcopus, quia 
fecit et dotavit unum altare in ecclesia episcopatus sub vocabulo 
Sancte Marie et Sanctorum Johannis Baptiste et Hieronymi, quod 
omni tempore rector et altarista dicti altaris possit mittere pro lignis 
ad dictam silvam, quam émit a dicto Brunoro, quantum expedit pro 
necessitate domus ipsius rectoris, et non aliter nec alio modo. Dans 
et concedens prefatus dom. episcopus titulo et auctoritate presentis 
donationis supradicto dom. preposito, gubernatori supradicto aime 
domus, absenti tanquam presenti, potestatem quatenus capiat et 
retineat corporalem et actualem possessionem supradictarum rerum 
donatarum et cujuslibet ipsarum. Quam vero donationem et con- 
cessionem irrevocabiliter factara prefatus dom. Episcopus promisit 
michi notario infrascripto, ut publiée persone stipulant! et reci- 
pienli nomine et vice prefate ecclesie, perpetuo ratam et firmam 
habere et retinere, et in nullo contra faeere vel venire per se vel 
alium modo aliquo sive causa, de jure vel de facto, et ita juravit 
in animam suam super pectus suum more prelatorum observare, 
sub ypotheea et obligatibne omnium suorum bonorum presentium 
et futurorum. Actum Racanati, in domibus episcopalibus positis in 
q[uarterioj S[ancti] F[laviani] juxta res episcopatus undique, pre- 
sentibus religiosis vjris fratre Baldo Rodulfi de Leodio, ordinis 
Minorum Sancti Francisci de Observantia, guardiano loci et * 
fratrum ecclesie Sancte Marie de Varano de Racaneto, et fratre 
Mario Henrigi, dicti ordinis, necnon venerabilibus viris donno 
Antonio Johannis de Accursiis, canonico Racanatense, donno Cola 
Francisci, cledco Racanatense, et provido viro Dominico Juliani, 
aromatario de Racaneto, testibus ad predicta vocatis et roga- 

1 Le ms. 192/1 remplace ce mot par didorain. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CA.SA 199 

tis. Et ego Jacobus magistri Petrutii de Racaneto, publicus apos- 
tolica et imperiali auctoritatibus notarius et judex ordinarius, 
predictis interfui et ca rogatus scribere scripsi et publicavi, signum- 
que meum apposui consiielum, et verbum potestatem supra 
remissum manu propria remisi, quia per errorem, ideo hic men- 
tionem fecl ^. 

Cette générosité est d'autant moins pour nous étonner 
que le même prélat fit don à sa cathédrale de 8.000 écus ; 
en souvenir de sa munificence, on prononçait chaque année 
son panégyrique ^. 

Les gens de Monte Santa Maria in Gassiano votent, en 
i46o, un secours à distribuer chaque année aux pèlerins de 
r (( Aima Domus Lauretana » 3. 

Un évêque polonais aurait donné en i46i — s'il n'y a pas 
erreur dans cette date — une croix pectorale d'or, enrichie 
de sept grosses émeraudes ''. 

En i463, Lorette reçut en procession la confrérie « Frus- 
tatorum » de Cingoli ; on apportait des couronnes d'or ou 
des représentations en argent des villes et bourgs '-*. 

En i/i6/i, la dernière année de son pontificat, Pie II vint 

en pèlerinage à Lorette. A Recanati, on s'était préparé à le 

recevoir dès le 2 mai. Malade, il quitta Rome le 18 juin, se 

rendant à Ancône, 011 il voulait s'embarquer pour la Grèce, 

afin d'y prendre la direction de la croisade contre les Turcs. 

On constate sa présence à Fabriano le 10 juillet. 

Fabriano discedens, dit son biographe Jean-Antoine Campa>o '', 
Plus iter flexit ad l'anum Virginis Lauretanaî, vota nuncupaturus, 
ubi et aureum oblulit calicem ac pateram eximiœ magnitudinis. 
Peracto veto, ingressus Anconam xv. kalendas sextilis [18 juillet], 

" Archives du Vatican, vol. 662, f"' /j/17-8 ; vol. 192^,1°" 35-7 '■> Marto- 
«ELLi, t. 1, pp. /16, 182 et 338 ; t. II, p. 4o3 ; Leopa.rdi, p. 171 ; VocEii, 
t. I, p. 333-4 ; t. II, p. 181-4. — ToRSELLiNi donne pour date : « anno 
ejus sœculi LVIII : il a été trompé par la forme GCCCLVIIIJ ; c'est 
bien l'année 1469 qui concorde avec l'indiction vn. 

- Ughelli, Ilalia sacra, 1717, t. I, c. 1222. 

•^ VOGEL, t. I, p. 3l3. — '^ MURRI, p. i8j. — s VOGEL, t. I, p. 3l3. 

^ Voir sur ce philologue, évêque de Teramo, mon Répert., c. 763. 



200 NOTRE-DAME DE LORETTE 

supplicationes Irium dierum decrevit, prœfatus initia rerum Dco, 
cfctcra virtuti commendanda esse K 

On sait qu'il mourut à Ancône dans la nuit du i5 au 
i6 août. En ce qui concerne le calice d'or, Leopardi ne croit 
pas que Tolïrande du pape ait été suivie d'exécution : on ne 
le retrouve pas dans l'Inventaire des joyaux du sanctuaire 
dressé en 1/169^. Cependant on possède le texte de l'ins- 
cription que Pie II y aurait fait graver : 

PiA Dei GEîvrrRix. Qvamvis tva potestas nvllis goarcïetvr m- 

MBVS, AC TOTVM 1MPLEAT ORBEM AURAGVLIS ; QUIA TAMEN PRO VOLVN- 
TATE S/EPIVS VNO LOGO MAGIS QUAM ALIO DELECTARIS : ET LaVREÏI 
Tim PLAGIÏAM SEDEM PER SINGVLOS D1ES, INJNVMERIS SIGNIS ET MIRA- 
CVLIS EXORNAS ; EGO INFELIX PECCATOR MENTE ET ANIMO AD TE RÊ- 
GVRRO, SVPl'LEX CRANS, VT MUd ARDENTEM FEBRIM MOLESTISSIMAMQVE 
TVSSIM AVFERAS, L/ESISQVE MEMIUUS SANITATE.AI RESTITVAS, KeiPVRLICE, 
VT CREDl.MVS, SALVTAREM. INTERIM HOC MVNVS ACCZPITO, ME E SERVI- 

TVTis siGNVii. Pivs Papa IL Ann. iivm. sal. M.CCCC.LXIIII ^. 

Il existe aux Archives d'Etat à Milan une lettre de l'arche- 
vêque de cette ville, Etienne Nardini '', au duc François 
Si'orza, en date du il\ juillet, relative au pèlerinage du pape 
à Lorette. Je suis heureux de pouvoir en donner le texte iné- 

' Raynaldus, Annales ecclesiast., an. i46/i, s 37. 
. 2 L'auLeuv résout lui-même son objection en racontant qu'un autre 
calice d'or, orné de pierres précieuses et donné par le marquis de Man- 
toue, fut volé à la fin de i/t65. Ce larcin causa une grande rumeur : trois , 
citoyens suspects de Recanati furent incarcérés, (c qui fuerunt atrociter 
examinati et purgaverunt iudicia » ; on jeta même en prison le podestat 
de Recanati, Hugues degli Ariosti, de Ferrare. Le pape évoqua l'affaire à 
lui et tout se termina par une mise en liberté sous caution de 2. 000 ducats 
d'or (p. 171-2). 

3 Mautorelij, t.J, pp. ôi, 180 et 336 ; t. II, pp. 71-2 et 162 ; Montani, 
p. ; TnoMBELLi, t. VI, pp. 2^2, 3io-i ; Murri, p. 98-9 ; Caillau, p. 67 ; 
MiLociiAU, p. 3i8-(). — Bien que ce texte nous vienne de Riera et de son 
copiste Torsollini, — deux écrivains qui suppléaient volontiers aux docu- 
ments à l'aide de leur imagination {immaginosi scrittori, dit Leopardi, 
p. 171, n. 3) — je ne sais s'il y a lieu d'en contester l'authenticité : Pie U 
était bien alors atteint des symptômes maladifs dont il se plaint (Raynal- 
Dus, op. cit., S 36). 

* Voir sur lui mon Répert., c. 0285. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR Ll S. CASA. 20f 

dit, grâce à la complaisance de rarchivi'stè d'Etat, M.' Guido 
Colombo : 

Illustrissime Signore mio. Qucsla malina son zonlo a la Casa 
Bruxala et hozi a bon hora saro in Anchona : ove non essendo 
anchora la S'" de N. S" per esscrse demorata piu ad Sancta Maria 
de Loroto che non haveva deliberato, andaro la ad Irovarla : et 
slorzarome exequire cum ogni fîdelità quanto me ha commisso la 
Celsitudine vostra : et del tucto gll darô aviso. In Anchona non 
è altro cardinale chel II'"" Mon'" de Sancto Angelo : el quale era 
prevenuto per conducere questi Crucesignali : et passave in la Morea 
per dare favore et principio ad quanto se habii a lare circa la 
impresa : ma nOn so per che respecte la brigata ha preso altro 
partito chi ad une modo, chi ad un altro : credo la S'" de N. S'° 
per sua summa sapienlia prenderà al tucto bon partito : che Die 
gli ne presti gratia et ad Yostra Celsitudine me recommando humil- 
limamenle. Ex Casa Bruxata,die xiuj" julii i464- Ejusdem Gelsitu- 
dinis Yestre dévot'"" factura, 

S. Archiepiscopus Mediolanensis, 

(Au dos) : lllustrissimo principi et ex"'° domino meo singularis- 
simo domino Francisco Sfortie Vicecomiti, duci Mediolani, etc. , 

Mediolani cite cite 
In manibus M" d. Cicchi '. 

Moins de deux mois après son couronnement, le succes- 
seur de Pie lï, Paul II, témoigna sa reconnaissance d'un mira- 
cle qu'il avait obtenu de la Vierge de Lorette par roctroi 
d'une bulle d'indulgences en faveur de son sanctuaire, le 
r' novembre i/{6/i : 

Quamvis pro magnitudine gratiarum, quas Divina Majeslas ad 
intercessionem gioriosai Virginis Mariœ Genitricis Unigenili ejus 
Fihi, fidelibusad eam pia vota dirigentibus quotidic faciat, c\mctto 
ccclcsiaî in honorem sui nominis dcdicaltc sint summa dcvotione 
venerando! ; tamen id propensius agendum est erga illas ecclesias 
in quibus AUissimus ad intercessionem ejusdem Virginis majora 
et evidentiora miracula frequenlius operatur. Cum' itaque, sicut 

1 Archivio di Slato di Milano, P. E. Roma, sub data. Elle est citée par 
Ludwig Pastou, Geschichte cler Pàpste seit dein Aus<jaii(i des MiUelallers, 
l'^reiburg ini Br.. 1889, l. Il, p. a/ic) (tuaduclion française par l''urcy I^av- 
NAUD, Pai'is, 1893, l. 111, p. 3.'|o), en noie à la traduction de l'inscription 
du calice, sur l'authenticité de laquelle il n'émet aucun doute. 



202 NOTRB-DAME DE LORETTE 

rei evidentia manifestât, ad ecclesiam Sanctœ Mariée de Laureto, 
Recanat. diœc, ob magna et stupenda, et penè infinita miracula, 
quae ibidem ejusdem Ahiiae Virginis opéra apparent et nos in 
persona nostra evidenter expert! sumus, maximus ex diversis mundi 
partibus Christifidelium sit concursus. 

Cette phrase, qui donne une si importante idée du pèleri- 
nage, n'a pas cependant paru suffisante aux éditeurs qui ont 
suivi Riera. Torsellini ajoute de son chef : « ubi est imago 
B. Virginis Mariée » ; Gaudenti et Murri * vont plus loin : 
« ubi est DOMUS et imago Beatœ Mariée Virginis » ^. Il faut 
lire les développements oratoires et prétendus historiques 
qu'Angelita a donnés sur la maladie et la guérison de Paul II ^. 
Le pape accorde 7 ans et autant de quarantaines d'induigen 
ces pour la visite de l'église aux fêtes de l'Assomption, de la 
Nativité et de la Purification (rien de l'Annonciation) de la 
sainte Vierge et les dimanches de toute l'année '^ 

Un peintre de Recanati, Jacques Nicolae, avait stipulé dans 
son testament qu'au cas où son fils viendrait à mourir sans 
enfants avant l'âge de 26 ans, il avait l'intention de fonder 
un bénéfice à l'autel de Marie à Lorette et d'en nommer rec- 
teur Antoine Pétri, chanoine de Recanati. L'hypothèse se 
réalisa et l'évêque Asti conféra l'investiture le 27 août 1^66, 
mandant « venerabili viro diib PetroGeorgii, prepositoTera- 
mano, gubernatori.. almte domus ecclesise B. Mariée. . » de 
mettre en possession ^. 

Deux jours après, le 29, le même évêque conféra le béné- 
fice qu'il avait institué « in altari nostrse ecclesiee gloriosis- 
simaî Virginis de Laureto, nostree Recanaten. diœcesis, sub 
vocabulo B. Mariai » « d. Pino d. Johannis de Astis » (son 
neveu, d'après son testament), de Forli, clerc à Recanati. 
Comme dotation du bénéfice, il fit don, par le même acte, de 

' P. 100. — 2 Leopahdi, p. 259-61. — 3 Mautokelli, t. 1, p. ,526. 
't Martoiielli, t. 1, pp. 52 et i85 ; t. II, p. i52 ; Leopaudi, p. 172. 

" VOGEL, t. II, p. 195-7. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GAS.\ 2o3 

trois maisons et de plusieurs terres ; sous la charge de célé- 
brer quatre messes par semaine pour le repos de son âme ^ 

Par le testament de Georges Georgii Ungari, du 3o décem- 
bre 1^66, on constate que les prêtres de Lorette avaient cou- 
tume de 

Ofïiciare ac niissas et alia divina orficia continue dicere in altari 
et cappella pra3fata3 ecclesise "^. 

La commune (magnifica comunilas) de Recanati ayant dû se 
mettre en dépenses pour construction de murs et d'ouvrages 
« tempore quo hsec provincia Marchiae quasi tota occupata 
erat a jugo tirannico » (de François Sforza), avait dans ce 
but vendu des terres et des bois ; il s'en trouva de situées 
(( in piano Mussionis, juxta silvas dicti comuniâ, quse dicun 
tur le Selve di Loreta », qui faisaient partie de la mense épis- 
copale de Recanati d'après le cadastre de i285. Des arbitres 
donnèrent une compensation à l'évêque Asti et réglèrent 
aussi les limites « inter possessiones episcopatus Racana- 
tensis et ecclesise Sanctse Mariée de Laureto, et dicti comunis 
Recanatensis « . L'élaboration de ce règlement prit près d'un 
mois, du i8 novembre au 8 décembre 1/167 '■^. 

Avant de mourir, l'évêque Asti eut la gloire de commencer 
la grande église de Lorette, en 1/168; il prit pour architecte 
un vénitien <( Marinus Marci, de Jadera (Zara), generalis 
magister et ingenierius fabticse » ''. 

Le 4 novembre de la même année, Antoine di Pietro, cha- 
noine de Recanati, légua lo florins « in fabrica et opère quo 
dom, episcopus facit in pertinentiis ecclesiœ Sanctse Mariée 
de Laureto » •'. 

Dans le même but, le i5 avril 1/169, Alexandrine Bartholi 
Attarelli^ de Recanati, fit don de toute sa fortune, 

Pro fabrica et constructione novœ Ecclesiaî gloriosissimaî Virgi- 

' VoGEL, t. II, p. 197-9. — 3 VoGEL, t. 1, p. 334. n. I. 
■> Leopardi, pp. 5o et 27/1-0 ; Vogel, t. II, p. 199-206 ; Milochau, Au- 
tlient., p. i/u-o. 

* Vogel, t. I, pp. 2x9-20 et oi3. — ^ Leopardi, p. loS. 



2o4 NOTRE-DAME DE LORETTE 

nis Marlffi de Làurelo, quae fabrica maxima et amplissima est, et 
in qiia .milita millia ducalorum exponi oportet... ; considerans 
maxima et penc infinila miracula ipsius gloi'iosiss. Virginis Mariœ 
de Laurelo, qiiœ jam l'ère tolius orbis terrarum Christifidelibus 
innotcscimt, ac peregrinorum numerum copiosum in dies, et 
sedulo ultra gloriosum festiim prccfalœ Virginis ad ipsam cccle- 
siam confliientium, et insuper eleemosinarum copiosam largita- 
tem, quas peregrini, egeni et alii pauperes, et potissimum infirmi 
de mane et scro de almis domibus dicta; ecclesiœ suscipiunt, et 
per consequens dictam almam fabricam et dictam ecclesiam plis 
subventionibus et largitionibus Ghristilidelium plurimum indi- 
gere, elc. ^. 

L'oncle paternel d'Alexandrine, André Attarelli, avait 
donné 1200 ducats ; son héritage à elle monta à 762. 

Le 5 octobre 1/I69, Téveque Asti fit dresser par son chan- 
celier et celui de la commune 1' « Liveniarium jocalium 
almee Virginis Mariée de Laureto » ; « ipsa jocalia... et para- 
menta... et res omnes » furent consignés u venerabili viro 
dno Petro, pra?posito Teramano, gubernatori almse Domus 
dictœ ecclesifB ». On constata la présence de 106 calices d'ar- 
gent et 10/i patènes de même métal; de plus, « una imago 
mediocris Virginis Mariœ, cum Filio in brachio et corona, 
cum uno agnb Dei ad colluni cum bocton. de perlis et cor- 
' done de auro ; item septem alise imagines Virginis Mariœ 
parvsB ; item una figura Laurentii Pétri Francisci de Medicis- ; 
item una imago Virginis parvuncula, tota de auro » ; il y 
avait /i missels. Dans la chapelle : u item civitas Cremo- 
nai,.., Ferrariœ... et Fir'mi de argento, positœ in tabulis ante 
figuram Virginis Mariœ » ; etc., etc. '^ 

Le lendemain, 6 octobre, « revercndissimus in Christo 
pater et dominus dom. Nicolaus quondam Cecchi de Astis, 
de Forlivio, Dei et apostolice sedis gratia dignissimus episco- 
pus Racanatensis et Maceralensis, sanus per gratiam Jesu 

1 VoGEL, t. I, p. aao. 

2 Laurent II, fils de Pierre-François, seigneur de Piombino. 

■' Vôgel, t. Il, p. 206-8. Cr. Mély et Bisiior, Blbliogr, cl. IiweiU., n° 0701. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 2o5 

Ghristi mente et sensu, licet corpore languens », fit son tes- 
tament : nous n'avons que l'extrait relatif à la confrérie de 
Sainte-Lucie de Recanati '. Mais dans un acte subsidiaire du 
même jour, il lègue au « Gollegium Altaristarum » de sa 
cathédrale de Saint-Florien i.ooo florins, dont 12 seront ser- 
vis en pension annuelle à son neveu « d. Pino de Astis », 
tant qu'il gardera le bénéfice fondé par l'oncle dans l'église 
de Notre-Dame de Loretle ^. 

Un autre acte nous apprend qu'en présence de témoins, 

Dixit et exposuit qualiter sua Dominatio habiieral a certis Reve- 
rcndissimis dominis Gardinalibus et l^relatis ecclesio et ab aliis 
divei'sis devotis ecclosie gloriosissinie Virgin is Marie de Laureto 
plurimas ducalorum quanlUatos et cum videat se infirmum, ot 
dubitel de morte, et per consequens vult providere, ne dicte dena- 
riorum quanlitates ad alium usum quam pro conlinuanda iabrica 
gloriosissime ecclesie prcdicte, ideo de illis et suis dixil operam 
clleclualem dare, ut predicta exequantur^ et duxit nos omncs ad 
quandam cassetlam de ligne, que est in studio camere sue solite 
residentic, quam aperirc fccit, et ex ea manibus propriis extraxit 
duas sacchettas, que crant quasi plene, et erant ligate, et- petiit a 
me ceram rubeam et accipiens ejus anulum de auro cum armis 
prcfati domini Episçopi, quem habebat in scarsella, quam liabebat 
in centura, sigillavit dictas sacculas- in nodo clausure cujusiibet 
earum, et dédit dictis oiricialibus montis, dicens : accedite omnes, 
et ponatis in cassa montis predicte, et dispensetis eos sokim in 
continuatione dicte fabricej etc., et dixit, quod quantitates recluse 
in predictis sacculis çrant duo millia ducatorum de auro etc., et 
cum benedictione licentiavit nos omnes. 

L'évêque mourut le surlendemain 7 : les sachets furent 
portés le 9 au conseil de la commune : ils furent reconnus 
intacts et contenaient-a.oia ducats d'or de divers coins'*. Les 
chanoines de Recanati s'empressèrent de donner un succes- 
seur au bienfaiteur insigne de Loretta : le 10, à la fin des 
obsèques, ils élurent pour évêque Nicolas Trevisani (Trl- 
vixano), fils du juge des Marches pour le pape '' ; ils avaient 
lieu d'espérer que leur candidat serait agréé par Paul II : il 

1 VOGEL, t. II, p. 208-11. -- 2 VOGEL, t. II, p. 21 1-2. 

'■> VoGEL, t. II, p. 2I2-/i. — '» VoGEL, t. II, p. 2l4-iJ. . 



2o6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

n'en fut rien. Celui-ci confia Tadministration de Recanali à 
François Morosini, évêque de Parenzo, qui confirma, le 
17 janvier 1/170, avec quelques modifications, les dernières 
dispositions de son prédécesseur ^ 

Un mois après, le 12 février, Paul II accorda une bulle 
d'indulgences, dont les termes doivent être reproduits : ils 
constituent une innovation qui tranche sur les documents 
du long épiscopat d'Asti, dans lesquels il n'a jamais été 
question de miracle ni de translation. Après un pompeux 
éloge de la Reine du ciel : 

Cupientes ecclesiam B. Marie de Laureto, in honorem ejusdem 
sacratissime Virginis extra muros Racanat. miraculose fundatam, 
in qua, sicud fide dignorum habet assertio et universis potest con- 
stare fldelibus, ipsius Virginis glorlose ymago angelico comitante 
cetu mira Dei clementia collocata est 2, et ad qiiam propter innu- 
mera et stupenda miracula, que ejusdem meritis et intercessione 
singulis ad eam dévote recurrentibus et ipsius patrocinium cuni 
bumilitate poscentibus Altissimus operatus est hactenus, et opera- 
lur in dies ex diversis mundi partibus etiam remotissimis, ejusdem 
sacratissime Virginis iiberati presidiis populorum confluit multi- 
tudo, cuique nos ob preclara ipsius Matris Dei mérita ab ineunte 
etate ultra comraunem [mortalium modum semper devotissimi ac 
affectissimi fuimus. 

Il accorde une indulgence plénière à gagner tous les jours 
du Carême et de la Semaine Sainte suivants : « buUam sive 
plumbum, compléta dicta Quadragesima, penitus mandamus 
abscindi ». Une aumône était imposée comme condition '■^. 

1 VOGEL, t. II, p. 215-7. 

2 Chose curieuse, Riera a reproduit ce texte, qui deviendra fameux, avec 
assez d'exactitude. Torsellini ne l'a pas trouvé suffisant pour sa thèse ; 
après avoir sauté (par. mégarde sans doute) le mot miraculose, 11 met : 
« ipsius Virginis glorlosae Domus et Imago Angelico comitatu et cœtu 
mira Del clementia collocata existit » (Martorelli, 1. 1, p. i85). Bien d'au- 
tres (Ibld., 1. 1, pref. p. 9-10, p. i85 ; t; II, p. 268 ; t. III, p. i56) jusqu'à 
Benoit XIV (op. cit., § 16) et Garratt(pp. 53-4 et 265) les ont suivis et 
cependant roriginal existe encore aux archives de Recanati, où Vogel et 
Leopardi l'ont examiné à loisir. 

3 Martorelli, t. I, p. 53 ; Trombelli, t. VI, p. 239 ; Leopardi, pp. 1^7 
et 197-8 ; Vogel, t. II, p. 217-8 (ex Archlvo secreto clvitatis Racanat.) 



ÉTUDE HISTOR, SUR LA. S. CASA 207 

Le 19 du même mois, les prieurs de la commune de Reca- 
nati notifièrent au monde entier cette indulgence, qu'ils 
qualifient de jubilé : 

Cum... nota fuerinl et sint innumerabilia et stupenda miracula 
que idem Redemptor noster, precibus et meritis sue intemerate 
matris Yirginis Marie, ad augmentum et confîrmationem l^idei nos- 
tre catholice, in aima ecclesia gloriose Virginia Marie de Laureto, 
sita in territorio nostro, in omnes christifideles terra ... marique 
ostendit et quotidie cum frequentia tanta ... et veneratione denio- 
slrat.... ; ad... excellentiam visionemque toi stupcndorum signo- 
rum, quibus .sacellus memoratus tanta copia rcfertus est... '. 

Sur la simple affirmation de Murri ^, Leopardi a attribué ^ 
à Tannée 1471 une pièce de vers relative à Lorette, due au 
bienheureux Baptiste Spagnuoli, dit le Mantouan ; elle doit 
être reportée à l'année i5i3. 

Paul II accorda une nouvelle bulle, le 20 janvier 1/17 1 : 

Dudum siquidem, postquam felicis recordationis Paulus papa H, 
predecessor noster, sub data videlicet octavo kalendas febiuarii, 
ponlificatus sui anno vn, omnibus cbristifidebbus vere penitenti- 
bus et confessis, qui ecclesiam Beale Marie de Laureto, dudum in 
lionorem ipsius Yirginis gloriose extra muros Racanatenses mira- 
culose fundatam, in qua, sicut fidedignorum habebat assertio, 
ipsius Yirginis gloriose ymago angelico comitata cetu mira Dei 
clementia collocala existebat, et ad quam propter crebra et stupenda 
miracula, queejusdem Yirginis gloriose meritis et intercessionepro 
singulis ad eam recurrentibus et ejus auxilium implorantibus cum 
humilitate Altissimus operabatur in dies, ex diversis mundi parti- 
bus etiam remotissimis ejusdem Yirginis gloriose célébra ti presi- 
diis populi coniluebat multitude, in singulis diebus Dominicis 
incipiendo a prima tune * proxime Quadragesime usque ad 
solemnitatem sacratissimi corporis D. N, Jesu Christi, singulis- 
que diebus majoris Ebdomade que sancta appellatur, et similiter 
in festivitate Resurreclionis Doniinice cum duobus sequentibus, 
Ascensionis quoque et Penthecostes cum duobus sequentibus, et 
solemnitate ejusdem Corporis D. N. Jesu Christi et per totam ejus 
octavam, in aliqua festivitatum, Dominicarum seu dierum predic- 
torum dévote visi tarent, et pro ipsius fabrice conservatione ac 

1 YoGEL, t. II, p. 218-9. — 2 p. 55. — 3 p. 55. 

* Le premier texte du manuscrit 192/i porte à tort tain. 



2o8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

ornamentis siye alias manus porrigerent adjutrices, omnium pec- 
calorum suorum, de quibus corde contriti et ore confessi forent, 
plenam absolutionem et indulgentiam concesserat i. 

Cette concession donna lieu aux deux brefs suivants : 

Yenevabili fratri epiacopo Parentino etdilecto filioPetroLuxiardo, 
cubiculario nostro vel îilteri eorum. — Venerabilis frater et dilecle 
fili, salutem,etc. Mittim:Us;Y.obis bullam indulgentie plenarie, quam 
visitantibus. ecclesiam Beatë. Marie de Laureto in singulis diebus 
dominicis, incipiendo a prinia proxime Quadragesime usque ad so- 
lempnitatem sacra tissimiCorporis Domini nostri Jhesn Ghvisti, 
singulisque diebus majoi'is ebdomade que sancta [a]ppellatur, et 
simililer in fesll\ itatibus Resurrectionis dominice cmii duobus se- 
qucnlibus, Ascencionis quoqiie et Penlecostes similiter cum duobus 
sequehtibus diebus, ac solemnitate ejusdem Corporis D. N. Jhesu 
Gtiristi,' et per totam ejus octavam, aut aliqua i'estivitatum domi- 
nicarum sive dieruni prcdictorum concedimus : pvout in ca latins 
continctur. Volumusautem et mandanjus vobis, ut quamprimum 
bullam acceperitis aut alter vestrum acceperit illam, post trans- 
sumptum ipsius publicctis : acpublicari mandetis auctoritate nos- 
tra, tam in civitate nostra Rachanatensi quam etiam in aliis prin- 
cipalioribus civitatibus et locis istius nostre provintie Marchie 
Anconitane, de quibus vobis videbitur,utnonsolum provintialibus, 
verum et çeteris etiam ullramarinis personis res ipsa plene inno- 
tescere, ac in Domino i'ructuosa pro animarum suarum salute esse 
possit., Igi.tur in exequenda publicatione bac, ut prefertur, omnem 
celeritatem ac diligentiam adliibeatis. Datum Rome, apud S. Pe- 
trum, diexxvnjanuarii 1471, anno septimo. 

Eisdem. — Venerabilis frater et dilecte fili, salutem, etc. Conces- 
simus in ecclesia Béate Marie de Loreto, Racbanatensis diocesis, 
certas plenarias indulgentias eam dévoie visitantibus, prout in lit- 
teris desuper confectis plenius continelur. Volentes igiturprovidere, 
ut oblationes Christifidelium ibidem ob dictas indulgentias conse- 
quendas confluentium in utilem ac pium usum convertantur,>et 
non interver(anlur«néque dislraliantur, mandamus vobis ut cap- 
sam ferream Ibrtem fieri faciatis cum tribus diversis clavibus et 
clausuris, adhibitis fidis custodibus, prescrtim noctis tempore, in 
qua oblationes illereponantur et débite custodiantur. Quarumtrium 
clavium quilibct vestrum unam tenebit, tertiam vero in majori 

1 Insérée dans la bulle de Jules II, du 21 octobre 1607, et dans celle de 
Léon X, du i" août i5i8 (Arçhiv. du Vatican, vol. 1924, f" 37' et G5"j. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CA.SA 209 

dignitate in ecclesia Rachanatensi constituto auctoritatenoslra assig- 
ne lis ; et débite advertalis ut in hac re neque fraus neque dolus 
fieri possit, neque illam sine nostra licentia aperialis, ila ut in hac 
rc nobis veniatis plurimum commendandi. Datum ut supra '. 

Cinq jours après, le i"' mars, le pape écrivit à l'évêque de 
Parenzo, qu'il avait chargé de l'administration de Recanati, 
pour lui exprimer sa joie d'apprendre que la nouvelle église 
de Lorette serait achevée cette année et deviendrait un objet 
d'admiration pour la chrétienté : 

Vonerabili fratri F[rancisco] episcopo Parentino, ecclesie Racha- 
natensis vicario. 

Venerabilis frater, salutem etc. Ex litteris fralernitatis tue in- 
lelleximus te sperare, quod hoc anno capella Sancte Marie de 
Lorelo Christifîdelium elemosinis, tam in ornamentis quam in 
novo ex fundamentis hedeficio talem prospectum exhibilura sit 
ut cunctis admirationi futura existât ; proinde supplicari nobis 
fecisti, ut capsas in quibus oblaliones Ghristifidelium reponuntur 
et conservantur pro ipso hedeficio perficiendo aperire et labora- 
toribus ex oblationibus et lielemosinis ipsis satisfecerc possis. Nos 
cupientes, ut ipsa capella in honorem gloriosissime Yirginis, que 
omni laude dignissinia est, quam celerius erigalur et hedificetur, 
contentamur et placet nobis ut, adhibito tecum dilecto filio Petro 
Luxlardo de Placentia, cubiculario ac commissario nostro, capsas 
quotiens opus fuerit aperias et pecunias quas inibi reppereris in 
diclum usum et non alium dihgenter ac utiUter converti iacias ; 
super quibus plenam tibi presentiura tenore concedimus faculta- 
tem. Volumus autem quod quotiens eas aperueris, totiens de summa 
et quantitate intus reperta nos certiores effîcias. Datum Rome, apud 
Sanctum Petrum, die prima martii 1471, anno septimo 2. 

Le 3 octobre suivant, Ange de Sutri, commissaire du pape 
Sixte IV, passa un contrat, au nom de Févêque de Recanati 
et Macerata, André Pelli, de Fano, avec « maestro Marine 
di Marco de Jadrino, da Vinezia, fabricatore délia fabrica 
délia chiesa » de Notre-Dame de Lorette, qui s'engagea « de 

1 Archives du Vatican, Liber brevium de curia anni septimi D. Pauli 
pape IL Armar. XXXIX, vol. 12, f Sd'-SS. 

2 Archives du Vatican, Pauli II Brevia, Arm. XXXIX, v. 12, f" io4. 
Fragment dans Raynaldus, a. 1471, § 58. 



N.-D. DE LORETTE 



14 



2TO ' NOTRE-DAME DE LORETTE 

fare e fabricare le mura délia detta chiesa da sole verso 
Montesanto, per ducato uno d'oro la canna... » '. 

Pierre di Giorgio Tolomei fut prévôt de S. Sinideo (S. 
Emindei.) dans son pays d'origine, Teramo, d'où le nom de 
Teramako, sous lequel il est connu. Il vint jeune à Lorette : 
il était au service du sanctuaire dès i/i3o ; il succéda comme 
gouverneur à André d'Âdria en i/i5o et conserva cette charge 
jusqu'à sa mort (juin i/j73)2. En i465 ou mieux en juin 1^72, 
il rédigea sur l'origine de Lorette une notice, qui eut une 
grande diiîusion.,11 importe d'en reproduire le texte : 

Translatio miraculosa ecclesi/e Beat/e Mari/eVirginis de Loreto. 

Ecclesia BeatiB Mariai de Loreto fuit Caméra Domus Bcattc Yir- 
ginis Mariœ, Matris Domini nostri Jesu Ghristi, qua3 Domus fuit 
in pavtibus Hierusalem Judeœ, et in civitate Galilca), cul nomen 
Nazareth. In dicta caméra fuit Beata Virgo Maria nata, et ibi edu- 
cala, et postca ab Angelo Gabriele salutala ; et postea in dicta 
caméra nutrivit filium suum Jesum Chiistum usque quo pervenit 
ad œtatem duodecim annorum. Demum post Ascensionem Domini 
Nostri Jesu Giiristi in cœlum, remansil Beata Virgo Maria in terra 
cum Apostolis et aliis Discipulis Ghristi ; qui vidantes multa mis- 
teria divina fuisse facta in dicta caméra, decreverunt de communi 
consensu omnium, de dicta caméra facere unam Ecclesiam in ho- 
norem et menioriam Beatœ A'irginis Maria). Ita factum fuit ; et 
deinde Apostoli et Discipuli illam cameram consecraverunt in Ec- 
clesiam, et ibi celebraYerunt divina Officia. Et Beatus Lucas Evan- 
gelista cum suis manibus fecit ibi unam Imaginem ad simiHtudi- 
nem Beatœ Virginis Mariœ ; quœ ibi est usque hodie. Demum dicta 
Ecclesia fuit habita et honorala cum magna devotione, et reverentia 
ab illo populo cliristiano, qui erat in illis partibus, in quibus stetit 

1 VoGEL, t. Il, p. 221-2. 

2 II figure depuis longtemps parmi les titulaires de l'évêché de Reca- 
nati, où il aurait suecédé en i40o à Nicolas Asti et serait mort le 7 octo- 
bre 1469. Leopardi a protesté contre cette intrusion {Série dei vescovi di 
Recanati, 1828, in-4°, p. 172), qiae Gappelletti s'est efforcé de justifier 
{Le chiese d'Italia, t. Vil, p. 229-80), sous prétexte que son devancier 
avait dû faire erreur en datant de 1469 (au lieu de i/iog) le testament de 
l'évêque Asti : la vérité est qu'il est bien du 6 octobre 1469, indiction 2, 
sous Paul II (VoGEL, t. II, p. 209). Le Pelrus Georgii de Gams {Séries épis- 
copoi'um ecclesîce catholicEe, 1878, p. 708) et d'EuBEL {Hierarchia calholica 
1901, p. 242) est à supprimer. 



ÉTUDE HTSTOR. SUR LA S. CASA 211 

dicta Ecclesia quousque ille populus fuit chnstianus ; sed postquam 
ille populus dimisit fidem Ghristi et recepit fidem Mahumeti, tunç- 
Angeli Dei abstulerunt prœlibatam Ecclesiam ; et portavevunlillam 
in partes Schlavoniœ, et posuerunt eam ad quoddam castrum quod 
vocatur Fluraen : et ibi minime honorabatur, ut dccebat B. Yirgi- 
nem. Iterum de eodem loco Angeli abstulerunt illam, et portave- 
runt eam supra mare in partibus territorii Recanati ; et posuerunt 
eam in quandam silvam quœ erat cujusdam nobilis Dominœ 
civitatis Recanatensis, quas vocabatur Lorela : ex illo tune accepit 
ista Ecclesia nomen ab illa Domina, qua? erat illius silvae Domina 
et Patrona, S. Maria de Loreto. In illo tempore, quo ipsa Eccle- 
sia permansit in dicta Silva, propter gentium nimium concursum, 
in ca maxima latrocinia et innumerabilia mala committebantur. 
Quapropter per Angelorum manus rursus assumpta est, et portata 
in montem duorum fratrum : et in eodem monte per Angelorum 
manus sita est. Qui fratres ob maximum denariorum et aliarum 
rerum introitum et lucrum, simul atque ad invicem ad maxiraas 
discordias et lites vcnerunt; propter quas pari modo Angeli ab- 
stulerunt eam de eodem montis loco, et portaverunt in \iam com- 
munem ; et in eandem illam posuerunt et firmaverunt eam, ubi est 
nunc, cum magnis signis et innumerabilibus gratiis, et miraculis 
coUocata fuit in eadem via ista aima Ecclesia. Tune igitur totus 
populus Racanati fuit ad videndam d. Ecclesiam, quaî erat supra 
terram sine aliquo fundamento. Propter quod dictus populus con- 
siderans tam magnum miraculum, et dubitans ne Ecclesia veniret 
ad ruinam, fecerunt d. Ecclesiam circumdari alio muro bono, grosso, 
et optimo fundamento, prout hodie videtur manifeste ; tamen nul- 
lus sciebat unde ista Ecclesia originali ter venerit, nec unde reces- 
sisset. 

Nota quomodo supradicta sunt scita in anno Domini MCCXGVI, 
quia Beata Virgo apparuit in somnio cuidam sancto viro, ei devoto ; 
cul ipsa supradicta revelavit. Et ipse statim omnia divulgavit qui- 
busdam bonis viris istius provinciœ, et ipsi immédiate deliberave- 
runt velle scire veritatem hujus rei : et sic communicato consilio 
decreverunt, quod essent sexdecim homines notabiles et boni, qui 
simul irent ad sanctum Sepulchrum ; et demum ad illas partes 
de Hierusalem Judeœ, et in civitatem Nazareth ad investigandum 
supradicta inventa : et ita factum est ; nam ipsi secum portaverunt 
mensuram dictae Ecclesiee, et ibi vestigia fundamentorum d. Eccle- 
siaî iîivenerunt, et illam mensuram ad unguem sicut est ista. Et in 
uno pariete ibi prope est scriptum, et sculptum in muro quomodo 



ÏI2 NOTRE-DAME DE LORETTE 

ista Ecclesia fuit ibi, et postea recessit. Demum quippe sexdecim 
viri reversi ad istam Provinciam notificaverunt supradicta inventa 
pev eos esse A'era. Et ex tune fuit scitum, quod" ista Ecclesia fuit 
caméra Sanctœ Mariœ Virginis. Et exinde populus Cliristianus ha- 
buit magnam devotionem, et habet -. nam omni die ibi Beata Virgo 
Maria fecit, et facit infinita miracula, prout experientia docet. 

Hic fuit unus Hœremita, qui vocabatur Fr. Paulus del Silva, qui 
habitabat in uno tugurio in Silva prope istam Ecclesiam : qui 
omni raane erat in ista Ecclesia ad officium Divinum, et fuit homo 
magnai abstinentiaî et vitœ sanclœ; qui dixit (jam suntanni decem, 
val circa) quod in die Nalivitatis Mariœ, quœ estoctava die septem- 
bris, ante dicm per duas horas stante aeris serenitate, et dicto Fr. 
Paulo exeunte de suo tugurio, et vcnien te versus Ecclesiam, vidit 
unum lumen descendere de cœlo supra d. Ecclesiam, quod in lon- 
gitudine videbatur fere duodecim pedum, et in latitudine fere sex 
pednm : et cum fuit lumen illud supra diclam Ecclesiam disparuit. 
Ipse ob eam rem diccbat : quod fuit Beata Virgo, quœ ibi apparuit 
in die nativitatis suce ; et boc vidit ille sanctus homo. 

In quorum omnium fidcro et testimonium mihi Praiposilo Tere- 
mano, et Gubernatori prajmemoralœ Ecclesiam quidam duo boni 
viri prœtaxatœCivitatis hujus villœ habitatorcs retulerunt ac denun- 
ciarunt, et pluribus vicibus dixerunt. Unus vocabatur Paulus Renal- 
ducii et alius Franciscus alias Prior ; etdictus Paulus dixit mihi, quod 
Aa'us Avi ejus vidit quando Angeli duxerunt praidictam Ecclesiam 
per mare, et posuerunt illam in dicta Silva ; et pluribus vicibus ipse 
cum cœteris personis ipsam Ecclesiam in prœlibata Silva visitavit. 

Item dictus Franciscus qui erat centum viginti annorum dixit ei, 
quod pluribus vicibus visitavit d. Ecclesiam in eadem Silva, et 
pari modo idem Franciscus retulit, atque dixit mihi per plures 
vices. Item hujus rei credulitatem atque certitudinem approbamus, 
quomodo ista Aima Ecclesia fuit, et stetit in dicta Silva : et pluri- 
bus probis personis dictus Fx'anciscus dixit, quod Avus Avi^ ejus 
habuit Domum et habitavit ibi, et ejus Domus erat pênes prœdic- 
tam Ecclesiam, et m suo lempore elevata fuit per Angeles a loco 
Silvœ, et portata in montera duorum fratrum, et ibi sita et collo- 
cata fuit ut dictum est superius. Deo gratias^. 

1 Martorelli omet ce mot. 

2 Martorelli, t. I, p. boS-g, cf. pp. 182-8 et SSg-io ; t. II, p. 4o3 ; t. III, 
p. i5i ; Trombelli, t. VI, p. aiG-g; Leopardi, p. 33-5, cf. pp. 32-54, 187, 
2io-3/i; BouRASSÉ, t. II, c. 795-7; Milochau, p. on-/i; Garratt, p. 278-5. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 3i3 

Leopardi a fait une longue dissertation pour établir que 
du récit de Teramano il ressort que l'arrivée de la s. Casa à 
Recanati n'a pu avoir lieu en 129/j, Il explique avec plus de 
raison que les mots Hic fuit ont donné lieu par quiproquo 
à l'invention du document de 1297, dont la fausseté a été 
démontrée plus haut : on a pris Hic fuit dans le sens de 
celui-ci fut au lieu de ici fut. A quelle date frère Paul de Silva 
eut-il sa vision? Leopardi propose i465, parce que le aS mars 
de Tannée i/j55 le conseil de Recanati accorda à cet ermite de 
Saint-Augustin l'ermitage « detto S Giovanni nella Selva di 
Loreto « et que, l'année suivante, on le remplaça par un 
ermite hongrois nommé Jean ^ Vogel affirme de son côté 
que Paul fut admis dans l'église « S. Joannis in silva Laure- 
tana » en août i463, « testibus etiam Raphaële Riera ^ et 
monumentis Recanatentibus » -*. En conséquence des mots 
« jam sunt anni decem vel circa », le premier auteur donne 
à la narration de Teramano la date de i/i65 et le second 
celle de mai 1/173 qu'elle porte d'ailleurs dans une traduc- 
tion italienne imprimée à la fin du xv" siècle et qui la rend 
plus probable. L'original eut dô nombreuses éditions à la 
même époque '^ et fut appendu, sous forme de pancarte, aux 
murs du sanctuaire. Par les soins du gouverneur Vincent 
Casale, de Bologne, il fut traduit en huit langues : grec, 
arabe, espagnol, français '^, allemand, esclavon, italien et 
latin, pour être mis sous les yeux des pèlerins. Il sera ques- 
tion, dans la suite, de plusieurs autres versions italiennes 
en prose et en vers. Je ne m'attarderai pas à exposer longue- 

1 1'. /|o. — 2 J'avoue n'avoir pu rctrouvei- ce texte de Riera à l'endroit 
où il parle longuement de frère Paul (Mautouelli, t. I, p. 53-4). — ■■* T. 1, 
p. 3o/|. — ■t Martouelli, t. I, p. 5o(i ; Tkomiîelu, t. VI, p. 216, n. 1 ; 
Hain, Repert. bibllogr., t. IV, n"" 10602-6 ; Leopardi, pp. 34-5 et 217-30; 
A'oGEL, t. I, p. 3o4, n. I ; Brunet, Manuel, t. V, c. 928 ; Guaesse, Trésor, 
l. VI, n, p. 189''; Garratt, p. i56 ; Milochau, p. 3ii-4. 

'•' Sur une traduction en cette langue, qui se trouvait dès io3i dans 
une église de Troyes et dont il y a une édition imprimée à la Vaticane, 
voir Martorelli, t. I, p. 607. 



3id NOTRE-DAME DE LORETTE 

ment que cette pièce n'a pas le ton d'un document d'his- 
toire véridique : ce qui précède montre assez qu'elle n'a 
aucun fondement dans le passé. Je ne suivrai pas non plus 
Leopardi dans ses calculs sur l'âge des prétendus témoins. 
Ce qui est dit de la consécration de la maison de Nazareth 
par les apôtres repose sur des apocryphes. Saint Luc n"a été 
ni peintre ni sculpteur — bien que Théodore de Constan- 
tinople et Nicéphore Galixte l'alïirment — mais médecin ; 
les images qu'on lui attribue sont, la plupart, d'un Luca 
Santo, peintre florentin du xi" siècle : la statue de Lorette 
n'est ni de l'un, ni de l'autre. On a vu que le nom de Lorette 
ne saurait venir d'une dame Lorela, puisqu'il est antérieur à 
la prétendue translation, etc. 

Le récit de Teramano fut traduit, comme je l'ai dit, en 
prose italienne, en 1/172. 11 suffira de reproduire le titre et 
la finale de cette traduction : 

La dichiarazione delJa Giesa di S. Maria di Loreto : et come ella 
venne tutla intégra 

Et alla fede délie predelte cose se notifica come lutta questa 
scrJttura lu compila da uno originale aulentico scrillo nella ditta 
Giesa de Sanla Maria de Loreto. 

Adi vinli del mese di Marso MGGCCLXXIL lo Don Bartolomeo, 
monaco di Valombrosa et priore de Sanla Verdiana di Fiorenza, 
mosso da grandissima devotione Iho i'atta Iradurrc de latino in 
vulgare, et stampare accio chè lanto miracolo et si devolo si pu- 
blichi et manifesli a \)\\\ persone, et receverne consolatione spiri- 
tuale ^. 

Nous retrouverons ce Barthélémy, moine de Vallom- 
breuse et prieur de Santa Verdiana à Florence, en ik^'6, et 
nous discuterons- son existence. 

Le II juillet 1/172, Jean di Nicolô, chanoine de Recanati, 
donne pour la construction de l'église (Jabrica) 5 ducats et 
18.000 briques ^. 

1 [FioRAVANTi (Jos. Ant.)], Translalio alinx Doinus Lauretanœ, etc. Vel- 
parae, a presbitero Oratorii Elpidieiisio dicata, Maceratœ, 1783, in-4° ; Ris- 
poste aile doinande del Pellegrino in Loreto; Macerata, 1783, in-12 ; Leo- 
PAUDi, pp. 219, 221-3. — 2 Leopakdi, p. i58. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 2i5 

Sixte IV donna, en ili'jo, une bulle d'indulgences, dont le 
début et la finale nous manquent : elle était conforme à la 
dernière de Paul II K 

Le ,8 février suivant (n. st.), le pape fit notifier à i'éveque 
de Recanati que la componende des dispenses accordées par 
les confesseurs en vertu de la bulle précédente, devraient 
servir exclusivement à la construction de l'église : 

Latinus elc. révérende in Ghristo palri domino Andrée, epis- 
copo Recanatensi. salutem in Domino. Cum nuper s. d. n. papa 
cupiens edificium B. Marie de Laureto, vestre diocesis, nuper 
sumptuoso opère inceptum [perfici], concesserit elemosinas in 
dicta ecclesia erogantibus pro dicto edificio et fabrica certas indul- 
gentias, et deinde pro confluentium illuc populorum commodo et 
animarum consolatione concesserit vestre paternitati aucloritatem 
et facultatem deputandi in dicta ecclesia confessores, qui tempo- 
ribiis indulgenliarum ejusmodi convenienlium inibi confessiones 
audire et eos, tam a commissis peccatis et excessibus, quam a cer- 
tis emissis votis absolvere, et vota ipsa in alia j^ietatis opéra com- 
mutare possint ac valcant ; sitque mentis et 2 propositi ejus sanc- 
titatis ut confessores ejusmodi vota pi'edicta in nulla alia pietatis 
opéra quam in contributione ad fabricam predicte ecclesie, cujus 
causa premissa omnia concessa sunt, aliquo prelextu vel respectu 
commutent, vestre paternitati, de ejus sanctitatis expresse man- 
dato nobis oraculo vive vocis facto, mandamus ut, non obstante 
[quod] verlDa litterarum super predicta vobis facta concessione 
expedilai'um afiter sonent, omnibus confessoribus, sic ut premit- 
tilur per vos deputandis, expresse inliibeatis, ne aliquam omnino 
voti commutationem ad alia quam fabrice predicte opéra pietatis 
commutent ; premissis et aliis in contrarium facientibus non obs- 
tantibus quibuscumque. In quorum fidem, etc. 

Datum Rome, etc. anno Domini MGGCG°LXX1['', die vni februa- 
rii, pontifîcatus etc. ut supra [anno secundo]. 

Gaspar Blondus 3. 

Par une autre bulle, donnée à Saint-Pierre le 6 avril de la 
même année, Sixte lY confirma, de par son autorité aposto- 

' Martorelli, t. I, pp. 55-6, 186; et la bulle de Jules II, du 20 octo- 
bre loo^. — 2 Le manuscrit du Vatican porte os. 

•■' Arctiiv. du Vatican, armar. XXIX, Sixti IV diversor. cameraL t. 38, 



ai6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

lique, l'importante donation de l'évêque Asti (3 décem- 
bre 1409) : 

1 Sixtus etc. Ad fperpeluam rei memoriam. Pastoralis olïicii 
debitum nos excitât et iiidiicit ut illa apostolico munimine'robore- 
mus que jn^augmentum divini cultus, animarum christifidelium 
salutem, ac pauperum et aliarum raisevabilium personarum com- 
modum el ulilitalem p'roccssisse noscunliir. Extiibita siquidem 
nobis nuper pro parte dilecti filii Antonii Pauli, prepositi eccle- 
sie Racanatensis, petitio continebat, quod alias bo. me. Nicolaus 
episcopus Racanaten. et Maceraten., qui tune ecclesiam B. Marie 
de Laureto, Racanaten. dioc, ex dispensatione sedis apostolice 
obtinebat, pie considerans devotionem conlinuam et dllectionem 
sinceram quam sedulo babebat ad predictam ecclesiam B. Marie, 
ac peregrinorum et aliarum personarum, que tam ex votis quam- 
propler induigentiam consequendam, et aliorum debilium ac pau- 
perum lîominum numerum copiosum in dies ad ijisam ecclesiam 
B. Marie, ultra diem festi dicte gloriosissime virginis Marie, con- 
fluentium, et elemosinas immensas quas Christi pauperes ex domi- 
bus prefale ecclesie in dies recipiebant et necessario recipere liabe- 
bant, cum dicta ecclesia B. Marie distaret a civitate Racanatensi 
per tria miliaria, ac subventioiiem predictorum pauperum et inPir- 
morum inhospitali B. Marie degentium totam ad dictam ecclesiam 
spectare et pertinere, et per consequens expedire necessario quod 
dicta ecclesia B. Marie elemosinis plurimis et continuis elargitio- 
nibus adjuvaretur, pro sainte anime sue, predicte ecclesie B. Marie 
totam possessionem Morlonghi in dicta diocesi, cum palatio, do- 
mibus, fornacibus, vineis, terris laborativis, cum olivis et aliis 
arboribus fructiferis, silva et nemoribus ac rébus aliis, cum juri- 
bus et pertinentiis suis, quam ipse episcopus emerat a quodam 
Jacobo Francisci Cisci et domina Genevera ejus uxore, necnon to- 
tam fenariam quam similiter a Gregorio Soldalo, hospite in Ailla 
dicte ecclesie B. Marie predicte, emerat sub certis modo, conditionc 
et forma, sponte et^ ex certa scientia litulo donationis irrevocabili 
inter vivos imperpetuum donavit et concessit, prout in quodam 
Instrumente publico desuper confecto, cujus lenorem de verbo ad 
verbum, signis duntaxat exceptis, presentibus annotari l'ecimus, 
plenius continetur. Quare pro parte dicti prepositi, qui ut asserit 
in dicta ecclesia B. Marie perpetuusbenefîciatus existit, nobis fuit 

1 En marge « L. Grifus. Confirmatio certe donationis facte ecclesie 
B. Marie de Loreto ». 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. G AS A ai- 

hiimililer supplicatiim, ul donationibiis et conccssionibiis prediclis, 
pro illarum subsislentia firmiori, robur aposlolicc conQrmalionis 
acljicerc, aliasquc in premissis oporlime providcre de benignilalc 
apostolica dignaiemur. Nos igiUu', qui Instruineiitum ipsum in 
Gancellaria aposlolica inspici cl. examinari fecimus diligenler, pos- 
sessionis, palatii, domonim, vinearum, lerrarum, Iciiarie ac rcriim 
aliai-um hujusmodi, qualilatcs, quanlilales, confines et valores 
pro cxprcssis habentes, hujusmodi supplicalionibus inclinali, do- 
naliones et concessiones predictas ac illas concerncntia omnia et 
singula in dictolnslrumento contenta, auctoritale apostolica lenorc 
presentiumconfii-mamusctapprobamns, ac.presentis scripti patro- 
cinio communimiis, supplentes oinnes et singulos defectus, si qui 
i'orsan inlervenerint in eisdem. Non obstantibus constitutionibus 
et ordinationibus aposlolicis, cetcrisque contrariis quibuscunque. 
Ténor vero dicti Instrument! tab's est (suit l'acte dii3 décembre '14r)0). 
NuUi ergo etc. nostre confirmation is, approbationis, communitio- 
nis et suppletionis infringcre etc. Si qnis autem etc. Datum Rome, 
apud S. Petvuni, anno etc. millesimo quadringentesimo septuage- 
simo tertio, octavo idus aprilis, pontificatus nostri anno secundo. 

N. DE TONGRES. A. DE COKÏESUS. M. MjILLIXLS. ^ 

L. DE FuLGERiis. R. DusAï pro Jo. 

G. POLICARPUS. 

A la mort du prévôt Teramano (juin i/iyS), qui avait en 
mains les clefs du trésor (argeniaria) , on choisit un chape- 
lain qui, sous le cautionnement de i.ooo ducats, « thesaurum 
custodiret ac peregrinis pro more ostenderet » -. 

Saint Jacques de la Marche, mort le 28 novembre 1476, 
vint en pèlerinage à Lorette, au témoignage de son biogra- 
phe Jean-Baptiste Petrucgi, archevêque deTarenle (7 i5i/l) : 
Quapropter statuit Piceni ad littora Templi 
Pergere, cui rerum Virgo intemerata Satores 
Projsidet Aima Parens ; cujus celeberrima fama est. 
liane etenim, rapto memorant undosa saccllo 
Per fréta, Niliacis oris, Asiaque relicta, 
Tellurem lllyricam multos tenuisse per annos 
Indeque trajecto rursum maris œquore vasti, 

1 Archives du Vatican, Reg. n" 662, Sixli IV, f" UQ'-S. 

2 VoGELj t. I, p. 334, n. I. 



3i8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Italicam tenuisse plagam Picenaque rura. 
llœc ubi consurgunt miri nova mœnia faslus 
El, Fanum antiquis signis, et imagine cultum 
Atque frequens nimium venientibus orbe remoto '. 

En 1680, lors de la construction du palais épiscopal de 

Fano, on découvrit cette inscription : 

M.CCGG.LXXVI. Joannes Tonsus, pontifes Fani, divse Marias 
porticum dédit. Opus Marini Cedrini Veneti, architecti aedis Beatœ 
MarisB in Laureto -. 

L'évêque de Recariati, André Pelli (de Pllis), fonde le bé- 
néfice des Saints André et Jérôme, en 1/176, l'année de sa 
mort 3. 

Sixte IV profita du décès en cour de Rome de ce prélat, 
pour exempter, par bulle, en date du 28 novembre 1/176, 
l'église de Lorelte de la juridiction de l'évêque de Recanati 
et la prit sous la protection de saint Pierre. Il dit d'elle dans 
le préambule : 

Ad ecçlesiam tamen Béate Marie de Laureto, Racanaten. dioce- 
sis, tanlo libentius nostros oculos convertimus, quo inter alias orbis 
ecclesias singulari devotione assiduisquc miraculis et amplissimis 
hediftciis splendet. 

Il casse les privilèges accordés tant à la commune qu'aux 
évêques de Recanati. Le Saint-Siège aura deux représentants, 
un vicaire pour le spirituel et un gouverneur pour le tempo- 
rel, avec huit chapelains. Il confirme les indulgences accor- 
dées pour la fête de la Nativité, et donne le pouvoir d'ab- 
soudre des cas réservés à Rome. Il y aura deux clefs pour le 
tronc des offrandes, dont l'une sera confiée à deux chanoi- 
nes et l'autre au gardien des Franciscains de N.-D. de Varano, 

' Waddingus (Luc), Vita et res gestss b. lacobi Piceni, a loan. Bapt. 
Petruccio... oliin conscripta, Lugduni, iGii.in-S"; Maktouelli, t. I, p. 567; 
t. IL p. ào3 ; MuHHi, p. 55-6, — Ces vers sont seulement antérieurs à 
149a, date de la mort d'Innocent VIII, auquel ils furent dédiés. 

2 Ughelli, Italia sacra (1717), t. 1, c. 667 ; Vogel, t. 1, p. 3i3-4, qui 
corrige Ceduini en Jadrini (voir au 3 octobre 1471). 

3 Vogel, t. I, p. 3i3. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. GA.SA. 219 

près Recanati. Il termine par des considérations générales 
sur les avantages de la dévotion à Marie, sans particularités 
relatives à Lorette '. 

Cette décision radicale, prise à Rome sans consulter les 
autorités locales, produisit un effet désastreux. Dans une 
nouvelle bulle, du 8 février 1/177, Sixte IV, après avoir rap- 
pelé ses décisions précédentes, déclare avoir été convaincu 

Per oratores dilectorum flliorum cleri et populi Rachanatensis ad 
nos specialilcr destinâtes ac quorundam relatione fide dignorum 
evidentissimis ralionibus... j^remissa a nobis concessa, statuta et 
ordinata, non solum in enormem lesionem Rachanatensis ecclesie 
cedere, sed etiam prosperi regiminis fructiim dicte ecclesie Béate 
Marie non eo quo putabamus modo succedere. 

En conséquence, il déclare révoquer, de sa propre volonté 
et non sur les instances de l'éveque de Recanati, sa consti- 
tution précédente et remettre les choses en l'état. L'éveque 
reprendra donc sa juridiction ordinaire sur l'église de Lorette 
et ses dépendances, là commune aura la garde de ses joyaux 
et ornements, comme par le passé ^. 

Par un bref spécial, en date du 11, le pape daigna aviser 
les prieurs et la commune de Recanati de la décision prise 
en considération de leur supplique "*. Cette tentative d'absorp- 
tion par la cour de Rome ne fut pas la première (voir à 
l'année i!\i[x) et ne sera pas la dernière (voir à i5o7). 

Le 27 septembre 1477. Hélène, fille de Biaise « de partibus 
Ungarise » et veuve de Paul de Hongrie, élit sa sépulture 
dans l'église de iNotre-Dame de Lorette et la fait héritière de 
tous ses biens, y compris 1.600 ducats laissés par ses pa- 
rents à cette intention ''. 

Nous touchons à une série de notices sur la translation, 
qui prouve bien que la légende prit corps à cette époque. 

1 VoGEL, t. IJ, p. 222-6. Voir la bulle du 21 octobre 1607. 

2 VoGEL, 1. 11, p. 226-9. Riera s'est bien gardé de faire la moindre allu- 
sion à cette bulle, qui détruisait l'effet de la précédente. 

3 VoGEL, t. II, p. 23o. — * Leopardi, p. iBS-g. 



220 NOTRE-DAME DE LORETTE 

JÉRÔME DE Raggiolo (lUeronymus Radiolensis) , moine de 
Vallombreiise, fut prieur de San-Donato in Vincla ^ Entre 
autres opuscules, qui témoignent déplus de piété que de cri- 
tique "^j il en écrivit un vers 1/178 : Super quibasdam Marisa 
Virginis ieniplis, dont l'exemplaire de dédicace à Laurent de 
Médicis, le Magnifique (1/169-92), est conservé à la bibliothè- 
que Laurentienne de Florence (plut, xviii, n" 2,1) -* ; en voici 
le premier chapitre : 

UndE et QUOJIODO -EDES s. MaRI.E de LoRETO lA'lTIUM SUMPSERIT. 

Primum omnium Dei Genitricis Mariœ templorum, quœ hac 
nostra tempeslate opimis spoliis coronisque aureis, argenteis, a3r- 
eisve iraaginibus el compedibus, catenis, aliisque instrumentis 
ferveissi quibus corpora mortalium cruciantur, ornantur ; quibus 
Virgims Mariœ prodigia mira, et portenla achristianis dévoie cons- 
piciuntur, illud, quod vulgato nomine Sancla Maria de Loreto dici- 
tur, cunctorum assertionibus celeberrimum habelur. Cujus egregii 
templi, priusquam initium expediam, pauca solum reijetam, ut 
omnia magis in aperto sint. Ilanc esse Cameram seu, rectius dicam, 
Ihalamum, in quem in Nazareth Galileœ angélus Gabriel ad Virgi- 
nem Mariam de supernis sedibus missus sit, omnes uno ore autu- 
mant, qui Hierusalem civitateni devotionis gratia adeunt : cœterum 
voluissc nephanda barbarorum facinora devitare. Quaj quidem 
nulu divino per aerem primum in Pannoniam regionem, quam 
vernacula lingua Sclavoniam dicunt, mire delata est. Inde aiiquot 
annos post, pari modo, id peccatis eorum exigentibus, in Itaiiam 
delata est, camque Ilalia3 provinciam tenuit, quœ ager Picenus 
dicitur, juxta urbem, quam accolœ Recanatam dicunt. Verum cum 
confines cujusdam agri duorum fratrum occupasset, ex que inler 
illos discordia oborta, qvtia uterque ad se de jureobligari diceret, ne 
ex hoc ad conflictum procédèrent, inilerpnblicum,ubi nuncosten- 
dilur, sese contulit. Cujus unde nomen, lama ubique non in Ita- 

' Ada saiicLor. Bollaad. (1723), julii t. III, p. 317; Rèpert., c. ;i563. 

- Sa crédulité ressort surtout du chap. iv relatif à l'origine de l'église 
de S. Maria dcl Popolo à Rome, qui aurait été construite à l'endroit de la 
sépulture de Néron, où une multitude de démons s'était donné rendez- 
vous. La Yierge apparut au Pape et lui ordonna de brûler le cadavre et 
d'élever une église. Il est vrai qu'il n'est par l'inventeur de cette fable. 
Cf. TUOMBELLI, t. VI, p. 3o8. 

3 Yoir Ang. Mar. Bakdini, Catalogus codicum latinorum bibliothecœ 
Mediceœ Laurenlianae ; Florentiaî, 1774, t. I, p. 473. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 



221 



lia tantum, verum in aliis regionibus pevcrebuil, et si dntea ab ipsa 
Yirgine Maria eo in loco plurima et egregia prodigia demonstrala 
sint, tamen quam paucissimis absolverimus. Gum ènim éxercitus 
Turchôrum impius, Ungaros viros christianissinio&, et Jesu Ghristi 
Ycros nostra memoria defensores, ante Goristantinopolitanum exci- 
dinm duce egregiô viro Johanne, qui cognomine Albus dictus est, 
hostiliter aggiessus esset ; cum ex numéro Christianorum quidam 
ex grœcis vel auro corrupti, vel ob insanabile (for lasse instabiie) inge- 
nium, nam ut plurimum animum ancipitem ducunt, locumintro- 
eundi in castra hostibus dédissent, ctindeTurchi cuncti irrupissent 
et milites nostri tumultu insolito perculsi, arma capere, pars terri- 
tos confirma rc, omnibus locis vis magna hostium adessc, postremo 
fugere an manere tutius foret, in incerto esse. Demum ipse Johan- 
nes cvim pancis memor fidei Christi et pristince sua) dignitatis, in 
coniertissimos hostes incurrens, ibi strage Turchôrum pçracta, 
pugnans gra\iter vulneraretur, et indè nostri i'usi, lugali, fugere, 
occidere, occidi, capi, equi alque viri ex cliristianis, ex turchis, 
mixta ornnia qua visus erat constrata telis, armis, cadaA^eribus : 
humus etiam infecta sanguine, forte quidam ex nostrorum militi- 
bus vir in militia excellens et pra)clarus, circumvectus a muUis, 
demvim quasi YÏtabundus ex his evadens, cum ipsum deinde ani- 
mis int'ensis inscquerentur, nec spes amplius evadendi sibi esset, 
cum ex una parte tôt hostes, ex altéra mare, Yirgo Maria de Loreto 
mox in mentem ei occurrens, inquit ex intimis praîcordiis : « Te 
Yirgo Maria, deprecor : huncmilitem tibi devotissimum, hœc arma, 
hune equum, propitio tlumine accipias, et in tutum ducas. Quod 
si precibns tuis impetravero, Yirgo sanctissima, tuam de Loreto 
œdem sacratlssimam visitare curabo. Haîc arma, meque, cereum 
cum equo desuper pendere jubebo ». His dictis, ita ut erat, arma- 
tus in mare desiluit; multisque super concidentibus telis, incolu- 
miscum equo adaltam partem maris, Yirgine Maria ferente opem, 
transnavit. Quo miraculo attonilus et pêne rigidus effectus, mente 
volvens secum tantum maris cum equo armatus sospitem non 
transnasse, sed volasse. Demum ad mentem rediens et quid vove- 
rit reminiscens, Virginem Mariam millies exclamare, ad cœlum 
cxtoUere, ipsam semper, dum templnm suum adiit, mente, ore 
laudare. Quod prodigium cum omnibus occurrentibus sibi enarra- 
ret, stupere cuncti, eumque cum prope templum esset cbmitari 
turba non modica. Ubi autem ad al tare Yirginis Mariœ perventum 
est, ad ipsam Virginem oratione missa, arma, seque, cereum, ut 
Yoverat, favore et admiratione omnium, qui aderant, suspendi vo- 



2 23 NOTRE-DAME DE LORETTE 

luit. Hinc itaque templum istud ante célèbre, celeberrimum et 
excelsum, prodigils ceelestibus, et regum ac principum donis et 
muneribus, qui non solum ex Italia, veru,m ex universa plaga cseli, 
ubi Christi Jesu nomen glorificatur et extollilur, multis passim 
agminibus per omnes \ias illuc cum devotioneet pompa favorabili 
advolantes redditum est. Additur et miraculum aliud huic," quod 
omnibus aspicientibus et stupori est et admirationi. Nam curn ca- 
méra ilia, quam supra diximus, prœter naturam per aerem delata, 
humilis sit et angusta, viri, qui illi iedi devotissime prœsunt, eam 
miram et latam dimetientes hujus cameraî seu capellse parietibus 
hœrere voluerunt. Casterum quidquid fundamenti seu murorum 
jaciebatur, primo mane sequentis diei conspiciebatur dirutum, 
constratum et œquatum solo. Gurnenim hujus rei famaper urbem, 
et regiones finitimas manaret, admiratio omnes repente incessil. 
Demum secus consultantes utile visum est, procul a thalamo illo 
gloriosœ Virginis Maria3 parietes et muros latos et ingentes œdifi- 
care. Ad id assensere omnes, et Virgini Marias conspicuam et 
egregiam œdem dedicaverunt. Ha3C hujus gloriosissimi templi 
origo, de quo satis in lempore dictum arbitror K 

Antoine di Pietro Bonfini, né à Patrignone (Ascoli) en 
1427, eutla direction des écoles deRecanatidu 2 octobre 1478 
à septembre 1/186, oià il se rendit en Hongrie ; il reprit ses 
fonctions pour peu de temps en janvier i488. Le comte 
Louis Carradori conserve le manuscrit des discours qu'il fit 
ou fit faire à ses élèves. L'un des premiers (de 1/178 par con- 
séquent) renferme ces paroles : 

Proinde vere de hac fausta Urbe exclamare licet, quod de sancta 
civitate per Apocalypsim Joannes exclamât: « Ecce tabernaculum 
Deicum hominibus, et habilabit cum eis, et ipsi populusejus erunt, 
et ipse Deus erit eorum Deus, et absterget Deus omnem lacrimam 
ex oculis eorum, et mors ultra non erit, neque kictus, neque cla- 
mor, neque dolôr erit ultra n ^ Beatissima enim Virgo, unica salutis 
nostrae propugnatrix, prophana Dalmatorum scelera abominata, ex 
lUyrico sinu fugiens in hoc sanctissimo vestro agro consedit, ut 
inter sanctos sancta versaretur, ac suis, quos delegerat, amicis prae 
ceteris benignum numen offerret 3. 

1 MARTORELLI.t.I, p. 58o-I ; ThOMBELLI, t. VI, p. 243-6; LEOPARDI.p. i83- 

7 ; BouRASsÉ,t. Il, c. 8179; MiLOCHAU, p. 3i4-5; Garratt, p. 271-2 ; Feis, 
p. 83-5. Cf. Répert., c. 2563. — 2 Apocalypsis, c. xxi, v. 3. 
3 VoGEL, 1. 1, p. 245 ; Garratt, p. i48-5o ; Feis, p. i33. Cf. Répert. ,c. 643. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. G/^SA. 228 

Dans d'autres discours, qui remontent à son second séjour, 
il vante à plusieurs reprises les Récanatins « ob hospitium 
inprimis divse Virginis », 

Les documents qui ont précédé ne permettent pas d'ap- 
prouver Vogel quand il dit que Bonfini est le premier auteur 
qui ait ouvertement parlé de la translation de la maison de 
Lorette (n. 2). Je n'ose pas non plus être de l'avis du P.deFeis 
qui ne trouve dans ce texte qu'une allusion à la translation 
de limage de la Vierge. La légende avait fait éclosion : inu- 
tile de le nier désormais. Elle n'en est pas moins dénuée de 
toute valeur historique, étant éloignée de l'événement par 
près de deux siècles. 



* 
* * 



C'est donc le moment de résumer les actes qui précèdent 
sur l'histoire du sanctuaire de la Nativité à Lorette et les 
preuves invoquées en faveur de ,1a translation de la maison 
de Nazareth en Occident. 

Le nom de Lorette remonte dans les Marches, à tout le 
moins, au commencement du xi" siècle et dans le diocèse 
d'Umana, dont dépendit à l'origine N.-D. de Lorette ^ à 1179 
(i4i) ^. L'évêque Jordan céda aux Gamaldules, en iigS/A, 
l'église Sanctse Mariée infundo Laureti (i/ii-3) ; on la retrouve 
sous la même dénomination en i285 (i/j3). C'était une église 
paroissiale, qui avait comme desservant un chapelain (i56), 
terme courant pour désigner les curés forains au moyen âge. 
Un acte de i/44i, qui mentionne un cimetière contigu au 
sanctuaire, le prouve à l'évidence (181). Il y a plus : en 1477, 
une hongroise élit sa sépulture dans l'église même de N,-D. de 
Lorette (219). Sa pieuse intention dut être réalisée, car, au 

1 Sur les vicissitudes du diocèse dans lequel Lorette était compris, voir 
pp. i43, n. I, et 160. 
- Les nombres entie parenthèses renvoient aux pages de ce volume. 



224 NOTRE-DAME DE LORETTE 

témoignage du véridique Vogel, des fouilles jjratiquées à 
rinléneur de la chapelle y firent découvrir des ossements 
humains (i8i) : ces ensevelissements étaient bien conformes, 
on le sait, aux usages du temps. 

On a fixé tardivement (i525) l'arrivée de la s. Casa en 
Daimalie à Tannée 1291 et en Italie à 129/i. Les faits et docu- 
inents iiivoqués en faveur de la quadruple translation (i/i4) 
sont nuls ou controuvés. Saint Nicolas de Tolentino aurait 
prédit la première, y aurait même été présent (i/i4-5). Puis 
viennent les prétendus pèlerinages de saint Pierre Célestin 
en 1294 (i45). du doge de Venise, Marc Gornaro, vers i34o 
(i65), de sainte Brigitte de Suède en i342 (166), de l'empe- 
reur Charles IV en i355 (166-7), ^^ ^^ bienh" Micheline de 
Pesaro en 1364(167), du pape Urbain V en 1367 (167-8) et 
de saint François de Paule en i43o (178-9) K 

Cette sorte de preuves écartée, passons en revue les docu- 
ments historiques allégués. C'est d'abord une lettre des 
prieurs de la commune de Recanati au pape Boniface VIII, 
du 9 septembre 1296, pour porter à sa connaissance la trans- 
lation de la s. Casa dans la propriété des frères Antici (i45- 
8) ; puis une autre d'un ermite Paul au roi de Naples (?), du 
8 juin 1297, pour lui raconter les trois dernières translations 
(148-62). La fabrication de ces deux pièces fausses ne remonte 
pas au delà du milieu du xvii" siècle (i 53). 

De même que les chroniques orientales ignorent absolu- 
ment l'enlèvement de la s. Casa de Nazareth, les annalistes 
italiens sont tous, sans exception, muets sur son arrivée en 
Italie. J'ai montré que Jean Villani ne pouvait ni l'ignorer 
ni la taire (i54-5j. Dante n'y a pas fait allusion dans trois 

1 Celui du bienh'' Placide de Recanati vers i364 (167) est douteux. Sont 
authentiques ceux de Louis Migliorati en 1407 (173), de François Sforza 
en 1434 (179), du marquis de Ferrare en 1487 (180), du pape Nicolas V 
en 1449 (i83), de l'empereur Frédéric III en i452 (192-3), du pape Pie II 
en 1 464 (199-201), de saint Jacques de la Marche avant 1476 (217-8). Mais, 
on l'a vu, les textes relatifs à ces pèlerinages sont muets sur la translation. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA aaS 

vers fameux de sa Divine Comédie (157-60) et Boccace y 
contredit (166). Pétrarque, Platina, saint Antonin de Florence 
n'en disent mot (i55). Le texte du conteur Franco Sacchetti 
ne paraît nullement s'appliquer à Lorette (173). Une allusion 
qu'on a cru reconnaître dans un sermon de saint Yincent 
Ferrier reste plus que problématique (176). 

La première mention authentique du pèlerinage remonte 
à i3i.3 : cette année et la suivante, des nobles du pays s'y 
introduisirent par force et s'emparèrent, malgré l'opposition 
du chapelain préposé à la garde du sanctuaire par l'évêque 
de Hecanati, des offrandes qu'y avait déposées la piété des 
fidèles et des ornements de l'image de la Vierge et de son 
fils (i56-7). Dans cet acte, il s'agit, sans doute possible, de ce 
qu'on appellera plus tard la s. Casa : or cette église ou cha- 
pelle ne fait qu'un avec celle de 1 19^ et de 1285 — antérieure 
à la translation — , car si cette dernière en avait été distincte, 
on n'aurait pas manqué d'ajouter une dénomination géogra- 
phique ou autre pour empêcher de les confondre. De plus, 
on conçoit difficilement cette Sujétion absolue du sanctuaire 
miraculeux à l'évêché de Recanati, au cas oîi il serait tombé 
du ciel. Spontanément ou sous la pression de l'opinion pu- 
blique, Rome l'aurait déclaré nullius, comme elle le réalisera 
plusieurs siècles plus tard, après l'avoir tenté à diverses 
reprises. Loin de là, pendant toute cette période, les éA'^êques 
de Recanati ne cessèrent de considérer Lorette comme leur 
propriété (i56, 170, 182). 

On a fait remonter, pour le besoin de la cause, à un évê- 
que de Macerata du premier tiers du xiv" siècle une « Legenda 
antica délia s. Casa di Loreto », qui doit dater de 1576 en\i- 
ron (i6o-5) et perd de ce chef la valeur qu'aurait une pièce 
presque contemporaine des événements. 

Sans attendre l'époque où les papes ont accordé au sanc- 
tuaire des bulles authentiques d'indulgences, on en allègue 
une controuvée de Benoît XI en i34i (i65-6). La première 
concession émana d'Urbain VI en 1387 : à raison de la grande 

N.-D, DE LORETTE l5 



226 NOTBE-DAMÈ DE LOIlETTE 

vénération dont les fidèles de la contrée (illarum pariium) 
entouraient le pèlerinage, illui attribua pour la fête de la Na- 
tivité de Marie les faveurs spirituelles dont Grégoire XI avait 
enrichi Saint-Cyriaque d'A.ncône (170-1) ; ce queBoniface IX 
Gonfirma dès son avènement en 1389(171-2). Les concessions 
de Martin V en 1420 (176) et de Nicolas V en i452 (192) sont 
douteuses. Elles se multiplièrent sous les papes suivants : 
Paul II en i464 (201-2), 1/170(206) et 1/171 (207-9) et Sixte IV 
en 1473 (2i5) et 1476 (218). 

Le vocable du sanctuaire était à l'origine et resta pendant 
des siècles la Nativité de Marie (et non l'Incarnation) ; de 
nombreux textes l'établissent d'une manière irréfutable, en 
1372 (168), 1889 (170), 1099 (172), i4ii (175), 1433 (176), 
1429(178), i45i (191-2), i456 (194), 1458(190), i464 (202) : 
b'élait par antonomase le « gloriosura feslum » de l'endroit. 
La commune de Recanati inscrivit dans ses Statuts un arti- 
cle spécial pour en faire respecter la solennité, en i4o5 (173- 
4) ; elle en vota un additionnel, sur la proposition d'un de 
ses consulteurs, en i456 (i94-5). Elle fit même une levée de 
troupes à son occasion, sans doute pour maintenir l'ordre 
et protéger les pèlerins contre les déprédateurs, en 1429 (178). 
On facilita l'accès du pèlerinage par la construction de ponts 
(168, 172) et la concession de sauf-conduits (172, 174) et de 
secours (199). On s'y rendait en procession des villes voisi- 
nes : de Fermo en i456 (194), de Cingoli en i463 (199). On 
y vint, avec le temps, de toutes les parties du monde ^ On 
imposait le pèlerinage de Lorette comme pénitence, en 
1478 (180). La mention de. vœux faits par des étrangers au 
sanctuaire béni commence en i385 (169) ; ils durent être 

1 1870, in magna veneratione liabebatur (170); 1434, celeberrimum 
gloriosoB Virginis inLaureto sacellum (179) ; i/i5o, exingenti... devotione 
(i go) ; 1409, peregrinorum... numerum copiosum in dies (196, 216) ; 1464, 
maxlmus ex diversis mundi partibus Ghrislifidelium concursus (202); 
1470, ex diversis mundi partibus etiam remotissimis... populorum con- 
fluit mullitudo (206, 207). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. 227 

innombrables, à juger par les ex-voto^; j'en ai cilé des 
années 1887 (170, 1er), iSgo (172), i/i58 (igB-G), i464 (199)- 

Comme, hélas ! l'iA^raie se mêle toujours au bon grain, des 
femmes de mauvaise vie s'implantèrent dans le pèlerinage. 
La commune dut réglementer leur présence et interdire leur 
infâme commerce le jour de la grande fête, en i4o5 (173-/1). 

La célébrité uniA^erselle du pèlerinage était due incontes- 
tablement au nombre « infini » de miracles que la piété et 
la confiance des fidèles attribuaient au pouvoir de la Reine 
du ciel ^. Cependant, seul Jérôme de Raggiolo en mentionne 
deux : celui du chevalier hongrois qui traversa la mer à 
cheval (i83) et celui des murs de la s. Casa qui refusèrent 
un appui (221-2) ; mais l'autorité de sa notice sur la trans- 
lation est nulle. 

Comme chefs spirituels du pèlerinage, on a constaté la 
présence d'un chapelain en i3i3 (i56). Jean était recteur de 
l'église de Notre-Dame en i342 (166) ; André di Andréa, 
d'Adria, après en avoir été chapelain en 1/112 (173}, devint 
gouverneur et administrateur des maisons et de l'hôpital 
vers 1428 (177), charge qu'il remplit au moins jusqu'en i447 
(182). Pierre Tolomei, prévôt de ïeramo, fut gouverneur 
« almoB Domus » de i45o à 1470 (196, 202, 217); à sa mort, 
un chapelain fut chargé de la garde du trésor, pour le mon- 
trer aux pèlerins (217). 

L'empressement croissant des fidèles au sanctuaire néces- 
sita l'augmentation du nombre des prêtres (igS). Pour les 

1 Vers i/i5i, Flavio BioiSDO donne précisément comme preuAc de la 
célébiité dont jouissait, entre tous ceux de la péninsule, le pèlerinage de 
Lovette la multitude des ex-voto dont la basilique était presque comble 

(191)- 

2 i458, maxima ac pêne infinita miracula gloriosissimfE Virginis de 

Laureto, ...quec jam fere totius orbis terrarum Gliristifidelibus innotes- 
cunt (igS) ; i/i64, magna et stupenda et pêne infinita miracula... (202) ; 
1469, maxima et pêne infinita miracula ut supra (204); 1470, innumera 
et stupenda miracula... Allissimus operatus est... in dies (206-7); li?'» 

crebra et stupenda miracula... (207); 1476, inter alias orbis ecclesias... 

assiduis miraculis... splendet (218). 



2 28 NOTRE-DAME DE LORETTE 

sustenter, on fonda des bénéfices : le premier signalé dut son 
existepce à Phil.-Marie Visconti, duc de Milan, en 1/129 (177- 
8); on ignore son vocable. Vinrent ensuite ceux de Saint- 
Antoine en i/i37 (180), de Saint-Marcel en i/iSg (181), de Saint- 
Jérôme en i/i/î6 (182), de l'Annonciation en ^^bo (i83), d'un 
autre en 1466(202), des Saints-André etJérôme en 1/176 (2 18)^ 

Dès i/iiT figurent les Servites de Lorette '^(17/1); on les 
retrouve en i4i8 (175-6), peut-être en i/i58 (igS). En 1428, on 
fonda la confrérie des a Frustati », sorte de flagellants (177). 

Mais la principale préoccupation des administrateurs du 
sanctuaire eut bientôt pour objet les infirmes et les men- 
diants, qui affluaient pour profiter delà générosité habituelle 
des pèlerins ; celle-ci ne suffisant pas, André d'Adria fonda, 
vers 1428, un hôpital destiné à les recevoir. Il était situé 
tout près de l'église ■* et dans ses dépendances'^. Il reçut une 
donation « pro fabrica » en i433 (179). Pour augmenter ses 
ressources, on obtint d'Eugène IV l'annexion des revenus 
d'une église rurale en i44i (181-2). Le nombre toujours 
croissant des hôtes à soigner et à héberger, décida l'évêque 
Nicolas degli Asti à faire à l'église de Lorette, en i459, une 
donation considérable en propriétés urbaines et rurales (196- 
9), qui fut confirmée par Sixte IV en 1473 (216-7). 

On l'a vu, André d'Adria était gouverneur et administra- 
teur des maisons et de l'hôpital de N.-D. de Lorette vers 
1428 (177). Ce mot domus, au pluriel, embrassait toutes les 
constructions dépendantes du sanctuaire, y compris l'hôpi- 
tal ". Le clergé y avait son logement ^. Les pauvres affluaient, 

1 A noter une'fondation de messes de saint Grégoire, en i4oi (178). Cf. 
Répert. d. sources hisior. du moyen âge, t. Il, c. i35o. 

2 Unum hominem adservientem ecclesiam S. Marioc de Laureto. 
•i Hospitale... situm... quasi propc ipsam ecclesiam (182). 

+ In pertinentiis ecclesia; Sanctret Maria; de Laureto (179). 

s Peregrini ipsi, egeni aliique potissime infirmi et débiles in Hospitali 
... degentes, in dies de almis Domibus suslinentur (igô). 

» André d'Adria lit son testament « in domibus almaj et gloriosiss. 
• Virginis de Laureto de Rachaneto résidons » (i8a). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 329 

non seulement à l'hôpital, mais dans ces maisons de Marie *. 
Elles en étaient des annexes et servaient d'hôtelleries aux 
pèlerins. Aux approches des principales solennités, qui atti- 
raient une plus grande foule, on y louait des chambres par 
avance; les mots « postulat mansionemn, employés en 1429, 
sont susceptibles de ce sens (178). 

Le mot domus, au singulier, est appliqué pour la première 
fois au sanctuaire de Marie à Lorette, en i/i38(iSo) : y voir 
désignée la maison de Nazareth est insoutenable, car de bien 
des années encore; il ne sera pas question de la translation. 

Cependant, on l'a cru jusqu'ici mentionnée dès i/jSo. 
On avait oublié de vérifier si le texte attribué à l'évêque de 
Ghalon, Jean Germain, se trouvait dans l'original français 
de sa Mappemonde spirituelle : j'ai prouvé que c'est une addi- 
tion de ses traducteurs ; dans ces conditions, le mot ne re- 
monte pas avant l'époque où la fausse légende était en 
circulation et encore l'identité avec la maison de Nazareth est 
donnée sous la réserve « secundum aliquos » (iSS-g). 

Les dons faits à Lorette, soit €n numéraire, soit en nature -, 
durant le cours de sept siècles, sont innombrables et les 
historiens les plus complets ont renoncé à les indiquer tous; 
dans ce volume, figureront seulement ceux qui, à date pré- 
cise, se recommandent par leur objet ou la qualité des dona- 
teurs. 

' Pauperum Jesu Chrisli confluenlium ad hospitale... et cliam ad do- 
mus dicttu ecclesiic S. Marite (ibid.). 

2 A noter, au point de vue archéologique, 5 ducats donnés en 1 383 pour 
une image de la Vierge avec son Fils dans ses bras, à placer dans l'église 
ou dehors (169); 3 légués, la même année, par une flamande pour vèlir 
d'une chape de soie fpro uno induinenlo et veslito de sericoj la statue 
fiinagoj de Jésus dans les bras de sa mère (ibid.). Il est fait mention de 
peintures de la Vierge à apposer dans l'église et en divers passages me- 
nant au sanctuaire en i/m (17/I, bis), 1417 (175), i4i8 (ibid.). Le duc 
de Milan, Philippe-Marie Visconti, commanda à AUeguccio Ciccarelli, en 
i^ag, un tableau d'autel représentant les rois Mages à la crèche (177-8). 
On a attribué au b^ Angelico de Ficsole un tableau de la maison de Naza- 
reth enlevée par les anges : il est de l'école du Pérugin (igS-i). 



23o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Pour ne pas entrer en conflit avec l'éveque diocésain, la 
commune de Recanati refusa deux fois, en 1/129, ^^ ^^ P^*^"" 
ter garant de la conservation de dons princiers (178). Les 
oblations faites au sanctuaire et le produit de ses terres 
étaient considérés parles prélats comme un bien patrimonial 
(jus et proprietas, 181) ; et quand des scrupules les prenaient 
sur la légitimité de cette possession, au lieu de faire profi- 
ter le pèlerinage des richesses qui en provenaient, ils les 
donnaient à leur cathédrale, comme Vitelleschi, en i/iSg 
(179-80), et Tomassini, en if\l[0 (181). Cet abus prit fin sous 
répiscopat d'Asti, qui fut le bienfaiteur insigne de Lorette. 
Sa volonté personnelle ne suffisant pas pour réagir contre la 
coutume invétérée, d'après laquelle les évoques de Recanati 
avaient le droit (posswii) de disposer à leur gré, pour eux et 
les leurs, des joyaux d'or et d'argent, pierres précieuses, ca- 
lices, chasubles, etc. donnés au sanctuaire par les pèlerins, 
• — ce qui tendait à diminuer leur dévotion et leur généro- 
sité, — il demanda au pape Nicolas V de défendre par une 
constitution perpétuelle l'aliénation de ces richesses, sous 
peine d'interdit et, au bout d'un mois, de suspense ; il l'ob- 
tint en i/|5o. La garde des joyaux fut commise à la commune 
de Recanati (189-90). 

On possède, pour cette période, deux inventaires des joyaux 
de tout genre donnés au sanctuaire, en i/|/io (181) et en, 1/169 
{'lok) '■ ils fournissent une haute idée de la générosité des 
fidèles. 

Dès ik^k, la cour de Rome avait fait une première tenta- 
tive pour se réserver la direction du pèlerinage déjà célèbre 
et le donner en commende à un cardinal; elle fut, pour le 
moment, infructueuse (177). Paul II introduisit un de ses 
camériers comme commissaire pontifical auprès du sanc- 
tuaire, en 1/Î71 (208-9). Sixte IV alla plus loin : il mit à pro- 
fit la mort du prélat Pelli, pour soustraire radicalement 
Lorette à la juridiction de l'éveque et à la surveillance de la 
commune de Recanati, en 1/176 ; mais, sur les représenta- 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA aSi 

lions de celle-ci, il dut remettre toutes choses en l'état, l'an- 
née suivante (218-9). 

Les dons et legs pour la réparation ou la rénovation (fa- 
br'ica, opus) du sanctuaire, commencent dès i355 (167) et 
continuent en i383 (169), 1891 (172), i/ioo (ibid.). Douze 
ducats furent légués en i383 pour remplacer la vieille 
cloche (i6g). La construction d'une nouvelle église fut en- 
treprise, en 1/168, par l'éveque Asti (200). Il prit pour ar- 
chitecte Marin Marci, de Zara (Dalmatie) '. Le plan était 
de grandes dimensions et on devait dépenser bien des mil- 
liers de ducats d'or (20/I) ; aussi les dons affluèrent : un on- 
cle et sa nièce en offrirent près de 2.000 (ibid.). Deux jours 
avant de mourir, l'éveque en remit à la commune 2.012, cjui 
lui avaient été confiés à cette intention par des cardinaux, 
des prélats et autres personnes dévotes (2o5). J'insiste, une 
fois de plus (206), sur ce fait que l'auteur même de la très 
glorieuse (gloriosissima, 2o5) église n'a jamais, dans les docu- 
ments émanés directement de lui, attesté que la chapelle 
qu'on entourait de tant de -splendeur vînt de l'Orient et 
constituât une relique insigne. Ce fait est d'autant plus si- 
gnificatif, que nous touchons au moment ori l'on va accu- 
muler les miracles autour de la s" chapelle. Paul II, en 1/170, 
la déclare fondée miraculeusement ; elle a l'honneur de ren- 
fermer une image de la Vierge entourée d'une foule d'anges, 
que la clémence de Dieu y a placée (206). Il répète les mêmes 
termes l'année suivante et exprime sa satisfaction d'avoir 
appris, de l'administrateur du diocèse, que l'édifice serait 
bientôt achevé et deviendrait un objet d'admiration pour la 
chrétienté {207-10). Cependant, on trouve encore un don 
d'argent et de briques u pro fabrica », en 1/172 (2i4). On 
ignore si et quand la basilique fut consacrée. 

C'est à cette année que Vogel a fixé la rédaction de la notice 

1 On passa un nouveau contrat avec lui, en 1/I71 (210) ; son nom de- 
vint célèbre, car sa qualité d'architecte de Lorette est rappelée dans une 
inscription, de 1476, à Fano (218). 



932 NOTRE-DAME DE LORETTE 

consacrée par le gouverneur Pierre Tolomei, prévôt de Te- 
ramo, à la translation miraculeuse de l'église de Lorette. Elle 
aurait quitté Nazareth quand les chrétiens du pays abandon- 
nèrent la foi du Christ pour celle de Mahomet. Une révélation 
de Marie l'apprit à un ermite, en 1296. ïeramano le tenait 
de gens de Recanati, dont l'un âgé de 120 ans, qui invoquait 
le témoignage de l'aïeul de son aïeul. 11 est indiscutable que 
« cette pièce n'a pas le ton d'un document d'histoire véri- 
dique » et que son récit de la quadruple translation n'a 
aucun fondement dans le passé (210-/1). 

Un moine de Vallombreuse, Jérôme de Raggiolo, com- 
posa, sur l'origine de la maison de Lorette, une notice plus 
courte, vers 1/178. Il parle de trois translations seulement 
et invoque comme garants de son identité avec la s. Casa 
de îN'azareth tous les pèlerins de Jérusalem! (220). 

Antoine Bonfini, professeur à Lorette, puis historien de la 
Hongrie, parle de la première et de la dernière translations, 
sans invoquer aucune autorité (222-3). 

De ce résumé très précis des documents allégués à la fin 
de cette période en faveur de la translation de la maison de 
Nazareth en Occident, il ressort nettement que ces documents 
sont, les uns controuvés, les autres dénués de toute valeur 
historique. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA aSS 



II 



En 1/179, ^^^ Marches furent menacées d'une invasion des 
Turcs. Les Récanatins prirent à leur solde 200 hommes d'ar- 
mes pour défendre le sanctuaire de Lorette, et, en conformité 
avec les prescriptions delà bulle de Nicolas V (18 avril i/|5o), 
mirent ses richesses en sûreté dans la grande tour du palais 
communal. 

Le 28 mai, on dressa 1' « Inventarium cujusdam partis 
jocalium seu argentarie Béate Marie Virginis de Loreto, tem- 
poresuspitionis ïurcarum, de loco lempli ipsius Virginis in 
civitate Rachaneti conducte et reposile in turri magna pala- 
tii communis, in stantia ubi servanturpecunie et res Montis 
Pietatis ». On trouva 12/1 calices, grands ou petits ; 116 pa- 
tènes, la grande image de la Vierge mentionnée en 1^69, « una 
imago de argento Laurentii Co'smae..., arx Fani cum armis 
pp. Pauli » ; les cités de Gingoli, etc. ont disparu. On en fit 
le récolement le 19 février i485 et le 18 août iliSS : rien ne 
manquait. Le vicaire épiscopal aA^ait une clef et les prieurs 
l'autre K 

Le 3r juillet 1/179, Antoine Gambert, de Recanati, 

In manibus vicarii generalis obtulit se et sua ecclesia) S. Mariœ de 
Laureto, profitens stabilitafcem et obedientiam secundum ordinem 
ipsius ecclesiœ ^. 

On a longtemps fixé au 22 septembre 1/179 ^'^ rédaction 
d'une notice sur la translation de Lorette, qui serait due au 
bienheureux Baptiste Spagnuoli, dit le Mantouan. L'examen 
des meilleures éditions donne à croire que la vraie date est 

Le cardinal Jérôme Basso délia Rovere, neveu de Sixte IV, 

1 VoGEL, t. Il, p. 380-3 ; Leopakdi, Lettera, p. 32. Cf. Mély et Bishop, 
Bibliogr. d. Invent., n° 3730. — 3 Vogel, t. I, p. 3i2. 



234 NOTRE-DAME DE LORETTE 

donna, en i/i8o, un rational orné de perles ^ Il sera ques- 
tion de lui à nouveau en i488. 

L'année suivante, ce fut le cardinalJean d'Aragon, fils de 
Ferdinand I"', roi de Naples, qui fit don d'une croix de 
cristal '^. 

. Jean « de Grandis » fonde à Lorette le bénéfice de Notre- 
Dame des Esclavons, en i/i8i ''. 

Dans une bulle du /j mai 1/182, par laquelle il confère la 
chapellenie de la Conception, Sixte IV donne à Loi-ette le 
titre d'église paroissiale ''. 

Le récit de Teramano eut les honneurs d'une traduction en 
vers italiens d'ottava rima, le 20 mai i/{83. Il nous suffira 
d'en reproduire le titre, la première et les deux dernières 
strophes : 

COME Dl NaZARET si PARTI LA SA^iCTA CaMERA DI SaNGTA MaRIA 
DEL LORETO ReGINA DEL GjELO, ETC. 

Com'io vi dico questa chiesa sancta 
Caméra fu délia vergin beata 
Si come la scripttira aperlo canta 
Dov' ella nacque et fu anunciata 
En quella con Giesù suc dolce pianta 
Fin ch'ebbe dodici anni accompagnata 
Con lui in quella si pose et stette 
Nella cipta che detla Nazarette. 



Et per dar fede di tutto el tinore 
Si notificlia a tutte le persone 
Come per man d'un nobile scriptore 
Copia ta fu con molta affettione 
Questa scriptura sanza alcun errore 
Per dar notizia di tal devotione 
In detla chiesa addt venti del mese 
Di maggio come qui si fa palese 

1 MuRRi, p. 182. Cf. Répert.,c. 466. 
- MuRui, p. 175. Cf. Répert., c. 233i. 

s VOGEL, t. I, p. 3t3. — * VOGEL, t. I, p. 333, U. 3. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 235 

Nel mille quatrocento octantatre 
Per don Bartholomeo di Valembrosa 
Et lui di questo ve ne puo dar fe 
Per che fu lo 'nventore di questa cosa 
Prioredi Sancta Verdiana eglie 
Qui di Firenze lacipta famosa 
Et da gran devolione commosso et sti-etio 
Fc nella mente sua questo conceplo i. 

L'auteur serait donc Barthélémy de Vallombreuse, prieur 
de S. Verdiana à Florence. Le P. de Feis a fait et fait faire de 
vaines recherches pour trouver des vestiges de ce religieux. 
Eût-il existé, il n'aurait pu être prieur de S. Verdiana, qui 
était un monastère de femmes, ayant comme supérieur un 
syndic et gouverneur général. 

En il[Sli, le prince et la princesse de Liechtenstein, de 
Vienne, offrirent une croix avec deux chandeliers "^. 

On peut placer aux environs de l'an i/i85 le pèlerinage 

de Robert Malatesta, seigneur de Rimini. Avant de partir, il 

écrivit bu Conseil de la commune d'Ancône et nous avons 

la délibération dont sa lettre tut l'objet : 

In dicto colloquio (habito ab egregio legum doctore Santé de 
Aretio) fuit lecta quedam litera magnifiai domini Roberti de ÎMala- 
testis, per quam scripsit dominis praidiclis qualiter ex voie volebat 
acccdere ad festum S. Mariœ de Laureto, et si placeret huic com- 
muni faceret viam per hanc civilatem, prout in ipsa litera latius 
continetur. Super qua litera fuit decretum, quod veniente dictô 
domino Roberto, pro honore hujus Gommunisetaugmento amiciliie 
i'ecipiatur et honorctur expensis hujus Gommunis, prout dictis do- 
minis antianis et regulatoribus videbitur. Et dicti domini respon- 
deant sibi ad diclam literam in forma placida, quod bene veniat, 
prout faceret in domo sua propria ; et sic placuit 64 Consiliariis dicti 
colloquii dantibus eorum fabas albas del sic. Et fuit oblemptum et 
reformatum, non obstantibus 7 Consiliariis dicti Consilii, qui eorum 
fabas nigras del non in contrarium posuerunt '^. 

1 Ant. GoRNA.ZA.NO, Vita délia gloriosa vergine Maria, Venezia, lôig 
set. 30 ; Trombelli, t. VI, p. 319-34; Milochau, p. 3it3. Gif. Leopardi, 
pp. 191, 233, 2/ii ; Feis, pp. 83 et 87-92. — 2 Murri, p. 198. 

3 Trombelli, t. Vl, p. 238 (ex libris reformat. Anconse, p. 5i). 



2 36 NOTRE-DAME DE LORETTE 

La même année, figure « d. Dominicus de Sebastolis, de 

Anguillaria », prévôt de Recanati, avec le titre de a gu- 

bernator et vicarius almsB Yirginis de Laureto ». Vogel 

ajoute : 

Hic ultimus fuit gubernatorum ecclesioB Lauretanœ quos episcopi 
Recanalenses, ut ipsofum vice ei prœessent, conslitueiunt ; primus 
veto eofum quos ponlifices Romani eidem ecclesiœ a jurisdictione 
episcoporum exemptœ prœfecerunt *. 

François Suriano est le premier voyageur de Terre Sainte 
qui ait parié en même temps de Lorette. On a lu plus haut 
(p. 69), sa protestation, en i/i85, contre ia créance qui ten- 
dait à s'établir. Dans un dialogue avec sa sœur Sixte, 
il s'exprime ainsi : 

SoRE. lo me maraviglio che tu dice quella capella essore dove 
chela vergine fu annuntiata, cuni sit che tucli credono quella essere 
miracolosamente partita de quelli paesi et passato il mare e venne 
in Anchona : la quale si dinomina sino al présente S. Maria de 
Lorelho, preclarissinia et excellente in fare miracoli. 

Frate. Altre volte ho inteso questa medesima ragione : la quale 
non è consonanle a sano inteliecto, per benchè Dio po fare magior 
cosa ; et questo se dimoslra essere falso, perochè quella taie habila- 
tione dove 'dimorava Joseph et la vergene Maria era excisa in la pie- 
tra che si chiarna tupho per la povertà loro 2. 

En 1487, les confrères de S. Severino donnèrent une cou- 
ronne à la Vierge de Lorette. 

La même année, Boccolino Guzzoni, tyran d'Osimo, se 
voyant assiégé par l'armée pontificale, envoya son neveu au 
sultan des Turcs, Bajazet 11, lui offrant de mettre entre ses 
mains la ville et la province, moyennant certaines condi- 
tions, dont toici la i3° : 

Si addimanda per grazia singolare, che la Chiesa detta di S. Maria 
di Loreto, e quanto v'è in essa non sia depredata da alcuna gene- 
razione per alcun tempo ; pregando la Maestà Vostra di concederla 

' Vogel, t. 1, p. 333, n. 3. 

3 Biblioth. de Pcrouse, ms. 58, f° gS-d ; Feis, p. i36. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 287 

sotto la giurisdizione del Vescovo d'Osimo ; e chi godrà le rendite 
di quella, sia lenuto di dare il terzo di esse a Yostra Maestà 1. 

Un poète italien, dont on n'a pas déterminé l'époque, 
BÉLisAiRE DE CiNGOLi, composa, au dire de Crescimbeni 2, 
« una centuria di versi estratti dai Petrarca in Iode délia 
b. Yergine Lauretana e leggonsi ne' Sonetti e Ganzoni del 
medesimo Petrarca, in fine, stampati in Venezia..., i536, 
in- 12 » ^. 

Un autre italien, Louis Lazzarelli, poète couronné vers 
i488, introduit dans ses Fasli sacrl'' Marie elle-même, qui 
raconte les translations successives de sa demeure (lib. x) : 

Ipsa domum, angelica qua cepi voce salutem, 

Non sum passa hostes iriter adessc meos. 
Traduxi, Illyrici posuique in littoris ora. 

Non tamen illa diu prœbuit ora locum. 
Barbaricœ indignans immitia crimina gentis, 

Adriacum supra devehor inde fretum : 
Traducensque domum Picenis applicor cris : 

Déposai fratrum templaque colle trium. 
Gœperunt fratres alterna litcfurorem 

Miscere, ob nostrœ munera magna domus. 
Hinc Lauretanum nemus occupo. Praida fugavit 

Latronumque pio sanguine tincta manus. 
Ergo Recineti quœ ad mœnia littore ducit 

In média posui templa colenda via. 
Fundamenta domus supra apparentia terram 

Respice : non illo structa fuere loco. 

• Luigi Mautouelu, Memorie hisloriche délia città d'Osimo, 1700, p. 872 ; 
et autres autorités citées par Mautouelli, t. II, p. 4o2. Sur Guzzoni, 
voir Gios. Geggoni, Vita e fatti di Boccolino Guzzoni da Osimo, capitano di 
ventura del secolo xv, narrati con document! inediti ed editi ravissimi ; 
Osimo, 1889, gr. 8° de xv-2o4 p. 

- Istoria délia volgar poesia, 1714. p- 3ii ; cf. Répert., c. 499. 
a Martouelli, t. Il, p. 4o6. 

* TiRABosGHi avait vu un bel exemplaire de ce poème inédit dans là 
bibliothèque des Jésuites de Brera, à Milan ; d'après Garuatt, le manuscrit 
original était, en 1817, entre les mains de Pierre Pintucci, mansionnaire 
de la cathédrale de Recanati. 



238 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Auxit relligio brève templum : en œdibus amplis 

Circuniclant parvam mœnia lala domum. 
Nomen adhuc retinent Lauretœ tenipla vêtus tum. 

Yotiva in templis millia dona vides. 
Doua vides passim nostri argumenta lavoris, 

Dum mea clamantes nominasaîpe levo. 
Si nova, quod mirum est, nunc illicoppida condo, 

Qua3 facit accelerans ad mea templa cohors, 
Jam poluit Phœbi figmentum condere Delphos, 

Subdola dum célébrât templa caterva frequens i. 

Jérôme Basso délia Rovere, de Savone, évêque d'Âlbenga, 
avait succédé, le 5 octobre 1476, à André Pelli sur le siège 
de Macerata et Recanati : il prit possession le 2 décembre sui- 
vant ; le 10 décembre 1477, ^^ ^^^ ^^i* cardinal et conserva 
l'administration de ce diocèse jusqu'à sa mort (i5o7) '^. En 
novembre i4B8, il appela à Lorette les Carmes réformés de la 
congrégation de Mantoue pour la direction des fidèles et des 
pèlerins. On pensa, sans doute, que ce ministère revenait 
de droit à cet ordre mariai. Ne venait-il pas de l'Orient? Son 
premier auteur n'était-il pas le prophète Elie ? Ses religieux 
n'avaient-ils pas été chargés des principaux sanctuaires de 
la Palestine, entre autres de celui de Nazareth en Galilée ? 'K 
Ces commentaires, comme bien on pense, ont pris naissance 
à Lorette. Un des historiens officiels de l'ordre, Charles Vaghi, 
de Parme, se borne à dire : 

1489. Inhis comitiis institutus fuit prier S. Mariae Lauretanae in 
Piceno, ubi inclytum Deiparae Virginis domicilium usque ad haec 
tempera visitur, rev. pater Angélus de Pontevico, vir exemplarissi- 
mus, doctrina morumque integritate et disciplinae zelo probatus. 
Quae sacra domus Carmefilis nostris antiquis congrègationis Man- 
tuanae Observantiae curae data fuit a rev"'° domino cardinali Reca- 
natensi ad instantiam doctissimi viri Baptistae Mantuani annls 

1 VoGEL, 1. 1, p. 3o5 ; GAURA.TT, p. i47-8; Milogiiau, Autlient., p. i3i-2. 
Cf. Répert., c. 2788. — - Voy. Répertoire, c. 466. 

3 Ce qui est faux, comme il est aisé de l'inférer des textes du carme 
Nicolas Le Huen (p. 70-1), qui ignore la résidence de son ordre à Nazareth 
non moins que la translation de la s. Casa. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CA.SA 289 

proxîme elapsis, consentiente itidem Innocentio VIII ponlifice 



maximo '. 



Les Carmes vinrent à Lorette au nombre de trente, tous 
hommes de choix. Ils furent enchantés de retrouver la Terre 
Sainte en Italie et contribuèrent, plus que personne, à donner 
au pèlerinage une note éclatante à faire envie à tous les autres. 

La commune de Recanati eut l'occasion de les louer « ob 
gloriosam optimam vitam » et de les défendre contre leurs 
détracteurs. Néanmoins, leur séjour à Lorette ne se prolon • 
gea pas au-delà de dix ans. En i4g8, le vicaire général de 
l'ordre, Pierre Traversini, les retira, prétextant l'inclémence 
de la température, les dépenses excessives que ce ministère 
leur occasionnait et d'autres causes^. Le P. de Feis suppose 
que la vraie raison résidait dans la jalousie du clergé sécu- 
lier. .\ ses yeux, ce sont les Carmes qui furent les princi- 
paux promoteurs de la légende : on ne peut, cependant, 
disconvenir qu'elle était déjà en circulation avant leur 
arrivée. 

Le 16 juillet 1/189, arriva à Lorette un noble grenoblois, 
nommé Pierre Orgentorix (ou Argentorix) ^, en compagnie de 
son épouse, Antonia, possédée de sept démons. Après avoir 
vainement essayé dans son pays de tous les moyens pour 
délivrer sa femme de ses hôtes importuns, il se décida à la 
mener en Italie : on l'exorcisa en vain à Saint- Jules de Milan, 
à Saint-Géminien de Modène, à Saint-Pierre de Rome. Déses- 
péré, il allait revenir en France quand un chevalier de Rho- 
des lui conseilla de se rendre à Lorette. Dix hommes • intro- 
duisirent Antonia^ malgré sa résistance, dans le sanctuaire. 

1 Commentaria fralrum et sororam ordinis B. Mariae Virg. de Monte 
Carmelo congregalionis Mantuanae ; Parmae, 1725, in-4°, p. 107. 

2 MAnTORELLi, t. I, pp. 61, 64-5 (Riera), 188 (Torsellini) ; t. II, p. 402 ; 
VoGEL, 1. 1, pp. 24i, 334; Feis, p. 143-9. 

3 Aucun nom approchant ne figure, dans les fastes de la noblesse Dau- 
phinoise, au dire de ceux qui en ont fait une étude spéciale. Cette déno 
mination si peu française semble un défi à la crédulité publique. 



2/,o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Dès que le pénitencier Etienne di Giovanni Francigena ^ eut 
commencé à lire les exorcismes, les démons se mirent à vo- 
ciférer et à décliner leurs noms. Le premier s'appelait Sourd : 
il s'enfuit en éteignant le cierge. Le second, Heroth, se vanta 
d'avoir perpétré la mort du duc de Bourgogne (i/iig) et sortit 
en criant : « Ce n'est pas toi, c'est Marie qui nous chasse ». 
Le lendemain, le troisième, Horrible, se flatta d'avoir incité 
ïïérodiade à demander la tête de saint Jean-Baptiste. Le qua- 
trième, Arctus, avait poussé Hérode au massacre des Inno- 
cents ; interrogé sur la nature du lieu oii l'on se trouvait, il 
affirma que c'était la chambre de Marie ; il indiqua même à 
gauche le lieu où se tenait la Vierge au moment de l'An- 
nonciation et à droite celui de l'Ange. Angelita, éditeur res- 
ponsable de cet étrange récit, nous révèle également les 
nonis des trois autres démons : Ventilot, Bricher et Serpent. 
Riera ajoute, d'après B. le Mantouan (voir ci-après), que le 
vicaire général des Carmes demanda au 4" si les religieux 
de son ordre avaient été chargés de la garde de la maison de 
Nazareth : il l'affirma, ajoutant que cet honneur leur était 
dû à Lorette ^. Cette histoire rappelle Le Diable au XIX" siè- 
cle du docteur Bataille et n'a sûrement pas plus d'authen- 
ticité. 

Le bienheureux Baptiste Spagnuoli (Hispaniolas), sur- 
nommé le Mantouan, parce qu'il était né à Mantoue ^, vint 

1 Angeuta lui donne à tort la qualité de gouverneur : voir Vogel, 
t. I, p. 334, n. I. 

- Martorelli, t. I, pp. 62-3, 189-90, 527-8; t. Il, p. i47-5o; Gahratt, 
p. 107-11 ; Feis, p. 147-S. Caillau s^est bien gardé de souffler mot de 
ce prodige dans son long chapitre sur les « Miracles opérés par la vertu 
de Notre-Dame de Lorette » (p. 2o4-49)- 

■< Je dois à l'obligeance du P. Zinimermann le '( curriculum » exact 
de cet auteur, sur lequel on peut consulter mon RéperL, c. 421-2 : « Bea- 
tus Baplista Mantuanus. Cum autores discordent circa annum nativitatis 
ejus etc. videtur mihi operae pretium sequentia hic firmiter staluere. 
A. D. 1447, 17 aprilis, nascitur Mantuae. i464, kalendis aprilis, aliquo 
post ingressumin religionem temporeelapso, certum reddit patrem suum 
circa motivum determinalionis suae. Unde liquet eum mense marlio vel 



ÉTUDE lîlSTOR. SUR LA. S. CASA. a/n 

à Lorette avec ses confrères carmes. Dès les premiers mois 
de son séjour, il crut devoir recommander le pèlerinage et 
authentiquer la légende qui circulait depuis plusieurs années ; 
il dédia son récit au cardinal de la Rovère, le y 2 septem- 
bre i/i8g. II y a lieu de le reproduire intégralement et d'en 
fournir un texte correct ' : 

ReDEMPTORIS MUNDI MaTRIS EGGLESIiE LA.UUETA>'iE IIISTORIA ". 

Fraler Baptista Mantvianus, congregationis Mantuanœ Observan- 
tium Carmelitarum vicarius, rcverendissimo inChristo patvi domi- 
noque suc d. Hicronymo Rueri '', Sancli Glu-ysogoni cardinali et 
episcopo Racanatensi ' ^, cum sui commcndalione salutcm oi)lat'' 
in Ghristo sempiternam '^. 

cliam februario religionem Ferrariae ingrcdisse. Epistolam latine in ephe- 
meridc II Monte Carmelo Mediolani publici jui-is feci. i483, eligitur prima 
vice in Vicarium generalenni Congregationis Mantuanae, ad biennium ; 
1/189, sccunda vice; lAgo. terlia vice; i5oi, quarta vice; 1007, quinta 
vice ; i5i3, sexla vice. Eodeni anno, in festo Pentecosles, cligituv in Gcne- 
raleni totius Ordinis, ad instanliam Marcliionis Manluani, px'aesidente 
capitule Cardinali Manluano. Gapitulares fralrcm Beinardinum de Senis 
eligere voluerunt. Baplista Manluanus senio gravalus parum fecit lem- 
pore gcneralalus sui. Obiit 23 martii i5i6. i5i5, Magister Jobannos An- 
gélus Coradelius de Brixia eligitur in Vicarium generalem Congregatio- 
nis Mantuanae. i5i6, Magister Bernardinus post obitum Mantuani eligitur 
in Generalem totius Ordinis » . 

1 Londres, Musée Britannique, ms. Harley 1819, f°' 136140"; ce volume 
in-ii° sur papier renferme les Collectanea de Jean Baie, évèque apostat 
d'Ossory, qui avait été carme à Dunwich (Catalogue ofthe Harleiaii ma- 
nuseripts in ihe British Muséum, 1808, t. II, p. 260-8); j'en dois la copie 
à l'obligeance du R. P. B. Zimmermann, prieur des Carmes de Wincan- 
ton. Baptistic Mantuani Opéra omm'a, Antuerp. 1576, t. IV, p. 216; Romœ, 
1689 ; MAUTOUELU,t.I, p. 5io-3,cr. pp. 62, 188-9 ! Trombelli, t. VI, p. 247- 
8, cf. p. 3o8 ; MiLOCiiAU, p. 817-8; Garuatt, p. 276-8. 

2 Jérôme Basso de la Rovere (voir p. 288), quitta le titre cardinalice de 
Ste-Balbine, le 17 septembre 1479, pour celui de St-Chi"ysogone et devint 
évêque de Palestrina le 3i août 1492, tout en conservant l'administration 
de Recanati. C'est dans l'intervalle de ces deux dates que se place la ré- 
daction de Vllistoria. 

3 En marge du texte de Martorelli : « Estratta dalla copia impiessa che 
si conserva nella Biblioteca Vaticana al numéro 35i 2 . pag. 1 18, e al n. 1 146 » . 

Variantes : — a ji/g. jgjg .• Frater Baptista Mantuanus Laurctani sacelli, 
in quo salutis humanœ annuntiatum fuit exordium, mirabilem notât 
historiam. — '' Ruvereo. — '=Recan. . — ■' optimam. 

N -D. DE LORETTE l6 



2^2 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Cum nuper venissem ad sacralissimœ Virginis Mariai" Lauretanaî 
sanctum Dornicilium, vidisscmque quot •' et quanta Deus ostendat in 
eo loco miracula, et suae virtutis atque clementiae signa manifes- 
tissima, me subitus horror invasit, et visus sum "= audire voceni 
Domini loquentis ad Moisen, Exod. cap. ui : « Non appropinques 
hue, solve calceamentum de pedibus tuis; locus enim, in quo stas, 
terra sancla est ». Sed mox quasi expergefactus et reminiscens 
Ghristum in hac mortali vita peccatorum non abhorruisse con- 
sortia, u quoniam ipse cognovit figmentum nostrum » et scit quod 
(( pulvis sumus «^ cœpi singula oculis perlustrare, molem ingentem 
suspicere et vola parietibus aflîxa perlegere. Et ecce mihi sese 
offert tabella situ et vetustate corrosa, in qua unde et quonam 
pacto locus ille tantam sibi vindicasset auctorilatem, conscripla 
erat Historia. ïum ego zelo '' pietatis accensus, ne propter hominum 
incuriam, qua; praiclara omnia solet obscurare, tam admirabilis rei 
memoria aboleretur % volui de tabella illa carie et pulverc jam penè 
consumpta rei gestas seriem coUigere. Ncc dubito, quin ipsa Dei 
Genitrix, cui meus peculiaritcr dedicatus est ordo, alTectum magis 
quani effectum inspiciens, studeat apud Filium mihi vcniam impe- 
trare, cum ego ° annitar '' apud homines ejus laudem et gloriam 
promulgare. Historia igitur in Tabella continebatur hujusmodi. 

Templum beatissima; Dei Genitricis Lauretanœ ', quondam Virgi- 
nis ipsius Gubiculum fuit, in quo nata, nutrita, ab Angelo Gabriele 
salulata et Spiritu Sancto fuit ° obumbrata. In eo Christus concep- 
tus est ^ et usque ad fugam in yEgyptum semper educatus. Erat 
autem hoc venerabile sancturaque Gubiculum, cum hœc in eo gesta 
sunt, in " Nazareth Galileœ civitate, vicina Garmelo Heliœ prophe- 
tœ. Post Ascensionem Ghrisli beatissima Virgo prœsentia fdii des- 
tituta, quoad potuit cum Apostolis, et Ghristi Discipulis vitam 
duxit, et cum Joanne prfesertim, cui ob sanguinis conjunctionem 
et simihtudinem virginitatis speciaUter fuerat a Ghristo commen- 
data. Quo tempore Apostoli Gubiculum ejus, quod in eo fuissent tôt 
consummata mysteria, solemni more consecrantes, in Domurn ver- 
terunt orationis, cteam, qua; adhuc superstes est, crucem ligneam 
in Passionis Dominic* memoriam suis rnanibus fabrefactam in- 
tulerunt. Imago autem illa, cui tantus honor adhuc exhibetur, 
facta est instar beatissima; Virginis artiiîcio Lucœ evangelista;, qui 
fuitipsi Virgini lamiharissinms, et ab ca magnam eorum partem, 

1 Psalm. en, v. i/|. 

Variantes : — " qua;. — '' T. fervore. — ° deleretur. — •• sicut e. anni- 
tor. — ' omis. — '' Lor-te. — e [incarjnatus. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. G\SA. 243 

quae scripsit in Evangelio, diligenler intellectam " fîdeliter expli- 
cavit. Fuit Sacellum hoc in summa semper apud ° Christianos habi- 
tum reverentia usque ad eam tempestatem qua, Mgescenlc jam 
charitate multorum et gentis nostrœ '' sanctimonia déclinante, 
Terrœ Sanctos loca ° in Agarcnorum potestatem devenere. Sub 
Hcraclio enim Ronianorum imperatore, Cosdras Persarum rex im- 
manissimus lerram omnem Pi'omissionis invasit, et Hierosolyma vas- 
tata Lignum Sancta; Crucis in prœdam lulit, et odio Christiani nomi- 
nis longe, lateque debacchatus ecclesiamOrientalem valdedebilitavit. 
Tune eliam Mahometi ° invalescente perfidia % cœpit Dei cullus 
et fides orthodoxa ab Oriente in Occidentem transmigrare. Tum'' 
quoque fuit ipsum Gubiculum Angelorum ministeno relictis fun- 
damentis elevatum, et ad Illyricos prope castellum, oui nomen est 
Flumen, divino judicio transportatum. Ubi cum forte ' ob gentis 
illius incuriam vel inscitiam religiosc minus haberetur, cum ali- 
quandiii permansissct, iterum trans Adriaticum sinumin agrum Re- 
canatensium, qui olim, utopinor, Recinenses appellabantur^jdivina 
virtute translatuni est et in sylva nobilis '' mulieris, cui nomen erat 
Lauretœ ' (unde et sacello cognomen inditum J), est coUocatum. 
Veruni cum in ea sylva crebro " fièrent latrocinia, et plerique eorum 
qui ad locum illum ° religionis gratia confluebant, sicariorum insi- 
diis trucidarentu^r, ne quod venerat ad salutem fieret perditionis oc- 
casio, Gubiculum idem miro modo de sylva migravit in vicinum 
collem duorum fratrum ; qui lucrum de religione seclantes, cum 
cœpissent de quœstu sacelli hujus ^ inter se contendere, causa fuere, 
ut Gubiculum de colle prajdicto in viam publicam, ubi adhuc sedet, 
Angelorum obsequio transferretur '. Grcscente in dies hujusmodi 
transmigrationis (qua) nulla ope humana fieri potuit) et miraculo- 
rum fama celebriore, vcrsi erant in stuporem vicini populi, et Raca- 
nalenses prœcipuè, quos Recinenses vel ° Recinates olim appelia- 
tos antediximus. Nam in hovum agro si tum est Templum, vix tribus 
passuum millibus distans a mari. Facto igitur Racanatenses ° magno 
hominum conventu, ut Sacellum sine fundamentis repererunt, lus, 
quaî '" Yulgo de cjus tiansmissione " ferebantur, fidem adhibuere, 
et ne imquam collabi posset, muro firmissimo jactis altè funda- 
mentis circumdedcre, qui tamcn nunquam, cum id maxime cona- 

Variantcs : — ' intellecta. — ' generis nostri. — " auteni M-te. — ''Tune 

— " omis. — ' forsan. — s appellabatur. — '■ nobilissima;. — ' Ijaurete. 

— J inustum, corr. injunctum. — '' ejus. — ' trajiceretur. — " qui. — 
" transmigratione. 



244 NOTRE-DAME DE LORETTE 

renlur aedifîcantes, anliquo poluit ceclificio coliaorere, ne scilicet ° 
divinai virtutis opus admirabile mortali obscuiaretur " industria. 

Anno au tem " Chris tianœ Salutis MGGLXXXXVl '', cuidam vitœ 
innocentissima; et puritalis iminaculàtœ viro, qui ad Sacellum hoc 
studio pietatis assidue, diù noctuque veniebat, beatissima " Virgo 
in somnis apparens, prœdicta omnia revelavit, et ut omnibus palam 
faceret impeiavit ; quem ubi nova hœc et vix auditu credibilia prœ- 
dicantem audivissent'', finitimœ urbes, primo deridere "^j mox ut 
eadem sœpius atïîrmantem, et in sententia flrmum, nec uUa irri- 
sione commoveri «de proposito vident '', ad altiorem inquisitionem 
veri ' constantia vehenienter animali, sexdecim cordatos viros diri- 
gunt ^ ; qui communibus circumadjacentium regionum impensis 
mari longa navigatione transmisso, postDominici Sepulcliri visita- 
tionem pervenerunt in Nazareth, ubi summa cum dihgentia, et 
propter Barbarorum saevitiam non sine vitœ periculo, fundamenlis 
Gubicuh tandem inventis, ex. parietum crassitudine, intercapedine, 
flgura et structurai similitudine manifeste depreheiiderunt vera 
esse, quœ de loco hoc°sacratissimo per virum sanctum divulgabantur 
in patria. Reversi igitur omnibus, quœ solerterinvenerant fideliter " 
expUcalis, Deo verba eorum credibilia laciente, populos in ea oi)i- 
nione et lide facile confirmarunt. Ilinc faclum est, ut non finitimas 
tantum, verum etiam longé positas, Iransmarinasetiam ac transal- 
pinas nationes ad visendum locum lama perduxerit. 

Nemo est enim tam obslinatœ nequitiœ, tam feris moribvis, tam 
indomilis cervicibus, qui si ^ putet hoc fuisse Virginis immaculatœ 
Gubiculum , ad ipsum videndura venerandumque summo non accen- 
datur 'ardore. Ipsa quoque Dei Genitrix, quœ suapte natura semper 
mitlssima fuit, et in favorem hominum inclinatissima, facere ° non 
potest quin ob '" Nativitatis quoque suœ et Incarnationis Ghristi 
jucundam dulcemque memoriam digne supplicantibus postulata 
concédât, cum prœsertim ad benefaciendum humano generi amplis- 
simam a Fiho potestatem acceperit. 

Prope Sacellum istud, dum adhuc erat " in sylva Lauretœ, vir 
quidam Paulus nonnine, solilarius mirabilis " abstinentiœ. orationis 
assiduœ, pui'itatis angelicœ, sub quodam tuguriolo dicitur habi- 
tasse, qui dvim circa Virginis Nativitatem, sicut quotidie solebat, 
orationis gratia antelucano tempore veniret ad locum quotannis, 
toto°decennio vidit lumen instar cometœ clarissimœ '' duodecim Ion- 
Variantes : — ' observaretur. — '' Mccglxxxyi. — " beata. — '^ audis- 
sent. — ° omis. — ' derisere. — *=' c. dejicive, — '' viderunt. — ' viri. — 
deligunt. — "^ se. — ' accédât. — "• ab. — " esset. — " miraî. — P clarissimi 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GA.SA a/jo 

gitudinis et sex latiludinis, ut a longe poterat a;stimari% pedcs ha- 
bens, è ca3lo versus Ecclesiam dcscendere; quod mox ut ipsc ° per- 
venisset ad Ecclesiam, subtractum ab oculis evanescebat. Quamo- 
brem dicere solitus erat, se putare bealam Yirginem, vcl angelum 
ab ea missum ad Nativitatis sua3 solcmnia quotannis advenlarc, qui 
A'cnientes ad Ecclesiam protégerai, et confluentium ea '' die turba- 
rum preces et vota Deo pra3sentaret. Paulus Rinaldutius Racana- 
tensis, perspectae ° fidei et singularis prudentia^ vir, propinqui 
vici tune habitator, Tereraano '', sacelli hujus rectori, juramenlo 
astriclus constantissimè saBpius affirmavit, avum suum dicere soli- 
tum, se ab avo s\io saîpius audivisse, quod oculis ipse suis vidissct 
Ecclesiam hanc transfretare, et super fluctus marinos in modiim 
navis allabi, ac in terram descendere, et in sylva ipsa ' se coUocare. 
Eidem rectori Teremano " Franciscus Racanatensis, cognomento 
Prior, jurejurando adactus retulit, se audivisse avum suum, qui 
centum et viginti annoruni erat, dicentem se pluries ipsam ^ Eccle- 
siam in sylva vidisse, introisse et adorasse, et sue tempore loco 
mutato in duorum fratrum collem ascendisse, et avum suum prœte- 
rea ' villam habuisse vicinam Ecclesia3 dum erat in sylva. IIa3G quaî 
supra diximus omnia, exceptis adraodum paucis, quœ illustrant 
et nulla ex parte vitiant historiam, ex priedicta) Tabula) exemplari 
authentico. cui fidem adhibere necesse est, decimo kalendas octo- 
bris Anno MCGGGLXXXIX J, servata scripturce veritale transumpla 
sunt. 

De nova ecglesia et de ministiioruai reformatione. 

Pauca ex liis quœ nostra œtate prœdicto sacello sunt addita, pos- 
terorum et advenarum inleiligentiœ servire cupiens, adjungenda 
putavi. Et primo cur nova illius singularis delubri structura sit 
inclioata etquis cjus auctor extiterit, mox de ejus consummatione 
et loci ac ministrornm reformatione paucis absolvendum. 

Petrus Barbus, patricius Venetus, Sancti Marci cardinalis, qui 
posteaquam ad summum jiontificatum assumptus est secundum 
morem Romanum nomine mutato Paulus est appellatus, niortuo 
apud Anconam '' Pic pontifice maxime, Romam rediens pestilentiiu 
niorbo correptus est. Et cum jam febris ardor et gravedo capitis, 
quœ in ea œgritudine moleslissima est, ac inguinis dolor sic inva- 
luissent ut equitare amplius non posset, recordatus est vicini Gubi- 

Variantes : — ' extimari, existimare. — *■ eadem. — " perfecta;. — 
'' Neroniano. — " omis. -^ ' ipsam. — s Neroniano, Veromano. — '' d[ic- 
tam]. — ^ as., atavum p. suum. — J Mcgcglxxix. — ^ Anconem. 



24« ^'OTRE-DAME DE LORETTE 

culi Bealpe Virginis quod omnium miserorum iinicum' solet esse 
refugium. Concei^ta igituv spe sanitatis et aucta propter advcrsita- 
lem el nietum rcligione, Iremebundiis ad sacelhim antedictum 
divertit. In qiio aliquamdiu soJus cuni orasset, de sainte et de 
summo ponlilicatu (ncscio quo pacto) ccrtior faclus, exivit et ecclc- 
sicO curatoi'i advocato ut lapides, calccm lignaque confcstim prœ- 
paret et operarios conducat, ad novam pulcheri-imi alque am- 
plissinii templi construclioncni, imperavit. Romam reversus in 
ponlificem eligitur. Et mox prolata in opus egregium quod menle 
conceperat ingenti pecunia, templi hujus quod tanta mole consur- 
git in cœlnni jecit fundamenta. Sed eo ante operis consumma- 
lionem vita futicto (non cnim diu supcrsles fuit), successor ejus 
Sixtus '', vir dûctrina, sanctilate el rerum gerendarum piudentia cla- 
rissimiis, te, reverendissime domine, quod ei nepos esses et quia 
ob nalurœ bonitatem, quod est maximum Dei bencficium, dignus 
tante splendore videbaris, Sancti Chrysogoni cardinalem et Reca- 
natensium episcopum creavit. Tu vero, « non rapinam arbitratus 
esse » ' te ad tam clarum et illustrem gradum dignitatis evectum, sicut 
lui similes decet, ad pietatis opéra et ad divini cultus ampliatio- 
nem te lanto amplius couYertisti, quo magis id accepta majore 
benefaciendi facultate potuisti. Opus igltur a Paulo prias Mncep- 
tum magnis animis aggressus, structuram hanc eo magnitudinis 
provexisti, ut certare merito" videatur cum illis antiquis Romana3 
magnificenlicc asdificiis, quorum etiam nunc ruina) sunt nobis in 
admirationem. Et ut templum et sacraria ejus tuta sint ab impiis*^, 
turres arduas cum propugnaculis in modum validissima) arcis 
addidisti, ut Turcorum qui circum hœc littoi'a navigiis levibus 
l^raîtcrvolare etoram istam latrociniis inCestarecœperunt, incursio- 
nes repentinas et impeluni ferre possit. Et de templo ha3C pauca 
dixisse sufficiat. 

Aliud meriti non minoris apud Deum et non inferioris laudis apud 
homines opus inchoasti. Nam quia more Sixti ' avunculi tui ° bea- 
tissima3 Yirgini penitus es addictus, cogitasli quo pacto loci majes- 
tatem magis ac magis amplificares. Et audieiis Ordinis mei fratres, 
ut ex Johannis XXH litteris ajjparet, beatissima? Dei Genitricis 
titulo specialiter insignitos ; et, sicut ex Decretaliain libro vi, cap. 
de Religiosis domibus, testimonium habetur, inter omnes religio- 
num ordines antiquitate praîstare, habuisse item nos ab Helia et 

1 Philipp., c. u, V. 6. 

Variantes : — '^ viroruin. — '' Xystus. — ■= primo. — "^ injuriis. — 
' omis. — ' Xysti. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 247 

Heliseo in Monte Carmclo principium et origincm, ut avunculus 
luus"litteris apostolicis attestatur ; et patres ac'' antecessores nostros 
viros sanctissimos omnia fere loca sacra Terra) Sanctœ, inter qua) 
fuit et lioc sacrum Virginis domicilium, olim tcnuisse ac religiosis- 
sime gubernasse, priusquarn Saracenis Dci judicio darentur in 
praîdani. liœc, inquam, audicns, rem convcnienlissimam et operî^e 
prelium exislimasti, nos in antiqnarn restituere possessionem. Et 
idcirco hoc anno, me vicarioex. Mantuana Congregalione, quœ Dec 
aspirante de negligentiie sordibus (quibus pêne totus Ordo noster 
obruebatur) emergens, instar antiquorum patrum vitam et mores 
nititur instituere, triginta viros approbalissimos in ipsa ecclesia 
constituisti, qui in cordis munditia Deo servientes audiendis fide- 
lium confessionibus et divinis ofiîciis vacent, ac omnium quaî ad 
divinum cullum pertinent curam gérant, quibus inceptis auctor et 
conservator omnium bonorum Deus anniiat, aspiret et favcat ^ 

Non pra3teribo unum quod ego ipse his oculis vidi, his auribus 
hausi. Gum visitandorum fratrum gratia nuper eo me contulissem, 
contigit ut mulier quœdam Gallica, nomine Antonia, opibus et 
parentum nobilitate salis clara et jam diu a pluribus dœmoniis 
obsessa, ad sacellum gratia curationis duceretur a viro ; et dum 
presbyter Stephanus, vir integerrimus, super eam de more legeret 
adjurationes quas grœce dicimus- Exorcismos, dtemon quidam qui 
se Artum nominabat, et cum se esse jactabat quo instigatore truci- 
dati sunt omnes Innocentes, interrogatus ad suam confusionem 
an id cubicuhim fuisset Virginis Immaculatœ, respondit fuisse 
quidem, sed id se invitum fateri et ad hujus veritatis confessionem 
a Maria cogi ; quin et locum ubi Gabriel, ubi Maria fuerat, ostende- 
bat. Adjuratus iterum ut diceret quinam loci ipsius dum esset in 
Nazareth curam habuissent '\ post iteratos sa3pius exorcismos, 
spumans, furens ac oculos subvertens et linguam exertans, 
tandem a3gre respondit Carmelitas antiquos curam ejus habuisse. 
liœc non a me conlicta, sed audientibus multis qui adliuc super- 
sunt ita gesta sicut narrantur. Cetera quœ prope infmita sunt et 
incnarrabilia miracula, ne sim oneri luœ reverendissimaQ'^domina- 
tioni, aliunde multipliciter occupataî, consulto prœtermitto. AH- 
quando tamen, cum dabitur otium, clariora quaîdam ex his 
colhgere, quœ matris suie meritis Xpistus in eo loco dignatus 
misericorditer operari, et conscripta tuœ reverendissimœ domina- 
tioni dicare consilium est. 

Variantes : — ' t. Xystus. — "et. — ■= foveat. — '' habuisset. — ' ve- 
nerandissimttî. 



2'i8 NOTRE-DAME DE LORETÏE 

EjUSDEM XD EUNDEM ÎAUUETAXiE EGGLESl.lî l.,VUDATlO VVA\ PARATXELUM " . 

His igitur recilatis, leverenclissime in Xpislo pater ac domine 
colendissime, pro tuis mulliplicibus ac immensis in nos beneficiis, 
et pro nostro in le alTeclu ac singulai-i charilatc, volo quid de Gubi- 
culo illo sacratissimo mente conceperim et sentiam breviter exi^li- 
care, ut meam audiens, quam rectam esse non dubito, tiiam de loci 
illius prœslanlia atque sanctitale, ad promerendum '' favorem bea- 
tissimœ ' Yirginis, cui more avunculi tui Sixli pontifiais maximi es 
addictissimus, confirmes opinionem. 

Beatissimœ Virginis Lauretanaî venerabilem '' ac tolo terrarum 
orbe celcbratissimum locum % in quo manifestis ac evidentibiis mi- 
raculis quotidiedivina virtus effulget, procul dubio inprimis decet ' 
a cunclis fldelibus honorari. Constat enim sacellum illud «sacratis- 
simum beatissimai Dei genilricis Maria), cœlorum reginaî, angelo- 
rum domina), militantis ecclcsiai patrona3, peccatorum advocatœ, 
fuisse cubiculum, in quo ipsa nata et in gremio ac sinu Annic ma- 
ti'is '' sanclissimiic dulciter educala, in quo ab angelo salutata, in 
quo denique nostra) salutis auctor ac medialor Dei et hominum 
Xpistus Jésus incarnatus et usque ad fugam in yEgyptum et post 
reditum ab /Egypto fuit enulritus. A.tque ita 1res naturai rationa- 
les, qua3 naturis aliis dorainanlur et président, in istud domici- 
lium quasi in conclave quoddam diversoriumque secrelissimum 
convenere, ubi de republica tolius mundi consultatio salutaris ha- 
beretur. 

In eo namque rcparationis humanîc jactum est i'undaraentum, 
puUulavit novai legis exordium, revelatumcst divinœ mentis arca- 
num et factum est illud immensaî charitatis et supreraa) ' dignalio- 
nis officium quod J (utPaulus inquit) u ubi venit plénitude temporis «^ 
humano generi Deiis appariiit. Quamobrcm judicio meo tanta est 
loci hujus dignitas, talis gloria, tam excelsa majcstas, ut ipsum 
locis omnibus qui sub cœlo sunt vel anteferre A^el œquiparare non 
dubitem. Nusquam enim magis egregia opéra, magis alla mysteria 
divina clcmentia monstravitin terris. Inagro(utferunt) Damasceno 
de limo terrœ homa creatus ; hic de purissima virginei corporis 
substantia nulli peccato obnoxia Deus homo factus. In terreslri 
paradiso mulier de viri latere sumpta ; hic mulier Virgo natura) 
ordine mulalo Dei rnaler eflecta. In arca Noe generis humani sal- 

1 Galat., c. IV, v. 4- 

Variantes : — ' Pakellum. — " promovendum. — " beatte. 
bilis. — ° celebratissimus locus. — ' débet. — s istud. — '■ matrona;. 
* superntc. — J quo. 



ÉTUDE HTSTOR. SUR LA S. CASA. a'ig 

\alcG " reliqiiicT! ; hic toti mimdo sa! us est orta. Sub qiicrcu Mambre 
credcntium paler Abraham 1res angelos vidit el hospilio suscepit ; 
hic angélus, Deus el Mafia, Dcus, iuquam, non in hospilio tantum 
sed in utero Virginis in carne noslréc l'ragililalis in unilale Personaj 
sua3 Divinitatis. In monte Sina lex Moysi tradita, Dci digito scripla ; 
hic Deus « Iccit potcnliam in brachio sue » ' et datus nobis est illc qui 
est c( Via, Veritas et Vita » -. Temphim iUud Salomonis admirabilcqui- 
dem fuit et gloriosum, ac Dei prtusentia sancluin atque venerabile ; 
sed ubi, quœso, magis prœsens Deus umquam fuit quam loco isli, 
qui primus Dei prœsentiam corporalem " accepit ? 

Arca fœderis, tabularum receptaculum, legis armariimi, quod 
profanis manibiis attrectari non licuit, prœcipua servabatur ol)sef- 
vantia. At in sacello isto non tabuke lapideœ, sed ipsc legis auclor 
et consummator in carne Deus, qui in vento Helitc, in igné Moysi 
legitur apparaisse. Fateor, nec dissîmularc quisquani polest, fuit 
Bethleliem civitas illa Judœœ, quas quondam Ephrata dicebatur, 
Xpisti nalivitate felicissima, in qua carmen illud angelicum, Gloria 
in excelsis Deo, cœlesti voce cantalum est; sed Xpistus iliic floruit,' 
hic radicavit. 

111e nions exceisus, in quo Xpistus cum Moyse et Helia loquens 
translîguratus'' vestibus et facie glorificata visus est ab aposlolis, ad 
brève tempus exultavit ; hic autem' locus longa secretaque conver- 
sationc Deo familiarissimus, hic conceptus, hicnutritus. 

Prata illa trans mare Galilœaî, in quibus lot hominum millia satu- 
rala leguntur, Lazari, Zacha)i et Symonis domus et cetera loca, quœ 
dignalus est Xpistus praisentia sua et miraculis illustrare, profecto 
sunt omni veneratione dignissima ; sed ubi, qua3so, niajus umquam 
miraculum Deus exhibuil? Ilic Verbum caro factum est, hic Deus, 
ut visibilis ad vilœ nostraî palaisliara et ad exevcenda mirabilia 
opéra proficisceretur, tunicam nostrœ morlaUtatis accepit. Tabor (si 
Tabor ille fuit") nimirum est Xpisti Ascensione clarissimus ; sed 
locus iste et Année domicilium, et bealissima; ''Virginis nalivitate et 
Xpisti conceptione nobilitatus est". 

In cruce juxla Ilieremitu vaticinium (cujus meminit Paulus ad 
Ilebrœos) consummatum, hic vero nostrœ salutis opus est inchoa- 
tum. Hic prima, illic ultima slalio Xpisti morituri. Hic ad vilam, 
illic venit ad mortem. Ista cum gaudio festivitas, illa nobis cele- 
branda cum luctu. In sepulchro jacuit Xpisti corpus exanimatum 

' Luc, C. 1, V. 5l. — 2 JoAN,, C. XIV, V. 6. 

Variantes : — ' servata;. — '" transfiguratis. — " Mons Olivarum, corr. 
MonsOIiveti. — '• bcatissima. — " omis. 



2 5o NOTRE-DAME DE LORETTE 

cum divinilalc quidcm, secl himianilate spolialum ; liicaiitcm Deus et 
homo Xpislus Jésus diu cum matre versatns est. Ilortus ille, in quo 
Xpistus orare consueverat, inler loca sanctilate pncclara nequaquam 
postremus est habendus; at in saccllo isto Xpistus parvulus et adul- 
tus oravit, quicvit, manducavit et bibit. llercmus illa dominico 
consocrata jejunio non pai'uni babet vcncrationis et bmdis ; at in 
domo ista quoliens abstinuisse et jcjunassc Xpistus et majora opéra 
virtutis excrcuisse putandus est, cujus vila erat sanctitas, doctrina 
Veritas, actio cbaritas, cogitatio pietas et conversatio sanitas? 

Beala quidem Zacbaria; domus duarum matrum sabitatione 
ilkistrata, Xpisti et prœcursoris decorata priesentia, sed domus 
bujus longe majus est privilegium. Nam prœter ea qua3 domui 
Zachariicdantur ornamenta, hoc plus habetquod fuit abapostolico 
sacrata collegio. Jordanis undœ dominico gloriantur attactu, sed 
domus ista Virginis immaculata^ tota Xpisti manibus contrectata, 
pavimentum hoc totiens lulit Xpisti vestigia, parietes isti conscii 
l'uere Xpisti incarnationis. Sedquid plura de domus bujus ineirabiU 
dignitate connumerare pergo '<) Liceat ' mihi patriarchœ Jacob ser- 
mone concludere : u ïerribihs est locus iste, non est hic aUud nisi 
domus Dei et porta cœb * ». 

GONGLUSIO. 

Omnes igitur Xpistifideles et verc catholicos exhortamur, ut 
sucG sakitis memores et divinai clementitc non ingrati,qua) unquam 
nobis patrocinari non desinit, hoc Virginis Mariée domicibum, 
Xpisti habitaculum, Spiritus Sancti thakmum, gratiarum Ihesau- 
rum, divinœ pietatis culernum monimientum, miserorum commune 
prœsidium, summa rebgione, summa pietate adeant, honorent, 
venerentur et colant, et immortali Deo gratias ingentes agant, qui 
taie servavit in terris pro humana imbecillitate confugium. 

EXPLICIT LA.URETUM MaNTUANI ''. 

Le P. de Fais doute que Baptiste Mantouan soit le vérita- 
ble auteur de cette rapsodie : on se sera servi de son nom 
pour répandre avec plus de succès une marchandise frelatée ; 
il était trop savant pour dire des absurdités, trop saint pour 
avancer des mensonges ; en outre, comment se fait-il que 
cette élucubration ait été comprise en 1576 seulement parmi 
ses œuvres, alors que ses autres travaux avaient été impri- 

1 Gènes., c. xx\/ui, v. 17. 
Variantes : - " lic'et. — " Finis. 



ÉTUDE IlISTOR. SUR LiV S. G\S\ a5i 

mes au sortir de sa plume? En montrant le mal fondé de 
cette dernière observation, j'aurai infirmé la valeur des pré- 
cédentes. C'est au P. de Feis lui-mcme que j'emprunte une 
note sur les éditions incunables de la notice en question : 

Di quesla leggenda... si conoscono c riferiscono varie slampe 
più anlichc, quasi lutte esislcnti in Uoma, iiella Vaticana, nclla 
Orsiniana c nclla Barberiniana. L'cdizione délia Barberiniana seg- 
nala BiîB. i. /40... c délia fine circa dcl sec. xv, c nel foglio scguente 
al litolo Redemptouis... si Irovano queslc parole : Frater... ' 

titre et suscription qui figurent en tête de notre texte, sauf 
Fomission (par distraction) du mot eccleslœ. Un exemplaire 
de cette même édition vient de passer de la librairie de 
M. Ludwig Rosenthal, antiquaire à Munich -, dans ma bi- 
bliothèque : c'est un petit in/i", composé de deux cahiers, 
avec signature a et b. formant i6 pages de 26 et 27 lignes, 
dont la justification mesure lôS/iiiS mill. sur 96. D'autre 
part, Leopardi, qui a consacré de longues pages ■^ au récit de 
Baptiste Mantouan, en indique un autre exemplaire incuna- 
ble à la Vaticane (n° 355 1, \n-l\°) et une édition de Paris, 
i5i4 (biblioth. Orsini), sans parler d'une autre de Rome, 
1589 (biblioth. Vaticane, n° 35i2). 

On aura remarqué qu'à l'exemple d'autres légendaires, le 
Mantouan recommande sa narration d'une certaine « tabella 
situ et velustate corrosa..., carie et pulvere jam penè con- 
sumpta », qui était appendue dans le sanctuaire, aux yeux 
des fidèles, et dont il n'aurait fait que reproduire le texte en 
F « illustrant ». Nos auteurs ont un faible pour en appeler 
au témoignage des vieilles inscriptions. Sans parler de la 
liste des pèlerins à Nazareth depuis i386, mentionnée par 
Quai-esmio (p. 89), Teramano a affirmé que les envoyés de 
Recanati y virent « scriptum et sculptum in muro quomodo 
ista ecclesia fuit ibi et postea recessit » (p. 21 1-2). Il est 
bien étrange que, dans un pèlerinage aussi fréquenté que 

' P. iSg-do. — 2 BibliothecaCalliolico-Theologica vicesima tertia. Catalogue 
106, Théologie catholique, 1° partie, n" 337. — ^ Pp. 55-68, 175-6, 336-7. 



352 NOTRE-DAME DE LORETTE 

l'était alors celui de Lorette, on ait laissé tomber en pous- 
sière cette pancarte avant de la renouveler ; et, si elle était 
réellement dans cet état, on peut se demander comment 
les pèlerins et le Mantouan furent à môme de la lire. 

La note légendaire de cette Historia est accentuée par ce 
fait que le Mantouan attribue tout le mérite de la construc- 
tion de réglise de Lorette au cardinal de la Rovere, alors 
que nos documents n'en disent mot, et qu'il passe sous 
silence l'initiative et les dons de l'évêque Nicolas degli Asti. 

Un littérateur italien, connu surtout comme conteur, 
Jean Sabadino degli Arienti, de Bologne, traduisit la légende 
du Mantouan en langue vulgaire : le conservateur du musée 
de peinture de Bologne, Gaet. Giordani, en possédait un 
exemplaire du temps de Leopardi ^ Il y est dit que la révé- 
lation eut lieu u l'anno délia Cristiana Sainte mile quattro 
c'ento octanta sei » (i/i86) et la relation du Mantouan « nel 
decimo de octobre MGCCCLXXXIIII », ce qui constitue trois 
fautes. 

Etienne Bathory, vaïvode de Transylvanie et juge de la cour 
de Matthias, roi de Hongrie, s'était illustré par la victoire 
remportée sur les Ottomans à Kenyermezaî, en 1/179 ; dix ans 
plus tard, il envoya au sanctuaire de Lorette une statue d'ar- 
gent doré de la Vierge, haute d'une coudée et demie ; au bas 
était l'image du donateur, avec cette inscription : 

Magnif. d. cornes Stephanvs de Bathor vaivoda ïransilvanvs et 
Sicvlorvni cornes, necnon ivdex cvriœ screnissimi principis d. Mat- 
Ihiaî Dei gratia régis Vngar. Boem. &c. 

In uonouem Dei 
ET Eivs GENrrRicis Marl-e 

013 EAM CAVSAM, QUOD 1PSE PER INTERCESSIONEM 

E1VSDE.M VIRG. GLOUIOS/E A QVODA5I MAXIMO 

PERIGVLO LIBERATVS F VIT. 

An. M.GCCC.LXXXVIIII. 

DICAVIT 2. 

1 P. 220-1. Cf. Répert., inédit., c. 2020. 

2 Martorelli, t. I, p. 189 (Torsellini) ; Gaillau, p. 171. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 253 

En i/igi, Martin « Sclavus » ordonna par son testament 
d'envoyer un pèlerin à Notre-Dame de Lorette, a qui vadat 
circum circa cappellam gloriosse Virginis Mariée de Lau- 
reto )) ^ 

Dans une édition des Mirabilia Romœ, du 12 septem- 
bre 1/192 ^, Martorelli dit avoir lu un cantique vulgaire en 
l'honneur de Notre-Dame de Lorette (fol. 69), en tout 4 stan- 
ces « in ottava rima » ; c'est une simple prière, sans allusion 
au miracle de la translation. En voici le titre et le début : 

La orazione di S. Maria di Loreto. 
Recorro a voi i miser peccatore 
de Loreto Vergine Maria, 
Chc me scampi da man di traditori, 
Da odio e da cattiva compagnia '^. 

En i/igB, au retour de son premier voyage en Amérique, 
Christophe Colomb fut assailli par une violente tempête, à 
quelques centaines de lieues des côtes d'Espagne. Le ili fé- 
vrier, 3" jour de la bourrasque, n'ayant plus de confiance 
qu'en Notre-Dame, les passagers promirent que l'un d'eux 
irait en pèlerinage à Lorette s'ils arrivaient saufs. Le sort 
tomba sur Pedro de Yilla. Le 18, on arriva aux îles Açores : 

Echose otra vez la suerte para enviar romero a Santa Maria de 
Loreto, que esta en la marca de Ancona, tierra del Papa, ques casa 
donde Nuestra Sehora ha hecho y hace muchos y grandes milagros ; 
y cayo la suerte a un marinero del Puerto de Santa Maria, que se 
llamaba PedrodeViIla,y el Almirante le prometiô de le dar dineros 
para las costas '<■. 

1 VOGEL, 1. 1, p. 3i3. 

2 Elle n'est mentionnée ni par Hatn (Reperlorium bibliographicwnj ni 
dans GopiNGER (Supplément to Ilain' s R. b.J ; elle fut faite « per magistr. 
Leonardum Pachel » (et non Dechel, comme Martorelm le dit, p. doa), 
de format in-80. L'exemplaire appartenait à Melch. Maggi, qui avait été 
gouverneur de Loi-ette. Des presses de Pachel. à Milan, sortit le môme 
jour un volume de saint Augustin (Hain, n° 2019). 

3 F° 69. Martorelli, t. II, pp. 4o2, 408-9 ; Gaillau, p. 33G-7. 

+ Martin Fernandez de Navarrete, Coleccion de los viages y desciibri- 
mientos que hicieron por mar los Espaaoles desde fines del siglo XV; Ma- 
drid, 1825, in-8°, t. I, p. i5o. 



ao4 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Poscia sortirono un' altro peregrino alla Madonna di Loretto, e 
loccô la sorle ad un marinaio del Porto di Santa Maria di Santogna, 
chiamato Pietro délia Viglia *. 

Another lor was cast in the same way, for a pilgrimage to tlie 
chapel of our Lady of Lorello, Avbicli fell upon a seanian named 
Pedro de Villa, and Ihe admirai engaged to bear the expenses of bis 
journey -. 

Les archives de la famille von Orw à Wachendorf en 
Wurtemberg-, conservent le récit d'un intéressant pèlerinage, 
dont le manuscrit est malheureusement acéphale, ce qui 
empêche d'en déterminer l'auteur ; mais l'éditeur, ïheod. 
Schon, est arrivé par des synchronismes à en fixer la date 
à l'année i^g/i ; il parle de Lorette au i4 octobre : 
Hunndert und ixvi tag {i/\. October). 

Ilem an eritag vor sant Gallentag helen wier die grossen fortun 
nocb so streng, das mon ail segel ablbet. Und Avir fuoren nur mit 
dem tringget und non auf die genad gotz und werat die fortun 
und ungestiem zwen tag und zwo nâcht und es lag uns hert und 
streng. Und wir heten uns des lebens verwegen und mon macht 
ain pilgram gen unser lieben frauen gen Lareta [Lorelte], das mon 
auch nent Rocknata [Recanatij. Und die fortun und ungestiem 
warde ye lenger ye grôsser. Und der patron fîeng an und liess als 
vil arbas in ain pirret legen, als vil menscb, iung und ait, in der 
gale was. Und die arbas muesten ail weys sein und mon legt ain 
schwartze darunler und es muest ein yeds menscb ain arbas aus 
dem pirret nemen ^ 

1 Historié del S. D. Fernando Colombo,... deto vita e de'fatti delV ammi- 
raglio D, Chrisloforo Colombo, suopadrc, nuovamenledilingua Spagnuola 
tradolte nell' Italiana dal S. Alfonso Vlloa ; VeneLia, 1571, pet. in-8", f" 
70 Y°. — Histoire df la vie et des découvertes de Christophe Colomb, par 
Fernand Colomb, son fils, traduite... par Eug. Mulleu; Paris, s. d., in-12, 
p. III. 

2 Wash. luviNG, A history of the life and voyages of Christoplier Goliim- 
bus; Paris, 1829, 4 vol. in-12, t. I, p. 877. — Histoire de la vie et des 
voyages de Christophe Colomb, par Washington Irving, tvad. de l'anglais 
par C. A. Defaugompret fils, 2' éd. rev. et corr., Paris, i836, 2 vol. 
iii-S", t. I, p. 3o3-4. Cf. Leopardi, p. igS. 

3 Miilheilungen des Instituts fur oeslerreichische Geschichtsforschung ; 
Wien, 1892, t. XIII, p. A65. 



ÉTUDE HISTOK. SUR Là S. C\SA. 255 

En 1496, la peste désolait la ville de Recanati. En vue de 
faire cesser le tléau, les habitants décidèrent de donner à la 
Vierge de Lorette une couronne d'or de 100 ducats d'or ; les 
grandes dames y ajoutèrent des pierres précieuses et, entre 
autres, un rubis balais (balassio) , qui fut estimé i/j.ooo écus. 
On écrivit au cardinal de la Rovere pour lui exprimer le désir 
que 

Gorona illa permaneat in capite Virginis Mariœ perpetiiis fiituris 
temporilîus ac Pontificio praeceplo caveatur, ne unquam alienari 
aut amoveri posset... ; et quolibet anno, in die S. Maria) de raense 
raarlii, in memoriani et devotionem corona ipsa levetur et per com- 
mune processionaliter reporlata in capiteimaginis rccollocctur. 

Le cai'dinal et plusieurs papes approuvèrent cette proces- 
sion '. 

Le vicaire général des Carmes, Pierre Traversini, obligé de 
quitter Lorette en 1497, à cause du climat qui lui était con- 
traire, y laissa, comme souvenir, ce distique : 

Yirginis heu ! Thalamo viduor, mox vivere cesso ; 
Absque Domo vilae, quœ-mihi \'ita manet ? - 

L'historien Charles Vaghi relate en ces termes le départ 
regrettable de ses confrères Carmes de Lorette : 

1497. (In comitiis eliam generalibus). Sedantequam ulteriuspro- 
grediar et ad ipsa Statuta et Décréta emanata me vertar, mihi liceat 
lugere prius quam loqui, et tlere quam scribere nunc, et repetere 
illud tam memorabile et deplorabile decretum editum hoc eodem 
lempore, per quod nostri anlecessores patres reliquerunt illam sa- 
crosanctamdomum Lauretanam,sumptum verbaliter ex ipsislibris 
Gapitularibus tenoris hujusmodi : « quod locus Laurelanus propter 
infinila dispendia debitornodo renuntietur in manibus rev"''domini 
Gardhialis Recanatensis, ita tamen quod fratres inde non amovean- 
tiir, donec hoc t'uerit debito modo executioni mandatum, et per 
rev. patr. vicarium nostrum eisdem fratribus inlimatum ». 

En 1498, mourut à Rome un poète latin, natif de Sulmona, 

1 Martorelli, t. I, p. 191 ; Galcagnius, p. 79; Vogel, t. I, p. 343. 
3 Mautouelli, t. 1^ p. 568 ; t. II, pp. 78, 4ot ; Muuui, p. io5 ; Cail- 
LAU, p. i33. Cf. Réperl., i^ éd., c. 2289. 



a5G NOTRE-DAME DE LORETTE 

Marco-Probo Maiuani. Sa Parlhenias renferme une pièce Ad 
Divam Mariam de Laarelo : 

Virgo, quani cœli veneratur omnis ^ 
décrite dans mon Repertorium hymnologiciim,?>on&\en°Sfi6^2. 

Le 2/i mars i/tgS, le Conseil de Recanati régla l'ordre de 
la procession de la couronne d'or : 

Cum processio facienda ad S. Mariam de Laureto cum corona 
aurea, in forma devota et solemni facienda sit, fuit conclusum, 
quod requirantur religiosi et fraternitates omnes, et cum affeclu 
veniantin processione ordinatim prout vadunt in aliis proccssioni- 
bus civitatis ; et siclîat movendo se cum dominis prioribus et corona 
pretiosa ad ecclesiamepiscopatus, etpergendo continuare ad S. Ma- 
riam de Loreto, et cum omni devotione et demonstratione. Et pro 
residuo populi conduccndo una cum prœdictis ordinatio fiât per 
dominos priores, et provisio tam de bannimentis, mazeriis et aliis, 
quam de portis clauclendis. Ita consequatur populus processionem 
prœdictam, et ponatur corona in capite Virginis... 2. 

Le II mars de l'année suivante, la commune décréta 
l'obligation de conserver en état l'image peinte de la Vierge 
de Lorette en vue du palais des prieurs et sur toutes les por- 
tes de la ville ; chaque citoyen devait la porter sur lui, à 
peine de 20 sols ^. 

La collection Schreiber, à Franzensberg (Allemagne), con- 
serve une impression sur étoffe, faite en Italie à la fin du 
xv° siècle, qui représente la Vierge de Lorette, tenant l'en- 
fant Jésus, les deux personnages emmaillotés et entourés de 
fleurs. Au bas, l'inscription : S. MARIA LAVREïANA. La 
s. maison n'y est pas représentée '\ 

Une autre gravure sur bois (blanc sur noir), de la même 
époque (vers i5oo), in-folio : S. Maria da Lorelo, représente 
le sanctuaire porté par des anges : au-dessous, Ancône et 
Recanati, oij la s. maison aurait fait station avant de se fixer 
à Lorette ; au-dessous : Regina celi letare. 

1 Neapoli, i52/i x augusti, in-S", sign. Q. ii. Cf. Répert., c. 3o38. 

2 VoGEL, t. 1, p. 243-4. — 3 Leopabdi, p. 94- 

* W. L. SciiREiBEu, Manuel de l'amaleur de la gravure sur bois et sur 
métal au XV siècle; Berlin, 1898, in-fol., t. VI, atlas, pi. i. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 267 

Trombelli a donné * un extrait d'une bulle de Jules II, 
sous la date du i" novembi-e i5o2, qui renferme sûrement 
une erreur : Alexandre VI était encore en vie, et les termes 
de cette pièce se retrouA'ent d'ailleurs exactement dans la 
bulle du 21 octobre iBoy. 

Le sonnet qui suit est dû, qui le croirait après l'avoir lu? 
à un religieux de l'ordre des Servîtes, Marcel Filosseno ; en 
suppliant Marie de fuir Lorette, devenu un lieu profane, il 
semble faire allusion à la translation : 

Vergine di Loretto, il tuo idioma 

Di gran salutc fa plu gente certe 

E le tue gratie al niondo sono apevte, 

Che clii îe inuoca li Irai di acerba soma. 
Ma quando i pense corne drenlo a Roma 

Mal se dispensan le tue sancte olferle 

In meretrice publiche e coperte 

E in exercitio che offusco Sodoma, 
Per te prendo vergogna e ognlior te inuoco, 

Cliel tuo vil possessor niai non e desto 

A restaurai' tue mure almcn un poco. 
Vnde, regina excelsa, i te proteste 

Se non te parti dal profano loco, 

La lede e il tempio tuo manchei'a presto-. 

Faut-il rapporter ces critiques au temps du pape Alexan- 
dre YI ? 

Nous voici arrivé au moment (216 ans après révénement) 
où la légende de la maison de iNazareth va être consacrée 
dans toute son ampleur par l'autorité pontificale. Il y a lieu 
de reproduire intégralement, malgré sa longueur, la bulle 
de Jules II, du 21 octobre 1607 : 

Julius episcopus, servus servorum Dei. Ad perpetuam rei memo- 
riam. — In sublime comitantibus angelis assumpte béate et glo- 
riose semperque Yirginis Dei Genitricis Marie mérita preconiis 

1 T. VI, p. 289. 

s Silve de Marcello Philoxeno Tarvisino, poeta clarissimo. A la fin : 
Finiscono li capitoli senili di Marcello Philoxeno Triuisano, impresso in 
Venelia, a di v. agosto M. D. VII, f" t. Cf. Répert., c. i5o8. 

N.-O. DE LORETTE I 7 



258 NOTRE-DAME DE LORETTE 

frequentandà promerentur, ut singulas ecclesias sub ejus invôca- 
tione dcdicatas, quantum nobis ex alto conceditur, talibus aposto- 
lice sedis suffragiis et muneribus spiritualibus et temporalibus 
prosequamur et decoremus, ut ipse ecclesie in sui devotionc et 
honore non solum conserventur sed ctiam auctore Domino ad Dci 
laudem ipsiusque Virginis Marie veneralionern et devotionem ac 
Ghristifidelium animarum salulem salubribus continuis profi- 
ciant^ incrementis. Dudum... {ut supra, p. 207-8)... concesserat. 
Pie memorie Xistus papa IIII, etiam predecessor noster, ejusdem 
Pauii predecessoi'is vestigiis inherendo ac cupiens, ut ipsa ecclesia 
ad quam specialem gerebat devotionis affectum, congruis frequen- 
taretur honoribus, et quod fidèles prefati eo libentius devotionis 
causa confluèrent ad eandem, et ad hujusmodi edificiorum fabri- 
cam et perfectionem nianus promptius porrigerent adjutrices, que 
ex hoc ibidem donn celestis gratic uberius coiispicerent se refectos, 
omnibus vere penitentibus et confessis qui ex tune et in futurum 
ecclesiam predictam prescriptis Quadragesime et aliis sequentibus 
Dominicis usque ad solemnitatem predictam sacratissimi Corporis 
D. N. Jesu Christi, ac singulis diebus majoris Ebdomade, necnon 
Resurrectionis cum duobus sequentibus et Ascensionis Dominice ac 
Penthecostes, etiam cum duobus sequentibus, et in solemnitate 
premissa ejusdem Corporis D. N. Jesu. Christi et per totam ejus 
octavam, aut aliqua festivitatum Dominicarum seu dierum hujus- 
modi, dévote visitarent annuatim et ad structurarum predictarum 
perfectionem ipsiusque ecclesie ornamentum aut alias in ipsius 
ecclesie ulilitatem manus porrigerent adjutrices, omnium peccato- 
rum de quibus corde contriti et ore confessi forent plenam absolu- 
tionem, remissionem et indulgentiam per quasdam concessit-. Et 
deinde idem Xistus predecessor, volens prefatam ecclesiam et illius 
pro tempore ministres seu personas in spiritualibus et temporalibus 
deservienteset inibi résidentes favore prosequi gratioso, motu pro- 
prip ac excerta scientia et de sue plenitudine potestatis, ecclesiam 
prefatam una cum ministris seu personis suis predictis, necnon 
illius membris, rébus et juribus quibuscumque, presentibus tune 
et futuris, perpetuo ab omni jurisdictione, superioritate, dominio, 
potestate, correctione et visita tione episcopi Racanatensis et alio- 
rum quorùmcunque ordinariorum judicum auctoritate apostolica 
per alias penitus et omnino exemit et totaliter liberavit, ecclesiam- 

1 Le copiste du manuscrit du Vatican et Vogel ont lu proficiatur. 

2 Cette bulle était datée de 1 473; voir plus haut, p. ai5, et aussi les bul- 
les des i" août i5i8 et 18 février i535. 



ÉTUDE HïSTOR. SUR LA. S. CASA aSg 

que hujusmodi in jus et proprielatetn beati Pétri et sedisaposlolice, 
et sub eorum speciali pi'otectione atque sua suscepit; decernens 
eam acillius ministros seu personas ac membra, bona, res et jura 
predicta fore eidem sedi immédiate subjecta, ipsaque ad dictam 
ecclesiam unacum illorum fi'uctibus, redditibus, proventibus, juri- 
bus et obventionibus universis, necuon oblationibus et, legatis qui- 
buscunque, sibi quomodocunque velqualitercunque factis et facien- 
dis, seu alias ad eam provenientibus plenarie et intègre, et absque 
ûllà prorsus deductione quarte seu décime aut cujusvis légitime 
legatorum seu oblationum hujusmodi, spectareet pertinere, etnul- 
latenus ad episcopum et ecclesiam Racanatensem ; quodque epis- 
copus et alii judices ordinarii predicti ratione delicti vel contractus 
aut rei de qua ageretur, ubicunque iniretur contractus aut res ipsa 
consisteret, nuUara in ecclesiam, ministros seu personas, membra, 
bonà, res, jura et alia predicta possent jurisdictionem, potestatem 
seu domihium quomodolibet exercere; cassans et irritans omnes et 
singulos processus excommunicationis, suspensionis et inlerdicti 
sententias, si, quas in ecclesiam, ministros seu personas, membra, 
bona et jura, res et alia hujusmodi haberi seu promulgari contige- 
rit, et omnes facultates seu privilégia et litteras apostolicas etiam; 
motu et scientia similibus per ipsum Sixtum predecessorem vel 
predecessores suos Romanos pontifîces, et presertim per pie me- 
morie Nicolaum papam V, etiam predecessorem nostrum, tune 
suum, tam dilectis filiis, populo et commun! civitatis nostre tune 
sue Racanatensis, quam eidem cpiscopo et quibusvis aliis personis 
super rébus, bonis [et] oblationibus hujusmodi ac ejusdem ecclesie 
jocalibus illorumque custodia seu conscrvatione aut administra- 
tione habenda concessa. Quas quidem litteras et privilégia ad con- 
servationem seu custodiam ac curam et administra tionem hujus^ 
modi ex tune de cetero se extendere noluit,nec in eis aliquod robur 
et firmitatem obtinere '. Preterea de ministris ad curam et regimen 
in spiritualibus et temporalibus pi-edicte çcclesie providere volens, 
eadem auctoritate statuit et ordinavit ut inibi per dictam sedem et 
ad ipsius nutum prefîcerentur duo circumspecti viri, unus videli- 
cet sub titulo vicarii ad spiritualia, alius vero gubernatoris ad tem- 
poralia et fabricam ipsam, cum octo capellanis bone et laudabilis 
Vite, per dictum vicarium eligendis et [ad] ipsius nutum amoven- 
dis, cum emolumentis per eos percipi solitis, qui in dicta ecclesia 
Béate Marie actu residere et singulis diebus missas et alia officia 

1 Cette constitution de Nicolas V, du i8 avril i45o, est reproduite plus 
haut, p. 189-90. 



26o NOTRE-DAME DE LORETTE 

dévote celebvare et imam ad minus solemnitev decantare teneren- 
tur. Et ut ecclesia predicta a Chdstifldelibus magis IVequentaretur, 
et in suis edificiis profîci ac in illius ornamentis augeri posset, et ut 
ildeles ipsi eo libentius manus adjutrices porrigerent quo ex hoc 
ibidem dono cclestis gralie ubcrius conspicerent se refectos, motu 
et scientia ac potcstate predicta confirmavit omnes et singulas 
indulgenlias eidem ecclesie per Romanos ponlifices predecessores 
sucs concessas ; et nichilominus volens eam uberioribus decorare 
indulgentiis, de omnipotentis Dei misericordia ac beatorum Pétri 
et Pauli apostolorum ejus auctoritate confisus, omnibus et singulis 
Gliristifidelibus utriusque sexus vere penitentibus et confessis, qui 
eandem ecclesiam Béate Marie a primis vesperis vigilie Nativitatis 
ejusdem usque per tolam festivilatem ipsius dévote visitarent an- 
nualim, et ad illius edificiorum fabrice perfectionem, conservatio- 
nem, restaurationem et ornamenlum manus porrigerent adjutrices, 
plenariam omnium peccatorum suorum rcmissionem et indulgen- 
tiam auctoritate apostolica per easdem posteriores littcras elargitus 
est; et insuper ut ipsi fidèles ad ipsam ecclesiam Béate Marie con- 
tluentes conscientie pacem et animarum salutem Deo propitio con- 
scqvierentur, necnon indulgentie hujusmodi facilius participes esse 
valerent benignius agere volens, vicario et capellanis predictis pro 
tempore existentibus, et aliis quos idem vicai'ius inibi in casu ne- 
cegsitatis ultra predictos deputaret, uteorundem fidelium ecclesiam 
ipsam Béate Marie causa indulgentie hujusmodi consequende visi- 
tantium coniessiones audire, eisque diligenter auditis, ipsis et eo- 
rum cuilibet pro commissis per eos criminibus et delictis ac pecca- 
tis omnibus, etiam in singulis casibus sedi prefate, ahis vero diebus 
pro ibidem residenlibus episcopo reservalis, preterquam offense 
ecclesiastice libertatis, innodationis interdicti ab eadem sede impo- 
sibi, criminum heresis, offense, inobedientie seu rebellionis aut 
conspirationis in personam vel statum Romani pontifîcis seu 
sedem apôstolicam iDredictam, invasionis, depredationis vel occu- 
pationis aut devastationis terrarum Romane ecclesie médiate vel 
immédiate subjectarum,parricidii, offense personalis in episcopum 
vel alium prelatum, et etiam invasionis Romipetorum seu aliorum 
quorumcunque ad Romanam curiam venientium, prohibitionis 
devolutionis causarum ad dictam curiam, delationis armorum et 
aliorum prohibitorum ad partes infidelium, impositionis novorum 
onerum realium vel personalium ecclesiis vel ecclesiasticis perso- 
nis, simonie super ordinibus vel benefîciis assequendis in eadem 
curia vel extra eam contracte, et generaliter in casibus contentis in 
buUa que consueverat in die Cène Domini per eundem Sixtum et 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 261 

predecessores suos Romanos poritiiîces publicari, debitatn absolii- 
tionem aùctoritate apostolica, in forma Ecclesie consueta, impen- 
dere et penitentiam salutarem injungere, necnon vota quecunque, 
ultramarino ac beatorum Pétri et Pauli apostolorum de Urbe, sancti 
Jacôbi in Gompostella, ac religionis votis dumtaxat exceptis, in Fa- 
brice ' perfectionem hujusmodi commutare, eosque ab eis penitus 
absolvere libère et licite possent et valerent, plenam et liberam auc- 
toritateprefataconcessit facullatem. Ceterumordinem atque rnodum 
circacustodiamoblationum hujusmodi preberevolens,statuitpariter 
etordinavit, utobla tiones ipse poni etrecondi deberent fidelitiar in suis 
cassis solitis, sub tribusetdiversis clavibus, quarum una est sub cus- 
todiaduorumexcanonicisecclesie Racanatensisper sedem predictam 
et ad ipsius nutum eligendorum et amo\endorum, alla guardiani, 
cum uno socio per eum eligendo, domus monasterii nuncupate Béate 
Marie de Varano extra muros Racanatenses, ordinis fratrum Mino- 
rum de observanlia, et reliqua predicti vicarii ; qui omnes singulis 
duobus mensibus et sequenti die predicte festivitatis, et alias prout 
eis melius expedire videretur, et presertim ubi abundantia oblatio- 
nura daretur, simul in predicta ecclesiaconvenirentad aperiendas^ 
dictas cassas, et oblationes in eis repertas in alia cassa, custodienda 
in sacristia prefate ecclesie Béate Marie sub totidem et variis cla- 
vibus, a predictis aliis etiam dive'rsis, per eos ut premittitur tenen- 
dis, reponerent fideliter, ad usum tamen et utilitatem ecclesie 
Béate Marie et fabrice hujusmodi, prout vicarius, canonici, guar- 
dianus et gubernator predicti melius et utilius expedire cognosce- 
rent, vocatis tamen et assistentibus etiam omnibus aliis et singuHs 
predictis, ita quod singuli predicti habere deberent unum librum 
in quo rationes introitus et exitus dictarùm cassarum, et vicarius et 
gubernator prefati unum alium seorsum super aliis fructibus, red- 
ditibus et provenlibus ad ipsam ecclesiam Béate Marie quovis 
modo spectantibus et pertinentibus, fideliter scriberent, reddendum 
episcopo Racanatensi pro tempore vel ejus in spiritualibus vicario 
generali quolibet semestri, aut saltem singulis annis, seu alias 
prout nécessitas persuaderet, qui ipsam nomine predicte sedis dum- 
taxat reciperet eamque simul cum aliis predictis eidem Sixto pre- 
decessori immédiate et successoribus suis fideliter significare cura- 
rent-^. Et deinde idem Sixtus predecessor, cum ecclesie Racanatensi 

' Le manuscrit du Vatican porte fabricam. 

2 Le manuscrit du Vatican offre par erreur pariendas. 

3 La constitution précédente de Sixte IV, du 28 novembre 1476, a été 
analysée plus haut, p. 218-9. 



203 ]\'OTRE-D.\ME DE LORETTE 

tune 1 certo modo vacanli de pérsona bone mcmoric Hieronimi, 
episcopi Sabinensis, tune tituli ^ Sancle Balbine presbiteri cardina- 
]is providisset 3, ipsumque illi in episeopum seu administra torem 
pcrpetuum in spiritualibus et temporalibus prefecisset scu depu- 
tasset, euram et administrationem ipsius ecclesic Racanatcrisis in 
spiritualibus et temporalibus plenarie committendo, eandem ecele- 
siam Béate Marie prefate ecclesie Raeanatensi perpetuo univit, 
annexuit et incorporavit, curatn et meram administrationem ctiam 
oblationum et votorum, necnon bonorum quorumcunque mobi- 
lium et immobilium, spiritualium et lemporalium ipsius ecclesie 
Béate Marie prefato Hieronimo et pro tempore existenti episcopo 
Raeanatensi plenarie committendo ; ut in ipsius Sixti predecessoris 
desuper confectis litteris, quarum tenores, ac si de verbo ad verbum 
insererentur, haberi volumus presentibus pro ^îxpressis, plenius 
continetur. Cum autem nuper prefatus Hieronimus episcopus debi- 
tum nature persolverit, nos attendentes quod non solum erat in 
predicta eeelesia de Lorelo imago ipsius béate Marie virginis, sed 
etiam, ut pie creditur et fama est, caméra sive thalamus, ubi ipsa 
bealissima Virgo concepta, uIdI educata, ubi ab Angelo salutata Sal- 
va torem seculorum verbo concepit, ubi ipsum su uni primogeni- 
tum suis castissimis nberibus lacté de celo plenis laetavit et edu- 
eavit, ubi quando de hoc seculo nequam ad sublimia assumpta 
extitit orando quiescebat, quamque apostoh sancti primam ecclesiam 
in honorem Dei et ejusdem béate Virginis eonsecrarunt, ubi prima 
missa celebrata extitit, ex Bethléem angelicis manibus ad partes 
Selavonie et locum Flumen nuncupalum primo portata, et inde 
per eosdem angelos ad nemus Laurete mulieris, ipsius beatissime 
Marie virginis devolissime, et successive ex dicto nemore, propter 
homicidia et alia facinora que inibi pcrpetrabantur, in collem duo- 
rum fralrum, et postremo, ob rixas et contentioncs inler eos exortas, 
in vieum publicum territorii Racanatensis translata existit; cupien- 
tesque ipsam'ecclesiam,ad quam non minorem devotionis affeetum 
geriraus, quam Paulus et, qui seeundum carnem avunculus noster 
erat, Sixtus predecessores prefati gesserunt, tam in spiritualibus et 
temporalibus, quam circa illius ministros ac res et bona, necnon 
ad illam devotionis causa acccdentes, salubriter régi, dirigi et gu- 
bernari, motu proprio, non ad alicujus nobis super hoc oblate pe- 
litionis inslantiam, sed de nostra mera deliberatione et ex certa 
scienlia ac de apostolice potcstatis plenitudine, unionem, annexio- 

1 Ms. du Vatican lamen. — 2 Ms. du Vatican eUain. 
■■' Jérôme Basse de la Rovcre (voir pp. 234, 288 et a^i). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GÂ.Sà 268 

nem et incorporationem clissolvcnLcs ipsas, littcias prefati Sixti 
predecessoris quoacl exemptionein ipsius ecclesie de Laureto et 
illiiis ministrorum, oblationum, bonorum et rerum omnium, mobi- 
lium et immobilium, ab ecclesia ac episcopo Racanatense nunc et 
pro tempore existente, illius officialibus quibuscunquc presenlibus 
et futuris, eorumque visilatione, correctione, superioritate, domi- 
nio, potestatc quoad indulgentias eidem ecclesie et illam in predic- 
lis seu eliam forsan aliisdicbus visilantibus, lam per dictum Sixtum, 
quam quoscunque alios llomanos pontifices predecessores nostros 
quomodolibet concessas, necnon quoad facul tatem absolvendi , modo 
tamen infrascripto, apostolica auctoritate tenore presentium appro- 
bamus et perpétue firmitatis robur obtinere debere decernimus et 
de novo concedimus", ac hujusmodi indulgentias et remissiones ad 
visitantes prefatam ecclesiam de Laureto a primis vesperis usque 
ad secundas vesperas festi Annunciationis ejusdem béate Virginis 
Marie extendimus et ampliamus, ipsarnque ecclesiam de Laureto et 
illius bona, mobilia et immobilia, presentia et futura, ac posses- 
siones, predia, campos, vineas, oliveta, silvas, nemora ac alia que- 
cunque sub nornine et proprietate dicte ecclesie de Laureto per pre- 
l'alum llieronimum episcopum et quosvis alios usque in presentem 
diem empta seu ipsi ecclesie relicta^vel donata, necnon ejus minis- 
tres tam circa divina officia quam res, bona et négocia ecclesiam 
predictam, ac bonorum ejus regimen et gubernationem bonorum- 
que predictorum dispensationem, de novo ab onini visitalione, cor- 
rectione, jurisdictione,dominio, superioritate et potestate eorumdem 
episcopi Racanatensis ejusque offîcialium, presentium et fulurorum, 
perpetuo penitus et omnino eximimus et liberamus, ac sub nostra 
et beati Pétri ac sedis predicte protectione perpetuo suscipimus, 
nobisque et successoribus nostris Romanis pontificibus pro tem- 
pore existentibus ac sedi prefate, gubernatorique per nos seu sedem 
predictam inibi deputando subjicimus et subesse volumus, ipsarn- 
que ecclesiam Béate Marie in nostram et sedis predicte capellam 
perpetuo recipimus. Et ut ipsa ecclesia bene et laudabibter ac fide- 
liter gubernetur, et illius [fabrica] in dies augeàtur et conservetur, 
eisdem motu, scientia, potestate et auctoritate, tenore presentium 
perpetuo statuimus et ordinamus, quod ecclesia ipsa non per vica- 
rium et gubernatorem simul, prout in ipsius Sixti litteris exprimi- 
tur, sed per unum gubernatorem dumtaxat, per nos et successores 
nostros Romanos ponlifîces pro tempore existentes canonice intran- 
tes ad nutum amovibilem deputandum, regatur et gubernetur, 
ipsaque ecclesia de Laureto et omnes et singuli ejus ministri et sçr- 



36/1 NOTRE-DAME DE LORETTE 

vienlcs, lam domi quam foris, omncsqucet singuli vicum seu bur- 
guni ubi ipsa ecclesia de Laiireto nunc consistit, et in eodem vico 
tam ralionc reriini dumtaxat ad dictam ccclesiam perlinentium, 
quam pro hospilandis ad dictam ecclesiani declinantibus, et vic- 
tualibus seu etiam cidem ecclesieoITerendis, vendendis et exhiben- 
dis dumtaxat inhabitantes, possessionesque, domos, tenu tas et alia 
bona immobilia ad dictam ccclesiam de Laureto et illius fabricam 
perlinentia colentes et laborantes, sub ejusdem gubernatoris pro 
temporedeputati meroet'mixto imperio acomnimodajurisdictione 
in spiritualibus et teraporalibus perpetuo subjicianlur, et nullum 
alium superiorem nisi nos et successores nostros Romanos pontiii- 
ces pro tempore existentes et ipsum gubernatorem pro tempore 
deputatum dumtaxat recognoscant ; ac quod ipse gubernator pro 
tempore deputatus facultatem habeat omnes et singulas causas tam 
civiles quam criminales sive mixtas, per se vel alium seu alios per 
eum deputandos pro tempore et cum sibi videbitur amovcndos, lam 
inter et contra peregrinos et advenas, quam pro eis contra quosvis 
alios, etiam summarie, simpliciter et de piano, etiam sola facti veri- 
tate inspecta, audiendi, cognoscendi, terminandi et decidendi, ac 
quod decreverit auctoritate apostolica per censuram ecclesiasticam 
et alia juris opportuna remédia observare faciendi, et exécution! 
etiam per se vel alium seu alios demandandi et demandari faciendi, 
ac culpabiles incarcerandi et prout juris fuerit casligandi et pu- 
niendi ; mandantes dilectis fdiis legato, vicelegato, thesaurario, 
marescalcoet ceteris offîcialibus, tam in spiritualibus quam tempo- 
ralibus provincie nostre Marcliie x'^nconitane ac aliarum civitatum, 
terrarum et locorum Romane ecclesie médiate vel immédiate sub- 
jectorum, nunc et pro tempore existentibus, ut eidem gubernatori 
ecclesie de Laureto in premissis faveant et assistant ; prioribus vero, 
. communitati et hominibus civitatis nostre Racanatensis hujusmodi, 
ut illi in eisdem ac aliis circa premissa ad ejus jurisdictionem per- 
linentia per ipsum facienda et statuenda, tamquam nobis pareant 
et intendant, nec uUo modo audeant in aliquo contra facere vel 
venire, alioquin pénis per ipsum gubernatorem infligendis subja- 
ceant. Et quod omnes et singuli eidem ecclesie de Laureto inser- 
vientes pro tempore, nostri et successorum nostrorum Romanorum 
pontifîcum pro tempore existentium veri et indubitati faniiliares, 
conlinui commensales existant et esse censeantur, privilcgiisque et 
immunilalibus et libertalibus, ac antelationum prerogativis gau- 
deant et potiantur quibus alii familiares nostri et dictorum succes- 
sorum continui commensales de jure vel consuctudine utunlur. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. G.\SA. afw 

potiuntur etgaudent, ac gaudebunt, scii uti, potiri et gaudere pote- 
runtquomodolibetin futuriim. Etqiiod quicunqucad dictam eccle- 
siam seu vicum undecunque victualia seu etiam alla bona quecunque, 
cujuscunque quantitatis et qualilatis seu generis fuerint, detulerint 
voti causa, seu pro susteritatione eoriim qui ad prefalam ecclesiain 
conlluunl, inibi vendiderint, ab omni gabella seu portu, teloneo ac 
cujusvis alterius oneris seu fundinavis vel portus, quavis auctori- 
tatc et ex quibuscunque causis impositi vel imponendi, solutionc 
bonorum hujusmodi sicdeferendorum, extrahendoi-um et vendendo- 
rum, liberi et exempli existant, necpretexlu quorumcunque privile- 
giorum seu statutorum aut consuetudinum aut etiam represaliarum, 
tam per dictam coriam generalem provincie Marchie Anconitane 
quam alias civitates, terras et loca nobis et Romane ecclesie médiate 
vel immédiate subjecta, seu illarum offîciales autgabellarios, etiam 
apostolica auctoritate impositarum, ipsi bona hujusmodi déféren- 
tes, autipsa bona vendenda, occasione gabelle, telonei seu fundi- 
navis vel alterius oneris, arreslari, detineri vel alias quovis modo 
impediri nequeant. Et simili ter bona ad ipsam ecclesiam pertinentia 
ad quecunque loca eu m signo vel testimonio prefati gubernaloris 
transmitti ac deferri, et etiam ad ipsam ecclesiam et illius loca 
adduci et transportari possint libéra et exempta ab omni datio et 
gabella vel cujuscunque alterius oneris solulione vel exactione. Et 
quia nonnunquam hospites et alii candelas ac alia mercimonia in 
dicto vico seu burgo, tam pro victualibus quam votis et candelis et 
aliis ipsi ecclesie offerendis, fraudes et deceptiones committere 
possent, volentes ut in preraissis omnis fraus cesset, ac peregrini et 
alii ad eandem ecclesiam devotionis causa confluentes bénigne pre 
ceteris tractari possint et debeant, eidem gubernatori, per se vel ab 
eo deputandos idoneos commissarios, facultalem inquirendi super 
hujusmodi victualibus et aliis tebus predictis vendendis,etnecirca 
illas vel illa fraudes et deceptiones fiant, eisdem rébus vendendis 
etiam per dictos hospites pretium conveniens imponendi, eisdemque 
hospitibus ut bona predicia pro victualibus venientiuni ad eandem 
ecclesiam et illius burgum seu vicum predictum, absque alicujus 
gabelle solutione vendere possint concedendi, et illa ab hujusmodi 
gabellis libéra et exempta existere decernendi licentiam et faculta- 
lem concedimus per présentes. Et insuper decernimus quod confes- 
sores predicli ad audiendas confessiones ad prefatam ecclesiam 
béate Marie devotionis causa et alias ^ accedentium pro tempore 
députa ti, per ipsum gubernatorem pro tempore existentem et non 

' Le copiste du ms. du Vatican et VoGELont lu has. 



366 NOTRE-DAME DE LORETTE 

alium depulentui", et per ipsum gubcrnatorem, si ralionabilis causa 
suberit, amovcantuv ; et alii idonci loco amoloi-um substiluanlnr, 
modo prout sibi A'idebitur neccssai'io seu congruo et opportune. 
Prelerea, quia inlentionis noslre est ul^ juxta presentium tenorem 
cl nonnulla alia slatuta ctordinatioiies per nos seudcmandato nos- 
tro édita, et per secrelariumnostruni subscripta ac anulo Piscatoris 
niunila, quibus jier présentes derogare non intendimus, bona dicte 
ecclcsic lam temporalia quani spiritualia, et presertim oblationes 
que in eadem ecclesia devotionis causa fient fideliler coUigantur, et 
in opus et utilitateni ecclesie de Laureto et illius fabrice predicta- 
rum dispensentur, eisdcm motu, scientia et auctoritate districtius 
inhibemus, ne aliquis presbiterorum seu clericorum dicte ecclesie, 
sinescilu et presentia dicti gubernatoris, audeant traclare seu acci- 
pere pecunias lam cere quam clcemosinarum'ct oblationum ejus- 
deni ecclesie, sub pena excommunicationis late sententie et priva- 
lionisbcneficiorum suorum et salarii ratione servilii ecclesie predicte 
sibi debiti, cujus absolutionem, quatenus tamen hujusmodi pe- 
cuniarum tractatio seu receptio IVaudulenta non fuerit, eidem 
gubernalori pro lempore existent! concedimus, et non alias. Rursus, 
quia contingere posset, quod pro evidenti utililate seu necessitate 
dicte ecclesie et illius fabrice expédient aliqua ex bonis mobilibus 
seu etiam imniobilibus,ad prefatam ecclesiam de Laureto seu illius 
fabricam pro tempore pertinentibus, vendere seu permutare aut 
in cmphiteosim perpetuam vel ad tempus concedere, eisdem motu, 
auctoritate et poteslate etiam statuimus et ordinamus, prefa loque 
gubernalori pro tempore existenti facultatem concedimus, quod, 
habita desuper matura deliberatione et consultatione, ac debitis 
traclatibus cum presbiteris et clericis dicte ecclesie de Laureto ha- 
bitis precedentibus, bona quecunque, valorem tamen quinquaginta 
ducatorum auri non excedentia, mobilia et immobilia,ad ecclesiam 
de Laureto et fabricam hujusmodi pertinentia pro tempore, immi- 
nente necessitate vel utilitatc evidenti, quibusvis personis tam 
ccclesiasticis quam laicis, cum quibus ecclesie et fabrice predicle 
conditionem efficere poterit meliorem, in emphileosim perpetuam 
vel ad tempus, seu illa pro aliis utilioribus bonis mobilibus et 
immobilibus respective permutare, mobilia videhcet cum mobili- 
bus et immobilia cum [imjmobilibus permutando, seu vendere, et 
pretium inde provenions in emptionem aliorum bonorum immobi- 
lium.seu mobilium pro eadem ecclesia seu fabrica, aut alias in 
ulililatem ecclesie et fabrice predictarum, prout nécessitas et utili- 
tas imminens persuadebit et non alias, convertere possit ; ac etiam 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 267 

qiiod ipso gnbcrnalor possit pro usu ipsiiis ccclesic de Lauielo et 
fabiicc prcdicte, eliam ubique locorum, et in quonmicunqtie civi- 
taliim, castroriim etlocoriim lernlorio, silvis elnemoribus incidere 
seu incidi laccrc ligna ac lapides et ad ipsam ccclesiam de Laurelo 
simililer adduci faccrc, absque soliitioncalicujus gabelle et pedagii. 
Non obslantibus pic mcmorie Innocenlii eliam predecessoiis nosUi 
circa cxemptos édita, que incipil Volentes, et aliis apostolicis con- 
slitulionibus, nccnon premissis et quibusvis aliis litteris et privile- 
giis etiam apostolicis, eliam ccclesie Racanalcnsi ac communitali 
et aliis predictis sub quibuscunquc Icnovibus concessis, ac suspen- 
sionis quarumvis indulgentiarumplenariarumin vitilitatem basilice 
principis Apostolorum de Urbc etiam per nos factis et faciendis, 
quas et que ad ipsam ecclesiam de Laureto et contenta in presen- 
tibus litteris se nullalenus extendere, et ipsarum presentium elTec- 
tum quoquo modo impedifc non posse, motu, scientia, aucloritate 
et polestale predictis, deccrnimus et declaramns, ceterisque con- 
Irariis quibuscunque. Ceterum quia Ibrsan difficile foret présentes 
litteras ad singula loca ubi opus fuerit deferri, volumus et eadem 
apostolica aucloritate decernimus, quod transumptis presentium 
litlerarum, manu alicujus notarii seu gubernatoris publici sub- 
scriptiSi et sigillo Beale Marie de Laureto munilis, eadem fides, in 
judicio et extra, ubilibetubi fuerint exhibila vel oslensa [adhibea- 
tur] que adhiberetur ipsis originalibus litteris, si forent exhibite vel 
ostense. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam nostre 
dissolutionis, approbationis, decreti, concessionis, extensionis, 
ampliationis, exemptionis, liberationis, susceptionis, subjectionis, 
voluntatis, receptionis, statuti, ordinalionis, mandati, inlentionis, 
inhibitionis et declarationis infringere, vel ei ausu temerario con- 
traire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit, indignationem 
omnipotentis Dei ac beatorum Pétri et Pauli apostolorum ejus se 
noverit incursurum. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, anno 
Incarnationis Dominice millesimo quingentesimo septimo, duode- 
cimo kalendas novembris, pontificatus nostrianno quarto *. 

On aura certainement remarqué que le pape fait venir la 
s. casa, non de Nazareth, mais de Bethléem. Sans doute, on 

1 Arcliives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f"' 37'-45. Ratnal- 
Dus, Anii. écoles., a. i5o7, S ^^7-9; Card. Impeuiali, Competidio délie bolle 
sopra la Comjregazione del biion governo, 1782 ; Mahtorelli, 1. 1, pref. to, 
p. 65-7 ' t- n, pp. 4, 56 ; Murri, p. 105-7; Leopardi, p. 198; Vogel, t. I, 
p. 302-3 ; l. 11, p. 238-47 (^ labularlo ahnae domus I^auretanae) ; Milo- 
GUAU, p. 322-3 ; Gauuatt, p. 266-7. Voir la bulle du i" août i5i8. 



368 NOTRE-DAME DE LORETTE 

rectifiera plus tard cette affirmation — qui a été maintenue 
intacte dans le registre original — dans le sens de la vrai- 
semblance, mais il reste acquis qu'au commencement du 
xvi" siècle, la légende était à Rome encore flottante et incer- 
taine. Jules JI confirme les indulgences précédemment 
accordées et en ajoute pour la fôte de l'Annonciation, qui 
figure pour la première fois. Il déclare ensuite, conformé- 
ment à la seconde bulle de Sixte IV, rompre le lien qui ratta- 
chait Lorette à Recanati et mettre le sanctuaire miraculeux 
sous la dépendance exclusive du Saint-Siège, dont il sera 
une chapelle. Le pape sera représenté 'par un gouverneur, 
sous la protection des autorités des Marches et auquel la 
commune de Recanati devra obéir ; il aura le droit de dési- 
gner les confesseurs des pèlerins ; il pourra aliéner des biens 
de la chapelle jusqu'à concurrence de 5o ducats d'or. Les 
objets et victuailles apportés par les pèlerins, pour don ou 
nourriture, seront exempts d'impôts. Sur la portée des inno- 
vations inscrites dans ce document, je m'en réfère aux con- 
sidérations formulées par le P. de Feis ^ 

Cette bulle, qui rompait, sans grief avoué, avec un état de 
choses séculaire, ne devait pas avoir plus de vitalité que celle 
de Sixte IV : dès le 27 avril lôog, Jules II aurait rendu à la 
cité de Recanati sa juridiction sur Lorette^. Nous regrettons 
de n'avoir ni les considérants ni le texte de cette décision. 

Le 20 du même mois, il avait déjà modifié les pouvoirs 
du gouverneur touchant la perception de la gabelle : 

Dileclis fîliis prioribus et communi civitatis nostre Racanatensis, 
Julius II. Dilecti filii, salutem etapostolicambenedictionem. Nuper 
nobis exponi fecistis, quod ea que pro conservatione et augmente 
Fabrice templi Béate Marie de Laureto, et peregrinorum ad illud, 
Aoti autpietalis et devotionis causa, confluentium, statuta per nos 
fuerunt, potius in lucrum cauponum et liospitantium hominum 
malefiGorum, quam in honorem Dei, fabrice predicte et peregri- 
norum cedunt comoditatem, presertim circa gabellam vinietju- 
risdictionem vestram consuetam, que vobis ob hujusmodi statuta 

' P. 119-28. — - VoGEL, t. I, p. 339. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. G\SA 2G9 

diminuuntur et subtralmnlur. Nos igitur, quorum mens et inten- 
tio fuit Dei honori et gloriosissime Virginis glorie et exallalioni, 
ac utilitati fabrice antedicte et peregrinorum commodis, ul prefer- 
tur, consulere, et "vestre jurisdictioni, nisi in quantum pro con- 
servanda immunitate dicte ecclesic et peisonai-um ei subjectai-um 
et peregrinorum ad illam coniluentium dcvotionis causa utilitati 
prospicitur, non derogare vel prejudicium faccre, tenore prcsen- 
tium declaramus, quod gubernator dicte ecclesie Lauretane habeat 
omnimodam jurisdictionem in spiritualibus et temporalibus in 
omnes et singulos nainistros ecclesie, et servientes tam domi quam 
foris, ac etiam în laborantes tam iutus quam extra vicum Laure- 
tanum, bona quelibet immobilia et mobilia ad ipsam ecciesiam 
pertinentia custodientes durante tempore laborationis, relique an- 
tem persone inhabilantes vel temere advenientes subsint communi 
Racanalensi, preterquam si civiliter aut criminaliter ageretur de 
rébus pertinentibus ad ipsam ecciesiam vel ejus subdilos, ministros 
et servientes, ac percgrinos et advenas ad ecciesiam et vicum ij^sius 
devotionis causa conflucntes, inler [quôs] et de quibus gubernator 
prefatus sit verus et ordinarius judex. Et quod viatores aut vaga- 
bundi, alla de causa quam devotionis aut voti Folvendi causa, ad 
dictum vicum déclinantes et ibi delinquentes, aut pro interesse 
eorum agere volentes contra subditos communitatis Racanatensis 
vel inter se, subjiciantur jurisdictioni ofRcialium communitatis 
vestre. Cognitio autem an sint peregrini, vel devoti vel advene, 
spectet ad gubernatorem. Et quod hospites et tabernarii dictum 
vicum inhabilantes, pro quantum importât substentationem pere- 
grinorum, non teneantur solvere gabellam aliquam bladi, salvati- 
cinorum, agnorum et hedorum, pullorum aliorumque volatilium, 
piscium, caseorum, ovorum et aliorum pinguium ; vinorum autem 
medietatem ejus gabelle vel datii, que ante confectionem bulle sol- 
vebatur vel ultra, prout gubernatori pro tempore existenti, pro 
ejus solius arbitrio, pro annone penutia aut temporum malitia et 
qualitate, videbitur expedire, cujus conscientiam oneramus. Ita 
tamen quod ultra duas tertias partes totius gabelle que ante solve- 
batur aliquid solvi non debeat, et ejus arbitrium se non extendat ^ 
ultra dictas duas tertias in totum. Et quod capitulum bulle inci- 
piens Et quod iindeciinqiie ad dictam ecciesiam sive vicum viclua- 
lie 2, in quantum permittit delationem omnium rerum pro susten- 
tatione peregrinorum, ejus observantia sit arbitrio gubernatoris, 

1 Le texte du manuscrit du Vatican porte intendat. 

2 Le texte de la bulle est un peu différent (p. 365). 



270 NOTRE-DAAIE DE LORETTE 

iina cum duobus pcr communilaleni Racanatensem deputatis, con- 
ditione tempovum considerata. Et quod hospites, tabernarii, arti- 
fices, eliam inhabitantes domos ecclesie, pro eorum lucro et non 
pro servitio ecclesie, et alii omnes ultra in infrascriptis nominali 
dictum viciim inhabilantes, pro rébus omnibus ad usum eorum, 
et pro actionibus cetcris inler se ortis vel oriendis, subjiciantur 
offîcialibus, jurisdiclionibus et gabellis omnibus Racanatensibus, 
et non ecclesie gubernatori prenominalo, excepta domo hospilii 
peregrinorum,.que est dicte ecclesie, que ab omnibus in telliga tu r 
exempta et excepta. Et quod inpuniendis gravibus excessibus com- 
missis in dictoloco, ne crimina remaneant impunita, sifc locus pre- 
venlioni inter gubernatorem et communilatem, exceptis personis 
et ministris dicte domus, et personis ecclesiasticis et religiosis, 
quoad quos sola jurisdictiosit gubernatoris. Et quod quando débet 
fieri executio ultimi supplicii vel capitalis sic delinqueutium, com- 
munitas per ejus offîciales exequi facial, de mandate et commis- 
sione gubernatoris vel ejus officialium, qui in similibus prevenis- 
sent in cognitione vel captura, cum vestra communitas aptiores 
ministros ad hoc exercendum habeat quam gubernator Lauretanus, 
et officio et professioni dicti gubernatoris, qui ecclesiasticus est, 
non vidétur convenire. Non obstantibus statutis predictis, ceteris- 
que in contrarium facientibus quibuscunque. Datum Rome, apud 
Sanctum Petrum, sub anulo piscatoris, die vigesima septima 
aprilis, millesimo quingenlesimo nono, pontifîcatus nostri anno 
sexto '. 

Cependant les Recanatins admirent le bref d'exemption le 
7 septembre i5io. Le lendemain, jour de la fête de la Nati- 
vité, Jules II arriva chez eux et célébra les saints mystères 
dans le sanctuaire de Lorette ^ ; il lui donna, entre autres 
objets précieux, une croix en argent doré, du poids de 
ko livres, avec cette inscription : 

JVLIVS II. PONT. MAX. 

DEIP. VIRGINI LAVRETAN/E DIGAVIT 

ANNO M.D.X. 

IN HOC SIGNO VINCES 3. 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f°^ 45'-7'. 

- VOGEL, t. I, p. 256. 

3 Mautouelli, t. I, p. 194 ; t. II, pp. 56, 78 ; Murri, p. 108. 



ÉTUDE HTSTOK. SUR LA S. CASA. 271 

Reconnaissant ù la Vierge de Lorette d'avoir été préservé 
d'un coup de feu au siège de la Mirandole, il retourna à 
Lorette l'année suivante « voti et devotionis causa ». Il fît 
remise du tiers des impôts pour la réfection du port. Le con- 
seil prit à cet égard une décision le 16 juin : 

Portui Recanatensi, quod ad laudem vergat Aima; Virginis Lau- 
retanas, protectricis susd, ad salutem peregrinorum, ad honorem 
munificentlssimi principis Julii P. M., nomen dehinc este Portus 
JuLu'. 

En i5i2, « Perantonius de Perottis, de Castro Ficcardi », 
prieur général de l'ordre de Saint-Silvestre, donna l'abbaye 
de Saint-Laurent de Castro Ficcardo à la maison de Lorette. 
Un mois après, il en fut nommé gouverneur^. 

Suit un bref de Léon X concernant les pénitenciers : 

Dilecto fdio gubernatori ecclesie Lauretane, Léo papa X. — Di- 
lecte fiii, salutem et apostolicam bencdictionem. Cupientes com- 
modis christifidelium qui ad ecclesiam Laurelanam confluant, 
quantum cum Deo poss\imus, paterne consulere, tibi ut peniten- 
tiai'iis in dicta ecclesia deputandis confitentps etiam a reatu homi- 
cidii, in fore conscientie duntaxat, absolvendi licentiam concedere 
ppssis et valeas, auctoritate apostolica, tenore presentium, faculta- 
tem elargimur. Non obstantibus constitutionibus et ordlnationibus 
apostolicis, ceterisque contrariis quibuscumque. Datum Rome, 
apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, die décima octava 
aprilis, millesimo quingentesimo decimo tertio, pontificatus nostri 
anno primo ^. 

Baptiste le Mantouan devint général des Carmes le 
i5 mai i5i3. Il fit, dans le courant de cetle année, une pièce 
de vers sur la maison de Lorette, dont je ne reproduirai 
que le titre et le début : 

1 VOGEL, t. I, p. 257. — 2 VOGEL, t. I, pp. 207 et 339. 

3 Arcllives du Vatican, vol. 1934 (Pii IV Reg. 70), f" 47. Sauf trois, 
aucun des brefs et bulles de Léon X publiés ici pour la première fois ne 
figure dans Jos. Hergenroether, Leonis X. pont. max. Regesta, Friburgi 
Brisgoviae, 188A, in-4°. On sait que cet ouvrage, interrompu par la mort 
du cardinal au 16 octobre i5i5,n'a pas encore trouvé de continuateur. 



272 NOTRE-DAME DE LORETTE 

De domo lauretana 
carmen 1". Baptistfc Mantuani carmelitas, theologi ac poetae, etc. 
Yastus ab Arcturi plaustro decurrit in austrum 
Adria ; et aggeribus dextra levaque superbis lingitur, etc. ^. 

Les deux brefs suivants de Léon X augmentent les pri- 
vilèges du sanctuaire au dépens de la commune : 

Dilecto filio gubernatori Béate Marie de Laureto, Léo papa X. — 
Dilecte fdi, salutem et apostolicam benedictionem. Cum asseratur 
per aliquos, ex gratiis dilectis filiis prioribus et communi civitatis 
nostre Racanatcnsis per nos dudum coneessis, non modicum pre- 
judiciuni isli ecclesie ac rébus et jiirisdictionibus suis inferri; nos, 
qui ecclesiam ipsam ejusque res omnes sub peculiari cura et pro- 
teclione nostra habemus, illasque ab omnibus illesas preservari 
volumus, harum série decernimus et decLiramus, mentis et inten- 
lionis nostre non fuisse nec esse per hujusmodi gratias prefatis 
Racanatensibus et quibuscunque aliis per nos liactenus concessas 
et deinceps concedendas, isti ecclesie in ejus rébus, bonis et juris- 
dictionibus aliquod prejudicium, damnum vel incommodum in- 
ferre ; et si qua per nos eidem communitati et quibusvis aliis facta 
vel concessa sunt, que in prejudicium dicte ecclesie tendant, illa 
ex nunc revocamus, ac pro revocatis et nullis haberi volumus. 
Mandantes libi, ne vigore gratiarum et concessionum hujusmodi 
aliquid in detrimentum et damnum rerum et jurium istius ecclesie 
exequaris, nec quantum in te est illis aliquod prejudicium inferri 
patiaris. Non obstantibus premissis, ceterisque contrariis quibus- 
cunque. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscato- 
ris, dieoctava julii, millesimoquingentesimodecimo tertio, ponti- 
fîcatus nos tri anno primo ^. 

Dilecto filio gubernatori Béate Marie de Laureto, Léo papa X. — 
Dilecte fili, salutem et apostolicam benedictionem. Ut fabrica eccle- 
sie Béate Marie de Laureto, comparatis rébus ad eam necessariis, 
facilius et comodius procedere possit, volumus et tibi harum série 
facultatem concedimus, quecumque ligna ad ipsam fabrica m oppor- 
tuna, in quibuscumque silvis communitatum, absque aliqua solu- 
tione, et in silvis privatorum aliqua ligna majoris crassitudinis, 
soluto justo et convenienti pretio, per tuos ministres et operarios 
incidendi, capiendi et ad dictam fabricam comportandi ; mandan- 

1 Agelariorum lib. vi (t. I^ f° ô""); Martorelli, t. I; p. 5i4-6 ; Trombelli, 
t. IV, p. 246-7 ; MiLOCHAU, p. 3i8 ; Murri, p. 55; Garratt, p. 278-80. 
-^ Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f 47. 



ÉTUDE HTSTOR. SUR LA. S. GA.SA 278 

tes communitatibus et privatis predictis ut, otnni contradictione et 
impedimento cessante, ea pér te ut premittitur fieri permittant, 
pro quanto gratiam nostram charam habent, et indignalionem 
cupiunt evitare ; in contrarium facientibus non obstantibus qui- 
buscunque. Dalum Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Pis- 
catoris, die sexta décima augusti, millesimo quingentesimo decimo 
tertio, pontificatus nostri anno primo ^ 

BkEVE SUPEU DEUOGA.TIONE INDULGENTIARUM CONCESSARUM PRO 
FABRICA SaNCTI PeTRI. 

Léo papa X. Universis et singulis cliristifîdelibus présentes ins- 
pecturis, salutem et'apostolicam benedictionem. Licet nos per alias 
nostras litteras in favorem fabrice basilice principis Apostoloruni 
de Urbe suspenderimus ad annum ab illarum data computandum 
et deinde ad nostrum beneplacitum quascumque indulgentias, tam 
a nobis quam a predecessoribusnostris et a sede apostolica vel ejus 
auctoritate quibuscunque ecclesiis, monasteriis, hospitalibus, etiam 
nostro Sancti Spiritus in Saxia de Urbe, ordinis Sancti Augustini, 
et aliis piis locis, universitatibus, confraternitatibus cujuscunque 
qualitatis et ad quemcunquë usum concessas, ut in illis, quas pre- 
sentibus haberi volumus pro suffîcjenter expressis, plenius conti- 
netur. Tamen, quoniam ecclesia Sancte Marie de Laureto, Racana- 
lensisdiocesis, immédiate cure nostre subest, evidentique et magni 
sumptus indiget reparatione, motu proprio et ex certa scientia 
harum série declaramus indulgentias, facultates et indulta dicte 
ccclesie per predecessores nostros, sedem predictam et nos con- 
cessas, sub dicta generali indulgentiarum suspensione per nos vel 
per aliquos commissarios nostros facta comprehensas non fuisse, 
nec comprehendi posse aut debere quomodolibet in futurum ; quin 
imo easdem illesas et immotas durare decernimus, et quatenus 
opus sit motu simili de novo concedimus, confirmamus et approba- 
mus, revocatione predicta et aliis quibuscunque in contrarium 
facientibus non obstantibus. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, 
sub anulo Piscatoris, die décima septima aprilis, millesimo quin- 
gentesimo decimo quarto, pontificatus nostri anno secundo 2. 

Le 8 décembre de la même année i5i/i, le pape Léon X 

érigea l'église de Lorette en collégiale : 

Léo episcopus, servus servorum Dei. Ad perpetuara rei memo- 
riam. — Ex superne providentia majestatis in apostolice dignitatis 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pli IV Reg. 70), f" 47-8. 
- Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f"' aS-G. 

N.-D. DE LORETTE l8 



274 ' NOTRE-DAME DE LORETTE 

spéculai conslituli, circa uhiversaruïn, quarum desuper [nobis] 
comrnissa est cura, ecclesiarum profectus et commoda, ut earum 
status, prout locoruin et temporum circumstantiis et qualitatibus 
diligenter considéra tis, in Domino salubriter expedireconspicimus, 
in melîus dirigatur, sicut ex debito pastoralis ofïîcii nobis incum- 
bit, operosis studiis effîcaciter intendimus, ac eas potioris honoris 
titulis extoUere studemus, cuncta propensius cogitantes per que 
in illis fréquentions devotionis ardore potioribusque laudum pre- 
coniis veneretur A.ltissimus, ac pro animarum salutis propaga- 
tiorie divinus cultus ubique continuum suscipiat incrementum. 
Sane cum ecclesia nostra Béate Marie de Laureto, nullius diocesis, 
inter alias orbis ecclesias singulari devotione, assiduis miraculis et 
amplissimis edifîciis splendeat, ac in ea certus numerus presbite- 
rorum, quibus ex eleemosinis in ipsa ecclesia pro tempore erogatis 
necessaria congrue ministrantur, singulis diebus, congruis horis 
et lemporibus, hofas canonicas et missas et alia divina officia célè- 
brent* : nos, qui ecclesiarum omnium decorem et in melius direc- 
lioncm sinceris desideramus affectibus, eandem ecclesiam , ad 
divini nominis laudem et gloriam, ac ipsius Gonitricis ejusdem 
gloriose \irginis Marie honorem et reverentiam, condignis hono- 
ribus atlollere, ac in ea divinum cultum, necnon ministrorum 
numerum, cum illius décore et venustate ac fîdelium devotione, 
vigere et augeri peroptanles, niotu proprio, non ad alicujus nobis 
siiper hoc oblàle petitionis inslantiam, sed de nostra mera deli- 
beratione, ecclesiam ipsam in collegiatam, cum sigillo et archa 
communibus, ac aliis collegialibus insigniis, ac in ea duqdecim 
canônicatus et tolidem prebendas pro duodecim canonicis, qui 
càpitulum ipsius ecclesie faciant et constituant, ac etiam duode- 
cim perpétuas capellanias, mansionarias nuncupatas, pro duode- 
cim perpetuis capellanis, mansionariis nuncupatis ; necnon sex 
loca seu perpétua simplicia bénéficia ecclesiastica, clericalus nun- 
cupanda, pro totidem clericis, qui omnes in ipsa ecclesia divina 
officia juxta ordinationem dilecti fihi nostri Bernardi, Sancte Marie 
in Porticu diaconi cardinalis, ejusdem ecclesie protectoris, desuper 
faciendam, celebrare teneantur, auctoritate apostolica tenore pre- 
seritium erigimus etconstituimus ; ac mense capitulari ij^sius eccle- 
sie omnia et singula ejusdem ecclesie fructus, jura, obventiones, 
oblationés etemolumenta, ex quibus, loco .distributionum, singuli 
canonici quinquaginta, capellani vero seu mansionarii vigintiquin- 

1 Le ms. 1924 porte : celebrenlur ; la correction a été opérée d'après le 
Registre de Léon X, n" 1026, f" ii4. 



ÉTUDE mSTOR. SUR LA S. CA.SA 276 

que, clerici autem duodecim ducat, auri, inclusis seu computàtis 
salaviis que capellani, clerici et officiales ecclesiastici ejusdem 
ecclesie, prêter illius gubernatorem, ex fructibus et oblationibus 
hujusmodi pro eorum mercede bactenus percipere consueverunt ; 
ac ultra eorum portiones hujusmodi pro eorum expensis, ex fruc- 
tibus predictis singuli canonici sex, capellani yero seu mansionarii 
quatuor, et clerici très grani, ac canonici decem, capellani autem 
seu mansionarii octo, et clerici sex, vini puri ; necnon quilibet 
ipsorum canonicorum, capellanorum et clericorum alias sex vini, 
aquatici nuncupatij salmas ; ac canonici untim et capellani seu 
mansionarii et clerici prefati dimidium cadum seu metrum olei, 
habeant et percipiant annuatim, auctoritate et tenore predictis, 
perpetuo applicamus et appropriamus. Et insuper eisdem aucto- 
ritate et tenore statuimus, ordinamus et decernimus, quod col- 
latio et provisio singulorum canonicatuum et prebendarum ac 
capellaniarum et benefîciorum predictorum bac prima vice, ab 
eorum prima erectione hujusmodi, vacantium, ad prefatum Ber- 
nardum cardinalem, et deinde, occurrente illorum pro tempore 
vacatione, electio illorum ad gubernatorem ipsius ecclesie pro tem- 
pore existentem et capitulum seu cjinonicos prefatos conjunctim, 
confirmatio vero ad protectorem ejusdem ecclesie pro tempore exis- 
tentem pertineat. Ac quod ex dictis canonicis eligatur unus, vita, 
scientia et moribus ad hoc idoneiis, in archipresbiterum, qui inibi 
preeminentem habeat dignitatem et aliis presit. Nec aliquis in 
canonicum nisi ex mansionariis, neque in mansionarium nisi ex 
clericis prefatis, in presbiteratus tanien ordine seu tali etate con- 
stitutus, quod saltem dispensa tione ad presbiteratus ordinem pro- 
moveri possit, dummodo alias qualifîcatus et idoneus sit, eligi 
possit; quod si secus factum fuerit, protector de alio idoneo, supei' 
quo ejus conscientiam oneramus, valeat providere. Quodque sin- 
guli canonici, mansionarii et clerici. prefati in dicta ecclesia con- 
tinue personaliter residere, et illi in divinis et aliis per se ipsos et 
non per substitutos deservire teneantur ; et in horis diei ac missis 
tam capitularibus. quam votivis in dicta ecclesia pro tempore, ut 
moris est, celebrandis, punctentur *, et portiones eleemosinarum 
pro distributionibus applicate hujusmodi inter présentes et puncta- 
tos, pro quantitate punctorum et punctatorum, intègre distribuan- 
tur, ac présentes et punctati totum, absentes vero et non punctati 
nichil percipiant. Liceat tamen singulis ipsorum canonicorum, 
capellanorum et clericorum, ob insalubritatem aeris dicti loci. 

1 Le ms. 192/1 porte : presententur ; correction comme dessus. 



276 NOTRE-DAME DE LORETTE 

absque aliqua distributionum predictaium sublractione, anno quo- 
libet per mensem unum, quo punctelur et annotetur ac si presens 
foret, abesse, prout inter se ipsos convenerint, seu sorte extraxe- 
rint*; sic semper quod non minus quam due eorum partes in eccle- 
sia ipsa resideant, et illi in divinis et aliis deserviant. Si vero ultra 
dictum mensem abfuerit, distributiones omnes et fructus quosli- 
bet amittat ; et si ultra duos menses aliquem eorum abesse contige- 
rit, lapso primo mense, canonicatu et prebenda seu capellania aut 
beneficio, seu officie vel dignitate per eum in ipsa ecclesia obtento 
ipso jure privatus existât, et ad electidnem alterius ejus loco, modo 
et forma predictis, libère procedi valeat. Et si intra mensem guber- 
nator et capitulum in electione négligentes extiterint, quod protec- 
tor, sine alia electione, in locum ipsius alium eque idoneum, 
super quoetiam ipsius conscientiam oneramus, substituât. Acquod 
ex dicto canonicorum et capellanorum numéro eligantur per guber- 
natorem dicte ecclesie pro tcmpore existentem illius offîciales con- 
sueti, hoc modo videlicet : ex canonicis depositarius, ac duo saltem 
ex sex vel octo penitentiariis, et unus ex tribus custodibus capelle 
ipsius Beaté Marie Virginis, necnon duo ex capcllanis et beneficia- 
tis predictis, quorum unus organista et alius^sacrista esse debeat; 
cancellarius autem et reliqui quatuor vel sex penitentiarii, necnon 
alii duo custodes dicte capelle et unus saltem apothece cere cum 
duobus fidelibus laicis, ad nutum gubernatoris ex canonicis seu 
capellanis prefalis. Et si qui alii Ibrsan offlciales necessarii forent, 
eligantur et eligi debeant, et electi hujusmodi dicta officia sibi 
committenda absque aliquo augmento mercedis laudabiliter omni 
cum diligentia exercere teneantur ; et cum dictis offlciis prepediti 
erunt, non teneantur divinis seu aliis quibus alias obligati essent 
interesse; nec ipsis ex dictis distributionibus A^aleat aliquid dimi- 
nui, sed punctentur ac si illis semper interfuissent. Et nichilomi- 
nus ut canonici, capellani, benefîciati eo magis divinis officiis et 
aliis sibi commissis sint intenti, quo magis noverint se apostolicis 
fàvoribus juvari, fel. rec. Julii pape II predecessoris nostri vestigiis 
inherendo, eisdem canonicis, capellanis et beneficiatis ipsius eccle- 
sie pro tempore existentibus, ut ipsi et eorum singuli nostri et 
aliorum Homanorum pontificum successorum nostrorum veri fami- 
liares et continui commensales existant ; necnon eidem erecte eccle- 
sie ac illius canonicis et personis pro tempore existentibus, quod 
omnibus et singulis privilegiis, immunitatibus, exemptionibus, 

1 Le ms. 1924 porte : forte contraxerint ; correction comme dessus. 
a Le copiste du ms. 1924 a écrit par erreur unus. 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. GkSk 277 

favddbus, gratiis, indulgentiis el indultis aliis coUegiatis ecclesiis 
et illarum personis in génère concessis et concedenclis uti, potiri 
et gaudere perpetuo valeant cum efTectu. Ac prefato Bernardo 
cardinal! ut statuta laudabilia, rationabilia et lionesta ac sacris 
canonibus non contraria, pro salubri statu et directione ipsius eccle- 
sie facere et edere, illaque pro varietate temporum mutaro, limitare 
et tollere, ac alia de novo facere possit quotiens sibi pro utilitate 
dicte ecclesie visum fuerit; que postquarn édita et mutata ac limi- 
tata seu de novo facla Itierint, eo ipso dicta apostolica auctoritale 
confirmata esse censeantur, auctoritate predicta earundem tenore 
presentium indulgemus, ac eidem Bernardo cardinali super hoc 
facultatem concedimus. Non obstantibus constitutionibus et ordi- 
nationibus apostolicis, ceterisque contrariis quibuscunque. NuUi 
ergo omnino liceat hanc paginam nostre erectionis, institutionis, 
applicationis, appropriationis, statuti, ordinationis, decreti, indulti 
et concessionis infringere, vel ei ausu temerario contraire. Siquis.... 
Datum Rome, apud Sanctum Petrum, anno Incarnationis Dominice 
millesimoquingentesimoquartodecimo, sexto idus decembris, pon- 
tificatus noslri anno secundo *. 

Douze chanoines, dont un archiprêtre, seront nommés par 
le gouverneur et confirmés parle protecteur du sanctuaire. 
Les charges (officiales) seront réparties entre un gardien du 
trésor (depositarius) , un organiste, un sacristain, un chance- 
lier, deux gardiens (custodes), un cirier, sans parler des 
pénitenciers. Chanoines, chapelains et bénéflciers seront 
considérés comme familiers el commensaux du pape. 
Brève pro reservatione et unione benefigiorum familiarium 

CAPITULO LaURETANO. 

Leo papa X. Ad perpetuani rei memoriam. Assidua cordis nos- 
tri meditatio circa hoc potissinium versatur, ut per nostre provi- 
sionis rainisterium universis ecclesiis, et personis in illis di^inis 
laudibus deditis, congrua proveniant auxilia, ex quibus suis et eccle- 

' Arctiives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), î°^ 26-80. Mauto- 
UELLi, t. I, p. 71-2 ; VoGEL, l. II, p. 240-53 ; Jos. Hergenroether, Leo- 
nis X Reyesta, p. 798, n» i3i34. — Léon X aurait nommé, étant à Lo- 
rette, Jacques Sadolet, son secrétaire, évéque de Carpentras (Giacconius, 
Vitse et res gestœ potitijicam Romanoriim el cardinalium, 1677, t. III, 
p. 611"); sa promotion effective eut lieu, d'après le Registre des consis- 
toires de la bibliolh. Barberini, le 20 avril 1517. 



278 NOTRE-DAME DE LORETTE 

siarum ipsarum necessitàtibus opportune valeat provicleri, Sane 
cum nos, favente Altissimo, ecclesiam Sancle Marie de Laurelô, 
nuUius diocesis, nobis et sancte Romane ecclcsie immédiate sub- 
jectam, in collegiatam, et in illa nonnuUa canonicatus et preben- 
das ac dignitates et alia simplicia bénéficia, mansionarias et cleri-r 
catus nimcupanda, ad instar aliarum collegiatarum ecclesiarum 
erigere et instituere, ac quod canonici etalii canonicatus et preben-^ 
das, necnon dignitates et alia instituenda bénéficia hujusnïodi pro 
tempore obtinentes eorum distribu tiones et emolumenta ex elee- 
mosinis in dicta ecclesia pro tempore erogatis, juxta ordinationem 
per nos desuper faciendam, perciperc debeant, de proximo statuere 
intendamus ; nos, qui dudum inter alia voluimus quod in unioni- 
bus exprimeretur verus annuus valor secundum communém esti- 
mationem tam benefîcii uniendi quam illius cui unio fîeret, alio- 
quin unio non valeret, et semper commissio fieret ad partes voca- 
tis quorum interesset; attendentes quod eleemosine hujusmodi in 
labricani dicte ccclesie converti debent, et quod si contingeret dis- 
tribu tiones ex eleemosinis predictis continuo accipi, exinde dicta 
ecclesia et illius fabrica detrimentum paterentur et nimis deteriora- 
rçntur, ac propterea indemnitali dicte ecclesio ac illius [fabrice] et 
personarum earumdem profectibus salubriter providere volentes, 
necnon fructuum, reddituum et proventuum mense capitularis 
dicte ecclesie, cum in collegiatam ecclesiam erecta fuerit ut prefer- 
tur, verum annuum valorem presentibus pro expresso habentes, 
motu proprio, non ad alicujus nobis super hoc oblate pelitionis 
instanliam, sed de noslra mera liberalitate, omnia et singula béné- 
ficia ecclesiastica cum cura et sine cura, que femiliares et ministri 
ipsius ecclesie et quicumque alii in eadcm ecclesia et que dicti 
famiiiares nunc et pro tempore existentes, tam in ipsa ecclesia 
quam extra eam in quibusvis ecclesiis sive locis, ultra duas dictas 
légales ab eadem ecclesia non distantibus, ad presens obtinent et 
imposterum obtinebunt, cujuscunque annui valoris et qualiter- 
cunque qualificata, etiam si disposition! apostolice specialiter et 
ex quavis causa, etiam de necessitate exprimenda, generaliter 
reservata seu ex generali reservatione apostolica affecta, aut etiam 
de jure patronatus laicorum etiam ex fvmdatione existant, si 
tamen eorum expressus accesserit assensus, cum primum ilia per 
cessum vel decessum seu quamvis aliam dimissionem illa obtinen- 
tium, etiam in aliquo ex mensibus ordinariis collatoribus per cons- 
titutiones nostras seu litteras alternativarum aut alia privilégia et 
indulla concessis hactenus et imposterum concedendis, vacare con- 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 279 

tigeritj etiam si actu nunc forsan quibusvis modis yacent,: eidem 
mense ex nunc prout ex tune et c contra, postquam; dicta ecclesia 
in collegiatam ut preferlur erecta fuerit, auctoritate apo^tôlica 
tenore presentium perpetuo uniraus, annectimûs et incocpotamus ;, 
ita quod si vacant ex nunc, alioquin cedentê vel décedente,' aut 
cedenlibus vel decedentibus aliquo seu aliquibus ex prédictis in 
dicta ecclesia de Laureto vel extra eani ad presens et prd tempofe 
beneficiato seu beneficiatis,aut; bénéficia ipsa alias quomodolibet 
dimittentibus, et illis quovis modo simulvel successive vàcantibus,; 
liceat dilectis filiis capitulo dicte ecclesie de Laureto sic in coUegia-. 
tani erecte corporalem possessionem unitdrum beriefi^ciorum, ju-^' 
riumque etpertinentiavum suorum universorum propria auctoritate 
libère apprehendere et perpetuo retinere, illorumque fructus, red- 
ditus et proventus in sucs et dicte mense ususetutilitatem conver- 
tere, donec et quousque fructus, redditus et proventus unitorum 
beneficioruni hujusmodi ad integram summam et quantitatem 
quam ex dictis eleemosinis pro distribu tionibus et solutionibus ca- 
nonicorum et aliorum per nos benefîciandorum predictorum, sin- 
gulo quoque anno, juxta ordinationem etiam per nos desoiper 
faciendam, statuendam et limitand'am, percipi et levari contîgerit, 
eque ascenderint, ad quam pervento unio hujusmodi cassa et 
exlincta sit et esse censeatur eo ipso. Non obstantibus voluntate 
nostra predicta et aliis apostolicis constitutionibus, ac ecclesiarum 
in quibus unita bénéficia hujusmodi ibrsàn fuerint, juramento, 
confirmatione aposlolica vel quavis flrinitate alia roboratis, statutis 
et consuetudinibus, necnonjurepatronatus hujusmodi, ..., contra- 
riis quibuscunque....; et quibuslibet aliis privilegiis, indulgentiis et 
litteris apostolicis.... Volumus auteni quod propter unionem, an- 
nexionem et incorporationem predictas unita bénéficia piredicta de- 
bitis non fraudentur obsequiis, et animariim cura, si qua illis im- 
mineat, nullatenus negligatur, sed earum congrue supportentur 
onera consueta.... Ac ex nuncquicquid secus superhis a quoquam 
quavis auctoritate, scienter vel ignoranler, contigerit attemptari, 
irritum et inanc, nulliusque roboris vel momenti tore decernimus. 
Datum Rome, apud Sanctum Pelrum, sub anulo Piscatoris, die vi- 
gesima decembris, millesimo quingentesimo quartodecimo, ponti- 
licatus nostri anno secundo ^ 

Le pape confirma ensuite tous les privilèges antérieurs : 

Léo papa X. Ad perpetuam rei memoriam. Etsi ex injuncta nobis, 
licet immeritis, pastoralis offîcii cura, cunctarum ecclesiarum et 

' Archives du Vatican, vol. 1924 (Pli IV Reg. 70), f"= Si'-Sô. 



38o NOTRE-DAME DE LORETTE 

piorum locorum privilégia conservarc et tueri tenemur, fid ilïas ta^ 
men que suId invocatione béate et gloriose semperqiie virginis Dei 
Genitricis Marie dedicate sunt, ex nostra péculiari devolione atteiii 
lius animum intendimus, et precipue in quibus, ejusdem Virginis 
gloriose meritis et intercessionibus, pro recurrentibus ad eam et 
ejus auxilium implorantibus Altissimus miracula operatur, et ad 
illas ob id christifidelium confluit multitude. Inter quas, cum ôccle- 
sia Sancte Marie de Laurelo,,Rachanatensis aut nuUius diocesis, 
precipua habeatur, et ob id a fel. rec. Paulo 11, Sixto 1111 et Julio 
etiam II, predecèssoribus nostris, multa in subsidium ac favorem 
ipsius ecclesie indulgentié, prérogative et gratie, necnon privilégia 
et indulta, ac alia spiritualia et temporalia dona, de quibus plenam 
et veram notitiam, etiam per inspectionem litterarum prefatorunl 
predecessorum, habemus, concessa fuerint ;-nos, eorundem prede- 
cessorum vestigiis cumulala devotione inhérentes, motu proprio et 
ex cerla scientia ac de apostolice potestatis plenitudine, omnia et 
singula per prefatos et alios Romanos pontificcs prcdecessores no- 
slros in subsidium et favorem memorate ecclesie concessa, aclitle- 
ras ipsas desuper ab eisdem respective emanatas, quas presentibus, 
ac si de verbo ad verbum insererentur, pro expressis et insertis ha- 
beri volumus.ac omnia et singula in eisdem contenta confîrmamus, 
approbamus et emologamus, et quatenus opus sit de novo concedi- 
mus, indulgemus et elargimur, et perpétue (îrmitatis robur obtinere 
debere decernimus. Et insuper indulgentias et remissiones ad visi- 
tantes prefatam ecclesiam de Laureto, a primis vesperis vigilie Nati- 
vitatis Domini nostri Jesu Christi ad diem festum ipsius Nativilatis 
et alios duos dies extendimus et ampliamus. Et ut eleemosine et 
oblationes, que a christiûdelibus aut ex voto vel devotione seu pro 
consequendis dictis indulgentiis vel alias quomodocunque, etiam 
pro missis et cera, flunt, sine fraude ad illam et in ejus utilitatem et 
fabficam ac deputatos alios usus veniant et converti possint, inhi- 
bemus omnibus et singulis dicte ecclesie ministris ac omnibus aliis 
tam ibidem ex quacumque causa permanentibus, quam peregrinis 
et advenis.cujuscumque status, gradus, ordinis, religionis et con- 
ditionis existant, sub pena excommunicationis late sententie, a qua 
nonnisi per Romanum pontificem et expressa causa, preterquam 
in mortis articulo, absolvi possint, ne eleemosinas et oblationes 
predictasmodo aliquo capere vel divertere présumant, sed illas ad 
deputatos ministros, quantum in eis est, dirigant et perferri procu- 
rent. Et ne ecclesia ipsa aut ejus minislri litibus [in] diversis tribu- 
nalibus fatigentur et distrahantur, ejusdem ecclesie pro tempore 



ÉTUDE HISTÔR. SUR LA S. CASA 



201 



gubernatoiem, causaru'm omnium (^ue super bonis, fructibus, ted- 
ditibus et proventibus quomodocumque et cum quocumque, etliam] 
inler miivistros prefatos oriuntur, judicem ordinarium cum pléna, 
omnimoda et ordinaria potestate, motu, scientia et plenitudine pre- 
dictis, facimus, conslituimus et deputamus; volumusque ut in eis- 
dem causis, cum ei opportunum videbitur, summarie, simpliciier 
et de piano, sola l'acti veritate inspecta procedere, determinaie, 
didinireet exequi valeat ; apostolicis ac dicte provincie cqnslitutio- 
nibus et ordinalionibus, et precipue Angeli de terminis et Papiensis 
de feriis servandis/ceterisque cohtrariis non obstantibus quibus- 
cumque. Datum in villa nostra Malliane, sub annulo Piscatoris.die 
décima octava januarii, millesimo quingentesimo quintodecïmo, 
pontifîcatus nostri anno secundo '. 

Peu après, Léon X expédia un nouveau bref au sujet de 

l'approvisionnement du sanctuaire : 

Dilecto filio gubernatori ecclesie Béate Marie de Laurelo, Léo 
Papa X. Dilecte fili, salutem et apostolicam benedictionem. Exponi 
nobis nuper fecerunt dilecti filii univeisitas et homines terre nostre 
Gastrifîcardi, Anqonitane diocesis, quodlicet fel. rec. Julius papa 11 
predecessor noster omnibus et singulispersonis ubicunque existen- 
tibus, ut omnia et singulatam vini quam grani et alia victualia ad 
villam seu burgum ecclesie Béate Marie de Laurelo hujusmodi pro 
victu et sustentatione hospitariorum et hospitatorum peregrinorum, 
ad visitandum ecclesiam hujusmodi etymaginemejusdem Virginis 
inibi consistenlium et confluentium, etiam absque gabellarum so- 
lutione, pro tempore asportare et déferre libère et licite valerent, in- 
duisent et concesserit, prout in ejusdem predecëssoris iitteris 
desuper confectis plenius continetur ; nichilominus dilecti fdii uni- 
Versitas et communitas ac cives et homines civitatis nostre Racanati, 
asserentes se de victualibus hujusmodi suffîcienter provider[e] 
posse, vel quod ad tuum et duorum civium Racanatensium arbi- 
trium id remitti debeat, pretextu certarum litterarum in forma 
Brevis eis per nos desuper concessarum, hospitatoribus et habitato- 
ribus ac incoUs burgi et castri predict., necnon mercatoribus et aliis 
personis victualia hujusmodi deferentibus,quoniinus indulto, con- 
cessione et libertate predictis pacifiée gaudeant et friiantur impedire, 
pertuibare et moleslare aut impediri facere presumunt, in grave 
exponentium et incolarum ac habitatorum castri et burgi hujus- 
modi prejudicium et gravamen, necnon litterarum ejusdem Julii 

1 Archives du Vatican, vol. iga/i (Pii IV Reg, 70), f"" 55''-57'. 



282 NOTRE-DAME DE LORETTE 

predecessoris et àpostolice auctoritatis contemptum, ac peregrino- 
rum incommoditatem non modicam et jaeturam. Quare pro parte 
dictorum exponentium nobis fuit hutniliter supplicatum, quatenus 
eJs et aliis personis deferentibus prediclis S indultum, facultatem, 
cohcessionem et libertatem hujusmddi observari facere, aliasque in 
premissis opportune providere de benignitate apostolica dignare- 
mur. Nosigîtur attendentes petitionem hujusmodi fore justamet ra- 
tiohi consonam, àtque intentionis nostre et voluntatis Julii prede- 
cessoris hujusmodi fuisse et esse dictam ecclesiam, in qua eadem 
Yirgo Maria in dies miracula facit, summopêre venerari et decorari, 
discrétioni tue per présentes mandamus, quatenus indultum, con- 
cessionem, facultatem et libertatem hujusmodi juxta voluntatem 
Julii predecessoris ac tenorem suarum litterarum hujusmodi obser- 
vari et manuleneri facias ; non permittens eosdem exponentes ac 
pro tempore existentes habitatores et incolas dicti burgi, necnon 
mercatores victualia hujirsmodi ad dictum burgum déférentes et 
illa ab eis ementes perdictos cives vel alias quascumque personas, 
cujiiscumque dignitatis, status, gradus, ordinis vel conditionis exi- 
stentes contra Julii predecessoris eis concessarum et presentium 
litterarum tenores, quomodolibet molestari, impediri aut pertur- 
bari ; contradictores quoslibet et rebelles per censuras ecclesiasticas 
et alia opportuna juris et facti remédia, appellatione postposita, 
compescéndo, invocato etiam ad hoc si opus fuerit auxilio brachii 
sécularis. Non obstantibus... Datum Rome,apud SanctumPetrum, 
sub anulo Piscatoris, die vigesima sexta raartii, millesimo quin- 
gehtesimo quintodecimo, pontificatus nostri anno tertio "^. 

Autre bref relatif à la prise de possession des bénéfices : 

Dilectis filiis canonicis etcapitulo coUegiate ecclesie Sancte Marie 
de Laureto, Racanatensis diocesis, Léo papa X. Dilecti tîlii, salur 
tem et apostohcam benedictionem. Dudum cum nos ecclesiam 
Sancte Marie de Laureto, nuUius diocesis, nobis et Romane ecclesie 
subjeclam, in coUegiatam et in illa nonnuUa canonicatus et pre- 
bendas ac dignitates et alia simphcia bénéficia, mansionarias et cle- 
ricatus nuncupanda, ad instar aliarum coUegiatarum ecclesiarum 
erigere et instituere, ac quod canonici et alii canonicatus et preben- 
das, necnon dignitates et alia instituenda bénéficia hujusmodi pro 
tempore obtinentes eorum distributiones et emolurnenta ex eleemo- 
sinis in dicta ecclesia pro tempore erogatis, juxta î)rdinationem per 

1 Lire predida? 

2 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f" 67-8*. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 388 

nos desuper faciendam, percipere deberenl, staluere inlerideremus ; 
nos attendentes quod eleemosine Imjusmodi in fabricam dicte eccle- 
sie converti deberent, et quod si contingeiet distribuliones hujus- 
niodi ex eleemosinis predictis continuo accipi, exinde dicta eccie- 
sia et illiiis fabrica detrimentum palerenlur ' et nimis deteiiôra- 
rentur ; ac propterea indemnitati dicte ecclesie ac iliius et perso- 
narum cjusdem profectui salubritei' provldcre volentes, motii pro- 
prio omnia et singula bénéficia ccclesiaslica cum cura et sine cura, 
que familiares et ministri ipsius ecclesie et quicumque alii iri 
eadem ecclesia, et que dicti familiares nunc et pro tempore exi- 
stentes tam in ipsa ecclesia quam extra eam in quibusvis ecclesiis 
et locis ultra duas dictas légales ab eadem ecclesia non distantibus 
lune obtinebant et imposterum obtinerent, cujuscumque annui 
valoriset qualitercumquequalificata, eliam si dispositioni apostolicc 
specialiter A'el ex quavis causa, etiam de necessitate exprimenda, 
generaliter reservata seu ex generali réserva tione apostolica affecta, 
aut etiam de jure patronatus clericorum vel laicorum etiam ex i'im- 
dationé existèrent, etiam si laicorum tantum, de eorum expresso 
consensu, cum primum illa per cessum vel decessum seu quamvis 
aliam dimissionem illa obtinentium, etiam in aliquo ex mensibus 
ordinariis coUatoribus per constitutiones nostras seu litteras alter- 
nativas aut alia privilégia et indulta eatenus concessis et impostcT 
rum concedendis, vacare contingeret, etiam si tune aclu quibusvis 
modis vacarent, eidem mcnse ex tune prout ex die illorum vaca- 
tionum et e contra, postquam dicta ecclesia in collegiatam erecla 
foret, apostolica auctoritate perpetuo univimus, annexuimus et 
incorporavimus ; ita quod si vacarent ex tune, alioquin cedenle vel 
decedente aut cedenlibus vel decedentibus aliquo seu aliquibus ex 
predictis in dicta ecclesia de Laureto vel extra eam (vel) pro tem- 
pore beneficiato seu beneficiatis, aut bénéficia ipsa alias quomodo- 
libet dimittentibus et ilfis quovis modo simul vel successive vacan- 
tibus, liceret vobis, filiis, capitulo et canonicis dicte ecclesie de 
Laureto sic in collegiatam erecte, corporalem possessionem unito- 
rum beneficiorum, juriumque et pertinentiarum suorum universo- 
rum propria auctoritate libère apprehendere et perpetuo retinere, 
illorumque fructus, redditus et proventus in suos et dicte ecclesie 
usus et utilitates convertere, donec et quousque fructus, redditus 
et proventus unitorum beneficiorum hujusmodi ad integram sum- 
mam et quantitatem quam ex dictis eleemosinis pro distributioni- 
bus et solutionibus canonicorum et aliorum per nos beneficiando- 

1 Le manuscrit du Vatican porte perpëïereniur. 



284 NOTRE-DAME DE LORETTE 

rum predictorum, juxta orditiationem etiam per nos desuper fa- 
ciendam, statuendam et limitandam, percipi et levari contingeret, 
eqiie ascendissent, ad quam pervento unio hujusmodi cassa et ex- 
tincta esset et esse censeretur eo ipso, prout in nostris in forma bre- 
vis indè contectis tilteris plenius continetur, Cum autem postmo- 
dum ' qùedam constitutio revocatoria reservationiim ac imionum 
perpeliio vel ad tempus effectus non sortitarum a nobis emanave- 
rjt, etforsan ab aliquibus dubitari posset iinionem, annexionem et 
incorporationem ac litteras nostras predictas sub hujusmodi revo- 
catione comprehensas fuisse, ac mentis et immutabilis voluntatis 
nostre existât illas suum plenarium et omnimodum sortiri debere 
effectum. Nos ad hujusmodi ambiguitatis toUendum dubium et ut 
ex litteris hujusmodi optatum sortiamini effectum providere volen- 
tes, motu simiH et ex certa scientia nostra, auctoritate apostolica 
tenore presentium decernimus et declaramus unionem, annexio- 
nem et incorporationem ac litteras nostras predictas, sub predicta et 
quacumque alia facta seu forsan facienda, constitutione nostra seu 
illius innovatione minime comprehensas fuisse et esse, nec in futu- 
rum comprehendi debere in omnibus et per omnia, perinde ac si 
predicta aut aUa constitutio revocatoria a nobis vel sede predicta 
hactenus non emanasset seu imposterum emanaret. Sicque per 
quoscumque causarum palatii apostolici auditores aliosque judices 
et commissarios, coram quibus deinceps de juribus premissorum 
hesitari contingerit, in quacumque instantia et prime et uUerioris 
appellationis, non expectata alia super hoc mentis nostre declara- 
tione, ac sublata eis et cuilibet eorum aliter interpretandi facultate, 
judicari et deffiniri debere ; irritum quoque et inane si secus super 
hisaquoquam quavis auctoritate, scienlervel ignoranter contigerit 
attemptari. Non obstantibus premissis ac constitutionibus et ordi- 
nationibus apostolicis ceterisque conlrariis quibuscumque. Datum 
Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, die tertia maii, 
millesimo quingentesimo quintodecimo, pontificatus nostri anno 
tertio ^ 

Bref en faveur des chanoines à bénéfices multiples : 

Léo papa X. Universis et singulis ad quos he nostre pervenerint, 
salutem et apostolicam benedictionem. Cum nos nuper ecclesiam 
Sancte Marie de Laureto, nullius diocesis, in collegiatam cum 
sigillo et archa communibus ac aliis collegialibus ins,igniis, ac in 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pli IV Reg. 70), f"' 58-6oa, Cf. Hergen- 
ROETHEu, Leonis X Regesta, t. II, p. 82, n° iSaSS, 



ÉTUDE HISTOB. SUR LA s. CASA. 285 

ea duodecim canônicatus et totidem prébendas pro duodecim ca- 
nonicis, qui Capitulum ipsius ecclesie facerent et constituèrent, 
et duodecim perpétuas capellanias, mansionarias nuncupandas, 
pro duodecim perpetuis capellanis, mansionariis nuncupandis, 
necnon sex loca seu perpétua simplicia bénéficia ecclesiastica, cle- 
ricatus nuncupanda, pro totidem clericis, qui omnes in ipsa eccle- 
sia divina officia juxta ordinationem dilecti filii nostri Bernardi, 
Sancte Marie in Porticu diaconi cardinalis, ejusdem ecclesie protec- 
toris, desuper faciendam celebrare tenerentur, ad divini nominis 
laudem et ipsius g"enitricis gloriose virginis Marie honorem et reve- 
rentiam, per alias nostras litteras motu proprio erexerimus et ins- 
tituerimus ; ac statuerimus et ordinaverimus, quod singuli cano- 
nici, mansionàrii et clerici prefati in dicta ecclesia continuo perso- 
naliter residere et etiam illi in divinis et aliis per se ipsos et non 
per alios deservire teiierentur, ac in horis diei et missis tam capitu- 
laribus quam votivis in dicta ecclesia pro tempore, ut moris est, 
celebrandis punctarentur et portiones eleemosinarum pro distribu- 
tionibus sub certismodo et forma applicate inter présentes et punc- 
tatos pro quantitate punctorum et punctatorum intègre distribue- 
rentur, ac présentes et punctati totum, absentes vero et non punctati 
nichil perciperent, prout in dictis litteris plenius continetur. Nos 
attendentes quod canonici, mansionarii et clerici prefati, alibi bé- 
néficia ecclesiastica nunc et pro tempore oblinentes, apud eadem 
bénéficia et ecclesiam hujusmodi personaliter residere nonpossunt, 
ac cupientes quod ecclesia [ipsa] inter alias orbis ecclesias splen- 
deat ac singulis diebus congruis horis et temporibus bore canonice 
et naisse ac alia divina officia [in eadem] celebrentùr, motu simili et 
ex certa nostra scientia ac de apostolice potestatis plenitudine, mor- 
demis ac pro tempore existentibus canonicis, mansionariis et cleri- 
cis predicte ecclesie, ut residendo personaliter in dicta ecclesia om- 
nes et singulos fructus, redditus et prôventus ac jura, pbventiones 
et emolumenta quecumque omnium et singulorum beneficiorum 
ecclesiasticorum cum cura et sine cura, que in quibusvis ecctesiis 
sive locis obtinent et imposterum obtinebunt, etiam si canônicatus 
et prébende, dignitates, personatus, administrationes vel officia in 
cathedralibus etiam metropolitanis vel collegiatis, et dignitates ipse 
in cathedralibus etiam metropolitanis post pontificales majores, 
seu collegiatis ecclesiis principales, et alias qualitercumque qualifî- 
cate fuerint, et ad illos, illas vel illa consueverint qui per electîo- 
nem assumi eisque cuva immineat animarum, et ex eorum funda- 
tione aut consuetudine personalem residentiam requirant, cum ea 



a86 NOTRE-DAME DE LORETTE 

integritate, quotidianis distributionibus dumtaxat exceptis, quâm- 
diu in dicta ecclesia Béate Marie personaliter residerint, percipere, 
exigere et habere libère et licite valeant, perinde ac si in dictis ec- 
clesiis sive locis personaliter résidèrent ac divinis intéressent, et ad 
residendum intérim in eisdein minime teneantur, nec ad id a quo- 
quam conipelli possint, auctoritate apostolica tenore presentium 
indulgenms. Et nichilomirius precipimuset mandamus univèrsiset 
singulis venerab. fratribus archiepiscopis, episcopis ac quibusvis 
ordinariis coUatoribus, necnon dilectis filiis metropolitanarum et 
cathedralium ac collegiatarum ecclesiar'um capitulis et canonicis 
ubilibet constitutis, quatenus si et postquam presentium notitiam 
habuerilis, ac pro parte canonicorum, mansionariorum et clerico- 
rum predict... fucritisrequisiti, infra sexdierumspiatium,... eisdem 
canonicis, mansionariis et clericis bénéficia tis..., omnes et singulos 
fructus, redditus et proventus, jura, obventiones et emolumenta 
quecumque omnium et singulorum benefîciorum ecclesiasticorum 
predictoruni per eos nunc et pro tempore obtentorum cum ea inte- 
gtilate, quandiu in dicta ecclesia Béate Marie personaliter reside- 
rint, preslelis, conferatis et assignetis, ac illis respondeatis ac res- 
ponderi faciatis, ac cum illos perciperent si in dictis ecclesiis sive 
locis personaliter résidèrent ac divinis offîciis intéressent. Inhiben- 
tes vobis ne eosdem canonicos, mansionarios et clericos super dictis 
beneficiis et illorum fructuum, redditu'um, proventuiim et emolu- 
mentorum [perceptione] per vos vel alios indebitc molestare presu- 
malis. Et nichilominus omnes et singulos processus per vos et vi- 
carios ac offîciarios vestros^... hactenus contra et adversus eosdem 
canonicos, mansionarios et clericos factos et inceptos,... cassamus, 
annullamus et irritamus, ac vobis.... desuper perpetuum silentium 
imponimus. Si vero indulti et mandati nostri hujusmodi per dic- 
tos sex dies conteraptores fueritis, vobis archiepiscopis et episcopis 
ingressum ecclesie interdicimus, in alias vero personas inferiores, 
videlicet singulares personas capitulorum, ex tune excommunica- 
lionis sententiam ferimus in his scriptis.... Non obstantibus, si in 
dictis ecclesiis sive locis primam non fecerint residentiam persona- 
lem consuetam, ac felicis recordationis Bonifacii pape VIU prede- 
cessoris nostri, per quam concessiones de fructibus in absentia per- 
cipiendis siiie prefinitione temporis fleri prohibentur, et quibusvis 
aliis âpostolicis, ac in provincialibus et sinodalibus conciliis editis 
geheralibus vel specialibus constitutionibus et ordinàtionibus... 
Volumus autem quod bénéficia predicta debitis propterea non frau- 

1 Le texte du manuscrit du Vatican donne par erreur nostros. 



ÉTUDE HISTOR. SUR L.l S. GA.SÂ 287 

dentur obsequiis, sed illorum onera per suffîcierites vicarios con- 
grue supportentur et ibi légitime deserviatur in divinis. Datum 
Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscaloris, die quarta 
maii, millesimo quingentesimo quintodecimo, pontificatus nostri 
an no tertio *. 

Un marchand de draps de soie, citoyen de Douai, Jacques 
Le Saigne, séjourna àLorette du 9 au 12 mai i5i8. Son journal 
de voyage nous renseignera, mieux que tous les textes précé- 
dents, sur l'état du pèlerinage à cette époque : 

Ainssy appert qu'il y a de Rome jusqu'à Nostfc Dame de Lorelte 
six vingtz trois mille. 

Apres que nous eusmes disnés, nous allasmes veoir l'église de 
Nostre Dame ; mais nous fallut la laisser de nos espées, car il y a 
des Soudoiei'S que gardent l'entrée, et y a largement artillerie, culu- 
vrisnes et aultres bastons. Nous venus en l'église allasmes veoir une 
chappelle qui estoit le chambre ou la vierge Marie recheut les sainc- 
tes nouvelles comment elle concheveroit; et se y fut noury son enfant 
Jésus l'espasse de douze ans. Les murs d'alentour sont de bric- 
ques et y a trois bricques d'espes,'et a de largeur la dite chambre 
par dedens environ quinze pieds et de longueur environ vingt huit 
pieds et de hauteur quinze a seize pieds ; il y a deux hUis, l'ung 
dés littiaux deseure l'huis est de blanche pierre, et l'autre liltiau 
de l'autre huys est de bos. Mais il y a une petite arcure de bricques 
deseure le dit littiau pour le conforter. La dite saincte chambre ou 
chappelle est aussy espes de bricques, comme dict est. Les angeles 
l'ont aportés tout par deseure la mer et se n'est riens despeschiet. 
Il y a en la dite saincte chambre ung autel ou on dit messe tous les 
jours ; derrière l'autel a une ymaige de la vierge Marie et est eslevée, 
et disent les chanoines que sainct Luc l'a faict. Il y a alentour de 
la dite ymaige tant de richesses que ne sçaroye escripre, comme 
fcouronnes d'argens et se y a plus de deux cens calices d'argent ; et 
se y a douze lampes ardentes nuict et jour devant là dite ymaige. 
On voit toutes ces richesses quant on oyt messe. Car il n'y a que une 
traille entre l'autel et les dites richesses ; on faict ung mur de deux 
bricqs d'espes tout alentour de la dite saincte chappelle de peur 
qu'elle ne fondesist, ad cause qu'elle a été tant transmuée. Mais 
par le miracle de la belle Dame j'ai veu des bricques qui commen- 
chent a, fendre, et toutes celles de la saincte chapelle sont entières. 

' Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), i" 60-2. 



288 N0TREADA:ME DE LORETTE 

Et se y a du mais quinze cens ans qu'elle est faicte et le mur de 
deux bricques qu'on a fait a envii'on deux cens ans. La ditte saincte 
chappelle est au millieu de l'église et sont les murs de la dite église 
pardedens tous muschiés de tabliaux des miracles que on l'aaportés 
des miracles que la belle Dame y faict. C'est une belle chose de veoir 
les pellerins qui y arrivent. Il y apléniere remission tous les same- 
dis de Fan a tous cheulx qui y vont. 

Apres que nous eusmes regardés l'église, allasmes jouer avant la 
ville. On l'enfrumè et y a ung beau bollverre tout faict du les de 
Rome. On nous monstrâ une plaiche auprès de la ou la saincte 
chambre fut aportée des angeleset assise comme elle est. Et estoit 
la dite plaiche a deux frères. Se y eult grant procès entre deux ad 
cause de lalle et grand proffît qu'y y advint que chascun disoit a 
lui appartenir ; adoncq les angeles le apportèrent ou elle est main- 
tenant. Et la dite ville est y a moitié en frumée. Et se n'y a que sept 
rnois que on commencha. Il y avoit largement ouvriers, ad cause 
qu'ils craient les ïurcqs. Car il n'y avoit que ung an qu'ils avoient 
estes a une mille preis de la ville, mais la belle Dame y ouvra. Car 
lesdisTurcqs s'en refuirent et en cuydoient estre jamais eschappés. 
Apres avoir regardés les dis ouvraiges vinsmes souper. Dont ne 
despendis, car je n'avoie plus de cheval, et fis très bonne chière 
pour le pris de 6 gros. 

L'endemain, que estoit le dixième du moys de may, allasmes 
ouyr messe en la saincte chambre ; et puis cuydoie faire dire 
messe. Je ne en sceu finer, et le fallut faire dire sur ung aultre 
autel. On me dit que c'estoit tout ung. Les prebstres ne prennent 
point d'argent, on rue che qu'on voeulx en ung troncq quy est 
la. Che sont channoines, mais ils mangent tous ensamble en une 
table, tel viande de l'ung que l'autre. Ils ont chascun pour leur 
habillemens et suffraiges chincquante ducas par an. Nous fusmes 
au revestiaire, mais je fus tout esbahis de veoir tant de richesses 
que on nous monstra ; il ne me seroit point possible d'escripre tout. 
Nous en vinsmes disner et despendis en faisant bonne chière 6 gros. 

Ce dit jour après disner, on nous mena veoir le lieu ou le saincte 
chambre fut premièrement aportée des angeles. C'est en ung bos 
environ a demy lieue près de la ville et a demy lieue près de la mer ; 
mais a cause qu'il se faisoit tant de murdre au dit bos des malvais 
gardions que espyoient les poures pellerins, la saincte chambre 
fut aportée a la plache que ay escript devant, quy estoit a deux 
frères. Quand nous eusmes asses sallués le lieu et regardés, nous 
revinsmes a l'église. Le trouvasmes ung chanoine, Jequel avoit sa 



ÉTUDE HTSTOR. SUR LA. S. GA.SÂ aSg 

soeur demouranle a Yalenchesnes et pour l'amonr du pays nous 
monstra le fenestre par ou l'angele vint anochier les belles nouvelles. 
Et noua monstia le autel tout nud, qui est en la saincte chambre. 
Et nous dict que les apostles l'avoient fait dedens Hievusalem, et 
que sainct Jacques le mineur fut le premier quy y dit messe, et fut 
la première messe dicte en ce monde. Et se nous monstra le dit 
chanoine le aumelle ou la vierge Marie mettoit sa viande. Je ne me 
sçarroie sauller de cstre en la dicte saincte chambre. Car je croy que 
le benoist Jliesus, 'quant il apprenoit a aller, il se apuyoit au mur 
de la dite maison. Nous touchasmes maintefois nos chapelés. Encore 
nous monstra le dit chanoine ou la belle Dame la voit ses mains ; 
c'est une petite pechyne comme celles que sont ans églises, ou on 
donne a laver aux prestres. Après que nous fusmes hors de la 
dite saincte chambre, nous monstra le dit chanoine des pierre toute 
laillic les plus exquise que n'avoie jamais veu, che semble albâtre. 
Les personnaiges sont sy bien faicts que samblent en vie ; c'est pour 
mettre autour du mur de la saincte chambre au lieu du mur de 
deux bricques ; car on les mettra jus et y mettra on celles riches 
pierres, quy sera une chose bien belle et riche. Apres avoir bien 
regardés, nous vinsmes souper et despendis au dit souper 6 gros. 
Ce onze de may, nous allasmes encore ouyr messe en la 
saincte chambre, et nous fut dit que toutes les choses qui y sont, 
comme l'ymaige qui est derrière l'autel et aussy l'autel, et les 
aumelles et aussy le lavoir, comme dict est, tout fut ainssy aporté 
de Nazareth en Hierusalem, et de la au païs d'Esclavonie, et de la 
au bois, et de la aux champs, et de la ou elle est maintenant. Che 
a esté a chascune fois ung beau miracle, d'estre ainssy porté sans 
queyr une bricque. Je voeulx escripre d'ung beau miracle, lequel 
n'avoie point mis par escript a mon premier livre. C'est que j'ai 
veu le corie d'ung prestre, laquelle on voit contre img mur. Ce fut 
ung prestre bien devoet a la vierge Marie. Et alloit souvent saluer 
en la saincte maison quant elle estoit au païs d'Esclavonie, qviant la 
dite saincte chapelle ou maison fut transmuée des angeles, le dit 
prestre ne faisoit que se dellamenter, et prioit toujours qui posist 
sçavoir qu'elle estoit devenue. Une voix luy dict qu'il se mist en 
chemin et que le trouveroit. Ainsy qu'il cheminoit trouva des Turcs, 
quy lui demandèrent ou il alloit et il leur respondit qu'il cherchoit 
après la saincte chapelle, et ils lui fendirent le ventre, et lui tinrent 
le Corée hors de son corps. Apres qu'ils l'eurent laissiet, il se leva 
et prist le dite corée et chemina tant quy vint ou la saincte chap- 
pelle estoit, et luy venu demanda des ornemens, et dit messe sur 

M.-D, DE LORETTE IÇ 



ago NOTRE-DAME DE LORETTE 

l'autel quy y est a cesle heure. Après avoir dit messe, appela plu- 
seurs des chanoines et leur dit le miracle, et soubit rendit son 
ame a Dieu, On luy ouvrit le ventre et trouva on qu'il avoit dit vray, 
et vrayment j'ai veu la dite corée. Apres, ces choses veues, nous 
vinsmes disner et despendis 6 gros. 

L'apres disner, nous allasmes juer aux champs ; c'estoit mer- 
veille de veoir les pellerins venir. Car la dite ville de Nostre Dame 
est assise sur une montaigne; mais la terre d'alentour est bien 
fertil. 11 y a des belles vignes, et des beaus prés et bos. L'ung de 
mes compaghnons a mis en son livre que vient la plus de pellerins 
en quinze jours que ne faict à Nostre Dame de Haulx en ung an ; 
et dict vray, et quy veult eslriver sy voye la, et il veura bien de 
quoy. Apries che escript vinsmes souper et despendis 6 gros. 

Le douze de may, nous allasmes encore ouyr messe en la saincte 
chapelle, et nous recommandasmes a la belle Dame, puis desju- 
nasmes ung petit. Il me fallu louar un cheval pour aller jusqu'à 
Ancone, ou il y a quinze mille et païs bien bochu ; mais il est assez 
fertil. Nous vinsmes a Ancone ainsy que a midy, dont despendis 
au disner, parmy le louaige de mon cheval, et se fismes bonne 
chiere 20 gros *. 

Le pape déclare les pèlerins exempts de tout péage : 

Léo papa X. Universis et singulis civitatum, terrarum et locorum 
nobis et sancte Romane ecclesie médiate vel immédiate subjeclo- 
rum offlcialibus, dohaneriis, gabellariis, passuum pontiumque et 
pedagiorum exactoribus quoquo nomine nuncupatis et ad quos 
spectat, salutem et apostolicam benedictionem. Cupientes in hono- 
rem béate semper virginis Dei genitricis Marie, ut omnes et singuli 
christifldeles, qui ecclesiam ipsitis virginis de Laureto, Racanaten. 
dioc, frequenlibus ejusdem preclaris miraculis ex devotione vel voto 
visitaturi sunt, et temporalibus et terrenis juventur auxillis et nostra 
et hujusmodi sancte sedis apostoHce gratia gaudere noscuntur, motu 
proprio et ex certa scienlia et de apostolice potestatis plenitudine 

1 Chy sensuyent les gistes repaistres (Sf despens : que inoy Jasques le Saige 
marchant de drapz de soye demourant a Douay ai faict de Douay a Hierusa- 
lein Venise Rhodes Rome Nostre Dame de le Lorete. Auec la description des 
lieux : portz : cités : villes : et aultres passaiges. Que moy Jasques le saige 
ay faict la mil chincq cens. XVHJ. Auec mon retour; Gambray, i523, 10-4° 
goth. de 108 f. ; ibid., [vers 1624], pet. in-4°goth. de 78 p. Voyage de Jacques 
Le Saige de Douai à Rome, Nostre Dame de Lorctte, Venise, Jérusalem et 
autres saints lieux ; nouv. édit. publiée par H. R. Duthilloeùl ; Douay, 
i852, in-4° de xvj-222 p. et 2 pi. (p. 32-9). Cf. RôiiRicriT, p. 173. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 291 

presentium lenore statuimus et decernimus, omnes et singulos 
chri&tifideles qui ex voto seu singulari obligalione et non ob alia 
negotîa ad visitandum ecclesiam predictam qùandocumque acces- 
serint, tum eundo lum redeundo, cum equis, rébus et bonis suis: 
quibuscumquc, tlummodo illa questus vel mercature causa non 
déférant, et sint eorum usui et conimodo in ipso itinere necessaria 
et opportuna, ab omni solutione et onere quarumcumque gabella- 
rum et dohanarurp passuum,.pontium et pedagiorum in civitatibus, 
terris et locis predictis exempCos penitus et immunes, inhibentes 
vobis omnibus et singulis predictis sub pena excommunicationis 
late sententie et mille ducatorum auvi, fabrice dicte ecclesie dé facto 
applicandorum, ne accedentes vel recedentes predictos aliqua.exa- 
ctione pro personis et rébus predictis gravare, Ycl ab ois aliquid 
petere vel exigere ratione predictorum presumatis vel aliquis ves- 
trum présumât, sed cosdem nostris presentibus statuto, decreto et 
exemptione libère frui et gaudere permittatis et faciatis sub dictis 
pénis, quas omnino exigi a contra facientibus si qui fuerint, quod 
non credimus, auctore Domino, faciemus ; statutis, privilegiis, con- 
suetudinibus et indultis civitatum, terrarum et locorum predicto- 
rum quavis, eliam apostolica, auctoritate concessis, conlirmatis et 
innovalis, quibus, illa presentibus pro expressis habentes, alias in 
suo robore permansuris, ad cffectum premissum specialiler et 
expresse derogamus, cetei-isque contrariis quibuscumque non ob- 
stantibus. Verum quia difficile foret présentes littevas ad singula 
loca quo necesse esset perferri, volumus utearum transumptis, manu 
notarii publici subscriplis et sigillo alicujus prelati in dignilaté 
ecclesiastica constituti munitis, ea prorsus fîdes ubique locorum 
adhibeatur que ipsis presentibus adhiberetur si essent exhibite vel 
ostense. Datmii Rome, apud sanctum Petrum, sub anuloPiscatoris, 
die décima octava junii, millésime quingentesimo quintodecimo, 
pontificatus nostri anno tertio '. 

Léon X nomma, le ï°' juillet i5io, le cardinal Bernard 
Dovizi (Divitius)'^, procureur de la maison de Lorette, qua- 
lifiée pour la première fois de fanum, terme emprunté à la 
renaissance païenne, qui fleurissait alors à la cour papale. 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pli IV Reg. 70). f° ea'-ôS. 

- Né à Bibbiena en 1470, cardinal depuis i5i3. Composée avant i5o8, sa 
comédie La Calendra, d'une scandaleuse obscénité, fut représentée à Rome 
en i5i4, en présence de Léon X son protecteur. Cf. Répert., c. laSG. 



292. NOTRE-DAME DE LORETTE 

Léo papa X Bernardo Bibiene ^ cardinali. Gum omnium quas in 
pontifîcatu curas gerimus, ea non postrema sit, ut Marie semper 
virginis Dominique nostri matris Lauretanum phanum augustissi- 
mum, quod magnis sumptibus atque impensa multos jam annos a 
Romanis pontificibus construitur, qua maxime convenit diligentia 
et studio conficiatur, ejusque phani proventus probe custodiantur, 
reliquaque pmnia que ad ipsius Virginis matris cultum locique 
religionem non solum retinendam, sed longe etiam si fieri possit 
adaugendàm atque amplifîcandam pertinent, recle administrentur, 
ipsius te Lauretani templi, edium, domus, loci, proventuum omnis 
generis, ejusque templi exedifîcationis, cultus, curalionis, ministro- 
rum, operumque omnium procuratorem facio. De tua enim in 
Divam 2 pietate, in rem Romanam studio, in me autem, cui qui- 
dem iamilieque mee omnia pêne Usque a pnero summe cum inle- 
grilatis et fidel, tum vero cure atque diligenlie egrcgia et prcclara 
officia prestitisti, pcrvetere observantia voluntateque admonilus, ni- 
chil est rerum omnium quod tibi recte mandari credique posse non 
existimem. liaque tibi in eo procurationis munercobeundo, eamdem 
potestatem idemque jus largior in teque transfero agendi omnia. 
mandandi, statuendi, que potestas quodque jus rnihi, idem si age- 
rem, mandarem, statuerem, profecto essct. Quare tuum erit, qui 
virtute atque ingenio sic abundas, nemo tibi in utrisque ut prefe- 
ratur, in singulis equentur pauci, eum magistratum ita gerere, ut 
et phanum illud apud omnes homines plus in dics venerationis et 
celebritatis acquirat, et mihi extet fructus laboris et industrie tue. 
Datum kalendis julii, millesimo quingentesimo quinto decimo, 
anno tertio, Rome •^. 

Bref du même touchant les legs faits au sanctuaire : 

Dilecto filio Gubernatori collégiale ecclesie Sancte Marie de Lau- 
reto, nullius diocesis, Léo papa X. Dilecte fili, salutem et aposto- 
licam benedictionem. Executioni piarum christifidelium volunta- 
tum, accommodo etdecori ecclesie nostre Béate Marie de Laureto, 
quam speciali devotione prosequimur, consulere volentes, te, de 
quo plurlmum in Domino confidimus, nuncium et commissarium 

1 Ms. Bibrene. — " Ms. divina. 

s Archives du Vatican, vol. igah (Pii IV Reg. 70), f" GS'-/»", Ce texte, 
parfois fautif, a été corrigé à l'aide des Epistolx de Pierre Bembo (lib. x, 
ep. 44), qui en fut le rédacteur. Cf. Hergenroetiiek, Leonis X. Regesta, 
t. II, p. 127, n° 16204. VoGEL a placé par erreur cette nomination à l'an- 
née i5i4 (t. I, p. 339). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 298 

nostrum per présentes facimus et. deputamus ad p6tendum et 
exigendum quecumque relicla et legata dicte ecclesie in testamen- 
tis, codicillis, donationi[bu]s causa niortis, aut aliis ultimis voiun- 
latibus et votis, ubicumque et quomodocumque facta ac ubilibet 
et pênes quoscumquc, qiioquo nominc, consistentia, cujuscumquc 
quantitaiis, qualitatis et valons existant, cnm potestate quoscum- 
. que tabelliones, scribas et notarios ad exhibenduni et bstenden- 
dum tibl, vel depiitandis a te, eorum iibros et prothocolla pro 
invesligatione piemissorum relictorum, legalorum et votorum, 
sub mercede et premio duorum pro quolibet centenario exacto- 
rum omnium, illorum virtute et vigore ; ac debitores quosiibet 
ad effectualem satisfactionem predictorum tibivel ipsis depu tandis 
pro ipsa ecclesia recipientibus faciendam, constito de debito sum- 
marie, simi:)licitei' et de piano, sola facti vcritale inspecta et omni 
tela judiciaria postposita, ac rejectis quibuslibet exceptionibus, ca- 
villalionibus et subterfugiis, ac etiam appellationibus postposilis, 
censuris et pénis ecclesiasticis aliisque juris remediis opportunis, 
invocato ad id etiam loties quolies opus fuerit auxilio brachii secu- 
laris, cogendi et compellendi ; ac de receptis solventes ipsos, nos- 
tro et dicte ecclesie nomine, absolvendi el quietandi in forma juris 
valida, deputandique unum vel plures ad premissa, prout tibi 
videbilur, cum pari aut limilata potestate, eosdemque ad libitum 
tuum revocandi, et ab eisdem computa et rationes exigendi, alia- 
que omnia et singula in premissis et circa ea necessaria et oppor- 
tuna faciendi, gerendi et cxercendi, etiam si specialius mandatum 
exigèrent. Super quibus omnibus et singulis plenam tibi harum 
série concedimus lacullalem et potestatem. Volumus tamen ut de 
exactis omnibus ordinarium librum conficias manu publici notarii, 
et quod nonnisi in presentia testium et notarii inde rogati aliquid 
exigas, vel ipsi substituti exigant ; quod[que] de exactis omnibus 
teslimonium communitatis cujuslibet loci, in quibus exactiones 
luijusmodi fient, nobis vel dilecto filio Bernardo, Sancte Marie in 
Porticu diacono cardinali, ipsius ecclesie protectori, adomnem sim- 
plicem requisitionem, una cum exactis omnibus, consignandum 
reportetis, sub excommunicationis laie sententie pena, in quam 
etiam fraudem aliquam in premissis committentes incurrere, etab 
alio quam a nobis, vel de speciali commissione nostra, et expressa 
causa et facta restitutione, preterquam in mortis articule, absolvi 
non possint, decernimus. In contrarium facientibus non obstanti- 
bus quibuscumque. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, suId an- 



294 NOTRE-DAME DE LORETTE 

nuld Piscatorls, die prima oclobris, millesinio quingentesirao quinto- 
decimo, pontificalus nostri anno tertio ^ 

Trois ans après, le i" août i5i8, Léon X résuma les 
principaux privilèges accordés à Lorette par ses prédéces- 
seurs et par lui-même, les confirma et en ajouta de nou- 
veaux, dans une longue bulle où il y a lieu de faire de larges 
coupures, pour éviter de fastidieuses répétitions : 

Léo episcopus, servus servorutn Dei. Ad perpetuam rei memo- 
rîam. Ex superne provldentia majestatis ad regimen domus Dei, 
merilis licet insufflcientibus evocali, erga ecclesias et loca pia que- 
cumque in honorem gloriosissime Dei Genitricis dedicata, com- 
missum nobis de thesauris sancte matris Ecclesie dispensationis 
officium, traditamque super gentes et régna in spiritualibus et 
temporalibus plenitudinem potestatis liberaliter exercemus, et ad 
ea senaper dirigimus soUicitudinis nostre partes, per que ecclesiis 
et locis ipsis honor et decus accrescant et christifldelium animarum 
salus profusius in dies valeat provenire, et Iiis que proplerea a pre- 
decessoribus nostris provida sunt consideralione concessa, statuta 
et ordinata, ut eo lirmius inconcussa permaneant quo fuerint cre- 
b'rius apostob'co comniunila presidio, nostre approbationis robur 
libenter adjicimus, et ab'as desuper ordinamus prout in Domino 
conspicimus salubriter expedire. Dudum siquidem (voir p. 208-9)... 
concesserat ; et pie memorie Sixlus papa IIII, etiam predecessor 
noster, indulgentiam ipsam innovaverat et denuo largitus extiterat, 
ipsam ecclesiametejusministros(yot>p.256?j...lacu]tatem.Idemque 
Sixtus predecessor postmodum, cum ecclesie Racanatensi timccerto 
modo vacanti de persona bone memorie Jeronimi episcopi Sabi- 
nensis, tune liluli Sancte Balbine prcsbiteri cardinalis, providisset, 
ipsumque in illius episcopum sive administratorem perpetuum in 
spiritualibus et temporalibus prefecisset seu depulasset, eamdem 
ecclesiam Béate Marie prefate ecclesie Racanatensi perpétue unive- 
rat, annexuerat et incorpora verai, curam et meram adminislratio- 
nem etiam oblationum et votorum ac bonorum quorumcumque 
mobilium et immobilium, spiritualium et temporalium ipsius eccle- 
sie Béate Marie preiato Jeronimo et pro tempore existent! epis- 
copo Racanatensi plenarie committendo. Cum dictus Jeronimus 
episcopus debitum nature persolvisset, pie memorie Julius papa II, 
similiter predecessor noster, cupiens (voir p. 262). . . gabelle et pedagii 

1 Archives du Vatican, vol. iga/i (Pii IV Reg. 70), f " 64-5'. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 396 

libère posset. Et clemum nos, qui dicto Julio predecessore, sicut 
Domino plaçait, ab hac luce subtracto, divina favente clementia, 
fuimus ad apicem summi apostolatus assumpti, volantes ecclesiam 
ipsam de Laureto, ut decens et debitum erat, uberi[ori]bus gratiis et 
privilegiisprosequi, dicto Gubernalon... concessimus fboir/). 271)... 
concedere posset ; ac indulgentias et peccatorum remissiones etiam 
plenarias, ac facultates et indulta quecumque eidem ecclesie de 
Laureto vel illius contemplatione per quoscumque Romanos ponli- 
fices predecessores nostros et sedem predictam et nos concessa, 
sub quibusvis revocalionibus, suspensionibus, revocationibus * 
indulgentiarum tune concessarum in favorem Basilice principis 
apostolorum de Urbe usque ad beneplacitum nostruni factis et 
faciendis comprehensas non esse, sed illesas et irrevocabiles per- 
mansisse et permanere decrevimus ; ac indulgentias et remissiones 
eidem ecclesie de Laureto concessas hujusmodi ad visitantes prefa- 
tam ecclesiam Béate Marie ad festum Nativitatis Domini nostri Jesu 
Christi et alios duos dies immédiate sequentes, ipsasque ex eisdem 
indulgentiis et peccatorum l'emissionibus que pro visitantibus dic- 
lam ecclesiam Beale Marie in singulis diebus octave festivitatis 
Corporis Domini nostri Jesu ChrisM emanarunt, ad singulos dies 
octave Nativitatis Virginis Marie hujusmodi mutavimus, extendi- 
muset ampliavimus. Et insuper, sub excommunicationis late sen- 
tentie pena, a qua nonnisi per Romanum pontificem pro tempore 
existcntem, et expressa causa, preterquam in mortis articulo, abso- 
lutionem obtinere non possent, ne qui oblationcs et eleemosinas 
que in dicta ecclesia de Laureto olTerri, vel ad illam transmitti con- 
tingeret, modo aliquo capere vel delinere présumèrent, sed illas 
ad deputatos ministros, quantum in eis foret, dirigere et perlerre 
procurarent, inhibuimus. Et ne ecclesia ipsa de Laureto aut ejus 
ministri litibus et controversiis coram diversis tribunalibus fatiga- 
rentur et distraherentur, gubernatorem prefatnm omnium questio- 
fium seu causarum, que super bonis, juribus, fructibus et proven- 
libus quomodocumque inter ministros prefatos oriri contingeret, 
judicem ordinarium cum plena omnimoda ordinaria potestate 
constiluimus et deputavimus, ac voluimug ut in eisdem causis, 
cum opus foret, simpliciter et de piano, sola facli veritate inspecta, 
procedere, illasque terminare, diffinire et exequi valeret. Prelerea 
omnes et singulos christifidelesfyoi/'p. 290)... interdiximus, proutin 
Pauli et Sixti ac Julii pi-edecessorum predictorum sub plumbo, et 
nostris in forma brevis, desuper coniectis litteris plenius contine- 

1 A la place de ce mot répété, il faut peut-être lire innovationibiis. 



296 NOTRE-DAME DE LORETTE 

tui'. Cum autem nos memorie repetimus graiidia et fere innumera- 
bilia conliniia miracula, que apud dictam ecclesiam de Laiirelo pro 
multis christifidelibus, variis inibrtuniis et necessitatibus ubicum- 
quG oppressis, qui ad ecclesiam ipsarn de Laureto sola aninii medi- 
tatione confugiunt, inteicessione dicte gloriosissime Virginis, illius 
Unigenitus operatur altissimus, dignum ducimus atque debitum 
candem ecclesiam de Laureto, non solum in antiquis concessio- 
num gratiis fovere ^ et.conservare illesam, vei'um novis in dies pre- 
rogativarum muneribuset largitionum^ compendiis decorare. Motu 
igjtur simili, non [ad] alicujus nobis super hoc oblate petitionis 
instantiam, sedde nostra mera deliberatione, et ex certa scientia ac 
apostolice potestatis plenitudine, apostolica auctorilate prefata, 
tenore presentium, tenores singularum litterarum, ac si de verbo 
ad verbum presentibus insererentur, pro expressis habentes, singu- 
las lilteras predictas ac omnia et singula in eis contenta approba- 
mus, innovamus et confirmamus, omnesque et singulas indulgen- 
lias et peccatorum remissiones predictas visitantibus predictam 
ecclesiam de Laureto per dictas litteras concessas a primis vesperis 
usque ad secundas vesperas singulorum dierum dominicorum sep- 
tembris et octobris mensium cujuslibet anni, in quibus prope dic- 
tam ecclesiam de Laureto solemnes nundine celebrari soient, exten- 
dimus et ampliamus ; et quod quadragesimalibus et aliis anni 
lemporibus, quibus stationes in certis Urbis et extra illius muros 
consistentibus ecclesiis celebrantur, eandem ecclesiam de Laureto 
ac aliqua illius altaria, per modernum Gubernatorem et dileclos 
filios canonicos ipsius ecclesie de Laureto ad id deputanda, visitan- 
tes, easdem indulgentias et peccatorum remissiones consequantur^, 
quas consequerentur si singulas Urbis et extra illius menia consisten- 
tes pro stationibus deputalas ecclesias predictas personaliter visita- 
rent. Ac quod vota a christifidelibus de visitando dictam ecclesiam 
•de Laureto pro temporeemissa, in aiia pietatis opéra, ex quacumque 
causa quantumcunque urgentissima, etiam apostolica auctoritate, 
ni si per gubernatorem dicte ecciesie de Laureto pro lempore exis- 
lenlem commutari non possint. Ac quod bona, mlnistri et servi- 
tores ejusdem ecclesie de Laureto nedum ab episcopi Racanatensis, 
sed etiam quorumcunque ordinariorum et superiorum, etiam le- 
gati provincie Marchie Anconitane, pro tempore existentium, juris- 
diclione, superioritate, correctione et dominio, in spiritualibus et 
temporalibus, civilibus et criminalibus et mixlis, sint prorsus 
exempti. Cause vero peregrinorum ad dictam ecclesiam de Laureto 

1 Ms. favore. — ^ Ms. largilionibus. — ' Ms. consequeiitur . 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. G AS A 297 

pro tempove coniluentium, et ejusdem ecclesie de Laureto fami- 
liarium el servientium, tam civiles quam criminales sive mixte, 
duraate peregrinatione el terapore servitii, tam ad instantiam 1 ec- 
clesie de Laureto et peregi'inorum et famulorum et l'amiliartum ac 
servientium contra alios, quam ad aliorum contra peregiinos, la- 
miliares et servitores hujusmodi pro tempore mote, pei' dictum 
gubernatorera, alias juxta tenorera litterarum Julii predecessoris 
hujusmodi audiri, coguosci etdilTmiri debeant. Et quod non solura 
prieras communitatis et homines civitatis Racanatensis prefati, 
prout dictus Julius predecessor ordinavit, sed eliam omneâ et sin- 
guii christifideles undecunque venientes et commorantes ac rési- 
dentes prefato Gubernatori pro tempore existenti in concernenlibus 
ea que in litteris Julii predecessoris et nostris hujusmodi continen- 
tur, omnino parère et obedirc teneantur. Ac quod vinum et alia 
victualia vmdecunque ad ecclesiam de Laureto et burgum seu 
vicum predictos absque alicujus gabelle solutione deferri possint ; 
excepte quod hespites dicti burgi sive vici teneantur gabellariis 
Racanatensibus medietatem partis gabelle que selvebatur ante 
concessionem litterarum Julii predecessoris hujusmodi solvere. Ac 
quod accedentes voti aut devotionis causa ad dictam ecclesiam do 
Laureto, a quecumque, quavis auctoritate et occasione represalia- 
rum etiani de mandate et ordinatiene nostra aut dicte sedis, aut 
presidentium camere apostolice, molestari non possint. Et quod 
bona etiani familiarium et servitorum dicte ecclesie de Laureto, cnm 
signe vel tcstimenio dicti gubernateris, ad quecumque loca, preut 
eisdem servitoribus et familiaribus videbitur, sicut ejusdem ecclesie 
de Laureto bena, asportari possint. Quodque emnia et singula sta- 
tum et bonum regimen et gubernatienem dicte ecclesie Béate Marie 
et illius bonorum, ministrerum, servitorum et familiarium concer- 
nentia, que ante erectionem ejusdem ecclesie Béate Marie, de con- 
siho et censensu presbitererum et clericerum dicte ecclesie Béate 
Marie disponi et ordinari solebant, de cetero de simili consilio et 
censensu dict. dilectorum fiiliorum capituli et canonicorum ecclesie 
de Laureto hujusmodi duntaxat disponantur et ordinentur, aucto- 
ritate et tenore presentium statuimus et erdinamus. Non obstantibus 
constitutionibus et ordinationibus apostelicis et quibusvis privile- 
giis, indultis et litteris apostelicis episcopo Racanatensi et aliis loco- 
rum ordinariis, cemmunitatibus et persenis.... Ceterum quia difiî- 
cile foret présentes litteras ad sijigula loca... Nulli ergo.... Si quis 
autem.... Datum Rome, apud Sanctum Petrum, anno Incarnatie- 

' Ms. ipsorwn. 



agS NOTRE-DAME DE LORETTE 

nis Dominice millcsimo quingentesimo clecimo octavo, kalenclis 
augusti, pontificaliis nbstri anno sexto *. 

Léo papa X, universis et singulis chrislifidelibus cujuscunque 
status, dignilalis, gradus, ovdinis et religionis existentibus, et qua- 
cumqne dignitate eliam cardinalatus, patriarchatus, archiepiscopa- 
liis, episcopaliis, abbatie vel alla ecclesiastica vol seculan ^ fungen- 
libus, et quibuscunque oiïicialibus quoquo nomine nuncupatis, 
salutcm et apostolicam benedictionem. Cupientes ut ca que a pre- 
decessoribus nostris Romanis pontificibus et nobis ecclesie Béate 
Marie de Laureto ac ejus domui •', gubernalori, archipresbitero '*, 
canonicis, beneficiatis, clericis et ministris ac etiam pcregrinis con- 
cessa, confirmala et innovata fuerunt, sive spivitualia sive temporalia 
sint, eorumdem ecclesie domus et personarum prediclarum ac bo- 
norum ad ipsos spectantium jurisdictionem, immunitatem, exemp- 
tionem, privilegium, commodum, bonorem et utilitatem concer- 
ncntia, immola ac firma manere, ac ab omnibus inviolabilité!- in 
omnibus ac per omnia observari, vobis omnibus et singulis supra- 
dictis et illis ad quos présentes pervenerint, in virtute sancte obe- 
dientie ac sub indignalionis nostre ac mille ducatorum auri, pro 
una camere apostolice et pro altéra medietatibus fabrice dicte eccle- 
sie applicandorum, pénis, mandamus, quatenus omnia et singula 
privilégia, exemptiones, munera, gratias, indulta, jurisdictiones et 
litteras apostolicas prefatis ecclesie, domui, gubernatori, archipres- 
bitero, canonicis, beneficiatis, capitule et ministris ac eorumdem 
bonis per predecessores nostros ac sedem apostolicam et nos con- 
cessas et concessa, confirmata et innovata inviolabiliter observetis 
et observari faciatis; inhibentes vobis, sub pénis predictis de facto 
incurrendis, ne contra tenorem et formam litterarum aposlolicarum 
premissa continentium, adversus ecclesiam, domum, homines, 
bona et personas prefatas moliri vel innovare aut decernere seu 
senlentiare presumatis; decernentes ex nunc irritum elinane quic- 
quid contra lenorem litterarum prediclarum a quoquam scienter 
vel ignoranter contigerit quomodolibet attemptari. Non obstanlibus 
constitutionibus et ordinationibus apostolicis,.... Datum Rome, 
apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, die décima septima 

1 Archives du Vatican, vol. 192/1 (Pu IV Reg. 70), î"^ 65-73. Mautorelu. 
t. 1, pi'cef. p. 10, pp. 09-71 (Riera), 197-8 (Torsellini) ; t. II, p. 2(18; Trom- 
BELLi, t. VI, p. 289-^0 (daté du i" juin i5o2 !) ; Muiuu, p. 109-10 (ex 
Arch. Almœ Domus) ; Milochau, p. 323-4 (daté du i" nov. 1002 !) ; 
VuïLLAUME, p. io5 (daté du 1"=' nov. 1609 I). 

2 Ms. s'mgulari. — ^ Ms. dom'mi. — * Ms. archiepiscopo. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 299 

Docembris millesimo qningentesimo clecimo octavo, ponlificalus 
noslri anno sexto ^. 

Le 1°' juin iSig, Léon X nomma le cardinal Bernard 
Dovizi protecteur perpétuel et administrateur de la maison 
de Lorette, au spirituel et au temporel, et en même temps 
de la ville de Recanati, avec pouvoirs de légat, identiques 
à celui de la province d'Ancône : 

Léo cpiscopus, servus servorum Dei. Ad perpetuam rei memo- 
rlam. Gloriosissime semperque Virginis mafris Dei Marie, a cujiis 
laudibus sicut neminem cessare fas esse, ita ad illas explendas ne- 
minem suflicere arbilramur, cum siquidem nullurn promptius mi- 
seris aut edicacius pcccatoribus refugium apud Deum invenialur, 
mérita totis animi mcnlisque aiïectibus recolentes, illatn in celis 
primum adorandam 2, deinde ubique in terris venerandam, et loca 
ejus nomini dicata •"* omni studio ornanda esse consemiis, et illa 
maxime que ipsa beata Yirgo sibi ipsi, angelicis comitata cetibus, 
elegit et assidue in eis [in] cliristifidelium auxilium et sublevatio- 
nem miracula fere innumera operatur ; inter que omnium con- 
sensu, testimonio ac devotione locuslllc Lauretantis, fama cclebris 
et devotorum l'requentia cultissimus, merito habetur primus. Cum 
enira beatissima Virgo, ut fidc dignorum comprobatum est testi- 
monio, e Nazareth imaginera et cubiculum suum divino nutu Irans- 
l'erens, postquam apud Flumcn Dalmatie oppidum primo et deinde 
in agro Racanatensi loco nemoroso, ac rursus quodam in colle 
ejusdem agri particularibus personis addicto posuit, demura in via 
publica ubi modo consistit illud angelicis manibus collocando sibi 
elegit, et in eo assidue miracula innumera illius meritis operatur 
Aitissimus. Ob quod complures Romani pontifices predecessores 
nostri,et precipue felicis recordationis Paulus secundus, Sixtus IllI, 
et Julius etiam secundus, sacratissime Virgini merito devotissimi, 
quo '' populum christianum omnipotent! Deo et ejus Virgini Matri 
redderent acceptabilem, ecclesiam Lauretanam, que tanto miraculo 
crèverai et augetur in dies, variis et precipue spiritualibus decora- 
runt muneribus, indulgentiis scilicet et peccatorum remissionibus, 
demum agros, bona, ministres et personas ipsius ac vicum ubi illa 
consistit variis donaverunt indultis, privilegiis, gratiis et immuni- 
tatibus. Et precipue idem Julius secundus predecessor, qui inter 

' Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV. Reg. 70), ï"' 'pS'-vi. 
- -Als. adorandam. — •' Ms. noininata. — ^ Ms. qui ; Hre ut ? 



Soo NOTRE-DAME DE LORETTE 

alia ecclesiam ipsam de Laureto ab ecclesia Racanatensi, cui apos- 
tolica fuerat auctorilale unita, dissolvit, eamque ^ per gubernato- 
rem ad mitum amovibilem gubernari voluit (voir p. 263j... Et de- 
mum nos, Yolentes ecclesiam ipsam, ni, decens et debitum erat, 
uberioribus gratiis et privilegiis proseqiii, motu proprio et ex certa 
nostra scientia ac de apostolicepotestatis plenitudine, omnes etsin- 
gulas litteras prefatorum predecessorum cum omnibus et singulis 
in illis contentis, habentes litteras ipsas pro insertis et expressis, 
aiictoritate apostolica approbavimus, ratiflcavimus et emologavi- 
mus, compluraque alia concessimus (voir p. 296)... Et deinde eam- 
dem ecclesiam de Laureto amplioribus favoribus et gratiis prose- 
quentes, ut in ea divinus cultus in dies magis augeretur, in colle- 
giatam ecclesiam ereximus cum insigniis et privilegiis aliarum eccle- 
siarum collegiatarum (voir p. 27//)... ; protectoremque ipsius eccle- 
sie et domus dilectum filium nostrum Bernardum, Sancte Marie in 
Porticu diaconum cardinalem, constituimus et deputavimus, prout 
in nostris et dictorum predecessorum litteris inter alia plenluscon- 
tinetur. Gumque postmodum occasione concessionurn et indulto- 
rum per Jidium predecessorem ecclesie et domui illarumque gu- 
bernatori, capitulo, offîcialibus et personis concessorum et per nos 
confîrmalorum hujusmodi, inter 2 gubernatorem, capilulum, ofTi- 
ciales et personas hujusmodi, ac dilectos fîlios communitatem et 
homines civitatis nostre Racanatensis nonnuUe contentiones, tam 
ratione ternporalis jurisdictionis, quam proventuum et gabellarum 
exorte fuerint, quas paterna charitate [pe]nitus extinguere, et ut ci- 
vitas, ecclesia et domus predicte in charitate et justitia unité, una- 
nimi consensu, custodie portus Racanatensis et domus et ecclesie 
ac aIcI de Laureto et propugnaculorum per nos ibidem construc- 
torum adversus Ghristi nominis liostes sevissimos, qui quotidie et 
assidue illis insidiantur, invigilcnt et invicem, auctore Domino, se 
tueantur, oportuna remédia adhibcre desiderantes, motu, scientia 
ac potestatis plenitudine similibus, ecclesiam, domum et civitatem 
prediclas cure, regimini et gubernationi in spiritualibus et tempo- 
ralibus dilecti fdii nostri Bernardi, Sancte Marie in Porticu [diaconi 
cardinalis], perpetui dictarum ecclesie, domus et civitatis ejusque 
territorii et districtus protectoris, auctoritate apostolica tenore pre- 
sentium committimus, illique curam, regimen et gubernalionem 
hujusmodi demandamus, ipsumque Bernardum cardinalem eccle- 
sie, domus et civitatis hujusmodi perpetuum protectorem et guber- 
natorem supremum i'acimus, constituimus et deputamus ; ita quod 

1 Ms. eamque. — -' Ms. ilem. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. 3oi 

ipse et pro tempore futuri proteclores ecclesic et domus de Laurelo 
sint proteclores et gubernatores etiam dicte civitatis Racanatensis 
ejusque territorii, comitatus^ et districtus; dantes èidem et pro 
tempore futuris protectoribus et gubernatoribus predictis, quos 
tamen post presentem adnutum Romani pontifîcis amovibiles esse 
Yolu(i)mus, in ecclesiam, domum, capitulum, gubernatorem. offi- 
ciales, personas, res et bona eorundem, auctoritatem et potestatem 
in supra nominatis litteris contentam et descriptam; in civitatem 
vero, communitatem et districtum, homines, bona et personas 
tani temporales quam spirituales Racanatensia, cujuscunqne quali- 
tatis, ordinis et conditionis existant, eandem facultatem, potesta- 
tem, avbitrium et adminislrationem in spiritualibus et lemporali- 
bus,quam dilectus filius nosterlegatusprovincie nostre Anconilane 
pro tempore existons habet seu habere consucvit aut in futurum 
liabere conLingerit in veliquam dicte provincie legationem, a qua 
civitatem,- tevritorium, comitatum et districtum, homines, res et 
bona, jura, causas et actiones Racanatensia penitus perpetuis futu- 
ris lemporibus ex nunc separamus, illamque, illos et illa jurisdic- 
lioni, cure et regimini dicli protecloris presentis et pro tempore 
existentis, cum omnibus eorumdem Causis, litibus et controversiis 
coram quocumque judice, etiam legato prcdicto, ordinarie vel ex 
speciali commissione nostra, sub quibusvis verborum formis, seu 
alias quomodolibet, pendentibus, in terminis in quibus sunt, illas 
ad nos advocantes, committimus et demandamus. Et ut communi- 
tas nostra Racanatensis predicta, nobis et apostolice sedi devota, 
sub liujusmodi protectione et cura in vinculo cliavitatis cum dicta 
ecclesia et domo earundcm, gubernatove, hominibus et personis, 
devotius et libentius conquiescat et perseveret, restituimus eidem 
ex causa et ad premissorum effectum reliquam medietalem gabelle 
vini seu spine per liospites dicti vici persolvi solitam ante conces- 
sionem ac litteras Julii predecessoris ; bac tamen conditione quod 
communilas ipsa quartam partem fructuum dicte gabelle debeat et 
teneatur exponerein opus et fabricam hospitalis pro pauperibus re- 
cipiendis ^ in dicto burgo construendi, quoad dictum hospitale fue- 
rit absolutum et perfectum, ac omnem libertatem et dominium 
quod ante litteras predictas in dicto vico habebant quoad omnes 
alios, [prêter] quam quoad homines, res et bona ecclesie et domus 
hujusmodi, quibus per présentes in nuUo volumus prejudicari, sed 
litteris, privilegiis, indultis, gratiis, immunitatibus, exemptionibus 
et concessionibus, aliisque omnibus per litteras prefatorum prede- 

1 Ms. fotie. — - Ms. percipiendis. 



3o2 NOTRE-DAME DE LORETTE 

cessonim eisdem concessis volumus illas plene et libère gaudere, 
et illas et illa pro conflrmatis, approbatis et de novo concessis ha- 
beri, prout etiam presentibus confirmamus, approbamus et inno- 
vamus, ac quotiens opus sit de novo concedimus, restitutione 
premissa dicte communitati Racanatensi facta duntaxat excepta ; 
conditione tamen adjecta, quod Racanatenses ipsi in deputandis 
offîcialibus in dicte vico et in dividendis pénis ordinem, modum et 
formam alias per nos litteris ^ in forma brevis datos observent, et 
deputationes officialium Imjusmodi a dicto protectore pro tempore 
obtineant confirmationem, alias nuUa sit. Et cuna nundinas Raca- 
natenses in honorem et gloriam beatissime Virginis Malris Marie, 
et nt chri'stifideles ad ecclesiam prefatam de Laureto commodius 
confluant, constet esse institutas et hactenus assidue celebratas, 
pie memorie Martini V et ejusdem Sixti predecessorum vestigiis 
inhérentes, nundinas predictas cum suis immunitatibus, libertati- 
bus, exemptionibus et pensionibus apothecarum et domorum tam 
ab ecclesiasticis quam secularibus personis civitatis hactenus fieri 
consuetis, cum omnibus et singulis litteris, privilegiis et indultis 
per prefatos predecessores et per nos concessis confirmalîs et inno- 
vatis, confirmamus et approbamus ; et ut nuUam patiantur diminu- 
tionem, alterationem,mutationem aut impedimentum motu, scien- 
tia, auctoritate et plenitudine potestatis prediclis, dilectis filiis 
communitati, offlcialibus et hominibus civitatis nostre Anconitane 
presentium tenore districtius inhibemus eisque mandamus, sub 
pena decem milliuni ducatorum auri de caméra illi applicando- 
rum, quatenus postquam presentium notitiam habuerint omnes et 
singulas nundinas seu franchisias aut exemptiones per eos sub 
quocumque nomine institutas et publicatas absque aliqua [contra- 
dictione?] revocare, nec ullas in augusti, septembris [et] octobris 
mensibus, in quibus nundine Racanatenses celebrari, et ad illos 
prout temporum et personarurn commoditas requirit extendi so- 
ient, nundinas aliquas vel franchisias aut exemptiones predictas 
facere, aut quovis alio quesito colore, modo, forma, directe vel indi- 
recte, aliquid statuere, decernere vel ordinare quod in prejudicium 
dictarum ecclesie et nundinarum quomodolibet tendat vel resul- 
tet, audeant vel présumant, de facto incurrenda, ac mercatoribus et 
aliis personis quibuscunque ne ad ipsas Anconitanorum nundinas, 
franchisias aut exemptiones dictis durantibus mensibus sub excom- 
municationis late sententieet perditionis mercaturarum pénis acce- 
dere vel mercimonia sua destinare debeant aut présumant; suppri- 

1 Ms. mis. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 3o3 

mentes et extinguentes ex nunc dictas nundinas, franchisias et 
exemptiones predictas Anconitanas, decernentesque et déclarantes 
quod dicli Anconitani in prediclis mensibus dictas nundinas, fran- 
chisias et exemptiones, statuta, décréta et ordinationes predictas, 
sub incursu dictarum penarum, facere non présumant. Et nichilo- 
minus Bernardo cardinali et protectoribus predictis et aliis pro 
tempore existentibus, eorumque locumtenentibus per apostolica 
scripta mandamus, quatenus dictas penas tam [ab] Anconitanis 
quam mercatoribus predictis, pro caméra apostolica et illius no- 
mine, si forsan contra inhibitidnem, suppressionem, extinctionem 
et decretum hujusmodi attemptare presumpserint, quod tamen 
irritum et inane decernimus, sublato cujusvis appellationis obsta- 
culo, per censuras ecclesiasticas et alia juris oportuna remédia, 
invocato etiam ad hoc auxilio brachii secularis quotiens opus duxe- 
rit, per se vel alium excipere procurent : mandantes omnibus et sin- 
gulis officialibus quarumcunque civitatum, terrarura et locorum 
sancte Romane ecclesie... Inhibentes eisdem Anconitanis, sub dic- 
tis pénis, ne a peregrinis vel mercatoribus aliquid ultra solitum 
exigera présumant, peregrinos vero simplices in illo, aliquo anni 
tempore, gravare audeant. Et ut magis' predicte Racanatenses nun- 
dine in honorem gloriosissime Virginis frequententur, ad easque et 
ad ecclesiam ipsam de Laureto tutius valeantchristifideles accédera 
et qviietius vota persolvere, ac devotioni et orationibus vacare, ves- 
tigiis Sixti et Julii ac aliorum predecessorum hujusmodi inhéren- 
tes, eorumdem et nostras exemptionem et immunitatem dilectis 
fdiis prioribus et communitati Racanatensi ac receptionem militum 
continentes, motu, scientia et auctoritate predictis, pro repetitis 
habentes, harum série confirmamus et approbamus, et quatenus 
opus sit de novo concedimus; decernentes et déclarantes, priorem 
et communitatem prefatos ad recipiendum aliquod genus militum 
pedestrium sive equestrium sub nostro aut sancte Romane ecclesie 
vel cujusvis alterius stipendio militanlium in hibernis et stativis in 
eorum civitate, locis et territorio nullatenus teneri,nec ad id aut ad 
solutionem alicujus taxe sive oneris pro equis mortias aut sub quo- 
vis alio nomine, per dilectos filios legatum aut vicelegatum provin- 
cie Marchie vel per alios officiales avit commissarios nostros et 
apostolica sedis cogi et compelli posse vel debere. Mandantes Ber- 
nardo cardinali et pro tempore existenti protectori prefato, ut prio- 
ribus et communitati prefatis erfîca,cis defensionis presidio assis- 
tens, faciat illos litteris, exemptione et décrète predictis perpetuo 
pacifice frui et gaudere, non permitlens eosdem per aliquem qua- 



3o4 NOTRE-DAME DE LORETTE 

visauclovitatedestiper molestari; contradictores [contra] venîehies, 
et rebelles, per censuras ecclesiasticas et pecuniarias penas, de qui- 
bus eidem Aidebitur, appellatione postposita, compescendo, invo- 
calo etiam ad id si opus fuerit auxilio bracliii secularis. Non ob- 
stantibus constiliilionibus et ordinalionibus prcdictis apostolicis ac 
omnibus. Verum quia difficile foret présentes noslras litteras ad 
singula queque loca deferri,... Nulli ergo... h. paginam nostre 
constitutionis, commissionis, deputationis, separationis, advoca- 
tionis, restitutionis, confirmationis, approbatioriis, innova tionis, 
eoncessionis, inhibitionis, suppressionis, extinctionis, declarationis, 
mandati, cassationis, irrita lionis, annulationis, voluntatis et de- 
creti.v. Si quis... Datum Rome,apud Sanctum Petrum, anno Incar- 
nationts dominice millesimo quingentesimo decimo nono, kalendis 
junii, ponlificatusnostri anno septimo *. 

Nouvelle exemption de péages pour les pèlerins : 

Léo papa X. Universis et singulis civltatum, terrarum et locorum 
nobis et sancte Romane ecclesie médiate vel immédiate subjecto- 
rum, et presertim civitatis nostre Ancone offîcialibus, dohaneriis, 
passuum, pontium et pedagiorum exactoribus, quoquo nomine 
nuncupatis et ad quos spectat, salutem et apostolicam benedictio- 
nem. Cupientes, in honorem semper virginis Dei genitricis Marie, 
ut omnes et singuli chri s li fidèles, qui ecclesiam ejusdem Yirginis de 
Laureto, nuUius diocesis, frequentibus ejusdem preclaram miraculis, 
ex devotione vel volo visitaturi sunt. spiritualibus et temporalibus 
juventur auxiliis, et nostra et hujus sancte sedis apostolice gratia se 
gaudere noscantur, motu proprio et cxcerta scientia,ac de aposto- 
lice potestatis plenitudine, presentium tenore statuimus et declara- 
mus, quod omnes et singuli christifideles qui ex voto sive ex singu- 
lari obligatione, et non ob afia negotia, ad visitandum predictam 
ecclesiam quandocunque açcesserint, tum eundo, tum redeundo, 
cum equis rébus et bonis suis quibuscumque, dummodo illa ques- 
tus vel mercature causa non déférant, et sint eorum usui et com- 
modo in ipso itinere necessaria et oportuna, ab omni solutione et 
onere quarumcunquc gabellarum, dohanarum, pasçuum, pontium 
et pedagiorum in civitatibus, terris et locis predictis, et presertim 
in civitate nostra Ancone, exempti penitus et immunes existant ; 
inhibentes vobis omnibus et singufis predictis, sub pena excom- 
municationis late sententie in offîciales, et interdicti ecclesiastici 

1 Archives du Vatican, \ol. 1924 (Pli IX Reg. 70), f"'' 74''-8i. Mautorelu, 
t. I, p. 76-7 (Riera) ; cf. Vogel, t. I, p. BSg. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 3o5 

in civitatés et loca, ac mille clucatorum auri, fabrice dicte ecclesie 
de facto applicandorum, ne accedentes ye\ recedentes predïctos 
aliqua exactionc pro personis et rébus predictis gravare, aut ab eis 
aliquid petere vcl exigere ratione predictorum prcsumatis,... sed 
oosdem prcsentibiis nostris statuto. dccroto et exemptione libère 
frui otgaiidere permittatis et facialis. Et nichilominus dllecto filio 
Gubernatori pro tempore existent! Domus dicte ecclesie per présen- 
tes committimus etmandamus, ut contrafacientes..,, cujuscumque 
status, gradus, ordinis vel conditionis fuerint, citatis citandis etiam 
per edictum constito summarie [.....] de non tulo accessu, exconm- 
municationis sententiam etinterdicti eoipso incurrisse declaret, ac 
[ab] eis pecuniariam penam predictam irremisibiliter exigat, etiam 
vi represaliarum et alias invocalo ad hoc si opus fuerit auxilio bra- 
chii secularis, super quibus plenara ei et omnimodam potestatem 
et facultatem damus et concedimus. Statutis, privilegiis, consuetu- 
dinibus et indultis civitatum, teiTarum et locorum predictorum,... 
non obstantibus. Verum quia difficile foret présentes nostras litte- 
ras ad singula queque loca ubi ille necessarie forent transferri,... 
Datum Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, die 
vigesimaquarta maij, millésime quingentesimo vigesimo, pontifi- 
catus nos tri anno octavo ^, 

Bref du même relatif à la coQimutation des vœux : 

Dilecto filio Francisco Leccheto, ordinis fratrum Minorum regu- 

laris observantie professori et generali Ministro, commissario nos- 

Iro, Léo papa X. Dilecte fili, salutem et apostolicam benedictionem. 

Alias, postquam ecclesiam Béate Marie de Laureto, nullius dioce- 

sis, in collegiatam ecclesiam ereximus, ob miracula que assidue 

ibidem, Matris precibus exoratus, operatur Altissimus, et ut eccle- 

sia ipsa a christifidelibus frequentius visitetur, per nostras sub 

forma motus proprii littevas, manu nostra subscriptas, de apos- 

tolice potestatis plenitudine decrevimus et statuimus, vota que- 

cumque eidem ecclesie facta non posse nec debere ab aliquo (modo) 

etiam auctoritate apostolica, in alia pietatis opéra commutari, et 

illa quatuor aliis exceptis votis, videlicet ultramarino, visitationis 

liminum Apostolorum, Sancti Jacobi in Compostella, necnon reli- 

gionis et castitatis, adjungi, et in bulla que in die Gène Domini 

legi consuevit describi debere voluimus, mandavimusque, sub 

certis tune expressis pénis, ofRcialibus curie nostre, ne litteras 

aliquas commutationum aut remîssionum votorum bujusinodi 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f"^ 8i''-82. 

N.-D. DE LORETTE 20 



3o6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

ecclesie de Laureto factorum concernentes expedire, quinimo illa[s] 
semper cum predictis quatuor -votis expedire deberent. Et quo- 
niam, forte per oblivionem, tibi et a te deputandis commissariis 
indulgentiarum fabrice Basilice principis apostolorum de Urbe, 
bactenus intimatum non fuit, ut a cornmutatione et remissione 
YOlorum Lauretanorum hujusmodi abslinere deberetis, motu et 
potestate predictis, mandamus tibi et a te deputandis predictis, 
in virtute sancte obedientie, et sub excommunicationis late sen- 
tentie pena, ut de cetero a cornmutatione et remissione predictis 
penitus abstineas et illi abstineant. Tu vero mandatum hoc nos- 
trum ad nolitiam tuorum omnium predictorum, sub pénis predic- 
tis, omni adliibita diligentia et sublata mora intimari curabis, 
Quod ut facilius exequi possis... Constitutionibus et ordinationi- 
bus apostolicis, ceterisque contrariis non obstantibus quibuscun- 
que. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, 
die vigesimaquarta maij, millesimo quingentesimo vigesimo, pon- 
tificalus nostri anno oclavo ^. 

A la mort du cardinal Dovizi, Léon X nomma commissaire 

apostolique à Lorette son parent, Julien Rodolfi, prieur à 

Gapoue, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem : 

Dilecto filio Juliano Rodulplio, priori prioratus Capuani, ordinis 
Sancti Joannis Hierosolimitani, ecclesie et domus Sancte Marie de 
Laureto et civitatis Racanatensis commlssaiio, nostro secundum 
carnem affmi, Léo papa X. Dilecte fdi, salutem et apostolicam be- 
nedictionem. Cum bone memorie Bernardus, Sancte Marie in Por- 
ticu diaconus cardinalis, cujns prolectioni, regimini et gubernationi 
ecclesiam ac domum Sancte Marie de Laureto ac civilatem, comi- 
tatum et districlum Racanatenses commiseramus, apud sedem 
apostolicam debitvmi nature persolverit ; nos ecclesie et domui ac 
civitati predictis de ^ aliquo viro idoneo providere Yolentes, qui illo- 
rum curam secundum cor nostrum gerat diligenter, ac de tuis fide, 
diligentia et eorum experientia specialem in Domino flduciam obti- 
nentes, motu proprio et nostra certa scientia ac apostolice potes- 
tatis plenitudine, te ecclesie, domus, civitatis, communitatis et 
districlus hujusmodi commissarium nostrum cum eisdem facul- 
latibus, potestate, auctoritate et arbitrio eidem Bernardo cardinal! 
et protectori concessis etattributis et in dictis litteris contentis, ad 
beneplacitum nostrum facimus, conslituimus et deputamus, man- 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), i°' Sa'-S". 

2 Ms. ab. 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. GA.SA 807 

dantes dilectis filiis ejusdem ecclesie archipresbitera, canonicis et 
capitulo et aliis illius ministris, ac dicte civitatis prioribus, ofïîcia- 
libus et commiinitati, ut te vel alium loco tui deputandum \ cnm 
primum bas viderinl, in commissariiim nostrum recipiant et ad- 
mittant, et tibi acilli pareant, faveant et assistant. Gonstitutionibus 
et ordinationibus apostolicis, ac dictarum ecclesie et civitatis privi- 
legiis et indullis, statiitis et consueludinibus, juramenlo, confirma- 
lione apostolica vel quavis firmitate alia roboratis, ceterisque non 
obstantibus quibuscumque. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, 
sub anulo Piscatoris, die prima decembris, millésime quingente- 
simo vigesimo, pontificatus nostri anno oclavo '^. 

Adrien YI n'occupa guère qu'un an le Saint-Siège, à par- 
tir de son couronnement (i522-3j ; il confirma les privilè- 
ges de ses prédécesseurs en faveur de Lorette : 

Cnm in Racanatensi territorio Bealissima) Virginis Mariœ de 
Laureto Domus sita existât, in qua, ut miraculose a Deo ibi ejus 
Imago locata est, ita quotidie erga eam visitantes multa miraciila 
opei-ari dignalur Altissimiis, et ad quam propterea singularem ge- 
rimus devotionis affectum... •'. 

Le i3 janvier iSa/i, le pape Clément VII remet la cité de 
Recanati sous la sujétion du légat de la province du Picenum 
et soustrait V « oppidum » de Lorette à celle des Recana- 
tins : 

Clemens papa VII. Ad futuram rei memoriam. Gum plerique 
Romani pontifices, et precipue Julius secundus et Léo decimus, 
predecessores nostri, zelo devotionis quam ad beatam Virginem 
Dei genitricem Mariam, et precipue in loco de Laureto, nullius dio- 
cesis, ubi omnipotens Deus ejusdem Virginis meritis et precibus 
exoratus assidue varia operatur miracula, multa pro ejusdem loci 
devotionis augmente, exemptione et libertate excogitaverint et adin- 
venerint, ecclesiam et domum de Laureto ab ecclesia Racanatensi 
et episcopi ejusdem jurisdictione separando, in capellam pontificis 
pro tempore existentis et demum in ecclesiam collegiatam, certo 
ibidem constituto canonicorum et capellanorum numéro et archi- 
presbitero, in divini cultus augmentum erexerint statuerintque, 
pro peregrinorum ad dictam ecclesiam de Laureto confluentium 

1 Ms. deponendum. 

2 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f'^' 83''-4\ 

'^ Mahtorelli, 1. 1, p. 83 (Riera); Murui, p. m ; Vogel, 1. 1, p. 273, n. 2. 



3o8 ■ NOTRE-DAME DE LORETTE 

comnroditate, victiialia ibidem minori pretio, et dimissa pro parte 
gabella panis et vini, quam spinam Racanaten. vocant, venderen- 
tur; acetiam prefalus Léo predecessor, variis ad id rationibus tune 
animiim suum raoventibus, civilatem Racanatensem a legatione 
provincie Marchie separatam dicte ecclesie et domui de Laureto, 
deputato desuper gubernatore, univerit ; ut in eorumdem prede- 
cessorum litteris, quas presentibust haberi volumus pro expressis, 
respective plenius. continetuf. Idemque Léo predecessor postmo- 
dum, pro tutela dictarum domus et ecclesie ac incolarum refugio, 
quilDus sepius ab immanissimis Turcis pericula imminebant, non 
modo dictas ecclesiam et domum, sed totam villam Laureti validis- 
simis mûris, fossis, turribus et propugnaculis proprio aère et sub- 
ditorumsancte Romane ecclesie, non tamen Racanatensium, auxi- 
liis et operibus, cinxerit et munierit; ratus commodius, stante 
unione predicta, villam a civilate et civitatem a tune villa, modo 
Castro, tueri et sibi inviceni opitulari posse. Nos, qui postraodum 
animadvertimus, variis rationibus et ipsa experientia monstrante, 
separationem et unionem predictas damnosas fuisse, acinter guber- 
natorem et capitulum dictarum domus et ecclesie, et communita- 
tem Racanatensem, varias in diesmateriasquestionis, tumjurisdic- 
tionis,.tumgabellarum causa, exoriri et magis augeri, ac civitatem 
ipsam non posse commode a(c) spécial! gubcrnatore prout a Legato 
provincie corrigi [ac] factiosis hominibus purgari. Cupientes igitur 
premissis occurrere et oportune desuper providere, unionem pre- 
dictam dissolvimus, et civitatem ipsam Legationi dicte provincie 
per alias nostras restituimus, et iiarum série, motu proprio et ex 
certa nostra scientia, ac de apostolice potestatis pl'enitudine, ad 
quietem dictarum communitatis et ecclesie et domus, necnon com- 
moditatem et sublevamen peregrinorum ad dictam ecclesiam con- 
fluentium, villam predictam Laureti, modo castrum, ipsiusque 
pro tempore habitatores, ac edificia et propugnacula, omnemque 
ipsius ambitum, fossasque etaggeres, cum omnibus juribus et per- 
tinentiis suis, a jurisdictione, comitatu, potestate, auctoritate et 
arbitrio civitatis, communitatis, offîcialium et hominum Racana- 
tensium dissolvimus, exuimus et liberamus ; adeo quod ipsis Raca- 
natensibns nullum posthac desupei' competat jus aut jurisdictio 
aliqua, sed ab illis sint penilus libéra et exempta, eamdemque vil- 
lam et castrum ejusque habitatores quoslibet dictaque propugna- 
cula et illorum ambitum omnem, cum fossis et aggcribus ac om- 
nibus juribus et pertinenliis suis, cure, gubernio, administrationi et 
regimini, cum mero etmixto imperio, et gladii potestate, dilectifilii 



ÉTUDE flISTOR. SUR LA. S. CASA Sog 

Juliani de Rodulphis presentis, et pro tempore existentis commis- 
sarii dicte ecclesie et domussubmittimusetdemandamus. Volumus 
tamen, ne communitas Racanatcnsisprefala ob hujusmodi separa- 
tionem etsubmissioncm niinium dispendiumpaliatur, quod domus 
et ecclesia piedicta ac illarum pro tempore coramissarius teneatur 
anno quolibet in festo Omnium Sanctorum dare et effectualiter 
tradere ipsi communitati vel ab eo deputatocommissarioinpecunia 
numerata tolum id quod dicta communitas percipiebat de gabellis 
ipsius ville quolibet anno ante unionem predictam, et quod nullo 
unquam tempore ex aliqua causa preliuni predictum minui, augeri 
vel differri possit, sed semper stabile et fixum maneat, et quotannis 
solvatur absque aliqua diminutione ut prefertur. Liceat tamen pre- 
fato commissario compensare in pretio predicto debitum quod com- 
munitas Racanatensis habet cum ipsa domo de Laureto usque ad 
integram satisfactionem, debitumque predictum, ne desuper scan- 
dala velquerele exoriri possint, decernimus intra mensem proxime 
futm"um amicabiliter liquidandum esse inter commissarium sive 
ejus locumtenentem, communilatem et domum predictas. Volu- 
mus tamen quod ex pretio dictarum.gabellarum per ipsam corn- 
munitatem percipiendo reparentur et raanuteneantur per eamdem 
vie et pontes territorii Racanatensis, pro commoditate peregrino- 
rum ad dictam ecclesiam confluentium,sicut predicta communitas 
obligata existit, et si a dicta obligatione cessaret, idem commissa- 
rius pro tempore existens possit de pretio predicto dicte repara tioni 
et manutentioni sumptibus ipsius communitatis opportune provi- 
dere; prefatorumpredecessorum, et precipue Leonis litteris appli- 
cationis et unionis predicte, constitutionibus et ordinationibus *, 
necnon dicte civitalis privilegiis et litteris apostolicis statu tisque et 
consuetudinibus etiam juramento, confirmatione apostolica vel 
quavis firmitate alla roboratis, ceterisque contrariis non obstanti- 
bus quibuscunque. DatumRome, apudSanctum Pelrum, subanulo 
Piscatoris, die tertia décima januarii, millesimo quingentesimo 
vigesimo quarto, pontiflcatus nos tri anno prinfio -. 

On place à l'année i525 (ou à i528) la rédaction de l'His- 
toire delà translation que Jérôme Angelita présentera à Clé- 
ment Vil en i53i. 

Fils naturel de Julien de Médicis et tout imprégné d'iiuma- 

' Le manuscrit 192/1 porte par erreur constitaUones et ordinalioiies. 
2 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f"' 84-86\ Cf. Vogel, 
t. 1, pp. 274, 34o. 



3 10 NOTRE-DAME DE LORETTE 

nisme païen, Clément VII n'en témoigna pas moins de sa 
tendre piété envers Marie ; il enchérit sur les titres dont ses 
prédécesseurs avaient honoré le sanctuaire de Lorette et lui 
confirma tous ses privilèges : 

Clemens papa VII. Ad fuluram rei niemoriam. Gum nonnulli 
Romani ponLifices, preserlim ielicis recordationis Léo papa X, pre- 
decessor et secundum carncm Irater palruelis nosler, respicieiites 
milita et magna miracula que in ecclesia nostra Sancte Marie de 
Laiireto quolidie operalur Altissimus, et moti singulari devotione 
et religione, ecclesieipsi et illius domui, capitule, canonicis et aliis 
personis illi servienlibus et iilic degentibus quamplurima privilé- 
gia, immunitates, gratias, exemptioncs et indulta, per diversas tam 
sub plumboquam in forma brevis litleras, diversis temporibus con- 
cesserint; nos, qui erga beatam Virginem, sub cujus invocatione 
dicta ecclesia constructa existit, singularem devotionem semper 
habuimus, volantes omnia * quecumque sunt in favorem dicte 
ecclesie faclaet concessaconservari et observari, ipsorum predeces- 
sorum vesligiis inhérentes, omnia et singula privilégia, immunita- 
tes, gratias, exemptiones et indulta, ac alia quecunque dicte eccle- 
sie Sancte Marie et illius domui et capitulo, canonicis et personis 
illi servientibus, necnon oppido Lauretl et illic habitantibus, sub 
quibuscunque tenoribus et formis et quibuscunque clausulis, per 
quoscunque Romanos pontifices predecessorés nostros et presertim 
Leonem X predictum, quandocunque et per quascunque lam sub 
plumbo quam in forma brevis litteras, concessa, illorum tenores 
presentibus ac si de verbo ad verbum inserti forent pro expressis 
habentes, auctoritate apostolica lenore presentium confîrmamus et 
approbamus, ac plénum firmitatis robur obtinere et inviolabiliter 
in omnibus et per omnia observari debere decernimus et declara- 
mus ; et nihilominus illa omnia et singula eisdem modo et forma 
et cum eisdem clausulis quibus concessa sunt de novo quatenus 
opus sit concedimus, et sic per quoscunque judices et personas, 
quavis auctoritate fungentes, sublata eis quavis aliter judicandi, 
sententiandi et diiïiniendi facultale, judicarl, senlentiari et difTmiri 
debere decernimus et declaramus. Non obstantibus constitutioni- 
bus et ordinationibus apostolicis, ac omnibus illis que in diclis lit- 
teris concessum est non obstare, ceterisque contrariis quibuscum- 
que. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, 

1 Le manuscrit 192/1 porte par erreur omntg ne. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 3ii 

die décima septima aprilis, millesimo quingenlesimo vigesimo 
quinto, ponlificatiis nostri anno 2" *. 

Il ne paraît pas que jusqu'ici la Vierge de Lorelle eût été 
honorée d'un culte particulier, d'une liturgie spéciale. Mar- 
torelli accuse la lenteur, lindolence, la tiédeur de ses com- 
patriotes de s'être laissés distancer par les étrangers. C'est 
de Baie qu'Erasme de Rotterdam, le plus grand humaniste 
du xvi° siècle, alors brouillé avec Luther, transmit à un prê- 
tre de ses amis, curé dans le diocèse de Besançon, une 
messe complète, avec prose et long discours (concio), en 
l'honneur de la Vierge honorée à Lorette. La lettre d'envoi 
(pour l'impression) est datée du 4 mai i525. L'archevêque 
de Besançon, Antoine de Vergy, s'empressa d'approuver cet 
office liturgique par un mandement adressé « universis 
christifidelibus » "^. Il y a lieu d'ajouter que de la transla- 
tion miraculeuse il n'est nullement question dans la lettre 
d'Erasme, la messe et le mandement épiscopal. L'introït, en 
vers hexamètres, est délicieux et tout le reste à l'avenant : 

Introiïus. Laurus odore juvat speciosa virore perenni, 

Sic tua, Virgo parens, laus omne virebit in a3vum. 

Versus. ïrahe nos post te, Virgo Jesse Maria. Curremus in odo- 
rem unguentorum tuorum. Gloria Patri, etc. 

Collecta. Conditor, instaurator, et gubemator omnium Deus, 
qui in Sanctis quidem tuis omnibus gloriosus, peculiariler tamen 
in Filii lui Génitrice Maria, edilis per eam, quum in universo Ter- 
rarum Orbe, tùm prœcipuè apud Templum Laurelanum innumeris 
miraculis, glorificari gaudes : da, quiesumus, ut qui le in fdio, et 
fllium in le piè colunt, quique filium in maire, et malrem ob filium 
venerantur, ctclesli piœsidio à malis omnibus liberentur. Per eum- 
dem Dominum nostrum Jesum Chrislum •*. . 

1 Archives du A'atican, vol. 1924 (Pii IV Reg. 70), f" 86. Un extrait de ce 
bref, sous la date du 7 septembre, est donné par Murri, p. i 12 (ex arch. 
Almte Domus). 

- « Libenter approbavimus Missani sivc liturgiam in laudem cjusdcm 
Virginis apud Lauretum celebris, magnisque miraculorum prodigiis 
inclylaî ». La lettre de l'archevêque est datée de Gy (Giaco), en Franche- 
Comté, le 20 avril i524- 

3 Virginis Malris apud Lauretum cultx liturgia, adjecla concione, per 



3i2 NOTRE-DAME DE LORETTE 

La relation de ïeramano fut traduite en italien, en i528, 

par un prêtre de Mantoue, Barthélémy Fhanciiini. Je me 

borne à reproduire la suscription : 

Di ordine dell' illiistrissimo e revorendissimo monsignor Yin- 
cenzo Casale Bolognese, govcrnatorc di questo santo luogo, solto la 
protezione dell' illiistrissimo e reverendissimo signor cardinal 
Morono, io Barlolomeo Franchini, prête Mantovano, ho scritto in 
volgare la présente verissima Isloria, cavata dall' antica autentica 
latina a commode de' peregrini, l'anno del Signore MDXXVIII ^. 

Le pape étendit sa condescendance jusqu'à la concession 
aux chanoines du sanctuaire de Lorette d'un moulin parti- 
culier, indépendant de celui de Recanati : 

Dilccto fdio Antonio Bonsio, electo Terracinensi, nostre provin- 
cic Marchie vicelegato. Dilecte fdi, salutem et apostolicam benedic- 
tionem. Exponi nobis ciiravei'unt dilecti fîlii gubernator et canonicî 
ecclesie nostre Béate Marie de Laureto, cum ipsi nulluni habeant 
molendinum, maximaque indigeant farinarum copia tum pro 
sustentatione clericorum, cultum dÏAdnum in illa sanctissima eccle^ 
sia religiose celebranlium, et peregrinorum devotionis causa illuc 
affatim confluentium, tum etiam pro erogatione elemosinarum 
[que] quotidie pelentibus illic larga manu erogantur ; sintque 
coacli transmittere iVumenta ad molendinum Racanaten. et alio 
ubi commodius res expediri possit, cum maximo illorum dispen- 
dio et incommode, cupere ut tantum ipsius ecclesie damnum evi- 
taretur ejusque commodo aliqualenus consuleretur, et hanc ob 
rem exlruere molendinum aliquod juxta rivum quendam qui ibi 
dicitur Aquevive, prope ipsius rivi fauces ubi profluenli Muscionio 
miscetur, Verumtamen dibitanles ne fundi illius domini, obslina- 
tione aliqua, atque eorum qui ex illius ecclesie jactura questum 
lacère solebant impulsione adducti, exiguam soli illius partem 
vendere impie renitantur, nobis humiliter suplicaverunt ut in tali 
re de benignitate apostolica eis super hoc providere dignaremur. 
Nos igitur dicte ecclesie, que capella nostra est, consulere volentes, 
ne forte pie ejus oblationes ac redditus, quos in pauperum et reli- 

Desiderium Eiusmum Roterd., Basileui, i525, in-4" ; Euasmi Roterodami 
Operaomnia, Basileaî, lô^o, t. V, p. 1101-8; Lugdunl Batav., 170^, t. V, 
c. i3a7-35; MarïouellIj t. il, p. 110-9; Tuombelu, t. VI, p. s^Q-èo ; 
Muuiu, p. 58 ; Caillau, p. 353- 9. 
' Mautouelli, t. I, p. 508-9. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 3i3 

giosorum aliniénlis, templL constructione, divini culliis cui-a, 
expendi equiiis fiierat, inutiliter et sine alicujus cominodo crogen- 
tiir, ac ne, piopter niolendinorum distantiam et itineris difficulta- 
tem, picntissimi ejus loci incole et eo coniluentes iieregrini farina- 
rnra aliqnando pcnuriam pati cogantur; tibi per présentes nostras 
lilteras commiLtimus et mandamus, ut pi-edicti l'undi dominos, per 
gubcrnatorem predicte noslre eccJesie nominandos, rcccplo justo 
prelio, quatenus opus sit, ad soli ejus venditioneni quod molen- 
dino suffîciat, omni oportuno remédie, tam per censuras ecclesias- 
licas, quam penas pecuniarias tuo arbitrio moderandas, et ab 
inobedienlibus exigendas, per te vel per alium compellas, et postea 
inibi raolendinum cdificandi et edificato utendi liôentiam concédas. 
Non obstantibus constitutioiiibus et ordinationibus apostolicis, ju- 
ribus, Icgibus et statulis municipalibus, juramenlo, confirmalione 
apostolica vel quavis fîrmilate ab"a roboratis, ac privilegiis quibus- 
vis locis ac personis forsan in contrariûm concessis, quibus omni- 
bus, illorum tenores pro expressis habentes, ad effectum presontium 
specialitcr et expresse derogamus, contrariis quibuscunque. Seu si 
aliquibus communiter vel divisim ab a-postolica sit sede indultum, 
quod interdici, suspendi vel excomniunicari non possint per litteras 
apostolicas non facientes plenam et expressam ac de verbo ad ver- 
bum de indulto hujusmodi menlionem. Dalnm Rome, apud 
Sanctum Petrum, sub anulo Piscatoris, die secunda lebruarii, 
millesimo quingentesimo vigesimo nono, pontificatus noslri anno 
sexto ^ 

Clément VII se rendit à Lorette, après avoir couronné 
empereur Charles-Quint à Bologne le 24 février i53o. 

Jérôme Angelita, qui fut secrétaire perpétuel de la com- 
mune de Recanati de lôog à i56i "\ dédia à ce pape et 
lui offrit à Rome, le 19 septembre i53i ^, une Histoire de 
la translation de la maison de Lorette, composée par lui, 
dit-on, dès i5a5 ou 1628. Le comte Monaldo Leopardi en 
possédait l'autographe, ou plutôt une superbe copie de la 
main de l'auteur '". Cette Histoire parut d'abord sans lieu ni 

' Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV l\eg. 70), f"" 86"-7. 

2 Leopardi, p. 212, n. i. 

3 VoGEL, t. I, p. 375-6, d'après une note autograptie. 
'^ P. 212. • 



3i4 NOTRE-DAME DE LORETTE 

date ^ : Laureianae Virglnis hisioria..., in-/i" de 21 f., fig. '^ ; 
puis avec le nom de l'auteur : De almae domvs Lavrekmae in 
agro Eecanaiensi mira iranslaiione brevis et fidelisenarraiio, 
a do. Hieronymo Angelita. olim conscripta, nunc denuo per 
Jean. Franciscum, eius filium, in lucem édita ; Venetiis, 
1098, in-4" de 27 f., fig. ; Maceratœ, 1628, pet. in-8° de 120 p. 
Dès 1675, elle paraissait traduite en italien -^ ; la version de 
Jules-César Galeotti a eu de nombreuses éditions '^ 

L'éloge qu'a fait d'Angelita et de son œuvre le bienheu- 
reux Pierre Ganisius, S. J. : « Hieronymus Angelita, Reip. 
Recanatensis à secretis, vir valdè syncerus ac rerum ad prœ- 
sentem historiam pertinentium diligentissimus explora- 
tor » ^, est certainement immérité. Pour le dire sans amba- 
ges, le récit de cet historien ne me semble offrir aucune 
garantie de véracité. Examinons les sources auxquelles il 
prétend avoir puisé. Après avoir résumé en deux lignes le 
fait de la translation, il ajoute : 

J Martorelli Ta reproduite d'après un exemplaire dans ces conditions 
de la bibliothèque du cardinal Impérial! (L. M. III. 12), t. I, p. 5i6-3o. 
En tète, il met à la marge : « Si conserva nella Biblioteca Vaticana al 
n. io556 e al n. ^oaô, p. Ix^k ». Voir encore t. Il, pp. 18-9, 349. 

2 Bibliothèque Nationale de Paris, H. 3.85o. 

3 Historia dell' origine délia casa di Santa Maria di Lorelo, e corne gl' 
angeli la portarono di Nazareth in Italia, descrilta da M. Girolamo Aîsge- 
UTA ; Âncona, 1675, in-S'de 12 f. 

+ L'Historia delta trasMione delta santa Casa delta Madonna à Lorelo, 
già scritta... da M. Girolamo Angelita e tradotta in lingua volgare da 
Giulio Cesare Galeotti, d'Ascisi ; Macerata, 1679, in-Zj" ; i586, in-12 
(Brit. Mus.) ; con aggiunta d'alcuni notabili si'ccessi, e miracoli auennll 
in esso sanlo luogo di Lorelo... raccolti dal Reu. don Vittorio Buiganti 
Anconitano, ibid., lôgo, in-12 de 192 p. ; ibid., 1096, in-12 ; ibid., 1599, 
in-12 ; ibid., 1600, in-12 de 180 p.; ibid., 1602 ; Gamerino, 1608, in-12 ; 
Venetia, 1610, in-12 de i64 p. ; ibid., 161 1, in-12 ; Macerata, 1628 et 1629 ; 
Viterbii, i636.Leopaudi avait rencontré onze éditions du texte ou de la 
traduction (p. 32, n. 2) : on peut regretter qu'il ne les ait point décrites. 
Galeotti a été reproduit par Martorelli, t. I, p. 53i-/i5. 

" De Maria Virgine incomparabili et Dei génitrice sacrosancta libri 
quinqve, Ingolsladii, 1677, in-folio, p. 726, lib. v, cap. 25 (Martorelli, 
t. I, p. 517). 



ÉTUDE HISTOR. SUR L.\. S. CASA. 3i5 

Cujus rei seriem, et si pi'iscorum morem imilati Rachanatenses. 
tenui qiio datum estco tempore, at'tifîcis penicillo, in novo culoicuU 
pariete coloribus exprimendam curassent primura. Mox ejus cubi- 
culi antisles lilleris (diminulc quidem) annofasset in tabella, nunc 
vctustatc penè et carie consuinpta, cujus exemplum impressori- 
bus traditum, formis excusum, passim circumfertur. Cum tamen 
Leone X. Pont. Max. sedente, à quibusdam integrœ fidei lllyricis 
hominibus delata csset schedula quœdam à prisais annalibus Fhi- 
minis oppidi apud rcgiones iilas, ad oram Adriatici sinus adjacentis, 
in qua conlincbatur ejus Cubiculi prima à Nazarea civitate mira 
translatio. Idque sua3 Beatitudini per lilteras Reip. Rachanatensis 
significatum *. 

De la labella, toujours « vetuslale pêne et carie con- 
sumpta », j'ai parlé plus haut. De la « schedula » apportée 
de rillyrie sous Léon X, il n'y a trace nulle part en dehors 
de la soi-disant histoire d'Angelita, et cela est fort 
étrange. On était devenu bien verbeux à cette époque : il ne 
peut s'agir d'un simple feuillet; même dans ce cas, on se 
serait empressé d'en faire des expéditions par devant notaire, 
pour en conserver le contenu à la postérité. IN'est-il pas 
étonnant que Vogel, entre les mains de qui des milliers de 
documents, conservés dans les archives de Lorette et de Re- 
canati, ont passé, ne l'ait pas vu et ne se soit pas empressé 
de lui donner une publicité méritée? Angelita a pu avoir, 
plus que tout autre, si l'on veut, le loisir et la facilité de 
compulser les archives du pays; il n'a pas été cependant le 
premier ni le dernier à les explorer, et on est en droit de se 
demander comment ceux qui l'ont précédé ou suivi n'ont 
pas su y trouver les faits précis qu'il prétend y avoir lus ; 
car, il n'y a pas à s'y méprendre, les documents sur lesquels 
il devait appuyer ses dires, n'ont jamais été vus par per- 
sonne. Les Annales de Fiume citées plus haut, non plus 
que celles de Recanati (piiscis Annalibus Reipiib. hujus Re- 
chanaiensis Jida indagine creberrimè revokilis), invoquées plus 
loin, sont inconnues et n'ont; à n'en pas douter, jamais 

1 Mautorelli, t. I, p. 517-8. 



3i6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

existé : on n'aurait pas manqué de les insérer dans une de 
ces grandes collections de Scriplores qui recueillent avec un 
soin empressé les moindres chroniques. Angelità ne s'est pas 
borné, quoiqu'il l'affirme', à donner une forme plus littéraire à 
riiisloire de la translation, sans rien changer à sa trame ^. 
Pour ne rien dire des enjolivements, il précise, non seulement 
le jour, mais l'heure des diverses translations : la première 
eut lieu en 1291, « propè oppidum... Tersactura... post diem 
nonam mensis Maji, circa secundam ferme noctis vigi- 
liam » '^. Que, si on lui demande des témoins, il n'est pas 
embarrassé pour en produire. Ce sont d'abord les habitants 
du lieu, stupéfaits à l'aurore de cette nouveauté, mais bien- 
tôt convaincus du miracle par la. lumière éclatante que ré- 
pandait le « cubiculum ». Tous les malades des alentours 
sont guéris en regardant cette lumière. La sainte Vierge dai- 
gne apparaître u inter somnumet vigiliam » au curé Alexan- 
dre '% malade dans son lit, et lui raconte, en un long dis- 
cours, toute l'histoire de sa maison de Nazareth ^. On s'est 

1 « Historiam ipsam... in meliorem formam redegi » (p. 5i8). 

2 « Non quidem ut rei seriem veram immutare sim ausus, sed tanlum 
... conaLus fuerim aliquan lisper illuslrare » (ibid.). 

3 P. 619. Leopardi a pris la peine de confronter les dates mises en 
avant par les historiens successifs : il lui est facile d'établir qu'elles sont 
• — comme celles d'Àngelita — de pure invention (p. ii3-5).Il semble bien 
que l'année 1291 a été choisie comme synchronisme de la prise de Ptolé- 
mais ou Saint-Jean d'Acrj-par les musulmans. 

* Angelila dit : « venerabili in Ghristo Alexandro sacrorum Antistiti, 
in templo Sancti Georgii de Tersacto ». Riera s'est empressé d'enchérir : 
il le qualifie de (( Sanctissimus vir Alexander episcopus, in ecclesia Sancti 
Georgii», plus loin « revercndissimo episcopo » (Mautouelli, t.I, p. 16-7). 
Torsellino suit Angelita (p. 166-7). ^^^ n'est besoin de dire qu'il n'y a 
jaaîais eu d'évèque à Tcrsatlo. 

■' Dans Angelita, ce discours (en latin) renferme 872 mois ; ses succes- 
seurs ont cru devoir l'abréger : il en comprend seulement 889 dans Riera, 
176 dans Torsellino et i38 dans Pasconi (c'est Leopaudi qui a fait ces 
comptes et je ne vois pas d'utilité à perdre mon temps à en vérifier l'exac- 
titude). Les divergences ne portent pas exclusivement sur des mots; ainsi 
Angelita fait dire à la Vierge : « In eo cubiculo puerum Jesum Ghris- 
tum servavi usque dum csset a;tatis duodecim. annorum » ; il y a 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 317 

demandé comment Alexandre avait pu le retenir textuelle- 
ment : il est vrai de dire qu'il fut instantanément guéri. Il 
se rend sans tarder au nouveau sanctuaire arrivé dans sa pa- 
roisse; on prévient le gouverneur du pays, Nicolas Frangi- 
paniS et il est décidé sur l'heure d'envoyer cinq délégués, 
dont r « autistes » Alexandre"^, aux Saints Lieux pour exa- 
miner l'emplacement de la sainte Maison et vérifier les me- 
sures de ses fondations. Bien que les armées des Sarrasins 
occupent tout le pays, ils accomplissent leur voyage fort 
heureusement et en quatre mois ils sont de retour, l'amour 
du pays leur ayant donné des ailes. Les mesures concor- 
dent à merveille '^. Pasconi exprime un profond regret 
qu'aucun dévot serviteur de Marie, n'ait transmis ces évé- 
nements mémorables à la postérité ''■. Au dire de Mai^otti, le 

dans Ricra : « In ca Domino meo rninisli'avi usque ad tempus prœdica- 
tionis sancti Evangelii; nec destitit dilectiis meus in ea me fréquenter 
invisere et cum sanctis apostolis habitare », Au sujet de la maison trans- 
formée en église, il y a trois leçons différentes : « Apostoli illud solemni 
more consecranles» (Angelita); « Sancti Apostoli una mecum congregati 
illam solemni more consecranles » (Riera) ; a Post nostrum excessum, 
Domum Apostoli consecrarunt » (Toi-selUno). Inutile d'insister sur d'au- 
tres divergences (Leopardi, p. 117-20). 

1 « Nicolaus Frangipanus Tersaclico oppido et loco in quo cubiculum 
consederat dominabatur ». On peut voir dans Leopardi (p. i22-3) les dé- 
nominations de plus en plus emphatiques dont les historiens Riera, Tor- 
sellino, Marotti et Pasconi ont usé pour désigner ce personnage problé- 
matique. 

3 Ces mômes historiens sont loin d'être d'accord sur le nombre des 
délégués. 

3 Les historiens concordent moins; Angelita dit ; « In.venerunt cubi- 
culum illinc fuisse abreplum» (p. 52o) ; Riera : « Vident adhuc aperta 
fundamentorum fossulas.extraclosque funditus etiam minimos lapillos » 
(p. 17). Leopaudi a renoncé à concilier ces contradictions (p. 121-2). Pour 
ne point les multiplier sans lin, je ferai remarquer avec lui (p. laô) que 
les trois premiers historiens proprement dits de Lorette, Angelita, Riera 
et Torsellino, ont été à peu près contemporains, se sont sûrement con- 
nus, ont dû utiliser les mêmes documents : leurs récits devraient con- 
corder, s'ils étaient appuyés sur des pièces authentiques (pp. 17, i58). 

+ Triumphus coronatse reginœ Tersaclensis, cap. 11, | 9 (Martorelli, 
t. II, p. o4). Alors, lui objectait-on, comment savez-vous ce qui concerne 



3i8 NOTRE-DAME DE LORETTE 

voyage d'Alexandre a été l'objet d'un récit, qui a péri dans 

l'incendie de Tersatto S arrivé le 28 mars 1628. Leopardi a 

fait justice des historiens Dalmates et de leurs prétendues 

Annales "^ : les auteurs de VlUyricum sacrum n'ont rien 

trouvé ^. L'inscription : 

Vanne la santa Casa dalla Beata Vergine Maria da Nazaret à Tersatto 
l'anno 1291, alli 10. di Maggio, e si parti alli 10. di Décembre 1294, 

n'est sûrement pas du xm" siècle, non plus que cette autre : 

Ilic est locus, in quo olim stetit Gapella S. Mariœ de Laureto, 
quœ nunc in partibus Racineti colitur ''. 

Ce serait donc le 10 décembre 129/1, juste trois ans et sept 
mois après son arrivée en Dalmatie, que la s. Casa aurait 
repris son vol dans les airs ^ pour venir se déposer sur le 
territoire de Recanati, en un lieu dit la Bandirola, dans la 
forêt d'une dame Laureta ^' ; à son arrivée, les arbres (lau- 

le curé Alexandre : « Aio. constare, répondait-il, primo ex perpétua et 
nunquam interrupta a totsœculis ad nos usque transfusa traditione ab lis 

qui lanti prodigii lestes fuere oculati Constare dein ex pluribus stu- 

pendis prodigiis tenipore advenlus et permansionis AUnac Domus hic 
porpetralis.... Constare demum ex integerrimis scriptoribus, ut Hiero- 
nymo Angelita, Tursellino pluribusque aliis.... » (cap. iv, S 5 ; ibid., 
p. 38 9). On voit déjà ce que valent les allégations de documents conser- 
vés en Dalmatie, d'Annales de Fiume et d'archives des Franciscains. 

1 « Tersactano incendio... periit itineris ratio, et modus quo Alexan- 
der ille a Frangepano in Galilœam transmissus ad indagandam rei veri- 
tatem cum sociis usus est » (iVlAUTonELLi, t. II, p. 25). 

2 Martorelli, t. II, pp. 25, 143 ; t. III, pp. 29-31, 206-8 ; Tuombelli, 
t. VI, pp. 23i-5, 287, 

3 T. IV, p. i38; Leopardi, pp. io5-io, 257-S. 

'^ Martorelli, t. II, p. 25 ; Leopardi, Leltera, p. 37-8. 
ii Le Mantouan dit qu'elle vogua sur l'onde : 

Visa ire per undas 

Hœc (res mira) Domus, visi ire per mquora Divi. 

(Martorelli, t. I, p. 5i5). Licence poétique sans doute. 

fi Sur les causes providentielles de l'enlèvement de la maison de Naza- 
reth et de son transfert en Occident, voir plus haut (p. i34-5). De son 
déplacement, qui laissait les Dalmates inconsolables, on a trouvé la sui- 
vante : en transportant sa maison en Italie, Marie voulait donner à en- 
tendre par avance aux papes d'Avignon que le lieu de leur séjour était 
Rome. 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 819 

riers) s'inclinèrent par respect et demeurèrent toujours dans 
cette position, contraire au vent^ 

La sainte maison ne fit là qu'une courte halte; on en donne 
la raison : des brigands, protégés par les bois épais, infes- 
taient la contrée et décourageaient les pèlerins qui se ren- 
daient déjà en foule au sanctuaire béni. Elle s'envola de nou 
veau, entre juillet et août 1296, et se plaça à un mille de sa 
deuxième station, sur une colline verdoyante, appartenant 
à deux frères de la famille Antici '^. Ces nobles seigneurs, 
après avoir vécu de longs jours dans la plus parfaite con- 
corde, furent subitement saisis par le démon de l'avarice. Ils 
se disputèrent bientôt les offrandes des fidèles et en vinrent 
à mettre les armes à la main. La mère de Jésus, « Dieu de 
paix », ne put s'accommoder de ces dissensions. Quatre mois 
après sa troisième station, le 2 décembre i2g5 ^, la s. Casa 
prit une dernière fois son vol et vint se poser au beau milieu 
de la route de Recanati, où elle est encore ''. 

Dans ce temps vivait un pieux ermite '"', qui fréquentait 
assidûment le nouveau sanctuaire. Marie récompensa ses 
mérites par une apparition. Dans un très long discours, elle 
confirma sa foi en l'authenticité de la maison et lui prescri- 

1 iMautorelli, t. I, pp. 52 1-2, 2/1-8, 160; t. II, pp. 267 (ut Recineten- 
ses tradunt Annales!), Sai; t. II, p. 17-21; Leop.\rdi, pp. 19, alu, 266. 

2 Martouelu, t. I, pp. 522, 28-, 162; t. III, p. 2 1-4. — Les faveurs de 
Marie pour Recanati firent des jaloux. Ancône voulut en avoir sa part, et 
une ti'adition s'est établie qu'en 1295 la s. Casa resta neuf mois en dépôt 
près de cette ville, en un lieu où il y a présentement une église dédiée à 
Notre-Dame Libératrice, dite « di Posatore ». La preuve se trouve dans 
cette inscription : « In questa selva qui posô la santa Casa della Madré 
DI Dio PER NovE MEsi MCGXGV », et aussi dans une déclaration informe 
trouvée en 1782 par le jésuite Cristof. Storani (Martorelli, t. Il, pp. 5 1-3, 
867; Leopardi, p. 2o4-6). 

' Le jour précis, ignoré d'Angelita, a été découvert par Riera (p. 20). 

* Mautouelu, t. I, pp. 522, 20, 82, i63; Leopardi, pp. 38, 102. 

" Angelita ignore où était situé son ermitage; Riera désigne une col- 
line entre Lorette et Recanati, que les anciens « ab Urso ibi latitante » 
avaient appelé Montorso (p. 38). 



330 NOTRE-DAME DE LORETTE 

vit de l'affirmer au peuple de Recanali ^ Les Recanatins ac- 
cueillirent ce message avec une joie immodérée et décidèrent 
sur l'heure d'envoyer seize d'eiitre eux en Palestine pour vé- 
rifier l'état des fondations et des dimensions de la s. Casa a 
Nazareth. Au milieu de dangers sans nombre, leur voyage 
eut un heureux succès. On le raconta en détail dans un ins- 
trument public, et le conseil de llecanati décida que les 
principaux citoyens seraient tenus d'en conserver un exem- 
plaire sur parchemin dans leurs archives de famille^. Tout 
cela se serait passé en 1296 3. 

Angélita, je crois l'avoir surabondamment démontré, n'a 
pas appuyé son l'écit des diverses translations sur un seul 
document authentique. Ne trouvant dans les légendaires 
précédents ni dates fixées ni circonstances précisées, il s'est 
abandonné à sa propre iniagination, à l'instar d'un poète 
(l'excuse est de Leopardi). Le moins qu'on puisse dire de 
son témoignage, c'est qu'il est bien tardif pour donner du 
crédit à des faits qui seraient vieux de près de 25o ans ''. 
Tous les historiens subséquents l'ont pillé sans scrupule =* et 
on conçoit que les partisans de l'authenticité se soient effor- 
cés de lui attribuer une autorité de premier mérite*'. 

1 Mautorelli, 1. 1, pp. 522-3, 38, 167; t. II, p. 179. 

3 Riera le premier a inventé ces détails : Angélita n'en dit pas mot, et 
on se demande comment d'un document reproduit à tant d'exemplaires, 
il n'en est pas parvenu un seul jusqu'à nous. 

•> Martorelli, t. I, pp. 524, 4o, 168; t. II, pp. 180, 295 ; t. III, pp. 26-7, 
5i; Trombelli, t. VI, p. 2G7; Leopardi, pp. 63-6, 79, iio-i. 

■* Leopardi, pp. 32, 102, lo/i, 107, ii5, 192, igS, 2i3. 

» Il a bien été leur « antesignanus », comme en convient Pietro Bon- 
giovanjSi, prêtre de Recanati, dans son Historia venerandse Domus Laure- 
tanœ (i64o), dont Leopardi possédait le manuscrit original : « Praipositus 
Theramanus annoruin spatia taciturnitate involvit.... Sed beata Maria 
Virgo denunciavit in somnis.... Recentiores hislorici, Angelitamsectantes, 
qucm ego,inquiunt... Anno ab ortu..., Angélita proferente, augustissima 
Domus... » (p. io4, n. i). 

» MoRONi, t. XXXIX, p. 228; Gauratt, p. 157. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA Sai 



* 
* * 



On a assisté, en 1472, à l'éclosion de la légende relative 
à la translation de la s. Casa ; on vient de la trouver en 
pleine efflorescence en i53i. D'ordinaire, les détails qui eon- 
cernent un événement deviennent d'autant plus imprécis 
qu'on s'éloigne davantage de l'époque contemporaine. Icii 
à l'inverse du cours normal des choses, on ne trouve abso- 
lument rien à l'origine de ce qui constituera plus tard le 
corps de la légende ; les circonstances particulières surgis- 
sent fort longtemps après les faits auxquels on les rapporte. 
Elles arrivent même à être fixées avec une extrême pré- 
cision, mais plus de trois cents ans après la date qu'on 
assigne à la quadruple translation, en se référant à de pré- 
tendues traditions et sans qu'on puisse alléguer de preuve 
authentique. 

Reprenons la série des documents. En i/jjo, le pape Paul II 
atteste simplement la fondation miraculeuse de la s" chapelle, 
où la clémence de Dieu a placé une image de la Vierge (p. 206). 
Deux ans après, au plus tard, le prévôt Teramano précise 
les quatre stations successives de la s. Casa, qui auraient été 
connues par une révélation de Marie en 1296 (211), Sa notice 
fut traduite en vers italiens par Barthélémy de Vallombreuse, 
en i/i83 (23/i) ; puis en prose par Barthél. Franchini, en 
1628 (3l2). 

Contre la légende naissante, on trouve, en i485,la protes- 
tation du franciscain Fi'ançois Suriano (236), dont j'ai mis en 
relief r «extrême importance », à raison de ses relations 
avec rOmbrie et de la situation exceptionnelle qu'il occupa 
comme missionnaire en Orient (69). 

Le poème de Louis Lazzarelli (mort en i5oo), oij Marie 
raconte elle-même les pérégrinations de sa demeure fami- 
liale (237-8), doit être postérieur à l'appel des Carmes à 

N.-D. DE LORETTE 2 I 



322 NOTRE-DAME DE LORETTE 

LoretteparlecavdinalJérômedelaRovere,en novembre i488, 
et à leur venue en i/j8p (238). Ils n'y rcstèrenl pas dix ans 
et quittèrent en 1/497 le pèlerinage confié à leurs soins (255j ; 
leur historien raconte avec des larmes la décision prise à cet 
égard par le chapitre général (ibid.)- A leur tête se trouvait 
Baptiste Spagnaoli, dit le Mantouan, alors vicaire général de 
l'ordre. Peu de mois après son arrivée, il publia une notice 
fameuse, dont j'ai donné un texte coUationné sur les. meil- 
leures sources ; il comprend trois parties : histoire du sanc- 
tuaire, construction de la nouvelle église, suite de parallèles 
tirés de l'Ancien et du Nouveau Testament (2/10- 5o). Inutile 
de revenir sur les motifs qui m'ont fait dénier toute autorité 
historique à ce récit, uniquement basé sur une pancarte 
appendue dans le sanctuaire. On vient de se prévaloir du 
titre de bienheureux, que la S. Congrégation des Rites a 
décerné au Mantouan le 17 décembre 1885, pour proclamer 
indemne de toute erreur cette narration : 

Léon XllI, avant de permettre et d'ordonner qu'on y [avx catalogue 
des Bienheureux] insérât le nom de Baptiste de Manloue, avait fait 
examiner par des hommes compétents et suivanlles règles ordinaires, 
tous ses écrits, y compris l'histoire de la Sania Casa de Lorette '. 

Ce brevet d'orthodoxie ne saurai t sortir des li mites de la doc- 
trineet de la morale, comme l'auteur anonyme le fait d'ailleurs 
remarquer plus loin, mais n'offre aucune garantie touchant 
la véracité historique Autant vaudrait dire que Jacques de 
Voragine étant également bienheureux, toutes les historiet- 
tes dont est parsemée sa Légende dorée sont des récits d'une 
irrépr9chable exactitude. Dès l'origine de l'Eglise, le métier 
de légelidaire n'a rien eu de déshonorant. Le Mantouan a 
écrit' (ou copié) la légende dorée de N.-D. de Lorette : c'est 
son mérite auprès des uns, ce sera son excuse auprès des 
autres. Inutile de faire intervenir les décisions de Rome dans 
cette question défait. 

Jamais on n'expliquera qu'au xV siècle, époque où le pèle- 

' 1 L'Ami du Clergé, Langrcs, 8 mars 190G, t. XXVIII, p. 211''. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA ^23 

riîiage avait atteint son apogée de célébrité dans lé mondé 
entier (126), les papes aient omis de mentionner le miracle 
delà translation parmi les motifs qui les incitaient à accor- 
der des faveurs spirituelles au sanctuaire, si la tradition en 
avait été de notoriété publique à Lorette et à Rome, Pour 
Sixte IV, c'est encore une église paroissiale en 1/182 (aS/i). On 
comprendrait à la rigueur que les papes contemporains des 
événements aient omis par prudence de se prononcer sur les 
faits miraculeux de la translation : l'habitude très sage de 
TEglise est de procéder dans ces sortes de choses avec une 
prudente lenteur, de multiplier les enquêtes et de n'afQrmer 
qu'après avoir épuisé les moyens d'information. Tout cela 
peut prendre des années, mais non plus de deux siècles comme 
ici. Dans le cas présent, la constatation était d'une facilité 
exceptionnelle: si Boniface VIII et ses successeurs immédiats 
n'ont pas défini le fait à la suite des enquêtes de 1292 et 1296, 
c'est une nouvelle preuve que celles-ci n'ont pas existé. N'ou- 
blions pas d'ailleurs que le mot u translation » ne figure dans 
nul document d'aucun genre pendant 180 ans. Leur silence 
et celui des papes reste absolument inexplicable. 

Le xvi" siècle était déjà commencé quand pour la première 
fois Jules II a parlé de la translation ; à raison de leur nou- 
veauté, il faut reproduire tous les termes à ce sujet de sa 
bulle du 21 octobre 1607, auxquels le lecteur n'aura peut-être 
pas accordé toute l'attention suffisante : 

Nos altendentes quod non solum etiam in predicta ecclesia de 
Loreto imago ipsius béate Marie virginis, sed etiam, ut pie credi- 
tur et fama est, caméra siA'e thalamus, ubi ipsa beatissima Vivgo 
concepta, ubi educata, ubi ab Angelo salutata salvatorem seculorum 
verbo concepit, ubi ipsum suum primogenitum suis castissimis 
uberibus lacté de celo plenis lactavit et educavit, ubi quando de hoc 
seculo nequam ad sublimia assumpta extilit orando quiescebat, 
quamque apostoli sancti primam ecclesiam in honorem Dei et ejus- 
dem béate Virginis consecrarunt, ubi prima missa celebrata extitit, 
ex Bethléem angelicis manibus ad partes Sclavonie et locnm l^'lu- 
men nuncupatum primo portata et, inde per eosdem Angeles ad 
nemus Laurete muiieris, ipsius bealissime Marie virginis devo- 



324 NOTRE-DAME DE LORETTE 

tissime, et successive ex diclo nemore, propter homicidia et alia 
facinora que inibi perpetrabantur, in eollem duorum IVatruiu, et 
postremo, ob rixas et contentiones inter eos exortas, in vicum pu- 
blicum territorii Racanatensis translata existit (262). 

Ce morceau est-il de l'histoire ou de la légende ? Le choix 
ne saurait être douteux. Le pape, on l'aura remarqué, n'allè- 
gue aucune autorité ; son dire est basé sur « une pieuse 
croyance » et la renommée, sur de simples on-dit. Qui vou- 
drait se porter garant de la vérité de tous les souvenirs qu'il 
rattache, par une erreur énorme, non à la maison de Naza- 
reth, mais à celle de Bethléem (267-8) ? Que, sans parler du 
reste, la s. Casa ait été le lieu de la sépulture de la sainte 
Vierge, la première église consacrée par les apôtres en l'hon- 
neur de Dieu et de Marie, que la première messe y ait été 
célébrée, ces assertions, pour ne pas dire ces faussetés, tirées 
de pièces apocryphes, jettent un discrédit irrémissible sur 
l'affirmation tardive de la translation. En la trouvant tex- 
tuelle sous la plume des papes suivants, nous n'oublierons 
pas qu'elle a mis 216 ans à se produire et nous nous rappel- 
lerons la manière dont elle s'est produite. 

Inutile de résumer ici une série de brefs par lesquels les 
papes subviennent aux besoins particuliers du sanctuaire et 
augmentent ses privilèges (268-78, 277-9, 282-7, 290-4, 298- 
3o6, 3i2-3). A noter cependant comme d'importance ma- 
jeure, l'érection de l'église de Lorette en collégiale par 
Léon X, le 8 décembre i5i4 (278-7), la confirmation de tous 
ses privilèges^ le 18 janvier i5i5 (279-82), et leur accroisse- 
ment, le i"' août i5i8, par le même(294-8); la soustraction 
de Lorette à la juridiction de Recanati, par Clément VII, le 
i3 janvier i52/i (807-9) ^^ la confirmation de ses privilèges, 
par le même, le 17 avril i525 (309-11). 

La Vierge de Lorette était digne d'être honorée, dès lors, 
par une liturgie particulière : elle lui vint d'un célèbre 
humaniste, Erasme de Rotterdam, mais ne semble pas avoir 
conquis les suffrages des Italiens. J'ai cru devoir faire à son 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 325 

égard cette remarque capitale, qu'il n'y est nullement men- 
tion de la translation miraculeuse (3ii). 

Secrétaire de la commune de Recanati pendant plus de 
cinquante ans, Jérôme Angelita fut assurément à même, plus 
que tout autre, de rédiger une notice exacte et complète sur 
le sanctuaire de Lorette. On ne saurait lui reprocher d'avoir 
omis aucun détail concernant la quadruple translation ; mais 
il est difficile de l'innocenter de les avoir puisés, faute de 
documents, dans sa propre imagination. Le succès dont il a 
joui auprès de ceux qui l'ont suivi n'ajoute aucune portée à 
son témoignage (3i3-2o) 

Durant cette période, Lorette eut à sa tête Dominique de' 
Sebastoli, d'Anguillara. avec le titre de gouverneur et 
vicaire, en i/i85 (236), puis le cardinal Bernard Dovizi, de 
Bibbiena, avec celui de protecteur, en i5i/i (274); il reçut, 
l'année suivante, la commission de procureur du sanctuaire 
(291-2) et, en i5rg, celle de protecteur perpétuel et de gou- 
verneur (299). Il mourut en 1620 et fut remplacé par un sim- 
ple commissaire, Julien Rodolfi, hospitalier (3o6). 

Un nouveau bénéfice, celui de N.-D. des Esclavons, fut 
fondé en i48i (sS/i) ; l'année suivante figure la chapelleni« 
de la Conception (ibid.). On trouve encore un servite du 
sanctuaire en 1/179 (233). 

Parmi les dons (23/|-5-6, 262), il faut mentionner la cou- 
ronne dor oflerte par la ville de Recanati, à l'occasion de la 
peste qui la désolait en 1/196, et qu'on plaçaitsur la tête delà 
statue de Marie le jour de l'Annonciation (255). Cette fête 
commença seulement alors à primer celle de la Nativité ; 
Jules II lui attribua des indulgences en i5o7 (268). Est-il 
besoin de répéter que, si la s. Casa était vraiment venue de 
Nazareth, c'est la fête de l'Annonciation qui aurait été tout 
d'abord au premier plan ^ 

Un inventaire des joyaux du sanctuaire fut dressé, en 1479, 
à l'occasion d'une incursion des Turcs (233) : ils manquèrent 
en devenir maîtres en 1/(87 (236-7). 



326 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Parmi d'innombrables pèlerinages, dont les annales n'ont 
pas toujours enregistré le souvenir, les plus notables sont 
ceux du seigneur de Rimini, Robert Malatesta, en iliSb (235), 
d'un noble Grenoblois, Pierre Orgentorix, dont la femme 
aurait été délivrée de sept démons (239-/10, 2/17), de Raptiste je 
Mantouan, déjà rappelé, en i/jSg (2/jo-i), d'un matelot de 
Christophe Colomb, en i/igS (253-4), du pape Jules II, en 
i5io et l'année suivante (270-1), d'un marchand de Douai, 
Jacques Le Saige, dont le récit est fort instructif, en i5i8 
(287-90), enfin du pape Clément VII, en i53o (3i3). 

En résumé, les nombreux documents échelonnés dans la 
11° partie aboutissent à cette conclusion dûment motivée : la 
légende relative à la translation de la s. Casa n'est pas anté- 
rieure à 1/172, première date de son apparition. Présentée 
d'abord d'une manière vague, imprécise, elle va se dévelop- 
pant dans des détails circonstanciés, tels qu'on les lit aujour- 
d'hui, et qui avaient reçu leur plein épanouissement en 
moins d'un demi-siècle (i53i). L'imagination seule des nar- 
rateurs a produit un si surprenant résultat, oij la véracité 
historique n'a rien à voir. 



ÉTUDE HISTOR. SUR Là S. GàS.\ 827 



III 



Le lo novembre i53i, on posa la première pierre du mo- 
nument en marbre qui entoure la s. Casa. Pierre-Paul 
Lorenzi, notaire de Recanati, qui assista à la cérémonie, 
atteste qu'on y chanta les « Litaniœ Virginis Marias » K Vogel 
a reproduit, à la suite de cette mention, six litanies différentes '2, 
mais convient qu'on ne trouve pas celles de Lorette impri- 
mées avant 1576. Cette intéressante question a été reprise 
postérieurement par Jos. Sauuen^, G. -M. Drevbs '' et Ang. 
de Sanïi^. Il n'est pas pour nous déplaire de constater que, 
sur ce point aussi, on était arrivé aux extravagances, en 
faisant remonter les litanies de Lorette au temps même des 
apôtres. Les plus modestes, Murri par exemple, leur donnaient 
comme date les alentours de 1489, l'année même où le 
Mantouan publia sa notice. Voici comment Murri a prétendu 
l'établir. Il existait de son temps, au trésor de Lorette, une 
plaque d'argent, sur laquelle étaient gravées les litanies, 
avec cette inscription au bas : 

PaULL'S SaBELLUS AlBANI PRINCEPS KT ORATOU C.ESAREUS. 
1 VOGEI., t. I, p. 3l5. 

. 2 p. 3i7-3o. 

■1 Das heil. Ilans za Loveto und die lauretanischen Gnadenorte in deiit- 
sclien Landeii, historisch beavb., 2. gànzlich ungearb. Aufl.; Einsiedeln, 
i883, in-i6 de xvj-255 p., il\ fig. et 2 plans ; — Die lauretanische Lilanety 
nach Urspriing, Geschichlc und Inhalt dargestell, zum 600 jahr. Jubilâuin 
der Ueberiragunzdes heil. Hanses; Kemptcn, 1896, gr. in-S" de vj-79 p. 

^ Dans les Slimmen ans Maria-Laach (iSgS), t. XLVIII, p. 578-. 

!> Dans Ciui//à callolica {de déc. 1896 à 1897) ; Le Li7a/iJe Lauretane, stu- 
dio storico-crilico, 2' ediz. riveduta ed ampliata, con aggiunte di documenli 
inediti; Roma, 1897, in-8°de iiop. Traduit de l'italien par A. Boudinhon, 
Les Litanies de la sainte Vierge, étude historique et critique, ouvrage revu et 
enrichide nouveaux documents inédits ; Paris, s. d. [1900], in-12 de 25i p. 
Cf. Analecta BoUandiana, t. XVII, p. SSg, el t. XX, p. 94. 



328 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Ce serait le nom de leur auteur, le cardinal Savelli (Jean- 
Baptiste), conjecture que Murri déclare corroborée par une 
tradition ininterrompue * (dont il n'y a pas trace). Or, le 
P. de Santi établit que ce prétendu Savelli du xv" siècle ne 
peut être que Paul Savelli, qui fut créé prince d'A^lbano en 
1607 et fut ambassadeur de l'Empereur auprès du Pape : 
voilà le donateur de la plaque. Il est facile à l'auteur de con- 
clure : 

L'opinion qui attribue aux litanies de Lorette une haute anti- 
quité est donc une légende bâtie sur un fait relativement très 
récent; ce qui est plus curieux, c'est que celle légende a pris nais- 
sance ou du moins s'est répandue au cours du xix" siècle... Notons, 
à ce propos, l'altitude habituelle des défenseurs des légendes; il est 
facile de la prendre ici sur le vif. Plus un fait est obscur, plus le 
silence de l'histoire est profond à son sujet, et plus on les voit en 
appeler avec assurance aux anciennes traditions qui nous l'ont 
transmis, aux nombreux écrivains qui en parlent, à la pratique et 
aur usages privés et publics, très répandus parmi les fidèles, qui 
en consacrent l'authenlicilé, et ainsi de suite ^. 

J'ai volontiers reproduit ce passage, parce que cette argu- 
mentation s'applique aussi bien à la translation. Pour finir 
cette questTon des Litanies, le 3i janvier 16/17, Jean d'Albona, 
chanoine de Recanati, légua aux Augustins de cette ville 
100 florins d'or, sous la condition de célébrer, tous les same- 
dis, la messe de la sainte Yierge et d'y ajouter ses litanies^. Riera 
reproduit un rapport du i" mai iSôg au général des Jésuites', 
qui parle de litanies chantées à Lorette par des Véronais ^ 
Les litanies actuelles furent imprimées pour la première fois 
par Bernard. Girillo, en 1576''; elles ne furent connues à 
Rome que vers 1087. 

1 « Una taie conjetlura \ieiie ancora fiancheggiata da una perenne tra- 
dizione » (p. 137-8). — 2 a. Boudiniion, ouvr. cité, p. 32-3. 

••' VoGEL, l. I, p. 3i.5. — * Maktouelli, t. I, p. Il8. 

5 TralLalo sopra l'hisloria délia sania Chiesa et Casa délia gloriosa Madoiina 
Maria Vergine di Lorelo, 1576, app. p. io3. — Voir encore N. Paulus, Die 
Einfûhrung der lauretanisctien Litanei in Deutscliland durcir den seligen 
Canisius, dans Zeitschr. f. kalhol. Théologie (1902), t. XXVI, p. 574-83 
(cf. Anal. Rolland., t. XXIl, p. 222). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA: S. G.\SA 829 

Clément Vil écrivit, en i532, au sujet d'annéliorations à 
effectuer, au gouverneur de Lorette, Jean-Antoine de' Stati, 
chanoine du Vatican : 

Dilecto fdio Gubernalori nostrc capelle et ecclesie 'Béate Marie de 
Laureto, Glemens papa VU. Dilecte fdi, salutem et apostolicam 
benediclionem. Accepimus aerem istic, presertlm estivo tempore 
reddi insalubrem, partim ex eo quod quidam collis dicte capelle et 
ecclesie supereminens ventes montanos loco salubres excludit, par- 
tim quod in planitie dicte ecclesie circumvicina, etiam ad quinque 
milia passuum, plures paludes et silve fere sempei- limose insalubri- 
latem faciunt. Quamobrem nos illam ecclesiam tolo orbechrisliano, 
ob gloriosissimc Virginis Marie mérita et confluentium illuc popu- 
lorum raultitudinem celebrem, his causis sublatis, salubrem red- 
dere cupientes, jam ordinavimus ut dictus collis supereminens 
complanetur. Cum antem sicut accepimus in eodem colle multe 
possessiones existant, non ad candem ecclesiam sed ad privatos 
pertinentes, sine quorum danino ipsam complanationem fieri vo- 
lumus. Nos de tua probitate et induslria confidentes, tibi manda- 
mus ut, dominis dictarum possessionum ad te vocatis, equivalen- 
tem recompensam in aliis locis ad eandem ecclesiam spectantibus, 
eisdem et necessaria instrumenta desuper facias et recipias. Nos 
enim tibi eosdem dominos ad suas cum dicta ' ecclesia possessio- 
nes, pro publica utilitate et salubrltate hujusmodi, permutandum, 
auctoritate nostra, etiam per censuras ecclesiasticas et brachii secu- 
larisinvocationem, compellendi ; dominis vei'o paludum et silva- 
rum hujusmodi, seu pro dominis se gerentibus, ex parte nostra 
precipiendi ut, inter competentem terminum arbiti-io tuo prefigen- 
dum, debeant sua impensa suas quisque paludes. faclis tbssis et 
aliis necessariis, exsiccaie; silvas autem vel ex toto incidere, vel 
arbores in eis ila raras relinquere ut'^ in eis seri possit, injungendi ; 
termine autem hujusmodi elapso, nisi idilli fecerint. tune possès- 
sionem paludum et silvarum prediclarum nomine dicte ecclesie, 
oui illas in talem eventum et post dictum terminum, assignala eis 
alibi competenti recompensa fructus aut commoditatis quos prius 
forsan ex dictis paludibus percipiebant, applicamus et applicatas 
esse decernimus, capiendi, et deinde ipsas paludes et silvas exsic- 
candi et rarefaciendi, atque ad culturam nt preferlur reducendi, 
tenore presentium auctoritate apostolica^ licentiam et facultatem 
concedimus. El nihilominus dilectos fiUos Nicolaum de Sancta 

1 Ms. débita. — - Ms. et: ... 



33o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Ânalolia, dicte ecclesie canonicum et computistam i, ac Anthonium 
de Sancallo [Sangallo], architectum nostriim, ad dicti collis com- 
planalionem et, in evenlum et post terminum predictos.ad paludcs 
exsiccanduni et silvas predictas rarefaciendum, leque in his om- 
nibus coadjuvandum et hanc voluntatem nostram plene exequen- 
duH), deputamiis ; mandantes legato, vicelegato, barisello et quibus- 
vis executoribus ac populis nostre provincie et Marchie, presertim 
dilectis fdiis communitali et hominibus nostre civitatis Racanaten- 
sis, ut tibi et in eisdem deputatis In omnibus et singulis premissis 
plene et elTectualiter exequendis omnino faveant et assistant, ac 
subditi predicti obediant ; contrariis non obstantibus quibuscum- 
que. Datum in civitate nostra Bononiensi, sub anulo Piscatoris, 
die vigesima prima decembris, millesimo quingentesimo trigesimo 
secundo, pontifîcatus nostri anno decimo -. 

Le pape pernaet de vendre des chapelets les jours fériés : 

Dilecto filio Vinciguerre Gillii, mercatori Racanatensi, Clemens 
papa VII. Dilecte fdi,salutem et apostolicam benedictionem. Nuper 
tam pro tui quam etiam dilectorum filiorum universorum mercato- 
runVcoronas,paternostrosnuncupalas,inburgocapellenostreSancte 
Marie de Laureto, Racanatensis diocesis, vendentium, patte nobis 
expositum fuit, quod cum pro commoditate peregrinorum ad dic- 
lam capellam quotidie venientium consueveritis omnibus diebus 
etiam festivis et dominicis coronas hujusmodi peregrinis vendere, 
et si cas diebus ieriaiibus tantum verideretis, hoc proiecto in non 
modicam devolionis eorumdem peregrinorum imminutionem, qui 
propterea sepe ibi ultra eorum voluntatem immorari cogerentur, 
tenderet; nec sine nostra ac hujus sancte sedis licentia speciali id 
facere ulterius audeatis, nobisque propterea humiliter supplicari 
feceritis, ut vobis in premissis oportune providere de benignitate 
aposlolica dignaremur. Nos ad pium propositum vestrum et eorum- 
dem peregrinorum commoditatem respectum habentes, bujusmodi 
vestris precibus inclinati, vobis quod coronas hujusmodi eisdem 
peregrinis etiam dominicis et aliis festivis anni diebus hbere et 
licite et absqueconscientie scrupulo vejidere ac vendi facere possi- 
tis et valeatis, dummodo in eisdem diebus non laborelis, et apo- 
thecas nisi in porta tantum aperlas non tenealis, auctoritate 
apostolica tenore presentium concedimus et indulgemus. Non ob- 

' Ms. coinpustitam. 

2 Archives du Vatican, vol. 1924 (l^ii IV Rcg. 70), f°' 87''-9". Marto- 
RELLi, t. 1, p. 93 (I\iera) ; Muaiu, p. 122 (traduction). 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 33 1 

stanlibus constitutionibus' et ordinalionibus apostolicis, ceterisque 
contrariis quibuscunque. Datum Rome, apiidSanclum Petrum, sub 
annulo Piscaloris, die décima octava api'ilis, millesimo quingente- 
simo trigesimo quarlo, pontifîcatus nostri anno undecimd '. 

Comme conséquence de Thommage du livre d'Angelita à 
Clément YII, le pontife envoya, en t53o, trois de ses camé- 
l'iers en lUyrie et en Palestine, pour faire une nouvelle con- 
frontation des mesures de la s. Casa avec les fondations de 
Nazareth : tout lut reconnu une troisième fois de la plus 
parfaite conformité "^. Il est seulement h regretter que le 
procès-verbal, remis sans aucun doute au pape par ses délé- 
gués, n'ait point été publié et qu'on en soit réduit pour cet 
argument, qui a de lïmportance, aux historiens ecclésias- 
tiques du xvii" siècle •*. 

Scipio Balbus, Peregrinatio Lauretana ; Bononise, i533, 
in-Zj" de 8 f. Je n'ai pas rencontré cet opuscule, non plus 
que les autres ouvrages sur lesquels je ne donnerai pas de 
détails. 

Le controversiste Jean Eck dédia d'Ingolstadt un recueil 
de ses Homélies à Clément VII le 7 février i53/4. Parlant du 
mystère de l'Incarnation du Verbe éternel (super Missus est), 
il dit de Lorette : 

Conclave illud, in que Mariam reperit Ângcliis, obscurum est, 
et mirabiliter per sanctos Angelos à Nazareth per mare translatum, 
jamque cernitur in Laureto in Marchia Anconitana in magno et 
auguste ïemplo, iibi et Virgo Maria, omnibus lîdelibus undequaque 
confluentibus multa auxilia, solatia et praisidia exhibet ■'■. 

1 Archives du Vatican, vol. 1924 (Pii IV Rcg. 70), f" 89. 

2 Martorelli, t. I, pp. 1(58, 207-8; t. II, p. 74 ; t. III, pp. 37-9, i;i6; 
Bzovius, Ann. écoles., an. i53o, S 119; Raynaldus, Ann. eccles., an. i533, 
S 37-/11 ; MoNTANi, p. 10 ; Benedigtus XIV, Defeslis.B. M. V., cap.xvi, S3; 
Trombelu, t. VI, p. 263-5 ; Leopardi, p. 67. 

s Martorelli dit bien (t. III, p. 29): « La Relazione de' tre Gamerieri 
segreti mandati da Giemcnte settimo concorda col Torsellino, col Cento- 
fîorini », etc., mais il oublie de dire où elle se trouve, qui l'a publiée. 

* Son Homiliarus contra seclas parut d'abord à Ingolstadt en 2 vol. in- 
folio ; c'est d'aiirès l'édition de Paris, 1676, en 4 vol. in-S" (t; III, p. 137) 
que Martorelli l'a reproduit (t. I, p. 557-8). 



332 NOTRE-DAME DE LORÉTTE 

Jean de Lorraine, cardinal diacre de Saint-Onuphre (i5i8) 
et u maximus cumulator episcopatuum », donna au sanc- 
tuaire de Lorette, en i53/i, « un' anello d'oro cardinalizio, 
con un zaffîro turchino ottangolare » *. 

François Rabelais, Gargantua, livre l°\ chapitre xxvii : 

[Frère Jean assommant les gens de Picrochole qui avaient envahi 
le jardin de l'abbaye], les vns cryoient sairicte Barbe, les aultres 
sainct George, les aultres sainctc Nytouche, les aultres nostre 
Dame de Cunaull, de Laurette, de Bonnes Nouuelles, de la Lenou, 
de Riuiere. Les vngs se vouoyent à sainct Jacques, les aultres au 
sainct Suaire de Chambery, mais il brusla troys moys après... -. 

L'incendie de la Sainte-Chapelle de Ghambéry ayant eu 
lieu le 4 décembre i532, ce chapitre lui est postérieur; il 
est toutefois antérieur à i535, date de l'impression princeps 
du I" livre de Gargantua. 

Le pape Paul III exempta de la gabelle le sel nécessaire à 
la « famille du sanctuaire » de Lorette, le iS mai i535 : 

Dilecto fdio Alexandre Argulo, electo Terracinensi, nostre capelle 
et ecclesie Béate Marie de Laureto gubernalori, Paulus papa 111. 
Dilecte fdi, salulem et apostolicam benedictionem. Accepimus 
nuper, quod a pluribus annis citra caméra nostra aposlolica, pro 
usuetnecessilale iamilie domus islius nostre capelle, quolibet anno 
illi viginli saccos salis, ex salinis seu aliis locis civitalis nostre Cer- 
vie 3 levandos, pie dare et elargiri consuevit, sed quia in extractione 
et apporta tione dicti salis, propter gabellarum et datiorum solutio- 
nem, lui seu ejusdem domus ministri non modicum facere dispen- 
dium cogunLur ; nos hujusmodi dispendium toUere cupientes, 
molu proprio et ex nostra certa scienlia, libi tuisque ministris dic- 
tes viginti saccos salis ex civitale et salinis predictis, absque ulla 
dalii seu gabelle aut alterius impositi et pro temporé imponendi 
oneris solutione, pro usu duntaxat atque necessitate predicte 
domus, ad noslrum beneplacitûm extrahendi, devehendi et ad 
dictam domum asportandi licenliam et facultatem harum série 
çoncedimus et indulgemus. Et nihilominus universis et singulis 

' MuRRi, p. 173. 

2 Edition Marly-Laveaux, Paris, 1868, t. I, p. 107. Cf. Ulysse Giikva- 
LIEU, Elude critique sur l'ot^igine du S' Suaire de LireyChambéry-Turin: 
Paris, 1900, in-8°, p. 46, n. 3. 

^ Ms. : Carvie ou Carnie. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 333 

gabellariis, datiariis, portitoiibus et aliis offîcialibus et personis ad 
quos spectat et pro tempore spectabit, sub excomtnunicationis laie 
sententie per quemlibet contrafacientem incurrenda pena man- 
damus, quatenus nec te, nec ministros et manda tarios tuos seu dicte 
domus occasione dicli salis contra tenorem presentium idlo modo 
molestent, vexent et impediant, nec moles tari, vexari seu impediri 
quoquo modo faciant, quinimo omne oportunum auxilium et favo- 
rem tibi illisque prestent et exhibeant, quibusvis proliibitionibus 
et mandatis in conlrarium factis, ceterisque contrariis non obstanti- 
bus quibuscunque. Datum Rome, apud Sanctum Petrum, sub 
annulo Piscatoris, die décima octava maii, millesimo quingentcsimo 
trigesimo quinlo, ponlificatus nostri anno primo ^ 

Dans une longue bulle du 18 février i536 (n. st.) Paul III, 
après avoir reproduit et confirmé plusieurs actes de ses pré- 
décesseurs, rendit à Recanati la juridiction sur 1' « oppidum » 
de Lorette : 

Paulus episcopus, servus servorum Dei. Ad perpetuam rei me- 
moriam. Ad sacram beali Pétri sedem, merilis licet imparibus, 
divina dispositione vocali,e.t incumbenti nobis sollicitudinis offîcio 
vices temporum, qualitates locorum et conditiones personarura 
solerti consideratione pensantes, et ad singulos presertim nobis et 
Romane ecclesie subditos et devotos ac fidèles Qlios debitum res- 
peclum habentes, circa illorum statum salubriler conservandum 
vigilanli cura intendimns, et si quid in eorum juris lesionem, cer- 
tis suadentibus causis, processisse comperimus, ex aliis non minus 
ponderanlibus rationibus sive causis, ad debitum rationis reduci- 
mus, et in illis ejusdcm ^ oflicii jiarles favorabiliter impartimur, 
prout in Domino prospicimus salubriter expedire. Dudtim (voir 
p. 207).,. Sixtus papa 1111... ecclesiam Béate Marie de Laurelo, olim 
in honorem ipsius virginis gloriose, in territorio civitatis nostre, 
tune sue, Racanatensis, miraculose fundatam •*, in qua, prout fîde- 
dignorum habebat assertio, ipsius Virginis gloriose imago angelico 
comitata cetu, mira Dei clementia, collocata existebat,... multi- 
tude, miacum illius pro tempore ministris (p. 258)..., concessa, 
cassaverat et irritaverat, ac statuerat et ordinaverat ut inibi (Ibid.)... 
tenerentur ; quodqueoblationes(/>. 26iJ...committendo ; cumdictus 
Hieronimus episcopus debitum nature persolvisset, recolende me- 

1 Arcliivcs du Vatican, vol. igad (Pîi IV Reg. 70), f" Sg'-go'. 
-' Le ms. porte et illas in ejusdem. — 3 Ms. fundala. 



3'3/i ' ' Not're-dAme ûe lorëtte 

morie [Julius] papa II, etiam predecessor noster, attendens quod 
non solum orat in predicta ecclésia de Laureto imago ipsius béate 
Marie Virginis, sed etiam *, ut pie credebatur et fama erat, caméra 
sive thalamus, ubi ipsa beatissiraa Virgo concepta, educata, ubi ab 
angelo sahitata Salvatorem seculorum verbo concepit, ubi ipsum " 
suum primogenilum suis castissimis uberibus lacle de cclo plenis 
lactavit et educavit, ubi ea de boc seculo nequam ad subbmia 
assumpta extitit crans quiescebat, et quam Apostoli sancti primam 
ecclesiam in honorem Dei et ejusdem beatissime Marie Virginis con- 
secraverant, ubi prima missa celebrata extitit, ex Nazareth angebcis 
manibus ad partes Sclavonie et locum Flumine nuncupatum primo 
portata, et deinde per eosdem angelos ad nemus Laurete mulieris, 
ipsius beatissime virginis devotissime, et successive ex dicto ne- 
more, propter homicidia et aba facinora que inibi perpetrabanlur, 
in collem duorum fratrum, et postremo, ob rixas et contentiones 
inter eosdem exortas, in viam publicam terrilorii Racanatensis 
translata exlilerat, niotu, scientia et potestatis plenitudine simili- 
bus, unionem (p. 262j... potestate, approbans, inter alia ecclesiam 
ipsnm de Laureto (p. .263)... perpetuo erexerat; ac statuerat et ordi- 
naveral quod ecclésia (ibid.). . . puniendi ; et insuper prioribus (p. 26^t) 
... subjacerent ; ac quod ecclésia ipsa consistebat, undecunque vic- 
tuaba (p. 26;')j... exaclione ; ac postmodum [idemj predecessor 
Julius, per quasdam alias in fornla brevis declaraverat, quod 
gubernator (p. 269)... expedire; ita tamen (ibid.)... duas tertias 
parles totius gabelle que an te solvebatur, alias solvi non deberet et 
ejus arbiti'ium se non extenderet ultra duas tertias ■* in totum ; et 
capitnlum (ibid.)... gubernatoris; et quod executio in capitalibus 
fleret per communitatis miiiistros. Et consequcnter similis memoric 
Léo papa X, simililer predecessor noster, singulas litteras Julii pre- 
decessoris hujusmodi, ac omnia et singula in eis contenta appro- 
bans et innovans, inter alia per suas statuerat et ordinaverat, quod 
cause peregrinorum (p. 296)... molestari non possent. Et demum, 
cum idem Léo predecessor ecclesiam Lauretanam predictam in col- 
legiatam, certo ibidem instituto canonicorum et capellanorum 
numéro et [arcbijpresbitero, erexisset ; ac statuisset pro peregrino- 
rum (p. 307)... [univerit] ; ac demum pro tutela (p. 308)... ecclesie, 
ac etiam Racanatensium auxiliis et operibus, cinxisset et munivis- 
set; pie recordationis Clemens papa YII, simihter predecessor nos- 

1 Ms. secundum. — - Ms. ipsius: 

s Les mots « partes... tertias » ont été ajoutés en marge par l'ofTicial 
César Glorierio. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 335 

ter, animadvertens (ibid.J... purgari commode non possc, unionem 
(Ibid.).. . demandavit, et ne. . . ut preferlur ; volens lamen quod ex pre- 
tio... providere : prout in singulis litterîs predecessorum hujusmodi 
plenius continetur. Cum aulem, sicut etiani accepimus, a principio 
devotionis dicte ecclesie Lauretane, nonnulli cives dicte civitatis Ra- 
canatensis in eorum territorio juxta dictam ecclesiam pluies domos 
edificaverint,acexiïlarum continuitatetemporeprocedcnte dicta villa 
Sancte Marie de Laureto nuncupate effecta extiterit, etab eo tempore 
communitas ipsa Racanatensis officiales adjura tam habitatoribus 
loci quam ad devotionem confluentibus reddendum relinueri(n)t, 
inibique merum et mixlum imperium et gladii potestatem cum 
gabellarum exactione, prout in dicta civitate Racanatensi ac céleris 
castris etpluribus eorum territoriis, eliam durante unione de eadem 
ecclesia Làurctana piefatc mense capituli Racanatensis ut prelertur 
iacta, videntibusct non contradiccntibus episcopisRacanatensibusac 
Romanis ponlificibus pro tempore existentibusexercueri(n)t, ac post 
dissolutionem unionis predicte per dictum Julium predecessorem 
ut prefertur Jactam, (quo) idem Julius predecessor quod dicta com- 
munitas Racanatensis gabelle vini medietatem exigere posset, in 
reliquis nisi certo modo quoad cognitionem causarum non impedi- 
relur, declarasset, [et] prel'ata communitas eorum jurisdictionem in 
dicto [loco ?], limitate tamen, usque ad tempus pontifîcatus * dicti 
démentis predecessoris exercere continuaverit, ac ex staluto, ordi- 
natione et instiluto dicti Julii predecessoris, necnon separatione et 
submissione ville, nunc castri Laurelani, per Clementem predeces- 
sorem l'actis hujusmodi, in eorum jurisdictione et jure gabellarum 
et pascuorum suorum proventibus lésa fuerit. Nos, singularum 
litlerarum predecessorum noslrorum hujusmodi tenores pro sulTi- 
cienler [expressis] haberi volenles. ac attendentes prelatum Cle- 
mentem predecessorem, quod commissarius domus et ecclesie 
Lauretane prediclarum ipsicommunitali idem quod illa ex gabellis 
ipsius ville quolibet anno ante unionem predictam [percipiebat] 
annuatim dare teneretur, ut prefertur, voluisse, ac oppidum Laure- 
tanum predictum, in territorio Racanatensi consistens, per specia- 
lem gubernatorem, qui ecclesiasticus existebat, in tempor[al]ibus 
commode régi et gubernari non posse, et ipsam communitatem 
lîacanatensem in edificatione dictorum murorum pro coquenda 
calce et lateribus ex eorum silvis et opéra fodendum contribuisse, 
illorumque murorum ambitum, pro tertia vel circa, ecclesiam et 
illius edificia exigere, ac patenter et in (ide Romani pontificis, etiam 

1 Ms. pontificis. 



336 . NOTRE-DAME DE LORETTE 

pro successoribus nostris Romanis pontificibus, recognoscentes et 
attestantes, octo millia [ducat.] seu eorum summam pro expensis 
rnurorum oppidi Laurcti hujusmodi per sedem apostolicam exposi- 
tam, ab eadem communitate realiter et integraliter, pro gravibus 
nobis et dicte Romane ecclesie, etiam causante bello contra Mauros 
et Turcas et aliis impresentiarum incumbenlibus necessitatibus, 
integraliter récépissé; ipsamque communitatem Racanatensem de 
eadem summa ut prefertur recepla quietantes et libérantes, et si 
quid pro expensis confectionis rnurorum hujusmodi plus solvere 
deberent, id totum eis rémittentes et donantes, motu proprio, non 
ad ipsius communitatis Racanatensis, velalterius pro ea, nobis su- 
per hoc oblate petitionis instantiam, sed de nostra mera delibera- 
tione et ex certa scientia, ac de apostolice potestatis plenitudine, 
communitatem Racanatensem predictam. adversus statutum et or- 
dinationem predictam ac mandatum Julii, necnon separalionem et 
submissionem Clementis predecessorum, ac illorum desuper con- 
fectas litteras, necnon in pristinum in que anlequam ipsorum Julii 
et Clementis predecessorum nostrorum littere predicte emanave- 
v'ml, et oppidum Laurelanum hujusmodi mûris cingeretur dum 
villa existeret, quomodolibet erat, statum, quoad jurisdictionem, 
dominium et superioritatem ipsius oppidi, ac gabellarum in illo 
exactionem, salvis infrascriptis, in omnibus et per omnia, perinde 
ac si littere ipse non émanassent, auctoritate apostohca, tenore 
presentium restituimus, reponimus et plenarie reintegramus, ac 
restitutam, repositam ac plenarie reintegratam, necnon oppidum 
ipsum Lauretanum prefate communitati Recanatensi,aciHiusjuris- 
dictioni, potestati et dominio, ut ante dictas litteras Julii, subjec- 
tum, ipsamque communitatem in possessionem seu quasi dominii 
rnurorum et soli inter muros et domos, turrionum et propugnacu- 
lorum dicti oppidi, et domus seu palazzeti contigui et annexi tur- 
rionipro residentia etjvu'e residendi deputati, portarum et omnium 
edificiorum tam custodie et mansionis capitanei et custodum 
quam ejus contiguarum adjacentium fovearum, aggerum et alio- 
rum omnium, a tempore pontifîcatus Leonis predecessoris hu- 
jusmodi constructorum, non tamen particularium edificiorum 
ipsius ecclesie, et particularium personarum, nec locorum, ex 
quibus ipsa particularia edificia modo aUquo impediri possint ; 
sic tamen quod dicta communitas Racanatensis suis sumptibus 
oppidum custodire, a[c] in manutentione et reparatione muro- 
rum, ac ipsius oppidi custodia penas omnes maleficiorum in 
dicto oppido commitlendorum, et confîscationis bonorum eidem 



ÉTUDE HISTOH. SUR LA. S. CkStS. 337 

communitali obYenicnlium, inlegic etiam converlere, necnoù pon- 
tes, vias et passas ad diclum oppidum adeundum raanulenere te- 
lea(n)lur, inducejidam ibre decernimus ac induci mandamus. Et 
niliilominus auctoritale et leiiorc prcdictis statuimus et ordinamus 
quod ipsa civilas Racanatensis in diclo oppido omnes jurisdictio- 
nes ac mci'um et niixtum injj^eriuin necnon gladii potestatem exer- 
cere valeat, prout et quemadmoduni antecjuam Julii predccessoris 
littere liujusmodi émanassent exerccbatur ; sic lamen quod in diclo, 
oppido novas g'abellas imponere, vel impositas alterare non pos-, 
si(n)t ; scilicet eas tantum exerccant quas post editionemlitlerarum 
Julii predecessovis hiijusmodi ut prcfevtui" exercnerunt, et quod 
tempore dicti Julii predecessovis exigebatUr et nuncexigituf, et non 
ultra exigatur. Volunuis ctiam quod gubernator dicte domus Lau- 
retane pro tempove existons nullum dominium temporale in dicto 
oppido exerceat, nisi tantum in ccclesiaslicos, etiam peregrinos, ac 
etiam personas servientes cidejn domui, necnon colonos agrorum, 
et pastores et custodes animalium ipsius domus, aliosque ejus ^ 
ministros ac oblatos, vere et non in fraudem ; quoad quos tam in 
civilibus quam in criminalibus, meris velmixtis,cognitioad Ipsum 
gubernatorem spectet. Quodquc in causis concerncntibus domos 
ipsius ecclesie Lauretane simili ter ipse gubernator sit judex; in 
ceteris vero se quocunque colore non intromittat ; sed in civilibus 
et criminalibus causis omnibus, meris vel mixtis quorumcunque, 
etiam si domos ^ ecclesie vel alias babitarcnt, dulnmodo de concer- 
nentibus domos non agant, cognitio pleno jure ad dictam commu- 
nitatem Racanalensem, que in eisdem superioritate, jurisdictioni- 
bus et dominio dicti oppidi Laureti, in quibus priusquam mûris id 
circumdaretur dvim villa erat, ante concessionem litterarum Julii 
predecessoris hujusmodi, fuerat et existebat, reposita sit et esse 
censeatur, tantum spectet; sic tamen quod [de] pénis pecuniariis 
delictorum que per peregrinos, non tamen ecclesiasticos, in dicto 
oppido committerentur, ac de confiscatione bonorum exinde per 
ipsam communitatem Racanalensem, sub cujus offîcialium juris- 
dictione ipsos peregrinos non ecclesiasticos subjacere volumus, 
exigendis et percipiendis, nïedietas fabrice dicte ecclesie Laurelano 
applicetur. Necnon, ut ratione jurium pascuorum omnis alteratio- 
nis occasio toll(er)atur, quod de cetero Domus predicta in pascuis 
non retineat nisi tantum mille capita animalium intev parva et 
magna, ultra boves aratorios, et bubalos a curru, mulos •', asinos 
et equos a salma ■' ; et patiatur quod numerentur ab olTicialibus et 

1 Ms. eoruin. — - Ms. dominus. — •' Ms. inuros. — '► Ms. salvia. 

X.-D. DE I.ORETTE 2 



338 NOTRE-DAME DE LORETTE 

revisoribus pascuorum communitatis Racanatensis ; et si plura 
inventa f'uerint, solverc teneatur communitati prout ceteri pro illis 
pluribus; vel, si dicte Domus regimini deputati maluerint, retineant 
numerum animalium qui sit necessadus ad usum ipsius domus et 
ejus personarum ; qui quidem numerus declaietur per duos pet- 
gubernatôrem, et duos per communilatem Racanatensem, infra 
mensem a die inlimationis presentium deputandos viros ; quibus 
super declaralione liujusmodi non concordantibus, ad id pro tertio 
accédât dicte provincie pro tempovelegati, seu etiam ipsius vicelegati 
seu gubernatoris. Quod si facto dicti gubernatoris effectum habere 
non poluerit, stelur capitulo precedenti de mille capitibus ; et in om- 
nem eventumpascua predicle domus sint communia, prout aliarum 
ecclesiarum et particularium personarum. Quocirca venerabilibus 
fratribus nostris Firmano et Auximano episcopis, eorumquc in spi- 
ritualibus vicariis generalibus, ac dilectis fdiis ejusdem provincie 
legato seu vicelegato, ac gubernatori pro tempore existentibus, 
motu, scientia et potestatisplenitudine similibus, mandamus, qua- 
tenus ipsi, vel duo autunus eorum, perse vel alium seu alios, pré- 
sentes lilteras et in eis contenta quecunque, ubi et quando opus 
fuerit, et quotiens pro parte dicte communitatis desuper fuerint 
requisiti, solemniter publicantes, eisqueinpremissis etïicacis defen- 
sionis presidio assistentes. faciant auctoritate nostra présentes litte- 
ras et in eis contenta hujusmodi flrmiter observari, ipsosque com- 
munitatem et bomines Racanatenses illis pacifiée gaudere; non 
permittenteseos desuper per quoscunque contra ipsaru m presentium 
tenorem quomodolibet impediri, molestari seu perturbari. Gonfra- 
dictores quoslibct et rebelles per censuras ecclesiasticasque penas, 
appellatione postposita, compescendo ; invocato etiam si opus 
fuerit ad hoc auxilio brachii secularis. Non obstantibus premissis, 
ac recolende memorie Bonifacii pape VIN,.,, et aliis consdtutioni- 
bus et ordinationibus apostolicis,... necnon quibusvis aliis litteris, 
privilegiis et indultis, tam sub plumbo, quam in forma brevis, 
eidem ecclesie et domui Lauretane ac illarum gubernatori, com- 
missario, capitulo, ministris ac personis prefatis,... Verum quia 
difficile foret.,. Nulli ergo... h. paginam nostre liberationis et 
remissionis, donationis, restitutionis, repositionis, reintegrationis, 
mandati, statuti, ordinationis, derogationis, voluntatis et decreto- 
rum... Si quis... Datum Rome, apud Sanctum Petrum, anno Incar- 
nalionis Dominice millesimo quingentesimo trigesimo quinlo, duo- 
decimo kalendas martii, ponlificatus ncslri, anno 2° '. 

1 Ârcliives du Vatican, vol. iga/i (Pli IV Rog. 70), f"' go-ioS. Mautorelu, 
t. I, 23i'ef. p. 10; MuRiu, p. 123-3; Leopakdi, p. 198; Vogel, t. I, p. S/lo. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 33() 

Le comte et la comtesse Maiiinicz, de Bohême, firent don, 
en 1537, d'un collier d'or, orne de pierreries '. 

Saint François Xavier vint en pèlerinage à Lorette, à la fin 
du Carême de cette même année, et y passa trois jours; il y 
retourna en février i54o, avant de partir pour les Indes : 

In temple Dominai nostra; Laureli, dominicâ Palmarum, excepi 
ejus [dom. Legati] conCessionem, et ei sacram Eucharlstiam minis- 
travi. Idem pra3sliti multis ex ejus domo. Feci Sacrum in Sacello 
Domina3 nostrœ, et bonus Legatus egit... "^. 

Francisco Xaverio in aide Laurelanâ sacrificanti, ingénies illos 
animos, quibus India totusque orbis terrarùm fuit anguslus, Maria 
inspiravit 3. 

Guidobaldo II, /|° duc d'Urbin, donna, en i538, un encen- 
soir avec sa navette d'argent doré ''. 

En i54o, les dons afïluèrent de la part de François III, duc 
de Mantoue, Catherine de Brandebourg, princesse de Tran- 
sylvanie, et Alphonse II d'Avalos, marquis de Vasto et géné- 
ral de Charles-Quint". 

Benedetto di Bundoni, Délia Caméra e statua delta Madonna 
cliiamala di Laureto ; Venezia, iblxk. On y trouve le texte 
d'une pancarte appendue dans le sanctuaire : 

Questa è tolta di parola in parola da una scrittura, la quale altac- 
cata ad una tavoletta pende da una délie colonne ciie è nel mezzo 
délia chiesa di Loreto. — La traslazione miracolosa della chiesa 
délia B. Vergine di Loretto. La chiesa della beata Vergine di Loretto 
fu caméra della casa della Vergine Maria, Madré del nostro Signbre 
Gesù Cristo, la quai casa fu nelle parti di Judea, nelle parti di Gali- 
lea, chiaraata Nazaret; e in detta caméra nacque la vergine Maria e 
qui fu allevata, e finalmente in detta caméra nu tri il suo caro 
figliuolo Gesù Cristo per sino ail' età di dodici anni e dopo l'Ascen- 
sione '. 

1 MuRRi, p. 195. 

2 S. Francisci Xaverij Epistolarwn liber v, epist. i s. Ignatio Romam 
(Bononiû, 3i mart. i54o); Lugduni, 1682, in-12, app. p. i3. 

3 Nicol. OuLAKDiNus, Histovise Societatis Jesu parsl"; Romte, iGio, in- 
fol., lib. VI, a. i537 ; DAumaNAC, Histoire de saint François de Xavier, 
Paris, 1857, t. I, pp. 67 et 98. — * Muuui, p. ao3. 

'^ Muuiu, pp. 174, 182, 186, 201. — 6 L. de Feis, p. 3i-u. 



34o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Ottôn Truchsess dé Waldburg, évêque d' Augsbourg, donna, 
l'année même où il fut nommé cardinal (i544), un petit 
reliquaire avec la s. Casa au centre '. 

Paul III, sur la demande de la commune de Recanati, 
défendit de porter des armes dans le territoire de cette cité 
et de la ville de Lorette, le 21 juillet i544 : 

Dileclis filiis communitali civitatis noslie Racanatensis, Paulus 
papa III. Dilecti filii, salutem et apostolicam benediclionem. Exponi 
nobis nuper fecistis, quod, bcet in ista nostra civitate Racanatensi 
et oppido nostro Lauretano, pro vestra quiète et paciflco statu, dela- 
tio armorum pcr publica bannimenta, et laudabilem desuper obser- 
vatarn consuetudinem, necnon statu la, reformationes etordinamenta 
dicte civitatis, apostolica auctoritate firmata, penitus sit interdicta, 
niliilominus tarnen nonnulli pacis et qiiietis inimici, prelextu diver- 
sarum familiaritatum, seu litterariim patentiuin, vel aliorum privi- 
legiorum eis ad id conccssorum, per civitateni et oppidum hujus- 
modi arma déferre non verenliu- - ; ex quo non solum civibus et 
originai-iis, pacis amatoribus ■', veriim eliam advenis et peregrinis 
ad almam ecclesiam Laurctanam dévote accedentibus scandalum 
gcnerari, et plura inconvenientia ac rixe evenire possent. Quare 
nobis Immiliter supplicari fecistis, ut in premissis oporlune pro- 
videre de benignitate apostolica dignaremur. Nos igilur, qui, inler 
multipliées curas, nobis ex apostolalus olFicio incurabentes, illam 
potissime aniplectimur, per quam civitates et loca nobis et buic 
sancte sedi subjecta suId quieto et paciflco statu regantur et guber- 
nentur, hujusmodi supplicationibus inclinati, vobis quod nullus, 
tam originarius quam advena,cujuscunquequalitatis, gradus, con- 
ditionis, nobilitatis vel preeminentie fuerit, in civitate aut per illius 
suburbia seu oppida predicta, arma offensiva cujusvis generis, etiam 
pretextu quorumcunque privilegiorum apostolicorum seu familia- 
ritatis, aut litterarum sancte Romane ecclesie cardinalium, aut 
ducum vel aliorum capitaneorum nostrorum, seu tliesaurarii pro- 
vincie Marchie vel dolianeriorum salarie, adferre possit, secundum 
bannimenta et proclamata aut consuetudines id prohibentia, [que] 
inviolabiliter observari, ac juxta illorum formam contra déférentes 
arma procedi debere 's auctoritate apostolica tenore presentiura de 
gratia speciali concedimus et indulgemus. Mandantes nihilominus 
guliernatori et potestati dicte civitatis pro tempore existentibus, 
quatenus présentes litteras et in cis contenta queciimque firmiter 

1 MuRui, p. 201. — 2 Ms. noverint. — ^ Ms. aiitoribus. — + Ms. debeat. 



ETUDE HISTOR. SUR lA S. G.\SA 3'ti 

observari faciant. Non obstantibus premissis ac qnibusvis lolleran- 
tiis, privilegiis et indullis.... Datiim Rome, apud Sanctum Màrcvim, 
sub anulo Piscaloris, die vigesima prima julii, millésime quingén- 
tesimo quàdragcsimo quarto, pontificatus nostri anno decimo. 

César Lambertini, évoque d'Jsola (Insulanus), non d'Ischia, 

au royaume de Naples, en i5og, siège qu'il résigna en i5/i5, 

rend à la s. Casa le témoignage suivant dans son traité De 

jure palronaius : 

Ilabcmus etiam uU-umque geniis Altariorum elc Cum ergo pei- 
omnià sint œqualia mobilia vel immobilia, non est in considera- 
tione iingenda arte et ingenio hominis unam ecclesiam integram 
de loco in locum deporlari, ul semel intellexi factum fuisse Romœ, 
vel ex potentia divina, fiat, ut certiim est fuisse factum de sacralis- 
sima œde S. Mariœ de Laureto, quœ fuit vera domus virginis glo- 
riossimœ, et ex divine miiaculo et potentia ex Nazareth ad duo loca 
convelavit, et demum resedit, et adhuc residet in agro Loreti, 
Rachànaten. Diœcesis, flovens quampluris miraculis, et fateor me 
vidisse, et legisse processum hujus, in loco fuisse et plura miracula 
fieri oculis propriis vidisse i. 

Le i" avril i545, fut institué l'ordre des loi chevaliers de 
Lorette, auxquels on en ajouta 5o le i""" mars suivant '^. 

Dans son poème, Vltalia liberala dai Goll, dont le héros est 
Bélisaire, Jean-Georges ïrissino fait transporter, au temps 
d'Odoacre, la s. Casa de Jérusalem sur un navire dont les 
anges étaient les rameurs ^. 

Un poète du môme temps, alors célèbre, aujourd'hui 
oublié, Nicolas cornes x\i\chius, fit une ode Ad Divam Virginem 
Laurcli : 

Virgo Laureti Dea, quœ bénigne | ore raortales pia... '^ 

Léandre Albeuti, dominicain de Bologne, y publia en i55o 
une Descrizione di liilla Vltalia, dont voici les passages légen- 
daires : 

1 Venctiis, i58-''i, lib. I, part, i, qiuest. xi, art. 9, S 8 ; Martoiielli, t. I, 

p. 559; ÏROMBELU, t. VI, p. 359. 2 VOGEL, t. I, p. 34 1 . 

■T Venezia, i548, canto xxvi ; Tuom'belli, t. VI, p. 259-60 ; Leopaudi, 
p. 368-9. ^f- 'i'iRABOscui, Slor.d. letler. liai., 1813, t. VII, m, p. i2/i5. 
■* Niuneroniin lib. i, Verona;, 1762, p. 3 ; Trombelli, t. VI, p. 260- 



342 jNotre-dame de lorette 

Mancano a me le forze in voler narrare di quella divotissima et 
sacratissima Gameretta, ove nacque et iiutricata fn la Reina dei 
Cieli sempre Vergine Maria, et ove pai'imente fn annontiata dall' 
Arcangelo Gabrieie, et fu délia Madré di Dio.... Quivi vedesi un 
superbissimo tempio cdificato, nel oui mezzo v'è posta la sacrata 
Gameretta, la quale essendo stata intorniata di grosse mura,^mai è 
stato possibile che si siano pointe congiungere insieme con le mura 
di detta cameretta (corne chiaramente si vede), dimoslrando non 
esser degne di toccare quelle mura, che sono state toccate dalla 
Madré di Dio.... Chiaramente ne fanno fede.le scritture, le statue 
d'oro, d'argento, di cera, et le pitture et altre simili cose che quivi 
si veggono, state portate per moite elati et per molli secoli *. 

Le trésor de Lorette s'enrichit, en i55i, d'une tiare en or, 
garnie de /îgo diamants, don de i'infanle Marguerite de 
Savoie '^. 

Tor.sellini rapporte à l'année i552 l'histoire d'un pacha 
turc, guéri par les prières à N.-D. de Lorette d'un de ses 
esclaves, à qui il rendit la liberté et délivra une lettre d'at- 
testation, que Gaspar de' Dotti, gouverneur du sanctuaire, 
fit traduire de l'arabe ^. 

En mai de la môme année, Ferdinand l"", roi des Romains, 
donna une statue de la Vierge-Mère, avec l'image de son 
épouse, la reine Anne (f i5/i7), aux pieds de Marie. Double 
inscription : 

Seremss. ac potentiss. RoMANonuAi Ungau. 

boemi.e kex, aucumux austule et cet. 

Ferdi.xandus 

Ha>'G ARGENTEAM EFFIGIEM D. YlRGlNI 0EFERENDA5I 
TUANSMISIT AN. M.D.LII. MENSE MAJO. 

1 Venczia, i58i, f° aSa"" ; Leopauui, p. 191-2. Traduct. latine dans Mar- 
TORELLi, t. I, p. 209-1Ô (Torsellini) ; ïrombelli, t. VI, p. 267 ; Benedic- 
Tus XIV, Beatif. et canoiiiz., lib. iv, pars ir\ cap. x, S 21. Cf. Tuiaboschi, 
op. cit., p. 799. 

2 MuRRi, p. i85-6. 

3 Mautouelli, 1. 1, p. 225 (en marge :Tradit. Laur. Annal. Laur. Riene); 
Gaillau, p. 2o5-6 (traduct. franc.). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA- S. CASA. 343 

FEKDI!SA^'DUS ROMANOU. UnGAU. BOEMI.lî REX 

Arciiidux Austri-e etc. 

ex voto salutis in ^lemouiam dulcissim.e 

CoNjuGrs A_\nj:, iianc ipsius arg. effigiem 

Marie virg. dedicavit. consecravitq. '. 

Sous le pseudonyme d" « Atanasio, servo di Jesu Chrislo », 
Pierre-Paul VEncEuio, évoque défroqué deCapod'Istria (1649), 
publia en i55/i un feuillet in-8", sous ce titre : 

Fra Aleandro, Bologncse, in un suo libre stampato in Bologna 
nell' anno i55o, ha tollo à celebrai'c pcr cose verissime, calholice 
et santé, il concorso de' popoli alla Statua et a i mûri di Loi'cto ; il 
sangue uscito fuor dell' hostia di Bolsena ; gli altari fatti et con- 
sccrali per niano di S. Michaelc Arcangclo sul Monte Gargano, et 
altre simili facende. Et Papa Jnlio terzo ha tutto cio approvato et 
conferniato, onde ogn'huomo potra far giudicio lui et la sua Chiesa 
Bomana esser risoluta di volersi mantenere in lutte le consuete 
sue superslitioni, buggie, idololatrie et errori, in disprezzo degli 
huomini et di Dio. 

Il fit ensuite paraître sous son vrai nom : 

Délia Caméra et Statua délia Madonna chiamata di Loreto, la 
quale è stala nuovamente difesa da fra Leandro Alberli, Bolognese, 
et da Papa Giulio III, con un solennc privilégie approvata nell' 
anno MDLIIII 2. 

De Idole Lauretano, quod Julium III. Romaj episcopum non 
puduit in tanta luce Evangelij undiqne erumpente, veluli in con- 
temptum Dei atque hominum approbare. Vergerius ilalice scripsit, 
Ludovicus ejus nepos latine ver lit 3. 

Le i"' novembre de la même année, quatorze jésuites fu- 
rent introduits à Lorette sous le titre de pénitenciers ''. 

1 Martokelli, t. I, p. 22G (Torsellini) ; Caillau, p. 175-6. 

-' S. 1. [Tubinga], i554, pet. in-8° de loi p. n. ch. ; la préface est signée 
de Vergeuio et datée : « Di Tubinga, ai xv di dttobre nel LUI ». 

■s S. 1. [Tubingœ], i554, in-4" de 85 p , avec dédicace au palatin Otton 
Henri, u Tubingic, kal. septembris ». Reproduit dans ses Operum adver- 
siis Papatuni l. I (Tubingio, i563, in-/i°), 6"; et dans Joan. Wolfius, Lec- 
lionwn meinorabiliuin et recQiidilarum centeii. XVI, Lavingœ, 1600, in-fol., 
t. II, p. Oay ss. Traduit par Dav. Heinr. Bii\NDEis, Des Papsthums vermiim- 
inele Larve aufijedeckt diwch P. P. Verger iiiin ùi seinem Buch ivider den 
Gôtzendiensl zu Loreto; Altenburg, 16O7, in-8°. — * Vogel, t. I, p. 34i. 



3Vi NOTRE-DAME DE LORETTE 

Le 2 2 du même mois, sur la demande du cardinal Rodol- 
phe Pio de Garpi, le pape Jules III confirma tous les privi- 
lèges accordés à Lorette par ses prédécesseurs : 

Venerabili fratri Rodulpho, episcopo Tusculano, sancle Romane 
ecclesie cardinali de Garpo nuncupalo, Jiilius papa Hl. Vencrabilis 
fratcr nostcr, salulem et apostolicam bencdiclioneiii. Cum, sicut 
nobis nuper exposuisti, dlvefsi l\omani pontifices predecessores 
nostri divcrsa privilégia, immunitates, cxemptiones, liJjertates, 
facilitâtes et indulgentias etiam plenarias, ac alias tarn spirilnales 
quam temporales gratias, ecclesie et domui Béate Marie Lauretane, 
nulliiis diocesis, per diversas coruin litteras concesserint, tu, qui 
etiam ecclesie et domus hujusmodi protector a nobis specialiter 
deputatus existis, nobis humiliter supplicasli, ut privilegiis, immu- 
nitatvbus, exemptionibus, libertatibus, facultatibus, indulgentiis et 
gratiis predictis, pro eorum subsistentia * llrmiori, robur nostre 
approbationis adjicere, aliasquc in premissis oportunc providere, de 
benignitatc apostolica dignaremur. Nos igitur ecclesie et domus 
predictarum salubrem directionem et prosperum statuni sinceris 
desiderantcs aflectibus, hujusmodi supplicationibus inclinati, om- 
niaetsingula privilégia, immunitates, exemptiones,libertates,facul- 
tales, indulgentias etiam plenarias et gratias prediclas domui et 
ecclesie hujusmodi ac illarum personis per quoscunque Romanos 
pontifices predecessores nostros ao nos et sedem apostolicam, tam 
in gcnere quam in specie, hactenus concessa, eorum tcnores ac si 
de verbo ad verbum insererentur presentibus pro expressis haben- 
tes, apostolica auctorilate tenore presentium approbamus et confîr- 
mamus, ac illis plénum et perpetuum fîrmitalis l'obur adjicimus, 
caque omnia et singula, prout concessa reperiuntur, de novo con- 
ccdimus, teque et pro tempore existenles domus et ecclesie predic- 
tarum protectorem et gubernalorem, ac alias personas prediclas, 
illis de cetero perpetuis futuris temporibus uti, ac ea omnia more 
solito publicare, ncc super illorum usu aut publicatione per quas- 
vis personas quavis auctoritale fungentes impediri seu molestari 
posse, sicque in premissis omnibus et singulis per quoscunque 
judicari et deffîniri debcre; ac si secus super his a quoquam quavis 
auctoritate scienter vel ignorantcr contigerit attemptari, irritum et 
inane decernimus. Non obstantibus constitutionibus et ordinationi- 
bus apostolicis.... Datum Rome, apud SanctumPetrum, subanulo 
Piscatoris, die vigesima secunda novembris, millesimo quingenle- 
simo quinquagesimo quarto, pontificatus nostri anno quinto"^. 

> Ms. subslanlia. — 2 Archivcsdu Vatican, vol. i()24(l^iiIVRcg. 70), f" lo/J-ô'. 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. G1S\ 315 

Le chev. Ang. Mar. Ricci, dans une brochure intitulée : 

Di un antica tavola cfeduta di Andréa d'Âssisi dello l'inge- 
gno, l'appi'csen tante la miracolosa traslazione délia sanla Casa di 
Lorcto, con osservazioni storiche ed artistiche sulla sacra cdicola e 
suir epoca del di lei arrive nel lag'i, comc pnrc snlla procligiosa 
statua délia Vergine santissima; s. 1. n. d., in-8" de i6 p. 

a décrit, comme se rapportant à Lorettc, un taioleau du au 
peintre italien Andréa di Assisi, dit ringegno, qui, né vers 
1/I70, moui-ut en i556 ; il n'indique même pas où il se 
trouve. Le comte Mon. Leopaudi n'a pas eu de peine pour 
démontrer que ce tableau ne représente ni la s. Casa ni l'église 
qui l'entoure '. 

La ville d'Udine, sauvée de la peste, offrit, en i556, un 
tableau, avec cette inscription : 

GLORIOSISSIM/E VIRG. LrVVRETANïE 

OB SERVAÏAM A PESTILENTIA 

VTINE-NSEM GLVITATEM, ET AGRVM. 

SAGRATiSSLMI CRUCIFIXI SOCIETAS 

POSYIT DICAYITQYE 

AN. SAL. M.D.LVI. ^ 

Le 3o novembre de cette année, fut fondé le collège des 
Jésuites, que Pie IV confirma le 18 janvier i56i •'. 

Torsellini raconte, à l'année ibb'j, le châtiment provi- 
dentiel qui punit et le miracle qui guérit l'incrédulité d'uii 
noble génois ■^ 

Le traité de Bernardino Girillo, commissaire apostolique 
de Lorette, dont il a été question p. i6o, parut d'abord sous ce 
titre : Trallalo vlile sopra la vera e siiicera hisloria délia sania 
chiesa et casa délia gloriosa Vergine Maria di Lorelo, posto in 
luce da Nie. Bakgilesi^. 

1 Cose Laiiretane, analisl di una operetta di Ang. Maf. Ricci, di Rieti, 
pubblicata non ha mollo...; Ancona, i8/i.'i, in-80 de 20 p. 

-' MaktouellIj t. I, p. 23i (Torsellini) ; Gaillau, p. 220-1. 

a VoGEL, t. I, p. 34 1. 

* Mautouelli, t. I, p. 235; Caillau; p. 242-3. 

" Bologna, i558, in-S" ; Venelia, i5(36, pet. in-80 de 43 f. Traltalo so- 
pra l'hisloria délia sanla chiesa, et casa délia gloriosa Madoiina Maria Ver- 



346 ^■OTRE-DAME DE LORETTE 

En 1559, la ville de Fenno témoigna sa reconnaissance par 
l'envoi d'une représentation de son territoire en argent mas- 
sif, du poids de trente-trois livres, avec ces mots : 

VRBS FIRMANA 

OB RECVPERATAM REMP. 

El^FlGIEM HÂNC ARGENT. 

DIV.^ MARI/E DE LÂURETO 

YOTO PVBLICO D. ' 

Le pèlerinage atteignait alors son apogée, comme on doit 
l'inlérer d'une longue lettre écrite, le i'' mai, par un des 
pénitenciers (N. N.) au général de la Compagnie de Jésus 
(Jacques Laynez) : le samedi saint avait vu accourir de trente 
à quarante mille pèlerins ; en quarante jours, il y eut un 
nombre égal de communions et quatre mille messes dites 
par des prêtres étrangers ; etc. -. 

Il y avait, dès ce temps, des bénédictions spéciales pour les 
bâtons et les cassettes des pèlerins de Lorette^. 

Le 6 janvier i56o (n. st.), Pie IV confirma par une bulle 
solennelle, qui ne remplit pas moins de yS feuillets dans son 
registre original, les principaux actes de ses prédécesseurs 
en faveur du sanctuaire : 

■^ I^ius episcopus, serviis servorum Del. Ad perpotuam rei me- 
moriarn. Aposlolicc sedis nobis injunctum offîcium mentem nos- 
tram excitât etinducit, ut circa ea que pro prospère et felici statu 
ecclesiarum quarumlibet, preserlim ubi Dei Genitrix Virgo Maria 
continuis splendet miracuUs et in ilUs pie vile dedilarum persona- 
rum profulura conspicimus, operosis sludiis inlendamus el liis 
que propterea facla fuisse cômperimus, ut perpétue illibata persis- 
tant, cum a nobis petilur, apostolici muniminis adjicimus fu-mita- 
tem etea concedamus que desuper sunt opportuna. Dudum siqui- 

fjine di Lorelo ; Ycnelia, 1572, pet. in-80 de i-35 f., fig., édité par Gian- 
paolo CiuiLLO, dont la préface est datée : Roma, 2 ott. 1571 (Mautorelli, 
t. I, p. 558-9) ' Maceralie, 1576. 

1 Mautouillli, t. I, p. 252 (Torsellini); Gaillau, p. 200. 

2 Martokelli, 1. 1, p. ii5-23 ; traduct. abrégée dans Gaillau, jj. 247-9. 
« Anselm. Gastellako, Lib. Sacerdotal. ; Venetiis, loCo (cité par Gail- 
lau, p. 3/18). 

i En marge : « Caesar Glorierius ». 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 3/I7 

dem ab infrascriplJs predeccssoribns nostris, tam sub pliimbo 
quam in forma brevis, successive emanarunt litière lenoris subse- 
qucntis (suU le texte de 31 balles et brefs des papes Boiiifacc IX, 
Sixle IV, Jules II, Léon X, Clément VII et Paul III reproduit plus 
haut.) — Et sicvit exhibita nobis nuper pro parle vcnerabilis fratris 
noslri Rodulphi, episcopi Portuensis.cardinalis deCarpo niincnpall, 
suo cl dilecloriim filiorum carundem ecclesie et domus pi'otectons, 
gubernaloris et capituli ac personarum [nomine] petitio contine- 
bal, ipsi cupiiint litleras ipsas ac omnia cl singula privilégia, ira- 
munitalcs, excmpliones, libcrlatcs, facilitâtes, iriduigenlias eliam 
plenarias, unioncs, anncxiones et incorporaliones, in eisdem ac 
quibuscunque aliis litteris per eosdeni et quoscunque alios Roma- 
nos pontifices predecessores noslros concessa, confirniala et inno- 
vala, per nos confirmari et approbari. Quare pro parte Rodulphi 
episcopi ac protecloris, gubernaloris, capituli et personaruui prc- 
dictorum nobis fuit humiliter supplicaturn, ut privilégia, immuni- 
lates, exempliones, libcrlatcs, facullatcs et indulgentias hujusmodi 
confirmarcet approbare de benignilale apostolica dignaremur. IN'os 
qui ecclesiarum quarumlibel et in eis divinis famulationibus insis- 
tentium decorem et prosperum slatum sinceris cxoplamus affecti- 
bus, ecclesiam, qucetiam capella noslra exislit, ac domum predic- 
tas non minoribus favoribus et graliis quam dicti predecessores 
nostri prosecuti sunt prosequi volentes, ac eosdcni gubernatoreni, 
capitulum, personas et beneficiatosaquibusvis excommunicationis, 
suspensionis et inlerdicti, aliisque ecclesiasticis sententiis, censuris 
et pénis..., ad eirectum presenliura duntaxat conscquendum, ha- 
rum série absolventes et absolutos fore consentes, hujusmodi sup- 
plicationibus incUnati, ac ipsius Rodulphi episcopi intuilu et con- 
templatione, omnia et singula privilegi/i, immunilales, exempliones, 
libertates, lacultates, indulgentias etjam plenarias, ac beneficio- 
rum quorumcunque unioncs, annexiones, incorporaliones, eliam 
nondum elVectum sortitas, ac alias quascunquc gratias ecclesie, 
domui, protectori, gubernatori, ca|:)itulo, personis et benefactori- 
bus prefatis, ac locis et membrisiab ecclcsia et domo hujusmodi 
dependentibus, per dictos predecessores ac cameram apostolicam 
et sedis apostolice legatos ac vicclegatos quomodolibet concessa, 
confirmata et innovata, auctoritale apostolica tenore presentium ex 
certa noslra scientia approbamus et confirmamus, ac illis omnibus 
noslrum et ejusdem sedis firmitatis robur adjicimus, ac ea omnia 
et singula in singulis litteris prédi'clis conleula et expressa, de novo 
ecclesie, domui et illarum protectori, gubernatori, capilulo et per- 



.S18 NOTRE-DAME DE LORETTE 

soriis... conccdimus et elargimnr, ac approbalionem, confirmatio- 
nem, concessioiiem et clargitionein nostras hujusmodi siib qnibns- 
cunque illarum rc\ocationibus..., etiam in favoieni basilicepvinci- 
pis aposlolonun ac bospitalis nostri Sancti Spirilus in Saxia de 
Ufbe... Non obstaniibus quibnsvis apostolicis, ac in provincialibns 
et sinodalibus conciliis edilis generalibus vel specialibus constitu- 
tionibus et ordinationibus ac cancellaric prcdicte regvdis... Quibus 
omnibus et singulis... dcrogamus, ccterisquc contrariis quibuscun- 
que. Nulli crgo... hanc paginam nostrc absolu tionis, approbatio- 
nis, adjectionis, confirmationis, concessionis, elargitionis, volunla- 
tis, dccrcli, déclara tionis et derogationis... Si quis... Datum Rome, 
apud Sanclum Petrum, anno Incarnationis Dominice millesimo 
quingentesimo quinquagesinio nono, oclavo idus januarii, ponlifi- 
catus nostri anno primo. 

Fed^eiucus] cardinalis Caesius. — F. mz Lioa' '. 

Alphonse d'Esté et Julie de la Rovère donnèrent l'image 

en argent du fils qu'ils avaient obtenu par Fintercession de 

Marie : 

ALPHONSVS ESTENSIS ALPHONSI F. 
ALPHONSl DVGIS FERRARIENSIS N. 
ORTVS IDIB. NOVEMB. A. MDL.X. ^ 

Appelé à Rome par Pie IV, saint François de Borgia se_ 

rendit, au commencement de septembre i56i, ù Lorette : 

Faceie non potuit, quin, dum Romam properaret, Lauretanam 
domum, in qua Dei Filins lumianam induisse carnem cieditur, 
inviseret, perque dics aliquot veneraretur^. 

Christophe Madruzzi, évêque de Trente (lôSg) et cardinal 
(i5/|2), fit don au sanctuaire, en 1062, d'une croix avec cru- 
cifix d'argent, de deux candélabres, etc. ". 

Ici se place un événement, qui, loin d'être avéré dans 
tous ses détails, a été interprété comme une preuve de l'au- 
thenticité de la s. Casa. Jean Soares, évêque de Coïmbre 

1 Archives du Vatican, vol. 192/1 (I^ii IV Reg. 70), f'"' 33-107 '< en titre : 
« Gonfirmatio privilegiorum ecclesie et domui Beatc Marie Lauretane, 
nullius diocesis, concessorutn ». 

2 Mautouelli, t. 1, p. 247 (Torsellini); Caillau, p. an. 

3 Ada Sanclor. Bolland., 1786 (18G8), octob. l. V, p. 209-10. 
'> Muiuii, p. 17/1. 



ÉTUDE mSTOR. SUR LA S. CASA 3/,() 

(Portugal), atteste, par lettre du 8 avril i562 au gouverneur 
de Lorette, qu'ayant obtenu du pape (Pie IV) rautorisation 
d'emporter une pierre de la s. Casa, il en est tombé grave- 
ment malade et n'a recouvré la santé qu'après l'avoir resti- 
tuée '. Rien de semblable n'arriva au pape Clément VII, 
quand il ordonna d'enlever, non une simple pierre, mais 
toutes celles qui correspondaient aux deux portes qu'il fil 
pratiquer pour la commodité du passage des pèlerins -. 

Nicolas Bagellesi (Bargilesius), prêtre de Bologne, dans 
son discours De vera hisloria SancLaarii Laurelanl, paru en 
i563, s'exprime ainsi : 

E moUo principale o di singolar venorazione la sanla Casa di 
Loveto, clic stà in Italia nella Provincia délia Marca d'Ancona ne' 
confini délia ciLtà di Recanali, la qualeè la raedesima Caméra, dove 
la sacrallssima Vergins Maria. Madic di Dio e Signera i\oslra nac- 
que, e fù Annunciata dall' Angclo Gabrielle, e dove s'incarnô il 
Verbe Divine nel suo vcrginal ventre, e finalmenle dove abilô la 
maggioi- parle délia sua sanlissima vila; queslo si sa per moite e 
diverse informazioni autenliche sopra di ciô ecc. Et essendo peri- 
colo, clie quesla sanla Casa venissc ad esser profanata, voile l'om- 
nipotente Iddio riservarla, ordinando che per mlnisterio degU An- 
' gioli fosse Iransi'erita aile parti di Dalmazia ù Schiavonia, presso 
una città, che si chiaraa Fiume,... E queslo si sa per tradizioni an- 
liche di testimonj degni di fede.nè accade dubilar di quesla verllà, 
ricevula ed accettala dal consenso di tutti, confermala con lanti e si 
stupendi miracoli, e col continue ed universal concorso da tulle le 
parti délia Crislianità, che vengono à visilarla, con li molli voti, 
che di ciô ogni di si fanno, con le grandi oblazioni ed elemosine, e 
con la continua divozione e venerazione, che lutto il Mondo porta à 
questa sanla Casa, di modo che si puô dire, che la voce del Popolo 
è la voce di Dio '^. 

Le cardinal Jean Morone, transféré du siège de Frascati à 

1 Maktouelli, t. I, p. 2/12-5 (Torsellini) ; Bautoli, Glorte maestose di 
Laareto (1753), p. 89; Murui, p. 16G; Gaillau, p.237-4i ; Moroni, p. a/ji-a ; 
MiLocHAu, p. 828-9; VuiLLAUMB, P.C7-71; Garratt, p. 268-t). D'aprcs un 
autre passage de Martorelli (t. II, p. i/n), la reslilution de la pierre 
aurait eu lieu le i5 mars i50i (v. st.,?). 

- Martorelli, t. I, p. 2o4-5 ; Muhri, p. ii8-g; Gaillau, p. 70-1. 

'■> Martorelli, l. I, p. 558. 



35o NOTRE-DAME DE LORETTE 

celui de Porto en i565, fît suspendre une tablette votive en 

reconnaissance de sa guérison d'une grave maladie : 

JOANNES GARD. MORONYS EPiSGOP. PORT. 

GRAVISSIMA INFIRMITAÏE OPPRESSVS, 

A DEO, INTERGESSIONE B. MARIyE 

SEMPER VIRGINIS LIBERATVS, YOTI COMPOS 

VOTVM PERSOLVIT. AN. DOM. M.D.LXV. i 

Par bref en date du 19 octobre i565, Pie IV exempta la ville 
de Lorette de la juridiction de celle de Recanati ; voici les 
termes dont il use au sujet du sanctuaire : 

Fervens, quem ad beatam Yirginem a teneris annis gessimus 
sincerœ pietatis aflectus omnino nos excitet, ut studiura omne nos- 
trum impendamus, quod liumilis et sacralissima illa celliila, ubi 
ipsa Gœlorum Regina concepta, nata, educata et Mater Dei par An- 
gelum Gabrielem salutata fuit, a civitate Nazareth Angelovum mi- 
nislerio in agrum Picenum, ut flde dignorum testimonio compro- 
batur, cum Imagine sua translata, et apud omnes Ghrislianorum 
populorum naliones in lanla veneralione jugiter liabita, non solum 
in prisco religionis fasligio conservetur, sed etiam pcregrinorum 
ad eam quotidie confluentium.... sifieri potcstdevolionis efferatur, 
incrementis.... 2. 

Le pape saint Pie V donna une preuve de sa dévotion à Lo- 
rette en faisant mettre, sur bon nombre d'Agnus Dei, l'image 
de la s. Casa, avec ces mots : 

Vere Domvs Florida, qv/E Fvrr in Nazareth '^. 

Gravure du xvi" siècle sur bois : deux anges soutiennent la 
sainte maison ; au-dessus la Vierge avec l'enfant Jésus; au- 
dessous des vers : 

Ave, dolce Maria, di gracia plena ; 

Ave, Madré di Dio, ligliola e sposa. 

etc. A droite et à gauche, vues de Recanati et d'Ancône. 

Le 9 avril i566, saint Charles Borromée écrivit de Milan à 
sa sœur Anne, qu'en quittant Rome pour aller occuper son 

1 Mautorelli, t. I, p. 248 (Torsellini) ; Caillau, p. 209-10. 

2 Martorelli, t. I, prefaz., p. 10 ; MuuRi, p. 128. Benoît XIV donne h 
tort celte bulle comme émanée de Paul IV (1. c, p. 87"). 

^ Mautokelli, t. II, p. 2O8; Muuui, p. i3a. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 35 1 

siège archiépiscopal : « A Lorefco ho visitato la santissima 
casa di Nostra Donna, che m' è parsa cosa inirabile et d'infi- 
nita divotione ». Il dut se trouvera Lorette à la fin de mars *. 

Bernardin Falconio écrivit, en iBGy, un Dlvœ Mariœ Laii- 
retanœ miraculorum selectorum liber primns -, qu'on aurait 
dû imprimer. 

Saint François de Borgia fit un second pèlerinage à Lo- 
rette en mai iSôg : 

Lauretanum iter ex voto ingressus est, divinœ Matri de acceptis 
beneficiis grates acturus... Nonduni Lauretum usque pervenerat, 
quin et animi et corporis vires sibi restitutas senserit. Laureli vero 
beatissimœ Yivginis imaginem perita pictoris manu confiai jussit, 
bona Caroli Borromœi cardinalis venia, quœ eam, quam S. Lucas 
depinxit, plane reierret.... •^. 

En 1070, dons d'Albert IH, duc de Bavière, de don Juan 
d'Autriche, fils naturel de Charles-Quint, du duc de Pezzi, 
bolonais, d'Henriette (Claude.'*), duchesse de Lorraine '\ 

L'année suivante, don d'un calice d'or, garni de pierres 
précieuses, avec sa patène, par un évêque polonais". 

Pèlerinage après la bataille de Lépante, le 7 octobre 1571 ''. 

Saint François de Borgia en fit un troisième en septem- 
bre 1672 : 

Lauretum delatus in aidem saeram, in qua Servator humanam 
carncm induit, sejussit infcrri, ut Deipavœ Virginis patrocinio fes- 
linantem in cœleslem patriam animam commendaret ^. 

Saint Charles Borromée alla à Lorette, cette même année. 
Après avoir assisté au conclave qui élut Grégoire XIIL 
Mediolanum demum rediens, Lauretanam aedem venit pridie 

i Milan, Bibl. Âmbros., ms. F. 87, Inf., n° 48. 

2 Je ne l'ai pas vu citer ailleurs que dans Martorelli, t. II, p. i4i. 

3 Acta sandor. Rolland., octob. t. V, p. 219°. Cf. Suau, Saint Fran- 
çois de Borgia, l'homme de Dieu; Tournai, igoG, pp. i/ii et 1^3. 

'■■ MuRRi, pp. 172, 17/», 175 (i5/to?). 195. 
^ MuRRi, p. 177. 

« Ang. de Santi, trad. Boudinhon, Les Lilanies de la s° Vierge, p. 49- 
T Aela sandor. Rolland., octob. t. V, pp. 49, ^27". Cf. Martorelli, 
t. III, p. i49- 



352 NOTRE-DAME DE LOtlETTE 

solemnis fesli Omnium Sanctorum \31 octobre]; ubi tum loci, tum 
dioi festi religione motus, ex veterum vigiliarum imitatione, tota 
nocte in sacrosancla ilia beatissimae Virginis aedicula vigilavit, 
sacvisque medilalionibus precaliohibusquc menlem exercuit... ^ 

I/iiunianisle Marc-Antoine Muret composa, après qu'il 
fut revenu de ses écarts, un Carmen volivwn ad bealissiinani 
Virginem Dei Matrem, cjuœ religiosissime colitur in œde Laure- 
lana, qui parut à Rome en 1572 : 

cœlo dilecta Domus, postesque beati : 



Vosne per œlhereas Judœœ à finibus oras, 
Aligerûm, mandante Dec, vexere manipH ? 2 

La miême année, nouveau don du duc de Pezzi, bolonais, 
et autre d'Alexandre Riari. 

En 1573, cadeau d'un vase d'or par le pape Grégoire XIIP. 

Le 25" chap. du 5" livre de l'ouvrage du bienheureux 

Pierre Ganisius, De Maria virgine incomparabili et Dei génitrice 

sacrosancla, libri quinqve, est consacré à notre sujet : 

De celebri domicilie et templo sacrosanclœ Yirginis, quod bodie 
apud Lauvetanos in Italia est florentissimum, et ad singularem 
Deiparœ dignitatem noslro sœculo astruendam mirifîcè confert '<. 

J'ai cité plus haut, sans pouvoir la louer, son appréciation 
flatteuse de l'historien de Lorette, Jérôme Angelita. 

Gaspar Loarte, Traiialo délie santé Peregrinalioni. .. J\ 

François Panfili de Sancto Severino, De laudibas Piceni, 
poema; Macerata3, i575. 

Raphaël Riera, de Barcelone, un des premiers jésuites 
pénitenciers de Lorette, aurait publié, cette année, à Maee- 

J Carolus a Basilica Pétri [BascapèJ, De vita et rebvs gestis Caroli 
S. R. E. Cardinalis, lib. ni, cap. i; Ingolstadii, 1692, in-Zt", p. gS. 

2 In-/i" de4 f-; réimprimé dans ses Opéra oinnia (Verona;, 1727), t. III, 

p. 28; MaKTORELU, t. III, p. 60-1; TUOMBEIXI, t. VI, p. 266-7. 

3 Mumu, pp. 174, 181, 200. 

* Ingolstadii, 1578, in-folio, p. 726-34. 

il Yenclia, 1576, in-12 ; Roma, 1575, in-12. Pour les traductions fran- 
çaise et. latine, voir Backeh, Biblioth. de la comp. de Jésus, 1872, t. II, 
c. 770-1. 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 353 

rata, De miraculis Yirginis Lauretanœ '. Son Historiée almw 
Domiis Laureianse liber suigalans, en 21 chapitres, semble bien 
être resté inédit jusqu'en 1732 que Martorelli le publia '^ d'a- 
près le manuscrit original de l'auteur conservé dans les ar- 
chives de la maison pi'ofesse de la Compagnie de Jésus à 
Rome, qui porte cette épigraphe : u Hoc est autographum 
P. Raphaelis Riera, primi è Societale qui hoc argumentum 
pertractavit » '-K D'après Leopardi \ il aurait été rédigé vers 
i565. J'ai eu fréquemment l'occasion de relever les erreurs, 
les exagérations et la crédulité de l'auteur. Il a été certaine- 
ment à même de compulser les archives du sanctuaire et des 
alentours. La manière sommaire et trop vague dont il les 
cite n'est pas pour mériter confiance : « certa majorum tra- 
ditione et quorumdam etiam Scriptorum relatione » ""' ; il 
suppose trop volontiers l'existence à' Annales que des désas- 
tres auraient fait disparaître ". Sa critique est nulle : il ad- 
met tous les racontars, pourvu qu'ils soient ad majorcm Do- 
mus gloriam. 

Jules de la Rovere, créé cardinal en 15/17, fut en même 
temps archevêque de Ravenne (i565) et évêque de Palestrina 
(1573). Il avait reçu le titre de gouverneur de Lorette le 
5 décembre i56/i. H dota le sanctuaire de nouvelles Constitu- 
tions, qui furent promulguées par lui à Lorette même le 
22 novembre ibib ; elles furent imprimées à Ancône l'an- 
née suivante ^ 

En 1676, François-Marie II, duc d'Urbin, fit don d'un en- 
censoir avec navette d'or ^. 

La ville de Palerrae, préservée de la peste, offrit, en 1677, 
un grand médaillon d'argent, pesant près de neuf livres et 

1 Nie. Aktonio, Bibllolheca Hispana nova, 1788, t. II, p. aSS". 

2 T. I, p. i-i5o. — 3 T. I, p. I. — * P. 93. — 3 T. I, p. 33. — 8 P. 37. 
1 Ivlivs Feltrivs de RvvERE,miseraLione divina episcopvs Praenestinvs, 

archiepus Ravenn. S. R. E. Gard. Vrbin Almœ Lauretanœ Domus Pro- 
tector, & Gubernator... Constitutiones Almœ Domus; Anconœ, 1576, in-4° 
de [32] f. Il en existe un exemplaire à notre Bibliothèque nationale. Cf. 
VoGEL, t. I, pp. 330, 342. — 8 Muuui, p. ao6. 

N.-D. DE LORETTE 2 3 



354 NOTRE-DAME DE LORETTE 

représentant la Vierge au-dessus de la s, Casa et Palerme 
au-dessous : 

FOELIX CIVIÏAS PANORMI TRINACRI^E METR. 

B. VIRGINI LAVREïANyE DICAT 

EiyS PATROCINIIS A PESTE LIBERATA. 

AN. SAL. M.D.LXXVII, t 

Saint Charles Borromée retourna une troisième fois à Lo- 
relte pour la fête du 8 septembre iSyg. La veille, se rendant 
à Rome, il s'y arrêta ^ et en repartit le 9 au matin ^. 

En i58ô, dons de François ["% grand-duc de Toscane, de 
Charles, duc Doria, et de Charles-Emmanuel P^ duc de; 
Savoie '\ 

La même année parut De lliisloria de la santa Casa di Lo- 
relo, IradoUa del lalino in volgare da Vittorio Briganti; la dé- 
dicace est signée : « Enea Padoani, Giulio Gandiotti » "'. 

Vers le même temps, on imprima à Augsbourg une image 
de Loretle : Mariœ Hausin Nazareth, soutenue par deux an- 
ges, avec figure de la Vierge et de l'enfant Jésus au-dessus 
de la s. Casa; au-dessous, des vers allemands : 

Dieweyl die Arch des Biinds soit werden, etc. 

L'évêque et la commune de Recanati cherchaient toujours 
à maintenir leur supériorité sur Lorette. Grégoire XllI vou- 
lut mettre fin aux discussions qu'entraînait cette prétention 
en déclarant de nouveau Lorette « nullius diœcesis » et 
l'exemptant du droit de visite de la part de l'évêque ; la bulle 
à ce sujet est du 16 juillet i58o; son préambule historique est 
conforme à celle de Jules II, du 21 octobre 1607 (p. 262) ^. 

' Mautorelli, 1. 1, p. 265-6 (Torsellini) ; Gaillau, p. 201, 

2 Milan, Bibl. Arabros., ms. F. 54, Inf., let. 56. Piet. Giussano, Vita 
di s. Carlo Borromeo ; Brescin, 1612, ia-Zi", p. 2/i8". 

s Ibid., let. 79. « Ivit saepè ad domum Laurctanam » f'S. Rot. relat. 
ad Paul. VJ. « Relatio hujus ilineris », dit Muuiu (p. Gi) au sujet du pèle- 
rinage de iS-jg, « extat in Bibl. Vat. ». Cf. Maktorelli, t. III^ p. i/ig. 

* Mouiu, pp. 175, 188, 192. 

5 Lorelo, i58o, in-/'i° de3f. et (plus de) i52 p. 

B VoGEL, t. Il, p. 3o4-7. 



ÉTUDE HISTOU. SUR LA: S. G-\SA 355 

Le célèbre' (( essayiste » Michel de Montâig>"e quitta son 
château le 22 juin i58o, passa par Paris, visita la Lorraine, 
la Suisse, l'Allemagne et arriva en Italie par le ïyrol. De 
Rome il se rendit à Lorette, où il arriva le lundi 28 avi-il i5,82 
et y séjourna jusqu'au mercredi matin 25:=, 

Le lieu, dé la devoLion c'est une petite niaisoncle fort vieille et 

ctietifve, bastiedc brique, plus longue que large Au bout de 

cetc logette... c'est le lieu de la principale relligion. Là se voit au 
haut de mur, l'image Notre-Dame, faicte, disent-ils, de bois ; tput le 
reste est si fort parc de vœux riches de tant delieus Ct prince'é, qu'il 
n'y a jusques à terré pas un pousse vuide, et qui ne soit couvert de 
quelque lame d'or ou d'arjant. J'y peus trouver à toute }5ei ne place,, 
et. avec beaucoup de faveur, pour y loger un tableau dans lequel il 
y a quatre figures d'arjant attachées : celé de Notre-Dame, la miene, 
celé de ma famé, celé de ma fdle. Au pieds de la miene, il y a ins- 
culpé sur l'arjaht : Michael Monianus, Gallus Vasco, Eqiies Rejij 
ordinis, i58i ; à celé de ma famé : Francisca Cassaniana iixor ; 
à celé de ma fille : Leonor'a Montana JUia iinicà, et sont toutes de 
ranc à gehous dans ce tableau, et la Notre-Dame au haut au devant, 
... En ce petit lieu est la cheminée de cete logette, laquelle vous, 
voies en retroussant certeins vieus pansiles qui la couvrent. Il est 
permis à peu d'y entrer,.... Nous fismes en cete chapelle-là nos 
pasques, ce qui ne se permet pas à tous ;..., Ce lieu est plein d'infi- 
nis miracles, de quoi je me raporte aus livres... (il raconte ensuite 
celui arrivé à un parisien de sa connaissance, Michel Marteau, sei- 
gneur de la Chapelle)... Le miracle du transport de cete maisonete, 
qu'ils tienent être celle là propre où en NasaretnasquitJesus-Christ, 
et sonremuemantpremieremanten Esclavonie, et depuis près d'ici^ 
ct enfin ici, est attaché à de grosses tables de marbre en l'église, le 
long des piliers, en langage italien, esclavon, françois, alemant, 
espaignol. Il y a au cœur, un' anseigne de nos rois pandue, et non 
les armes d'autre roy.... * 

1 Journal de voyage de Michel de Montaigne en Italie par la Suisse et l'Al- 
lemagne en 1580 et 1581, avec des notes par Meunier de Querlon; Rome 
[Paris], 1774, in^"; 1789, 3 vol. in- 18, t. II, p. 237-55. L'Ualia alla fine del 
secolo XVI, Giornale del vlaggio di Michèle de Montaigne in Italia nel 1580 
e 1581, nuova edizione del leste francese ed italiano con note... dlAless. 
d'ÂNcoNA; Citlà di Caslcllo, 1889, pet. in-8° dexvj-7i9.p. (p. 3/(0 57). Mn.o- 
GHAU, p. 287-42. Cf. Paul BoTiîiEFON, Montaigne et ses amis, 1898, t. Il, 
chap. I, • .. : 



356 NÔTRE-DAME DE LORETTE 

Saint Charles Borromée fît, une quatrième fois, un pèleri- 
nage a Lorette, vers le milieu de janvier i582, en revenant 
de Rome K 

Le i" novembre i58i, les commissaires de la santé de là 
ville de Lyon, alors désolée par la peste, firent vœu d'en-' 
voyer à Notre-Dame de Lorette, en Italie, un calice avec sa 
patène et deux chaînettes d'argent ; le 21 décembre, les éche- 
vins ratifièrent ce vœu et désignèrent pour le remplir le 
P. Edmond Âuger, jésuite, recteur du collège de la Trinité, 
et Claude de Rubys, procureur de la ville. Ils ne partirent 
qu'en août I58•^, à la suite d'une recrudescence du fléau, en 
compagnie d'André Amyot, custode de l'église de Sainte- 
Croix, Les pèlerins arrivèrent à Lorette le 20 septembre, 
remplirent leur vœu le 22 et partirent le 2/j, Le consulat 
fit don aussi de missels, dont on délivra un récépissé le 
II mars i583. Les documents surce sujet, contenus dans les 
registres des archives communales de Lyon^, ont été publiés 
dans VAniuiaire départemental du Rhône de i843 ^. 

En i582, le sanctuaire fut gratifié de plusieurs cadeaux 
par le cardinal André, archiduc d'Autriche, qui reçut l'évê- 
ché de Constance en i58g ''. Christine, duchesse de Lorraine, 
aurait donné un collier d'or, mais il doit y avoir erreur 
dans le millésime donné par Murri ^\ 

■ La même année, le duc d'Âtri donna deux anges, suppor- 
tant des cierges, avec cette inscription : 

YIRGIlNI MAÏRI 
SACRI LYGHNVCHl ANGELORUM SPECIE 

M.D.LXXXII 

EIVS ENIM SACRIS LVMINA COELIÏYS 

AEFERRI PAR EST, QV/E LVGEM A DEO 

TENEBRIS ÂTTVLIT c. 

1 GiussANo-OLTROGCHr, De vila et rebiis gestis s. Caroli Borromei, 1. vu, 
chap. I, col. 65o, note. - ^ Série BB.rcg. 107, f°^ 254-5; 108, f'^'^gB", 99Mi7\ 

3 Pp. 75, 78, 88-7. GfT. Claude de Ruby.s, liisloire véritable de la ville 
de Lyon, Lyon, iGo/i, p. !\32-3 ; MARTouEtLi, t. I, p. sGO (Torsellini) ; 
Gaillau, p. 202. — * MuRUi, p. 206. — y MuRUi, p. J95. 

« Martorelu, l. I,p. ^^Q (Iraduct. ital. de Torsellini); Gaillau, p. ig/i-S, 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. iÔ-] 

Antoine-Marie Salviati, ancien évêque de Saint-Papoul, 
venait d'être élevé au cardinalat (i583) quand il donna à 
Lorette un anneau d'or garni de pierreries. — La même an- 
née, le duc d'Urbin orna le sanctuaire d'un grand tableau 
de l'Annoncialion, œuvre du peintre Frédéric Barocci '. 

D'après Bruzen de la Martinière (Grand Dictionnaire géogra- 
phique, historique et critique), on voyait l'inscription suivante 
au portail de l'église : 

GrEGOUIO XIII. Po.M'U'IGE Ol'TIMO M.VXIMO, 
PhiLIPPO CAllDliNALE VaSÏUAVILA. PUOTECTORE 

AN^'0 i583. 

Philippe Guastavillani, désigné comme protecteur de Lo- 
rette le II décembre i58o, mourut le 17 août 1587. 

Christian van Adrichem se prononce catégoriquement, on 
l'a vu (p. 81), pour le miracle de la translation dans son 
Theatrvm Terrœ Sanctse et biblicaram historiarum, paru en 
i58/i. Dans la suite du texte reproduit, il raconte suivant la 
légende la quadruple translation et termine par ces mots : 

Quam vero admiranda, quamque multa bénéficia homines ibi 
consequantur, déclarant locus ipse et templum, quo quatuor tan- 
tum mûris sine fundamento admirabiliter consistentem œdiculam 
cinxerunt; in quo praîter innumerabilem tabellarum, cereorum et 
aliorum munerum multltudinem, cernilur adhuc intégra castissi- 
mae Virginis Marine a D. Luca depicla imago -. 

En i584, Henri III, roi de France et de Pologne, envoya 
à Lorette, par le baron de Lusignan, une custode ou pyxide 
(ciboire) en cristal, surmontée d'un ange d'or ; au bas, ces 
vers et la date : 

VT QVE PROLE TVA MVNDVM REGINA BEÂSTI 

ET REG?^VM ET REGEM PROLE BEARE YELIS 

HENRICVS m. FRAN. ET POLON. REX 

ANiXO M.D.LXXXIV3. 

1 Muuui, pp. 190, 201. 

2 Tribus Zabulon, § 78 ; Tuombelli, i. VI, p. 199, 

3 Mautouelli, t. I, p. 270 (Torsellini) ; Muuiu, p. 179(1! a lu les derniè- 
res lignes: Hen. 111. Fraii. et Pol. Rex. Christi: IbSh) ; Caillau, p. 177-8 



358 i\OTRE-DAME DE LORETTE 

La même année, le prince de Baden-Baden donna une boîte 
ronde (scatiola ionda) d'argent doré ; au milieu, la chaste 
Susanne ; sur le couvercle, saint Georges ^ 

On le sait, les vieux poètes italiens ont coutume de termi- 
ner leurs recueils par une pièce à la vierge Marie. Celles à 
N.-D. de Lorelte sont rares; c'est une raison pour reproduire 
la suivante; due à un dominicain, Réglnald Spadoki : 
Deli-a Madon>'a di Loreto. 

Tra i dolci frutli^ che'n Rosario mieto 

De la mia Serenissima Regina, 

Parmi d'haverla al cor sempre vicina, 

Glie'l litolo possegga di Laurelo. 
Dove sua stanza, già sonza divielo 

De la natura per virlù divina 

D'Adria volô per mczo la marina ; 

E chinossile humil ogni Arboretto. 
Felice più de gli altri tenitoro 

Di Marca Anconitana patria mia, 

Glic ti possedi cosi gran thesoro. 
Quivi già nacquc, udi l'AVE Maria, 

Goncepè '1 Rè d' ogni celesle Clioro ; 

Tra cui fede Iio, ch' io Lauréate sia. 

Della Medesi.ma. 

11 Sepolcro, ove fè Giesù tardanza, 
Mortô tre di, Gierusalem possiede : 
La patria mia di quella sacra stanza 
Al monde è i'alta più d'ogn' altra lierede, 
Ov' egli con Maria nostra speranza 
Tenne in sua vita cotanli anni il piede. 
Di che lo spirto mio tante si gloria, 
Che sempre viva ne terra memoria'^. 

Il faut sans doute faire remonter à quelques années plus 
haut la réfutation de P. P. Yergerio par François ïorres 

(qui interprète ainsi les vues de la Providence : « Le présent dut plaire à 
Marie; le vœu n'eut point le succès que l'on désirait obtenir. Sans doute, 
la protectrice de la France voulait ménager à ce royaume qu'elle aime le 
règne paternel d'un Henri IV »); Garratt, p. 200. 
1 MuRRi, p.. 1.69. — 2 Mi&Uco Tempio del Rosario...; Yenetia, i;58A, f° 239.. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 359 

(Tiirrianus) : Responsio apologellca ad caplla argvmenlorvin Pé- 
tri Paiili Vcvgerij hœrelici, ex Ubello eius iiiscriplo : De Idolo 
Lavrctano.. , haie apologise prœjixa est hisloria brevis, de 
origine, migralione, et agnitione saori Sacelli, olini D. Virginis 
Mariœ domieilij. . . * 

Un prince polonais, Nicolas-Christophe Radzivill, com- 
pléta son pèlerinage à Jérusalem par un voyage en Italie ; il 
passa à Lorette le jour des Rameaux i584 : 

Dominica Palmarum, percepto divinissimo Sacraniento in a3di- 
cula heatissimaî Virginis, in qua iili Angélus Dominicam incarna- 
tionem annuntiavit... 2 

Le 18 octobre, même année, Grégoire XIII envoya deux 
"brefs au gouverneur : par l'un, il gratifiait le sanctuaire de 
la rose d'or; par l'autre, il accordait une indulgence plénière 
pour l'assistance à sa présentation 'K 

Nicolas Cajetan de.Sermonetta .était de la famille de Boni- 
face VIII ; créé cardinal à dix ans par Paul III (i536), if se fit 
construire, ayant résigné rarchevêché de Capoue, un tom 
beau à Lorette (iSyg), 011 il fut enseveli après sa mort 
(7 mai i585). Sa statue de bronze le représentait agenouillé 
sur un coussin; elle était, comme d'autres statues de marbre 
qui rentouraient, l'œuvre de Jérôme Lombardi ; à la base, 
cette inscription significative : 

NiGOLAVS Gaeta-ws cardi>alis Seumo^'eta 

GeNTU.IS pape Bo.NU'. VIII. GV_AI SVIi ID TEMPVS 

QVO ILLE PONTIFIGATV.M I.MPr, SAN'CTAiM IIANC 

DoMVM lïiG ta:sdem DlVIiSriVS CONSEDISSE 

Et :\ivlta se a deo opt. 5iax. B. Virg. Deipake 

plleglbvs obïinvisse meminisset, speua>s 

eivsdem opem morteaïl non defvtvuam 

1 Ingolstadii, i58/|, ia-li" de 4 f.-dS p. Reproduit par Mahtorelli, t. II, 
p. 166-88. 

2 lerosolymitana pereyrinatio... Nie. Christ. Radzivilu..., primùm fi 
Thoma ïuetero... ex Polonico scrmone in Lalinum translata, nunc va- 
rié aucla et correcliùs in lucem cdila ; Antverpiic, i6i4, in-/i°, p. 278. 
Cf. RôiiuiciiT, p. 2o8-g, 

3 MuRRi, p.. i33-4. 



36o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Mojsv^IE^"^VM uoc maumouevm, a'ive.xs et 

hcOLVMIS SllU FACIEMJVM CVRAVIT, ATQVE 

b' EO Vm MOIVTALITATEM EXVISSET, CORl'VS 

SVVM REGO?!Dl YOLVIT ANX. AGE^'S LIV. 

OlillT AJ\>OS NATVS FERME LX. 

A^N. Sal. Hvm. M.D.LXXXV. 
Mense maio *. 

La même année, Guillaume II le Religieux, due de Bavière, 
donna, au nom de sa femme Renée de Lorraine, une croix 
pectorale d'or et aussi un anneau d"or, dont le chaton por- 
tait ces mots : 

ESTOTE PJ\UDENTES SIGUT SERPENTES. 

Il fit encore cadeau d'un triptyque d'or, orné de dessins 
et enrichi de camées grecs, de diamants, de rubis, d'éme- 
raudes, de perles, de turquoises ; et d'un collier d'or -. 

Saint Louis de Gonzague alla en pèlerinage à Lorette, avant 
d'être admis chez les Jésuites ; il y arriva après le 4 novem- 
bre i585. Ses biographes ont décrit les sentiments de haute 
piété dont il y fut animé ^. 

Le cardinal Philippe Spinola, qui venait de résigner l'évê- 
ché deTNole, donna, en i586, un anneau d'or avec une croix 
pectorale *. 

Cette année, le 17 mars, Sixte-Quint éleva au plus haut 
degré de splendeur le sanctuaire de Lorette, en conférant à 
sa collégiale la dignité épiscopale et à la ville le titre de cité : 

Pro excellenti praeminentia . .. Considérantes ilaque oppidum 
Lauretanum in provincia Piceni situm,nullius dioecesis, Sediapos- 
tolicae immédiate subjectum, in toto orbe celeberrimum et in eo 
unam insignem collegialam ecclesiam sub invocatione B. Marlae Vir- 
ginis fundatam existere, in cujus medio inest illud sacrum cubicu- 
lum divinis mysteriis consecratum, in que Virgo Maria nata fuit, et. 
ibidem ipsa ab Angelo salutata, Salvatorem mundi de Spiritu Sanclo 
concepit ministerio Angelorum illuc translatum, et ad dictam eccle- 

1 Mautorelli, t. I, p. 275 ; Tiiombelli, t. VI, p. 228 ; Murui, p. i54 ; 
Caillau, p. 269 ; MiLOCHAu, p. 320. — 2 MuKUi;, pp. i8i, 197. 

' Ada sandor. Bolland., 1707, junii t. IV, p. goS-Zl, cf. p. 85/1" ; Be- 
xedigtus XIII, Bulla canonizationis, 1726, § 3. — * Muuri, p. i'88. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CA.SA 36i 

siarn ob miracula quae in dies Omnipotens Dominas intercessione 
et raeritis cjusdemB. M. Virginis in eodem cubiculo operari digna- 
tur, Chrisli fidèles ex omnibus mnndi rcgioiiibus devotionis et 
peregrinationis causa confluere. Et propterea cupienles oppidum et 
ecclesiam hujusmodi dignioribus lituUs et nominibus decorare, 
habita super lioc cum iVatribus nostris dcliberationc malura, de 
eorum consilio et assensu ac de apostolicae potcstatis plenitudine, 
ad ejusdem Omnipotenlis Dei laudcmet glonam et ipsius J3. Mariae 
virginis honorera, necnon Ghrisli fidelium devotionis augmcntum, 
oppidum in civilalom Lauretanam nuncupandam, ecclesiam vero 
in calhedralcm sub eadem invocatione pro uno cpiscopo Lauretano 
nuncupando. qui jurisdictionem episcopalem habeat et exerceat in 
spirituahbus cum mensa episcopah, arca, sigillo, aliisque insigni- 
bus et honoribus et privilegiis,.... lenore praesentium perpetuo 
erigimus et inslituimus, iUasque sic erectas, necnon episcopum 
Lauretanum pro lerapore cxistenlem ac ipsius ecclesiae capitulum 
diclae sedi immédiate perpetuo etiam subjicimus, et sub prolec- 
tioneBB. Pelri et Pauli apostolorum suscipimus, i 

Ce mémorable événement est rappelé à la postérité par 

une double inscription au portail de l'église ". 

SIXTUS V. PONT. MAX. PIGENVS 

ECCLESIAM IIANG EX COLLEGIAÏA 

CAÏHEDRALEM CONSlTIVir 

XVf. KAL. APRIL. AN. M.D.LXXXYI. P. ANN. I. 

SIXTVS V. PONT. MAX. PIGENVS 

LAVRETI OPPIDVM 

EPISGOPALI DIGXITATE ORNATVM 

CIVITATIS IVRE DONAVIT 

AN. M.D.LXXXVl. PONT. AN. I. 

A chacune est ajouté : PHILIPPUS GARDINALIS YASTA- 
VILLA PR0TEGT0R2. 

Le 12 mars précédent était mort à Kome le P. Michel Lau- 
retano, originaire deRecanati, qui fut le premier recteur du 

1 Ugiielli, Italia sacra, t. I, c. 767-70 ; Mautouelu, t. I, pref. p. 10 ; 
t. II, p. 59; Muuiu, p. i35; Gappelletti, op. cit., t. VII, p. 248-5i ; Vo&el, 
t. I, pp. 332, 336, 343, 362 ; t. II, p. 3o8-ii; Magnum Bullariiiin Roma- 
niiin, i863, t. VIII, p. 666-9 ; Bourasçé, t. X, c. 7367 ; Gauratt, p. 267. 

-' Mautouelli, t. I, p. 279 ; t. II, p. 69 ; Ugiielli, t. I, c. 767; Caillau, 
pp. 262, 265 ; VoGEL, t. I, p. 332. 



3(i2 NOTRE-DAME DE LORETTE 

collège Germanique fondé par Grégoire XIII. 11 composa une 
poésie à Notre-Dame des Grâces, où il rappelle sa dévotion 
à Lorette : 

Dein Lauretani celui miracula templi, 
Et cecini laudes, inclyta Virgo, tuas K 

Né à Milan en i5/|8, (Jérôme) François Panigarola, après 
une jeunesse agitée, se fit cordelier à t^lorence en 1667 et 
conquit, même en France, la réputation d'un brillant ora- 
teur; évèque d'Asti en 1687, il mourut jeune, en iBg/i '^. 
Parmi ses pièces de vers, s'en trouve une sur La Sania Casa 
dl Lorelto : 

Quai' orror, quai tinior fuor de l'usato 

Fà cil' io pavenli, e di stupor m'ingombra? ecc. ^. 

En octobre 1587, Torquato Tasso passa à Lorette, venant 

de Bologne et allant à Rome, où il arriva le 3 novembre. 

Il y fit ces vers : 

Alla beatissima Vergoe di Loketo. 

Ecco, fra le lempeste c i ficri venti 

Di questo grande e spazioso mare, 

santa Stella, il tuo splendor m'ha scoito, 

Ch' illustra e scalda pur l'umane menti. 



Qui gli Angeli innalzaro il santo albergo 

Ghe già Maria corsante Figlio accolse, 

E 'l porlàr sevra i nembi e sovra Facque, ecc. -^ 

Vers 1087, la ville de Corneto oflrit sa graphie sur une 
lame d'argent dans un cadre d'ébène, avec ces mots : 
GORNETVM CIVITAS FIDELIS s. 

C'est en i588 que le cardinal César Baronius commença 

1 VoGEL, t. I, p. 298-9. 
; 2 TiiuBOSCHi, Storia délia ielteratura Italiana, 1812, t. Vit, p. iSgS-GoS. 
• 3 Délia corona di Apollo, composta... da Plergirolamo Gentile ; Ve- 
netia, i6o5, in-12, p. iSô-ga, treize slroplies de i3 vers, plus 5 vers. 

* Rime scelle di Torquato Tasso ; Milano, 1827, tr. pet. in-8°, p. igS- 
200,. dix stroplies de i3 vers, plus 7 vers. Garuatt, p. 65 (traduct. franc.). 

3 Mautouelli, t. I, p. 280 (Torsellini); Caïllau, p. .201. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 363 

la publication de ses Annales ccdesiasUcL Dès le début, il se 

prononce en faveur de la translation : 

Porro domus illa, in qua de Verbi incanialione sanclissima Virgo 
cœlesle accepit nuntiiun, adhuc magno miraciilo non lantiitn Inte- 
gra persévérât, sed angelorum minislcrio ab infidebum manibus 
vindicata, in Dalmaliam prinnim, inde in Italiam translata est in 
agrum Laurctanum Piccni provinciic : quod perinsigne ac nobilis- 
simum vclustatis monumentum tolns cbristianns cattioHGus orbis 
\eneratur ac colit. Nec est quod quis de re gesla dubitet, qui mc- 
moria repelatlllic dictum esse ab angelo, non esse impossibileapud 
Deum omne verbum.... Qui Na/arcth inviserunt, ejusdem domus 
situm eademomninomensura signa tum inspexerunt; accolis, quod 
factum est, fideliter attestantibus....^ 

Le priraicier du chapitre remplissait le ministère de péni- 
tencier, d'après le synode tenu à Lorette en i588 -. 

Le grand tableau de la Nativité de Marie, à gauche de Tau- 
tel du trésor, œuvre d'Annibal Carrache, fut donné, cette 
année, par Marcel Cantucci, de Pérouse, frère du premier 
évêque de Lorette ■*. 

Francisco de Padilla, Ilisloria de la sanlisslrna Casa y San- 
tuario de Nacsiva Senora de Lorelo, llb. I ; Madrid, i58S, in-12. 

La statue de Sixte V, assis sur un trône, revêtu des habits 
pontificaux, la main levée pour bénir, qu'on voit à la façade 
de réglise, a été coulée en bronze par Antoine-Bernardin 
Galcagni, de Recanati. Au bas, ces mots : 

OCÏAVIO Ba>'DINO PROVINCLK PRESIDE, OPDS SUMMA OMML'JI L.ETl- 
TIA A13SOLUTUM, AN. MDLXXXIX ''. 

L'année même ori il fut revêtu de la pourpre (lôSg), le 
cardinal Charles III de Lorraine fit don d'une croix de cris- 
tal avec crucifix en or, d'un calice en or avec pied en cristal 
et de deux chandeliers ^. 

1 Aaii. eccles., a. 9, § i ; Mautorelli, t. I, p. ôSg-Go; Benedictus XTV, 
Beatif. -canon., § 17; Trombelu, t. YI, p. 25o-i. 

2 VoGEL, t. I, p. 337. 

3 MURRI, p, 202. 

♦ GiANUizzi, Relazione istorica, p. 62; Gaillau> p. 257-8. 
a Muluu, pp. 174, 177. 



364 NOTRE-DAME DE LORETTE 

En iBSg, dans une assemblée de la ville de Paris, on réso- 
lut de faire vœu que, à peine la cité délivrée du siège, 
on présenterait dans la sainte chapelle de Notre-Dame de 
Lorette une lampe et un navire d'argent voguant à pleines 
voiles ; ils pesèrent trente marcs. Le vœu l'ut prononcé à la 
cathédrale, où se réunit toute la magistrature ^ 

Imago B. Mariae V, Lauretanae, Firens (Wierx?) exe. Gra- 
vure en taille douce de l'image miraculeuse, entourée de 
22 petites figures ; emblèmes tirés des litanies. 

Christine de Lorraine, devenue grande-duchesse de Tos- 
cane par son mariage avec Ferdinand I" de Médicis (lôSg), 
donna un écrin antique en ébène garni de cristal, en 1690 '^. 

Sixte-Quint confirma à la ville de Lorette, le 22 août lôgo, 
les privilèges dont la s" maison et V « oppidum » avaient 
été précédemment favorisés. Les termes dont il se sert à 
l'égard du sanctuaire, sont identiques à ceux dont il avait 
usé dans sa bulle d'érection de Lorette en évêché (p. 36o) ; il 
rappelle cet acte de son pouvoir souverain et ses autres bien- 
faits, et fonde une foire annuelle le i5 novembre, jour où 
finit celle de Recanali*^. 

Le 26 septembre de cette année, la commune de Recanati 
décréta pour la première fois qu'on solenniserait, chaque 
année, le 10 décembre, jour de l'arrivée de la s. Casa dans 
les Marches, par une procession '^ 

Un inconnu offrit, en lôgi, un ovale d'agathe sardonique 
orientale, sur lequel on a vu des sujets d'histoire grecque ^. 

Cette même année, saint François de Sales fit son premier 

pèlerinage à Notre-Dame de Lorette : 

Considérant que là avait demeuré le Fils de Dieu incarné, avec 
Marie et Joseph, qu'ils y avaient prié, travaillé, pris le repos et la 

1 Caillau, p. 202-3, d'après Gentofiori, Cfypeus Lauredanus, sagili. viii. 

' MURRI, p. 174. 

3 Magnum Bullariuni Roinanum, i865, t. IX, p. aSo-a. 
* Leopardi, p. io3, qui proleste n'avoir pu, malgré les investigations 
les plus soigneuses, trouver trace de la fête avant cette date. 
a MuRRi, p. ir)(3. 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 305 

nourriture, il baisa avec de grands sentiments de dévotion cette terre 
sainte, ces murailles sacrées, et les arrosa des larmes de sa piété... ' 

Le jeune Charles de Guise, prisonnier à Tours depuis le 
meurtre de son père a Blois (i588), s'évada le i5 aoiàt lôgi. 
Les Ligueurs attribuèrent sa délivrance presque miraculeuse 
à la protection de la Vierge Marie et aux prières des Jésuites 
de Lorette, qui, par l'ordre de leur général, avaient célébré 
une messe quotidienne à cette intention'. Le Conseil d'état de 
la Ligue décréta, le 26 septembre suivant, qu'un navire 
(armes de la ville de Paris) serait fabriqué le plus tôt possi- 
ble et envoyé à Lorette comme monument de la reconnais- 
sance française. Le i5 octobre, la Cour des monnaies autorisa 
Jean de La Haye, maître-orfèvre de la monnaie de Paris, 
de laire en argent ce navire, « promis par les bourgeois de 
ladite ville par bienfaict ù Nostre Dame de Lorette » -. 

Le 18 décembre lôgi, le pape Innocent IX, revenant sur 
la suppression de l'éveché de Recanati et l'érection de celui 
de Lorette, prononcées par Sixte V, décida que les deux loca- 
lités formeraient désormais un seul diocèse, dont le titulaire 
aurait sa résidence dans chacune d'elles. Cette décision, que 
la mort ne lui avait pas laissé le temps de promulguer, fut 
confirmée par son successeur. Clément VIII, le g février 1692 ^. 

Le célèbre théologien François Suarez a parlé de Lorette 

dans son Commentaire sur la 3° partie de la Somme de saint 

Thomas d'Aquin : 

Certa Iraditione constat, domicilium illud seu cubiculum beatœ 
Virginis, post Chrisli in cœlos ascensum, ab apostolis et christianis 
omnibus fuisse in summa religione habitum, et in templum ad 
sacra facienda fuisse consecratum, propler multa et ingentia mys- 
leria in eo perfecta.... Eademilla domus, in qua haec Annuntiatio 

1 Breviar. Roman., 29 jan., lect. iv ; Mautorelli, t. III, p. i/ig-ôo: 
[Hamon], Vie de saint François de Sales, évêque et prince de Genève, 
3" édit. corr., augm., Paris, i858, t. J, p. 80-1 ; Mh.ocilvu, p. 207-8. 

3 A. Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Paris, 1867, 
gv. m-S", p. 797-8 (Arcli. de l'Emp.v Z. 8198, f'gi"). 

VoGEL, t. 1, p. 332 ; t. H, p. 3i3-5 (E tabulario secr. civit. Rccanat.). 



■3 



3(jt) iNOTRE-DA.ME DE LORETTE 

l'acta. est, miiiisterio Angelorum primum in lllyricitm, postea in 
Italiam translata est, et usque ad prajsentem diem persévérât, et 
Lauretana ecclesia appellalur, et in summa religione habetur, ut 
ex variis historiographis erudite tractât Canisius lib. v. deB. Maria, 
cap. 20 ^ 

Les prébendes et bénéfices furent supprimés le 5 juin 1 592 ; 
désormais, les chanoines reçurent leurs revenus des prépo- 
sés au sanctuaire ^. , 

Ferdinand F', ancien cardinal et grand-duc de Toscane, 

donna, en lôgS, une galère d'argent, avec ses agrès, et un 

pavillon d'or : 

l^ERDIN. MED. MAG. NEÏR. D. 

OB TRIREMES SVAS A PESTE LIBERATAS 

DEIPAR/E VIRGINI DIGAYIT. 

AN. M.D.XGllI.^ 

Paul-Emile Sfondrali, de Milan, neveu de Grégoire XIV, 
qui le fit cardinal en i5go, puis légat à Bologne, donna une 
croix pectorale d'or en i5go^. 

Alexandre Peretti Montait! , créé cardinal par son grand- 
oncle Sixte V, donna, en lôg/i, son image en argent et celle 
de son frère, du poids de i/jo livres : 

At.EX. PeRETTVS GARD. Mo?iTAL. S. R. E. VIGECA.N. 
• XïSTI V. NEPOS 

D. Marine ipsvm, et Mighaelem fr. perpetvo 

SVSTENTANTI MEMOR ET GRATVS 

SAGRVM MONVMENTVM POS. 

AN. M.D.XCmi 3. 

Clément VIII donna, cette même année, un vase d'or**; 
et la comtesse Dismieri, de Turin, offrit une Nativité en 
argent, à trois personnages '', 

En 1695 (François), prince de Conti-Bourbon, fit don d'un 

1 Commentarioram ac disputationuin in tertiam partem Divi Thoinss, 
tomi IV; Compluti, 1090602, in-folio, t. 11(1592), disp. ix, scct. 5; 
Trombelli, t. VI, p. 253. — 2 Vogel, t. I, p. 387. 

3 i\Jautorelu, t. I, p. 28g (Torsellini) ; Murui, p. 207 (an. 159a) ; 
Caillau, p. 179-80. — 'i- MuRRi, p. 182. — f> Mautorelli, t. I, p. 289 
(Torsellini): — «^ Murri, p. 200. — i Murri, p. 171. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CA.SA 3O7 

plan de la tour de Vincennes en argent ; André Gressi 
apporta une petite cassette en argent, avec un distique, 
qu'on a omis de relever, sur le couvercle '. 

Cette année, le pape permit de célébrer avec solennité 
dans le Picenuni la fête de la translation "^ et résuma le récit 
dans cette inscription : 

ChRISTIANE HOSPES, j/ ,, 

QVI PIEïATIS VOTIQVE CAVSA IIVG ADVE^'ISTI, 

SAGBAM LaVRETANAINI DOMVM VIDES 

DIVINIS MYSTERUS ET MniACVLORVM GLORIA 

TOTO ORIJE TERRARViM VENEKABILEM. 

HiG SANGTISSIMA DeE GENITRIX MaRIA IN LVGEM EDITA, HIG AR 

AnGELO SALVTATA, HIG AETERNVM Dei VeRBVM GARO FAGTYM EST. HaNC 

A^TxEI.I PRiMVM E Palestina o Illyrigvm advexere ad Tersagtvai 

OPPIDVM ANNO SALVTIS MCCXGI, NiGOLAO IV. SVMMO PONT1FIGE. 
TrIE\iMO P0ST,INITI0 PONTIFIGATVS BoNIFAGII VIII, IN PiCENVM TRA^- 
SLATA PROPE ReGINETVM VRUEM, IN HVJVS GOLLIS NEMORE EADEM AnGE- 
LORVM OPERA GOLLOGATA EST ; VBI LOGO INTRA ANNI SPATIVM TER GOMMA'- 
TATO, HIG POSTREMO SEDEM DIVINITVS FIXIT ANNO ABHI.NG CGC. Ex EO 
TEMPORE TAM STVPENDAE REI NOVITATE VIGINIS POPVLIS IN ADMIRATIONEM 
GOMMOTIS,TYM DEINGEPSMIRAGVLORVM FAMA LOXGE LATEQVE PROPAGATA, 
SANGTA IIAEG DOMVS MAGNAM APVD OMNES GENTES VENERATIONEM HA- 
BVIT, GVJVS PARIETES, NVLLIS FVJJDAMENTIS SVBNIXI, POST TOT SAEGVLORVM 
AETATES INTEGRI STABILESQVE PERMANENT. ClEMENS PAPA Vil. ILLAM 
MARMOREO ORNATV GIRGVMQVAQVE CONVESTIVIT ANNO DOMINI MDXXV. 
GlEMENS VIII. PONTIFEX MAXiMVS BREVEM ADMIRANDAE TRANSLATIONS 
niSTORIAM IN HOC LAPIDE INSCRIBI .TVSSIT ANNO MDXCV. AnTONIVS Ma- 
RIA GVLLYS S. R. E. PRESBYTER CARDIN ALIS ET EPISGOPVS AVXIMI, 
SANGTAE DoMVS PROTEGTOR, FACIVNDVM GVRAVIT. Tv, PIE IIOSPES, Re- 
GINAM ANGELORVM ET MaTREM GRATIARVM HIG RELIGIOSE VENERARE, VT 
EIVS AIERITIS AG PREGIBVS A DVLGISSIMO FiLIO YITAE AVGTORE ET PEG- 
GATORVM VENIAM ET GORPORIS SALVTEM ET AETERNA GAVDIA GONSEQVA- 
RIS^. 

Le pèlerinage avait atteint un haut degré de splendeur : 

1 Muaui, pp. 171, 170. — 2 VoGEL, t. I^ p. S/jS. 

3 Mauïorelli, t. I, pref. p. 10, p. 494; t- H, p. 4o ; t. III, p. 137; 
MuRUi, p. i38 ; Gaillau, p. 289-91 ; Gappelletti, t. VII, p. 244 ; AIiLO- 
GHAU, p. 324-5; Garkatt, p. 2G1. 



368 NOTRE-DAME DE LORETTE 

il lui manquait un historien dont le style correspondît aux 
faits merveilleux à raconter. Il se rencontra dans la personne 
du P. Horace ÏORSBLLiAi, qui fut recteur du collège des Jésuites 
à Lorette et rédigea son livre (en log/j, d'après Vogel) dans 
l'idiome qui était alors généralement celui de l'histoire ecclé- 
siastique, en latin, mais en beau langage cicéronien. Il fut ap- 
prouvé par le général de la Compagnie le 8 octobre 1697 et 
parut pour la première fois ^ à Rome cette même année '^. Il 
a été traduit en allemand ^, en anglais '% en bohémien ", en 

1 Le catalogue lxxxyi de Ludwig Rosenthal, à Munich, mentionne 
(n- 1197) une édition qui aurait pai'u à Cologne en i5g2, in-12; elle aurait 
un grand prix s'il n'y avait pas erreur dans le millésime (sans doute i6ia). 
Martorelli dit (t. III, p. lâi) que 1' « Istoria Lauretana latina del 
P. Orazio Torsellino » fut « slampata del ioqô », mais il n'y a pas à faire 
fond sur ses dires, qui sont trop souvent des inexactitudes. 

2 Iloratii Tvrsellini, Romani, Laarelanae hisloriae libri qvinqve; Ro- 
mae, 1597, in-4° de 6 f.-a84 p., fig, ; ibid., iBgS, in-4° de 276 p.; Mo- 
gvnliae, lôgS, in-8° ; ibid., 1699, pet. in-8° de 8 f.-4o4 p., grav. ; ibid., 
1600, in-S" de 5 ^-897 p. -3 f., fig. de Jo. Hogergh; Dvaci, 1600, in-12 
de 373 p ; Turnoni, i6o5, in-12 de 699 p. ; Mogvntiae, 1G09, in^" de 397 
13. ; Goloniae, 1612, in-12 de 563 p. ; Mvssiponli, i6i/i, pet. in-12 de 12 f.- 
624-8 p. ; Lvgdvni, iCi4, in-i2 de 12 f.-526 p. ; ibid., i6i5, in-12 de 598 
p. -6 f. ; Rolhomagi, 1616, in-12 de 11 f.-526 p. ; ibid., 1617, Ir. pet. in- 
8° de 10 f.-48o p. -5 f. ; Leodii, 1621, in-12 de 878 p. : éd. ultima, Colo- 
niaî Agripp., 1622, in-12 de 687 p., grav.; l\othomagi, 1667, in-16 de 
479 p. ; Gordomi, 1668, pet. in-12 de 343 p. ; nunc denuo editi..., additis 
donis quibus Sacra Deipartc Domus colitur et deooratur, [éd. Pctr. Paul. 
RaffaelliJ, Veneliis, 1715, in-12 de 46o p. ; ibid., 1721, in-8° de 458 p. ; 
ibid., 1727, in-81 de 458 p.; dans Martorelli, t. I, p. 151-298; edit. re- 
centissima, Laureti^, 1887, in-80 de 274 p. 

^ Laaretanische Historien, das ist Beschreibung dess Geburtshauss der 
Mutler Goties Mariœ, so die Engelauss Galilea in Italien iiberMeergetragen, 
auss Hor. Turselini Laleinisclien Buch verleutscht durch B. Hugek ; 
Munster, i6o3, in- 8°. Historia von dem Geburtshauss der H. Jungfrauiven 
Muriss zu Laurel... : CôUn, i6o3, in-80. 

'^ The history of Ihe House of Loretto, by F. Tursellinus., translated 
inlo english by Thom. Price; S. Omer, 1608, in-G" de 54o p. The history 
of our blessed Lady of Lorclo, Iransl. into engl. by T. F. ; London, 1G08, 
in- 8°, pi. 

s Par le P. Gcorg Férus ou Pi.aciiy; Prag, i63o, in-S". 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 8G9 

espagnol S en flamand "^ en français ^, en italien ''■■ et 
même en langue tagale ''. Aucun livre sur Lorette n'a obtenu 
un pareil succès : il est devenu classique dans la matière et 
il paraissait téméraire, jusqu'à ces derniers temps, de révo- 
quer en doute ses affirmations. Je crois avoir montré que ses 
dires, en ce qui concerne la quadruple translation, ne repo- 

1 Hisloria Lavretana, en qve se cvenlan las iranslaciones, milagros y su- 
cessos de la santa Casa de N. Seiïora de Loreto, compuesta en lengua 
latina por.,, Hor. Tuuseuno..., traduzida en castellano por luan de 
RojAS ; Madrid, 1609, in-Zi" de 10-270-9 f. Discursos hisloriales panegyricos 
de las glorias de la Serenisima Reyna de los An'geles en sv sagrada Casa de 
Loreto, adorno de Escritvra saera,y santqs Padres a la Histovia Lavretana, 
qve escrivio el P. Oracio Tvrsellino..., con los svcessos, y aumentos liasla 
el aho iGôg... por Ivan de BvnGOS, angelopolitano ; Madrid, 1671, in-fol. 
de 4o6 p., grav. 

2 De historié ende mirakelen van 0. L. Vramue van Loretten, in' t Latyn 
beschreven in vyf Boeken door... Hor. Turseluni... ende nu nieuwelycx 
vcrtaelt door Petr. Mallants ; Brugghe, lOGG, in-8° de 627 p., flgg. 

3 L'Histoire mémorable de Nosire Dame de Lorette, composée on latin 
et divisée en cinq livres par.. Hor. Tursellixo... et traduicte en françois 
par N. D. S.; Pails, i5gg, in-8° de 208 p.; Douai, 1600, in-S° ;ibid.. 1720, 
in-12. Autre traduclion par Nie. Puomontorio; Paris, 1657, in-8°. 

^ De l'Hisloria Lavretana libri sei : del... Hor. Torsellini, dal. Bartol. 
Zvcciii, da Monza, fatli in lingua Toscana; Milanô, 1600, in-4° de 12 f.- 
263-23 p. -4 f . ; Venetia, i6oi et i6o4 ; Milano, 1606, in-4° de 13 f.-363-24 
(libre sesto da B. Z. monzese aggiunto) p. -4 f- Istoria delV origine e 
traslazione délia santa Casa, délia B. Vergine Maria di Loreto, in libri cin- 
quc, con la giunta del sesto llbro, ne quall si contiene una brève relatione 
de' più segnalali Miracoli lui occorsi, e doni da diversi principi oferli 
pcr le ottenute gra tic...; Venetia, iCi4, in-8° de 469 p., grav. Historia dell' 
origine, e translalione délia santa Casa detla b. Vergine Maria di Loreto in 
libri cinque del.. Hor. Torseluki, da Bartol. Zucciir... fatti in lingua 
Toscana, ed accresciuli del sesto libro, dal medesimo..., hora riueduti, 
&abbellili...; Venetia, 1618, pet. 8° deiO f.-477 p., fig.; ibid., 1G21, in-8°; 
ibid., 1629, in-8° de 468 p. ; dans Mautouelli, t. I, p. 299-494 ; dans Eco 
délia Casa di Loreto, 1S91, t. VI, n° 70 segg. Storia Loretana, recata in 
volgareda Bernard. Quattrim ; Bologna, 1894, in-S" de x-SSg p. 

» Historia Lavretana. Sa macatovid ang daming manga pahayag nang 
Panginoong Dios nang daquilang camahalan nang bahay na pinanganacan 
cay Ginoong Santa Maria, na doon din siya binali nang Angel San Gabriel, 
etc., at ngayong bago y, ysilanin sa vican Tapalog nang P, Pablo Claix; 
Manilla, 17 14, in-8° de 200 f. 

N.-D. DE LORETTE 24 



370 NOTRE-DAME DE LORETTE 

sent sur aacune preuve digne de mériter l'attention d'un 
historien sérieux. Il me semble équitable de mettre sous les 
yeux du lecteur la majeure partie de sa préface : 

.^ildis Lauretanœ liistoriam, a mullis inchoatam magis quam jîer- 
fectam, a plerisque avide expetitam, jam diu molior ad nostram 
œtatem a primordio evolvere. Uliiiarn, ut spissum opus, et opero- 
sum fuit, ita operœ pretium fecerim, quippe omnia ferme, qucc 
sive Laureti.. sive llecineti seu Roma;, alibive extant ejus rei mo- 
numenta quam diligentissime conquisivi. Ex liis quœcunque ad 
rem pertinere videbantur, ita decerpsi digessique, ut justum corpus 
efRcerent. Et suscepti operis curam graviorem fecit cura successus. 
Namque rem aggredienti nec parvœ nec pauca) diclu res occurre- 
bant, quœ animum solicilarent et a proposito déterrèrent meum. 
Primum augustissiuii bujus sacelli origines adeo mirabiles inusita- 
tœque sunt ; ut pêne incredibiles videri possint, si liumanis ratio- 
nibus consilia divina pensentur. Deindc majorum nostrorum in 
talibus rébus memoriœ prodendis incuria bonam sublrahebal ma- 
leriœ partem. Arrogantiœ porro esse vidcbatur, in rc a plu- 
ribus non contemnendis scriptoriljus parum féliciter tentata, 
cventum sperare meliorem. Postremo mca) tcnuitatis conscius ve- 
rebar, ne tanti operis molem majore animo quam consilio susce- 
pisse existimarer. Pra3serlim cum ea narrare aggredcrer, qua; quia 
fidem propemodum excédèrent, disserendo fièrent minora vero. 
Itàque timendum videbatur, ne summœ sanclissimi templi famaj 
detraherem aliquid polius quam adderem, et supervacaneo labore 
nihil aUud, nisi reprehensionem prudentium quœrerem. Cœterum, 
utmecollegi, creverunt animi, diffîcuUatcsque cesserunt. Res enim 
quamvis admirabilis et antea inaudila, usque eo tamen cerfa jam 
explorataque babetur, ut de ca ambigere, ac dubitare sit nefas, 
quippe summa cum fide a majoribus, velut pcr manus accepta, 
deinceps traditur posteris. Nec lllyricis, Recinetensibusque monu- 
mentis solum ; sed hisloricorum quoque, Romanorumque Pontifi- 
cum aulhoritate nixa est. Ad luec vetustam fidem constans tôt 
aîtatum consensus, concursusquc omnium genlium adfirmavit. 
Porro loci religionem incredibilis lum votorum copia, tum dono- 
rum opulentia insignera facit. Nec vetera magis quam nova quoti- 
die illustrant miracula.Utde lam testata explorataque rcaddubitare 
non possit, nisi qui, aut de divina vi ac providentia dubitare velit, 
aut eximere ex bominum génère humanam fidem. Enim vero si 
templi Deiparœ incunabubs, Deique conceptu inclyti primordia 
longe augusliora cœleris enarremus, baud minus propenso animo 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. GA.SA. 871 

cunclœ gentes prœcipuum ejus deciis probare debent, quani pi-feci- 
puum auxiliuni probant. Et si autem majoium indiligentia multa- 
rum nobis rerum adimit copiam ; non tamen surama3 rerum 
adimit facultatem. Namque illi minovnm incuriosi sedulos se in 
majoribus prœbuei'e.... 

Âlessandro L,v>ri « del dotlor Federico », IVime spirituali : 

Atxa Mado;\a di Loreto. 
Vcrgine bella, c dcl gran Vei'bo eterno 

Degnissima non men Madré, clic Figlia, 

Gloria seconda al Cielo, c mcravigiia 

D'amore à noi, ruina de Tlnfcrno : 
lïor, che l'Aspetlo angelico discerne 

(Fclice Iloslel) che tanto li assomiglia ; 

Gvadisci, ch'io ti spieglii da le ciglia, 

E da lelabbra ogni mio spirto interne ; 
Accogli il zelo, e in Ciel mi attend! quella, 

Che quà distinli in maestà loquace 

Mi prometton pietà muli colori ; 
lo sciolgo il Voto à te ; de i vani amori 

Tu sciogli il laccio à me : io accendo face 

Al tuo Nume, Tu me ardi, e rinovella'. 

Abraamo Ortelto, // Ihealvo del mondo : 

Loveto... è famosa per tulta la Ghristianità per la Santissima casa 
délia Beata Tergine nmdrc de Dio, che in' essa giace-. 

En iSgS, Louise de Vaudémont, épouse du roi de France 

Henri III (1575), envoya un cœur d'or, garni de rubis et de 

diamants, avec ces mots : 

LVDOYICA HENRICI lïl. 
G ALLIEE, ET POLONI/E REGIS 
VXOR M.D.XGVllI 3. 

Le duc Gravina, de Naples, donna cette même année deux 
montres en or, avec diamants de Flandre ''. 

Clément VIII, après avoir réuni le duché de Ferrare aux 
Etats de l'Eglise, se rendit à Lorette, où il entra le 23 avril ; 

1 Pavia, 159S, in-i2, p. 89. , 

- Brescia, iSgS, in-/(0, p. i5o. 

3 Mautorelli, t, I, p. 490 ; Murri, p. 177 ; Gaillau, p. 190. 

^ MuHRi, p. 172. 



872 NOTRE-DAME DE LOtVETTE 

le 26, il porta défense d'aliéner les cadeaux faits au sanc_ 
tuaire. Il donna lui-même une pietà, copiée, disait-on, sur 
l'original de Guido Rcni, au milieu d'une espèce d'aulel en 
ébène'. 

Au même temps, un conseiller de Fei'dinand II, archiduc 
d'Autriche, témoigna sa reconnaissance par le don d'une 
plaque d'argent, ofi il était représenté à genoux aux pieds de 
Marie : 

Hermanusde Alimis, serenissimo Ferdinando, archiduci Austria3, 
duci Styriœ, etc. a consiliis, die 24. Aprilis anno Domini 1698, Savi- 
na3prope Ciliain iniindantis fliiclibus, ipso principe inspectànle, 
abreptus, prœsenti Virginis Laurelanœ ope, cul, rc desperata, piè 
se commendavcrat, miraculosc litori rcddilus, hoc gvati animi 
monuraenlum Yirgini devotus posuit^. 

La reddition de Ferrare fut pour le cardinal Pierre Aldo- 
brandini (revêtu de la pourpre par son oncle en iBgS) l'oc- 
casion de donner un manteau tissé d'argent pour la statue 
de Notre-Dame ; la cité y est représentée avec son territoire, 
ainsi que le donateur : 

Peïrus CAnciNALis Aldobrandinus 

S. R. E. RECUPERATAAI OB FeURARIAM GRATIAS AGIT ^. 

Parti de Rome le 3i mars 1699, saint François de Sales 
Voulut prendre encore celte fois, pour revenir en Savoie, le che- 
min de ce célèbre sanctuaire (de Lorctte).... Après qu'il eut salis- 
fait ainsi sa dévotion, il visita les immenses richesses que ia piété 
des fidèles a accumulées dans le trésor de cette célèbre église ; et, 
à la vue de lant d'objets précieux, il ne put se défendre de la pen- 
sée qu'il serait mieux d'en vendre au moins une partie pour en 
employer le prix en bonnes œuvres, soit parce que la sainte Vierge 
ne pourrait voir qu'avec plaisir qu'on les utilisât pour la gloire de 
Dieu et l'amour du prochain, soit parce que l'appât d'un si riche 
butin pourrait provoquer un jour la rapacité de quelque spolia- 
teur avide et puissant, observation dont l'expérience n'a que trop 
bien, hélas ! démontré la justesse 'k 

1 Martorelli, t. I, p. 478-9 (Zucchi) ; Murri, p. 194. 

s Martorelli, t. I, p. 479-80 (Zucchi) ; Caillau, p. 221. 

3 Martorelli. t. I, p. 488 (Zucchi); Caillau, p. 168. 

+ [Hamon], Vie de saint François de Sales, i858, t. I, p. 353-4. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CA.SA. 878 

De retour à Turin, il écrivit, le 17 mai, au P. Juvénal 
Ancina, théologien de la congrégation de l'Oratoire, à Rome, 
pour lui donner des nouvelles de son voyage : 

... In Loreto ho goduto l'amarevolezza et le accoglienze di Moii- 
signore R'"" Voscovo [llulilio Ben/.o^i] etdel signor Primicero [Anto- 
nio Francesco Gostanlini], che V. P. mi prœdisse, in mensiira coii- 
ferta et coagiiata, et ci fecero celcbrare nella Santa Casa, toccar 
l'Imagine santa et veder lutte le cose prœliose.... *. 

L'évêque de Lorette et Recanati, qui accueillit avec tant de 
faveur François de Sales, publia la même année son traité i)e 
anno Jubilœi libri sex '^. Dans le 8° chap, du dernier livre, « De 
utili Peregrinatione ad Sanctam yEdem Lauretanam », il fait 
l'historique du sanctuaire d'après la légende ^. Dans les sui- 
vants jusqu'au 29°, il répond aux 21 objections de Pierre- 
Paul Vergerio '\ 

Vittorio Brigaa'ti [Brigante, Briganzio], Anconitano,Ms/o- 
ria délia Iranslalioiie délia Santa Casa delta Madonna à Lorelo ; 
Macerata, lôgg : voir p. 3i4, n. l[. On possède du même : 
Novelli Fiori délia Vergine Maria di Lorelo e santa Casa sua : 
Venetia, 1600. Cet ouvrage a été mis à l'Index par décret 
du 7 août 1600. 

Franciscus Schottus, senator Antuerp., Ilinerarii Italiie re- 

i^vmq. Romanarvm libri ires : 

Opinione prorsus receplum, et reipsa constare' tradunt, divini 
Numinis hoc fieri nutu, ut parietes illi, intra quos nata educataque 
fuit cœlorum Rcgina semper virgo Maria, et intra quos, arcliangelo 
Gabfiele nunliantc, ipsa Dcum ac hominem concepit, operarias 
hominum manus non admiltant rcnovari ac ornamentis ullls vcs- 
tiri nolint. Nec ambigunt piorum animi, quin divinitus idipsum 
conclave per Angeles eô translatumè Pakestina fuerit, cùm prop- 
ter gravissima Sci-iptorum hac de re testimonia, tuni miraculorum 

1 Œuvres de saint François de Sales, évêque et prince de Genève et doc- 
leur de l'Eglise, édition complète, Lettres, vol. II, Annecy, rgoa, gr. in-8°, 
t. XII, p. 7-8 (autographe à Parme). 

- Auctore Rulilio Benzonio Romano ; Veneliis, lôgg, in-folio. 

3 Martorelli, t. 1, p. 060-2. Il compte cinq stations de la s. Casa, eu 
tenant pour une celle à Nazareth. 

* Martorei,li, t. ÏI, p. 2o5-6i. 



374 NOTRE-DAME DE LORETTE 

crebritate perculsi, quibus locus iste jam à tôt sœculis inaugura- 
tur, et illustratur in dies 1. 

St. Maria de Lorelo, dass ist Beschreibung der wunderUchen 
uiid ubernaiiirUche Verselzang uiid Verûnderung miser Lieben 
Fraweii Kircheii zu Lorelo; s. 1. n. d., in-4". 

En i6oi, Clément VIII accorde aux chanoines de Lorette 
l'usage de la chape et du rochet "^. — La marquise Costa- 
guti, de Rome, donne un collier d'or •*. 

Laiirelaiiische Ilislorleii des Geburls-IIaases Mariœ, so die 
Engel auss Galilœa in italien liber Meer gelragen ; Miinsler, 
i6o2, in-8". 

Le i8 mars 1602, Clément VIII décrète que le clergé de 
Recanati devra être reçu avec honneur par celui de Lorette, 
lors de sa procession annuelle, suivant l'ancienne coutume *. 

Les chanoines de Lorette, infatués sans doute par la célé- 
brité de leur pèlerinage, en appelèrent sur cette simple 
question de préséance à la Congrégation des Rites ; celle-ci 
confirma l'antique usage, d'après lequel, le jour de l'An- 
nonciation, où les chanoines de Recanati avaient l'habitude 
de venir en procession à Lorette, ceux du sanctuaire iraient 
à leur rencontre jusqu'à la porte de la ville et leur céderaient 
la droite. Clément VllI notifia cette décision par un bref, le 
27 juin i6o3 ^. 

M. Antonij Bonciauij Perusini Volvni Deiparae Virgini, ad 
sacrani donwin Lavrelanam [vers] ; Pervsiœ, i6o3, in 4° de 4 L 

Hisloria von dem Geburls-llaiise der Heil. Jungfraiien Maria 
zu Laurello; Munster, i6o3, in-8°. 

LovysRicHEOME, provençal, S. J. Le pèlerin de Lorele (accom- 

1 Ex anliquis nouisque scriptoribus edili; Antucrpiœ, i6oo, in-12 ; ab 
Hicron, Gapvgnano aucli, cdit /l" ab Andréa Sciiorro recens., Antverpiîc, 
1620, in-12, p. 288. Cet itinéraire a eu plusieurs éditions ; il a été traduit 
en français et en italien (Aless. d'AKcoK.v, Viaggio di Michèle de Moiilaigne, 
p. 686). 

2 VOGEL, t. I, p. 337. — 3 MUUIII, p. 172. — ■^ VOGEL, t. I, p. 3/i/i. 

s VoGEL, t. II, p. 3i8-9 (e tabulario secr. civit. Recanat.). 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA S-5 

plissant son) vœu (faicl) a la glorieuse Vierge Marie, Mère de 
Dieu.... *. 

Le correspondant de saint François de Sales, Jean-Juvé- 
nal Ancixa, devint évêque de Saluées en 1602 et mourut le 
3i août 160/1. Il avait exprimé ses pieux sentiments envers 
Lorette dans ce cantique : 

Vergin, ben posso dire Esservi ogn or dappresso, 

Chcd'avcrvitailcorsoltanto sente, Qui almeii vorrei finire 
Quanto a Voi son présente. Mia vita innanzi a voi, 

Ma se non mi c concesso Perché sia in ciel l'aima beata poi-. 

Le 28 septembre de la même année mourut le jésuite 
Gabriel Vazquez, célèbre théologien espagnol. On lit dans 
son Commentaire sur la 3" partie de la Somme de saint 
Thomas d'Aquin : 

Porro hanc doraum primum fuisse in civitate Nazareth, patet... 
Deinde ex civitate Nazarelh translatam fuisse, ex historia salis 
certa et nota, probat noster Canisius -^ 

Le 12 octobre suivant, mourut le bienheureux Séraphin 
de Monte Granario, capucin. On lit dans sa vie : 

Adeoque grande erat desiderium dicto incrncnto Sacrificio mi- 
nislrandi, ut ab eo nunquam se dislraxisset, nisi ex obedienlia alià 
pei'agerc debuisset, anxicquc bac de causa vel Romie, vcl in sacra 
Lauretana domo, ubi major est numerus missarum, commorari 
peroptabat, ut probant testes Summarii, numéro 12, §§6, 8, i3, i 'k 

Le célèbre philologue Juste Lu^se (j- i6o6) offrit à Notre- 

1 Boi'deavx, iGo4, in-8° de S f.-(j83-8 p., fig. ; Arras, lôoi in-8° de 
368-26 p. ; Lyon, 1607, in-8"; augm. d'une table..., Arras, 1611, in-8° de 
8 f.-5o8 p. -5 f. ; dans ses OEiwres, I^aris, 1628, in-folio, t. H, p. igS-SSg. 
Traduction anglaise par Etdw]. W[ousLEyj ; Paris, lOag.in-i"; ibid., iQlfO, 
in-4°. Traduct. latine par Joannes HacrstIsin ; Golonia;, 1612, in-8° de 
10 f.-642 p. -6 f., fig. ; ibid., 1621, in-8° ; Pavisiis, 1628. Abrégé français 
par Maxim. d'EïNATTEN ; Anvers, [i6i4], in-8° de 198 p. 

2 Gaillau, p. i3cj ; Milocuau, p. 209, qui datent de i6i4 ! 

:t Commenlariorwn ac Dispiilalionuin in ierliam parlem s. Thomœ ; Com- 
pluti, 1G09-15, 4 vol. in-folio; Antverpia?, 1621, 4 vol. in-folio, disp. 126, 

cap. III, S 24 ; TllOMBELLI, t. VI, p. 253. 

. t Ada sanclor. Rolland., iSi4, octob. t. VI, p. 189". CIT. .Mauïorelli, 
t. m, p. i4S ; QEttiiNgeu, Biblioyr, biograph. univers., i8ô!i, c. 1663. 



376 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Dame de Lorette une plume d'or, avec ce distique brodé sur 
une étoffe de soie blanche : 

FaVSTE, YïUGO-PaUEKS, CA.LA.MI, QU/ESO, ACCU'E votvm, 
TeiUIE>'A A'T Ll>QVEA'S VEUBA, SVPEUNA FERAï. 

IVSTILIPSI ANAQHMA'. 

Jacobi Greïseui... De sacris et religiosis Peregrlnationibus 
libri quatuor... 'K Le 3" cliap. du 2'' livre est intitulé : « De 
Peregrinationibus ad templa Deiparœ Yirginis, et primo de 
illa quaî est ad /Edem Lauretanam ■» ; il est surtout dirigé 
contre Rodolphe Hospinian ^. 

Lorenzo Maselli, Vita délia healissîma Vergine Madré di 
Dio... ''. 

Le chevalier Wenceslas Brixia, de Trévise, donna une 
couronne d'or en 1608. 

Le 27 juin, Marguerite, fille de Marin -François Celsio, de 
Montelupone, et femme de Baptiste Gorradori, fonda par 
testament quatre canonicats, avec réserve de présentation 
des titulaires pour sa famille ; Paul V approuva cette œuvre 
le 21 février 1617 ^. 

Jacques Gaultier, Table chronographique de l'estat du Chris- 
ilaiùsme : 

La chambre où la B. V. Marie est née... fut miraculeusement 
transportée de là en terre chreslienne, sçauoir de Galilée en Escla- 
■^•onie... *5. 

Les Amorosl Slimoli deW anima peiiiienie, del R. P. D. Mau- 
ritio MoRO, renferment deux sonnets u Alla Santa Casa » : 
le xf : u In questo felicissimo soggiorno... » ; et le xv" : « 
fortunato albergo, ove già in lèse... » '. 

' MuuRi, p. 2o4 ; Gaillau, p. 196 ; Milogiiau, p. 236-7. 

2 Ingolstadii, 1G06, in-4° de 5o5 p. ; dans ses Opéra oinnia, Ralisbonrc, 
1735, in-folio, t. IV, II, p. 1-180. 

3 Edit. de 1606, p. igS ; reproduit par Mautobelli, t. II, p. 188-92. 
t Napoli, 1606, in-4°; Venelia, 1610, in-4°, lib. II, cap. 11; lib. III. 

cap. V ; lib. X, cap. xii. Cf. Tuomiîelli, t. VI, p. 264. — ^ Vogel, t, I, p. 336. 

s Lyon, 1609, in-folio; ibid., (673, in-folio, p. 717. 

^ Venetia, 1609, pp. 2.^0 et 2.'^4. Dans la même ville avait paru, en 
i585, sa Rappresentatione del Figliiiolo prodigo (Brunet, t. III, c. 1914)- 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 877 

Jal. Cees. Galeotti, Hlsloria traiislalionis sanclœ domiis ¥'' 
Virginis Laurelanœ ; Maceratse, 16 10, in-/;" (cf. p. oi/l). 

En 161 1, trois barons de Bohême, Lobkovilz, Marlinicz et 
Slavata, donnèrent un triangle d'or, avec bas-relief représen- 
tant la Trinité qui couronne Marie. — Barthélémy iNigri, de 
Gasale en Milanais, remit une croix, avec emblèmes de la 
Passion. — Le cardinal Scipion-Caflarelli Borghèse, neveu 
de Paul Y, envoya deux candélabres d'argent doré *. 

Jean de Gauthagène, franciscain espagnol, ancien gardien 

du Mont-Sion et commissaire de Terre Sainte, HomiUse calho- 

licœ de sacris arcanis Deiparœ Mcœlx el Josephi : 

Ut his, quœ de circvimstanlia Domus Angelicœ Annunciationis 
mihi dicenda sunt, plenior fides adhibeatur, profilcor me nihil in 
Homilia hac dicturum, quod ex Historiographis auctoribusque 
gravissimis non decerpserirn, etc. Poslmodum verô anno a reconci- 
liata Nativitate 1294, 10 die Dccembris, sub Boni facio VIII pont, 
max. hoc saccllum a Nazareth civilale velictis fundamcnlis avulsuni 
et elevatum, eo jubenlequi solus facit mirabilia magna,.... Angelo- 
rum ministcrio in Dalmatiam seu ad Illyricos... delatum fuit... -. 

Au-dessus de la porte de la chapelle du trésor : 

ANTONIUS MARIA EPISGOPVS PORTVENSIS 
S. R. E. GARD. GALLO PROTECTOR [i6ii/5]3. 

Augustin Manni, de Gantiano, oratorien, Seleclœ hislorue 
reram memorabiliiim in Ecdesia Del gestarain : 

Domus illa beata, in qua Angélus Virginem salutavit, stupendo 
et inaudilo miraculé ex proprio solo, idest ex civitate Nazareth, 
a fundamentis excisa est et sine dubio a Gabriele ipso intégré in 
aerem sublata et per immensa aeris spatia cvccla, in medio Italie! 
soli ad Adriaticum liltus posita est... ''. 

Gonsalvo Durante, évêque de Montefeltro, dans son com- 
mentaire (vers 1612) sur les révélations de sainte Brigitte 
(voir p. 166) : 

• Muuui, pp. 192, 3o5, 206. 

2 Roniic, 1611, lib. V, hom. m; ColonicC, ifiiS, a vol. ia-fol. ; Parisiis, 
161/1, \ vol. in-l'ol. ; Mautorelli, t. I, p. 574-5 ; ïuoMBELLt, t. VI, p. 248; 
Garratt, p. 273. — » Luc. GiANUizzi, Relaz. hislor., p. 74 ; Caillau, p. 274. 

t RoniiP, 1612, infolio, p. 118; Martorelli, t. L p. 063. 



378 NOTRE-DAME DE LORETTE 

De sacra Domo Lauretana hic seraio fit, in qua B. Maria Virgo 
nala est, et angelo Gabriele nunciante Deus œternus in ea con- 
ceptus extitit, quajve eliam ab ipsis Apostolorum primordiis ad 
ha;c usque tempora siimmo in lionore liabita est, magnum sem- 
per nomen et veneralionem apud Cliristianos obtinuit, et hujus 
rei argumentum effîcax est, quod cum quis illam ingrediliir, divi- 
nus quidam liorror et singularis devotio in eo excitatur et deside- 
rium ingens eam revisendi abeunlilîus relinquitUr, et quotidie ma- 
gis hujus sàcnc Domus praîstanlia et celebritas llorere dignoscitur, 
tum ex magnitudine miraculorum, tum frequenlia populorum, qui 
ad eam veniunt gratia consequendi bénéficia, et tavores quos Deus 
Matris sua) inlercessione illis eum visitantibus praîstat ^ 

En i6i2, dons: d'un bocal d'argent doré et ciselé, avec figu- 
res païennes, par l'abbé Pierre Colonna ; — d'un collier d'or 
émaillé, par l'impératrice Anne d'Autriche, femme de l'em- 
pereur Matthias "^. 

Le peintre Christophe Roncalli, dit Pomerancio, fit cette 
année le grand tableau de la Crucifixion pour le maître 
autel et les fresques du trésor '^. 

Plîilippus Feuharius, CaUdogus Sanclorum Ilalisu, in menses 
duodeclm dislribuUis ; Mediolani, i6i3, in-/r (au 10 décembre). 

En 16 15, don d'un « paleotto » de toile azurée tissée d'ar- 
gent par l'infante Isabelle d'Espagne, fille de Philippe II et 
femme d'Albert, archiduc d'Autriche '^ 

Ces. FiiANciOTTi, Viagglo alla S. Casa di Lorelo ; Venetia, 
1616, in-ia. 

Dei Componimenli Volgari ^ Lal'mi Del M. Illust. Sig. 
Giovanni Signor di Sïrasoldo & Soffimbeugo & del Signor 
Giulio suo fighuolo : 

Oratione ne la Santissima Casa di Lorelo 

mentre in essa si ritroyava l'Aulore [Giovanni]. 
Inc. Qui dove il Cielo in sempiterno nodo. 
Des. Come al suo mal trovô rimedio il Monde ^. 

Cette année 16 16, don par Ferdinand de Bavière, arche- 

1 Romœ, 1628, 2 vol. in-folio; Martorelu, t. 1, p. 563. 

^ MURRI, pp. 19/1, 200. — -1 MURRI, p. 202. — ^ MfKRI, p. 18G. 

3 Venetia, lOiG, p. 4i (en forme de sonnet). 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 879 

vèque électeur de Cologne, d'un collier d'or, qui fut placé 

sur la statue de la Vierge le 1 1 avril 17S7 ^ 

Abraham Bzovius, AiinaUum ecclesiasUcorani post Baronium 

conliiuiallo (iigS-iBGB) : 

1291. Eodcm anno qui fuit suprema Paleslina3 clacle insignis, 
Deo dilecla Domus Incarnatione Dominica illustris è Syria pariter 
cum religione discessit, Angelorum manibus è Nazarelho in Dalma- 
tiam niaximo rairaculo translata, cladem Orientis tanto Occidenlls 
bono compensans ^. 

La suite est la reproduction textuelle d'IIor. Torsellini. 
Barthol. Cassius, Hisloria Lauretana ex TurseUino cl aliis ; 
RomaB, 1617. 

Le Rime spirilvali del P. F. Arcangelo Spina, eremita 
Camaldolese : 

Sonetto CGiv : Santa casa di Lorcto. 
Qui flnisli i tuoi corsi, o seconda arca, ccc. •*. 

Matth. Beuneggerus, IlypoboUniœa Divcp Mariœ Deiparœ 
caméra, seu idolvm Lavrelanvm, eversis BaroniJ cardinalis, 
Ccmisii, Tiirrlaiii ac Tursellini lesuilarum Julcimenlis dejectnm; 
Argentorati, 1619, in-4" de 16 f.-i4/i p. 

Otlavio Panciroli, Tesoro nascoslo dl Roma. chiesa xvit ; 
parlant des Carmes possesseurs de l'église de S. Giuliano 
alli ïresei di Mario et des désastres qu'ils avaient subis en 
Syrie de la part des Sarrasins : 

Di quà si Irasferirono in altri luoghi di Terra Santa, tra' quali fù 
Nazarette, dove ebbero cura di quella S. Casa, clic ora si dice di Lo- 
reto, fuichc da Nazarette fù trasportata in Ilalia '^ 

En 1620, dons : d'une croix de chevalier de Saint-Etienne, 
par le prince Piccolomini d'A ragon, duc d'Amalfi : — de deux 
croix garnies d'émeraudes, etc., par Marie -Madeleine d'Au- 
triche, épouse de Gôme II, grand-duc de Toscane^. 

' Muiiiu, p. 180. 

2 Coloniac, i6i6-3o, 8 vol. in-folio, t. XIII et XIV (de Baronius), aa. 
lagr, 129/i, lagô et 1296; MAUTonELU, t. III, p. 62-78. 

3 Napoli, 1618, p. 195. 

f 2"ediz., Roma, iGaS, p. 171 ; Martorelu, t. I, p. 563. 
'^ MuRRi, pp. iS'i, 193.- 



38o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Paulo V Pont. Max. 

QUOD OPTIMI PRINCIPIS l'ROVlDENÏIA AQUAM EX 

AGRO ReCI^'ETESSI PURlSSlMtS EX POXTI13US OPERE SUli- 

TERUANEO ET ARCUAÏO IN URBEM LaURETANAM 

DUXERIT. 

Scipio S. R. E. Gard. Burghesius Domus Laure- 

TAN.E PROTECTOR MO^'UME]NTUM POSUIT AA'. M.D.GXX, 
Po^ïIFICATUS XVI ^ 

Le 14 juillet de cette année fut une date mémorable pour le 
sanctuaire. Dans sa bulle Divina disponente clementia, Paul V, 
après avoir déclaré que Téglise de Lorette l'emporte sur tou- 
tes celles de la chrétienté dédiées à la Reine du ciel, rappelle 
que Sixte IV exempta le sanctuaire de la juridiction de 
l'évêque de Recanati et le mit sous la protection de saint 
Pierre et du Saint-Siège, révoquant tous les privilèges accor- 
dés à cet égard à la commune de Recanati ; Jules II confirma 
cette exemption. Léon X érigea l'église de Loretle en collé- 
giale avec 12 chanoines. Clément VII augmenta l'exemption 
au point de vue de la juridiction temporelle; Paul III la con- 
firma à son tour. Enfin Sixte V conféra à la collégiale la 
dignité épiscopale, avec a.ooo écus de revenu, qui ne furent 
pas complètement assignés. Des dissensions se produisirent 
que le cardinal Scipion Lancellotti fut chargé de trancher, 
en déterminant les parts respectives du cardinal protecteur 
et de l'évêque. Les discordes ne furent pas néanmoins ter- 
minées : la Rote en fut saisie et décida en fin de compte que 
la s" chapelle ferait partie de l'évêché. Les prétentions de 
l'évêque allèrent jusqu'à exiger la confession pascale de tous 
les ministres du sanctuaire à leur pasteur ou à ses délégués. 
Le pape profita de la mort du cardinal protecteur Antoine- 
Marie Gallo et du transfert à Osimo du cardinal éA^êque 
Augustin Galamini, remplacé par le propre neveu du pape, 
Scipion Borghèse, pour confier le règlement de ces dissen- 
sions sans cesse renaissantes au cardinalJean-Garcia Mellini. 
Sur la relation qui lui fut faite, Paul V déclara 

1 Luc. GiANUizzi, Relaz. histor., append., p. 102 ; Gaill.^u, p. 25o. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 38i 

Solum seu pavimentum, tam santi Cubiculi seu sanctœ Capellœ, 
quam circumcirca usque ad columnas et scalas inclusive, contcn- 
tum in territorinm proprium distinctumqiic et separatiim, nullius 
diœcesis. 

Suivent des règlements particuliers au vicaire curé de la 
sainte Chapelle K 

Thom. BALassi,,.. Ss. P. œdes Laurelana...; Viennae, 1621, 
in-/i° de lo/i p. 

Frider. Fobis^eii, Palma iriamphalis miraculoriim Ecclesiœ 
caiholicœ el inipvimis glor"""' Dei genitricis mrginis Marise, qiii- 
bas iil lumc letnporis lam ia aede Laavetaiia, Oelliiigensi, Ere- 
milana, Sichemiensi, Aspricollensi, Dellelbacensi, quam in 
Weyernensi, dUioiiis ac lerrilorli imperialis ecclesiœ Bamher- 
gensis, ilapassim per toiam orbem chrislianum, India et in. orbe 
novo luculeniissimc inclarescit, libr. v expUcala; Ingolstadii, 
162 1, in-Zi", 

Ans. Bapt. Hortensis, De miraculis b"" Virginis Laureianœ, 
liber i; Salmanticse, 1621, in-/i°. 

En 162 1, offrandes d'une croix en cristal de roche, parle 
cardinal Maffeo Barberini, qui devint pape sous le nom 
d'Urbain VIII deux ans après, et d'un ostensoir de vermeil, 
par noble Raniero Zeno, de Venise ^. 

Le 19 février, le cardinal Jacques Sannezi fonda par 
testament deux canonicats, qui furent réduits à un seul 
après sa mort par Grégoire XV •'. 

Jean-Baptiste Laviu donne un extrait « ex quarto Itinerariî 
Lauretani Andrese Baiaini, ïheologi Lusitani », dans son De 
annvlo pronvbio Deiparœ Virginis, qui Perusiœ religiosissimè 
adserualar commeniarius ''. 

Felice Astolfi, Isloria universale délie imagiiii miracolose 
délia gran madré di Dio riverite in lutte le parti del mondo et 
dette cose maravigliose operate da Dio in grazia di lei, etc. •'. 

1 VOGEL, t. II, p.319-37.— 2 MUUUI, pp. 175,180.— » VOGEL, t. I, p. 387. 

'^ Roma, 1622, pet. in-S» de 8 f.-232p.-i2 f. (p. lâg-^o). 
" Vcnezia, 1628, in-4" de 877 p. (lib. ix). 



382 ■ NOTRE-DMIE DE LORETTE 

Jean-Pierre Ca:\ius, Hermianle ou les deux Ilermiles contrai- 
res, le Reclus et l'Instable , histoires admirables , es quelles est 
traie té de la perfection religieuse ; Lyon, 1628, in-8" ; item, 
Rouen, 1689, in-8°. La seconde de ces deux histoires a été 
réimprimée sous ce titre : I/Hermite pèlerin et sa pérégrina- 
tion, périls, dangers et divers accidens, tant par mer que 
par terre, ensemble de son voyage de Montferrat, de Com- 
postelle, Rome, Lorette et Hiérusalem ; Douai. 1628, in-8°. 
« Ilermiante, dit Tauteur, est une pierre de touche pour dis- 
cerner les bons des mauvais hermites, et discourt amplement 
de rexcellence de Testât religieux et en monstre la perfec- 
tion » ^ 

En 1628, dons par le marquis Robert Capponi, de Flo- 
rence, et par Etienne Erdely, de Somkcrek (Transylvanie) -. 

En 1619, à rage de vingt-cinq ans, Descartes avait lait le 
vœu d'un pèlerinage à Noti'e-Dame de Lorette : il s'était 
même engagé à le faire à pied à partir de Venise. Les cir- 
constances ne lui permirent de réaliser son projet qu'en 
162/i : 

M. Descaries étant à Venise, songea à se dccliarger devant Dieu 
de l'obligation qu'il s'était Imposée en Allemagne, au mois de no- 
vembre 1619, par un vœu .qu'il avait fait d'aller à Lorette, et dont il 
n'avait pu s'acquitter en ce lemps-là... •'. 

Olimpia et Gridonia Gonzague, nièces de saint Louis de 
Gonzague, firent le pèlerinage de Lorette en 162/1 *. 
: Cette année, cadeaux d'un calice d'or, enrichi d'émaux, de 
diamants et de rubis, par l'empereur Ferdinand II ; — d'un 
joyau d'or, en forme de rose, avec inscription dans un car- 
touche, par la famille Roleffi ; — d'un calice en or par le 
cardinal Portocarrero l'ancien ". 

1 Depéry, Notice sur la vie et les écrits de M. Camus, dans son édition 
de L'esprit du bien-heureux François de Sales, evesque de Genève; Paris, 
i84o, 2 vol. in-80, t. I, p. cxxxvj. — 2 MuRHi, pp. 173, 180, 194. 

^ Adrien Baillet, Vie de Descartes ; Vavis, 1G91, 2 vol. in-4° (t. I, pp. 85, 
120) ; MiLociiAU, p. 2/13. 

i Ada sanctoruin Bolland., 1707, junii t IV, p. 1164. 

" MuuRi, pp. 180, 200, 2o5. 



ÉTUDE HTSTOR. SUR LA. S. CASA 383 

Le jo décembre, la commune de Recanati décréta que 
désormais, le soir du 9 de ce mois, veille de l'annivçrsaire 
de la translation, la fôte serait annoncée par d'éclatantes 
démonstrations : décharii;cs de mortiers, sonneries de toutes 
les cloches, illumination de la tour et de toutes les fenêtres, 
feux de joie dans les campagnes environnantes ; à 10 heures, 
les mortiers et les cloches se feraient de nouveau entendre; 
le lendemain, on enverrait cent jeunes filles en procession 
à Lorelle ^ 

Philippus Feruauiùs, Cakdogus gcneralis Sanclovam qui in 
Martyrologio Romano non sunt... : 

X Decemb. Translatio sanctœ Domus ; (en note) haîc sancta Domus 
ex Dalmalia in Picenum translata fuit miraliililer ab Angelis dicta 
die 2. 

Petr. RoESTius, Apologiœ pro Ddparœ Vivginis Mariœ ca- 
méra el hisloria, contra Math. Reuneggeri... klolimi Lavvela- 
nvm el hypobollmœani Cameram, libri it •*. 

Le 17 novembre 1625, Urbain VIII confirma les lettres 
de son prédécesseur, saint Pie Y, louchant la notification 
obligatoire des legs faits en faveur de la sainte maison de 
Lorette ''. 

Dès le 99 avril 162/1, il avait promulgué la bulle relative 
aux indulgences du jubilé de iGaS ^ ; il n'y a pas un mot qui 
laisse entendre que celles de Lorette restaient en vigueur ^. 

En 1625, dons par Maximilien P', électeur de Bavière, et 
par le cardinal Dominique Ginnasi, d'Imola "'. 

François Quaresmio, dont notre i'" partie a donné de longs 
extraits (p. 87-98), s'est borné à affirmer la translation 
d'après Canisius, Baptiste le Mantouan et Angelita ^. 

' Leopaudi, p. io3. — 2 Vcneliis, lOaô, \n-k°. 
•i iVviguslic Tvevirovum, 1620, in 4° de 9 f.-/loi p , fig. 
■t Magnum Bullariwn Roinaimm, Taurin , 1868, t. XlII, p. 092-8 (ex 
Regest. in Secret. Brcv.). 
s Magnum Ballarium Ronianwn, 18O8, t. Xllt, p. i/i3-7. 
6 Muuiu (p. i^o) et Gauhatt (p. 07) l'alTirment sans preuve. 

T MUIUU, pp. 178, 187, 197, 20/(. 

8 Historica... Terrœ Sanctœ elucidatio, iCSg, t. II, p. 834-6. 



384 NOTRE-DAME DE LORETTE 

En 1626, se tint à Lorette un synode, dont les constitu- 
tions pour le chapitre furent imprimées a Laureti » cette 
même année et de nouveau à Venise en 1718*. 

Celte année, le cardinal Portocarrero l'ancien envoya un 
anneau orné d'un gros saphir-. 

Le 1°' juin 1627, Urbain VIII renouvela la fondation faite 
par son prédécesseur, Grégoire XIII, d'un collège Illyrique 
à Lorette pour 3o jeunes gens, réduits ensuite à 12 ; il l'élève 
à 36 et y joint 6 Bulgares qui recevaient l'éducation à Rome. 
La direction est maintenue aux Jésuites, sous les règles et 
constitutions approuvées par la Propagande ^. 

En 1627, dons parles cardinaux Jules Saccheti et Antoine 
Barberini, et par Georges de VN'iesenthau, chanoine de la 
cathédrale de Wurtzbourg''. 

En 1628, la ville de Lyon, menacée par la peste, fit un 
nouveau vœu à N.-D. de Lorette. Aux envoyés de la ville, 
s'adjoignirent deux franciscains, les PP. Tourvéon et Mes- 
lier ; ils allèrent d'abord à Venise, d'oij ils demandèrent au 
Consulat l'argent qui leur manquait. A Lorette, ils offrirent 
une superbe lampe et envoyèrent aux échevins un tableau 
qui la représentait; il existe encore à l'hôtel-de-ville, sous 
les combles ". 

loan, Henr. a Pflavmern, Mercvrivs Ilalicvs, hospili fidvs 
pcr Ilalise prœcipuas regiones et vvhes dvx : 

Humilis atque angusta in superbissimi templi medio œdicula 
reposita est, et a ctelestibus spiritibus quidem, qui eam à Belhlee- 
milico pago asporlatam in Dalmaliam dcA^excre, cùm annus à nato 
Chrislo nonagesimus primiis supra millesimum ducentesimum, 
dies ante Idus Maias seplimus agerelur : è Dalmatia non mullô 
l^ost quoque molam, et super Hadrialicum mare, in Picenum tra- 
jectam, eo, ubi hodie consistit, denique loco statuêre *". 

1 VoGEL, t. I, p. 337. — 2 Munni, p. 190. 
3 Magnum Bullarium Romanum, 1868, t. XIII, p. 541-7. 
^ MuRui, pp. 188, 199, 203. 

s Les documents relatifs à ce vœu sont renfermésdansleregistreBB. 174 
des Archives communales de Lyon. 
Lvgdvni, 1628^ in-i2°, p. 24i-5o. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. 385 

En 1628, Lorette reçut de S. M. catholique Philippe lY, 
roi d'Espagne, le grand collier de Tordre de la Toison d'or ^ 

Un baron allemand, Rodolphe Ticfl'enbaeh, donna, en 
1629, une croix d'or émaillée, plantée sur un Calvaire, avec 
le sépulcre et la Vierge addolorata ^. 

A François P', due de Modène, on fut redevable, en i63o, 
d'un calice avec sa patène émaillée ''. 

Le fondateur du Séminaire de SaintSulpice, Jean-Jacques 
Olier, fît cette année le pèlerinage de Lorette. Il partit à pied 
de Rome, vers la fin de mai ; « il passa la nuit dans l'église, 
toujours en prières et ver^sant continuellement des larmes ». 
Il retourna à Rome converti *. 

FEuaiANKL, Fauvel, Baudouin de Launay et de Sïochove, Le 
voyage d'Italie et du Levant..., exécuté en i63o-i : Lorette^. 

Abrégé liisioriqiic qui contient la description de la sainte mai- 
son de Nos Ire- Dame de Laurette ; Lyon, i63i, in 12. 

D'après la bulle d'Urbain YIII, du 28 avril i63i, il y 
avait à Recanati une chapelle u S. Mariae de Laureto nun- 
cupata, sine cura » ''. 

Le cardinal Jérôme Vidoni, de Crémone, fit deux cadeaux, 
02 '. 

Par décret de la S. Congrégation des Rites, en date du 
29 novembre 1682, approuvé par le Pape, la fête de la trans- 
lation, sous le rite double majeur, fixée au 10 décembre, 
fut approuvée pour la province des Marches ; mais, avouait 
le promoteur de la foi en 169g, « ut videri potest ex libello 
impresso omnia sunt de Comrauni, et lectiones secundi 
îSocturni sumptae fuerunt ex sermone s. Bernardi : Novam 

1 MURRI, p. 177. — ~ MURRI, p. 19G. — 3 MURRI, p. l8o. 

* Paillon, Vie de M. Olier, fondateur du séminaire de Saint- Sulpice; i8/io ; 
2' cdit., Paris, i853,p. 9ii-G;/i" édit. revue et considér' augmentée, ibid., 
1873, gr. in-8°, t. I, p. 3o-2 ; Gaillau, p. 14C-9 ; Milochau, p. i!ii-5. 

•"' Rouen, iC6/i, in-8". CIT. Rôiiricut, p. a/ig-ôo ; A. d'A^coNA, p GiG. 

« YoGEL, t. II, p. 345. 

^ MuRui, pp. 180, 194. La date de iGaS a semblé devoir être corrigée, 
car Vidoni, créé cardinal en 1627, mourut en 1682. 

N.B DE LORETTE 25 



;{S(1 NOTUE-IWMK Mi f,OlîETTG 

J'acil Doniinus super (crrain al inidier circu/ndarel viniin Ole, 
jinllnni([uc prorsns vcrbiim habolnr de hac llisloria » '... 
Ainsi — car il est nécessaire d'iiisisler sni' ce l'ail capital, 
— de cet événement, qui se serait produit il y avait o/|0 ans 
et dont plusieurs historiens de mérite avaient précisé et 
soi-disant prouvé les moindres détails, l'autorité liturgique 
no jugea pas alors prudent de garantir la simple alTirma - 
tion. — Cette concession fut étendue aux régulici'S des deux 
sexes de la province du Picenum, le 19 noA^embrc i633 -. 
Silvio Skuuaoi,!, da Pietra Santa, Nvova relalione délia 
s. Casa abbcllila, vUvaUa...'^ 

En i()33, dons d'une tiare d'argent en partie dorée, gar- 
nie d'émeraudcs, etc., par la confrérie de S. Maria délia 
Puritàde Bologne; d'un cadre tout en argent, avec sa cor- 
niche dorée et ciselée, représentant Nancy, capitale de la 
Lorraine, par la commune de celle ville '\ 

Joseph-Marie Suauks, né à Avignon en 1599, devint bi- 
bliothécaire du cardinal François Barberini ; camérier d'Ur- 
bain VIII, il fut pourvu de révéché de Vaison le 8 juin iG33 
et sacré à Rome le 9 août. Il n'arriva dans sa ville épiscopale 
que le 2/i décembre de l'année suivante, après avoir fait un 
pèlerinage à Lorette le iS novembre précédent. Il com- 
posa, à cette occasion, cette u idylle », qu'il fit imprimer à 
Ancône : 

Salve, augusta Domus, Siritc quœ rapta ruinis 
Trans mare, Picenum in liltus devecla por auras 
Angelico nisu es, veneror tua limina supplex 
Atque genu posito, sacralam exosculor aram. 

1 Mautouelli, t. I, pref. pp. 8, ii ; t. II, p. 119 ; t. III, p. i54 ; Vogel, 
t. J, p. 344. — - Martorelli, t. II, p. ng. 

5 Macerala, i633. pet. in-8° de 228 p. ; La s. Casa abbellUa, di niiovo 
aygiiinta e ampUala di moite cose firaiii c nolabili..., i\iid., iG3/i, pet. in-80 
de 8 f.-2i7 p. ; Loreto, 1C37, itiSg et 1642 ; La vera relalione délia sauta 
Casa di Loreto, eon nuoiia aggiiinladicose grauie notabili non prima osser- 
uale, Macerata, i648, pet. in-S" de /i f.-ii2 p. ; .... con a. di c. g. e n. di 
moltogram aalori, ibid., i054, Ir. pet. iii-80 de lo/i p. ; Loreto, 1677. 

* MuRRi, pp. 186, 203. 



l'iTUDiî msrou. suii l.\ s. casa 3S7 

At lu (Diva l'arniis), libi enirii mandata 'l'onanlis 

Ktlidit lii(; siimiiio (Habriel doinissns Oliinpo 

-Klorniquo Patiis sobolcs è l'aucibus orci 

llumanuiu ercpinra geniis, descendit ah arce 

Syderea, iniino tua; caslis j)cnetralibtis alvi 

Assuinpsil teclo corpus niorlalc sub islo. 

Excipo Virgo preccs, (jnas gralus l'iindo memoique 

Concepli voli, Iftnuos exureior artus 

,Kslu, mox qnalerel Ircmulo dum l'rigoro fobris, 

Id merilo pci'solvo libens, el. carmina figo 

Atque mcam (luocunique volet, libi dedico pcnnam, 

Lt sinl venlmis iiioniiiicnla peicnnia Stcclis ^. 

Aless. ViTALKOM, Le fjlovie délias. Casadi Lorelo, discorso 
accadeinico ; Homa, i03/( ; Le glorie Laiirelane, 13racciano, 
1642. 

Jusïixus MiEGiioviENsis, Poloiius, oïditiis Prœdicatoruin, 
Discvrsvs pvauUeabiles svper Lilanias Lavretanas bealissiinse 
Virginls Marine (i63/|) : 

LilaniîB de B. M. V. quas explicandas assumpsimus, in omnibus 
ccclesiis passim decanlari soient, solo lamen Lauretanœ jedis titulo 
gaudent. 111a enim sacralissima œdos omnes basilicas, qua> Dei- 
parœ ncdum in llalia, verum et ubivis loconim ei-eclaî sunl, ante- 
ccUit : ita ut nuUa sit in terris, aut augustior, aut vetnstioi', aut 
sanctior, aut celebrior. De ipsius crgo orlu, translalione, magnifi- 
ccntia, pi'ivilegiis, rniraculis, occasione liujus tituli panca pra;fari 
libet : ex Uaptista Manluano, Hiei'onymo Angelita et Iloralio Tur- 
selino 

Iliuc ter augusla domus, sacrosancta) Virginis DeipartB domici- 
lium, niansit in Nazareth ad annum Chrisli 1291, doncc Chrislianis 
è Syria pulsis, Tripoli diruta, cum dcbitus sacrosanctai cellulœ 
honos neque ab indigenis neque ab cxteris haberetur, Angelorum 
opéra (et ut alii pro cerlo alTirmant, ab ipso Gabriele) a fundamenlis 
avulsa, à Galila;a per ingénies terrarum marisque tractus in 
Dalmatiam (spaliuni amphus vicies centena miilia passuum) as- 

1 Beatissimx Marias semper Virgini Dei Genltrici, Josephus Maria Sua- 
UESius, cpiscopus Vasionensis, votum solvens ad tedem Laureianaw, pange- 
bat idylUum, Salatis anno CID IDCXXXIV, œiv Iml. decembris ; Anco- 
na;, in-/i° d'i p. ; Mautouelli, t. 1, p 505-0 ; t. III, p. 1/17 (1670). 



588 NOTRE-DAME t)E LORETTE 

portala : sUaque est in monte quodam intev Tresaclum et Flumen 
oppida Dalmaliœ *, 

Dons : d'un grand cœur d'or, avec les noms de Jésus et 
de Marie en diamants, par Henriette-Marie, fille de Henri IV, 
roi de France, et épouse de Charles l"', roi d'Angleterre, en 
i635 ; — d'un calice d'or, par Georges-Pierre Volpi, évêque 
de Novare, en i636 '2. 

Par une bulle a ad perpetuamrei memoriatri «, en date du 
20 juin i636, Urbain YHI soumit le recteur et les péniten- 
ciers mineurs de Lorette au grand pénitencier de Rome, qui 
sera autorisé à leur communiquer divers pouvoirs spé- 
ciaux '^. 

Pétri Babatii Epîgrammalon de SancUs libri quatuor * : 

Ad quendam, qui Laiirelum pclijt ad suam primam missam 
celebrandam, ode. 

Quaj Vestrum Aonio Pegasides choro, etc. ^. 

Andréas du Saussay, Marlyrologiiim Gallicaïuim : 
Quarto idus decembris. — Translatio sa?{ci\e Domvs Lavreta- 
^.E, ex qua deuotio erga annunliatam sandissimani Deiparam, et 
educatum in Nazarclli Galilea^ ciultatc ipsa in domo Cliristum Do- 
minum Seruatorem ; totum in orbeni, maxime occiduum atque 
nominalim in Galliam, diffusa emanauit '"'. 

Louis XIH et Anne d'Autriche, en reconnaissance de la 
naissance du Dauphin (i638), qui fut Louis XIV (i6/i3), en- 
voyèrent à N.-D. de Lorette, par Paul Fréart de Ghantelou, 
deux couronnes d'or, dont le métal disparaissait sous des 
diamants, l'une pour la tête de la Vierge, avec ce distique : 

1 Lvgdvni, iG6o, 2 vol. in-folio, t, I, p. n-6. Conférences sur les Lita- 
nies de la Très-Sainte Vierge, par le P. Justin de Mieckow..., traduites 
pour la I" fois en français par Ant. Ricard ; Paris, 1868, 6 vol. gr. in 8°, 
t. I, p. 37 55. 

2 MuRRi, pp. i84, SOI. On fait mourir l'évêquc Volpi en i035, sans 
doute par erreur ; son successeur ne fut nommé que le i5 décembre iG36. 

3 Magnum Bullariuin Romanum, 1S68, t. XIY, p. 628 3i. 

■f Ad..', abbalem Carolvni Pavlviivm comilem sac. Romani imperii et Cal- 
bulse ForoUviensem palritium; Foroliuij, iG38, pet. in-8° de 1O-184 p. 
'•< Liber quartvs, p. i4(5-8, onze strophes de quatre vers. 
"' Parisiis, i638, 2 vol. in-folio, t. II, supplem., p. laoï. 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 889 

Tu CAPUT AISTE AIEUM CINXISTI, VlRGO, COUO^A ; 
NUNC CAPUT ECGE TEGET COKONA NOSTRA TUUM ; 

l'autre, pour celle de son Fils, avec ces mots : 

CllRISTUS DEDIT MIIIT, 
CuiUSTO UEDDO GORO.\AM '. 

Ils y joignirent «un angecrargent de la taille d'un homme, 
tenant entre ses mains et présentant à la sainte Vierge un 
enfant d'or du poids de 2.4 livres, dans un plat bassin de ver- 
meil, sur un coussin d'argent » ; celui-ci portait cette inscrip- 
tion : 

AcGEPTUM A YIRGI^'E DeLPIU?{UM 
GaLLIA ViRGmi REDDIT 2. 

Cornélius Cornelh a Lapide (Gornelissen van den Steen), 

Commenlarivs in qvalvor Evangelia ; 

Domus vcl Cubiculum, in quo Angelo nunciantc Chrislum con- 
ccpit, à s. Jacobo aliisque Apostolis consecrata fuit in Ecclesiam, 
et ibidem post 3oo. annos S. Helena elegans Teraplum aidificavit ; 
camdem visitavit S. Panla et S. Ludovicus ••. 

lïenricus Spondanus, Annaluim ecclesiaslicoruni Cses . Baro- 
nii conlinualio (i 197-16/40) : 

Hoc dcnique anno(i29i), qui fiiitsupremà Palesllna) clade insig- 
nis, Dec dilecta Domus Beatissimœ Virginis Nalivilale, et Incar- 
natione Domini Jesu Christi illustris, e Syrla paiiter cum religione 
discessit; Angelorum.manibusex civilate Nazareth, et ex temple ab 
Helena Augusta olini sacrœ domui circumdato avulsa, et in Dal- 
maliam,monticoIumqueTcrsactuni inter acl-^lumen oppida leniter 
accliveni, Adrialico imminenlem nmi'L, maximo miraculo transla- 
tarn.... \ 

En i63g, saint Antoine de Padoue ramena à la vie, pour 
lui permettre de se confesser, un duelliste « Laureti » '^. 
Cette année, Lorette reçut en cadeau une chasuble et une 

• MuRUi, p. 160; Caillau, p. 180-1; Jal, Dictionnaire critique, p. 8o3\ 
2 Bulletin de la société littéraire... de Lyon, 190/i, p. i85. 
s Anlverpiai, iGSg, in-folio, t. II; Mautorelu, t. lll, p. i47,. 
< Parisiis, i63g^ 2 vol. in-folio, t. I, aa. 1291 et 129/1 ; Martorelli, t.I, 
p. 563-/i ; Trombelli, t. VI, p. aSi-o. 
•"' Acta sanctor. Bolland., 1698, junii t. II, p. 774''. 



Sgo NOTRE-DAME DE LORETTE 

garniture d'autel tissue d'argent, de la princesse Catherine 
Zamoski, femme du grand chancelier de Pologne et duchesse 
d'Ostrog; et des dons du cardinal Fiançois-Marie Brancacci, 
évêque de Vilerhe, et d'Isabelle ïolfa, duchesse d'Evoli *. 

Pierre BoNGiovAKNi, Hisloria veneraiidœ Doinus Laurelanœ-. 

En i64o, don d'un calice en vermeil, par le cardinal Por- 
tocarrero le jeune ■'. 

En i64i, le trésor s'enrichit de joyaux envoyés par l'abbé 
commendataire Pierre Golonna et par Antoine Força, vice- 
roi de Naples, au nom de Philippe IV, roi d'Espagne ''. 

Ludov. Gentoflorenius, Clypevs Lavretanvs aduersus hxve- 
ticoi'uni sagiUas ^. 

Les Poésie sacre di inonsignor Gio. Giampoli, mort en 
i6/i3 *^, renferment trois « Hinni per la santa Gasa di Lo- 
retto », dont il suffira de mentionner l'incipit : 
Ampio tcatro è il Cielc... (22 X n). 
del mondo Regina.... (aS X ii)- 
Su colonne dorate.... (27 X n) ^• 

ïheophilus Raynaudus, Anlemnrale adversas arietes forllum 
ingeniorum '^. 

David Fhôlicuius, Bibliolheca seu Cynosura peregrinaiitiuin, 

hoc est Vialoriiim omnium haclenas edilorum.... : 

Templum Laurelanum Ital. ad l<'luv. Musonem condilum est in 
colle D. Mariœ Lauretanœ. — Lauieli Ital. templum B. Virginis 
avmati inlraotes excommunicanlui'. An coronationes imperatorum, 
regum, promoliones doctonim, licenliatorum, magistrorura, con- 
tractus nuptiales, eicclio magistratusecclesiastici vel}»olilici, synodi, 
comœdia3, confœderationes in temple eo instituantur ^. 

> Muuni, pp. 170, 178, 197, 2o3. 

2 Manuscrit de la bibliotlièquc de Leopardi (p. io4, n. i). 

3 MuuRi, p. 2o5. — * MuHiu, pp. 175, 194, 197. 

" Romtc, i643. in-4° de 7 f.-2o4 p. -8 f., carte; ibid., i654, in-4°. 
. B Voir sur lui l'article de Gikguené dans la Biographie Michaud. 
^ Bologna, i648, in-4°, pp. 197-236. 

8 Dans son .S'. Joannes BenedicUis paslor et ponUfex Avenione descriptus ; 
Avenionc, i043, in-8°, p. i44-5; ses Opéra oinnia, Lugduni, i665, t. VIII, 
p. i44 ; Bekedictus XIV, De fesUs B. M. V., cap. xvii, | 7. 

9 Ulma!, i644, in-12, lib. III, pp. Sog et 333. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CA.SÂ Sgi 

Ferdin, Ughellus, Ilalia sacva slve de episcopis Ikdiœ... : 

Hic... s. Laurelanadomus exurgit, ministerioA.ngelorum, primum 
ad Sclavones Illyricos olim delala, iiiter civitatem Fluminis castel- 
lumque Tersalliiin, sub Nicolai IV pontificatu,... anno 1290, die 
9 mensis maji; sed divino consilio brevi inde divulsa in Italiam 
translata est, in Picenatibus à Recanatensibus non procul, quievit- 
que in densissima sylva... Miracula aulem, quœ illic crebra fulsere, 
fidem iecere hactenus, divinioris consilii locum fuisse domici- 
lium... 1 

Theophilus Raynaudus, Diplycha Mariana, quibus inaneshea- 
tissimœ Virginis prœrogailvœ, plerisque novis scriptionibiis vul~ 
galœ, a probalis et veris apud Paires Theologosque recepUs, 
solide et acciirale secernunUir ^. 

En i6/j5, on reçut des dons de Marie-Anne d'Espagne, 
épouse de l'empereur Ferdinand III et mère de Léopold I", 
et de Marie de Gonzague, nièce du duc de Mantoue, Char- 
les IIP. 

Hon. Bouche, La sainclc Vierge de Lavreie, ou histoire des 
divers transports de la Maison de la glorieuse Vierge Marie qui 
es toit en Nazareth ; et la description des miracles, et des choses 
merveilleuses, qui se trouvent dans celte saincte maison '*■. 

Giovanni Stefano Menochio, Sluore, lessute dl varie erudi- 
lioni sacre, morali e profane ^. 

Odoricus Raynaldus, Annales ecclesiastici post Baronium ah 
anno H98 usque ad annum i565. Il suit sans restriction ni 
critique l'opinion courante de son époque : 

Nec est, ut cum Baronio loquar, quod quis de re gesta dii- 
bitet... G 

1 Rorna}, iGM, in-folio, 1. 1, c. 83i-8; cdit. 3", Venetiis, 1717, c. 766-71. 

- Gratianopoli, i645, in-4° ; Lugduni, i65/i, in-4°, p. 108 ; dans ses 
Opéra omnia, Lugduni, i665, t. Vil, p. 1-2/10. 

' MuRRi, p. 187 (date i655 erronée), p. 199. , 

< Paris., 1646, pet. in-80 deS f.-256p., fig. 

" Roma, 16.40-54, 6 vol. in-zi"; etc.; cent. VI, cap. xxi. 

Romic, 1646-77, 9 vol. in-folio: aa. 1291, § 68-71; 1294, 24 ; 1295, 
58-9 ; 1296, 35 ; Mautoueli,i, t. I, p. 564-5 ; Bani-Ducis, 1871, t. XXllL 



Sga NOTRE-DAME DE LORETTE 

Antonio Salt, Saiituario Laurelano de la Virgen Naesira 
SeTiora '. 

En 16^7, don de canons d'autel, en argent ciselé, parla 
compagnie de la Miséricorde à Livourne ^. 

Franc. Glavimch, Hisloria délia madonna Tersatlana; Udine, 
16/18. 

Marc. LniA, Brevis narralio Iranslalionis s. donius Laurelaiise 
in Piceiuim, seii coinpendkimhisloriœ Laurelanx ;B.omed, i648, 
in-i2. 

Adam Phjlippon, Le vérilable plan et pourlraU de la maison 
ndraculcuse de la Sainle Vierge, ainsy qu'elle se volt à présent à 
Loretle.. . , avec un petit abrégé de ce qui s'est passé en ses divers 
transports ; Paris, 16^9, in-fol., 6 pi. 

Innocent X aurait déclaré, par un bref spécial, que Tin- 
diction du jubilé de 1600 ^ ne suspendait pas les indulgences 
du sanctuaire de Lorette *. 

En i65o, don d'une colombe d'or, tenant dans son bec un 
rameau d'olivier, surmontée de deux couronnes, formant une 
lampe, par le cardinal Canaille Panfili ^. 

Fœlix Maria Nellius*^, Arcanae domvs Lavretanae perstricla 
relatio a grauissinils auctorlbus deprompla pluribusq. mine 
aucta ac recognita '' . 

1 Lorclo, 16^7, in-8°. Traduct. italienne : Il Saiituario Laiiretano di Ma- 
ria, con le varie Iraslazioni, IradoUo dallo spagnuolo, con uiia brève Cronica 
de' proleilorl e (jovernalorl di esso, e délie cose pià notabili die ncl loro 
tempo sifecero ed accaderono daW aiino 1291 siiio al 16% et/j7 ; Maccrala, 
iG.'iS; ibid., i()54, in-80. — a Mtiuu, p. 180. 

s Magnum Bullarium Romanum, i. XV, p. 629-82 (4 mai 16/19). 

* îS'ellIj Domus Laurelanx relatio, p. 3 ; Muuui, p. i4o. 

•> Muiiui, p. 186. Panfili s'était démis de la pourpre dès 16/17, ponv 
épouser Olimpia Aldobrandini, princesse de Rossano, veuve de Paul 
Borglicse. 

c Mautouelli attribue à cet oratorien une Histoire de la vie de Jésus- 
Christel de la Vierge sa mère, qui, traduite du français en italien, parut 
à Paris en i65o (t. III, p 1/17); il en donne un extrait favorable à la trans- 
lation, qui mentionne la con.slruclion de chapelles similaires en divers 
lieux, entre autres à Paris, qui ne le cède en dévotion à aucune autre 
ville (t. I, p. 564). — ^ Firmi, i65o, pet. in-8° de 4 f.-88 p. 



ETUDE HISTOR. SUR LA. S. GASA. BgS 

Gravure sur bois, représentant l'église de Lorette soutenue 
par deux anges ; au-dessus, la sainte Vierge; au-dessous,, 
une procession ; Bassano, Gio. Ant. Remondini, vers i65o, 
in folio. 

Jean Doubdan, Le Voyage de la Terre Sainte (p. g8) : 

Au dedans est la saincte Maison, qui par un miracle sans pareil, 
a estccnlcuée par le minislere des Anges de la petite ville de Naza- 
reth en Galilée et apportée premièrement en Dalmatic, l'an 1291... ' 

Rime di Giulio Giacinto Rginconi, libri qvattro : 

Peu la. Sai?jta Casa di Loiieto. 
Di rpiel Temple hoggi mai tacete inchiostri, 
Che già l'Asia sacrô con pregi tanti, ccc. ^. 

Discours sur la Iranslalion de la s. maison de Lorette. Dis- 
corso sopra la Iraslazione délia santa casa di Lorelo •'. 

Giov. Bapt. GiusTiMANi, // lempio di Lorelo ; Venezia e Ge- 
uova, i653-5, 3 vol. 

En 1(354, don d'une croix pectorale en or, par le cardinal 
Fabio Chigi, qui devint pape Tannée suivante, sous le nom 
d'Alexandre VII *. 

Dans leur voyage de retour en France (janvier i6ë/i), après 
la condamnation des cinq Propositions, les Jansénistes évi- 
tèrent de s'arrêter à Lorette : 

Le valet dudit sieur Manessier m'a dit que ces messieurs n'avoient 
point été par Lorette, à cause que le Père G[uGriii?] ne témoigna pas 
en avoir inclination, qu'il en tient l'histoire pour fahlo; qu'il tenoit 
suspectes la plupart des reliques qu'on lui monlroit... (Journaux: 
de Des LIO^'s) •>. 

Clem, Tosi, / tre volt delta S. Casa di Lorelo nel Piceiio, 
discorso sagro ; Roma, i655. 

Cette année, don d'un tableau avec corniche en ébène, re- 

1 2" édit., Paris, 1657, in-^", p. 637; 3'' édit., ibid., 1G6O, p. 708-10. 

2 Vonetia, iGSa, p. Sg/l, sonnet. 

3 S. 1. n. d., in-i2 de 5/i p. (français et italien en regard). 
'^ MUKUl, p. 189. 

s Sainte-Beuve, PoH-Royal,^^ èdii., Paris, 1867, t. III, p. 094. 



394 NOTRE-DAME DE LORETTE 

présentant la Vierge de Lorette, saint François d'Assise, un 
ange et le noble vénitien Charles Contarini *. 

Honor. Leothardus [Theoph. Raynaudus], Ilerciiles Com- 
modianus, Joan. Laimo'ms repulsus.. . pro Iranslalione œdis Lau- 
reianœ '^. 

En i656, dons : d'une couronne d"or, par Christine « Ales- 
sandra » , ancienne reine de Suède ; — d'une statuette d'argent, 
représentant la Yierge et l'enfant Jésus sur son bras, par 
Virgile Groscliedcl, conseiller de l'électeur de Bavière ^. 

Guil. GuMPPENBERG, Allas Marianvs s'we de imaginibvs Dei- 
parae per orbem chrislianvm miracvlosis . L'auteur visita 
Lorette en i632 et y retourna en i665. Son livre débute par 
r (' Imago b. V. miracvlosa Lauretana » ; il raconte la dis- 
cussion courtoise qui eut lieu entre les anges préposés aux 
diverses nations pour décider à qui la maison de Nazareth 
devait être attribuée : 

Italia, quia summi capitis sedes est, obtinuit. Itaque angeiorum 
manibus a fundamentis avulsa [ita Angelis, o sacra Domus, manda- 
vit de te Deus, ut cuslodian te in omnibus viis luis, ut non olTenda- 
tur vel unus lapis] noclenon amplius una per duo ferme milliariorum 
millia per mare, per terras, per inliospi tas regiones sistitur in Croatia, 
Dalmatiœ provincia, anno lagr, seplima die mail, Tersaclum inter 
et Flumen ad mare Adriaticum.... Sexto mense post exactum Ter- 
sacti Iriennium, jam circumjacentibus terris propter imporlatam 
loco sanctUatem celeberrima, anno 1294, décima die decembris 
infra oclavam Immaculatce Conceplionis B. Yirginis [a nullo,quod 
sciam, malo hospite expulsa] e Dalmalia in Italia) silvam Recana- 
lensîs ditionis, asperam sane et inhospitam, quantumvis domina loci 
nomen haberet a Laureto 'k 

Don, en 1607, d'un tableau octogone en argent avec sa 

1 MuRiu, p. 2o5. 

3 Âquisscxtiis, i656, iQ-8°, p. 337; dans les Opéra omnia de Ttiéophile 
Raykaud, Lugduni, i665, in-folio, t. XVIII, p. 828-60. 

3 MuRRi, pp. 1 85, 199. 

^ Ingolstadii, 1657, 2 vol. Ir. pet. in-8', lib. I, p. 1-19, fig. ; Monachii, 
1657, 2 vol. pet. in-i2 ; etc.; ibid., 1672, 2 vol. in-folio; dans Tuombelli, 
t. VI, p. 257 ; BouRASSÉj t. XI, c. 11 09. 



ETUDE HISTOR. SUR LA S. CASA Sgô 

corniche, représentant la ville de Montalto, par la commune 
de cette ville K 

On lit dans la vie de saint Joseph de Guperlin, par Ange; 
Pastuovicchi "^ suivant la version latine des Bollandisles : 

Dum Bealus in rusticam pergulam asccndisset, ociilosque per 
viciniam versarcl, religiosus quidam sacerdos tholum famosa; 
ecclesiœ sacra) Domus Lauretana) a longe indigitavit, in quam Jose- 
phus obtutiun figens : « Non vides, allonilus inquit, angelos è cœlo 
et sacra Domo euntes et redeunles?» Ilœcque dicens ac sajpius 
répétons, emisso solilo clamore, dcorsum raptus, versus amygda- 
lam spalio sex perticarum in longitudinem, in altitudincm vero 
palmorum duodecim volavit. Erat lum dies dccinia Jidii anni 
MDGLVII, cujiis vespere B. Josephus in S. Francisci conventum 
sui ordinis Minorum conventualium Auximi advenit •*. 

Bonaventure Brevgne, récollect, Le commerce des vivants, 

fait en favevr des dmes dv Purgatoire : 

... L'Eglise delà Plaliere... étant vne des trois plus anciennes de 
Lyon, fondée sous le titre de Notre Dame de Lorete, ioliyssanlc des 
mêmes Grâces et Indulgences tant en faueur des Morts que des 
Yiuanls, dont les souuerains Pontifes ont enrichi la sainte Chapelle 
que les Anges ont miraculeusement transportée dans l'Italie.... '* 

Jean. Euseb. Nœuembeugii Tropliœa Mariana seade vicirice 
misericordia Deiparœ patrocinantis hominibus libri vi ^. 

Don, en i658, d'un anneau d'or, par Jean-Casimir, an- 
cien jésuite et cardinal, roi de Pologne (i6/j8) ^. 

J. B. de Lezana, Annales ordinis 13. Mfiriae de Monte Car- 
melo '. 

' Luigi TonELLi, Secoli Agosliniani o siaistoria universale dell' 
Ordine di S. Agostino ^. 

1 MuRRi, p. 2o3 (avec les armoiries de Sixte V, lôSS-go?) 

3 Compendio délia vita, virtà e miracoUdel B. Giuseppe di Copertino, sa- 
cerdole profcsso dell' ordine de' Minori convenluali di S. Francesco; Roma, 
1753, in 8° ; ibid., 1767, in-4'. 

•■' Ada sanclor. Bolland.,, 1765, sept. t. V, p. io4o\ Cf. Mautopelli, 
t. II, p. 421. — * Lyon, i658, in-d", Epistrc, è 2. 

s Antverpifc, i658, in-folio de 325-34 p. (pp. 170, 2o4-). 

6 MuHRi, p. 188. — 1 Romœ, 1656-9, 4 vol. in folio, t. IV, an. 1291, § 3. 

8 Bologna, 1659, 8 vol. in-folio, ann. 1391 et 1294. 



3g6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Pau sa constitution du 22 février 1659, Alexandre VII con- 
firma et précisa celle de son prédécesseur Urbain VIII, 
relative à l'établissement des prêtres réguliers de la Compa- 
gnie de Jésus comme pénitenciers mineurs du sanctuaire de 
Lorette. Il en fixa le nombre à dix-neuf, le recteur compris. 
Ils devaient être originaires des pays dont ils seraient char- 
gés d'entendre les pèlerins en confession : un pour la France, 
l'Espagne, l'Allemagne, la Belgique, la Pologne, rAngleterrc, 
rillyrie et la Grèce ; le reste pour l'Italie. Leur choix était 
réservé au général de leur ordre *. 

Le trésor de Lorette possédait, en 1671, une coupe (cyalhas) 
de cristal, dont sainte IledAvige, duchesse de Pologne, usait 
pour se purifier lia bouche après la communion ; sur une 
lame d'or, fixée au couvercle, on lisait ces mots : POCVLVM 
SANGIVE HEDWIGIS. Cette relique fut donnée au sanctuaire, 
en 1659, par Antoine Krosin, évêque de Brixen, qui l'avait 
acquise de Charles, archiduc d'Autriche, évêque de Breslau 
et de Brixen (1608-2/1), grand maître de l'ordre Teutonique 
(1619-24), lequel la tenait des ducs de Liegnitz et Brieg, 
descendants directs de la sainte '^. 

Petr. CouuciEu, Negotivm sœcvlorvni Maria, sive rerum ad 
matrein Del speclanlium chroiiologica epUonie ab a" mviidi i° 
ad a"' CK' 1660 l 

La cité de Fossombrone donna une statue en argent de la 
Vierge avec son Fils sur le bras ; sur le piédestal : 

Scmpronii Foi-vm défende, ReginaCœlorvm. Anne Domini 1660 ''. 

Jo. Baptista Ca^cellottus, Annales Mariani, qulbus hisloria 
ss. Virgi/ds Mariœ Dei Genilrlcis in singulos annos dislribiiiluv 
et opposilis subinde rerum hwnanarwn successibas illustra- 
iur ^. 

1 Magnum Dullariiiin Romaiium, 1869, l. XVI, p. 439-43. 

- Acia sandor. BoLLA^'D., i853, oclob. t. VIII, p. 223\ 

•1 Divione, i66i, in-fol. de Yiij-xij-44o p. 

f Muuiu, p. [82. 

5 Romœ, 1661, in-folio, impartie qui s'arrête à l'année loi. 



ÉTUDE HISTOB. SUR LA S. .C/VSA. 807 

[Grangier de LiVERDYs], Joiimal dC wi voyage de France et 
d'Italie J'ail par un gentilhomme français, commencé le M sept. 
1660 et achevé le 31 mai i66i ; Paris, 1667, ia-8% p. 7/10 5. 

Origine et translalione delta chiesa S. Maria de Loreto ; 
XVIP s., in-folio. 

Thomas Balducci, de Sinigaglia, assigne, le 19 juillet 1661, 
3oo écus pour la fondation d'un canonicat à Lorelte ^ 

[Bernard. Pieuotïi], Successi delta s" Casa di Loreto, ristretli 
in compendio, presentali al populo e oit là di Lucca da' Padri di 
S. Maria Cortelandini, delta congregazlone delta Madré di Dio -. 

Philippus Brietius, Annales mundi sive Chronicon anivcr- 
sale secundum optimas chronotogorum epochas ah orbe condito 
adann. Chr. 1663. L'auteur raconte bien les translations de 
1291 et i29/i,et on a voulu le faire passer pour favorable à la 
légende ; pour être fixé sur son sentiment, il suffit de lire 
entre les lignes qui suivent : 

Hoc anno [fagi] pie crcditur B. Yirginis Nazarctliana domus ex 
Paloestina in collem inter ïcrsaclum et Flumen oppida Dalmatiœ 
cssG translata Angelorum maiiibus. Quod mirum est a nulle tcvi 
hujus scriptore commémora tum; et citantur dumtaxat Acla quœ- 
dam Illyriovum, qua; cortam apud omnes fidem non faciant ; 
addunt eliam quoddam llodœporicon pii viri, qui eam se postea 
vidissc asscrit, el Syrorum cpislolam, qua queruntur poslea loconim 
desolationem circa sanctam hanc domum in Pala3stina ; dcniqiie 
eliamnum liodie peregrinis in Syria sallcm pars domus hujus osten- 
dilur, ut muUi testanlur. Unde enata est inter cruditos controvcr- 
sia, quam non est hujus laboris nosti'i mullis de causa dirimere. 

Dans des éditions subséquentes, cette dernière phrase a 

été remplacée (après la mort de l'auteur) par la suivante, 

qui est le renversement des règles de la critique : 

Et in liac causa multoi'um pielas paucorum doctrinœ ac criticœ 
cedere non débet ■'. 

1 VoGEL, t. I, p. 337. — - Cité par MAURAccr, Blblloth. Mariana, 
appendix (i683), p. aS. Lo schiavo di Maria vergine, du même auteur, 
parut en 1O62 (Melzi, Anon. e pseudon. liai., t. III, p. 37"). 

' Parisiis, 1662-8, 7 vol. in-12; Mogunti;o, 16S2, iiifolio; clc. ; Makto- 
iiELLi, t. I, p. 56o ; Trombelli, t. VI, pp. ai 5, 255 6, 2S7, 290, 3i5. 



3fj8 NOTRE-DAM^ DE LORETTË 

La marquise Vîtioda Pepoli donna, en i66/i, un calice 
d'argent, au bas duquel est représeatée la crèche ^ 

ÎNicole de Bualion, La s^" chapelle de Laueelte ov l'histoire 
admirable, très exacte et très aalorisée de ce sacré sanctuaire^. 

Yincenzo Nolfi, Délia sanla Casa di Lorelo, poème : 

Di quelle sacre, e vcnerande mura 
Clie lasciar Paleslina, io canto i voli,... 
Prodigio laie ogni prodigiooscuva,... ^ 

Un anneau à sept diamants fut donné, en 1666, par le 
cardinal Altieri (Paluzzo Paluzzi-Albertoni), qui fut gouver- 
neur de Loretle; deux ans après, il y joignit une croix d'or 
émaillée '\ 

A new-yearsgiflfor Papisls, or Ihe legend of Laurello, con- 
taining Ihe slory bow ihe Virgin Mary s Chamber lurti'd into a 
chappel, was carried froin Palestine by Angels and fixt al the 
village of Laurello, etc.; London, 1667, in-folio. 

Les partisans de la translation triomphent de pouvoir 
compter parmi leurs délenseurs autorisés les anciens BoUan- 
distes, Henschen et Papenbroeck. Voici, en effet, ce qu'ils 
ont dit dans leur article sur l'Annonciation de Marie et 
rincarnation du Fils de Dieu, après avoir cité les textes de 
saint Jérôme (= Bède) et d'Adrichem : 

Alii alias causas adferunt deslruclionis eximij terapli Annunlia- 
UonisetTranslalionis sacra3 œdis Nazarenoi ad partes Chrislianorum, 
quee primùm, ut diclum est, in Dalmatiâ circa oppidum Fiumen 
conslitit, ac tandem in agrum Picenum delata est, ubi Lauretana 
urbs lîunc Ihesaurum possidet, et lemplum exhibet è quadrato 
saxo, excelsis fornicibus et thôlo laminis plumbeis contecto, ac, 
duodenis cobimnis grandioribus augustum : in hoc templo sacra- 
tissimae Virginis sanclurn domicilium visitur, inquo Deipara Virgo 
ab angelo Gabriele salutata, et à Spiritu sancto adumbrata, œler- 
num Yerbum ac Filium Deilncarnatum in utero concepit. Trans- 
latas hujus aediculai Marianse dies x Deccmbris sacer est, quando 

1 Munm, p. 201. 

2 Paris, i665, in-Sfdei f.-8 p.-i4 f.-i58 p., fig., plan. 

3 Vienna, 1666; Trombelu, t. VI, p. 261. 
* MuRRi, pp. 190, 181. 



ÉTUDE HiStOn. SUR LA. S. CASA ^qç) 

ipsi coram ibidem in altari eius intimo sacrificium Missai Deo obtu- 
limiis anno MDGLX. et omiiia niagnâ aninii nostri laetitiâ speclavi- 
mus... 1 

Peu avant la mort de Clément IX, la S. Congrégation des 
Rites fut appelée à délibérer sur l'insertion de la fête de la 
translation de la s" maison de Lorette dans le Morlyrologium 
Roinanum ; elle se prononça pour raffirmalive, le 3i aoîit 
1669 ; on y lit, en conséquence : 

IV idus decembris. Laureli in Piceno, Translalio sacrœ Domus 
Dei Gcnitricis Mariœ, in qua Verbum caro factum est"-. 

Clément X promulgua cette décision, Tannée suivante, 
« pro appositione miraculosas Translationis in Martyro- 
logio Romano ad formam decreti Sacrœ Congregationis 
Rituum ». 

En 1670, parut la première édition d'un livre fameux, qui 
donna lieu à de grandes controverses en Sorbonne et aux 
congrégations romaines, la Mystica Cludail de Dios ou IJislo- 
ria divina y Vida de la Virijen Madré de Dios Maria sanlisima, 
de Marie d'Agreda, franciscaine espagnole, morte en i665 ; 
on y lit sur notre sujet : 

De aqui resulto que los sanctos Angeles trasladassen tanlas vezes 
la vénérable y sanla Casa de Loreto, por que el mismo dragon que 
persegula a esta divina Sefiora ténia ya reducidoslos animos de los 
vnovadoies de la tierra paraque estinguiessen y arruinassen aquel 

1 Acta sanclor. Bollaisd., iGGS, mart. t. III, p. â3g, S iv, no 18 ; Bene- 
DiGTUS XIV, De festis B. M. V., cap. xvi, § 5 ; Trombelli, t. VI, p. 254-5 ; 
Muuiu, p. 56. 

2 Mahtouelu, t. I, pref. p. 10 ; t. Itl, p. i55 (il cite : Particula Voti 
R. P. D. de Rubeis, advocali fiscalis el promotoris fidei, super concessione 
appositionis hujusinodifesti Marlyrologio,que je n'ai pu malticureusement 
rencontrer) ; Benedictus XIV, De seruor. Dei beatific. et canoniz., lib. IV, 
pars II, cap. x, s i5; De festis B. M. V., cap. xvi, § i ; Muaui, p. i/ji. Ce 
dernier ajoute Irioraplialement : « E non è egli qucsto un Teslimonio 
capace per se solo a chiudere le labbra a qualunque libcrlino Pensalore, 
c a far fede délia incontrastabile Idcntità di quel vencrabilc Albcrgo ? » On 
verra plus loin qu'il n'est pas dans les intentions de Rome de trancher 
les questions d'historicité par voie de décrets litui-giques. 



4oo NÔTnÉ-l^AMË DE LOftETTË 

sag'radn oratorio, que avia sidolaofficina donde se obrô el altisslmo 
misterio de la Incarnacion i. 

Richard Lassels, The voyage of Ilaly..."^. 

Voyage d'ïkiUe..., traduit de Tanglois : 

Depuis que la chambre de la Vierge, dans laquelle le mystère 
de l'Incarnation luy fut annoncé, y fut miraculeusement transfé- 
rée par les Anges ; on y a bâti une ville. Gela arriva environ l'an 
1294... Pour prouver la question de fait, nous avons les anciennes 
Traditions, et les Dépositions de la créance universelle de tous les 
Princes Catholiques de l'Europe, qui y envoient tous les jours de 
riches presens. Outre cela les pierres iTiesme dont les murailles 
sont faites, à qui il ne s'en trouve point de semblables en pas une 
maison de cette Province... 3. 

D'après une lettre envoyée, en 1671, à Papenbroeck par 
son confrère Christ. Grini, on conservait alors à Loretle et 
on y honorait sous le rite double le chef de saint Géréon ou 
plutôt d'un de ses compagnons '\ 

Le successeur d'Olier à la supériorité de la société des 
prêtres de Saint-Sulpice, de Bretonvilliers, fit, cette année, 
le pèlerinage de Lorette, qu'il appelait le paradis terrestre ; 
il y laissa une médaille d'or du poids de dix louis, sur 
laquelle était gravée l'image du séminaire de Saint-Sulpice^. 

Un espagnol, François Pagani, donne, en 1671, une 
tablette d'argent, sur laquelle est un char, traîné par deux 
chevaux, portant en triomphe l'image de la Religion '''. 

AiNDREA DEL Castro Reale, Garni, rif.. Sacra novena pro- 
blemalica deW incarnatione , cont. Trilogio in Iode délia S. Casa 
di Lorello; Napoli, 1672, in-/i"de 334 p., fig. 

1 Madrid, 1670, 3 vol. in-folio; etc.; ibid., 1701, 3 vol. gr. in-4o, 
par. 11, lib. III, cap. xvi, n. 210; Martorelu, t. II, p. 409-10. La première 
iraduclion française, par Ttiom. Guoset, parut à Marseille, iGyS-G, 3 vol. 
in-8°; la 2" édit. est de Brusselle, 1715, 3 vol. in-Zi" ; Paris, 1807, in-80, 
t. III, p. II. Cf. RéperL, c. 3o53. 

- Paris, 1670, 2 part, in-12, lie part., p. 322-5o. 

3 Paris, 1671, 2 vol. in-12, t. II, p. 217-35. 

^ Ada sanclor. Boixaîsd., 178G, octob. t. V, p. 67'. 

" Gaillau, p. 149-55 (d'après le Mémoire de Bourbon sur de Breton- 
villiers). — 6 MuRRi, p. 179. 



ÉTUDE 'mSTOU. SUtl L\ S. CâS\ /joi 

Baldass. Bartolf, Le glorie inaeslose del sanlmvio' di Lorelo, 
œ i lesori celesli e veiierali di Terra Sanla, divis' in dve libri, 
opéra nvova K 

Laur. van Dript, Virr/o Laarelana ; Nouhusii, 1673, in-8^ 

Louis MoREiu, Le grand Diclionnaire his torique ; 

.... Mais I0.S objcclions sonl plus fortes que les réponses -. 

Natalis Alexanoer, IJislorla ecclesiastica Veleris Noviqae 

Tesiamenli ab . c . ad a... 1660 : 

.S.DeiparœVirginis/EdicnlaJn qua Filium Dei de Spiritu Sanclo, 
Angelo nunciante concepit, e Dalmnlia in Piccnum miraculo delaln, 
in Uecinctensis agri Sylva piœ Malronœ, cui Lauretai nomen, 
propria consedlt. Inde Laurelana; Donius 15. Yirginis appellalio, 
quani el in ipso Piceno ter sedcm infra annurn mutasse repctito 
miraculo, memoriaj proditum est. Qua de re legendus lloratius 
Turselinus S. J. striplor elegans, in Hisloria Laurelana'''. 

La première et la seplième années de son pontificat (1676 
et 1682), Innocent XI fit placer sur des Agnus Dei l'image de 
la s. Casa, aA^ec ces mots : Sancta Maria Lavretana, ora pro 
NOBIS '^ 

Alph. CiACcoî<ius, Viiae el res geslae ponUficnm Bomano- 
rum el S. R. E. cardinalium '' : se conforme à la lésende. 



■'»'■ 



' Macerata, 1673, 2 part. pcl. in-S°, 4 f.-i3G el 102 p., pi. ; Jcsi, 1O76, 
in-8°; opéra ampliala e /iHoyfonen/e data/iiori, Mnccrala, 1677,10-8"; ibid., 
1C81 ; ibid., i685, pot. in-S"cic 128 p., grav. ; ibid.. 1(189-90,11-1-80 ; ibid., 
i69o-ijpct.iii-8"dc/if.-iaop. ; ibid., 1 696, in-8°; ibid., lOgS; ibid., 1700, in-S"; 
ibid., 1706,10-8°; ibid., r7i5,in-8" ; ibid., 1725,10-81 de 119 p. ; ibid., 1783, 
pet. in-8° de 4 f.-i27 p., fig-. ; ibid., 1747, in-S-de 4 f.-i34 p. ; ibid., 1753, 
pet. io-8' de 4 f.-i34 p., fig. ; ibid., 1707, pet. in-S" de 4 f.-iaS p. De 
sancluario Laurelano alinœ Virginis Doino, relatio italico édita idiomale et 
in latinum conversa ; Macerata", 1G75. 

2 Lyon, 1674, in-fol. ; 1704, t. IV, p. 027 ; nouv. (20e) édit. revue el 
augmentée par Duouet, Paris, l'ôg, t. VI, p, 391-2. Cf. Buunet, t. lll, 
c. 1901. 

3 Parisiis, 1670-89, 36 vol. io-S"; Veoetiis, i778,in-folio, l.VIII, p.32'': cf. 
Réperl., Topo-bibliogr., c. 967 ; Bemîdigtus XIV, De festis B. M. F., cap. 
XVI, S 6 ; TuoMUELLi, t. VI, p. 256. Leopaudi range Noël Alexandre parmi 
les « molli che ne hanno falto cenno a solo fiore di labbra c quasi per 
debilo di convenienza » [Letlera, p. 10). — * Muuni, p. i42. 

« Rom;r, 1677, 4 vol, in-folio, t. II, c. 285 ; t. III, ce, 474", 47^-6. 



N.-D. DE LORETTE 



26 



/t02 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Le comte Pilza donna, en 1677, une grosse topaze montée 
en or *. 

Chérubin de Sainte-Marie Ruppé, Maison de la s° Vierge, dans 
laquelle Dieus'eslfail homme, enlevée de Nazareili par les anges 
el après plusieurs muialions Iransporlée à Lorelie ; Lyon, 1680. 

Marie-Gasimire, femme de Jean Sobieski, roi de Pologne, 
témoigna sa piété par l'offrande d'un bel ostensoir en A'er- 
meil, en 1682 '^. 

L'année suivante, le roi Jean vint au secours de l'empe- 
reur Léopold, assiégé dans Vienne par les Turcs, et fit lever 
le siège le 12 septembre. Au milieu des décombres on aurait 
découvert une toile peinte, représentant la Madone de 
Lorette, sur la tête de laquelle deux anges soutenaient une 
couronne, avec cette épigraphe à droite : In hac imagine Ma- 
rine Victor ero Joannes ; et à gauche cette autre : In hac imagine 
Marise vinces Joannes. Jean y vit l'indice de la protection 
de Marie et s'empressa d'envoyer à Lorette le principal éten- 
dard pris sur les Turcs; on le suspendit au mur de la cha- 
pelle, avec cette inscription : 

Deiparœ Laurelanaî, cujus inter veteris œdificii ruinas reperta 
imagine victorias ominante opem imploravit et prœsentissimam 
sensit, Joannes III. Polonias re\ Turcis ad Parckanum memorabili 
clade csesis, pi-œcipuum vexillum ab iisdem raptum, devoli giatiquc 
animi monumenluni misit, Innoc. XI. P. M. l'œderaLofuin in Tur- 
cas Christianorum arma quai lecililer junxerat, anno pont. vni. 
felicius promovente ^. 

Il y demeura jusqu'en 1798 : un général polonais le 
reporta dans sa patrie. Quant à la peinture, Marie-Gasimire 
en donna une copie au sanctuaire ; à la mort de cette reine 
(1716), elle passa au princede Pologne,Jacques Louis Sobieski. 

H. Vincent grava à Rome, en i683, La sancla Casa di Lorelo, 
k planches représentant les quatre côtés du sanctuaire, avec 
leurs peintures et sculptures, texte latin et italien ; in-folio 
oblong. 

1 MuRui, p. 184. -^ - MUURI, p. 191. 

3 Martorelli, t. Il, p. i34-6; MuRRi,p. 1 5,1-5 ; Gaillau, pp. 227-9, ^Ti- 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA /io;V 

Michèle Benvenga, La sanla Casa in. Ilalia, ovéro l'infedellà 
eslinla, poerna eroico cou Vallegorie deW islesso el argoinenli di 
A. Samimati ; Venolia, i6S3, in-4", porl., fig. 

Mabillon et son confrère Germain consacrèrent deux jours 
(6 et 7 juin) à Lorelle, durant leur voyage littéraire en Ita- 
lie, en,r685. Je crois devoir reproduire tout ce qu'ils ont 
écrit sur le sanctuaire, pour bien montrer qu'il n'y a pas un 
mot laissant soupçonner leur croyance à la légende de la 
translation : 

In pervigilio I^enlecostes, et ipso die fcsto in cède Lauretana 
sacrum fccimus : quo innumera. uti semper mos est, peregrinan- 
lium turba conlluxerat. De tam colebri ac religioso templo T.urso- 
linus et alii scripserunt. Qua parle prinium sacra aîdes spectari ab 
adventantibus potest, exstat oralorium, ubi peregrini in lerram 
procumbenles beatissimam Virginem sakitant. /Edicula sacra qua- 
drangula ex lapidibus coclis, intra ecclesiam cathedralem sœpto 
inarmorco inclusa est. Slaluae decem Proptietarum, et ivupressaj 
niarmori cœlaluras, Sansovini arLem comme.ndant. Tribus porlis in 
œdiculam adilus patet. Ejusparteni supcriorem ab inferiori dirimit 
craies ex ferro deauialo. In superiori Deiparaî eiligies ex ca^dro 
babetur : in inferiori unicum altare. Ibi decem lampades aurea;, 
totidem argenleac ; variaque dona prelii immensi. In bis excellit 
donum felicis memoriœ Annœ Âustriacœ, Ludovici M. altnœ paren- 
lis, Angeli scilicet ex argenté statua, pusionem ex auro solide 
gerentis et ofTerenlis. In sacrario alla dona infinita, quibus accen- 
sclur castelli Yicenaruni argentea icon ex munere Henrici Borbonii 
principisGondœi, in memoriam sua3 exillius castelli custodia educ- 
tionis. Alia persequi festinantibus non vacat '. 

Cette année, dons : d'un grand cœur d'or ouvert, par 
Maximilien Philippe, électeur de Bavière; — d'une jambe 
d'or, avec une rosette d'argent sur le tibia, par le général 
marquis Susa, de Turin "^. 

Vers le même temps fut imprimée à « Augspurg » une gra- 
vure in-folio, 5. Maria Laurela ; en haut, la Vierge avec l'en- 
fant Jésus; au-dessous, la croix de saint Benoît ; à l'entour, 
5i emblèmes des Litanies de Lorette avec texte allemand. 

1 Itev Italicum literarium, ann. 1685-6; Parisiis, 1687,111-/1°, fig., p. 43. 
^ MuuRi, pp. 186, 19G. 



4o/» notre-damè de lorette 

En 1686, dons de M^'Ferretti.de Charles Morelli et Made- 
leine Caraffa, de Naples, de Dominique Garaffa, duc de Mafca- 
lona, de Naples, du cardinal Savo Mellini, romain, et de la 
comtesse Susanne Polisena Martinicz, née coiTilesse Dietrich- 
stein, de Prague K 

Les dons affluent aussi en 1687 : du marquis Charles- 
Antoine Visconti, de Milan, colonel de S. M. G. ; de (Jean 
Stanislas Sbazki), évêque de Premysl en Pologne ^; de Jean 
Mainardi, de Ferdinand Gaelani, de Palerme, d'Ange Sali- 
coli, de Bologne, de Marianne Lanzcorognasca, polonaise, 
et de Baldassar Mendozza, espagnol 'K 

Baldass. Bartoli, La SS. Casa di Nazarel per disposizioiic 
dlv'uia dagli Angeli Irapassando la Siria, Macedoiiia, Albania, 
Dalmalla fa Ivaspoviata a Tersallo neWlslrla e di là a Loretlo : 
Macerata, 1688, in-8''. 

Gins. M. FoRNAui, /1/mo memovah'dc de Carmelilani ''. 

Maxim. Misson, Nouveau voyage en Italie JaU en i688 : 

La maison qu'on appelle ici... Sacrosaida Casa, est la même, 
dit-on, dans laquelle la Vierge Marie est née, oîi elle a été fiancée 
et mariée avec Joseph, où s'est faite l'Annonciation de l'Ange, et 
l'Incarnation du Fils de Dieu.... Cette maison étant à Nazareth, les 
Anges la transportèrent, dit-on, en Dalmatie, et la ijoserent sur une 
petite montagne appellée Tersatto, le dixième de May de l'an- 
née 1291 

On veut faire accroire, à ceux môme qui sont sur les lieux, que 
cette Maison est bâtie de certaines pierres inconnues, pour persua- 
der d'autant mieux qu'elle vient de loin : mais cola n'est bon a dire 
qu'à des aveugles volontaires. J'ai examiné la chose par deux fois 
de fort près, et avec assez de loisir. Il est vrai qu'il y a eu de l'alTec- 
tation dans le choix des briques, qui sont de manière différente, et 
d'inégale grandeur. Cependant il n'en est pas moins certain, et 
j'ai très-distinctement vil, que ces murailles sont pourtant de bri- 
que, véritablement brique, et de quelques pierres plates grises ou 

.1 MuRRi, pp., 170, 17C, 180, 181, 188. 

2 II y avait alors deux évoques (non archevêques, comme dit Mui\ui) 
de Premysl : l'un du rit lalin, l'autre du rit grec uni. 

3 MuRRi, pp. 172, 175, 191, 195, 200. 

* Milano, [688-90, 2 vol. in-folio, t. II, p. 91. Cf. Réperl , Topo, c. 586. 



ÉTUDE HISTOR. SUR Là S. G\SA 4o5 

Foussâtres, et communes par tout. Tout cela est bâti à chaux et à 
sable, comme nos maisons ofclinaires, mais les pièces en sont mal 
jointes et mal arrangées, ce qui peut faire conjecturer, avec assez 
de raison, que cet ouvrage a été maçonné fort à la hâte. ...Ce 
fut sous le pontificat de Boniface Vlll. que ce prétendu miracle 
arriva... ^. 

En 1688, le cardinal Antoine Pignatelli reçut la barrette à 
Lorette '^ et fit rolï'rande d'une croix pectorale en or ; on sait 
qu'il devint pape sons le nom d'Innocent XII, Il y eut, en 
outre, des dons de la part du prince allemand Dietrichslein, 
de Françoise Paravicini, de Milan, et du marquis Vaini 
Patrilio, romain -K 

Franc, de Florencia, La casa peregviiia, hisioriade Nues- 
Ira Seîiora de Lorelo : Megico, 1689, in-4". 

En 1689, dons du marquis Patrizi Gorsini et du comte 
Marine Ondedei, de Pesaro '^ 

Vers 1690, J. Steudner imprima à « Augspurg » une gravure 
sur bois de la Vierge de Lorette, format pet. in-folio. 

Cette année encore, dons d'une dameLandi, de Venise, et 
de Priore Vaini, de Rome ^. 

En 1691, don d'un anneau avec diamant, par Joseph Van- 
nini, de Vérone. — L'année suivante, autre par Inno- 
cent XII. — En 169/b autre de l'abbé Raffaelli, chanoine de 
Cingoli ". 

Claude Johdan, Volages historiques de l'Europe : 

Lorette... ; cette Ville est célèbre depuis quelques siècles, parce 
qu'elle est la dépositaire de la Chambre où la Sainte Vierge conçût 
le Verbe Divin. Cette Chambre peut avoir quatre toises de long, 
deux de large et autant de haut : elle est bâtie d'une pierre rou- 
geâtre, à peuprés semblable à la brique, mais beaucoup plus grosse 

1 La Haye, 1691, 2 voL in-i2 ; ibid., 1G9/1, 3 voL in-i2 ; Amsterdam- 
Pans, 17/13, 4 voL in-12, t. 11, p. 2k-hk, k pL ; 4" cdit., t. II, p. 807 ; 
Gaillau, p. 2-47 ■' VuiLLAUME, p. 89. Cf. A. d'ÂNcoAA, op. cit., p. 662-3. 

2 Muiuu aurait-il fait erreur quant au millésime (p. 189), car la créa- 
lion de Pignatelli comme cardinal remonte à i68i ? 

:' Muuiu, pp. 181, 201. — "f Muuai, pp. 172, i83. 
1* Muuiu, pp. io3, 200. - » Mumu, pp. 178, 3o3, t68. 



7(o6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

et plus dure : on y voit une petite cheminée contre une des murail- 
les à côté droit ; une ancienne armoire, où l'on conserve quelque 
plats et écnelles de terre, qui s'y étant trouvez lors de la transla- 
tion de ce bâtiment, font croire que c'est la vaisselle dont la Sainte 
Vierge se servoit : on a depuis quelques années, fait une porte d'ar- 
gent à celte Armoire ; au bout de la Chambre il y a une l'enôtre par 
laquelle l'Ange entra, quand il vint annoncer à cette bien heureuse 
Vierge le misterc de l'Incarnation : on a embeli cotte fenêtre d'un 
ouvrage d'argenterie. On y voit un portrait de Nôtre-Seigneur, et 
celui de sa bienheureuse Mère, qu'on assure estre de la main de 
saint Luc ^ 

Abrégé de lliisloire admirable de Notre-Dame de Lorelle : 
Mons, 169(5, iii-18. 

Respnnsio Danielis Papkbrochii... ari exhibUionem errorum 
per... Sebasl. a S. Paulo... Lovan'd evalgalam aniio iGUS : 

Erat quidem locus ille, in quo annunciante Angelo Dei fdium 
Virgo concepit, parvus et humilis, qualis hodiedum Laureti con- 
spicitur, illuc translata œdicuia ab Angelis. Sed quis banc totani 
Josephi domuni fuisse dixerit, in qua et suam ille olficinam habue- 
rit, et cubiculum a Virginis ancillukeque cubiculis diversum, et 
culinam et cetera necessaria omnia ? -. 

Ainsi les anciens Bollandistes se sont prononcés deux 
fois (voir à i668j en faveur de la translation, mais il est 
facile de constater que ni la première ni la seconde ils ne se 
sont livrés à son sujet aux recherches critiques qui auraient 
été conformes au plan de leur recueil : ils s'en sont tenus à 
la tradition, qui corarnenoait à se fixer dans la liturgie de 
l'Eglise. 

Gesare Renzoli, La saiila Casa illaslrala e dlfesa''\ 
Translation de la s" maison de Lorelle; Bruxelles, 1697. 

1 Paris, 1690, pet. in-8o, t III, p. 192-4. 

2 Antvcrpise, 1696-7, 2 vol. in-4°, t. II, art. xxv, s vu, n. 116; Acla 
sandorum BoUandlana apologeUcis Ubr is... vindicata, ibiû., 1755, in-fol., 
p. 08g ; Benedictus XIV, Beatifw. et canoniz., lib. IV, part. II, cap. x, § 20 ; 

TUOMBELLI, t. VI, p. 255, 

' Maccrata, 1697, pet. in-12 de 128 p. (Midi. Ang. Silvestiu, sous le 
nom duquel l'ouvrage a été cité, n'en fut quo rimprimeur). Reproduit 
par jMauïouelli,. t, II, p. oi5-64. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 407 

Cette année,' le cardinal Jean-François Albani, qui devint 
ensuite le pape Clément XI, fit don d'une grande croix, avec 
emblèmes tirés des deux Testaments, ciselés en bas-relief*. 

Les dissentiments intérieurs ne cessant de renaître dans 
l'administration du sanctuaire, InnocentXlI profita de la mort 
du protecteur, le cardinal Paluzzo Altieri, pour réserve!: 
désormais au pape la direction des affaires du pèlerinage. 
Par sa bulle du 5 août 1698, il institua une congrégation de 
quatre cardinaux, dite Laurelana, qui rempliraient les fonc- 
tions de protecteur : le cardinal secrétaire d'Etat pro tempore 
en serait le président : elle aurait sous sa dépendance un 
gouverneur ou préfet, chargé du temporel. Inutile de repro- 
duire le texte de cette bulle "^ ; en voici le début : 

Sacrosancta Redemptionishuraana; mysteria....Sanccum sacrum 
illud Cubiculum, seu s. Domus Lauretana nuncupata, ubi primum 
gloriosissima Dei genitnx ac semper virgo Maria, quasi aurora con- 
surgens, prœclara nativilate sua gaudium annunclavit universo 
mundo, ac ubi unigenitum Dei Filium Sancti Spirilus obumbra- 
lionc concepit, insigni miraculo ac angelorum ministerio, ad Piceni 
nostri provinciam transportatum, universus chrisUanus orbis, velut 
primum tabeinacnlum Dei cum bominibus jam a pluribus sa3culis 
veneretur in terris, et omnipotens de cœlis Deus assidua miraculo- 
rum frequenlia illustrare non cesset '^. 

Bernard, de Montf.vugon, Dlaviwn Ilalicum... : 

Septima septembris [1698] Ravenna deceditur et postridie Anco- 

nam diverlimus Iiisequenli Lauietam venilur ; ibi fusis ad B. 

Yirginem prccibus, conspectaque ncc sine slupore ecclesia; suppeî- 

leclile atque tbesauro, pevgimus Romani '♦. 

Cette année, Fabrice Paolucci, nonce extraordinaire en 
Pologne, donna une croix pectorale ; il fut créé cardinal en 
décembre ". 

1 MURIII, p. 3o5. 

-' Gard. Impeiuali, [Bulles pour le gouvernement de l'Etat pontifical], 
p. 169 ; Saminoruin Ponlificuin consUlutiones super conlrovcrsis jurisdidio- 
nibus illier episcop uni el gubernatorein La(/re to/ios, Ilomae, i'^^\o ; Magnum 
BiiUarium noinaiiwn, l. IX, p. 470. 

^ M.vivrouELLi, l. II, p. Go-i ; Muiuu, p. i42-3. Voir l'article « Congre- 
gazionc Laurelana » dans Mouom, op. cit., 1842, t. XV^I, p, 237-41. 

^ Parisiis, 1702, in-4", cap. vn, p. 102. — s Muiuu, p. i8j. 



■A6S NOTRE-DAME DE LORETTE 

' L'insertion de la fête de la translation de la s. Casa au 
Martyrologe romain (1669) était un acheminement à celle de 
la légende au Bréviaire. Le xvn" siècle ne devait pas finir 
sans que cette satisfaction fût accordée à la piété catholi- 
que. La question fut de nouveau mise sur le tapis au sein de 
la Congrégation des Rites, à la suite d'une supplique dépo- 
sée, le /| avril 1699, par les cardinaux Obizzo Pallavicini, 
évèque d'Osimo, et Balthasar Cenci, archevêque de Fernio. 
Le promoteur de la foi. Prospar Bottini, archevêque de 
Myre, formula un Volum, dont il faut donner les parties 
saillantes : 

- Ditficultas stare videtur circa moduni, que propriuin et particu- 
lare orTicium cum narrativa miraculostu Translationis fuit compo- 
situin, siquidcm in approbalione similium ofTiciorum polissimè 
considerari deliet, an in cis narrata comprobentur ex aulhenticis 
monumcnlis, ut observât Guyettus in Ileortolog. lib. 3, cap. 3, 
part. li. — Attamen dubium esse non potest, quin veritati consen- 
tanea sint naiiala inhocolïîcio lam circa miiabilem ïranslationem 
hujus sacrai Domus primo in DalmaLiam et deinde in Picenum : 
sicuti etiam, quod hœc fiierit Domus sanclissiraie Virginis, in qua 
fuit ab Angelo salutata et ubi Verbum caro factum est, qiiamvis 
bicc verilas ab baîrelicis impugnetur. — De Translationc siquidem 
miraculosa, ex Angclorum opéra haljemus antiquissimam et con- 
stanlem tradilioneni ex aatiquis Illyricorum et liecinetensium An- 
nalibus, referentibus primum apparitionem ipsius bealissima; Vir- 
ginis in somnis Alexandre sacerdoli statim ac sccuta fuit translalio 
in lllyricinn, et deinde Paulo anacorela) duni in Ilecinetenseni 
agrum fuit Iransvecta,.... 

A ces pièces fausses et sans portée, il ajoute la vérification 
opérée du temps de Clément Vil (i53o) ; il invoque ensuite 
les historiens, dont le plus ancien est Baronius, postérieur 
de trois siècles à l'événement. Il conclut à l'approbation des 
leçons *, à raison précisément de l'opposition que les héré- 
tiques ont fait à la légende : 

' Les mots « lias lectioncs » et plus loin « diclis Icclionibus » sem- 
jDlent bien indiquer que dans le projet en discussion la légende devait 
s'étendre dans les trois leçons du second nocturne. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LÀ. S. CASA /log 

Reflectendum est tanien, ajoule-l-il, an forsan melius sit eà, 
qiia3 in diclis lecliouibus asscrtive ponnntur, aliqiio modo modi- 
licare dicendo, hanc esse anliquam et conslantcm Iraditioncrii plu- 
riiini fide dignorum testimoiiio comprobatam, qiiemadmodum in 
ferè omnibus supradiclis lilteris apostolicis habelur, exccplis solum 
illis Sisti V.... 

En finissant, il s'objecte à hii-méme que la vérification 
opérée sur l'ordre de Clément Vil était bien tardive et la 
concession du premier office (iGSa) aussi; il se tranquillise 
en répondant que de l'apposition de la fête au Martyrologe 
il n'avait pas davantage été question pendant de longs siècles, 
et cependant elle a eu lieu. 11 conclut que la concession, sauf 
la réserve ci-dessus, sera « conformis litteris ferè omnium 
summorum Pontificum qua3 super hacTranslatione extant »'. 
Il ne les avait probablement pas comparées, comme je Tai 
fait dans le deuxième résumé de cette seconde partie. 

La Congrégation approuva, le i6 septembre 1699, l'office 
propre avec la messe, pour la province du Picenum ; ce dé- 
cret lut approuvé par Innocent XII le 10 octobre. Voici les 
textes : 

Gam sacra lliluum congregatio ad Immillimas provincue Picc- 
noj preces, accedenlibiis plis cminenliss. et reverendise. 1)1). Gai- 
dinaliuni Pallavicini, episcopi Auximani, et Cincii arcliiepiscopi 
Firmani cotiimondalionibas siib die [\. aprilis proxime praîlcriti, 
ret'crente, aiino 1699, eminenliss. et reverendlss. D. Cardinali 
Otthobono, OfTicium proprium cum Missa, juxla modum ab emi- 
nenliss. et reverendiss. DD. Cardinabbiis Coloi-cdo et Oltobono 
pi'a^scriljcndum, in die fcslo Tianslationi.'i aima; Domus Bealœ 
Maria} Yirginis rccilandum in tota provincia Piccna bénigne con- 
cesserit, iidcm eminentissimi et reverendissimi Domini, virtule 
facultalum ipsis concessariun ab cadem sacra RLluum Gongre- 
gatione, prœsens OlTicium una cum Missa, eodem modo et forma, 
quo scriptum et exaratum reperitur, praiscripserunt ac in universa 
Picena pro\incia recitari posse censuerunt, si sancUssimo D. N. 
placuerit. Die 16 septerabris 1699. 

Et i'acta per me secretarium sanctissimo domino nostio de prcC- 

1 Mautouelu, t. I, pref. p. 8-1 1 ; Leopaudi, p. igg; 



4io ' NOTRE-DAME DE LORETTE 



dictis relattone, Sanctitas Sua bénigne annuit. Die lo. monsis oclo- 
bris ejusdem anni 1699. 
Alderanus cardinalis Cybo. 

Loco j sigiili. B. I^t.iuuam, sac. Rit. congr. secret. '. 

Dans l'office propre, on maintint au second nocturne un 
sermon de saint Bernard ; et on accorda exactement à la 
légende les trois cinquièmes de la dernière leçon. Bien qu'elle 
n'ait pas varié et qu'elle se trouve dans tous les Bréviaires 
au supplément « pro aliquibus locis », elle ne saurait être 
absente de cette étude : 

■ Ipsius aulem Virginis natalîs Domus, divinis mystcriis conse- 
crala, Angelorum minislerio ab infidelium poteslate in Dalmatiam 
priuH, deinde in agrum Laïuetanum Picenaî provincia? translata 
luit, sedenle sanclo Cœleslino quinte; eamdemque ipsam esse, in 
qua Veibum caro factnm est et babilavit in nobis, tum l'ontiliciis 
diplomatibus, et celeberrima totius orbis vencralionc, tum conti- 
nua miraculorum virtute et cœleslium beneficiorum gratia compro- 
batur. Quibus permotus Innocentivis duodecimus, quo ferventius 
erga Matris amantissimœ cultum lidelium memoria excitaretur, 
ejusdem sanclœ Domus Translationem, anniversaria solemnilate in 
tota Piceni provincia veneratam, missa etiam et ofQcio proprio 
celebrari prœcepit -. 

Une question se pose ici : quelle est la portée de cette con- 
cession P L'Eglise a-t-elle l'intention de s'établir garant de 
l'historicité des faits insérés dans les légendes du Bréviaire 
et de demander un acte de foi à ceux qui les récitent!* Remar- 
quons d'abord que cette concession, spéciale à la Marche 
d'Ancône, n'a pas aux yeux du Saint-Siège d'autre valeur 
que celle des offices particuliers à chaque diocèse : c'est 
une simple permission de réciter, et non pas une décision 
irréformable sur la légende elle-même ; la preuve, c'est que 
Rome approuve parfois des légendes contradictoires. Cette 
approbation a encore moins de valeur que celle des légen- 

1 jMautouelli, t. 11, p. 119 ; t. 111, p. i55. 

2 Martouelli, t. II, pp. 32, /n, (3o ; Benedictus XIV, De feslls B. il/. V., 
cap. XVI, s I. L'office entier se trouve dans Mauïokelli, t. II, p. i2i-34 ; 
Caillau, p 359-84. ' 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA. 4ii 

des du Bréviaire romain, que TEglisc elle-même corrige de 
temps en temps. 

Cette manière d'apprécier la portée des concessions d'of- 
fices nouveaux n'a rien de subjectif. Elle est basée sur deux 
décrets de la S. Congrégation des Rites, qui remontent à 
peine à trente ans et dont Je vais reproduire les parties essen- 
tielles : 

Quamvis memorala apparllio a Sedc Sancta Apostolica appro- 
bata nonsit, aUamen nec fuit ab eadem reprobata vel damnata, 
sed potius permissa tanquam pie credenda Jlde tanlum hiimann, 
juxta piam, uti perhibent, tradilionem eliam idoncis testimoniis 
ac monumentis confirmatam '. 

Ejusmodi apjiaritiones seu revelationes ncqiie approbatas neqnc 
damnatas ab Apostolica Sede fuisse, sed tantum permissas tan- 
quam pie credeadas Jlde solain haïuana, juxta Iraditionem quam 
ferunt, idoncis ctiam testimoniis ac monumentis confirmatam -. 

« La concession d'un office à l'occasion d'une apparition, 
ou d'une révélation, ou d un fait appuyé sur des témoignages 
humains, n'est pas uneapprobalion qui engage l'autorité doc- 
trinale de l'Eglise.... L'Eglise profite d'une pieuse croyance 
pour honorer davantage ou d'une manière spéciale la sainte 
Yierge, mais sans exiger jamais la foi divine au fait de l'ap- 
parition » ^. 

Rien ne peut mieux justifier cette étude hislorique, entre- 
prise uniquement pour apprécier la valeur des « témoignages 
humains » invoqués en faveur de la légende de la transla- 
tion de la S. Casa. On verra plus loin (17/12) que, dans le 
projet de Bréviaire élaboré sous Benoît XIV, la translation 
de Lorette fut éliminée. 

En 169g, des dons furent oiï'ertspar Paule Lercari Spinola, 
de Gênes, par le duc di S. Pietro et par une pieuse milanaise 
(couronne avec image de sainte Rose de Lima) ^. 

1 Décréta authentica Congrcgalioiiis Sacrorum RiUiuin (1900), t. III, p. 48, 
n" 3336 (6 février 1875), ad i. 

i Décréta authentica C. S. R., t. III, p. 79, n" 3419 (12 mai 1877), ad 3. 
3 L'Ami du Clenjé, 1901, t. XXllI. p. 890. — ^ Muuiii, pp. 170, 189, 190. 



.^i'2 NOTRE-DAME DE LORETTE 

• •' Gabriel. Caurocciô, Brève liislorla delV origine e translalione 
délia sacrosanla Casa dl Nazarel per disposilione Diaiiia di 
(kdilea dagli Angeli Irapassandô la Sir la, Macedonia, Albaida, e 
Dalinalia... fà Iraspôrlala à Tersallo neW Islria e di là per 
l'Adrialico... à LoreloK .■ 

Au xvii" siècle se rapporte le Pellegrinaggio délia vener. 
Conipagnia di S Benedetlo biaiico alla S. Casa di Loreio, par 
Yinc. da Fiucaja, public par Morcni à Florence en iSai. 

Lelanias de la Virgen Naeslra SeTiora, sacadas de la Sa- 
grada Escriiura, las quales sueleii caiilarse en la Sanla Casa 
de Loreio; [1700?], 2 f. in-8". 

En 1700, le 1"' avril, Marguerite Alborgbetta Grumellia 
fonda un nouveau canonicat, dont elle confia le patronage 
au gouverneur de la ville et de l'église de Lorette -. 

Celte année, les dons émanèrent de César d'Aulos, 
d'Aquino, et de la comtesse de Lemos, espagnole •*. 

Adrien Baillet, Les Vies des sainls, avec l'hisloire des fêles 
mobiles : 

En Italie rien n'est encore aujourd'huy plus célèbre que le Pèleri- 
nage de Noire Dame de Lorelle, donlla dédicace se l'ait le ix de juin. 
(Vcst un lieu de la Marche d'Ancone..., ainsi appelle du nom d'une 
veuve qui donna les fonds de son beritage l'an 1295 pour celte fon- 
dation. On peut apprendre de la grosse bistoirc que Tursellin en 
a faite, quelle fut l'origine de cet établissement, quels en furent les 
progrès.... ''. 

En 1701, Clément XI prit une décision au sujet de 70.000 
inesses qui étaient restées en soulïranee depuis 1678 ^. 

Paolo Segneiu, l^rediche sopra la sanla Casa''. 

En 1702, don d'une couronne royale, en argent doré, par 
le prince Guidi Yaini, romain^. 

1 Venelia, 1700, pet. in -8° de 120 p., fig. 

2 VOGEL, t. I, p. 087. — ^ Muuiu, pp. 1S2, 206. 

♦ l'aris, 1701, 4 vol. in-fol., 10 vol. in-/i", 17 vol. in-8% au 10 août, S 7, 
n. 37 ; Beinedictus XtV, I. c, S 8 ; Tuomdelli, t. VI, p. 25G. 
ii MouoNi, Dizioii: di erudiz. sior.-eccles., t. XXXIX, p. 25 1°. 
<i T. lit (Mauïouelli, l. m, p. i54). — ■^ Muum, p. i85. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GA:SA k\'à 

Joli. Arent Bellman, Disserlallo de s" casa seu de cidncalo 
Laurelano ; Upsalae, 1708, in-8". 

Franc. Freytag, Vcra defenslo do/niis Laureiaiiaî contra ,loan. 
Gev. Meuschen [en allemand] ; Neuhusii, lyoS, ia-12". 

Johann Gerhard Meuschen, Madonna el Santa Casa dl Lo- 
retta, oder die Liebe Frau und das Ifeil. Ilaus zaLorello, elc.K 

En 1700, dons d'un calice d'argent, par François Toma- 
celli Cibo, génois, et d'un tableau de l'Annonciation, attri- 
bué au Bernin, par Joseph Mazzoli, siennois -. 

Jean Blaeu et Pierre Moutieh, Nouveau théâtre dltalie ou 
description des vitles, patais, églises de cette partie de la terre •*. 

Jul. Ambr. Lucextius, Itatia sacra... reatricta, aucta... ''. 

En 170.'^, dons par la princesse Olimpia Stabil Colonna et 
par Jérôme Artegna y Baza Indiano, espagnol ''. 

Luigi Mautoiielli, Memorie istoriche delta clttà d'Osimo ^. 

En 1705, Marie-Casimire, reine de Pologne, Aânt de nou- 
veau en pèlerinage à Lorette, aves ses fils Jacques, Alexan- 
dre et Constantin ^ 

L'année suivante, ce fut le bienheureux Louis-Marie Gri- 
gnon de Montfort, fondateur des missionnaires du Saint- 
Esprit de Saint-Laurent-sur-Sèvre et de la congrégation des 
sœurs de la Sagesse ^. 

Giov. C1NELL1 Galvoli (ou Golboli), qui mourut à Lorette 
le 18. avril 1706, laissa inédites : Le bellezze délia Jéllcissima 
citlà di Loreto, dove appienojavellasi dette cose, che sono in delta 
Città apparlenenti a pittura, scultura ed architeitura ". 

1 Frankfurt und Leipzig, 1708, in-S" de 79 p., flg. — -' Muuui, p. 204. 

3 Amsterdam, 1704, k voL gr. in-folio, t. II ; La Haye, 173'», 4 v. fol. 

^ Rom.ie, 1704, in-folio, 1. 1, Laurctani episcopi — •> Muiuu, pp. 182, i83. 

« Venezia, 1705, in-4", fig., Ub. Il, cap. ix, p. i34-5. 

■7 Martouellî, t. II, p. 870 (Luc' Ant. Forti). 

8 Pier. Jos. Picot dk Cloiuvikrk, Vie de L. M. Grkjiwn de Montfort, 
missionnaire apostolique, etc. ; Saint-Malo, 1785, in-r2. Vie du vénérable 
serviteur de Dieu L. M. Grignon de Monlforl, missionnaire apostolique el 
insliluteur de la congrégation des missionnaires du Saint Esprit ; Pavis, i83t), 
in-8°, portr. Gaill.\u. p. 168-9. 

'■> Marïorelu, t. IIÏ, p. i52 3 ; et plus haut, p. i4Ci. 



'lU NOtRE-DAMË DE LORETTE 

Guido Grandi, Disserlalioms Cainaldidenses . . . : 
Gum vero et paucis post annis sacrœ Domus in Italiam adventu 
monumenla regionis illius, in qua sfalionem posait, indubitata 
occurrant, et ipso S. Antonino pêne sesquiseculo vetusliora, ad 
quem nemo prudens pertinuisse dlxerit de re tum Yulgalissima 
expœssuin leslimmiiimi suis hisloriis inserere, hinc ternere abuti 
ejus silcntio contradicloi'cs ad Lauretani sacelli veritatem impug- 
nandam manifesliim est *. 

Ud allemand, Vincent, comte de Daûm, vice-roi de Naples, 
déposa avec son épouse un cœur dor du poids de deux 
livres, autour duquel il avait fait graver cette épigraphe : 

AccrPE, Deipaua sejfper virgo, cor iiOMrars in corde aureo, quod 

TIBI IN PIGNUS OFl^EUÏ SERVUS TUUS FIDELIS VlNGENTIUS DaUM, AN?<0 
DOMTNI I 708 2. 

La Congrégation des Rites étendit la concession de l'ofTice 
(16 sept. -10 oct. 1699) au diocèse de Segni et aux Francis- 
cains de Tersatto et de la Carniole par décret du 7 septem- 
bre 1709, approuvé par le pape le 28 du même mois 3. La 
6" leçon fut maintenue, sauf quelques interversions de mots 
et cette addition : 

Quam gratiam Clcmens XI extendit ad convenlum et locum Tei- 
sacti, universamque provinciam Fratrnm Minorum strictions obser- 
vantia3 Sancti Franscici Groalia3 et Carniolite, necnon ad totam 
diœcesim Segniensem, lam pro clero sœculari quam regulari, die 
10 Mail, qua recunit translatio diclaî sanctœ Domus e Nazarelh 
Galilaîae ad prîEdictum locum Tersactanum '*. 

Gabr. d'EniLiANE, Histoire des tromperies des prestres et des 
moines, décrite dans un voyage d'Italie, etc. Le chapitre de cet 
apostat sur Lorelte est à l'avenant du titre ^. 

1 Lucie, 1707, in-/io, diss. m, cap. vni, S 12 ; Benedictus XIV, De fes- 
iis B. M. V., cap. xvi, § 10 ; Thombelli, t. VI, p. 257. Cf. RéperL, Topo- 
bibl., c. 553. 

2 Mahtouelli, t. Il, p. 370 (Foi'li); Gaillau, p. 119-20, qui cite comme 
source le 6° livre ajouté à Torselllni par Zucchi en iGoo ; le chap. xvi, 
réimprimé par Mahtorelu en [782 (t. I, p. 490), mentionne les dons 
faits en 1699. — ^ Martouelli, t. II, p. 130. — ^ Martouelli, t. II, p. 4i. 

" Rotterdam, 1710, 2 vol. in-80. La première édition (1698) est anonyme 
et ne serait que la traduction d'un ouvrage anglais paru à Londres en 1 691. 
Giï. Brunet, Manuel, t. Il, c. 968 ; A. d'ANcoisA, ouvr. cité, p. S99-600. 



ÉTUDE HISTOR SUR LA. S. CAS A lir' 

Georg. Franc. Xaver. de Marotti, Lx'burni Fluminensis, 
Dissertatio hislotnca pro Deipara Tersaclana, qua osleiidilur, 
eam qiiss hocUè Laiirelhi in Piceno coUliir Almnm Domnm Naza- 
relhaiiam Tersacii in Lybuvnia olim subslilisse K 

Diego Galcagni, Meniorie isloriche délia cilla di Recaaali 
nella Marca d'Aacona; Messina, 1711, in-folio de 374 p- 

Y. H. Amat de Guaveson, Traclatus de vila, mysleriis el annis 

Jesii Chrisli ; il qualifie la translation de 

Omnium litteris, et constanti fama comprobatam, summorom 
Pontificum decretis confirmatam, confluenlium populorum numéro 
longe, latecpie celebratam, sanclilale loci, et frecpientia miracnlo- 
rum luce clarius manifestatam '^. 

En 1712, Paul Tlippol. de Beauvilliers, duc de Saint-Âignan, 
donna un grand cœur d'or ; la princesse d'Ucceda, espa- 
gnole, un pélican en pierres précieuses ; et Gharles Marie 
Pianetti, de Jesi, éveque de Larino, un calice d'argent 3. 

L'année suivante, offrandes par la comtesse Félix Giunghi 
Sentinelli, de Pesaro, et par un inconnu espagnol ''. 

Genn. Benoni, La Maesla coronala nella solenne coronazione 
di S. Maria di Loreto délia Giara in Verona ; Padova, 171 4, in- 
fol , 4 grav. 

Sous le pseudonyme de Lamindus Pritanius, le célèbre 
Louis-Antoine MoRATOui publia à Paris, en 171/1 (in-/i''),son De 
ingeaiovLun nioderalione in religionis negotio, iibi quœ Jura, quœ 
frena sinl homini chrisliano in inquirenda et Iradenda verilale 
ostendiliir, etc., plusieurs fois réimprimé en Italie et en Alle- 
magne. Dans le 16" chap. du i" livre, il s'élève contre ceux 
qui sont prêts à verser leur sang pour maintenir des faits 
pieux non contenus dans l'Ecriture : on a cru, non sans 
raison, y voir visée la translation de la s. Casa''. 

1 Romae, 1710, in- 4° de k f.-7a p. -a f. 

2 Romœ, 1711, in-4° de 6o4 p. ; Vcnoliis, 1740, in-4°; ibid., 17G1, 2 vol. 
in-/r, t. I, p. /i5; Benedictus XIV, DefestisB.M. F., cap. xvi, S ro; Thom- 
BKLLi, t. VI, p. 267. 

3 Muiiui, pp. 178, 18.4, 202, — ■* MuKiu, pp. i83, i85. 

s Trombellt, t. VI, pp. 207, 3i5-G ; cf. Mautorelli, t. I, p. Sga. 



4t6 N'otre-mMe de lorette 

Nolizie dclla sanLd Casa délia graii madré d'i Dio, Maria Ver- 
gine, aiôrala a (al. in) Lorelo K 

Yolande-Béatrix, fille de Ferdinand-Marie de Bavière, 
épousa en 1688 Ferdinand III, prince héréditaire de Toscane ; 
elle visita Lorette l'année qui suivit la mort de son mari et 
fît cadeau au sanctuaire de son anneau nuptial : 

Desiderium iiivisendi Laurelanani Virginein, quod Ferdinandus 
ab Hetruria moile pra;ventus implere non poLuit,. Violantes Bealrix 
è Bavaria, uxor, piè absolvit; etqnem ab eo conjugalis fidei anulnm, 
in ejus memoriam hisce jiinctum gemmis, Deiparœ fideliter sacrât, 
rogans, ut quos idem amor sociavcrat in terris, eadem gloria 
œterno beatitudinis vinculo lirmet in cœlis, anno salulis 171/1-. 

Jean-Luc (ou Luc-Antoine) Fouti, jésuite, rédigea sous le 
pontificat de Clément XI (1700-21) une Hisloria almœ domus 
Laurelanœ, conservée dans la bibliothèque du collège Romain 
du temps de Martorelli, qui en donna des extraits •* et la 
table détaillée des chapitres ''. 

En 1715, don par le jésuite Matthias Davia, de Bologne ''. 

Clément XI envoya à Lorette deux des étendards pris sur 
les Turcs à la bataille de PeterAvardein le 5 aoiat 1716 ; bien 
que son majordome Ruffo ait décrit en détail le cérémonial 
de son pèlerinage au sanctuaire, le pape ne semble pas s'y 
être rendu ''. 

Le 23 du même mois, il étendit l'obligation de réciter l'of- 
fice et de célébrer la messe de la translation à tout TÉtat 
ecclésiastique '. 

Lettre autographe signée de dom Augustin Calmet, béné- 
dictin, à M' Fleury, prieur d' Argenté uil : recherches sur la mai- 

1 Padova, 171/i, pot. in-S" de 80 p. ; Ancona, 17/15 ; ibid., 1751, in-8° ; 
jbid., 1755, in-8° ; Lorelo, 17G0, in-4°, fig. 

2 Mautohelli, t. H, p. 370-1 ; Gati.lau, p. ia2-3. 

J T. II. p. 370-3; Muuiu, p. 143. — '' T. m, p. i58-77. 
■' Muiim, p. i85. 

c MuuRi, p. )43; MoiioNi, t. XXXIX, p. aôi-s. 

1 Barlliol. Gayantus, Thésaurus sacroruin riluuin ; Roma?, 173G-8, 4 
vol. in-4°; VeneLiis, iSaS, 5 vol. in-4", t. lit, p. 208'. 



ÉTUDE HISTOU. SUR LA. S. G.\.Sâ. 



/. 



y 



son de Nazarelh Iransporlée par les Anges dans la marche d'An- 
cône ; Moien-MouUer, 20 octobre 1716 ^ 

Dans ses Réflexions sur les règles et sur V usage de la cr'Uique ^, 
le P. Honore de Sainte-Marie « manque quelquefois lui-même 
de critique, quoiqu'il en donne de bonnes règles » : cette 
réflexion est de Feller lui-même (Biographie universelle). Elle 
s'applique surtout à sa thèse sur la maison de F^orette '^ : il 
n'a pas soumis au moindre examen les prétendus témoigna- 
ges sur lesquels il appuie principalement sa démonstration 
de l'authenticité de la translation. Faut-il chercher la raison 
de son optimisme dans sa qualité de carme? 

Coronelli (j l'j \8) , Sacro pellegrinaggio ai sanluarj di Lorelo, 
Assisied allri, che s'incoidrann nel loro viaggio, de qualileggonsi 
l'origine, la slngolarilà ec. (Descrizione délia cilta e s. casa di 
Loreto) ; in-8", plan. 

Petrus Fraîscetich, Tersactum eoronala Deipara Virgine in- 
signé ; Venefciis, 1718. in-4". 

Par décrets de la Congrégation des Rites, roïïice de la 
translation fut étendu à la province de Dalmatle ou Carniole, 
en 17 19 et, le i3 (ou 19) mai, à toute la Toscane ''. 

En 1720, dons du cardinal Louis Pic de la Mirandole, évo- 
que de Sinigaglia, de la marquise Goscoquela, aragonaise, 
et du prince Joseph landgrave de Hessc-Darmsladt ■'. 

Cette année parut la première édition du Diclionnaire his- 
lorique, crilique, chronologique, géographique et lilléralde la Bi- 

1 Vente de la coUecUon d'autographes du marquis de Ghâteaugiron, 
■Jo octobre 1851, W 389. .Te n'ai pu découvrir quel en a été l'acquéreur. 
Voir à l'année 172a. 

- Touchant l'histoire de l'Eglise, les ouvrages des Pères, les actes des 
anciens martyrs, les vies des saints, etc., avec des notes historiques, chrono- 
logiques et critiques ; Paris, 1713-7-^3, 3 vol. in-/|°. Traduction latine, 
Animadversiones in régulas et uswn crilices... ; Venetiis, 1788-9, 3 vol. 
in-/j°; etc. 

« T. Il, liv. m, dissert, i, article 11, p. 209 (traduct., p. 273-81). 

-f Mabtouklu, t. Il, p. 120 ; t. III, p. i55 ; Benedictus XIV, De feslis. 
B. M. V., cap. XVI, S I- 

5 Muuui, pp. 190 (en 1G20!), 200, 207. 

N.-D. DE LORETTE 2"/ 



/,(S NOTUE-DAME DE LORETTE 

Me, par dom Calmet. Au mot « Nazareth » , après avoir résumé 

ce que nous apprennent de la maison de rincarnation les 

voyageurs des douze premiers siècles, il poursuit : 

: Tout ce que l'on vient de dire rend fort suspecte la fameuse 
Translation de la maison de la sainte Vierge, que l'on prétend avoir 
été faite en 1291, de la ville de Nazaretli, par le ministère des 
Anges {Histoire duV. Turselin), dans la Dalraatie; d'où ensuite elle 
fut transportée quatre ans après, au-delà du golplie de Venise, dans 
lé diocèse de llécanati, en la Marclie d'x\ncone.... Il y a beaucoup, 
d'apparence que toutes ces difl'erentes' translations ne sont autres 
que des bâtimens que l'on a construits sur la forme de l'église de 
Nazareth ; de même qu'en plusieurs endroits on a bâtis des sépulcres 
sur le modèle de celui de Jérnsalem ^. 

Ce que J. D. Mansi, son traducteur latin, rendit ainsi : 

Quaî recensuinius ambiguam sanc reddunt Translationem Domus 
SS. Virginis, quœ Angolorum opéra ab urbc Nazareth in Dahnatiam 
anno 1291. transmigrasse (vide Hisior. Laurel. P. Turaellini) a plu- 
ribus creditur, liinc deinde quatuor post annis trans Adriaticum 
sinum, in Marchiam Anconitanam in Recineli diœcesi translata... 
Valdb verisimile est, bas omnes diversas Iranslaliones diversas tan- 
tu m fuisse ccclesias in ecclesia; Nazareth formam tedificatas, uti et 
pluribus in locis sepulcra Sepulcrum Hierosolymilanum imitantia 
reperiuntur -. 

Ce passage provoqua des protestations : a publicus erudi- 
torum piorumque omnium clamor, qui Religioni suae aliquid 
ea in re detraclum dolent ». Le général de la congrégation 
des clercs de la Mère de Dieu, à laquelle Mansi appartenait, 
lui demanda une rectification. Celui-ci s'autorisa de la per- 
mission que Galmet lui avait donnée de corriger son livre, 
pour ranger cette assertion parmi celles « qua3 auctori scri 
benti excidissent, et etiam in summa latine vertendi festina- 

» Paris, 1720, 2 vol. in-folio, avec supplément, ibid., 1728, 2 vol. in- 
folio, grav. ; ibid., 1730, l\ vol. in-folio, 201 planclieset cartes (t. III, p. 22, 
3 pi.) ; Genève, 1780, [\ vol. in-folio ; Toulouse, 1783, G vol. in-80 ; t\' édit. 
rev., corr.j compl. et actual. par A. F. .Iames {Encyclop. ihéolog. de Migne), 
Paris. iS4G, 4 vol. in-h" (t. IIl, c.OGo); Tromhelu, t. VI, pp. 207-8, 3i5. 

- Lucœ, 1725 3i, /j vol. in-folio (t. H, p. 48); Venetiis, 17^7, 2 vol. in- 
folio ; -Maktoublli, l. I, p. ogS. 



ETUDE HTSTOR. SUR LA. S. CASl /nçi 

lione rugissent » ^ Le passage incriminé disparut simple- 
ment dans l'édition suivante -. Il ne paraît pas que Calmet 
ait ni approuvé — quoiqu'on l'ait dit — ni improuvé ce 
changement : c'était un pacifique, d'une immense érudition 
pour son temps. 

En 1721, oflrandes par une princesse de Modène et par le 
comte Silvestre Spada, de Terni ■'. 

En 1722, dons des princes d'Avellino et Sansuero, napo- 
litains '\ 

Das schôn loanderbragenlc Tersacl, so von dessen 2 Kronen 
Jesu Maviae scheinel..,; Wien, 1723. 

En 1725, le cardinal Pierre Ottoboni donna le marteau 
d'argent qui lui avait servi à ouvrir la porte de la basilique 
de Sainte-Marie-Majeure ; et le cardinal comte d'AIthann, 
vice-roi de Naples, une croix pectorale ''. 

A la demande de l'archevêque de Zara et de ses suflVagants, 
transmise par la congrégation de la Propagande, celle des 
Rites étendit à toute la province de Dalmatie la concession 
de l'office de la translation, le 10 mars 1725, ce que le pape 
ratifia le 26 du même mois ''. 

Ce même office fut rendu obligatoire à Rome et dans tous 
les états du Saint-Siège par Renoît XIII, le 28 août suivant "' . 

La princesse Marguerite Pio, de Savoie, fit un double ca- 
deau (camée et collier) en 1726 ^. 

Le 17 novembre 1727, mourut à Rome un oratorien de 
Lisbonne, Jean de Guarda, qui s'était rendu à Lorette pour 
obtenir la guérison de Pierre II roi de Portugal (7- 1706), 

' MAnTORELLI, t. I, p. 591-2. 

2 Vcneliis, 1734, 3 vol. in-folio ; de. Sur les traductions allemande, 
anglaises et hollandaise, voir le Trésor de Ghaesse, t. Il, p. 20, et le 
Manuel do Lowndes, p. 3.^0°. Cf. t^Eis, p. i5o-i. 

3 Munni, pp. 186, 195. — "> Muiuu, pp. 176, 19S. — s MuRUi, p. 180. 
« MAiîTOiiErxi, t. Il, p. 120. 

^ Mautorelli, t. Il, p. 120 ; t. Ill, p. i55 ; Barlh. Gavantls, Thésaurus 
ss. RUuum,c. addition. G. M. Mer.\ti, Veneliis, 1769, in-fol.,t. II, p. 20G-7. 
8 MuKui, pp. 184, 1S9, 



^26 NOTRE-DAME DE LOUETTG 

ainsi ciue le rapporte son épitaphe ù Saint-Jérôme de la Cha- 
rité K 

Benoît Xill éleva le sanctuaire de Lorette à la dignité de 
basilique, le 8 mai 1728 -. 

Il ratifia, le 7 juillet suivant, le décret de la congrégation 
des Rites (du 3) étendant la concession de l'office de la trans- 
lation à tous les domaines de la sérénissime république de 
Venise ■'. 

Piet. Paolo Raffaeli, NoLizie délia s" casa di Maria- Vergine 
veneraiam Lorelo, con l'aggiunia de' preziosl dont J'alli alla s^ 
cappella... ; Ancona, 1729. Cf. Lucim, 17 64. 

Le duc de Parme, François Farnèse, et son épouse Doro- 
thée-Sophie, fille de Philippe-Guillaume de Neubourg, élec- 
teur palatin, donnèrent, en 172g, deux superbes ostensoirs, 
avec les plans de Parme et de Plaisance sur l'un d'eux ^. 

Le 10 novembre, sur la demande du roi d'Espagne, pré- 
sentée par le cardinal Corneille Bentivoglio, son ministre en 
cour de Rome, Benoît XIII étendit l'office de la transla- 
tion à tous les royaumes et domaines de S. M. Catholique^. 

Georges Histéus, Défense de la sainle maison conlrc les 
attaques des hérétiques. 

VoLTAiHi!:, La Pucelle d'Orléans (commencé en 1730). note : 

C'est dans la Marche d'Ancunc qu'est la maison de la Vierge, 
apportée de Nazareth par les anges; ils la mirent d'abord en dépôt 
en Dalmatic pendant trois ans et sept mois, et ensuite la posèrent 
près de Ricanati... Les anges s'arrcMèrent enfui à Lorette, eux et la 
maison, après avoir essayé de plusieurs autres pays qui ne plurent 
point à la sainte Vierge.... <■'. 

Clarus Pasconi, Triamphus coronalae rcginae Tcrsaclensis, 
signis prodigiis ubique nitentis...; Venetiis, 1731, ui-l[". 

1 Maktorelli, t. If, p. 93 ; Can^lau, p. lôy-S. 

-' VoGEL, t. [, p. 333. — 3 Mautorelli, t. Il', p. 120. 

"i MuRiu, pp. 176, 199 (il doit y avoir erreur dans la date, bien que 
deux fois répétée, car François mourut et eut pour successeur Antoine 
en 1727J. — = Mahtouelli, t. 11, p. 120-1. 

« OËiwres complétas dey of.Txuxu, Kchl, 17S5, t. XI, p. 16S 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. GàSA /jai 

Don, cette année, de- deux cœurs d'or (avec inscriptions 
allemandes) par la comtesse Eléonore-ïhérèse Strattman,'. 

Le II août, une nouvelle extension fut accordée à l'office 
de la translation pour les duchés de Parme et de Plaisance '^. 

Pidioimaive universel françois et lalin, vulgairement appelé 

Dicliowiaire de Trévoux : 

Celle chambre selon l'histoire, fut transportée par les Anges de 
Nazareth en Dahnatie, de là à Venise, de Venise dans le champ 
d'une Dame du Diocèse de Récaiiati, nommée Lorelle, dont elle a 
pris le nom, et de là enfin dans le lieu où elle est prcsentcmenl^. 

Joachim Feurarese, chapelain de Sainte-Marie-Majeure, at- 
testa à Rome, le 20 septembre 1702, que la s. Casa de Loretle 
était bien celle dont il avait vu les fondements à Nazareth, 
où les constructions sont toutes en pierres naturelles et non 
en briques '^ 

^Georges BE>jA?inx, devenu jésuite après avoir résigné Far- 
cliè.vêché (maronite) d'Eden, affirma à son tour, le 3o du 
même mois, que les pierres de la s. Casa étaient identiques 
à celles des fondements qui en restaient à Nazareth ''. 

Jean-Antoine Doghier, chapelain de Lorette, écrivit, le 
6 octobre suivant, au P. Christophe Storani, jésuite du novi- 
ciat de Rome, pour attester d'après diverses personnes la 
même identité ; il a toutefois la probité d'avouer vers la fin 
de sa lettre : 

Inlorno a quella parlé délie santc Mura, che per disugualilà del 
terreno non appoggia in leira, quesli signori Guslodi lo dicono 
fondati sopra la Storia del Padio Torsellino ; li teslimonj di veduta 
non son' più vivi, e quelli, che l'anno inleso non ardirebbono farne 
fede aulenlica per timor di non ricordarsi bcne, e precisamentc 
tulto quelle, che anno inteso *>. 

Pietro Yalerio Maiiïouelli, Teatvo islorico délia sanla Casa 

' Muiuu, p. 19/1. — - Mautouelli, t. II, p. lai. 

3 Paris, 1732, in-folio, t. III, c. i545 ; ibid., 1771, 8 vol. in-folio. 

■f MAaroiiEi.Li, t. II, p. lôg-Oo; Muuui, p. G6-7. 

'•> Maktorelli, t. Il, p. 160; MuuRi, p. C5-6. 

8 Mautohelu, t. II, p. 386-8; Caillau, p. 3i2-3 (trad.). 



432 NOTRE-DAME DE LORETÏE 

Nazarena délia B. Vevgiae Maria e saa ammirabile Traslazioiie 
in Loreto^. Cet ouvrage, dédié au pape Clément XII, dont le 
portrait l'ait face à la dédicace, est le mare magiiwn de notre 
légende. Il témoigne de recherches persévérantes, dignes 
d'un sujet moins compromis. Les livres et documents qu'il 
reproduit textuellement ont été signalés ici à leurs dates 
respectives. Leopardi ne lui a pas ménagé les sarcasmes au 
sujet de son manque absolu de critique : Martorelli s'est en 
effet glorifié d'avoir découvert et publié le premier des piè- 
ces qui ne tardèrent pas à être absolument discréditées. 

Le même se fit écrire pai' le chapelain Dogiuer, le ao juil- 
let 1700, le récit de la guérison et de la conversion d'une 
dame de Grenoble, Isach la Motte, calviniste, avec attesta- 
tion dujésuite Joseph Bourgeois, pénitencier belge, le 3o sui- 
vant ^. 

Dominique-Marie Muradoui, professeur de peinture à 
Rome, déclara, le 2/1 septembre, que la s. Casa était cons- 
truite, non de briques, mais de pierres naturelles, dont il 
n'avait rencontré les pareilles en nul pays**. 

Le cardinal Prosper Lambertim, devenu le pape Benoît XIV 
en 17/40, a eu trois fois l'occasion de s'occuper de la trans- 
lation de la s. Casa : dans son traité De servoriim Dei beaiifi- 
catione el bealoriim caiionizaUone (lib. III, cap. x, § 5 ; lib. IV, 
part. II, cap. x, De concessione officiorum propriorum, 
§ i5-2i) ■'; et dans son autre De fesiis bealœ Mariœ virginis 
(cap. xvx, De festo translationis sancta3 Domus Lauretanee 
die X decembris, § i-io)^. J'ai discuté l'un après l'autre tous 
les témoignages sur lesquels il s'appuie pour conclure à l'au- 
thenticité de la translation . Je ne reviendrai pas sur les points 

1 Roma, 1732-0-5, 3 vol. in- folio de ivf.-Sg/i p., i f.-422p.-i3 f.-52 p. 
et 4 f.-2o8 p. -7 f., 8 planches. — 2 Mautouelu, t. Il, p. 878-80. 

3 Maktouelli, t. II, p. 38() ; Cailiau, p. 3i4 (Lrad.). 

t Bononiœ, 1734, et Romtc, 1735, 4 vol. in-folio; Venetiis, 1767, in- 
folio, l. III, p. 36" ; Bassano, 1788, t. IV, part. II, in-folio, p. SG-'Q!*. 

s Lovanii, 1761, 2 vol. in-8" ; Opéra omnia, Bassano, 1767, in-folio, 
t. Vin, p. 2io''-3''. GIT. Tuo-MBELU, t. VI, p. 209 ; GAii.L.iu, p. o85-4o2. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA /laS 

faibles derargumentation de ce grand pontife : il est délicat 
d'en parler entre catholiques autrement que pour le louer ; 
il est certain cependant que la bulle de Paul II ne renferme 
pas ce qu'il lui fait dire en faveur de la translation. Je résu- 
merai mon opinion à son égard par ces paroles des Bollan- 
disles, à propos du livre d'un de leurs confrères sur le culte 
de la s' Vierge en Allemagne au moyen âge : 

Sera-t-il permis de dire aussi que le P. Beissel semble attacher 
un prix exagéré aux opinions de Benoit XIV ou du cardinal Lam- 
bcrtini, si l'on veut? Certes, Lambcrtini hit un érudit fort curieux 
et un canoniste remarquable. Mais souvent son érudition est mal 
digérée, et dans les questions d'histoire, il apporte trop souvent 
l'esprit et la méthode du juriste. 11 est bon de ne pas se laisser 
éblouir par l'appareil formidable de citations qu'il déploie, et de se 
défier raisonnablement de sa critique *. 

En 1735, Lorelte reçut des dons des cardinaux Jacques Lan- 
fredini, évoque d'Osimo et Gingoli, et Barthélémy Ruspoli -. 

BuuzEN DE L;V Mautinièue, Lc gvcuid DicUoniiaire géographi- 
que el critique : 

L'on lient que c'est la môme chambre où Jésus-Christ s'est in- 
carné... Ce n'est point à la Géographie à examiner quelle route celte 
chambre a suivie pour passer de la Palestine dans la Marche d'An- 
cone, dès que l'on dit que des Anges ont été employez à la trans- 
porter... •*. 

Jean-Joseph Gavalieui, docteur en droits et notaire, déli- 
vra à Fiume {Flumiiie Saiicli Viii, Sankt A^eit am Flaum), le 
iS février 1705, une déclaration pour authentiquer les dires 
de Claro Pasconi (voir p. /|2o) : 

Quai omnia piissimus dominus ÎS'icolaus de Frange-Pani ad per- 
petuam rei memoriam in diversis cancellariis, videlicet Segniensi^ 
Modrussiensi, Yegliensi, Buccarensi, et Grobnicensi protocollari 
diligentissime curavit : ast partim incendio, parlim ob bellorum 
tumultum, hostiumque incursionem heu ! infeliciter perierunt. — 
Quod suprascripta pnncta ab admodum reverendo pâtre Claro Pas- 

1 Analecla BoUandiana, Bruxelles, 1897, ^- ^^'h P- 9°- 

2 Muuui, pp. 192, 188. - 

3 La Haye, etc , 1785, in-fol., t. V, i" part., p. 3u-2, 



hik notre-pâme de lorette 

coni, ordlnis Minorum Reforinatorum, lectore generali sacrœ theo- 
logiœ, et ex-diffinitore pi'oviriciœ Carnioliœ et Croatiœ SancliE Cru- 
cis, inserla in libro, ciii litulus : Truunp/ius coronatx reglnœ Ter- 
5ac/t'/îs/s, adamussim corespondcaat et concordent ciim authoribus 
ab eodemmct citatis à me vLsis, leclis et conIVontatis, una curn 
scripturis deccrplis ex ven. convcntùs Divœ Yirginis Graliarum 
Coronala3 Tcrsactôiisis archivio, tcsloi'.... '. 

Malgré la légalisation donnée, le même jour, par le secré- 
taire de Fiume, cette déclaration reste pour nous un acte de 
complaisance. 

Sollicité directement de procurer une copie authentique 
de l'extrait des anciennes Annales de Fiume (ex prisas Aima- 
libus Fiuminensibus), qui avait été envoyé sous Léon X, Pas- 
coni déclara la chose impossible, ce document ayant péri. 
Interrogés par lui, les archivistes de Fiume lui répondirent 
savoir par tradition qu'après avoir occupé leur ville les Vé- 
nitiens emportèrent les documents anciens on ne sait oîi 
(Tcrsatto, 25 mars 1705) '^. 

Un décret du 1 5 septembre 1706 rendit de nouveau obli- 
gatoire dans tout l'Etat ecclésiastique l'office et la messe de la 
translation ^. 

Kort verhaei van de wonderlyke en. uiiraculeuse vervoeringen 
van het heyligh huyskenvan Laurelen ; vVntAverpen, 1706, in-12. 

Frédéric Christian, prince électoral de LSaxe, et sa sœur, 
Marie-Amélie, qui venait d'épouser don Carlos, roi de Na- 
ples, firent le pèlerinage de Lorette en 1708 et donnèrent un 
très-riche collier '\ 

Au sujet du pèlerinage du roi saint Louis en i25i (p. 4/i-5), 
le bollandiste Jean Stiltinck s'est conformé à l'opinion cou- 
rante de son temps dans cette note : 

Cum ibi [à Nazareth] luit S. Ludovicus, œdes sacra nondum 

1 Mautohiîlli, t. III, p. 29-81 ; Caillau, p. ix-x. 

2 MARTOnELM, t. m, p. 3l-2. 

3 Bar th. Gavantus, Thésaurus ss. Rituuin, Venetiis, 1769, t. Il, p. 211. 
* MuuRi, p. i85. 



ETUDE HISTOn. SUR L.\ S. GAS.\ iaô 

translata erat, de cujns in Dalmatia primîim, deindeque Laure- 
tiiin Ifanslatione, fiisè disputât laudatus Quarcsmius '. 

Mallhœus Vogel, Laurelanische Wallfarlh zii dev Orjgersliei- 
mer Loveh-CapcU deren Palriim Sociel. Jesii, oder grundUchev 
BericliL. Sowolil von dem wahren lleil Ilauss za Lorelo, als 
aiwh von andevcn Laareianisclien Capellen, nalunenillch von. 
jener, ivelche zu Oggershcini, unweii der Chur-PJaUzisclwn Be- 
sidenz-Sladi Mannhelni un Jahr 1733. aafgerichtel worden. . . - 

Ici se place un fait considérable, sur lequel il ne sera pas 
nécessaire d'insister longuement, car il est connu dans ses 
détails depuis peu "*. En 17/ii, Benoît XIV institua « une 
congrégalidn de prélats et de religieux pour tiavailler à la 
réformation du Bréviaire Romain » '•. Ses travaux durèrent 
près de six années (du i/i juillet 17/jï au 10 mars 17/17), Le 
dossier du secrétaire Louis de" Valent! se conserve à labiblio- 
thèque Corsini à Rome, sous les n"" 36 r à 363. En tête cette 
dédicace : 

Emi>'eatissimo et Reveue^dissimo PunciPi 

NeRIO CORSIM 

S. R. E. DiAcoNO Caudi.\ali 

Sa?sCtï Elstaciui 

ET Signature Justiti.e Pr.efecto 

LUDOVIGUS DE VaLENTIRLS 
FEUCriATEM. 

On décida de supprimer la fête de la translation de N.-D. de 
Lorette au 10 décembre, comme il conste par ce 

' Acla sanclor. Boliand., 174!, avigusli t. Y, p. bôi" ; Tuombélli, t. VI, 

p. 205. 

2 llcydclbcrg, 17/ii, in-8° de 858 p., grav. ; Mannhciin, 1704, 3 part. 
in-8", musiq. 

3 August. de Roskovakv, Coelibalus et Breuiaruim, duo gravissiina 
clericoram officia, e monuinentis omnium seciiloram demonslrala, accessit 
compléta literatura ; Pestini et INitriae, 1861-90, 17 vol. gr. in-8" (l. V) ; 
Ghaim-ot, Analecta juris pontificii, Romae. i885, t. XXIV ; Pierre Batiffol, 
Histoire du Bréviaire Romain, Paris, iSgS (et 1894), pet. in-80, p. 275-3^3. 

f Ministère des Affaires étrangères à Paris, correspondance de Rome, 
t. 785, f" 'J29 (lettre du cardinal de Tencin au cardinal de Bleury). 



» 


IX, 


)) 


X, 


)) 


XI, 


» 


XII, 


» 


XIll, 


» 


XIV, 


)) 


XV, 



hij NOTRE-DAME DE LORE^fE 

Spécimen Breviarii reformati Pars I, Hyemalis. 
December. 
Die A'iii, Cônceplio B. M. V. 

Commemoratio Octavœ. 

Melchiadis PP. et iMart. 

Damasi Vapva et Confessons. 

Commemoratio Oclavœ. 

Luciai virginis et martyris. 

Commemoratio Octavœ. 

Octava Conceptionis Beatœ Mariœ Virginis K 

On né trouve pas, il est vrai, les motifs de cette suppres- 
sion, mais il n'y a point lieu de s'en étonner, car ce dossier 
ne contient pas les rapports des consulteurs sur le Sanctoral 
ni même de procès-verbaux étendus des discussions de la 
commission sur les fêtes à maintenir ou à supprimer Voici 
le seul passage concernant Lorette : 

Festo Dolorum Quadragesimale oflîcium feriaj sexttc post 

Dominicara Passionis (qiiâ die peculiare mysteriiim Passionis Do- 
mini recolitur) impediri animadverterunt [Coiisultores congregali 
die 2 Februarii 1742]- Et quamvis laudarent ea, qu.e proipso, sicuti 
eliam pro Desponsationis, Palrocinii et Translationis Almœ Domus 
festis retinendis, motiva alTerebantur : quia tamen veteres eoruin 
cerlé non ignari, iis adducti non sunt, lit peculiaria officia aut 
fesla instituèrent, neque se moveri oportere censuerunt, ut recens 
inslituta retinerent -. 

Ce qui toutefois renforce cet argument négatif, c'est que 
l'exposé historique du secrétaire nous montre cardinaux et 
consulteurs discutant chaudement d'autres suppressions, 
celle de la Présentation par exemple, tandis que Lorette sem- 
ble avoir succombé sans défense, à raison sans doute de sa 
modernité. 

François Retz, général des Jésuites de 1780 à 1750, or- 
donna auxBollandistes de ne plus parler, dans le cours de 
leur œuvre, de la translation de la s. Casa, parce que les 
légendes qui en avaient cours ne pouvaient se soutenir aux 

1 Mo 36i, monumentuni XXXVI.. 

â No 3(3 1, monumentum vu, à la fin. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LÀ S. G \S A. ki- 

yeux d'une juste critique. Leopardi avait entre les mains les 
preuves authentiques de ce fait, qu'il ne jugea pas opportun 
de publier '. En réalité, il est certain que les savants hagio- 
graphes se sont conformés depuis lors à celte prescription. 

Br;>-oÎT XIV publia, le 6 janvier 17/12, sa constitution lliiml- 
lilalis nosirœ pour linterprétation et l'exécution de celle d'In- 
nocent XII de 1698"^. 

Abrégé hislorlque qui coiUlent la description de la s" maison 
de Nazareth et da sanctuaire de Notre-Dame de Lauretle, trad. 
de l'ital.; Macerata, 1742, in-12. 

Glarus Pasconj, Ilisloricus progressas Mar\i\ani Trluniphi; 
Venetiis, 17/14. 

Ant. Sakdim, Hisloriœ Jamiliœ sacrœ, ex anliqais monumen- 
lis collecta '^. 

En 1746, dons par le comte Gollalto et le comte François 
Liechlensteiii, chanoine de Salzbourg '■". — En 1748, le 
prince Santa Croce, de Rome, offrit plusieui's toisons d'or^. 

Sous ce titre : Un. pèlerin Lyonnais à Rome el à Lorelle en 
'I7Ù9, M. l'abbé J. B. Vanel a publié la » Relation du voyage 
fait à Rome et à Lorctte par M. Visse, directeur au Séminaire 
de Saint-Irénée, de Lyon ». Il arriva « de bonne heure » avec 
son compagnon à Lorette le i5 octobre : 

La Iradition du païs est qu'en 1291, les anges ti-ansportèvcnt de 
la Palestine dans la marche d'Ancône, la chambre où la Sainte- 
Vierge éloit, lorsque l'ange Gabriel lui annonça rincarnalion du 
Verbe ''. 

En 1749, cadeaux de la princesse Santobono, de Naples, 
et d'Hortense Manfroni Bernini '. — En 1760, autres de Marie 
Milano, princesse d'Ardore, et de ïeri, de Zara^. 

1 « Di queslo fatlo ho in mano autentici documcnli, ancorchè pcr ora 
non nii piaccia di pubblicarli » (Lellera, p. 11). 

2 Magnum Bullariuin Romaniiin, t. XVI, p. 129. Cf. MoaoNi, l. XVI, p. 23S-9. 

3 Edit. ail. ilal. relraGlatioretauclior;Pa\.a\'n, 1745, in-S", p. 5. 
■f MuRRi, pp. 188, 187. — ^ Muuni, pp. 173, 190. 

" Bulletin de la société lUtéraire, liislorique et arcliéotoglque de Lyon ; 
Lyon, 1904,10 8",p. i83. — "^ Muuui, pp. 172, 178. — » Muaiu, pp. 173, 190. 



428 NOTRE-DAME' DE LORETTE 

L'année suivante, à l'occasion de la réfection du pavé de 
la s. Casa, on prétendit qu'elle était sans fondements.. Les 
évêques des Marches et de nombreux délégués ecclésiastiques 
furent convoqués à l'effet d'en rendre témoignage, ce dont 
l'avocat Antoine Lucidi se fit l'écho dans une lettre, du 
22 avril, à Xavier Brugnoli, à Fermo K 

Notizie délia Sanla Casa délia gran Madré di Dlo adorala in 
Lorelo ; Ancona. 1751, in-12. 

Deux habitants de Pérouse, après avoir recommandé leur 
fille malade d'une hernie à saint Josepli de Gupertino, à 
Osimo, le 2.5 avril 1702, la menèrent le lendemain à Lorette, 
où l'on constata sa guérison 2. 

En 1753, don de la duchesse di Fiano, romaine'^. — En 
175/1, autre de Marianne Montalto, princesse d'Arianello ''. 

Jos. Ferd. Mar. Kolleu, Das Markinische Giiaden- und Wun- 
derhaus Mariae zuLaurelo; Miinchen, 1765, in-12. 

En 1767, offrandes du prince Jérôme Giustiniani, de Rome, 
de la confrérie du Saint -Sacrement de Castel S. Pietro, près 
Bologne, et du marquis Pierre-Antoine Gerini, de Florence •'. 

En 1758, autres delà comtesse Gonversano, de Naples (elle 
est représentée, à genoux, avec ces mots : GRAÏIAM AGGEPIj, 
de la comtesse Glaire Gauzzi Magi, de Grémone, etc. ^. 

Joan.Mich. Gavalikui, Opéra omnlalUurgicaseu Commenla- 
ria in aul/ienlica sacrœ RiUmm congregalionis decrela... ''. 

Filippo MoNTANi, La s' Casa di Nazarei in Lorelo, disserla- 
zione ; Fano, 1758, in-8". 

. C/iarilas. Idée de la sainle Maison de Lorelle, oii le Verbe 
é 1er ne l s' es if ail chair, érigée dans l'église des PP. Minimes de 
Bruxelles, pour le Jubilé de la centième année de son Inslitution 
célébré le 8 septembre 1 759 , dédiée à madame la comtesse de Hau- 

1. Leopaudi, p. 234-6] cf. p. 09-60. 

2 Ada sandor. Rolland., 1755, septemb. t. V, p. io59\ 

3 MuuRi, p. 190. — -^ Muuui, p. 190. 

= MutiRi, pp. 188, 191, ig8. — « Muuui, pp. 171, 188, 2o3. 

7 Decr, VI, cap. 11, S ao, 22 ; Vcnetiis, 1708, 5 vol. in-folio, t. I, p. 72*. 



ÉTUDE IITSTOR. SUR LiS. S. GAS.\ la.) 

dion, née marquise de Iloensbroiihk, elc, prévale de la '1res lllas- 
Ire confrairie de Marie, pour la dile solemnilé^. 

HwiiAKD , Diclionnaire universel des sciences eccléslasllques ': 

Lovette... elle est célèbre parla chapelle que l'on croit être la mai- 
son de la sainte Vierge, transportée de Nazareth en ce lieu par les 



anges -. 



Clément XIII envoya un calice d'or à Lorelte en 1760 ^. 

D'autres dons vinrent, en 1761, d'une dame Barbara Coler 
de Mohrenfelt, de Vienne ; en 1762, d'IIortense Manfroni 
Bernini ; en 1760, de la princesse Françoise Filingeri, de 
Naples, duchesse de Piseli, du cocher du duc de Madalona 
et deM«' délia Genga ^ 

Abrégé de ridsloire de Noire-Dame de Lorelle ; Lorette, 1 763. 

Renc FoRESï, Illslolre de Noire-Dame de Lorelle ; manuscrit 
de 17G3 possédé par le comte Mon. Leopardi (p. 279). 

Par un motu proprio du 28 avril 1763, Clément XIII ac- 
corda au sanctuaire une juridiction particulière •''. 

Laurent Berti, De Iheologicis dlsclpUnis.V^h. xxix, cap. iv ; 
eÀ Disserlaliones hisloricœ, diss. vi, cap. xxiv (v. I, p. 21 5). 

Antonio Lucidi (ou Raffakli), Nolizie délia san ta Casa di 
Maria Vergine ve/ierala in Lorelo, raccolte da un Ganônico di 
questa sacrosanta Basilica, eslralle dall Angelila, Torsellino, 
Seragli, Jienzuoli, ed allri rarl Scrillori, aggiunlovi lulti i pre- 
ziosi doni, che conservansi nel suo Tesoro ''. 

En 176/1, dons du cardinal Garaccioli di Sanlobono, napo- 
litain, et de Jean-Charles Molinari, qui mourut nonce apos- 
tolique à Bruxelles '. 

1 Bruxelles, 1709, in-/i° de 11 p. et 2 grav. 

2 Paris, 17G0, in-folio, t. III, p. G91. 
^ Muniu, p. 179. 

^ MuRRi, pp. 170, 193, 181, 19/1, aoo. 

" Magnum Bullarmm Romanum. Cf. Moroni, t. XVI, p. 289". 

li LoreLo, Frod. Sartori, 176/» ; ibid., 17C8, in-12 de 80 p., a grav. 
(p. 39-78) ; ibid., 1772, la- 12 de io3 p. ; ult. imprcs.,ibid., 1770, in- 12 de 
9O p., fig., plan ; Bologna, 1779 ; lloina, 1782 ; Loreto, 1782, m-k", grav, 

■J Muuui, pp. 1S2, 188. 



43o NOTRE-BANtE DE LORETTE 

En 1765, cadeaux de la comtesse Gharlottc Fini, de Pise, 
et de Victoire Carafa, ducliesse de Madalona *. 

Domin. Fini, Discours sur la iranslaiion de las. maison de 
Nazareth à LorelieleiO déc. 12V^t [en italien] : Lorelo, lyôSs 
ini6. 

Jo. Ghrysost. ïuombelli, Mar'iœ sancUss'unœ vila ac gesla. 
cuUusque illi adhibilus per dlsserlationcs descripla 2. La dis- 
sertation XXIV de sa II" partie est spéciale à notre sujet : h De 
œdibus, quas incoluit Virgo sanctissima, ac pra^sertim de ea, 
quam incoluit dura Nazarethe cum Jesu et Josepho persti- 
lit, atque in primîs de ea (si duas incoluisse vis) in qua 
angelicum iiuncium accepit », en i5 chapitres '^ Les recher- 
ches de cet auteur sont de première main et il a accumulé 
sur le sujet de la translation quantité de documents ; de ce 
fait, son livre rendra toujours service aux historiens sérieux 
de Lorette. Sa méthode est un peu scolastique. Aux yeux de 
Leopardi 's la s. Casa n'a pas eu de plus rude (acerrimo) con- 
tradicteur que Trombelli, non qu'il manquât de piété envers 
Marie, mais la légende, telle qu'elle avait été u impiastrata » 
par Angelita, Riera et Torsellino, ne pouvait tenir debout. 
Son sentiment personnel doit être cherché, non dans le der- 
nier chapitre, où îl s'efforce de répondre aux objections, mais 
dans les précédents, où il reproduit largement ropinion des 
contradicteurs. 

Un catholique de Londres, Grégoire Monsach, otï'rit un 
anneau orné de diamants, en 176G ; un autre fut donné, Tan- 
née suivante, par le comte liippolyte Turconi, de Milan ; un 
autre encore par un vénitien, Joseph Piatti, en 1768''. 

Richard, Description historique et critique de Vltcdie ; 
Paris, 1769. 

i Mluri, pp. i83, 193. 

- Bononiic, 1761-5, 6 vol. in-4° de 000, 1178, 002, 4oo, 488 et 890 p. 
Reproduit par J. .T. Bouuassé dans sa Summa aurea de laudibus B. V. M., 
Paris., 18G2, in-4% t. I, c. i-i376;t. II, c. i-gGS; et t. IV, c. i-4o.i 

3 P. 189-356 ; dans Summa aurea, t. II, c. 771 916. 

'> P. C2 ; Lellera, p. 9. — '^ Murui, pp. 191, 188, 190. 



ÉTUDE niSTOR. SUR LA S. XlASA /,3r 

En 17G9, Lorctte s'enrichit de cadeaux envoyés par la 
comtesse Bi'cuner, de Vienne, née princesse d'Harach, et par 
un catholique de Mexico '. 

Josephi Maiuani Parthknii Oraiio pro aima Domo Laure- 
tana"^. Le nom véritable de ce jésuite était Jos. MarieMAZzo- 
LARi. En 177.3, il fit don au trésor d'un exemplaire de son 
discours, dont la reliure était garnie dé vermeil -K 

Par billet de son auditeur, du 16 novembre r77a, Clé- 
ment XIV décida dans le même sens que, son prédécesseur''. 

[Flam. Cow^ejavb], IlagiologUim Jïallcum, in qao coinpendiosœ 
iiollUœ exhibe/dur sancloram bealorumque ad Ilaliam seu ex 
iialivilatcsea ex obila, seu ex corpovis possessione speclanliiun, 
ex probaliovlbus moiiiimeidis et scriploribus collecla; alqae ... 
pev siiigidos mensium d'ies dislribu.lœ .• 

Ciun igiliu' nalalem Deiparai Domum, neque habitatores loci 
colère possent, neqiic cxtranei iaviserent, ne veneratida Dornus, in 
qua Verbum caio iaclum fuerat, a Tiu'carum noqiiilia aut cvertere- 
lur aut turparotur, divinœ miseralionis consilio disposilum est, ut 
falaii captie dirnticque Plolemaidis anno, qui luit ceim vulgaris 
MGGXCI, die ix. moii, almaVirginis Deiparfe Domus fundilus e solo 
eruta pcr manus Angclorum deportarclur in Europam, atque in 
vasta Dalmaliœplanilic Tersactum inter et [''lumen, quaî sunt ejus- 
dem provincia) oppida, nocle inlcrapesla collocarelur.... ■"'. 

En 177/1, ^û princesse délia Riccia, de Naples, donna un 
anneau ". 

De 1775 à 1783, Benoît-Joseph Labre, aujourd'hui cano- 
nisé, ne manqua pas chaque année d'aller faire ses dévotions 
à Lorette '. 

1 Muiuu, pp. 202, 179. 

- Romic, 1770, in-8o de Ixiv p. Reproduit à la fin de ses AcUones ; 
ibid., 1772, in-80 de /JSo p. Discorso sopra la Santa Casa di Loreto, Iradolto 
in italiano da S. Dkmasco (a/. Demauco), data in lucc.. da A. GaudeSti; 
Loreto. 1782, in-80. — 3 Muiiui, p. 200. 

* Magnum Bullariiim Romanum. Cf. ÎNioROM, t. XVI, p. 23ç)''. 

•> Bassani et Vonetiis, 1778,2 voLin /i°de viij-4o2 et 398 p. (t. Il, p.33()7). 

" Muuiu, p. 181. 

■î Giov. Batt. Alkgiani, Rislretlo délia vita e morte del servo dl Dio 
U. G. Labre, Roma, 1788, in 8" ; Gius. Mauconi, Vita del uenerabile 
P. B. G. Labre, Roma, 1788, ln-8° ; etc. ; Caillau, p. lôg. 



/.an NOTRE-DAME DE LORETTE 

En 1770, don du cardinal Fabrice Scrbelloni, de Milan '. 

[lioLL.viNDJ. Lcllrc's écvlles de Suisse, d'Ilalie, de Sicile el de 
Mallhe... en 1776, 1777 el 1778 : 

Celle laineuse Santa-Casa n'csl qu'une cliambre de quatorze 
à quinze pieds do largeur, sur vingl-liuit ou trente de longueur, 
bâtie en briques non récrcpics, avec un air de pauvreté, et quel- 
ques dégradations çà et là, alïeclées comme par imitation.... La 
croyance, la ferveur du moins, ne paraît être que pour les étran- 
gers -. 

En 1777, don de la marquise Tbérèse Cambiasi, de Gènes''. 

Géographie de Busching, abrégée..., retouchée... par 
Beuengeu ; 

Lorelto.... Ce qu'on y cherche, c'est la Santa Casa, cette maison 
de la Vierge, que lés anges transportèrent de Nazareth en 1291 sur 
le mont Tersato en Dalmatic... Ses murs ne sont point de briques, 
mais de pierres auxquelles on en a donné la l'orme... ; ou on tiouve 
dans les environs, et plusieurs maisons du pays en sont construi- 
tes... \ 

En 1780, cadeau par Marie-Amélie, fille de l'empereur 
François 1" et femme de Ferdinand (1769), duc de Parme''. 

S.\ussuRE, Mémoire sur la constiliiHon physique el la géogra- 
phie physique de Vllalie : 

J'ai examiné les matériaux delà sainte Maison; elle est construite 
de pierres taillées en forme de grandes briques, placées l'une sur 
l'autre et si bien unies qu'elles ne laissent entre elles que de Irès- 
pelits intervalles. Ces pierres ont pris à peu près la couleur de la 
brique, de manière qu'à la première vue on les prend réellement 
pour une espèce de terre cuite. Mais, enles examinant avec attenlion, 
on reconnaît qu'elles sontd'une pierre sablonneuse d'un grain très- 
lin et très-compact, auxquelles le toucher fréquent des dévots a 
donné une espèce de lustre qui les rend semblables, en quelques en- 
droits, à une pierre du Levant 0. 

Antonio Gaudenti, Discorso soprala Santa Casa di Loreto... 
data in lace ; Loreto, 1782, in-8". 

1 MURRI, p. 189. 

" Amsterdam, 1780, vol. in-ia", t. V, p. 487-8. — ^ Muruj, p. 190, 
^ Lausanne, 1779, in-8% t. VH, p. 464-7- — ^ Murri, p. 190. 
Caillau, p. 3 12. 



ÉTUDE IIISTOR. SUR LA S. CkSk /,33 

Kn 1782, Pie VI partit, de Rome, se rendant à Vienne en 
Autriche, le 27 février. Il arriva à Lorette le 2 mars et en 
repartit le lendemain dimanelie pour Âncône. Â son retour, 
il y parvint le 8 juin et en repartit également le lendemain 
dimanche pour Recanati K 

Joseph. Anton. Fiovaranti, 1783 : voy. p. 21/1, n. i. 

Domin, Lasinski, Ilislorlao doinka Nnyswielszey Panny Um- 
rekinskun ; Roma3, 178.'). 

Par signature de grâce, Pie VI déclara, le 9 septembre 1 780, 
que la Congrégation de Lorette possédait 

In spiritualil)us lantummodo jurisdiclioncm quasi episcopaicm 
inlra Unes IcrritoriiS. CapolUe designalos in conslilulione Pauli \, 
ncc non supor lebus ad eandem Capollam perlincnlibus el in perso- 
nas prajl'ala; Capciiœ addictas in concernenlibus eorum niinisle- 
rinm; ilanl inhiscausis leneatui'episcopusproccdere jure dolegato 
ad formam Constilutionis Innocentii XII, in reliquis auteni utipos- 
sit sua juvisdiclionc ordinaria -. 

Anton. Gaudenti, Storkt délia Sanla Casa diLorelo, esposia 
in dieci brevi ragionamenli o dialoghl J'ra un sacerdole custod e 
dl S. Casa '^. 

Le trésor s'enrichit des générosités du baron Gelli, de 
Gheti, en 1788; de Laurent Picacci, de Livourne, et de la 
duchesse Marie di Casoli, née princesse di Angri Doria, de 
Naples, en 1790 ; du chanoine Vincent Bartoli, de Florence, 
puis prêtre de l'Oratoire de Saint-Philippe de Neri, et de 
Roger Guimarens, de Porto (Portugal), en 179T ''. 

L'ouvrage de Vincenzio Murri, auquel nous Amenons d'em- 
prunter ces renseignements, parut cette dernière armée, sous 
le titre : Dissertazione criiico-islorica siilla idenlUà délia Sanla 
Casa di Nazarelle ora venerala in Lorelo, con iina nuova aggiunla 

1 Diario de Mgr Dim, pp. 4 el 03 ; Moroxi, op. cit., t. XXXIX, p. aSS/i. 

2 VoGEL, t. IT, p. 35/i-5. 

3 Lorelo^ 178/1, pet. in-8° dea f.-245 p.,6pl.; éd. un divoto pellegrino.., 
coir aggiunla délia varità più asservabili net Tempio Lauvetano, ibid., 
178O, in-d°. 

'► Mluiu, pp. 1S9, 170, iç)o, 177, 180. 

N.-D. DE LORETTE 28 



m NOTRE-DAME DE LOBETTE 

dl luiic le rarità e doni preziosi, che si conservano nel Tesoro 
di qaesto Sanlaarlo '. 

Il reçut Vimpriinalur du dominicain Thomas-Maiie Mama- 
chi, alors maître dus. Palais; c'est en réalité une approwt- 
zione delV opéra ; on y lit : 

Âbbiamo... avuta occasionc d'ammirarae l'csattezza e rcnidi- 
zione. Egli dunque produce in prova del suo assunlo moitissime 
Icslimonianze di Scrittori contemporanei, o poco lontani dal tempo 
del miracoloso Trasporto, con altre Memorie che fanno fede délia 
verilà del medesimo. Quindi lo awalora con una série continuata 
di Diplomi dei Romani pontefici, che comincianô dal tempo stesso 
di quella fortunata Venuta, e con un numéro infinito di miracoli, 
coi quali Iddio sembra che abbia voluto, e voglia, che sia costanlc- 
mente Ibrlificala la pia crcdenza dei fedeli, comprovata l'idenlilà 
del Nazareno sanlissimo edifizlo, e la vcrità délia prodigiosa sua 
Traslazione.... (p. 8). 

Le livre de Murri n'a cependant de valeur que pour la 
« Descrizione dei più preziosi doni ed altre cose qualificate, 
esistenti nel Tesoro délia S. Casa di Loreto... (en note) 
estralta fedelmente da lin récente manoscritto del... Bernar- 
dino Capodagli, attuale sagreslano custode del detto Tesoro » 
(p. 169-207). Cet inventaire est d'autant plus précieux, qu'on 
se place du point de vue de la piété ou à celui de l'art, que 
cette collection sans pareille et d'une valeur inouïe touchait 
à la fin de son existence. On n'a pas oublie les réflexions que 
le trésor de Lorelle suggérait déjà à saint François de Sales 
en lôgg ^. Dans la prévision d'une invasion des troupes de 
la i-épublique Française, Pie VI le fit transporter à Terracinc, 
en vue de le mettre en sécurité en Sicile, puis ramener à 
Rome •'. Il y servit à payer une partie de la contribution de 

1 LorcLo, 1791, in-/f de 9.il\ p. et 7 planclies. 

2 Me scra-l-il permis de rappeler que j ai fait une réflexion analogue 
en présence « des quintaux d'argent et d'or, dos boisseaux de pierres pré- 
cieuses improductifs » conservés à la sacristie de la cathédrale de Séville 
{Souvenirs d'une excursion archéoloçjique en Espagne, Lyon, 1892, p. 82). 

■'■ Voici ce qu'on lit sur cette période dans VAutobiografla de Leopardi 
(voir p. /j/)/|, n. i); j'ai donné assez de textes italiens pour éprouver du 
plaisir à traduire — en l'abrégeant — celui-ci en français. En 1796 (il 



ETUDE HISTOR. SUR Ll S. CASA ',35 

3ô millions imposée au pape par le traité de Tolentino (19 fé- 
vrier 1797). L'année suivante, à la suite de l'assassinat du 
général Duphot, Berthier s'empara de Lorette, qui lui avait 
fermé ses portes, et la mit à sac *. La statue miraculeuse fut 
envoyée, comme objet d'art, à Paris. Le ministère de l'Inté- 
rieur la transmit, le 00 novembre, à la Bibliothèque Natio- 
nale, qui en accusa réception, le 5 décembre. Voici la cor- 
respondance échangée à ce sujet : 

MINISTÈRE DE L'INTERIEUR 
5'"° Division. 

BUREAU DES BEAUX-ARTS 

Liberté. | Egalité. 
Paris, le 10 frimaire an vu de la République une et indivisible. 
Le ministicdo l'Intérieur an\ Conscrvaleurs do la BiblioUièque 
nationale, rue delà Loi. 

Citoyens, je vous préviens que j'ai chargé les membres du Con- 
seil de Conservation, de vous remettre la Madone de Loretle pour 
être réunie aux monuments bizarres de la superstition et servir à 
compléter l'histoire des impostures religienses. 

Salut et ffalcrnilé, 
François de Neufciiateau. 

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 

Liberté, j Egalité. 
Paris, i5 frimaire an vu de la République une et indivisible. 
Les Conservateurs de la Bibliothèque nationale an Département 
des Médailles et Antiques, 

était âgé de 20 ans), on crut voir à la cattiédrale San Ciriaco d'Ancône 
une image de Marie ouvrir et fermer les yeux de pilié. Leopardi examina 
la ctiose de fort près et constata que c'était « giuoco di fantasia o inganno 
dei sensi » ; on signala des prodiges semblables à Recanali, à Rome et en 
cent lieux de l'Etat pontifical. Peu avant le 8 février 1797, on mit en caisse 
les joyaux du sanctuaire de Lorette; on attribuait à ce trésor une valeur 
infinie : Leopardi l'estime au plus à 000.000 écus. On apprit, le 9, vers 
midi, que les Français s'approchaient de la ville. Deux ou trois heures 
après, un homme arriva en courant et cria : « Miracle ! miracle ! au bas 
de la colline les cavaliers et les équipages se sont arrêtés immobiles; les 
ennemis ne peuvent monter ; la Madone nous a délivrés ! » En fait, les 
Français s'étaient arrêtés un instant, pour laisser souffler leurs montures. 
On ne s'en précipita pas moins vers le sanctuaire pour rendre grâces du 
prodige opéré par la divine sagesse et chanter un Te Deivn (p. ^7-70). 
' MoROM, op. cit., t. XXXIX, p. -jôb-ù. 



436 NOTRE-DAME ■ DE LORETTE 

Ont reçu des citoyens Naigeon et Bréa, meriibrcs thi Conseil de 
Conservation des objets de sciences etai'ts, d'après l'ordre du minis- 
tre de l'Intérieur, la Madone de Lorelte, envoyée au gouvernement 
par le général Bonaparte, et déposée maison du ministère de l'In- 
térieur. 

Ce célèbre monument de l'ignorance et de la plus absurde su- 
perstition, représente la Vierge couronnée, debout, tenant sur son 
bras gauche son iils ; la tête de l'une et de l'autre est peinte en noir ; 
il est en bois, couvert d'une toile collée par tout le groupe, et 
peinte de diverses couleurs et dorée. Sa hauteur est d'un peu plus 
d'un mètre. 

Les Conservateurs au Département des Médailles ^ 

Bien qu'il n'ait été imprimé qu'après le milieu du xix" siè- 
cle, le livre do Vogel, De ecclesiis Recanaleiisi et Laurelana 
earumque episcopis commenlarius hislori.cns'^, remonte comme 
rédaction à la fin du xvni°. Il a peu profité aux panégyris- 
tes de la s. Casa, qui y auraient trouvé trop d'arguments con- 
tre leur thèse : par contre, il a rendu trop de services à notre 
II" partie pour ne pas dire quelques mots de l'auteur. Né u 
Altkirch (Haut-Rhin), le 25 mars 1706, Joseph-Antoine Vogel 
fut licencié en théologie à Strasbourg en 1780. Il accompa- 
gna en Grèce, en 1780, le duc de Choiseul-Goutïîer, .nommé 
ambassadeur de France à Constantinople, et devint à son 
retour curé d'Eber-Morchewiller (1789). Proscrit à la Révo- 
lution, il se réfugia d'abord en Suisse, puis en Italie et se 
fixa à Fermo en octobre 1794- Là, pour conjurer la nostalgie, 
il se mit à compulser les archives du pays, suivant en cela 
son goiit inné pour les recherches historiques. Il rédigea, 
entre autres, une histoire plus complète des abbés de Farla, 
d'après les archives de S. Viltoria. Sa réputation de laborieux 
investigateur le fit solliciter de classer les archives des villes 
de Matelica et Cingoli (1796), des familles Ottoni, Simo- 
netti, Mncciolanti et Raffaelli. La masse de pièces réunies 
pour son usage l'amena à entreprendre une histoire des 

1 Paris, Bibliothèque Nationale. Caillau, p. 9C-7. 

2 Recineti, iSâc), a vol. in-Zi" de 455 et 383 p. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. Gk.S>k 437 

Marches. Il soccupa en outre d'archéologie (numismatique, 
sigillographie, invention du papier). Il céda aux instances de 
son ami révêque de Recanati et Lorette, FelicePaoli, qui l'at- 
tira pour l'aider dans la rédaction de sa Lettre pastorale à 
l'occasion du retour de la fameuse statue de N.-D. de Lorette, 
rendue (comme on le verra) par le gouvernement Français en 
1802. Il profita de l'hospitalité prolongée que lui accorda le 
prévôt de Recanati pour composer et mettre au net (en 1800) 
le grand ouvrage indiqué plus haut. Son protecteur Paoli 
mourut en 1806 : sans espoir de publier son manuscrit, 
Vogel le déposa dans les archives de la basilique San Fla- 
viano de Recanati. Le successeur de Paoli, Stefano Bellini, 
créa l'auteur chanoine de Recanati en 1809 ^^ ^^ Lorette en 
181/1. 11 lui accorda, le 5 mars x8i6, — ■ sans doute en vue de 
l'impression — deux lettres approbatives de son livre, l'une 
pour le récit (t. 1, p. l\lih), l'autre pour les documents; (t. II, 
p. 368), 11 serait difficile de pousser l'éloge plus loin : 

Nediimad purioris Griticte prœcepta exactum, verum... cximiimi 
auclorem rem acu letigisse... ; cl. viri doctrinam, sennonis lepo- 
rem, acre judicium, ejusque suminam in veleribus colligendis di- 
judicandisque monumentis d'iligenliam demirer atque periliam. . . — 
...Tester omnia velerum monumentorum apograplia autographis 
suis adaraussim rcspondere et c publicis... iabulariis... excerpta 
fuisse...; neminem haclenussagaciorem perilioreniqvie me novisse. 

La candeur de l'érudit dans ses recherches, je me garderai 
de la contester : il la porte sur sa figure (portrait en i8o8j. 
Mais j'éprouve de la peine ùlui pardonner d'avoir biaisé en 
donnant la légende comme une vérité historique, sans res- 
triction aucune : 

Ila3c cnim Domns, ut velus et constans fcft opinio, quampln- 
rimis suffulta Pontificum Romanorum leslimoniis... translata est^. 

Il a péché par respect humain, par crainte de déplaire à 
son mécène, très féru des traditions de son église. Yogel ne 
pouvait ignorer, puisque c'est lui qui nous les fournit, que 

1 T. l, p. 3o3. 



/iSS ÎSOTRE-DAME DE LORETTE 

jusqu'en i5o7 aucune bulle ne prononce le mot translation ; 
quant à la tradition, il savait bien qu'elle ne repose sur rien, 
puisqu'il a qualifié de faux les premières pièces qui en par- 
lent (t. I, p. oo4). Le comte Mon. Leopardi, qui avait eu 
l'avantage de le connaître personnellement, l'excuse de 
n'avoir, osé s'exprimer plus librement *, mais témoigne de 
sa conviction négative formelle : toutes ses recherches avaient 
abouti à le persuader que, très vénérable à bien des titres, la 
s" Chapelle de Lorette n'était pas la s" Casa de Nazareth "^. 
Vogel décéda à Lorette même le 26 août 1817 ; Ârcang. Poli- 
Dour, alors chanoine du sanctuaire, depuis évêque de Foli- 
gno, lui consacra une superbe inscription. Le nom de ce tra- 
vailleur consciencieux n'en est pas moins resté absent, jus- 
qu'ici, des biographies générales et particulières. Son livre 
sur Lorette a paru tardivement, en 1859, et rien ne prouve 
qu'il ait subi des retouches. Bien que la dédicace soit de 
l'imprimeur, Léon. Badaloni, j'ai lieu de croire que l'édition 
fut due à Fil. Raffaelli, auteur de la notice indiquée p. i4o, 
n. 2, publiée comme avant-coureur. Dès son apparition, 
le livre fut l'objet d'un article de mélanges dans la C'willà 
ccdloUca -^ : le jésuite anonyme n'y a pas soufflé mot de la 
translation. 

Elu pape à Venise le i/i mars 1800 et couronné le ar, 
Pie Vit, se rendant à Rome, passa par Lorette, où il séjoui'na 
du 20 au û5 juin, qu'il en partit pour Recanati ■^ A la 

1 V. 273, n. I. 

2 « Con indcfesso zelo c lavoro, ricercô negli archivi, raccolse le mc- 
moric, esaminô i documenli, conlVontô gli sci'ittori, e in ultimo a suo 
grave cordogUo dovè concludcrc, chc il fallo dell' arrivo miracoloso non 
era vero. A me lo disse apertamcnle più voltc, e se nel suo commentario 
non proclamo bruscamenle qucslo concelto, fnggi accuratissimainontc 
ogni parola dcnotanle approvazione del fatlo, e lasciô chc ogni nomo di 
alquanlo senno concludesse da se mcdesimo, qualmcnlc la santa Cap- 
pella Laurclana poleva venerarsi per molli liloli, ma non era la Santa 
Casa di Nazaret » [Letterà, p. lo-i). 

3 Roma, i86o, 4'',"sér., t. VI, p. icj4-2o4 

* Leopardi, Autobiografia, p. i56; Morom, t XXXIX, p. 206. 



ÉTUDE HISTOR. SUR Lk S. GASA 439 

demande du chapitre de cette ville, qui recevait un lustre 
particulier de la « Translatio aima; Domus de Nazaret a plu- 
rimis usque seculis inibi mirifice coUocala i),le pape accorda 
aux chanoines, le lo juillet 1801, le privilège de porter « cru- 
cem lamine auri elaboratam, a recta ejus parte imaginem 
bealœ Marîœ Virginis supra Domum Nazaret sedentis, cum 
épigraphe : Non fiîgit talitkr omni .\ationi : a parte vero in- 
versa divi Flaviani... » *. Le 3o octobre précédent, Pie VII 
avait précisé la juridiction de la congrégation de Lorelte 
dans sa bulle Post diuturnas sur la restauration du régime 
pontifical "^. 

Avant môme la conclusion du Concordat (i5 juillet 1801), 
le premier consul fit restituer au pape la statue de Lorelte 
(11 .février). On la vénéra quelque temps à Notre-Dame de 
Paris. A Rome, Pie VII la fit déposer dans la chapelle du 
palais apostolique du Quirinal : du 27 au 29 novembre 1802. 
il y eut exposition solennelle de la relique dans l'église de 
S. Salvatore in Lauro de' Marchegiani. Remise aux députés du 
sanctuaire le i" décembre, elle partit pour Lorelte le o, es- 
cortée par un peloton de dragons ; elle parvint le 8 à Reca- 
nati et fut replacée triomphalement le lendemain dans la 
s. Casa 'K 

Ânt. Mar. Boughi, liaggiiaglio del viaggio da Borna a Locelo 
delkuniracolosa slalua délia ss . Vergine Laurelana; Loreto, 1802. 

Felice Paoli, vescovo di Recanati e Loreto, Leliera pasto- 
rale ncl rilorno délia slalua di Saida Maria Laurelana ; Loreto, 
1802, in-4". 

' YoGiîL, t. H, p. 355-9 '■> ^f- P- 366-7. 

-' MouOiNi, t. \Vr, p. 2og-/|o ; t. XX.X1X, p. 206". 

3 MouoM, t XXXIX, p. 25(3-7 ! Gauuatt, p. 168-70. C.mllau a écrit, 
sùremeiil par erreur : «En l'année iSo'i, au mois do novembre, à l'occa- 
sion du sacre de ^'apoléon par S. S. l^ie VII, la slaluc de la Vierge fut 
remise à un délégué du saint Père » (p. 97). J'espérais trouver des ren- 
seignements à ce sujet dans la préface du RegesUim Glemenlis p'apae V 
(Romae, i885, gr. in-4°),où les éditeurs ont reproduit la correspondance 
de Marino Marini concernant les restitutions faites au Saint-Siège par le 
gouvernement Français; clic est spéciale aux ncgocialions do 1810 à 1817. 



Ixko NOTRE-DAME DE LORETTE 

Abrégé de l'histoire de Noire-Dame de Loreite, . . . ^ 
Les membres du chapitre de la basilique de Lorette-ayant 
fait exposer au pape que 

Ipsa basilica non modo quia intra sxios parieles continet aimas 
Domus sancluarium in luiivcrso Icrranim orbe celebernmum emi- 
neat, sed etiam lempli niajestate, palrimonii ampliludine, sacra- 
rum suppelleclilinmcopia, sacei'dolum numéro, piobitale et scien- 
tia, atque Ghrislilidelium co undiquc vel ex remolissiniis regioni- 
bus conlUieiilium IVequenlia perexccllat, non parum splendoris et 
ornamenli ad ipsam accederet, et divimis in ea cultus populique 
dcvolio majora susciperet incrementa, si ejusdem basilicai dignita- 
tes, canonici et bencficiali novis praerogativis novisque decoratio- 
nibus donenluv, 

Pie VII leur accorda, le i" juillet i8o3, l'usage de la « man- 
telletta » violette et d'une croix pectorale ^. 

A son tour, le chapitre de Recanati fit valoir l'antiquité de 
sa cathédrale et l'honneur qui lui venait 

Ex eo quod celebcrrimum in unlverso tefrai-um oi'be sanctua- 
rium, aima scilicet Domus, in qua Vcrbumcaro factum est et habi- 
lavit in nobis, in ej us terri torium e Dalmatla fuerit divinitus trans- 
lata. 

Condescendant à son désir dobtenir une plus illustre pré- 
rogative, le pape érigea sa cathédrale en basilique mineure, 
le 17 août 180/i ^. 

Vinc. MuHui, Relazioiie istorica délie prodigiose Iraslazioni 
délia Sanla Casa di Nazarelle, ora veiierala in Lorelo , cou allre 
nolizie, che riguardano l'iiiler/io o l'eslerno del lenipio, e délia 
Sacra Cappella Lorelana '\ 

I Lorettc, 1800, iii-i6 de 9G p. et 5 planches. 

5 VOGEL, t. II, p. 062-0. — ■> VOGEL, t. Il, p. 363-/|. 

* Lorelo, i8o5, in-8o de 64 p. ; 2» cdiz., ibid. 1808, in 8" ; 3' cdiz. dall' 
autorc corretta ed ainpiata, ibid., 1820 (à la fin 1819), in-S" ; /p^ ediz, cor- 
rodata..., ibid., iSaâ, pet. in-4° ; Compendiata relaz... IVazzaret..., 0" ediz. 
da Giac. .Iakfei, Maccrata, i83o, in-S^deioo p.; ediz. da Iaic. Gr.vNuizzi, 
Loroto, i83G ; çdiz. xvii retlificala cd accresciuta da.. Luc. Gianlizzi, 
Lorelo, i838 (et 1839), iii-12 ;..., coW eleiico délie ss. indulgenze e la descrl- 
,zione dei piii qaaUficali doiil cheadarnano pvesenlcmcnle la s, statua e rlsor- 
ger fanno il tesoro del sanluario, ediz. xvui, ibid. {i84i). 18^2, pet. in-80 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA /i4i 

Joachim Miirat, roi des Deux-Siciles, envoya un calice de 
vermeil, orné d'un double cercle de brillants, portant celte 
inscription : 

JoAcin.-M Na!>oléoa, uoi des Dkux-Siciles, le i8 janvier 1809 1. 

Abrégé de l'admirable et miraculeuse Iranslalion de la sainte 
maison de Loi'elle, elc. ; Bruxelles, iSio, in-i2 ; ibid., iS^^^i, 
i n- 1 2 . 

Leop. CicoGNAKA, Storla delta sadlura, Venezia, i8i3-8 ; 
edit. 2", Pralo, 1820, t. H, p. 280-7. 

Avant de rentrer de France à Roinc, en 181/1, Pie VIT se 
rendit à N.-D. de Lorette le i/j mai et déposa, le lendertiain, 
dans le trésor le calice dont il s'était servi, avec cette ins- 
cription : 

I^lUS VU P. M., FESTO DIE B. M. V. AB A^^.EU) SALCTAT.E LIHEn 
TAXE DONATUS. RoMAMQLE A GallIIS UEDUX, LaL'R. I> .EDE SACIUS Deo 
1-II5ATIS, HOC DEVOT! GllATlQUE A?iIMl MO-MMEiM'UM DO^'O DEDH', PIGM'S 
OlîTLMT 2. 

Divola islorla delta santa Casa di Loreto, ecc. (poésie) ; fNa- 
ples!*, 1820 ?j, in-4". 

P. C. Pauleï, Description des translations prodigieuses de ta 
vénérable maison de la très-sainte Vierge à Lorette, suivie de 
celle des s. reliques d'Aix-la-Chapelle •\ 

J. A. S. CoLLh\ DE Plangy, DicUonuaire critique des reliques 

et des images miraculeuses : 

JNotre-Dame de Lorelte, et la sanla Casa, on la maison de la 
A'icrge. — La Santa Casa était toujours à Nazareth, où les Turcs et 
le temps l'avaient sans doute respectée, lorsque les anges l'cnlevè- 

(lc96p.,fig. ; ediz. xix, ibid., i845,pct. iti-8".Traduclion française par Pliil. 
I'agés, Abréyé historique des Iranslalions prodigieuses de la sainle maison 
de Nazareth, Lorette, 1809, pet. iii-8" de 3 i'.-.'t7 p., 5 planclics et 1 plans 
(opuscule dédié à S. E. Le Marrois, gouverneur des dépaiiemenls de Mc- 
tauro, Musonc et Trento ; l'auteur exalte les vertus du gouverneur et la 
gloire de Napoléon l'immortel); ibid., i8i3,in-ia de 56 p. : l'csaro, 1838, 
in-iO" ; augmenté dans cette nouvelle édilion de plusieurs choses qui regar- 
dent le trésor de la sainte maison, Lorette, i8o4, in-i6 de 63 p. et grav. 

1 Gaillac, p. i8/i, — 2 G.ULL.vu, p. ()8f). 

3 Paris, i8uo, in-: a de aoa p. et 2 fig. 



442 ' NOTRE-DAME DE LORETTE 

rerit, le 9 mai t2ç)i, et, la déposèrent le lendemain, vers rbenrc de 
minuit, dans la Dalmatie... Le 8 de décembre i3()4, elle disparut, 
el s'alla reposer en Esclavonie. Les peuples de ce pays lurent si 
vainement iiers de posséder la maison de la sainte Vierge, que 
Notre-Dame, mécontente de leur orgueil, les quitta le lendemain, et 
vint se fixer dans vme forêt de la Marche d'Ancônc... * 

L'auteur tourne tout en ridicule ; nous le retrouverons 
converti en iSiio. 

Kurze Darslellnng d. Ueberselzung des Hanses Lorelo von Na ■ 
zareth,ivie aiich des Ursprungs des Kloslers und d. heil. Kapelle 
zu Maria Lorelo nachsl Landsiml; Landshut, 182/i, in-80. 

Aless. Maggioui, Indicalore al j ores lier e délie pillure, scul- 
lure e rarilà d'ogni génère, die si veggono oggi denlro la sagro- 
sanla basilica di Lorelo e in allri luoghi délia cilià -. 

A[nt]. G[esaiu], Meinorle sopra la caméra c l'inwiagine di 
Maria Vergiiie Laarelana; Verona, 1825, in-8°. 

Par un bref du 21 décembre 1827, Léon XII chargea un 
prélat du gouvernement du sanctuaire, avec le titre de com- 
missaire apostolique de la s. Casa de Lorette; il restitua 
aussi la juridiction contentieuse à la Congrégation -K 

Il accorda de nouveaux privilèges à la ville de Lorette, par 

un bref en date du 21 septembre 1828, qui débute ainsi : 

Laureti civitas in Piceno, magni quidem semper habita, omni- 
que honore digna, quippe quod sacra in œdc ibidem excitata, ea 
Domus asservatur in qua Verbum caro factum est ^ 

L'année suivante, Pie YIII envoya à N.-D. de Lorette, par 
le cardinal Sala, un calice d'or massif, du poids de cinq li- 
vres, avec cette inscription : 

Mariai Virg. Beatiss. Dei genitrici, Pius VllI P. M., Piccnus, ca- 
licem auveum offert, ob pra^clara benelicia sibi in aide S. Lauretana 
coUata, Pont, sui an. 1 ^. 

Grégoire XVI prescrivit le mode de gouvernement de la 
ville de Lorette et de l'administration de la justice, par l'or- 

1 Paris, 1S21, 3 vol. in-8°, t. II, p. 286-97 (286). 

2 Ancona, 1824, in-iO; ibid., i833. — -i Morom, t. XVI, p. 2^0". 

^ Caillau, p. 99. — » Gursuizzi, Relaz, istorica, p. 89; Gaillau, p. 99. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA VIS 

garïe de la Secrétairerie d'état, le oi novembre i83i, avec 
dispositions additionnelles du 23 février suivant '. 

D. A. B. Caillau, Voyage a Notre-Dame de Lorelle; Paris, 

OasiM, La Vierge. Ilisloirc de la mère de Dieu elde son cnlle, 

complêlée par les Iradilions d'Ovlenl, les écrils des Saints Pères 

et l'histoire privée des Hébreux : 

Après le Saint- Sépulcre et Saint-Pierre de Rome, il n'existe pas, 
dans toute la chrétienté, de pèlerinage plus fameux que celui de la 
Sanlissima Casa di Loreto. La sainte Maison de Nazareth fut vénérée 
par les chrétiens du vivant niènac des apôtres, ot sainte Hélène 

l'entoura d'un temple qui reçut le nom de Sainte-Marie « Dieu 

ne voulut pas. dit le Père Torsellini, que la sainte maison de Marie 
demeurât exposée aux profanations des Barbares ; il la ht transpor- 
ter par les anges en Esclavonie et de là dans la Marche d' An- 
cône.-.. » •'. 

Faillon, Vie de m. Olier, fondateur du Séminaire de Sainl- 
Sulpice (iS^o) : 

La petite maison où s'est opéré le mystère de l'Incarnation dans 
le sein do Marie, fut transportée par les anges, de iNazareth dans la 
Dalmatie ou l'Esclavonie .. '' 

Monaldo Leopakdi, La scuda Casa di Loreto, discussioni islo- 
riche e criliche, dan& Il Catlolico, jouin-AÏ de Lugano, iS/jo; 
ces 17 discussions ont été augmentées de 7 nouvelles, dans 
une reproduction à part, ibid., i84i, gr. in 8" de 2 f.-jS'j p.- 
I f., grav. — Après Vogel, le comte Leopardi est certaine- 

1 MOKOM, t. XVI, p. 2/lO\ 

' Au commencement de septembre i836, le P. Lacordaire fit « un pè- 
lerinage à Genazzano, au delà de Palestrinc, où l'on vénère une image 
de la sainte Vierge, que la tiadilioii dit avoir été transportée miraculeu- 
sement d'une église de Scutari, à l'époque où les Turcs, s'emparèrent de 
ces contrées » {Correspondance du R. P. Lacordaire et de Madame Swel- 
chlne, /i' édit., Paris, i8G5, in-i3<i, p. 73-/1). On ne voit pas qu'il ait l'ait 
le pèlerinage do Loretlc; sa conviclion en la réalité du prodige n'aurait 
certainement pas été plus explicite. 

3 Paris, 1837, in-8° ; nouv. (6°) édit. illustr., ibid., i8'4.t, 2 vol. gr. in- 
8°, t. II, p. 3^5-7. 

♦ 4' édit., Paris, 1S73, 3 vol, gr. in 8", t. I, p. /'i3-5. 



k'xk ' NOTRE-DAME DE LORETTE 

mentrérudit qui a exhumé le plus de documents surl'histoire 
de N.-D. de Lorelte et fait pénétrer avec plus de courage et 
dhonnêteté la critique dans les brouillards de la légende^. 
Les considérations, par lesquelles il débute, renferment de 
bonnes vérités : les critiques catholiques ont raison d'ac- 
cueillir avec réserve des prodiges qui, non prouvés, tourne- 
raient au discrédit du culte, des doctrines et de l'autorité de 
l'Eglise... ; les historiens de la s. Casa ont accueilli sans 
critique ses légendes, se sont copiés servilement les uns les 
autres, et quand ils ont voulu entrer en polémique avec les 
contradicteurs, au lieu d'abandonner l'erreur, se sont eiï'or- 
cés de la soutenir et ont chanté victoire, alors qu'ils devaient 
se tenir pour humiliés et battus "^. Leopardi n'est pas un 
opposant du miracle de la translation, mais il a son sys 
tème à lui. Après avoir mis à nu la fraude des imposteurs 
qui ont fabriqué des pièces fausses et inventé un système 
chronologique dénué de fondement, il a conclu que la 
s. Casa avait dû quitter la Palestine dès les premiers siècles 
du Christianisme"^ ; elle demeura cachée là oiJi il plut au Sei- 

' Pèic du célèbre poclc Giacomo Leopardi (qui mourut avant lui à 
iVaplcs en iSS-), il n'a pas d'article dans les recueils biographiques. Son 
AuLobiograjia, con appendice di Aless. Avôn, a paru à Rome en i883, in- 
80 de ix-/i32 p. Sur sa bibliothèque à Recanati, voir ; Eleiico dei libri ma- 
nosci'itti esislenli nella Ubrcria Leopardi in Hecanali, Recanali, i820,in-4o; 
V. C, dans le Bulletin du bibliophile, i8()5,t. IX, p. 33-4; et cette même 
Aulobiografia, p. 179-203. Etant du pa;y;s, il a eu le loisir et la facilité de 
compulser, mieux que tout autre, les archives de la contrée ; il l'a dit 
lui-même, non sans une pointe de vanité : « Non estante la mediocrità 
del mio ingegno, pure, atteso il concorso délie circostanze, forsc nes- 
suno potèin addietro, o polrà nei icmpi futuri, occuparsi meglio fonda- 
tamentc di me nella dilucidazione di questc cose » (p. 3) « lo poi ebbi la 
coniodità e la pazienza di csaminarc tutti qucsli autrivj, di scorrcrne 
quasi una ad una tulle le carte; sicchè mi parc di trovarmi sicuro che 
non v' è foglio importante il qualc siami rimasto ignorato » (p. t\). — Sur 
les Discussioni, voir son AiUobiorjrafia, p. Sgi-S. — -' P. i-3. 

a « Dopo studj ed esami fatti con animo imparziale e sincero, mi sono 
pienamente convinlo che la Casa délia Annunziazione era già scomparsa 
da Nazarct fmo dai primi secoli délia Ghiesa » (p. 11). « La Casa délia 
Annunziazione era mancata da Nazarct fmo dai primi secoli délia Ghiesa » 
(p. 'Si ; cf. p. i3i). 



ÉTUDE HISTOR. SUR L.\ S. GàSA .iirv 

gneur de la conserver^; après avoir séjourné en Illyrie-eïle 
vint à Recanati au x'' on au xi" siècle '^. N'est-il pas étrange 
qu'an esprit éclairé comme le sien, ne se soit pas aperçu que 
ces pures suppositions n'avaient pas l'ombre d'un fondement;^ 
On se demande comment un érudit, qui se piquait de criti- 
que, a pu s'arrêter à une pareille hypothèse et en faire la 
base de tout son système de défense de l'authenticité de la 
translation, mais on comprend pourquoi les partisans de la 
légende lui ont amèrement reproché de s'être perdu, au lieu 
de suivre la voie droite, dans un labyrinthe qui l'a éloigné 
de la vérité. Moroni en a triomphé : 

hivaghilo da una nuova idca, in vece di batlerc la strada drilta, 
si è avvialo e pevdulo in un laberinto, cbc lo Irasse più che mai 
lungi délia vciilà 3. 

Dès l'année de son apparition, le travail de Lcopardi fut 
attaqué par le prévôt dcBergame, Anti^n. RiccARDi,iS/o;7o dei. 
santuavi pià celebvi di Maria sanlissiina sparsi ncl monda cris- 
liano'', dont voici un spécimen : 

Taluno potrebbe inquietarsi alla vista di questc trasmigrâzioni, 
che per tre volte si succedellero nel giro appena di nu aniio, e den- 
tro lo spazio di poco più che un miglio di lerra, quasi che Iddio 
non sapesse prevedere gli inconvenienti clie le cagionarono, per 
scegliere fin dalla prima il silo stabile e piii convenevole : ma noi 
vi troviamopiullosto una bella disposizione délia Providenza, per- 
che replicalo in lai modo, apparisse più manifeste c mcglio osscr- 
Vato il prodigio, che dovea sostencre la credibililà dcUa traslazione, 
e stabilire la venerazione dclla santa Casa ^. 

Du même encore contre Leopardi, Crilica polemica sulla 
sloria délia santa Casa di Lorelo..., dans Aimait dette scienze 

1 « Qnando arrivé suUc nostre spiaggle, non vciinc dalla Paleslina, ma 
bcnsî da quel luogo ia cul era piaciuto al Signore di tcncrla ignola o 
occultala » (p. 3i ; cf. p. i5). 

- <( Si Ivallenne per un certo tempo ncU' Illiiia, e di là nel secolo X, 
ovvero nel secolo XI fu trasferita nella campagna di Recanati » (p. r3i). 

3 T. XXXIX, p. 229\ 

+ Lvii. La santa Casa di ^iazzavet a Loveto ; Milano, i84o, in-8o, t. Ill, 
p. 3 C4. — 3 P. G. 



446 NOTRE-DAME DE LOUETTE 

reUgiose, Roma, iS/|i, t. XII, p. 3/10-96; puis Sloria délia 
sanla Casa di Nazavel, cou Crilica polemica, Loreto, i84i, in-8° 
de 70 p. La réplique ne se fit pas attendre : Leilera del conte 
Monaldo Leopardi al preposto Antonio Riccardl, di Bergaino, 
in repllca alla sua crilica polemica sopra le Discussion i Lau- 
relane; Lugano, i84i, in-8" de /i5 p/, avec cette épigraphe : 
Tcnelc Iradilioncs quas didicisUs, ineptas autem et anilcs l'abu- 
las devita. 

Du même Anl. Rigcardi enfin, Sloria apologelica délia 
sauta Casa di Nazarel a Loreto ; Bergamo, 18/12, in-S" de iv- 
22/j p. ^ 

Prosper Guéranger, L'Année lilargiciue ; L'Avent : 

... Dieu..., pour compenser la perle du Saint-Sépulcre, fil trans- 
porter miraculeusement en terre catholique l'humble et auguste 
maison dans laquelle la Vierge Marie reçut le message de l'Ange... 
(suit) la narration de cet événement merveilleux (par) le savant et 
judicieux auteur delà Vie de M. Olier.... Sous le point de vue de 
simple critique, ce prodige est attesté, non seulement par les anna- 
listes de l'Eglise, et par les historiens particuliers de Lorette..., mais 
par des savants de premier ordre, entre lesquels nous nommerons 
Papebrock, Noël Alexandre, Benoît XIV... Au point de vue de la 
piété catholique, on ne peut nier que ceux-là se rendraient coupa- 
bles d'une insigne témérité qui ne tiendraient aucun compte des 
prodiges sans nombre opérés dans la sainte Maison de Lorelle ; 
comme si Dieu pouvait accréditer par des miracles ce qui ne serait 
que la plus grossière et la plus immorale des supercheries. Ils ne 
mériteraient pas moins celte note, pour le mépris qu'ils feraient 
de l'autorité du Siège apostolique qui s'est employé avec tant de 
zèle, depuis plus de cinq siècles, à reconnaître ce prodige... '-. 

1 Trad. franc, par Max. de Montrond, La s' maison dite s" casa de Na- 
zareUi à Lorette, avec introduction, notes et appendice; Lille-Paris, i86ô, 
in-i8 de i/i/t p., grav. Traduct. italien., La santa Casa di Loreto esame 
délia saa storica emdenzae dellasua miracolosa Iraslazione; Macerata, 1847. 

- Le Mans, i84i, in-12; 5= édit., Paris-Poitiers, 187G, inia, p. 457-O1. 
— A propos des OpuscoU inedlti del beato card. Giuseppe Tommasi (publiés 
par M""^ fi. Meucati, un des principaux membres delà commission char- 
gée des éludes préparatoires à la réforme liturgique), un bénédictin 
de Belgique, doni G. MoniN, dit que l'éditeur y a trouvé « l'occasion 
d'exposer, à propos dn B, Tommasi, ses principes sur la nature de la 



ÉTUDE HISTOR. SUR L.^ S. CASA 't\- 

Pet. Rieli. Kenrick, The holy Ilouse of Lorelto o;- an exami- 
na tion of Ihe hlstorlcal évidence of ils miraculous translation ; 
Philadelphia, i84i,in-i2"^ 

Louis Veuillot, Rome et Lorette : 

Le miracle de, la translation de la maison de la sainte Vierge... osl 
aussi clairement constaté qu'il est possible de le désirer. Sans pai'ler 
de l'autorité de la translation et de l'autorité du fait en lui-même, 
qui laisse difficilement supposer une supercherie, la seconde trans- 
lation est attestée par un saint canonisé, le bienheureux Nicolas de 
Tolenlino, l'une des gloires de l'ordre de Saint-Augustin, qui de- 
meurait alors à Recanati. Les chrétiens apprécieront la valeur d'un 
tel témoignage ; il n'en est point de valable pour quiconque vou- 
drait le récuser ^. 

Celte petite page ne sera pas faite, je le crains, pour gran- 
dir le. polémiste catholique aux yeux de la critique, dont il se 
montre ici fort ignorant. 

Grégoire XVÏ réintégra les Jésuites dans leur collège et la 
pénitciicerio de Lorette. Il avait fait de bonne heure le pro- 
jet d'un pèlerinage au vénérable sanctuaire. Il l'accomplit 

réforme projetée et les moyens de la mener à bonne fin. Ces principes, 
comme on pouvait s'y attendre, sont excellents, pas du tout empreints de 
cet « espril d'immobilité » qu'on proclamait naguères une des quatre 
plaies de l'Eglise : M. fait voir entre autres que, si ccllc-ci avait su pren- 
dre les devants, nous n'aurions pas eu à déplorer l'anarchie qui régna en 
maîtresse, en France et ailleurs, jusqu'à la campagne ultramontaino, non 
7noins désastreuse peut-être à certains points de vue, que mena D. Gué- 
ranger, lequel, ajoute finement l'auteur, u n'était pas un Tdmmasi ». 
{Revue Bénédictine, 190G, t. XXllI, p. Soi-a). 

1 Cf. L'Ami de la Religion, i8/t2, t. CXIV, pp. 97-103 et lag-SG. 
Trad. allcni. par Jos. SALZBAcnEn, Das hciligcn Haus von Lorelto, eine 
Unlersuchung der geschich lichen Wahrheit seiner wunderbaren Uebor- 
tragung, aus dem Englischcn ins Deutschen Vibcrtragen ; Wien, i8ô/|, 
gr. in-So de i53 p., grav. — Du même Peler Richard Kenrick, Tlie new 
inontk of Mary, or reJlecUons for ench day of Ihe monih on ihe différent 
tilles applied lo ihe Holy Moiher of God in ihe Ulany of Lorelto; London, 
i8/ii, in 12". 

2 Paris, iS.''|i, in-i8° ; Bruxelles, ifiii, in-i8"; Tournai, iS4i, in-i8» ; 
Tours, iSgt). gr. in -8", p. 188. Traducl. allem. par Franz Xav. Steck ; 
Tûbingen, 18/12, 2 vol. in-S". Traducl. italien, par G. Ameggio, Roma e 
Loreto, niemorie ; Xapoli, i8û3, in-8\ 



/(4S NOTRE-DAME DE LORETTE 

en i8/ji : parti de Rome le 3o août, il arriva de Recanati à 
Loretle le i i septembre et repartit pour Osinlo '. 

A. Eguox, Le culte de la sainte Vierge dans toute la catliôli- 
cilé... : 

... La Santa Casa, que les anges apportèrent dans cette ville de 
la Marche d'Ancône... -. 

Louis Gaston de Siicua, Journal d'un voyage en Halle, im- 
pressions et souvenirs (20 septembre 1842) : 

C'est de la Sainte-Madone de Lorette qu'il faut s'occuper, el 
dont l'image miraculeiise est vénérée dans la Sainte-Maison de 
Nazareth, appelée la Santa Casa, transportée à Loretle par les anges 
on 1270 (sic) 3. (Suit l'histoire de la translation.) 

A. B. Gaillau, Histoire critique el religieuse de Notre-Dame 
de Lorette ''. Les citations et les critiques fréquentes que j'ai 
faites de ce livre dans les pages qui précèdent, témoignent 
des recherches assidues de l'auteur et de son manque de 
« critique ». Dans son article « Dons offerts à Marie dans 
son sanctuaire » (p. 166-20/1), il a cru nécessaire de fournir 
des notes détaillées — simples reproductions de l'Art de vé- 
rifier les dates — sur les donateurs princiers, mais générale- 
ment sans indication de sources sur leurs libéralités, ce qui 
m'a empêché de mentionner les plus modernes. 

RoHRBACHEu, IHsloire universelle de l'Eglise catholique (18^12- 
9) '"•, d'après l'ouvrage précédent de Gaillau. 

J. GoLLiN DE Plancy, Légendes de la sainte Vierge^. L'au- 

1 Franc. SÂbatucci, Narrazione del viaggio fatto dalla Sanlilà di ï\'ostro 
Signore Papa Gregorio XVI, dai 30 agosto al di 6 oltobre ISUl, per la visita 
del santuai'io di Loreto; Roma, i8-4i. Autres par Luc. GiANuizziet Anton. 
PELLEGniNi. Ang. Mar. Geva^ // nmvo pellegrino aposloUco, ossia viaggio 
a Loreto délia Santità di Noslro Signore Gregorio XVL caniica ; Roma, i84 1. 
Diarlo di Roma, ti-aduit dans L'Ami de la Religion, i8/|i, n'" 3497 ^^ 35oo; 
A. Egron, Le culte de la s' Vierge, 18/12, p. 257-9 ; Gaillau, p. 100 3; Mo- 
uoNi, t. XXXIX, p. 268-7. 

2 Paris, 1842, in-8»; N.-D. de Loretle, p. 25.4-9. 

3 Paris, 1882, in-i2°, p. 405-9. 

+ Paris, 1843, in-8° de xxiv-435 p. ; in-ia» de xxvij-437 p. Voir à 1802. 

â 3° édit., Paris, i858, l. XIX, p. 320-35. 

e Paris et Lyon, [i845j, iii-S" de vlj-392 p., pi. (p. 1O1-79). 



ÉTUDE HïSTOU. SUTl LA S. C/VSA h^çt 

teur, que nous avons rencontré incrédule en 1821, devient 
ici légendaire exagéré : non content des inventions de ses 
prédécesseurs, il forge de nouveaux témoignages soi-disant 
contemporains de la première translation : vieillard Ijui 
reconnaît à Lorette la s. Casa qu'il avait vue à Nazareth 
trente ans auparavant; prisonniers chrétiens qui témoignent 
de l'effroi qu'avait causé en Palestine la disparition subite 
de la s" maison. Et voilà comment se fabriquent les légen- 
des ! 

Gaet. Mouo.M, Dizionario di eradizione slorico-ecclesiastlca, 
Venezia, 18/12-G, in-8", t. XVI, p. 287-41 ; t. XXXIX, p. 208- 
87. Souvent cité ici et blâmé ; il a été le réceptacle de toutes 
les exagérations sur cette matière. - 

Pie IX, qui dans son enfance avait fait chaque année avec 
ses parents le pèlerinage de Lorette, célébra les gloires de la 
s. Casa dans une lettre apostolique du 22 aoi^it i846 : « Là 
en effet, dit-il. comme le prouvent d'innombrables et sé- 
rieux documents, la bienh. Vierge Marie reçut la salutation 
de l'Ange... » ^ 

RiCHAKD, Guide du voyageur^ en Ilcdle. Ulnémire arlislîque, 
piUoresqne, hislovique, commercial : 

La Santa Casa ou la Maisonnelle de la Vierge, qui fut, dit-on, dans 
le treizième siècle, miraculeusement transportée de Nazareth en 
Dalmatie, etdcDalmalie au lieu qu'elle occupe enfin aujourd'hui, 
après avoir plusieurs fois changé de station dans la forôl qui envi- 
ronnait Lorette, est au milieu d'un[e] riche et magnifique église, 
qui a été réparée dans le goût moderne... ^ 

Glaire et Walsh, Encyclopédie ccdhoUquc : 

Cette chambre a été apportée par les anges en Dalmatie, puis à 
Venise, et enfin à Lorette ''K 

Gius. Cappfxletïi, Le chlese d'!(aUa,\enez\a, i848, t. Vif, 
p. 289-69. 

1 GAunATï, p. GcS-g. 

- 10" édit. revue et considér' augm. ; Paris, 1847, in-8", p. 07"). 

i t^aris, i8/t7, i^-'i", t. XIV, p. 3o. 

N. U DE LORETTE 2Q 



45o NOTaE-pA.ME DE LORETTE 

Darras, La Légende de Notre-Dame ; Paris, i8/|8, in-12 ; 
2" édit. considéra augni., ibid., 1802, gr. in-i8 ; 3" édit., 
1807, in-i8 : voir p. 9-19. 

Louis de Sivry et Ghampagnac, Diciioniiaire géographique, 
historique, descriptif, archéologique des Pèlerinages : 

Suivant une salnle tradition, la Sanla Casa, dans le xnf siècle, fui 
miraculeusement Iranspoi'léc de Nazareth on Dalmalie et de Dal- 
matie au lieu qu'elle occupe enfin aujourd'hui, après avoir plusieurs 
fois changé de station dans la forêt qui environnait Lorette '. 

S. L. WoLMER, dans Sharpe's London magazine ;ljOnàon, 
]85i, t. XIII, p. lôg. 
G. Bellemi, Loretta Manual; Dublin, 1802, in-8° de 662 p. 
Encyclopédie du dix-neuvième siècle : 

Elle (Lorette) doit son origine et ses accroissements à la Santa- 
Casa, ou maison de la Vierge, qui y aurait été transportée miracu- 
leusement vers la fin du xui' siècle 2. 

Edou.ÏERWEGOREN, Lorellc ou la translation de lasantaCasa, 
extrait de V Histoire de Lorette [de Gaillau], dans Précis histo- 
riques, t. I, p. g ; Bruxelles, i852, in-i8 de 36 p. 

Pie IX visita sept fois la s. Casa durant son long ponti- 
ficat. Par une bulle du 26 août i852, il accorda au sanctuaire 
le pouvoir de s'affilier des églises et des chapelles dans le 
monde entier, et de les faire participer à ses propres privi- 
lèges : Fnter omnia •''. 

G. A. OzANAM, dans la Vie de son frère Frédéric (mort en 
i853), a mis parmi les notes et pièces justificatives (vi) un 
appendice sur le « Sanctuaire de Notre-Dame de Lorette », 
où il indique les raisons de croire au prodige de la transla- 
tion : conviction profonde de personnages éminents, tels que 
s' François de Sales ets' Charles Borromée; encouragements 
constants des papes de 129/1 (!) à nos jours ; voyage à Naza- 

' Encyclopédie théologique de Migne, t. XLIII; Paris, i85o,t. I, p. 989-70. 

2 Paris, i852, t. XV, p. 69. 

3 Analecta juris pontificii, i855, 1' sér., p. 47^-9 ; Milociiau, p. 250-2; 
Gauuatt, p. 59-61. 



ETUDE IITSTOR. SUR LA S. G:\.S.\ /I5i 

reth, en 1296, de 16 personnages respectables, dontle procès- 
verbal a été signé des magistrats et des notables (!) ^ 

Graciosos villnnçicos que canlan las colegïales de Lorelo... 
par noche biieiia ; \(adrid, i85/i, in-l\". 

llàlory of (lie legend of ihe holy lïoiise nf Lorello, dans 
Chvisliaii remembrancer ; London, i85/(, t. XXYII, p. 33/|. 

La santa Casa di Nazareth e la eiltà dl Lorelo descrille slori- 
camenle e disegnale da Gaet. Ferri ed incise da valenti artisti, 
ec. ; Macéra ta, i85/|. 

Lecanu, DicUonnaire des prophéties et des miracles : 

Suivant une pieuse croyance, universellement répandue dans 
l'Eglise, mais nullement proposée à la foi,... — Il est impossible, 
après des témoignages si positifs [Sanudo, Urbain IV] de révoquer 
en doute l'existence, au wx" siècle, d'une maison conservée à Na- 
zareth dans l'église de l'Annonciation, et qu'on y considérait depuis 
longtemps comme celle de la sainte Vierge. Mais aussi il est dilTi- 
cile de se faire illusion sur sa conservation ultérieure. — De [ôôg à 
1294, il y a uu intervalle de deux cent soixante-cinq années, 
(pi'aucun autre témoignage ne vient combler. Maintenant, les preu- 
ves de tout ceci ? Ah 1 les preuves ! Malheureusement elles parais- 
sent insuffisantes à la critique, pour peu qu'elle soit sévère. — Le 
récit de la révélation n'est pas le même dans les différents auteurs. 
— Si nous cherchons de l'unité dans les récits relatifs aux fondations 
de la sainte maison à Nazareth, nous n'en trouverons pas davan- 
tage. — Nous avons fait tous nos efi'orts pour élever à la hauteur 
d'un dogme historique les traditions relatives à la S. M. de L. ; si 
nous n'avons pas réussi au gré de nos désirs, du moins nous avons 
apporté de nouveaux éléments dans la discussion. Encore quelques 
efl'orts, et peut-être un successeur, plus heureux que nous, déter- 
rant des monuments contemporains, pourra-t-il dire aux critiques 
et aux incroyants : Enfin voici les preuves ! -. 

Sanctuaire de Loretie, dans Analecla jiiris pontijicii, Romœ, 
i855, t. I, p. 457-79 : 

Notre but n'est point d'énumérer les preuves relatives à la vérilé 
de la Translation. Nous aimons mieux parler des actes de piété 
exercés envers ce sanctuaire... 

1 l'aris, 1879, in-8°, p. 632-5. 

- Encyclopédie théolofiiqiie de Migne, 2" s,é\\,t.X^Y ; Paris, iSû'i/.t, t. II, 
c. Ga-ii/). 



452 NOTRE-DAME DE LORETTE 

A.-J. du Pays, lliiiéraire descriptif, historique et artistique 
de l'itcdie et de la Sicile; Paris ?, i855 : 

Suivant les récits des légendaires, cette maisonnette... avait déjà 
été à Nazareth recouverte d'un temple... Les anges la transportè- 
rent, dans la nuit du 12 mai 1291, en Daimatie..,. 

Arthur Penrhyn Stanley, Sinai and Palestine in connexion 
luith their history, i856 : voir p. 109-12. 

PuECH, La maison de la Vierge à Lorette ; Paris, 1857, in- 
12" de 5.4 p. 

Dans le consistoire secret du 25 septembre 1867, Pie IX 
rappela aux cardinaux son pèlerinage à Lorette au printemps 
précédent'. 

Auguste Nicolas, La Vierge Marie vivant dans l'Eglise, nou- 
velles éludes philosophiques sur le Christianisme : 

Ceux qui veulent qu'un miracle soit prouvé par une démonstra- 
tion tellement irrésistible que la confiance clu'étienne n'ait aucune 
part dans son admission, pourront douter de ce prodige.... Mais 
ceux qui, mus par celte religieuse confiance, voudront seulement 
qu'elle soit justifiée par des preuves raisonnables aux yeux d'une 
sage critique, devront ajouter foi à un événement qui a pour lui 
l'autorité : i" des écrivains les plus recommandables, comme Cahi- 
sius, Baronius... ; 2" des enquêtes et rapports qui furent faits par 
l'ordre de Clément VU et de l'examen le plus sévère de la congré- 
gation'des Rites; 3" des constitutions de Paul 11, de Léon X... ; 
4" enfiii des miracles nombreux... -. 

Santa casa of Laurelo, dans Chambeh's Edlnburgh Journal, 
i858, t. XXIX, p. 211. 

Domen. Barïolini, Sopra la Santa Casa dl Loreto, con- 
frontala cogll accessori dl essa chc rlmangono In Nazareth 
dl Galllea, per confcrmarne laalentlcllà, osservazionl slorl- 
co~crltlche, lopograjlchc, fisiche ed archeologlche ; ]{oma, 
i8Gr, in-8" de 107 p. Cette dissertation fut lue à l'académie 
pontificale d'archéologie à Rome les 3o avril et t4 mai 1857, 
et parut dans son Journal de cette année. Elle a été traduite 

1 Mu.oGHAU, p. 95, n. I. 

2 0* édit., Paris, 1860, in-i8°, 3-= part., l. II, p. 268-7. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 453 

en français par E. .1. Materne, La sainte maison de Lorelte con- 
frontée avec les restes que l'on en retrouve à Nazareth de Gali- 
lée, remarques hislorico-criUques-artistiques-lopographiques, 
physiques et archéologiques, suivies d'une dissertation sur l'an- 
tique autel- en bois renfermé dans l'autel papal de l archibasili 
que de Lat ra n i; l^amur, 1866, in-8" de 99 p., 3 pi. 

Il me paraîtrait équitable de reproduire les parties 
principales de cette dissertation, à raison de l'impor- 
tance que la position de l'auteur lui a fait attribuer, mais 
il faudrait en donner la majeure partie et allonger ainsi 
les dimensions de ce volume, déjà trop considérable. Pour 
l'apprécier au point de vue historique, il suffira de constater 
qu'il admet la parfaite authenticité de la lettre que les 
prieurs de Recanati auraient envoyée à leur ambassadeur 
auprès de Boniface VIII en 1290 (p. i4o 6) '. Le reste, j'ai 
le regret de le dire, est à l'avenant. C'est ainsi qu'il a cru 
pouvoir conclure : 

Le résultat que j'en oblins [de son voyage en Palestine] fut triom- 
phant sous tous les j-apporis. En eiïet, la tradition locale, les cou- 
tumes du pays, l'inspection topographique, l'exanieu des mesures, 
des matériaux, du ciment me forcent à conclure, et foiceiont de 
môme à conclure quiconque jouit de son bon sens, et n'est point 
retenu par l'cspril de parti, que la maison de Lorcttc constitue 
partie principale de l'habitation de la Sainte Vierge à Nazaieth, où 
l'on voit encore les restes de moindre dimension '^. 

C'est trop « triomphant » et trop méprisant à l'égard des 
adversaires, qui peuvent avoir « du bon sens » et être déga- 
gés de tout « esprit de parti ». Deux savants religieux — 
in ore duorum vel Iriuni leslium stel omne verbuni — hôtes de 
Rome pour leurs travaux scientifiques, m'ont donné l'assu- 
rance qu' « on a trompé le brave Bartolini en lui assurant 
ce qu'il a dit de la similitude des pierres de Nazareth et de Lo- 
rcttc )). L'illustre G. B. de Rossi a dit un jour à un prélat de 
mes amis : « È la più grande prova, che abbiamo fatto alla 

1 1'. 66-7 do la traduct. française. 

2 1^. 7O-7 de la traduct. française. 



454 NOTRE-DAME DE LORETTE 

santa memoria di Pio nono, quclla dell' esarae pielrografico 
délia Casa di Loreto ». Lui, Thomme doux et paisible par 
excellence, se fâchait réellement quand il causait de la 
légende de Loretle. 

GossELi.N, Inslrucllons sur les principales Jcles de l'Eglise^. 

Ed^l.LAFo^'D, Lorelle elCaslelJidardo ; Paris, i862,gr.in-i8". 

[DuMAsJ, La sanla Casa, par un pèlerin de Rome et de 
Lorelte "^. 

Fabiamcii (Donato), Sloria dei frali Minori la Dalniazia e 
Bossitia, Zara, i863 ; sur la translation, p. 76-8/1. 

IluTGinsoN (Will. Ant.), Lorello and Nazarelh ; London^ 
i863. 

A¥etzer et AVelte, DicUoiinaire encyclopédique de la Ihéolo- 
gie catholique, trad. par I. Gosciileh '^K 

A. MiLOCHAu, Nazarelh et Lorelle ; Tournai et Paris, i865, 
pet. in-8". Voir à Tannée 1875. 

P. J. Zettin u. p. h. Venedtg, Das Sancluarluni von Ter- 
sall, eln Kullurhild ans deni Miilelaller nach hislor. Qaellen u. 
nach der heil. Sage dargestelll *. 

Joan. Jac. Bourassé, Sunima aurea de laudibus b'""" virginis 
MarivR Dei genilricis sine labe conceptœ, oninia quse deglor""* Maria 
Deipara scripla pncclarlora reperiunlur in ss. hibliis, operibus 
ss. patrum, decrelis concilioruni, elc. necnon monunienla hagio- 
graphica, lilurgica, iheologiea''. A reproduit textuellement le 
travail de Tuombelli : voir à l'année 1760. 

A. Grillot, La sainte maison de Lorelle^ ; — , Hinéraire et 
guide de l'étranger à Lorelle ' . 

1 Paris, 18G1 ; nouv. éd.,ibid., 1880, L. 111. p. 387-4O2. 

- Avignon, i863, 10-12" de viij-i36 p., pi. 

3 Paris, 1804, m-8o, l. Xill, p, 441-<), ai't. de Sciiiiodl (doute). 

t Wien, i865, in-8o de 42 p. 

s Pavisiis, Migne, 1862-0, i3 vol. in-4°. 

fi Màcon-Paris, 1866, in-i8t> de 4o3 p. ; 2" édit. rev., augm..., ibid., 
1866, in-120 de 288 p., grav., plan ; 4" éd., Tours (Lyon, Màcon, Paris), 
1873. in-80 et in-i2«J de xvj-224 p., grav., plan. 

1 Màcon-Lyon, 1867, gr. 18° de 36 p., 2 pi. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA /i55 

Paul GuÉiuN, Les PcUls Bollandisles, Vies des Saitds... '. 
Article de l'abbé Liîcanu, qui n'est arrivé à découvrir dans 
la question de la translation « ni un seul contradicteur ni 
une seule contradiction ». 

J. B. Glaire, Dictionnaive universel des sciences ecclésias- 
tiques ; 

Cette cliambrc a été apportée par les x\nges d'abord en Dalmatie, 
puis à Venise, et enfin à Lorctte... -. 

Petitalot, La Vierge Mère d'après la théologie : 

Celte sainte maison de Marie ex^iste encore, aussi célèbre, aussi 
vénérée que jamais. L'Orient étant tombé aux mains des infidèles, 
Jésus-Christ lui enleva la maison de sa mère et la plaça dans une 
autre terre sainte, dans celte Italie héritière en grande partie des 
bénédictions dont la Palestine s'est rendue indigne. Le Sauveur laissa 
en Orient son sépulcre, présage de la résurrection religieuse de ce 
malheureux pays ; mais la maison qu'il sanctifia par son Incarna- 
tion fut enlevée de ses fondements, restés à leur place pour attester 
le prodige, et transportée par les anges en Europe, sur les bords 
de la mer Adriatique.... La translation de la sainte maison de Naza- 
reth... est un fait des plus authentiques, des mieux démontrés.... 
L'évêquede Tersatz.... Quarante-sept papes, depuis saint Célestin V, 
sous qui eut lieu le prodige.... '■*. 

P. D[ESGnAMPs|, Diclionnaire de géographie anc. et niod. à 
Cusage du libraire et de l'amateur de livres ; Paris, 1870, c. /180. 

La Favola dei volt miracolosi delta s. Casa di Loreto smeii- 
tita dalla sloria, con falti, cilazioni e documenli inoppugnabili, 
per un credenle ; Firenze, 1870, in-i6. 

P. d'HAUTEuivE, Grand catéchisme de la persévérance chré- 
tienne ou explication philosophique, apologétique, historique, 
...de la religion : 

Maison de Maiue a Nazauetu... 11 n'est pas ici question de réfuter 
ceux qui rejettent ce fait : quoique l'on puisse, sans manquer à la 
foi chrétienne, sans commettre aucune faute, ne point admettre la 

1 Paris, 1866, gr. in-So, t. Xlf, p. 212-6. 
3 Paris, 1868, 3 vol. gr. in-80, t. II, p. i3o3. 

s -2' édit., 1869 ; 4" édit., Paris, 1887, 2 vol. in-12, t. I, p. 191-7 ; t. II, 
337-33. 



m ÎNOTRE-DÂME DE LORETTE 

tradition sur laquelle s'appuie la croyance à la translation de la mai- 
son de Nazareth, il faut cependant savoirque dès le commencement 
de cet événement, il fut pris par les hommes les plus graves, les 
plus éclairés, tous les moyens possibles de démontrer la vérité et 
de s'en assurer '. 

Aug. et Alo'is de Backeu, Blbliollièque des écrivains de la 
Compagnie de Jésus, nouv. édit., Liège, 1869-76, in-folio, t. II, 
c. 802-7 ' ^- il^' c. a3ii-2. 

Pins Bonif. Gams, Séries episcoporuin Eeclesiae catliolicœ : 

Ejus [Silvii episc. Recanat.] tcrapore Santa « Casa di Loreto n rese- 

dit intra dioecesim Recanat. (9. maii 1291 in ciltà di Fiume in Dal- 

malia), 10. decemb. 1294 in silva territorii Recanalens.,4 milliadisl. 

a Recanati, i a mari in funda (sic) Lauretae 2. 

Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du .Y/A''" siè- 
cle ; Paris, 1870, in-/f, l. X, p. 680-1 (d'après A.-J. du Pays, 
voir à i855). 

Augustin Albouy, Guide du pèlerin aux Lieux Saints. Es- 
quisse sur Jérusalem et la Terre Sainte ; Toulouse, 1873-/1, in- 
16, t. I, p. oi3 55 (supplément : lu sanla Casa à Lorette, 
d'après Milochau, plan). 

Histoire ecclésiastique, par IIjînrio.n, continuée par Vkiivokst, 
Paris, Migne, 1875, in-/i", t. XXIII, pp. 473, 49S-9 (admet le 
miracle sans restriction). 

A. Milochau, La sainte maison de Lorette '^ D'après l'ap- 
probation de l'évêque de Lorette et Recanati, Thomas (Gal- 
lucci), cet ouvrage « est, sans aucun doute, l'histoire la plus 
exacte et la plus complète que nous ayons de l'humble 
demeure de la Sainte-Famille ». A plusieurs reprises, j'ai 
montré ce que vaut ce brevet d'exactitude. L'auteur étaitalors 
chapelain de Saint-Louis des Français à Rome. 

Joseph cardinal Hehgenuôtiieu, Ifandbuch der atlgemeinen 
Kircliengeschichle : 

1 ô« édit., Paris, 1880, in-ia", t. IM, p. 388-92 (la préface est datée de 
1871 cl l'approbation de 1872). 

2 Ratisboniï, 1873, m-!\0, p. 'jKf. 

:> [2" édit. : voir à i865|, Paris-Lcipzig-Tournai, 1870, in- 12" de xxx- 
35 1 p. et 2 planches. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA. 45- 

Iramerzahlreicher wiirclen die Liebfrauenklrchen ; Ziel frommer 
Pilgerschaaren waren die Malien gcweihlen NValirahiisorle, untei' 
denen seit i2g4 das heilige llaus iti Lorelo bel Ancona die erstc 
S tel le erhielt *. 

• On pourrait conjeclurer que l'éminent auteur admet, im- 
plicitement la translalioii, puisqu'il fait dater la célébrité du 
pèlerinage de lag^'j, époque légendaire de Farrivée de la 
s. Casa dans les Marches. 

[Edm. lluGums de Ragnau], Saiiclacdre el pèlerinage de Notre- 
Dame de Lorelle à MoreiùL aneienne province de Picardie: 
Rome, 1878, in-TÔ de 127 p. 

P. Long, dans Encyclopédie des sciences religieuses : 

Loreltc.;. est célèbre depuis six siècles par le grand nombre de 
pèlerins qui s'y rendent pour adorer la Casa Santa, la maison de la 
Vierge Marie à Nazareth. La légende rapporte que l'an 1391... Les 
offices particuliers du sanctuaire sont un tissu de blasphèmes (!)... 
Il est évident que la supercherie a fondé ce sanctuaire, puisqu'il 
est prouve par les témoignages d'auteurs catholiques, que la mai- 
son de Marie n'existait plus dans le quatrième siècle, que Lorelle 
existait comme bourg avant 129/1, cl puisque des prélats romains 
éclairés (P. Trombelli, Calniet, Fleury, Bercaslcl, le général des 
jésifiles Kelz, etc., etc.) nient énergiquement la translation de la 
maison de Nazareth... ^'. 

A. MiLocuAU,/)e l'aulhenlicilé de la sainte maison de Lorelle, 
à roccasion d'un pamphlet proleslanl [La Favola, 1870] ■'. 
Cherche surtout à prouver la dualité des sanctuaires de Marie 
à Lorelle à la fin du xm'' siècle. 

llisloirc de VEglise, par .1. E. Dauuas, continuée par 
J. Baueille; Pai'is, 1882, in-8", t. XXX, p. 4o-4, d'après Tor- 
sellini. 

G. Falioeu, Pilgrimage to llie Slivine of Our Lady: London, 
1882, in-8» de /|0 p. 

The Encyclopœdia Britannica, a diclionary ojarls... : 

1 Freiburg in Breisgau, 1877, t. It; .3. vci-buss. A.u(l., ibid., i885, t. II, 
p. 57a. Traduct. franc, de l'abbé P. Béi.f,t, Paris, i888, l. IV, p. 879-80. 

2 Paris, i88o, gr. in-8", t. VIII, p. 871-2. 

3 Tournai, Paris, etc., 1881, in-12'' de i46 p. 



458 NOTRE-DAME DE LORETTE 

The legend of thc holy House, by which Loreto became what lias 
been not inappropriately called thc Chrisliaii Mecca, seems to hâve 
sprung up, how is notexactly known, at the close of thc crusading 
period *. 

J. S. FiSKE, The miracle of LoreLo , dans I\alion, Ncav York, 
i8S3, t. XXXVII, p. 2/i8. 

Jos. Saure>", Das lii. Haas zu Lorelo : voir p. 027, n. 3. 

Etant cardinal, Léon XllI visita la s. Gasa do Lorette. Par 
rescrit du 3 juillet i883, il enrichit de beaucoup d'indul- 
gences la Congrégation universelle de la s" maison "^. 

Jean-Bapt. Vuillaume, La sainle-malson de Lorelle, preuves 
anthentlques du miracle de la Iranslalion -*. Dédié au cardinal 
i3artolini, dont « l'ouvrage a fourni la démonstration la plus 
complète de ce grand prodige ». 

Ant. M' Zappoli, ,1 Maria ss. coiilro le parole x^ SupersUzione 
Lorelana ». pensieri ; Bologna, i88/i, in-iG" de 83 p. 

Comme préfet de la Congrégation des Rites, le cardinal 
Bartolini envoya, le 1" juin 188/1, à l'épiscopat catholique 
une lettre-circulaire, où, tout en répondant par un non expe- 
dil à la demande de solenniser en i885 le centenaire de la 
naissance de la s" Vierge, il encourageait la célébration d'un 
Tridaum solennel, du 6 au 8 septembre, « en réparation des 
nouveaux outrages dont la glorieuse Mère de Dieu a été 
l'objet delà part de misérables blasphémateurs, qui... ont 
aussi jeté leurs insultes contre son auguste Maison de Lorette, 
célèbre dans le monde entier », Léon XIII accorda une indul- 
gence plénière aux pèlerins de la basilique du i" sept, au 
10 décembre ''. 

Antonio Piom, La s. Casa dl Lorelo nella chiesa malrice 
délia SS. Triidlà, cenni slorici'^. 

1 Edinburgh. i883, in-.'i°, t. XV, p. 3'-.V'. 

2 Garratt, p. 61. 

s Rome, 1884, pet, in-8" de viij-107 p. 

^ VUILLAUMK, OUV1-. Cité, p. 97-IO2. 

s Verona, i884-o, iii-S" de !\'6 p.; 2" cdiz, accrcsciuta, Ibid., i885, in-8° 
de 3 1.-55 p., 3 pi. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA iig 

A. DuuA>'D, L'écrin de la Suinte Vierge, les Vierges de Saint 
Luc et des temps apostoliques étudiées et visitées ; Lille, i885, 
gv. S", t. III, p. 2/12-5 (d'après l'apparition à Alexandre); 

Henri Jaubert, bénédictin, Notre-Dame de Lorettc près Bri- 
gnoles, notice historique : 

TransporLcc rniraciileusenient par les Anges, de Nazareth en 
Dalmatie, puis sur la terre de Lorettc, au territoire de llécanali, en 
1295, celte demeure... '. 

P. de Lleyaneuas, Vérité des diverses transtalions de ta s'" 
maison de Loretle ; Rome, 1888. 

Pierre Aruighi, Uarclie nouvelle. Histoire anecdolique et 
descriptive, depuis l'an du monde 39S6 (chronologie de la c Vul- 
gate n) jusqu'à ce jour, de la. mystérieuse demeure de la sainte 
Vierge à Nazareth, gardée et vénérée dans ta basilique de Lorettc, 
avec la description des localités et des monuments les plus remar- 
quables de la Palestine et un guide en Italie -. 

L. Baiuié, clans J.-B. Jaugey, Dictionnaire apologétique de 
ta Joi catholique ; Bruxelles, 18S9, in-8", c. i88(). 

Brevi notizie iniorno atV antico saïUuario delta Madonna dette 
Grazie in Tersatlo ; Fiume, i88g. 

Fr. Sav. Rgndina, Las. Casa di Maria in Loreto : la sua sto- 
ria, itsuo cullo, i suoi mistcri •'. 

K. Baedeker, Italie centrale, iSgo, p. io8-g ; igoo, p. 
1 15. 

D'après la légende, la maison de la sainte \ ierge, à Nazareth, en 
Palestine, était l'objet d'une grande vénération depuis le pèlerinage 
qu'y avait ftiit, en 336, l'impératrice Hélène, mère de Constantin le 
Grand. Après les invasions des Sarrasins, la basilique qu'elle avait 
fait construire par-dessus cette maison, menaçant ruine, et les infi- 
dèles s'élant rendus maîtres de lHolémaïs,des anges transportèrent, 
en 1291, la Casa Santa sur la côte de Dalmatie, entre Fiume et Ter- 
salo, et, trois ans plus tard, de là dans la propriété d'une veuve 

1 Marseille, 188G, gr. in-S° de 10 1 p., 2 planches et sceaux. 

2 Montpcllicr-Paris, 18S9, in-^" de vij-3o3 p., cart. 

3 Roma, 1889, in-24" de viij-280 p. 



46o NOTRE-DAME DE LORETTE 

Laurette, aux environs de Recanali, d'où le nom qu'on a donné à la 
maison. Elle est i-esléç depuis à la même place. 

W. Garraït, Lorelo, ihe neio Sazarelh ; Lonàon, 1890, in- 
8° de 128 p. 

Guill. GARnATT, Lorelle, le nouveau Nazareth, qui remplit 
l'univers catholique de la gloire de son nom (Pie IX), ouvrage 
illustré de 00 gravures et précédé d'une lettre d'approba- 
tion de S. G. l'évoque de Lorette, publié à roccasion du 
sixième centenaire, 189/1-5 ; Lille, 1898, gr. in-S" de 290 p. 
L'approbation est du -ib septembre 1889 ; elle déclare celte 
histoire 

Conferlam esse rébus, decoram scntenliis et validis documentis 
scitissime dislinclam, ul nesciam nlrum in ca pulchri sensus, an 
doctrina; \is, an veii intelligcnlia niagis probanda videaliu*. Am- 
pleclitur enim, et ordine digerit, et sanaj crilices lance perpcndit 
documenta, qua) amplissima cxslant, tum de ejus origine et con- 
ditionc duni Nazareth adhnc manebat, tum de mira in Dalmalicas 
oras, et deinde in agrum i^icenum Translatione, ubi nunc Laurel! 
incredibili populorum frequentia colilur. Insuper erndilionc haud 
mediocri, et accuratissima lemporum et locorum descriptione, fac- 
lorum vcrilateni ab inciedulorum mendaciis et procacitate vindicat, 
nec silenlio prœterit innumeras gentium pcregrinalioncs et gralias 
quaruni in summis rcrum angustiis ipste non serael compotes 
fiunt... 

Ces phrases peuvent être conformes au beau latin, mais à 
l'exactitude scientifique:' 

L'ouvrage fut traduit en italien : Lorelo, la naova Nazaret: 
Recanali. j8g4, in-i6 de /ii4 p.; puis eu espagnol par Ag. 
Recoleto ; Recanali, 1896, in-2/i de 419 p., fig. 

Lorelo. Confralernily of Uie Iloly llouse. Lel us love Mary 
by honoring her in lier Iloly lieuse; Recanali, 1890, in-16" de 
55 p. 

Stcph. Beissel, Dus heil. Haas von Lorelo, dans Slimmen 
aus Maria-Laach, 1891, t. XL, p. 162-77 '• Contient un court 

f Hrsg. vom Comité zur liestauration dor deutschen Kapelle in dcr 
Lauretan. Basilika, i-4 Aufl.; Freiburg i/B. i8()i-2, in-ia'J de 36 p., fig. 



ÉTUDE lîlSTOB. SUR LA S. GAS.V 4(!r 

aperçu de l'histoire du sanctuaire, du culte liturgique de la 
s. Casa, de sa forme extérieure et intérieure, des marques de 
vénération dont elle a été Tobjet. L'auteur se réfère aux ou- 
vrages de Benoît XIV et du card. Bartolini, dont il résume 
quelques arguments. 

A. BouLOUMOv, Noire-Dame de Lorelle, dans Semaine reli- 
gieuse du diocèse de Valence, 189 r, t. Il, p.8or-3 -.^ 

[1 faut nécessairement prononcer le mot miracle. Oui, par un 
acte de sa puissance, Dieu voulut soustraire aux profanations dos 
Maliométans... la maison où « le Verbe se fit chair ». 

The Lorello Maiiual; Dublin, 1891, in-8" de 664 p- Cf. i852. 
Baunard, Dieu dans l'école, le collège chrétien, Inslrnclions 
dominicales : 

J'ai vu la pauvre chambre qui fut l'asile de l'auguste Famille do 
l'Enfanl-Dieu.... Vous savez comment celle chambre, celle casa 
sanla, esl venue elle-même à nous, portée d'Orient en Occident en- 
Ire les mains des anges, et déposée à Loielle, au bord de l'Adiia- 
liquc... '. 

Steph. Beissel, Der Eniwurf v. Ludw. Seilz zu der v. den 
Deulsjchen Kalholiken gesliflelen Ausmalung der pdslUchen 
Kapelle in Loreio, dans Zeilschrijl fiir chrislliche Kunsl -. 

Micli. de Ghiaua, La santa Casa in Loreio e fac-similé nel 
duomo di Aversa, con aggiunla di preci e laudi •'. 

Brève di S. S. Papa Leone Xlll inlorno al seslo cenlenario 
délia traslazione délia S. Casa di Loreio (28 janvier 189/1) : 

l<'elix Nazaretana Domus, in qua, designatam Dei Malrcm An- 
gelo salutante, Verbum caro factuni est, inter sacerrima christianae 
lîdei monumenta habetur merito et colitur, idque complura illus- 
trant Decessorum diplomala et acla, munera et privilégia Quae, 
uli lestanlur Ecclesiae fasli, simul ac in Italiam ad Picentes, bonig- 
nissimo Dei consilio, mire translata est alquc in collibus Laurela- 
nis ad venerandum patuil. in se continuo pia omnium vola cl slu- 
dia convertit lenuilque saeculorum decursu incensa... '*. 

1 Paris, 189a, in-i2, t. II, p. 17. 

2 Dûsseldorf, 1892, t. V, c. 65-88 ; Dûsseldorf, 1892, in-4" de 2/1 c., 2 pi, 
■i Aversa, 1894, iniG de 80 p. 

* La Civillà cattoUca, 189/i, 10" sér., t. IX, p. SiS-g. 



402 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Plût à Dieu que la solidité du fond de cette encyclique au 
point de vue historique fût à la hauteur de sa beauté litté- 
raire ! 

Adf. MoHL, Der Gnadenort Loreto in Ungarn K 
François cardinal Richakd, La sainte Maison de Lnreile, 
lettre aux archevêques et éveques de l^rance : 

No nous étonnons pas que Dieu ait voulu, par un prodige, con- 
server en la possession des fidèles la Maison de sa Mère, lorsque, par 
un secret dessein de la JVovidence, il pei'mit que la Terre sainte 
passât sous le joug des infidèles. Ce miracle de la Translation de la 
sainte Maison de Loreltc a été étudié suivant les règles de la criti- 
que liistorique par le savant pape Benoît XIV, avant d'en permettre 
la mention dans le Martyrologe romain... 2. 

On me permettra de remarquer que l'inscription au Mar- 
tyrologe est de 1669 et que Benoît XIY fut pape près d'un 
siècle après, de 17/10 à lyôS, 

G. SiMOïSELLT, La s" Casa di Loretto •'. 

Gioac. Mar. Tbdeschi, La iraslazione délia sanla Casa di Lo- 
relo e i dise g ni di Dio, sludii ''. 

La sainte maison de la sainte Vierge, transportée miraculea- 
seinenl de Nazareth à Lorelle^. 

Le sixième centenaire de la sanla Casa de Lorelte, dans Ana- 
leclajaris ponlificU, 1895. nouv. pér., t. II, p. 59-65. 

W. F. H. GiVRRATT, Loreto, the new Nazareth, and ils Juhilee *"'. 

Guido PiSANi-Dossi, Guida delùaggialore alla cilla diLorelo; 
Siena, iSgB, 

P, Yenanzio da Lagosanto, Discorso in Iode délia s. Casa, 
recitato nella basilica Loretana ; Bologna, iSgS, in-24'' de 
62 p. ; — i Le glorie di Maria e délia sua s. Casa, salmi dodici ; 
Gatteo, 1895, in-i6" de 70 p. 

i Eisenstadt, 189/1, gr. 80 de 258 p., 6 fig. 

2 Semaine religiease du diocèse de Valence, 1894, t. V, pp. 275-7, 291-8 

» Napoli e Roma, 1894, in-i6 de 64 p. Cf. Civiltà cattolica, i5' .sér., 
t. XII, p. 608. 

+ Assisi, 1894, in-80 de xvj-488 p. Cf. Civiltà cattolica, 1895, 16° sér., 
t. I, p. 89-90. 

ii Montréal, iSyô, 8«' de iid p. — e London, 1895, in-So de 4 19 p. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. C.\S\ ,V)3 

Casabianca, France et Lorelte, dans L'Univers de^s 17 et 9.ç) 
janvier 1898. 

A. Delaage, La chapelle française dédiée à saint Louis dans 
la basilique de Lorelte, notice hisloriciue et descriptive '. 

Girol. GoLUBOYicH, Il Trallalo di Terra Sanla e de.il' Oriente 
di J'rale Francesco Suriano : 

So il Suriano... avesse benc osservalo le fondamenla, délia basi- 
]lca Nazaretana, nel cui cenlm sorgeva la s. Casa sul dorso délia 
sanla Grolla. non che la costanle Iradizionc a lavovo dclla Casa 
Laurelaiia. e tanlc altre prove dateci da sci'illori anlichi, avvebbe 
evilalo un si madornale eriore ! -, 

Hartmann .Giusar, Fin Anliegen der kcdholischen Geschich- 
Isliritili : 

Es Avïirde daher beispielsweise durchaus ungeziemend sein, 
wollle man von dcr Kanzcl herab dem Volke im Ton vornehmei" 
Uoberlegenlieit, oder gar mit Spolt, verkiinden, dass die Casa santa 
di Lorelo nun docli nicht von Engeln ans iNazavelh dorlhin ûber 
tragcn sel. Reverenlla debetar pucro : ein schônes Wort, das auch 
liicr seine voile Geltung bat. Also Vorsicbt, Scbonung und stulen- 
Aveiscs Vorgeben ! Man sprecbe zunacbst zu engeren Rreisen, dc- 
nen reifes Vei'slàndnis beiwobnl, und lasse so die Wabrbeit all- 
niablicb in Aveitere Scbicblen durchsickem •'. 

Le saA^ant critique, qui a bien voulu des premiers m'en- 
courager à « die Frage von Loreto anfassen », me rendra 
le témoignage que je me suis conformé à ses conseils. 
J'ai fait ici œuvre d'érudition en vue des savants, seuls 
juges compétents en cette matière historique, et non de 
vulgarisation à l'usage du grand public, pour lui arracher 
une conviction. 

Nkher, dans Kirchenlexilwn : 

Das beilige Haus zu Loreto bat in der Rcibe der Jabrbundeile 
aile Proben soAvobl des gescbicbtlicben rNaclnveises als der Avissen- 
scbaftlicben Untersucbung durcbaus beslanden... '<■. 

1 Paris, 1899, gv. 8° de 2 f.-55 p., 10 pi. 
-' Milano, 1900, gr. in-80, p. 1/16, n. 3. 

8 Akleii des funften internationalen Kongresses katlioliscfier Gelehrten 
zu Miinchen... 1900; Mûnchen, 1901. gr. in-8o, p. i/,i. 
^ Freiburg i.Br.. 1902, gr. in-80, t. VIII, p. i/iô-ôa (147). 



qo'i 



NOTRE-DAME DE LORETTE 



Le docteur von Funk, de Tubingue, a protesté énergique- 
inent, au nom des catholiques allemands, contre cet article 
et l'assei'tion ci-dessus '. J'en ai reproduit une phrase plus 
haut (p. 9). 

ZôcKLEu, dans Healencyklopùdie fur proleslanlische Theolo- 
<jie iiiid Kirchc-, Contrepartie de l'article précédent. 

La PalesUne, guide hislorique el pratique, avec caries el plans 
nouveaux, par des Professeurs de N.-D. de France à Jérusa- 
lem '^. Ce que les Assomptionnistes, auteurs de cet ouvrage, 
disent de « La maison de Lorette » est d'autant plus signifi- 
catif, que leur monographie sur a Le sanctuaire de l'Annon- 
ciation » à Nazareth est sur ce point le meilleur résumé ar- 
chéologique ■'. 

Une Iradilion, très populaire en Occident et qu'on ne peut pas 
rejeter à la légère, montre à Loroltc, dans les Marches d'Ancùnc, la 
maison dans laquelle se serait accompli le mystère de l'iucarna- 

lion — En 1291, après la ruine de Saint-Jcan- 

d'Acre, elle aurait été miraculeusement enlevée par les anges des 
ruines de l'église dévastée et transportée d'abord en Dalmatie. , . 

— A Nazareth, on marque sa place dans le vestibule 

actuel de la grotte. — Celte localisation minutieuse n'est pas sans 
offrir de réelles difTicultés. Lexamen des fouilles consciencieuses 
des Pères Franciscains et les descriptions des anciens pèlerins per- 
meltraient difficilement d'accoler à la grotte même l'édicule de 
Lorelle". — Il y a longtemps que ces difficultés sont connues. En 

1 Theologische Qaarlalschrift, igoi, t. LXXXIII, p. 472. Traduct. ita- 
lienne dans la Rivista cristiana, févr. 1902, p. 74. 

-' 3. verbess. u. vermehrt. Aull., Leipzig, 1902, gv. in-8", t. XI, p. 647-00. 

3 Paris, [igoS], in-i6 de xxxiij-Saa p., plans, cartes. 

t P. 425-3i, avec 2 plans. 

» En note : « La direction du pavé mosaïque et des fragments de murs 
qui le limitent encore, ainsi que la disposition des deux absidioles ména- 
gées dans le rocher, montrent que, avant 1291..., tout le petit sanctuaire 
était contenu dans l'espace de la nef latérale Nord de l'ancienne église.... 
La maison de Lorette n'avait, à son arrivée en Italie, qu'une seule porte, 
disent tous les documents, alors que pour satisfaire aux indications pré- 
cédentes il en faudrait an moins trois ; l'une pour chacun des escaliers, 
et l'autre pour pénétrer dans la grotte, et même une quati'ième pour 
communiquer avec le tombeau de saint Joseph, qui s'ouvrait sur le vesti- 
bule ;). 



ÉTUDE inSTOR. SUR LA S. CASA 465 

lôÛT, le P. BoniCace de Raguse essayait do les élucider en disant 
que (( la maison transportée à Lorette était celle que les pèlerins, 
sous le nom de maison de la >iutrition, vénéraient près de la fon- 
taine, tandis que celle de l'Incarnation n'avait pas quitté Nazareth ». 
— Il ne nous appartient pas de résoudre noqs-mêmes cette ques- 
tion, iiiais nous devons sincèrement confesser que la tradition 
orientale ne mentionne pas la translation miraculeuse, et qu'aucun 
texte ancien ne nous renseigne sur la situation ou même l'existence 
de la sainte maison devant la grotte de Nazareth '. 

De RocuAS, Les frontières de la science : 

La plupart des faits que nous avons cités [de lévitation] peu- 
vent certainement s'expliquer par des considérations analogues à 
celles qu'a développées Ivarl du Prel ; mais il me paraît non moins 
certain que quelques autres paraissent dues à des forces tout à fait 
différentes do celles que nous sommes habitués à considérer en 
physique et je terminerai celte étude déjà longue, quoiqu'encore 
bien incomplète, en rappelant un cas de lévitation qui laisse fort loin 
derrière lui tous- les autres; ce sont les périgrinations [sic] de la 
Santa-Casa de N.-D. de Lorette ^. 

L'auteur, après avoir protesté de son rôle de « siuiple 
compilateur », reproduit rarticle de l'abbé Lkcanu (voir à 
1854/0), sans se douter qu'il a affaire à une légende dénuée 
de base historique. 

George Tyrrell, Lex orandi or prayer and creed '^ : 

Celle proposition : la règle delà prière est la règle de la croyance, 
Lex orandi, lex credendi, ne signifie pas que toute dévotion popu- 
laire repose sur un fond dogmatique solide. Elle ne veut pas dire 
non plus qu'une relique, par le seul fait qu'on la vénère grande- 
ment et depuis un temps immémorial, est authentique. Encore 
moins implique-t-elle que nous devons croire de flde à la transla- 
tion de la Hanta Casa parce qu'il y a une messe en l'honneur de 
cette translation ■'. 

Le nouveau Propre du diocèse de Grenoble, revisé en vertu 
d'ordonnances de JNiM. SS. Fava (1S97) et Henry (1900), a été 
approuvé par la S. Congrégation des Rites le i3 avril igo/j. 

1 P. d3i-2. — 2 Paris, igo4, 2° sér., p. 208-12. 

:i London, 190/i, in-80 de xxx.iv-216 p. 

♦ Bulletin de... l'institut catholique de Toulouse, 190G, p. ^o. 

N.-D. DE LORETTE 30 



4G6 NOTRE-DAME DE LORETTE 

La commission s'était appliquée à faire œuvre tradition- 
nelle, scientifique et locale. A ces titres, elle ajouta au calen- 
drier 21 saints ou bienheureux en relation étroite avec le 
diocèse de Grenoble et élimina 19 fêtes sans attache parti- 
culière avec lui. Au nombre de ces dernières figure la 
Translation de la s'' maison de Lorette ; cette suppression ne 
donna lieu à aucune objection tant à Grenoble qu'à Rome. 
Il y a plus. Un jour que le rédacteur du Propre, M. le cha- 
noine Alex. Grospellier, expliquait au promoteur de la folles 
raisons qui avaient fait retrancher du nouveau calendrier 
diocésain les noms de s' Grescent et de s' Zacharie, inscrits 
pourtant au Martyrologe romain, M"' Yerde, convaincu par 
cette démonstration, fit spontanément cette réflexion : u Si 
Ton étudiait avec soin et de cette manière les documents sur 
la translation de la maison de Lorette, je crois bien que le 
fait ne résisterait pas à l'examen ». Ajoutons à celle appré- 
ciation que, dans son décret d'approbation, la Gongrégà- 
tion des Rites se plut à mettre en relief la haute compétence 
hagiographique et liturgique du distingué rédacteur du nou- 
veau Propre, la conscience, l'art et la méthode apportés par 
lui à ce minutieux travail, et à le féliciter de s'être astreint 
à puiser aux plus pures sources de la liturgie et de l'histoire'. 
J. V. Bainvel, De Magisterio vivo el Traditione : 

Permissio ciillus non est decrelum definilivum,sicut nec bealifi- 
catio. Impositio cullus ad universalerri Ecclcsiam importât ali- 
quando facti veritatem, si i"es sit dogmatica... ; non videtur sem- 
per imporlare veritatem facti merehistoricam, cum potiusvideaUir 

Ecclesia.... de ipso cultu statuera quam de facto Intenditne 

Ecclesia pi'onuntiare (etsi non définitive cum non sit cultus iraposi- 
tus) de facto miraculoso in officio de Translalione domus Laurela- 
nai... ? An modo cultuni qualis exliibelnv domui in qua Yevbvnn 
caro faclum sit... approbat ?... 2. 

Si quod feslum approbat aut insliluit Ecclesia, neccssario con- 

1 Semaine religieuse de Grenoble, 190/1, t. XXXVJ, p. (igS. 

2 Cf. BouDiiNHON, El si ce n'était pas vrai ?, dans Bévue du clercjè Fran- 
çais, 1900, t. XXll, p. 24i. 



ÉTUDE mSTOR. SUR LA S. C:\SA. 4«7 

nexurn cum aliqiia appaiiliono vol aliquô miiaculô...., respicit Ec- 
clesia potius ipsum cultum quam factura rairaculosum. Factura 
illiid non fit ergo ea ratione Ihcologicum i. 

H. Lesktrr, Voir clair et dire vrai : 

Morne si une fête a été établie en mémoire d'un fait contesté par 
la suite, comme c'est le cas pour la translation de la maison do 
Loretle, rinfaillibilité de l'Eglise n'est nullement cngagéedans l'ins- 
titution et le maintien de cette fêle. (En note) La suppression des 
légendes n'entraînera naturellement la suppression ni de la fêle de 
sainte Marie Majeure, ni do la fêle du sanctuaire de Notre-Dame de 
Lorettc -. 

Gaston Le Hardy, IHsloirc de Nazareth... : voir p. 6, n. i. 
L'auteur ne dissimule pas le peu de confiance que lui four- 
nissent les documents envers la translation •*. 

Leop. de Feis, La s. Casa dl ISazarcUi ed il santuario di Lo- 
reto, dans La Rassegna nationale, l'irenze, iQoS, 1, CXLI, 
p. G7-97 ; t. CXLIII, p. /|o5-3o : voir p. 6, n. i. Au docte 
barnabite de Florence revient le mérite d'avoir posé au 
xx" siècle la question deLorette devant la critique. Son double 
mémoire a eu trop de retentissement pour qu'il spit néces- 
saire d'en faire ici l'analyse. Il m'a mis sur la trace de plu- 
sieurs textes italiens et dispensé de voir par moi-même ceux 
qui n'étaient pas à ma portée '''. ; 

1 Paris, 190.5, in-S" de viij-iôg p. (pp. ii4-5, 129). 

- Revue dudergé Français, Paris, igo5, t. XLIV, p. 57.5. 

3 Pp. loi-a, 106-7, 111-7, "9) ^21, i33-8, i63 ss., 187. Los rédacteurs 
de comptes rendus n'ont pas manqué de le remarquer : B[e«lière], dans 
Revue Bénédictine, igo5, t. XXII, p. 635-6 ; L. Dressauie, dans Echos 
d'Orient, igoS, t. VITI. p. 187-8 ; J. Goudard, dans Etudes de la comp. 
de Jésus, igoS, t. CIV, 268-6 ; Revue Biblique, içjoô, a^sér., t. III, p. 186-7 ; 
.1. TuRMEL, dans Revue du clergé Français, 1900,1. XLIV, p. 6g-7o; L'Uni- 
vers, feuill, du 18 juillet igo5. 

» 11 a eu des comptes rendus par Bertr. L. Gonway, dans The Calholic 
IVorW, New York, igoS no\emhre ; Liierarische Rundschau f. d. ttatliol. 
DeutscJiland, Frciburg i. Br., igoS, t. XXXI, ce. io6 et SoS-g; Rassegna 
Gregoriana, Roma, igoS, t. IV, p. 91" ; J.-B. Ch[abot], dans Rev. critique, 
Paris, igoSj 2°, sér., t. LIX, p. 436 ; Rivista storico-i'Hiica délie scienze teo- 
logiche, Tioma, igoS, t. I, p. 9i5 8; Siudi religiosi, tgoS, pp. gi et 683-4 ; 
H. Kellxer, dans Tlieoîogisclie Revue, Munster, 1906, c. 2ii-3. 



468 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Ses conclusions ont été surtout développées devant le pu- 
blic français par un professeur à l'Institut catholique de Pa- 
ris, M. A. BouDiNHoiN : voir p. 6, n. i. Dès Tapparition de son 
article, il a été pris à partie, autant au sujet du Suaire de 
Turin que de Lorette, par M. Arthur Loni ' : puis par un 
anonyme, que Ton assure être le P. Eschbach, ancien supé- 
rieur du Séminaire Français à Uome "■''. M. Boudinhon a 
fait à ce dernier une première réponse'', qui sera suivie d'une 
autre ^. 

The Iloly lloiise of Lovelo, a rejoinder •"'. 

Julien de iNarfon, Vers l'Eglise libre : 

Nous devons à la Sainte Vierge, après Dieu, nolrc respect et no- 
tre amour. Mais pour la respecter et pour l'aimer est-il donc néces- 
saire de croire que sa maison a clé transportée par des anges à tra- 
vers les airs, parce que Dieu, un beau jour, s'avisa que ce lieu de 

1 La Vérité Française, variétés des n" des a/t, 27 septembre et 8 oc- 
tobre 1 905 . 

2 La sainte maison de Lorette, dans L'Ami du Clergé, Langres, 190G, 
t. XXVIH, pp. 70-3, iSG-g, 179-81, 209-11, 2'i5-7, 257-Gi et 353-8. Ces 
articles de polémique acerbe traitent les questions suivantes : Quares- 
mius, église antérieure, argument négatif, Baptiste le Manlouan, auteurs 
des xv° et xvf siècles. Papes, matériaux : rien par conséquent sur les 
documents des xni° et xi\'' siècles relatifs à la translation, par cotte bonne 
raison qu'il n'y en a que de faux, dont le P. Escbbach aurait pu dire un 
mot. Son premier article a été reproduit dans la Ilevue Franciscaine, bul- 
letin mensuel du tiers-ordre de Saint-François, Fribourg et Paris, 190O, 
pp. i4i-6, 192-6. 

3 Lorette, Qaaresmius et Benoit XIV, dans L'Ami du Clerçié, t. XXVIII, 
p. 312-7 ' réimprimé à Poitiers, 1906, in-8° de 19 p. Elle a fait l'objet de 
deux conférences apologétiques dans VApologetische Beilage de Mûnchen- 
Gladbad. 

■^ L'abbé E. Duroisel vient de commencer une Réponse aux objections 
de l'abbé lioudinhon, dans La Fraternité, organe mensuel du tiers-ordre 
Franciscain, Paris, 190G, t. IV, pp. 149-06, 179-83. Par contre, le travail 
du savant canonistc a été cité avec éloge pai- la Gerhania, Zeitang fiir dus 
deutsche Volk und Handesblait, Berlin, G octobre igoS, p. 2 ; et par la 
Bévue pratique d'apologétique, Paris, 1900, t. I, p. 47-8. 

•" New York, 1906, in-8° de 36 p. ; renferme deux articles sous ce ti- 
tre par Bertr. L. GoNWAY (extrait du Catholic World), p. 3-i2, et par 
Alex. MacDonald, p. i3-32, plus deux lettres de l'éditeur du C. W. .lohn 
J, BuuKK, et d'A. MacDonald 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 469 

pèlerinage serait mieux silué en Italie ? (En noté) Les aiigcs uont 
pas emporté dans les airs la maison de la Sainte Vierge. Mais l'ar- 
chitecte de Angelis on a rapporté le plan pour en construire à Lo- 
rette une exacte reproduction. On a découvert dans les archives du 
Vatican la preuve de cette mission de rarchitcctc de Angelis. On 
voit de quelle confusion de mots est née la légende. Mais l'onîce de 
la translation de la Sainte Maison de Lorettc n'en continue pas 
moins de figurer au Bréviaire ^ 

F. Pallott.\, La Sanla Casa di Lovelo'^, 

A. K., Die Légende von Lorelo '•^. 

Paolo da Sain Francesco [Augusto Mussini], Letlera al 
P. Ghignoni, dans le Gior/iale d'Ualla, contre rautlienticité ; 
indiquée dans Fouvrage suivant, p. 287-8. 

Alfonso Mauia di Gesù, La S. Casa venerala a Lorelo e la 
madonna del Buon Consigllo a Geiiazzano, ossermzioni (logico- 
crUiclie con appendice inleressanle) intorno ad uno scrillo del 
P. Leopaldo de Feis barnabita ''. La première partie, relative 
à Lorette, est en réalité tout entière dirigée contre le 
P. de Feis. L'auteur veut bien constater : 

iSon appartenendo adunque al sacro deposito delta fede il tatto 
délia Traslazione délia S. Casa, si puù lecilamentc non mono che 
liberamentc discuterc intorno alla veridicità del medesimo ed in 
base a quel sani criteri, che ne conducano al conseguimento délia 
verità^. 

11 ne se pique pas d'exactitude ; en voici un exemple : 

E per accennarc in particolare ad una délie tante BoUe Pontifi- 

cie, che stanno a documentare il fatto in questione, ci fermiano 

alquanto in quclla di Beuedetlo XII, la quale risale iino al j3iZi, 

venti anni cioè dopo la venuta dellaS. Casa nel territorio recanatese"^. 

On poui;rait voir une simple transposition typographique 
dans la date loi/i (pour loki, qui est celle de la bulle de 
Benoît XII), mais le contexte est là pour interdire cette 

■1 3c édit,, Paris, 1906, In-S", p. 302. 

3 iKirli, 1906, in-80 de 18 p. 

s Sonnlags-Glocke, Elberfcld, 1906 Màrz 20, p. 90-1. 

♦ I-'ermo, igo5-0, gr. in-12 de 3n p. 

3 P. i/,-ô. — 6 p. i58. ; 



470 ?iOTRE-DàME DE LORETTE 

excuse charitable ; cette erreur de conséquence n'est pas 
d'ailleurs corrigée dans le copieux Erraki qui termine le 
volume. 

Dans sa « Correspondance Romaine » sur « l'hérésie des 
Mariavites », L'Univers du - mai 1906 a donné la nouvelle 
suivante : 

Le prêtre Kowalski reprit avec un compagnon le chemin de la 
Ville-EternelIc. Il était à Rome il y a un peu plus d'un mois.... — 
En quittant Rome, les deux prêtres Mariaviles sont passés par Lo- 
retle. Ils ont annoncé à l'évèque que, pour le punir, lui et ses pré- 
décesseurs, d'avoir peu honoré la sainte Vierge, la Santa Casa allait 
èti-e enlevée de Lorette, transportée par les anges à IHotsk, pour 
servir de demeure à Marie-Félicie [Kolowska, auteur de la secte]. 
Les dernières nouvelles apprennent qu'en Pologne les Mariaviles 
attendent, d'un moment à Faulre, l'arrivée par les airs de la Sanla 
Casa... 



* 



Notre dernier résumé s'arrêtait au moment où la légende 
de la translation venait de prendre possession de l'opinion 
publique, par l'organe d'Angelita. Pour fortifier son témoi- 
gnage. Clément VU aurait envoyé trois de ses camériers en 
Orient confronter à nouveau les mesures de la s. Casa avec 
ses fondations à Nazareth (p. 33i). En ce temps, on com- 
mença la construction du monument en marbre destiné à 
revêtir la s' maison (027). La célébrité du pèlerinage ne 
connut désormais plus de bornes. Les papes n'omirent au- 
cune occasion de s'en faire l'écho et de rappeler les célestes 
origines du sanctuaire (029, 333-4. 35o, 36o, 364, SGy, 3So, 
^07, 4/19, 461). Ils lui donnèrent fréquemment des marques 
de la plus bienveillante sollicitude ; expropriation des pro- 
priétaires de la colline voisine, pour l'aplanir et rendre le 
climat plus salubre (029) ; autorisation de la vente des objets 
de piété les dimanches et jours de fête (corriger dans ce sens 
la ligne i5 de la page 33o) : exemption du drOit de gabelle 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. CASA 471 

pour 1g sel nécessaire aux habitués du sanctuaire (3o2); 
prohibition de porter des armes offensives dans la ville et 
ses faubourgs (o/jo); confirmation répétée des privilèges 
(344, 346, 364, 442); concession du rochetet de la chape aux 
chanoines (874) ; construction de canaux souterrains pour 
amener de l'eau potable (080) ; autorisation aux chanoines 
de porter la « mantelletla » violette et une croix pectorale 
(44o). 

La proportion du nombre des auteurs pour ou contre l'au- 
thenticilé de la translation reste la même : il y aura cepen- 
dant des réserves à noter. Les écrivains favorables peuvent 
être classés sous les rubriques suivantes : archéologue (Syg); 
ascétiques (352, SgS, [\ib, 452); canoniste (34 i) ; commenta- 
teurs (377-8, 387, 389, 417); critiques (417, 448) ; encvciopé- 
distes (429, 449"); géographes (34i, 357, 371, 383, 384, 394, 
45o, 45g); hagiographes (383, 388, 398, 399, 4o6, 4i2, 43o, 
43i, 443^, 448, 45 1, 452"^J ; historiens (349, 352-3, 362-3, 367- 
~ï, 376, 377, 379, 089, o()i-, 4oi, 4i4, 421-2, 432^, 436, 443, 
457, 459) ; lilurgistes (373,422-3, 446); mystique (099); ora- 
teurs (33i, 377); poètes (34i"^, 352, 358, 362^, 371, 375, 376, 
078, 379, 386-7, 388, 390, 393, 398, 420, 423, 432-'^): théo- 
logiens (365-6, 375); voyageurs (355, 373, 076, 390, 393-, 
4oo, 4o3, 4o5-6, 428, 447, 448, 449, 452), Les opposants ne 
sont guère plus d'une douzaine^ (343, 079, SgS, 397, 4oi, 
4o4, 4i4, 4i5, 417-8, 423, 402-, 457, 464), et on ne laissa 
pas leurs arguments sans réponses (358-9, ^T^- 376, 383). 
Mais cette quasi-unanimité en faveur de la translation est 
pour produire une illusion d'optique. Bon nombre d'auteurs 
expriment d'une manière correcte, mais non convaincue, 
l'opinion qui prévalait à leur époque : dans le fond, leur 
sentiment intime ne lui était pas favorable, on le sent: ils 
pèchent, comme Vogel (437), par respect humain. Voltaire 

1 J'ai oublié Isaac Gasaubon, De rebiis sacris et ecclesiaslicis exercilalio- 
nes XVI ad card. Baronii prolegoinena in Annales; Londini, i6i4, in-fol. ; 
l<'raacofuiii, i(3i5, 111-4", p. i54 sq. 



472 NÔTRE-DAME DE LORETTE 

lui-même n'est pas sarcastique à son habitude (/t20j. Les 
BoUandistes, en attendant que le général de leur compagnie 
leur interdise ce sujet (/126), ne font aucune allusion aux 
preuves du fait qu'ils mentionnent par occasion (3g8 g, 
42,4-5) ou formulent des reserves (406). Ce qui est plus ca- 
ractéristique, des bénédictins de premier ordre, Mabillon 
et Montfaucon, racontent leur passage à Lorette sans pro- 
noncer le mot translation : ils ont cru simplement de bon 
ton de n'y pas contredire publiquement f/io3, 407); peu 
après, leur confrère Calmet n'hésitera pas à le faire (4 18). 
Parmi les tenants du miracle, combien y en a-t-il qui aient 
cherché son fondement historique':* Je ne parle pas des poè- 
tes, qui se sont naturellement donné des licences, même sur 
la légende d'Angelita (34 1). Voici la substance de ce que 
renferment, à cet égard, tous les textes reproduits : 

Cliiaramente ne fanno fede le scrifctuve, le statue d'oro, d'argento, 
di cera, et le pitkireet altre simili cose (342); Queslo si sa per tra- 
dizioni aiitiche di teslhnonj degni di fede, ne accade dubitar di 
qiicsta verità, ricevuta ed acceltata dal consenso di lulti, conrei-- 
mata con tanli e si slupendi miracoli, e col conlinuo ed universal 
Goncorso..., con li molli doni... (349) ! ^^^ ^^^ quod qnis de re gcsta 
diibitet, qui mcmoria répétât illic dictum esse ab angelo, non esse 
impossibile apud Deum omne verbuni (363, 391); Cerla traditione 
constat... (365) ; Opinione prorsus reccplum... cùm propter gravis- 
sima scriptorum... testimoiiia, tum miraculoriim celelîritatc... 
(373); Ex liistorla salis cerla et nola, probat nosler Canisius (370); 
Profiteor me nihil... diclurum, quod ex hisloriographis aucloribus- 
que gi-avissiinis non decerpscrim... (3-7); Pauca prfcfari libet ex 
lîaptista Mantuano, Ilicron. Angelitaet Ilor. Turselino (387) ; Mira- 
cula quic illic crebra l'ulserc, fidem fccere... (391); Pour prouver 
la question de fait, nous avons les anciennes tradilions et les dé- 
positions de la créance universelle .., outre cela les pierres mcsme... 
(4oo); Gum...monumenla regionis illius, in qua (s. Domus) statio- 
nem posnit, indubitata occurrant... (4i4); Omnium litteris et con- 
stanti fama comprobatam, summorum pontificum decretis confir- 
matarn... (4i5); Ut vêtus et constans fert opinio, quamplurirais suf- 
fulla pontificuni Romanornm testinioniis... (437); Ce prodige est 
attesté, non seulement par les annalistes de l'Eglise et par les his- 
toriens particuliers de Lorette..., niais par des savants de premier 



ÉTUt)E HIST6R. SUR LA. S. CA.SÂ h-jS 

oi'drc.;., Papebrock, Noël Alexandre... (/|/i6); Sans parlef de l'au- 
torité de la ti-anslation et de Fautorité du foit en lui-môme..., la 2' 
translation est attestée par un saint canonisé, le b'' Nicolas de To- 
lentino... (A47); Gomme le prouvent d'innombrables et sérieux 
documenis... (44y); Suivant une sainte tradition... (7i5o); Convic- 
tion piofondc de personnages éminents..., encouragements cons- 
tants des papes.... voyagea Nazareth en 1296... (/|5o-i) ; Evénement 
qui a pour lui l'autorité des écrivains les plus recommandables..., 
des enquêtes et rapports..., des constitutions..., enfin des miracles 
nombreux... (/i5a) ; La tradition locale, les coutumes du pays, l'ins- 
pection topograpliiquo... (/|53); La translation de la s" maison de 
Nazareth... est un fait des plus authentiques, des mieux démon- 
trés... (455); Dès le commencement... il l'ut pris par les hommes 
les plus graves, les plus éclairés, tous les moyens possibles de dé- 
montrer la vérité... (456); Idcomplura illustrant dcccssorum(pon- 
tif. Roman.) diplomata et acla, niunera et privilégia; quic (domus), 
uti testantur Ecclesiœ l'asti... (461); Ce miracle a été étudié suivant 
les règles de la critique historique... (4Ga) ; La coslante tradizionc... 
c tante prove dateci da scritlori antichi... (463); Aile Probcn sowohl 
des geschichtUchen NacliAveises... (463). 

Comme les historiens de Nazareth, les auteurs qui parlent 
de Lorette se sont, de tout temps, préoccupés de scruter les 
vues de la Providence dans le miracle de la translation : 

Essendo pericolo che questa s" Casa venisse ad csser profana ta, 
voile l'omnipotente Iddio riservarla, ordinando che per ministerio 
degl' Angeli fosse Iransferila... (349); Angelorum ministciioab infi- 
dclium manibus vindicala... (363); Deo dilccta domus... c Syria 
pariler cum religione disccssit,.. (37()) ; Cum debilus sacrosancta; 
cellultc lionos nequc ah indigcnis neque ah exteris haberehir, angc- 
lorum opéra (et ut alii pro certo athrmant, ah ipso Gabrieiej a fim- 
• damentis avulsa... (387); L^eo dilecla domus... e Syria pariler cum 
religione discessit... (089); Divino consilio... translata est... (Sqi): 
Dieu ne voulut pas... qucla sainte maison de Marie demeurât expo- 
sée aux profanations des barbares... (443); Noi vi Irovianio.. iina 
bella disposizionc délia Provideuza, perché replicato in lai modo, 
apparisse più manifcsto e meglio osservato il prodigio... (445); 
Dieu..., pour compenser la perle du Saint-Sépulcre, fit transporter 
miraculeusement en terre catholique l'humble et auguste mai- 
son... (446) ; L'Orient étant tombé aux mains des infidèles, Jésus- 
Christ lui enleva la maison de sa mère et la plafja dans une autre 



474 NOTRE-DAME DE LORETTE 

terre sainte... (455); Par un acte de sa puissance, Dieu voulut sous- 
traire aux profanations des Maliométans... la maison où u le Verbe 
se fit chair » (461) ; Ne nous étonnons pas que Dieu ait voulu, par 
un prodige, conserver en la possession des fidèles la maison de sa 
.Mère, lorsque, par un secret dessein de la Providence, il permit que 
la Terre sainte passât sous le joug des infidèles (462). 

Il n'y a pas, que je sache, dans la chrétienté, de coin de 
terre qui, au point de vue de la juridiction ecclésiastique et 
civile, ait été sujet ù d'aussi perpétuelles vicissitudes. Repre- 
nons les choses à l'origine. — 7209, 22 nov., fondation du 
diocèse de Recanati, aux dépens de celui d'Uraana, dont Lo- 
relte faisait partie; 1268, juin/juil., il est suppi'imé et uni à 
celui de Macerata; 12S9, 12 déc. il est rétabli; 1020, iSnov., 
il est uni de nouveau à celui de Macerata ; 1020, nouvelle 
suppression ; io56, janv. 8, nouveau rétablissement et 0" 
union à Macerata; i424, tentative de Rome pour donner 
Lorette en commende à un cardinal; 1471? un camérier de 
Paul II y est nommé commissaire pontifical; 1476, 5 oct., 
Sixte IV unit à perpétuité l'église de Notre-Dame à celle de 
Recanati (p. 262); 1/176, 28 nov., le môme exempte le sanc- 
tuaire de la juridiction de l'évêque de Recanati et le met sous 
la dépendance exclusive du Saint-Siège; 1477, févr. 8, sur 
les instances des citoyens de Recanati, il révoque cette exemp- 
tion ; 1007, 2 1 oct., Jules II l'ait revivre l'exemption décrétée 
par Sixte IV; lôog, 27 avr., le même rend à la cité de Reca- 
nati sa juridiction sur Lorette; i5i4, 8 déc, Léon X érige 
l'église de Lorette en collégiale; i524, i3janv., Clément VII 
rattache la cité de Recanati au légat de la Marche et soustrait 
le « castrum » de Lorette à la juridiction des Recanalins; 
i536, 18 févr., Paul III casse les lettres précédentes et sou- 
met de nouveau l' « oppidum » de Lorette à la commune 
de Recanati ; i565, 19 oct., Pie IV exempte la ville de Lorette 
de la juridiction de celle de Recanati; i58o, 16 juil., Gré- 
goire XIII déclare Lorette « nullius diœcesis » et l'exempte 
du droit de visite de la part de l'évêque de Recanati; i586, 
17 mars, Sixte-Quint supprime réveché de Recanati (uni a 



ÉTUDE HISTOR. SDR LA. S. CASA ^70 

Macerata depuis 1571), et confère à la collégiale de Lorettc 
la dignité épiscopale et à la ville le titi'e de cité : lôgi, 18 déc., 
Innocent IX casse la décision de son prédécesseur et rétablit 
l'ancien état de choses ; lôg'i, 9 févr., Clément Vill confirme 
et promulgue l'union de Bccanati et de Lorette en un seul 
diocèse; 1602, 18 mars, le même ordonne au chapitre de 
Lorette de recevoir avec honneur le clergé de Recanali ; iG03, 
27 juin, il rend exécutoire une décision dans le même sens 
de la Congrégation des Rites; des dissensions s'étant pro- 
duites sur les parts respectives du cardinal protecteur et de 
révoque, la Rote décida à plusieurs reprises, en 1616-7, ^\^^^ 
la s° chapelle faisait partie delevèché; 1620, 2^1 juil., Paul V 
déclare a nullius diœcesis » le sol de la s. Casa et de la 
s" chapelle jusqu'aux colonnes et aux degrés inclusivement; 
1698, 5 août, Innocent XII, pour mettre un terme aux dis- 
sentiments intérieurs sans cesse renaissants, institue une 
congrégation dite Luarelana, pour remplir les fonctions de 
protecteur: 1827, 21 déc, Léon XII fait gouverner le sanc- 
tuaire par un commissaire apostolique. 

Cette dernière décision mise à part, c'est au total vingt-six 
changements de régimes en moins de quatre siècles et demi, 
soit plus qu'aucun pays du monde n'a eu de constitutions. 
C'eut été un des plus beaux miracles de Notre-Dame, qui en 
a tant fait à Lorette, de procurer Tenlente entre les diverses 
autorités ecclésiastiques qui s'y coudoyaient, d'y faire taire 
ces rivalités d'intérêts, ces compétitions d'autorité, que les 
documents laissent entrevoir, mais dont ils ont dissimulé 
l'apreté. Les papes y ont use et parfois compromis leur 
autorité suprême. 

On n'a pu trouver trace de la fête de la translation (10 dé- 
cembre) avant la fin du xvi° siècle. C'est la commune de 
Recanati qui en prit l'initiative, en décrétant (lôgo) qu'on 
la solenniserait chaque année par une procession (36/|). Fer- 
rari l'inscrivit, en 1626, dans son Catalogue des saints ab- 
sents du Martyrologe romain (383). L'Eglise ratifia bientôt 



h-^ NOTRE-DAME DE LORETTE 

cette dévotion des fidèles: la S. Congrégation des Rites auto- 
risa, en 1602, cette (cte pour les Marclies, sous le rite double 
majeur, mais sans rien de spécial encore (385); cette conces- 
sion fut étendue aux réguliers du Picenum, Tannée suivante 
(086). En 1669, la même Congrégation se prononça en faveur 
de l'insertion de cette foie au Martyrologe, ce que Clément X 
exécuta l'année d'après (099). La légende de la translation 
fit son apparition dans le Bréviaire en 1699 (408-9). Jamais la 
iete n'est sortie du supplément u pro aliquibus locis » ; aussi 
la concession en a-t-ellc été successivement étendue : au Pi- 
cenum, en 169g (/(og) ; au diocèse de Segni et aux Francis- 
cains, en 1709 (4 1 4) ; à l'Etat ecclésiastique, en 1716, 1726 et 
1736 (4 16, 419, 424) ; à la Dalmatie ou Carniole, en 1719 et 
1720 (417, 419); aux possessions de Venise, en 17-28 (42o) ; 
aux états de l'Espagne, en 1729 (4ao) ; aux duchés de Parme 
et Plaisance, en 1701 (42i); La Congrégation chargée par 
Benoît XIV de la réforme du Bréviaire romain, la supprima, 
en 174a (4^5-6). De nos jours, quantité de diocèses l'ont de- 
mandée et obtenue ; elle a disparu des Officia propria de Gre- 
noble, en 1904 (465). En la rendant obligatoire avec octave 
pour tout le Picenum, à l'occasion du 6'' centenaire, Léon XIII 
y a prescrit d'ajouter à la 6" leçon ce qui suit : 

Lco vei'o decimus Icrlius, ponlifex ma.\imiis, sexto vertente sœ- 
culo ex que eadem sacra Domus Lauretum delata est, antistitum 
Picentium piecibus obsecundans, Virginem Laurelanam totius 
Piceni regionis patronain praîcipuam declaravit, ipsiusque ïians- 
lalionis festuni ritu duplici prinKc classis cum octava in Piceno 
uiiiverso quolannis rccolendum induisit. 

Parmi les pèlerins de cette période, on a noté : saint 
François Xavier (009), s' François de Borgia (348, 35 1), 
s' Charles Borromée (35o-i, 354, 356), les vainqueurs de 
Lépante (35 1-2), Montaigne (355), Badzivill (359), s' Louis de 
Gonzague (36o), le Tasse (362), s' François de Sales (364-5, 
072-3), Clément VllI (371-2), b^ Séraphin de Monte Grànario 
(375), Descartes (382), nièces de s' Louis de Gonzague (382), 
J.-J. Olier (385), J.-M. Suarès (38()), s^ Joseph de Gupertin 



ÉTUDE rlTSTOR. SUR Lk S. GàSA ft-j-; 

(5ç)ù), de Bi-etonvilliers (/|Oo), Marie-Gasimire de Pologne 
(/i02, 4i3), b'' Grignon do Monlfort (^i?3), Yolande-Béalrix de 
Toscane (4i6), Frédéric-Ghristian de Saxe (42/1), Visse, prof' 
à Lyon (/,27), s' B.-J. Labre (/,3i), Pie VI (/433,), Pie VII (438, 
440, Grégoire XVI (447-8), Pie IX (44g) et Léon XIII (458). 

Les cadeaux continuèrent plus que jamais d'affluer; en 
1791, au témoignage de Murri, qui on donne la description 
(434), les objets précieux, contenus en G7 armoires (credeii- 
ziiio), étaient au nombre de 5oo environ : Leopardi leur 
attribue une valeur moyenne de 1000 écus (435). Les dons, à 
inscriptions datées, que j'ai seuls catalogués, provenaient de 
toutes les hautes classes de la société : pape, cardinal, nonce, 
archevêque, évoque, abbé, monseigneur, chanoine, jésuite ; 
empereur, impératrice, roi, reine, vice-roi, infante, prince, 
princesse, électeur, archiduc, archiduchesse, grand-duc, 
grande-duchesse, duc, duchesse, marquis, marquise, land- 
grave, comte, comtesse, barou, chevalier, noble; conseiller; 
généi'al, colonel ; philologue; villes (Bologne, Gorneto, Fer- 
mo, Fossombrone, Livourne, Lyon, Monlalto, Nancy, Paler- 
me, Paris, Udine). Il faut signaler la rose d'or, accordée par 
Grégoire XIII en i5S4 (35g), et le. grand collier de Tordre 
de la Toison d'or, envoyé par Philippe IV en 1628 (385) ^ 

Il reste à résumer quelques menus laits. Clément VII fit 
entourer Lorette de murailles, pour la protéger contre les 
incursions des Turcs : de ce fait, la ville devint un « cas- 
trum » (335-6). En i545-6, fut fondé l'ordre des i5i chevaliers 
de Lorette (34 1). Les Jésuites furent introduits comme péni- 
tenciers dans le sanctuaire: ils étaient i4 en i554 (343); on 
trouve cependant le primicier du chapitre remplissant ces 
fonctions, en i588 (363). Urbain VIII soumit le recteur et les 
pénitenciers mineurs de Lorette au grand pénitencier de 
Rome, en i636 (388) ; Alexandre VII en fixa le nombre à 19, 
en 1659 (396). Plusieurs de ses prédécesseurs firent mettre 

1 On trouvera l'indicalion des dons subséquents dans les livrets à l'usage 
des pèlerins publiés au xix"' siècle, comme dans celui de GtANCizzi, 



.I78 NOTRE-DAME DE LORETTE 

sur les Acjims Dei Timage de la s. Casa (35o, 4oi). On frappa 
aussi des monnaies en son honneur, avec cette inscription ; 
S. MÂRÛ DE LOREÏA I DE RA.GA.NÂTI; mais elles doivent 
être postérieures à i584 *. Prébendes et bénéfices lurent sup- 
primés, en 1692 (366); on trouve de nouvelles fondations 
de canojiiicats, en 1608 (376), en 1621 (38i), en 1661 (397) 
et en 1700 (/jia). Urbain YIÏI renouvela, en 1627, la fonda- 
tion d'un collège Illyrique à Lorette, faite par Grégoire XIII 
(384). Benoît XIII éleva le sanctuaire à la dignité de basili- 
que, en 172S (420). En 1732-3, le grand historien de Lorette, 
Martorelli, obtint plusieurs déclarations concernant l'identité 
des pierres de la s. Casa avec celles de son prototype à Naza- 
reth (421-2). Ce genre de preuves a paru péremptoire à plu- 
sieurs, notamment au cardinal Bartolini (452). Je n'ai pas 
pris la peine de contredire ce que je n'étais pas à même de 
contrôler -. Les murs de la s. Casa ont été décrits et mesurés 
à satiété; leur étude pétrographique demanderait une com- 
pétence spéciale que je ne possède pas ; en tout cas, je 
connais les résultats de l'examen sérieux dont ils ont été 
l'objet, en juillet 1906, de la part d'un membre de la Gôrres- 
gesellschaft : ils ne larderont pas à être livrés au public. 

1 Mon. Leopaudi, Notizie délia zecca e délie monete di Reeanali, Rcca- 
nali, i822,in-4", pl.ix et xi; le môme, Discussioni, p. 5o; L.deFEis, p. 7G. 

-' J'ai d'ailleurs promis une étude historique sur l'aulhcnlicité de la 
s. Casa, non des recherches archéologiques sur la chapelle. 



TROISIEME PARTIE 



Orig'inc de la lég'eiide de la translation. 

Conclusion. 



Cette dernière partie — J'estime pouvoir Taffirmer — n'est 
pas indispensable à ma démonstration : il suffît d'avoir 
établi que la légende de Lorette est fausse ; je ne suis pas 
tenu à préciser comment elle s'est formée, d'autant plus que 
l'origine de cette créance a pu dépendre d'un incident fortuit, 
insaisissable à distance et dont il n'est pas resté trace. Quant 
à sa marche ascendante, telle du moins qu'elle ressort des 
documents, je crois l'avoir mise en pleine lumière dans les 
résumés qui suivent chacun des paragraphes des deux pre- 
mières parties. 

Mais, m'a-t-on demandé, comment cette légende, avec tous 
ses développements, a-t-elle pu être inventée sans avoir un 
fondement, au- moins rudirnentaire, dans le passé ? Je cite- 
rai deux ou trois faits analogues, choisis entre beaucoup 
d'autres, qui fourniront la réponse à cette difficulté. 

Qui ne connaît l'histoire de Guillaume Tell ? Ayant refusé 
de saluer le chapeau ducal d'Autriche, arboré par le bailli 
Gessler sur la place d'Altorf, il fut condamné à traverser 
d'une flèche une pomme sur la tête de son fils et devint 
ensuite le libérateur de la Suisse. Des historiens, que l'on 
ne saurait accuser de s'être laissé influencer par des senti- 
ments antipatriotiques ou antireligieux, en sont arrivés, par 
l'étude des documents contemporains, à démontrer le carac- 
tère purement légendaire de ce réci,^ et à révoquer en doute 



/|8n ^■OTRE-DAME DE LORETTE 

Texistence même du héros ^ Et cependant il s'agissait d'un 
fait d'une importance capitale ; la délivrance de tout un 
peuple ! Coïncidence fort curieuse : tout ce qui se rapporte 
à ce merveilleux récit concorde exactement comme chro- 
nologie avec ce qui concerne Lorette. C'est sous l'empereur 
Albert l*"' (lagS-iSoS) que ïell aurait délivré la Suisse du 
joug de l'Autriche : aucune charte, nulle chronique du temps 
n'en font i;nention. La légende apparaît pour la première fois, 
précisément vers 1/J70, dans le Livre blanc de Sarnen. G'e^t 
vers i53i que la tradition fut revêtue de sa forme définitive, 
par l'historien Tschudi, qui, à l'instar d'Angelita, tira de 
son imagination une foule de noms et de dates ; enfin, aux 
siècles suivants, on recourut, pour défendre la légende, à 
des falsifications d'actes et à des fabrications de documents. 
C'est le cas de demander : chaque époque aurait elle donc 
une mentalité identique ? 

En t8o2, on retira de la catacombe de Priscille, à Rome, 
le corps d'une jeune fille, renfermé dans un loculas avec cette 
inscription : | LYMENA ] PAXTE 1 GYMFI | . On n'hésita 
pas à supposer que les trois larges briques de cette épitaphe 
avaient été interverties par mégarde et à lire : PAX TECVM 
FILVMENA ; on avait retrouvé le corps d'une sainte, dont le 
culte devint vite très populaire. Or, M. Orazio Marucchi vient 
»d'établir les principes archéologiques en cette matière ^. On 
savait déjà que les fossores, à court de plaques pour fermer 
de nouveaux /ocu/t, s'étaient volontiers servis de celles prove- 
nant de tombeaux plus anciens, surtout pa'iens ; ils les relour- 

1 Alb. RiLLiET, Les origines de la Confédéraiion Suisse, histoire et légende ; 
Genève et Bâle, 1868, m-8' de viij-376 p. ; a été traduit en allemand par 
Garl Brunner, Aarau, 1873, gr. in-8° de viij-/io5 p., cart. E. L. Rocinioi,z, 
Tell und Gessler in Sage und Geschichle, nach iirkundliche Quelle n ; Ileil- 
bvonn, 1877, gr. in-8° de viij-/i94 p. Ant. Risler, Die Tellfrage, Versuch 
ilirer Geschichle und Lôswuj ; Bern, 1896, gr. in-8° de xvj-237 p. 

2 Nuovi scavL c nuovi stadi nel cimitero di Priscilla, dans Nuovo Bulleiino 
di archeologia cristiana, Roma, 1902, t. VIII, p. 217-82 ; du même, Osser- 
vazioni archeologiche sulla iscrizione di s. Filoména, dans Miscellanea di 
storia ecclesiaslica, 190/1, t. II, p. 3G5-8G. 



ÉTUDE tlISTOR. SUR LX S. C.\SA /,Si 

liaient et inScHvaient le ndrii du dernier défunt sur la face 
intacte. La pénurie devenant plus grande, le renom des dé- 
funts moins notoire, ils se bornèrent à placer sur des lombes 
différentes les briques ou plaques de l'épitaphe primitive ou 
à les disposer Sxins suite, comme dans le cas de s" Philomène. 
« Les fossores voulaient avertir les fidèles que le corps ren- 
fermé dans la tombe n'était point celui du défunt dont le 
nom était encore lisible sur la plaque, mais celui d'un chré- 
tien obscur qui. n'aurait point d'épitaplie » K La conclu- 
sion rigoureuse de ces principes est que le corps découvert 
en 1802 n'était point celui de Filumena: on ignorera toujours 
son nom: ce n'était point une martyre, mais une chré- 
tienne ayant vécu au iv"' siècle, époque où le mode d'inhu- 
mation ci-dessus fut en usage. On pouvait déjà s'étonner 
qu'une épitaphe en trois mots eût pu donner matière à une 
littérature hagiographique sans fin - : il faudra désormais 
supprimer même le nom qui en a été l'occasion. 

Voici encore une sainte à qui de grands honneurs ont été 
accordés sans garantie suffisante. En 18.42, on découvrit à 
Rome, dans la catacombe de Saint-Hermès, près la A'ia Sala- 
ria, un locAilns, dont la plaque de marbre encore intacte indi- 
quait la sépulture d'AareUa Tlieiidosla, née au pays.des Am- 
biani et ensevelie le 3o novembre, — dans la première moitié 
du m" siècle, d'après la forme des lettres. Elle, et son mari 
Auvelms Oplalus étaient des affranchis impériaux. Theudosîe 
était chrétienne : c'est tout ce que la présence de ses osse- 
ments dans une catacombe permettait de conclure. On a 
voulu en faire une martyre, à raison d'une ampoule con- 
tenant un sédiment, dont la nature n'a pu être chimique- 
ment déterminée, et malgré le silence significatif de son épi- 

1 H. Deleuaye, dans A/iaiecta BoUandiana, 1906, t. XXIV, p. 120. 

.-' Cf. Réperl., c. 30/|(3-8. Comme preuve de la fécondité inventive des 
hagiographcs, il suffira de citer un américain du sud, M, Rup. M.\u- 
CUANT PEftEiftA, qui a trouve le moyen d'écrire 628 p. sur YUisloria de 
sauta Filoména la lanmalunia del sUilo XIX, et son livre est arrivé à une 
7'' édition (Santiago de Ghilo, 1898, in -8"). 

N.-D DE LORETTE 3 I 



482 NOTRE-DAME DE LORETTE 

taphe. M^'' de Salinis, évêque d'Amiens, obtint la concession 
de ces reliques en i853 et en fit la translation dans sa cathé- 
drale le 12 octobre, en présence de 27 cardinaux, archevê- 
ques et évêques. L' « invention » et 1' « élévation » de ce 
corps ont donné lie'u à une littérature considérable, qu'on 
trouvera enregistrée dans mon Répertoire * ; on n"a pas résisté 
à faire l'histoire de cette sainte inconnue. 

Il est donc établi par trois exemples topiques — auxquels 
bien d'autres pourraient être ajoutés — qu'on peut sur un 
fond nul broder un thème historique fort développé. 

Il serait facile de relever des erreurs sans nombre dans les 
offices particuliers ou les fêtes liturgiques locales. Je me 
bornerai à en signaler deux pour le diocèse de Valence. 

Les Officia propria diœcesis Valeniinensis, publiés en i(S8/|, 

offrent au 9 du mois d'aoïît la fête de « s. Bonifacii de 

Sabaudia, episcopi et confessoris ». On y lit à la 4" leçon : 

Solitudinem .... deserci'o cogilur, ob demandatam ipsius cuvtie 
ecdesiarum Bellicensis et Valeniinensis administralionem. 

Eh bien ! Boniface, 7" fils de Thomas, comte de Savoie, 
n'a jamais été ni élu. ni administrateur, ni évêque de Valence; 
il ne figure sous l'un de ces titres dans aucun document. 
Mais il y a quelque chose de plus péremptoire que cet argu- 
ment négatif, ce sont ses bulles de nomination à l'archevêché 
de Cantorbéry, Dans la lettre adressée au prieur et au chapi- 
tre de cette cathédrale, Innocent IV dit que les sept électeurs 
nommés par eux dilectum filium B. procuratorem Belli- 
censis ecclesiœ in vestrum pontificem elegerunt » ; et plus 
loin : H dictum B. absolutum a procuratione Bellicensis 
ecclesiœ... concessimus in pastorem » -. Boniface était alors 
simple sous-diacre, car le pape l'autorisa à recevoir des mains 

1 I" édit., ce. 2189 cl 2821. Voir en oulre rarliclcdo dom II. Leci.eucq, 
dans le Dictionnaire (Varehéoloijie chrétienne et de lilurçjie, Paris, 190/1, gr. 
in-8°, t. I, c. i6oa-6; voir encore l'arlicle du même sur les « Ampoules 
de sang », ibid., c. 1747-78. 

2 Elle Berger, Les Registres d'Innocent IV.; Paris, i884, gr. 10-4°, t. I, 
p. a3-4, n° 116. 



ÉTUDE lllSTOn. SUR L\ S. CAS-V /iS3 

d'un de ses suflVaganls le diaconat et la prêtrise ' ; en tout 
cas, il fut élevé directement du siège de Belley sur celui de 
Cantorbéry, sans passer par Valence "■'. 

Le 8 septembre 1855, on couronna avec autorisation la 
Vierge honorée dans la chapelle de Notre-Dame de Fresnaud : 
on sait que le privilège du couronnement est surtout accordé 
a raison de l'antiquité d'un pèlerinage. Or, le sanctuaire de 
Fresnaud est loin de remonter à un siècle ; il y eut erreur 
substantielle : la pièce fournie pour l'obtention — traduc- 
tion d'un bref de Clément IX, en date du 8 décembre i668, 
— concernait Tancicnne chapelle de la confrérie des Péni- 
tents, située au milieu du bourg de Marsanne. 

La légende de la s. Casa procède sans doute de cette 
ft soui'ce la plus activement génératrice des récits légen- 
daires hagiographiques, la passion plus ou moins irréfléchie 
du merveilleux, qui, avec le temps, dans l'imagination popu- 
laire et sous la plume des légendaires, transforme en épi 
sodés nettement miraculeux des faits à l'origine, et en réa- 
lité, purement naturels » ^. Mais quelle est la raison de la 
créance presque universelle des fidèles de nos jours en la 
vérité de la translation ? Quel motif déterminant d'accepter 
sans discussion, avec des affirmations toujours plus énergi- 
ques, un fait aussi extraordinaire P Pourquoi voyageurs et 
historiens copient-ils servilement leurs devanciers P Et com- 
ment les apologistes, qui veulent réfuter les contradicteurs 
de la légende, arrivent-ils de bonne foi à esquiver les plus 
grosses difficultés ? De cette mentalité, je ne trouve qu'une 

1 Ibid., p. 3/1, n° iiç). — Il avait été aussi postulé pour le siège de Win- 
chester, auquel le pape pourvut le même jour (17 sept. la^S) ; cette bulle 
le qualifie également de procureur de l'église de Belley (Euiîel, Hier, 
cathol., 1898, pp. 1C8, ."36 1). 

2 Jules CiiEVALiEu, Quarante années de l'histoire des éuêques de Valence 
au moyen dge ; Pai'is, 1S89, in-8°,p. /ii-a. — Pour donner une place litur- 
gique dans son calendrier au bienheureux Vianney, curé d'Ars, le dio- 
cèse de Valence a obtenu récemment de Rome le transfert de la fête de 
s' Boniface au premier jour libre. 

:• Léon de Keuval, L'évolution et le développement du merueilU'ux dans 
les légendes de S. Antoine de Padoue ; Paris, 1906, in-8", p. 224. 



484 NOTRE-DAME DE LORETTE 

explication possible : on lient d'instinct pour sûrement vrai 
un fait que l'Eglise a inséré dans ses livres liturgiques. J'ai 
montré plus haut (p. /jio-i) combien cette doctrine est 
erronée et éloignée de la pensée même de l'Eglise : elle pro- 
teste ne pas garantir l'historicité des faits contenus dans les 
légendes du Bréviaire. Dans un article déjà cité ', M. H. Le- 
sÈTRE a dit à cet égard : 

Mais, prétend-on fréquemment, c'est l'Eglise elle-même qui auto- 
rise et garantit ces traditions en les insérant dans le bréviaire. 
L'Eglise les garantit, sans doute, mais sous bénéfice de critique 
historique... Aussi u approbalio qua S. Rituum Congregatio décla- 
rât Officium aliquod legi posse, vel debere, non hoc ipso imponit 
prœceptum credendi singula quœ in eo conlinentur » '2... C'est au 
lecteur, s'il en est capable, de peser et de juger •^. 

Une remarque encore : l'exploration méthodique et plus 
complète des bibliothèques et des archives ramène sans 
cesse au jour des multitudes de documents ignorés ; il est 

1 Voir clair et dire vrai, dAns Revue du clergé Français, igoS, t. XT^IV, 
p. 574-5. 

- (F. A. Zaciiauia], Acla ss. BoUand[iann\ viiidical[a... ; Antuerpia?, 
1755, in-folio], ur, 12, p. 284. 

■ 3 D.. GuÉUANGEu, Réponse au P. Grairy ; ot M»"' d'ITuLBT, dans La France 
chrétienne [dons l'Iiisloire ; Paris, 189(3, in /l", p. 629, où il signale comme 
« fait psychologique le crédit restitué tout à coup à ces souvenirs locaux 
inléressanl les origines de nos tilgliscs. Traditions suivant les uns, légen- 
des suivant les autres, ces récits défraient encoi'c et délVaieront peut-être 
toujours les discussions des érudits. Ce qu'il importe de noter, c'est que, 
il y a cent et deux cents ans, la piété des croyants éclairés prenait parti 
pour les sévérités de l'école critique, tandis qu'aujourd'lîui elle s'en scan- 
dalise. A vrai dire, la piété ne devrait faire ni l'un ni l'autre. Des usages 
anciens, des textes liturgiques approuvés suffisent pour autoriser le culte, 
sans garantir nécessairement la valeur historique des faits invoqués. Le 
pape Benoit XIV enseigne expressément que les récits consignés dans les 
leçons du Bréviaire romain n'ont pas d'autre valeur historique que celle 
des sources auxquelles ils sont empruntés. Et de fait, en ces derniers 
temps, la Congrégation des Rites en a réformé plusieurs. S'il en est ainsi 
du plus autori.sé des livres liturgiques, à plus forte raison peut-on en dire 
autant des documcUts concernant les Eglises particulières. L'historien 
sortirait de son rôle s'il prétendait imposer ses conclusions à la prière ; 
le fidèle sortirait du sien s'il prétendait dicter des aflîrmalions à la 
science ^)J. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 485 

peu de questions historiques qui, de ce chef, n'aient reçu de la 
lumière au xix" siècle. La translation delà s. Casa fait seule 
exception. Pourquoi la nuit la plus sombre continue-t-elle de 
planer sur les origines si merveilleuses du sanctuaire? on ne 
découvre rien..., parce qu'elles furent modestes et que la 
célébrité tardive dont on les a entourées ne repose sur rien. 
Comme confirmation de ces dires, je reçois à l'instant de 
Rome la copie des quatre bulles suivantes de Jean XXII, du 
a/i décembre iSao * : 

Dilecto filio Botio, nato dilecli fdii Manfrcdi de Montelupone, 
canonico A.vimincnsi. Âpostolicc sedis gi'aliosa benignitas illos 
consuevit muriifîcentic sue gratia prcvenii'e, quibus probitatis mé- 
rita, vile mundilia et morum honeslas, aliaque dona virtutuin 
laudabililer sullragantur. liée igllur in le, super quibus apnd nos 
fidedignorum lesUmonia te commcndant, palerna considcratione 
pensantes ac volcnles persouam tuaui proplcr hoc i'avore proscqui 
gralie speciaiis, canonicatum ecclesio Ai'iminensis cnm plenitudinc 
juris canonici aposlolica tibi auctoritateconfeiimuset de illo ellam 
providcmus; prebendam vcro, si qua in cadem ecclcsia vacat ad 
presens vel quamprimum vacaverit, quam per te vel procuratorem 
ad hoc légitime conslitutuui iniVa unius menais spalium, postquam 
tiln vel eideni procuratori de ilhus vacatione constileril, volueris 
acceplare, cont'ei'endain libi post acceptationem hujusmodi cum 
omnibus juribus et pertin'entiis suis donalioni apostolice rcscrva- 
mus. Inhibcntes districlius venerabili fratri nostro** episcopo etdi- 
leclis fdiis capitulo Ariminen., ac illi vel illis ad quem vel ad quos 
in eadem ecclesia canonicoruni receptio et prebendarum collatio, 
pi'ovisio seu quevis alia dispositio pertinct communiter vel divisim, 
ne de hujusmodi prebcnda intérim etiam ante acceptationem pie- 
dictam, nisi postquam eis constiterit, quod tu vel procurator pre- 
dictus illam nolueritis acceptare, disponere quoquo modo présu- 
mant; ac dccernenles e\ nunc irrituni et inanc, si secus super biis 
a quoquam quavis auctoiùtate, scientei vel ignoranlcr, conligerit 
attemptari. Non obstantibus de certo canonicoruni numéro et qui- 
busiibet aliis ejusdem ecclesie statulis et consuetudinibus contra- 
riis, juramento, conflrraalione dicte sedis vel quacunque firmitate 

1 J'en dois l'indication (d'après l'abbé G. Mollat, Jean XXII, Lettres 
communes, n» 1277/1) et la copie à l'amicale' complaisance de Me"" Paul- 
Marie Baumgarton. 



486 NOTRE-DAME DE LORETTE . 

alla roboratis. Aiil si aliqui elc... Sive si predictis episcopo et capi- 
lulo etc.... Aut si presens non fncris elc... Seu quod in Sancti 
Jacobi et Sancti Lazavi de llacancto ac Sancle Marie de A aran. ec- 
clesiis prebendatus, et niedietalis ruralis ecclcsie Sancte Marie de 
Laureto, quibus per quosdani lii'ampnos illarum parlium, Ecciesie 
Romane rebelles, spoliatum fore te asscris, rcctor exislis, et in Ma- 
ceratensi canonicalum, ac iii Sancti Pétri et SancH Michaelis de 
Monteluponc ecclesiis Maceralcnsis et Firmane dioces. prebendas 
nosceris oblinere; quodque tibi dudum de canonicatu ecciesie Fir- 
mane providimus, ac prebenda si lune in eadem ecclesia et benefi- 
cinm ecclesiasticum ciim cnra vel sine cura, etiam si dignitas vel 
personalus existeret, si quod lune in civitate \él diocesi Firmana 
vacabant vel quamprimum vacarent, confcrenda tibi post vacalio- 
nem ipsorum per diversas nostras litteras duximus reservanda. 
Nulli elc. nostre collationis, provisionis, reservationis, inbibitionis 
et constitutionis etc. Dat. Avinione, vnu kalendas januarii, anno 
quinto '. 

In e. m. venerabilibus fratribus** Senogaliensi et** Maceratensi 
episcopis, ac dilecto fîlio Carbono scolastico ecciesie Ispalcnsis, ca- 
pellano nostro, saluiera. Apostolicc sedis elc... et medietatis rura- 
lis ecciesie Sancte Marie de Laureto, per quosdam tirampnos illarum 
partium, ecciesie Romane rebelles, spoliatum fore te asseris, rector 
exislis.... usqac reservanda. Quocirca mandamus quatenus vos vel 
duo aut unus vestrum per vos vel alium seu alios eundem Bolium 
vel procuralorem suum ejus nomine ex nunc auctoritale recipi 
lacialis in eadem ecclesia Ariminensi in canonicum et in fra- 
Irem, slallo sibi in chdro et loco in capitulo assignais, prebéndam 
vero per nos ut premittitur reservatam, si lempore hujusmodi 
nostre reservationis in ecclesia ipsa vacabat vel ex tune vacavit aut 
quamprimum illam vacare contigerit, eidem Botio post acceplalio- 
nem hujusmodi cum omnibus juribus et pertinentiis suis confcrrc 
et assignare curetis. Inducenles elc... Non obstanlibus elc... Dat. 
ut supra. 

Eidem Botio iisque salutem. Laudabilia tue probitatis. 
medietatis ruralis ecciesie Sancte Marie de Laureto 

Dat. Avinion,, a"iiu kalendas januarii, anno quinto -. 

1 Arcliives du Vatican, Reg. Valic, vol. 71, cap. cccxxxm, f" 175"; en 
marge : A. C'est la mise au net du brouillon, souvent corrigé, contenu 
dans les Reg. Avenion., vol. i4, cap. cccxxx.ui, f" 1730. La taxe marquée 
est : Y ^ (12 et i4 sous), 

2 Ibid., cap. cccxxxnu, f" 175''; ibid., cap. ccccxxxuu, f" 17/(0. 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA. S. GA,SA. 487 

In e. m. venerabilibus fratribus ** Scnogalien. el Maceralen. 
episcopis, ac dilecto filio ** plebano plcbis de Montesancto, Fir- 
inan. diocesis, salulcni, Laudabilia probitalis 

Dat. ut supra. 

Cette église rurale de Sainte-Marie de Lorette, au diocèse 
de Recanati, est bien celle du pèlerinage dévalisée en i3i3- 
4 (p. i56). De son origine céleste le pape ne dit mot, alors 
que ses successeurs du xvf siècle ne laisseront point passer 
une occasion d'en parler ; la légende n'existait donc pas 
pour lui et la supplique qui lui fut adressée n'en soufflait 
mot. Donc la translation par les anges reste un mythe. 






Ceci nous ramène au sujet principal de cette dernière 
partie, l'origine de la légende de Lorette. Ceux qui en ont 
approfondi l'étude, apprécieront la difRculté d'en fixer la 
naissance avec certitude. On est en présence d'une convic- 
tion étrange: comment s'est-elle formée ? L'a yjrjori ne sau- 
rait être de mise en cette matière ; il convient de passer 
tout d'abord en revue les explications qui en ont été 
données. 

La plus obvie, c'est que des pèlerins ont apporté de Naza- 
reth des pierres en suffisante quantité pour édifier à Lorette 
la s. Casa, en mémoire et sur le modèle de la maison de la 
s"" Vierge K Sans pouvoir en donner des preuves, on invoque 
par analogie le Campe Santo de Pise, cimetière qui fut cou- 
vert de terre apportée de Palestine (il y en a aussi à Sainte- 
Croix de Jérusalem), la chambre de sainte Catherine de 
Sienne, transportée (cerclée de fer) dans le chevet de l'église 
de la Minerve à Rome, de nombreuses représentations 

1 Sauf le transport des pierres, cette explication est celle de dom Cal- 

MET (p. 4 18). 



m N0TRE-DÂ5IE DE LORETTE 

du saint Sépulcre *, de Bethléem ^ et des stations de la 
Croix •''. Â Bologne, l'église San Stefano reproduit sept sanc- 
tuaires de la Palestine, Nazareth compris, avec fragments 
du saint Sépulcre ''. 

On a été plus loin et on a particularisé. Au xn" siècle, une 
famille Anges ("AyysÀoi), branche (par les femmes) de la 
maison impériale des Comncnes, fonda en Epire une despo- 
tie ^ ; chassés à la On du siècle suivant par les Vénitiens, les 
Anges se rendirent en Italie, vers Ancône et Becanati, et 
furent les constructeurs ou les bienfaiteurs de Lorette. De là 
Texpression « per manus angelorum », c'est-à-dire des 
"AyysÀo!. Qu'on ne se récrie pas trop : les documents qui 
ont donné lieu à cette explication pourraient bien, un jour 
ou l'autre, sortir des cartons de leur heureux possesseur. 
Toutefois, ne les ayant pas vus, je ne m'en porte nullement 
garant, non plus que de cette variante : ces parents d'un 
empereur Gomnène obtinrent de lui l'autorisation de trans- 
porter les pierres de la maison de la s" Vierge en Italie, et 
c'est avec ces pierres qu'ils construisirent la chapelle de 
Lorette ; comme elles ne furent pas en suffisante quantité, 
on acheva le sanctuaire avec des pierres du pays. 

' Le saint Sépulcre de Noire-Seigneur Jésus-Christ et ses imitations au 
moyen âge, dans Saint François et la Terre sainte, septembre 1896, p. 
209-1 I. 

3 Blakquaut, Le u Bethtéem » d'Aubevoye, dans Annuaire des cinq dé- 
partements de la Normandie, public par l'Association normande, Gaen et 
Rouen, i9o'4, 71° an , p. 29-/10. J'aborderais un sujet immense, si je vou- 
lais simplement indiquer les innombrables imitations des sanctuaires 
de Terre Sainte qui furent élevés en Occident. 

^ Pour me borner à des faits locaux, voir Ulysse GiiiiVALiEu, Notice his- 
torique sur le Mont Calvaire de Romans, dans Bulletin d'histoire ecelésiast. 
et d'arclièol. relig. du diocèse de Valence, i883, t. III, pp. 178-87, 3ai-33; 
t. iV, p. 68-70, 2 gray. Félix Veumît, sur le Calvaire de Boussieu (Ardè- 
chc), dans sa Notice sur le serviteur de Dieu Pierre Vigne, missionnaire 
fondateur de la congrégation des sœurs du Très-Saint-Sacremcnt {iû-]o- 
17^0), Yalence, 187^, iii-8% p. iG-20. 

+ Trombelu, t. VI, p. 2o3-4. 

« Arturo Galanti, L'Albania, notizie geografiche, etnograficlie e storiche; 
Roma, iQOi, pet. in-8", p. m. 



ÉTUDE HISTOR. SÛR LA S. CA3A \S'ç) 

M. F. de jMély s'est fait, sans doute, l'écho de ces dires, 
quand il a écrit dans ses Vases de Cana : 
', Et du vin [de Gana] à la cruche il y a bien près, bien plus près 
même que delà Maison de Lorctte aux anges qui la transportèrent en 
Hab'e, alors qu'elle a tout simplement été construite par un pieux 
ficlèle nommé a De Angélis » '. 

Et aussi M.Julien de Naufon, dans cette note (p. /ifiç)) : 

Les anges n'ont pas emporté dans les airs la maison de la sainte 
Vierge. Mais l'architecle de Angclis en a rapporté le plan pour en 
construire à Lorette une exacte reproduction. On a découvert dans 
les archives du Vatican la preuve de celte mission do l'architecte de 
Angelis. r 

Pour le moment, tout ceci a le malheur de ne correspondre 
en aucune façon avec les nombreux documents publiés plus 
haut. Tout au p!us, pourrait-on dire, par pure corijeclure, 
que la légende de la station de la s. Casa en Dalmatie pror 
vient de l'origine dalmate de l'arcliitecte Marin Marci, de 
Zara (p. 23i). . . 

Partant de cette supposition, fort plausible, que ' 

la Santa Casa de Lorellc serait précisément une imitation eu re- 
production de ce genre, construite par des gens de Recanati à la 
suite d'on ne sait quel pèlerinage, et avec une assez grande approxi- 
mation, 

M. l'abbé A. Boudinhon donne Texplication suivante : 

La chapelle, connue dès 1 198, est devenue un lieu de pèlerinage; 
il a plu à Dieu d'y accorder de nombreuses faveurs, et aux âmes et 
aux corps; la renommée du sanctuaire s'en est accrue d'autant. 
Mais la véritable relation de la Santa Casa avec Nazareth s'est obs- 
curcie ou mieux s'est transformée dans l'esprit du peuple ; sans 
supposer de la part de qui que ce soit une mauvaise loi quelcon- 
que, le fac-similé a été regardé comme l'original, à peu près comme 
ce qui devait arriver pour le Saint-Suaire de Lirey, si célèbre depuis 
son transfert à Chambéry et à Turin, Sans doute, la maison de la 
Sainte Vierge était moins facile à déplacer que le voile de la Véro- 

1 Monuinenls et mémoires publiés par l'académie des Inscriptions et Belles- 
lettres, fondation Eugène l^iot, t. X, fasc. 11; Paris, 1904, gr. in-4°, P- 10. 
Cf. BouDiNHON, p; 3o, n. 



.',,)o N()TnE-DA.MR DE LORETTR 

nit|iio on le, suai lo de Josopli (rAriiiialliic ; mais ce. riV'sl, pas une, 
(linîcullô poiu- Dieu : ollc ;», 6lc Iransporlcc sm- les ailes des anges, 
ton! coniUK" lanl, cL lanl d'images vénéiées (]U(! les légendes l'ont 
venir d'Oricnl en Occidcnl. VA. la Iranslalion, une fois admise, ler.oil 
les preuves légendaires habiluelles, les visions cl les révélalions. 

Meltaul cnsuile à profil les conjectures émises par une 
revue italienne ', le savant caiionisle rappelle rpie, dans sa 
bulle d'indulgences en faveur de Loreltc (j/iyoj, le pape 
Paul II. (( sinspiranl, sans doute, des termes de la suppli- 
que, ne dit pas encore que la chapelle a été miraculeusement 
apportée du dehors, mais bien qu'elle est miraculeusement 
fondée et, de plus, que la statue y avait été placée par les 
anges (p. ao6). Mais un édifice sans fondements n'a pas été 
construit sur place ; il vient d'ailleurs, puisqu'il a été sim- 
plement posé sur le sol; et, dès lors, pourquoi n'aurait-il pas 
été apporté par les anges aussi bien que la statue, ou mieux 
avec la statue i^ Telle est bien la marche des légendes. Le fait 
que la chapelle a été trouvée sans fondements, et qui pou- 
vait s'expliquer naturellement, provoqua l'imagination de 
certains, qui dirent qu'elle ne pouvait se trouver ainsi, à 
moins d'être venue de loin, et donc de Nazareth, parce que 
peulétrc elle avait été faite sur les mesures de (la chapelle de) 
l'Annonciation de cette ville ; ce même fait fournissant à 
d'autres l'occasion de corriger et môme défausser la lecture 
de la bulle, pour lui faire dire ce qu'ils avaient dans l'esprit. 
Et ils changèrent les paroles... en la manière suivante : 
» Ecclesiam B. V... in qua doinus et imago... collocata coiis- 
lilit y> '. 

Je n'oserais autant insister sur ce dernier point. Gomme 
je l'ai précisé (p. 206, n. 2), Hiera a reproduit exactement le 
texte de Paul 11 ; Torsellini, le premier, a commis un faux 
en intercalant le mol donmsK Paul H ignorait certainement 
la légende de la translation en 1/170; Jules II fait venir la 

1 Hivistn slorico-crilica dellc scienzc leoloçfiche, Roma, 190;"), l. l,p. 210-7. 
î A. iiouDi.Mio.\, La saillie maison de Lorelle; Paris, i(}o5, p, 38-q. 
:i Toiisiii.uM n'en était pas à son coup d'essai : voir p. aoa. 



ÉÏLDE HISTOR. SUR LA S. CASA '491 

s. Casa fje Bclliléern, en 1007 (p. .Sa'ii : c'est entre ces deux 
dates qnc Home eut connaissance — de façon vague encore 
— de la tradition qui prenait corps. 

Cette constatation, d'après les documcnis, en amène une 
autre, qui aura l'avantage de donner, peut-être, la clef de 
rénigme. On a vu (p. 228) que les mots nlinre damas dési- 
gnèrent tout d'abord (vers 1^28» les constructions dépendan- 
tes du sanctuaire, où l'on lecevait les pèlerins, et l'hôpital 
même, où affluaient les pauvres et les malades : inutile de 
reproduire ces textes. L'emploi du mol domus, au singulier, 
pour désigner le sanctuaire lui-même» est postérieur(p. 2291 : 
mais n'oublions point que de longtemps il ne sera pas ques- 
tion de translation. «. Les figures de rhétorique entraînent à 
des hardiesses très explicables. Qu'en des sanctuaires fac- 
similé, un orateur s'écrie : Oui, c'est bien ici que.... Quoi de 
plus naturel î Et quoi de plus naturel aussi que les auditeurs 
répètent: C'est ici que... I Une prosopopée n'est pas un men- 
songe, certes, mais elle peut parfois semer une légende " ^ 
Sans connaître nos textes. M. l'abbé Chabot s'était, d'ins- 
tinct, arrêté à cette explication : 

Pour ma part, je crois qu'il y avait d'abord à Lorotte une Dnmas 
Beatac Mrginis (analogue à nos Hôlels-Dleu, Maisons-Dieu }. et plus 
tard, l'origine et la destination primitive de cet édifice étant ou- 
bliées, l'imagination populaire en a fait la vraie maison de la sainte 
Vierge -. 

Enfin, il est utile de rappeler qu'une chapelle contiguë à 
réglise de Lorettc fut fondée, en i 'i5o, sous le litre de l'An- 
nonciation iiSo). Cette fondation permet de conclure, une 
fois de plus, qu'on ne croyait pas encore, à cette date, pos- 
séder à Lorette le sanctuaire même de l'Annonciation. Mais 
est-ce que cette chapelle de l'Annonciation n'a pas pu favo- 
riser une confusion dans l'esprit du peuple? En tout cas, 
elle explique qu'on veuille rattacher à une autre église de 

1 G. IjE Hardy, Lettre du 28 novembre 1900 à l'auteur. 
-' Revue eritiquey u)o5, nouv. sér., t. LIX, p. .'i3ti. 



492 NOTRE-DAME DE LORETTE 

Sainte-Marié dé Lorelte les documents qui' contredisent la 
translation. 

L'imagination populaire est la pesle de riiistoire, a dit 
Léopardi '. A en croire les légendes répandues en Italie, 
celle de Lorette aurait eu de nombreux similaires. Sans parler 
d'Ancône, dont les habitants prétendaient que la s. Casa de 
Nazareth avait fait une station sur leur territoire (p. 019), une 
image de Marie aurait été transportée miraculeusement à 
Gorsoli, petit bourg près d'Avezzano, dans TAbruzze ullé- 
rieure IP, en 610 ^. 

Près d'Asciano, au district de Sienne (Toscane), existait au 
xi" siècle un oratoire, où les fidèles vénéraient une image by- 
zantine (gneca ma/m depicla) de Marie, célèbre par une mul- 
titude de miracles; il appartenait à la famille de' Gacciaconti. 
Le chef de la maison laissa en mourant deux héritiers, qui. 
comme plus tard les frères Antici, se disputèrent le pèleri- 
nage, à raison de ses profits, et décidèrent de trancher la 
question par un combat singulier. La veille du duel, 7 juil- 
let 1100 (ou iio4), la petite église fut miraculeusement trans- 
férée sur une colline, nommée Yertighe, près du château 
de Monte San Sabino, au diocèse d'Arezzo : elle v est sim- 
plement posée sur le sol, sans fondements, et séparée des 
édifices environnants par un large fossé, qu'on n'a jamais pu 
combler ^. 

La Madone de Valverde, près Gorneto (province de Home), 
y aurait été apportée par les anges ; celle de Genazzano (voir 
p. 443, n. 2), célèbre sous le vocable de Notre-Dame du Bon- 
Conseil, est ai'rivée miraculeusement de l'Albanie: etc. On 
affirme encore de la Madone dite de saint Luc à Bologne que, 
dérobée un jour par des voleurs, elle est revenue, non sans 
prodige, à sa place ■. 

1 P. 116. 

- Viaggio islorico del miracoloso trasporto del veluslo sacro siinulacro di 
Maria ss. de' Bisognosi sut monte Carsolt nell' anno 610; Avezzano, 187 1, 
in-8° de 56 p. — = Mittauelli et Gostadoni, Aimâtes Camaldulenses, 1758, 
t. lU, p. Sy-j)!. — 1- Leopaudi, pp. 3o, n. i, 5i-3. 



ÉTUDE HTSTOU. SUR L/V SjCASA /,93 

u Ces transports miraculeux de crucifix, de madones, de 
statuesde saints, sont particulièrement nombreux en^Sicile...; 
Une enquête analogue donnerait probablement des résultats 
tout aussi abondants pour d'autres contrées » '. 

Il existe plusieurs localités dénommées Sant' Angel, los 

Angeles, Sant'Angelo -, qui, presque toutes, doivent/leur 

appellation à un prodige. Pour me borner à une seule, 

La tradition veut que, lorsqu'il s'agit de la construction de la 
niagnifiqne cathédrale dédiée à la T. S. Yicrge, à Pn.cbla de los 
Angeles (Mexique), les anges eux-mêmes coopérèrent à en élever 
les murs. Chaque matin, au lever du soleil, les matériaux amassés 
la veille sur le chantier étaient mis par des mains mystérieuses à 
la place qu'ils devaient occuper '■^. 



* 



Un ami, — sans faire porter la responsabilité de mon livre 
à aucun, je dois avouer que j'en ai consulté plusieurs — - 
un ami, dis-je, a cru devoir me faire observer que jou- 
ti-epassais mes droits de savant en soumettant à mon exa- 
men individuel un miracle éclatant, dont l'autorité ecclé^ 
siastique a le droit de se réserver l'appréciation. .l'ai ré- 
pondu par l'adage scolastique : u Prius est esse quam esse 
taie ». Or j'ai simplement prouvé qu'en fait il n'a pas 
existé, et je maintiens que j'ai eu le droit de faire cet 
examen au point de vue historique. Le lecteur me pardon- 
nera la mosaïque de citations qui va suivre. J'ai à cœur de 
montrer aux esprits les plus prévenus que mes idées en fait 

' llippol. Deliîiiaye, Les légendes hacjiocjraphiques ; Bruxelles, iqod, 
in-8o, p. 30. Voir aussi 1^. de Mély, L'image du Christ du Sanda Sanclo- 
ruin et les reliques chrétiennes apportées par les Jlols, dans Mémoires de 
la société des Antiquaires de France, I^aris, if)o'i, 7° sér., t. III, p. ito-Zl'i; 
Paris, 190/1, in-S" do Sa p. 

•2 Vou- RrrTEK, Geographiscli-slalldisclier Lexikon, iS-.i, t. I,'p. Jig'. 

a Bulletin Salésien. igoô, t. XXVII, p. 197^1. 



.lo'i NOTRE-DAME DE LORETTE 

de critique sonl le partage d'excellents esprits, défenseurs 
éclairés de l'Eglise catholique ; elle établira aussi les droits 
d'investigation que celle-ci a coutume de reconnaître à la 
science. 

Le moyen âge, qui a fabriqué et nous a légué tant de lé- 
gendes et même de faux, n"a j:)as été dépourvu d'esprits hon- 
nêtes et ouverts à la lumière pour protester contre leur abus. 
Il suffira de rappeler le nom de Guibert de Nogem'. Son 
traité De pignoribus sanclorum ' est classique en cette ma- 
tière. S'il atteste le courage et la perspicacité de ce moine, on 
y trouve aussi la preuve de la liberté dont on jouissait à cet 
égard au moyen âge, car l'ouvrage fut dédié à Odon, abbé 
de Saint-Symphorien de Beauvais, plus tard éveque de cette 
ville. Dès le début du i" livre, il affirme : Qui Ecclesiœ fal- 
sa Iribuil, ipscun dedecore afficil ^. Un saint ne doit être ho- 
noré qu'autant que des documents authentiques en témoi- 
gnent •"'. 11 y a défaut de logique à entreprendre tardivement 
la biographie d'un pieux personnage, pour lequel on re- 
vendique une haute antiquité '\ Tout cela s'applique à notre 
cas, non moins que la longue dissertation du 3" livre de Gui- 
bert contre les moines de Saint-Médard de Soissons, qui 
prétendaient posséder une dent de Jésus-Christ; il part de 
ce principe : Cmn fcdsa Dm aal sançlis adscribit. honori di- 
vino derogal devolio ". 

1 Palrologia latina de Mlgne, t. GLVI, c. 607-80. Abel Lefuanc, Le 
Traité des reliques de Guibert de Nagent et les commencements de la criti- 
que historique au moyen âge, dans Etudes d'histoire du moyen âge dédiées 
à Gabriel Monod ; Paris, 1896, gr. in-8°, p. 285-3o6. Bernard Mokod. Le 
moine Guibert et son temps Cl0o3-il2fi) ; Paris, igoS, pet. in-8°de xxviij- 
342 p. 

2 G. 611. 

3 « Ea sola authentica ratio habcnda esset, ut is dunlaxat diceretur 
sanclus, quem non opinio, sed velustalis aut scriptorum veracium tra- 
ditio cerla firmaret » (c. 61 3). 

* « Certe cum plures sanclis suis summas anliquitates attribuant, 
nioderno tcmpore eoruni scribi vilas expostulant » (c. 624). 
= C. 649. 



ÉTUDE HISTOU. SUR LA S. CASA 49*) 

Dans sa polémique contre les Carmes, Dan. Papenbuoeck 
a eu l'occasion de dire sa façon de penser sur les fausses 
dévotions .: 

Procul ab hac pietate vere cliristiana est pietas — si tamen lioc 
nomine appellari ipsam liceat — vulgi etferemuliercularum.quœiu 
falsa objecta, et sajpe cum superstitione aliqua conjuncta, tendit; 
quam dedocere liomines omni tcmpore conati sunt Ecclesiœ pon- 
titices, concilia, episcopi, concionatores et scriptores catholici^ fal- 
sitas objectoruni talium laudabiliter plerumqueab omnibus detegi- 
tur, et ab aliquibus, quicinam animanim liabent detogi cliani ne- 
cessario débet, quoliescumquc talium notitiam ipsi acquisivciunt^. 

Écoutons maintenant le doux saint FjiA^çors de Sales : 

Ou trailtc maintefois les escrivains trop rudement ; on précipite 
les sentences que l'on rend contre eux, et bien souvent avec plus 
d'impertinence qu'iiz n'ont prattiqué d'imprudence en se bastant 
de publier leurs escritz. f^a précipitation des jiigemens met gran- 
dement en danger la conscience des juges et l'innocence des accu- 
sés : plusieurs escrivent sottement, et plusieurs censurent lourde- 
ment. La douceur des lecteurs rend douce et utile la lecture 2. 

Sur les dommages que causent à la religion les fausses re- 
liques, voici le témoignage d'un érudit romain, Gaetano 
Marim, préfet des archives du Saint-Siège sous Pie VI : 

Le supposie reliquie, le malintese iscrizioni, i document! apo- 
criii, benchè niun danno veramente arricbino alla religione,... 
danno sempre occasione a' nemici di essa di deriderla e d'insul- 
larla ••. 

Gomme le P. Lacordaire est bien d'accord avec le saint 
évoque de Genève ! 

Personne plus que moi n'estime à son prix la pureté de la droi- 
ture, et j'ose dire que chaque jour j'en deviens plus jaloux pour 
moi-même ; mais la charité dans l'appréciation des doctrines est le 

1 Dan. Papebuociiu Prolesiatio iterala de silentio circa primaevain s. 
ordinis CanneUtani InstiliUionem et antiquUalein... lenendo ; s. 1., [1O98], 
m-k" de 19 p., no /il ; réédité dans Acla sandoriiin Dollandiana apologeli- 
cis libris... vindicala, Antuerpi;e, 1705, in folio, p. S72. 

2 Traillé de l'Amour de Dieu, t. l, préface (OEuvres de saint François 
de Sales, Annecy, 189/1, t. IV, p. 8). 

3 Ldtlera di un çiiornalisla dd un siio aniico; Modcna, 1790, in 80, p. i3. 



49») : NOTRE-DAME DE LORETTE 

cqnlre-poids. absolument nécessaire de rinneiibilité théologique. 
Le mouvement du vrai chrétien est de chercher la yérilé et non l'er- 
reur dans une doctrine, et de faire tous ses efforts poiu' l'y trouver. . . 
Celui qui fait bon marché de la pensée d'un homme, d'un homme 
sincère, d'u'n honinie qui a fait à Dieu des sacrifices visibles, celui-là 
est un pharisien, la seule race d'hommes qui ait été maudite par 
Jésus-Chrîst. Celui qui dit d'un homme travaillant, à ce qu'il croit, 
pour la gloire de Dieu : Qu'importe un homme ? est-ce que Dieu a 
besoin des gens d'esprit ? Celui-là est un pharisien : « il enlève la 
clef de la science n, dit JésusrChrist : « il n'entre pas et empêche 
les autres d'entrer ».... Oh! que l'homme qui combat pour Dieu est 
un être sacré et que, jusqu'au jour d'une condamnation manifeste,' 
il faut porter sa pensée dans des entrailles amies ! '. 

Le pape Lkon XIII dit un jour (1892) à M*^" d'Iiulst : 

11 y a des esprits inquiets et chagrins, qui pressent les congréga- 
tions romaines de se prononcer surdos questions encore douteuses. 
Je m'y oppose, je les arrête, car il ne faut pas empêcher les savants 
de travailler. 11 faut leur laisser le loisir d'hésiter et môme d'errer. 
La vérité religieuse ne peut qu'y gagner. L'Eglise arrive toujours à 
temps pour les remettre dans le droit chemin 2. 

Dès le début de cette étude (p. 5, n. i), j'ai rappelé la lettre 
mémorable de LéonXIIÏ sur l'étude de l'histoire. On ne sau- 
rait oublier Tinfluence énorme que ce grand pape a exercée, 
en faveur de la religion, par les encoui'agements constants 
accordés par lui à la science. Il se produisit dès lors une dé- 
lente et une bienveillance en notre faveur, dont ceux-là seuls 
ont conscience qui ont suivi attentivement la marche de 
l'érudition depuis, cette époque. 

1 Lettre à Madame Swetchine, La Qucrcia, 9 janvier i8/|0 {Correspon- 
dance du R. P. Lacordaire et de Madame Stuetchine, 4^ édit., Paris, i865, 
in-i2, p. 2i4-5). 

- Abbé Bauduillart, Le renouvellement intellectuel du clergé de France 
au XIX^ siècle, p. 5o. — Dans le discours qu'il a prononcé comme doyen 
sortant de l'école des lettres à l'Institut catholique de Paris, le 28 novem- 
bre Kjoo, cet auteur a dit : « La vie intellectuelle ne va pas sans une cer- 
taine liberté.... La liberté d'émettre et de discuter des hypothèses et des 
opinions, là où l'on n'est pas en présence de vérités qui font partie de 
l'enseignement authentique de l'Eglise, est la condition sine qua non de 
.la vie intellectuelle (iîeuue de l'Inslitul caÙioUque de Paris, igoô, t. X, 
p. 5aô). 



ÉTUDE H[STOB. SUR LA. S. CASA (^97 

Dans un article intitulé : Fm science des reliques el Varchéo- 
logie biblique, 'W^ Pierre Batiffol a dit avec vérité : 

Cependant, à côté de ces monuments vraiment liisloriques, il y a 
des monuments historiés : j'entends par cette expression une cliose 
antique à laquelle le populaire a donné une histoire, et le plus sou- 
ventunc histoire sans fondement. Ici nous franchissons la frontière 
de la tradition pour pénétrer sur le territoire du folkrlore. On n'a 
qu'à ouvrir le Codex urhis Roma) topographicus d'Ulrichs; on n'a 
qu'à fouiller ces itinéraires qui menaient l'étranger, au moyen âge, 
de ruine en mine, détaillant chacun des restes de l'antiquité 
romaine et identifiant tout, pour se rendre compte de la méthode 
de la science archéologique en son enfance. De ces identifications, 
quelques-unes étaient justes sans doute, la plupart étaient énormes '. 

S. S. Pie X a parlé deux fois de la critique, pour on re- 
commander l'usage légitime : 

Suntqui, in suafide constantes, critices disciplinœ, quasi demo- 
lienti, succcnsent ; quaî quidern ipsa per se culpa vacat, légitime- 
que adhibita conducit ad investigandum felicissimc -. 

Ut enim damnanda est eorum temerilas qui, plus tribuentes novi- 
tatiquam magisterio Ecclesiaî, critices adhibere genus non dubi- 
tant immodice liberum ; ita eorum ratio non probanda, qui, nullà in 
re, ausint ab usitalà exegesi Scripturœ recedere, etiam quum, salva 
fide, id bona studiorum incrementa postulent. Hos inter médius tu 
recta incedis ; tuoque exemple ostcndis nihil timendum esse divi- 
nis libris à vera progressione artis criticte ; quin commodum ex 
hâc subinde eis lumen peti posse ; ita nempèsi prudens sincerum- 
que judicium hue accesserit, quale tibi suppetere videmus-^. 

M. A. de Lapparent, membre de l'académie des sciences', 

dans une leçon faite à l'Institut catholique de Paris : 

Les apologistes attardés qui, s'inspirant d'idées excusables à un 
autre âge, s'obstineraient à défendre des positions qu'on n'aurait 
pas dû incorporer au patrimoine fondamental, feraient le plus 
grand tort à la cause qu'ils veulent servir ^^. 

1 Remie Biblique internationale, Paris, 1892, t. f, p. ig^. 

'- Encyclique J«cu/ida sane, du 12 inars 1904. 

s Bref à M^"^ Le Camus, cvèque de La Rochelle, du 11 janvier 190O 
(Bulletin de V Institut cathol. de Toulouse, 1906, p. loo-i ; Revue Biblique, 
rgoG, p. 190-6). 

i Science el apologétique, Paris, igoô.pet. în-8°, p. 278. 

N -D DK LORETTK 33 



'igS NOTRE-DAME DE LORETTE 

Dans un article intitulé : Arle e morale nella crilica leile- 
raria, la Civillà caltoUca fait ces réflexions au sujet de la re- 
cherche de la A"érité dans les choses de la piété : 

Anche nel campo délia crilica storica, pei' un allro verso, si cre 
dette pericoloso alla pietà dei fedeli ed imprudente il ricercare i 
fondamenli.spesso oscillanti od immaginari, su cui si appoggiano 
certc divozioni anche secolari. a luoghi, a reiiquie, a Iradizioni pie. 
Ma non per qucsto s'arresto lo studio c l'indagine coscienziosa di 
tanli insigni critici délia storia religiosa. Icpiali spronati daU'amore 
délia verilà, non estante i conti-aslidiuna divozionemalinlcsa, sono 
tulli inlenti a un lavoro do epurazlone, vanlaggioso non meno alla 
storia che alla pietà ^ 

Enfin M. Léon de Kerval concluait récemment un opus- 
cule de critique historique par ces mots : 

La logique et la critique... exigent, simplement mais impérieu- 
sement, en histoire, qu'un fait, qualifié de naturel ou de surnaturel, 
soit accepté ou soit rejeté, suivant qu'il est ou qu'il n'est pas ap- 
puyé sur des témoignages solides et probants, sur des témoignages 
non soupçonnables de travestissement ou d'erreur -. 

Finissons par la parole du Maître : Veritas liberahil vos •'. 

L'éloge que je viens de faire de la bienfaisante influence de 
Léon XIII sur les études historiques s'accordera mal, auprès 
de certains lecteurs, avec ce que j'ai dit de sa bulle en faveur 
de la s. Casa (pp. 5 et 461-2). Je me permets de demander 
qu'on en juge par analogie. Le cas du pèlerinage de Lorette 
est identique à celui de Saint-Jacques de Compostelle. La 
célébrité incomparable de celui-ci pendant le moyen âge a 
dépendu de la croyance populaire que saint Jacques le Majeur 
y avait été transporté de Jérusalem et s'y trouvait enseveli 
(cette tradition a même passé dans le Bréviaire romain). 
Ses reliques, extraites de son tombeau en 1089, par peur des 
Anglais iconoclastes, furent cachées sous le pavé de l'abside 

1 Roma, igoô, gr. in-8°, t. I, p. 162-8. 

'■i L'évolution et le développement du merveilleux dans les légendes de 
S. Antoine de Padoue, Paris, igoâ, in-8ù, p. 280-6. 

3 S. J0.A.N., c. YIII, V. 32. 



ÉTUDE HîSTOR. SUR LA S. CASA /l()9 

de la cathédrale. En 1879. le cardinal archevêque de Com- 
poslelle, Michel Paya y Rico, les trouva et soumit à la S. Con- 
grégation des Rites le résultat de son enquête, concluant à 
l'authenticité des corps de saint Jacques et de ses disciples 
Athanase et Théodose. De Rome, on envoya sur place le promo- 
teur de la foi, Augustin Gaprara, qui, après vérification minu- 
tieuse, proposa de confirmer la sentence de l'archevêque. La 
congrégation rendit un décret approhatif le 19 juillet 188/1 ; 
il fut ratifié par le pape le 20 '. Léon XIII ne s'en tint pas 
là : par lettres apostoliques « ad perpetuam rei memoriam », 
du I" novembre suivant, après avoir mentionné l'évangéli- 
sation de l'Espagne par saint Jacques, il rappela longuement 
les faits ci-dessus et les confirma de sa haute autorité -. — 
Six ans après, la science historique revint sur la question par 
l'organedelVl.rabbéL.Duchesne''. D'après cet habile critique 
— et ses conclusions ont été approuvées sans restriction par 
les Bollandistes '' — l'apostolat de saint Jacques en Espagne 
est resté inconnu à toute la littérature ecclésiastique de la 
péninsule du iv'= au vni" siècle. Vers 83o, on découvrit à 
Amœa, au diocèse d'Iria Flavia, un tombeau des temps ro- 
mains, que la crédulité fit prendre pour celui de saint Jac- 
ques. Vers S5o,on rédigea un récit de la translation de l'apo- 
tre, de Jérusalem en Galice ; les noms de ses prétendus dis- 
ciples ne remontent pas au-delà de la fin du xi° siècle ''. 

1 Rivista AgusHniana, Valladolid, ï884, gr. in-80, t. VIII, p. 19S-200. 
Domcn. Bautolini, Ceiiiii biografici di s. Giacomo apostolo il Maggiore ; 
Roma, i885, in-8". Traduction espagn. par Silv. Roncikr Fulleuad, Apiin- 
ies biogràficos de Santiago apôstol; Roma, i885, in-S", p. 187-90. 

-' Revue hebdomadaire du diocèse de Lyon, i88/i,gr.in-8o,t. VIII, p. 677- 
86. Dom. Bautouxi, op. cit. Traduct., p. 287-64 (texte et trad.). 

a Saint Jacques en Galice, dans Annales du Midi, 1900, t. XII, p. i/jô-So; 
tiré à part, Toulouse, 1900, gr. in-80 de 87 p. 

* Analecla Bollandiana, Bruxelles, 1900, t. XIX, p. 353. 

s Le 4 juillet i488, l'évèque et prince de Grenoble, Laurent Allemand, 
après avoir accompli la visite pastorale de l'église d'Echirolles (Isère), 
sous le vocable de l'apôtre saint Jacques, ordonna d'ouvrir un tombeau 
renfermant, au dire du public, le corps do saint Jacques ou Jesaic. On y 



5oo XOTRE-DAME DE LORETTE 

Aucun blarae n'a été, que je sache, formulé à Rome contre 
l'auteur de celte démonstration, de tout point opposée à la 
bulle de Léon XIII et au Bréviaire romain ; bien au con- 
traire, le Saint Siège l'a élevé à la prélatnre, l'a même nommé 
consulteur de la Congrégation des Indulgences et Reliques 
et, qui plus est, président de la commission histoinco-litur- 
gique. Il m'était donc permis pareillement, sans mériter 
de blâme, d'examiner, à la lumière d'une critique respec- 
tueuse, le bien-fondé de la créance à la translation de la 
s. Casa. 

Le P. de Fais a cru devoir justifier son orthodoxie contre 
ses détracteurs. Une semblable apologie mè paraît superflue. 
Cette étude rentre parfaitement dans le cadre des recherches 
permises aux ecclésiastiques : je viens de le montrer. Au lieu 
de retarder le progrès, nous devrions marcher à sa tête. Il y 
a un moindre inconvénient à délaisser une tradition recon- 
nue inexacte qu'à la maintenir à rencontre de la vérité his- 
torique. Combien y a-t-il, à l'heure qu'il est, d'esprits éclai- 
rés qui croient au vol de la s. Casa de Nazareth à Lorette ? 
Puisqu'il faudra un jour ou l'autre en reconnaître la faus- 
seté, pourquoi ne pas bénéficier dès aujourd'hui du mérite 
de le proclamer, sans attendre que nos adversaires nous y 
contraignentP Pourquoi encore ne pas profiter de cette occa- 
sion pour montrer que le culte de la vérité existe chez les 
historiens catholiques des choses religieuses ? Le cardinal 
Pie écrivait à la fin de sa vie : 

Il est indispensable que le sanctuaire de la science ne soit pas 
abandonné aux profanes, et que le sacerdoce puisse toujours dire, 

trouva la lèLe et les ossements d'une sorte de géant; rien, parmi les objets 
découverts auprès, ne confirma la créance populaire. Le prélat fit refer- 
mer le sépulcre et défendit, sous peine d'excommunication, de continuer 
le culte de ce prétendu saint, dont on ignorait le nom, la vie et les mi- 
racles, renvoyant l'appréciation de ce cas majeur au pape et au siège apos- 
tolique (C. U. .T. CiiEVALiEU, Visites pastorales et ordinations des êvéqiies de 
Grenoble, Lyon, 187/1, in-S", p. xviij-ix; cf. Nie. Ciiorieh, Histoire génér. 
de Dauphiné, 1G72-1813Ç), in-folio, t. Il, p. ^ga-S). 



ÉTUDE HISTOR. SUR LA S. CASA 5oi 

avec l'apôtre, aux hommes du siècle : In qiio qiiis audet, aiideo et 
ego..., plus ego '. 

Quels seront le sort et les conséquences de ce livre? Au- 
près des gens pourvus d'une sage critique, la^cause entendue 
sera jugée : la légende aura vécu. Auprès du public. crédule 
et amoureux de légendes, il en sera autrement, c'est fort pro- 
bable. 

Sans être de la valeur de saint Jérôme comme critique, 
saint Augustin a pris trois fois la peine de démolir une 
légende manichéenne, extraite des Actes apocryphes de l'apô- 
tre saint Thomas : les Noces de Pélagie. Avant lui, Eusèbe 
et saint Epiphane l'avaient condamnée ; peu après, le pape 
Gélase la déclara apocryphe. Mais deux siècles ensuite, le 
pseudo-Abdias lui infusa un regain de vitalité ; plus tard, 
sans parler d'Orderic Vital, qui l'accepta, elle s'introduisit 
dans tous les livres liturgiques des chanoines de Saint-Victor, 
Légendaire, Bréviaire, Missel. Saint Augustin était vaincu, 
ironie du sort! précisément dans l'ordre spécialement insti- 
tué sous son vocable. Elle s'étale triomphante, aujourd'hui 
encore,, sur les panneaux d'un vitrail de l'église Saint-Martin 
d'Epernay, où elle fait face, comme pour le narguer, à son 
antique adversaire, le saint évoque d'Ilippone '•'. 

Qui sait si on n'arrivera pas à trouver que nul autre livre 
ne fournit, autant que le mien, de preuves en faveur de la 
translation de la maison de Nazareth à LoretteP En tout cas, 
même les partisans de cette légende trouveront à y appren- 
dre. Je n'ai dissimulé et, à plus forte raison, supprimé au- 
cun des documents et des arguments en leur faveur; ils 
auront sous la main, les uns publiés, les autres exposés loya- 
lement, sauf impossibilité à tout reproduire. Quand je n'ai 
pas vu moi-même les livres — et qui peut tout voir? — j'ai 

' Lettre du 7 mars 1880 {Les Lellres cliréUeiines, 1880, t. I, p. 16). 

2 E. MissET, Les Noces de Pélagie ou les évolutions d'une légende, élude 
critique sur un vitrail de l'ancienne abbaye victorine d'Epernay; Paris, t()o5, 
gr. in-80 de 19 p. 



5o3 A^OTRE-DÂME DE LORETTE 

indiqué lés intermédiaires qui m'ont fourni les textes ou les 
citations. 

J'ai été fort réservé sur l'origine de la légende (p. /jgi) et 
sur la question pétrographique (p. ^78), pour ne pas permet- 
tre aux partisans opiniâtres de la translation de donner le 
change à Topinion publique. Leur rôle est circonscrit à ces 
trois points : 1" trouver un chroniqueur oriental ou un pèle- 
rin occidental qui, pendant les deux siècles après la préten- 
due translation, ait constaté à Nazareth l'absence de la s. Casa ; 
2" découvrir en Occident la moindre trace du fait de la trans- 
lation dans un document authentique antérieur au dernier 
quart du xv" siècle ; ou 3° prouver l'authenticité des trois nar- 
rations de 1295, 1297 et i33o environ. Tant que ces trois 
points ne seront pas résolus — et ils ne peuvent pas l'être — 
le récit de la translation restera frappé de faux. 



T x^ 13 L E 

DES BULLES ET BREFS DES PAPES PUBLIÉS 

d'après les Regesia VaUcana. 



Jean XXII, a/i décembre u'Jao 485 

Urbain VI, 5 novembre 1087 170 

Boniface IX, 9 novembre l'ôSij 171 

Paul H, 25 janvier 1/171 207 

— 27 janvier 1471 (dcii.v) 208 

~ i" mars 1471 209 

SLvte IV, 8 février 1/I73. . 215 

— 6 avril 1/173 21() 

Jules H, 21 octobre 1007 257 

— a7 avril 1609 268 

Léon X. 18 avril i5i3 271 

— 8 juillet i5i3. 272 

— • 16 août i5i3 272 

— 17 avril i5i4 273 

— 8 décembre i5i4 273 

30 décembre i5i/i 277 

— 18 janvier i5i5 279 

— 26 inars i5i5 281 

— 3 mai i5i5 282 

— 4 mai i5i5 284 

— 18 juin i5i5 290 

— I" juillet t5i5 291 

— 1" octobre i5i5 291 

— I" août i5i8 294 

— 17 décembre i5i8 298 

— Hif juin iSig 299 

— 34 mai 1620 304 

— 24 mai i52o 305 

— 1" décembre i52o 30(i 

Clément Vil, i3 janvier 1624 307 

— 17 avril 1325 310 

— 2 février ibuv) 312 

— 21 décembre i532 329 

— 18 avril i534 330 

Paul III, 18 mai i535 332 

— 18 février i536 333 

— 3 1 juillet i544 340 

Jules III, 32 novembre i554 344 

Pie IV, 6 janvier i56o 346 

Xicolas degl' Asti, 3 décembre 1409 196 



TABLE 



DES AUTEURS ET DES PltlNCIPAUX PERSONNAGES 



Abrégé de l'adinir. et mirac, Mi. 
Abrégé de l'hisloire, 406, 420, 440. 
Abrégé historique, 385, 427. 
Aciass. BoUand, uindjc. ,484, 495. 
Adalbert, 30. 
Adamnan, abbc, 27. 
Adrichem (Chrislian van), 81, 337. 
Adrien Y], pape, 307. 
Agrcda (Marie d'), 399-400. 
Alden d. internat. Kongr., 4(i3. 
Alazard (L.), -I2o. 
Albancs (chan. .1. Il), 168. 
Albciti (Léandrc}, 341-2. 
Albizzi (Barlhélemy), 63. 
Albouy (Augustin), 116, 436. 
Alcarotli (Giov. Franc), 82, 93. 
Aldobrandini (Pierre), 372. 
Alcgiani (Giov. Bail.), 431. 
Alcxander (Natalis), 401. 
Alexandre Vil, pape, 393, 396. 
Allbnso Maria di Gesù, 469. 
Allemand (anonyme), 64. 
Allemand (Laurent), 499-500. 
Alphonse V, roi de iNaplcs, 191. 
Alquié (Savinien d'), 101. 
Ameggio (G.), 447. 
Amoni (Leop.), 42. 
Ami (L'J de la religion, 447-S. 
Ami (L'J du clergé, 322, 411, 468. 
Amodru (Franc.), 119. 
Analecla Bollandiana, 42-3, 481, 499, 
Aiialecla juris ponlijicii, 430-1 . 
Ancina (.lean-Juvcnal), 373, 375. 
Ancona (Aless. d'), 335, 374, 414. 
Angelico (b'') de Fiesole, 193-4. 
Angelila (Jérôme), 165,309,313-20,320. 
/limâtes du Midi, 499. 
Annalid. scienze relig., 443-6. 



Annuaire départ, du Rhône, 336. 
Annuaire départ. Normandie, 488. 
Anselme, polonais, 76. 
Antoine (s') de Padouc, 389. 
Antonin (s') de Florence, 153, 414. 
Antonih le martyr, 27. 
Antonio (iNicolas), 333. 
Apoiogélische Beilage, 468. 
Aquin(.l.G. d'). 114. 
Aragon (Jean d'), cardinal, 234. 
Archius (Nicolas), 341 . 
Archives Orient latin, 43, 33, 62. 
.\rculphe, évoque, 27, 31. 

Ariighi (Pierre), 439. 

Art de vérifier les dates, 448. 

Ascoli f Chronique d'J, 191 . 

Asti (iNicolas degli), 182, 189, 196-9, 
202-4, 216. 

Astolfi (Felice), 381 . 

Atimis (llermann de), 372. 

Avibigné (Théod. Agrippa d'), 133. 

Augustin (s'), 301. 

Avoli (Aless.), 44-i. 

Babatius (Pctrus), 388. 

BacChi dclla Lcga (Alb.), 62. 

Backer (A. et A. de), 108, 332 436. 

Backer (Louis de), 56. 

Badaloni (Léon.), 438. 

Baedeker (K.), 459-60. 

Baianus (Andréas), 381. 

Baillet (Adrien), 382, 412. 

Bainvcl (J. V.), 466-7. 

Balal'in de Raconis (i.), 71. 

Balassi (Thom.), 381. 

Balbus (Scipio), 331. 

Baie (Jean), 241 . 

Baluze, 167-8. 

Bandini (Ang. Mar.), 220. 



TABLE DES AUTEURS 



5o5 



Baptiste (b") Spagnuoli, le Mantoilan, 
142,207,233,240-52,271-2,318,322. 
Barbier, 101. 
Bareille (.1.), 457. 
BargcUcsi, Bargile.si, Bius (î^icolas), 

163, 343, 349. 
Barocci (Frédéric), 357. 
Baronius (César), 362-3, 408. 
Barré (L.), 450. 

liarthélemy de S. Verdiana, 214, 235. 
Bartoli (Bald.), 153, 349, 401, m. 
Barlolini (Domcn.), 452-3, 458, 499. 
Basilica Pctri (Carol. a), 352. 
Basnage (Jac), 59, 70. 
Bataille (D'), 240. 
Balhory (Etienne), 252. 
BatilYoI (Pierre), 425, -i97. 
Baudrillart, 496. 
Baudouin de Ijaunay, 385, 
Baumgarten (Paul-Marie), 485. 
Baunard, 461. 

Bavière (Ferdinand de), 378-9. 
Bazelaire (Léonie de), J23. 
Bcaugrand (Félix), 22. 
Beck (.lérômc\ 79. 
Bède (v»), 25, 29. 
Bcisscl (Steph.), 4G0-1. 
Belardo d'Ascoli, 33, 52. 
Bélct (P.), -io7. 
Bélisaire de Gingoli, 237. 
Bellemi (G.), 450. 
Bellini (Stefano), 437. 
Bcllman (.loh. Arent), 413. 
Belon (Pierre), KU. 
Benjamin (Georges), 421. 
Benoit XI, pape, 154; — XII, 165 ; — 
XllI, 360, 419-20 ; — XIV, 29, 47, 
350,390, 399, 401, 406, 410-1, 422- 
3, 425, 427. 
Benoni (Germ.), 415. 
Benvenga (Michèle), 403. 
Benzoni (Rutilio), 373. 
Bérenger, 432. 
Berger (Elle), 482. 
Berlière (Ursmer), 171, 467. 
Berneggcrus (Malth.), 379, 383. 



Bernin (le), 413. 

lier ti (Laurent), 429. 

Bessède, 128. 

Bcsson (Joseph), 99, 130. 

Beugnol, 39. 

Uibl d. liter. Ver. SUUlriarl, 60. 

Blbl. impér.. Calai mss. J'ranç., 56. 

Bindoni (Benedotto di), 339. 

Biographies, 100, 107, 390. 

Biondo (Flavio), 179, 190-1. 

Bi.shop(E.), 181. 

Blaeu (.lean). 413. 

Blanchard (Zéphyiin), 119. 

Blanquart, 488. 

Blondus (Flavius) = Biondo (Flavio). 

Boccacc (Jean), 133, 155, 166. 

Bôhrner (.1. F.). 43, 167. 

Boldenselc (Guillaume de), 58. 

Bollandistes, 42. 

Bonciarius (Antonius), 374. 

Bonflni (Antoine), 222-3. 

Bongarsius (Jac), 38, .57. 

Bongiovanni (Pielro), 153, 320, 390. 

Boniface VIfl, pape, 145, 1.55; —IX, 

170-2. 
Boniface (s') de Savoie, 482-3. 
Bonnefon (Paul), 355. 
Bonnery ((iaslon), 128. 
Bonnoscrrc de Saint-Denis, 97. 
Borghi (Ant. Mar.), 439. 
Borgolesi (Nice.) = Bargellesi. 
Bottini (Prosper), 408. 
Bouche (lion.), 391. 
Boudinhon(A.),6,327,351,468,^S9-90. 
Bouloumoy (A.), 461. 
Bourassé (Joan . Jac), 1 1 3, 1 41 , 430,454. 
Brani (.\ndreas), 108. 
Bralion (JNicole de), 398. 
Brandon (Dav. Heinr:), 343. 
Brcidenbach (Bernard de), 68-70. 
Bremond (Gabriel), 10(1. 
Bretonvilliers (de), 400. 
Breugne (Bonav.). 395. 
Brietius (Philipp.), 397. 
Briganti (Yittorio), 314, 354, 373. 
Brigitte (s") de Suède, 166, 377. 



566 



TABLE DES AUTEURS 



Brocquière (Berlrandon de la), 66. 
Brunet, 87, 376,401, 414. 
Brunncr (Cad), 480. 
Bruyn (Cornelis de), 102. 
Bruzen de la Maiiinière, 337, 42.3. 
Brygg (Thomas), 64. 
Buckinghain (James Silk), 107. 
Bue (Jacq. de), 26. 
Bugniot, 184, 187. 
Biillarluin Romanum Aii6,'S6i ,36i,olc. 
Bulletin de la soc... de Lyon, 389, 427. 
BuUeiin du bibliophile, 444. 
Bulletin hist.-archéol. Valence, 488. 
Bulletin insl. calh. Toulouse, 465. 
Bulletin Salésien, -493. 
Burchard de Barby, 48, 53. 
Burgos (luan de), 36;). 
Burkc (John J.), 468." 
Busching, 432. 
Bzovius(Abrah.), 331, 379. 
G. (V.), 444. 
Cabrol (Fernand), 129. 
CaUIau(D.A.B.),146,155, 240,443,448. 
Gajetan de Sermonetla (Nie), 3S9-60. 
Calcagni (Ant.-Bern.), 363. 
Galcagni (Diego), 415. 
Galmet (Augustin), 416-9, 487. 
Campano (Jean-Antoine). 199. 
Gatnus (Jean- Pierre), 382. 
Gancellottus (Jo. Bapt), 396. 
Candellier, 120. 
Ganisius (Henr,), 39, 76. 
Canisius (Pierre), 314, 352. 
Gapodagli (Bernard.), 434. 
Gappellelti (Gius.), 141, 165,210, 449. 
Gapugnanus (Hieron.), 374. 
Carayon (Aug.), 100. 
Carini (Isid.), 167. 
Carrachc (Annibal), 363. 
Garroccio (Gabriel), 412. 
Gasabianca, 463. 
Casaubon (Isaac), 471. 
Gasini (Antoine), 180-1. 
Gassius (Barthol.), 879. 
Gastellano (Ansclrn.), 346. 
Castro Beale (Andréa del), 400. 



Catal. bibliolh. Riant, 11, 176. 
Catalocjiie des maniiscvils, 184. 
Catalogue of Ihe Ilarleian mss., 241. 
Gathcrine (5°) de Suède, 166. 
Calholic world, 467, 468. 
Caltolico (II), 443. 
Caumont (seig' de), 65. 
Gavalcaselle(G. B.), 194. 
Gavalieri (Jean-Jos.), 423-4. 
Cavalieri (Joan. Mich.), 428. 
Cavitellius (Ludov.), 193. 
Gecconi (Gios.), 237. 
Centofiori, 364. 
Gentoflorenius (Ludov.), 390. 
Gesari (Ant.), 442. 
Ghabot(J. B.), 467, 491. 
' Chaillot, 425. 
Ghamber's Edinburgh jown., 452. 
Ghampagnac, 450. 
Gharles(s')Borromée, 350-2,354, 356. 
Charles IV, empereur, 166-7. 
Charles II, roi de Naples, 148, 152-3. 
Chateaubriand, 107. 
Ghavanon (J.), 79. 
Chevalier (Jules), 483. 
Chevalier (Ulysse) 388;—, 168, 332; 

Réperloire, passim; 434, 300. 
Chiara (Mich. de), 461. 
Chmel (Jos.), 192. 
Chorier (Nicolas), 500. 
Christian remembrancer, 431 . 
Ciacconius (Alph.), 277, 401 . 
Giampi (Ign.), 85. 
Ciampoli (Gio.), 390. 
Ciccarelli (Alleguccio), 177. 
Cicoghara (Leop.), 441. 
Gimegiatlo Zaratino (Girol.), 103. 
Cinelli (Giov.), 146-7, 151, 413. 
Gino (Ange), cardinal, 173. 
Girillo (Bernardino), 163, 328, 345-6. 
Cirillo (Gian Paolo), 160, 163, 346. 
Citez de Jlienisalem, 39, 45. 
Civiltà callolica, 438, 461-2, 498. 
Clain (Pablo), 369. 
Clément VII, pape, 307-11, 329-31, 
349 ; -VIII, 365-7, 371-2, 374; - 



ET DES PERSONNAGES 



oo-; 



X, 399 -, - X[, 407, 412, 414, 416 ; 
— XII, 422 ; - XIll, .m;- XIV, 
431. 
CollindePlancy(.l. A. S.), 441-2, 448-9. 
Colombo (Fernando), 254. 
Goinpagnoni (Pomp.), 170, 174. 
Conway (L.). 467, 468. 
Copinger, 253. 
Gornaro (Marc), doge, 165. 
Cornazano (Ant ), 235. 
Cornélius (Flam.j, 431. 
Gornoldi, (60. 

Coronelli (Marco Vlnc), 417. 
Corraro (Ange), 174. 
Colligiame Ralizano(OIinoriga). 103. 
Courcicr (Pclr.), 306. 
Gonrel (Âlph.), 21 . 
Crcscimbcni, 237. 
Croiset (Jean), 140. 
Groset (Thom.), 400. 

Growc(,l. A.), 194. 

Guinet (Vital), 125. 

Gyprianus de Tarvisio, 87. 

Damas (Aniédée de), 114. 

Daniel, higouni., 32, 51. 

Dante, 157-60. 

Darras (,1. E.), 9, 450, 457. 

Daiim (Vinc. comte de), 414. 

Daunou et Naudet, 44-5. 

Daurignac, 339. 

Décréta aiilheiit. S. C. R., 411. 

Delaage, 463 . 

Delehaye (Hippol.), 481,493. 

Demarco, Demasco (S.), 431. 

Depéry, 382. 

Descartes, 382. 

Deschamps (P.), 455. 

Description de TerreS., 34. 

Des Lions, 393. 

Destunis (G.), 64. 

Deycks (Ferd.), 60. 

Diario di Roma, 448. 

Dictiontu d'arcliéol.-litury., 482. 

Dictionn. de Trévoux, 421. 

Dini (François), 145 ; — {W), 433. 

Discorso , . . , Discours. . , , 393. 



Divota isloria, 441. 

Dochier (.Ican-Anloine), 421-2. 

Dolcibenc de Florence, 62. 

Donbdan (Jean), 97-9, 393. 

Dovizi (Bernard), 274, 291-2, 299, 325. 

Dressaire (L.), 467. 

Drevcs (G.-M.), 327. 

Dript (Laur. \'an), 401. 

Drouet, 401. 

Duchesne (L.), 499-500. 

Dumas, 454. 

Durand (A.), 459. 

Durante (Gonsalvo), 377-8. 

Duroisel (E.), 468. 

Dulhillœul (H. R.), 290. 

Eclios d'Orient, 467. 

Eck (Jean), 331 . 

Eco délia Casa di Loreto, 369. 

Egron (A.), 108, 448, 448. 

Ehrhard (Alb.), 136. 

Eichovius (Gyprianus), 84. 

Elisabeth de Mantouc, 178 . 

Emiliane (Gabr. d'). 414. 

Enault (Louis), 112, 

Encyclopxdia Britannica, 457. 

Encyclopédie du.XlX" s., 450. 

Encyclopédie tliéologique, 450-1 . 

Epipbane (s'), 23. 

Eracles (Estoire de), 38, 43. 

Erasme de Rotterdam, 311-2, 324-5. 

Ernoul, écuyer, 42. 

Eschbach, 468. 

Estienne (Henri), 133. 

Etheria, 23. 

Etudes hist. moy. âge G. Monod, 49 i. 

Etudes PP. conip. Jésus, 6, 49, 50, 467. 

Eubel (Conrad), 92, 210, 483. 

Eucheria, 24. 

Eugène IV, pape, 182. 

Eusèbe de Césarée, 22, 25. 

Eynalten (Maxim, d'), 375. 

Fabianich (Donato), 454. 

Faillon, 385, 443. 

Falconio (Bernardin), 351. 

Falkner(G.j, 457. 

Fauvel, 385. 



ooS 



TABLE DES AUTEURS 



Favola dei voli, 4bS. 

Feis (Leop. de), G. 42, (>2, 64, 70, 89, 

239, 2o0, 467. 
Fclloi-, 417. 

Ferdinand 1"^', roi des Romains, 342-3. 
Ferdinand 1°', g'' duc de Toscane, 366. 
Ferlone (Ant. Sever.), 168. 
Fermanel, 385. 
Fernandoz de Aavarrelc, 253. 
Ferrarese (Joachim), 421. 
Ferrarius (Philippus), 377, 283. 
Ferri (Gact.), 431 . 
Férus ou Plachy (Georg), 368. 
Fichant (L.), H3. 
Ficker (.lui.), 43. 
Fiske (.f. S.). 458. 
Filicaja (Vinc. da), 412. 
Filosseno (Marcel), 257. 
Fioravanli (Jos. Ant.), 214, 433. 
Florencia (Franc, de), 405. 
Florentin (anonyme), 6i. 
Forest (René), 429.' 
Fornari (Gius. M.), 404. 
Forner (Frider.), 381. 
Forti (Jean Luc), 416. 
France (La) chrétienne, 484. 
Francetich (Petrus), 417. 
Franchini (Barthélémy), 312. 
Franciotli (Ces.), 378. 
François (s') d'Assise, 41. 
François (s') de Borgia, 348, 351. 
François (s') de Paule, 178-9. 
François (s') de Sales, 36i-5, 372-3, 

434, 495. 
François (s') Xavier, 33!). 
Frangipane (Martin), 191 . 
Frangipane (A'ic. -Franc.), 161, 164. 
Fralernilé (LaJ, 468. 
Frédéric II, empereur. 153. 
Frédéric III, empereur, 192. 
Freherus (Marq.), 193. 
Frcscobaldi (Edouard), 62. 
Fresnaud (N.-D. de), 483. 
Fretellus (Rorgo), 34. 
Freylag (Franc.), 413. 
Frôlichius (David), 390. 



Fromond, 31. 

Funk (von), 9, 464. 

Galanli (Garni.), 159. 

Galanti (Arluro), 488. 

Galeotti (Giulio Cesare), 314, 377. 

Gallia chrisliana, 184. 

Gallo (Antoine-Marie), 377. 

Gams (Plus Bon.), 91, 210, 456. 

Gamurrini (1. F.), 23, 31. 

GargioUi, 63. 

Garosco de Ulmoisca, 168. 

Garratt (Guil.,W.), 27, 237,460, 462. 

Gaudenli (Antonio), 431-2, 433. 

Gaultier (.lacques), 376. 

Gavantus (Barthol.), 416, 419, 424 

Gcntile (Piergirol.), 362. 

GeoflVoy de Bcaulieu, 44. 

Géravdy Saintinc (P.), 113. 

Germain (Jean), 184-9. 

Germain (Michel), 403. 

Germania, 468. 

Gcva (Ang. Mar.), 448. 

Gejcr (Paul.), 27. 

Giacomo (André di), 177, 181-2. 

Gianuizzi (Luc), 363, 377, 380, 440, 

443, 448. 
Gildemeisler (.l.),27. 
Giles (.T. A ), 29. 
Glnguené, 390. 
Giorgi (Fil.), 145. 
Giorgii (Pierre) = Tcramano. 
Giussano (Piet.), 354, 356. 
Giustiniani (Giov. Bapt.), 393. 
Glaire (J. B.), 449, 455. 
Glavinich (Franc), 392. 
Golubovich (Girol.), 42, 70, 106, 463. 
Goschler (L), 454. 
Gosselin, 454. 
Goudard(J.), 49-b0,467. 
Gougeon (G ), 127. 
Gr.,108. 

Graciosos vlUancicos, 451 . 
Graesse, 419. 
Grandi (Guide), 414. 
Grange (M''' de la), 65. 
Grangier de Liverdys, 397. 



BT DES PERSONNAGES 



yP9 



Gravcson (V. H. Amat de), 415. 

Grcffîn AtTagai't, 77. 

Grégoire XII, pape. 475 ; — XIII, 332, 

354, 359; - XV, 381; - XVI, 442- 

3, 447-8. 
Groiderer (Vigil.), 191. 
Gi-ethenios, (J4. 
Gretscrus (Jacobus), 376. 
Grignon de Montforl (b^), 413. 
Gnllot(A.), 454. 
Grini (Christ.), 400. 
Grisar (Hartm.), 27. 32, 463. 
Grôbcn (Olto Fried. von der), 402. 
Grospellier (Alex.), 466. 
Guarda (Jean de), 419. 
Guaslaviliani (Phil.), 337, 361. 
Gucci (Georges), 63. 
Gncniot, 419. 

Guéranger (Prosper), 446-7, 484. 
Giiérin (Paul), 455. 
Guérin (Victor), 21, 116. 
Guibert de Nogent, 494. 
Guillaume de Nangis, 45. 
Guillaume de T.yr. 32, 38,51, 415, 131. 
Guiraud (.Tcan), 47. 
Guise (Charles de), 365. 
Gumpenberg (Etienne de), 66. 
Gumppenberg (Gui).), 394. 
Guzzoni (Boccolino), 236-7. 
llackstein (.loannes), 375 
Hain. 253. 
Hamon. 363, 372. 
Hartel (Guil. de), 25. 
Haurcau (B.), 77. 
Hauterive (P. d'), 455-6. 
Hayes (Louis des), 86. 
lledwige (se) de Pologne, 396. 
Henri III, roi dé France. 357. 
Henrion, 456. 
Ilenschcn, 29, 398. 
Hcrbet (Hon.), 109. 
Hergenroether (Jos.), 271, 277, 292, 

456-7. 
Histcus (Georges), 420. 
Historia v. d. Gebiirts-IIause, 374. 
History oj Ihe legend, 430, 



Holy House.of Lorelo, 468. 
Honoré de Sainte Marie, 417. 
llorn (Elzéar), 104, 131. . 
Horlensis (Ans. Bapt.). 381. 
Houzeau (J. C), 65. 
Huard, 120. 
Huber(Aif), 167. 
Hue (A.), 128. 
Hude (Nicolas de), 61 . 
Hugen (B.), 368, 
Hugues de Ragnau (Edni.), 457. 
Iluillard-Bréholles, 43. 
Hulst (d'), 484. 
Hutchison (Will. Ant.), 454. 
ITyrtacènc (Théodore), 58. 
Idée de In s" maison de Lor., 428. 
Illyriciiin sacrum, 'd\H, 
Tmperiali, cardin,, ?.67, 407. 
Innocent IX, pape, 365 ; — X, 392 : 
— XI. 401 ; — XH, 405, 407, 409. 
Irving (Washington), 254. 
Italien (anonyme), 62. 
.Tacobi (Franciscus), 151. 
Jacobilli (Louis), 467. 
.Tacobus de Nursia, judex, 436, 
Jacques d'Avcllino, 468. 
Jacques (s') de Gompostelle, 498-9. 
Jacques (s') de la Marche, 217-8. 
Jacques de Vendôme, 93. 
Jacques de Vitry, 40. 
Jacques (b") de Voraginc, 322. 
.Jacquier (E.), 136. 
Jaffé, 459. 
Jaffei (Giac.), 440. 
Jal(A.), 363, 389. 
•lames (A. F), 448. 
Jansénistes, 393. 
Jaubert (Henri), 459. 
Jaugey (J.-B.), 459. 
Jean de Garlhagènc, 377. 
Jean de Lodi, 459. 
Jean XXH, pape, 485-6. 
loan Sobicski, roi de Pologne, 402. 
Jean de Wurtzbourg, 35, 
Jérôme (s-), 24, 25, 2,9. 
Jérôme de Raggiolo, 483, 220-2. 



OlO 



TABLE DES AUTEURS 



.loannes, reclor S. M. deLaureto, 16G. 

•loao de Jésus Chrislo, dOT. 

Joinville, 43. 

Joly (Joseph-Romain), 107. 

.Tordan, évêq. d'Umana, 141. 

Jordan (Claude), 403 6. 

Joseph (s") de Cupeiiin, 39a, 428. 

Jules 11, pape, 237-71, 323-4 ; — III, 

344. 
Julien (Esprit), 93. 
Juslvn de Micckow , Jusliaus Miecho- 

vinnsis, 387-8. 
K. (A.), 4G9. 
Kellnei- (IL), 4G7. 
Kenrick (Pelr. RichO» '^^"'• 
Kerval (Léon de), 483, 498. 
Khitrowo (B. de), 33, 04. 
Kirchenlexikon, 4G3. 
Kohler, 23. 

KoUer (.los. Ferd. Mar.), 428. 
Koùlwyck (Jean van), 82. 
Kort vei'hael van de wond , 424. 
Krumbacher, 22. 
Kurze Darstellung , 442. 
Labre (s' Benoît-Joseph), 431 . 
Lacordaire, 443, 493-0. 
Lalïi (Domenico), 103. 
Lafond (Edm.), 434. 
Lagogneo (Armor.Renalo), 143, 138. 
Laivenklau (Jean), 79. 
Lamartine, 108. 
Lainbertini (César), 341. 
Latnbertini (Prosper), A^"!. 
Lami (Alessandro), 371. 
Lamindus PriLinius, 413. 
Langlois (Ernest), 92. 
Lannoy (Guillebert de), 03. 
Laorty-Hadjy. 108. 
Lapide (Cornélius a), 389. 
Lapparent (A. de), 497. 
Larousse (Pierre), 430. 
Lasinski (Jos. Anton.), 433. 
Lassels (Richard), 400. 
Laurent (J. G. M.), 41, 49, 58. 
Lauretanische Historien, 374. 
Lauretano (Michel), 301-2. 



Lauri (Jean-Baptiste), 381. 

Lazzarelli (Louis), 237, 321. 

Le Camus (E.), 120. 

Lccanu, 431, 433, 463. 

Leclercq (H.), 482. 

Lefranc (Abel), 494. 

Le Hardy (Gast.), 6, 34, 91, 407, 491, 

LcHuen (Mcolas), 170-1, 238. 

Le Long (.lean), .^3, 

Lémann (Joseph), 128^, 

Le Monnier, 42. 

Léon X, pape, 271-87. 290-300; — 

XII, 412 ; — Xin, 5, -438, 401, 470, 

490, 498-300. 
Leopardi (Mon.). 41,31, 139. etc. ,200, 

345, 390, 401, 434, 443-6, 478. 
Leothardus (llonor.), 394, 
/ Le Saige (Jacques). 287-90. 
Lesêtre (H.), 467, 484. 
Lelanias de la V. N. S., 412. 
Letremble (A.) = Ubald, 114. 
Lettres (Les) chrétiennes, 501. 
Lcve-squo (E.), 124. 
Lezana (J. B. de). 393. 
Liévin de Hamme, 1 15. 
Lima (Marc), 392. 
Lipse (Juste), 3730. 
Liron, 77. 

Literarische Rundschau, 407. 
Llevaneras (P. de), 459. 
Loarle (Gaspar). 164. 332. 
Lombardi (Jérôme), 359. 
Long (P ), 437. 
Loreto, conf rater nity, 460. 
Loretta Manual, 461. 
Lortet, 116. 
Loth (Arthur), 468. 
Louis (s') IX de Finance, 44, 32. 
Louis XIII et XIV, 388-9. 
Louis (s') de Gonzague, 300. 
Lowndes, 419. - 
Lucentius (.lui. Ambr.), 413. 
Lucidi (Antonio), 428-9. 
Ludolphe de Suchen, 60. 
Lyonnais (pèlerin), 123. 
Mabillon (Jean), 403. 



ET DES PERSONNAGES 



011 



Macaire (s'), 31. 
MacDonald (Alex.), 408. 
Macedo (A. de), 1 lu. 
Madruzzi (Christophe), 3-18. 
Maggi (Melchior), 146, 132. 
Maggiori (Aless.), -442. 
Magliabecchi (Antoine), loS. 
Magnani (Luigi), iJjO. 
Malalesta (Robert), 233. 
Malalesla (Sigismond), 180. 
Mallanls (Polr.), 30!). 
Mamachi (Thom.-Mar.), 434. 
Mandeville (Jean de), 38. 
Manni (Augustin), 377. 
Mansi (Guil.), 03. 
Mansi (Jean. Domin.), 418. 
Mantegazza (Slefano)» 83. 
Mappemonde spiriluelle, 184-9. 
Marcellino da Civezza, 77, 87, 120. 
Marchant Pereira (Rup.), 481. 
Marchese (Vinc.), 193. 
Marci (Marin), 203, 209-10, 218. 
Marconi (Gins.), 431. 
Marguerite (s"), v. et m., 180. 
Mariani (Marco-Probo), 256. 
Mariano de Sienne, 63. 
Marianus Parlhenius (.los.), 431. 
Marie-Casimire, reine de Pologne, 

402, 413. 
Marini (Gaetano),495. 
Marino (Lelio), 1 45. 
Marotti (G. F. X. de), 317-8, 415. 
Marquette (Louise), 124. 
Marracci, 397. 
Marlcne et Durand, 41 . 
Martin V, pape, 170. 
Marlinov (.T.), 02. 
Martorclli (Luigi). 237, 413. 
Marlorelli (Picr. Val.), 41, 421-2. 
I\Iartrin-Dono.s (,T.), 124. 
Marlyrolocjiwn Romanum, 399. 
Marucchi (Orazio), 480. 
MarufTi (Giovacch.), 07. 
Maselli (Lorenzo), 376. 
Mas Latrie (L. de), 42, 108, 
Materne (E.-J.), 4^3. 



Maundrell (Henry), 103. 

Maurolico (François^ 188 9, 

Mazzolari (Jos. Marie), -431. 

Melchiorri (Gius), 193. 

Melga (Mich.), 02. 

Mély (F. de), 132, Ï8i, 233. 489, 493. 

Melzi, 397. 

Mémoires soe. anliq. France, 493. 

Menochio (Giov. Stcf.), 391. 

Meralus(G. M.), 419. 

Mcrcati (Giov.), 139-60. 440. 

Meunier de Qnerlon, 335. 

Meuschen (.loh. Gerh.), 413. 

Mezzavacca (....), 07. 

Michelant et Raynaud, 37. 

Micheline (b'=) de Pesaro, 107. 

Migliorati (Louis), 174. 

Mignc, Pa/ro/.,22, 494. 

Milochau (A.), 4d, 09, 7a, 141, 194, 

454, 450-7. 
Mingasson (lion. L.), 120. 
Mirabilia Ronhv, 253. 
Mislin, 109, 
Misset (E.), 501. 
Misson (Maxim.), 404-5. 
Mittarelli et Costadoni, 141, 492. 
Mohl (Adr.), 402. 
Molinier, 23. 
MoUat(G.), 485. 
Mondegazza = Mantegazza. 
Monod (Bernard), 494. 
Montaigne (Michel de), 355. 
Montalli (Alex. Peretti), 360. 
Monlani (Fil.), 146, 131, 428. 
Montegazza = Mantegazza. 
Montfaucon (Bernard, de), 407. 
Montrond (Max. de), 446. 
Monnmenls-méin. fondai. Piot, 489. 
Morcni (Domen.),00. 
Moreri (Louis), 401. 
Morin (Germain), 440. 
Moro (Maurilio), 37(5. 
Morone (.Jean), 349-50. 
Moroni (Gaet ),59, d08,412,445. 449. 
Morosoni (François), 206, 208. 
Morot(Jean-Bapt.), 109. 



ni 2 



T..VBLE DES AUTEURS 



Morlior (Pierre), 413. 

Molhère (L.). 121. 

MoLiret (V.), 118. 

Muradofi (Doinin. .Mario), 4:'2. 

Murât (Joachim), 441. . 

Muratori (Lud. Ant.), 18.3, 413. 

Muret (Marc-Antoine), 332. 

Murii (Vinc.),22, 25,327-8, 433-4,440. 

Mussini (Augiislo), 4G9. 

Nardlni (Etienne), 200-1. 

A'arfon (Julien de), 408-9, 489. 

Nau (Michel), 100. 

Neher, /,G3. 

Nellius (Fel. Mar.), im, 392. 

iNeulchàteau (François de), 433. 

Neuniann (G. A.), 33, G l. 

New-years fAj, '698. 

Kihhy (Ant.), 193. 

Nicéphore Calixtc, 21. 

Nicolas III, marquis de Ferrare, 180-1 . 

Micolas V, pape, 183, 189, 191-2. 

Nicolas (s') de Tolentino, 144-3, 447. 

Nicolas (Auguste), 452. 

Nierembergius (.Toan. Eus.), 393. 

Noé, Noe Bianco, 77. 

Nolfi (Vincenzo), 398. 

Noroff(Abrah. de), 33. 

Notizie délia s-'i Casa, 416, 428. 

Odorico Matliuzzi, 38. 

OEttinger, 373. 

Officia propria Valeniin., 482. 

Olier (Jean-Jacques), 383. 

Oltrocchi, 336. 

Orgenlorix (Pierre), 239, 

Origine et translallone, 391 . 

Orlandinus (NicoL), 339. 

Orsini, -443. 

Ortelio (Abraamo), 371. 

Osimo (évoque d'), 169. 

Ozanam (G. A., Frédéric), 430. 

Padilla (Franc, de), 363. 

liages (Phil.), 441. 

Palestine (La), (jiiide liist., 464-3. 

Pallotta(F.). 469. 

Panciroli (Ottavio), 379. 

Panlili (François), -332. 



Panigai'ola,(Fi'anç.), 362. 
Panta (Franciscus), 146. 
Paoli (Felicc), 172, 437, 439. 
Paolo da San Francesco, 469. 
Papadopulos Kerameus (A.), 64. 
Papebrochius, Papenbroeck (Dan.). 

29, i67, 179, 398, 406, 493. 
Pasconi (Glaro), 167, 317, 420, -423-4, 

427. 
Pastor (Ludwig), 201. 
Pastrovicchi (Ange), 393. 
Patriarcats Jérus, et Anlio., 37. 
Patrilius a Sancta Maria, 113. 
Paul, ermite, 148, 1301, 133. 
Paul II, pape, 201-2, 206-9, 321; — 
ni, 332-8, 340-1 ; — V, 376, 380-1. 
Paul do Homo, 173. 
Paule (s"), 24. 
PauletiP. G.), 4il. 
Paulin (s') de Noie, 24. 
Paulutius (Garol.), 388. 
Pays(A.-J. du), 43-'. 
l'échenard (P. L ), 123. 
Peetcrs, 104. 
Pèlerinages de T.-S., 30, 43, 47-8. 

Pellegrini (Anton.), 448. 

Pelli (André), 218. 

Perottis (Perantonius de), 271. 

Perry (Glaude), 188. 

Pptitalot, 433. 

Pétrarque, 133. 

Petrucci (Jean-Bapt.), 217. 

Pflaumern (loan. Ilenr. a), 384. 

Philippe, duc de Bourgogne, 18i-3. 

Philippe de la Très-Sainte Trinité, 
93, 131. 

Phihppon (Adam), 392. 

Phillips, 87. 

Philomcne (s-^), 480-1.. 

Philoxenus (Maixellus), 237. 

Phocas (Jean), 36, 33. 

Picot de Glorivièrc (P. J.), 413. 

Pie II, pape, 199-201; — IV, 166, 
343-8, 330; — (s') V, 330; — VI, 
433-4; — VII, 438-11 ; — VIII, 442; 
— IX, 449, 430, 432,434; - X,497. 



ET DES PERSONNAGES 



5i3 



Pie, cardinal, 500-1 . 

Pierotti (Bernard.), 397. 

Pierre (s-) Céle.slin, d-io, lo8-9. 

Pierre (s') Damien, 157-8-9. 

Pierre, diacre, 24, 3-4. 

Pierre, évoque de Macerata, 460-5. 

Pierre (v) degli Onesli, 439. 

Pighi (Ant.), 438. 

Pini (Domin.), -430. 

Pisani-Dossi (Guido), 462. 

Plaisance (pèlerin de), 27, 51. 

Plalina, 455. 

Poggibonsi (Nicolas de), 04. 

Polidori (Arcang.), 438. 

Polydore (G.), 125. 

Porluçj, moniiin. histor,,?jd. 

Potlhast, Rey., 47, 444, 443. 

Polvin (Gh.), 65. 

Price (Thom.), 368. , 

Processionnal, 402,107, 113. 

Promontorio (Nie), 369. 

Ptolémée, Géographie, 188. 

Puech, 452. 

Quaracchi (Franciscains de), 191. 

Quaresmio (François), Quaresmius, 

21, 87-92, 135, 383. 
Qualtrini (Bernard.), 369. 
Quérard, 101. 
Quelif et Echard, 84. 
Rabelais (François), 332, 
Radziwill (Nic.-Christ.), 339. 
Raffaeli (Petr. Paul.), 368, 420, 429. 
Raffaelli (Fil.) diGolmullaro,140,438. 
Rampaldi, 159. 
Rampillon, 127. 
Rassegna Gregoriana, 467. 
Rassegna nazionale, 467. 
Raynaldus (Odor.), 47, 64, 154, 267, 

331, 391. 
Raynaud (Furcy), 204. 
Raynaudus (Thcoph.), 390-4, 394. 
Realeneyidop. prolest. Theol., 46 i. 
Recolcto (Ag.), 460. 
Recueil histor. Croisades, 37-8. 
Regeslum démentis V, 439. 
l\eland(Adrian), 404. 

N.-D. DE LORETTE 



Renard, 427. 
I\cnzoli (Ges.), 453, 406. 
Reseskrifnlncjar , 113. 
Retz (François), 426. 
Revue Bénédictine, 447, 467. 

— Biblique, 467, 497. 

— critique, 467, 494 . 

— d. questions histor., iï,~. 

— du clergé F ronç., 467, 484. 

— Franciscaine, 468. 

— hebdom. dioc. de Lyon, 499. 

— instit. cathol. Paris, 496-7. 

— prat. d'apologét., 468. 
Reyssbuch d. heyl. Landes, 66, 68-9. 
Riant (c'"), 6, 64. 

Ricard (Ant.), 388. 

Riccai'di (Anton.), 445-6. 

Ricci (Ang. Mar.), 345. 

Richard, 429, 430, 449. 

Richard (François), card., -402. 

Riclreome (Louis), 374-5. 

Ricoldo di M. di Croce, 55. 

Riera (Raphaël), 162, 219, 240, 352-3. 

Rilliet (Alb.), 480. 

Rimini (Chronique de), 183. 

Risler (Ant.), 480. 

Ritter, 493. 

Rivista Agustiniana, 491?. 

Rivista cristiana, 464. 

Rivista stor.-crit. teolog., 467, 490. 

Rocclietta (Aquilante), 83. 

Rochas (de), 465. 
Rochholz (E. L.), 480. 

Rodolfi (Julien), commissaire, 306. 

Rodriguez Sobrino (Matthias', 409. 

Rôhricht (Rheinh.),2l, 35,-46, 49,91. 

Roestius (Petr.), 383. 

Roger (Eugène), 95. 

Rohrbacher, 448. 

Rojas (luan de), .369. 

RoUand, 432. 

Roncalli (Christophe), 37^. 

Roncier FuUerad (Silv.), 499. 

Roncière (Gh. B. de la), 187. 

Ronconi (Ange), 483. 

Ronconi (Giul. Giac), 393. 

33 



5i4 



TABLE DES AUTEURS 



Rondina (Fr. Sav.), 459. 
Rosenlhal (Ludwig), 231, 368. 
Roskovany (August. de)/ 425. 
Rossi(G. B. de), 31. 
Ro\ere (Jérôme Basso de la), 233-i, 

238, 241. 23S. 
Rovere (Jules de la), 353. 
Rozel (Franc. Charles du), 90. 
Rubys (Claude de), 356. 
Ruffo, majordome, 416. 
Ruppé (Cher! de Stc-Marie), 402. 
Rustici (Marc), 65. 
Sabadino degli Ârienli (Jean), 252. 
Sabalier (Paul), 42. 
Sabatucci (Franc ), 448. 
Sacchclli (Franco). 167, 173. 
Saevulf, 32. 
Sagary (A.), 125. 

Saint- Aignan (Laurent de), 114, 110. 
S' François et la Terre S., 488. 
Sainte-Beuve, 393. 
Sainte maison de la s" T., 462. 
Sait (Antonio), 171. 392. 
Salzbacher (Jos.), 447. 
Sanctuaire de Lorette, 431. 
Sandini (Ant.), 427. 
Sanscvcrino (Robert de), 00, 195. 
Santa Casa de Laurelo, 432. 
St. Maria de Lorelo, 374. 
Santi (Angelo de), 327, 351. 
Sanudo (Marin), 30. 
Sarti (Maure), 141 . 
Sauren (Joseph), 327, 458. 
Saussay (Andréas du), 388. 
Saussure, 432. 

Scartazzini (G. A,), 138, 160. 
Schefer (Ch.), 66, 68, 71. 
Schôn (Das) vanderbr. Tersact., 419, 
Schôn (Theod.), 234. 
Schotlus (Andréas), 374, 
Schottus (Franciscus), 373-4. 
Schreiber (W. L.), 256. 
Schrôdl, 434. 
Segneri (Paolo), 412. 
Ségur (Louis Gaston de). 448, 
Senmine relia, de Grenoble, 400. 



Semaine reliij. de Valence, 461-2. 

Séraphin (b'')deiVlonleGranario 373. 

Serragli (Silvio). 386. 

Serraglio (Scip.), 163. 

Sertillanges, 127. 

Sforza (Alexandre), 180. 

Sforza (François), 179. 

Sharpe's London mag., 430. 

Sigoli (Simon), 63. 

Silvcstri (Mich. Ang.), 400. 

Silvie, 23. 

Simonelli (G.), 462. 

Simonsfeld (H.), 30. 

Sivry (Louis de), 450. 

Sixième centenaire, 402. 

Sixte IV, pape, 213-9, 234, 258; — 

V, 360-1, 303-4. 
Slawitschek (Fr.), 108. 
Soares (Jean), 348-9, 
Socrale, 22. 

Sodar de Vaulx, 123, 130. 
Sommervogel, 102. 
Sonntaçis Glocke, 469. 
Sozomène, 22. 
Spadoni (Régin.), 338. 
Spina (Arcang.), 379. 
Spondanus (llenrîc), 389. 
Stanley (Arthur Penrhyn), 109, 432. 
Steck (Franz Xav.), 447. 
Stefani (Boniface), 80, 93. 
Steudner (J.). 405. 
Stiltinck (Jean), 424-5. 
Stimmen ans Maria-Laach, 460. 
Stochove (de), 383. 
Strasoido et SoRîmbergo, 378. 
Studi religiosi, 407. 
Suarès, Suaresius (Jos.-Mar.), 380-7. 
Suarez (Franc.), 365-6. 
Suau, 351. 

Swnmorum pontificum conslil., 407; 
Suriano (François), 54, 09, 236, 321 . 
Surius (Bernardin), 97. 
Suyskenius, 42. 
Swinburne (Thomas de), 03. 
Tabutcau (Emmanuel), 113. 
Tasso (Torquato), 362. 



ET DES PERSONNAGES 



5i5 



Tedeschi (Gioac. Mar.), ÀQi. 
Tell (Guillaume), 479-8(i. 
Teramano, lo^, 196, 202, 204, 210-4, 

217,234, 312, 321. 
Terre (La) Sainte, 51 , 116. 
Tei'Avecoren (EdoU.), 450. 
Tcrzi (Biagio), 103. 
Théodosc, ai'chidia., 26. 
Theologische QaarlalschriJÏ, 9, 464. 

— Revue, 467. 

Thcotonio (s'), 33. 
Theudosic (s"), 481-2. 
Thietmar, M. 
Thomas de Novare, Sa. 
Tiraboschi, 166, 191, 237, 341, 362. 
Tobler (Tit.), 24, 39, llo. 
Tomassini (Thomas), 181. 
Torelli (Luigi), 395. 
Toi-res (Franc..), 358-9. 
Torsellini (Horace), 41, 163, 345, 368- 

71, 490. 
Torloli(G.), 62. 
Toscano (Isid.), 179. 
Tosi (Glem.), 303. 

Toupin(H.G,), 119. 

Tour (Le) du Monde, 116. 
Toynbee (Paget), 1.59. 
Translation de la s' maison, 406. 
Traversini (Pierre), 255. 
Tretcrus (Thomas), 359. 
Trissino (Jeaa-Georges), 341. 
Trombclli (Jo. Chrys.), 41, 184, 430. 
Trolignon (Lucien), 124. 
Tucher (Jean), 67. 
Turmel (,!.), 467, 
turrianus (Franc.).— Torres. 
Tursellinus (Horatius) = Torsellini. 
Tyrrell (George), 465. 
Ughellus(Ferdin.), 218, 361, 391. 
Univers (V), 463, 467, 470. 
Urbain IV, pape, 46, 54; — V (b-), 

167-8; — VI, 170-1 ; — VIll, 381, 

383-5, 388. 
V. (Th.), 128. 

Vaghi (Charles), 238-9, 255. 
Valent! (Louis de'), 425. 



Valérius, 24. 

Valle (Pierre délia), 84. 

Vandelli(G.), 158. 

Vanel (,1. B ), 427. 

Varthema (Louis de), 71. 

Vaudémonl (Louise de), 371. 

Vazquez (Gabriel), 375. 

Venanzioda Lagosanto, 462. 

Vcncdig (P. H.), 454. 

Vcngcon, 119. 

Vénitien (anonyme), 76. 

Verdaguer (.lacinto), 126. 

Verde (Mt"), 466. 

Vei-gcrio (Pierre-Paul), 343, 338. 

Vergy (Antoine de), 311. 

Vérité (La) Française, 468. 

Vernet (Félix), 488. 

Ver nier, 115. 

Verve rst, 456. 

Veuillot (Louis), 145, 447. 

Via(j(jio... di Maria de' Bisognosi, 492. 

Victor-Bernardin de Rouen, 126. 

Vidal (J. M.), 166. 

Vie du v' Grignon de Montfort, 413. 

Vigouroux (F.), 124. 

Villani (Jean), 154-5. 

Vincent (s') Ferrier, 176. 

Vincent (IL), 402. 

Virgilius, 26. 

Visconli (Philippe-Marie), 177. 

Visse, 427. 

Vitalconi (Aless.), 387. 

Vitelleschi (Jean), 179. 

Vogel (Jos. Ant.),139, 140, etc., 436-8. 

Vogel (MatthiJGus), 425. 

Vogiic (Eug. Melch. de), 27, 34, 39. 

113, 116. 
Voltaire, 420. 

Vuillaume (Jean-Bapt.), 146, 4.58. 
Vulcano (Louis), 79. 
Wadding (Luc), 42, 16.5. 218. 
Walburge (s"=), 30. 
Walsh, 449. 
Wetzer et Weltc, 454. 
Willibald, 30. 
Witte (Jehan de), 120. 



5i6 



TABLE DES AUTEURS 



Wolfr(Philipp), 119. 
Woiruis (Joan.), 343. 
Wolmcr(S. L.), 450. 
Worsley (Edw.), 375. 
Wunibald, 30. 

Yolande-Béatrix de Bavière, 416. 
Zachana(Fr. Ant.), 141,484. 



Zappoli (Ant. M»), 4o8. 
Zctlin (P. J.), 434. 
Zimmermann (B.), 240-1. 
Zimpel (F.), 115. 
Zôckler, 4(i4. 
Zuallart (Jean), 81. 
Zucchi (Baiiol.), 369. 



ADDITIONS ET CORRECTIO^'S 



P. 23, n. I. Voir F. Wau, Los conslrucUons palestiniennes dues à 
s' Hélène, d'après une rédaction du x"= siècle source de Mcéphore Cal- 
liste, vm, 29, 3o, 32, dans Revue de l'Orient chrétien, jç^od, t.X, p. 162-S. 

P. a4, ri. S. Ada sanclor, Bolf,and., 1762, seplemb. l. Vlll, p. 484^ 

P. 27, n. I. H. GuisAU, Zur Palastinareise des sog. Antoninus Martyr 
um 58b, dans Zeilschrifljur kalholische Théologie, 1902, t. XXVI. M. F. de 
Mély ne croit pas le pèlerinage d'Antonin « guère postérieur au 9 juil- 
let 55i,date du grand tremblement de terre qui détruisit Bérylc » (Fases 
de Gana, p. 2). 

P. 27, n. 2, 1. 6. Par ignorance de la signification du mot bénéficia, 
que Ms^ Batikfol traduit par reliques reprcsenlalivcs {Revue Biblique, 
1892, t. I, p. 190), on croyait posséder des vêtements de la s" Vierge. 

P. 00, n. 3. ActesflMcior. BoLLAND., 1721, julii l. n, p. 5i3\ 

P. /ji, n. 2. Cf. Mcol. Glassbehgek, Chronica, dans Analecta Francis- 
cana, Ad Glaras Aquas (Quaracchi), 1887, gr. in-8°, t. 11, p. 12. 

P. /17, n. I. Cf. îsicol. Glassbeugeu, Chronica citée, p. 79. 

P. 63, n. 4. Cf. Girol. Golubovich, Série cronologica dei révérend, su- 
periori di Terra Santa, Gerusalerame, 1898, in-4o, p. 209. 

P. 72, n. I.... ; 81, Varlhema. 

P. 128,1. II, Benoît Vlaminck, Le sanctuaire de iNazareth, 
dans Revue Biblique, 1901, t. X, p. 48g-go, plan. — Assomp- 
tionnistes, La Palesl'me (voir p. l\&[\) ; Le sanctuaire de l'An- 
nonciation, p. /j25-3i. 

P. 190, n. I... Jules II, du 21 octobre 1607 et du 20 avril loto,... 

P. 219, n. I... i5o7 et celle du 1"=' août i5i8. 

P. 238, n. 3. C'est l'opinion du R. P. B. Zimmeuma>n, très instruit des 
antiquités de son ordre; il s'appuie sur le silence de Guillaume de 
Sandavigh, qui vécut au mont Garmel depuis laSo environ jusqu'en 1291 
(Répert., c. 1978). 

P. 2oà> 1. s. En novembre i/iSi, la bienheureuse Baptiste 

(Camille) Varani, au moment de prendre l'habit de Clarisse, 

alla« à Lorctte », où a elle pria longtemps devant la statue 

miraculeuse ». Ainsi s'exprime la comtesse de Bambuteau 

(La 6* Varani, princesse de Camerino cl religieuse franciscaine, 

ili38~'l527 ; Paris, i9o6,in-i2, p. 71), d'après « P. Maria Ma- 

rini, p. 5/1-5; Pascucci, p. 81-2 ». Les Bollandisles qui ont 

ajouté {Acla sanclor., Venetiis, 170g, mai t. VI, p. 85o) un 

u Supplementum ex italico Malthaei Pascuccii » de i63o, ne 



5 [8 ADDITIONS ET CORRECTIONS 

donnent pas le passage correspondant à ce pèlerinage. S'il est 
exact, comme rien ne permet d'en douter, en i^Si la légende 
de la translation n'avait pas cours ; la statue seule était mira- 
culeuse, comme Paul II l'avait le premier affirmé en 1470. 

P. 258, 1. 5... conserventur, sed etiam... 

P. 260, I. 29-00, imposili. 

P. 268, 1. 25. Le même jour, il modifia les pouvoirs... 

P. 3i4, n. 4, Fcrmo, i586, in-i6 de 186 p. -3 f.... 161 1, in-i2 de i6i p. 

P. 019, n. 2. Cf. Dlario sacro AiicoiiUano per Vaiino 1S09, agijiwilovl 
un coinpeiidio istorico délia chiesa di Posatore ; Ancona, 1809, in-ia. 

P. 027,1. 12. Cf. MoiioNi, op. cit., t. XXXIX, p. 20-1. 

P. 327. n. 3... Haas... in den deut. 

P. 33o, l. 10..,. les dimanches et jours de fête. 

P. 346, n. o, 1. 3 ; con aggiunle, Macerata, 1576, in-12. 

P. 3/19, 1. 9. Niicolas Bargellesi.... 

P. 35/j, 1. i3-5, à reporter à la p. 3i/i, n. 4- 

P. 359, l. 5. Douze ans auparavant, ce jésuite s'était posé 
en défenseur de l'authenticité des fausses décrétales (Répert., 
ïopo-bibl.,c. i8o). — L. 6, Radziwill. 

P. 368, n. 2. 1. i3, IUffaeu. 
P, 375, n. I, chap. vn. 
P. 394, i. ig.custodiant. 
P. 097, 1. 27, causis. 

P. 428, 1. 7-8, à reporter p. 4i6, n. i. 
P, 4o2,l. 33-4, à reporter p. 43i, n. 2. 

P. 468, n. 3, 1. 4- Apologetische Korrespondenz, Mûnchen-Gladbach, 
1900, n" 5o, c. 198-9. 

P. 470, 1. 17. D. R. délia Casa, Studio s lorlco clocunientaio 
salla S. Casa dl Maria venerataa Loveio; Siena, igo6, pet. in- 
8" de vj-216 p. En fait de documents inédits, on trouve dans 
l'appendice à ce volume : 1° une charte de septembre 1097, 
par laquelle Azzon, évêque de Fermo, cède en emphytéose 
« in fundo Loreto ecclesia Beatae Sanctae Dei Genitricis 
Mariae » (vue par Vogel, p. i4o) ; 3" une bulle d'Innocent IV 
confirmative des biens de l'évêché de Recanati, donnée à 
Lyon le 22 mars 1200 (l'auteur la date de mccxlhi danp le 
texte et de 1249 dans le sommaire; le millésime exact est indi- 



ADDITIONS ET CORRECTIONS 5 19 

que par l'indiction 8 et l'année 7 du pontificat). M, délia Casa 
en fait usage pour établir que les chartes qui mentionnerjt 
l'église de Notre-Dame à Lorette avant la translation concer- 
nent un autre sanctuaire que la s. Casa. Ce plaidoyer d'alibi 
n'empêche que l'église rurale mentionnée dans nos bulles 
de Jean XXII (p. /i85) soit identique à celle du pèlerinage dé- 
vastée en i3i3-/i (p. i56). Un passage de ce livre suffira pour 
faire juger de la valeur comme critique du nouveau défen- 
seur de la translation. Il soutient mordicus — j'entends par 
là avec toutes sortes de mauvaises raisons — lauthenticité 
de la lettre des Recanatins à leur ambassadeur auprès de 
Boniface YIII (non au pape lui même, comme il est dit dans 
le Studio). Croyant nécessaire de répondre à une objection 
(que je n'ai pas pris la peine de formuler), il soutient que 
« la notizia délia dimora di Bonifazio VIII ad Anagni, iî 9 set- 
tembre 1295, non è provata >\ et en note un renvoi à la 
Storia universale de Galmet. Il ignore que depuis ce respecta- 
ble bénédictin l'histoire des papes a fait des progrès énor- 
mes. Les Regesia ponlificam Romanorum d'Aug. Potthast lui 
sont inconnus : il y aurait constaté qu'en lagS le pape ne 
quitta pas Anagni du 10 juin au 24 septembre (p. igSi 8). 



TABLE DES MATIÈRES 



Avant-propos . , . 5 

PREMIÈRE PARTIE 
Le Sanctuaire de l'Annonciation a Nazareth. 

I I (32G-I283) ..." 21 

Résumé Z19 

I II (lagZi-iooS). . 55 

Résumé 71 

I III (1507-1905) 7G 

Résumé 129 

DEUXIÈME PARTIE 

Le Sancïuatre de la Nativité a Lorette. . .; 189 

I 1 (1194-U88) iZio 

Résumé , . 228 

I II (i479-i53i). • • • 233 

Résumé 32 1 

I III (1531-1906) 327 

Résumé 470 

TROISIÈME PARTIE 

Origine de la Légende de la Translation. Conclusion. 1^179 



Table des bulles et brefs des papes publiés d'après les 

Rëgesta Vaticana. 5o3 

Table des auteurs et des principaux personnages . , 5o5 

Additions et corrections 017 



Valence, Imprimerie Valentino'se. — 6-06 








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